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(Dix heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît:
La commission de l'énergie et des ressources est réunie
pour entendre les personnes ou organismes qui veulent faire des
représentations relativement au plan d'équipement et de
développement 1981-1990 de la société
Hydro-Québec.
Les membres de cette commission sont M. Bérubé (Matane),
M. Biron (Lotbinière), M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Desbiens (Dubuc), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Fortier
(Outremont), M. Grégoire (Frontenac), M. Perron (Duplessis), M. Tremblay
(Gouin).
Les intervenants sont: M. Brochu (Richmond) remplacé par M. Le
Moignan (Gaspé), M. Dussault (Châteauguay), M. Giasson
(Montmagny-L'Islet), M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)
remplacé par M. Tardif (Crémazie); M. Mercier (Berthier)
remplacé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean); M. Michaud (Laprairie), M.
Rancourt (Saint-François), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Pour cette commission, nous aurons d'abord besoin d'un rapporteur.
Est-ce que vous avez le nom d'un rapporteur?
M. Grégoire: M. le Président, est-ce que je
pourrais suggérer le nom de M. Denis Perron, député de
Duplessis et ancien employé d'Hydro-Québec?
Le Président (M. Jolivet): M. Denis Perron, de Duplessis?
Tout le monde est d'accord? M. Perron (Duplessis) sera le rapporteur. Cette
commission doit entendre aujourd'hui dans ses travaux les représentants
d'Hydro-Québec. Cette commission se réunit mardi le 24, mercredi
le 25, jeudi le 26, vendredi le 27, ainsi que lundi le 2 mars et mardi le 3
mars. Près de 35 organismes et groupements ont fait parvenir des
mémoires à cette commission.
J'ai reçu une lettre dont je vous fais part au niveau des membres
de cette commission. On vous a déjà distribué ce document;
le Conseil de planification et de développement du Québec a
déjà émis des avis et recommandations sur la question
énergétique québécoise et vous fait parvenir des
documents qui vous ont déjà été donnés
durant l'année 1978-1979 et qui sont déjà à la
Bibliothèque nationale. Je tiens à faire remarquer que, pour les
besoins de ces commissions, seuls les membres de la commission et le ministre
avec son sous-ministre ont priorité autour de cette table pour
intervenir à cette commission.
Procédure
Maintenant, compte tenu de la commission, en cours de route, avec
acceptation à chaque fois par les membres de la commission, il se
pourrait que des personnes puissent venir comme intervenants. Il y a aussi une
proposition qui pourrait être faite dès le départ pour
répartir le temps. Aujourd'hui, compte tenu que nous avons les membres
d'Hydro-Québec, je dois vous faire mention de la procédure de ce
matin jusqu'à la clôture, ce soir. Il y aura, d'abord,
l'intervention du ministre responsable et d'un porte-parole de chacun des
membres des partis reconnus. Il y aura ensuite l'allocution du président
du conseil d'administration, M. Joseph Bourbeau. Il y aura l'allocution du
président-directeur général, M. Robert-A. Boyd, sur la
planification à Hydro-Québec ainsi que la description du plan des
installations d'Hydro-Québec. Ensuite, il y aura un exposé du
coordonnateur de projets à la planification générale, M.
Jacques Fontaine, sur la prévision de la demande
d'électricité. Ensuite, il y aura un exposé du directeur
adjoint à la planification, M. Claude Dubé, sur le plan des
installations d'Hydro-Québec. Il y aura un exposé du
président-directeur général de la Société
d'énergie de la Baie James, M. Claude Laliberté, sur la grande
phase II. Et il y aura un exposé du trésorier
d'Hydro-Québec, M. Georges Lafond, et du directeur du financement et
trésorier adjoint, M. Pierre Bolduc, sur le financement du plan des
installations.
À la suite de ces interventions, il y aura une période de
questions par les membres de la commission sur les thèmes établis
plus haut. Donc, on pourrait déjà prévoir, en termes de
temps, d'après ce que l'on a comme renseignements par rapport aux
interventions de chacun, qu'il resterait une période d'environ cinq
heures pour les questions de la part des membres de cette commission.
Donc, comme il y a quatre thèmes, on
pourrait déjà diviser en gros, toujours en se donnant un
laps de temps de plus ou de moins, l'ensemble des interventions sur la
période des questions pour aujourd'hui. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Dans le
déroulement de nos travaux, vous avez indiqué qu'il y aura des
allocutions par les différents membres d'Hydro-Québec, qui seront
suivies d'une période de questions cet après-midi. Est-ce qu'il
serait possible, M. le Président, au lieu d'avoir tous les
exposés des différents représentants
d'Hydro-Québec, de procéder à une période de
questions après chaque présentation? Je pense que cela aiderait
les députés à cette table et cela rendrait le
débat, je crois, un peu plus précis plutôt que d'attendre
après les présentations des différents
représentants. (10 h 30)
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que les membres de cette
commission sont de cet avis? Il n'y a pas d'objection?
M. Fontaine: À moins que les représentants
d'Hydro-Québec aient des objections, parce que leurs allocutions seront
des thèmes qui se recoupent.
Le Président (M. Jolivet): Nous pourrions peut-être
poser la question au moment de l'intervention préliminaire du
président du conseil d'administration parce que moi aussi, je me suis
posé cette question, à savoir s'il y avait une interrelation
entre chacun des thèmes touchés. Alors, nous pourrions nous poser
la question une fois l'intervention première faite par le
président du conseil d'administration.
M. Ciaccia: Question d'interrelation. Je crois bien qu'il y a
interrelation entre tous les mémoires et toutes les discussions dans un
sens assez large. Je crois bien qu'il y a des sujets très
spécifiques qui seront traités par les différents
interlocuteurs.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: Un inconvénient, M. le
Président, d'une telle procédure - je le soumets à
l'attention de nos collègues - c'est qu'elle pourrait avoir comme
conséquence de prolonger, par exemple, la période de discussion
sur chacun des points et on pourrait se retrouver à la toute fin
possiblement avec un manque ou une insuffisance de temps pour compléter
la discussion. Si je comprends bien, nous avions à peu près deux
heures de présentation. Si nous nous engageons dans un débat de
fond au niveau de chacune des présentations, le risque est grand que
l'on retrouve peut-être la réponse dans la présentation
suivante, ce qui nous obligera à aller et revenir. C'est peut-être
l'inconvénient de cette procédure.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je pense bien, M. le Président, que
l'intention ici est de nous permettre d'avoir une meilleure
compréhension de chacun des exposés. Je ne crois pas qu'on ait
l'intention d'en abuser. J'oserais exprimer le désir que nous
procédions en posant certaines questions après chacune des
interventions, quitte à nous garder une période de questions sur
l'ensemble des présentations à la fin.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gouin.
M. Tremblay: M. le Président, les questions d'ordre
général seront sans doute traitées par le président
du conseil d'administration et le président-directeur
général. Je pense que nous pourrions certainement avoir profit et
intérêt à poser des questions à ce moment, quitte
à revenir sur chacune des autres interventions qui seront, je
présume, de nature plus technique. Donc, si l'intervention de M.
Bourbeau n'est pas tellement longue, il serait peut-être souhaitable de
fusionner celle de M. Boyd et de M. Bourbeau ensemble et, après, de
passer aux questions d'intérêt général.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je constate que,
depuis plus d'une semaine maintenant, nous avons le programme des
interventions. On me souligne qu'à mon cabinet il n'y a pas eu de
demande comme telle de modifier la présentation ou l'ordre des
présentations et Hydro-Québec s'est préparée en
conséquence. Cela m'apparaît donc un peu délicat de
commencer à jouer avec l'ordre des présentations étant
donné la cohérence interne compte tenu qu'en fait l'Opposition
avait la programmation et n'a pas manifesté jusqu'à maintenant de
sentiment quant à la programmation qui était prévue. On
pourrait toujours utiliser le vieil adage: "qui ne dit mot consent". Je dois
vous dire que, nous ayant incités à organiser les travaux de
cette façon par suite de votre consentement tacite, cela
m'apparaîtrait peut-être un peu compliqué, sans entendre la
position d'Hydro-Québec et s'engager peut-être dans un
débat de procédure, de commencer à vouloir modifier les
règles de la programmation.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je remarque ici que,
premièrement, la lettre qui a donné la programmation pour
aujourd'hui et tous les autres intervenants, est en date du 20 février,
lettre à la tribune de la presse.
La commission est maîtresse de ses travaux, nous n'avons pas, je
n'ai pas été consulté quant aux différents
intervenants et l'ordre dans lequel se dérouleront les travaux. J'ai
tenu pour acquis que, ce matin, la commission pourrait décider
d'elle-même de la façon dont les travaux vont se
dérouler.
J'ai tenu pour acquis qu'on ferait la même chose que lors des
commissions antérieures d'Hydro-Québec, même si la
dernière remonte à deux ans, et on se demandait la raison...
Dans le passé, après la présentation de chaque
intervenant, les membres de la commission avaient le droit de poser des
questions. Je crois que la suggestion de faire intervenir le président
du conseil d'administration et le président-directeur
général, MM. Bourbeau et Boyd, à la suite de quoi nous
pourrions poser des questions d'ordre général, aiderait à
éclairer sur les points principaux que nous voulons soulever, parce que
les sujets qu'Hydro-Québec va nous présenter sont assez complexes
d'avance, et si on attend à la fin des différentes
présentations, ça peut porter à confusion.
Alors je crois que dans l'intérêt de ceux qui vont suivre
les travaux de cette commission, dans l'intérêt de ceux qui
veulent vraiment obtenir des clarifications, des informations, ce serait
beaucoup mieux si nous pouvions procéder en posant des questions
après chaque intervenant.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, j'aurais une
contre-proposition à faire à mon ami, le député de
Mont-Royal, pour permettre de peut-être mieux poser nos questions.
Il y a ici six exposés d'Hydro-Québec. En premier lieu, il
y en a deux: l'allocution du président du conseil d'administration et
l'allocution du président-directeur général. Ce serait un
exposé des données générales. On pourrait les
entendre tous les deux puis avoir une période de questions et, ensuite,
entendre les quatre autres exposés à la suite,
c'est-à-dire celui sur la prévision de la demande
d'électricité, sur le plan des installations
d'Hydro-Québec, sur la deuxième phase du développement de
la rivière La Grande et sur le financement du plan des installations.
Après ces quatre exposés, on aurait une autre période de
questions, de telle sorte qu'on pourrait poser, en même temps, nos
questions sur les grandes idées, l'avenir d'Hydro-Québec, les
grands problèmes et, en deuxième lieu, sur les détails
techniques, ce qui ferait deux périodes de questions au lieu de six.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
vous savez très bien qu'il n'y a pas de contre-proposition possible,
mais je crois que c'est une forme de négociation entre vous deux. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je vois que vraiment
il y a possibilité d'organiser nos travaux afin qu'on puisse poser nos
questions sur des sujets différents. J'accepte le principe qu'on entende
l'allocution du président du conseil d'administration, M. Bourbeau,
suivie de celle de M. Boyd pour qu'on puisse poser des questions sur ces deux
interventions, ces deux présentations, mais plutôt que de faire la
division que vous avez suggérée, d'avoir les quatre autres
exposés tous ensemble à la suite - je remarque que le dernier
exposé parle du financement - si c'est acceptable pour la commission, je
crois qu'on pourrait entendre les exposés sur la prévision de la
demande, sur les plans d'installation et aussi l'exposé, l'intervention,
la présentation du président de la SEBJ, M. Laliberté. Je
crois que ces trois interventions pourraient être traitées
ensemble, et ensuite une période de questions. Puis, on pourrait parler
du financement qui est quelque chose qui devrait être, à mon point
de vue, discuté séparément des autres sujets.
Le Président (M. Jolivet): Vous auriez donc trois parties,
si je comprends bien. Est-ce acceptable pour l'ensemble des membres de la
commission? On isolerait le financement, comme dernier exposé; les trois
autres au centre, comme étant la deuxième partie et la
première, les deux premiers.
M. Grégoire: Cela irait.
Le Président (M. Jolivet): Cela irait. Il me reste, quant
à moi, une autre question à poser dès le départ qui
a trait aux autres journées qui vont débuter avec la
présentation des autres mémoires, demain. J'ai une proposition
que vous aurez à discuter, je pense. C'est celle qui a été
adoptée au niveau de la dernière commission qui suit la forme
habituelle. Je vous propose - vous en disposerez comme vous voudrez, comme
disait le député de Mont-Royal; les membres de cette commission
ont le pouvoir de décision quant au temps - d'entendre les
mémoires qui seront présentés en vertu de vingt minutes
pour la présentation du mémoire - et on avertirait chacun des
intervenants dans ce sens-là - ensuite, du côté
gouvernemental, vingt minutes pour poser des questions et, du côté
de l'ensemble de l'Opposition, vingt autres minutes, ce qui donnerait en gros
une heure par mémoire. En tenant compte qu'il y a six jours de
commission et qu'il y a une trentaine d'intervenants et plus, à
ce moment-là, cela pourrait permettre une répartition du temps
comme celle qui a été accordée lors des commissions
antérieures à celle-ci. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, étant donné
cette période-ci de l'année, il serait peut-être plus
important de vivre au jour le jour, puisqu'on ne sait jamais. Le premier
ministre peut aussi bien se décider, cet après-midi, d'aller voir
le lieutenant-gouverneur et déclencher des élections
générales. Je pense qu'on devrait tout simplement attendre
à demain matin et, à ce moment-là, on vérifiera
dans quel ordre nos travaux doivent être menés.
Le Président (M. Jolivet): C'est parfait. Je prends cette
suggestion. M. le député de Mont-Royal, peut-être un
ajout?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président. Je serais
entièrement d'accord pour qu'on décide des travaux d'aujourd'hui
et de demain avec les représentants d'Hydro-Québec parce que cela
peut influencer notre point de vue selon ce qui se déroule aujourd'hui
et le temps qu'on devrait allouer à chaque mémoire demain.
J'aurais une autre question à poser, M. le Président.
Quelles sont les heures de session de la commission aujourd'hui? Jusqu'à
quelle heure pouvons-nous siéger?
Le Président (M. Jolivet): Nous siégons, durant le
temps que nous avons à notre disposition, de 10 heures le matin à
13 heures; ensuite, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à ce
qu'on aura à regarder en termes de décision quant aux membres de
la commission, en dépassant probablement 22 heures peut-être dans
certains cas, mais de façon à ne pas aller trop loin dans ce
sens. Cela dépendra des intervenants à ce niveau.
M. Ciaccia: M. le Président, j'avais l'impression que,
d'après nos règlements, nous pouvions siéger
jusqu'à 10 heures ce soir, c'est-à-dire 22 heures.
Le Président (M. Jolivet): C'est que...
M. Ciaccia: Est-ce que mon interprétation du
règlement est exacte?
Le Président (M. Jolivet): ...vous avez été
convoqués avec une heure de début, mais pas d'heure de fermeture
et, en conséquence, à ce niveau, je pourrai davantage faire une
vérification et vous donner, au retour cet après-midi, une
décision sur cette question. Je pense que cela éviterait des
débats ce matin.
M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, sauriez-vous me dire si, en
plus de l'avis de convocation que nous avons en main, qui nous dit que nous
devons commencer les travaux à 10 heures le matin, 10 heures tous les
jours pour les 24, 25, 26 et 27 février ainsi que, les 2 et 3 mars
prochain, vous avez un avis de la Chambre qui soulignerait que l'on doit
siéger à des heures contraires aux heures ordinaires de la
Chambre?
Le Président (M. Jolivet): Comme nous avons eu à
discuter longuement cette question lors de commissions antérieures et
qu'il y a eu un avis de convocation qui n'indique pas l'heure de fermeture, je
vais me permettre de prendre en délibéré votre question et
de vous répondre cet après-midi de façon à vous
dire exactement à quelle heure nous pourrons terminer.
M. Samson: Puis-je vous demander, M. le Président,
étant donné que vous prendrez cette question en
délibéré, de voir l'article 140 de notre règlement
et de voir la décision prise par le président en date du 7
novembre 1975, qui disait exactement ceci: "L'horaire des travaux des
commissions doit être le même que celui de la Chambre, à
moins d'un avis au contraire donné à l'Assemblée par le
leader parlementaire du gouvernement"? C'est pourquoi je vous ai demandé
si vous aviez un avis de l'Assemblée. Vous n'en avez pas. Vous n'avez
que cet avis régulier qui nous convoque pour dix heures du matin.
Donc, si on n'a pas d'avis contraire, je vous demanderais de prendre en
considération l'article 140, avec une décision en date du 7
novembre 1975 en ce sens, ainsi qu'une décision en date du 21 juin 1977
concernant l'article 140.2, le tout relativement à l'article 3 qui dit
que nos règlements sont établis selon les us et coutumes et les
précédents.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
tiendrai compte de ce que vous me dites, mais je tiendrai compte aussi de ce
que j'ai vécu comme président pendant la période
d'intersession, avec les difficultés que cela a comporté quant
aux heures de fermeture. C'est pour cela que je ne me prononcerai pas
actuellement. Mais vous me permettrez de bien vous situer dans le débat
des heures de fermeture de séances des commissions à
l'intersession, de façon précise, en tenant compte non seulement
de l'année 1975, quant à l'article que vous me donnez, mais des
autres qui ont suivi en 1979 et en 1980. L'avis sera donc donné cet
après-midi.
Nous pouvons donc commencer, ces parties techniques étant
terminées, avec l'allocution du président du conseil
d'administration, M. Joseph Bourbeau, en lui demandant, pour les besoins du
journal des
Débats, d'identifier les personnes qui l'accompagnent, avec les
titres qu'elles possèdent.
Excusez, j'étais en train d'oublier le ministre.
M. Fortier: II me semblait qu'il voudrait parler
là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi encore une fois.
C'est plutôt le ministre qui a la parole. (10 h 45)
Exposés préliminaires M. Yves
Bérubé
M. Bérubé: J'ai remarqué la rapidité
avec laquelle le député d'Outremont est intervenu et j'ai cru
qu'il voulait défendre mon droit de parole. Mais j'ai compris que, comme
il avait droit de parole immédiatement après moi, je suppose que
c'est plutôt le sien qu'il défendait.
M. le Président, d'une part, je voudrais souligner aujourd'hui
cette journée des handicapés. Je suis accompagné - je
voulais le souligner - par un membre de mon cabinet, Mme Gaétane Courcy.
Comme vous le savez, plusieurs ministres et députés d'Opposition
ont choisi de poser ce geste de solidarité pour apprendre à
découvrir ce que sont les barrières architecturales et autres que
connaissent nos concitoyens handicapés. Déjà, nous avons
eu des problèmes de planification ce matin pour savoir comment on se
rend au restaurant Le Parlementaire en chaise roulante, et ce n'est pas facile.
Nous n'avions pas observé qu'effectivement il n'y a aucun moyen
d'accès au restaurant Le Parlementaire. Je pense que c'est une
excellente expérience et je tenais à la souligner en
commençant cette commission.
M. le Président, la commission élue permanente de
l'énergie et des ressources commence aujourd'hui des travaux qui
m'apparaissent d'une extrême importance, puisqu'elle va se pencher au
cours des prochaines journées sur l'avenir de
l'électricité dans le contexte énergétique
québécois. C'est la première fois, en fait, que notre
commission aborde un tel sujet. En 1977, une commission parlementaire
spéciale avait étudié l'ensemble du dossier
énergétique. Cependant, en ce qui concerne spécifiquement
Hydro-Québec, les commissions antérieures se limitaient à
des analyses sectorielles traitant isolément soit du programme
d'équipement, soit de la tarification, ou encore de la gestion
même de la société d'État.
À partir d'aujourd'hui, c'est l'ensemble de la planification de
l'électricité que nous allons aborder, et cela en nous
référant à l'évolution globale du secteur
énergétique québécois.
Le programme d'équipement présenté par
Hydro-Québec repose sur une prévision de la demande. Lorsqu'on
examine de près cette prévision, on constate que, comme par le
passé, Hydro-Québec se prépare dès maintenant
à faire face à une forte augmentation de la demande. S'agit-il
d'une prévision trop optimiste? Voilà qui n'est pas facile
à décider. À titre d'exemple, en juin 1976,
Hydro-Québec avait évalué la demande
d'électricité pour 1990 à 200 térawatts-heures. En
mars 1978, elle révisait ses prévisions à 185
térawattheures et, finalement, en juin 1980, elle prévoyait que
la demande de 1990 serait de 158 térawattheures.
On peut comprendre la prudence d'Hydro-Québec lorsqu'elle
envisage une demande d'électricité plus forte qu'elle ne l'est en
réalité. Il est, en effet, beaucoup plus facile de se
réajuster annuellement à une demande plus faible que de faire
face à une pénurie. Les pires conditions peuvent survenir et il
est sage de se préparer à toute éventualité. C'est
notre sécurité qui en dépend.
Toutefois, face au scénario de la demande anticipée par
Hydro-Québec, on peut encore supposer qu'elle fera à nouveau des
réajustements au cours des années qui viennent. C'est pourquoi
nous nous proposons d'interroger Hydro-Québec sur différents
facteurs susceptibles d'influencer le profil et le volume de la demande, car
des modifications dans les habitudes de consommation de nos concitoyens
pourraient avoir comme conséquence de bouleverser la composition du
programme d'équipement qui est devant nous, tant au niveau des
équipements de base qu'au niveau des équipements de pointe. De
plus, il m'apparaît capital de situer nos objectifs de production
d'électricité dans le cadre d'une problématique plus
générale de nos approvisionnements
énergétiques.
En effet, le défi majeur que le Québec doit relever
aujourd'hui est un défi d'ajustement rapide à une diminution
draconienne de ses apprivisionnements en pétrole. L'ONE, dans un
document qu'il vient de nous transmettre en décembre 1980, nous annonce
d'une manière prévisible que, d'ici l'automne 1981, le
Québec ne recevra plus une seule goutte de pétrole en provenance
de l'Ouest canadien. En 1978, on prédisait une pénurie pour 1985.
Une réévaluation récente par l'Alberta Oil Marketing
Commission rapprochait la disette à 1983. Et voilà qu'avec les
coupures annoncées par la Saskatchewan et l'Alberta, d'ici huit mois le
Québec devra affronter une pénurie dramatique en pétrole
brut.
Certes, nos collègues libéraux ne voudront pas percecoir
nos approvisionnements en pétrole comme une contrainte et voudront
certainement célébrer pour le Québec cet
accès privilégié aux réserves albertaines de
pétrole. Je me souviens encore de ces élans un peu dithyrambiques
du député libéral d'Outremont, M. Raynauld - je parle de
l'ex-député libéral - qui nous disait en 1979: Que dire de
la sécurité des approvisionnements? N'est-il pas rassurant de
pouvoir compter sur des fournisseurs canadiens, à une époque
où les sources étrangères peuvent nous faire
défaut?
Plus récemment, le chef de l'Opposition devait y aller de sa
ritournelle au sujet de l'avantage que présente le Canada en
matière d'approvisionnement énergétique. Pourtant, il n'a
pas toujours dit la même chose et la situation précaire des
approvisionnements pétroliers canadiens l'a déjà
inquiété. Dans un éditorial signé de sa main, en
1977, il écrivait: "À court terme, le Canada fait, en effet, face
à une situation difficile en ce qui touche ses approvisionnements
énergétiques. Les réserves de pétrole
conventionnelles de la Saskatchewan et de l'Alberta semblent devoir
s'épuiser plus rapidement qu'on ne l'avait prévu. Dans ce
contexte de pénurie de pétrole, toutes nos stratégies
devraient donc consister à tout mettre en oeuvre pour nous
libérer, le plus possible, de notre dépendance du
pétrole".
C'est dans cet esprit sans doute que l'on voudrait analyser certaines
composantes du plan d'équipement devant nous. Ainsi, pour
répondre à une partie des besoins d'équipement de pointe,
Hydro-Québec envisage le recours à des équipements
fonctionnant à l'huile légère, des turbines à gaz.
Il va sans dire que, compte tenu du climat incertain qui entoure nos
approvisionnements pétroliers, on voudra sans doute analyser d'autres
possibilités. D'une part, les Québécois ont entre les
mains, par exemple, des éléments de solutions
intéressantes, au moins à prendre en considération.
Si les Québécois décidaient de modifier leurs
habitudes de consommation, ils pourraient s'éviter l'investissement dans
plusieurs projets prévus uniquement pour répondre aux besoins de
pointe. À titre d'exemple, une étude en date de 1976 faite par
Hydro-Québec montrait que la télécommande des chauffe-eau
représentait un potentiel de 1500 MW. Une mise à jour des
données situerait ce potentiel sans doute autour de 2300 MW en 1990. N'y
a-t-il pas là un potentiel intéressant à exploiter et qui
pourrait peut-être être susceptible de remplacer certains
éléments du plan d'équipement? Évidemment, cela ne
peut pas se faire sans changer certaines de nos habitudes de consommation.
Est-ce que cela voudrait dire de ne plus prendre de douche chaude à 5
heures le soir en rentrant du travail? Cela pourrait vouloir dire cela.
D'autre part, la demande de pointe ne pourrait-elle pas, en partie du
moins, être satisfaite par le devancement d'équipement de base,
plutôt que par l'implantation de turbines à gaz? Il faudra en
analyser avec Hydro-Québec les avantages et les inconvénients.
Cependant, le problème d'approvisionnement en pétrole
étranger apparaîtrait alors déjà peut-être
moins dramatique.
De plus, cette possibilité, si elle était retenue,
apporterait sans doute un élément de réponse à
l'épineuse question du maintien de l'activité sur les chantiers
de construction. Il faut constater, dans le plan d'équipement
qu'Hydro-Québec a déposé, un ralentissement des travaux de
construction dans les années 1982 à 1986, 1987. Il faut toutefois
se rendre compte qu'il existe des inconvénients relatifs au devancement
de la mise en service d'équipements de base: les surplus
d'énergie qu'il faudrait alors écouler sur les marchés
voisins et des investissements initiaux plus élevés à
consentir. Il faudrait les qualifier et les quantifier. Voilà autant
d'aspects sur lesquels notre réflexion devrait porter.
La quarantaine de mémoires qui ont été soumis
à cette commission parlementaire pour y être discutés
soulèvent les divers aspects de la question énergétique.
On remarque, cependant, une préoccupation nettement marquée de la
part des intervenants à propos du nucléaire. Adversaires
féroces et chauds partisans ont tenu à faire valoir leurs
arguments. Les uns réclament un prolongement du moratoire sur le
nucléaire, les autres, au contraire, demandent d'y avoir accès
plus rapidement.
Comme il fallait s'y attendre, le seul point sur lequel ces deux tenants
s'entendent, c'est lorsqu'ils exigent du gouvernement une position ferme. C'est
dans cet esprit que nous allons entreprendre notre discussion. Pour des raisons
bien connues, le gouvernement du Québec décrétait un
moratoire de deux ans sur le nucléaire qui prenait fin avec
l'année 1980: risques élevés d'accidents, impact sur
l'environnement, technologie parfois inadéquate, autant de dangers qui
nous invitaient à la prudence et qui, jusqu'à présent, ont
freiné l'évolution de cette option au Québec, et non
seulement au Québec, mais je dirais également dans l'ensemble de
l'Amérique du Nord.
Toutefois, le plan d'équipement que nous propose
Hydro-Québec ne rejette pas complètement l'option du
nucléaire et du coup, relance le débat. On doit d'abord se
demander quelles sont les raisons qui motivent une telle décision? La
prudence face à l'option du nucléaire s'explique certainement par
deux raisons principales: d'une part, la limite théorique de notre
potentiel de rivières aménageables et, d'autre part, le
développement des cours d'eau plus
coûteux à mesure qu'on s'éloigne des centres de
consommation qui semble justifier en soi l'étude d'une alternative.
On sait cependant que, par mesure de sécurité,
Hydro-Québec, qui doit évaluer longtemps d'avance nos besoins en
énergie, a tendance à surestimer ses prévisions,
préférant de loin se rajuster annuellement à des besoins
moindres plutôt que d'affronter une pénurie, et cela se comprend.
Comme les prévisions seront corrigées en fonction de nos besoins
réels de consommation, il deviendra peut-être possible d'envisager
une réduction du plan d'équipement qu'elle nous présente
aujourd'hui. Le gouvernement pourrait alors décider de sacrifier le
programme d'installation de centrales nucléaires ou encore de
décréter un moratoire partiel ou complet sur cette option. Il
reste à savoir si cela est possible et, si oui, pour combien de
temps.
Tout dépend de la marge de manoeuvre que nous autorisent nos
réserves hydrauliques et des moyens qu'on entend prendre pour
étirer le plus longtemps possible ces réserves. On peut cependant
formuler certaines hypothèses qui, si elles étaient
vérifiées, nous permettraient de retarder le recours au
nucléaire, du moins massif. En effet, en se fiant aux prévisions
annoncées dans le livre blanc quant à notre demande en
électricité pour l'an 2000, on observe qu'elles sont
inférieures de 8000 ou 9000 MW à celles que prévoit
Hydro-Québec pour la même période.
De plus, en appliquant un programme dynamique d'isolation de nos maisons
et en favorisant l'utilisation du gaz naturel à des fins de chauffage,
nous pourrions récupérer un potentiel de 5000 MW. N'oublions pas
que, en 1996, les Québécois consommeront 8000 MW pour se chauffer
à l'électricité. La question qu'il faudra sans doute se
poser, non pas seulement à ce moment-là mais peut-être
dès maintenant, doit-on se chauffer au nucléaire ou au gaz
naturel? Si, collectivement, les Québécois décidaient de
chauffer leur maison au gaz naturel, on viendrait, du coup, de dégager
une réserve additionnelle d'électricité. Un autre
potentiel, de 25% plus coûteux peut-être, réside dans
l'aménagement de certaines rivières éloignées
auquel s'ajoute un potentiel appréciable d'aménagement de petites
rivières.
En tout, c'est peut-être une économie globale de l'ordre
d'environ 20,000 ou 25,000 MW que l'on pourrait ainsi réaliser; en
supposant que la croissance annuelle de notre consommation se maintienne autour
de 1500 MW pour la période en question, nous viendrions de gagner un
délai de quinze ans sans avoir à recourir de façon massive
au nucléaire.
Tout le scénario demeure très hypothétique, car il
comporte bien des inconnues. Dans un contexte de pénurie mondiale
d'énergie, avec les contraintes climatiques de notre pays, peut-on
courir ce risque? Ne serait-il pas plus prudent de maintenir un programme
minimal dans le secteur du nucléaire, ne serait-ce que pour conserver et
développer une expertise québécoise en la matière?
Voilà un autre sujet de discussion avec Hydro-Québec.
Nous devons également aborder l'aspect de la tarification. Le
consommateur québécois considère pour acquis ces
approvisionnements. Il ne s'y intéresse, en fait, qu'en cas de panne.
Son intérêt se porte plutôt, naturellement, vers sa facture
d'électricité qu'il reçoit aux deux mois et qui gruge
directement dans son pouvoir d'achat. L'intérêt qu'il porte
à cette question est lié essentiellement à sa
capacité de payer. Aussi, réagit-il plus fortement aux hausses de
tarifs. On ignore souvent, d'ailleurs, le lien direct qui existe entre les
investissements d'Hydro-Québec et les tarifs qu'elle doit
réclamer.
Le financement du plan d'expansion du réseau électrique se
fait, premièrement, par des emprunts à long terme sur les
marchés financiers mondiaux et, deuxièmement, par un
réinvestissement des profits générés à
même les tarifs. La mise en oeuvre d'un plan d'équipement implique
donc une tarification appropriée mais les exigences du financement
requis pour les nouveaux équipements ne sont pas les seuls facteurs qui
détermineront à l'avenir les tarifs d'électricité.
C'est une question qu'il faut traiter en regard du contexte
énergétique global du Québec. Le prix des autres sources
d'énergie doit également être considéré. Des
différences trop importantes entre les coûts des diverses formes
d'énergie bouleverseraient les habitudes de consommation des citoyens.
Il s'ensuivrait alors des déplacements importants de quantités
d'énergie au profit de l'électricité ou aux dépens
de l'électricité. Cette tendance se verrait accentuée par
l'inquiétude que laisse planer à l'horizon une pénurie
d'énergie. (11 heures)
En fait, dans ses choix énergétiques, le consommateur
tient compte tant des prix que de la disponibilité, de la
commodité que du danger potentiel que représente toute forme
d'énergie. D'ailleurs, on a pu observer que, depuis la crise du
pétrole en 1973, 80% des nouvelles constructions domiciliaires au
Québec optent pour un système de chauffage à
l'électricité. Si les prix du pétrole continuent de monter
en flèche et que ceux de l'électricité demeurent à
leur niveau actuel, on peut facilement imaginer que la majorité des gens
va convertir son système de chauffage de l'huile à
l'électricité. Cette demande subite et exagérée
d'électricité ne peut pas être satisfaite par les
installations actuelles d'Hydro-Québec. Les circuits, alors
surchargés, cèdent. Faute de transformateurs
appropriés, de lignes, de barrages, on assiste, comme c'est souvent le
cas dans les vieux quartiers, à des pannes plus fréquentes
associées à des surcharges imprévues et
imprévisibles parce que trop rapides. La situation apparaît plus
dramatique quand on sait qu'on doit compter quatre bonnes années pour
l'installation de nouveaux transformateurs, de six à sept ans pour une
ligne supplémentaire et de huit à dix ans pour de nouveaux
barrages. D'ailleurs, ce recours très rapide à
l'électricité, résultat des avantages que présente
cette forme d'énergie, soulève un autre problème. Le gaz
naturel, bientôt disponible dans nos maisons, ne pourra
bénéficier que d'une bien maigre popularité si
l'électricité nous est offerte à bien meilleur coût.
Comment alors éviter une croissance trop rapide de nos besoins en
énergie électrique, besoins que nos rivières ne sauront
alors plus combler?
Il faut donc envisager de maintenir un certain équilibre entre
les prix des diverses sources d'énergie. Une croissance rapide des
tarifs d'électricité pour minimiser un passage trop rapide
à l'électricité aurait, cependant, des conséquences
graves pour le consommateur incapable de maintenir son pouvoir d'achat. Quant
à Hydro-Québec, elle se verrait devant un accroissement
phénoménal de ses profits, l'amenant, pour ainsi dire, à
accroître son degré d'autofinancement relié à ses
profits au point de payer comptant pratiquement des investissements
amortissables sur 50 ans. Ne devrait-on pas alors examiner ensemble cette
question et s'interroger sur les moyens de redistribuer une partie de ses
profits aux contribuables? Comme on le voit, les discussions que nous aurons
durant les prochains jours vont être importantes pour l'avenir
énergétique du Québec. Elles devraient nous permettre de
rassembler des éléments de réponse aux questions que je
viens de soulever.
D'autres aspects essentiels seront également abordés. Nos
besoins en électricité pourront-ils être satisfaits sans
aucune limite? Quelle est l'importance et la nature de notre potentiel
hydroélectrique? À quel coût ce potentiel pourrait-il
être mis en valeur? Existe-t-il des limites environnementales à
l'aménagement de tous nos cours d'eau? Quel choix de
société retenons-nous implicitement en favorisant le
développement d'une technologie plutôt qu'une autre? Comme on peut
le constater, c'est beaucoup plus que l'avenir de l'électricité
au Québec que nous toucherons lors de ces discussions. Ce dossier
comporte des enjeux importants, tant par le coût des investissements que
par les implications sociales et économiques qui en découlent et
qui orientent tout notre avenir.
Cette commission parlementaire se veut au départ une
séance d'information au public et une occasion d'échange entre
les différents intervenants de tous les secteurs
énergétiques et de tous ceux qui s'y intéressent. Je suis
convaincu que nous trouverons en Hydro-Québec toute la collaboration,
toute l'expertise nécessaires pour que notre collectivité puisse
faire les choix énergétiques appropriés. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre.
M. le député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci, M. le Président. C'est avec beaucoup de
plaisir et d'empressement qu'au nom de l'Opposition officielle je souhaite la
bienvenue à la direction d'Hydro-Québec à l'occasion de
cette commission parlementaire.
Hydro-Québec a une telle importance sur le plan
énergétique et elle influe tellement sur la vie économique
du Québec qu'il est important et impérieux de donner
régulièrement aux membres de l'Assemblée nationale
l'occasion d'étudier et de scruter ses réalisations, ses
orientations et son plan d'action. Malheureusement, le gouvernement qui nous
dirige depuis plus de quatre ans, mais pas encore pour bien longtemps, je
l'espère, n'a pas cru bon de faire en sorte que cette commission
parlementaire se réunisse depuis 1978. Cela en dit long sur le
véritable désir de donner l'occasion aux élus du peuple de
jouer leur rôle, même si la nature de la commission parlementaire
ne semble pas le meilleur moyen pour étudier des dossiers aussi
volumineux et aussi complexes. Nous l'avons dit à plusieurs reprises
lors de commissions parlementaires précédentes, il serait
important de créer des mécanismes qui faciliteraient une
meilleure analyse et une meilleure compréhension des enjeux
véritables.
Le Parti libéral du Québec ne croit pas que la formule de
la commission parlementaire, telle qu'elle existe et telle que nous la vivrons
cette semaine, soit le meilleur moyen pour les parlementaires d'assumer leurs
responsabilités.
Comment est-il possible au public de s'y retrouver lorsque les
élus du peuple eux-mêmes n'ont pas les moyens d'étudier ou
de faire étudier les documents soumis par Hydro-Québec?
Alors que le livre blanc sur l'énergie donnait clairement comme
un des principaux objectifs d'impliquer le public dans le processus
décisionnel, il faut se rendre à l'évidence que le
gouvernement sortant a manqué grandement à ses
responsabilités en ne proposant pas de solution à un
problème posé depuis plusieurs années.
Pour notre part, M. le Président, je désire vous souligner
que notre programme prévoit très clairement
l'établissement de mécanismes qui habiliteraient le gouvernement
à analyser les projets d'investissement et de financement
d'Hydro-Québec, ses augmentations de tarifs et, d'une façon
générale, toutes ses politiques à long terme. Nous croyons
qu'il est impérieux d'élargir les débats publics sur
toutes ces questions et il est de notre ferme intention de pallier à ces
déficiences dans l'avenir.
Il se pourrait que la considération des solutions de rechange
nous amène peut-être à en choisir une qui créerait
un palier indépendant du pouvoir gouvernemental, de façon
à maximiser les retombées d'un tel processus. Comme vous le
savez, M. le Président, une telle façon de procéder est
utilisée par d'autres provinces ainsi que par le gouvernement
fédéral.
Néanmoins, malgré les imperfections de la présente
commission parlementaire, nous avons l'intention de procéder à
l'examen des projets d'investissement d'Hydro-Québec, et ce sous toute
réserve puisque ni le gouvernement ni Hydro-Québec n'a
informé le public des répercussions que pourrait avoir le
programme proposé sur la tarification d'Hydro-Québec. Il s'agit
là pourtant d'une considération primordiale puisque la
population, qui a toujours bénéficié, dans le
passé, de tarifs extrêmement bas, n'a jamais accepté
favorablement les augmentations des dernières années. Même
s'il est vrai que les tarifs d'Hydro-Québec sont encore parmi les plus
bas au monde, il n'en reste pas moins que toutes les augmentations successives
du coût de l'électricité érodent, d'une façon
parfois tragique, le pouvoir d'achat d'une multitude de citoyens et de
contribuables de notre province.
Il est pour le moins surprenant qu'après une revue qui a
duré plus d'un an, le gouvernement sortant ne soit pas en mesure
d'informer le public de l'impact qu'aura le plan d'investissement des dix
prochaines années sur le portefeuille de nos concitoyens.
Cette analyse, M. le Président, aurait dû porter non pas
uniquement sur l'importance en mégawatts des installations requises,
mais également sur les coûts comparatifs des solutions de rechange
possibles ainsi que sur les retombées économiques qui en
découlent.
Il est évident en particulier que les réseaux
d'Hydro-Québec s'orientent vers un système où la pointe de
la puissance prend de plus en plus d'ampleur; il est également
évident que cette caractéristique influera
considérablement sur les coûts d'investissement et, par voie de
conséquence, sur les prix que l'utilisateur aura à payer.
Néanmoins, malgré les déficiences du
système, plus particulièrement les déficiences
causées par le gouvernement sortant, nous tenterons, dans la mesure de
nos moyens, de poser des questions de façon que le public en retire la
meilleure information possible dans les circonstances. Mais il serait naïf
de notre part d'espérer, à l'issue de cette commission, en
arriver à des conclusions probantes.
Par ailleurs, M. le Président, il est également
évident qu'il nous faut considérer un plan d'action nous venant
d'Hydro-Québec et traitant d'une seule forme d'énergie, soit
l'électricité, avant même d'avoir pu discuter de la
politique énergétique à long terme du Québec. C'est
mettre la charrue devant les boeufs que d'inviter Hydro-Québec a cette
commission pour nous parler de sa planification à long terme avant
même que le gouvernement n'ait défini lui-même sa politique
énergétique globale. C'est la logique même qui le dit: il
aurait fallu que le gouvernement fasse en sorte de définir ses
politiques à long terme avant d'inviter Hydro-Québec à
présenter un programme d'équipement pour approbation.
D'ailleurs, plusieurs parmi les compagnies ou les groupes qui se sont
prévalus de leur droit de présenter des mémoires ont
conclu à l'impossibilité de considérer le programme
d'Hydro-Québec en soi sans avoir une juste idée des politiques
gouvernementales dans les autres secteurs énergétiques.
La vérité, M. le Président, c'est que le
Québec n'a pas de politique énergétique à long
terme. Comme par magie, le livre blanc présenté par le
gouvernement en 1978 s'arrêtait en 1990 et escamotait le futur. Compte
tenu des délais de réalisation des projets
énergétiques, nous y sommes déjà, en 1990. Que l'on
songe que le projet de la Baie James a été lancé au
début des années soixante-dix et qu'il sera
complété en 1985. Un gouvernement qui n'a pas le courage
d'aborder les problèmes énergétiques à long terme,
qui n'a pas le courage de proposer des choix qui s'imposeront dans l'avenir,
soit dans les habitudes de vie de nos concitoyens, soit dans l'acceptation et
l'utilisation de formes d'énergie nouvelles ou d'autres formes
d'énergie qui n'ont pas encore été utilisées sur
une grande échelle au Québec ne méritent pas notre
confiance. Le public veut savoir, le public veut participer. Plusieurs demandes
ont été faites dans ce sens par une multitude d'organisations,
mais toutes ont fait l'objet d'une fin de non-recevoir.
Il s'ensuit donc, M. le Président, que cette commission est
quelque peu ambiguë, mais, de notre côté, nous ferons tout en
notre possible pour lever les ambiguïtés en autant que faire se
peut. À cette fin, nous poserons plusieurs questions au ministre qui a
la responsabilité de la planification à long terme. De fait, M.
le Président, nous avons beaucoup plus de questions importantes à
poser au ministre qu'à Hydro-Québec, non
pas que nous sous-estimions l'importance d'Hydro-Québec, mais
nous croyons qu'il incombe au ministre de proposer des politiques à long
terme et les moyens de les mettre en oeuvre.
Au cours de cette commission, M. le Président, nous discuterons
abondamment du rôle que le gaz peut jouer au Québec et de sa
pénétration dans notre bilan énergétique. Nous
croyons que le gouvernement possède plusieurs pouvoirs qui lui
permettent de favoriser une forme d'énergie par rapport à une
autre, et il en est ainsi du gaz. Nous attendons du ministre qu'il nous indique
comment il entend favoriser la pénétration du gaz, quelle
politique il entend mettre en oeuvre pour faire en sorte que ses objectifs
soient rencontrés, s'il en a.
Quand le ministre rendra-t-il public le rapport de la Régie de
l'électricité et du gaz traitant du choix des distributeurs
québécois? Quand le gouvernement nous dira-t-il s'il favorise un
ou plusieurs distributeurs? Qu'adviendra-t-il de Gaz métropolitain?
Quelle sera l'étendue de sa franchise? Est-ce que le gouvernement a
l'intention de favoriser le gaz en éliminant la taxe de vente? Quelle
politique le gouvernement favorisera-t-il dans l'avenir quant à la
tarification de l'électricité? S'il désire vraiment la
pénétration du gaz, comment s'assurera-t-il de la
compétitivité future de cette forme d'énergie? Compte tenu
du fait que la fixation du prix du gaz est de juridiction
fédérale, le ministre a-t-il eu des entretiens avec son homologue
fédéral pour harmoniser les tarifications du gaz avec celles
d'Hydro-Québec, de façon à rencontrer les objectifs de
pénétration qu'il aurait lui-même définis? Toutes
ces questions, M. le Président, nous font voir que le combat qui
s'engage est peut-être extrêmement ambigu si les questions
importantes, en ce qui concerne les choix énergétiques, sont
adressées à Hydro-Québec plutôt qu'au ministre.
Encore une fois, avec tout le respect que j'ai pour la direction
d'Hydro-Québec, je dis qu'il est à peu près temps que le
ministre de l'Énergie et des Ressources ainsi que le gouvernement qui
nous dirige pour un peu de temps encore assument leurs responsabilités.
Il est ridicule de voir le ministre passer les dossiers chauds à
Hydro-Québec, alors que le gouvernement dont il fait partie a toujours
dit qu'il voulait prendre les décisions importantes dans ce genre de
dossier.
Je m'aperçois, d'ailleurs, que dans son allocution le ministre
ramollit en ce qui concerne le nucléaire, mais il faut noter que, la
semaine dernière, il a pris position contre dans un débat public
sur cette question et, comme vous le savez, M. le Président, le Parti
libéral du Québec est le seul parti qui, dans son programme, a
défini qu'il fallait absolument avoir un débat public sur cette
question avant que toute décision importante soit prise dans ce domaine.
Qu'il prenne ses décisions et, s'il ne veut pas les prendre en
consultation avec le public, qu'il se démette.
Dans un autre ordre d'idées, nous aimerions savoir
également du ministre pourquoi il a tant tardé avant de constater
le fiasco de son programme d'isolation et avant de demander à
Hydro-Québec d'en prendre la relève. Le ministre nous
confirmera-t-il que le Bureau des économies d'énergie sera
amputé de quelque 65 personnes à la fin de mars et que le
programme du gouvernement prendra fin à cette date? Malheureusement,
à cause du retard que le gouvernement a mis dans ce dossier, il
semblerait qu'Hydro-Québec ne pourra prendre la relève avant
plusieurs mois. C'est là un vide dans la continuité des
économies d'énergie qui créera un tort
irrémédiable à la continuité des
opérations.
Nous aimerions également savoir du ministre pourquoi il n'a pas
signé l'entente fédérale-provinciale quant au programme de
démonstration d'économie d'énergie et des énergies
renouvelables, ce qui aurait pu rapporter au Québec une contribution de
$29,000,000. Pourquoi le Québec est-il la seule province à ne pas
avoir signé cette entente? M. le Président, tout ça pour
illustrer jusqu'à quel point nous n'avons pas l'intention de nous
laisser berner dans ce dossier énergétique. Le ministre doit
cesser de faire en secret la politique du Québec et doit donner au
peuple du Québec l'information à laquelle il a droit.
D'Hydro-Québec, bien sûr, nous nous attendons au meilleur
éclairage possible sur l'ensemble du dossier qui nous a
été soumis. Plus particulièrement, nous, de l'Opposition
officielle, voudrions qu'on nous mette au courant du degré d'avancement
des négociations ou discussions avec nos voisins du Sud et voudrions
connaître l'impact que la conclusion d'une telle entente pourrait avoir
sur le dossier proposé.
Quant à nous, du Parti libéral du Québec, M. le
Président, nous avons bien l'intention d'accorder à
l'énergie un haut niveau de priorité, compte tenu de son
importance dans l'économie du Québec. Afin d'être en mesure
de faire pour le Québec les choix énergértiques les plus
rationnels possible, le Parti libéral du Québec s'engage à
vider cette question du contenu de crise politique que lui a inculqué le
Parti québécois au cours des quatre dernières
années. Nous croyons fermement qu'il faut élargir le débat
public et faire en sorte que tous les intervenants puissent s'exprimer sans
intervention indue du pouvoir gouvernemental. (11 h 15)
Depuis sa venue au pouvoir, le gouvernement sortant a fait peu de
choses, somme toute, pour améliorer la position
énergétique du Québec, à un tel point qu'il
est rendu à utiliser des artifices de calcul pour
prétendre que le Québec est autosuffisant à 54%.
La réalité est cependant toute différente et le
Québec est extrêmement dépendant des approvisionnements
extérieurs. Que l'on songe que si l'on exclut l'approvisionnement des
chutes Churchill, il y a seulement 20% du bilan énergétique
global qui est satisfait par des ressources hydroélectriques de cette
province.
À cause de cette position, nous croyons qu'il est important de
replacer le problème énergétique québécois
dans un contexte canadien le plus large possible.
Nous, du Parti libéral du Québec, nous sommes convaincus
qu'il est de notre intérêt d'oeuvrer dans ce contexte. Nous savons
à quelle enseigne nous logeons. J'aimerais bien entendre le ministre
nous dire s'il croit que notre avenir énergétique est mieux
assuré par notre appartenance à l'ensemble canadien et, s'il le
croit, ce qu'il fait pour aider à résoudre les problèmes
qui peuvent exister et qui pourraient avoir un impact sur le Québec.
Croit-il, par exemple, que notre accès aux ressources immenses de
l'Ouest canadien en gaz soit de notre meilleur intérêt?
J'ai remarqué que le ministre faisait allusion à un
rapport de l'ONE qui prévoit une pénurie de pétrole en
1981, je crois que le ministre a dû faire erreur, je ne suis pas au
courant d'un tel document, mais il faudrait quand même noter que la
réduction des approvisionnements de l'Alberta serait renversée
s'il survenait une crise mondiale du pétrole. Il est tout à fait
faux de prétendre qu'une crise du pétrole soit imminente pour le
Québec.
Croit-il que les politiques du gouvernement fédéral, qui
font en sorte que nous puissions jouir de prix incitatifs du gaz, ainsi que de
la construction d'un gazoduc, soient dans le meilleur intérêt du
Québec? Réalise-t-il que ces prix incitatifs sont possibles
seulement en répercutant les coûts sur tous les usagers du gaz en
aval de Toronto? Nous, M. le Président, nous le savons; nous savons que
notre appartenance au Canada, malgré les richesses
hydroélectriques que nous avons, est un gage de mieux-être pour
chacun des citoyens de cette province. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député. M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
participer, au nom de ma formation politique, à cette commission
parlementaire, tant attendue depuis deux ans, sur le plan des investissements
d'Hydro-Québec.
Tout d'abord, permettez-moi, M. le Président, de souligner la
courtoisie avec laquelle le personnel d'Hydro-Québec s'est
empressé de nous donner l'information pertinente sur le sujet
abordé. Notre personnel politique et les députés de
l'Union Nationale ont beaucoup apprécié qu'Hydro-Québec
prépare des séances d'information qui nous ont grandement
éclairés sur beaucoup de points contenus dans les documents.
Mais cet effort d'Hydro-Québec ne remplace pas, à mon
avis, M. le Président, la proposition faite par l'Union Nationale il y a
déjà plus de deux ans et qui a été soulevée
ici même, en septembre 1978, par le député de Richmond,
à savoir la création d'une commission parlementaire permanente
des sociétés d'État, qui donnerait aux
députés les outils nécessaires pour analyser l'information
et la documentation fournies par Hydro-Québec et le gouvernement, afin
que nous ayons, nous les députés, le support technique permanent
qui pourrait nous permettre d'analyser les informations qui nous sont
fournies.
Je comprends très mal le député et porte-parole du
Parti libéral qui, tout à l'heure, faisait des gorges chaudes sur
ce manque d'équipement mis à la disposition des
députés, puisque son collègue de Saint-Laurent, le 3
février dernier, lors de la dernière séance de la
sous-commission de l'Assemblée nationale à ce sujet, joignait sa
voix à celle du gouvernement pour dire qu'on ne devait pas mettre sur
pied une telle commission parlementaire. Aujourd'hui, on fait des gorges
chaudes pour nous dire qu'on n'a pas l'outil nécessaire, mais ce sont
eux, les libéraux, avec le gouvernement, qui l'ont refusé. Les
parlementaires pourront se référer à un communiqué
que j'ai émis le 3 février 1981 à ce sujet,
dénonçant à la fois l'attitude du gouvernement et celle du
Parti libéral.
Venons au vif du sujet, M. le Président. Au Québec, nous
avons la chance d'avoir une richesse naturelle intarissable, celle de l'eau de
nos rivières. Cette ressource naturelle nous procure une énergie
qui se renouvelle par elle-même et à peu de frais, une fois que
l'équipement est en place. Or, la mise sur pied de l'équipement
représente des sommes faramineuses à débourser. Cependant,
nous savons combien l'électricité occupe une place fondamentale
dans la vie de chaque citoyen. L'électricité, notre principale
source d'énergie produite au Québec, retrouve son importance dans
des domaines stratégiques de notre société. Cette source
d'énergie régit non seulement nos activités
économiques, mais aussi nos activités sociales. C'est en tenant
compte de ces réalités que notre programme de l'Union Nationale,
intitulé Orientations 1981, réclame que
l'électricité soit reconnue comme un bien essentiel. Je voudrais
ici attirer votre attention sur le
fait que nous, de l'Union Nationale avons basé notre
argumentation sur des propositions concrètes que nous faisons dans notre
programme politique et pas seulement en posant des questions au ministre sur ce
qu'il a fait ou sur ce qu'il n'a pas fait. Nous allons parler de ce que nous
proposons. Nous ne demandons pas seulement un débat public
là-dessus, nous proposons des mesures concrètes.
Ainsi, si l'énergie électrique était
déclarée bien essentiel, l'Union Nationale affirme que
l'État devrait agir de façon à la protéger de
façon qu'elle soit distribuée équitablement et au meilleur
prix possible. C'est pourquoi le programme de l'Union Nationale stipule qu'il
faut abolir la taxe à la consommation. À ce chapitre, nous savons
que, depuis trois ans déjà, on a approuvé la hausse de 9%
qui doit être mise en vigueur cette année et on prévoit
encore une augmentation de 11% à 12% pour les années à
venir. On tend à oublier cela trop facilement. Cette denrée
essentielle à la vie de tous les jours voit donc son prix augmenter
dangereusement d'une année à l'autre. Oui, l'Union Nationale
voudrait que le principe de bien essentiel soit appliqué à
l'électricité. Cela aurait pour effet de ralentir la hausse des
tarifs, de supprimer la taxe à la consommation et d'interdire la
pratique de l'interruption du courant.
À propos de cette pratique, laissez-moi vous citer le cas d'une
famille de Bellechasse qui n'avait pu acquitter sa facture
d'électricité et à qui, en plein hiver, il y a quelque
temps, on a coupé le courant. Ceci est une pratique peu acceptable et
fort décevante de la part d'une société d'État bien
nantie comme Hydro-Québec.
L'électricité, qui est devenue aussi fondamentale que
l'air que nous respirons parce qu'elle imprègne tous les secteurs de
notre activité, peut devenir, si nous le voulons, un moteur de notre
économie. Or, le plan d'investissement que nous étudions a
été conçu strictement en fonction des besoins en
électricité du Québec pour les dix prochaines
années. Ces besoins sont basés sur des prévisions que nous
qualifions de conservatrices. Ainsi, pour les dix prochaines années,
Hydro-Québec a évalué la hausse à 6% par
année, alors que, depuis un siècle, l'augmentation de la
consommation s'est maintenue à 7,7%. Il est étrange de constater,
M. le Président, qu'au moment où notre développement
hydroélectrique doit s'accélérer le gouvernement, par
l'entremise d'Hydro-Québec, s'efforce de le freiner. Ici, on pourrait
peut-être prendre en considération le fait que, si on pouvait
accélérer encore plus notre programme de construction, on
pourrait peut-être se permettre de signer une entente avec le
gouvernement fédéral qui nous permettrait, à nous
Québécois, de bénéficier de subventions quant
à la transformation ou à la conversion des fournaises à
l'huile en chauffage à l'électricité. C'est le ministre
lui-même qui nous disait que nous ne pouvions accepter cette entente
parce que nous ne savons pas si nous pourrions satisfaire à la demande.
Si on augmentait notre construction très rapidement, nous pourrions
certainement signer cette entente avec le gouvernement fédéral,
qui permettrait aux contribuables québécois de
bénéficier d'une subvention de $800 chaque fois qu'ils voudraient
transformer ou convertir les fournaises à l'huile en chauffage à
l'électricité.
Ainsi, on se contente de proposer les investissements qui pourront
répondre aux demandes de pointe du Québec, et ce malgré la
demande américaine toujours croissante. Ce plan, si on le regarde
à travers le programme de l'Union Nationale, fait montre de peu
d'audace. Comment justifier, par exemple, qu'entre 1982 et 1985 il y ait un
creux dans les activités d'installation? En plus de retarder
l'aménagement de nouveaux sites, il déséquilibre tout le
secteur de la construction. Face à ce problème, l'Association des
constructeurs de routes du Québec soulève ainsi cette
réalité: "Pendant le creux de la vague prévu entre 1982 et
1985, les entreprises travaillant actuellement dans le cadre de la
réalisation du complexe La Grande, phase 1, démobiliseront leurs
chantiers et se déplaceront même hors du Québec à
cause de la faible activité de la construction, ce qui contribuera
à augmenter le coût lors de la remobilisation."
Il y aurait donc lieu d'harmoniser notre plan de développement
avec cette réalité qu'est le déplacement de la
main-d'oeuvre. L'une des façons de l'harmoniser serait de combler ce
vide entre 1982 et 1985, soit d'investir pendant cette période. L'Union
Nationale est d'avis - son programme est clair là-dessus - qu'il faut
investir davantage dans le développement hydroélectrique. Nous ne
préconisons pas d'investir à fonds perdus. Au contraire. Les
offres récentes du gouverneur de l'État du Vermont
démontrent bien que la demande en électricité est
réelle. Ainsi, le 11 février dernier, M. Richard Snelling est
venu à Montréal afin d'offrir aux Québécois de
devancer les travaux électriques grâce au financement
américain afin d'exporter l'excédent d'énergie aux
États-Unis. D'ailleurs, Hydro-Québec a en sa possession des plans
qu'on appelle des plans devancés; il serait intéressant que le
plus récent de ces plans soit déposé devant cette
commission. M. Snelling, qui semblait très bien connaître le plan
d'investissement d'Hydro-Québec, évaluait ce devancement des
travaux à $36,000,000,000. Il me semble que l'on ne prenne pas au
sérieux l'offre de M. Snelling. Le gouvernement, pour sa part, trouve
que cela sent trop le Bourassa, mais, Bourassa
pas Bourassa, n'empêche qu'il faut examiner avec soin cette offre
du gouvernement du Vermont. Sur ce dossier, je presse instamment le
gouvernement d'avoir un contact sérieux sur le sujet avec ce voisin du
sud. Je presse le gouvernement de s'informer auprès de M. Snelling de la
disponibilité des capitaux en question, à savoir si c'est un
ballon politique - pour ne pas dire un ballon électrique - ou une
réalité concrète. Si ces capitaux de $36,000,000,000 sont
disponibles, il faut, au plus tôt, entamer des négociations avec
nos voisins du sud afin qu'il nous soit présenté un nouveau plan
d'investissement séparé de celui que nous étudions
aujourd'hui. Celui-ci serait axé strictement sur l'exportation. Je suis
sûr que si nous élargissons le mandat d'Hydro-Québec en
conséquence, celle-ci sera heureuse de nous présenter de nombreux
projets qui attendent sur les tablettes faute de capitaux.
Dans ce dossier Snelling, certains craignent une trop grande
dépendance des États-Unis. L'Union Nationale croit qu'il n'en est
rien. Dans ce contexte bien précis, les ententes devront être de
courte durée et il devra être bien entendu que les barrages sont
propriété québécoise, bien que le nord des
États-Unis soit le client privilégié. En somme, ce serait
une façon bien concrète de rentabiliser notre
développement hydroélectrique. J'aimerais connaître
l'opinion des dirigeants d'Hydro-Québec sur les plans de travaux
devancés proposés par M. Snelling le 11 février 1981. Nous
savons qu'Hydro-Québec s'intéresse, dans la limite de son mandat,
à augmenter l'exportation d'électricité. Le journal La
Presse, dans sa livraison du 10 février dernier nous signalait
qu'Hydro-Québec effectuait des études conjointes avec la
Nouvelle-Angleterre en vue d'offrir plus d'énergie à ce bloc
américain. Ces études, selon le même article, en seraient
au stade des conclusions. Serait-il possible de connaître la teneur de
ces conclusions? Et pourrait-on savoir jusqu'où Hydro-Québec est
prête à aller dans le domaine de l'exportation? (11 h 30)
Ces choses étant dites, je dois souligner que je ne reproche en
rien aux dirigeants d'Hydro-Québec sur le contenu et la qualité
générale des documents qu'ils nous ont présentés.
Si leur contenu est conservateur, nous savons que vous ne pouviez outrepasser
votre mandat qui, selon nous, est trop restreint et devrait être
modifié de façon à pouvoir combler les marchés
d'énergie autour du Québec.
Si je ne m'abuse - et cela a été confirmé lors des
rencontres que nous avons eues avec Hydro-Québec - Hydro possède
un mandat qui dit ceci, en substance: Premièrement, produire de
l'énergie à un coût minimum; deuxièmement, vendre
à quiconque en fait la demande sur le territoire et,
troisièmement, n'exporter que l'énergie excédentaire. Je
pense que c'est à cet endroit qu'il faudrait modifier le mandat
d'Hydro-Québec pour lui permettre de construire des centrales
vouées exclusivement à l'exportation.
Or, l'Union Nationale croit que le temps est venu de modifier la partie
du mandat qui consiste à n'exporter que l'énergie
excédentaire. Il faut le modifier de façon à permettre
à cette société d'État d'aménager des sites
qui pourraient satisfaire non seulement à la demande intérieure,
mais aussi à la demande étrangère.
Afin de combler cette demande pour l'exportation, il aurait
été intéressant d'aménager les rivières
à la frontière du Québec et du Labrador ce qui
représente des coûts peu élevés. Or, il est fort
dommage de constater que le contentieux qui entoure le contrat du barrage des
chutes Churchill rend impossible l'exploitation de ces zones. Ainsi, à
cause du conflit qui existe, le plan d'équipement ne peut inclure le
développement de ces régions. Cependant, et ce malgré le
conflit des chutes Churchill, on y prévoit l'aménagement de la
Romaine qui risque fort de voir ses travaux retardés si une entente ne
survient pas entre le Québec et Terre-Neuve.
Dans ce dossier, nous, de l'Union Nationale, voudrions que le
gouvernement et les responsables d'Hydro nous donnent un compte rendu des
efforts qu'ils ont respectivement déployés afin de rapprocher les
parties. Il n'est pas question ici de remettre en cause la validité du
contrat de Churchill, mais bien de chercher une solution au conflit qui existe
présentement relativement à cette affaire.
Enfin, sur le plan stratégique, le Québec ne peut se
permettre de laisser se dégrader la situation avec Terre-Neuve.
Qu'arrivera-t-il si un projet d'acheminer l'électricité par
câble sous-marin vers les États-Unis voit le jour? Nous savons
tous que les Américains peuvent tout aussi bien investir à
Terre-Neuve qu'au Québec. Cela n'entre pas dans le mandat
d'Hydro-Québec, mais il relève d'une volonté politique et,
si celle-ci est absente, on ne pourra rien y faire. Là-dessus, le
gouvernement devra se prononcer, devra se mouiller les pieds.
Un autre point que j'aimerais souligner à propos de votre
présent plan de développement - et je m'adresse à
Hydro-Québec - c'est la question du gaz naturel. L'Union Nationale se
montre très heureuse de constater que vous avez tenu compte de la
pénétration du gaz naturel dans ce plan, dans le plan de
développement. II est vrai que vous n'avez aucun contrôle sur la
rapidité de sa pénétration. Cela ne relève pas de
votre mandat. Cependant, il serait fort intéressant de connaître
les rapports que vous entretenez avec les gaziers du
Canada et du Québec. Je voudrais savoir, par exemple, si vous
avez des échanges de statistiques, de données, afin de mieux
établir vos prévisions.
Avant de terminer, j'aimerais aborder un autre point concernant la
relève énergétique, c'est-à-dire les
énergies nouvelles. Dans le livre blanc sur l'énergie, il est dit
qu'au tournant du siècle l'énergie nouvelle n'occupera que 2% de
notre consommation. L'Union Nationale aimerait que l'on cesse de se restreindre
à ces pourcentages peu audacieux. Le programme politique de l'Union
Nationale vise à ce qu'on soit des promoteurs en énergie
nouvelle. Prenons, par exemple, le cas du méthanol. Il existe deux
projets d'usine connus, premièrement, celui qui nous est proposé
dans un des documents d'Hydro-Québec, usine qui serait construite au
Lac-Saint-Jean et, deuxièmement, le projet gouvernemental d'une usine
expérimentale qui serait construite peut-être dans Bellechasse,
peut-être dans Montmagny, peut-être même à la suite
des récents développements ou des promesses faites par le
ministre dans la Matapédia.
Dans un cas comme dans l'autre, il nous semble qu'il manque cependant
une volonté politique d'agir. Les intentions ne sont pas claires et on
s'interroge sur le sérieux de ces usines visant à produire le
méthanol. Encore là, l'Union Nationale, dans son programme,
incite à plus d'audace dans le domaine du méthanol. Nous
pourrions, à l'exemple du Brésil, accélérer la
recherche sur la fabrication d'un carburant composé d'alcool de bois et
d'essence.
En plus du méthanol, l'Union Nationale, dans son programme,
compte beaucoup sur les recherches que va effectuer la société
Nouveler dans le domaine de l'hydrogène afin d'en faire un carburant.
Nous croyons qu'il faut encourager et promouvoir les énergies nouvelles,
car qui sait si celles-ci n'offriront pas une porte de sortie
intéressante pour les Québécois de l'an 2000?
Avant de terminer, M. le Président, je voudrais revenir sur la
proposition mise de l'avant par l'Union Nationale, il y a de cela deux ans.
Nous voulons qu'Hydro-Québec soit tenue de répondre, de rendre
compte de ses activités sur une base annuelle devant une commission
parlementaire permanente. L'Union Nationale préconise depuis
déjà quelques années qu'une commission permanente des
sociétés d'État puisse accomplir ce travail et qu'on donne
à tous les parlementaires, à tous les députés, les
outils nécessaires pour analyser ces dossiers.
J'aimerais bien connaître les commentaires d'Hydro-Québec
comme dirigeant d'une société d'État sur cet
élément de notre programe qui a déjà, dans une
certaine mesure, fait l'objet d'une étude sérieuse par
l'Assemblée nationale. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député. Nous en sommes donc à l'allocution du
président du conseil d'administration, M. Joseph Bourbeau, et je
reprends ce que je disais tout à l'heure, au début, c'est de
présenter les membres qui vous accompagnent avec leur titres, s'il vous
plaît.
Présentation d'Hydro-Québec M. Joseph
Bourbeau
M. Bourbeau (Joseph): D'accord, M. le Président. J'ai le
plaisir de vous présenter deux de mes collègues qui
siègent au conseil d'administration. À ma droite, M. Robert 3oyd,
président-directeur général d'Hydro-Québec et,
à ma gauche, M. Claude Laliberté, président-directeur
général de la Société d'énergie de la Baie
James.
Le Président (M. Jolivet): Pour les besoins des membres de
la commission, je tiens à faire remarquer que nous avons accepté
de façon exceptionnelle au niveau de la présidence les tableaux
que vous voyez et la façon dont la proposition va être
représentée par les membres d'Hydro-Québec.
M. Bourbeau: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, cette rencontre
d'Hydro-Québec avec les représentants du gouvernement et de la
population constitue une première. En effet, c'est la première
fois que le public est invité à participer aux séances
d'une commission parlementaire chargée d'examiner les orientations
d'Hydro-Québec et nous en sommes très heureux.
Aussi, afin que le dialogue qui s'engage ici entre la population et
Hydro-Québec repose sur une base commune d'information, nous avons
entrepris, dès décembre dernier, une diffusion massive de
l'essentiel de notre plan décennal. C'est donc à titre
d'interlocuteurs de la société québécoise que nous
sommes ici aujourd'hui. Nous vous exposerons nos vues, mais soyez
assurés que nous serons à l'écoute pour bien percevoir
celles des intervenants.
Le mandat d'Hydro-Québec est clair: prévoir les besoins du
Québec en énergie et les moyens de les satisfaire dans le cadre
des politiques énergétiques du Québec. Or, une des
priorités de l'orientation énergétique que s'est
donnée le gouvernement, c'est d'assurer au Québec une autonomie
croissante en matière d'énergie. Parce que nous sommes convaincus
que l'énergie est un moteur important de l'évolution de toute
société, nous ne pouvons que travailler à nous acquitter
de ce double défi que renferme
notre mandat, soit satisfaire les besoins du Québec en
énergie et accroître son autonomie énergétique.
Hydro-Québec se propose aujourd'hui d'expliquer comment elle
prévoit s'acquitter de son mandat dans la décennie en cours. Elle
pourra ensuite rajuster son tir, s'il y a lieu, après examen des
opinions émises. Une telle démarche est d'autant plus importante
que des choix fondamentaux devront être faits bientôt dans le
secteur énergétique afin de s'assurer une sécurité
d'approvisionnement adaptée au développement de notre
société.
Au Québec, M. le Président, on a tendance à
confondre énergie et électricité, tellement les
Québécois tiennent pour acquise cette forme d'énergie. Il
est cependant difficile de parler d'électricité sans tenir compte
des autres formes d'énergie et de la situation mondiale en
matière énergétique. C'est donc dans un contexte plus
vaste que je situerai l'avenir de l'électricité au
Québec.
Pour les deux tiers de l'énergie qu'il consomme, le Québec
est assujetti aux fournisseurs de pétrole et il devra, de gré ou
de force, compter de moins en moins sur cette source d'énergie
importée qui se fait rare et coûteuse. C'est pourquoi il est
important que d'autres sources d'énergie soient substituées au
pétrole, là où c'est possible de le faire. Pour atteindre
cet objectif, il est essentiel que, parallèlement à
l'électricité dont il dispose, le Québec mette à
profit les ressources considérables de gaz naturel du Canada.
Aussi, Hydro-Québec souhaite que se réalise à court
terme la volonté des gouvernements d'étendre le réseau de
distribution à l'Est de Montréal, de sorte que les trois quarts
de la population du Québec aient accès à cette source
d'énergie. Ainsi, le gaz et l'électricité deviendraient
des partenaires pour réduire l'emprise du pétrole sur nos
habitudes de vie et combler une part croissante de nos besoins
d'énergie.
Une saine prudence administrative, toutefois, nous interdit de prendre
d'avance ce désir pour une réalité. Pour cette raison, nos
prévisions ne rejoignent pas le maximum possible en ce qui a trait
à la pénétration du gaz dans le marché
énergétique. Bien que la consommation globale d'énergie
soit appelée à progresser à un rythme ralenti dans
l'avenir, soit environ 2% par an d'ici 1996, il faut, malgré tout,
prévoir pour l'électricité et le gaz un taux de croissance
beaucoup plus élevé en raison de l'élargissement de leur
rôle dans le bilan énergétique.
Dans cette perspective, Hydro-Québec prévoit que la
demande d'électricité croîtra à un rythme moyen de
6% par année. Cette croissance devrait faire passer la part de
l'électricité dans le bilan énergétique de 25%
qu'elle est actuellement à 45% au cours des 15 prochaines années.
Ce taux de 6% pourrait paraître élevé comparativement
à celui des réseaux d'électricité voisins. Mais il
ne faut pas oublier que le caractère hydraulique de la production
d'électricité au Québec lui confère un avantage de
coût marqué par rapport à la majorité des
réseaux électriques nord-américains. Cet avantage favorise
l'implantation, au Québec, d'entreprises fortement dépendantes de
l'électricité ainsi que l'utilisation de
l'électricité dans le chauffage, ce qui ne se retrouve pas
ailleurs à un aussi haut degré. (11 h 45)
Je tiens à préciser que cette prévision n'est pas
immuable. Plusieurs impondérables peuvent nous inciter à la
modifier à la hausse ou à la baisse. Par exemple, si la
consommation de gaz devait croître à un rythme aussi
élevé que tous semblent le souhaiter, nous nous empresserions de
réviser notre prévision à la baisse. En revanche, si le
Québec avait à faire face à de sérieuses
difficultés d'approvisionnement en pétrole, nous devrions hausser
notre prévision. Cette dernière possibilité prend un
caractère d'actualité au moment où l'Alberta annonce
d'importantes réductions de ses livraisons de pétrole au
Québec, et cela dès cette année.
C'est pourquoi le plan des installations de 1981 à 1990 a
été conçu pour s'adapter au comportement de la demande. Un
suivi constant de la scène énergétique nous permettra, au
besoin, de rectifier notre orientation. Notre plan est flexible. Il doit
être compris dans une optique de planification continue et, à ce
titre, contribuer à définir les orientations et les
décisions qui devront être prises au fur et à mesure que
les besoins se préciseront. De fait, à part le projet dont la
construction est déjà engagée, chacune des installations
de production du plan devra faire l'objet d'une approbation gouvernementale au
moment voulu.
Qu'il me soit permis, M. le Président, de souligner quatre
éléments qui se dégagent de notre plan des installations
pour la décennie en cours. Tout d'abord, ce plan propose un recours
quasi exclusif à une production hydroélectrique. Ceci permettra
au Québec de répondre à une part croissante de ses besoins
énergétiques de la façon la plus économique et la
plus fiable.
En deuxième lieu, le plan définit un important programme
de recherche et de développement ayant comme double objectif
d'améliorer les technologies de production, de transport et de
distribution d'électricité, et de contribuer à l'essor des
nouvelles formes de production et d'utilisation de l'énergie.
L'orientation hydroélectrique du plan nécessite, en
troisième lieu, un programme intense d'études
préliminaires et d'avant-projets visant à approfondir notre
connaissance des caractéristiques techniques et des conséquences
économiques et sociales
des projets à réaliser.
En dernier lieu, le plan tient compte de la nécessité
d'une période de transition avant l'arrivée en scène de
nouvelles sources d'énergie. Il est essentiel, en effet, d'examiner en
profondeur les différentes possibilités de production
d'énergie en prévision de la décennie 90 où les
ressources hydrauliques aménageables seront considérablement
réduites.
Le plan des installations d'Hydro-Québec nécessitera aussi
la mise à contribution de ressources humaines considérables. En
effet, les ressources humaines directement associées à la
réalisation du plan proposé passeront de 16,000
personnes-années en 1981 à 34,500 en 1990, en englobant les
effectifs d'Hydro-Québec, de la Société d'énergie
de la Baie James, des firmes-conseils et des entrepreneurs. Une
légère réduction des effectifs est prévue au cours
des trois prochaines années, conséquence de la fin de la
réalisation de la phase 1 du complexe La Grande et de l'amorce d'un
programme d'équipement de pointe, requérant moins de
main-d'oeuvre. Ce ralentissement ne devrait cependant pas peser sur
l'économie de la province, puisqu'il coïncidera avec la
période d'extension du réseau gazier au Québec et la
restructuration importante du secteur du raffinage du pétrole.
Le plan de nos installations propose, de 1981 à 1990, des
investissements de $55,500,000,000. Il s'agit, bien sûr, d'une somme dont
l'ampleur est impressionnante. Toutefois, ces investissements permettront la
réalisation d'installations permanentes. Dans dix ans, ces
investissements seront devenus des barrages, des centrales, des postes de
transformation, des lignes de transport et de distribution. D'ailleurs, les
réalisations passées dans le domaine de
l'hydroélectricité sont là pour illustrer ce que
deviennent les investissements d'Hydro-Québec. Pour ne citer que
l'exemple de la centrale Beauharnois, l'argent investi pour sa construction au
début des années trente est toujours productif cinquante ans plus
tard. Il en sera de même pour les $55,500,000,000 que nous proposons
d'investir.
En outre, les investissements, qui peuvent sembler exorbitants, tiennent
compte de l'inflation prévue. En termes réels, ils ne soutiennent
que notre rythme actuel d'investissements. Le coût des projets inclut
tous les moyens que nous mettrons en oeuvre pour minimiser leurs
répercussions sur l'environnement et cela, tant à l'étape
de leur conception que de leur réalisation.
Depuis des années déjà, nous intégrons
à nos projets les considérations environnementales. Nous en
tenons compte tant dans l'aspect extérieur de nos installations, que ce
soient les lignes ou les postes, que dans les retombées de nos gestes,
même si ces considérations se traduisent en coûts et en
délais additionnels. Nous posons aujourd'hui la question: Combien la
collectivité québécoise est-elle prête à
payer? Jusqu'où ira-t-elle? Je ne citerai comme exemple que les
coûts additionnels imputables aux retards occasionnés par
l'opposition à certains de nos projets. Ainsi, on produira bientôt
de l'énergie à LG 2 qu'on ne pourra pas acheminer vers les
consommateurs parce que la troisième ligne de transport ne sera pas
terminée. Je crois que ce sont là des questions qui
méritent réflexion. Nous sommes ici précisément
pour amorcer une telle démarche collective.
Voyons maintenant, M. le Président, ce que nous réserve la
décennie quatre-vingt-dix. Bien que le plan des installations qu'elle
propose ne porte que sur la décennie en cours, Hydro-Québec se
doit de jeter un regard sur les années quatre-vingt-dix. En effet, comme
il est nécessaire de prévoir de 10 à 15 ans pour la
réalisation des projets de centrales, il ne faut pas s'étonner
que les planificateurs d'Hydro-Québec soient déjà à
l'oeuvre pour lever le rideau sur ce futur qui est notre présent. La
décennie qui s'amorce verra la réalisation des derniers grands
aménagements hydroélectriques. Comment allons-nous assurer la
relève? Au moyen de petites rivières? Des énergies
nouvelles? Ou de l'énergie thermique? Il semble bien que chacune de ces
formes d'énergie soit appelée à y contribuer, mais
à différents degrés.
Les petites rivières, c'est-à-dire celles dont le
potentiel est de moins de 100 mégawatts, pourraient fournir au total
10,000 mégawatts, soit environ deux fois la puissance installée
à LG 2. La part de ce potentiel qui pourra effectivement être
aménagée demeure toutefois à préciser.
Évidemment, ce n'est pas l'unique solution, mais cette contribution
pourra être mise à profit. De nouvelles méthodes de
conception et de construction des centrales devront être
implantées pour en réduire les coûts. À ce propos,
Hydro-Québec prévoit s'engager d'ici peu dans la construction de
centrales pilotes, notamment au lac Robertson, sur la Basse-Côte-Nord, de
façon à améliorer son savoir-faire dans ce domaine.
Quant aux énergies nouvelles, elles n'auront, à moyen
terme, qu'un rôle marginal à jouer dans le bilan
énergétique. Certaines de ces énergies présentent
encore une rentabilité douteuse. D'autres exigeront un
développement technologique plus poussé. Hydro-Québec
consacrera des sommes de plus en plus importantes à la recherche dans ce
domaine.
Il reste enfin l'énergie thermique, soit classique, soit
nucléaire. Ce sont, à notre avis, les seules sources
énergétiques qui nous permettront de faire le pont entre le
moment où nous aurons épuisé l'aménagement de nos
ressources hydrauliques et celui où
d'autres sources d'énergie pourront être exploitées
de façon économique.
Hydro-Québec est fort consciente des problèmes que
soulève l'utilisation de l'énergie thermique. Elle veut donc en
évaluer tous les aspects avant de proposer un choix à la
population du Québec. Dans cette optique, Hydro-Québec mettra
tout en oeuvre pour harmoniser le dialogue sur les grandes options
nécessaires à l'obtention d'une électricité fiable,
en quantité suffisante et à bon marché.
M. le Président, le dialogue est ouvert. Je tiens à le
répéter, nous sommes ici à l'écoute des
intervenants, dont nous voulons recueillir les points de vue. Aussi, je m'en
voudrais de terminer cette allocution sans dire à quel point je suis
heureux de constater qu'il y a autant de Québécois qui, en
soumettant leurs mémoires à cette commission, ont
manifesté leur grand intérêt pour la définition de
l'avenir énergétique du Québec et leur volonté de
s'y impliquer. Au nom d'Hydro-Québec, de son conseil d'administration et
en mon nom personnel, je les en remercie.
M. le Président, je cède maintenant la parole à M.
Robert Boyd, président-directeur général
d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Jolivet): La parole est maintenant
à M. Boyd. Pendant qu'il s'installe, simplement pour l'information des
gens, il y a 36 mémoires qui ont été
présentés à cette commission et que nous allons
étudier pendant six jours.
M. Boyd.
M. Robert-A. Boyd
M. Boyd (Robert-A.): M. le Président, messieurs les
membres, dans l'environnemewnt complexe que vient de décrire le
président du conseil d'administration, planifier le devenir
électrique du Québec représente un défi
d'envergure. Aussi, j'aimerais vous donner les grandes lignes du travail de
planification qui a précédé l'élaboration des
documents que nous avons déposés à cette commission
parlementaire.
Bien sûr, personne ne croit que les plans à long terme de
la plus grande entreprise d'électricité en Amérique du
Nord sont le fruit du hasard. Cependant, certains pensent encore qu'ils sont le
résultat de projections monolithiques basées sur des
critères purement techniques ou économiques. (12 heures)
Une telle méthode serait irresponsable aujourd'hui. En effet, les
enjeux sont trop importants. Au Québec plus qu'ailleurs,
l'électricité joue un rôle vital dans le
développement de l'économie et dans le niveau de vie de chacun de
nous. Hydro-Québec doit donc mettre à la disposition des
consommateurs un produit de qualité, étant donné que son
coût augmentera au cours de la prochaine décennie tout en
continuant de se comparer avantageusement à celui des autres formes
d'énergie.
En outre, les enjeux économiques sont majeurs: $55,000,000,000
investis dans l'électricité entraîneront
nécessairement des retombées importantes pour le Québec,
notamment dans le secteur des biens et des services. Il est donc essentiel de
tenir compte de l'impact de nos projets dans l'évolution de ce secteur
afin d'en stimuler la croissance et de le préparer à relever de
nouveaux défis technologiques. Sans compter qu'il faudra tout mettre en
oeuvre pour minimiser les répercussions négatives qui pourraient
perturber ce secteur au niveau de l'emploi et de l'équilibre
économique régional.
Évidemment, M. le Président, tout cela ne va pas sans
compromis difficiles tant les valeurs qui ont cours au Québec sont
parfois opposées, tant les intérêts de différents
groupes sont parfois divergents. Par exemple, tous espèrent que des
projets soient réalisés dans leur région, mais
écartent souvent trop rapidement les problèmes que peut soulever
le coût de ces projets ou encore refusent l'impact inévitable que
ces projets peuvent avoir sur leur environnement. Certains veulent pousser
l'hydroélectricité au maximum sans considération de
coûts pour éviter de recourir au nucléaire, alors que
d'autres voient dans l'hydroélectricité une menace à leur
environnement naturel et culturel. Certains veulent exporter davantage chez nos
voisins et d'autres souhaitent garder l'électricité au
Québec pour attirer de nouvelles industries.
Toutes ces suggestions, prises séparément, poursuivent des
objectifs louables et nous les étudions attentivement. Comme vous le
savez, M. le Président, ces buts particuliers peuvent, à
l'occasion, s'opposer. Il nous revient donc de les harmoniser le mieux possible
afin de proposer un plan qui réponde à la mission qui nous est
confiée.
En fait, la prise de conscience de la profonde mutation que subit notre
société et la conviction de devoir ajouter à nos choix une
dimension sociale et politique ne sont pas des préoccupations nouvelles
à HydroQuébec. Déjà, dans le milieu des
années soixante-dix, nous avions perçu cette
nécessité de nous doter d'un outil de planification qui
intègre en profondeur et avec souplesse tous les éléments
de cette dimension. La direction planification générale fut donc
créée à Hydro-Québec et après quelques
années, le processus de planification en est à la phase finale
d'implantation. Peu de grandes entreprises peuvent se vanter d'avoir atteint un
tel résultat dans un temps si court.
La planification générale a pour but
d'intégrer les efforts de planification très
structurés qui se déroulent dans chacune des grandes
unités administratives d'Hydro-Québec. Elle identifie les sujets
qui préoccupent l'entreprise au premier plan, dégage leur
interaction et établit leur priorité. Enfin, la planification
générale propose des rajustements nécessaires aux grandes
politiques de l'entreprise et recommande des plans et des programmes
appropriés.
Pour ce faire, chaque année de nombreuses équipes
étudient l'évolution du contexte externe et interne dans lequel
évolue l'entreprise. Ces équipes analysent la sensibilité
de la conjoncture économique et financière et les
problèmes qu'elle pose à une entreprise comme la nôtre qui
doit prévoir, plusieurs années à l'avance, la construction
de ses ouvrages. Elles explorent également les possibilités de
marché pour nos surplus d'électricité qui,
eux-mêmes, sont fonction, en partie du moins, de la force ou de la
faiblesse de l'économie.
Nous nous penchons aussi sur le contexte social et sur les valeurs qui y
ont cours. Pour ne prendre qu'un exemple, on ne peut ignorer que
l'environnement constitue une valeur essentielle de la société
que nous souhaitons bâtir. Par ailleurs, dans un contexte
énergétique où tout le monde s'entend pour diminuer la
dépendance du pétrole importé, des incertitudes demeurent
quant au degré de complémentarité du gaz et de
l'électricité.
Quant au contexte politique, il fait que l'entreprise se trouve parfois
tiraillée entre les choix à court terme et les objectifs à
long terme qu'exige la scène énergétique.
Enfin, les études du contexte technologique nous aident a faire
le choix des secteurs de recherche à encourager, celui des technologies
dans lesquelles investir pour qu'elles soient au point au moment important.
Tout cela est étudié, débattu et débouche
sur notre prévision de la demande d'électricité.
Pour Hydro-Québec, comme le soulignait le président du
conseil, le mot clef de la planification générale est
certainement le mot souplesse. Voilà pourquoi nous élaborons
plusieurs plans; chacun d'entre eux est vérifié quant à sa
faisabilité technique et économique, quant à la
disponibilité des ressources nécessaires à sa
réalisation et quand à son impact sur l'entreprise et sur tous
les acteurs de la scène économique et sociale du
Québec.
Ce n'est pas tout. Nous avons étudié la possibilité
de devancer la réalisation de certains projets du plan des installations
pour assurer une certaine continuité des activités et augmenter
les surplus d'électricité. Nous avons également
étudié l'hypothèse contraire, soit retarder la
réalisation de certains projets. Le plan qui vous est soumis aujourd'hui
correspond à la solution que nous jugeons optimale.
Pour réaliser ce plan, Hydro-Québec devra de plus en plus
recourir à l'autofinancement, car les marchés de capitaux sont
plus exigeants. L'automne prochain, nous soumettrons au gouvernement une
demande de hausse des tarifs de l'électricité qui sera
établie en fonction de facteurs à court et à long terme,
notamment l'évolution récente de la demande
d'électricité et les conditions des marchés financiers. En
retour, ces tarifs nous permettront de prévoir nos revenus dans chaque
secteur de consommation et de préparer nos programmes d'activité
pour les prochaines années.
Pour terminer, je mentionnerai que la planification
générale est un processus dynamique qui implique une remise en
question continuelle des orientations retenues. Voilà pourquoi des
discussions comme celles qui se dérouleront au cours des prochains jours
nous apporteront des intrants précieux pour affiner nos orientations
futures. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. Boyd. Maintenant que
nous sommes rendus à la première étape des questions, je
tiens à faire remarquer que la procédure habituelle est: d'abord
les questions du ministre, puis les questions de l'Opposition officielle, du
parti de l'Union Nationale comme parti reconnu et, ensuite, l'alternance des
deux côtés de cette table. Je tiens à souligner que plus
vos questions seront brèves et plus les réponses seront
brèves, plus nous aurons la chance d'entendre des questions et
réponses pour les besoins de chacun.
M. le ministre, la parole est à vous quant aux questions que vous
avez à poser sur l'allocution du président du conseil
d'administration et celle du président-directeur général,
MM. Boyd et Bourbeau. M. le ministre.
Période de questions
M. Bérubé: M. le Président, je n'abuserai
pas du temps de la commission en cette première ronde; je pense que ce
sera plus intéressant, tantôt, quand nous aurons eu les
présentations proprement techniques, de nous attaquer à des
aspects plus précis du plan d'équipement.
Ce qui frappe, dans la présentation qui vient de nous être
faite, d'une part, c'est la très grande souplesse dans la
préparation de ces plans d'équipement. On devine qu'il y a des
choix, qu'il y a des solutions de rechange et qu'elles ont été
examinées.
Évidemment, lorsqu'on se retrouve en commission parlementaire, on
se retrouve devant ce qui apparaît à l'entreprise comme
étant le choix optimal.
La question qui me vient à l'esprit immédiatement,
à la lumière même des questions que j'ai posées au
tout début... Vous soulignez dans votre présentation, M. le
président du conseil d'administration, la problématique des
approvisionnements en pétrole au Québec dans les années
qui viennent et vous la soulignez comme devant être très
délicate. En même temps, dans votre planification, vous
prévoyez, pour les besoins de pointe, disons d'une centaine d'heures au
moins annuellement, essentiellement, si je comprends des turbines à gaz,
faisant donc appel à une consommation pétrolière. Est-ce
que cet aspect a fait l'objet d'une analyse comparative entre différents
types de scénarios qui vous a amené à décider que
la sécurité de l'approvisionnement passait après des
considérations économiques comme telles? En d'autres termes,
avez-vous établi des scénarios alternatifs autour de cette
problématique ou avez-vous supposé que le Québec
disposerait d'approvisionnements adéquats et n'aurait aucun
problème dans les années à venir?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: Dans le cas des turbines à gaz,
évidemment, ce genre d'équipement ne travaille que très
peu d'heures durant l'année. Au maximum, on cherche à faire
travailler nos équipements de turbines à gaz durant une
période de 80 heures seulement, ce qui veut dire que la quantité
de fuel nécessaire pour actionnner ces turbines à gaz est assez
réduite. Il faut remarquer que, même si ces turbines à gaz
utilisent du fuel très léger, elles peuvent aussi utiliser du
gaz. Si jamais l'approvisionnement en fuel léger devenait difficile, on
pourrait certainement utiliser du gaz pour actionner les turbines à
gaz.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre. Il n'y a
pas d'autres questions? Cela va venir.
M. Bérubé: Non, pour l'instant, je passe.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'aurais deux questions fondamentales à poser
à M. Bourbeau. La première a trait à la
pénétration du gaz. J'aimerais savoir dans quelle mesure vous
croyez que les politiques gouvernementales, quant aux prix ou à des
incitations à utiliser le gaz, peuvent avoir un effet déterminant
sur les projections qui ont été faites dans votre document.
Egalement, êtes-vous d'accord pour dire que l'enjeu va se faire durant
les quatre ou cinq prochaines années? On peut se disputer beaucoup
à savoir si, en 1996, ce sera tel ou tel pourcentage, mais il me
semblerait clair que l'enjeu va se faire durant ces quelques années et,
déjà, on a perdu un an dans ce dossier. J'aimerais
connaître, justement, les prévisions qui ont été
faites par Hydro-Québec. Bien sûr, j'imagine qu'elles ont
été faites à l'intérieur du mandat
d'Hydro-Québec, d'une part, qui dit que vous devez produire de
l'électricité au meilleur coût possible, et peut-être
à la lumière du programme national d'énergie qui
prévoit des augmentations du coût du gaz, mais j'imagine que les
politiques gouvernementales, que ce soit à Ottawa ou à
Québec, pourraient justement influencer cette pénétration.
C'est une double question. D'une part, quelles sont les hypothèses que
vous avez faites quant aux politiques? Dans quelle mesure les politiques
gouvernementales peuvent-elles influencer cette pénétration?
Êtes-vous d'accord pour dire que cet enjeu va se faire d'ici trois ou
quatre ans au plus? Après 1986, je pense que les jeux seront faits.
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: II y a deux volets à cette question. Je vais
d'abord traiter de la première question qui est sur l'incitation, si les
prix qui seront offerts pour le gaz peuvent inciter la population à
utiliser le gaz. Certainement que le prix sera une grande incitation à
l'utilisation du gaz.
En regardant le prix du gaz, il faudrait toujours tenir compte du prix
de l'électricité ou du prix des autres formes concurrentielles du
gaz. On sait fort bien que le prix du gaz est actuellement fixé à
85% du prix du pétrole. La pénétration prévue du
gaz au Québec suppose que ce prix du gaz aurait baissé à
65% du prix du pétrole. Évidemment, la différence entre
les 65% et les 85% ira au distributeur qui, lui, refilera cette économie
à la population sous forme de subvention pour faire les changements de
la fournaise à pétrole à la fournaise a gaz. Il n'en reste
pas moins vrai qu'actuellement, le prix du pétrole canadien est de 50%
du prix du pétrole mondial et que le prix du pétrole canadien,
suivant la politique, va commencer à s'aligner sur le prix du
pétrole mondial jusqu'à un moment où il atteindrait
peut-être 85% du prix du pétrole mondial. (12 h 15)
On peut s'apercevoir que le prix du pétrole canadien va commencer
à monter, le gaz aussi, et il y a à tenir compte,
évidemment, que le prix mondial du pétrole subit des hausses
importantes, ce qui veut dire que l'on doit se demander si, à l'avenir,
on sera capable de prévoir exactement le prix du gaz. Je ne crois pas
qu'on puisse prévoir quel sera le prix du gaz dans deux
ou trois ans, pas plus qu'on ne peut prétendre être capable
de prévoir le prix de l'électricité dans deux ou trois
ans. Il y a de grandes difficultés à pouvoir nous assurer que ce
prix du gaz va être un grand incitatif. Il sera un incitatif si, de fait,
le prix du gaz était inférieur, et de beaucoup, à
l'électricité.
La deuxième question qui était l'enjeu, est-ce que l'enjeu
se joue actuellement, est-ce qu'il va se jouer plus tard? Personnellement je
crois que les années que l'on vit actuellement sont les années
où la pénétration du gaz doit se faire et le plus vite
possible. Dans cinq ans, la pénétration du gaz pourrait
certainement se faire, mais, à ce moment-là, je crois qu'elle se
ferait beaucoup plus au niveau industriel, parce que le secteur
résidentiel sera accaparé dans cinq ans par le chauffage
électrique et si le gaz ne pénètre pas
immédiatement, on verra le secteur résidentiel s'en aller petit
à petit comme il l'a fait depuis quelques années vers
l'électricité.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'aurais une sous-question. J'imagine que vous avez
fait le calcul à savoir que si le prix de l'électricité
augmentait - prenons une hypothèse - de 10% par an et en comparant les
prix du gaz qui nous ont été donnés dans la politique
nationale de l'énergie, on peut extrapoler sur cette base quels seraient
les prix comparatifs dans dix ans d'ici. Avez-vous fait cet exercice et quelle
serait la position des deux formes d'énergie dans dix ans d'ici?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: On a certaines études où on a
examiné différentes hypothèses. Ces hypothèses,
selon qu'on s'en va vis-à-vis d'un prix de pétrole canadien ou
d'un prix de pétrole canadien qui rejoint le prix international du
pétrole, cela nous donne deux genres de réponses. À un
moment donné, si le prix du pétrole canadien ne rejoint pas le
prix international, à ce moment-là, le gaz serait meilleur
marché que l'électricité au niveau résidentiel.
D'autre part, si le prix du pétrole canadien et celui du gaz qui
y est rattaché rejoignent le prix international, à ce
moment-là, le gaz va être plus cher que
l'électricité au secteur résidentiel et au secteur
industriel.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Bourbeau: De fait...
Le Président (M. Jolivet): Oui, allez-y. Continuez.
M. Bourbeau: ...des études récentes, non seulement
chez nous, mais des études récentes en Ontario, à
Hydro-Ontario, indiquent que, dès 1983, Hydro-Ontario pourrait
concurrencer le gaz avec l'électricité.
M. Fortier: Hydro-Ontario?
M. Bourbeau: Le prix de l'électricité en Ontario
pourrait concurrencer en 1983 le prix du gaz.
M. Fortier: J'imagine que vos conclusions dérivent de la
loi qui régit Hydro-Québec qui, dans le moment, dit
qu'Hydro-Québec doit produire au meilleur coût ou vendre son
électricité au meilleur coût possible, à moins qu'il
y ait un changement dans la tarification ou que le gouvernement intervienne
pour diminuer le coût du gaz d'une façon arbitraire. J'indiquais
tout à l'heure une possibilité d'enlever la taxe de vente. Si je
comprends bien, vos conclusions sont dans le sens de garder les règles
du jeu telles qu'elles existent maintenant et à moins que ces
règles ne changent, dans l'avenir, la compétitivité du gaz
pourrait être très marginale.
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: D'après notre loi, nous produisons
l'électricité au plus bas coût avec une saine gestion
financière. Évidemment, la question du financement de nos
investissements compte pour beaucoup dans la tarification. On doit, avec la
tarification, prévoir un autofinancement d'Hydro-Québec, qui se
situe autour de 30% de nos investissements.
M. Fortier: J'aurais une question à poser à M.
Boyd. M. Bourbeau et M. Boyd ont parlé beaucoup de planification, de
même que du choix énergétique qu'on devrait faire dans
l'avenir. La question que j'aimerais poser est celle-ci; je vais vous dire tout
de suite que ma deuxième question a trait à la recherche et au
développement. Il me semblerait que la meilleure façon de faire
la recherche et le développement serait, en premier, de définir
nos objectifs à long terme et, ensuite, d'orienter notre programme de
recherche et de développement là-dessus.
Je reviens à ma première question. Est-ce que, dans le
moment - si l'on prend l'an 2000 comme référence - vous avez, sur
le plan de la production d'électricité, l'information suffisante
qui vous permettrait dès maintenant de dégager des orientations
assez précises ou si, comme il est suggéré parfois, on
doit attendre cinq ou dix ans pour savoir si la fusion nucléaire
serait
commercialement rentable? Je fais la distinction entre la fusion comme
étant possible sur le plan technique et la fusion comme étant
commercialement rentable en l'an 2000. Autrement dit, la question que je pose:
Est-ce qu'Hydro-Québec a assez de données, soit par
elle-même ou soit par des contacts avec d'autres compagnies
d'utilité publique, pour faire en sorte que les choix
énergétiques puissent se faire maintenant par rapport à
l'an 2000?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Si on regarde l'an 2000 et au-delà, je pense que
nos études technologiques, nos recherches, ne nous donnent pas toutes
les réponses pour être capables de faire les choix que vous
mentionnez. Vous mentionnez la fusion. La fusion est un sujet
intéressant, mais est-ce pour l'an 2000 ou l'an 2025? Tout à
l'heure, un des membres de la commission a parlé des recherches qu'on
devrait continuer en hydrogène. Cela aussi est un projet que l'on
regarde à l'IREQ. Est-ce pour l'an 2000 ou 2025? Ce sont des choix que
l'on devra faire plus tard. Nous sommes encore au stade préliminaire de
ces études.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Fortier: Ma seconde question serait celle-ci: À un
moment donné, il va falloir définir le plan d'action pour l'an
2000. Quelle serait la date fatidique à laquelle ces choix devraient
être faits?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Pour l'an 2000, comme le disait M. Bourbeau tout
à l'heure, c'est lorsqu'on aura complété l'utilisation de
nos rivières aménageables qu'il faudra les remplacer par autre
chose. C'est dans quelques années qu'il faudra décider de cela,
dépendant de certains facteurs comme les économies
d'énergie, comme la pénétration du gaz, comme le
développement économique. Ce sont tous des facteurs qui vont
avoir une influence sur la prévision de la demande et qui peuvent
retarder plus ou moins l'utilisation de nos rivières. Cela peut
être jusqu'à l'année 1995 qu'on peut se rendre avec nos
rivières; cela peut être jusqu'en l'an 2000. Il faut donc se
décider dans les quelques années qui viennent pour ce qu'il
faudra entre l'année 1995 et l'an 2000.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Fortier: Je crois que M. Bourbeau avait fait une
déclaration publique selon laquelle pour certaines énergies il
fallait compter douze ou treize ans pour pouvoir faire des choix. Si c'est
l'année 1995 moins douze ou treize ans, cela nous amène à
1982 et, si c'est l'an 2000, cela nous amène à 1988. Alors, c'est
durant les cinq prochaines années, si je comprends bien votre
réponse.
M. Boyd: Oui, dans les quelques prochaines années il
faudra faire des choix sur ce qu'il nous faudra autour des années
2000.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je vais revenir un
peu sur la question de la pénétration du gaz. Vous avez
certainement eu des échanges avec le gouvernement sur cette question.
Vous en avez probablement eu également avec les compagnies qui veulent
promouvoir l'implantation du gaz au Québec. Est-ce que vous pourriez
nous dire si vous avez été consultés, à la fois par
le gouvernement et par les compagnies en question, si vous avez
été consultés, quels sont les conseils que vous avez
donnés et si vos conseils ont été suivis?
M. Bourbeau: Sur le gaz, nous avons fait plusieurs études
et nous avons établi des hypothèses. Nos hypothèses
concernaient des pénétrations plus ou moins fortes de gaz. Ce
sont des hypothèses que nous avons faites nous-mêmes. Nous
n'entretenons pas de conversations assidues avec les gaziers, surtout Gaz
Métro. Nous rencontrons ces gens, mais ce n'est pas pour obtenir de
l'information pertinente. À tout événement, les
scénarios ou les hypothèses qui ont été
élaborées concernaient des pénétrations plus ou
moins fortes; nous avons étudié, évidemment, à
partir de 12% de pénétration, nous avons étudié
15%, 18% et 25%. Pourquoi ces chiffres? C'est que lorsque les gaziers se sont
présentés devant la Régie de l'électricité
et du gaz pour obtenir la distribution du gaz sur le territoire du
Québec, ce sont les proportions qui ont été
indiquées dans les mémoires qui ont été soumis
à la régie. C'est surtout là qu'on a pris nos
informations.
M. Fontaine: Vous me répondez en ce qui concerne Gaz
Métropolitain. Est-ce qu'au niveau du gouvernement, vous avez
été consultés? Est-ce que vous avez été
appelés à donner votre opinion au gouvernement sur la question du
gaz et quelle a été cette opinion, si c'est public?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: Le gouvernement a vu nos études avec
certaines hypothèses qui se
reflétaient dans notre prévision de la demande. Le
gouvernement a aussi vu notre plan définitif qui considérait une
pénétration entre 12% et 15%, ce que nous croyons raisonnable en
regardant les événements qui sont en train de se jouer.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Fontaine: Dans votre présentation tout à
l'heure, vous avez mentionné que les installations que nous avons
peuvent servir très longtemps. Entre autres, vous avez mentionné
Beauharnois en disant: On investit, l'argent investi peut produire pendant
très longtemps et, une fois qu'on a investi, il n'y a presque plus
d'investissement à faire. Il y a juste de l'entretien et la production
arrive. Si on tient compte de ça et si on tient compte également
de ce qui a été rapporté dans les journaux
dernièrement, quant à la possibilité de produire de
l'énergie au niveau des exportations vers les États-Unis... Par
exemple, dans le journal La Presse du 10 février, on disait
qu'Hydro-Québec effectuait des études conjointes avec la
Nouvelle-Angleterre en vue d'offrir plus d'énergie au bloc
américain. On disait même que ces études étaient sur
le point d'être concluantes. Est-ce que vous pourriez donner des
détails sur ce sujet et, si possible, nous donner les conclusions de ces
études, à moins que ce ne soit trop prématuré et
que vous ne vouliez pas immédiatement donner vos prévisions
là-desssus?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: Tout ce que je peux faire à ce moment-ci,
c'est donner quelques informations sur l'exportation. Cet après-midi,
vous aurez certainement l'occasion, lors de présentations beaucoup plus
spécifiques, de vous entretenir sur les interconnections et sur les
ventes d'électricité à l'exportation. La seule chose que
je peux vous dire, c'est qu'on regarde et qu'on est en train de négocier
avec deux compagnies américaines -on fera état de ça -
pour de la vente d'énergie excédentaire, celle qu'on a encore et
qu'on prévoit avoir jusqu'en 1988. On regarde aussi la
possibilité d'exportation ferme d'énergie aux États-Unis.
On fera état de notre position cet après-midi. (12 h 30)
M. Fontaine: Vous dites également dans votre
mémoire, à la page 3: "Bien que la consommation globale
d'énergie soit appelée à progresser à un rythme
ralenti à l'avenir, soit 2% par an d'ici 1996, il faut malgré
tout prévoir, pour l'électricité et le gaz, un taux de
croissance plus élevé en raison de l'élargissement de leur
rôle dans le bilan énergétique. Sur quoi vous basez-vous
pour dire que cela n'augmentera que de 2%, alors qu'on constate que cela a
augmenté de 7,7%, je pense, depuis de nombreuses années?
M. Bourbeau: Les 2% correspondent à la croissance de
l'énergie en général, que ce soit du gaz ou du
pétrole, tandis que l'électricité est à 6% dans
notre mémoire.
M. Fontaine: D'accord. Ce sera tout pour l'instant.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gouin.
M. Tremblay: Merci beaucoup, M. le Président.
Je voudrais commencer par remercier le président du conseil
d'administration d'Hydro-Québec et le PDG de la société de
leurs communications, et surtout de leurs études et des documents qu'ils
ont eu l'amabilité de mettre à notre disposition.
Évidemment, la question de l'énergie en
général, l'énergie hydroélectrique en particulier,
est tellement importante, tellement fondamentale qu'il vient de nombreuses
questions à l'esprit parce que, finalement, c'est ce qui est
peut-être le plus important dans la vie des individus, des familles et
des entreprises, présentement, ce qui est peut-être le plus
important pour le développement économique du Québec,
comme pour d'autres économies, de sorte que c'est un sujet fondamental.
Je vais limiter, pour commencer, M. le Président, mon intervention
à deux questions générales; une s'adresse à M.
Bourbeau et l'autre s'adresse à M. Boyd.
Le président du conseil d'administration nous a indiqué
tout à l'heure que le plan d'équipement d'Hydro-Québec
représente une substitution massive des formes de l'énergie au
Québec pour l'hydroélectricité. Il l'a
présenté dans les grandes lignes et, dans les documents, on voit
très clairement la logique derrière cette politique. Le
pétrole est en diminution du côté de l'offre. Les prix sont
fortement à la hausse. Le gaz naturel va suivre cette
élévation. Et nous avons au Québec un potentiel de
développement hydroélectrique qui représente une rente du
fait que nous en avons encore pour 12,000 MW dont le coût est
inférieur à la production électrique par le
nucléaire. Donc, substitution massive vers
l'hydroélectricité.
Maintenant, lorsqu'on parle de substitution, c'est évident qu'on
parle de prix. Vous avez ouvert la porte tout à l'heure en indiquant que
vous songiez à vous présenter devant le Parlement, devant le
gouvernement, l'été prochain concernant la tarification. Vous
avez dit aussi qu'il est très difficile de prévoir la juste
tarification, étant donné que le prix du pétrole, le prix
du gaz naturel et d'autres coordonnées ne sont pas encore connus. Par
contre, dans votre plan d'équipement, vous avez fait des
hypothèses et des prévisions qui, elles, sont connues.
Vous prévoyez une augmentation de la consommation de l'énergie
électrique de 6% par année au cours du plan décennal. Vous
prévoyez un autofinancement d'environ 30%. Vous prévoyez des
coûts d'installation d'environ $55,000,000,000 et vous avez fait
l'hypothèse d'un taux de financement de 11%.
Il est évident que vous avez calculé aussi, comme vous
l'indique et vous le demande votre mandat, la tarification minimale qui serait
nécessaire au cours des dix prochaines années. Il est possible
que cette tarification ne soit pas la tarification optimale et que, finalement,
le gouvernement vous propose une autre tarification, compte tenu d'objectifs de
développement économique ou des objectifs de substitutions plus
prononcées que celles que vous avez faites. Donc, en vertu de ces
paramètres que vous avez, serait-il possible de connaître vos
prévisions d'augmentation annuelle minimale au cours des dix prochaines
années?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: D'accord. Nous avons fait, comme vous le dites, M.
le député, plusieurs hypothèses. Pour en arriver à
établir une tarification, le départ est toujours le financement
externe possible. Alors, nous avons fait diverses hypothèses de
financement externe et, lorsqu'on connaît notre financement externe, on
peut essayer de définir quel est le besoin d'autofinancement et,
à ce moment, on débouche sur la tarification. Nos études
démontrent deux balises, évidemment, une balise minimale et une
balise maximale. Pour répondre à votre question, le minimal,
évidemment, ce n'est certes pas plus bas que les taux d'inflation.
M. Tremblay: Est-ce que ça voudrait dire, M. Bourbeau, que
la tarification minimale pour rendre rentables les projets dans le plan serait
une augmentation annuelle de tarification qui pourrait se rattacher au taux
d'inflation, en supposant que la rente découlant de la production soit
répartie sur les consommateurs plutôt qu'utilisée d'une
autre façon?
M. Bourbeau: Alors, notre tarification minimale se situerait,
avec cette balise, autour du taux d'inflation que l'on connaît.
M. Tremblay: Et c'est à cause d'une tarification
relativement basse comme celle-là, c'est-à-dire un taux
réel d'électricité qui demeurerait constant au cours des
dix prochaines années alors que les taux réels des autres sources
d'énergie vont croître, nécessairement, c'est à
cause de cette écart grandissant entre les prix de
l'électricité au
Québec et les prix des autres sources d'énergie que vous
prévoyez cette substitution des consommateurs et aussi des industries et
du commerce vers l'énergie hydroélectrique?
M. Bourbeau: Non, pas nécessairement. Je vous ai
mentionné que ceci était la balise minimale et, en regard de
cette balise, il y a l'autre balise, qui est la balise maximale, et pour la
tarification, on ne sait pas encore, Hydro-Québec pourra se situer dans
un certain endroit.
M. Tremblay: Bien sûr qu'elle pourra se situer à
d'autres endroits. Comme je l'ai dit, il y a une question de politique
énergétique derrière cela. Mais comme le mandat que vous
prescrit la loi, c'est de vendre l'électricité au meilleur
coût et que vous avez fait des hypothèses de coût de
production, de coût de financement, de croissance de la demande qui vous
amènent à la conclusion que le prix réel de
l'énergie hydroélectrique va demeurer constant dans les dix
prochaines années, vous remplissez votre mandat. Maintenant, est-ce que,
pour le bien-être économique du Québec, tout ce coût
d'électricité doit demeurer le plus bas? C'est une autre question
et je ne pense pas que c'était votre mandat d'y répondre. Vous
pouvez peut-être y avoir répondu pour vous-même, mais je ne
pense pas qu'on ait retrouvé dans vos documents une problématique
de la répartition de la rente découlant de l'avantage comparatif
que le Québec possède dans la production de l'énergie
hydroélectrique.
Je voudrais poser rapidement une question à M. Boyd sur l'autre
partie du mandat d'Hydro-Québec. La première partie du mandat,
c'est de prévoir les besoins d'énergie hydroélectrique au
meilleur coût. L'autre partie, évidemment, c'est de le faire dans
le cadre des politiques énergétiques que le gouvernement peut
établir. Je constate qu'il y a quatre ans, en 1976, M. Roland Giroux
avait présenté un projet de développement
d'Hydro-Québec pour les quinze années, de 1976 à 1991, qui
représentait des investissements prévus de $51,000,000,000. Je
constate aussi que, l'an passé, vous aviez établi un programme
préliminaire d'investissements qui, si ma mémoire ne m'abuse,
était supérieur de $9,000,000,000 à celui que vous
présentez présentement, $64,000,000,000. Je demanderais à
M. Boyd quelles sont les grandes différences entre le projet qu'on nous
propose aujourd'hui, celui que M. Giroux, au nom d'Hydro-Québec, a
présenté il y a quatre ans ou cinq ans et celui que vous avez
préparé de façon préliminaire l'an passé.
D'autre part, s'il y a des différences majeures, est-ce que ces
différences sont venues simplement d'un changement dans la
conjoncture énergétique mondiale, canadienne et
québécoise, ou si, comme votre mandat l'indique, ces changements
se sont faits dans le cadre de politiques énergétiques que le
gouvernement vous aurait transmises?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: La cause de ces changements, dans les trois plans que
vous avez mentionnés, est surtout due à la réduction des
prévisions de la demande. En 1976, le programme que nous avions
présenté prévoyait, à ce moment, une
prévision de la demande de 7,7%. Le programme que nous avions
présenté l'année passée au gouvernement dans les
documents qui vous avaient été soumis prévoyait
également une réduction de la demande par rapport à 1976.
Mais, dans le document que vous avez aujourd'hui, les recommandations que nous
faisons au gouvernement et à vous tous prévoient une nouvelle
diminution de la demande. De 1976 a aujourd'hui, nous avons changé la
prévision de la demande de 7,7% à 6%. C'est ce qui fait qu'on a
décalé notre programme dans le temps. Je peux vous citer certains
éléments de décalage, par exemple, le projet LG 1 qu'en
1976 on prévoyait mettre en service en 1983. Maintenant, on pense
plutôt à 1988 ou 1989. Delaney était prévu pour
1986; il l'est plutôt pour 1988. Certains autres projets de la phase II
de La Grande, Brisay, Grande Baleine; entre autres, Grande Baleine est
retardé d'à peu près quinze mois. Ce sont les
éléments principaux des programmes qui font la différence
entre 1976 et 1981, si vous voulez.
Il y a aussi un élément nouveau: la puissance de
suréquipement qu'on a ajoutée à Manic 5, qui
n'était pas prévue en 1976, ce qui fait que les turbines à
gaz, qu'on n'aime pas plus qu'il ne faut, on a pu en déplacer une
quantité en bâtissant du suréquipement à Manic 5. On
a fait du suréquipement à LG 3 et à LG 4, ce qui aide
aussi à résoudre en partie nos problèmes de pointe.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député.
M. Tremblay: II y avait l'autre question. Entre le plan de l'an
passé et le plan de cette année, est-ce que le gouvernement vous
a fait part de grandes coordonnées de politiques
énergétiques qui pouvaient vous amener à modifier vos
prévisions basées sur l'évolution des marchés?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: II a été, évidemment, question de
la pénétration du gaz, qui est devenue une réalité
de plus en plus prochaine dont on a tenu compte. Ce qui a fait qu'on a
baissé notre prévision de la demande, ce sont ces facteurs, comme
la pénétration du gaz qui devait doubler ou tripler,
dépendant des points de vue. Il y a également les
économies d'énergie qui devraient jouer un rôle plus
important à l'avenir que par le passé. Ces facteurs ont eu une
influence sur nos prévisions de la demande.
M. Tremblay: J'en déduis, M. Boyd, que la
différence entre le plan d'équipement de 1976 et le plan
d'aujourd'hui, c'est une différence d'étalement dans le temps de
projets rentables et qu'Hydro-Québec est en mesure de produire de
l'électricité sur une base rentable à un rythme plus
rapide.
M. Boyd: Oui, en effet.
M. Tremblay: D'autant plus que vous avez mentionné tout
à l'heure que, du côté de l'Ontario, qui produit beaucoup
de son électricité par le nucléaire, l'on prévoyait
une possibilité qu'en 1983 l'on puisse y avoir une énergie venant
du nucléaire ou de l'hydroélectrique qui soit concurrentielle
avec le gaz. Donc, lorsque le gouvernement dit que les consommateurs
québécois ne devraient pas faire cette substitution dans leur
système de chauffage de l'huile vers l'électricité, ce
n'est pas parce que nous n'avons pas la capacité d'avoir
l'électricité disponible et concurrentielle au Québec.
C'est simplement parce qu'il s'agirait d'un choix où le gouvernement
préférerait le gaz et l'imposerait à vous et aux
consommateurs par le truchement de hausses plus rapides des tarifs
d'électricité que celles que vous pourriez soutenir à
partir de vos seuls coûts de production.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd. (12 h 45)
M. Boyd: Évidemment, les tarifs, nous n'en avons pas
encore discuté avec le gouvernement. Dans ma brève allocution
tout à l'heure, j'ai mentionné que nous viendrons à
l'automne parce que les tarifs sont accordés pour l'année 1981 au
complet. Au cours de l'été, nous allons devoir discuter avec le
gouvernement sur ce point. Les demandes tarifaires que nous allons devoir
obtenir pour l'année 1982-1983 - on verra tout ce qui peut être
obtenu - feront l'objet de discussions et feront certainement l'objet d'une
politique du gouvernement en matière d'hydroélectricité et
de gaz.
Aussi, j'aimerais compléter un peu ma pensée de tout
à l'heure ou expliquer davantage les questions que vous me posiez. Quand
on a décalé Grande Baleine et d'autres projets - NBR, en fait,
aussi a été décalé - c'était en fonction
d'une demande qui était affectée par les facteurs que je vous ai
mentionnés. Par contre, vous me disiez: Hydro-Québec pourrait
bâtir beaucoup plus vite; il y a des projets comme La
Grande et NBR qui pourraient venir plus tôt. Là, il est
question de possibilité de financement. C'est cette question que l'on
discutera davantage cet après-midi avec le trésorier, comme on
l'a annoncé ce matin. Mais il ne faut pas oublier que le contexte
économique que l'on vit dans le monde, dans le moment rend le
financement des grands projets de plus en plus difficile.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Avant de céder la
parole à M. le ministre, je tiens à faire remarquer qu'il y a
actuellement trois autres personnes qui veulent intervenir. D'abord, M. le
ministre, et M. le député de Mont-Royal et M. le
député d'Outremont qui voudraient revenir. Est-ce qu'on s'entend
pour terminer nos travaux à 13 heures et revenir à 15 heures?
M. le ministre, jusqu'à 13 heures, pour le moment.
M. Bérubé: M. le Président, je ne voulais
pas abuser au tout début par mes questions, mais constatant
qu'effectivement à 13 heures nous devrons suspendre, je pense qu'il est
inutile de demander la suite de la présentation d'Hydro-Québec et
qu'il est préférable de la reporter au début de
l'après-midi.
Il y a une question que j'aurais aimé poser. Essentiellement,
lorsque Hydro-Québec a préparé son premier plan
d'équipement qu'elle nous a soumis l'année dernière,
à l'analyse du plan d'équipement, nous avons été
confrontés avec un problème que beaucoup connaissent,
c'est-à-dire qu'on nous soumet un plan dit optimal pour
HydroQuébec, mais qui pourrait peut-être ne pas être optimal
pour le Québec, en ce sens que les objectifs de production
d'électricité au plus bas coût possible pour le
Québec peuvent avoir des retombées. Par exemple, le
député de Nicolet-Yamaska a souligné le problème
que représente le ralentissement des travaux de construction de
centrales hydroélectriques au cours des années qui viennent
jusqu'en 1986, 1987, ce qui engendre évidemment un coût social et,
par conséquent, on pourrait peut-être vouloir en connaître
les implications.
C'est pour cette raison que le gouvernement vous demandait le 12
décembre 1979 - je vais lire simplement le texte - "à la suite du
mémoire daté du 14 novembre 1979 présenté par le
ministre de l'Énergie et des Ressources et portant sur le plan des
installations d'Hydro-Québec pour la période 1980-1989, de
confier au ministre de l'Énergie et des Ressources le soin de demander
à Hydro-Québec, en liaison avec la Direction
générale de l'énergie, de préparer des plans
d'équipement qui correspondent à divers scénarios de
prévision de la demande découlant soit de politiques
d'interconnexion et d'exportation d'électricité, ou soit encore
de politiques de gestion de la consommation et d'économie
d'énergie."
J'aimerais peut-être m'accrocher au premier point,
c'est-à-dire les politiques d'interconnexion et d'exportation
d'électricité. Vous soulignez, dans votre plan
d'équipement, que vous prévoyez un certain tarissement des
surplus saisonniers vers 1988-1989, donc, vers la fin de la période,
d'une part. Également, vous soulignez que, pour avoir un meilleur
couplage entre les caractéristiques de la demande
québécoise et l'offre d'électricité par
Hydro-Québec, vous deviez mettre l'accent sur les constructions
d'équipements générateurs d'électricité de
pointe fine. Vous avez examiné, cependant, d'autres scénarios.
J'aimerais que vous expliquiez les problèmes particuliers que vous
rencontrez dans un scénario de devancement. Que représente
véritablement pour Hydro-Québec présentement, dans les
scénarios que vous analysez, les difficultés à la fois
techniques et monétaires associées à un scénario de
devancement?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Le principal problème que l'on rencontre en
devançant, le programme que l'on vous a soumis, c'est qu'entre les
années 1981 et 1988 il faudrait investir $4,500,000,000, de plus
à l'avance. Évidemment, il y aurait moins d'argent à
investir par la suite, mais cet investissement supplémentaire au
début fait que le financement que l'on prévoit très
difficile dans les quelques années qui viennent sera encore plus
difficile.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: J'imagine que le financement est
difficile. Je ne veux pas entrer non plus dans la discussion de tarification.
On a convenu qu'on reporterait tout ce débat et on peut difficilement
parler de financement sans parler de tarification. Lorsque vous parlez de
financement très difficile, est-ce que le rythme de vos emprunts dans
les années qui viennent va avoir tendance à s'accroître ou
tendance à diminuer?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Pour les cinq années qui viennent, il va avoir
tendance à augmenter légèrement. Pour les cinq
années qui suivent, la tendance va être beaucoup plus rapide. Au
cours des cinq prochaines années, la tendance va être vers une
légère augmentation du financement. Par la suite, entre 1985 et
1990, le rythme de financement va être beaucoup plus fort.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: Donc...
M. Boyd: Ce sont des chiffres que nous allons
révéler cet après-midi.
M. Bérubé: Oui, c'est pour cet après-midi;
c'est toujours là l'inconvénient.
Vous avez présentement la conviction qu'Hydro-Québec ne
peut pas accroître le volume de ses emprunts au cours des années
qui viennent. Vous avez cependant souligné que vous alliez augmenter, de
façon substantielle - ou que vous devriez augmenter - le niveau
d'autofinancement. Est-ce que vous allez accroître l'autofinancement
parce que vous ne pouvez pas obtenir des fonds sur les marchés
financiers ou simplement parce que vous avez effectivement des surplus de fonds
par suite des rentrées tarifaires?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Le principe est de financer selon notre capacité
d'obtenir les fonds. Actuellement, nous allons devoir, au cours des cinq
prochaines années, avoir un taux de financement d'environ 30% qui va
être possible. Pour les années suivantes, les besoins vont
être si considérables, à cause de l'augmentation du
programme, que l'autofinancement devra être plus grand.
Il y a une limite à ce qui peut être fait; c'est
malheureusement une contrainte que les marchés financiers nous
indiquent. On tentera de vous démontrer que, dans les cinq prochaines
années, nous prendrons le financement actuel en l'augmentant d'environ
10% par année. Vous parliez de diminution; au contraire, c'est une
augmentation de 10% annuellement que nous prévoyons, comme augmentation
de nos financements, au cours des cinq prochaines années.
La capacité d'absorber ces financements devient de plus en plus
difficile. Nous ne sommes pas les seuls sur les marchés; les taux
d'intérêt sont très élevés; les
différents niveaux de gouvernement ont de plus en plus recours au
financement et vous savez qu'une bonne partie de notre financement dans le
passé était fait aux États-Unis. Ces proportions changent.
Heureusement, dans les années récentes, nous avons pu augmenter
notre financement au Canada par rapport aux États-Unis, mais il reste
qu'il y a encore un fort volume de financement qui devrait être fait aux
États-Unis. Là, les conditions ne sont pas des plus faciles. On
pourra vous l'expliquer. Il reste que, même si on empruntait pour 30% de
nos besoins au Canada, il y aurait des pressions, il n'y a pas
qu'Hydro-Québec qui aura de grands projets énergétiques.
Tous les gaziers et surtout les pétroliers, nous-mêmes et aussi le
gouvernement canadien et ceux de différentes provinces ont des besoins
d'emprunt considérables qui créent une certaine saturation du
marché canadien. Vous verrez que les grandes entreprises qui, dans le
passé - je l'ai fait tout récemment - ont acheté des
obligations d'Hydro-Québec disent: En fonction de nos
disponibilités et en fonction de ce que nous avons acheté de
vous, notre panier est assez lourdement chargé d'Hydro-Québec
pour quelque temps. Elles doivent, elles aussi, par les règlements
qu'elles ont, diversifier leurs placements. Là, je vous parle des
grandes entreprises qui sont les plus grands acheteurs d'obligations. Le
marché financier est donc beaucoup plus compliqué qu'on ne le
souhaiterait.
Le Président (M. Jolivet): Avez-vous d'autres questions,
M. le ministre?
M. Bérubé: Non, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais faire un bref
commentaire. J'aurai quelques questions à poser à M. Boyd et
à M. Bourbeau.
Premièrement, M. le Président, je suis un peu
étonné de l'approche qu'utilise le ministre aujourd'hui. Le
ministre semble dire qu'il cherche des réponses. Dans ses remarques
préliminaires, il a parlé d'un lien entre l'investissement et les
tarifs. Il a fait la constatation que 80% des nouveaux logements sont
chauffés à l'électricité. Il a fait la remarque
que, si la croissance était trop rapide du chauffage à
l'électricité, il pourrait y avoir des conséquences sur la
consommation. Il donne l'impression qu'on veut vraiment examiner le dossier et
l'éventail de toutes les possibilités et il semble ne pas avoir
les réponses.
Il ne faut pas oublier, M. le Président, que nous sommes à
la fin d'un mandat du gouvernement. Ce n'est pas la première fois que le
Parti québécois et le ministre ont l'occasion de poser ces
questions. Cela fait quatre ans qu'ils auraient pu les poser. Non seulement les
ont-ils posées, mais ils ont sorti un livre blanc en 1977 qui dit
sensiblement la même chose. Certains pourcentages sont grosso modo les
mêmes qu'aujourd'hui; l'électricité, 41% ou 45% en 1990; le
gaz naturel, 6% à 12%. La question que je me pose et que je pose au
ministre est la suivante: Quel est le but pour lui de cette commission? On ne
cherche pas de nouveaux renseignements. Ils sont tous dans le livre blanc.
Cherche-t-on une nouvelle orientation? On n'a pas plus de renseignements
additionnels aujourd'hui qu'il y en avait en 1977. Il ne faudrait pas jouer
aux innocents à la veille de l'élection pour donner
l'impression qu'on veut protéger le consommateur et chercher les
meilleurs moyens d'une politique énergétique au Québec.
J'ai clairement l'impression que les décisions avaient
déjà été prises ou que rien n'a été
fait dans les trois dernières années. Maintenant, on veut donner
l'impression que quelque chose a été fait. C'est malheureux qu'on
utilise Hydro-Québec pour des fins politiques de ce genre à la
veille d'une élection quand on n'a pas eu de commission parlementaire
depuis deux ans, quand toutes les questions que le ministre pose aujourd'hui...
On lui a donné les réponses. La question de la croissance des
tarifs si les investissements croissent trop vite, on en a discuté en
commission parlementaire. On en a discuté à l'Assemblée
nationale la dernière fois qu'Hydro-Québec a été
autorisée par le gouvernement à augmenter les tarifs.
Hydro-Québec a augmenté les tarifs de 71% depuis que le PQ est au
pouvoir. On a soulevé cette question de l'augmentation des tarifs et de
la nécessité...
Le Président (M. Jolivet): M. le
député...
M. Ciaccia: Si vous me le permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): ...juste un instant! Je suis
obligé...
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Jolivet): ...compte tenu que vous m'avez
demandé de terminer à 13 heures, de vous dire qu'il est
maintenant 13 heures...
M. Bérubé: Parfait! Comme il n'avait rien à
dire, c'est parfait, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): ...et que nous suspendons nos
travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise de la séance à 15 h 13)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente de l'énergie et des ressources est
à nouveau réunie aux fins d'entendre les personnes ou organismes
qui veulent faire des représentations relativement au plan
d'équipement et de développement 1981-1990 de la
société Hydro-Québec.
L'heure de l'ajournement
Avant de céder la parole au député de Mont-Royal
qui avait droit de parole, à la suite d'une demande du
député de Rouyn-Noranda à l'effet de donner une directive
concernant la fin de nos travaux à chacune de nos journées, je
dois aussi évoquer la décision du 7 novembre 1975 qu'il avait
portée à mon attention et vous dire que nous sommes régis
par l'article 14 du règlement sessionnel qui a remplacé l'article
150 du règlement permanent.
Le règlement sessionnel prévoit deux horaires possibles,
selon que la Chambre siège ou ne siège pas. Si la Chambre
siège, une commission peut siéger aux mêmes heures que
celles prévues pour l'Assemblée. Cependant, même dans ce
cas, une commission ne peut siéger après minuit, alors que la
Chambre dépasse cette heure, à moins d'un consentement unanime de
l'ensemble des membres de la commission.
Lorsque l'Assemblée n'est pas en session ou encore lorsqu'elle
est en session, mais a ajourné ses travaux pour plus de cinq jours - ce
qui est le cas actuellement - une commission n'est plus restreinte à
l'horaire de la Chambre sauf qu'elle ne peut dépasser minuit à
moins d'un consentement unanime. Vous retrouvez cela à l'article 150,
troisième paragraphe, où on dit: "Aucune commission élue
ne peut siéger après minuit, même lorsque
l'Assemblée peut siéger après cette heure."
Cette interprétation a été confirmée
à plusieurs reprises au cours des années 1979 et 1980, comme j'en
faisais mention, notamment le 24 janvier 1979, lors d'une séance de la
commission permanente des affaires sociales, journal des Débats, page
B-11 215 où on dit: "Le règlement qui nous régit nous
permet de continuer les travaux jusqu'à minuit. Évidemment, avec
le consentement de la commission, celle-ci peut terminer ses travaux avant ou
les continuer."
L'article 150 de notre règlement, modifié par l'article 14
du règlement sessionnel, permet de faire siéger en tout temps une
commission élue lorsque l'Assemblée n'est pas en session ou
lorsqu'elle a ajourné ses travaux pour plus de cinq jours. Si c'est
l'Assemblée qui fixe le mandat d'une commission, c'est cependant le
leader parlementaire du gouvernement qui la convoque, en vertu de l'article
cité par le député de Rouyn-Noranda, l'article 140, fixant
lui-même l'heure et l'endroit de la réunion. L'article 140 du
règlement est spécifique à ce sujet. La commission, selon
l'article 140, peut siéger également le vendredi et le lundi. Le
mandat de la commission étant d'entendre les mémoires, nous
devons donc siéger tous les jours disponibles, à moins que, pour
une raison ou une autre, la commission décide d'elle-même de
suspendre ses travaux.
En résumé, en tenant compte aussi de ce dont le
député de Rouyn-Noranda m'avait fait mention ce matin, on doit
dire que la
décision du 7 novembre 1975 était dans le contexte
où la Chambre siégeait. Cette décision est aussi
antérieure aux règlements sessionnels qui modifient et
complètent l'article 150 du règlement permanent. En
résumé, une commission siège au moment indiqué par
le leader parlementaire conformément à l'article 140 du
règlement. Elle peut siéger tous les jours de la semaine
conformément à l'article 150 du règlement, et cela,
jusqu'à minuit. L'ordre du jour pour chaque séance est celui dont
donne lecture, comme j'ai fait ce matin, le président,
conformément à l'article 118-A.-5. du règlement. En vertu
de cette décision, nous pouvons siéger tous les jours d'ici
vendredi jusqu'à minuit, en incluant mardi et lundi prochain, à
moins que les gens de la commission parlementaire décident autrement de
s'ajourner avant ou de s'ajourner après, en permettant cependant une
continuation. M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je vous remercie de votre
directive. En effet, ça vient expliciter davantage, parce qu'il y avait
un petit peu de confusion ce matin, quant à l'avis d'invitation aux
membres. À ce moment, en nous rapportant à votre directive qui
concorde parfaitement bien, d'ailleurs, avec le règlement sessionnel
adopté le 22 mars 1979, nous en arrivons à nous comprendre, de
sorte que je ne pense pas...
Le Président (M. Jolivet): Je vous remercie, M. le
député. Ça nous permet de clarifier une fois pour toutes
ce litige qui portait à confusion à certains moments. Cette
directive étant maintenant donnée, je rappelle que nous pourrons
siéger désormais à partir d'aujourd'hui jusqu'à
minuit tous les soirs, les six jours compris.
M. le député de Mont-Royal, la parole est à
vous.
Reprise de la période de questions
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je parlais du
processus dans lequel le gouvernement nous a engagés dans cette
commission parlementaire chargée d'examiner le plan d'investissements
d'Hydro-Québec, premièrement, qui implique, dans une étude
à fond de la politique énergétique du Québec,
d'entendre tous ces 40 mémoires dans l'espace de six journées. Je
crois qu'il faut dénoncer la façon dont nous procédons.
Nous allons poser certaines questions au gouvernement. Nous allons solliciter
certaines réponses d'Hydro-Québec et des autres intervenants.
Mais je crois que c'est important d'établir ce que le gouvernement tente
de faire ici avec cette commission parlementaire. On veut nous faire passer
$55,000,000,000 ou $90,000,000,000, dépendant des chiffres que nous
allons demander tantôt à Hydro-Québec, en plus de tous les
autres mémoires en une semaine. Les $55,000,000,000, on va examiner cela
en une journée qui implique toute la politique
énergétique.
Je demanderais, franchement, aux membres qui sont autour de cette table
et même à ceux qui nous écoutent si c'est vraiment logique
et raisonnable et quelle sorte de décisions ou d'informations on peut
vraiment donner à la population. Nous avions déjà
suggéré au gouvernement, en 1978, d'avoir des auditions
publiques, d'avoir des mécanismes devant lesquels, soit
HydroQuébec, soit d'autres intervenants qui avaient des
représentations à faire, pouvaient se présenter pour
vraiment obtenir l'information nécessaire. Par exemple, en Ontario ou
dans d'autres endroits ils ont une régie de l'énergie où
les interlocuteurs peuvent venir avec leur expertise et vraiment obtenir
l'information nécessaire.
Je pense que la première chose à faire, sans
m'étendre plus sur cette question, c'est dénoncer la façon
dont le gouvernement procède avec cette commission parlementaire. Il
veut utiliser - je ne crois pas que c'est juste - Hydro-Québec à
des fins électorales. Je sais qu'on va reprocher au Parti libéral
d'avoir annoncé le projet de la Baie James, mais je voudrais rappeler,
M. le Président, au ministre que même le projet de la Baie James a
été annoncé par le premier ministre du Québec
après que les élections aient eu lieu et pas à la veille
d'une nouvelle élection. Cela a été fait, je crois, en
1971 et l'élection n'a eu lieu qu'en 1973. D'abord, il faut comprendre
le contexte dans lequel on fait comparaître Hydro-Québec et tous
les autres témoins. Juste pour donner un exemple, on va avoir 20 minutes
pour présenter un mémoire et 20 minutes de chaque
côté pour l'examiner. Vous pouvez vous imaginer quelle sorte de
questions on pourra poser et combien de renseignements on va pouvoir obtenir.
Cela va être pas mal limité.
Si on comprend le contexte de cette commission parlementaire, à
la veille des élections qui auront lieu sans doute bientôt, je
pense qu'on pourra comprendre mieux le débat, comprendre mieux les
interventions et les raisons pour lesquelles le gouvernement l'a
convoquée.
Monsieur, j'aurais quelques questions pour essayer d'obtenir un peu
d'informations additionnelles. Je remarque, M. Bourbeau, dans votre allocution,
que vous nous dites qu'une telle démarche - vous parlez de la commission
- est d'autant plus importante que des choix fondamentaux doivent être
faits bientôt dans le secteur énergétique. L'impression
qu'on a, c'est que beaucoup de ces choix semblent avoir déjà
été faits. Dans le discours inaugural du premier ministre, il
a mentionné le chiffre de $55,000,000,000 que vous mentionnez
dans votre intervention et que M. Boyd a mentionné aussi dans son
discours, mais le premier ministre a continué et s'est
référé à un autre chiffre de $34,000,000,000. Je le
cite ici, au journal des Débats: II y a $55,000,000,000
d'investissements nouveaux en plus des $34,000,000,000 qui seront requis pour
l'exploitation du réseau actuel. Est-ce que vous pouvez nous donner un
peu d'information sur ce que représentent ces $34,000,000,000?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: Je crois qu'à ce moment le premier ministre
parlait des frais d'exploitation d'Hydro-Québec qui comprennent les
dépenses pour le personnel qui est affecté à
l'exploitation et à l'entretien des centrales, des lignes, des postes,
la dépréciation, et ainsi de suite. Ce sont des frais
d'exploitation et non pas des frais d'investissement.
M. Ciaccia: Je remarque que dans quelques-uns de vos documents
vous parlez de vos changements de lignes de distribution. Ces $34,000,000,000
comme frais d'exploitation, ça semble un peu élevé. Est-ce
que ces $34,000,000,000 pourraient se rapporter aux investissements requis pour
changer ou ajouter au système de distribution par suite de
l'augmentation, du doublage, si on double la capacité électrique
dans les prochains quinze ans? Est-ce que ces $34,000,000,000 se rapportent, en
tout ou une partie, aux investissements pour le système de
distribution?
M. Bourbeau: Je pense que M. Boyd peut répondre à
cette question.
M. Boyd: Je pense qu'il y a eu quelque chose de pas assez
clairement expliqué dans ça. Ici, on parle du plan des
installations qui est bien de $55,000,000,000. D'un autre côté, on
parlait de $34,000,000,000 pour la même période; c'est le budget
d'exploitation qui couvre tout à fait un autre domaine. Le budget
d'exploitation pour cette période couvre tous les frais d'exploitation
et d'entretien. Pour répondre spécifiquement à votre
question, il y a beaucoup de remplacements de lignes de transformateurs, de
réparations de postes et des tas de choses comme cela,
réparations de centrales; ce sont des frais d'entretien, donc, compris
dans les $34,000,000,000. En d'autres mots, lorsqu'on parle des 20,000
employés d'Hydro-Québec qui font partie du personnel exploitant,
ce sont ceux qui, sur une période de dix ans, représentent les
$34,000,000,000. Ce sont deux choses tout à fait distinctes.
M. Ciaccia: Quel est le budget que vous avez maintenant pour les
frais d'entretien ou les frais d'exploitation de cette année, pour une
année?
M. Boyd: Actuellement, notre budget d'exploitation est d'environ
$1,500,000,000.
M. Ciaccia: $1,500,000,000 pour une année? Les
$35,000,000,000, c'est pour quinze ans?
M. Boyd: C'est sur dix ans, mais avec l'escalade et
l'augmentation de personnel au cours de ces dix années.
M. Ciaccia: Si je vous comprends bien, cela inclut des
investissements dans le sens que, s'il y a de l'équipement comme des
nouvelles lignes de distribution, c'est un investissement, ce ne sont pas
strictement des frais d'opération. Je distinguerais des frais
d'opération comme des frais de bureau, des employés de bureau,
les salaires, mais quand vous achetez du matériel de distribution, c'est
un investissement dans l'équipement.
M. Boyd: Certaines des dépenses qui sont comprises dans
cela représentent des frais d'entretien et de distribution. Un bout de
ligne qui est usagé ou qui doit être remplacé par un plus
gros, c'est imputé à l'exploitation. Un transformateur qui n'est
pas assez gros dans un poteau, on le remplace par un plus gros. C'est
facturé à l'exploitation.
M. Ciaccia: Est-ce que cela comprend le changement, par exemple,
d'un système de 12,000 volts à 25,000 volts?
M. Boyd: Non. Dans ce cas, c'est dans le budget
d'immobilisations.
M. Ciaccia: Pour calculer l'effet sur les tarifs, il faut que
vous preniez en considération les $55,000,000,000 d'investissement et,
je présume, les $34,000,000,000 aussi, parce qu'il faut qu'ils soient
repayés, plus les autres sujets: le coût de l'argent, les
intérêts, etc. Avez-vous fait des études ou le gouvernement
a-t-il fait des études sur l'impact des tarifs à la suite des
investissements de $90,000,000,000? Par exemple, si, aujourd'hui, il en
coûte $500 - je prends un chiffre - pour chauffer une maison
uni-familiale, avez-vous fait des études sur le coût minimal de
l'augmentation? Qu'est-ce que ces $500 vont devenir? Est-ce qu'ils vont devenir
$700, $1000 ou $1500 à la suite du programme que vous nous proposez?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Évidemment, les coûts d'exploitation ou de
chauffage d'une habitation vont varier directement en proportion
des coûts ou des tarifs et aussi en fonction de l'isolation que
les gens vont avoir faite à leur maison.
M. Ciaccia: Oui, mais...
M. Boyd: On a des revenus. D'accord? On a des frais
d'exploitation de $34,000,000,000 et on a, chaque année, un
excédent qui s'appelle surplus. C'est ce surplus qui sert
d'autofinancement pour nos projets d'immobilisation. Ce surplus qui reste de
nos budgets d'exploitation sert à financer les budgets d'immobilisation.
Pour le reste, il faut aller sur le marché pour chercher l'argent.
M. Ciaccia: Je ne veux pas vous interrompre, mais on me dit qu'il
me reste seulement cinq minutes et je voudrais ajouter quelques questions avant
que mon temps se termine. (15 h 30)
Je comprends le processus, mais, de la même façon,
pouvez-vous nous dire que le développement, par exemple, d'un projet
peut coûter $1,500,000,000? Vous avez des chiffres, vous avez fait des
études. Ne pouvez-vous pas nous dire ou le gouvernement ne peut-il pas
nous dire - c'est peut-être le gouvernement qui, par sa politique, vous
empêche de le dire, je ne le sais pas - après qu'on a investi
$55,000,000,000 plus $35,000,000,000, que celui qui, aujourd'hui, paie $500
pour chauffer sa maison va être obligé de payer au moins x
dollars? Il me semble que c'est seulement une question de rentrer ces
chiffres-là dans un ordinateur et sortir un chiffre possible, pas un
chiffre final, mais au moins le minimum que cela peut représenter.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: M. le Président, je n'ai pas le chiffre sous la
main. On peut certainement l'obtenir. Avant la suspension, vous aviez
commencé en affirmant que les tarifs d'électricité avaient
augmenté de 71% cumu-lativement depuis 1976. J'ai ici
rétroactivement depuis 1975, pour une résidence, les coûts
au pétrole, au gaz et à l'électricité. La
première colonne, c'est pétrole, la deuxième, le gaz et la
troisième, l'électricité. En 1975, c'était 89%,
l'année 1976 étant 100%. En 1981, au pétrole, on est
à 225%, au gaz, on est à 231% et à
l'électricité, on est à 176%. Donc, vos 71% sont
confirmés par ce que je viens de dire, sauf que, dans la même
période, le pétrole, lui, a monté plus vite et le gaz a
monté plus vite pour les mêmes services.
M. Ciaccia: La différence, c'est qu'on ne contrôle
pas le pétrole et le gaz, mais on est supposé contrôler nos
ressources hydroélectriques. Dans le discours que vous avez
prononcé, vous n'avez pas fait référence aux
économies d'énergie. Vous avez référé aux
économies d'énergie à la suite d'une question de mes
collègues. Est-ce que c'est un oubli ou est-ce que ce n'est pas dans
votre mandat ou est-ce que vous avez un programme spécifique?
M. Boyd: M. le Président, les économies
d'énergie constituent un programme très important qu'on a et
qu'Hydro-Québec a entrepris il y a quelques années. Cette
année, nous avons ou nous allons avoir le mandat de nous occuper
d'économies d'énergie pour tous les résidents de la
province. Alors, c'est certainement un de nos mandats importants et non
seulement au point de vue de l'électricité, mais dans tous les
domaines parce qu'on considère que l'économie d'énergie,
c'est l'énergie qui coûte le moins cher. C'est dans notre
mandat.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
avez-vous terminé?
M. Ciaccia: Je voudrais revenir à d'autres sujets. M. le
Président, je voudrais revenir tantôt et laisser la parole
à mes collègues.
Le Président (M. Jolivet): Pour le moment, c'est M. le
député d'Outremont. Maintenant, vous êtes limité,
quand même, dans le temps à 20 minutes par intervention. À
moins qu'on ne m'indique de ce côté ou de l'ensemble de cette
assemblée, qu'on veut permettre un deuxième droit de parole, je
suis dans l'obligation de vous dire que votre droit de parole a
été utilisé au maximum.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le
député.
M. Ciaccia: ... si vous me le permettez, je pense que, de la
façon dont j'interprète le règlement - je vous demande une
directive - c'est 20 minutes par sujet. D'après le règlement, la
période de 20 minutes n'est pas pour l'intervention totale. Autrement
dit, il va y avoir d'autres intervenants, il va y avoir d'autres sujets
à discuter. Est-ce que...
Le Président (M. Jolivet): D'accord, je comprends; je
pensais que vous parliez pour l'intervention actuelle...
M. Ciaccia: Même pour l'intervention actuelle, sur un autre
sujet, parce qu'on a plusieurs sujets, c'est ça le problème, M.
le Président, que je voulais soulever au début. On est
limité, et non seulement on est
limité dans le temps alloué à l'audition des
représentants d'Hydro-Québec - on a seulement une journée
- mais vous venez de me dire que je ne peux pas aborder d'autres sujets, que
j'ai seulement 20 minutes pour toutes les questions que je voudrais poser soit
à M. Bourbeau ou à M. Boyd.
Le Président (M. Jolivet): Un instant...
M. Perron: ... c'est le mandat de la commission.
Le Président (M. Jolivet): ... M. le député
de Duplessis.
M. Ciaccia: J'aurais voulu poser une question pour obtenir de
l'information au sujet du siège social. Cela vient dans la
planification, je crois que c'est dans le cadre des discussions qui ont eu lieu
avec le président-directeur général. Vous me dites que je
n'ai plus de temps...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
pourrais vous...
M. Ciaccia: II y a un article que je voudrais porter à
votre attention.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Ciaccia: L'article 160: "Lorsqu'une commission étudie
un projet de loi ou des crédits, un député peut prendre la
parole sur le même point aussi souvent qu'il lui plaît, à
condition de ne parler plus de vingt minutes en tout sur un même article,
un même paragraphe, une même motion ou une même question
d'ordre ou de règlement".
Une voix: C'est similaire aux crédits.
M. Ciaccia: C'est similaire aux crédits parce que, pour
les crédits, on n'est pas limité à 20 minutes sur tous les
crédits.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal, vous siégez à cette Assemblée depuis longtemps
et vous savez très bien l'astuce que vous prenez pour parler plus
longuement que les 20 minutes qui vous sont allouées.
Ce matin, nous avons tenu pour acquis que nous avions trois groupes de
sujets et qu'il y avait, à l'intérieur de chacun des trois
groupes, des sous-groupes; dans le cas qui nous occupe nous nous étions
référés à l'allocution du président du
conseil d'administration et à l'allocution du président-directeur
général. Comme vous le savez, certains de vos collègues ne
sont pas encore intervenus; ils ont droit eux aussi à 20 minutes et nous
aurons l'occasion, lors des autres exposés, de poser des questions du
genre de celles que vous voulez poser. Â moins que les membres de la
commission ne me donnent un consentement unanime pour accordeur un
deuxième droit de parole, je serai dans l'obligation de vous dire que
votre droit de parole a été utilisé au maximum pour le
premier groupe de travail que nous avons à interroger.
M. Ciaccia: Alors, comment interprétez-vous - une autre
directive l'article 160? On vient de commencer l'étude d'un sujet
totalement différent des autres, l'économie d'énergie. Je
voudrais bien poser des questions sur ce programme, sur ce
qu'Hydro-Québec fait, et vous me dites que je n'ai pas le droit de
parole sur ce sujet. Comment interprétez-vous alors l'article 160 qui me
donne 20 minutes sur chaque sujet?
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
vais vous relire l'article 160, que vous m'avez lu tout à l'heure:
"Lorsqu'une commission étudie un projet de loi ou des crédits, un
député peut prendre la parole...". Vous savez très bien
qu'un projet de loi est situé, en termes de temps, au niveau de
différents articles et qui en ce qui concerne les crédits, c'est
au niveau de différents programmes et sous-programmes. Mais nous sommes
en commission parlementaire pour entendre des gens qui ont des mémoires
à présenter ou pour comparaître devant cette
assemblée. Or, ce n'est pas du tout du même ordre; chaque fois que
les commissions parlementaires ont eu à discuter de ce
phénomène d'augmentation du droit de parole de plus de vingt
minutes, cela a toujours été par consentement unanime. Je ne
semble pas avoir le consentement unanime des membres de cette commission. En
conséquence, je vais donner le droit de parole au député
d'Outremont. M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, sur ce point de
règlement...
M. Bérubé: J'avais demandé la parole...
Le Président (M. Jolivet): Oh: excusez-moi!
M. Bérubé: ... à plusieurs reprises, M. le
Président.
M. Samson: ... il me semble que vous aurez à nous donner
une nouvelle directive encore une fois car, suivant le règlement que
nous avons devant nous, l'article 160 est le seul article, pour ce qui concerne
les règles en commission parlementaire, qui nous permette d'avoir une
espèce de guide. Cet article 160 parle de l'étude de projets de
loi ou de crédits.
Or, à moins que vous ne puissiez me dire à quel endroit le
trouver, je n'ai pas vu
dans notre règlement un article spécifique qui nous
permette de dire qu'un député a un droit de parole limité
à vingt minutes, comme vous semblez le limiter présentement. Cela
n'existe pas dans le règlement. Vous avez, je pense, à bon droit,
fait comprendre qu'habituellement chaque intervenant se limitait, dans le
passé, suivant les us et coutumes, à vingt minutes Mais, M. le
Président, je voudrais, en vous demandant cette directive, vous
souligner et porter à votre attention le fait que, quand on entreprend
les travaux d'une commission parlementaire, les commissions étant
maîtresses de leurs travaux, habituellement, il y a entente soit à
la suite d'un consensus ou encore à la suite d'une motion qui est
votée au début de la commission. Là, on a la règle
des travaux pour la commission, quand il s'agit d'auditions.
On est devant un cas d'auditions aujourd'hui, c'est sûr qu'on
n'est pas devant un projet de loi, mais ce matin, si ma mémoire est
fidèle, on a, par consensus, décidé d'attendre à
demain matin pour fixer des règles d'audition, le temps alloué
à ceux qui présenteront des mémoires et à ceux qui
poseront des questions ou qui feront des commentaires sur les mémoires.
On est assis entre deux chaises, parce que les règles ne sont pas encore
fixées de la façon habituelle. C'est pourquoi il est difficile de
se référer à l'habitude, parce que, habituellement, on
règle ces choses-là en commençant et, d'autre part, nous
n'avons pas dans notre règlement un article clair qui nous dit qu'un
député peut prendre la parole jusqu'à concurrence de vingt
minutes sur chacun des sujets apportés.
C'est pourquoi je voulais attirer votre attention sur le fait que cette
commission est facilement, dans les faits en tout cas, assimilable à une
commission d'étude des crédits. Il me semble que cela saute aux
yeux de tout le monde que, quand on parle de $55,000,000,000 et de
$35,000,000,000, quand on est rendu à $90,000,000,000 ou $95,000,000,000
et qu'on parle des milliards depuis le matin, c'est drôlement assimilable
à une commission sur l'étude des crédits. C'est, il me
semble, la seule façon de pouvoir s'accrocher au règlement, en
tout cas de s'approcher le plus possible de notre règlement. Autrement,
il faudrait attendre à demain matin, parce que c'est à demain
matin qu'on a fixé le moment où la commission décidera de
quelle façon elle travaillera et quelle sorte de délai ou le
nombre de minutes que l'on accordera à tel ou à tel intervenant.
Je soumettrais respectueusement, M. le Président, que mon
collègue de Mont-Royal devrait pouvoir normalement s'exprimer à
nouveau sur un sujet qui est différent de celui sur lequel il a
parlé jusqu'à maintenant et c'est là-dessus que je vous
demande une directive.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre...
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): ...sur la même question
de directive, je pense?
M. Bérubé: Oui, sur la même question de
directive et, en même temps, en voulant demander la collaboration de
l'ensemble des députés, y compris du gouvernement et de
l'Opposition. Aucun problème du côté du gouvernement, en
tout cas.
Nous avons devant nous un sujet extrêmement important. J'ai
écouté le député de Mont-Royal se plaindre
même de ce que nous n'ayons pas suffisamment de temps pour aller au fond
de la question. Plusieurs questions fort pertinentes ont été
soulevées également. Sachant que nous sommes pris dans des
délais très serrés quant à l'audition d'un grand
nombre de mémoires, il est bien évident que si nous mettons trop
de temps dans la procédure, nous n'irons même pas au quart de la
moitié du dixième des questions que nous aimerions poser, d'une
part. D'autre part, il est certes intéressant de parler de tarification
et de financement du plan d'installation, mais il reste qu'à 15 h 10, M.
Lafond ou M. Pierre Bolduc devait prendre la parole pour nous expliquer le
financement du plan des installations. Présentement, nous sommes
à 15 h 45 et on n'a toujours pas abordé cette question. Pourquoi?
Parce que, plutôt que de prendre le temps de recevoir les intervenants et
de les écouter de manière à avoir déjà une
partie des réponses... Je ne dis pas qu'on va répondre
entièrement à toutes nos questions, au contraire, j'ai
commencé par soulever un certain nombre d'interrogations, ce qui a
surpris le député de Mont-Royal. C'est que j'ai l'impression
qu'il n'était pas habitué à une certaine ouverture
à la discussion que le gouvernement vient de permettre et cela l'a
surpris que nous envisagions cette commission parlementaire comme étant
une occasion unique pour l'ensemble du peuple québécois de
regarder les débats et d'essayer de se renseigner, mais,
forcément, il ne se renseigne pas beaucoup présentement parce que
tout ce qu'il découvre, c'est qu'il y a un débat de
procédure et on n'avance pas.
J'aimerais avoir la collaboration de tous les députés ici
pour qu'on accepte que les intervenants qui doivent prendre la parole
maintenant pour parler de la grande phase II, ou encore du plan d'installation
ou de la prévision de la demande soient effectivement entendus de
manière que nous puissions déjà commencer à
fouiller cette partie et avancer de manière à au moins voir ce
soir également un aspect qui m'apparaît très important qui
est le financement puisque, au rythme où nous avançons, je pense
que nous
ne pourrons jamais arriver au problème des économies
d'énergie; nous n'arriverons jamais au financement du plan des
installations, et je pense que ce serait dommageable. (15 h 45)
II me semble qu'on pourrait peut-être, en un geste de
collaboration et en même temps d'appréciation pour la
qualité de la présentation qui a été
préparée à notre intention et que, pour l'instant, on se
refuse à entendre puisqu'on ne leur permet de nous la présenter,
j'aimerais bien que l'on permette aux intervenants de venir nous exposer leurs
différents points de vue de façon beaucoup plus
détaillée parce que les présentations que nous avons eues
jusqu'à maintenant ont été, évidemment, - et c'est
normal - des présentations d'ordre général mettant
l'accent sur les principes et nous n'avons pas pu entrer encore dans le coeur
de la matière.
De toute évidence, je pense que nous avons pris une mauvaise
orientation en partant. Nous aurions peut-être dû, comme parti
gouvernemental, nous refuser à toute modification du programme, mais je
pense qu'à ce moment-là, on se serait engagé dans un autre
débat inutile. On a essayé d'être le plus conciliant
possible, mais je pense que notre trop grande amabilité, notre trop
grande grandeur d'âme, finalement, est en train de saborder tout le
fonctionnement de notre commission.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le
député.
M. Ciaccia: Excusez, mais c'est une question de règlement.
Il ne faudrait pas laisser l'impression qu'on veut abuser de notre droit de
parole. Ce n'est pas cela du tout. Il ne faut pas laisser l'impression qu'on ne
veut pas entendre les intervenants. Mais si, résultant de votre
décision, on est limité seulement à 20 minutes de
questions et que, dans cette période de 20 minutes, il faut prendre le
temps de ceux qui répondent, je vous dis que vous limitez
sévèrement le droit que nous avons de poser des questions. Le
ministre a dit qu'il veut informer la population. Cela va être pas mal
difficile d'informer la population si on n'a pas le droit, nous, de poser des
questions. C'est un genre de bâillon. Vous le faites très
habilement et sans exciter personne, mais le fait est que c'est un genre de
bâillon. Je pense que cela vaut la peine de prendre deux minutes pour
établir certains principes fondamentaux de notre droit de parole, afin
qu'on puisse justement obtenir les informations requises.
Il y a certaine chose que je ne peux pas demander à la fin, parce
que je vais avoir le même problème. Si j'ai seulement vingt
minutes pour poser des questions, ce principe ne me donnera pas plus de droit
de parole après 18 heures. On ne veut pas abuser. On veut entendre les
intervenants. On ne veut pas les empêcher de faire leur
présentation, mais il faut en toute honnêteté, si vous
voulez parler de transparence, nous donner le droit de leur poser des
questions. À quoi cela sert-il de faire une commission parlementaire
où le droit de parole est limité et où vous avez tellement
surchargé de sujets la commission parlementaire que vraiment cela va
être une étude très superficielle dont je ne connais pas
les résultats?
Plutôt que de se battre pour notre droit de parole, ce serait bien
plus normal si, durant ce temps-là, j'avais eu le droit de poser des
questions sur le siège social ou sur l'économie d'énergie.
On éviterait tous ces débats de procédure.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je ne voudrais pas
qu'on reste sous l'impression que veut donner le député de
Mont-Royal, qu'on veut limiter le droit de parole. Le député de
Mont-Royal va avoir droit à trois interventions de 20 minutes au cours
de la comparution d'Hydro-Québec. Il y a 18 députés qui
ont un droit de parole de 20 minutes chacun. Si on additionne cela, 18
députés qui ont droit de parole pendant 20 minutes, à
trois reprises en interrogeant Hydro-Québec, cela fait 37 heures de
questions que nous pourrons poser à HydroQuébec. Si 37 heures,
c'est limiter le droit de parole aux députés qui sont ici
présents, je me demande à ce moment-là combien cela prend
de temps. Et je leur rappellerais la phrase de Boileau: "Ce qui se
conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire
viennent aisément."
M. Ciaccia: Amendez le règlement d'abord.
Le Président (M. Jolivet): Je ne voudrais pas reprendre...
M. le député de Rouyn-Noranda, je pense que j'ai assez
d'éclairage pour prendre une décision. Je m'excuse, M. le
député de Rouyn-Noranda, je pense que vous avez parlé
assez longuement sur la directive. À partir de cela, je pense que je
suis prêt à rendre une directive.
L'article 160, au niveau du règlement, ne s'applique
malheureusement que pour les projets de loi et les crédits. Si on veut
marcher par analogie et dire que, pour la réunion d'aujourd'hui, on
pourrait appliquer l'article 160, soit. Cependant, ce matin, je vous avais
proposé un ordre du jour - vous vous en souvenez, j'en suis sûr -
qui disait qu'il y avait d'abord allocution du président du conseil
d'administration, allocution du président-directeur
général, exposé du
coordonnateur des projets à la planification
générale, exposé du directeur adjoint à la
planification, exposé du directeur général à la
Société d'énergie de la Baie James, exposé du
trésorier d'Hydro-Québec. Ensuite, j'avais dit qu'il y aurait une
période de questions sur l'ordre des thèmes établis plus
haut. Je ne sais pas si vous vous en souvenez, mais c'est ce que j'ai dit
dès le départ parce que je prévoyais les
difficultés dans lesquelles nous sommes.
Nous avions alors demandé que chacun fasse son allocution, que
chacun fasse son exposé. Une fois l'exposé fait, nous aurions
pris, un après l'autre, chacun des thèmes. Souvenez-vous de la
décision que vous avez prise, ici, à votre demande, à
savoir qu'on puisse regrouper l'ensemble des allocutions, l'ensemble des
exposés. Finalement, après discussion, nous avions partagé
en trois grands thèmes l'ensemble des cinq exposés ou allocutions
à venir et vous vous enferriez ainsi dans une décision que je
dois maintenant appliquer. Cette décision implique, en regard de
l'article 160, que les gens ne peuvent parler sur un ensemble de sujets, que
vous avez délimités comme ordre du jour pour aujourd'hui, que
vingt minutes. Or, ça n'a aucune importance par rapport à ce qui
se décidera demain quant à l'ensemble de nos travaux pour
l'audition de groupes, l'audition générale et les questions de
chacun des côtés de cette assemblée. Mais je dois vous dire
que vous vous êtes enferrés ce matin dans une décision que
j'applique, que je vais continuer à appliquer et pour laquelle,
malheureusement, vous n'avez que vingt minutes en termes de questions, à
moins - je le dis bien - qu'il n'y ait consentement. J'ai cru comprendre qu'il
n'y avait pas consentement dans le cas des deux premiers. Je ne dis pas qu'il
n'y aura pas consentement dans l'autre partie, soit la deuxième ou la
troisième. Il y a une chose certaine, c'est qu'il n'y en a pas pour le
moment et la parole est au député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je vais être bref.
J'avais une question à poser à M. Boyd. D'une part, je fais la
remarque que dans votre programme de planification vous prévoyez une
augmentation de la demande énergétique de 2% par an
jusqu'à 1995. Corrigez-moi si je fais erreur, je crois que c'est
ça. J'ai essayé de la comparer à des projections qui
avaient été faites par d'autres organismes, entre autres, le plan
national de l'énergie présenté par le ministre
fédéral de l'Énergie qui prévoyait 1,9% pour
l'ensemble du Canada, ce qui semble assez prêt l'un de l'autre,
j'imagine.
Ma question est la suivante. Il s'agit de départager quelle
serait la part de l'électricité dans ce bilan
énergétique global. Ce matin, on a discuté, en partant,
des différents éléments, comme le gaz,
l'électricité et le pétrole, pour essayer de
dégager quelle serait la part de l'électricité. La
question que je voulais poser avait trait à une étude qui a
été présentée par Mitre Corporation - comme vous le
savez, Mitre Corporation a été fondée, à l'origine,
par des professeurs du MIT - sur l'étendue de la part de
l'électricité dans les bilans énergétiques. Je
crois qu'elle a fait des conciliations dans plusieurs pays du monde pour
arriver à une conclusion qui me semblait assez surprenante, à mon
avis, en ce sens que dans les pays où l'électricité
était le plus utilisée et où la pénétration
électrique était la plus grande, il semblerait que c'était
là où il avait les économies d'énergie les plus
considérables, et ceci était mesuré en quantité
d'énergie par rapport au produit national brut. La question que
j'aimerais poser est celle-ci: Est-ce que, d'une part - je suis sûr que
vous êtes au courant de ces études - Hydro-Québec a fait
une étude comme celle-là par rapport au Québec ou par
rapport au Canada dans son ensemble?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: C'était un exposé qui devait faire partie
de la prévision de la demande faite par M. Fontaine. Si vous voulez, on
pourrait attendre...
M. Fortier: On pourrait attendre, d'accord. Vous pouvez
passer...
M. Boyd: ...pour reprendre en détail...
M. Fortier: Je suis d'accord, on la reportera à plus tard.
Je pensais que c'était une question d'ordre général, mais
si vous préférez en traiter plus tard, moi, je passe. J'ai
terminé.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, à supposer que la
question du financement puisse être réglée d'une
façon ou d'une autre, est-ce qu'au point de vue technique
Hydro-Québec pourrait adopter un programme beaucoup plus
accéléré de construction que celui qu'on nous propose
aujourd'hui? Parce qu'on est obligé de tenir pour acquis qu'on va
discuter du financement un peu plus tard. Est-ce que vous pourriez nous dire
quelle façon ça pourrait être effectué?
M. Boyd: Un programme plus accéléré... Il
faut tenir compte de la capacité de production de nos usines et de la
main d'oeuvre disponible. Le programme que nous avions établi
jusqu'à maintenant pour la Baie James correspondait aux capacités
de production de nos usines en équipement lourd et,
évidemment, n'absorbait pas toute la main-d'oeuvre qui
était disponible au Québec, parce qu'il y a du chômage au
Québec. Alors, du point de vue de la capacité d'industrie, je
pense qu'on a la capacité pour produire un peu plus qu'on ne le fait
dans le moment. Du point de vue ressources humaines, du côté non
technique, on pourrait sans doute retrouver d'autre main-d'oeuvre. Le
problème est plutôt lié à la nécessité
du produit, c'est-à-dire créer des surplus ou non, et
également au financement, à la capacité de financer des
programmes plus vite.
Je ne sais pas si vous me permettez, M. le Président, ou M. le
député, de répondre en même temps à une
question que vous posiez ce matin au sujet de M. Snelling; est-ce que ce serait
opportun que je vous en parle?
Le Président (M. Jolivet): Vous pouvez y aller.
M. Boyd: M. Snelling est un gouverneur qui s'intéresse
beaucoup à l'énergie. Si je me rappelle bien, il n'y a pas
très longtemps, il avait fait une déclaration où il
était question de $45,000,000,000 qui pourraient être investis au
Québec. Quelques mois plus tard, récemment, la semaine
dernière, je pense, il est venu à la chambre de commerce, il
était descendu à $36,000,000,000. C'est curieux qu'au lieu
"d'inflationner" il "déflationne".
Je pense que nous, nous discutons avec les entreprises qui produisent de
l'électricité. Dans le cas de M. Snelling, étant du
Vermont, il y a un groupe de gens qui s'appelle New England Power Pool qui
regroupe tous les services publics de la Nouvelle-Angleterre. Cela fait
déjà un bon bout de temps qu'on discute avec eux d'interconnexion
et de vente. Nous en sommes rendus à un point très sérieux
avec eux, ils sont prêts à l'annoncer, nous aussi, qu'il y a une
possibillité d'interconnexion avec les États de la
Nouvelle-Angleterre pour une première capacité qui serait de 600
MW. Cette ligne pourrait être éventuellement augmentée
à 2000 MW. La seule chose qui est certaine et définitive et
acceptée en principe par les deux groupes, c'est 600 MW. On est loin des
$36,000,000,000 dont parle M. Snelling. Mais cela, aux interconnexions, on vous
en parlera, mais je réponds tout de suite à votre question.
Du côté de nos interconnexions avec l'État de New
York, cela fait longtemps aussi qu'on parle de PASNY. Eux, on leur vend
déjà 1200 MW d'énergie excédentaire et on leur
propose 1000 MW de plus par une interconnexion à Châteauguay
à courant ondulateur, à courant continu. Cela fait plus d'un an
qu'on leur a offert et ils n'ont pas encore accepté. C'est donc dire
qu'on parle beaucoup d'achat d'énergie au Québec, mais pour y
arriver, les négociations sont beaucoup plus lentes. Tout ça pour
dire, dans le contexte qu'on va accélérer pour vendre, qu'il faut
que les gens de l'autre côté de la ligne soient prêts
à acheter. Ce n'est pas si rapide que certains le prétendent.
M. Fontaine: Est-ce que...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Est-ce que le mandat d'Hydro-Québec est
suffisamment large, est suffisamment complet pour permettre à
Hydro-Québec d'avoir des discussions directement avec un autre
gouvernement ou s'il faut que vous passiez par l'entremise du gouvernement du
Québec?
M. Boyd: Dans le cas où nous négocions
actuellement, nous ne négocions pas avec un gouvernement. Dans le cas de
New England Power Pool, c'est avec les utilités que nous discutons. Dans
le cas de l'État de New York, c'est avec Power Authority of the State of
New York, PASNY. Mais les gouvernements sont au courant, notre ministère
est au courant de ces discussions et du côté de la
Nouvelle-Angleterre et du côté de l'État de New York; nous
les tenons informés et ils sont bien au courant de ce fait. (16
heures)
Quant à notre mandat, si nous voulons exporter de
l'énergie de façon ferme, il faudrait avoir un projet de loi qui
nous y autoriserait. Notre mandat, c'est de produire pour le Québec; on
peut vendre de l'énergie excédentaire sans un projet de loi,
mais, pour de l'énergie ferme, à long terme, peu importe le
terme, il faudrait avoir un projet de loi.
M. Fontaine: Est-ce que vous avez demandé au gouvernement
l'élaboration d'un tel projet de loi?
M. Boyd: Non, parce qu'on n'est pas rendu à ce stade des
négociations. Dans le cas de la Nouvelle-Angleterre, c'est 600 MW et le
gouvernement est très au courant de nos démarches. C'est pour de
l'énergie excédentaire là également; ce n'est pas
de l'énergie ferme. Pour les 10,000 MW qui viendraient peut-être
un jour et qui seraient un projet à long terme de peut-être quinze
à vingt ans, avant d'entrer dans cette phase, il faudrait y être
autorisé par un projet de loi. Les gens de l'autre côté de
la frontière n'étant pas encore intéressés pour en
discuter sérieusement nous n'avons pas encore cru bon de procéder
à une demande de projet de loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Fontaine: Vous me permettrez de trouver votre réponse
un peu curieuse en disant que les gens de l'autre côté ne semblent
pas plus intéressés qu'il ne faut. Si on considère que la
venue de M. Snelling a quand même provoqué de nombreux remous au
Québec et si on considère une offre qu'il a faite de façon
publique, étant donné le fait que vous dites ne pas avoir le
mandat de négocier des contrats d'énergie ferme, est-ce que vous
avez l'intention de vérifier de façon plus approfondie les
déclarations de M. Snelling et de vérifier s'il est
autorisé à faire ces déclarations? Est-ce que le
gouvernement fédéral américain est au courant des avances
qu'il fait et est-ce qu'il y a quelque chose de plausible là-dedans?
M. Boyd: Evidemment, les négociations avec le
gouvernement, ce n'est pas de notre ressort. S'il s'agit de parler au
gouverneur de l'État du Vermont, ce serait au gouvernement de le faire
et non à nous. Nous discutons avec les utilités et les
utilités, qui sont les acheteurs, nous disent que ce que M. Snelling
dit, ça ne correspond pas à leurs vues. Ce n'est pas à moi
à faire le raccordement entre les idées du gouverneur du Vermont
et les autres utilisateurs qui sont dans toute la Nouvelle-Angleterre. Je pense
que, à ce niveau, Hydro-Québec n'est pas impliquée dans
les discussions des gouverneurs.
M. Fontaine: Je me tourne de l'autre côté et je
demande au ministre de l'Énergie et des Ressources s'il a le mandat de
son gouvernement, du Conseil des ministres, de vérifier les assertions
de M. Snelling et de contacter le gouvernement américain à savoir
s'il y a des possibilités d'exporter notre énergie
hydroélectrique aux États-Unis.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: J'ai participé à plusieurs
rencontres et discuté d'exportation de l'énergie mais c'est une
décision complexe, qui ne permet pas les simplifications qui ont
généralement cours dans la presse de la part de certains tenants
même au Québec comme aux États-Unis. Si on prenait le temps
d'écouter ce qu'Hydro-Québec va nous dire de sa prévision
de demande, on se rendrait compte que les rivières économiquement
aménageables au Québec ne sont pas à ce point nombreuses
que l'on puisse parler d'une disponibilité d'énergie à
l'infini, à ce point même qu'Hydro-Québec nous dit
qu'à partir de 1995, il faut qu'elle envisage un programme
d'implantation de nucléaire, ce qui pourrait être discutable, mais
discutons-en.
D'autre part, dans la mesure où ces rivières sont
économiquement aménageables pour le Québec, c'est bien
évident que si nous le faisons un peu plus tôt par un programme
d'avancement, d'accélération de construction et que nous
cherchons à vendre cette électricité, l'importance des
interconnexions est telle que nos collègues américains veulent
certaines garanties à plus long terme sur la livraison de cette
électricité. Ce qui veut dire que nous aurions besoin de rappeler
cette électricité avant que les Américains aient amorti
les investissements dans les interconnexions et la transmission aux
États-Unis. Une avenue possible que j'ai demandé à
Hydro-Québec d'explorer - ce qui a été fait à
plusieurs reprises avec, en particulier, PASNY - c'est d'examiner dans quelle
mesure nous ne pourrions pas nous attaquer à l'aménagement d'une
rivière plus coûteuse - de 25% plus coûteuse que le
nucléaire, à titre d'exemple - dont nous n'aurions pas besoin
avant l'an 2000 ou 2005 pour voir dans quelle mesure nos partenaires
américains se montreraient intéressés à cette
énergie plus coûteuse qu'ils devraient payer forcément
à un prix plus élevé.
On comprend alors que le gouvernement pourrait accepter une livraison
sur une plus longue période puisque cette énergie, nous n'en
aurions pas besoin. D'autre part, cette énergie serait beaucoup plus
coûteuse que celle qui nous est présentement disponible. Cela
explique pourquoi, du côté américain, on fait beaucoup de
déclarations, mais on ne signe pas rapidement de tels contrats. On veut
voir toutes les possibilités, on veut regarder ses propres programmes
d'équipement et on veut faire une analyse soigneuse. Mais aller exporter
à long terme, sur la base de contrats fermes, la production de
rivières dont nous aurons besoin à l'intérieur des dix,
quinze ou vingt ans qui viennent, c'est de l'aberration mentale, totalement,
puisqu'il nous faudrait dix ans pour construire ces barrages et à peine
seraient-ils construits que, cinq, six ou sept ans plus tard, nous aurions
besoin de cette électricité. Comme nous l'aurions engagée
à long terme, on serait obligé de se construire des centrales
nucléaires dont les Américains veulent se passer. C'est le
scénario Bourassa, qui est de la folie pure et simple.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député, votre temps est écoulé.
M. Fontaine: Pas déjà?
Le Président (M. Jolivet): Déjà, puisque
vous aviez pris près de sept minutes ce matin. M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, j'avoue que je suis
sérieusement préoccupé par ce que j'ai entendu ce matin,
non pas que je ne partage pas les différents points de vue
quant aux méthodes de développement qui nous ont
été démontrées, non pas que je ne sois pas d'accord
avec les travaux pour en arriver à aménager d'autres
rivières. Je suis préoccupé par une partie de
l'exposé de M. Boyd où il nous a dit que, "pour réaliser
ce plan, Hydro-Québec devra de plus en plus recourir à
l'autofinancement, car les marchés de capitaux sont plus exigeants.
L'automne prochain, nous soumettrons au gouvernement une demande de hausse des
tarifs de l'électricité qui sera établie en fonction des
facteurs à court et à long terme."
Suivant ce que j'ai entendu, c'est que déjà, depuis que
l'actuel ministre est là et que l'actuel gouvernement est au pouvoir, il
y a eu des augmentations considérables de tarifs. Bien sûr, quoi
qu'on en dise, un fait demeure: l'acceptation des augmentations de tarifs
relève du gouvernement. On a dit, en réponse à d'autres
questions, que les augmentations prévues pourraient varier d'un minimum
à un maximum et que le minimum pourrait normalement être
l'équivalent du coût de l'inflation. J'ai retenu
qu'Hydro-Québec ce matin, par la voix de son président, nous a
mentionné son désir de dialoguer avec la population. J'en suis
très heureux. Seulement, quand on parle de la tarification, c'est le
gouvernement qui devrait dialoguer avec la population, parce que c'est le
gouvernement qui, en dernier ressort, doit accepter ou non la tarification
proposée. Jusqu'à présent, en tout cas, ce gouvernement,
celui auquel nous faisons face présentement, y est allé
allègrement d'augmentations des tarifs. Quand on nous parle
d'augmentations des tarifs futures, cela m'inquiète
énormément. On parle aussi du taux d'inflation. Or ce même
gouvernement qui acceptait des augmentations des tarifs peuvant être
selon le cas, de 9,7%, 8,5%, 17%, 13,8%, etc., ce même gouvernement,
dis-je, quand il s'agit d'indexer les barèmes d'aide sociale pour nos
défavorisés de la société, s'arrête, cette
année, à 9,9%, ce qui est en bas du taux d'inflation. M. le
Président, il faut penser à tout le monde là-dedans.
J'ai également retenu, dans la présentation qui nous a
été faite ce matin, la préoccupation sociale
d'Hydro-Québec. Je pense que c'est tout à son honneur. Mais je
retiens également que dans tous les projets qui sont
présentés ou qui seront présentés, il y a ce qu'on
a appelé la clause de "souplesse". Cette clause de "souplesse", à
un certain moment, fait dire que quant à l'électricité par
rapport à la consommation de gaz, par exemple, si - là il y a un
grand SI - la consommation de gaz devait croître à un rythme aussi
élevé que tous semblent le souhaiter, Hydro-Québec
s'empresserait de réviser sa prévision à la baisse. En
revanche, si le Québec avait à faire face à de
sérieuses difficultés d'approvisionnement en pétrole, elle
devrait hausser sa prévision. Je pense que du côté
d'Hydro-Québec, on ne peut pas en demander plus que cela. Elle est
assujettie au programme énergétique du gouvernement, à la
politique énergétique du gouvernement. Si on retrouve cela dans
les préoccupations des dirigeants d'Hydro-Québec, il me semble
que c'est parce qu'il y a, quelque part, des réponses qui ne sont pas
données, des réponses en provenance du gouvernement. Si ces
réponses étaient données, si le gouvernement les faisait
connaître d'une façon complète... Je pense qu'après
un mandat dépassé, il aurait dû avoir le temps de penser
à une politique énergétique, il aurait dû avoir le
temps de penser à une politique d'économie d'énergie, mais
on ne retrouve pas cela. On retrouve, par exemple, une préoccupation
dans les propos du président du conseil d'administration
d'Hydro-Québec, M.
Bourbeau. Il me semble que c'est logique qu'on la retrouve. Il nous dit:
Notre plan est flexible, et il a raison de le dire parce qu'il ne peut pas
faire autrement. C'est au gouvernement, à ce moment-ci, que nous devons
demander de faire connaître sa politique énergétique et de
la faire connaître d'une façon claire et précise de sorte
qu'Hydro-Québec ne soit pas obligée de faire des
prévisions avec différents scénarios qui pourraient
s'ajuster selon le bon plaisir du ministre ou du gouvernement, à
certaines dates fatidiques.
D'un autre côté, pour en revenir à la tarification -
encore une fois, c'est sur le dos du gouvernement que retombe ce fardeau de
l'augmentation des tarifs - quand on dit, d'une part, qu'à cause des
difficultés de financement, il faut avoir recours de plus en plus
à l'autofinancement, donc à l'augmentation des tarifs pour
financer des projets, et que, d'autre part, M. Bourbeau nous parle - je
l'écoutais attentivement - des $55,500,000,000 dans les plans
d'installation prévus entre 1981 et 1990, il s'agit d'une somme dont
l'ampleur est impressionnante. Il ajoutait, toutefois, que ces investissements
permettront la réalisation d'installations permanentes. Dans dix ans,
ces investissements seront devenus des barrages, des centrales, des postes de
transformation, des lignes de transport et de distribution, etc. Pour ne citer
que l'exemple de la centrale Beauharnois, l'argent investi pour sa construction
au début des années trente est toujours productif 50 ans plus
tard. Il en sera de même des $55,500,000,000 que nous nous proposons
d'investir." (16 h 15)
Là, d'une part, on découvre - je pense que c'est ce qu'il
y a dans le texte - que 50 ans plus tard ces investissements sont encore
productifs. Cela m'amène à poser la question suivante. J'imagine
que du côté d'Hydro-Québec, si on se prépare
à demander des
augmentations des tarifs, ce n'est sûrement pas pour le plaisir de
la chose. C'est parce qu'il y a des obligations à le faire. Cela
m'amène à demander ceci, M. le Président. Compte tenu du
fait, si on se rapporte à la centrale Beauharnois comme exemple, que 50
ans après c'est toujours productif, s'il y avait un moyen de financement
autre qu'une intervention du gouvernement à ce moment, est-ce
qu'Hydro-Québec pourrait renoncer à cette future demande
d'augmentation des tarifs qui semble en voie de préparation ou si c'est
figé dans le ciment et qu'il n'y a pas d'autres possibilités de
vous en sortir?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd; Le programme qu'on propose ou certains amendements de base qui
pourraient être faits, disons qu'il faut $55,000,000,000 pour rencontrer
la demande dont on vous parle. Cet argent, il faut le trouver de deux
façons: par l'autofinancement et par les emprunts. L'autofinancement, ce
sont les tarifs. Les emprunts, c'est limité à ce qu'on peut
obtenir sur les marchés. Hydro-Québec n'a pas d'autres moyens et
si elle veut remplir sa mission et atteindre les 45% du bilan
énergétique québécois, il faut qu'elle construise
les projets dont on vous parle et, ceux qu'on a choisis, ce sont les plus
économiques. Ou bien on remplit notre mission et pour la remplir il faut
obtenir l'argent nécessaire... Les deux sources d'argent
nécessaire, ce sont les emprunts et les revenus. On ne peut
éviter, lorsqu'on a atteint le niveau maximal des emprunts possibles, le
recours aux augmentations de tarifs.
Ce n'est peut-être pas une consolation absolue, mais c'est que
quand même l'électricité, malgré ces augmentations,
qui reste la forme d'énergie la moins dispendieuse. Ce n'est pas
Hydro-Québec qui fait l'économie du Canada, du Québec et
du monde. On est en période d'inflation et tout va de cette façon
dans le moment et nos projets doivent suivre. Les économies
d'énergie, nous y sommes à plein. On a discuté depuis un
an avec le gouvernement le mandat qui va nous être confié pour
faire une grande attaque, sur une période de sept ou huit ans pour
économiser l'énergie dans les résidences, toutes les
résidences du Québec. C'est un moyen, c'est un outil, mais, il va
rester quand même que la demande va être là pour de
l'énergie supplémentaire. Il y a deux sources de
comblées.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député.
M. Samson: Bien sûr, je comprends ce que vient de me dire
M. le président, mais du côté gouvernemental, parce que si
le gouvernement n'accepte pas l'augmentation des tarifs, il est sûr
qu'Hydro-Québec n'aura pas recours à cette formule de financement
dont M. le président vient de nous parler.
D'autre part, on a mentionné ce matin, en réponse à
des questions, qu'on est un peu dans l'expectative à savoir, si le prix
du pétrole augmente, si automatiquement, le prix du gaz suivrait et le
gaz deviendrait plus dispendieux que l'électricité alors
qu'actuellement, au point de vue de chauffage des maisons, si je comprends bien
- on me reprendra si je me trompe - le gaz naturel est présentement
moins dispendieux que l'électricité.
S'il y avait augmentation du prix du pétrole et que le prix du
gaz suivait cette augmentation, comme il semble que ça arriverait
à ce moment, le gaz deviendrait plus dispendieux que
l'électricité, donc non compétitif avec cette
dernière, ce qui évidemment permettrait une augmentation des
tarifs d'électricité plus facilement acceptable par la population
parce que, celle-ci, se voyant aux prises avec l'éventualité de
payer tel prix pour l'électricité, tel prix pour le gaz ou tel
prix pour l'huile à chauffage, opterait pour le moins dispendieux.
Mais ce n'est pas le cas présentement et je me demande
jusqu'à quel point le gouvernement actuel ne favoriserait pas
l'augmentation du prix du pétrole pour que le prix du gaz suive et
finalement justifier l'augmentation du prix de l'électricité par
ce moyen. On a souvent entendu le ministre actuel, faire part en Chambre, de
son désir de voir augmenter le coût du pétrole et rejoindre
le prix international au plus vite. Tout le monde va être d'accord avec
ça, tout le monde s'en souvient.
Cela m'amène à une autre question: Est-ce qu'on
préfère une pénétration plus abondante du gaz sur
notre territoire, pour économiser l'énergie électrique,
alors que M. le ministre vient de nous dire qu'il ne fallait pas trop penser
à de l'exportation parce qu'on n'en a pas autant que certains le
croient? Est-ce qu'on peut supposer que le gouvernement va favoriser cette
formule, de la pénétration du gaz sur le territoire pour
économiser l'énergie électrique, ou encore va-t-il la
favoriser pour que, une fois le gaz rendu sur le territoire, il favorise
l'augmentation du pétrole et en même temps l'augmentation du gaz
pour justifier l'augmentation des tarifs d'électricité, se voyant
dans une position où il n'y aurait pas pénurie
d'électricité et peut-être, par ricochet, s'en aller vers
l'exportation à ce moment?
Ce sont des questions qu'on se pose et que, je pense, on peut poser au
ministre plutôt qu'à Hydro-Québec, parce que la politique
énergétique relève du gouvernement.
Est-ce que le gouvernement - si le ministre veut bien répondre
à cette question - entend favoriser, par un moyen ou par un autre, par
des négociations, par des ententes, une plus grande
pénétration du gaz sur le territoire du Québec, pour ainsi
économiser nos énergies d'électricité?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: J'apprécie la prise de position
très ferme du député de Rouyn-Noranda en ce qui a trait
à la tarification de l'énergie en général. En
effet, il vient de se porter à la défense du consommateur et je
suis convaincu que c'est en conformité totale et intégrale avec
l'article 3.2 de son programme électoral, qui l'oblige à
défendre les intérêts du consommateur
québécois, lors des négociations sur le prix du
pétrole. Il va donc s'assurer que les prix sont bas.
Toutefois, à l'article 4.1, le même parti s'engage à
ne plus maintenir les prix artificiellement bas de l'énergie. C'est
assez facile parce que, une journée, il va défendre les
intérêts des consommateurs avec des prix bas et, le lendemain, il
s'engage à mettre fin aux prix artificiellement bas de
l'énergie.
Alors, évidemment, avec une telle cohérence interne du
programme libéral, il peut toujours demander quelle est la position du
gouvernement. Là-dessus, il y a un peu plus de cohérence, parce
que notre position a toujours été très claire, elle n'a
pas été celle caricaturée par l'Opposition. Elle a
toujours été qu'il nous fallait en venir à une
vérité des prix, que la proposition albertaine, par exemple, de
tendre vers 75%, 80% ou 85% du prix nord-américain sur une
période étendue sur quatre ou cinq ans nous paraissait
certainement digne d'être examinée. Il nous faut donc, je pense,
reconnaître que, dans le contexte énergétique actuel, on ne
peut pas camoufler les prix par le biais de subventions qui coûtent tout
aussi cher, qui n'apparaissent pas immédiatement dans le compte
énergétique, mais qui apparaissent au niveau des impôts.
Notre position a toujours été de tendre vers une certaine
vérité des prix et elle est connue depuis déjà
très longtemps. Elle a été défendue tant par M.
Joron que par moi-même. Là-dessus, il n'y a pas de changement.
Évidemment, c'est très différent de la position
libérale, parce qu'une jour les libéraux sont pour les bas prix,
le lendemain, pour les prix élevés et le surlendemain, pour
les... Cela dépend de l'interlocuteur qu'ils rencontrent. Ils ont une
position tout à fait aléatoire.
En ce qui a trait à l'énergie électrique, j'ai
soulevé une question, ce matin, dans mon exposé. Je pense qu'elle
mérite de faire l'objet d'une discussion. En effet, on peut s'interroger
si Hydro-Québec doit maintenir des taux d'autofinancement aussi
élevés que ceux qu'elle pourrait être appelée
à maintenir, par exemple de l'ordre de 50% avec le programme actuel. Je
pense que cette question devrait être vraiment discutée à
fond lorsque nous aurons une présentation sur le financement du
programme d'investissement et non pas maintenant.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, il
vous reste une minute.
M. Samson: Juste le temps, M. le Président, de dire au
ministre qu'il n'a pas tout à fait répondu à ma question.
Il aurait peut-être été mieux de s'en tenir à la
question posée. Il aurait peut-être pu en profiter pour nous dire
pourquoi il préconise l'augmentation du coût du pétrole. Il
aurait peut-être pu nous dire que c'est parce que son gouvernement va
chercher 20% de la taxe de vente au détail et que c'est donc très
payant pour son gouvernement. C'est peut-être une des raisons. Le
ministre aurait peut-être pu nous dire cela. Il a oublié de nous
dire que, chaque fois que le prix de l'essence augmente, cela fait son affaire.
Il va drôlement chercher sa portion. Mais il ne nous l'a pas dit.
D'un autre côté, il nous dit: L'autofinancement peut aller
jusqu'à 50%, c'est un peu discutable. Je l'entendais dire à un
poste de radio, en parlant d'une autre source d'énergie d'un autre
gouvernement, que l'autofinancement qui était suggéré par
le gouvernement canadien pour Petrocan était totalement inacceptable. Ce
qu'il touve inacceptable à Ottawa, il est en train de l'accepter
à Québec. C'est cela que je voulais faire ressortir, M. le
Président. Ce ministre n'en est pas à ses premières
contradictions, mais j'avais espérance qu'il se corrige vers la fin de
son mandat, parce que ce sont les derniers jours de son mandat. Mais que
voulez-vous, il y en a qui sont irrécupérables!
M. Bérubé: Heureusement, il n'a que douze
secondes.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député. Comme je n'ai plus d'intervenant du côté
droit de cette commission et que tous les autres ont utilisé leurs vingt
minutes, je remercie donc M. Bourbeau et M. Boyd, au nom des membres de cette
commission, d'avoir participé à cette partie de nos travaux.
Cependant, je sais très bien qu'ils pourront intervenir en cours de
route sur les autres sujets. Oui, M. le député de Duplessis.
M. Perron: Si on a éventuellement l'intention de poser des
questions à M. Boyd sur d'autres projets, y aura-t-il des
possibilités de le faire?
M. Fortier: C'est cela qu'il vient de dire.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd et M. Bourbeau sont
disponibles. Ils restent là. Mais comme ce sont d'autres qui vont faire
leur présentation, c'est après cela qu'on pourra leur poser des
questions.
Je voudrais maintenant me permettre, à titre de président,
de vous faire une suggestion que j'avais faite ce matin, parce que je pensais
qu'il pourrait y avoir un autre problème que celui que j'ai
déjà réglé. Il me semble que ce n'était pas
la logique des présentations qui étaient demandée ce
matin. J'en ai fait mention au ministre et au représentant qui est ma
gauche du Parti libéral. Nous pourrions, si les membres y consentent,
entendre les quatre exposés et revenir ensuite, mais sur chacun des
exposés, chacun aurait droit à vingt minutes. Je pense qu'on
reviendrait à la proposition initiale que j'avais faite ce matin. Cela
me libérerait de la décision que j'ai prise tout à l'heure
concernant surtout le deuxième groupe et cela vous permettrait de parler
vingt minutes sur chacun des sujets. Si vous me donnez ce consentement,
j'agirai en conséquence.
M. Bérubé: Consentement accordé. M.
Samson: Sur les quatre sujets?
Le Président (M. Jolivet): Cela veut dire que nous
reviendrions un par un sur chacun des sujets et que vous auriez vingt minutes
de questions sur chacun. Cela va? (16 h 30)
M. Samson: C'est l'esprit dans lequel on discutait
tantôt.
Le Président (M. Jolivet): C'est ce que j'avais
proposé ce matin aussi.
Donc, le premier exposé sera fait par le coordonnateur des
projets à la planification générale, M. Jacques Fontaine,
sur la prévision de la demande d'électricité. M. Fontaine,
la parole est à vous.
Prévision de la demande
d'électricité
M. Fontaine (Jacques): M. le Président, MM. les membres de
la commission, mesdames et messieurs, avant d'entrer dans la
présentation comme telle de la prévision de la demande
d'électricité d'Hydro-Québec, j'aimerais parler un peu de
la prévision comme concept.
La prévision, qu'est-ce que c'est? La prévision, c'est
l'évaluation de l'évolution future de phénomènes.
Dans notre cas, c'est la demande d'électricité de la
clientèle québécoise d'Hydro-Québec. Lorsqu'on
parle de prévision, je pense qu'il y a deux éléments qui
doivent ressortir. Un de ces éléments, c'est les méthodes
qu'on doit utiliser. L'autre élément, c'est l'attitude du
prévisionniste. Les méthodes sont inspirées des
mathématiques et de la science économique. On essaie aussi de
rassembler toute l'information disponible. On procède à des
sondages dans le grand public. On profite de l'information à la suite de
rencontres avec des représentants de la grande entreprise et ainsi de
suite. L'attitude, c'est d'essayer de découvrir l'avenir, d'être
neutre par rapport à l'avenir, de sorte que le résultat de la
prévision n'est pas un avenir souhaité ou souhaitable, mais un
avenir probable tel qu'on le perçoit actuellement. Ceci dit,
Hydro-Québec confronte et réconcilie un grand nombre de
méthodes de prévision et en arrive à la prévision
proprement dite.
On peut constater sur le graphique, qu'en 1965 la clientèle
d'Hydro-Québec à qui on devait fournir
l'électricité sur notre réseau, consommait 37,000,000,000
de kWh. En 1980, ce montant avait augmenté à 98,000,000,000 de
kWh pour un taux de croissance moyen de 6,7% par année. Notre
prévision est que de 98,000,000,000 de kWh en 1980, nous allons passer
à 134,000,000,000 de kWh en 1985, à 180,000,000,000 de kWh en
1990 et à 250,000,000,000 en 1996, tout cela pour un taux de croissance
moyen de 6%. On constats que 6%, c'est évidemment inférieur
à l'historique qu'on avait connu de 1965 à 1980 qui était
de 6,7%. Pourquoi est-ce inférieur? Il y a trois grands facteurs qui
l'expliquent: on a une évolution démographique ralentie; on a une
évolution de l'économie en général qui est plus
lente et on se situe aussi dans un contexte énergétique beaucoup
plus lent. Cette baisse arrive même si l'électricité va
occuper une part de plus en plus grande dans le bilan
énergétique. Je vais revenir sur chacun de ces facteurs plus en
détail maintenant.
Notre premier élément, c'est la croissance
démographique. On utilise à Hydro-Québec la
prévision établie par le Bureau de la statistique du
Québec. On a ici sur notre ligne rouge la population et le nombre de
ménages de l'année 1980. Sur l'échelle de gauche, nous
avons le nombre de personnes et sur l'échelle de droite, le nombre de
ménages. En 1980, nous sommes 6,300,000 personnes au Québec et
nos prévisions sont qu'on passera à 7,000,000 en 1996, ce qui
donne une croissance de 0,7% par année, ce qui est un ralentissement par
rapport à l'historique qui était de 1,1%. Cela nous donne quand
même 700,000 personnes de plus, ce qui, en moyenne, revient à
45,000 personnes de plus par année, ce qui
correspond approximativement à la population d'une ville de la
taille de Drummondville ou de Saint-Hyacinthe.
L'autre élément, c'est l'évolution du nombre de
ménages. Le ménage est ici pris comme une ou des personnes qui
occupent un logement. Donc, c'est une définition semblable à
celle d'un logement occupé. On voit que le nombre de ménages
passe de 2,070,000 en 1980 à 2,630,000 ménages en 1996, pour un
taux de croissance de 1,5%. La croissance du nombre de ménages est
environ le double de la croissance de la population comme telle, qui est de
0,7%. Cependant, le taux de 1,5% est inférieur à ce qu'on avait
dans l'historique, qui était plutôt de l'ordre de 3%.
Il faut dire aussi que les nouveaux ménages - en fait 560,000
ménages durant cette période - seront autant de nouveaux points
de consommation d'énergie: chauffage, eau chaude et l'ensemble des
appareils électroménagers.
Deuxième élément, la croissance du produit
intérieur brut. Sur notre tableau, nous montrons le niveau de 1980 qui
est de $60,800,000,000 en dollars de 1980. Et sur tout notre graphique, nous
demeurons en valeur réelle. Nous avons isolé deux facteurs de
croissance du produit intérieur brut: la productivité et le
nombre d'emplois.
Ces deux facteurs se combinent pour faire passer le produit
intérieur brut du Québec à $104,000,000,000 en 1996. Ici,
on a isolé l'élément productivité. En supposant
qu'on garde le même nombre d'emplois que nous avons en 1980, 2,670,000,
si le nombre d'emplois n'augmentait pas, avec l'effet de la croissance de la
productivité on arriverait, en 1996, à $79,200,000,000. Mais
cependant, nous prévoyons que nous aurons 880,000 nouveaux emplois
créés sur la période de l'horizon 1980-1996, ce qui nous
ramène environ à 55,000 nouveaux emplois par année.
Une autre façon de décrire l'effet du produit
intérieur brut, c'est de voir ce qui arrive au revenu personnel
disponible des ménages. Notre prévision suppose, en dollars de
1980 toujours, que le revenu personnel disponible par ménage passera de
$23,000 en 1980 à $31,000 en 1996, pour une croissance, en valeur
réelle, de l'ordre de 35%.
Le troisième volet - on en a parlé beaucoup aujourd'hui -
c'est la croissance de la consommation énergétique globale. Notre
graphique représente à la fois la croissance globale de
l'énergie et aussi la part occupée par chacune des formes
d'énergie. Sur la croissance globale de l'énergie, le rythme
prévu est de 2%, alors que le taux historique, de 1966 à 1979,
était de 3,1%.
Mais cependant, pour la période 1973 à 1978 - et on
pourrait même dire 1979 - la croissance n'a été que de 1%,
alors que dans la période antérieure à 1973, elle
était de l'ordre de 5,5%.
Nous prévoyons que la situation concurrentielle de
l'électricité et du gaz, ainsi que la disponibilité de ces
formes d'énergie, permettra à l'électricité de voir
sa part augmenter de 26% à 45%, celle du gaz passer de 6% à 12%.
Ces deux formes d'énergie progresseront aux dépens du
pétrole qui, lui, verra sa part diminuer de 66% à 41%.
On a aussi indiqué un autre secteur de consommation
d'énergie qui représente principalement du charbon. Nous savons
qu'à l'heure actuelle, il y a du bois qui est utilisé comme forme
d'énergie, mais nous n'avons pas de statistiques pour mesurer
l'utilisation du bois comme forme d'énergie. Et nous ne prévoyons
pas que d'autres formes d'énergie joueront un rôle important d'ici
à 1996.
Un autre point qu'on pourrait remarquer c'est que la croissance globale
de l'énergie, 2%, demeure quand même passablement
inférieure à la croissance du produit intérieur brut qui
est de 3,4%, alors que dans la période antérieure à 1996,
on avait une croissance du produit intérieur brut de 5% et une
croissance de la demande énergétique de 5,5%.
Pour reprendre tout cela, ce que nous avons comme prévision de la
demande d'électricité à Hydro-Québec, c'est un
ralentissement par rapport à la période de l'historique,
cependant, une croissance de la demande d'électricité plus rapide
que l'énergie, en général, ce qui nous permettra de voir
la part de l'électricité passer de 26% à 45%.
Je vous remercie, M. le Président, ainsi que les membres.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. Fontaine.
L'exposé, maitennant, du directeur adjoint à la planification, M.
Claude Dubé, sur le plan des installations d'Hydro-Québec. M.
Dubé, la parole est maintenant à vous.
Plan des installations d'Hydro-Québec
M. Dubé (Claude): Merci, M. le Président. Avant de
vous exposer les principaux éléments du plan des installations
que propose Hydro-Québec, je pense qu'il serait opportun de revoir
rapidement la démarche qui nous amène aujourd'hui à
proposer une stratégie qui vise un objectif très précis.
En effet, le plan des installations d'Hydro-Québec vise à
satisfaire, de la meilleure façon possible, la mission que le
législateur lui a confiée, à savoir: Répondre aux
besoins d'énergie électrique du Québec au coût le
plus bas possible, compte tenu des politiques énergétiques du
Québec et de l'impact sur l'environnement physique et humain
entraîné par la réalisation du plan.
Dans un deuxième temps, on définira les grandes lignes du
plan des installations,
tant pour ce qui est des équipements de production que des
équipements de transport qui seront requis pour rejoindre les principaux
centres de consommation. Ensuite, nous examinerons les ressources humaines et
financières qui seront nécessaires pour réaliser le plan
proposé. Finalement, nous examinerons les répercussions
économiques et financières qu'entraînerait un
ralentissement ou encore un devancement de ce plan. Au niveau de la
démarche, le premier facteur à considérer est, bien
sûr, la politique énergétique du Québec. Cette
politique aurait une influence sur, d'abord, la prévision de la demande
d'énergie électrique et sur les programmes d'étude qu'elle
aura amorcés.
Finalement, on retrouvera cette politique énergétique,
d'une façon concrète, dans le plan des installations
lui-même. Pour satisfaire cette prévision, Hydro-Québec
aura dû entreprendre de dix à quinze ans à l'avance des
études sur un éventail complet des projets, des projets
hydrauliques, des projets thermiques, des projets nucléaires, des
projets sur des équipements de pointe, suréquipement, turbines
à gaz, réserves pompées.
Troisièmement, en même temps qu'on mènera des
études technico-économiques sur ces projets, se
dérouleront des études d'environnement, de sorte qu'aucun projet
ne pourra se retrouver à l'intérieur du plan des installations si
les études ne nous ont pas donné, au préalable,
l'assurance qu'il est acceptable sur le plan de l'environnement physique ou
socialement acceptables.
Finalement, il s'agira d'agencer les projets étudiés de la
façon la plus rentable possible, de façon à
entraîner les augmentations de tarifs les plus bas pour les consommateurs
du Québec. Le plan ou les plans étant élaborés, il
faudra mesurer leurs impacts sur les ressources humaines et matérielles
nécessaires pour réaliser ce plan, ainsi que l'impact sur les
ressources financières. Si ces impacts devaient être trop grands,
il faudrait revoir le plan des installations en conséquence.
La demande qu'Hydro-Québec doit satisfaire a une
caractéristique propre. C'est une demande qui fluctue constamment,
d'heure en heure, de jour en jour, de saison en saison et c'est une demande qui
croît d'année en année. On a ici le profil de la demande,
telle qu'elle peut se manifester lors d'une journée typique
d'été. On voit que ça fluctue autour d'environ 60% de ce
que sera la demande maximale de la même année. (16 h 45)
Un peu plus haut, on a la fluctuation de la demande au cours d'une
journée typique d'hiver. Cette fluctuation tourne autour de 80% à
85% de la demande maximale d'une année. Bien sûr, au-dessus de
cela on a la fluctuation de la demande pour les journées d'appel
maximal. Pour satisfaire une demande qui varie autant que cela, il est
économique de faire appel à des équipements
spécialisés. Pour satisfaire la demande qui se manifeste sur une
base presque constante - et on la définit en ces termes -
c'est-à-dire la demande qui se manifeste entre 2000 heures par
année et 8760 heures par année, c'est-à-dire la
totalité de l'année, on a fait appel à des
équipements qu'on appelle de base; pour le reste, ce sont des
équipements de pointe.
Pour la tranche qui se situe entre 500 et 2000 heures, il sera souvent
économique de faire appel à du suréquipement hydraulique.
Pour la tranche qui se situe entre 75 et 500 heures, souvent ce sera une
réserve pompée qui sera la meilleure façon de satisfaire
cette demande. Enfin, pour satisfaire la fine pointe, c'est-à-dire la
demande qui se retrouve sur le réseau entre 0 et 75 heures, les turbines
à gaz sont la façon la plus facile ou la plus économique
de satisfaire cette demande.
On a ici un schéma du complexe Manicouagan. Au centre, le
barrage. Et en rive gauche, la centrale existante, la centrale qu'on
définit comme étant essentiellement un équipement de base,
c'est-à-dire que cette centrale contient des groupes turbo-alternateurs
qui ont la capacité de turbinage suffisante pour turbiner toute l'eau
que la rivière nous amène durant une année. Exprimé
autrement, compte tenu du temps nécessaire pour l'entretien, les groupes
de la centrale existante fonctionnent à plein régime pendant
toute l'année. Donc, ce n'est pas une centrale qui peut s'adapter
à une demande qui fluctue.
En rive droite, on a ici le projet de suréquipement. On ajoute
une autre centrale, d'autres groupes, de sorte que l'ensemble des deux
centrales pourra, lorsque la demande se fera sentir, turbiner plus d'eau,
quitte à ce que l'ensemble réduise sa production lorsque la
demande est plus faible sur le réseau. L'ensemble de ce complexe ne
produira certainement pas plus d'énergie. On ne pourra turbiner que
l'eau amenée par la rivière; seulement on pourra produire cette
énergie à des moments plus opportuns. Essentiellement, un projet
de suréquipement est une façon d'adapter un équipement de
base à une demande qui fluctue.
On a ici un schéma du projet de centrale à réserve
pompée Delaney. Un équipement de pompage est essentiellement un
équipement de stockage. On a ici un réservoir inférieur
qui aura été rempli initialement par les apports naturels d'une
petite rivière, un réservoir supérieur et des groupes
turbo-alternateurs qui peuvent aussi servir de turbines-pompes.
En période de faible demande, l'ensemble des équipements
de base a une capacité de production suffisante pour
alimenter les groupes qui servent, à ce moment, de
turbines-pompes qui pourront pomper dans un réservoir supérieur
l'eau qui était déjà accumulée dans le
réservoir inférieur.
En période de forte demande, cette même eau sera
turbinée et restituée sous forme d'énergie
électrique au réseau. Une centrale de pompage, encore une fois,
c'est un équipement de stockage qui sert à adapter l'ensemble des
équipements de base à une demande qui fluctue dans le temps.
Ici, on a une maquette d'une centrale contenant un grand nombre de
groupes de turbines à gaz. Chacun de ces cubes contient un moteur
à réaction entraînant un groupe alternateur. Cet ensemble
est alimenté au kérosène. Les turbines à gaz ont
comme avantage principal de demander des investissements relativement
légers, à peu près quatre fois moins élevés
que les équipements de base. Par contre, leurs frais d'exploitation sont
très élevés étant donné le coût du
kérosène. C'est la raison pour laquelle on dédie cette
production à la fine pointe et qu'il ne serait pas économique de
faire fonctionner de tels équipements au-delà de 75 heures par
année, par exemple.
Encore une fois, un rappel de la demande qu'Hydro-Québec doit
satisfaire, mais exprimé, cette fois-ci, en termes de puissance maximale
pour chacune des années. En 1980, on vient de vivre une pointe qui s'est
située autour de 20,000 MW. En 1985, la demande maximale se situera
autour de 26,000 MW, en 1990, 35,000 MW et, finalement, en 1995, selon nos
prévisions, cette demande devrait se situer autour de 45,000 MW.
Passons maintenant à l'essentiel du plan des installations que
propose Hydro-Québec. Le parc existant a une capacité de
production d'environ 15,000 MW et il faut ajouter, bien sûr, à
cette capacité de production nos achats à long terme, comme les
achats de Churchill Falls qui tournent autour de 5000 MW. Nous proposons
aujourd'hui de maintenir le rythme de réalisation du complexe La Grande,
phase I, qui serait terminé en 1985. Notre première centrale
nucléaire Gentilly 2 serait mise en service commercial en 1983. Durant
la période 1985-1989, tout ce qu'Hydro-Québec aura à
construire, ce sont essentiellement des équipements de pointe. Manic 5,
puissance additionnelle, la centrale à réserve pompée
Delaney et des turbines à gaz. En 1989, il faudra reprendre la
construction de grands complexes: Grande Baleine et la phase II du complexe La
Grande. Finalement, au début des années quatre-vingt-dix, les
complexes NBR et La Romaine.
Pour acheminer la production de cette énergie vers les grands
centres de consommation, il faut, bien sûr, un réseau de transport
assez élaboré. On a ici le réseau de transport tel qu'on
le verra en 1990. D'abord, le réseau qui relie Churchill Falls et
Manic-Outardes aux centres de consommation de Montréal et Québec:
trois circuits entre Churchill Falls et Manic-Outardes et cinq circuits entre
Manic-Outardes et Montréal pour transporter l'ensemble des 10,000 MW de
cette région. De la même façon on trouve, à des
étapes diverses de réalisation, le réseau de transport qui
servira à transporter l'énergie du complexe La Grande vers
Montréal et Québec. À l'heure actuelle, deux circuits sont
déjà en service commercial et trois autres circuits devront venir
s'ajouter d'ici 1985 pour, encore une fois, cinq circuits capables de
transporter 10,000 MW de La Grande vers les centres de consommation.
À part ce réseau de transport, la seule autre ligne
qu'Hydro-Québec sera appelée à construire d'ici 1990 sera
un sixième circuit qui reliera la centrale de Grande Baleine, GB 1, aux
centres de consommation Québec et Montréal. Aussi, une ligne 735
kV viendra alimenter les principaux centres de consommation de la rive sud,
c'est-à-dire la Beauce, Sherbrooke et la région de Granby et
Saint-Hyacinthe.
Entre 1990 et 1995, il faudra probablement construire trois autres
circuits entre NBR et les centres de consommation. De la même
façon, une ligne à 735 kV sera requise pour relier la
première centrale importante de la Basse-Côte-Nord, La Romaine, au
réseau principal. Rien au sujet de ces trois circuits n'est
arrêté à l'heure actuelle. C'est durant les années
quatre-vingt que les études auront lieu, que seront arrêtés
les détails des tracés et que sera proposée la
réalisation de ces circuits.
Un coup d'oeil maintenant à la main-d'oeuvre qui sera
affectée à la réalisation de ce plan. On voit ici que,
pour les années 1981 à 1985, on devra avoir recours à peu
près à 15,000 années-personnes durant cette
période, avec une relative stabilité et une reprise importante
à partir de 1990. Les études que nous avons menées nous
ont donné une certaine assurance que la main-d'oeuvre
québécoise serait suffisante pour les besoins
d'Hydro-Québec, que ce soit pour la réalisation de travaux
près des centres de consommation ou que ce soit d'une main-d'oeuvre
affectée aux chantiers éloignés.
Pour réaliser ce plan, nous devrons faire appel à des
investissements considérables, on en a parlé souvent jusqu'ici,
$55,000,000,000 pour les dix prochaines années. Cependant, pour les cinq
premières années du plan, de 1981 à 1985, les
investissements requis sont à peu près stables, soit autour de
$3,000,000,000 par année. Ceci s'explique parce qu'on sera en train de
construire durant cette période les équipements qui seront mis en
service dans la période 1985-1990, des équipements de
pointe qui demandent des investissements plus légers que des
équipements de base. Par contre, à partir de 1985, il y aura une
hausse rapide du rythme d'augmentation des investisssements annuels. Durant
cette période, on sera en train de construire des équipements qui
seront mis en service au-delà de 1990, à de grands complexes
comme NBR ou Grande-Baleine.
Le plan proposé dégage certains surplus. On a ici
l'échelle de la demande exprimée en énergie et qui
évolue d'année en année. Par-dessus, on a la
capacité de production du parc d'équipements
d'Hydro-Québec. Sur la période 1981 à 1988, le parc de
production d'Hydro-Québec sera en mesure de produire 130,000,000,000 de
kilowattheures de plus que la demande prévue. Ces surplus pourraient
être affectés à l'exportation d'énergie vers les
réseaux voisins, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Angleterre
et, bien sûr, New York.
Nous avons élaboré un premier scénario où
nous avons voulu mesurer les effets de ralentir le plan proposé de
façon à éliminer une bonne partie de ces surplus, ce
faisant, voulant coller le plus fidèlement possible a la mission
d'Hydro-Québec. Ralentir le plan veut dire, dans l'hypothèse
examinée, ralentir la réalisation de LG 3 de six mois et ralentir
la réalisation de LG 4 et du réservoir Caniapiscau de deux ans.
En faisant cela, on réduit nos surplus de toute la partie orangée
et les 130 térawattheures deviennent 72 térawattheures.
Examinons maintenant les répercussions économiques et
financières d'un tel ralentissement du plan. D'abord, l'impact financier
à court terme. Bien sûr, pour les deux premières
années, les investissements requis seraient un peu plus faibles: quelque
$600,000,000 pour les deux premières années. Cependant, pour
toute la période 1981-1988, les investissements requis seraient
supérieurs au total de $1,300,000,000. Cette augmentation est
essentiellement due aux coûts de fermeture et de réouverture des
chantiers éloignés. Exprimés en dollars d'aujourd'hui,
ralentir le plan coûterait à Hydro-Québec $350,000,000. De
plus, la réduction des surplus viendrait, bien sûr, réduire
d'autant les exportations vers les réseaux voisins et réduire
dans la même proportion les revenus que ces exportations auraient pu
apporter à Hydro-Québec soit $600,000,000, toujours
exprimés en dollars d'aujourd'hui. Au total, ralentir le plan
coûterait à Hydro-Québec $950,000,000.
Nous avons examiné une autre possibilité et on en a
parlé abondamment: celle de devancer une partie du plan des
installations pour dégager davantage de surplus pour fins d'exportation.
Dans ce scénario, nous avons avancé d'à peu près
deux ans toute la réalisation de la phase II du complexe La Grande et
nous avons devancé d'un an la réalisation du complexe Grande
Baleine. En faisant cela, nous avons ajouté aux 130
térawattheures de surplus qu'on avait un nombre de 44
térawattheures supplémentaire, pour un total de 174
térawattheures.
Cependant, il y a deux facteurs principaux sur lesquels
Hydro-Québec n'a aucun contrôle qui peuvent faire varier de
façon importante ces surplus. Le premier, bien sûr, c'est
l'hydraulicité, c'est-à-dire les précipitations. On a ici
la capacité de production du parc d'équipement
d'Hydro-Québec si la précipitation était moyenne. En
pratique, elle n'est jamais moyenne. Elle peut se promener de plus ou moins 10%
par année. Un autre facteur sur lequel on n'a pas de contrôle,
c'est la demande. Effectivement, même si on croit que la demande qu'on
vous a proposée tantôt est la plus probable, la
réalité pourra être un peu différente. Nous avons
examiné des scénarios où cette demande pouvait
croître à un rythme de 1% supérieur à celle qu'on a
prévue ou encore de 1% inférieur, de sorte que les surplus
combinés de l'effet d'une hydraulicité qui varie dans le temps et
d'une demande qui peut se situer en dehors de la prévision peuvent
varier beaucoup.
Nous avons examiné dix programmes différents en faisant
varier chacun de ces paramètres. De fait, les surplus peuvent passer
d'une moyenne de 174 térawattheures à un minimum de 39 et
à un maximum de 309; l'écart est considérable. Cela veut
dire que les revenus que pourrait nous apporter l'exportation de ces
énergies excédentaires peuvent aussi varier
considérablement.
Nous avons aussi considéré, bien sûr, nos
capacités d'exportation actuelles, mais aussi tous les projets qui sont
à l'étude, que ce soit avec New York, que ce soit avec le
Nouveau-Brunswick, que ce soit avec la Nouvelle-Angleterre.
Devancer le plan des installations, on l'a mentionné
tantôt, entraînerait des investissements supplémentaires de
$4,500,000,000 sur la période 1981-1988. Une partie de ces
investissements serait compensée, bien sûr, par des
investissements plus légers en fin de période. Mais au total,
exprimé encore une fois en dollars d'aujourd'hui, devancer le programme
coûterait à Hydro-Québec $580,000,000. Les revenus
supplémentaires entraînés par le devancement de programme
se situeront à l'intérieur des deux extrêmes qu'on a
mentionnés ici. Dans le cas le plus défavorable, les revenus
supplémentaires seraient de $300,000,000 et dans le cas le plus
favorable de $1,200,000,000, de sorte que devancer le plan des installations
pourrait apporter à Hydro-Québec un profit net de $620,000,000 ou
un déficit de $280,000,000. Cependant, il faudrait toujours tenir compte
que générer ces investissements
supplémentaires ne serait pas chose facile. Il faudrait, bien
sûr, augmenter autant que possible et si possible nos emprunts sur les
marchés étrangers et/ou générer ces investissements
par des augmentations de tarifs qu'on demanderait aux consommateurs
québécois.
En conclusion, je pense qu'il serait utile de rappeler que le plan des
installations d'Hydro-Québec est un plan dynamique, c'est-à-dire
que ce plan est périodiquement révisé en fonction de
l'évolution des principaux contextes qui viennent l'influencer. En
effet, on le dit et on le répète, si l'évolution de la
demande devait s'écarter de la prévision, le plan des
installations serait, bien sûr, réajusté en
conséquence. De la même façon, si un des principaux
facteurs déterminants devait être modifié, comme par
exemple la politique énergétique du Québec, le plan des
installations serait aussi réévalué.
Finalement, si le processus de consultation que nous élaborons
actuellement nous amenait à considérer des modifications
importantes au plan proposé, il faudrait, bien sûr, mesurer
l'effet de ces modifications sur les facteurs déterminants qui doivent
présider à l'élaboration du plan, comme le critère
de rentabilité, par exemple.
J'espère que cet exposé a pu éclaircir comment
Hydro-Québec en est arrivée à élaborer le plan que
nous proposons aujourd'hui. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. Dubé.
Maintenant, l'exposé du président directeur-général
de la Société d'énergie de la Baie James, M. Claude
Laliberté, sur La Grande, phase II, ainsi, m'a-t-on dit, que le bilan de
la Baie James. M. Laliberté, la parole est à vous.
Rôle de la SEBJ
M. Laliberté (Claude): M. le Président, on vient de
vous expliquer le cheminement suivi pour élaborer le plan des
installations. On vous a également fourni les éléments
principaux du programme d'équipement tel qu'envisagé.
J'exposerai, pour ma part, le rôle que la SEBJ est appelée
à exercer dans le cadre de ce programme. Comme vous venez de l'indiquer,
je ne me limiterai pas au complexe de La Grande, phase II, mais couvrirai
également tous les mandats qui sont sous la juridiction de la
société d'énergie. Une précision, au départ:
la SEBJ est gérante des travaux. Elle le fait pour et au nom
d'Hydro-Québec. Je reviendrai plus tard sur les modalités
opérationnelles qu'entend suivre la société
d'énergie pour réaliser ces mandats. La part de la SEBJ, comme on
a pu le constater à la lecture du document, est assez importante dans
les financements à faire d'ici l'année 1990: de fait,
$27,000,000,000 ou 52% du programme envisagé. La société a
la responsabilité de la réalisation d'une grande partie des
équipements de production, les lignes de transport 735 kV demeurant sous
la responsabilité directe des gestionnaires d'Hydro-Québec.
Les quatre mandats actuels de la société sont
évidemment le parachèvement du complexe La Grande, phase I, le
complexe La Grande, phase II, situé à l'intérieur des
limites hydrographiques du complexe La Grande lui-même; le complexe
Grande Baleine, situé au nord et, finalement, le complexe NBR, dans la
partie sud du territoire de la Baie James.
La phase I aura constitué, pour la société, un
mandat unique pendant plusieurs années. Ce fut un défi de taille
parce que le complexe La Grande était l'un des plus grands complexes
hydroélectriques à construire dans un territoire immense et
dépourvu d'infrastructures.
Au point de vue infrastructure, qu'il suffise de mentionner la route
Matagami-LG 2, la série de campements, d'aéroports et de villages
qu'il nous a fallu construire; et tout cela pour une capacité, à
la pointe, de 17,000 personnes.
Au niveau des travaux également, trois centrales, deux
détournements, c'est-à-dire ceux de Eastmain et de Caniapiscau,
les réservoirs, barrages et digues, tout ça dans le but d'avoir
une production annuelle garantie de 62,000,000,000 de kilowattheures, ce qui
équivaut à peu près à 85% de la capacité de
production d'Hydro-Québec en 1980.
M. le Président, moins de dix ans plus tard, je pense qu'on
constate aujourd'hui que le défi a été relevé.
À LG 2 on a déjà généré quelque
12,200,000,000 de kilowattheures, c'est-à-dire 10% de nos besoins ici au
Québec en 1980. Onze groupes sur seize sont présentement en
service, les cinq autres le seront d'ici septembre.
LG 3: La mise en eau du réservoir est prévue dans quelques
semaines, trois groupes sur douze sont présentement en voie de montage,
une première mise en service est prévue pour la fin de 1982.
LG 4: Moins de travaux, cependant des engagements qui atteignent
déjà 80%.
À EOL, le détournement est complété sur les
trois rivières qui sont impliquées et le tout alimente la
centrale de LG 2.
À Caniapiscau, tout comme à LG 3, on prévoit une
mise en eau pour la fin du mois d'août 1981.
Ce tour d'horizon vous montre, d'une façon très
limitée, que deux des chantiers, c'est-à-dire EOL et LG 2, sont,
à toutes fins utiles, complétés; les trois autres sont
engagés à presque cent pour cent.
Pour récapituler, dans l'ensemble, jusqu'à maintenant, les
coûts sont de $7,100,000,000, les engagements de
$9,100,000,000, pour la prévision globale, que l'on connaît
tous, de $11,300,000,000. C'est donc dire que, en ce qui a trait à la
phase I comme telle, mandat SEBJ, l'avancement est à 63% pour des
engagements de 81%. Si on ajoute a la prévision globale des projets au
site de $11,300,000,000 - ce qu'on a annoncé en commission parlementaire
en 1978 - pour les RTBJ de $3,700,000,000, l'on retrouve le chiffre de
$15,129,000,000.
Une nouvelle prévision globale des coûts est en voie de
préparation. Si les tendances observées depuis deux ans se
poursuivent, je pense qu'il y a tout lieu d'espérer que les coûts
seront moindres que le coût qui est prévu ici.
Les mandats en préparation: Même si la phase I demeure en
quelque sorte la préoccupation majeure de la société, la
préparation des trois autres mandats se poursuit. La production
combinée des trois complexes est d'environ 77,000,000,000 de
kilowattheures.
Fait important à noter, les trois complexes dont on parlera
représentent l'élément central du plan des installations
car ils sont responsables, pour la presque totalité, de la production
énergétique additionnelle requise d'ici 1996.
Commençant par le complexe La Grande, phase II - je pense qu'on
en parle avec certains détails depuis assez de temps
-l'aménagement lui-même est composé de cinq centrales, dont
la plus importante est LG 1, cette centrale qu'on a exclue du complexe La
Grande, en 1978, pour l'inclure finalement dans le complexe La Grande, phase
II, c'est sur la rivière La Grande, en aval de la centrale LG 2. Il y a
les centrales LA 1 et LA 2, qui sont situées sur la rivière
Laforge, en amont de la centrale LG 4, sur le détournement des eaux de
la rivière Canapiscau, et finalement Brisay, à l'exutoire
même du réservoir Canapiscau; une cinquième centrale, EM 1,
en amont du détournement Eastmain, Opinaca, La Grande. On indique ici
une centrale EM 2, qui ne fait pas partie du programme qui vous est
suggéré aujourd'hui. (17 h 15)
Du côté des infrastructures, il y a très peu de
travaux. On s'attend à utiliser au maximum l'infrastructure en
place.
L'état d'avancement des travaux: on travaille sur les rapports
d'impact qui doivent être soumis pour approbation incessamment.
L'échéancier: II est toujours bon de savoir à quel
moment on entreprendra les travaux de construction.
Les infrastructures: dès l'an prochain, en 1982.
Du côté des ouvrages permanents, ce ne sera qu'en 1983, le
tout, comme le programme le détermine, pour des mises en service qui
sont réparties entre 1989 et 1993.
Pour le complexe Grande Baleine situé au nord du complexe La
Grande, l'aménagement comprend trois centrales situées sur la
rivière Grande Baleine elle-même, et un détournement, le
détournement de la petite rivière de la Baleine.
La production prévue est de 15,000,000,000 kWh, ce qui est
environ le quart de ce que devrait produire la phase I.
Du côté des infrastructures, l'élément le
plus important, c'est le prolongement de la route Matagami-LG 2,
évidemment jusqu'à la centrale GB 1, située sur la Baie
d'Hudson elle-même, des aéroports, des campements, des villages,
tout comme on en trouve sur la phase I.
Le degré d'avancement: Des études d'avant-projet ont
été réalisées par les gestionnaires
d'Hydro-Québec. Il y a un groupe de travail qui oeuvre
présentement à la préparation des rapports d'impact qui
seront également soumis pour approbation au service impliqué du
gouvernement provincial.
L'échéancier. Le début des travaux du
côté des infrastructures, en 1982; l'ouvrage permanent, en 1985,
pour une première mise en service en 1990.
Le complexe NBR, le plus important des trois: une production
équivalant à 70% de ce que produira la phase 1, soit
44,000,000,000 kWh.
L'aménagement: Nous venons tout juste d'obtenir l'approbation du
conseil d'administration pour l'implantation des centrales sur la
rivière Broadback dont le débit sera grossi par les eaux des
rivières Nottaway et Rupert. On y ajoutera les cinq réservoirs
requis, les évacuateurs de crues, ouvrages de contrôle.
L'infrastructure: 500 kilomètres de route en sus de tous les
kilomètres de route qu'il y aura déjà sur le territoire
à ce moment-là.
Le degré d'avancement: à peu près identique
à celui du complexe La Grande, phase II. On finit le rapport
d'impact.
L'échéancier: C'est peut-être plus important pour
les gens de la région. Les infrastructures: en 1984; l'ouvrage
permanent, en 1987 et les mises en service réparties, comme vient de
l'indiquer M. Dubé, entre 1992 et 1998.
Pour se permettre une légère récapitulation de ces
dates de début des travaux - très sommairement - les deux
premiers complexes à être touchés seront La Grande, phase
II et Grande Baleine, du côté des infrastructures, en 1982; du
côté de l'ouvrage permanent, cela débutera en 1983 sur La
Grande, phase II et se poursuivre par la suite avec les infrastructures sur le
complexe NBR.
C'est donc dire qu'en 1984-1985 la SEBJ sera impliquée sur les
quatre complexes, y inclus le parachèvement de la
phase I.
Quel sera le mode de fonctionnement qui permettra à la
société de réaliser un tel programme? La
société, comme on le sait tous, a été
créée, à l'origine, pour réaliser un mandat unique,
c'est-à-dire la phase I. Maintenant, elle a la responsabilité de
plusieurs projets à la fois.
Il nous a donc fallu procéder, ces deux dernières
années, à une modification profonde de la structure, toujours
selon les deux objectifs suivants: conserver l'expérience acquise - on
en a quand même dix derrière nous - et s'appuyer autant que
possible sur une structure mobile et dynamique.
La formule adoptée a entraîné la division de toutes
les activités de la société en deux grandes entités
qu'on qualifie, d'une part, de gérance générale et,
d'autre part, de direction de projets.
La gérance générale assure en soi la
continuité en voyant à la planification des nouveaux projets et
à la normalisation de l'ingénierie et des méthodes de
gestion et d'administration. Elle regroupe également tous les services
communs. On n'a qu'à penser aux éléments de
comptabilité et de transport.
Quant à la direction de projets, c'est au moment où un
avant-projet arrive à l'état de projet qu'on envisage de former
une équipe de projet qui sera autant pluridisciplinaire qu'elle peut
l'être et aussi autonome en même temps. C'est à cette
équipe de projet qu'on confiera les principales activités
associées à l'administration des contrats et commandes
reliées à la réalisation de ces contrats. C'est
également dans ces équipes de projet qu'on s'attend à
concentrer le personnel des firmes extérieures qui doivent participer
avec la société aux activités de gérance. Je donne
comme exemple le cas de Grande Baleine. Nous envisageons dès 1981 de
procéder à un choix d'une firme extérieure. La
sélection sera faite par appel d'offres public.
La SEBJ étant une société de gérance
n'exécute pas par elle-même ses travaux. Elle les confie
majoritairement à l'entreprise privée ou au besoin à
Hydro-Québec comme entrepreneur comme ce fut le cas à LG 3. Donc,
elle se réserve le rôle pur de gérant. À cette fin,
elle a développé ses propres méthodes de planification et
de contrôle des coûts et des échéances. Elle doit
donc en arriver à la meilleure utilisation des ressources et surtout
comme société d'État des ressources purement
québécoises. La SEBJ n'entend pas déroger des pratiques
qu'elle a suivies jusqu'à maintenant. C'est donc dire que la conception
- c'est-à-dire côté ingénierie principalement - sera
faite majoritairement par des firmes d'ingénieurs-conseils.
Côté construction, entrepreneurs, on utilisera ces
entrepreneurs dont le siège social et la principale place d'affaires
sont situés au Québec. Le résultat de tout cela sera
probablement identique à celui de la phase 1, c'est-à-dire que
99% des travailleurs viennent du Québec. Côté fabrication,
les politiques préférentielles d'achats d'Hydro-Québec et
de la SEBJ continueront à s'appliquer.
En conclusion, M. le Président, en tant que gérant des
grands travaux, la SEBJ aura une grande responsabilité dans la
réalisation de ce programme. Je vous assure qu'elle est prête
à s'acquitter de ses rôles multiples parce qu'elle s'est
dotée d'une structure qui permet de mener plus d'un mandat à la
fois et qu'elle dispose, finalement, d'une expérience merveilleuse qui a
été acquise ces dix dernières années. Je vous
remercie.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. Laliberté.
Maintenant, l'exposé du trésorier d'Hydro-Québec, M.
Georges Lafond, sur le financement du plan des installations. La parole est
maintenant à vous.
Financement du plan des installations
M. Lafond (Georges): M. le Président, tel
qu'indiqué précédemment, une des fonctions fondamentales
de gestion à Hydro-Québec consiste d'abord dans l'identification
des besoins en électricité et dans la planification de leur
satisfaction. Cette planification implique, entre autres opérations,
premièrement, une projection régulièrement mise à
jour de la demande d'électricité et cela, sur un horizon de
quinze ans; deuxièmement, parmi les diverses possibilités
offertes au Québec, le choix le plus économique et le plus
rentable possible des installations à construire pour satisfaire cette
demande et ceci, sur un horizon de dix ans; troisièmement, compte tenu
des aléas auxquels elle est soumise et du nombre d'hypothèses qui
la sous-tendent, une projection de la situation financière
d'Hydro-Québec qui se limite habituellement à un horizon de cinq
ans; quatrièmement et finalement, pour autant que l'équipe de la
trésorerie est concernée, un ou plusieurs scénarios
d'emprunt limités à un horizon de douze mois. Ce ou ces
scénarios, M. le Président, doivent être
régulièrement révisés soit à la suite de la
réalisation d'une opération d'emprunt ou à cause du
comportement des marchés financiers. Â ce niveau, la planification
requiert beaucoup de souplesse, de flexibilité et de capacité
d'adaptation.
M. le Président, cette commission parlementaire a principalement
pour objet de faire l'étude critique de la projection de la demande et
du plan des installations d'Hydro-Québec, soit les deux premières
étapes de la planification.
Par ailleurs, il s'avère désirable de
faire un peu de lumière et de lever le voile sur les
étapes subséquentes de la planification, en présentant
différentes esquisses de projection financière qui ne sauraient
malheureusement pas être définitives et raffinées tant que
les résultats de l'année 1980 ne seront définitivement
arrêtés, tant que le plan d'équipement n'aura pas
été autorisé dans sa forme définitive et surtout
avant que nous ayons une meilleure perception de l'évolution des
marchés financiers et des taux d'intérêts. Dans cet
environnement hasardeux, l'objet de cette présentation sera de situer le
plan des installations des années 1981-1990 dans la perspective des
années antérieures et de tenter d'en visualiser le financement
dans la problématique des années à venir. En d'autres
mots, d'où vient-on et quel est le chemin à parcourir?
Deux remarques préliminaires, s'imposent, je crois, M. le
Président. Il importe de souligner le degré d'autonomie
varié dont dispose Hydro-Québec dans la réalisation de son
plan d'installations par rapport au degré d'autonomie dont elle dispose
dans la réalisation de ses programmes d'emprunt. Par exemple, lorsqu'il
a été décidé de retarder la construction de la
centrale de LG 1, parce qu'il était possible de suréquiper les
centrales de LG 3 et de LG 4, les facteurs qui influaient et qui ont permis de
prendre cette décision étaient, à 90%, sous le
contrôle d'Hydro-Québec.
Par ailleurs, quand il s'est agi, sur le plan financier, en 1976, de
faire le plus gros devancement de programme de financement qu'il nous ait
été possible de faire, soit un placement privé de
$1,000,000,000 aux États-Unis, le plus gros placement privé
effectué jusqu'à maintenant par un emprunteur étranger,
ceci n'a été possible que parce que trois ou quatre conditions
bien particulières existaient en même temps et Hydro-Québec
n'avait aucun contrôle sur la coexistence de ces facteurs favorables.
La deuxième remarque préliminaire que je voudrais faire,
M. le Président, a pour but tout simplement de permettre de visualiser
en gros l'évolution d'Hydro-Québec au cours de la dernière
décennie, sur une base quinquennale, et de la projeter aussi sur une
base quinquennale pour les dix prochaines années.
Je me permettrai à cette fin d'utiliser le tableau et d'indiquer
la moyenne annuelle, en millions de dollars, des investissements, d'une part,
et des emprunts, d'autre part. Pour la période 1971-1975, les
investissements, annuellement, se sont élevés en moyenne à
$624,000,000; les emprunts à $582,000,000. Pour la période
1976-1980, les investissements annuels moyens se sont élevés
à $2,300,000,000 et les emprunts à $1,658,000,000. Pour la
période 1981-1985, les investissements s'élèveront, en
moyenne, à $3,100,000,000 par rapport aux emprunts prévus qui
seraient de l'ordre, avec plusieurs hypothèses, de $2,100,000,000
à $2,200,000,000? (17 h 30)
Pour la dernière période de cinq ans, 1986-1990, couverte
par le plan des installations, on anticipe des investissements annuels moyens
de $8,000,000,000 par rapport à une indication qui n'est qu'une
projection, M. le Président, avec beaucoup de réserves,
d'emprunts annuels qui pourraient être supérieurs à
$3,000,000,000 par année.
À ce stade-ci, j'aimerais réviser avec vous
brièvement le tableau qui vient de vous être distribué et
qui a pour but d'illustrer de quelle façon Hydro-Québec s'est
comportée pour financer, d'une part, ses investissements et ses emprunts
au cours de la dernière décennie. Ce tableau montre
horizontalement d'abord, de 1971 à 1980, les montants annuels des
investissements et, deuxièmement, de 1971 à 1980, les emprunts
sur une base annuelle.
Au bas du tableau, nous avons indiqué la provenance des emprunts
exprimée en termes de pourcentage. Si on découpe le tableau
verticalement en deux pour le suivre sur une base quinquennale, on peut
remarquer facilement que les marchés conventionnels ont satisfait aux
besoins d'Hydro-Québec de 1971 à 1975. Par marchés
conventionnels, M. le Président, nous entendons ici, d'une part, les
marchés canadiens, américains, de l'eurodollar et les
marchés européens sur lesquels nous avons eu une présence
régulière et constante.
Bien malin, M. le Président, eut été le
trésorier qui aurait pu, au mois de février 1971, prédire
avec certitude qu'en 1974, 35% des besoins d'emprunts auraient pu être
satisfaits avec des fonds en provenance du Moyen-Orient. Bien malin, M. le
Président, aurait été le trésorier qui aurait pu
prévoir qu'en 1976, 61% des besoins d'Hydro-Québec auraient
été satisfaits par un placement privé de $1,000,000,000,
comme je disais tantôt, qui dépassait, à ce
moment-là, tous les emprunts réalisés par des Canadiens ou
des étrangers antérieurement. En 1969, l'emprunt le plus
élevé avait été de $500,000,000 pour le financement
du projet de Churchill Falls.
M. le Président, il eut été aussi difficile pour un
trésorier en 1971, d'anticiper qu'en 1978, Hydro-Québec aurait
établi sa présence sur le marché des banques
internationales, à savoir le marché des consortiums bancaires,
pour obtenir 56% de son programme d'emprunts. Cela s'est fait par le biais
d'une émission "jumbo", dans le langage du métier, de
$1,250,000,000 dont $750,000,000 ont été encaissés et dont
$500,000,000 ont été gardés en réserve pour
bâtir l'assurance dont Hydro-Québec a besoin en tout temps pour
pouvoir compléter avec sécurité au moins une
période de travaux
s'échelonnant sur dix ou douze mois. Je ne décrirai pas la
politique de liquidités d'Hydro-Québec ce soir.
Aussi, M. le Président, il eut été difficile de
prévoir que le marché soit de Bangkok ou des dollars asiatiques
se serait développé et nous aurait permis, en 1978 et 1979,
d'obtenir des fonds du Japon. Enfin, M. le Président, il eut
été difficile, en février 1971, d'anticiper qu'en fin de
période une province canadienne, par son fonds du patrimoine, aurait pu
nous assurer 11% de notre financement en 1979 et 5% en 1980. En d'autres
termes, qui aurait pu prévoir avec certitude qu'Hydro-Québec
aurait pu se tailler cette place en dehors de ses marchés
conventionnels?
Horizontalement, on pourrait remarquer que le marché canadien a
fourni, bon an mal an, 30% en 1971, 59% en 1972, 44% en 1973 et qu'il y a eu
une remontée en 1979 à 41% et, en 1980, à 38%.
L'évolution de ces pourcentages, M. le Président, peut porter
à confusion et est trompeuse. Si nous éliminons de la ligne des
emprunts effectués, en haut, les montants et les sommes empruntés
par Hydro-Québec de la Caisse de dépôt et qu'on exprime en
pourcentage les montants empruntés sur le marché public, à
ce moment, au lieu d'avoir cette courbe qui va de 59% à 38%, j'attire
votre attention sur le fait que les montants empruntés d'autres
emprunteurs que la Caisse de dépôt au Canada se sont toujours
situés au niveau de 21%, 15%, 18% avec un maximum de 23% en 1979.
J'aimerais, rapidement, faire des commentaires sur les principaux
marchés qui nous sont ouverts. Marché américain.
Évidemment, nous avons eu là-bas une présence. Avec les
résultats financiers qu'Hydro-Québec affiche, mais surtout
à cause de la valeur fondamentale d'Hydro-Québec, qui est
basée sur sa production hydroélectrique à 99%, et de ce
que cela représente comme valeur d'avenir, le crédit
d'Hydro-Québec est bien perçu. Cependant, le marché
privé américain, qui, en 1976, a été d'un apport
marqué, est présentement tari. Les pourvoyeurs de fonds du
marché privé, telles les grandes compagnies d'assurance, l'an
dernier, M. le Président, émettaient des papiers commerciaux
à court terme pour emprunter de l'argent, un peu en concurrence avec
Hydro-Québec.
Quant au marché public - l'an dernier, M. le Président,
nous avons fait trois émissions publiques - c'est un marché que
nous avons peut-être utilisé non pas au-delà du seuil de la
douleur, mais près du niveau de résistance.
Le marché allemand qui nous a toujours été ouvert,
avec son économie qui est la grande économie européenne, a
manifesté aussi des signes de tarissement. Pour la première fois
l'an dernier, au grand scandale de la Banque centrale, les Allemands ont
emprunté de l'Arabie Saoudite. Cette année, l'opération va
se répéter, et, depuis le mois de janvier, le marché est
fermé aux emprunteurs étrangers.
La crise du pétrole, M. le Président, est en partie une
explication de ce phénomène, parce qu'elle a fait augmenter le
taux d'inflation domestique. À ce moment-là, le mark allemand a
faibli et l'économie souffre de ne plus pouvoir se protéger par
la force de sa devise contre la poussée sur les taux d'inflation
qu'amènent les prix plus élevés du pétrole.
Une remarque semblable peut être faite sur le marché
suisse, quant à la poussée sur l'économie de
l'augmentation des prix. Sur le marché canadien nous avons eu, en 1980,
trois opérations publiques et trois opérations
privées.
M. le Président, Hydro-Québec a réalisé ses
programmes d'emprunt au cours de la dernière décennie. On peut
s'attendre qu'au cours de la période 1981-1985, on verra aussi encore
apparaître dans notre tableau des chiffres assez importants en bas de la
ligne des marchés conventionnels, c'est-à-dire que nous devrons
faire appel aux autres ressources.
Beaucoup a été dit sur les pétrodollars. On peut
noter que les pétrodollars nous ont aidés directement en 1974 et
en 1980, mais une de leurs caractéristiques est qu'il est difficile d'en
prévoir la disponibilité et que la régularité de
ces opération ne peut pas être garantie.
M. le Président, notre plus gros test je pense qu'il s'est
présenté en 1980 lorsque, pour la première fois,
Hydro-Québec a accédé au club des emprunteurs de
$2,000,000,000 et plus. Ce test a été franchi avec succès.
Je me permettrai, brièvement, d'indiquer ce qui s'est passé entre
deux emprunteurs canadiens importants: d'une part, Hydro-Ontario, qui a une
carte de crédit AAA, et Hydro-Québec, avec une cote AA.
Hydro-Ontario avait un programme d'emprunt de $1,800,000,000. Elle a
réussi à emprunter seulement $1,450,000,000 à un
coût moyen de 12,99%. Hydro-Québec avait un programme d'emprunt de
$2,200,000,000, plus ou moins. Hydro-Québec a emprunté
au-delà de $2,150,000,000. À ce moment, on peut dire que notre
programme a été complété à un coût
d'emprunt moyen d'environ 12,53%.
M. le Président, il y a des seuils qui se présentent
à l'occasion et c'est de ces seuils de résistance qu'on doit
être très conscient en commençant la décennie qui
vient.
Une autre série de documents vous a été remise,
à savoir la projection financière. Avant de commenter ces
documents, M. le Président, j'aimerais faire un court rappel de
l'évolution suivie par Hydro-Québec. À $582,000,000
d'emprunts par année, on peut dire qu'Hydro-Québec était
un emprunteur
parmi d'autres. À $1,658,000,000 en moyenne par année, on
peut dire, M. le Président, qu'Hydro-Québec, a acquis une
certaine visibilité. À $2,100,000,000 ou $2,200,000,000 par
année en moyenne, je pense qu'Hydro-Québec fera partie de la
catégorie des grands emprunteurs à l'échelle
internationale. À $3,000,000,000 et plus par année, je pense que
là, nous serons dans une catégorie spéciale.
M. le Président, le défi des cinq prochaines années
consistera, je pense, à maintenir notre vitesse de croisière. Le
"Nous avons franchi." Les moyennes ici n'indiquent pas la
réalité, mais il faut admettre que de 1976 à 1980,
Hydro-Québec est l'entreprise qui a connu une évolution
très rapide, une des plus grosses courbes de croissance de ses
immobilisations et aussi de son programme d'emprunts. Le défi des cinq
prochaines années sera de maintenir la vitesse de croisière. Les
tableaux que vous avez présentement en main indiquent trois
scénarios possibles qui devront être évidemment
révisés, épurés, étudiés. Dans un
cas, on a une moyenne d'emprunt de $2,168,000,000; dans un autre cas,
$2,142,000,000, $2,157,000,000. Il n'y a pas beaucoup de différence de
l'un à l'autre, mais les composantes pourront changer en cours de route
d'ici à l'automne. Sur les trois scénarios, on peut identifier
facilement une pointe en 1982. Je crois qu'il importe de noter, à ce
stade, que les scénarios que vous avez entre les mains
présentement ne reflètent pas du tout l'effort financier
additionnel qui sera exigé d'Hydro-Québec pour réaliser le
programme de conservation d'énergie dont le mandat lui a
été confié. C'est dans cette optique que nous
travaillerons. (17 h 45)
II serait illusoire à ce moment de faire des commentaires ou de
projeter au-delà de 1986 parce qu'au-delà de cinq ans, le
degré de certitude que nous pouvons avoir s'estompe très
rapidement. Les marchés financiers sur lesquels nous devrons
fonctionner, je pense qu'il est prévisible, dans un horizon d'un an ou
deux, de dire qu'ils seront caractérisés d'une part par une
très grande volatilité, non seulement quant au taux
d'intérêt, mais quant à notre possibilité d'y avoir
accès.
Deuxièmement, on peut aussi anticiper que les taux d'inflation
dicteront des taux d'intérêt plus élevés, d'une
part; deuxièmement, que le raccourcissement des échéances
des obligations que nous pourrons effectuer aura pour effet de réduire
l'échéance moyenne de la dette, et possiblement aussi, de nous
imposer davantage de taux flottants que nous pourrions le souhaiter.
Troisièmement, il est aussi prévisible que tant les
gouvernements américains, que canadiens et européens
continueront, du moins dans un horizon prévisible, de faire des
déficits qu'ils devront financer et qui créeront des pressions
sur les marchés.
J'aimerais, s'il vous plaît, ouvrir une petite parenthèse
parce que beaucoup a été dit cet après-midi et ce matin
sur le fameux taux d'autofinancement de 30%. Lors de la présentation du
mémoire tarifaire d'Hydro-Québec, il y a trois ans, le programme
de financement et les tarifs autorisés nous permettaient de s'amener
graduellement à un taux d'autofinancement de 30% pour l'année
1981. Malheureusement, encore une fois, à cause de la difficulté
de prévoir avec certitude, le taux d'autofinancement s'est situé
en bas de cela. Alors le 30% n'aurait pas dû, ou ne devrait pas faire
l'objet d'une nouvelle, aujourd'hui.
En conclusion, M. le Président, le trésorier
d'Hydro-Québec, avec son équipe de la vice-présidence aux
finances ont confiance en l'avenir, mais à l'intérieur de
certaines balises et en laissant ce soir le message suivant: compte tenu des
besoins élevés d'emprunt, compte tenu des pressions
prévisibles, compte tenu des incertitudes, Hydro-Québec aura
besoin de toutes les liquidités produites par ses opérations;
elle aura besoin de réduire le plus possible sa dépendance des
marchés externes et, plus que jamais la capacité
d'Hydro-Québec de se financer sera fonction de sa
rentabilité.
Le Président (M. Jolivet): Merci M. Lafond.
Période de questions
Tel que j'en avais fait mention tout à l'heure, nous allons
reprendre maintenant chacun des exposés un par un et chacun des membres
de cette commission pourra poser des questions.
Le ministre, vous avez maintenant la parole.
Oui, M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Avant de commencer à interroger nos
invités aujourd'hui, est-ce qu'on pourrait s'entendre sur une formule de
travail?
M. Fontaine nous a parlé de la prévision de la demande
d'électricité. M. Dubé nous a parlé des
installations et M. Laliberté qui nous a parlé des projet de la
SEBJ. Le trésorier, M. Bolduc, vient de nous parler du financement.
Est-ce qu'il y a lieu de s'entendre sur une formule de travail? Il est presque
18 heures - on va revenir, j'imagine à 20 heures - compte tenu du fait
que nous avons, on l'a dit tantôt, votre directive: vingt minutes
à chaque député pour chacun des quatre sujets, s'il y a
lieu, est-ce que l'on doit comprendre que l'on doit interroger nos
invités dans l'ordre de leur
présentation ou s'il y a moyen d'obtenir votre directive ou
encore le consentement des membres, pour qu'un député qui
voudrait poser des questions puisse s'adresser à l'un ou à
l'autre de nos invités en premier lieu? Il y a peut-être des
députés qui voudraient parler de certains sujets plutôt que
d'autres. Et peut-être que tous les députés ne voudront pas
parler des quatre sujets. Alors, si on s'entendait pour que ce soit un peu plus
souple comme formule. Je ne sais pas ce que vous en pensez, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Ce que j'en pense M. le
député, c'est la chose suivante: J'aurai beaucoup plus de
difficultés à suivre le droit d'intervention de chacun sur
l'ensemble des sujets si chacun peut parler de l'un et de l'autre. Ce que
j'avais à vous proposer aurait été de prendre un temps
maximum d'une heure puisqu'on aura quatre heures au total, en donnant toujours
une élasticité sur l'ensemble ensuite. Si on prend une demi-heure
sur un sujet, on peut la reporter sur l'ensemble des sujets de telle sorte que
finalement l'heure serait une heure maximale qu'on pourrait se donner comme
balise en sachant qu'on n'est pas obligé de la prendre toute dans un des
sujets, ce qui nous permettra, je pense, de 20 heures à 24 heures, de
faire l'ensemble des quatre exposés ce soir.
M. Ciaccia: Cela veut dire, M. le Président, que,
contrairement à ce qui est arrivé cet après-midi, on
aurait le droit d'intervenir plus d'une fois pour 20 minutes chacun sur chacun
des sujets.
Le Président (M. Jolivet): Ce qui vous limiterait
cependant à 20 minutes sur le sujet que vous voudrez discuter, mais en
sachant très bien que, si je prends l'exemple du premier exposé,
si on prend 30 minutes au total parce qu'il y a moins de questions, cela nous
permettrait de permettre à plus de monde de poser ensuite des questions
sur le deuxième sujet si lui prend une heure et quart, une heure et
vingt.
M. Ciaccia: Votre interprétation de l'article 160,
à ce moment, est-ce que c'est qu'un député va avoir droit
à 20 minutes sur un sujet? S'il y a quatre sujets, théoriquement,
il n'a pas besoin de prendre toutes ses 20 minutes, mais il aurait le droit
d'intervenir quatre fois pour 20 minutes chaque fois.
Le Président (M. Jolivet): Vous m'avez bien dit,
théoriquement, je l'ai pris comme tel, d'ailleurs. Théoriquement,
il a le loisir de parler quatre fois 20 minutes. Cependant, ce n'est pas une
obligation de prendre ces 20 minutes à chaque fois, mais je crois que
vous devriez aussi, à moins que vous ayez l'intention de demander aux
responsables d'Hydro-Québec d'être ici encore demain... Mais moi
j'essaie simplement de vous dire qu'il va rester quatre heures normalement
d'interventions ce soir. Demain, nous avons sept autres groupes à
entendre qui ont été convoqués et ces sept groupes
à entendre demain devront passer en priorité, à moins que
vous défassiez l'ensemble de votre horaire d'ici six jours. À ce
niveau, ce que j'avais à vous suggérer, c'est qu'au lieu de
prendre du temps sur l'ensemble, à savoir comment on va le faire, c'est
de commencer en se donnant une balise d'une heure pour chacun des sujets en
essayant au bout de la course de ne peut-être pas toute la prendre de
façon à avoir plus de temps et finalement on pourrait
peut-être prendre le temps qui reste pour les questions
supplémentaires qui pourraient exister.
M. Samson: Si j'ai bien compris, M. le Président, cette
balise d'une heure, évidemment, c'est théorique parce que cela
pourrait être plus ou moins. Cependant, la question que je posais, c'est
peut-être dans le sens d'en arriver à passer à travers
l'ordre du jour d'une façon plus satisfaisante et plus certaine. La
question que je posais est à savoir si les députés ne
pourraient pas, quand on reviendra à 20 heures, avoir M. Fontaine, M.
Dubé, M. Laliberté et M. Bolduc...
Le Président (M. Jolivet): Mais c'est M. Lafond qui a
parlé tout à l'heure.
M. Samson: Je m'excuse, M. Lafond... Qu'ils soient là et
que le député qui veut poser une question puisse prioritairement
poser la question sur le sujet de son choix. Il y a quatre sujets possibles, si
on se comprend bien. On vient de dire - et vous avec corroboré cela, M.
le Président - que chaque député pourrait,
théoriquement, poser des questions ou faire un exposé de 20
minutes sur chacun des quatre sujets, donc ça fait quatre fois 20
minutes pour un député. Mais si un député veut
poser des questions ou faire un exposé sur un sujet en particulier, si
on pouvait s'entendre là-dessus, ça pourrait donner une chance de
passer à travers ce soir; ça nous assurerait peut-être
ça. Qu'un député, quand il vous demandera la parole,
puisse s'adresser en premier lieu au responsable d'un des quatre sujets de son
choix, plutôt que d'y aller d'un sujet à l'autre et de mettre des
barrières. On risque, de cette façon - voici pourquoi
j'amène le problème - si on va du no 1 au no 2 au no 3 et au no
4, d'arriver au no 4 et que ce sujet ne puisse pas être abordé
avant l'heure de clôture, alors que la façon que je suggère
permettrait à tout le monde au moins d'aborder les quatre sujets ce
soir.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais parler
d'un point de règlement pratique à nos amis d'en face. Il y a
quatre sujets, on a quatre heures. À toutes fins pratiques, en moyenne,
ça veut dire une heure par sujet. Si on considère une heure par
sujet, en premier lieu, le ministre peut poser ses questions, il a droit
à 20 minutes, puis il y a un représentant du Parti libéral
qui a droit à 20 minutes, en pratique, et un représentant de
l'Union Nationale, qui a droit à 20 minutes; l'heure est passée
et personne d'autre n'a posé de question. En pratique, c'est ça;
il y a quatre sujets, s'il y a une question de procédure...
M. Samson: C'est justement le problème, si le
député de Frontenac me le permet...
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
s'il vous plaît!
M. Grégoire: C'est ce qui a été
décidé cet après-midi, que chaque député
aurait droit à 20 minutes sur chacun des sujets. Si on procède
comme ceci, ça veut dire que...
M. Ciaccia: Pas seulement un député d'un parti
reconnu, c'est chaque député; ça fait une
différence.
M. Grégoire: Oui, mais, à ce moment-là, si
on prend quatre sujets d'une heure chacun, chaque parti n'a droit qu'à
vingts minutes sur chacun des sujets.
Je proposerais une chose, M. le Président, qu'on suspende et que,
entre 18 heures et 20 heures, les trois partis se rencontrent et essaient d'en
arriver à une entente pour délimiter le temps - je crois que
c'est peut-être mieux de le faire sans les cameras - pour chaque parti
sur chaque, sujet au choix de chaque parti qui voudra prendre plus de temps sur
un sujet.
Si mes amis, les députés d'Outremont et de Nicolet-Yamaska
veulent accepter cela, je propose donc une rencontre entre les trois
groupements pour délimiter entre 18 heures et 20 heures le temps de
parole sur chaque sujet.
M. Ciaccia: C'est le règlement.
Le Président (M. Jolivet): Je pense que c'est une
suggestion quand même intéressante, compte tenu qu'il y aurait
à ce moment-là beaucoup moins de discussion sur la
procédure et que nous ne perdrions pas de temps sur la procédure.
Je pense que, tout en respectant le règlement comme tel, et tout en
respectant le programme de travail qu'on s'est tracé on pourrait le
faire. Je suspends les travaux jusqu'à 20 heures. (Suspension de la
séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 10)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît; La commission de l'énergie et des ressources est à
nouveau réunie aux fins d'entendre les personnes ou organismes qui
veulent faire des représentations relativement au plan
d'équipement et de développement 1981-1990 de la
société Hydro-Québec.
Afin de clarifier la situation sur le temps qu'il nous reste, voici ce
que serait l'entente, conforme aux coutumes. Nous allons prendre l'ensemble des
quatre sujets. Chaque personne qui interviendra aura 20 minutes. S'il vous
plaît! Elle aura 20 minutes. Donc, il y aura un premier tour qui pourra
être fait de façon que chacun des membres de cette
Assemblée puisse parler au moins 20 minutes en posant des questions sur
l'un ou sur l'autre des sujets. Ensuite, il y aura alternance d'un
côté comme de l'autre sur toute question qui pourra être
posée sur l'un ou l'autre des sujets par chacun des membres qui le
voudra. Au total, toujours selon le principe de 50-50, nous partagerions le
temps qu'il reste ainsi: 50 du côté du gouvernement et 50 du
côté de l'ensemble de l'Opposition.
La première personne qui a maintenant à intervenir est M.
le ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Bérubé: M. le Président, je n'ai pas
retrouvé mes papiers.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Vous me
prenez par surprise. Je ne suis pas complètement prêt...
Mes questions porteront tout d'abord... Et avant, peut-être une
question de clarification, M. le Président. Je suppose que nous pouvons
répartir nos 20 minutes en plusieurs interventions. Donc, il est
possible pour moi de poser quelques questions et de donner la...
Le Président (M. Jolivet): Aucune objection.
M. Bérubé: Parfait. M. le Président, mes
questions vont porter d'abord sur le problème du devancement et je vais
essayer de voir dans quelle mesure j'ai bien compris la nature de
l'intervention. Par exemple, vous nous avez présenté une analyse
économique d'une variante devancée pour votre plan
d'équipement. Ce qui frappe, dans votre exposé, d'ailleurs fort
bien étoffé et
fort bien illustré - je dois vous en féliciter -c'est que
vous prévoyez pour 1988 que vous n'aurez plus de surplus saisonnier
à l'exportation, d'une part, d'autre part, que vous aurez un certain
ralentissement dans l'emploi dans vos chantiers pour la période 1982
à 1985. Également, ce qui frappe, c'est que votre niveau
d'investissement, par la force des choses, va se stabiliser pendant un certain
nombre d'années.
Alors, la question que je me pose, c'est: Quand vous avez analysé
des cas favorables et des cas défavorables, quelle est l'incidence de la
nature des interconnexions avec les États-Unis sur cette
rentabilité? En d'autres termes, quelles sont les interconnexions que
vous comptez établir pour maintenir cet effort d'exportation, d'une
part, et, d'autre part, en quelle année votre dernière
interconnexion serait-elle disponible, et peut-on devancer cette date à
laquelle vous pourriez augmenter vos livraisons aux États-Unis et quelle
serait l'incidence, à ce moment-là, sur la rentabilité des
scénarios? Vous avez un cas défavorable et un cas favorable.
J'aimerais surtout voir quelle est la sensibilité du cas
défavorable aux hypothèses que vous avez utilisées.
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: Au point de vue d'interconnexion, on va compter
évidemment sur l'interconnexion actuelle avec PASNY pour passer des
surplus de 1980 à 1988. Il y aura aussi l'interconnexion avec le
Nouveau-Brunswick. On projette - ce n'est pas encore définitif - de
doubler l'interconnexion avec le Nouveau-Brunswick pour 1983, peut-être.
En 1984, une autre interconnexion avec PASNY doit prendre place. Cette
interconnexion-là est approuvée par le conseil
d'Hydro-Québec. Avec toutes ces interconnexions, en 1984, on serait
capable de transiter environ 20,000,000,000 de kWh sur un maximum d'environ
24,000,000,000 de kWh. Les interconnexions futures ne sont pas comptées
là-dedans. Cet après-midi, on parlait d'une interconnexion de 600
MW avec les États de la Nouvelle-Angleterre. Cette interconnexion
pourrait être en place au plus tôt en 1988 ou 1989. (20 h 15)
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: À ce moment-là, quelle
serait l'incidence d'un devancement, par exemple, à 1987, de cette
dernière interconnexion sur la rentabilité d'un scénario
de devancement?
M. Bourbeau: Je pense que M. Boyd pourrait répondre
à cette question ou notre personne-ressource.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: L'entente n'est pas encore signée, c'est une
discussion. Des surplus, on peut en avoir qui nous viendraient d'autres sources
aussi. Ce qui est embêtant, c'est d'investir $4,500,000,000 à
l'avance pour une possibilité de surplus qui n'est pas encore
complètement négociée et qui, par ailleurs, pourrait nous
venir d'ailleurs. C'est là notre principal problème.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: Cela ne vous permet pas de conclure que
si vous pouviez devancer en 1987, par exemple, même le cas
défavorable que vous indiquez, où vous avez un déficit de
$280,000,000, ne pourrait pas être converti en un cas favorable.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Selon l'hydro-électricité, cela pourrait
être favorable aussi bien que défavorable, mais on pense pouvoir
avoir des surplus suffisants pour justifier l'interconnexion avec la
Nouvelle-Angleterre. Évidemment, si on en avait davantage, mais 600 MW
ce n'est pas tellement une grosse ligne. Jusqu'à maintenant, notre
considération là-dessus, c'est qu'on ne peut pas justifier
l'investissement devancé de $4,500,000,000 dans une période
difficile.
M. Bérubé: Là-dessus, je ne peux pas
être complètement d'accord et j'aimerais qu'on essaie
d'élucider ce point. 0e regarde le financement externe parmi les
scénarios que M. Lafond nous a présentés. Dans certains
scénarios, on constate que votre financement externe qui est, par
exemple, de $2,200,000,000 va baisser en 1985 à $2,034,000,000. En
d'autres termes, vous empruntez en dollars constants de moins en moins sur un
marché qui, lui, pourtant vous l'avez reconnu l'année
dernière, vous a permis d'écouler un volume important
d'obligations d'Hydro-Québec et même à des taux plus
avantageux qu'Hydro-Ontario. Votre cote est bonne et il ne semble pas que vous
ayez saturé votre marché. Du moins, vous atteignez une
résistance, mais vous n'avez pas dépassé cette
résistance. Si vous n'avez pas dépassé cette
résistance, il paraît donc que vous pourriez au moins en dollars
constants maintenir l'effort actuel. Et, si vous maintenez l'effort actuel,
j'arrive mal à voir comment vous ne pouvez pas, au lieu de financer
$55,000,000,000 en financer $59,000,000,000 sur une période de dix ans
parce que, finalement, c'est une différence d'à peu près
8%.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Évidemment, l'année 1982 est une
année très difficile. Si vous regardez les scénarios qu'on
vous a donnés, en 1982, vous avez $2,500,000,000, $2,455,000,000 qui
sont dus aux trois années que l'on vient de vivre. Alors, c'est 1982
surtout qui va être difficile et c'est là qu'on vous demande en
plus de devancer.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: J'adresserais maintenant ma question
à M. Laliberté, de la SEBJ. Comment voit-il les problèmes
humains, les problèmes de personnel reliés à un certain
ralentissement dans ces travaux de construction sur ces chantiers actuels pour,
après ça, s'engager dans un programme très
accéléré d'investissements où, j'ai l'impression,
on va doubler et tripler même?
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Laliberté: En fait, ce qu'il y a peut-être de
plus expressif, c'est une des courbes au niveau des ressources humaines. Comme
l'indiquait M. Dubé, il semble y avoir, à tout le moins lorsqu'on
tient compte non seulement des projets qui sont sous la responsabilité
de la SEBJ, mais également d'Hydro-Québec, une certaine
constance. Il y a une légère diminution en 1982-1983 mais,
après coup, suivie d'une progression qui est quand même
très rapide, en fait, du simple au double sur une période de cinq
ans.
Maintenant, comment une société comme la
Société d'énergie de la Baie James peut-elle envisager les
choses? Cela se reflète sur d'autres points de vue aussi. Cette
disponibilité des entrepreneurs sur le terrain, je pense que c'est
difficilement quantifiable au niveau des évaluations
préliminaires qu'on a fournies à Hydro-Québec
présentement sur les projets. Certainement, s'il y a une utilisation un
peu plus continue de ces gens, pour éviter, à tout le moins, le
genre de démobilisation qui pourrait résulter d'une baisse des
besoins, évidemment, ça se reflète dans les avantages
financiers de chacun des projets. Donc, quand on parle d'étalement,
c'est un peu ce qu'un développeur pourrait rechercher dans un contexte
comme celui-là, c'est-à-dire déplacer des fonds d'argent.
Il résulte de tout ça des besoins légèrement
supérieurs dans les premières années qui nous conduisent
quand même, dans l'ensemble, à un projet qui coûte moins
cher. On investit plus au début, on investit moins à la fin de la
période, les problèmes reliés à l'emprunt sont
supérieurs au tout début et sont moindres à la toute fin
de la période. Ce sont des choses qui se quantifient peut-être
avec difficulté mais qui sont quand même là, on les
constate.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: J'aimerais peut-être
changer...
Le Président (M. Jolivet): Excusez-moi, M. le ministre. M.
Boyd voudrait intervenir.
M. Boyd: J'aimerais demander à M. Villeneuve, qui est
notre vice-président, production et transport, qui négocie avec
la Nouvelle-Angleterre au sujet des 600 mégawatts, de préciser la
nature des échanges, de nous dire sur quoi sont basés les
échanges dont il discute. Pendant qu'il s'amène, j'aimerais noter
un autre point aussi. Dans le cas du devancement de la Grande Baleine, cela
nous crée des problèmes au point de vue environnemental; les
impacts avec les Indiens et les Inuits sont loin d'être
réglés. Ce n'est pas sûr qu'on pourrait devancer le projet
de Grande Baleine du côté de l'environnement, parce que cela ne va
pas aussi bien qu'on le voudrait.
Le Président (M. Jolivet): M.
Villeneuve.
M. Boyd: M. Villeneuve, s'il vous plaît.
M. Villeneuve (Jean): Jean Villeneuve, vice-président,
production et transport. M. le Président, je prendrai seulement quelques
instants pour expliciter un peu la nature des négociations en cours avec
le groupe de la Nouvelle-Angleterre, le New England Power Pool, qu'on appelle
en abrégé NEPOOL. Je crois que ce qu'il faut bien comprendre,
c'est qu'Hydro-Québec a tout intérêt à avoir
à sa disposition le plus grand nombre possible d'interconnexions pour
les circonstances où il lui arrive d'avoir des quantités
très importantes de surplus à écouler. Cela permet
d'éviter des déversements lorsque nos interconnexions sont
déjà saturées et cela donne aussi un outil de
négociation dans la mesure où on peut vendre au plus offrant.
Lorsque nos surplus sont tels qu'on en a pour tout le monde, on n'a pas
vraiment le pouvoir de discuter de prix. Par ailleurs, en Nouvelle-Angleterre,
on utilise presque exclusivement du pétrole pour la production
d'énergie électrique. En conséquence, les économies
qu'on peut y réaliser sont plus élevées que dans
l'État de New York où on brûle une quantité
importante de charbon à coût moindre. Donc, pour obtenir cette
interconnexion, on a examiné quelles étaient les justifications
économiques qu'on pouvait lui apporter. Il s'est avéré
qu'à défaut de pouvoir garantir pendant une période assez
longue un devancement d'une installation d'une rivière, on s'est
aperçu qu'en offrant d'emmagasiner provisoirement dans les
réservoirs d'Hydro-Québec de l'énergie
produite pendant les périodes creuses des réseaux de
Nouvelle-Angleterre, on pouvait la leur retourner en période de pointe
et à des moments où ils doivent consommer un combustible beaucoup
plus coûteux, c'est-à-dire que leur centrale de base, comme il a
été expliqué cet après-midi, coûte beaucoup
moins cher pour produire un kilowattheure. Pendant la nuit ou pendant les fins
de semaine, ils ont un surplus de cette puissance de base et ils pourront nous
fournir de l'énergie. En période de pointe, ils doivent engager
des ressources beaucoup plus coûteuses et, à ce moment, on leur
retournerait de l'énergie. Seulement, il est important de comprendre
qu'en Nouvelle-Angleterre ils ont leur pointe en même temps que nous. Cet
exercice ne pourra pas se faire durant les mois d'hiver parce que nos
installations sont toutes requises pour alimenter nos propres charges. Pendant
une période variant de sept à neuf mois, il nous sera possible de
faire cet emmagasinage. Alors, les économies réalisées par
les Américains seront partagées entre Hydro-Québec et les
"pools", les différentes compagnies qui font partie de ce groupe, selon
des formules qui sont en discussion à l'heure actuelle.
On a établi que ces économies étaient suffisantes
pour justifier le coût de cette interconnexion de 600 mégawatts.
Mais une fois qu'on aura l'interconnexion, dès le moment qu'arriveront
des surplus d'énergie, cela nous sera possible de les écouler
vers ce marché avec des revenus très intéressants. Bien
sûr, si on peut faire de l'emmagasinage dans nos réservoirs, c'est
que nos réservoirs ne sont pas pleins et à ce moment on
procédera à ce genre de transactions. Si, par ailleurs, nos
réservoirs sont pleins et qu'on ne peut pas faire d'emmagasinage, c'est
évidemment une période où on serait heureux de leur vendre
de l'énergie. Dans un cas comme dans l'autre, on peut facilement payer
pour cet investissement.
M. Bérubé: Moi, j'aimerais savoir maintenant,
considérant le scénario de devancement que vous avez
abordé, quel serait l'impact de ce scénario sur votre programme
de construction de turbines à gaz pour la fabrication d'énergie
de pointe fine? En d'autres termes, cela vous permettrait de réduire ce
programme de construction de turbines de quel pourcentage?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Dubé: M. Dubé.
Le Président (M. Jolivet): M. Dubé.
M. Dubé: En fait, cela nous permettrait, par ordre de
grandeur, de réduire à peu près de la même...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Est-ce que vous
pourriez rapprocher votre micro?
M. Dubé: En fait, je pense que le devancement de programme
permettrait de réduire la quantité de turbines à gaz
nécessaire à peu près de même quantité que la
puissance fournie par le devancement, mais pour une période
limitée quand même, c'est-à-dire pour la période de
1988 à 1993, pour une période de cinq ans tout simplement. En
1993, les deux scénarios se rejoignent; le scénario de base et le
scénario devancé.
M. Bérubé: Donc, on pourrait retarder de cinq ans
la construction de turbines.
M. Dubé: Une certaine quantité de turbines à
gaz.
M. Bérubé: D'accord.
On avait porté à mon attention une autre façon
d'infléchir votre programme d'équipement en utilisant des
techniques de gestion de la demande. Est-ce que vous avez examiné
l'utilisation, par exemple, du télécontrôle des chauffe-eau
domestiques, de manière à réduire l'importance de cette
pointe fine de 17 heures à 19 heures, en hiver? Est-ce possible? Quel
est l'investissement et comment cet investissement se compare-t-il avec celui
que vous vous apprêtez à recommander dans le cas des turbines
à gaz?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: M. Jean-Paul Cristel va répondre à
cette question.
Le Président (M. Jolivet): M. Cristel, s'il vous
plaît?
M. Cristel (Jean-Paul): M. le Président, la
télécommande des chauffe-eau implique une étude de
coûts-bénéfices de l'implantation d'une telle mesure.
Le bénéfice à Hydro-Québec signifie qu'on
peut réduire la demande à certaines heures, mais quand on regarde
le profil de charge, on constate que la télécommande des
chauffe-eau est une mesure qui ne peut être utilisée que sur un
horizon de 24 heures. C'est-à-dire que vous pouvez interrompre les
chauffe-eau durant - comme vous l'avez dit - trois, quatre ou cinq heures, mais
il faut absolument rendre le service à l'abonné durant la
même journée. Un chauffe-eau qui est raccordé au
réseau d'Hydro-Québec va causer une demande d'environ 700 watts;
si vous l'interrompez pendant une période assez longue, en le
rebranchant sur le réseau, il va
causer une demande d'environ 3 kilowatts, parce que tous les chauffe-eau
vont être rebranchés en même temps, les thermostats
demandant évidemment de l'eau chaude. (20 h 30)
Si on constate que le réseau d'Hydro-Québec est un
réseau qui, en hiver, a un facteur d'utilisation journalier très
élevé, c'est-à-dire que le chauffage électrique,
qui est utilisé de plus en plus par nos abonnés, a
augmenté le facteur d'utilisation journalier durant les journées
de pointe, il devient de moins en moins désirable de contrôler la
demande sur une période de 24 heures. Et le coût de cette mesure
avec le taux de diffusion de chauffe-eau que nous avons et le taux de
saturation de chauffage a indiqué, durant des études
préliminaires, que le coût-bénéfice de cette mesure
n'était pas évident.
Cependant, si on regarde les autres mesures qui peuvent être
utilisées, on constate que le chauffage mixte serait probablement un
meilleur choix, c'est-à-dire que vous pouvez, durant les périodes
de grand froid, par exemple, vous fier à un chauffage au pétrole
ou au mazout. Vous interrompez alors tout ce que M. Dubé vous expliquait
comme étant la puissance de pointe et vous avez un système
alternatif qui nous semble offrir certaines possibilités. Nous avons
entrepris des études de gestion de la demande dans ce sens. Nous savons
qu'aux États-Unis, les compagnies qui oeuvrent dans la même zone
climatique semblent arriver aux mêmes conclusions: que le chauffage mixte
offre, en termes de coût-bénéfice, beaucoup plus de
possibilités que la télécommande des chauffe-eau, sur un
réseau qui a les caractéristiques de celui
d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: Merci beaucoup.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Merci, M. le Président. Pour continuer dans la
même veine de l'exportation vers les États-Unis, je crois qu'on a
démontré qu'il y a des limites à cette exportation. Vous
parlez de 600 MW, en particulier, pendant une période de cinq ans. Sans
vouloir aborder un problème qui est peut-être un peu litigieux, je
ne voudrais pas l'aborder de fond, mais dans la possibilité
qu'éventuellement, vos ou nos discussions avec Terre-Neuve aboutissent,
j'imagine que les conclusions d'une telle entente auront deux impacts. D'une
part, cela va nous permettre de développer certaines rivières
dont les têtes sont du côté de Terre-Neuve et, d'autre part,
il y a peut-être des possibilités de développer
conjointement des rivières qui pourraient servir à l'exportation.
J'imagine que toute cette question d'exportation va revenir dans les
discussions lors d'entretiens avec Terre-Neuve, éventuellement, lorsque
le climat sera propice à de telles discussions.
La raison pour laquelle j'aborde cette possibilité, c'est que,
d'une part, il a été dit avec raison qu'on n'est pas pour
développer nos propres rivières pour éventuellement, si on
en a besoin, faire en sorte qu'elles soient rappelées dans des
délais bien précis, mais la même conjoncture ne sera pas
identique dans le cas de rivières qui ne nous appartiennent pas en
propre, mais sur lesquelles Terre-Neuve voudra faire des
bénéfices ou moyenner le plus possible des ressources naturelles.
Peut-être que ce coût sera tellement élevé pour nous
qu'on pourrait être content de les développer conjointement avec
elle pour faire de l'exportation aux États-Unis.
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau. M. Bourbeau:
M. Boyd va répondre. Le Président (M. Jolivet):M. Boyd.
M. Boyd: Évidemment, dans le cas de Terre-Neuve et de
Churchill Falls, vous savez que c'est un problème très
délicat. Nous espérons toujours que ce gouvernement de
Terre-Neuve verra la lumière et acceptera de négocier l'ensemble
du problème avec nous. On en avait parlé. Si c'était
nécessaire, je pourrais en faire l'historique, mais ce n'est
peut-être pas nécessaire. Dans le cas de Terre-Neuve, si jamais
elle décidait de négocier avec nous... Vous savez que c'est
l'ensemble du problème qu'on veut régler, des rivières du
Bas-Saint-Laurent qui ont des réservoirs à Terre-Neuve, au
Labrador. On veut également régler avec eux la construction de
Gull Island et de Muskrat Falls. Évidemment, ils veulent régler
la question des tarifs sur Upper Churchill. Jusqu'à maintenant, la
réponse a été: On va régler les tarifs de Upper
Churchill et quand on a aura réglé cela, on parlera du reste.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on est en cour avec eux et qu'ils ont
adopté la loi que vous savez. Est-ce qu'un jour les conditions de
négociations seront meilleures? Je l'espère. Nous
l'espérons tous, je crois. À ce moment-là, il sera
question... Dans le cas de Gull Island, on nous avait offert 1000 MW qui
pourraient être transités par le réseau
d'Hydro-Québec. À ce moment-là, il faudrait probablement
une ligne additionnelle et voir ce qu'on peut en faire. Selon le prix, cela
pourrait retarder certains autres investissements ou cela pourrait être
vendu à l'étranger, mais quant à moi, je ne suis pas
très optimiste pour la discussion à court
terme au stade où en sont les choses avec Terre-Neuve.
M. Fortier: Disons que c'est une possibilité lointaine,
mais une possibilité quand même que si on voulait s'entendre avec
Terre-Neuve, il y aurait moyen de faire des choses en commun qui seraient pour
le bénéfice des deux provinces. Je pense que c'est la seule
conclusion.
M. Boyd, j'aimerais vous poser une autre question. Comme vous le savez,
j'habite Outremont et je dois poser la question. C'est la question des pannes
d'énergie dans la partie de Montréal où j'habite. Nous
étions habitués, nous à Montréal et dans la
province de Québec, d'avoir des livraisons d'électricité
très continues. Il y a plusieurs années ou il y a quelques
années, il y a eu des pannes sur les réseaux, les grandes lignes
d'électricité qui nous viennent de Manicouagan ou d'ailleurs; par
la suite, ces problèmes ont été réglés.
Dernièrement, on a fait face à des pannes qui nous viennent de
coupures de courant, planifiées ou non planifiées, dues,
j'imagine, entre autres, au développement et à l'intensification
de l'utilisation de l'électricité pour des fins de chauffage ou
autres ou à cause du vieillissement des réseaux existants. Je
prends Outremont comme exemple, mais je sais, pour avoir été dans
des colloques de notre parti dans l'est de Montréal - d'autres m'en ont
parlé, il y a des gens de Québec qui m'en ont parlé, mais
je prends Outremont parce que c'est un endroit que je connais bien - que ce
problème crée des inconvénients auxquels les utilisateurs
d'Hydro-Québec n'ont pas été habitués. Ils avaient
été habitués à une fidélité de
courant continu et cela mine quelque peu, je dirais, le bon nom
d'Hydro-Québec. Nous en avons parlé un peu avec vos experts lors
de nos rencontres, il y a deux semaines, mais je dois quand même poser la
question et peut-être vous donner l'occasion de vous exprimer sur ce
sujet et de nous dire dans quelle mesure le problème est sérieux,
compte tenu du fait que très probablement, selon vos prévisions,
de plus en plus de gens vont utiliser l'électricité à des
fins de chauffage, en particulier, selon la pénétration du gaz,
et aussi compte tenu de la difficulté qu'il y a pour Hydro-Québec
de détecter la quantité de mégawatts ou la quantité
de kilowatts ou le nombre de demeures qui se convertissent à
l'électricité. On donnait comme exemple la panne de courant qui
est arrivée dans Outremont - c'est le 17 décembre, je crois
-où la demande a été beaucoup plus élevée
que ce qui avait été calculé il n'y a pas tellement
longtemps par les experts d'Hydro-Québec. Là, il s'agit d'un
problème qui affecte la clientèle et qui, d'autre part, peut
être un handicap pour un développement futur de
l'électricité au Québec. Pourriez- vous nous
éclairer, peut-être éclairer notre chandelle sur ce
sujet?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: J'aimerais demander justement à notre
vice-président, clientèle et régions, qui est responsable
de cette fonction s'il veut bien répondre à votre question. C'est
un problème très sérieux, en effet. Il l'a
étudié pour y répondre.
M. Godin (Pierre): M. le Président, mon nom est Pierre
Godin, vice-président, clientèle et régions. Le
député d'Outremont a certainement raison de se plaindre de la
continuité du service d'Hydro-Québec dans son quartier en
particulier.
Il faut remonter à plusieurs mois pour savoir, dans le cas
particulier d'Outremont, qu'il a fallu refaire au complet les réseaux de
distribution de ce coin de la ville de Montréal et avec plus ou moins de
succès. Le choix de certains équipements n'a pas donné les
résultats attendus, ce qui a entraîné, malgré la
réfection complète du réseau, certaines interruptions bien
involontaires. Au-delà d'Outremont, il y a quand même dans la
province, de façon générale, une
détérioration de la qualité du service - il faut
l'admettre - au niveau de la distribution. Au niveau du réseau de
production et du réseau de transport, c'est le contraire. En fait,
depuis quelques années, ça s'est fortement
amélioré.
Il y a, évidememnt, plusieurs causes à la
détérioration de la qualité du service au niveau des
réseaux de distribution. Il y a plusieurs causes importantes. J'en
énumérerai quelques-unes. Une première cause réside
dans les conversions au chauffage à l'électricité qui ne
nous sont pas rapportées et que nous n'avons pas de moyens de
détecter. En d'autres termes, les abonnés peuvent convertir leur
système de chauffage en un système à
l'électricité, sans qu'il soit nécessaire
qu'Hydro-Québec intervienne, autrement dit, sans que l'abonné
soit obligé de changer la grosseur de son entrée
électrique. Il va nous falloir trouver des moyens d'obtenir
l'information de la part de ces abonnés, de sorte qu'on puisse faire, de
notre côté, les réajustements nécessaires au niveau
des réseaux de distribution.
Ces pannes peuvent se retrouver dans le cas des conversions au chauffage
électrique strictement au niveau de petits îlots d'abonnés,
strictement au niveau d'un transformateur de distribution. Je pourrais vous
indiquer que dans la vague de très grand froid qu'on a connue, fin
décembre, début janvier, dans une seule région, on a
dû remplacer au-delà de 400 transformateurs de distribution qui
ont été brûlés strictement par des surcharges.
Alors, le problème est assez sérieux. Il faut trouver le plus
rapidement possible des moyens de détecter ou d'être
informés de ces conversions. Si cela ne se reflète pas
strictement au niveau des transformateurs de distribution, ça se
reflète souvent au niveau de l'artère de distribution
elle-même ou au niveau de l'ensemble d'un bon nombre d'abonnés. II
y a encore des surcharges, de façon générale, dues
à des conversions à des systèmes de chauffage
électrique qui nous sont inconnues. Il faudrait cependant dire que la
période de très grand froid qu'on a connue à la fin de
décembre et au début de janvier représente des conditions
exceptionnelles, des conditions qui ont fait que dans beaucoup de demeures,
malgré les systèmes de chauffage existants, les gens ont
été obligés de se chauffer même avec leur four
électrique. On a eu des informations en ce sens que dans plusieurs
grands bâtiments à logements multiples, dans Montréal, la
chose s'est produite. Il n'y a pas un réseau de distribution qui peut
résister à cela.
Une autre cause de détérioration de la qualité du
service, c'est un phénomène qui est vécu par l'ensemble
des sociétés nord-américaines qui exploitent des
réseaux à 25,000 volts dans des conditions à peu
près identiques aux nôtres, des problèmes de pollution, en
particulier, qui vient salir, si on veut, les isolateurs des réseaux de
distribution, dans le voisinage des grands axes routiers. On avait
détecté ce problème déjà, il y a une couple
d'années, et dès l'an dernier, on avait commencé à
réisoler certains réseaux de distribution dans le voisinage des
grands axes routiers, particulièrement à Montréal.
En 1981, il y a encore des sommes importantes qui vont être
consacrées à réisoler les réseaux de distribution
à 25 kV pour résoudre ce problème. D'autre part, nous
avons, avec l'Institut de recherches, amorcé des démarches afin
d'installer des stations de détection du degré de pollution afin
de trouver les meilleures solutions pour résoudre ces problèmes.
Il reste que les problèmes sont là. Mais on n'est pas inactif
devant ces problèmes. Comme je vous ai indiqué, on a
commencé déjà à faire de la réisolation. Je
vous ai indiqué qu'il va nous falloir trouver les moyens d'être
informés des nouvelles charges qui apparaissent sur les réseaux
et, d'autre part, nous avons déjà en marche un certain nombre de
travaux qui devraient nous permettre, à plus ou moins brève
échéance, d'avoir un meilleur contrôle des réseaux
de distribution, un contrôle en temps réel des réseaux de
distribution et aussi des systèmes qui devraient nous permettre des
interventions plus rapides pour diminuer, le cas échéant, les
interruptions sur les réseaux de distribution. (20 h 45)
M. Fortier: Merci de vos explications.
Compte tenu du fait que vous avez identifié le problème et
que vous êtes en voie de le régler - j'imagine que vous avez
sûrement, à Hydro-Québec, des normes d'excellence pour
dire: En deçà, c'est acceptable, au-delà, cela ne l'est
pas - à quel moment croyez-vous que la situation pourrait être
rétablie d'une façon permanente? Vous avez un programme d'action
qui vous dit que dans deux ans ou dans un certain nombre de mois la situation
serait revenue à peu près à la normale en ce qui concerne
ce que j'appellerais un niveau d'excellence pour la clientèle.
M. Godin (Pierre): J'aimerais bien répondre de
façon précise à cette question, mais cela me paraît
difficile, à ce moment-ci. Nous avons entrepris une étude
beaucoup plus large au niveau de la qualité du service aux
abonnés. Au cours de l'année 1981, on devrait déterminer
les choses à mettre en place pour arriver à améliorer
cette qualité, les normes que nous serions appelés à
respecter pour améliorer la qualité. Il faudra,
évidemment, après cela, mettre tout cela en place et le
réaliser. Cela veut peut-être vouloir dire deux à trois
ans.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Fortier: J'aimerais revenir à la question que j'avais
posée tout à l'heure, c'est peut-être une question
théorique mais quand même je crois que c'est important de la
discuter. J'ai fait allusion au rapport de Miter Corporation qui avait
présenté un papier à Rio de Janeiro, au mois de septembre,
concernant une étude des différents degrés de
pénétration d'électricité dans les
différents bilans énergétiques de plusieurs pays du monde.
Ce rapport semblait indiquer que si on faisait la relation entre la
quantité d'énergie par dollar de produit national brut et la
pénétration d'électricité, que ce chiffre, la
quantité d'énergie par dollar de produit national brut
était minimale lorsque la pénétration de
l'électricité était maximale. Je me demandais si
Hydro-Québec avait fait ces études. Je sais que Miter Corporation
avait fait énormément d'études pour
l'électricité de France, en particulier. Je me demandais si vous
aviez une opinion, parce que relié à cela, bien sûr, est
toute la discussion au sujet de la noblesse de l'électricité et
du désir théorique d'utiliser d'autres formes d'énergie.
L'étude de Miter Corporation semblerait démontrer par une
conciliation internationale qu'une pénétration
d'électricité favoriserait des économies
d'énergie.
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: M. Jacques Fontaine va répondre à la
question.
M. Fontaine (Jacques): Tout d'abord, lorsqu'on compare entre
différents pays l'utilisation de l'énergie, par rapport au
produit intérieur brut, c'est toujours très délicat. Parce
que les conditions, les structures industrielles des différents pays
sont différentes, les conditions climatiques, la densité de
population, les prix respectifs des formes d'énergie ne sont pas les
mêmes. Cela explique que, dans le passé, pour revenir à
l'exemple précis de milliards de B.T.U. par million de dollars, l'Europe
en général est beaucoup plus efficace que les pays
d'Amérique du Nord. La différence est de l'ordre de
peut-être 45%. Cela confirme un peu votre étude. Cependant, la
situation va s'améliorer, entre autres pour le Québec. On
prévoit qu'en 1990, les ratios vont être -c'est par milliards de
B.T.U par million de dollars 1975 de produit intérieur brut.
Peut-être faut-il garder la valeur absolue - 13 pour l'Europe, 24 pour
les États-Unis, 23 pour le Canada et 20 pour le Québec; alors
qu'actuellement, ce n'est pas du tout de cet ordre, le Québec est autour
de 33, le Canada dans l'ensemble 35, les États-Unis autour de 29 et
l'Europe de l'Ouest en général, autour de 17.
Alors, cela confirme un peu, mais il reste encore de grosses marges qui
sont liées à l'utilisation de l'énergie en
général dans une société donnée.
M. Fortier: Ma question était plus précise. Est-ce
que vos propres études tendent à démontrer que
l'utilisation de l'électricité favorise les économies
d'énergie en rapport avec les chiffres que vous avez donnés?
M. Fontaine (Jacques): II y a la question de l'efficacité
de l'utilisation de l'énergie lorsqu'on la calcule au bilan secondaire
qui joue dans ce sens, dans le sens que vous mentionnez.
M. Fortier: Tout à l'heure, j'ai été
impressionné par les lignes de transport d'énergie qui vont
couvrir la province en 1990. Je me souviens, il y a quelques années,
qu'on parlait d'instabilité possible de ces lignes à cause des
sources de génération qui sont très
éloignées de Montréal. Je ne sais pas si cela avait
été des discussions publiques, mais Hydro-Québec avait
fait allusion à la nécessité d'avoir des
génératrices d'électricité dans la région de
Montréal, pour stabiliser le réseau. Est-ce que ce
phénomène est mis de côté pour le moment et que
Hydro-Québec est satisfaite? Est-ce qu'en ayant deux ou trois grandes
lignes qui viendraient de deux ou trois grands points assez
éloignés de Montréal, en dépit de ça, la
stabilité du réseau serait satisfaisante?
M. Bourbeau: M. Claude Dubé va répondre à la
question.
Le Président (M. Jolivet): M. Dubé.
M. Dubé: De par sa nature même, le réseau
d'Hydro-Québec est susceptible d'avoir des problèmes
d'instabilité électrique et c'est un souci constant. Pour
maintenir la stabilité du réseau d'Hydro-Québec, de
nombreux équipements sont mis à contribution, les compensateurs
synchrones, en particulier, près des centres de consommation, et les
critères que nous utilisons dans la conception des grand réseaux
sont relativement rigoureux de sorte que, sur toute la période
considérée, le problème de stabilité devrait
être sous contrôle.
M. Fortier: C'est la raison pour laquelle, dans votre programme
d'équipements, vous n'avez pas prévu de sources
génératrices d'électricité dans la région de
Montréal? Uniquement dans ce but?
M. Dubé: Ce ne serait pas une façon
économique de résoudre le problème.
M. Fortier: Non, de le faire. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Merci, M. le Président.
Je vais commencer par un commentaire, en finissant par une question.
Nous devrons, tôt ou tard, essayer d'aménager le plus grand nombre
de rivières possible au Québec, Plus on retarde également,
plus ça coûte cher. D'ailleurs, M. Bourbeau, ce matin, dans son
commentaire, nous disait qu'on avait été obligé de subir
des coûts additionnels à cause de retards occasionnés par
de l'opposition à certains projets. On a parlé également
de coûts dus à la démobilisation et à la
remobilisation des employés. Étant donné qu'on doit
essayer de créer de l'emploi au Québec parce qu'on est dans une
situation économique assez précaire à ce niveau, je pense
- et je suis un peu de l'avis du ministre là-dessus - qu'on devrait
essayer de maximiser les investissements le plus possible, bien sûr, en
rapport avec le financement possible également. Mais, vous pourrez
peut-être faire un commentaire là-dessus quand vous aurez à
répondre à ma question. On a aussi parlé de la question de
l'entente avec le gouvernement fédéral; on nous a dit qu'on ne
pouvait pas signer cette entente immédiatement parce
qu'Hydro-Québec ne serait pas en mesure de satisfaire à toute la
demande qui serait générée par des transferts de demande
d'énergie dans le
domaine hydroélectrique. Il y a quelques années,
Hydro-Québec avait établi des programmes. On faisait même
de la publicité en nous disant d'électrifier nos maisons. Je me
suis même construit une maison d'après le programme - je ne me
rappelle plus du nom - Novelec et, depuis ce temps, on l'a abandonné.
Est-ce que, si on voulait planifier un programme de construction encore plus
intensif que celui qu'on nous propose aujourd'hui, on serait du moins en mesure
de pouvoir demander au gouvernement de signer cette entente avec le
gouvernement fédéral pour que les consommateurs
québécois soient en mesure de bénéficier de la
subvention de $800 prévue à ce programme?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Le gouvernement est en discussion avec le
ministère fédéral sur cette entente. Cela va faire partie
du plan d'ensemble d'isolation qui va nous être confié
bientôt. Je pense que ce n'est pas à nous d'intervenir. Mais vous
parlez du plan du fédéral qui verse $800 à ceux qui se
convertissent de l'huile à l'électricité ou au gaz?
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): C'est ça.
M. Boyd: Je pense qu'il y a des négociations entre le
ministère, à ce qu'on me dit, et le gouvernement
fédéral à ce sujet. Je n'ai pas encore eu les
résultats. Je pourrais peut-être poser la question à M.
Bérubé.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Est-ce que vous êtes en
mesure de nous dire aujourd'hui, si le gouvernement signe l'entente avec le
gouvernement fédéral, si Hydro-Québec est en mesure de
fournir à la demande qui serait générée par ces
transformations?
M. Boyd: Je pense que oui, parce que les demandes de conversion
qui vont être affectées par cela viendront plutôt pour les
maisons qui sont chauffées à l'huile, qui vont avoir besoin de
beaucoup d'isolation. On a des problèmes du côté de la
distribution qu'on a dit pouvoir régler. Je pense qu'il y a
intérêt à ce que le programme d'isolation qu'on va offrir
à la population dans le mandat qui va être confié à
Hydro-Québec résolve le problème d'une façon
globale.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): M. le Président, j'aimerais
poser une question au ministre de l'Énergie s'il veut m'accorder un
instant d'attention. Les représentants d'Hydro-Québec viennent de
nous dire qu'il n'y a pas de problème à Hydro-Québec pour
fournir à la demande si le ministère signe l'entente avec le
gouvernement fédéral concernant la subvention de $800 par maison
qui serait accordée par le gouvernement fédéral pour faire
la transformation, par exemple, du chauffage à l'huile au chauffage
électrique. Le ministre nous avait déjà dit qu'il y avait
un problème quant à la possibilité de fournir
l'électricité qui serait générée par cette
demande.
M. Bérubé: Le gouvernement fédéral
n'a encore signé aucune entente avec aucune province. Nous avons
initialement fait part au gouvernement fédéral que nous ne
voyions pas d'avantages à subventionner des conversions à
l'électricité, puisque, comme on l'a souligné
tantôt, Hydro-Québec fait déjà face à des
problèmes de panne dans certains secteurs à la suite de
conversions trop rapides et imprévisibles. C'est la réponse que
M. Godin, d'Hydro-Québec, vient tout juste de nous transmettre. En
d'autres termes, nous ne voyons pas pourquoi, ayant déjà 80% des
nouvelles maisons chauffées à l'électricité et un
taux de conversion rapide, on aurait eu besoin de subventions à ces
conversions puisque, de toute façon, elles se font. Par contre, nous
sommes convaincus qu'il faudrait peut-être, dans le cas du gaz, donner
des subventions à presque 100% du coût de conversion pour
s'assurer qu'il y a véritablement pénétration du gaz
naturel. C'est donc une position différente. Nous avions proposé
au gouvernement fédéral qu'il applique les sommes qu'il voulait
dédier à la conversion à l'électricité
à un programme d'isolation encore plus intéressant. Nous n'avons
jamais reçu de réponse du gouvernement fédéral
à cette lettre. J'ai néanmoins pu récemment rencontrer le
ministre fédéral de Energy, Mines and Resources. Nous avons
effectivement conclu qu'en fait le Québec accepterait un programme de
conversion pourvu qu'il s'agisse d'un système central de chauffage
à l'électricité, de manière qu'il puisse être
relativement plus facilement converti au gaz, advenant la
nécessité de le faire plus tard, et également dans la
mesure où la personne bénéficiant de cette subvention
fasse isoler sa maison, par exemple, dans le cadre du programme d'isolation
d'Hydro-Québec. Nous essayons d'encourager le gouvernement
fédéral à augmenter le plus possible sa subvention dans le
cas des conversions au gaz, ce qui serait une incitation extrêmement
importante pour la pénétration accélérée du
gaz.
En d'autres termes, il n'y a absolument aucun obstacle du
côté du Québec, mais, dois-je le souligner, les objections
que le Québec a soumises concernant la conversion du chauffage à
l'électricité sont absolument identiques à celles
soulevées par le Manitoba
qui a indiqué exactement les mêmes réserves au
gouvernement fédéral. Finalement, je souligne qu'aucune province
n'a pu jusqu'à maintenant signer quoi que ce soit avec le gouvernement
fédéral concernant les subventions à la conversion.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): M. le Président, le
ministre fait des farces un peu avec cela, mais, dans le fond, je ne sais pas
s'il se rend compte qu'il prive beaucoup de citoyens du Québec, par son
attitude de subventions. (21 heures)
M. Bérubé: Je ne prive pas. M. le
député de Nicolet-Yamaska...
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Laissez-moi terminer.
M. Bérubé: II n'y a rien de privé. Le
gouvernement fédéral n'a rien annoncé encore.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Laissez-moi terminer. Vous privez
les citoyens du Québec de subventions, qui sont disponibles pour eux, de
$800 par famille, et c'est par suite de votre refus de signer cette entente que
les citoyens ne peuvent pas en bénéficier. Il y a même des
citoyens qui, à la suite du discours du budget fédéral,
ont déjà transformé leur système à
l'électricité, qui ont accumulé des factures et attendent
que le ministre responsable du Québec signe l'entente avec le
gouvernement fédéral.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: II n'y a présentement, en
dépit de toutes les rencontres avec nos fonctionnaires, aucune
proposition sur la table venant du gouvernement fédéral. De toute
façon, dans l'annonce du programme fédéral, on a
parlé d'une date rétroactive au 28 octobre pour l'application du
programme, sujet à la signature d'une entente. Je vous signale qu'il n'y
a aucune province qui a signé avec le gouvernement fédéral
une telle entente. Vous devriez peut-être poser vos questions au ministre
de l'Energy, Mines and Resources.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Ils attendent après vous
autres.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Je voudrais revenir à
Hydro-Québec. Notre formation politique préconise que le
Vérificateur général soit impliqué de façon
plus constante dans la vérification des sociétés
d'État. J'ai regardé dans le rapport du Vérificateur
général - je pense que le dernier est de 1978-1979 - et je ne
vois rien concernant Hydro-Québec ou la SEBJ. Est-ce que vous pouvez me
dire si vous êtes sujets aux vérifications du Vérificateur
général et, si oui, est-ce que ces rapports peuvent être
rendus publics?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Les deux entreprises ont leur vérificateur
général et jamais Hydro-Québec, depuis 1944, n'a
été soumise à la vérification du
Vérificateur général de la province.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Vous avez votre propre
vérificateur?
M. Boyd: Nous avons un vérificateur général
pour Hydro-Québec. Il y en a également un pour la
société d'énergie. De plus, dans les deux cas, le
gouvernement nomme des vérificateurs externes pour faire la
vérification des bilans.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Boyd: Depuis que je connais Hydro-Québec, cela se fait
de cette façon.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté, vous
voulez ajouter?
M. Laliberté: J'ajouterais également que le conseil
dispose d'un comité de vérification interne.
Le Président (M. Jolivet): M le député.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Par exemple, si un citoyen voulait
connaître les coûts qui avaient été prévus
pour la construction, mettons, de Gentilly II, de Outardes II, ou de tout ce
qui a été fait à la SEBJ depuis le début, est-ce
qu'il pourrait savoir quels étaient les coûts qui avaient
été prévus et quel a été le coût
réel à la fin de la réalisation? Est-ce que ce serait
possible d'avoir des données comme celle-là?
M. Boyd: Comme je vous dis, les entreprises paragouvernementales,
comme Hydro-Québec, ne sont pas soumises au Vérificateur
général. On peut obtenir les réponses aux questions comme
celles que vous posez directement d'Hydro-Québec. Le vérificateur
général d'Hydro-Québec fait ses rapports au conseil
d'administration, c'est la façon de procéder.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): II n'y a pas d'objection à
ce que ce soit rendu public.
M. Boyd: Non. M. Laliberté vous a dit tout à
l'heure qu'ils étaient en train de
mettre à jour l'estimation du projet de la Baie James, phase 1.
Chaque fois qu'il a été question des coûts de la Baie
James, on en a parlé ici publiquement, on a déposé les
chiffres; il n'y a jamais eu de cachette là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): M. le Président, dans votre
programme de développement qui a été
présenté cet après-midi, on n'a pas fait mention du tout
de la construction du nouveau siège social à Montréal qui,
semble-t-il, coûterait, selon ce qu'on a appris, environ $330,000,000,
quelque chose comme ça, à moins que je me trompe. Est-ce que vous
pourriez nous dire si, effectivement, ce siège-social va être
construit, quels en sont les coûts et dans quel délai il sera
construit, puisqu'il n'en a pas été fait mention dans le
programme?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Oui, effectivement, le nouveau siège social
d'Hydro-Québec est une nécessité, parce que nos
employés sont dispersés en divers endroits à
Montréal. Nous avons fait une étude, l'année
passée, et sur recommandation, le conseil d'administration a
approuvé la décision de bâtir un nouveau siège
social dont la superficie sera d'environ 170,000 mètres carrés;
les estimations sont de $300,000,000 environ, dans le moment; l'emplacement a
même été choisi, c'est celui de l'ancienne École
technique de Montréal.
Ce projet a été approuvé par un arrêté
en conseil. Le conseil a d'abord voulu engager une firme de consultants
justement pour avoir l'opinion des gens du milieu, des corps
intermédiaires et pouvoir s'assurer que le siège social jouerait
son rôle dans le contexte assez important où nous nous trouvons,
parce que c'est un immeuble formidable qui regrouperait tout ce monde.
On prévoit rassembler tous les gens qui sont sur l'île de
Montréal dans le moment, incluant ceux de la SEBJ, jusqu'en l'an 2025.
C'est donc une construction considérable qui aurait une influence sur le
milieu. Cette étude est en cours. On attend un rapport sur ce premier
projet d'ici la fin de mars; ensuite, nous procéderons au choix... Il y
a évidemment des problèmes quant à l'emplacement; il y a
des gens dans les environs qui s'y opposent. Il y a aussi des réserves
du côté des Affaires culturelles, étant donné que
c'est l'ancienne École technique, il y a des choses à
régler. Il y a aussi le côté de l'urbanisme où on a
des problèmes à régler avec la ville de
Montréal.
Si vous me donnez une minute, j'ai des notes sur les
échéanciers et je vais vous les trouver. C'est un projet qui est
certainement justifié et que l'on veut entreprendre le plus rapidement
possible.
Je sais que la date d'occupation serait 1987.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Cela répond pas mal
à ma question, je pense bien que...
M. Boyd: C'est ça, c'est le rapport que vous avez; il a
été distribué très largement.
M. Fortier: II me fait plaisir de vous prêter un
document.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: C'est un document qui a été
distribué très largement...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. Boyd, mais j'ai
de la difficulté à vous entendre, pour les besoins de
l'enregistrement, les micros ne sont pas très sensibles.
M. Boyd: La planification est en cours. L'étude de
praticabilité de six mois est déjà assez avancée.
La définition initiale du projet prend six mois. Pour conception,
c'est-à-dire les études d'avant-projets, les plans
préliminaires et la conception architecturale, c'est deux ans, et pour
la construction, c'est quatre ans, ce qui voudrait dire la fin des travaux en
1987.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska):
D'accord. M. le Président, il me reste deux ou trois minutes.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska): Je vais essayer de poser mes deux
dernières questions ensemble pour ne pas avoir besoin de revenir.
Pourriez-vous expliciter un peu les constructions de Gentilly, les centrales
nucléaires qui sont situées dans la ville de Bécancour,
dans mon comté? Je pense que cela peut intéresser plus
particulièrement les gens touchés de près par ces
constructions. On sait également qu'il y a eu des problèmes quant
au fonctionnement de la première centrale nucléaire. Pouvez-vous
nous dire si cette centrale va fonctionner un jour? De quelle façon
allez-vous vous y prendre pour y arriver?
Un autre problème tout à fait à part, il y a eu
dans le journal Le Nouvelliste, de Trois-Rivières, dernièrement,
au moins un article concenrant la question de la parité de retraite pour
les anciens employés de compagnies privées et ceux
d'Hydro-Québec. Des gens disent qu'ils subissent certaines injustices
par rapport à ceux qui sont les retraités d'Hydro-Québec
actuellement. Pourriez-vous en deux ou trois mots nous dire ce qu'il en est de
ce côté-là?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: La première question a porté sur Gentilly
1. Évidemment, il y a des problèmes avec Gentilly 1 qui devraient
être réglés. Nous en discutons avec EACL, qui en est
propriétaire, parce qu'Hydro-Québec n'en est pas
propriétaire. En fait, EACL paie pour l'exploitation de cette centrale.
Une décision devrait être prise bientôt. Ou on continue de
la tenir en état d'attente, comme elle est là,
c'est-à-dire sans production, ou on y consacre l'argent
nécessaire pour la mettre en état de fonctionner. Il n'y a pas
moyen de s'entendre actuellement avec EACL sur cela. Je ne sais pas quel est
l'avenir de cette centrale. Nous la considérions comme un centre
d'apprentissage pour notre personnel, mais, malheureusement en ce moment, les
négociations avec EACL ne vont pas très bien. Celle-ci ne
voudrait pas investir les montants qu'il faut pour mettre la centrale en
état de fonctionner et nous, nous pensons ne pas devoir y investir les
sommes qu'on nous demande. Voilà pour Gentilly 1. Son avenir est assez
problématique dans le moment.
Quant à ce qui concerne les gens de l'ancienne compagnie de la
Shawinignan, puisque c'est dans votre territoire, je crois, nous avons
apporté des correctifs à leur régime de retraite à
plusieurs reprises dans le passé. Ce qu'on leur a offert, en fait, ce
qu'on leur a donné la dernière fois leur permettait de racheter
des années de service et, avec cela, ils avaient un régime de
retraite égal ou ils avaient l'occasion d'avoir un régime de
retraite égal à celui des autres employés qui avaient
toujours travaillé à Hydro-Québec.
La majorité des employés que j'ai rencontrés
moi-même, sont satisfaits à ce sujet. Il en reste encore
quelques-uns, surtout les plus anciens, qui sont réticents. Mais c'est
un problème qui affectait toutes les compagnies qui ont
été nationalisées. Je peux vous dire que je suis
allé à Trois-Rivières rencontrer un grand nombre de ces
gens et, après explication, ils se sont montrés satisfaits. (21 h
15)
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Frontenac. Maintenant que nous avons terminé la
présentation de chacun des partis, nous allons faire l'alternance en
commençant par le député de Frontenac. Après cela,
les députés de Mont-Royal, Duplessis et Gouin pour le moment. M.
le député de Frontenac.
M. Grégoire: M. le Président, je voudrais revenir
et poser quelques questions à M. Boyd sur le scénario de la
variante devancée du plan de développement. M. Boyd, vous nous
dites, et c'est la première question, que vos besoins financiers, vos
emprunts externes - le financement externe - vont diminuer à partir de
1983. Les chiffres qu'on a, c'est que vos emprunts seraient de $2,140,000,000
en 1980, $2,194,000,000 en 1981, $2,512,000,000 en 1982 et là, cela
baisserait de près de $500,000,000 à $2,073,000,000 en 1983,
$2,030,000,000 en 1984 et $34,000,000 en 1985. Vos emprunts vont donc
diminuer.
M. Boyd: Légèrement, sauf que l'année 1982,
avec près de $400,000,000 de plus va être très difficile,
sans compter les $4,500,000,000 de plus dont on parle.
M. Grégoire: Sans parler des $4,500,000,000, mais en
même temps, vos travaux vont se trouver à diminuer
également, entraînant à peu près 2000 pertes
d'emploi sur vos chantiers de développement au cours des mêmes
années. En même temps que vos emprunts vont diminuer, cela va
entraîner à peu près 2000 emplois de moins sur les
chantiers de développement. Est-ce exact?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: C'est exact. Au lieu d'avoir 16,000 emplois sur notre
programme d'investissement, on aurait en moyenne 14,000 emplois. Comme le
disait le président du conseil ce matin, pendant la même
période, il y aura des travaux pour le réseau gazier - on
l'espère - qui pourront combler cette différence.
Hydro-Québec fait bien son possible pour trouver de l'emploi et je pense
que dans les dernières deux années en particulier, elle a
joué un rôle très important au point de vue
économique dans la province par les nombreux emplois directs et
indirects qu'elle a créés.
M. Grégoire: Et...
M. Boyd: Personnellement, je ne crois pas qu'on doive changer un
programme nécessairement en fonction des emplois. Notre mission à
nous, c'est de produire l'électricité au meilleur prix et on
choisit le programme qui convient le mieux. Si le gouvernement veut qu'on joue
un rôle social pour conserver des emplois, c'est autre chose.
M. Grégoire: Mais en même temps - et
troisièmement - aussi que vos emprunts vont diminuer, que les emplois
vont diminuer d'environ 2000 sur les chantiers, et que, vont diminuer et vont
même disparaître vos surplus de production
d'électricité, de telle sorte que vont disparaître vos
exportations d'électricité vers l'extérieur. C'est ce
qu'on a vu sur le tableau où on arrivait vers 1988. Vos surplus
disparaissaient, les surplus que vous pouvez exporter présentement vers
les
États-Unis, le Nouveau-Brunswick ou... Vos surplus diminuant, vos
exportations diminuaient, selon les graphiques que vous nous avez
montrés cet après-midi. Donc, non seulement les emplois, mais
également les surplus et les exportations diminueraient pour en arriver
à peu près à zéro vers 1988.
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: Oui, il est vrai que les exportations, les surplus
doivent diminuer en 1988 pour en arriver à zéro, mais c'est une
situation qui est connue depuis nombre d'années. Le fait d'avoir des
surplus durant la période 1980 à 1988 vient de ce que nous
recevons actuellement de Churchill Falls de l'électricité avec un
facteur d'utilisation de 80%, alors que le facteur du réseau est de 60%.
De plus, nous sommes à construire à la Baie James des centrales
qui ont un facteur d'utilisation d'un peu moins de 80% et nous avons toujours
ce fameux réseau qui a un facteur d'utilisation de 60%, un facteur de
charge, ce qui veut dire que ces surplus ont déjà
été prévus en quelque sorte. Ce sont des surplus qui nous
arrivent parce qu'on a un décalage entre des centrales de base, comme on
vous a expliqué cet après-midi, et que les centrales de pointe ne
pourront être construites qu'à partir de 1986.
M. Grégoire: Alors, si je comprends bien, ces surplus
étaient prévus, mais ils vont en diminuant jusqu'à 1988,
pour arriver au point zéro. Pendant cette période, d'ici ce
temps, vous empruntez moins, et pendant une période, également,
de quelques années, vous avez 2000 emplois de moins. Or, je vois que
quelqu'un a préparé un scénario de remplacement non pas
pour aller dépenser de l'argent supplémentaire, mais pour
accélérer un peu sur certains points. On prévoit,
d'après l'analyse économique de la variante devancée, un
investissement de $4,500,000,000 sur dix ans qui serait inévitablement
fait, mais un peu plus tard.
Ces $4,500,000,000 vous permettraient, au lieu de connaître une
diminution dans vos besoins d'emprunt, de les maintenir, au lieu de
connaître une diminution de l'emploi pendant cette période de
quatre ou cinq ans, de les maintenir, et au lieu de prévoir une
période de diminution de vos surplus, donc de vos exportations, de les
maintenir jusqu'à ce que vos autres centrales soient prêtes et
continuent à vous fournir des surplus d'électricité pour
l'exportation. C'est ce qui serait la conséquence, à ce qu'on
peut voir, de cet investissement devancé, non pas ajouté, mais
devancé de $4,500,000,000.
Je vois également, dans l'analyse économique de la
variante devancée que vous nous avez fournie - vous nous avez
également montré le tableau cet après-midi -que dans le
cas le plus favorable, ça pourrait entraîner des revenus
supplémentaires de $1,200,000,000 avec des bénéfices nets
de $620,000,000. À ce qu'on nous a dit, vous avez fait neuf
hypothèses de travail, si vous continuiez à avoir ces
exportations d'une façon régulière avec l'analyse
économique de la variante devancée. Dans une des neuf
hypothèses, il y en avait une qui entraînait un déficit de
$280,000,000, les huit autres entraînant un surplus. Celle qui
entraînait un déficit était bien indiquée dans un
cas défavorable. Les huit autres entraînaient des surplus, le plus
possible vers les $620,000,000.
Dans les circonstances, là, je ne vous demande pas, M. Boyd, si
Hydro-Qué.bec est un organisme social pour trouver de l'emploi, non. Je
vous dis: II s'agit d'un investissement non pas supplémentaire, mais
devancé, qui entraînerait un revenu supplémentaire pouvant
aller jusqu'à $1,200,000,000, possiblement des revenus nets allant
jusqu'à $620,000,000, réussissant à maintenir vos surplus
et vos exportations. C'est cela qui est important, parce que vous savez que
quand vous importez en revenus supplémentaires $1,200,000,000, ça
fait remonter la valeur du dollar québécois. C'est une incidence,
ce n'est pas votre problème, je l'admets, mais c'est une incidence qui
compte pour un gouvernement.
Quand vous exportez $1,200,000,000 d'électricité, vous
savez que le ministre des Finances qui a à payer toutes les importations
de pétrole et à exporter notre argent pour importer du
pétrole, ça le soulage un peu et, également, ça
entraîne. Ce n'est pas votre rôle, je vous le dis, d'être
agent de placement, mais si ça maintient 2000 emplois sur les chantiers,
cela veut dire d'autres emplois en industrie dans le bas de la province,
à Montréal, à Québec, à Rouyn-Noranda ou je
ne sais trop où, et les emplois indirects que cela peut créer,
ça peut arriver facilement à 4000 emplois maintenus.
En tenant compte de tout ça - M. Boyd, M. Bourbeau ou un autre -
est-ce que votre analyse économique de la variante devancée - ce
n'est pas un investissement supplémentaire, mais devancé - de
$4,500,000,000, étendu sur dix ans, si vous tenez en
considération le facteur social qui entre pour un pourcentage en ligne
de jeu et les maux de tête que vous enlevez au ministre des Finances qui
voit $1,200,000,000 de plus qui entrent au Québec, et votre
clientèle pour les surplus que vous exportez, que vous maintenez et que
vous gardez qui est rassuré, parce que vous le maintenez, est-ce que,
dans les circonstances, M. Boyd ou M. Bourbeau, vous ne trouveriez pas
raisonnable que le gouvernement vous dise: Voici, la variante devancée
de votre analyse économique serait acceptable.
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: M. Claude Dubé va répondre à
cette question.
Le Président (M. Jolivet): M. Dubé.
M. Dubé: Comme on le disait tantôt, on a
examiné beaucoup de scénarios. Dans le scénario qu'on a
qualifié de favorable, je pense qu'on a mis toutes les chances de son
côté. D'une part, on a supposé que dans ce cas-là on
obtenait les permis gouvernementaux dans des temps records, que les surplus
dégagés par le devancement étaient immédiatement
vendus sur les marchés les plus lucratifs, c'est-à-dire que les
négociations avec tous nos partenaires, nos voisins, tous les acheteurs
éventuels déboucheraient de façon favorable, que tous les
projets d'interconnexion dont on a fait mention pouvaient arriver en temps et
dans les limites de coûts prévues. On a supposé, dans le
cas favorable, que tout allait bien. C'est un cas, je pense, extrême.
M. Grégoire: Et dans le cas défavorable, celui qui
arrive en déficit, vous avez présumé que tout allait
mal.
M. Dubé: Non.
M. Grégoire: Les cataclysmes s'en mêlaient, les
rivières débordaient.
M. Dubé: Malheureusement pas.
M. Grégoire: M. Dubé, je suis prêt à
admettre avec vous que dans le cas favorable vous supposiez que tout allait
donc très bien. L'Environnement ne mettait pas de temps à vous
donner les permis pour poser vos pylônes et vos fils. Mais, dans le cas
défavorable, vous allez admettre avec moi que vous avez
été à l'autre extrême. Là vous avez mis: Cela
va mal les amis!
M. Dubé: Dans ce qu'on vous a présenté ce
matin, on ne vous a pas présenté les scénarios de
catastrophe. On les a gardés pour nous ceux-là.
Dans le cas défavorable, quand même, tout va normalement
bien, sauf que ce sont les facteurs sur lesquels on n'a pas de contrôle
qui viennent jouer dans ce sens, c'est-à-dire une
hydroélectricité trop forte, qui nous apporterait des
déversements. Il n'y a rien, dans ces cas défavorables
qu'Hydro-Québec puisse faire.
Il y avait des scénarios qui étaient quand même plus
défavorables que ceux-là, c'est-à-dire des
scénarios où les interconnexions prévues arrivaient en
retard. On n'en a pas parlé de ceux-là.
M. Grégoire: Vous en avez fait neuf hypothèses,
neuf scénarios comme cela. Un seul vous donnait déficitaires, les
huit autres vous donnaient bénéficiaires.
M. Dubé: Quand on fait des...
M. Grégoire: Là, je voudrais vous poser une
question là-dessus. Vous en avez fait neuf dont un seul arrive
déficitaire. Vous marquez que tout n'arrive pas à point, si dans
le cas le plus favorable vous avez mis que tout allait très bien, dans
l'autre vous avez marqué que tout allait très mal. Un seul arrive
déficitaire. Je vous le demande, à vous. Est-ce que les chances
sont réelles, ou si c'est un risque calculé? Est-ce qu'un
bonhomme d'affaires dirait: II y a plus de chance que cela arrive
bénéficiaire et assez bien bénéficiaire dans ce
cas?
M. Dubé: Un bon homme d'affaires, je pense, qui
regarderait de très près les taux d'actualisation qu'il utilise
pour prendre cette décision... on a fait des analyses
paramétriques et les chiffres qu'on vous a donnés ce matin,
c'étaient des taux d'actualisation de 11,5%. C'est-à-dire que ce
sont les taux qu'on utilise normalement pour des investissements à long
terme. Par contre, si on utilise un taux d'actualisation de 14%, c'est le
scénario moyen qui arrive à zéro, c'est-à-dire qui
n'est ni déficitaire et qui n'a pas de profit supplémentaire.
À un taux d'actualisation de 14%, je pense que l'homme d'affaires
regarderait si son retour sur l'investissement est acceptable. C'est à
ce niveau que les scénarios s'équilibrent.
M. Grégoire: Oui, là vous me parlez d'un retour sur
l'investissement, mais l'investissement, vous allez être obligé de
le faire d'une manière ou d'une autre. C'est de le devancer.
M. Dubé: C'est de le devancer.
M. Grégoire: Alors, maintenant il y a aussi la remarque
qu'on nous a faite qu'en maintenant un niveau d'emploi plus stable, cela avait
peut-être une incidence économique plus stable aussi pour
l'ensemble des opérations des chantiers de développement.
Alors, en tenant compte de tout cela, j'en reviens à cette
question. On nous a parlé des neuf scénarios allant du plus
favorable au plus défavorable; en tenant compte de tous ces facteurs je
voudrais demander ceci à la direction d'Hydro-Québec: Est-ce
qu'il y a des objections majeures à utiliser le scénario de la
variante devancée, ou si vous êtes prêts à
l'envisager? Est-ce que vous êtes prêts à envisager que cela
peut être économiquement rentable que de garder un certain niveau
d'emploi? Est-ce que cela peut être économiquement rentable
pour l'ensemble de la société d'avoir des importations
d'argent américain de $1,200,000,000 contre une vente
d'électricité? Est-ce que cela peut être
économiquement rentable de garder ses clients à l'exportation,
d'avoir des surplus? Est-ce que cela peut être économiquement
rentable de devancer pour maintenir une stabilité à
Hydro-Québec? C'est la question que je vous pose.
M. Dubé: M. Boyd. (21 h 30)
M. Boyd: On l'a envisagé puisque le problème a
été discuté au conseil d'administration
d'Hydro-Québec. Après avoir considéré le rapport
avec tous les considérants dont M. Dubé vous a parlé et
bien d'autres, le conseil a décidé de maintenir la proposition
qu'on vous fait, qu'est l'originale, et non pas celle du devancement. C'est
ça la décision du conseil d'administration d'Hydro-Québec.
Je ne suis que le président-directeur général et vous avez
le président du conseil ici. Nous vous reportons ce qui a
été décidé au conseil après avoir pris en
considération tous les facteurs.
M. Grégoire: Y compris celui des emplois?
M. Boyd: Y compris celui des emplois.
M. Grégoire: Y compris des revenus supplémentaires
de $l,200, 000,000?
M. Boyd: Ils sont aléatoires. Il faut que l'eau soit
là, il faut que toutes les conditions favorables soient là et il
faut que les gens à l'autre bout de la ligne soient prêts à
l'acheter. Il faut aussi que les Indiens et les Inuits contribuent parce que,
dans le moment, les négociations avec eux pour la Grande-Baleine sont
très difficiles. Elles sont presque au point mort et si on ne peut pas
avoir leur accord sur ces points, le permis d'environnement, on ne l'aura pas,
à moins que le gouvernement ne l'impose. Alors, c'est bien beau de
vouloir devancer, mais il faut passer par les règles du jeu. Une des
règles du jeu, c'est celle-là. Je ne peux pas, M. le
Président, répondre à la question et dire si
Hydro-Québec est prête à changer d'idée? Il faudrait
que ce soit la décision du conseil d'administration.
M. Grégoire: M. Boyd, je ne vous ai pas demandé si
vous étiez prêts à changer d'idée, car je ne savais
pas que la direction d'Hydro-Québec avait pris une décision.
C'est justement ce que je voulais savoir, si vous en aviez pris une
décision, on ne l'avait pas su. Vous dites que vous, vous aviez pris une
décision; je viens de l'apprendre. Je crois qu'on vient de l'apprendre,
que la variante devancée, vous l'aviez mise de côté.
M. Boyd: C'est ça, M. le président du conseil.
M. Grégoire: Mais, il y aura d'autres
considérations peut-être à envisager dont peut-être
le conseil d'Hydro-Québec n'a pas tenu compte d'une façon qui
peut... Mais, est-ce que - c'est la dernière question que je voudrais
vous poser parce que mon temps achève - au point de vue saine gestion,
saine administration et dans le cadre des objectifs d'Hydro-Québec, il y
aurait des objections fondamentales ou importantes - sans employer le mot
fondamentales - à employer le scénario de la variante
devancée?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: La principale difficulté, M. le Président,
c'est le financement et, l'année 1982 étant déjà
une année difficile, le devancement la rend encore plus difficile. Les
augmentations de tarifs pour l'année 1982 et dont on reparlera l'automne
prochain, pourraient être plus élevées de 3% ou 4% de plus,
si nous devions en arriver à faire ce que vous demandez. C'est une chose
qui peut toujours être examinée mais, comme je vous dis,
ç'a été discuté.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Grégoire: Là, vous nous dites que la seule
objection - je m'aperçois qu'il y a d'autre chose qui sort - ce serait
le financement, ce serait la seule objection, à ce que vous m'avez dit.
La grosse objection, c'est le financement pour les années 1983, 1984,
1985. Vous trouvez qu'il serait peut-être plus difficile à ce
moment.
M. Boyd: En 1982 surtout.
M. Grégoire: Oui, mais l'année 1982 sera
passée. Je vous le demande, votre scénario de devancement, il
aura lieu à partir de 1983 et, en 1983, c'est là que votre
financement externe, vos emprunts diminuent de $500,000,000 sur l'année
précédente. Là, vous me dites que votre grande objection -
et ça aussi je l'apprends -ce serait le financement pour les
années 1983, 1984, 1985 et pourtant, votre financement, ces
années, diminue. Cela, c'est dans trois ans. Vous, M. Boyd - je vous
donne mon impression simplement - quand Hydro-Québec ou le gouvernement
a décidé de faire la Baie James, en 1971, à ce moment,
l'emprunt sur les marchés financiers était de l'ordre de
$300,000,000 ou $400,000,000 par année. Si on vous avait dit à ce
moment que pour terminer La Grande, le projet de la Baie James, ça
prendrait des emprunts de $2,140,000,000, vous auriez probablement dit: C'est
impossible à concevoir. Si, dans trois ans, ça demande
$160,000,000 de plus ou à peu près, $450,000,000 de plus,
c'est-à-dire revenir à l'emprunt de 1982, quoi, sans même
emprunter plus qu'en 1982 pour avoir un scénario de variante
devancée, vous dites: Le financement serait peut-être dur. Mais
c'est dans trois ans et les possibilités augmentent chaque année.
La preuve, c'est qu'en 1971, quand a commencé le projet de
développement de la Baie James, c'était $400,000,000 et jamais
personne n'aurait cru que cela aurait monté à $2,000,000,000.
C'était il n'y a que neuf ans. Personne n'aurait imaginé cela, ou
bien on n'aurait pas commencé la Baie James à ce moment. On
n'aurait même pas commencé si on avait dit: II faudra emprunter
$2,000,000,000 par année. Personne n'aurait voulu commencer cela.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: C'est l'année 1982 qui va être la plus
difficile. Elle est à $2,500,000,000 sans le devancement. Le devancement
crée un investissement additionnel de $362,000,000. Vous êtes
rendus à $2,862,000,000. On n'est pas plus dans la ligne des
$2,000,000,000, on est presque dans la ligne des $3,000,000,000. C'est le
problème principal. Il y a aussi un problème qui n'est pas
accessoire non plus, celui de l'environnement.
M. Grégoire: L'investissement pour le montant baisse
à $2,000,000,000, soit de $500,000,000 l'année suivante, en 1983.
Je termine là-dessus. Je veux simplement rectifier le point.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Frontenac!
M. Grégoire: L'année suivante, vos emprunts
baissent de $500,000,000 à $2,000,000,000. Vos $360,000,000 n'atteignent
même pas le financement de 1982. Très bien, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je trouve un peu ironique
l'approche du Parti québécois maintenant, à la veille
d'une autre élection, de vouloir devancer la construction de la Baie
James. En 1971-1972, vous vous souvenez que le Parti québécois
était contre la Baie James. Il ne fallait pas la construire. On vient de
passer tout un après-midi avec une explication très
intéressante, très informative sur les projets de la Baie James,
NBR, le complexe La Grande, le Poste de La Baleine. Même ce beau tableau
qu'on a en arrière de M. Bourbeau, de M. Boyd et de M. Laliberté,
c'est Manic 5 qui a été commencée encore une fois par une
administration libérale. Je trouve cela un peu ironique que maintenant
on essaie de devancer et de dire à Hydro ce qu'elle devrait faire, alors
qu'on était tellement contre.
Ma deuxième remarque, c'est à la suite d'une remarque de
M. Boyd, en réponse au député de Frontenac. Vous avez
parlé de la Grande Baleine et de vos négociations très
difficiles avec les Indiens et les Inuits. Je ne veux pas vous embarrasser
aujourd'hui et vous mettre en contradiction avec les politiques et les actions
du gouvernement, mais je voudrais seulement faire cette remarque. Vous savez,
M. Boyd, M. Laliberté, les difficultés que nous avons eues pour
négocier l'entente de la Baie James. Cela a pris deux années, de
peine et de misère, nuit et jour; vous avez été
témoins, vous avez été impliqués personnellement.
Finalement, l'entente a été signée. Je peux vous donner
peut-être une des raisons pour lesquelles vous avez des
difficultés à Grande Baleine, M. Boyd. Vous pouvez commenter si
vous voulez, mais je ne l'exige pas. C'est que depuis que l'entente a
été signée et depuis que le gouvernement du Parti
québécois a pris le pouvoir, les Indiens et les Inuits disent que
l'entente n'est pas respectée par le gouvernement. Des procédures
judiciaires ont été instituées. C'est bien difficile.
Après avoir rétabli la paix sociale dans ces endroits,
après avoir obtenu le consentement, l'approbation, la coopération
de 10,000 autochtones, aujourd'hui, vous allez vous trouver face à une
autre difficulté à Grande Baleine parce qu'ils ont
été obligés d'intenter des procédures pour faire
respecter une entente que le gouvernement du Québec avait dûment
signée en 1974 et en 1975 par une société de la couronne,
Hydro-Québec, et une société d'État, la
Société d'énergie de la Baie James. Peut-être que
cela peut expliquer un peu vos difficultés. Cela pourrait
suggérer à ces gentils messieurs, à ce gouvernement de
respecter les ententes qui ont été signées par le
gouvernement du Québec. Juste comme parenthèses, j'ai
trouvé les remarques du ministre cet après-midi à propos
de M. Bourassa peu charitables, parce que c'est la personne qui est
identifiée avec le projet de la Baie James. Utiliser le genre de
description, de qualificatif envers M. Bourassa que le ministre de
l'Énergie a utilisé cet après-midi, c'était ce
qu'on appelle en anglais un "cheap shot".
Maintenant, pour revenir à une question précise, les
économies d'énergie l'automne dernier, le premier ministre avait
annoncé un programme d'économie d'énergie de
$1,000,000,000. Après trois ans de faillite totale du Bureau des
économies d'énergie - il s'en est lavé les mains - le
gouvernement a dit: Hydro-Québec, occupez-vous-en. Vous avez
écrit un livre blanc en 1977 où on faisait l'éloge de
l'économie de l'énergie.
C'était un nouveau monde. On avait redécouvert la roue. On
était pour dépenser un milliard. C'était pour effectuer
des économies fantastiques. Je crois que le ministre, à ce
moment, était sincère, mais pendant trois ans, il n'a rien fait.
Peut-être que ça peut expliquer les commentaires que vous avez
à l'avant-propos de votre document, une stratégie pour la
décennie quatre-vingt où vous dites: En plus de miser sur des
mesures d'économie d'énergie dont les effets tardent
malheureusement à se faire sentir. Naturellement, ils tardent à
se faire sentir quand vous avez un gouvernement qui n'a pas la volonté
politique de mettre en oeuvre les économies d'énergie avec des
programmes d'information et des critères dont la population peut se
prévaloir. Cela peut s'expliquer, peut-être, avec son option
politique de vouloir sécuriser faussement la population. En Ontario,
trois à quatre fois plus de personnes se sont prévalues du
même programme qui existait ici au Québec.
Ici, au Québec, 7% de ceux qui étaient admissibles s'en
sont prévalus. Naturellement, ils se font dire par le gouvernement: Ne
vous inquiétez pas, on a beaucoup d'électricité. Vous
n'avez pas besoin du fédéral. Vous n'avez pas besoin du gaz "
naturel. Vous n'avez besoin de rien. Naturellement, on crée une
atmosphère de fausse sécurité et, la conséquence,
c'est que la population ne s'est pas prévalue du programme d'isolation
de maisons autant que les 25% qui s'en sont prévalus en Ontario.
Maintenant, le programme d'un milliard annoncé par le premier ministre
et dont Hydro-Québec va avoir la responsabilité, est-ce qu'il y a
eu des études de faites pour ce programme d'un milliard? Et si des
études ont été faites, quel est le pourcentage
d'économie d'énergie qui pourrait en résulter avec une
dépense d'un milliard?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: M. Jean-Paul Cristel va répondre à la
question.
M. Cristel: M. le Président, en ce qui concerne le
programme d'économie d'énergie dont le gouvernement a
demandé à HydroQuébec la réalisation, j'aimerais
indiquer ici qu'une étude a été réalisée par
des consultants Scanada, et qu'on a déterminé que
l'amélioration de l'enveloppe thermique des résidences au
Québec serait une opération rentable qui pourrait impliquer des
déboursés de la part des consommateurs de l'ordre d'un milliard.
Maintenant, si Hydro-Québec, dans sa prévision, indique des
économies d'énergie, je crois que c'est de l'ordre de 11% pour la
période étudiée, il ne faut pas confondre
l'économie d'énergie dans le programme et l'économie
d'électricité prévue dans la demande
d'Hydro-Québec. Vous savez qu'historiquement, à cause du
programme dont on a fait mention précédemment, Novelec, etc., les
résidences chauffées à l'électricité ont
toujours été mieux isolées que les résidences
chauffées par d'autres formes d'énergie.
Donc, si on s'attaque au parc de logements, les grands
bénéficiaires au point de vue efficacité
énergétique sont ceux qui chauffent actuellement au
pétrole et aussi au gaz, jusqu'à un certain point. Par exemple,
dans un logement, des pourcentages d'amélioration, de 30% sont
possibles.
M. Ciaccia: Dans l'étude, quel est le pourcentage? Ils
donnent un pourcentage. Ils doivent en donner pour se rendre à un
milliard rentable. Est-ce qu'ils disent: Si vous dépensez un milliard,
vous allez avoir x pour cent? Je comprends que dans l'ensemble vous avez 11%
d'électricité parce que le milliard ne couvrirait pas 2,000,000
de logements au Québec. Dans la plupart des logements, on chauffe
dehors. Cela fait quatre ans que le gouvernement nous promet un code du
bâtiment pour répondre à cela, mais on ne l'a pas eu
encore. Alors, pour le milliard, quel sera le pourcentage, d'économies
si on dépense cela?
M. Cristel: Je n'ai pas la réponse exacte à votre
question.
M. Ciaccia: Pardon?
M. Cristel: Je n'ai pas la réponse exacte à votre
question parce que le rapport...
M. Ciaccia: 21%, dans le rapport? M. Cristel: Pardon?
M. Ciaccia: Est-ce que cela peut être 21%? (21 h 45)
M. Cristel: Ce pourrait être ça, mais le rapport
faisait état de la rentabilité de différentes mesures, par
exemple, l'isolation des sous-sols, l'isolation des greniers, etc.
M. Ciaccia: Est-il possible - je ne sais pas si vous y êtes
autorisés - de déposer cette étude?
M. Cristel: C'est une étude qui appartient au
ministère de l'Énergie et des Ressources.
M. Ciaccia: On pourrait demander au ministre si c'est possible de
déposer l'étude Scanada, sur laquelle vous vous basez pour
dépenser $1,000,000,000 en dix ans.
Le Président (M. Jolivet): M. le
ministre a-t-il une réponse à donner?
M. Ciaccia: Est-il possible de déposer l'étude
Scanada sur laquelle vous vous basez pour dépenser $1,000,000,000?
M. Bérubé: Je ne l'ai pas en nombre suffisamment
considérable pour commencer à faire des dépôts
publics. Je ne l'ai pas en très grand nombre et je ne la
déposerai pas en 100 exemplaires, mais si...
M. Ciaccia: Mais prenez seulement un document... pour la rendre
publique, vous en avez besoin d'une copie seulement.
M. Bérubé: Pour répondre à la
question du député de Mont-Royal, effectivement, ça me
fait plaisir. Comme il m'a donné le droit de parole, en me posant une
question, il me fait plaisir en même temps de souligner que, quand il
parle du Code du bâtiment, nous avons effectivement voté une loi
d'isolation des maisons, mais c'est le Parti libéral qui a
demandé son report de six mois pour la mise en vigueur et que, par
conséquent, c'est le Parti libéral qui est d'une totale
inconséquence avec toutes les déclarations qu'il fait
continuellement.
M. Ciaccia: Un instant...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Bérubé: M. le Président, dans la mesure
où on m'a donné le droit de parole, je voudrais répondre
complètement à la question.
M. Ciaccia: J'avais le droit de parole, M. le Président.
Est-ce que j'ai le droit de parole?
M. Bérubé: II s'agit d'une question sur...
M. Ciaccia: J'ai seulement demandé s'il voulait
déposer l'étude, je n'ai pas demandé qu'il parte sur une
tangente.
M. Bérubé: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, je ne voudrais pas
recommencer. Le droit de parole est au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour répondre au ministre...
M. Bérubé: II ne veut pas qu'on réponde.
M. Ciaccia: Pour répondre au ministre, ce n'est pas une
loi sur le Code du bâtiment que vous avez déposée qu'on a
fait retarder; on l'a fait retarder parce qu'il va y avoir possiblement un
autre gouvernement quand elle va être mise en vigueur et ce sera vraiment
un changement au Code du bâtiment; c'est pour ça qu'elle est
retardée, car votre loi n'est pas applicable et elle contient trop de
trous.
Regardez ce que la loi dit, ce n'est pas "changements au Code du
bâtiment", c'est Loi sur l'économie d'énergie.
Dans ce même rapport, M. Cristel, il y a une autre recommandation
voulant qu'en dépensant une somme de $2,500,000,000, au lieu d'effectuer
des économies d'énergie de 21% on pourrait effectuer des
économies d'énergie de 41%?
M. Cristel: Je ne peux pas répondre à cette
question.
M. Ciaccia: Si le ministre peut rendre ce rapport public, on
pourrait vérifier si vraiment le gouvernement a décidé de
minimiser les dépenses dans ce secteur pour donner l'impression que...
Il n'est pas vraiment sérieux dans l'économie d'énergie,
mais, à la veille d'une élection, il y a du rattrapage à
faire, alors c'est strictement une procédure électorale.
Si c'est possible, on demanderait... Mais je ne veux pas ouvrir la porte
ici à un autre droit de parole; le ministre a dit que c'est possible de
le déposer, on demanderait s'il peut déposer l'étude au
cours de la commission parlementaire, afin que nous puissions en prendre
connaissance et peut-être soulever certaines questions.
Je vous remercie. Il me reste quelques minutes et je voudrais poser
quelques questions sur le projet Archipel.
Je remarque, M. Boyd et M. Bourbeau, que dans le programme
d'Hydro-Québec, le Parc des installations d'Hydro-Québec, 1965
à 1995, le projet Archipel ne figure pas. Le projet Archipel, pour ceux
qui ne sont pas au courant, c'est aménagement et la destruction des
rapides de Lachine, sur le lac Saint-Louis, dans la région de
Montréal, qui vont affecter LaSalle, Dorval, Verdun,
Caughnawaga et les environs. Alors, si je lis bien votre document, cela
ne fait pas partie de vos prévisions comme projet hydroélectrique
d'ici à 1995. C'est bien exact?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau. M. Bourbeau:
C'est exact, oui.
M. Ciaccia: Je sais qu'Hydro-Québec avait
déjà fait une étude, je pense, en 1970, sur ce projet et
je pense qu'elle avait mis de côté... Cela a commencé, je
pense, au début des années cinquante et cela s'est terminé
vers 1970. Le nouveau projet va-t-il affecter les rapides Lachine ou les
laisse-t-il tels quels?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: M. Boyd va répondre à la question.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. Boyd.
M. Boyd: Le projet Archipel, le gouvernement nous a
demandé de l'étudier à nouveau, mais dans un nouveau
contexte. C'est vrai qu'on l'avait étudié à quelques
reprises dans le passé, mais on nous a demandé l'année
passée de le reprendre, dans le contexte de l'archipel, pour
éviter les inondations, régulariser les eaux dans toute la
région métropolitaine. C'est dans ce contexte que nous avons eu
une entente avec le gouvernement, Hydro étudiant la partie
hydroélectrique du projet et le gouvernement se chargeant d'obtenir les
permis et tout ce qui est nécessaire au point de vue de
l'environnement.
De ce côté-là, nous avons regardé plusieurs
variantes, certaines nouvelles, certaines anciennes. Nous en avons gardé
une en particulier qui, dans le moment, si on la compare, par exemple, à
un projet de la même ampleur que celui de Grande-Baleine, serait plus
cher au kilowatt à installer que le projet équivalent de
Grande-Baleine. Nous continuons d'étudier ce projet et nous sommes
même prêts a procéder a l'étude d'un avant-projet
hydroélectrique pour voir davantage s'il peut être optimisé
suffisamment pour en réduire les coûts. Je pense qu'il y aurait
lieu de voir si c'est opportun de payer même un peu plus cher pour ce
projet, étant donné qu'il est à Montréal et qu'il
permettrait de régler un ensemble de problèmes qui affectent
plusieurs riverains, la question des inondations, etc.
Il n'est pas dans notre programme parce que, dans le moment, les
études d'avant-projets ne sont pas faites et on n'a pas obtenu les
autorisations non plus pour aller sur le terrain. Alors, on ne peut pas
procéder aux études du projet tant qu'on n'aura pas les
autorisations. Comme vous le savez, d'un côté comme de l'autre, il
y a des problèmes d'environnement et nous attendons les autorisations
pour pouvoir continuer nos études techniques.
M. Ciaccia: M. le Président, vous avez mentionné
que cela coûte un peu plus cher. Je vous demande si le prix du projet...
Vous avez dans un graphique 3,2%. Vous montrez, je pense, le potentiel
hydraulique et les différents coûts des projets en pourcentage. Je
pense que vous l'avez situé au quinzième rang. Est-ce que cela
veut dire qu'il y a beaucoup d'autres projets qui coûtent moins cher et
qui vont être construits, qui sont plus rentables? Mais, même
à ce niveau, quels éléments sont inclus dans ce prix?
Qu'est-ce que cela inclut?
Est-ce que cela inclut tous les coûts de tous les travaux? Je vais
vous donner quelques exemples. Le 4 décembre 1978, le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche avait donné à la
ville de LaSalle $1,500,000 pour l'acquisition de terrains permettant la
création d'un parc en front des rapides de Lachine. Cela va coûter
à la ville de LaSalle des sommes considérables. Maintenant, avec
trois des cinq propositions des différents schémas du projet
Archipel, la ville de LaSalle n'aura plus accès à l'eau, la ville
de Verdun non plus ni la ville de Dorval. On coupe l'accès à
l'eau à ces trois villes. Il va y avoir des dommages à payer et
le moins qu'il va y avoir, c'est les $1,500,000 que le gouvernement avait
donnés avant l'annonce de l'étude de ce projet. Il y a ce point.
Il y a celui de la prise d'eau. La ville de Montréal prend maintenant
son eau aux rapides de Lachine. Si vous construisez un barrage en aval, il faut
prendre la prise d'eau, la déménager et aller la porter sur le
lac Saint-Louis. Les estimations, les chiffres qu'on a donnés, c'est
quelque $600,000,000. Le prix du projet, tel qu'il sera payé par
Hydro-Québec, va-t-il inclure cela? HydroQuébec va-t-elle payer
pour cela, les dommages à la ville de LaSalle, à Dorval et
à Verdun, plus les barrages de contrôle en aval du lac
Saint-Louis, plus tous les dommages qui seront causés?
Une autre question, la dernière, parce que je pense que mon temps
est écoulé.
Une voix: Oui.
M. Ciaccia: Une dernière question. Vous pourrez
répondre. Vous avez fait une étude, vous avez commandité
une étude par le Centre de recherche écologique de
Montréal qui s'est prononcé contre. Pas nécessairement
contre, mais il a fait des recommandations contre le projet. Ma dernière
question serait: Pourriez-vous rendre cette étude publique?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Évidemment, on pourrait discuter longtemps du
projet Archipel. On a notre spécialiste en environnement. Comme vous le
savez, il y a un comité d'harmonisation qui s'occupe du projet Archipel,
composé d'un certain nombre de membres du gouvernement et des
ministères et de deux représentants d'Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Excusez-moi. Il y a des séances d'information
partout dans la région. Ce soir, il y en a une dans West Island de
Montréal. Hydro-Québec assiste-t-elle aux séances
d'information? Sinon, pourquoi pas, parce que vous allez être
impliqués? Il faudrait donner des renseignements sur les
barrages, le chenal. Pourquoi n'allez-vous pas aux séances
d'information? Le gouvernement ne veut pas?
M. Boyd: M. le Président, sur ce projet,
Hydro-Québec a demandé que sa fonction soit limitée aux
projets hydroélectriques, le gouvernement se chargeant du reste. Les
séances d'information, l'obtention des permis et tout ce qui concerne
l'environnement, c'est la responsabilité du gouvernement. Nous, nos
dépenses, nos études sont en fonction du projet
hydroélectrique seulement. C'est ainsi qu'il faut diviser le
problème dans ce cas et c'est strictement cela.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. Il y a deux choses que
je voudrais relever avant de faire mon intervention et poser des questions aux
représentants d'Hydro-Québec. Ce sont deux allusions qui ont
été faites par le député de Mont-Royal.
Premièrement, il a fait allusion au fait que le Parti
québécois était contre le projet de la Baie James au
début. Je pense qu'il a la mémoire courte, mais il y a une chose
que je voudrais lui dire par le biais de vous, M. le Président. C'est la
façon dont le projet a été annoncé, et si votre
mémoire est si courte que cela, M. le député de
Mont-Royal, cela a été annoncé pour fêter votre
premier anniversaire le 29 avril 1971. Vous n'étiez peut-être pas
là, mais c'est votre parti qui était là, et vous vous
étiez même trompés de projet, parce que que je sache, le
projet NBR que vous aviez annoncé le 29 avril au Petit Colisée de
Québec, ce n'est pas ce qui est en train d'être construit
actuellement à la Baie James. Je vais vous dire pourquoi en plus; c'est
parce qu'à ce moment-là, Hydro-Québec - et j'ai
travaillé là pendant 20 ans n'était même pas
prête au niveau technique pour les projets que vous aviez
mentionnés.
Des voix: Bravo!
M. Ciaccia: Ils sont patients.
M. Perron: Deuxièmement, vous avez mentionné le
programme d'isolation des maisons et là, je dois poser la question
directement au ministre parce que je sais, après avoir lu certains
articles dans les journaux, que la province d'Ontario a profité à
60% des subventions fédérales dans les projets d'isolation des
maisons. Je pose la question au ministre: Est-ce un fait, ce que dit le
député de Mont-Royal, à savoir que le programme
d'isolation des maisons ne fonctionnait pas, et s'il ne fonctionnait pas,
pourquoi?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais que
vous rassuriez le député de Duplessis concernant les assertions
du député de Mont-Royal. Le député de Mont-Royal
dit souvent un peu n'importe quoi et évidemment, je ne peux pas lui en
tenir rancune. J'ai l'impression qu'il a décidé d'intervenir
parfois politiquement, mais il le fait parfois malhabilement. En effet, ce que
dit le député de Duplessis est parfaitement exact. Le programme
canadien d'isolation des maisons qui s'applique à l'ensemble du Canada a
essentiellement profité à l'Ontario. Plus de 50% des subventions
sont allées à l'Ontario. C'était le programme national. Il
était tellement bien conçu - le député de
Mont-Royal dirait "taylor made" - pour l'Ontario que c'est effectivement
l'Ontario qui a empoché à peu près tout l'argent. Et il a
fallu que le gouvernement du Québec vienne ajouter du crémage sur
le gâteau, de manière que finalement même les
Québécois puissent se sentir attirés par le programme
fédéral et s'impliquent dans l'isolation des maisons. Ce qu'il
décrit comme un échec, c'est qu'en 1978, il y a eu 7000 maisons
isolées au Québec; en 1979, 24,000 et en 1980, 50,000 maisons.
(22 heures)
Alors, s'il parle d'un échec de l'action du gouvernement du
Québec, c'est carrément parce qu'il ignore totalement la nature
de l'action et qu'il faut, de toute façon, qu'il fasse un peu
d'épaté et un peu...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: J'ai très bien compris qu'il fallait, M. le
Président, qu'il charrier, comme d'habitude.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Ce n'est pas ici qu'on fait la campagne
électorale, c'est dans la rue, dans les maisons et partout. Faites-la
comme ça, votre campagne électorale.
M. Ciaccia: C'est vous qui avez eu la commission parlementaire,
pas moi.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, M. le
député.
M. Perron: M. le Président, mon intervention portera
principalement sur le projet d'aménagement de la rivière Romaine,
qui est située, comme vous le savez, dans le comté de Duplessis,
ce très vaste comté, que connaît très bien le
député de Portneuf, d'ailleurs, que j'ai l'honneur de
représenter à
l'Assemblée nationale. Cependant, j'aurais une ou deux questions
à poser aussi en rapport avec certains projets qui sont
étudiés ou qui sont projetés par Hydro-Québec et
où on a commencé certaines études. Selon le document,
Stratégie pour la décennie 1980, publié par la
société Hydro-Québec en décembre dernier, les
travaux d'aménagement hydroélectriques de la rivière
Romaine débuteront en 1985 et les centrales qui y seront construites
seront mises en service entre 1994 et 1996. Sur ce projet bien précis,
j'aurais quelques questions à poser à nos invités, mais,
auparavant, si vous me le permettez, M. le Président, j'aimerais faire
part à la commission de quelques-unes des recommandations qui m'ont
été faites et plusieurs fois même exprimées par des
citoyens et des groupes du comté de Duplessis dont certains viendront
d'ailleurs témoigner devant cette commission en ce qui a trait aux
travaux d'aménagement de la rivière Romaine.
Tout d'abord, il m'apparaît essentiel de replacer ce projet
d'aménagement de la rivière Romaine dans le contexte
socio-économique du comté de Duplessis. En effet, il n'est
peut-être pas mauvais de rappeler que la région que je
représente à l'Assemblée nationale vit depuis quelques
années des heures fort difficiles, puisqu'elle est rattachée aux
grands projets des multinationales. C'est ainsi qu'en septembre 1979, comme
vous le savez tous, la compagnie ITT Rayonier, de Port-Cartier, fermait ses
portes, laissant 1300 travailleurs sur le pavé. Je voudrais
suggérer au député de Mont-Royal qui aime tellement
déconner de regarder le décret du gouvernement libéral du
temps et de se rappeller les $20,000,000 qui se sont perdus dans le paysage et
dont on doit payer les intérêts actuellement.
M. Ciaccia: Qu'est-ce que vous en faites, avec le ministre de
l'Éducation? $20,000,000, c'est bien moins que $500,000,000. Au moins,
ils ont essayé un projet économique avant.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mont-Royal.
M. Perron: Et plus récemment.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Duplessis, un instant. M. le député de Mont-Royal, je m'excuse,
en vertu de l'article 100, tout le monde vous a laissé parler. Je pense
que c'est votre devoir de laisser parler le député de Duplessis.
M. le député de Duplessis.
M. Perron: M. le Président, on pourrait parler de ITT
Rayonier longtemps, parce que l'usine ne sera pas rouverte demain matin.
Plus récemment, notre région, dont le taux de
chômage est d'environ 13%, et dont une des principales
caractéristiques est d'avoir toujours été dominée
par les grandes compagnies multinationales dans les domaines du minerai et du
bois, a dû faire les frais de la mauvaise conjoncture internationale dans
ce secteur d'activité. Ainsi, le 9 janvier dernier, la compagnie Iron
Ore du Canada annonçait la fermeture de ses usines de traitement et de
bouletage du minerai de fer à Sept-Îles, ce qui entraînera,
le 15 mai prochain, plus de 650 mises à pied. Quelques semaines plus
tard, c'était au tour de la compagnie minière
Québec-Cartier d'annoncer 85 autres mises à pied. Compte tenu de
la situation économique mondiale et de la situation économique
sur la Côte-Nord, les années 1981 et 1982 ne s'annoncent
guère plus encourageantes. Face à ces difficultés
économiques régionales, les citoyens et les citoyennes de
Duplessis sont pleinement conscients et conscientes de la
nécessité de diversifier leur économie et,
déjà, de nombreux efforts en ce sens sont faits depuis les
dernières semaines par les différents agents économiques
de la Côte-Nord et spécialement de la sous-région de
Sept-Iles et de Port-Cartier. Néanmoins, ce n'est qu'à moyen et
à long terme que l'on pourra apprécier les résultats de
ces efforts.
À court terme, cependant, la situation économique est
telle que les perspectives d'emploi sont presque nulles pour cette population
jeune, dynamique qualifiée et désireuse de demeurer sur la
Côte-Nord et désireuse d'y travailler. En ce sens, il me semble
donc que cette toute nouvelle situation socio-économique de notre
région exige que l'échéancier d'Hydro-Québec, en ce
qui concerne les travaux de la zone Côte-Nord, la zone A et en
particulier le projet d'aménagement de la rivière Romaine, projet
qui créera, rappelons-le, près de 5000 emplois, que cet
échéancier, dis-je, soit accéléré. Une telle
décision permettrait à notre région, à court terme,
de s'en tirer sans trop de dommages, d'empêcher un exode qui ne manquera
pas de survenir si la situation économique demeure inchangée et
nous laisserait le temps à tous et chacun à moyen et à
long terme de renforcer et de diversifier notre économie
régionale.
Cela dit, j'aimerais maintenant adresser certaines questions relatives
aux travaux d'aménagement hydroélectrique de la rivière La
Romaine, et ce, aux porte-parole de la société
Hydro-Québec. Un fait qui est à remarquer, c'est que lorsque M.
Laliberté a fait son exposé, il a mentionné quatre grands
mandats que la SEBJ avait reçus.
La première question s'adresse, bien entendu, à M.
Laliberté, à M. Boyd ou au président du conseil
d'administration d'Hydro-Québec à savoir si vous avez l'intention
de donner un mandat spécifique à M. Laliberté
afin d'accélérer la construction de La Romaine, soit les
quatre centrales RO 1, RO 2, RO 3 et RO 4? C'est ma première
question.
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
Juste un instant, pour les besoins des gens. Nous avons demandé
que cessent les travaux à l'extérieur. Les ouvriers pensaient que
nous terminions à 22 heures et c'est pour cela qu'à 22 heures
tapant cela a commencé. On essaie de faire arrêter ces bruits. On
va essayer de travailler entretemps.
M. Bourbeau.
M. Bourbeau: Actuellement, ce qui se passe sur La Romaine, ce
sont des études préliminaires et des études
d'avant-projet. Ces études sont faites par Hydro-Québec. Il
n'y a pas de...
M. Perron: De mandat.
M. Bourbeau: Lorsqu'on passe un mandat à la
Société d'énergie de la Baie James, c'est au moment
où le projet prend forme.
M. Perron: Je vous remercie de la réponse.
Maintenant, est-ce que quelqu'un pourrait me répondre,
probablement M. Claude Dubé? Est-ce que vous pourriez me dire quelle
sera la puissance installée de NBR et la puissance installée de
La Romaine à la fin des travaux?
M. Dubé: À La Romaine à l'heure actuelle, il
y a deux variantes qui sont étudiées, une variante à
quatre centrales avec une puissance installée de 1416 MW et une variante
à trois centrales avec une puissance installée
légèrement inférieure soit autour de 1300 MW. La variante
à trois centrales serait légèrement plus chère en
dollar du kilowatt, mais elle aurait comme avantage d'éviter tout
débordement sur le territoire du Labrador; donc on pourrait la
construire sans qu'il soit besoin d'avoir une entente avec Terre-Neuve. Cela ne
veut pas dire qu'il ne serait pas souhaitable d'avoir une entente avec
Terre-Neuve puisque la variante à quatre centrales serait
économiquement plus rentable.
M. Perron: Si je comprends bien, vous venez de dire qu'il y a
deux possibilités de s'en sortir, savoir qu'on éliminerait RO 4,
qui est près de la frontière du Labrador.
M. Dubé: Pardon?
M. Perron: On éliminerait RO 4.
M. Dubé: C'est cela.
M. Perron: On monterait la puissance des autres centrales.
M. Dubé: C'est cela.
M. Perrons Pour en arriver à peu près à la
même chose.
M. Dubé: Un peu moins, à peu près 100 MW de
moins.
M. Perron: M. le Président, M. Bourbeau a parlé de
La Romaine. Est-ce que vous pourriez détailler davantage un peu plus
où en sont les études actuellement en rapport avec la
rivière La Romaine?
Peut-être que M. Boyd pourrait répondre.
M. Dubé: M. Boyd va répondre à cette
question.
M. Boyd: M. Bourbeau vous a parlé des études. Au 31
décembre 1980, il y avait $19,000,000 de dépensés sur les
études. Les études sont assez avancées. Au cours de 1981,
des dépenses de $5,800,000 sont prévues pour continuer les
études. Évidemment, un des problèmes importants, c'est une
rivière à saumon, ce qui rend la situation difficile. Un autre
problème d'environnement qui n'est pas négligeable depuis quelque
temps, c'est celui des Attikamègues montagnais, qui ont à peine
commencé à négocier avec le gouvernement du Québec
pour qu'on reconnaisse leurs droits. Ces deux problèmes vont
créer certains retards probablement dans les solutions de ce projet.
Comme on vous le disait, le projet à quatre centrales, c'est
celui qui serait préférable, si on pouvait s'entendre avec
Terre-Neuve. Je ne pense pas qu'on puisse aller plus vite a cause des deux
problèmes d'environnement que nous avons. Celui du saumon et celui des
Attikamègues montagnais.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Perron: En rapport avec le conseil attikamègue
montagnais, est-ce que ces négociations sont déjà
commencées? Peut-être que la question pourrait s'adresser au
ministre de l'Énergie et des Ressources. Est-ce que les
négociations sont commencées actuellement?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: Oui, sous la direction du
secrétariat aux affaires amérindiennes dirigé par M. Eric
Gourdeau. Il y a une table de concertation qui regroupe une
délégation d'Attikamèques montagnais et plusieurs
ministères gouvernementaux. Plus récemment,
également, Hydro-Québec a demandé à faire
partie de cette table de concertation pour pouvoir aborder plus
spécifiquement la question du développement
hydroélectrique du territoire. Je dois souligner que du
côté attikamèque montagnais on a manifesté certaines
réserves à négocier directement avec Hydro-Québec,
voulant essentiellement maintenir une négociation avec le gouvernement
plutôt qu'avec Hydro-Québec, mais il s'agit à ce moment
d'incorporer Hydro-Québec dans une table sectorielle, mais
chapeautée, si vous voulez, par la négociation centrale au niveau
gouvernemental.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Perron: II y a une autre question que je voudrais poser au
représentant d'Hydro-Québec. Puisqu'on parle
spécifiquement de La Romaine où le projet est prévu pour
1985, c'est bien entendu qu'avant que les projets commencent, il faudra
construire une route entre Havre-Saint-Pierre et Baie-Johan-Beetz en direction
de la Pashashibu. Est-ce que c'est Hydro-Québec qui a le mandat pour la
construction de cette route?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Perron: Dans le corridor prévu par l'environnement.
M. Boyd: II n'y a pas eu de discussion encore entre Hydro et le
gouvernement au sujet de cette route.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Perron: Compte tenu des raisons socio-économiques que
j'ai mentionnées précédemment et compte tenu de
l'affirmation que vous venez de faire, de la réponse que vous m'avez
donnée en rapport avec le conseil attikamègue et les
rivières à saumon, mettons que ces deux problèmes soient
réglés, est-ce qu'il y aurait une possibilité
qu'Hydro-Québec puisse devancer son projet vers 1983? J'en fais la
demande parce que si on regarde la stratégie pour la décennie
1980, on peut lire ce qui suit à la page 39": Le plan des installations
d'Hydro-Québec(...) est révisé régulièrement
tous les ans pour rajuster son déroulement et son contenu en fonction
des nouvelles connaissances et des changements dans la conjoncture
énergétique et économique". Là, c'est bien
sûr que ce que j'ai fait comme préambule, cela concerne surtout le
côté économique pour la région de la
Côte-Nord, spécialement à partir de Port-Cartier vers
l'est, soit vers Natashquan. Est-ce qu'il y aurait des possibilités,
est-ce que les études sont rendues assez loin pour que vous puissiez -
si les deux problèmes que vous avez mentionnés sont
réglés - aller de l'avant et commencer les travaux vers 1983 ou
si les études ne sont pas assez avancées pour cela?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Évidemment, là on compare la
rentabilité du complexe NBR avec la rentabilité du projet La
Romaine. NBR étant un projet de beaucoup plus grande importance au point
de vue de la production et étant à un coût moindre du
kilowattheure, c'est NBR qui a été choisi pour être
construit avant La Romaine. Je ne peux pas vous dire que c'est inflexible, que
les conditions ne permettraient pas que ce soit changé. Ce sont des
choses qui peuvent être examinées dans un nouveau contexte. C'est
ma réponse.
M. Perron: Lorsque vous faites des études de
rentabilité à savoir si une centrale ou un projet doit se faire
avant un autre projet, vous prenez les coûts du mégawatt en
rapport... Je vais donner l'exemple suivant. Mettons qu'il y a le
nucléaire. Vous avez le nucléaire, vous avez le thermique, vous
avez l'hydraulique. D'accord? Ce sont les trois domaines où travaille
Hydro-Québec surtout. Pour voir la rentabilité, est-ce que vous
vous comparez, actuellement, au coût du nucléaire en rapport avec
le mégawatt? Disons que cela coûte tant du mégawatt pour
faire une centrale nucléaire, ça coûte tant du
mégawatt pour faire une centrale hydraulique. (22 h 15)
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: C'est un coût actualisé, ce qui veut
dire que cela comprend non seulement les dépenses d'investissement, mais
aussi les dépenses d'exploitation pendant 50 ans. On prend 50 ans parce
qu'on considère qu'une centrale hydraulique a une vie de 50 ans, une
centrale nucléaire a une vie de 30 ans, mais on fait un
réinvestissement durant une période de 20 ans, pour être
capable de comparer les deux centrales sur le même pied.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Perron: Je voudrais remercier les représentants
d'Hydro-Québec pour les précisions qu'ils ont apportées en
rapport avec les projets, mais j'ai une dernière question à
poser; ça se rapporte à deux autres rivières du
comté de Duplessis.
J'ai eu une rencontre, il y a environ deux semaines, avec des
représentants du monde des affaires et on m'a dit que le projet de la
rivière Sainte-Marguerite était plus avancé que celui de
La Romaine; j'en
doute, mais je voudrais savoir si tel est le cas.
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: Je ne pourrais pas vous le dire moi-même, je
ne sais pas si on a quelqu'un qui pourrait vous donner une réponse.
Le Président (M. Jolivet): M. Dubé.
M. Dubé: Pour le projet de la rivière
Sainte-Marguerite nous n'avons pas le même niveau de connaissance que
celui de La Romaine. Cependant, c'est un projet qui, selon les études
actuelles, semble pas mal attrayant.
M. Perron: D'une capacité de combien? La puissance
installée, lorsque les centrales seront construites?
M. Dubé: C'est tout à fait modeste, 426
mégawatts.
M. Perron: En rapport avec la Mécatina, où en sont
les études?
M. Dubé: Le projet de la Petite Mécatina, c'est un
projet beaucoup plus important, 2500 mégawatts, et nous sommes à
peu près au même niveau de connaissance quant aux études
préliminaires, donc c'est comparable à la Sainte-Marguerite.
M. Perron: D'accord. Je vous remercie, MM. les
représentants d'Hydro-Québec; merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député. M. le député de Gouin.
M. Tremblay: Merci, M. le Président. Nous avons la chance
d'avoir avec nous la haute direction d'Hydro-Québec et la haute
administration aussi. Malheureusement, nous n'avons que dix heures pour
éclaircir un programme d'investissement qui se chiffre a
$55,000,000,000, ce qui nous fait une étude horaire d'à peu
près $5,500,000,000. C'est beaucoup!
M. Samson: C'est en haut du salaire minimum!
M. Tremblay: C'est en haut du salaire minimum, en effet! ... pour
vraiment avoir une vue qui soit autre que superficielle d'un pareil programme
d'investissements.
Je déplore, pour ma part, que vous soyez convoqués
uniquement une journée sur 365 et même je pense que ça fait
deux ans et demi ou trois ans que vous avez été convoqués.
Il m'apparaît que c'est vraiment dommage, à la fois pour vous,
parce que ça doit être assez frustrant de ne traiter des choses
que d'une façon assez superficielle; ça l'est certainement pour
moi, comme membre de cette commission, et je suis certain que ça l'est
pour la population qui essaie d'y voir clair.
Afin de ne pas trop gaspiller le temps qui nous est alloué, je
vais quand même poser trois questions additionnelles afin de faire
ressortir certains éléments. Je me rends compte que,
malgré la très intéressante intervention de M. Georges
Lafond, le ministre des finances d'Hydro-Québec, personne encore ne lui
a posé de question et personne n'a relevé son conservatisme
financier. J'aimerais adresser ma première question au trésorier
d'Hydro-Québec.
Premièrement, j'aimerais qu'il nous précise une chose; il
a budgétisé pour les cinq prochaines années - il ne veut
pas toucher à l'ensemble de la décennie, jugeant que la boule de
cristal n'est pas suffisamment claire - mais il budgétise de plus en
plus des excédents d'opération, laissant voir que
peut-être, l'an prochain, au mois de juin ou à l'automne,
lorsqu'il y aura une hausse des tarifs, cette hausse de tarifs devrait
refléter cette budgétistation de l'augmentation des
excédents d'opération. Afin de dissiper tout malentendu, - parce
que certains ont prétendu que ces excédents d'opération
d'Hydro-Québec se montent cette année à quelque
$992,000,000, du moins dans cet ordre des choses - j'aimerais demander si ces
excédents pourraient être versés au fonds consolidé
du ministre des Finances du Québec ou si c'est uniquement, comme je
crois le comprendre, une accumulation de réserves pour l'autofinancement
des projets d'investissement d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. Lafond.
M. Lafond: M. le Président, j'ai fait un exposé cet
après-midi. Je savais que je courais certains risques en rendant publics
certains scénarios qui sont des projections tout à fait
préliminaires. Avant de répondre à la question du
député de Gouin, j'aimerais, compte tenu du risque que j'ai couru
et des conséquences qui s'ensuivent, assumer des responsabilités,
si vous le permettez, pour deux minutes.
Les scénarios ont été distribués et je me
vois maintenant comme le gars qui a les pieds dans le ciment. On tient pour
acquis que la série des emprunts 1981-1985 est une chose fixe et on
élabore certains raisonnements à partir du fait qu'après
1982 -parce que ce sera l'année-sommet - il y aura une baisse de
$500,000,000, que ce sera la vie en rose et que tout sera facile à
financer.
Je reviens sur le problème du
devancement et j'en parle en tant que trésorier
d'Hydro-Québec. Je souligne que le problème du devancement va
ajouter aux programmes d'emprunts un volume de $878,000,000 sur cinq ans, soit
environ $175,000,000 par année. D'autre part, M. le Président,
j'ai dit que ces projections étaient préliminaires et elles
incorporent comme projection une hypothèse selon laquelle les nouveaux
programmes seront réalisés aux États-Unis sur une
période de 30 ans, au Canada sur une période de 25 ans avec des
fonds d'amortissement, dans les marchés étrangers, eurodollars,
européens et autres, sur une période de dix à douze ans.
Étant donné que les échéances sur les
marchés deviennent de plus en plus courtes, le tableau de cinq ans
soulève des interrogations. Plus précisément hier matin,
M. le Président, nous avons négocié à
Hydro-Québec une émission de $185,000,000 avec un coupon de 13,5%
et qui fournit un rendement à l'investisseur de 13,68. Cette
émission de $185,000,000 a une échéance de trois ans et
demi, comme la dernière émission du gouvernement du Canada, trois
ans et demi, avec option d'ajouter sept autres années. Et les
détenteurs d'obligations - je puis vous en donner l'assurance - se
prévaudront de leur privilège de remboursement si les taux
excèdent 13,5% dans trois ans et demi. Trois ans et demi, cela nous
reporte à 1984, exactement dans la période de cinq ans qui nous
apparaît un peu comme la vie en rose.
Au sujet de ce scénario d'emprunts de cinq ans, je
répète la remarque que j'ai faite. Les coûts ou les besoins
d'emprunts additionnels qu'entraînera pour Hydro-Québec du
programme d'énergie ou d'économie d'énergie ne sont pas
reflétés. Il était pour moi prématuré de les
estimer, de les incorporer.
Cinquièmement, j'ai bien apprécié aussi certains
commentaires qui ont été faits concernant la performance
d'Hydro-Québec au cours de l'année 1980 parce que j'avais fait
allusion au manque de performance d'Hydro-Ontario. Lorsque j'ai fait allusion
aux programmes d'Hydro-Ontario, ce n'était pas pour avoir des
compliments, mais c'était surtout pour souligner qu'une compagnie ayant
une cote de crédit AAA, alors que nous en avons une de AA, qui avait un
programme de $1,800,000,000 n'a pu réaliser que $1,450,000,000. Elle se
retrouve avec un trou de $350,000,000. L'année 1982 sera une
année de pointe. Si la même chose devait nous arriver à
Hydro-Québec, à ce moment-là, il faudrait compenser par
l'utilisation de marges de crédit à court terme comme,
heureusement, nous en avons, mais ces marges de crédit devront
être refinancées rapidement dans les années qui suivront.
Le taux de 13,5% que nous avons dû payer hier a aussi une autre
signification. Les études d'actualisation du programme de devancement
utilisaient un taux de 11%. Il est normal que les taux d'actualisation
utilisés, surtout dans un programme de devancement, soient au moins
égaux, sinon supérieurs aux taux couramment payés par
Hydro-Québec pour ses emprunts. On sait que, si on utilise 12,5% ou 13%,
à ce moment, la rentabilité apparente des neuf hypothèses
se situe plutôt au milieu ou du côté négatif
plutôt que du côté positif.
M. le Président, je vous remercie de m'avoir permis de
préciser ma position sur ce sujet. J'aimerais maintenant répondre
le mieux possible à la question du député de Gouin. Les
excédents d'opération d'Hydro-Québec, je m'y suis
référé dans la conclusion de mon exposé, en disant
qu'Hydro-Québec, au cours de la prochaine décennie, aurait besoin
de toutes les liquidités que ses opérations pourraient
générer. Sans avoir suivi vos cours, je sais qu'il y a quinze ou
vingt ans les économistes disaient qu'un service public devait fournir
et rendre son service au coût, point. Je pense que cette thèse
tient de moins en moins aujourd'hui et surtout dans notre secteur qui est
excessivement "capital intensive", si on me pardonne l'expression anglaise.
Aujourd'hui, je crois que les économistes se rallient à
l'idée que les services doivent être rendus et fournis au
coût plus et, dans le cas d'Hydro-Québec, le plus étant le
pourcentage d'autofinancement requis pour maintenir une opération
financière saine et un équilibre financier raisonnable qui nous
permettent de nous présenter sur les marchés financiers avec
confiance.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Tremblay: M. le Président, loin de moi l'idée de
critiquer l'orthodoxie financière de M. Lafond. Je m'apprêtais
à aller plus loin dans le domaine. Je lui avais posé seulement la
petite question, à savoir si cette pensée ou peut-être ce
rêve que certains caressent que certains excédents
d'opération d'Hydro-Québec pourraient être
transférés au fonds consolidé n'était pas justement
un rêve. Pas de commentaires? On ne vous a jamais fait de demandes, par
exemple, de la part du gouvernement pour que vous transfériez une partie
de ces excédents?
M. Lafond: M. le Président, la réponse:
Personnellement, je n'ai eu aucune de ces demandes.
M. Tremblay: Maintenant, je reviens à cette orthodoxie
financière. Il y a quand même un certain paradoxe.
Évidemment, Hydro fonctionne dans son univers à elle, mais nous,
comme députés, nous devons regarder l'ensemble de la situation
financière du gouvernement. L'Hydro, étant un des
éléments, comme société d'État, de
l'ensemble du gouvernement, il y a quand même un paradoxe. Je vois que
ses excédents d'opérations ou d'autofinancement étaient
d'environ 10% en 1971 et vous nous avez laissé entendre qu'à la
fin des années 1990 on approcherait 50% pratiquement d'autofinancement.
Je ne veux pas entrer dans un débat de fond, mais on a des installations
qui sont des immobilisations avec une vie utile de 50 ans que l'on commencerait
à financer de plus en plus avec du financement courant. Or, d'autre
part, nous avons un ministre des Finances, qui fait partie du même
gouvernement, qui fait justement le contraire, qui finance des dépenses
courantes avec des emprunts à très long terme. Ma question est
évidente: Est-ce que soit vous, soit le ministre des Finances avez fait
certaines démarches pour vous rencontrer...
M. Bérubé: C'est une suggestion!
M. Tremblay: ...pour que les $3,000,000,000 de financement que le
gouvernement doit faire pour, en grande partie, des dépenses courantes
auprès de la Caisse de dépôt, auprès des fonds de
retraite, etc., puissent être agencés avec votre propre programme
de financement pour des immobilisations qui ont une vie utile de 50 ans? Une
question bien simple et naïve, mais elle est là comme un soleil,
cette question. Est-ce qu'on se parle à l'intérieur du
gouvernement?
Le Président (M. Jolivet): M. Lafond.
M. Tremblay: Jai posé la question à M. Bourbeau,
parce que c'est une question qui dépasse...
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau, la question vous
est posée.
M. Bourbeau: Je pense que c'est M. Boyd qui peut
répondre!
Le Président (M. Jolivet): Donc, M. Boyd. (22 h 30)
M. Boyd: M. le Président, régulièrement il y
a des discussions entre le vice-président des finances, le
trésorier d'Hydro-Québec et le président
d'Hydro-Québec avec le ministère des Finances. Une fois par
année, on fixe un programme d'emprunts qui doit correspondre aux besoins
d'Hydro-Québec et à celui de la province, pour qu'il n'y ait pas
d'embarras entre les deux et que, d'une façon générale, il
y ait une harmonisation et qu'on ne se pile pas sur les pieds sur les
différents marchés.
C'est une coutume qui existe depuis très longtemps, que l'on fixe
un programme annuel d'emprunts entre les deux. M. Lafond participe à ces
réunions. Je pense que c'est une nécessité que deux
entreprises qui ont des besoins d'emprunts aussi considérables se
parlent pour savoir quels seront les marchés et à quel moment. De
plus, à chaque émission que nous faisons, en plus d'obtenir
l'autorisation du conseil d'administration pour emprunter, il faut aussi avoir
l'autorisation du ministre des Finances et un arrêté en conseil.
Vous savez cela.
Quant au programme de financement pour l'année 1981, je pense que
les discussions ne sont pas terminées avec le ministère des
Finances. Là-dessus, M. Lafond pourra me corriger si je fais erreur. Je
ne crois pas que les discussions soient terminées avec le ministre des
Finances sur le programme d'emprunts de 1981.
M. Tremblay: M. le Président, il s'agit d'une question qui
me paraît assez fondamentale. Je retiens, des explications qui ont
été données par la haute administration
d'Hydro-Québec, que la contrainte financière dans les prochaines
années allait être une des principales contraintes dans le plan
d'équipement, que l'engorgement des marchés financiers et la
faiblesse des marchés obligataires, à l'extérieur du
Canada comme à l'intérieur du Canada, posaient des
difficultés et suscitaient des craintes. J'ai cru comprendre qu'il y
avait des craintes, et que c'était une des raisons pour lesquelles on
voulait maintenir un programme d'emprunts de $2,000,000,000, $2,500,000,000
jusqu'en 1985.
Nous avons quand même au Québec des réservoirs de
capitaux assez importants. La Caisse de dépôt et placement
génère à peu près $1,500,000,000 de nouveaux
capitaux par année, un peu plus maintenant avec l'assurance-automobile.
Nous avons les fonds de retraite des employés des secteurs public et
parapublic qui atteignent cette année $845,000,000, l'an prochain
probablement $900,000,000, $950,000,000. Donc, nous avons un réservoir
d'épargnes qui peut être investi sur dix ou quinze ans. Il est
évident que, temporairement, le gouvernement, comme un gros
éléphant, suce cette épargne présentement à
coups de milliards.
Lorsqu'on dit qu'on va avoir un débat public au Québec sur
le plan d'Hydro-Québec, c'est un peu cela. Est-ce qu'il ne serait pas
plus profitable pour la société québécoise que l'on
investisse un peu plus nos fonds de retraite dans nos barrages
hydroélectriques que dans nos dépenses courantes
gouvernementales? Ce débat, on peut le faire à l'Assemblée
nationale, mais on peut le faire dans la population en général.
Je pose la question. Est-ce que vous avez rencontré la direction de la
Caisse de dépôt et placement, par exemple, pour regarder son
profil de placements au cours des dix prochaines années, à
savoir si les maigres $300,000,000 ou $400,000,000 qu'elle vous réserve
présentement ne pourraient pas être accrus et ainsi vous enlever
cette épée de Damoclès d'être obligés de
faire appel au marché londonien, au marché new-yorkais où
il y a cet engorgement que vous semblez constater?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: M. Lafond, je pense, peut vous donner l'historique de
nos relations avec la Caisse de dépôt qui a toujours acheté
de nos obligations, mais c'est de moins en moins.
Le Président (M. Jolivet): M. Lafond.
M. Lafond: M. le Président, j'aimerais d'abord faire une
remarque au sujet des caisses de retraite dites publiques et parapubliques,
faire la distinction entre les caisses de retraite qui résultent des
régimes universels, genre Régime de pension du Canada,
Régime de rentes du Québec, ou dans le cas du Québec, un
autre exemple serait le régime de l'assurance automobile, qui produisent
des liquidités. Par opposition aux caisses de retraite qui
résultent des régimes des employés des secteurs public et
parapublic. Dans le cas des premières caisses, du premier bloc de
liquidités, je crois qu'il est à peu près exact d'affirmer
-c'est la pratique nationale suivie dans plusieurs fonds du genre Heritage Fund
- que la vocation qu'on donne à ces liquidités soit davantage
axée vers des utilisations économiques pour le bien-être de
la société dans laquelle elles sont utilisées. Par contre,
dans le cas des caisses où les employés participent avec leurs
cotisations, l'autorité publique est beaucoup moins libre d'agir et
ça se voit, en particulier, à la caisse de dépôt
où une partie des mouvements de fonds disponibles sont dans des comptes
appelés des comptes de déposants - c'est le cas aussi du RREGOP,
par exemple - pour lesquels des instructions précises sont
données par des comités mixtes dont font partie à la fois
l'employeur et l'employé, les deux cotisants au régime.
À ce moment, il y a moins de liberté et ça
réduit peut-être la masse d'épargne disponible, par
ailleurs. Dans le cas de la caisse de dépôt, les fonds
appartiennent donc davantage à la collectivité. Il y a un
historique, publié dans le rapport annuel de la caisse de
dépôt, sur une base quinquennale que j'aimerais présenter
comme la présentation de cet après-midi.
De 1966 à 1970, c'est-à-dire dès sa formation de la
caisse de dépôt, la caisse a acheté pour $425,000,000
d'obligations du gouvernement versus $174,000,000 d'Hydro-Québec. Compte
tenu des besoins du temps, je ne porte pas de jugement là-dessus, non
plus. De 1971 à 1975, la caisse de dépôt s'est
portée acquéreur de $570,000,000 d'obligations du gouvernement
versus $615,000,000 d'obligations d'Hydro-Québec. De 1976 à 1980,
la caisse de dépôt s'est portée acquéreur de
$3,180,000,000 d'obligations du gouvernement du Québec versus
$1,060,000,000 d'obligations d'Hydro-Québec.
M. Boyd a fait allusion à ces rencontres que nous avons
annuellement où, dans le meilleur intérêt à la fois
de la province et d'Hydro-Québec, on s'entend pour éviter des
collisions frontales sur des marchés donnés, pour se
départager les marchés selon qu'une longue échéance
convient mieux à Hydro-Québec ou une courte à la province,
à cause de son pouvoir de taxation, etc.; c'est la façon de
financer les corps publics, municipalités et gouvernements; alors les
marchés sont partagés, les échéances sont
partagées et ça donne ce résultat selon les années,
selon les besoins.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
c'est largement dépassé en termes de temps.
M. Tremblay: Avez-vous remarqué, M. le Président,
que j'ai posé des questions très courtes et que les
réponses ont été très longues. Mes questions
étaient bonnes, mais les réponses aussi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député, ne
faites pas perdre le temps des autres. M. le député de
Châteauguay.
M. Grégoire: Le préambule politique était
trop long.
M. Dussault: Merci, M. le Président. Je vais revenir au
projet Archipel. On serait peut-être surpris, ce soir, que je ne parle
pas du projet Archipel ayant été un des deux
députés qui, au début de cette question, de cette
idée d'Archipel, ont fait la promotion de ce potentiel qui existe dans
les environs de Montréal et qui peuvent servir à
différents objets. J'ai été un peu déçu que
le député de Mont-Royal ne profite pas de l'occasion justement
pour se renseigner à fond sur ce qu'est le projet Archipel. Cela lui
éviterait dans l'avenir de raconter toutes sortes d'histoires. Il se
trouve intéressant en racontant des histoires et c'est justement des
épouvantails comme on en a entendu un tout à l'heure quand il a
dit: Ce projet vise à couper l'accès à l'eau à
LaSalle, Lachine, Verdun, alors que l'un des objectifs
importants de ce projet c'est effectivement de rendre les eaux de
l'archipel de Montréal plus accessibles.
Drôle d'histoire que raconte M. le député de
Mont-Royal. Il nous dit: La prise d'eau de Montréal ne pourra plus
être disponible pour les gens de Montréal. Justement on peut
améliorer le sort des gens de Montréal et la ville de
Montréal s'est montrée très intéressée par
le projet Archipel relativement à cette question de la prise d'eau. M.
le député de Mont-Royal raconte donc encore des histoires et il
aurait vraiment intérêt à poser des questions
fondamentales, essentielles aux gens d'Hydro-Québec sur ce projet.
Il parlait de destruction des rapides de Lachine et d'un barrage dans
les rapides. Justement un de ses copains de LaSalle s'est mis à conter
de pareilles histoires dans la population, il a fait signer une pétition
sur cette base, mais c'est tout à fait trompeur de dire qu'il y aurait
un barrage dans les rapides de Lachine. Il semble qu'il viendra en commission
parlementaire et on aura des questions à lui poser sur sa façon
de faire signer des pétitions.
Je pense qu'il est important de rappeler que le projet Archipel c'est un
projet d'aménagement global. L'aménagement, c'est sans doute un
concept qui est très complexe et difficile à comprendre pour M.
le député de Mont-Royal, il préfère les simplismes
du genre de ce qu'il nous a servi tout à l'heure comme
épouvantait.
C'est un projet d'aménagement global et sans doute que, si on
pouvait réaliser dans les plus brefs délais le projet Archipel,
les gens de Laval, qui sont dans l'eau avec les inondations,
apprécieraient le projet Archipel. C'est le genre de chose, quand on a
l'occasion de le voir, qui nous fait un peu mieux comprendre pourquoi le projet
Archipel existerait. Le projet Archipel vise effectivement à
régulariser le niveau des eaux de l'archipel de Montréal, pour
faire en sorte que les gens sortent des inondations printanières qu'ils
vivent toutes les années; prévenir les inondations,
prévenir le frasil et les embâcles. On sait que le fleuve ne
gèle pas à la hauteur des rapides de Lachine; ça
crée des amoncellements de glace épouvantables dans le port de
Montréal particulièrement.
Cela vise à améliorer la qualité de l'eau et la
qualité de l'usage de l'eau, alimentation, baignade, navigation; si on
pouvait réaliser le projet Archipel, on pourrait avoir Plattsburg
à nos portes, il s'agit de vouloir le faire. C'est une image, mais une
image qui peut être la réalité un jour. Il s'agit de mettre
en valeur la ressource faunique et le patrimoine; ce sont des choses qui sont
possibles. Il s'agit aussi d'accroître les liens de transport en commun
avec la rive sud et moi, si j'ai été motivé par ce projet
au départ, c'est parce que je pensais qu'un des ouvrages de
contrôle pourrait servir à des fins de transport. Nous, dans le
sud-ouest - je suis de Châteauguay -on est prisonnier, dans cette
région, à cause des problèmes de transport; le pont
Mercier particulièrement. J'ai voulu ouvrir une porte sur l'avenir en
termes de transport, c'est important je pense.
Hydro-Québec a fait la preuve de son intérêt
puisque, au moment où le ministre d'État à
l'Aménagement a demandé qu'Hydro-Québec s'intégre
à ce projet, Hydro-Québec a accepté de faire partie du
comité technique d'harmonisation. M. Boyd, tout à l'heure, nous
disait qu'Hydro-Québec avait comme mandat de se préoccuper
davantage des questions de production hydroélectrique, et c'est tout
à fait normal, c'est dans le mandat d'Hydro-Québec. Tandis que le
gouvernement va se préoccuper davantage des autres questions qui
concernent véritablement l'aménagement, parce que c'est une
question d'aménagement global.
Je voudrais demander à M. Boyd, pour commencer, au stade
où il en est rendu -parce qu'on sait qu'il n'y a pas tellement longtemps
on a fait une préétude de faisabilité qui a conclu qu'on
pouvait passer à une étude de faisabilité - s'il aurait
été physiquement pensable d'intégrer ce projet au plan
d'équipement d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Ce plan pourrait être intégré, au
moment où on serait assez avancé pour aller au stade
d'avant-projet, mais nous sommes dans l'impossibilité dans le moment
d'aller sur le terrain; on a des montants au budget pour faire des
études, des forages, des sondages et toutes sortes de choses pour voir
réellement quelle est l'amplitude des travaux à faire, choses
qu'on ne peut faire parce qu'on n'a pas accès au terrain.
Le problème c'est celui-là et nous attendons les
autorisations pour pouvoir pénétrer sur le terrain.
M. Dussault: Si je comprends bien, les études doivent se
compléter, donc personne ne devrait être surpris que le projet
Archipel n'apparaisse pas encore dans votre plan d'équipement; moi,
ça ne m'a pas surpris, sachant très bien le rythme des travaux
qui se faisaient au point de vue des études, mais peut-être que le
député de Mont-Royal devrait se faire expliquer dans le
détail que ce n'était pas physiquement possible actuellement,
compte tenu du stade où on est rendu dans le projet, d'intégrer
cela au plan. Cela pourra venir un jour. Il s'agit d'être patient. Je
suis préoccupé par la création d'emplois, parce que je
pense que, par les temps qui courent, depuis quelques
années, tous les moyens susceptibles de créer de l'emploi
doivent être considérés si, par ailleurs, ils peuvent
être utiles et bien correspondre aux objectifs auxquels ils devraient
correspondre normalement. (22 h 45)
J'ai été un peu inquiet quand je vous ai entendu expliquer
votre plan d'équipement parce qu'on a constaté que, dans les
toutes prochaines années, possiblement, on devra craindre un trou au
point de vue emploi, une espèce de creux au point de vue emploi à
travers votre cheminement. Cela m'inquiète un peu et je me demandais
s'il n'y aurait pas lieu, de la part d'Hydro-Québec, non pas de
s'intégrer davantage - je pense que la preuve est faite que votre
intérêt est là et que l'intégration existe aussi -
mais sans vouloir devenir absolument un bureau de placement - je sais que ce
n'est pas votre rôle, vous n'avez pas un rôle social - de toute
façon, puisqu'il faut produire de l'électricité et que les
besoins sont là, ne peut-on pas penser que le projet Archipel pourrait
devenir un de ces éléments d'un scénario de devancement
à la Snelling comme on l'a évoqué ce matin?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Dussault: Si on pouvait arriver à
accélérer les études, par exemple.
M. Boyd: Oui. Quant aux études, M. le Président,
nous avons des sommes d'argent de l'année dernière qu'on n'a pas
pu dépenser et qui étaient prévues dans notre budget. Au
cours de 1981, il est possible qu'on ait des sommes d'argent qu'on ne puisse
pas dépenser parce qu'on n'a pas les autorisations de
pénétrer sur les terrains. D'un côté où se
trouve la centrale, c'est Caughnawaga et on ne peut pas y
pénétrer. Il faut que des arrangements soient pris. Ce n'est pas
notre responsabilité. Tant qu'on ne pourra pas faire ces études
et avancer davantage, on ne pourra pas avoir un avant-projet. Il est possible
qu'en optimisant le projet, en l'étudiant davantage, on en
réduise les coûts unitaires et, plus il devient
intéressant, plus il est possible de l'intégrer à notre
projet ou à notre programme.
Nous n'avons pas dit qu'il ne pouvait pas être
intégré au programme. Nous avons dit que, s'il était
intéressant parce qu'il règle un tas d'autres problèmes et
si les choses pouvaient être partagées équitablement entre
les besoins hydroélectriques et les besoins d'aménagement global
de l'Archipel, c'est une chose qu'Hydro-Québec pourrait
considérer et intégrer dans son programme, mais nous ne sommes
pas assez avancés pour être capables de donner cette
réponse.
Le Président (M. Jolivet): M. le député.
M. Dussault: Vous permettez, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Dussault: Est-ce quand même assez avancé, du
moins la variante qui semble la plus probable, la plus probante, pour qu'on
puisse déjà faire une évaluation? Avez-vous fait
l'évaluation du nombre d'emplois directs qui pourraient être
créés par les travaux qui viseraient essentiellement, en ce qui
vous concerne, la production hydroélectrique?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Pour la production ou pour la construction?
M. Dussault: Oui, la production hydroélectrique dans le
projet Archipel.
M. Boyd: Non, je ne crois pas que nous ayons fait cette
étude.
M. Dussault: Excusez-moi, je n'ai pas entendu.
M. Boyd: Quelqu'un peut-il répondre? Je ne crois pas qu'on
ait fait cette étude encore. Non?
M. Dussault: D'accord. Pour terminer, je voudrais savoir plus
précisément en quoi consiste... D'abord, on nous a dit que les
différentes variantes, à mesure qu'on avançait dans les
études, nous faisaient constater qu'on se rapprochait de plus en plus du
seuil acceptable au point de vue des coûts. On nous a dit que le seuil
était quelque chose autour des coûts du nucléaire.
J'aimerais avoir une idée de la dernière variante
étudiée, celle qui semble la plus probante, celle qui semble la
plus acceptable sur le plan des coûts, jusqu'à quel point elle est
proche de ce qui est acceptable sur le plan des dépenses.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: M. le Président, si vous voulez qu'on
réponde à cette question, M. Dubé a des planches qu'il
peut vous expliquer davantage et répondre peut-être avec plus de
détails sur le projet Archipel, mais cela va prendre quelque temps.
C'est peut-être la chose à faire.
Le Président (M. Jolivet): M. Dubé.
M. Dubé: Du point de vue strictement des coûts, il
est vrai que plus les études avancent, plus il semble qu'une des
variantes en particulier pourrait être intéressante. Je pense que
si on la comparait au projet de Grande Baleine qui pourrait être
théoriquement, en tout cas - construit durant la même
période, le projet Archipel, c'est quand même de près de
80% ou 90% supérieur en termes de dollars par kilowatt, ce qui ne
l'exclut absolument pas. C'est-à-dire qu'au niveau des connaissances,
là où on est rendu, je pense que, dans cet ordre de grandeur,
notre opinion est que ça vaut la peine de poursuivre et d'optimiser nos
études pour voir et connaître réellement quels sont ces
coûts. C'est la raison pour laquelle Hydro-Québec veut
entreprendre le plus rapidement possible l'étape d'étude
d'avant-projet proprement dit qui nous amènera au point de
décision quelque part autour de 1985. Maintenant, si vous le
désirez, on peut présenter à l'assemblée
quelques-unes des variantes et leur description technique, si vous le
voulez.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le
député.
M. Dussault: M. le Président, je n'ai pas terminé,
si vous permettez.
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Dussault: II paraît qu'on a 20 minutes, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): C'est à vous, la parole
est à vous.
M. Dussault: Les coûts excédentaires qu'on pourrait
connaître, vous avez dit que, malgré que les coûts
pourraient être un peu plus élevés, ça vaut la peine
de continuer. Vous faites sans doute allusion aux autres objectifs que vise le
projet et qui pourraient rendre raisonnable et rationnel l'avancement du
projet, malgré qu'on soit un petit peu au-dessus des coûts
habituels. C'est ça?
H y a une autre question que je voudrais poser à M. Boyd, qui a
fait une allusion tout à l'heure aux Amérindiens, les gens de
Kanawaki, comme ils disent maintenant. Quand j'ai dit tout à l'heure que
nous dans le Sud-Ouest, on était un petit peu prisonniers, ce n'est pas
tout à fait étranger à eux. De temps en temps, ils nous
menacent de nous bloquer des routes. De toute façon, c'est leur approche
à eux, je pense que je ne peux la leur reprocher, mais nous, il faut
qu'on cherche des moyens de s'en sortir et ce problème de transport dont
vous parliez tout à l'heure serait un moyen de s'en sortir aussi. Mais
vous aviez dit que vous aviez besoin d'autorisations et que, quand vous auriez
des autorisations, peut-être que vous pourriez continuer. Les
autorisations auxquelles vous faites allusion, je voudrais savoir lesquelles et
si elles ont été demandées. Est-ce que, par exemple, on a
demandé au conseil des ministres d'émettre, je ne sais pas, un
arrêté en conseil pour débloquer des choses qui ne
marcheraient pas actuellement? Je voudrais mieux comprendre.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: Ce sont des problèmes qui sont discutés au
comité d'harmonisation et des autorisations qui doivent être
résolues par le comité d'harmonisation avant
qu'Hydro-Québec puisse travailler. Ce sont les différents permis,
les différents arrêtés en conseil qui permettent que les
travaux se fassent. Nous n'avons pas encore ce qu'il faut pour faire les
investigations nécessaires. C'est ça, la réponse.
M. Dussault: D'accord, je vous remercie. J'ai terminé, M.
le Président, sinon, peut-être que je pourrais ajouter que j'ai
une grande préoccupation, celle d'éviter que, pendant les
prochaines années, on ait à vivre le nucléaire au
Québec. Je pense qu'avec le potentiel hydroélectrique qu'on a, on
pourrait même se permettre, nous, les Québécois, de passer
cette étape que d'autres, malheureusement, sont obligés de vivre.
On a quelqu'un, ici, un nouveau venu à l'Assemblée nationale qui
est peut-être le pied dans la porte pour une compagnie qui a des
intérêts sur le plan nucléaire. Moi, personnellement, je ne
veux même pas prendre le risque d'avoir à vivre ça.
Peut-être qu'on pourrait un jour passer directement au nucléaire,
mais la fusion nucléaire, mais il me semble que ça ne comporte
pas les dangers que l'on pourrait connaître avec le nucléaire tel
qu'il existe actuellement. 3e me rappelle Three Mile Island. Si la population
sait...
M. Fortier: Cessez ces conneries, s'il vous plaît!
M. Dussault: ...qu'elle peut compter sur des choses sûres,
comme, par exemple, l'hydroélectricité et cela a fait ses
preuves, je pense que la population va toujours apprécier qu'on lui
donne des garanties qu'elle peut continuer avec ça tant et aussi
longtemps qu'on n'ira pas vers quelque chose d'aussi sécuritaire le jour
où...
M. Fortier: On ne fera pas un débat sur le
nucléaire!
M. Dussault: ...il faudra y arriver. Maintenant qu'on a ce
symbole à l'Assemblée nationale devant nous, ça nous
rappelle régulièrement qu'il y a quelque chose qui pourrait nous
tomber sur la tête un jour et, moi, personnellement, je vais tout
faire.
M. Fortier: Vous, ça fait longtemps que vous êtes
tombé sur la tête!
M. Dussault: Je veux tout faire, M. le Président.
D'ailleurs, je pense que M. le député ne devrait pas craindre les
débats de ce côté. Quelqu'un disait tout à l'heure
qu'il faudrait faire les débats dans l'opinion publique. Je pense que
c'est important qu'on parle de ces questions, mais je pense que, pour le
moment, on a le potentiel qu'il faut pour éviter ce qenre de chose.
Quand on sera obligé d'aller là, on s'en reparlera, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, M. le Président.
Une voix: On est dans l'Opposition pour poser des questions.
M. Samson: J'ai beaucoup de sympathie pour le collègue qui
vient de me précéder, M. le Président. Je vous avoue que
je m'ennuierai de lui quand il sera battu aux prochaines élections.
M. Dussault: C'est à voir, M. le député.
M. Samson: M. le président du conseil d'administration
d'Hydro-Québec, ce matin, nous a dit qu'il était là pour
nous écouter. Nous sommes également ici, M. le président,
pour vous écouter. Je vous ai écouté toute la
journée. Malheureusement, je ne pourrai pas, dans les quelques minutes
que j'ai à ma disposition, traiter de tous les sujets dont j'aimerais
traiter, mais il y a un sujet qui me tient particulièrement à
coeur. Cela fait suite à l'exposé que nous a fait M.
Laliberté, de la Société d'énergie de la Baie
James.
On nous parle, évidemment, de cette continuité de
développement de La Grande, Grande Baleine, du projet NBR, Nottaway,
Broadback, Rupert. On nous souligne qu'à titre d'exemple le projet NBR
est "le plus important des trois complexes, sa production équivalant
à 70% de celle du complexe La Grande, phase I, soit 44,000,000,000 kWh".
On nous explique que cela impliquera la construction de seize barrages, 89
digues, 500 kilomètres de routes, plus les aéroports, etc.,
etc..
Un peu plus loin - et je rattache cela, M. le Président, à
la préoccupation sociale qu'a manifestée M. Bourbeau ce matin
dans son exposé aussi - M. Laliberté dans son allocution, nous
disait que "la SEBJ n'entend pas déroger à ces pratiques dans la
gestion des complexes La Grande, phase II". Tout cela pour en arriver à
dire que "près de 99% des travailleurs pour ces projets viendront du
Québec. La main-d'oeuvre des régions limitrophes aux
aménagements continuera à être favorisée". Je trouve
cela très intéressant. Cependant, il est important de souligner
une chose - et je voudrais, à ce moment-ci, le faire au nom de la
population de la région d'Abitibi-Témiscamingue qui se trouve
à être la région administrative où la SEBJ
opère présentement et où seront développés
ces complexes NBR. Quand, en 1971, fut votée la loi 50, la Loi
constituant la Société de développement de la Baie James,
la politique qui est énoncée aujourd'hui visant à
privilégier l'embauche de la main-d'oeuvre des régions
limitrophes a été annoncée en même temps. Elle a
été à maintes reprises répétée. Mais
il se trouve que, pour une raison ou pour une autre - je ne peux expliquer les
raisons - les faits sont les suivants. (23 heures)
En 1976 la main-d'oeuvre sur les chantiers de la Baie James en
provenance de la région d'Abitibi-Témiscamingue, sûrement
une région limitrophe, la région dans laquelle la SEBJ travaille
présentement, était de 18.6% en 1976. Il y a eu, depuis ce temps,
des changements. En 1980, ce pourcentage est rendu à 9,5%. Il y a un
décalage de près de la moitié. C'est dû à
quoi au juste? On me répondra, j'imagine, tantôt, mais je voudrais
faire remarquer que jusqu'en 1976, mes informations - on me corrigera si j'ai
tort - sont que l'embauche pouvait se faire, dans une bonne partie, en tout
cas, par l'entremise des centres de main-d'oeuvre de la région, alors
que l'on me dit qu'au moment où on se parle le tout doit passer par les
grands centres. Cela explique peut-être ce décalage de 18,6% en
1976 à 9,5% en 1980. Mais il n'y a pas que cette politique d'embauche
qui fasse l'objet de plaintes de la part de la population et des
représentants publics. Quand je dis les représentants publics, je
m'inclus dans ceux-là, M. le Président, parce que je
considère, comme ceux qui en ont parlé avant moi et ceux qui en
parleront peut-être après moi, que ce qui est énoncé
aujourd'hui comme étant un voeu devrait en fait être aussi une
réalité.
Il y a également la politique d'achat qui fait l'objet d'un
mécontentement dans la région. On me dit qu'environ 75% ou plus
du volume des achats de la SEBJ provient des grands centres ou directement des
manufacturiers: produits pétroliers, ciment, acier, équipement de
bureau, équipement spécialisé et que finalement ce qui est
acheté en région, là où c'est le plus proche, ne
constitue qu'environ 4,9% de la valeur totale des achats pour l'année
1979. Je n'ai pas les chiffres pour les autres années. Il y a
également des plaintes qui nous viennent aujourd'hui - il y a quelques
années déjà j'en avais aussi de semblables de la part de
fournisseurs régionaux - à savoir que les exigences sont assez
sévères de la part de la SEBJ et que les délais de
paiement sont assez longs. Je me rappelle avoir dû dans certains cas
faire des interventions pour des
paiements qui avaient été retardés plus de six
mois.
La raison pour laquelle, semble-t-il, suivant les informations que j'ai,
toujours, les achats dans la région sont devenus plus difficiles ou les
ventes, si vous voulez, pour les fournisseurs sont devenues plus difficiles,
c'est que quand la SEBJ fait des achats directement du manufacturier, la
livraison se fait à Dorval et la SEBJ prend charge à Dorval de ce
qui est acheté. Or, lorsque c'est acheté en région, les
fournisseurs doivent livrer à Matagami, soit une moyenne d'environ 200
milles de transport pour livrer, ce qui fait que la compétition devient
très difficile pour eux à ce moment, les uns n'ayant que quelques
milles à parcourir pour faire la livraison et les autres, en
région, en ayant quelque 200.
M. le Président, je voulais faire connaître ces
problèmes au président de la SEBJ en lui demandant quels sont les
moyens qu'il pourrait prendre pour en arriver au moins à corriger cette
situation qui nous semble tout à fait inacceptable.
Vous savez, on va parler de projets dans d'autres régions, et je
pense que personne ne fera grief à des députés de
réclamer qu'il y ait des retombées économiques dans leur
région.
Quant à la région d'Abitibi-Témiscamingue, les
faits étant ceux que je viens de mentionner, ça passe par-dessus
la tête de la population d'Abitibi-Témiscamingue, alors qu'il se
pourrait, si la politique de la SEBJ était modifiée quelque peu,
qu'il y ait un peu plus de retombées. Je ne veux pas souligner à
qui que ce soit que les gens réclament mer et monde, mais une juste
part. Je pense que ce serait bien vu et accepté par tout le monde.
Est-ce qu'il serait possible d'envisager -j'imagine que M.
Laliberté pourrait prendre des notes et me répondre
là-dessus tantôt -par exemple, que la politique d'achat se fasse
FOB à Matagami, plutôt qu'à Dorval, de sorte que les
fournisseurs seraient sur un pied d'égalité à partir du
moment où on sait que, dans la région, pour un certain nombre de
matériaux ou d'articles, il est possible d'être
approvisionné par des commerçants ou des industriels de la
région.
Le réseau de recrutement des travailleurs de la région,
pour la phase de construction des centrales, devrait être
amélioré en ce sens qu'on puisse être embauché en
région même, comme ce fut le cas il y a quelques années -
avant 1976, en tout cas, ça se faisait comme ça - par
l'intermédiaire des centres de main-d'oeuvre régionaux du
Québec. Vous savez, il y a des gens qui partent de la région,
vont se faire embaucher à Montréal, pour remonter travailler dans
la région. On ne trouve pas ça normal. Puisqu'on dit vouloir
favoriser la région, est-ce qu'il serait possible que cela puisse
devenir une priorité?
Est-ce qu'il est possible, pour la SEBJ, que la ville de Matagami soit
utilisée, à titre d'exemple, comme centre névralgique du
futur complexe NBR? On a parlé tantôt d'un certain nombre de
barrages, de digues, d'aéroports, etc. Ce complexe se trouve à
environ une centaine de milles au nord de Matagami, il y a déjà
un aéroport régional important qui n'est presque plus
utilisé maintenant, mais il y a une ville qui est installée
là. Est-il possible qu'on pense à utiliser davantage, parce que
c'est quand même assez proche, l'aéroport de Matagami et les
infrastructures de la ville de Matagami?
Est-il possible aussi d'envisager que les transporteurs aériens
régionaux soient davantage mis à contribution? Une nouvelle
compagnie a été formée, dont le gouvernement est
actionnaire, Propair; il me semble que ce serait normal qu'on fasse appel
à elle et que les décisions relatives au développement
puissent se prendre en tenant compte de l'impact sur le développement
socio-économique de la région de
l'Abitibi-Témiscamingue?
C'est sûr, M. le Président, que des projets comme
ceux-là sont des projets nationaux; on est assez raisonnable pour le
savoir, mais qu'il y ait certaines consultations parfois, je pense que
ça pourrait aider à la bonne entente du dossier et
également à de meilleures retombées économiques
dans la région immédiate de l'Abitibi-Témiscamingue. C'est
pas mal de questions posées en même temps, mais je vais maintenant
écouter les réponses de M. Laliberté.
Le Président (M. Jolivet): M. Laliberté.
M. Laliberté: Oui, M. le Président. Les
préoccupations du député de Rouyn-Noranda, en fait, sont
doubles. Elles s'appliquent à l'embauche et aux achats, et elles
s'appliquent au passé comme au futur. Donc, si vous permettez, on
pourrait régler le problème du passé. Je pense que,
constatation générale, la Société d'énergie
de la Baie James a fait maints efforts dans le territoire impliqué, tant
du côté approvisionnement que du côté embauche. Je
pense que les gens de la région ont été conscients qu'il y
a eu nombre de démarches de la part du président-directeur
général du moment, M. Boyd, de son vice-président aussi et
de tout le personnel des ressources humaines de la Société
d'énergie de la Baie James. Si les statistiques entre 1976 et 1979
montrent une baisse appréciable comme celle-là, il y a une raison
à cela et si vous permettez, j'aimerais qu'on demande à M. Bacon,
qui est vice-président, administration à la
société, de vous fournir des éléments de
réponse sur cet aspect, ainsi que sur les
autres aspects de l'approvisionnement. M. le député a
mentionné aussi certaines statistiques du côté de
l'approvisionnement. Je reviendrai après coup sur l'aspect futur,
c'est-à-dire tout ce qui est en relation avec ce projet NBR.
Le Président (M. Jolivet): M. Bacon, s'il vous
plaît.
M. Bacon: Gilles Bacon, vice-président administration de
la Société d'énergie de la Baie James.
Il est vrai que depuis 1976, le pourcentage de la main-d'oeuvre en
provenance de l'Abitibi employée à la Baie James a diminué
par rapport à la main-d'oeuvre totale, passant de 18,7% qu'elle
était en 1976 à 9,5% en 1979. Par contre, cette baisse cache un
phénomène fort simple qui est le suivant: Depuis 1976, nous avons
régulièrement employé sur nos chantiers environ 1500
ouvriers en provenance de la région de l'Abitibi sur un total que peut
fournir la région de 3300 ouvriers actifs dans le secteur de la
construction. C'est donc dire que depuis 1976, nous avons
régulièrement employé, dans le secteur de la construction,
la moitié de la main-d'oeuvre active résidant dans le Nord-Ouest.
Ce pourcentage de 50% est à comparer avec le même pourcentage pour
la région de Montréal. Par exemple, en 1979, nous avions 5500
employés provenant de la région de Montréal sur un total
possible de 61,000, ce qui fait un peu moins de 10% pour la région de
Montréal.
Il va sans dire qu'on comprend l'intérêt des gens de la
région à vouloir contribuer davantage, mais l'on ne pense pas que
la région puisse donner plus que ce qu'elle a. Nos politiques de
priorité en matière d'embauche, ajoutées au
règlement de placement dans l'industrie de la construction qui nous
oblige, dans une certaine mesure, à prendre les classes A des
régions limitrophes en premier, ont produit les résultats dont je
viens de vous faire part qui, selon toute comparaison, sont excellents.
Au niveau de la politique d'achat, il y a quelque chose qui semble
être mal compris depuis plusieurs années dans le Nord-Ouest. Nous
avons tenté de l'expliquer à plusieurs reprises, c'est la
question du transport. Dès 1976 et à la suite de discussions que
nous avons eues avec les gens du CERDAT, avec diverses chambres de commerce de
la région, nous avons intégré à notre analyse le
mécanisme suivant: Lorsque nous demandons des appels d'offres publics ou
sur invitation pour du matériel de construction ou autres, nous
demandons deux points de livraison; un est Dorval pour les fournisseurs de la
région de Montréal, et l'autre, est Matagami, pour les
fournisseurs de la région du Nord-Ouest. Une fois que les prix sont
reçus, nous ajoutons aux prix qui ont été soumis FOB
Montréal, notre propre coût de transport entre Dorval et
Matagami, de sorte qu'au niveau de la comparaison des prix incluant le
transport, tous les prix sont comparés sur la même base,
c'est-à-dire pour une livraison à Matagami. Cette politique et
ces mécanismes sont en vigueur depuis 1975-1976, de sorte que la
région n'est pas du tout défavorisée à cet
égard, au contraire. (23 h 15)
Le député a fait également état du volume
des achats qui diminuait dans la région. Bien, il faut constater d'abord
que le volume des achats diminue généralement à la
société d'énergie et il va aller en diminuant, comme on en
a fait état ce matin, avec le programme qui vous est recommandé,
au moins jusque dans les années 1984-1985. Il en va de même pour
le transport routier et pour le transport aérien. Qui plus est, la
région du Nord-Ouest a été favorisée dans les
achats de matériaux qui sont généralement
nécessaires à la mobilisation et à l'installation
initiales des entrepreneurs: le bois, la quincaillerie, les outils, la
nourriture, etc. Et depuis 1979, on assiste au phénomène inverse
sur nos chantiers, c'est le phénomène de la
démobilisation. Matagami l'a constaté, nous vendons à
partir du Nord-Ouest, depuis 1978, des quantités considérables de
biens. Et encore là, ces ventes qui se font à partir de Matagami,
pour des petits véhicules, des maisons, des outils, favorisent largement
les gens du Nord-Ouest plutôt que les gens d'autres grandes
régions urbaines du Québec.
Quant aux délais de paiement. Depuis plusieurs années,
nous payons pour environ $1,000,000,000, $1,500,000,000 de facture par
année. Ce qui représente des centaines de milliers de factures.
Les statistiques ou les chiffres généraux de la
société, quant à ses délais de paiement, sont de 39
jours; selon tous les barèmes à ma connaissance pour des grosses
entreprises, c'est une performance qui est excellente.
Il se peut toutefois que, pour les centaines de milliers de factures que
nous devons traiter, certains règlements dépassent quelquefois ce
délai de 39 jours. Il y a généralement de nombreuses
raisons à ceci qui vont de notre propre négligence dans certains
cas jusqu'à la négligence de certains fournisseurs dans d'autres
cas. Il nous fait toujours plaisir, dans ces cas particuliers, de
répondre à des questions quant à des cas précis qui
pourraient nous être soumis.
Finalement, notre politique d'embauche, dont j'ai fait état,
notre politique d'achats pour la région ont généré,
nous croyons, des résultats intéressants. En matière de
transport, nous avons, depuis le tout début du complexe, réparti
le transport général de nos marchandises entre les trois ou
quatre transporteurs de la région qui détiennent un permis.
Beaucoup d'hélicoptères travaillant sur nos chantiers viennent de
compagnies
ayant leurs installations dans le Nord-Ouest. Certains entrepreneurs ont
même trouvé avantageux de s'installer dans la région pour y
faire de la transformation, à un stade ou à un autre. Je pense,
en particulier, à Sométal, qui a installé une usine
à Val-d'Or.
Je pense avoir répondu aux diverses questions.
Le Président (Jolivet): M. Laliberté, pour
terminer.
M. Laliberté: Le député de Rouyn-Noranda
terminait sur trois points bien spécifiques, en rapport avec le projet
NBR. On mentionnait principalement la ville de Matagami, et on posait la
question à savoir si on pouvait envisager la ville de Matagami comme
étant le centre névralgique du projet NBR. Compte tenu de
l'aménagement que l'on connaît, sur lequel je vous ai fourni
certaines explications, et compte tenu du fait que les centrales sont
situées sur la rivière Broadback, donc le centre
névralgique étant à quelque 200 milles de la ville de
Matagami, il est impensable que la ville elle-même de Matagami serve de
centre névralgique dans le sens pur du terme. Cependant pour
l'entrée à la Baie James, c'est un poste de transbordement et
également un lieu d'habitation pour certains des travaux qui seront
faits dans la région. On pense surtout au réservoir
Goéland-Waswanipi qui n'est situé, je pense, qu'à quelque
90 kilomètres de la ville de Matagami elle-même. Donc, Matagami
aura un rôle majeur à jouer. Je pense qu'il sera de beaucoup
différent, compte tenu des ouvrages qu'il y a dans la région.
Du côté des transporteurs aériens, on a donné
comme exemple la formation de la compagnie Propair. M. Bacon vient de
mentionner qu'il y a des transporteurs aériens qui ont été
utilisés et qui viennent de la région. Je pense que les
politiques d'appels d'offres publics préconisées par la
société favorisent jusqu'à un certain point les gens de la
région qui sont plus près, évidemment, de la région
où ils doivent oeuvrer.
Quant à une association entre projet hydroélectrique et
développement socio-économique, je me permets de vous annoncer
que les contacts entre les organismes de la région - je prends comme
exemple le CERDAT, principalement - et la ville de Matagami sont assez
fréquents depuis que la société est engagée dans
les études d'avant-projet du complexe NBR. Le CERDAT, par exemple, m'a
annoncé, il y a à peu près deux semaines, qu'une personne
serait nommée spécialement pour s'occuper du dossier NBR,
nouvelle que j'ai accueillie avec grand plaisir, et j'ai invité
justement les gens du CERDAT à une rencontre pour discuter un peu plus
profondément de nos problèmes communs.
Quant à la ville de Matagami, on sait qu'elle est partiellement
touchée par le refoulement des eaux du réservoir Soskumika.
À cet effet, nous sommes même en train de participer avec elles
à un plan de réaménagement, en quelque sorte, des zones
affectées. Je pense qu'à ce sujet la ville de Matagami, qui
préparait à ce moment un plan de développement de toute la
municipalité, s'est vue dans une excellente position pour tenir compte,
justement, de cette nouvelle réalité.
Donc, M. le Président, je suis là pour vous assurer que
les efforts sont faits pour garder un contact constant avec les gens de la
région, conscients que nous sommes que ça touche des gens, pour
une première fois, les autochtones blancs.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-François.
M. Samson: M. le Président, est-ce que je pourrais
brièvement...
Le Président (M. JoUvet): Merci. M. le
député, vous avez pris 25 minutes au total, donc, je n'ai
pas...
M. Samson: Je m'excuse, M. le Président, mais il me semble
qu'après avoir posé une question...
Le Président (M. Jolivet): M. le député, je
ne pourrai pas être large envers vous parce que je dois, au terme du
temps, donner le droit de parole au député de
Saint-François compte tenu que vous avez été plus vorace,
en termes de temps, compte tenu des questions et réponses.
M. le député de Saint-François.
M. Rancourt: Merci, M. le Président.
Au départ, je voudrais faire une courte intervention dans le sens
de la prévision de la demande. Je me suis aperçu que les
prévisions d'Hydro-Québec sur ses ventes
d'électricité ont continuellement été
rajustées à la baisse depuis la commission parlementaire de
février 1977. Ainsi, pour l'année 1990, elles étaient de
220 TWh, en août 1976; c'est descendu à 204 TWh, en octobre 1977;
à 185 TWh; au mois de mars 1978; à 172 TWh; en 1979; à 158
TWh en octobre 1980.
Maintenant, j'aurais quelques questions à vous poser en partant
de ces niveaux, je vais les regrouper. Est-ce que vous prévoyez un
ralentissement du taux de croissance de la demande d'énergie
électrique dans les années à venir, surtout pour les
années 1980 à 1996 et par la suite? Comme question
supplémentaire, lors de la préparation du livre blanc, vous avez
soumis des seuils de pénétration maximale de l'énergie
électrique
dans les différents secteurs. Avez-vous, d'une part,
révisé ces seuils et, d'autre part, préparé vos
dernières prévisions en fonction du respect de ces nouveaux
seuils aux niveaux résidentiel et industriel?
Une autre question pour clore ce secteur. Dans la mesure où le
seuil maximal de pénétration aura été atteint aux
environs de 1996, que prévoyez-vous après cette période?
Par exemple, prévoyez-vous que la demande d'énergie
électrique évoluera au même rythme que la demande
d'énergie totale?
Le Président (M. Jolivet): M. Bourbeau.
M. Bourbeau: M. Jacques Fontaine va répondre à
ça.
Le Président (M. Jolivet): M. Fontaine.
M. Fontaine (Jacques): Je pense que, dans la préparation,
nous avons expliqué pourquoi la prévision a diminué dans
les dernières années. Je vois les chiffres qui nous sont fournis
de 221 à 158 TWh, cela me paraît une très grosse baisse. Je
ne suis pas sûr de la source ou de la compatibilité de ces
données. C'est un fait que, depuis quelques années, on a
baissé, révisé nos prévisions à la baisse.
J'admets ce fait, peut-être pas les nouveaux qui nous sont
présentés ici.
Parmi les principales raisons de la baisse, on en a parlé, il y a
la question démographique. Je crois que le Bureau de la statistique du
Québec vient de réviser ses prévisions. Les
prévisions antérieures étaient passablement plus
élevées. Nous savons que de 1976 à 1980 le Québec a
connu un seuil migratoire relativement faible; ça nous amène
à un nouveau niveau de population, un nouveau rythme de croissance de
population.
On a l'économie; les prévisions économiques qui
étaient faites en 1976-1977, même celles qui ont été
faites par le gouvernement, étaient supérieures à 4%,
4,5%; c'était la vision de l'époque.
Au niveau de l'énergie, l'historique qui se terminait en 1976
avait des taux d'environ 4% ou 4,5%, du même ordre de grandeur que le
produit intérieur brut. Cela explique pourquoi, en gros, on a eu des
baisses.
Pour l'avenir, nous prévoyons un taux décroissant - je
pense que c'était sur les graphiques; de 1980 à 1985, on
prévoit 6,4%; de 1986 à 1990, 6%; de 1991 à 1996, 5,6%;
pour toute la période, c'est un taux de 6%.
Pour la période après 1996, nous n'avons pas
élaboré de prévisions. Nous croyons que lorsqu'on
dépasse 1996, les techniques qu'on utilise, dans le domaine des
prévisions, deviennent bien incertaines et on préfère
alors procéder par des études de prospective où on fixe
l'avenir désiré et examine de quelle façon on pourrait s'y
acheminer. Donc, on n'a pas vraiment de prévisions dans ce cas; on
pourrait en élaborer, mais ce serait très incertain.
On me parle aussi du niveau de pénétration. Il faudrait
donner les niveaux de pénétration qui sont dans notre
prévision à l'horizon de 1996; je n'ai malheureusement pas les
seuils qu'on avait donnés dans le cadre du livre blanc, mais, dans ce
qu'on a actuellement, pour le secteur résidentiel,
l'électricité occuperait 81% du bilan, 65% du bilan au
commercial, 47% du bilan à l'industriel et 5% aux transports.
M. Rancourt: Justement, vous m'amenez à une question.
Est-ce qu'Hydro-Québec, dans le domaine des moyens de transport,
prévoit une pénétration importante? Ce secteur est le plus
connu dans d'autres pays. Le secteur ferroviaire, par exemple, même si on
ne le contrôle pas... Mais ce serait une utilisation plus noble de
l'hydroélectricité que peut-être le chauffage des maisons
qui pourrait être au gaz, etc. Est-ce que vous avez dans vos
prévisions une possibilité de toucher le transport?
M. Fontaine (Jacques): On a une prévision sur une telle
possibilité, mais les montants ne sont pas très
élevés. Comme exemple, on pourrait peut-être citer le
métro actuellement; de mémoire, c'est d'environ 300
gigawattheures par année; cela veut dire 300,000,000 de
kilowattheures.
M. Rancourt: Merci. Une autre question. Dans le domaine des
économies d'énergie, je m'aperçois qu'Hydro-Québec
prévoit que le potentiel d'économies d'énergie
d'électricité est respectivement égal à 7,4% dans
le secteur résidentiel, 17,2% dans le secteur commercial et 10,5% dans
le secteur industriel. Compte tenu du fait que les gaziers, par exemple,
prévoient des potentiels d'économies d'énergie
supérieurs; 16,8%, 21,1% et 16%, comment expliquez-vous que vos
potentiels d'économies soient si faibles? Est-ce la méthode
ou...
M. Fontaine (Jacques): D'abord, nous ne présentons pas des
potentiels d'économies d'électricité. Je pense que vous
vous référez au tableau à la page 30 de notre document sur
la prévision de la demande. C'est ce qu'on pense voir se réaliser
au niveau des économies d'électricité. Lorsqu'on parle
d'économies d'électricité, il faut se donner une
année de référence, une utilisation particulière.
Alors l'année de référence, ici, c'est 1978.
Déjà on considère, M. Cristel en a parlé un
peu plus tôt, que l'électricité -entre autres dans le
secteur du chauffage, des chauffe-eau - a, de tout temps, été
utilisée parcimonieusement. Pourquoi? C'est parce que, dans le
passé, c'était une forme
d'énergie plus dispendieuse que les autres formes
d'énergie et, pour pénétrer certains marchés, il a
fallu en même temps introduire des normes d'isolation
élevées. Lorsqu'on parle, - c'est dans le tableau auquel vous
faites allusion - des économies d'électricité, nous avons
un niveau que nous jugeons réaliste, compte tenu qu'ici c'est
l'électricité. Les chiffres du gaz naturel, est-ce que ce sont
des chiffres sur l'énergie ou des chiffres sur
l'électricité, et la base de référence est-elle la
même? (23 h 30)
M. Rancourt: C'est une question qu'on pourra poser plus tard
à d'autres.
Une dernière question toute courte. Justement,
Hydro-Québec a-t-elle tenu compte dans son estimation de la demande du
programme d'équipement qui découle de l'application du programme
d'économies d'énergie que le gouvernement lui a confié? Y
a-t-il une interrelation à un niveau quelconque, au niveau de la demande
à l'heure actuelle?
M. Fontaine (Jacques): Nous avons tenu compte, dans la
prévision de la demande, des économies
d'électricité qui sont ici. Si le nouveau programme, après
que nous l'aurons examiné pour mieux le connaître et en
évaluer les effets, devait amener des économies
supérieures, comme c'est probable, il sera intégré. Mais,
à l'heure actuelle, les économies d'électricité qui
sont inscrites dans notre prévision de la demande sont celles
montrées à la page 30 de notre document, tel que vous l'avez
mentionné.
M. Rancourt: C'est tout. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci. J'ai besoin, comme la
coutume le veut, et c'est presque automatiquement accordée, de votre
permission pour donner la parole au député de Portneuf qui n'est
ni membre, ni intervenant à cette commission. Mais, comme le veulent la
coutume et l'habitude, je suis assuré que vous lui accordez ce droit de
parole.
Une voix: Est-ce qu'on peut faire un caucus, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Un instant. M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, est-ce que ça veut
dire qu'on va dépasser minuit?
Le Président (M. Jolivet): Non, je ne le pense pas, avec
les intervenants qui restent actuellement. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Vous comprendrez
qu'à ce moment-ci de nos travaux et plus particulièrement avec la
comparution du président et des administrateurs du conseil
d'administration, en fait, tout le groupe d'Hydro-Québec, j'en profite
pour poser des questions et faire part, et à l'Assemblée, et
à mes collègues, et aussi aux dirigeants d'Hydro-Québec,
de certains commentaires et de questions relatives au projet de la centrale
à réserve pompée, le projet Delaney, dans le comté
de Portneuf.
C'est un projet qui est important, en termes de réalisation, non
seulement pour le comté de Portneuf, mais aussi pour l'ensemble de la
région de Québec. On a le rapport qui a été
déposé par la société Hydro-Québec à
l'appui de sa recommandation au gouvernement du Québec, à la fin
de décembre ou au début de janvier, d'inclure ce projet dans la
liste de projets à réaliser dans la décennie 1980. C'est
un projet qui générera quelques milliards d'investissement. C'est
un projet dont les études ont été entreprises en 1973;
elles se sont davantage précisées à compter de 1974 et se
sont poursuivies pendant près de sept ans.
Mes premiers commentaires, M. le Président, iront pour remercier
comme député, au nom des citoyens que je représente, la
société Hydro-Québec de la façon dont elle a
mené le dossier. On a eu le projet préliminaire, l'avant-projet,
etc., toutes les étapes ont été suivies. On a
remarqué, dans le milieu, qu'Hydro-Québec a su s'associer avec
les gens du milieu: les municipalités, les groupes sociaux, les
individus qui sont susceptibles d'être touchés ou affectés
par la réalisation du projet. Je dois vous dire que cela a
été hautement apprécié par les citoyens que je
représente. Je peux vous dire que, personnellement, je juge que vos
services d'information et de relations publiques ont fait du bon travail et
même pour moi, personnellement, en me tenant au courant et en m'invitant
à chacune de leurs rencontres dans le milieu.
C'est un projet qui, comme je vous le disais, fait l'objet d'une
recommandation de la part de la société au gouvernement du
Québec. C'est un projet qui pourra définitivement contribuer
à relancer l'économie de la région, parce qu'on sait qu'on
a des problèmes qui se posent avec beaucoup d'acuité dans la
région de Québec depuis quelques années, notamment. Pour
moi, le projet Delaney, c'est acquis dans la région de Québec.
C'est un projet qui se justifie non seulement économiquement, mais le
rapport et les documents que vous avez déposés démontrent
clairement sa justification en termes d'énergie.
On sait qu'à compter de 1987 le stock ou le parc de production
d'énergie que vous avez sera tel qu'il faudra avoir de l'énergie
en période de pointe. On sait qu'en termes
de demande le projet est justifié. On sait que ça fournira
2110 MW ou à peu près. On sait qu'économiquement c'est
justifié dans le sens où vous aviez d'autres solutions de
rechange. Vous auriez pu, ou vous pourriez, selon les documents que j'ai, vous
servir non pas de réserve pompée, parce que ce sera le premier
projet, mais vous pourriez vous servir de turbines à gaz, ce qui
représenterait quand même des coûts de 43% plus
élevés selon le document que vous avez déposé. Vous
pourriez faire un mixage de turbines à gaz et de suréquipement
où ça vous coûterait 28% de plus que la réalisation
du projet Delaney.
Ma première question est la suivante... Pour moi c'est acquis,
pour moi le gouvernement ou quelque gouvernement que ce soit doit accepter, et
ce dans les meilleurs délais compte tenu de l'échéancier
qui est précisé, la recommandation qui est formulée parce
que, effectivement, dans votre document vous énoncez que le 1er juillet
1981, vous devrez avoir reçu l'autorisation gouvernementale pour
enclencher tout le processus de réalisation. Ce qui veut donc dire que
si l'acceptation était donnée de la part du gouvernement
après le 1er juillet 1981, on risquerait d'être en retard et ainsi
reporter l'échéancier de 1987 pour le début de certains
groupes de turbines. Si ma mémoire est fidèle, c'est 468 ou 470
MW qui commenceront à être produits en 1987. La question que je
veux poser, c'est la suivante: Au cas où le gouvernement du
Québec - je crois quant à moi que c'est impossible, mais tout
demeure possible même si c'est hautement improbable - tarderait à
donner la réponse qu'il doit, selon moi, donner, je veux dire une
réponse positive au projet, ou encore au cas où le gouvernement
refuserait le projet, ce qui est, encore une fois, hautement
hypothétique, ce qui est improbable, quant à moi, dans quelle
situation se retrouverait Hydro-Québec? Qu'est-ce que vous feriez
à ce moment? Est-ce que vous vous dirigeriez vers des turbines à
gaz? Est-ce que vous prendriez l'avenue des suréquipements?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Pagé: M. Boyd ou M. Bourbeau, le président.
M. Boyd: C'est un projet qui a été suivi depuis
plusieurs années par le ministère de l'Environnement. H y a eu
beaucoup de contacts avec le ministère de l'Environnement et avec la
population, comme vous l'avez dit vous-même. Il y a eu plusieurs
rencontres officielles à ce sujet. La demande officielle que vous avez
en main a été déposée au début de janvier et
l'échéancier pour respecter le programme, c'est le 1er juillet.
Alors, franchement, je ne vois pas de raisons pour que ça ne fonctionne
pas parce que, tout le temps, il a semblé que tout le monde était
d'accord, et les gens du milieu, et les gens de l'environnement.
Évidemment, nous serions très déçus si
c'était retardé, mais tout le monde est tellement pour le projet
que je ne vois pas que ça puisse être...
M. Pagé: Si vous permettez, M. Boyd, je n'ai pas
axé ma question sur un refus qui serait donné à la suite
de pressions du milieu parce que, dans Portneuf, on l'attend le projet. C'est
450 emplois directs, c'est $55,000,000 d'effets directs strictement sur la
ville de Saint-Raymond. Mais je parle du cas où on aurait une
réponse négative de la part du gouvernement du Québec. Ou
encore, si le gouvernement du Québec retardait à donner sa
réponse, est-ce vrai que vous seriez obligés d'envisager de vos
diriger vers les turbines à gaz qui coûteraient 43% plus cher que
le projet prévu è Delaney?
M. Boyd: Évidemment, le projet Delaney, on compte dessus
pour 2100 MW d'énergie de pointe. Alors, nous y comptons comme une chose
quasi faite. Si on ne l'avait pas, il faudrait utiliser un autre moyen et, dans
le moment, ce serait probablement des turbines à gaz.
M. Pagé: Ce qui serait plus élevé, avec une
production annuelle, en termes d'heures, moins élevée qu'une
station de pompage.
M. Boyd: Oui. Le projet Delaney est bien supérieur. C'est
pour ça qu'on l'a choisi.
M. Pagé: D'accord. Une autre question. On remarque que
pendant toute cette période de sept années, Hydro-Québec a
mené plusieurs études, un minimum, à ma connaissance,
d'une quinzaine d'études dans le milieu sur les effets environnementaux
de la réalisation du projet, tant les impacts sociaux que les impacts
strictement d'environnement, biophysiques. À la lecture du document que
vous avez présenté au gouvernement du Québec, on constate
que certaines études ne sont pas encore concluantes, c'est-à-dire
que vous n'avez pas de conclusion définitive. On sait que, si je m'en
réfère, entre autres, à un article du Devoir qui a paru au
début de février dernier, le journaliste manifestait certaines
appréhensions à l'égard du poulamon de l'Atlantique,
à l'égard de la truite dans les bassins supérieur et
inférieur, etc.
Ma question est la suivante: Je suis convaincu que, pendant toute cette
période, vous avez travaillé en étroite collaboration avec
le service de l'environnement, à l'époque, et, aujourd'hui, le
ministère de l'Environnement. Un des permis demandés est
évidemment au ministère de l'Environnement.
J'aimerais que vous puissiez me faire part, si c'est possible, du
dugré d'avancement de l'approbation éventuelle du
ministère de l'Environnement depuis que vous avez déposé
votre document, au début de janvier. C'est un document et ça ne
peut pas traîner, l'émission de ce permis-là. Vous avez des
impératifs qui sont le 1er juillet. Je dois vous dire que s'il fallait
que des représentations ou des pressions soient faites pour retarder le
projet pour un motif strictement d'environnement, pour un motif strictement
faunique ou halieutique, peu importe, vous trouveriez beaucoup de
solidarité exprimée par les gens de Portneuf et
particulièrement par le député pour que ça aille
plus vite et pour que l'Environnement donne son permis, parce qu'on a des
impératifs et, pour nous, ce côté-là, on y
tient.
Mais j'aimerais, quand même, pour nous sécuriser, parce que
je dois vous dire que l'article du Devoir nous a un peu
inquiétés, que vous me disiez, si c'est possible, quelles sont
les relations et quel est le degré d'avancement pour l'émission
du permis de la part des services et du ministère de
l'Environnement.
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: J'aimerais demander au directeur de l'environnement, qui
suit le projet de près, qui est M. De Broux, s'il veut bien
répondre à cette question. C'est lui qui le suit de très
près.
M. De Broux: Michel De Broux, directeur de l'environnement. Le
ministère de l'Environnement a été informé tout au
long des études qu'on faisait sur le projet Delaney. En particulier, on
a eu une rencontre, à laquelle j'assistais, avec certaines personnes de
la direction au ministère de l'Environnement, au mois de juin dernier,
si ma mémoire est bonne, où on leur a fait part de l'état
d'avancement de nos études qui étaient, à toutes fins
pratiques, terminées, à ce moment-là, sauf qu'il restait
à les mettre en forme finale. Ces études ont été
déposées, d'ailleurs, le 5 janvier.
Évidemment, il y a eu, entre-temps, un petit problème
technique. Le règlement sur les études d'impact sur
l'environnement est entré en vigueur le 30 décembre 1980. Ce
règlement a pour effet, en pratique, d'assujettir un type de projet
comme Delaney à la nouvelle procédure qui veut qu'un projet
majeur comme celui-là fasse l'objet d'abord d'un avis d'intention de le
réaliser, adressé au ministre de l'Environnement qui lui, par la
suite, fait part au promoteur du type d'étude d'impact et des
paramètres de l'étude qu'il veut voir couvrir en fonction des
orientations qui seront données dans le règlement et, là,
on fait l'étude. Il y a possibilité d'audiences publiques, de
décisions par le conseil des ministres, etc., donc, une
procédure, évidemment, un petit peu plus lourde que celle qu'on a
connue jusqu'à maintenant.
Alors, Delaney arrive au même moment où ce règlement
entre en vigueur. On avait prévenu le ministère de
l'Environnement de ça. D'ailleurs, le ministère de
l'Environnement était conscient de ce problème. C'est pour
ça qu'il nous avait invités à faire une
présentation du projet au mois de juin. Là, disons que je suis en
relation avec le ministère. Je pense qu'on a trouvé une solution
qui satisfait les exigences légales, du fait que le règlement est
entré en vigueur, et je crois que le ministère est suffisamment
sensibilisé au fait que c'est un projet qui est non seulement important
pour Hydro-Québec, mais souhaité dans la région. Les
premières informations que j'ai eues jusqu'à maintenant sont que
le ministère de l'Environnement considère que l'étude
d'impact qu'on lui a soumise est à peu près conforme aux
directives qu'il nous aurait envoyées si on avait envoyé un avis
d'intention. Donc, jusqu'à maintenant, ça va bien de ce
côté.
Un dernier point, peut-être, c'est la question du poulamon.
Effectivement, c'est un point sensible. Un comité a été
mis sur pied, avec des représentants du ministère des Loisirs, de
la Chasse et de la Pêche et du ministère de l'Environnement, sur
cette question. (23 h 45)
Nos études ne sont pas tout à fait terminées sur ce
point, mais elles sont suffisamment avancées pour nous permettre de dire
que, si problème il y a, il sera réglé. Fondamentalement,
de la façon dont ça se présente, avec la centrale de
pompage Delaney, la température de l'eau, dans la rivière, va
être légèrement haussée, de telle sorte qu'à
l'embouchure de la rivière le couvert de glace pourrait être
retardé de quelques jours. De toute façon, il semble qu'on ait un
délai suffisant pour permettre que le couvert de glace se forme avant
que le poulamon de l'Atlantique arrive.
M. Pagé: Merci. M. le Président, pour terminer - il
me reste trois minutes - j'aurai un dernier commentaire à formuler et
une question très brève, qui exigera très peu de temps de
la part du ministre.
Avant de terminer, je voudrais tout d'abord réitérer les
remerciements de la population que je représente aux
représentants d'Hydro-Québec. Je voudrais leur dire que la
population apprécie notamment la collaboration qui a été
apportée, l'ouverture qui a été donnée par
Hydro-Québec de façon à garantir une meilleure insertion
sociale du projet dans la
communauté par les équipements communautaires qui sont
prévus. D'ailleurs, vous proposez que ces aménagements
touristiques soient sous la gestion d'entreprises du milieu.
Je dois aussi vous dire que nous apprécions grandement
l'acceptation que vous avez faite à la demande de la Caisse d'entraide
économique de tenir un salon de la sous-traitance pour que les
entrepreneurs, les commerçants, les manufacturiers de la région
de Québec puissent savoir ce qu'ils pourraient contribuer au projet.
Continuez comme ça, vous avez beaucoup de solidarité, on
vous souhaite bonne chance avec les services de l'Environnement. Dites-vous
bien que, si vous avez des problèmes avec eux, vous allez avoir beaucoup
d'appui de la part des intéressés.
Dernière question au ministre. Tout semble indiquer que le projet
va se faire. C'est un projet, comme je vous le disais, sur lequel
Hydro-Québec travaille depuis sept ans. Le gouvernement vient d'avoir la
demande officielle après sept ans de préparation;
l'échéancier est limité, c'est-à-dire que d'ici
cinq mois la réponse doit être donnée.
Sans vouloir engager de débat, je soupçonne, comme c'est
possible, que le gouvernement profitera de la campagne électorale pour
annoncer ce projet. Je dois vous dire tout de suite que ça ne changera
pas grand-chose aux résultats, vous le savez.
M. Bérubé: ... de toute façon.
M. Pagé: Non, vous savez, si vous avez la chance de sortir
du problème de la Matapédia, vous allez peut-être avoir
l'occasion de me poser des questions éventuellement - mais ça,
c'est une autre affaire - après les élections, j'entends.
M. Bérubé: Avec plaisir.
M. Pagé: Premier volet de la question: À quel
moment le gouvernement entend-il -vous, vous ne serez pas ici, de toute
façon -annoncer son acceptation du projet?
Deuxièmement, est-ce que le ministre peut nous indiquer
déjà s'il entend confier la gérance du projet à
Hydro-Québec ou est-il possible que cette gérance du projet soit
confiée à la SEBJ?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Bérubé: Premièrement: Quand? Je vous
dirai que quand l'analyse de la demande par Hydro-Québec sera
terminée et que nous serons en mesure d'approuver, au Conseil des
ministres, les recommandations qui nous seront faites, il nous fera plaisir de
vous le faire savoir.
M. Pagé: Oui, mais avant le 1er juillet de toute
façon.
M. Bérubé: Je ne peux donc pas répondre
à ça. Je peux cependant expliquer le mécanisme que nous
avons mis sur pied pour nous assurer que les projets énergétiques
majeurs au Québec procèdent avec célérité.
En fait, dès l'arrivée d'un projet à mon ministère,
que ce soit dans le domaine du gaz ou de l'électricité, et qu'il
s'agit d'un projet majeur, nous nous préparons un
échéancier de concert avec l'investisseur, en nous
définissant des dates de prise de décision et nous surveillons de
très près la progression dans les différents
ministères impliqués. Parce qu'il peut parfois arriver que
ça implique plus d'un ministère, Environnement, Agriculture, ou
Loisirs, Chasse et Pêche. Comme il n'y a pas d'autorité sur ces
ministères autre que l'autorité ministérielle en place, il
faut donc simplement nous assurer que ces dossiers progressent avec la
même rapidité.
Il y a un comité de fonctionnaires, je ne me souviens plus
comment il s'appelle, c'est un comité d'intégration de l'action
le CIPER - mais je n'ai jamais pu savoir exactement le sens du sigle - qui
veille à la progression de ces dossiers et qui, j'ai l'impression,
depuis que nous avons rodé un peu cette technique avec
Hydro-Québec, procède avec pas mal plus de
célérité à l'analyse de nos dossiers. Je dois dire
également qu'au niveau d'Hydro-Québec, en ce qui a trait à
l'environnement, on met sur pied une structure qui relève directement du
président - je ne devrais peut-être pas annoncer les
décisions du côté d'Hydro-Québec - et qui peut donc
s'associer dans des négociations plus rapidement et de façon plus
souple de manière à pouvoir accélérer les prises de
décision. Donc, on a essayé de mettre sur pied une structure
légère avec un contrôle, dans mon ministère, des
dates d'échéance de manière qu'on sache que ces projets
avancent et qu'on est toujours à l'intérieur de
l'échéancier. Il peut se produire des fois où, par
exemple, en vertu des lois de l'environnement, le ministère ne puisse
pas accorder l'autorisation et qu'en vertu des lois de zonage agricole ce
ministère le puisse, mais, dans un autre endroit où c'est
conforme aux objectifs de l'Environnement, cette fois-là c'est
l'Agriculture qui ne peut pas. Vous savez que l'harmonisation des lois est une
procédure complexe. À ce moment, ce que nous faisons, c'est que
nous passons directement au Conseil des ministres ou au comité
ministériel dès qu'il apparaît qu'il va y avoir un blocage
de ce type. Je peux dire qu'on a accéléré
énormément le processus de prise de décision. Donc, je ne
vois pas, a priori, de raisons parce qu'on me dit qu'on a
reçu la demande en janvier et qu'il semble bien, pour l'instant,
qu'il n'y a pas d'obstacle insurmontable à surmonter.
La deuxième question quant à la Société
d'énergie de la Baie James ou Hydro-Québec, vous demanderez
ça au président du conseil d'administration
d'Hydro-Québec. Comme vous le savez, nous avons tellement un grand
respect pour nos sociétés d'État qu'en respectant leur
autonomie nous avons fait de sociétés totalement non rentables
sous les libéraux des sociétés extrêmement rentables
sous le Parti québécois. Cela, c'est signe simplement de ce
respect intégral que nous avons pour ces remarquables administrateurs
que nous nommons à ces conseils d'administration, et je m'en voudrais de
prendre une décision à leur place.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Dubuc.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse... La
question...
Le Président (M. Jolivet): Un instant. M. Pagé:
Je suis convaincu que le...
M. Bérubé: J'aimerais compléter la
réponse, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, mais juste avant de vous
permettre de compléter votre question, je veux simplement...
M. Pagé: M. Bourbeau peut répondre à la
question.
Le Président (M. Jolivet): Juste une minute. Je fais
simplement une demande au nom des deux personnes qui restent pour pouvoir
dépasser 24 heures. S'il n'en reste que deux seules, on m'a dit que ce
ne serait pas plus de cinq minutes chacune. Comme on a permis au
député de Portneuf d'avoir un droit de parole alors qu'il n'en
avait pas, je pense qu'on pourrait permettre à ces deux intervenants de
terminer la soirée. Comme le ministre a relancé une question au
président du conseil d'administration, je voudrais demander à M.
Bourbeau de répondre, s'il vous plaît, s'il le désire.
M. Bérubé: Les présidents des deux
sociétés vont-ils devoir se retirer pour permettre au
président du conseil d'arbitrer.
M. Bourbeau: II n'y a pas de décision prise actuellement
par le conseil d'administration sur le mandat qui doit être donné
soit à Hydro-Québec, soit à la Société
d'énergie de la Baie James pour la réalisation du projet Delaney.
C'est une question qui devrait nous parvenir au conseil peut-être dans
les semaines qui suivent.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président, il y a une rivière
qui n'apparaît pas dans le plan de développement soumis par
Hydro-Québec, c'est la Chamouchouane. Cette rivière,
d'après un document d'Hydro-Québec, doit normalement être
mise en service entre 1995 et 2000. Les études préliminaires
remontent à 1970 et elles ont été suivies d'une phase
d'information et de consultation au niveau régional. Sur le potentiel en
puissance, il y avait deux variantes à l'époque de l'étude
du projet, soit une qui fournirait une puissance de 1160 MW et une autre
variante à trois centrales de 960 MW. Il y a, en passant, un fait quand
même intéressant à souligner au sujet de cette
rivière. Comme je le disais, les études préliminaires ont
été entreprises en 1970 et la mise en service, à
l'époque, devait se faire en 1979. Or, il y a une décision
tellement importante qui a été prise en 1971,
l'aménagement de la Baie James, que le projet a été mis au
rancart. Cela souligne aussi, au niveau régional, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, la cohérence du programme libéral, M. le
Président. On a commencé à parler du projet en 1976. Les
études d'impact ont été commencées. Maintenant,
étant donné actuellement que la rivière Chamouchouane
n'est pas dans le plan de développement, est-ce qu'il est logique de
penser, étant donné les études qui ont déjà
été faites, que s'il y avait décision
d'accélérer votre plan de développement,
l'échéancier pourrait être suffisamment resserré
pour permettre le développement de la rivière? Ce serait la
première question. Je ne sais pas si c'est techniquement possible.
Est-ce qu'il y a des obstacles qui seraient insurmontables?
Le Président (M. Jolivet): M. Boyd.
M. Boyd: M. le Président, la rivière Chamouchouane
est une rivière et un projet intéressants pour plusieurs raisons,
comme le mentionne le député. Il y a un seul problème et
c'est celui-là qu'on a attaqué en premier lieu dans nos
études d'environnement. C'est en 1976, en fait, qu'on a attaqué
ce problème. C'est le problème de la ouananiche. Tous les gens du
Lac-Saint-Jean connaissent le problème de la ouananiche. C'est depuis
1976 qu'on y consacre des études. Le rapport que j'ai ici me dit qu'on
ne sera pas assez avancé dans les conclusions, à savoir ce qui
doit être fait pour conserver la ouananiche dans le lac Saint-Jean, pour
être en mesure de devancer le projet, comme vous le demandez.
C'est évident que pour les gens du Lac-Saint-Jean, c'est un petit
problème très
important, le problème économique, d'accord. Mais beaucoup
de gens aussi attachent une très grande importance à la
ouananiche. Non seulement fait-on une étude sur la rivière
Chamouchouane, mais pour confirmer ce qui peut être fait ailleurs, dans
la rivière Outardes 2, nous avons commencé à implanter ou
à ensemencer de la ouananiche, pour voir si les différentes
mesures de protection qui pourraient être appliquées à la
rivière Chamouchouane sont valides. On veut bien faire le projet, parce
qu'il est intéressant, mais, d'un autre côté, on veut
suivre les règles de l'environnement.
M. Desbiens: Ai-je bien saisi? Vous me corrigerez,
évidemment. C'est un problème pour la mise en place
d'installations hydroélectriques. C'est une richesse aussi, la
ouananiche, que reconnaît Hydro-Québec, c'est une valeur
économique et récréationnelle importante que ce saumon
d'eau douce. Ai-je bien saisi que vous ne connaîtriez pas encore comment
la protéger, tout en pouvant réaliser le
développement?
M. Boyd: J'ai une étude ici, en particulier sur
l'environnement, qui conclut: Cependant, le programme d'études sur
l'environnement ne permettra pas à Hydro-Québec d'évaluer
la faisabilité de ce projet avant 1985, de sorte que la mise en service
de ce projet ne pourra être envisagée avant 1992. C'est le
problème qui nous retarde.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député d'Abitibi-Est.
M. Bordeleau: M. le Président, merci beaucoup. Cela prend
des premiers et des derniers. (24 heures)
On a parlé tantôt, plus tôt dans la journée,
des retombées économiques dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue. Bien sûr, cela me touche, comme
député d'Abitibi-Est. Je ne voudrais pas revenir sur cela. La
région est toujours en droit de se plaindre pour obtenir de plus en plus
de retombées, autant pour la main-d'oeuvre que pour les achats. Tout en
considérant qu'il y a eu des efforts de faits, j'inviterais moi aussi,
la société et ses filiales à dépenser le plus
d'argent possible dans la région et à employer aussi le plus
possible de personnel de la région d'Abitibi-Témiscamingue. Mais,
après la construction - la construction, c'est quand même
temporaire - il y aura, bien sûr, l'exploitation et l'entretien des
centrales. D'ailleurs, déjà, cette période commence et on
semble adopter à Hydro-Québec ce qu'on appelle la méthode
du "fly in", qui amène les travailleurs de Montréal vers les
chantiers et les ramène après quelques jours pour un certain
nombre d'autres jours de vacances.
Comme, dans la construction des barrages de la Baie James, on avait une
priorité pour l'Abitibi-Témiscamingue, est-ce
qu'Hydro-Québec a déjà envisagé ou continue
d'envisager la possibilité d'établir aussi une priorité
pour les travailleurs de l'Abitibi-Témiscamingue qui pourraient
être engagés à l'entretien des centrales? Cela devient plus
intéressant, parce que ce sont des emplois permanents, alors que, pour
la construction, ce sont quand même des emplois temporaires.
Je sais qu'il y a déjà eu des pressions régionales
de faites dans ce sens auprès d'Hydro-Québec, effectivement.
M. Boyd: M. le Président, je sais que, à propos de
l'entretien et de l'exploitation du projet de La Grande, le
député mentionne le "fly in et le fly out" de Montréal.
C'est plus que ça. Le territoire est tellement grand qu'il n'y avait pas
lieu d'installer des villages un peu partout pour que le personnel puisse faire
l'entretien de tous les équipements qui sont là. Mais on a un
service d'avion qui passe par Val-d'Or, Montréal, Québec et
Bagotville, justement pour permettre aux familles de demeurer dans des villes
importantes où elles peuvent vivre normalement avec tous les services
scolaires, etc., et les travailleurs peuvent entrer au travail pour une
période de quatre ou six jours et sortir ensuite et prendre
congé.
Je pense que ça permet aux familles de vivre une vie plus
normale. Le territoire était trop grand, de toute façon, pour
avoir des villes un petit peu partout. Quant aux gens qui y sont ou qui vont y
être, là, il y a un problème qui devrait être
analysé. Je n'ai pas la réponse, mais on a certainement un
problème syndical. Ce sont tous des postes syndiqués, ou à
peu près, dont on parle, sauf quelques cas, et c'est par affichage. Mais
s'il y a quelque chose qu'on peut faire pour encourager... C'est pour
ça, d'ailleurs, qu'on fait atterrir nos avions à Bagotville, qui
est assez limitrophe, et à Val-d'Or, pour qu'on ne puisse pas nous
accuser d'avoir seulement Québec et Montréal comme centres.
Si on peut faire davantage, s'il y a quelque chose que vous voulez
demander, qu'on nous le demande, on va s'en occuper.
M. Bordeleau: Vous ne pouvez pas me dire à ce moment qu'il
y a vraiment eu des études ou, en tout cas, des tentatives de donner une
priorité aux travailleurs de la région la plus limitrophe?
M. Boyd: Peut-être que notre vice-président qui
s'occupe des régions pourrait répondre. C'est M. Pierre
Godin.
Le Président (M. Jolivet): Oui, monsieur.
M. Godin (Pierre): Effectivement, pour
répondre en tout cas en partie, à la question du
député d'Abitibi-Est, à l'heure actuelle, il y a une
priorité de recrutement qui se fait par le bureau régional de la
région Abitibi pour l'embauchage d'employés pour la région
Baie James. Le recrutement, à l'heure actuelle, se fait donc en
priorité en Abitibi. Cela n'a pas toujours été le cas,
mais on le fait dans le moment actuel. Il y a un certain nombre de postes
à combler et le recrutement se fait en priorité en Abitibi. Cela
va se continuer à l'avenir. C'est une pratique qu'on est en train
d'instaurer.
M. Bordeleau: Merci beaucoup. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Une question.
Le Président (M. Jolivet): Une question.
M. Giasson: Merci, M. le Président. Nous savons
qu'Hydro-Québec a consacré des ressources importantes à la
recherche, tant par ses propres services que par l'Institut de recherche en
énergie. Est-ce que ce serait possible qu'on nous fasse rapidement le
point sur la recherche qui a été menée dans le secteur des
énergies nouvelles? Pouvons-nous savoir également, à la
suite du moratoire sur le nucléaire, si des recherches dans ce secteur,
touchant la fusion ou autre, ont été poursuivies à
Hydro-Québec ou à l'institut de recherche?
M. Bourbeau: M. Boulet va répondre à cette
question.
Le Président (M. Jolivet): M. Boulet.
M. Boulet: Vous gardez les bonnes choses pour le dessert! M. le
Président, c'est évident que nous faisons des recherches sur les
énergies nouvelles. Nous avons quatre gros programmes pour les
énergies nouvelles. D'abord les éoliennes, dont une est
installée aux Îles-de-la-Madeleine. Nous en construirons une de 4
mégawatts à l'endroit où il y aura le plus de vent, que
nous essayons de déterminer. Nous travaillons un peu sur
l'énergie solaire, à un poste d'essai des panneaux solaires pour
aider les manufacturiers. Nous avons aussi un programme assez
considérable d'utilisation de la biomasse, et, sur la fusion, il y a une
entente qui vient d'être annoncée par laquelle le gouvernement
fédéral et Hydro-Québec partageront à parts
égales un projet de petit Tokamak où nous étudierons, sous
la responsabilité nationale, les programmes de fusion ou de plasma.
M. Giasson: Du côté de la production de
méthanol où en sont rendus vos travaux?
M. Boulet: On a aussi un projet de fabrication
d'hydrogène, on a un projet afin de construire un gazéificateur
de bois ou de tourbe, d'enrichir ce gaz et peut-être, finalement, de
produire du méthanol. Il y a un projet d'environ dix tonnes l'heure qui
devrait être annoncé en collaboration avec la
société Nouveler pour l'établissement et la fabrication de
méthanol.
M. Giasson: Croyez-vous que dans le secteur du méthanol,
compte tenu des prix mondiaux du pétrole, il y a possibilité de
concurrencer de façon rentable une telle production?
M. Boulet: À un moment ou à l'autre, ça
pourra devenir concurrentiel, mais, évidemment, dans les
premières années, il faut d'abord éprouver le
procédé, voir si c'est économiquement rentable. Mais,
avant, il faut aussi essayer de le prouver techniquement.
M. Giasson: Merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Au nom des membres de
cette commission, je tiens à vous remercier pour cette longue
journée que vous avez passée avec nous, ainsi que des
réponses que vous avez bien voulu donner aux questions qui vous ont
été posées. Je pense que le ministre aurait
peut-être un mot final à ajouter.
M. Bérubé: Oui. Messieurs, je voudrais vous
témoigner mon appréciation, d'abord, pour l'excellente
qualité de la présentation de ce matin et de cet
après-midi; je ne vous cache pas qu'elle nous a
impressionnés.
Il est certain que nous avons de nombreuses questions. C'est un peu
normal, c'est également notre métier de représenter les
citoyens. Par conséquent, il faut vous tendre toutes sortes de
pièges, vous poser toutes sortes de questions insidieuses, de
manière à essayer d'arriver à se faire une idée un
peu plus précise. Je tiens à vous remercier de vous être
soumis à ce long interrogatoire qui, je pense, a préparé
cette commission parlementaire qui va nous permettre maintenant d'entendre les
autres mémoires et, je pense, graduellement de nous faire une
idée un peu plus précise de l'avenir énergétique
québécois.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'aimerais remercier tous les gens
d'Hydro-Québec et de la Société d'énergie de la
Baie James pour la patience qu'ils ont démontrée face a des
inquisiteurs qui étaient très acharnés. Je vous
remercie
beaucoup.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine (Nicolet-Yamaska):
Également, au nom de ma formation politique, merci beaucoup de
l'apport que vous nous avez donné aujourd'hui.
Le Président (M. Jolivet): Quant à moi, en
terminant, je dois faire mention des personnes ou des groupes qui vont
être entendus demain: l'Ecole polytechnique, la
Confédération des syndicats nationaux, BP Canada, Gaz
Inter-Cité Québec Inc., Centre de recherche en sciences de
l'environnement, Université du Québec à Montréal,
Gaz Métropolitain Inc.; pour dépôt seulement,
Société d'électrolyse et de chimie Alcan Ltée, et
M. Jurdant.
Sur ce, j'ajourne les travaux à ce matin, dix heures.
(Fin de la séance à 0 h 9)