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(Quinze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Charbonneau): La commission de
l'éducation et de la main-d'oeuvre entreprend les consultations d'usage
et l'étude détaillée des projets de loi
d'intérêt privé 222 et 223. Avant de commencer, je
demanderais à Me Giguère, l'éminente secrétaire de
la commission, s'il y a des remplacements. Il semble que non.
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement.
Projet de loi 222
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Nous
allons, je pense, commencer avec l'étude du projet de loi 222, Loi sur
le collège militaire Royal de Saint-Jean. Dans un premier temps, je vais
demander à l'honorable parrain du projet de loi...
M. Proulx: Le parrain, oui! Un spécialiste des choses
québécoises.
Le Président (M. Charbonneau): ...le député
de Saint-Jean, s'il a des commentaires préliminaires à
formuler.
Remarques préliminaires
M. Proulx: M. le Président, chers collègues, je
dirai juste quelques mots. Je suis heureux de vous présenter la loi 222,
deux fois le 22e...
Le Président (M. Charbonneau): Un instant. À
l'ordrel Je demanderais aux gens qui sont dans la salle, s'il vous plaît,
de garder le silence, sinon, même le système d'amplification ne
réussira pas à nous permettre de se comprendre.
M. Proulx: Je suis heureux, M. le Président, de
présenter à cette commission le projet de loi privé 222,
Loi sur le collège militaire Royal de Saint-Jean, autorisant le
collège militaire à donner des diplômes, des certificats
universitaires.
Pour vous faire comprendre un peu la situation, il existe au Canada
trois collèges militaires: un à Victoria, un à Kingston et
un autre à Saint-Jean. Royal Road, à Victoria, a sa propre charte
universitaire et peut accorder des crédits universitaires. Kingston a
aussi sa charte universitaire. Saint-Jean n'a pas de charte universitaire,
c'est un collège qui, è l'heure actuelle, est affilié
à l'Université de Sherbrooke. C'est un collège militaire
qui existe depuis 1952; il est dans mon comté et j'y ai enseigné
pendant dix ans.
En février dernier, j'ai rencontré le
général Parent, qui m'a demandé de faire des
démarches pour faire en sorte que le collège obtienne une charte
universitaire. Nous avons rencontré ensemble les gens du bureau de M.
Bérubé qui ont accepté de piloter le tout et de faire en
sorte que cela suive son chemin.
Nous avons demandé l'avis du Conseil des universités. Il a
remis ou publié son avis le 27 mai, un avis extrêmement favorable
qui, après dix attendus, recommande d'octroyer au collège
militaire Royal de Saint-Jean une charte universitaire.
Le collège militaire est remarquable par son site historique, par
ses équipements, par la qualité de son enseignement et aussi par
la qualité de ses professeurs, anciens ou nouveaux.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Une voix: En toute humilité.
M. Proulx: En toute humilité. Tout le monde connaît
M. Jean-Paul Harney qui a enseigné pendant longtemps, chez nous, au
collège militaire; tout le monde connaît Roch Carrier, qui
était mon voisin de travail au collège militaire. Et combien
d'autres personnes qui se sont signalées aussi à cedit
collège. Il y a plus de 60 docteurs en plusieurs disciplines.
Pour moi, c'est un honneur de présenter aujourd'hui le projet de
loi 222, ainsi que les deux représentants du collège militaire,
le général Parent, qui est commandant du collège, et le
docteur Marcel Benoît, physicien, qui en est le directeur. Si ce projet
de loi est adopté, nous aurons une université de plus au
Québec et j'en serai très fier.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Saint-Jean. Avant de demander à nos
invités ou à nos consultants s'ils ont des commentaires
particuliers, je demanderais au ministre et au député
d'Argenteuil, vice-président de la commission, s'ils ont des remarques
à formuler. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, étant de
nature plutôt pacifiste, je vous dirais que c'est là un des
combats du député qui, à mon avis, est bien mené et
fort justifié.
En effet, je pense que notre collègue de l'Assemblée
nationale a défendu vigoureusement ce projet de loi. II lui a fait faire
toutes les étapes de l'analyse administrative. Il a dû lutter
parfois contre certaines oppositions, essentiellement oppositions de gens
peut-être mal informés et qui pouvaient, à ce
moment-là, l'accueillir avec une certaine résistance. Mais il est
clair que notre collègue a véritablement voulu que ce projet de
loi soit adopté par le Parlement. Par ses interventions auprès de
l'Opposition qui a donné son consentement pour que ce présent
projet de loi soit discuté et par ses efforts
répétés auprès de tous les employés de mon
ministère et de mon cabinet, il est clair qu'il a véritablement
voulu faire en sorte que ce projet de loi soit accepté.
Mais je dois dire que ce n'est pas parce qu'il a vaillamment combattu
pour l'adoption du projet de loi qu'on devait l'adopter pour autant. Je pense
que c'est l'analyse du Conseil des universités qui vient en tous les cas
éclairer nos discussions ici, cet après-midi. En effet, le
Conseil des universités nous a rappelé qu'à la base de
tout établissement universitaire de qualité on doit d'abord
trouver une institution de qualité. Rappelant, par exemple, la
qualité du corps professoral, où plus de 60 % des professeurs
sont titulaires de doctorat, ce qui est une proportion fort appréciable,
rappelant également la qualité des programmes d'enseignement, car
pour à peu près 600 étudiants, on retrouve un corps
professoral d'une centaine de professeurs, donc, rappelant le remarquable
encadrement des étudiants et soulignant l'activité de recherche
conduite par plusieurs professeurs du collège militaire Royal de
Saint-Jean, le Conseil des universités devait tirer la conclusion qu'il
s'agit là d'une institution qui fait honneur au système
d'enseignement universitaire et qu'en conséquence il n'y a pas de raison
pour que les diplômes qu'elle décerne dans le cadre de programmes
qu'elle a mis au point ne soient pas reconnus sur une base aussi valable, aussi
accréditée que les diplômes que nous reconnaissons dans
d'autres universités.
Donc, M. le Président, le fond était bon, mais il fallait
un valeureux combattant décidé à ce que le projet de loi
traverse toutes les étapes de son approbation. Je pense qu'il fallait
lui en rendre témoignage aujourd'hui, en ce début de commission
parlementaire.
M. Proulx: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Charbonneau): Avant que le
député de Saint-Jean ne soit trop rouge, on va laisser la parole
au député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, il me fait bien plaisir, au nom
de l'Opposition, d'accueillir les représentants du collège
militaire Royal de Saint-Jean à cette commission parlementaire, cet
après-midi. Je suis également très heureux de
féliciter le député de Saint-Jean de cette initiative
qu'il a prise de parrainer un projet de loi privé visant la
reconnaissance du statut universitaire au collège militaire Royal de
Saint-Jean. Ainsi que le député de Saint-Jean me le rappelait ce
midi, la première fois que je l'ai rencontré, il y a
déjà...
M. Proulx: En mai 1966.
M. Ryan: ...près de 20 ans maintenant, il était
professeur au collège militaire Royal de Saint-Jean. À
l'époque, on l'avait approché pour l'entraîner du
côté de la politique. Je lui ai donné à cette
époque un conseil malheureusement positif qui, pour une des rares fois
où ils furent donnés, fut suivi, ce qui explique son cheminement
par la suite. S'il m'avait consulté à chacune des
décisions subséquentes qu'il a prises, peut-être aurait-il
évité certains zigzags.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ryan: Mais, pour revenir au fond de notre problème, il
a toujours conservé un grand attachement pour l'institution où il
avait fait sa carrière d'enseignant. Je dois reconnaître aux
autorités du collège militaire le fait qu'elles ont su
reconnaître à leur professeur une grande liberté de
pensée. J'ai eu beaucoup de contacts avec les Forces armées
canadiennes au cours des années pour toutes sortes d'occasions et je le
disais ce midi au général Parent, j'ai toujours été
frappé par deux éléments qui me paraissent
caractéristiques des Forces armées canadiennes: tout d'abord, on
y pratique une loyauté irréprochable à l'endroit de
l'autorité civile, ce qui, à mon point de vue, est une
caractéristique que doivent posséder les Forces armées
dans un pays démocratique; deuxièmement, en même temps
qu'on pratique cette loyauté irréprochable...
Le Président (M. Charbomeau): Je m'excuse, M. le
député d'Argenteuil, mais j'ai l'impression que les circonstances
vont nous obliger à suspendre les travaux de la commission parce qu'il
semble qu'il y a quatre commissions qui siègent en même temps et
qu'un honorable député indépendant a signalé qu'il
n'y avait pas consentement de l'Assemblée pour qu'il y ait quatre
commissions qui siègent en même temps. En conséquence, on
vient de m'aviser que le
couperet a tombé sur notre commission qui doit suspendre ses
travaux jusqu'à ce qu'on nous donne un avis stipulant qu'on pourra
reprendre les discussions sur ce projet de loi et sur l'autre.
M. Proulx: Est-ce qu'on peut demander qui a demandé
cela?
Le Président (M. Charbonneau): C'est le
député de Sainte-Marie, semble-t-il.
M. Proulx: Pardon?
M. Ryan: On va aller le voir.
M. Parent (Sauvé): M. le Président, je ne sais pas
quels sont les pouvoirs d'un président de commission, mais si c'est
possible d'intervenir auprès du leader du gouvernement et de lui faire
comprendre qu'on a des invités... Il ne s'agit pas d'une commission
parlementaire où, entre députés, on discute d'un projet de
loi. On a ici le général Parent, on a le président de la
commission scolaire, on a des représentants de l'Alliance des
professeurs. Essayez de faire un effort en invoquant que la commission
accueille des gens de l'extérieur.
Le Président (M. Charbonneau): Je peux vous dire que
déjà le bureau du leader a été contacté et
qu'il y a une de ses représentantes qui n'est pas plus loin qu'en
arrière de vous. Je pense que nous sommes bien conscients, à la
présidence de la commission et au bureau du leader, des
inconvénients, mais les règles du jeu étant ce qu'elles
sont, je n'ai pas d'autre choix, semble-t-il, que de suspendre les travaux.
M. Ryan: Je propose que nous occupions les locaux.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Bérubé: M. ie Président...
Le Président (M. Charbonneau): Ce qui pourrait être
fait, c'est... Je ne sais pas, il faudrait que j'aie un avis, mais
peut-être que, d'une façon informelle et sans enregistrement, on
pourrait faire une série de discusssions qui, par la suite, pourraient
accélérer l'adoption. Le seul inconvénient dramatique,
s'il y en avait un, ce serait que ces discussions ne seraient pas
consignées au Journal des débats. Pour le reste...
M. Ryan: Je pense que c'est mieux que cela soit consigné,
M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Dans ce cas, je n'ai pas
d'autre choix que de suspendre les travaux.
Une voix: Essayez de proposer...
Le Président (M. Charbonneau): On pourrait faire une offre
que le député de
Sainte-Marie ne pourrait pas refuser. On pourrait aller le voir et
peut-être lui...
M. Ryan: Je pense que chacun, de son côté...
M. Bérubé: Si je comprends bien, le
député de Sainte-Marie nous rappelle à l'orthodoxie
parlementaire la plus stricte. C'est ce que je comprends.
M. Ryan: Je pense que nos invités... (Suspension de la
séance à 15 h 34)
(Reprise à 17 h 2)
Le Président (M. Charbonneau): La commission permanente de
l'éducation et de la main-d'oeuvre reprend ses travaux et l'étude
du projet de loi privé 222, Loi sur le collège militaire Royal de
Saint-Jean. Je crois que la parole était au député
d'Argenteuil, vice-président de la commission.
M. Ryan: M. le Président, je disais, lorsque nous
fûmes contraints d'interrompre nos travaux pour les raisons que vous avez
invoquées, combien j'étais heureux, avec mes collègues de
l'Opposition, de souscrire au projet de loi qui nous est présenté
aujourd'hui par le député de Saint-Jean. J'adressais au
député de Saint-Jean des félicitations
particulières pour l'intérêt qu'il manifeste envers
l'institution où il a eu l'honneur d'enseigner avant son engagement dans
la politique, à laquelle il est resté attaché, ce dont je
pense que nous pouvons le féliciter sans arrière-pensée.
Je voulais dire que je me réjouis à la pensée que cette
institution avec laquelle j'ai eu des contacts à plusieurs occasions
dans le passé verra reconnaître, par l'Assemblée nationale
du Québec, la qualité du travail qu'elle accomplit dans le champ
de l'éducation auprès des membres des Forces armées
canadiennes.
Je pense que cela demande qu'on évoque un petit peu d'histoire
pour mesurer la signification du geste que nous sommes appelés à
faire. Le collège militaire de Saint-Jean a été
institué il y a déjà une trentaine d'années...
Une voix: En 1952.
M. Ryan: ...en 1952 parce qu'on voulait donner la chance à
des jeunes canadiens de langue française d'acquérir une formation
supérieure en vue d'une participation au travail des Forces
armées, une formation
supérieure dans leur langue. Jusqu'à la fondation du
collège militaire de Saint-Jean, un jeune francophone qui voulait
s'orienter vers une carrière d'officier devait aller suivre des cours
à Kingston ou en Colombie britannique, entièrement en langue
anglaise. Avec la fondation du collège militaire de Saint-Jean, une
institution bilingue est mise à la disposition non seulement des jeunes
francophones, mais également des jeunes anglophones qui veulent se
familiariser avec la langue française.
Je crois que le développement du collège militaire de
Saint-Jean est un exemple des progrès considérables qui ont
été accomplis en matière de reconnaissance des droits de
la communauté francophone du Canada dans les institutions du
gouvernement fédéral. Il nous arrive souvent, dans cette Chambre,
de discuter de l'évolution du bilinguisme au plan fédéral.
J'ai bien souvent entendu des collègues dire qu'il ne s'était
rien fait, que tous les programmes avaient été des échecs
monumentaux. Pour ceux qui connaissent les choses de plus près, ce n'est
pas un portrait véridique de la réalité. Dans bien des
secteurs, des progrès considérables ont été
accomplis. On me disait encore aujourd'hui qu'on pouvait, il y a vingt ans, par
exemple, tracer une liste plutôt brève des francophones qui ont
accédé à des postes supérieurs dans l'armée,
disons au grade de lieutenant-colonel en montant, tandis qu'aujourd'hui on en a
beaucoup plus qu'autrefois. Je ne prétends pas que, dans tous les
secteurs de l'administration fédérale, on en soit rendus
là, mais dans le secteur des Forces armées il m'a
été donné de constater à plusieurs reprises combien
on avait progressé dans le sens d'une évolution qui permet
à des francophones de servir dans ce secteur tout en se sentant
davantage chez eux qu'autrefois. Alors, pour cette raison fondamentale, je
pense qu'il est très important que nous accueillions avec sympathie la
démarche dont nous sommes saisis aujourd'hui.
Deuxièmement, les Forces armées, par le programme de
formation supérieure qu'elles mettent en oeuvre, tant au collège
militaire de Saint-Jean qu'à celui de Kingston et à celui de la
Colombie britannique, offrent à des jeunes qui, autrement, n'en auraient
pas la chance, la possibilité d'acquérir une formation
supérieure dont les fruits devront d'abord être mis au service des
Forces armées pendant un certain nombre d'années, mais qui,
ensuite, peuvent se réorienter vers la vie civile en étant munis
d'une formation professionnelle de première qualité. J'ai connu
personnellement de nombreux jeunes qui n'auraient pas pu envisager de
fréquenter l'université, mais qui ont été
orientés vers le collège militaire de Saint-Jean et qui y ont
acquis une excellente formation qui leur sert maintenant de manière
précieuse dans la vie civile après qu'ils eussent servi pendant
la période à laquelle les engageait leur contrat initial dans les
Forces armées. C'est une contribution des Forces armées
canadiennes au développement du potentiel éducatif de notre
société que nous ne saurions négliger, surtout lorsque
nous souscrivons, comme c'est le cas des députés du
côté de l'Opposition, mais aussi de ceux du côté
ministériel, à l'objectif d'une accessibilité de plus en
plus grande des études supérieures à tous ceux qui en ont
les aptitudes et la volonté.
Nous avons adopté ces temps derniers une Loi créant un
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et de la
Technologie et nous avons insisté, du côté de l'Opposition,
pour qu'on définisse clairement les responsabilités du ministre
chargé de ce secteur de l'administration publique. Parmi les amendements
que le ministre a heureusement acceptés à ce sujet, il y en a un
qui dit qu'une des responsabilités du ministre est de promouvoir
l'accès de tous ceux qui en ont le talent et la volonté aux
formes les plus élevées de culture et de développement
intellectuel. Alors, votre institution apporte une contribution
précieuse à la poursuite de cet objectif dans la
société québécoise. Je suis très heureux de
constater que, pour la première fois, l'Assemblée nationale en
est saisie de manière officielle et avec l'invitation de poser à
son tour un geste qui favorisera l'accomplissement de vos fonctions.
Inutile de dire que, dans d'autres provinces - je pense que le
député de Saint-Jean l'a évoqué brièvement
tantôt - depuis longtemps des collèges militaires semblables se
sont vu octroyer, par les autorités provinciales, un statut
universitaire. C'est le cas du collège militaire de Kingston, en
Ontario, c'est également le cas en Colombie britannique. Par
conséquent, le Québec n'innove pas dans ce domaine. Le
Québec agit, au contraire, dans une voie qui a déjà
été ouverte par d'autres. Cela ne nous scandalise pas. Dans une
fédération, c'est normal que, dans certains domaines, une
province ait pu avoir l'initiative ou le leadership, une autre province le
leadership dans un autre domaine. Il y a une sorte d'interfécondation,
de fécondation réciproque qui permet à tous d'envisager un
certain progrès ensemble.
Je souligne également - c'est dit dans le projet de loi - que
voici une chose qui ne coûtera rien à l'Assemblée
nationale, ce qui n'est pas négligeable non plus. Le collège
militaire Royal de Saint-Jean est financé par le ministère de la
défense, par le gouvernement fédéral. Il est bien
clairement dit dans le projet de loi qu'il n'émargera pas au budget de
fonctionnement, ni au budget d'investissement qui sont mis en oeuvre par le
gouvernement du Québec et de
l'Assemblée nationale. Cela ne veut pas dire que, jamais, jamais,
en tant que parlementaires, nous ne voudrions étudier un projet qui nous
inviterait à faire quelque chose pour le collège militaire. Cela
pourra venir en son temps. Mais c'est vous-mêmes qui avez indiqué
que, de ce point de vue, vos ressources étaient assurées
ailleurs. C'est très bien.
Il y a une autre clause également qui indique très
clairement que cette institution continuera d'offrir ses services aux membres
des Forces armées canadiennes. Ce n'est pas une université qu'on
crée derrière la porte, ce n'est pas une université qui,
demain, nous mettra en face de tout un programme qui pourrait créer un
problème de dédoublement. Je pense qu'on nous dit clairement
qu'on veut continuer de servir les membres des Forces armées
canadiennes. Je pense qu'avec ces conditions, nous avons les
éléments qu'il faut pour prendre une décision
positive.
Dès que nous aurons fini cette partie de notre discussion, nous
aurons un certain nombre de questions à adresser au représentant
du collège militaire Royal de Saint-Jean, que je salue avec grand
plaisir. Lorsque nous aurons obtenu toutes les clarifications dont nous
estimons avoir besoin, nous serons très heureux de nous prononcer en
faveur du projet de loi.
Je voudrais ajouter une chose, M. le Président. J'ai noté
la présence, dans la salle, du président du Conseil des
universités, M. Jacques L'Écuyer. Je pense qu'il serait bon que
notre commission accepte de l'entendre. Nous aurions quelques questions
à lui adresser vu qu'il est l'auteur d'un rapport qui nous a
été soumis en relation avec le projet que nous étudions
aujourd'hui, un rapport absolument fondamental pour la décision que nous
allons prendre, vu qu'il a pris la responsabilité de ce rapport avec le
Conseil des universités et qu'il est en notre compagnie aujourd'hui.
J'apprécierais beaucoup que, d'un commun accord, nous puissions
l'inviter tantôt, après que nous aurons déblayé le
terrain avec les représentants du collège militaire Royal de
Saint-Jean - ou peut-être avant, je ne sais pas, je laisse cela à
votre discrétion, M. le Président - mais j'aimerais que nous
l'entendions pour que cela fasse partie du dossier de l'examen que nous avons
fait, que cela a été une discussion sérieuse et non
simplement une opération de ratification artificielle.
Sur cela, M. le Président, j'ai presque terminé les
remarques d'ouverture que je voulais faire au nom de l'Opposition. Je suis
très heureux que, dans cette période fiévreuse qui marque
la fin de la session, nous puissions avoir quelques moments de
sérénité pour poser un geste dont les conséquences
historiques dureront très longtemps et seront, j'en suis sûr,
très fécondes pour le Québec.
Le Président (M. Charbonneau): Pour l'information des
membres de la commission, les cloches sonnent actuellement pour inviter les
autres membres de l'Assemblée à se diriger vers le salon bleu. Je
crois qu'un hommage sera rendu à nos collègues qui ont 25 ans de
métier.
Une voix: C'est à 18 heures.
Le Président (M. Charbonneau): Non, c'est maintenant, sauf
qu'on entendra d'autres cloches dans une demi-heure. Celles-là nous
appelleront pour un vote. De deux choses l'une. On va continuer pendant une
demi-heure et, si tout le monde se restreint, on peut finir l'étude du
projet de loi possiblement, s'il n'y a pas d'objection, avant que nous
suspendions pour le vote et pour la période du souper.
On avait pensé à un moment donné pouvoir reprendre,
mais je pense que, soyons raisonnables, il y a des gens qui voudraient aussi
participer à l'hommage fait à nos collègues. Donc, une
fois que le vote sera appelé, à 17 h 45, nous suspendrons
jusqu'à 20 heures.
M. Proulx: Quant à moi, M. le Président, j'ai deux
petits amendements très rapides à faire.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, juste avant
- je sais que le député de Sauvé m'avait demandé la
parole pour des commentaires peut-être. Par la suite, on pourrait...
M. Parent (Sauvé): M. le Président, je voudrais
d'abord souhaiter la bienvenue aux membres du collège militaire Royal de
Saint-Jean et aussi profiter de l'occasion pour féliciter le
député de Saint-Jean d'avoir participé à donner
l'occasion à des francophones, qui oeuvrent à l'intérieur
des Forces canadiennes, d'aller se chercher un diplôme universitaire au
collège militaire de Saint-Jean. Je pense que c'est un grand pas en
avant.
Je vous rappellerai, M. le Président qu'en 1952, je faisais
partie des Forces canadiennes et que j'ai dû aller faire mon cours
d'officier à London, en Ontario, en plein milieu anglophone, où
j'ai eu à peu près toutes les difficultés du monde
à me faire comprendre et à me faire respecter en tant que
Canadien français. Je suis d'autant plus fier aujourd'hui que les gens
qui fréquenteront ce collège militaire à Saint-Jean
pourront le faire dans leur langue et obtenir un diplôme
universitaire.
Si Kingston et si Royal Road ont été capables, à un
certain moment, de se faire reconnaître un statut d'université de
qualité,
je ne vois pas pourquoi on n'aurait pas la même chose ici au
Québec. À moins que des amendements entrent en conflit avec ce
que j'ai déjà lu dans ce projet de loi, je pense qu'il n'y aura
pas de difficulté, de notre côté, à l'adopter.
Encore une fois, je voudrais féliciter le député de
Saint-Jean pour s'être fait le tuteur et le pilote de ce projet de loi
qui valorisera les Canadiens français à l'intérieur des
forces.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Sauvé. Avant de passer à l'étude
détaillée et de recevoir les amendements, je pense qu'on va
d'abord donner la parole à nos invités et, par la suite, comme le
député d'Argenteuil nous l'a demandé, on pourra
également recevoir les commentaires de M. L'Écuyer. Une fois que
ces discussions seront terminées on passera à l'étude
détaillée. (17 h 15)
M. Ryan: Juste une question de règlement, M. le
Président. Je remarque la présence dans la salle des
représentants de la Commission des écoles catholiques de
Montréal et aussi de l'Alliance des professeurs de Montréal.
Est-ce qu'il est téméraire de penser qu'ils ne pourront pas
être entendus avant la séance de 20 heures ce soir?
Le Président (M. Charbonneau): Les miracles n'étant
pas de ce monde, je ne vois pas tellement comment on pourrait, à moins
d'occuper toute la période du souper à les entendre... Je pense
que les députés ont un bon contrat pour la soirée et j'ai
l'impression qu'ils auront besoin de leur heure de "lunch". Donc, je pense que
ce serait mieux de les libérer jusqu'à 20 heures.
Je voudrais signaler à Mme la députée de L'Acadie
et aux autres membres de la commission que, ce soir, ce sera à la salle
101-B.
Mme Lavoie-Roux: Salle 101-B à 20 heures.
Le Président (M. Charbonneau): À 20 heures.
Mme Lavoie-Roux: Nous y serons, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je n'en doute point,
madame.
M. Bérubé: ...j'espère.
Le Président (M. Charbonneau): Bon appétit.
Général Parent, si vous pouviez vous identifier à
nouveau pour le Journal des débats, ainsi que le Dr Benoît qui
vous accompagne.
Audition de témoins
M. Parent (Rodolphe): Merci, M. le Président. Je suis
effectivement le brigadier général Parent, commandant du
collège militaire Royal de Saint-Jean. Avec moi, à ma droite, M.
Marcel Benoît, principal et directeur des études du collège
militaire. Il nous fait grandement plaisir d'être ici. Pour nous, du
collège, c'est un moment que nous attendons depuis plusieurs
années. Je suis...
Le Président (M. Charbonneau): Je demanderais aux membres
et aux gens qui sont dans la salle de faire en sorte que les discussions se
passent à l'extérieur parce qu'on ne s'entend pas ici en avant.
Merci. Général Parent.
M. Parent (Rodolphe): Merci. J'allais simplement dire que je suis
moi-même un produit du collège militaire Royal de Saint-Jean,
ayant été élève officier de 1958 à 1961.
N'ayant pas le cours complet au collège militaire, j'ai dû
poursuivre mes études en anglais moi aussi au Royal Military College
à Kingston durant les deux dernières années. C'est
à ce temps-là que j'ai pensé que, nous, les Canadiens
français, dans les Forces canadiennes comme au Canada, n'étions
peut-être pas traités équitablement.
J'ai eu beaucoup d'amis canadiens-français dans ma
carrière qui ont dû quitter. Dans ce temps-là on disait:
C'est parce qu'il n'est pas assez intelligent. À cet
âge-là, on le prenait un peu mal, mais on acceptait. Avec les
années, on s'est aperçu que l'intelligence avait peut-être
quelque chose à voir avec le fait que, lorsqu'on nous donne des ordres
ou qu'on nous fait faire des choses dans une langue qu'on ne comprend pas, il
devient très difficile de faire cette chose-là d'une
manière intelligente.
Je m'étais bien promis, un jour, si j'avais la chance de monter
dans les Forces canadiennes et de venir commander le collège, que je
travaillerais pour les Canadiens français. C'est arrivé, j'ai
été nommé commandant du collège militaire. Une des
premières choses que j'ai dites au principal, c'était qu'un de
mes buts en venant au collège militaire visait à avoir la charte
pour le collège militaire.
Étant militaire, vous savez très bien que notre
association avec la politique est très peu positive ou très peu
en demande, et peut-être maladroite, parce qu'on s'y connaît
très peu en politique. Par contre, je me suis aperçu en discutant
avec les politiciens que, lorsqu'on a bon coeur et qu'on veut quelque chose
pour le bien commun, les gens de bonne volonté coopèrent. C'est
ce que j'ai pu voir par mes contacts avec M. Jérôme Proulx et avec
les autres représentants du milieu politique et du milieu du
gouvernement.
Au milieu des Forces canadiennes, le geste que vous allez poser est
attendu, espéré et sera certainement applaudi parce qu'il y a
beaucoup de gens qui avaient perdu espoir que le collège militaire
devienne, un jour, université. Ils ont eu à se battre en
1969-1970 lorsque le cours a été étendu au niveau
universitaire. Ils avaient perdu la bataille, et je dois vous dire que, du
côté fédéral, on pensait que la bataille
était perdue pour toujours. La situation a changé et je suis
heureux aujourd'hui de voir que les gens ont compris que certaines batailles
doivent cesser et que le bien des Québécois doit
prévaloir. Je pense que, dans ce cas-ci, le bien des Canadiens
français qui viendront au collège militaire a été
bien vu et bien soutenu.
Aussi, je veux vous dire, à tous ceux qui ont
coopéré à faire adopter ce dossier avec une
rapidité qu'on me dit exceptionnelle, je veux vous remercier au nom des
Canadiens français, au nom des Forces canadiennes, et vous dire bravol
Merci.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que, M. Benoît,
vous avez des commentaires additionnels à formuler?
M. Benoît (Marcel): Pas spécialement, mais il y a un
point que j'aimerais souligner qui n'est peut-être pas assez connu. C'est
que le corps professoral du collège militaire de Saint-Jean est
composé en grande partie d'éducateurs de carrière, de
civils qui possèdent les qualifications universitaires normales.
L'influence du corps professoral au collège est très grande.
L'une des raisons de cela, c'est que nous avons la stabilité, la
continuité.
J'ai été nommé principal en 1965 et je dois dire
que j'ai eu, jusqu'à maintenant, onze commandants, c'est-à-dire
que ma moyenne est à peu près d'un commandant tous les deux ans.
Si, par malheur, nous avons un mauvais commandant, ce qui n'est pas
arrivé jusqu'à maintenant, on n'a qu'à attendre et il sera
remplacé à brève échéance, et nous pourrons
continuer notre oeuvre d'éducateur.
Nous avons dû, au cours des années, avec Lafontaine, pour
vivre heureux, vivre cachés. C'est-à-dire que, bien conscients de
notre situation, une institution fédérale dans le domaine de
l'éducation au Québec, il n'était dans
l'intérêt de personne que nous prenions beaucoup de place et que
nous soyons très actifs dans les associations comme l'ACFAS ou d'autres
organismes professionnels comme cela. Curieusement, c'est à peu
près le seul reproche que nous a fait le Conseil des universités,
celui de ne pas participer plus activement aux activités universitaires.
Si nos voeux sont exaucés, vous pouvez être assurés que
nous prendrons notre juste part des activités universitaires au
Québec.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. Benoît. Est-ce
qu'il y a des membres de la commission qui ont des questions à poser nos
invités? M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: J'ai des questions à leur adresser, mais je me
demande si ce serait mieux, peut-être, d'entendre le président du
Conseil des universités auparavant, si vous n'avez pas d'objection?
Le Président (M. Gagnon): Non, je pense qu'il y a de la
place pour trois en avant. Donc, on pourrait demander à M.
L'Écuyer de s'approcher.
M. Proulx: M. L'Écuyer est un enfant de Saint-Jean. C'est
un homme qui a fait ses études à Saint-Jean. C'est un
autre...
Le Président (M. Gagnon): Si je comprends bien, on se
retrouve en famille.
M. Proulx: Oui. Il a fait ses études à
Saint-Jean.
Le Président (M. Gagnon): C'est le clan de Saint-Jean.
M. Proulx: Oui. Spécialiste en sciences
nucléaires.
Le Président (M. Gagnon): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Oui, M. le Président. J'étais
intéressé à entendre le président du Conseil des
universités parce que, ces temps derniers, il a publié un avis,
qui a été adressé au ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, au sujet de la demande
d'octroi d'une charte universitaire présentée par le
collège militaire Royal de Saint-Jean. J'ai pris connaissance de cet
avis avec beaucoup d'intérêt. Je suis sorti de ma lecture
convaincu que la demande était justifiée et que nous aurions
intérêt à l'accepter.
Maintenant, j'aimerais vous demander de résumer un peu la visite
que vous avez faite au collège militaire de Saint-Jean et
peut-être les principales conclusions auxquelles vous en êtes venu
à l'occasion de votre examen?
M. L'Écuyer (Jacques): M. le Président, nous avons
fait une visite au collège militaire Royal de Saint-Jean mais au
préalable nous avons pris connaissance de toute une série de
documents qui nous renseignaient sur les principales caractéristiques du
collège militaire. Nous avons étudié attentivement ce qui
nous
paraissait être les garanties essentielles que nous
espérions retrouver dans une institution qui prétendait au
caractère universitaire.
En particulier, nous avons été très
impressionnés par la qualité du corps professoral. Nous avons
là une centaine de professeurs dont plus de 60 % - si mes souvenirs sont
bons - ont des caractéristiques de haut niveau, c'est-à-dire un
doctorat. Nous avons aussi été frappés par le mode
d'organisation du collège qui donne des garanties que le dynamisme qu'on
s'attend de retrouver dans un corps professoral de niveau universitaire,
à la suite de ces activités de recherche, etc., que ce dynamisme
puisse s'exprimer adéquatement. Donc, qu'on se réfère par
exemple, au corps professoral pour l'élaboration des programmes, pour
les modifications à apporter, pour le développement des
activités de recherche, etc., a priori cela nous a déjà
rassurés.
Nous avons aussi des garanties quant à la qualité des
programmes puisque les programmes actuellement offerts sont déjà
endossés par l'Université de Sherbrooke. Ils sont passés
par les procédures normales d'approbation et d'évaluation
à l'intérieur de cette université. Finalement, nous avons
pu noter que plusieurs professeurs participent et effectuent actuellement des
activités de recherche de très bon calibre.
En vertu de cela, nous avons estimé au conseil que le
collège présentait toutes les garanties néccessaires pour
accéder au statut d'établissement universitaire. Nous avons fait
la recommandation que vous trouvez à la page 15 de notre avis,
c'est-à-dire d'accorder au collège militaire Royal de Saint-Jean
une charte universitaire, évidemment, compte tenu des objectifs du
collège de, s'assurer que cette charte indique clairement que la mission
est de répondre aux besoins de formation des Forces canadiennes et de
s'assurer aussi qu'obligation soit faite au collège de soumettre ses
programmes d'enseignement aux mêmes procédures d'examen et
d'approbation. Il s'agit ici des nouveaux programmes, en particulier, que le
collège pourrait être intéressé à mettre sur
pied, étant donné que dans une institution de ce type avec une
mission bien particulière, il nous paraissait important de nous assurer
que les programmes ou les nouveaux programmes développés par le
collège soient soumis à des procédures d'approbation
adéquate.
Finalement, il y a une dernière partie qui concerne les
programmes existants et qui invite à ce qu'on autorise
immédiatement le collège à offrir les programmes qu'il
donne actuellement et à décerner les grades adéquats en
conséquence.
M. Ryan: J'aurais quelques questions à vous poser, M.
L'Écuyer. J'ai remarqué dans le rapport que vous avez fait que
vous signalez la relation qui a existé depuis plusieurs années
avec l'Université de Sherbrooke pour l'attribution de diplômes de
niveau universitaire. Est-ce qu'il vous a été donné
d'avoir le point de vue de l'Université de Sherbrooke sur la
qualité du travail qui s'accomplit au collège militaire Royal de
Saint-Jean? Est-ce que l'Université de Sherbrooke a exprimé son
approbation de la demande qui est faite ou a exprimé une opinion
quelconque à votre endroit?
M. L'Écuyer: Oui, nous avons pris connaissance d'opinions
de l'Université de Sherbrooke qui nous disait qu'elle avait
été très satisfaite des relations qu'elle avait eues avec
le collège militaire Royal de Saint-Jean et qu'elle voyait d'un bon
oeil, qu'elle comprenait ou qu'elle appuyait la demande soumise par le
collège militaire Royal de Saint-Jean.
M. Ryan: Là, il s'agit d'une institution spéciale,
d'un collège militaire, qui veut se voir accorder un statut
universitaire. Il y a un facteur très important pour nous, ce sont les
garanties de liberté de l'enseignement. Est-ce que vous avez eu
l'occasion - j'ai remarqué que vous ne traitez pas de cet aspect dans
votre étude - d'examiner cet aspect et de vérifier le genre de
statut qui est donné aux professeurs du collège militaire et le
genre de garantie qui existe pour le respect de la liberté
d'enseignement. (17 h 30)
M. L'Écuyer: Sur ce point-là, nous avons d'abord
l'opinion de l'Université de Sherbrooke qui examine les programmes et
qui, étant donné qu'elle décernait déjà les
diplômes, devait s'assurer de cet aspect. Par ailleurs, nous avons, en
tout cas, deux autres points qu'il nous a été donné de
vérifier. D'abord la structure prévue est une structure qui
prévoit, disons, un certain parallélisme, si vous voulez, entre
l'organisation militaire et l'organisation universitaire. Je pense que M.
Benoît en a fait mention tout à l'heure, et sa structure va assez
loin. Nous avons regardé la charte et les règlements des
collèges militaires et il y a donc un certain parallélisme, si
vous voulez, qui nous paraissait offrir des garanties ou permettre des
garanties. Enfin, il y a une troisième chose, nous avons
rencontré certains professeurs du collège qui nous ont
rassurés sur cet aspect-là aussi.
M. Ryan: Vous avez signalé dans votre rapport que les
activités de recherche n'étaient peut-être pas
développées autant qu'on pourrait le souhaiter. Je ne sais pas si
vous êtes en mesure de formuler une comparaison. Je vois que c'est une
institution universitaire qui va décerner des diplômes de premier
cycle. Comparé à d'autres institutions universitaires de
même type, est-ce que la qualité de la recherche et le
volume de la recherche que vous avez observés peuvent se comparer
avantageusement? Qu'est-ce que vous avez voulu signifier? Quels progrès
pourraient être recherchés dans cette direction-là? Il me
semble qu'au niveau du premier cycle, l'activité de recherche ne peut
pas être aussi centrale et déterminante qu'aux autres niveaux de
la maîtrise et du doctorat. Je ne sais pas quelle portée il
convient d'accorder aux remarques que vous avez formulées à ce
sujet-là.
M. L'Écuyer: Nous souhaitons toujours, dans un
établissement universitaire, que la recherche se développe,
étant donné que, même au premier cycle, même si ce
n'est pas une composante essentielle d'un programme de premier cycle comme ce
l'est par exemple pour un programme de doctorat, il reste que c'est un
élément fécondant de l'enseignement, c'est-à-dire
que c'est grâce à la recherche, pour une bonne part, que les
professeurs se renouvellent, suivent l'évolution de la discipline, etc.
Donc, c'est un élément important dans le cadre... Dans ce sens,
nous avons exprimé le souhait que le collège poursuive encore
plus activement, si vous voulez, ses activités dans ce
domaine-là.
Si vous me demandez une comparaison, ce serait peut-être assez
difficile à établir dans la mesure où le collège
militaire reste quand même une institution assez unique dans le
réseau universitaire, étant donné qu'il a un cours qui
s'échelonne sur plus de trois ans. C'est un premier cycle, si vous
voulez qui va sur quatre ans, plus une année préparatoire. Il y a
là quand même quelque chose d'un peu unique et c'est un peu
difficile à évaluer.
D'autre part, le collège oeuvre dans des secteurs où, si
on voulait faire une comparaison avec nos universités, on trouverait
peut-être le collège assez "performant", si vous me permettez,
dans la mesure où, par exemple, dans le secteur d'administration on sait
que les recherches donnent lieu à moins de publication en tout cas que
dans les autres secteurs plus actifs. Il reste, cependant, que, de l'avis du
conseil, compte tenu du ratio étudiants-professeurs qui est
particulièrement favorable au collège militaire, compte tenu des
possibilités du collège militaire, nous souhaitons que le
collège active et pousse plus loin dans ce domaine-là.
M. Ryan: Parmi les recommandations que vous avez
formulées, il y en a une qui dit à peu près ceci: II
faudrait s'assurer qu'obligation soit faite au collège militaire de
Saint-Jean, de soumettre ses programmes d'enseignement aux mêmes
procédures d'examen et d'approbation que celles auxquelles sont soumis
les programmes des autres universités québécoises. Cela
faisait partie de vos recommandations formelles. Dans le texte du projet de loi
que nous avons à l'heure actuelle, nous n'avons rien à ce
sujet-là, mais il avait été question, dans les entretiens
que nous avons eus au début de l'après-midi, qu'un projet
d'amendement soit déposé à cette fin. Je ne sais pas si
c'est toujours l'intention du promoteur. Vous avez un projet d'amendement
à cette fin-là?
M. Proulx: Oui, le ministre, après avis du Conseil des
universités, peut autoriser le collège à décerner
tout autre grade, diplôme ou certificat universitaire.
M. Ryan: Regardez! Sur la foi de ce que vous dites, je vais poser
deux questions à M. L'Écuyer. Tout d'abord, est-ce que cet
amendement-là lui apparaît répondre au voeu du conseil?
Deuxièmement, pour les programmes existants, je crois comprendre que
cela continue, qu'il n'y a pas d'intervention nécessaire du Conseil des
universités ou de qui que ce soit. L'examen a été fait;
donc, on passe à un statut universitaire pour le collège
militaire Royal de Saint-Jean, mais cela vise surtout les programmes nouveaux
qu'on pourra vouloir introduire au cours des années à venir, si
je comprends bien.
M. L'Écuyer: L'amendement répond au voeu du
conseil, en tout cas en ce qui concerne les nouveaux programmes. En ce qui
concerne les programmes existants, nous faisons de temps à autre ce que
nous appelons des études sectorielles dans lesquelles nous
révisons l'ensemble des programmes. Nous souhaitons qu'à cette
occasion, le collège permette de soumettre ou soumette ses programmes
aux mêmes procédures.
Maintenant, je dois dire que, sur ce point, nous souhaitons que le
collège se soumette aux mêmes procédures qu'il l'est. Mais
le point qui nous paraissait important au conseil, c'est de s'assurer que les
nouveaux programmes ne puissent être ouverts qu'après approbation
du ministre, étant donné qu'il s'agit d'une institution avec un
but spécifique et avec une mission spécifique.
M. Ryan: Ce serait peut-être intéressant que vous
complétiez votre étude d'évaluation des programmes de
génie, en ajoutant des cours qui se donnent au collège militaire
Royal de Saint-Jean, parce que, comme vous le signalez dans votre étude,
il y soumet déjà ses candidats. Il y a deux tests qui sont
intéressants. Il y a le Bureau canadien du génie et,
deuxièmement, le fait que ses diplômés s'en vont dans
toutes les parties du Canada et même du monde et ils doivent, par
conséquent, se mesurer à des
personnes qui ont reçu d'autres types de formation. Cela
compléterait d'une manière intéressante le dossier
déjà volumineux que vous avez produit ces derniers temps.
Il y avait juste une autre question que je voulais vous poser et qui
m'échappe pour l'instant. En tout cas, je pense que, pour l'essentiel,
j'ai ce qu'il me faut, sur la foi des propos que vous avez tenus devant cette
commission, pour me rassurer complètement, quant à
l'opportunité de répondre d'une manière positive à
la demande qui nous est faite. Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): II reste juste
l'article...
M. Proulx: Juste un petit détail pour signaler la
qualité des professeurs de ce collège militaire. Il y a trois
personnes qui se sont signalées comme professeurs au collège
militaire. Le premier, c'est Roch Carrier, un écrivain de
première importance que tout le monde connaît. II y en a un
deuxième, qui est décédé, c'est Gatien Lapointe,
qui a publié beaucoup de volumes et de poésie, et un
troisième auteur qui s'est signalé au collège militaire,
c'est l'auteur du "Panier de crabes", qui a un deuxième livre en
préparation et qui va être aussi intéressant. Je peux vous
dire le titre, cela va être "Les crustacés de la
Grande-Allée".
Le Président (M. Charbonneau): En espérant que les
collègues de la nouvelle génération du
député de Saint-Jean pourront profiter du banquet, le
député d'Argenteuil m'a demandé la parole, juste pour
préciser, avant de céder la parole au député de
Deux-Montagnes.
M. Ryan: Oui, c'est juste une question brève aussi, parce
qu'il a été question dans des propos que nous avons eus
l'occasion d'échanger avec les représentants du collège
militaire aujourd'hui-même, de la possibilité d'inclure dans le
projet de loi une disposition en vertu de laquelle le collège serait
autorisé à décerner des grades honorifiques. Est-ce que
vous avez un amendement?
M- Proulx: Oui, j'ai: "Le collège estégalement autorisé à décerner tout grade
honorifique qu'il juge approprié".
M. Ryan: J'aimerais avoir l'opinion, cependant, du
président du Conseil des universités. Je veux m'assurer qu'il n'y
a pas d'objection à cela.
M. L'Écuyer: Non, ce n'est pas une question que nous avons
considérée en détail, mais je peux vous assurer qu'aux
yeux de mes collègues, c'est une prérogative qui est
habituellement celle des établissements universitaires. Donc, cela ne
représente aucun inconvénient ou je ne vois, en tout cas, du
point de vue du conseil, aucun inconvénient.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Dans ce cas, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Une question toute simple, M. le
Président, inspirée par la curiosité. M. L'Écuyer
nous a parlé du lien qui a existé entre le collège
militaire Royal de Saint-Jean et l'Université de Sherbrooke. Est-ce que
nos invités pourraient nous dire dans quelle mesure ce lien doit
être conservé ou modifié, à la suite de l'adoption
de ce projet de loi?
M. Benoît: Je pourrais peut-être répondre
à cette question. Il faudrait dire que, pour faire suite à ce que
je disais tantôt, bien que nous ayons délibérément
exclu de nos activités la participation active des organisations
professionnelles, nos professeurs ont, vu la taille de l'institution et, dans
certains domaines, besoin, pour être productifs en recherche, de faire
partie d'une équipe.
Plusieurs de nos professeurs font partie d'équipes de recherche
dans les universités du Québec. Nous avons des professeurs qui
sont professeurs invités à l'Université McGill, aux Hautes
Études commerciales, à l'Université de Montréal,
à la Faculté des sciences en particulier, au Centre de recherche
mathématique de l'Université de Montréal, nous avons des
gens qui ont des projets de recherche conjoints avec des professeurs de
Concordia et nous en avons plusieurs avec l'Université de Sherbrooke.
Même que nous avons un contrat de recherche avec l'Université de
Sherbrooke, nous subventionnons la recherche à l'Université de
Sherbrooke. Au cours des trois dernières années, nous lui avons
donné un contrat de 150 000 $ par année pour travailler sur des
projets de recherche qui nous intéressent et pour que nos professeurs y
participent et soient entraînés par une expertise qui existe
à l'Université de Sherbrooke.
Nous n'avons pas l'intention de cesser cette coopération avec les
autres universités, elle nous est essentielle pour faire une foule de
choses que tout universitaire doit faire. Malheureusement, l'Université
de Sherbrooke est à 80 milles de Saint-Jean et cette distance nous
empêche d'avoir une coopération plus étroite, mais nous
avons avec elle un programme de conférenciers communs. Lorsqu'on fait
venir des gens d'Europe, ils vont à l'Université de Sherbrooke,
ils viennent aussi chez nous, et, vice versa, lorsqu'on fait venir des gens, on
l'informe, et si ça l'intéresse. Elle peut en profiter. Depuis
vingt ans, on a eu une collaboration
avec l'Université de Sherbrooke et c'est bien sûr que
ça ne cessera pas. Cela n'avance peut-être pas au même
rythme, mais, quand même, ça se continuera sûrement. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci. M. le
député de Saint-Jean. En attendant, M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: J'aurais une très courte question à M.
le président du Conseil des universités. Dans le projet de loi,
on constate que le collège militaire Royal de Saint-Jean est
autorisé à décerner un certain nombre de grades,
diplômes ou certificats universitaires correspondant à
l'énumération qui est faite là. On s'attend à un
amendement où il devrait y avoir approbation du Conseil des
universités pour tout autre grade, diplôme ou certificat
universitaire. Est-ce que cette formulation vous apparaît suffisante pour
couvrir le cas où il y aurait, par exemple, des modifications
substantielles des programmes énumérés à l'article
1 ou encore fusion de programmes qui ferait en sorte que le contenu des
programmes en question pourrait être largement modifié? On sait
que la science évolue rapidement, on peut sentir le besoin de subdiviser
un programme, par exemple, et d'en changer substantiellement le contenu.
Autrement dit, est-ce que l'article 1 et l'amendement vous apparaissent
suffisants pour couvrir ces cas?
M. L'Écuyen Oui, M. le Président, dans ces
cas-là, ça nous apparaît suffisant. Ce qu'il nous
paraissait important d'inclure dans le projet de loi, ce sont les limites, si
vous voulez, de l'enseignement à accorder des diplômes. Pour ce
qui est du reste, le conseil ne cherche pas à contrôler dans le
détail l'évolution des programmes. C'est assez normal que les
institutions elles-mêmes puissent faire les ajustements
nécessaires. Et si, comme elles nous ont assurés, elles entendent
le faire, elles sont prêtes, à intervalles réguliers,
à soumettre leurs programmes à l'examen du conseil comme les
autres universités, je pense que c'est amplement suffisant. (17 h
45)
M. Proulx: Je pense que la question du député de
Rosemont est très pertinente, et ce que nous discutons à l'heure
actuelle, c'est de l'amendement. Est-ce que le ministre peut autoriser le
collège à décerner des grades, s'il veut changer une de
ces matières-là?
M. Paquette: Vous discutez de quel amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Charbonneau): Vous êtes en train de
discuter... À l'article 1?
M. Proulx: À l'article 1, oui.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, il n'y a pas lieu
d'aborder l'étude détaillée, à moins que... On
pourrait étudier les articles 2, 3 et 4.
M. Proulx: M. le Président, pendant que l'on discute,
est-ce qu'on peut... Dans l'"attendu" j'ai une modification importante à
faire. Puis-je la faire tout de suite?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, je ne vois pas
d'objection.
M. Proulx: Elle est assez simple. "Attendu que le collège
militaire Royal de Saint-Jean a soumis une demande en vue d'obtenir la
reconnaissance qu'il dispense un enseignement de niveau supérieur;
Attendu que cette demande reçoit l'appui du ministre
fédéral de la Défense;"
Je demande que cet "attendu" soit biffé. Ce n'est pas
nécessaire pour la loi.
Le Président (M. Charbonneau): C'est un amendement au
préambule de la loi. Il faudrait le faire d'une façon formelle,
c'est-à-dire l'écrire.
M. Ryan: C'est-à-dire non, on la biffe.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, c'est un amendement
au préambule de la loi. Il faudrait le faire d'une façon
formelle, c'est-à-dire l'écrire.
M. Proulx: Mais non, on la biffe.
Le Président (M. Charbonneau): Je comprends, mais il
faudrait faire un texte où vous proposez, ou la secrétaire de la
commission...
M. Proulx: Pardon?
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. La
secrétaire de la commission va le rédiger. Vous proposez de
biffer la deuxième ligne?
M. Proulx: Je propose de biffer "Attendu que cette demande
reçoit l'appui du ministre fédéral de la Défense
nationale". On n'adopte pas une loi parce qu'on a l'appui du ministre; on
adopte une loi parce qu'on a eu la demande du ministre et non pas parce qu'on
en a l'appui.
Le Président (M. Charbonneau): À sa face
même, l'amendement est recevable.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le
député de Saint-Jean a dévié sur une autre
question. J'avais une autre sous-question à M. le président du
Conseil des
universités, mais ce sera très bref.
Je ne sais pas si c'est implicite dans la loi, mais la loi est
suffisamment brève pour me laisser penser le contraire. Qu'est-ce qui
nous assure qu'une modification substantielle à l'un ou l'autre des
programmes énumérés à l'article 1 va
requérir l'avis du Conseil des universités? Cet avis
m'apparaît important, parce que là vous avez fait une
évaluation des programmes tels qu'ils sont, et on constate que les
titres sont bien accordés à l'enseignement qui est
dispensé actuellement, suivant le statut des programmes universitaires,
à la moyenne, j'imagine, que l'on observe dans les universités
québécoises. Mais, s'il y avait, dans trois, quatre ou cinq ans,
une modification substantielle è l'un ou l'autre des programmes, et je
pense qu'il faut souhaiter l'évolution des programmes aussi, qu'est-ce
qui nous assure qu'un avis sera demandé au Conseil des
universités et que, par conséquent, le ministère en sera
aussi informé?
Le Président (M. Charbonneau): M. le
général.
M. Parent (Rodolphe); Je crois qu'il y a quinze ans que le
collège militaire donne des degrés universitaires en association
avec l'Université de Sherbrooke. Il y a eu pendant ces quinze
années des modifications aux programmes, mais elles n'ont jamais requis
l'approbation du ministre. Je crois que la meilleure manière de voir une
institution comme la nôtre, c'est que l'on modifie tellement nos
programmes que la qualité, parce que c'est sans doute de cela que vous
êtes très conscient...
M. Paquette: Pas nécessairement. La qualité ou la
désignation du diplôme.
M. Parent (Rodolphe): Oui. Vu que tous nos diplômés
sont membres des Forces canadiennes, il est certain que nos
diplômés ne seront jamais en conflit avec les
diplômés des autres universités pour l'emploi à la
sortie de notre institution. La valeur de nos programmes va toujours être
contrôlée par les visites normales du Conseil des
universités à notre institution comme aux autres. Comme ils sont
tous de valeur ou ont tous comme but d'avoir une université qui donne
les meilleurs programmes possible, je pense que la loi telle qu'elle est couvre
ce point-là.
M. Paquette: M. le Président, je voudrais aussi
répondre à la question.
M. L'Écuyer: Oui. Je peux peut-être ajouter un
point. Dans l'examen qu'il a fait, le conseil a examiné les garanties
offertes par le collège. Comme je le disais tout à l'heure,
à partir du moment où un établisse- ment offre des
garanties suffisantes, le conseil ne souhaite pas que la loi contienne
nécessairement des indications supplémentaires ou, si vous
voulez, des restrictions supplémentaires. Je reviens sur cette question,
parce que c'était pour nous essentiel, ce qui nous paraissait important,
c'est qu'on s'assure un certain contrôle, si vous voulez, sur
l'accroissement des programmes offerts par le collège, comme par tout
établissement qui aurait une vocation limitée comme
celle-là.
Étude détaillée
Le Président (M. Charbonneau): Cela dit, je vais
maintenant lire l'amendement que le député de Saint-Jean a fait
tantôt au sujet du préambule du projet de loi. C'est modifier le
préambule du projet de loi 222 en biffant les mots: "Attendu que cette
demande reçoit l'appui du ministre fédéral de la
Défense nationale". Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Ryan: Approuvé.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Très
bien. Nous allons maintenant aborder l'étude de l'article 1. D'accord,
le préambule tel qu'amendé est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté.
M. Proulx: L'article 1.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 1?
M. Proulx: Moi, je l'accepte tel quel. Je voudrais faire ajouter
à l'article 1 l'alinéa suivant: "Le ministre, après avis
du Conseil des universités, peut autoriser le collège à
décerner tout autre grade, diplôme ou certificat universitaire."
Je pense que j'ai l'avis favorable du ministre. M. le député
d'Argenteuil, accepteriez-vous cet amendement, cet ajout?
M. Ryan: J'ai une question à poser. D'après la loi
existante, est-ce que le ministre a le pouvoir de décider seul? Est-ce
que, d'après la loi actuelle, le ministre a le pouvoir de décider
seul si une institution pourra décerner des diplômes de
deuxième ou troisième cycle? Est-ce que cela ne prend pas des
modifications à la charte d'une institution?
M. Bérubé: Le ministre n'a pas de pouvoir comme tel
autrement que par les règles budgétaires. La seule chose, c'est
qu'en vertu de la loi sur le financement des universités, on doit
demander un avis au
Conseil des universités en ce qui a trait à l'approbation
des programmes. Si je ne me trompe pas, je pense qu'on pourrait le demander au
président du Conseil des universités, c'est uniquement par le
biais du financement que le ministre pourrait décider de
"définancer" certains programmes, par exemple. C'est après avis
du Conseil des universités concernant l'approbation des programmes, mais
cela se limite à cela. Le seul avis que donne le Conseil des
universités, c'est un' avis portant sur la pertinence d'accepter un
nouveau programme aux fins du financement. Le "définancement" est un peu
plus mystérieux. Moi, je poserais la question au président du
Conseil des universités parce que je n'ai jamais eu de problème
semblable. Est-ce qu'on peut appliquer le raisonnement qu'on applique au
financement des universités à leur "définancement"?
M. L'Écuyer: II s'agit là d'une déclaration
d'un ministre qui vous a précédé, à savoir que les
programmes qui ne recevraient pas l'approbation du ministre, après avis
du conseil, ne seraient pas financés. Évidemment, le cas ne s'est
jamais posé, mais on peut présumer qu'un programme qui ferait
l'objet d'une recommandation négative et que le ministre accepterait,
même si c'est un programme existant, pourrait être
"définancé".
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Moi, je serais plutôt d'avis....
M. Bérubé: On me dit que ce n'est pas par la loi,
mais uniquement par des règles budgétaires, donc, modifiables
n'importe quand par le gouvernement. On est plutôt dans le domaine de la
coutume plutôt que dans le domaine du droit.
M. Ryan: Moi, mon inclination serait plutôt, par la loi qui
sera adoptée aujourd'hui, de voir à ce que le collège
militaire soit autorisé à décerner des diplômes de
premier cycle universitaire, quels qu'ils soient, pour les membres des Forces
armées canadiennes. Il me semble que c'est ça l'esprit de la
demande qui nous a été faite et qu'on réserve l'examen
d'autres possibilités pour un autre stade qui pourra venir dans trois
ans, dans cinq ans, dans dix ans, on ne le sait pas. Je n'irais pas trop
au-devant des choses. On est à un stade où on se dit: On a
déjà du dédoublement qui se fait à bien des
endroits et ce sont des dépenses. Il y en a qui disent: C'est le
fédéral qui va dépenser, ça ne fait rien, mais
ça vient tout de même de la poche du contribuable. Quand on veut
développer au niveau du deuxième, du troisième cycle, cela
prend un déploiement de ressources beaucoup plus grand, tellement grand
que pour le moment vous ne l'envisagez pas, vous autres. Je me dis: Si vous
aviez déjà un champ clair concernant les diplômes de
premier cycle, je pense que cela ferait déjà un
développement considérable et on aurait amplement le temps
d'examiner d'autres développements éventuels, s'ils devenaient
désirables à vos yeux, dans le même esprit d'ouverture
qu'on prend aujourd'hui. Je ne voudrais pas...
M. Proulx: Est-ce qu'on pourrait demander le point de vue du
général Parent là-dessus?
M. Ryan: Oui, oui, sûrement, et celui de M. Benoît
également. Cela m'intéresserait beaucoup.
M. Proulx: Oui, de M. Benoît aussi. C'est fondamental.
Comment voyez-vous cette position du député d'Argenteuil?
M. Parent (Rodolphe): II n'y a aucun doute dans notre
pensée, après avoir lu la loi adoptée en Ontario et celle
adoptée en Colombie britannique, que nous espérions avoir une
liberté de développement ou de modifications assez large, vu
qu'il n'y avait aucune condition de financement au niveau provincial et aucune
possibilité de conflit avec nos diplômés. Par contre, je
suis très ouvert à la suggestion de laisser la situation ouverte
quant au baccalauréat et je suis tout à fait prêt à
suivre la procédure normale des universités du Québec pour
l'obtention du deuxième ou du troisième cycle.
M. Proulx: ...par une autre loi. M. Ryan: Pardon?
M. Proulx: II faudrait revenir par une autre loi.
M. Ryan: Oui, c'est sûr. Pour un autre cycle, oui.
M. Parent (Rodolphe): Je crois que, s'il fallait adopter une loi
pour avoir les deuxième et troisième cycles, cela serait une
restriction qui serait encore au désavantage des Canadiens
français qui sont passés chez nous et qui, dans quelques
années, avec l'évolution de notre institution, auraient à
refaire le cheminement qu'on a à faire pour le premier cycle.
M. Ryan: M. le Président, je vais vous poser un
problème. Supposons que vous arriviez à développer le
deuxième cycle en génie, par exemple, et qu'on s'aperçoive
que, pour former vos étudiants en génie, cela coûtera 20
000 $ par tête, par année, alors que, dans le système
universitaire québécois
régulier, il en coûte 7000 $. J'y penserais par deux fois
avant de donner le blanc-seing du gouvernement à cela, sans exemen. Il
me semble que, rendu à ce stade, vous pourriez...
M. Parent (Rodolphe): ...
M. Ryan: ...si vous voulez me permettre, je vais juste terminer.
Vous pourriez très bien décider que vous allez inscrire votre
candidat à l'École polytechnique à Montréal,
à l'école de génie à Laval ou à
l'école d'engineering à McGill. Il recevrait une tout aussi bonne
formation rendu à ce stade avancé qui demande un
déploiement de ressources en laboratoires et en professeurs
spécialisés beaucoup plus grand. Il me semble qu'on doit se
ménager un petit peu de garanties d'économie de ce
côté. J'avais cru comprendre que le besoin auquel on veut
répondre aujourd'hui n'est pas celui-là; il n'était
d'ailleurs pas évoqué dans le texte qui nous a été
soumis. C'est la façon dont je vois cette affaire.
Je trouve que c'est trop facile pour un gouvernement de dire: Ils feront
ce qu'ils voudront, c'est Ottawa qui paie. Quand c'est Ottawa qui paie, c'est
moi qui paie autant que quand c'est Québec ou quand c'est le maire
Drapeau à Montréal. Je pense que, dès qu'on comprendra que
c'est le même portefeuille du contribuable qui est affecté, on
fera un pas vers une certaine rationalité.
M. Parent (Rodolphe): Nous avons essayé, l'année
passée, d'avoir un programme de deuxième cycle, de dispenser le
MBA au collège militaire et cela a été refusé par
Ottawa. Ce sont à peu près les mêmes principes de
contrôle puisque c'est Ottawa qui donne le financement et il nous a
refusé. Je vois une double protection si on force le collège
à revenir avec une loi au niveau de la province. En plus de convaincre
les autorités en poste à Ottawa de débourser les fonds
nécessaires qui pourraient... Il faut toujours se rappeler qu'on est en
concurrence avec les deux autres collèges militaires. Si nos
étudiants ne viennent pas chez nous pour un deuxième cycle, ils
vont aller à Kingston et ils vont le faire en anglais.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, la dernière remarque
est intéressante. Cependant, j'étais en train de me demander si
la formulation de l'amendement proposé à l'article 1 n'est pas
trop large. Si on lit bien: Le ministre, après avis du Conseil des
universités, peut autoriser le collège à décerner
tout autre grade, diplôme ou certificat universitaire. On ne mentionne
pas, je ne pense pas que ce soit implicite, d'après
l'interprétation qu'on doit faire de nos lois, qu'il s'agirait, dans ces
cas, de grades, diplômes ou certificats universitaires s'adressant aux
membres des forces armées, notamment.
Une voix: ...
M. Paquette: Oui, mais ce n'est pas simplement le fait d'ajouter
un alinéa, par concordance... On va peut-être avoir un avis
là-dessus.
Le Président (M. Charbonneau): Ce qui est...
M. Proulx: Je m'excuse. L'article 1 dit...
M. Paquette: Je pense que la formulation est très large,
de toute façon.
M. Proulx: ...aux membres des forces armées. Je m'excuse,
si c'est inclus, c'est implicite. C'est implicite, M. Paquette.
Le Président (M. Charbonneau): Sur ces propos, je vais
laisser tout le monde réfléchir. Comme il est 18 heures, nous
allons suspendre les travaux de la commission jusqu'à 20 heures. Ce sera
dans la salle 101-B. Donc, nous reprendrons et sans doute terminerons-nous
l'étude détaillée de ce projet de loi. Par la suite, nous
engagerons l'étude du projet de loi 223 qui concerne la CECM.
M. Bérubé: Dois-je conclure, M. le
Président, que les engagements financiers qui devaient être
examinés à cette commission sont remis sine die?
Le Président (M. Charbonneau): Ils ne sont pas remis sine
die, ils sont remis à plus tard dans la soirée. Cela fait
déjà sine die souvent... Cela serait plutôt vers 21 h 30,
M. le ministre, que vers 20 heures.
Une voix: On veut vous revoir ce soir. (Suspension de la
séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant suffisamment fêté nos collègues, nous
allons reprendre avec grand sérieux. Cela va être très
difficile, ce soir.
Une voix: ...
Le Président (M. Charbonneau): Oui, oui, je vois cela.
Une voix: ...
Le Président (M. Charbonneau): C'était jadis;
aujourd'hui, c'est le karaté.
Une voix: Nouvelle vague.
Le Président (M. Charbonneau): Nous allons reprendre
l'étude du projet de loi sur le collège militaire Royal de
Saint-Jean. Je pense que nous en étions à la discussion sur
l'amendement qui a été présenté par l'honorable
député de Saint-Jean.
M. Proulx: Alors, l'amendement que je vous ai donné, M. le
Président, je le retire. Il se lisait comme suit: Le ministre,
après avis du Conseil des universités, peut autoriser le
collège à décerner tout autre grade... Je retire cet
amendement, après moult consultations qui ont duré des heures, et
j'en propose un autre: "Sur l'avis du Conseil des universités, le
ministre peut modifier la liste ou ajouter à la liste des grades,
diplômes ou certificats universitaires du premier cycle que le
collège est autorisé à décerner."
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Même si j'ai des
doutes sur...
M. Proulx: Sur quoi?
Le Président (M. Charbonneau): ...le fait que vous soyez
peut-être en conflit d'intérêts avec...
M. Bérubé: Non, absolument pas, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Non, je pense que cela
va.
M. Proulx: M. Ryan, est-ce que vous avez
écouté?
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que vous avez une
copie de votre amendement?
M. Proulx: Oui, je l'ai écrit. Voulez-vous que je le
répète?
Le Président (M. Charbonneau): Je pense que ce serait
préférable, oui.
M. Ryan: Si on pouvait l'avoir par écrit, ce serait encore
mieux...
M. Proulx: Oui, parce que je l'ai écrit à la
main.
Le Président (M. Charbonneau): Vous ne l'avez pas par
écrit?
M. Ryan: ...selon les formes. Pardon?
M. Proulx: Je l'ai remis au propre, là. Voulez-vous que je
le relise?
M. Ryan: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): Si vous pouvez le lire
tranquillement, pour qu'on puisse en prendre note.
M. Proulx: "Sur l'avis du Conseil des universités, le
ministre peut modifier la liste ou ajouter è la liste des grades,
diplômes ou certificats universitaires du premier cycle que le
collège est autorisé à décerner."
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Je pense que,
d'abord, il est recevable, à sa face même. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: II n'y a qu'une chose que je voudrais éviter ici,
et je ne suis pas sûr que la formulation nous l'assure. Je voudrais
éviter que le ministre puisse, unilatéralement, décider de
faire disparaître tous les grades qui peuvent être octroyés
en vertu du projet de loi qu'on adopte. Là, il y en a huit qui sont dans
la liste. Si on adopte l'amendement comme il est proposé, le ministre
peut modifier la liste ou ajouter à la liste...
M. Proulx: Sur l'avis du Conseil des universités.
M. Ryan: ...sur l'avis du Conseil des universités.
M. Proulx: C'est cela qui est fondamental. Sur l'avis du Conseil
des universités, le ministre peut modifier la liste ou ajouter à
la liste... Le ministre ne peut pas bouger avant d'avoir l'avis du Conseil des
universités.
M. Bérubé: C'est plus restrictif que la loi
actuelle, car la loi actuelle n'oblige nullement le ministre à prendre
avis du Conseil des universités quand il s'agit de supprimer un
programme. Quand il s'agit de créer un programme, la loi sur le Conseil
des universités prévoit une procédure de création
de nouveaux programmes sur approbation du Conseil des universités, ce
qui entraîne le financement, je dirais, quasi automatique, mais non
nécessaire. Mais pour la suppression d'un programme, à l'heure
actuelle, c'est par convention qu'on accepte de consulter le Conseil des
universités. Dans le cas présent, on irait plus loin que cette
convention, on inscrirait cette convention dans la loi. On dit: Le ministre ne
peut pas bouger s'il n'a pas eu un avis du Conseil des universités.
M. Ryan: Regardez, il y a deux choses. En vertu de l'article 1,
le collège militaire est autorisé à décerner des
grades, diplômes, etc., dans huit catégories. Il est
autorisé, il n'est pas obligé de le faire. Disons qu'il en
décerne dans huit catégories aujourd'hui et qu'il veuille en
décerner seulement dans six catégories, dans deux ans. Il n'a de
permission à demander à personne, il n'est pas obligé de
se mettre à genoux devant le ministre et le Conseil des
universités. Je voudrais que cela soit bien préservé. Je
ne sais pas si l'amendement n'ouvre pas la porte à des amputations qui
pourraient venir du ministre là-dedans.
M. Bérubé: Le seul problème que je peux
voir...
M. Ryan: Je ne voudrais pas qu'on adopte une liste...
M. Bérubé: ...avec un tel amendement, c'est le cas
suivant: si on veut absolument prêter la plus absolue mauvaise foi aux
générations futures qui nous succéderont ici à
l'Assemblée nationale, on pourrait imaginer que le gouvernement ait
systématiquement choisi au Conseil des universités des gens
à sa solde et qu'il obtienne un avis téléguidé du
Conseil des universités lui recommandant de fermer les huit programmes,
qu'il décide, à ce moment, de fermer les huits programmes, ce
qui, en un sens, annulerait l'autorisation législative
conférée au collège en ce qui touche l'octroi de grades,
cela, c'est clair, c'est possible.
Cependant, de deux choses l'une: ou on fait une loi fermée et on
dit: Voici les grades où le collège peut décerner des
titres, cependant, il n'y a plus moyen de bouger, ou, au contraire, on dit: Le
collège militaire Royal est soumis aux mêmes contraintes que les
autres universités. S'il devait se produire qu'un grade ne soit pas de
la qualité requise, tel que le Conseil des universités l'exige,
à ce moment, le gouvernement peut être amené à ne
pas reconnaître ce grade. C'est tout.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Deux-Montagnes, juste pour permettre de terminer l'échange et, par la
suite, je vous reconnaîtrai.
M. Ryan: Savez-vous qu'en y pensant comme il faut j'aimerais
mieux que ce qui est donné par la loi ne puisse pas être
modifié par une décision ministérielle. Si, par exemple,
il y a huit diplômes qui peuvent être octroyés, très
bien, on ne touche pas à cela. Si on veut ajouter: "Sur l'avis du
Conseil des universités, le ministre peut ajouter à la liste des
diplômes, certificats ou grades de premier cycle que le collège
est autorisé à décerner", j'accepterais cela volontiers,
mais le reste, eux vont être capables de s'arranger avec cela et ils vont
être assurés qu'il n'y aura pas d'ingérence dans leur
affaire, pas plus qu'il n'y en a dans la vie des autres universités dans
ce domaine. Je voudrais que ce soit strictement la même chose que pour
les autres, le même régime.
M. Bérubé: Je pense que c'est le résultat de
l'amendement qui est proposé. Autrement, ce que cela veut dire, c'est
que, quels que soient les programmes décernés par le
collège militaire Royal, ces programmes échappent au
contrôle du Conseil des universités.
M. Ryan: C'est la même chose, les programmes de
baccalauréat que l'Université de Montréal maintient
échappent au contrôle du Conseil des universités, sauf pour
les fins d'études générales comme celles qui sont
commencées.
M. Bérubé: Non. On me dit, ce soir, lorsque nous
siégeons en commission parlementaire, par exemple, qu'à plusieurs
reprises le Conseil des universités avait recommandé
l'élimination de certains programmes d'études et que,
subséquemment, le ministère y avait donné suite en
supprimant le financement. On me dit que c'est ce qui existe à l'heure
actuelle vis-à-vis de toutes les universités.
M. Ryan: M. le Président, ce n'est pas le pouvoir qui est
défini dans la loi sur le Conseil des universités. Vous
êtes obligé de le consulter pour de nouveaux programmes...
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: ...que veulent introduire des universités. Le
reste va sous le rôle général de recommandations du Conseil
des universités, mais je ne le mettrais pas dans la loi. Je n'irais pas
plus loin que pour les autres. C'est ce que serait ma position.
M. Bérubé: Pourriez-vous expliciter
l'amendement?
M. Ryan: Oui. Si c'était formulé comme suit: "Sur
l'avis du Conseil des universités, le ministre peut ajouter à la
liste des grades, diplômes ou certificats de premier cycle que le
collège est autorisé à décerner", je ne verrais pas
de problème du tout.
Le Président (M. Charbonneau): Au lieu de dire: peut
modifier ou ajouter, c'est juste "peut ajouter".
M. Proulx: Répétez-moi cela lentement,
M. Ryan, répétez donc celai
M. Ryan: Vous laisseriez juste tomber les mots "modifier la
liste".
M. Proulx: D'accord. Sur l'avis du Conseil des
universités, le ministre peut...
M. Ryan: Ajouter. M. Proulx: ...ajouter.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Deux-Montagnes, est-ce que vous vouliez intervenir sur le même
sujet?
M. de Bellefeuille: ...
M. Proulx: Peut ajouter à la liste des grades, seulement
cela?
M. Ryan: Des grades, diplômes ou certificats.
M. Proulx: Alors, je répète: Sur l'avis du Conseil
des universités, le ministre peut ajouter à la liste des grades,
diplômes ou certificats. C'est cela?
M. Ryan: De premier cycle...
M. Proulx: Oui, oui, des grades, diplômes ou certificats
universitaires de premier cycle que le collège est autorisé
à décerner.
M. de Bellefeuille: M. le Président, c'est ce que je
voulais proposer.
M. Proulx: Pierre, je ne te reconnais plus.
M. Ryan: Nos esprits se sont rencontrés une fois de
plus...
M. Proulx: Les grands esprits...
M. Ryan: ...ayant été votre discours d'hier.
M. Proulx: C'est l'osmose de deux grands cerveaux.
M. Ryan: Pas nécessairement grands, mais amusants.
Amusants et amusés.
Le Président (M. Charbonneau): Sur l'osmose, est-ce qu'on
pourrait considérer... M. le ministre, est-ce que vous avez des
objections?
M. Bérubé: Pas de problème.
Le Président (M. Charbonneau): Pas de problème?
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Proulx: Je le répète pour qu'il soit très
clair. Pierre, écoute-moi! "Sur l'avis du Conseil des
universités, le ministre peut ajouter à la liste des grades,
diplômes ou certificats universitaires du premier cycle que le
collège est autorisé à décerner." Est-ce que, M. le
général, vous accepteriez cela?
M. Parent (Rodolphe): D'accord. M. Proulx: Marcel?
M. Bérubé: II faut comprendre que, pour
l'Opposition, c'est clair. Ce que cela veut dire aussi, c'est qu'une fois
même qu'un programme serait approuvé il ne pourrait jamais
être supprimé. Cela veut donc dire qu'il n'y a plus aucun
contrôle du Conseil des universités sur les programmes existants.
C'est cela que cela veut dire.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Ryan: En réponse à la question du ministre,
j'offrirais les éléments suivants: Tout d'abord, le
collège, qui est réputé responsable au même titre
que les autres universités, peut décider de mettre fin à
tel programme s'il estime qu'il n'est plus utile ou que lui n'est plus en
mesure de le donner. Donc, il peut disparaître de ce
côté-là. Deuxièmement, les programmes que le
collège maintient tombent sous le rôle général de
recommandation et d'examen du Conseil des universités. Si le Conseil des
universités... Excusez-moi, est-ce que je peux continuer mon point de
vue?
Une voix: Ne vous gênez pas! Une voix:Il n'y
a pas de danger! Une voix:On s'ennuie quand on...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Jean, vous devriez savoir que le député de Matane et le
député d'Argenteuil ne se chicanent jamais.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Ryan: II est pacifique depuis quelques jours! Ce que j'allais
dire, c'est: Supposez que le Conseil des universités fasse une
étude sur les études de génie de premier cycle. Il va
demander des renseignements au collège militaire Royal et il peut
émettre des opinions. Il n'est pas du tout empêché
d'émettre des opinions, mais son opinion ne sera pas contraignante, ni
pour le ministre, ni pour eux. C'est une opinion.
M. Bérubé: Exactement. La conséquence de
cela est que le Conseil des universités va
devoir, à partir de la volonté du législateur de
reconnaître tel ou tel programme, en tenir compte et ne plus, à ce
moment-là, aller à rencontre de la volonté du
législateur. Le législateur ayant décidé que tel
programme est reconnu, c'est fini, le programme est reconnu. Le Conseil des
universités, à ce moment-là, ne pourra pas émettre
de recommandation à l'encontre parce qu'à ce moment-là il
irait à l'encontre d'une loi.
M. Ryan: Mais non! M. Bérubé: Mais oui!
M. Ryan: Je regrette infiniment, mais je diffère
d'opinion. Il ne peut pas le changer, parce que c'est dans la loi, mais il peut
très bien recommander au gouvernement de changer la loi. Cela fait
partie de ses attributions. On ne veut pas qu'il y ait plus que cela. Le
ministre non plus.
M. Bérubé: L'expérience me dit que nos
conseils ont tendance à respecter les lois et à les prendre
telles qu'elles sont. C'est-à-dire qu'ils en analysent le sens et,
subséquemment, leur mandat est défini dans le cadre... Il
faudrait qu'il y ait une demande gouvernementale spécifique
d'étude, je pense. Mais, il n'y a pas de problème pour moi. Je
vous dis qu'il faudrait juste voir les implications.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que, dans ce
cas-là, l'amendement est adopté?
M. Proulx: Merci. L'amendement est adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté? M.
Proulx: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Est-ce
que l'article 1 tel qu'amendé est adopté? M. le
député de Deux-Montagnes.
Une voix: II y a un autre ajout.
Le Président (M. Charbonneau): Attention, M. le
député...
M. de Bellefeuille: M. le Président, je ne voudrais pas
taxer indûment votre patience, mais, très rapidement, je voudrais
demander de faire vérifier si le "e" du mot "ès" prend un accent
grave et si, au besoin, le texte du projet de loi sera corrigé en
conséquence.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Deux-Montagnes, connaissant votre grande culture, je serais plutôt
porté à prendre votre avis qu'à me fier à mon
opinion.
M. de Bellefeuille: À mon avis, il y a un accent
grave.
M. Ryan: À mon avis aussi.
Le Président (M. Charbonneau): Connaissant le
député d'Argenteuil, aussi, pour sa rigueur d'écriture,
deux avis de ma gauche devraient prévaloir.
M. Bérubé: L'orthographe est vraiment sa force.
M. de Bellefeuille: Ah, vraiment!
M. Ryan: C'est un début. Il y en a qui n'ont même
pas cela!
M. Proulx: Le député de Deux-Montagnes sait mettre
de l'accent dans nos débats.
Le Président (M. Charbonneau): L'avis de notre juriste
émérite et secrétaire de commission, Me Giguère,
étant que le président, de sa griffe, peut simplement ajouter cet
accent manquant, nous allons saupoudrer le projet de loi des accents qui vont
l'assaisonner adéquatement. L'assaisonnement étant fait, est-ce
que l'article 1 tel qu'amendé...
M. Proulx: Non.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a un autre
amendement?
M. Proulx: Oui, monsieur. À l'article 1.1, ajouter ceci:
"Le collège est également...
Le Président (M. Charbonneau): Donc, M. le
député de Saint-Jean, je vous ferai remarquer que l'article 1.1,
dans ce cas-là, sera un nouvel article dans la renumérotation. On
va donc plutôt adopter l'article 1 tel qu'amendé et vous arriverez
avec un article additionnel qui sera l'article 1.1.
M. Proulx: L'article 1.1?
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela.
M. Proulx: D'accord. Vous êtes bon là-dedans.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'article 1 tel
qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté? Très
bien. (20 h 30)
M. Proulx: Vous êtes content, mon
général?
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Jean.
M. Proulx: Ajouter ceci: "Le collège est également
autorisé à décerner tout grade honorifique qu'il juge
approprié." Je tiens à dire que c'est sur la recommandation
très chaleureuse et insistante de l'honorable député
d'Argenteuil que ceci a pu être inscrit, n'est-ce pas? Nous avons
discuté de longues heures, ce midi, à la table, en
commensaux.
Le Président (M. Charbonneau): En tête à
tête?
M. Ryan: Je voulais, M. le Président, embellir les
perspectives d'avenir du député de Saint-Jean.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Charbonneau): Que nous souhaitons
tous...
M. Ryan: Blague à part, je pense que c'est bon que le
collège ait cette faculté pour que son rôle soit mieux
apprécié dans la communauté, aux yeux de l'opinion
publique...
M. Proulx: Vous avez raison.
M. Ryan: ...et, deuxièmement, qu'il puisse se gagner ou
reconnaître des appuis qu'il aurait reçus de manière
tangible. Je pense que cela peut être un moyen très utile. C'est
un moyen dont se servent les autres institutions de haut savoir; je pense que
c'est bon qu'il puisse en disposer lui aussi.
M. Proulx: Vous avez dit tout ce que j'avais à dire, mais
d'une façon meilleure.
Le Président (M. Charbonneau): L'honorable
député de Saint-Jean pourra, éventuellement, être
docteur ès militaire. Est-ce qu'il y a d'autres remarques sur l'article
1.1? Est-ce que l'article 1.1 est adopté? Très bien, l'article
1.1 est adopté. Il reste l'article 2. Est-ce que l'article 2 est
adopté? Adopté?
M. Ryan: Cela va très bien, l'article 2.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 2 est
adopté.
M. Proulx: Pas de problème.
Le Président (M. Charbonneau): L'article 3? Je signale aux
membres de la commission que...
M. Ryan: II y a une chose que je voudrais dire à propos de
l'article 2, si vous me le permettez.
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Ryan: Pour les fins législatives, il est dit clairement
que le collège n'aurait pas le statut d'établissement
universitaire au sens de la Loi sur les investissements universitaires qui
l'autoriserait à toucher des subventions au titre des investissements
universitaires versés par le gouvernement du Québec;
deuxièmement, que ce statut ne le rend pas non plus admissible à
des subventions du gouvernement québécois aux
universités.
Je vous dirai que, personnellement, je ne fermerais pas la porte
à des subventions éventuelles, même si ce n'était
pas rigoureusement les subventions de fonctionnement qui sont versées
aux universités reconnues à ces fins. S'il arrivait que le
gouvernement du Québec veuille reconnaître les services
particuliers qu'on rend dans telle ou telle discipline et qu'il décide
de verser, à un moment donné, une subvention X, je ne voudrais
pas que ceci veuille dire qu'il est exclu de toute subvention. C'est ce que je
crains un peu, dans l'article, tel qu'il est formulé. Je comprends
l'idée qu'il n'est pas admissible, au même titre que les autres
universités, aux subventions de fonctionnement, mais je ne sais pas si
on devrait... Tel que cela est formulé ici, c'est à toute forme
de subvention. Je pense qu'il faut laisser la possibilité à un
gouvernement québécois éventuel... Si vous voulez
m'expliquer cela.
M. Bérubé: Oui. La présente loi n'a pas pour
effet de rendre admissible à des subventions.
Le Président (M. Charbonneau): Elle n'a pas pour effet non
plus de le lui interdire.
M. Bérubé: Elle n'a pas pour effet non plus de lui
interdire d'en recevoir. La présente loi, en soi, ne le rend pas
admissible, mais elle n'exclut pas la possibilité qu'il le devienne.
M. de Bellefeuille: C'est jésuitique, tout cela, sans
vouloir...
M. Bérubé: Non.
M. Ryan: Est-ce que vous auriez objection, M. le
Président...
Le Président (M. Charbonneau): Nous, c'était chez
les eudistes.
M. Bérubé: Je ne connais pas vos origines, M. le
député de Deux-Montagnes, mais enfin...
M. Ryan: M. le Président, j'ai posé une question au
ministre.
Mme Lavoie-Roux: II vient de Loyola.
M. Ryan: J'ai posé une question au ministre et...
M. Bérubé: La présente loi n'est pas de
rendre admissible à des subventions, c'est tout.
M. Proulx: Je pense que c'est clair.
M. Ryan: M. le Président, ce serait plus clair dans mon
esprit si on écrivait "ni de rendre le collège admissible aux
subventions de fonctionnement du gouvernement québécois aux
universités"; c'est le terme consacré dans notre jargon
administrativo-légal. Si le ministre n'avait pas d'objection, j'aimerais
mieux cela. Cela ne le rend pas davantage admissible aux autres, non. Cela
indique plus clairement ce qu'on vise ici.
M. Proulx: C'est plus restrictif, aux subventions de
fonctionnement.
M. Ryan: Cela ne vous fait rien.
M. Bérubé: Je l'ignore. Chaque fois que le
législateur parle pour ne rien dire il se nuit à lui-même.
Or, le simple fait de dire que l'effet de la présente loi n'est pas de
rendre admissible à des subventions du gouvernement est clair. L'effet
n'est pas de rendre admissible, ce qui ne veut pas dire que le gouvernement ne
peut pas donner des subventions. Tout ce que cela dit, c'est que le simple
effet de cette loi n'est pas de rendre admissible, mais toute autre
décision gouvernementale, toute autre loi peut rendre le collège
admissible. Donc, c'est clair, c'est limpide, c'est général. Je
sais que le député d'Argenteuil souffre d'une fâcheuse
propension à ajouter beaucoup de mots qui, malheureusement, n'ajoutent
pas et, au contraire, peuvent souvent, lorsque analysés par des
légistes retors, présenter des pièges à
l'administration des lois, qui compliquent finalement l'existence
ultérieure.
M. Ryan: Je vais laisser la parole au député de
Deux-Montagnes et ensuite...
M. de Bellefeuille: II me semble que c'est Montesquieu qui disait
que les lois doivent être rédigées pour les personnes de
simple entendement. Une personne de simple entendement comme moi, lisant cela -
si c'est devenu la loi - en conclut que le collège ne peut pas recevoir
de subventions du gouvernement québécois aux universités.
C'est ce que cela veut dire. On peut faire les entourloupettes que le ministre
tente de l'écrire mais ce n'est pas cela. Cela dit que le collège
ne peut pas. Je suis d'accord avec le député d'Argenteuil parce
qu'on peut parfaitement imaginer une situation où, au titre de la
recherche, par exemple, le gouvernement souhaiterait, pour des raisons
complètement valables, subventionner de quelque façon ce
collège.
M. Bérubé: Parfaitement.
M. de Bellefeuille: Je ne voudrais pas que la loi l'interdise ou
paraisse l'interdire.
M. Proulx: C'est possible. Comme parrain de la loi j'accepte
votre intervention. C'est beaucoup plus fort que les accents de tout à
l'heure.
M. de Bellefeuille: Ce sont les subventions de
fonctionnement.
M. Ryan: Accepteriez-vous en conséquence d'ajouter les
mots "subventions de fonctionnement"?
M. Proulx: Oui, j'accepterais cela. Si, dans dix ans, le
gouvernement veut donner une subvention au collège militaire pour faire
une recherche dans un cas bien précis, c'est possible. Si des hommes
veulent faire une recherche...
M. Bérubé: Cela ne dit rien. Maintenant, je vais
essayer de me mettre dans la position de quelqu'un qui voudrait contester la
loi. Puisque le législateur a pris la peine de dire que la
présente loi n'a pas pour effet de le rendre admissible à des
subventions gouvernementales, cela veut donc dire que la présente loi a
pour effet de le rendre admissible aux autres. Donc, quelqu'un pourrait plaider
que ces gens y ont droit.
Je vais prendre la contrepartie juridique. À l'heure actuelle on
dit que la loi n'a pas pour effet de rendre admissible. Donc, par sa seule
existence, le collège ne devient pas, demain, admissible à des
programmes auxquels il n'avait pas droit antérieurement. Cet
article-là ne dit pas qu'il ne peut pas être admissible en vertu
d'autres lois du Québec. Il dit que, du simple fait qu'on a
adopté cette loi, il ne faut pas l'interpréter comme voulant dire
que, maintenant, le collège est admissible à des programmes de
subventions. Ceci nous force nécessairement à aller voir dans les
autres lois pour voir si, oui ou non, il est admissible.
Le Président (M. Charbonneau): II ne faudrait
peut-être pas oublier par ailleurs
qu'on fait état ici, dans l'article, du statut
d'établissement universitaire au sens de la Loi sur les investissements
universitaires. On ne parle pas de n'importe quoi.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Ryan: Si le paragraphe finissait là, il n'y aurait
aucun problème. Ce sont les deux autres lignes qui créent
problème, M. le Président.
M. Bérubé: Non. Le président a parfaitement
raison. Plus on va gratter et plus on va découvrir des failles.
L'article 2 dit: "La présente loi n'a pas pour effet de conférer
au collège militaire Royal de Saint-Jean le statut
d'établissement universitaire au sens de la Loi sur les investissements
universitaires...". On se réfère à une loi
précise.
M. Ryan: Oui, très bien.
M. Bérubé: Dans cette loi il n'y a pas de
subventions de fonctionnement, ce sont des subventions d'immobilisation. De
plus, il n'y a pas de loi couvrant les subventions de fonctionnement à
l'heure actuelle, ici, votée par cette Assemblée nationale. En
conséquence, on fait référence à quelque chose qui
n'est pas couvert par une loi. Il me semble que c'est - je ne sais pas, je ne
suis pas juriste - clair et net. Le simple fait d'adopter cette loi ne rend pas
le collège admissible à des subventions. Voilà, c'est
tout! Si maintenant on veut que le collège devienne admissible à
des subventions, il faut le couvrir dans le cadre des autres lois. C'est tout.
D'ailleurs, je vous soulignerais que c'est parmi les recommandations du Conseil
des universités. Il me semble que c'est clair et que cela a l'avantage
d'être très simple et de ne pas porter à confusion. Si on
commence à dire: N'a pas pour effet de rendre admissible à des
subventions de fonctionnement, donc, on vient de dire qu'il doit être
maintenant admissible à d'autres subventions. Il va falloir regarder,
par exemple, la Loi sur les investissements universitaires et décider
que, maintenant, aux fins d'investissement et d'immobilisation, le
collège militaire Royal est donc assujetti à la Loi sur les
investissements universitaires puisqu'on vient de dire qu'il n'est pas
admissible, qu'il est admissible par la négative à cette autre
loi. C'est le problème d'ajouter des mots.
M. Ryan: Le problème, quand on ne met pas de
précision, c'est que cela peut vouloir dire n'importe quoi. On n'est pas
plus avancé.
Prenons cela dans la réalité concrète. Les
subventions du gouvernement aux universités, il y a les subventions de
fonctionnement, il y a les subventions pour fins d'investissement et il y a les
autres subventions.
M. Bérubé: Les subventions pour la recherche.
M. Ryan: Les subventions de fonctionnement, c'est à peu
près 90 % ou 92 % du total. Les subventions d'investissement, c'est B %
ou 10 % du total; c'est moins que cela, 5 %. Le reste, si c'est 1 % ou 2 %,
c'est tout. Je pense que dans l'ordre de grandeur on s'entend assez bien.
Ce que je voudrais que cette loi entraîne comme effet, c'est la
possibilité pour le collège militaire Royal de Saint-Jean d'avoir
accès aux subventions autres. Aux subventions de fonctionnement, nous
comprenons, son budget de fonctionnement lui vient de l'État
fédéral au titre des services qu'il rend aux Forces
armées. Pour le reste, disons qu'on a un programme de promotion
d'excellence au niveau du baccalauréat en sciences appliquées et
qu'on trouve qu'au collège militaire Royal de Saint-Jean une subvention
de 50 000 $ permettrait d'ajouter des éléments très
précieux au programme cette année-là. Si on avait
écrit clairement ici: Ni de le rendre admissible aux subventions de
fonctionnement du gouvernement, ces gens sauraient très bien à
quoi s'en tenir, ils n'ont pas d'affaires aux subventions de
fonctionnement.
Pour le reste, le gouvernement n'est pas obligé de leur en
donner, mais au moins ils pourraient se présenter et ils ne se feraient
pas dire par le ministre: Dans ma loi, je ne peux pas vous donner cela,
regardez ce qui est écrit. Vous n'êtes pas admissibles à
des subventions du gouvernement. On ne peut pas toucher à cela. C'est
là que je trouve que les légistes peuvent nous rendre de
très mauvais services quand ils nous ferment trop les portes là
où l'intelligence suggérerait de les garder ouvertes.
Si vous êtes capables de nous... C'est le but que nous
poursuivons, quelque chose de clair, et qu'eux, sauf pour le financement
régulier, soient considérés sur un pied
d'égalité, qu'ils soient chez eux au Québec comme les
autres institutions. Il n'y a pas d'obligation pour le gouvernement, mais ils
vont savoir qu'ils peuvent avoir un dialogue ouvert et ils s'attendront
à une réponse judicieuse.
Le Président (M. Charbomeau): M. le ministre.
M. Bérubé: Toute...
M. Ryan: Si vous avez une autre formule pour améliorer ce
qui est là, je ne tiens pas à celle que je propose, mais je
trouve que celle-ci est extrêmement ambiguë.
M. Bérubé: Toute institution, quelle qu'elle soit,
privée, publique, le collège militaire Royal de Saint-Jean, quel
que soit l'organisme, est admissible aux subventions du gouvernement dans le
cadre des lois votées par ce Parlement. Aucune de ces lois, à
moins qu'elle ne soit explicite, n'exclut le collège militaire Royal de
Saint-Jean.
Le présent article ne vise qu'à dire deux choses: Qu'il
n'a pas pour effet de conférer un statut et qu'il n'a pas pour effet en
lui-même de rendre admissible. Il ne dit pas qu'une autre loi ne peut pas
rendre admissible à des subventions gouvernementales, il dit: Ce
présent projet de loi n'a pas pour effet de rendre admissible. (20 h
45)
Maintenant, si on fait attention et qu'on examine la proposition du
député d'Argenteuil, il dit: Admissible à des subventions
de fonctionnement. Regardons ce que cela veut dire sur le plan juridique. La
présente loi n'a pas pour effet de rendre le collège admissible
à des subventions de fonctionnement. Donc, par la négative, le
présent projet de loi a pour effet de rendre ce collège
admissible à toutes les autres subventions, quelles que soient les lois
du Québec. Voyez-vous, le problème, c'est qu'il faut prendre la
proposition du député d'Argenteuil par la négative.
Lorsqu'on la prend par la négative, c'est à ce moment que, du
fait qu'on exclut une chose, non seulement on autorise tout... mais on rend le
reste obligatoire. C'est pour cela qu'en technique législative, on
omet...
M. Ryan: ...alternative.
M. Bérubé: ...je ne dirais pas, j'ai l'impression
que vous ne savez pas en faire. Là, c'est clair ce soir.
M. Ryan: Non, on a eu trop d'exemples. C'est drôle, avec
d'autres ministres on s'entend très bien, je peux vous dire cela. Sur le
point de vue de la technique administrative, on n'a pas de misère avec
d'autres.
M. Proulx: Pourrais-je proposer une chose qui pourrait
régler le problème?
M. Ryan: Ce n'est pas des maudites farces!
M. Proulx: M. Ryan... M. Ryan: Excusez.
M. de Bellefeuille: M. le député d'Argenteuil.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil:
M. Proulx: Si on enlevait la dernière phrase: "La
présente loi n'a pas pour effet de conférer au collège
militaire Royal de Saint-Jean un statut d'établissement universitaire au
sens de la Loi sur les investissements universitaires."
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Deux-Montagnes et par la suite...
M. Proulx: Point. M. Ryan, point.
M. de Bellefeuille: M. le Président, j'aimerais...
M. Proulx: On enlève toute la dernière phrase
complètement.
Le Président (M. Charbonneau): La dernière partie
de la phrase.
M. Bérubé: Cela m'apparaît très
correct cela aussi.
M. Ryan: A priori, je serais enclin à partager...
M. Bérubé: Quand on en dit moins, c'est mieux!
M. Ryan: ...votre opinion. Voulez-vous me donner juste deux
minutes pour me concerter avec un conseiller?
Le Président (M. Charbonneau): Bien sûr. En
attendant on va donner la parole au député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Je passe parole.
Le Président (M. Charbonneau): Je voyais que le
général avait des indications qui pourraient nous être
utiles.
M. Parent (Rodolphe): J'ai une seule question à poser au
ministre. Ce qui me tracasse un peu dans le projet de loi, c'est que,
présentement, les universitaires et les professeurs au collège
n'ont pas droit à des subventions du gouvernement du Québec au
niveau universitaire pour faire la recherche, parce qu'on n'est pas une
université. Ce projet de loi nous donne le statut d'université
mais, en même temps, nous dit que le même projet de loi ne nous
rend pas admissible aux subventions. C'est là que... Je ne sais pas.
M. Bérubé: En tant que tel.
M. Parent (Rodolphe): En tant que tel.
M. Bérubé: En tant que projet de loi. Cela ne veut
pas dire que le programme de
subventions à la recherche que le gouvernement met en place ne
pourrait, pas inclure, par exemple, le collège militaire Royal de
Saint-Jean. Cela dit qu'en tant que tel, ce projet de loi ne vous ouvre pas
l'ensemble des programmes à moins que ce soit spécialement
mentionné à l'intérieur des programmes. C'est tout.
M. Proulx: Vous m'avez entendu tout è l'heure, enlevez
complètement la dernière phrase.
M. Bérubé: II n'y aurait pas de problème,
moins on en dit, mieux c'est.
M. Ryan: M. le Président...
M. Proulx: Mon général, on n'en parle pas du tout.
Cela ne ferme ni n'ouvre la porte.
M. Ryan: M. le Président, je serais parfaitement
d'accord.
M. Proulx: Qu'est-ce qui arrive, M. Ryan, on est rendu qu'on
s'entend tous les deux?
Le Président (M. Charbonneau): Vous avez droit à
des pages louangeuses dans le nouveau livre du député de
Saint-Jean.
M. Ryan: ...à condition que vous mettiez le point à
la bonne place.
Le Président (M. Charbonneau): Nous en sommes
rendus...
M. Bérubé: On n'a pas tous la même place
à l'esprit, alors, non, ce n'est pas un bon...
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, si vous
permettez, le député va vous suggérer le point ou
l'endroit du point...
M. Ryan: Voulez-vous donner communication de l'amendement encore
une fois?
Le Président (M. Charbonneau): ...à la place de la
virgule.
M. Proulx: Écoutez, je répète: "La
présente loi n'a pas pour effet de conférer au collège
militaire Royal de Saint-Jean le statut, d'établissement universitaire
au sens de la Loi sur les investissements universitaires (L.R.Q., Chapitre
1-17).
Le Président (M. Charbonneau): Parenthèse, point.
Est-ce que l'amendement du député de Saint-Jean...
M. Proulx: Cela règle tout.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'amendement du
député de Saint-Jean serait la parenthèse, point?
M. Proulx: Parenthèse, point.
M. Ryan: Cela répond parfaitement à
l'inquiétude que j'avais.
Le Président (M. Charbonneau): Parfait, tel
qu'amendé.
M. Ryan: Cela garde le champ ouvert au lieu de le
rétrécir. Je ne peux pas faire autrement que d'être
d'accord.
M. Proulx: C'est à se parler, M. Ryan, qu'on se
comprend!
M. Ryan: Très bien, je suis bien content de voir que vous
nous trouvez tous d'accord.
Le Président (M. Charbonneau): La secrétaire de la
commission va rédiger l'amendement mais, disons, je crois qu'on
s'entend. Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Proulx: Proposé par le député et
adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Est-ce
que l'article 2, tel qu'amendé, est adopté?
M. Proulx: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Est-ce que
l'article 3 est adopté?
M. de Bellefeuille: M. le Président...
M. Ryan: À l'article 3, il y a des commentaires.
M. de Bellefeuille: M. le Président, si vous me le
permettez, l'article 3, il me semble, crée des problèmes. C'est
un article qu'on trouve sous cette même forme ou sous des formes
très semblables dans à peu près toutes les lois que nous
adoptons.
M. Bérubé: ...
M. de Bellefeuille: Oui, dans toutes les lois que nous adoptons -
merci, M. le ministre - ce qui, il me semble, n'est pas de bonne inspiration
d'autant moins si cela vient d'un gouvernement...
Une voix: Péquiste.
M. de Bellefeuille: ...non, néo-fédéraliste
dont un des principaux porte-parole, le ministre délégué
aux Affaires
intergouvemementales canadiennes, a expliqué cette semaine
même à l'Assemblée nationale que - si j'ai bien compris ses
explications -les deux chartes des droits, la charte canadienne et la charte
québécoise, n'étaient pas en conflit l'une avec l'autre,
que l'une ne devait pas avoir la préséance sur l'autre parce que
chacune a son champ d'application. Ce gouvernement a manifesté
clairement son intention d'apposer au nom du Québec sa signature au bas
du "Canada Bill" dont il s'agit ici dans l'article 3. Cela ne me paraît
pas du tout cohérent de la part du gouvernement d'exclure cette loi de
l'application de la Loi constitutionnelle de 1982. Premièrement ce n'est
pas cohérent. Deuxièmement, c'est non seulement
incohérent, mais cela me paraît inconvenant puisqu'il s'agit
d'accorder une reconnaissance à un collège relevant de ce
même gouvernement fédéral. C'est un peu faire injure au
gouvernement dont on reconnaît une émanation.
Je ne sais pas si l'amendement du député de Saint-Jean a
été adopté, selon lequel nous ne faisons plus état
dans la loi de l'appui du ministre fédéral de la Défense
nationale, mais que ce soit enlevé ou pas, c'est un fait quand
même. Il y a une demande...
M. Proulx: Oui.
M. de Bellefeuille: ...provenant du collège. Pendant qu'on
accéderait à la demande de ce collège relevant du
gouvernement fédéral, on dirait: Non, nous ne reconnaissons pas
la compétence du gouvernement fédéral, l'application au
Québec de l'Acte constitutionnel, la loi constitutionnelle de ce
gouvernement. C'est à la fois incohérent et inconvenant. M. le
Président, je considère que cet article devrait tout simplement
être biffé.
Le Président (M. Charbonneau): Nous avons pris note de vos
commentaires, M. le député de Deux-Montagnes. M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): Messieurs, je pense que,
sur cette question, je ne vous donnerai pas le droit de parole. M.
Benoît, je ne vous donnerai pas le droit de parole.
Mme Lavoie-Roux: C'est une chicane de famille.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil... C'est une question politique qui relève des
parlementaires.
M. Benoît: Mon intervention, c'était avant cela.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord. Il est trop tard.
M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, en plus des arguments qui
viennent d'être invoqués par le député de
Deux-Montanges à l'encontre de l'article 3, je voudrais en invoquer un
autre qui m'apparaît également très important. Depuis que
la Charte constitutionnelle des droits a été adoptée par
le Parlement fédéral à la fin de 1981, le gouvernement du
Québec a vu à ce que soit inclus dans chaque loi que nous avons
adoptée depuis ce temps-là, une disposition formulée dans
les mêmes termes que ceux que nous retrouvons à l'article 3 du
présent projet de loi. Du côté de l'Opposition, nous nous
sommes opposés à ce genre d'exercice en signalant très
souvent qu'il était absolument contraire à l'esprit de la charte
des droits et surtout è la primauté des droits de l'individu.
Nous trouvions qu'en agissant ainsi, le gouvernement utilisait
l'Assemblée nationale du Québec pour faire passer ses
prérogatives avant celles des citoyens.
Or, la semaine dernière, saisie d'une cause à ce sujet,
qui avait d'ailleurs été soumise à son attention par un
organisme représenté ici ce soir, l'Alliance des professeurs de
Montréal, la Cour d'appel, jugeant en appel sur une décision qui
avait été rendue par nul autre que l'honorable juge Jules
Deschênes en première instance, a déclaré que les
dispositions semblables contenues dans à peu près 30 à 35
lois adoptées entre 1982 et 1984 par l'Assemblée nationale du
Québec étaient ultra vires, nulles et invalides.
On vit dans un régime ou on ne vit pas dedans. On ne peut pas
avoir le meilleur des deux mondes. Je pense que le député de
Deux-Montagnes a dit très bien qu'il y a une certaine cohérence.
Une fois qu'on accepte de vivre dedans, il faut accepter certaines
conséquences.
Alors, la Cour d'appel a rendu un jugement à cet effet, pas plus
tard que le 14 juin dernier. Je trouve la même disposition ici. Ce n'est
pas nouveau que le gouvernement continue de légiférer sans
s'occuper d'un jugement qui a été rendu, parce qu'il nous dit: On
va attendre d'être rendu absolument au bout du processus. Pendant ce
temps, on perd tous beaucoup de temps et on fait faire beaucoup d'argent aux
avocats, en cours de route. Trop souvent, nous nous sommes retrouvés
avec des conclusions qui invalidaient les certitudes qu'avait
énoncées le gouvernement lors de la présentation de ses
projets de loi.
Je dis au député de Saint-Jean que je trouverais, dans les
circonstances, étant donné la nature du projet de loi dont nous
sommes saisis, qu'il serait infiniment préférable que cette
disposition ne fût point
insérée dans le texte de loi que vous nous demandez
d'approuver. Je dois vous dire que je voterai contre cette disposition. Je
n'entends pas éterniser le débat, parce que nous l'avons fait
souvent et il y aura d'autres tribunes pour le faire également. Je ne
voudrais pas utiliser le projet de loi concernant le collège militaire
Royal pour éterniser le débat au point de mettre le projet
lui-même en péril. Je pense qu'il faut garder un certain ordre de
priorités dans nos cibles. Mais je vous dis que, si vous le retiriez,
vous me causeriez un plaisir raisonnable, aucunement injustifié. Je
pense que cela honorerait l'esprit dans lequel cet exercice aété fait et, si vous ne le retirez point, je n'entends point
prolonger le débat.
M. Bérubé: Adopté sur division, si je
comprends bien la position du député d'Argenteuil?
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que je peux
considérer, compte tenu des interventions que...
M. Ryan: J'aimerais le vote nominal, parce que cela va au dossier
historique de cette affaire.
M. Bérubé: Sur ce point, je devrai intervenir, M.
le Président.
M. Ryan: On ne sait jamais quand on agit historiquement;
peut-être que cela va passer dans l'oubli, peut-être que ce sera
retenu comme un moment important.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, le ministre va faire
une intervention historique...
M. de Bellefeuille: C'est cela, pour donner le temps aux
ministériels d'aller chercher du monde.
Le Président (M. Charbonneau): ...ce qui est dans la
partie. M. le député de...
Mme Lavoie-Roux: On pourra peut-être faire voter M. le
général.
M. de Bellefeuille: Ah oui! J'espère, M. le
Président, que le député de Saint-Jean a noté que
c'est le ministre qui fait le "filibuster" sur sa loi.
M. Bérubé: Absolument pas, M. le Président.
Effectivement, le présent article est inscrit dans cette loi en vertu
d'une politique que nous avons adoptée. D'ailleurs, là-dessus, le
député de Deux-Montagnes pourrait être de bonne foi et le
souligner. Cette politique a été soutenue, par exemple, dans nos
propositions de réforme constitutionnelle, puisque nous affirmons, sans
ambages, qu'au Québec les droits fondamentaux des citoyens sont bel et
bien pourvus par notre charte des droits et libertés et qu'en
conséquence notre charte des droits et libertés n'a pas à
être assujettie par une charte des droits et libertés
fédérale.
Le geste du député de Deux-Montagnes équivaudrait,
dans le fond, à assujettir l'ensemble de nos lois, de nos institutions
à des interprétations qui sont données par des cours, par
des tribunaux qui - soulignons-le -ne sont pas choisis par des
Québécois. Ils sont choisis par une entité
fédérale canadienne et, en conséquence...
M. de Bellefeuille: Donc, illégitimes.
M. Bérubé: ...ne traduisent pas
nécessairement dans les institutions canadiennes les volontés de
la société québécoise. En conséquence, cette
Assemblée nationale a adopté, il y a de nombreuses années
- d'ailleurs, sous une administration libérale au départ - une
charte des droits et libertés qui encadre notre processus
législatif. Nous avons fait ce choix comme société.
Mme Lavoie-Roux: Les renforts arrivent, M. le ministre.
Une voix: Pas n'importe quels, des bons, à part cela,
j'aime mieux vous le dire.
Une voix: Cela va achever votre diatribe.
M. Bérubé: Nous avons fait ce choix, comme
société, et...
Mme Lavoie-Roux: On pourrait suspendre jusqu'à ce que vous
en ayez assez.
M. Bérubé: ...nous n'avons jamais accepté
que la charte des droits fédérale ait une suprématie
quelconque sur la charte des droits québécoise. D'ailleurs, dans
les demandes de réouverture constitutionnelle, nous indiquons
très clairement que, parmi les prérequis à la conclusion
d'une entente à laquelle le Québec donnerait son accord, il doit
y avoir la reconnaissance de la suprématie absolue de la charte des
droits et libertés adoptée ici par les parlementaires du
Québec. Je suis un peu désolé, d'ailleurs, de
l'intervention du député d'Argenteuil qui...
Une voix: Désolé?
M. Bérubé: ...dans le fond, brûle ce qu'il a
trop longtemps adoré et c'est peut-être le propre des
idéalistes... du député de Deux-Montagnes,
excusez-moi...
M. de Bellefeuille: Ah!
M. Bérubé: C'est peut-être le propre des
idéalistes, finalement, de tomber un peu dans le cynisme... (21
heures)
M. de Bellefeuille: ...jamais adoré.
M. Bérubé: ...facilité dans laquelle le
député d'Argenteuil est passé maître, je dois
dire.
M. le Président, nous avons effectivement, comme Parlement,
depuis maintenant plus d'une dizaine d'années, adopté une charte
des droits et libertés qui encadre le processus législatif, ici,
à Québec.
Une voix: ...
M. Bérubé: Je parlerai le temps nécessaire,
M. le Président.
M. de Bellefeuille: Sous l'affreux gouvernement de 1970 à
1976.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre! À
l'ordre!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse
d'interrompre le ministre...
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, Mme la
députée de L'Acadie! Vous n'avez point...
Mme Lavoie-Roux: On a le droit de parole à toutes les
commissions.
M. Bérubé: Non, vous n'avez pas le droit de parole,
j'ai le droit de parole à l'heure actuelle, M. le Président, et
je compte utiliser le temps nécessaire, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Si j'invoque une question de
règlement...
Le Président (M. Charbonneau): Quel article ?
Une voix: L'article 2002.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
M. Bérubé: Donc, l'article 3...
Mme Lavoie-Roux: L'article 270, M. le Président!
M. Bérubé: ...vise tout simplement à
confirmer la suprématie absolue de la Charte des droits et
libertés de la personne du Québec sur toutes les lois que notre
Parlement adopte, d'une part.
D'autre part, on pourrait certes envisager une charte des droits
inscrite dans la constitution du Québec.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Bérubé: M. le Président, j'espère
que vous aurez l'obligeance de m'indiquer quand est-ce que je peux cesser de
parler.
Une voix: Continuez, c'est intéressant. Je vous le dirai,
je vous ferai signe.
Mme Lavoie-Roux: II vous en manque encore un.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Matane, nous convenons tous avec vous que vous n'avez certainement pas le
métier ou le verbe qu'avait jadis le député de Bourget
pour ce genre de technique.
M. Bérubé: M. le Président, il y a quelqu'un
qui va... C'est correct?
M. de Bellefeuille: Quel cynisme!
Une voix: Pas d'hypocrisie. On est correct, on peut voter.
Le Président (M. Charbonneau): Devant les éminents
universitaires de Saint-Jean, est-ce qu'on peut maintenant passer au vote?
M. Ryan: M. le Président, je ne peux pas laisser...
M. Bérubé: Le président va devoir voter, je
n'ai pas d'objection.
M. Ryan: Je ne suis pas sûr de cela. Vérifiez ce
point comme il faut dans les règlements!
M. Bérubé: M. le Président, je n'avais pas
terminé.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne peux pas voter deux
fois. Je n'ai pas un double vote, j'ai un vote.
M. Bérubé: M. le Président, je termine
simplement en rappelant que nous accepterions qu'une charte des droits puisse
être inscrite dans la constitution du Québec, oui, de telle sorte
qu'elle soit soumise aux élus québécois lorsqu'il s'agit
de la modifier et, en conséquence, garantit que les institutions des
Québécois seront modelées par la volonté de
l'ensemble de la population et non par une volonté légitime en
soi, mais une volonté, qui pourrait ne pas correspondre è la
volonté du peuple québécois. En conséquence, nous
croyons que les lois du Québec doivent être assujetties à
la Charte des droits et libertés de la personne du Québec et non
à la charte des droits et libertés du gouvernement canadien.
M. le Président, nous sommes prêts à voter.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil me signale son intérêt encore.
M. Ryan: Je crois que ce n'est pas dénué
d'importance de revenir sur certains des points qu'a soulignés le
ministre dans son intervention. Si j'ai bien compris ce qu'il a dit, je crois
que c'est important...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Non, je ne suis pas pressé.
M. Proulx: Non, on sait que vous êtes de bons amis.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne fait rien, je n'ai pas le droit
d'être impolie.
M. Proulx: Vous avez toujours exprimé votre admiration
pour le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je vais poursuivre mon
intervention avec votre bienveillante permission.
Le Président (M. Charbonneau): Qui vous est d'ailleurs
accordée tout entière.
M. Ryan: Merci. Je pense que c'est important de revenir sur
certains points qu'a soulignés le ministre dans son intervention; je
vais essayer de le faire le plus rapidement possible.
Le Président (M. Charbonneau): Nous n'en doutons
point.
M. Bérubé: Quelle est la limite de parole, M. le
Président?
Le Président (M. Charbonneau): Vingt minutes.
M. de Bellefeuille: II vous en reste, M. le ministre. Allez, on
n'est pas pressé.
M. Bérubé: Vingt minutes. Le député
d'Argenteuil a déjà pris une partie de son temps; j'espère
que vous le comptabiliserez. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Vous aussi, d'ailleurs. M.
le député d'Argenteuil.
M. Bérubé: Je serai patient, M. le
Président.
M. Ryan: Le ministre a invoqué comme raison de la position
du gouvernement, si j'ai bien compris, le fait que le Québec ne peut pas
faire confiance aux juges de la Cour suprême parce qu'une partie d'entre
eux ne proviennent pas du Québec, mais de l'ensemble du pays. Je pense
que ça va très loin. En matière de droits fondamentaux, je
voudrais rappeler au ministre que même la charte du Québec, dont
je vais parler ensuite, est sujette ultimement à interprétation
par la Cour suprême du Canada. Si une cause est instituée en vertu
de la Charte des droits et libertés de la personne du Québec et
qu'elle donne lieu à une contestation devant les tribunaux
supérieurs, cela peut se rendre jusqu'en Cour suprême. Il n'y a
absolument rien qui l'interdit. À ce moment-là, je pense que la
position que défend le gouvernement est une position infiniment
byzantine. En fin de compte, c'est une chicane de couleur de tapis, à
mon point de vue, qui n'a pas de signification véritable.
Si nous croyons en la liberté d'expression et que nous croyons,
en outre, en une société qui va s'appeler la
société fédérale canadienne, il me semble que nous
devons avoir comme idéal que cette liberté d'expression soit
garantie de la même manière dans tout le pays. Je ne pense pas
qu'il y ait de problèmes de langue, ou de culture, ou de conception
particulière qui soient greffés à cela. Autrefois, quand
le Québec avait une tradition catholique très forte qui le
séparait de la tradition protestante des autres provinces du pays, il
pouvait invoquer cet argument. Aujourd'hui, franchement, je ne pense pas que ce
soit un argument qui ait beaucoup de poids dans la balance. Il peut très
bien arriver en justice... Je pense que c'est bien dangereux de lier les
décisions des juges à la couleur de leur peau, à leur
origine ethnique et même à la langue qu'ils parlent. Aujourd'hui,
nous avons de plus en plus de magistrats qui sont capables de fonctionner dans
les deux langues. On a un système de cours de langues à
l'intention des magistrats des cours supérieures et des cours d'appel du
Canada qui est très développé et de plus en plus de
magistrats sont parfaitement capables.
Une voix: Ils suivent leurs cours au collège
militaire.
M. Ryan: II y en a beaucoup. On en rencontre plusieurs fois par
année au Château Frontenac, à Québec, qui viennent
de toutes les parties du pays suivre des cours de perfectionnement linguistique
pendant des périodes plus ou moins prolongées. Alors, je ne pense
pas que ce soit un argument très fort et je voudrais dire au
gouvernement que, s'il pense qu'il va asseoir sa cause là-dessus, il n'a
pas de fondements très solides.
Un autre point qu'il faut rappeler au ministre, parce qu'il n'en a pas
parlé du tout, c'est que la charte que nous avons au Québec est
une charte législative et non
constitutionnelle. C'est une charte qui est une loi de
l'Assemblée nationale au même titre que nos autres lois, avec
cette seule différence qu'il y est prescrit que la charte a
préséance sur d'autres lois du Québec, à moins que
le législateur n'en décide autrement, ce qu'il a
déjà fait, sous l'impulsion du gouvernement actuel, dans une
dizaine de cas, surtout dans le cas particulièrement "notorious", pour
employer une expression plus péjorative, de la fameuse loi 111.
M. Blouin: J'ai une question d'information à poser. Est-ce
que le gouvernement fédéral ne peut pas faire la même chose
à l'égard de la charte constitutionnelle s'il désire y
déroger dans ses propres lois?
M. Ryan: Dans le cas du gouvernement fédéral, je ne
pourrais pas vous renseigner, M. le député.
M. Blouin: Renseignez-vous!
M. Ryan: Non, non. Vous pourrez vous renseigner, si vous voulez.
C'est disponible pour tout le monde qui est intéressé à ce
document-là.
Une voix: II faut savoir lire.
M. Ryan: En tout cas, je ne crois pas qu'il l'ait fait. Pour en
venir au jugement de la Cour d'appel, ensuite, je m'en viens, cela va disposer
de votre objection et vous allez voir que cela vaut également pour le
Parlement fédéral. Alors, je disais que ce n'est pas la
même chose, et le gouvernement n'a jamais trouvé de réponse
à cela. Nous l'avons toujours dit, ce que vous avez, c'est une charte
législative, non pas une charte constitutionnelle.
J'entendais le ministre nous dire tantôt que nous serions
prêts à avoir une charte constitutionnelle pour le Québec.
C'est un nouveau refrain depuis quelque temps que les porte-parole
gouvernementaux nous sortent. Vous vous souvenez, pendant des mois, ils nous
ont raconté la chanson qu'il ne fallait pas augmenter le pouvoir des
juges, que ce qui était dangereux, c'était de tomber dans une
république de juges. Vous-même avez énoncé ces
arguments, M. le ministre, et là vous vous apercevez que cela ne tient
pas debout. C'est absolument contraire aux postulats les plus
élémentaires de l'esprit libéral, puis, vous dites: On
serait prêt à une charte constitutionnelle
québécoise. C'est très récent. Cela fait deux ou
trois fois que j'entends ces propos depuis une semaine ou deux. Votre
thèse a été depuis deux ou trois ans absolument
contraire.
Alors, une charte constitutionnelle, pour terminer cette
partie-là de mon argumentation, beaucoup plus forte, une charte
législative, l'effet d'une charte constitution- nelle des droits, c'est
justement d'asseoir la primauté des droits du citoyen sur ceux du
gouvernement et de la Législature. On a beau dire qu'un Parlement est
souverain, une charte des droits, son effet ordinaire, son effet habituel est
de dire à celui qui légifère, et à plus forte
raison à celui qui décide administrativernent au niveau
exécutif: Ces droits-là sont antérieurs à tous ceux
dont vous pouvez vous réclamer.
Ceci m'amène à mon troisième point. Il est
arrivé - je crois que c'est la loi 111 qui avait été
soumise à la contestation des tribunaux par l'Alliance des professeurs
de Montréal - qu'on ait invoqué le fait qu'on avait inscrit dans
cette loi, arbitrairement, sommairement et de manière aveugle, toute une
série d'articles de la charte des droits canadienne pour en exclure
l'application au titre de cette loi. Qu'est-ce que la Cour d'appel a dit? La
Cour d'appel a dit: L'économie d'une charte des droits est bien simple -
c'est justement ce que je viens de dire tantôt - cela pose comme
fondement de l'édifice les droits de la personne, les droits du citoyen
individuel. Ces droits garantis au citoyen sont tellement importants que, pour
qu'ils existent, il faut qu'il puisse s'en servir, il faut qu'il puisse y
recourir, il faut qu'il puisse les invoquer devant les tribunaux. Or, si,
chaque fois, de manière systématique, qu'il adopte une loi, le
Parlement du Québec dit: Cela ne s'applique pas ici, cela ne s'applique
pas ici, l'effet de cela est de nier aux citoyens du Québec les droits
qu'a voulu leur reconnaître le Parlement du Canada, pays dont ils font
partie. C'est là qu'il y a un problème au jugement de la Cour
d'appel. La Cour d'appel vous a dit: C'est vrai qu'il y a une clause qui vous
autorise à soustraire l'une ou l'autre de vos lois à
l'application de la charte, mais c'est tellement d'ordre exceptionnel que vous
devez indiquer, quand vous adoptez une loi, l'article précis de la
charte des droits que vous voulez voir soustrait à l'application ou
à l'autorité de cette loi, qu'il faut absolument que vous ayez
des motifs discernables à l'oeil nu, pour ainsi dire.
Quand on adopte des lois d'une manière aveugle comme cela - c'est
de la routine, on met cela dans chaque texte de loi jour après jour,
semaine après semaine - d'abord, c'est profondément insultant
pour l'Opposition qui pense différemment; deuxièmement, je pense
que c'est un exercice irresponsable et, troisièmement, c'est un
exercice, vient de conclure la Cour d'appel... C'est sujet à
ratification ou à renversement par la Cour suprême, j'en conviens,
mais la Cour d'appel vient de sortir un jugement très important dans
lequel elle dit: Dans à peu près une trentaine de vos lois
adoptées depuis deux ans, cet article n'est pas bon.
Si vous voulez nous faire adopter un article qui n'est fort probablement
pas bon,
vous aurez peut-être la majorité. Je pense que vous ne
l'avez pas encore de manière certaine, mais vous l'aurez peut-être
pour le faire adopter. En tout cas, j'aurai fait valoir nos arguments une fois
de plus avec toute la sincérité et la conviction dont je suis
capable en ces matières.
M. Bérubé: C'est bien que le député
d'Argenteuil ait fait valoir son argument. Je ne voudrais pas cependant qu'il
m'interprète de façon erronée. Il y a deux cas. On peut
avoir le cas d'une charte législative qui permet, lorsque les tribunaux
dévient dans leur interprétation par rapport à ce que le
législateur avait à l'esprit, d'être modifiée. On
sait à quel point le temps attribue à des notions de
liberté fondamentale des sens, des étendues qui sont directement
fonction des mentalités et des coutumes, que les droits et
libertés fondamentales dans une société sont
interprétés d'une façon, à un moment donné,
et, cent ans plus tard, interprétés d'une façon
différente.
Dans une charte dite constitutionnelle et dans toute charte, ce sont les
tribunaux qui sont amenés à interpréter de façon
continue le sens qu'il faut donner aux termes. Lorsque les tribunaux
dévient dans leur interprétation, le Parlement, dans le cas d'une
charte législative, peut modifier l'article en question et lui donner un
sens plus restrictif, le sens que l'Assemblée veut lui donner. Dans le
cas d'une charte constitutionnelle, ce pouvoir échappe au
législateur. En conséquence, il faut s'assurer que les tribunaux
qui jugeront seront l'émanation même de cette
société.
C'est certainement moins grave si des juges choisis par la
société québécoise sont chargés
d'interpréter une charte constitutionnelle québécoise. On
pourrait argumenter que c'est laisser un bien grand pouvoir aux juges que de
définir quelles doivent être les institutions d'une
société et que c'est au Parlement que revient une telle
responsabilité. Mais, néanmoins, comme ces juges sont
l'émanation de cette société, il y a toutes les chances du
monde qu'ils aient tendance à évoluer au même rythme que le
reste de la société et que le Parlement en général,
et qu'en conséquence une charte constitutionnelle
interprétée par des juges bien identifiés au peuple soit
effectivement un type de charte acceptable. (21 h 15)
Lorsque des tribunaux échappent au contrôle d'une
société, et c'est le cas au Québec où nous ne
choisissons pas nos juges, il est possible que ces derniers aient une
mentalité qui n'évolue pas au même rythme ou de la
même façon que la société en général.
À ce moment-là, il y a avantage à garder une charte
légiférée, car, alors, lorsque les tribunaux
dévient dans l'interprétation que le Parlement voulait donner aux
droits et libertés, le Parlement peut corriger la charte et l'ajuster en
conséquence. C'est là le sens des deux chartes.
M. Ryan: Nous sommes prêts à voter, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela dit, est-ce que
l'article 3 est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Ryan: Vote nominal.
Le Président (M. Charbonneau): Vote nominal, très
bien. Je pense que Mme Proulx pourra constater que son père, ainsi que
les autres membres de la commission, feront un vote historique. M. le
député d'Argenteuil, est-ce que vous êtes pour ou
contre?
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle peut voter?
Le Président (M. Charbonneau): Étape par
étape, Mme la députée de L'Acadie.
M. Proulx: Dans quatre ans.
Le Président (M. Charbonneau): La convention dans
Saint-Jean n'est pas encore fixée.
M. Ryan: Contre.
Le Président (M. Charbonneau): Contre.
M. Blouin: M. le Président, on voudrait savoir sur quoi
on...
Le Président (M. Charbonneau): Nous votons, M. le leader
adjoint, sur l'article 3 du projet de loi.
M. Blouin: D'accord. Ce n'est pas sur un amendement, c'est sur
l'article...
Le Président (M. Charbonneau): Sur l'article 3 et le
député d'Argenteuil a clairement indiqué son vote: contre.
M. le député d'Arthabaska?
M. Baril (Arthabaska): Pour.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Rousseau?
M. Blouin: Pour, M. le Président, pour les raisons que
j'ai expliquées au député d'Argenteuil.
M. Ryan: On n'explique pas un vote, quand il est clair...
Le Président (M. Charbonneau): M. le
député d'Abitibi-Est?
M. Bordeleau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Dubuc n'étant pas ici, nous allons passer à Mme la
députée de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Contre.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. M. le
député de Saint-Laurent?
M. Leduc (Saint-Laurent): Contre.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Shefford et adjoint parlementaire du ministre?
M. Paré: Pour, parce que c'est clair.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Sauvé?
M. Parent (Sauvé): Contre.
Le Président (M. Charbonneau): Vous n'avez pas de droit de
parole, M. le député. M. le député de
Saint-Jean?
M. Proulx: Pour.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Matane?
M. Bérubé: Pour.
Le Président (M. Charbonneau): Le député de
Verchères ne voit pas l'utilité de voter à ce moment-ci,
les choses étant claires. L'article 3 est adopté. Pour: 6,
contre: 4. Est-ce que l'article 4 est adopté?
M. Bérubé: Adopté, M. le Président.
Pendant qu'on a la majorité, dépêchons-nous.
M. Proulx: Juste un petit détail avant de partir, M.
Bérubé. La présente loi entre en vigueur à la date
fixée par proclamation du gouvernement. Quand?
M. Bérubé: Un décret sera
préparé et, j'imagine, qu'il va passer au cours de
l'été, dans les semaines qui viennent.
M. Proulx: D'accord.
M. de Bellefeuille: Pourquoi n'est-ce pas le jour de sa
sanction?
M. Proulx: Oui, pourquoi n'est-ce pas le jour de sa sanction?
C'est la question que je me pose.
M. Bérubé: Je l'ignore.
M. Proulx: Je pose la question: Est-ce qu'on peut dire que la loi
entrera en vigueur le jour...
M. de Bellefeuille: De sa sanction.
M. Proulx: ...de sa sanction? J'avais pensé cela. Est-ce
que c'est faisable?
M. Bérubé: II y a une seule objection qui
m'amènerait...
M. Ryan: Si vous avez le courage de voter pour cela, cela va
être faisable.
M. Bérubé: Bon. Je n'aurais qu'une seule objection.
Nous avons apporté un certain nombre d'amendements que nous n'avons pas
soumis au Comité de législation, en particulier à
l'article 2: ", ni de rendre le collège admissible à des
subventions du gouvernement québécois aux universités". Je
ne sais pas si un tel amendement peut avoir des conséquences
quelconques, néfastes. Je préférerais qu'on garde
"proclamation", de manière qu'on soit en mesure de regarder toutes les
implications des amendements afin de ne pas proclamer une loi qui pourrait
avoir des implications, par exemple, néfastes. Je pense que c'est le
danger de faire des amendements, mais je ne voulais pas retourner au
Comité de législation pour aller faire vérifier la
validité de nos amendements et, en conséquence, je
préférerais que ce soit sur proclamation.
M. Ryan: Est-ce que le ministre peut nous donner une assurance
morale que la proclamation interviendra d'ici à la fin de
l'été?
M. Bérubé: Oui, oui. Je vais...
M. Ryan: Dans les meilleurs délais.
M. Bérubé: ...m'en occuper
immédiatement.
M. Ryan: Dans les meilleurs délais.
M. Proulx: M. le député, je m'en occupe, cela fait
quatre mois que je suis ce dossier et, avec votre collaboration, on est rendu
à quelques heures de la sanction, soyez sûr que je vais suivre ce
dossier.
M. Bérubé: M. le député de Saint-Jean
était assis sur le dossier; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle
cela a pris tant de temps.
M. Proulx: Je demande au ministre de retirer ses paroles, M. le
Président. D'accord.
M. Ryan: Alors, regardez...
Le Président (M. Charbonneau): Mme la future
députée de Saint-Jean pourrait sans doute faire la même
demande, mais, cela dit, je pense que l'article est adopté. Avant de
céder la parole aux députés de Saint-Jean et d'Argenteuil
- je pense qu'ils tiennent à faire des commentaires de clôture -
je demanderais si le titre du projet de loi est adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbormeau): Adopté. Je pense que
le député de Saint-Jean accepterait de faire une motion derenumérotation.
M. Proulx: Oui, oui.
Le Président (M. Charbonneau): Voilà!
Adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Qu'avez-vous
écrit, Mme la secrétaire?
Est-ce que le projet de loi tel qu'amendé, y compris les
titres...
M. Proulx: Les accents.
Le Président (M. Charbonneau): ...les accents, est
adopté?
M. Ryan: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Je vais
laisser le mot de la fin, je pense, au député de Saint-Jean.
M. Proulx: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Je vais donc donner
l'avant-dernier mot de la fin au député d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. le Président, je serai très
bref. Je voudrais, encore une fois, féliciter les autorités du
collège militaire Royal de Saint-Jean du travail qu'elles accomplissent
au service de la formation d'une partie importante de la jeunesse du
Québec et du Canada, les féliciter de la qualité des
services rendus à la communauté et souhaiter qu'avec l'octroi de
ce statut universitaire au collège militaire Royal de Saint-Jean,
celui-ci puisse accomplir sa mission encore mieux dans l'avenir. Je voudrais
leur dire que, si certaines limites ont été indiquées au
sujet du niveau auquel des diplômes pourront être
décernés, cela n'implique pas du tout, en ce qui touche
l'Opposition, de pensées négatives à ce sujet, mais cela
veut plutôt signifier une pensée d'ordre et de saine planification
pour le développement des services et des institutions universitaires au
Québec. Je veux vous assurer que si des besoins nouveaux surgissaient
dans cette direction, que vous voudriez soumettre à l'attention de
l'Assemblée nationale, nous serions toujours intéressés,
de notre côté, à vous entendre dans le même esprit
que nous l'avons fait aujourd'hui. Je vous souhaite bonne chance et je vous dis
que nous avons été très heureux de ce contact avec votre
institution. Merci.
M. Proulx: M. le Président, je voudrais remercier, en
quelques mots, M. Ryan, ainsi que son collaborateur, M. Fortier, du travail de
collaboration qu'ils nous ont offert depuis quatre mois. Je voudrais remercier
aussi le ministre, M. Bérubé, ainsi que son cabinet et son
sous-ministre, pour le travail qu'ils ont fait pour que cette loi soit
adoptée si vite. Je remercie aussi le général Parent et M.
Marcel Benoît. Je pense que, tous deux, votre rêve se
réalise ce soir. Cela fait dix ans que vous pensez faire du
collège militaire une université. Nous sommes donc à
quelques heures de faire de Saint-Jean une université et le
Québec sera doté, d'ici à quelques heures, d'une autre
université. C'est une fleur de plus dans notre jardin universitaire.
Je voudrais aussi remercier tous ceux qui ont collaboré d'une
façon particulière, Me Bibiane Gagnon-Reny, et tous ceux qui ont
travaillé au point de vue de la législation. Merci donc à
tous, chez vous, et à vous, M. Bérubé, qui avez fait un
travail extraordinaire de législateur. Je vous parle, M.
Bérubé.
Le Président (M. Charbonneau): II me reste, à titre
de président, à remercier nos invités et tous les membres
de la commission, ainsi qu'à nous féliciter, à titre de
députés de la Montérégie, de la première
université sur la rive sud de Montréal.
Sur ce, je voudrais indiquer au ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie qu'avec le consentement du
député d'Argenteuil ses engagements financiers sont
reportés sine die.
Cela dit, j'inviterais Mme la députée de L'Acadie à
s'approcher et nous allons suspendre, le temps que les gens prennent place et
s'installent pour un deuxième projet de loi.
(Suspension de la séance à 21 h 24)
(Reprise à 21 h 25)
Projet de loi 223
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaîtl La commission parlementaire de l'éducation et de la
main-d'oeuvre reprend ses travaux pour l'étude du
projet de loi privé 223, Loi concernant la Commission des
écoles catholiques de Montréal, et je demanderais à Me
Giguère s'il y a des remplacements.
La Secrétaire: M. Gauthier (Roberval) remplacé par
Mme Lachapelle (Dorion) et M. Leduc (Fabre) remplacé par M. Laplante
(Bourassa).
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
Mme Lavoie-Roux: Je suis membre...
Le Président (M. Charbonneau): Vous êtes membre
d'office.
Mme Lavoie-Roux: D'office que j'allais dire.
Le Président (M. Charbonneau): Tout comme l'était
le député de Saint-Jean.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Cela dit, Mme la
députée de L'Acadie, nous vous cédons là parole
à titre de marraine.
Remarques préliminaires
Mme Lavoie-Roux: Oui, à titre de marraine du projet de
loi. D'abord, je voudrais vous remercier, M. le Président, ainsi que
tous les membres de la commission de l'éducation et de la main-d'oeuvre,
et il me fait plaisir d'accueillir les représentants de la CECM, dont le
président, et la nouvelle présidente de l'Alliance. On me
permettra une toute petite digression, cela n'allongera pas le débat.
J'aimerais souligner que c'est la première fois que l'Alliance des
professeurs de Montréal élit une femme à sa tête et
je souhaite qu'elle y demeure longtemps et qu'il y ait beaucoup d'autres femmes
après elle.
Cela dit, je ne serai pas longue parce que, d'un côté comme
de l'autre, nous pourrons entendre la CECM et nous pourrons entendre
l'Alliance. La CECM avait, comme on le sait, dans le passé, parce
qu'elle a une vieille histoire, des avantages sociaux qu'elle s'était
donnés et, même dans le cas qui nous préoccupe, au
début des années, vers 1920, 1925. Dans le cas qui nous
préoccupe, il s'agit d'un régime d'assurance-vie qui est
particulier è la CECM. Même au moment où s'est fait le
réaménagement des avantages sociaux, des fonds de retraite, etc.,
au moment de la centralisation des négociations et de tout ce qui a
suivi l'avènement du RREGOP, il y a certains avantages sociaux, certains
régimes particuliers qui sont demeurés à la CECM. La CECM
fait une demande, à savoir que, compte tenu que les règles du jeu
se sont modifiées du point de vue de l'ensemble des avantages sociaux
qui sont prévus pour ses employés, eu égard à ce
régime d'assurance-vie, qu'il soit fermé quant à
l'intégration de nouveaux membres et qu'également on permette aux
membres qui en font partie actuellement de se prévaloir d'un droit de
retrait. Je ne vais pas plus loin dans ces explications.
Il y a eu des représentations de faites de la part de l'Alliance
des professeurs de Montréal, en novembre 1984, qui avait demandé
à être entendue. Je vais résumer sa lettre dont, je pense,
tout le monde a copie ou devrait normalement avoir copie. L'objection
fondamentale de l'Alliance des professeurs de Montréal, c'était
que, si on devait fermer la loi, ou encore si on permettait de la rendre
facultative, c'est-à-dire l'intégration facultative à ce
régime, il en découlerait un accroissement prohibitif du
coût des primes. Je pense que son inquiétude était
fondée. Le deuxième point qu'elle faisait valoir, c'était
le fait qu'il y avait discrimination entre le régime qui était
accordé aux femmes comparativement au régime qui était
accordé aux hommes. La CECM propose également de modifier cet
élément de discrimination entre femmes et hommes. Il y a enfin un
troisième argument que l'Alliance des professeurs de Montréal
fait valoir, qui, je pense, fait partie du rôle d'un syndicat, c'est que
son but principal est la sauvegarde et le développement des
intérêts économiques de ses membres et, à cet
égard, elle se dit que même ceux à venir devraient avoir le
même traitement que ceux qui sont déjà
intégrés à la CECM.
Eu égard à l'augmentation des primes qui, comme je le
disais tout à l'heure, était l'argument fondamental - en tout
cas, ils pourront le dire eux-mêmes tout à l'heure -de l'Alliance
des professeurs, il y a un projet d'amendement dont la plupart des membres
autour de cette table, et la CECM et l'Alliance elle-même ont pris
connaissance, pour garantir les droits acquis des personnes qui sont
déjà participantes à ce régime d'assurance-vie
collective.
Il y a peut-être une couple de questions tout à l'heure qui
viendront: Quels seraient les effets de ces modifications eu égard
à la loi 3 et à la loi 29, c'est-à-dire la protection,
même si on met cette clause quant aux effets des lois 3 et 29? Je poserai
ces questions en temps et lieu. Pour le moment, M. le Président, je
pense qu'on peut inviter, si vous le voulez bien, l'un et l'autre è
faire valoir leur point de vue.
Le Président (M. Charbonneau): Avant de leur céder
la parole, je demanderais, comme c'est l'usage, aux membres de la commission
s'ils ont des commentaires préliminaires. M. le ministre.
M. Gendron: Comme il s'agit d'un projet de loi privé
piloté par la députée de L'Acadie, Mme Lavoie-Roux, je
pense que très sommairement elle a présenté l'esprit,
l'essence principale du projet de loi. En ce qui me concerne, comme ministre de
l'Éducation, on n'a pas d'objection. Cependant, on avait reçu les
mêmes revendications de la part tout autant de la CECM que de l'Alliance
de Montréal. Dans ce sens, on avait convenu d'entendre leurs
revendications.
Il est exact que le point principal qui avait été
soulevé par l'Alliance des professeurs de Montréal est dans le
sens de donner une plus grande garantie, une meilleure sécurité
contre un accroissement prohibitif des primes, principalement à la suite
d'une participation plus restreinte. Je pense que, après analyse, ils
avaient complètement raison. Dans ce sens, Mme la députée
de L'Acadie a déjà indiqué que nous aurons un amendement
à apporter pour donner toute la sécurité normale, requise,
aux gens concernés.
J'en profite également pour souhaiter la plus cordiale bienvenue
à la nouvelle présidente de l'Alliance en la félicitant
sincèrement puisque nous aussi, de notre côté, on a
été informé de cette nouvelle initiative de l'Alliance
d'élire "une" porte-parole. Bravol Je vous souhaite bonne chance.
Également, je souhaite la bienvenue aux porte-parole, au
président de la CECM qui, effectivement, ont tenu à ce que ce
projet de loi soit piloté par Mme la députée de L'Acadie.
Pour l'instant, je n'ai pas de commentaire additionnel à formuler. Je
suis tout disposé à donner l'assurance requise et à
répondre aux questions qu'on nous posera.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce qu'il y a d'autres
membres de la commission qui voudraient, à ce moment-ci, ajouter... M.
le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Juste un mot, M. le Président, pour dire que nous
sommes très heureux d'accueillir les dirigeants de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, en particulier son
président, M. Pallascio. Nous sommes également très
heureux d'accueillir la délégation de l'Alliance qui est ici et
en particulier sa nouvelle présidente, Mme Pagé, que je
félicite également de son élection à la charge de
présidente du plus important des syndicats d'enseignants dans tout le
Québec.
Le problème qu'on nous pose reçoit, de notre part, un
accueil sympathique et compréhensif. Nous avions été
saisis dès l'an dernier, lorsque ce projet a été
communiqué pour la première fois aux membres de
l'Assemblée nationale, d'un désir très ferme de la part de
l'Alliance des professeurs de Montréal d'être entendue à
l'occasion des réunions de la commission parlementaire qui serait
consacrée à l'étude de ce projet de loi. Comme il y a deux
points de vue en présence et que nous ne les avons pas encore entendus,
nous allons les écouter avec attention et respect. Notre opinion se
formera sur la foi des choses que nous aurons entendues et apprises.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Il n'y a pas
d'autres commentaires? D'abord, je vais demander à M. Michel Pallascio
qui est président de la Commission des écoles catholiques de
Montréal de nous présenter ses commentaires et, par la suite,
nous demanderons à Mme Pagé de faire de même. M.
Pallascio.
M. Pallascio (Michel): Je voudrais vous remercier, M. le
Président, d'avoir accepté de nous entendre. On remercie aussi
les membres de cette commission. Je voudrais présenter tout d'abord
à ma gauche, Me Goyer, membre du contentieux, M. Comeau, sous-directeur
général adjoint à l'administration et M. Tassé qui
est spécialiste dans le domaine qui nous concerne.
Il y a un texte bref qui est préparé: La Commission des
écoles catholiques de Montréal vous présente aujourd'hui
un projet de loi en vue d'obtenir des modifications à sa loi qui
l'autorisait à créer et à maintenir un régime
collectif d'assurance-vie pour ses employés. Sans reprendre toutes les
étapes qui ont marqué l'existence de cette loi, rappelons
simplement que la loi 15, chapitre 43, sanctionnée le 3 avril 1925,
permettait la création de ce régime collectif d'assurance-vie. On
se rappellera également que le législateur avait
antérieurement autorisé, en 1915, la CECM à créer
un fonds de dotation pour ses employés et avait également permis,
en 1930, la création d'un fonds de retraite local.
Ces deux régimes particuliers - si vous me permettez l'expression
- ont cependant été fermés, c'est-à-dire qu'ils ne
peuvent plus recevoir de nouveaux adhérents et ce, de par la
volonté du législateur.
Le régime particulier d'assurance-vie de la commission se
résume brièvement de la façon suivante: Les montants
d'asssurance varient entre 4000 $ et 20 000 $ selon le sexe, le statut et la
durée de service de l'employé.
De plus, après la retraite, les employés demeurent
couverts par le régime et les primes sont alors retenues, dans certains
cas, à même la rente de retraite de l'employé. La
participation au régime d'assurance-vie est obligatoire pour le
personnel enseignant. L'administration du régime est exercée et
assumée par les fonctionnaires de la commission. Les objectifs que vise
la commission par les modifications demandées dans le projet de loi se
regroupent autour
des trois thèmes suivants: La fermeture du régime
d'assurance-vie pour les nouveaux employés, c'est-à-dire limiter
la participation à ce régime aux employés et
retraités qui y participent à l'heure actuelle, la participation
facultative, c'est-à-dire permettre à toute personne
assurée en vertu du régime de cesser sa participation
étant précisé que cette cessation est définitive,
et l'élimination de toute possibilité de discrimination,
c'est-à-dire offrir les mêmes conditions d'assurance à
l'ensemble du personnel.
L'opportunité de procéder aux modifications de ce
régime découle en premier lieu de la transformation au fil des
années du champ des avantages sociaux offerts aux employés. La
recherche de sécurité par la détention d'une assurance-vie
se trouve aujourd'hui amplement satisfaite par les opportunités que
procure le régime uniforme d'assurance-vie des employés des
secteurs public et parapublic et par la possibilité d'obtenir une
couverture d'assurance-vie à l'intérieur des régimes
offerts par les comités paritaires d'assurance. Une possibilité
de couverture d'environ 100 000 $ est permise en vertu des différents
régimes offerts par les comités paritaires et syndicaux avec,
également, la possibilité de maintien de la couverture en partie
ou en totalité lors de la retraite. Les employés de la commission
bénéficient à l'heure présente d'un régime
particulier en plus des avantages sociaux contenus dans les différentes
conventions applicables à l'échelle de la province.
De plus, les transformations que connaît le monde du travail et
également la cellule familiale font que le régime particulier de
l'assurance-vie de la commission créé en 1924 ne coïncide
plus avec la réalité économique et familiale
d'aujourd'hui.
En second lieu, ce projet de loi répond aux attentes des
employés de la commission car, en effet, en 1974, quand le régime
d'assurance-vie fut rendu temporairement facultatif plus de 5000 enseignants
avaient manifesté leur intention de ne plus contribuer au régime
local d'assurance-vie. De plus, il sera dorénavant possible autant pour
les hommes que pour les femmes d'obtenir la même couverture d'assurance
pour une prime unique.
En troisième lieu, il faut préciser que la commission ne
reçoit pas de subvention spéciale découlant de l'existence
du régime particulier d'assurance-vie. Les fonds utilisés pour
défrayer le coût de la prime de l'employeur proviennent des
subventions générales servant au financement de la
commission.
De plus, la commission n'anticipe pas d'économies à court
terme par la fermeture de ce régime et ce n'est qu'à moyen terme
que la commission pourra espérer une réduction des coûts de
ce régime d'assurance-vie.
En terminant, soulignons que ces modifications qui vous sont
présentées n'ont pas pour but de pénaliser les
employés retraités participant à ce régime
particulier d'assurance-vie; bien au contraire, la Commission des écoles
catholiques de Montréal a pris l'engagement d'assumer l'excédent
de l'augmentation normale de la prime, en d'autres termes, de défrayer
l'augmentation de prime causée par une participation plus restreinte due
à la fermeture et ce, une fois les différentes modifications
apportées à ce régime.
L'actuel texte permet la disparité entre les montants
d'assurance-vie offerts aux hommes et aux femmes et comporte des distinctions
entre les instituteurs et les institutrices et entre les employés
permanents de sexe masculin et de sexe féminin. Ces distinctions qui
étaient acceptables en 1924 ne correspondent plus aux
réalités d'aujourd'hui. Il nous apparaît souhaitable
d'obtenir du législateur un texte législatif conforme et
représentatif de la situation actuelle.
C'est notre position, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. Pallascio. Mme
Pagé.
Mme Pagé (Lorraine): M. le Président, je vais vous
présenter les personnes qui m'accompagnent. Tout d'abord, tout à
côté de moi, Mme Christiane Benoît, conseillère
syndicale à l'Alliance; plus précisément, elle est
affectée aux questions de retraite et d'assurance; un peu plus loin, Mme
Louise Drouin, vice-présidente et responsable du dossier de la condition
des femmes. Puisque vous avez entendu la présentation de M. Pallascio
traitant de l'aspect discriminatoire qui était présent dans le
dossier de l'assurance-vie vous comprendrez que je sois accompagnée de
la responsable de la condition des femmes.
L'Alliance a déjà fait connaître - ainsi que tous
les autres groupes d'employés de la CECM visés par le programme
d'assurance-vie - son désaccord parce que le projet de loi
présenté ne comporte pas d'avantage pour nos membres.
L'Alliance est constituée d'une majorité de femmes -
ça, tout le monde le sait même si cela ne paraissait pas toujours
à la présidence - et la plupart des interventions qu'elle a
faites sur le régime d'assurance ont donc porté principalement
sur l'aspect discriminatoire qui existait dans le projet d'assurance-vie parce
que c'était l'élément qui nous semblait le plus
problématique. Donc, nous, on pouvait envisager la
nécessité d'une législation ou la justification d'une
législation pour régler ce problème de discrimination.
Ce que fait le projet de loi, même si
on nous parle du règlement du problème de la
discrimination, il introduit trois éléments importants: il rend
le régime facultatif, il le ferme pour les nouvelles et les nouveaux
engagés et aussi il fait disparaître l'approbation de la
majorité des enseignantes et des enseignants dans l'organisation et
l'administration du régime. Or, les études que nous avons faites
sur le programme d'assurance-vie nous amènent à conclure qu'il
n'y avait pas besoin d'intervention législative pour régler
l'aspect de la discrimination liée au sexe. Il n'y avait qu'à
négocier un nouveau contrat avec la compagnie d'assurances qui
s'appelle, elle aussi, l'Alliance. Donc, nous en venons à la conclusion
que c'est tout d'abord pour régler d'autres choses qu'on demande une
législation.
De rendre le régime facultatif, de le fermer, il nous semble que
cela peut occasionner des hausses de primes dont nous faisions état dans
notre lettre, mais cela a aussi pour effet, en le fermant, de mettre fin
à un avantage social dont bénéficiaient les enseignants et
les enseignantes de la CECM depuis 1925. La même chose en faisant
disparaître l'approbation de la majorité des enseignants et des
enseignantes dans l'administration du régime.
Il nous apparaît donc que les arguments qui justifient une
intervention législative sont des arguments financiers, peut-être
pour permettre de combler la hausse de coût liée à la
disparition du facteur de discrimination ou encore des arguments
administratifs, c'est-à-dire mettre fin à un régime qui
existe seulement à la CECM, qui n'existe pas ailleurs.
Je voudrais signaler sur le ton de la moquerie qu'il y a plein de choses
qui existent à la CECM et qui n'existent pas ailleurs. Ce n'est pas un
mal en soi. Ce que je voudrais aussi signaler, c'est que les commissions
scolaires, historiquement, ont toujours revendiqué l'autonomie locale,
que, dans le cadre des régimes de négociation, elles ont souvent
demandé la décentralisation. C'est un peu l'esprit qui
prévaut dans la loi 37 qui nous pend au-dessus de la tête.
Une voix: Ce sont d'autres débats, madame.
Mme Pagé: Quand on parle de décentralisation, quand
on parle d'autonomie locale, il arrivera bien que des choses existeront
à des endroits et n'existeront pas ailleurs. Donc, l'argument
administratif qui dit qu'il faut cesser de l'avoir parce qu'ils ne l'ont pas
ailleurs, vous comprenez que cela ne nous atteint pas trop trop.
Il y a un élément sur lequel je veux insister
particulièrement, c'est que, quand on assortit la fin de la
discrimination faite aux femmes à de nouvelles pertes,
c'est-à-dire des hausses de prime possibles, la fermeture du
régime pour les nouveaux, la perte de l'approbation, on additionne deux
moins. Quand on additionne des moins dans ce cas-là, on n'est pas en
mathématique. Cela ne se transforme pas en plus, cela reste deux
moins.
Les femmes ont longtemps subi une injustice importante et elles se
voient donc acculées à de nouvelles pertes dans le sens qu'un
gain qui était là, qui faisait partie de l'histoire de
Montréal, est appelé à disparaître par cette
nouvelle loi, mais c'est une intervention qui est d'ordre politique ou
féministe. Je pense que le fait de présenter ce projet de loi
pour régler soi-disant un problème de discrimination lié
au sexe, mais pour atteindre d'autres buts, cela vient accréditer la
thèse de tous ceux qui, à l'intérieur même de
l'Alliance, nous disaient: Ne demandez pas que cela ne soit plus
discriminatoire. On va le perdre, le régime. Cela vient aussi contribuer
à alimenter un certain courant qui dit que les femmes sont bien
exigeantes et qu'elles en demandent tellement que, finalement, quand elles
obtiennent gain de cause, ce sont d'autres qui doivent payer pour cela. Cela
nous rend très mal à l'aise, ce qui nous amène donc
à conclure que, pour nous, s'il devait avoir une loi sur l'assurance-vie
à la CECM, ce n'aurait été nécessaire que pour
s'assurer que toutes les enseignantes et tous les enseignants de la nouvelle
commission scolaire dans le cadre de la loi 3 garderaient cet avantage et,
deuxièmement, pour donner la garantie que, dans le cas de la disparition
de la discrimination, si cela entraînait des hausses de coût, cela
n'en entraîne pas pour les bénéficiaires,
c'est-à-dire, les enseignantes et les enseignants. Je vous remercie.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, madame. Mme la
députée de L'Acadie. (21 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste vous faire quelques
commentaires et poser quelques questions. Vous avez tout à fait raison
de dire que, si la CECM n'était venue que pour l'abolition de la
discrimination, elle n'avait pas besoin de venir devant l'Assemblée
nationale, parce que votre explication est tout à fait juste. Vous
dites, par contre - ce n'est peut-être pas exactement votre terme - que
cela cache des objectifs financiers ou d'ordre administratif.
À mon point de vue, après avoir entendu la CECM, je pense
que cela ne cache pas, cela confirme les préoccupations
financières et administratives de la CECM. Mais je ne crois pas que la
CECM s'en soit cachée. D'une part, en faisant valoir, d'abord, que deux
autres régimes particuliers de la CECM avaient été
fermés à un moment ou l'autre et que c'est évidemment
son désir, compte tenu qu'elle doit assumer, chaque année
- pas chaque année... L'an dernier, c'était de l'ordre de 750 000
$ et ceci, ces gens doivent le prendre à même leur budget
général, étant donné que cela ne fait pas l'objet
de subventions et cet argent, évidemment, ils ne pourront pas le
récupérer, parce que, avec l'amendement dont je vous ai
parlé, j'ai bien l'impression que cela va leur coûter plus cher
à un moment donné.
Mais, ceci étant dit, je pense qu'ils ne me le camouflent pas.
Ils l'ont dit très ouvertement et cela ne fait pas de doute dans mon
esprit que c'est cela, leur objectif. Peut-être étaient-ils
arrivés d'abord en faisant valoir davantage l'élément de
discrimination, alors qu'il devient marginal, finalement, pas par rapport
à vous, mais par rapport à ce qui est présenté.
Il y a une chose que je voudrais que vous m'expliquiez. Quand vous
dites: Nous perdons notre approbation, je ne saisis pas ce que vous voulez
dire. Pouvez-vous me l'expliquer?
Mme Pagé: Madame Benoît va vous donner l'explication
plus technique pour cet aspect.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Benoît (Christiane): Dans la loi actuelle, en ce qui a
trait aux règlements pour l'organisation et l'administration des
assurances, la loi prévoit que les règlements se font par la CECM
avec l'approbation de la majorité des instituteurs, alors que dans le
nouveau projet de loi, il n'y a absolument aucune mention de l'approbation des
instituteurs. Il semble que ce soit la CECM strictement qui va faire tous les
règlements concernant ce régime et qu'on n'a aucun droit
d'être consulté ou d'approuver quoi que ce soit.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je pourrais reposer la question à
la CECM. Maintenant, c'est vrai que vous pouviez appréhender que vos
primes puissent augmenter. Je pourrais en faire la lecture tout de suite ou en
faire la lecture après. Je vous l'ai montrée; je ne sais pas si
vous voulez pas que je la relise à ce moment; ce n'est peut-être
nécessaire ici. C'est quand on arrive, si on l'étudié
article par article. Il y a justement une disposition et je pense que la CECM a
indiqué tout à l'heure qu'on était prêt à
assumer les coûts supplémentaires qui seraient dus à une
participation plus restreinte, compte tenu des modifications à la
loi.
À ce moment-ci, pour les enseignants qui sont membres, n'y a-t-il
pas là une disposition qui, justement, empêcherait cette hausse de
primes pour les gens qui ont des droits acquis et qu'il est fort
légitime de protéger? Est-ce que vous ne croyez pas que
cela...
Mme Pagé: J'aime mieux la peste que le choléra ou
j'aime mieux le choléra que la peste. Je ne sais pas comment
répondre à cela! C'est sûr que c'est mieux de se faire
enlever juste une dent plutôt que de s'en faire enlever deux. Cela
rejoint une objection que nous avions. Cela ne répond pas à
toutes les objections que nous avions, mais cela répond à l'une
des objections que nous avions et qui était importante. On ne peut pas
la sous-est imer.
Mme Lavoie-Roux: Oui, elle est quand même très
importante, parce que, si on se réfère à votre lettre,
c'est vraiment l'élément que vous y développez le
plus.
L'autre argument, c'est que vous dites: Les nouveaux membres ou les
nouveaux enseignants ne bénéficieront pas des mêmes
avantages que ceux qui sont déjà membres. Est-ce que cela vous
apparaît être une injustice véritable envers les nouveaux
membres ou envers les membres actuels?
Évidemment, je comprends votre point de vue comme syndicat. Vous
dites: On est le syndicat de l'ensemble des professeurs; on veut les
mêmes conditions pour tout le monde, mais du point de vue strictement de
la justice, que les nouveaux membres ne puissent pas participer à un
bénéfice, mais, par contre, qu'ils puissent participer à
tous les autres bénéfices prévus pour l'ensemble des
conditions des enseignants dans la province, est-ce que cela vous semble
vraiment discriminatoire?
Du point de vue de l'objectif du syndicat, je le comprends, je la
saisis, cette dimension-là, mais en stricte justice, par rapport
à l'ensemble des enseignants du Québec, est-ce que c'est vraiment
une injustice à leur endroit?
Mme Pagé: C'est sûr que, lorsque vous posez la
question comme cela, les enseignants de la CECM avaient droit à des
avantages que d'autres enseignants ou enseignantes dans la province n'avaient
pas. Alors, on ne peut pas parler d'injustice à cet égard. Ce qui
nous préoccupe, c'est de dire que, quand on est une organisation
syndicale et qu'on fait des gains, on essaie de s'assurer aussi que ces
choses-là s'appliquent à l'ensemble des personnels que nous
représentons dans le temps. Autrement, c'est une dynamique qui peut nous
entraîner à négocier et à obtenir toutes sortes de
choses, mais en disant: C'est pour ceux qui sont là et, pour ceux qui
arriveront, ce sera autre chose. Alors, comme organisation syndicale, on a la
préoccupation des membres présents, mais on doit aussi avoir la
préoccupation dans le temps et c'est à cet égard que nous
avons manifesté les réticences dont nous faisons part dans la
lettre que j'ai réitérées ce soir.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Pour le moment, ce sont les seules
questions que j'ai à vous poser; j'aimerais juste demander ceci à
la commission des écoles catholiques: La question d'approbation avec
l'administration, si je puis dire, les règlements et les conditions,
c'est un élément dont on vient d'entendre parler pour la
première fois et j'aimerais que vous nous donniez des explications de
votre côté.
M. Pallascio: Je vais demander à Me Goyer de
répondre à cette question.
M. Goyer (Germain): II y a peut-être deux précisions
qu'il serait bon d'apporter. En premier lieu, quand on parle d'approbation, il
faut dire que cette approbation ne vaut que pour les assurances adoptées
en vertu du premier paragraphe de l'article 2 pour les assurances dites de
base. Théoriquement, l'approbation n'a pas été reproduite
dans le dernier alinéa de l'article 2. Cela ne vaut pas pour les
assurances dites additionnelles, premier point.
Second point: Dans les faits, cela n'a jamais été
exercé et une preuve de ceci est que l'Alliance avait, au cours des
années, dans les années quarante, souscrit elle-même une
police d'assurance, la police no 986G, auprès également de la
compagnie l'Alliance mutuelle, compagnie d'assurance-vie. À
l'époque, l'administration de cette police d'assurance était
également faite pour l'Alliance par les fonctionnaires de la commission.
Alors, quand on dit, à l'heure actuelle, que la commission ne se
préoccupe pas de l'approbation, il faut quand même
considérer et voir le vécu de l'administration de ces polices et
dans les faits cela a toujours été l'administration de la
commission.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai fini de poser mes
questions.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Merci, M. le Président. Il y a plusieurs points
que je voudrais soulever. Je vais commencer par m'adresser à Mme la
présidente de l'Alliance. Vous avez fait part de l'opposition de
l'Alliance au projet de loi, si j'ai bien compris. Vous nous aviez
prévenus dans une lettre qui porte la date du 20 novembre 1984 des
objections que vous nourrissiez à l'encontre du projet de loi et je
crois comprendre que, dans l'ensemble, vous les avez
réitérées ce soir, sauf, évidemment, la partie qui
peut porter sur le financement de primes accrues découlant du nombre
réduit de souscripteurs qui seraient assurés par la Commission
des écoles catholiques de
Montréal.
De plus, j'ai eu connaissance que d'autres associations de
salariés de la Commission des écoles catholiques de
Montréal ont également énoncé des objections au
sujet du projet de loi. Je ne sais pas si vous pouvez m'informer à ce
sujet. J'ai une lettre du secrétaire administratif de l'Association des
cadres de la Commission des écoles catholiques de Montréal, en
date du 28 novembre. J'ai une lettre du porte-parole du Syndicat des
professionnelles et des professionnels de la CECM en date du 22 novembre 1984,
et une autre lettre du président de l'Association des directeurs
d'école de Montréal, en date du 28 novembre, dont vous avez eu
connaissance. Est-ce Que, à votre connaissance, les trois organismes ont
toujours la même position? Je ne vous demande pas de parler en leur nom
si vous ne voulez pas, je vous demande de me dire ce qui est à votre
connaissance. Est-ce que, à votre connaissance, ils ont la même
opinion? Est-ce que vous avez communiqué avec eux avant de prendre
position devant la commission, ce soir?
Mme Pagé: Je n'ai pas pris contact avec l'ensemble des
personnes qui avaient déjà manifesté leur
désaccord. Je n'ai pris contact qu'avec un seul groupe et de
façon tout à fait informelle. Les indications qui m'ont
été données, à ce moment-là, c'était
que le régime avait toujours convenu, sauf l'aspect discriminatoire,
qu'il n'y avait pas besoin d'une loi, que les personnes comprenaient
très bien les visées d'ordre administratif de la CECM, mais que
ce n'était pas leur préoccupation propre et que, donc, elles ne
voyaient pas la nécessité de ce projet de loi.
M. Ryan: Sur la même question, M. le Président... Je
ne sais pas si vous avez terminé, Mme Pagé.
Mme Pagé: Oui.
M. Ryan: Oui? Je ne sais pas si le président de la
Commission des écoles catholiques de Montréal ou l'un de ses
collaborateurs pourrait ajouter des précisions sur la même
question. Pourriez-vous nous dire quelle est, à votre connaissance, la
position des trois organismes que je viens de mentionner? Est-ce que vous avez
eu des échanges avec eux depuis ces lettres qui vous avaient
été adressées et qui portent des dates de la
période de la fin de novembre 1984? Est-ce qu'il y a eu des
développements depuis ce temps ou si la position est la même? S'il
y a d'autres associations d'employés de la CECM dont la position
pourrait être portée à votre connaissance, je vous serais
bien reconnaissant de nous en
informer également.
M. Pallascio: M. le Président, c'était à peu
près la même position que les autres membres du syndicat. On les a
tenus au courant des développements pour ce qui est du projet de loi que
l'on demandait, mais les positions sont similaires sur cet aspect.
Naturellement, dans ce dossier, on mentionne - je reprends les paroles de la
présidente de l'Alliance - qu'il n'y a pas d'avantage dans ce projet de
loi. Effectivement, il n'y a peut-être pas d'avantage, mais il n'y a pas
de désavantage non plus dans le sens qu'on a mentionné. C'est un
programme qui est typique à la CECM. Je comprends que,
nécessairement, au niveau local, on puisse avoir des choses qui nous
soient propres dans le sens de l'autonomie. Encore faut-il avoir une autonomie
complète qui comprend aussi le financement de ce côté. Il y
a réellement des arguments financiers administratifs à ce projet
de loi dont il faut tenir compte. Je pense que, à un moment
donné, il faut regarder de chaque côté les avantages et les
désavantages. Dans ce cas, M. le Président, je pense que nous
avons déposé devant vous les arguments principaux, dans ce
dossier.
M. Comeau (Hubert): En fait, l'Association des cadres de
Montréal, l'Association de directeurs d'école de Montréal
et la Federation of English Speaking Catholic Teachers sont entièrement
d'accord avec les propositions de la commission. Tous les autres syndicats, le
syndicat des professionnels, le syndicat des enseignants, les syndicat de
soutien sont d'accord pour lever la discrimination, mais sont en
désaccord avec la fermeture du régime pour des motifs qu'on peut
très bien soupçonner. Ils sont également en
désaccord pour le rendre facultatif.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Ryan: Sur ce point, oui, mais je n'ai pas terminé parce
que j'ai plusieurs...
Le Président (M. Charbonneau): Vous n'avez pas
terminé?
M. Ryan: Non. J'ai plusieurs autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Allez-y, vous êtes
bien parti.
M. Ryan: Si je comprends bien, je pense que ces renseignements me
satisfont pour l'instant. Le tableau que M. Comeau vient d'ajouter aux
renseignements qu'avait donnés le président, je pense que cela
fournit une information assez complète et permet de constater que trois
associations sont favorables à 100 % au projet de loi, tandis que les
autres sont favorables aux dispositions qui mettent fin à la
discrimination entre les sexes, mais ne sont pas favorables à la
fermeture du régime ni à la transformation en facultative de la
participation obligatoire. (22 heures)
M. Comeau: Évidemment, pour la partie facultative,
à ce moment, ils n'avaient pas l'amendement qui sera
présenté ce soir. Avec l'amendement qui assure une garantie quant
à la prime, on peut peut-être présumer que la position de
ces syndicats aurait été différente parce qu'on laisse le
choix è l'employé d'y participer ou non et il a une garantie que
l'impact d'une participation moindre n'aura pas un impact négatif sur la
prime payée. C'est une présomption que je fais parce qu'on n'a
pas d'écrit là-dessus.
M. Ryan: Je voudrais poser une autre question. Il a
été question de l'article 2 de la loi de 1954-1955, qui est la
base de toute la discussion que nous avons. Vous nous avez dit tantôt que
l'article où il est question de la nécessaire approbation d'une
majorité des instituteurs, des institutrices et des employés ne
s'applique qu'à une partie du régime d'assurance-vie en vigueur,
c'est-à-dire à celle qui était en vigueur avant 1949.
Pourriez-vous nous dire, à supposer qu'un enseignant a une protection,
en vertu du régime d'assurance-vie, de 20 000 $ - je pense que cela peut
aller jusqu'à 20 000 $ -quelle est la partie de ces 20 000 $ qui tombe
sous l'article assujettie à l'approbation de la majorité des
instituteurs et la partie qui n'est pas assujettie à cela?
M. Goyer: C'est 10 000 $ et 4000 $, 10 000 $ pour les hommes et
4000 $ pour les femmes.
M. Ryan: C'est la partie assujettie à la nécessaire
approbation, la majorité.
M. Goyer: Oui, mais qui n'a jamais été, dans les
faits, appliquée.
M. Ryan: Mais, dans la loi.
M. Goyer: Qui est inscrite à l'article 2.
M. Ryan: Très bien. Maintenant est-ce la position de la
Commission des écoles catholiques de Montréal que, même si
cela avait été inscrit dans la loi, à ce moment, de
manière expresse, cela pourrait être enlevé
unilatéralement? N'était-ce pas une espèce de droit qui
avait été donné aux enseignants et aux autres personnels
de la Commission des écoles catholiques et que, là, vous voudriez
nous voir leur enlever pour répondre à votre requête? Pour
cette partie du régime d'assurance qui tombe sous la
première partie de l'article 2.
M. Goyer: En fait, dans les faits, cela n'a jamais
été appliqué, l'administration a toujours
été de la compétence dans les faits de la commission. Si
on veut, le texte législatif actuel ne correspond pas à la
réalité telle qu'on la connaît.
M. Ryan: Oui, maintenant ici, il faudrait entendre l'autre point
de vue. Évidemment, ils pourraient peut-être nous dire qu'ils ont
exercé le droit de regard par l'action de leurs dirigeants syndicaux ou
de leurs organismes habilités par la loi, è parler en leur nom
dans des choses qui regardent leur intérêt collectif. Mais je fais
une hypothèse tout simplement. Je voulais savoir... Je tiens compte de
ce que vous dites, remarquez bien, mais, fondamentalement, le texte de la loi
assujettissait certaines décisions à l'approbation de la
majorité des instituteurs ou des salariés, qu'il ait
été exercé ou non.
M. Goyer: Pour une partie, c'est cela.
M. Ryan: Oui, pour une partie que vous avez très bien
délimitée à ma satisfaction. Sur ce point, je voudrais
peut-être poser une question à Mme Pagé. Je m'excuse de
procéder comme cela, mais j'ai quatre ou cinq questions sur ma liste et,
en ayant les deux points de vue tout de suite, cela mêle moins les
cartes.
Mme Pagé, le point de vue de l'Alliance. D'abord acceptez-vous
l'interprétation de l'article 2 que propose la Commission des
écoles catholiques de Montréal, qui comprendrait deux paliers
différents: un palier couvrant les premières parties du
régime au point de vue historique qui, elles, sont assujetties à
la règle de la nécessaire approbation de la majorité des
enseignants et l'autre partie qui, elle, ne serait pas assujettie à
cette règle? Je serais porté à souscrire à
l'interprétation qui a été donnée parce que c'est
la lecture que je fais moi-même du texte. J'aimerais savoir, de votre
part, si c'est la lecture que l'Alliance fait aussi.
Mme Pagé: La lecture que nous faisons, c'est
qu'effectivement cela crée deux paliers. Nous osons espérer que,
si nous faisons disparaître l'aspect discriminatoire, on ne nous laissera
pas, les femmes, à 4000 $ pour le bout qu'on pourra gérer, mais
qu'on nous montera à 10 000 $ comme les autres. La barre entre les deux
paliers, Mme Benoît, elle, est portée à mettre dans le
premier palier la première tranche de 2500 $ additionnels. Je vais lui
laisser présenter son interprétation.
Mme Benoît: C'est un doute que j'ai à l'esprit.
C'est que, pour les hommes, le montant d'assurance obligatoire est de 10 000 $,
mais, après cinq années de service, il s'ajoute une tranche de
2500 $ obligatoire et, là, la commission paie 7500 $. Le montant de 12
500 $ est à frais partagés, à ce moment-là. Je pose
pratiquement la question, c'est une interprétation. Me Goyer...
M. Ryan: À quelle année remonte-t-il ce montant de
2500 $.
Mme Benoît: Pardon?
M. Ryan: Ce montant additionnel de 2500 $, à quelle
année remonte-t-il, madame?
Mme Benoît: Je ne pourrais pas vous...
M. Comeau: Je pense que c'est dans les années cinquante,
mais...
Mme Pagé: 1950. Une voix: C'est cela. M. Comeau:
C'est cela.
M. Ryan: À ce moment-là, il tomberait plutôt
sous la deuxième partie de l'article 2, d'après la Commission des
écoles catholiques, je croirais. En tout cas, disons...
Mme Pagé: Mais sur les deux niveaux, on est vraiment
d'accord que cela crée deux étapes. Si vous me permettez, M. le
député, j'aimerais intervenir un peu sur le droit écrit et
le non-exercice du droit. Je pense que ce sont deux choses: Qu'une loi
reconnaisse un droit et que, pendant une époque, le droit n'ait pas
été exercé et qu'on parte de ce vécu pour faire
disparaître le droit. Je pense que dans les lois, il y a plein de droits
qui sont prévus et que, finalement, ils n'ont pas à être
exercés pour différentes raisons, pendant une époque
donnée de notre vie, mais on ne les fait pas disparaître pour
autant. Je comprends que la CECM a peut-être déjà
administré même notre régime d'assurance à
l'Alliance, mais la CECM a déjà aussi nommé les
présidents de l'Alliance. Imaginez-vous! Mais cela ne veut pas dire
qu'ils voudraient le faire et qu'on voudrait qu'ils le fassent.
Mme Lavoie-Roux: Ils ne les laisseraient pas faire.
Mme Pagé: On ne les laisserait plus faire. Alors, je pense
que c'est renoncer à ce droit, même s'il n'a pas été
exercé. Surtout à partir du moment où le régime
deviendra facultatif, je pense que cela pourra amener l'Alliance à
être plus présente dans
l'administration de cela, quand cela deviendra facultatif. Il y a tous
les congés sans solde qui rentreraient là-dedans, le partage
à 50-50. Je pense qu'il y aurait nécessité de garder ce
droit de regard, surtout quand le régime devient facultatif.
M. Ryan: De ce point de vue, le projet de loi n'est pas
satisfaisant pour vous.
Mme Pagé: C'est cela.
M. Ryan: Autre point. Dans un avis qu'il avait fourni à la
Commission des écoles catholiques de Montréal, en date du 20 mars
1980, un des responsables du service du contentieux de la CECM, M. Germain
Goyer - il est ici, je pense...
M. Goyer: Oui.
M. Ryan: C'est vous, cela. Il avait formulé l'avis
suivant: La commission peut, unilatéralement, tenter d'obtenir une loi
privée pour abroger, modifier ou remplacer la loi qui l'autorise
à maintenir l'assurance-vie collective pour ses employés.
Cependant, dans le cadre actuel de la convention collective, la commission ne
peut modifier unilatéralement le régime d'assurance-vie
collective, étant donné que ce régime fait partie, en
annexe, de la convention.
Je voudrais vous demander quelle est la situation. Cela, c'est la
situation que vous évoquiez dans un avis formulé le 20 mars 1980.
Quelle est la situation sous l'empire des décrets qui sont actuellement
en vigueur? Évidemment, je vais avoir l'opinion à la fois de la
CECM et de l'Alliance des professeurs sur ce point.
M. Goyer: À l'époque, je faisais
référence aux annexes des conventions collectives locales pour le
personnel de soutien, lesquelles clauses ne sont pas reproduites à
l'heure actuelle. En conséquence, l'empêchement que je voyais
à l'époque est levé.
M. Ryan: II n'y a rien dans la convention collective ou de ce qui
en tient lieu depuis trois ans qui servirait de fondement à un droit que
vous revendiqueriez de ce point de vue? C'est complètement
extérieur à la convention collective, si je comprends bien.
Très bien.
J'adresse une question complémentaire à Mme la
présidente de l'Alliance sur ce point. Est-ce que vous
considérez, en quelque manière, que cette question que nous
discutons ce soir fait partie du champ de la négociation collective?
Est-ce que vous trouvez que c'est une de ces conditions de travail
établies, soit par convention collective régulière ou
autrement, qui ne peuvent pas être modifiées sans le consente-
ment des employés, en tenant compte de ce que vous avez dit
tantôt, pour la partie de l'article 2 qui comporte une nécessaire
approbation de la majorité? Sauf cette disposition, est-ce que vous
trouvez que cela entre dans le champ de la négociation collective de
manière forte, faible, directe, indirecte, implicite ou si vous
reconnaissez que cela ne tombe pas dans le champ de la négociation
collective?
Mme Pagé: Dans un langage très légaliste ou
très strict, je serais obligée de vous répondre que cela
n'entre pas de façon juridique dans la convention collective. Nous
prétendons que cela fait partie des conditions de travail des
enseignantes et des enseignants de la CECM depuis 1925 et que la tradition,
à cet égard, doit avoir une importance certaine et que la
transformation du régime, si elle comporte un avantage qui est celui de
la disparition de la discrimination, comporte des inconvénients qui nous
semblent injustifiés dans les circonstances, surtout que la
préoccupation que nous avions de la discrimination, cela pouvait
être atteint sans règlement législatif.
M. Ryan: Une autre question.
Mme Pagé: Cela pourrait, mais Mme Benoît me signale
que cela pourrait, par contre, avoir une incidence sur des clauses qui font
partie de la convention, particulièrement dans le chapitre des
congés sans solde. Je vais lui demander de vous préciser cet
aspect-là.
M. Ryan: Oui.
Mme Benoît: Au niveau provincial, les enseignants ont des
assurances collectives avec l'assurance-vie Desjardins. Ces assurances sont
facultatives sauf une. Si un enseignant, par exemple, part en congé sans
traitement, qu'est-ce qui arrive avec ses assurances, parce que la CECM paie
une partie de la prime et l'enseignant paie l'autre partie? Or, dans les
ententes locales, on va régler la question. On va dire: Si l'enseignant
part en congé sans solde, s'il le veut, il manifestera son intention de
conserver son régime, mais, à ce moment-là, il devra payer
la totalité de la prime. Au niveau local, on va faire des ententes
à ce sujet. Ce qui m'inquiète, c'est si le régime devient
facultatif, est-ce qu'on ne fera pas la même chose comme on a
déjà tenté de le faire? Est-ce qu'on ne dira pas: II est
facultatif maintenant, si vous partez en congé sans traitement, vous
pouvez continuer d'adhérer ou non? La personne décide
d'adhérer, mais qu'est-ce qui arrive avec la prime? Est-ce qu'elle va
être à 50-50 ou est-ce que l'employé va être aussi
obligé de défrayer le coût qui était assumé
par
l'employeur? Si les primes sont rendues à un niveau très
élevé, l'employé va être obligé de payer la
totalité de cette prime. C'est au niveau local que cela peut se
négocier. Ou encore, ce qui m'inquiète aussi, c'est que vu qu'il
n'y a plus l'approbation des enseignants et c'est là que cela pourrait
être important qu'on s'en mêle, est-ce qu'on ne pourrait pas tout
simplement, dans les règlements sur l'administration des assurances,
dire: Oui, quand tu es en congé sans solde, maintenant tu paies 100 %.
Je ne sais pas si cela va se régler au niveau des ententes locales ou si
cela pourrait se régler tout simplement avec cet article qui dit que
c'est la CECM qui administre le régime et qui détermine la
contribution de l'employé. Alors, je trouve qu'on n'a pas de garantie
à ce niveau.
M. Ryan: Oui.
M. Pallascio: À mon avis, c'est une question qui pourrait
très bien se régler au niveau des conventions collectives comme
telles. Il faut comprendre une chose. Le projet de loi ne peut pas... Les
questions de principe sont à la base et ces points peuvent être
réglés comme tous les autres points d'un congé sans
traitement. On parle d'un régime de retraite, mais quand on parle d'un
congé sans traitement, il y a beaucoup d'autres problèmes du
même genre, que ce soit les vacances et autres avantages sociaux qu'il
faut régler aussi à ce niveau. Alors, je pense que...
M. Comeau: En fait, pour compléter, c'est que même
actuellement, dans le cadre de la loi actuelle, pour toute la question des
congés sans solde, ce qui est couvert dans les conventions collectives,
c'est pour les régimes provinciaux. Cela ne couvre pas les
régimes locaux actuels de la CECM et celle-ci peut décider de les
administrer d'une façon ou de l'autre. C'est bien sûr qu'avec le
projet de loi qui est sur la table, aujourd'hui, c'est la même situation
qui continuerait, à moins, tel que l'a dit M. le président, qu'on
déciderait, lors des prochaines négociations locales, d'inclure
dans les conditions locales des employés enseignants ou non enseignants
des clauses reliées à l'administration de ce régime local
d'assurance si on le désirait. Jusqu'à maintenant, on n'en a pas
inclus. On en avait pour le personnel de soutien jusqu'à la convention
collective de 1979 et, depuis 1979, c'est le vide. Il n'y a plus aucune
référence dans les conventions collectives provinciales. (22 h
15)
M. Ryan: Maintenant, la CECM invoque dans son argumentation le
fait que, depuis l'entrée en vigueur de ce régime qu'elle veut
modifier, il est également entré en vigueur un régime
à l'échelle provinciale qui comporte des avantages assez
substantiels pour les enseignants auxquels viennent s'ajouter ceux qui
existaient déjà et qui comportent des dépenses
spéciales pour la CECM. On va y revenir dans quelques minutes. Je
voudrais que vous me disiez quelle est la situation, au point de vue
régimes provinciaux ou nationaux, qu'on les appelle comme on
préférera? Quelle est la protection accordée aux
enseignants en matière d'assurance-vie en vertu des régimes
provinciaux, à la fois ceux auxquels ils participent obligatoirement et
d'autres auxquels ils peuvent participer facultativement?
M. Tassé (François): Disons, dans un premier temps,
pour ce qui est de toutes les conventions collectives, qu'il y a les
dispositions des 6400 $ d'assurance-vie, et ce, pour toutes les conventions
sans paiement de primes pour les employés. Par la suite, en ce qui
concerne les différents régimes collectifs, on y retrouve deux
types de comités. Il y a plusieurs régimes d'assurance, il y en a
neuf chez nous; par conséquent, il y a plusieurs comités
paritaires. Il y a des régimes d'assurance qui sont régis par des
comités paritaires, intégralement, c'est-à-dire autant en
ce qui concerne les régimes de base qui couvrent la maladie que les
régimes dits complémentaires, qui couvrent de l'assurance-vie. Il
y a, pour les régimes facultatifs dans certains syndicats dont
l'alliance de la CEQ fait partie, des comités syndicaux seulement qui
régissent des contrats d'assurance-vie. Alors, le contrat avec
l'Alliance mutuelle d'assurance-vie, entre ni plus ni moins en concurrence avec
les régimes qui sont prévus dans les différentes
conventions collectives.
M. Ryan: Est-ce que je pourrais savoir, dans la convention
collective des enseignants ou ce qui en tient lieu actuellement, quelle est la
protection accordée ou accessible à l'enseignant?
M. Tassé: D'accord. Quant à la CEQ, c'est un
comité syndical, c'est-à-dire que seule la partie syndicale y est
présente et la couverture va jusqu'à 100 000 $.
M. Ryan: Qu'est-ce que cela veut dire? M. Tassé:
100 000 $ d'assurance-vie. M. Ryan: À partir de quel
montant?
M. Tassé: Cela part de 15 000 $ et il y a
différentes tranches allant jusqu'à 100 000 $.
M. Ryan: D'accord.
M. Tassé: Peut-être, à titre d'information,
au niveau local, à la CECM, seulement
2,6 % des enseignants ont opté pour la couverture maximale.
M. Ryan: D'accord. Cela, c'est une assurance qui est faite par la
CEQ?
M. Tassé: Oui.
M. Ryan: Administrée par elle?
M. Tassé: Exact.
M. Ryan: La participation est-elle obligatoire à un
certain montant de base ou facultative pour tout le monde?
M. Tassé: Entièrement facultative.
M. Ryan: Quelle est la proportion qui participe à
cela?
M. Tassé: Quant à la CECM...
M. Ryan: Au niveau des 100 000 $.
M. Tassé: Globalement?
M. Ryan: Oui.
M. Tassé: Malheureusement, je n'ai pas les chiffres. Je
n'ai les chiffres que pour les employés de la CECM. Disons que la
participation, peu importent les montants, strictement en termes de personnes,
est de 46,3 % des employés qui participent à une des couvertures
disponibles concernant le contrat dont la CEQ est preneur, mais que 2,6 % ont
opté pour la couverture maximale.
M. Ryan: D'accord.
M. Comeau: Maintenant, quand M. Tassé dit 46,3 %, il parle
des enseignants français de l'Alliance. La participation moyenne de
l'ensemble des employés de la CECM est de 40,9 % et, à titre
d'exemple, les enseignants anglophones participent à 63,2 %. Alors, cela
varie selon les syndicats. Par exemple, la participation la moins importante
est au niveau du personnel de soutien, qui n'y participe qu'à 12,1 %.
Évidemment, cela dépend des choix des divers employés dans
les divers syndicats. Là où il y a une participation,
évidemment, à 100 %, c'est le régime provincial, les 6400
$, qui est financé à 100 % par l'employeur.
M. Ryan: C'est tout ce qu'il y a dans le régime
provincial, 6400 $.
M. Comeau: Dans le régime provincial, c'est 6400 $.
M. Ryan: C'est pas gros.
M. Comeau: C'est uniforme pour tout le monde. Évidemment,
au-delà de cela, il y a des régimes d'assurance-salaire qui
existent dans les régimes provinciaux aussi.
M. Ryan: Ce n'est pas de l'assurance-vie.
M. Comeau: Non, ce n'est pas de l'assurance-vie.
M. Ryan: C'est un régime d'assurance-salaire. Savez-vous
que vous m'impressionnez parce que je pensais que la couverture de base
était beaucoup plus forte que cela au plan du régime provincial.
Je ne vous mentionne pas les montants que j'avais à l'esprit, mais
c'était beaucoup plus fort que cela. Avec 6400 $, on ne va pas se
ramasser loin. Je comprends qu'eux insistent, à ce moment, non seulement
pour garder l'assurance-vie actuelle, ce que vous leur accordez en disant
qu'elle serait disponible pour ceux qui sont déjà dedans ou qui
veulent y rester, mais en demandant que cela demeure accessible même pour
les nouveaux enseignants qui viendraient s'ajouter. C'est un des avantages qui
va attirer des enseignants à la CECM, cela me semble-t-il. Y a-t-il
d'autres régimes au plan provincial ou national, à part cela, qui
seraient disponibles?
M. Tassé: Non. Dans toutes les conventions collectives,
c'est un peu la même situation, c'est-à-dire que concernant les
régimes facultatifs, il y a une option qui s'appelle l'assurance-vie
dont les montants varient passablement.
M. Ryan: II y a l'autre régime de la CEQ,facultatif celui-là, sur les conditions duquel je ne me renseigne
pas. Maintenant, à votre connaissance, dans d'autres commissions
scolaires, est-ce qu'il y a des régimes supplémentaires
d'assurance-vie en plus de celui qui est disponible au niveau du... C'est le
régime du RREGOP, finalement, le premier, la base, c'est le
régime général du secteur public?
M. Tassé: Ce sont les 6400 $ que détient tout
employé de la fonction publique et parapublique, quel que soit son
groupe.
M. Ryan: Dans d'autres commissions scolaires, est-ce qu'il y a
des régimes supplémentaires comme celui dont nous parlons
à l'occasion du projet de loi 220?
Une voix: À notre connaissance il n'en existe pas. Je dis
bien à notre connaissance. On n'a pas fait la recension. Peut-être
qu'il y a des gens du ministère ici qui pourraient répondre
à cela.
M. Gendron: Je peux répondre que cela n'existe dans aucune
commission scolaire au Québec.
M. Ryan: Vous affirmez cela d'une manière certaine?
M. Gendron: Oui, après enquête.
M. Ryan: Après enquête spécifique aux fins de
la discussion de ce soir?
M. Gendron: Pas nécessairement confier...
Sérieusement, nous sommes en mesure d'affirmer qu'il n'y a pas d'autre
commission scolaire qui dispose d'un régime particulier d'assurance-vie
tel qu'il en existe un à la CECM.
M. Ryan: Est-ce que la présidente de l'Alliance a quelque
chose à dire sur ce point?
Mme Pagé: Je ne peux que confirmer des indications que
nous avons...
M. Ryan: Je pense que nous convenons tous, si telle est la
situation - j'accepte les faits comme vous les affirmez du haut de votre
magistère -...
M. Gendron: C'est la même hauteur que vous!
M. Ryan: ...si les faits sont ainsi, cela veut dire qu'en
pratique la CECM est tenue par ces régimes qui remontent à un
temps immémorial de débourser chaque année 700 000 $ ou
800 000 $ de plus à ses employés pour des fins qui ne comportent
aucune subvention spéciale ou régulière de fonctionnement
de la part du ministère de l'Éducation. Par conséquent, on
serait justifié de dire qu'alors que les problèmes de
rémunération relèvent du plan provincial, du plan
national, c'est une brèche au tableau entraînant des
dépenses qui contiennent des montants soustraits en conséquence
aux fins de l'éducation. Si on regarde cela froidement, je pense que
c'est ça la situation. Je veux que ce soit bien clair: Vous ne touchez
aucune subvention de fonctionnement pour ces dépenses qui couvrent un
régime qui avait été jugé nécessaire avant
l'institution de régimes d'assurance-vie sur le plan national comme on
les a actuellement, celui du régime gouvernemental et celui du
régime de la CEQ. Ce sont des faits qui font partie du dossier que nous
reconnaissons tous, je pense.
Maintenant, je voudrais juste vous poser une question. La position de la
commission est définie clairement. Ils ont défini la position
dans le projet de loi qui nous est soumis, tandis que l'Alliance nous avait
surtout dit qu'elle voulait nous faire des représentations. Mme
Pagé, tantôt, a résumé les principales objections.
Est-ce que les objections de l'Alliance - vous en avez formulé trois
principales - à l'encontre du caractère facultatif qu'on voudrait
donner au régime - deuxièmement à l'encontre du
régime fermé qu'on voudrait instituer, troisièmement
à l'encontre de la perte de l'approbation... Avec la garantie que la
commission scolaire veut ajouter sous forme d'amendement, est-ce qu'à ce
moment vos objections demeurent aussi fermes sur les trois points? Je pense que
la commission scolaire est prête à garantir également que
les montants d'assurance seraient les mêmes pour les femmes et pour les
hommes. Est-ce que je lis bien le projet de loi en comprenant qu'il y aurait ce
redressement?
À ce moment, est-ce que vos objections demeurent aussi fermes sur
les trois points ou s'il y a des points sur lesquels vous estimez qu'en
pratique un compromis pourrait être honorablement acceptable?
Mme Pagé: L'objection de fond que nous avons le plus
souvent exprimée, le plus longtemps manifestée, c'était
l'aspect discriminatoire.
La deuxième objection, sur laquelle nous avons beaucoup
insisté, c'est la hausse des primes en rendant le régime
facultatif ou en le fermant. À partir du moment où un amendement
vient répondre à cette objection, cela satisfait, pour une part,
les inquiétudes que nous avions.
La troisième objection que nous avons et que nous gardons, c'est
l'approbation. Je pense que c'était quelque chose d'important. C'est
vrai qu'on pourra faire des affaires en négociation locale, mais on sait
que le régime sera bien différent de ce qu'il était avec
la loi 37. Je pense que même si le droit a pu ne pas être
exercé, il n'est pas justifiable à ce moment-ci de retirer ce
droit, surtout si la commission dit: Je suis prête à faire un bout
là-dedans. À ce moment-là, si ces trois
éléments étaient présents dans la loi, vous
comprendrez qu'on ne dira pas de gaieté de coeur que c'est bien que les
nouveaux enseignants et les nouvelles enseignantes n'aient pas accès
à ce régime. Je suis bien obligée de vous dire que ce
n'était pas l'objection qui était la plus fondamentale pour
nous.
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le ministre de
l'Éducation.
M. Ryan: Est-ce que c'est sur la même question?
J'achève, ce sont toutes des questions de fond.
M. Gendron: Je comprends, mais je pensais que vous aviez fini.
Vous aviez dit que c'était votre dernière question.
M. Ryan: J'ai dit cela?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: II en reste une.
Une voix: C'était l'avant-dernière.
Le Président (M. Paré): Avant votre dernière
question, je crois que...
M. Ryan: II en reste une très brève.
Le Président (M. Paré): Oui, M. le
député d'Argenteuil, avant votre dernière question, je
crois que M. le président de la commission avait levé la main
tantôt pour répondre à une de vos questions.
M. Pallascio: C'est un point important que je voulais mentionner,
même si le débat est un peu clos là-dessus. La question a
été posée à savoir que le régime provincial
c'était un montant maximum de 6400 $ financé à 100 %; on a
sorti les chiffres aussi des autres régimes et la participation
facultative avec pourcentage qu'il y a. Il faut comprendre une chose: en 1974,
je crois, pendant quelque temps, le régime actuel est devenu facultatif.
Je voulais faire remarquer qu'il y avait quand même 5000 enseignants qui
se sont retirés de ce programme pendant le peu de temps où il est
devenu facultatif. Je pense que c'est quand même un point important. Il y
a d'autres régimes que ceux qu'on mentionne présentement qui sont
aussi facultatifs. Je pense que c'est un point qu'on voulait mentionner.
M. Ryan: Un dernier point. En tenant compte des propositions que
vous faites et des garanties que vous voulez apporter au chapitre du coût
de la prime par l'amendement que vous ajoutez à votre projet de loi,
qu'allez-vous économiser d'ici à 10 ou 15 ans? Allez-vous
économiser de l'argent chaque année ou si cela va revenir au
même?
Une voix: Pas d'ici à 10 ou 15 ans. Je pense que ce sera
pas avant l'an 2005 qu'on peut parler de changement en calculant qu'on compense
pour le montant des primes.
Le Président (M. Paré): M. le ministre del'Éducation.
M. Gendron: M. le Président, je voulais juste indiquer aux
membres de cette commission ainsi qu'à nos distingués
invités qu'on a beau prendre cela dans tous les sens, faire les analyses
les plus sophistiquées ou les plus jésuites possible, tout autant
dans la lettre de M. Dubé de l'Alliance à M. Pallascio, que dans
la lettre du président de l'Association professionnelle du personnel
administratif, même si dans les faits il y a trois points précis
évoqués, je pense qu'on peut convenir très rapidement,
sans faire des analyses trop serrées, qu'il y a deux points
fondamentaux.
Quand on me parle qu'on a des objections au niveau de la fermeture ou
qu'on a des objections au niveau du régime facultatif, l'un et l'autre
de ces éléments sont toujours reliés à la question
du coût des primes. C'est évident. Je pense qu'ils ont compris
cela, et cela demeure l'objection principale. Là-dessus, on dit: On a un
amendement "fullproof", et cela vient d'être expliqué tout autant
par les porte-parole de la CECM. Tous ceux qui ont lu le projet de loi ont
compris l'amendement par rapport à ce que j'appellerais l'objection
valable soulevée et réelle par les porte-parole del'Alliance.
Donc, ce point, à ma connaissance, est complètement
réglé. Et il est d'autant plus réglé avec la
dernière réponse qui est fournie par le président de la
CECM: dans les faits ce n'est sûrement pas à court terme qu'il y
aura une réduction de coûts puisqu'on...
Une voix: Cela va coûter plus cher.
M. Gendron: ...cela va coûter plus cher, je vais arriver au
deuxième point ...garantit qu'il n'y aura pas d'augmentation de la prime
à partir d'une participation plus restreinte. (22 h 30)
L'autre point qui était fondamental des deux côtés,
tout autant de l'Association professionnelle du personnel administratif que de
l'Alliance, était relié à la question fondamentale. Et Mme
Pagé l'a illustré il y a quelques minutes: pour elle ce qui
était le plus fondamental c'est l'aspect discriminatoire, toute la
question de la discrimination. On peut bien faire des discours sur cela, tout
le monde convient que ça n'a rien à voir avec le projet de loi.
Cet aspect peut être corrigé, donc je n'en parlerai pas plus
longtemps. Je vais souhaiter que la CECM prenne des engagements fermes, puisque
nous sommes en 1985, pour tout le monde - je l'espère - et que tout le
monde convient que les aspects discriminatoires devraient être
éliminés dans les meilleurs délais. Mais ce n'est pas le
forum. Et le projet de loi n'a aucune disposition prévue à cet
effet et il n'a pas besoin d'en avoir. Donc, tout autant dans la lettre de
l'Alliance que dans la lettre de l'Association des professionnels, quand on
parle de l'aspect discriminatoire, je ne veux pas le traiter ici, ce n'est pas
ici qu'on va le régler.
En ce qui me concerne, il reste un point pour lequel actuellement on n'a
pas de réponse satisfaisante. Le point qui a été
soulevé c'est toute la thèse très succintement
évoquée - mais correctement en ce qui me concerne par l'Alliance
- de la distinction fondamentale qu'il y a lieu de faire entre la notion d'un
droit libellé dans un projet de loi versus la notion de l'exercice de ce
droit. Sans me déguiser en juriste, ce que je ne suis pas, pas plus
avocat, je crois qu'ils ont raison: ce n'est pas parce qu'un droit n'est pas
exercé que cela revient au fait de ne plus l'avoir. Il y a une
différence entre avoir un droit dans une loi et ne pas l'exercer,
même si je pense qu'on peut convenir que règle
générale - je n'ai pas la sagesse et l'âge de certains
autour de la table - le non-exercice d'un droit libellé dans une loi
fait que de temps en temps il y a des correctifs et qu'il y a perte de droit
pour des raisons de non-usage. Cela est arrivé fréquemment et
couramment. On pourrait citer des exemples très précis, mais ce
n'est pas encore là le moment de débattre cette question en ce
qui me concerne.
M. le Président, je voudrais poser une question bien
précise: quelles sont les motivations précises et importantes -
s'il y en a - de la CECM pour ne pas prévoir dans ce projet de loi des
dispositions qui feraient qu'effectivement l'Alliance pourrait exercer un droit
d'approbation sur la base des règlements adoptés par la CECM
quant à la gérance du programme d'assurance-vie, lequel à
ce moment serait moins particulier puisqu'on y apporte les corrections
souhaitées? Je n'ai pas eu d'explication jusqu'à maintenant sur
les raisons, sauf qu'on nous a dit - et vous aviez le droit de nous donner
cette information sur les faits que de facto il n'y a pas eu d'exercice de ce
droit. Cependant, l'Alliance - à ma connaissance avec raison - dit:
Écoutez, nous voudrions qu'il y ait une possibilité pour nos
syndiqués et cela toujours en termes aussi de préoccupation
syndicale correcte - de leur fournir l'occasion éventuellement d'avoir
une approbation par la majorité de leurs membres des règlements
afférents qui vont gérer un régime qui leur est
appliqué. C'est tout de même pour eux et non pas pour le personnel
de la CECM ou les commissaires d'écoles de la CECM.
Je ne vois pas pourquoi on irait plus loin sur cela, puisqu'on a
réglé l'entonnoir. Il n'y avait que deux problèmes de
fond. Comme je l'ai dit tantôt, deux problèmes sont reliés
à la même chose. Or on les règle par l'amendement qu'on va
adopter, je l'espère, dans les meilleurs délais.
Il ne reste que le dernier article. Et si la CECM nous dit: On n'a pas
d'objection à réintroduire dans le projet de loi proposé
un dispositif ou une disposition qui permettrait que vous continuiez à
avoir un droit d'approbation, quitte à en user ou pas - c'est votre
privilège, ce n'est pas le nôtre...
Dépendamment de la réponse, j'aurais un amendement
à proposer à ce sujet, à moins qu'il y ait des objections
majeures. Je vais proposer comme amendement qu'on puisse réintroduire un
dispositif qui vous donne un droit d'approbation.
M. Goyer: Ce que je peux mentionner c'est que ce droit n'a jamais
existé pour les assurances dites additionnelles. Il faut faire
attention, il ne faut peut-être pas aller plus loin non plus.
Le Président (M. Charbonneau): S'il n'a pas existé
pour ce type d'assurance il existait pour d'autres.
M. Goyen II existait pour les assurances de base, mais il n'existe pas
pour les assurances dites additionnelles.
M. Comeau: II existait que pour les instituteurs dans la loi; il
n'existait pas pour les autres catégories d'employés.
M. Gendron: Oui, mais M. le Président...
Une voix: ...les instituteurs qu'on n'avait pas... les
institutrices...
Une voix: Non, non, instituteurs et institutrices...
M. Gendron: M. le Président, si vous permettez! Moi, je
pense encore-là vous donner un élément de réponse.
Effectivement, pour en avoir pris connaissance et fait quelques
vérifications, je ne crois pas - vous me corrigerez si ce n'est pas
exact - que la demande de l'Alliance est de lui donner un droit de
gérance au-delà de celui qu'elle avait dans la loi dont on
discute. Je n'ai jamais parlé des régimes additionnels, j'ai
parlé de ce qu'on a appelé un régime d'assurance-vie
particulier. Ce qui existe ne s'appliquait qu'au régime d'assurance-vie
particulier dont on parle, et d'autre part uniquement à une
catégorie pour laquelle on a décidé, comme gouvernement,
d'entendre la partie qui défend, règle générale,
les préoccupations de ses commettants, les professeurs, les enseignants
et les enseignantes de la CECM. Quand j'envisage de présenter un
amendement pour réintroduire cette possibilité d'approbation,
c'est sur les mêmes contenus pour lesquels ils avaient ce
droit-là, et c'est exerçable par les mêmes
clientèles.
M. Tassé: II y a quand même un autre
élément. C'est l'orientation de base du projet de loi qui est
à l'effet de fermer le plan. Je pense qu'il a été reconnu
tout à l'heure que la dernière modification remontait à
1955. Les couvertures sont identiques depuis 1955
et l'orientation de la commission, comme le projet de loi le mentionne,
est à l'effet de fermer le plan et de le laisser s'éteindre. On
n'envisage pas de modification, on laisse courir le temps. Disons que c'est
presque l'extinction biologique.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais quel est l'inconvénient? C'est
ce qu'on voudrait que vous nous répondiez. Je comprends qu'un jour il va
s'éteindre, quand on va tous être morts. Mais entre-temps, d'ici
à ce qu'on soit tous morts, qu'est-ce qui empêche que le statu quo
soit conservé? Quel est l'inconvénient que l'on conserve le statu
quo, eu égard à l'approbation? Je comprends qu'il va
s'éteindre un jour.
M. Tassé: Là, on rentre aussi dans les dispositions
du contrat. Bien qu'au niveau de la loi, effectivement le législateur
ait prévu un droit au niveau des instituteurs et institutrices, les
mêmes 20 000 $ qui sont obligatoires pour les hommes et 4000 $ pour les
femmes, c'est une couverture qui est disponible pour les autres types de
personnels et c'est un contrat collectif. Pourquoi à ce moment-là
permettre plus à un groupe...
Mme Lavoie-Roux: Bien, ils l'ont déjà.
M. Tassé: Non, outre cela. Je veux dire: Pourquoi
permettre plus à un groupe le partage de responsabilités,
d'autant plus que l'orientation de base du projet de loi est à l'effet
de le fermer, sans modifier des couvertures qui d'ailleurs ne sont pas
modifiées depuis plus de trente ans?
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Sauvé.
M. Parent (Sauvé): M. le Président, j'aimerais
demander au président de la CECM, tout en reconnaissant qu'il est
toujours difficile pour un président de partager son droit de
gérance ou son droit de patron, si ce serait réellement
dramatique et difficile pour la CECM de faire un effort et de reconnaître
ce droit d'approbation qui est tout particulier, surtout pour les assurances
qui sont toutes particulières aussi? On sait que c'est un cas à
part. Est-ce que cela vous enlèverait beaucoup de choses? Est-ce que
cela ne susciterait pas plutôt de meilleures relations entre l'Alliance,
la CECM et tout son monde?
M. Pallascio: M. le député, connaissant les
excellentes relations que nous avons avec l'Alliance des professeurs, je pense
que ce point-là ne devrait pas faire obstacle au projet de loi.
M. Parent (Sauvé): Très bien.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Saint-Laurent.
M. Ryan: Je voudrais juste soulever un point, M. le
Président, sur le même sujet. C'est que dans le texte de la loi
c'est marqué: Les instituteurs, institutrices et autres employés.
Je ne voudrais pas que vous oubliiez cela dans votre amendement.
Le Président (M. Charbonneau): Le ministre en tiendra
compte dans la rédaction de son amendement. M. le député
de Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je voudrais simplement dire que je ne
vois aucune raison pour laquelle je serais contre le projet de loi. On avait
des appréhensions face aux coûts qui pouvaient être
supportés par les enseignants. On a établi que
définitivement il n'y aurait pas d'augmentation de primes.
Également on couvre toutes les personnes en place. En ce qui concerne la
discrimination, même si on n'avait pas à en parler, on
règle ce problème-là également.
Il y a une chose qu'il faut bien comprendre, c'est que cela occasionnait
un coût supplémentaire à la commission scolaire. Alors,
évidemment on est bien obligé de reconnaître que, vu qu'il
s'agit de vases communicants, si on met plus d'argent dans cette assurance, on
en met moins dans l'éducation, parce que ces sommes ne sont pas
subventionnées.
Alors, la commission scolaire dit: Cela nous coûtait plus cher
qu'ailleurs, que dans d'autres commissions scolaires. On payait ce montant;
bien sûr, qu'on mettait d'autant moins dans l'éducation.
Là, on dit: Même si la participation restreinte nous occasionne
des coûts supérieurs, on est encore prêt à assumer
cette somme, ces sommes. Je trouve que c'est assez généreux.
Encore là, en mettant les sommes additionnelles, il va en avoir encore
moins dans l'éducation. Mais on le fait, parce qu'on dit: À un
moment donné, il va y avoir une fin et cela va permettre, disons,
à la commission scolaire d'utiliser ces sommes pour l'éducation.
Je vous dis: dans ces conditions, je ne suis pas capable d'être contre ce
projet de loi et je pense qu'on doit voter pour.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que je pourrais
proposer qu'on procède à l'étude du projet de loi?
Étude détaillée
Le Président (M. Charbonneau): C'est exactement, Mme la
députée de L'Acadie, ce que je m'apprêtais à faire.
Sur ce, je vais d'abord demander si le préambule du projet de loi est
adopté.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Très
bien.
M. Ryan: Juste une minute. Je veux en faire lecture, M. le
Président, avant qu'on procède à l'adoption, parce c'est
la moitié du projet de loi.
M. Gendron: Vous ne l'avez pas lu avant, monsieur?
M. Ryan: Je l'ai lu, mais je veux le lire à la
lumière de la discussion que nous avons eue ce soir.
M. Gendron: Mais le texte n'a pas changé.
M. Ryan: Mais il y a un point qui n'est pas couvert clairement
dans les attendus. C'est justement la préservation du droit
d'approbation. Je ne sais pas s'il faudrait l'inclure clairement. Cela va
dépendre de l'amendement qu'on va avoir...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Ryan: ...mais je pense que c'est important de prévoir
cela, parce qu'il n'y a qu'un ou deux articles à part cela. Ici, il y a
un dernier alinéa qui dit: "Attendu que la présente loi
préserve les droits acquis des employés de la Commission des
écoles catholiques de Montréal à son emploi". Si on
ajoutait clairement: "Y compris le droit d'approbation majoritaire
décrit au premier alinéa de l'article 2", je comprendrais
très bien.
Le Président (M. Charbonneau): Cela vous irait-il?
Mme Lavoie-Roux: Le ministre avait un amendement, je pense.
Le Président (M. Charbonneau): Oui.
M. Gendron: M. le Président, encore là, je ne suis
pas un spécialiste de ces questions, mais je n'ai jamais aimé la
redondance. Quand on a un amendement spécifique à un article...
Tantôt, on va apporter...
Le Président (M. Charbonneau): Pouvez-vous lire votre
amendement, dès maintenant?
M. Gendron: II s'en vient dans quelques minutes. Tout ce que j'ai
mentionné c'est notre idée de réintroduire dans un
article, par un amendement, l'obligation pour la CECM d'offrir
l'approbation.
Le Président (M. Charbonneau): Ce que je vous propose,
dans ce cas, c'est qu'on peut adopter le préambule après.
Une voix: Oui, exactement, le préambule
après...
Le Président (M. Charbonneau): On fera l'étude
article par article et si l'amendement est satisfaisant on laissera le
préambule plus général.
M. Gendron: Mais je voudrais juste terminer une...
M. Leduc (Saint-Laurent): Mais si on se dit que la
présente loi préserve les droits acquis, est-ce qu'on ne couvre
pas cela?
M. Ryan: Non. La preuve c'est qu'on ne s'entendait pas au
début de la discussion.
M. Gendron: À partir du moment où il y a une
modification, non; sauf que mon point n'était pas tellement cela. On ne
dit pas plus dans le préambule le contenu de l'article 2. On ne dit pas
plus dans la préambule le contenu de l'article 1. Alors, je trouve que
c'est une objection qui n'a pas d'affaire là. Dans un préambule,
quand on énonce les articles, c'est justement en disant: Sur la base de
ce qu'on vient de dire, voici les garanties offertes par le projet de loi. Et
là, on fait l'énumérafion des articles requis pour assurer
la protection énoncée en termes de principes dans le
préambule.
Mon point était là, mais si M. le député
d'Argenteuil ou les autres membres de la commission le permettaient, j'irais
tout de suite à l'article 1. On ferait l'article 2 parce qu'on a un
amendement majeur et, après cela, j'aurais l'occasion de vous
présenter l'amendement que je veux présenter au projet de loi
pour...
Le Président (M. Charbonneau): C'est exactement ce que
j'ai à vous proposer. Donc, on va commencer à l'article 1. Il y a
un amendement.
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'y a pas d'amendement à
l'article 1. (22 h 45)
Le Président (M. Charbonneau): C'est parce qu'il y a deux
articles. Il y a l'article 1 qui remplace l'article 2. Donc, il y a un article.
On est à l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): S'il y a un amendement,
c'est maintenant qu'il faut l'introduire.
M. Ryan: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: L'amendement que
j'ai c'est au deuxième paragraphe de l'article 1.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous que je vous en fasse un amendement?
On va commencer par l'article 1.
Le Président (M. Charbonneau): On est à l'article
1.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Ce serait après, le
deuxième paragraphe de l'article 2.
Le Président (M. Charbonneau): Pas l'article 2, le
paragraphe 2.
Mme Lavoie-Roux: Le sous-paragraphe.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. On comprend.
Mme Lavoie-Roux: D'ajouter au deuxième alinéa,
après le mot "commission", la phrase suivante: "Toutefois, la commission
garantit aux personnes assurées en vertu de la police 990-G" - c'est une
erreur, il y a juste 990, il faudrait mettre -G - "émise par l'Alliance,
compagnie mutuelle d'assurance-vie, un taux de prime basé sur le taux de
prime qui aurait été en vigueur, n'eût été
une participation plus restreinte, une fois les modifications apportées
au régime d'assurance-vie collective, à la suite de l'adoption de
la présente loi." Il faudrait insérer ici le numéro de la
présente loi.
Le Président (M. Charbonneau): En fait, le numéro
de la présente loi, c'est 223... "l'adoption de la loi 223."
M. Ryan: On n'est pas pressés, il va nous le relire.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord. Il l'a devant lui.
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: On vous fait marcher pour rien.
Le Président (M. Charbonneau): Je ne savais pas que
c'était pour cela. C'est le projet de loi 223. On va enlever le mot
"insérer" et on va marquer "la présente loi 223".
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que l'on voulait dire.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Ou: "de
la présente loi." Le numéro n'est pas
nécessaire.
M. Paré: C'est l'article 1 qui est modifié, non pas
l'article...
Le Président (M. Charbonneau): C'est cela. C'est l'article
1 qui est modifié, parce qu'il y a deux articles dans ce projet de
loi.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): C'est pour cela
tantôt que...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce correct?
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela irait?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, est-ce que
l'amendement est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté, M. le Président.
M. Gendron: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Est-ce
que l'article 1, tel qu'amendé...
M. Ryan: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non, il y a un autre amendement qui s'en
vient.
M. Ryan: II va falloir qu'il amende le troisième
alinéa de l'article 2.
Mme Lavoie-Roux: II y a un autre amendement.
M. Gendron: On va y arriver, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, il y a un second
amendement à l'article 1, M. le ministre.
M. Gendron: Oui, mais par contre il se réfère aux
papiers... Je ne sais pas sur quel document on travaille, mais je sais bien que
l'article 1 parle de l'article 2, mais à l'article 2 nous avons: "La
Commission des écoles catholiques de Montréal est
autorisée à établir en faveur de ses employés et de
ses retraités un régime d'assurance-vie collective". Cela va pour
moi. "Seules peuvent y participer les personnes assurées". Et là
c'est intégral: "La décision d'une personne de ne plus participer
au régime d'assurance-vie est définitive, irrévocable et
prend effet à la date déterminée par la commission." Je
laisserais cela.
Mme Lavoie-Roux: II y a déjà eu un ajout.
M. Gendron: Oui, je le sais, mais en tenant compte de cet
ajout.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Gendron: On éliminerait le paragraphe qui suit, et
là arriverait l'introduction de l'amendement. Je veux bien qu'on me
comprenne: On rayerait le paragraphe qui suit, mais pas pour la dernière
phrase; je vais la réintroduire à la fin de mon amendement.
Le Président (M. Charbonneau): Si on se comprend bien,
vous allez rayer: "l'organisation et l'administration du régime", est-ce
cela?
M. Gendron: C'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, le dernier paragraphe
jusqu'à "prime nécessaire".
M. Gendron: Jusqu'à "prime nécessaire". Je vais
garder "Les montants payés en vertu du régime d'assurance-vie
sont insaisissables", mais je vais ajouter cela à la fin de
l'amendement.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
M. Gendron: L'amendement se lirait comme suit, et là je
vais lire l'amendement; je ne lirai pas ce que j'appelle l'introduction de
cette affaire.
Le Président (M. Charbonneau): Pas le roman.
M. Gendron: Non, pas le roman. L'amendement est le suivant, M. le
député d'Argenteuil. Si vous voulez écouter, parce que je
n'ai pas d'autres copies, on vient de le faire sur le bras: "Avec l'approbation
de la majorité des employés concernés, la commission peut
faire...
M. Ryan: Lisez moins vite, qu'on le prenne en note.
M. Gendron: Oui, oui. "Avec l'approbation de la majorité
des employés concernés, la commission peut faire un
règlement concernant l'organisation et l'administration du régime
d'assurance-vie, de même que le choix de l'assureur et la
détermination de la contribution d'une personne assurée.
Le Président (M. Charbonneau): Et la dernière
phrase qui se...
M. Gendron: Attendez un peu! "De plus...
Le Président (M. Charbonneau): De plus... Allez-y.
M. Gendron: ...la commission est autorisée à payer
en tout ou en partie la prime nécessaire." Là, j'ajoute: "Les
montants payés en vertu du régime d'assurance-vie sont
insaisissables." Vous avez là l'un des plus beaux amendements jamais
produits, M. le Président.
M. Parent (Sauvé): Par un ministre, en fin de
soirée.
M. Gendron: Mais qui n'a pas eu de party, et...
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que cela va? C'est
clair?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Charbonneau): Donc, l'amendement
proposé par le ministre irait après l'amendement qui est
déjà adopté, qui introduit un nouveau paragraphe à
l'article 2 de l'article 1, qui commençait par "Toutefois". L'autre
paragraphe commencerait par les phrases que le ministre a ajoutées dans
son amendement, lesquelles seraient complétées par la
denière phrase du dernier paragraphe de l'article 1 qui serait
maintenue.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Juste sur un point. Dans l'amendement on dit: "Elle peut
faire un règlement" concernant l'organisation. Je ne sais pas si ce ne
serait pas mieux de garder le texte de la loi: "tous règlements", parce
qu'on ne sait pas si elle en aura besoin de plus d'un.
Mme Lavoie-Roux: "Tous règlements", c'est la même
chose.
M. Ryan: "Tous règlements", c'est écrit au pluriel
dans le texte de l'ancienne loi et je trouve cela plus en...
Une voix: Pour l'interprétation, le singulier comprend le
pluriel.
M. Ryan: Pardon!
Mme Lavoie-Roux: Le singulier comprend le pluriel.
Une voix: Pour l'interprétation...
M. Gendron: Selon des spécialistes, le singulier comprend
le pluriel, mais pas l'inverse.
Mme Lavoie-Roux: C'est comme le masculin et le
féminin.
M. Leduc (Saint-Laurent): Le masculin comprend le
féminin.
Le Président (M. Charbonneau): On fêtera
après, si on veut finir avant demain matin.
Mme Lavoie-Roux: Oui, M. le Président, cela va.
M. Gendron: Adopté. Mme Lavoie-Roux:
Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien.
Adopté. Est-ce que l'article 1, tel qu'amendé deux fois, est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Est-ce que
le préambule est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que oui, monsieur.
M. Gendron: Ne faites pas les Ayatollah:
Mme Lavoie-Roux: Je les avais fait travailler avant.
M. Gendron: Vous avez fait votre job.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez été bien chic. Ce n'est
que du gros bon sens. Adopté.
M. Gendron: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va? Est-ce que le
préambule du projet de loi est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Est-ce que
le titre du projet de loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Est-ce que
le projet de loi 223, Loi concernant la Commission des écoles
catholiques de Montréal est adopté tel qu'amendé?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Voilà. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais d'abord
remercier nos invités. Je pense que cela a été vraiment un
travail d'équipe tout autour d'une table, et c'est très bien.
J'espère que de part et d'autre on part dans les circonstances les plus
heureuses possible. Je voudrais aussi remercier le ministre de
l'Éducation. Je voudrais également remercier Mme Reny,
responsable de la législation, qui a aidé à
préparer cette législation. Je voudrais remercier d'un
façon particulière le ministère de l'Éducation,
dont certains fonctionnaires ont été mis - à ma
disposition, ce n'est peut-être pas la formule exacte - à
contribution. Je pense qu'ils ont aidé, finalement, à
résoudre un problème pour lequel on cherchait une solution, de
part et d'autre, depuis longtemps. Merci à tout le monde.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Gendron: Je voudrais remercier très rapidement les
membres de la commission et nos distingués invités. Je voudrais
en particulier souligner que leur présence, de part et d'autre, à
la suite de leur demande, aura peut-être contribué à
sauvegarder un droit non exercé. Quand bien même ce serait
seulement pour cela, cela valait le déplacement pour certains discours
éventuels. Je voudrais également remercier les fonctionnaires du
ministère qui nous ont assistés dans l'approbation de ce projet
de loi, qui était devenu nécessaire. Je pense qu'il est
important, de temps en temps, de travailler avec des lois plus adaptées
à la réalité d'aujourd'hui. Cela nous a également
donné l'occasion d'être saisis d'un problème auquel, de
part et d'autre, on a convenu d'essayer d'apporter des solutions: celui
d'éviter toute discrimination quand on a tout ce qu'il faut entre les
mains pour poser les gestes administratifs requis pour le faire. C'est ce que
je souhaite le plus ardemment en remerciant toutes les personnes. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Sauvé.
M. Parent (Sauvé): Je voudrais remercier brièvement
le président de la CECM et la
présidente de l'Alliance de s'être dérangés
pour venir nous recontrer. Je veux aussi leur exprimer ma satisfaction de voir
dans quel climat les échanges entre l'Alliance et la CECM ont eu lieu.
On a senti qu'il y avait un effort de part et d'autre pour tâcher
d'améliorer... de vivre dans un climat acceptable, dans le respect des
deux institutions.
Il y a une année à peine, M. le Président - une
année moins une heure -j'occupais encore le poste que vous occupiez. Et
je me suis vanté, pendant une année, de ne jamais avoir eu
d'affrontement avec le prédécesseur de Mme Pagé, l'ancien
président, M. Rodrigue Dubé. Je vous encourage fortement à
continuer à avoir des relations harmonieuses entre vous deux. Si on veut
que l'école publique reprenne sa place, qu'elle se valorise, il est
important que les enseignants, les principaux intervenants, se sentent heureux
et bien acceptés dans leur commission scolaire. Il est aussi important
que les commissaires d'école acceptent et respectent les enseignants.
C'est le message que je voulais vous laisser.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, juste un mot pour terminer. Je
voudrais remercier Mme la députée de L'Acadie, M. le ministre et
les autres membres de la commission pour le travail qui a été
accompli dans un esprit d'équipe. J'espère que les deux parties
repartent satisfaites dans l'ensemble. J'espère surtout que, dans les
meilleurs délais, la Commission des écoles catholiques de
Montréal portera remède à l'inégalité qui
existe actuellement, et qui n'est pas corrigée par la présente
loi, en ce qui concerne le traitement accordé aux enseignantes.
Merci.
Le Président (M. Charbonneau): II ne me reste qu'à
remercier les membres de la commission et nos invités, et à leur
souhaiter que ces relations futures continuent lors de leur prochaine
négociation. Sur ce, les travaux de la commission sont ajournés
sine die.
(Fin de la séance à 22 h 52)