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(Vingt-deux heures cinq minutes')
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire de l'énergie et des ressources
reprend donc ses travaux interrompus il y a quelques jours aux fins
d'étudier, article par article, les quatre projets de loi suivants:
projet de loi no 1, Loi modifiant la Loi de la 5ociété
d'exploration minière, projet de loi no 9, Loi sur l'économie de
l'énergie dans le bâtiment, projet de loi no 6, Loi modifiant la
Loi sur le crédit forestier et projet de loi no 2, Loi modifiant la Loi
sur la Société québécoise d'initiatives
pétrolières.
Les membres de la commission pour la séance de ce soir sont: M.
Bérubé (Matane), M. Biron (Lotbinière), M. Bordeleau
(Abitibi-Est) remplacé par M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Desbiens (Dubuc),
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Fortier (Outremont), M. Grégoire
(Frontenac), M. Perron (Duplessis), M. Tremblay (Gouin).
Les intervenants sont: M. Brochu (Richmond), M. Dussault
(Châteauguay), M. Giasson (Montmagny-L'Islet) remplacé par M.
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Mercier (Berthier), M. Michaud
(Laprairie), M. Rancourt (Saint-François) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Nous avions déjà nommé un rapporteur, le
député de Duplessis) cela va? À l'ajournement de nos
travaux, la semaine dernière, je crois, oui, c'est bien la semaine
dernière, nous étions... oui, je m'excuse, vous avez raison,
c'est lundi, nous étions à l'article 4 du projet de loi no 1,
avec un amendement proposé par le ministre à l'article 22 de
l'ancienne loi.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: J'aurais une demande qui exigera probablement le
consentement des membres de l'Assemblée, pour les fins de la bonne
marche des travaux. Pourrions nous nous entendre pour que, en cours de route,
nous puissions substituer un membre à un autre pour les
différents projets de loi que nous aurions à étudier,
comme nous l'avons fait pour la dernière séance? Est-ce que vous
êtes d'accord? Consentement?
Le Président (M. Bordeleau): Consentement?
M. Bérubé: Oui, oui.
Le Président (M. Bordeleau): À la condition de les
substituer vraiment.
M. Samson: Oui, oui.
M. Fortier: C'est ce que nous avions dit la semaine
dernière.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, c'est cela. M. le
député de Mont-Royal.
Projet de loi no 1
M. Ciaccia: Nous étions à l'étude de
l'article 4 du paragraphe 22 et nous avions soulevé certains points sur
ce paragraphe. Maintenant, je voudrais seulement résumer la position de
notre parti sur ce paragraphe et répondre à quelques-unes des
affirmations qui ont été faites par le député de
Lotbinière lors de notre séance de lundi. Nous n'avions pas eu
l'occasion de répondre à ces affirmations, parce que le ministre
avait fait une motion d'ajournement; nous le ferons très
brièvement, nous ne voulons pas éterniser le débat sur le
paragraphe 22.
Premièrement, quand on donne comme exemple qu'on veut favoriser
l'entreprise privée et qu'on accuse le Parti libéral de se
contredire en insistant pour que ce soit le Vérificateur
général, je crois que c'est assez évident que ce n'est pas
en nommant un vérificateur autre que le Vérificateur
général qu'on distingue l'entreprise privée d'une
société d'État. On pourrait, tout en favorisant
l'entreprise privée, insister pour que ce soit le Vérificateur
général qui vérifie les livres d'une société
d'État. Il faut comprendre le rôle du Vérificateur
général, l'un n'a rien à faire avec l'autre. Alors, on
peut favoriser l'entreprise privée et insister sur le fait que,
d'après nos lois, le râle du Vérificateur
général soit respecté.
Deuxièmement, le député de Lotbinière a
donné l'exemple de différents organismes qui, par la loi, font
des exceptions au Vérificateur général; parmi ces
organismes, je crois qu'il y avait seulement deux ou trois
sociétés d'État, les autres étaient des
régies, on a nommé Hydro-Québec, la SDBJ, la SNA; en tout
cas, c'est plutôt une exception que la règle.
Je crois que le point le plus important, c'est qu'il y a une loi qui
impose ou qui donne un rôle au Vérificateur général.
Si on veut changer ce rôle, procédons par un amendement à
la Loi sur l'administration fiscale, plutôt que de faire des exceptions
dans chaque loi et de dire: Pour cet organisme-ci ce ne sera plus le
Vérificateur général, pour cet autre organisme... On
essaie de faire indirectement ce qu'on ne veut pas faire directement. Si on
veut changer le rôle du Vérificateur général, si le
gouvernement croit vraiment qu'il y a des raisons spécifiques, valables
et nécessaires pour nommer d'autres vérificateurs, eh bien,
amendons la Loi sur l'administration financière, on pourra la
débattre en Chambre et on pourrait en venir à une
décision. De la façon dont le gouvernement procède
maintenant, c'est vrai qu'on est en faveur du projet de loi no 1, Loi modifiant
la Loi sur la Société québécoise d'exploration
minière, mais vous introduisez dans cette loi-là des articles
qui, vraiment, n'appartiennent pas à cette loi-là, qui
appartiendraient à une loi qui amenderait le rôle du
Vérificateur général.
C'est une suggestion que nous faisons et ce sont les brèves
remarques que je voulais apporter sur la position que nous prenons au sujet de
l'article 22. À moins que mes collègues n'aient d'autres
remarques, je pense que nous serons prêts à passer à un
autre paragraphe de l'article 4.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'amendement
à l'article 22 de l'ancienne loi qui fait partie de l'article 4,
proposé par le ministre, sera adopté?
M. Ciaccia: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Sur division.
M. Ciaccia: Sur division parce que les mêmes commentaires
s'appliquent.
Le Président (M. Bordeleau): Le sous-article 22 de
l'article 4 est adopté sur division.
M. Ciaccia: On votera peut-être sur l'article 4 au
complet...
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Est-ce qu'il y
aurait d'autres points, toujours dans l'article 4? Soit les articles 23 et
suivants?
M. Samson: Article 23, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): 23. M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Le ministre de l'Énergie et des Ressources
peut, dans le cadre de ses responsabilités et pouvoirs, émettre
des directives portant sur les objectifs et l'orientation de la
société. Est-ce que, pour les fins du débat, le ministre
pourrait nous donner quelques exemples de directives qui pourraient être
émises dans le cadre de cet article-là?
M. Bérubé: II n'y en a jamais eu dans le
passé parce que ça se faisait, si on veut, à l'amiable
entre la société et le gouvernement - des échanges - et,
en même temps, l'inconvénient, je pense, est au niveau de la
transparence puisqu'on ne sait souvent pas trop trop ce que le gouvernement a
donné comme directives et, à un moment donné, on peut
même parler d'ingérence politique continue dans les affaires d'une
société d'État. Donc, cet article a comme objectif de nous
amener à faire les choses de façon transparente.
Le genre de directives pourrait être le suivant: Par exemple, la
Société de développement de la Baie James a joué un
rôle de plus en plus grand dans l'exploration pour l'uranium. J'ai
demandé à SOQUEM de réduire l'importance de ses efforts
dans l'uranium, de manière à peut-être amener la SDBJ
à jouer le rôle dominant dans le secteur de l'exploration pour
l'uranium, compte tenu de l'expertise qu'elle avait développée.
C'est un exemple.
Lorsque le "smelter" de Noranda s'est vu menacé par une coupure
de ses approvisionnements en provenance de Timmins et lorsqu'on a
également constaté que le niveau d'exploitation... Si je ne me
trompe, de mémoire, je crois que nous avons à peu près 14%
de la production en cuivre du Canada, mais que nous n'avons que 4% des
réserves ou à peu près. Un peu plus? Enfin, je n'ai pas le
chiffre en mémoire. Donc, de toute évidence nous n'avons pas les
réserves en proportion de notre effort d'exploitation et à ce
moment-là on avait décidé, pour donner une chance à
la région du Nord-Ouest, de demander à SOQUEM d'aller y
concentrer ses efforts, et ça explique pourquoi, par exemple, on avait
donné $3,000,000 en subventions à SOQUEM pour l'amener dans le
Nord-Ouest. Un pouvoir de directive pourrait consister à dire: Vous
allez concentrer la moitié de votre effort d'exploration dans le
Nord-Ouest ou encore en Gaspésie ou encore dans la fosse du Labrador. On
pourrait vouloir donner une chance par exemple à la région de
Schefferville et essayer d'amener éventuellement des productions
minérales substitutives et, pour ce faire, peut-être amener SOQUEM
à mettre plus d'efforts
d'exploration. C'est peut-être moins rentable
immédiatement, mais il reste quand même que nos
sociétés d'État ont des objectifs de développement
et on pourrait dire à ce moment-là: Écoutez, étant
donné qu'il faut prévoir pour peut-être dans cinq ans ou
dans dix ans ce qui s'en vient dans ce territoire, on demande à SOQUEM
d'aller y mettre plus d'efforts. Cela pourrait être au niveau des types
de substance - je pense à l'uranium plus spécifiquement - et au
niveau des territoires, lorsqu'on sent un besoin réel d'exploration dans
un secteur donné. (22 h 15)
M. Samson: Etant donné que nous retrouverons maintenant
les objectifs d'exploitation et de transformation, est-ce que, dans ce domaine,
le ministre pourrait nous donner une idée du genre de directives qu'il
pourrait avoir à émettre pour cette nouvelle vocation qu'on
confère par la présente loi?
M. Bérubé: Je vois mal. Une directive sur les
orientations ne doit pas consister à dire: Vous allez devoir faire de la
transformation dans le domaine de l'or. Cela serait pratiquement les obliger
à s'engager dans un projet qui serait peut-être non rentable.
Au niveau de la transformation...
M. Samson: Je m'excuse. Et de l'exploitation aussi.
M. Bérubé: Et de l'exploitation. C'est
peut-être moins évident. Je pense qu'une fois qu'il y a
découverte minière, le genre de directives que vous pouvez donner
concernant la suite des opérations, c'est assez limité, si ce
n'est d'exiger que la société pousse le plus loin possible la
transformation, mais, d'un autre côté, il faut tenir compte de
critères économiques là-dedans. Cela m'apparaît, de
toute façon, évident que n'importe quelle société
minière qui a découvert un gisement va vouloir l'exploiter au
maximum.
Je vois mal des directives au niveau de l'exploitation ou de la
transformation. A priori, en tout cas.
M. Samson: Est-ce que les directives au niveau de la... Mais
l'exploitation, je pense bien que le ministre a bien raison, c'est
limité au gisement qui est existant. Mais, au niveau de la
transformation peut-être, quant aux localisations, compte tenu des
situations économiques régionales...
M. Bérubé: Un gouvernement pourrait demander, j'y
pense, que la société cherche à associer des entreprises
québécoises au développement des gisements. On sait qu'au
Québec, le financement boursier est facile quand on a trouvé une
mine. Mais il est quasi impossible quand on cherche une mine. Nos banquiers ont
ceci de caractéristique. Ils défendent
régulièrement le capitalisme et l'importance du risque dans notre
société. Mais ne leur demandez pas de financer l'exploration, ils
trouvent cela trop risqué. Ils veulent financer des mines.
Évidemment, une façon d'amorcer cela pourrait être
une directive au niveau de la société, en disant: Nous vous
demandons, lorsque vous avez fait une découverte, d'essayer, dans la
mesure du possible, de mettre sur pied des sociétés
québécoises mixtes impliquant des sociétés en
commandite québécoises, ou un "partnership"
québécois, ou des actionnaires québécois. Cela
pourrait être une directive.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: J'aimerais parler en faveur de l'article 23. Pour ma
part, je suis tout à fait d'accord avec ce que le ministre vient de
dire, pour assurer une certaine transparence, pour que le ministre ne soit pas
accusé d'ingérence politique. J'aimerais, pour ma part, donner
quelques exemples de directives qui, à mon avis, devraient être
données à la société d'État.
Premièrement, je pense bien qu'il y aurait la
nécesssité de préparer ce que j'appellerais un plan de
stratégie à long terme, pour le différencier d'un plan de
développement à long terme, et, dans ce plan de stratégie
à long terme, qui pourrait définir des orientations possibles et
non pas des orientations définies définitivement, à
l'intérieur de cela, définir des critères de
rentabilité. On a mis dans la loi que cette société
devrait être rentable, mais, jusqu'à maintenant, je n'ai pas vu
les critères, d'une façon explicite. Ce serait à la
société de les définir. Je m'excuse de toujours revenir
à la Société générale de financement, mais
on a défini des critères de rentabilité. On nous a
donné un sommaire de son plan de stratégie à long terme.
Bien sûr, on ne nous a pas donné ce que je peux appeler un plan de
développement comme tel.
Un deuxième exemple, ce sont des balises quant au champ
d'activités pour travailler en collaboration dans le secteur
privé. J'ai pris connaissance avec plaisir d'une conférence que
le président de SOQUEM a donnée dernièrement. Il me semble
que la collaboration avec le secteur privé, c'est un secteur assez
important qui devrait devenir une directive. Cela me semble trop important pour
laisser ce genre d'orientation, le travail avec le secteur privé,
uniquement au président et au conseil d'admnistration. Il me semble que
le ministre serait en devoir d'intervenir.
Troisièmement, j'ai pris connaissance dernièrement, dans
un des projets, que
SOQUEM a engagé un bureau de génie-conseil
américain. Il me semblerait que, pour des sociétés
québécoises financées par l'État, on devrait avoir
pour critère d'utiliser, premièrement, de
préférence, des bureaux de génie-conseil
québécois, en deuxième lieu, des bureaux de
génie-conseil canadiens et d'aller vers des bureaux de
génie-conseil américains ou des filiales américaines
uniquement quand on ne peut trouver de bureaux de génie-conseil
québécois ou canadiens.
Ceci résume, M. le Président, les quelques exemples, pour
ma part, que j'aimerais donner au ministre, où il me semble qu'il serait
tout à fait normal que l'actionnaire principal, le ministre donne des
directives à la société d'État.
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: ...je pense que je suis d'accord
fondamentalement avec ce que le député d'Outremont vient
d'indiquer. Il n'y a qu'un seul point que je ne peux pas m'empêcher de
soulever. C'est le problème du bureau de génie-conseil
américain par rapport à québécois. Une des
difficultés que l'on a dans cette nomenclature, c'est qu'elle peut
prêter à un certain charriage idéologique qui, à mon
avis, est inadéquat. Si on veut dire ethnique, personnellement, je n'en
suis pas. Pour donner un exemple, il y a le problème des autobus.
Lorsque General Motors, qui est établie ici, fabrique des autobus au
Québec, est-ce que...
M. Fortier: La définition que j'aimerais donner de ce que
j'appelle un bureau de génie-conseil canadien, c'est un bureau dont la
majorité des actions est détenue par des résidents
canadiens et des ingénieurs canadiens. Même si un bureau de
génie-conseil américain travaille ici, à mon avis, il
s'agit d'un bureau de génie-conseil américain. Il est certain
qu'en développant certains projets ces bureaux acquièrent une
technologie. D'ailleurs, il y a eu un rapport préparé par
l'Association des ingénieurs-conseils du Québec qui a
démontré, dans une très grande mesure, que la plupart des
bureaux de génie-conseil - que ce soit Lavalin ou SNC, il y en a
plusieurs - qui ont pu profiter des travaux d'Hydro-Québec ont, à
partir de cette technologie qu'ils ont acquise, pu aller chercher sur les
marchés étrangers des travaux considérables. Il y a un
facteur de multiplication qui est extrêmement important.
Il y a une chose certaine, c'est que la technologie acquise ici profite,
en définitive, à la communauté québécoise ou
canadienne et il me semble qu'il est tout à fait normal de faire cette
distinction lorsqu'il s'agit de l'argent de l'État.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Indéniablement, M. le
Président, mais je pense qu'il y a une nuance qu'il faut apporter. Si un
bureau d'ingénieurs-conseils d'origine étrangère a
établi ses bureaux au Québec et si ses ingénieurs
résident au Québec, le danger d'une interprétation trop
stricte du point de vue du député d'Outremont pourrait à
ce moment amener ce bureau carrément à choisir d'aller travailler
ailleurs. On a eu, par exemple, dans le monde minéral, le cas de Bechtel
qui effectuait toute son expertise mondiale et internationale dans le secteur
de la valorisation des minerais à partir de Montréal, avec ses
bureaux à Montréal. Dans ces conditions, si le contenu
québécois de l'expertise en génie-conseil est très
élevé, je pense que c'est une considération dont on doit
tenir compte.
Je pense que le contenu québécois d'une expertise ou d'un
produit est un facteur qui ne fait pas appel à des
préjugés ethniques ou nationalistes et a un avantage important.
La difficulté que j'ai, c'est qu'à un moment donné on va
dire: Pourquoi n'encouragez-vous pas des francophones plutôt que des
anglophones? Ou pourquoi vous ne favorisez pas des Québécois, au
sens de la propriété des entreprises? Là, cela pose une
question très importante. Nous avons longuement discuté de toute
cette question quand nous avons abordé la politique d'achat et on s'est
rendu compte que référer au contenu québécois avait
au moins l'avantage de représenter un critère objectif; c'est le
contenu québécois, tandis que référer à la
propriété étrangère peut avoir des
conséquences très réelles. C'est ce qu'on a
constaté, par exemple, dans le cas du contrat des autobus, où le
contenu québécois, avec la proposition de GM, était
très élevé, mais la propriété était
étrangère.
Comme il y a énormément d'entreprises
étrangères au Québec, à ce moment-là, on
exclut automatiquement du processus d'émission de contrats toutes les
sociétés qui ne sont pas contrôlées à partir
du Québec. Or, évidemment, il n'y a pas beaucoup d'entreprises
contrôlées à partir du Québec dans le secteur
manufacturier, par exemple et on se rend compte des implications d'une
définition trop rigoureuse.
M. Fortier: Je ne voudrais pas continuer trop longtemps
là-dessus. Pour ma part, je fais...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: ...une distinction très nette entre les
contrats de services et les autres sortes de contrats. La remarque que je
faisais n'avait aucune connotation nécessairement nationaliste. Ce n'est
pas du nationalisme traditionnel. J'appellerais cela du nationalisme
économique. Il faut bien réaliser que, dans le domaine de la
technologie, lorsqu'on retient un bureau de génie-conseil, on
achète le "know-how" qui est dans la tête des gens. L'exemple que
le ministre a donné de Bechtel, qui a changé de pays ou de
province, c'est l'exemple typique de certains bureaux qui viennent ici et qui
éventuellement peuvent quitter. Pour ma part, je ne dis pas que ces
bureaux n'ont pas le loisir de faire affaires au Québec et au Canada. Je
dis simplement que lorsque l'argent de l'État intervient... D'ailleurs,
le gouvernement fédéral, pour des travaux qui leur sont
confiés, sur les terres de la couronne pour la recherche
pétrolière ou autres, a déjà accepté cette
politique de nationalisme économique dans le domaine du "know-how". Je
n'ai pas dit qu'il n'y avait aucun moment où ces bureaux pourraient
être utilisés; je dis tout simplement qu'il me semble qu'il
devrait y avoir une préférence dans l'ordre dans lesquels je les
ai nommés.
Ceci étant dit, nous allons clore le débat
là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, selon l'article 23, le
ministre peut émettre des directives portant sur les objectifs et les
orientations de la société. Le ministre doit déposer ces
directives devant l'Assemblée nationale dans les 15 jours de leur
approbation par le gouvernement. On a déjà soulevé, dans
d'autres articles de la loi, le pouvoir du gouvernement sur cette
société d'État, non seulement en lui conférant
certains mandats ou en étant responsable, mais on s'inquiétait un
peu de l'ingérence du pouvoir politique dans une société
d'État, pour ce qui est de la question de la régie interne, la
question de la nomination du conseil d'administration, etc. C'est une
préoccupation. On voit ici que c'est un autre pouvoir additionnel que le
ministre se donne dans l'administration ou dans l'orientation de la
société. Un autre aspect, c'est que quand ces directives seront
déposées à l'Assemblée nationale, ce sera comme un
dépôt de document, il n'y aura pas de débat. Elles sont
déposées pour notre information. On ne pourra pas vraiment
soulever un débat sur l'orientation de la société
d'État ou sur les directives que le ministre lui a données.
Je ne veux pas en faire un amendement, je le lui dis d'avance, mais
c'est une question, une suggestion. Est-ce que le ministre serait prêt
à accepter qu'au lieu de "dans les quinze jours de son approbation par
le gouvernement" pour le dépôt de ces directives, ce soit
"...l'approbation par l'Assemblée nationale"? L'avantage d'un tel
changement serait que si vraiment il y a des directives, parce que les
objectifs et l'orientation de la société, les pouvoirs de la
société sont pas mal élargis, ils sont pas mal larges, sur
le plan de la stratégie et sur d'autres plans, cela permettrait à
l'Assemblée nationale d'en discuter. Le gouvernement pourrait toujours
prendre ses responsabilités, mais, au moins, il y aurait un genre de
forum où on pourrait débattre la question de directives qui nous
sembleraient un peu discutables ou devant être portées à
l'attention de la population. Est-ce que le ministre aurait une objection
à accepter une telle suggestion, un tel amendement à l'article
23?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Aucune, si on prenait cela sur le temps
de la période de questions.
Des voix: Ah, ah, ah!
M. Ciaccia: On peut toujours poser des questions, mais, comme
vous le savez, les règles...
M. Bérubé: II faudrait que je voie tout de suite le
député de Rouyn-Noranda!
M. Ciaccia: La réponse est non?
M. Bérubé: Je pense que le problème...
M. Ciaccia: La réponse est non?
M. Bérubé: Le problème que vous soulevez est
un problème récurrent; il est essentiellement lié au temps
disponible à l'Assemblée nationale. Lorsqu'on regarde simplement
l'organisation des travaux que nous avons connue au cours du dernier trimestre,
où il y a eu, suivant le processus parlementaire, le discours inaugural,
la réplique au discours inaugural, ensuite, dans ce cas-ci, une motion
qui a occupé le temps de l'Assemblée, toujours le vendredi les
questions avec débat, donc une quantité assez importante de
travaux, et on ne voudrait certainement pas couper non plus dans la
période de questions, on constate très rapidement - c'est la
critique de l'Opposition comme c'était la critique de l'Opposition du
Parti québécois quand nous étions dans l'Opposition -
finalement, qu'à la toute dernière minute on se retrouve avec une
quantité de projets de loi qu'il nous faut adopter pour des raisons
d'État et que le temps disponible à l'adoption de ces projets de
loi est toujours terriblement serré.
(22 h 30)
L'Opposition dit toujours qu'on la "bulldoze". Je pense que le
problème est purement et simplement un problème de temps. On
voudrait que l'Assemblée nationale puisse, à intervalles
réquliers, étudier le dossier des sociétés
d'État, étudier tel problème qui vient, telle grève
à tel endroit - il y a des demandes de commissions parlementaires
continuellement - mais le problème réel, c'est que le temps
matériel n'existe pas pour tenir de tels travaux, à moins,
évidemment, qu'on n'amende considérablement les règles de
quorum et qu'on ne convienne désormais qu'on puisse réunir
l'Assemblée nationale avec cinq personnes en Chambre. Là, on
pourrait peut-être augmenter les travaux.
M. Ciaccia: C'est ce que vous faites. Je ne pense pas qu'il y
avait plus de quatre personnes en Chambre ce soir. Alors, la question du quorum
n'est pas trop à point.
M. Bérubé: Effectivement, le député
de Mont-Royal et moi-même sommes ici et non pas en Chambre. Mais le
problème, je pense qu'il est là, c'est moins un manque de
volonté qu'un problème de temps matériel et de surcharge
très réelle du temps de la députation.
M. Ciaccia: Je n'ai pas d'autres commentaires sur cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda, toujours sur l'article 23.
M. Samson: Oui, M. le Président, très
brièvement. Il est dit que les directives doivent être
déposées devant l'Assemblée dans les quinze jours de leur
approbation par le gouvernement et, advenant que l'Assemblée ne
siège pas, que le dépôt se fasse dans les quinze jours de
l'ouverture de la session suivante ou de la reprise des travaux.
J'ai de la difficulté à me rappeler lesquelles exactement,
mais je me rappelle que, dans d'autres lois, advenant que la directive, par
exemple, soit donnée au début de janvier, une fois que la loi
sera promulguée, et que la Chambre ne siège pas avant deux ou
trois mois, on avait convenu que le dépôt - dans ce cas-là,
ce n'étaient pas des directives, mais c'étaient des rapports -
puisse se faire, évidemment, dans les quinze jours après
l'ouverture, de façon officielle, mais que le gouvernement donne une
copie de ce rapport immédiatement aux différents chefs de partis
reconnus. Dans certaines circonstances, cela permet, quand il y a trop long
entre les périodes de session, aux partis d'Opposition de prendre
connaissance des directives qui ont été données et cela
n'empêche pas l'Assemblée de recevoir le dépôt
officiel dans les quinze jours. Je me demande comment le ministre voit cela, si
cela pourrait entrer dans ses vues.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: La difficulté serait de
l'introduire dans un texte de loi. Le dépôt à
l'Assemblée nationale est un geste public qui peut être
vérifié, qui est inscrit au journal des Débats et qui, par
conséquent, peut être analysé en fonction des prescriptions
de la loi. Cela me paraîtrait normal, si l'Opposition désirait
avoir ces renseignements, lorsque le gouvernement émet une directive et
que l'Assemblée nationale ne siège pas pour une période
qui semble assez longue, du moins dans la mesure où on peut le
prévoir, qu'à ce moment-là, effectivement, le gouvernement
envoie à l'Opposition les documents en question. Cela me
paraîtrait une bonne pratique, une pratique de saine gestion qui
maintiendrait des relations harmonieuses entre les partis d'Opposition et le
gouvernement, mais je pense que ce serait assez difficile de l'inscrire comme
tel dans la loi.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Si je faisais la suggestion, c'est que, selon ma
mémoire, on l'a déjà fait et cela avait été
inscrit dans la loi comme tel. Là, je n'ai pas le temps de fouiller mes
dossiers pour vous dire quand cela s'est fait er quelle loi cela regardait,
mais il y a de cela environ sept ou huit ans nous avions eu, en fin de session,
une loi et on avait inscrit cela là-dedans. Je reconnais que ce n'est
pas fréquent. Si ma mémoire est fidèle, c'est
arrivé une fois, mais je ne me rappelle pas sur quoi; c'était
inscrit tout simplement que, advenant que ça ne siège pas, le
ministre était autorisé et il devait fournir copie. J'imagine que
la directive que le ministre donnerait et qu'il devrait déposer dans les
quinze jours de l'ouverture de l'Assemblée, à partir du moment
où il la donne, le document ne changera pas, jusqu'au jour de son
dépôt, c'est le même document. Il n'y a pas de risque
d'interprétation, mauvaise au fausse. Sur le plan pratique, je pense que
le ministre reconnaît que ce serait même une bonne chose que
ça puisse se faire comme ça, un petit amendement très
simple, qui dirait ce qu'on veut dire. Cela pourrait nous assurer que, advenant
une période... On a des périodes, en été, par
exemple, entre le 21 juin et le 15 septembre, c'est sûr que, suivant
notre calendrier actuel, on ne siège pas et entre le 21 décembre
et le 15 janvier, c'est sûr qu'on ne siège pas, mais ce
sont des périodes fixes. On siège toujours après le
15 septembre et toujours après le 15 janvier, de sorte qu'il peut y
avoir des périodes de deux ou trois mois.
Il me semble que ce serait plus normal que le ministre accepte de
transmettre une copie de sa directive aux chefs des partis reconnus; ça
n'en fait pas beaucoup et ça permet aux partis reconnus d'en prendre
connaissance.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Je ne serais pas très favorable,
pour ne pas dire que je serais même très contre une telle
proposition. Pour les raisons que je peux rappeler, il existe...
M. Samson: M. le Président, je n'insiste pas.
M. Fortier: C'est une amélioration à ça,
parce que, dans le moment, vous n'en avez pas émis.
M. Bérubé: Oui, à mon point de vue, il
existe des niveaux de pouvoirs dans une société;
l'Assemblée nationale en est un au niveau de la législation. Les
partis politiques ne sont pas, comme tels, des instruments reconnus dans la
loi, c'est le Parlement, l'exécutif et le judiciaire. Alors, on peut
baliser les relations qui doivent exister entre les créatures du
Parlement que sont les sociétés d'État, qui doivent
être régies par l'exécutif, suivant des critères
établis dans la loi. On peut donc établir l'équilibre
entre ces intervenants, mais je pense qu'on ne devrait pas tenter d'introduire
de nouveaux intervenants. Personnellement, en tout cas, je ne serais pas
prêt à faire de la jurisprudence nouvelle et je pense que la
mémoire du député de Rouyn-Noranda lui fait
défaut.
M. Samson: M. le Président, je ne veux pas faire perdre le
temps de la commission. Je ne peux pas vous dire à quel moment c'est
arrivé, mais je peux vous assurer que c'est déjà
arrivé.
M. Bérubé: Je prends sa parole.
M. Samson: Je demande au ministre de prendre ma parole
là-dessus.
Dans d'autres circonstances où la même chose se
présente, on dit que le document doit être publié. C'est
une autre façon. Maintenant, on ne fera pas d'obstruction; si le
ministre n'est pas prêt, on va le laisser passer comme ça et on va
lui demander de réfléchir pour une prochaine fois.
M. Fortier: Pendant ses vacances!
M. Samson: Oui, pendant les vacances!
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 4, qui
comprend tous les sous-articles, sera adopté?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 4 est adopté
sur division. J'appelle l'article 5.
M. Ciaccia: J'aurais seulement une petite question.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Dans la loi actuelle, la société doit
faire approuver chaque année par le gouvernement son plan de
développement et celui des filiales. Vous l'avez omis dans votre projet
de loi, y a-t-il des raisons spéciales pour ça?
M. Bérubé: Oui. Le plan de développement de
la société mère est éminemment capital pour que le
gouvernement ait une idée de l'orientation que prend une
société; c'est un outil fondamental de contrôle de la
croissance de la société et de ses orientations. Il nous
apparaît évident que, en étudiant le plan
d'équipements de la société mère, nous allons, en
même temps, avoir accès aux intentions de la société
face à ses filiales.
Toutefois, nous croyons qu'imposer à un partenaire d'une
société d'État que toute décision prise par une
filiale - on pourrait très bien imaginer une filiale de SOQUEM, à
51% SOQUEM, 49% le ou les partenaires; il y en a plusieurs - et dire que ce
partenaire à 49% qui a quand même un mot à dire dans le
développement de la société, est dans la position
où il devra faire approuver par le gouvernement, chaque année le
plan de développement... Si vous dites: Celui de ses filiales, cela
voudrait dire que la filiale et les actionnaires minoritaires seraient quasi
dans une position où ils peuvent dire ce qu'ils voudront de toute
façon, c'est le gouvernement qui va devoir approuver leurs intentions de
développement.
M. Ciaccia: Vous avez 51%.
M. Bérubé: Oui, on a trouvé que...
M. Ciaccia: C'est une raison, pourquoi pas?
M. Bérubé: Par exemple...
M. Ciaccia: Vous n'allez pas donner la décision aux 49%.
C'est vous qui allez prendre la décision.
M. Bérubé: Nous avons pris la décision pour
le plan de développement de la société
mère, mais de dire à l'actionnaire minoritaire d'une
filiale, que chaque fois que cette filiale va vouloir s'engager dans des plans
de développement, elle va devoir soumettre au gouvernement du
Québec le plan de développement, je pense qu'à ce moment
c'est soumettre un actionnaire minoritaire à un contrôle
gouvernemental qui sera très peu apprécié. J'ai
vécu l'expérience récemment, dans la Société
nationale de l'amiante, de "partnership" entre la société
d'État et le secteur privé. Si on veut faciliter une sorte de
relation de bonne entente entre le secteur public et le secteur privé,
je pense qu'il faut établir des conditions commerciales telles qu'on ne
dise pas aux futurs partenaires dans la société d'État:
N'oubliez pas, si vous devenez partenaire d'une société
d'État, on vous met sous tutelle parce que, désormais, c'est le
Conseil des ministres à Québec qui va approuver tout ce que vous
allez vouloir faire en tant que partenaire au sein de la société.
C'est imposer une tutelle à l'actionnaire minoritaire de la filiale qui
nous a paru dangereuse et susceptible de nuire à l'objectif que nous
poursuivons et que vous poursuivez, d'après les nombreuses
déclarations que vous faites, de faire en sorte que l'on facilite les
relations entre nos sociétés d'État et le secteur
privé.
M. Ciaccia: Qu'est-ce qui a changé actuellement cette
situation? Cela a toujours été la situation que les filiales
doivent soumettre le plan de développement, que le gouvernement doit les
approuver. Pas pour les filiales...
M. Bérubé: Pas avec ce projet de loi-ci.
M. Ciaccia: Non pas avec celui-ci. La loi existante, c'est de
même. Qu'est-ce qui a changé?
M. Bérubé: Elle a été amendée
récemment. C'est de la législation nouvelle que nous faisons.
L'idée des plans de développement date de trois ans à peu
près, l'introduction de ces principes de trois, quatre ans au maximum;
par conséquent, il faut roder ces projets de loi. Je pense que le projet
de loi initial... Voyez-vous, à l'article 26, et c'est un amendement qui
a été introduit en 1977, si je ne m'abuse, 1977, c'est bien cela,
je m'excuse de ne pas savoir lire les lois, mais c'est bien en 1977, chapitre
33, article 6, que nous avions introduit un premier amendement, où nous
avions dit effectivement: La société doit faire approuver chaque
année par le gouvernement son plan de développement et celui de
ses filiales. Après coup, nous avons réalisé que cela
imposait des contraintes très importantes à SOQUEM et
particulièrement aux partenaires de SOQUEM et pouvait nuire à la
recherche de partenaires. C'est la raison pour laquelle on enlève
"filiale".
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Fortier: Je ne veux pas trop différer d'opinion avec
mon collègue. C'était simplement pour dire que mon
expérience personnelle a été dans le sens de celle du
ministre. C'est pour cela que je crois que cela donne une flexibilité.
Cela n'empêche pas, je pense bien, le ministre de poser des questions si,
dans un cas en particulier, il veut en connaître davantage sur un
programme d'une filiale où il a 51%; cela empêche l'obstruction
dont vous parliez. On n'en fait pas un chiard. Mon expérience serait
dans le sens de l'intervention que vous avez faite.
M. Ciaccia: Vous avez ce contrôle de toute
façon.
M. Bérubé: On l'a, effectivement, en
contrôlant le plan de développement de la société
mère. La société mère a peut avoir l'intention de
faire des investissements majeurs; c'est le cas, par exemple, de la SGF et de
Donohue; vous avez vu des objectifs forestiers pour la SGF alors qu'on sait
très bien que ces objectifs ne peuvent être réalisés
qu'à travers, pas nécessairement absolument à travers,
mais c'est bien évident que le moteur principal de l'action dans le
secteur forestier pour la SGF, c'est Donohue, qui est contrôlée
par la SGF. Donc, en étudiant, en examinant le plan de
développement, il ne fait aucun doute qu'on voit en même temps
quelles sont les intentions de la société mère face au
développement de ses filiales, combien d'argent elle a l'intention
d'investir et l'orientation qu'elle entend donner. Il reste quand même
que ce que nous évaluons à ce moment-là, c'est l'intention
de l'actionnaire principal dans la société, mais non le plan de
développement de la filiale, qui peut avoir, au contraire, à
cause de l'autonomie, d'ailleurs, de son conseil d'administration... N'oublions
jamais la Loi sur les compagnies, qui dit que les administrateurs effectuent
leur travail à titre personnel et, par conséquent, le conseil
d'administration a toujours l'impression d'avoir une certaine autonomie. Si on
impose à ces filiales l'obligation de soumettre leur plan de
développement, où est le degré d'autonomie?
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Oui, M. le ministre.
Article 5, adopté.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 6. Est-ce qu'il sera
adopté?
M. Ciaccia: À moins que mon collègue ne veuille
intervenir, adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 7.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 8.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 8, adopté. Le
projet de loi no 1, Loi modifiant la Loi sur la Société
québécoise d'exploration minière, sera adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté tel
qu'amendé. Le projet de loi no 1 est donc adopté tel
qu'amendé.
Étant donné qu'on m'a demandé de faire des rapports
séparés, je demanderai au rapporteur de la commission de faire
rapport à l'Assemblée Nationale de l'adoption du projet de loi no
1. Nous procéderions immédiatement au projet de loi no 9; je
pense qu'il n'y a pas lieu de changer les membres de la commission, ce sont les
mêmes membres de la commission. Le projet de loi no 9 est la Loi sur
l'économie de l'énergie dans le bâtiment. Effectivement,
j'ai deux amendements, jusqu'à maintenant, que je vous soumettrai. On
peut les faire distribuer, oui. J'appelle l'article 1 de la loi no 9.
Projet de loi no 9
M. Fortier: Ce sont les amendements que vous avez.
M. Ciaccia: Un instant, on va prendre connaissance des
amendements.
Le Président (M. Bordeleau): Le premier amendement est
à l'article no 2.
M. Bérubé: Dans la mesure où l'Opposition
veut prendre connaissance des amendements, voudrait-elle que je lui donne le
sens des amendements immédiatement?
M. Ciaccia: S'il vous plaît, oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, le premier
amendement que nous proposons ne change pas radicalement l'article 2, en fait.
En effet, l'esprit de l'article 2 est, d'une part, de dire à partir de
quelle date la loi s'applique, mais surtout de dire qu'un constructeur
propriétaire qui construit sa propre maison, s'il veut mal l'isoler,
c'est son problème. Pour définir un constructeur
propriétaire, il est apparu facile de le décrire en faisant appel
à une autre loi qui est la Loi sur la qualification professionnelle des
entrepreneurs de la construction, où on définit les personnes qui
ne sont pas obligées de détenir une licence lorsqu'elles veulent
construire leurs maisons. C'était donc une façon
élégante de le faire.
Le présent article reprend exactement les mêmes articles 55
et 56 à une différence près, c'est que, dans les articles
55 et 56 de la Loi sur la qualification professionnelle, on constatera qu'il
s'agit de construire, soit en tout, soit en partie... Je vais vous lire
l'article ici: "Sous réserve des autres exigences de la présente
loi, la licence de constructeur propriétaire n'est pas exigible d'un
individu qui exécute lui-même en tout ou en partie des travaux de
construction." On se plaçait donc dans la situation où un
constructeur ayant construit toute la maison et n'ayant pas peinturé les
murs de la maison, la personne qui aurait acheté la maison et
peinturé les murs aurait été automatiquement un
constructeur propriétaire, en fonction de la définition de la
loi. Il nous est donc apparu qu'une telle définition n'avait pas
tellement de sens et, à ce moment-là, on a donc repris, à
l'article 2, les termes: "La présente loi s'applique à un
bâtiment dont la construction débute après la date
d'entrée en vigueur du présent article, mais elle ne s'applique
pas à un bâtiment destiné exclusivement à l'usage
d'une personne physique et de sa famille lorsque cette personne exécute
elle-même la construction de l'enveloppe extérieure de ce
bâtiment, ni aux bâtiments exclus par règlement."
En d'autres termes, si c'est elle qui construit le "frame", comme on dit
- n'est-ce pas, cher collègue? - l'enveloppe extérieure, c'est le
sens...
M. Ciaccia: L'ossature.
M. Bérubé: Le deuxième amendement est encore
plus simple. Nous avons constaté que le règlement de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement, qui nous
vient d'ailleurs du Conseil national de recherche, prescrit des critères
de ventilation. Or, nous avons constaté que notre loi avait
effectivement omis d'inclure le mot "ventilation". Donc, nous nous serions
retrouvés avec des règlements fédéraux ou de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement
illégaux dans la mesure où ils incluaient des normes de
ventilation. Alors on a simplement inclus le mot "ventilation".
M. Ciaccia: Juste quelques
commentaires, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, des commentaires
préliminaires sur les amendements. D'accord.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Quelques commentaires préliminaires qui
aideront peut-être l'étude article par article et ça
expliquera peut-être quelques-unes des suggestions que, de notre
côté, nous pourrions faire au ministre.
Premièrement on ne comprend pas pourquoi il y a des exceptions
dans votre loi sur la question d'économie d'énergie. Normalement
un code du bâtiment s'applique à tout le monde. Si, vraiment, le
gouvernement a une volonté politique de faire une économie
d'énergie, je comprends mal pourquoi il dirait à un
propriétaire individuel: Je vais avoir des règlements pour
l'entrepreneur, mais, si tu ne veux pas t'y conformer, tu n'es pas
obligé. Par exemple il y a un code du bâtiment pour la plomberie.
Que ce soit l'entrepreneur qui construise ou que ce soit un individu, il est
obligé de respecter les normes du code. Peut-être que vous
pourriez nous expliquer pourquoi vous faites des exceptions.
Le deuxième commentaire général serait qu'à
la suite de votre approche, au lieu de faire un code du bâtiment qui
s'applique à tout le monde, qui contient les normes minimales pour
s'assurer d'économiser l'énergie, vous faites une loi qui va
alourdir la bureaucratie, le genre de permis et d'attestations... C'est assez
difficile aujourd'hui pour un entrepreneur de construire des maisons, il y a
tellement de contraintes. Il a besoin de la permission de toutes sortes
d'organismes. Maintenant vous lui rendez la tâche encore plus difficile.
Je pense que mon collègue le député de
Mégantic-Compton et mon collègue le député
d'Outremont... Vous allez rendre la loi beaucoup plus difficile pour un
entrepreneur. Si ces attestations et permis ne sont pas obtenus à la
suite d'une certaine réglementation, il ne pourra emprunter, ou avoir un
certificat attestant que la maison ou l'édifice est
complété. C'est encore une autre lourdeur bureaucratique.
Ces deux points-là... On est en faveur du principe
d'économie l'énerqie, mais on ne comprend pas les contorsions que
vous avez pu faire pour en arriver à un tel projet plutôt que de
dire: Voici le Code du bâtiment, au Québec on chauffe le dehors.
On ne chauffera plus le dehors au Québec, on va insister pour que toutes
les maisons aient un certain minimum d'efficacité, que ce soit un
individu qui construise ou que ce soit une grande compagnie, ou un petit
entrepreneur, parce que l'individu qui va construire va devoir revendre cette
maison-là ensuite. Ce n'est pas une faveur pour le reste de la
population de savoir qu'un individu va pouvoir construire une maison qui ne
sera pas aussi efficace au point de vue de l'économie d'énergie
que celle qu'un entrepreneur pourrait construire. Ça va affecter
globalement tout le bilan énergétique à long terme.
C'est ce genre d'approche qu'on trouve difficile à accepter.
M. Bérubé: Vous allez trouver la réponse
amusante, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: On va vous écouter.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: C'est assez amusant parce que dans votre
interrogation vous dites: D'un côté vous alourdissez la
bureaucratie et ensuite vous dites: Pourquoi avez-vous des exceptions? C'est
exactement pour la même raison fondamentale. Nous reconnaissons qu'il
faille isoler nos maisons. D'accord?
M. Ciaccia: Non, vous ne le reconnaissez pas.
M. Bérubé: Nous reconnaissons qu'il faille isoler
nos maisons. Toutefois, il faut en même temps le faire en essayant de
minimiser le plus possible les contrôles bureaucratiques. Par
conséquent, contrairement à ce à quoi le
député de Mégantic-Compton est habitué, vous n'avez
nullement besoin d'un permis pour construire votre maison. Pour autant que ces
normes d'isolation sont concernées, il n'y a aucun permis à
obtenir.
L'esprit de la loi est donc purement et simplement de protéger le
consommateur qui achète une maison d'un constructeur. Il vise donc
uniquement à s'assurer que les constructeurs qui construisent des
maisons au Québec, les construisent suivant les normes. C'est bien
évident qu'il y a des constructeurs qui, déjà, respectent
de telles normes. Par conséquent, pour ces constructeurs, il n'y a
évidemment aucun impact négatif de quelque nature que ce soit
puisque de toute façon, ils respectent les normes.
Donc, l'objectif est de faire en sorte que les constructeurs qui ne sont
pas aussi méticuleux dans la qualité de leur travail puissent
éventuellement faire l'objet de poursuite. Je m'explique.
Antérieurement, il n'y avait pas de normes de construction de
bâtiment ayant force de loi. Un constructeur pouvait donc vous fabriquer
une maison ne respectant pas certaines normes - je ne devrais pas dire des
normes - ne respectant pas certains standards d'économie
d'énergie. Lorsque vous le découvriez ultérieurement,
à moins qu'il
n'ait spécifié dans le contrat qu'il devait y avoir tant
de résistance thermique dans les murs, vous n'aviez aucun moyen de le
poursuivre. S'il avait mis un pouce ou lieu de deux pouces, mais que ce
n'était pas spécifié dans votre contrat, forcément,
vous étiez pris avec la maison telle quelle.
Dans le cas présent, nous avons maintenant des standards, Nous
disons aux constructeurs: Vous devez respecter ces standards. Si le
constructeur ne les respecte pas, nous venons de donner à l'acheteur de
la maison un moyen pour poursuivre au civil, ce qu'il ne pouvait pas faire
antérieurement, mais sans accroître en même temps la
quantité des contrôles gouvernementaux.
Pourquoi certaines exceptions? La personne qui veut construire sa
maison... On le sait, aujourd'hui, il est pratiquement impossible, devant le
nombre de règlements en vigueur, de marcher dans la rue en respectant
toutes les lois du Québec et toutes les lois du Canada. C'est
impossible. Il y en a trop. On fait toujours quelque chose qui est
illégal, d'une façon ou d'une autre.
Donc, il faut essayer de s'en prendre uniquement à ceux qui sont
censés connaître la loi. La personne qui décide de
construire sa maison, pas très familière avec les normes
d'isolation, fait bien son possible, mais ne respecte pas entièrement
les standards que nous voudrions qu'elle respecte. De toute façon, c'est
elle. Si elle choisit de gaspiller son argent à payer des comptes de
chauffage qui n'ont pas de bon sens, c'est elle qui paiera pour,
finalement.
Soyons le moins exigeants possible quand il s'agit de faire affaire avec
l'individu qui construit sa maison. De la même façon, si vous
voulez vous construire une maison et que vous aimeriez y avoir des baies
vitrées gigantesques, ce n'est pas conforme aux normes de la
société centrale; ce n'est pas recommandé comme
critère de construction de maison. Cependant, vous aimez avoir des
fenêtres panoramiques. Notre règlement est ainsi conçu pour
faire en sorte que vous pourrez donner une dispense à votre constructeur
et vous aurez toutes les belles fenêtres que vous désirez. Vous
paierez la facture de chauffage que vous aurez désirée,
cependant.
En d'autres termes, c'est volontairement que la personne qui sera
propriétaire de cette maison aura décidé de dilapider son
argent en n'isolant pas sa maison. Même si je considère que
l'énergie, c'est très important, il me semble que je ne devrais
pas chercher à décider pour la personne comment elle doit
dépenser son argent. Si vous aimez manger des oranges Sunkist et que
cela a un impact négatif sur la balance commerciale du Québec,
c'est peut-être mauvais. Vous devriez peut-être manger des pommes.
C'est ce que le ministre de l'Agriculture nous dirait certainement. Cependant,
vous aimez mieux manger des oranges.
Dans notre société, on laisse les gens dépenser
leur argent comme ils veulent. On dit: Vous achèterez des oranges, et si
les oranges vous coûtent les yeux de la tête, c'est votre droit le
plus strict, vous le ferez.
En d'autres termes, si un citoyen veut, pour lui-même, jeter son
argent par la cheminée - c'est le cas de le dire - on dit: II le fera.
Mais on dit à un constructeur qui construit dans le but de vendre, lui,
qu'il devra respecter des standards, de telle sorte que le consommateur qui
achète une maison soit assuré que lorsqu'il l'achète d'un
constructeur, le constructeur est au courant des standards qu'il doit respecter
et qu'à ce moment, il achète une maison qui répond
à ces standards. C'est cela, l'esprit de la loi. (23 heures)
C'est un esprit qui voudrait minimiser les contrôles
bureaucratiques, tout en s'assurant que la personne qui vend un bien fait en
sorte que le bien qu'elle vend obéit à des standards d'isolation
qui sont aujourd'hui acceptés de tous.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Alors, d'après l'explication du ministre,
c'est une loi sur la protection du consommateur que vous nous
présentez.
M. Bérubé: Essentiellement.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une loi sur l'économie de
l'énergie.
M. Bérubé: Bien!
M. Ciaccia: Vous avez donné l'exemple de la fenêtre;
vous pourriez avoir, pour la fenêtre, des normes dans le Code du
bâtiment. Prenez le Code du bâtiment fédéral. Cela ne
vous empêche pas de construire des fenêtres tel que vous l'avez
décrit, mais il y a certaines normes d'isolation. L'exemple que vous
avez donné où au lieu d'avoir six pouces d'isolation, il y en a
seulement un pouce, cela, vous pourriez l'inclure dans le Code du
bâtiment. Je ne vois pas pourquoi vous devriez accorder une exception
à un individu qui n'est pas entrepreneur et qui, lui, pourrait mettre
seulement un pouce et demi d'isolation, tandis que l'entrepreneur doit en
mettre six.
Vous pourriez garder cette largeur d'esprit que vous voulez pour donner
le choix à la société de se construire comme elle veut,
toujours en respectant des normes. Dans le Code du bâtiment, il y a des
normes qui s'appliquent à tout le monde. Cela n'empêche pas le
monde de construire comme il veut.
M. Bérubé: La bureaucratie.
M. Ciaccia: La bureaucratie, on va venir à cela. Vous
l'ajoutez, la bureaucratie.
M. Bérubé: Non.
M. Ciaccia: Alors, c'est vraiment une loi pour la protection des
consommateurs. Peut-être qu'un autre ministre aurait dû la
présenter, pas vous.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Juste une réponse au
député de Mont-Royal. Il faut choisir et le choix que nous avons
fait, vise à minimiser les contrôles bureaucratiques, tout en nous
assurant que quelqu'un qui achète une maison d'un constructeur est
raisonnablement certain que cette maison-là est construite selon des
normes contemporaines d'isolation des maisons. C'est le sens de la loi, rien de
plus. N'en cherchons pas d'autre. Je pense que la préoccupation qu'on
manifeste est absolument analogue à celle que l'Opposition manifeste
souvent lorsqu'elle dit: II y a trop de bureaucratie. Si nous avions
intégré notre code d'isolation du bâtiment dans le Code du
bâtiment, on aurait appliqué les lois du bâtiment, ce qui
veut dire que tout le monde qui construit une maison se serait vu imposer ces
normes. L'individu qui construit sa propre maison aurait été
obligé également de surveiller ces normes d'isolation. Je pense
que, dans un cas comme celui-ci, si la personne décide de jeter son
argent par la cheminée, il n'y a pas de raison pour que je l'en
empêche.
M. Ciaccia: Quand il jette son argent par la cheminée, il
jette notre argent par la cheminée, parce qu'il va falloir que vous
construisiez plus de barrages, s'il chauffe à
l'électricité et si vous lui permettez de construire des maisons
qui ne sont pas isolées. Ce n'est pas son argent qu'il va jeter par la
cheminées c'est mon argent qu'il va jeter par la cheminée.
M. Bérubé: S'il mange des oranges, c'est la
même chose.
M. Ciaccia: Non, le Code du bâtiment est
spécifiquement fait pour empêcher cela. Je ne pense pas que vous
l'ayez compris.
M. Bérubé: Non, il n'y a pas de mesure
d'économie de l'énergie dans le Code du bâtiment.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: On n'attaque pas l'étude article par article?
J'essaie de comprendre la position du ministre. Je pense que la distinction
qu'il essaie de faire, c'est que le code de la plomberie s'applique
obligatoirement. C'est cela qu'on vient de dire.
M. Bérubé: Oui.
M. Fortier: Dans un cas comme cela, même si un
propriétaire individuel voulait construire sa maison sans respecter ce
code, il n'a pas le droit. Ce que vous nous dites, c'est que, dans ce cas-ci,
vous ne voulez pas imposer une obligation; c'est plutôt incitatif,
à ce moment.
M. Bérubé: Exactement. C'est un
allégement.
M. Fortier: L'expérience que j'ai - pas pour la
rénovation des vieilles maisons, mais pour les maisons neuves - eue avec
tous les propriétaires individuels ou même les entrepreneurs,
c'est que, de fait, les gens ne se font pas prier pour mettre autant d'isolant
que possible dans le mur. Ce à quoi vous faites allusion, c'est le type
qui se construit un "bungalow" et qui décide d'avoir dans le "penthouse"
un endroit où faire de la peinture, je ne sais pas. Je n'ai pas lu le
règlement en détail, mais il semblerait que vous dites qu'il y
aurait des normes restrictives quant à la dimension des ouvertures, de
la fenestration.
M. Bérubé: Exactement, par exemple.
M. Fortier: En tout cas, je vais laisser mon collègue
constructeur parler là-dessus. La seule chose, pour revenir sur une
question de simplification administrative et qui a des implications, je crois
que les ingénieurs avaient fait des représentations aux
sous-ministres qui avaient fait leur enquête là-dessus. Je vais
laisser mon collègue entrepreneur parler pour les entrepreneurs. On dit:
"Au plus 30 jours après la fin des travaux, une attestation
écrite de leur exécution conforme aux règlements, si leur
surveillance lui a été confiée". Mais, première des
choses, on dit: Avant le début des travaux. Comme je l'ai dit l'autre
fois, en Chambre, dans le cas de grands édifices, c'est impensable. On
ne commence pas un gros édifice avec tous les plans et devis
préparés à l'avance.
À la fin des travaux... On peut confier à
l'ingénieur une surveillance partielle comme on peut lui donner une
surveillance complète. Le gouvernement du
Québec ne donne pas une surveillance complète à ses
ingénieurs-conseils. L'ingénieur-conseil s'il construisait
l'édifice ici et si le gouvernement du Québec lui
donne uniquement une surveillance partielle, ne pourra pas attester que,
dans chaque mur de la construction, il y a effectivement six ou huit pouces
d'isolant. Il va tout simplement faire un rapport disant: D'une façon
générale, j'ai fait une visite une fois par mois et, quand j'y
allais une fois par mois, il me semblait qu'on mettait huit pouces dans le mur.
Cela me semble un exemple de l'article no 9, d'une prescription qui
peut-être était faite pour inciter les gens à respecter les
engagements pris, mais qui est très peu pratique dans la vie
courante.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Si je comprends bien, vous vous
référez actuellement à l'article 9, qui spécifie
que lorsqu'un ingénieur ou un architecte prépare les plans et
devis d'un bâtiment, il doit transmettre au propriétaire avant le
début des travaux une attestation écrite de la conformité
des plans et devis au règlement. Ce que nous disons à ce
moment-là, c'est qu'il doit prévoir dans ses plans et devis des
conditions d'isolation qui sont conformes aux normes du présent
règlement. C'est la seule chose qu'il doit prévoir.
M. Fortier: À ce moment-là, il faudrait changer le
texte. Quand l'édifice d'Hydro-Québec va être construit -
je ne sais pas combien il y a d'étages, 30 étages - il est
certain que les plans et devis ne seront pas tous préparés avant
le début des travaux. De fait, il va y avoir des normes, il va y avoir
un devis général qui va dire: Oui, nous avons l'intention dans ce
bâtiment de respecter les plans et devis. Ce ne seront pas les plans et
devis de chacun des étages. C'est pour cela que ça me semble peu
pratique de laisser le texte tel qu'il est là. Dans les grands
édifices, cela est impensable, ce n'est pas comme cela que ça se
fait.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. D'abord, vous
savez qu'en deuxième lecture, nous avons voté pour le projet de
loi. Nous sommes donc conscients qu'un projet de loi pour la conservation de
l'énergie est extrêmement important. Par contre, je suis
totalement en désaccord avec le ministre quand il dit que les
constructeurs peuvent vendre des maisons sans respecter les normes. On sait
qu'au Québec 99,9% des maisons ont une hypothèque. Cette
hypothèque est consentie par une société prêteuse;
en plus, elle est garantie par la Société canadienne
d'hypothèques et de logement ou par une compagnie qu'on appelle MICC
qui, avant d'autoriser le début d'une construction, doivent
vérifier les plans et devis pour accorder l'hypothèque.
Je m'excuse, M. le ministre est occupé. On va recommencer, M. le
ministre.
M. Bérubé: J'esseyais de voir s'il était
possible de modifier...
M. Bélanger: On va recommencer. On est
généreux, puisque c'est dans le temps des Fêtes.
Je suis totalement en désaccord avec vous quand vous dites
qu'actuellement les constructeurs peuvent construire des maisons sans respecter
des normes minimales d'isolation thermique, pour la simple raison que les
maisons au Québec sont à peu près toutes financées
à 99,9%. On vend très rarement une maison comptant.
M. Bérubé: D'accord.
M. Bélanger: La société prêteuse
intervient. Intervient aussi la Société canadienne
d'hypothèques et de logement, ou la société MICC qui
garantit le prêt. Elles exigent d'avoir les plans et devis de la
bâtisse pour en faire l'évaluation et pour savoir le montant de
l'hypothèque qu'on peut déterminer. Ce n'est certes pas le cas,
cela ne peut pas exister.
On sait aussi une autre chose qui est un peu plus troublante. On sait
que les constructeurs au Québec sont tous des petites entreprises.
Aucune multinationale ne fait au Québec de construction domiciliaire. Il
faut leur faciliter la tâche, il faut vraiment les débarrasser de
toute la paperasse possible. D'accord? Si on se réfère à
l'article 10 aussi où on dit que l'entrepreneur doit, 30 jours
après la fin des travaux, faire une attestation établissant qu'il
a respecté les normes, etc..
M. Bérubé: Par l'article 10.
M. Bélanger: Oui, l'article 10, il doit, en outre, 30
jours après la fin des travaux, transmettre au propriétaire une
attestation écrite de leur exécution conforme. D'accord?
Il y a deux modes de construction au Québec; il y en a une qui
est très populaire, c'est que le constructeur fait de la construction
spéculative. Moi, je l'ai fait beaucoup, jusqu'à 50 unités
à la fois. On construit 10, 15 ou 20 maisons et, quand elles sont
terminées, on les met en vente. Avant le Parti québécois,
on en construisait 50, maintenant, nous sommes rendus à 20.
M. Bérubé: Avant, vous les construisiez sur les
terres agricoles, maintenant, vous les construisez ailleurs.
M. Bélanger: M. le ministre, c'est très
sérieux.
Une voix: C'est comme le centre des congrès...
M. Bélanger: M. le ministre, c'est très
sérieux parce que...
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, messieurs!
S'il vous plaît!
Une voix: N'ouvrez pas le débat, parce que...
M. Bélanger: M. le ministre, c'est très
sérieux, parce que...
Le Président (M. Bordeleau): C'est toujours le
député de Mégantic-Compton qui a la parole.
M. Bélanger: D'accord. On dit 30 jours après la fin
des travaux. Je vous donne un exemple précis. Si la maison est
terminée le 1er novembre mais qu'on ne réussit à la vendre
que le 1er mars de l'année suivante, quel genre d'attestation va-t-on
envoyer à notre client? On dit après la fin des travaux et elle
n'est pas vendue après la fin des travaux; elle peut avoir six mois et
n'être pas vendue. Il faudrait absolument que ce soit enlevé
totalement, qu'on prescrive des normes.
M. Bérubé: "Transmettre au propriétaire".
Tant qu'il n'y a pas de propriétaire, vous ne pouvez pas la lui
transmettre.
M. Bélanger: Oui, mais on dit au plus tard 30 jours
après la fin des travaux.
M. Bérubé: Oui, mais il faut continuer.
M. Bélanger: Vous avez prévu que toutes les maisons
étaient construites...
Une voix: C'est le problème du propriétaire.
M. Bérubé: II doit la transmettre au
propriétaire. S'il n'y a pas de propriétaire, il va avoir de la
misère à lui transmettre quelque chose.
M. Bélanger: II ne pourra pas la lui transmettre, alors
qu'est-ce qu'il va faire? Si c'était moi, le propriétaire.
M. Samson: II va s'attester lui-même.
M. Bélanger: Je vais m'envoyer une petite lettre pour me
dire que je suis bien correct?
M. Bérubé: Vous allez vous attester une lettre
comme quoi vous avez bien fait cela.
M. Bélanger: En plus, dans cette loi, on voit
qu'interviennent deux ministères. On dit qu'on veut faciliter la
tâche aux entrepreneurs. Il y a le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et celui de l'Énergie et des Ressources. J'abonde dans le
même sens que mon collègue de Mont-Royal. Cette loi devrait
plutôt être une loi sur la protection du consommateur. Elle n'est
sûrement pas présentée par le bon ministère.
Je ne suis pas d'accord avec l'esprit de la loi parce qu'il existe au
Québec ce qu'on appelle la certification des maisons neuves fournie par
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec,
comme je l'ai dit en Chambre, qui garantit, elle, la totalité de
l'immeuble contre un vice de construction quel qu'il soit. Si la maison n'est
pas conforme aux plans et devis, elle garantit le plein montant. Elle garantit
plus que cela, si l'acheteur a fait un dépôt, jusqu'à
concurrence de $20,000, elle va rembourser l'acheteur en cas de faillite de
l'entrepreneur ou quoi que ce soit.
Cette loi-ci est louable, on est tout à fait d'accord.
J'étais tout heureux, je me disais: Bon! une loi pour conserver
l'énergie. J'étais très heureux. Mais elle ne devrait
avoir aucune exception. Si on regarde l'article 16, paragraphe 11, on est rendu
qu'on a déjà de la difficulté à déterminer
la forme et le contenu des attestations de conformité qui doivent
être transmises suivant les articles 9 et 10. Je crois que c'est un peu
compliqué pour nos constructeurs qui sont, comme je le
répète, de petits constructeurs, pour la majorité, de
petites compagnies familiales. Je crois qu'on devrait dire que chaque
bâtisse au Québec, à compter de telle date, devrait
répondre à telles normes d'isolation thermique.
M. Bérubé: C'est exactement cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Tout l'article 16 dit tout simplement
que le gouvernement peut, par règlement, adopter dés normes de
rendement énergétique et des mesures d'économie de
l'énergie dans un bâtiment. S'étant donné le
pouvoir, à ce moment-là, on adopte un code et, après, on
dit: Toutes les maisons doivent respecter ce code. L'article 16 est uniquement
un article qui donne un pouvoir réglementaire au gouvernement. C'est
d'ailleurs pour cette raison que nous avons un amendement à l'article 8
pour inclure le mot "ventilation". Le Code du bâtiment, vous le respectez
dans vos constructions, M. le député de Mégantic-Compton,
j'en suis absolument convaincu, puisque vous respectez les normes les plus
modernes d'isolation des bâtiments, donc, vous respectez les normes de
ventilation.
Or, tel que rédigé, comme nous n'avions pas prévu
le mot "ventilation", nous ne pouvions vous imposer des normes de ventilation
alors que vous, en citoyen honnête et consciencieux, vous vous êtes
toujours obligé à ne vendre que des constructions qui
respectaient ces normes de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement. Par conséquent, nos normes auraient
été inférieures aux normes que vous suiviez
vous-même.
Cet article, qui vous paraît compliqué, il faut quand
même y faire attention. Il doit être suffisamment complet pour que
le cahier des normes que vous voudriez voir imposer à tous les
constructeurs au Québec puisse couvrir l'ensemble du terrain.
M. Bélanger: M. le Président, je crois que je me
suis mal exprimé, le ministre ne m'a pas compris.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton, un instant, s'il vous plaît! Je ne voulais pas
vous enlever le droit de parole, je voulais simplement vous interrompre pour
quelques instants. Je m'aperçois qu'on discute de toutes sortes
d'articles. Je veux bien vous laisser continuer sur l'article 16, mais
j'aimerais qu'on revienne après.
M. Bélanger: Ce sera fini. M. Samson: M. le
Président...
Le Président (M. Bordeleau): On pourrait y aller article
par article.
M. Samson: ... peut-être qu'on peut y aller de façon
générale encore un peu, cela ira plus vite après.
M. Bélanger: Cela va aller plus vite, on est pour la
loi.
Le Président (M. Bordeleau): Oui?
M. Bélanger: On est pour l'esprit de la loi.
Le Président (M. Bordeleau): Je veux bien vous laisser
continuer au moins sur l'article 16, à moins que vous n'ayez d'autres
points après, mais... (23 h 15)
M. Bélanger: Je ne conteste pas l'article 16, je le trouve
fantastique. Pour en revenir à l'attestation, au paragraphe 11, on a
déjà de la difficulté à déterminer des
normes, la forme et le contenu des attestations. Je suis d'accord pour
l'imposition de normes; ce que je ne veux pas, c'est obliger le constructeur,
après qu'il a fini de construire une maison, que le client l'a
visitée, qu'il a écrit des normes d'isolation dans ses plans et
devis, à ce qu'il y ait du R-12, dans le plafond. D'ailleurs, il y a
tellement de concurrence dans la construction qu'on s'efforce d'expliquer
très bien à l'acheteur, pour lui faire acheter notre maison
plutôt que celle d'un autre. D'accord? Alors, je ne voudrais pas qu'on
soit obligé de transmettre après une attestation selon laquelle
on a fait un très bon travail. En plus, vous n'avez pas répondu
à ma question, à savoir si le constructeur construit une maison,
qu'il en est propriétaire pendant trois, quatre ou cinq mois, mois,
à qui il va ensuite envoyer l'attestation.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, rapidement,
s'il vous plaît!
M. Bérubé: II m'apparaît clair, dans la loi
telle que rédigée, et difficilement contestable, il me semble
que, c'est simplement que le constructeur doit attester que cette maison a
été construite selon les normes. C'est donc un certificat
d'attestation que le propriétaire futur de la maison pourra toujours
traîner avec ses papiers quand il la revendra; il pourra toujours
présenter ce papier et dire: Vous voyez, cette maison a bel et bien
été construite suivant les normes d'isolation en vigueur à
l'époque. Cela ne m'apparaît pas tellement compliqué pour
un constructeur qui, de toute façon, a respecté les normes,
d'avoir une formule standard, imprimée d'avance, dans laquelle il dit...
Alors, une formule standard, il met sa signature en bas. S'il n'aime pas mettre
sa signature en bas, c'est peut-être qu'il n'a pas respecté les
normes.
M. Bélanger: Non, ce n'est pas ça, ce n'est pas
ça!
M. Ciaccia: À qui va-t-il le donner? C'est un certificat
à lui-même s'il n'a pas vendu la maison? L'entrepreneur est le
propriétaire, alors il va s'envoyer une lettre? C'est ce que mon
collègue demande.
M. Bérubé: II se l'écrira à
lui-même!
M. Ciaccia: C'est intelligent de mettre dans la loi qu'il va
s'écrire des lettres!
M. Bélanger: Non, M. le ministre, je crois...
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bélanger: ... qu'il serait beaucoup plus simple de dire
que, dorénavant, après l'entrée en vigueur de la loi, le
constructeur devra inclure, dans son contrat de construction ou son offre
d'achat, que la maison répond aux normes exigées par le
gouvernement du Québec. Cela ne donne rien
d'envoyer des médailles, voyons donc! Vous arrivez au même
but et la maison peut avoir été six mois la
propriété du constructeur; lorsqu'il la vend, il l'inclut dans
son offre d'achat. D'ailleurs, l'association provinciale va s'empresser
d'imprimer les offres d'achat en conséquence.
M. Bérubé: Oui, mais le certificat
lui-même... Je pense qu'il y a une différence énorme entre
un certificat de localisation, par exemple, et les termes d'un contrat de
vente. Le certificat de localisation, que l'on fait faire une fois pour une
maison, on le trimbale souvent avec les papiers de la maison, le plus longtemps
possible, pour ne pas être obligé de le faire refaire à
tout bout de champ.
Donc, il y a une différence entre une attestation sur un contrat
de vente, par un constructeur, qu'il a respecté les normes, et un
certificat qu'il a émis selon lequel la maison a été
construite suivant les normes et qui peut être déposé avec
les papiers de la maison comme un certificat de localisation ou un autre.
M. Bélanger: ... bonne conduite!
M. Ciaccia: ... vous autres, des certificats de bonne
conduite!
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: L'année dernière, vous aviez
donné le certificat de bonne conduite, c'est dans le même esprit.
On essaie d'éviter ce genre de paperasse, on ne s'oppose pas à
l'obligation, c'est la façon que vous suggérez qui va la rendre
difficile d'application.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: L'offre d'achat ou le contrat de construction
d'une propriété, c'est le papier qui fait acte de toute l'entente
intervenue entre l'acheteur et le constructeur, en attendant que les papiers
notariés soient prêts. D'accord?
Je me souviens qu'il y a quelques années, alors
qu'Hydro-Québec donnait des certificats de Novelec, la plupart des
propriétaires, deux mois après qu'ils les avaient reçus,
ne savaient pas où c'était; ils n'ont jamais vendu une maison
plus cher parce qu'ils avaient ça.
Alors, si on disait: Chaque constructeur devrait inclure, dans son
contrat de construction ou son offre d'achat, une clause attestant que les
normes prescrites par le gouvernement ont été suivies?
M. Bérubé: M. le Président, je le sais. Nous
allons fournir à tous les constructeurs du Québec des broches,
une formule préimprimée sur laquelle ils n'auront qu'à
mettre leur signature, ils n 'auront qu'à la brocher au contrat.
M, Bélanger: Voyons donc, M. le ministre!
M. Bérubé: Je ne vois pas... En d'autres
termes...
M. Samson: Cela fait un peu broche à foin!
Le Président (M. Bordeleau): Ce serait plutôt broche
à papier? Est-ce que ça va pour les discussions
préliminaires, pour lesquelles on a été assez large.
J'appelle dès maintenant l'article 1. L'article 1 sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
M. Fortier: Une question. Est-ce que "bâtiment public" et
"édifice public", ce sont deux choses différentes? On me dit ici
que, dans la Loi sur la sécurité dans les édifices
publics, c'est une autre définition.
M. Bérubé: Oui, vous vous référez
à la... Je ne suis pas certain.
M. Fortier: Au sens de la Loi sur la sécurité dans
les édifices publics.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Un avocat pourrait peut-être
répondre. C'est relié à la loi...
Le Président (M. Bordeleau): Au nom du ministre, si vous
voulez bien lui passer le micro.
M. Bérubé: C'est parce que cela se
réfère directement à la Loi sur la sécurité
dans les édifices publics.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre, est-ce
que quelqu'un peut donner l'information en votre nom, si vous voulez lui passer
le micro?
M. Bérubé: Danièle Houde, du
ministère de l'Énergie et des Ressources, au nom du ministre. La
définition de bâtiment public qu'on a insérée dans
cette loi est plus large que la définition d'édifice public. La
Loi sur la sécurité dans les édifices publics exclut des
édifices sur la base de la superficie de plancher ou du nombre
d'étages. Une clinique médicale, par exemple, à deux
étages ne sera pas couverte par la Loi sur la sécurité
dans les édifices publics alors que notre définition
à nous va la couvrir parce que c'est un bâtiment qui est
utilisé pour la production de services dans ce cas.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: II y a une définition spécifique dans
la Loi sur la sécurité dans les édifices publics qui est
un peu restreinte. Dans le cas de la...cela n'inclut pas tous les
édifices publics, d'après la loi sur la sécurité.
Alors, "bâtiment public" va les inclure tous. C'est plus large.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je m'excuse, c'est juste une clarification. Que les
inspecteurs des établissements industriels, alors les édifices
publics, les inspecteurs étaient autorisés par la loi sur la
sécurité à aller dans les édifices publics.
Maintenant, les inspecteurs, est-ce que vous leur donnez le droit d'inspecter
des bâtiments publics?
M. Bérubé: Pour les fins de l'application de cette
loi?
M. Fortier: Oui, uniquement pour ces fins.
M. Bérubé: Les mots, par exemple...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: ...les mots "édifice public"
employés dans la présente loi désignent les
églises, les chapelles, les sites qui servent d'églises ou de
chapelles, les monastères, les noviciats, les maisons de retraite. En
fait, la notion d'édifice public est très respectée.
M. Ciaccia: Pour les fins du débat, c'est le ministre qui
parle. On va voir quand il va y avoir des interventions rationnelles, avec les
fonctionnaires, on constatera la différence.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Mont-Royal. Est-ce que cela va pour l'article no 1?
M. Fortier: Bien, allons-y.
Le Président (M. Bordeleau): Article 1, adopté.
Article 2. À l'article 2, nous avons un amendement proposé par le
ministre, à qui je demanderais de le lire justement.
M. Bérubé: J'aimerais proposer un amendement qui
consisterait à remplacer le premier alinéa de l'article 2 par le
suivant: "La présente loi s'applique à un bâtiment dont la
construction débute après la date d'entrée en vigueur du
présent article, mais elle ne s'applique pas à un bâtiment
destiné exclusivement à l'usage d'une personne physique ou de sa
famille lorsque cette personne exécute elle-même la construction
de l'enveloppe extérieure de son bâtiment, ni aux bâtiments
exclus par règlement". En d'autres termes, le Québécois
qui se met en frais de construire sa maison n'aura pas d'inspecteur dans son
dos pour mesurer l'épaisseur de la laine minérale qu'il va mettre
dans ses plafonds ou dans ses murs.
M. Ciaccia: C'est absolument incroyable, ce que vous venez de
dire. Je vais vous montrer ce qui va pouvoir arriver.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal, vous voulez discuter de l'article 2?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'amendement?
M. Ciaccia: Sur l'amendement.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Ciaccia: Si un entrepreneur veut s'exclure de l'application de
l'article 2, il n'a qu'à faire signer à son acheteur que
l'acheteur construit pour lui-même parce que, quand vous dites "construit
pour lui-même", ce n'est pas physiquement, mais la personne, l'individu
peut donner un contrat à quelqu'un. Tous les entrepreneurs au
Québec vont pouvoir échapper à l'application de votre loi
seulement en faisant signer à l'individu que la maison est construite
pour l'individu et l'entrepreneur n'aura alors pas de responsabilité
d'après cette loi. Est-ce que c'est cela que vous nous dites?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Ciaccia: Les avocats vont avoir bien du "fun" avec votre
amendement.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant, s'il vous
plaît? J'aimerais laisser M. le ministre répondre à
cela.
M. Bérubé: Un constructeur propriétaire,
regardez, c'est à l'usage d'une personne physique et de sa famille,
lorsque cette personne exécute elle-même. D'accord?
M. Ciaccia: Vous ne voulez pas dire qu'il va falloir que la
personne prenne les briques dans sa main et les pose elle-même sur
le...
M. Bérubé: C'est un constructeur
propriétaire. C'est ça un constructeur propriétaire.
M. Ciaccia: Non, le constructeur propriétaire, M. le
ministre... Si je deviens le constructeur propriétaire de ma maison, je
vais dire à M. X: Posez les briques. Je vais dire à un tel
contracteur: Faites l'isolation de la maison. Je peux faire faire les travaux
par un entrepreneur général et je serai propriétaire.
Comment le définissez-vous? Constructeur propriétaire. Tous les
entrepreneurs n'auront qu'à faire ça avec chaque individu et
votre loi, vous pouvez la mettre dans la poubelle.
M. Bérubé: S'il engage...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... par exemple un entrepreneur pour
construire l'armature de sa maison, l'entrepreneur est obligé par la
loi...
M. Ciaccia: Non, pas d'après ce que vous venez de nous
dire.
M. Bélanger: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton a peut-être un éclairage à
apporter.
M. Bélanger: Vous savez qu'actuellement la vogue est aux
artisans. L'artisan n'est pas un entrepreneur au sens de la loi; il ne peut pas
exécuter de travaux à montant fixe, c'est-à-dire qu'il
travaille et est rémunéré à l'heure. Si le
propriétaire dit: Je me fais construire une maison, j'engage un artisan,
l'artisan...
M. Bérubé: Un entrepreneur artisan.
M. Bélanger: Ce n'est pas écrit "entrepreneur
artisan", ça peut être un artisan.
M. Bérubé: En vertu de la loi sur la qualification
professionnelle, c'est un entrepreneur artisan.
M. Bélanger: Mais vous ne parlez pas d'entrepreneur
artisan dans la loi. On dit qu'un entrepreneur est celui qui donne, qui
coordonne, qui fait exécuter les travaux. L'artisan va arriver chez vous
pour faire seulement une partie des travaux, les parois extérieures de
la maison, donc il est exclu... D'ailleurs, la plomberie, le chauffage,
l'électricité, il n'y a pas un entrepreneur propriétaire
qui peut faire ça lui-même, il est obligé de le faire faire
par un électricien licencié, il est obligé de faire faire
la plomberie par un plombier licencié. Alors...
M. Bérubé: Le plombier est tenu de respecter le
Code du bâtiment quand il fait ses travaux, l'électricien est tenu
de respecter...
M. Bélanger: Oui. Votre loi si belle, faite pour
économiser de l'énergie, va être efficace à peu
près à 20% ou à 25%.
Il y a un autre danger aussi que je... Oui, il y a certainement un
danger. Assurément, si vous imposez des normes, vous allez faire
augmenter le coût de construction. De plus en plus l'acheteur va
être tenté d'aller vers cet artisan parce que ça va
coûter moins cher. Vous avez voté une loi pour conserver
l'énergie et en réalité vous ne la conservez pas.
M. Bérubé: Non. Si le constructeur
propriétaire exécute lui-même l'enveloppe extérieure
de ce bâtiment...
M. Bélanger: Et l'artisan, lui?
M. Bérubé: À ce moment-là, si c'est
l'artisan qui est engagé, qui détient une carte d'entrepreneur
artisan et qui ne sera pas propriétaire de la maison, si la loi telle
qu'elle est rédigée s'applique, ce bâtiment doit être
isolé conformément aux normes.
M. Cïaccia: M. le Président...
M. Bélanger: Les avocats vont avoir du "fun" dans
ça.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal, s'il vous plaît? M. le député de Rouyn-Noranda
vous aurez la parole ensuite.
M. Ciaccia: Vous ne pouvez pas avoir votre article des deux
façons. Vous ne pouvez pas nous dire: On ne veut pas imposer les normes
de la loi à un individu qui ne veut pas isoler sa maison et qui veut
gaspiller son argent. Si, d'un côté, vous dites ça, vous ne
pouvez pas dire, de l'autre côté, que si un individu en engage un
autre pour construire le dehors de sa maison celui qui est engagé doit
se conformer aux règlements.
Il y a une contradiction. Ça veut dire qu'aucun individu ne peut
échapper à cette loi, et si aucun individu ne peut
échapper à la loi, pourquoi ne le dites-vous pas clairement?
M. Bérubé: Non, il y a une...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... différence fondamentale et je
pense qu'elle n'a pas été encore saisie.
Je vais essayer de la reprendre tranquillement.
Une voix: Pas vite.
M. Bérubé: Si le propriétaire futur de la
maison engage un artisan pour faire la plomberie, un autre pour les fondations,
ainsi de suite pour toute la maison, et veut ne pas être astreint
à la loi, il devra lui-même construire l'enveloppe
extérieure de la maison.
M. Ciaccia: Physiquement lui-même?
M. Bérubé: Physiquement. Il faudra qu'il
l'exécute lui-même, mais, dès qu'il engage...
M. Ciaccia: Voyons, vous faites une loi stupide. Personne ne va
faire ça.
M. Bérubé: Mais non. Dès qu'il engage une
personne pour construire l'enveloppe extérieure de sa maison, cette
personne qui construit l'enveloppe extérieure de la maison, doit
détenir soit une carte d'entrepreneur artisan, soit une licence
d'entrepreneur. (23 h 30)
Une voix: La licence d'entrepreneur.
M. Bérubé: La licence d'entrepreneur. La personne
qui est embauchée par le futur propriétaire pour construire
l'enveloppe extérieure doit détenir soit sa carte d'entrepreneur
artisan soit son certificat d'entrepeneur. Dans ces conditions, pour
détenir cette carte, cette personne est tenue de construire une maison
conforme aux normes parce qu'elle accomplit des travaux pour le futur
propriétaire. Le seul point sur lequel il est possible pour le futur
propriétaire d'obtenir une dispense, c'est lorsque, dans la
réglementation, il y a à l'avance une disposition qui permet au
futur propriétaire de dispenser ce constructeur ou cet entrepreneur de
ces travaux, et cela ne s'applique, pour l'instant, dans le règlement
que vous avez en main et que vous pouvez vérifier, qu'à la
fenestration. En d'autres termes, le seul moment où un futur
propriétaire de sa maison peut exempter un constructeur de l'enveloppe
extérieure de sa maison de l'obligation de respecter les normes
d'isolation, c'est uniquement quand il s'agit de la fenestration. Quant au
reste, cet entrepreneur artisan ou cet entrepreneur est obligé de
respecter la norme.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Je suis obligé de revenir à
l'article 1, même si on l'a adopté. On donne ici la
définition d'un entrepreneur: "entrepreneur", une personne qui organise
ou coordonne les travaux de construction d'un bâtiment confiés
à des personnes sous ses ordres ou à des sous-traitants". Je suis
tout à fait d'accord. C'est le vrai entrepreneur, mais vous allez
être obligé de donner la définition d'un artisan. En ce
moment, je vais construire avec un artisan. Je ne toucherai à rien. Je
vais simplement le surveiller et je ne serai pas régi par votre loi.
M. Bérubé: Vous avez raison, je pense, pour
l'entrepreneur artisan. Il n'est pas un entrepreneur au sens de la loi. Donc,
vous avez raison.
M. Bélanger: II n'est pas un entrepreneur. Il n'a pas le
droit de signer de contrat à prix fixe. On doit...
M. Bérubé: Oui, c'est la personne que vous
embauchez pour venir travailler avec vous sur votre maison.
M. Bélanger: C'est cela.
M. Bérubé: Oui. Dans ce cas -là,
effectivement, ce n'est pas considéré comme un entrepreneur.
M. Bélanger: Je reviens à ce que j'ai dit au
préalable. La plupart des propriétaires aujourd'hui font
très souvent appel aux artisans. Pourquoi? D'abord, l'artisan est plus
souple. Il peut faire des travaux moins rapidement que l'entrepreneur. Il peut
aussi faire des travaux plus spécialisés. Votre loi qui
était si belle, que j'aimais tant, est moins belle.
M. Ciaccia: Elle est moins belle.
M. Bérubé: Oui, mais c'est inévitable.
M. Bélanger: Oui, je l'aime moins.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: C'est inévitable, parce que ce
que vous êtes en train de me proposer, c'est une loi qui contraint
absolument tout le monde - d'accord? - et, le lendemain, vous...
M. Ciaccia: L'économie d'énergie comme le Code du
bâtiment...
M. Bérubé: ...allez me dire: Et la bureaucratie
gouvernementale, M. le ministre, y avez-vous pensé? À la place,
je vous présente une loi humaine qui fait en sorte que le bonhomme qui
veut construire sa maison et qui se fait aider par un "helper"... Si je
comprends bien, c'est ce que vous avez à l'esprit, il a embauché
un aide qui vient avec lui clouer les planches de son mur et le
propriétaire est véritablement en train de
construire sa maison; il embauche un tel pour faire ceci et un autre
pour faire cela.
C'est sa maison qu'il est en train de construire. On le laisse
tranquille. C'est ce qu'on fait.
M. Bélanger: Mais pourquoi appeler cela une loi...
M. Bérubé: On lui sacre la paix.
M. Bélanger: ...qui vise à favoriser
l'économie de l'énergie?
M. Bérubé: Je la redéfinis.
M. Bélanger: On devrait définir la loi et dire que
c'est une loi...
M. Bérubé: Non.
M. Bélanger: ...qui vise les entrepreneurs. Point.
M. Bérubé: Je la redéfinis, une loi humaine
et intelligente sur l'économie de l'énergie dans le
bâtiment.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement à
l'article 2 sera-t-il adopté?
M. Ciaccia: Avec une définition comme ça, on va
être ici longtemps. Vous feriez mieux de reculer Noël.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je conviens que le ministre
tente d'apporter une loi humaine, intelligente et tout cela. Je suis bien
d'accord avec lui. J'espère qu'il va réussir.
Une voix: II a de la difficulté.
M. Samson: J'aimerais poser une question quant à l'article
2 où il est dit que la loi "s'applique à un bâtiment dont
la construction débute après le - etc. - mais elle ne s'applique
pas à un bâtiment destiné exclusivement à l'usage
d'une personne physique et de sa famille lorsque cette personne exécute
elle-même la construction de l'enveloppe extérieure de ce
bâtiment, ni aux bâtiments exclus par règlement".
Aux fins de la compréhension de cet article, si M. X
décide de construire lui-même l'enveloppe extérieure, pour
son utilisation et pour sa famille, la loi ne s'applique pas. Est-ce que c'est
bien cela que cela veut dire?
M. Bérubé: C'est bien cela. Même s'il est
aidé d'un artisan, d'après ce que l'on comprend, cela ne
s'applique pas non plus.
M. Samson: Et s'il est aidé par plusieurs de ses voisins,
à l'occasion d'une corvée, comme cela se fait souvent encore dans
certains endroits, cela ne s'applique pas non plus?
M. Bérubé: Cela ne s'applique pas.
M. Samson: Une fois que cette maison est construite, que le
propriétaire qui l'a construite lui-même l'habite, pour les fins
de la discussion, disons trois mois, qu'il est obligé de
déménager parce que son emploi l'amène ailleurs, qu'il
vend cette construction, qu'est-ce qu'on fait?
M. Bérubé: S'il n'a pas l'attestation dont on
parlait tantôt, le futur propriétaire qui va venir pour acheter la
maison va lui demander l'attestation. Il va dire: Je n'en ai pas d'attestation.
- Pourquoi? - Je l'ai construit moi-même. - Comment as-tu construit tes
murs?
À ce moment-là, le futur propriétaire devra
être assez prudent pour se poser des questions sur ce qu'il
achète. De fait, il n'aura pas cette garantie d'acheter un produit libre
de tout défaut, pour la simple raison qu'il achète la maison
construite par quelqu'un et que cette personne n'est pas dans le commerce de la
construction. À ce moment-là, il court le risque qu'elle soit
bâtie de travers, avec des solives qui ne tiennent pas, avec un sous-sol
qui prend l'eau. Mais il le sait, parce qu'il achète la maison qui n'est
pas construite par un expert, comme le député de
Mégantic-Compton, qui construit des maisons parfaites, mais il
achète la maison de Jean-Baptiste Latremouille, qui a
décidé de se lancer dans la construction domiciliaire et qui,
trois mois après, a compris et veut la vendre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Ceci dit, M. le Président, le
propriétaire qui vient de se construire n'a pas de limite de temps. Il
peut la vendre dès qu'il l'a occupée. Dès qu'il l'a
occupée, il a satisfait à l'article 2. Il n'est même pas
obligé de l'occuper, au sens de l'article 2. On dit: Si elle est
construite pour ces fins, il peut la vendre.
M. Bélanger: S'il ne l'aime pas après, il la
vend.
M. Samson: Et quand il l'a vendue, il peut en construire une
autre et la vendre encore.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Samson: À ce moment-là, où est la
protection, sauf l'attestation? Je conviens
avec le ministre qu'il n'y aura pas ce petit certificat d'attestation,
mais je m'imagine bien que, lorsque cette loi sera adoptée, ce n'est pas
tout le monde qui va avoir cela dans son petit cahier de notes, que cela prend
une attestation si on veut être bien protégé, je ne pense
pas que l'Office de la protection du consommateur va passer son temps à
crier cela non plus.
Donc, on protège qui? Comment? De quelle façon? C'est une
question que je pose. Je m'imagine bien, M. le Président, que quelqu'un
qui va se construire une maison, même en n'étant pas requis de
satisfaire a ces normes, va quand même s'arranger pour qu'elle soit
valable. C'est bien sûr. Deux pouces, trois pouces, quatre pouces ou cinq
pouces dans les murs, cela ne change pas tellement les coûts.
M. Bérubé: Pas au moment de la construction.
M. Samson: Mais il reste qu'à ce moment-là, ce
n'est peut-être pas par cette loi qu'on devrait protéger la
consommation de l'énergie. Ce qu'on veut viser, si je comprends bien,
c'est d'en arriver à ménager, à économiser
l'énergie. Or, cette loi ne remplit pas totalement cette fonction.
M. Bérubé: M. le Président, j'ai une
philosophie personnelle qui est essentiellement la suivante: Si une loi est
efficace à 95%, c'est une bonne loi. Elle devient mauvaise quand elle
est efficace à 100%, je pense.
Pour arriver à fabriquer une loi parfaitement efficace, vous
devez la barder de contrôles, de normes précises, sans failles, de
quelque nature que ce soit. Et là, vous retrouvez cette lourdeur
bureaucratique que nous dénonçons tous. Mais, quand on nous
présente une loi qui, pour une fois, a justement comme objectif de se
servir de sa tête, de dire: La personne qui construit sa maison,
sacrez-lui donc la paix. Alors, essentiellement, c'est le but de cette loi.
Vous allez me dire: Oui, mais il y a des failles. La personne qui a construit
sa maison l'habite un mois et la revend, à ce moment, elle a construit
une maison qui ne répond pas aux normes. C'est parfaitement exact. C'est
un cas où la loi n'aura pas l'effet désiré.
Il y aura cependant l'absence d'une attestation d'isolations
associée à cette maison qui fera que le futur client
achètera une maison dont il n'est nullement certain qu'elle est bien
isolée. C'est tout à fait possible que le constructeur
propriétaire ait de la difficulté à la vendre, qu'on lui
pose de sérieuses questions et qu'on exige dans le contrat de vente des
détails pas mal plus précis sur sa façon de construire et
sur l'isolation. Mais je pense que, lorsqu'un individu construit quelque chose
lui-même, on ne s'attend pas qu'il ait les mêmes connaissances
qu'un entrepreneur censé connaître la construction et qui est
censé offrir des services de qualité à ses clients. Il
faut bien revenir à l'esprit de la loi et il ne faut pas continuellement
critiquer l'existence de lois tâtillonnes qui imposent des
contrôles ou une bureaucratie et parler d'un gouvernement humain. On vous
amène une loi qui justement n'est pas tâtillonne, parce qu'elle
laisse des ouvertures, elle va peut-être être efficace à
95%. Je serai ravi si elle est efficace à 95%. Mais si elle était
efficace à 100%, là, je commencerais à
m'inquiéter.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Ce qui m'inquiète, M. le Président,
c'est que le ministre nous a dit souvent qu'il était efficace à
100%.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. le Président, c'est un fait que
j'ai de la misère à saisir le sens de la loi. Le ministre vient
de nous dire qu'en construisant cela ne coûtait pas beaucoup plus cher
d'isoler un peu plus ou un peu moins. Ce n'est pas tout à fait vrai,
parce que si vous faites un mur extérieur avec un bon deux par quatre et
si vous tentez de mettre une laine d'une épaisseur de six pouces, vous
allez vous apercevoir que c'est très difficile. Cela veut dire quoi?
Cela veut dire qu'il faut changer totalement la structure de la bâtisse.
Alors, on augmente énormément le coût. C'est la raison pour
laquelle je disais tout à l'heure qu'il y a un danger. Le
propriétaire va avoir recours à un artisan qui, lui, n'est pas
soumis à cette loi. On va construire encore des maisons qui ne
conserveront pas l'énergie. Alors, je ne vois le pourquoi de cette loi.
Il n'a pas écouté, le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'amendement
à l'article sera adopté?
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Bérubé: ...accusation que l'on porte contre
vous...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ...M. le député de
Mégantic-Compton m'inquiète et j'ose à peine vous
répondre. On m'a dit que les techniques de construction ont
évolué et qu'il est possible de construire en respectant les
normes, avec la méthode des deux par quatre et non avec celles des deux
par six.
M. Bélanger: Oui, en ajoutant une fourrure, plus un
"sheeting"...
M. Bérubé: Parfait. Vos connaissances en
construction, M. le député de Mégantic-Compton...
M. Bélanger: M. le ministre, il ne faudrait pas dire que
cela n'augmente pas les coûts. Quand on sait qu'un menuisier travaille
à $22 l'heure...
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Vous faites une exception si c'est une personne qui
exécute elle-même la construction de l'enveloppe extérieure
de ce bâtiment. Cette personne est exclue de l'application de la loi. La
définition que vous avez donnée...
Une voix: $2.50 l'heure...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaîtl C'est
M. le député de Mont-Royal qui avait la parole, à ma
connaissance.
M. Ciaccia: Dans la définition que vous donnez d'une
personne qui exécute les travaux elle-même, vous dites que c'est
une personne qui le fait physiquement elle-même, ce n'est pas quelqu'un
qui engage un entrepreneur pour faire certains travaux. Dès la minute
que cette personne engage un entrepreneur, l'entrepreneur est assujetti
à la loi.
L'année dernière, il y a eu approximativement 35,000
logements de construits. Vous devez avoir des statistiques. Sur ces 35,000,
grosso modo, quel pourcentage ou quel nombre a été construit par
une personne qui exécute elle-même les travaux. D'après
votre définition, sur les 35,000, avez-vous des chiffres? (23 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Nous n'avons pas de statistiques sur le
nombre des personnes qui ont construit leurs maisons sans engager un
entrepreneur.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais vous suggérer que la
définition que vous donnez qu'une personne doit exécuter
elle-même, c'est-à-dire physiquement le faire sans engager un
entrepreneur... Ce pourcentage de personnes est tellement minime. Cela ne se
fait certainement pas comme cela dans les centres urbains. Vous êtes dans
la situation où vous créez une exception pour personne, mais vous
créez cette exception et, quand vous dites que vous ne voulez pas
augmenter la lourdeur bureaucratique, celle-ci est augmentée quand vous
faites des exceptions. Si vous faites une loi qui s'applique à tout le
monde, ce n'est pas là que vous augmentez la lourdeur bureaucratique.
Vous l'augmentez quand vous faites des lois comme celle que vous venez de
faire. Vous donnez des définitions qui peuvent se contredire par
d'autres définitions. Il faut qu'une loi soit applicable et il faut que
tout le monde comprenne ce qu'elle veut dire.
Vous dites: "Cette loi ne s'appliquera pas à la personne qui
construit sa maison." On veut lui sacrer la paix, c'est ce que vous dites. Mais
ce n'est pas cela que vous définissez exactement parce qu'une personne
qui construit la maison elle-même, si elle a le malheur de donner un
contrat pour différents travaux, va être liée. Cette loi
n'est pas claire. Si c'est cela que vous voulez faire, dites-le. Vous ne le
dites pas. Vous créez la confusion. Vous rendez l'application de la loi
difficile. Vous allez augmenter les litiges avec cette loi parce que, supposons
qu'une personne n'obtient pas cette attestation et qu'elle dise qu'elle l'a
construite elle-même, est-ce qu'un acquéreur subséquent est
obligé d'aller s'enquérir pour savoir si cela a été
fait ou non? Votre loi devient un labyrinthe. Je ne comprends pas qui vous
voulez exclure. Si vous voulez exclure l'individu qui va aller mettre les
briques lui-même, vous n'avez pas vraiment besoin de créer cette
loi pour exclure un demi d'un quart de vingt millièmes de 1% de la
population.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: C'est l'inverse. Strictement parlant,
nous n'allons pas faire une inspection systématique, ni même
exiger d'ailleurs dans la loi que des permis soient obtenus avant la
construction. Ce que cela veut dire, c'est que les inspecteurs qui font, par
exemple, la vérification de l'installation électrique vont se
rendre sur le site, vont constater qu'une maison a été
construite. Effectivement, il peut y avoir fraude et la personne en question
peut dire: J'ai construit l'enveloppe extérieure moi-même. Et,
effectivement, elle va frauder; c'est tout à fait possible, d'autant
plus qu'étant le futur propriétaire de la maison, vous avez cette
possibilité, indéniablement. C'est évident. À
partir du moment où vous n'avez pas une loi absolument fermée,
vous avez des possibilités de la contourner, mais ce n'est pas cela
l'esprit. Nous partons du principe que l'ensemble des entrepreneurs et
constructeurs du Québec vont vouloir respecter ces normes, ce qui fait
que l'essentiel du parc d'habitation du Québec qui se revend, qui se
vend quotidiennement, sera isolé, c'est l'objectif, et d'une
façon en même temps qui fait en sorte que la personne qui
décide de construire, on ne l'achale pas.
M. Bélanger: M. le ministre, je pense que, depuis quinze
minutes, on répète les mêmes arguments. Pour notre part, je
pense que je vais suggérer qu'on procède. Nous sommes en
désaccord, je pense qu'on l'a dit assez souvent. On va rester chacun sur
ses positions. Alors, je suggérerais qu'on procède. Je propose
donc qu'on adopte cet article sur division.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement à
l'article 2 sera-t-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 2, tel
qu'amendé, adopté sur division. Article 3?
M. Bélanger: Pas de problème.
Le Président (M. Bordeleau): Article 3, adopté.
Article 4? Sur l'article 4, M. le député de
Mégantic-Compton?
Une voix: Adopté.
M. Bélanger: M. le Président, j'aimerais demander
au ministre pourquoi c'est le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre qui est chargé de l'application de la loi.
M. Bérubé: C'est à cause des édifices
publics.
Le ministère du Travail a déjà des inspecteurs pour
les édifices publics. Il a déjà des inspecteurs des
installations électriques. Cela nous permet d'avoir une loi qui n'exige
aucun nouveau corps d'inspecteurs, cela nous permet de dire à
l'inspecteur qui vérifie les installations électriques, celui
à qui on va le demander: Examinez donc l'isolation en allant faire votre
travail.
M. Bélanger: D'accord.
M. Bérubé: L'objectif, c'est juste du
contrôle ponctuel.
Le Président (M. Bordeleau): Article 4, adopté?
Adopté. Article 5.
M. Fortier: Article 5. Cela est pour permettre, dans la ville de
Montréal, de faire ce genre d'inspection.
M. Bérubé; La ville veut le faire.
Le Président (M. Bordeleau): Article 5, adopté.
M. Bélanger: Un instant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Mégantic-Compton, sur l'article 5.
M. Bélanger: On aurait peut-être pu, pour rendre
cette loi facile d'application, inclure aussi les inspecteurs de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement ou tout
inspecteur reconnu par les sociétés prêteuses. Vous savez,
le constructeur en voit des inspecteurs; il manque seulement un inspecteur pour
inspecter les inspecteurs!
M. Bérubé: Justement, on vient d'économiser
un problème, on n'en a pas crée un nouveau!
M. Bélanger: C'est une simple suggestion.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 5 sera
adopté?
M. Fortier: Pas de problème.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 6.
M. Fortier: À l'article 6, c'est la même explication
que pour l'article 4, j'imagine.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: C'est exactement cela. Il s'agit des
édifices publics pour lesquels il existe déjà un corps
d'inspecteurs.
Le Président (M. Bordeleau): Article 6, adopté?
M. Bélanger: Oui, adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 7.
Article 7, adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 8.
M. Bélanger: À l'article 8, j'aurais une autre
question.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Souvent, l'inspecteur en
électricité, lorsqu'il fait son inspection, constate que les murs
sont déjà recouverts;
comment peut-il savoir si, à l'intérieur des murs, les
normes d'isolation requises sont respectées?
M. Bérubé: Souvent...
M. Bélanger: Très souvent, à 95% des
cas.
M. Bérubé: Ah! On me dit le contraire. On me dit
qu'en général, les murs sont ouverts, mais cela arrive. À
ce moment-là, il faudrait qu'il y aille avant!
M. Bélanger: Mais avant, l'électricité ne
sera pas finie.
M. Bérubé: On me dit qu'il est censé
inspecter les fils.
M. Bélanger: C'est parce qu'au moment où il
inspecte les fils...
M. Bérubé: Vous fermez vos murs trop...
M. Bélanger: ... l'isolation n'est pas faite. Au moment
où il vient faire ce qu'on appelle l'inspection finale de
l'électricité...
M. Bérubé: Oui, c'est vrai.
M. Bélanger: ... s'assurer que le "ground" est au bon
endroit, s'assurer que tout est bien raccordé dans l'entrée
électrique. C'est tout couvert et il ne saura jamais ce qu'on a mis dans
les murs.
M. Bérubé: C'est tout à fait possible.
M. Samson: Cela veut dire que ce n'est pas lui qui va faire le
travail, c'est l'autre.
M. Bérubé: S'il a raison de se méfier d'un
constructeur en particulier, il le visitera une fois de plus et il le pincera
sur le fait.
M. Samson: Vous avez un autre inspecteur qui y va.
M. Bérubé: II n'y a pas assez d'inspections, il y a
des contradictions internes.
M. Bélanger: II y en a des inspecteurs, je peux vous le
dire.
M. Bérubé: Vous voulez plus d'inspections?
M. Bélanger: Non! Non!
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, pour l'article
8?
M. Bérubé: Adopté.
M. Bélanger: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 9.
M. Fortier: Est-ce que le ministre a des commentaires à
faire sur ce que j'ai dit tout à l'heure?
M. Bérubé: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Tel que rédigé, c'est
avant le début des travaux.
M. Fortier: Une déclaration...
M. Bérubé: Oui, avant le début des travaux,
ce sont les travaux d'isolation. Si, par exemple, les plans et devis avancent
avec la construction du bâtiment, il faut qu'à un moment
donné, les plans et devis portent sur l'isolation d'une section du
bâtiment et c'est à ce moment-là qu'on dit que
l'attestation devrait être disponible.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Mais il y a la ventilation, il y a plusieurs
secteurs.
M. Bérubé: Étant donné que c'est
assez complexe, cela ne sera pas nécessairement avant le début de
la construction de l'ensemble de l'édifice, mais c'est avant le
début des travaux. On aurait pu évidemment dire les travaux
visés par le règlement. Cela aurait été possible de
l'inscrire de cette façon, mais enfin...
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais vous suggérer...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... pour clarifier, au lieu de dire que c'est avant
le début des travaux -parce que, de la façon que c'est
rédigé, cela veut dire que, si on a les plans de la fondation,
les plans de la bâtisse, de la mécanique, de la ventilation, tous
les plans doivent être fournis et on doit attester qu'ils sont en
conformité. À ce moment, c'est possible que tous les plans ne
soient pas complétés.
Peut-être vos légistes pourraient-ils trouver un changement
à cet article pour clairement indiquer que ce sont seulement les plans
et devis pour la partie des travaux qui débutera. Cela veut dire que, au
fur et à mesure que les plans seront complétés et que les
travaux de ce genre débuteront, alors
seulement les plans et devis pour ces travaux devront avoir cette
attestation. Autrement, vous rendez...
M. Fortier: À ce sujet, M. le ministre, on pourrait
peut-être dire: Avant le début des travaux ou partie de
travaux.
M. Bérubé: On avait prévu ,1a
possibilité, mais ça ne nous apparaît pas essentiel.
M. Fortier: Moi, ce que je crains ici, c'est le pouvoir
discrétionnaire donné à l'inspecteur. On sait
jusqu'à quel point... Je sais que ce n'est pas le sens de la loi, mais
étant donné qu'il faut que l'inspecteur reçoive cette
documentation, il pourrait, de facto, exiger ces choses et retarder de fait les
travaux des ingénieurs ou des architectes. Je crois que ce n'est pas le
sens de la loi.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: On aurait pu l'écrire de cette
façon, ça fait partie des versions. "Avant le début de
travaux visés par les règlements, une attestation écrite
de la conformité à ces règlements des plans et devis
relatifs à ces travaux."
Là, évidemment, on l'alourdit un peu, mais, ce que l'on
dit - je peux vous le passer et vous pourrez voir si ça vous
intéresse, ça n'apparaît pas essentiel, je pense que
ça ne change pas le sens de la loi - c'est tout simplement que les plans
et devis relatifs... c'est une attestation.
M. Ciaccia: Cela ne répond pas complètement, parce
que si vous dites "avant le début des travaux visés par les
règlements", les règlements peuvent viser les travaux de la
bâtisse entière, ils vont certainement viser toute la
bâtisse. Si c'est une bâtisse assujettie aux règlements, les
travaux visés par les règlements seront ceux de toute la
bâtisse, et, à ce moment, il va falloir vous fournir tous les
plans.
M. Bérubé: Non, "quant aux travaux visés par
les règlements", les règlements ne portent pas sur la plomberie,
ils ne portent pas sur l'électricité; ils portent, par exemple,
sur l'épaisseur de laine minérale dans le toit. Alors, on dit
"avant le début des travaux -la pose de l'isolation dans le plafond -
visés par les règlements".
M. Fortier: Mais pour quelle raison voulez-vous encore une fois
avoir une attestation? On sait fort bien que les ingénieurs ou les
architectes doivent se conformer au Code du bâtiment. Dans certains cas,
ils ont l'obligation de soumettre certains plans, mais il est certain que les
ingénieurs doivent se soumettre à la loi, et si la loi dit qu'il
faut que les bâtiments soient conformes à ces
règlements-ci, il va falloir qu'ils le fassent.
M. Bérubé: L'argument que l'on me donne, c'est que
l'avantage de l'avoir avant, c'est qu'une fois que les murs sont construits,
ça coûte cher pour les démolir. En d'autres termes,
l'avantage de l'avoir avant plutôt qu'après, c'est une certaine
garantie que les travaux correctifs pourraient être moins coûteux.
C'est le seul argument que je puisse vous trouver.
M. Ciaccia: M. le ministre, les règlements peuvent
affecter les différents travaux de la bâtisse, ça peut
être l'isolation, ce n'est pas seulement la fondation, ce n'est pas
seulement au fur et à mesure; les règlements, c'est global.
Alors, ça peut vouloir dire qu'il va falloir qu'ils vous fournissent
tous les plans et devis de la bâtisse avant de commencer les travaux. Les
règlements peuvent être pour différents aspects de la
bâtisse, ça peut toucher l'isolation, ça peut toucher les
fenêtres, ça peut toucher la ventilation, ça peut toucher
tous les règlements; alors, ils peuvent toucher différents
aspects des plans et devis. Même si vous avez votre amendement, ça
voudra dire...
M. Bérubé: Je ne propose pas d'amendement, parce
que, à mon avis, ça n'éclaire pas.
M. Ciaccia: Non, ça ne répond pas vraiment à
l'objection qu'on a.
M. Bérubé: Non, il n'éclaire pas.
M. Ciaccia: Je pense bien qu'on n'a pas de différence
d'opinion. (Minuit)
M. Fortier: Moi, je proposerais un amendement, si le ministre
veut y penser. Ce serait de mettre un point après "la présente
loi". "Lorsqu'une personne retient les services d'un architecte ou d'un
ingénieur en vue de la construction d'un bâtiment, l'architecte ou
l'ingénieur doit préparer les plans et devis de ce bâtiment
conformément aux règlements adoptés en vertu de la
présente loi". Cela vient de finir.
M Samson: Pensez-y et vous nous donnerez la réponse
demain.
M. Ciaccia: Cela faciliterait l'application de la loi.
Le Président (M. Bordeleau): II est maintenant minuit.
Selon son mandat, la commission doit suspendre ses travaux.
Maintenant, nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 24 h 02)
M. Bérubé: Je serais d'accord pour enlever le
premier alinéa: "avant le début des travaux..." et qu'on se
contente, de fournir une attestation, quand même, après les
travaux.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, un instant,
s'il vous plaît. Je voudrais seulement clarifier quelque chose,
étant donné que nous sommes hors mandat. Nous pouvons continuer
pour quelques minutes si nous avons le consentement; sinon, nous sommes
obligés d'ajourner jusqu'à demain.
M. Fortier: Pouvons-nous finir cet article?
Le Président (M. Bordeleau): Si j'ai le consentement des
membres de la commission.
M. Samson: Même avec le consentement, nous avons un ordre
de la Chambre de finir à minuit, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): La commission demeure
toujours maîtresse de ses travaux. Avec le consentement des membres, nous
pourrions continuer légalement. Maintenant, si vous pensez que nous
pouvons terminer l'article 9 dans les quelques secondes qui suivent, et si j'ai
le consentement... Cela me prend le consentement. Est-ce que je l'ai?
M. Ciaccia: Je pense que nous serions mieux de continuer demain
matin.
M. Fortier: D'attendre à demain matin.
M. Bérubé: Je serais prêt à
considérer l'élimination de l'alinéa 1 de l'article 9.
M. Ciaccia: C'est un début.
M. Bérubé: Pour l'alinéa 2, je pense qu'il
est important d'avoir une attestation de l'exécution.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, vous pourrez
peut-être nous suggérer un amendement demain ou à la
prochaine séance.
La commission suspend ses travaux.
M. Bérubé: Pour tout ce qui s'appelle
"allégement", je suis d'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Avant de terminer, j'aimerais
faire une correction sur le projet de loi no 1 que nous avons adopté
tantôt. J'ai dit qu'on ajournait les travaux, alors que j'aurais dû
dire qu'on suspendait les travaux sur le projet de loi no 1. On les suspendait,
parce qu'on recommençait en vertu du même mandat.