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(Douze heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
On va recommencer.
M. Bérubé: ...vingt minutes parce que...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, s'il vous
plaît! La commission de l'énergie et des ressources reprend donc
ses travaux ce matin pour continuer l'étude article par article du
projet de loi no 9, Loi sur l'économie de l'énergie dans le
bâtiment.
Nous en étions, hier soir, à l'ajournement, à
l'article 13 et on avait suspendu l'article 11. Maintenant, il faudrait revenir
avec les noms des membres de la commission.
Les membres de la commission pour ce matin sont: M. Bérubé
(Matane), M. Biron (Lotbinière), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Desbiens
(Dubuc), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Grégoire (Outremont)...
Une voix: M. Grégoire (Outremont)?
Le Président (M. Bordeleau): Excusez-moi, M. Fortier
(Outremont), M. Grégoire (Frontenac)...
Une voix: Vous n'aurez pas ce plaisir dans Outremont.
Le Président (M. Bordeleau): ...M. Perron (Duplessis)
remplacé par M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M.
Tremblay (Gouin).
Les intervenants sont: M. Brochu (Richmond), M. Dussault
(Châteauguay), M. Giasson (Montmagny-L'Islet) remplacé par M.
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Mercier (Berthier), M. Michaud
(Laprairie), M. Rancourt (Saint-François) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Le rapporteur est le même. On s'était entendu pour M.
Grégoire (Frontenac).
Je pense qu'on peut reprendre à l'article 13 ou revenir à
l'article 11.
M. Bérubé: On va continuer avec l'article 11.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre, sur
l'article 11.
M. Bérubé: M. le Président, concernant
l'article 11, si on se réfère, en fait, à la pratique
impliquant, par exemple, la Loi sur la sécurité dans les
édifices publics, effectivement, le propriétaire d'un
bâtiment se trouve à devoir respecter la loi et ne peut donc
apporter de modifications qui lui seraient contraires. De plus, la
jurisprudence, particulièrement la jurisprudence récente, est
que, dans le cas où il est démontré qu'un
propriétaire subséquent d'un édifice n'a pas de
responsabilité comme tel, il peut être exonéré de la
responsabilité concernant, par exemple, une inadéquation face au
Code du bâtiment, dans certains cas. De plus, je pense qu'il y a un
élément d'application intelligente des lois qui veut que, si un
inspecteur, dix ans après la construction d'un édifice, constate
que les murs n'ont pas été isolés comme ils devaient
l'être, c'est bien évident que, selon l'esprit de la loi, elle
s'applique au moment de la construction et non pour obliger la personne
à rouvrir ses murs et la forcer à isoler. Là, il y a une
application intelligente de la loi qui est évidente.
Cependant, je peux comprendre que, dans le texte tel que
rédigé, quelqu'un puisse dire: Oui, mais ce serait possible qu'un
inspecteur outrepasse ses juridictions et qu'un gouvernement en place ait
l'âme assez vile pour ne pas donner de directive à ses inspecteurs
de manière à pouvoir effectivement se servir de leur tête.
C'est vrai que cela peut arriver, mais, à mon avis, c'est relativement
rare, en ce sens qu'au contraire un gouvernement a toujours tendance à
dire à ses inspecteurs: Écoutez, ne soyez pas trop exigeants,
essayez de vous en tenir à l'esprit de la loi. Quand un inspecteur est
exigeant, c'est généralement parce que la loi elle-même est
exigeante.
On me dit que, si on veut effectivement essayer de baliser pour
être sûr, on pourrait inscrire: Le propriétaire d'un nouveau
bâtiment public. À ce moment-là, on mettrait l'accent sur
le premier propriétaire d'un bâtiment public et on ne mettrait pas
la pression sur les propriétaires subséquents.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne suis pas d'accord avec l'interprétation
que le ministre fait de l'article 11. Même si la jurisprudence à
laquelle il réfère peut exonérer certains
propriétaires, nous avons ici, dans l'article 11, une nouvelle
obligation de créée. Peut-être que cela peut réduire
un peu la portée de l'article si on dit "le propriétaire d'un
nouveau bâtiment", mais cela ne résout pas le problème
principal qui est d'imposer certaines obligations au propriétaire d'un
bâtiment public qui n'aurait pas eu la responsabilité
lui-même de l'avoir construit. Ce n'est qu'une petite remarque
préliminaire que je fais sur les propos du ministre.
Motion de suspension
Nous avons d'autres objections à ce projet de loi; nous vous les
avons fait parvenir et on les a mentionnées assez souvent. À ce
moment-ci, je voudrais faire une motion de suspension de l'étude article
par article du projet de loi no 9 pour faire rapport à
l'Assemblée nationale afin que cette dernière puisse commander
une commission parlementaire sur le projet de loi no 9 avec auditions
publiques. J'en fais une motion formelle. Si le président me dit qu'elle
est recevable, je pourrai vous donner quelques raisons à l'appui de
cette motion.
Le Président (M. Bordeleau): C'est une motion de
suspension. Est-ce que vous l'avez écrite?
Une voix: Article 161.2.
M. Ciaccia: Article 161.2. C'est une motion de suspension de
l'étude article par article du projet de loi no 9 afin que la commission
fasse rapport a l'Assemblée nationale pour demander que
l'Assemblée nationale commande une commission parlementaire avec
auditions publiques.
M. Bérubé: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre, sur la
recevabilité.
M. Bérubé: Je ne suis pas un expert en travaux
parlementaires, mais je crois que cette motion est irrecevable au moins pour
deux raisons. D'une part, à l'Assemblée nationale, on peut
toujours déposer, au moment du débat en deuxième lecture,
une motion de report à trois mois, comme il a été fait
dans le cas de SOQUIP, par exemple, par l'Opposition, de manière
à obtenir plus de temps pour la discussion. Effectivement, notre
règlement le prévoit. Toutefois, lorsque l'Assemblée
nationale mandate une commission pour étudier un projet article par
article, elle a donné un ordre à une commission. À ce
moment-là, il n'appartient pas à une commission de se substituer
à l'Assemblée nationale parce qu'elle n'a pas l'autorité
de le faire et, par conséquent, elle est effectivement obligée
d'étudier la loi article par article, tel que le lui demande
l'Assemblée nationale.
M. Ciaccia: Vous improvisez sur le règlement, de la
même façon que la loi est improvisée. L'article 161.2 donne
exactement ce droit: "Une commission peut en tout temps faire à
l'Assemblée des rapports spéciaux ou intérimaires, sur une
motion qui ne peut être faite qu'une seule fois au cours d'une
séance." Je fais la motion suivant l'article 161.2, demandant de faire
un rapport à l'Assemblée nationale.
M. Grégoire: M. le Président, la
différence...
M. Bérubé: Non pas de surseoir, la commission ne
peut pas surseoir par elle-même à l'étude article par
article.
M. Ciaccia: On peut faire une motion pour la suspendre.
M. Grégoire: M. le Président, on peut toujours
faire une motion de suspension, mais ce qu'il y a dans la motion du
député de Mont-Royal, c'est qu'il qualifie cette motion en
demandant que ce soit en vue de demander à l'Assemblée nationale
la convocation d'une commission parlementaire où il y aura audition
publique de témoins. Alors, en qualifiant cette motion d'appel à
l'Assemblée nationale, elle devient illégale; si c'était
une motion pure et simple en vue de faire rapport à l'Assemblée
nationale, ce serait conforme au règlement, mais, comme ce n'est pas une
motion pour faire purement et simplement rapport à l'Assemblée
nationale et que c'est plutôt aller demander à l'Assemblée
nationale de permettre des auditions publiques, elle n'est plus conforme au
règlement; parce que ça aurait pu être permis au moment
où la commission a été convoquée, mais
l'Assemblée nationale n'a pas cru bon de le faire à ce
moment.
Alors, c'est la qualification qui vient la rendre illégale; si ce
n'était pas inscrit dans la motion et qu'il était simplement
mentionné de faire rapport à l'Assemblée nationale...
M. Ciaccia: Excusez, sur la même question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): Toujours sur la
recevabilité, M. le député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Oui, sur la recevabilité.
L'article du règlement nous dit "Une commission peut en tout
temps faire à l'Assemblée des rapports spéciaux". Alors,
le rapport spécial que je suggère, et c'est la raison pour
laquelle je fais motion, c'est de demander à l'Assemblée
nationale de convoquer une commission parlementaire avec auditions publiques.
C'est vrai que l'Assemblée nationale aurait pu le faire au début,
mais, au cours de nos travaux, certains faits ont été
portés à notre attention, faits qui nous portent à
demander maintenant la tenue d'une commission avec auditions publiques. Il n'y
a rien dans le règlement qui nous empêche de faire une telle
motion.
Le Président (M. Bordeleau): Toujours sur la
recevabilité, je vous avoue que je vais devoir...
M. Samson: Êtes-vous prêt à la recevoir?
Le Président (M. Bordeleau): ... prendre une
décision, ou suspendre pendant quelques minutes.
M. Bérubé: M. le Président, je vois bien des
chances que vous la receviez; cependant, nous nous opposerions à une
motion dilatoire et, à ce moment, je demanderai le vote.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Je vais suspendre la
commission pendant quelques minutes pour prendre connaissance de...
M. Samson: ... est-ce que vous pourriez me permettre quelques
minutes...
M. Grégoire: M. le Président, avant que vous
suspendiez...
Le Président (M. Bordeleau): Là, je ne voudrais pas
non plus... Je pense que je suis assez éclairé sur la motion
comme telle; ce que j'attendais, c'est le texte de la motion.
M. Samson: M. le Président, on a droit à vingt
minutes sur une question de règlement, deux minutes, ce n'est pas trop
en demander!
Le Président (M. Bordeleau): Oui, sur une question de
règlement, à condition que vous ayez... Ce n'est pas un droit
automatique de 20 minutes sur une question de règlement.
M. Samson: C'est parce qu'on soulève des choses qui sont
quand même inscrites au journal des Débats. C'est important qu'on
puisse faire valoir notre point de vue sur ce point. Nous, on se base, on vous
l'a dit, sur l'article 161.2 pour demander un rapport spécial. Le
député de Frontenac a mentionné que nous avions
qualifié la motion et que, en la qualifiant, ce n'était plus
conforme à l'article 161.2.
Ce que je veux vous faire observer, c'est qu'on doit au contraire la
qualifier pour que ça devienne spécial, parce que, si on ne la
qualifiait pas, on n'utiliserait pas 161.2, on utiliserait 161.1, ce qui serait
différent parce qu'on y dit qu'un rapport doit être fait. En tout
temps, toute commission peut faire une motion d'ajournement pour faire rapport;
en vertu de 77, on peut faire ça à n'importe quel moment sur une
motion non annoncée, mais ce n'est pas ça qu'on a voulu utiliser,
on a voulu utiliser l'article 161.2, qui a de nombreux
précédents, soit dit en passant. Le ministre n'était
évidemment pas là quand ces précédents se sont
établis, mais moi, j'y étais; nous avons, à maintes
occasions, utilisé 161.2 pour demander de faire un rapport
spécial à l'Assemblée. Il fallait le qualifier pour que
ça devienne un rapport spécial.
Alors, c'est en fonction de ça que le député de
Mont-Royal a présenté sa motion de cette façon et je la
considère recevable, M. le Président.
M. Fortier: Voulez-vous la relire, s'il vous plaît?
Le Président (M. Bordeleau): Je vais la relire, mais je
vous avertis que je vais suspendre la séance immédiatement
après pour en prendre connaissance et vérifier le
règlement.
La motion, telle que présentée par le député
de Mont-Royal, est de suspendre l'étude article par article du projet de
loi no 9 pour faire rapport à l'Assemblée nationale afin de
demander à l'Assemblée nationale la convocation d'une commission
parlementaire pour permettre une audition publique sur le projet de loi.
M. Ciaccia: ... rapport spécial.
Le Président (M. Bordeleau): On ajoutera "spécial".
Effectivement, en vertu de 161.2, c'est permis de faire des motions pour faire
un rapport spécial, mais je...
M. Ciaccia: Ce ne sera pas long.
Le Président (M. Bordeleau): Je vais suspendre la
séance pendant deux ou trois minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 12 h 42)
Le Président (M. Bordeleau): À la suite
de la motion du député de Mont-Royal, j'ai
vérifié les différents articles du règlement. C'est
sûr que la motion comme telle a le droit d'être
présentée en vertu de l'article 161.2. J'avais quand même
quelques réticences, étant donné que le mandat de la
commission était d'étudier le projet de loi article par article
et que, sans annuler le mandat, cela peut l'éloigner jusqu'à un
certain point. Par contre, la motion n'est pas faite dans le sens de
complètement arrêter l'étude - comment dirais-je - de ne
pas vouloir étudier le projet article par article, et comme, d'autre
part, la présidence, en commission comme ailleurs, se doit d'être
la plus ouverte possible afin de permettre la discussion, parce que c'est le
but de nos commissions, j'ai décidé de juger la motion du
député de Mont-Royal recevable.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président
Le Président (M. Bordeleau): II faut que je prête la
motion, par exemple, au secrétariat pour qu'on la refasse. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais expliquer les
raisons pour lesquelles j'ai fait cette motion. Premièrement, nous avons
déjà exprimé certaines inquiétudes quant à
l'orientation du projet de loi, quant à l'entière économie
de la loi, la façon dont elle est rédigée, les
conséquences et la portée légales de certains des
articles. On est préoccupé par l'effet, par exemple, sur
l'industrie de la construction de différents articles du projet de loi.
On croit qu'à ce stade-ci on n'a pas vraiment le temps de bonifier ce
projet de loi. On est à la dernière journée, on ne peut
pas apporter tous les amendements, tous les changements nécessaires.
Cela requiert une étude plus approfondie. Cela requiert des amendements
assez substantiels. C'est pour cette raison qu'on a demandé de suspendre
l'étude article par article. J'ai mentionné l'article 14, qui a
une portée assez sérieuse sur les propriétaires de
nouveaux bâtiments.
On n'a pas, à mon point de vue, analysé l'effet, par
exemple, sur les créanciers hypothécaires. Est-ce que cela va
retarder les déboursés de fonds à l'entrepreneur ou au
propriétaire? C'est quelque chose qui est assez sérieux. Alors,
on n'a vraiment pas tout le temps d'aller dans tous ces aspects de la loi dans
l'espace de quelques heures. (12 h 45)
II serait aussi important de convoquer le milieu qui sera directement
impliqué et affecté par la loi, que ce soit l'association des
entrepreneurs, des créanciers hypothécaires, des locataires, pour
obtenir vraiment leur point de vue sur la portée de la loi, les
changements et les recommandations qu'ils auraient à faire. Je n'ai pas
inclus cela dans ma motion, parce que la motion n'aurait pas été
recevable, mais une des raisons majeures, c'est que je crois qu'il y a beaucoup
d'articles qui devraient être complètement révisés
et changés quant à leur portée légale. Il faut les
réécrire et cela, on ne peut pas le faire dans une couple
d'heures; ça prend une analyse assez détaillée des
conséquences légales. On crée de nouveaux droits, de
nouvelles obligations qui peuvent avoir un effet absolument négatif ou
très étendu sur toute l'industrie de la construction. C'est une
industrie assez importante. Il y a eu des réductions assez
substantielles dans la construction durant les dernières années,
ça commence à reprendre. Il ne faudrait pas, par les agissements
du gouvernement, qu'on mette un frein à cette industrie, qu'on
crée plus d'obstacles qu'il n'en existe déjà.
C'est pour cette raison qu'on a présenté la motion pour
suspendre l'étude article par article.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: J'aimerais simplement appuyer ce que le
député de Mont-Royal vient de dire et ajouter que nous avons
avons dit, en deuxième lecture, que nous étions d'accord sur le
principe de l'économie de l'énergie. Sur le plan technique ou
même sur la réglementation que nous avons entrevue visant
l'économie de l'énergie, qui semble être semblable à
celle du Conseil national de recherche sur le sujet, notre collaboration est
entière.
Nous avons cependant des appréhensions sur l'application,
d'autant plus que l'information que nous avons est que les intervenants dans ce
secteur - contrairement au secteur de l'isolation des vieilles maisons,
où les intervenants peuvent a voir des difficultés ou ne sont pas
motivés à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour isoler leur
maison - dans le cas de nouvelles maisons, de nouveaux bâtiments, sont
déjà très motivés pour agir dans ce sens. Il serait
malheureux qu'une loi, sans mauvaise intention, j'en suis sûr,
crée des difficultés aux intervenants de ce secteur.
Pour ces raisons et dans un but tout à fait non partisan, nous
croyons qu'il serait dans le meilleur intérêt du public de prendre
le temps d'examiner le projet de loi plus à fond, en consultant les gens
qui devraient être consultés. C'est la raison pour laquelle
j'appuie la motion du député de Mont-Royal.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, j'appuierai également
la motion du député de Mont-Royal. L'expérience de mes
onze années en
cette Assemblée m'a démontré largement que quand il
ne reste que quelques heures de session, malgré toute la bonne
volonté que chacun des députés voudrait y mettre, tant du
côté ministériel que de l'Opposition, on risque de ne pas
apporter les amendements qu'un projet de loi mériterait d'avoir. On
risque aussi de ne pas apporter à la population la loi dont elle aurait
besoin et qu'elle mériterait d'avoir.
M. le Président, nous avons très objectivement et
très positivement tenté, comme c'est notre devoir, de collaborer
pour bonifier ce projet de loi. Il y a eu de nombreuses
délibérations. C'est là, évidemment, le propre de
notre système parlementaire; lorsqu'il y a proposition, il y a
contre-proposition, il y a débat chaque fois, et, pour en arriver
finalement à un amendement acceptable de part et d'autre, cela peut
prendre pas mal de temps sur chacun des articles ou sous-articles. Même
pour changer une virgule de place, ça peut être très
important. Donc, il y a le temps qui joue contre nous à ce moment-ci.
Nous ne ferions pas, en ce qui nous concerne, nous de l'Opposition, notre
travail selon notre conscience si on acceptait d'y aller à la hâte
et de proposer des amendements pour la forme, ce qui, finalement, permettrait
peut-être à quelqu'un de sauver la face, mais ne nous donnerait
pas le projet de loi comme nous croyons qu'il doit être
amendé.
Deuxièmement, nous concevons que l'Opposition, pour un projet de
loi aussi important que celui-là, où il y a autant d'intervenants
possibles, devrait pouvoir avoir le temps de consulter les intervenants pour
aller chercher de l'expertise que, malgré toute notre bonne
volonté, nous n'avons pas tous dans nos poches. À ce moment-ci,
ce n'est pas possible. Également, le fait de faire un rapport
spécial pourrait peut-être amener le gouvernement à
accepter de déférer ce projet de loi à la commission
parlementaire de l'énergie et des ressources comme il l'est
présentement, mais avec une modification, cependant, qui serait celle de
permettre des auditions. En ce sens, il faudrait suivre les us et coutumes,
c'est-à-dire publication, donner le temps de préparer des
mémoires.
J'imagine que cette commission aurait sûrement avantage à
recevoir des mémoires, par exemple, de l'association des entrepreneurs
de maisons unifamiliales, de l'association des entrepreneurs en
général, des entrepreneurs, constructeurs, de professionnels tels
que les ingénieurs, les architectes, des associations de professionnels.
Les avocats seraient intéressés par cette loi-là parce
qu'ils auront à l'interpréter un jour. Il y a les notaires qui
seraient intéressés par cette loi-là parce qu'ils auront,
eux, à protéger le client acheteur d'une maison.
Également, je sais que, si c'était public, nous aurions des
mémoires présentés par des associations de consommateurs.
Les associations de propriétaires voudraient aussi présenter des
mémoires dans ces circonstances, de même que les associations de
locataires parce que ça va les concerner eux aussi.
Il ne faut pas oublier que, dans ce genre de choses, nous avons
généralement des mémoires qui nous viennent de la Chambre
de commerce et d'industrie qui regroupe des membres qui sont dans le commerce
et dans l'industrie, donc qui sont intéressés par ce genre de
choses. Il y a sûrement des représentants de municipalités
et des villes qui voudraient nous faire connaître leur point de vue,
étant donné qu'ils seront parties à ce genre de loi par
leur réglementation municipale et peut-être que des industries de
fabrication d'isolants voudraient aussi nous faire connaître leur point
de vue. Il y a tellement d'intervenants que cette Assemblée aurait
avantage à les laisser parler. À ce moment-ci, si nous
procédions, avec le peu de temps qui nous reste, nous ne pourrions pas,
M. le Président, en toute conscience... En tout cas, je parle pour moi,
je ne pourrais pas livrer ce projet de loi et dire que je suis satisfait de mon
travail. C'est pourquoi j'appuie, sans vouloir aller plus loin dans le temps,
la motion de l'honorable député de Mont-Royal.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous souligne quand
même, M. le député de Rouyn-Noranda, parce que vous
regardiez l'horloge, que ce n'est pas l'heure exacte.
M. Samson: Elle est quasiment semblable à la mienne, par
exemple.
Le Président (M. Bordeleau): II est exactement 12 h
54.
M. Samson: C'est juste la longueur des aiguilles qui fait la
différence.
M. Ciaccia: Avec le consentement, est-ce qu'on pourrait continuer
après 13 heures?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on pourrait continuer après 13
heures et essayer de finir?
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Est-ce qu'on est
prêt à voter sur la motion? Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Bérubé: Pour les fins du...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... procès-verbal de
l'Assemblée nationale, étant donné qu'il s'agit, à
mon point de vue, d'une motion importante puisqu'elle donne un peu l'opinion du
Parti libéral sur ce projet de loi, je pense que ce serait
peut-être important que je réponde avec mon chronomètre de
manière à me minuter très précisément.
Je ne peux pas souscrire à la position de l'Opposition. Quel est
le but de ce projet de loi? De faire en sorte que les bâtiments publics,
les maisons, les résidences du Québec soient désormais
construits suivant un minimum de normes. À cet effet, nous avons
préparé un projet de règlements qui a été
envoyé à - je pourrais donner la liste - au moins 32 organismes.
Toutes les associations de manufacturiers de bois de sciage, de constructeurs
de maisons de toutes sortes, l'Ordre des ingénieurs, absolument tout le
monde a reçu le projet de règlement. Il a donc été
analysé et, à partir de cette analyse-là, nous tirons un
certain nombre de conclusions. D'abord, d'une façon
générale, on est unanime à dire qu'on devrait probablement
aller plus loin que le gouvernement va dans sa réglementation. C'est
l'opinion assez généralisée. Une seule réticence au
niveau des manufacturiers de roulottes, de maisons de récréation
qui, eux, craignent que l'application de ces règlements à la
construction augmente de façon significative la largeur des
bâtiments. C'est donc une...
M. Ciaccia: Excusez-moi, pourrais-je interrompre le ministre
seulement pour un instant? Notre objection, ce n'est pas que vous n'avez pas
consulté au niveau des règlements...
M. Bérubé: Je comprends.
M. Ciaccia: ... mais vous n'avez pas consulté au niveau de
la loi. C'est cela notre problème.
M. Bérubé: J'y arrive.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: On peut dire d'une façon
générale que le règlement que nous entendons appliquer
à toute l'industrie de la construction est fort bien reçu par
tout le monde. Il y avait deux façons d'appliquer le règlement.
Une première façon aurait consisté à dire,
exactement comme pour l'électricité, pour tous les autres travaux
qui sont régis par le Code du bâtiment: Voici les
règlements d'isolation des maisons et d'économie
d'énergie. Vous y êtes astreints. Et on aurait appliqué
cette loi-là comme on le fait normalement pour toutes les autres lois
régissant la construction domiciliaire ou la construction de
bâtiments publics. Nous aurions eu une loi sévère avec des
dates, peu de possibilités de passer à côté et,
cependant, tous ceux que nous avons consultés et qui savent comment
fonctionnent les règlements savaient évidemment comment ils
seraient astreints à l'observance de ces règlements. Ils
connaissent le fonctionnement du Code du bâtiment. Ils savent comment il
s'applique. Ils savent quelles sont les pénalités. Ils pouvaient
tout au moins s'attendre à la même
sévérité.
Or, qu'est-ce que l'on découvre dans le projet de loi, lorsqu'on
examine le projet de loi? C'est qu'on est allé moins loin que les autres
lois concernant la construction de bâtiments, puisque toute notre
opération consiste à introduire un certain nombre de moyens qui
vont alléger la procédure d'application de ces règlements
et l'instaurer dans la loi. Je vous donne des exemples. On n'exige pas de
permis pour la construction de maisons domiciliaires, alors que c'est
obligatoire dans toutes le municipalités ou à peu près.
C'est exactement le même permis qui est demandé pour
l'économie d'énergie, dans le cas des bâtiments publics,
que le permis qui, de toute façon, doit être demandé au
ministère du Travail, au service des inspections des bâtiments
publics. Aucun nouveau permis, pas de nouveau corps d'inspecteurs, c'est donc
un allégement de toute la procédure.
On dit: La municipalité n'est pas obligée. Si elle veut,
elle peut l'appliquer. Elle est parfaitement libre. Si elle trouve que le
projet de loi ne lui plaît pas, elle ne l'applique pas.
Pour alléger le problème et la lourdeur de la
vérification des travaux, un élément nouveau: Une
attestation, une attestation qui va dans le sens souvent exprimé par
l'Ordre des ingénieurs et même des architectes. Je
reconnaîtrai tantôt cependant que les architectes ne sont pas
d'accord présentement avec l'attestation, même s'ils l'ont vue
depuis quelque temps. À la toute dernière minute, effectivement,
j'ai pu contacter M. Patrick Blouin qui m'a fait part de certaines
réserves qu'ils avaient concernant l'attestation s'appliquant aux
architectes. Nous avons fait valoir que cela fait longtemps que les
professionnels disent: Nous sommes des professionnels. Nous avons des normes de
qualité de nos travaux. De plus, nous avons un Ordre des architectes et
des ingénieurs qui garantit l'éthique professionnelle. Pourquoi
ne nous fait-on pas davantage confiance? Pourquoi ne se fie-t-on pas à
la qualité de nos travaux? On dit: Exactement. Quand vous aurez
déposé une attestation disant que vous êtes convaincus que
ces travaux sont adéquats, de notre côté, ce sera beaucoup
plus facile pour l'émission des permis, puisque, par définition,
nous aurons l'engagement d'un professionnel
et on aura donc moins besoin de surveiller dans le détail. On va
dans le sens de ce qui est demandé depuis longtemps. D'ailleurs, le
député d'Outremont l'a souligné à un moment
donné.
(13 heures)
Je pourrais continuer en disant, par exemple: Le propriétaire qui
construit sa maison lui-même n'est pas obligé de suivre le
règlement. C'est un allégement plutôt qu'un alourdissement.
Donc, au total, on voit que le projet de loi, tout au long, au lieu d'essayer
d'ajouter des exigences, essaie d'en enlever par rapport à la pratique
générale. Je peux comprendre que ce n'est peut-être pas
encore suffisant dans l'esprit de l'Opposition, mais, du côté du
gouvernement, on pense que c'est suffisant.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccïa: J'aurais quelques commentaires additionnels. Ce
n'est pas la question que ce n'est pas suffisant. Je pense que les explications
du ministre et les termes du projet de loi ne sont pas les mêmes. Vos
explications, ce à quoi vous voulez arriver, vos objectifs et les
conséquences de ce que vous avez écrit dans le projet de loi ne
sont pas les mêmes du tout. Il y a des conséquences sur les
acheteurs. Il y a des conséquences sur les créanciers
hypothécaires. Il y a des conséquences sur les
déboursés de fonds. II y a une série de
conséquences et je crois que vous n'avez pas assez approfondi les
conséquences possibles de ce qui est écrit ici. C'est pour cette
raison que nous avons fait la motion.
M. Bérubé: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): La motion du
député de Mont-Royal sera-t-elle adoptée?
Des voix: Vote.
Mise aux voix de la motion
Le Président (M. Bordeleau): J'appelle donc le vote sur la
motion.
M. Bérubé: Mon ami Grégoire venait juste de
me dire qu'il s'en allait pour quelques minutes.
Le Président (M. Bordeleau): Oui. II aurait dû
être là.
M. Bérubé (Matane)?
M. Bérubé: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M. Biron
(Lotbinière)?
M. Biron: Contre.
Le Président (M. Bordeleau): M.
Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): M. Fortier (Outremont)?
M. Fortier: Pour.
Le Président (M. Bordeleau): M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)?
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Contre.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Je fais le total.
Cela fait trois contre, deux pour. Vous n'avez pas besoin de voter, M. le
ministre. La motion est donc rejetée.
M. Ciaccia: M. le Président, pourrais-je ajouter un
commentaire?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: C'était pour nous guider dans la poursuite de
nos travaux. Puisque vous n'avez pas accepté cette motion - je voudrais
que le ministre écoute mes propos -puisque nous voyons des obstacles
majeurs dans certains aspects de la loi, c'est notre intention de nous
dissocier complètement de la discussion et du projet de loi. C'est notre
intention de ne faire aucun commentaire sur les articles additionnels que vous
allez présenter. Ils seront tous acceptés sur division et je
crois que le gouvernement va être obligé de prendre ses
responsabilités face aux termes de ce projet de loi.
Reprise de l'étude article par article
Le Président (M. Bordeleau): On revient donc à
l'article 11.
M. Bérubé: Concernant l'article 11,
néanmoins, compte tenu des remarques antérieures de l'Opposition
et compte tenu de ma volonté exprimée de voir dans quelle mesure
on ne pourrait pas essayer de répondre à son attente, je
proposerais, à l'article 11, un amendement qui se lirait ainsi: "Le
propriétaire d'un nouveau bâtiment public doit se conformer."
Donc, il s'agit réellement d'un nouveau.
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement serait d'ajouter
le mot "nouveau" à l'article 11. L'amendement tel que proposé par
le ministre sera-t-il adopté?
M. Ciaccia: Pas de commentaires.
Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
L'article 11 tel qu'amendé est adopté sur division. L'article 12
était déjà adopté. Article 13.
M. Ciaccia: Pas de commentaires. Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 13 est
adopté sur division. Article 14.
M. Ciaccia: Pas de commentaires. Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 14 est
adopté sur division. Article 15.
M. Ciaccia: Adopté sur division. M.
Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 15 est
adopté. Article 16.
M. Bérubé: II y a un amendement.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Bérubé: Â l'alinéa 8° qui se
lit "prescrire des normes régissant les systèmes de chauffage ou
de refroissement de l'air ou de l'eau, les systèmes d'éclairage",
il faudrait ajouter "et de ventilation" et poursuivre avec, "et leurs
dispositifs de contrôle;".
Le Président (M. Bordeleau): L'amendement
suggéré par le ministre sera-t-il adopté?
M. Ciaccia: Pas de commentaires parce que, s'il fallait faire des
commentaires sur l'article 16, on serait ici jusqu'après Noël.
Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 16 tel
qu'amendé est adopté?
M. Ciaccia: Sur division.
M. Bérubé: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Article 17.
M. Ciaccia: Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
Article 18.
M. Ciaccia: Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
Article 19.
M. Ciaccia: Adopté sur division.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Frontenac! L'article 19 est adopté sur division. Article 20.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
L'article 21?
M. Ciaccia: Pas de commentaire, sur division.
M. Samson: On aura des commentaires à faire.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
L'article 22?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
L'article 23?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
L'article 24?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): L'article 25?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
L'article 26?
M. Ciaccia: Pas de commentaire, sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté sur division.
L'article 27?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): Le titre et le projet de loi
no 9, Loi sur l'économie de l'énergie dans le bâtiment,
seront adoptés tels qu'amendés...
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Bordeleau): ... sur division.
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: J'aimerais souligner les interventions
lumineuses du député de Rouyn-Noranda depuis quelques
minutes.
M. Samson: Je vous ai sauvé la vie.
Le Président (M. Bordeleau): La commission parlementaire
de l'énergie et des ressources ajourne ses travaux sine die.
Je demanderais au rapporteur de la commission de faire rapport à
l'Assemblée.
(Fin de la séance à 13 h 7)