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(Vingt heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît?
La commission parlementaire de l'énergie et des ressources
reprend donc ses travaux interrompus hier.
Les membres de la commission pour la séance de ce soir sont: M.
Bérubé (Matane), M. Biron (Lotbinière)...
Une voix: II n'est pas là.
Le Président (M. Bordeleau): ... non, mais il peut
être là plus tard, par exemple; je le garde comme membre, parce
qu'il m'a dit qu'il viendrait ici tantôt; il siège à une
autre commission - M. Bordeleau (Abitibi-Est) remplacé par M. Marquis
(Matapédia), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Desbiens (Dubuc), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Fortier (Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M.
Perron (Duplessis) remplacé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean) et M.
Tremblay (Gouin).
Les intervenants sont: M. Brochu (Richmond), M. Dussault
(Châteauguay), M. Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Mercier (Berthier), M. Michaud (Laprairie),
M. Rancourt (Saint-François) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Bélanger: M. Giasson est remplacé par M.
Bélanger (Mégantic-Compton).
Le Président (M. Bordeleau): M. Giasson
(Montmagny-L'Islet) est remplacé par M. Bélanger
(Mégantic-Compton).
Une voix: "Mégantic-Compétone".
Le Président (M. Bordeleau): "Competent",
compétent, Compton.
Cela me prendrait, à ce moment-ci, une suggestion pour un
rapporteur de la commission, étant donné que je prétends
que le député de Duplessis ne sera pas ici pour remettre le
rapport demain.
M. Brassard: Le député de Dubuc.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Dubuc. De toute façon, ce sont des rapports indépendants. On peut
prendre un nouveau rapporteur à chaque projet de loi.
M. Samson: Ce sont des rapporteurs indépendants.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Une voix: Ah
oui!
Le Président (M. Bordeleau): II s'agit de vous entendre.
Ne vous chicanez pas.
M. Grégoire: Non, pas moi, je suis déjà
adjoint, je ne le peux pas. On va nommer le député de Dubuc.
Une voix: Non, vous le pouvez.
M. Grégoire: Non, je ne le peux pas comme adjoint.
Une voix: ...
M. Grégoire: Le député de
Lac-Saint-Jean.
Une voix: Non, il ne peut pas non plus.
M. Grégoire: On va nommer le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Pour SOQUIP, pas du tout.
M. Grégoire: Comme adjoint, je ne le peux pas.
M. Samson: S'il m'avait offert SOQUEM au moins.
Le Président (M. Bordeleau): Mais oui, vous pouvez.
M. Samsom: II n'y a personne qui soit intéressé
à rapporter de mauvaises nouvelles.
Le Président (M. Bordeleau): N'importe quel membre de la
commission peut être rapporteur.
M. Grégoire: Vous, vous ne serez pas là demain.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, cela va, M. le
député de Frontenac?
M. Grégoire: Qui a été nommé
rapporteur de la commission?
Une voix: C'est qui?
Le Président (M. Bordeleau): C'est M. Perron (Duplessis),
mais je sais qu'il prend son avion ce soir et qu'il ne sera pas là
demain.
Une voix: II est adjoint, lui, et il va arriver juste pour
l'heure.
Une voix: Le député de Frontenac...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac accepte. Adopté. Ce n'est pas adopté, mais...
M. Samson: Avec enthousiasme.
Le Président (M. Bordeleau):
Unanimement, ce sera le député de Frontenac qui sera le
rapporteur officiel. M. Grégoire (Frontenac).
M. Bérubé: Félicitations, M. le
député de Frontenac, pour votre récente nomination.
M. Grégoire: Tiens, je suis rapporteur.
Le Président (M. Bordeleau): C'est un gros travail.
J'espère que vous aurez le temps, cette nuit, de préparer votre
rapport.
M. Bélanger: Je ne vous enverrai pas de lettre de
félicitations, je vous félicite tout de suite.
Le Président (M. Bordeleau): À la suite d'une
entente tacite ou verbale avant le début de la séance, on aurait
décidé de commencer dès maintenant avec les projets de loi
nos - on est mieux de les prendre dans l'ordre - 2 et 6. On pourrait commencer
dès maintenant par 2, passer 6 et on reviendra à 9 qu'on avait
déjà commencé hier soir, mais on s'arrangera au niveau des
écritures.
M. Samson: 2, 6 et 9. Consentement unanime, M. le
Président.
Projet de loi no 2
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle donc le projet de
loi no 2, Loi modifiant la Loi sur la Société
québécoise d'initiatives pétrolières.
À moins qu'on m'indique qu'il y a des commentaires
préliminaires, j'appellerais immédiatement l'article 1.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Bordeleau): Avant de procéder
à l'article 1?
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Les amendements que le ministre propose sont-ils
déposés officiellement?
M. Bérubé: J'ai remis tantôt un ensemble de
copies.
Une voix: Oui, mais je n'en ai pas assez.
M. Bérubé: Vous n'en avez pas assez.
Le Président (M. Bordeleau): Sur le projet de loi no
2?
Une voix: Oui.
M. Bérubé: Puisque nous les avons... M. le
Président, à la suite de plusieurs discussions que nous avons
eues avec l'Opposition, nous avons modifié certains articles de la loi
pour en arriver à une entente de manière à tenir compte de
certaines observations de l'Opposition, qui s'était prononcée sur
le fond d'un certain nombre d'aspects de la loi. Elle avait donné son
accord, mais par contre elle avait dénoncé certaines
possibilités que la loi telle que rédigée pouvait avoir.
En particulier, on peut faire référence au problème du
rôle de courtage que SOQUIP se voyait confier pour assurer
l'approvisionnement des nos raffineries au Québec qui aurait pu, telle
que rédigé, permettre à la société de
s'engager dans la distribution et l'achat de pompes â essence et
distribuer l'essence directement. Ce n'était pas l'intention du
gouvernement, ce n'est d'ailleurs pas le mémoire approuvé par le
Conseil des ministres qui a donné naissance à cette loi. Je pense
qu'effectivement la remarque de l'Opposition va dans le sens de la position
gouvernementale. On a essayé de trouver une formule qui permettrait de
répondre à cette intention.
Le deuxième aspect porte sur le financement de la
société, où l'Opposition aurait
préféré trois années plutôt que cinq; elle
aurait préféré un plan triennal plutôt qu'un plan
quinquennal. Pour autant que la survie de la société est
concernée, je pense que cela ne pose pas véritablement de
problème puisqu'en général il est assez rare qu'on
s'engage pour beaucoup plus de trois ans dans des programmes d'exploration.
Donc, cela ne nuit pas; personnellement, je trouve que cela complique un peu
l'existence de la société, mais cela ne nuit pas
fondamentalement. Compte tenu de la très bonne volonté de
l'Opposition de s'assurer que le projet de loi puisse effectivement aller de
l'avant, d'une part, et que, d'autre
part, on ne soit pas amené à fermer SOQUIP, ce qui aurait
été le cas si on n'adoptait pas ce projet de loi, je pense que,
dans ces conditions, ce sont des consensus qui m'apparaissent tout à
fait acceptables. Les amendements que nous avons portent sur les articles 1, 2,
4 et 8, où cette fois-ci nous reprenons l'article de la loi de SOQUEM
qui avait fait l'objet d'une longue discussion, mais qui finalement avait
été adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): C'est une remarque
préliminaire, M. le député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Oui. M. le Président, en effet, nous avions
exprimé certaines craintes et certaines préoccupations quant
à la rédaction du projet de loi tel que présenté
par le gouvernement. Nous avions exprimé les problèmes que nous
voyions dans ce projet de loi durant la deuxième lecture. Il me semble
que les amendements qui sont apportés par le gouvernement
répondent en grande partie aux problèmes que nous avions
soulevés. Nous ne sommes pas intéressés à fermer ou
empêcher SOQUIP de fonctionner et de poursuivre le mandat qu'elle a
présentement d'après les nouveaux amendements. Nous avions
exprimé certaines préoccupations quant au mandat qui avait
été confié à SOQUIP par le projet de loi qui avait
été présenté par le gouvernement. Nous remarquons
que ce mandat a été maintenant restreint. Ce n'était pas
dans notre intention de ne pas donner à SOQUIP le pouvoir de
négocier et conclure des contrats pour l'achat ou la revente
d'hydrocarbures. C'est un pouvoir que SOQUIP n'avait pas et, logiquement, ce
devrait être un mandat ou un objectif qu'elle pourrait poursuivre, compte
tenu des situations d'urgence qui pourraient arriver. C'est vrai qu'on ne
voulait pas donner un genre de mandat complètement ouvert, qui pourrait
permettre à SOQUIP de faire n'importe quoi sans que le gouvernement lui
présente des projets spécifiques. Nous avions aussi certaines
réserves quant au montant de capitalisation demandé par le
gouvernement. On croyait que $120,000,000 était un montant qui devait
être justifié; on voit maintenant que cela a été
réduit. Je crois que ces amendements répondent aux objections que
nous avions soulevées; nous sommes prêts à procéder
article par article et à nous assurer que le projet de loi sera
adopté ici, en commission. Nous allons donner notre consentement,
demain, afin qu'il soit présenté pour adoption en
troisième lecture.
Le Président (M. Desbiens): Nous procédons
maintenant à l'étude article par article du projet de loi no 2.
Article 1. Il y a d'abord une motion d'amendement par M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Bérubé: Dans l'article 1, il y a l'alinéa
c) qui se lisait: "de négocier et conclure des contrats ou ententes pour
l'achat d'hydrocarbures bruts ou raffinés, liquides ou gazeux, et
d'importer, de transporter, de faire raffiner, de commercialiser ou de vendre
des hydrocarbures".
Pour mieux cerner le mandat que nous avons à l'esprit ici, il
s'agit essentiellement de jouer un rôle de courtier, c'est-à-dire
d'acheter des hydrocarbures - essentiellement du pétrole, mais ce
pourrait être du distillat, pourrait être des fractions diverses -
et de revendre à des raffineries ou, quand il s'agit d'un distillat, de
revendre, par exemple, à des distributeurs, qui pourraient être
des distributeurs du type de Pebec. Donc, une façon d'y arriver consiste
à regrouper achat et revente de la façon suivante.
L'alinéa c) se lirait maintenant: "de négocier et conclure
des contrats ou ententes pour l'achat et la revente d'hydrocarbures bruts et
raffinés, liquides ou gazeux, d'importer et de faire raffiner les
hydrocarbures". La notion de faire raffiner est essentiellement... Il ne s'agit
pas pour SOQUIP de raffiner elle-même, c'était d'ailleurs dans
l'alinéa initial. Il s'agit donc de le passer à quelqu'un d'autre
de manière à approvisionner nos raffineries.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Oui, M. le Président, je voudrais seulement
faire remarquer que, quand nous avons parlé de restreindre cet article,
ce n'était pas parce que nous sommes nécessairement contre
l'idée que SOQUIP puisse éventuellement être
impliquée dans d'autres projets de raffinerie ou de distribution, mais
nous voulions que, si SOQUIP devait le faire, elle doive d'abord retourner
à l'Assemblée nationale. Nous ne voulions pas donner un mandat
complètement ouvert à ce moment-ci. La rédaction actuelle
de l'amendement va permettre à SOQUIP de poursuivre cet objectif qui, je
crois, est nécessaire dans les circonstances actuelles, soit de pouvoir
agir comme courtier. Nous sommes pour cet amendement.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement à
l'article 1 est adopté. Est-ce que l'article 1 sera adopté? M. le
député d'Outremont. (20 h 30)
M. Fortier: J'ai juste un commentaire. À l'article 1,
à la fin, on dit: "Dans la réalisation de ses objets, la
société doit avoir un objectif de rentabilité". À
la lecture des documents que le ministre nous a remis, on constate que ces
objectifs ne sont pas
définis. Nous allons approuver l'article tel quel, mais il reste
qu'il y a encore du travail à faire pour que cet article soit
réellement opérant. Il y a une nette distinction entre demander
à SOQUIP de faire de l'exploration à fonds perdus, pour ainsi
dire, et de rentabiliser sa prospection comme si... La demande prioritaire que
le ministre fait à SOQUIP, c'est de trouver du pétrole; à
ce moment elle va investir moins dans le gaz, mais ça pourrait
être plus avantageux financièrement d'investir dans la recherche
gazière dans l'Ouest canadien.
C'était juste un commentaire, M. le Président, dans le
sens de tenter... Le ministre devrait tenter de définir cet objectif,
autrement ça va rester lettre morte dans la loi, mais nous sommes
d'accord pour faire en sorte que cet objectif soit défini
éventuellement.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bérubé: Je suis absolument d'accord avec vous,
M. le député d'Outremont, dans la mesure où le pouvoir de
directive va nous permettre, si la société ne s'établit
pas elle-même des critères de rentabilité, comme ça
devrait être le cas, d'en imposer à la société. Je
ne crois pas d'ailleurs que ce soit nécessaire. L'impression que j'ai
c'est que la société, compte tenu de cet article, va s'asseoir et
réfléchir à l'objectif de rentabilité. J'ajouterai
seulement une chose, c'est que probablement le critère de
rentabilité, dans le cas de SOQUIP, sera différent du
critère de rentabilité dans le cas de SOQUEM, étant
donné qu'on est pas mal plus dans ce qu'on appelle le "grass root
exploration". Effectivement, l'expectative de profit immédiat n'y est
pas, mais cependant il reste qu'on doit établir des critères de
rentabilité entre plusieurs décisions d'exploration et je pense
qu'on peut exiger que si la société fait de l'exploration au
Québec, elle aille dans les endroits les plus rentables. Je pense qu'il
va falloir s'imposer de respecter l'article de loi; on s'impose, nous, cette
obligation justement parce qu'on pense que le gouvernement va devoir
peut-être abandonner ces grands inventaires qui, parfois,
n'étaient pas toujours motivés par une expectative de
découverte.
M. Ciaccia: C'est l'affirmation d'une bonne intention que, dans
la pratique actuelle, les activités que SOQUIP va poursuivre, parce
que... Si on continue de faire de l'exploration au Québec, ce peut
être, à long terme, un objectif de rentabilité, mais je ne
crois pas que, l'année prochaine, les états financiers de SOQUIP
-à moins que quelque chose ne se produise...
M. Bérubé: Tout d'un coup!
M. Ciaccia: ... montrent une rentabilité, des profits.
M. Fortier: Juste un dernier commentaire, si vous le permettez,
M. le Président. Bien sûr, je ne sais pas si on va trouver
prochainement un nouveau président à SOQUIP, mais si
j'étais le nouveau président de SOQUIP, justement cet article
serait pour moi une base de négociation, parce qu'un nouveau
président voudrait savoir un peu d'avance quelles seraient les
intentions véritables et de la société et du ministre ou
du gouvernement sur ce point.
Ceci dit, je suis d'accord avec le ministre qu'il y a bien des
façons de définir "rentabilité"; alors, on va le laisser
aller comme tel.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 1, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 1, adopté avec
amendement. Article 2. M. le ministre, il y a également un amendement,
si vous voulez le lire.
M. Bérubé: Essentiellement, ce que nous avons fait
c'est garder des versements statutaires pour 1981, 1982 et 1983, modifier ces
versements statutaires pour les porter de $14,300,000 à $15,000,000,
$15,000,000 et $20,000,000, pour avoir des chiffres ronds et également
modifier, à l'article 9.2, l'enveloppe de $32,000,000, qui était
prévue, et essentiellement couper la poire en deux.
La somme de ces opérations, coupant dans les années 1984
et 1985, où l'on prévoyait des versements en capital-actions de
$20,000,000, et la coupure apportée au montant de $32,000,000 font en
sorte que l'article 4 doit maintenant se lire différemment: "Le fonds
social autorisé de la société est de $165,000,000. Il est
divisé en 3,300,000 actions d'une valeur minimale de $50 chacune", par
opposition au nombre d'actions qui était de 4,400,000
antérieurement, pour une valeur du fonds social de $220,000,000.
Le Président (M. Desbiens): C'était "une valeur
nominale"; là, c'est "minimale". C'est cela?
M. Ciaccia: Une valeur minimale?
M. Bérubé: C'est une erreur, ça devrait
être "une valeur nominale".
Le Président (M. Desbiens): Dans l'amendement, au dernier
paragraphe, "une valeur nominale".
M. Ciaccia: M. le Président, nous
sommes d'accord sur cet amendement. Je pense que, premièrement,
les contribuables vont être très heureux de savoir qu'on leur a
économisé, pour le moment, $55,000,000. et je pense que cela va
faire grand plaisir au ministre des Finances. Cela va être $55,000,000 de
moins qu'il va être obligé d'essayer de trouver dans les fonds.
Nous sommes d'accord avec cet amendement à l'article 4.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement à
l'article 2 est-il adopté? Adopté. Est-ce que l'article 2 tel
qu'amendé est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 2, adopté avec
amendement. Est-ce que l'article 3 est adopté?
M. Bérubé: Nous sommes à l'article 3, il n'y
a pas de problème.
Le Président (M. Desbiens): L'article 3 est adopté.
Article 4?
M. Bérubé: Modifié par l'addition... M.
Lalonde: II y a un amendement.
M. Bérubé: À l'article 4, il y a un
amendement important.
Le Président (M. Desbiens): L'article est modifié
complètement.
M. Bérubé: M. le Président, nous avons
pensé réécrire l'article plutôt que d'essayer
d'amender les articles tel qu'écrits. Je sais qu'il faut l'accord de
l'Opposition pour une telle procédure puisque normalement nous ne
pouvons ici qu'amender des articles et il n'est pas dans nos habitudes
parlementaires de présenter de nouveaux articles complètement
refondus. Toutefois, plutôt que de se compliquer l'existence avec des
amendements assez complexes pour faire tous les changements, je proposerais, si
l'Opposition est d'accord, de réécrire purement et simplement
l'article 4. Il s'écrirait ainsi: "Cette loi est modifiée par
l'addition, après l'article 9, des articles suivants: "9.1 À la
demande de la société, que cette dernière établit
en fonction des sommes requises pour fins de ses investissements, le ministre
des Finances paiera à la société, sur le fonds
consolidé du revenu, une somme de $50,000,000 pour 1,000,000 d'actions
entièrement acquittées de son capital social, selon les
modalités suivantes: "a) au cours de l'année 1981, jusqu'à
concurrence d'une somme de $15,000,000 pour un nombre équivalent
d'actions entièrement acquittées de son capital social; "b) au
cours de l'année 1982, jusqu'à concurrence d'une somme de
$15,000,000 pour un nombre équivalent d'actions entièrement
acquittées de son capital social; "c) au cours de l'année 1983,
jusqu'à concurrence d'une somme de $20,000,000 pour un nombre
équivalent d'actions entièrement acquittées de son capital
social. "Cependant, si la société demande au cours d'une des
années ci-dessus mentionnées une somme inférieure à
la somme maximale prévue pour cette même année, la
différence entre ces deux sommes pourra faire l'objet d'une demande
ultérieure de la société. Suite à cette demande, le
ministre des Finances paiera à la société, sur le fonds
consolidé du revenu, nonobstant les montants maxima annuels
prévus au paragraphe précédent, la somme demandée
pour un nombre équivalent d'actions entièrement acquittées
de son capital social".
Je m'arrête uniquement quelques instants, M. le Président,
pour souligner l'importance du dernier alinéa.
Effectivement, c'est l'une des critiques que le ministre des Finances a
eues à l'égard de certaines lois antérieures,
particulièrement la Loi de la SDBJ, en vertu de laquelle le gouvernement
s'est engagé à verser un certain nombre de millions par
année pendant dix ans, ce qui a permis à la société
non pas d'investir, mais de placer les sommes dans des banques ou dans des
dépôts à terme et de vivre agréablement et
peut-être confortablement à même les revenus
d'intérêts générés par ces sommes.
Le ministre des Finances trouve que ces sommes seraient tout aussi
confortables dans son propre trésor, ce qui minimiserait les emprunts
qu'il aurait à faire. Par conséquent, il était d'accord
avec le principe que nous nous engagions à verser les montants, mais, en
même temps, que la société ne puisse profiter de cet
engagement pour thésauriser. Effectivement, l'article est ainsi
écrit que le ministre des Finances verse lorsque la
société a effectivement dépensé et, si la
société n'a pu dépenser les montants en question, à
ce moment, la somme non dépensée est reportée à la
capitalisation de l'année suivante ou des années
ultérieures. Ceci permet au ministre des Finances, de conserver les
fonds jusqu'à ce qu'ils soient effectivement requis.
C'est donc l'esprit de cet article. On a eu un peu de difficulté
à le rédiger de façon qu'il permette d'atteindre
l'objectif visé, mais je pense que c'est important pour une
société d'exploration, d'autant plus important que la
volonté du gouvernement est d'imposer par une directive à la
société SOQUIP que cette exploration faite hors Québec
soit assujettie à des clauses garantissant une certaine
sécurité
d'approvisionnement en pétrole, donc des volumes pour nos
raffineries. Ceci va évidemment compliquer la tâche de la
société. Il n'est pas évident qu'elle pourra toujours
trouver preneur pour ses propositions d'affaires et, par conséquent,
elle pourra se retrouver avec des fonds non dépensés. Mais, comme
nous voulons que SOQUIP sorte du Québec, mais à une condition,
que ça représente pour nous des approvisionnements en
pétrole, nous pensons qu'il est important d'introduire une clause de ce
type qui va être essentielle pour rendre opérationnelle une
directive du type de celles que nous avons l'intention de déposer
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Desbiens): Sur la première partie
du nouvel article 4, pas de remarque? Est-ce que ce serait adopté,
puisqu'on en a discuté de cette façon? Paragraphe 9.1,
adopté?
M. Ciaccia: Seulement une remarque, M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... à la suite des remarques du ministre.
Quand on parle de sécurité d'approvisionnement hors
Québec, premièrement, je voudrais faire remarquer au ministre
que, par suite de la vigilance de l'Opposition, on a réduit, pour le
moment, les sommes qui devaient être engagées dans SOQUIP. Je
crois que c'est important de le souligner.
Deuxièmement, quand on parle de sécurité
d'approvisionnement hors Québec, ça dépend où hors
Québec. Si vous allez faire de l'exploration au Labrador, a Terre-Neuve,
en Alberta, évidemment, il n'y a aura pas de problème de
sécurité d'approvisionnement, si votre exploration est
fructueuse. Mais si vous allez dans des pays que vous avez mentionnés,
je ne mentionnerai pas de nom, mais dans des pays...
M. Bérubé: On n'est pas d'accord.
M. Ciaccia: La question de sécurité
d'approvisionnement, écoutez, ça va dépendre du bon
vouloir du gouvernement de ces endroits. Vous pouvez vous trouver dans la
situation où vous vous engagez à dépenser des sommes pour
l'exploration avec une entente stipulant que vous allez avoir certaines
garanties de sécurité d'approvisionnement, à la suite de
découvertes, mais, après ça, les gouvernements, dans ces
endroits, ce ne sont pas les plus stables, politiquement. On l'a vu dans le
passé. Ils peuvent décider, une fois qu'ils ont découvert
des réserves, qu'ils seront maîtres chez eux et décider
où ces approvisionnements vont se vendre. Ce n'est pas
nécessairement une sécurité aussi complète que
celle que vous venez d'indiquer. C'est seulement une mise en garde. Je crois
bien que d'autres vous ont probablement fait les mêmes commentaires.
En somme, nous sommes d'accord sur l'amendement qui a été
négocié entre l'Opposition et le gouvernement.
Le Président (M. Desbiens): Paragraphe 9.1 de
l'article...
M. Bérubé: Je compléterai en trois mots le
point de vue du député de Mont-Royal. Il en va de même
d'ailleurs pour l'exploration au Canada. Par exemple, si, tel que les
prévisions nous sont fournies présentement, en 1983, l'Alberta ne
peut plus fournir de pétrole au Québec, l'exploration en Alberta
pourrait être moins sécuritaire pour nos approvisionnements au
Québec que de l'exploration au Labrador. Cela pourrait même jouer
à cet égard, en ce sens qu'on pourrait vouloir privilégier
l'exploration dans l'Est canadien plutôt que dans l'Ouest, du moins pour
le pétrole. Je ne parle pas du gaz, où la situation est
différente, mais du pétrole. C'est ce genre de
problématique que SOQUIP examine présentement.
M. Ciaccia: Pour ne pas laisser ces remarques sans commentaire,
pour ne pas laisser l'impression qu'on accepte le fait qu'en 1983, à peu
près, il n'y aura plus de pétrole de l'Ouest canadien, ça
dépend à quel organisme vous demandez l'information. Il y a
certains organismes de l'Ouest, de l'Alberta qui vont présenter certains
chiffres, parce que, écoutez, il y a un débat constitutionnel. Il
y a un genre de lutte entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement de l'Alberta. Alors, si vous consultez un certain organisme, il va
y en avoir jusqu'en 1990, du pétrole de l'Alberta pour le Québec;
si vous consultez d'autres organismes, ça va cesser en 1983. Je pense
que ces chiffres, c'est plutôt une question de négociation que de
vrais chiffres exacts, pour faire peur aux Québécois en leur
disant qu'on n'aura plus de pétrole canadien en 1983.
Je ne voudrais pas laisser cette impression. (20 h 45)
Le Président (M. Desbiens): L'alinéa 9.1 de
l'article 4 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
M. Bérubé: Adopté. L'alinéa
9.2...
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Si vous voulez
faire part de l'alinéa 9.2.
M. Bérubé: L'alinéa 9.2, M. le
Président, se lirait maintenant ainsi: " Le
ministre des Finances est autorisé à payer à la
société, sur le fonds consolidé du revenu, avec
l'approbation préalable du gouvernement et aux conditions qu'il
détermine, une somme de $15,000,000 - je pense qu'on avait dit
$16,000,000, mais ça n'a pas d'importance -pour 300,000 actions
entièrement acquittées de son capital social. "Ce paiement peut
être fait en un ou plusieurs versements en fonction des activités
de la société; s'il est fait en plusieurs versements, chacun
d'eux doit faire l'objet de l'approbation prévue au premier
alinéa. Le ministre des Finances est autorisé à
déterminer l'étalement de chacun des versements. "Tout
décret d'approbation du gouvernement est déposé à
l'Assemblée nationale."
Le Président (M. Desbiens): L'alinéa 9.2 de
l'article 4 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'alinéa 9.3, M. le
ministre. Je peux en faire la lecture pour le bénéfice du journal
des Débats.
M. Bérubé: Un instant, M. le Président.
L'alinéa 9.3: " La société délivre des certificats
d'actions au ministre des Finances en retour des paiements effectués en
vertu des articles 9.1 et 9.2." C'est le même alinéa
qu'antérieurement.
Le Président (M. Desbiens): L'article 9.3 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que le nouvel article 4
est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Bérubé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5.
M. Ciaccia: L'article 5...
M. Fortier: II est semblable à celui de...
M. Bérubé: Oui.
M. Ciaccia: C'est le même que dans le projet de loi no
1.
M. Bérubé: Même taille. Pour des raisons
d'uniformité, nous avons à nouveau un conseil qui peut aller de
sept à onze membres. La taille actuelle de SOQUIP ne justifierait pas,
dans mon esprit, un conseil d'administration supérieur à sept
membres, pour SOQUIP, présentement. Dans le cas de SOQUEM, j'aurais
plutôt visé neuf membres et, dans le cas de certaines grandes
sociétés, facilement onze. Essentiellement, selon la valeur des
actifs de la société, de son importance, il devient de plus en
plus critique d'avoir une expertise un peu généralisée.
C'est pour ça que nous avons maintenant un article assez uniforme qui
donne au gouvernement la marge de manoeuvre nécessaire, selon d'ailleurs
les besoins du moment.
Le Président (M. Desbiens): L'article 5... Vous avez
demandé la parole? Non? L'article 5 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 5 est adopté.
J'appelle l'article 6. Est-ce que l'article 6 est adopté?
M. Bérubé: Vous allez vite, M. le
Président.
M. Fortier: Est-ce qu'on n'aurait pas, M. le
Président...
M. Bérubé: M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce que je peux demander au ministre, lorsqu'on
parle de contrôle, si on ne devrait pas avoir le même amendement
que celui qu'on a eu pour SOQUEM?
M. Bérubé: Vous avez parfaitement raison, c'est un
oubli.
M. Fortier: À l'article 6.1 b).
M. Bérubé: Non, pour assurer le
contrôle...
Le Président (M. Desbiens): L'article 6.1 b)?
M. Bérubé: Sur la loi de SOQUEM. Si vous voulez
suspendre la séance pour 30 secondes, M. le Président, nous
allons vous donner l'amendement que nous avions adopté dans le cas de la
loi de SOQUEM.
Le Président (M. Desbiens): Je peux suspendre la
séance pendant quelques minutes pour permettre d'écrire le nouvel
amendement.
M. Bérubé: On peut suspendre l'article et
revenir...
M. Ciaccia: C'est ça, suspendre l'article et revenir,
ça va aller plus vite.
Le Président (M. Desbiens): On suspend l'article 6.
J'appelle l'article 7.
M. Ciaccia: L'article 7...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Dans la loi actuelle, à l'article 20, on a
supprimé l'obligation pour la compagnie de présenter un budget
prévisionnel pour les deux années à venir. Est-ce que le
ministre pourrait expliquer pourquoi cet aspect de la loi a été
amendé?
On parle du dépôt du rapport de SOQUIP et, dans la loi
actuelle, en plus du dépôt, on voit que celui-ci doit être
accompagné d'un budget prévisionnel pour les deux années
à venir. Vous pourriez éviter beaucoup de difficultés en
gardant cet aspect de la loi.
M. Bérubé: C'est une question de lourdeur aux
Finances, mais je veux structurer mon intervention pour que ce soit clair en
partant.
Non, ce n'est pas dans SOQUEM. Ah! je sais maintenant.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Bérubé: II y a deux raisons. C'est d'abord une
question de concordance avec la loi de SOQUEM. On a essayé de les
homogénésier.
Deuxièmement, le ministère des Finances, chose bizarre,
trouve que dans la mesure où on exige des plans de développement,
dans la mesure où on a, si on veut, augmenté le contrôle de
l'État sur les sociétés d'État, maintenir cette
clause antérieure ne faisait qu'ajouter, au fardeau administratif de la
société, l'obligation de préparer à nouveau des
budgets qui, de toute façon, existent déjà dans le plan de
développement que la société est obligée de
soumettre. Ce sont les deux raisons qui ont été invoquées
effectivement pour éliminer cet aspect de la loi.
M. Ciaccia: La différence dans ce que vous venez de dire,
c'est que c'est vrai que ces sociétés peuvent avoir un plan de
développement et qu'elles vont le soumettre au gouvernement, mais ce
plan de développement n'est pas nécessairement
déposé à l'Assemblée nationale, tandis qu'ici, le
rapport annuel déposé aurait inclus un budget prévisionnel
pour les deux années à venir. L'Assemblée nationale aurait
pu prendre connaissance du budget. Cela aurait été une
information importante, une information additionnelle. Le budget aurait
été rendu public, tandis que, maintenant, c'est le plan
quinquennal. Appelez cela comme vous le voulez, cela va seulement au
gouvernement. Nous ne le savons pas, l'Assemblée nationale ne le sait
pas, le public ne le sait pas. Cela forcerait un peu plus la divulgation
d'informations.
M. Bérubé: Oui, je suis d'accord avec vous. Je
pense que cela devrait faire l'objet cependant d'un débat de fond
impliquant toutes les sociétés d'État, à savoir si
on ne devrait pas imposer, par exemple, un dépôt à
l'Assemblée nationale de tous les plans de développement de
toutes les sociétés d'État. Je pense que c'est une
idée qui mériterait certainement d'être discutée. .
Ce que nous avons essayé de faire, c'est de ne pas avoir des lois de
socités d'État, l'une l'exigeant, l'autre ne l'exigeant pas, de
telle sorte qu'à un moment donné on ne sait plus trop trop.
M. Ciaccia: Je vais vous dire la raison. Cela aurait
évité beaucoup de problèmes pour nous si on avait eu cette
information, parce que là on dit: Justifiez-nous ce que vous demandez.
Si on avait eu ou si on continuait à avoir cette information, je pense
que cela rendrait... Je ne ferai pas un débat de fond là-dessus.
Je souligne l'importance ou la préférence de maintenir cette
obligation.
Le Président (M. Desbiens): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, de toute façon, je
pense que l'article 20, c'est le ministre qui l'a proposé. Je pense que
ce que le député de Mont-Royal demande, c'est peut-être
d'ajouter la préparation budgétaire pour deux ans, mais on est
d'accord sur ce qui est là dans l'article 20.
M. Ciaccia: On est d'accord, mais...
M. Fortier: II semblerait qu'il y a un manque de concordance avec
SOQUEM. Je ne sais pas s'il y a une raison particulière. C'est une
exigence que vous n'avez pas pour SOQUEM.
M. Ciaccia: Spécialement, vu la nature des
activités de SOQUIP, vous voulez faire de l'exploration. Là, le
mandat que vous avez, vous l'élargissez un peu. Il me semble que cela
aurait été dans l'intérêt de tous de maintenir cette
obligation, sans divulguer, parce que cela ne donne pas ce droit, de
l'information privilégiée.
M. Bérubé: La difficulté là-dedans
dont nous avons discuté à plusieurs reprises au ministère,
c'est la quantité d'information concernant la stratégie à
venir de la société qui doit être divulguée au
public. Il reste que ce sont des sociétés en concurrence les unes
avec les autres. C'est peut-être moins
le cas de SOQUIP présentement, mais, dans le cas de SOQUEM, c'est
particulièrement vrai. Doit-on divulguer une prévision de
dépenses de la société avec un plan de
développement suffisamment clair pour être utile? S'il s'agit
uniquement de chiffres agglomérés, importants, que l'on ne peut
pas subdiviser et dont on ne peut pas relier la valeur à des
investissements relativement précis, je pense bien que cela
n'intéresse pas grand-monde, y compris les membres de l'Opposition. Si
l'on veut un budget prévisionnel, si on veut un plan de
développement, c'est qu'on veut effectivement savoir où la
société va. L'inconvénient de ce plan de
développement - c'est la raison pour laquelle, par exemple, le ministre
de l'Industrie et du Commerce a discuté du plan de développement
avec les dirigeants de l'Opposition et c'est la raison, d'ailleurs, pour
laquelle il y a eu une rencontre pour l'étudier, et on a regardé
la même chose dans le cas du plan de développement de SOQUIP, bien
que dans le cas de SOQUIP, cela ne posera pas de problème
véritable - la difficulté, donc, qui se pose vient de ce qu'on se
trouve en même temps à divulguer, soit à des partenaires
éventuels, soit à des concurrents éventuels, les
intentions de la société. C'est toujours un peu
délicat.
Alors, on hésite. On dit: Si on exige le dépôt
à l'Assemblée nationale, la société va donc vouloir
retenir au maximum l'information, auquel cas le ministre va devoir lui demander
un autre rapport parallèle pour être capable d'avoir plus de
renseignements. Si, au contraire, on ne le divulgue pas, on a toute
l'information voulue, sauf que l'Opposition peut, à ce moment-là,
avec raison, dire: Nous ne sommes pas renseignés. L'impression que j'ai,
c'est qu'il faut peut-être en venir à une sorte d'entente à
l'amiable en vertu de laquelle les représentants des partis
défendant le dossier énergétique, par exemple, sont
amenés, avant les commissions parlementaires, à étudier
effectivement le plan de développement. Je pense que cela devrait se
faire sur une base assez régulière.
M. Ciaccia: Oui. Je suis d'accord, M. le Président, qu'il
y a peut-être d'autres moyens de résoudre le problème.
Peut-être que cela devrait être examiné à la
lumière des informations que toutes les sociétés
d'État devraient fournir sinon au public, au moins à une
commission parlementaire ou aux représentants des partis. On ne fera pas
plus de débat sur cet article. Je suis prêt à
l'adopter.
Le Président (M. Desbiens): L'article 7 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 7 est adopté.
Revient-on à l'article 6?
M. Bérubé: Oui, peut-être.
Le Président (M. Desbiens): Le nouvel article 6 se lirait
comme suit: à 1 b): "acquérir ou détenir des actions ou
des biens d'une entreprise dans une proportion supérieure à 50%."
C'est bien cela? On remplacerait les mots "suffisante pour lui en assurer le
contrôle" par "supérieure à 50%". L'amendement est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. L'article 6 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): À l'article 8, il y a
également un amendement.
M. Ciaccia: II a été déposé.
M. Bérubé: Oui. L'amendement sur le
vérificateur a été déposé, M. le
Président. C'est le même que l'amendement proposé pour
SOQUEM. "Les livres et comptes de la société sont
vérifiés chaque année et chaque fois que le
décrète le gouvernement par le Vérificateur
général ou par un vérificateur désigné par
le gouvernement. Le rapport du vérificateur doit accompagner le rapport
annuel de la société." M. le Président, est-ce que je
devrai donner la parole au député de Rouyn-Noranda?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voulais simplement...
M. Samson: Cela dépend si vous voulez finir cette semaine
ou la semaine prochaine.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: C'est ce que je voulais dire, moi aussi. À
moins que le président ne veuille accorder un droit de parole d'une
heure au député de Rouyn-Noranda, je pense qu'on a
déjà fait le débat sur cet aspect et je pense que nous
allons adopter l'acticle 8 sur division. (21 heures)
Le Président (M. Desbiens): Article 8.
M. Ciaccia: Excusez-moi, M. le Président. Tout ce que nous
avons dit sur le Vérificateur général demeure pour
SOQUIP.
L'intervention que le député de Rouyn-
Noranda a faite vendredi sur le projet de loi no 1 et les remarques
additionnelles qu'il a faites lundi sur le Vérificateur
général demeurent. Nous ne changeons pas de position.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, M. le
ministre!
M. Bérubé: Je demanderais également que l'on
reporte mes interventions sur la loi de SOQUEM à la discussion sur la
loi de SOQUIP, de telle façon que nous nous épargnerons beaucoup
de salive.
M. Ciaccia: Dans le but d'accélérer les travaux de
la commission.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement à
l'article 8...
M. Samson: On pourrait, en quelques brèves remarques,
reprendre le débat, si vous le voulez.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît:
L'amendement à l'article 8 est adopté sur division. En
conséquence, l'article 8 est également adopté sur
division.
Article 9, adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 9, adopté.
Article 10?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 10, adopté. Le
préambule est-il adopté?
M. Samson: Vous avez votre loi. Une voix: It is all yours!
Une voix: Adopté.
Le président (M. Desbiens): Adopté. Le projet de
loi...
M. Ciaccia: Un instant!
M. Samson: On n'adopte pas le préambule?
Le Président (M. Desbiens): On m'avait dit cela.
M. Bérubé: Le préambule n'est pas
adopté, M. le Président.
M. Ciaccia: Ce sont des notes explicatives que le ministre veut
donner.
Nous allons lui laisser ses notes explicatives.
Le Président (M. Desbiens): Le préambule, c'est Sa
Majesté...
M. Bérubé: C'est la référence
à Sa Majesté. Ce sera adopté, mais sur division.
Le Président (M. Desbiens): Le projet de loi no 2 est
adopté tel qu'amendé, avec réserve, sur division pour
certains articles?
M. Bérubé: Non, non, pas sur division, tel
qu'amendé.
M. Ciaccia: Non, pas sur division. Adopté, tel
qu'amendé.
Le Président (M. Desbiens): II est adopté tel
qu'amendé.
Je demanderais au rapporteur de faire rapport à
l'Assemblée nationale.
M. Samson: On retombe donc au projet de loi no 6.
Le Président (M. Desbiens): Je suspens les travaux de la
commission avant d'entreprendre l'étude du projet de loi no 6.
(Suspension de la séance à 21 h 02)
(Reprise de la séance à 21 h 18)
Projet de loi no 6
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre,
messieurs!
La commission parlementaire de l'énergie et des ressources se
réunit pour étudier maintenant le projet de loi no 6, Loi
modifiant la Loi sur le crédit forestier.
Je pense que les membres de la commission peuvent être les
mêmes. Il y a un député qui s'est joint à nous.
Est-ce qu'on peut le substituer à quelqu'un? Est-ce qu'il y a des
suggestions à ce niveau?
M. Samson: Pour l'étude du projet de loi no 6, on peut
substituer M. Giasson (Montmagny-L'Islet) à M. Bélanger
(Mégantic-Compton).
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. On revient à
l'original; on avait, comme intervenant, M. Giasson (Montmagny-L'Islet)
à la place de M. Bélanger (Mégantic-Compton). Pour le
reste, cela va.
À moins qu'il y ait des remarques préliminaires, est-ce
qu'on peut procéder immédiatement à l'article 1?
M. Giasson: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
député de Montmagny-L'Islet, vous avez des remarques
préliminaires générales?
M. Giasson: J'ai des remarques préliminaires.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Giasson: Lors du débat de deuxième lecture que
nous avions mené à l'Assemblée nationale, avant de
terminer mes propos, mes commentaires sur le débat de deuxième
lecture, j'avais posé des questions au ministre.
Ce dernier, dans sa réplique, avait répondu à un
certain nombre des questions que j'avais posées. Et à une des
questions -je crois que c'était la dernière que je lui avais
adressée - le ministre n'a pas répondu.
J'ai demandé au ministre s'il pouvait donner une assurance aux
députés de l'Assemblée nationale au sujet des personnes
qui ont fait des demandes de crédit forestier et qui ont reçu
l'indication ferme qu'ils remplissaient toutes les conditions posées
pour être admissibles à un prêt du service de crédit
forestier. J'ai demandé au ministre, au sujet de ces personnes qui ont
dû, par la force des choses, emprunter de l'argent des institutions
financières, que ce soit des banques, des caisses populaires ou
d'ailleurs, si ces gens pourraient profiter d'un taux d'intérêt
préférentiel tel qu'il va être accordé à
d'autres requérants de crédit, à partir du moment
où la loi sera en vigueur.
Autrement dit, les requérants qui ont placé une demande de
prêt à la fin de 1979, au début de 1980, qui ont eu une
information suivant laquelle leur demande était conforme aux normes et
aux critères habituels, mais qui n'ont pas reçu de chèque,
parce qu'on sait que les chèques ne pouvaient pas être remis tant
et aussi longtemps qu'un arrêté en conseil n'autorisait pas un
transfert de crédit à l'Office du crédit agricole pour le
service forestier, ces gens qui avaient pris des engagements fermes, soit pour
l'achat de terres à bois, d'érablières ou
d'équipements, soit pour des tubulures, des réservoirs, des
évaporateurs, etc., ont dû emprunter, par la force des choses,
pour honorer leurs créances. Est-ce que ces personnes vont profiter de
l'avantage que la loi accorde, habituellement, au crédit forestier, soit
la compensation de la différence du taux d'intérêt que ces
gens subissent? Je parle du taux d'intérêt depuis qu'ils ont
dû faire appel à du crédit venant des institutions
financières habituelles.
M. Bérubé: La réponse, c'est non.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Ils sont évidemment admissibles
à un prêt sur les mêmes bases que ce qu'ils auraient obtenu
comme prêt sous l'ancienne loi, parce que leur demande a
été soumise avant le 1er décembre. Mais votre question ne
porte pas là-dessus. S'ils ont dû, en attendant, contracter un
emprunt temporaire, peuvent-ils bénéficier, sur cet emprunt
temporaire, de la réduction du taux d'intérêt? À ce
moment-là, ce doit être non, parce que, effectivement, ils n'ont
pas, au sens de la loi, obtenu un prêt approuvé par la direction
de l'office. Ils ont tout au plus reçu une lettre expliquant que leur
demande avait été étudiée, analysée, qu'elle
avait reçu un avis favorable de la part des services d'analyse, des
services comptables, et que cet avis favorable était transmis à
la direction de l'office qui l'analyserait et déciderait, en dernier
recours, de verser ou non le prêt.
Donc, tant et aussi longtemps qu'il n'y a pas eu une décision
formelle du conseil d'administration, si je ne m'abuse, il n'y a pas eu de
prêt consenti en vertu de la loi et, par conséquent, la personne
ne peut être admissible à un rabais d'intérêt qui
serait applicable à un prêt qui ne serait pas consenti dans le
cadre de cette loi.
M. Giasson: Donc, ces gens seront pénalisés par
l'incapacité qu'a eue le ministre des Finances d'accorder les transferts
de crédit nécessaires à l'Office du crédit agricole
pour les besoins du service de crédit forestier. Pourquoi le ministre de
l'Énergie et des Ressources, à partir du moment où il
savait que le ministre des Finances n'avait plus l'intention d'accorder des
crédits en vue de prêts par le biais du service de crédit
forestier, ou d'accorder des crédits venant du fonds consolidé,
pourquoi le ministre de l'Énergie et des Ressources, dis-je, n'a-t-il
pas jugé de son devoir de déposer la loi qui fait l'objet de nos
débats beaucoup plus tôt, soit à partir du moment où
il savait que le ministre des Finances n'accorderait plus de transfert de ligne
de crédit venant du fonds consolidé du Québec?
M. Bérubé: Essentiellement, les objections qui
existaient à l'encontre du programme actuel ont fait l'objet de
discussions entre les ministres responsables du Conseil du trésor et de
l'Office de crédit qui est chargé de préparer les
amendements à la loi requis pour répondre à la demande du
ministre des Finances. Le ministre des Finances avait d'ailleurs, dans son
discours du budget - on s'en souviendra - indiqué qu'il entendait faire
en sorte que le crédit forestier modifie sa loi pour la rendre conforme
à celle du crédit agricole, de manière que,
désormais, les demandeurs de prêts fassent affaires directement
avec les institutions bancaires plutôt qu'avec l'office, lequel office
emprunterait du ministre des
Finances pour reprêter aux postulants.
Donc, la volonté gouvernementale était très claire
dès le discours du budget. La difficulté s'est située au
niveau du type de loi que l'on entendait soumettre à l'Assemblée
nationale. En effet, je pense que le député de Montmagny-L'Islet
a d'ailleurs fait écho à ces objections que l'on entend assez
fréquemment lorsqu'il a souligné qu'un grand nombre de
récipiendaires des prêts du crédit forestier ne sont pas
des agriculteurs, et même, ne sont pas des forestiers. Il y a donc eu une
réflexion d'entreprise à mon ministère avec les
autorités de l'office pour voir dans quelle mesure on ne pourrait pas
rebâtir le crédit forestier de manière, justement, à
faire taire ces nombreuses critiques.
M. Giasson: Venant de qui?
M. Bérubé: Venant de cultivateurs, par exemple, qui
se plaignent de voir des professionnels bénéficier du
crédit forestier et ayant l'impression que le crédit forestier
devrait répondre aux mêmes normes que celles en vigueur au
crédit agricole qui ne rendent admissibles au crédit agricole que
ceux qui obtiennent un pourcentage important de leurs revenus de l'agriculture
et qui sont reconnus producteurs agricoles alors que, dans le cas du
crédit forestier, il n'y a aucun critère d'appartenance à
une catégorie particulière pour l'obtention de ce crédit,
la seule condition étant en effet, une condition d'aménagement
des blocs forestiers pour lequel le crédit forestier a
prêté de l'argent.
Donc, le problème se situe au niveau de la sélection des
candidatures. Toutefois, il a fallu un certain temps, effectivement, pour
repenser le crédit forestier à nouveau. Là, je pense que
le changement de gouvernement n'a pas aidé parce que la philosophie qui
prévalait au moment de la rédaction du crédit forestier,
évidemment, s'est peut-être perdue avec les années et il a
fallu repenser littéralement le crédit forestier.
M. Giasson: Quelle était la philosophie au moment
où le crédit forestier a été créé?
(21 h 30)
M. Bérubé: D'après ce que j'en comprends
maintenant, à la suite des longues discussions que j'ai eues avec les
fonctionnaires de mon ministère, il s'agissait essentiellement d'inciter
les propriétaires d'un lot boisé détenant un prêt du
crédit forestier... non pas d'inciter, mais de forcer ces
propriétaires à mettre leur lot sous aménagement en
suivant un plan simple d'aménagement qui limite les volumes de bois
qu'ils peuvent couper sur leur lot, les forçant à couper
même lorsqu'ils ne le veulent pas, de manière à respecter
la possibilité forestière du lot, et, en plus, les obligeant
à du reboisement après coupe.
En d'autres termes, on peut considérer que le rabais
d'intérêts dont bénéficie le détenteur d'un
prêt du crédit forestier sert uniquement d'incitation à
l'aménagement. C'est une façon d'amener le propriétaire
à maintenir son lot sous aménagement. J'ai fait un petit calcul
simple, à l'Assemblée nationale, pour montrer comment,
effectivement, il peut être en apparence plus intéressant pour un
propriétaire de lot d'effectuer une coupe à blanc sur son lot et
de liquider le stock en une seule opération plutôt que d'exploiter
son lot sur une base de rendement soutenu. L'inconvénient,
évidemment, d'une telle approche, c'est que l'on sacrifie tous les
peuplements à maturité en peu d'années et qu'on se
retrouve avec une pénurie d'approvisionnement jusqu'à ce que la
forêt ait pu se renouveler, ce qui amène une activité
cyclique dans l'industrie forestière difficilement compatible avec une
industrie saine. Donc, une telle pratique est néfaste et c'est ce qui a
amené la plupart des pays européens - je pense, en particulier,
à la Suède - à édicter une loi d'aménagement
forestier qui, essentiellement, impose les mêmes contraintes à
tous les propriétaires forestiers en Suède que celles que l'on
impose aux détenteurs du crédit forestier.
Donc, le crédit forestier, dans ce que je comprends de sa
philosophie, ne vise pas à favoriser une classe sociale en particulier,
mais vise à inciter tout propriétaire de lot à mettre son
lot sous aménagement. Une façon d'y arriver consiste à
dire: Si vous devez emprunter pour acheter votre lot, nous allons vous
consentir un rabais d'intérêts conditionnel à ce que vous
mettiez votre lot sous aménagement. C'est ce qui explique pourquoi,
effectivement, parmi les détenteurs de prêts de l'office, on
constate qu'il y a une minorité d'agriculteurs et de forestiers et que
l'on retrouve des professionnels, des ingénieurs, des médecins.
Évidemment, à part les ingénieurs, qui m'apparaît
une classe tout à fait normale qui devrait bénéficier de
ces prêts à taux réduit, on pourrait s'objecter à
avoir des avocats, en particulier, enfin...
M. Giasson: Des industriels.
M. Bérubé: ...des industriels, par exemple. En
d'autres termes, je pense que c'était une question de philosophie. Donc,
il nous a fallu un certain temps pour, effectivement, réaligner le tir
et finalement convenir qu'il nous fallait, au contraire, déposer une
simple loi comme celle que nous avons déposée aujourd'hui
plutôt qu'une refonte plus en profondeur du crédit forestier qui
aurait visé à rapprocher le crédit forestier du
crédit agricole, du moins dans sa conception. Est-ce que ça
répond à votre question?
M. Giasson: Pas complètement. J'aimerais connaître
du ministre quelles sont les pénalités qui ont été
imposées à des propriétaires qui ont
bénéficié du crédit forestier, mais qui n'ont fait
aucun aménagement ni aucune coupe commerciale.
M. Bérubé: On me dit que ce sont des plans
quinquennaux et que, comme les premiers plans arriveront à
échéance en 1981, on ne peut donc pas encore préjuger du
comportement des détenteurs de prêts. En d'autres termes, ils
pourraient choisir la cinquième année pour couper tout le bois
qu'ils sont censés couper et, à ce moment-là, ils auraient
respecté le plan quinquennal.
M. Giasson: Puisqu'il s'agit d'une chose fort bien
structurée et prévue vu que c'était la philosophie ou
l'intention du législateur au moment de la création et puisque
nous savons d'ores et déjà que des bénéficiaires du
crédit forestier n'auront fait aucun aménagement d'ici cinq ans
et n'auront fait aucune coupe commerciale - ils n'auront pas pillé le
lot, ils auront respecté le rythme de la nature - quelles seront les
pénalités qui vont s'appliquer à ce moment-là?
M. Bérubé: Le ministre va changer de voix et, par
le biais de M. Moreau, du crédit forestier, il pourrait peut-être
répondre à des questions plus précises que vous voulez
peut-être lui adresser.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. Moreau, au nom
du ministre.
M. Giasson: Le ministre ne pourrait-il pas me répondre
personnellement?
M. Bérubé: Difficilement. Je ne vous cacherai pas
que le crédit forestier n'est certainement pas le secteur que j'ai suivi
de plus près, du moins dans son administration quotidienne. La
qualité de la direction de l'office me permet, en effet, de le regarder
d'un peu plus loin et de concentrer toute mon attention à la vigueur et
à la relance de l'industrie minière forestière, terrienne
et énergétique du Québec.
M. Samson: Ce n'est pas gentil pour les...
M. Giasson: Très bien, M. le Président. Nous allons
entendre le ministre par la voix de M. Moreau.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. Moreau au nom du
ministre.
M. Bérubé: II y a des cas, comme on vous l'a
mentionné tout à l'heure, où le plan est conçu pour
cinq ans. Il y a présentement des cas où on n'a pas
été obligé d'intervenir.
Mais, par contre, lorsqu'il y a eu des gestes de posés, notamment
lorsqu'on a dépassé des quotas de coupe, nous avons sévi
et, à ce moment, nous demandons une indemnité qui est
affectée au rabais de la somme prêtée. S'il y avait,
après avoir sévi une première fois, une récidive,
si je peux m'exprimer ainsi, nous pourrions même rappeler le prêt
complètement.
M. Giasson: M. Moreau...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Bérubé: M. le ministre.
M. Giasson: M. le ministre, combien de cas avez-vous eus
où vous avez dû appliquer une pénalité et rappeler
une partie du crédit?
M. Bérubé: Une dizaine de cas à ce jour.
M. Giasson: Vous avez dix cas? M. Bérubé:
Environ.
M. Giasson: Est-ce que ce fut un rappel complet du crédit
ou un rappel partiel?
M. Bérubé: Un rappel partiel, c'est une
indemnité. C'est qu'il faut concevoir que, lorsqu'il y a une coupe qui
dépasse le plan de gestion, à ce moment-là, la garantie
est diminuée d'autant. Ce que nous demandons, c'est une indemnité
qui compense pour la diminution de la garantie. Cet argent est placé en
fidéicommis, en rabais, éventuellement, du prêt.
M. Giasson: Dans les dix cas que vous mentionnez, s'agit-il de
prêts à des particuliers ou à des
sociétés?
M. Bérubé: Disons que dans la majorité des
cas, c'est à l'égard de particuliers. Il y a eu deux cas à
l'égard de sociétés.
M. Giasson: M. le ministre, vous savez fort bien que, dans cinq
ans, à l'échéance du plan quinquennal, il va se trouver un
grand nombre d'emprunteurs qui n'auront procédé à aucun
aménagement de la forêt et qui n'auront pas fait de coupe.
Autrement dit, ces gens-là n'auront touché d'aucune
manière à la forêt pour laquelle un crédit est
accepté. Quelles seront les pénalités imposées
à ces gens qui, sans abuser, sans faire aucune coupe, n'auront pas
respecté le plan?
M. Bérubé: À la rigueur, le plan de gestion
met en cause le rappel du prêt. Éventuellement, si nous voulions
être très
rigoureux, c'est bien sûr que nous pourrions aller jusqu'au rappel
du prêt.
M. Giasson: Est-ce que vous allez le faire?
M. Bérubé: Ce sera à voir. Il s'agirait
d'avoir les dossiers et de voir jusqu'à quel point le défaut
d'observance du plan, compte tenu des objectifs poursuivis pour ce lot, peut
mettre en cause ou compromettre le succès de l'exploitation rationnelle
qu'on vise et, si vous voulez, aller jusqu'au rappel du prêt. Il y a une
question d'équilibre qu'il faudra voir à ce moment-là.
M. Giasson: Mais est-ce que la garantie que vous détenez
au prêt consenti sera diminuée si...
M. Bérubé: Pas nécessairement à ce
moment-là.
M. Giasson: Ah bon!
M. Bérubé: Lorsqu'elle a diminué, c'est
automatique. Maintenant, ce que nous tentons de faire présentement,
c'est de changer le fardeau de la preuve d'une certaine façon, faire en
sorte que la subvention d'intérêt soit payable sur la preuve que
le plan de gestion a été respecté. En d'autres termes, au
lieu d'avoir un contrôle de notre côté et qui demanderait
beaucoup, d'administration, ce sera au récipiendaire de la subvention
à démontrer qu'effectivement le plan de gestion a
été observé. Alors, il y aurait plus de rigueur de ce
côté-là.
M. Giasson: Le plan de gestion qui est partie intégrante
du prêt que vous consentez, puisqu'il repose sur le principe qu'on doit
améliorer la forêt par une meilleure gestion. Par qui sont
préparés ces plans?
M. Bérubé: Par des ingénieurs forestiers
désignés par le ministre de l'Énergie et des Ressources.
Ils préparent ces plans de gestion en collaboration avec l'office et les
intéressés, les propriétaires de lots.
Le ministre ne fait aucun patronage, je peux vous en assurer.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Giasson: S'agit-il d'ingénieurs ou de techniciens qu'on
retrouve dans les régions?
M. Bérubé: Ce sont tous des ingénieurs
forestiers.
M. Giasson: Ce sont des ingénieurs. Il n'y a pas de
techniciens qui travaillent à la préparation des plans?
M. Bérubé: Le technicien va faire un travail
d'approche. Il va travailler, par exemple, sur la définition des
volumes, mais le plan est rédigé ou préparé par
l'ingénieur forestier.
M. Giasson: Le technicien peut faire le travail et faire signer
son document par l'ingénieur forestier du bureau?
M. Bérubé: Un travail d'approche.
Ce sont d'ailleurs des ingénieurs de l'office, mais non pas des
ingénieurs de la pratique privée.
M. Giasson: Vous êtes absolument certain de cela, M. le
ministre?
M. Bérubé: C'est ce qu'on vient de me dire.
M. Giasson: Ce ne sont pas les ingénieurs de votre
ministère qui vont évaluer sur le territoire?
M. Bérubé: Depuis tout récemment, l'office
fait plus de plans; antérieurement, ces plans étaient faits d'une
façon plus systématique par les ingénieurs du
ministère des Terres et Forêts ou subséquemment du
ministère de l'Énergie et des Ressources.
M. Giasson: M. le ministre, sur les demandes de prêts qui
vous ont été présentées avant le premier janvier
1980, qui ont été analysées et étudiées au
mérite et qui ont été jugées comme répondant
aux normes et critères que vous utilisez, combien en reste-t-il qui
n'ont pas eu une réponse positive, c'est-à-dire dans le sens que
le chèque n'avait pas été reçu sur le prêt
consenti par le crédit forestier?
M. Bérubé: Avant le premier janvier, les demandes
qui n'avaient pas été étudiées...
M. Giasson: Non, qui ont été étudiées
et jugées conformes aux critères que vous utilisez.
M. Bérubé: Et qui n'on pas encore reçu une
réponse?
M. Giasson: De chèque. Qui n'ont pas reçu le
chèque. La réponse, oui, beaucoup de monde l'a reçue.
M. Bérubé: II y en a 16 actuellement pour un
montant total de $255,828. Ce sont les demandes sur lesquelles l'office a
statué, qui ont obtenu un prêt qu'il reste à
débourser. Il y en a 16 seulement.
M. Giasson: Qu'il reste à débourser, au moment
où on se parle, sur des demandes placées en 1979?
M. Bérubé: Pas nécessairement. Il peut y en
avoir de 1980 et même d'antérieures sur les 16.
M. Giasson: Mais combien de 1979 et combien de 1980?
M. Bérubé: La majeure partie devrait être de
1979.
La majeure partie des 16 qui demeurent sont des prêts de 1980. Il
n'en reste plus de 1979 à moins que ce ne soit par
difficulté...
À son sourire, j'imagine qu'il doit y avoir un cas de 1979.
C'est très difficile parce qu'il y a un chevauchement d'un
exercice sur l'autre.
M. Giasson: À partir de l'arrêté en conseil
qui a été émis le 4 novembre dernier, est-ce que vous avez
pu au moins émettre les chèques pour couvrir toutes les demandes
acceptées? Je parle des demandes placées en 1979. Vous êtes
absolument certain qu'il est vrai que ces requérants ont reçu
leur chèque au moment où on se parle.
M. Bérubé: Ou ils vont le recevoir lorsque le
notaire instrumentant aura terminé l'étude pour nous permettre
d'avoir une première hypothèque en bonne et due forme.
M. Giasson: II peut exister encore des cas où vous
attendez l'acte professionnel du notaire? (21 h 45)
M. Bérubé: II y en a 16, mais on ne peut pas vous
dire actuellement si, parmi ces 16, il y en a quelques-unes qui sont des
demandes qui ont été reçues en 1979 ou en 1980. Il aurait
fallu les sortir, mais on ne les a pas actuellement. Il est possible qu'il y en
ait de 1979, mais ce n'est pas à cause de l'office si actuellement ces
dossiers ne sont pas encore complétés, c'est parce qu'il y a
peut-être eu des difficultés de titre et des choses comme cela,
c'est bien possible.
M. Giasson: Depuis le 1er janvier 1980, vous avez reçu
combien de demandes de prêt au crédit forestier?
M. Bérubé: 632 demandes.
M. Giasson: Sur les 632, parmi celles qui ont été
analysées et étudiées au mérite, combien en
avez-vous jugé admissibles?
M. Bérubé: Actuellement, nous pourrions parler de
216 demandes.
M. Giasson: Un nombre de 216 demandes seraient admissibles?
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: Que la demande provienne de producteurs agricoles, de
forestiers de profession ou de gens de toute autre profession?
M. Bérubé: Entendons-nous.
Virtuellement admissibles, il y en a plus que cela; si nous parlons des
cas qui ont été étudiés et qui sont en attente d'un
consentement, il s'agit de 216 dossiers; par contre, il y en a d'autres qui
sont en attente parce que nous n'avons pas le temps et les ressources
nécessaires pour les traiter dans un délai très
expéditif. On peut parler encore de 184 demandes qui sont en attente
d'être traitées en vue éventuellement d'un consentement et
d'un déboursement.
Vous avez celles qui ont été traitées, consenties
et déboursées; celles qui ont été traitées
et qui sont en attente d'un consentement et celles qui seront à traiter
incessamment, en attente d'un consentement et subséquemment d'un
déboursement.
M. Giasson: Parmi les demandes à traiter au
ministère, il y en a combien?
M. Bérubé: On les estime actuellement à
184.
M. Giasson: 216... M. Bérubé: Plus 184.
M. Giasson: ... sont présentement traitées et
admissibles. Vous attendez d'avoir de l'argent pour émettre les
chèques.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Giasson: 184 ont été examinées...
M. Bérubé: Non, elles sont en devenir, si vous
voulez, en ce sens qu'elles sont en attente d'être traitées.
M. Giasson: Et toutes les autres demandes, par rapport au chiffre
total que vous avez donné, sont des demandes automatiquement
éliminées. Vous avez fait allusion à environ 600 demandes
depuis le 1er janvier 1980; il s'agit de demandes entièrement
éliminées parce que ne répondant pas aux règles
établies.
M. Bérubé: Oui, c'est à peu près
cela, de 25% à 30%. Cela fait environ 400 sur 600; c'est à peu
près cela. Seulement depuis le 1er janvier, nous avons 161 demandes
annulées.
M. Giasson: Sur les 216 qui sont en attente d'argent, qui
attendent que le gouvernement mette de l'argent à la disposition de
l'office ou qui sont en attente parce que l'Office du crédit agricole
doit aller emprunter de l'argent sur les marchés
financiers, comme ce sera possible à partir des dispositions de
la loi qu'on discute, sur ces 216, combien y a-t-il de producteurs agricoles et
d'authentiques forestiers qui vivent principalement d'exploitation de la
forêt ou d'agriculture?
M. Bérubé: Je n'ai pas les chiffres pour ces 216
demandes. Si nous prenions la performance connue jusqu'ici,
l'expérience, nous pourrions avancer les chiffres de 20% ou 22% au total
qui sont des forestiers et des agriculteurs, au grand maximum.
M. Giasson: Dans la réponse que le ministre m'a
donnée tout à l'heure sur les modifications
décidées par le ministre des Finances de permettre au
crédit forestier de fonctionner exactement sur les mêmes bases que
celles de l'Office du crédit agricole, j'ai compris qu'à partir
de ce moment l'office n'avait pas besoin, à toutes fins utiles, d'aller
emprunter de l'argent sur les marchés financiers; il devait
étudier les demandes, inviter les requérants à se
présenter à une institution financière et à obtenir
leur crédit des institutions financières.
Est-ce que je dois comprendre qu'à partir de cette
réalité que vous avez énoncée, M. le ministre,
l'office n'aura plus besoin d'aller sur les marchés financiers pour se
procurer l'argent dont il aurait besoin, à défaut du ministre des
Finances de lui procurer des crédits, ou si l'office devra,
contrairement au crédit agricole, emprunter des sommes pour les
prêter directement aux requérants?
M. Bérubé: Non, ce qui est proposé dans la
loi est différent de ce que le député de Montmagny-L'Islet
suggère. Le crédit forestier va emprunter lui-même
auprès des institutions bancaires et reprêter aux individus.
M. Giasson: Donc, ce n'est pas une réplique du
fonctionnement de l'Office du crédit agricole, à la suite des
changements que nous avons apportés à la Loi sur le crédit
agricole.
M. Bérubé: C'est que l'Office du crédit
agricole, en vertu de sa loi organique - la Loi sur le crédit agricole -
a le pouvoir de le faire pour jouer son rôle supplétif en regard
de la loi favorisant le crédit à long terme par les institutions
privées.
Par contre, lorsque vous parlez de la dernière loi que je viens
de mentionner, il est bien sûr qu'il s'agit de la loi tandem, en ce sens
que c'est une collaboration entre l'office et les institutions privées.
Ce qui a été mentionné, à savoir que c'était
une réplique, c'est quand on vise la Loi sur le crédit
agricole.
M. Giasson: Mais ce n'est pas la réplique de la Loi sur le
crédit agricole depuis que nous avons instauré ce que vous
appelez le système tandem. À ce moment, ce n'est pas l'office qui
emprunte. Il étudie chaque dossier au mérite et, après
ça, il donne l'autorisation au requérant de se présenter
à une institution financière et d'emprunter directement. Vous
autres, vous négociez avec l'institution la remise du
différentiel entre le taux d'intérêt que doit payer le
requérant, par rapport à la politique d'aide, et le taux
d'intérêt que vous avez à l'office. C'est ça? Donc,
ce n'est pas la réplique.
M. Bérubé: C'est la réplique entendons-nous
bien - de plusieurs lois. La loi organique de l'office est la Loi sur le
crédit agricole et cette loi habilite l'office à aller emprunter
lui-même pour jouer son rôle supplétif sur le marché,
à l'instar de ce que nous avons comme projet ici. C'est acquis à
l'office, c'est un pouvoir qu'il a déjà, mais c'est un pouvoir
qu'il exerce d'une façon très limitée, étant
donné qu'il s'agit d'un rôle de suppléance ou de dernier
ressort.
Par contre, si vous parlez de la loi favorisant le crédit
agricole à long terme par les institutions privées, à ce
moment vous parlez d'une loi en vertu de laquelle l'office procède
à l'expertise, émet un certificat, sur la foi duquel certificat
les institutions privées peuvent consentir un prêt.
M. Giasson: Très bien, mais, M. le ministre, lorsqu'il
s'agit de demandes que vous recevez pour du crédit forestier aux fins
d'achat de terres à bois ou d'érablières, demandes qui
représentent un crédit à long terme - vous savez que la
Loi sur le crédit forestier permet une garantie sur une période
maximale de 60 ans - est-ce qu'à ce moment ce sont les institutions
financières qui prêtent directement au requérant ou si
c'est l'office comme tel, à même ses emprunts, qui doit consentir
le prêt?
M. Bérubé: Jusqu'ici, en vertu de la Loi sur le
crédit forestier, tous les prêts ont été consentis
par l'office.
M. Giasson: Par l'office et non pas par les institutions
financières?
M. Bérubé: Non. Maintenant, ajoutons que même
si, potentiellement, nous pourrions aller jusqu'à 60 ans, la moyenne des
prêts, actuellement, est de 22 ou 23 ans.
M. Giasson: II y a un autre volet qu'on retrouve dans les
prêts consentis par le crédit forestier. Pour les demandes de
prêts garantis par nantissement au lieu d'hypothèque, à
moyen terme par rapport aux prêts hypothécaires, est-ce que c'est
l'office
qui prête personnellement, à même l'argent qu'il se
procure, ou si ce sont les institutions financières?
M. Bérubé: Vous avez deux types de prêts
qu'on peut considérer à moyen terme.
M. Giasson: II y a celui de l'office et il y a celui des
institutions financières.
M. Bérubé: Exact, et l'office en fait très
peu, si peu que ce sont des cas d'exception. Ce sont en principe les
institutions financières, à moyen terme, qui les ont consentis,
à l'instar de ce que nous connaissons du côté agricole avec
la Loi favorisant l'amélioration des fermes. Il y a un autre
parallèle qu'on peut établir de ce côté
également.
Le long terme, on en a parlé relativement à la Loi sur le
crédit agricole et à la loi tandem, et le moyen terme, c'est
à l'instar de ce que nous faisons au niveau de la Loi favorisant
l'amélioration des fermes. C'est sensiblement le même processus,
en ce sens que le requérant se présente à une banque ou
à une caisse, fait sa demande et, si elle est acceptable, assortie des
plans de gestion, etc., il obtient son prêt.
M. Giasson: Très bien. Maintenant, sur les demandes de
crédit placées depuis le 1er janvier - on y a fait allusion il y
a quelques minutes - est-ce que la totalité de ces quelque 600 demandes
représente un crédit à long terme ou si ça comprend
également des crédits à moyen terme garantis par du
nantissement?
M. Bérubé: Les demandes auxquelles nous nous
référions il y a quelques instants ne concernent que du
crédit à long terme. Nous ne visons que les demandes
adressées à l'office dans le but d'obtenir un prêt de la
part de l'office. Les autres demandes, il n'en a pas été question
jusqu'à maintenant.,
M. Giasson: Combien avez-vous reçu de demandes qu'on
pourrait appeler communément des demandes garanties par nantissement,
soit des demandes de crédit consenti par l'office ou de crédit
consenti par les institutions financières?
M. Bérubé: On me dit qu'il y en a un peu plus de
250; 253, quelque chose comme cela.
M. Giasson: Est-ce qu'il s'agit surtout de demandes venant de
propriétaires d'érablières?
M. Bérubé: Pour l'année en cours, il y a 250
demandes qui ont été traitées, j'entends, par les
institutions prêteuses avec une intervention a posteriori de l'office,
pour $3,009,276.
M. Giasson: Donc, il s'agit de demandes qui ont eu une
réponse rapide et pour lesquelles les requérants ont obtenu
l'argent à des taux d'intérêt qui sont ceux prévus
à l'intérieur de la politique d'aide aux taux
d'intérêt du crédit agricole. Donc, ceux qui sont
pénalisés ne sont pas des gens qui ont demandé un
crédit forestier sur nantissement. Ceux qui vont être
pénalisés par des emprunts qu'ils ont dû effectuer sont des
gens qui devaient obtenir du crédit forestier sur du long terme avec une
garantie hypothécaire accordée sur les immeubles pour lesquels
ils obtiennent le crédit. Ceci signifie que le ministre de
l'Énergie et des Ressources, possiblement avec un manque de
collaboration de son collègue des Finances, est responsable de taux
d'intérêt très élevés que plusieurs
requérants du crédit forestier vont devoir payer pendant une
certaine période de l'année 1980 sans obtenir la compensation
qu'ont reçue les autres requérants qui ont obtenu leur
crédit de l'Office du crédit agricole avant 1980.
M. Bérubé: S'il vous plaît, je voudrais
préciser un point qui est très important. Je ne voudrais pas
laisser entendre qu'un bonhomme a le choix d'aller emprunter à l'office
ou à une institution prêteuse. Il n'a pas le choix parce que les
fins prévues à l'article 3 pour un prêt en provenance de
l'office sont différentes des fins - il n'y a pas de duplication, ni de
chevauchement -pour lesquelles on peut obtenir un prêt auprès
d'une banque et d'une caisse. Il ne peut pas y avoir un transfert ou les
prêts ne peuvent pas être refoulés du fait que l'office n'a
pas la même disponibilité à ce moment.
M. Giasson: Les prêts n'ont pas été
refoulés, mais les requérants qui avaient une demande très
valable répondant à toutes les règles habituelles
d'acceptation de crédit ont reçu la visite de personnes qui sont
allées observer, examiner leurs immeubles forestiers. Ils ont eu les
commentaires de ces personnes qui confirmaient que, selon leur connaissance des
dossiers sur lesquels elles avaient travaillé antérieurement, il
était très apparent qu'ils seraient admissibles. Mais comme le
ministre des Finances n'a pas mis à la disposition de l'Office du
crédit agricole les sommes requises, comme il l'avait fait tout au long
des années antérieures depuis l'existence du crédit
forestier, ces personnes vont être pénalisées par rapport
à d'autres personnes qui avant 1980 ont demandé des prêts
et les ont obtenus. Est-ce qu'au moins on est capable de reconnaître
cela?
M. Bérubé: Non.
M. Giasson: Vous ne reconnaissez pas cela.
M. Bérubé: Je ne reconnais aucune
culpabilité.
M. Giasson: Je ne vous parle pas de reconnaître une
culpabilité.
M. Bérubé: D'aucune sorte.
M. Giasson: Je vous demande de reconnaître un état
de fait.
M. Bérubé: État de fait, cependant, qui est
justifié.
M. Giasson: Justifié! Vous avez bien dit justifié?
(22 heures)
M. Bérubé: Oui. Lorsqu'au mois de mars le ministre
des Finances a annoncé dans le discours du budget les conditions de
fonctionnement du crédit forestier, il a exprimé là une
volonté gouvernementale. Le 2 avril...
M. Giasson: Dans quels termes? Pouvez-vous me citer les termes
précis du ministre des Finances?
M. Bérubé: Non, je n'ai pas les termes exacts du
ministre des Finances. Le 2 avril...
M. Giasson: M. le ministre, si vous permettez, son commentaire
fut très bref. Il a révélé à la Chambre,
à ce moment-là, qu'on ne ferait plus appel au fonds
consolidé du Québec pour avancer des lignes de crédit
à l'Office du crédit agricole aux fins des prêts
forestiers, mais qu'on modifierait le crédit forestier dans sa loi
constitutive pour lui permettre de procéder exactement de la même
façon que procédait le crédit agricole lorsqu'il
s'agissait de prêts agricoles. Relisez les propos de votre
collègue.
M. Bérubé: Oui, c'est ce que nous disons depuis le
début. Tantôt, ce que M. Moreau nous expliquait, c'est
qu'effectivement la loi qui est déposée ici permet au
crédit agricole de se financer à même les institutions
bancaires actuelles, tel qu'il peut le faire pour le crédit agricole,
mais comme ils ne pouvait pas le faire pour le crédit forestier, si je
comprends bien.
M. Giasson: Ce n'est pas exact, apportez une nuance.
M. Bérubé: D'accord, et non pas en vertu de la loi
tandem, je suis absolument d'accord.
Maintenant, le 2 avril 1980, le Conseil des ministres prenait la
décision de confier à l'Office du crédit agricole le soin
d'entreprendre des discussions avec les institutions financières
privées et plus particulièrement celles qui sont
déjà autorisées par la loi à consentir des
prêts dans le secteur du crédit agricole en vue d'obtenir leur
adhésion aux grandes lignes de l'installation d'un système
québécois de crédit forestier à long terme, etc.,
etc., donc, de mettre sur pied le système tandem dont vous parlez, avec
les institutions bancaires.
Le projet de loi étant cependant beaucoup plus important et donc
plus compliqué à préparer, les négociations avec
les banques étant également plus longues, c'est à ce
moment-là qu'il a été décidé - ce que je
vous ai expliqué tantôt - de ne pas procéder à une
refonte en profondeur de la Loi sur le crédit forestier, de
manière à minimiser les discussions, ce qui n'a pas l'air de se
produire ce soir, donc de ne pas modifier en profondeur la Loi sur le
crédit forestier, mais de faire une modification relativement
limitée, de manière à pouvoir financer le crédit
agricole à l'aide d'emprunts faits auprès des banques.
C'est ce projet de loi que nous déposons maintenant. Je
signalerais au député de Montmagny-L'Islet que, s'il s'en
souvient bien, lorsque nous avons à discuter du discours du budget, nous
avons une longue période de débats, nous avons l'approbation des
crédits, puis il reste une période pour la présentation de
projets de loi du gouvernement, qui est généralement toujours
très serrée, à quelque semestre que ce soit. De fait, il
n'était pas possible, à ce moment-là, compte tenu surtout
de nos règles sur le dépôt des projets de loi, qui doit
avoir lieu un mois avant la fin de la session, de procéder à
toute cette négociation avec les banques, ce qui a été
nécessaire dans le cas du crédit agricole, et de présenter
un projet de loi suffisamment tôt en juin dernier.
C'est pour cette raison que nous présentons à ce
semestre-ci, à cette partie de la session, un projet de loi de moindre
envergure, mais qui va permettre de réaliser en partie les objectifs du
ministre des Finances, sans pour autant - là-dessus, je suis d'accord
avec vous - en arriver encore avec le projet de loi tandem dont on parlait
tanôt. Mais soulignons que la décision du Conseil des ministres
est prise de préparer cette négociation, de faire cette
négociation avec les banques et de mettre sur pied un tel
système. D'ailleurs, au moment où nous avons pris la
décision de procéder à un projet de loi à
caractère plus limité, le Conseil des ministres a
réitéré sa volonté d'aller de l'avant avec un
projet de loi semblable à celui qui existe dans le cas du crédit
agricole.
M. Giasson: Donc, M. le Président, le
ministre de l'Énergie et des Ressources vient de nous dire que le
ministre des Finances, lors de la préparation de son discours sur le
budget, a décidé d'annoncer à la Chambre qu'il ne mettrait
plus à la disposition du crédit forestier les sommes habituelles
qu'il avait mises traditionnellement à sa disposition depuis l'existence
de ce crédit, mais qu'il allait faire en sorte que son collègue
de l'Énergie et des Ressources présente un projet de loi
permettant un système de fonctionnement identique à celui de
l'Office du crédit agricole pour les prêts à long terme
à l'agriculture. Le ministre des Finances a lancé cette
affirmation sans avoir examiné les possibilités d'appliquer au
crédit forestier ce qui était possible dans le crédit
agricole. C'est ça que vous venez nous dire. Il nous a lancé un
ballon par le discours sur le budget, sans avoir vérifié la
capacité des banques à accepter de consentir des prêts
à long terme, entre autres 60 ans, sur un bien immeuble qui n'a pas la
même valeur qu'un bien agricole puisqu'il s'agit d'une forêt qui
peut être exploitée et coupée fort rapidement, tandis qu'un
fonds agricole avec des bâtiments, à moins que le gars ne le
vende, vende le "top soil", le sol de surface, ne peut pas représenter
la même valeur ni la même garantie.
Le ministre des Finances s'est lancé dans des déclarations
qu'il n'avait pas étudiées, qu'il n'avait pas analysées.
Il a jeté encore une fois de la poudre aux yeux aux
députés de l'Assemblée nationale, à la population
du Québec en laissant croire qu'en un tour de main la chaloupe allait
monter aussi vite que le paquebot, comme il l'a annoncé encore
dernièrement. C'est ça qu'a été l'opération
de votre collègue des Finances, M. le ministre. De la poudre aux yeux,
et des gens de bonne foi ont fait appel à un service gouvernemental,
croyant que les modes traditionnels s'appliqueraient dans leur cas. Mais, par
une négligence, un manque de prudence ou de prévoyance du
ministre des Finances, ils doivent subir les conséquences et payer de
leurs deniers des taux d'intérêt qui sont devenus prohibitifs
lorsqu'on les applique au genre d'investissements que ces gens font.
Je suis d'accord que le ministre des Finances ne savait pas au mois de
mars que nous paierions des taux d'intérêt comme ceux que nous
devons subir présentement, je le concède, mais, en dépit
de ça, un fait demeure. La vérité c'est qu'on a des gens
qui, présentement, paient des taux d'intérêt allant
jusqu'à 18% pour avoir décidé d'honorer des
créances, des dettes, soit pour l'achat de terres,
d'érablières ou d'équipement d'érablières.
Ce sont eux qui paient la note puisque le ministre nous a dit tout à
l'heure, au début de notre entretien, que l'aide au taux
d'intérêt ne s'appliquera pas avant l'entrée en vigueur de
la présente loi. C'est la vérité qu'il faut dire aux
gens.
M. Bérubé: Votre dissertation, M. le
député de Montmagny-L'Islet, est très intéressante.
Toutefois, je dois vous dire...
M. Giasson: M. le ministre, vous avez combien de cas...
Le Président (M. Bordereau): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Giasson: ... de requérants qui vont devoir payer la
note tout en obtenant un crédit forestier à partir du jour
où l'Office du crédit agricole pourra aller au niveau des
emprunts se procurer de l'argent qu'elle va leur prêter, peut-être
en février, peut-être en mars? Combien avez-vous de cas au
Québec?
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: ... la loi...
M. Giasson: Répondez! Répondez, ne patinez pas, M.
le ministre, répondez.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Montmagny-L'Islet il faudrait que vous laissiez le ministre répondre
quand même. C'est lui qui a la parole actuellement.
M. Giasson: On va l'écouter.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Le député de
Montmagny-L'Islet a décidé d'occuper le podium, M. le
Président. Il est difficile de s'y opposer dans des conditions
semblables et je pense qu'il faut tout simplement écouter soigneusement
en disant mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa.
M. Giasson: Vous voyez la réponse, M. le Président?
On l'écoute.
M. Bérubé: Tout ce que je peux dire, c'est qu'il
existe une Loi sur le crédit forestier qui donne des pouvoirs au
gouvernement dans le but de faciliter l'aménagement de nos forêts.
Le seul but c'est d'inciter les propriétaires à aménager,
et la réduction d'intérêt, contrairement à ce que le
député de Montmagny-L'Islet pense, alors qu'il croit qu'il s'agit
d'une subvention, un cadeau que l'on donne à l'emprunteur, ce n'est
nullement un cadeau, c'est une incitation...
M. Giasson: Question de règlement, M. le Président!
M. le Président, question de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Je n'ai jamais prétendu que le crédit
forestier constituait un cadeau à qui que ce soit. Jamais.
M. Bérubé: Alors...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Donc, M. le Président, il ne
s'agit pas d'un cadeau, il s'agit d'une incitation à aménager des
terres publiques. Si le ministre des Finances trouve que l'incitation lui
coûte cher, parce que les taux d'intérêt sont de 17%, 18%,
19% et 20% et que des prêts à 5% pour inciter les gens à
aménager, cela coûte passablement plus cher que lorsque l'on a
adopté la loi, en 1975, au moment où on ne savait pas, où
on ne se doutait pas que les taux d'intérêt pourraient
connaître une telle flambée, si le ministre des Finances trouve
que l'incitation en question finit par coûter très cher et qu'il
veut que l'on prenne les moyens pour restreindre le coût de cette
incitation, parce que effectivement, elle coûte cher au trésor
public et devient disproportionnée, je pense que c'est une
décision gouvernementale, et cette décision gouvernementale a
été annoncée au moment sur le discours du budget,
premièrement.
Deuxièmement, dans un discours sur le budget, on annonce des
intentions de dépenses gouvernementales, puisqu'il s'agit d'un budget et
non d'un rapport de dépenses. On annonce donc des intentions. Par
conséquent, comme dans énormément d'autres cas, le
gouvernement va annoncer son intention de mettre en place un certain
système; à la suite de cela, il prend les moyens pour le mettre
en place. Cela donne pratiquement toujours lieu à des ajustements. C'est
exactement ce qui se passe présentement. Le ministre des Finances a
annoncé son intention d'introduire un système semblable à
celui qui avait été introduit récemment à
l'intérieur du crédit agricole.
Les délais de temps à l'Assemblée nationale
étant ce qu'ils sont, la flambée des taux d'intérêt
étant ce que nous avons connu, le coût de l'incitation à
l'aménagement de nos forêts devient prohibitif,
disproportionné par rapport à ce que la société
québécoise pense qu'elle devrait dépenser pour inciter les
gens à le faire. Elle ne croyait pas d'ailleurs, en 1975, que
l'incitation à l'aménagement coûterait aussi cher à
l'État. Par conséquent, le ministre des Finances dit: Prenons les
moyens pour restreindre ce coût et le rendre plus raisonnable. C'est une
décision de saine gestion et quelle que puisse être l'opinion du
député de Montmagny-L'Islet - il peut avoir son opinion - je
pense qu'on est tout à fait libre et qu'on n'est pas du tout
obligé de la partager.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Un instant: M. le
député de Montmagny-L'Islet, on peut peut-être continuer
tout la nuit là-dessus, si vous voulez, mais...
M. Bérubé: Le député de
Montmagny-L'Islet n'est peut-être pas conscient des problèmes qui
nous attendent avec les autres projets de loi, mais enfin, je pense que ce
n'est pas son problème.
Le Président (M. Bordeleau): Un instant:
M. Giasson: II y a des problèmes vécus par des
Québécois au moment où on discute, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Montmagny-L'Islet, à l'ordre s'il vous plaît! Puis-je parler
à mon tour?
M. Giasson: M. le Président, nous sommes tout oreilles
à vos propos.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous donnerai à
nouveau la parole, s'il y a lieu. Je voudrais simplement vous rappeler que
l'objectif de la commission parlementaire est d'étudier le projet de loi
no 6 article par article. J'ai bien voulu, et c'est de mise, je pense, laisser
poursuivre les discussions préliminaires au départ, mais cela
fait quand même une grosse heure, sans avoir calculé le temps
à la minute près; sans en faire un ordre formel, je voudrais
simplement vous rappeler qu'on devrait le plus rapidement possible en venir
à l'étude article par article. À moins que vous n'ayez
d'autres choses à ajouter en termes de discussions préliminaires,
sauf que je vous avoue que, parfois, cela ne m'apparaît plus
nécessairement des interventions préliminaires par rapport au
projet de loi no 6. M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, dès le début de
mes propos, je vous ai signalé que le ministre n'avait pas
répondu à tout un bloc de questions...
M. Bérubé: À une question, votre
dernière.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, s'il vous
plaît:
M. Giasson: La dernière, entre autres, mais il y en a
d'autres auxquelles vous n'avez pas répondu, M. le ministre. Je poserai
une dernière question. J'aimerais savoir du ministre combien de citoyens
du Québec qui ont fait des demandes de crédit agricole seront
pénalisés par le taux d'intérêt qu'ils vont payer
parce que le ministre des Finances n'a pas mis à la disposition de
l'Office du crédit agricole les crédits qui auraient
été nécessaires, puisque sa projection... Combien de
requérants?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, j'ai dit
tantôt que dans son esprit le député de
Montmagny-L'Islet voyait la subvention au taux d'intérêt
comme un cadeau.
M. Giasson: Combien de requérants, M. le
Président?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mongmagny-L'Islet, vous pouvez poser des questions, mais M. le ministre peut
aussi répondre à son goût.
M. Bérubé: À ce moment, il dit qu'ils sont
pénalisés. Mais il ne s'agit pas de pénaliser des gens. Il
s'agit de constater que l'incitation à l'aménagement de la
forêt coûte trop cher, et le gouvernement décide de prendre
les moyens pour être moins généreux dans son incitation. Le
député de Montmagny-L'Islet dit: Vous pénalisez les
citoyens. Décider que l'on ne fera pas un cadeau de $1000 à
quelqu'un, mais un cadeau de $500 pour l'inciter à aménager peut
être présenté comme une pénalisation si on a
l'impression que ce cadeau est dû aux citoyens. Mais si on se met du
côté de la saine gestion des fonds publics, on pense que ce n'est
pas une pénalité. Au contraire, c'est de la saine gestion. C'est
un point de vue différent. Que voulez-vous que j'y fasse? Il suffit
d'être assis d'un côté de la table ou de l'autre. Le
député serait assis de ce côté-ci, il aurait
exactement la réaction que j'ai présentement. (22 h 15)
M. Giasson: M. le Président, vous l'avez constaté
comme moi, j'ai posé une question fort simple à laquelle il est
facile de répondre. Combien de citoyens du Québec vont être
pénalisés...
M. Bérubé: Personne.
M. Giasson: ... parce que le ministre des Finances n'a pas
procédé comme au cours des années antérieures en
n'octroyant pas, au cours de l'année 1980, les crédits habituels
qu'il a octroyés antérieurement? Je veux cette
réponse...
M. Bérubé: M. le Président, je
réponds. Personne.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Montmagny-L'Islet, vous l'avez eue, votre réponse.
Est-ce que je peux appeler l'article 1?
M. Giasson: M. le ministre, puisque vous ne voulez pas
répndre, vous avez des centaines de requérants qui, en 1980, vont
devoir payer le prix de l'absence de prévoyance du ministre des
Finances, ou encore de votre absence de prévoyance à vous. Vous
vous en foutez, je le comprends. C'est inutile de vouloir amener le ministre
à livrer la vérité. Nous allons procéder à
l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 1 sera
adopté?
M. Fortier: ... on lui fait confiance. M.
Bérubé: Nous autres aussi.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 2,
adopté?
M. Giasson: Un instant, M. le Président. Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Article 2? M. Ciaccia:
Pas trop vite.
Le Président (M. Bordeleau): Personne n'a dit un mot
lorsque j'ai dit "adopté" à l'article 1. Je l'ai adopté.
L'article 2...
M. Ciaccia: On n'a pas dit "adopté". Il faut attendre
qu'on dise "adopté".
Le Président (M. Bordeleau): À ce compte-là,
on peut attendre toute la nuit.
M. Giasson: M. le Président, vous connaissez les pratiques
de nos travaux parlementaires.
Le Président (M. Bordeleau): En partie, je pense que
oui.
M. Giasson: Vous devez les connaître, au moins.
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Giasson: Un article est adopté quand les deux
côtés de la table, côté gouvernemental et
côté de l'Opposition, confirment l'adoption. Cela n'a pas
changé, c'est ainsi depuis toujours et cela va continuer d'être
ainsi, quel que soit votre comportement.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, mais je pense qu'on
attend un certain temps. S'il n'y a pas de réponse, il peut y avoir des
gens qui ne sont pas intéressés à dire, à
mentionner le mot "adopté".
M. Giasson: À l'article 1, M. le Président, il est
bien dit...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ... qu'à "l'égard des prêts
visés dans les articles 2 et 3..." C'est quoi, les articles 2 et 3?
L'article 2, c'est l'article qui stipule que des prêts vont
être consentis à des requérants, soit des prêts
à long terme garantis par hypothèque.
L'article 3 dit que ce sont des prêts à moyen terme
consentis par nantissement. "À l'égard des prêts
visés dans les articles 2 et 3 et consentis à la suite d'une
demande reçue à l'office à compter du 1er décembre
1980, le taux d'intérêt sur les prêts visés dans
l'article 2 et celui sur les prêts visés dans l'article 3 sont
déterminés suivant les modes établis par
règlement."
Cela va être quoi, les modes établis par règlement,
M. le ministre? Cela va être quoi les taux d'intérêt?
Traditionnellement, l'emprunteur payait 5% et l'office comblait la
différence. Cela va être quoi, les nouveaux taux requis pour le
requérant, pour celui qui emprunte?
M. Bérubé: Une suggestion de taux - je parle bien
de suggestion - c'est un rabais de 5% sur les premiers $25,000 et un rabais de
3% du taux d'intérêt sur le prêt additionnel. C'est une
suggestion.
M. Giasson: Vous avez dit 5% sur les premiers $25,000? Il ne
s'agit pas d'une décision ferme?
M. Bérubé: Non.
M. Giasson: C'est une suggestion qui vient de qui?
M. Bérubé: En l'air. M. Giasson: Et?
M. Bérubé: Un rabais de 3% sur la partie du
prêt excédant $25,000 en concurrence du maximum qui est de...
M. Giasson: $40,000 pour le particulier et $500,000 pour la
société.
Donc, une société qui va emprunter à partir du 1er
décembre la somme de $400,000 va recevoir une compensation pour
l'excédent des 5% sur les premiers $25,000. Et si son taux d'emprunt est
de 18%, elle obtiendra une aide de 3%, donc, elle paiera 15% sur
l'excédent de $25,000. Que ce soit un individu ou une
société. C'est cela.
Pour l'emprunteur qui a emprunté au mois de juin 1980, de sa
caisse ou de sa banque, parce qu'on lui a dit qu'il était admissible,
selon les critères habituels, est-ce qu'on va appliquer ce même
avantage?
M. Bérubé: Celui qui a fait sa demande avant le 1er
décembre est sous l'ancien système.
M. Giasson: Celui qui a placé sa demande en mars 1980 et
qui, en juillet, avait une indication que sa demande serait acceptée et
qui a dû emprunter de sa banque?
M. Bérubé: II faut lire la deuxième ligne
comme il faut. C'est écrit: "... à la suite d'une demande
reçue à l'office à compter du 1er décembre..." Nous
appliquons la procédure réglementaire de fixation des taux
d'intérêt, mais les emprunts demandés avant le 1er
décembre se voient consentir le taux préférentiel de 5%
qui existait dans l'ancienne loi.
M. Giasson: Merci, M. le ministre. Je vous avoue que vous me
donnez une réponse claire et qui va faire plaisir à des centaines
de Québécois.
M. Bérubé: Elle est, évidemment, à la
hauteur de la question, comme toujours, d'ailleurs.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va pour l'article 1, M.
le député de Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Un instant, M. le Président!
Le Président (M. Bordeleau): Oui. Allez- y...
M. Giasson: La deuxième partie de l'article 1: "L'office
est autorisé à réduire dans la mesure, pour la
durée et aux conditions déterminées par règlement,
le taux d'intérêt applicable en vertu du deuxième
alinéa à l'égard des prêts visés dans
l'article 2 et de ceux visés dans l'article 3." Cela signifie quoi, en
pratique?
M. Bérubé: C'est la réduction...
M. Giasson: Oui, mais dans quel ordre de grandeur?
M. Bérubé: C'est ce que je vous ai répondu
tantôt, 5% pour les premiers $25,000 et, par exemple, 3%. C'est toujours
une suggestion.
M. Giasson: L'article 1 est adopté, M. le
Président.
M. Bérubé: Le gouvernement ne peut pas adopter de
règlements tant qu'une loi lui permettant d'adopter des
règlements n'a pas été adoptée. C'est pour cette
raison que je ne peux pas faire adopter un règlement par le Conseil des
ministres.
M. Giasson: Je ne vous ai pas demandé cela, M. le
ministre. Je sais que le gouvernement, avant de faire adopter des
règlements, les prépare et parfois assez longtemps d'avance.
M. Bérubé: II doit même avoir le droit de le
faire en vertu de la loi.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
ministre! Je pense que vous avez déjà très bien
répondu à la question. L'article 1 sera-t-il adopté?
M. Giasson: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 2?
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 2 est
adopté. Article 3?
Une voix: Juste de concordance.
M. Giasson: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 3 est
adopté. Article 4?
M. Giasson: L'article 4 change l'article 46. À toutes fins
utiles, cet article indique que l'office pourra emprunter par billets,
obligations ou autrement, aux taux d'intérêt et aux autres
conditions que détermine le gouvernement. Donc, l'office n'a pas pleine
autorité de faire ses emprunts sans les faire approuver par le
gouvernement, qu'il s'agisse du coût du taux d'intérêt ou du
genre de garanties qu'il doit consentir sur les emprunts qu'il contracte.
M. Bérubé: Exactement. Le gouvernement pourra
toujours décider du montant qu'il veut bien consentir, dans le cadre de
la Loi sur le crédit forestier, à des fins d'aménagement
des terres privées. En d'autres termes, si un ministre des Finances
devait trouver un jour que ce programme coûte très cher à
la société, il pourrait vouloir en réduire l'importance en
refusant un certain nombre de demandes.
M. Giasson: En refusant et en mettant à la disposition de
l'office les crédits dont il a besoin, comme cela se faisait avant
l'adoption de la présente loi.
M. Bérubé: Pourquoi pas?
M. Giasson: Oui. Pourquoi pas? Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 4 est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 4, adopté.
Article 5.
M. Bérubé: II s'agit des garanties...
M. Giasson: Ce qu'on retrouve à l'article 4, c'est qu'on
donne une ouverture assez grande par rapport aux endroits où l'office
pourra emprunter. On laisse la possibilité à des corporations
municipales et à des commissions scolaires de faire des prêts
à l'Office du crédit agricole. Quel est le motif d'une telle
ouverture? Est-ce qu'on croit que les commissions scolaires du Québec
vont pouvoir faire des prêts à l'Office du crédit
agricole?
M. Bérubé: On me dit que c'est standard.
M. Giasson: Bien, cela pouvait être standard il y a
quelques années, mais, dans le contexte actuel, ce qui est standard
n'est plus de la standardisation. Lorsqu'on parle de commissions scolaires et
de prêts consentis par des commissions scolaires à l'Office du
crédit agricole du Québec, M. le ministre, vous admettrez que
c'est plutôt amusant. Il va falloir sortir du trou de $500,000,000 si on
veut se permettre de prêter à l'Office du crédit agricole
du Québec.
M. Bérubé: Mais ce n'est pas vous qui achetez les
obligations des municipalités?
Le Président (M. Bordeleau): Cela va, M. le
député de Montmagny-L'Ilet?
M. Bérubé: Les municipalités vendent plus
souvent des obligations...
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article...
M. Giasson: Mais, en vertu du contenu, M. le Président,
des différentes dispositions de l'article 4, qui change l'article 46 et
qui y ajoute toute une série d'articles, est-ce qu'un citoyen du
Québec pourrait prêter à l'Office du crédit agricole
en vertu des prévisions législatives?
M. Bérubé: Ce n'est pas défendu.
M. Giasson: Ce n'est pas interdit? M. Bérubé:
Non.
M. Giasson: II y a place certainement pour des citoyens
québécois intéressés à faire des placements
qui auraient une bonne valeur, puisqu'il y a de bonnes garanties
derrière les emprunts de l'Office du crédit agricole.
M. Bérubé: Je suppose que le député
de Montmagny-L'Islet a finalement compris le système. Il va prêter
au crédit forestier et, après, demander un prêt du
crédit forestier, ce qui va lui permettre d'obtenir une réduction
d'intérêt. C'est une façon intéressante de faire
recirculer l'argent, surtout si c'est une boucle sans fin.
M. Giasson: M. le ministre, puisque vous ouvrez une porte, cela
mérite que j'y réponde. Je ne veux rien recevoir du gouvernement.
La seule chose que je suis prêt à faire à son endroit,
c'est de lui payer les impôts que je lui dois, mais ne rien lui demander,
ne rien lui devoir de droit ou sous forme de générosité.
C'est la meilleur façon, je crois, de bien vivre dans une
société.
M. Bérubé: Nous en reparlerons lorsque vous
abandonnerez la vie parlementaire et que vous recevrez la pension à
laquelle vous aurez droit après un honnête labeur.
M. Giasson: La pension à laquelle j'aurai droit, avez-vous
bien dit? Ce n'est pas facultatif; j'y aurai droit, mais le crédit
agricole, je n'y ai pas droit automatiquement. C'est facultatif.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 5 sera
adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. Article 6.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Le projet de loi no 6, qui
est la Loi modifiant la Loi sur le crédit forestier, est donc
adopté avec tous ses articles et avec son titre.
La commission parlementaire de l'énergie et des ressources
suspend ses travaux sur le projet de loi no 6. Je demanderais au rapporteur de
la commission de faire rapport à l'Assemblée nationale.
Projet de loi no 9
La commission parlementaire de l'énergie et des ressources
reprend ses travaux pour étudier maintenant le projet de loi no 9.
M. Bérubé: M. le Président, avant que le
député de Montmagny-L'Islet ne nous quitte, je voudrais lui
témoigner ma plus sincère appréciation pour sa
contribution aux travaux de cette commission.
M. Fortier: On ne s'inquiétera pas trop... (22 h 30)
M. Bélanger: M. le Président, le ministre nous a
démontré là une acrobatie peu commune.
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: ...j'évalue la portée des derniers
propos du ministre de l'Énergie et des Ressources.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Pour l'étude
du projet de loi no 9, j'imagine que les membres de la commission sont les
mêmes, sauf qu'on remplace le nom de M. Giasson (Montmagny-L'Islet) par
celui de M. Bélanger (Mégantic-Compton).
M. Fortier: Mégantic-Compton, c'est cela.
Le Président (M. Bordeleau): Le reste est parfait.
Pour le rapporteur de la commission est-ce qu'on garde le même? Ce
serait M. Grégoire (Frontenac).
On revient au projet de loi no 9; à la suspension de nos travaux
d'hier, on avait déjà adopté un certain nombre d'articles
et nous en étions à l'article 9.
M. Ciaccia: À l'article 9.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Ciaccia: Cela va.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on reprend
l'article 9?
M. Ciaccia: On continue à l'article 9.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre a réfléchi un
peu sur les difficultés qu'on a soulevées au sujet des articles 9
et 10? Est-ce qu'il a des amendements à nous suggérer?
Le Président (M. Bordeleau): Je pense que vous allez
devoir répéter, M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que cela se peut que les Affaires municipales
aient une certaine réticence à certains articles du projet de
loi? Si c'est le cas, ce serait justifié.
Cela démontre la façon dont vous avez fait la
préparation quand vous avez soumis le projet de loi.
M. Bérubé: II faut savoir si on remplace un
règlement municipal par un règlement d'une corporation
municipale, d'une municipalité régionale de comté, d'une
communauté urbaine ou d'une communauté régionale. En
d'autres termes, s'agit-il de tout prévoir dans la loi ou de rester plus
universel?
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre vient nous dire ce soir qu'il
n'a pas consulté le ministère des Affaires municipales pour la
rédaction de ce projet de loi qui affecte possiblement toutes les
municipalités au Québec? Est-ce que c'est ça qu'il nous
dit?
M. Bérubé: Tout le monde a été
consulté, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je vois que...
M. Bérubé: Tout le monde a été
consulté et ce projet...
M. Ciaccia: Non, parce que je vois que le représentant du
ministère vient de faire un signe de tête et de dire: Oui, c'est
vrai qu'il ne l'a pas consulté.
Le Président (M. Bordeleau): Un à la fois, si vous
voulez que ce soit inscrit.
M. Ciaccia: Franchement!
Le Président (M. Bordeleau): Article 9.
M. Ciaccia: À l'article 9, vous aviez déjà
biffé le paragraphe 1. Peut-être que vous biffez le paragraphe
2.
M. Bérubé: Enfin...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: ... M. le Président, nous en
arrivons donc à l'article 9.
Le Président (M. Bordeleau): C'est ça.
M. Bérubé: À la suite de l'intervention du
député d'Outremont, qui s'interrogeait sur le sens précis
et la difficulté d'application de l'alinéa 1, soulignant, par
exemple, que très fréquemment, au moment où on fait la
fondation d'un édifice, les plans et devis ne sont pas
nécessairement terminés, j'ai longuement réfléchi
en me disant: II me semble que c'est impossible, ça ne doit jamais se
produire, et j'ai pensé à la Place Guy-Favreau. Je me suis dit:
II a raison. À ce moment-là, j'ai compris qu'effectivement on
pouvait faire toute l'excavation sans avoir la moindre idée de ce qu'on
allait construire dedans. Donc, c'est tout à fait possible et nous
aurions pu exiger du gouvernement fédéral, en vertu de cet
article, de nous fournir les...
M. Ciaccia: C'est comme votre centre des congrès,
ça fait quatre ans que vous en parlez et vous ne le construisez pas.
L'inverse peut se produire aussi.
M. Bérubé: Je tire la conclusion qu'effectivement
ça pouvait s'appliquer. Toutefois, l'avis juridique que nous avions
était que, cette loi portant sur l'isolation des bâtiments, en
disant: "avant le début des travaux", on se référait
implicitement aux travaux d'isolation. Ce qui explique souvent pourquoi nos
lois sont tellement compliquées et difficiles à lire, c'est que,
voulant tout y prévoir, et c'est là le caractère
français qui nous caractérise... Les lois anglaises, par exemple,
les lois fédérales, sont des lois beaucoup plus
générales, qui donnent des orientations, laissant à la
jurisprudence le soin d'établir le sens précis des articles. Nos
lois, par contre, sont souvent rédigées de façon
très normative, très précise, de manière qu'il ne
puisse pas vraiment y avoir d'interprétation, faisant en sorte, par
conséquent, qu'elles soient toujours exactes. L'inconvénient,
évidemment, c'est qu'elles sont pratiquement illisibles. Je pense qu'un
bel exemple, tantôt, c'était la Loi sur le crédit
forestier; il faut beaucoup de courage pour se la taper et arriver à la
comprendre.
C'est toujours l'équilibre à établir. J'ai
proposé un amendement à la suite de l'intervention du
député d'Outremont. On pourrait dire "avant le début des
travaux visés par le règlement." Ce serait plus clair.
M. Fortier: M. le Président, si vous le permettez, la
question que j'aimerais poser au ministre, c'est: Quel but vise-t-il? S'il
s'agit, comme dans le cas de l'entrepreneur ou dans le cas de
l'ingénieur-conseil, d'un but de relations publiques,
c'est-à-dire prendre l'attestation à la fin des travaux,
décerner un certificat pour que le propriétaire,
éventuellement, dise: Vous savez, ma maison a été bien
construite, j'ai le certificat tel que le décrit la loi...
J'appelle ça un but de relations publiques. S'il s'agit
réellement de faire en sorte, pour prendre l'article 9, que les
ingénieurs et les architectes, dans leur travail professionnel, suivent
les ordonnances, les règlements prescrits par la loi, je ne vois pas la
nécessité d'avoir un tel article, quoiqu'on puisse laisser
l'article 9 sans le premièrement ni le deuxièmement.
Prenons le deuxièmement. On dit: "au plus tard trente jours
après la fin des travaux". Là, c'est sûr que mon
collègue de Mégantic-Compton va discuter à savoir comment
on peut définir la fin des travaux, parce que la responsabilité
de l'ingénieur ou de l'architecte va encore plus loin que celle de
l'entrepreneur. Et on poursuit: "... une attestation écrite de leur
exécution conforme aux règlements, si leur surveillance lui a
été confiée." Comme je l'ai dit
précédemment, la surveillance peut être une surveillance
partielle. Dans certains cas, un client va donner la surveillance à un
architecte qui va aller sur un chantier une fois par mois, une journée
par mois. Dans d'autres cas, il va dire à l'architecte: Je ne veux pas
envoyer deux personnes, mais 50% du temps. Dans certains cas, dans des cas
très rares, on va faire une surveillance totale. Sur des projets
auxquels j'ai participé moi-même, dans certains grands projets,
nous avions jusqu'à une centaine d'ingénieurs et d'architectes.
Alors, il y a toute une variation de surveillance.
On dit plus loin, à l'article 16.11, que le gouvernement ou ceux
qui feront le règlement ou les officiers du gouvernement auront
l'autorité de "déterminer la forme et le contenu des
attestations." Ce qu'il faut savoir, c'est ceci. Quand un ingénieur ou
un architecte donne une attestation qui peut être dans un but de
relations publiques, il faut savoir que ceci engage la responsabilité
professionnelle. Dans la mesure où l'entrepreneur n'a plus de
responsabilité contractuelle, l'ingénieur ou l'architecte qui
aurait donné une telle attestation pourrait se voir poursuivi si,
éventuellement, dans l'avenir, plus tard, on découvrait que, de
fait, non seulement l'isolation, mais aussi le système de ventilation ne
respectent pas les normes désirées. C'est la raison pour laquelle
je demandais au ministre si on a entrevu toutes les implications juridiques et
de responsabilités professionnelles reliées à ce genre
d'attestation, parce que vous savez que pour un ingénieur-conseil, le
coût des assurances professionnelles vient en troisième lieu,
après les salaires et les loyers. Le troisième coût le plus
important, c'est le coût des responsabilités professionnelles.
Maintenant, les assureurs nous disent de faire bien attention de ne pas donner
d'attestation lorsqu'on n'a pas surveillé les travaux au jour le
jour.
Ici, on dit que non seulement l'ingénieur ou l'architecte ne
décidera pas lui-même de quelle attestation il va donner, mais que
ce sera décidé par le gouvernement. C'est pour cela que je me
demande si on a pensé à toutes les conséquences de cet
article et si c'est réellement uniquement dans un but de relations
publiques pour faire en sorte que la personne qui achète une maison
dise: Ma maison est réellement "attestée" par l'ingénieur.
On n'a pas pensé aux conséquences juridiques d'une telle
attestation. Alors, je me demande si on ne devrait pas simplement biffer cela
et dire que l'ingénieur et l'architecte... Le début du paragraphe
9 dit qu'ils doivent respecter la loi. Comme de raison, cela va sans dire. De
plus, comme vous le savez, les ingénieurs et les architectes ont des
codes de déontologie qui font en sorte... L'an dernier, l'Association
des ingénieurs-conseils du Québec et du Canada s'est donné
également un code qui dit justement qu'ils doivent respecter tous les
règlements.
Je trouve cela superflu. Je crois qu'on s'engage dans une avenue qui va
créer des problèmes aux praticiens. Je vais laisser mon
confrère de Mégantic-Compton parler des problèmes que cela
peut créer aux entrepreneurs. Je me demande quel but on vise.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Le but visé dans le premier
alinéa porte sur le respect des normes d'isolation et le contrôle
de ce respect pour l'architecte et l'ingénieur. Deux raisons
essentiellement ont motivé - je dois dire -les officiers du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre à recommander
l'addition d'un tel article.
Premièrement - je sais que le député d'Outremont va
s'ériger en faux contre une telle assertion, mais je vais la faire quand
même - on nous dit que d'après leur expérience dans
l'application de la Loi sur la sécurité dans les édifices
publics, où il y a des permis à émettre pour la
construction, ils constatent très fréquemment que les
bâtiments construits par les architectes, les ingénieurs,
conçus par les architectes et les ingénieurs, ne respectent pas
les règlements, ce qui les oblige à éplucher soigneusement
les devis pour s'assurer que tout est conforme. Ils nous suggèrent,
à ce moment, d'imposer ce certificat qui aurait, à leur avis,
deux conséquences. La première conséquence, c'est de
diminuer pour eux la tâche de contrôle. Dans la mesure où un
architecte-ingénieur dit: Je certifie que ce bâtiment est
conforme, l'inspecteur, lui, peut partir du principe qu'il s'agit d'un
professionnel et que, par conséquent, il est responsable de ce qu'il
fait. Il doit donc
mettre sa crédibilité en cause, en jeu, lorsqu'il signe
l'attestation. Il est donc beaucoup plus facile pour les inspecteurs de faire
un contrôle des plans et devis puisqu'ils n'ont pas vraiment, en fait,
sauf dans des cas où ils se méfieraient de la compétence
d'un ingénieur, à vérifier de façon
systématique. Donc, l'attestation tiendrait lieu pour eux d'un
contrôle par l'ingénieur et l'architecte du respect de la loi.
Vous enlevez l'obligation pour le gouvernement d'engager des fonctionnaires et
surveiller de façon très... En d'autres termes, c'est souvent ce
qui est demandé de la part des ingénieurs qui disent:
Écoutez! Nous sommes responsables, nous appliquons la loi, eh bien,
faites-nous confiance! Le premier argument qui est invoqué par ces
professionnels de l'inspection est que si l'ingénieur et l'architecte
veulent bien signer une attestation, à partir de ce moment leur
tâche est réduite d'autant puisque, finalement, il y a une
responsabilité professionnelle en cause, et si la personne l'a
signée, c'est que c'est sans doute un bon travail. Donc, c'est beaucoup
plus facile. C'est le premier argument.
Le deuxième argument, c'est qu'évidemment
l'ingénieur et l'architecte, avant de signer une telle attestation, vont
dire chacun: Avant de la signer, je vais quand même faire attention que
mes plans soient effectivement conformes à la loi. Donc, c'est une
façon d'inciter ingénieurs et architectes à
peut-être apporter l'attention qu'ils devraient à la
rédaction de leurs plans.
Ce sont les deux raisons qu'on invoque. (22 h 45)
M. Fortier: J'ai rencontré des ingénieurs qui
opinaient dans le même sens que vous. Il faudrait modifier le paragraphe
1 . Cela rajoute de la bureaucratie. Si vous croyez que cela ajoute à la
force, il est certain que, dans ce cas-ci, vous enlevez une
responsabilité à des fonctionnaires et que vous la donnez aux
ingénieurs et architectes qui, eux, doivent agir à
l'intérieur de la loi. Dans le premièrement, il faudrait au moins
faire la modification que vous avez indiquée et, dans le
deuxièmement, il faudrait surtout faire en sorte que l'attestation
tienne compte que la surveillance peut être partielle. À ce
moment-là, l'attestation ne devrait pas être aussi absolue que
celle qui pourrait être donnée si la surveillance avait
été continue. Si l'ingénieur ou l'architecte a
envoyé quelqu'un une fois par mois pour aller voir si cela avait bien du
bon sens, selon les bons désirs du propriétaire, de toute
évidence, il ne peut pas donner la même attestation qu'il aurait
pu donner s'il avait été là continuellement. Dans le
texte, on dit: "si la surveillance lui a été confiée". Il
faudrait faire une distinction entre surveillance partielle ou
complète.
M. Bérubé: Je pense que la loi a justement
l'avantage, en étant plus vague, d'être en même temps plus
précise. Si on attend de l'ingénieur ou de l'architecte
responsable de la surveillance qu'il signe l'attestation à la fin des
travaux, l'ingénieur ou l'architecte, lorsqu'il prendra le contrat de
surveillance, dira: Pour que je puisse faire ce travail d'une façon
efficace, vous devrez m'engager à surveiller les chantiers au moins une
fois par semaine ou une fois par jour dans le cas d'un chantier important. Si
dans le contrat d'engagement ceci n'a pas été prévu, il va
simplement dire: Écoutez, moi, je n'ai pas à surveiller les
travaux d'isolation puisque vous ne m'avez pas confié leur surveillance.
À ce moment-il, il n'a pas à signer l'attestation. Ce que cela
voudra dire, c'est que nous n'aurons pas d'attestation disant que les travaux
ont bel et bien été faits.
M. Fortier: À ce moment-là, il faut réaliser
qu'on ajoute un coût. Si vous pensez que c'est requis, il va y avoir un
coût additionnel, bien sûr, pour les clients éventuels. Si
vous croyez que c'est nécessaire pour faire en sorte que la loi soit
respectée, c'est le client qui achètera des immeubles, qui paiera
éventuellement. Dans le cas de grands immeubles, si on prend l'exemple
de la Place Favreau ou de la Banque nationale du Canada à
Montréal, il est bien certain que les ingénieurs et les
architectes assurent une surveillance à peu près continue.
M. Bérubé: Quand je regarde l'article tel que
rédigé, si la surveillance ne leur est pas confiée, ils
n'auront pas à signer d'attestation.
M. Fortier: Non.
M. Bérubé: Par conséquent, il n'y a pas
d'addition de coût.
M. Fortier: À ce moment-là, cela retombe sur
l'entrepreneur.
M. Bérubé: Cela retombe sur l'entrepreneur.
M. Fortier: On va en discuter dans deux secondes. Il faut quand
même faire la distinction entre surveillance partielle ou
complète. Mais, comme vous le dites, cela va peut-être...
M. Bérubé: Cela va exiger de la part de
l'ingénieur qui aura à signer une telle attestation, si on lui
demande de la signer, de dire: Cela vous coûte plus cher si vous me
demandez de faire cela. Si le propriétaire de l'édifice ne veut
pas payer le prix en disant: Moi, je ne veux pas que vous
passiez une journée par semaine à surveiller mon chantier
pour des questions d'isolation, à ce moment-là, il aura un
édifice sans attestation.
M. Fortier: II n'y a pas seulement l'isolation; il y a toute la
question du chauffage, de la ventilation, toutes les normes de contrôle
mécanique dans les édifices également.
M. Bérubé: Exactement. En fait, il s'agira tout
simplement pour le client de décider s'il veut, oui ou non, que la
surveillance des travaux soit confiée à cet ingénieur ou
architecte. S'il le décide, il devra payer la facture et il aura une
attestation des travaux faits.
L'article ne précise pas surveillance complète ou
surveillance partielle. Il pose simplement la question: La surveillance
a-t-elle, oui ou non, été confiée à
l'ingénieur ou à l'architecte? Si effectivement
l'ingénieur a pris un engagement face à la surveillance de tout
l'aspect de l'économie de l'énergie, celui-ci va dire: Dans ces
conditions, si on me confie cet aspect, j'ai un niveau de surveillance plus
important que celui que j'aurais normalement, et je vous facture en
conséquence.
M. Fortier: À ce moment-là, cela rejoint les
exigences de la loi sur la sécurité des édifices où
de plus en plus on demande que l'ingénieur ou l'architecte soit
impliqué. Je vais laisser la paroles à mes collègues.
À ce moment-là, il faudrait absolument modifier le
premièrement comme on l'a proposé pour tenir compte des
progrès des travaux au fur et a mesure que les travaux avancent. Cela
pourrait peut-être fonctionner.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre,
êtes-vous prêt à suggérer votre amendement?
M. Bérubé: Je pense que je vous l'ai remis.
M. Fortier: M. le Président, si vous voulez laisser parler
mes collègues...
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'amendement. Cela ne
nous empêchera pas de continuer à parler aussi des premier et
deuxième alinéas, seulement pour voir si...
M. Bérubé: Je déposerais, M. le
Président, l'amendement dont nous n'avons pas parlé, mais je
pense que l'Opposition l'a en main. Nous dirions tout simplement, à
l'alinéa 1, "avant le début de travaux visés par le
règlement, une attestation écrite de la conformité
à ces règlements". Donc, on spécifie clairement qu'il ne
s'agit pas des travaux d'excavation, mais bien des travaux d'économie
d'énergie.
M. Ciaccia: Je ne pense pas que cela réponde à
l'objection que nous avons soulevée.
M. Bérubé: Pas entièrement.
M. Ciaccia: Est-ce que je peux m'expliquer?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Quand vous dites "avant le début de travaux
visés par les règlements", les règlements peuvent viser
tous les travaux. Ils peuvent viser l'isolation, la ventilation. C'est ce qu'on
essaie de vous faire comprendre. Vous allez approuver seulement une attestation
sur les travaux pour lesquels les plans et devis sont préparés,
pas pour tous les règlements. Votre amendement ne change rien, cela
confirme l'objection que nous avions à votre article.
Peut-être qu'au lieu de dire "avant le début de travaux
visés par les règlements" vous pourriez dire "avant le
début de travaux visés par les plans et devis".
M. Fortier: Ou "avant le début des travaux ou partie des
travaux".
M. Ciaccia: Autrement dit, c'est seulement sur les plans et devis
qui sont soumis sur lesquels les travaux vont commencer. Ceux-là doivent
être attestés. Au fur et à mesure que les plans et devis
sont préparés et soumis et que les travaux continuent, les
mêmes plans et devis seront attestés ou seront transmis.
M. Bérubé: II y a une nuance légale qui
montre à quel point nos légistes sont subtils. C'est "avant le
début de travaux", laissant le "de" vague et indéfini. Cela veut
dire, d'après ce qu'on me dit, que cela peut être des parties de
travaux.
M. Ciaccia: Mais si ce sont les travaux visés par les
règlements...
M. Bérubé: Oui.
M. Ciaccia: ... ce sera l'ensemble.
M. Bérubé: Non, "de travaux", ce peut être,
par exemple, la partie de travaux de ventilation...
M. Fortier: Pour les deux premiers étages.
M. Bérubé: ... pour les deux premiers
étages, qui sont visés par les règlements,
effectivement, puisque les règlements prévoient que la
ventilation doit répondre à certaines normes. Ce sont des travaux
visés par les règlements. Avant de les faire, on dit qu'il doit y
avoir une attestation. C'est-à-dire qu'au moment où les devis
sont faits, il y a une attestation à obtenir.
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'amendement ou sur
l'article? Peut-être qu'on pourrait régler d'abord le
problème de l'amendement pour voir s'il est accepté ou pas.
M. Bélanger: On va peut-être parler un peu
avant.
M. Fortier: L'amendement répondrait, en ce qui me
concerne, à mon objection. Si on disait "avant le début de
travaux", cela me semblerait répondre à une partie des objections
qu'on avait. Ce que je voulais éviter, c'est que, si un inspecteur fait
le capricieux, il puisse imposer à l'ingénieur ou à
l'architecte de terminer tous les plans et devis de tout l'édifice avant
même que les travaux commencent tandis que là, ce qu'on
désire, dans le fond, c'est qu'avant que les travaux commencent pour les
trois ou les cinq premiers étages, il y ait une attestation qui soit
donnée à ce moment-là. En disant "avant le début de
travaux", cela me semble répondre à une partie de mes objections.
Du moins, l'amendement aurait plus de sens.
M. Ciaccia: Je ne suis pas certain que l'inspecteur...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... ne pourrait pas l'interpréter autrement,
parce que les règlements couvrent toute la bâtisse. Ce serait bien
plus simple de dire "avant le début de travaux visés par les
plans et devis". Là, il y aurait une attestation sur ces plans et devis
au fur et à mesure que les plans et devis sont soumis pour d'autres
travaux. Ce serait bien plus clair. Les règlements couvrent toute la
bâtisse. Que vous disiez "de" ou "des", cela ne change rien.
M. Bérubé: Les plans et devis pourraient être
des plans et devis d'excavation, comme on me le souligne. Si on lit votre
amendement, ce serait "avant le début des travaux d'excavation".
M. Ciaccia: Si c'est l'excavation. Au fur et à mesure que
les travaux procèdent, ce seraient les plans et devis pour cette partie
des travaux.
M. Bérubé: Pourriez-vous formuler un amendement
écrit?
M. Ciaccia: Bon, d'accord. "Avant le début des travaux
visés par les plans et devis". Au lieu du mot "règlements", on
inscrirait "plans et devis". Et on continue "une attestation écrite en
conformité des règlements des plans et devis relatifs à
ces travaux".
M. Bérubé: II faut que ce soient quand même
des travaux visés...
M. Fortier: II faut que ce soient les travaux visés, parce
que ce sont les travaux de ventilation, d'isolation, enfin tout ce qui est
visé par les règlements ici, dans cette loi.
M. Samson: Au sens de la présente loi.
M. Fortier: Autrement dit, il n'y a rien qui empêcherait un
entrepreneur de... Même s'il n'a aucun plan de mécanique
d'électricité, au sens de cette loi.
M. Ciaccia: Excepté que, au sens de cette loi,
règlements veut dire tout, les règlements s'appliquent à
toute la bâtisse, ils ne s'appliquent pas seulement à la
fondation, etc.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Ciaccia: II y a les règlements pour la fondation, les
règlements pour un travail spécifique; vous dites "les
règlements" et, d'après le sens de votre loi, les
règlements ce sont l'ensemble des règlements, ce n'est pas un
règlement ou une partie de règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, c'est à mon tour?
Le Président (M. Bordeleau): II semble que oui.
M. Bélanger: Je vais attendre que le ministre soit
attentif!
Aux deux articles, à l'article 9 et à l'article 10, on
fait face à un seul problème, c'est cette fameuse
attestation.
À l'article 9, on dit que les plans et devis devront être
conformes aux règlements adoptés en vertu de cette
présente loi. Là, on a aucune objection, c'est parfait. Si on
demande aux ingénieurs et aux architectes d'attester, ils vont le faire.
Dans le premier cas ils vont être là régulièrement
tous les jours, ça va augmenter les coûts terriblement pour
envoyer votre fameux petit certificat à la fin.
Si on ne demande pas d'être là, je ne vois pas pourquoi on
se chicanerait trois jours pour adopter une loi qui ne servira à
rien.
On revient à la même chose à l'article 10, c'est
toujours le certificat d'attestation. J'essais de comprendre l'intention -
quand je vais dans la pratique - du gouvernement qui veut absolument avoir une
attestation. Qu'on dise "tout entrepreneur devra inclure dans ses plans et
devis les normes prescrites par le gouvernement", là, on est tout
à fait d'accord.
M. Fortier: C'est évident, ça...
M. Bélanger: C'est évident. Mais c'est
l'attestation qui nous cause des ennuis, ce n'est pas possible. Parce qu'on a
la fin des travaux, on a avant le début des travaux, on ne sait plus
quels travaux.
M. Bérubé: Attention! Si nous voulons discuter de
l'article 10 en même temps, nous avons réfléchi, hier soir
tardivement, à des amendements à la suite de vos interventions,
amendements que nous pourrions peut-être...
M. Ciaccia: ... déposer maintenant, ça nous
permettrait de voir; c'est une bonne idée. Cela nous aiderait pour la
discussion sur l'article 9.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, on va distribuer les
amendements à l'article 10 dès maintenant.
M. Bérubé: À la suite des interventions du
député de Mégantic-Compton, en particulier concernant
l'attestation qu'il serait obligé de se signer à lui-même
s'il n'avait pas réussi à vendre ses maisons - ce qui, entre
nous, lui ferait certainement moins mal que de devoir financer un
investissement qui dort et qui est inutilisé - je peux comprendre que
ça peut sembler baroque. Nous remplacerions le deuxième
alinéa de l'article 10 par le suivant: "II doit en outre, au plus tard
lors de la livraison du bâtiment, transmettre au propriétaire une
attestation écrite de leur exécution conforme."
Je reviens essentiellement à l'idée du
député de Mégantic-Compton qui disait: Dans le contrat on
pourrait avoir une attestation. En fait, c'est exactement la même chose;
c'est-à-dire que nous allons lui fournir une jolie petite formule,
préimprimée s'il le désire, sur laquelle il n'aura
qu'à signer. Alors, au moment où il signe son contrat, il met
ça sous la forme d'une clause qui, elle, peut être
rédigée de diverses façons et qui ne sera pas toujours
acceptable; à ce moment-ci, il n'aura qu'à ajouter une feuille au
contrat, en addendum, qui, elle, sera toujours une formule standard et on sera
certain qu'elle ne portera pas à interprétation.
C'est donc simple, élégant et ça répond
exactement à ce que le député de Mégantic-Compton
proposait, sauf que, avec l'amendement tel que proposé,
évidemment, nous enlèverions "au plus tard, trente jours avant la
fin des travaux" pour mettre "au plus tard lors de la livraison du
bâtiment". Ce serait une première modification. (23 heures)
Le deuxième amendement amènerait l'alinéa 1
à se lire ainsi: "...aux règlements, si "des" plans et devis
n'ont pas été préparés par un architecte ou un
ingénieur". On mettrait "des".
M. Bélanger: Pourquoi "des"?
M. Bérubé: C'est qu'on a émis
l'hypothèse qu'il n'y ait pas de plans et devis préparés
par un architecte ou un ingénieur. Or, la loi telle que
rédigée dit: "... si les plans et devis n'ont pas
été préparés par un architecte ou un
ingénieur." Donc elle suppose que des plans et devis ont effectivement
été rédigés, pas nécessairement par un
ingénieur ou un architecte, mais qu'il y en a. Or, il y a des
constructeurs qui construisent sans plans et devis.
M. Bélanger: Tous les constructeurs construisent sans
plans d'architecte. On fait affaires avec des dessinateurs.
M. Bérubé: Certains constructeurs n'ont même
pas de plans et devis. Ils pourraient en avoir. Étant donné la
rédaction telle qu'elle était là, je dis que
peut-être on veut commencer à s'amuser avec des têtes
d'épingle, et on peut toujours accumuler beaucoup d'anges... Là,
on a effectivement imaginé que cette loi pourrait vouloir dire qu'il
doit nécessairement y avoir des plans et devis, soit qu'ils n'ont pas
été préparés par des ingénieurs ou
architectes, soit qu'ils ont été préparés par des
ingénieurs ou architectes. Donc, il y a toujours des plans et devis. On
a dit que peut-être il n'y avait pas de plans et devis. À ce
moment, en remplaçant "les" par "des", on élimine cette
inconnue.
M. Bélanger: Si on soumettait au ministre une offre
d'achat bien rédigée avec cette fameuse attestation à
même l'offre d'achat? Je veux simplifier.
M. Bérubé: Je n'ai certainement pas d'objection
puisque l'attestation est prévue par loi réglementaire. Je pense
que la suggestion est valable. Dans la préparation de notre
règlement, on pourrait dire que l'attestation peut prendre la forme de
la phrase suivante... à l'intérieur du contrat.
M. Bélanger: Ce serait déjà une grosse
amélioration.
M. Samson: D'ailleurs, l'actuel amendement...
M. Bérubé: C'est le seul inconvénient, mais
on pourra discuter des avantages et des inconvénients. On me dit qu'il
peut y avoir un inconvénient à faire ce que vous faites là
dans la mesure où l'inspecteur qui viendrait vérifier l'isolation
aurait accès à tous les termes du contrat de vente, ce que vous
pourriez ne pas aimer mais enfin, je pense que c'est le droit le plus strict.
Dans notre loi réglementaire, on pourrait dire: Permettre que
l'attestation soit incluse dans le contrat, et celui qui voudra le mettre
ainsi... Je pense que c'est une bonne suggestion. On me dit que
l'inconvénient de cela, c'est qu'à ce moment l'inspecteur aurait
accès à tout le contrat, donc il verrait le prix, il verrait les
clauses, enfin, le vendeur et l'acheteur décideront.
M. Bélanger: II faudrait mentionner l'offre d'achat ou le
contrat de construction, parce que ce sont deux choses totalement
différentes. Un constructeur peut construire une maison pour un client
avec un contrat de construction. Il peut aussi vendre au client une
propriété qui lui appartient. Ce n'est pas nécessairement
le même contrat.
M. Bérubé: Vous êtes en train de me dire que
c'est beaucoup mieux d'avoir simplement une attestation
séparée.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, l'actuel amendement tel qu'on
l'a devant nous, n'empêcherait pas, d'après moi, un entrepreneur
d'inclure son attestation dans ses contrats parce que tout ce que la loi impose
comme obligation, c'est de la remettre au plus tard lors de la livraison. C'est
tout. S'il décide de la remettre au moment de la signature du
contrat...
M. Bérubé: Oui, mais il y a une clause...
M. Samson: Vous ne l'empêchez pas.
M. Ciaccia: M. le Président, j'aimerais revenir au premier
alinéa de l'article 9.
M. Bérubé: À l'article 16, le gouvernement
peut déterminer la forme et le contenu des attestations. Il faudra donc,
au moment où on préparera le règlement, permettre ce genre
d'attestation. Je n'ai aucune objection à permettre l'attestation sous
une forme ou une autre; l'essentiel, c'est qu'il y en ait une.
M. Samson: C'est la rédaction qui vous intéresse.
Que ce soit dans le contrat ou que ce soit sur le petit papier à part,
c'est le formulaire de rédaction qui vous intéresse.
M. Bérubé: Je trouve que c'est plus simple de
l'avoir sur un petit papier à côté, parce que...
M. Bélanger: Pas moi, parce que, quand on parle de temps
de travaux, on parle d'un maximum de 30 jours... Si vous livrez une maison, que
le constructeur doit partir en vacances... Vous savez que, dans la
construction, on a des vacances obligatoires deux fois par année, du 15
juillet jusqu'au 1er août, du 22 décembre ou du 23 décembre
jusqu'au 6 janvier...
M. Bérubé: Maintenant que vous êtes
député, M. le député de Mégantic-Compton,
vous allez voir...
M. Bélanger: C'est tout simplement pour ça que
j'entrevois le litige qui pourrait se créer entre le consommateur et le
constructeur, alors que, dans le moment, ça va si bien.
Le Président (M. Bordeleau): J'avais une suggestion du
député de Mont-Royal de revenir à l'article 9, ce que je
trouverais assez sage également.
M. Ciaccia: À l'article 9, M. le ministre, je vous
suggérerais, au premier alinéa, que ça se lise comme suit:
"1° avant le début des travaux visés par les
règlements de la présente loi et pour lesquels les plans et devis
ont été préparés...
M. Bérubé: Vous vous êtes
rencontrés.
M. Ciaccia:... une attestation écrite de la
conformité de ces plans et devis aux règlements." Là,
c'est clair.
M. Bérubé: On a trouvé exactement le
même amendement que vous en même temps.
M. Ciaccia: C'est un amendement...
M. Bérubé: Je vais le rendre subtil; vous, c'est:
"pour lesquels des plans et devis ont été
préparés", et nous, c'est: "pour lesquels il a
préparé des plans et devis.
M. Ciaccia: Bah!
M. Bérubé: Le passif étant une formule plus
anglaise que française.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, est-ce qu'on
peut l'avoir écrit
proprement et lisiblement?
M. Bérubé: Étant donné que.. En fait,
nous avons exactement la même formulation...
Une voix: Est-ce qu'on peut...
M. Bérubé: Comme il s'agit de "il doit en outre",
notre amendement se lirait plutôt: "avant le début des travaux
visés par des règlements et pour lesquels il a
préparé des plans et devis", au lieu de dire: "des plans et devis
ont été préparés."
Une voix: D'accord.
M. Bérubé: C'est l'actif au lieu du passif.
Question d'origine linguistique.
M. Bélanger: ...la langue jusque dans les
règlements d'isolation.
M. Samson: ...classe francophone et classe anglophone.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement proposé
par le ministre...
M. Bérubé: II y en a un qui a une flamme bleue.
M. Samson: II fait moins de millage.
Le Président (M. Bordeleau): Cela irait pour tout le
monde, à partir de ce que vous avez entendu? Je vais le relire quand
même, pour que ce soit le plus clair possible. À l'article 9,
l'amendement se lirait comme suit, au premier alinéa: "1° avant le
début de travaux visés par les règlements et pour lesquels
il a préparé des plans et devis, une attestation écrite de
la conformité de ces plans et devis aux règlements." C'est bien
ça? On reprend deuxièmement après. C'est un amendement au
premièrement de l'article 9.
M. Ciaccia: Est-ce que c'est nécessaire de dire: "une
attestation écrite de la conformité de ces plans et devis? parce
qu'il faut se référer aux plans...
M. Fortier: C'est parce qu'ils ont écrit: "de ces plans et
devis."
Le Président (M. Bordeleau): "Une attestation
écrite...
M. Ciaccia: "...de ces plans et devis..." M. Fortier:
"...de ces plans et devis." M. Ciaccia: "...aux règlements."
Le Président (M. Bordeleau): "...de la conformité..."
M. Bérubé: "...de la conformité de
ces..."
Le Président (M. Bordeleau): "...de la conformité
de ces plans et devis..." C'est ce qui est écrit.
M. Ciaccia: "...de ces plans et devis..."
Le Président (M. Bordeleau): Oui, c'est ça.
M. Bérubé: C'est la même chose.
Le Président (M. Bordeleau): "...de ces plans et devis aux
règlements."
Est-ce que l'amendement proposé par le ministre sera
adopté?
M. Bérubé: On peut le faire proposer par le
député de Mont-Royal...
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le ministre,
mais c'est le ministre qui doit proposer les amendements en commission
parlementaire.
M. Ciaccia: Je ne veux pas en faire une question de
règlement, mais les députés peuvent proposer des
amendements aussi, il me semble.
M. Bélanger: On n'est pas inutile parce qu'on est
député.
M. Ciaccia: La raison pour laquelle j'ai dit ça, c'est que
je ne veux pas créer un précédent.
Le Président (M. Bordeleau): Dans certains...
M. Ciaccia: Cela dépend, certains amendements sont
recevables ou non recevables, c'est une autre affaire. Mais des amendements
peuvent être...
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Ciaccia: C'est une autre affaire, mais des amendements peuvent
être proposés par des députés.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord.
M. Fortier: On peut accepter ça: "2° au plus tard
trente jours après la fin des travaux, une attestation écrite de
leur exécution"... La seule objection que j'avais, c'était le
genre d'attestation qui serait exigée, mais on va accepter l'explication
du ministre là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord?
M. Ciaccia: Ceci s'applique...
M. Fortier: À tous les bâtiments publics.
M. Ciaccia: C'est pour les bâtiments publics. D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Cela irait pour le
deuxièmement tel quel?
M. Ciaccia: Oui.
M. Fortier: Oui, je pense qu'on va l'accepter tel que
modifié, tel qu'amendé.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 9...
M. Bélanger: On peut déjà prévoir que
personne ne demandera à l'ingénieur de surveiller les travaux
parce que ça va coûter beaucoup trop cher.
M. Bérubé: Voyons, c'est insultant pour les
ingénieurs! C'est ce qui explique, d'ailleurs, pourquoi c'est si mal
construit au Québec, parce qu'on ne fait pas assez appel aux
ingénieurs.
M. Bélanger: Ce que je veux dire par là,
c'est...
M. Ciaccia: Est-ce que vous dites que c'est mal construit au
Québec?
M. Bélanger: ...que le propriétaire
d'édifices publics n'est pas régi par cette loi. Je ne vois donc
pas pourquoi il dirait aux ingénieurs et aux architectes: Venez
inspecter souvent pour envoyer une petite lettre d'attestation. Il n'est pas
régi par ça, il n'est pas obligé de le faire.
M. Fortier: II n'est pas obligé de le demander; alors,
s'il décide de le faire, il le fait.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 9 tel
qu'amendé sera adopté?
Une voix: Adopté. M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. J'appelle
l'article 10. Est-ce que vous pourriez me réécrire l'amendement
de l'article 9? A l'article 10...
M. Bérubé: II y a un amendement.
Le Président (M. Bordeleau): ...II y a un amendement que
vous avez probablement en main.
M. Bérubé: II y a un amendement.
M. Ciaccia: Est-ce que vous voulez m'expliquer ce que veut dire:
L'entrepreneur doit donner cette attestation? Il doit transmettre au
propriétaire "une attestation écrite de leur exécution
conforme aux règlements".
M. Bérubé: Oui.
M. Ciaccia: Qu'est-ce que ça ajoute vraiment? S'il y a une
obligation pour l'entrepreneur de le faire, est-ce pour la question des "public
relations", c'est-à-dire qu'on va lui donner un morceau de papier...
M. Bérubé: Non, je vais reprendre.
M. Ciaccia: Même dans le Code du bâtiment, vous
n'exigez pas que l'entrepreneur donne une attestation. C'est entendu dans la
loi; pour être conforme, il faut qu'il soit construit d'après les
règlements municipaux, etc., il y a une série de
règlements. Je voudrais juste savoir ce que ça ajoute.
M. Bérubé: Le consommateur qui revend sa maison a
l'avantage d'avoir une attestation qui donne une valeur à sa
propriété indéniablement. Deuxièmement, c'est
certainement incitatif pour un entrepreneur à faire attention quand il
construit; en général, quand on signe quelque chose, je pense que
quelqu'un qui a le respect de sa signature va donc vouloir être plus
prudent. Troisièmement, au niveau de l'inspection également, de
l'analyse des plans, je vous rappellerais qu'à l'article 26 "ce permis
n'est délivré que si l'inspecteur constate, après examen,
que les plans et devis de l'édifice sont conformes à la
présente loi et à ses règlements, ainsi qu'à la Loi
sur l'économie de l'énergie dans le bâtiment." C'est un
amendement à l'article 4 de la Loi sur la sécurité dans
les édifices publics. Il est évidemment beaucoup plus facile pour
un inspecteur qui a une attestation devant lui d'aller rapidement sur les plans
plutôt que de faire une analyse détaillée. L'objectif,
c'est, dans le fond, d'essayer de faire en sorte que notre corps d'inspecteurs
ait moins tendance à surveiller les plans de façon tatillonne et
ait davantage tendance à accepter la responsabilité de la
personne qui fait les travaux. C'est surtout ça.
M. Ciaccia: Autrement dit, aussi longtemps que l'entrepreneur
donne un petit morceau de papier, l'inspecteur n'a pas besoin d'inspecter si
les travaux ont été exécutés conformément
aux règlements. C'est ça que vous nous dites?
M. Bérubé: II peut y aller plus facilement.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que ça va? M.
le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Je l'ai mentionné hier et je pense que
je vais le mentionner encore au ministre, Hydro-Québec, dans les
années passées, pendant environ quatre ou cinq ans, nous a fourni
une certification comme ça qui s'appelait le certificat Novelec.
M. Bérubé: Oui, très en demande,
d'ailleurs.
M. Bélanger: Très en demande! Cela n'a jamais rien
apporté de concret. Les maisons ne se vendaient pas plus facilement
parce qu'on avait une attestation Novelec. Si vous permettez que cette
attestation soit incluse dans l'offre d'achat et dans le contrat de
construction, je crois que ça ne peut pas tellement faire de tort au
constructeur, parce que, comme je vous l'ai dit hier, 99,9% se conforment
déjà à ces normes. Ils en sont tous conscients.
Aujourd'hui, d'ailleurs, la maison se vend tellement bien quand on dit: On
construit avec de nouvelles normes. (23 h 15)
M. Bérubé: C'est ce que je pense aussi.
M. Bélanger: C'est dans l'intérêt des
constructeurs et je ne vois aucun problème à cela. C'est tout
simplement faciliter la tâche, parce que ce sont de petites entreprises
qui ne sont pas équipées de bureaux. Si on pouvait inclure
l'attestation dans l'offre d'achat et dans le contrat de construction, je
serais très heureux.
Le Président (M. Bordeleau):
L'amendent à l'article 10 sera-t-il adopté tel que
proposé?
M. Ciaccia: Adopté. Excusez-moi, avez-vous d'autres
commentaires?
M. Bérubé: En fait, on me dit que vous pourrez le
mettre où vous voulez.
M. Bélanger: Parfait, cela fait mon affaire.
Le Président (M. Bordeleau): Je répète.
Amendement à l'article 10?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté. L'article 10
tel qu'amendé sera-t-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté.
Article 11?
M. Ciaccia: À l'article 11, je voudrais poser une question
au ministre.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Vous exigez que le propriétaire d'un
bâtiment public se conforme aux règlements. C'est très
bien. Disons que quelqu'un achète un édifice qui aura
été construit...
M. Bérubé: Un bâtiment public.
M. Ciaccia: ... après la date d'entrée en vigueur
du présent projet de loi. Il devient propriétaire. Il ne l'a pas
fait construire. Vous lui imposez l'obligation à lui, acheteur d'un
édifice, d'un bâtiment public, de se conformer aux
règlements. Je pense que vous allez empêcher la vente de beaucoup
de bâtiments publics.
Quelqu'un peut se présenter au propriétaire dans deux ans,
lui dire qu'il doit se conformer aux règlements, que les
règlements exigent certains travaux qui n'ont pas été
accomplis et lui intimer de les faire.
M. Bérubé: Vous avez raison, c'est parfaitement
exact. Dans dix ans, le propriétaire d'un bâtiment public
construit depuis l'entrée en vigueur de la loi évidemment, on ne
parle pas des bâtiments construits antérieurement - doit conserver
les attestations de la conformité.
M. Ciaccia: Excusez-moi, le propriétaire n'a pas à
ce moment-là d'attestation. C'est l'acheteur. C'est quelqu'un qui se
porte acquéreur d'un bâtiment public.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Ciaccia: II devient propriétaire à ce
moment-là.
M. Bérubé: À ce moment-là, il doit
réclamer les attestations. L'objectif poursuivi par cet article, c'est
de s'assurer qu'ultérieurement on ne modifie pas, par exemple, la
ventilation ou qu'on ne modifie pas l'édifice comme tel d'une
façon qui serait contraire aux normes. C'est la raison pour laquelle on
dit que le propriétaire doit maintenir l'attestation, doit conserver
l'attestation.
M. Ciaccia: Oui, mais vous imposez un fardeau trop onéreux
à un acquéreur. Je ne parle pas de l'entrepreneur, je ne parle
pas de celui qui a construit le bâtiment. L'obligation contenue dans la
loi devrait s'appliquer en tout temps pour lui. Mais, au moment où une
tierce partie devient
propriétaire, de la façon que vous avez
rédigé l'article 11, vous pourriez exiger d'elle, au cas
où les travaux n'auraient pas été faits, de recommencer et
de faire tous les travaux. Je ne pense pas que ce soit votre intention.
Il y a deux obligations ici, M. le ministre. Il y a l'obligation
d'exiger des attestations.
M. Bérubé: Non, effectivement, mon
interprétation était erronée.
M. Ciaccia: II y a l'obligation d'obtenir des attestations, c'est
une chose.
M. Bérubé: Oui.
M. Ciaccia: Mais il y a aussi l'obligation de se conformer au
règlement. Si un inspecteur n'a pas fait son travail auparavant et que
l'édifice n'est pas conforme, cela veut dire que le nouveau
propriétaire va être obligé de refaire...
M. Bérubé: Non.
M. Ciaccia: D'abord changer...
M. Bérubé: Non, non.
M. Ciaccia: Je crois que vous allez être obligé de
changer le...
M. Bérubé: Mon interprétation était
erronée. L'article 11 dit: "II doit, en outre, exiger les attestations
de conformité prévues par les articles 9 ou 10." Par exemple,
à l'article 10, "l'entrepreneur doit s'assurer que les travaux de
construction d'un bâtiment sont exécutés
conformément aux règlements adoptés en vertu de la
présente loi." Il doit en outre, au moment de la livraison, transmettre
au propriétaire... Il s'agit donc de l'attestation que le constructeur
doit transmettre au propriétaire. Le propriétaire auquel on se
réfère à l'article 11 est donc le premier
propriétaire.
M. Ciaccia: Cela ne dit pas cela. L'article 11 impose deux
obligations. Il y a deux clauses dans l'article 11. La première
obligation, c'est que "le propriétaire d'un bâtiment public doit
se conformer aux règlements adoptés en vertu de la
présente loi." Si M. X devient propriétaire en 1989 d'une
bâtissse qui a été construire après la mise en
vigueur de cette loi, comme propriétaire, il doit s'y conformer. Cela
veut dire qu'il faut qu'il s'assure et il peut être obligé de
refaire certaines parties de la bâtisse.
Il y a une autre obligation que vous lui imposez. Il doit en plus
"exiger les attestations." Ce sont deux obligations différentes que vous
imposez au propriétaire.
La question d'exiger des attestations, cela a des conséquences
moins onéreuses parce qu'il peut exiger... On peut se demander ce qui
arrive s'il ne les obtient pas, si elles sont perdues, si l'entrepreneur n'est
plus en affaires. Vous soulevez des conséquences légales pour le
propriétaire qui peuvent être assez difficiles. Vous faites une
déclaration, mais il faut qu'il y ait des conséquences
légales après cette déclaration. S'il y a des
pénalités...
M. Bérubé: Au moment où il prend livraison
de l'édifice...
M. Ciaccia: L'édifice, il va le prendre en 1990.
L'édifice a été construit en 1981.
M. Bérubé: Oui.
M. Ciaccia: C'est quelque chose... Pour quel laps de temps? Il
doit y avoir un temps limite.
M. Fortier: À moins que vous ne disiez: Le
propriétaire qui s'engage dans la construction d'un bâtiment
public... C'est au moment où il s'engage dans la construction. Le
député de Mont-Royal parle de l'éventualité
où, dans l'avenir, un nouveau propriétaire va devenir
propriétaire d'un édifice existant.
M. Ciaccia: Oui, je ne pense pas que ce soit votre
intention...
M. Bérubé: J'ai de la difficulté à
comprendre votre objection.
M. Ciaccia: Pardon?
M. Bérubé: J'ai de la difficulté à
comprendre votre objection.
M. Fortier: Elle est très simple.
M. Ciaccia: Je vais l'expliquer de nouveau. En 1981, un
édifice public est construit par la compagnie X. Elle doit se conformer
aux règlements, etc. Elle doit se conformer à la présente
loi. Cela se peut qu'il y ait des défauts. Cela se peut que quelque
chose n'ait pas été fait conformément à la loi. On
ne découvre pas cela. En 1985, un autre propriétaire, un
acquéreur devient propriétaire. De la façon que la loi est
rédigée, ce propriétaire, en 1985, qui vient d'acheter la
bâtisse doit se conformer aux règlements adoptés. Cela veut
dire que vous lui imposez l'obligation de vérifier, comme
acquéreur, que la construction a été faite d'après
les règlements et, si elle ne l'a pas été, il va falloir
qu'il refasse les travaux. Je ne pense pas que ce soit votre intention
d'imposer cette obligation à un acquéreur qui devient
propriétaire. Ce serait une obligation un peu trop
onéreuse. Vous allez vraiment couper le marché immobilier au
Québec avec une clause semblable. Vous allez le réduire
sensiblement.
Ce n'est pas seulement un individu. Dans cette loi, vous dites que le
gouvernement... Supposons que la caisse de dépôt devienne
propriétaire d'un édifice de Gaz Métropolitain. La caisse
de dépôt va être obligée de refaire l'édifice
si Gaz Métropolitain ne s'est pas conformée ou si l'achitecte a
fait une erreur. Je crois que c'est aller un peu loin.
M. Bérubé: On me dit que c'est exactement la
même chose présentement pour tous les bâtiments publics. Si
vous achetez un bâtiment public d'un constructeur qui n'a pas
effectivement respecté le code de la construction...
M. Fortier: ...protection contre le feu.
M. Bérubé: Oui, par exemple. Vous êtes
effectivement obligé, en l'achetant, d'apporter les correctifs
nécessaires et ça fait partie de la négociation du
prix.
M. Ciaccia: Répétez-moi ça, excusez-moi, je
n'ai pas suivi.
M. Bérubé: On me dit qu'actuellement, en vertu de
la Loi sur la sécurité dans les édifices publics, si vous
prenez possession d'un bâtiment construit avec des défauts de
construction, non-conformité, par exemple, au code du bâtiment, le
propriétaire est obligé de mettre l'édifice au niveau des
normes.
M. Ciaccia: Je vais vous expliquer la différence, M. le
ministre. D'après la Loi sur la sécurité dans les
édifices publics, ce sont des choses très spécifiques qui
peuvent être vérifiées avant d'acheter un tel
édifice, les lampes d'urgence, les portes de sécurité
d'urgence, les gicleurs; toutes ces choses, c'est visible, vous n'allez pas
ouvrir les murs pour voir si l'isolation a été mise en place. Ce
sont des choses pour la sécurité des gens qui sont dans ces
édifices et, que ce soit l'entrepreneur, l'acquéreur, il y est
obligé, et c'est une obligation que je crois normale, parce que vous ne
pourriez pas mettre en péril la sécurité des gens qui sont
dans un édifice public parce qu'il y a un nouvel acquéreur.
Mais, dans ce cas-ci, vous avez des règlements qui vont toucher
des aspects de la construction qui ne sont pas visibles. Vous ne pouvez pas
voir l'isolation, la ventilation, la mécanique, tout ça. Il peut
être impossible pour le nouvel acquéreur de se conformer à
la loi. Quant à la loi sur la sécurité, ce sont des choses
établies et visibles pour ceux qui vont acheter ces édifices, et
ce sera possible de s'y conformer.
M. Fortier: Si on dit: Le propriétaire qui s'engage dans
la construction d'un nouveau bâtiment, à ce moment-là,
c'est clair que c'est un nouvel édifice.
M. Ciaccia: Mais là, on n'aura pas besoin de le dire,
parce que...
M. Fortier: Cela a été dit avant. M. Ciaccia:
...cela a été dit avant.
M. Fortier: On parle d'entrepreneur, on ne parle pas du
propriétaire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton, je vais vous donner votre tour.
M. Bélanger: Je vais attendre que le ministre soit de
bonne humeur.
M. Bérubé: Dans le cas d'un bâtiment public,
j'ai une position différente de celle que j'aurais pour une maison
individuelle. En d'autres termes, un édifice public, il me semble,
devrait être construit et maintenu dans des conditions
d'efficacité thermique et, à ce moment-là, imposer au
propriétaire d'un bâtiment de ne pas faire des modifications
à son bâtiment qui contreviennent aux normes d'isolation, s'il
s'agit d'un édifice public, cela me paraîtrait normal.
M. Ciaccia: C'est peut-être parce que la compagnie... Mon
collègue de Mégantic-Compton...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Je crois que l'article 11 va l'encontre des
articles 9 et 10. Aux articles 9 et 10, on dit que ce n'est pas obligatoire; on
n'est pas obligé de demander aux ingénieurs ou aux architectes de
surveiller. On dit la même chose à l'article 10; on peut exclure
l'entrepreneur, mais à l'article 11, on dit: que "le propriétaire
d'un bâtiment public doit se conformer aux règlements
adoptés" et qu'il doit, en outre, exiger des attestations. S'il n'y a
pas eu d'attestation...
M. Ciaccia: II y a toujours une attestation.
M. Fortier: II y a toujours une attestation.
M. Bérubé: II y a toujours une attestation. Il y a
une attestation, soit de l'ingénieur ou de l'architecte...
M. Bélanger: II y a une attestation qu'il n'a pas
surveillé les travaux.
M. Bérubé: Ah, si on ne fait pas surveiller les
travaux, il n'y aura qu'une attestation de l'entrepreneur.
M. Fortier: II y a toujours une attestation.
M. Ciaccia: Je vais essayer de vous expliquer la
différence. Vous avez soulevé le fait que c'est un bâtiment
public, vous ne voyez pas pourquoi quelqu'un ne devrait pas se conformer. C'est
parce que vos règlements ne sont pas limités dans vos
règlements, vous pouvez dire n'importe quoi qui affecte
l'épaisseur des murs, par exemple, qui affecte les fenêtres, la
fenestration, l'ensemble de la ventilation. Je ne dis pas que vous n'auriez pas
le droit de faire ces règlements, mais une fois que la bâtisse est
construite, que vos inspecteurs ont attesté, ont fait tout le reste,
vous ne pouvez pas dire au nouveau propriétaire: Écoutez, le mur
devrait être de six pouces. Il a seulement quatre pouces.
Démolissez le mur et refaites-le. Pour refaire cela, il faudrait presque
démolir le bâtiment. Ce n'est pas quelque chose que vous ajoutez
pour la sécurité publique des gens. Ici, pour l'économie
d'énergie, n'importe quoi peut être fait. Un nouvel
acquéreur ne peut pas s'engager et dire: J'affirme que les
règlements ont été suivis. (23 h 30)
M. Bérubé: Votre exemple, je pense, n'est pas
choisi adéquatement, parce que, dans l'exemple que vous donnez, le
propriétaire possède son édifice depuis quatre ou cinq ans
et découvre que le bâtiment, au lieu d'avoir six pouces
d'isolation n'en a que quatre pouces.
M. Ciaccia: Je parle du nouvel acquéreur.
M. Bérubé: Du nouvel acquéreur.
M. Bélanger: On peut parler souvent d'un troisième,
quatrième acquéreur.
M. Bérubé: À ce moment-là, on
constate que le bâtiment n'a pas été construit suivant les
normes. C'est l'entrepreneur qui a construit qui est légalement...
M. Ciaccia: II n'est plus là. M. Bérubé:
... responsable.
M. Ciaccia: II ne sera peut-être plus là. Cela ne
sert à rien de donner un droit de recours contre quelqu'un qui a
disparu, qui a fait faillite.
M. Bérubé: D'accord. S'il est disparu, l'heure est
tardive...
M. Samson: S'il n'a pas disparu, il va disparaître.
M. Ciaccia: Le présent projet de loi devrait le faire
disparaître.
M. Bérubé: On me dit que, s'il est
propriétaire du bâtiment, il ne se poursuivra pas lui-même
pour exiger la démolition du bâtiment pour non-respect des normes.
La loi ne nous permet pas d'exiger la démolition. En d'autres
termes...
M. Ciaccia: Un instant! vous pourriez lui demander une "specific
performance", vous pourriez lui demander de se conformer à la loi.
Quelqu'un peut venir, le gouvernement, un inspecteur, et lui dire: Vous
êtes le propriétaire d'un bâtiment public. Vous devez vous
conformer aux règlements. Conformez-vous y. Vous vous y conformez et
vous faites telle, telle et telle chose. Si ce n'est pas
l'interprétation de l'article 11, cela ne sert à rien d'avoir
l'article 11, enlevez-le. Chaque clause, chaque règle
d'interprétation doit avoir une portée. Il faut que cela dise
quelque chose. Si le propriétaire a cette obligation, cela veut dire que
quelqu'un peut l'obliger de se conformer à cette obligation. Qui
pourrait le faire? Ce seraient ceux qui sont chargés de l'application du
présent projet de loi.
M- Bérubé: S'il fait, par exemple, des
transformations au système de ventilation qui sont non corformes aux
normes, à ce moment-là, il est responsable.
M. Ciaccia: C'est un autre affaire. S'il fait des changements, il
faut qu'il ait un permis. Pour obtenir son permis, il va falloir des
attestations. Il va y avoir des inspecteurs. Vous êtes couvert dans le
projet de loi pour quelqu'un qui achète un bâtiment public et fait
des changements.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je pense que, M. le ministre,
il s'agit de déterminer... Je comprends l'intention de cet article,
c'est de faire en sorte que des propriétaires successifs ne changeront
pas la fenestration, les systèmes de ventilation de telle sorte que
l'objectif de la loi soit contourné.
Moi, je vous dis que, contrairement aux normes de sécurité
qui, comme l'a dit le député de Mont-Royal, doivent être
maintenues à tout prix, où il y a une responsabilité des
autorités civiles de faire en sorte que ces normes soient
respectées continuellement, dans ce cas-ci, si un
propriétaire achète un édifice qui est
déjà conforme, je crois que la motivation du propriétaire
va être de continuer dans ce sens-là, parce que le coût du
combustible va être tel qu'il ne fera pas exprès pour modifier son
bâtiment pour le rendre non conforme.
Il est certain que l'article 11 est logique dans un sens, soit
d'être absolument contraignant et d'éviter que les gens fassent
des bévues, des modifications ridicules qui iraient dans le sens de les
pénaliser eux-mêmes.
Mais je crois que c'est un peu différent et qu'en toute
honnêteté on pourrait biffer l'article 11. Cela devient moins
contraignant et on évite les problèmes...
M. Bérubé: Je proposerais ceci: Que nous
continuions à examiner les autres articles pendant que mes gens
regarderaient les implications.
M. Ciaccia: Je voudrais ajouter juste un autre commentaire. Si
vous voulez éviter qu'un propriétaire fasse des changements, vous
êtes déjà couvert dans la loi. Aucun changement ne peut
être fait, aucune construction ne peut être faite...
M. Bérubé: Nouvelle construction, mais pas
amélioration.
M. Ciaccia: Regardez l'article 16. Vous avez un pouvoir de
réglementation qui est pas mal large. Dans ce pouvoir de
réglementation, vous pouvez inclure la modification. Quelqu'un qui va
aller modifier un édifice ne peut pas le faire tout seul. Il faut qu'il
obtienne un permis, soit de la ville soit d'une municipalité. Quand il
va obtenir le permis, il devra se conformer aux règlements.
M. Bérubé: Je comprends l'esprit. Je comprends
également pourquoi c'est ainsi fait, comme l'expliquait le
député d'Outremont, dans la Loi sur la sécurité
dans les édifices publics. Maintenant, je vois également le
problème que vous soulevez. Ils vont l'examiner et on va voir dans
quelle mesure...
Le Président (M. Bordeleau): On suspendrait l'article 11
pour le moment.
M. Bérubé: On suspendrait l'étude de
l'article 11 et on continuerait...
M. Bélanger: J'aurais une petite remarque.
Le Président (M. Bordeleau): Sur l'article 11 aussi?
M. Bélanger: Oui, c'est-à-dire sur l'article
24.
M. Bérubé: On suspendrait l'article 11.
Le Président (M. Bordeleau): On reviendra. On va le
discuter à nouveau. On verra s'il y a un amendement possible,
souhaitable.
On passe maintenant à l'article 12.
M. Ciaccia: À l'article 12, "toute personne visée
dans l'un des articles 9 ou 10 doit transmettre à un inspecteur qui lui
en fait la demande une copie de l'attestation..."
Cela revient encore... Est-ce que vous ouvrez la porte à un genre
de harcèlement?
M. Bérubé: Non.
M. Ciaccia: Vous avez imposé l'obligation de
l'attestation.
M. Bérubé: Tout ce qu'on dit, c'est bien normal. Si
la loi exige une attestation, un inspecteur peut exiger une copie de
l'attestation.
M. Bélanger: Mais lorsqu'on parle d'un inspecteur, il peut
revenir un an après -parce qu'il n'y a pas de date limite - dire au
constructeur, ou au bout de deux ans, trois ans...
Une voix: Cinq ans, dix ans...
M. Bélanger: ... Je voudrais bien voir l'attestation que
tu as donnée en 1980. Or, nous sommes en 1992...
M. Ciaccia: Mettez une date limite.
M. Bélanger: II faudrait mettre une date limite.
M. Ciaccia: Comme cela, le type va garder le petit morceau de
papier que vous lui avez préparé, va le mettre dans son
coffre-fort et, pour un an ou deux, il va savoir que durant ce
temps-là... Après cela, il est capable de s'occuper d'autre chose
que son petit morceau de papier, cette attestation.
M. Fortier: Pendant deux ans après la fin des travaux.
M. Bérubé: Je suis d'accord sur cela, parce que tel
que rédigé, cent ans après, il pourrait demander une
attestation pour l'Empire State Building, par exemple.
M. Ciaccia: Comment allez-vous prouver que cela a
été fait?
Une voix: II ne reste plus de témoin.
M. Ciaccia: Quelle date limite pourrait-on inclure?
M. Bélanger: Un mois et demi serait l'idéal.
M. Ciaccia: Douze mois. Un an. Un an après la fin des
travaux.
M. Bélanger: On pourrait mettre deux ans après la
fin des travaux, parce qu'on parle ici d'isolation. Si vous avez un hiver comme
l'hiver dernier, qui n'était pas trop rigoureux, il peut peut-être
ne pas s'apercevoir des défauts et, l'hiver suivant, s'en apercevoir. On
pourrait aller à 24 mois.
M. Ciaccia: Dans les 24 mois après la fin des travaux.
M. Bérubé: Dans les 24 mois après la
livraison.
M. Ciaccia: Après la livraison du bâtiment. Dans les
24 mois...
M. Bérubé: Non, avant...
M. Ciaccia: La livraison, c'est une date difficile à
établir, des fois...
M. Bérubé: La livraison, c'est la plus facile,
parce qu'il faut qu'il y ait un transfert à un moment ou l'autre.
M. Fortier: II y a un propriétaire, à ce
moment-là pour prendre la livraison.
M. Bélanger: II y a un autre point, il y a livraison et il
y a occupation. Ce sont deux choses différentes.
M. Bérubé: On laisse "livraison".
M. Ciaccia: Dans les 24 mois après la livraison...
M. Bérubé: Étant donné que dans
l'esprit de la loi on a accepté le principe de la livraison, on est
aussi bien de s'en tenir à...
M. Samson: De la livraison...
M. Fortier: ...rien qu'à le laisser dedans; on est
d'accord sur cela.
Le Président (M. Bordeleau): On ajouterait cela à
la fin?
M. Samson: II n'a pas d'affaire là.
M. Ciaccia: Oui, à la fin, dans les 24 mois après
la livraison.
Le Président (M. Bordeleau): Dans les 24 mois, M. le
ministre, cela pourrait aller.
M. Bérubé: Oui, on va me rédiger un
amendement à l'article 12. On passe à l'article 13 et on
reviendra avec l'amendement.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Suspendons
l'article 12. Article 13.
M. Ciaccia: Article 13. J'ai un commentaire ici. "What the hell
does this mean?" Je lis mon commentaire lorsque j'avais lu l'article la
première fois. Qu'est-ce que l'article 13 veut dire?
M. Bérubé: Vous voulez une maison avec... Vous
êtes ministre de l'Énergie et des Ressources et vous avez un
superbe bureau avec trois façades vitrées. C'est totalement non
réglementaire. Alors, vous décidez de vous construire une maison
avec trois façades vitrées. C'est non conforme aux
règlements.
Les règlements prévoient, si vous avez pu les voir, qu'une
dispense peut être donnée à son constructeur concernant cet
article des règlements et, à ce moment, il se fait construire
avec des baies vitrées tout le tour de sa maison.
M. Fortier: Donc il y a deux dispenses. Il y a la dispense du
constructeur propriétaire qui peut construire n'importe...à
l'article 2.
M. Bérubé: C'est cela. C'est une...
M. Fortier: Ensuite, il a la dispense de l'article 13 qui permet
de faire construire par un entrepreneur, mais, à ce moment-là, il
le met par écrit.
M. Bérubé: Oui, pour certains articles
prévus par les règlements. Pour l'instant, le seul article
prévu par les règlements, c'est la fenestration où il y a
quand même matière à goût personnel. Les normes de la
société centrale étant assez rigourouses, on dit: Pour
commencer, on va y aller le plus libéralement possible. Cela ne peut pas
vous déplaire.
M. Fortier: Non...
M. Bérubé: Non, surtout vous, M. le
député de Rouyn-Noranda?
M. Bélanger: J'aurais une question pour que le point de
l'article...
M. Ciaccia: Un instant, ce n'est pas si clair que cela.
M. Bérubé: Bon, allons-y.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Ciaccia: Excusez-moi, je vais laisser...
M. Bélanger: J'ai juste une petite question au ministre.
À la fin de l'article, on retrouve: "...dans les cas où les
règlements en prévoient la possibilité."
M. Bérubé: C'est cela. Il faut que nos
règlements prévoient qu'une telle dispense peut être
donnée. En d'autres termes, il ne peut pas arriver et dire:
Présentement, d'après nos règlements, même si on
demandait de mettre de l'isolation deux fois moins épaisse, on ne le
pourrait pas. Par exemple, vous parliez des roulottes. On pourrait, dans nos
règlements, si, après discussion avec les constructeurs de
roulottes il y a un gros problème sérieux, autoriser... C'est
plus compliqué pour les roulottes, parce qu'il faut que ce soit le
propriétaire constructeur, donc ce n'est peut-être même pas
applicable... J'imagine qu'il y a d'autres articles. Mais, jusqu'à
maintenant, quand on a regardé les règlements de la
société centrale on n'a pas vraiment vu qu'il y ait
matière à dispense, sauf pour la fenestration. Là, il nous
est apparu qu'il y aurait matière à dispense. Mais il n'est pas
du tout impossible que dans un, deux ou trois ans, même cinq ans, un
gouvernement décide de resserrer la réglementation, qu'on en
arrive à dire qu'il ne peut pas y avoir une porte unique, qu'il faut des
portes avec portique, qu'on commence à compliquer terriblement la
construction. On voulait donner une flexibilité dans la loi qui permette
- parce que, présentement, lorsque vous avez un règlement, on ne
peut pas dispenser un citoyen de l'observance d'un règlement; un
ministre ne peut pas dispenser - dans les cas qui sont prévus par
règlements, une telle dispense quand un propriétaire conscient le
demande.
M. Bélanger: Une simple remarque. J'avais ajouté
à cet article, après "ou les règlements prévoient
la possibilité" - je suis tout à fait conscient qu'un
propriétaire devrait avoir le droit de prendre des normes
différentes de celles imposées par le gouvernement - les mots
"à condition que cela réponde aux normes minimales prescrites par
la loi." Cela veut dire que le monsieur veut avoir de grandes fenêtres,
mais, par contre, il est du côté du soleil et il va construire le
reste de sa maison en fonction du fait que son plafond, au lieu d'avoir du
R-20, a du R-30... (23 h 45)
M. Bérubé: Article 18.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va pour
l'article 13?
M. Ciaccia: Une minute.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Bérubé: L'article 18 répond exactement.
C'est exactement l'article. On n'a pas tout prévu, on a
essayé.
M. Ciaccia: Dans l'article 13 vous dites que vous faites une loi
sur l'économie de l'énergie...
M. Bérubé: Est-ce qu'on peut revenir à
l'article 12, je peux présenter l'amendement.
M. Ciaccia: Ah, oui.
M. Bérubé: On ajouterait une phrase à la fin
de l'article 12: "Cette obligation se limite aux deux années suivant la
date de la livraison du bâtiment." Cela irait?
M. Ciaccia: C'est très bien.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'amendement tel
que proposé par le ministre est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Article 12 tel
qu'amendé, adopté. Article 13.
M. Ciaccia: À l'article 13, il me semble qu'on revient
à la même objection qu'on avait au début de l'étude
du projet de loi. Vous faites une loi sur l'économie de
l'énergie, mais vous dites qu'une personne physique qui désire
faire construire un bâtiment peut ne pas s'y conformer, peut exiger des
spécifications différentes.
M. Bérubé: Pas partout.
M. Ciaccia: D'après le règlement. On ne sait pas
quel règlement?
M. Bérubé: Oui, vous les avez.
M. Ciaccia: Ce sont les règlements d'aujourd'hui.
M. Bérubé: Oui, oui.
M. Ciaccia: N'avez-vous jamais envisagé comment vous allez
appliquer cette loi? Vous exigez des attestations d'après des
règlements que vous avez le droit de changer, mais qui vont faire des
exceptions pour des individus qui construisent pour eux, pourvu que quand ils
construisent pour eux-mêmes, ils ne donnent pas le contrat à un
entrepreneur. Voulez-vous me dire comment
on peut appliquer cette loi? Comment un créancier
hypothécaire va-t-il pouvoir interpréter toutes ces exceptions et
dire: C'est d'accord, je vais donner les derniers 10% ou 15%, c'est conforme
aux règlements et un inspecteur ne peut pas revenir et exiger que vous
refassiez tels et tels travaux.
Je suis sérieux, l'application pratique ce cette loi-ci devient
presque impossible.
M. Bérubé: Elle est simple.
M. Ciaccia: Non, elle n'est pas simple du tout parce que vous
faites tellement d'exceptions! Elle est simple pour quelqu'un -je ne vous dis
pas cela pour commencer un débat pour vous insulter personnellement -qui
n'a jamais été ni dans la construction d'édifices, de
maisons, ni dans le prêt hypothécaire. Parce que, avant qu'un
créancier hypothécaire - votre loi, elle a des
conséquences que vous ne pouvez même pas imaginer -
débourse les fonds, il faut qu'il exige que le propriétaire ou le
débiteur s'est conformé à tous les règlements. On
ne peut pas revenir après et dire: Écoutez, il y a pour $1000 de
travaux, il y en a pour $2000, parce que là, le créancier
hypothécaire peut être dans des difficultés s'il faut
reprendre la maison. Cela crée des obligations sur l'immeuble sur lequel
il y a une créance. Avec cet article 13, il ne saura jamais s'il faut
demander l'attestation, si les spécifications seront différentes,
si l'individu a eu le droit de faire des exceptions.
Je vous ferai maintenant une suggestion, en toute
sincérité, pour contourner les difficultés - je pourrais
soulever d'autres articles, je pourrais soulever l'article 14 -parce qu'il y a
une série d'articles ici dont les conséquences sont très
sérieuses. D'après l'article 14, le permis de construction est
accordé si on se conforme aux règlements. Or, vous avez la cause
de Daskin à Hull où un permis de construction a été
émis et la bâtisse a été démolie. Vous faites
une série de règlements disant que le permis va être
donné si les règlements sont respectés; or, si
l'inspecteur qui a donné le permis a oublié certains
règlements - cela peut arriver, parce qu'il n'y a rien de certain ici,
ce n'est pas comme le Code du bâtiment où le type peut lire et
où c'est clair; ici ce sont les règlements qui peuvent changer
tous les mois, tous les ans - cela veut dire que même avec le permis qui
a été émis quelqu'un peut venir demander la
démolition de cette résidence.
La suggestion que je vous ferais, c'est l'interprétation que je
vois de l'article 14. À l'article 16 vous avez une série de
pouvoirs qui sont inamiginables. Vous avez une loi qui a je ne sais combien de
pages, mais vous auriez eu besoin seulement de l'article 16. L'article 16,
c'est un chèque en blanc. Vous pouvez faire des règlements, les
refaire, les défaire, faire des exceptions, assujettir certaines
personnes à la loi, enlever l'application de la loi, vous avez
totalement carte blanche. Comment voulez-vous que quelqu'un puisse l'appliquer?
Comment voulez-vous qu'un entrepreneur sache à quoi s'attendre? Comment
voulez-vous qu'un créancier hypothécaire sache quand faire les
déboursés? Alors, voici la suggestion que je veux vous faire:
Suspendez l'étude de ce projet de loi. Faites une commission
parlementaire après l'ajournement, après les fêtes de
Noël et du Jour de l'An, et étudions vraiment ce à quoi vous
voulez en venir. Quand une représentante des Affaires municipales vous a
apporté un amendement... Je ne veux pas être vicieux, mais,
évidemment, cela a été fait en vitesse, cette
loi-là.
M. Bérubé: Cela n'a pas été fait en
vitesse.
M. Ciaccia: II y a eu des changements. Ce ne sont pas tous les
gens qui devraient... Non, je ne vous imputerai pas...
M. Fortier: J'espère que ça ne veut rien dire. Le
député de Mont-Royal est expert en...
M. Ciaccia: Savez-vous, il y a des implications ici. Je vous le
dit très sincèrement, M. le ministre, ce n'est pas un
harcèlement que je veux faire, ce n'est pas un obstacle, je ne veux pas
empêcher que la loi soit adoptée, mais, franchement, si vous
teniez une commission parlementaire, vous auriez des suggestions pour bonifier
cette loi et vraiment vous donner une loi qui va vous permettre de faire de
l'économie d'énergie. Je ne vois pas l'urgence - pour la loi 2,
il y avait une urgence; pour la loi 1, il y avait une urgence, - de cette
loi-ci pour des bâtiments qui seront construits... Cela fait quatre ans
que vous êtes au pouvoir, ça fait trois ans que vous promettez un
nouveau code du bâtiment. Avec cette loi-ci, vous allez même
à l'encontre de votre livre blanc, parce que ce n'est pas à
ça que vous vous êtes engagés. Mais je ne veux pas faire un
débat politique ici. Je vous fais une suggestion qui a des implications
pour tous ceux qui vont être affectés. Je pense que, si vous
attendiez un mois - on ne construira pas 70,000 bâtisses au Québec
durant janvier et février - les conséquences ne seraient pas
tellement sérieuses, mais les conséquenses d'adopter ce projet de
loi tel qu'il est maintenant, je pense, pourraient être assez
considérables pour tous ceux qui seront affectés.
C'est une suggestion que je vous fais. On a un ordre de la Chambre de
siéger de
20 à 24 heures. En toute conscience, je ne peux pas vous dire:
accepté, accepté, parce que je ne ferais pas et, de ce
côté-ci de la table, on ne ferait pas notre devoir d'Opposition
responsable. On a des suggestions très valables à vous faire.
L'article 11 n'a pas été adopté. On vous a seulement
souligné un aspect d'un article, ses conséquences, et cet article
a été suspendu. On pourrait vous donner d'autres exemples.
La suggestion que je vous fais positivement, c'est de suspendre
l'étude de cette loi et de l'étudier à un moment où
on peut vous apporter d'autres changements, d'autres amendements et
peut-être consulter d'autres gens du milieu qui pourront faire des
suggestions.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fortier: Je vais dans le même sens que mon
collègue. On devrait reprendre cette étude au mois de janvier. On
pourrait demander à l'Association provinciale des constructeurs de nous
soumettre un mémoire. Ces gens ont des techniciens, ils ont des
spécialistes, ils regroupent environ 5000 membres au Québec; ce
serait sûrement plus avantageux que de tenter de faire ça à
la dernière minute; probablement que nous aussi, on va accepter des
choses qu'après on va regretter, parce qu'on n'en connaît pas
immédiatement l'implication.
M. Samson: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Également, pour faire suite à ce qui
vient d'être dit, il me semble qu'il y aurait probablement des groupes de
locataires qui aimeraient venir dire un mot sur ce genre de loi, comme on l'a
vu pour d'autres lois qui les ont intéressés. Il y aurait
sûrement des groupes d'associations de consommateurs qui auraient aussi
un mot à venir nous dire là-dessus, qui viendraient nous faire
des suggestions. J'ai vécu pas mal de fins de session et il nous est
arrivé souvent des lois de fin de session...
M. Bérubé: Elles sont toujours de fin de session,
les lois.
M. Samson: Pardon?
M. Bérubé: Elles sont toutes de fin de session, les
lois.
M. Samson: Je ne suivrai pas le ministre sur ce terrain. J'ai vu
de très bonnes lois qui ont été adoptées en des
temps où on était un peu moins bousculé. Je ne veux pas,
à ce moment-ci, tenir rigueur au ministre du fait qu'on est
bousculé. Qu'est-ce que vous voulez? On est à quelques heures de
l'ajournement de la session et je pense bien que, ce soir en tout cas, les
représentants de l'Opposition ont fait un travail très positif,
dans le sens d'essayer de trouver, avec les représentants du
gouvernement, les solutions qui feraient que cette loi soit vivable. Je me
rappelle certaines lois présentées en fin de session, que nous
avons finalement acceptées. On a cédé et on nous est
revenu, pas trop longtemps après la reprise de l'autre session, avec un
projet d'amendement parce qu'on avait déjà découvert que
ça n'allait pas.
Plutôt que de faire une loi qu'on devra remettre sur le
métier, compte tenu du fait d'un manque de temps évident et
compte tenu du fait que ça concerne des gens qui seront directement
impliqués, ou dans la construction ou dans l'achat, il me semble que ce
genre de loi - au moment où on est rendu, on le découvre encore
plus, avec les explications qu'on a eues et les difficultés qu'on
retrouve - aurait avantage à se retrouver en commission parlementaire -
en janvier ou en février, selon le cas - pour l'audition de personnes ou
de groupes de personnes intéressées à venir en commission
parlementaire. On en ferait une meilleure loi. Je suis persuadé que tout
le monde est intéressé à en faire une meilleure loi, le
ministre le premier.
C'est pourquoi, M. le Président, je suis d'accord avec mes
collègues pour dire qu'on devrait suspendre l'étude de ce projet
de loi.
M. Bérubé: M. le Président, j'avais
demandé la parole.
M. Ciaccia: M. le Président, il a soulevé...
Le Président (M. Bordeleau): Je voudrais donner la parole
au ministre pour sa réponse.
M. Ciaccia: Ce sont juste quelques commentaires. On parle des
locataires. Vous savez, il y a maintenant beaucoup d'édifices à
logements multiples où les locataires sont obligés de payer pour
le chauffage. La question de l'économie d'énergie devient de plus
en plus importante non seulement pour économiser de l'énergie,
mais pour économiser sur le loyer des locataires. Je pense que c'est une
autre raison valable, une raison de plus pour suspendre l'étude du
projet de loi.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: Je ne suis pas d'accord sur la
proposition soumise présentement. En fait, lorsque j'examine le genre
d'amendements
dont nous discutons depuis le début, ce sont toujours des
amendements terriblement mineurs qui ont comme objectif de dire: Oui, mais cela
pourrait être interprété différemment par les
inspecteurs, donc, au lieu que ce soit "avant le début des travaux",
disons "avant le début des travaux visés par les
règlements". En fait, on nuance tout le temps dans un but
évident, c'est-à-dire de s'assurer que les inspecteurs
n'interpréteront pas une telle loi de façon abusive. Ce n'est pas
mal. Au contraire, je crois que c'est une saine préoccupation, mais il
reste également qu'il appartient à un gouvernement, dans
l'application de ses lois, de les appliquer d'une façon intelligente,
surtout quand il s'agit d'une loi qui n'est pas une loi où il y a un
système de police rigoureux de prévu. Par conséquent,
c'est bien entendu qu'il y a une marge, une latitude de laissée à
l'inspection des bâtiments de sorte qu'une loi semblable peut être
appliquée d'une façon extrêmement généreuse,
nullement tâtillonne et être très facile de
fonctionnement.
Il est donc possible de l'améliorer et, au lieu de dire "trente
jours après la fin de travaux", d'inscrire "au moment de la livraison".
Oui, d'accord. C'est différent. "Trente jours après la fin des
travaux" était également facile d'application, mais quelqu'un
peut dire que c'est légèrement plus litigieux. Ce n'est pas
véritablement majeur.
M. Ciaccia: Et l'article 11?
M. Bérubé: L'article 11, à mon avis, se
défendrait également très bien tel quel. Il se
défend tout à fait puisqu'il assure que le propriétaire,
exactement comme dans la Loi sur la sécurité dans les
édifices publics, est responsable d'un édifice public, est
responsable de son bâtiment et qu'il ne peut pas y apporter de
changements, de modifications qui aillent...
M. Ciaccia: II va être responsable pour le bâtiment
des autres, selon votre article.
M. Bérubé: Non, il est responsable du
bâtiment qu'il a acheté, de son bâtiment.
M. Ciaccia: II va ouvrir les murs pour voir si l'isolation est
là? Bien, voyons, ce n'est pas pratique du tout, M. le ministre!
M. Bérubé: II y a une question
d'interprétation.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, je
m'excuse...
M. Bérubé: Vous supposez que l'inspecteur du
bâtiment...
M. Ciaccia: Non, je lis la loi.
(minuit)
M. Bérubé: Ceci existe. D'ailleurs, tout
récemment, il y a des cas de jurisprudence concernant justement des
bâtiments achetés après construction et où,
effectivement, on n'a pas tenu le nouveau propriétaire responsable de la
non-conformité à la loi. C'est une jurisprudence qui est nouvelle
et qui est connue.
M. Ciaccia: Mais vous la changez avec l'article 11.
M. Bérubé: II faut tenir compte de tout cela quand
on fait la rédaction d'une loi.
C'est pour cette raison que, jusqu'à maintenant, je n'ai pas vu
d'argument majeur qui amène une discussion. On trouve la loi trop
souple. C'est un point de vue. C'est sûr qu'on pourrait avoir une loi
beaucoup plus rigoureuse. Nous disons: Mettons-la plus souple. Quelle est la
souplesse que l'on a prévue?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, je m'excuse.
Il est minuit, cela me prend le consentement des membres pour continuer ou je
dois suspendre.
M. Bérubé: M. le Président, nous
continuerons à la prochaine séance prévue par le
leader.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. La commission
parlementaire ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)