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(Quinze heures quarante-sept minutes)
Le Président (M. Charbonneau): La commission permanente de
l'éducation et de la main-d'oeuvre entreprend, cet après-midi,
l'étude détaillée du projet de loi 29, Loi modifiant la
Loi sur l'instruction publique et diverses dispositions
législatives.
La secrétaire de la commission me signale qu'il n'y a pas de
remplacement. Nous allons immédiatement entreprendre l'étude
détaillée article par article.
Article 1. Je demanderais au ministre s'il a des commentaires à
formuler sur cet article.
Remarques préliminaires M. François
Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je n'ai aucune
espèce d'objection, d'ailleurs, c'est ce que j'allais indiquer à
la commission. En ce qui me concerne, je suis complètement d'accord et
prêt à procéder tout de suite, article par article, sans
plus de préambule.
Je voudrais cependant indiquer dans une couple de courtes phrases,
resituer le contexte de ce projet de loi 29. Alors, je voudrais tout simplement
rappeler aux membres de cette commission qu'en ce qui nous concerne, tout
autant le ministre qui vous parle que le gouvernement, le projet de loi 29
s'inscrit dans la nécessité d'apporter des ajustements
nécessaires, requis à la suite d'un jugement de la Cour
suprême, le 20 décembre dernier.
Comme j'ai eu l'occasion de le mentionner en Chambre lors du
débat en deuxième lecture, lorsqu'on a eu à adopter en
principe le projet de loi 29 en deuxième lecture avant de venir ici en
commission, j'aurai à déposer ici même certains amendements
à la suite d'échanges de vues, de discussions qui ont
été faites d'une façon détaillée avec les
personnes visées par les dispositions du projet de loi 29, que ce soit
le conseil de l'île, que ce soit le PSBGM de même que la CECM et
également le porte-parole officiel en matière d'éducation
du côté de l'Opposition, le député d'Argenteuil.
À la suite de ces échanges de vues, on a travaillé,
au ministère, afin d'apporter certaines modifications que nous aurons
l'occasion de déposer au cours de cette commission, puisqu'on en fait
l'étude article par article. Pour ce qui est de l'article 1, puisque
c'étaient uniquement les quelques éléments de
préambule que je voulais évoquer, je suis en mesure de dire qu'il
n'y a pas de modification au projet de loi 29 puisque...
M. Ryan: Sur une question de règlement. Avant qu'on passe
à l'article 1, je crois que cela serait bon que le ministre nous donne
une explication d'ensemble sur les amendements qu'il nous a soumis, parce que
ce sont des amendements complexes qui s'imbriquent les uns dans les autres le
plus souvent. Je pense que si on avait une bonne vue d'ensemble des
modifications que le gouvernement apporte à son projet de loi, cela
rendrait beaucoup plus facile ensuite l'étude article par article.
J'aurais moi-même un certain nombre de considérations
générales à faire à ce stade-ci. Je crois que cela
faciliterait les choses des deux côtés.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objections. Je ne l'ai peut-être
pas indiqué de façon très précise, mais je crois
avoir indiqué en deuxième lecture - et c'est dans ce sens que je
vais y aller tout de suite pour avoir une compréhension plus globale des
amendements... À ma connaissance, M. le Président, ainsi
qu'à celle des membres de cette commission, sans faire d'erreur, il nous
est apparu important d'apporter des modifications à la loi 29 sur, en
gros, trois éléments que je qualifierais de fondamentaux.
Le premier élément qui était fortement
discuté, certains avaient la prétention qu'il n'était pas
requis, qu'il n'était pas nécessaire de soustraire les
commissions scolaires confessionnelles visées par le jugement de leur
appartenance au conseil de l'île de Montréal. Après
plusieurs échanges d'opinions, tout cela dans le cadre des discussions
avec les concernés, il a été convenu que les deux
commissions scolaires confessionnelles continueraient de faire partie du
conseil de l'île de Montréal, mais tout en respectant deux
principes - nous en sommes convaincus de notre côté - auxquels on
ne peut se soustraire si on veut donner suite au jugement de la Cour
suprême.
Le premier principe est l'autonomie financière sur le plan fiscal
et l'absence de préjudice financier, eu égard au principe de
la péréquation. Sur cet élément-là,
en vue de respecter l'objectif de participation du conseil de l'île de
Montréal et les deux principes ci-haut évoqués, la loi
prévoit, effectivement, l'appartenance - là, je parle des
amendements qu'on veut apporter à la loi 29 - l'appartenance, dis-je,
des deux commissions scolaires confessionnelles au conseil de l'île; la
garantie qu'elles recevront sur demande - je parle toujours des deux
commissions scolaires confessionnelles - le produit de la taxe
prélevée jusqu'à concurrence de 6 %; la possibilité
de faire indépendamment sur leur territoire un référendum
en vue de lever une taxe au-delà des 6 % reçus par le conseil de
l'île...
M. Ryan: Excusez-moi, pouvez-vous me dire à quel article
exact il est précisé une garantie que les commissions scolaires
confessionnelles vont recevoir jusqu'à concurrence de 6%?
M. Gendron: Je vais demander à mes techniciens, je ne sais
pas à quel article exactement. Juste une seconde et on va vous le dire,
parce que je ne connais pas les articles par coeur.
M. le député d'Argenteuil, je pense que vous n'auriez pas
d'objection à ce que je continue et que je revienne là-dessus
dans une seconde ou deux, ou préférez-vous qu'on l'ait tout de
suite?
M. Ryan: Vous pouvez continuer. M. Gendron: D'accord.
M. Ryan: J'aimerais qu'on l'ait avant de commencer...
M. Gendron: Oui, oui.
M. Ryan: ...parce que, si on me dit que c'est présent
à deux ou trois endroits différents, j'aimerais bien qu'on soit
sûr d'avoir la même lecture avant d'engager la discussion sur les
points particuliers.
M. Gendron: Je suis d'accord avec vous. On vous le donnera avant
de faire le débat.
M. Ryan: Je vous dirai même une chose...
M. Gendron: Je suis en mesure de vous dire que c'est à la
page 8, dans le projet de loi 29, à l'article 567.11: "Le conseil
perçoit pour le compte des commissions scolaires confessionnelles,
à même le produit de ses taxes dont le taux est fixé
conformément à l'article 504, et leur remet le montant des taxes
qui leur revient jusqu'à concurrence d'un montant équivalant
à 6 % de leurs dépenses nettes ou à un taux d'imposition
de 0,25 $ par 100 $ de l'évaluation uniformisée des biens
imposables incluse dans l'assiette foncière de chaque commission
scolaire confessionnelle."
M. Ryan: Est-ce qu'il y a une modification à cet
article-ci ou est-ce la même chose? Il me semble que vous venez de lire
exactement ce qu'il y a dans le projet de loi. Est-ce qu'il y a une
modification ici ou si c'est la même chose qu'on avait?
M. Gendron: Oui, il y a une modification. Je voulais partir de
l'article tel quel...
M. Ryan: Quel numéro est-ce, encore une fois? Le
numéro 18?
Des voix: Le numéro 18. M. Ryan: Le numéro
18? M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Je ne vois pas de modification, dans votre liste
d'amendements, à cet article.
M. Gendron: Effectivement, M. le député
d'Argenteuil, il n'y a pas de modification.
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Non, non. Si vous faites référence
à la brochure d'amendements que je vous ai donnée, vous ne
trouverez effectivement pas d'amendement à cette disposition.
M. Ryan: C'est parce que ma question est la suivante: Sur les 6
%, par conséquent, il n'y aura rien de neuf dans les amendements, ce
sera déjà...
M. Gendron: C'est exact. Si vous avez posé la question de
cette façon, il n'y a pas de disposition...
M. Ryan: Très bien, c'est de cela que je voulais
m'assurer.
M. Gendron: D'accord. Non, non, il n'y a aucune disposition pour
les 6 %, parce qu'on est toujours convaincu qu'à partir du moment
où je pensais, M. le député d'Argenteuil... Quand je dis
dans le préambule que c'est un projet de loi pour donner suite au
jugement de la Cour suprême, même s'il y a des intervenants qui
nous ont fait valoir qu'il y aurait lieu de modifier le plafond des 6 %, ce
n'était pas la place, en ce qui nous concerne, pour faire ce
débat. Je pense que dans la révision des
règles budgétaires, éventuellement, c'est un
débat qui pourrait être fait, en vue d'envisager une modification
au plafond. Je peux continuer?
M. Ryan: Oui, oui.
M. Gendron: Toujours dans les dispositions
générales, mais dans les grandes lignes parce qu'on m'a
demandé de faire cela avant, on a également, dans les
modifications apportées, donné la garantie de ne pas être
affecté par un référendum qui serait tenu par le Conseil
scolaire de l'île de Montréal auprès des contribuables des
commissions scolaires non confessionnelles concernant l'imposition d'un taux de
taxe supérieur à 6 %. Également, les deux commissions
scolaires confessionnelles participent au mécanisme de la
péréquation établi par le conseil de l'île; elles
participent sur une base volontaire - je parle toujours des modifications,
c'est un genre de clause "opting in" - aux autres activités du conseil
de l'île.
Par ailleurs, afin de s'assurer que les commissions scolaires ne
subissent aucun préjudice financier par rapport à la situation
actuelle, un arrangement administratif prévoit que, si la participation
d'une commission scolaire confessionnelle au mécanisme de
péréquation lui permet de retirer du conseil scolaire de
l'île des sommes au-delà des 6 % garantis, ces sommes lui sont
versées par le conseil de l'île. On ne dit pas que cela va
être le cas, on dit que, si c'était le cas, ces sommes devraient
être retournées aux commissions scolaires pour se conformer au
jugement.
Si, au contraire, la participation d'une commission scolaire
confessionnelle au mécanisme de péréquation signifiait
qu'à cause de sa richesse relative elle devrait contribuer à
même ses 6 % au fonds de péréquation, elle ne serait pas
tenue de le faire. Ce serait alors le ministère de l'Éducation
qui, en lieu et place de cette commission scolaire confessionnelle, verserait
cette contribution au fonds de péréquation, afin que les autres
commissions scolaires favorisées par la péréquation ne
soient pas pénalisées.
Il semblerait que pour 1985-1986 un tel engagement pourrait signifier
pour le ministère une contribution de l'ordre de 300 000 $, pour combler
un manque à contribuer de la part du PSBGM. Les commissions scolaires
confessionnelles ont la garantie de recevoir au moins 6 % de leurs revenus
provenant du produit de la taxe. Par ailleurs, elles ont aussi la garantie que,
si la péréquation devait les favoriser, elles profiteraient de
cette même mesure. Sur le premier point, je pense que ce sont les
éléments, en gros, qui vont apparaître au fil de nos
débats, au cours de l'étude article par article, pour permettre
que les deux principes soient sauvegardés, tout en permettant que les
commissions confessionnelles puissent, à l'intérieur du Conseil
scolaire de l'île de Montréal, continuer à jouer un
rôle et à recevoir des services.
C'est, à ma connaissance, une des premières dispositions
importantes sur cette question. L'autre question, qui avait été
également soulevée et pour laquelle j'avais annoncé un
amendement lors du débat en deuxième lecture, c'est toute la
question de la qualité des personnes. La CECM et le PSBGM avaient
suggéré que la loi soit silencieuse sur cet aspect. Les juristes
qui ont été consultés ont convenu qu'effectivement nous
permettrions - là, je me rappelle toujours l'exemple qui avait
été noté dans les journaux et tout cela... Oui, si
certaines commissions scolaires voulaient élire des protestants ou des
personnes qui ont une qualité autre que celle exigée par les
commissions confessionnelles, elles pourraient le faire puisque, par la
modification qui a été introduite, on dit: Pour assurer à
une commission confessionnelle le contrôle des écoles à
cette classe de personnes, la même logique doit s'appliquer lors de
l'élection des commissaires. Le nouvel article prévoit donc que
seules les personnes de la confession religieuse d'une commission scolaire
confessionnelle pourront être électeurs ou être élues
à une telle commission scolaire parce que nous prétendons
toujours que c'est une disposition nécessaire pour donner suite au
jugement. (16 heures)
Un autre point qui, je pense, avait été
considéré comme majeur et important, c'est la question des
commissions scolaires qui avaient imposé une taxe. Les taxes qui ont
été imposées sans que la formalité prévue au
premier alinéa de l'article 354.1 de la Loi sur l'instruction publique
n'ait été suivie sont valides. C'était pour s'assurer
qu'il n'y ait pas de recours ou d'invalidation des taxes perçues par les
commissions scolaires qui avaient dépassé le plafond de 6 %.
À ma connaissance, quand je fais un résumé rapide de ces
trois dispositions, ce sont les points sur lesquels, à la suite de nos
échanges de vues, la plupart des intervenants avaient
insisté.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): On pourrait, si j'ai bien
compris...
M. Ryan: J'ai des remarques à faire, moi aussi.
Le Président (M. Charbonneau): Vous avez des remarques,
très bien. M. le député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Vous aviez mal compris. Je pense qu'il est important,
avant qu'on n'entreprenne l'étude article par article, qu'on
résume les événements qui ont pu se produire depuis le
débat de deuxième lecture, les nouveaux éléments
qui ont pu être portés à notre connaissance et l'esprit
dans lequel nous allons aborder cette étude article par article.
Le ministre fait état de certaines modifications qui ont
été apportées à la version originelle du projet de
loi 29. Je pense que c'est vrai que des modifications significatives ont
été apportées. J'ai noté, en particulier, qu'alors
qu'on excluait dans la version originelle du projet de loi les deux commissions
scolaires confessionnelles du Conseil scolaire de l'île de
Montréal on les y réintègre cette fois-ci à la
faveur des amendements qui ont été apportés. Maintenant,
je me pose des questions quant à la portée de cette
réintégration que nous annoncent les amendements. C'est une
réintégration qui, à certains égards, n'en n'est
peut-être pas une. On aura l'occasion d'examiner cela de près
quand on arrivera aux articles en question. J'ai des interrogations
là-dessus.
Est-ce qu'on comprend, est-ce que les microphones fonctionnent?
M. Gendron: C'est votre collègue qui se plaignait de ne
pas entendre.
M. Ryan: Oui, je vais essayer de parler dans... Très
bien.
C'était le premier point que je voulais souligner. Il y en a un
autre. Dans le projet de loi originel, non seulement on interdisait
l'accès des citoyens de religion autre que protestante à des
charges directrices au sein du bureau des écoles protestantes de
Montréal, mais on leur interdisait également de voter à
titre d'électeur aux élections tenues par cette commission
scolaire. C'est une question à laquelle les amendements remédient
à 50 %. On restaure le droit d'être élu, mais on maintient
l'interdiction de voter. C'est un point qu'il va falloir examiner de
très près, sur lequel nous avons une opinion différente de
celle du gouvernement.
J'ai bien apprécié le fait qu'on laisse tomber le
paragraphe qui traitait d'une manière trop directe du président
du Conseil scolaire de l'île de Montréal. Je crois comprendre que
l'un des amendements qu'on nous a remis indique que cet article est
abandonné, qu'il est laissé de côté. Il n'y aura pas
de débat là-dessus. La question va se régler dans peu de
temps parce que c'est une mesure que nous avions demandée avec
insistance.
J'ai remarqué qu'on modifie - où l'ai-je noté? Vous
me corrigerez, je pense que vous l'indiquez dans votre lettre - les articles
qui traitent de la question devant être posée au recensement
scolaire. Je pense qu'il y a un progrès de ce côté. La
question ne sera posée que dans les cas où les citoyens
demanderont à se prévaloir du droit à la dissidence, si
j'ai bien compris. Ce sera une chose qu'on voudra vérifier de
près mais, dans l'ensemble, il y a un progrès par rapport
à ce qui avait été malheureusement adopté en
deuxième lecture par la majorité ministérielle.
J'ai remarqué qu'au lieu d'invalider les taxes qui avaient
été perçues sans que certaines commissions scolaires
n'aient recours au référendum prévu par la loi 57
au-delà du plafond de 6 %, au lieu de les invalider, comme on le disait
dans la première version du projet de loi, cette fois-ci, on les valide.
Nous ne voulions pas aller si loin que cela. Nous pensions que ce
n'était pas l'endroit pour en parler. Je pense que c'est une mesure qui
ne suscitera aucune difficulté de notre côté, étant
donné les circonstances qui ont existé à ce
moment-là. Moyennant des explications raisonnables de la part du
gouvernement, je pense qu'on regardera cela avec compréhension.
Il y a d'autres points sur lesquels on aura l'occasion de revenir. Il y
a la question de perspective générale. Je ne sais pas si vous
avez lu, M. le Président, dans le Devoir de ce matin un article du
président du Conseil scolaire de l'île de Montréal, M.
Jacques Mongeau, consacré, justement, au projet de loi 29 dans la forme
qu'on lui connaissait évidemment avant les amendements
présentés par le ministre. Par conséquent, c'est un
article contenant certains jugements qui vont au-delà de ce que
justifierait la teneur modifiée du texte, suivant les indications
contenues dans les amendements déposés par le ministre et qu'il
nous a remis hier.
Cela m'amène au fond des considérations que je voulais
apporter. Je conserve deux objections de fond. Nous avons voté contre le
projet de loi en deuxième lecture. Ce n'était pas seulement pour
la frime, c'est parce que nous avions des convictions en sens contraire. Ces
convictions, nous les avons encore; elles sont de deux ordres.
Tout d'abord, nous trouvions que le projet de loi 29 allait
au-delà de ce qui était rigoureusement requis pour donner suite
au jugement de la Cour suprême. Suivant un principe que j'avais
l'occasion d'énoncer ce matin dans une autre commission, lorsque ce
n'est pas vraiment nécessaire de légiférer, souvent, c'est
mieux de s'abstenir. Cela ne
veut pas dire que les gens vont cesser de respirer, d'exister et d'agir
à cause de cela, mais peut-être qu'on les gênera moins si on
s'abstient de légiférer que si, voulant être trop
perfectionniste, on pousse le détail si loin qu'on finit par
étouffer en voulant embrasser.
Le président du Conseil scolaire de l'île de
Montréal, dans son article, écrit ceci: "La solution est pourtant
si simple. Le gouvernement n'aurait qu'à maintenir la présence de
ces commissions scolaires au conseil scolaire et leur attribuer un pouvoir de
taxer au-delà du taux de taxe établi par le conseil scolaire,
assorti d'un référendum auprès de leurs propres
électeurs. Il pourrait enfin obliger le conseil à distribuer le
produit de la taxe de façon équitable et non discriminatoire.
Cette solution éviterait surtout d'avoir à subir, sur l'île
de Montréal, une déstabilisation de l'administration scolaire qui
se traduirait par des dépenses inutiles et coûteuses et par la
mise au rancart de programmes métropolitains extrêmement
importants pour nos élèves."
Dans le reste de l'article, le président du Conseil scolaire de
l'île de Montréal s'inquiète de ce qu'il adviendrait du
programme d'emprunt à court et à long terme du conseil scolaire,
si l'on allait amputer pour un an du conseil deux des plus importantes
commissions scolaires de l'île. Cette question est apparemment
réglée par les amendements qu'a déposés le
ministre, mais je n'en suis pas sûr. Cela touche un article qui
comprenait des renvois à peut-être une cinquantaine d'articles de
la Loi actuelle sur l'instruction publique. Il faudrait qu'on vérifie de
très près. On a laissé tomber un bon nombre de ces
articles dans la version modifiée de l'article en question, mais il y a
encore des articles qui restent et qui nous inspirent des réserves et
des inquiétudes. On pourra le voir quand on arrivera là.
En tout cas, j'en viens encore une fois à cette conclusion que le
président du Conseil scolaire de l'île de Montréal
émettait dans son article. Il disait qu'il suffirait de maintenir la
présence des commissions scolaires confessionnelles au Conseil scolaire
de l'île de Montréal et de leur attribuer un pouvoir de taxer qui
irait au-delà du taux de taxe établi par le conseil scolaire,
assorti d'un référendum auprès de leurs propres
électeurs. j'aimerais que le ministre nous dise -je suis prêt
à ce qu'il prenne le temps voulu pour consulter ses conseillers parce
que c'est une question de fond qui a bien des implications - pourquoi le
gouvernement n'a pas choisi cette voie modeste et limitée, mais a
plutôt emprunté une voie qui l'amène quand même
à nous soumettre un projet beaucoup plus complexe, beaucoup plus
chargé d'implications de toutes sortes.
J'aimerais qu'on nous apporte une réponse à cette
question.
Je vais soulever un deuxième aspect sur lequel j'aimerais
également connaître la position du gouvernement parce que cela va
affecter notre attitude sur plusieurs des articles du projet de loi, à
commencer par le tout premier. Ainsi que le ministre le sait, ne serait-ce que
par l'entremise de son sous-ministre adjoint à l'enseignement primaire
et secondaire, M. André Rousseau, qui a servi de témoin important
dans cette cause, la loi 101 est présentement l'objet d'une contestation
judiciaire importante auprès de la Cour supérieure de
Montréal. C'est la loi 3, je m'excuse. Vous m'avez pris en flagrant
délit. La loi 3 est présentement l'objet d'une contestation de
grande importance auprès de la Cour supérieure de
Montréal. Une requête en injonction a été
déposée auprès du tribunal par la Commission des
écoles catholiques de Montréal, par le Bureau des écoles
protestantes du Grand Montréal et aussi, à titre d'intervenant,
par la Commission scolaire Chomedey et la Commission scolaire Les
Écores.
Je ne veux pas émettre de jugement d'opinion sur les choses qui
sont en cour, mais j'entends dire qu'au cours des derniers jours l'ampleur du
problème dont est saisi le tribunal a connu un élargissement
considérable, parce que nous fonctionnions tous avec l'idée
qu'à la suite du jugement rendu par le Conseil privé dans
l'affaire Hirsch en 1925, si mes souvenirs sont bons, nous avions, au
Québec, un régime juridique en vertu duquel les commissions
scolaires situées en dehors de l'île de Montréal sont des
commissions scolaires communes et non pas des commissions scolaires
confessionnelles, tandis qu'à Montréal nous avons des commissions
scolaires à la fois confessionnelles et communes et, en plus, il y a un
certain nombre de commissions scolaires confessionnelles dissidentes en dehors
du territoire de l'île de Montréal.
Nous marchions avec cette prémisse qui a semblé être
reprise à son compte par la Cour suprême dans le jugement qu'elle
a rendu en décembre dernier au sujet de la loi 57 sur la taxation
municipale. Maintenant, des procureurs qui représentent en particulier
la Commission scolaire Chomedey, la Commission scolaire Les Écores, ont
soumis au tribunal que le caractère confessionnel s'appliquerait aussi,
en plus des deux commissions scolaires de Montréal, catholique et
protestante, à la plupart des autres commissions scolaires du
Québec. Les procureurs des commissions scolaires protestantes sont de
cet avis depuis longtemps pour des motifs différents, cependant.
Les procureurs des deux commissions scolaires concernées ont
soumis au tribunal des arguments qui se rattachent encore à
l'affaire Hirsch. Selon les arguments qu'ils ont
présentés, le Conseil privé avait tranché certains
aspects de cette cause d'une certaine manière. La Cour suprême les
avait tranchés d'une autre manière. Or, dans un cas comme dans
l'autre, ce n'étaient pas des questions dont étaient directement
saisis les tribunaux. C'était plutôt obiter dicta, comme on dit,
des opinions qu'ils ont émises en marge des questions dont ils
étaient saisis et, par conséquent, qui n'ont peut-être pas
fait l'objet de l'examen approfondi et définitif qui se serait
imposé ou qui, de toute manière, est perçu comme
étant nécessaire par plusieurs contribuables
québécois d'aujourd'hui. Il en irait de même pour certains
passages du jugement rendu en décembre dernier par la Cour
suprême.
Maintenant, je ne le sais pas. Ce sont des arguments que nous entendons
depuis longtemps, mais, là, ils ont été
présentés de manière formelle au tribunal qui est saisi de
la requête en injonction. Tout laisse entrevoir que la décision du
tribunal ne viendra pas très tardivement, le juge ayant laissé
entendre qu'il ne voulait pas laisser traîner les choses en longueur. (16
h 15)
Devant ces perspectives du peu de temps qu'il reste encore avant que la
loi soit appliquée de manière absolument
irrémédiable, on s'avance et on s'avance et nous devons maintenir
les réserves que nous avions formulées dès le premier
stade des débats sur le projet de loi, à savoir que dans le
climat d'insécurité juridique où le gouvernement tente
d'appliquer sa loi, de la faire adopter en ce qui concerne les modifications
présentées dans le projet de loi 29, il y a une imprudence,
certains risques qu'il serait préférable d'éviter pour le
bon équilibre de notre système scolaire.
J'aimerais que le ministre nous répète la position du
gouvernement et, surtout, je serais très heureux qu'il nous dise qu'elle
a quelque peu évoluée, peut-être à la lumière
de tout ce qu'ils ont entendu au cours des dernières semaines, je n'en
sais rien. Mais le gouvernement est toujours libre de faire évoluer son
opinion. Même s'il y a une cause qui est devant les tribunaux, il peut
arriver qu'il se dise: II y a tellement de choses qui nous ont
été dites dont nous n'avions pas été saisis, nous
avons changé d'idée. Il peut arriver qu'il ait maintenu son
idée, son orientation sur toute la ligne, mais je pense qu'il est
important que le ministre clarifie la position du gouvernement sur ces deux
points fondamentaux avant que nous engagions le débat article par
article.
M. Gendron: Sur le premier point, M. le député
d'Argenteuil, effectivement, j'ai eu l'occasion de prendre connaissance des
commentaires du président du conseil scolaire de l'île, M.
Mongeau, concernant sa façon de voir les choses. Vous avez plus
d'expérience que moi dans ce domaine, alors je ne sais pas si on peut
lui prêter le titre, je pense que non, mais au-delà de ça,
si je me réfère au titre, on dit: Une interprétation
abusive du jugement de la Cour suprême. Dans le libellé même
de l'article du Devoir du 16 mai 1985, surtout dans la partie que vous avez
citée, d'après M. Mongeau, président du conseil scolaire
de l'île, la solution serait tellement simple, serait si simple que le
gouvernement n'aurait qu'à maintenir la présence de ces
commissions scolaires au conseil scolaire et leur attribuer un pouvoir de taxer
au-delà du taux de taxe établi par le conseil scolaire, assorti
d'un référendum auprès de leurs propres
électeurs.
Je voudrais juste rappeler au député d'Argenteuil -
possiblement qu'il le sait -que cette interprétation qui a l'air si
simple ce matin, pas compliquée - on ne voit pas pourquoi il y a eu
autant de débats... Je voudrais au moins lui faire valoir que ce n'est
pas pour rien que je tenais, comme ministre de l'Éducation, dans un long
exercice d'une journée complète, à rencontrer chacun des
intervenants plus particulièrement concernés ou touchés
par les dispositions de la loi 29. Les uns à la suite des autres, le
conseil scolaire de l'île, le PSBGM et la CECM, sont venus me donner leur
interprétation par rapport à ce qu'on pourrait appeler des
dispositions dites abusives dans le sens d'aller trop loin ou de
dépasser l'esprit et le contenu même du projet de la loi 29.
Parce que le député d'Argenteuil a été clair
là-dessus, je veux l'être. Je tiens à rappeler au
député d'Argenteuil ainsi qu'aux membres de cette commission et
à tous ceux qui nous écoutent que les procureurs des deux
commissions scolaires confessionnelles ont contesté, lors même de
ces rencontres, le point de vue du conseil scolaire de l'île sur ce qu'on
vient d'évoquer, à savoir que nous n'aurions qu'à
attribuer un pouvoir de taxer au-delà de la taxe établie par le
conseil scolaire de l'île. Lors de ces rencontres mêmes, les
procureurs de la CECM et ceux du PSBGM n'avaient pas du tout la même
interprétation que le président du Conseil scolaire de
l'île de Montréal.
Donc, moi, je suis obligé comme membre du gouvernement, ministre
de l'Éducation, devant des échanges d'opinions comme
ceux-là qui ont été refaits à deux reprises, une
fois en ma présence et une journée complète en
présence des hauts fonctionnaires, des procureurs de part et d'autre,
des avocats du contentieux, de conclure sur uniquement cet aspect que cela ne
doit pas être si simple que cela et qu'il y a probablement d'autres
prétentions. Alors, je ne peux pas, sur cet aspect, prétendre que
la suggestion du Dr Mongeau, président du conseil scolaire de
l'île, pourrait être prise
comme cela, comme une lettre à la poste disant: Voilà une
interprétation sur laquelle l'ensemble des parties conviennent. Je tiens
à vous signaler que, lors de ces échanges de vues, il y a
effectivement des choses sur lesquelles tous les intervenants ont convenu, et
cela sera le cas tantôt quand on passera à l'étude de
l'article 1. Tout le monde convenait que c'était une disposition qui,
carrément, donnait suite au jugement et qu'il n'y avait pas
d'interprétation négative là-dessus. Alors, c'est le
premier commentaire sur le point qui a été soulevé par le
député d'Argenteuil.
Sur l'autre question qui est aussi d'importance générale,
lorsque M. le député d'Argenteuil a évoqué les
plaidoiries qui ont eu lieu à la suite de l'injonction interlocutoire ou
permanente, je ne sais trop quel type d'injonction a été
sollicité par les commissions scolaires Chomedey, Les Écores et
d'autres. Je tiens à vous dire que nos procureurs, à tort ou
à raison, ont contesté la plaidoirie qui a été
faite par ceux des commissions scolaires concernées, que ce soit la
Commission scolaire Chomedey ou la Commission scolaire Les Écores. Dans
ce sens, votre question était: Est-ce que le gouvernement a
changé d'avis? On est toujours convaincu qu'il y a obligation pour le
gouvernement d'avoir une certaine prudence politique, dans le sens propre du
terme. Dans ce sens, on pense qu'il y a urgence, effectivement, de
procéder par le projet de loi 29 afin de se conformer le plus rapidement
possible au jugement, qui a été très clair sur certaines
dispositions.
On pense toujours que le projet de loi 29 répond d'abord et avant
tout à une tentative de donner suite à des dispositions du
jugement de la Cour suprême et également à la
nécessité pour nous, gouvernement, de respecter le plus
rapidement possible ces dispositions afin de respecter nos obligations
d'équilibre de la réforme fiscale municipale. Aucune modification
à la loi 57 ne serait possible sans en discuter et en convenir avec les
municipalités, les commissions scolaires et le gouvernement. On convient
de cela.
Je pense que, fondamentalement, les modifications qui ont
été apportées au projet de loi 29, c'était toujours
dans l'esprit de nous conformer au jugement de la Cour suprême et non pas
de profiter de cette loi pour régler d'autres situations qui
méritent analyse et, éventuellement, pourraient être
considérées.
Je n'aurais pas d'objection, effectivement, à déposer les
documents qui ont été transmis lors de ces rencontres. Je
n'aurais pas d'objection à déposer les différents
documents pour le bénéfice de nos collègues de
l'Opposition. Effectivement, quand on s'est rencontré, tout autant la
première fois que la seconde, on a échangé des
perceptions, échangé des documents pour qu'au moins le
député d'Argenteuil, critique officiel en éducation,
puisse évaluer lui-même les divergences des points de vue qui ont
été exprimés. Je ne pense pas qu'il y ait lieu de
déposer un procès-verbal comme tel que nous aurions fait, parce
que ce n'est pas cela que vous demandez, mais de déposer effectivement
ce qu'ils nous ont dit quand on les a rencontrés en privé. On a
rencontré chacun des organismes intéressés en privé
et, après cela, on a essayé de dégager une certaine
synthèse en présence des trois partenaires patronaux. Je peux
vous dire que ce qu'on a pu dégager, c'est qu'il n'y avait pas de
consensus, selon qu'on discutait telle question ou telle autre. Si je reviens
sur un point bien précis, oui, en présence des deux autres,
c'est-à-dire les deux commissions scolaires concernées, le
conseil scolaire de l'île a fait valoir ce qu'on lit aujourd'hui dans
l'article du Devoir, que cela serait possiblement une solution très,
très, très simple d'y aller exactement comme on le suggère
dans l'article.
Comme je l'ai mentionné tantôt, les deux autres parties ou
les deux commissions scolaires confessionnelles concernées ont dit: Non,
nous ne sommes pas d'accord avec cette vision des choses. Dans ce sens, je
pense que votre question générale est: Est-ce que la position du
gouvernement et du ministère de l'Éducation a été
sensiblement modifiée à la suite de ces échanges? Oui, sur
la perspective d'avoir des amendements sur trois éléments
importants que j'ai signalés dès l'ouverture de la commission.
Mais, au-delà de cela, je ne pense pas qu'aujourd'hui je puisse
m'asseoir, comme ministre de l'Education, sur les plaidoiries qui se font
actuellement à la suite de l'injonction soulevée par certaines
commissions scolaires puisque, de part et d'autre, c'est plaidé, ce sont
des questions juridiques, ce sont des questions qui seront
appréciées par le juge concernant cette cause. Mais je ne peux
pas présumer que, parce qu'une partie évoquerait, comme vous
l'avez fait tantôt, des dispositions sur lesquelles les plaideurs
s'appuient, que ce soit la Commission scolaire Chomedey ou la Commission
scolaire Les Écores, pour dire: Dans ce sens, cela a
ébranlé la position du gouvernement par rapport aux arguments
évoqués puisque nos procureurs, qui ont eu l'occasion de faire
valoir leur point de vue, ont contesté cette plaidoirie des procureurs
des parties adverses. Dans ce sens, je pense que, comme ministre de
l'Éducation et comme gouvernement, on doit s'en tenir à la
volonté politique du gouvernement d'être prudent, mais
également de procéder avec urgence à l'adoption des
articles qui sont nécessaires au projet de loi 29 pour donner suite le
plus rapidement possible au jugement de la Cour suprême du 20
décembre dernier.
C'est dans ce sens qu'on a déposé le projet de loi 29 et
que j'ai tenu ces rencontres, pour essayer de rester très collé
uniquement à ce qui est requis et nécessaire, et non pas profiter
de cette loi pour apporter des correctifs à d'autres dispositions.
M. Ryan: M. le Président, une brève remarque. Tout
d'abord, le ministre a offert de porter à la connaissance des membres de
la commission les documents qui auraient été
échangés par le ministère de l'Éducation et les
commissions scolaires protestantes du Grand Montréal et la Commission
des écoles catholiques de Montréal lors des rencontres qu'il a
eues ou que ses fonctionnaires ont tenues avec ces organismes. Est-ce que cela
pourrait être fait maintenant? Ce sont des choses qui font partie du
débat qui est en cours. Je ne détesterais pas en prendre une
connaissance rapide. Alors, cela peut être fait maintenant.
M. Gendron: Oui. On vient de le faire officiellement
auprès du secrétariat de la commission.
M. Ryan: Merci.
M. Gendron: S'il y a possibilité de reproduire...
M. Ryan: Très bien.
M. Gendron: On me dit qu'on va faire des copies.
M. Ryan: Très bien. Deuxièmement, je voudrais poser
une question au ministre. Il disait tantôt qu'une des raisons pour
lesquelles le gouvernement entend faire adopter le projet de loi 29, c'est la
volonté du gouvernement de se conformer au jugement de la Cour
suprême rendu en décembre dernier.
Dans l'hypothèse où le juge qui est saisi de la
requête en injonction interlocutoire autour de la loi 3 rendrait une
décision affirmative, déciderait d'accorder l'injonction, est-ce
que le ministre est en mesure de garantir que le gouvernement déciderait
de suspendre l'application de la loi 3 sur le territoire des commissions
scolaires directement visées par le jugement ou bien si le gouvernement
envisage de continuer comme si rien ne s'était passé?
M. Gendron: Oui! II y a un problème et vous le savez
très bien. Le gouvernement n'a pas le pouvoir d'aller à
l'encontre d'une loi qu'il a adoptée conformément aux
règles parlementaires que vous connaissez; je parle de la loi qui a
été adoptée en bonne et due forme en décembre.
Quant à l'autre volet de votre question, il est évident,
d'après nous, sans présumer du jugement, parce que je ne pense
pas que ce soit notre prérogative, en tout cas en ce qui me concerne, si
les amendements ne sont pas adoptés dans le projet de loi 29, il
m'apparaît évident qu'on peut d'ores et déjà presque
conclure que le juge n'aura d'autre choix que d'accorder l'injonction. C'est
dans ce sens que nous voulons procéder rapidement.
M. Ryan: Maintenant, je ne sais pas si je comprends correctement,
j'ai l'impression que le stade de l'audition des témoins est
terminé; on est maintenant au stade des plaidoiries. Je ne sais pas si
les décisions qui vont être prises à l'Assemblée
nationale vont pouvoir affecter le jugement de la Cour supérieure. Ma
question est la suivante, je vais la formuler d'une manière plus
précise. Dans l'hypothèse - c'est parce qu'elle est capitale,
cette affaire - où le jugement est négatif, ils vont aller en
appel. Mais je comprendrais bien le gouvernement, ayant gagné en
première instance, de dire: On continue et tout. On verra.
Mais si le jugement était négatif, est-ce que le ministre
a considéré la possibilité... Disons qu'il serait
obligé d'appliquer la loi quand même, oui, mais le gouvernement
est toujours libre de proposer des amendements à la loi comme il le fait
actuellement. Est-ce qu'il envisagerait de proposer des amendements à la
loi pour faire en sorte, par exemple, que l'application - il suffirait d'un
paragraphe - soit différée à Montréal, disons pour
une période suffisante, pour permettre à ces causes de suivre
leur cours normal?
M. Gendron: Non.
M. Ryan: Même il pourrait recourir à des
procédures pour accélérer considérablement le
cheminement de cette affaire devant les tribunaux. Voici la question qui
m'intéresse: Est-ce que l'on risque de se retrouver, dans cinq ans,
obligé de défaire tout un château de cartes qui aurait
été monté ou si le gouvernement est prêt à
nous donner l'assurance qu'il va faire montre d'un certain jugement pratique
dans la mise en oeuvre de son projet? Si des indications assez fortes
émanent du tribunal en première instance, est-ce qu'il est
disposé à nous donner l'assurance qu'il va en tenir compte d'une
certaine manière ou si le train va continuer comme si de rien
n'était? C'est cela que je veux savoir.
M. Gendron: Oui. Il me semble que... (16 h 30)
M. Ryan: II y a des moyens à la disposition du
gouvernement. D'ailleurs, je vais vous dire pourquoi je repose ma question,
c'est parce que vous m'avez dit: Je vais appliquer la loi. Non, on peut
modifier la loi, si vous voulez; vous pouvez la
modifier, vous l'avez fait souvent et c'est un pouvoir qui est à
votre disposition. Est-ce que c'est une chose que vous envisageriez de
recommander au Conseil des ministres à supposer que vous arriviez
à un jugement qui est assez fort? Cela nous éclaire beaucoup sur
les intentions du gouvernement et sur sa façon de voir ces choses. On
joue avec de très grandes quantités. Ce ne sont pas de petites
affaires de petits groupes. Ce sont des choses qui seraient infiniment
respectables en elles-mêmes, d'ailleurs. Là, on joue avec des
collectivités encore beaucoup plus larges. C'est cela, le sens de ma
question.
M. Gendron: Oui, votre question, je pense que je l'ai bien
comprise. Je suis obligé de vous dire, M. le député
d'Argenteuil, qu'à ce moment-ci il n'y a pas eu d'analyse au niveau du
gouvernement et pas plus au niveau du ministre de l'Éducation en vue
d'envisager des modifications importantes à la loi 3. C'est là
qu'est votre question précise. Alors... Oui?
M. Ryan: Ma question est la suivante: Dans l'hypothèse
où le juge de la Cour supérieure, le juge André Brossard,
rendrait un jugement accordant l'injonction interlocutoire, qu'est-ce que va
faire le gouvernement? Est-ce qu'il va continuer de foncer de l'avant ou bien
s'il va accepter de reconsidérer politiquement la situation qui va
découler de cela? Je la pose avec d'autant plus de fermeté ou
d'insistance que, d'après les informations que j'ai, grâce
à l'aide de toutes sortes de témoins qui se sont
présentés et au travail énorme de recherche qui a
été fait par les procureurs, on a eu une cause au cours de
laquelle ont été soulevés un grand nombre d'aspects
fondamentaux. Les gens qui m'ont parlé m'ont dit que, quoi qu'il arrive,
cela va être un "milestone", comme on dit, cela va être un tournant
décisif, le jugement qui va arriver dès ce stade-là. Cela
va marquer profondément les choses et on ne recommencera pas tout ce
déploiement de preuves à l'infini, vous savez. Vu le grand
déploiement que cela a connu et les ressources extrêmement fortes
que les intéressés ont investies là-dedans, est-ce que le
gouvernement continue de regarder cela avec une froideur complète en se
disant qu'il a des papiers de ses conseillers juridiques qui lui ont dit que
c'était clair et que tout marchait, ou bien si, à ce
moment-là, il va accepter de s'interroger? C'est cela que je veux
savoir.
M. Gendron: Écoutez, je pense que vous le savez d'avance.
Premièrement, le gouvernement du Québec a toujours
été respectueux des lois et des décisions qui sont
rendues. Deuxièmement, votre question a un caractère très
hypothétique à ce moment-ci et je ne vois pas quelle preuve de
sérieux je ferais, comme ministre de l'Éducation, en disant: Bien
sûr, peu importe le contenu de ce jugement, on va être très
attentifs, on va être très analytiques. Je pense que je ne peux
pas vous dire cela, mais je peux vous dire l'inverse. Si, effectivement, le
jugement... C'est une question hypothétique, je ne peux presque pas
échafauder toutes sortes d'hypothèses, mais je pense que la seule
réponse que je dois vous faire, c'est celle-ci. Sur la base du respect
qu'un gouvernement doit avoir de certaines décisions rendues, il y ades analyses qui devraient se faire à ce moment-là, des
analyses très sérieuses, à la fois juridiques et
politiques, parce qu'un gouvernement a d'autres responsabilités.
Bien sûr, sur la base d'un jugement rendu que je ne qualifie pas -
positif ou négatif - pour lequel on sait que c'est un dossier
très "conséquentiel", selon ce qui peut se passer dans un sens
comme dans l'autre, j'ai l'impression que c'est évident que nous nous
devrions d'être très analytiques en ce qui concerne les deux
dimensions soulevées: analytiques pour la dimension juridique et
analytiques pour la dimension politique et l'impact d'une telle
décision. Je ne peux pas faire d'autres commentaires là-dessus.
Cela ne ferait pas sérieux de commencer à présumer,
advenant que le jugement dise telle et telle chose. En règle
générale, quand les jugements sont rendus, un des premiers
devoirs d'un gouvernement, c'est d'essayer d'en prendre connaissance le plus
rapidement possible, d'en analyser toute la portée politique et
juridique et c'est uniquement sur la base de cette analyse, je pense, qu'on
peut prendre des décisions éclairées.
M. Ryan: Je voudrais seulement vous dire pourquoi je vous posais
cette question avec insistance. C'est parce que j'ai souvenance d'autres causes
où, des jugements substantiels ayant été rendus, des
porte-parole du gouvernement dont vous faites partie avaient dit: Nous, quoi
qu'il en soit, on amène cela jusqu'au bout, en Cour suprême; on
sait qu'on va perdre, mais on a de l'intérêt politique à
faire cela. C'est cela que je veux éviter là-dedans.
J'apprécie la réponse que vous m'avez donnée et elle me
satisfait pour l'instant. J'espère qu'elle est donnée dans un
esprit qui est celui de tout le gouvernement, contrairement à ce qui a
été le cas dans certaines causes antérieures qui ont fait
perdre du temps à tout le monde, qui ont causé du
dégât et qui ont abouti exactement au même résultat
que tout le monde avait vu, à part le gouvernement et ses conseillers
juridiques. On veut éviter la répétition de cela et c'est
dans ce sens qu'on insiste pour poser des
questions.
Encore une fois, vous m'avez dit que vous feriez, après un
jugement comme celui-là, quel qu'il soit, un examen sérieux et
attentif tant de la dimension juridique que de la dimension politique et que,
par conséquent, il n'y avait pas de décision a priori de prise
à ce moment-ci. Je trouve que c'est une réponse que,
personnellement, je considère comme acceptable. Je peux vous le
dire.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ces remarques, je pense
qu'il serait peut-être temps qu'on commence l'étude article par
article.
M. Gendron: Je suis prêt. Mme Dougherty: Non.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que vous aviez des
remarques préliminaires?
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Je voudrais faire quelques remarques
préliminaires, s'il vous plaît. Personnellement, j'ai beaucoup de
difficultés à aborder cette étude. Même quand on
arrive à l'article 1, par exemple, définition d'une commission
scolaire confessionnelle, comment est-ce qu'on pourrait la définir parce
que tout le projet de loi 29 est basé sur cette définition? C'est
une présomption de la part du gouvernement. Comment est-ce qu'on
pourrait essentiellement amender ici une autre loi qui devient de plus en plus
fragile dans sa fondation même? En essayant d'amender la loi 3 qui est
déjà fort douteuse dans sa fondation, on multiplie la
fragilité de la loi.
Il y a une chose qui est claire dans toute cette question de la
confessionnalité et de l'étendue, de la portée de l'Acte
de l'Amérique du Nord britannique, BNA Act, c'est qu'on nage dans la
confusion complète en ce qui concerne la confessionnalité. Qui
est protégé? Quels sont les territoires protégés?
Est-ce que c'est l'élémentaire? Le secondaire? Est-ce que ce sont
uniquement les écoles et non pas les commissions scolaires? On nage dans
la confusion complète.
Il y a toutes sortes d'opinions. Nous avons certaines opinions et il y a
plusieurs opinions présentées devant les tribunaux. On ne peut
pas porter de jugement sur la meilleure opinion, mais ce qui est important,
c'est que les questions qui sont actuellement devant les tribunaux sont
fondamentales. Ce ne sont pas des petites questions. C'est la base même
de la loi 3 et, naturellement, du projet de loi 29.
Comment est-ce qu'on pourrait prendre des décisions basées
d'abord sur l'article 1 si l'article 1 n'est pas vrai? Il est bien possible que
la définition des commissions scolaires confessionnelles inclue d'autres
commissions scolaires. Le gouvernement dit que cette loi est due au jugement
sur la loi 57. Il faut se rappeler que la Commission scolaire de Lakeshore, par
exemple, était une des commissions scolaires qui a contesté avec
ces commissions scolaires la loi 57. Est-ce que le jugement sur la loi 57
s'applique à Lakeshore? Il n'y a pas un mot sur le Lakeshore School
Board ici. C'est seulement un exemple.
La portée du jugement sur la loi 57 n'est pas très claire,
il faut l'admettre, mais une chose est claire dans le jugement sur la loi 57,
c'est que toute cette question de la confessionnalité et de la force de
l'article 93 est non résolue. C'est exactement les mots du juge
Chouinard. Toute cette question est non résolue.
Alors, si on veut donner suite au jugement sur la loi 57, il faut
regarder l'ensemble du jugement et pas uniquement les petits morceaux qui
touchent tel ou tel article de la loi 3 qui convient "to suit the Government"
dans son interprétation des choses. Je crois donc qu'il y a des
centaines de milliers d'élèves, d'enseignants et
d'administrateurs d'école qui sont déjà bousculés,
pendant des années, par la loi 40, la loi 3. Au lieu de s'occuper de la
qualité de l'éducation, ils s'occupent de luttes de structures.
Je vois mal pourquoi nous sommes ici à essayer de reconstruire un peu
une loi qui est fort contestée et fort douteuse dans sa fondation
même. Merci.
M. Gendron: Peut-être un ou deux commentaires. C'est une
question d'opinion. Mme la députée de Jacques-Cartier veut
essentiellement refaire le débat de la loi 3. Je tiens à signaler
que je pense qu'il y a eu erreur dans ce qu'elle vient de mentionner. Nous
sommes fondamentalement ici, en commission parlementaire, pour adopter les
dispositions du projet de loi 29 conséquemment à un jugement de
la Cour suprême et les modifications présentées dans le
projet de loi 29 et le projet de loi 29 lui-même apportent des
modifications non pas à la loi 3, mais à Loi sur l'instruction
publique. Ce n'est que par voie de concordance...
Mme Dougherty: ...
M. Gendron: Un instant, Mme la députée de
Jacques-Cartier! En règle générale, ce n'est que par voie
de concordance qu'effectivement il y a des dispositions d'ajustement à
la suite des modifications à la Loi sur l'instruction publique qui se
rapportent à la loi 3. Je pense que vous avez raison. Dans certains cas
précis - d'ailleurs on va le voir si on
fait le travail d'étude article par article qui est le
nôtre - il arrive qu'à la suite de modifications, d'abord,
à la Loi sur l'instruction publique il y ait, peut-être pas du
débordement mais des ajustements requis, nécessaires à la
loi 3. Mais, fondamentalement, il est important de dire que le jugement de la
Cour suprême et la loi 29 qui y a donné suite voulaient d'abord
rendre valides des dispositions qui ont été invalidées par
le jugement de la Cour suprême, mais où la portée
concernait d'abord et avant tout la Loi sur l'instruction publique. C'est
important de faire cette modification.
Maintenant, si Mme la députée de Jacques-Cartier est
très intéressée à ce que, le plus rapidement
possible, les administrateurs scolaires, les agents éducatifs, les
concernés se préoccupent de pédagogie et d'action
pédagogique, c'est exactement le même objectif que je poursuis.
C'est pour cela que je ne voudrais pas passer des semaines et des semaines sur
des débats juridiques sur lesquels je ne peux rien. Le jugement de la
Cour suprême nous est arrivé et, quand vous évoquez que
toute la question de l'article 93 n'est pas complètement
réglée, vous avez à 100 % raison. Mais ce n'est pas
aujourd'hui qu'on va régler la question de l'article 93 de la loi
constitutionnelle de 1867. Ce qu'on peut essayer de régler aujourd'hui,
c'est de donner suite le plus rapidement possible à des dispositions
pour lesquelles les parties ont convenu qu'il n'y avait pas
d'incompatibilité ou de contradiction.
Je vais vous donner l'exemple de l'article 1, de même que
l'article 2 qu'on verra un peu plus tard. Quand on a rencontré les
intéressés, ils ont dit: Voilà des dispositions qui,
d'après nous, donnent suite au jugement de la Cour suprême. Il n'y
avait pas d'interprétation autre par qui que ce soit autour de la table,
si on en restait au jugement de la Cour suprême. Certains nous ont fait
savoir que, bien sûr, si on voulait revenir sur tout le débat de
fond de la loi 3, ils auraient une autre solution, ils auraient une autre
suggestion, il y aurait d'autres débats que nous devrions faire. C'est
exact. Mais ce que j'ai ici aujourd'hui, c'est la loi 29 et non pas la loi 3.
(16 h 45)
M. Ryan: Je voudrais vous rappeler -parce que je ne l'ai pas
signalé clairement tantôt, cela m'est venu à l'esprit en
vous écoutant - que vous avez dit: Je n'y peux rien, on ne peut pas
refaire le débat qui a eu lieu au sujet de la loi 3 et tout; s'il y a
des problèmes juridiques, ils vont se régler. C'est parce que
c'est plus que des problèmes juridiques. Je voudrais bien vous signaler
cela. Ce sont des problèmes... Disons que seraient fondées les
prétentions juridiques des tenants des commissions scolaires con-
fessionnelles, le conséquences seraient considérables au point de
vue des contraintes dont devrait tenir compte le gouvernement dans
l'établissement de structures administratives. A supposer qu'elles
auraient été privées de ces droits qu'elles
posséderaient et qu'il faudrait ensuite les leur redonner en refaisant
des structures qui auraient été défaites, cela nous
concerne, comme administrateurs publics, au plus haut point. Ce sont des
questions qui traitent directement de bien des modalités qui sont
inscrites à la fois dans ce projet-ci et dans la loi 3 ou la Loi sur
l'instruction publique qu'on veut modifier.
Le gros grief que nous avions au sujet de cette partie de la loi 3,
c'était la "ghettoïsation" des commissions scolaires
confessionnelles. De commissions scolaires qui étaient
protégées par des dispositions très nobles de la
constitution canadienne, on fait des ghettos minables qui n'ont plus de
signification véritable au point de vue humain, au point de vue
scolaire, au point de vue administratif, au point de vue politique. Cela
répond à la logique de la conception gouvernementale.
Nous disons: S'il n'est pas vrai qu'elles avaient des droits
constitutionnels s'étendant, par exemple, à tout le territoire de
Montréal, je pense bien que l'Opposition serait la première
à leur dire: Bien, devant la volonté majoritaire de
l'Assemblée nationale, inclinez-vous, on ne fera pas de bataille
jusqu'à la fin des temps. Mais si elles avaient des droits, si elles ont
des droits, "it is a hell of a different question". C'est une tout autre
question.
Ce qui nous fatigue, c'est que vous traitez cela à la
légère. C'est une dimension de "peut-être, si cela arrive,
on verra". C'est là et je n'ai pas la réponse au problème.
Je n'en ai jamais proposé une. Je n'ai jamais dit: Voici ce que dit la
constitution. J'ai dit: Elle nous pose des problèmes et on voudrait que
ce soit interprété par les organismes qui sont compétents
pour le faire. Je l'ai dit avec d'autant plus de conviction que je me disais:
À supposer qu'elles aient des droits, il y a quand même une
présomption assez forte de plausibilité. À supposer
qu'elles aient des droits, je ne voudrais pas passer à l'histoire pour
quelqu'un qui aurait dit: On roule avec le rouleau compresseur, on marche et
puis on ne s'occupe pas de cela et on les ressuscitera après les avoir
écrasées. C'est cela qu'on n'aime pas. C'est le point qu'on veut
faire valoir très fortement, à ce moment-ci, comme on l'a fait
à d'autres étapes du débat. On va y revenir au cours de
l'étude de différents articles qui sont posés, mais je
pense avoir indiqué assez clairement, en tout cas, ce que j'avais
à dire à ce stade-ci.
Maintenant, il y a des points qui sont portés à mon
attention par les documents
qu'on fait circuler. Je pense que je trouverai l'occasion de soulever
ces points à l'occasion de l'étude article par article. Je ne
veux pas prolonger indéfiniment la discussion à caractère
général qui précède l'étude article par
article, à moins que mon confrère de Sauvé ait des
remarques à faire.
Étude détaillée
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que,
l'étape des remarques préliminaires étant franchie, nous
allons maintenant aborder l'étude spécifique et
détaillée. J'appelle l'article 1, À moins que les membres
de la commission y tiennent absolument, je vais m'abstenir de faire la lecture
de chacun des articles.
M. Ryan: II manque une feuille, oui, j'avais remarqué
cela.
Modifications à la Loi sur l'instruction
publique
Le Président (M. Charbonneau): Je vais donc demander au
ministre, étant donné que l'article 1 est appelé, s'il a
des commentaires particuliers sur cet article.
M. Gendron: Le seul commentaire sur l'article 1, M. le
Président, je tiens à signaler que le jugement de la Cour
suprême nous amène à introduire certaines dispositions pour
assurer aux commissions scolaires confessionnelles les garanties qui leur
furent octroyées par l'article 93 de la loi constitutionnelle de 1867 et
c'est strictement dans ce sens que l'article 1 est nécessaire.
L'introduction de cette nouvelle définition marquera les cas où
une distinction est faite entre les commissions scolaires linguistiques et les
commissions scolaires confessionnelles. Dans ce sens, l'article est strictement
une nécessité à la suite du jugement de la Cour
suprême. Je n'ai pas d'autres commentaires à formuler sur
l'article 1.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, j'ai un commentaire important à formuler.
L'article 1 vient modifier l'article 1 de la Loi sur l'instruction publique.
L'article 3 de la Loi sur l'instruction publique dit ceci: Les mots
"corporation scolaire" ou "commission scolaire" désignent
indistinctement toute corporation de commissaires, de syndics d'école ou
toute commission scolaire régionale. En vertu de l'amendement qui est
proposé, on ajouterait un article 3.1 qui dirait: Les mots "commission
scolaire confessionnelle" désignent la Commission des écoles
catholiques de Montréal, la Commission des écoles protestantes du
Grand
Montréal, la Commission des écoles catholiques de
Québec et la Commission scolaire Greater Quebec.
Là, c'est parce qu'on restreint singulièrement la
portée de l'expression "commission scolaire confessionnelle". On laisse
entendre formellement, dans la Loi sur l'instruction publique, qu'il n'y a pas
d'autres commissions scolaires confessionnelles au Québec que ces
quatre-là. En somme, on entérine dans le texte de loi la
thèse gouvernementale à laquelle nous avons fait allusion plus
tôt, qui est présentement l'objet de contestations très
importantes devant les tribunaux.
Je vais vous dire que cela m'apparaît une manière
imprudente de fonctionner. Je ne pense pas que ce soit le moment
d'insérer cela dans la Loi sur l'instruction publique. Je pense qu'on va
le savoir plus clairement dans un certain temps, mais, pour le moment, on ne le
sait pas. J'ai cru comprendre qu'un des arguments qu'invoquent ceux qui
soutiennent qu'il existe d'autres commissions scolaires confessionnelles que
les quatre qui sont nommées dans l'article 1 du projet de loi sont
à peu près comme suit. Ils disent: Notre actuelle Loi sur
l'instruction publique - je pense que c'est à l'article 39, si mes
souvenirs sont bons, là où on reconnaît le droit à
la dissidence - donne à des personnes qui ne partagent pas la religion
de la majorité le droit de se déclarer dissidentes et de former
une corporation de syndics. La thèse qu'on fait valoir chez les
partisans de l'autre point de vue, c'est que, pour que ce droit existe, il faut
qu'existe également le droit de faire quelque chose qui ne corresponde
pas aux convictions religieuses de ces gens, de la part de la majorité.
Or, la position qui a été établie par le Conseil
privé dans la cause re Hirsch n'est pas complètement
satisfaisante de ce point de vue et cela pourrait donner lieu à d'autres
interprétations quand un examen complet aura été fait. Si
une autre interprétation était donnée
éventuellement, cela veut dire qu'on aurait peut-être pas mal plus
de commissions scolaires confessionnelles que ne le pensent le gouvernement et
le ministre.
Encore une fois, tant que cette question n'a pas été
clarifiée, on ne trouve pas que c'est le moment d'introduire des
clarifications, de soi-disant clarifications de cette nature dans la loi; on
trouve que c'est peut-être aggraver le mal, si mal il y a. Je ne vois pas
la justification, par conséquent, de procéder en imposant une
réponse à une question qui n'a même pas reçu la
réponse qu'on demande depuis longtemps et que le gouvernement, s'il
avait été plus actif, plus sérieux dans son désir
de vraiment clarifier ces questions, aurait eu amplement le temps d'obtenir,
depuis huit ans et demi qu'il est au pouvoir. Il y a eu de la négligence
coupable de la part du gouvernement. Il y a
des affaires qui traînent devant les tribunaux par votre faute,
par la faute de vos procureurs qui ont multiplié les procédures
dilatoires. Ils se sont traîné les pieds littéralement. On
n'est pas plus avancé après huit ans. Il y a toutes sortes de
causes qui sont en marche. Là, vous avez la solution quand même,
c'est un peu fort.
Alors, je ne suis pas du tout d'accord avec le gouvernement au sujet de
l'article 1 du projet de loi.
M. Gendron: M. le Président...
M. Ryan: J'appuie tout à fait ce qu'a dit ma
collègue, la députée de Jacques-Cartier, tantôt
à ce sujet.
M. Gendron: ...tout ce que je vais ajouter, que l'Opposition ne
soit pas d'accord, c'est son droit le plus strict, sauf que je tiens à
réaffirmer que si nous devons apporter l'article 1, c'est parce qu'il y
a eu un jugement de la Cour suprême qui a été on ne peut
plus clair. Si je lis au texte du jugement qui a été rendu le 20
décembre dernier, on mentionne: "II est bien établi, par
ailleurs, qu'en 1967, toutes les écoles communes de Montréal et
de Québec étaient confessionnelles. En dehors de ces deux villes
- ce n'est pas moi qui ai écrit cela - les...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: ...écoles dissidentes étaient
confessionnelles, mais les écoles communes ne l'étaient pas."
M. Ryan: Qu'est-ce que c'est, cela?
M. Gendron: C'est le jugement du 20 décembre dernier.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. Ryan: On vous l'a dit tantôt.
M. Gendron: Puisque j'ai dit, au tout début, que ce qu'on
est en train de faire ici, aujourd'hui, c'est d'adopter des articles pour
donner suite au jugement de la Cour suprême. Ce jugement nous a dit qu'il
n'y avait que les écoles de Montréal et de Québec, de
même que les dissidentes, plus les deux nommément
mentionnées, qui avaient des droits reconnus en vertu de l'article 93 de
la constitution de 1867, M. le Président.
Mme Dougherty: C'est exactement le problème.
M. Gendron: Je ne peux pas avoir d'autre réponse que
celle-ci.
M. Ryan: Regardez, je vais vous en donner une, en tout cas. Cette
partie du jugement de la Cour suprême, c'est l'introduction. Ce n'est pas
cela dont elle avait été saisi. Le problème dont la Cour
suprême a été saisie, c'est la question de la taxation, la
question du référendum. Elle a donné des réponses
précises. Ce sont des points qui font doctrine, véritablement.
C'est un jugement par lequel la Cour suprême ajoute à la doctrine
déjà connue. Ce qu'elle a dit avant cela, c'est de la
répétition de choses qui ont déjà été
dites par d'autres tribunaux. Elle ne fait pas avancer l'affaire
là-dessus. Elle a bien le droit de dire: Pour le moment, on en est
là. Mais, il n'y a rien qui nous dit que, lorsqu'elle sera saisie du
problème précis que certains soulèvent actuellement autour
de cela, elle n'arrivera pas à une vision différente. C'est pour
cela que cette partie du jugement n'a pas le même poids à mes yeux
que les parties où elle répond très
précisément aux questions précises qui avaient
été posées. Sur les questions précises qui avaient
été posées, je pense que, et le gouvernement le
reconnaît lui-même, le gouvernement veut rectifier sa loi sur ces
points. Là-dessus, nous sommes parfaitement d'accord pour que le
gouvernement procède.
Je vous le dis, sur ce point, je pense que cela serait faire un petit
peu un abus d'interprétation que de dire: Ils nous ont ordonné de
marcher là-dessus.
Dans ce sens-ci, je pense que l'article 1 est un exemple bien
fondé de l'article que M. Mongeau publiait dans le Devoir de ce matin.
C'est un article qui va au-delà -c'est ultra petita - de ce que demande
le jugement de la Cour suprême, à mon point de vue.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? En ce cas, je vais demander si l'article 1 est
adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division. L'article 2,
maintenant. M. le ministre.
M. Gendron: Je pense que, sur l'article 2, on ne devrait pas
avoir de problème, parce que c'est un article déterminant, si je
reprends les propos du député d'Argenteuil, où la Cour
suprême a été très claire. C'était on ne peut
plus clair. Je pense qu'il vient de le dire. Sur le sens et la portée de
cet article, M. le Président, l'ancien article que nous avions a
été invalidé par la Cour suprême, parce qu'il ne
prévoyait pas, même si on l'a toujours fait, que les subventions
devaient être versées sur une base proportionnelle. Cet article
est réintroduit, mais, à la fin du premier alinéa, il
indique que les subventions doivent être établies d'une
façon équitable et non discriminatoire.
Cette phraséologie qu'on a adoptée est d'ailleurs
tirée du jugement lui-même et devrait être le correctif
approprié pour correspondre à l'esprit de la décision de
la Cour suprême. Je tiens à ajouter également que, sur
l'article 2, tous les échanges de vues que nous avons eus avec les
parties concernées de même que les juristes consultés
s'entendaient au moins là-dessus: c'est une formulation qui donne
véritablement suite au jugement de la Cour suprême. C'est dans ce
sens-là que cet article est requis et que j'en propose l'adoption.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, je suis d'accord avec le ministre pour convenir que
l'article 2, dans la formulation nouvelle qu'il propose de l'article 15.1 de la
Loi sur l'instruction publique, répond de manière probablement
satisfaisante aux exigences découlant du jugement de la Cour
suprême lorsqu'il établit clairement que les subventions, que les
règles budgétaires doivent être admises de manière
que le montant des dépenses admissibles aux subventions versées
aux commissions scolaires soient établies de façon à
prévoir une répartition équitable et non discriminatoire
des subventions. Je pense que c'est vraiment l'essentiel qui était
visé par le jugement de la Cour suprême. Il n'y a pas lieu de
s'attarder là-dessus. (17 heures)
Dans le deuxième paragraphe de l'article, nous avions
porté à votre attention, lors des entretiens que nous avons eus
là-dessus, certaines difficultés découlant du fait que,
pour mesurer l'écart évoqué à ce paragraphe entre
l'évaluation uniformisée des biens imposables par
étudiant, d'une commission scolaire, d'une corporation de syndics, d'une
commission régionale, d'une commission scolaire confessionnelle ou du
Conseil scolaire de l'île de Montréal, selon le cas, et
l'évaluation uniformisée par étudiant de l'ensemble des
commissions scolaires, on n'avait pas les données requises pour faire
cela. Je ne sais pas si vous avez eu le temps de vérifier ce
point-là. Si on n'a pas ces données de base qui permettent de
procéder à l'établissement de l'écart, est-ce que
ce n'est pas un paragraphe qui ne veut pas dire grand-chose? Je crois me
souvenir que la réponse qu'on m'avait donnée à ce
moment-là ne pose pas beaucoup de problèmes parce que, de toute
manière, le ministère de l'Éducation ne verse pas
actuellement de subventions de péréquation aux commissions
scolaires situées sur l'île de Montréal. J'aimerais que
vous me disiez si, sur le premier point, il est vrai que l'on n'a pas les
données pour procéder à ce calcul.
M. Gendron: Oui, effectivement, M. le député
d'Argenteuil, vous nous aviez saisis de cela en disant qu'on n'avait
peut-être pas ce qu'il faut pour mesurer l'écart mais,
au-delà de cela, c'est que... Actuellement, on n'a pas, d'abord,
à verser de péréquation parce qu'il y a une chose qui est
certaine, c'est qu'on sait que, pour ces commissions scolaires, on a une
donnée sûre, c'est la moyenne, et elles sont très au-dessus
de la moyenne. Donc, on n'a pas de péréquation à
distribuer. Cependant, une chose qui est sûre, c'est que nous devons, M.
le député d'Argenteuil, garantir... cette disposition est
uniquement pour garantir que les confessionnelles - c'est bien cela? - n'auront
jamais moins que ce à quoi elles ont droit. On prétend que cette
disposition est une disposition de sécurité nécessaire
pour garantir aux confessionnelles ce à quoi elles ont droit.
M. Ryan: Est-ce que, dans vos rencontres avec les commissions
scolaires concernées et le Conseil scolaire de l'île de
Montréal, vous avez eu des échanges de vues au sujet de cet
article du projet de loi? Quelles représentations vous a-t-on
faites?
M. Gendron: J'ai une réponse très claire: aucune
personne, aucun organisme, aucune commission scolaire ne nous a fait part de
quelque interrogation que ce soit à ce sujet, le deuxième
paragraphe. Au contraire, je suis sûr de ce que j'avance, les juristes,
les gens qui accompagnaient autant la CECM, le conseil de l'île que le
PSBGM, nous ont tous dit qu'ils étaient complètement d'accord
avec la formulation retenue.
M. Ryan: S'il n'y a pas eu d'autres représentations, on
n'insistera pas. Je voulais simplement vous prévenir que, quand arrivera
le moment du vote, nous allons demander que ce soit adopté sur division
à cause des réserves fondamentales que nous avons sur toute
l'économie de ce projet de loi. Donner des subventions proportionnelles
à des "ghetttoïsés", par exemple, c'est une proposition qui
nous sourit si peu que nous ne voulons y souscrire en aucune
manière.
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien, vous
parlez des votes article par article?
M. Ryan: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): J'avais bien compris
que...
M. Ryan: C'est parce que je ne voudrais pas que vous soyez
surpris, si, à un moment donné, nous paraissons nous entendre sur
tel ou tel article, de voir que nous votons sur division. C'est à cause
de ces
objections de fond que nous avons formulées dès le
début et auxquelles, évidemment, nous n'avons pas obtenu de
réponse satisfaisante.
M. Gendron: Permettez-moi peut-être une phrase, M. le
Président de la commission, sur les "ghettoïsés", nous non
plus ne sommes pas plus d'accord mais, écoutez, je n'ai jamais entendu
l'Opposition dire un mot sur les dissidents et ils existent depuis fort
longtemps. Ils existent en vertu de quoi, M. le Président? En vertu de
la constitution. Ce n'est pas moi qui ai défendu le plus ardemment la
constitution. Quand on dit qu'on crée des classes de
"ghettoîsés"...
M. Ryan: C'est cela que vous faites.
M. Gendron: ...de toute façon, ce n'est pas moi qui l'ai
dit, je reprends les propos qui ont été dits - je dis, comme ceux
qui ont toujours existé, c'est-à-dire les dissidents. Ils n'ont
même pas de commission scolaire, dans certains cas. Il n'y a pas de
cadre, il n'y a pas d'effectif, il n'y a rien. Il n'y a aucun travail
éducatif, mais ils sont reconnus constitutionnellement en vertu de la
constitution et je n'ai jamais entendu l'Opposition dire que c'était un
drame.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais dire, en
réponse au ministre, qu'il se méprend profondément. Il n'y
a pas eu plus de commissions scolaires dissidentes; il n'y a que six, sept
commissions scolaires dissidentes dans tout le Québec. Pourquoi? Parce
qu'il y avait des commissions scolaires protestantes reconnues par la loi; ce
n'était pas nécessaire d'en créer d'autres par-dessus. Ils
n'étaient pas assez fous pour demander des commissions scolaires
protestantes au carré. Il y avait déjà partout, en vertu
de la loi 71, des commissions scolaires pour catholiques, des commissions
scolaires pour protestants. Il y en a une dans mon comté, la Laurentian
School Board, une commission scolaire protestante, de toute évidence. Il
y a peut-être seulement la Cour suprême qui ne le sait pas.
M. Gendron: La Cour suprême lui reconnaît un statut
de dissidente.
M. Ryan: Non, non. Ce n'est pas cela. Vous n'y êtes pas.
Non, au contraire.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Une commission scolaire confessionnelle en vertu de la
loi qui existe et qui dit qu'au Québec nous avons des commissions
scolaires pour catholiques et d'autres pour protestants: c'est en vertu de cela
qu'elle existe. Constitutionnellement, je ne pense pas qu'elle soit
confessionnelle. Mais elle l'était de facto: les pieds, les jambes, le
nez, la bouche, tout cela est protestant au sens qu'ils nous ont
présenté. Ils étaient contents de cela. En langue
anglaise, dans ce coin-là, ça va continuer pareil. C'est pour
cela qu'il n'y a pas de chicane là. Cela va continuer pareil. Le
gouvernement peut avoir son idée et la vie oriente souvent ses
décisions de manière différente, fort heureusement, dans
bien des cas.
Je vous dis que la raison de fond pour laquelle, par conséquent,
nous maintenons nos objections radicales contre le projet de loi, nous l'avons
énoncée très clairement; je ne voudrais pas la reprendre
à propos de chaque article, je ne veux pas faire un exercice de
répétition indéfinie. On va discuter des articles au
mérite et l'article suivant nous réserve une bonne
discussion.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas, vais-je
conclure que l'article 2 est adopté sur division? Adopté sur
division. On va passer à l'article 3. M. le ministre.
M. Gendron: Effectivement, l'article 3 est aussi un article que
nous considérons important par rapport aux représentations qui
nous ont été faites de part et d'autre. La portée de
l'article 3 est que la Cour suprême nous indique que, lors d'un
référendum, et d'après nous c'est on ne peut plus clair,
seules les personnes de la confession religieuse de la classe de personnes,
soit catholique ou protestante, peuvent voter - c'est le jugement de la Cour
suprême qui nous dit cela - pour assurer...
Le Président (M. Charbonneau): On peut continuer et
quelqu'un va aller voir ce qui arrive.
M. Gendron: D'accord. Je vais continuer et s'il faut aller voter,
on ira. ...pour assurer, dis-je, dans une commission scolaire confessionnelle
le contrôle des écoles à cette classe de personnes. La
même logique doit s'appliquer lors de l'élection des commissaires.
Le nouvel article prévoit donc que seules les personnes de la confession
religieuse d'une commission scolaire confessionnelle pourront être
électrices ou élues à une telle commission scolaire. Le
député d'Argenteuil était tantôt
intéressé à avoir un peu d'information sur les
échanges de vues qu'on a eus avec les différents groupes
concernés. Je n'ai pas d'objection à lui dire qu'au niveau de la
CECM et du PSBGM il a été suggéré que la loi soit
complètement muette sur cette question. Le conseil scolaire de
l'île a suggéré que l'obligation soit conservée pour
les électeurs seulement. Quand on a eu à faire apprécier
l'ensemble de ces éléments par différents juristes...
M. Ryan: Pouvez-vous reprendre ce point-là. Excusez-moi,
j'ai eu une distraction. Vous avez dit que le PSBGM...
M. Gendron: Oui, et la CECM... M. Ryan: Oui.
M. Gendron: ...ont suggéré que la loi soit muette
sur cette question.
M. Ryan: Ont suggéré que la loi soit muette.
M. Gendron: C'est cela. D'accord?
Par contre, le Conseil scolaire de l'île de Montréal a
suggéré que l'obligation soit conservée... Je voudrais
juste vérifier, M. le député d'Argenteuil. Je ne suis pas
sûr... Tantôt, je pense qu'on m'a remis plusieurs copies d'une
lettre que je n'aurais pas d'objection à...
Des voix: Ce rapport a été
déposé.
M. Gendron: Cela a été déposé? Je
voulais juste savoir si le rapport avait été
déposé. D'accord? Je voulais savoir si la lettre du 25 avril
adressée à M. Boudreau avait été
déposée comme document. On m'informe que oui. Je continue par
rapport à ce que je disais.
La plupart des juristes qu'on a consultés sont d'avis qu'il faut
au moins s'assurer que seuls les membres de la classe de personnes
protégées peuvent voter, leur laissant cependant le choix, comme
je l'ai indiqué au début dans le préambule, d'élire
qui ils veulent. C'est dans ce sens que nous sommes obligés de
présenter une modification à l'article, en ajoutant à la
toute fin les mots: "...et elle ne peut être élue au poste de
commissaire." C'est la seule modification à cet article et je pense que
je viens d'en expliquer la portée.
Je voudrais peut-être quand même donner une explication
additionnelle. Avant de donner leur avis sur la question, parce qu'on avait
posé la question à la CECM, c'est-à-dire demandé
son avis sur ce qu'on discute, et les commissaires de la CECM ont tenu à
nous rappeler leur position en matière confessionnelle. Ils ont dit: Les
catholiques de Montréal ont un droit garanti par la constitution
canadienne de gérer et de contrôler leur réseau
d'écoles confessionnelles. Dans ce sens, il me semble que la disposition
qu'on vient d'expliciter donnait suite, effectivement, à une analyse que
nous partagions avec la CECM à savoir que c'était
nécessaire si on voulait s'assurer que le contrôle du
réseau demeure exclusif à la classe de personnes
concernées.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Dans la Loi sur l'instruction publique, à
l'article 487: Nonobstant toute disposition contraire dans toutes les
municipalités du Québec, qu'elles soient régies, etc., les
personnes professant la religion judaïque sont traitées, pour les
fins scolaires, de la même manière que les protestants et, pour
lesdites fins, sont assujetties aux mêmes obligations et jouissent des
mêmes privilèges que ces derniers. Comment pouvez-vous concilier
l'article qui est ici avec l'article qui est dans la Loi sur l'instruction
publique? On a lutté très fort pour cela.
M. Gendron: Un instant. Oui, vous aviez, je pense, raison de
poser la question. Selon la constitution, les protégés ce sont
les protestants; mais les juifs sont assimilés aux protestants, selon la
loi québécoise.
Mme Dougherty: Ils ne sont pas assimilés...
M. Gendron: C'est-à-dire, pas assimilés...
Mme Dougherty: ...ils ont les mêmes droits.
M. Gendron: C'est cela.
Mme Dougherty: Ils sont considérés protestants
pour...
M. Gendron: Pour les fins de l'éducation.
Mme Dougherty: ...les fins de l'éducation.
M. Gendron: C'est cela, pour les fins de l'éducation,
selon la loi québécoise. Vous avez tout à fait raison.
L'expression était mauvaise. Les juifs ont les mêmes droits que
les protestants. Sauf qu'il y a un petit problème: le jugement de la
Cour suprême du 20 décembre dernier nous a dit qu'on ne pouvait
pas faire cela. Donc, c'est pour cela que je suis obligé d'avoir une
disposition qui protège uniquement la classe de personnes
déterminée par le jugement de la Cour suprême.
Mme Dougherty: Où dit-on cela dans le jugement?
M. Gendron: Si vous permettez, on va vous le trouver.
Mme Dougherty: J'ai vu le jugement ici et je n'ai pas vu
cela.
M. Gendron: Parce que là-dessus, comme je l'ai
mentionné tantôt, nos juristes étaient on ne peut plus
unanimes.
M. Ryan; M. le Président... M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...est-ce qu'on peut continuer la discussion ou si vous
attendez une opinion?
M. Gendron: Non, je n'attends pas une opinion. Mme la
députée de Jacques-Cartier me demande à quel endroit, dans
le jugement, on a pris cela ou qu'on a lu cela, et je pensais être en
mesure, en quelques secondes, de lui fournir l'information puisque,
effectivement, quand on a eu à travailler là-dessus, on m'a
signalé que c'était consécutif à une disposition du
jugement de la Cour suprême. Alors, j'aimerais bien être capable de
la citer. (17 h 15)
M. Ryan: On va vous la citer tantôt. Il y a une chose que
je veux vous donner pour faciliter la discussion autour de l'intervention de la
députée de Jacques-Cartier. À l'article 18 du projet de
loi 29, au sous-paragraphe 567.8, on dit: Cette loi va s'appliquer aux
commissions scolaires confessionnelles à l'exception des articles 487
à 493, entre autres.
Une voix: Quel article?
M. Ryan: L'article 18, au bas de la page 7. Cela veut dire que
vous avez prévu que les commissions scolaires confessionnelles de
Montréal et de Québec font exception à l'article 487.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Là, vous faites un traitement spécial pour
les Juifs à Montréal et à Québec, là
où ils se trouvent surtout, à Montréal en particulier.
Alors qu'on aurait voulu les traiter comme les autres, on dit: Là
où vous êtes les plus nombreux, statut spécial; mais
à Côte-Saint-Luc cela va être différent, vous allez
redevenir des citoyens ordinaires.
Une voix: On l'a. M. Ryan: Oui?
M. Gendron: On dit ceci dans le jugement, à la page 17,
toujours le jugement de la Cour suprême, parce que c'est cela qu'on
cite...
M. Ryan: Voulez-vous donner le début du paragraphe, cela
va nous aider à nous retrouver.
M. Gendron: Je m'excuse, j'ai parlé de la page 17, ce
n'est pas exact; il y a des guillemets et c'est marqué "disposition
17".
Mais le début du paragraphe c'est: "Le droit des protestants et
des catholiques de diriger et de contrôler leurs propres écoles
confessionnelles était donc reconnu par la loi au moment de
l'Union."
M. Ryan: Ils ne parlent pas de Juifs, là.
M. Gendron: Alors, ils ne parlent pas de Juifs, là. On en
parle également...
M. Ryan: Pouvez-vous nous dire comment il se fait qu'il en a
été question?
M. Gendron: ...également, dans une disposition - parce que
là je suis obligé de parler du tiret 35...
M. Ryan: Excusez...
M. Gendron: Non, ne retenez pas, M. le député
d'Argenteuil, la page 17; ce que j'ai là n'est pas paginé.
M. Ryan: Je l'ai.
M. Gendron: Vous l'avez?
M. Ryan: Je l'ai retrouvé, oui. C'est la page 17 à
part cela.
M. Gendron: Oui? C'est un hasard parce que pour moi, ce n'est pas
paginé.
M. Ryan: J'espère qu'on a le même texte. Je sais
qu'il y a deux ou trois copies qui circulent, cela mêle les cartes.
Voulez-vous lire? Vous dites: Le droit des protestants et des catholiques de
diriger et de contrôler leurs propres écoles
confessionnelles...
M. Gendron: ...il était donc reconnu...
M. Ryan: ...était donc reconnu par la loi au moment de
l'Union.
M. Gendron: ...par la loi au moment de l'Union. C'est le fond du
jugement. Parce qu'on me demandait où on parlait. L'autre endroit
où on en parle, c'est à la page 35 si cela semble être des
pages.
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Alors, ici on dit: "Les commissaires catholiques et
protestants à Montréal et à Québec et les syndics
d'école dissidents avaient le pouvoir de prélever telle taxe de
leurs administrés catholiques ou protestants, selon le cas."
Mme Dougherty: Cela ne définit pas qui sont les
protestants pour les fins d'éducation.
M. Gendron: Ce sont ceux qui se déclarent protestants.
Mme Dougherty: Vous avez un problème, M. le ministre.
M. Gendron: Non, non, c'est cela. Qu'est-ce que vous voulez?
Mme Dougherty: Ce n'est pas aussi simple que cela.
M. Ryan: Qu'est-ce que vous avez dit? J'aimerais reprendre votre
réponse. Vous avez dit que ce sont ceux qui se déclarent
protestants.
M. Gendron: C'est cela.
M. Ryan: C'est tout ce qu'on vous demande: si vous mettiez cela
dans la loi, il n'y aurait de problème nulle part. Mais ce n'est pas
cela que vous mettez. Vous faites un changement.
C'est cela qu'on a dans la loi actuelle. Cela a été
modifié, je crois - je serais bien surpris qu'il en soit autrement - par
une administration libérale. Cela allait de soi. Mais on a marché
longtemps avec l'effet du jugement Hirsch, qui disait que les juifs ne
pouvaient pas être admis comme commissaires d'école chez les
protestants. On a marché avec cela pendant une vingtaine ou une
trentaine d'années. À un moment donné, en 1964, on s'est
dit: Cela n'a pas de bon sens; c'est vrai qu'il y a ce jugement et tout, mais
la réalité n'est pas cela. Ils fréquentaient les
écoles protestantes - les enfants des familles juives - en bonne
proportion. Il y en a qui allaient aux écoles juives privées,
c'est très bien. Mais, il y en a d'autres qui allaient aux écoles
protestantes et ils ont dit: Comme on est inscrit sur cette liste au point de
vue de la taxation, on voudrait bien avoir le droit de voter, on voudrait bien
avoir le droit d'être élus commissaires. On a tous défendu
cela, dans le temps. J'ai participé à ces débats
moi-même. J'ai dit: C'est très bien. Cela prend une
administration, un but d'esprit libéral - indépendamment des
partis - pour faire cela. C'est comme cela que cela a été mis
dans la loi en 1964, qu'on a reconnu clairement que les Juifs, en vertu des
articles 487 et suivants, et les gens d'autres religions, en vertu de l'article
39...
Cela vaut la peine de lire l'article 39 pour voir ce qu'est notre loi.
L'article 39 est encore plus clair. L'article 39 dit ceci: Les
érections, divisions, changements de limites de municipalités
peuvent ne concerner que les catholiques ou les protestants compris dans leur
territoire. Dans ce cas, l'avis doit en faire mention. Mais dans un tel cas,
une personne autre que catholique ou protestante, qui n'est pas visée
aux articles 487 et suivants, ceux qu'a cités la députée
de Jacques-Cartier... Regardez ce qu'on dit dans la loi actuelle: "...ou
contribuable dans un territoire commun à une municipalité
scolaire pour les catholiques et à une municipalité scolaire pour
les protestants - supposons que ce soit un doukhobors ou un grec orthodoxe
-peut inscrire ses enfants aux écoles de l'une ou de l'autre commission
scolaire à son choix, laquelle est tenue de les admettre, et elle doit,
si elle est contribuable - si cette personne est contribuable - verser ses
cotisations scolaires à la commission scolaire où sont inscrits
ses enfants; son droit de voter et d'être, le cas échéant,
élue commissaire doivent également s'exercer au
bénéfice de la commission scolaire où sont inscrits ses
enfants."
C'est non seulement l'esprit mais la lettre de notre loi actuelle.
D'ailleurs, c'est évident que c'est cela, parce que l'article que vous
présentez, l'article 3, veut modifier l'article 39, ajouter un article
39,1.
Pardon? Vous ajoutez un 39,1. Pardon? Je suis bien prêt à
continuer, Mme la députée de Jacques-Cartier. "Si une telle
personne n'a pas d'enfant, elle peut voter ou, le cas échéant,
être élue commissaire à l'une ou l'autre des commissions
scolaires, à son choix, et elle doit, si elle est contribuable, verser
ses cotisations scolaires à la commission scolaire en faveur de laquelle
elle a fait ce choix."
Voici ce qui est arrivé dans l'évolution de notre droit
scolaire. C'est évident qu'on est arrivé à une
définition de catholique et de protestant qui n'est pas la même
que celle de l'Église de Canterbury ou de l'Église de Rome. On
est arrivé à une définition de type plutôt
sociologique.
Finalement, ceux qui sont inscrits à une commission scolaire pour
catholiques sont ceux qui ont demandé d'être inscrits sur cette
liste. Il y a longtemps, fort heureusement, qu'on a cessé d'exiger des
certificats de baptême et des déclarations, des professions de
foi. On n'exige plus cela aujourd'hui. Une personne s'inscrit sur cette liste.
C'est là qu'elle va envoyer ses enfants.
Du côté protestant, qui est encore beaucoup plus
hétérogène que du côté catholique, on a dit:
II y aura des protestants de bonne foi, comme la députée de
Jacques-Cartier, de religieuse observance; il y en aura d'autres
d'obédience plus large; il y en aura d'autres qui ne seront même
pas des protestants au sens religieux du terme -des juifs ou même des
agnostiques - qui se déclarent protestants pour les fins scolaires. Ils
vont relever de cela. Ils vont être admis à voter, ils vont
être admis à postuler un poste de commissaire d'école. Cela
a fonctionné et cela fonctionne quand même assez bien.
On est arrivé, par conséquent, à un stade où
on est déjà rendu bien au-delà des
définitions rigoureuses qu'approuveraient les autorités de
l'une ou l'autre confession religieuse. C'est cela notre édifice
scolaire véritable. C'est là-dedans que le gouvernement, avec la
loi 3, vient jouer. Et c'est là-dedans qu'avec le projet de loi 29, on
s'en vient d'une manière plus percutante encore en voulant
interpréter d'une manière très littérale le dernier
jugement de la Cour suprême, laquelle a répondu aux questions qui
lui étaient posées.
Maintenant, sur le jugement de la Cour suprême, il faudrait citer
le jugement. Vous avez cité un passage, à la page 17, qui n'est
pas spécialement concluant en ce qui touche notre affaire.
M. Gendron: C'est là votre point de vue.
M. Ryan: Encore là, on n'est pas dans la réponse
aux questions qui avaient été posées. Ce sont des
considérations générales dont la Cour suprême
émaille son jugement. Les magistrats sont comme les autres, comme les
journalistes et les politiciens. Ils aiment cela écrire, et avant
d'arriver à la conclusion il y a toutes sortes de considérants,
qui sont bons mais discutables souvent.
L'autre passage que vous avez donné ou susceptible...
M. Gendron: Votre collègue, M...
M. Ryan: M. Marx.
M. Gendron: ...oui, qui...
M. Ryan: M. Marx émet des opinions qui sont souvent
discutales aussi souvent, de même que les miennes. C'est ce qui fait la
cordialité de nos rapports. Il y a un grand respect pour les personnes,
mais parfois les opinions il faut les traiter plus sévèrement, et
cela, de part et d'autre.
M. Marx: J'ai déjà émis des opinions et les
cours ont dit que j'avais tort.
M. Ryan: Souvent les tribunaux l'ont cité, pour notre plus
grande édification, en lui donnant raison.
M. Gendron: De toute façon, j'ai déjà dit
que j'étais d'accord avec vous, M. le député d'Argenteuil,
que la Cour suprême se trompe, mais là on est poigné avec
son jugement.
M. Ryan: Je ne dis pas qu'elle se trompe; je dis que vous allez
au-delà de ce qu'elle vous demande.
M. Gendron: Ah bon!
M. Ryan: Je ne dis pas autre chose. Je dis que, pour le reste, on
verra avec le temps. Je ne suis pas chargé de définir si elle a
raison ou non. Mais j'ai le droit, comme citoyen, de dire: Cela n'est pas
clair. Je le dis avec grande liberté et je l'ai toujours fait. Ce que
vous dites, à la page 35: Les commissaires catholiques et protestants et
les syndics d'écoles dissidentes avaient le pouvoir de prélever
telle taxe de leurs administrés catholiques ou protestants, selon le
cas.
Disons qu'à Montréal une famille protestante décide
de s'inscrire sur la liste catholique. Qu'est-ce qu'elle est? Catholique? Bon!
Cela ne veut pas dire grand-chose, ici.
M. Gendron: Vous avez raison. Mais il nous faut donner, dans le
texte de la loi, la possibilité que ces droits soient
sauvegardés. Si les gens décident de ne pas les exercer, avec la
liberté de leur conscience, on n'y peut rien.
M. Ryan: Je sais bien, mais on vous dit: S'il y a un petit animal
qui dort et qui ne nuit à personne, ne prenez pas la
responsabilité de le réveiller pour rien. C'est cela qu'on veut
vous dire "in blunt terms", en termes simples; ce sont des termes basés
sur l'expérience de 50 ans passés. Ce ne sont pas des choses
qu'on invente capricieusement. C'est là le sens de notre
intervention.
J'en viens à un autre passage du jugement de la Cour
suprême que vous n'avez pas cité et qui n'a pas valeur de dogme
pour moi, encore une fois. On est plus sur la taxe, cependant: "Cela signifie
que l'augmentation de taxe occasionnée par une commission scolaire
donnée est soumise...
M. Gendron: M. le député d'Argenteuil, quel
passage?
M. Ryan: Page 34, M. le ministre. M. Gendron: D'accord,
merci.
M. Ryan: "Cela signifie que l'augmentation de taxe
occasionnée par une commission scolaire donnée est soumise
à l'approbation de tous les électeurs de l'île de
Montréal. Il s'ensuit que la commission scolaire en cause peut voir sa
décision rejetée ou approuvée par le fait du vote
d'électeurs qui ne sont pas de ses administrés." Si je comprends
bien, cela veut dire que tous ceux qui sont les administrés d'une
commission scolaire ont droit de participer à la décision qui va
les affecter. Est-ce que je lis correctement? Il me semble que cela saute aux
yeux. Maintenant, "qui ne sont pas de ses administrés..." Pardon!
M. Gendron: Pour ce qui est de la
question du référendum de la proportionnalité...
quand on a parlé de "ses administrés", on parlait de catholiques
ou de protestants. Alors, je ne vois pas... Vous me demandez: Est-ce que je lis
comme il le faut? Ce n'est pas moi qui peux porter un jugement à savoir
si vous lisez comme il le faut; mais je peux vous dire que, sur la base de
l'analyse qu'on a faite, quand on dit: Cela doit regrouper les catholiques et
les protestants, c'est sûr que c'est pas voie déductive qu'on a
dit que "les électeurs qui ne sont pas ses administrés..."
M. Ryan: Vous changez profondément l'orientation de la
loi. Dans votre amendement, vous dites: Ce n'est plus une personne catholique
au sens de la législation scolaire ou protestante, ce qui, en pratique,
peut être contraire à la réalité comme je l'ai
démontré amplement, je pense. Vous dites, vous autres:
"Malgré l'article 39, une personne d'une confession religieuse..." -
cela va beaucoup plus loin - "différente de celle d'une commission
scolaire confessionnelle où elle a inscrit ses enfants..." etc. Elle va
pouvoir être élue, mais elle ne pourra pas voter. Je ne comprends
pas du tout. Je vais revenir à l'illogisme de cette affaire
après.
J'en reviens au passage du jugement de la Cour suprême que
j'étais en train de commenter, à la page 34. "Il s'ensuit que la
commission scolaire en cause peut voir sa décision rejetée ou
approuvée par le fait du vote d'électeurs qui ne sont pas de ses
administrés." Personne ne va douter de cela; c'est comme une
espèce de vérité per se nota - évidente par
elle-même - et je n'ai pas d'objection à cela, du tout, sauf...
Qu'est-ce que cela veut dire "ses administrés"? What does that mean?
Qu'est-ce que cela signifie? Là, il y a des problèmes. On revient
à des difficultés. Vous avez votre interprétation et il y
en a d'autres qui ont leur interprétation, et je vous suis infiniment
reconnaissant d'avoir fait circuler certaines parties de la correspondance que
vous échangée avec les organismes concernés. Je ne veux
pas m'informer pour savoir si vous nous avez tout donné ou non. C'est
votre droit de nous donner des choses que vous pensez être bonnes pour
notre consommation.
M. Gendron: De toute façon, on est tellement convaincus
que vous avez toujours moyen de vérifier cela, parce que vous êtes
bien plus en présence de ces gens qu'on peut l'être. Il n'y a pas
de problème. (17 h 30)
M. Ryan: Mainenant, j'en viens à un extrait d'une
résolution. Je ne savais pas qu'il y avait eu une résolution
adoptée là-dessus. Proposition, ce n'est pas une
résolution: Éléments d'une proposition à être
soumise au ministère de l'Éducation du
Québec en vue de donner suite au jugement du 20 décembre
1984. Cela m'a intéressé. Je pense que, d'après le texte
de la proposition en question, la Commission des écoles catholiques de
Montréal s'est aperçue qu'à vouloir être trop
littéral on finissait par s'enferrer tout le monde et elle l'a
évité. Elle a dit: on va être prudent. À un moment
donné, elle vous dit une chose - et je vais citer ces deux paragraphes
de la page 3 de sa proposition qui sont immédiatement rattachés
à ce que nous discutons, je pense que nous en convenons. "La
qualité des électeurs lors d'un référendum pour
valider une surtaxe dans le cas des commissions scolaires confessionnelles."
C'est le titre de ces deux paragraphes. "Avant de donner leur avis sur cette
question, les commissaires de la CECM tiennent à rappeler leur position
en matière confessionnelle. Les catholiques de Montréal ont un
droit garanti par la constitution canadienne de gérer et de
contrôler le réseau d'écoles confessionnelles. Ce
réseau accueille principalement des élèves de foi
catholique, mais a toujours été ouvert aux élèves
d'autres confessions religieuses qui acceptent, dans le respect de leur propre
croyance, l'orientation confessionnelle de l'école. Ce réseau est
dirigé par des commissaires de foi catholique qui ont le droit d'engager
du personnel de foi catholique chaque fois qu'ils le jugent opportun. Si la
position de la CECM est fort claire..." - je vais y revenir après, elle
n'est pas aussi claire qu'ils le disent - "...il en va autrement du jugement de
la Cour suprême qui ne définit pas ce qu'on entend par
administrés - on retrouve ici notre fameuse affaire de la page 34 -
notion très importante par ailleurs puisqu'elle établit sur qui
la commission scolaire a compétence. En conséquence, la
commission partage l'opinion de la Commission des écoles protestantes du
Grand Montréal à l'effet qu'il faudrait faire clarifier cette
question par la Cour suprême avant de faire adopter une loi par
l'Assemblée nationale du Québec. Quant à savoir si des
citoyens autres que catholiques peuvent voter et être élus comme
commissaires lors d'élections scolaires, la question n'a pas à
être tranchée suite au jugement de la Cour suprême sur la
fiscalité municipale et scolaire puisque, de toute évidence,
cette question n'a même pas été abordée dans le
jugement du plus haut tribunal du pays."
Vous aviez dit tantôt, et je dois vous rendre hommage pour votre
honnêteté de base, que les deux commissions scolaires
concernées vous avaient recommandé de ne pas procéder sur
ce point et que le conseil scolaire de l'île vous avait donné un
avis quelque peu différent sur lequel je vous demanderai des
précisions tantôt. C'est bien clair, et je pense qu'il est
important qu'on en ait pris connaissance à ce moment-ci de
notre discussion. Je veux juste ajouter une chose à ce qu'ils
disent. Il disent: ce réseau est dirigé par des commissaires de
foi catholique qui ont le droit d'engager du personnel de foi catholique chaque
fois qu'ils le jugent opportun. J'ai à côté de moi le
député de Sauvé, qui a été le
président de la Commission des écoles catholiques de
Montréal; un peu plus loin la députée de Jacques-Cartier,
qui a été la présidente de la Commission des écoles
protestantes du Grand Montréal, et je ne pense pas que, pour être
candidat aux élections scolaires à Montréal, dans ces deux
commissions scolaires-là - et ce, depuis déjà un grand
nombre d'années - ils aient à passer un test d'orthodoxie
religieuse. Je ne pense pas qu'on demande à qui que ce soit: Es-tu
catholique ou protestant? Il pourrait très bien arriver qu'une personne
qui ne serait pas de religion protestante au sens strict soit présidente
du PSBGM. On a eu des gens de religion juive, de culture juive à tout le
moins, qui ont été des membres du Protestant School Board, qui le
sont encore. À la Commission des écoles catholiques de
Montréal rien n'empêche une personne qui serait agnostique ou
protestante de se présenter aux élections scolaires. Il suffit
qu'elle soit sur la liste d'éligibilité de la CECM et elle sera
élue.
Il arrive qu'en pratique - c'est une vérité d'observation
commune qui n'a pas besoin de démonstration gouvernementale,
fonctionnariale ou administrative - la très grande majorité des
commissaires, dans un cas comme dans l'autre, sont d'obédience
protestante ou d'obédience catholique. "It works". Cela fonctionne.
Je vous dis: Avec les changements que vous introduisez dans l'article 3,
vous venez mettre pas mal de sable dans l'engrenage, M. le ministre. Je trouve
que c'est extrêmement imprudent. Je suis de l'avis de la Commission des
écoles catholiques de Montréal que cette question n'a pas
à être tranchée à la suite du jugement de la Cour
suprême sur la fiscalité municipale et scolaire puisque, de toute
évidence, cette question n'a même pas été
abordée dans le jugement du plus haut tribunal du pays.
M. Gendron: Je voudrais juste ajouter, M. le Président,
que c'est exactement le sens de l'amendement. Ils pourront élire qui ils
veulent parce que l'amendement - je ne l'ai plus devant moi - que l'on propose
est de modifier cet article par la suppression, à la fin de l'article
39.1 introduit par cet article, des mots: "Et elle ne peut être
élue au poste de commissaire", pour leur permettre d'élire qui
ils veulent. Je voudrais juste ajouter un commentaire. Vous aviez raison quand
je vous ai permis de prendre connaissance des échanges de vues qu'on a
eus, parce que ce sont des documents publics...
M. Ryan: Des fois on nous dit que ce n'est pas public, mais vous
avez trouvé que c'était d'intérêt public et je vous
en félicite.
M. Gendron: Merci. Cela fait un peu drôle. On dit: "Avant
de donner son avis -écoutez cela, M. le député
d'Argenteuil - sur cette question, les commissaires de la CECM tiennent
à rappeler leur position en matière confessionnelle. Les
catholiques de Montréal ont un droit garanti par la constitution
canadienne de gérer et de contrôler leur réseau
d'écoles confessionnelles." J'appelle cela donner un avis.
M. Ryan: Regardez les deux autres paragraphes.
M. Gendron: Je le sais. Mais, à partir du moment où
on a discuté avec eux, et eux nous disent qu'ils sont d'avis qu'il faut
conférer ce droit-là... Je tiens à ajouter
également que la Commission scolaire catholique de Québec est
concernée elle aussi par ce que nous discutons aujourd'hui. Elle a
été on ne peut plus claire pour que nous ayons cette garantie de
conserver l'intégrité de la classe de personnes
concernées. Peut-être un commentaire additionnel: quand on a
rencontré les différentes personnes concernées, bien
sûr que des gens admettaient que la définition
d'administrés n'était pas très claire, mais la
déduction que nous faisions tantôt est qu'avec la disposition de
l'amendement cela permettra effectivement de ne pas passer le fameux test dont
vous avez parlé pour vos deux collègues. La loi ne dit pas qu'on
va exiger dorénavant gu'ils passent un test de confessionnalité.
À ce compte-là les concernés pourront élire,
effectivement, au poste de commissaire les personnes qu'ils veulent.
M. Ryan: II y aurait M.... M. Gendron: M. Leduc.
Le Président (M. Charbonneau): C'est parce qu'il y a le
député de Fabre et aussi le député de D'Arcy McGee,
qui n'est pas membre de la commission; mais je pense qu'il n'y aura pas
d'objection à lui permettre de prendre la parole. Très bien. M.
le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): M. le Président...
M. Ryan: On va le mettre membre de la commission. S'il reste ce
soir, on va demander qu'il soit admis comme membre de la commission. Cela
dépend d'où il va pencher...
M. Leduc (Fabre): M. le Président, les commentaires
soulevés par le député
d'Argenteuil sont intéressants. Je reviens sur cette question:
qu'est-ce qu'un protestant? Le ministre a dit: Est protestant, celui qui se
déclare protestant. Mais, ce que j'ai compris, en tout cas sous-entendu,
c'est qu'il se déclare protestant parce qu'il est protestant. On semble
dire, de l'autre côté, qu'on serait d'accord avec la loi si, au
lieu d'indiquer une personne d'une confession religieuse, à l'article 3,
on indiquait une personne qui se déclare protestante. Cela
soulève d'autres questions.
Quelles sont les conséquences si une personne se déclare
protestante alors qu'elle ne l'est pas. Cela ne me semble pas si simple que
cela. J'aimerais entendre les commentaires de l'autre côté. Est-ce
qu'actuellement, dans la situation présente, quelqu'un qui est juif ou
qui est grec orthodoxe peut se déclarer protestant alors qu'il ne l'est
pas? Cela peut soulever de drôles de problèmes de conscience pour
ces gens. Finalement, ce qu'on leur demanderait ce serait de ne pas
déclarer ce qu'ils sont véritablement. Je ne pense pas que cela
soit une solution au problème soulevé par l'article 3.
Peut-être qu'on a une réponse de l'autre côté. Je
pose la question, peut-être que le député de Sauvé
le sait, lui qui a été président de la CECM, ou Mme la
députée de Jacques-Cartier, qui a été
présidente également: Est-ce que c'est arrivé, dans le
passé, qu'une personne d'une autre confession religieuse puisse se
déclarer protestante pour les besoins de la cause? Cela ne me semble pas
aussi simple que cela, la suggestion venant de l'Opposition de façon
à modifier l'article 3. Cela soulève de drôles de questions
et j'aimerais qu'on puisse y répondre, si on y a réfléchi
du côté de l'Opposition.
Mme Dougherty: Est-ce que je pourrais clarifier un point pour le
député de Fabre?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, d'accord.
Mme Dougherty: Dans le PSBGM actuel, la majorité n'est pas
protestante, strictement parlant.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Fabre.
Mme Dougherty: II y a des grecs, des juifs...
M. Leduc (Fabre): M. le Président, juste pour
préciser, je sais très bien qu'il y a des grecs orthodoxes, il y
a des juifs, il y a des musulmans, mais là, au sens de la loi, vous
demandez, au lieu de dire à l'article 3: Une personne d'une confession
religieuse, que l'on remplace cela par quelque chose qui dirait: Une personne
qui se déclare. Elle se déclare protestante. Cela veut dire qu'il
faudrait que le juif, au sens de la loi, que le musulman, lorsqu'on fait le
recensement, pour qu'ils soient admis à voter, se déclarent
protestants. Au lieu de se dire juif, il se dit grec othodoxe ou musulman comme
cela doit être le cas, j'imagine, actuellement. Officiellement, il est
juif, grec orthodoxe ou musulman ou d'une autre religion. Il y a des
protestants. Vous dites... Je comprends un peu ce que vous voulez dire, le
protestantisme n'est pas une confession religieuse. C'est un peu dans ce
sens-là, peut-être, mais cela ne me semble pas régler si
simplement la question car c'est une loi, quand même. On ne peut pas
jouer sur les mots. Si un grec orthodoxe se déclare protestant, il n'est
pas protestant pour autant. Il est grec orthodoxe, au sens, il me semble, de la
constitution canadienne.
Une voix: II y a des problèmes que...
M. Leduc (Fabre): L'objectif de la constitution canadienne, c'est
d'être une protection accordée à des protestants.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Sauvé.
M. Parent: Les problèmes que semble soulever ou
déceler le député de Fabre à la déclaration
solennelle d'une personne qui se dit protestante mais qui, enfin, ne l'est pas,
ce n'est quand même pas une incitation à l'apostasie. C'est
quelqu'un qui accepte à un certain moment de poser un geste et de
s'inclure à l'intérieur d'une catégorie pour fins
scolaires, à l'intérieur d'un réseau scolaire
confessionnel. Il a pris la décision de fréquenter le
réseau protestant plutôt que le réseau linguistique dans le
cas. Il dit: Moi, pour les fins scolaires, je suis protestant. Je me
déclare protestant pour que mes enfants fréquentent
l'école protestante. Tout à l'heure, vous disiez: Je me demande
dans quelle situation vont être ces gens. Ce n'est pas une apostasie pour
eux, ce n'est pas renier leur foi ou renier leurs croyances religieuses, pour
eux. C'est...
M. Leduc (Fabre): Qu'est-ce que vous en savez?
M. Parent: Non, non...
M. Leduc (Fabre): Je ne sais pas.
M. Parent: De fait, on le sait parce qu'on l'a vécu, M. le
député de Fabre. Mme la députée de Jacques-Cartier
vous le disait tout à l'heure. C'est vrai. Il y a combien de gens de
religion juive chez vous? Il y en avait combien chez vous à la
PSBGM?
Mme Dougherty: Plusieurs milliers.
M. Parent: Chez nous à la CECM, on présume que nous
étions tous des catholiques. Je ne sais pas. On ne le sait pas. Il n'y a
rien là de dramatique. On n'a jamais enquêté et on n'a
jamais vérifié si le président de la CECM est un
catholique pratiquant. On n'a jamais vérifié. On ne s'est
même jamais posé la question. Il s'est présenté
à une élection scolaire au sein d'une commission scolaire
confessionnelle d'orientation catholique et on a tenu pour acquis qu'il
était catholique. Il en a assumé les conséquences et les
responsabilités comme celui qui va assumer les conséquences et
les responsabilités s'il se dit d'obédience ou d'orientation
protestante pour fins d'éducation. Ce n'est pas une question de foi. Je
ne le pense pas.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Marx: Si je comprends bien, dans la loi, on veut instaurer la
commission dans l'ancien territoire. D'accord. La commission catholique et
protestante telle qu'elle existait en 1867...
M. Gendron: Si vous me le permettez, M. le député
de D'Arcy McGee, ce n'est pas du tout cela le problème, on est à
l'article 3.
M- Marx: Oui, c'est cela. L'article 3, ce sera pour régir
ces commissions dans l'ancien territoire.
Une voix: Non.
M. Marx: Bien oui, bien oui.
Mme Dougherty: Ce sont des ghettos qu'on a créés
par la loi 3, n'est-ce pas?
M. Parent: Ce sont les seules confessionnelles qu'il nous
reste.
M. Gendron: Sur la base de la Loi sur l'instruction publique
actuelle, vous avez raison.
M. Marx: L'article 3 va s'appliquer aux commissions dans l'ancien
territoire.
M. Gendron: Pour 1985-1986, oui. (17 h 45)
M. Marx: Et maintenant, cela va...
M. Gendron: ...donc, pour le territoire actuel.
M. Marx: Pour le territoire actuel? M. Gendron: C'est
cela.
M. Marx: Vous avez un gros problème parce que, si vous
mettez cela sur le territoire actuel, il n'y a pas de garantie
constitutionnelle pour le territoire actuel. Si on n'a pas de garantie
constitutionnelle pour le territoire actuel, on ne peut pas faire la
discrimination en ce qui concerne les différentes religions parce qu'il
y a la charte québécoise. On peut faire des distinctions en
matière de religion si ce sont des lois protégées par la
constitution parce qu'on ne peut pas les changer. On ne peut pas faire la
distinction en ce qui concerne les droits des Québécois si ce
n'est pas constitu-tionnalisé, parce que cela devient des distinctions
dans une loi ordinaire qui est sous l'autorité de la charte
québécoise qui empêche de telles distinctions et de telles
discriminations.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Je voudrais
seulement faire une précision parce qu'il y a eu des confusions
tantôt. Si j'ai bien compris, l'amendement a été fait
officiellement. C'est-à-dire qu'on discute depuis tantôt d'un
amendement à l'article...
M. Gendron: Oui, que je n'avais pas déposé
formellement, M. le Président. J'en profiterais, à ce moment-ci,
pour le déposer formellement; d'ailleurs, l'Opposition a la série
des amendements mais, actuellement, on peut inscrire, comme dépôt
officiel, à l'article 3, l'amendement qui est proposé.
M. Marx: Seulement un autre petit point, peut-être, pour
clarifier le point que j'ai voulu apporter. Disons que la CECM, aujourd'hui,
élargie sur tout le territoire montréalais, ce n'est pas une
commission qui est protégée par la constitution. C'est une
commission créée par une loi ordinaire. Ce qu'on a fait, on peut
le défaire. D'accord?
Une voix: Non.
M. Gendron: C'est parce que nous, on voulait dire qu'on est
complètement d'accord avec vous, M. le député.
M. Marx: Non, mais je pense que...
M. Gendron: C'est exactement la position du gouvernement.
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien, je ne
le verrai pas, tantôt, demander au vice-président de la
commission, à 20 heures, si vous le feriez siéger de ce
côté-ci ou de ce côté-là.
M. Ryan: Cela nous ira très bien parce que chez nous, il y
a de la place pour beaucoup d'esprits.
M. Marx: Non, mais il y a une différence entre une
commission qu'on peut créer et défaire et les droits qu'a une
telle
commission. Donc, je me...
M. Gendron: Ce sont les droits de la classe de personnes qu'on
veut protéger.
M. Marx: Oui, mais supposons que le gouvernement du Québec
a créé des commissions scolaires confessionnelles, par
arrêté en conseil, on peut les défaire par un
arrêté en conseil aussi, c'est évident. Tout ce
qu'on....
M. Gendron: Je suis complètement d'accord
là-dessus. C'est ce qu'on dit.
M. Parent: C'est une supposition, remarquez bien. Nous
supposons.
M. Gendron: Tantôt, ce n'était pas cela;
c'était assez affirmatif.
M. Marx: Non. Je pense que c'est évident mais les
minorités religieuses, sur ce territoire, peuvent aussi faire
dissidence, peuvent avoir leur propre commission scolaire confessionnelle, le
cas échéant.
M. Gendron: À l'extérieur.
M. Marx: C'est cela mais, ici, je ne pense pas que vous
pouvez...
M. Gendron: Cela a l'air d'être assez laborieux. Nous, si
on a besoin d'un plaideur, on va vous engager. Vous êtes exactement dans
la position du gouvernement.
M. Marx: Pas tout à fait, pas sur l'article 3.
M. Ryan: II se met dans votre logique pour vous montrer que vous
avez tort de vouloir aller dans les détails. C'est vrai, c'est ce que je
comprends.
M. Gendron: Moi, M. le Président, je...
M. Marx: L'article 3 va s'appliquer dès son adoption
à quelle commission?
M. Gendron: Sur le grand territoire. M. Marx: Sur le grand
territoire. M. Gendron: Oui.
M. Marx: Mais, le grand territoire, c'est une commission
créée par statut, par une loi ordinaire.
M. Gendron: C'est exact. C'est cela qu'on plaide.
M. Marx: D'accord. Une commission créée par une loi
statutaire, par une loi ordinaire ne peut pas comporter une discrimination sur
la base de la religion. Ce n'est pas constitutionnellement
protégé. C'est la charte québécoise qui va entrer
aussi dans le portrait.
M. Gendron: C'est parce que la constitution canadienne
prévaut. La constitution canadienne prévaut sur la charte
québécoise et c'est le jugement de la Cour suprême qui
prévaut.
M. Ryan: Non, je pense qu'on est dans...
M. Marx: Vous enlevez des droits. Maintenant, les juifs, les
musulmans peuvent voter.
M. Gendron: Oui.
M. Marx: Ils peuvent voter, mais vous allez leur enlever ce
droit.
M. Ryan: Où votent-ils en attendant?
M. Marx: Qu'est-ce qu'ils vont faire entre...
M. Ryan: Bien oui.
M. Marx: Vous enlevez des droits qui existent aujourd'hui.
M. Gendron: Non, mais il n'y a pas d'élection cette
année.
M. Ryan: S'il y a une vacance... Supposez qu'il arrive une
vacance, qu'est-ce qui arrive?
M. Marx: II n'y a pas de raison pour...
M. Gendron: S'il y avait une vacance, il n'y aurait pas
d'élection.
M. Marx: Je pense que ce que vous voulez faire, vous le faites
mal dans cette loi. Parce que je pense que, dans votre esprit, ce que vous
voulez faire, c'est protéger le droit de vote des protestants, des
catholiques dans l'ancien territoire. D'accord? Comprenez-vous ce que je veux
dire? Vous voulez...
M. Gendron: Non, du territoire existant.
M. Marx: Parce que, une fois que vous aurez vos commissions
scolaires linguistiques, vous aurez des commissions scolaires linguistiques
sauf quatre commissions, deux à Québec et deux à
Montréal. D'accord? Mais, vous voulez, dans cet article 3,
protéger certains droits dans ces quatre commissions confessionnelles.
Ce que vous faites avec la loi 3, au moins, pour une année, vous allez
empêcher les non-catholiques, les non-
protestants de voter pour des commissaires, dans les commissions
actuelles. Comprenez-vous ce que je veux dire?
Le Président (M. Charbonneau); Est-ce que je pourrais vous
faire une suggestion parce qu'il est 17 h 55 et là, les discussions sont
rendues è s'engager d'une façon...
M. Gendron: J'aurais un dernier commentaire...
Le Président (M. Charbonneau): ...non conventionnelle et
difficilement enregistrable au Journal des débats. Peut-être que
vous pourriez...
M. Ryan: M. le Président, le gouvernement nageait
manifestement dans la confusion. Vous comprendrez facilement que nous ayons
été induits à engager des conversations entre nous pour
voir comment nous pourrions l'aider le plus efficacement.
Le Président (M. Charbonneau): Cela dit, si tout le monde
pouvait s'aider, peut-être qu'on pourrait suspendre et poursuivre d'une
façon informelle les discussions, ce qui ferait qu'à 20 heures,
quand on reprendrait, peut-être qu'on aurait éclairci certains
points de droit qui vont nous amener à prendre bien du temps.
M. Gendron: Peut-être un dernier commentaire. Sur cette
disposition, je ne pense pas qu'on puisse modifier quoi que ce soit puisque la
loi 3 n'existait pas, c'est-à-dire que la loi 3 était
adoptée lorsque le jugement a été rendu et le jugement ne
porte pas du tout sur la loi 3, il porte sur les territoires
décrétés par la Loi sur l'instruction publique. C'est on
ne peut plus clair.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez! De deux
choses l'une...
M. Ryan: Je me permets juste une dernière intervention
pour essayer de clarifier des positions. J'ai compris l'intervention du
député de D'Arcy McGee comme signifiant que, dans la perspective
où vous vous situez, ces territoires ne sont pas protégés.
À plus forte raison, vous ne devriez pas, dans la période de
transition, faire de la discrimination comme celle qu'introduit l'article 3.
C'est cela que j'ai compris. Je trouve que c'est une position qui est bonne. Je
procède autrement, je dis que cette question, je la prends dans la
perspective de ceux qui disent qu'ils ont des droits protégés sur
tous ces territoires...
M. Gendron: Le problème, M. le député
d'Argenteuil...
M. Ryan: ...sans épouser nécessairement le point de
vue de...
M. Gendron: C'est la classe de personnes qui est
protégée, ce ne sont pas les territoires. Le jugement nous
demande de protéger la classe de personnes...
M. Marx: Oui, mais de faire cela sur un certain territoire.
M. Ryan: Bien oui.
M. Gendron: Sur le territoire décrété par le
gouvernement.
M. Ryan: C'est là que nous sommes en profond
désaccord.
M. Marx: Ils ne sont pas constitu-tionnellementprotégés.
M. Ryan: II y a sûrement un territoire qui est
défini par la constitution. La preuve, c'est que vous-même, vous
en définissez un. Vous dites: Cela va être un petit ghetto. Vous
ne feriez pas de ghetto si vous n'aviez pas peur qu'il soit défini par
la constitution. Vous l'avez dit vous-même.
M. Gendron: Oui, le territoire n'est pas défini par la
constitution, c'est le droit des personnes, la classe de personnes qui est
protégée.
M. Ryan: Oui, c'est cela.
M. Gendron: La constitution n'a pas défini de
territoire.
M. Ryan: Vous dites: Les personnes "ghettoïsées" dans
ce petit canton. Nous, nous vous disons: II y a toute une thèse qui dit
que c'est plus que cela. Lui, il se situe dans votre perspective. Il dit:
Surtout, si vous épousez cela.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! À
l'ordre! La commission n'a pas encore suspendu ses travaux. Je vous
demanderais... Cela va? J'ai l'impression qu'on va faire ce que j'ai
proposé. On va suspendre les travaux de la commission jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission parlementaire de l'éducation et de la
main-d'oeuvre reprend ses travaux et l'étude du projet de loi 29. Nous
en étions à l'article 3
du projet de loi. M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Lorsque nous nous sommes quittés, M. le
Président, tout le monde en était à chercher à
pénétrer les secrets de la science juridique de M. le
député de D'Arcy McGee. Je crois qu'il a compris, comme nous, que
ses propositions demandaient un supplément d'explications que nous lui
serions très reconnaissants de nous soumettre, parce que je crois que,
derrière le côté paradoxal de sa position, il y a un
cheminement qui conduit à des conclusions saines.
Le Président (M. Charbonneau): Voyant l'empressement qui
se lit sur le visage de tous, je vais céder la parole au
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Peut-être pourrions-nous faire un bout de chemin
assez rapidement, si le ministre nous explique ce qu'il entend faire par le
biais de cet article. Quel est son but? Peut-être le ministre pourrait-il
atteindre son but par un autre moyen et non par celui envisagé à
l'article 3.
Je pense que les buts recherchés dans l'article 3 sont
contradictoires, car il y a plus d'un but dans cet article. Je ne veux pas,
étant donné que la charte québécoise a
préséance sur cette loi, au moins dans la partie qui n'est pas
protégée par la constitution, qu'on adopte une loi qui serait
jugée inopérante à cause de la charte
québécoise.
M. Gendron: Je vais essayer très succinctement, mais
très clairement. La question est précise: Quel est mon but avec
l'article 3?. C'est de protéger la classe de personnes pour lesquelles
nous avons, dans le jugement de la Cour suprême,
interprété...
M. Marx: Protéger les classes de personnes où, dans
quelles commissions scolaires?
M. Gendron: Dans les commissions scolaires définies dans
la Loi sur l'instruction publique.
M. Marx: Donc, cela peut être des commissions scolaires qui
n'ont pas de protection constitutionnelle?
M. Gendron: Non, quand on parle de protéger les classes de
personnes, ce sont les quatre commissions scolaires sur lesquelles le
jugement...
M. Marx: Oui, mais...
M. Gendron: ...a statué et a conféré ce que
j'appellerais un droit, des garanties constitutionnelles sur l'autonomie au
niveau des perceptions fiscales.
M. Marx: Oui, mais c'est cela le problème, M. le ministre.
Vous voulez défaire le Protestant School Board of Greater Montreal et
vous voulez défaire la CECM, parce que ce sont des entités, des
organismes créés par une loi, et vous avez dit que votre position
est que ces deux entités ne sont pas protégées par la
constitution.
Quelle protection voulez-vous donner à une entité qui
n'est pas protégée par la constitution? Parce que vous avez
l'intention, pas dans cette loi et pas dans une autre, de défaire ces
commissions scolaires. Comment peut-on plaider ou argumenter qu'on veut
protéger les droits d'une classe de personnes qui est
protégée par l'article 93 de la loi constitutionnelle de 1867
quand, dans une autre loi, on veut défaire cette même
commission?
M. Gendron: Je pense que la volonté gouvernementale dans
l'article 3 est de maintenir des droits aux commissions scolaires
confessionnelles, tel que le jugement de la Cour suprême nous y
oblige.
M. Marx: J'en conviens. Mais, aujourd'hui, la Cour suprême
n'a dit, nulle part, dans son jugement que seulement les protestants doivent
avoir le droit de vote dans le PSBGM et que seulement les catholiques devraient
avoir le droit de vote dans la CECM.
M. Gendron: Nous pensons que, s'il le dit pour les deux
dispositions que j'ai toujours indiquées, qui étaient les plus
fondamentales, toute la question de la proportionnalité et la question
de la tenue du référendum... Il l'a dit, pour la question du
référendum, qu'il fallait protéger les classes de
personnes. Alors, c'est ce qu'offre la sécurité de l'article 3,
leur permettant d'élire qui ils veulent.
M. le député de D'Arcy McGee, il faut être conscient
que le gouvernement du Québec, à peu près dans toutes ses
lois... Lorsqu'il a été contesté en éducation,
c'est toujours en vertu du même article 93, toujours en vertu des droits
constitutionnels que, supposément, on aurait altérés ou
non protégés.
M. Marx: Oui, mais...
M. Gendron: Juste une seconde.
M. Marx: Oui.
M. Gendron: Je pense qu'il est important que nous usions de
prudence juridique pour que, effectivement, nous puissions offrir cette
protection qui est consécutive au jugement, de protéger la classe
de personnes concernées par rapport
aux commissions scolaires confessionnelles concernées.
M. Marx: Oui, mais vous dites... Je pense que, dans l'ensemble de
ces lois, le PSBGM et la CECM... Vous voulez protéger des personnes dans
ces deux commissions scolaires; est-ce cela?
M. Gendron: Dans les quatre, protéger...
M. Marx: Les quatre, deux à Québec et deux à
Montréal.
M. Gendron: C'est cela.
M. Marx: Quelles sont les deux à Montréal qui ont
des droits constitutionnels, à votre point de vue, à ce
moment-ci?
M. Gendron: La CECM et le PSBGM.
M. Marx: Oui. Mais, est-ce que les gens qui ne sont pas
protestants et pas catholiques peuvent voter pour les commissaires dans ces
deux commissions, aujourd'hui?
M. Gendron: Bien oui, s'ils se déclarent catholiques ou
protestants, comme en 1867, ils peuvent voter.
M. Marx: Les non-protestants peuvent voter pour les commissaires
du PSBGM.
M. Gendron: Bien sûr. S'ils se déclarent non
protestants.
M. Marx: Ils peuvent voter! M. Gendron: Bien oui.
M. Marx: Mais, vous enlevez le droit de vote de ces personnes
dans l'article 3.
M. Gendron: Non.
M. Marx: Bien oui. C'est écrit.
M. Gendron: Non, non. D'accord, je l'ai dit tantôt. Bien
sûr, on enlève: "et elle ne peut être élue au poste
de commissaire", parce qu'il faut que je protège la classe de
personnes.
M. Marx: Non, mais vous dites...
M. Gendron: Elles ne peuvent être élues aux postes
de commissaire...
M. Marx: ...qu'une personne d'une confession ou d'une religion
différente ne peut pas voter, mais elle peut voter aujourd'hui. C'est le
problème.
M. Gendron: Ah oui! Excusez, j'ai fait une erreur. Je l'avais dit
cet après-midi, là, j'ai oublié de le
répéter, on enlève cette disposition.
M. Marx: C'est cela.
M. Gendron: Mais, j'ai mentionné à plusieurs
reprises qu'un juif, un orthodoxe, ou un grec peut se faire élire
commissaire si la classe de personnes qu'on veut protéger décide
d'élire une telle personne avec tel type de confessionnalité.
M. Marx: Oui. Mais, aujourd'hui, les citoyens juifs, grecs
orthodoxes ou musulmans peuvent voter au PSBGM, peuvent voter à la CECM.
À l'article 3, qui ajoute l'article 39.1, on enlève ce droit.
Parce que c'est écrit: "Malgré l'article 39, une personne d'une
confession religieuse différente de celle d'une commission scolaire
confessionnelle...".
M. Gendron: M. le député de D'Arcy McGee, vous avez
tout à fait raison qu'on enlève ce droit. Mais, entre-temps, il y
a eu un jugement de la Cour suprême qui nous dit...
M. Marx: II n'a pas parlé d'enlever ce droit.
M. Gendron: Bien, là-dessus, c'est vraiment une question
d'interprétation. Je vous l'ai mentionné tantôt, je ne peux
pas entreprendre, en tout cas en ce qui me concerne, une bataille juridique ici
même en commission parlementaire. J'ai dit, lorsqu'on avait eu des
échanges de vues avec les différentes personnes
concernées, oui, vous avez raison qu'il y a des gens impliqués
qui défendaient votre théorie. Juste une seconde. Il y en a
d'autres qui disaient: Non, pour offrir une sécurité juridique en
ce qui concerne les suites à être données au jugement, il
faut protéger la classe de personnes qui est consécutive au
jugement.
M. Marx: Pour - je m'excuse - les citoyens de mon comté,
disons si on prend la ville de Hampstead, vous voulez me dire que, aujourd'hui,
les juifs, les musulmans et les grecs orthodoxes de cette ville peuvent voter
pour les commissaires de la commission protestante ou de la commission
catholique. C'est l'état actuel du droit? Bien oui, c'est cela.
M. Gendron: Oui, s'ils se déclarent comme
confessionnels....
M. Marx: Non.
M. Gendron: ...suivant les...
M. Marx: Non, non. Aujourd'hui, il peut voter sans se
déclarer quoi que ce soit.
Aujourd'hui!
M. Gendron: Bien oui, sans la loi 29; oui, oui.
M. Marx: Sans la loi 29, elle n'est pas encore
adoptée.
M. Gendron: Non, non, cela va.
M. Marx: Peut-être qu'elle ne sera jamais
adoptée.
M. Gendron: Cela, je l'ai mentionné dès le
début. Je l'ai mentionné avant le souper, je l'ai
mentionné après le souper. Le projet de loi 29 est
consécutif au jugement.
M. Marx: Oui mais, aujourd'hui, les gens dans Hamsstead, quelle
que soit leur religion, peuvent voter pour les commissaires. D'accord? Vous
avez dit qu'à cause du jugement on a enlevé le droit de vote aux
gens de Hampstead. Dans un troisième temps, vous voulez me dire que la
commission pour laquelle ces personnes votent n'existera pas une fois la loi 3
en vigueur. C'est un paquet de contradictions. On protège des gens qui
n'auront pas de droits bientôt.
M. Gendron: Lorsque la loi 3...
M. Ryan: Est-ce que vous appréciez toujours autant la
science juridique du député de D'Arcy McGee?
M. Gendron: Non. Lorsque la loi 3 va être en vigueur, ils
vont voter pour des commissions scolaires linguistiques et non pour des
commissions scolaires confessionnelles. Ce que je dis au député
de D'Arcy McGee, c'est que selon la jurisprudence, la CECM et le PSBGM sont
actuellement les commissions scolaires qui représentent la classe de
personnes dans le jugement, selon l'interprétation qu'on en fait. C'est
pourquoi on est toujours convaincu, comme gouvernement, si on veut offrir une
sécurité juridique à notre loi 29, qu'il faut offrir cette
protection à la classe de personnes.
M. Marx: Je cherche l'article 93 de la constitution. Personne
n'aurait signé la constitution avec cette interprétation.
M. Ryan: J'aurais peut-être besoin d'un
éclaircissement, à ce moment-ci, qui va nous aider à mieux
nous comprendre dans ce dédale.
M. Marx: J'aurais juste un mot, ici, sur l'article 93, pour
terminer.
M. Gendron: Allez-y!
M. Marx: On voit, à l'article 93 de la constitution, pour
chaque province, que la Législature pourrait exclusivement
légiférer sur l'éducation sous réserve et en
conformité des dispositions suivantes. Paragraphe 1: Rien dans cette
législation ne devra préjudicier un droit ou privilège
conféré par la loi lors de l'union à quelque classe
particulière de personnes dans la province relativement aux
écoles confessionnelles et ainsi de suite.
Vous dites qu'il faut protéger les droits des protestants et des
catholiques qui habitent dans Hampstead aujourd'hui, mais vous dites: Dans
quelques mois, je vais leur enlever tous leurs droits, parce que je vais
défaire la commission confessionnelle et ériger une commission
linguistique. Cela n'a pas de bon sens. Est-ce qu'ils ont des droits ou s'ils
n'en ont pas?
M. Gendron: C'est le jugement de la Cour suprême qui a dit
que, lors de l'union, il fallait protéger les droits constitutionnels
des catholiques et des protestants. Ce n'est pas moi qui ai dit cela.
M. Marx: C'est parfait cela.
M. Gendron: Pour s'adapter au jugement de la Cour suprême,
on pense qu'effectivement la loi 29 doit offrir cette sécurité,
cette protection à la classe de personnes visée par la
constitution. Justement, ceux de Hampstead ne sont pas dans le territoire qui
avait cette protection en 1867 dans la constitution.
M. Marx: Mais vous voulez les protéger aujourd'hui?
M. Gendron: Oui, c'est cela. C'est la Loi sur l'instruction
publique qu'on corrige actuellement.
M. Parent: M. le Président, si vous me le permettez,
quelle est la logique que vous préconisez, M. le ministre, en essayant,
par l'article 3, de protéger des catégories de personnes sur un
territoire que vous avez identifié, avant que l'on ajourne, comme le
territoire actuel sur lequel vivent ces clientèles? Votre projet de loi
3 a justement pour but, un des articles a pour but de nier l'existence
légale de ces territoires pour les ramener, enfin, aux limites que l'on
sait. C'est quoi la logique?
M. Gendron: La logique, c'est que les futurs territoires, c'est
en 1986, en termes d'application, mais entre-temps, dans le jugement, on nous
demande d'offrir une protection, une sécurité à la classe
de personnes des commissions confessionnelles -parce que les commissions
linguistiques, c'est pour l'avenir - existantes.
M. Parent: Les commissions linguistiques, M. le Président,
ce n'est pas pour l'avenir. C'est une loi que vous avez adoptée, qui
existe.
M. Gendron: Oui, c'est pour 1986. M. Parent: Elle a
été adoptée.
M. Gendron: Oui, pour 1986. Elle s'applique à partir de
1986.
M. Parent: Actuellement, vous proposez une loi pour
protéger des privilèges ou des droits de catégories de
personnes sur des territoires que vous voulez voir disparaître.
M. Gendron: C'est exact, mais le jugement de la Cour
suprême dit qu'il faut offrir une sécurité sur le
territoire des commissions scolaires visées par la protection
constitutionnelle en offrant une garantie que seules les classes de personnes
puissent avoir l'entier contrôle sur les pouvoirs de taxation des
commissions confessionnelles protégées.
M. Parent: Je vais revenir à une pensée qu'on a
énoncée souvent ici et que je sais que vous n'accepterez pas.
Dans ce cas-la, ce fameux projet de loi 29, et particulièrement
l'article 3, c'est en attendant. C'est que vous n'êtes pas certain que
l'article 3 du projet de loi 29 ne sera pas contesté, ne sera pas
reconnu comme invalide.
M. Gendron: Pas du tout. Si vous me le permettez, M. le
député de Sauvé, ce n'est pas une protection territoriale.
La classe de personnes est actuellement sous la juridiction de la CECM et du
PSBGM, sur le territoire tel qu'il existe au moment où on se parle. Une
fois le territoire réduit, la protection s'appliquera sur ce nouveau
territoire à la classe de personnes qui va se trouver sur le nouveau
territoire. Je ne peux pas ajouter autre chose.
M. Marx: Je pense qu'il y a une erreur de votre...
Le Président (M. Charbonneau): Excusez-moi. Merci.
Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de problème, mais il faudrait
que... À moins que le vice-président ne vous cède son
droit de parole pour le moment.
M. Marx: Le ministre parle toujours de protéger une classe
de personnes. Il faut parler toujours d'une classe de personnes qui se trouvent
sur un territoire donné, un territoire défini. Ce n'est pas juste
une classe de personnes. Les catholiques qui étaient en majorité,
disons, à l'extérieur de la ville de Québec et de la ville
de Montréal lors de la Confédération n'avaient pas de
protection constitutionnelle, à mon avis.
M. Gendron: M. le Président, je n'ai pas d'autres
arguments à évoquer, c'est possible que les
interprétations soient... Nous pensons que l'interprétation que
nous faisons est celle qui est conforme pour donner suite au jugement et
offrir, effectivement, cette protection à la classe de personnes
visée. Je n'ai pas d'autres arguments.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: J'aurais d'abord une question d'ordre technique à
poser. Est-ce qu'il y a quelqu'un parmi vos collaborateurs qui pourrait nous
dire avec précision comment cela se passe actuellement sur le territoire
de la CECM et du PSBGM pour les élections, pour la confection des
listes. Qui va voter du côté protestant ou du côté
catholique? Comment cela se passe-t-il? Y a-t-il quelqu'un qui peut nous dire
cela avec précision?
M. Gendron: Oui. Je n'ai pas d'objection. Je ne sais pas si M.
Rousseau ou M. Blanchette, parce que c'est là une question d'ordre
technique et je ne suis pas en mesure de... Je ne sais pas si M. Rousseau est
en mesure de donner une réponse.
M. Rousseau (André): La loi 3 qui a été
adoptée le jeudi saint...
M. Ryan: Sous le régime de la Loi sur l'instruction
publique, comment cela se passait-il jusqu'à ce jour?
M. Rousseau: Comment cela se passait? M. Ryan: Oui.
M. Rousseau: Jusqu'à ce jour, tous les citoyens de 18 ans
et plus, indépendamment de leur confessionnalité,
répondaient au cens électoral pour élire des commissaires
d'école dans les commissions scolaires de l'île de Montréal
et les commissions scolaires de l'île de Montréal avaient des
élections à un même moment sur tout le territoire. Les
commissaires étaient élus pour trois ans. C'est la situation
actuelle, dans la Loi sur l'instruction publique.
M. Ryan: Qui faisait la liste électorale?
M. Rousseau: C'étaient les commissions scolaires.
M. Ryan: Les commissions scolaires elles-mêmes? Chacune
faisait sa liste ou est-ce que c'était fait sous les auspices du conseil
scolaire de l'île?
M. Rousseau: C'était fait sous les auspices du conseil
scolaire de l'île, avec la collaboration des commissions scolaires.
C'est-à-dire que nous versions les sommes pour le recensement au conseil
scolaire de l'île et il utilisait ou bien les recenseurs des commissions
scolaires ou, dans certains cas, il avait une délégation de
pouvoir pour recenser lui-même.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait savoir s'il y avait des formules
leur indiquant quelles questions précises ils devaient poser aux gens
afin de pouvoir les inscrire sur une liste ou l'autre?
M. Rousseau: Le cens électoral était d'avoir 18 ans
et plus.
M. Ryan: Mais, quand ils vont les voir, quelles questions leur
posent-ils au juste? C'est cela que je veux savoir. Est-ce que vous avez une
réglementation là-dessus ou si c'est laissé à leur
discrétion?
M. Rousseau: II n'y a aucun règlement.
M. Ryan: C'est laissé à l'entière
discrétion des commissions scolaires.
M. Rousseau: Dans la Loi sur l'instruction publique actuelle,
pour les dernières élections qui ont eu lieu sur l'île de
Montréal, c'était laissé à leur discrétion
totale. Le cens électoral était d'avoir 18 ans et plus. L'aspect
confessionnel des électeurs n'apparaissait pas. C'est à cause du
jugement de la Cour suprême que cette question apparaît. Cela
n'existait pas.
M. Ryan: Quelle question n'existait pas?
M. Rousseau: La confessionnalité des électeurs. (20
h 30)
M. Ryan: Qu'est-ce qu'on demandait aux électeurs? C'est ce
que je veux savoir. Veux-tu être inscrit sur la liste de la CECM ou sur
la liste du PSBGM ou sur la liste de la Commission scolaire Le Gardeur?
Qu'est-ce qu'on leur demandait?
M. Rousseau: C'est-à-dire que logiquement...
M. Ryan: Parce que, là, vous avez des commissions
scolaires...
M. Rousseau: ...il fallait leur demander à quelle
commission scolaire ils voulaient voter.
M. Ryan: C'est cela que je veux savoir. On a ici ce soir, dans
l'assistance, le conseiller juridique du conseil scolaire de l'île. Je ne
sais pas s'il aurait des précisions un peu plus nettes à nous
donner là-dessus. Je ne sais pas s'il a été
mêlé à cette opération. J'aimerais savoir exactement
ce qui se passe jusqu'à maintenant.
M. Rousseau: II n'y avait aucune réglementation et aucune
obligation. Le cens électoral, c'est d'avoir 18 ans et plus et d'opter
pour une commission scolaire plutôt qu'une autre.
M. Ryan: Est-ce que vous pourriez statuer là-dessus?
Est-ce qu'on pourrait demander au conseiller de...
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, je pense
qu'on pourrait le faire si on a le consentement des membres de la commission,
sauf...
M. Ryan: Je demanderais le consentement, ce serait bref.
Le Président (M. Charbonneau): ...qu'il faudrait dans ce
cas... Je vous proposerais, si jamais il y avait un consentement, qu'on se
donne une limite de temps.
M. Ryan: Cela peut se faire dans dix minutes, ce n'est pas long.
S'il n'a rien à nous dire, il va nous le dire. S'il a des
précisions, cela va nous être utile.
M. Gendron: J'essaie de voir en quoi cela va modifier le travail
qu'on a à faire par rapport à l'article 3.
M. Ryan: Oui, je vais vous le dire...
M. Gendron: Juste une seconde. Si, effectivement, le
député d'Argenteuil dit qu'on va être d'accord, de part et
d'autre, pour s'entendre sur un temps très précis, si c'est une
question qu'il a à poser et que la personne est en mesure de donner les
précisions dont il a besoin, je tiens à indiquer, dès
maintenant, qu'en ce qui nous concerne, cela ne modifiera pas notre position
par rapport à la nécessité d'avoir les dispositions
prévues à l'article 3.
M. Ryan: Parce qu'on a autre chose à dire après,
mais j'aimerais parler sur la base des faits. Si vous consentez pour une
dizaine de minutes, j'en serais fort aise.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a
consentement pour dix minutes?
M. Gendron: Pour dix minutes, oui. Le Président (M.
Charbonneau): Oui.
M. Ryan: À condition qu'il le veuille bien, parce que je
veux pas le contraindre à témoigner...
Le Président (M. Charbonneau): Non, c'est cela.
M. Ryan: S'il voulait bien...
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, je ne
connais pas qui est cette personne dont vous parlez. Est-ce que monsieur...
Donc, est-ce qu'on a votre consentement à vous aussi?
Une voix: Je suis bien prêt si je peux aider.
Le Président (M. Charbonneau): Si vous voulez vous
installer au bout de la table et vous identifiez pour les fins du Journal des
débats.
M. Carrières (Yves): Je suis Yves Carrières,
avocat-chef au Conseil scolaire de l'île de Montréal. Il y a une
précision, d'abord, à apporter. Le conseil scolaire apportait un
soutien technique aux commissions scolaires mais, effectivement, le recensement
était fait par chacune des commissions scolaires. Entre autres, quand il
y avait chevauchement de la CEPGM et des commissions scolaires, il y avait
souvent une entente. Les deux commissions scolaires, CEPGM ou Sainte-Croix, par
exemple, payaient chacune un recenseur et les deux recenseurs
représentant chacune des commissions scolaires allaient de porte
à porte et demandaient aux électeurs: Êtes-vous catholique,
êtes-vous protestant ou êtes-vous d'une autre religion? Et si les
gens disaient qu'ils étaient d'une autre religion, le recenseur
demandait: Avez-vous des enfants à l'école? Et si les enfants
étaient dans la commission scolaire, supposons, Sainte-Croix,
l'électeur était inscrit là. Si la personne
répondait qu'elle n'avait pas d'enfant, à ce moment-là, on
lui demandait: À quelle commission scolaire voulez-vous voter. Les
feuillets étaient faits dans ce sens. Dans les faits, c'est ce qui se
passe.
M. Ryan: Maintenant, juste une question. Supposons que
l'électeur recensé ait répondu qu'il n'était ni
catholique, ni protestant, qu'est-ce qu'on lui demandait?
M. Carrières: La question suivante: Est-ce que vous avez
des enfants à l'école et dans quelle commission scolaire? S'il
avait des enfants, on l'inscrivait à la commission scolaire où il
avait des enfants.
M. Ryan: Supposons qu'il n'avait pas d'enfant?
M. Carrières: S'il n'avait pas d'enfant, on lui demandait:
À quelle commission scolaire voulez-vous voter?
M. Ryan: C'est cela que je voulais savoir: À quelle
commission scolaire voulez-vous voter?
M. Carrières: C'est exact. Je me suis occupé du
recensement à Sainte-Croix et c'était cela.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va? Nous
vous remercions de votre collaboration. Alors, M. le député
d'Ar-genteuil.
M. Ryan: Évidemment, je suis content. Ce n'était
pas long et ce sont des précisions. Je remercie beaucoup M.
Carrières de nous avoir répondu avec concision et clarté.
Si jamais il pouvait mettre la main sur ces feuillets qui ont été
remis aux enquêteurs et nous en procurer des copies... Il reste les
commissions scolaires. Juste une dernière question: Est-ce que le
recenseur du PSBGM et celui de la CECM ou d'une autre commission scolaire
faisaient le tour des gens ensemble?
M. Carrières: Ils y allaient ensemble quand il y avait
entente entre les deux commissions scolaires à ce sujet. C'était
beaucoup plus simple et, évidemment, comme la CEPGM recouvre les trois
quarts ou enfin les deux tiers du territoire, il y avait des ententes à
peu près partout.
M. Ryan: Très bien.
M. Carrières: À ma connaissance.
M. Parent: Dans certains quartiers seulement.
M. Carrières: Dans tous les quartiers, le recensement se
faisait deux par deux. Il y avait un recenseur engagé par les
protestants et l'autre par les catholiques. Même à la CECM, je
pense, l'entente existait.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va sûrement?
M. Ryan: Là, on va avoir des faits qui ne donneront pas
lieu à un débat, je pense. En tout cas, c'est cela de pris.
Le Président (M. Charbonneau): Merci encore une fois.
Des voix: Merci.
M. Ryan: Maintenant, je voudrais engager le débat ou le
continuer. Je pense que cette question remonte au début du
siècle. Il y avait une loi qui avait été adoptée
par la Législature, au tout début du siècle - je pense que
c'est vers 1903 ou 1904 - qui autorisait des citoyens de religion juive
à être élus commissaires au Bureau des écoles
protestantes du Grand Montréal. A un moment donné, je pense qu'il
y a eu un accroissement de la population juive. Je ne sais pas si c'est
à la suite de l'immigration qui est venue dans l'après-guerre.
Après la Première Guerre mondiale, il y a eu un accroissement de
l'immigration juive et il y a des protestants qui ont pris peur. Ils ont vu que
cela s'en venait pas mal fort. Ils ont dit: Bien coudon! C'est peut-être
dangereux pour l'intégrité de notre système scolaire.
Alors, il y a eu une question qui a été adressée
aux tribunaux. Il y en a qui contestaient le droit de la Législature
d'édicter une loi permettant aux Juifs d'être élus
commissaires. Cela a passé à différentes étapes: la
Cour d'appel s'est prononcée, la Cour suprême et, finalement, le
Conseil privé. Cela a été l'arrêt Hirsch.
L'arrêt Hirsch a décidé, en fin de compte, que le
législateur n'avait pas le pouvoir d'édicter une loi obligeant le
bureau des écoles protestantes à accueillir des commissaires de
foi juive. Ils ont dit, en même temps, que si les Juifs voulaient se
former une commission scolaire ils pouvaient le faire.
Or, les Juifs, par leurs représentants autorisés, à
l'époque, n'étaient pas intéressés à se
former une commission scolaire à eux. Il y a eu des négociations
avec les protestants et, dans les années trente, la question a
mûri, dans les années quarante aussi, dans les années
cinquante moins, parce qu'il y avait un régime qui était moins
sensible à ces considérations. Dans les années soixante,
il est arrivé quelque chose de très important. Là, on a
dit: C'est vrai qu'il y a l'arrêt Hirsch, etc., mais les protestants se
rendent compte que la situation n'est plus la même aujourd'hui. Les Juifs
trouvaient qu'ils étaient défranchisés parce qu'ils
payaient des taxes au point de vue scolaire, eux. Ils payaient des taxes, il ne
faut pas oublier cela. Ils étaient taxés pour les écoles
publiques. Leurs taxes allaient à la liste neutre ou à la liste
protestante, selon le cas, mais, en fin de compte, ils n'étaient
représentés nulle part.
Il y a eu des négociations qui se sont faites et les protestants,
le gouvernement du temps et les principaux représentants de la
communauté juive se sont entendus. Ils ont dit: On va modifier la loi.
On va mettre cela un peu plus démocratique et on va dire: Ils ont le
droit de participer aux élections et ils ont le droit d'être
élus commissaires. C'est cela qui a été mis dans la loi en
1964. Il y avait tellement une entente là-dessus que c'est dans la loi
depuis 21 ans et il n'y a jamais eu de contestation juridique là-dessus.
C'est la meilleure preuve qu'il y avait un consensus qui existait. Il n'y a pas
eu de contestation juridique sur ce point. Cela a très bien
fonctionné et les Juifs ont apporté une contribution remarquable
au développement du système scolaire protestant à
Montréal et, sous l'angle du nombre d'élèves, de la
qualité des résultats obtenus pas ces élèves au
point de vue académique, de la contribution au corps enseignant, de la
contribution au niveau administratif et au niveau du Bureau des écoles
protestantes du Grand Montréal. C'est ce qui est notre véritable
tradition scolaire à Montréal.
Le projet de loi, j'admets que c'est peut-être un régime
transitoire entre la situation actuelle et celle qui découlerait
éventuellement de l'application intégrale de la loi 3 sur le
territoire. Nous, on ne juge pas en fonction de se qui va arriver dans deux ans
et dans trois ans; on juge en fonction de ce que va être l'effet de cette
loi ici et maintenant, à partir du moment où elle est
adoptée. L'effet de la loi, comme le soulignait mon collègue de
D'Arcy McGee tantôt, c'est de dire à des gens qui ont des droits
reconnus dans la loi scolaire du Québec: À partir de demain matin
- là, je ne veux pas que vous ayez d'illusions, la loi ne sera pas
adoptée ici, en commission, ce soir; on va continuer la semaine
prochaine...
Le Président (M. Charbonneau): Personne n'avait
d'illusions.
M. Ryan: C'est parce qu'il y a un député qui m'a
demandé cela, tantôt, de l'autre côté.
Une voix: On ne sait jamais, parfois.
M. Ryan: Je lui ai rappelé que, dans le monde rural, cela
allait un peu moins vite que cela.
M. Baril (Arthabaska): Oui, mais, parfois, quand on décide
de planter la charrue, on la plante et ce n'est pas long.
M. Ryan: C'est vrai. Il y a des tracteurs guillotines. On
connaît tout cela. On va faire le débat sérieusement et,
nous, on apporte de vrais arguments; ce n'est pas de
l'à-peu-près. On a étudié le dossier à
fond.
M. Baril (Arthabaska): Non, je n'ai rien contre cela.
Une voix: C'est parce qu'on piétine. M. Baril
(Arthabaska): Vous faites bien.
M. Ryan: Alors, on vous dit qu'avec votre loi, M. le ministre,
vous dites à cette catégorie de citoyens et à beaucoup
d'autres - M. Marx a mentionné les hindous, les musulmans; on pourrait
mentionner toute une classe de citoyens qui sont affectés par cela "On
va vous enlever cela; ne vous inquiétez pas, après cela, on va
avoir les
commissions scolaires linguistiques, cela va revenir sous un autre
régime." Mais, en attendant, ne sachant pas ce qui va découler
des jugements des tribunaux non plus sur l'autre problème qui est en
instance et qui est aussi un problème très sérieux, on
leur dit: Faites-nous confiance; faites confiance à cela, cela va tout
s'arranger. C'est ce qu'on ne veut pas avoir.
On vous dit: S'il y avait une justification sérieuse pour
insérer cette disposition dans le projet de loi - il y a beaucoup
d'autres dispositions, on en a adopté une couple avant cela, sur
lesquelles on n'a pas d'objection... Il y en a d'autres qu'on est prêt
à adopter également. Mais sur celle-ci, là, vous
transgressez une règle de base qu'on a proposée pour guider notre
travail. On dit: N'allez pas au-delà de ce qui est vraiment requis par
le jugement de la Cour suprême.
Je vous l'ai dit encore cet après-midi, M. le ministre, le
jugement de la Cour suprême, vous en convenez avec moi, répond
à deux problèmes. Il n'est pas nécessaire de les rappeler,
je pense qu'on les a mentionnés clairement. Il y a le taux de taxation
qui doit être fixé par la commission scolaire;
deuxièmement, il y a le recensement qui ne doit pas être fait par
un organisme tuteur, au nom d'aucune des commissions scolaires
concernées, à moins qu'elles n'y consentent. Sur le reste, il n'y
a aucune directive, aucun édit, aucune ordonnance qui émane de la
Cour suprême. Je pense que, dans le reste, le gouvernement s'avance in
terra ignota, en territoire inconnu. Il ouvre des problèmes, on dirait,
pour le plaisir de les ouvrir. Je comprends le désir du ministre de
donner de la sécurité à ces gens-là, mais ils n'en
veulent pas de votre sécurité. Les échos que nous avons,
c'est qu'ils n'en veulent pas.
Vous nous avez dit vous-même que les deux commissions scolaires
concernées vous ont indiqué qu'elles n'admettaient pas la voie
que vous proposez. La Commission des écoles catholiques de
Montréal vous dit en toutes lettres: Ne traitez pas de ce sujet, nous
partageons l'opinion de la commission des écoles protestantes, à
savoir qu'il faudrait faire clarifier cette question par la Cour suprême
avant de faire adopter une loi par l'Assemblée nationale du
Québec.
La question que je vous pose: Qu'est-ce que cela donne de faire cela,
actuellement? À quelle nécessité cela répond-il?
Comment justifier, en logique démocratique, ce qu'on s'apprête
à faire à ces gens-là, leur enlever des droits que la loi
leur donne sans que la Cour suprême ne l'ait exigé? J'ajoute une
autre considération. En démocratie, qu'est-ce qui est le plus
important? Est-ce que c'est le droit de voter ou celui d'être
député? Il me semble que la réponse saute aux yeux, on n'a
pas besoin d'avoir un gros catéchisme de libéralisme politique
pour le savoir; je pense que le droit de voter est cent fois plus important que
le droit d'être élu député. Le droit d'être
élu député, c'est très bon; mais le droit de voter
est beaucoup plus fondamental. Et le droit d'être élu
député est un corollaire de l'autre. Vous avez la qualité
pour être électeur, vous avez, par prolongement logique, la
qualité voulue pour être un dirigeant politique. Ce n'est pas
l'inverse qui est vrai.
Vous autres, vous les amputez de la qualité la plus fondamentale,
celle d'être un électeur. Vous lui dites, suprême paradoxe:
Tu vas pouvoir être dirigeant quand même. Il me semble qu'on ne
peut pas être colonel si on n'est pas d'abord un bon soldat. Il me semble
qu'on ne peut pas être un dirigeant si on n'est pas d'abord un
électeur. Je ne comprends pas la logique de cette philosophie qui vous
anime. Je la trouve viciée à sa source même, à plus
forte raison dans ses conséquences.
M. Gendron: Je dois vous dire que ce n'est pas celle qui m'anime,
mais c'est celle qu'on a dû recevoir...
M. Ryan: Qu'on vous impose.
M. Gendron: ...par la tête, à la suite du jugement
de la Cour suprême. J'aurais deux commentaires, en ce qui me concerne.
Cela fait plusieurs fois que je les mentionne. Contrairement à ce que
vous affirmez, quand on a rencontré également la Commission des
écoles catholiques de Québec, ce n'est pas ce qu'elle nous a dit,
à savoir que cela ne lui faisait rien de ne pas protéger la
classe de personnes, elle y tenait. Également la CECM, dans la
deuxième rencontre... Là, vous citez la lettre de la
première rencontre. Effectivement, je l'ai citée à trois
reprises. Je ne vois pas pourquoi, en la citant une quatrième fois, cela
va être plus clair. Effectivement, ils ont tenu à dire: On ne vous
donnera pas d'avis là-dessus, mais on tient à vous dire qu'on
tient à ce que ce soient les catholiques qui puissent contrôler et
diriger les commissions scolaires confessionnelles catholiques qui ont
été protégées. (20 h 45)
Je voudrais juste vous rappeler également que, vers les
années soixante, les protestants ont laissé tomber la protection
de la clause 93 avec la loi 57 de 1979. Ils ont de nouveau invoqué
l'article 93 et le jugement de la Cour suprême leur a donné raison
en partie, en rappelant qu'ils avaient une protection en tant que protestants.
C'est cela, protéger les classes de personnes.
J'ai un autre jugement ici - j'ignore s'il a été
modifié ou non - d'une loi, la loi concernant la Commission des
écoles catholiques de Montréal. Je vais vous citer un attendu.
À un moment donné, on dit:
Attendu qu'il est opportun de signaler l'omission involontaire de la loi
18 (George V, chapitre 50) et de demander le rétablissement du texte des
lois antérieures régissant cette corporation - juste la
dernière phrase - à l'effet que tous ses membres doivent
être catholiques romains.
Et on pourrait multiplier les exemples. Vous plaidez une thèse
et, nous, on plaide une autre thèse, à la suite de
l'évaluation qui a été faite et je ne veux pas vicier les
formules. Quand vous dites que le plus fondamental est d'avoir le droit de
voter, vous avez peut-être raison, sur cette base, mais...
M. Ryan: J'ai raison, pas seulement peut-être, voyons!
M. Gendron: D'accord, vous avez raison. Le jugement, lui, nous a
dit autre chose.
M. Marx: Non, le jugement n'a pas dit autre chose.
M. Gendron: D'après notre interprétation, le
jugement nous demande d'offrir une protection à la classe de personnes
pour la protéger. Maintenant, on peut...
M. Marx: Vos interprétations de tous les droits et
privilèges des classes de... Je vais attendre qu'il ait discuté
avec son conseiller.
M. Ryan: Laisse-le finir.
M. Gendron: Je m'excuse. Oui?
M. Marx: Vous dites que votre interprétation de toutes les
garanties constitutionnelles, de toutes les lois et de toute la jurisprudence
en est une restrictive, une interprétation "minimaliste" si vous voulez.
D'accord? Avez-vous suivi cela, M. le ministre?
M. Gendron: J'ai suivi ce que vous avez dit, mais je ne peux pas
être en mesure d'être d'accord avec vous, parce qu'une
interprétation "minimaliste" prendrait passablement...
M. Marx: Ce mot n'est pas péjoratif, dans le sens que je
l'utilise. C'est dans le courant de la jurisprudence de comités
judiciaires du Conseil privé en matière scolaire et ce n'est pas
péjoratif, c'est cela.
M. Gendron: Non, mais je veux simplement vous dire que, lorsqu'on
l'a regardé et qu'on en a discuté, "minimaliste", dans notre
esprit, serait les deux: et ceux qui ont la qualité d'être
élus et ceux qui sont électeurs. Alors, cela serait vraiment une
interprétation "minimaliste". La, ce n'est pas ce que nous faisons,
puisque, à la suite d'échanges de vues qu'on a eus avec le
député d'Argenteuil - on n'a pas rédigé de
procès-verbal de ces échanges d'opinions - il nous avait dit: Au
moins, si vous permettiez que les classes de personnes protégées
puissent avoir le droit, elles, d'élire qui elles veulent.
M. Marx: D'accord.
M. Gendron: Alors, si elles veulent élire un Juif, on
voudrait au moins que vous leur donniez cette possibilité.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais juste faire une
correction, question de règlement. Lorsque nous avons causé de
ces choses, je pense que M. Carrières était avec nous - on peut
dire cela en toute liberté -et, à un moment donné, il a
glissé cette idée. Mais, moi-même, je n'ai jamais souscrit
à cette idée et je n'y souscris pas davantage ce soir. Je ne veux
pas qu'il y ait de malentendu entre nous.
M. Marx: Je vais retirer le mot "minimaliste" et je vais utiliser
le mot "restrictive". L'interprétation de toute la jurisprudence des
lois de votre ministère est restrictive. Je pense qu'on voit cela dans
les plaidoiries devant la Cour supérieure.
Prenons les quatre commissions scolaires à Québec et
à Montréal, dans l'ancien territoire, en 1867. Il y avait deux
commissions confessionnelles à Montréal, instaurées en
vertu de la loi de 1861. Ces deux commissions avaient des commissaires. Les
commissaires de Montréal étaient nommés par le conseil de
la ville de Montréal. Pour les conseillers de la ville de
Montréal, tout le monde avait le droit de vote. On n'a pas dit: Vous ne
pouvez pas voter parce que vous êtes catholique, juif, protestant ou
hindou. Tout le monde votait pour ces conseillers municipaux qui ont
nommé les commissaires.
Donc, si on trace une ligne directe entre le droit de vote et les
commissaires, il était possible que des catholiques votent pour un
conseiller municipal qui fasse pencher la balance pour la nomination d'un
commissaire. Si on trace la ligne, il était possible qu'en fin de compte
ce soient des catholiques qui aient eu le vote prépondérant
faisant en sorte qu'on nomme un commissaire catholique.
M. Gendron: C'était une obligation. Il fallait qu'ils
nomment des gens de confession catholique ou protestante.
M. Marx: Oui, mais cela...
M. Ryan: La source était pluriconfes-
sionnelle, c'est cela qu'il veut dire. M. Marx: Le vote.
M. Ryan: Ceux qui les nommaient, c'étaient les conseillers
municipaux. Eux étaient élus par tout le monde. Comprenez-vous?
Évidemment, cela nous entraîne assez loin. J'allais au
début du siècle, mais mon savant collègue nous
ramène à 1861 et c'est la source de tous nos troubles.
M. Gendron: En 1861, c'étaient les catholiques et les
protestants. De toute façon...
M. Ryan: Ce qu'il vous dit, ce n'est pas cela...
M. Gendron: Oui, j'ai compris ce qu'il a dit. Mais ici, dans le
jugement, on a interprété qui est membre de la classe de
personnes. Qui est membre de la classe de personnes? Ce n'est pas moi qui ai
décidé. Les tribunaux ont déterminé qu'il n'y avait
pas 25 catégories de membres de la classe de personnes dans le jugement.
Ils ont dit: II y en a deux. Il y a les catholiques et les protestants. Les
Juifs, est-ce qu'ils sont des protestants dans la classe de personnes
déterminée par le jugement? La réponse est non.
M. Marx: Je pense que le hic dans votre raisonnement, si je peux
utiliser ce mot, c'est que vous assimilez un référendum avec un
vote pour les commissaires. La Cour suprême n'a jamais dit que
c'était la même chose. Si on revient à la loi de 1861 qui a
créé les commissions scolaires, c'est la loi refondue de 1861,
où on trouve les deux commissions scolaires confessionnelles à
Montréal... Le ministre ne peut pas écouter son conseiller
juridique et moi en même temps.
M. Ryan: À part cela, ce seront probablement des avis
contraires. C'est bien difficile de rentrer cela dans...
M. Marx: Un avis dans une oreille et un autre avis dans l'autre
oreille. C'est pourquoi le ministre est confus.
M. Gendron: Là, je vais vous écouter.
M. Marx: D'accord. Si on prend la loi de 1861... Vous allez
m'écouter maintenant.
M. Gendron: II ne me parlait pas, il me montrait un papier.
M. Marx: D'accord. Si on prend la loi de 1861, il y avait deux
commissions scolaires confessionnelles à Montréal. Comme je viens
de le dire, il était possible pour chacun, quelle que soit sa religion,
de voter pour les conseillers municipaux qui ont nommé les commissaires.
D'accord? Je pense que tout le monde sera d'accord avec cela. C'est bien
possible de dire: Ce sont seulement les protestants dans la commission
protestante qui ont le droit de voter lors d'un référendum, mais
cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas le droit de voter pour ceux qui vont
nommer des commissaires ou pour ceux qui seront commissaires. Dans le jugement,
on dit: Lors d'un référendum. Un référendum et un
vote, ce n'est pas la même chose. Comme dans ce jugement...
M. Ryan: II a payé assez cher pour l'apprendre.
M. Marx: II ne faut pas revenir sur tous les
référendums qu'on a eus au Québec et au Canada. Je pense
que ce n'est pas la même chose et il faut interpréter ce jugement
restrictivement parce que les juges ont bien dit qu'ils n'ont pas résolu
tous les problèmes. Par exemple, sur le problème de territoire
des commissions catholiques et protestantes, la cour a bien dit: On ne traite
pas de ce problème, on laisse cela en suspens. Je pense qu'il faut
interpréter ce jugement restrictivement parce que cela touche des droits
fondamentaux des personnes. Toutes les interprétations de vos
conseillers juridiques, de vos procureurs sont toujours des
interprétations restrictives des droits de ces classes de personnes
protégées et si vous voulez donner une interprétation
libérale...
M. Ryan: C'est beaucoup demander.
M. Marx: C'est beaucoup demander, mais par les temps qui courent,
on ne sait jamais. Mais...
Le Président (M. Charbonneau): Ce que je ne comprends pas
c'est que, si c'est une interprétation libérale, vous vous y
opposiez.
M. Ryan: Non, il dit: Si vous voulez donner une
interprétation libérale, ne faites pas ce que vous allez faire
là.
M. Marx: Oui...
M. Ryan: ...en matière de droit.
M. Marx: C'est ce que je trouve contradictoire dans votre
approche au point de vue juridique, parce qu'un référendum, ce
n'est pas un vote pour les commissaires. Il faut adopter les politiques de deux
façons différentes. S'il arrivait que la Cour suprême
décide que ces personnes ne pouvaient pas voter, il y a toujours quatre
projets de loi omnibus à la fin d'une session. On va ajouter un article
quelque part pour corriger le
jugement de la Cour suprême, le cas échéant. Ce que
le gouvernement fait depuis que je suis député en 1979, il
corrige des erreurs qu'on a faites. Je ne pense pas qu'ici il s'agisse d'une
errreur, mais on pourrait corriger, le cas échéant. Je ne vois
pas de danger, étant donné que les commissions scolaires
confessionnelles que nous aurons une fois que la loi 3 sera en vigueur seront
des commissions scolaires confessionnelles théoriques et
fantômes.
M. Gendron: Vous pouvez bien juger que c'est une
interprétation restrictive, nous disons que c'est une
interprétation plus prudente plutôt que restrictive, pour une
raison très simple: en règle générale non pas en
droit, ni en droit constitutionnel, mais en logique, le moins comprend le plus.
Alors, s'il faut être catholique ou protestant pour autoriser les
représentants de la classe de personnes à dépenser les
dollars, à dépenser l'argent des budgets à un
référendum, comment comprendre que les représentants qui
auraient l'autorité vis-à-vis de l'école ne soient pas de
la même confession que la classe de personnes
protégées.
M. Marx: Attendez un jugement de la Cour suprême qui va
vous expliquer comment cela se fait.
M. Gendron: On le savait que c'était cela.
M. Marx: Mais la Cour suprême va vous expliquer comment les
deux dispositions peuvent vivre bien ensemble, qu'un référendum,
ce n'est pas un vote pour un commissaire.
M. Gendron: M. le Président, j'ai eu l'occasion d'indiquer
que pour nous, dans notre esprit, c'était effectivement de valider les
dispositions qui ont été rendues invalides. Alors, que
voulez-vous que je fasse, que je répète pour la nième
fois? Selon, la lecture qu'on fait, c'est qu'il y a eu un jugement le 20
décembre dernier qui nous donne l'obligation de s'ajuster au niveau de
cette disposition, de rendre sécuritaire la protection de la classe de
personnes mentionnées dans le jugement. Et, c'est dans ce sens que je
n'interprète pas que c'est une interprétation restrictive, c'est
une interprétation prudente qui nous oblige effectivement à dire
que dans le plus il y a le moins, c'est-à-dire que le moins comprend le
plus. Dans ce sens, il faut se donner cette protection, et c'est pourquoi la
disposition de l'article 3.
M. Marx: Mais, vous avez... Où avez-vous corrigé
les autres éléments qu'il a fallu corriger, étant
donné le jugement de la Cour suprême du Canada?
Une voix: Bien là.
M. Marx: C'est dans le projet de la loi 29. Cela n'a-t-il pas
été corrigé déjà dans d'autres lois?
M. Gendron: La "proportionnalité". D'une façon, on
le verra à la lumière de l'évolution que je voudrais faire
du projet de loi, article par article, on va voir les dispositions. Moi, de
toute façon, dans le dépôt...
M. Marx: On n'a pas fait de correction dans d'autres lois
précédentes? Non?
M. Gendron: Non. De toute façon, dans les autres articles,
nous verrons que je vais proposer des amendements pour nous conformer, toujours
dans l'esprit du projet de la loi 29, au jugement de la Cour suprême.
Mais, après plusieurs analyses, nous convenons qu'il y a des
dispositions qui ont pu être modifiées depuis le
dépôt du projet de la loi 29. C'est ce que je voulais faire
article par article.
M. Ryan: J'aurais peut-être une proposition à faire
à ce stade-ci. Nous sommes devant une question qui est vraiment
fondamentale pour nous, que j'illustrerais par le paradoxe suivant. Dans les
matières auxquelles s'est intéressée la Cour suprême
dans son jugement, il y a des sujets sur lesquels les classes de citoyens
prétendent avoir des droits, au point de les défendre devant les
tribunaux avec toute la vigueur possible, cela ne vous empêche pas de
légiférer, vous marchez pareil. D'autre part, il y a des droits
qui donnent lieu à aucune contestation de la part de personne, qui
marchent, qui fonctionnent à la satisfaction générale;
ceux-là, vous voulez sabrer dedans sous prétexte d'être
fidèle aux exigences juridiques. C'est un paradoxe que je n'arrive pas
à comprendre. (21 heures)
Je voudrais vous dire ceci. C'est extrêmement important pour nous,
comme on vous l'a dit depuis le tout début de ces débats. Il y a
deux choses qu'on pourrait faire ce soir, soit continuer le débat
là-dessus, ou le suspendre pour que vous y repensiez de votre
côté jusqu'au début de la semaine, puis passer à
d'autres articles et essayer de progresser un peu. Cela ne me fait rien. Je
laisserai cela à votre initiative. Je crois que si vous maintenez votre
position, il faut qu'on continue le débat parce qu'il y a bien d'autres
questions qu'on doit vous poser là-dessus, et des objections qu'on doit
essayer de vous faire entendre.
M. Gendron: C'est clair que si jamais votre intention
était de progresser, ce qui n'est pas toujours évident,
j'accepterais avec
joie la suspension temporaire de l'article 3. On y reviendra.
Le Président (M. Charbonneau): Si c'est accepté, on
ne poursuivra pas plus longtemps.
M. Ryan: II peut y réfléchir et continuer
d'accumuler sa documentation, mais je pense qu'on vous a soumis un
problème très, très sérieux et je vous assure que
ce n'est pas pour le plaisir de retarder les procédures.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 3 ainsi que
l'amendement qui est proposé sont suspendus. Nous passons maintenant
à l'article 4. M. le ministre.
M. Gendron: La modification à l'article 4 vise tout
simplement à assurer que les parents qui seront élus pour faire
partie du conseil des commissaires d'une commission scolaire confessionnelle
seront choisis par les membres de la classe de personnes
protégées par l'article 93 de la Loi constitutionnelle de 1967.
Elle sera essentielle pour la loi 3 puisque les parents commissaires seront
commissaires à part entière, sauf lorsqu'il s'agira de fixer le
taux de taxes. Dans ce sens, nous pensons que cette disposition de la loi 29
est requise.
M. Ryan: M. le Président, je pense que celui-là est
un corollaire de l'article précédent.
M. Gendron: Je pense que c'est évident.
M. Ryan: Alors, je demande qu'on lui applique le même sort
que l'article précédent de même que l'article 6 qui suit.
Ce sont trois articles qui se tiennent ensemble.
M. Gendron: Je pense que l'article 5 c'est la même raison,
puisque nous parlions d'articles de concordance par rapport aux articles 3 et
4.
M. Parent: On l'a supprimé, d'ailleurs.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, les articles 3...
M. Gendron: Pardon. On ne le supprime pas. L'article 5 du projet
de loi 29 est toujours... D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, si j'ai bien compris,
les articles...
M. Gendron: Le député de Sauvé disait que je
le supprime. Je ne le supprime pas, je dis tout sinmplement qu'il est en
relation avec les articles 3 et 4. Je pourrais faire valoir les mêmes
commentaires des parties quand on les a rencontrées. La CECM et le
PSBGM ont suggéré que la loi soit muette sur ces
questions, mais le conseil de l'île a suggéré que
l'obligation soit maintenue pour les électeurs seulement. C'est leur
suggestion à la suite des rencontres. Mais, même si on rappelle
cela, c'est dans le même ordre que les articles 3 et 4. On vous a
rappelé ces choses et cela n'a pas eu une grande portée.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 3 a
été suspendu, les articles 4, 5 et 6 sont suspendus pour le
moment.
M. Ryan: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Nous passons donc
maintenant à l'étude de l'article 7.
M. Ryan: Le ministre pourrait peut-être expliquer ce qu'il
entend faire avec l'article 7.
M. Gendron: L'article 7, c'est que la Cour suprême nous
laisse voir que les commissions scolaires protégées ont toutes
leur autonomie pour adopter le budget qui leur convient et pour
déterminer leur taux de taxation. Il ne saurait donc y avoir approbation
d'un tel budget par le ministre. La modification est que si c'est vrai qu'elles
doivent toutes avoir leur autonomie, même s'il y avait une disposition
où on dit que le ministre peut effectivement ratifier leur budget, je ne
pense pas que cela ajoute. Dans ce sens-là, on a éliminé
cette partie pour s'assurer que seules les commissions scolaires visées
par le jugement puissent conserver leur pleine et entière autonomie,
tout autant pour adopter le budget que pour fixer le taux de taxation.
La loi 3 élimine également cette obligation pour toutes
les commissions scolaires. Donc, à ce moment-là, on a dit qu'on
devait le faire pour les commissions scolaires confessionnelles.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas de
problème. L'article 7 serait donc adopté sur division, si je
comprends bien.
M. Ryan: C'est cela. C'est très bien. Un moment de
laxisme.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Le
président veille au grain. J'appelle l'article 8.
M. Gendron: À l'article 8, si on reconnaît que les
commissions scolaires confessionnelles pouvaient, de façon autonome et
complète, adopter leur budget et décréter leur taux de
taxation, c'est ce qui a été dit, la Cour suprême nous
oblige donc à retirer au Conseil scolaire de l'île de
Montréal sa juridiction sur ces matières à
l'égard des commissions scolaires. La modification à cet
article de définition indiquera tout au long de la loi actuelle -parce
qu'on va avoir également des articles de concordance -
l'indépendance totale des commissions scolaires confessionnelles de
l'île de Montréal en matière budgétaire par rapport
au conseil de l'île. À ce sujet, toujours parce que cela peut
aider, cela n'était pas le cas tantôt, mais cela peut aider dans
d'autres articles, d'après les rencontres qu'on a eues avec les
concernés, la CECM et le PSBGM sont d'accord avec cette orientation.
M. Ryan: Est-ce qu'il y a des remarques sur cela? On est mieux de
ne pas y aller avec précipitation non plus, parce qu'il faut s'entendre
comme il faut. Là, on modifie l'article 494 de la Loi sur l'instruction
publique qui fait partie d'un chapitre intitulé "De l'instruction
publique dans l'île de Montréal." Par conséquent, ce n'est
pas la Loi sur l'instruction publique comme dans l'article 1 dans ses
dispositions très générales du début. Ce n'est pas
l'article 1, c'est l'article 494 de la Loi sur l'instruction publique portant
sur le territoire de l'île de Montréal.
M. Gendron: Exactement.
M. Ryan: Maintenant, ici, je crois que la députée
de Jacques-Cartier a énoncé des réserves cet
après-midi, si mes souvenirs sont exacts, quand elle a parlé du
cas de Lakeshore, par exemple. La Commission scolaire de Lakeshore se
considère comme une commission scolaire confessionnelle
protestante...
M. Gendron: Et les mêmes arguments qu'elle a
utilisés sont valables pour cet article.
M. Ryan: Alors, cela veut dire qu'à b et à b.1,
nous avons des objections importantes qui sont reliées à
l'objection générale que nous formulons en relation avec les
contestations qui sont en cours devant les tribunaux. Par conséquent,
nous ne pouvons pas souscrire à cela.
M. Gendron: Je comprends cela, M. le député
d'Argenteuil mais, tout comme l'article 1 est adopté sur division, il me
semble que c'est dans la même logique.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division.
L'article 8 est adopté sur division. On passe maintenant à
l'article 8.1, c'est-à-dire l'amendement qui est proposé par le
ministre, "insérer après l'article 8 un nouvel article..." Je
pense que les membres de la commission en ont copie, ce qui me dispense d'en
faire la lecture.
M. Gendron: Alors, on a un papillon à déposer sur
cet article.
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Gendron: En plus, on a une modification.
Le Président (M. Charbonneau): C'est ce que je viens de
dire, M. le ministre.
M. Gendron: Excusez-moi.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, les membres de la
commission ont le nouvel article proposé qui s'insérerait
après l'article 8 qui vient d'être adopté sur division.
M. Gendron: Oui, qui est de concordance, mais je voudrais quand
même indiquer la portée de cet article. Il vise à exclure
les commissions scolaires confessionnelles de Montréal, à savoir
la CECM et le PSBGM, du conseil scolaire. Mais, en ce qui nous concerne, c'est
un article de concordance.
M. Ryan: Voulez-vous juste donner lecture de l'article...
Une voix: Juste une seconde.
M. Ryan: ...comme il se lirait ayant été
modifié pour que cela soit bien clair pour tout le monde, ce que vous
voulez dire.
Le Président (M. Charbonneau): ...ce que vous voulez,
c'est l'article 496...
M. Ryan: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): ...nouvellement
reformulé.
M. Gendron: D'ailleurs, je pense qu'on peut le lire. Tout le
monde avait l'article 496. Je le lis mais avec la modification, M. le
député d'Argenteuil. Alors, tout simplement, c'est qu'on lirait
ceci: "Le conseil est une corporation au sens du Code civil et peut en exercer
tous les pouvoirs en outre des pouvoirs spéciaux que lui confère
la présente loi; il est de plus investi des pouvoirs particuliers que la
présente partie lui confère à l'égard des
commissions scolaires de l'île de Montréal et des commissions
scolaires confessionnelles."
Donc, les confessionnelles entrent dans le conseil de l'île comme
cela nous a été demandé, parce qu'il fallait ajouter cette
disposition pour les réintroduire à l'intérieur du conseil
de l'île.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division.
Article 9.
M. Gendron: À l'article 9, nous avons également un
papillon, une modification. Cet article - j'ai commencé à le
mentionner tantôt - vise à exclure les commissions scolaires
confessionnelles de Montréal. Il modifie en conséquence le nombre
des représentants des commissions scolaires qui reste afin de maintenir
l'équilibre par rapport aux représentants nommés par le
gouvernement. Alors, nous, on recommande de modifier cela, vu la nouvelle
orientation à l'effet de conserver... C'était ce qu'il y avait
avant, mais vu qu'on veut conserver la CECM et le PSBGM à
l'intérieur du conseil scolaire, il faut remplacer cet article en
ajoutant un alinéa à l'article 498 actuel, afin de s'assurer que
même si elles demeurent membres du conseil, les représentants de
la CECM et du PSBGM ne pourront participer à des décisions
à caractère budgétaire qui concernent les commissions
scolaires non confessionnelles, vu que les représentants de ces
dernières ne pourront pas prendre de telles décisions à
l'égard des confessionnelles.
Le nouvel article se lirait comme suit: "Les représentants
désignés par les commissions scolaires confessionnelles ne
peuvent participer aux délibérations du conseil, ni voter que sur
les matières pour lesquelles la présente partie donne
compétence au conseil sur ces commissions scolaires
confessionnelles."
Également, il faudrait modifier le premier alinéa de
l'article 96 pour viser les commissions confessionnelles et le nouvel article
se lirait comme suit: L'article 96 de cette loi est modifié par
l'addition, à la fin du premier alinéa, des mots "et des
commissions scolaires confessionnelles", comme on l'avait fait à l'autre
article.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, la
dernière partie que vous venez de lire, où
s'insère-t-elle? Dans l'article, "remplacer cet article par le suivant"
et on ne parle que de l'article 498, là.
M. Gendron: Oui, un instant! Vous avez raison. Seulement une
minute. Vous avez raison par rapport au papillon qu'on a distribué. Ici,
on avait réintroduit une disposition qu'on avait ajoutée
tantôt: le 8.1, si vous voulez reculer... Le 8.1 qu'on vous a
donné comme papillon...
Le Président (M. Charbonneau): Qu'on a adopté.
M. Gendron: Qu'on a adopté. Tantôt, quand on a dit:
On modifie l'article 496. D'accord? La modification, c'était le papillon
qu'on appelle le 8.1. À l'article 9, M. le président me dit: Oui,
mais il y a seulement un premier paragraphe. Il a raison, mais il faut ajouter
également le 8.1.
Le Président (M. Charbonneau): Ce sur quoi nous allons
voter maintenant, c'est le remplacement de l'article 9...
M. Ryan: Attendez un peu. On va prendre cela tranquillement parce
que je vous ai mal...
Le Président (M. Charbonneau): ...tel que
présenté dans le projet de loi, par celui-ci.
M. Gendron: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Et le texte que nous avons
qui, lui, ne fait pas allusion à l'article 96.
M. Ryan: Cela veut dire que l'article 498 demeure tel quel, comme
il est actuellement dans la Loi sur l'instruction publique.
M. Gendron: C'est cela.
M. Ryan: II serait peut-être bon qu'on le regarde ensemble
avant de procéder parce qu'il y en a qui viennent seulement de s'en
rendre compte. À l'article 498, je vous pose seulement un
problème, M. Blanchet, que vous allez me résoudre au point de vue
juridique. C'est qu'en général, j'ai remarqué que, dans
vos amendements, vous faites bien attention de dire: Les commissions scolaires
et les commissions scolaires confessionnelles. Vous voulez toujours distinguer
les deux. À l'article 498, il reste des passages où on parle
seulement d'une commission scolaire; on ne dit pas une commission scolaire ou
une commission scolaire confessionnelle. Est-ce que c'est parce que ce n'est
pas nécessaire là, à votre jugement?
M. Blanchet (Marcel): C'est parce que, effectivement, elles ont
été introduites par la modification qu'on a faite à
l'article 496 tantôt. On disait que le conseil scolaire avait
compétence sur les commissions scolaires et les commissions scolaires
confessionnelles. Donc, à ce moment, on voit que, à l'article
498, tel qu'il existe actuellement, on parle de la CECM et de la CEPGM. (21 h
15)
M. Ryan: Alors, vous trouvez que ce n'est pas nécessaire
de le dire là.
M. Blanchet: Je ne trouve pas. M. Ryan: Très
bien.
M. Gendron: De toute façon, M. le député
d'Argenteuil, là où je pense qu'on fait erreur, c'est que
l'article 9 du projet de loi 29 est complètement remplacé. Il est
remplacé par l'article 9 qui figure au papillon.
M. Ryan: Alors, la partie qui demeure, il n'y a pas de
problème, car c'est ce que nous avons demandé.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: II n'y a pas de problème là-dessus.
Maintenant, ce qu'il faut discuter, je pense, c'est de l'article 498.1,
c'est-à-dire le paragraphe que vous ajoutez dans l'amendement qui est
proposé. Est-ce que vous me suivez, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, oui.
M. Ryan: Merci. Si vous me suivez, je n'ai pas
d'inquiétude pour tout le monde.
M. Gendron: Est-ce que cela va? M. Ryan: L'article 498.1?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Non, non. On s'entend que c'est cela qui est en
discussion, mais on va le discuter.
M. Gendron: Ah oui! Une voix: Discutons.
M. Ryan: Discutons! D'abord, il y a une question sur laquelle il
faut que le ministre apporte des précisions. L'amendement se lit comme
suit: Les représentants désignés par les commissions
scolaires confessionnelles ne peuvent participer aux
délibérations du conseil, ni voter que sur les matières
pour lesquelles la présente partie donne compétence au conseil
sur ces commissions scolaires confessionnelles.
Voulez-vous préciser ces matières pour lesquelles la
présente partie donne compétence au conseil et nous dire les
articles auxquels se réfère chacune des explications?
M. Gendron: C'est l'article 504. M. le député
d'Argenteuil, si vous voulez prendre les papillons qu'on vous a
distribués, tourner quelques pages, à l'article 11.1, vous avez
l'article 504.1. Est-ce que cela va, M. le député
d'Argenteuil?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: D'accord. À l'article 504.1, on dit: "Le
conseil doit adopter, par règlement, des mesures propres à
assurer le rattrapage en matière d'éducation dans les milieux
défavorisés des commissions scolaires et des commissions
scolaires confessionnelles." Cela est un exemple...
M. Ryan: Si vous voulez, on va commencer par l'article 504 avant
l'article 504.1, si vous n'avez pas d'objection.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection.
M. Ryan: Quand c'est écrit, dans l'article 504: Le
conseil, en consultation avec les commissions scolaires, pourvoit à leur
financement, la planification de leur développement ainsi qu'à
l'organisation de services communs pouvant leur bénéficier.
M. Gendron: Un instant. Je pensais que vous faisiez
référence à nos amendements, mais vous êtes dans la
loi. D'accord. Je m'excuse, on va se retrouver.
M. Ryan: Est-ce que cela va? M. Gendron: Cela va.
M. Ryan: Pour comprendre l'article 504.1, je pense qu'il est
important qu'on s'entende sur le sens de l'article 504.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Là, je voudrais que M. Blanchet ait la chance de
m'écouter parce que cela va le regarder aussi. Ce n'est pas un
blâme que je vous adresse. On parle de l'article 504.
À l'article 504, c'est marqué: Le conseil, en consultation
avec les commissions scolaires, comment se fait-il que vous ne l'amendez pas
pour dire "en consultation avec les commissions scolaires et les commissions
scolaires confessionnelles"? Je pense que là, il faudrait le dire. Ou
bien, si vous ne voulez pas qu'elles soient consultées, vous allez nous
le dire clairement.
Une voix: Allez-y, M. Blanchet.
M. Blanchet: Vous référez à l'article
504...
M. Ryan: Oui. Je m'étonne qu'il n'y ait pas d'amendement
au premier alinéa.
M. Blanchet: L'article 504 prévoit les pouvoirs du conseil
scolaire sur les commissions scolaires qui sont membres du conseil...
Le Président (M. Charbonneau): Vous pourriez prendre le
micro, pour vous enregistrer.
M. Blanchet: L'article 504 prévoit, effectivement, les
pouvoirs du conseil scolaire sur les commissions scolaires qui en sont membres.
Alors, on sait que, maintenant, les commissions scolaires confessionnelles en
sont membres, mais pour
certaines fins seulement, à savoir pour les fins de la
péréquation et pour toutes autres fins pour lesquelles les
commissions scolaires confessionnelles voudront être membres du
conseil.
Alors, effectivement, quand le conseil exerce les pouvoirs qui sont
prévus à l'article 504, la majorité des pouvoirs qui sont
là, ce sont des pouvoirs qui s'exercent pour les commissions scolaires
non confessionnelles, fixer le taux de taxe pour celles-ci, etc. Si on regarde
tous les pouvoirs qui sont énumérés, ce sont des pouvoirs
principalement à caractère budgétaire, donc qui ne
pourront pas être exercés à l'égard des commissions
scolaires confessionnelles. Pour ces matières, les commissions scolaires
confessionnelles le feront elles-mêmes.
C'est pour cela, effectivement, qu'on n'a pas mis la consultation des
commissions scolaires confessionnelles. On trouvait inacceptable que les
commissions scolaires confessionnelles aient leur mot à dire sur le taux
de taxe qui sera imposé aux commissions scolaires non confessionnelles
de l'île de Montréal, alors que ces dernières ne le
pourraient pas pour les confessionnelles.
M. Ryan: C'est une restriction nouvelle que vous apportez. C'est
un changement par voie d'implication. Le texte de la loi tel qu'il est
actuellement comprenait les commissions scolaires confessionnelles.
M. Blanchet: Oui, parce que, effectivement...
M. Ryan: C'est un changement par le silence, un changement par
omission.
M. Blanchet: C'est-à-dire qu'actuellement le conseil
scolaire détermine le budget des commissions scolaires, incluant le
budget des commissions scolaires confessionnelles. Mais la lecture qu'on fait
du jugement de la Cour suprême est qu'en matière budgétaire
les commissions scolaires confessionnelles doivent avoir leur pleine autonomie.
Dans ces circonstances, vous ne pouvez pas laisser au conseil scolaire le
pouvoir de décider du budget des commissions scolaires confessionnelles,
comme il le fait pour les autres commissions scolaires de l'île, tel que
cela apparaît à l'article 504.
M. Ryan: On va prendre les points les uns après les
autres. "Le conseil, en consultation avec les commissions scolaires, pourvoit
à leur financement." Là, il n'y a pas de problème. Il le
fera aussi pour les commissions scolaires confessionnelles, monsieur.
M. Blanchet: Ce n'est pas l'orientation qui a été
prise. Les commissions scolaires confessionnelles auront leur pleine autonomie
financière. Ce n'est pas le conseil scolaire qui va pourvoir à
leur financement.
M. Ryan: Qui percevra les taxes pour elles?
M. Blanchet: Le projet de loi 29 prévoit que ces taxes
seront perçues par le conseil scolaire, mais à la demande des
commissions scolaires confessionnelles qui décideront quel montant
d'argent elles ont besoin et qui demanderont au conseil scolaire de le
percevoir pour elles. Donc, le conseil scolaire, pour cette matière, la
matière de la taxation, agira comme agent de perception de leurs
taxes.
M. Gendron: Une précision, M. le député
d'Argenteuil. Je pense que M. Blanchet sera d'accord. Quand on a
rencontré les intervenants là-dessus, ils nous ont indiqué
qu'ils n'avaient pas d'objection à ce que le conseil de l'île
puisse continuer à jouer le rôle - si on avait un
procès-verbal, on vous le citerait - d'agent-percepteur, mais à
la demande des commissions scolaires confessionnelles
protégées.
M. Ryan: II y a deux choses: ce qu'elles veulent, elles, et ce
que la Cour suprême exige. Ce sont deux choses différentes. Ce
n'est pas parce que la Cour suprême a émis un jugement, une bonne
journée, qu'il faut se soumettre à tous les desiderata de chaque
commission scolaire confessionnelle.
M. Gendron: Écoutez, M. le député. C'est sur
la base des suites du jugement et de l'interprétation que nous en
faisions qu'elles nous ont dit qu'elles partageaient la même
interprétation, à savoir que le rôle du conseil de
l'île devait dorénavant se limiter à celui d'agent de
perception.
M. Ryan: Je pense que cela soulève des difficultés
majeures pour nous. Je trouve que, dans la mesure où elles respectent
leurs prérogatives constitutionnelles, elles peuvent très bien
pourvoir à leur financement ainsi qu'à l'organisation de services
communs pouvant leur bénéficier à cette fin. 3e ne vois
pas que la Cour suprême ait décidé que cela ne pouvait pas
marcher.
M. Gendron: Comment voulez-vous qu'on interprète
autrement: "leur donner la pleine et entière autonomie"? On a eu
l'occasion de le voir à quelques articles précédents et
d'interpréter par là que le conseil de l'île pourrait
continuer à pourvoir à leur financement. C'est absolument
inconciliable.
M. Ryan: Peut-être que mon collègue
de D'Arcy McGee pourrait nous donner des commentaires.
Une voix: II est parti.
M. Ryan: II est parti? On ne surveille pas nos joueurs. On se
fait jouer des tours.
Le Président (M. Charbonneau): II est parti voir la vraie
partie, je pense.
M. Gendron: Une chose est certaine, M. le député
d'Argenteuil: depuis la création du conseil scolaire, les commissions
scolaires n'ont plus d'autonomie de gestion financière et
budgétaire. Le jugement nous dit: Dorénavant, il faut
réinstaurer une pleine, entière et totale autonomie des
commissions scolaires confessionnelles protégées. Que voulez-vous
que je vous dise? Il me semble qu'on n'a pas besoin d'être avocat pour
comprendre cela clairement.
M. Ryan: Ce que la Cour suprême a dit - encore une fois, M.
le ministre, une méprise se prolonge entre nous, à mon grand
regret - c'est: en matière de taxation, il y a des droits des
commissions scolaires qui ne peuvent pas être touchés;
deuxièmement, en matière de référendum. Là,
elle a déclaré qu'un certain nombre d'articles étaient
invalides. Elle n'a pas dit autre chose de contraignant. Elle a dit bien
d'autres choses dans son jugement qui sont éclairantes, instructives,
utiles et intéressantes à lire, mais les deux choses qu'elle a
dites qui sont de la nature d'une ordonnance ou d'une contrainte, je pense que
ce sont les deux que je viens de mentionner.
Je trouve qu'un autre passage de la jurisprudence est très
important là-dedans. À un moment donné, un jugement avait
dit - je pense que c'est dans une cause qui affectait l'Ontario - que les
privilèges confessionnels ne doivent pas empêcher le gouvernement
de s'acquitter de ses responsabilités générales d'orienter
le système scolaire. Vous connaissez très bien ces passages de la
jurisprudence, sans doute. C'est l'autre verset. Hirsch le dit. C'est dans
Hirsch en toutes lettres. Il y a une responsabilité de l'autorité
provinciale qui reste extrêmement importante là-dedans.
Je ne sais pas, ici, si on ne va pas encore au-delà de ce qui
découle strictement des conclusions fermes et claires auxquelles en est
arrivée la Cour suprême du Canada dans sa décision de
décembre 1984. J'ai des doutes sérieux. Dans la planification de
leur développement sur l'île de Montréal... C'est
évident qu'il faut un minimum de planification sur l'île de
Montréal et cela ne peut pas se faire rien que par chacune des
commissions scolaires séparément. Je n'épouse pas la
thèse de certains présidents de commissions scolaires
confessionnelles disant qu'au titre de la confessionnalité il n'y a plus
personne qui puisse toucher à rien. La jurisprudence est contraire
à cela.
M. Gendron: Est-ce que vous permettez une précision sur ce
que j'ai évoqué tantôt? Là-dessus, cela a
été on ne peut plus clair. Entre autres, le PSBGM nous a
répondu, à une question bien précise, que si cette
autonomie ne lui était pas sauvegardée, c'était une
condition essentielle. C'est sûr que le lendemain matin - même pas
le lendemain matin - où il y aurait une décision comme
celle-là il contesterait la loi 29, et tous les gens que j'ai
consultés, M. le député d'Argenteuil, faisaient exactement
la même lecture. Alors, il me semble, puisque j'ai toujours
prétendu, en préalable, que le projet de loi 29, c'est pour
s'ajuster à un jugement et pour valider des dispositions, que, s'il y en
a un qui ne fait pas l'ombre d'aucun doute chez nous... Cela a
été confirmé par les personnes concernées
protégées dans le jugement que, le lendemain matin, si,
effectivement, elles n'avaient pas la pleine et entière autonomie
financière, elles contesteraient la loi 29. On ne peut pas travailler,
comme gouvernement, sur ces bases. Dans ce sens, il me semble que l'article
qu'on a devant nous, c'est pour effectivement consacrer pleinement et
entièrement l'autonomie des commissions confessionnelles.
M. Ryan: On consacre leur autonomie, d'abord, en les excluant
totalement et, deuxièmement, en les réintégrant sans les
réintégrer. C'est l'effet du projet de loi. Je vais vous donner
une explication, si vous le permettez. Vous dites: Les représentants
désignés par les commissions scolaires confessionnelles ne
peuvent participer aux délibérations du conseil - ni voter - que
sur les matières pour lesquelles la présente partie donne
compétence au conseil sur ces commissions scolaires confessionnelles.
Disons qu'à un moment donné, en vertu des pouvoirs qui lui sont
attribués par le troisième alinéa de l'article 504...
M. Gendron: On parle toujours dans la loi.
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: D'accord. M. Blanchet, je n'ai pas la loi. Le
trosième alinéa de l'article 504?
M. Ryan: Oui. Le conseil veut discuter de l'instauration d'une
mesure propre à assurer le développement de l'éducation de
l'enfance inadaptée et de l'éducation des adultes, de
l'organisation de cours pour des personnes autres que catholiques ou
protestantes, une utilisation des équipements
scolaires qui serait à la fois rationnelle et juste pour les
diverses clientèles à servir.
M. Gendron: Juste une précision. Ce que vous me lisez
n'existe plus dans la loi 3. Par contre, ce que vous lisiez est permis par
l'article 504.2, par entente.
M. Ryan: Voulez-vous me donner la référence de la
loi 3?
M. Gendron: M. le député d'Argenteuil, le temps
qu'on cherche l'article 3, au moins pour ce que vous lisiez quand j'ai
répondu que ceci était permis par entente, à l'article
11.1 des papillons - pas de la Loi sur l'instruction publique, mais des
papillons qu'on apporte au projet de loi 29 - l'article 504.2 dit ceci...
M. Ryan: Je ne veux pas aller trop vite. On va revenir aux
articles 504.1 et 504.2, je les connais.
M. Gendron: Non, mais juste pour répondre à votre
question. Je ne veux pas l'adopter, là. L'article 504.2 dit: "Le
conseil, après entente avec les commissions scolaires confessionnelles,
a aussi compétence pour exercer à leur égard tout autre
pouvoir prévu à l'article 504." Je pense que cela répond
très bien à ce que vous me demandiez. Vous étiez en train
de lire, à l'article 504, des exemples de pouvoirs. Je vous dis que
l'exemple précis que vous avez évoqué, oui, nous le
permettons à l'article 504.2. (21 h 30)
M. Ryan: Très bien. Mais j'ai demandé qu'on me cite
l'article de la loi 3 qui supprime le troisième alinéa de
l'article 504.
M. Gendron: Oui, oui. J'ai dit qu'en attendant qu'on retrouve
cela je vous réponds à la deuxième partie.
M. Rousseau: À partir de l'article 420, vous avez les
fonctions du conseil, mais, par rapport aux éléments qui nous
intéressent, c'est l'article 420.
M. Gendron: Dans le projet de loi 3, pages 74 et 75, vous avez
les fonctions du conseil, mais, par rapport à la question qui vous
intéressait plus précisément, l'article 425 de la loi 3,
page 75, dit ceci: "Le conseil adopte, par règlement, des mesures
propres à assurer le rattrapage en matière d'éducation
dans les milieux défavorisés."
M. Ryan: Mais où est l'article qui dit que le
troisième alinéa de l'article 504 n'existe plus?
M. Blanchet: II n'a pas été reproduit dans la loi
3. Ce pouvoir-là n'est plus donné au conseil sous la loi 3.
M. Ryan: Mais, tant que la Loi sur l'instruction publique existe,
il est là.
M. Blanchet: Oui.
M. Ryan: II est là. C'est cela qui m'intéresse.
Alors, il est là. Cela fait partie des pouvoirs du conseil
jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi 3 sur le territoire de
l'île de Montréal.
M. Gendron: Exact.
M. Ryan: Alors, je continue. Nous sommes d'accord, cela fait
partie de ses pouvoirs. D'accord? Alors, là, il va falloir discuter de
ceci: Les règlements du conseil peuvent aussi porter sur d'autres
matières, notamment des mesures propres à assurer le
développement de l'éducation de l'enfance inadaptée et de
l'éducation des adultes, l'organisation de cours d'étude pour des
personnes autres que catholiques ou protestantes, une utilisation des
équipements scolaires qui soit à la fois rationnelle et juste
pour les diverses clientèles à desservir. Je reviens à
l'article 9.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Parce qu'il y a un lien évident. Vous dites que
les commissions scolaires confessionnelles ne pourront participer aux
délibérations du conseil que sur les matières pour
lesquelles la présente partie donne compétence au conseil sur ces
commissions scolaires confessionnelles. Elles vont dire: Là-dessus, vous
n'avez pas compétence sur nous. Par conséquent, elles vont dire
qu'elles seraient intéressées à discuter. On va voir cela,
si vous avez un projet intéressant et tout, on aimerait participer
à cela, chercher ensemble pour le bien de l'île de
Montréal. Et peut-être qu'à la fin de la discussion elles
vont dire: Nous autres, nous avons un droit de retrait là-dessus, on
l'exerce. On a essayé et on trouve que cela ne va pas très bien.
Mais, ici, vous dites: ne peuvent pas participer aux
délibérations du conseil sur ces sujets. C'est cela qui me
fatigue. Si vous disiez: ne peuvent pas voter sur les matières où
elles ont décidé de s'exclure, je comprendrais très bien.
Mais vous ne pouvez pas dire: Vous ne pourrez pas participer aux
délibérations. Il y a tout de même une limite à
inclure sans inclure, réintégrer en sortant et en disant: Ne
touchez à rien...
M. Gendron: De toute façon, je reviens toujours à
l'article 504.2 où on disait que le conseil, après entente avec
les commissions scolaires confessionnelles, a aussi compétence pour
exercer à leur égard tout autre pouvoir
prévu à l'article 504... Je voudrais juste finir. Si elles
veulent que ce pouvoir s'exerce après entente, elles pourront le faire,
mais pas s'il y a des implications budgétaires. Les autres commissions
scolaires, quand on en a discuté, parce qu'on n'a pas juste
rencontré le conseil de l'île, les autres commissions scolaires
nous disaient... Qu'est-ce que c'est, M. le député d'Argenteuil,
la logique de participer à ce que j'appellerais les
délibérations du conseil sur des matières sur lesquelles
elles ne seraient pas habilités à voter puisqu'elles ont des
incidences financières? Effectivement, les autres commissions scolaires,
quand on les a consultées, nous ont mentionné qu'elles
n'étaient pas intéressées à avoir le droit de
délibérer sur des matières qui appellent un vote, parce
qu'on ajoute cela, cela va ensemble: participer aux délibérations
du conseil, ni voter que sur les matières pour lesquelles la
présente partie donne compétence au conseil sur ces commissions
scolaires confessionnelles.
M. Parent; M. le Président, pour avoir siégé
pendant quatre ans au Conseil scolaire de l'île de Montréal - on
est ici pour s'informer et s'aider - il faut quand même réaliser
que 80 % des préoccupations du Conseil scolaire de l'île de
Montréal sont des préoccupations d'ordre budgétaire, de
répartition des sommes, d'acceptation de budgets...
M. Gendron: Exact.
M. Parent: ...de ventes d'écoles, de louage
d'écoles. Ne trouvez-vous pas que ces deux commissions scolaires
deviennent des parents pauvres et ne deviennent pas des participantes à
part entière?
M. Gendron: Vous avez à 100 % raison, M. le
député de Sauvé. Mais que voulez-vous? Si tantôt on
comprenait que le jugement octroie pleine et entière autonomie pour les
questions financières, il faut quand même être logique. Vous
avez un argument théorique en disant: Est-ce que vous ne croyez pas que
cela ne fait pas des participantes à part égale ou à
pleine participation? Vous avez tout à fait raison, mais on a dit cela
quand j'ai annoncé les amendements au projet de loi 29. On a dit, au
tout début, dans les points majeurs: On les réintègre,
mais pour les matières pour lesquelles il n'y a pas
d'incompatibilité avec le jugement. Que voulez-vous que je vous dise? Si
on n'avait pas eu le jugement qui dit que les commissions scolaires
confessionnelles protégées doivent avoir pleine et entière
autonomie sur les questions d'ordre financier, vous auriez raison de vouloir
les laisser participer pleinement à toutes les questions, mais ce n'est
pas cela que le jugement nous dit. Donc, elles vont pouvoir continuer à
participer à la péréquation, aux milieux
défavorisés, à tout autre sujet sur lequel elles voudront
bien conclure des ententes avec le conseil de l'île, pour lequel, par
exemple, il n'y a pas d'implication financière qui entraverait, qui
entacherait leur autonomie financière.
M. Parent: Je suis d'accord avec vous, M. le ministre, quand vous
dites que ce n'est pas cela que le jugement nous dit. Le jugement ne vous
empêche pas de faire autrement. Le jugement ne vous empêche pas de
les considérer et de leur donner un statut de participantes à
part entière à l'intérieur du conseil scolaire. Il ne vous
défend pas de faire cela.
M. Gendron: On ne peut pas... Vous dites: II ne nous
empêche pas de le faire.
M. Parent: Je ne veux pas prendre un terme péjoratif, mais
on a l'impression qu'un gouvernement responsable, qu'un ministère de
l'Éducation, pour la frime, les embarque là-dedans. C'est
cela.
M. Gendron: Non, je tiens à vous indiquer que,
premièrement, ce n'est pas pour la frime, c'est à leur demande.
Deuxièmement, elles-mêmes, quand on les a rencontrées, nous
ont dit, et je l'ai dit tantôt que le PSBGM nous a dit: On vous indique,
M. le ministre, que, si on n'a pas notre pleine et entière autonomie,
parce que c'est essentiel et que c'est le jugement qui nous l'a donnée,
le lendemain matin, on va contester la loi. On regarde les possibilités
de les réintroduire réellement, concrètement, mais pour
des sujets sur lesquels elles veulent elles-mêmes avoir ce que j'appelle
les bénéfices que le conseil de l'île leur donnait. On m'a
fait valoir à combien de reprises qu'effectivement le conseil de
l'île, dans la question de la péréquation, des milieux
défavorisés et d'autres questions, que les commissions scolaires
étaient intéressées à pouvoir continuer à
discuter, et à part entière, avec le conseil de l'île pour
ces questions, mais pas à incidence budgétaire. Le jugement me
dit: pleine autonomie.
M. Parent: Juste une question pour une meilleure
compréhension. Tout à l'heure, vous nous disiez que le conseil
scolaire va devenir un percepteur de taxes officiel pour les commissions
scolaires confessionnelles à leur demande si...
M. Gendron: Jusqu'à 6 %.
M. Parent: Jusqu'à 6 %. Si une commission scolaire, soit
protestante ou catholique, décidait à un certain moment de
percevoir elle-même ses taxes, est-ce qu'elle
pourrait le faire?
M. Gendron: Oui.
M. Parent: Toujours en deça des 6 %, bien sûr.
M. Gendron: Non, non. En deça, non, la loi nous en
empêche. Au-delà de 6 %, oui, mais, en deça, non. C'est la
commission qui fixe son taux de taxes.
M. Parent: La commission fixe le taux de taxes.
M. Gendron: Oui.
M. Parent: Si cela ne dépasse pas 6 %, elles vont avoir le
droit de le fixer. Si une commission scolaire, si la CECM actuelle, par
exemple, disait: D'accord, on va percevoir nous-mêmes nos taxes au lieu
que ce soit le conseil qui les perçoive par le biais des
municipalités, par exemple...
M. Gendron: Oui, elles ne le réclament pas. L'important
quand on...
M. Parent: Si elles le réclamaient, dans votre esprit,
est-ce qu'elles pourraient avoir ce droit? Je sais que ce n'est pas
fondamental. Ce que je veux que vous me disiez, c'est la marge d'autonomie
qu'elles ont, la vraie marge d'autonomie qu'elles ont.
M. Gendron: La marge d'autonomie, ils nous l'ont dit, c'est de
fixer le taux de taxes. C'est cela, la marge d'autonomie que les conseils ont.
Il n'y a pas de préjudice à faire percevoir par le conseil
puisque celui-ci va leur accorder ce qu'elles demandent jusqu'à 6 %. On
avait dit cela dans un article, antérieurement, à la
séance de cet après-midi.
M. Parent: Hypothétiquement, je m'excuse, si le taux de
taxes est fixé par les commissions scolaires pour les commissions
confessionnelles et par le conseil scolaire pour les autres commissions
scolaires, on sait que, normalement, cela ne doit pas dépasser 6 %.
Hypothétiquement encore, si une commission scolaire disait: Très
bien, j'accepte la fixation de 6 % et, sous des pressions ou des demandes, je
suis prête à ne récupérer que 5,5 %, est-ce que le
conseil pourrait verser à une autre commission scolaire un montant qui
excéderait les 6 %, soit 0,5 %?
M. Gendron: Réponse: Oui. M. Parent: II pourrait le
faire. M. Gendron: Oui.
Une voix: Jamais une commission scolaire ne va réclamer
moins de 6 %.
M. Gendron: Bien non! C'est évident. Il a bien dit que sa
question était hypothétique. Jamais une commission scolaire ne va
réclamer moins de 6 %. La réponse, même si c'est
hypothétique, c'est oui, il pourrait le faire.
M. Ryan: Je reviens à l'essentiel de l'article 498.1. Le
Conseil scolaire de l'île de Montréal est une sorte de
fédération qui regroupe, à des fins précises, les
commissions scolaires non confessionnelles et confessionnelles de l'Ile. La
Commission des écoles catholiques de Montréal et le PSBGM,
surtout dans la période de transition que nous allons traverser, et
peut-être aussi, à l'avenir, selon ce qui sortira des tribunaux,
en font partie de plein droit. Ils sont membres. Quand on désigne les
membres, à l'article précédent, si j'ai bien compris, ils
sont membres: "est composé de membres désignés ou
nommés de la façon suivante..." Il n'y a pas de membres de
première classe et de membres de deuxième classe, à ma
connaissance. Excepté que ces deux commissions scolaires ont certains
privilèges constitutionnels. Elles disent: On ne veut pas être
liées par des décisions qui pourraient porter préjudice
à nos privilèges constitutionnels. D'accord? Mais elles sont
membres de plein droit pour tout le reste.
Je vais faire une comparaison. Le Québec fait partie de la
fédération canadienne. On discute, à un moment
donné, des méthodes d'amendement à la constitution
canadienne. Les autres provinces disent: Nous, on voudrait telle affaire. Le
Québec dit: Je ne veux pas de cela. II y a deux écoles de
pensée au Québec. Il y en a qui disent: Quand le Québec ne
veut pas, les autres ne peuvent pas. Il y a une autre école qui dit:
Quand les autres veulent, qu'elles le fassent si elles veulent, mais qu'elles
ne nous l'imposent pas. Si on allait dire: Parce que vous ne voulez pas qu'on
vous l'impose, vous ne pourrez pas participer aux discussions, vous allez
rester chez vous, on aurait l'air fin. On veut au moins participer aux
discussions pour leur montrer pourquoi elles ne devraient pas faire cela.
Surtout comme partenaire majeur dans la fédération canadienne, on
ne veut pas que quiconque vienne nous enlever ce droit et j'espère que
votre gouvernement n'ira pas jusque-là.
Ici, c'est ce que vous proposez pour le système scolaire à
Montréal. Vous dites: On a une fédération, vous allez
être là-dedans, mais seulement aux fins pour lesquelles on donne
compétence au conseil scolaire sur vous. Pour le reste, à moins
que vous ne disiez d'avance que vous allez participer à cela, être
liées par cela, vous n'avez même pas le droit de participer aux
délibérations.
C'est écrit en toutes lettres dans votre article. Je trouve que
c'est insoutenable. Vous devriez au moins enlever cette partie.
M. Gendron: Je vous l'ai mentionné...
M. Ryan: J'espère que vous allez comprendre le bon sens.
C'est une question de bon sens élémentaire, cela.
M. Gendron: Cela dépend de ce que l'on dit, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: II y a une limite à tenir l'orthodoxie sur toute
la ligne. À un moment donné, il faut bien être souple un
peu aussi.
M. Gendron: Oui, mais...
M. Ryan: Pas seulement en paroles, en actes.
M. Gendron: En actes aussi, mais ce n'est pas une question...
M. Ryan: On n'en a pas eu beaucoup de preuves depuis le
début des délibérations.
M. Gendron: Ce n'est pas ce que je pourrais déposer en
preuve...
M. Ryan: Depuis le début des délibérations,
on n'en a eu aucune preuve.
M. Gendron: ...de ce que vous m'avez écrit. Vous avez
dit...
M. Ryan: L'autre fois, cela a été très bien
et je vous l'ai dit.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Mais, depuis le début de la journée, on a
soulevé des gros mottons et je vous avertis qu'on les a encore dans la
gorge.
M. Gendron: Oui, mais je vous avertis qu'ici il n'y a pas de
mottons. Il y a un jugement de la cour qui nous dit...
M. Ryan: Avec vous, tout va "smooth", excepté que cela
accroche un peu partout.
M. Gendron: Ce n'est pas cela. C'est que, quand vous dites - les
mots veulent dire quelque chose - "...ne peuvent participer aux
délibérations du conseil ni voter que sur les matières
pour lesquelles..." Effectivement, le jugement nous a dit: II n'y a pas de
problème, mais pour les matières à caractère
budgétaire, quand on dit: "doivent avoir leur pleine et entière
autonomie", qu'est-ce que c'est? Le sens des mots n'a pas changé parce
que c'est une loi difficile.
M. Ryan: Je vous demande: Quelles sont les matières pour
lesquelles la loi donne compétence au conseil sur les commissions
scolaires confessionnelles? Vous m'avez répondu, tantôt: Elles
sont membres du conseil aux fins de la péréquation et aux autres
fins sur lesquelles il y a entente entre elles et le conseil. (21 h 45)
M. Gendron: Seulement une seconde! Pour 1985-1986, c'est la Loi
sur l'instruction publique qui s'applique. D'accord? À partir du moment
où c'est la loi 3, en 1986 - bien oui! - s'appliquent uniquement toutes
les matières autres que les matières sur lesquelles il fautconsacrer la pleine et entière autonomie budgétaire des
commissions confessionnelles.
M. Ryan: Non. Parce que, tantôt, votre conseiller
juridique, M. Blanchet...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...nous a bel et bien dit que vous ne modifiez pas
seulement par l'introduction des articles 498.1, 504.1 et 504.2, vous modifiez
également le premier alinéa de l'article 504. II n'a plus la
même signification après l'adoption de la loi 29 qu'il avait
jusqu'à maintenant. Si vous êtes prêt à mettre ici
"le conseil, en consultation avec les commissions scolaires et les commissions
scolaires confessionnelles, dans le respect des attributions constitutionnelles
de ces dernières, pourvoit à leur financement, à la
planification de leur développement ainsi qu'à l'organisation de
services communs, je n'ai pas d'objection.
M. Gendron: On va en avoir une, parce que "pourvoit à leur
financement", M. le député d'Argenteuil, je ne comprends pas
vraiment; qu'est-ce que cela veut dire, "pourvoit à leur financement"?
Cela signifie qu'il entrave la pleine et entière autonomie
financière des commissions confessionnelles? Qu'est-ce que c'est cela?
C'est sûr qu'on ne peut pas mettre cela. Vous dites que vous n'auriez pas
d'objection si je mettais cela; je comprends, je vais carrément à
rencontre du jugement. Notre objectif, je l'ai dit à peu près 25
fois, c'était un projet de loi pour valider les dispositions qui ont
été rendues invalides à la suite du jugement. Qu'est-ce
que vous voulez que je vous dise? C'est sûr que je ne peux pas
écrire cela.
Le financement. C'est assez clair qu'il doit y avoir un caractère
d'autonomie financière quand on rentre dans le financement.
M. Ryan: C'est cela qu'est la fonction du conseil?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Cela va l'être également les...
M. Gendron: Mais c'est cela qui est contesté.
M. Ryan: Non. M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Pour les commissions scolaires, à ma
connaissance, ce n'est pas contesté jusqu'à concurrence du
plafond de 6 %. Au-delà de 6 %, la Cour suprême dit très
bien qu'il faudra qu'elle s'organise un référendum
elle-même, qu'elle s'organise pour même percevoir cette somme
elle-même, mais jusqu'à concurrence de 6 % il n'y a pas de
problème.
D'ailleurs, M. Marx, dans une étude qu'il avait faite il y a
longtemps - c'est pour cela que, tantôt, je voulais lui demander de
l'expliquer lui-même - le disait bien clairement, que jusqu'à
concurrence de 6 % il n'y avait pas de problème, mais qu'au-delà
de cela il y avait un problème. M. Marx disait cela dès 1970 ou
1971, je pense; cela fait longtemps. Il préconisait que la Commission
des écoles catholiques de Montréal et le bureau des écoles
protestantes, en tant que successeurs des corporations scolaires de
Montréal de 1867, aient un droit à la surtaxe, dans la mesure
où l'on reconnaîtrait que le statut particulier de
Montréal, en 1867, serait protégé. C'est cela qui est
important. Le reste, il n'y a pas de problème.
M. Gendron: Vous me citez là...
M. Ryan: On en crée, des problèmes,
artificiellement.
M. Gendron: Non. M. le député d'Argenteuil, ce que
vous me citez là, vous avez raison. Mais le petit problème, c'est
que c'est avant le jugement. Avant le jugement, effectivement, cette
prétention était soutenue par certains. Mais, après le
jugement, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Ce n'est plus cela.
M. Ryan: Mais je ne pense pas que le jugement contredise cela, M.
le ministre. Le jugement vous dit justement: S'il faut faire un
référendum, là, il faudra que la commission scolaire
confessionnelle prenne ses responsabilités, qu'elle tienne
elle-même son référendum et que ce ne soit pas un
référendum fait par le conseil scolaire de l'île. Elle dit
que, si le référendum autorise la levée d'une taxe
supérieure au plafond de 6 %, elle devra aller la chercher
elle-même. Le conseil n'aura pas d'obligation, elle devra aller la
chercher elle-même. C'est cela qu'est... Je dis: Tenez-vous-en à
cela...
M. Gendron: Mais le référendum porte sur quoi?
M. Ryan: Au-delà de 6 %.
Une voix: La permission de taxer au-delà.
M. Ryan: Bien oui, c'est cela.
M. Gendron: Sur un budget adopté par qui?
M. Ryan: Son budget, c'est elle qui a autorité dessus,
d'après ce que je comprends. Cette partie, on va la voir plus tard. Je
ne crois pas qu'il y ait de problème maintenant. On la verra en temps
utile, il y a un article sur cela. Mais ce qu'on sait, c'est que jusqu'à
6 % la Cour suprême n'a pas dit qu'il y avait des problèmes. Elle
n'a pas dit que le conseil scolaire de l'île était
inconstitutionnel et tout cela. Je n'ai jamais trouvé cela dans le
jugement.
M. Gendron: Non, mais elle a dit que les commissions
confessionnelles avaient elles-mêmes le pouvoir de fixer le taux de taxe
et le budget. À ce moment-là, si c'est le conseil de l'île
qui le fait, c'est, d'après nous, à l'encontre du jugement de la
Cour suprême.
M. Parent: On sait bien, M. le Président, que les
commissions scolaires vont fixer leur taux de taxe à 6 % au maximum, la
même chose que pour les commissions scolaires linguistiques. Elles vont
aller à... Elles seront différentes des autres quand une
commission scolaire va décider de taxer à 6,5 % ou à 7 %.
C'est là qu'elle va devenir différente; c'est là qu'elle
n'aura plus le même poids à l'intérieur du conseil
scolaire. Son autonomie, elle va l'assumer quand elle va dépasser la
norme. Tant qu'elle va demeurer dans la norme, elle va être
traitée de la même façon que les autres commissions
scolaires à l'intérieur du conseil.
M. Gendron: Vous dites: Tant qu'elle va demeurer dans la norme.
Si, effectivement, la norme était fixée par le conseil de
l'île, cela ne se conformerait pas aux objectifs du jugement.
M. Parent: ...pas fixer sa norme. Mais sa norme, elle va la fixer
à 6 % probablement, la même chose que les autres commissions
scolaires qui vont avoir une norme fixée par le conseil de l'île.
Quelle est la différence, à ce moment-là? Elle devient
différente quand elle décide de faire son propre
référendum et de dépasser la norme. Là, elle ne
parle plus sur la même longueur d'onde que les autres. Avant cela, elle
est quand même sur le même pied.
M. Gendron: Ce n'est pas notre prétention, à moins
que Me Blanchet n'ait des précisions à donner.
M. Blanchet: Je n'ai rien à ajouter.
M. Gendron: Vous n'avez rien à ajouter à ce qu'on a
dit.
M. Blanchet: Le jugement est à savoir qu'il faut leur
assurer l'autonomie financière. Si c'est le conseil scolaire qui fixe,
qui approuve leur budget et qui détermine leur taux de taxe, à ce
moment-là, elles n'ont plus cette autonomie financière.
M. Parent: Ce n'est pas le conseil scolaire qui va
déterminer le taux de taxe des commissions scolaires confessionnelles.
Elles-mêmes vont déterminer leur taux de taxe. Mais, si leur taux
de taxe est le même que les autres qui servent à
l'intérieur du conseil scolaire, elles ne sont plus différentes.
Elles deviennent différentes quand elles excèdent le taux de 6
%.
M. Gendron: Pas d'après l'analyse qu'on a faite, pas
d'après nos prétentions, pas d'après les conseils qu'on a
reçus de nos conseillers juridiques.
M. Ryan: M. le Président, étant donné la
complexité du problème, je pense qu'on ne peut pas prendre le
vote là-dessus ce soir. J'aimerais mieux demander peut-être, si
vous n'avez pas d'objection, qu'on envisage d'ajourner maintenant et de se
retrouver à la prochaine séance sur ce point. Je pense qu'on a
besoin d'aller chercher... Cela implique toute l'affaire. Je vais vous donner
seulement un exemple, si vous me le permettez, de la perplexité dans
laquelle cela me laisse. Si vous dites: Les commissions scolaires
confessionnelles n'ont rien à voir sur les matières autres que
celles sur lesquelles le conseil a spécifiquement compétence sur
elles... Disons que le conseil va décider d'instituer un programme ou
l'autre à l'intérieur de ce qu'il va aller chercher avec les 6 %,
sans être obligé d'aller en référendum, il va aller
chercher cet argent sur tout le territoire de lîIle de Montréal, y
compris sur le territoire de ces commissions scolaires et peut-être
même pour des programmes auxquels elles ne participeraient pas. Donc,
leurs contribuables vont être taxés et ils ne participeront
même pas aux délibérations. Je pense que cela ne tient
pas.
Je vous soumets cela, je ne veux pas qu'on tire de conclusion ce soir.
C'est juste pour vous indiquer que c'est une objection sérieuse et
loyale, à laquelle il n'y a pas eu de réponse claire
jusqu'à maintenant. J'aimerais que vous y pensiez. Encore une fois,
c'est le droit de participation. On est prêt à regarder le vote
dans un esprit d'accommodement, mais la participation aux
délibérations, je me dis franchement que je trouverais cela
extrêmement pénible.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que sur ce, nous
allons ajourner les travaux sine die. Nous nous retrouverons la prochaine fois
en fonction de l'ordre du leader en Chambre. Les travaux sont
ajournés.
(Fin de la séance à 21 h 54)