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(Vingt heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire de l'énergie et des ressources
reprend donc ses travaux interrompus la semaine dernière. La commission
a le mandat d'étudier quelques projets de loi dont le projet de loi no
1, sur lequel nous en étions à l'ajournement des travaux la
semaine dernière.
Pour la séance de ce soir, les membres de la commission seront:
M. Bérubé (Matane), M. Biron (Lotbinière), M. Bordeleau
(Abitibi-Est), remplacé par Gagnon (Champlain), M. Ciaccia (Mont-Royal),
M. Desbiens (Dubuc), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Fortier (Outremont).
Une voix: Remplacé par M. Samson (Rouyn-Noranda).
Le Président (M. Bordeleau): Remplacé par M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Grégoire (Frontenac), M. Perron (Duplessis), M.
Tremblay (Gouin).
Les intervenants seront: M. Brochu (Richmond), M. Dussault
(Châteauguay), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mercier (Berthier), M. Michaud (Laprairie),
M. Rancourt (Saint-François)...
Une voix: Michel Gratton.
Le Président (M. Bordeleau): M. Gratton (Gatineau).
Rapporteur?
Sans avoir été présent à la...
M. Ciaccia: Le député de
Mégantic-Compton.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, qui remplacerait...
M. Ciaccia: Je pense qu'on avait une entente.
Le Président (M. Bordeleau): ...M. Giasson.
Une voix: J'ai été enregistré pour
cela...
M. Ciaccia: On avait eu une entente la semaine passée
à savoir que...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais à la
condition de pouvoir le...
M. Ciaccia: ...quand on étudierait un projet de loi, on
reconnaîtrait celui qui...
Le Président (M. Bordeleau): ...substituer à
quelqu'un qui est déjà membre de la commission ou à un
intervenant.
M. Samson: On peut le substituer présentement à M.
Giasson. Avec le consentement, plus tard, on le refera, et cela pourrait
être la même chose de l'autre côté.
M. Giasson: Oui, sur le projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, il s'agit simplement de
le substituer. Alors, ce serait M. Bélanger (Mégantic-Compton)
à la place de M. Giasson (Montmagny-L'Islet), pour le moment.
Motion réclamant la convocation du
Vérificateur général (suite)
Je pense qu'à l'ajournement des travaux, vendredi dernier, nous
en étions à l'étude de l'article 22 de l'ancienne loi qui
fait partie de l'article 4 du projet de loi no 1, sur une motion du
député de Mont-Royal. C'est cela. C'était une invitation
à faire entendre ou à entendre le Vérificateur
général devant la commission. C'est bien cela.
Toujours sur cette motion, est-ce qu'il y a d'autres droits de parole
à exprimer sur la motion comme telle?
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, c'est une directive en fait
que je veux vous demander. Vendredi dernier, lorsque nous avons ajourné
nos travaux, j'avais la parole sur la motion telle que présentée
par le député de Mont-Royal et j'aimerais savoir quel temps de
parole il me reste, parce que nous n'avions pas chronométré, je
ne sais pas si vous avez eu l'information.
Le Président (M. Bordeleau): Selon ce qu'on me dit, M. le
député de Rouyn-
Noranda, il semble qu'il vous resterait peut-être quelques
minutes. On n'a pas minuté à la seconde près, votre droit
de parole était pratiquement écoulé, mais il restait un
certain nombre de minutes au député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: On ne coupera pas les cheveux en quatre, mais je
soumets respectueusement à votre attention que j'avais
débuté mon intervention à 17 h 10 et qu'on a
ajourné vers 17 h 55. Il n'était pas 6 heures, si on se fie
à l'horloge qui est là, parce que je la regardais avec des yeux
très intéressés. Il y a eu quelques questions de
règlement, disons qu'on pourrait peut-être s'entendre pour une
directive - non une demi-heure ce serait peut-être exagéré
-d'une quinzaine de minutes.
M. Grégoire: II a parlé à peu près
combien de temps?
M. Samson: C'est parce qu'on n'a pas chronométré,
à peu près 45 minutes.
M. Grégoire: Pas de commentaire, M. le Président.
C'est Boileau qui a dit une bonne phrase: "Ce que l'on conçoit bien
s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent
aisément."
M. Samson: C'est ce que vous pratiquiez à Ottawa
facilement.
M. Grégoire: Oui.
M. Bérubé: II n'y a pas de problème quant
à la facilité avec laquelle le député de
Rouyn-Noranda peut intervenir sur une question en particulier.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Rouyn-Noranda, ce n'est pas moi qui présidais la
commission à ce moment, on me dit qu'il peut rester une dizaine de
minutes. Je ne voudrais pas non plus être vraiment chronométreur
officiel. À moins qu'on ne me donne des indications plus
précises.
M. Samson: On s'arrange pour quinze et on ne se chicane pas.
Le Président (M. Bordeleau): On me dit que vous auriez
commencé votre intervention à 17 h 13 pour la terminer à
18 heures, ce qui vous laisserait donc treize minutes.
M. Samson: Moins les questions de règlement.
M. Ciaccia: II y a eu beaucoup de questions de règlement
qui ont été soulevées pendant l'intervention du
député de Rouyn-Noranda, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous avoue, M. le
député de Mont-Royal, que je ne peux être juge de ces
questions de règlement étant donné que je n'étais
pas là.
Je ne veux pas non plus être à cheval.
M. Samson: On va s'arranger pour quinze minutes.
Le Président (M. Bordeleau): On peut allouer une quinzaine
de minutes, est-ce que cela peut vous aller? (20 h 30)
M. Samson: Une quinzaine de minutes, parfait.
Le Président (M. Bordeleau): On va s'entendre pour quinze
minutes.
M. Samson: On ne se chicanera pas, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous avez quelque chose à dire sur cette motion?
M. Samson: M. le Président, comme vous vous en doutez
sûrement étant mon voisin de comté, j'ai beaucoup de choses
à dire sur la motion présentée par mon collègue, le
député de Mont-Royal. En effet, quand le député de
Mont-Royal suggère à cette commission d'inviter cordialement le
Vérificateur général à venir nous visiter, c'est
que dans cette loi nous retrouvons une philosophie qui, quant à la
vérification des livres, va à l'encontre des us et coutumes de
l'Assemblée nationale.
On me dira - parce que je l'ai entendu dire au début -
qu'à Hydro-Québec, par exemple, il y a un vérificateur qui
est différent; on remarquera qu'Hydro-Québec, dans sa loi
constitutive, a des objectifs qui font qu'elle jouit d'une autonomie dont ne
jouissent pas les autres sociétés de la couronne.
Également, Hydro-Québec s'autofinance parce qu'elle a de la
clientèle et, en fait, elle a un pouvoir d'emprunt nettement reconnu et
qui dépasse, dans certains cas, le pouvoir d'emprunt même du
gouvernement, ce qui la place dans une situation différente des
sociétés de la couronne qui, en tout cas, pour plusieurs d'entre
elles encore, vivent soit avec des demandes de subventions ou des demandes
d'augmentation du capital-actions. Ce capital-actions est augmenté par
le ministre des Finances, comme on le sait, de sorte que le gouvernement est le
principal actionnaire.
On a fait valoir avant moi qu'habituellement l'actionnaire nommait le
vérificateur. Ce que nous n'avons pas retenu, malgré que dans
l'entreprise privée c'est l'actionnaire qui nomme le
vérificateur, c'est que, dans le cas présent, comme dans le cas
d'autres sociétés de la couronne, il se trouve
que ce sont des fonds publics. Lorsqu'il s'agit de fonds publics, le
ministre des Finances, qui est l'actionnaire, devient en quelque sorte le
mandataire de ceux-là qui sont les véritables actionnaires, soit
les "payeurs de taxes", les citoyens du Québec. C'est en vertu de cela
que nous soulignons qu'il faut absolument que les sociétés de la
couronne, à l'instar des ministères, soient
vérifiées sous la direction et la responsabilité du
Vérificateur général du Québec.
Le Vérificateur général du Québec - on ne le
dira pas assez souvent - est une institution. Il est nommé par un vote
des deux tiers des membres de l'Assemblée nationale, ce qui
confère à cette institution et à celui qui la
représente cet esprit d'indépendance qui fait que le pouvoir
gouvernemental ne peut pas lui dicter ses vues. On ne parle pas de politique
partisane quand on le dit; quel que soit le pouvoir gouvernemental, il ne doit
en aucune façon dicter ses vues au Vérificateur
général. C'est pourquoi le Vérificateur
général est un de ceux qui, parmi quelques-uns - quelques rares,
parce qu'il n'y en a pas tellement -sont nommés d'abord avec la
consultation qui est nécessaire avant la motion qui vient devant
l'Assemblée nationale. Une fois la consultation faite auprès des
différents partis, la motion vient du chef de l'exécutif, donc du
premier ministre, et cette motion doit être adoptée aux deux tiers
des voix des membres de l'Assemblée nationale, par vote
enregistré.
De la sorte, le Vérificateur général devient
réellement indépendant. Au même titre qu'on reconnaît
l'importance de l'indépendance de la magistrature, on reconnaît
l'importance de l'indépendance du Vérificateur
général, au même titre également, M. le
Président, qu'on reconnaît, dans notre actuelle Loi de la
législature, l'indépendance du député. Parce qu'un
député doit être indépendant dans les gestes qu'il
pose à l'Assemblée nationale, il doit aussi jouir d'une
indépendance, même à l'extérieur de
l'Assemblée. Notre actuelle Loi de la législature prévoit
des choses comme ça, elle prévoit même - pour
démontrer jusqu'à quel point il est important qu'un
député puisse jouir de la plus large indépendance possible
pour représenter ses électeurs et ne pas être à la
merci de certaines pressions - des sanctions contre quelqu'un qui molesterait
un député ou qui aurait la tentation d'exercer des pressions
indues ou de faire de l'intimidation auprès d'un député,
relativement à sa prise de position sur telle ou telle loi.
Si on a une Loi de la législature qui nous respecte et qui nous
protège en même temps, c'est donc qu'il y a importance reconnue
que le député mandataire de ses électeurs soit
protégé de toutes les façons possibles quant à la
jouissance de son droit de représenter ses électeurs.
Or, il arrive, M. le Président, que, par analogie, le
Vérificateur général doit aussi jouir de la même
façon de la plus large indépendance possible, représentant
lui aussi les électeurs, la population, par l'entremise du vote qui lui
a été accordé par les deux tiers de l'Assemblée
nationale.
Nous retrouvons, dans l'actuel projet de loi, que le gouvernement tout
d'abord avait mentionné, à l'article 22, que les livres et
comptes de la société devaient être vérifiés,
chaque fois que le décrète le gouvernement, par le
Vérificateur général. Jusque là, ça
respectait, à notre sens, l'indépendance du Vérificateur
général et les objectifs pour lesquels on a nommé un
Vérificateur général. Un peu plus loin, on disait: "Ce
dernier peut toutefois - on parlait du Vérificateur
général - à la demande de la société,
désigner un autre vérificateur; le rapport du Vérificateur
général ou du vérificateur qu'il a désigné
doit accompagner le rapport annuel de la société."
Mais voilà que le gouvernement nous a présenté un
amendement où il dit ceci, à partir des mots "Vérificateur
général"... Pour mieux faire comprendre et pour les fins du
Journal des débats, je relis l'article: "Les livres et comptes de la
société sont vérifiés, chaque année et
chaque fois que le décrète le gouvernement, par le
Vérificateur général - c'est là que l'amendement du
gouvernement arriverait, amendement où on dit - ou par un
vérificateur nommé par le gouvernement". C'est cette partie qui
fait que ça devient absolument inacceptable pour l'Opposition. Vous
voyez là une société d'État - parlons de
celle-là pour aujourd'hui, mais on pourra parler d'une autre à un
autre moment - où le gouvernement, en plus de se donner d'immenses
pouvoirs dans l'actuelle loi, des pouvoirs de directives - on ne sait pas de
quelle façon ces pouvoirs seront balisés -qui, en date
d'aujourd'hui, ouvrent de vastes, horizons à l'abus de la part du
gouvernement. Or, je dis que le gouvernement, en ouvrant les valves, comme il
le fait à différents chapitres de cette loi en plus vient prendre
sur lui-même de dire que les comptes de cette société
devront être vérifiés par le Vérificateur
général ou par un vérificateur désigné par
le gouvernement. C'est le gouvernement qui pourrait décider en vertu de
cet article, si jamais il était adopté comme le gouvernement le
suggère, qui vérifierait ses erreurs. Vous voyez, M. le
Président, jusqu'à quel point cela peut aller. Évidemment,
on me dira que le gouvernement n'a pas envie de faire d'erreurs. C'est bien
sûr qu'il n'a pas envie de faire d'erreur et je le comprends. Il en a
tellement fait qu'il ne voulait pas faire qu'il n'a pas envie d'en faire
d'autres. Il reste une chose, c'est que l'erreur est humaine et qu'il pourrait
arriver
des erreurs là comme ailleurs. En ce moment, le gouvernement se
donne le pouvoir de nommer son vérificateur, le vérificateur de
son choix. Où est-ce que cela nous mène? Est-ce que le
gouvernement veut instituer la théorie de M. Cyr dans cet article
où on mêle les choses à un point tel que, dès que le
gouvernement décide qu'il y a compétence, on peut faire n'importe
quoi?
Le gouvernement le pourrait, et je me conforme, M. le Président,
à l'article 120 quand je parle de cette façon, parce que
l'article 120 me permet d'utiliser par rapport aux propos que je tiens des
exemples. C'est un exemple. Évidemment, le ministre n'aime
peut-être pas cela. Qu'est-ce que vous voulez, M. le Président?
Les exemples font parfois mal. Il y a d'autres articles qu'on peut utiliser
pour les fins de la discussion. En tout cas, je suis tout à fait
disposé, si cela fait trop mal au ministre l'exemple que je viens de lui
servir, à lui en servir un autre à son choix. Mais, de toute
façon, rien n'empêche que les citoyens ne peuvent pas accepter ce
genre de choses. Ce qu'il y a de plus mauvais dans ça,
présentement, c'est qu'on va modifier toute une philosophie qui est
acceptée, qui est dans les moeurs et, dans le fond, le
Vérificateur général c'est l'institution qui
protège le public. On est en train de modifier cela au moment où
le public ne peut pas nous entendre, au moment où le public ne peut pas
nous écouter, il y a trop de choses qui se passent en même temps.
Il y a trois commissions parlementaires qui siègent ce soir. M. le
Président, comment voulez-vous que demain matin, dans les journaux, on
rapporte le danger que l'Opposition signale maintenant?
Je dis ce ne sera sûrement pas, il ne faudrait pas dire
sûrement pas, mais, en tout cas, il y a des chances que ce ne soit pas
rapporté autant que cela devrait l'être dû à
l'importance du sujet. Mais ce sera peut-être rapporté en janvier.
Si jamais on laissait passer cela comme ça, on serait responsable
d'avoir laissé passer des choses. La population dirait en janvier ou en
février quand cela va être rapporté: Vous n'auriez pas
dû laisser passer cela. C'est notre devoir de le signaler au gouvernement
pour le protéger parce que, M. le Président, on protège le
gouvernement quel qu'il soit quand on réclame au moins que le
Vérificateur général vienne nous voir et qu'on puisse lui
poser certaines questions. On verra quelles sont les réponses qui
viendront de sa part, mais, jusqu'au jour où on n'aura pas
accepté cette motion, nous on ne pourra pas faire autrement, M. le
Président. Il y a pour nous une question de principe fondamentale. C'est
pourquoi c'est avec un immense plaisir que j'appuyerai la motion
présentée par l'honorable député de Mont-Royal, M.
le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda. Est-ce que la motion du
député de Mont-Royal sera adoptée?
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, sûrement que les
membres de la commission m'excuseront de ne pas avoir pu participer aux travaux
de la commission jusqu'à maintenant. Je voudrais tout de suite assurer
le ministre et les membres de la commission que je ne suis pas ici pour
retarder les travaux. Bien au contraire, je voudrais, dans la mesure où
cela sera possible, les faire avancer le plus rapidement possible.
Malheureusement, je n'ai pas vu si le ministre a réagi à la
proposition que le député de Mont-Royal a formulée dans sa
motion de faire comparaître le Vérificateur général.
Dois-je comprendre que le ministre a déjà refusé d'inviter
le Vérificateur général et, si oui, pour quelle
raison?
M. Bérubé: La réponse est oui et les raisons
sont inscrites au journal des Débats.
M. Gratton: Je remercie le ministre d'être aussi loquace et
de me permettre de comprendre pourquoi le Vérificateur
général n'est pas invité à venir expliquer
lui-même les raisons de son avis quant à l'opportunité pour
lui ou pour le gouvernement de nommer un vérificateur, lorsque celui-ci,
j'imagine, se sent dans l'impossibilité de faire la vérification
d'une société d'État, notamment celle dont il est question
dans ce projet de loi.
M. le Président, il me semble que, dans le passé, on a
toujours fait appel au Vérificateur général pour faire la
vérification de toutes les sociétés d'État. Ce
n'est que récemment qu'on a introduit cette notion de permettre soit au
Vérificateur général, comme c'est le cas dans certaines
lois constitutives de sociétés d'État, soit au
gouvernement, et cela est encore plus récent, de désigner un
autre vérificateur. Il me semble que, surtout dans le cas de SOQUEM dont
il est question ce soir...
M. Bérubé: Question de privilège, M. le
Président...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le ministre,
il n'y a pas de question de privilège en commission parlementaire.
M. Bérubé: En commission parlementaire, je
m'excuse. Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Question de règlement.
Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: Je pense que le député de
Gatineau vient de faire une affirmation qui pourrait induire les membres de
cette commission en erreur. Je pense cependant que c'est sans doute
associé au fait qu'il vient d'arriver et qu'il n'a pas pu participer aux
discussions antérieures, car, s'il avait participé aux
discussions antérieures, il aurait pu noter qu'il est connu de cette
commission que la loi de la Société de développement de la
Baie James votée, à ma connaissance, par un gouvernement
libéral, spécifie à l'article 32 que le
vérificateur est nommé par le gouvernement, tel qu'il est
suggéré dans la loi présente. Également, les lois
de la Société générale de financement et
d'Hydro-Québec sont des lois votées par l'ancien -j'admets que ce
n'est pas le nouveau - Parti libéral, ce qui nous amène à
conclure que, dans les deux cas, la loi n'impose pas la présence du
Vérificateur général.
M. Gratton: M. le Président, je remercie le
ministre...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, vous pouvez continuer.
M. Gratton: ... de ses explications; il aurait été
d'autant plus gentil si, plutôt que de me référer au
journal des Débats, il m'avait donné ces explications avant que
je n'aborde mon intervention sur la motion du député de
Mont-Royal.
Un fait demeure, si le gouvernement antérieur a jugé bon
d'inscrire cette disposition dans la loi de la Société de
développement de la Baie James ou dans d'autres lois, cela ne justifie
pas pour autant qu'on continue cette pratique. Il demeure qu'à ma
connaissance, si les députés de l'Opposition d'alors, quels
qu'ils soient, n'ont pas jugé nécessaire ou opportun de demander
un avis, des explications au Vérificateur général, au
moment, par exemple, où on faisait un débat sur la loi de la
Société de développement de la Baie James ou, selon les
informations du ministre - et je lui en sais gré, je prends sa parole,
c'est sûrement inscrit à l'article 32 comme il l'a
évoqué tantôt - sur l'opportunité d'inscrire cette
disposition dans la loi, cela ne nécessite pas que les
députés de l'Opposition d'aujourd'hui fassent de même.
Il me semble que, dans le passé - et là, le ministre me
reprendra si je fais erreur a nouveau - la vérification de la
Société d'énergie de la Baie James, de l'ensemble des
sociétés d'État a toujours été
effectuée par le Vérificateur général. On n'a
jamais eu recours à un vérificateur autre que le
Vérificateur général. Or, si tel est le cas -je
conçois que même au gouvernement fédéral, on a pris
cette habitude d'inscrire dans des lois la possibilité pour le
gouvernement ou pour le Vérificateur général, selon le
cas, de nommer un vérificateur - c'est sûrement parce que le
Vérificateur général a fait état de
difficultés, sinon actuelles, appréhendées, dans la
possibilité pour lui de faire la vérification de façon
efficace, de façon complète du grand nombre de
sociétés d'État. Dieu sait que depuis l'avènement
du Parti québécois au pouvoir, il y en a de plus en plus. Je
pense qu'il y en a une trentainte qui ont été
créées, des régies de toutes sortes. C'est d'ailleurs le
député de Lotbinière qui nous instruisait de ces choses
alors qu'il était chef de l'Union Nationale, et qui nous en parle un peu
moins maintenant. Mais justement, si on sent maintenant le besoin d'inscrire
dans les lois régissant les sociétés d'État une
disposition qui permette... Dans le texte original, c'était le
Vérificateur général qui aurait pu procéder
à la nomination d'un vérificateur de l'extérieur.
L'amendement du ministre vient maintenant confirmer qu'on voudrait que ce soit
le gouvernement qui puisse le faire, mais tout cela est symptomatique d'une
volonté du Vérificateur général de pouvoir confier
à d'autres qu'à son propre bureau la vérification des
livres des sociétés d'État. Ce n'est pas seulement de la
vérification de la Société québécoise
d'exploration minière qu'il s'agit, c'est de l'ensemble, puisque le
ministre nous a sûrement expliqué, même si je n'y
était pas - je le relirai sûrement au journal des Débats
à la première occasion -qu'effectivement il pourrait se produire
des situations où le Vérificateur général...
M. Bérubé: Vous n'avez pas spécifié
quand serait cette première occasion. Est-ce pour bientôt?
M. Gratton: Je n'en sais rien. Je n'en sais rien, cela
dépendra des travaux que le leader parlementaire nous demandera
d'effectuer au cours de la semaine. On sait qu'on a eu deux jours de retard
récemment pour des circonstances tout à fait fortuites...
M. Bérubé: Et malheureuses.
M. Gratton: ... et malheureuses, c'est sûr. On verra
sûrement. En tout cas, à titre de député
responsable, je ferai sûrement mes devoirs le plus tôt possible. En
attendant, il me semble que l'occasion est idéale pour faire
comparaître le Vérificateur général, pour qu'il
vienne nous fournir des détails, des explications sur l'avis qu'il a
fourni au ministre en date du 10 décembre 1980 où lui-même
indiquait qu'il serait opportun que ce soit le gouvernement qui puisse nommer
un vérificateur plutôt que lui-même.
Je suppose que le gouvernement
procéderait à cette nomination seulement dans le cas
où le Vérificateur général en ferait la demande,
mais le texte de l'article tel qu'amendé par le ministre ne fait aucune
mention de cette nécessité pour le Vérificateur
général d'en faire la demande. Cela pourrait être à
la stricte volonté du gouvernement de décider du jour au
lendemain que pour SOQUEM, SOQUIP ou toute autre société
d'État on fasse effectuer la vérification par des gens autres que
le Vérificateur général.
Or, on sait que, dans le cas de SOQUEM aussi bien que dans celui de
SOQUIP, les sommes dont on parle peuvent être très importantes,
même astronomiques. Il est important que les élus, les
députés à l'Assemblée nationale aient accès
à toutes les informations. Cela, je pense, devient beaucoup plus facile
lorsqu'il s'agit du Vérificateur général, quoique à
constater le refus du ministre d'inviter le Vérificateur
général à venir donner des explications devant cette
commission, je commence à mettre en doute la plus grande facilité
qu'on pourrait avoir d'interroger le Vérificateur général
par rapport à la vérification d'une société
d'État quelconque.
Cependant, s'il devait s'avérer que le gouvernement devait
procéder à la nomination d'un vérificateur, chose
certaine, il deviendrait encore plus difficile pour les députés
à l'Assemblée nationale d'obtenir tous les
éclaircissements, toutes les informations, tous les détails
susceptibles de mieux les éclairer par rapport aux opérations,
à la gestion et à l'administration des sociétés
d'État.
Je trouve donc, M. le Président, que la motion du
député de Mont-Royal est tout à fait à point. Il me
semble que dans un souci de transparence, transparence dont on a beaucoup
chanté les mérites du côté du Parti
québécois dans les premières années de son mandat,
mais qui est de moins en moins évidente dans les gestes
législatifs que ce gouvernement pose depuis maintenant quatre ans, que
dans ce souci de transparence, dis-je M. le Président, il serait tout
à fait dans l'ordre que le ministre accepte cette motion du
député de Mont-Royal.
Il ne s'agit pas, bien sûr, M. le Président, de tout
arrêter, de bloquer les travaux de cette commission en attendant la
comparution du Vérificateur général. Il serait
sûrement possible, si le ministre devait accéder à cette
demande, d'inviter le Vérificateur général à venir
nous rencontrer demain matin, par exemple, auquel cas on pourrait
procéder, en suspendant l'étude de l'article 22, à
l'étude des articles subséquents du projet de loi, quitte
à terminer le tout dès qu'on aura entendu le Vérificateur
général.
Quant à moi, M. le Président, il me semble que cela serait
loin d'être superflu pour la bonne compréhension et le bon
éclairage non seulement des membres de la commission, mais aussi de la
population en général qui, par le biais du journal des
Débats, pourrait prendre connaissance des raisons qui motivent le
Vérificateur général à faire cette recommandation
au ministre... Le député de Lotbinière a-t-il une question
à me poser?
M. Biron: J'étais en train de parler à mon
collègue. Vous ne me dérangez pas. Vous pouvez continuer.
M. Gratton: Non, c'est parce que vous, vous me dérangez,
voyez-vous.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, vous pouvez continuer. Je n'ai donné la parole à aucun
autre membre de la commission. C'est vous qui l'avez.
M. Gratton: Merci, M. le Président. M.
Bérubé: Cela l'empêche de penser.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Gratton: II faut dire que ce n'est pas mesquin, M. le
Président.
M. le Président, quant à moi, si j'avais le droit de vote
à cette commission -malheureusement pour moi, je ne l'ai pas,
n'étant que simple intervenant - c'est avec plaisir que j'appuierais
cette motion du député de Mont-Royal à savoir que cette
commission invite le Vérificateur général à se
faire entendre devant cette commission pour expliquer les difficultés
qui sont alléguées dans le contenu de l'article 22 du projet de
loi et discuter avec lui des méthodes pour surmonter ces
difficultés.
Je dirai en terminant, M. le Président, que je trouve assez
curieux que le ministre soit celui qui présente cette motion
d'amendement au libellé de l'article 22 quand on sait que le projet de
loi no 1, Loi modifiant la Loi sur la Société
québécoise d'exploration minière, a quand même
été déposée à l'Assemblée nationale
tout récemment. Il ne s'agit pas d'un projet de loi qui traînait
au feuilleton depuis un certain nombre de mois. Il ne s'agit pas non plus d'une
pièce législative que le gouvernement avait pensé il y a
plusieurs années. Lorsqu'on a présenté le projet de loi no
1 et qu'on a rédigé l'article 22 pour permettre au
Vérificateur général de désigner un autre
vérificateur - je cite l'article, M. le Président - on a dit:
"Les livres et comptes de la société sont vérifiés
chaque année et chaque fois que le décrète ce gouvernement
par le Vérificateur général; ce dernier peut toutefois,
à la demande de la
société, désigner un autre vérificateur." Il
y a quelques semaines à peine, le gouvernement était prêt
à confier à la discrétion du Vérificateur
général s'il le désirait, le pouvoir, à la demande
de la société, de désigner un autre vérificateur.
Tout à coup, lors de l'étude article par article, après
l'étude en deuxième lecture, le ministre vient nous dire que
c'est le gouvernement qui devrait procéder à cette nomination et
non pas le Vérificateur général.
Je conviens que c'est le Vérificateur général
lui-même qui en a fait la suggestion dans un avis qu'il a fourni au
ministre le 10 octobre 1980, mais si telle était l'intention du
gouvernement lorsqu'on a rédigé l'article 22 du projet de loi,
pourquoi le Vérificateur général ne serait-il pas tenu de
venir expliquer aux membres de la commission, puisqu'on sait que les relations
qui peuvent exister entre un haut fonctionnaire et le gouvernement ne
permettent pas toujours à l'ensemble des députés
d'être aussi bien informés qu'ils ne devraient l'être pour
bien s'acquitter de leur mandat de député, de représentant
de la population. (21 heures)
D'ailleurs, je ne vous apprendrai rien en vous disant que ce ne sont pas
seulement les députés d'Opposition qui sont souvent
laissés dans l'obscurité, par rapport aux intentions d'un
gouvernement donné. Souvent, des députés
ministériels sont dans cette même situation. J'en vois d'ailleurs
un certain nombre en face de moi, M. le Président, des gens qui, de
bonne foi, font confiance au gouvernement, votent allègrement des lois,
des articles d'un projet de loi, en se disant: Si le gouvernement le propose,
si le ministre nous donne les assurances voulues, c'est que ce doit être
bon.
Or, M. le Président, j'ai passé par là, être
député ministériel. Le gouvernement voulait agir dans
l'intérêt commun. Et à l'occasion, avec l'expérience
des années passées, je voudrais bien retourner en arrière
et poser certaines questions non seulement aux ministres, mais surtout à
ceux qui le conseillent. En l'occurrence, il s'agit du Vérificateur
général qui nous donne un avis. Je pense que les
députés ministériels auraient eux aussi avantage à
souhaiter que le Vérificateur général vienne rencontrer la
commission pour lui fournir les explications, les raisons profondes qui ont
motivé son avis et qui font que le ministre aujourd'hui nous
présente un amendement à un article qui a été
rédigé il y a à peine quelques semaines et qui, pourtant,
confiait au Vérificateur général le soin de
désigner un autre vérificateur plutôt que le
gouvernement.
M. le Président, je ne veux pas me répéter
indûment. Je sais que ces gens d'en face sont intelligents, comprennent
les explications intelligentes, lorsqu'elles leur sont
présentées. Et j'ose espérer que si, moi, je n'ai pas
droit vote, n'étant que simple intervenant à cette commission,
ceux d'en face qui sont membres appuieront la motion du député de
Mont-Royal, pour inviter le Vérificateur général à
venir donner des explications dont la commission a sûrement besoin avant
de se prononcer sur le bien-fondé de l'amendement que le ministre a
proposé à l'article 22.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, est-ce que la motion proposée par le député de
Mont-Royal...
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Mont-Royal. Sur la motion comme telle?
M. Ciaccia: Oui, sur la motion. Je crois que je n'avais pas
épuisé mon temps de parole. C'est une directive que je vous
demande. Je ne pense pas avoir parlé sur la motion. J'ai fait la motion,
mais je voudrais ajouter quelques raisons à l'appui de la motion.
Le Président (M. Bordeleau): Je veux bien vous laisser
votre droit de parole pour le moment. Je vais vérifier au niveau des
minutes, si on peut vérifier les choses.
M. Ciaccia: Durant mon intervention, vous me signalerez si mon
temps est écoulé.
M. Bérubé: Justement, M. le Président, je
voudrais souligner au député de Gatineau qu'il pourrait parler
encore trois minutes.
M. Gratton: Je m'excuse, je n'entends pas.
M. Bérubé: Le député de Gatineau
pourrait parler encore trois minutes vingt-six secondes, d'après le
chronomètre Remex.
M. Gratton: M. le Président, c'est avec plaisir que je
m'exécuterai, mais à un autre moment.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Gatineau. J'avais déjà donné la
parole au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je peux la lui laisser.
Le Président (M. Bordeleau): II s'agit de s'entendre.
M. Ciaccia: Allez-y, cher collègue.
M. Gratton: M. le Président, je vous avoue que j'aimerais
mieux me réserver ces
trois minutes et quelques secondes qu'il me reste possiblement pour
intervenir après qu'un de nos éloquents collègues
ministériels aura exprimé son point de vue sur la motion du
député de Mont-Royal.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président. Je voudrais relever quelques
points que le ministre a soulevés quand il a parlé contre la
motion que j'ai faite. C'était son opinion que ce serait une mauvaise
pratique d'inviter le Vérificateur général à cette
commission. Je crois qu'une des raisons qu'il donnait pour appuyer son
raisonnement c'était que ce serait mal vu, qu'on prendrait une personne
qui a été nommée aux deux tiers de l'Assemblée
nationale, une nomination non partisane, et en l'invitant ici, à la
commission parlementaire, cela deviendrait partisan.
Je voudrais expliquer au ministre que la raison de l'amener ici, ce
n'est pas une question de politique. Ce n'est pas en vue de critiquer le
gouvernement ou bien de lui demander son point de vue sur la performance du
gouvernement. Ce n'est pas cela du tout. On inviterait le Vérificateur
général pour donner des explications sur la portée de cet
article et sur l'amendement suggéré par le gouvernement, parce
que le gouvernement a allégué qu'il y a eu des difficultés
avec le Vérificateur général quand il a
rédigé la première version de l'article 22. Alors, ce
n'est pas une question de politique. Ce n'est pas une question partisane.
Le ministre nous a dit: Dans d'autres lois, on a donné le droit
au gouvernement de nommer un autre vérificateur. Il se pourrait fort
bien, après que les explications du Vérificateur
général seront données, que, de ce côté-ci,
on appuie la nomination par le gouvernement. Mais jusqu'à maintenant
nous ne voyons pas...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal, je m'excuse. Selon mon prédécesseur, il semble que
votre temps de parole était déjà écoulé
à la dernière séance, à moins qu'il n'y ait
consentement.
M. Bérubé: Oui, il y a consentement pour deux
minutes.
Le Président (M. Bordeleau): Pour une couple de minutes.
D'accord. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'avais l'impression que j'avais parlé sur
l'article 22, plutôt que sur la motion. Mais si vous me dites cela,
d'accord.
Le Président (M. Bordeleau): C'est ce qu'on me dit.
M. Bérubé: On vous donne deux minutes.
M. Ciaccia: Mon premier point, ce n'est pas une question
politique; c'est pour obtenir des informations du Vérificateur
général. L'autre point que je voulais soulever, c'était
que le ministre avait dit: L'actionnaire, c'est le ministre des Finances et
l'actionnaire nomme le Vérificateur général. Mais, ici, il
se trouve presque en conflit d'intérêts, parce que le gouvernement
nomme le conseil d'administration et a un contrôle sur le fonctionnement
de la compagnie. Ce serait presque la même chose que si le conseil
d'administration nommait le Vérificateur général. Comme
vous le savez, dans le droit des compagnies, ce sont les actionnaires qui
doivent consentir à sa nomination.
Je crois que le vrai représentant des actionnaires, des
contribuables, c'est le Vérificateur général. C'est pour
cette raison qu'il a été nommé par un vote des deux tiers
à l'Assemblée nationale. Ce sont les deux autres points
additionnels que je voulais porter à l'attention du ministre pour
appuyer la motion que j'ai faite pour inviter le Vérificateur
général devant cette commission.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Mont-Royal. Est-ce que la motion
présentée par le député de Mont-Royal sera
adoptée?
Des voix: Adopté. M. Grégoire: Un vote
enregistré.
Mise aux voix de la motion
Le Président (M. Bordeleau): Un vote enregistré,
d'accord, sur la motion. Je vais donc appeller les députés M.
Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Certainement rejeté, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Contre. M. Biron
(Lotbinière)?
Une voix: II est contre, mais il n'est pas là.
Le Président (M. Bordeleau): Absent. M. Gagnon?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): Pour. M.
Bérubé: Cela m'étonne.
Le Président (M. Bordeleau): M.
Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska)?
M. Fontaine: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Samson
(Rouyn-Noranda)?
M. Samson: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): Pour. M. Grégoire
(Frontenac)?
M. Grégoire: Malgré les arguments du
député de Gatineau, je vais être contre, parce qu'il
était éloquent.
Le Président (M. Bordeleau): Messieurs, je m'excuse, le
temps de discussion est terminé. Je passe simplement au vote. M. Perron
(Duplessis)?
M. Perron: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M.
Tremblay (Gouin)? C'est tout.
M. Bérubé: M. le Président, je pense
qu'indéniablement, ce sont les trois minutes et 26 secondes que n'a pas
utilisées le député de Gatineau qui sont responsables de
nos problèmes. Je suis à peu près convaincu que
c'était l'argument crucial.
Le Président (M. Bordeleau): Le résultat du vote -
je m'excuse de vous déranger, M. le ministre et les autres membres de la
commission - que je calcule, c'est cinq contre et deux pour.
M. Bérubé: II me semblait aussi.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, la motion du
député de Mont-Royal est donc rejetée et je reviens
à l'article 22.
M. Bérubé: Est-ce que je peux prendre la parole, M.
le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre. Il
s'agit de la motion d'amendement à l'article 22 du ministre. M. le
ministre.
M. Bérubé: M. le Président, si je ne
m'abuse, est-ce que le député de Rouyn-Noranda a le droit de
vote?
M. Ciaccia: Oui, il a remplacé le député
d'Outremont.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre,
étant donné que...
M. Bérubé: Donc, les deux droits de vote sont
là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, les deux
députés du Parti libéral qui ont le droit de vote sont MM.
Samson (Rouyn-Noranda) et Ciaccia (Mont-Royal).
Reprise de l'étude du projet de loi
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, on peut
considérer que la nuit et la fin de semaine pourraient avoir
porté conseil. Effectivement, avec l'espoir de faire cesser un
débat stérile, on aurait pu avoir l'idée du
côté gouvernemental de revenir à la formule initiale et de
se contenter de la formule qui existait déjà dans le projet de
loi initial. Toutefois, il apparaît assez évident, de par
l'utilisation du droit de parole que je ne saurais vouloir nier à
l'Opposition, que nous sommes pris pour un long débat. Par
conséquent, je pense qu'il faudrait peut-être revenir à ce
moment-là au fond de la question et voir pourquoi le gouvernement
préfère une formule qui est finalement celle que nous avons dans
l'amendement qui nous est proposé ici.
Essentiellement, il ne fait aucun doute que les habitudes juridiques
évoluent et on tend de plus en plus dans nos sociétés
d'État à vouloir élargir les pouvoirs concernant la
vérification et pouvoir en confier la vérification au secteur
privé. J'ai déjà eu l'occasion d'ailleurs d'apporter un
certain nombre d'arguments au cours du débat antérieur. Il s'en
ajoute un autre auquel je n'ai pu faire référence puisque je
n'avais pas les éléments en main, mais Me Lanctôt, de la
société SOQUEM, a effectué une petite fouille qui pourrait
intéresser l'Opposition. En particulier, il existe un document fort
intéressant du gouvernement du Canada et qui porte sur les corporations
de la couronne, direction, contrôle, imputabilité et qui vient du
bureau du Conseil privé. Il s'agit d'une réflexion qui doit
amener à modifier les législations se référant
à la constitution de différentes sociétés
d'État fédérales. Je dis bien qu'il s'agit donc de
modifier ces législations dans un sens de modernisation. Je vous lirais,
à la page 42, un paragraphe qui pourrait intéresser en
particulier le député de Gatineau qui a fait tantôt une
intervention passablement brillante à laquelle malheureusement il a
manqué 3 minutes et 26 secondes; c'est pourquoi il ne nous a pas
complètement convaincus.
Ce paragraphe se lit comme suit: "Le gouvernement propose d'uniformiser
le processus de nomination des vérificateurs pour toutes les
sociétés énumérées dans les annexes de la
LAF" - il faudrait savoir ce qu'est la LAF - "C'est ainsi que, dans tous les
cas où une loi du Parlement ne nomme pas...
Une voix: ... La quoi? M. Bérubé: La
LAF.
M. Gratton: Ce n'est pas la Royal Air Force?
Une voix: C'est la Loyal Air Force.
M. Bérubé: C'est la Loi d'administration
financière. Je m'excuse, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Merci.
Une voix: On pensait au F-18.
M. Bérubé: Le F-18. Oui, d'ailleurs, on s'attend
qu'il y ait beaucoup de retombées au Québec du F-18. Les
Québécois vont devoir garder la tête courbée de
manière à éviter les retombées!
Des voix: Ah, ah, ah!
M. Bérubé: On ne sait d'ailleurs pas si elles vont
tomber. Elles pourraient d'ailleurs tomber en pièces
détachées.
Des voix: Ah, ah, ah!
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, c'est vous
qui avez la parole jusqu'à preuve du contraire.
M. Bérubé: Nous parlions des retombées du
F-18. C'est un avion célèbre de toute façon.
Je continue donc la lecture de ce paragraphe: "C'est ainsi que, dans
tous les cas où une loi du Parlement ne nomme pas expressément le
vérificateur d'une société, cette tâche serait
dévolue au gouverneur en conseil et, dans tous les cas, il demeure
possible de choisir l'auditeur général. En réalité,
cette proposition ne fait que rendre officielle la situation actuelle pour ce
qui est de toutes les sociétés, exception faite du Canadien
National et de Air Canada, qui diffèrent actuellement à cet
égard en vertu des lois respectives constituant ces
sociétés."
En d'autres termes, l'orientation fédérale en ce qui a
trait à la vérification est de tendre vers une formule analogue,
sinon identique, à la formule qui vous est proposée en amendement
et qui est finalement de dire que, d'une façon générale,
le vérificateur est toujours vérificateur des
sociétés d'État à moins que le gouvernement n'en
désigne un autre par décret ministériel.
Évidemment, je sais la profonde admiration de nos distingués
collègues pour tout ce qui nous vient d'Ottawa. Je suis peut-être
convaincu d'ailleurs... (21 h 15)
M. Gratton: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Est-ce surtout pour imiter le gouvernement
fédéral que le gouvernement actuel nous propose cet
amendement?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Je dois vous avouer que c'est moins une
question de mimétisme qu'un choix chaque fois qu'il y a une
réflexion valable qui s'effectue au niveau du gouvernement
fédéral. Je pense à la sélection des avions de
chasse à laquelle nous avons concouru, à cette remarquable
décision du gouvernement fédéral quand on connaît
toutes les retombées; évidemment, on pourrait parler de Canso,
Gros Cacouna. Il y a énormément de décisions comme
celles-là que le gouvernement du Québec, évidemment,
appuie chaleureusement puisque ce sont toujours des décisions qui ont
des effets bénéfiques pour l'économie du Québec.
D'ailleurs, on pourrait parler longuement du sel des
Îles-de-la-Madeleine, par exemple.
M. Gratton: Allez-y.
M. Bérubé: En fait, ce serait
intéressant.
M. Ciaccia: Le projet pour lequel vous ne voulez pas nous donner
les études de rentabilité même en privé; est-ce de
ce projet dont vous voulez parler?
M. Bérubé: Oui, exactement. D'ailleurs, dans sa
brillante intervention à l'Assemblée nationale - fort peu de
députés libéraux ont malheureusement pu écouter
cette intervention qui était particulièrement passionnante - le
député de Charlevoix nous a parlé de ce cartel du sel qui
prévalait au Québec et contre lequel il a dû se battre,
soulignant des obligations qu'on avait faites au gouvernement du Québec
de procéder à des importations de pays européens
simplement pour tenter de limiter les hausses de prix faramineuses auxquelles
on était soumis. On me souligne d'ailleurs - le député
de Charlevoix devait le souligner - que l'ancien ministre des
Transports, M. Pinard, avait dû affronter le même genre de cartel.
C'est évidemment ce cartel que la SOQUEM brise en s'ingérant dans
un secteur qui était la chasse gardée de quelques
sociétés. À nouveau, on a vu la décision du
gouvernement fédéral de ne pas permettre au gouvernement du
Québec de s'impliquer à ce niveau, prétextant,
évidemment, la politique d'achats du Québec qui donne
certainement un avantage assez évident à la SOQUEM, mais pas plus
évident que toute autre société implantée au
Québec et qui, bénéficiant de la politique d'achats,
devrait normalement se voir priver de toutes les subventions du
ministère de l'Expansion économique régionale, si on
devait appliquer les mêmes critères en pratique.
Donc, si on devait parler de la qualité des interventions du
gouvernement fédéral, pour en revenir à la question du
député de Gatineau - j'étais toujours, d'ailleurs, sur la
question du député de Gatineau qui me demandait s'il s'agissait
d'imiter le gouvernement fédéral - je voudrais souligner que,
d'une façon générale, effectivement, nous trouvons que les
décisions fédérales sont toujours des décisions
prises dans le but de défendre les intérêts des
Québécois; il n'y a donc pas de raison de se gêner pour
l'en féliciter hautement et trouver que les décisions
récentes, concernant les retombées du F-18, en particulier, sont
significatives. Enfin, il est regrettable, pour l'instant, que les
retombées se produisent surtout en Écosse et aux
États-Unis, mais nous avons bon espoir que lorsque les avions
décolleront de temps en temps de l'Ontario pour passer au-dessus du
Québec nous aurons quelques retombées.
M. Gratton: Je remercie le ministre, M. le Président.
M. Bérubé: Donc, en d'autres termes, pour retomber
sur mes pieds, il s'agit de moderniser nos lois, il s'agit de permettre une
certaine flexibilité dans le choix du vérificateur. À cet
égard, l'amendement présenté est certainement, à
mon point de vue, supérieur à l'article original de la loi.
N'oublions pas que la loi de SOQUEM date de 1964; évidemment, il n'y
avait pas le nombre de sociétés d'État qu'il y a
maintenant, le volume de vérification était également
inférieur. Quand on sait l'importance qu'a pris le budget gouvernemental
au fil des ans, il va de soi que le vérificateur a déjà
amplement à faire avec la vérification des comptes publics.
Il faut dire cependant que depuis l'élection du Parti
québécois, évidemment, la sagesse avec laquelle nous avons
géré les fonds publics a amené le Vérificateur
général à faire des remarques du genre que son travail
devenait absolument insipide, n'arrivant à trouver aucune gabegie,
aucune fraude. Évidemment, le Vérificateur général
préférerait sans doute avoir un gouvernement libéral qui
lui permettrait d'avoir amplement matière à critique, à
analyse, à fouille, qui lui permettrait de révéler fraude
après fraude.
M. Gratton: Est-ce que le Vérificateur
général est allé à la Société
d'habitation du Québec dernièrement?
M. Bérubé: Ce que je suis en train de vous
démontrer, c'est que je suis allé...
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, messieurs;
c'est toujours le ministre qui a le droit de parole.
M. Bérubé: Oui, je vous remercie, M. le
Président. Je voulais simplement souligner à l'Opposition que je
me suis assis sur une chaise semblable pendant trois mois pour résister
à un "filibuster" du Parti libéral et j'ai appris
qu'effectivement, il était possible de parler pendant trois ou quatre
heures, comme le député de Rouyn-Noranda peut le faire, sans
avoir rien à dire en particulier. Alors, je vous rends la parole
maintenant et nous supporterons patiemment les trois autres heures; j'ai
épuisé mon goût de parler. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 22, tel
qu'amendé, sera adopté?
M. Gratton: M. le Président, j'aurais une question, parce
que je n'ai pas très bien compris...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: On sait que le ministre est très
éloquent, mais il a cette mauvaise habitude d'ouvrir des
parenthèses et je vous avoue que je ne l'ai pas suivi
complètement dans sa dissertation.
Dois-je comprendre des propos que vient de tenir le ministre qu'il
retire sa motion d'amendement, qu'il la maintient ou...
M. Bérubé: Elle est maintenue, M. le
Président.
M. Gratton: Alors, il s'agira, pour le gouvernement, de
désigner le vérificateur à la demande de la
société et ce n'est pas au Vérificateur
général à le faire.
M. Bérubé: C'est bien ça.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'amendement
proposé à l'article 22 sera adopté? M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je n'ai pas eu le plaisir de
prendre la parole sur l'amendement.
M. Bérubé: Ah, oui!
Le Président (M. Bordeleau): C'est possible, je vais
simplement vérifier auparavant.
M. Samson: Faites vérifier ça par le
Vérificateur général! Faites venir le Vérificateur
général.
M. Gratton: II n'est pas allé à la
Société d'habitation du Québec, le Vérificateur
général?
M. Bérubé: Oui, c'est le Vérificateur
général qui vérifie les livres à la
Société d'habitation du Québec.
M. Gratton: Mais il n'était pas habilité à
vérifier les livres de la société Transit
Construction.
M. Bérubé: Non, dans la mesure où... De la
même façon que, chaque fois que le gouvernement donne un
sous-contrat à quelque entreprise que ce soit, évidemment, le
Vérificateur général ne peut pas vérifier les
livres du sous-entrepreneur, il va de soi. Mais le Vérificateur
général vérifie les livres de la Société
d'habitation du Québec.
M. Gratton: II a manqué cette partie certain.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda, après vérification...
M. Bérubé: Non, pas vraiment. En fait...
Le Président (M. Bordeleau): ... il semble que le
député de Rouyn-Noranda n'a pas utilisé son droit de
parole sur l'amendement proposé à l'article 22. Normalement,
c'est 20 minutes, M. le député de Champlain, pour votre
information. Alors, M. le député de Rouyn-Noranda, vous avez la
parole.
M. Samson: Je vous demande immédiatement une directive. Je
pense que c'est l'article 94 qui nous intéresse; c'est que vous venez de
parler de 20 minutes, M. le Président et, sur l'amendement
proposé par le député de Mont-Royal, j'ai parlé au
nom du parti; comme le député de Mont-Royal a pris moins de 20
minutes sur la motion de fond - d'ailleurs, il n'a pas terminé encore...
Si vous le permettez, on va faire un petit caucus, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Samson: À ce moment, je vous avise que je parle au nom
du parti.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, en vertu de
l'article 94, M. le député de Rouyn-Noranda, à la suite de
votre demande de directive, effectivement, vous pouvez...
M. Bérubé: M. le Président, est-ce qu'on
pourrait féliciter le Parti libéral d'avoir une recrue assez
phénoménale pour tuer le temps? Quand on jouait au hockey, on
appelait ça "tuer le temps", alors tuer les punitions ou...
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda, juste deux secondes pour terminer...
M. Bérubé: II ne compte pas, mais il patine!
Le Président (M. Bordeleau): Tout le monde a
terminé, oui? Je veux simplement souligner qu'à la suite d'une
demande de directive du député de Rouyn-Noranda, s'il parle au
nom de son parti, il peut parler une heure. M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Bérubé: Oui, une heure!
M. Samson: Faites venir les sandwiches!
M. Bérubé: Allez-y, mon cher collègue!
Le Président (M. Bordeleau): Oui, que ceux qui ont des
commandes à faire les fassent maintenant! M. le député de
Rouyn-Noranda, vous pouvez y aller.
M. Samson: M. le Président, les dernières remarques
du ministre, je les considère comme un agréable compliment, parce
que, si on compare les orateurs des différents partis - certains, en
tout cas - à des joueurs de hockey qui sont appelés à tuer
le temps au cours de certaines parties, je ferai remarquer, M. le
Président, que ce sont là des joueurs qui sont extrêmement
importants pour leur club car c'est comme ça qu'on gagne des
parties.
Ceci dit, l'article 4 dont nous discutons présentement, qui
modifie les articles 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23 de l'ancienne
loi, nous amène à l'article 22 où il est question des
livres et des comptes de la société. M. le Président, en
toute bonne foi et aux fins de pouvoir mieux éclairer le débat,
aux fins également de pouvoir rendre service et aux membres de
l'Opposition et aux membres du parti ministériel, aux fins
également de pouvoir rendre service aux
media et à la population, aux fins que tout le monde comprenne
bien les intentions réelles du gouvernement et aux fins de savoir
également d'où originent ces intentions et pourquoi on les
retrouve de cette façon, nous avions demandé, lors de la motion
précédente, d'inviter le Vérificateur
général de la province de Québec à venir nous
rencontrer.
Je ne reviendrai pas sur le sujet parce que la commission en a
disposé. Mais étant donné que la commission en a quand
même disposé par la majorité ministérielle, un fait
demeure, c'est que les membres de l'Opposition n'ont pas eu cet
éclairage supplémentaire et essentiel à la bonne marche de
leurs travaux de sorte que nous nous retrouvons de ce côté-ci, les
membres de l'Opposition officielle - et les députés de l'Union
Nationale, s'ils étaient présents, seraient sûrement
d'accord avec nous sur ce sujet...
Une voix: J'ai vu M. Drapeau et c'est correct.
M. Samson: Vous avez vu M. Drapeau et il ne viendra pas. Alors,
ils ne viendront pas. Nous nous retrouvons à être obligés
de discuter d'une loi qui nous est arrivée comme cela à la
dernière minute, qui a été présentée
à la fin de novembre et que le gouvernement veut faire adopter à
la toute fin de la session en cours, comme vous le savez, des quelques
précieuses journées qui nous restent et ce, en tentant d'arracher
notre consentement, en nous refusant l'éclairage que tout bon
parlementaire, que tout élu du peuple responsable devant sa population
exigerait du gouvernement. Or, évidemment, la transparence
gouvernementale poussée à son exagération a fait qu'on
nous refuse cet éclairage que nous avions réclamé. Nous en
revenons donc à la motion d'amendement du gouvernement, et cet
amendement du gouvernement, qui est venu une journée ou deux
après la discussion en deuxième lecture du projet de loi no 1,
Loi modifiant la Loi sur la Société québécoise
d'exploration minière, cet amendement vient quelques jours après
l'étude en deuxième lecture. (21 h 30)
Ce qui démontre, et il est bon de le souligner à ce
moment-ci, que le gouvernement en toute dernière heure de session, sans
aucune planification, sans aucun projet bien défini, le gouvernement
était tellement pressé d'épater la galerie avec des
projets de fin de session qui lui permettraient sûrement d'annoncer
à la population, à la suite de ces lois, des millions, comme il a
l'habitude de le faire! Cela épate toujours la population quand on
annonce des millions comme cela sans lui dire pourquoi, sans lui dire à
quoi cela va servir, sans les justifier; lorsqu'on annonce des millions et des
millions, cela épate.
Ce projet de loi, M. le Président, est un projet de loi pour
épater. Il est tellement fait pour épater qu'il a
été fait trop vite. Il a été fait tellement trop
vite qu'il a été fait à la dernière heure, puis le
gouvernement est le premier à venir s'amender lui-même. Il
présente lui-même un amendement à son propre projet de loi.
Évidemment, si l'amendement était venu de l'Opposition, on aurait
pu dire que c'est parce que l'Opposition n'a pas vu les choses de la même
façon que le gouvernement, mais c'est le gouvernement qui nous propose
un amendement. Il y a deux choses, M. le Président? Ou bien le
gouvernement reconnaît qu'il avait fait erreur en préparant son
projet de loi, donc qu'il ne l'avait pas préparé avec
suffisamment de consultations, ou bien c'est maintenant que le gouvernement
fait erreur. Mais il y a quelque chose qui ne va pas, c'est contradictoire.
Cette contradiction, M. le Président, ce n'est pas une simple
contradiction. C'est une contradiction qui est grave de conséquences. En
effet, si nous adoptions cet amendement, l'article 22, tel qu'il serait
amendé par l'article 4 de la présente loi, dirait maintenant
ceci: "Les livres et comptes de la société sont
vérifiés chaque année et chaque fois que le
décrète le gouvernement par le Vérificateur
général ou par un vérificateur désigné par
le gouvernement. Le rapport du vérificateur doit accompagné le
rapport annuel de la société."
Avant que le gouvernement découvre qu'il s'était
trompé - tout de suite après qu'il ait déposé le
projet de loi - cet article se lisait comme suit: "Les livres et comptes de la
société sont vérifiés chaque année et chaque
fois que le décrète le gouvernement par le Vérificateur
général; ce dernier - on parle du Vérificateur
général - peut toutefois, à la demande de la
société, désigner un autre vérificateur. Le rapport
du Vérificateur général ou du vérificateur qu'il a
désigné doit accompagner le rapport annuel de la
société."
Il y a un changement fondamental, M. le Président.
Habituellement, quand on amende un article de loi, c'est pour bonifier la loi.
Or, dans le cas présent, c'est absolument le contraire. Cet amendement,
qui nous est présenté à l'article 22 tel que
modifié par l'article 4 de la présente loi, ne vient pas bonifier
la loi; il viendrait empirer l'article 22 de la future loi parce que, au moins
dans le premier article tel que conçu par le gouvernement,
c'était le Vérificateur général qui
désignait l'autre vérificateur. C'était donc sous sa
responsabilité, sous sa surveillance, alors que là le
gouvernement vient complètement changer les règles du jeu. Dans
cet amendement que nous propose
le gouvernement, au lieu de bonifier la loi, au lieu de
l'améliorer, au lieu de faire en sorte que ce soit toujours le
Vérificateur général qui soit le maître d'oeuvre, le
gouvernement se donne, M. le Président -même si on nous
rétorquera peut-être que dans d'autres cas le gouvernement s'est
donné des possibilités semblables - l'actuel gouvernement se
donne, lui qui ne devait pas faire comme les autres, qui devait faire mieux que
les autres, qui devait être un modèle de transparence, vient
justement entacher cette pseudo-transparence encore une fois, une fois de plus.
Parce qu'à l'avenir c'est le gouvernement qui pourra...
Évidemment, pour que ça ne paraisse pas trop mal, pour qu'on
n'insulte pas le Vérificateur général, on dit: Ça
pourra être fait par le Vérificateur général mais,
là où les choses prennent une tournure plus grave, c'est quand
l'amendement dit: "ou par un vérificateur désigné par le
gouvernement". Là, c'est dépasser réellement la mesure,
c'est dépasser réellement les bornes.
Qui ce gouvernement a-t-il en tête? On peut peut-être
répondre à ces questions-là. Surtout avec les
débats que j'ai entendus ces dernières semaines, je trouve
chatouilleux de parler de vérificateur. J'ai entendu dire, de mes
oreilles, à l'Assemblée nationale ces dernières semaines,
comme mes collègues, qu'un certain monsieur, dont je tairai le nom, se
retrouvait comme ça mêlé à une certaine
société d'État et, comme par hasard, j'imagine, se
trouvait aussi à être le vérificateur des livres du Parti
québécois. Au surplus - on ne se prive de rien - il se trouvait
aussi à être l'agent officiel du premier ministre. Quand j'ai
entendu ça au cours des semaines passées, ça m'a fait
sursauter un peu. Imaginez-vous qu'après avoir entendu ce genre de
choses on arrive aujourd'hui et on nous dit - c'est une coïncidence qui
agace les oreilles - que le gouvernement pourra à l'avenir passer
pardessus ce qui se faisait dans le passé. Parce que dans le
passé c'est le Vérificateur général qui faisait
ça on ne peut pas dire -je vous le soumets très respectueusement,
M. le Président - qu'il se traînait les pieds dans ce
domaine-là.
Le gouvernement ne peut pas dire que c'est parce qu'on a un souci
d'efficacité et qu'il faut que ce soit plus rapide qu'il faut enlever
ça au Vérificateur général. On s'est fait servir
cette salade-là, mais à ça je réponds que le
Vérificateur général, dans le cas de SOQUEM, a
vérifié les livres au 31 mars 1980 et qu'il a signé son
rapport le 3 juin 1980. J'imagine qu'il n'a pas commencé à
vérifier les livres de la société le 15 mars. Il fallait
bien qu'il attende la fin de la période qui était le 31 mars
1980. Or, il a vérifié les livres au 31 mars 1980 et il a
signé son rapport le 3 juin 1980. Le ministre nous a dit qu'il fallait
que le gouvernement puisse nommer un autre vérificateur que
celui-là, dans certains cas, et qu'il fallait que ce soit le
gouvernement qui le nomme, sous prétexte - c'est ce qu'il nous a servi,
en tout cas - que ça irait plus vite, ça éviterait des
délais et ça permettrait de déposer le rapport plus vite
à l'Assemblée nationale.
Nous avons le rapport pour l'année 1979-1980 et il a
été bel et bien vérifié, tel qu'exigé par la
loi, par le Vérificateur général et c'est au début
de juin qu'il signait son rapport. Donc, il y a un laps de deux mois entre le
jour où il commence à faire les vérifications et le jour
où il signe son rapport. Si on appelle ça trop long, si on croit
que c'est exagéré, c'est qu'on a toujours quelque chose à
cacher du côté gouvernemental. C'est ça qu'on ne peut pas
approuver. On n'a pas tous les outils en main, M. le Président. Nous ne
sommes que d'humbles membres de l'Opposition avec les ressources que nous
avons, qui sont limitées, parce qu'on n'a pas accès à une
certaine documentation privilégiée, on n'a pas accès non
plus à certaines discussions qu'on aimerait bien publiques, avec la
personne représentant l'institution concernée. On n'a pas
accès à ces choses, M. le Président. Pourtant, si
l'Opposition ne faisait pas son travail, si elle laissait passer cela sans dire
un mot, l'Opposition serait blâmée par le public. On serait
blâmé par le public et on n'aurait pas eu en main tous les outils
nécessaires et utiles pour faire notre travail. Nous contestons. Dans le
doute, les sages disent qu'on doit s'abstenir. Nous devons donc nous abstenir
de suivre le gouvernement sur ce terrain; dans le doute, il faut s'abstenir. Si
on nous avait permis d'aller au fond des choses, si on nous avait donné
tout l'éclairage requis et demandé par l'Opposition,
peut-être qu'on aurait, comme l'a dit mon collègue, le
député de Mont-Royal, accepté cette proposition.
On n'est pas fermé aux idées, au contraire, on est ouvert
aux idées, M. le Président. C'est le gouvernement qui est
renfermé sur lui-même, c'est le gouvernement qui a peur d'ouvrir
sa vitrine, c'est le gouvernement qui a peur qu'on voie ce qu'il y a
derrière son rideau. Y a-t-il tellement de choses à cacher qu'on
ne veuille même pas nous permettre de faire notre travail de façon
normale? À cela, M. le Président, je ne peux pas répondre;
le ministre peut-être, mais il est peu loquace de ce temps-là, le
ministre, il ne parle pas. Il serait mieux de parler un peu plus, de nous en
dire un peu plus et peut-être qu'on pourrait se comprendre. En tout cas,
il a choisi de se taire, il a choisi le silence. Comment voulez-vous, M. le
Président, qu'on accepte son point de vue quand il ne l'exprime pas?
C'est écrit dans son amendement qu'à
l'avenir c'est une grande modification de la philosophie
gouvernementale, même si on retrouve cela dans d'autres lois, parce
que,selon la LAF, comme le disait le ministre, la loi d'administration,
à moins que la loi ne le spécifie autrement, c'est le
Vérificateur général régulièrement. La loi
ne le spécifiait pas autrement avant aujourd'hui. Pourquoi maintenant?
C'est une question qu'on peut poser. Pourquoi maintenant alors qu'on a des
débats à l'Assemblée nationale, qu'on nous parle de -
comment appelez-vous cela? - la SHQ... La SHQ, c'est cela?
M. Bélanger: La Société d'habitation du
Québec.
M. Samson: On a des débats. Évidemment, là
on entend parler de différentes choses. Mais, M. le Président,
nous considérons que le gouvernement doit laisser l'Assemblée
nationale continuer à jouer son rôle. Quand on arrache par une
loi, par une simple loi qui peut être votée par la majorité
ministérielle uniquement, quelque chose qui a été
donné à l'institution qu'est le Vérificateur
général par un vote des deux tiers de l'Assemblée
nationale, je dis, M. le Président, que c'est presque faire insulte
à l'Assemblée nationale. À moins que la loi que nous
discutons le dise autrement, la loi dit que ce doit être le
Vérificateur général. Malgré cela, c'a toujours
été, dans le cas présent, le Vérificateur
général. Quand on va lui enlever quelque chose, il faut le
justifier. Le gouvernement n'a rien justifié. Tout ce qu'a fait le
gouvernement a été de nous suggérer que c'était,
pour des raisons d'efficacité, pour permettre que le dépôt
du rapport se fasse plus vite. M. le Président, même un enfant
d'école n'accepterait pas cela comme argumentation de la part du
gouvernement. Il n'y a donc pas eu d'argumentation de fond. On ne nous a pas
dit qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. On ne nous a pas dit que le
Vérificateur général manquait de la confiance du
gouvernement. Le gouvernement n'osera pas le dire, mais, par le geste qu'il
pose, c'est un peu ce que cela veut dire, parce que le gouvernement actuel du
Parti québécois veut retrancher des juridictions ou des
responsabilités au Vérificateur général. Quand on
retranche, quand on enlève un mandat à quelqu'un ou une partie de
mandat à quelqu'un, c'est sa confiance qu'on lui retire ou une partie de
sa confiance. (21 h 45)
II semble que ce gouvernement ne réalise pas cela, M. le
Président, ou bien il le réalise trop. Ce gouvernement ne sait
pas ce qu'il fait présentement ou il le sait trop. Or, M. le
Président, nous ne pouvons accepter que l'article 22 soit modifié
dans le sens que le veut le gouvernement. On reviendra plus tard au fond
même de l'article 22 tel qu'il apparaissait avant que le gouvernement
présente un amendement, mais, aussi longtemps que cette commission
n'aura pas disposé de l'amendement, c'est encore l'article 22 qui
apparaît dans la loi. Je vous soumets respectueusement, M. le
Président, que même l'article 22 tel qu'il apparaît dans la
loi n'est pas satisfaisant. Comment voulez-vous, si l'article lui-même
n'est pas satisfaisant, qu'une modification qui vient encore empirer les choses
puisse nous donner satisfaction?
Donc, il n'y a pas de satisfaction, dans l'Opposition officielle en tout
cas; pour ce qui nous concerne, on n'est pas satisfait du geste que pose le
gouvernement. Cela coïncide, M. le Président, avec tout le reste de
la philosophie nouvelle que nous retrouvons dans cette loi. Le gouvernement
émet une philosophie nouvelle avec l'article 22. Il dit qu'à
l'avenir, il pourra se faire le payeur, l'employeur, l'arbitre et, en fin de
compte, la Cour suprême. Le gouvernement se donne tous les pouvoirs.
C'est lui qui va payer. C'est lui qui va administrer. C'est lui qui va donner
les directives. C'est lui qui va se vérifier et là, il va dire:
Bonnes gens, regardez-nous, nous sommes transparents.
M. le Président, on a déjà vu neiger, surtout de
par les temps qui courent. On voit dans cette loi un changement de philosophie
à l'article 22, mais ce changement de philosophie coïncide
drôlement avec les changements d'orientation que nous accordons à
SOQUEM, changements d'orientation, M. le Président, qui ne sont pas
à dédaigner. Quand on dit que SOQUEM pourra maintenant de
façon légale aller dans l'exploitation, la transformation de
substances minérales, c'est un mandat nouveau qui va faire que SOQUEM va
entrer sur un marché différent, sur un marché
élargi. Le moment où on va voter $36,000,000 de nouveaux
capitaux, le moment où il y a une orientation et un mandat
élargi, c'est, il me semble, en toute logique, le moment où on
devrait prendre des dispositions pour mieux s'assurer que les deniers publics
sont bien dépensés, pour s'assurer le protéger le public
et pour être capable de dire au public qu'il y a apparence de bonne
administration, sinon bonne administration.
Mais le gouvernement prend toutes les mesures, au contraire, pour
prêter le flanc à la critique. Le gouvernement prend toutes les
mesures pour faire en sorte que la population puisse dire: Dans cette nouvelle
loi, il y a des choses qui ne tournent pas rond et si, un jour, il arrive
quelque chose, que ce soit une erreur ou on ne sait pas - personne ne peut
prédire l'avenir - on ne veut pas non plus que SOQUEM soit victime de
mauvaises transactions. Les temps étant ce qu'ils sont, M. le
Président, il pourrait y avoir des jours plus sombres. D'ailleurs,
SOQUEM n'a pas toujours été en période de gros
bénéfices,
tout le monde le sait. On sait qu'il y a des hauts et des bas dans le
domaine minier.
Pourquoi le gouvernement laisse-t-il ouvert ce flanc qui permettrait la
critique, à ce moment-là? On ne peut pas accepter cela. Pour
protéger le gouvernement, pour protéger SOQUEM, pour
protéger ses administrateurs, il faut, hors de tout doute, qu'il y ait
des mesures qui fassent que nous, comme députés
représentant la population, on soit capables de dire, en tout temps,
à cette population: S'il y a telle ou telle mauvaise transaction, c'est
le jeu des transactions. Mais l'administration est vérifiée par
le Vérificateur général, conformément aux habitudes
de tous les ministères. C'est la garantie, c'est le chien de garde de la
population, le Vérificateur général.
On pourrait au moins répondre à la population que toutes
les mesures normales ont été prises pour protéger le
public. Mais là, on ne pourra pas répondre ce genre de chose, M.
le Président. De plus, quand on parle de modification de philosophie,
à l'article 22, cela arrive en même temps et drôlement.
C'est un peu agaçant même de voir comment cela arrive au moment
où, dans la même loi, on traite de nouvelles formules pour le
conseil d'administration. On introduit, pour la première fois dans nos
lois, la notion de conflit d'intérêts.
J'en ai parlé un peu vendredi dernier. Ce n'est pas le genre de
chose qui nous emballe trop, M. le Président, de voir qu'on en est
rendu, dans une loi de ce Parlement, à dire que dorénavant les
personnes membres du conseil d'administration d'une société
d'État pourront avoir des conflits d'intérêts.
M. Biron: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Question de règlement, M.
le député de Lotbinière.
M. Biron: J'aimerais que vous rappeliez le député
de Rouyn-Noranda à l'ordre, afin qu'on discute véritablement du
sous- article 22. On serait intéressé à savoir ce qu'il a
à dire là-dessus. Là, il est en train de nous parler d'un
autre article du même projet de loi. On reviendra un peu plus tard sur
cet article. Mais j'aimerais qu'il traite de la pertinence du débat
à l'heure actuelle, soit l'article 4 de ce présent projet de
loi.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: II me semble, M. le Président, que c'est
l'évidence même; lorsque le député de Rouyn-Noranda
fait référence à d'autres articles que le sous-article 22,
c'est strictement dans le but d'illustrer la démonstration qu'il est en
train de faire sur la non-opportunité pour la commission d'adopter
l'amendement du ministre au sous-article 22.
C'est sûr que, comme en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale, où le règlement nous impose de
discuter du principe d'un projet de loi, on peut trouver utile de fournir des
exemples d'autres lois ou d'utiliser des parties de la loi à
l'étude pour illustrer le point de vue qu'on est en train de
développer. C'est exactement ce que fait le député de
Rouyn-Noranda présentement, en s'appuyant sur des
références à d'autres articles que celui
présentement en question. En fait, si on suivait la logique du
député de Lotbinière, il faudrait que le
député de Rouyn-Noranda se limite strictement à parler de
la motion d'amendement à l'effet que c'est le gouvernement plutôt
que le Vérificateur général qui devrait désigner le
vérificateur à la demande d'une société
d'État.
M. le Président, on sait fort bien que, pour expliquer son point
de vue, pour expliquer pourquoi il votera contre l'amendement, il doit faire
les concordances qui s'imposent et je pense que c'est ce que le
député de Rouyn-Noranda faisait.
M. Grégoire: Je suis d'accord avec le député
de Gatineau. On va laisser aller le député de Rouyn-Noranda. Ce
n'est pas tellement ce qu'il dit qui compte, c'est le fait de le dire pendant
une heure. On va laisser aller le député de Rouyn-Noranda. Pas de
problème. On ne lui en demandera pas plus pour le moment.
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, j'avais une question de
règlement. Je crois qu'il est évident que le député
de Rouyn-Noranda, pour justifier les raisons qui le motivent à voter
contre le projet d'amendement du gouvernement, apporte, à l'appui de son
argumentation, d'autres articles du projet de loi qui, selon lui, rendent
encore plus difficle l'application de l'amendement que le gouvernement nous a
proposé.
Les articles qu'il a soulevés sont un parfait exemple des raisons
pour lesquelles on devrait maintenenir le Vérificateur
général. Alors, pour ces raisons, M. le Président, je
crois que le député de Rouyn-Noranda est pertinent au
débat.
Le Président (M. Gagnon): Le député de
Rouyn-Noranda a la parole et je lui demanderais de s'en tenir le plus possible
à l'amendement dont on discute actuellement.
M. Samson: M. le Président, je ne
pense pas que ce soit utile de faire une question de règlement.
Je peux, à travers les propos que j'ai à vous dire, vous donner
un certain point de vue sur la question de règlement en même
temps, ce qui va épargner du temps à la commission.
Je voulais faire remarquer à mon collègue et ami, le
député de Lotbinière, que l'article 22 qui serait le
nouvel article de la loi, si l'article A de la présente loi était
adopté, c'est l'article dont je vous parle, M. le Président. Mais
il se trouve - c'est l'essentiel de mon point de règlement - que j'ai
pris la peine, au début de mon exposé -j'imagine que le
député de Lotbinière n'a peut-être pas saisi mon
propos à ce moment - de dire qu'à cette commission, nous en
étions rendus à l'article A qui modifierait des articles de
l'ancienne loi qui sont les articles 13, 1A, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22 et
23.
C'est la raison pour laquelle je me sens totalement à l'aise
d'utiliser l'argumentation que j'utilise présentement, parce que
j'utilise des arguments que je puise à l'intérieur de l'article A
de la présente loi qui n'est pas encore adopté. C'est la raison
pour laquelle je peux, tout en respectant le règlement, utiliser
n'importe lequel de ces articles qui, de 13 à 23, donc dix articles, ont
été, un a un, j'en conviens, adoptés jusqu'à
l'article 22. Mais, globalement, l'article 4 n'est pas adopté, donc est
encore ouvert.
En me basant sur les précédents établis à
toutes les commissions parlementaires, je suis persuadé - vous en
conviendrez comme moi, M. le Président - que j'étais totalement
dans la pertinence du débat et que notre règlement me permet
d'utiliser comme point de comparaison des choses comme celles que j'ai
utilisées.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rouyn-Noranda, je m'excuse. Pour ne pas moi-même créer de
précédent,- je vous demanderais de vous en tenir le plus possible
à l'amendement, - on sait que c'est assez difficile de s'en tenir
exactement à l'amendement - qu'on discute actuellement.
M. Samson: M. le Président, c'est bien sûr que je
m'en tiens à l'amendement. Je vais aller plus loin que votre
désir. Vous dites: le plus possible. Moi, je vais dire: Je m'en tiens
à l'amendement. Je m'en tiendrai à l'amendement, car
l'amendement, c'est un amendement qui modifie de fond en comble la philosophie
de la vérification des comptes publics. Modifier de fond en comble la
vérification des comptes publics, la philosophie de la
vérification des comptes publics, c'est sûr que cela a des
conséquences et des incidences sur tous les autres articles du
présent projet de loi, parce que, si on ne changeait pas l'orientation,
si on n'incorporait pas $36,000,000 de plus dans ce projet de loi, si on ne
parlait pas de conflit d'intérêts au conseil d'administration, si
on ne parlait pas des directives que peut donner le ministre, directives qui
sont unilatérales, si on ne parlait de plan de développement, si
on ne parlait pas de rien de cela, M. le Président, il me semble que
cela crève les yeux qu'on n'aurait pas besoin de parler du
Vérificateur général non plus. (22 heures)
Si on en arrive à être obligé de parler de la
question de la vérification des comptes publics, c'est parce qu'il y a
quelque chose dans le projet de loi et dans la loi existante qui justifie que
nous ayons ou non un vérificateur des comptes publics qui est le
Vérificateur général, ou bien encore que nous ayons un
vérificateur des comptes publics qui serait un vérificateur de la
pratique privée. C'est là le noeud du problème et c'est
pourquoi j'essaie, autant que c'est possible, de faire la démonstration
que s'il y a dans nos statuts des lois qui devraient retenir notre attention,
des lois qui devraient faire en sorte qu'on ne passe jamais à
côté du Vérificateur général, c'est le genre
de loi comme celle que nous avons devant nous présentement et comme
d'autres que nous avons eues et qui ne sont pas encore discutées en
commission parlementaire.
Il y aura une autre loi qui s'appelle la loi no 2 sur la
société SOQUIP où le même principe et le même
problème peuvent se retrouver. C'est pour nous une question
fondamentale. Si on laisse passer cela sans dire un mot, si on se ferme les
yeux là-dessus, si on ne fait pas notre travail sous prétexte
qu'on est à la fin d'une session, que c'est fatigant de travailler le
soir parce qu'il faut se lever quand même de bonne heure le matin, si on
laisse passer cela à la vapeur parce qu'on risque de siéger la
nuit, comme cela nous est arrivé la semaine dernière, et que
c'est fatigant de siéger la nuit et revenir le matin, comme cela m'est
arrivé la semaine dernière de me coucher à 6 heures du
matin et de revenir ici à 8 heures, M. le Président, même
si c'est fatigant, le prétexte n'est pas suffisant pour que nous ne
fassions pas notre devoir.
C'est donc pourquoi nous voulons faire ressortir l'ampleur du
problème qui est créé par cette philosophie nouvelle de ce
gouvernement parce que c'est ce gouvernement, M. le Président, que nous
avons devant nous - pour ce qui en reste, en tout cas - qui a laissé
entendre au public que la transparence devait être le moteur et
l'élément maître de tous ses travaux. C'est ce gouvernement
que nous avons devant nous qui s'est fait élire même sous le signe
de la transparence. Il se trouve que tout ce que nous faisons aujourd'hui,
c'est de lui rappeler que puisqu'il a demandé à la population un
mandat en lui parlant, d'un vrai gouvernement, d'une bonne administration,
d'une véritable transparence, etc., etc., etc., et j'en passe,
ce gouvernement qui est devant nous, qui est né sous le signe de
la transparence, nous voulons lui rappeler, s'il l'a déjà
oublié, il semble qu'il l'ait déjà oublié, nous
voulons lui rappeler qu'à la fin de ses jours, ce gouvernement n'a pas
le droit, d'abord, de fermer le rideau. Ce gouvernement, à la fin de ses
jours, n'a pas le droit de changer fondamentalement la ligne de conduite d'une
bonne administration publique. À la fin de ses jours, ce gouvernement
n'a pas le droit de laisser au futur gouvernement du Parti libéral un
héritage aussi obscur que celui qu'on s'apprête à nous
léguer. Comme le Parti libéral est celui qui va prendre le
pouvoir dans peu de temps, le Parti libéral se trouvant à
être présentement l'Opposition officielle, il a d'autant plus de
raisons de surveiller les intérêts de la population et surtout de
faire en sorte que l'héritage qui va lui revenir ne sera pas un cadeau
de Grec. Du côté du Parti libéral, on n'est pas
particulièrement intéressé à avoir des cadeaux de
Grecs.
On veut demander à ce gouvernement qui a dépassé
son temps, qui est à la fin de ses jours, qui agonise, on veut tout
simplement lui demander: Faites donc, pendant votre période d'agonie, un
acte qui va, au moins une fois, rendre service à la population. On n'en
demande pas beaucoup, il me semble. Sachant que leur agonie ne durera pas trop
longtemps, on leur demande de faire immédiatement un acte de bonne
administration. Si on ne le leur demandait pas immédiatement, dans un
mois ou deux il serait trop tard, ils ne seront plus là; l'agonie va
être passée et ce sera le trépas.
Mais, avant le trépas, il me semble qu'on peut au moins demander
à un mourant de se confesser.
Une voix: Lui donner l'extrême-onction.
M. Samson: S'ils veulent avoir l'extrême-onction, oui... on
pourrait leur demander de se confesser. C'est d'ailleurs un peu ce qu'on
voulait par notre amendement touchant le Vérificateur
général, les faire se confesser un peu et ils n'ont pas voulu,
ils ont refusé la confession avant les derniers jours, avant les
derniers moments. Est-ce possible?
M. Bélanger: Ce ne sont pas des croyants.
M. Samson: II y a quelque chose qui ne tourne pas rond
là-dedans. Cela ne se refuse pas, mais ils refusent l'irrefusable, eux
autres! On est pris pour leur rappeler cela, on est pris pour leur demander de
revenir non pas sur leur décision, mais sur leur entêtement. Ce ne
sont pas des décisions qu'ils ont prises, c'est de l'entêtement
quand ils veulent absolument modifier les règles du jeu, quand ils
veulent absolument que le Vérificateur général puisse
être tassé du revers de la main, comme cela, pour nommer je ne
sais trop qui, et je ne veux pas le savoir non plus. Je n'ai pas de suggestion
à leur faire, je suis de ceux qui pensent que ce devrait être le
Vérificateur général; donc, je n'ai pas de suggestion
à faire pour une nomination. De toute façon, probablement qu'en
s'adressant au cabinet du premier ministre il y aurait sûrement des noms
en banque - comme cela a été le cas pour la SHQ - à qui
donner un ministère. Ainsi va la vie!
C'est pourquoi nous ne voulons pas accepter ce genre de jeu de
cache-cache de la part du gouvernement, surtout pas au moment où on en
arrive, comme je le disais tantôt quand le député de
Lotbinière a soulevé une question de règlement, à
voir l'introduction dans une loi - chose invraisemblable - de la notion de
conflit d'intérêts comme étant nécessaire à
la compétence. C'est absolument invraisemblable. C'est la même
chose dans tous les autres domaines. S'il fallait, pour être reconnu
compétent en matière gouvernementale, être en conflit
d'intérêts, imaginez-vous quel genre d'administration publique
nous aurions! Imaginez-vous, M. le Président, s'il fallait que vous
soyez en conflit d'intérêts pour présider cette commission,
s'il fallait qu'un député soit en conflit d'intérêts
pour être député, s'il fallait qu'un ministre soit en
conflit d'intérêts pour être ministre, s'il fallait qu'on
étende cela à d'autres secteurs et qu'il faille absolument
être en conflit d'intérêts pour que notre compétence
ou notre pseudo-compétence soit reconnue, selon le cas, ce serait le
monde à l'envers! Cela voudrait dire à peu près ceci: Si
vous voulez devenir membre d'un futur conseil d'administration d'une
société de la couronne X - je ne parle pas de celle-là en
particulier, je parle de l'ensemble parce qu'il y en a d'autres qui semblent
vouloir aller dans la même direction - faites donc la preuve que vous
êtes en conflit d'intérêts d'abord et, après, on
verra si on peut vous prendre; après, on verra si on peut faire une
nomination. C'est ce que cela voudrait dire, et je ne voudrais pas que cela
arrive.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que je peux me
permettre de vous interrompre quelques secondes? En vérifiant notre
règlement, j'ai vu que je vous ai donné un droit de parole d'une
heure en vertu de l'article 94, mais en considérant l'article 160, il me
paraît que le règlement est plus spécifique à
l'occasion d'une commission qui étudie un projet de loi ou des
crédits. Votre droit de parole, selon l'article 160, devrait être
limité également à 20 minutes.
M. Samson: Attendez un peu.
M. Grégoire: Mais on peut lui donner un consentement
unanime.
M. Bérubé: Bien sûr.
Le Président (M. Bordeleau): Bien sûr, sauf
consentement unanime. Alors, je vous laisse...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je voudrais attendre pour
voir si le député de Rouyn-Noranda a quelque chose à
ajouter.
M. Gratton: Je voudrais soulever une question de
règlement, avant que le député de Rouyn-Noranda
intervienne.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Je veux savoir; si le député de
Rouyn-Noranda est intervenu pendant plus de 20 minutes, jusqu'à
maintenant?
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Effectivement, M. le
député de Rouyn-Noranda intervient depuis 21 h 26 exactement, ce
qui lui donnerait 47 minutes.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais vous dire que,
pour ma part, j'ai trouvé le député tellement
intéressant que cela ne m'a pas paru plus que 20 minutes. Pourrais-je
vous demander...
Le Président (M. Bordeleau): C'est votre droit, mais ce
n'est pas une question de règlement quand même.
M. Gratton: Non, mais j'y viens, M. le Président.
Étant donné que le député de Rouyn-Noranda,
semble-t-il, agit dans l'illégalité depuis environ 20 ou 30
minutes, maintenant, pourriez-vous nous faire lecture de ses propos à
partir du moment où il aurait dû cesser, de façon qu'on
demande au journal des Débats de rayer ça?
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que vous pourrez
facilement vérifier tous les dires du député de
Rouyn-Noranda dans la transcription de la commission. Mais je ne m'engage pas
du tout à relire ses propos, d'ailleurs, je ne les ai pas à la
portée de la main.
M. Perron: On pourrait peut-être effacer les 20
dernières minutes qu'il a parlé.
M. Gratton: II faudrait quand même savoir quels
étaient les propos que le député tenait.
M. Perron: C'est qu'il a parlé pour ne rien dire, c'est
pour ça que ça ne vaudrait pas la peine de l'écrire.
M. Gratton: Je vous laisse vos opinions, M. le
député.
Une voix: II n'y a rien à effacer, il n'a rien dit.
Le Président (M. Bordeleau): Je vais simplement
compléter mon intervention. De toute façon, je voulais simplement
rappeler au député de Rouyn-Noranda qu'en vertu de l'article 160,
je considère que son droit de parole serait limité à 20
minutes, sauf que, du consentement des membres de la commission, bien
sûr, tout est permis pratiquement, tout sauf....
M. Grégoire: M. le Président, on serait
peut-être prêt...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: ... à lui laisser l'heure
complète, mais je pense que ce ne serait pas lui rendre service. Pour
moi, il serait bien plus heureux si son temps de parole était
terminé, quitte à le laisser conclure. Pour moi, ce serait lui
rendre service et je pense qu'il serait content qu'on lui rende ce service, en
lui disant de conclure en une minute.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: J'ai le choix, en vertu de l'article 160 que vous
venez de citer, M. le Président, entre prendre les 12 minutes qu'il me
restait à parler, semble-t-il ou tenter de vous faire comprendre mon
point de vue sur le point de règlement et, là, j'aurais le droit
de parler 20 minutes.
M. Grégoire: Non, il n'y a pas de 20 minutes.
Le Président (M. Bordeleau): Je voulais simplement vous
souligner qu'en vertu de 160, je considère que votre droit de parole se
limite à 20 minutes. Mais, comme je vous le dis, vous conservez tous vos
privilèges pour les autres articles du règlement. Sur
consentement des membres...
M. Samson: J'ai mon privilège de parler du
règlement.
M. Grégoire: Le président a rendu sa
décision, on ne discute pas une décision du président.
Le Président (M. Bordeleau): Peut-on s'entendre, M. le
député de Rouyn-Noranda, pour vous laisser quelques minutes
pour...
M. Samson: II me reste onze minutes présentement.
Le Président (M. Bordeleau): terminer, sans
nécessairement vous rendre à votre droit d'une heure?
M. Samson: M. le Président, je viens d'entendre quelque
chose à ma gauche, mais j'aime mieux m'adresser à vous.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, je
préfère cela également.
M. Samson: C'est plus clair et c'est mieux. Si je peux continuer,
M. le Président, j'avais commencé à 21 h 25 et, suivant le
droit de parole que vous m'avez donné au début,
d'autorité, si ce n'est en vertu de l'article 94, ou 160, vous me l'avez
donné d'autorité en tout cas. Évidemment, je n'aimerais
pas que vous me le retiriez comme ça, parce que je m'étais
préparé pour une heure.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Question de règlement,
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je crois que, sans entrer dans
l'interprétation de 160 ou de 94, à savoir lequel a
priorité sur l'autre, le fait demeure que vous lui avez accordé
un droit de parole d'une heure. Respectueusement, je soumettrai que je ne pense
pas qu'à ce stade-ci, vous puissiez lui retirer ce droit de parole. Sur
une autre motion de fond, sur un autre article, si le député de
Rouyn-Noranda demandait, au nom du parti, un droit de parole d'une heure,
à ce moment, vous pourriez lui dire: Non, vous n'avez pas le droit de
parole pour une heure, mais votre décision était de lui accorder
un droit de parole d'une heure et je crois que cette décision devrait
tenir et permettre au député de finir; il ne reste pas grand
temps, seulement dix minutes.
Des voix: Consentement.
Le Président (M. Bordeleau): II y a consentement?
M. Biron: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Lotbinière.
M. Biron: Sur cette question, je voudrais juste que vous nous
assuriez que ça ne sort pas des murs de cette Assemblée parce
que, autrement, on va se rendre complètement ridicules, nous, les
députés à l'Assemblée nationale, de voir une telle
bouffonnerie, de perdre notre temps complètement pour discuter et parler
pour ne rien dire. (22 h 15)
M. Samson: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: ...je voudrais vous demander de référer
le député de Lotbinière au journal des Débats des
années 1970, 1971, 1972, 1973, 1974, 1975 et 1976 presque jusqu'à
la fin. S'il veut constater de la bouffonnerie dans des débats pour
perdre du temps, il n'aura qu'à lire les discours que faisaient ses
collègues à ce moment et il va découvrir qu'aujourd'hui on
est extrêmement sérieux comparativement à ce temps.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous voulez continuer votre intervention. De toute façon,
il semblerait qu'on avait le consentement des membres de la commission.
M. Samson: Mon point de règlement étant
terminé quant à cette partie, je voulais, M. le Président,
vous dire que nous trouvons tout à fait sérieux et
extrêmement inacceptable que le gouvernement veuille, à l'article
22 suivant l'amendement que nous avons devant nous, se donner tous les pouvoirs
de vérification et décider lui-même quel petit ami aurait
ou n'aurait pas la marque qu'il faut pour rencontrer non pas les
critères gouvernementaux, mais les critères du Parti
québécois. C'est encore plus inacceptable quand on voit
qu'à l'occasion de ce projet de loi et d'un autre projet de loi qui
viendra, j'imagine, bientôt dès qu'on aura le temps d'en discuter,
le gouvernement en profite pour donner en quelque sorte au ministre tous les
pouvoirs de directive qui pourraient permettre à la
société de poser des actes, de faire des investissements qui ne
seraient pas nécessairement bien vus par le conseil d'administration,
mais des investissements de style plutôt politique, visant à la
propagande politique plutôt qu'à la bonne gestion et à
cette notion que nous retrouvons dans ce projet de loi de
rentabilité.
D'une part, on exigera dans la loi, on demandera dans la loi, on aura
comme objectif dans la loi la rentabilité. D'autre part, le ministre se
garde, se donne tous les pouvoirs de directive qui peuvent, le cas
échéant, aller totalement à l'encontre de la
rentabilité. Vous voyez, M. le Président, le genre de choses qui
peuvent arriver. C'est
le Vérificateur général qui devrait vérifier
les livres, lui qui n'est responsable que devant l'Assemblée nationale,
lui qui agit en toute indépendance parce qu'il a la protection de
l'Assemblée nationale. Il n'est pas une créature du gouvernement,
mais il est nommé par l'Assemblée nationale; il est une
institution de l'Assemblée nationale. S'il fallait, M. le
Président, qu'on ne lui permette pas de vérifier les comptes,
à ce moment, je dis que tous les pouvoirs nouveaux que se donne le
ministre pourraient nous mener n'importe où sans que nous ayons
réellement à l'Assemblée nationale les rapports qui nous
donnent le portrait de toute la situation. Ce n'est probablement que par des
conversations à l'extérieur que l'Opposition pourrait apprendre
ce qui s'est passé, pourrait apprendre pourquoi telle directive a
été donnée plutôt que telle autre. M. le
Président, c'est en fin de session comme cela, au moment où tout
le monde réagit en disant que cela n'a pas de sens de siéger jour
et nuit pour un Parlement - on entend dire cela de la part de la population -
qu'on nous arrive avec cela.
Je vais vous donner un exemple de directive qui pourrait être
donnée. Le ministre a lui-même cité cet exemple, ici
même à la table de la commission parlementaire. SOQUEM parle d'une
possibilité de construire une usine d'affinage d'or. Le ministre, de son
siège, l'autre jour, m'a signifié que si j'étais trop
malcommode à la commission parlementaire, alors que cette usine
prévue suivant les plans de SOQUEM devrait être située dans
la région immédiate de Rouyn-Noranda, étant donné
que la fonderie qui traite les minérais est à Noranda, il m'a
laissé entendre du coin de l'oeil, dis-je, que si j'étais trop
malcommode, je risquais de ne pas l'avoir dans mon comté, qu'on allait
mettre ça a deux pouces de l'autre côté...
Une voix: Vous n'aurez pas de cadeau à Noël.
M. Samson: ... de la ligne dans le comté voisin.
Évidemment, j'ai, bien sûr, considéré que le
ministre voulait me taquiner, mais il reste que ça démontre quand
même en quelque sorte jusqu'où cela pourrait aller. C'est bien
sûr que, dans le cas présent, il ne voulait pas dire ça,
parce que ce serait absolument impensable et ça irait à
l'encontre de la notion de rentabilité, mais il reste une chose, c'est
que le ministre pourrait quand même le faire, s'il le voulait, sur un
coup de tête. Il n'y a aucun ministre qui soit exempt d'un coup de
tête. Vous voyez comme c'est dangereux ce qu'on est en train de faire et
comme l'Opposition a des raisons majeures de ne pas vouloir accepter cet
amendement à l'article 22, parce que c'est sur l'amendement à
l'article 22 qui serait modifié par l'article 4 que nous parlons encore.
On n'est pas encore rendu à l'article 22 comme tel. On reviendra
à l'article 22 en temps et lieu. Mes collègues et moi aurons des
choses à dire là-dessus, mais, pour le moment, on en est encore
à l'amendement proposé par le ministre à l'article 22 tel
qu'il apparaît à l'article 4 de la présente loi.
Or, c'est totalement inacceptable. L'Opposition se ligue, tous ceux qui
sont présents en tout cas, et si l'Union Nationale avait un
représentant - je ne sais pas pour quelle raison il n'y en a pas depuis
le début de la commission - je ne peux pas voir qu'il pourrait
être d'accord avec ce genre de chose-là non plus. Le gouvernement
se retrouve donc seul dans son lit, seul à prôner ce genre de
choses absolument abracadabrantes. Le ministre n'est même pas là,
ça fait à peu près 45 minutes qu'il est parti, je ne sais
où. Il ne s'intéresse pas à sa loi plus qu'il ne le
faut...
Des voix: ...
M. Samson: Le ministre n'est pas là...
M. Grégoire: ... Il est chanceux.
M. Samson: ... mais on est encore en système
parlementaire, que je sache, et le système parlementaire permet au
gouvernement comme à l'Opposition de faire valoir son point de vue. Il
n'y a que l'Opposition qui fait valoir des points de vue, le gouvernement reste
muet. Il aime mieux suivre le ministre comme s'il suivait une mouche à
feu et il se sent éclairé par le feu qu'il y a derrière la
mouche, mais nous, nous ne sommes pas liés par ce genre de choses. On
n'est pas obligé de suivre. On a des choses à dire et, en
système parlementaire, en système démocratique c'est
l'Opposition qui fait que le gouvernement peut apporter des lois,
peut-être pas les meilleures, mais les moins mauvaises en tout cas, et,
dans le cas présent, ce n'est pas la meilleure. Si on pouvait amener le
gouvernement à comprendre quelque chose, ce serait au moins moins
mauvais. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Rouyn-Noranda. Est-ce que...
M . Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, sur l'article 22
toujours, sur l'amendement?
M. Ciaccia: Oui, sur l'amendement. M. Biron: J'avais
demandé la parole.
M. Grégoire: Le député de Lotbinière
avait demandé la parole.
Le Président (M. Bordeleau): Excusez-moi. J'avais
déjà noté d'ailleurs le député de
Lotbinière. M. le député de Mont-Royal, vous aurez la
parole ensuite.
M. le député de Lotbinière.
M. Biron: M. le Président, je ne voudrais pas faire perdre
le temps de cette commission pendant une heure, un peu comme on l'a fait tout
à l'heure. Très brièvement, j'ai trois points sur lesquels
je veux m'adresser à vous. Lorsque les gens d'en face viennent nous
faire de qrandes professions de foi envers l'entreprise privée et que,
quelques minutes ou quelques jours plus tard, lors d'une commission
parlementaire, l'un après l'autre ils frappent à grands coups de
poignard dans le dos de l'entreprise privée qui regroupe les
vérificateurs généraux du Québec, les comptables
agréés reconnus à travers le Québec pour leur
compétence, je pense bien - il y a déjà un
député libéral qui a employé le mot "trahison" -
que ça ressemble véritablement à une espèce de
trahison envers les vérificateurs du Québec, qui sont des
comptables agréés de l'entreprise privée. C'est qu'on fait
présentement, surtout en les accusant d'être incapables de
vérifier correctement et honnêtement les livres d'une
société d'État. Quand on dit que seul le
Vérificateur général est capable de prendre toutes les
mesures normales en vue de protéger le public et qu'on dit que les
bureaux de comptables agréés du Québec sont
incompétents dans ce domaine-là - c'est ce qu'on veut dire de
l'autre côté de la table - je pense que c'est le temps de
réagir de quelque façon, de traiter ces gens de sépulcres
blanchis qui ont honte de dire ce qu'ils ont à dire en public.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, sur une question de règlement.
M. Gratton: Je m'excuse, M. le Président. Je regrette
beaucoup de devoir contredire le député de Lotbinière,
mais il est en train d'induire la commission en erreur, et, par le biais du
journal des Débats, la population.
M. Biron: II n'y a pas de question de règlement
là-dedans, M. le Président.
M. Gratton: On va me laisser terminer.
M. Biron: J'ai laissé parler le député de
Rouyn-Noranda pendant une heure. S'il vous plaît!
M. Gratton: J'interviendrai en vertu de l'article 96
tantôt.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, messieurs!
J'avais donné la parole au député de Gatineau. J'aimerais
qu'il m'explique sa question de règlement.
M. Biron: II interviendra à son tour tout à
l'heure.
M. Gratton: Le député de Lotbinière est en
train de nous prêter des propos que nous n'avons pas tenus, que moi je
n'ai pas tenus. J'y reviendrai, si le député de Lotbinière
s'oppose, en vertu de l'article 96, lorsqu'il aura terminé.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Lotbinière.
M. Biron: Vous reviendrez contre vos collègues tout
à l'heure. Ces gens nous disent que c'est une question de confiance
envers ceux qui feront la vérification et qu'on a confiance seulement au
Vérificateur général dans des entreprises du secteur
public, en particulier, comme des sociétés d'État. Quand
on dit que ce sera le gouvernement qui va se vérifier, on sait que c'est
une fausseté abominable, parce que ce seront des bureaux de comptables
reconnus en vertu de la loi sur l'Office des professions qui feront les
vérifications nécessaires à ces sociétés
d'État.
Cela ne veut pas dire non plus, l'amendement qui est proposé par
le ministre de l'Énergie et des Ressources, que ce seront
nécessairement des gens de l'entreprise privée qui vont le faire.
Cela pourra être aussi le Vérificateur général,
comme cela pourra être des maisons de comptables reconnues pour leur
compétence.
Je crois qu'il faudrait, une fois pour toutes, que l'Opposition
officielle se branche, nous dise si elle a confiance à l'entreprise
privée, oui ou non. Qu'on nous le dise. Je prétends qu'il y a des
gens, dans le secteur privé, qui sont compétents pour
vérifier les livres d'une société d'État.
Deuxième point, M. le Président. On nous dit que c'est une
philosophie nouvelle, ce sont des pouvoirs nouveaux. Cela ne se ferait à
peu près pas dans le secteur public. Je n'ai pas pu avoir les derniers,
mais j'ai ici les états financiers 1977-1978 des entreprises du
gouvernement du Québec. Bien sûr, il y a des entreprises qui sont
vérifiées par le Vérificateur général, mais
il y a à la fois des entreprises, des sociétés
d'État ou des organismes publics qui sont vérifiés par des
bureaux privés de comptables agréés du Québec, qui
sont reconnus.
La curatelle publique, c'est vérifié par le bureau Samson,
Bélair et Associés. Je pense que ce sont des
Québécois compétents dans ce domaine. Un peu plus loin,
on
retrouve Hydro-Québec, une compagnie qui est reconnue à
travers le Québec. C'est vérifié à la fois par
Samson, Bélair et Associés et à la fois par H. Marcel
Caron et Associés, maison qui est affiliée à Clarkson,
Gordon et compagnie. Je crois que ce sont deux bureaux de comptables
agréés du Québec que nous reconnaissons pour leur
compétence.
M. Grégoire: Clarkson, Gordon, c'est Walter Gordon,
l'ancien ministre libéral des Finances à Ottawa, en 1963. Est-ce
que vous allez venir nous dire qu'ils ne sont pas honnêtes, qu'ils ne
sont pas capables de vérifier les sociétés
d'État?
M. Gratton: C'est quelqu'un de bien. On n'a jamais dit cela.
M. Grégoire: Cela a été nommé par le
Parti libéral.
M. Gratton: On n'a jamais dit cela. Voyons donc.
M. Baril: M. le Président, ramenez-les à
l'ordre.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre!
M. Grégoire: Cela a été nommé par le
Parti libéral de Robert Bourassa, en 1975.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est toujours au député de
Lotbinière et je demanderais aux autres membres de la commission de le
laisser parler. Cela s'applique autant au député de Frontenac
qu'au député de Gatineau.
M. le député de Lotbinière.
M. Biron: Lorsqu'on nous dit que ce sont des pouvoirs nouveaux,
une philosophie nouvelle, c'est presque nous mentir à plein nez,
lorsqu'on voit que l'Office de la construction du Québec, qui a
été fondé en 1975 sous le régime libéral
précédent, choisit maintenant Raymond, Chabot, Martin,
Paré et Associées, pour faire la vérification de ses
livres.
L'Office des autoroutes du Québec, qui a été
fondé en 1964 par le Parti libéral, sous M. Lesage, choisit
Maheux, Noiseux et Associés pour vérifier ses livres.
Lorsqu'on nous dit que ce sont des pouvoirs nouveaux et des philosophies
nouvelles, de la part de l'Opposition officielle, on nous ment à plein
nez.
La Régie de la Place des arts, c'est vérifié par
Guy Trudel. Un peu plus loin, lorsqu'on arrive à la Régie des
installations olympiques, cela n'a pas été fondé par le
Parti québécois, cela a été fondé dans le
temps par le Parti libéral, c'est vérifié par
Maheux, Noiseux et Associés. On aurait peut-être dû
faire vérifier par le Vérificateur général. On
n'aurait peut-être pas fait un trou de $1,000,000,000 dans cette
histoire. Mais en tout cas, c'est vérifié par une firme
privée.
Un peu plus loin, la Régie du Grand Théâtre de
Québec, c'est vérifié par Bélanger, Dallaire,
Gagnon et Associés. Vous connaissez M. Bélanger? C'est un bon
membre du Parti libéral. (22 h 30)
M. Gratton: Je ne la connais pas.
M. Biron: C'est lui qui vérifie la Régie du Grand
Théâtre de Québec. Lorsqu'on nous dit que c'est du pouvoir
nouveau, de la philosophie nouvelle et que cela ne se fait à peu
près pas, de la part de l'Opposition officielle, il serait grand temps
au moins qu'on s'informe de ce qui se passe dans tout le Québec dans nos
sociétés d'État.
M. Grégoire: Ils ont tous été nommés
par le Parti libéral.
M. Biron: Lorsqu'on parle de SIDBEC et de ses filiales, c'est
vérifié par Marcel Caron et Bélanger, Dallaire, Gagnon et
Associés, deux firmes de comptables qui vérifient cela.
M. Grégoire: Nommés par le Parti
libéral.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac!
M. Biron: Lorsqu'on parle, pour le député de
Gatineau, vous connaissez certainement la Société
d'aménagement de l'Outaouais. C'est vérifié par
Carrière, Larivière, Marcil, L'Heureux et compagnie, comptables
agréés.
M. Grégoire: Nommés par le Parti
libéral.
M. Biron: Lorsque vous nous dites que c'est de la philosophie
nouvelle et des pouvoirs nouveaux, vous nous mentez à plein nez
là-dedans.
M. Samson: J'invoque le règlement.
M. Biron: Vous ne savez pas de quoi vous parlez.
M. Samson: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Biron: Vous devriez vérifier cela.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît! Oui, sur une question de règlement, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, le député de
Lotbinière est en train de parler. C'est son droit de parole. C'est un
droit que nous respectons. Je vous demanderais, M. le Président, de
demander à son collègue de gauche, le député de
Frontenac, de le laisser parler parce que là, il est en train de rendre
inaudible ce que dit le député de Lotbinière. C'est
très intéressant, ce qu'il dit là.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Lotbinière, vous pouvez continuer.
M. Biron: Lorsqu'on nous parle de la Société de
développement de la Baie James, cela n'a pas été
fondé par le Parti québécois. Ce sont nos amis du Parti
libéral d'en face qui viennent nous dire qu'avoir des
vérificateurs de l'entreprise privée, c'est mauvais, qu'il ne
faut pas avoir cela parce que ce sont des incompétents. Pourtant,
lorsque le Parti libéral a fondé la Société de
développement de la Baie James, il a nommé Albert Poissant, de
Thorne Riddell et compagnie de même que Maheux, Noiseux et
Associés comme vérificateurs, encore une fois l'entreprise
privée.
Une voix: Noiseux...
M. Biron: La Société des alcools du Québec,
Maheux, Noiseux et Associés, comptables agréés. Lorsqu'on
nous dit que c'est de la philosophie nouvelle, que c'est un pouvoir nouveau et
que cela n'existait à peu près pas, il faudrait au moins que, de
l'autre côté, du côté de l'Opposition officielle, on
sache ce qu'on dit. Si on veut faire perdre du temps à cette commission,
qu'on dise franchement: On veut faire perdre du temps à cette commission
et qu'on arrête de nous mentir à plein nez comme cela se fait
présentement. Lorsqu'on parle de la Société
générale de financement du Québec, fondée en 1962
sous le régime Lesage, Samson, Bélair et Associés comme
comptables. C'est une entreprise privée. Lorsqu'on parle de
l'Université du Québec, toutes les filiales de
l'Université du Québec, ses constituantes, ses écoles
supérieures, son institut de recherche et ses autres unités
constituantes, c'est vérifié encore une fois, non pas par le
Vérificateur général, mais par une firme de comptables
privée, Samson, Bélair et Associés.
Je pense, M. le Président, que, pour au moins une quinzaine de
sociétés d'État ou d'organismes que j'ai
énumérés rapidement, on voit que cela se fait, que cela
s'est fait au Québec, pas seulement depuis un an, deux ans ou trois ans,
mais depuis quinze ans ou vingt ans. Le Vérificateur
général vérifie les livres du gouvernement du
Québec. Il vérifie les livres de certains organismes ou de
certaines sociétés d'État, mais il est possible aussi que
le gouvernement ou ses sociétés d'État demandent à
des vérificateurs privés de faire le même travail.
Lorsque vous dites que ce n'est pas possible de faire un travail
compétent, que ce n'est pas possible de protéger le grand public
si ce n'est pas le Vérificateur général qui le fait, que
ce n'est pas possible d'avoir confiance dans la vérification si ce n'est
pas le Vérificateur général qui la fait, vous insultez
carrément l'entreprise privée et les vérificateurs, les
comptables agréés qu'il y a dans tout le Québec. Je me
propose personnellement, demain, d'écrire aux vérificateurs de
ces sociétés d'État et de leur dire ce que vous pensez
d'eux, que vous les jugez complètement incompétents pour faire la
vérification nécessaire.
Je pense, M. le Président, qu'il est peut-être temps qu'on
commence à se parler franchement. Ceux qui, de l'autre
côté, font la promotion de l'entreprise privée, qu'ils nous
disent carrément où ils se branchent une fois pour toutes, mais
qu'on reconnaisse aussi qu'on a des gens compétents au Québec
dans le bureau du Vérificateur général comme aussi on peut
en avoir dans les bureaux d'entreprises privées et des comptables
agréés en particulier qui font la vérification des livres
des sociétés d'État. Ce n'est pas du droit nouveau. Cela
se fait depuis longtemps au Québec. Je crois qu'il y a des entreprises
qui sont très bien vérifiées.
Tout à l'heure, on parlait de la Société
d'habitation du Québec. C'est vérifié par le
Vérificateur général. Or, il y a des choses comme
ça...
Une voix: Ah!
M. Biron: ...qu'il faut quand même dire. Il y a des choses
qui se font d'une façon excellente, mais une vérification, ce
n'est pas le signe non plus que tout va nécessairement bien partout.
Une voix: ...faire la vérification?
M. Biron: Aussi un petit mot. Lorsqu'on nous parle de la notion
de conflit d'intérêts, je crois que le ministre a expliqué
très clairement sa position là-dessus. Il s'agit de choisir,
à la tête, au conseil d'administration de nos
sociétés d'État, les gens les plus compétents
possible pour bien administrer nos sociétés d'État. C'est
fini le temps où on avait, comme autrefois avec le Parti libéral
du Québec, des sociétés d'État qui étaient
à peu près toutes déficitaires, sans exception. Les
sociétés d'État, pour être sociétés
d'État, il fallait à peu près que ce soit une
société sur l'assistance sociale.
Maintenant, on a changé la philosophie de ces
sociétés d'État. On a voulu faire en sorte que les
sociétés d'État deviennent rentables, dans le meilleur
intérêt de tous les citoyens du Québec. Et pour
qu'elles
deviennent rentables, il faut placer les gens les plus compétents
possible aux conseils d'administration.
IL y a d'autres sociétés, il y a d'autres organismes au
Québec qui ont réagi dans le même sens. Dans le domaine des
caisses populaires - nos amis de l'Opposition officielle connaissent
certainement les caisses populaires - autrefois, pour être commissaire de
crédit, il ne fallait pas avoir besoin d'emprunter directement à
la caisse populaire. S'il n'avait pas besoin d'emprunter, on le choisissait
comme membre de la commission de crédit. Ce n'était pas
nécessairement la meilleure personne possible pour juger des demandes de
prêts de chacun des individus ou des sociétés qui faisaient
leur demande. Les caisses populaires maintenant ont changé cela. Il y a
des gens qui peuvent avoir besoin d'emprunter et qui peuvent devenir membres
des commissions de crédit des caisses populaires. On a dit: On va
essayer d'aller chercher les gens les plus compétents possible, pour
répondre aux besoins des membres des caisses populaires.
Le gouvernement du Québec ne fait pas exception à la
règle. Il ne fait que suivre l'exemple d'autres sociétés,
d'autres organismes, en particulier des caisses populaires Desjardins. Je pense
que c'est un symbole au Québec pour la bonne gestion. Il ne fait que
dire: Nous allons aller chercher les gens les plus compétents possible,
où qu'ils soient dans leur sphère d'activité. Ils vont
devenir membres des conseils d'administration de nos sociétés
d'État. Ils ne deviennent pas des permanents à plein temps, ils
ne deviennent que des membres de conseils d'administration, en vue d'atteindre
le premier but pour lequel maintenant les sociétés d'État,
si on change la loi, sont maintenant érigées, soit
développer le Québec, et devenir des sociétés
profitables et rentables dans le meilleur intérêt des citoyens du
Québec. C'est fini le temps où on va chercher de l'argent
constamment dans les poches des "payeurs de taxes" pour payer des
sociétés d'État qui sont mal administrées.
Aujourd'hui, on veut des sociétés d'État bien
administrées et à ce point de vue, on doit chercher les gens les
plus compétents possible, dans leur domaine.
M. le Président, je n'ai pas pris les vingt minutes que j'avais
à ma disposition, mais j'ai voulu réfuter des mensonges qui nous
ont été dits tout à l'heure par des membres de
l'Opposition officielle. Il est grand temps, au moins dans cette commission,
qu'on sache où se branche l'Opposition officielle. Et c'est cela que
j'ai voulu faire, pour savoir où ces gens-là veulent aller.
Quant à nous, nous avons confiance dans les aptitudes des
Québécois, des hommes et des femmes de chez nous, et nous avons
confiance, bien sûr, dans le
Vérificateur général et son équipe. Nous
avons confiance aussi dans des firmes privées de comptables
agréés qui font la vérification pour les
différentes sociétés d'État que j'ai
énumérées tout à l'heure.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Lotbinière.
M. Samson: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, messieurs!
Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut vraiment parler sur l'article 22?
Est-ce que l'amendement à l'article 22 sera adopté?
M. Samson: M. le Président... M. Gratton: M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je veux donner avis que je soulèverai une
question en vertu de l'article 96. Le député de Lotbinière
nous a reproché d'avoir tenu des propos que nous n'avons pas tenus.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Gatineau. À ma connaissance, à moins que,
pendant qu'un autre président m'a remplacé pendant un certain
temps, vous ayez fait un discours, à ma connaissance, vous n'êtes
pas intervenu sur l'article 22.
M. Gratton: Oui, en effet, je suis intervenu sur la motion
d'amendement du député de Mont-Royal.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous souligne que la
motion d'amendement a été battue. Nous en sommes actuellement sur
la motion d'amendement proposée par le ministre sur l'article 22. En
vertu de l'article 96, c'est à la condition que vous ayez fait une
intervention quelconque.
M. Gratton: J'en ai fait une ce soir, M. le Président. Le
député de Lotbinière n'a pas pris la parole, après
mon discours, avant maintenant. Les propos qu'il a tenus soulèvent chez
moi le désir d'intervenir en vertu de l'article 96. Si vous voulez, on
va lire l'article 96 ensemble, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, je m'excuse, mais ce que j'ai entendu du député de
Lotbinière n'avait aucun rapport. Il n'a pas rattaché son
discours aucunement à votre intervention possible sur la motion
d'amendement du député de Mont-Royal. À ma connaissance,
il n'a pas du tout interprété votre discours à
vous, mais il a parlé en termes généraux de
l'attitude d'un parti par rapport à un autre.
M. Gratton: M. le Président, justement, si vous me donnez
la chance d'invoquer ma question de règlement, vous comprendrez que j'ai
tout à fait le droit, en vertu de nos règlements, d'intervenir
à ce moment-ci, en vertu de l'article 96. Si le député de
Lotbinière lance en l'air des accusations à l'endroit des
députés de l'Opposition officielle et que le simple fait qu'il ne
mentionne pas mes propos, à moi, m'empêche de relever les
inaptitudes et les propos erronés qu'il nous prête, M. le
Président, il y a quelque chose qui ne marche pas dans le
règlement. L'article 96 du règlement est justement
là...
M. Grégoire: ...qu'il se sent lésé et qu'il
doit...
M. Gratton: ...pour permettre à un député de
prendre la parole "pour donner des explications sur le discours qu'il a
déjà prononcé" et il "ne peut le faire que lorsque le
discours qui le provoque est terminé..."
M. Grégoire: ...II n'est pas prononcé. Il n'a
pas...
M. Gratton: Le discours du député de
Lotbinière est maintenant terminé, "... à moins que celui
qui le prononce ne consente à être interrompu." Il n'a pas
consenti tantôt.
M. Grégoire: Ce n'est pas votre discours qui...
M. Gratton: "Les explications doivent être brèves et
ne doivent apporter aucun élément nouveau dans la discussion et
elles ne peuvent engendrer un débat." Donc, M. le
Président...
M. Grégoire: Mais il n'a pas parlé de son
discours.
M. Gratton: ...il ne s'agit pas d'un élément
nouveau auquel a fait allusion le député de
Lotbinière.
M. Grégoire: II n'a pas parlé de son discours, M.
le Président.
M. Gratton: II s'agit, M. le Président... Vous
n'êtes pas censé parler maintenant, vous.
M. Grégoire: Mais il n'a pas parlé de votre
discours.
M. Gratton: Taisez-vous, je parle au président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaît!
M. Samson: Prenez donc la présidence... M.
Grégoire: Le président va juger. Une voix: Une
question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Je vais continuer
d'écouter le député de Gatineau, pour le moment.
M. Gratton: M. le Président, mes collègues et
moi-même sommes intervenus à l'intérieur du débat
qui se déroule autour du sous-article 22 pour dénoncer
l'intention du gouvernement de laisser au gouvernement le soin de nommer un
vérificateur à la demande de la société
d'État SOQUEM, lorsque celle-ci en éprouve le besoin,
plutôt qu'au Vérificateur général.
Nos interventions ont porté là-dessus. Le
député de Lotbinière, dans son intervention, vient de nous
prêter des propos selon lesquels nous ne ferions pas confiance aux
vérificateur publics que sont les firmes de comptables
agréés. Quant à moi, je n'ai entendu aucun de mes
collègues faire quelque remarque que ce soit sur la compétence,
sur la capacité des vérificateurs publics ou des firmes de
comptables agréés de faire la vérification des affaires
des sociétés d'État.
Ce que nous avons dit et ce que nous continuons de dire, c'est que c'est
non pas le gouvernement qui devrait désigner le vérificateur, si
ce n'est pas le Vérificateur général qui procède
à la vérification, mais bien...
M. Desbiens: M. le Président, j'ai une question de
privilège.
Le Président (M. Bordeleau): II n'y a pas de question de
privilège.
M. Desbiens: De règlement, excusez-moi...
M. Gratton: Je suis déjà sur une question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Sur une question de
règlement, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Si j'ai bien compris l'article 96, il se rapporte
à un discours que le député de Gatineau aurait tenu
lui-même. Or, il n'a pas tenu de discours sur ce qu'on discute
présentement. Alors comment peut-il intervenir en vertu de l'article
96?
Une voix: ...pas prononcé...
M. Gratton: M. le Président, je vous
demande une directive. Est-ce que j'ai prononcé un discours ce
soir?
Une voix: Non.
Le Président (M. Bordeleau): À ma connaissance,
non. Mais je vous avoue que je n'ai pas présidé tout le temps.
À ma connaissance, non.
M. Gratton: J'ai l'impression que le ministre est fort
soulagé, parce qu'il avait l'air de trouver cela pénible
tantôt.
Le Président (M. Bordeleau): Mais vous êtes en train
d'en faire un, par exemple, là.
M. Bérubé: M. le Président, il
apparaît assez clairement que le député de Gatineau est
totalement mêlé. Effectivement, il est intervenu sur...
Une voix: II parle deux fois, lui. Une question de
règlement.
M. Bérubé: ...la motion du député de
Mont-Royal qui portait plus précisément sur l'invitation à
faire au Vérificateur général pour qu'il se
présente ici à cette commission. De fait, cette motion a
été débattue et battue. Par conséquent, le
député de Gatineau n'est pas intervenu sur l'objet actuel du
débat qui est l'amendement présenté par le gouvernement
à l'article 22 et qui porte plus spécifiquement sur le texte
suivant: "Les livres et comptes de la société sont
vérifiés chaque année et chaque fois que le
décrète le gouvernement par le Vérificateur
général ou par un vérificateur désigné par
le gouvernement. Le rapport du vérificateur doit accompagner le rapport
annuel de la société." Voilà le sujet de notre discours,
M. le Président. Je dois malheureusement reconnaître avec vous que
le député de Gatineau n'a pas encore eu le plaisir
d'épuiser ses 20 minutes sur la question.
M. Gratton: M. le Président, sur la question de
règlement. Je regrette...
Le Président (M. Bordeleau): C'est toujours en vertu de
l'article 96?
M. Gratton: Non, sur la question de règlement que viennent
de soulever les députés ministériels...
M. Bérubé: ...l'article 96, M. le
Président.
M. Gratton: ...à savoir si j'ai le droit d'intervenir en
vertu de l'article 96 ou non.
Le Président (M. Bordeleau): Là-dessus, d'abord, on
va s'entendre. En vertu de l'article 96, je vous ai laissé parler un
certain temps, M. le député de Gatineau, mais...
M. Gratton: ...y revenir pour le moment. (22 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): Mais, moi, je veux y revenir.
Est-ce que je peux? Jusqu'à maintenant, après vous avoir
écouté pendant quelques minutes, je n'ai pas vraiment vu la
pertinence en vertu de l'article 96. Alors, je vous demanderais de terminer
très rapidement ou d'invoquer un autre article du règlement ou
d'utiliser le droit de parole auquel vous avez droit comme tous les membres de
la commission. En vertu de l'article 96, je n'y ai vu aucune pertinence de
sorte que je ne pourrai pas vous laisser très longtemps un droit de
parole en vertu de cet article.
M. Gratton: M. le Président, avant d'exercer mon droit de
parole en vertu de l'article 96, je vous prierais de m'indiquer si, à
vos yeux, j'ai le droit d'intervenir en vertu de l'article 96 à ce
moment-ci parce que, semble-t-il, je n'ai pas fait de discours, à votre
connaissance. Vous étiez donc absent, je présume.
Le Président (M. Bordeleau):
Effectivement, j'ai été absent quelques minutes. De toute
façon, au moment où vous avez pu faire un discours,
c'était sur une proposition d'amendement du député de
Mont-Royal qui a été battue par un vote consigné aux
Débats. Nous en sommes maintenant à l'article 22 et l'article 96
dit bien que le député qui prend la parole pour donner des
explications sur le discours qu'il a prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui les provoque est terminé. Je pense qu'il y a un
certain temps que votre discours est terminé.
M. Samson: Non, non, une minute.
M. Gratton: Un instant, M. le Président, relisez comme il
le faut.
M. Ciaccia: Le discours qui les provoque, c'est l'autre.
M. Gratton: Après que le discours qui les provoque est
terminé. Je ne pouvais pas le faire avant.
Le Président (M. Bordeleau): Sauf que ce que le
député de Lotbinière a mentionné dans son
intervention n'avait aucun rapport avec le discours que vous auriez pu faire
antérieurement.
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): À ma connaissance, il
n'a fait aucune allusion à aucun des discours du député de
Gatineau ou d'un autre député de l'Opposition, il a parlé
de l'Opposition en général.
M. Gratton: Voyons, voyons! M. Ciaccia: M. le
Président...
M. Gratton: Je m'excuse, M. le Président, mais le
député de Lotbinière vient de faire un long plaidoyer
contre les propos tenus par les députés libéraux, comme il
nous appelle.
Le Président (M. Bordeleau): En général. Il
n'a pas fait allusion à votre discours en particulier.
M. Gratton: Mais M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Je ne vois pas pourquoi vous
vous sentiriez lésé, M. le député de Gatineau, et
en vertu de l'article 96, c'est bien de valeur, mais je ne peux pas accepter
votre argumentation. Trouvez-en une autre.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Grégoire: M. le Président, si vous me
permettez...
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît, tout le monde! Selon le règlement, ce sera un à la
fois. M. le député de Frontenac, oui.
M. Grégoire: Je pense qu'avec ma question de
règlement le député de Gatineau va comprendre. Quand il a
parlé...
Le Président (M. Bordeleau): En vertu de quel article, M.
le député de Frontenac?
M. Grégoire: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Bordeleau): Quel article du
règlement?
M. Bérubé: Sur l'ensemble du règlement, M.
le Président.
M. Grégoire: Sur la question de règlement
soulevée...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais il y a beaucoup
d'articles dans ce règlement. Oui.
M. Grégoire: ... par le député de Dubuc.
Quand le député de Gatineau a parlé tout à l'heure,
il a parlé sur la motion du député de Mont-Royal qui
demandait de faire comparaître le Vérificateur
général. Le député de Gatineau s'en est tenu
à l'amendement du député de Mont-Royal, il n'en est pas
sorti. Il n'a pas violé le règlement à ce
moment-là, il n'a parlé que de l'amendement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac...
M. Grégoire: Quand le député de
Lotbinière a fait son discours...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grégoire: ... il n'a pas parlé du tout de cet
amendement.
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Comme j'ai demandé au
député de Gatineau de terminer sur l'article 96 parce que je ne
l'acceptais plus, après ses explications, je ne vous donnerai pas plus
la parole en vertu d'une réplique à l'article 96.
M. Ciaccia: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Quelle question de
règlement?
M. Ciaccia: Celle soulevée...
Le Président (M. Bordeleau): À ma connaissance, il
n'y a plus de question de règlement.
M. Ciaccia: ... par le député de Dubuc et sur
laquelle le député de Frontenac a parlé. La question de
savoir si...
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M: Ciaccia: Je vais vous dire sur quelle question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, tout
le monde!
M. Ciaccia: La question de savoir si le député de
Gatineau...
Le Président (M. Bordeleau): Mais en vertu de quel article
du règlement, M. le député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: De l'article 96.
Le Président (M. Bordeleau): De l'article 96.
M. Ciaccîa; Sur l'interprétation de l'article 96.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais j'ai
déjà jugé...
M. Gratton: Oui, mais vous vous êtes trompé, M. le
Président.
M. Ciaccia: Je voudrais simplement soulever un point.
Le Président (M. Bordeleau): l'intervention du
député de Gatineau.
M. Ciaccia: Je voudrais vous demander une directive.
Le Président (M. Bordeleau): Ahl Une demande de directive
du député de Mont-Royal. Oui, vous connaissez bien cela.
M. Ciaccia: Le député de Gatineau fait un discours
sur une motion présentée par le député de
Mont-Royal et, dans le cours de son intervention, il parle du
Vérificateur général, il parle en général
sur ce qui affecte l'article 22; à la suite de son intervention, le
député de Rouyn-Noranda prend la parole, suivi par le
député de Lotbinière qui a attaqué tout le monde.
C'est comme s'il avait pris un fusil pour tirer dans le vide
complètement.
Une voix: Un 121
Le Président (M. Bordeleau): Une mitraillette!
M. Ciaccia: Exactement, avec une mitraillette. Le
député de Gatineau, même s'il n'a pas parlé sur le
fond de l'article 22, a parlé sur la motion que j'ai
présentée, mais il a dit quelque chose.
Le Président (M. Bordeleau): Justement. M. le
député de Mont-Royal...
M. Ciaccia: Et selon l'article 96...
M. Bérubé: II n'a rien dit, absolument rien.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît, tout le mondel Tout le mondel Tout le monde!
M. Ciaccia: Le député de Gatineau voulait
rectifier...
M. Bérubé: Question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal, j'ai quand même laissé tout le temps au
député de Gatineau de s'exprimer et de corriger les faits en
vertu de l'article 96, je l'ai laissé parler pendant au moins cinq
minutes. Après cinq minutes, j'ai jugé, comme président,
qu'il n'y avait pas matière à correction, j'ai jugé qu'il
avait eu le temps de faire la correction qui s'imposait. Je me suis
aperçu, à un moment donné, qu'il voulait faire un autre
discours. S'il me demande la parole, je lui donnerai le droit de parole; il a
droit à 20 minutes sur l'amendement à l'article 22, mais non pas
en vertu de 96.
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président,
sur mon droit d'invoquer 96 ou pas. Je donne raison au député de
Frontenac sur le fait que, lorsque je suis intervenu, lorsque j'ai fait un
discours où j'ai omis de parler pendant 20 minutes - il me manquait un
peu plus de trois minutes selon le ministre - je n'intervenais pas sur la
motion d'amendement proposée par le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, je m'excuse, mais je ne vois pas du tout la pertinence en rapport
avec 96.
M. Gratton: Laissez-moi finir ma phrase et vous allez
comprendre.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez corriger
quelque chose, corrigez-le, mais ne commencez pas à parler du
député de Frontenac...
M. Gratton: Je peux vous dire une chose, M. le Président,
vous êtes en train de vous fourvoyer.
Le Président (M. Bordeleau): ... alors que vous voulez
intervenir sur la motion du député de Lotbinière, quand
même! Le député de Frontenac n'a pas eu la parole, quant
à moi.
M. Bïron: Un peu de respect, s'il vous plaît!
M. Grégoire: Je vous demanderais de retirer vos paroles.
On a entendu ça, ça va être enregistré...
M. Gratton: M. le Président, je crains que vous ne soyez
en train de vous fourvoyer. C'est pour vous éviter de le faire que je
voudrais intervenir...
M. Grégoire: M. le Président, je demande au
député de Gatineau de retirer ses paroles.
M. Gratton: ... sur la question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Sur quelle question de
règlement? À ma connaissance, il n'y a plus de question de
règlement.
M. Gratton: Sur l'interprétation de l'article 96, M. le
Président.
M. Grégoire: C'est jugé.
M. Gratton: C'est que, lorsqu'un député prend la
parole, que ce soit à l'Assemblée nationale ou, ici, en
commission, sur n'importe quel sujet...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, je m'excuse, j'ai nettement l'impression que...
M. Gratton: Excusez-vous tant que vous voudrez, vous ne
m'empêcherez pas de dire ce que j'ai à dire.
Le Président (M. Bordeleau): ... vous avez eu tout le
loisir de vous exprimer, en vertu de 96, pour corriger une intervention d'un
autre député concernant votre discours antérieur. Et je ne
vous laisserai pas revenir là-dessus.
M. Gratton: M. le Président, comment pouvez-vous me donner
une directive si vous n'attendez pas que je vous la demande? J'ai l'intention
de vous demander une directive et, pour obtenir une directive valable, je vous
prie d'écouter ma demande de directive pour pouvoir me la donner de
façon éclairée.
Si je tiens un discours, quel que soit le sujet, quel que soit
l'endroit, à l'Assemblée nationale ou en commission, que je fais
une affirmation et que, en cours de route, durant la même séance
ou même à une séance subséquente, un autre
député interprète le discours que j'ai tenu et me fait
dire des choses que je n'ai pas dites, comment interpréter l'article 96,
M. le Président, qui nous dit que "le député qui prend la
parole pour donner des explications sur le discours qu'il a déjà
prononcé ne peut le faire que lorsque le discours qui les provoque est
terminé?" On ne dit pas, dans l'article, qu'il ne peut intervenir que
lorsque le discours qui les provoque sur le même sujet est
terminé. C'est tout discours qui provoque une réaction d'un
député qui a déjà tenu un discours
préalable; ça pourrait être un discours que j'ai
prononcé l'an dernier que le député de Lotbinière
me citerait aujourd'hui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, à condition qu'il le cite.
M. Gratton: Attendez, attendez avant de trancher, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): À ma connaissance, il
n'a cité aucun de vos discours.
M. Gratton: Attendez que j'aie fini, vous allez voir et vous
allez me donner raison.
Le Président (M. Bordeleau): J'aimerais que vous finissiez
très rapidement, parce que je vais devoir vous enlever votre droit de
parole.
M. Gratton: J'ai 20 minutes sur la question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous voulez parler pendant
20 minutes, je vais vous laisser votre droit de parole de 20 minutes, mais
dites-moi si vous parlez en vertu de 96 ou sur votre droit de parole de 20
minutes?
M. Gratton: Non, M. le Président, je l'invoque sur
l'interprétation de l'article 96 et j'ai l'impression que ça va
me prendre 20 minutes pour vous le faire comprendre. Alors, je commence
à l'instant, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Non, je l'ai
déjà interprété en vertu de 96. Alors, vous voulez
prendre votre droit de parole sur l'article 22?
M. Gratton: Non, je désire intervenir, M. le
Président, sur une question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Laquelle?
M. Gratton: Sur l'interprétation qu'on doit faire de
l'article 96 de nos règlements.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, je m'excuse; là-dessus, j'ai déjà
tranché. Je pense que je vous ai laissé, quand même, cinq
ou six minutes. Je ne vous les ai pas comptées et je ne veux pas
être rigide sur le règlement...
M. Gratton: Mais il ne comprend absolument rien!
Le Président (M. Bordeleau): ... mais je pense que je vous
ai laissé amplement le temps de corriger une mauvaise
interprétation qu'aurait pu faire de votre discours le
député de Lotbinière. Sauf que, pendant cinq minutes, vous
m'avez parlé de toutes sortes de discours sans faire allusion à
quoi que ce soit ou sans corriger ce que vous aviez pu dire déjà
dans votre discours antérieur. Je vais vous laisser votre droit de
parole si vous voulez parler sur l'amendement à l'article 22, mais pas
sur l'article 96.
M. Gratton: M. le Président, on ne pourrait pas se
comprendre?
Le Président (M. Bordeleau): Non, peut-être pas,
c'est possible.
M. Gratton: Peut-être que, si vous m'écoutiez, vous
comprendriez de quoi il s'agit. Je ne veux pas intervenir et rétablir
des faits en vertu de 96, à ce moment-ci.
M. Grégoire: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): L'article 96 est exactement
pour rétablir des faits. Si vous ne voulez pas rétablir des
faits, je m'excuse, mais je ne pourrai pas vous donner un droit de parole en
vertu de cet article: vous me dites vous-même que vous ne voulez pas
rétablir des faits.
M. Gratton: M. le Président, si...
M. Grégoire: M. le Président, une question de
règlement en vertu de 43, 44 ou 45...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: ... qui dit que, lorsque le président
a rendu sa décision, elle est finale et il n'est pas loisible à
un député de se mettre à discuter ou à critiquer la
décision du président.
M. Bérubé: C'est, d'ailleurs, une question de
respect pour cette institution qui est chère à notre coeur,
l'institution présidentielle.
M. Grégoire: D'ailleurs, c'est inscrit dans notre
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Messieurs, s'il vous
plaît!
M. Gratton: Ai-je la parole, M. le Président, sur une
question de règlement?
Le Président (M. Bordeleau): Sur une question de
règlement, en vertu de l'article 96 toujours?
M. Gratton: Non.
Le Président (M. Bordeleau): Non. Vous en cherchez un
autre?
M. Gratton: Non, non. C'est pourtant simple.
Le Président (M. Bordeleau): En vertu de quoi?
M. Gratton: Tout le monde a compris ici, sauf vous, M. le
Président. C'est que je désire intervenir...
M. Bérubé: C'est proprement injurieux à
l'égard de la présidence.
M. Grégoire: M. le Président...
Une voix: Je pense qu'il est inadmissible...
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Grégoire: En vertu des mêmes articles, je
soulève une question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Cela fait trois fois de suite que le
député de Gatineau lance des paroles injurieuses à
l'adresse de cette commission et de son président. M. le
Président, je n'admets pas que cela puisse passer. Qu'on emploie des
termes comme "vous vous êtes fourvoyé" ou "vous n'êtes pas
capable de rien comprendre", des choses du genre, ce n'est pas acceptable. Je
demanderais au député de Gatineau de retirer ses paroles et
ça, je crois que ça s'impose.
M. Gratton: M. le Président, je ne retirerai pas des
paroles que je n'ai pas dites. J'ai fait allusion au fait que vous étiez
possiblement en train de vous fourvoyer, c'est pour cela que je désire
intervenir sur l'interprétation qu'on doit faire...
M. Grégoire: M. le Président, ce n'est pas
parlementaire.
M. Gratton: M. le Président, si je désire vous
poser une question et vous demander une directive, le règlement me
donne...
M. Grégoire: M. le Président, j'en reviens à
ma question de règlement. Je demande au député de Gatineau
de retirer ses paroles...
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grégoire: ... et cela passe avant tout, sinon, on va
pouvoir faire une motion pour le faire expulser s'il ne veut pas retirer ses
paroles, parce que c'est antiparlementaire, ce qu'il a prononcé
là. Il n'y a pas un parlement qui accepterait des expressions comme
celles qui viennent d'être prononcées.
M. Gratton: M. le Président, il me semble que cela irait
beaucoup plus vite si, au lieu que je retire mes paroles, le
député de Frontenac se retirait lui-même de la commission.
M. le Président.
Une voix: Respectez donc la présidence.
M. Gratton: C'est parce que je respecte la présidence
justement que je veux éviter que le président se fourvoie en
faisant une mauvaise interprétation de l'article 96. C'est avec tout le
respect que je vous dois, M. le Président, que je voudrais vous demander
une directive. Or, le règlement me permet de vous poser une question, de
vous demander une directive et de prendre 20 minutes, le règlement me
l'accorde pour vous demander cette directive. Je n'ai pas l'intention de
prendre 20 minutes, M. le Président, mais je voudrais quand même
que vous me fournissiez le temps voulu pour formuler ma demande de directive
pour que vous puissiez la rendre après que j'aurai fait valoir mon point
de vue et que d'autres membres de la commission pourront faire de même,
s'ils le désirent. Est-ce que j'ai droit de le faire, en vertu des
règlements de l'Assemblée nationale, qui me donnent le droit
d'intervenir pendant 20 minutes sur n'importe quel article, n'importe quelle
motion d'amendement, et cela est en vertu de l'article 157, qui dit qu'en
commission plénière - je m'excuse, ce n'est pas
celle-là?
Le Président (M. Bordeleau): Vous êtes mieux de
changer d'article. L'article 160.
M. Gratton: L'article 160 dit: "Lorsqu'une commission
étudie un projet de loi ou des crédits, un député
peut prendre la parole sur le même point aussi souvent qu'il lui
plaît à condition de ne parler plus de 20 minutes en tout sur un
même article, un même paragraphe, une même motion ou une
même question d'ordre ou de règlement." La question d'ordre ou de
règlement que je veux soulever et qui me donne donc, en vertu de
l'article 160, 20 minutes pour m'exprimer, si je le désire, c'est la
suivante.
Le Président (M. Bordeleau): À condition que la
présidence juge que c'est vraiment une question de règlement.
M. Gratton: M. le Président, si une demande de directive
à savoir comment appliquer un article de notre règlement ne
constitue pas une question de règlement, j'en perds mon latin.
Le Président (M. Bordeleau): Non, vous pouvez demander une
directive. Je ne vous enlève pas ce droit.
M. Gratton: Pardon?
Le Président (M. Bordeleau): Je ne vous enlève pas
ce droit.
M. Gratton: C'est ce que je veux faire, M. le Président,
et je ne veux pas intervenir en fonction de l'article 96.
Le Président (M. Bordeleau): Ah bon!
M. Gratton: Je veux vous demander une directive. C'est ce que
j'ai dit à quelques occasions, M. le Président, je veux vous
demander comment on doit interpréter l'article 96. Je constate que, de
l'autre côté, on n'avait pas compris non plus. L'article 96 dit:
"Le député qui prend la parole pour donner des explications sur
le discours qu'il a déjà prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui les provoque est terminé."
Qui manque de respect à la présidence?
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît! On va laisser terminer le député de Gatineau. S'il
vous plaît!
M. Gratton: M. le Président, je reprends. L'article 96
nous dit: "Le député qui prend la parole pour donner des
explications sur le discours qu'il a déjà prononcé ne peut
le faire que lorsque le discours qui les provoque est terminé..." Nulle
part dans cette partie de l'article 96 ne retrouve-t-on quelque allusion que ce
soit au fait que les deux discours, le premier du député qui veut
invoquer l'article 96 et le deuxième... (23 heures)
M.Grégoire: M. le Président, question de
règlement sur la directive. C'est exactement le même texte qu'il a
soulevé tout à l'heure, c'est exactement la même chose.
Vous avez rendu une décision et c'est la même chose qui
revient.
M. Ciaccia: II n'a pas terminé.
M. Grégoire: Une décision a été
rendue tout à l'heure. Ce n'est pas moi qui ai interrompu le
député de Gatineau, c'est le président qui l'a fait,
jugeant qu'il n'y avait pas matière à soulever l'article 96 et
exactement la même chose recommence. Une décision a
été rendue.
M. Gratton: Puis-je poursuivre, M. le Président?
M. Grégoire: M. le Président, je vous demanderais
de mettre en application l'article qui dit que lorsque le
président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac...
M. Grégoire: ... a rendu une décision elle ne peut
plus être soulevée.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): ... j'aimerais quand
même écouter - si vous le permettez tout le monde - encore le
député de Gatineau; je ne l'avais pas interrompu, ce sont les
autres membres de la commission qui vous ont interrompu cette fois-là.
Je veux bien vous écouter pendant quelques minutes pour tenter
d'établir la pertinence de votre relation avec l'article 96 et ensuite
on décidera.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je vous promets que ce
n'est pas pour tuer le temps, mais...
Le Président (M. Bordeleau): Vous ne prendrez pas 20
minutes, non?
M. Gratton: ... je voudrais bien qu'on sache pour la prochaine
fois ce que veut dire l'article 96. On parle de deux discours, le premier
discours qu'un député peut tenir sur un sujet donné et un
deuxième discours qui prête des propos au premier
député qui a fait le premier discours. On dit que ce n'est que
lorsque le deuxième discours est terminé que celui qui a
prononcé le premier discours peut intervenir pour rétablir les
faits. Or, nulle part là-dedans, M. le Président, n'est-il fait
mention du sujet du premier ou du deuxième discours. Je vous donne
l'exemple suivant: Ce matin à l'Assemblée nationale, si on avait
siégé, ou vendredi dernier, si vous préférez,
j'aurais pu affirmer: Le député de Lotbinière est
péquiste. Lui aurait pu revenir aujourd'hui et nous dire: Non, je ne
suis plus péquiste, et m'imputer d'avoir induit la Chambre en
erreur.
À l'Assemblée nationale on aurait pu être en train
de discuter de SOQUIP et ce soir on discute de SOQUEM. Est-ce que vous m'auriez
empêché d'invoquer l'article 96 pour établir que, lorsque
j'avais dit, vendredi dernier, que le député de Lotbinière
était péquiste, c'était un fait et de lui demander de ne
pas me prêter de motif? Voici ce à quoi je veux en venir et je
n'insisterai même pas pour invoquer l'article 96 par la suite. Je
voudrais que vous reconnaissiez que, à partir d'un discours qu'un
deuxième député a pu prononcer, quelles que soient les
circonstances, quel que soit le sujet dont il a traité, si ce
deuxième député prête des intentions, des propos que
le premier député désire tirer au clair, l'article 96
s'applique, quel que soit le sujet traité dans un ou l'autre des
discours.
Si votre interprétation est la même que la mienne de ce que
veut dire l'article 96, à ce moment-là je serai satisfait de
savoir que j'aurais pu invoquer l'article 96 après le discours du
député de Lotbinière, mais je vous promets
déjà que je ne le ferai pas. Je voudrais cependant qu'il soit
clair que l'article 96 ne peut être invoqué seulement lorsque les
deux discours dont il est question dans l'article 96 portent sur la même
motion d'amendement du sur le même sujet. Ils peuvent porter sur
n'importe quel sujet, à la condition que le deuxième discours
vienne faire allusion au premier, de façon directe ou indirecte.
Le député de Lotbinière aurait pu mentionner mes
propos, il ne l'a pas fait, il l'a fait de façon générale.
Je suis sûr qu'il y a un député qui est en train de vous
suggérer que mon interprétation est la bonne. Je vous laisse
trancher la question en vous disant qu'on devra de toute façon tenter
d'appliquer l'article 96 partout de la même façon et qu'à
ma connaissance, depuis huit ans que je siège ici à
l'Assemblée nationale, c'est la première fois que je verrais
l'article 96 appliqué de la façon qui semblait se dessiner
tantôt quand j'ai voulu intervenir.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous
considérez, M. le député de Gatineau, que vous avez pu
rétablir les faits en vertu de l'article 96?
M. Gratton: Je vous demande la directive à savoir...
Non...
Le Président (M. Bordeleau): Vous n'avez pas encore pu
rétablir les faits?
M. Gratton: Non et je n'y tiens même pas. Ce n'est pas de
ça qu'il s'agit. Je ne tiens pas à rétablir les faits en
vertu de l'article 96. Je veux simplement que vous me disiez si j'ai raison
d'interpréter l'article 96 de la façon que je viens de le faire,
à savoir que les deux discours dont il est question à l'article
96 ne doivent pas nécessairement avoir porté sur le même
sujet ou sur un même article d'un projet de loi, pour qu'un
député puisse invoquer l'article 96 pour rétablir des
faits.
C'est tout ce que je veux savoir. Je ne veux pas rétablir les
faits en vertu de l'article 96 par rapport à ce que le
député de Lotbinière a dit.
Le Président (M. Bordeleau): Je ne vous ai jamais
enlevé le droit d'invoquer l'article 96. Je vois votre collègue
qui pose une autre question. Je vous ai laissé amplement le temps de
rétablir les faits, en vertu de l'article 96. Je vous ai simplement
souligné, après cinq ou six minutes de discours, que, si vous
vouliez vraiment intervenir sur la motion qui était devant nous, il
faudrait le faire en vertu de votre droit de parole de 20 minutes à
l'article 23, et non pas en vertu de l'article 96.
M. Gratton: M. le Président, je ne voudrais pas
éterniser la chose. Mais je vous ferai remarquer que vous m'avez
interrompu,
alors que j'invoquais l'article 96, pour me dire qu'il était
impossible d'invoquer l'article 96. Vous m'avez même dit que, n'ayant pas
prononcé de discours et que le discours que j'avais prononcé et
qui avait pu susciter une réaction du député de
Lotbinière n'ayant pas porté sur la motion d'amendement du
ministre, mais plutôt sur la motion du député de
Mont-Royal, cela m'enlevait le droit d'invoquer l'article 96.
Je vous demande si cela tient toujours.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gatineau, je m'excuse. Ce que je vous ai simplement répondu, c'est
qu'à ma connaissance, vous n'aviez pas prononcé de discours,
à une question que vous m'aviez posée, à savoir si vous
aviez prononcé un discours. Et je vous ai répondu qu'à ma
connaissance, vous n'en aviez pas prononcé. Je ne présidais pas
à ce moment-là.
De toute façon, c'est vous qui savez plus que moi si vous avez
prononcé un discours.
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que je
pourrais proposer l'ajournement des débats et la reprise des travaux
demain? Quant à l'idée du leader parlementaire...
M. Bérubé: ... présentement.
M. Grégoire: À ce moment-là, tout le monde
sera plus reposé demain. Le député de Gatineau pourra
revenir nous voir et s'exprimer plus clairement.
M. Samson: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que c'est sur la
motion d'ajournement?
M. Samson: Oui, sur la motion d'ajournement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Quelques mots seulement, pour que ce soit un peu plus
clair pour le journal des Débats. L'honorable député de
Frontenac propose l'ajournement de nos travaux sine die, si je comprends bien,
parce qu'on ne peut pas, en commission, proposer l'ajournement des travaux
à une heure fixe demain, parce que c'est la Chambre qui doit faire une
nouvelle motion. Est-ce que c'est bien cela que j'ai compris?
Le Président (M. Bordeleau):
Effectivement, vous avez parfaitement raison.
M. Samson: On est d'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Et c'est effectivement ce que
j'aurais dit aussi, M. le député de Rouyn-Noranda. Vous m'avez
devancé.
M. Samson: Vous voyez comme on se comprend, nous autres, M. le
Président.
M. Bérubé: Sur la motion d'ajournement, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Sur la motion d'ajournement,
M. le ministre.
M. Bérubé: En effet, M. le Président, je
pense qu'il est inhabituel que la partie gouvernementale, dans ce cas-ci, par
la voix de l'adjoint parlementaire au ministre de l'Énergie et des
Ressources, demande l'ajournement des débats.
Toutefois, je pense qu'il faut reconnaître que nous avons des gens
qui nous accompagnent, qui doivent nous assister pour fournir des
compléments d'informations techniques qui pourraient s'avérer
nécessaires. Ces gens-là ont des tâches importantes et je
pense que l'Opposition est la première, généralement,
lorsque la performance des sociétés n'est pas au niveau qu'elle
juge souhaitable, l'Opposition est véhémente dans sa critique de
nos sociétés d'État, de leur direction. Et je suis
convaincu que l'Opposition est parfaitement consciente du temps qu'elle exige
présentement de tous les dirigeants de ces sociétés qui
doivent effectivement s'asseoir pendant des heures et nous écouter.
Il ne fait aucun doute qu'il peut être passionnant pour certains
d'entre nous, et que nous pouvons nous étonner de certaines acrobaties
parlementaires qui peuvent parfois nous laisser béats d'admiration, en
voyant à quel point nous arrivons à remplir de longues
périodes sans avoir beaucoup à dire. Il reste néanmoins
qu'imposer à des gens sérieux l'obligation d'écouter cette
espèce d'avalanche de mots sans suite est évidemment un peu
pénible, d'une part. Il faut également penser à tout le
personnel de l'Assemblée nationale qui se voit forcé de supporter
ce débat. Si j'accepte la proposition d'ajournement, c'est
essentiellement afin de permettre à tout ce personnel de peut-être
avoir une activité plus fructueuse pour le restant de la
soirée.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal, sur la motion d'ajournement?
M. Ciaccia: Oui, sur la motion d'ajournement. Il ne faudrait
quand même pas rester avec l'impression que certains propos du ministre
concernant nos travaux... Je peux comprendre et je sympathise
entièrement avec les membres du personnel des différentes
sociétés qui sont obligés de venir aux commissions
parlementaires. Je voudrais faire remarquer au ministre que ce n'est pas nous
qui avons convoqué la commission à 20 heures ce soir pour
siéger jusqu'à minuit. C'est le gouvernaient qui l'a
convoquée.
M. Grégoire: En vertu des règlements.
M. Ciaccia: Je voudrais aussi porter à votre attention que
ce n'est pas nous qui avons déposé le projet de loi no 1 à
la fin de novembre, au début de décembre, pour le faire adopter
avant Noël, bien que nous ayons voté pour en deuxième
lecture et que nous comprenions l'importance de cette discussion sur ce projet
de loi.
Il ne faudrait pas donner l'impression que, parce que nous faisons des
travaux parlementaires que nous jugeons importants, que nous soulevons des
questions que nous jugeons importantes, que ce soit sur la question du
Vérificateur général, que ce soit une question de
procédure ou d'interprétation de l'article 96, cela crée
des précédents, c'est important pour nous de les soulever. Je ne
pense pas qu'on doive blâmer l'Opposition officielle et dire: Nous sommes
obligés de suspendre les travaux. Nous sommes d'accord pour adopter
cette motion de la suspension des travaux, mais avec les commentaires que je
fais, c'est-à-dire que nous avons poursuivi les interventions que nous
faisons ce soir dans les intérêts que nous croyons les
meilleurs.
Le Président (M. Bordeleau): La motion d'ajournement
sera-t-elle adoptée?
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. La commission
parlementaire de l'énergie et des ressources ajourne donc ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 23 h 12)