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(Douze heures huit minutes)
Le Président (M. Charbonneau): La commission permanente de
l'éducation et de la main-d'oeuvre entreprend maintenant l'étude
détaillée du projet de loi 39, Loi sur le ministère de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie et
modifiant diverses dispositions législatives.
Je vais d'abord demander à la secrétaire de la commission,
Me Giguère, s'il y a des remplacements.
La Secrétaire: Oui. M. Leduc (Fabre) est remplacé
par Mme Lachapelle (Dorion); M. Viau (Saint-Jacques) est remplacé par M.
French (Westmount).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Charbonneau): Cela dit, avant de
procéder à l'étude du premier article, est-ce que, M. le
ministre, vous avez des déclarations ou des propos préliminaires
à nous livrer ou à nous confier?
M. Bérubé: Non, M. le Président. J'ai peu
insisté dans le discours de deuxième lecture - et c'était
approprié - sur le fait que le présent projet de loi ne
présente pas de refonte quant aux juridictions traditionnelles qu'avait
le ministre de l'Éducation vis-à-vis de l'enseignement
postsecondaire, collégial et universitaire, pas plus qu'il ne
présente de modification aux juridictions qu'exerçait le ministre
de la Science et de la Technologie. Il s'agit donc d'une fusion de deux lois
tout en respectant l'équilibre passé.
Cependant, je dois souligner qu'une modification présentée
en amendement et que j'ai pu annoncer lors du discours de deuxième
lecture va faire en sorte que nous procéderons à l'abrogation des
chapitres de la loi sur la Science et la Technologie portant plus
spécifiquement sur la création d'une fondation pour le
financement de la recherche.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. M. le
député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui, M. le Président. Avant que nous n'abordions
l'étude article par article, je voudrais faire quelques observations de
caractère général qui aideront à mieux faire
comprendre la portée des interventions que nous ferons par la suite et
des quelques amendements que nous proposerons au projet de loi.
Nous avons soutenu pendant tout le débat de deuxième
lecture que le projet de loi 39 est un projet de loi qui a été la
suite d'une décision improvisée, décision qui n'a jamais
été justifiée clairement par le gouvernement. Je ne veux
pas rouvrir tout le débat que nous avons fait là-dessus parce
que, sur la plupart des arguments que nous avons soulevés, nous n'avons
pas eu de réponses satisfaisantes. Par contre, un vote a
été pris en deuxième lecture que nous n'entendons pas
contester à ce stade-ci, mais il y a quand même des
éléments de base qu'il faut mettre sur la table clairement si on
veut avoir au moins un processus de conversation civilisé et fructueux
entre l'Opposition et le gouvernement.
Quand le ministre a cherché des sources sur lesquelles il
pourrait s'appuyer pour justifier la décision gouvernementale, il
était bien en peine de trouver des sources récentes. Il avait
peut-être des bribes de conversation avec des personnes qui oeuvrent dans
le secteur universitaire ou collégial, ici ou là, mais il n'avait
pas de document précis à citer qui aurait été de
source récente, qui aurait précédé la
décision gouvernementale. Nous avons dit que le gouvernement n'avait pas
demandé l'opinion du Conseil des universités, ni, d'ailleurs,
celle du Conseil supérieur de l'éducation. Le ministre
n'était évidemment pas capable de réfuter cela, mais tout
ce qu'il a trouvé à dire là-dessus, cela a
été de ressortir, des armoires où il est enseveli depuis
plusieurs années, le rapport de la commission Angers et, de façon
complémentaire, de ressortir un avis émis par le Conseil des
universités au sujet du rapport de la commission Angers dans
l'année qui a suivi la publication du rapport Angers,
c'est-à-dire en 1980.
La commission Angers avait remis son rapport, si mes souvenirs sont
exacts, en 1979, et, dans les mois qui ont suivi, le Conseil des
universités a formulé une opinion. Comme le ministre a
présenté ces choses hier... Hier, il nous a dit qu'il formait ses
opinions. Je me demandais quelquefois en l'écoutant à quelle
source il puisait pour former ses opinions qui étaient souvent
déroutantes pour moi. Mais, quand il nous a dit hier qu'il formait ses
opinions en rêvant,
j'ai compris un certain nombre de choses. J'ai compris qu'il avait des
opinions qui pouvaient être un peu abracadabrantes ou déroutantes
pour la raison, parce que, d'habitude, ce n'est pas quand on rêve qu'on
aboutit aux attitudes et aux opinions les plus raisonnables. Je pense que la
manière dont le ministre a utilisé le rapport de la commission
Angers et l'opinion émise par le Conseil des universités en 1979
se rattache directement à cette nouvelle méthodologie de
raisonnement qui s'accroche aux rêves. Je pense que je vais pouvoir en
faire la démonstration bien facilement pour commencer. Cela voudrait
dire qu'on partirait d'une table rase. En somme, le gouvernement a droit
à ses options et, comme on l'a déjà dit, le Parlement,
à la rigueur, avec la majorité dont dispose le gouvernement, peut
même décider qu'un homme enfantera. Le maire Drapeau de
Montréal a déjà essayé cela, avec les
résultats qu'on sait. Mais je ne pense pas qu'on puisse quand même
tolérer les affirmations qui ne relèvent pas des faits, surtout
quand elles sont de nature à jeter le discrédit sur des
députés de l'Opposition qui s'appliquent consciencieusement
à faire leur travail en fouillant le plus possible les documents qu'on
leur présente et en essayant d'étayer leurs affirmations sur des
bases sérieuses.
La commission Angers avait donc soumis son rapport en mai 1979 dans
lequel, effectivement, l'un des trois comités qui avaient
constitué cette commission - de composition assez bizarre, d'ailleurs,
comme le ministre en conviendra - avait recommandé la création
d'un ministère des universités. Déjà, à ce
stade, il y avait des doutes très sérieux qui subsistaient quant
à l'opportunité d'une recommandation comme celle-là et
c'est pourquoi deux membres de la commission, qui n'étaient pas les
moindres, c'est-à-dire M. Valérien Harvey et Mme Nicole
Trudeau-Bérard, avaient émis des recommandations, des
réserves très sérieuses à ce sujet. Je vais citer
l'opinion de chacun pour montrer que ce n'étaient pas des
réserves d'ordre secondaire. (12 h 15)
M. Valérien Harvey écrivait ceci dans son avis
minoritaire: Je suis en accord, dans l'ensemble, avec l'analyse et la
définition de la problématique de cette partie du rapport.
Cependant, je ne peux pas être solidaire des recommandations
proposées parce qu'elles ne m'apparaissent pas être la suite
logique, ni des analyses que nous avons faites, ni des principes sur lesquels
nous avons fondé notre philosophie de la gestion du réseau
universitaire québécois, notamment en ce qui concerne la
décentralisation, la participation des agents, la transparence du
fonctionnement, la simplification des procédures et le principe de la
double responsabilité des universités envers le gouvernement.
Avis minoritaire de Mme Trudeau-Bérard. Elle dit ceci: Le
comité n'a pu conduire une analyse suffisamment poussée des
structures analogues et de leurs effets là où elles existent en
Amérique du Nord. Cette analyse paraît d'autant plus
nécessaire que l'Ontario vient précisément d'abolir son
ministère des Universités. Aucune simulation sérieuse n'a
été effectuée qui assurerait que le ministère des
Universités soit en mesure de faire plus et mieux qu'une Direction
générale de l'enseignement supérieur sous
l'autorité du ministre de l'Éducation. Dans les circonstances, il
nous semble qu'il y a précipitation et qu'il sied de différer son
jugement jusqu'à ce que la réflexion et l'étude aient
suivi leur cours.
Je pense que la suite logique de ce rapport, c'était l'avis du
Conseil des universités, qui a d'ailleurs été
formulé dans les mois qui ont suivi d'une manière très
élaborée. Cela, c'est un deuxième point que je voudrais
redresser. Le ministre a laissé entendre dans ses deux interventions,
son intervention liminaire du débat de deuxième lecture et son
intervention à la fin du débat d'hier après-midi, qu'il y
avait convergence entre la position adoptée par la commission Angers et
celle du Conseil des universités. Ce n'est pas le cas. J'ai lu
attentivement le rapport qu'a émis le Conseil des universités et
je dois signaler deux choses dans ce rapport. Tout d'abord, il y a une critique
de la méthode suivie par le comité de la commission Angers qui
avait abouti aux conclusions qu'on sait, et je pense que c'est bien important
de le rappeler. Sur le plan de la coordination et de l'organisation du
système universitaire, le rapport soumis par le comité de la
commission d'enquête sur les universités mandaté
spécifiquement pour étudier ces questions suscite un certain
malaise, autant sur le plan de la démarche et de l'analyse qu'à
cause du manque apparent d'unanimité entre les membres du comité
sur nombre de ses recommandations les plus importantes. Ceci est d'autant plus
inquiétant que le document soumis porte sur des matières qui
risquent de faire l'objet des décisions les plus rapides et les plus
lourdes d'implications à long terme pour l'ensemble du
réseau.
Ce comité avait pour mandat d'étudier les relations entre
l'État et l'université. Or, il ne précise jamais dans son
raisonnement, ni le type de relations qu'il privilégie entre
l'État et la société, ni les principes qui doivent
présider à l'intérieur de ce cadre général
aux relations plus spécifiques à établir entre le
gouvernement et les universités. Le lecteur en est donc réduit
à inférer du texte et des recommandations le modèle de
relations sociales qui a présidé aux analyses des situations et
à l'élaboration
des solutions. C'est évident que, quand on fait cette
première critique d'un document, il ne reste pas grand chose du reste.
Si tout le reste s'appuie sur un fondement aussi fragile, on n'est pas sur un
terrain très solide quand on s'appuie sur un document comme
celui-là, vieux de six ans, pour justifier une décision comme
celle que véhicule le projet de loi 39.
Maintenant, le ministre a laissé entendre bien clairement que le
Conseil des universités était d'accord avec la commission Angers.
Je pourrais citer toute son intervention là-dessus, mais ce serait trop
long. Je prends un passage à la fin de l'intervention de mardi soir. Il
cite le conseil, les passages qui font son affaire. Les citations sont exactes,
mais il n'y a rien de plus dangereux que de citer seulement les passages qui
font son affaire. Quand on traite d'un sujet et qu'on veut invoquer une
autorité, je pense que l'équité intellectuelle la plus
élémentaire demande qu'on cite au complet, qu'on donne le pour et
le contre, qu'on dise: II a dit ceci en faveur, il a dit ceci contre. Il me
semble que c'est l'enfance même de l'art. Or, le ministre a cité
seulement des passages laissant entendre que le Conseil des universités
aurait été d'accord avec la commission Angers. Il dit, à
la fin: Cette conclusion de la commission Angers et du Conseil des
universités avait trouvé écho dans les
préoccupations politiques de l'État bien avant 1979, sans aucune
étude, ni rien du tout. Là, il cite le gouvernement Bourassa. Je
pense que j'ai répondu à l'argument du ministre concernant la
décision qui avait été prise par le gouvernement Bourassa
de nommer un ministre d'État en 1975. La réponse que j'ai
donnée indique que bien avant que l'Assemblée nationale de France
se rende compte que c'était dangereux de scinder les deux secteurs en
deux sous l'autorité de deux ministres différents, le
gouvernement libéral de l'époque avait adopté une solution
qui préservait le minimum de rationalité qui nous apparaît
nécessaire à la conduite politique du système
d'enseignement.
Je voudrais maintenant citer des passages qui montrent que le ministre a
grandement exagéré; je l'accuserais même d'avoir
déformé l'opinion du Conseil des universités en laissant
entendre aussi clairement que le Conseil des universités s'était
prononcé en faveur de la recommandation de la commission Angers. Voici
ce que disait le Conseil des université - c'est à la page 299:
Sans vouloir formuler d'avis formel, le conseil désirerait
néanmoins avancer quelques éléments de réflexion
sur cette question. Après cela, à la fin de ses
réflexions, il conclut ceci: Le Conseil des universités, pour sa
part, ne privilégie pas une structure plus qu'une autre et croit que ses
décisions devraient suivre et non précéder la
définition par le gouvernement du plan d'action qu'il entend proposer
à la suite des recommandations et des consultations qui ont suivi les
rapports de la commission d'étude sur les universités. Il disait:
II y a tout un ensemble de recommandations; donnez-nous votre plan d'action
là-dessus, ensuite on verra.
Je ne sache pas que le gouvernement ait jamais livré son plan
d'action concernant les universités. Six ans après le rapport
Angers, on est encore à attendre la révision du plan de
financement. On n'a jamais eu de plan d'ensemble et, franchement, il suffit de
se rappeler tous les mémoires qui ont été
déposés à la commission parlementaire de
l'éducation et de la main-d'oeuvre en vue de l'étude,
avortée par la faute de la majorité ministérielle, sur
l'avenir des universités québécoises et de leur
financement, pour se rendre compte que ce plan d'action n'est jamais venu.
Deux pages plus loin, à la page 302, je trouve ceci - c'est un
résumé de la position du Conseil des universités: Le
Conseil des universités ne prend pas position sur l'opportunité
de créer ou non un ministère des universités. C'est assez
clair, il ne prend pas position sur l'opportunité de créer ou non
un ministère des universités, mais attire l'attention sur la
nécessité de prévoir des mécanismes structurels
appropriés pour tenir compte des liens que l'université
entretient avec le niveau collégial, d'une part, et avec la science et
la technologie, d'autre part.
Je pense que ces textes parlent par eux-mêmes et j'espère
que nous aurons aujourd'hui une réédition d'une scène dont
nous avons été témoins hier dans le cadre du débat
sur le projet de loi 39. Le député de Sauvé avait
invoqué des faits qu'il a constatés, après
vérification, avoir été inexacts, du moins en partie. Il
s'est empressé, au début de la séance qui marquait la
reprise du débat dans l'après-midi d'hier, de corriger cette
situation, de rectifier les faits et de nous dire: Ce que j'ai dit
n'était pas exact et je tiens à ce que, pour le dossier, les
choses soient dites avec toute la précision voulue.
Alors, j'espère qu'on aura le même genre de rectification
et, en ce qui me touche, si le ministre est prêt à retirer cette
fausse impression qu'ont créée ses propos mardi soir ou mercredi,
je serai extrêmement heureux de clore ce chapitre et d'engager, sans
autre discussion, l'étude du projet de loi article par article.
Ceci dit, je crois devoir signaler un autre aspect du projet de loi sur
lequel nous reviendrons en cours de route. Il m'apparaît que c'est un
projet de loi hautement technocratique, un projet de loi sans âme, sans
inspiration, qui laisse au ministre la possibilité de faire à peu
près n'importe quoi et qui ne précise jamais ses
responsabilités
de manière claire, un projet de loi qui n'a pas su
s'élever à la définition d'objectifs dans le domaine que
veut embrasser l'autorité du ministre, qui pourrait être vraiment
attrayant et dynamique pour toute la collectivité
québécoise.
J'ai l'impression, parfois, que le gouvernement retourne au style de
législation de Maurice Duplessis. Cela m'amusait toujours, autrefois,
quand je lisais des lois de Maurice Duplessis. C'étaient des lois
passepartout et fourre-tout dans lesquelles on disait, dans les termes les plus
généraux possible, ce qu'on voulait dire et les gars
s'étaient dit entre eux avant de venir devant l'Assemblée
nationale: Arrange ça pour être capable de faire n'importe quoi
sans te faire achaler par les députés. C'était la
mentalité du régime qui a gouverné le Québec
pendant une quinzaine d'années. J'ai malheureusement l'impression que le
gouvernement actuel cède à cette tentation trop souvent. Il
n'avait pas cette caractéristique au début. On la retrouve de
plus en plus dans ses projets de loi. Dans le projet de loi que nous aurons
à examiner, c'est particulièrement évident lorsqu'il est
question des fonctions et des moyens d'action dont disposera le ministre. On ne
règle pas le problème en disant: Le ministre pourra proposer des
mesures de soutien, de promotion et d'appui. On le sait, cela va de soi. S'il
n'existe pas pour faire cela, il y a des choses qui vont sans dire, mais, quand
on ne dit que cela, on se ramasse avec pas grand-chose. Nous aurons, sur cet
article en particulier du projet de loi, un amendement de substance à
proposer qui pourrait corriger cette carence du projet de loi. Je mentionne
cette caractéristique parce qu'elle m'apparaît
évidente.
Je remarque une chose, c'est qu'on parle des pouvoirs du ministre; on ne
parle pas de ses responsabilités et de ses devoirs. Aujourd'hui, on
s'est rendu compte au Québec, après avoir chevauché
longtemps sur la seule ligne des libertés et des droits, que, si l'on
n'inscrivait pas fortement en corollaire la ligne des responsabilités et
des devoirs, on allait créer des attentes qui feront tôt ou tard
exploser cette société. C'est évident qu'il faut un
équilibre des deux pour qu'on puisse avancer de manière
équilibrée sans perdre de vue une dimension essentielle du
chevauchement qu'on doit suivre. Il me semble que la même exigence
s'applique, à plus forte raison, à ceux à qui la
société par voie de législation confie des pouvoirs plus
grands qu'aux citoyens ordinaires. Dans ce projet de loi, malheureusement,
cette partie du statut qui sera conféré au ministre est
traitée de manière tout à fait insignifiante. Je pense
qu'il faudrait la renforcer pour le plus grand bien de la loi
envisagée.
Ces remarques étant faites, je ne veux pas m'étendre
davantage pour l'instant.
J'insiste énormément sur l'importance que j'attache
à la première observation que j'ai faite. Je voudrais souligner
combien il me paraît indispensable, pour que nous ayons entre nous un
débat vigoureux et viril - je n'ai aucune objection à cela - mais
un débat civilisé, un débat courtois, un débat
digne de la mission qui nous a été confiée par le peuple,
que nous soyons capables de nous entendre au moins sur le respect
intégral des faits et des textes. À partir de là, que nous
choisissions des orientations complètement contraires ou
différentes sur plusieurs aspects ou quelques aspects particuliers d'un
projet de loi, cela fait partie du jeu. Je pense que c'est très bon
qu'il y ait des oppositions, et même vigoureuses, à ce niveau,
mais, encore une fois, à la condition qu'en ce qui touche les faits et
les textes il y ait un respect véritablement sacré. Depuis que je
suis à l'Assemblée nationale - et j'ai été dans le
débat public pendant de nombreuses années avant cela, je ne suis
pas venu au monde de la dernière récolte, ni péquiste, ni
libérale. J'avais appris dans le métier que j'exerçais
autrefois le respect des textes. J'ai fait cela pendant seize ans. Le
président de la commission a été un de mes
collègues pendant ces années et il se souvient que, devant un
texte, nous nous inclinions tous. Si le journaliste qui travaillait sous mon
autorité avait un texte qu'il pouvait invoquer à l'appui d'un
article qu'il avait écrit, je lui disais: C'est très bien, je
m'incline, vous avez raison, et on passait à autre chose, mais on
n'avait pas de débats interminables, comme j'en ai vu ici depuis six
ans, consacrés à citer tout de travers, soit l'opposant, soit les
sources qu'on voulait invoquer. On réglait ces problèmes
rapidement. C'était une question de civilité intellectuelle
élémentaire. J'espère qu'on pourra s'entendre au moins sur
cela ce matin. Si on ne s'entend pas sur cela, je crois que ça
confirmera une crainte que, malheureusement, je dois nourrir, étant
donné ce que j'ai vu et entendu au cours des dernières
années, et même au cours des dernières heures.
Alors, je termine mon intervention sur cela en disant que, lorsque nous
aurons réglé ces questions, je serai très heureux
d'entendre ce que mes autres collègues de la commission pourront avoir
à dire au début et, ensuite, de passer à l'étude
article par article.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui veulent ajouter des commentaires
préliminaires? Mme la députée de Jacques-Cartier. (12 h
30)
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Oui, j'ai quelques remarques. D'abord, j'aimerais
réitérer très
brièvement ma préoccupation au sujet du rôle
horizontal du ministre de la Science et de la Technologie. On a adopté
la loi 19 il y a deux ans et une des caractéristiques importantes du
ministère qu'on a créé était sa possibilité
de leadership, sa possibilité de réorienter, de donner plus de
priorités dans tous les domaines, dans tous les secteurs du
gouvernement, priorités pour l'important développement de la
science et de la technologie.
Selon mon interprétation du projet de loi 39, cet aspect est
beaucoup dilué et on a sacrifié l'aspect horizontal pour donner
au nouveau ministre plus de pouvoir vertical sur, particulièrement,
l'enseignement supérieur. Je trouve que c'est une perte importante. Ce
n'est pas uniquement une diminution du rôle du ministre de la Science et
de la Technologie, c'est un changement de la nature du pouvoir du ministre. En
essayant d'intégrer les deux ministères, les deux fonctions, on a
beaucoup dilué la fonction prévue par la loi 19.
Deuxièmement, le député d'Argenteuil n'a pas
mentionné le manque de consultation avec le Conseil de la science et de
la technologie qui, dans le domaine de la technologie, est un corps unique et
important. Ils ont déjà démontré leur
compétence dans ce domaine si on en juge par la qualité de leurs
avis, surtout durant les deux dernières années.
Les amendements que je veux proposer vont dans le sens d'abord d'essayer
d'accentuer et de réintroduire cette notion du rôle horizontal. Je
ne suis pas certaine que ces deux rôles soient vraiment compatibles et
mon but est d'essayer de garder le rôle horizontal prévu par
l'ancienne loi.
Troisièmement, je crois qu'on a éliminé un aspect
important. C'est le droit de regard, l'imputabilité du ministre envers
l'Assemblée nationale en ce qui concerne la création de centres
de recherche et d'autres organismes qui s'occupent de la science et de la
technologie. On a éliminé cet aspect de la loi 19 et je parle
plus spécifiquement de l'article 12 qui donne aux législateurs
l'occasion d'examiner des décrets et de se prononcer sur les actions du
ministre à cet égard. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui ont quelque chose à ajouter? Non. Nous
allons maintenant aborder l'étude détaillée...
M. Bérubé: J'ai deux ou trois remarques
générales en réponse aux interventions.
Le Président (M. Charbonneau): Ah, bon.
M. Yves Bérubé (réplique)
M. Bérubé: D'une part, le député
d'Argenteuil a fait longuement état d'une propension à citer les
passages qui tendent à appuyer son point de vue. Effectivement, c'est
souvent un travers auquel lui-même n'a pas pu échapper puisque,
pour démontrer la base de son argumentation, il a cité le rapport
minoritaire à la commission Angers. Il y a puisé ses citations et
n'a pas cité le rapport majoritaire de la commission Angers, tentant de
jeter un certain discrédit sur le rapport majoritaire en parlant d'une
composition fort discutable. Mais, évidemment, le rapport minoritaire de
deux personnes, lui, est évidemment un rapport nettement mieux
fondé en droit et en logique!
Effectivement, je pense que le député d'Argenteuil a
souligné avec justesse le danger, parfois, de vouloir trouver trop
d'appuis autour de soi en allant identifier des citations qui sont susceptibles
de donner appui à sa position, mais sans accorder beaucoup d'importance
aux citations qui seraient de nature à ne pas soutenir son point de vue.
Cela fait parfois partie de l'argumentation et on laisse aux opposants le soin
de chercher les arguments opposés. Je pense que cela fait partie du
débat, ce qui ne veut pas nécessairement dire qu'on ne
connaît pas ces citations en question et qu'on n'est pas capable de les
citer, mais disons qu'on va laisser l'opposant identifier lui-même les
sources et les utiliser, si nécessaire.
Je pense que le député d'Argenteuil a donné un bel
exemple de l'approche, puisqu'il s'est contenté de citer le rapport
minoritaire et de tenter de jeter le discrédit sur le rapport
majoritaire, de manière à mieux asseoir son argumentation. Je
pense qu'à ce moment il n'a de leçon à donner à
personne, puisqu'il utilise exactement le même procédé.
Quant aux deux critiques d'ordre général que je voudrais
relever, lorsque l'on parle d'un projet sans âme, je comprends un peu ce
que le député d'Argenteuil veut laisser entendre. En effet, on a
parfois eu, dans nos lois, tendance à vouloir introduire des
préambules, donner l'esprit du projet de loi et l'insérer
directement dans le projet de loi, plutôt que l'insérer dans le
débat qui entoure la présentation d'un projet de loi.
Je dois dire, d'une part, que tous les légistes sont maintenant
unanimes à nous recommander systématiquement d'éviter de
tomber dans le piège. En effet, il faut comprendre qu'un projet de loi
définit un cadre légal d'action gouvernementale. On recommande
donc de faire disparaître les préambules, les déclarations
de principe, car elles ne contribuent qu'à rendre
l'interprétation des lois beaucoup plus difficile.
En effet, le législateur n'est pas censé parler pour ne
rien dire et on pourrait donc vouloir donner un sens très précis
à une déclaration de préambule, lequel sens peut colorer
la loi et, effectivement, causer de très réels problèmes
d'interprétation et de désaccord quant au sens des lois
proprement dites. Donc, on a maintenant tendance à recommander
d'être clair, d'être précis, d'être limpide et,
à ce moment, on réduit d'autant les imprécisions de nos
lois qui rendent la contestation juridique trop fréquente.
On sait à quel point, d'ailleurs, nos sociétés
mettent énormément d'accent sur le juridisme. Je n'ai pas de
reproches à faire à nos collègues avocats, mais il est
quand même assez frappant de voir que beaucoup de pays dans le monde, par
exemple, ont nettement moins d'avocats per capita. Un bel exemple, c'est le
Japon qui, finalement, a fort peu d'avocats par habitant et a peut-être
beaucoup plus de scientifiques, d'ingénieurs et de professeurs par
habitant.
La tendance chez nous, c'est justement de rendre nos lois tellement
compliquées qu'il faut avoir recours à un très grand
nombre d'avocats pour tenter de les interpréter. Je pense que nos lois
gagnent à être bien précises, à s'en tenir au sujet
traité et à éviter ces grandes déclarations
fumeuses qui font plaisir à certains, mais qui rendent finalement
l'interprétation autrement difficile.
Également, un autre point a été soulevé,
à savoir que la loi parle des pouvoirs, mais fort peu des
responsabilités. Eh bien, à nouveau, je pense qu'il faut invoquer
une réponse du même type. En effet, il est important de parler des
pouvoirs, car, si l'État doit poser des gestes, il doit être
habilité. S'il n'est pas habilité, il ne peut pas poser des
gestes. Il est donc très important de définir
précisément quels sont les pouvoirs de manière à
encadrer les gestes que peut avoir à poser l'État.
Lorsqu'on parle de responsabilités, oui on peut parfois en
introduire dans les lois, mais attention, chaque fois que l'on introduit une
notion de responsabilité, il faut immédiatement garder à
l'esprit quels sont les effets juridiques que cela entraîne, quels sont
les effets budgétaires que cela entraîne et, si les effets que
cela entraîne excèdent, par exemple, ce que le Parlement peut
avoir voté comme crédits, à ce moment-là on ne peut
pas les mettre dans la loi. Il ne faut jamais mettre dans des lois des
responsabilités qui excèdent des capacités d'exercice de
ses responsabilités que pourrait avoir prévu, par exemple, la loi
sur les crédits. C'est en ce sens-là qu'il faut prendre garde et
en général s'opposer à l'introduction de
responsabilités diverses dans des lois qui pourraient
subséquemment être invoquées en cour pour forcer
l'État à poser un geste ou un autre, alors que le
législateur n'a pas déjà prévu les moyens de poser
de tels gestes puisqu'il n'a pas prévu de crédits pour permettre
de poser de tels gestes.
C'est donc en ce sens-là que je répondrais d'une
façon générale qu'il faut prendre garde de vouloir
définir des responsabilités de façon indépendante
de la façon habituelle qui consiste, lors de l'approbation des
crédits, à consentir des moyens pour remplir des
responsabilités. C'est beaucoup plus de façon annuelle, lorsque
chaque année nous évaluons quelles sont les ressources dont nous
disposons et décidons d'allouer ces ressources-là, c'est beaucoup
plus à ce moment-là que nous pouvons effectivement dégager
les moyens qui permettent à l'État d'assumer ses
responsabilités. Mais on ne peut pas définir en soi des
responsabilités qui pourraient avoir des répercussions
considérables sur des gestes qu'un gouvernement pourrait avoir à
poser sans en avoir les ressources. Et c'est là le danger de vouloir
introduire des concepts de responsabilité dans l'abstrait.
M. Ryan: M. le Président, il y a une chose que je veux
tirer au clair. Le ministre a répondu aux observations que j'ai faites
tantôt d'une manière complètement insatisfaisante. Il a
dit: Le député d'Argenteuil a cité la commission Angers,
mais il a cité des passages qui faisaient son affaire. Je vous prie de
corriger votre affirmation. J'ai reconnu explicitement et sans l'ombre d'un
doute qu'à la commission Angers, le comité chargé de ce
secteur-là avait recommandé la création d'un
ministère des universités...
M. Bérubé: C'est la constatation que vous
avez...
M. Ryan: Je ne suis pas obligé de le citer, j'ai reconnu
le fait. Je n'ai pas discuté et je n'ai jamais mis en doute un fait
clair. Dans ce cas-là, par conséquent, je ne voulais pas prendre
le temps de la commission. J'aurais pu prendre votre temps pendant deux heures,
mais mon admission était là clairement et franchement.
Après cela je vous dis: II y a des observations qu'il faut ajouter pour
nuancer l'impact de cette recommandation. Comme vous n'en aviez pas
parlé, j'ai dit: On va vous les donner. J'ai fait le travail de
n'importe quel homme public dans un cas comme celui-là.
En plus, je vous ai dit: Vous avez essayé d'annexer le Conseil
des universités. C'était l'essentiel de mon intervention ce
matin. Vous n'avez pas dit un mot en réplique, mais j'attends toujours
que vous nous disiez honnêtement et franchement: C'est vrai que je n'ai
pas cité les passages très importants où le Conseil des
universités dit qu'il n'émet pas d'avis là-dessus. Je
vous
demanderais de reconnaître cela franchement et simplement pour
éviter d'être induit en erreur comme on l'a été hier
et avant-hier par des remarques qui ont été faites.
M. Bérubé: Les citations que j'ai utilisées
touchant le Conseil des universités étaient ainsi faites qu'elles
faisaient ressortir le point suivant: II est exact que le Conseil des
universités ne s'est pas prononcé et n'a jamais jugé bon
de recommander au gouvernement une décision ferme concernant la
création du ministère, estimant sans doute qu'il s'agissait
là d'une décision politique qui n'était pas directement de
la compétence, peut-être, du Conseil des universités.
Néanmoins, ce que le Conseil des universités avait
mentionné - et c'était la citation à laquelle j'avais fait
référence - il avait dit que, oui, on pourrait effectivement
examiner une telle question et que ce n'était pas en soi matière
scandaleuse que d'envisager la possibilité de créer un
ministère de l'Enseignement supérieur. Mais il est exact de dire
que le Conseil des universités a refusé de se prononcer
formellement sur la création d'un tel ministère, se contentant
tout simplement de dire que cela ne choquait pas nécessairement
l'esprit. C'était la citation que j'avais utilisée.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ces échanges de
vues, je vais maintenant appeler l'article 1. (12 h 45)
Mme Dougherty: J'ai une question à poser. Est-ce que le
ministre a une réaction sur ma préoccupation du changement de la
nature du rôle du ministre de la Science et de la Technologie? Vous
n'avez pas réagi hier.
M. Bérubé: C'est exact et je m'excuse. Je voulais
d'ailleurs y réagir dans mon discours de réplique mais,
malheureusement, le temps m'a manqué et les rêves, sans doute,
m'ont emporté. Je n'ai pas eu le temps de couvrir tous les points
auxquels je voulais répondre.
En fait, vous verrez aux articles 9 et 10 que nous maintenons les
pouvoirs qui étaient prévus dans l'ancienne loi sur la science et
la technologie. Nous n'avons fait que reprendre la loi originale. Dans certains
cas, il y a remodelage de certains articles. Lorsque nous examinerons, par
exemple, les fonctions du ministre - je pense à 9.4 , 9.5 et 9.6 , on
pourrait aller... Nous en sommes, évidemment, à la discussion
article par article.
Par exemple, l'article 9.5 : "favoriser et coordonner le
développement et la diffusion de l'information, y compris l'information
scientifique"; l'article 10.4: "conseiller le gouvernement, les
ministères et les organismes et, le cas échéant, leur
faire des recommandations." C'est là que l'on reprend la mission
centrale du ministère de la Science et de la Technologie en ce qui a
trait aux politiques de développement scientifique et technologique.
Mme Dougherty: C'est le concept qui me gêne. Est-ce que,
dans votre esprit, on change la nature du rôle du ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie?
M. Bérubé: Les pouvoirs du ministre de la Science
et de la Technologie qui existaient dans l'ancienne loi sont reconduits dans la
nouvelle loi.
Mme Dougherty: Alors, je vais en soulever quelques-uns qui, je
trouve, sont disparus. On va discuter de cela mais c'est le concept qui me
gêne. Vous dites qu'il n'y a pas de changement dans l'esprit, dans la
nature des pouvoirs du ministre.
M. Bérubé: Exactement. Il faudrait que la loi,
telle que nous l'adopterions article par article, traduise bien cette
volonté de maintenir la mission qui était impartie au
ministère de la Science et de la Technologie, à
l'intérieur du nouveau ministère. Si vous trouvez que certains
articles sont de nature à être peut-être plus faibles dans
leur portée que des articles équivalents dans l'ancienne loi, je
pense que, à ce moment-là, il faudra effectivement, lors du
débat article par article, voir dans quelle mesure on peut les
étoffer. J'avais pris note de ce point dans votre intervention en
deuxième lecture.
Toutefois, comparant les anciens articles avec les nouveaux, il
m'apparaissait, sur la foi des avis que l'on m'avait fournis, que de tels
articles étaient finalement équivalents. Je pense que, dans la
discussion spécifique des articles, on pourra voir à ce qu'ils
soient bel et bien équivalents.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Donc, nous allons,
cette fois-ci pour de vrai, engager l'étude détaillée.
J'appelle l'article 1. M. le ministre.
Étude détaillée
Organisation du ministère
M. Bérubé: M le Président, tout ce qui yest dit, c'est que le ministère de l'Enseignement supérieur,
de la Science et de la Technologie est dirigé par le ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie
nommé en vertu de la Loi sur l'exécutif. Alors, tout ce que cela
fait, c'est introduire, comme dans toutes les lois, un responsable politique
à la tête du ministère.
M. Ryan: II y a un mot qui est source
de difficulté ici, c'est le mot "supérieur"...
M. Bérubé: Oui, j'avais cru le deviner.
M. Ryan: ...vous en êtes conscient comme moi, sans doute.
Pour toutes sortes de raisons, c'est de nature è créer des
malentendus ou à nourrir des complexes. Il y avait d'autres expressions
qui auraient pu être retenues pour qualifier le ministère. On
aurait pu, par exemple, retenir l'expression "ministère de
l'enseignement postsecondaire" qui est une expression assez largement
reçue au Canada et aux États-Unis maintenant. On aurait pu
retenir l'expression "l'enseignement... C'est un peu vieux, cela ne donne pas
grand-chose, cette source-là. C'est une parenthèse que je fais,
parce qu'on a emporté le rapport Angers. On aurait pu retenir
l'expression "l'enseignement collégial et universitaire", qui aurait
été beaucoup plus proche de nos habitudes de langage au
Québec, ici. J'aimerais savoir pourquoi on a
préféré l'expression "l'enseignement supérieur"
que, pour ma part, je ne vois pas avec une très grande sympathie. Mais,
sans en faire l'objet de représentations qui iraient jusqu'à la
présentation d'un amendement, j'aimerais savoir pourquoi on a choisi
cette expression. Dans la langue commune, en tout cas, je pense que ce n'est
pas la bonne expression.
M. Bérubé: D'abord, postsecondaire est
peut-être français, mais cela fait davantage partie de ce que
j'appellerais, non pas au sens péjoratif, mais en terme
général, du jargon anglo-saxon. On entend même, parfois, le
"postobligatoire"; cela fait également partie de ces traductions de
documents officiels. Et, à la blague, nous avions l'habitude de le
traduire par "postcom-pulsoire", pour vraiment garder l'esprit. En fait, nous
avons souvent tendance à aller chercher dans les langages anglo-saxons
des termes que nous traduisons directement. Or, le concept de postsecondaire
n'est pas un concept qui est courant dans la langue française et on
utilise beaucoup plus l'enseignement supérieur lorsque l'on parle,
effectivement, de l'enseignement universitaire et de l'enseignement
collégial qui y est apparenté.
C'est lourd. Le postsecondaire, le français l'utilise peu,
l'allemand davantage; mais le français utilise peu ces mots
composés de "post", de "pré". Cela alourdit la langue, alors que
l'expression "enseignement supérieur" est plus courante, en tous les
cas, dans la langue française. C'est uniquement pour des raisons, je
dirais, de sonorité, parce que je ne suis pas un linguiste. Je ne ferais
certainement pas de grande bataille pour savoir si "enseignement
postsecondaire" est bien français ou non. Mais il est clair qu'au Canada
anglais on utilise "postsecondary education". C'est l'expression courante. Tous
nos traducteurs officiels au gouvernement canadien traduisent cette expression
par "postsecondaire", parce que c'est, effectivement, une façon
d'accrocher les termes français le plus près possible des termes
anglais, de manière qu'on se retrouve. Sauf que vous n'entendez pas, en
France, parler d'enseignement postsecondaire. Le ministre de
l'Éducation, en France, je ne l'ai jamais entendu parler d'enseignement
postsecondaire. On va parler d'enseignement supérieur beaucoup plus
fréquemment.
C'est plus une question d'habitude de langue qu'une règle,
à mon avis, de linguistique absolue. Maintenant, on n'a pas d'avis,
à ma connaissance, sur cette terminologie.
M. Ryan: Évidemment, sur la terminologie, on pourrait
discuter longtemps. Comme vous le dites, en France, on ne parle pas de
l'enseignement de niveau secondaire; on parle des collèges et des
lycées, comme vous le savez.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Ryan: Je trouve que l'expression "postsecondaire" - je ne
partage pas vos appréhensions sur ce point - est parfaitement recevable
en français. Le mot "post" est un mot latin et, par conséquent,
pas de danger pour l'intégrité de la nation; c'est un mot latin,
qui appartient, comme héritage, aux deux communautés
linguistiques canadiennes, la communauté anglophone et la
communauté francophone. Il n'y absolument pas de loi qui interdit
à l'une ou l'autre de le faire. Le mot "secondaire", même s'il
n'est pas utilisé aussi couramment en France dans le sens où on
le fait ici, pour nous, est reçu partout; il n'y a pas de
problème là-dessus. On le définit de la même
manière partout. Comme vous dites que votre ministère va
embrasser tout ce qui va au-delà du secondaire, il me semble que
l'expression répond parfaitement. Et les soucis des puristes en ces
matières m'impressionnent fort peu; ils ne m'ont jamais
impressionné. Je me rappelle que... D'abord, on peut avoir autant
d'opinions de la part des puristes qu'il y a de soi-disant experts. À un
moment donné, il faut qu'on choisisse une expression en bonne
conscience, qui réponde, selon ce qu'on doit faire, à la
meilleure perception qu'on a de la réalité et à la
meilleure correspondance qu'elle a avec. L'expression "enseignement
supérieur", c'est parce que cela nourrit un vieux complexe que beaucoup
ont - cela ne me dérange pas - chez ceux qui oeuvrent dans le secteur
primaire et secondaire, qui n'est pas bon, qu'il faut déraciner; ce
complexe e3t peut-être encore plus développé chez ceux qui
oeuvrent dans le milieu universitaire et
collégial. Il faut les ramener à la réalité
en disant: Vous autres, c'est une étape différente, c'est
très bon. On ne remet pas en question, comme on dit, le principe du
projet de loi, sauf que l'autre expression est beaucoup plus terre à
terre, beaucoup plus fonctionnelle, pour revenir a la conception que vous
présentiez de l'art de faire des lois aujourd'hui.
M. Bérubé: C'est que si on devait suivre cette
logique, on aurait pu aussi parler du ministère de l'Éducation
"antécollégial". Voici un autre terme parfaitement
français et faisant appel également à un sbire quelconque
et qui n'est pas anglo-saxon, avec le terme "anté". Vous voyez que c'est
comme s'il existait une charnière. Je pense que le plus correct, c'est
le "postcompulsoire", dans la mesure où l'enseignement
"postcomplusoire", c'est l'enseignement qui n'est pas obligatoire.
Évidemment, on a un concept: il y a l'enseignement obligatoire et il y a
l'enseignement auquel on peut avoir recours lorsqu'on veut pousser plus loin
ses études.
Effectivement, dans les agences internationales, on ne traite pas de
l'enseignement postsecondaire car il n'a pas véritablement de sens. Il
existe un enseignement obligatoire ou non, cela, c'est logique, mais essayer de
faire de la charnière l'enseignement secondaire et l'enseignement
postsecondaire... D'abord, ce n'est pas tout à fait exact puisque toutes
les écoles de culture ne font pas partie de l'enseignement secondaire,
mais relèvent du ministre de l'Éducation, néanmoins. Donc,
on a un peu de difficultés, à ce moment, à faire un
partage. Il est exact de dire qu'essayer de parler d'enseignement
supérieur, cela pourrait laisser entendre un enseignement
inférieur. Donc, il y aurait deux sortes d'enseignement au
Québec. Il y aurait l'enseignement inférieur et l'enseignement
supérieur, ce qui choque, vous avez parfaitement raison.
Dire que l'enseignement, au Québec, est subdivisé de la
façon suivante: il y a l'enseignement primaire et secondaire et il y a
l'enseignement postsecondaire, c'est faire de l'enseignement secondaire une
sorte de charnière alors que ce niveau n'est pas plus charnière
qu'un autre niveau. Il n'est pas impossible que dans un certain nombre
d'années l'enseignement collégial soit obligatoire au
Québec, ne serait-ce qu'à cause de la progression continue des
exigences en matière d'éducation. À ce moment, pourquoi
est-ce que ce serait l'enseignement secondaire qui serait l'enseignement
charnière? On le voit mal.
Donc, personnellement, j'avais examiné l'idée des
"études avancées" qui est couramment utilisée en France,
mais à nouveau il faut prendre garde car les études
avancées se réfèrent davantage aux études de
maîtrise et de doctorat. Donc, ce n'était peut-être pas
à nouveau le bon terme. Je n'en ai pas trouvé de bon, mais celui
de postsecondaire ne me plaît pas parce qu'il introduit une espèce
de charnière autour de l'enseignement secondaire qui, à mon avis,
n'est pas la charnière qui est la base, finalement, de la prise de
décision.
Il y a le concept des études avancées ou des études
supérieures, si on veut, et on a toujours décrit les
études universitaires comme étant des études
supérieures.
M. Ryan: Quelles sont vos objections à l'utilisation de
l'expression "de l'enseignement collégial et universitaire"?
M. Bérubé: C'est la longueur. Je dois vous dire
que, personnellement... Cela ne paraît pas, mais nos concitoyens sont
tout mêlés. D'ailleurs, je pense que je n'ai pas été
présenté une seule fois correctement comme ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie.
Moi-même, je m'enfarge è peu près chaque fois que j'essaie
de le prononcer. Je me souviens qu'il y en avait un pire que cela. Il y avait
"les consommateurs, coopératives et institutions financières" ou
quelque chose comme cela. Je n'ai d'ailleurs jamais pu apprendre le terme.
Chaque fois qu'on allonge les termes... D'abord, essayons de voir ce que cela
donnerait: le ministère des Collèges, des Universités, de
la Science et de la Technologie, te MCUST, le MCUSTQ parce qu'il faudrait que
ce soit "du Québec" aussi. Ce sont des choses aussi bêtes que
cela. Alors, pour l'instant, c'est en anglais une expression qui va
certainement faire fureur, c'est le MESST.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ces discussions
laborieuses de sémantique et de vocabulaire, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures. Nous nous retrouverons à la salle 81,
salle Louis-Joseph-Papineau.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 20)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! La
commission de l'éducation et de la main-d'oeuvre reprend ses travaux et
l'étude détaillée du projet de loi 39. Nous en
étions à l'article 1 et aux discussions fort intéressantes
de vocabulaire. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, on a
essayé d'en discuter à midi. Le nom du ministère est
probablement l'élément de ce projet de loi qui me fatigue le
plus. Toutefois, malgré
le très grand nombre de discours publics que j'ai faits sur le
sujet en espérant qu'à un moment donné, à mon
ministère, l'étincelle jaillirait, sentant la
préoccupation ministérielle évidente, j'espérais
donc, mais en vain, parce que ce n'est effectivement pas si simple que cela
dans la mesure où on pense que l'aspect de la mission scientifique et
technologique du ministère doit être reconnue dans le titre. Dans
la mesure où on veut se référer quand même à
un niveau d'enseignement supérieur qui, dans notre tradition, a toujours
été rattaché à l'enseignement collégial et
universitaire, on a dû, finalement, se rabattre sur le ministère
de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie.
Nous trouvons que faire de l'enseignement secondaire une sorte de
charnière vitale en matière d'éducation, ce n'est pas
conforme à la réalité. Par conséquent, un petit peu
comme lorsque l'on fait une datation d'événements historiques -ce
qui s'est passé avant le Christ et ce qui s'est passé
après le Christ - je pense qu'on ne peut pas dire, dans le domaine de
l'éducation, tout ce qui est avant l'enseignement secondaire et tout ce
qui est après l'enseignement secondaire, comme si l'enseignement
secondaire était au centre de notre système d'éducation.
Ce n'est pas le cas.
On pourrait, certes, dire qu'il y a l'enseignement dit obligatoire et
l'enseignement dit libre, bien qu'à nouveau cela cause des
problèmes. C'est en général dans le monde la façon
de faire la distinction. On parle d'enseignement obligatoire et postobligatoire
et moi, pour me rapprocher encore davantage de l'anglicisme, j'aime bien
décrire cela comme étant le "postcompulsoire" pour être
encore plus près de l'esprit de ceux qui rédigent les termes.
Honnêtement, on est aussi bien de s'en tenir à la vieille
tradition québécoise. On sait ce qu'est l'enseignement
supérieur. Cela a toujours correspondu chez nous à une
réalité et, à ce moment-là, le ministère de
l'Enseignement supérieur a un mandat très clair. On sait à
quel niveau il s'adresse.
Donc, après avoir examiné le nom une fois de plus,
j'apprécie que l'Opposition ait attiré mon attention sur ce
problème de terminologie. J'espérais que l'Opposition allait
faire preuve d'une imagination sans bornes pour nous aider à trouver
quelque chose de très original mais, M. le Président, je dois
malheureusement dire qu'à cet égard l'originalité de
l'Opposition vaut la nôtre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je signale seulement pour information - je ne veux pas
prolonger la discussion là-dessus parce que j'ai peur que cela ne nous
mène nulle part - qu'en Ontario on a choisi purement et simplement
l'appellation suivante: ministère des Collèges et
Universités. Je crois qu'ils disent exactement ce qu'il en est, en tout
cas on a une idée assez claire de ce qu'il en est.
Je serais prêt à ce que vous demandiez le vote, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas-là
est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. J'appelle
l'article 2.
M. Ryan: Sur l'article 2, vu qu'il est question de la
première titulaire de la fonction, la personne qui sera appelée
au titre de sous-ministre, est-ce que le ministre pourrait déposer une
copie de l'organigramme du ministère pour qu'on ait cela devant nous
pour les discussions subséquentes?
M. Bérubé: Nous avons une proposition de plan
d'organisation supérieure du ministère qui vous donnerait
l'organigramme. Malheureusement, elle n'est pas encore approuvée puisque
le ministère n'est pas encore constitué non plus. Donc, pour
l'instant, tout ce que je pourrais vous fournir ce sont deux organigrammes,
l'un pour Science et Technologie et l'autre pour la partie Enseignement
supérieur du ministère de l'Éducation.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait les avoir maintenant? Pouvez-vous
nous les communiquer maintenant?
M. Bérubé: On va les faire venir.
M. Ryan: Alors, on pourrait peut-être, M. le
Président, passer aux autres articles, garder celui-là en suspens
et les adopter tous ensemble quand on aura eu ces informations.
M. Bérubé: Certainement, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Article
3.
M. Ryan: II n'y pas d'autre observation à propos de
l'article 3 que celle-là, sauf qu'on sera intéressé
à voir comment s'agencent les deux grandes fonctions du
ministère: science et technologie.
M. Bérubé: Vous n'aurez pas cela. M. Ryan:
Pardon?
M. Bérubé: Vous n'aurez pas cela. Écoutez,
si l'intention de l'Opposition, du
député d'Argenteuil plus précisément, est
d'avoir une perspective de l'organigramme du futur ministère, je n'en ai
pas. Tout ce que j'ai, c'est un plan d'organisation supérieure
proposé au Conseil du trésor et non encore adopté,
à ma connaissance. Alors, on vous donnerait, à la suite d'une
réponse de M. Limoges, la partie du plan d'organisation
supérieure déjà approuvée et j'imagine qu'on
pourrait vous mettre en pointillé les demandes faites au Conseil du
trésor. Mais, dans la mesure où les demandes faites au Conseil du
trésor ne sont pas approuvées à l'heure actuelle, on doit
donc tirer la conclusion que ce dernier veut, soit faire une analyse plus
ample, soit remettre en question la proposition qui lui a été
faite, ce qui me met dans une situation un peu délicate de
présenter au public un document qui, en pratique, appartient au Conseil
du trésor pour l'instant.
Mme Dougherty: Est-ce que je pourrais poser une question
là-dessus? On soumet l'organigramme au Conseil du trésor pour
obtenir son approbation de l'organigramme per se?
M. Bérubé: Exact.
Mme Dougherty: Pourquoi? Aux fins du budget, je comprends? Le
coût...
M. Bérubé: II y a deux raisons. Mme Dougherty:
Oui.
M. Bérubé: D'abord, pour déterminer
l'enveloppe budgétaire affectée à la
rémunération des cadres. Deuxièmement, pour permettre
d'obtenir cette enveloppe, il nous faut déterminer le rang, le niveau
des postes. En effet, ce qui caractérise le plan d'organisation
supérieure, c'est que le niveau de responsabilité et, donc, le
niveau de rémunération d'un cadre sont reliés directement
à l'organigramme, à la structure du ministère. De la
conception des responsabilités et des principaux services découle
le niveau de rémunération, contrairement, par exemple, à
des fonctions publiques comme la fonction publique européenne souvent -
française ou allemande, entre autres - où il existe des plans de
carrière qui sont individualisés. À ce moment-là,
il y a indépendance totale entre le rang d'un haut fonctionnaire cadre
et le poste qu'il occupe. On a vu, par exemple, à un moment donné
- et cela avait fait l'objet d'amusement, mais c'est ce que permet le
système - un ambassadeur ou un membre des Affaires
étrangères françaises nommé à Québec
au poste de consul. Il occupait dans la hiérarchie, en tant qu'individu,
un rang plus élevé que l'ambassadeur de France au Canada qui,
lui, normalement, a juridiction sur le consul. Alors, vous voyez la
difficulté que cela représentait. L'ambassadeur de France au
Canada était situé moins haut dans la hiérarchie des
Affaires étrangères en France que le consul établi ici
à Québec. Les systèmes français, allemand et
autrichien permettent ce type de comportement. La carrière d'un cadre,
d'un fonctionnaire dans l'administration est totalement indépendante du
poste qu'il occupe, alors que, dans notre système, qui est davantage
calqué sur les organigrammes de type américain, le rang que la
personne occupe dans la fonction publique est relié directement à
la position que la personne occupe dans la structure administrative. Le Conseil
du trésor doit donc exercer un certain contrôle.
Évidemment, la politique actuelle est de fournir de plus en plus
d'autonomie aux ministères pour permettre justement d'ajuster plus
facilement leurs organigrammes, leur donner la flexibilité; par
conséquent, le Conseil du trésor va donner de plus en plus
d'autonomie aux ministères dans la détermination des niveaux
avec, cependant, certaines contraintes. Il ne faut pas que la somme des niveaux
excède, par exemple, certains critères de
référence. C'est une nouvelle politique que le Conseil du
trésor met présentement en place, mais qui n'est pas en vigueur.
(15 h 30)
Mme Dougherty: Est-ce que cela veut dire qu'à l'heure
actuelle chaque fois qu'on change l'organigramme, il faut le soumettre au
Conseil du trésor?
M. Bérubé: Non. Pour les nouveaux
ministères, encore...
Mme Dougherty: Sauf s'il y a un changement de coûts.
M. Bérubé: C'est cela. Pour les nouveaux
ministères, oui, parce que, dans un nouveau ministère, il n'y a
pas de référence. Mais, pour un ancien ministère, on va
laisser au sous-ministre la responsabilité de l'organigramme, mais il
est contraint par son enveloppe budgétaire, ce qui fait que, s'il veut
hausser les niveaux de qualification de certains postes, il devra supprimer
d'autres postes. Dorénavant, un tel contrôle ne sera plus
exercé par le Conseil du trésor. Mais, pour l'instant, il l'est
dans notre cas.
M. Ryan: Je ne sais pas si la même remarque s'applique pour
3, 4 et 5. Je pense que pour l'article 2...
Le Président CM. Charbonneau): On va le suspendre.
M. Bérubé: II faut comprendre que vous n'aurez pas
la réponse.
M. Ryan: Et qu'est-ce qu'on va avoir?
M. Bérubé: Vous allez avoir l'organigramme du
ministère de l'Éducation, l'organigramme de Science et
Technologie. Nous pourrons vous dire également quelles sont les parties
d'organigrammes présentement acceptées pour le futur
ministère.
M. Ryan: En tout cas, je pense qu'on va être mieux
placé pour juger sur pièce. Quand on va avoir les pièces,
on va être plus en mesure de se prononcer.
Le Président (M. Charbonneau): Article 6.
M. Ryan: À l'article 6, justement, c'est une autre demande
qui se greffe è ce que nous avons requis tantôt. J'ai
remarqué, à ma surprise, qu'on avait envisagé le transfert
de 565 fonctionnaires du ministère de l'Éducation au
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie. Cela doit être interprété, je crois pouvoir
présumer, ou signifier qu'on avait au ministère de
l'Éducation 565 fonctionnaires qui, directement ou par implication, ont
été classés comme faisant un travail qui est
rattaché aux collèges et aux universités. Je trouve cela
considérable. J'aimerais bien que vous nous donniez des explications sur
ce que tout ce monde fait. Je ne sais pas si vous avez un document quelque
part, si vous avez des précisions à nous apporter. Il me semble
que pour diriger ce secteur, au niveau du gouvernement, à
première vue, cela m'apparaît considérable. Je n'ai pas de
données comparatives sur les autres.
M. Bérubé: L'aide financière en prend
beaucoup.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut avoir un "breakdown", une
répartition des effectifs?
M. Bérubé: Est-ce que cela vous conviendrait si
c'était une décomposition approximative, c'est-à-dire non
pas à l'unité près? Si vous me...
M. Ryan: Cela ne me dérange pas qu'il y ait une marge
d'erreur ou de variation de quelques unités dans chaque
catégorie. Cela ne me dérange pas. J'aimerais qu'on ait,
peut-être par les grandes fonctions, par les niveaux de
responsabilité également, une idée assez claire de ce
qu'est cette affaire.
M. Bérubé: Le député d'Argenteuil me
permettrait-il de présenter ici une réponse è une question
qu'il avait posée lors du débat de deuxième lecture? Il
s'était étonné de ce que le transfert des effectifs avait
présenté certaines difficultés entre le ministère
de l'Éducation et le nouveau ministère. Je ne lui
révélerai pas un secret d'État en lui expliquant qu'il y a
évidemment une partie des transferts qui s'est faite de façon
très simple. Par exemple, transférer les fonctionnaires du
ministère de l'Éducation qui s'occupaient d'aide
financière, les transférer au nouveau ministère ne posait
aucun problème. Transférer les fonctionnaires qui s'occupaient du
secteur des universités, aucun problème. Je vous dirais
même qu'au sujet de l'administration générale,
comptabilité, gestion du personnel, cela ne posait pas non plus beaucoup
de problèmes puisqu'il y avait déjà un ministère
autre qui recevait et qui avait donc déjà une infrastructure
minimale. Donc, cela nous permettait de consolider la mission relativement avec
peu d'effectifs. Le transfert à ce niveau ne posait pas vraiment de
problème.
Mais, dans les sections de la planification et de la recherche,
c'était beaucoup plus compliqué. La vérité c'est
qu'au ministère de l'Éducation on a invoqué,
peut-être comme argument central, que dans le fond il n'y avait à
peu près pas de ressources qui servaient à l'enseignement
supérieur et que tout était consacré à
l'enseignement primaire et secondaire et que, par conséquent, il n'y
avait pas lieu d'en transférer. Évidemment, nous pouvions plaider
que, compte tenu de l'importance de nos budgets, il était normal qu'on
transfère également des effectifs au niveau de la planification.
On a finalement arbitré. On s'est finalement entendu d'une façon
satisfaisante, mais cela répond cependant à une interrogation du
député d'Argenteuil. La vérité, elle est
probablement la suivante. Le ministère de l'Éducation,
effectivement, ne consacrait pas beaucoup de ressources à la
planification et au développement des études universitaires et
collégiales. Une des plaintes que j'ai régulièrement
entendues au ministère, c'était l'insuffisance des ressources
pour répondre aux besoins du réseau et il était admis par
l'ensemble du ministère qu'effectivement... Je vous dirais que vu
l'importance du réseau primaire-secondaire et surtout l'acuité
des problèmes politiques, dans les rondes de négociations que
j'ai vécues, c'est le primaire-secondaire qui détermine les
patrons. Le collégial suivait. Essayer d'imaginer une stratégie
propre au collégial dans un contexte où le primaire-secondaire
était en cause était presque inimaginable, car ouvrir un coin
dans le patron de négociation avec le collégial, c'était
automatiquement s'exposer à avoir la même demande au
primaire-secondaire et, là, c'était automatiquement devoir
s'exposer à des coûts nettement plus importants puisque,
évidemment, la masse d'enseignants au niveau primaire-secondaire
était beaucoup plus élevée. Ce qui fait que les patrons
de
négociation étaient définis pour le primaire et le
secondaire sans égard aux besoins du collégial, à titre
d'exemple, et, comme les besoins en termes de pédagogie sont beaucoup
plus criants au niveau du primaire-secondaire - les problématiques sont
beaucoup plus urgentes, les masses d'étudiants beaucoup plus
importantes, le nombre d'intervenants beaucoup plus important - la
conséquence, c'est que, chaque fois qu'il y avait un problème,
toutes les ressources humaines étaient canalisées dans le secteur
du primaire-secondaire et évidemment, sachant que c'était
l'urgence politique, le ministre disait: Allez-y, parce que c'est là que
cela presse. C'est là que je me fais enguirlander. C'est là
qu'est la pression. Ce qui fait qu'effectivement les ressources humaines au
niveau de la planification dans le secteur collégial et universitaire
étaient très faibles.
Nous avons évidemment plaidé que nous ne devions pas
avaliser une situation historique qui naissait de la coexistence du
primaire-secondaire avec l'enseignement supérieur et qu'on devait
profiter de la création du ministère pour corriger certaines
injustices qui remontent à loin, mais nous dirons cependant que nous
avons fait un certain nombre de compromis pour faciliter les transferts. Mais
je vous dirais que cela a plutôt contribué à
démontrer l'intérêt qu'il y avait à dissocier
collégial et universitaire de primaire-secondaire. C'est une
réalité vécue au sein du ministère dont je vous
fait part.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Ryan: Même remarque pour celui-ci.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, nous allons
suspendre.
M. Ryan: Vous allez nous donner cela également pour la
science et la technologie. Pardon?
M. Bérubé: C'est toujours la même
formule.
M. Ryan: Oui? Si on pouvait avoir l'autre volet également,
parce que je n'étais pas là quand on a étudié les
crédits du ministère de la Science et de la Technologie à
la commission de l'économie et du travail.
M. Bérubé: L'aide financière, c'est le
premier secteur. Pour le collégial - parce que nous avons quand
même plus directement le contrôle sur les programmes et le
financement du collégial qui est le deuxième secteur - on va
retrouver beaucoup de gens et on en trouvera très peu aux
universités. On va en trouver un certain nombre, environ 60 à 80,
au ministère de la Science et de la
Technologie.
M. Ryan: Est-ce qu'il y a eu beaucoup de fusions de personnel qui
était au ministère de la Science et de la Technologie et de
personnel venu du ministère de l'Éducation ou si ces personnels
ont été réunis sous un même toit, mais continuant
d'avoir une existence assez distincte?
M. Bérubé: Pour l'instant, nous procédons en
bonne partie par entente administrative. Par exemple, on fait appel à
des services du ministère de l'Éducation en termes de
communication, mais on pourrait peut-être vous présenter comment
on est en voie - pas le ministère des Communications, mais le
ministère de l'Éducation, Direction des communications -
d'identifier graduellement des employés du ministère de
l'Éducation qui vont venir... Mon sous-ministre pourrait peut-être
vous répondre, je pense que cela serait beaucoup plus simple.
Le Président (M. Charbonneau): II faudrait qu'il
s'approche à la table pour que ses propos puissent être
enregistrés au Journal des débats.
Le Secrétaire: Voulez-vous vous identifier?
M. Limoges (Camille): Oui, Camille Limoges. En ce qui a trait
à la jonction qui a été faite, le ministère de la
Science et de la Technologie est traité comme un secteur à
l'intérieur du ministère global. Les personnes qui se trouvent
dans ce secteur sont celles qui s'y trouvaient déjà. Il n'y a pas
eu de transfert de personnel entre l'enseignement supérieur, l'aide
financière aux étudiants et la science-technologie. Cependant,
dans des unités de service, au ministère, dans les directions
administratives et dans les unités de superstructures, comme par exemple
la Direction des relations extérieures et de la coopération
internationale ou le secrétariat du ministère, là, il y a
eu effectivement fusion des effectifs provenant...
M. Bérubé: Communications, entre autres.
M. Limoges: ...de l'Éducation, à la Direction des
communications, également, la Direction du personnel...
M. Ryan: C'est plutôt, jusqu'à maintenant, une
juxtaposition.
M. Bérubé: Sauf pour les services centraux.
M. Limoges: Les missions sont très différentes.
M. Ryan: Sauf pour les services centraux, ils sont très
limités.
M. Limoges: C'est cela. M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Est-ce votre intention de garder cela ainsi ou
envisagez-vous des fusions plus...
M. Bérubé: Non. Je ne réalisais pas que
l'opération fusion était absolument complétée.
L'opération fusion ne touche que les services centraux: donc,
comptabilité, personnel, communications. Combien peut-il y avoir de
personnes là-dedans? On va avoir les chiffres. Mais combien y en
avait-il avant?
M. Limoges: Avant, en science-technologie, il y avait de dix
à douze personnes.
M. Bérubé: De dix à douze personnes. Et
maintenant on passe à 100.
M. Limoges: Largement au-delà.
M. Bérubé: Science-technologie pouvait en avoir une
dizaine dans ses services centraux, maintenant il y en a 100 qui sont tous du
personnel provenant de l'Éducation et qui voient maintenant leur mission
centrée sur le collégial. Antérieurement, ces 90 personnes
- on parle toujours en arrondissant les chiffres - oeuvraient au sein du
ministère de l'Éducation, indifféremment pour le
collégial, l'universitaire, le primaire ou le secondaire. On faisait des
communications au ministère de l'Éducation. Il y a donc, en gros,
sur l'ensemble du ministère, 90 personnes qui quittent les services
centraux de l'Éducation pour se joindre aux services centraux du
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie. Donc, en gros, il y a 90 personnes qui sont affectées par
la fusion.
Le Président (M. Charbonneau): Ça va?
Donc, même remarque? L'article 6 est suspendu.
M. Ryan: Avant qu'on prenne le vote sur cela, j'aimerais que,
quand nous aurons reçu ces pièces, nous ayons le temps de les
regarder un peu et d'y revenir un peu plus tard pour disposer de tout cela.
Ça va?
Le Président (M. Charbonneau): On ne prend pas le vote
maintenant?
M. Ryan: Tout cela se tient ensemble.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 6 étant
suspendu, j'appelle maintenant l'article 7.
Fonctions et pouvoirs du ministre
M. Ryan: À l'article 7, M. le Président, à
moins que le ministre ait quelque chose à dire au départ...
M. Bérubé: Non, M. le Président. L'article
précise tout simplement les champs, c'est-à-dire l'enseignement
de niveau universitaire, de niveau collégial. Je pense que je n'ai pas
autre chose à dire. L'article coule de source. J'ai beau le lire et le
relire, évidemment j'ai des commentaires où je pourrais
élaborer, mais ce n'est pas la peine.
M. Ryan: Nous avons quelques observations à faire à
ce sujet. Cela se rattache à des choses que j'ai dites ce matin à
l'ouverture du débat, sur le caractère trop technocratique du
projet de loi, selon notre jugement. Nous trouvons que le projet de loi est, en
quelque sorte, indifférent. On ne sait pas exactement dans quelle voie
on veut aller, il n'y a pas d'idéal de proposé nulle part, il n'y
a pas du tout d'indication de finalité. On avait déjà eu
ce débat, M. le ministre, je m'en souviens très bien, à
propos de l'étude avortée... (15 h 45)
M. French: Excusez-moi, M. le député d'Argenteuil,
mais de ce côté-ci de la table on n'entend rien du tout ni du
ministre ni... II n'y a pas de haut-parleur, d'ailleurs.
M. Ryan: Le système ne fonctionne pas. Oui, il fonctionne,
mais nous étions trop loin de nos micros.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va?
M. French: C'est juste qu'il y avait des conversations de part et
d'autre et je n'entendais pas.
M. Ryan: Merci. Je m'excuse auprès du député
de Westmount de lui avoir fait manquer ces échanges de vues qui
étaient seulement introductives, je veux l'en assurer. J'ai compris, il
n'avait pas commencé?
Une voix: ...
M. Ryan: Ah bon! Je pensais que vous disiez qu'il n'avait pas
commencé encore.
Nous trouvons que c'est un petit peu trop sec pour décrire ce que
le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie sera appelé à faire. Pour compléter ce qui est
la, nous n'avons pas d'objection aux deux alinéas qui se trouvent... Je
ne sais pas si on dérange le ministre et ses collaborateurs. On peut
peut-
être...
M. Bérubé: Je pourrais vous le remettre à la
condition que vous le considériez comme étant une structure
administrative supérieure proposée.
M. Ryan: On va l'examiner un petit peu plus tard, comme on le
disait tantôt, quand on aura eu un petit moment pour se retrouver; on
sera en mesure de revenir là-dessus.
À propos de l'article 7, je disais que ce qui est contenu dans
les deux alinéas que nous trouvons dans le projet de loi ne
soulève pas d'objections de notre part sauf, évidemment, les
objections fondamentales qui resteront prégnantes dans à peu
près tous les échanges que nous allons avoir et qui vont nous
conduire è voter sur division dans à peu près la
totalité des cas.
Il y a une lacune qu'on devrait corriger à mon point de vue. Je
pense qu'on devrait indiquer plus clairement ce que seront les
responsabilités du ministre envers la collectivité
québécoise. Dans cet esprit-là, je voudrais déposer
un projet d'amendement que je vais vous communiquer maintenant, M. le
Président, pour que tout le monde en ait connaissance et que nous
puissions discuter sur la base d'un texte, évidemment. Est-ce que vous
pouvez en faire tirer des copies, M. le Président?
M. Bérubé: Si l'amendement n'est pas confidentiel,
ce serait utile, M. le Président.
M. Ryan: On le donne au président et il fait son
ouvrage.
M. Bérubé: Faire son ouvrage, c'est beaucoup dire,
il est souvent en retard ce président, M. le Président.
M. Ryan: Avec les périodes de repos que nous lui
avons...
Le Président (M. Charbonneau): Un instantl Un instant! Si
c'est enregistré au Journal des débats, je vous rappellerais, M.
le ministre, que vous avez été en retard, bien après
moi.
M. Ryan: Merci du compliment indirect que vous faites tous deux
à l'Opposition.
Le Président (M. Charbonneau): Nous devons
reconnaître que vous étiez à l'heure.
M. Ryan: Je ne sais pas si le ministre a une copie du projet
d'amendement devant lui. Les collègues, vous allez le recevoir
tantôt, je m'excuse auprès de vous. Avec les nouvelles
photocopieuses que nous avons dans nos bureaux, on tire des copies en nombre
restreint. On avait un meilleur service quand c'était un service commun
sur tout l'étage, mais il y en a qui ont décidé, dans leur
sagesse rationalisatrice, qu'ils étaient pour dépenser plus
d'argent pour un résultat plus problématique.
M. Bérubé: M. le Président, comme
ex-président du Conseil du trésor, je dois dire que
l'Assemblée nationale échappe à l'autorité du
Conseil du trésor.
M. Ryan: Je sais bien, je sais bien. Je ne vous visais pas du
tout cette fois-ci. On voulait presque nous imposer des ordinateurs. Je
comprends qu'il y avait un stock de surplus en provenance d'une certaine
commande mais les députés ont refusé et je pense qu'ils
ont bien fait.
Selon l'amendement que nous proposons, le ministre aurait les
responsabilités suivantes. Les deux premiers alinéas restent
là, évidemment, et après le deuxième alinéa
nous ajouterions ceci: "Le ministre a la responsabilité: 1. de
contribuer, par le développement de la recherche scientifique et de
l'enseignement de niveau postsecondaire, dans toutes les branches du savoir,
à l'élévation du niveau scientifique, culturel et
professionnel de la population québécoise et des personnes qui la
composent; 2. de promouvoir la réduction des inégalités
sociales et culturelles et la réalisation de l'égalité
entre les hommes et les femmes en assurant à toutes celles et à
tous ceux qui en ont la volonté et l'aptitude l'accès aux formes
les plus élevées du savoir, de la culture et de la recherche; 3.
de contribuer à la croissance régionale et nationale par le
développement de l'enseignement supérieur et de la recherche
scientifique; 4. de promouvoir l'harmonisation de l'activité
scientifique et technologique, de l'enseignement postsecondaire et de la
recherche avec l'ensemble des politiques gouvernementales de
développement et avec les besoins économiques, sociaux et
culturels de la société québécoise."
L'amendement parle par lui-même. Il se dispense d'explications
interminables. Le premier sous-alinéa indique que le but que l'on
poursuit par la création d'un ministère qui s'occupera
spécialement de la promotion de l'enseignement de niveau postsecondaire
et de la recherche vise à rehausser le niveau scientifique, culturel et
professionnel de la population québécoise et des personnes qui la
composent.
Deuxièmement, nous inscririons dans la loi l'obligation qui est
faite au ministre de promouvoir la réduction des
inégalités sociales et culturelles, la réalisation de
l'égalité entre les hommes et les femmes en assurant à
tous ceux et celles qui en ont la volonté et l'aptitude l'accès
aux formes les plus élevées du savoir, de la culture et de la
recherche. Cela s'impose, parce que, malgré
les progrès énormes que nous avons accomplis depuis 20 ans
et sur lesquels nous sommes largement d'accord quand à la dimension
numérique qu'ils revêtent, nous constatons qu'il existe encore de
très nombreuses inégalités dans l'accès à
l'enseignement supérieur, à la culture, à la recherche.
Nous trouvons que, si c'était indiqué clairement que c'est l'une
des responsabilités du ministre chargé de ce secteur
d'activité, ce serait un rappel permanent pour lui, pour ses
collègues du gouvernement, pour les membres de la députation,
pour ses fonctionnaires aussi, de même que pour la population en
général. Aussi pour les universités dont certaines se sont
vu accuser par le ministre, hier, d'avoir pratiqué des politiques
d'admission malthusiennes au cours des dernières années. Ce
serait un rappel permanent d'un objectif inscrit au coeur de toute
l'évolution que nous avons voulu faire ensemble dans la
société québécoise au cours des dernières
années...
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président. Je regardais le sourire un peu perplexe du
député de Sauvé quand le député d'Argenteuil
a parlé de politiques malthusiennes. J'ai compris que le
député de Sauvé ne savait pas vraiment de quoi son
collègue parlait. Est-ce qu'on pourrait demander au député
d'Argenteuil d'expliquer au député de Sauvé exactement le
sens de ses propos?
Le Président (M. Charbonneau): Je ne pense pas que cela
contribue à faire avancer le débat, M. le ministre.
M. Ryan: C'est peut-être une manière pour le
ministre de dire que lui-même n'a pas compris. On peut le lui expliquer,
s'il le veut.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ryan: J'ai de très bons rapports avec le
député de Sauvé, qui est mon compagnon de voyage la nuit
entre Québec et Montréal. J'aurai tout le temps voulu...
M. Bérubé: Vous, vous parlez, et lui, il dort.
M. Ryan: Mais nous, nous ne rêvons pas, nous conversons. Je
vous avertis qu'il a une résistance au sommeil plus dure que la
mienne.
Alors, de ce côté-ci, je pense que le ministre sait
très bien à quoi je faisais allusion - blague à part - il
l'a dit lui-même, hier, en toutes lettres, quand il a parlé de
politiques de prélèvement au chapitre des nouvelles admissions.
Cela me paraît une chose... Il me semble que si on part d'ici avec un peu
de souffle dans le coeur et un peu d'inspiration dans les textes qu'on aura
adoptés... Quand on retourne chez nous, on nous demande: Qu'est-ce que
tu as fait au cours de la dernière session? Moi, je vais dans le village
de... Disons que je m'en vais à Arundel ou à Huberdeau, qui sont
des villages remarquablement intéressants. Les gens me disent: Qu'est-ce
que vous avez fait cette semaine, M. Ryan? Vous avez l'air fatigué. Je
ne leur dis pas que j'ai travaillé avec M. Bérubé toute la
semaine-Une voix: Ils vont comprendre.
M. Ryan: ...parce qu'ils ne le connaissent pas là-bas.
Mais j'aimerais pouvoir leur dire que nous nous sommes entendus pour
créer un ministère qui va avoir comme l'un de ses objectifs de
faire en sorte qu'il y aura plus de jeunes de ces régions qui auront
accès à l'enseignement collégial et universitaire dans
l'avenir. Pour les gens qui vivent dans des communautés comme
celle-là, le cégep c'est bien loin. Pour ceux qui sont dans le
comté d'Argenteuil, le cégep le plus près est situé
à Saint-Jérôme. Si vous allez du côté de
Pointe-au-Chêne, à l'ouest du comté, à 25 milles
à l'ouest de Lachute, cela veut dire que le cégep est à 50
milles de chez eux, soit 80 kilomètres. Par conséquent, cela leur
paraît quelque chose qui ne sera jamais accessible pour leurs enfants.
Si, moi, je peux leur dire: On a travaillé pour vous et on a un
ministère sur lequel on n'était pas d'accord sur la structure...
On ne se battra pas sur la structure jusqu'à la fin des temps. On va
avoir un ministère qui... C'est l'une des responsabilités du
ministre. Ce n'est pas seulement d'avoir des dîners avec les recteurs et
les syndicats de professeurs. C'est de leur dire: Qu'est-ce qu'on fait pour les
jeunes? C'est ce point qu'on veut inscrire dans la loi en proposant cette
modification.
Un troisième point. Je pense que nous sommes tous d'accord pour
considérer que les collèges et les universités doivent
contribuer, de diverses manières, à la croissance collective de
leur région respective, à la croissance collective du
Québec également. Nous croyons que le développement de
l'enseignement supérieur contribue au développement
économique, social et culturel du Québec dans l'ensemble. Nous
avons eu un exemple de ceci récemment auquel le ministre a
collaboré. Quand la compagnie Bell Helicopter a décidé de
s'implanter à Mirabel, dans le comté d'Argenteuil, tout de suite,
il y a des agents économiques, sociaux et éducatifs de la
région qui se sont réunis pour se demander quelle structure
d'accueil pourrait être aménagée afin de faciliter au
maximum l'intégration de cette entreprise dans la région. Une des
recommandations auxquelles nous en sommes venus assez rapidement, c'est que la
création d'un
département de matériaux composites au cégep de
Saint-Jérôme pourrait être extrêmement utile.
L'inauguration d'un cours de matériaux composites, avec tout ce que cela
comporte de laboratoires et d'expérimentation, pourrait être
très utile.
Quand le ministère a consenti à ce développement
à l'intérieur du cégep de Saint-Jérôme, nous
étions très heureux, et voici un exemple concret d'une
contribution que le cégep de la région va apporter au
développement industriel et économique de cette région.
Dans la région, un peu plus bas, mais c'est très proche de la
partie sud du comté d'Argenteuil, on a créé, au
cégep de Sainte-Thérèse, à Lionel-Groulx, un
institut d'ordinique. C'est un des centres spécialisés qu'on a
institués au cours de la dernière année. Nous sommes
très heureux de cela. Voici une autre mesure qui va contribuer
directement au développement économique et social. Par
conséquent, je pense que je n'ai pas à étayer longuement
la proposition sous-jacente au troisième alinéa de l'amendement.
Nous voulons qu'il soit inscrit clairement que le ministre, par la
régence qu'il va exercer sur l'ensemble du système
éducatif de niveau postsecondaire et sur l'activité dans le
domaine de la science et de la technologie, aura la responsabilité de
contribuer à la croissance régionale et nationale par le
développement, etc.
Quatrièmement, de promouvoir l'harmonisation de l'activité
scientifique et technologique de l'enseignement postsecondaire et de la
recherche avec l'ensemble des politiques gouvernementales de
développement et avec les besoins économiques, sociaux et
culturels de la société québécoise. Ceci est
emprunté assez directement d'un article qui est déjà
contenu dans le projet de loi; je crois que c'est l'article 9.2 . On a
regardé ce qui était ici. On a trouvé que c'était
classé dans un ordre qui obéit sans doute à une certaine
logique qui, parce qu'elle n'était pas définie clairement,
échappait à notre entendement dans une certaine mesure. La
mission d'harmonisation qui est confiée au ministre est très
importante. Nous en reconnaissons l'importance capitale. Harmonisation avec
l'ensemble des politiques gouvernementales dans le secteur de
l'éducation, cela va de soi, l'ensemble des politiques gouvernementales
en matière de développement. Également, par-delà
même les politiques gouvernementales, en harmonisation avec les besoins
économiques, sociaux et culturels de la population. Il peut arriver que
le système d'enseignement ait comme mission de devancer l'ensemble de
l'appareil gouvernemental dans la réponse à certains besoins de
la population. C'est sa mission d'être à l'avant-garde. Il n'est
pas obligé d'attendre que tout le gouvernement se soit prononcé
pour faire un bon nombre de choses qui relèvent de sa compétence
normale.
Tout cela ensemble nous apparaîtrait une synthèse qui nous
permette de dire: Même si nous n'étions pas d'accord avec les
structures supérieures, les superstructures, au moins, sur le fond, il y
a un accord profond qui s'est créé entre nous et, de ce point de
vue, on marche dans cette direction. On est d'accord avec cela. C'est le sens
de l'amendement que nous proposons, qui ne va pas du tout contre le principe
qui a été adopté en deuxième lecture. Bien au
contraire, nous voulons le croire.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bérubé: S'il s'agit de plaider la
recevabilité, M. le Président, je vous dirai que oui parce qu'il
m'apparaît recevable.
Le Président (M. Bordeleau): Je ne sais pas si le
président... C'est l'impression que j'avais. Je pense que c'est
recevable. Il s'agit de voir maintenant si vous êtes d'accord ou non. (16
heures)
M. Bérubé: II pose de sérieux
problèmes dont on a longuement discuté puisque ce sont des
problèmes de principe qui ont été soulevés lorsque
nous avons débattu de la loi 3, par exemple.
Décortiquons cette proposition d'amendement en ses
éléments et examinons les remarques que nous pourrions faire.
Prenons, par exemple, l'alinéa 1 de l'amendement. On dit: contribuer,
par le développement de la recherche scientifique et de l'enseignement
de niveau postsecondaire, dans toutes les branches du savoir, à
l'élévation du niveau scientifique, culturel et professionnel...
Ce que l'on qualifiera d'élévation est certainement sujet
à évaluation subjective. D'aucuns pourront estimer que certaines
politiques en matière d'éducation rabaissent le niveau
scientifique, culturel et professionnel de la population. Il pourra y avoir de
très longs débats, à savoir si ce que l'État
décide est de nature à hausser ou à ne pas hausser, et
même à rabaisser le niveau. Il y a donc matière à
interprétation subjective des gestes posés par le gouvernement
à la lumière de cette deuxième partie de
l'alinéa.
Examinons également si ce premier alinéa ajoute par
rapport à l'article 7. Nous disons, dans l'article 7, que le ministre
exerce ses fonctions dans le domaine de l'enseignement de niveau universitaire
et de niveau collégial - voilà qui est très clair -et
également dans les domaines de la recherche. Donc, à nouveau, on
retrouve mention, dans l'alinéa proposé par le
député d'Argenteuil, du champ de la recherche, de l'enseignement
de niveau postsecondaire,
d'une part. Donc, on voit qu'on couvre bien les mêmes
domaines.
Lorsqu'on examine l'article 9, alinéa 1 du projet de loi, on dit
que les fonctions du ministre consistent à élaborer et à
mettre en oeuvre des programmes de promotion et de développement. Donc,
si j'ajoute l'article 7 et l'article 9, je constate que, dans le présent
projet de loi, il est clair que dans le domaine de la recherche et de
l'enseignement supérieur le ministre a comme fonction de mettre en
oeuvre les programmes de développement. Si je compare avec: de
contribuer par le développement, etc., on voit que je viens de dire la
même chose, sauf que j'en dis plus. Je dois contribuer à
l'élévation du niveau scientifique. Alors, voilà une belle
déclaration de principe qui ne dit pas cependant ce qu'elle implique
puisqu'on pourra avoir n'importe laquelle interprétation de ce qui
constitue une élévation. On a même vu, à certains
moments, en Chine, affirmer que certains gestes posés par
l'université faisaient reculer la société. On se rend bien
compte qu'on peut interpréter de façons bien diverses les gestes
que l'on pose qui, tantôt, nous apparaîtront favorables et
tantôt ne nous apparaîtront plus favorables. Comme il n'est pas dit
ici comment on va élever et dans quel sens il faut aller, il s'agit donc
d'une affirmation qu'il est très difficile de mettre concrètement
en application.
Prenons maintenant le deuxième alinéa: promouvoir la
réduction des inégalités sociales et culturelles.
Soulignons qu'existe une charte des droits et que cette charte des droits
impose au gouvernement, dans tous ses gestes, l'atteinte de cet objectif. Donc,
cette première partie de l'alinéa 2 est redondante.
Prenons la deuxième partie de l'alinéa 2: en assurant
à toutes celles et à tous ceux qui en ont la volonté et
l'aptitude l'accès... Voilà une obligation contraignante. En
effet, il se pourrait très bien que notre société
décide l'année prochaine que la priorité sur le plan
budgétaire n'est peut-être pas d'accroître davantage
l'accès aux études supérieures, compte tenu du niveau
déjà atteint, mais de dégager davantage de ressources, par
exemple, pour améliorer la qualité du système, nous
procurer davantage d'équipements scientifiques. À titre
d'exemple, le rapport Bove, en Ontario, vient de recommander que l'on
établisse des balises pour les variations de clientèles de
manière à permettre à certaines universités qui
veulent améliorer la qualité du système de réduire
même les inscriptions, donc de réduire l'accessibilité,
pour dégager des ressources qui vont servir à améliorer la
qualité du système. Un tel article de loi ne donnerait pas cette
flexibilité s'il est, de nature, contraignant et, s'il n'est pas, de
nature, contraignant, à ce moment-là, aussi bien
l'éviter.
Troisième alinéa: de contribuer à la croissance
régionale et nationale par le développement de l'enseignement
supérieur et de la recherche scientifique. Bien, soulignons que
l'article 9.2° en traite un peu, c'est l'harmonisation des activités
avec l'ensemble des politiques gouvernementales et les besoins
économiques, sociaux et culturels. Je vais essayer de retrouver
l'article 9.2°. De contribuer à la croissance régionale... Il
n'y a pas de référence à la croissance économique.
Toutefois, la finalité de croissance régionale et nationale,
reconnaissons qu'elle n'apparaît pas. Je pense que ça c'est un
élément pour l'instant.
On pourrait ôter 3, parce que les deux dernières lignes de
3 sont de toute évidence couvertes par les articles 7 et 9.1°.
Toutefois, la première ligne de 3, je reconnais qu'il n'y a pas de
référence nulle part à une contribution explicite à
la croissance régionale et nationale autrement que par contribution
à l'harmonisation des politiques gouvernementales, ce qui est d'ailleurs
couvert. Si vous regardez l'alinéa 4 de l'amendement qui est
proposé, celui-ci est absolument redondant avec l'article 9.2° du
présent projet de loi. Donc 4 peut être rejeté en vertu de
9.2° et 1 et 2 devraient être rejetés en vertu des arguments
invoqués; reste la contribution à la croissance régionale
et nationale. On me souffle à l'oreille de façon totalement
anonyme que c'est redondant, évident et inutile et on me dit en plus de
cela qu'on est poli.
M. Ryan: Franchement!
M. Bérubé: Non, je viens de...
M. Ryan: On sait très bien que cela peut venir de lui, par
exemple. Soyez tranquille.
Le Président (M. Bordeleau): Vous connaissez ses
capacités.
M. Ryan: On connaît ses capacités dans le secteur de
l'arrogance.
M. Bérubé: Mais la contribution... Ah, ça,
elle ne le cède qu'à celle du député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Surtout n'allez pas à cette école,
madame.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous me permettez,
peut-être un à la fois. D'abord, M. le ministre, est-ce que vous
avez terminé?
M. Bérubé: Pour contribuer à la croissance
régionale et nationale. Écoutez! En fait, l'argument qui
resterait, finalement,
c'est que c'est bizarre d'introduire dans l'économie de la loi,
telle qu'elle est structurée, subitement, un objet qui est la
contribution à la croissance régionale et nationale, ce qui va de
soi et apparaîtrait comme une "cerise sur le sundae", mais,
malheureusement, ayant oublié de mettre le "sundae" en dessous.
C'est-à-dire qu'on serait pris avec une espèce d'objectif pris
isolément. On se demande pourquoi il apparaît subitement et on
peut se demander pourquoi il n'y a pas d'autres objectifs. Est-ce qu'on ne
devrait pas avoir des objectifs plus vastes? On revient à un
débat dont le député d'Argenteuil se souviendra. C'est
qu'à partir du moment où on se met à définir des
objectifs il faut être sûr qu'on les a tous couverts, car les
objectifs que l'on ne couvre pas, effectivement... Le parlementaire n'est pas
censé rédiger des lois pour ne rien dire.
Si nous ne traitons pas d'un objectif, c'est parce que nous ne voulons
pas qu'il soit couvert, alors que dans la loi, telle que rédigée,
il va de soi que nous voulons contribuer au développement
économique, nous voulons contribuer à l'éducation de nos
concitoyens, nous voulons contribuer, dans le fond, au progrès de
l'humanité.
M. Ryan: Regardez, ce qui me frappe dans la loi, comme elle est
rédigée, c'est qu'on confond les fins et les moyens. Il me semble
que c'est important d'avoir une vision nette des fins générales
et, ensuite, viennent les moyens. On dit, à l'article 9 - j'anticipe,
mais ces articles se tiennent et, comme le ministre l'a fait, je pense qu'on
peut me permettre de le faire - "élaborer et mettre en oeuvre des
programmes". Cela, c'est de l'ordre des moyens; on fait cela pour quelque
chose, c'est parce qu'on veut atteindre des objectifs comme ceux qui sont
la.
Quand on dit "contribuer à l'harmonisation des orientations",
déjà, ce n'est pas de l'ordre des moyens. C'est un objectif qu'on
fixe au ministre. Il faut qu'il y ait une harmonisation, il ne faut pas que
chacun s'en aille chacun de son côté. C'est un objectif qu'on
fixe. "Favoriser la consultation et la concertation"; à
l'intérieur de l'objectif d'harmonisation, oui, c'est un moyen qu'on va
prendre. "Adopter des mesures propres à contribuer à la formation
et au développement des individus", sont des moyens aussi.
Mais il y a un mélange des deux entre les articles 9 et 10 qui
m'apparaît insatisfaisant, du point de vue de l'esprit, du point de vue
de la logique et de la cohésion. Je me dis: Si vous aviez vos grands
objectifs clairement délimités... Et, là, je vais vous
faire un aveu, M. le ministre, c'est que je n'ai pas inventé ce que je
fais. J'ai même fait un acte qu'on pourrait qualifier de colonial. Ce
n'est pas dans mes habitudes.
M. Bérubé: Avez-vous le ferme propos, avant de
faire cet aveu? Sans quoi, ce n'est pas la peine!
M. Ryan: C'est difficile à dire. Cela dépend de la
gravité de la faute! C'est parce que j'ai consulté de nombreuses
autres législations traitant des mêmes sujets, avant de me faire
une opinion là-dessus et j'ai constaté qu'en France ils ont
refait leur législation sur l'enseignement universitaire. Je suis bien
franc avec vous. J'ai trouvé qu'ils ont adopté une loi qui est
très bien faite. Ce n'est pas le même système universitaire
que le nôtre, mais il y a quand même de très bons
éléments dans cette loi qu'ils ont adoptée après de
longues discussions qui ont franchi quatre étapes différentes,
comme vous le savez.
Au début de la loi, on donne les finalités dont je me suis
directement inspiré pour formuler au moins trois de ces paragraphes.
J'entendais tantôt les observations que vous faisiez sur certains termes.
Par exemple, disons le mot "élévation". L'Assemblée
nationale française n'a pas eu peur de mettre cela clairement dans les
objectifs du système d'enseignement universitaire français. Ce
sont ceux que doit servir, par conséquent, le ministre.
L'élévation du niveau culturel et scientifique, il me semble que
c'est beau et noble; on n'a pas peur de cela.
On va être jugés sur la manière dont on a servi cet
objectif; le ministre sera jugé, l'Opposition sera jugée sur la
manière dont ils ont servi le bien général. Il me semble
que c'est pour cela qu'on est en politique; c'est pour poursuivre des fins qui
sont essentiellement sujettes à discussion quant à leur
interprétation et leur application, mais cela n'empêche pas qu'on
les formule très hautement et avec le plus de noblesse possible. C'est
un objectif très sincère que je poursuis; je pense que vous me
comprenez assez bien. (16 h 15)
Pour le reste, au niveau des moyens et tout, on va en ajouter deux ou
trois tantôt, parce qu'il y en a qui me semblent être partie de ce
qu'il y avait déjà au niveau de la science et de la technologie;
ma collègue de Jacques-Cartier aura des choses à proposer
là-dessus. Je ne veux pas éterniser le débat
là-dessus. Je ne pense pas que ça vous crée de
problème; cela crée des contraintes pour le ministre qui est
obligé de favoriser une égalité plus grande. "God be
blessed", Dieu soit béni de ce qu'on inscrive une chose comme ça
dans la loi, si on a la force de le faire! On est là pour ça.
La charte ne règle pas tout. La charte est un plancher qui doit
ensuite donner lieu à des mesures législatives inspirées
du même esprit dans les champs spécialisés d'intervention
exécutive ou administrative ou
législative. Je n'ai pas du tout d'objection; au contraire, tout
plaide pour ça parce qu'on essaie de légiférer dans le
même esprit que la charte. C'est l'esprit dans lequel on a formulé
ces choses-là. On pourrait discuter, mais je vous avoue que je n'ai pas
passé trois semaines à essayer de rédiger ces paragraphes.
Je me suis inspiré très directement de ce que j'avais lu, cela
pourrait être modifié, mais je me disais: Si eux l'ont fait
pendant un an...
Je crois beaucoup à la collaboration avec la France. Je ne crois
pas aux grands discours qu'on veut nous servir, à la rhétorique,
à tout ce fatras; cela me fatigue, moi. Quand on peut avoir une bonne
inspiration d'un pays qui a une aussi forte tradition intellectuelle, je suis
le premier à faire acte d'humilité et à me dire: Ce que je
peux trouver de bon là, j'en suis extrêmement heureux. C'est la
même chose pour l'Angleterre et les États-Unis, cela ne me fatigue
pas, et le ministre non plus, d'ailleurs.
C'est dans cet esprit qu'on vous propose l'amendement, je ne sais pas,
je n'ai pas d'objection qu'on modifie un ou l'autre, mais je pense que l'esprit
dans lequel c'est présenté a été
évoqué assez clairement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: II y a une partie de l'amendement
où je serai carrément contre à cause des implications sur
le plan administratif que ces amendements comportent. Par exemple, si on dit:
"en assurant à toutes celles et à tous ceux qui en ont la
volonté et l'aptitude l'accès aux formes les plus
élevées du savoir, de la culture et de la recherche", cela peut
être une volonté générale, ça peut être
un objectif à atteindre, mais cela ne peut pas être une
contrainte. La société peut avoir à faire des choix et,
tout récemment, par exemple, un de vos ex-collègues, M. Forget,
dans une étude au moins intéressante, puisqu'elle était
provocatrice...
M. Ryan: Au moins originale.
M. Bérubé: ...au moins originale, disons le mot,
soulignait que l'accessibilité à l'université
n'était peut-être pas la priorité que la
société devrait se donner aujourd'hui, mais qu'on devrait se
préoccuper davantage de ceux qui ne terminent pas leurs études
secondaires et que l'impact sur l'amélioration des conditions de vie de
notre société serait peut-être plus grand si on mettait
plus de ressources au secondaire et moins à l'université.
Disons que c'est intéressant, et je pense que c'est susceptible,
en tous les cas, d'enclencher un processus vigoureux au sein de notre
société; malheureusement, il n'en a pas été ainsi.
Mais l'idée était quand même nouvelle et provocatrice.
Je pense qu'on ne peut pas avoir, comme objectif unique, un objectif pur
d'accessibilité. Cela ne m'apparaît pas possible.
L'accessibilité est désirable dans la mesure où, par
rapport à d'autres choix, elle doit être
privilégiée. Mais il peut se produire dans une
société... Par exemple, prenons le cas où tous nos
étudiants voudraient aller en médecine. Si on dit: Assurer
à tous ceux et celles qui ont la volonté et l'aptitude
l'accès aux formes les plus élevées du savoir, de la
culture et de la recherche, on devrait normalement ouvrir les portes et envoyer
tous les étudiants en médecine, sauf que la société
pourrait très bien vouloir penser que, malheureusement, non, on a besoin
de techniciens, on a besoin de littéraires, on a besoin d'artistes et,
par conséquent, même si un grand nombre de nos citoyens veulent
aller là, non, il y a des justifications à imposer des quotas;
c'est ce que nous faisons en médecine, à l'heure actuelle, et je
pense que ces quotas sont fort justifiés dans le contexte
économique actuel.
Donc, établir ce principe comme étant un principe absolu,
non, cela ne m'apparaît pas acceptable dans le projet de loi, cela
m'apparaît dangereux. Cela, c'est un cas simple. Cependant, subsiste le
problème plus général de la définition de certaines
finalités dans la loi, ce qui n'apparaît pas, effectivement, dans
le présent projet de loi. On balise des champs, des fonctions, et on
indique des moyens que pourrait mettre en oeuvre le ministre ou le
ministère, mais on ne définit pas de finalité, sans doute
au nom de l'argument que j'invoquais tantôt, qui était que ces
finalités pouvaient être subjectives. Je reconnais cependant qu'on
peut imaginer des lois avec des finalités et qu'on le retrouve ailleurs
dans notre jurisprudence et notre législation.
Ce que je préférerais, c'est sur ce deuxième point
me donner au moins quelques heures pour méditer dessus en dînant,
de telle sorte que je puisse soit avoir de meilleurs arguments pour refuser,
soit aucun argument plus valable. Je comprends l'intention du
député d'Argenteuil et je n'y suis pas hostile. Je ne suis pas
moi-même juriste et, par conséquent, j'ai toujours une
énorme prudence vis-à-vis de tous les amendements qui me viennent
d'un collègue de l'Opposition aux idées tout aussi
généreuses que les miennes et à la formation juridique
tout aussi mauvaise que la mienne.
M. Ryan: En tout cas, je pense qu'on a... Pardon?
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous
considérez que l'on devrait suspendre l'article 7?
M. Bérubé: Oui. M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): On va d'abord suspendre
l'amendement et suspendre l'article 7. Cela voudrait dire qu'on suspendrait
aussi l'article 9.
Mme Dougherty: J'ai une question à poser avant de
procéder...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Oubliez l'amendement pour le moment. Est-ce que le
ministre est d'accord qu'il y a une carence importante dans ce projet de loi?
Il faut énoncer quelques objectifs visés par les fonctions et les
pouvoirs. Êtes-vous d'accord avec l'idée... On dit: "favoriser la
consultation et la concertation des ministères"; en vertu de quoi, de
quel objectif? C'est là le problème.
Alors, êtes-vous d'accord sur le principe et même sur le
fond du problème qu'il y a des objectifs même très larges
et très généraux, "very open-ended"? Il y a carence ici,
il faut dire quelque chose. Êtes-vous d'accord?
M. Bérubé: Je ne suis pas convaincu. Si ce sont des
objectifs très larges, qui vont de soi, qui sont évidents, ils
sont inutiles. S'ils sont très précis, ils peuvent devenir
inutilement contraignants puisqu'ils restreignent. Il faut bien comprendre que,
dès que nous nous mettons à préciser dans une loi des
objectifs, cela veut dire que les objectifs que nous n'avons pas
précisés sont exclus. Lorsque je décris des fonctions
comme, par exemple, à 9.1 : élaborer des programmes de
développement, si je n'avais pas mis: élaborer des programmes de
développement, eh bien, un ministre qui voudrait mettre en place des
programmes de développement ne le pourrait pas. Du simple fait que je
viens de le décrire, je viens de me le permettre. Si je l'avais omis,
ils me seraient défendus.
Donc, en appliquant ce principe juridique simple, chaque fois que mes
objectifs sont très étroitement définis et inscrits dans
la loi, je viens d'interdire à un ministre de se doter d'autres
objectifs. Le problème, c'est le caractère limitatif des
objectifs que je me suis définis. Évidemment, je pourrais
procéder à une très longue énumération
d'objectifs précis pour être sûr de ne pas en oublier - on
voit l'alourdissement qui en résulterait pour le projet de loi - ou je
pourrais éviter la discussion en inscrivant dans la loi des objectifs
très larges, tellement larges qu'en pratique ils sont évidents.
C'est évident que le ministère de la Science et de la
Technologie doit avoir à coeur le développement
économique. S'il n'avait pas à coeur le développement
économique, il y aurait un débat politique et jugement par nos
concitoyens. Donc, cela m'apparaît évident. Si on développe
l'enseignement supérieur, c'est à l'intention d'étudiants.
Il faut en favoriser l'accès, donc on doit avoir à coeur
l'accessibilité. Est-ce que c'est l'accessibilité absolue?
Voilà qu'on entre dans un débat de fond. Personnellement, si vous
me disiez qu'on doit avoir comme objectif l'accessibilité absolue
à n'importe quelle condition, je vous dis non. Personnellement, je ne
partagerais pas cet avis comme membre de cette société.
J'ai souscrit à une décision gouvernementale de limiter
l'accès aux études médicales au Québec car je pense
que c'est préférable que de se retrouver avec des
étudiants finissant leurs études de médecine et se
retrouvant sans possibilité de pratiquer, faute de capacité
d'accès. Nous avons le cas, par exemple, des médecins immigrants
au Québec dont nous venons de discuter. On sait le problème
douloureux que constituent ces immigrants qui se retrouvent chez nous avec une
formation médicale et obligés de pratiquer à un niveau qui
ne correspond pas à leurs aspirations, et ils nous l'ont
réitéré à de nombreuses reprises. On s'imagine fort
bien à ce moment qu'on rejettera facilement que l'on puisse permettre
à des étudiants au Québec de faire des études de
médecine pour leur dire ensuite: On regrette, il y a un nombre de postes
limités, vous ne pouvez pas y aller.
Donc, on peut avoir des objectifs autres que ceux d'assurer
l'accessibilité absolue. C'est pour cette raison que, dès qu'on
définira des objectifs, il faudra avoir toute une série
d'objectifs pour être le plus englobant possible. IL faudra arbitrer les
priorités d'objectifs puisqu'ils pourront être contradictoires.
Ils ne peuvent être atteints tous simultanément et nos lois
m'apparaissent inutilement compliquées. On me dit, par exemple - et mes
connaissances juridiques ne me permettent pas d'en juger - que les lois
fédérales en matière de création de
ministères sont encore beaucoup plus restrictives. On ne s'engage pas
dans des fonctions, on n'essaie pas d'engager un immense débat sur les
finalités de la société à l'intérieur d'un
projet de loi administratif créant un ministère. Ces
finalités se discutent à l'Assemblée nationale, elles se
définissent dans des politiques mises en place et c'est à ce
moment qu'elles prennent leur sens.
La loi ne vient que permettre l'exercice de ces responsabilités.
C'est comme cela que je vois la loi. Donc, pour moi, les finalités, ce
seront les finalités politiques des partis politiques qui occuperont le
pouvoir à Québec. Nous pourrons avoir un
gouvernement qui estime qu'à un moment donné la
priorité doit aller, je ne sais pas, à la recherche et moins au
développement des études de premier cycle. Au contraire, nous
pourrons avoir un autre gouvernement qui dira: Non, au contraire, c'est
l'accessibilité de premier niveau qui est absolument importante, mettons
les ressources là et, à ce moment, la recherche on verra plus
tard. On pourrait avoir des points de vue tellement différents qu'il me
semble que ce n'est pas dans la loi qu'on doit mettre cela. La loi devra
habiliter le gouvernement à réaliser les objectifs politiques
qu'il se sera fixés, qu'il aura défendus auprès de
l'électorat et qui lui auront, comme objectifs, mérité la
confiance de la population.
Donc, les objectifs, ce sont des objectifs politiques que les partis
défendent. Les lois créent un encadrement juridique qui permet
aux partis politiques de réaliser leurs objectifs. Il me semble que,
à ce moment, le présent projet de loi dit tout simplement: Oui,
il y a des fonctions imparties au ministre de l'Enseignement supérieur,
de la Science, de la Technologie. On dit: II doit rester à
l'intérieur de ses fonctions, il ne doit pas sortir en dehors de ses
fonctions.
Quant aux finalités qu'il poursuivra, ce seront les
finalités que la collectivité aura les moyens de poursuivre
à ce moment.
M. Ryan: Juste une question de règlement, M. le
Président. Le ministre a demandé tantôt si on pouvait
surseoir à cette discussion pour qu'il s'impose un moment de
réflexion. Je pense que ce serait plus utile qu'un moment de
répétition.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. On serait rendu
là...
M. Bérubé: Je regrette, c'est que le...
M. Ryan: II dit exactement la même chose qu'il a dite
déjà deux fois auparavant.
M. Bérubé: C'est parce que le député
d'Argenteuil n'a pas écouté la question de la
députée de Jacques-Cartier.
M. Ryan: J'ai écouté, mais il me semble...
M. Bérubé: La députée de
Jacques-Cartier a repris exactement le débat et a dit: Néanmoins,
malgré ce que le député d'Argenteuil vient de dire,
j'aimerais que vous me répondiez spécifiquement. Ne pensez-vous
qu'il devrait y avoir des objectifs inscrits dans la loi? C'est le sens exact
de la question qu'elle m'a posée.
M. Ryan: À ce moment, vous avez dit que vous le preniez en
délibéré.
M. Bérubé: Évidemment...
M. Ryan: Vous avez demandé de le prendre en
délibéré...
Le Président (M. Bordeleau): On va statuer
là-dessus.
M. Ryan: Je pense que cela va être plus utile que si on
reprend le même disque trois fois, c'est tout.
M. Bérubé: Je pense qu'il serait important...
M. Ryan: Si c'est le même disque quand on reviendra, vous
nous le direz et on va...
M. Bérubé: ...que la députée deJacques-Cartier prenne note de la directive que vient de lui émettre
le ministre supérieur.
M. Ryan: Ah oui! il faut qu'elle obéisse! (16 h 30)
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on s'entend pour
reporter la discussion, donc suspendre l'article?
M. Bérubé: Je n'ai aucune objection.
M. Ryan: La délibération sera fructueuse et je vous
indique seulement, pour vous aider, que sur le paragraphe qui vous donne des
difficultés particulières il y a des accommodements qui sont
facilement trouvables de manière à garder une certaine marge de
relativité dont je conçois très bien
l'opportunité.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on suspendrait les
articles 7, 8 et 9 à ce compte, ou simplement...
M. Ryan: Je pense qu'on ferait mieux de prendre ensemble les
articles 7, 8, 9 et 10. Je crois que l'article 10 va avec cela aussi.
M. Bérubé: Effectivement.
Le Président (M. Bordeleau): Les articles 7, 8, 9 et 10
sont suspendus. On entreprendrait donc l'article 11. M. le ministre, est-ce que
vous avez quelque chose à indiquer sur l'article 11?
M. Bérubé: C'est un article que nous introduisons
en concordance avec la Loi sur le ministère de l'Éducation. C'est
un article exceptionnel en ce sens que les institutions de nature
collégiale, par exemple, sont régies par la loi sur les
collèges et normalement il n'appartient pas au ministre de
l'Éducation
de créer une nouvelle université sans d'abord
procéder par l'adoption d'un projet de loi. Toutefois, il faut
reconnaître que, particulièrement au niveau collégial mais
également au niveau universitaire, ces institutions sont autonomes
jusqu'à un certain point, et la collectivité peut se retrouver
dans une situation délicate où des services essentiels à
la population ne sont pas donnés faute d'une acceptation par les
partenaires de les fournir. Nous avons eu un cas à un moment
donné dans le Grand-Nord, entre autres, où des services de base
en éducation, par suite de différends opposant trois
communautés dissidentes inuit à la communauté majoritaire,
n'étaient pas fournis à ces communautés et le
ministère de l'Éducation avait dû créer
temporairement des écoles, ce qu'on avait appelé les
écoles du ministre dans le Grand-Nord. Il est clair qu'on peut
être amenés à un moment donné à intervenir.
Donc, c'est un article de loi qui est carrément, cependant, pas un
article utilisé de façon très
généralisée. C'est un article utilisé de
façon tout à fait exceptionnelle lorsqu'il faut absolument donner
un service qui ne peut pas être donné dans le cadre des lois
régulières.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela est
adopté?
M. Ryan: Je pense que cet article correspond effectivement
à l'article 5 de la Loi sur le ministère de l'Éducation.
On ajoute des termes pour rendre cela encore plus précis: Le ministre se
voit conférer le pouvoir d'organiser, administrer et exploiter -ce sont
de mots nouveaux, "exploiter et administrer" - seul ou avec d'autres... Je
pense que ce sont des additifs qui n'entraînent aucun changement de
substance par rapport à une chose qui est déjà dans la
loi. Par conséquent, il n'y a aucune difficulté à
l'adoption de cet article. Comme il s'agit de services qui sont
déjà susceptibles d'être fournis en vertu de la loi
existante, personnellement, je suis favorable à cet article.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 11 est-il
adopté? Adopté. Article 12.
M. Ryan: Je crois que cet article, si je comprends bien, va
chercher dans la loi actuelle créant le ministère de la Science
et de la Technologie, la loi 19, à l'article 23...
Mme Dougherty: C'est l'article 12, c'est le même
article.
M. Ryan: L'article 12, très bien. Mais allez-y, si vous
voulez.
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Oui, c'est identique à l'article 12 de la
loi 19. Sauf qu'on a éliminé le troisième paragraphe de
l'ancienne loi. J'aimerais y réinsérer un paragraphe. Il s'agit
d'un paragraphe qui dit: Le président de l'Assemblée convoque,
dans les 60 jours à compter du début du décret, la
commission permanente de l'Assemblée pour en faire l'étude.
Actuellement - j'ai des copies ici -il y a un problème avec cela aussi
parce qu'on a déjà réalisé que la commission
permanente de l'Assemblée n'est peut-être pas appropriée
pour étudier ces décrets. On a déjà un cas, celui
de CQIP qu'on va étudier demain, enfin. Je crois que le principe est
important parce qu'il ne suffit pas de déposer le décret devant
l'Assemblée nationale, il faut donner l'occasion aux
députés de l'étudier, cela fait partie de
l'imputabilité du ministère, je crois.
M. Bérubé: Je pense...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, un instant!
Si vous le proposez comme amendement, Mme la députée de
Jacques-Cartier, j'aimerais...
Mme Dougherty: Ici, ce sont essentiellement les mêmes mots
que ceux qu'on retrouve dans la loi 19 mais peut-être qu'ils ne sont pas
parfaits. Je crois que cela doit être déféré
à la commission de l'éducation...
M. Ryan: À celle qui a la compétence pour en faire
l'étude.
Mme Dougherty: Celle qui a compétence, oui, parce que cela
pourrait être celle de l'économie, cela dépend du
sujet.
M. Ryan: De la commission permanente de l'Assemblée qui a
compétence pour en faire l'étude.
Le Président (M. Bordeleau): II y a le
Bureau de l'Assemblée nationale, mais je pense que...
Mme Dougherty: II y a une commission de l'Assemblée
nationale à laquelle CQIP, par exemple, a été
déféré.
Une voix: On pourrait rajouter la commission
"compétente".
Mme Dougherty: "La commission compétente de
l'Assemblée". C'est ça.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, je vais simplement
lire l'amendement, si vous le permettez. L'amendement proposé par la
députée de Jacques-Cartier se lirait comme suit. Il s'agit
d'ajouter un paragraphe: "Le
président de l'Assemblée convoque, dans les 60 jours
à compter du dépôt du décret, la commission
permanente compétente..."
Mme Dougherty: La commission compétente...
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
Mme Dougherty: ...parce que autrement il y aura
ambiguïté.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, le mot "permanent", de
toute façon, fait partie de notre vocabulaire. Alors, "la commission
compétente de l'Assemblée...
Mme Dougherty: Pour en faire l'étude.
Le Président (M. Bordeleau): ...pour en faire
l'étude." Comme il s'agit d'un ajout, je ne pense pas que cela vienne
contredire l'objet du projet de loi ou les principes du projet de loi. Donc, je
pense que c'est recevable. M. le ministre.
M. Bérubé: Écoutez! M. le Président,
je suis personnellement fermement opposé à cet amendement. Mon
idée est faite depuis déjà plusieurs mois sur cette
question puisque, quand nous avons préparé le projet de loi, j'ai
été amené moi-même à soulever cette
question-là et ai demandé que cela soit modifié.
Écoutez! Ce n'est pas facile d'organiser les travaux de
l'Assemblée nationale. Nous avons beaucoup de commissions. On sait
présentement, en fin de session, ce que cela représente. Il faut
essayer, souvent avec des effectifs réduits, de trouver des
majorités parlementaires pour essayer de faire adopter des projets de
loi. C'est assez difficile. On peut même envisager, à un moment
donné, l'existence d'un gouvernement minoritaire à Québec
où le gouvernement au pouvoir aurait beaucoup de difficulté
à tenir le fort dans l'ensemble des commissions parlementaires. On sait
sur quoi repose le fonctionnement de notre régime parlementaire.
Personnellement, je suis fermement opposé à mettre dans
des lois des obligations pour l'Assemblée nationale de devoir
étudier ceci ou cela en dedans de telle limite. Si, effectivement, on
estime que cela doit être étudié, l'Opposition fait ses
pressions politiques et le gouvernement doit résister à des
accusations de vouloir cacher des choses, de refuser de répondre aux
questions. Il doit répondre politiquement de sa décision de ne
pas tenir une commission pour examiner une décision en particulier.
Personnellement, je pense que le gouvernement doit déposer le
décret de manière qu'il soit public, donc que l'Assemblée
nationale en soit saisie, qu'elle soit susceptible à ce moment-là
de soulever un débat. Elle peut demander qu'il y ait un débat
lors des travaux de l'Assemblée nationale; elle peut demander que ce
soit étudié en commission. En fait, l'Assemblée est
maîtresse de ses travaux et, par conséquent, il appartient
à l'Assemblée de décider ce qu'elle fait du décret.
Elle doit en être saisie de manière à pouvoir mener la
lutte politique du point de vue de l'Opposition, si l'Opposition estime qu'elle
doit la mener. Mais on ne doit pas mettre dans une loi quelque chose qui va
contraindre l'Assemblée nationale à poser tel geste. Non pas que
cela ne vienne pas de bonnes intentions, mais, s'il fallait que des centaines
et des centaines de lois au Québec incorporent des clauses de ce type
pour forcer le gouvernement à déposer tel décret, tel
autre décret, telle autre décision et forcer l'Assemblée
nationale à discuter, on voit le fouillis, le cauchemar que cela
pourrait représenter pour l'Assemblée nationale.
Moi, je dis non, au nom l'indépendance de l'Assemblée
nationale, laissons donc l'Assemblée nationale décider quand elle
étudie de telles questions.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Merci, M. le Président. Évidemment, la
défense des responsabilités et prérogatives de
l'Assemblée nationale que le ministre vient de livrer n'est pas sans
fondement, loin de là. Mais on ne parle pas de n'importe quelle
prérogative de l'Exécutif et on ne parle pas de n'importe quel
aspect d'un projet de loi. Il ne s'agit pas nécessairement d'insister -
bien que le libellé de l'amendement actuel insiste de cette façon
- pour qu'on crée une obligation. En tout cas, pour ma part, je serais
prêt à voir à ce que le geste en question soit facultatif,
mais il ne faudrait pas confondre une décision de l'Exécutif de
créer une entité séparée avec quelques objectifs,
un budget, etc., avec n'importe quelle autre décision de
l'Exécutif.
Je vois mal comment le ministre pourrait - si la question est aussi noir
sur blanc qu'il prétend qu'elle est - expliquer que le gouvernement a
déjà accepté un tel article dans un de ses projets de loi
et pourquoi maintenant il veut retirer cette possibilité. À mon
sens, il s'agit tout simplement d'assurer que lorsque l'Exécutif prend
une décision, encore une fois, pour multiplier les instances de
l'État, les organismes publics et leur donner un certain créneau
dans un marché important, dans un secteur important, les parlementaires
aient la possibilité de se prononcer là-dessus de façon
systémique.
Pour ma part, si le ministre était prêt à accepter
qu'à la demande de deux parlementaires la commission compétente
soit
convoquée pour discuter la chose en présence du ministre -
je ne peux pas parler pour les autres parlementaires - je serais prêt
à accepter cela.
M. Bérubé: Si la Loi sur l'Assemblée
nationale était amendée en ce sens, personnellement, cela ne me
dérangerait pas. Par exemple, l'Assemblée nationale est
maîtresse de ses travaux. Alors, si, par sa loi...
M. French: Un instant! Est-ce qu'on peut demander aux gens de
tenir leurs conversations ailleurs, s'il vous plaît?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Essentiellement, si la Loi sur
l'Assemblée nationale était amendée pour prévoir
des mécanismes automatiques pour la convocation de commissions
parlementaires sur demande de deux, trois ou quatre députés,
personnellement, cela ne me dérangerait pas. Cela fait partie des
règles. On pourrait même, non pas nécessairement amender la
Loi sur l'Assemblée nationale, mais amender le règlement de
l'Assemblée nationale et prévoir une telle procédure. Cela
ferait partie des prérogatives de l'Assemblée nationale. Enfin,
je pense qu'à un moment donné il y a quelqu'un à
l'Assemblée nationale qui s'interrogerait sur le bien-fondé,
puisque cela risque d'engorger les travaux de l'Assemblée nationale,
mais cela pourrait se défendre.
La raison pour laquelle j'ai acquis cette conviction, je pense que le
plus bel exemple, c'est le cas de CQIP. Effectivement, le décret est
déposé depuis fort longtemps et n'a toujours pas
été étudié. Pourquoi? Parce qu'on est
continuellement contraint par des problèmes d'organisation du programme,
ce qui fait finalement que, devant un paquet de priorités, on est
obligé de dire: Non, là, c'est quand même moins important,
et on le reporte.
Je soulignerais, par exemple, que nous avons créé
Nouveler, une société d'État qui oeuvre dans le domaine
des énergies nouvelles. Il n'y a pas eu de loi à
l'Assemblée nationale. Comment a-t-elle été
créée? tout simplement comme filiale d'Hydro-Québec, de la
SGF, de SOQUEM et de REXFOR, et c'est néanmoins une
société d'État. C'est un mandataire de la couronne,
puisque les quatre actionnaires, en vertu de la convention entre actionnaires,
sont des mandataires de la couronne. Évidemment, c'est un mandataire
moins direct de la couronne. Reconnaissons-le, quand même, ce n'est pas
tout à fait avec le même caractère juridique. (16 h 45)
Mais voilà un exemple de corporation.
En n'importe quel temps il est possible à un organisme de
s'incorporer en vertu de la Loi sur les compagnies et le gouvernement peut lui
verser des subventions. Donc, il est également possible, à
l'heure actuelle, même sans le présent amendement, pour
l'État, de verser des subventions à une corporation privée
en imposant des contraintes dans sa subvention pour atteindre un certain nombre
d'objectifs que l'État peut se fixer, et il n'y a pas de
dépôt à l'Assemblée nationale.
Personnellement, je pense que je préférerais voir dans nos
lois que toute filiale d'une de nos sociétés d'État - la
création d'une corporation privée, c'est un peu plus difficile,
mais enfin - toute création indirecte par l'État d'un organisme
quelconque devrait faire l'objet d'un décret, d'une décision
déposée à l'Assemblée nationale pour en permettre
une discussion publique. Là-dessus, je suis parfaitement d'accord avec
l'esprit de l'article.
Là où je ne le suis pas, c'est lorsqu'on veut imposer
à l'Assemblée nationale d'en discuter dans un certain
délai. Je ne suis pas d'accord parce que je me dis que, non, il
n'appartient pas à une loi sectorielle de décider comment on
organise les travaux de l'Assemblée nationale. C'est juste cela, c'est
vraiment au niveau de l'organisation.
Le Président (M. Bordeleau): ...à moins que vous
vouliez choisir de revenir, le député de Shefford a
demandé la parole.
M. French: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): J'y vais dans l'ordre. Je
vous ai laissé parler à votre tour, le ministre a parlé et
le député de Shefford a demandé la parole, alors, je la
lui donne. Si vous voulez l'avoir, je vous la redonnerai à votre tour,
il n'y a pas de problème.
M. French: Cela va, merci.
Le Président (M. Bordeleau): À ce compte-là,
on pourrait faire des dialogues pendant longtemps.
M. French: On n'a pas vu ça entre le député
d'Argenteuil et le ministre.
M. Bérubé: II a une situation particulière,
le député d'Argenteuil, il a des droits et des
privilèges.
M. French: Dont je suis pleinement conscient. Mais je n'avais pas
imaginé que cela avait un prolongement jusque dans les commissions
parlementaires.
M. Ryan: Je pense que, si le président voulait nuire
à son droit de parole, je le
défendrais jusqu'à la mort.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Merci, M. le Président. Très
rapidement, pour donner la chance à mon collègue de Westmount de
revenir, s'il le veut bien, sur le même sujet, c'est seulement pour dire
que je serai aussi contre la proposition tout simplement parce qu'étant
membre de trois commissions parlementaires - la députée de
Jacques-Cartier en est très consciente aussi - on ne réussit
même pas, présentement, à l'intérieur de certaines
commissions parlementaires, à respecter les délais et tous les
travaux qui nous sont imposés à l'heure actuelle. Que ce soit
l'étude des crédits, des engagements financiers, l'audition d'un
organisme public dans les délais prescrits par les règlements de
l'Assemblée nationale à l'heure actuelle ou la
société dont on parlait tantôt, on ne réussit
même pas présentement à respecter les délais qui
nous sont impartis par les règlements et l'Assemblée nationale,
et on voudrait s'en ajouter d'autres. Je me dis: Non, ce n'est même pas
pensable.
La deuxième chose, je ne vois pas pourquoi on s'énerverait
si on veut le faire, parce que les commissions ont des pouvoirs. Si on veut le
faire en commission, on se donne le pouvoir. Contrairement à ce que
disait le député de Westmount tantôt, en refusant cet
amendement, on n'enlève pas la possibilité, on enlève
l'obligation. C'est complètement différent.
M. French: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Le député de Shefford, s'il survit aux
prochaines élections, va voir une différence très
rapidement. Ou on a l'exigence - et ça s'applique également
à la réponse du ministre - d'avoir une majorité double au
sein d'une commission, ou deux parlementaires peuvent prendre sur eux de
demander un droit spécifique dans un contexte spécifique. Je suis
d'accord avec le ministre. Qu'on donne à deux parlementaires n'importe
quand et n'importe comment le droit de convoquer une commission parlementaire
sur n'importe quel sujet, je ne suis pas pour cela. C'est pour ça que je
ne veux pas amender le règlement de l'Assemblée nationale et
c'est pour ça que je dis que, dans ce contexte spécifique, ici,
j'aimerais mieux que ce soit possible, dans le cas où on crée une
entité nouvelle, qu'on puisse discuter de cette question en commission
parlementaire, mais uniquement là où il y a deux personnes qui
sont prêtes à prendre sur elles la possibilité de convoquer
leurs collègues et d'avoir des arguments sérieux à avancer
et des interrogations sérieuses à présenter au
ministre.
L'argument qui consiste à dire: Oui, bien sûr, on peut
changer complètement et faire une révolution au sein du
Parlement, si on veut bien, ce n'est pas un argument contre un amendement
spécifique qui vise, dans un contexte spécifique, une
problématique spécifique. Cela consiste à brouiller les
cartes et à ouvrir toute une série d'autres problèmes. Je
suis d'accord que les sociétés d'État puissent
créer des filiales, qu'elles en créent et puis on n'a pas de
contrôle là-dessus, mais ce n'est pas une excuse pour dire que
l'on va donner également au ministre et au ministère le
même droit. Ce n'est pas nécessairement l'argument en faveur.
Donc, je répète au ministre que la suggestion n'est pas
compliquée, c'est que deux parlementaires peuvent, de leur propre
initiative, dans le contexte d'une suite aux lettres patentes
déposées, au décret déposé devant
l'Assemblée nationale, convoquer la commission compétente pour en
discuter en la présence du ministre. Mais je suis absolument d'accord
avec le député de Shefford que si on ajoute une obligation c'est
plus susceptible d'être lettre morte qu'autre chose. Là-dessus, il
n'y a pas de problème. Mais, d'autre part, ne confondons pas ce
problème-là avec le problème plus général de
donner à n'importe quelle autre paire de parlementaires le droit de
bousculer et de bousiller des commissions parlementaires à leur
gré. Ce n'est pas ce que l'on propose.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je crois que le député de Westmount, dans
sa dernière intervention, a touché au fond du problème. Je
pense que là il y a quelque chose que l'on doit examiner. En vertu de
notre règlement actuel, une commission parlementaire, en dehors des
choses qu'elle doit accomplir et qu'elle n'accomplit pas toujours dans les
délais prévus, comme l'a souligné justement le
député de Shefford, a besoin d'une double majorité pour se
saisir d'un autre sujet. Nous avons vu à la commission de
l'éducation et de la main-d'oeuvre que cette règle de double
majorité a permis jusqu'à maintenant à la majorité
ministérielle d'empêcher la commission de se saisir de sujets qui
étaient d'une importance évidemment très grande. Je ne
veux pas mettre en doute les motifs que l'on a eus pour faire cela, mais le
"end result", le résultat brut, a été que certains sujets
n'ont pas pu être abordés et que même certains qu'on avait
décidé d'aborder, on nous a empêchés de les pousser
plus loin
au moment le plus inattendu et le plus incompréhensible pour les
membres de l'Opposition qui faisaient partie de la commission.
Alors, si on a une garantie dans la loi comme celle-ci qu'il y aura un
référé à la commission parlementaire
compétente, je pense que ce sera plus fort. En somme, c'est mis dans la
loi pour empêcher que cette règle de double majorité serve
à mettre cette affaire sous le boisseau et empêcher qu'elle soit
abordée en temps utile. Là, ce n'est pas à propos de
n'importe quoi. Je pense que c'est à propos de cas qui ne seront pas
légion, je l'espère, où le gouvernement déciderait
par lettres patentes de constituer des corporations ayant pour objet le
développement de la recherche et de la technologie.
Nous sommes tous d'accord, le gouvernement, le parti ministériel
s'est enfin rallié à cette perspective après des
années de prolifération créatrice dans cette direction. Il
faut arrêter la multiplication d'organismes de toutes sortes. On
étouffe tous sous le fardeau. On n'est plus capable de saisir toutes les
ramifications de ces créations qui ont été
multipliées dans toutes les directions. Que l'Assemblée nationale
puisse exercer une vérification et que même elle ait un devoir de
vérification en temps utile, cela va être fichument plus
intéressant que de l'exercer a posteriori alors que tout le tort est
fait, comme cela arrive souvent, nous le savons tous.
C'est l'esprit de l'amendement. Sur la manière dont il est
présenté, j'aurais des observations à faire à un
autre stade. Je trouve qu'il y a quelque chose qui cloche dans la formulation,
mais comme le gouvernement avait déjà accepté le principe
dans la loi 19, que j'appelle la loi 23 - c'est le chapitre 23 des lois de 1983
- je pense qu'on poserait un geste dangereux en reculant sur ce qui avait
été accepté il y a à peine deux ans. Il y a une
question que je poserais au ministre...
M. Bérubé: Cela avait été un papillon
accepté en commission parlementaire et l'usage a démontré
que cela avait été une erreur.
M. Ryan: Mais est-ce qu'il y a eu des cas?
M. French: Est-ce qu'on peut demander quel...
Mme Dougherty: II y a un cas et il n'a pas encore
été entendu.
M. Bérubé: On attend toujours. Mme Dougherty:
Demain.
M. Ryan: Quel cas est-ce?
M. Bérubé: On a créé depuis une telle
commission, c'est pour CQIP, et on attend.
Mme Dougherty: ...la production, ce qui va être
étudié demain après-midi.
M. Ryan: Demain. Et quand est-ce que le décret a apparu
là-dessus?
M. Bérubé: En décembre.
Mme Dougherty: En décembre dernier.
M. Ryan: En décembre?
Mme Dougherty: Cela fonctionne encore depuis.
M. Ryan: Mais le délai, au besoin, s'il est porté
à 90 jours, ce n'est pas la fin du monde: 90 jours, quand on veut, on
peut. À 60 jours, je comprends qu'il y a des circonstances, des
périodes de fête et toutes ces choses-là qui peuvent
être plus difficiles, mais, s'ils ne sont pas capables dans les 90 jours,
il y a quelque chose qui ne marche pas quelque part. S'ils ont eu le temps de
le créer, les députés doivent au moins trouver le temps
d'en discuter un peu.
M. Bérubé: Tout ce que je sais, c'est que l'opinion
du leader est: S'il vous plaît, ne compliquez pas davantage
l'organisation des travaux de l'Assemblée nationale; l'Assemblée
nationale ne suffit pas. C'est cela le problème. Quand vous avez les
budgets, les crédits, le discours inaugural, il y a tellement de
contraintes obligatoires auxquelles on ne peut pas échapper qu'à
ce moment-là on a tendance à éviter d'en ajouter
d'autres.
M. Ryan: S'il s'agissait d'en ajouter, je comprendrais la
prudence dont le ministre veut faire preuve, mais il s'agit là d'en
enlever.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: II s'agit d'en enlever et là nous sommes
infiniment...
M. Bérubé: De corriger une erreur.
M. Ryan: ...plus réticents. Je ne pense pas que ce soit
une erreur, c'est une très bonne chose. Cela fatigue le gouvernement, je
le comprends. Mais il me semble que, surtout dans une affaire qui affecte les
prérogatives des députés, c'est notre rôle, comme
députés de l'Opposition, d'insister très fortement pour
qu'on n'enlève pas une chose qui avait été consentie par
le gouvernement il y a deux ans. Si le
gouvernement avait consenti cela au début de son mandat, alors
qu'il ne connaissait pas encore la mécanique gouvernementale et
législative, je comprendrais, mais il a accepté cela; il
était au pouvoir depuis sept ans déjà, il devait savoir ce
qu'il faisait.
M. Bérubé: Oui, c'est cela qui arrive quand...
M. Ryan: J'admets que...
M. Bérubé: ...on prête une attention trop
sympathique à des amendements proposés par l'Opposition et qu'on
découvre trop tard qu'on a gravement erré.
M. Ryan: II y avait un ministre qui avait l'esprit assez...
M. French: Le député de Labelle n'était plus
ministre; mais paraît-il qu'il revient en forme, le député
de Matane.
M. Ryan: Mme la députée de Jacques-Cartier ne croit
pas se souvenir que cet amendement-là ait été... Ce
n'était pas un amendement, apparemment, cela faisait partie du projet de
loi, on pourrait le vérifier. Mais, si cela venait d'une volonté
gouvernementale, il me semble qu'on devrait y penser deux fois.
M. Bérubé: On me dit que c'était un
amendement qui a été présenté en commission
parlementaire, auquel le ministre avait souscrit et qui n'avait pas fait
l'objet de discussion avec ses collègues du gouvernement, et je pense
qu'il l'a accepté de bonne foi. Mais je dois vous avouer que le leader,
à qui j'en ai parlé, m'a fait la remarque qu'il faut
éviter de mettre dans les projets de loi des contraintes à
l'organisation des travaux de l'Assemblée nationale. Il existe
déjà suffisamment de contraintes, particulièrement sur le
plan des budgets et des crédits, qu'on a peine à en accepter
davantage.
M. Ryan: Le député de Westmount me fait une
suggestion qui me paraît utile, mais cela nous reporte peut-être
plus aux modalités qu'aux principes. Ici, dans le texte, comme il est
formulé dans la loi actuelle -nous défendons la loi actuelle, non
pas notre amendement - on dit: "Le président de l'Assemblée
convoque, dans les 60 jours à compter du dépôt du
décret, la commission permanente de l'Assemblée pour en faire
l'étude." Il pourrait peut-être y avoir une disposition comme
ceci: "Sur demande d'au moins trois de ses membres, la commission
compétente de l'Assemblée se réunit pour étudier le
décret."
M. Bérubé: Ce serait en tout cas déjà
un assouplissement.
M. Ryan: À ce moment-là, c'est que cela
préserve des droits de l'Opposition. Il y a au moins trois membres
à une commission qui viennent de l'Opposition, en général
il y en a quatre ou cinq. Cela veut dire qu'on aurait au moins le droit
d'exiger que la commission se réunisse pour se saisir de l'affaire. Il
ne faudrait pas qu'on soit astreint à la volonté majoritaire du
groupe ministériel; c'est cela qu'est le point. Pour que la commission
puisse se saisir, elle arrivera aux conclusions qu'elle voudra. Si les gens
dorment, comme vous les accusez souvent de le faire, M. le ministre, ils en
paieront le prix.
M. Bérubé: Vous permettez que j'en discute avec mon
leader préféré?
M. Ryan: Votre leader préféré? Il y en a
beaucoup, lequel est-ce? On peut lui parler nous aussi.
Le Président (M. Charbonneau): II faudrait
peut-être, si je pouvais faire une suggestion, vérifier avec la
présidence de l'Assemblée, parce qu'on me fait remarquer qu'en
fonction du règlement de l'Assemblée nationale il y a
peut-être des dispositions qui... (17 heures)
M. Bérubé: Nous en avons discuté avec le
président de l'Assemblée nationale. Nous avons eu essentiellement
un premier avis. On nous a demandé de faire sauter une telle clause dans
la loi justement à cause de contraintes qu'elle impliquait. J'ai
reçu aujourd'hui une lettre du président qui me dit: Ce n'est
peut-être pas nécessaire de l'abolir, cependant il ne faudrait pas
spécifier quelle commission, et il essaie - je pense que je peux essayer
de...
M. Ryan: Ah! Est-ce qu'on pourrait avoir communication de la
lettre intégrale?
M. Bérubé: Oh! Certainement! M. Ryan:
Maintenant?
M. Bérubé: Je ne l'ai pas lue encore, alors je vais
vous la lire.
M. Ryan: On sait...
M. French: ...du président avant de la lire.
M. Ryan: ...la grande importance qu'il accorde à
l'institution parlementaire.
M. Bérubé: Non, mais je viens de la recevoir, je
n'y peux rien. Elle est entrée le 6 juin; c'est un peu tard.
M. Ryan: II faut féliciter le président de...
M. Bérubé: Cela s'appelle minuit moins cinq.
M. Ryan: ...la vigilance avec laquelle il s'intéresse aux
travaux. Une chance que la députée de Jacques-Cartier a
proposé un amendement, parce qu'on n'aurait pas eu connaissance d'une
belle pièce.
M. Bérubé: On vient juste de me la glisser, alors
je ne l'ai pas lue; si vous permettez, je vais la lire, ensuite je vous la
lirai.
M. Ryan: On n'est pas pressé. Si c'est cela qui est
l'esprit de l'affaire, on peut attendre que vous ayez fait votre lecture. On
est habitué aux humiliations.
M. Bérubé: "À la lumière des
nouvelles règles de procédure, il n'est donc plus opportun de
spécifier dans la loi de quelle manière l'Assemblée
prendra connaissance des documents qu'on lui soumet. Les règles de
l'Assemblée suffisent à cette tâche." Il reprend en gros
les idées...
M. Ryan: C'est ce que je craignais. Pourquoi a-t-il envoyé
cette lettre?
M. Bérubé: On dit plus loin: "Par contre, on
comprend que l'effet recherché par cet alinéa est avant tout
d'établir un délai à l'intérieur duquel la
commission sera saisie du décret. La loi pourrait alors prescrire
simplement que la commission permanente compétente de l'Assemblée
nationale doit être convoquée dans les 60 jours du
dépôt du décret pour en faire l'étude."
Essentiellement, ce que me dit le président dans sa dernière
lettre, c'est que le premier avis qu'il m'avait envoyé...
M. Ryan: Vous aviez même eu un premier avis?
M. Bérubé: Non, c'est-à-dire que le premier
avis, c'est plutôt une consultation du légiste, M.
Chrétien, auprès de la présidence de l'Assemblée
nationale, qui nous avait fait parvenir cette note: "Après consultation
auprès du président de l'Assemblée nationale et avec
l'accord du leader parlementaire du gouvernement, nous avons convenu qu'il y
aurait lieu d'éviter dans l'avenir d'inscrire dans un projet de loi
l'obligation pour l'Assemblée nationale de convoquer une de ses
commissions afin de procéder à l'étude de quelque dossier
ou document." Donc, c'était l'avis reçu le 25 avril 1985.
Mme Dougherty: Je préfère le deuxième avis
à celui-ci.
M. Bérubé: Oui, je comprends. Disons que le
deuxième avis... J'imagine que le président s'est dit que
néanmoins il ne pouvait pas s'opposer à ce qu'on le mette dans la
loi, mais il nous dit tout simplement: Prenez certaines précautions,
mais je dois dire qu'il ne demande pas pour autant de le mettre. Il dit tout
simplement: Il n'est plus opportun de spécifier dans la loi de quelle
manière l'Assemblée prendra connaissance du document. En d'autres
termes, je comprends rapidement à la lecture de la lettre que le
président nous dit: Ce n'est pas nécessairement opportun, mais on
comprend que vous voudriez imposer des délais, par conséquent
vous pourriez le faire de telle façon, si vous teniez à le faire.
Disons que la position du président s'est assouplie depuis le premier
avis que nous avons reçu. Mais, à côté du
président de l'Assemblée nationale, qui a une
préoccupation de l'organisation des travaux, il y a également le
leader gouvernemental qui a aussi des préoccupations et lui avait une
position ferme à cet égard.
M. Ryan: Est-ce que...
M. Bérubé: Quant à moi, ma position
continuerait... Je ne vois pas vraiment d'argument à invoquer
jusqu'à maintenant pour nous amener à changer d'idée, sauf
peut-être que l'idée d'ajouter la possibilité pour la
commission, lorsqu'un nombre de membres le demande, mais pour cela j'aimerais
mieux lui soumettre un tel amendement. Dès que cela touche
l'organisation des travaux de l'Assemblée nationale, je suis un peu mal
à l'aise parce qu'évidemment ce n'est pas moi qui en ai la
responsabilité et je n'aime pas souscrire comme représentant d'un
gouvernement à un amendement qui n'a pas eu l'agrément du
gouvernement. Je ne peux pas dire pour l'instant qu'il a l'agrément du
gouvernement. Si mon collègue avait précédemment
accepté un amendement en commission parlementaire engageant là la
responsabilité gouvernementale, évidemment le gouvernement doit
bien s'y sentir lié. Seulement, à la première occasion,
quand on peut corriger ce que je qualifierais une erreur, à ce
moment-là on le corrige.
M. Ryan: M. le Président, comme le ministre a offert de
consulter le leader du gouvernement à l'Assemblée nationale, je
voudrais qu'il le consulte à partir peut-être d'une version
légèrement modifiée de l'amendement qui avait
été proposé. Cela pourrait se lire à peu
près comme suit: "Sur demande d'au moins trois de ses membres, la
commission compétente de l'Assemblée nationale se réunit
pour en faire l'étude dans les 90 jours à compter du
dépôt du décret."
M. Bérubé: Quand vous dites "trois de ses
membres".
M. Ryan: Oui.
M. Bérubé: ...on pourrait dire "au moins d'un de
ses membres".
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection. Je mettais cela pour faciliter
les choses au gouvernement pour qu'on ne soit pas soumis... Imaginez qu'il y
ait un député indépendant qui veut achaler tout le monde.
Il n'y a que cela à faire, à se réunir. Il n'y a pas de
caucus. Il n'y a pas d'organisation de parti à considérer et
tout.
Des voix: Ah! Ah!
M. Ryan: Non. Je dis cela bien simplement. Je n'ai personne en
vue en particulier, évidemment.
M. Bérubé: On pourrait dire...
M. Ryan: Mais je pense qu'avec trois...
M. Bérubé: ..."sur demande d'un
député de l'Opposition officielle".
M. Ryan: Non, non. Ce n'est pas ce que je... "Sur demande d'au
moins trois de ses membres". Je maintiens ma formulation, qui m'apparaît
susceptible de tenir compte de ces dangers d'abus.
Une voix: Dans les 90 jours...
M. Ryan: Dans les 90 jours. Je crois que le leader... Je vais me
permettre de dire un mot à votre leader également, pour qu'il
soit bien sûr que le point de vue de l'Opposition soit bien
présenté.
M. French: M. le député vous informe qu'il va
consulter votre leader pour...
M. Ryan: Non. Je vais lui parler, pas le consulter.
M. French: Ah! Vous allez lui parler!
M. Ryan: Parce que, chez nous, c'est une position ferme. C'est
pour essayer de le persuader du bien-fondé de cette opinion.
Le Président (M. Charbonneau): Je vous signale simplement
que, dans le règlement de l'Assemblée nationale, quand les
commissions se réunissent à leur propre initiative, c'est
à la double majorité.
M. Ryan: Si c'est écrit dans la loi que c'est pour en
faire l'étude, ils vont être obligés et la majorité
gouvernementale n'ira pas chercher une directive auprès du ministre en
dessous de la table.
M. French: M. le Président...
M. Bérubé: Le député d'Argenteuil
trouve que certains présidents de commission ne réussissent pas
suffisamment à obtenir des consensus doubles au sein de la commission
pour réussir à convoquer la commission dans des délais
raisonnables.
Le Président (M. Charbonneau): Sans doute
l'expérience lui a-t-elle enseigné certaines choses.
M. Bérubé: D'ailleurs, il me semble que le contact
que j'ai eu avec un certain nombre de présidents s'est toujours
avéré heureux... Ils étaient toujours très
conciliants et je n'ai pas vraiment eu de problème.
M. French: L'analogie, ce sont les engagements financiers. En
effet, c'est le critique de l'Opposition pour le portefeuille en question qui
convoque le ministre aux engagements financiers. S'il décide de ne pas
convoquer le ministre, parce qu'il n'y a rien à dire au ministre, cela
passe bang! bang! La vérification est faite sans problème. C'est
un peu la même idée et...
M. Bérubé: C'est cela. Je...
M. French: ...sur ce plan, la personne qui convoque le ministre
ou qui le demande ou une des trois personnes va avoir la responsabilité
d'alimenter les débats et d'avoir quelque chose de sérieux
è dire. Si elle n'en a pas, elle ne le convoque pas.
M. Bérubé: Mais, pour les engagements financiers,
est-ce que la convocation est automatique?
M. French: Non, au contraire. C'est une consultation qui est
faite dans les faits auprès des critiques de l'Opposition,
théoriquement faite auprès de tous les membres. Si un membre
ministériel veut convoquer son ministre pour lui poser des questions sur
un engagement financier, il peut bien le faire, sauf que la personne, le membre
dont il est question a la responsabilité, s'il convoque le ministre,
d'avoir quelque chose de sérieux à dire au ministre. Donc, ce
serait la même situation ici.
Le Président (M. Charbonneau): Néanmoins, si je
comprends bien vous voulez faire d'autres vérifications ou
consultations, ce qui ferait qu'on suspendrait l'adoption de l'article.
M. Ryan: C'est cela, jusqu'à ce soir.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, nous en sommes
maintenant à l'article 13.
M. Ryan: Je voudrais seulement vous prévenir d'une chose
avant que nous abordions l'article 13, M. le Président. D'abord, est-ce
que le ministre aurait objection à nous communiquer maintenant copie des
deux lettres qu'il dit avoir reçues du président de
l'Assemblée nationale? S'il y en a d'autres, évidemment, on
prendrait les autres aussi.
M. Bérubé: À ma connaissance, à moins
qu'il y en ait eu d'autres les dix dernières minutes.
M. Ryan: Deuxièmement, seulement pour le bon
déroulement de nos travaux, le ministre m'a prévenu au
début de la séance qu'il devrait s'absenter plus tôt parce
qu'il a un engagement important qui regarde directement les affaires de
l'État. Il faudrait peut-être qu'on s'entende tout de suite pour
ajourner à 17 h 30. Cela va vous faciliter les choses et il n'y aura de
malentendu pour personne.
Le Président (M. Charbonneau): Bon! Dans ce cas-là,
il nous reste un gros 20 minutes?
M. Bérubé: M. le Président, si vous voulez
adresser mes remerciements au député d'Argenteuil, parce que je
ne peux pas les lui adresser directement.
M. Ryan: II n'est pas achalantl
Le Président (M. Charbonneau): Cela étant fait, M.
le ministre, si je comprends bien, les uns et les autres rêvent tout
haut, quoi! Une harmonie retrouvée.
M. Bérubé: Oui, il n'y a aucun problème.
J'ai fort bien dormi la nuit dernière, d'ailleurs.
M. Ryan: Moi, je tremblais.
Le Président (M. Charbonneau): Article 13.
M. Ryan: L'article 13, je pense que c'est la reproduction
fidèle de ce qu'il y avait déjà...
M. Bérubé: Mais il y a certains de vos
collègues à qui je n'aurais pas donné de promotion,
malheureusement, j'ai sauté des lignes dans mon intervention. Il y a le
député de Sauvé à qui je voulais donner une
promotion comme sténographe aux petites écoles, mais...
M. Parent: J'en eus été très flatté,
M. le Président.
M. Ryan: On vous cherche une place dans le prochain
régime. Ce sera difficile à trouver.
M. Bérubé: C'est parce qu'il avait fait, dans son
discours, une remarque assez amusante, à savoir qu'il y aurait le
ministre des écoles de campagne et le ministre des écoles...
M. Parent: Les écoles de rang et les écoles du
village. Je vous vois très bien au village.
M. Ryan: Vous pensez que quelqu'un fait une suggestion et qu'on
va... Quand le ministre sera dans l'Opposition, on va le charger de construire
un mur des lamentations autour de l'Université Laval.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette pause-café
non conventionnelle, est-ce qu'on peut revenir à l'article 13?
M. Ryan: L'article 13 me paraît directement et
littéralement emprunté à l'article 13 de la loi actuelle
du ministère de la Science et de la Technologie. Je n'ai pas d'objection
du tout à cet article-là.
Le Président (M. Charbonneau): En conséquence de
quoi nous allons l'adopter?
M. Ryan: II peut être adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
M. Ryan: Tous les articles en faveur desquels nous aurions
déjà voté antérieurement, nous voterons pour encore
maintenant, étant donné que du côté de
l'Opposition...
M. Bérubé: C'est un signe de grande
cohérence.
M. Ryan: ...nous avons une remarquable constance dans les
orientations dont nous souhaitons toujours qu'elles puissent servir
d'inspiration au gouvernement.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Adopté.
J'appelle l'article 14.
Documents du ministère
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. J'appelle
l'article 15.
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. J'appelle
l'article 16.
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. J'appelle
l'article 17.
M. Ryan: J'aurais juste une question sur l'article 17. II n'y a
pas de problème en ce qui nous touche. Lui aussi est une transcription
littérale de ce qu'on trouvait déjà dans la loi sur
l'avancement technologique et scientifique. Il y a deux articles dans cette
section-là, l'ancienne section III... Il y avait six articles dans cette
section III et, ici, il en reste quatre. Est-ce que cela veut dire qu'il y en a
deux qui tombent? Est-ce qu'on pourrait m'indiquer lesquels et pourquoi?
M. Bérubé: Section III, lesquels?
M. Ryan: Lesquels tombent et pourquoi? Je pense qu'on a un beau
cas à l'article 17 qui...
M. Bérubé: Je vais vous les donner tout de suite
plutôt que de prendre de trop nombreuses informations et être
incapable de les débiter ensuite. L'article 17 est repris aux articles
15 et 16 en ce sens que, si nous reprenons les articles 15 et 16 que vous venez
d'adopter de façon immodérément hâtive, vous avez
accepté que les actes, documents et écrits, dans la mesure
déterminée par règlement du gouvernement, soient
publiés à la Gazette officielle du Québec.
Également, à l'article 16: "Le gouvernement peut, par
règlement publié à la Gazette officielle du Québec,
permettre, aux conditions qu'il fixe..." À ce moment-là, le
règlement adopté en vertu des articles 15 et 16 n'est plus
nécessaire quand vous regardez l'article 17, puisque nous avons repris
la publication à la Gazette officielle dans les deux articles
précédents.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté?
M. Bérubé: Vous avez été un peu
hâtif dans votre appui.
M. Ryan: Non, on demandait des explications. L'article 19,
maintenant.
Dispositions diverses et transitoires
Le Président (M. Charbonneau): Article 18?
M. Ryan: Excusez-moi.
M. Bérubé: L'article 19 disparaît è
cause de la nouvelle Loi sur les archives.
Le Président (M. Charbonneau): Article 18?
M. Ryan: Adopté, parce que c'est exactement comme dans la
loi actuelle.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. J'appelle
l'article 19.
M. Bérubé: Ce sont des concordances pour... (17 h
15)
M. Ryan: Attendez un petit peu. Là, je me suis
trompé. Article 18, ça marche, d'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Article 19?
M. Bérubé: Article 19, c'est une vieille loi qui
n'est plus en vigueur.
M. Ryan: Une vieille loi qui était inopérante,
à toutes fins utiles. D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Article
20?
M. Ryan: C'est une clause qui regarde l'emploi de termes
normalisés, si j'ai bien compris, n'est-ce pas?
M. Bérubé: C'est ça, dans les ouvrages
d'enseignement, par exemple, approuvés par le ministère de
l'Éducation. Dans le cas présent, c'est approuvé par le
ministère de l'Enseignement supérieur également.
M. Ryan: Sur division ici. Quand on fait intervenir le ministre
de l'Enseignement supérieur plutôt que le ministre de
l'Éducation, évidemment, en étant logique avec notre
position de principe, nous allons demander que cela soit adopté sur
division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division.
Article 21?
M. Bérubé: Article 21, c'est lemême...
M. Ryan: C'est l'approbation de noms par la Commission de
toponymie. Même chose.
M. Bérubé: II s'agit surtout de leur inscription
dans les ouvrages d'enseignement, de formation et de recherche publiés
au Québec et approuvés par le ministre de l'Éducation,
à l'heure actuelle, et, désormais, par les deux ministres.
M. Ryan: C'est ça, sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur
division.
M. Ryan: Oui, le principe ici, M. le Président, vous
comprendrez facilement -c'est bon de le dire explicitement, cependant - c'est
que, lorsqu'il s'agit uniquement de dispositions de concordance qui modifient
des lois existantes pour les rendre conformes à la nouvelle loi, nous ne
faisons pas de débat interminable. Cela ne nous donne rien. Nous
inscrivons notre dissidence parce que nous étions contre la
création d'un ministère séparé, mais, dans la
logique du principe qui a présidé à cela, nous ne voulons
pas éterniser la procédure. Par conséquent, nous
demanderons le vote sur division dans ces cas-là. Il y aurait un certain
nombre de cas où le projet de loi va plus loin que les objectifs de
concordance et où il apporte des modifications de substance. À ce
moment, il y aura discussion appropriée. Nous l'indiquerons en temps
utile à mesure que nous avancerons. Avertissement
sévère.
Le Président (M. Charbonneau): La présidence prend
note de ces explications et appelle maintenant l'article 22.
M. Ryan: Un avertissement qui peut contenir toutes sortes de
choses.
Le Président (M. Charbonneau): Article 22?
M. Ryan: Ce sont des membres ex officio. On va ajouter le
ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie. D'accord, celui-là est adopté. Comme il existait
déjà...
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Article
23?
Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation
M. Ryan: Si vous voulez attendre juste une minute, il y a un
problème qui se pose ici à propos des dispositions relatives au
Conseil supérieur de l'éducation. Nous entrons dans cette section
du projet de loi. Je pense que le ministre l'a évoqué
lui-même dans son discours liminaire l'autre jour. On se trouve à
créer un statut ambivalent, pour dire le moins, pour le Conseil
supérieur de l'éducation. Suivant la loi actuelle, le Conseil
supérieur de l'éducation, ainsi que l'indiquent le
préambule et les autres articles qui définissent ses attributions
et ses responsabilités, embrasse, en principe, du moins, tout le champ
de l'éducation. Il peut se saisir de n'importe quel problème. Il
peut être saisi par le ministre de n'importe quel problème qui a
des liens avec le bien de l'éducation sous une forme ou sous une autre.
On institue une structure de direction politique bicéphale pour le
système d'enseignement et il fallait disposer du Conseil
supérieur de l'éducation. En bonne logique, à moins que je
me trompe, il aurait fallu qu'on crée deux conseils consultatifs: un
pour le secteur qui relève du ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie et un pour le ministre qui
est responsable de l'enseignement primaire et secondaire. Il me semble que la
logique de notre système veut qu'on confie les responsabilités
clairement. Si on crée une structure consultative, on la fera
fonctionner dans le champ qui a été confié à la
responsabilité de tel ministre ou une autre pour un autre ministre.
Il y a un problème de logique qui n'est pas résolu
à ma satisfaction. Le gouvernement peut avoir des raisons
supérieures, politiques, de souhaiter qu'on conserve un organisme
à vocation générale aux fins consultatives prévues
dans la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation. Il me semble
qu'il aurait été mieux de le faire relever de quelqu'un d'autre
que de l'un des deux ministres et je crois que cela aurait été
mieux de le rattacher directement au bureau du premier ministre. Cela pourrait
être une sorte de conseil supérieur de l'éducation, disons,
national, ou de l'éducation tout court - je n'ai pas d'objection - mais
qui, lui, a une grande liberté pour regarder toute chose. Il peut partir
du point de vue de l'entreprise. Il peut regarder cela à partir du point
de vue de n'importe quel groupe - des Églises - de n'importe quel groupe
de la société. On n'est pas obligé de passer par la
filière étroite, mais, si on le laisse... Il y a un article plus
loin qui va venir où on dit que l'application de la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation relève du ministre de
l'Éducation. Ce n'était pas dit clairement, mais cela allait de
soi; tout le monde l'avait compris. Là, il fallait le dire parce que
cela n'allait plus de soi. Cela va faire drôle, parce que, si
l'application de la loi relève de lui, à un moment donné,
il y a des mandats qui viennent de deux directions. Je comprends que les
ministres ne seront pas tellement portés à lui en donner, parce
qu'à mon humble point de vue l'action du gouvernement actuel depuis huit
ans a consisté à diminuer continuellement le champ d'intervention
du Conseil supérieur de l'éducation et à le confiner de
plus en plus au secteur de l'enseignement primaire et secondaire. II a fait
quelques incursions dans d'autres secteurs ces dernières années,
mais elles n'ont pas eu beaucoup de répercussions. Le gouvernement n'a
semblé lui attacher aucune signification et, là où cela a
été le plus percutant, c'est dans le champ de l'enseignement
primaire et secondaire. Il faut bien se mettre les pieds à terre
à un
moment donné et regarder les choses comme elles sont. Je ne sais
pas, mais, là, il y a beaucoup d'articles qui viennent et qui
véhiculent également cette difficulté structurale qu'on
trouve dans le projet de loi, et je pense qu'il faut clarifier cela. Je ne sais
pas comment. J'ai mentionné une avenue. Il me semble que, s'il doit
garder une vocation générale, comme il sera susceptible de
recevoir des mandats ou de se saisir lui-même de mandats pouvant
intéresser l'un ou l'autre ministre, il faut qu'il y ait un arbitrage
qui puisse se faire quelque part. Il me semble que les deux ministres qui
seront potentiellement en situation de conflits l'un avec l'autre sont mal
placés pour arbitrer eux-mêmes les litiges susceptibles de
s'élever entre eux. Je pose le problème. Vous avez sûrement
étudié cela longuement parce que ce n'est pas la partie la plus
lumineuse du projet de loi et je ne sais pas comment vous répondez
à ces difficultés.
M. Bérubé: II y a au moins trois options possibles.
Une option pouvait consister à dire: II y a déjà un
Conseil des collèges, un Conseil des universités et un Conseil de
la science et de la technologie. Il pourrait très bien y avoir un
conseil... Le ministre de l'Enseignement supérieur a beaucoup de
conseillers. Cela se passe aux portes. On nous fournit tellement de conseils
qu'à un moment donné on n'a plus le temps de les lire. On a
déjà beaucoup de conseillers. On aurait très bien pu dire:
Le Conseil supérieur de l'éducation va conseiller le ministre de
l'Éducation en matière d'éducation primaire et secondaire,
et régler le problème. C'est une voie. L'inconvénient de
cette voie, c'est qu'elle laisse en suspens un aspect de l'intervention
gouvernementale que souligne le député d'Argenteuil. Il peut y
avoir des problèmes d'intégration entre le secondaire et le
collégial, par exemple, comme il peut y avoir... Prenons le secondaire
et le collégial. Ces problèmes d'intégration font en sorte
que le type d'enseignement qu'on donne au collégial repose sur une base
dispensée au niveau secondaire. Évidemment, la nature de cette
base n'est pas sans implication pour l'avenir du développement du
réseau collégial.
Donc, le gouvernement est amené, comme gouvernement, à
prendre des décisions quant à l'intégration de ces
niveaux. On pourrait avoir une réaction du Conseil supérieur de
l'éducation au niveau primaire et une autre réaction, par
exemple, du Conseil des collèges au niveau collégial. On aurait
donc deux avis au gouvernement et on n'aurait peut-être pas une
intégration aussi grande. On peut imaginer que le Conseil
supérieur de l'éducation puisse s'intéresser quand
même encore à ce problème un peu global des interactions et
qu'on lui maintienne ce mandat-là. On aurait pu aussi donner un mandat
parallèle au Conseil des universités et au Conseil des
collèges, car, en effet, la qualité, souvent, de l'enseignement
collégial dépend de la qualité de l'enseignement qui a
été dispensé au niveau secondaire. Le Conseil des
collèges pourrait aussi avoir des opinions à émettre
concernant ce qui se passe au niveau secondaire. On aurait très bien pu
imaginer des possibilités parallèles où le Conseil des
collèges aurait pu donner des avis au ministre de l'Éducation et
où le Conseil supérieur de l'éducation aurait pu donner
des avis au ministre de l'Enseignement supérieur. En fait, tout le monde
se serait donné des avis et cela aurait été fantastique.
On aurait eu des avis croisés, on en aurait eu de partout, on n'aurait
pas été capable de les arrêter; ce serait venu comme des
balles de golf. Enfin, cela aurait pu être une approche.
Finalement, j'ai sympathisé avec mon collègue de
l'Éducation en me disant que, dans le fond, s'il fallait commencer
à avoir deux conseils qui relèvent de moi et qui commencent
à tirer à boulets rouges sur le ministre de l'Éducation en
dénonçant la piètre qualité de ceci ou de cela,
j'ai pensé qu'il en avait déjà plein les mains et que je
pouvais prendre un conseil de plus. Vous savez, quand on en a
déjà trois, on peut en prendre quatre. Quand il y en a pour
trois, il y en a pour quatre. J'ai pensé que, effectivement, on pouvait
prendre également les avis du Conseil supérieur de
l'éducation qui continuera donc à devoir examiner ces
problèmes d'intégration. C'est ce que le Conseil supérieur
de l'éducation nous demandait, d'ailleurs. C'est donc la voie retenue.
Donc, non pas garder un parallélisme absolu où chaque conseil
peut donner des avis à n'importe qui, mais dire: Le Conseil
supérieur de l'éducation va maintenir une sorte de vision un peu
verticale sur l'ensemble. À ce moment-là, il fallait quand
même arrondir les coins un tout petit peu. Le ministre de l'Enseignement
supérieur n'est évidemment plus obligé de demander des
avis au Conseil supérieur de l'éducation, ce qui n'est pas le cas
du ministre de l'Éducation, qui, lui, a des avis qu'il doit
obligatoirement demander. C'est un premier changement important.
Deuxièmement, on laisse quand même au ministre de
l'Enseignement supérieur le soin de demander un avis au Conseil
supérieur de l'éducation si, effectivement, il estime qu'il ne
reçoit pas suffisamment d'avis et qu'il aimerait en recevoir d'autres.
On lui donne donc cette possibilité. J'admets avec le
député d'Argenteuil que cela ne sera pas très
fréquent, mais on laisse au Conseil supérieur de
l'éducation le soin, de sa propre initiative, d'estimer que le ministre
de l'Enseignement supérieur a besoin davantage d'avis et, donc, de lui
en ajouter un.
On a donc gardé la flexibilité la plus complète,
mais cela veut dire, en pratique, que le Conseil supérieur de
l'éducation fera ce qu'il fait depuis déjà plusieurs
années. Il n'a à peu près pas donné d'avis dans le
domaine collégial, et cela se comprend. Il se met dans une situation un
peu délicate. Vous avez déjà un Conseil des
collèges, un Conseil des universités qui analysent des questions,
qui ont déjà une équipe technique pour bâtir les
bases d'un avis étoffé. Quand le Conseil supérieur de
l'éducation, qui n'a pas les ressources de ces deux autres conseils, et
c'est normal, veut empiéter dans les plates-bandes des deux autres
conseils, il se rend compte que c'est un peu dangereux. Alors, le Conseil
supérieur de l'éducation examinera donc davantage l'aspect des
articulations entre les niveaux d'enseignement et, ma foi, ce n'est
peut-être pas mauvais qu'il y en ait un qui s'intéresse à
ces articulations-là. Quant à en avoir un, aussi bien le Conseil
supérieur de l'éducatipn.
Ce que nous avons retenu, c'est que les articulations seront
examinées par le Conseil supérieur de l'éducation qui
pourra nous fournir des avis quand il estime qu'il y a des problèmes
d'articulation. Quant à des interventions directes dans des secteurs
collégiaux ou universitaires, il y a belle lurette que le Conseil
supérieur de l'éducation, depuis la création du Conseil
des collèges et du Conseil des universités, évite de
s'immiscer dans ces domaines au risque d'être en opposition avec les deux
autres conseils et de devoir placer le gouvernement dans la situation un peu
bizarre où il a deux conseillers avec deux opinions différentes.
Quant au ministre de l'Enseignement supérieur, notez bien qu'il a quatre
conseillers à ce rythme-là. Il risque bientôt d'avoir de
petits problèmes d'harmonisation.
Je pense que, dans la mesure où le Conseil supérieur se
concentrera sur les articulations, cela ne posera pas de problèmes.
Donc, le Conseil supérieur de l'éducation conseillera
véritablement le ministre de l'Éducation de façon
permanente, comme il le fait présentement, et s'intéressera aux
articulations de l'ensemble du système, ce qui le met dans une position
où il y a peu de risques de conflit.
Le Président (M. Charbonneau): On serait peut-être
mieux de suspendre nos travaux jusqu'à ce soir, tel que convenu.
M. Ryan: Juste sur une question de règlement, M. le
Président. Comme nous touchons à des points dans le projet de loi
qui relèvent de la compétence première du ministre de
l'Éducation, est-ce que ce ne serait pas une bonne chose qu'il soit avec
nous ce soir pour la discussion des articles qui traitent du Conseil
supérieur de l'éducation et des articles qui traitent de
changements à la Loi sur le ministère de l'Éducation?
M. Bérubé: Vous voulez que je lui transmette votre
invitation? Cela me fait plaisir. Je peux lui transmettre l'invitation parce
que c'est le pouvoir de toute commission, à ma connaissance, d'inviter
un ministre à venir répondre à des questions. Je vais lui
transmettre la demande. Dans la mesure où il est capable
d'insérer cela dans son emploi du temps, je pense bien qu'il
n'hésitera pas à venir.
Le Président (M. Charbonneau): Compte tenu de la
réponse du ministre, la demande du président de la commission
serait maintenant la demande de la commission. Dans la mesure où le
ministre de l'Éducation pourra y répondre favorablement, nous
apprécierions...
M. Bérubé: Je n'ai pas d'objection à ce que
le président de la commission transmette l'invitation gentille. Cela se
ferait de façon plus formelle.
Le Président (M. Charbonneau): Je présume que vous
avez autant de chances, sinon plus, que le président de la commission
d'entrer en contact avec votre éminent collègue, encore
là, neuf ans d'expérience parlant un peu. Sur ce, les travaux de
la commission sont supendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 32)
(Reprise à 20 h 21)
Le Président (M. Charbonneau): La commission de
l'éducation et de la main-d'oeuvre reprend dans l'enthousiasme et le
délire exubérant ses travaux. Je signale que le
député de Fabre est membre de la commission ce soir.
M. Leduc (Fabre): Comment cela se fait-il? Je suis toujours
membre.
Le Président (M. Charbonneau): Mon cher
député, vous avez été remplacé aujourd'hui
momentanément par Mme Lachapelle, lors de votre banquet à
l'extérieur de cette enceinte.
Une voix: Sommes-nous en ondes?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, on est en ondes.
À l'ordre! On est toujours à l'article 23. Je comprends que le
président a peut-être donné le mauvais exemple, mais je
voudrais rappeler un peu tout le monde dans cette salle à l'ordre. On va
suivre l'exemple du ministre qui, généralement, est fort
discipliné et a toujours des propos fort
délicats pour ses collègues. Nous continuons à
l'article 23.
M. Bérubé: M. le Président, je suis rarement
l'objet de félicitations comme celles que vous venez d'avoir à
mon égard. Je les prends tout entières.
Le Président (M. Charbonneau): Voilà! Cela sera
consigné au Journal des débats.
M. Bérubé: Vous me donnez la parole, M. le
Président. Vous êtes trop bon.
Le Président (M. Charbormeau): Généralement,
vous la prenez avant qu'on vous la donne.
M. Bérubé: C'est bien la seule chose que vous ne
m'ayez jamais donnée, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Vous êtes mieux,
là aussi, de faire enregistrer cela au Journal des débats. Ce
sera probablement la dernière aussi.
M. Bérubé: J'ai même l'impression que vous me
la prêtez pour 20 minutes.
Le Président (M. Charbonneau): En espérant que vous
n'utiliserez point 20 minutes.
M. Bérubé: M. le Président, pour donner
suite aux discussions que nous avons eues avant le dîner, dîner qui
fut bref dans mon cas, j'espère qu'il a été plus
plantureux pour vous...
M. Ryan: On n'a pas les moyens.
M. Bérubé: ...nous avions discuté d'un
certain nombre de problèmes avant la clôture de nos travaux qui
portaient tantôt sur une définition d'objectifs que nous pourrions
inscrire dans la loi créant le ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, qui serait susceptible de
donner un souffle - le député d'Argenteuil a parlé d'une
âme, je crois - une envolée. Évidemment, quand on parle
d'envolée, nous nous inquiétons toujours de l'atterrissage. Nous
avons donc essayé d'examiner dans quelle mesure il serait possible
d'aller dans ce sens.
Je ne reprendrai pas le genre de préoccupations que j'ai, M. le
Président. Je ne suis pas juriste même si je suis l'auteur de
plusieurs lois, mais, fort heureusement, il existe beaucoup de juristes au
gouvernement et, en conséquence, je me suis généralement
fié à leur bon jugement lorsqu'il s'agit de coucher, en termes
juridiques, les intentions du législateur.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, est-ce que
vous êtes toujours à l'article 23?
M. Bérubé: Oui, je suis toujours à l'article
23, vous allez voir, j'y arrive. Vous savez, il y a ce programme
télévisé français où, avec des chiffres
aléatoires, on arrive à faire à peu près n'importe
quel nombre. Pour me retrouver au nombre que vous avez, par quelques
soustractions, additions, multiplications et divisions habiles, vous devriez
tomber sur le bon numéro.
Le Président (M. Charbonneau): Je me méfie, car,
contrairement à votre habitude, vous n'avez point votre calculatrice
à portée de la main.
M. Bérubé: Ah! Je regrette, M. le Président,
si vraiment vous désirez connaître le sinus hyperbolique de 2,7,
je peux vous le calculer instantanément.
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que vous seriez
mieux de continuer.
M. Bérubé: Je vais continuer avec ma parabole, M.
le Président.
M. Ryan: On a une calculatrice mais elle donne de drôles de
résultats.
M. Bérubé: Elle est très bien, cette
calculatrice, mais je voudrais que vous indiquiez à votre adjoint que
déjà la compagnie Sharp en a de plus petites et tout aussi
puissantes. Mais elle est bien, elle est très bien.
Une voix: Mais elle n'est pas aussi intelligente.
M. Bérubé: Non, non, vous avez 4,5 cas de
mémoire sur cela, vous vous avez le basic étendu, c'est
même assez surprenant.
M. Ryan: Celle-là, elle parle!
M. Bérubé: C'est le miracle de la technologie;
c'est vrai, elle parle en plus. Pourriez-vous remplacer le député
d'Argenteuil, M. le Président, par sa calculatrice?
Pour être sérieux, examinons donc la possibilité
d'introduire, par exemple, les objectifs poursuivis par le député
d'Argenteuil. On a pensé à suggérer ceci. Toutefois, je
voudrais, avant de coucher dans le ciment une telle proposition, que nous
puissions la soumettre au jurisconsulte, je présume, qui est le
secrétaire du Comité de législation de manière
qu'il puisse peut-être réagir à cette proposition. Ce que
nous aurions proposé pour répondre au point soulevé par le
député d'Argenteuil, c'est
ceci: À l'article 8, on aurait pu remplacer le premier
alinéa par ceci... Je vous rappelle le premier alinéa, c'est: "Le
ministre élabore et propose au gouvernement des politiques relatives aux
domaines de sa compétence; il en dirige et en coordonne l'application."
Alors, pour être beaucoup plus précis, on aurait pu dire: Le
ministre élabore et propose au gouvernement des politiques relatives aux
domaines de sa compétence en vue notamment - on insérerait
là les objectifs - "1° de contribuer, par la promotion, le
développement et le soutien de ces domaines, à
l'élévation du niveau scientifique, culturel et professionnel;
2° de favoriser l'accès aux formes les plus élevées du
savoir et de la culture... J'ai senti là un souffle et une âme
dignes du député d'Argenteuil. On pourrait terminer à ce
moment par "3° II dirige et coordonne l'application de ces politiques." Je
n'en fais pas une proposition formelle. 11 va de soi que c'est exactement comme
si je n'avais pas prononcé ces mots, c'est-à-dire que demain je
serai en mesure de...
M. Ryan: Je crois que vous n'êtes pas en mesure d'en faire
une proposition ce soir.
M. Bérubé: C'est l'idée
générale.
M. Ryan: Cela veut dire que vous supposez que nous allons
siéger demain.
M. Bérubé: Je l'ignore. M. Ryan: Pardon?
Le Président (M. Charbonneau): Je pense qu'on n'a jamais
de quoi être présomptueux. Il y a plusieurs membres de la
commission qui pouvaient penser qu'on aurait pu avancer ce soir d'une
façon...
M. Ryan: Cela dépend. Si cela ne peut pas être
prêt avant demain, je pense bien qu'on va être obligés de
siéger demain.
M. Bérubé: S'il ne nous restait que cela à
régler, je pense qu'on pourrait s'entendre avec le leader pour trouver
un coin quelque part, il me semble.
M. Ryan: Je ne déteste pas l'idée, mais il y a des
éléments majeurs qui sont absents dans ce que vous dites; vous
amputez notre proposition d'à peu près les deux tiers.
M. Bérubé: Oh! On couvre à peu près
tout. Voyez, le paragraphe 4 de votre proposition se retrouvait à
l'article 9.2 et vous l'aviez, d'ailleurs, reconnu lors de la discussion. Donc,
il s'agissait simplement de voir comment on conciliait les paragraphes 1, 2 et
3. Aux paragraphes 1, 2 et 3, il s'agissait de s'élever très haut
et alors nous avons cherché à nous élever en ce qui a
trait aux formes les plus élevées du savoir, quoi!
M. Ryan: Le paragraphe 2 est insatisfaisant, je vous le dis tout
de suite, comme il est là. C'est peut-être mieux que rien, mais ce
n'est pas loin de rien. Le paragraphe 2, comme vous le formulez.
M. Bérubé: Le paragraphe 2, c'est "de favoriser
l'accès aux formes les plus élevées du savoir et de la
culture." On retrouve, en fait: de contribuer dans toutes les branches du
savoir à l'élévation du niveau scientifique, culturel et
professionnel. Alors, ce qu'on dit, c'est "de favoriser l'accès aux
formes les plus élevées du savoir et de la culture". C'est
beau!
Mme Dougherty: Pour tous les Québécois qui ont la
capacité de savoir.
M. Bérubé: Oui, mais là, ce que nous avons
cherché à éviter, c'est...
M. Ryan: Regardez! Vous pouvez peut-être faire une chose.
Quand vous allez être en mesure de nous déposer un texte, on va le
regarder. D'accord? Si vous pouviez l'avoir ce soir, ce serait tant mieux.
M. Bérubé: On pourrait peut-être
déposer un texte dès ce soir. Ce serait plus facile si on pouvait
le faire dactylographier.
La Secrétaire: Oui, il n'y aura pas de
problème.
M. Bérubé: Mme Giguère nous dit qu'il n'y a
pas de problème.
Le Président (M. Charbonneau): La commission offre des
services immenses au gouvernement.
La Secrétaire: Est-ce que vous le faites dactylographier
tel quel?
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce à dire
que...
M. Bérubé: Le deuxième point, M. le
Président, avait trait à la convocation automatique de
commissions parlementaires pour examiner des décrets portant sur la
création de corporations en vertu d'un des articles du projet de
loi.
Une voix: L'article 12.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais juste qu'on se
comprenne, M. le ministre. On n'est plus dans la discussion sur l'article
23.
M. Bérubé: On revient un petit peu.
Le Président (M. Charbonneau): C'est ça.
M. Ryan: Ensuite, le ministre a apporté un autre article,
je pense que c'était, celui-là...
Une voix: L'article 12. M. Ryan: C'est ça, 12.
M. Bérubé: Alors, à l'article 12, j'ai pu
discuter, durant ce qui aurait pu tenir lieu de repas, avec le leader de la
proposition d'amendement. Je ne peux pas dire qu'il a changé
d'idée sur l'opinion qu'il m'avait donnée antérieurement.
Il me souligne, entre autres, qu'il est bien d'adopter des lois, mais que, si
nous sommes pour les violer systématiquement comme Assemblée
nationale, c'est un peu gênant. Il nous souligne que c'est
malheureusement la situation que nous avons vécue et la situation que
son expérience lui indique que nous risquons de vivre et, en
conséquence, il ne manifeste pas plus d'enthousiasme qu'il ne faut.
Toutefois, il reconnaît que la proposition telle qu'elle a
été amendée par l'Opposition est moins contraignante
puisqu'elle permet la discussion entre les leaders, et on sait à quel
point les travaux de la Chambre font l'objet de négociations permanentes
pour établir un ordre du jour satisfaisant. En conséquence, la
contrainte telle qu'exprimée dans le présent amendement soumis
par l'Opposition et telle qu'ils l'ont eux-mêmes sous-amendée a
l'avantage d'ouvrir la porte, en tout cas, à une telle
négociation entre leaders et, donc, de faciliter l'organisation des
travaux de la Chambre. C'est un compromis, un pis-aller, mais il voulait
néanmoins l'examiner à tête reposée pour pouvoir me
donner un avis.
M. Ryan: Oui, d'accord. Vous allez nous donner des nouvelles sur
cela.
M. Bérubé: Sur ces deux points-là, je
pourrai vous donner un avis définitif. On pourra vous remettre un texte
préliminaire concernant les amendements à l'article 8 et je
pourrai vous donner la réponse finale concernant notre position face
à votre amendement.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que ça
va?
M. Ryan: Très bien. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien, on en
suspend toujours l'adoption? Donc, nous revenons à l'article 23.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Article 23?
M. Bérubé: M. le Président, compte tenu que
j'ai procédé à un exposé que j'ai voulu le plus
complet possible de la philosophie qui a prévalu à l'amendement
de la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, je n'aurai pas
à intervenir sur chacun des articles touchant cette loi, puisque j'ai
essayé de les traiter globalement.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a des
commentaires particuliers sur l'article 23 ou est-il adopté?
M. Ryan: Article 23, adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Article 24?
M. Ryan: Ici, encore, fondamentalement, je pense que vous
comprendrez que notre position qui consiste à maintenir l'unité
politique de direction du système d'enseignement s'accompagne d'une
position voulant qu'il y ait un Conseil supérieur de l'éducation
au Québec. Je ne voudrais pas qu'il existe aucun doute dans l'esprit de
qui que ce soit à ce sujet. Mais nous trouvons qu'étant
donné l'option qu'a retenue le gouvernement qui consiste à
scinder en deux la direction politique du système d'enseignement le
gouvernement n'est pas logique avec lui-même quand il agit comme il le
fait. II veut sauver la chèvre et le chou et crée une situation
que je qualifierais d'un terme plus vigoureux que celui que j'employais cet
après-midi, j'irais même jusqu'à dire une situation
bâtarde.
M. Bérubé: Quel terme!
M. Ryan: II faut être capable d'employer un langage vert
des fois pour qualifier la réalité comme on la perçoit; ce
n'est pas du tout interdit à l'esprit sain; ne vous inquiétez
point!
M. Bérubé: Le député d'Argenteuil
verdit, M. le Président!
M. Ryan: Non, si vous le connaissiez mieux, vous verriez que ce
n'est rien de nouveau.
M. Bérubé: C'est son printemps, quoi! C'est
l'été de la Saint...
M. Ryan: II y avait une expression du
cardinal Newman - je ne sais pas si vous connaissez ses oeuvres - qui
disait que la caractéristique d'une personne en santé,
c'était la vigueur chronique. D'une saine doctrine aussi, il disait
qu'elle se caractérisait par sa vigueur chronique à travers les
âges. Je crois qu'ici nous sommes obligés d'être
conséquents avec nous-mêmes et nous ne pouvons pas accepter ceci.
Par conséquent, nous allons voter contre cela.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division
dans ce cas-là. Article 25?
M. Ryan: Je suis obligé d'être opposé
à l'article 25 aussi, parce que je ne vois pas comment un organisme qui
ne relève pas de l'autorité générale du ministre
peut avoir de par la loi le mandat de lui soumettre des avis sur les choses qui
sont de la compétence du ministre. Je ne vois pas cela. En bonne
logique, j'ai bien de la misère à concevoir cette affaire. Autant
je verrais, à supposer qu'il y aurait des organismes parallèles,
comme le sont les ministères, que celui qui serait au niveau
collégial et universitaire... Et, encore là, vous avez dit: 11 y
en a quatre ou cinq pour vous aviser. J'espère que vous sabrerez
là-dedans tôt ou tard et que vous allez mettre un peu de
simplicité, parce que, quand il y a une prolifération de
structures consultatives, c'est stérilisant pour tout le monde.
Je ne suis au courant de rien; peut-être que cela me concerne, je
ne le sais pas du tout. Mais ces machines sont bien dangereuses; ce sont des
machines dangereuses.
M. Bérubé: Attendez un peu, si je peux trouver
comment les programmer, cela va certainement finir par vous concerner.
M. Ryan: N'oubliez pas que l'auteur de tout mal est celui-ci qui
est plutôt de votre école dans ses gadgets.
M. Bérubé: C'est un jeune homme promis à un
brillant avenir!
M. Ryan: Ici, je vois mal qu'il puisse adresser des avis au
conseil, mais je verrais très bien, par exemple, s'il y avait un
organisme consultatif aux niveaux collégial et universitaire, que, quand
il émet des opinions sur des problèmes de sa compétence,
il émette aussi des jugements sur la qualité du travail qui a
été fait auparavant. De même, si les diplômés
du système, dans sa branche primaire et secondaire, éprouvent des
difficultés en arrivant à l'autre niveau, que le conseil qui est
chargé de cette partie ait la liberté d'émettre des
opinions, je pense que ça va de soi aussi.
Je trouve qu'on est dans une structure qui n'est pas bonne parce qu'il
va arriver des conflits de mandat, du moins en principe. Le potentiel est
là, et le ministre disait: Je n'ai pas l'intention de m'en servir. Il
nous a dit cela cet après-midi. Il n'y aura pas de conflit s'il ne s'en
sert pas parce que ce sera dans les faits, ce que je dis. Mais à
supposer qu'il serait sincère quand il met cela ici et qu'il voudrait
s'en servir loyalement, à ce moment-là, il va arriver des
conflits, c'est évident, d'abord, entre les avis qui vont émaner
de cet organisme et ceux qui émaneront des organismes plus
spécialement désignés pour aviser le ministre et,
deuxièmement, dans l'agencement du travail de l'organisme. Supposez
qu'il reçoive quatre mandats du ministre de l'Enseignement
supérieur et qu'il en reçoive six du ministre de
l'Éducation, avec des ressources qui resteront, par définition,
limitées, comment va-t-il s'arranger, comment va-t-il faire ses
choix?
M. Bérubé: Ils fourniront des avis plus brefs.
M. Ryan: Comment établira-t-il ses priorités? Je
pense qu'il y a un problème structurel, il y a un défaut
inhérent à cette partie du projet de loi qui doit être
dénoncé. Je pense que ce n'est pas correct.
M. Bérubé: M. le Président, je vous dirai en
toute honnêteté que j'aurais été de la
cohérence du député d'Argenteuil et, personnellement,
j'aurais effectivement facilement accepté que le ministre de
l'Enseignement supérieur n'ait pas d'avis à recevoir du Conseil
supérieur de l'éducation. Non pas que je n'aie pas tissé
au cours des mois des liens très étroits et chaleureux avec le
Conseil supérieur de l'éducation et que je ne respecte pas la
qualité des avis qu'il donne, mais je vous avouerai en toute
honnêteté que, déjà, il doit recevoir des avis du
Conseil des collèges, du Conseil des universités, du Conseil de
la science et de la technologie. C'est beau de recevoir des avis de tout le
monde, mais à un moment donné il faut y donner suite aussi. Ces
avis ne sont pas faits pour demeurer lettre morte; ils sont faits pour
être analysés et ils sont faits pour qu'on y donne suite et qu'on
cherche, dans la mesure de nos moyens, à améliorer
continuellement notre système d'éducation. Or, il est clair
qu'avec trois conseils consultatifs qui vous donnent des avis, vous en avez
bien amplement.
Deuxièmement, il faut reconnaître que le Conseil
supérieur de l'éducation, depuis des années, ne donne plus
d'avis dans le secteur du collégial et des universités. Reste
cependant un problème, c'est celui de la coordination interniveaux. Nous
reconnaissons que le Conseil des collèges ne l'a pas dans son mandat.
Évidemment, il peut toujours, dans son avis au ministre de
l'Enseignement
supérieur, indiquer que la formation préparatoire est
inadéquate, comme le Conseil des universités peut le souligner,
mais il demeure qu'il n'a pas, comme tel, à analyser le contenu des
programmes d'enseignement au secondaire pour proposer, par exemple, des
modifications. Donc, il est clair que ni le Conseil des collèges, ni le
Conseil des universités n'ont de possibilité réelle de
conseiller quant à des modifications qui pourraient avoir des effets
interniveaux. II peut donc être utile d'avoir un conseil qui ait cette
responsabilité.
Si le Conseil supérieur de l'éducation devait
développer une habitude systématique de s'éloigner de
cette stricte réflexion sur la coordination interniveaux pour s'engager
dans une analyse plus en profondeur de type sectoriel, je ne vous cache pas
que, très rapidement, des problèmes politiques se poseraient.
Mais ils se seraient posés de toute façon dans le système
actuel, car le Conseil supérieur de l'éducation avait compris et
ne se mêlait pas trop du domaine du Conseil des collèges ou du
Conseil des universités. Mais s'il s'était produit que
systématiquement le Conseil supérieur de l'éducation
émette des avis contradictoires avec le Conseil des collèges,
avec le Conseil des universités, soit continuellement dans les
plates-bandes de ces deux conseils, écoutez, c'est inévitable
que, très rapidement, le problème serait remonté au niveau
politique et il y aurait certainement eu, un jour, un amendement à la
loi pour dire: Écoutez, on va régler le problème une fois
pour toutes et on va vous donner chacun un domaine. (20 h 45)
Donc, faisons l'hypothèse que le Conseil supérieur de
l'éducation va effectivement se cantonner à son rôle de
coordination interniveaux et de réflexion sur les besoins de
l'éducation en général au sein de la
société, que les deux autres conseils vont s'intéresser
davantage à leur mission sectorielle et qu'à ce moment-là,
finalement, cela va évoluer assez harmonieusement. Même si cela
choque un peu notre esprit cartésien, cela risque néanmoins
peut-être de fonctionner. Par conséquent, je serais prêt
à en faire la gageure.
M. Ryan: Je voudrais bien souligner que ce que dit le ministre
est sa propre interprétation de ce qui pourrait se passer, alors que ce
n'est pas ce qui est dit dans le texte de loi. Dans le texte de loi, c'est dit
en toutes lettres: "Soumettre au ministre de l'Éducation ou au ministre
de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie des
recommandations sur toute question de leur compétence concernant
l'éducation." Sur toute question de leur compétence à l'un
ou l'autre de ces deux ministres; ce n'est pas de la compétence du
Conseil supérieur de l'éducation. C'est ce que vous dites dans le
texte de loi. Cela va beaucoup plus loin. Vous, vous dites: S'ils allaient
dépasser l'ordre des considérations reliées à la
coordination, cela pourrait créer des problèmes, je ne vous le
cache pas. Mais ce qui est dit ici, c'est quelque chose de
différent.
Je voudrais simplement faire une correction de faits sur une affirmation
que le ministre a faite à deux reprises, cet après-midi et ce
soir, signalant que, à sa connaissance, le conseil avait cessé
depuis déjà belle lurette d'émettre des avis dans les
questions qui touchent plutôt aux niveaux collégial et
universitaire. J'ai souvenance, au cours des deux ou trois dernières
années, d'au moins trois ou quatre avis différents. Il y en a eu
un sur le professeur d'université qui était assez
élaboré, une opinion d'une centaine de pages au moins, si mes
souvenirs sont bons. Il y en a eu un autre sur l'informatique à
l'université, je crois, au cours des dix-huit derniers mois.
M. Bérubé: On me dit: Un avis par année.
M. Ryan: II y en a eu un autre sur la formation des
maîtres. C'est très important aussi. C'est un sujet qu'on ne peut
pas éliminer du tableau facilement.
M. Bérubé: La formation des maîtres,
voilà un bel exemple intersectoriel, car le ministre de
l'Éducation conserve son pouvoir d'accréditer les enseignants et
le ministre de l'Enseignement supérieur est responsable des programmes
de formation de l'enseignant. Voilà un très bel exemple
intersectoriel où le Conseil supérieur de l'éducation est
pile à sa place.
Mais il y en a. On pourrait très bien imaginer que le Conseil
supérieur de l'éducation réfléchisse à la
culture de base au sein de notre société et tire la conclusion
quant à ce qui devrait être enseigné au primaire et au
secondaire par rapport à ce qui devrait être enseigné au
collégial. Voilà le genre d'avis que je trouverais tout à
fait raisonnable. Chaque fois qu'il s'agit de rééquilibrer des
réseaux les uns par rapport aux autres, je crois qu'il faut qu'il y ait
un endroit où on conseille le gouvernement, les deux ministres. Cela
m'apparaît correct, honnêtement, M. le député
d'Argenteuil. C'est, d'ailleurs, ce que nous a recommandé le Conseil
supérieur de l'éducation. Le Conseil supérieur de
l'éducation nous a indiqué sa satisfaction face à la
rédaction finale du projet de loi, car il estime que le présent
projet de loi va effectivement, tout en gardant ses responsabilités
globales face à l'éducation en général au
Québec, l'amener à peut-être mieux baliser son action, bien
que dans les faits elle était fort bien circonscrite depuis un certain
nombre d'années.
M. Ryan: M. le Président, je vais être obligé
de m'absenter dix minutes, parce que je dois faire une intervention dans le
débat de deuxième lecture sur le projet de loi 44 traitant d'un
sujet qui est d'un intérêt particulier pour le comté
agricole que je représente à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Charbormeau): Est-ce que...
M. Ryan: On continue comme si de rien n'était.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
M. Ryan: On continue, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Charbonneau): Comme si de rien
n'était. Est-ce que je comprends que l'article 25 est adopté sur
division?
M. Ryan: Pardon? C'est à eux de décider, je suis
absent.
M. Bérubé: M. le Président, comme le disait
le député, il ne reste plus rien, il est parti. Rien n'est.
M. Ryan: Plus d'obstacle. M. Bérubé: Oh!
M. Parent: Juste une question, M. le Président.
M. Bérubé: M. le député de
Sauvé vient d'avoir une promotion, quasi-ministre supérieur de
l'Éducation.
M. Parent: Ministre de l'école du village. Juste pour une
question d'éclairage, je regardais le Devoir ce matin, on parlait de la
loi 3 et du Conseil supérieur de l'éducation et du comité
catholique, on parlait de la formation des maîtres, on parlait des
exigences des commissions scolaires confessionnelles d'avoir des professeurs de
foi catholique ou des professeurs de foi protestante. Est-ce que vous
permettriez au Conseil supérieur de l'éducation un pouvoir de
recommandation vis-à-vis du ministre de l'Enseignement supérieur
face à la formation des maîtres en ce qui concerne la formation
religieuse?
M. Bérubé: Mais ce n'est pas le bon article.
M. Parent: Ils n'iraient pas au collégial, mais, par
contre, cela va être le ministère de l'Enseignement
supérieur qui va former les maîtres pour le primaire et le
secondaire.
M. Bérubé: Voilà. Attendez un peu. L'article
26 fait référence à l'article 22 de la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation. Si vous allez à l'article 22 de
la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, il y est dit
à l'alinéa f) "d'approuver pour l'enseignement religieux
catholique ou protestant, selon le cas, les programmes, les manuels et le
matériel didactique et de faire des règlements sur la
qualification des professeurs chargés de cet enseignement"; g) ça
va.
Si maintenant, vous prenez - et là, évidemment, on discute
de l'article 26 -l'article 26, vous verrez que les recommandations qui peuvent
être faites sont faites tant au ministre de l'Éducation qu'au
ministre de l'Enseignement supérieur. Soit dit en passant, d'ailleurs,
il faudrait amender, il y a un papillon à apporter ici.
De fait, en ce qui a trait à la formation des maîtres, les
recommandations vont aux deux ministres.
M. Parent: II y a un papillon qui vient à 26, oui?
M. Bérubé: Oui, parce que moi, j'aurais cru
identifier...
M. Parent: On va attendre.
M. Bérubé: Donc, l'article 25 est adopté, M.
le Président?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Bérubé: Je suis content de savoir que
l'Opposition est divisée. Je croyais qu'avec le départ du
député d'Argenteuil l'Opposition cesserait d'être
divisée.
M. Parent: Non, jamais. Elle est très unie dans cette
division.
M. Bérubé: Cela va.
Le Président (M. Charbonneau): II y a un papillon à
l'article 26.
M. Bérubé: Oui, il y a un papillon.
M. Parent: On peut le retarder. On va attendre le papillon.
M. Bérubé: II est ici le papillon.
M. Parent: Oh, excusez. Qu'est-ce qu'il dit?
M. Bérubé: C'est un papillon volage. C'est presque
rien. Il s'agit tout simplement d'ajouter un "ou": ou, ou. Il faut enlever le
"et". C'est fantastique.
M. Parent: Sans division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté? L'amendement
est-il adopté?
M. Bérubé: II me semblait que le climat venait de
s'améliorer.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'article 26,
tel qu'amendé, est adopté?
Une voix: Oui.
M. Bérubé: Article 27. Commentaire. Paragraphe 1:
La modification proposée a pour objet de préciser que les
règlements que le ministre de l'Éducation est tenu de
préparer sont ceux relatifs aux domaines de sa compétence, soit
l'éducation préscolaire et l'enseignement primaire et secondaire.
C'est bien, n'est-ce pas? Paragraphe 2: Par voie de conséquence, sont
exclues des matières visées celles de niveau collégial et
celles qui conduisent à un grade universitaire. Il faut aller tripoter
à l'intérieur d'un des alinéas et bien observer ce que je
n'avais pas observé la première fois, que le ministre de
l'Éducation se voit confiné aux matières relatives
à l'éducation préscolaire, à l'enseignement
primaire et secondaire.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 27 est-il
adopté?
M. Parent: Non, pas tout de suite.
Le Président (M. Charbonneau): Pas tout de suite?
M. Parent: Je n'ai pas la discipline intellectuelle du
porte-parole officiel.
M. Bérubé: Le sténographe aux petites
écoles a des problèmes.
M. Parent: Oui, seulement cela. Je suis à la maternelle
encore.
M. Bérubé: Non, non. C'est la députée
de L'Acadie qui avait hérité des maternelles.
M. Parent: Ah! Je ne veux surtout pas les lui enlever. N'y a-t-il
pas des prématernelles quatre ans?
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Adopté?
M. Parent: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Article
28?
M. Bérubé: M. le Président, ici, ce n'est
pas bien malin. La loi actuelle n'indiquait pas qui était responsable de
l'application de la présente loi. Évidemment, implicitement, on
disait que c'était le ministre de l'Éducation. Maintenant, on le
met explicitement étant donné qu'on est pris avec deux
ministres.
M. Parent: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Article
29?
M. Bérubé: M. le Président, l'article 29 est
un article complexe qui consiste à remplacer "quinze" par "seize".
Le Président (M. Charbonneau): Adopté?
M. Bérubé: En calcul digital, M. le
Président, c'est quand même compliqué, mais on peut
utiliser ses orteils.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté?
M. Parent: On va se servir de l'ordinateur de M. Fortier et on va
l'accepter.
M. Bérubé: Oui, c'est vrai. M. Fortier pourrait
peut-être nous prêter son remarquable calculateur.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 29 est
adopté. Article 30?
Loi favorisant le développement
scientifique et technologique
du Québec
Mme Dougherty: À l'article 30, c'est l'élimination
du chapitre II de la loi 19?
M. Bérubé: Oui. C'est l'organisation, les fonctions
et pouvoirs du ministre qui sont repris ultérieurement, et les documents
du ministère. En d'autres termes, on ramasse, aussi bien pour
l'Enseignement supérieur que pour la Science et la Technologie, en un
tout et à ce moment-là on supprime ce chapitre de la loi de la
science et de la technologie.
Mme Dougherty: Comme il y a quelques articles que j'aimerais
réinsérer dans la nouvelle loi, c'est sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur
division?
M. Bérubé: Dans l'organisation du
ministère?
Mme Dougherty: Chapitre II...
M. Bérubé: Nous en discuterons demain quand on va
discuter des fonctions du ministre. Ah oui! D'accord. Adopté sur
division.
Mme Dougherty: Oui. D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur
division?
M. Parent: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): II y a un papillon pour
ajouter 30.1.
M. Bérubé: À l'article 30.1, il y a un
papillon qui s'envole, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): S'envo-le-t-il ou
arrive-t-il?
M. Bérubé: Oui, il s'en vient. Enfin, pour
l'instant, c'est encore une chenille, mais attendez un peu, cela va se
transformer vite. Ah! Voilà la députée de Jacques-Cartier
qui va avoir un immense sourire qui va illuminer son radieux visage, car elle
va subitement apprendre que la section 1 du chapitre IV de cette loi est
également abrogée. En commentaires simples, c'est ceci: L'article
a pour objet de mettre fin à l'existence de la Fondation pour le
développement de la science et de la technologie créée en
vertu de la Loi favorisant le développement scientifique et
technologique du Québec. En fait, je pense qu'il y avait eu une erreur.
C'était vraiment la fondation pour le ralentissement de la science et de
la technologie.
Mme Dougherty: Chapitre IV.
Le Président (M. Charbonneau): J'ose espérer qu'il
y aura peu de nos concitoyens et de nos concitoyennes du présent et de
l'avenir qui oseront s'attaquer au Journal des débats et y comprendre
quoi que ce soit. Adopté?
M. Bérubé: Je pense qu'on en a discuté quand
nous avons discuté du budget à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va, cela va.
Adopté.
M. Bérubé: M. le Président, vous me
bousculez. Si vous continuez, je vais faire un "filibuster".
M. Parent: M. le Président, on va s'inquiéter si
vous continuez.
Le Président (M. Charbonneau): Article 31?
M. Bérubé: Je me suis déjà
"filibusté" moi-même, M. le Président. Je peux vous montrer
comment faire cela.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, on se le rappelle. (21
heures)
Une voix: Oui, vous en êtes capable.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 31 est-il
adopté?
M. Parent: Avec l'enseignement supérieur, on est toujours
divisé sur la terminologie. Chaque fois que l'enseignement
supérieur revient, on est obligé d'y aller sur division si on
veut être logique avec notre intervention sur l'article 1.
M. Bérubé: Notez que, par gentillesse, je n'ai
quand même pas fait amender le projet de loi pour parler
d'éducation inférieure partout ailleurs quand on
référait à mon collègue.
M. Parent: Cela me surprend que vous n'y ayez pas
pensé.
Le Président (M. Charbonneau): Article 32?
M. Bérubé: Article 31.1.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, article 31.1
M. Bérubé: On me dit qu'il y a une chenille qui va
se transformer.
Le Président (M. Charbonneau): Allez-y, papillonnez!
M. Bérubé: II s'agirait ici d'insérer,
après l'article 31, les suivants: "31.1. L'article 84 de cette loi est
modifié par la suppression du deuxième alinéa. "31.2
L'article 127 de cette loi est abrogé." Il s'agirait de dispositions de
concordance avec la suppression de la fondation.
M. Parent: Quel est l'article 127?
M. Bérubé: Oui, vous avez parfaitement raison.
L'article 84 de la loi sur le développement scientifique se
lisait: "Un fonds peut accorder, dans le cadre de son plan d'activités
approuvé par le gouvernement et aux conditions qu'il détermine,
une aide financière au moyen de subventions et de bourses." Comme il n'y
a plus de fonds, c'est gênant. "Un fonds utilise les sommes qui lui sont
versées par la fondation conformément aux conditions
prévues." Alors, il n'y a plus de fondation. C'est le deuxième
alinéa, excusez-moi, les fonds existent encore.
Et 127, on va vous trouver cela rapidement: "127. Le ministre de la
Science et de
la Technologie est autorisé à conclure une entente avec la
fondation."
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Bérubé: Je n'ai plus de partenaire.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 31.1 est-il
adopté? L'article 31.2 est-il adopté?
M. Bérubé: Non, non, à 31.2, il y a à
nouveau un petit papillon. Nous venons de l'adopter. Excusez-moi.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, vous
ralentissez les travaux de la commission.
M. Bérubé: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Article 32?
M. Parent: Toujours sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur
division.
M. Bérubé: Vous ne pouvez pas être
divisés là-dessus, vous êtes entièrement d'accord.
C'est même une demande expresse de la députée de
Jacques-Cartier en commission parlementaire.
M. Parent: On y parle du ministre de l'Enseignement
supérieur. On ne peut pas être d'accord.
M. Bérubé: C'est cela, c'est le ministre
supérieur de l'Enseignement avec qui vous pourriez être
d'accord.
M. Parent: Non, le ministre de l'Enseignement supérieur.
Le ministre supérieur, je ne suis pas certain.
Le Président (M. Charbonneau): II y a un papillon à
l'article 33.
Mme Dougherty: On a changé les numéros dans le
papillon.
Le Président (M. Charbonneau): C'est l'article 33, Mme la
députée.
M. Bérubé: Non, non, madame est toujours à
32.
Mme Dougherty: À 33.
M. Bérubé: 33? Oui.
Le Président (M. Charbonneau): À 33.
Mme Dougherty: D'accord. Dans le premier paragraphe de l'article
83 de l'ancienne loi 19, on parle des directives préparées par le
ministre responsable en collaboration avec le ministre de la Science et de la
Technologie. Dans le cas de la FCAR, cela n'a pas beaucoup de sens parce que
vous préparez des directives en collaboration avec vous-même. Il
n'y a pas de changements prévus pour accommoder l'intégration.
Est-ce que vous comprenez ce que je veux dire? On parle des trois fonds en
général. Dans le cas du fonds FCAR, les directives qui viennent
de votre ministère s'appliquent à votre propre ministère,
à votre propre fonds.
M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: Donc, je crois qu'il faut introduire ici une
phrase qui dirait: Dans le cas des deux autres fonds qui sont sous la
responsabilité d'autres ministères, il faut que les autres
ministères préparent des directives en concertation avec le
ministre de la Science et de la Technologie. Mais dans le cas de la FCAR, cela
n'a pas beaucoup de sens.
M. Bérubé: Dans la mesure où la FCAR tombe
dans les fonctions du ministre, il faudrait aller retrouver dans les fonctions
du ministre la reponsabilité vis-à-vis de la FCAR. On retrouve
cela à quel article? On va d'abord retrouver le lien de juridiction du
ministre de l'Enseignement supérieur...
Mme Dougherty: C'est simplement le "wording", parce que tout le
monde sait ce qui va se passer.
M. Bérubé: II faudrait que ce soit clair.
Mme Dougherty: C'est qu'on parle des trois fonds ici dans une
phrase; la même chose si je regarde l'ancien article 83, on dit ici dans
le troisième paragraphe: "Le plan est soumis à l'approbation du
gouvernement -le plan du fonds - sur la recommandation du ministre responsable
du fonds préparée en collaboration avec le ministre de la Science
et de la Technologie?
M. Bérubé: Cela veut dire...
Mme Dougherty: Le ministre responsable du fonds dans le cas de la
FCAR est le même ministre.
M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: D'accord?
M. Bérubé: C'est un fait que cet article est un
article général. Dans la mesure où on parle du fonds de
recherche en
santé, par exemple, cela ne pose pas de problème
d'application. Mais lorsqu'on parle du fonds FCAR, il est clair que le ministre
responsable de la FCAR, c'est le ministre de l'Enseignement supérieur
et, après cela, c'est préparé en collaboration avec le
ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie; c'est clair que dans ce cas-ci c'est redondant. Comme c'est une
expression générale, ce n'est pas trop dramatique.
Mme Dougherty: Non, ce n'est pas dramatique, mais...
M. Bérubé: C'est plus simple en l'écrivant
comme cela parce qu'on voit que c'est quand même une approche
générale. Il se pourrait, disons-le, qu'un gouvernement
décide de confier la FCAR à un ministre donné, par
exemple, car, en vertu de la Loi sur l'exécutif, le premier ministre
peut toujours décider de confier une fonction propre à un
ministre à un autre ministre. Si tel devait être le cas, on
aurait, à ce moment, deux ministres différents. L'article de loi
a l'avantage que, quelle que soit la décision prise par le premier
ministre, à ce moment, l'article continue à s'appliquer. C'est
uniquement pour cela. Vous avez raison, c'est assez bizarre. Mais dans la
mesure où on ne peut pas prévoir la décision de
l'exécutif en ce qui a trait à l'identification du ministre
responsable, il se pourrait qu'on n'ait pas le même ministre.
Mme Dougherty: Oui, mais pour les fins de cette loi-ci, la 39, il
est un peu bizarre de voir un ministre qui est responsable d'un fonds qui
prépare des recommandations en collaboration avec lui-même. En
général...
M. Bérubé: Vous savez que vraiment le seul ministre
avec lequel je m'entends parfaitement à longueur d'année, c'est
moi.
Mme Dougherty: Alors, ce n'est pas grave.
M. Bérubé: Bien qu'encore, des fois, je ne suis pas
certain.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va?
Adopté sur division?
M. Bérubé: Nous sommes assez divisés sur la
question. Je pense qu'on pourrait l'adopter.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division
ou...
Mme Dougherty: Ce n'est pas grave. M. Parent:
Adopté sur division? Adopté. Le Président (M.
Charbonneau): Adopté, très bien. Article 34?
M. Parent: C'est un ajout, cela va.
Le Président (M. Charbonneau): Je présume
qu'à l'article 33 l'amendement est adopté et que c'est l'article
tel qu'amendé qui est adopté, bien sûr.
Mme Dougherty: Après l'article 1...
M. Bérubé: Vous avez dit que l'article 33 est
adopté, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Adopté tel
qu'amendé.
M. Bérubé: D'accord. Merci, M. le Président.
Après 33, c'est 34, n'est-ce pas?
Le Président (M. Charbonneau): Je présume, à
moins que votre calculatrice ne nous indique...
M. Bérubé: II n'y a pas de problème, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas-là, pour
moi non plus.
M. Parent: L'article 34 est adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
M. Parent: Maintenant, M. le Président, serait-il possible
de sauter de 35 à 59, tout ce qui regarde l'enseignement privé
où mon collègue d'Argenteuil aurait des représentations et
des explications à demander au ministre?
M. Bérubé: Certainement.
M. Parent: Cela va. On y reviendra après. On tomberait
à l'article 60.
Le Président (M. Charbonneau): Précipitons-nous
vers l'article 60.
M. Parent: C'est cela.
M. Bérubé: Les articles 35 à 59?
M. Parent: Y compris 59.
M. Bérubé: Donc, sauter l'article 59, d'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Bérubé: Certainement, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Article 60?
Loi sur l'enseignement
spécialisé
M. Parent: L'article 60. "La Loi sur l'enseignement
spécialisé est abrogée."
Mme Dougherty: Qu'est-ce que c'est, la Loi sur l'enseignement
spécialisé?
M. Parent: M. le Président, si le ministre pouvait nous
expliquer ce qu'est la Loi sur l'enseignement spécialisé...
Le Président (M. Charbonneau): Qu'est-ce qu'on abroge?
M. Parent: ...et pourquoi elle est abrogée.
M. Bérubé: C'est une vieille loi, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Mais encore?
M. Bérubé: Je suis en train de... M. Parent:
Vous devez la connaître.
M. Bérubé: C'est une loi qui régit un
certain nombre d'écoles: Les Hautes Etudes commerciales de
Montréal, les instituts de technologie de Montréal,
Québec, Trois-Rivières, Hull, Sherbrooke, Chicoutimi; donc, c'est
un ensemble d'instituts qui ont été créés en 1964,
ou, du moins, qui ont été regroupés en 1964 sous l'empire
de la Loi sur l'enseignement spécialisé. On me dit qu'ils sont
tous intégrés maintenant soit aux universités, soit aux
établissements d'enseignement public secondaire ou collégial.
M. Parent: M. le Président, le ministre pourrait-il nous
dire s'il a vérifié si tous ces instituts, tous ces organismes
sont réellement intégrés, s'il n'y en a pas un qui
pourrait y échapper et qui serait entre deux chaises?
M. Bérubé: Un à un! Si je les ai
vérifiés moi-même, personnellement?
M. Parent: Bien, j'entends si votre équipe a
vérifié.
M. Bérubé: Non, je ne les ai pas
vérifiés personnellement, mais, étant donné que je
suis l'émanation d'un remarquable ministère, je vais me tourner
vers ce remarquable ministère et je vais vous donner une réponse
immanente.
Une voix: Oui. M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Nous avons eu la preuve que
tout son ministère est derrière lui, quoi!
M. Bérubé: 560.
M. Parent: Pour un ex-fonctionnaire comme moi, c'est très
flatteur.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Parent: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté? L'article 60
est adopté. Quelle collaboration: Article 61?
M. Bérubé: II s'agit simplement d'ajouter le
sous-ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie à la liste déjà fort nombreuse de gens
compétents oeuvrant dans le domaine.
M. Parent: Un instant, un instant, je vais essayer de
comprendre.
Le Président (M. Charbonneau): Tout cela pour dire
cela!
M. Bérubé: C'est en plein cela, M. le
Président. Ils font partie de...
M. Parent: Oui, c'est pour ajouter... D'accord.
M. Bérubé: Ils sont membres de l'office, mais n'ont
pas droit de vote.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. M.
Parent: Je comprends.
M. Bérubé: Alors, il s'agit d'en ajouter un.
M. Parent: Un instant!
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Article
62?
M. Parent: Je ne me suis pas prononcé, M. le
Président, je regrette.
M. Bérubé: Non, c'est vrai, c'est parfaitement
exact, le député de Sauvé ne s'est pas encore
prononcé.
Le Président (M. Charbonneau): Le président retire
son adoption.
Mme Dougherty: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Merci, je
vais m'en souvenir. Article 62?
M. Bérubé: Le député de Sauvé
s'est-il prononcé?
Le Président (M. Charbonneau): Tout comme la
présidente.
M. Parent: Non, la députée de Jacques-Cartier s'est
prononcée.
Le Président (M. Charbonneau): Article 62?
M. Bérubé: 62. Cela ne m'a pas l'air trop malin en
lisant l'article lui-même. Il y a désormais deux
ministères. On ajoute le ministère de l'Enseignement
supérieur.
M. Parent: Sur division, toujours.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur
division.
Article 63?
M. Bérubé: Ah oui! C'est l'obligation qui est faite
au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, si
je ne me trompe pas, de consulter le ministre de l'Enseignement
supérieur et non pas seulement le ministre de l'Éducation. Vous
pensez que cela aurait été clair, si j'avais lu cela?
M. Parent: Cela va, sur division.
M. Bérubé: Si je comprends bien, M. le
Président, il reste trois articles. (21 h 15)
Le Président (M. Charbonneau): Non, il reste l'article 63.
L'article 62 n'est pas sur division?
M. Parent: M. le Président, si vous le permettez...
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'article 62 est
sur division? J'avais cru comprendre que oui.
M. Parent: II est sur division.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela. L'article
63?
M. Parent: M. le Président, si vous me permettez
d'informer le député d'Argenteuil qu'on a sauté les
articles 35 à 59, tous les articles qui ont trait à
l'enseignement privé. C'est pour cela qu'il serait peut-être bon
de revenir à l'article 35.
M. Ryan: Je n'ai pas d'objection, mais on peut continuer un peu
si vous êtes engagés.
M. Parent: On n'est pas engagés.
Le Président (M. Charbonneau): On est
modérément engagés, nous pouvons faire un recul
stratégique.
M. Parent: Ce n'est pas compromettant.
Le Président (M. Charbonneau): Que choisissez-vous? Le
repli!
M. Parent: L'article 35.
Le Président (M. Charbonneau): Le repli.
M. Bérubé: Le député d'Argenteuil
s'étant joint à nous, M. le Président, il est temps
d'entreprendre un recul.
M. Ryan: S'il le faut, pour réaligner certaines
choses.
M. Bérubé: M. le Président, le
député d'Argenteuil a hérité d'une longue tradition
montréalaise des chauffeurs de tramway qui disaient: Avancez par en
arrière. Il a été formé à la bonne
école.
M. Ryan: Le député d'Argenteuil, quand il trouve
qu'il faut défendre certaines valeurs, d'être traité de
regarder en avant ou en arrière, cela ne l'a jamais
dérangé, cela ne l'a jamais empêché de respirer.
M. Bérubé: Cela ne vous a jamais...
M. Ryan: Aujourd'hui, ce qui nous intéresse dans cette
perspective, c'est de voir que le gouvernement, après s'être
moqué d'une foule de choses au cours des premières années
de son mandat, en est venu de plus en plus, vers la fin, à s'inspirer de
propositions que nous avions mises de l'avant. Je viens d'en donner une
nouvelle démonstration à l'Assemblée nationale
tantôt à propos de maintes procédures reliées
à la politique du zonage agricole.
Cela étant dit, nous sommes tout è fait prêts
à aborder l'article 34.
Loi sur l'enseignement privé
Le Président (M. Charbonneau): L'article 34, mon cher
vice-président, est adopté sur division. Nous en sommes
maintenant à l'article 35.
M. Bérubé: L'article 35.
M. Ryan: Peut-être, avant d'aborder le détail de
l'article 35, devrait-on faire une remarque générale à
propos de l'enseignement privé et du sort qui lui est
réservé sous l'empire du projet de loi 39.
M. Bérubé: Je pense que j'ai le temps d'allumer une
pipe?
M. Ryan: Non, nous, cela va vite, les papiers sont en ordre.
Je les prends tous ensemble, 34 à 59. Regardez les
conséquences de ce qui est proposé par le gouvernement; cela va
un peu dans la même ligne que ce qui est proposé a propos du
Conseil supérieur de l'éducation. C'est qu'il y a un
phénomène d'ambiguïté là-dedans qui donne
naissance à toutes sortes de possibilités qui répugnent
à une saine logique politique et administrative. Je vais vous donner des
exemples: l'enseignement privé, en vertu de l'article qui vient
d'être adopté en mon absence, 34 m), relèvera
désormais de deux ministres différents. Évidemment, cela
donne naissance à la possibilité de deux politiques
différentes. Il pourra arriver que, dans un secteur, celui qui
relève du ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et
de la Technologie, on interprète certains concepts d'une certaine
manière; je donnerai des exemples tantôt. Il pourra arriver qu'au
niveau de l'enseignement primaire et secondaire on ait d'autres
interprétations et d'autres politiques. On n'a aucune garantie que le
secteur de l'enseignement privé sera considéré de la
même manière, suivant les mêmes critères, suivant les
mêmes politiques, dans un secteur comme dans l'autre.
Concernant l'article 35, j'aurai une question à poser
tantôt à propos de ce qu'on entend par l'enseignement de culture
personnelle. On fait relever cela du ministre de l'Éducation, si j'ai
bien compris, l'enseignement de culture personnelle, comme si cela ne pouvait
pas relever également du ministre de l'Enseignement supérieur. Il
me semble qu'il y a de l'enseignement de culture personnelle qui va se faire au
niveau des cégeps aussi, au niveau des universités. Cette notion
me semble assez curieuse. Disons que c'est une question de formulation qu'on
reprendra tantôt.
Ce qui me frappe le plus, c'est qu'en matière d'octroi des
permis, je pense que c'est traité à l'article 46. À
l'octroi des permis, on pourrait avoir deux politiques: vous pourriez avoir la
vôtre, le ministre de l'Éducation pourrait avoir la sienne, il n'y
a absolument pas de garantie qu'on va marcher suivant les mêmes
normes.
En matière de reconnaissance du statut pour fins de
subvention...
M. Bérubé: Est-ce que je pourrais, sur ce point,
répondre tout de suite, parce qu'il y a des points où je vais
être assez facilement d'accord avec vous? Sur la question des permis, les
décisions de la cour sont telles qu'à l'heure actuelle, si les
objectifs des programmes pour lesquels une institution privée veut
donner un enseignement sont atteints, le permis est pour ainsi dire
automatique, c'est une formalité. Par conséquent, il ne pourrait
donc pas y avoir de politiques différentes, c'est-à-dire qu'il se
pourrait effectivement qu'une institution d'enseignement privée
remplisse les exigences des programmes au niveau secondaire, mais non au niveau
collégial et qu'il n'y ait pas de permis au niveau collégial,
mais qu'il y en ait au secondaire, cela est inévitable. Mais une
institution privée qui répondrait aux critères des
programmes devrait nécessairement avoir son permis en vertu de la
décision de la cour, à moins d'adopter par la loi
éventuellement, par un amendement - ce qui n'est pas le cas ici -
une...
M. Ryan: Oui, et à moins, encore une fois, que la
réglementation ne soit inspirée de critères
différents à l'un ou l'autre niveau; à ce moment, il
pourrait arriver que la même institution qui dispenserait des cours au
niveau secondaire et au niveau collégial serait frappée de deux
traitements différents, parce qu'il y aurait deux philosophies
différentes selon les ministères. J'ajoute une chose...
M. Bérubé: Non, c'est cela qui n'est pas possible.
 l'heure actuelle - ceci a été plaidé en cour et le
gouvernement a perdu; vous connaissez, d'ailleurs, très bien la cause -
si une institution d'enseignement privée répond aux normes du
programme du ministère, le ministère doit émettre le
permis.
M. Ryan: Si elle répond aux exigences du règlement
concernant l'enseignement privé; c'est cela qui est l'esprit du
jugement, si mes souvenirs sont bons. Là, c'est ce que je vous dis, les
règlements peuvent être différents d'un ministère
à l'autre et, à ce moment, on n'aurait pas le même
traitement. Quoique, évidemment, l'institution qui fera une demande de
permis en vertu de vos règlements, à vous, devrait l'avoir si
elle répond aux exigences de vos règlements, mais vos
règlements ne seraient pas nécessairement inspirés du
même esprit et des mêmes critères que ceux de l'autre
ministère; là, il pourrait y avoir un problème.
M. Bérubé: Je pense qu'on ne peut pas faire de
règlement...
M. Ryan: Pardon, excusez: Pouvez-vous m'indiquer la loi, je vais
essayer de la sortir?
Une voix: C'est la Loi sur l'enseignement privé.
M. Ryan: On va regarder cela.
M. Bérubé: C'est l'article 26, où le
règlement ne porte que sur la forme.
M. Ryan: Vous savez que vous avez bien d'autres formules à
remplir pour obtenir un permis d'enseignement privé. Il y a des formules
plus complexes que cela. On pourrait avoir des précisions, il y a le
collaborateur du ministère de l'Éducation qui est ici, M.
Charbonneau, et je crois qu'il pourrait nous apporter bien des
précisions utiles sur cela. Ce sont des étapes assez complexes
qu'on doit franchir avant d'arriver au permis.
M. Bérubé: M. le député d'Argenteuil,
le point que vous soulevez m'apparaîtrait valide si la loi habilitait
à réglementer l'émission de permis. Or, la loi ici ne
permet de réglementer que la forme prescrite pour la présentation
de la demande et non les conditions d'émission du permis.
M. Ryan: Regardez, cela nous amène peut-être
à l'autre partie de l'exposé que j'étais en train de
faire, si vous me permettez de continuer.
M. Bérubé: C'est cela. Pour l'autre partie, vous
allez être pile dans quelque chose de probablement plus...
M. Ryan: Évidemment, c'est un exposé dont toutes
les parties se tenaient. Il y avait une chose que j'avais oublié
d'ajouter et que j'ajoute tout de suite pour ne pas l'oublier. Dans la Loi sur
le ministère de l'Éducation, vous avez un préambule dans
lequel il y a un paragraphe qui est très fort pour l'enseignement
privé, où on lit ceci: "Attendu que les personnes et les groupes
ont le droit de créer des institutions d'enseignement autonomes et, les
exigences du bien commun étant sauves, de bénéficier des
moyens administratifs et financiers nécessaires à la poursuite de
leurs fins, etc."
Cela n'est plus dans la Loi sur le ministère de l'Enseignement
supérieur.
M. Bérubé: II n'y a plus de préambule dans
la loi.
M. Ryan: Pardon?
M. Bérubé: II n'y a plus de préambule dans
la loi.
M. Ryan: Non. Il y en a un qui avait été mis
là - je me souviens très bien de l'histoire de ce
préambule - à l'insistance de personnes qui avaient fait une
étude minutieuse du projet de loi comportant la création d'un
ministère de l'Éducation à l'époque; le
gouvernement de l'époque avait inséré ce préambule
pour donner des assurances, mais là, on n'a plus de préambule de
cette nature dans la Loi sur le ministère de l'Enseignement
supérieur. Je ne prétends pas que ce soit nécessaire,
quoique tantôt j'aurai des remarques à vous faire au sujet du
danger d'un pouvoir trop général d'octroi de permis dans ce
domaine. C'est quand même une sorte de clause-parapluie qui
protégeait, de manière diffuse, j'en conviens, difficilement
vérifiable, mais, quand même, à l'état de climat, on
sentait qu'il y avait quelque chose et on pouvait le dire au gouvernement,
même quand il avait lui-même un programme politique qui
était contraire au maintien de l'enseignement privé comme l'a
été le vôtre longtemps jusqu'à ce que vous fassiez
faire un amendement au dernier congrès, je pense. Il y avait cette
protection-là et le gouvernement aurait été obligé
d'amender la loi pour donner suite à tout son programme et toucher au
préambule de la Loi sur le ministère de l'Éducation
même préambule pour le Conseil supérieur de
l'éducation, d'ailleurs. Cela fait un autre paradoxe dans cette
symphonie mal achevée, inachevée, au point de vue
législatif. En tout cas, je mentionne ce point-là et je ferme la
parenthèse ici.
M. Bérubé: Vous savez, il y a des symphonies
inachevées qui sont restées célèbres.
M. Ryan: Oui. Je ferme la parenthèse ici pour continuer
mon exposé. En matière d'octroi de permis; deuxièmement,
en matière d'octroi de statut, d'abord statut de reconnaissance comme
étant d'intérêt public; deuxièmement, de
reconnaissance pour fins de subvention. Je pense que cela nous reporte aux
articles 9 et 15 de la loi actuelle de l'enseignement privé. Je ne sais
pas si on est d'accord là-dessus, cela nous reporte aux articles 9 et 15
de la loi actuelle de l'enseignement privé.
Vous pourrez avoir une définition des critères
différente; vous, vous allez avoir votre politique quant aux normes qui
devront être satisfaites pour que vous reconnaissiez l'institution comme
étant DIP ou RFS.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: L'autre ministre pourra avoir sa propre norme.
M. Bérubé: Exact.
M. Ryan: Très bien. Troisièmement, pour l'octroi de
subventions; je pense que c'est couvert par l'article 14.1 de la loi actuelle
de l'enseignement privé. Là, il pourra arriver qu'on ait un
alinéa qui viendra s'ajouter à cela et qui introduira des normes
différentes pour le niveau collégial.
Une voix: C'est défini.
M. Ryan: Oui, mais cela pourra être davantage. C'est
différent sur la base des coûts estimés. La norme de base
est la même, c'est basé sur les coûts encourus
l'année précédente. Cela reste la norme de base, mais il
pourra arriver qu'on décide d'une autre norme, on n'a aucune garantie
que cela se fera autrement.
Ensuite, il y a un article sur lequel on a fait des changements
récemment dans la politique du gouvernement: l'estimation des
subventions au chapitre de la valeur locative. C'est la manière dont le
gouvernement procède, assez parcimonieusement, Dieu merci, pour l'octroi
des subventions à des fins d'immobilisations. Encore là, il y a
une marge de jeu énorme. Si on veut empêcher les institutions de
se développer au niveau collégial, les institutions
privées, j'entends, on définira de manière beaucoup plus
serrée le critère de la valeur locative, on pourra le
définir d'une manière ou de l'autre. On n'a pas de garantie
d'harmonisation ici, parce que ce qu'on nous dit, c'est que, dans un cas, cela
va relever d'un ministre et, dans l'autre cas, de l'autre ministre.
Pour toutes ces raisons-là, je crois que le projet de loi, dans
ces dispositions qui traitent de l'enseignement privé, menace de
conduire à ce que j'appellerais des régimes empreints de
discrimination par rapport à l'esprit qui avait présidé
à la Loi sur le ministère de l'Éducation en 1964, qui
était un esprit d'ouverture et d'équité. Je vous fais part
des difficultés que cela crée.
Dans la logique que vous avez retenue, je pense que c'est bien difficile
de les garder ensemble au même ministère. Je pense qu'il faut
être logique aussi, je conçois cela, mais je ne sais pas comment
vous résolvez ces difficultés qui se dégagent, à
mon point de vue, d'un examen attentif du projet de loi.
M. Bérubé: Je pense qu'au niveau de l'enseignement
privé, c'est clair, nous n'avons même pas cherché à
procéder à une refonte de la Loi sur l'enseignement privé,
nous gardons la même loi. Il est évidemment clair aussi que, dans
la mesure où une institution privée donne les deux niveaux
d'enseignement à la fois, elle est soumise à ce moment-là
à deux règles. Il se pourrait, par exemple, que le ministre de
l'enseignement collégial estime que la formation collégiale
donnée dans un collège est très importante pour la
société québécoise et décide de le
reconnaître d'intérêt public. Je pense, par exemple, au
collège LaSalle, qui dispense plusieurs options professionnelles, il
est, d'ailleurs, le seul à les dispenser. (21 h 30)
D'autre part, le ministre de l'Éducation peut estimer que, si
cette même institution dispense un enseignement secondaire, l'on ne peut
pas juger à ce moment qu'elle répond aux exigences de la
reconnaissance d'intérêt public. C'est possible, mais c'est la
conséquence inévitable de ce qu'effectivement l'enseignement
collégial et l'enseignement secondaire ne répondent pas
nécessairement aux mêmes objectifs. Par conséquent, dans un
cas, un type d'enseignement peut apparaître prioritaire au Québec
et un autre ne pas l'être. Le présent projet de loi a l'avantage,
je dirais, d'apporter une certaine flexibilité dans les décisions
gouvernementales.
On dit que, même à l'heure actuelle, une institution
relevant du ministère de l'Éducation peut se voir octroyer le
statut d'intérêt public pour certains programmes et un simple
permis pour d'autres. Donc, même en ce moment, existe la
possibilité de diversité au sein du système en ce qui a
trait à la reconnaissance aux fins de subventions et disons que cela
continuera comme avant.
M. Ryan: Mais, là, vous allez avoir deux directions
différentes?
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Vous allez en avoir une au ministère de
l'Enseignement supérieur et une autre au ministère de
l'Éducation.
M. Bérubé: J'imagine que, même
antérieurement, lorsqu'une demande arrivait à la Direction de
l'enseignement privé, on consultait le collégial ou le secondaire
avant de recommander au ministre l'octroi d'une reconnaissance quelconque et
que cela va donc demeurer.
M. Ryan: Mais cela ne règle pas le problème que je
pose de la possibilité... Combien a-t-on de collèges
privés? On en a une vingtaine, je pense?
M. Bérubé: II y a 44 établissements
privés.
M. Ryan: De niveau collégial?
M. Bérubé: De niveau collégial.
M. Ryan: Avec une clientèle totale...
M. Bérubé: II y a 47...
M. Ryan: 47, cela me surprend.
M. Lanoue (Jacques): II y a 47 établissements qui
dispensent des programmes d'enseignement collégial. Il y en a 24 qui ont
ou une déclaration d'intérêt public ou une reconnaissance
sur simple subvention. Au total, il y en a 47.
M. Ryan: Combien ont un statut de
DIP?
M. Lanoue: Je n'ai pas les chiffres avec moi ici, mais je pense
que c'est 22 ou 24. Mais c'est toujours par programme. Au niveau
collégial, les statuts sont donnés par programme. C'est pour cela
que M. Bérubé vous disait tantôt que certains
établissements, pour des programmes, ont une déclaration
d'intérêt public, pour d'autres programmes une reconnaissance pour
fins de subvention et, pour d'autres programmes, il pourrait simplement y avoir
un permis. C'est la situation actuelle, telle qu'elle existe à
l'enseignement collégial.
M. Bérubé: Et cela le demeurera.
M. Lanoue: Quand les demandes étaient faites au
ministère de l'Éducation pour l'enseignement collégial, il
y avait une consultation de l'enseignement collégial sur les
différents programmes qui devaient être dispensés, parce
qu'il y a certains établissements qui donnent des attestations, d'autres
des certificats et d'autres donnent le DEC. Cela varie d'un
établissement à l'autre.
M. Ryan: Les sommes versées actuellement aux deux niveaux,
comment cela peut-il se répartir? L'enseignement privé, en tout,
c'est à peu près 250 000 000 $ par année. Vous n'avez pas
les chiffres pour le collégial? C'est à peu près 70 000
000 $ ou 75 000 000 $, je suppose. Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir cela?
C'est passé avec l'Éducation cette année. Cela n'a pas
été transféré encore pour les fins des
crédits?
M. Lanoue: Dans les 40 000 000 $. M. Ryan: II me semble
que c'est plus.
M. Lanoue: À peu près 40 000 000 $ pour le niveau
collégial.
M. Ryan: Mais, pour l'ensemble, est-ce que vous vous rappelez
combien pour les deux?
M. Lanoue: 228 000 000 $, je crois.
M. Ryan: Je maintiens les observations que j'ai faites, M. le
Président, mais on pourrait passer au vote sur chacun des articles, sous
réserve de certaines observations qu'on aura à formuler à
propos de l'un ou de l'autre.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 35 est
adopté?
M. Ryan: À l'article 35, il y a justement un point que je
veux soulever à propos des mots "et relativement à l'enseignement
de culture personnelle".
M. Bérubé: Oui, j'ai tiqué moi aussi.
M. Ryan: "Le ministre de l'Éducation exerce ses fonctions
et pouvoirs prévus à la présente loi relativement à
l'enseignement de niveau préélémentaire, primaire et
secondaire, au sens des règlements visés à l'article 30 de
la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation, et relativement
à l'enseignement de culture personnelle et le ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, relativement à
tout autre enseignement." C'est curieux, ça. Je ne sais pas ce que
ça veut dire, j'ai peine à comprendre cela.
M. Bérubé: On vient de m'indiquer que la section IV
de la Loi sur l'enseignement privé s'intitule "Enseignement de culture
personnelle". Cela fait donc référence aux institutions
privées tombant sous la coupe de cette section. Cela revient à
dire que les institutions...
M. Ryan: La section IV de quel chapitre?
M. Bérubé: À la section IV. Nous sommes dans
la Loi sur l'enseignement privé, à la section IV, article 48.
M. Ryan: Pardon?
M. Bérubé: On me dit qu'une institution qui
détient une déclaration d'intérêt public ou encore
une reconnaissance aux fins de subvention n'est pas tenue de détenir un
permis aux fins du chapitre portant sur l'enseignement de culture
personnelle.
Ces écoles regroupent, dans le fond, toutes ces écoles de
personnalité qui fleurissent dans tout le territoire, des écoles
de danse, des écoles de musique élémentaires, des
écoles d'arts plastiques, des écoles sur la bonne tenue en
public. Le député de Sauvé, par exemple, a suivi une
série complète de ces cours et, depuis ce temps, il a un
comportement exemplaire à l'Assemblée nationale. Il a eu de la
difficulté à passer ses examens, mais...
M. Parent: J'en aurais pris en octobre, décembre, c'est ce
que le député de Sauvé aurait pu répondre. Le
député de Sauvé connaît le ministre...
M. Bérubé: Non...
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 35 est
adopté?
M. Bérubé: Oui, M. le Président. Je serais
bien prêt à l'adopter.
M. Ryan: Alors, sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 35 est
adopté sur division. L'article 36?
M. Ryan: L'article 36 soulève des objections importantes.
Dans la loi actuelle de l'enseignement privé, on lit ceci: "Une
Commission consultative de l'enseignement privé est instituée.
Cette commission est composée de neuf membres nommés par le
gouvernement sur la recommandation du ministre; au moins six de ces membres
sont nommés après consultation des groupes les plus
représentatifs des dirigeants, des enseignants et des parents
d'élèves de l'enseignement privé."
Là, on prévoyait une jonction avec les milieux directement
intéressés, ce qui n'a malheureusement pas été
respecté...
M. Bérubé: Non, pas encore.
M. Ryan: ...dans les faits parce qu'on a procédé,
plus souvent qu'autrement, à des recommandations qui ne tenaient pas
compte du véritable secteur de l'enseignement privé, qui tenaient
compte de toutes sortes d'autres points de vue, sauf de celui des institutions
qui étaient immédiatement concernées, les parents et les
professeurs de ce secteur.
Nous avons demandé que notre gouvernement respecte davantage
l'esprit de la loi à ce sujet et je ne pense pas qu'on ait eu
satisfaction. Là, il y avait quand même un élément,
c'est que la composition était de neuf membres nommés par le
gouvernement sur la recommandation du ministre. On savait à qui
s'adresser. C'est vous qui êtes supposé faire des recommandations
pour ça, M. le ministre de l'Éducation. Mais ici, ce sera
nommé par le gouvernement en général. On laisse tomber les
mots "sur la recommandation du ministre". Il me semble que vous auriez
dû, au moins, laisser "sur la recommandation des deux ministres
concernés". Qu'ils s'entendent entre eux. Il faut qu'on ait une
représentation de chaque secteur à la Commission de
l'enseignement privé. Je comprends très bien. Pourquoi
laisse-t-on tomber cela?
M. Parent: Peut-être qu'il manque de confiance au ministre.
M. le Président, est-ce à cause d'un manque de confiance du
gouvernement envers son ministre de l'Éducation?
M. Bérubé: C'est inévitable. Je le vis assez
régulièrement. Ce que cela veut dire, c'est que, si deux ministre
ne s'entendent pas, le gouvernement n'est jamais saisi. Vous donnez à
deux ministres ou à la mésentente entre deux ministres pouvoir
sur le Conseil des ministres. On me dit que le Comité de
législation n'aime pas ce genre de formule.
Vous avez raison de dire qu'il y a un responsable et, à ce
moment-là, on peut faire porter la pression sur lui. Il est
identifié. Mais s'il n'y a pas entente entre deux ministres, le dossier
ne se rend jamais au Conseil des ministres. Il n'y a même pas
d'arbitrage.
M. Ryan: M. le Président, au point de vue des
clientèles, est-ce que je me trompe beaucoup en affirmant que la
clientèle de l'enseignement privé au niveau secondaire est
à peu près cinq fois supérieure à celle que l'on
trouve au niveau collégial?
M. Bérubé: On me dit vrai.
M. Ryan: Dans ces conditions, ne faudrait-il pas prévoir
que les neuf membres seraient nommés, disons, six sur recommandation du
ministre de l'Éducation, puis trois sur recommandation du ministre de
l'Enseignement supérieur? Ne serait-ce pas une proportion juste?
M. Bérubé: Votre argument ne me convainc pas, mais
j'en ai trouvé un autre pendant que vous me parliez.
M. Ryan: Oui?
M. Bérubé: Comme il faut qu'il y ait un
équilibre entre dirigeants, enseignants, parents d'élèves,
etc., du fait que vous ayez deux ministres qui font des recommandations
séparées, comment le ministre A tient-il compte des
recommandations de B pour assurer l'équilibre? Est-ce que c'est B qui
s'ajuste à A ou A qui s'ajuste à B de manière à
maintenir l'équilibre?
M. Ryan: C'est le problème qui découle de votre
logique, évidemment. C'est très difficile de fonctionner dans un
système aussi illogique que celui que vous proposez. Cela confirme le
point de vue général qu'on essaie de vous faire accepter depuis
avant-hier.
M. Bérubé: Non, ce qui est exact, c'est de dire que
c'est le gouvernement qui... on pourrait dire "sur recommandation du
ministre".
M. Ryan: Cela serait déjà beaucoup mieux, parce que
vous fonctionnez d'une manière tellement harmonieuse.
M. Bérubé: Compte tenu qu'il y en a cinq fois plus
au secondaire, on pourrait dire "sur recommandation du ministre de
l'Éducation, après consultation du ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie". Personnellement, cela ne
me dérangerait pas.
M. Ryan: Si vous êtes prêt à accepter
cet amendement, je pense que cela pourrait aller.
M. Bérubé: J'accepterais cet amendement, M. le
Président. Je suis d'un naturel conciliant, ce que personne ne sait.
M. Ryan: Nous accepterions cet article-là dans un esprit
de compromis.
M. Bérubé: Est-ce beau, l'harmonie qui règne
autour de cette table, M. le Président?
Le Président (M. Paré): Oui, est-ce qu'on pourrait
le répéter lentement, s'il vous plaît?
M. Bérubé: M. le Président, nous pourrions
dire: Tel que proposé dans un amendement conjoint, mais ce n'est pas
possible.
M. Ryan: Non, ce n'est pas possible. Appuyé par nous. Je
suis prêt à appuyer l'amendement, il n'y a pas de problème.
Proposé et accepté à l'unanimité.
M. Bérubé: Qui le propose?
M. Ryan: Vous.
M. Bérubé: C'est moi qui le propose?
M. Ryan: Oui.
M. Bérubé: Alors, si c'est moi qui le propose, je
vais l'énoncer.
M. Ryan: Je vais vous en donner le crédit.
M. Bérubé: "Sur la recommandation du ministre de
l'Éducation...
M. Ryan: Pour faciliter vos rapports avec le ministre de
l'Éducation.
M. Bérubé: ...après consultation du ministre
de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie."
M. Ryan: Cela va. (21 h 45)
M. Bérubé: II est clair que, dans la mesure
où c'est le gouvernement qui nomme, si le ministre de l'Enseignement
supérieur est en désaccord avec les recommandations du ministre
de l'Éducation, il a un recours. Il peut plaider au Conseil des
ministres en ce cas.
M. Ryan: Demandez-vous le vote sur cet amendement?
Le Président (M. Paré): Oui. On attend l'amendement
qui est en train d'être rédigé,
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut aborder l'article suivant en
attendant, à titre exploratoire?
Le Président (M. Paré): D'accord. Article 37?
M. Ryan: L'article 37 modifie l'article 8 de la Loi sur
l'enseignement privé. Je pense que je vais être obligé de
lire la modification telle que je la comprends pour être sûr qu'on
tient le même langage. Si je comprends bien, le premier alinéa se
lirait ainsi: "La commission doit, au plus tard le 1er décembre de
chaque année, faire au ministre de l'Éducation et au ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie un rapport
sur ses activités pour l'année scolaire
précédente."
M. Bérubé: C'est bien cela.
M. Ryan: Très bien. Ensuite, le troisième
alinéa se lirait comme suit: "Ce rapport doit aussi contenir tous les
renseignements que le ministre de l'Éducation ou le ministre de
l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie peut
prescrire."
M. Bérubé: C'est bien cela.
M. Ryan: Là, c'est écrit à la fin: "Le
ministre de l'Éducation dépose ce rapport devant
l'Assemblée nationale." N'est-ce pas?
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Cela veut dire que, pour la confection de son rapport,
la commission est sujette à recevoir des directives de deux ministres
différents.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Avez-vous une idée du genre de choses que chaque
ministre pourrait exiger? Je me demande même si les ministres lisent
actuellement les rapports de la Commission consultative de l'enseignement
privé.
M. Bérubé: Un jour, on pourra changer de ministre
et peut-être que c'est la seule chose qui l'intéressera à
ce moment-là, mais il n'y aura peut-être que cela.
M. Ryan: Non. La commission elle-même est tellement
discrète et le ministre a manifesté tellement peu
d'intérêt pour le secteur de l'enseignement privé depuis
neuf ans qu'on se demande même s'il a trouvé le temps de lire les
rapports annuels de la commission consultative. On a eu
connaissance de décisions qui ont été prises sans
qu'apparemment le ministre soit au courant des avis que la commission avait
exprimés. Il n'en tenait compte d'aucune manière. Cela dit, je me
permets de signaler encore une fois que je trouve bizarre qu'une commission
consultative doive attendre de recevoir des directives de deux ministres
différents pour rédiger son rapport annuel. Je trouve, pour
employer une expression familière que c'est "fort en ketchup". Je trouve
que cela...
M. Bérubé: Oui, c'est un ketchup peu
épicé, quand même.
M. Ryan: ...n'a pas beaucoup de cohérence. C'est à
cela qu'on est réduit par la décision du gouvernement. Ce n'est
pas mauvais de l'illustrer clairement par des points précis, mais c'est
ce à quoi cela revient. Je ne veux pas compromettre le président
dans nos débats, mais je pense que, si on lui proposait de diriger sa
commission de cette manière, il serait fort embarrassé à
certains moments.
Cela dit, je pense que j'ai dit l'essentiel de ce que je pouvais avoir
à dire sur cet article. C'est un autre article qui est
sérieusement déficient, à notre point de vue. Ce n'est pas
toute l'oeuvre d'éducation. C'est un secteur qui regroupe actuellement
une proportion. Dans le cas de l'enseignement collégial, c'est à
peu près 12 % de la clientèle totale. Dans le cas de
l'enseignement secondaire, c'est du même ordre, 8 % ou 9 % si mes
souvenirs sont bons, 10 % peut-être. C'est important quand même,
parce que, comme vous l'avez déjà signalé, M. le ministre,
lors de discussions que nous avons eues antérieurement sur le sujet,
l'enseignement privé peut servir d'aiguillon, peut servir
d'éperon pour promouvoir une meilleure recherche de la qualité,
dans la mesure où l'enseignement privé pratique une
pédagogie originale et exigeante qui peut servir de norme de comparaison
avec le public, qui sert également de solution de dernier recours
souvent pour des parents qui éprouvent des difficultés avec leurs
enfants ou pour des enfants que le secteur public a de la difficulté
à vraiment accommoder dans ses rangs. C'est très important qu'on
ait ce secteur privé, mais, là, je trouve qu'on le met dans une
situation où il ne sera pas à l'aise et je tiens à le
souligner.
Cette commission de l'enseignement privé, nous étions
arrivés à la conclusion qu'elle doit être revigorée,
qu'elle doit être remise davantage dans l'oeil du public parce qu'elle a
évolué dans la pénombre au cours des dernières
années avec une discrétion qui était empreinte, du moins
en apparence, d'hésitation à se manifester publiquement. Je pense
qu'on arrivait à un stade où il fallait réviser cela. Avec
le statut qu'on aura ici ce ne sera pas très intéressant. En tout
cas, ce sont des choses qu'il faudra corriger éventuellement. Il est bon
de le souligner dès maintenant.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 37 est
adopté?
M. Ryan: Est-ce que l'amendement est prêt sur l'article
précédent?
Le Président (M. Paré): On peut revenir à
l'article 36. L'amendement est le suivant: Remplacer l'article 36 par le
suivant: "36. L'article 3 de cette loi est modifié par l'insertion dans
la troisième ligne, après les mots "le ministre", des mots "de
l'Éducation qui prend l'avis du ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie."
M. Ryan: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Paré): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 36, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Paré): Adopté. Est-ce que
l'article 37 est adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 37 est
adopté sur division. Article 38?
M. Ryan: Je pense que c'est vraiment une question de concordance.
Il n'y a pas lieu de faire de difficultés au sujet de cet article. Cela
veut dire que chacun des deux ministres, suivant le secteur d'éducation
sous lequel tombe une institution qui peut être déclarée
d'intérêt public, a l'autorité voulue pour prendre la
décision à ce sujet. Je pense qu'il n'y a pas de problème
là.
Le Président (M. Paré): L'article 38 est
adopté?
M. Ryan: Sur division. Cela se rattache à la philosophie
de la loi.
Le Président (M. Paré): L'article 38 est
adopté sur division. Article 39?
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 39 est
adopté sur division. Article 40?
M. Ryan: À l'article 40, il y a un problème qui
vient illustrer ce que j'ai essayé de dire depuis tantôt. On dit
dans l'amendement proposé par le gouvernement...
D'abord, je pense qu'il faudrait lire l'article original de la Loi sur
l'enseignement privé qui se lit ainsi: "Le montant de la valeur locative
prévu à l'article 14 est déterminé par le ministre
selon le formulaire relatif à la mesure de la valeur locative des
immeubles des institutions privées en vigueur le 28 mai 1981." À
l'amendement proposé on dit: "Le montant de la valeur locative
prévu à l'article 14 est déterminé par le ministre
qui a fait la déclaration d'intérêt public selon les normes
et barèmes de calcul qu'il détermine. La personne qui tient une
institution fournit au ministre les renseignements qu'il demande à cette
fin, à la date et dans la forme qu'il détermine." Je pense que
cela illustre le danger de double régime, de double traitement dont j'ai
parlé plus tôt dans mes remarques générales. S'il
est dit bien clairement que le montant de la valeur locative est
déterminé par le ministre qui a fait la déclaration
d'intérêt public selon les normes et barèmes de calcul que,
lui, détermine, cela veut dire qu'on pourrait avoir un ensemble de
barèmes et de normes de calcul pour le secteur collégial et un
ensemble de normes et de barèmes de calcul pour le secteur secondaire
qui pourront varier. Si, par exemple, un des deux ministres décide
d'étouffer à petit feu les institutions d'enseignement
privées, il va dire: La valeur locative de vos bâtisses... Il y a
peut-être une lumière.
M. Bérubé: On me dit que c'est déjà
le cas. Je tirerais la conclusion suivante qu'on pourrait le voir sous l'angle
positif. Il se pourrait qu'un des deux ministres, au contraire, ne veuille pas
étouffer l'enseignement privé et, par conséquent, soit
plus généreux. Voyez-vous, à l'heure actuelle, il suffit
de frapper un ministre aux intentions malveillantes ou "malveilleuses" et,
à ce moment-là, il n'y a rien à faire, on étrangle
tout l'enseignement privé, tandis que là vous avez une chance sur
deux de vous en sortir.
M. Ryan: Nous aimerions mieux un traitement juste pour tout le
monde et l'assurance d'un traitement juste et équitable pour tout le
monde, surtout quand il s'agit de déterminer la valeur locative. Il me
semble que cela est déterminé à l'aide de critères
surtout techniques qui n'ont pas grand-chose à voir avec le niveau
auquel on fonctionne. En tout cas, je souligne la difficulté.
M. Bérubé: Ils sont différents actuellement,
d'après ce qu'on me dit.
M. Ryan: Dans quel sens?
M. Lanoue: Les réalités sont très
différentes quand on donne un enseignement au niveau collégial ou
au niveau secondaire. Les critères pour établir la valeur
locative par rapport à un établissement qui dispense de
l'enseignement collégial, c'est différent des critères qui
sont utilisés pour ceux qui dispensent...
M. Ryan: Voulez-vous me donner une couple d'exemples de
critères différents?
M. Lanoue: Les immobilisations au niveau secondaire par rapport
à celles du niveau collégial parce que la valeur locative, c'est
un peu ce qui sert de mesure pour ces dépenses-là.
Évidemment, équiper des laboratoires pour le niveau
collégial par rapport à ce qu'on doit faire pour le niveau
secondaire, c'est très différent. C'est pour cela que,
déjà, à l'heure actuelle, les critères varient
selon les secteurs.
M. Ryan: J'imagine que vos critères actuels doivent partir
de la valeur réelle, de la valeur d'achat et de remplacement.
M. Lanoue: Oui, mais..
M. Ryan: À ce moment-là, ce sont les mêmes
critères de base. Le montant n'est pas le même.
M. Bérubé: Ce n'est pas le même montant par
étudiant; par exemple...
M. Ryan: Oui, cela j'en conviens très bien parce que le
coût n'est pas le même. Mais si on part du principe de base que
cette valeur locative va être établie à partir des
coûts, de la valeur d'achat et de la valeur de remplacement, là on
a quelque chose d'objectif. Je comprends très bien que le montant
à la fin ne soit pas le même, je le comprends très bien. Ce
que je ne voudrais pas qu'on ait, c'est ceci: supposons qu'on déciderait
d'un côté: Pour vous, ce sera seulement la valeur d'achat moins la
dépréciation accumulée et, pour le reste, comme on n'est
pas intéressé à ce que vous vous développiez, on
laisse cela se détériorer tranquillement. Dans l'autre cas, on
donnera la valeur de remplacement; cela est important. C'est dans ce
sens-là que j'entretiens des appréhensions.
M. Bérubé: Là où je pourrais tenter
de vous rassurer, c'est que toutes ces normes et barèmes sont
évidemment sujets à l'approbation en vertu de la Loi sur
l'administration financière par le Conseil du trésor, et la
normalisation se fait là.
M. Ryan: Oui, ce n'est pas nécessairement rassurant.
M. Bérubé: Pour l'expérience que j'ai eue au
Trésor, je dois vous avouer que...
M. Ryan: Nous autres...
M. Bérubé: ...la principale préoccupation du
Conseil du trésor, c'est l'équité, le traitement le plus
identique possible.
M. Ryan: Je pense que j'ai fait valoir l'essentiel du point de
vue qui devait être entendu là-dessus.
Le Président (M. Paré): L'article 40 est-il
adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 40 est
adopté sur division. L'article 41?
M. Ryan: C'est un article de concordance.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 41 est
adopté sur division. L'article 42?
M. Ryan: C'est la même chose, sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 42 est
adopté sur division. L'article 43?
M. Bérubé: Alors, deux formulaires
différents.
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 43 est
adopté sur division. L'article 44?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 44 est
adopté sur division. L'article 45?
M. Ryan: C'est de la concordance, sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 45 est
adopté sur division. L'article 46?
M. Ryan: Ici, il y a un problème qui se pose à mon
esprit. Ce n'est pas parce qu'on fait des changements car c'est la même
chose que dans la loi actuelle, mais il y a un problème qui a surgi dans
mon esprit. Supposons que le Nouveau parti démocratique - c'est purement
à titre d'exemple - décide d'instituer une école de
formation politique qui va offrir à la population des cours de formation
économique, de formation en histoire politique, de formation en analyse
des phénomènes de classes sociales, etc., faut-il qu'il ait un
permis du ministre?
D'après la loi actuelle, il me semble qu'il faut qu'il ait un
permis du ministre pour donner cet enseignement-là. Cela me semble
gravement abusif. Je trouve qu'un parti ne doit pas être tenu d'avoir un
permis du ministre pour faire une chose comme celle-là, de même
qu'un groupe religieux ou un groupe culturel. S'ils donnent des cours qui n'ont
pas le cheminement devant conduire à une reconnaissance
académique quelconque et qu'ils les donnent sous la
responsabilité d'un organisme sans but lucratif, il me semble qu'on ne
doit pas avoir une disposition comme cela dans nos lois. (22 heures)
Je ne sais pas s'il y a une réponse à cela, mais si mon
interprétation de l'article 46 est correcte, qui correspond à
l'article 23 de la Loi sur l'enseignement privé, il me semble qu'il y a
quelque chose d'abusif là-dedans qu'on devrait essayer de corriger
à l'occasion de l'étude du projet de loi 39.
M. Bérubé: On porte à mon attention le fait
que l'article 68 de la Loi sur l'enseignement privé...
M. Ryan: Privé?
M. Bérubé: À l'article 68, on permet de
faire des règlements pour "dispenser certaines institutions de
l'obligation de détenir un permis de culture personnelle." C'est
à l'alinéa 1). "Le gouvernement peut, par règlement sur
recommandation du ministre qui doit prendre l'avis de la commission - et je
prends 1) - dispenser certaines institutions de l'obligation de déternir
un permis de culture personnelle." Par le biais de cet alinéa, il serait
possible au gouvernement de dispenser des partis politiques de l'obligation,
mais ce n'est pas le cas à l'heure actuelle.
M. Ryan: Regardez, c'est plutôt l'article n) qui aurait
application ici, d'après moi, en tout cas, plus directement. Peut faire
des règlements pour "exclure de l'application de la présente loi
toute catégorie de personnes qui donnent l'enseignement seules; toute
organisation, groupe de personnes, association ou syndicat qui
occasionnellement, sans fin lucrative et pour ses membres, organise des
enseignements dont l'objet est relié à la poursuite de ses fins."
Disons que les deux se rattachent à la préoccupation que
j'exprime.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Mais là, c'est laissé à la
discrétion du ministre. Il peut faire des règlements pour les
exempter. Cela veut dire qu'en principe cela tombe sous l'autorité du
ministre et cela me semble inacceptable en démocratie
libérale.
M. Bérubé: C'est quand même un
règlement gouvernemental, il ne doit pas ouvrir la porte à la
discrétion ministérielle. Il se pourrait qu'effectivement un
gouvernement décide que les partis politiques ne peuvent pas dispenser
d'enseignement et, à ce moment, cela s'applique à n'importe quel
parti politique.
M. Ryan: C'est ça que je trouve abusif. C'est ça
que je veux éliminer de notre loi. Je ne veux pas que cela relève
du bon vouloir ou de l'intelligence du ministre de donner cela. Je ne sais pas
si vous pourriez y penser d'ici la fin de notre examen. Je ne veux pas...
M. Bérubé: Le problème que j'ai... M.
Ryan: C'est une affaire qui est...
M. Bérubé: On dit ici, dans notre règlement
- mais évidemment ils peuvent être exclus, peut-être - "Sont
exclus de l'application de la loi toute organisation, groupe de personnes,
association ou syndicat qui occasionnellement, sans but lucratif et pour ses
membres, organise des enseignements de culture personnelle dont l'objet est
relié à la poursuite de ses fins et qui fournit au ministre de
l'Éducation les renseignements concernant le fonctionnement de son
institution et le genre d'enseignement qu'elle dispense." Peut-être qu'on
pourrait appliquer ce type de règlement aux partis politiques. Mais, de
fait, ce que le député d'Argenteuil souligne, c'est que
peut-être, à l'heure actuelle, ils en sont dispensés, mais
un gouvernement pourrait décider de ne pas les en dispenser.
Toutefois, je plaiderai ici que nous adoptons la loi d'un
ministère et nous ne réformons pas la Loi sur l'enseignement
privé. Nous maintenons la loi actuelle. Par conséquent, sans
qu'il y ait une décision gouvernementale de refondre la Loi sur
l'enseignement privé, je ne pourrais pas ouvrir la porte à des
amendements qui modifieraient la substance même de la Loi sur
l'enseignement privé, autres que des modifications qui découlent
de de la décision de créer un ministère de l'Enseignement
supérieur.
M. Ryan: Je porte le problème plus fondamental à
votre attention avec insistance. Je pense que ce problème... Pardon!
M. Leduc (Fabre): On pourrait demander un avis juridique pour
voir si cela s'applique.
M. Ryan: Non, c'est la dernière chose que je demanderais.
La première chose, c'est un avis politique qu'il faut ici. Après,
les juristes le formuleront en termes légaux, c'est leur job. Ce n'est
pas leur job de nous dire ce qu'on doit faire là-dedans. C'est le job
des hommes politiques, des femmes politiques de prendre leurs
responsabilités. C'est une question qui est directement reliée
à la liberté d'expression, à la liberté
d'enseignement qui est reconnue dans nos chartes. Voici un article qui est en
contradiction avec notre Charte des droits et libertés de la personne,
j'en suis convaincu. Je n'ai pas d'hésitation, c'est tellement simple.
Après, la décision politique ayant été prise, que
les légistes soient invités à trouver le langage de
cuisine qu'il faut, c'est très bien, mais je ne veux pas le
contraire.
Je n'insiste pas pour ce soir; j'accepte l'explication du ministre me
disant que c'est une loi de concordance à ce stade-ci, qu'on essaie
d'accorder la loi nouvelle à la loi existante dans le secteur de
l'enseignement privé. On y reviendra è d'autres occasions. Si le
ministre pouvait demander l'avis de ses collègues là-dessus, de
ses responsables et peut-être ramener le problème à un
moment qu'il jugera opportun, je l'apprécierais vivement. Nous, si ce
n'est pas fait par le gouvernement, ce sera notre responsabilité de ne
pas le perdre de vue. Cela m'a frappé, à la lecture du projet de
loi, je me suis dit: Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas là. Je
n'avais pas réalisé qu'il avait le pouvoir de donner des
exemptions, cela fait cela de pris et c'est, justement, pour cela qu'on ne veut
pas que cela relève du pouvoir réglementaire, ces choses.
À un moment donné, dès qu'il est question de
recueillir des sommes d'argent pour la dispensation de ces cours, qu'il y ait
un certain pouvoir de réglementation pour empêcher les abus, je le
comprends. Il pourrait arriver qu'une église dirigée par des
illuminés exige des sommes faramineuses pour donner des cours qui ne
seraient peut-être même pas de niveau élémentaire.
Là, qu'il y ait un minimum de garantie, qu'on ne pourra pas saigner les
gens à blanc, je le comprendrais très bien. Ce qui est ici
prégnant dans les textes qu'on a va beaucoup plus loin que cela.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 46 est
adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 46 est
adopté sur division. J'appelle l'article 47.
M. Bérubé: C'est à nouveau un article de
concordance, M. le Président.
M. Ryan: Sur division.
M. Bérubé: Les permis sont émis par chacun
des ministres.
M. Ryan: Adopté sur division, M. le Président.
Le Président (M. Paré): L'article 47 est
adopté sur division. J'appelle l'article 48.
M. Ryan: Adopté. Celui-là, il n'y a pas de
problème; cela confirme simplement les compétences actuelles.
Le Président (M. Paré): L'article 48 est
adopté. J'appelle l'article 49.
M. Ryan: Adopté pour la même raison que le
précédent.
Le Président (M. Paré): L'article 49 est
adopté. J'appelle l'article 50.
M. Ryan: Adopté pour la même raison que les deux
précédents.
Le Président (M. Paré): L'article 50 est
adopté. J'appelle l'article 51.
M. Ryan: Attendez un peu. C'est de la concordance. Adopté
sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 51 est
adopté sur division. J'appelle l'article 52.
M. Bérubé: Essentiellement, pour l'expliquer...
M. Ryan: Attendez un peu, l'article 52, voulez-vous...
M. Bérubé: Je pourrais l'expliquer. M. Ryan:
Oui.
M. Bérubé: En fait, étant donné le
partage des responsabilités entre les deux ministres, un même
permis ne pourra autoriser une institution à donner à la fois
l'enseignement, par exemple, au niveau secondaire et l'enseignement au niveau
collégial. On dit bien, je vous lis l'article 41: "Un permis de donner
l'enseignement professionnel autorise l'institution qui le détient
à donner l'enseignement professionnel au niveau secondaire ou
collégial ou à ces deux niveaux sous réserve des
règlements que peut adopter à cet égard le gouvernement
pour en régir le cumul." On voit bien que le permis pouvait être
accordé pour donner un enseignement à deux niveaux
différents. Maintenant, on dit: II faut supprimer dans les
troisième, quatrième et cinquième lignes les mots "ou
à ces deux niveaux sous réserve des règlements que peut
adopter à cet égard le gouvernement pour en régir le
cumul."
M. Ryan: Adopté sur division.
M. Bérubé: On ne peut pas l'accorder è deux
niveaux en même temps.
Le Président (M. Paré): L'article 52 est
adopté sur division. L'article 53?
M. Ryan: À l'article 53, la difficulté que pose cet
article, c'est qu'il n'y a nulle part de définition de l'enseignement de
culture personnelle. Encore là, c'est une question qui viserait plus
l'amélioration générale de la Loi sur l'enseignement
privé que les fins de la présente loi.
M. Bérubé: Je comprends cela comme étant une
éducation qui ne conduit pas à des diplômes reconnus par le
gouvernement.
M. Ryan: Mais ce n'est défini à nulle part. Dans la
loi, les gens ne trouvent pas la définition.
M. Bérubé: "Enseignement de culture personnelle:
tout enseignement autre que l'enseignement professionnel, l'enseignement
général ou l'enseignement pour l'enfance inadaptée au sens
de la présente loi."
M. Ryan: C'est à quel numéro?
M. Bérubé: C'est dans les définitions au
chapitre I.
M. Ryan: De quel article et de quel alinéa?
M. Bérubé: D.
M. Ryan: Très bien, cela va.
Le Président (M. Paré): L'article 53 est
adopté.
M. Ryan: C'est très bien. Juste une minute si vous me le
permettez. Je ne le sais pas. La définition qui est donnée
là parle de "tout enseignement autre que l'enseignement professionnel,
l'enseignement général ou l'enseignement pour l'enfance
inadaptée au sens de la présente loi."
M. Bérubé: Cela est la définition.
M. Ryan: C'est la définition qui est donnée
à l'article 1 de la Loi sur l'enseignement privé. Supposez que
l'Université du Québec veuille donner une série de
conférences publiques sur l'oeuvre d'André Malraux... Pardon?
M. Bérubé: Elle est régie par une loi, elle
le peut. Prenons un autre cas.
M. Ryan: Le cégep de Maisonneuve.
M. Parent: Prenons, Marie-Victorin, c'est un collège
privé.
M. Ryan; Très bien.
M. Parent: Prenons le collège Marie-Victorin qui voudrait
donner une conférence, je ne sais pas, ou un cours de culture
quelconque.
M. Bérubé: Le seul exemple où je voulais en
venir, c'est à un collège privé.
M. Ryan: C'est cela. II y a Marie-Victorin, c'est un bon exemple.
C'est dans le comté de Sauvé.
M. Charbonneau (Yvon): Une institution qui est
déclarée d'intérêt public est dispensée de
l'obligation de détenir un permis de culture personnelle.
Le Président (M. Paré): Voulez-vous vous identifier
et vous approcher, s'il vous plaît?
M. Charbonneau (Yvon): Je m'excuse, Yvon Charbonneau.
Une voix: Le bon.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 53 est
adopté?
M. Bérubé: C'est un élément que je ne
connaissais pas.
M. Ryan: Très bien. Pardon?
M. Bérubé: Ceux qui sont déjà
reconnus pour un programme; par exemple une institution privée qui a
déjà, un, deux ou trois programmes reconnus peut à ce
moment...
Le Président (M. Paré): L'article 54?
M. Ryan: Cela va, c'est de la concordance. Adopté sur
division.
Le Président (M. Paré): L'article 54 adopté
sur division. L'article 55?
M. Ryan: C'est exactement la même chose.
Adopté sur division.
Le Président (M. Paré): L'article 55 adopté
sur division. L'article 56?
M. Ryan: C'est de la concordance ici. Adopté sur
division.
Le Président (M. Paré): L'article 56 est
adopté sur division. L'article 57? (22 h 15)
M. Ryan: Là, on est rendu à 57. Je crois que c'est
de la concordance ici également. Je propose que ce soit adopté
sur division.
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Paré): Article 57 adopté
sur division. Article 58?
M. Ryan: Une petite minute! Je crois que celui-là vaudrait
même dans le cadre d'une direction politique unifiée. Je serais
favorable à l'adoption de cet article-là, M. le
Président.
Le Président (M. Paré): L'article 58 est
adopté. Article 59?
M. Bérubé: Je comprends. Je n'avais pas saisi au
début; je m'étais mis une note et je l'avais oubliée
après.
M. Ryan: C'est un article de continuité.
M. Bérubé: C'est un article de continuité,
il y a des permis émis par le ministre de l'Éducation touchant un
secteur qui ne le concernait pas et il faut assurer que de tels permis
resteront en vigueur.
Le Président (M. Paré): L'article 59 est-il
adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Paré): Article 60?
M. Bérubé: À l'article 60, nous avons fait
une étude fouillée en compagnie du député de
Sauvé pour nous assurer que toutes les institutions avaient
été couvertes dans le cadre de la Loi sur l'enseignement
spécialisé.
Le Président (M. Paré): L'article 60 a
déjà été adopté. L'article 61 a
déjà été adopté. L'article 62 a
déjà été adopté. Nous sommes rendus à
l'article 63.
M. Ryan: L'article 60, M. le Président, adopté.
Le Président (M. Paré): Oui, les articles 60, 61 et
62 sont déjà adoptés, M. le député
d'Argenteuil.
Une voix: C'est fait.
M. Ryan: Mais non, je n'ai pas voté sur l'article 61, je
regrette infiniment. Nous étions à l'article 60.
Une voix: Oui, vous n'étiez pas là. M. Ryan:
Ah, en mon absence.
Le Président (M. Paré): Oui, en votre absence
tantôt.
M. Ryan: Je suis bien content...
Le Président (M. Paré): On est rendu à
l'article 63.
M. Ryan: ...d'être soulagé de cette
responsabilité. Je n'aurai pas participé à ces votes.
M. Bérubé: D'ailleurs, on a constaté que les
gens étaient beaucoup moins divisés pendant votre absence que
maintenant.
M. Ryan: C'est bon qu'on mette un peu de tension dans un groupe,
vous en savez quelque chose.
Le Président (M. Paré): J'appelle l'article 63.
M. Ryan: Vous avez l'air de marcher tellement vite, M. le
Président, que j'étais rendu à l'article 64.
Le Président (M. Paré): On revient à
l'article 63, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Sur celui-là, voulez-vous me permettre juste une
petite vérification?
M. Bérubé: Nous ajoutons à la liste des
membres du comité consultatif provincial un représentant du
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie.
Le Président (M. Paré): Est-ce que l'article 63 est
adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Paré): Adopté sur division.
Article 64?
M. Ryan: Même chose, sur division, c'est un corollaire de
l'autre.
Le Président (M. Paré): Article 64 adopté
sur division. Article 65?
Loi sur le ministère de
l'Éducation
M. Ryan: À l'article 65, il y a un problème ici. On
va regarder cela attentivement si vous le permettez. Je pense qu'il faut
d'abord relire la Loi sur le ministère de l'Éducation aux
articles concernés pour saisir la portée des amendements qui sont
proposés. On nous dit d'abord: "L'article 1 de la Loi sur le
ministère de l'Éducation est modifié par la suppression du
deuxième alinéa." Or, le deuxième alinéa dit ceci;
il faut le lire à la suite du premier, si vous me le permettez, ce n'est
pas long. Tout l'article 1 est ainsi formulé. Premier alinéa: "Le
ministre de l'Éducation, désigné dans la présente
loi sous le nom de ministre, est chargé de la direction et de
l'administration du ministère de l'Éducation". Cela, ça
reste. "Il est également chargé de l'application des lois
relatives à l'éducation et des lois d'aide à la jeunesse,
sauf celles dont l'application est confiée par la loi à un autre
ministre." Là, on demande que cela soit supprimé.
M. Bérubé: Oui, on va reprendre à l'article
2 de la Loi sur le ministère de l'Éducation, si je comprends
bien. C'est à l'article suivant qu'on a une description plus
détaillée de ses responsabilités. C'est parce que
l'expression "sauf celles dont l'application est confiée par la loi
à un autre ministre" serait susceptible de créer des
problèmes.
M. Ryan: Mais est-ce que ce thème, que le ministre de
l'Éducation est chargé de l'application des lois relatives
à l'éducation et des lois d'aide à la jeunesse, tombe?
M. Bérubé: Non, c'est repris à l'article
suivant, l'article 66.
M. Ryan: "À également charge de l'application."
M. Bérubé: On pourrait aller voir l'article 66 tout
de suite.
M. Ryan: Très bien, cela marche. Sur l'article 1, il y a
une chose. Je pense qu'avec ce qui a été ajouté à
l'article 2, cela va pouvoir se compléter, parce qu'on dit, à
l'article 2.1 que vous voulez ajouter "Le ministre élabore et propose au
gouvernement des politiques relatives aux domaines de sa compétence; il
en dirige et en coordonne l'application. Le ministre a également charge
de l'application des lois confiés à sa responsabilité."
Alors, le terme de l'application des lois confiées à sa
responsabilité revient à l'article 2.1. Par conséquent, si
on ne veut pas être redondant, ce n'est pas nécessaire de l'avoir
à deux places. Je pense que cela va de soi. Il n'y aura pas de
problème sur celui-ci. Je pense qu'on est mieux de les prendre tous les
deux ensemble pour les fins de la discussion préliminaire.
À l'article 2, comme il est formulé dans la loi actuelle,
on lit ceci qui nous ramène au problème que nous avons
abordé cet après-midi: "Le ministre a la responsabilité de
promouvoir l'éducation, d'assister la jeunesse" - c'est dans le texte
actuel de la loi - "dans la préparation et l'orientation de son avenir
et d'assurer le développement des institutions d'enseignement." Si on
avait ajouté "dans le secteur de sa compétence", il n'y aurait
pas
d'objection et ce serait vraiment une mesure de concordance. Mais je
trouve que vous ne devez pas laisser tomber ce paragraphe, parce que vous
attaquez l'essence même de la Loi sur le ministère de
l'Éducation.
Je vois que le leader du gouvernement s'en vient nous surveiller; c'est
mauvais signe.
M. Bédard: C'est un débat très
intéressant.
M. Ryan: J'espère que vous nous arrivez avec des solutions
positives au problème qui a été porté à
votre attention.
M. Bérubé: Oui, justement, on a peut-être des
réponses. Est-ce que c'est possible...
M. Bédard: Le ministre de l'Enseignement supérieur
a toutes les solutions!
M. Ryan: Non, il nous a dit qu'il devait se référer
à vous tantôt.
M. Bédard: C'est parce qu'il est gentil. Quand il dit
cela, c'est parce qu'il est gentil.
M. Ryan: On savait que cela voudrait dire un consentement.
M. Bérubé: N'est-ce pas qu'il m'arrive d'être
gentil? On pourrait peut-être approfondir cet aspect juridique ensemble,
M. le Président.
Mme Montminy (Danièle): Danièle Montminy, de
l'Éducation.
M. Ryan: Très bien. Alors, ici, vous proposez de laisser
tomber cette partie qui est extrêmement importante pour nous dans la loi
actuelle sur le ministère de l'Éducation et nous ne voyons pas du
tout au nom de quel besoin de concordance avec la Loi sur le ministère
de l'Enseignement supérieur on laisserait tomber ces trois lignes qui
sont peut-être les plus importantes de toute la Loi sur le
ministère de l'Éducation au point de vue politique. Quel est le
raisonnement qui vous fait envisager une oeuvre d'assassinat moral aussi
grande?
Mme Montminy: Vous m'en demandez beaucoup! Vous faites
référence spécifiquement au deuxième alinéa
de l'article 1 ou à l'article 2 carrément?
M. Ryan: L'article 2 de la loi actuelle. Voyez-vous, on dit dans
le projet de loi 39, "L'article 2 de cette loi est remplacé par les
suivants".
Mme Montminy: Oui.
M. Ryan: Là, vous avez 2 et 2.1. Les idées qui sont
à l'article 2, on ne les retrouve plus.
Mme Montminy: Nous, on croyait, en tout cas, qu'à
l'article 2.2, au premier paragraphe, particulièrement, quand on parle
"d'élaborer et de mettre en oeuvre des programmes de promotion, de
développement et de soutien et d'adopter des mesures propres à
contribuer à la formation et au développement des individus", on
reprenait de façon plus précise ce qu'on disait
antérieurement à l'article 2.
M. Ryan: Oui, j'ai compris, mais on ne peut pas accepter cela. Je
vais en discuter avec le ministre tantôt. Je ne veux pas vous engager
dans une discussion politique.
Mme Montminy: Oui, c'est cela.
M. Ryan: Parce que, vous autres, la politique, il faut que cela
se fasse dans la discrétion des cabinets.
Mme Montminy: Écoutez, je pense que je ne suis pas
tellement en mesure de...
M. Ryan: Non, je le sais bien. Je ne veux pas vous embarrasser
non plus; on va attendre le ministre. Est-ce qu'on peut suspendre pour deux
minutes, M. le Président, en attendant le retour du ministre?
Le Président (M. Paré): Oui, on va suspendre les
travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 26)
(Reprise à 22 h 29)
Le Président (M. Paré): La commission reprend ses
travaux. Nous sommes toujours à l'article 65.
M. Ryan: À l'article 66. L'article 65, je pense que nous
l'avons...
Le Président (M. Paré): On les étudie
ensemble.
M. Ryan: C'est ça. Est-ce qu'on pourrait garder l'article
65 entre parenthèses, quelques minutes, pour aborder l'article 66?
Le Président (M. Paré): Oui.
M. Ryan: À l'article 66, M. le Président, je
voudrais proposer l'amendement suivant.
M. Bérubé: À l'article 66.
M. Ryan: Après l'article 2 de cette loi, insérer
les articles suivants: "2.1 Le ministre exerce ses fonctions dans les domaines
de l'éducation préscolaire et de l'enseignement primaire et
secondaire, à l'exception d'un enseignement relevant d'un autre
ministre" et "2.2 Le ministre élabore et propose au gouvernement des
politiques relatives aux domaines de sa compétence; il en dirige et en
coordonne l'application. Le ministre a également charge de l'application
des lois confiées à sa responsabilité."
Ce serait acceptable pour nous. Je ne suis pas complètement
satisfait de la formulation actuelle de la loi quand elle définit les
fins pour lesquelles existe un ministre de l'Éducation. Comme vous avez
dit tantôt que ce n'était pas le moment de refaire la Loi sur le
ministère de l'Éducation, je n'insiste pas. J'avais un amendement
dans ma poche que je pourrai vous laisser pour votre information. Je ne le
dépose pas, excepté qu'ici l'amendement que je propose aurait
pour effet de garder l'article 2 dans sa forme actuelle, mais d'y ajouter les
deux articles additionnels que vous jugez nécessaires pour les fins de
concordance. Je trouve que ce n'est pas du tout dans l'esprit de la discussion
que nous avons que de charcuter la Loi sur le ministère de
l'Éducation dans cet article-là.
M. Bérubé: Là, on tripote une loi que je
n'ai pas étudiée.
Mme Montminy: On a quand même repris...
M. Ryan: Oui. Justement, je trouve que l'on fait une
opération illégitime. C'est la raison pour laquelle j'avais
demandé cet après-midi que nous ayons le ministre de
l'Éducation pour l'examen de ces parties-là du projet de loi. Ce
n'est vraiment pas nécessaire pour avoir la loi sur l'enseignement
supérieur. Les modifications que l'on propose aux autres lois, on les
propose parce qu'elles sont jugées nécessaires pour la loi sur
l'enseignement supérieur, mais dans ce cas-ci ce n'est pas
justifié.
Mme Montminy: On a déjà repris le
développement des institutions d'enseignement précisément,
si vous regardez à l'article 2.2, troisièmement.
M. Bérubé: Je voudrais être sûr d'avoir
compris parce que je n'ai pas participé aux discussions.
M. Ryan: II faut que nous recommencions.
M. Bérubé: L'article 1 de l'actuelle Loi sur le
ministère de l'Éducation serait ramené à son seul
premier alinéa. C'est bien cela?
M. Ryan: Oui, c'est cela.
M. Bérubé: Le deuxième alinéa
sauterait. Deuxièmement, l'article 2 de la
Loi sur le ministère de l'Éducation serait maintenu tel
qu'il est présentement.
M. Ryan: C'est cela.
M. Bérubé: Et que fait-on de l'amendement?
M. Ryan: Qui est véhiculé par l'article 66 du
projet de loi?
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: On le garderait intégralement. On changerait la
numérotation. Ce serait l'article 2.1 à la place de 2, et 2.2
à la place de 2.1.
M. Bérubé: Et vous enlèveriez l'article
2.2?
M. Ryan: Non, non, l'article 2.2, on va l'examiner
séparément, M. le ministre. Il y a une discussion à tenir
là-dessus aussi.
M. Bérubé: Ce sera l'autre...
M. Ryan: Oui, il faut une discussion là-dessus. Mais si
vous voulez qu'on suspende le vote sur ceci, on peut prendre l'article 2.2
également, parce qu'il y a un problème de concordance
générale ici.
Ma position, M. le ministre, c'est qu'il faut jouer le moins possible
avec la Loi sur le ministère de l'Éducation. Ce n'est pas du tout
le lieu pour cela. Je pense que vous avez le devoir d'adopter une position
très conservatrice, et même vos articles qui suivent l'article
2.2, je supprimerais cela complètement. Je ne vois pas du tout ce que
cela vient faire ici.
M. Bérubé: Évidemment, c'est plus facile...
Si c'était le ministre qui était là, ce serait son
problème.
M. Ryan: Oui, mais il aurait dû être là
aussi.
M. Bérubé: Oui, oui.
M. Ryan: II aurait dû être là. Il devait le
savoir, qu'on discute le projet de loi 39. Il devrait venir avec ses
conseillers parce qu'il ne fait rien sans le demander à ses
conseillers.
M. Bérubé: Les conseillers du ministre de
l'Éducation me suggéreraient ceci: Dans le respect de vos
remarques, pour éviter qu'il n'y ait confusion concernant le domaine de
juridiction du ministre de l'Éducation -
et je me réfère ici à l'article 66 de la loi
-l'alinéa 2 serait renuméroté alinéa 1.1. Donc,
immédiatement après 1, vous auriez 1.1, c'est-à-dire: "Le
ministre exerce ses fonctions dans les domaines de l'éducation
préscolaire et de l'enseignement primaire et secondaire." On vient
cadrer son domaine de juridiction. On pourrait également avoir,
immédiatement après, 1.2: "Le ministre élabore et propose
au gouvernement des politiques relatives aux domaines de sa compétence;
il en dirige et en coordonne l'application. Il a également charge de
l'application des lois confiées à sa responsabilité."
À nouveau, cela pourrait aller. Et là, on pourrait avoir
l'article 2, qui est l'article original de la Loi sur le ministère de
l'Éducation. On garderait donc l'article 2, tiré de la loi
actuelle du ministère de l'Éducation, en ajoutant cependant un
membre préliminaire ou un membre liminaire: "dans les domaines de sa
compétence".
M. Ryan: Où ajoutez-vous cela?
M. Bérubé: Au début, comme premier membre de
l'article 2.
M. Ryan: Moi, je n'y toucherais pas. Franchement - excusez
l'expression - je trouve cela "fessier". Vous l'avez dit clairement. On ajoute
deux paragraphes pour circonscrire. Il ne faut pas circoncire. Il y a une
limitel Là, cela m'irrite.
M. Bérubé: On dit tout simplement: "Le ministre a
la responsabilité de promouvoir l'éducation". Il faut dire: "Dans
les domaines de sa compétence, il a la responsabilité d'assurer
le développement des institutions d'enseignement."
M. Ryan: Mais...
M. Bérubé: On garde exactement ce que vous avez
dit.
M. Ryan: Oui. Pour que ce soit beaucoup plus judicieux,
cependant, au point de vue d'une stricte logique, si on veut vraiment que cela
veuille dire quelque chose, le premier alinéa de l'article 1, je le
laisserais là: "Le ministre de l'Éducation est chargé de
la direction et de l'administration du ministère de l'Éducation."
Il n'y a pas de problème là.
M. Bérubé: H y a consensus.
M. Ryan: Très bien! Deuxièmement: "Le ministre a la
responsabilité de promouvoir l'éducation, d'assister la jeunesse
dans la préparation et l'orientation de son avenir et d'assurer le
développement des institutions d'enseignement." Là, si vous
voulez ajouter: "dans les secteurs de sa compétence", cela ne me fait
rien.
On arriverait en troisième - la numérotation, on peut
faire cela après - aux deux points que vous avez mentionnés: Le
ministre exerce ses fonctions dans les domaines de l'éducation
préscolaire, élabore et propose... Je trouve que ce serait
logique, que cela se comprendrait. Il me semble que les finalités
générales doivent passer avant les exercices de circoncision.
M. Bérubé: On commence par définir les
champs. Si on prend l'article 66 à l'alinéa 2, on dit: "Le
ministre exerce ses fonctions dans les domaines de l'éducation
préscolaire et de l'enseignement primaire et secondaire." On
définit les domaines dans lesquels il doit oeuvrer. Il est normal qu'on
commence par l'indiquer avant de décrire, à l'intérieur de
ces domaines, quelles sont ses fonctions, ses responsabilités.
Lorsqu'on dit, suivant votre suggestion: Dans les domaines de sa
compétence, le ministre a la responsabilité de promouvoir
l'éducation, comme on ne connaît pas les domaines de sa
compétence - on va le savoir plus tard - on ne sait pas encore
exactement ce que l'on veut dire par cela. Il faut donc procéder
à l'inverse. Je veux bien essayer de circoncire le fessier, mais j'ai de
la misère. Il faudrait commencer par définir les champs. À
ce moment-là, la proposition est plus logique de dire que "le ministre
exerce ses fonctions dans les domaines de l'éducation
préscolaire, de l'enseignement primaire et secondaire, à
l'exception d'un enseignement relevant d'un autre ministre." Je n'ai pas
d'objection...
M. Ryan: On garde l'article 2 tel quel. On n'a pas d'affaire
à toucher à ça.
Mme Montminy: Non. Prenez juste l'exemple d'assurer le
développement des institutions d'enseignement, ce n'est quand même
pas le rôle du ministre de l'Éducation d'assurer le
développement des institutions d'enseignement dans...
M. Ryan: Oui, mais vous l'avez dit au paragraphe
précédent. On prend la peine de le dire clairement: "Il exerce
ses fonctions dans les domaines de l'éducation préscolaire...
M. Bérubé: C'est cela, au paragraphe 2.
M. Ryan: Oui. Je vais vous le dire: La numérotation, cela
ne m'empêche pas de dormir.
M. Bérubé: D'accord. Donc, vous me dites qu'on
garde le premier alinéa de l'article 1. Immédiatement
après suivrait un article qui dirait que "le ministre exerce ses
fonctions dans les domaines de l'éducation
préscolaire, etc." Ce serait le deuxième article.
Là, vous me dites que le troisième article serait: "Le ministre a
la responsabilité de promouvoir l'éducation, d'assister la
jeunesse dans la préparation et l'orientation de son avenir et d'assurer
le développement des institutions d'enseignement." Et vous, vous dites:
Enlevez donc "dans les domaines de sa compétence". Je pense que ce n'est
pas possible. On vient de définir quels sont les domaines de sa
compétence et ensuite on dit: Et dans les domaines de sa
compétence il fait ceci, il fait cela.
M. Ryan: Je pense que ce qu'il serait mieux qu'on fasse, c'est
suspendre pour cinq minutes et que vous essayiez de mettre cela par
écrit pour qu'on ait cela clairement. On va faire la même chose de
notre côté. Est-ce qu'on peut suspendre pour me permettre d'aller
faire un appel?
Le Président (M. Paré): Tant de sollicitude
m'émeut. Je vais me rendre immédiatement à votre demande.
La commission suspend ses travaux pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 44)
(Reprise à 23 h 5)
Le Président (M. Charbonneau): Si je comprends bien, vous
avez tous décidé qu'on continuerait jusqu'à 6 heures
demain. Alors, allons-y tranquillement. L'article 65?
M. Bérubé: Vous trouvez vraiment que cela va trop
vite, M. le Président?
M. Ryan: M. le ministre...
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: ...sur les articles 1 et 2...
Le Président (M. Charbonneau): L'article 66, pardon.
M. Ryan: ...de la loi actuelle du ministère de
l'Éducation modifiés par les articles 65 et 66, avez-vous le
projet d'amendement.
M. Bérubé: Oui. Le projet d'amendement que nous
vous...
M. Ryan: Pourrait-on nous en donner une copie?
M. Bérubé: J'imagine qu'il doit y avoir des
copies.
M. Ryan: Vous n'en avez pas d'autres copies pour mes
collègues?
M. Bérubé: Oui, je pense que oui. M. Ryan:
Cela s'en vient? M. Bérubé: Cela s'en vient. M.
Ryan: D'accord.
M. Bérubé: Ils peuvent le recopier en fait, cela va
les tenir occupés. Moi non plus, je ne sais plus ce que je fais
exactement.
Le Président (M. Charbonneau): Vous n'êtes pas les
deux seuls à ne plus le savoir!
M. Bérubé: On va essayer de trouver ce que nous
devons faire, M. le Président.
Une voix: II est mieux de rester ici, n'est-ce pas?
M. Ryan: Regardez... Pardon?
M. Bérubé: M. le Président, pour pouvoir
reprendre les travaux, si vous me donniez la parole, je pourrais
présenter l'amendement et on pourra au moins commencer à partir
d'un amendement.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Charbonneau): Je vais vous la laisser. De
toute façon, vous...
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Nous
avions décidé de discuter à la fois des articles 65 et 66.
Bien nous en prit, d'ailleurs, puisqu'il est possible maintenant de
retravailler les articles de la façon suivante. Nous maintiendrions
l'article 65 du présent projet de loi qui supprimait essentiellement le
deuxième alinéa de l'article 1 de la Loi sur le ministère
de l'Éducation. Quant à l'article 66, nous le rédigerions
de la façon suivante: "Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 1, des suivants: 1.1 Le ministre exerce ses fonctions
dans les domaines de l'éducation préscolaire et de l'enseignement
primaire et secondaire, à l'exception d'un enseignement relevant d'un
autre ministre. "1.2 Le ministre élabore et propose au gouvernement des
politiques relatives aux domaines de sa compétence; il en dirige et en
coordonne l'application. Le ministre a également charge de l'application
des lois confiées à sa responsabilité."
À ce moment-là, il y aurait un nouvel article qui se
lirait ainsi: "66.1 L'article 2 de cette loi est modifié par
l'insertion, dans la première ligne et avant le mot "Le", des mots "Dans
les domaines de sa compétence".
Le Président (M. Charbonneau): Cela
va?
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): L'amendement est donc
adopté sur division et l'article 66 serait adopté tel
qu'amendé. Si je comprends bien, la proposition du ministre...
M. Bérubé: On ajoute un article 66.1.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord, mais l'article 65
aussi serait adopté.
M. Bérubé: L'article 65 a été
adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Non, il n'était pas
adopté.
M. Ryan: Non, il faut l'adopter; il faut évidemment
commencer par l'article 65.
M. Bérubé: Oui, c'est exact.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 65 est donc
adopté.
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 66 est
adopté tel qu'amendé.
M. Bérubé: II faudrait adopter l'article 66.1.
M. Ryan: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 66.1?
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté.
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division.
M. Ryan: Cela va jusque là?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, cela va.
M. Ryan: Maintenant, qu'est-ce qui arrive avec l'article
66.2.2?
M. Bérubé: Nous le supprimerions puisque l'article
66 que vous aviez est retiré. Donc, l'article 66 est remplacé par
le nouvel article 66 que je vous ai proposé. Le nouvel article que je
vous ai proposé supprime l'article 2.2 selon les remarques que vous nous
aviez faites.
M. Ryan: Cela a plus de bon sens parce que, comme c'était
formulé à 2.2, c'était absolument insoutenable, surtout
à la lumière de ce qu'on trouve au début du projet de
loi.
M. Bérubé: Je transmettrai ces critiques
sévères à mon collègue de l'Éducation.
M. Ryan: Non, non, ne lui parlez pas, cela n'a pas l'air de
l'intéresser, je ne voudrais pas le déranger.
Le Président (M. Charbonneau): Article 67?
M. Ryan: On y vient avec hâte, M. le Président. Je
pense qu'il n'y a pas de discussion là-dessus. Ce sont des adaptations
qui sont de concordance.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté? M. Ryan:
Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division. Qu'à
cela ne tienne. Article 68?
M. Ryan: À l'article 68, je pense qu'on modifie
essentiellement la signification de l'article 13 de la loi actuelle du
ministère de l'Éducation. Dans la loi actuelle, il est dit que
"le gouvernement peut autoriser le ministre à conclure avec toute
personne, société, corporation, institution ou gouvernement des
conventions ayant pour objet de faciliter l'établissement des jeunes."
Si on avait ajouté simplement: "en vue de l'exécution de ses
fonctions", comme le dit la fin de l'amendement proposé, je comprendrais
très bien, c'est un problème de concordance qui ne susciterait
pas de débat. Mais là, ce n'est pas cela, on nous introduit un
nouvel article et on dit: "Le ministre peut, conformément à la
loi, conclure une entente avec un gouvernement autre que celui du
Québec, l'un de ses ministères, une organisation internationale
ou un organisme de ce gouvernement ou de cette organisation, en vue de
l'exécution de ses fonctions." L'article 13 dans sa teneur actuelle va
beaucoup plus loin. Je ne vois pas ce qu'on vient faire ici au nom des fins de
concordance qu'on poursuit avec le présent projet de loi. C'est abusif
et je pense que ce doit être modifié. C'est encore de la
charcuterie. Il en manque une, il n'y en a que deux, il en faudrait au moins
trois, la règle de trois.
Le point, c'est qu'ils rétrécissent singulièrement
les pouvoirs du ministre.
Mme Montminy: Dans un premier temps, il y avait la question
"ayant pour objet de faciliter l'établissement des jeunes" qui avait
besoin d'être précisée. Il va de soi que le ministre
pouvait conclure, en vertu du
droit commun, des ententes avec toute personne, société
dans les domaines de sa compétence. Cela ne faisait pas problème.
Il n'en reste pas moins que, lorsqu'on fait affaires avec les gouvernements
étrangers, les organisations internationales, etc., - ce sont des
dispositions que l'on retrouve dans toutes les lois de ministères
maintenant - on doit le faire conformément à la loi, donc
particulièrement à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales. C'est dans ce sens-là qu'on s'est dit: On va la
reprendre pour la rendre conforme à la loi actuelle quand on accorde un
pouvoir semblable, le reste, soit "conclure avec toute personne,
société, corporation, institution ou gouvernement," allant de
soi.
M. Ryan: Je n'accepte pas l'explication. Je trouve que c'est un
changement qui va bien au-delà des fins requises par cette loi-ci. Si
vous voulez qu'un jour on réexamine la Loi sur le ministère de
l'Éducation, il pourra être question de la réexaminer mais
le ministre a dit lui-même plus tôt, ce soir, que ce n'est pas un
exercice de révision ou de refonte de la Loi sur le ministère de
l'Éducation; c'est un exercice de concordance qu'on fait. Il me semble
que vous n'avez pas à toucher à ces pouvoirs du ministre de
l'Éducation pour les fins de la création du ministère de
l'Enseignement supérieur.
Mme Montminy: On ne restreint pas du tout en faisant cela.
M. Ryan: Oui, mais...
Mme Montminy: Premièrement, on ne fait que l'adapter
à l'exécution de ses fonctions, ce qui va de soi. Dans un
deuxième temps, on l'adapte aux contraintes qui sont plutôt
contractées avec un gouvernement étranger et non pas
contractées de façon générale. Le ministre de
l'Éducation avait vu ces dispositions. On les lui avait soumises et il
était d'accord au moment où on l'a fait, mais...
M. Bérubé: II y a un problème, M. le
Président, qu'il faut souligner. Par exemple, dans l'ancien
libellé de l'article 13, on parlait de "l'établissement des
jeunes". Quand on sait l'importance qu'attache le député
d'Argenteuil à la formation permanente et à l'éducation
des adultes, on peut voir là un caractère discriminatoire,
puisque le ministre de l'Éducation serait désormais obligé
de ne se préoccuper que des jeunes et ne pourrait pas
s'intéresser aux adultes, par exemple. Déjà, il y a
quelque chose d'un peu anormal, mais admettons que c'est une vieille loi et
que, par conséquent, on a peut-être vécu avec. Donc, dans
un premier temps, il était normal de dire que la responsabilité
du ministre de l'Éducation ne concerne pas seulement les jeunes, mais
concerne les adultes. On pourrait accepter ce principe. D'où la
nécessité de faire disparaître cela et, en faisant adopter
la loi, on en a profité. J'admets que cet article ne se justifie pas sur
la base de la création du nouveau ministère. Là-dessus, le
député d'Argenteuil a raison. Mais, ce faisant, n'était-il
pas plus élégant, effectivement, d'ouvrir le ministère de
l'Éducation à la formation permanente et à
l'éducation des adultes?
M. Ryan: Si on nous avait proposé un amendement disant
qu'on va remplacer les mots "ayant pour objet de faciliter
l'établissement des jeunes" par les mots "en vue de l'exécution
de ses fonctions"...
M. Bérubé: C'est cela.
M. Ryan: ...il n'y aurait pas de problème.
M. Bérubé: C'est ce que nous faisons.
M. Ryan: Mais vous allez beaucoup plus loin.
M. Bérubé: En quoi?
M. Ryan: Dans l'article 13, on dit: "Le gouvernement peut
autoriser le ministre à conclure avec toute personne,
société, corporation, institution." Cela disparaît dans le
texte qu'on nous propose. Ce sont seulement des ententes "avec un gouvernement
autre que celui du Québec, l'un de ses ministères, une
organisation internationale ou un organisme de ce gouvernement ou de cette
organisation". "Toute personne, société, corporation", cela tombe
et nous, on voudrait que cela reste.
M. Bérubé: Non, cela reste. M. Ryan:
Où est-ce écrit?
Mme Montminy: Actuellement, le gouvernement doit autoriser le
ministre chaque fois qu'il conclut une entente avec une personne, une
société, une corporation, alors que l'esprit, c'est beaucoup
plus, à cause des lois qui concernent les relations
intergouvernementales, que, quand il fait affaires avec un autre gouvernement,
il a besoin de l'autorisation du gouvernement.
M. Bérubé: Autrement, il n'en a pas besoin.
Mme Montminy: Autrement, il a le droit de contracter. À
titre de ministre, il n'y a aucun problème, il peut contracter.
M. Bérubé: Donc, en enlevant les mot "personne,
société, corporation ou
institution", on ne lui enlève pas le pouvoir pour autant; c'est
implicite dans la responsabilité du ministère. À ce
moment-là, le seul type d'autorisation ou de balisage à des
contrats que le ministère pourrait se voir imposer, c'est le balisage
qui a trait à la négociation de contrats avec d'autres pays.
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division.
Article 69?
M. Bérubé: Vous en abrogez un paquet, de 14 à 16.
J'espère qu'il n'y a rien là-dedans. On me dit que ce sont de
vieux articles qui visaient un objet limité lors de leur adoption et
qu'ils sont maintenant désuets.
M. Ryan: Ça, c'est vrai. Tout cela est rendu au
ministère de la Main-d'Oeuvre.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté?
M. Ryan: Sur division. Cela ne sert à rien de discuter
cela, parce qu'on va perdre notre temps. Ce sont des choses qui ne sont plus de
la responsabilité du ministre de l'Éducation.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division.
L'article 70?
M. Bérubé: C'est l'article 3 de la Loi sur les
normes du travail.
M. Ryan: Oui, adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur
division.
M. Ryan: C'est de la concordance.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. L'article
71?
M. Bérubé: Les programmes d'initiation au
travail.
M. Ryan: Ici, je pense que c'est de la pure concordance aussi, M.
le Président. Adopté sur division.
M. Bérubé: Oui. Les articles 71, 72, 73, 74 et 75
sont uniquement de concordance.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'on peut tenir
pour acquis que les articles 71, 72, 73, 74 et 75 sont adoptés sur
division?
M. Bérubé: Cela vient de ce que les cégeps
relèvent...
M. Ryan: C'est cela. C'est tout relié à la Loi sur
l'organisation des parties patronale et syndicale et au projet de loi 37 qu'on
a hâte d'aller discuter. Vous allez aller là, vous aussi.
Allez-vous y aller?
M. Bérubé: Oui, éventuellement. M. Ryan:
Cela va.
M. Bérubé: On va aller mettre le bordel, si je
comprends bien.
M. Ryan: Cela va aller à demain. On va les laisser finir
tranquillement. On va se rafraîchir...
Le Président (M. Charbonneau): L'article 76?
M. Ryan: Adopté sur division, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Vous
allez plus vite que le président, ce qui est rare.
M. Ryan: Attendez! Si vous me le permettez, à l'article
76, je veux simplement faire une vérification.
M. Bérubé: L'article 9 se lit ainsi: "La
régie avise le ministre des Communications et le ministre de
l'Éducation de toute requête qu'elle reçoit et de toute
audience publique qu'elle tient en vertu de la présente loi." Il s'agit
de la programmation éducative. On dit tout simplement qu'on doit
également aviser le ministre de l'Enseignement supérieur, de la
Science et de la Technologie.
M. Parent: Je n'ai jamais entendu parler de cette
loi-là.
M. Ryan: On a adopté cela en novembre 1980. Cela avait
fait un gros débat. C'était l'élargissement de la notion
de programmation éducative par Radio-Québec. C'était dans
le temps où ils voulaient en faire une Radio-Canada en miniature. Vous
vous rappelez cela?
Le Président (M. Charbonneau): L'article 77?
M. Ryan: L'article 76, M. le Président, est
adopté.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 76, sur
division?
M. Ryan: On va l'adopter, celui-là.
Le Président (M. Charbonneau): Tout court.
M. Ryan: Par manque de cohérence. Une voix: Oui,
flagrant.
M. Ryan: On est fatigués. Les facultés
ramollissent.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 77?
M. Ryan: C'est votre domaine, M. le Président. On va sefier à votre sage conseil.
M. Bérubé: La protection de la jeunesse. M. le
Président, êtes-vous d'accord avec l'article 77?
Le Président (M. Charbonneau): Moi, oui. Mais je
présume que ce sera sur division étant donné qu'il y a le
mot "supérieur".
M. Ryan: Adopté sur division.
M. Bérubé: L'Opposition n'a pas d'objection au mot
"supérieur". Cela dépend où on met le mot
"supérieur".
Le Président (M. Charbonneau): L'article 78?
M. Bérubé: Oui. Il n'y a rien à l'article
78, M. le Président.
M. Ryan: Adopté sur division.
M. Bérubé: C'est de la concordance.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté tout court ou
sur division?
M. Ryan: Sur division.
M. Bérubé: Oui, c'est nécessairement sur
division.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 79?
M. Ryan: Adopté sur division. C'est de concordance.
Le Président (M. Charbonneau): Bien. L'article 80?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Le rythme est infernal.
L'article 81?
M. Bérubé: Désormais, nous aurons notre mot
à dire au conseil d'administration de Radio-Québec. Après
tout, les spectacles de Michel Jasmin nous intéressent. Peut-être
pourrait-il y avoir quelque chose d'éducatif supérieurement?
Le Président (M. Charbonneau): II ne passera plus parce
qu'il prend une année sabbatique. L'article 81?
Loi sur l'enseignement primaire et secondaire
public
M. Bérubé: L'article 543 de la Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public est abrogé. C'est l'article
qui créait le ministre.
Le Président (M. Charbonneau): Qui créait le
ministre?
M. Bérubé: On l'abroge.
M. Ryan: Non, c'est l'article...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bérubé: On l'a passée vite,
celle-là.
M. Parent: Vous commencez déjà à abroger des
articles de la loi 3.
M. Ryan: C'est l'article de la Loi sur les bourses pour le
personnel enseignant qu'on a décidé d'abroger plus tôt cet
après-midi. Je pense qu'on était d'accord sur cet article et
qu'on va le rester.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté.
M. Ryan: C'est un pur article de concordance. Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Article 82?
M. Ryan: L'article 82, c'est un article de concordance pure.
Adopté sur division dans ce cas-ci.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne comprends pas votre
logique, mais cela ne fait rien.
M. Ryan: C'est parce qu'on avait convenu que la Loi sur les
bourses pour le personnel enseignant, même si on restait dans le
régime actuel, n'a plus de raison d'être. C'est une
opération de santé qu'on était heureux d'appuyer. Ici, on
revient à la logique infernale qui préside à tout projet
de loi.
Le Président (M. Charbonneau): Le supérieur et
l'inférieur.
M. Ryan: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Article
83?
M. Ryan: Le mal fondamental. L'article
83. L'article 556...
Une voix: Cela va être sur division.
M. Ryan: ...on va le vérifier attentivement. Attendez un
peu.
M. Bérubé: S'il fallait que j'explique
celui-là, j'aurais de la misère.
M. Ryan: Ici, je pense que c'est assez simple, finalement. C'est
que les comités confessionnels sont des comités du Conseil
supérieur de l'éducation. En vertu de ce que nous avons vu plus
tôt, le conseil supérieur peut adresser des représentations
à l'un ou l'autre ministre et cette faculté s'applique
également dans le cas des comités confessionnels, dois-je
présumer...
M. Bérubé: Oui, oui.
M. Ryan: ...dans la mesure où il n'est pas
décidé autrement par la loi. Alors, ici, je pense que c'est une
affaire de concordance dans le cas de l'article 556.1°. Dans le cas de
l'article 556.2°, on va le vérifier soigneusement. Modifier...
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Ici, cela pose un problème, M. le
Président.
M. Bérubé: En fait, ils peuvent nous donner...
M. Ryan: Pardon?
M. Bérubé: Je pourrais l'expliciter. En fait, il
n'y a vraiment que l'article 22 paragraphe g qui est modifié. On dit que
les comités sont chargés de faire au conseil ou au ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur des recommandations.
Partout ailleurs, comme il s'agit de programmes régis par la loi 3 et
même par la Loi sur l'enseignement public jusqu'à ce que la loi 3
soit en vigueur, à ce moment-là, leurs recommandations en ce qui
a trait aux programmes, aux qualifications des enseignants sont des
recommandations qui n'ont trait qu'à l'enseignement primaire et
secondaire et ne touchent pas à l'enseignement collégial.
M. Ryan: Je crois que c'est juste. Le point qu'il faut
préserver ici, je pense que c'est le suivant. Le comité
catholique, pour prendre cet exemple, peut, en vertu de l'article 22 g, faire
au ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie, des recommandations sur toute question de la compétence du
ministre.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: S'il trouve, par exemple, qu'on donne des cours qui sont
imprégnés de philosophie subversive dans un cégep
subversive, évidemment à l'endroit des valeurs religieuses et
morales - à ce moment-là, il a la faculté de soumettre des
représentations au ministre.
M. Bérubé: La formation des maîtres
aussi.
M. Ryan: Mais dans des cas ou la loi 3 prévoit que le
ministre devra recueillir ou solliciter l'avis du comité avant
d'édicter un programme, cela ne s'applique pas pour le ministère
de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la Technologie.
Pour les programmes de religion, par exemple, qui sont donnés
dans un cégep, qu'est-ce qui arrive? Est-ce que c'est laissé
entièrement à l'autorité, à la
responsabilité du cégep? Il n'y a aucun droit de regard du
comité catholique là-dessus.
M. Bérubé: Ils ne sont pas soumis au
comité.
M. Ryan: En tout cas, je pense que c'est peut-être...
M. Bérubé: Mais on n'a quand même pas exclu
la possibilité pour le comité de nous donner des avis, je ne
pense pas. Il le pourrait. (23 h 30)
M. Ryan: II y a tout le problème de l'animation
spirituelle et religieuse également dans les cégeps. Je ne sais
pas comment cela se présente ici.
M. Bérubé: L'enseignement collégial n'est
pas assujetti aux comités catholique ou protestant, mais
néanmoins on a tenu à maintenir la possibilité pour ces
comités de nous donner les documents.
M. Ryan: Mais regardez, M. le ministre, je vais seulement faire
une hypothèse. Avant la loi 3 - la loi 3 a changé des choses,
parce que là, c'est limité à l'enseignement primaire et
secondaire - comme c'était formulé, je ne sais pas, il y avait un
article qui donnait au ministre l'obligation d'avoir leur avis sur des points
précis. Quand on dit: "Ces comités sont chargés de faire
des règlements concernant l'enseignement moral et religieux, l'animation
pastorale catholique et protestante dans les établissements
d'enseignement", avant la loi 3, j'ai l'impression que cela s'appliquait d'une
manière plus large. C'est l'article 22.
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
M. Ryan: Si on peut seulement terminer
sur ce point, parce qu'on était sur un point qu'il faut
élucider. D'après la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation - j'aimerais que vos conseillers juridiques nous donnent
également leur interprétation - l'article 22 était-il
limité strictement à l'enseignement primaire et secondaire ou
s'il était de portée plus large? Là, on va prendre la loi
3 en plus.
M. Bérubé: Je pense qu'on est en train de...
M. Ryan: Oui, d'accord. Très bien. Je ne veux pas
m'opposer en attendant, si...
Le Président (M. Charbonneau): Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: C'est simplement que je vois que ces articles 82
jusqu'à 91 entreront en vigueur le 1er juillet 1986 parce que,
apparemment, on amende la loi 3 ici et la loi 3 entre en vigueur en juillet
1986. Mais entre-temps, d'ici le 1er juillet 1986, y aura-t-il une
espèce de "legal limbo" en ce qui concerne les deux ministères,
parce que, effectivement, on garde le statu quo jusqu'en 1986 en ce qui
concerne ces articles?
M. Bérubé: Les ministères sont responsables
de l'application des lois. Tout ce que nous faisons, c'est que le
ministère de l'Éducation qui était responsable de
l'administration des lois des collèges, des lois du Conseil des
universités, n'a plus cette responsabilité, mais il conserve ses
responsabilités vis-à-vis des lois touchant son ordre
d'enseignement. À l'heure actuelle, c'est la Loi sur l'instruction
publique qui prévaut. Donc, il a juridiction en vertu de la Loi sur
l'instruction publique. Lorsque la Loi sur l'instruction publique sera
remplacée par une autre loi, à ce moment-là, il
appliquera... Nous avons la réponse.
M. Ryan: Pardon?
M. Bérubé: Nous avons la réponse. Les
collèges ne sont pas des institutions confessionnelles. Comme les
comités sont chargés de faire des règlements pour
reconnaître les institutions d'enseignement confessionnelles et que les
collèges sont, en vertu de la loi des collèges, des institutions
non confessionnelles, à ce moment-là, cela ne s'applique pas
à eux.
M. Ryan: M. le Président, je pense qu'il y a quelque chose
là. C'est changé, évidemment, dans la loi 3.
M. Parent: II y a des collèges privés qui sont
confessionnels.
M. Bérubé: Pas en vertu de la loi.
M. Parent: Je prends le collège Notre-Dame. Le
collège Notre-Dame, le collègue Marie-Victorin sont des
collèges privés qui sont administrés par des
congrégations religieuses. Le collège Notre-Dame est encore un
collègue privé, le collègue Marie-Victorin aussi.
M. Bérubé: Oui. Le séminaire de
Québec est un collège...
M. Parent: J'imagine qu'il est confessionnel, celui-là, le
séminaire.
M. Bérubé: Les comités catholiques n'ont pas
juridiction.
M. Parent: Non?
M. Ryan: Je pense que c'est vrai. C'est juste. Un changement a
été apporté avec la loi 3 qui modifie cette
économie, mais seulement pour les secteurs primaire et secondaire.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Ryan: Je crois que cela règle le problème pour
cela.
Le Président (M. Charbonneau): Ce qui fait que l'article
83 est adopté.
M. Ryan: On va le regarder bien attentivement. Attendez un peu.
On voulait avoir l'explication; maintenant, on va voir comment cela atterrit.
Je pense que c'est bien comme c'est là.
Le Président (M. Charbonneau): Bon atterrissage.
M. Ryan: Nous votons cela sur division, évidemment.
Le Président (M. Charbonneau): Bien sûr.
M. Ryan: On ne prend pas de chance.
Le Président (M. Charbonneau): Une saine méfiance,
quoi. L'article 84?
M. Ryan: L'article 572. Le ministre pourrait-il nous expliquer ce
changement?
M. Bérubé: Oui. L'article 572 a pour objet de
modifier la Loi sur l'enseignement privé. Il définit
l'enseignement général comme étant, notamment, tout
enseignement de niveau collégial au sens du règlement visé
par l'article 30 de la Loi sur le Conseil supérieur de
l'éducation. Vu la modification proposée à cet article 30
par l'article 27 du présent projet de loi qui, désormais, ne
s'applique pas à l'enseignement collégial, il y
a lieu de supprimer la référence à cet article
30.
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président.
Pourrait-on recommencer la lecture plus lentement pour que le ministre
lui-même puisse comprendre ce qu'il lit?
Le Président (M. Charbonneau): Pourrait-on suggérer
au ministre de mettre plus de points de suspension?
M. Bérubé: Vous voulez que je sois plus
convaincant?
Le Président (M. Charbonneau): Voilà.
M. Bérubé: D'habitude, je comprends ce que je lis,
mais là, je vais essayer de le comprendre d'abord et, ensuite, je vous
le lirai.
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas assez de
chiffres probablement.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas cela; c'est
qu'effectivement l'explication est peut-être limpide, mais pas à
cette heure. On va aller lire l'article 572 et, après cela, on va aller
voir ce que cela fait.
Le Président (M. Charbonneau): C'est sans doute l'heure
où vous rêvez.
M. Bérubé: Oui, c'est l'heure où je
rêve. Mais c'est mauvais. Chaque fois que le député
d'Argenteuil me fait rêver, le lendemain cela donne lieu à des
exégèses de rêve et, comme je l'ai indiqué, je suis
très mauvais à cet égard.
M. Ryan: Je pense qu'on pourra dispenser le ministre de sa
lecture. On lit plus vite que lui.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Je ne
demanderai pas au député d'Argenteuil d'expliquer la
portée de l'article au ministre.
M. Ryan: Ce sont des articles de concordance, les trois ici
qui...
M. Bérubé: C'est aussi profond que mon
explication!
M. Ryan: Non. J'ai pu comparer les définitions dans le
texte de la Loi sur l'enseignement privé et, dans ce qui est
proposé ici, je crois qu'il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Ryan: Sauf que nous l'adoptons sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Bien sûr.
M. Ryan: Évidemment. L'article 573, nous voulons le
regarder de près.
M. Bérubé: Je serais d'accord, M. le
Président. Est-ce que je pourrais, moi aussi, manifester ma division? Y
aurait-il quelqu'un, au moins, qui voudrait voter pour?
M. Ryan: M. le Président, vous ne pouvez pas voter.
M. Bérubé: M. le député de Dubuc
pourrait voter pour et nous pourrions nous abstenir.
M. Ryan: Vous savez qu'à ce stade-ci on serait 3-3, il y
aurait un problème pour vous, ce serait de courir chercher quelqu'un
parce qu'apparemment vous ne pouvez plus trancher comme autrefois.
Le Président (M. Charbonneau): Mais je peux voter.
M. Ryan: Est-ce que je me trompe, madame? Vous pouvez voter?
Le Président (M. Charbonneau): Je peux voter. Vous
êtes mieux de ne pas prendre de chance.
M. Ryan: Mais avec la liberté nouvelle que vous avez
manifestée à certains stades de notre débat aujourd'hui,
on aurait de minces espoirs de vous voir, pour une rare fois, pencher de notre
côté sur des questions de fond.
Une voix: Ou un autre téléphone. M. Ryan:
Merci.
Le Président (M. Charbonneau): II faudrait que...
M. Bérubé: Je ne sais toujours vraiment pas ce
qu'il veut dire.
Le Président (M. Charbonneau): Moi, non plus. Dans ce cas,
je veux avoir seulement une précision. Dans l'élan qui vous a
portés tantôt à comprendre rapidement de part et d'autre,
c'était spontanément l'adoption des articles 84, 85, 86 et
87.
M. Bérubé: Là, il faudrait voir quand
même.
M. Ryan: Nous sommes à l'article 573.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 573
étant...
M. Ryan: Mais j'ai fait une erreur.
Le Président (M. Charbonneau): C'est où, l'article
573?
M. Ryan: Attendez!
M. Bérubé: Quand on se met à lancer des
numéros à la tête des gens, c'est très difficile. Je
pourrais cependant vous l'expliquer. L'article 575 de la Loi sur l'enseignement
primaire et secondaire a pour objet de remplacer l'article 20 de la Loi sur
l'enseignement privé. Ce remplacement entrera en vigueur le 1er juillet
1986. La modification proposée par le présent projet a pour objet
de rendre le remplacement de cet article 20 de la Loi sur l'enseignement
privé concordant avec la modification à ce même article
prévue à l'article 44 du présent projet.
M. Ryan: Très bien. Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division,
les détails étant superflus.
M. Bérubé: Je pense que cela coulait de source, M.
le Président.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 86?
M. Ryan: C'est de la concordance. Adopté sur division dans
notre cas. À l'article 87, même remarque.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division
également.
M. Ryan: L'article 88 est adopté sur division.
M. Bérubé: Je constate qu'il y a un papillon
à l'article 88. C'est une erreur de typographie qui avait frappé,
d'ailleurs, le député d'Argenteuil. Il ne faut pas lire "article
33", mais il faut lire "article 34" dans notre amendement. Je pense que cela
avait frappé le député d'Argenteuil; il m'en avait
parlé, d'ailleurs, sérieusement en me soulignant le
caractère un peu hâtif de la rédaction.
M. Ryan: Je ne me souviens pas de cela, mais...
Une voix: Bonsoir.
M. Bérubé: C'est plutôt bonne nuit.
M. Ryan: Cela va. M. le Président, à quel article
sommes-nous?
Le Président (M. Charbonneau): À l'article 88.
M. Bérubé: À l'article 88, il faudrait
d'abord adopter l'amendement.
Le Président (M. Charbonneau): II y a un amendement.
M. Bérubé: L'amendement consisterait à
remplacer, dans notre article 88, le chiffre "33" par le chiffre "34".
Le Président (M. Charbonneau): Ce serait l'adoption de
l'amendement...
M. Ryan: Le reste, c'est une question de...
Le Président (M. Charbonneau): ...et l'article serait
adopté tel qu'amendé.
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division.
Une voix: Les deux.
Le Président (M. Charbonneau): Les deux.
M. Ryan: Évidemment.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division. L'article
89?
M. Ryan: C'est parce qu'on est obligés de chevaucher sur
trois lois.
M. Bérubé: Oui, c'est très difficile. Cela
n'est pas "suivable".
M. Ryan: L'article 89, c'est l'article 581 de la Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public qui, lui, nous reporte à
l'article 38 de la Loi sur l'enseignement privé.
Le Président (M. Charbonneau): Lequel fait
référence...
M. Parent: Le ministre pourrait peut-être nous l'expliquer
clairement...
M. Bérubé: L'article 581 de la loi sera...
M. Parent: ...et non pas le lire. Des voix: Ah! Ah!
Ah!
M. Parent: On peut très bien lire, M. le Président.
On voudrait que vous nous
l'expliquiez...
M. Bérubé: Écoutez! Honnêtement...
M. Parent: ...vu que c'est votre projet de loi.
M. Ryan: Attendez! On essaie de le voir comme il faut
jusqu'à la fin.
M. Bérubé: On peut faire l'exercice. Il faut
prendre les trois lois de front et s'amuser.
M. Ryan: Mais je ne saisis pas celui-là exactement, je
m'excuse.
M. Bérubé: Voulez-vous qu'on punisse quelqu'un en
lui demandant de nous l'expliquer?
M. Ryan: Oui. Il faudrait partir de l'article 38 de la Loi sur
l'enseignement privé qui dit: "Une institution d'enseignement pour
l'enfance inadaptée doit se conformer au programme d'étude
approuvé par le ministre et employer des professeurs possédant
les qualifications requises au sens des règlements visés à
l'article 30 de la Loi sur le Conseil supérieur de l'éducation."
La loi 3 a modifié cela en disant: "Une institution d'enseignement pour
l'enfance inadaptée doit se conformer au programme d'étude
officiel approuvé par le ministre et employer des enseignants
possédant les qualifications requises au sens des règlements
visés à l'article 452 de la Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public." Là, vous ajoutez, à la fin de l'article 38,
les mots "ou à l'article 18 de la Loi sur les collèges
d'enseignement général et professionnel". Est-ce que vous pouvez
me dire pourquoi vous ajoutez cela? (23 h 45)
M. Bérubé: Oui.
Une voix: C'est qu'en vertu de l'article 20 de la Loi sur
l'enseignement privé...
Le Président (M. Charbonneau): Madame, est-ce que vous
pourriez vous identifier?
Une voix: Pour l'enregistrement des débats.
Le Président (M. Charbonneau): Voilà! D'abord, pour
l'enregistrement et, ensuite, pour notre intérêt personnel, si
vous pouviez vous identifier.
Mme Lapointe (Ruth): Ruth Lapointe. En vertu de l'article 20 de
la Loi sur l'enseignement privé, on prévoit que l'enseignement
pour l'enfance inadaptée peut être dispensé au niveau
collégial. Par mesure de concordance, il s'ensuit que les professeurs de
niveau collégial devront prosséder les qualifications requises en
vertu de la Loi sur les collèges d'enseignement général et
professionnel.
M. Ryan: Cela va.
Le Président (M. Charbonneau): L'explication ayant
porté fruit...
M. Ryan: Cela va. C'est satisfaisant. Adopté sur
division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division.
Qu'à cela ne tienne! Je constate que la division n'est disparue que
lorsque le député d'Argenteuil est allé faire son discours
sur le zonage agricole.
M. Bérubé: Si je comprends bien, M. le
Président, le député d'Argenteuil et moi pourrions aller
prendre un thé ensemble, cela irait beaucoup plus vite.
Le Président (M. Charbonneau): Je peux essayer de vous
aider un peu. J'appelle l'article 90.
M. Bérubé: Nous l'avions déjà
amendé. Cela revient. Si on prend l'article 587, il est analogue
à un article que nous avions examiné précédemment:
"Nul ne peut, dans sa publicité ou sa réclame, ou à
l'occasion de renseignements qu'il fournit - je cherche le verbe - annoncer ou
laisser croire qu'une institution, etc., prépare ses
élèves, etc., ou conduit à une épreuve unique, un
certificat ou un diplôme du ministère de l'Éducation."
Évidemment, il faut dire ou du ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie. Le député
d'Argenteuil devrait se prononcer pour cet amendement, mais sur division.
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division.
Article 91?
Loi sur l'enseignement privé (suite)
M. Ryan: II me semble qu'on a déjà adopté
cela.
M. Bérubé: Ils sont tous très semblables.
Nous allons, lorsque la loi 3 va entrer en vigueur, devoir changer toute la
terminologie de l'enseignement primaire et secondaire. J'essaie de voir.
À l'heure actuelle, on parle de l'enseignement de niveaux
préélémentaire, primaire, secondaire; cela deviendra
l'enseignement préscolaire, l'enseignement primaire et l'enseignement
secondaire au sens de la nouvelle loi. Donc, comme on va avoir un changement
de
nomenclature, on ne veut pas rédiger une loi qui fait un partage
en vertu des nomenclatures existantes de sorte que, quand une nouvelle loi
entrera en vigueur, on se retrouvera avec un partage incorrect. Donc, on
prévoit un article qui fait que, lorsque la nouvelle loi sera en
vigueur, cela s'appliquera également aux nouvelles appellations.
M. Ryan: Je ne comprends pas ici.
Une voix: C'est le moins qu'on puisse dire.
M. Ryan: Ce que vous modifiez avec l'article 91, c'est la Loi sur
l'enseignement privé, ce n'est pas la Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public. D'accord?
Mme Lapointe: Non.
M. Ryan: Ce que je constate, c'est que le 1.1 que nous avons ici,
ce n'est pas tout à fait la même rédaction que 35.
Mme Lapointe: C'est cela. On vise à remplacer l'article 35
qui édictait cet article 1.1 qui est nouveau. Étant donné
que la nouvelle terminologie de la Loi sur l'enseignement primaire et
secondaire public va entrer en vigueur uniquement le 1er juillet 1986, mais
que, par contre, on connaît la date, afin d'éviter un oubli du
législateur, on fait tout de suite l'adaptation qui, elle, entrera en
vigueur le 1er juillet 1986. Cet article 91 va entrer en vigueur le 1er juillet
1986.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Charbonneau): Devant
l'intérêt manifesté par le député de
Westmount, est-ce que l'article est adopté sur division?
M. Bérubé: On adopte une loi et, en même
temps, on adopte l'amendement.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que le dictionnaire
de l'article 92 est adopté?
M. Ryan: L'article 92 est adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 93?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 94?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): L'ar- ticle 95
papillonne.
M. Bérubé: L'article 95, je pourrais vous expliquer
à quel point il était essentiel et, dans mon papillon, je vous
exprimais un amendement qui consisterait à supprimer cet article
essentiel, la raison étant que le transfert de personnel s'est fait
élégamment et sans difficulté, ce qui fait qu'on n'a pas
besoin d'un article pour assurer la transition du personnel, il est
déjà "transitionné".
M. Ryan: Vu que le transfert est enfin complété
cinq mois après la décision créant le ministère de
l'Enseignement supérieur, on n'a pas d'objection. Sur tout ce qui
supprime dans cela, il n'y aucune division.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien,
supprimé sans division.
M. Ryan: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 96?
M. Bérubé: Sur les soustractions, je comprends bien
qu'il n'y a pas de division; ce sont les additions que...
Le Président (M. Charbonneau): C'est sur les additions,
les multiplications.
M. Ryan: Et les altérations.
Le Président (M. Charbonneau): Les altérations.
À l'article 96, est-ce que vous altérez quelque chose?
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 97?
M. Ryan: Adopté sur division.
M. Bérubé: Oui, c'est la transition. L'article
98?
Le Président (M. Charbonneau): L'article 98?
M. Ryan: Adopté sur division.
M. Bérubé: Pour éviter de reprendre le
processus.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 99.
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Le compte à rebours
nous amène maintenant à l'article 100.
M. Bérubé: C'est pour maintenir en vigueur les
règlements.
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division.
L'article 101?
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 102?
M. Ryan: Adopté sur division.
M. Bérubé: Ils en ont pour trois jours.
M. Ryan: On pourrait reprendre ici la démonstration que
nous avons faite à maintes reprises, le ministre ayant
déjà entendu cette démonstration à quelques
reprises à l'occasion de lois antérieures...
M. Bérubé: On pourrait mettre "bis".
M. Ryan: ...et n'ayant rien compris. Malgré les intentions
autres que manifeste extérieurement le gouvernement dont il fait partie,
nous maintenons notre opposition très ferme à des dispositions de
ce genre dans toutes nos lois. Je pense que cela rabaisse nos lois, que cela
les diminue inutilement et que cela n'a aucun effet, de toute
manière.
M. Bérubé: M. le Président, je reprendrai
les réponses...
M. Ryan: Adopté.
M. Bérubé: ...que j'ai faites au
député d'Argenteuil à maintes reprises et je me
contenterai de les réitérer avec la même
fermeté.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 103?
M. Ryan: Surtout sur celui-ci, j'aimerais vous rappeler des
choses fondamentales en matière de protection des droits linguistiques,
en particulier dans le domaine de l'éducation. Nous croyons, du
côté de l'Opposition, qu'il y a certaines dispositions de la
Charte canadienne des droits qui sont de nature à accorder une
protection plus efficace à nos minorités francophones dans le
reste du pays. Ces dispositions sont, évidemment, plus fortes dans la
mesure où toutes les provinces y sont assujetties et pas seulement les
autres provinces. C'est évident que, si le Québec n'est pas
partie à cet accord, la force de ces dispositions pour le reste du pays
est beaucoup moins grande et beaucoup plus problématique non seulement
dans son application, mais même dans son maintien. Par conséquent,
il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles nous nous opposons à des
clauses omnibus de ce genre-là.
Si le gouvernement, dans des cas précis où il a des
raisons spécifiques de le faire, pour employer le jargon d'aujourd'hui,
nous disait: Dans cette loi en particulier, nous avons telle et telle raison
précise, d'accord, mais le genre d'exercice mécanique auquel on
astreint l'Assemblée nationale depuis maintenant trois ans est un
exercice qui nous répugne comme Opposition, et je tiens à le
rappeler fermement.
M. Bérubé: Ma réponse, M. le
Président, sera aussi directe. Nous avons eu droit en commission
parlementaire à des exposés extrêmement précis sur
l'impact des chartes sur les lois adoptées par les Législatures,
qui amènent les juges à se substituer même au Parlement en
ce qui a trait au sens qu'il faut véritablement donner à certains
articles d'une charte et, en conséquence, sur les contraintes qu'elles
représentent pour la législation. Dans la mesure où il est
plus facile d'amender une charte des droits qui a été
votée par une Législature que d'amender une charte des droits qui
est inscrite dans une constitution, il s'ensuit que la rigidité
qu'implique une charte adoptée constitutionnellement peut avoir des
conséquences extrêmement nocives sur l'évolution de la
Législature et sur la capacité de notre société
à se doter de législations qui correspondent à ses besoins
et à ses préoccupations.
En conséquence, nous préférons une charte
adoptée législativement qui peut faire l'objet d'amendements
lorsqu'elle s'avère inadéquate, alors qu'une charte
adoptée constitutionnellement est beaucoup plus difficile à
amender et peut représenter un carcan que seuls les juges pourront
interpréter et, éventuellement, interpréter dans un sens
qui pourrait ne pas être le sens qu'accepte la société
québécoise.
M. Ryan: Je rappellerai seulement à ce sujet, très
brièvement, que, dans le programme du Parti québécois, il
était prévu naguère - je ne sais pas ce qu'il en est
advenu aujourd'hui, il y a tellement d'articles qui ont changé
là-dedans qu'on ne sait plus à quoi s'en tenir - une charte
constitutionnelle des droits pour le Québec.
M. Bérubé: Une charte constitutionnelle
adoptée par la société québécoise est une
charte beaucoup plus facilement modifiable qu'une charte constitutionnelle
adoptée par une majorité canadienne anglo-saxonne qui, elle,
pourrait avoir une vision différente.
M. Ryan: C'est très bien. Si vous m'apportez cet
argument-là, je ne l'accepte pas, mais je le comprends. C'est parce que
vous mélangez toujours les deux. Il y aurait
des juges quand même dans votre charte constitutionnelle
québécoise.
M. Bérubé: Exact, mais la constitution
québécoise pourrait être plus facilement amendable lorsque
la volonté démocratique des citoyens désirerait l'amender,
alors que maintenant la volonté démocratique des citoyens du
Québec, qui pourrait aller dans le sens d'un amendement à une
charte, pourrait être bloquée par une volonté
démocratique de l'ensemble canadien, donc, majoritairement anglo-saxon,
qui pourrait avoir une vision différente de l'ordre des choses. C'est
donc une limitation à la capacité de la société
québécoise de décider de ses institutions.
M. Ryan: C'est parce que tantôt vous employez des arguments
d'ordre philosophique concernant le pouvoir des juges, puis tantôt vous
parlez des pouvoirs du régime canadien. Il faudrait que vous vous
branchiez. Si c'est sur le régime canadien que vous avez des objections,
dites-le. Au moins, le principe d'une charte constitutionnelle, j'aimerais
qu'il soit affirmé clairement que le Parti québécois n'est
pas contre cela.
M. Bérubé: Le pouvoir des juges est moins dangereux
s'il est assujetti à un contrôle démocratique du Parlement
québécois qui fait en sorte qu'on puisse en tout temps s'assurer
que les juges pourront se référer à une charte qui
correspond à la volonté démocratique des
Québécois.
M. Ryan: Ce que je ne comprends pas, c'est que, si vous mettez
dans une charte la liberté d'expression, que cela soit dans une charte
québécoise ou une charte canadienne, cela va être sujet au
même pouvoir d'interprétation judiciaire jusqu'à la Cour
suprême inclusivement.
M. Bérubé: C'est exact, mais aucune liberté
individuelle n'est absolue; elle est toujours assujettie à l'existence
des autres. Elle est donc contrainte par la liberté des gens qui nous
entourent, avec comme conséquence que, si, pour des raisons
d'interprétation, les juges glissent et nous amènent par
jurisprudence à des interprétations qui vont au-delà de la
pensée socialement acceptée au Québec, il est possible
d'amender constitutionnellement une charte lorsque la collectivité
québécoise contrôle sa constitution. À ce
moment-là, il y a donc possibilité de corriger le tir, si tir il
y a à corriger, ce qui n'est pas possible lorsqu'une charte vous
échappe.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce constat de
désaccord.
M. Bérubé: ...qui dure depuis trois ans.
Le Président (M. Charbonneau): ...l'article 102 est-il
adopté sur division?
M. Ryan: Sur division, évidemment.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 103 est-il
adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division. Nous allons
maintenant à l'article 2, mais il est minuit, donc, cela me prendrait le
consentement pour poursuivre.
M. Bérubé: "II est minuit, Dr Schweitzer."
M. Ryan: M. le Président, on peut discuter, à titre
exploratoire, quelques minutes pour voir la nature des amendements qui sont
apportés. Si les amendements peuvent être adoptés sans
discussion trop prolongée, peut-être qu'on peut terminer le
travail ce soir. Sinon, après avoir pris connaissance des amendements,
on pourra aviser.
Le Président (M. Charbonneau): La commission suspend ses
travaux pour quelques instants.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas nécessaire, on
peut y aller assez rapidement. Je peux vous les présenter formellement.
D'abord, nous avions examiné un article 12...
M. Ryan: II a une décision à prendre. Je pense que
c'est mieux de suspendre et, ensuite, on pourra formaliser, si on décide
de continuer.
M. Bérubé: Parfait, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): La commission reste
suspendue.
M. Bérubé: La commission reste suspendue.
(Suspension de la séance à 0 h 1)
(Reprise à 0 h 12)
Le Président (M. Charbonneau): On reprend les travaux.
 l'ordre, tout le monde! Si je comprends bien, on va filer
jusqu'à ce que mort s'ensuive.
M. Bérubé: C'est à moitié fait, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): J'appelle l'article 2.
M. Bérubé: M. le Président, si c'est long,
je voudrais m'absenter 30 secondes pour des raisons personnelles.
Le Président (M. Charbonneau): II me faudrait absolument
des explications pour suspendre la commission.
M. Ryan: On peut reprendre dans deux minutes. On va s'absenter,
nous aussi, pour les mêmes raisons.
Le Président (M. Charbonneau): La commission suspend ses
travaux.
(Suspension de la séance à 0 h 13)
(Reprise à 0 h 46)
Articles en suspens
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela. Nous en
étions à l'article 2. Nous remercions le député de
Fabre de nous avoir si bien inspirés.
M. Leduc (Fabre): Ce n'était pas mon but.
Le Président (M. Charbonneau): Cela a été le
résultat.
M. Bérubé: Non, on me l'a prêté
tantôt, mais on ne me l'a pas laissé.
M. Leduc (Fabre): Je voulais qu'on finisse plus tôt. C'est
pour ça que j'ai apporté mon sandwich ici.
M. Bérubé: J'ai un organigramme sur lequel on a
inséré le nombre d'employés. Je vais vous donner
ça. Vous avez la structure administrative supérieure que nous
vous avions proposée. Au niveau de la très haute administration -
c'est de la très supérieure administration - il y a 22 personnes:
direction, vérification, secrétariat, direction des relations
extérieures, coopération internationale, service juridique. Au
niveau de l'enseignement supérieur, nous avons 264 personnes, 162
s'occupant du collégial et 102 s'occupant de l'universitaire. À
la science et à la technologie, donc la branche relevant du
sous-ministre adjoint à la Science et à la Technologie, il y a 45
personnes et, au niveau de l'administration et de l'aide financière, il
y a 240 personnes; 138 à l'aide financière aux
étudiants...
M. Ryan: Attendez un petit peu! 45, c'est sous le sous-ministre
adjoint à la Science et à la Technologie.
M. Bérubé: Oui, à la direction de
l'innovation technologique, à la maîtrise du développement
scientifique et technologique, aux bureaux des projets spéciaux, il y en
a 45. Il y en a 240 à l'aide financière et à
l'administration, se décomposant ainsi: 138 pour l'aide
financière et 102 pour le reste.
Vous voyez donc qu'en importance c'est la Direction
générale du collégial, ensuite l'aide financière
aux étudiants, ensuite, cela se compare, l'universitaire et
l'administration en général. En dernier lieu, c'est la
technologie. Ce n'est pas beaucoup, 162 personnes pour tout le réseau
collégial, pour un budget de 1 000 000 000 $. Quand on pense aux
contrôles budgétaires, quand on pense aux programmes, à
l'approbation des programmes, ce n'est pas beaucoup.
Ainsi que je le suggérais, nous pourrions ne pas adopter
l'article 2. Cela ferait un fidèle serviteur de l'État de
moins.
M. Ryan: Pour les fins de notre discussion, cela suffit. Nous
serions intéressés à avoir la répartition plus
détaillée mais, ce soir, ça ne donnerait rien d'entrer
là-dedans. Je pense qu'on pourra faire cet exercice-là à
une autre occasion. Je pense qu'on serait prêt à voter sur
l'article 2, M. le Président.
M. Bérubé: Est-ce que vous votez pour ou
contre?
M. Ryan: Je suis obligé de voter contre. Adopté sur
division.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 2 est
adopté sur division?
M. Bérubé: Attendez un peu, je me pose la question,
là.
Le Président (M. Charbonneau): Article 3?
M. Ryan: Adopté sur division. M. Bérubé:
Bon!
Le Président (M. Charbonneau): L'article 3 est
adopté sur division?
M. Bérubé: En fait, la loi déroge par
rapport à la loi idéale. La loi idéale, c'est que le
ministre a tout le pouvoir et le deuxième article, c'est que le ministre
délègue ses pouvoirs. Mais là, on a quand même le
deuxième article: "Sous la direction du ministre, le sous-ministre
administre le ministère.
Le Président (M. Charbonneau): C'est adopté,
ça, M. le ministre. Article 4?
M. Bérubé: Parfait! Vous n'avez pas besoin
d'explications?
Le Président (M. Charbonneau): Non.
M. Ryan: L'article 4 est adopté.
M. Bérubé: L'article 4 est très clair aussi:
"Dans l'exercice de ses fonctions, le sous-ministre a l'autorité du
ministre." Beaucoup de gens ne réalisent pas à quel point le
sous-ministre est puissant.
Le Président (M. Charbonneau): Les députés
le réalisent.
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division?
Article 5?
M. Ryan: Adopté sur division. Il n'y a pas de discussion
à avoir là-dessus.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté sur division.
Article 6?
M. Bérubé: Je veux uniquement donner une
réponse ici à un des arguments invoqués par le
député d'Argenteuil lorsqu'il citait un article de M. Blouin. Je
peux confirmer au député d'Argenteuil que l'article de M. Blouin,
dans l'Actualité, était totalement erroné du début
jusqu'à la fin. Il a malheureusement confondu deux choses. Il a confondu
le personnel qui n'est pas régi par la fonction publique et le personnel
régi par la fonction publique, d'une part. D'autre part, il s'est
contenté de comptabiliser de façon imprécise - mais ce
n'est pas facile à avoir, de toute façon - ce qui était
là, mais il a oublié de comptabiliser ce qui était
là antérieurement. S'il avait fait le calcul, il aurait vu qu'il
y a décroissance partout, y compris parmi le personnel occasionnel.
Une des erreurs méthodologiques, par exemple, vient de ce qu'en
supprimant des postes réguliers dans la fonction publique
l'administration, souvent, réengage des occasionnels, mais à des
fonctions très précises. On va engager un occasionnel pendant
trois semaines, par exemple, pour faire une fonction précise. On a donc
plus d'occasionnels, mais, lorsqu'on les ramène en équivalents
plein temps...
Une voix: Le nombre diminue.
M. Bérubé: ...ah oui, à ce moment-là,
le nombre baisse. De fait - on peut appliquer ça aux employés
réguliers, on peut appliquer ça aux occasionnels, on peut
appliquer ça aux contractuels - tout baisse. Les seuls secteurs
où il y a augmentation - c'est réel c'est chez les
professionnels; nous observons une hausse du nombre de professionnels. On nous
dit que c'est semblable dans le secteur privé. On observe de plus en
plus un taux de professionnalisation qui était inévitable,
évidemment; avec les taux d'accès aux études
supérieures, forcément, ça doit paraître quelque
part. Nous observons un taux de professionnalisation accru dans toutes les
administrations, publiques et privées, et ça se traduit
également chez nous. Malgré la diminution des effectifs globaux,
il y a quand même une croissance du nombre de professionnels.
Au niveau de l'encadrement, il y a une stabilisation. Cependant, depuis
1983, on a mis en place un programme. On a constaté -on a pu en
discuter, d'ailleurs, cet après-midi - que le nombre de cadres est
relié directement à la structure administrative. Lorsqu'on essaie
de comprimer les effectifs pour comprimer un nombre de cadres, il faut donc
repenser toute la structure administrative. Il y a donc une résistance
énorme de l'appareil à tout remettre en question dans les
responsabilités et les structures.
Pour obvier à cette espèce de résistance naturelle
de la machine, on a dû mettre en place, à la fin de 1983, un
programme spécifique de compression des effectifs de cadres de 15 %,
étalé sur trois ou quatre ans. Il est en cours. Je ne sais pas,
personnellement, jusqu'à quel point il a donné des
résultats, mais, de fait - on peut l'appliquer à l'ensemble des
ministères - cela démontre bel et bien une diminution.
Quant aux effectifs qui ne sont régis par la Loi sur la fonction
publique, certes, le gouvernement, par le Conseil du trésor, ne
contrôle pas le nombre d'effectifs, mais il contrôle le budget. Il
y a un exercice très simple qui consiste à enlever du budget du
Québec le service de la dette, l'intérêt sur les fonds de
retraite accumulés, à enlever l'aide sociale, à enlever
les programmes de transfert aux individus et aux entreprises, et à ne
garder que les dépenses administratives. Lorsque vous regardez dans le
livre des crédits les dépenses affectées à ces
postes, vous constatez une diminution moins rapide que l'inflation en
dépit du fait que les salaires ont augmenté plus vite que
l'inflation sur la période, ce qui traduit effectivement une diminution
générale des effectifs, même dans les organismes non
régis par la fonction publique. On n'a pas le nombre à ce
moment-là puisqu'on n'a pas d'inventaire, mais on connaît
l'enveloppe budgétaire globale et on se rend compte qu'elle croît
moins vite que l'inflation.
Donc, l'article de M. Blouin est malheureusement erroné du
début à la fin, sauf pour les professionnels. Également,
il y a, évidemment, des organismes nouveaux qui ont été
créés et qui ont entraîné une augmentation
d'effectifs, mais quand on les prend en compte globalement, l'effet net est
négatif.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): En espérant que M.
Blouin va avoir été avisé.
M. Bérubé: On va lui répondre. Mais on ne
peut pas accepter cela, parce que, dans le fond, ce sont toutes les
statistiques officielles qui sont remises en cause. On a une loi d'accès
à l'information qui, normalement, devrait permettre à un
journaliste d'aller aux sources. On ne fabrique pas des chiffres.
M. Ryan: Vous comprendrez, M. le Président, que, si je ne
commente pas, c'est qu'il y aura d'autres forums pour la discussion de ces
questions.
M. Bérubé: Nous étions à l'article 6
portant sur le personnel du ministère et le député
d'Argenteuil était intervenu en deuxième lecture en citant
l'article de M. Blouin.
M. Ryan: Dans le débat de deuxième lecture, pas ce
soir.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 7 est-il
adopté?
M. Ryan: L'article 7, oui, avec les précisions qui ont
été apportées plus tôt quant à ce qui va
suivre.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y avait une
proposition d'amendement?
M. Bérubé: On va l'avoir à l'article 8.
M. Ryan: Oui, mais je demande de retirer cet amendement.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, l'article 7 est
adopté.
M. Ryan: Mais, d'abord, il faut l'autorisation de retirer
l'amendement.
Le Président (M. Charbonneau): Faut-il que je vous donne
l'autorisation ou s'il faut que vous vous la donniez vous-même?
M. Ryan: II faut le consentement de tout le monde pour qu'on le
retire.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que les membres de
la commission consentent à retirer l'amendement du député
d'Argenteuil?
M. Ryan: J'espère que vous allez m'appuyer cette
fois-là, M. le député de Fabre.
M. Bérubé: M. le député de Dubuc a
l'air d'hésiter.
M. Desbiens: Sans aucun problème.
M. Ryan: Pardon? "I withdrew my amendment".
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que le
député de Dubuc a des réticences, mais il accepte
néanmoins.
M. Ryan: Mais il est attaché au ministère junior.
Il se tient loin.
M. Bérubé: Au ministère
inférieur.
Le Président (M. Charbonneau): Ce travail étant
fait, est-ce que l'article, tel que non amendé, est adopté?
M. Ryan: Sur division, évidemment.
Le Président (M. Charbonneau): C'est curieux!
M. Ryan: Vous tendez des pièges jusqu'à la fin.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. L'article
8?
M. Bérubé: M. le Président, je proposerais
un amendement. Est-il nécessaire que j'en fasse lecture?
Mme Dougherty: Non. M. Ryan: Non.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Ryan: Nous l'avons lu.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
M. Bérubé: Au texte que vous avez peut-être
en main, M. le Président, il devrait normalement y avoir un petit
changement au manuscrit. Je vous souligne qu'à l'alinéa 2 il est
indiqué "de favoriser l'accès aux formes les plus
élevées du savoir et de la culture à toute personne qui en
a la volonté et l'aptitude."
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): L'article, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division, cela va de
soi.
M. Ryan: L'amendement est adopté, point.
M. Bérubé: L'amendement est adopté, mais
l'article va être adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau); De qui vient cet amendement
pour qu'il soit adopté sans division?
M. Ryan: Du ministre.
M. Bérubé: Oui. C'est un amendement assez conjoint,
M. le Président.
M. Ryan: Oui, mais la dernière formulation est du
ministre, on ne veut pas lui enlever son bien.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. L'article
9?
M. Bérubé: Alors, à l'article 9, il faudrait
apporter un amendement, lequel supprimerait les paragraphes 1° et 2°,
étant donné que nous les avons intégrés dans
l'amendement apporté à l'article 8.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté? L'article 9,
tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Bérubé: II faudrait renuméroter les
alinéas suivants, je présume.
Le Président (M. Charbonneau): II y aura une motion de
renumérotation.
M. Bérubé: Bien, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): C'est un travail
passionnant que la présidence. Adopté, tel qu'amendé, sur
division? (1 heure)
M. Ryan: Adopté sur division.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 10?
M. Ryan: À l'article 10, je vais vous poser une question
en attendant ma collègue. Pour le financement des universités, M.
le Président...
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Ryan: ...à part l'alinéa 2 de l'article 10,
est-ce qu'il y a autre chose qui régit ou guide l'activité du
ministre? Est-ce que c'est tout ce qu'on a?
M. Bérubé: Oui, à ma connaissance, à
part les fonctions. Dans la définition des fonctions, nous pouvons
mettre en place des programmes de développement, de soutien, etc. Donc,
il y a déjà eu référence à cela.
M. Ryan: Est-ce que vous allez avoir éventuellement une
loi sur le financement des universités ou bien si on va rester à
deux lignes dans un texte de loi pour tout cela qui implique un budget de 1 000
000 000 $? Je trouve que cela n'a pas de bon sens, que cela dépende
uniquement d'un texte de deux lignes. C'est 2 000 000 000 $, finalement. Cela
n'a pas de bon sens.
M. Bérubé: II existe une loi sur le financement des
universités.
M. Ryan: C'est cela que je voulais vérifier, mais je n'ai
pas eu le temps de le vérifier. Est-ce qu'elle est encore valide? Je ne
l'ai pas vérifié récemment.
M. Bérubé: Pour les investissements.
M. Ryan: C'est seulement pour les investissements; alors, cela ne
règle pas le problème. En tout cas, je souligne cela. Il est trop
tard pour ouvrir tout ce problème, mais je veux dire que c'est hautement
insatisfaisant d'avoir deux lignes là-dessus; cela n'a pas de bon
sens.
Le Président (M. Charbonneau): Cela étant
noté, est-ce que Mme la députée de...
M. Bérubé: Notons que, dans la loi sur
l'éducation, pour le financement au primaire et au secondaire, il n'y en
a pas plus que cela, parce que c'est une loi administrative.
M. Ryan: M. le ministre, si vous vouliez transcrire dans cette
loi ce qui est à l'article 15.1 de l'ancienne Loi sur l'instruction
publique et je ne me rappelle pas à quel article de la Loi sur
l'enseignement primaire et secondaire public, vous feriez déjà un
immense changement, parce que là il y a l'obligation de fournir des
subventions proportionnellement à... C'est beaucoup. En tout cas, je ne
soulève pas le problème pour qu'on essaie de le résoudre
ce soir; je porte juste à votre attention que c'est une chose qui doit
être examinée de près, à mon point de vue.
Je sais qu'il y a une foule de dispositifs qui sont déjà
en place. Ce n'est pas comme si on était tabula rasa. Je ne veux pas
suggérer cela. C'est de l'ordre de la réglementation, mais, pour
la décision gouvernementale, il me semble qu'on doit avoir un minimum de
critères qui vont être inscrits quelque part dans les lois.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'on peut suspendre
quelques minutes, le temps de permettre au ministre de vérifier
les textes? Est-ce qu'il est nécessaire que vous vérifiiez
les propositions d'amendement de la députée de
Jacques-Cartier?
M. Bérubé: C'est ce qu'on est en train de regarder.
Si on les prend dans l'ordre...
M. Ryan: Peut-être que la députée de
Jacques-Cartier pourrait expliquer ses amendements, M. le Président,
pour qu'on soit dans le club.
Mme Dougherty: II y a cinq amendements. Tous viennent de
l'article 8 de l'ancienne loi 19. Ce sont les paragraphes 1°, 4°,
6°, 9° et 14° de l'article 8 de la loi 19. Tous concernent le
rôle de leadership pour l'ensemble des politiques du gouvernement en ce
qui concerne le développement scientifique et technologique; ils visent
à faire une certaine coordination et à mettre un peu de
cohérence dans l'ensemble des politiques. Chacun ajoute quelque chose
qui n'est pas précisé du tout dans les fonctions ou les moyens
déjà mentionnés dans le projet de loi.
Premièrement, par exemple, on parle des priorités et des
stratégies de développement. C'est une idée qui ajoute
quelque chose d'important, je crois. Deuxièmement, soumettre ses
recommandations au gouvernement sur les ressources de l'État
consacrées à la science et à la technologie.
Troisièmement, procéder en collaboration avec les ministres
concernés à l'évaluation des programmes relatifs à
la science et à la technologie. La notion de l'évaluation dans le
domaine de la science et de la technologie n'est pas dans le projet de loi
actuel. Quatrièmement, proposer au gouvernement et aux ministres
concernés des mesures destinées à assurer
l'adéquation des politiques et des pratiques du gouvernement et de ses
ministères avec les besoins du Québec en personnel scientifique
et technique. Je ne sais pas pourquoi on n'a pas dit technologique.
Je crois que ce problème de "manpower" scientifique et
technologique est critique pour tout le monde, au Québec. Je crois qu'il
est très important que le ministre ait la responsabilité
particulière de renforcer et d'améliorer notre capacité en
ressources humaines. On n'a pas parlé des ressources humaines dans ce
projet de loi, spécifiquement pour la science et la technologie.
Sixièmement, il est question des brevets et des licences. Je ne sais pas
s'il y a un autre ministère qui a cette responsabilité. 11 me
semble que, si on veut encourager et faciliter les inventions et la
réalisation sur le plan concret des innovations, c'est peut-être
au ministre de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie d'avoir une certaine responsabilité précise dans ce
domaine.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Bérubé: Concernant... Est-ce que vous continuez
l'exercice?
Mme Dougherty: Toutes ces idées ne sont pas dans le projet
de loi. Si vous pouvez me démontrer qu'elles sont déjà
là, alors, allez-y!
M. Bérubé: Dans le cas des brevets, ce que l'on me
dit, c'est qu'on a fait un inventaire et on ne peut pas coordonner
l'activité des ministères, parce qu'ils n'en ont pas dans le
domaine des brevets. En conséquence, on se retrouve avec un mandat de
coordonner quelque chose qui est quasi inexistant, ce qui a amené les
juristes à dire: C'est aussi bien de supprimer cela, parce que, dans le
fond, on confie au ministre une fonction qui est académique.
Mme Dougherty: Alors, il n'y a personne dans le gouvernement qui
a la responsabilité en ce qui concerne les brevets. Je n'ai pas compris
votre réponse, exactement.
M. Bérubé: Les ministères n'ont pas
d'activité en matière de brevets et de licences, la raison
étant qu'en général il se prend relativement peu de
brevets au gouvernement. C'est très rare. En conséquence, ayant
fait l'inventaire de ce que le ministère pourrait coordonner, on s'est
retrouvé sans possibilité de coordination parce qu'il n'y avait
rien qui existait à ce titre, réellement, à
l'intérieur des ministères. La recommandation était donc
de supprimer carrément cette fonction, étant donné
que...
Mme Dougherty: Il n'y a rien à coordonner.
M. Bérubé: C'est cela.
Mme Dougherty: Mais pourquoi a-t-on inventé cet article
dans l'ancienne loi?
M. Bérubé: Probablement qu'on a inventé
l'article avant qu'on ait fait l'inventaire. Une fois qu'on a eu le mandat, on
a fait l'inventaire et là, on s'est aperçu que...
M. Parent: II n'y avait plus d'inventeurs.
M. Bérubé: ...il n'y avait plus d'inventeurs. Cela
partait sans doute d'une intention généreuse.
Mme Dougherty: Le gouvernement fédéral a un bureau
des licences et des brevets, quelque chose comme cela, qui a la
responsabilité de diffuser l'information sur les brevets qui
existent. D'accord?
M. Bérubé: Nous n'avons pas cela au
Québec.
Mme Dougherty: C'était en vue de la possibilité
d'avoir cela qu'on a peut-être mis cet article dans l'ancienne loi.
M. Bérubé: Vous savez...
Mme Dougherty: Parce qu'il y a toutes sortes de brevets
qui...
M. Bérubé: ...c'est le nouveau
fédéralisme, sans doute, qui fait en sorte que maintenant on
coopère avec nos collègues fédéraux. En fait, il
existe - parce qu'il y a une loi fédérale des brevets - à
Ottawa des services à l'intention des inventeurs, pour la diffusion des
brevets. Il y a même une agence fédérale, mais,
évidemment, c'est dans un contexte d'une juridiction
fédérale sur les brevets qui est, d'une part, plus difficilement
applicable chez nous. D'autre part, on aurait pu imaginer, s'il y avait eu un
grand nombre de brevets sous-utilisés au gouvernement, de mettre en
place une politique pour mieux exploiter les brevets découlant des
recherches scientifiques gouvernementales, mais il semble que, même si on
fait pas mal de recherche scientifique gouvernementale, cela ne donne pas
beaucoup de brevets et, en conséquence, on est pris à vouloir se
donner des politiques, alors qu'au fond il n'y a pas vraiment matière
à le faire.
Mme Dougherty: C'est inutile.
M. Bérubé: C'est ce qu'on nous dit. Peut-être
qu'un jour cela pourrait être utile, mais en attendant...
Mme Dougherty: Oui, c'est vrai.
M. Bérubé: On pourrait le faire de toute
manière puisqu'on peut établir des politiques, sauf que, quand
c'est dans une loi comme une fonction, cela implique que normalement
l'administration se dit: C'est notre loi, il faut le faire. Il faut confier une
tâche à quelqu'un et, là, on lui fait faire l'"exercycle"
parce que, dans le fond, il n'y a rien à coordonner.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Bérubé: C'est la raison que l'on me donne.
L'amendement que vous avez proposé, qui se lit ainsi: "Proposer
au gouvernement des objectifs, des priorités et des stratégies de
développement scientifique et technologique", est directement couvert
par l'article 8 qui dit: "Le ministre élabore et propose au gouvernement
des politiques relatives aux domaines de sa compétence." Comme le
domaine de notre compétence est la science et la technologie,
effectivement, nous devons proposer au gouvernement des politiques dans le
domaine de la science et de la technologie. Des politiques, ce sont des
objectifs, des priorités et des stratégies de
développement.
Mme Dougherty: D'accord. C'est parce que je ne comprends pas la
même chose de la politique. On pourrait avoir une politique sans avoir
une stratégie ni des priorités, nécessairement.
M. Bérubé: Normalement, non.
Mme Dougherty: Je trouve qu'on pourrait avoir une politique,
faire toutes sortes de choses très générales, mais pour
élaborer des stratégies, on entre plutôt dans les moyens.
Les stratégies et les priorités, cela va encore beaucoup plus
loin. (1 h 15)
M. Bérubé: À titre d'exemple...
Excusez-moi.
Mme Dougherty: On pourrait avoir une politique, mais
préparer les stratégies et les priorités, c'est une
fonction multisectorielle. C'est cette fonction multisectorielle que j'aimerais
rendre un peu plus concrète ici.
M. Bérubé: Oui. Vous l'avez de façon
concrète. C'est présenté de façon différente
parce que c'est présenté suivant la présentation des
fonctions, entre autres, mais si vous prenez l'article 8, vous allez voir que
"le ministre élabore et propose au gouvernement des politiques relatives
aux domaines de sa compétence," donc, dans le domaine de la science et
de la technologie, entre autres. Et à 10.4°, il conseille le
gouvernement, les ministères et les organismes et, le cas
échéant, leur fait des recommandations. Vous voyez la combinaison
des deux: d'un côté, vous élaborez des politiques et vous
en tirez des séries de recommandations faites au gouvernement. C'est,
par exemple, la préparation d'un livre blanc. Cela peut être, par
exemple, les documents que nous faisons d'analyse conjoncturelle dans certains
champs de recherche. Nous en avons fait en foresterie, en communications, nous
terminons en agriculture, en environnement, en transport. Ce sont donc ces
analyses, évaluations, avec, à la fin, un énoncé de
stratégie. On a identifié clairement quels sont les domaines
où on devrait mettre l'accent. À ce moment, on fait des
recommandations. C'est vraiment le rôle du ministère. C'est
clairement sous-jacent à 8 et 10.4°.
Le Président (M. Charbormeau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Si vous me le permettez, M. le Président, je
crois qu'en fait, dans certaines formulations plus générales, on
inclut bien des formulations plus particulières comprises dans le
chapitre 23 des Lois de 1983.
Le Président (M. Charbonneau): Le général
comprend le particulier.
M. Ryan: Oui. Je soumets cela à la considération de
la députée de Jacques-Cartier aussi pour les fins de
clarté. Si on prend l'article 8 de la loi 19, au paragraphe 1°:
Proposer au gouvernement des objectifs, des priorités et des
stratégies de développement scientifique et technologique, je
crois que c'est couvert par 10.4°: "conseiller le gouvernement, les
ministères et les organismes et, le cas échéant, leur
faire des recommandations;".
Si vous arrivez maintenant à deuxièmement: "conseiller le
gouvernement sur toute question relative aux activités scientifiques et
technologique des ministères," je pense que cela aussi est couvert par
"conseiller le gouvernement, les ministères et les organismes et, le cas
échéant, leur faire des recommandations."
M. Bérubé: C'est 10.4°, oui.
M. Ryan: C'est cela.
Mme Dougherty: C'est là exactement.
M. Ryan: Regardez. Quatrièmement, "soumettre ses
recommandations au gouvernement sur les ressources de l'État
consacrées à la science et à la technologie;" il me semble
que c'est couvert par 10.4° également. Cinquièmement,
"présenter au gouvernement ses recommandations sur les budgets des
organismes publics, leur plan de développement, de même que sur
les directives qui leur sont adressées, chaque fois que ces budgets, ces
plans de développement et ces directives concernent leurs
activités dans le domaine de la science et de la technologie," cela me
semble être couvert par "conseiller le gouvernement, les
ministères et les organismes et, le cas échéant, leur
faire des recommandations." Je crois que c'est également embrassé
par 10.4 . Maintenant, si vous arrivez à neuvièmement ici:
"proposer au gouvernement et aux ministres concernés des mesures
destinées à assurer l'adéquation des politiques et des
pratiques du gouvernement et de ses ministères;" cela est couvert
à la fois par 10.4 et par un amendement qu'on a accepté
tantôt, 8.3, je pense. Je crois que cela dispose de ces alinéas de
l'article 8 de la loi 23 d'une manière que je considérerais
satisfaisante, étant donné les développements qui ont
été ajoutés ailleurs dans le projet de loi.
Au moment où on a créé le ministère, je
comprends très bien qu'on voulait en mettre davantage et on voulait
s'assurer que le ministre, dont on ne voyait pas très bien
l'activité opérationnelle, pourrait étendre 3es
intérêts dans différentes directions. Mais maintenant qu'on
a une certaine expérience, qu'on va vers des choses un peu plus
précises, je me demande si la formulation plus synthétique
proposée à 10.4° en particulier ne tient pas lieu de ces
dispositions particulières qu'on avait dans l'autre.
Ici, il faut être bien réaliste. On peut avoir un ministre
qui a 25 attributions et qui ne sera pas capable de s'en acquitter. On peut en
avoir un qui en aura deux et qui va les étendre de manière
à embrasser peut-être plus que les 25 attributions initiales. Il
ne faut pas être naïf, non plus, dans ces choses parce que la vie se
développe souvent contrairement au texte trop précis qu'on a pu
vouloir élaborer.
Je serais plutôt d'avis - je ne sais pas comment cela va
être; en tout cas, si on pouvait essayer de s'entendre là-dessus -
que tout ce qui est proposition ou recommandation au gouvernement est
embrassé par l'article 10.4° du projet de loi et par l'amendement
qui a été adopté à l'article 8. Je pense que cela
réglerait une partie de la difficulté du point de vue conceptuel,
quitte à voir si...
Le Président (M. Charbonneau): Si la députée
de Jacques-Cartier est d'accord...
M. Ryan: ...des améliorations peuvent...
Le Président (M. Charbonneau): ...on pourrait aller
à l'adoption de l'article 10.
M. Ryan: Je propose ceci pour les fins de la
compréhension. Si on s'entendait lè-dessus, je pense qu'on pourra
regarder les autres alinéas de l'article 8 de la loi actuelle sur la
science et la technologie pour voir s'il y en a qui sont laissés de
côté, à ce moment-là. Je crois qu'il n'y en a pas
qui sont laissés de côté; il y en a peut-être un ou
deux. En tout cas, ceux-là, je les rangerais sous l'article 10.4 sans
trop de difficulté.
Mme Dougherty: L'article 10.4° est exactement comme l'ancien
article 8.2. Faire des recommandations sur quoi? C'est là mon
problème. C'est pourquoi j'ai suggéré l'aspect des
ressources humaines. Naturellement, on pourrait faire des recommandations sur
n'importe quoi, selon cela. J'ai pensé que c'était important de
mentionner quelque part
cette obligation en ce qui concerne les ressources humaines. Pour ce qui
est de l'évaluation des programmes, il est bien possible que le ministre
pense que ce n'est peut-être même pas de sa juridiction. C'est une
idée qui n'est certainement pas dans l'article 10 actuel.
M. Bérubé: Non. C'est vrai, effectivement.
M. Ryan: Quel est le numéro dans la loi actuelle?
M. Bérubé: C'est le sixième
alinéa.
Mme Dougherty: C'est l'alinéa 6. Les alinéas que
j'ai choisis, c'est 1°, 4°, 6°, 9° et 14°.
M. Bérubé: Je pense que là-dessus j'aurais
tendance à être d'accord avec la recommandation de la
députée de Jacques-Cartier. En effet, les articles dont parlait
le docteur, pardon, le député d'Argenteuil, faisaient
référence correctement, je pense, à l'élaboration
de politiques, donc, de stratégies d'avenir. Mais la remise en question
d'activités existantes pour en critiquer la performance, je pense que
vous avez raison de souligner que c'est une activité d'un ordre que l'on
pourrait qualifier de différent de l'évaluation des politiques.
On pourrait, évidemment, au sens très large, dire que les
politiques impliquent une évaluation de celles-ci, mais on peut
cependant bien vouloir faire la distinction. Effectivement, je pense que ce qui
manque beaucoup pour un gouvernement, c'est la remise en question continue de
ce qu'il fait et l'évaluation m'apparaît un point qui nous a
échappé. On va regarder où on pourrait le glisser dans la
liste.
Mme Dougherty: Les ressources humaines, vous croyez que c'est
implicite?
M. Bérubé: C'est non seulement implicite, mais
c'est en vertu même de la mission, surtout maintenant que nous avons:
enseignement supérieur, science et technologie. Nous sommes à la
fois responsables de la formation des ressources humaines en même temps
que nous le sommes de la science et de la technologie. Nous avons, en vertu de
notre article 8 amendé à la suite de vos recommandations,
l'obligation d'élaborer et de proposer au gouvernement des politiques
relatives aux domaines de notre compétence. Promotion,
développement, soutien, élévation du niveau scientifique,
culturel de la population québécoise, favoriser l'accès
aux formes les plus élevées du savoir, voilà des fonctions
qui sont directement reliées à la formation de personnel
répondant aux besoins.
Mme Dougherty: II y a un autre élément au
problème. Tout le monde sait qu'il y a une pénurie de
main-d'oeuvre spécialisée ici au Québec. C'est la
même chose partout; tout le monde est en concurrence sur le plan mondial
pour le "manpower" spécialisé. Il y a des politiques du
gouvernement du Québec qui constituent des obstacles à attirer le
"manpower".
M. Bérubé: Oui.
Mme Dougherty: D'accord? Donc, il faut créer une
société accueillante. Avec les taxes, la langue et tout, nous
avons des obstacles ici qui rendent peut-être Toronto plus attrayante
pour ces personnes!
M. Bérubé: L'obstacle quant au
développement, vous avez raison, c'est l'anglais. Parce que, si tout
fonctionnait...
Mme Dougherty: D'accord.
M. Bérubé: ...en anglais en Amérique, on
n'aurait vraiment pas d'obstacle.
Mme Dougherty: Alors, je ne vais pas entrer dans ce
débat...
M. Bérubé: C'est vous qui avez des
problèmes, pas nous.
Mme Dougherty: Mais le problème de "manpower" est
critique. D'accord? On pourrait entendre la même histoire de Bell Canada,
de Northern Telecom, de Pratt & Whitney, de tout le monde. Tout le monde a
des difficultés. Selon les pouvoirs et les fonctions dans le projet de
loi ici, est-ce que vous seriez libre, est-ce que vous prévoyez ceci
comme mandat, de recommander au gouvernement certaines politiques fiscales,
peut-être, afin d'attirer ces spécialistes ici au
Québec?
M. Bérubé: Oui, c'est cela, la
responsabilité du ministère. C'est de proposer des mesures
destinées à...
Mme Dougherty: Alors, c'est compris déjà.
M. Bérubé: C'est cela que ça veut dire.
Mme Dougherty: D'accord.
M. Bérubé: Alors, on me suggère, pour
l'aspect d'évaluation, de l'insérer dans les fonctions du
ministère. À ce moment-là, on amenderait l'article 9, en
prenant votre texte, et on dirait... Mais là, il faut rouvrir l'article
9 qui a été adopté, M. le Président. Est-ce que
ceci vous crée de...
Mme Dougherty: C'est une fonction, pas
un moyen.
M. Bérubé: ...sérieux ennuis?
Le Président (M. Charbonneau): Dans la mesure où
cela nous permet d'accélérer le processus, aucun.
M. Bérubé: Aucun. Je ferais l'hypothèse ici,
à des fins de discussion préliminaire, d'insérer à
la fin de l'article 9 le paragraphe suivant: 7° procéder, en
collaboration avec les ministres concernés, à l'évaluation
des programmes relatifs à la science et à la technologie des
ministères et organismes."
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Bérubé: On insérerait cela à la
fin des fonctions.
Mme Dougherty: Actuellement, ce n'est pas 7° parce qu'on a
éliminé 1° et 2°.
M. Bérubé: C'est exact. Cela va être
renuméroté.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
Mme Dougherty: Très bien.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté? Amendement
adopté?
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Adopté. L'amendement est adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. L'article
9 est amendé...
M. Bérubé: Sur division, je présume, M. le
Président.
M. Ryan: Non, non, l'amendement est adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, amendé.
Mme Dougherty: Vous avez dit quelque chose d'un peu
différent: "Procéder, en collaboration avec les ministres
concernés". Vous avez dit quelque chose d'un peu différent.
M. Bérubé: Non, procéder, en collaboration
avec les ministres concernés, c'est votre texte.
Mme Dougherty: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'article 10 est
adopté maintenant? M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division. Très
bien. L'article 12?
M. Ryan: Je croyais qu'on l'avait adopté, celui-là,
tantôt. On ne l'a pas adopté?
Le Président (M. Charbonneau): Non.
M. Ryan: II y a d'abord l'amendement, M. le Président.
M. Bérubé: Ah! L'amendement. Le fameux amendement
où on insérerait, après le deuxième alinéa,
l'alinéa suivant: "La commission permanente compétente de
l'Assemblée est convoquée dans les 90 jours à compter du
dépôt du décret pour en faire l'étude."
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté?
M. Bérubé: Sur division, sans doute.
M. Ryan: Non, l'amendement est adopté.
Le Président (M. Charbonneau): L'amendement est
adopté.
M. Bérubé: Est-ce qu'on pourrait l'adopter sur
division?
M. Ryan: Si vous voulez.
M. Bérubé: Pour faire changement, j'aimerais cela
de temps en temps adopter des choses sur division.
M. Ryan: Si vous voulez vous inscrire en dissidence, c'est libre
à vous. Où est-ce qu'on est? Non, cela va mal.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté ou
adopté sur division? Adopté.
M. Bérubé: Bon, adopté.
M. Ryan: M. French n'est plus là.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. L'article 12
est-il adopté tel qu'amendé?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division, ce qui va
convenir cette fois-ci au ministre. Qu'à cela ne tienne.
Nous allons faire maintenant les motions d'usage: d'abord, il y a une
motion
de renumérotation: "Que le projet de loi soit
renuméroté et les références corrigées en
conséquence s'il y a lieu." J'imagine que c'est une motion que
présente le ministre.
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): La motion est-elle
adoptée? Adopté. Les titres des chapitres sont-ils
adoptés?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division. Le titre du
projet de loi est-il adopté?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Le projet de loi 39, Loi
sur le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de
la Technologie et modifiant diverses dispositions législatives, est
adopté tel qu'amendé?
M. Ryan: Sur division.
Le Président (M. Charbonneau): Sur division.
M. Bérubé: Jusqu'à la fin.
Le Président (M. Charbonneau): II ne me reste qu'à
vous souhaiter bonne chance et bonne nuit sur division. La commission ajourne
ses travaux...
M. Bérubé: M. le Président, est-ce qu'on
peut remercier nos collègues de la collaboration qu'ils ont
apportée à la préparation de ce projet de loi? Je voudrais
leur témoigner mon appréciation et mes remerciements.
M. Ryan: Nous exprimons nos remerciements à tout le monde,
y compris au ministre, pour l'exercice qui a été fait. Je pense
que c'était un exercice cordial et démocratique. Je voudrais
exprimer mes remerciements aux collaborateurs du ministre qui ont
été ici, à mon collaborateur, M. Fortier, qui nous rend
des services très précieux du côté de l'Opposition,
à tous les membres de la commission, à vous-même, ainsi
qu'à notre distinguée secrétaire.
Le Président (M. Charbonneau): II est toujours utile
de...
M. Bérubé: Or, donc, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ce, la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 1 h 33)