Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures deux minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ce matin son
mandat d'étude de la proposition tarifaire d'Hydro-Québec pour
1988.
Alors, ce matin, nous allons aborder diverses questions qui n'ont pas
été précisées. En fait, c'est à l'initiative
des membres de la commission de part et d'autre et je crois qu'à ce
moment-ci la parole ira au ministre de l'Énergie et des Ressources.
Entre-temps, le secrétaire de la commission me dit qu'il y aurait
un remplacement.
Étude de la proposition tarifaire
d'Hydro-Québec pour l'année 1988
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Brassard
(Lac-Saint-Jean) est remplacé par M. Chevrette (Joliette).
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Alors, rebonjour,
M. Coulombe, madame, mesdames et messieurs d'Hydro-Québec. Nous filons
encore une autre journée. Cette fois-ci, nous allons terminer un peu
moins tard.
Une voix: Je l'espère!
Le Président (M. Charbonneau): C'est la grâce qu'on
se souhaite. M. le ministre.
Sujets divers
M. Ciaccia: Je vous remercie, M. le Président. Bonjour aux
intervenants de la commission. On est honorés et je souhaite la
bienvenue au chef de l'Opposition.
Je voudrais seulement revenir brièvement sur un aspect que
j'avais porté à votre attention, M. Coulombe, sur
l'énergie excédentaire. J'avais donné comme exemple le
secteur des pâtes et papiers. Parce qu'on est devant une commission qui
s'occupe plutôt de questions économiques, je l'avais
soulevé comme exemple de secteur économique, mais la question
d'énergie excédentaire ne se limite pas au secteur des
pâtes et papiers, au secteur strictement du développement
économique.
Le problème de l'énergie excédentaire se
répercute, est soulevé et peut avoir des impacts assez
considérables sur le domaine des affaires sociales et des
hôpitaux. Il y a un cas, en particulier, qui a été
porté à notre attention, mais c'est seulement un exemple qui peut
avoir des conséquences assez sérieuses pour l'ensemble du
réseau des affaires sociales et qui va même au-delà de
cela, c'est le Centre hospitalier de l'Université de Sherbrooke. Ce qui
est arrivé, c'est qu'il y a une politique de couper
catégoriquement l'excédentaire, ce qu'il n'y a jamais eu depuis
qu'on vend de l'hydroélectricité, soit depuis 1920.
D'après vous, il y a toujours eu de l'excédentaire, il n'y a
jamais eu une politique de l'exclure. Cela a déclenché un
problème au Centre hospitalier de l'Université de Sherbrooke. Ils
ne peuvent pas payer le tarif parce que cela double le prix de
l'électricité, ou à peu près.
Ce qui est arrivé, c'est qu'il y a maintenant une proposition de
Atomic Energy of Canada pour installer une mini-centrale nucléaire, ce
qu'on appelle le "slow poke". Imaginez l'impact que cela peut avoir, car ils
veulent même la financer. Je comprends, parce qu'ils veulent en faire la
démonstration. Ils vont dire: Regardez donc, au Québec, on fait
la démonstration du nucléaire. Non seulement a-t-on un
problème d'affaires sociales, car, comme vous le savez, les budgets des
hôpitaux sont assez serrés, mais on utilise cela pour faire la
démonstration que le nucléaire est mieux que
l'hydroélectricité. C'est dans cette optique d'ouvrir des
possibilités et non pas de donner catégoriquement 60 000 000 $ ou
100 000 000 $ aux pâtes et papiers, comme cela a été
rapporté par un de vos vice-présidents. Ce n'était pas le
but de mon intervention, hier. Cela pouvait avoir des répercussions,
mais cela va au-delà des 60 000 000 $ aux pâtes et papiers. Cela a
des conséquences assez sérieuses.
Hier, M. Coulombe, vous avez ouvert la porte à la
possibilité que, dans certains secteurs où le gaz naturel ne se
rendait pas, vous pourriez peut-être faire certains programmes
spéciaux, pas nécessairement dans le même contexte ou avec
les mêmes chiffres que pour le programme actuel, mais quand même
avec une certaine ouverture. Ce qu'on essaie de faire au Centre hospitalier de
l'Université de Sherbrooke, c'est de prendre cela comme une
démonstration à l'échelle mondiale. Il y a des
conséquences non seulement budgétaires pour les hôpitaux,
mais, vous l'avez vous-mêmes mentionné, on n'est pas un monopole.
Dans certains cas, on utilise cela pour venir vous faire de la concurrence dans
d'autres marchés.
Je me pose la question: la porte que vous avez ouverte hier concernant
la possibilité pour les pâtes et papiers dans certaines
régions, enfin, est-ce que vous êtes prêts à revoir
cela pour le secteur des hôpitaux, en considérant les
conséquences sérieuses que je viens de porter à votre
attention?
M. Coulombe (Guy): Après avoir lu les journaux ce matin,
je suis très heureux que vous reveniez sur ce sujet. D'abord, quand vous
dites qu'Hydro-Québec a décidé d'arrêter un
program-
me d'énergie excédentaire, ce qui n'a pas
été fait depuis 1930, je voudrais tout simplement préciser
qu'il n'y a jamais eu à Hydro-Québec un programme
d'excédentaire comme on en a fait un depuis quatre ans. Cela n'a jamais
existé à Hydro-Québec. Je parle d'un programme où
on fournissait, au prix ridiculement bas auquel on l'offrait, de
l'énergie et de la puissance ferme douze mois par année. Cela n'a
jamais existé tout simplement parce qu'Hydro-Québec n'a jamais eu
de surplus aussi énormes. Ce qui a toujours existé et ce qui va
continuer à exister, c'est de l'excédentaire "spot", selon les
saisons, l'hydraulicité, les besoins et la fluctuation de la demande.
Cela a toujours existé et cela va toujours continuer à exister.
Je voudrais que ce soit très clair.
Le programme que nous arrêtons, ce n'est pas le programme
d'excédentaire en général, c'est le programme que nous
avons mis sur pied il y a quatre ans, où nous fournissions, en payant
les chaudières à 90 %, de l'électricité parce que
nous étions coincés, parce qu'au lieu de faire déverser
l'eau par-dessus les barrages on a voulu la vendre comme cela. Cela nous a
rapporté 600 000 000 $. Si on ne l'avait pas fait... Cela a donné
énormément d'avantages à l'industrie. Cela a
diminué le coût à la tonne de l'industrie papetière
qui en a profité amplement.
Nous pensons toutefois qu'il y a une limite aux dons
qu'Hydro-Québec peut faire, au nom du paiement des consommateurs, du
paiement des tarifs d'électricité. On ne peut pas dire, de la
main gauche, qu'il faut baisser les tarifs et, de la main droite: II faut
donner l'électricité. Il va falloir qu'on se branche, à un
moment donné. Donc, le programme d'excédentaire est
arrêté en ce qui nous concerne. Si le gouvernement veut nous le
remettre, il n'a qu'à nous le dire, il n'a qu'à donner un ordre
à Hydro-Québec et cela s'exécutera, si le gouvernement
veut absolument subventionner certains secteurs économiques par les
tarifs d'électricité. Mais, en ce qui nous concerne, on pense que
c'est raisonnable, économiquement valable, justifié et
justifiable d'arrêter ce programme. Mais cela n'a rien à voir avec
l'excédentaire qu'il y a depuis 1930, cela va continuer comme avant,
c'était complètement un autre problème.
Quant à l'Université de Sherbrooke, vous savez qu'elle est
une cliente de la ville de Sherbrooke. Vous savez que c'est un réseau
municipal comme il en existe encore au Québec; donc, c'est une cliente
de la ville de Sherbrooke. Comme la ville de Sherbrooke, n'étant pas
dans notre situation, ne pouvait pas avoir de programme d'excédentaire,
elle nous a demandé, il y a quelques années, de mettre à
la disposition de l'Université de Sherbrooke le même programme que
nous mettions à la disposition des autres, ce que nous avons
accepté. Cela nous semblait valable d'accéder à la demande
de notre client, qui était non pas l'Université de Sherbrooke,
mais la ville de Sherbrooke.
Dans notre esprit, le même raisonnement s'applique et,
personnellement, je ne suis pas d'accord quand vous dites qu'il y a un
problème dans le budget des Affaires sociales ou de l'hôpital
universitaire de Sherbrooke; je pense que le même raisonnement
s'applique. Si le gouvernement veut donner des subventions aux hôpitaux
soit universitaires ou non universitaires, il y a un ministère qui
s'appelle le ministère de la Santé et des Services sociaux et il
a des budgets et, s'il veut subventionner l'électricité, il n'y a
aucune espèce de problème, qu'il la subventionne.
En ce qui nous concerne, la logique veut que ce soit sur le même
pied que le reste. Je pense que ce programme n'est pas à l'avantage des
consommateurs d'électricité. Comme c'est notre mission d'offrir
de l'électricité aux tarifs les plus avantageux, on pense que
c'est la meilleure solution. Encore une fois, si le gouvernement veut dire
à Hydro-Québec: Vous allez donner une subvention à
l'Université de Sherbrooke, je pense que l'actionnaire a le dernier mot
là-dessus.
Troisièmement, quant à la petite pile atomique, le "slow
poke" dont la mise en marché se fait depuis plusieurs années, je
vous avoue qu'on peut regarder cela sous deux angles. Il serait peut-être
intéressant que cette nouvelle technologie soit développée
au Québec plutôt que dans d'autres provinces. C'est assez bizarre
que cela se développe dans un hôpital. Si c'est l'objectif et de
l'Université de Sherbrooke, et de l'hôpital, et du gouvernement
fédéral, et de l'Énergie atomique du Canada, ce n'est
peut-être pas mauvais que le Québec profite d'une nouvelle
technologie qui va être... Je pense qu'avec le nombre de mégawatts
que cette pile atomique va produire dans les 20 prochaines années, elle
ne peut pas être considérée comme un concurrent tout
à fait sérieux. Je pense qu'il serait peut-être à
l'avantage du Québec de développer de nouvelles technologies, on
en parle souvent dans d'autres domaines. C'est peut-être le lieu
où en développer.
M. Ciaccia: Oui, quand vous dites: Si on veut subventionner les
hôpitaux... Dans la vie, ce n'est pas toujours blanc et noir. Ce n'est
pas une question de savoir si on va subventionner l'hôpital et si on va
mettre fin à un programme d'excédentaire. Le débat est un
peu dévié. Originairement, le problème que je soulevais,
c'est qu'il n'y aurait plus de surplus en 1991. Il y a une politique
d'Hydro-Québec d'arrêter les surplus. C'est la première
fois qu'on fait cela. Maintenant, s'il faut avoir des programmes
différents, la suggestion n'est pas de dire qu'il faut absolument
continuer les conditions, le tarif du programme d'excédentaire existant,
il est clair que ce qui s'appliquait il y a quatre ans peut être
modifié, les conditions économiques peuvent changer et elles ont
changé. Mais c'est le principe que, si Hydro-Québec adopte des
pro-
grammes, une politique de ne plus avoir de surplus, il est clair, pour
telle ou telle raison, sans affecter la rentabilité
d'Hydro-Québec, qu'on ne sera peut-être pas en position de dire:
II faut avoir certains programmes, tous dans la bonne gestion, pour la
santé financière d'Hydro-Québec, comme vous l'avez fait
dans le passé. Vous aviez des ventes de surplus et le rendement
d'Hydro-Québec était de 12 % ou 13 % sur l'équité.
Alors, ce ne sont pas les surplus qui ont été vendus dans le
passé qui nécessairement... Cela dépend des montants et de
la façon dont s'est géré, je suis d'accord avec vous.
J'essayais d'avoir vos idées sur le principe qu'en 1991 il n'y aura plus
de surplus. C'est clair que s'il n'y a plus de surplus, là, les
hôpitaux et tout le reste auront des problèmes.
M. Coulombe: Je voudrais clarifier une chose aussi. Le programme
de chaudières industrielles ne s'arrête pas en 1991, il
s'arrête à la fin de 1988. Notre politique, ce n'est pas de ne pas
avoir ou d'avoir des surplus. Le système hydraulique que nous
gérons produit des surplus, on va toujours en avoir, sauf qu'ils ne
seront pas de nature telle qu'on puisse bâtir un programme 12 mois par
année, 24 heures par jour, pour en vendre. Avec cela, nous ne sommes pas
d'accord. Mais on va toujours avoir des surplus. Je ne vois pas pourquoi on dit
que notre politique, c'est de ne plus en avoir. On n'a pas le choix, avec le
système hydraulique; si l'hydrauli-cité est plus forte on va
avoir des surplus. S'il y a une mini-récession et que l'industrie cesse
de fonctionner à 12 % comme cela fonctionne, on va avoir des surplus,
sauf qu'on ne peut pas prévoir dans les moindres détails le
moment précis où il va y avoir des surplus et bâtir des
programmes où, systématiquement, on va vendre en bas du prix
coûtant. Alors, on se dit: On va toujours avoir des surplus, il y en a
toujours eu, on va s'organiser pour s'en débarrasser et les vendre. Dans
la mesure où cela aide l'industrie, bravo! Si cela aide les
hôpitaux, bravo! Mais on ne peut pas faire de programmes prévus
d'avance sanctionnant le fait que nous gérons de telle sorte que nous
créons des surplus. C'est simplement cela, la différence. Alors,
on n'est pas éloignés de notre conception. Ce que je vous dis,
c'est que le programme de chaudières, si nous sommes d'accord, c'est
normal qu'il se termine tel qu'il a été prévu, cela fait
un problème de réglé.
Si on revient à l'Université de Sherbrooke, je vous ai dit
hier qu'on n'avait pas d'objection à examiner des cas précis. Que
l'université vienne nous rencontrer, nous allons lui poser des questions
du genre de celle-ci: Le réseau gazier est dans votre coin. On va
essayer de comparer les prix que peuvent vous faire les gens qui pourvoient le
gaz, avec les subventions qu'ils peuvent vous donner, pour aboutir à peu
près au même budget et on va comparer les prix que, pour nous,
cela représente 3t la subvention que cela représente. On est
prêts à discuter avec eux. Je vous ai dit que, dans des cas
spéciaux, on était prêts à discuter. À partir
de là, il y a une infinité de possibilités. C'est
peut-être six mois par année, peut-être que la
biénergie est une solution; peut-être qu'ils peuvent employer
l'électricité un bout de l'année, et l'autre bout de
l'année, le gaz. Ce n'est pas impensable. Là-dessus, on est
prêts à discuter. Je vous avoue franchement, que
l'Université de Sherbrooke vienne nous voir et on va en discuter comme
on discute à la semaine longue des cas semblables. Nous avons toutes
sortes de formules pour faire face à ces situations.
Là, on sort définitivement d'un programme régulier
orienté sur 12 mois par année pour vendre le surplus parce que
nous n'en avons plus, de ce type de surplus. Nous n'en aurons plus. Nous allons
avoir des surplus créés par l'hydraulicité, des ventes qui
sont moins fortes, tout ce que vous voudrez, et qui vont nous amener à
faire des "deals" particuliers, mais ce ne sera pas une politique, ce ne seront
pas des programmes qui vont couvrir un ensemble industriel et ainsi de suite.
Ce seront des cas spéciaux, des conditions spéciales. On va
s'adapter et on va essayer de profiter au maximum de cette ressource pour la
vendre au meilleur prix possible.
Quant à se servir de ces surplus, dans une politique soit de
développement industriel, soit de développement social, je pense
que c'est une position. L'actionnaire a parfaitement le droit de dire à
Hydro-Québec: C'est la position que vous allez avoir. Mais ce n'est pas
la position qu'on a.
M. Ciaccia: Par exemple, quand vous dites... C'est clair que si
vous n'avez pas de surplus, si vous avez besoin de tout, les consommateurs
seront obligés de vivre avec cette politique, mais vous-mêmes avez
mentionné un exemple de surplus qui pourraient être les sept
térawattheures que vous allez mettre en storage en augmentant les
réservoirs pour des fins économiques. Alors, peut-être que
vous pourriez dire, au lieu de mettre cette électricité en
storage pour l'avenir: Si on a des problèmes, comme l'hôpital
à Sherbrooke ou d'autres problèmes, on pourra utiliser ces sept
térawattheures. C'est effectivement un surplus. C'est une
possibilité.
M. Coulombe: Là-dessus, M. le ministre, c'est
évident qu'au lieu de storer sept térawattheures, pour
régler un, deux ou trois cas spéciaux tragiques qui peuvent
amener la larme à l'oeil, si on met 200 ou 300 gigawatts de moins dans
les réservoirs, il n'y a aucune espèce de problème, je
suis d'accord avec vous. Si vous me dites: Ces sept-là, plutôt que
de les mettre dans les réservoirs et d'avoir trois fois le prix qu'on
peut avoir cette année dans deux, trois ou quatre ans, là, je me
dis que c'est une allocation de ressources qui ne nous semble pas valable en
fonction des prix qu'on facture à l'ensemble de nos clients. C'est 50,
75, 100, 200... Sept téra-
wattheures à 0, 01 $, c'est 70 000 000 $, si je ne me trompe pas,
et à 0, 03 $, c'est 210 000 000 $. Alors, ces 140 000 000 $ qu'on n'aura
pas, cela va augmenter la pression sur les tarifs et l'année
suivante...
M. Chevrette: Ou le déficit du gouvernement.
M. Coulombe: Non, je ne me prononce pas là-dessus. J'ai
assez de problèmes à regarder, juste avec les clients d'
Hydro-Québec.
Des voix: Ha, ha, ha!
M, Coulombe: Je me contente de cela et, en plus, on ajoute ceux
"d'Hydro-Sherbrooke", ce matin.
M. Ciacçia: Les surplus pourraient également
éviter le genre de situation comme celle du 7 janvier, parce que
c'était serré, cette journée-là.
M. Coulombe: Vous voulez dire quand on est obligé
d'acheter au... Mais on ne tient pas de façon absolue à
éviter que, pendant 4 ou 5 heures, sur 8760 heures dans un an, on
gère de telle sorte que, pendant 5 heures, on achète de
l'étranger, alors qu'on a des interconnexions pour 7000 mégawatts
dont on ne se sert jamais, ou quasiment pas. Je me dis: C'est merveilleux, cela
augmente la rentabilité de l'entreprise. Donc, cela baisse la pression
sur les tarifs des consommateurs.
M. Ciaçcia: Et couper également 680
mégawatts, cette journée-là, de NEPOOL.
M. Coulombe: Exact.
M. Ciacçia: On a eu des répercussions de cela.
M. Coulombe: Exact et c'était prévu...
M. Ciacçia: Ils ont dit: Ce n'est pas fiable. Quand je
suis allé à Hartford...
M. Coulombe: Oui.
M. Ciaccia: Quand mes collègues étaient là,
ils ont dit: Écoutez, vous venez ici nous vendre de
l'électricité et parler de votre fiabilité, alors que tous
les journaux du 8 janvier, le Boston Globe et tous les autres, faisaient
état qu'Hydro-Québec, dans les moments où c'était
le plus difficile pour eux aussi, a coupé 680 mégawatts.
M. Coulombe: C'est exact. Cela, on peut vous...
M. Ciaçcia: On le leur a expliqué. La seule chose
que je suggère, M. Coulombe, c'est qu'on peut peut-être avoir une
ouverture un peu.
Lorsqu'on gère à la dernière cenne, parfois, cela
peut coûter une piastre pour gérer à la dernière
cenne. Je suis heureux de voir que vous avez un peu d'ouverture,
c'est-à-dire qu'il y a des cas spéciaux où il n'y a pas de
gaz naturel, peut-être qu'on pourrait avoir des programmes.
M. Coulombe: Je vous ai dit qu'on était ouverts aux cas
spéciaux.
M. Ciacçia: Alors, je ne veux pas éterniser le
débat parce que, malheureusement, on n'a pas toute...
M. Coulombe: Mais je vous répète qu'on est ouverts
à des cas spéciaux et je répète que
l'Université de Sherbrooke, si elle veut discuter avec nous, qu'elle
vienne et on va faire le tour de la situation comme pour les autres cas qu'on a
mentionnés hier, mais on va poser des questions. On va dire à
l'entreprise qui veut continuer le programme de subvention... On va lui
demander: Écoute, tu avais une chaudière qu'on a payée en
entier. Cela t'a coûté quasiment rien et, à
côté, tu avais une chaudière au mazout. Tu ne l'as pas
entretenue. Est-ce qu'on est obligé de payer parce que tu n'as pas
entretenu ta chaudière au mazout? C'est une bonne question, et ainsi de
suite. On va discuter de cette façon-là et, s'il y a des
situations qu'il faut redresser, on le fera. Je pense que M. Finet et son
équipe sont à temps plein sur ce genre de problèmes et on
est ouverts aux discussions n'importe quand.
M. Ciacçia: Juste une autre petite rectification. Non, je
pense que c'est assez clair.
Le Président (M. Charbonneau):... pas vos dix prochaines
minutes.
M. Ciacçia: Cela va. Ce seront mes prochains. Merci.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Joliette.
M. Chevrette: Merci. M. Coulombe, avant d'aborder un nouveau
sujet, je voudrais faire une remarque sur ce qui vient de se dérouler en
ce qui concerne la conversation entre vous et M. le ministre. Si j'ai bien
compris, c'est que, vous, vous administrez ou Hydro administre en fonction de
la rentabilité d'Hydro-Québec et, si l'actionnaire principal a
des volontés politiques divergentes quant à la gestion, il n'a
qu'à les faire connaître et vous n'avez pas l'intention de vous
substituer au gouvernement. Vous lui dites: Fais ce que tu as à faire
et, nous, nous nous ajusterons en conséquence. Est-ce que j'ai bien
résumé votre pensée?
M. Coulombe: Écoutez, comme je viens de vous l'expliquer,
je pense que le management d'Hydro ne se joue pas que par moi. Je pense
que le management d'Hydro en a plein les bras pour atteindre la mission
d'Hydro-Québec et fournir de l'électricité aux 2 948 000
clients que nous avons, internes et externes, à des prix valables, avec
des critères reconnaissables et avec un coût de dépenses
raisonnable.
On aura l'occasion d'en discuter tantôt. Je suis heureux de savoir
que le ministre de l'Énergie et des Ressources pense qu'on administre
à la dernière cenne, parce que cela va éclairer la
discussion dans les dépenses d'exploitation tantôt!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II va avoir de la misère avec ses 0, 14
$!
M. Ciaccia: Juste une correction, M. Coulombe. Je pense que,
quand j'ai souligné que vos coûts d'exploitation avaient
augmenté de 10 %, j'ai dit que peut-être qu'il ne faut pas avoir
l'intention. Cela dépend où on l'applique, la dernière
cenne. Est-ce que cela va être sur les coûts d'exploitation ou sur
les prix aux hôpitaux? Cela, c'est une petite différence.
M. Chevrette: D'ailleurs, vous allez trouver qu'on est encore
plus sévère que lui là-dessus, sur la tarification
tantôt.
M. Coulombe: Dans la tarification?
M. Chevrette: Quand on abordera la tarification.
M. Coulombe: Ah! Je n'en doute pas!
M. Chevrette: Moi, je voudraos vous parler, cependant de
sous-traitance à Hydro. Vous vous rappellerez que cet automne, vous vous
êtes présentés devant nous pendant deux bonnes
journées et il y avait un problème...
M. Coulombe: Je m'excuse, mais nous avons été
devant vous pendant à peu près une heure et quart.
M. Chevrette: Oui, je m'excuse, je corrige. Mais tous les
intervenants qui touchaient de près ou de loin à
Hydro-Québec se sont présentés devant nous pendant deux
jours. À votre tour, vous avez dû faire face au feu de nos
questions. Dans un premier temps, je voudrais savoir où vous en
êtes rendus dans vos relations avec les différents groupes
impliqués dans le domaine de la sous-traitance par rapport à vos
conventions collectives signées. Est-ce qu'il y a eu des pourparlers
avec vos syndicats, avec vos groupes d'ingénieurs? Parce qu'il n'y avait
pas seulement les syndiqués, les travailleurs sur l'entretien ou sur la
construction, mais il y avait également les ingénieurs. Des
ingénieurs sont venus nous dire que vous faisiez
régulièrement appel à des ingénieurs de
l'extérieur et que vous n'utilisiez même pas les ressources
internes. Où en êtes-vous rendus dans vos discussions? Ce serait
peut-être un mini-bilan, assez bref bien sûr.
M. Coulombe: Je voudrais me permettre de vous présenter de
nouveaux interlocuteurs. M. Jean Houde, à ma gauche, qui est
vice-président aux ressources humaines. Vous connaissez M. Boivin,
vice-président à l'exploitation, et M. Michel,
vice-président à l'équipement.
Je vais laisser la parole et le soin à M. Boivin de faire le
bilan sur ce qui s'est passé depuis la dernière commission et
d'ajouter peut-être quelques éléments que nous n'avons pas
eu le temps de faire valoir, lors de la dernière commission
parlementaire.
Avec votre permission, j'aimerais personnellement, peut-être
à la fin de la discussion sur la sous-traitance, donner quelques
commentaires sur la situation qui prévaut à Hydro-Québec
relativement à la sous-traitance. M. Boivin.
M. Boivin (Claude): Je ne reviendrai pas sur les explications que
nous avions données dans notre mémoire, à la
dernière commission parlementaire, et sur les objectifs que nous avions
et que nous avons toujours de maintenir un équilibre entre les effectifs
interne et externe à Hydro-Québec. Je vais tout de suite passer
au coeur du problème que vous soulevez, c'est-à-dire nos
relations avec nos syndicats dans le domaine de la sous-traitance.
Vous vous souviendrez que ce qui semble avoir déclenché
vraiment l'offensive externe concernant la politique interne
d'Hydro-Québec sur la sous-traitance, c'est particulièrement la
question des monteurs de distribution où, avant le PAQS, le Programme
d'amélioration de la qualité du service, en distribution, nous
avions un quota annuel de 720 monteurs-entrepreneurs qui pouvaient être
utilisés par Hydro-Québec eu égard aux monteurs faisant
partie de notre propre effectif.
Lors du lancement du Programme d'amélioration de la
qualité du service, d'une durée de trois ou quatre ans, cela a
nécessité un effectif additionnel. Nous avons
négocié une lettre d'entente avec nos syndicats permettant
d'augmenter le nombre de monteurs-entrepreneurs à 1000
années-personnes, à partir de 720. On augmentait également
le nombre de monteurs permanents internes d'Hydro-Québec. À la
fin du programme, comme le volume des travaux diminuait, nous revenions
à 500 années-entrepreneurs-personnes, en 1988.
Ce que nous avons proposé à nos syndicats depuis la
dernière commission parlementaire sur la sous-traitance, à
l'automne, étant donné qu'effectivement le PAQS n'est pas
entièrement terminé, nous avons proposé d'augmenter, pour
l'année 1988, à 725 années-personnes l'effectif des
entrepreneurs. Sur ce premier volet, le syndicat nous a répondu qu'on
avait effectivement signé une lettre d'entente et qu'elle
était
insérée dans la convention collective. Ils entendaient
demander qu'Hydro-Québec respecte cette clause de la convention
collective. On avait également offert, pour atténuer l'impact sur
les entrepreneurs, de donner priorité aux monteurs-entrepreneurs lors
d'embauché à Hydro-Québec Ceci aurait
nécessité également la signature d'une lettre d'entente,
ce qui n'a pas abouti dans nos pourparlers avec les syndicats.
M. Chevrette: Un instant, M. Boivin! Vous dites que le syndicat
n'a pas répondu à la demande de reconnaître comme embauche
prioritaire...
M. Boivin: C'est exact.
M. Chevrette: Ai-je bien compris?
M. Boivin: C'est exact. Il faudrait mentionner que cela exigeait
une modification à la convention collective. Notre syndicat nous a dit
qu'effectivement il entendait demander que la convention collective qui avait
été signée soit respectée par
Hydro-Québec.
Maintenant, il y a peut-être lieu à ce...
M. Chevrette: Mais le sens de la modification vise les nouveaux
employés qui entrent? (10 h 30)
M. Boivin: Dans notre convention collective, il y a
priorité d'embauché aux employés qui sont
déjà sur des listes de rappel, c'est-à-dire pour ceux qui
ont travaillé comme employés temporaires à
Hydro-Québec. Pour passer directement à des
monteurs-entrepreneurs lorsqu'il y aurait des postes de monteurs vacants
à HydroQuébec, cela demanderait une modification à la
convention dans ce sens. Est-ce que cela va?
Il y aurait peut-être lieu, à ce stade-ci, de projeter un
acétate dont nous n'avions pas pu vraiment discuter lors de la
dernière commission parlementaire, mais qui indique quand même
que, du côté de la distribution, qui semble être vraiment le
fond du problème avec les entrepreneurs, il reste que, globalement, dans
la fonction distribution, Hydro-Québec maintient que les grands
équilibres historiques ont été maintenus. À ce
sujet-là, j'aimerais peut-être demander la diapositive A-88. Je
peux d'ailleurs vous distribuer... M. le Président, est-ce que je peux
distribuer des photocopies de l'acétate?
Le Président (M. Charbonneau): Oui, il n'y a pas de
problème. Je voudrais simplement profiter de la période
d'ajustement pour vous indiquer que, comme on a à peine une heure pour
toutes ces questions concernant différents sujets, si c'était
possible de condenser les réponses puisqu'il y a d'autres
collègues qui m'ont aussi signifié leur intention de poser des
questions sur d'autres sujets. Alors, dans la mesure où on prendrait
beaucoup de temps sur une seule question, l'horaire ne nous permettra pas de
permettre à tous les membres qui voudraient poser différentes
questions de le faire.
M. Boivin: Je vais accélérer, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Parfait.
M. Boivin: Alors, 30 secondes sur cet acétate pour
indiquer les ratios d'effectif interne par rapport à l'effectif externe
pour toutes les fonctions qui se rattachent à la distribution, soit les
travaux de distribution aérienne, les travaux d'élagage et les
travaux de distribution souterraine, incluant le génie civil qui est
fait par des entrepreneurs. Avant le PAQS, il y avait un ratio de 0, 38
à 0, 41 d'effectif d'entrepreneurs par rapport à l'effectif
total. Ce ratio a monté à 0, 46 et 0, 48, pendant le programme,
pour revenir, à la fin du programme, à 0, 39 et 0, 40. La raison
pour laquelle cet équilibre est maintenu, c'est qu'il est vrai que nous
avons plus de monteurs à Hydro-Québec à la fin du PAQS
qu'au début; par contre, les travaux de souterrains prennent de plus en
plus d'importance et tous les travaux de génie civil en souterrains sont
confiés à l'externe. De plus, alors qu'autrefois nous faisions
une partie de nos travaux d'élagage avec des employés
d'Hydro-Québec, aujourd'hui l'élagage est donné à
98 % à la sous-traitance.
Du côté des autres travaux, dans l'article 34 de la
convention collective, nous avions un litige d'interprétation avec notre
syndicat, notamment sur la portée de l'article et, principalement, sur
le mot "remplacement". Depuis la dernière commission parlementaire sur
la sous-traitance, nous avons établi une position d'entreprise sur
l'interprétation de cet article, position que nous avons fait
connaître à nos syndicats. Selon le principe
qu'Hydro-Québec, comme nous l'avions expliqué, réalise
normalement les travaux d'entretien avec un effectif interne et fait
normalement faire les travaux de construction par un effectif d'entrepreneur,
nous avons, en priorité, offert à nos syndicats d'utiliser la
capacité de réalisation interne pour faire les travaux
d'entretien et de dépannage et de faire faire l'excédent de notre
capacité par des employés d'Hydro-Québec également,
du côté de la construction.
À cette fin, nous avons déposé une grille
d'interprétation qui a été modifiée, d'ailleurs,
par rapport à celle que nous avions indiquée lors de la
dernière commission parlementaire en tenant compte de certains des
commentaires qui avaient été formulés ici. Nous avons
déposé avec cette grille à nos syndicats, au cours de
février, le programme de travail à réaliser en 1988, en
indiquant le partage que nous entendions effectuer. Effectivement, de ce
côté-là, les indications que nous avons sont que le
syndicat accepte la proposition que nous avons faite. Les travaux commencent
à démarrer avec l'approche du printemps, fin mars, en fait, avec
la fin de la
période d'hiver. Vous savez qu'en période de pointe, on
fait peu de travaux sur notre réseau. Les travaux commencent à
démarrer dans les semaines qui viennent avec les entrepreneurs dans nos
postes de distribution, etc.
M. Chevrette: Est-ce que vous pouvez déposer cette
entente, pour le bénéfice des membres de la commission?
M. Boivin: C'est-à-dire qu'on pourrait vous
déposer... Est-ce qu'on l'a ici?
Une voix: La grille?
M. Boivin: La grille. On peut vous déposer la grille, il
n'y a pas eu une entente ou une lettre d'entente formelle de signée,
mais on peut vous déposer la proposition que nous avions faite et
l'interprétation qu'on fait de cette grille.
M. Chevrette: D'accord.
M. Houde (Jean): II est peut-être important de mentionner
aux membres de la commission que, sur la grille, il y a encore des discussions
avec le syndicat. Ce que M. Boivin dit - je pense qu'on en aura encore pendant
plusieurs mois - c'est que nous commencerons nos travaux et puis, les travaux
sur les installations existantes, on les fera après notre période
de pointe, au début d'avril, en fonction de la grille que nous avons
déposée au syndicat. Je ne voudrais pas qu'on dise aux membres de
la commission qu'il n'y a plus aucune discussion et qu'on s'entend parfaitement
sur l'interprétation de l'article 34: on est encore en discussion. Il y
a une convention collective qui vient à échéance à
la fin de l'année. La question de la sous-traitance sera sûrement
un sujet de négociation.
M. Boivin: L'autre question en litige, c'est toute la question de
la gestion des proportions pour l'ingénierie du côté du
programme des équipements. À ce sujet, il y a un groupe de
travail conjoint qui a été formé, un comité
patronal-syndical, qui est en train d'évaluer justement la façon
d'appliquer cette question des proportions. Fondamentalement, on a un
problème d'interprétation de la gestion de cette clause. M.
Michel pourrait peut-être donner les précisions
additionnelles.
M. Coulombe me fait remarquer que ces propositions que nous avons faites
au syndicat, tel que nous nous étions engagés à le faire
en commission parlementaire à l'automne, les intervenants qui
étaient venus en commission parlementaire, nous les avons tous
rencontrés en janvier et en février pour leur expliquer nos
positions de façon beaucoup plus détaillée qu'on ne le
fait ce matin. Les propositions ou les positions dont on vous fait part ce
matin ont été expliquées aux différents
intervenants qui avaient déposé des mémoires lors de la
dernière commission parlementaire. Non. Cela ne veut pas dire que ces
intervenants nous ont tous signifié qu'ils étaient parfaitement
d'accord avec notre position. Je ne voudrais pas vous laisser sous cette
impression.
M. Chevrette: Nous n'avons pas cette impression non plus avec les
contacts que nous avons. Donc, au moment où l'on se parle, il y a une
possibilité d'entente sur une interprétation sans que les
discussions soient finies. Il y a au moins une grille de travail qui vous
permet d'envisager le début des travaux sans pertuba-tion. Est-ce que
j'interprète bien vos propos?
M. Coulombe: De l'envisager oui. M. Houde (Jean): De
l'envisager.
M. Chevrette: On marche sur des oeufs, si je comprends bien.
D'accord. D'abord, votre responsabilité est vis-à-vis vos propres
syndicats et non pas nécessairement ceux de l'extérieur.
Même si vous les avez rencontrés, je suppose que l'entente ultime
doit être avec vos syndicats. Est-ce que vous avez un
échéancier de travail, un calendrier de travail pour voir
à ce que ce soit terminé pour le 1er avril afin d'éviter
les risques de perturbation?
M. Houde (Jean): Je pense qu'il y a deux éléments
dans votre question. Le dossier de la sous-traitance, comme je l'ai dit tout
à l'heure, c'est un dossier des prochaines années à
HydroQuébec et ce n'est pas spécifique à
HydroQuébec. C'est un dossier des grandes entreprises. Cela vient
d'être un dossier majeur dans le règlement du dossier de l'Alcan,
qui a eu lieu il y a une dizaine de jours. Maintenant, pour l'année
1988, on a des travaux à réaliser. On a dû, en 1987,
reporter des travaux parce qu'on a eu de longues discussions avec nos
employés. On continue à en avoir mais on a déposé
une grille - c'est ce que M. Boivin vous a dit tout à l'heure - et on va
commencer les travaux en fonction de cette grille même si l'entente n'est
pas parfaite et complète avec les syndicats. On continue et
l'échéancier qu'on a, M. Chevrette, pour les travaux de 1988,
c'est le plus rapidement possible. Encore - je pense que je peux vous donner
cela comme information - toute la fin de semaine dernière, on a
discuté avec l'un de nos syndicats. Je pense qu'on avance dans notre
compréhension mutuelle. Je ne dis pas qu'on aura une entente avant le
1er avril, mais on se comprend mieux qu'on ne se comprenait il y a quelques
mois sur l'interprétation de l'article 34. Voilà pour les travaux
de 1988.
Maintenant, pour les trois prochaines années, ce sera le jeu de
la négociation que vous connaissez même mieux que moi, qui fera en
sorte qu'on arrivera. Quelle sera l'entente qu'on fera avec le syndicat? Il
reste plusieurs mois
avant de le savoir. Dans les discussions qu'on a, je pense qu'il est
important de rappeler que ce qu'on veut protéger - je pense que nos
syndicats savent bien cela, on le leur a expliqué plusieurs fois - c'est
l'équilibre général qui existe entre l'interne et
l'externe à Hydro-Québec depuis de nombreuses années. Je
pense qu'on ne veut pas, comme direction d'entreprise, faire en sorte que nos
employés aient moins de travail et qu'on en donne davantage à la
sous-traitance. À l'inverse, on ne veut pas en donner plus à nos
employés globalement, on veut maintenir l'équilibre.
M. Chevrette: Quand vous pariez de ratio entrepreneurs-effectif
dans le tableau que vous nous avez projeté et que vous nous avez
distribué, est-ce que c'est global, en tenant compte de l'ensemble des
corps de métiers ou des types de fonctions ou des types de travaux, ou
si c'est spécifique à une seule catégorie de travailleurs
qui forme la majorité, par exemple, de la sous-traitance?
M. Boivin: Le tableau que je vous ai donné est
spécifique, en fait, aux employés de métiers dans le
secteur de la distribution et cela comprend l'effectif des monteurs, pour le
travail de lignes aériennes en distribution, de "plantage" de poteaux,
d'effectif d'élagage et d'effectif de jointeurs, pour les travaux
électriques souterrains, plus l'effectif requis pour les travaux de
génie civil et de canalisations souterraines. D'ailleurs, j'ai le
détail. Si cela vous intéresse, je pourrais vous distribuer le
tableau de "backup" qui donne le détail.
M. Houde (Jean): Globalement, M. le député...
M. Chevrette: Vous avez parlé de génie civil
aussi?
M. Boivin: J'appelle génie civil les travaux de
construction de canalisations souterraines pour installer les câbles
électriques.
M. Houde (Jean): Le tableau qu'on vous a fait globalement peut
représenter à peu près la moitié des
employés de métiers d'Hydro-Québec.
M. Chevrette: M. Coulombe, vous vouliez nous dire quelque chose
sur le sujet. J'aimerais vous entendre, peut-être que cela susciterait
quelques questions.
M. Coulombe: II ne faut pas que je me mette les pieds dans les
plats parce que...
M. Chevrette: Je vous le dirai après, si vous l'avez
fait.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Coulombe: Non, tout ce que je voulais dire, c'est que c'est le
problème, à Hydro-Québec, qui, à mon avis, est le
plus délicat actuellement, beaucoup plus que de s'obstiner à
savoir si 0, 1 % sur les tarifs est important ou non. Je pense qu'en termes de
management et d'orientation, la sous-traitance est un problème de fond
à Hydro-Québec. Je vous avoue que la position du management est
relativement inconfortable en ce sens que nous sommes pris - je l'ai
expliqué en commission parlementaire la dernière fois - entre
deux forces très grandes: nos syndicats, d'une part, et l'ensemble des
entrepreneurs, d'autre part. Chacun a des points extrêmement valables
à faire valoir, chacun a des objectifs tout à fait louables et
valables. Notre stratégie, on l'a dit tantôt, c'est de garder un
équilibre. Cet équilibre risque d'être perturbé
chaque minute, chaque jour, à chaque travail qui se commence à
Hydro-Québec.
C'est donc un problème très important dans l'entreprise.
Je pense que les prochaines négociations... Et, comme on le disait
tantôt, encore une fois, il ne faut pas penser qu'on est uniques dans
toutes les grandes entreprises, le problème de la sous-traitance est
fondamental. Le règlement de l'Alcan, il y a une dizaine de jours,
illustre la difficulté de le définir. Chez Bell Canada, la
sous-traitance est la base des négociations qui s'en viennent et c'est
tout à fait normal dans une période de restriction d'emplois,
chacun des emplois devient beaucoup plus valorisé et chacun veut... Dans
nos syndicats, on nous parle d'une campagne d'information extrêmement
importante; nos syndicats vont commencer sur ce thème et, à ce
qu'on me dit, ce sera bien fait aussi. On a rencontré les entrepreneurs,
on connaît leur position, on sait sur quoi ils ne sont pas d'accord, on
connait les pressions qu'ils font sur le gouvernement pour changer des
choses.
Donc, c'est un ensemble de forces qui jouent et qui, malheureusement,
risquent de finir comme ce genre de problème-là finit,
c'est-à-dire avec une série de compromis qui ne satisfont
personne, et il faudra à tout le monde trois ou quatre ans avant de
comprendre exactement ce qui s'est passé. C'est mon inquiétude.
Nous avions espéré avoir une entente précise aujourd'hui
avec nos syndicats, cela n'a pas été possible. Nous avions
espéré avoir une entente avec les entrepreneurs, cela n'a pas
été possible. Cela prouve peut-être le point de vue qu'on
a, c'est-à-dire que ces deux forces sont tellement grandes que... (10 h
45)
Maintenant, toujours en revenant à la mission de base
d'Hydro-Québec, on maintient que notre responsabilité
fondamentale est d'offrir un service valable au meilleur coût. Nous
pensons que c'est dans cet équilibre-là que réside la
meilleure solution, dans un équilibre que nous ne voulons pas rompre par
rapport à l'histoire. Nous voulons rassurer nos employés en
disant qu'il n'est pas question d'éliminer des emplois per-
manents à Hydro-Québec et nous voulons rassurer les
entrepreneurs en disant qu'il n'est pas question d'éliminer des
entrepreneurs. Mais après avoir dit cela, l'impasse reste presque
complète au moment où on se parle. Alors, cela nous
inquiète. C'est un problème de management sérieux. On
s'est efforcés de faire appel à la compréhension de nos
syndicats, compréhension qu'on a toujours eue dans les six
dernières années, alors qu'on a négocié des
conventions collectives extrêmement complexes, sans drame inutile. On a
également essayé de demander cette même
compréhension aux entrepreneurs, mais il semble que, comme pour tous ces
genres de problèmes, il va falloir que cela aboutisse à sa propre
logique dans quelques mois avant que cela éclate ou que cela se
règle.
M. Chevrette: Je suis content de vous avoir entendu
là-dessus, parce qu'on est pris, nous aussi, comme n'importe quel homme
public, entre deux motifs très valables. Je pense que celui de vouloir
élargir son assiette de travail, c'est humain. Conserver ses emplois,
c'est normal et c'est légitime. D'autre part, je ne sais pas par quel
biais Hydro-Québec pourrait planifier à très long terme,
parce qu'on ne peut pas non plus demander à des entrepreneurs de
s'équiper pour un, deux ou trois ans à des coûts
astronomiques et dire, à un moment donné: On fait cela avec
Hydro-Québec et ils restent avec une machinerie épouvantable sur
les bras. Même si on le leur a dit, il y a deux ou trois ans, que
c'était pour une durée de trois ou quatre ans, que
c'étaient certains programmes accélérés, on sait
très bien que, quand tu veux te bâtir un nom, tu t'équipes.
Quand les travaux cessent, bien...
Je comprends les deux parties. Je n'ai pas la solution, mais je trouve
que la notion d'équilibre que vous recherchez, si elle est claire, il va
se développer un réseau de sous-traiteurs compétents qui
vont s'équiper en conséquence, sachant qu'ils vont avoir une
stabilité, eux aussi. Si la stabilité est importante pour les
travailleurs d'Hydro-Québec, elle est tout aussi importante pour ceux
qui entrent dans un capital de risque et qui veulent faire des travaux. Donc,
il y a une planification à très long terme qu'il va falloir
exiger d'Hydro-Québec, à mon point de vue, là-dessus.
C'est là que vous avez l'équilibre, en sachant longtemps
d'avance que si le gouvernement décide de faire des hauts de temps en
temps, c'est le gouvernement qui brisera l'équilibre. Je pense que si
Hydro-Québec est responsable... Je vous écoute depuis hier,
même au perroquet. Vous avez toujours cette réponse qui indique
clairement qu'Hydro fait son travail, gère son entreprise et, si on veut
déroger, qu'on prenne nos responsabilités. C'est un peu ce que
vous avez dit encore ce matin. À partir de là, est-ce qu'on peut
vous demander de planifier à assez long terme pour sécuriser
à la fois les deux groupes? Pour le moment, ce sont eux; à un
autre moment, cela peut être nous. Mais je peux vous dire une chose, si
le gouvernement brise cet équilibre, il sera responsable, il en portera
l'odieux.
Je ne voudrais pas, M. Coulombe - je finis là-dessus - qu'on
brise cet équilibre purement et simplement, par exemple, par un contrat
collectif de travail. C'est sérieux. Ce sont des travailleurs des deux
bords. Si on planifie à long terme pour créer cet
équilibre, il me semble qu'on se doit, à ce moment-là...
C'est un principe qui est intouchable après parce que, autant vous
brisez l'équilibre dans une convention collective en faveur des gars
d'Hydro-Québec, si vous avez fait une planification à long terme
pour les sous-traitants, autant vous allez briser l'équilibre l'autre
bord. Cela ne marche pas.
À mon point de vue, la solution est là. On aura beau
chercher. Je suis d'accord avec vous pour une entente ou une
négociation, cela va probablement être le fruit de compromis. Je
suis d'accord avec vous. Pour avoir négocié 17 ans, je sais ce
que c'est. Mais si on veut vraiment s'assurer qu'il n'y ait pas de "flaillage"
ni d'un bord ni de l'autre, c'est peut-être par la planification et en
donnant la garantie à ce monde-là que ces équilibres
seront observés pendant x temps. Là, je pense qu'on pourrait
éviter tout affrontement.
M. Coulombe: Je suis tout à fait d'accord avec votre
position et c'est ce que nous souhaitons, c'est ce que nous voulons discuter
avec tout le monde, d'une planification à moyen terme. Mais
c'était assez paradoxalement l'idée fondamentale du PAQS. On
s'est dit, plutôt que de donner un petit coup de quelques mois et,
après cela... On s'est dit: On va vraiment planifier pendant trois ou
quatre ans. La planification pour trois ou quatre ans, cela commence à
être, dans ce domaine....
Alors, c'est pour cela qu'on a rencontré les entrepreneurs et
qu'on les a avertis: Ne partez pas en peur, c'est pour quatre ans. Là,
il y a eu de la confusion là-dedans, on l'admet, mais notre intention
était claire et précise. C'est un peu le programme des
chaudières. On a dit et on a répété que cela se
terminerait. Mais il y a des entrepreneurs qui se sont dit que cela ne se
terminera pas parce qu'on va faire assez de pressions que le programme va
rester. Mais c'est bien notre intention. On a essayé de planifier comme
cela. Cela s'est retourné un peu contre nous à cause du
phénomène qu'il y a plusieurs entrepreneurs qui se sont dit: Si
c'est comme ça, cela va être comme ça à long terme.
On a dit que ce ne serait pas à long terme.
Après avoir dit ceci, je suis d'accord avec vous que si on
pouvait planifier à long terme, mais il faut toujours se garder un choix
de solutions, c'est-à-dire que même si on planifie des travaux...
Disons qu'on a 38 000 000 000 $ d'investissements pour les dix prochaines
années. C'est une planification. On la fait par année, par
groupe, par production, transport, etc. On a tout cela dans notre
planification à long terme. Je pense que c'est un cadre de
référence qu'on est prêts à discuter avec nos
syndicats. D'ailleurs, on en discute avec nos syndicats parce qu'on leur
présente le plan et on en discute avec eux. On est prêts à
en discuter avec nos entrepreneurs aussi. Il n'y a pas une compagnie, dans
quelque milieu que ce soit, capable de dire que dans les dix prochaines
années il va y avoir tant d'argent dépensé dans chacune de
ses responsabilités, en immobilisations ou en dépenses
ordinaires. Donc, la planification existe.
Par contre, il faut toujours se dire aussi que, si les circonstances
changent, il ne faut pas être prisonnier de cela. La souplesse
qu'Hydro-Québec doit nécessairement avoir, il faut que nos
syndicats la comprenne. Il faut également que les entrepreneurs la
comprennent. On ne peut pas s'enfermer dans un cadre rigide pendant dix ans et
dire: Ce montant de 38 000 000 000 $ va se dépenser coûte que
coûte, parce qu'on l'a dit. Je pense qu'il faut se garder de la
souplesse. Il faut que nos syndicats comprennent cela. Il faut que les
entrepreneurs le comprennent également, comme nous essayons de
comprendre qu'un entrepreneur qui s'équipe, c'est un peu ridicule. On le
comprend. Si vous saviez le nombre de négociations qu'on fait avec des
entrepreneurs du Québec, avec ce genre de raisonnement en tête, et
les discussions de base que nous avons avec nos syndicats sur les objectifs de
stabilisation de l'emploi, sur les objectifs d'un rehaussement de la formation,
etc. C'est imprégné là-dedans. Mais il y a une force, une
espèce d'éxacerbation due tout simplement au fait que, depuis
quelques années - peut-être M. Ciaccia avait-il raison
tantôt - on a peut-être trop géré à la
dernière cenne, parce qu'on va parler des dépenses d'exploitation
tantôt et on vous dira comment on a augmenté le personnel dans
l'entreprise alors que chez les entrepreneurs, au lieu d'être fiers de
cela, c'est exactement le contraire qui est arrivé.
On est d'accord avec vous pour la planification. On s'efforce. On la
fait. On la présente. On en a les principales dimensions. Je pense que
ce n'est pas suffisant. Je pense qu'il faudra qu'il y ait, de part et d'autre,
une espèce d'ouverture d'esprit qui va nous permettre, tous les trois,
avec le gouvernement si possible ou avec n'importe qui, de se sortir de ce
guêpier dans lequel nous sommes à l'heure actuelle.
M. Chevrette: Merci. Je reviendrai sur la question des tarifs cet
après-midi.
Le Président (M. Charbonneau): Étape par
étape, M. le député. M. le ministre.
M. Ciaccia: Vous serez le bienvenu.
M. Chevrette: Bien sûr. Je veux parler des 4. 6 % par
rapport aux 4. 9 %.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: On va voir. Sur la question de gérer
jusqu'à la dernière cenne, je ne voudrais pas faire un
débat là-dessus, mais cela dépend où vous mettez la
dernière cenne.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Ciaccia: Si vous augmentez les coûts d'exploitation
à 10 % et que vous réduisez certaines choses, c'est une
définition. Comme principe d'une bonne gestion, je crois qu'on est
entièrement d'accord avec une gestion saine afin qu'Hydro-Québec
soit rentable, mais c'est une question de définition des
priorités dans l'application de ces principes. Simplement pour clarifier
notre position sur la sous-traitance parce qu'on entend aussi toutes sortes de
choses - ce n'est pas seulement l'Opposition qui entend des rumeurs ou des
prises de position, nous aussi - et je crois l'avoir déjà dit
à la commission parlementaire sur la sous-traitance, nous acceptons le
principe de l'équilibre. Il ne s'agit pas de dire qu'on veut que tout
cela aille en sous-traitance et qu'on veut enlever des emplois ou qu'on ne veut
pas que les emplois augmentent, il faut qu'il y ait un équilibre. Je
pense qu'il s'agit de chercher cet équilibre.
Parfois, sous la pression des négociations, parce que cela
négocie serré... J'espère que les discussions que vous
avez actuellement porteront leurs fruits et que les syndicats des deux
côtés... Ce n'est pas seulement la question des entrepreneurs
contre les syndicats ou des entrepreneurs contre les employés, mais il y
a des syndicats des deux côtés et vous êtes parfois pris
entre les deux. Il y a aussi la question des travaux dans les régions.
Est-ce que certaines régions dépendent de ces emplois? C'est pour
cela que c'est un équilibre qu'on cherche.
Je ne veux pas enlever tout le temps à mes collègues,
j'avais seulement une ou deux autres précisions à vous demander
concernant le plan de développement. La lecture du plan de
développement nous fait voir que la productivité devient de plus
en plus une des préoccupations majeures de l'entreprise. Vous avez
parlé de cela à la page 109. Par exemple, vous mentionniez que
"les efforts d'accroissement de la productivité devront porter sur des
unités ou activités spécifiques. Pourriez-vous nous dire,
d'une façon un peu plus spécifique, quelles sont les cibles que
vous visez et quels pourraient être les éventuels correctifs
apportés?
M. Coulombe: Je pense qu'on va distinguer deux points
là-dedans, le plus rapidement possible: il y a la productivité
globale de l'entreprise - M. Jean Houde va en donner quelques
éléments - et la stratégie nouvelle qu'on a depuis quelque
temps de viser des cibles beaucoup plus précises. Ce que cela donne en
réalité,
M. Boivin pourra en parler dans le cadre de la production.
M. Houde (Jean): Je pense que lorsqu'on regarde la
productivité générale d'Hydro-Québec, si on se
réfère aux documents qu'on a déposés en commission
parlementaire sur le dossier de la sous-traitance, il y a des indicateurs
importants qui démontrent que la productivité
générale de l'entreprise a augmenté au cours des cinq ou
six dernières années.
Quand on regarde la croissance annuelle des immobilisations qui est de
6, 6 % entre 1982 et 1987, la longueur des circuits de transport qui a
augmenté, les abonnements, les clients qui ont augmenté
annuellement de 2, 8 %, l'énergie qu'on a livrée, qui a
augmenté annuellement de 5 %, les ventes totales en kilowattheures qui
ont augmenté de 8, 6 % et, avec un effectif équivalent à
ce qu'on avait en 1982, je pense que la productivité
générale de l'organisation a augmenté.
Rappelons-nous qu'en 1982, Hydro-Québec avait 19 959 personnes
à son service; au moment où on se parle - ce sont les chiffres
que vous avez dans le plan de développement, à la page 107 - vous
en avez 18 933. Vous vous retrouvez, six ans après, avec un effectif
moindre, en n'ayant pas augmenté le nombre de temporaires et en ayant
maintenu notre politique, globalement, de recours à la sous-traitance.
Cela veut dire, concrètement, qu'il y a eu un effort et un
résultat concrets de la part de l'ensemble de nos employés, que
ce soit les cadres, les non-syndiqués et les syndiqués, qui ont
produit les résultats qu'Hydro-Québec a obtenus.
En termes de productivité générale, je pense que
ces chiffres sont suffisamment éloquents; ils démontrent
très bien qu'il y a eu une augmentation de la productivité de
l'ensemble de l'organisation et de nos employés. Par contre, on est
rendus à une étape - Claude Boivin peut en dire quelques mots -
où on va, au-delà des objectifs de productivité
générale, travailler de façon spécifique à
des activités où on a besoin d'augmenter la
productivité.
M. Boivin: En fait, du côté de la
productivité, c'est difficile de l'attaquer globalement. Ce qu'on a
décidé, cette année, c'est de s'attaquer à la base
de notre business si vous voulez, que sont nos usines et nos centrales. On a
des centrales partout dans la province de Québec et on a beaucoup
d'effectif dans nos centrales. On a décidé de faire un bilan de
la façon dont on administre, le bilan de gestion totale de nos
centrales.
Pourquoi cette approche sectorielle? On se rend compte qu'il y a
différents moyens pour améliorer la productivité. Il y a
la productivité des ressources humaines de l'organisation du travail;
également, plusieurs améliorations technologiques peuvent
être apportées. Si on ne fait pas ces analyses de façon
globale, on s'est rendu compte dans le passé que, par exemple, avec des
améliorations technologiques, on avait investi de l'argent à des
places, mais on n'avait pas mesuré comme il faut avant l'impact sur la
gestion des ressources. Souvent, on n'est pas allés chercher tous les
avantages ou tous les bénéfices escomptés.
Ce qu'on est en train de faire du côté des centrales, cette
année, c'est un gigantesque effort concerté dans l'entreprise de
toutes les fonctions, que ce soient les gens du contrôle financier, des
ressources humaines, de la fonction technique ou les gens des régions
qui administrent les centrales. On a mis en place un certain nombre
d'équipes pluridisciplinaires qui sont en train de faire une analyse
complète de la façon dont, traditionnellement, on a
administré nos centrales. (11 heures)
Quand je parie de gestion, je parle de la gestion globale de nos
centrales, incluant l'organisation du travail, les horaires d'entretien, la
façon dont on fait l'entretien de nos centrales, la façon dont on
pourrait améliorer la conception de nos centrales aussi pour en
favoriser l'entretien à l'avenir. C'est ce qu'on est en train de faire
présentement dans le domaine des centrales. Lorsque les résultats
seront connus, dans le courant de l'année, on verra quel est le bilan et
quelles sont les améliorations qu'on peut apporter. L'an prochain, on va
attaquer un autre secteur d'activité qu'on n'a pas encore
déterminé. On va essayer de passer comme cela, dans les
années qui viennent, chacun des secteurs d'activité de
l'entreprise.
M. Ciaccia: Merci, M. Boivin.
Le Président (M. Théorêt): Avec la permission
du député d'Ungava, sur le même sujet, M. le
vice-président des ressources humaines, vous mentionnez que,
pratiquement avec le même nombre d'employés que vous aviez en
1982, les travaux et les ventes ont augmenté, etc. Avez-vous pris en
considération les équipements plus modernes, la nouvelle
technologie? Si oui, est-ce que ces équipements et cette nouvelle
technologie ne viennent pas effacer l'augmentation de productivité dont
vous parlez?
M. Houde (Jean): Écoutez, je ne pense pas qu'il y ait eu
à Hydro-Québec une utilisation massive de nouvelles technologies
qui effacerait l'effort général de productivité qui a
été fait par l'ensemble de nos employés au cours des
dernières années. Il y a eu, effectivement, l'introduction de la
micro-informatique, toutes les questions de traitement de texte, tous les
équipements qui servent, en particulier, à nos employés de
bureau, ou encore ce qu'on introduit comme élément technologique
sophistiqué et moderne pour gérer notre réseau.
À mon point de vue, c'est difficile de quantifier l'impact que
les changements tech-
nologiques ont pu avoir sur l'augmentation de la productivité.
Vous savez comme moi qu'il y a deux thèses à l'égard de
l'introduction de ces changements techniques et technologiques. Certaines
thèses et de grandes études américaines démontrent
que cela augmente l'emploi, d'autres démontrent que cela le
réduit. Je pense qu'on n'est pas encore, ni à Hydro-Québec
ni l'état de la science dans ce domaine, capables de démontrer
que l'introduction d'un changement ou d'un ensemble d'équipements plus
modernes fait que cela réduit ou augmente le personnel à
Hydro-Québec. Ce qu'on peut dire, quand on regarde le résultat et
l'effectif six ans après, c'est qu'il y a eu un effort important.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Il y a trois ou quatre
sujets que j'aimerais aborder pendant cette période, avant midi et demi.
Je vais donc y aller rapidement. En ce qui a trait au premier sujet, je veux
revenir sur le nombred'emplois reliés aux investissements,
jusqu'en 1998 pour le moins, à la suite des tableaux que vous nous avez
déposés hier, M. le président d'Hydro-Québec. On a
fait une compilation des emplois reliés à la phase actuellement
en construction et des emplois qui seront reliés aux nouvelles centrales
que vous nous annoncez dans ce plan de développement de 1988. On arrive
effectivement à des transferts.
En 1988, donc pour cette année, le nombre d'emplois dans la
première phase appelée la phase A pour les besoins de l'exercice,
celle qui est déjà en marche, est de 7050. Il va y avoir pour la
phase B, c'est-à-dire la deuxième phase de la Baie James qu'on
commence, 130 emplois uniquement en 1988 pour un total de 7180. Donc, la grosse
partie de l'emploi actuellement relève des décisions de 1985.
L'an prochain, les deux combinés vont représenter 5507 emplois;
en 1990, 5503; en 1991, 6257; en 1992, 6629. Donc, on est toujours en dessous
du niveau de 1988 qui est relié à la décision de 1985. En
1993, on est encore à 7310, donc, on revient au niveau de 1988. La seule
année où il y aura une augmentation substantielle du nombre
d'emplois, c'est en 1994 avec 10 503.
On a fait aussi la comparaison, bien que les chiffres ne soient pas
disponibles, par rapport aux courbes qu'on connaît de l'utilisation de la
répartition de l'emploi sur la construction d'une centrale et des
kilowatts qui vont être installés, pour les travaux que vous
appelez les travaux de la Côte-Nord, avec des livraisons entre 1997 et
l'an 2000 pour un total de 2112 mégawatts; pour les travaux de la
Grande-Baleine, avec une livraison entre 1999 et 2001, c'est 2891
mégawatts. Donc, on est rendus à l'horizon 2000. On est assez
loin pour les besoins de l'exercice.
Finalement, quand on fait le décompte de tout cela, on en arrive
au fait qu'Hydro-Québec aurait plutôt une politique de
stabilisation de l'emploi à son niveau actuel, de 1988, de l'ordre de
7000 années personnes en emplois directs et indirects. Est-ce que l'on a
raison de dire qu'Hydro-Québec a une politique de stabilisation de
l'emploi de l'ordre de 7000 années-personnes jusqu'à l'an 2000?
Ou est-ce qu'Hydro-Québec se situe plutôt comme un créateur
d'emplois qui voudrait dépasser un tel niveau?
M. Coulombe: Je pense qu'il est bien évident que notre
objectif n'est en aucune espèce de façon d'avoir 7000 emplois par
année d'ici à l'an 2000. Là, vous comparez les chiffres de
la construction des centrales: LG 2A, la ligne Radisson, LG 1, Manic 5, LA 1,
Brisay. Mais ce n'est qu'une partie des investissements d'Hydro.
M. Claveau: Ce sont les deux tiers.
M. Coulombe: Les deux tiers... Dans notre plan sur 39 000 000 000
$ ou 40 000 000 000 $, il y en a environ 30 000 000 000 $, mais vous n'avez pas
les chiffres des autres lignes qui sont prévues aussi là-dedans.
Donc, ce ne sont pas les deux tiers des immobilisations de 40 000 000 000 $ qui
sont prévues. Mais si vous vous en tenez strictement aux centrales, vous
avez parfaitement raison. Je trouve que c'est à l'avantage de... Si on
prend strictement une force de travail qui se déplace de projet en
projet, je trouve que c'est une excellente chose.
M. Claveau: Évidemment...
M. Coulombe: Maintenant, il faut l'augmenter et les 10 000 000
000 $ ou 15 000 000 000 $ qui restent dans le plan de dix ans d'investissements
vont créer aussi des emplois. M. Benoît Michel a mentionné
hier des chiffres globaux d'emplois directs et indirects qui sont beaucoup plus
considérables que ceux que vous avez mentionnés et qui sont
exacts. Ces chiffres-là sont exacts, on ne le nie pas, c'est
parfait.
M. Claveau: Pour les besoins de l'exercice, M. le
président, et pour les annonces qui ont été faites par le
premier ministre du Québec, on n'a pas parlé de rénover et
de réparer les installations déjà en place. On n'a pas
parlé de changer les rouleaux sur les turbines, on parle de nouveaux
équipements. Dans le développement des nouveaux
équipements, que ce soient autant des équipements de pointe que
des équipements de base, à ce moment-là, on arrive a ce
que la masse d'emplois reliés aux nouveaux équipements se situe
autour de 7000 années-personnes, en emplois directs et indirects,
jusqu'à l'an 2000.
M. Coulombe: Vous avez parfaitement raison et c'est ce que le
premier ministre a déclaré, je m'en souviens fort bien parce
qu'on a travaillé ces chiffres-là ensemble. Ce sont exactement
les
chiffres qu'il a déclarés en disant: Pour LG 1, LA 1,
Brisay, c'est tant d'emplois, entre 38 000 et 40 000 années-personnes.
Ce sont des chiffres qui sont exacts, que vous avez en main. C'est exactement
cela.
M. Claveau: Donc, on le stabilise au niveau actuel de l'emploi en
1988.
M. Coulombe: Mais sans que ce soit un objectif fondamental...
M. Claveau: Non, mais...
M. Coulombe: C'est la conséquence de dire: On construit
trois centrales et cela s'adonne que cela va donner annuellement en moyenne -
c'est une moyenne parce que, pour des années, cela sera plus haut et
pour d'autres, cela sera moins haut - 7000 ou 8000 années-personnes.
M. Claveau: Les années les plus hautes... Cela ne varie
pas beaucoup, vous savez, j'ai donné les chiffres entre 1988 et... En
1988, c'est 7180 et, en 1993, c'est 7310 années-personnes.
M. Coulombe: Bon, alors...
M. Claveau: Entre-temps, le plus bas est 5503.
M. Coulombe: C'est cela, cela varie entre 5000 et 10 000. Alors,
c'est exact. C'est ce que le premier ministre a dit et c'est ce qu'on dit, 40
000 années-personnes, et c'est vrai. C'est vrai.
M. Claveau: 40 000 années-personnes, ce qui
représente combien de nouveaux emplois directs
créés...
M. Michel (Benoît): Si vous me permettez... M.
Claveau:... ou de travail comme tel?
M. Michel:... on a établi la différence de
création d'emplois ou de travail - et je l'ai mentionné hier
très brièvement - entre le scénario où il n'y
aurait pas d'exportation et le scénario devancé à cause
des exportations. Et pour ce qui est des années-personnes de travail
direct, j'ai mentionné hier le chiffre de 125 000
années-personnes de travail direct pour dix ans et, dans l'indirect, 140
000, pour un total de 265 000 années-personnes. Si on compare ce
scénario par rapport à celui où il n'y aurait pas
devancement des équipements, dont ceux qui ont été
annoncés récemment, on aurait une diminution de la masse de
travail, au Québec, de l'ordre de 117 000 années-personnes. La
différence entre les deux scénarios est de 117 000
années-personnes.
M. Claveau: C'est le même principe, par exemple, que si on
avait réussi à décrocher des contrats de frégates,
M. le Président, on aurait eu le même nombre d'emplois et on
n'aurait pas créé de nouveaux chantiers pour autant, on aurait
utilisé les installations existantes. C'est un jeu sur le plan de la
masse de la main-d'oeuvre existante, mais il n'y a pas comme tel... Chaque fois
qu'une compagnie décroche un nouveau contrat, on n'annonce pas... Chaque
fois que Bombardier décroche un contrat de locomotives à
l'étranger, on n'annonce pas la création de nouveaux emplois.
C'est la continuité des emplois existants.
M. Michel: Sur le plan des investissements, on a parlé
hier des équipements de transport et de production. Sur les 28 000 000
000 $ d'investissements, s'il n'y avait pas le devancement qui donne entre
autres choses, 117 000 emplois, années-personnes, ce serait 11 000 000
000 $ de moins qui seraient investis au Québec au cours de la prochaine
décennie. C'est l'équation: 11 000 000 000 $ de moins
d'investissements à cause d'un scénario qui n'est pas
d'avancé et 117 000 années-personnes de moins de travail.
M. Claveau: Ai-je raison de dire ou avons-nous raison de dire que
ces 11 000 000 000 $... Voulez-vous le répéter?
M. Michel: 11 000 000 000 $ de moins.
M. Claveau: Que ces 11 000 000 000 $ qui vont être investis
à cause d'un devancement de projets - d'accord, on en est - vont
permettre de maintenir le niveau actuel des emplois dans la construction
à Hydro-Québec, ce qu'on a en 1988, ne créeront pas
nécessairement de nouveaux emplois, mais vont maintenir le niveau
d'emplois actuel jusqu'en 1994?
M. Michel: Je pourrai vous fournir, si vous le
préférez, après la commission parlementaire, les courbes
d'emplois pour le scénario global. Hier, je vous ai donné et j'ai
déposé les courbes d'emplois qui étaient directement
rattachés aux projets LG 1, LA 1, Brisay et douzième ligne. Or,
le devancement fait effet de domino, c'est-à-dire qu'une fois que les
trois premiers projets sont devancés les autres qui suivent sont aussi
devancés.
M. Claveau: J'ai fait la combinaison de tout cela, parce que j'ai
tous les chiffres jusqu'à l'an 2004 pour la quinzième ligne. On
n'a pas la courbe année par année mais, par contre, j'ai la
courbe de la distribution des emplois pour la construction d'une centrale et le
nombre de mégawatts qui correspondent par blocs. Le bloc
Côte-Nord: 2112 mégawatts mis en production entre 1997 et l'an
2000. Cela a été retardé, d'ailleurs, dans ce cas.
C'était prévu entre 1995 et 1998, avant.
Si on fait l'analyse de tout cela ou si on fait la combinaison de tout
cela, sans avoir les chiffres précis - je suis certain qu'on va arriver
à la même conclusion si on a les chiffres précis - on
maintient le niveau d'emplois. Entre 1994 et l'an 2000, là, il va y
avoir une petite augmentation. Il va passer de l'ordre de 7000 à 10 000
années-personnes. Mais c'est en 1994 seulement. Cela ne réglera
pas le problème de l'emploi demain matin pour les chômeurs qui se
présentent actuellement dans les centres de main-d'oeuvre et à la
Société d'énergie de la Baie James au rythme de 200 par
jour pour avoir des emplois à la Baie James.
M. Michel: Je suis très mal placé pour contester
vos chiffres; je ne les ai pas vus. Je peux cependant vous souligner qu'il y a
plus que la main-d'oeuvre des centrales là-dedans. Il y a la
main-d'oeuvre pour les lignes; il y a la main-d'oeuvre pour les postes. Hier,
on a parlé du renforcement de notre réseau et on a parlé
d'investissements de 600 000 000 $ pour renforcer notre réseau, effort
qui doit être consenti et investi avant l'année 1992. On pourra
vous donner tout cela. Je vous réitère mon offre d'une courbe
combinée, mais il faut faire attention là-dedans pour ne pas en
échapper des morceaux.
M. Claveau: Effectivement, mais les 600 000 000 $ dont vous venez
de parler, je pourrais aussi vous répondre que cela se situe dans la
continuité ou, enfin, dans une voie entreprise au moment où vous
avez fait un programme semblable pour la modernisation des réseaux, ce
qui a amené tout le problème, d'ailleurs, qu'on a actuellement
avec les entrepreneurs. Cela se situe entièrement dans la
continuité, ces choses-là.
Mais, en termes globaux, il n'y aura pas moins de chômeurs ou
moins assistés sociaux qui vont être inscrits aux centres de
main-d'oeuvre du Québec ou d'Ottawa parce que la Baie James a repris ses
travaux. Les chiffres nous disent que c'est cela.
M. Coulombe: Oui, mais je ne comprends vraiment pas ce point,
parce que ce qui a été annoncé par le gouvernement et ce
qui est dans le plan de développement, c'est de prendre la
décision de devancer pour 7 500 000 000 $ d'investissements. Ces 7 500
000 000 $ d'investissements vont donner de l'emploi à 37 000, 38 000, 39
000 ou 40 000 années-personnes selon le dynamisme des industries
québécoises, quelque 40 000 années-personnes.
Si ces projets avaient été faits trois ans plus tard, ce
qui serait le cas si on n'avait pas fait des contrats d'exportation, ces 40 000
années-personnes auraient été créées trois
ans plus tard.
M. Claveau: Cela, c'est la même chose que...
M. Coulombe: Cela, c'est mathématique. M. Claveau:
Oui, mais...
M. Coulombe: Ils ont été créés avant,
parce qu'on a vendu à l'exportation tout simplement.
M. Claveau: C'est là où on ne s'entend pas. C'est
sur le mot "créer".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: C'est un grand mot, vous en conviendrez.
Une voix:... Dieu le père.
M. Claveau: Quand on analyse la situation actuelle des chantiers
reliés à la mise en chantier de LG 2A et de Manic 5 PA et de la
ligne 11, on a déjà, en 1988, à la suite de ces
décisions, 7050 emplois qui sont directs et indirects, avec ces
constructions. C'est certain que notre courbe ascendante aurait
été accélérée à partir de 1989.
À partir de 1990, on est rendus à 3500 dans ce bloc de travail.
(11 h 15)
Là, ce qu'on fait, on devance des travaux, certes, c'est
très bien, pour maintenir le niveau des emplois qu'on a atteint en 1988
à cause des autres. Mais il n'y a pas d'augmentation sensible de la
masse globale d'emplois disponibles dans les programmes d'investissements
d'Hydro-Québec jusqu'en 1994. Au moment où Brisay va aussi
commencer à être en période de pointe alors que LG 1 et LA
1 ne seront pas terminées, on aura une conjoncture des trois centrales
qui va permettre une augmentation de 3000 années-personnes de plus en
1994. Mais jusqu'en 1994 on se maintient exactement au même niveau
d'emplois reliés aux investissements d'Hydro-Québec. Si on
enlève les à-côtés... Vous me parlez des
investissements à la petite centrale de l'Anse-Saint-Jean et ces
choses-là, cela n'a pas fait l'objet d'annonces spécifiques de la
part du gouvernement et, si on s'en tient aux annonces spécifiques
gouvernementales, le devancement des travaux permet de maintenir le niveau
d'emplois atteint actuellement, mais ne crée pas des nouveaux emplois
comme tels.
M. Coulombe: Je ne cherche pas de querelle là-dessus. Je
suis d'accord avec ce que vous dites, sauf que n'eussent été les
contrats d'exportation, au lieu de maintenir la main-d'oeuvre à ce
niveau, il y aurait eu un creux de trois ans et il n'y aurait pas eu ces
emplois. Ce serait tombé. Il n'y aurait pas eu ces emplois ou ces
années-personnes pendant trois ou quatre ans et ce serait revenu, je
suis d'accord avec vous. Donc, au lieu d'avoir un creux de trois ou quatre ans
avec 40 000 années-personnes, ces 40 000 années-personnes
remplissent ce trou.
M. Claveau: Mais les gens qui vont dans les centres de
main-d'oeuvre pour avoir de l'emploi pensent qu'il y a une vague vers la Baie
James.
M. Coulombe: Ah! Dans ce sens, c'est peut-être...
M. Claveau: II y a une chose d'éclaircie. En ce qui vous
concerne, M. le ministre, je vous déposerai nos chiffres et vous allez
voir qu'on a tout à fait...
M. Ciaccia: Voulez-vous en éclaircir d'autres de la
même façon?
M. Claveau: Non. Il est très clair que les travaux qui
sont annoncés là n'augmentent pas la main-d'oeuvre totale
disponible en emplois directs et indirects jusqu'en 1994.
M. Ciaccia: Ce sont des travailleurs fantômes qui vont
être là.
M. Claveau: Ce sont des travailleurs fantômes,
effectivement. On annonce des emplois qui sont déjà
occupés par des personnes aujourd'hui. Ces personnes vont continuer
à retirer un salaire pendant X années de plus, mais ce seront
toujours les mêmes personnes qui travaillent aujourd'hui qui vont
travailler. Ce n'est pas un nouvel employé qui va être
engagé, en plus de l'employé qui est là aujourd'hui. C'est
là-dessus qu'il faut bien s'entendre, M. le ministre, pour jusqu'en
1994. À partir de 1994, il y a des raisons, mais on a des chances
d'avoir deux élections d'ici là, ce qui fait qu'on est un peu
loin dans le temps.
M. Ciaccia: Vous vous présenterez aussi au
fédéral? Vous parlez de deux élections.
M. Claveau: Non, mais en 1989 et en 1993 ce seront probablement
les prochaines élections.
Changement de propos tout à fait, qu'en est-il des
négociations ou des pourparlers entre Hydro-Québec et le groupe
Attikameks-Montagnais?
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, je m'excuse, mais les dix minutes de votre temps
sont écoulées. Vous pourrez revenir avec votre autre question
à la suite de l'intervention du député de Rosemont.
M. Rivard: M. Coulombe, dans votre plan de développement,
à partir de la page 93, vous faites une large place à la
technologie internationale. C'est une plus large place, à mon avis, que
lors des plans précédents de développèrent. On a
parlé, tout a l'heure, du comportement d'Hydro-Québec par rapport
aux entrepreneurs québécois. On a parlé d'une forme de
faire faire qui s'appelle la sous-traitance. J'aimerais parler un petit peu du
faire faire en rapport avec vos activités en recherche et
développement. Vous conviendrez avec moi qu'il y a une chose qui frappe
dans ce que vous présentez, c'est que vous vous apprêtez à
investir, comme vous l'avez fait en 1987, 100 000 000 $ par année en
recherche et développement, ce qui fait de votre entreprise un acteur
absolument majeur sur la scène québécoise puisque, au
total, c'est un montant d'environ 1 500 000 000 $ qu'on dépense en
recherche et développement au Québec.
Ma question est très simple. Alors que vous mentionnez de
façon assez claire que vous collaborez avec les milieux universitaires -
vous citez même des exemples de collaboration - il me semble que ma
lecture personnelle ne me permet pas de voir avec autant de clarté votre
comportement eu égard au secteur privé, soit dans les
activités de recherche-développement elles-mêmes, soit dans
la valorisation industrielle de ce que vous trouvez ou encore dans
l'exploitation. Pour appuyer ce que je dis, si je regarde vos objectifs dans un
chapitre connexe, qui est celui du volet international, à la page 101,
vous exprimez très clairement que vous recherchez
systématiquement des associations avec des partenaires privés en
matière internationale. Ma question est la suivante: Pourriez-vous nous
expliquer de façon assez spécifique quelle stratégie vous
avez avec le secteur privé pour la recherche et le développement,
la valorisation, et l'exploitation?
M. Coulombe: Je voudrais vous présenter M. Maurice
Huppé, qui est vice-président exécutif de la technologie
aux affaires internationales depuis un an?
M. Huppé (Maurice): Depuis le mois de mai. M. Coulombe:
Depuis le mois de mai.
M. Huppé: Comme introduction - et je pourrai I'.:: laisser
des choses plus précises - je dirai que depuis quelques années,
notre stratégie concernant la technologie a été de
réorienter les sommes mises à la disposition de l'IREQ, qui est
l'Institut de recherche en électricité du Québec. Vous
savez que l'IREQ avait fondamentalement un rôle de laboratoire pour
l'entreprise, c'est-à-dire que lorsqu'on a introduit, par exemple, le
courant à 735, l'IREQ a joué un très grand rôle
là-dedans, et dans toutes les technologies électriques de notre
réseau. L'IREQ a joué un très grand rôle, donc de
laboratoire d'entreprise et pour quelques recherches à long terme.
Voilà pour l'IREQ.
Depuis quelques années, nous avons systématiquement
réorganisé l'IREQ de façon à ouvrir la porte au
développement de technologies commercialisables au Québec.
Évidemment c'est encore un autre domaine où, malheureusement,
entre l'idée brillante et l'exécution, il s'écoule deux,
trois, quatre, cinq ou six ans, parce qu'il y a des mentalités à
changer, et des nouvelles
perspectives à ouvrir, des nouveaux processus et une culture
qu'il faut changer. Alors, nous nous y sommes attaqués depuis quelques
années. À titre d'exemple, nous avons, par l'entremise de notre
processus d'achat, favorisé ce qu'on appelle des ententes de
fabrication. Nous sommes allés voir des fabricants. Nous leur avons dit:
Tel produit n'existe pas au Québec ou, enfin, n'est pas fabriqué
au Québec. Ou nous sommes allés voir des gens qui fabriquaient un
produit au Québec et qui, la plupart du temps, étaient des
filiales de multinationales. Nous leur avons dit: Nous sommes prêts
à nous associer avec vous. On est prêts à partager des
frais de développement pour de nouveaux produits qui seraient
fabriqués dans vos usines ou que vous introduiriez au Québec de
façon nouvelle et, avec l'IREQ, on partagerait des frais de
développement de produits. Alors, soit qu'ils s'organisaient avec leur
siège social mondial pour avoir un élargissement de leur
marché et de leurs recherches et on a signé - je n'ai pas en
tête le nombre exact d'ententes - sept, huit, dix ou douze ententes de
fabrication avec des industries du Québec ou même des industries
de l'extérieur, à la condition qu'elles s'installent au
Québec pour développer des nouveaux produits. Cela est un premier
exemple.
Deuxièmement, tout le domaine des électrotechnologies,
c'est-à-dire l'introduction de nouvelles technologies dans l'industrie
pour augmenter leur performance, leur rentabilité et pour vendre de
l'électricité, représenté un effort, un programme
qu'on a commencé depuis deux ou trois ans et dans lequel l'IREQ - notre
groupe de chercheurs - joue un rôle extrêmement important. Alors,
nous avons beaucoup de projets en marche à l'heure actuelle:
l'introduction des plasmas, de nouvelles technologies de chauffe, d'induction
et ainsi de suite. Nous avons même ouvert un nouveau laboratoire à
Shawinigan, dans l'orbite du centre du Québec où se trouvent
beaucoup d'industries: Pechiney, Norsk Hydro et ainsi de suite. L'introduction
des électrotechnologies nous a aussi intégrés dans le va
et vient des compagnies installées au Québec. On est en contact
avec les industries de pâtes et papiers et on a des projets concrets avec
elles.
Une troisième dimension est que, de façon concrète,
il y a une grande filière, celle de l'hydrogène, un produit
d'avenir, nous avons, de façon concrète, négocié
l'ouverture de deux usines avec Air liquide, qui est une des grandes compagnies
internationales dans ce domaine. On est à 50-50 pour des investissements
de 70 000 000 $, on partage les profits et on a donné des rabais
tarifaires. Mais on partage les profits et cela devrait non seulement ne pas
coûter un sou aux consommateurs parce qu'on n'a pas donné de
rabais, mais on va rentrer dans notre argent avec un profit.
Indépendamment de cela, on développe aussi avec
l'hydrogène une technologie qui est propre à Hydro-Québec,
qui appartient à Hydro-Québec et qui est l'électro- lyse
de l'eau pour la fabrication d'hydrogène. L'usine que nous avons ouverte
il y a trois semaines avec M. Ciaccia produit dix tonnes d'hydrogène,
dont trois tonnes à partir de l'électrolyse de l'eau, une
technologie qui appartient à Hydro-Québec.
Donc, ce sont trois exemples de champs où nous avons
débouché sur des choses. En plus, nous nous sommes
efforcés de susciter chez notre personnel - et cela est un peu plus lent
et un peu plus à moyen terme - l'esprit d'innovation, l'esprit de
créativité, allant même jusqu'à faire participer les
employés à des projets de développement de leurs propres
produits. Nous avons deux exemples. Nous sommes en collaboration avec une
compagnie suisse, Vibrometer, pour développer un produit qui a
été mis au point par des chercheurs de l'IREQ; les chercheurs
sont en compagnie avec le groupe suisse et, aux dernières nouvelles, il
semble que cela allait très bien. On a deux autres chercheurs de l'IREQ
qui ont fondé leur propre compagnie avec des logiciels mis au point pour
le réseau d'Hydro-Québec et qui vendent actuellement aux
États-Unis; là aussi, on me dit que cela va bien. Donc, on
développe des entrepreneurs de nouveaux produits et de nouvelles
recherches. C'est l'un des objectifs qu'on a poursuivis
systématiquement.
M. Rivard: Si vous me permettez, comment pouvons-nous juger si ce
que vous faites est peu ou beaucoup et, d'une certaine façon, comment le
jugez-vous vous-mêmes?
M. Coulombe: Écoutez, cela dépend de l'angle sous
lequel on voit les choses. Une partie de l'argent qu'on met à la
disposition de l'IREQ est carrément en fonction des besoins internes
d'Hydro-Québec. Par exemple, une équipe travaille à la
robotisation pour réparer un certain type de panne. Cela peut prendre
deux ou cinq ans avant d'aboutir, mais c'est un besoin explicite
d'Hydro-Québec et, pour nous, il est très important que cela
débouche.
Dans les autres cas, comme l'hydrogène, c'est une filière
de moyen terme. Est-ce qu'on y met assez d'argent ou est-ce qu'on n'en met pas
assez? Il y a de grands critères nationaux et internationaux
là-dedans, soit le pourcentage du budget. Je pense qu'on se situe aux
trois quarts des... On n'est pas à l'idéal, on n'est pas à
l'optimum, on est en bas de l'optimum en termes d'argent mis
là-dedans.
M. Rivard: Ma question voulait plutôt dire: Jugez-vous que
vous faites suffisamment en termes de partnership, d'association, de
complicité avec le secteur privé?
M. Coulombe: Mon opinion personnelle, c'est qu'on devrait en
faire beaucoup plus, mais ce n'est pas par paresse qu'on n'en fait pas plus,
c'est tout simplement que, pour réaliser ces
choses-là, je pense personnellement que l'un des vecteurs
fondamentaux du développement d'Hy-dro-Québec, ce serait la
technologie. Je pense que certains autres sujets sont extrêmement
importants et extrêmement rentables à court et à moyen
terme, comme les exportations, mais à très long terme, la
technologie représente, à mon avis, un secteur fondamental de
développement.
Dans ce sens-là, on devrait faire plus mais, pour cela, il faut
qu'Hydro-Québec ait des individus qui sont préparés
à cela, qui ont la culture et l'expérience de cela. Il faut
qu'Hydro-Québec ait un tissu industriel. Le Québec, ce n'est pas
l'Ontario et ce n'est pas Silicon Valley. Donc, la plupart de nos entreprises
en l'électricité - parce qu'il faut quand même que ce soit
relié à l'électricité ou à l'énergie
d'une façon ou d'une autre, on n'est pas dans les assurances, dans le
fromage, etc. - la plupart de nos entrepreneurs en électricité
sont des filiales de grandes corporations nationales qui, de plus en plus, ont
tendance à se... Vous avez ASEA et Brown Boveri qui se sont mis ensemble
et d'autres. Cela va devenir, dans dix ans, le monde de
l'électricité. Il va y avoir trois, quatre ou cinq
multinationales gigantesques et, le reste, ce seront des filiales.
Il faut donc travailler beaucoup plus au niveau des micro-entreprises et
d'un développement adapté à notre réseau qui
peuvent être utiles au Québec et qui peuvent créer des
emplois. Mon opinion personnelle est qu'il faudrait en faire plus, mais il y a
un rythme là-dedans. Si on ne veut pas gaspiller l'argent, il faut que
l'infrastructure humaine de l'entreprise et nos partenaires grandissent
ensemble. Ce n'est pas une question de rareté de l'argent dans ce
domaine-là, on lui a donné une priorité et on a l'argent
qu'il faut pour faire ce qu'il faut faire, mais il faut attendre le rythme de
développement de ce qui nous entoure.
M. Rivard: Dernière question, en ce qui me concerne, dans
ce chapitre: Nouveler, que vous aviez mis en place avec d'autres dans le
domaine des énergies nouvelles, vous êtes devenus le
propriétaire majoritaire de cette entreprise. On entend dire ou on lit
que vous remettez en question d'une certaine façon ce qu'elle fait.
M. Coulombe: Nous avons effectivement remis en cause
l'orientation de Nouveler. En deux mots, Nouveler a été
créé à un moment où la crise de l'énergie
était très présente à l'esprit de tout le monde. La
grande priorité était la détermination de nouveaux types,
de nouvelles formes d'énergie. Je parle des années 1978 et 1979.
Cette priorité s'étant estompée en termes d'argent, nous
avons diminué nos efforts là-dedans, à tort ou à
raison, mais on a diminué nos efforts là-dedans. Donc, nous avons
modifié la mission de Nouveler. Deuxièmement, nous nous sommes
aperçus que l'orientation qui était prise nous conduisait vers
des petites et moyennes entreprises en termes de contrôle et qu'on
commençait à perdre notre temps dans ce domaine-là en tant
qu'Hydro-Québec, préférant l'autre orientation que je
viens de vous décrire. Dans ce sens-là, plutôt que de
s'obstiner et de mettre du bon argent, après du mauvais argent, on a
décidé d'arrêter cela et de vendre ces compagnies qui
avaient été accumulées au fil des années, depuis
une dizaine d'années. (11 h 30)
M. Huppé peut donner plus de détails sur chacune des
compagnies, mais l'objectif fondamental, c'est de les vendre au meilleur prix
possible et de les retourner à l'entreprise privée de
façon claire et évidente. Ce qui ne veut pas dire que nous
abandonnons l'idée de la participation avec d'autres compagnies, mais
nous voulons nous concentrer beaucoup plus clairement sur des concepts de
technologie et non pas simplement faire du business pour faire du business.
M. Rivard: Je vous remercie. Merci!
Le Président (M. Théorêt): Courte question
là-dessus, M. Coulombe: Est-ce que, dans le passé, l'IREQ ou
Hydro-Québec a déjà acheté de nouvelles
technologies, des technologies étrangères, ou a l'intention de le
faire, pour celles qui pourraient évidemment servir au
Québec?
M. Coulombe: Acheter... Le cas d'électrolaser est un bon
exemple. Il avait été développé en partie à
l'IREQ, en partie à Noranda. On a repris à notre compte, au
complet, cette technologie, par une filiale.
M. Huppé peut peut-être dire si, effectivement, on a
acheté des technologies externes.
M. Huppé: Disons qu'on n'a pas acheté, tomme tel,
des technologies externes, mais on s'est associé avec d'autres
entreprises qui avaient une partie de certaines technologies, pour
compléter ce qu'on avait déjà. Je pense aux piles à
sec qu'on veut développer. Alors, on a des compagnies qui produisent des
polymères. Nous autres, on a un autre domaine...
Le Président (M. Théorêt): Vous devenez
associés, quand même.
M. Huppé: On devient associés. On s'associe avec
ces compagnies.
Le Président (M. Théorêt): Merci! M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je vais donc reprendre
la question que je posais au moment où on m'a coupé la parole
tout à l'heure. Où en sont les négociations avec les
Attikameks-Montagnais sur le passage de lignes au sud du 49e
parallèle?
M. Coulombe: Je vais vous présenter M.
Bernier qui n'a pas eu encore l'occasion de s'exprimer...
Une voix: Cela nous manquait.
M. Coulombe: M. Bernier est secrétaire
général d'Hydro-Québec et est responsable, de façon
générale, des dossiers, entre autres, du dossier des autochtones.
Alors, il va faire le point sur les Attikameks.
M. Bernier (Jean): Comme on le sait, la communauté
attikamek ou la collectivité attikamek est en trois communautés
distinctes: Manouane, Weymontachingue, Obedjiwan. Weymontachingue est à
quelque cent kilomètres à l'ouest de La Tuque. C'est un
territoire qui va recevoir une partie de la sixième ligne, la ligne
RNDC.
Nous avons donc, il y a déjà une année, entrepris
avec la communauté attikamek des discussions relativement à des
ententes à venir pour faire passer cette ligne RNDC. Cela s'est fait
dans le cadre, comme vous le savez, de négociations traitant de
revendications territoriales des Attikameks et des Montagnais,
négociations qui se poursuivent depuis quelque temps déjà,
en termes d'années, avec les gouvernements provinciaux et
fédéral.
Tout en respectant le cadre général de ces
négociations, nous avons, il y a une dizaine de jours, conclu une
entente entre négociateurs relativement au passage de la ligne RNDC.
Notre entente porte évidemment sur toutes les mesures d'impact qui vont
être prises, d'atténuation des impacts, des mesures relatives
à des programmes environnementaux, des mesures en termes de compensation
pour perte d'activité économique puisque, lorsque la ligne sera
construite, il est à prévoir que certains des membres de ces
communautés pourront subir des préjudices économiques sur
le plan de leurs activités traditionnelles de piégeage et de
chasse.
Nous avons également établi, avec les Attikameks, un
organisme permanent de consultation, qui nous permettra d'avoir un forum
continu d'interrelations. Nous nous sommes entendus, également, pour que
cet organisme permanent soit, de part et d'autre, organisé autour des
décideurs des deux groupes, à savoir les Attikameks et
Hydro-Québec.
Nous avons, dans notre entente entre négociateurs, des
dispositions concernant la formation à l'embauche. Nous avons, dans
cette entente, prévu des mesures très spéciales pour
assurer la protection des sites archéologiques, s'il s'en trouve, et des
lieux de sépulture ancestraux.
Nous avons également, dans cette entente, établi des
règles et une orientation au sujet de la prise en charge par
Hydro-Québec des réseaux de distribution électriques qui
se trouvent dans les communautés de Weymontachingue et d'Obedjiwan,
puisque Manouane est déjà raccordée par voie
aérienne au réseau régulier d'Hydro-Québec, via
Parent. Cela va nous conduire, dans les semaines qui viennent, à
négocier avec le gouvernement fédéral, qui est
propriétaire des deux installations de diesel de Weymontachingue et
d'Obedjiwan, de négocier avec le gouvernement fédéral la
prise en charge de ces installations selon les conditions qui sont
reflétées déjà dans les documents-cadres
approuvés par un arrêté en conseil de 1974.
De ces ententes découleront dans six mois, dans huit mois, dans
neuf mois, on ne le sait pas exactement, la prise en charge par Hydro des
réseaux électriques - et c'était peut-être le point
le plus important de toutes nos relations avec les Attikameks - de façon
à assurer aux deux communautés que j'ai mentionnées
tantôt un approvisionnement en électricité sûr,
efficace et surtout en quantité suffisante pour leur permettre
d'entreprendre un petit peu de développement industriel dans leurs
communautés.
Voilà l'essentiel de nos discussions avec eux. Comme je le
disais, ce sont des ententes entre négociateurs. Actuellement, le
directeur général de l'association présente ces
propositions aux diverses communautés. C'est sujet, bien sûr,
à ratification de part et d'autre. On s'attend que, d'ici à une
semaine tout au plus, nous puissions avoir l'accord des trois groupes. Nous
aurons évidemment l'accord d'Hydro-Québec et, par surcroît,
nous prévoyons que le contrat de déboisement, relativement au
passage de la ligne RNDC, pourra être accordé à une
compagnie à être formée par les Attikameks, une compagnie
qui ressemblerait à celle que les Cris ont formée, la compagnie
de construction crie. Dès le mois de mai, si tout se déroule
normalement, les Attikameks entreprendront chez eux, dans le territoire qu'ils
revendiquent - je dis bien qu'ils revendiquent - les travaux de
déboisement pour la ligne RNDC.
M. Claveau: D'accord. On parle de la ligne RNDC. Il faut
s'entendre sur les termes. C'était anciennement la ligne 6, c'est devenu
la ligne 11 dans le plan de développement. C'est la ligne
Radisson-Nicolet-DesCantons. C'est la même chose: que tout le monde
s'entende bien sur cela. Je l'appelle la ligne 11, puisque c'est le nom qui est
dans le plan de développement.
Dans l'ensemble des négociations pour le passage de cette ligne
11, est-ce qu'il y a eu des discussions, des prises en considération,
finalement, pour des compensations a posteriori à la suite du passage
des cinq premières lignes qui viennent de la Baie James?
M. Bernier: Non. Les lignes de la Baie
James... Je crois qu'il n'y a pas eu de prise en considération
pour ces lignes dans le territoire revendiqué.
M. Claveau: De Rapide-Blanc...
M. Bernier: II y a toutes sortes de raccor-
dements. On n'en a pas tenu compte dans cette négociation. De
part et d'autre, on s'est bien entendu que toutes discussions relatives aux
choses passées ou toute discussion en ce qui concerne l'usage du
territoire dans l'avenir, cela se réglerait et était en voie de
discussion à la table centrale des revendications territoriales.
J'attire l'attention de la commission sur le fait que ce sont des
négociations extrêmement importantes, parce que, d'abord, ce sont
des négociations où deux communautés sont associées
dans le CAM, à savoir les Attikameks et les Montagnais, et que les
territoires revendiqués sont extrêmement importants. Est-ce que
cela finira dans une formule comme celle retenue par la convention de la
Baie-James et du Nord Québécois? Je ne le sais pas. Mais, tout
d'abord, cela va se régler; à savoir comment cela va se partager,
comment vont se définir les revendications sur le territoire.
Subséquemment, s'il y a lieu, dans le cadre de ces
négociations, des discussions pourraient s'ouvrir en fonction de ces
négociations territoriales relativement à d'autres lignes et
relativement à toutes sortes d'autres choses qui se sont passées
dans le territoire attikamek depuis 1850. On pense au barrage Gouin, on pense
au Haut-Saint-Maurice, on pense à un paquet de trucs qui sont survenus.
Mais nous nous sommes bien entendus avec eux, et cela a été
compris par tous; autrement, il n'y aurait pas eu de solution. On ne pouvait
pas, à l'intérieur d'une négociation relative à un
corridor pour faire passer une ligne, un corridor d'environ 280
kilomètres dans le territoire revendiqué qui représente un
investissement de 200 000 000 $, entreprendre des négociations à
n'en plus finir. Alors, on s'est bien entendus, de part et d'autre.
On a "focussé" - vous me permettrez l'expression - sur le
problème spécifique que nous avions. Nous nous sommes
rattachés à deux choses: d'abord, la présence physique des
Attikameks dans le milieu, le fait qu'étant présents dans le
milieu on les dérangerait, sans compter que ces gens ont, en vertu d'un
décret du gouvernement provincial de 1928, certaines reconnaissances
relativement à des activités traditionnelles de chasse, de
pêche et de piégeage. De sorte qu'on a dit: Prenons cela et
régions notre problème en fonction de ces deux critères.
Cela a amené l'entente dont j'ai parlé tantôt; entente,
encore une fois, comme je l'ai dit, entre négociateurs. Je veux, ne
serait-ce que par politesse, laisser les chefs des communautés et des
collectivités concernées d'abord statuer sur leur acceptation de
cette entente de principe entre les négociateurs.
M. Claveau: Alors, quand vous parlez de tout ce qui est du
passé et du futur qui devra faire partie de l'entente globale, je
suppose aussi que vous retrouvez là-dedans ce qui risque d'être
rattaché aux travaux de la rivière Sainte-Mar- guerite, à
la ligne 13 et tout cela, qui vont nécessairement aussi affecter les
territoires montagnais.
M. Bernier: Sans aucun doute. Si les négociations sur les
revendications territoriales ne sont pas terminées, nous serons
exactement dans la même situation qu'avec la onzième ligne dont on
parlait tantôt, parce que Sainte-Marguerite est territoire montagnais. Il
y a aussi la possibilité d'une ligne. Alors, on prendra une approche
ponctuelle, on regardera de façon précise notre problème
et, ultérieurement, les autres dimensions se régleront.
Il faut dire que - c'est un point important que vous allez sans doute
apprécier - indépendamment des revendications territoriales
passées et futures, indépendamment des négociations
à la table centrale, on s'est entendu pour que le "package" qu'on a fait
pour la onzième ligne règle définitivement la ligne 11, la
ligne RNDC, sur le territoire attikamek. Alors, quelle que soit l'issue de ces
négociations, jamais, avec la communauté attikamek, allons-nous
revenir sur la présence de la onzième ligne. C'est
réglé.
M. Claveau: Mais est-ce que la négociation de la
onzième ligne ne pourrait pas, d'une certaine façon, servir de
jurisprudence dans l'issue des négociations sur le passé et le
futur?
M. Bernier: Je ne crois pas. Les textes que nous avons
établis d'un commun accord avec les Attikameks explicitent de
façon très claire pourquoi nous nous sommes... Nous avons
discuté quels étaient nos objectifs et nous avons mis toutes les
réserves de part et d'autre, que c'était sans admission, ni de la
part d'Hydro-Québec, ni de la part des Attikameks, qu'en acceptant cela
ils étaient liés pour l'avenir. Vous comprenez bien
qu'Hydro-Québec, dans les circonstances, se devait d'être
extrêmement prudente, si on voulait que notre entente soit
ratifiée, parce que s'il avait fallu ou s'il fallait créer par
cela un précédent... On met en péril les
négociations fédérales, provinciales et attikamek sur les
revendications territoriales. Alors, on a bien pris soin de protéger
tout le monde.
M. Claveau: Une dernière question dans ce domaine. Juste
en termes de délai, j'essaie de comprendre où on s'en va. Par
exemple, par rapport à Sainte-Marguerite, ligne 13, on parle d'une mise
en service en 1998, c'est-à-dire début des travaux en 1992
environ ou 1993, pointe de chantiers en 1994-1995.
M. Bernier: Oui.
M. Claveau: Or, on est en 1988, l'année est
déjà avancée. Il reste donc à peine quatre ans
avant le début des travaux. Quand on connaît la vitesse des
négociations dans ce secteur, la vitesse à laquelle va la
négociation globale avec
les Attikameks-Montagnais, est-ce que vous croyez que vous arriverez
à temps pour commencer les travaux en 1992?
M. Bernier: Oui. Franchement! Trois ans pour négocier une
entente ponctuelle... Je ne parle pas de revendication territoriale. C'est un
autre débat. Je parle, par exemple, de nos études d'impact. On a
déjà rencontré les Montagnais pour présenter nos
études et les analyser avec eux. On a même un protocole
général: dans quel cadre on négociera tout cela. C'est
fait, on est rendu à l'étape: C'est quoi le projet? Comment
va-t-il se dérouler? Qu'est-ce qu'il touche? Quel impact a-t-il? Comment
peut-on les mitiger? On est en train de développer tout cela.
M. Claveau: D'accord.
M. Bernier: Ces négociations, M. le député,
vous comprenez qu'avant de les commencer il faut que nos vis-à-vis
soient parfaitement informés de ce qu'on a l'intention de faire, parce
que, bien souvent, les gens s'imaginent mer et monde et, quand on arrive avec
les plans, les cartes, les études et les analyses, les problèmes
prennent leur juste proportion. Donc, on est dans cette phase
présentement. Je suis confiant qu'on va arriver à 1992.
M. Claveau: Vous êtes en train de nous dire que vous avez
déjà entrepris un mécanisme de négociation
parallèle à la négociation globale en ce qui concerne le
projet de Sainte-Marguerite, pour vous assurer que si le gouvernement n'est pas
rendu à terme dans sa négociation globale, vous, à
Hydro-Québec, vous serez prêts à commencer les travaux en
1992 sur la base d'une entente sectorielle. (11 h 45)
M. Bernier: Ce ne sont pas des solutions de rechange qu'on a.
Depuis des années, il y a un problème de revendication
territoriale. On savait qu'on passait dans le territoire attikamek avec notre
onzième ligne; on savait qu'il fallait s'asseoir et régler avec
eux le passage de la ligne sur un plan purement factuel. On a fait cela. Ce
n'était pas préjudiciable aux revendications territoriales. Les
Montagnais sont dans la même situation. Les gens de la table centrale
sont parfaitement au courant de nos démarches, de nos rencontres et de
notre protocole-cadre relatif à des négociations
éventuelles. Alors, d'un côté, il y a une table centrale
qui file sur des revendications territoriales et, de l'autre côté,
il y a une table sectorielle qui file sur une base ponctuelle relativement
à l'implantation d'aménagements hydroélectriques, de
routes et d'une ligne, et cela va très bien.
M. Claveau: Je vais passer la parole... Est-ce qu'on aurait un
consentement - il semble que le temps soit dépassé - pour M. le
député...
Le Président (M. Théorêt): C'est bien, je
suis d'accord avec cela.
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): Oui.
M. Ciaccia: Si vous me permettez, avant de passer la parole, de
faire un commentaire.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Ciaccia: Quant aux inquiétudes que le
député d'Ungava exprime, je crois qu'on doit regarder
l'historique d'Hydro-Québec. Dernièrement, après les
négociations qu'ils ont eues avec les Cris en 1986, ils ont conclu une
entente avec les Montagnais pour la ligne 11 et je pense qu'ils ont entrepris
les négociations de certains aspects spécifiques pour la
Côte-Nord. Alors, je pense que l'approche qu'Hydro-Québec utilise
avec les autochtones porte ses fruits. Je pense que le ton des discussions est
très positif entre HydroQuébec et les autochtones. Nous avons
toutes les raisons de croire qu'en temps et lieu, avec chaque groupe
d'autochtones avec qui HydroQuébec négocie, il y aura des
ententes qui ne retarderont pas les échéanciers
d'Hydro-Québec. À l'appui de cela, on n'a qu'à regarder ce
qu'Hydro-Québec a fait en 1986, ce qu'ils ont fait pour la ligne 11.
C'était important aussi...
Une voix: Oui.
M. Ciaccia:... en termes de négociations d'un corridor ou
d'un territoire spécifique. Je pense que, pour rassurer le
député d'Ungava, ce qui est important, c'est que les relations,
l'atmosphère, entre les autochtones et Hydro-Québec soient
très bonnes et tout nous porte à croire que cela va se
décider. Les ententes futures vont se conclure de la même
façon que les ententes récentes se sont faites.
M. Claveau: Je vais rassurer M. le ministre, je souffle
déjà mieux.
M. Ciaccia: Bon, je suis content! Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Étant donné que nous avons quand même pris 20
minutes supplémentaires et du retard sur ce sujet, je vais permettre une
dernière intervention au député de Bertrand, après
quoi, nous passerons à l'autre sujet qui est le cadre financier et ce,
jusqu'à 13 heures. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Pré- sident.
L'inportance, pour Hydro-Québec, de la recherche et du
développement semble se mani- fester par les budgets qui vont être
de l'ordre
d'environ 300 000 000 $ pour les années 1988 à 1990.
J'aimerais que vous puissiez nous faire le point sur la situation de l'IREQ,
l'institut de recherche d'Hydro-Québec, qui se trouve situé
dans mon comté, particulièrement concernant les nouvelles
ententes et la réorganisation qui se sont faites au cours de
l'année 1987, quant au groupe technologie, affaires internationales, le
volet de l'IREQ. Où s'en va l'IREQ - on en a parlé
brièvement l'année passée - en termes de
développement et du rôle clé qu'ils ont à jouer, sur
le plan de la recherche et du développement, pour
Hydro-Québec?
M. Coulombe: Alors, comme je l'indiquais tantôt au
député, notre intention est très claire, c'est d'augmenter
le rôle de l'IREQ, non seulement de lui permettre de continuer son
rôle de laboratoire d'entreprise, mais d'augmenter
considérablement ses moyens d'action dans le domaine du
développement technologique via la mise au point de technologies, de
produits pour lesquels on va pouvoir collaborer avec l'entreprise privée
pour la mise en marché, etc. C'est l'objectif fondamental.
Aussi, j'ajoute un troisième volet que je n'ai pas assez
mentionné tantôt, c'est de conserver quand même l'aspect de
la recherche fondamentale qui a toujours été présent
à l'IREQ. Je donne, à titre d'exemple, les recherches sur le
tokamak; on a au-delà de 50 000 000 $ d'investis dans le tokamak, dans
une nouvelle forme d'énergie de fusion qui va peut-être voir le
jour dans 25 ou 50 ans, personne n'en sait rien, mais en collaboration avec le
gouvernement fédéral dans le cadre d'un programme canadien, on
met passablement d'argent là-dedans. Donc, on a quelques secteurs de
recherche fondamentale. Ce sont des orientations.
Quant à la réorganisation compatible avec les orientations
que je viens de décrire, M. Michel, d'abord, et M. Huppé,
ensuite, ont réorganisé l'IREQ sur les bases de ces trois grandes
priorités en segmentant l'IREQ, pour mettre un peu l'accent sur ces
valeurs nouvelles. On a nommé trois vice-présidents qui
respectent un peu ces vecteurs d'orientation de l'IREQ. Ces réformes se
sont faites l'an passé. Il a fallu aussi instaurer une nouvelle
structure hiérarchique concernant notre laboratoire à Shawinigan.
Encore là, cela n'a pas été facile de mettre cela sur pied
parce que beaucoup de chercheurs de l'IREQ de votre comté
n'étaient pas tout à fait enchantés d'être
envoyés à Shawinigan. Alors, cela a créé quelques
tensions qui, je pense, à toutes fins utiles, sont terminées au
moment où on se parle. Mais cela a brassé dans ce temps-là
parce qu'il a fallu offrir à des chercheurs d'aller travailler dans le
coeur du Québec via le parc industriel et c'était moins
agréable peut-être que de travailler dans la région de
Montréal. Donc, cela a créé quelques tensions qui
actuellement sont terminées. Maintenant, est-ce qu'il y a d'autres
éléments de réorganisation?
M. Huppé: Disons qu'on a complété notre
réorganisation, à toutes fins utiles. Je pourrais mentionner
qu'on a créé une vice-présidence pour l'innovation
technologique justement dans le but de travailler avec les industries au
Québec et de commercialiser certains des produits de la recherche. J'en
ai plusieurs ici. Je pourrais peut-être vous en nommer quelques-uns:
disjoncteurs grand-froid, cartographie, dosimètres, diviseurs
capacitifs, récupération des métaux lourds, acier IRECA,
piles ACEP, CED micro. On travaille ces choses avec des entreprises. Je peux
vous en nommer: Cégelec, Bell Canada, Positron Industries, BG Checo
International, Thermonic, Lyster Itée. Si vous voulez, on peut vous
remettre ces documents. J'ai deux pages d'industries avec lesquelles on
collabore. On s'en va réellement dans ce domaine.
Évidemment, comme M. Coulombe l'a mentionné tout à
l'heure, avant tout, il faut répondre aux besoins d'Hydro-Québec.
C'est pourquoi l'IREQ avait été créé, d'ailleurs;
environ 80 % de nos activités actuellement sont pour répondre aux
besoins d'Hydro-Québec. Pour ce qui reste, les autres 20 %, on travaille
avec des industries privées. Évidemment, le laboratoire de
Shawinigan, le LTEE, a été créé
spécifiquement dans ce but. Actuellement, nous avons à peu
près 40 personnes qui travaillent au laboratoire pour coopérer
avec l'industrie privée.
M. Parent (Bertrand): Peut-être une dernière
question sur ce sujet, M. le Président. Lorsque des recherches sont
mises au point, il arrive ou il est arrivé dans le passé que
plusieurs de ces recherches ne soient pas allées comme telles dans
l'entreprise privée ou ne soient pas allées vers la
commercialisation. C'est un peu dommage parce que j'ai un peu l'impression
qu'on a, comme d'ailleurs dans plusieurs universités, actuellement
à l'IREQ, plusieurs mises au point et plusieurs bonnes choses
extraordinaires qui n'ont pas vu ou qui ne voient pas le jour sur le plan de la
commercialisation. Je me demande quels efforts sont mis par la direction
d'Hydro-Québec pour faire en sorte que puissent finalement se traduire
tous ces efforts et ces énergies de recherche et de développement
pour qu'ils soient transférés d'une façon quelconque, sur
le plan pratique, dans la commercialisation et qu'ils puissent servir tant sur
le plan québécois qu'international.
M. Coulombe: Comme je l'ai expliqué, c'est notre objectif.
Ce que vous venez d'exprimer, c'est notre objectif fondamental, mais encore
là, comme je l'ai expliqué tantôt, on ne peut pas d'un coup
de bâton magique transformer un groupe, un ensemble de chercheurs qui ont
été habitués à une certaine perspective de travail
et les réorienter vers des perspectives pour les ouvrir au monde de
l'industrie et aux risques que
cela peut représenter. Un chercheur qui met au point un produit
peut avoir une psychologie de mettre au point ce produit mais, lorsqu'on passe
à l'étape préproduction ou à l'étape
cheminement avec un industriel concret pour la mise en marché, il faut
d'autres types de personnes pour faire ce lien.
C'est ce que nous sommes en train de créer par tes
réorganisations et en engageant des nouvelles personnes, des gens qui
vont, tout en respectant l'autonomie normale des chercheurs, les inciter et les
aiguillonner vers les résultats en fonction de la mise au point de
produits tout en gardant des secteurs de long terme. Je parle du tokamak, je
parie de la supraconductivité, etc., qui sont des choses à
très long terme où, là, il faut que les chercheurs aient
la marge de manoeuvre intellectuelle nécessaire. Mais lorsqu'on rentre
dans des sujets un peu plus précis comme ceux que M. Huppé vient
de vous nommer, on veut ajouter aux agents de recherche ou aux chercheurs des
agents de développement industriel ou des agents de communication avec
l'entreprise privée pour justement maximiser les retombées de ces
travaux.
M. Huppé: Si vous voulez avoir une idée un peu, si
vous regardez à la page 95 du plan de développement, on a un
tableau à gauche en bas et on parle de revenus de 16 %. Si on
considère que le budget de la recherche est de 100 000 000 $ à
Hydro-Québec, cela veut dire qu'on a un apport de 16 000 000 $ environ
qui vient de l'entreprise privée et de l'externe. Alors, ce sont des
travaux qu'on réalise avec d'autres entreprises.
M. Parent (Bertrand): Merci. Je veux seulement dire à M.
le président d'Hydro-Québec que, s'il a eu des problèmes
dans la réorganisation de l'IREQ pour déplacer les gens de mon
comté, c'est normal parce que, dans mon comté, les gens
étaient heureux.
M. Coulombe: C'est cela. Mais depuis qu'ils sont rendus
là-bas, quelques-uns nous ont dit aussi qu'ils étaient
très heureux.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Bertrand. J'aimerais seulement rappeler aux
représentants d'Hydro-Québec, lorsqu'ils offrent des fiches ou
des grilles soit sur la création d'emplois, soit sur la recherche, au
député d'Ungava et au député de Bertrand, de bien
vouloir faire parvenir ces fiches-là au secrétariat afin que tous
les membres de la commission puissent bénéficier de ces
informations. Merci.
Nous passons maintenant au sujet suivant qui est le cadre financier. Je
cède la parole au ministre.
Cadre financier
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Le cadre financier est
un instrument privilégié. En effet, il nous permet de voir d'un
coup d'oeil les résultats attendus par rapport aux choix et
stratégies retenus par l'entreprise tout au long de son plan de
développement. Je remarque que le bénéfice net
évolue de 508 000 000 $ en 1987 jusqu'à une projection, en 1990,
d'environ 850 000 000 $. On retrouve ainsi le niveau qui existait en 1982,
alors, il n'y a pas matière à se scandaliser de ces chiffres, du
montant du bénéfice net. Cette progression du
bénéfice net montre qu'Hydro-Québec a su
adéquatement passer à travers des années difficiles et
qu'elle a appliqué, je crois, avec succès la stratégie de
redressement qu'elle s'était assignée.
Toutefois, dans le plan de développement, dans les états
financiers, je constate que les frais d'exploitation - je l'avais
mentionné hier - ont augmenté de 20, 5 % entre 1976 et 1982.
À ce moment-là, Hydro-Québec les a limités à
une croissance de 5 % entre 1982 et 1987 et, maintenant, on remarque que ces
frais d'exploitation ont augmenté de 10, 2 % en 1987 et on
prévoit qu'ils vont augmenter de 9 % en 1988, selon vos
prévisions. Pourriez-vous nous expliquer comment et pour quelle raison
les dépenses d'exploitation augmentent, on pourrait dire, d'à peu
près deux fois le rythme de l'inflation...
M. Coulombe: Je voudrais vous présenter... Je
m'excuse.
M. Ciaccia:... de l'index des prix?
M. Coulombe: Je voudrais vous présenter M. John Hanna, qui
est vice-président exécutif aux finances et à
l'administration, ainsi que M. André Dubuc, qui est
vice-président au financement. Deux points: l'augmentation des
dépenses d'exportation à Hydro-Québec en
général et, en particulier, la croissance de 1988 par rapport
à 1987.
Quant au premier point, je pense que vous l'avez mentionné, les
dépenses d'exploitation à Hydro-Québec, entre 1977 et
1982, ont crû en moyenne de 20 % par année et, entre 1982 et 1987,
de 5 % par année. Ces efforts, qui ont été assumés
par l'ensemble de l'entreprise, par l'ensemble des employés, ont pris
plusieurs formes pour en arriver là. Je ne parlerai pas de la diminution
de la croissance de l'effectif, je pense que c'est assez connu; de la
diminution du nombre de cadres, c'est assez connu aussi; de la diminution de
l'avance salariale de nos employés sur le marché, qu'on a
réduite de 50 %, c'est assez connu. (12 heures)
Une chose qui est peut-être moins connue, c'est que, par ce
chiffre de 5 % de croissance en moyenne pendant cinq ans, on a fait le
ménage financier dans certaines dimensions de l'entre-
prise comme des amortissements de projets abandonnés. On a mis de
côté des projets qui étaient comptabilisés dans les
immobilisations depuis des années. On en a mis de côté pour
266 000 000 $. On a radié des projets pour 125 000 000 $. On a
transféré les études préliminaires des
immobilisations à l'exploitation pour 25 000 000 $. Tout cela, c'est
compris dans les 5 % de croissance. Je n'insiste pas plus là-dessus et,
si quelques-uns veulent des détails, on pourra leur en donner.
Quant à l'augmentation de 1987 par rapport à 1988, je vais
laisser M. Hanna donner des explications précises du pourquoi de la
croissance.
M. Ciaccia: Excusez. L'augmentation de 1987 par rapport à
1986 et 1988...
M. Coulombe: Laquelle voulez-vous? 1988-1987 ou 1987-1986?
M. Ciaccia: Peut-être les deux, si on a le temps.
M. Hanna (John A. ): En partie, si on peut commencer avec le
réel de 1986 par rapport au réel de 1987, la croissance des
dépenses, en partie, est due à l'inflation et représente
une hausse de 49 000 000 $. La croissance de la charge de travail, à
cause de la croissance des abonnés, représente une hausse de 28
000 000 $. Il y a eu des radiations qui ont eu lieu en 1987 pour le barrage
Daniel-Johnson et les frais qui ont été imputés à
l'exploitation représentent 25 000 000 $.
Les corrections et radiations d'inventaires et de systèmes qui
ont été imputées à l'exploitation de 22 000 000 $
ont mis une prévision de réclamation pour les litiges d'environ
22 000 000 $. Et aussi, il y a le rattrapage d'entretien d'équipements
de 20 000 000 $ en 1987.
Donc, en grande partie, ce sont les grandes composantes des hausses de
dépenses. Cela représente, en effet, des activités
spéciales qui ont été encourues. Largement, ce sont des
radiations pour 1987.
M. Coulombe: Maintenant, il faut souligner le pourquoi de ces
radiations. Je vous ai mentionné les projets abandonnés et,
là, on a fait le ménage là-dedans. Parallèlement,
depuis quatre ou cinq ans, en plus d'augmenter la productivité et
l'efficacité de l'entreprise, on est embarqués résolument
dans la vérification de gestion. Plusieurs rapports ont souligné
certaines lacunes dans nos inventaires, dans ceci et dans cela, en termes de
gestion. Alors, en vue de réparer ces choses, nous nous sommes
lancés depuis deux ans dans un programme de rattrapage concernant nos
inventaires dans les régions, concernant une pratique, par exemple, que
toutes les compagnies ont et qu'on n'avait pas qui était de prendre des
réserves pour des litiges au point de vue juridique. Toutes les
compagnies ont cela. Je n'oserais pas demander à M. Bernier de nous
faire la liste de tous les litiges qu'on a à Hydro, mais on en a
passablement de toutes formes et de toutes sortes. Normalement, une compagnie
estime la réserve qu'il faut prendre. Nous en avons pris une en fonction
de cela. Il y a aussi du rattrapage. Cela, c'est extrêmement important.
Le plus possible, lorsqu'on a une possibilité budgétaire, c'est
un des arrière-plans du programme PAQS qui est globalement
terminé, de plus en plus, on met l'effort sur des choses
spécifiques. Les 20 000 000 $ de rattrapage dans le domaine de
l'exploitation sont un exemple de ces dépenses.
M. Ciaccia: Est-ce que, brièvement, vous pouvez donner
le... Vous avez mentionné 28 000 000 $ de radiations...
Une voix: D'inventaires. M. Ciaccia: D'inventaires.
M. Hanna: Oui, en effet. Les radiations et corrections sont de 22
000 000 $ et il y avait 15 000 000 $ qui étaient imputés à
l'immobilisation, après une revue des systèmes, qui auraient
dû être imputés à l'exploitation. Donc, il y a eu une
correction qui a été faite durant 1987.
M. Coulombe: En deux mots, il y a deux exemples. Par exemple,
à Manic 5, lorsque les études ont commencé, on a
dépensé énormément d'argent à ces
études. À un moment donné, certains administrateurs
avaient immobilisé toutes ces études. Les vérificateurs,
les gens des finances, ont regardé cela et ils ont dit: Une partie de
cos études ne peuvent pas être immobilisées. Il faut que
cela passe dans les dépenses d'exploitation. Donc, ce ne sont pas des
nouvelles dépenses. C'est une imputation différente dune
dépense après examen.
Un deuxième exemple, c'est qu'on a une nouvelle technologie qu'on
installe à Hydro qui s'appelle les CED. Il va y en avoir dans toutes les
régions. Pour faire cela, il a fallu faire des inventaires de tous nos
transformateurs dans la province de Québec. Je ne sais pas combien de
transformateurs il y a.
Une voix: Les poteaux.
M. Coulombe: Les poteaux et les transformateurs. Il a fallu tout
inventorier cela pour mécaniser ces systèmes. Alors, tous les
inventaires qu'on a faits avaient été immobilisés, parce
que c'étaient 50 000 000 $ d'investissements qu'il fallait faire pour
l'équipement. Les comptables nous ont dit: Vous n'avez pas le droit
d'immobiliser ces inventaires. Il faut donc les passer aux dépenses
d'exploitation.
Donc, ce ne sont pas des dépenses sup-
plémentaires, ce sont des imputations différentes de
dépenses qui étaient déjà faites. Cela, c'est une
question d'interprétation entre les vérificateurs et les
administrateurs qui interprètent les choses différemment. Alors,
on a mis de l'ordre là-dedans et on s'est entendus qu'on liquidait ce
problème.
M. Ciaccia: Si on enlève les points de radiation de 1988
à 1987, disons, il y a 15 000 000 $ en radiations, mais il y a d'autres
régularisations, il y a des amortissements de subventions, des
ajustements des caisses de retraite; on arrive à un niveau
ajusté, si on enlève ces réserves, de 11, 4 %
d'augmentation des frais d'exploitation. Autrement dit, même en prenant
en considération ces réserves, on arrive à 11, 4 %. Si on
ne les prenait pas en considération, les augmentations des frais
d'exploitation seraient de 13, 5 %. Est-ce qu'il y a d'autres explications, en
plus des points que vous venez de nous mentionner?
M. Hanna: Vous faites référence à
l'année 1987 par rapport à l'année 1988, en faisant
cela?
M. Ciaccia: Oui.
M. Hanna: Oui, je peux peut-être expliquer en partie les
écarts entre 1987 et 1988. À part l'inflation à laquelle
on a imputé une hausse des dépenses de 60 000 000 $, qui
représentent 4, 8 % - autrement dit, cela reflète les engagements
pour l'année 1988 - il y a cinq composantes. Premièrement, il y a
le rattrapage de 1987 en 1988. Il y a des projets spécifiques que je
vous mentionnerai.
M. Ciaccia: Excusez-moi de vous interrompre. Sur la question du
rattrapage, quand vous parlez du rattrapage, est-ce que cela veut dire que ce
sont des points que vous n'avez pas inclus dans les années
précédentes et que vous devez inclure maintenant? Est-ce que
c'est cela un rattrapage pour les années précédentes?
M. Hanna: Peut-être, en deux mots, que cela reflète
en partie une approche restreinte des années antérieures que l'on
pouvait retarder. Deuxièmement, il y a eu des difficultés
à cause de la main-d'oeuvre ou de la sous-traitance et cela a
amené le retard de certains travaux. Ce sont les deux raisons
principales.
M. Coulombe: L'an passé, il ne faut pas se le cacher, en
1987, tous les problèmes que nous avons eus avec la sous-traitance ont
mis plusieurs projets en retard. Il y a donc plusieurs projets de l'an
passé qu'il a fallu décaler dans le temps. De plus, M. Boivin,
depuis qu'il est rendu à l'exploitation, insiste
énormément sur certaines dimensions de l'appareillage qui
prennent du retard. Mais là, c'est un retard historique. Cela n'a rien
à voir avec le problème de la sous- traitance. C'est un retard
historique. On a resserré les dépenses. On a coupé. Dans
certains appareillages, il faut remettre un peu plus d'argent parce qu'on va
dépenser trop d'argent en maintenance dans quelques années. C'est
donc une évaluation dans le sens qu'il faut mettre un peu plus d'argent.
Mais, en 1987 par rapport à 1988, beaucoup de travaux ont
été retardés, à cause du problème de la
sous-traitance.
M. Ciaccia: Quand vous mentionnez, par exemple, que c'est
à 5 % et que c'est un effort considérable des années
précédentes et que, maintenant, cela a sauté à 10
%, disons, après tous les montants des réserves, je peux
comprendre les activités spéciales pour une année ou
quelque chose de spécial qui arrive en 1987 et qui n'est pas
arrivé en 1986 mais, de la façon que je lis vos états
financiers, l'augmentation des frais d'exploitation se maintient à un
niveau que je ne peux pas dire élevé, mais qui est plus
élevé que le taux d'inflation. Cela veut dire que ce ne sont pas
seulement les activités spéciales d'une année, car ces
activités semblent se projeter dans le temps. Est-ce que cela va
toujours continuer à être le double du taux d'inflation ou s'il y
a des mesures que vous pouvez prendre pour réduire cette augmentation
dans les frais d'exploitation?
M. Hanna: M. le ministre, vous pouvez voir que le taux de
croissance des frais, en 1989 et en 1990, se situe à environ 5, 9 %.
Pour les frais d'exploitation, il se situe à 5, 2 %, et à 5, 3 %
en 1990. Il se situe autour du taux d'inflation prévu dans le cadre
financier.
J'aimerais quand même reprendre un peu l'explication pour
1987-1988. Le rattrapage qui est prévu par une hausse des
dépenses de 29 000 000 $ représente 2, 3 % de hausse. On pourrait
dire que ce n'est pas récurrent nécessairement. C'est une
année spéciale en ce sens. Cela couvre plusieurs projets, dont un
rattrapage de l'entretien correctif des bâtiments administratifs,
spécialement des toitures. Il y a aussi certaines exigences de
sécurité additionnelle pour la centrale nucléaire de
Gentilly et diverses activités comme le mesurage, la précision
pour les facturations, les installations des parafoudres, les installations des
nouveaux fusibles et les hausses de loyer. Il y aussi des réparations
majeures pour les équipements et les BPC. Ce sont donc les
activités principales.
M. Coulombe: J'oubliais vraiment... Pour répondre à
votre question, j'ai demandé à Claude Boivin de venir donner une
réponse plus précise, mais, globalement, hausser nos
dépenses strictement selon l'inflation signifierait que nous sommes une
entreprise stable, sans croissance. En d'autres mots, on se dirait: C'est
uniquement l'inflation générale. Mais il ne faut pas oublier
qu'on est une entreprise en croissance, malgré ce que beaucoup de gens
pensent, parce qu'on ne
construisait pas de barrages - on va en construire - que l'entreprise
n'était pas en croissance. Il faut que quelqu'un s'occupe des 400 000
clients de plus. La ligne Radisson-Nicolet, LG 2A, cela va demander plusieurs
centaines de nouveaux employés. Il faut que ces choses-là soient
quelque part.
Claude Boivin peut peut-être donner plus de...
M. Ciaccia: II faut que quelqu'un s'occupe des 11 000 plaintes
que vous recevez par jour et que vous avez mentionnées hier soir: 2 900
000 plaintes par année pour 200 jours ouvrables, cela fait 11 000
plaintes par jour.
M. Boivin: C'est exact, mais il reste qu'il faut également
s'occuper d'activités nouvelles. À titre d'exemple, cette
année, avec la venue de Manic 5 comme puissance additionnelle l'an
prochain, il faut commencer à embaucher et à former du monde pour
être capables d'exploiter cette centrale l'an prochain. On ne l'avait pas
à exploiter dans le passé. À Gentilly, on a des exigences
additionnelles de la Commission de contrôle de l'énergie atomique
du Canada. On est obligés de dépenser 4 000 000 $ de plus en 1988
qu'en 1987. Ce sont des activités nouvelles qu'il faut faire. Il y en a
toute une brochette comme cela. En fait, il y en a pour à peu
près 20 000 000 $ dans le budget 1988, des activités nouvelles
qui n'étaient pas réalisées ou qu'on n'avait pas offertes
en 1987. Donc, on a 20 000 000 $ d'augmentation d'activités. C'est pour
cela qu'on ne peut pas augmenter nos dépenses uniquement au rythme de
l'inflation. Idéalement oui, je suis d'accord, mais il faut rattraper,
à ce moment-là, par de la productivité, ce qui n'est pas
toujours possible.
M. Ciaccia: Oui mais, comme vous l'avez mentionné, quand
on parle des investissements, ces montants ne vont pas dans les frais
d'exploitation. Ce sont des investissements additionnels que vous faites.
M. Boivin: Non, c'est-à-dire que dans les dépenses
d'immobilisation, le coût de construction d'un ouvrage, c'est
évident qu'il n'est pas là-dedans. Mais quand cet ouvrage vient
en service, il faut avoir du monde pour l'exploiter. Si on bâtit une
nouvelle ligne de transport, une fois qu'elle va être en service, elle va
bien fonctionner, je l'espère, mais il va falloir qu'il y ait du monde
pour faire les réparations, faire son entretien, faire la surveillance,
etc.
M. Ciaccia: Cela ne s'est pas vraiment reflété. Ces
travaux, ces nouveaux besoins, est-ce que vous les avez eus en 1987?
M. Boivin: C'est qu'en 1987... M. Ciaccia: En regard de
1986?
M. Boivin: En 1987, en regard de 1986, des nouvelles
activités, il y en avait pour 28 000 000 $. Maintenant, en 1988 en
regard de 1987, dans notre budget, il y en a pour 20 000 000 $.
M. Ciaccia: Ces nouvelles activités de 28 000 000 $,
grosso modo, traitaient de quoi?
M. Boivin: En 1987, on avait, par exemple, un nouveau programme
pour le mesurage, on a mis plus d'argent dans notre mesurage. C'est important
parce que c'est notre caisse enregistreuse. Il y avait...
Malheureusement, M. le ministre, je n'ai pas les détails pour
1987. Je les ai pour 1988, mais je ne les ai pas pour 1987. On peut les
obtenir.
M. Ciaccia: Maintenant, parce que le temps avance, vous avez des
diminutions de revenus d'exportation. Par exemple, les revenus d'exportation en
1987 ont été plus importants que prévu, pour atteindre 713
000 000 $. Mais, de 1987 à 1988, il y a une diminution de 66 000 000 $.
Est-ce que vous pourriez nous expliquer cette diminution des revenus? Parce
que, si on traduit cela en chiffres, il y a une augmentation de 9, 9 % entre
1986 et 1987 et, là, il va y avoir une baisse de 9, 3 % entre 1987 et
1988. (12 h 15)
M. Coulombe: Les quantités de vente vont être moins
grandes. Cela fait partie de la stratégie générale qu'on
vous a expliquée. En rétrécissant et en mettant les
kilowattheures sur les meilleurs marchés, on abandonne certains
marchés moins intéressants.
M. Ciaccia: C'est la partie des 7 kilowattheures que vous avez
emmagasinés et que vous ne vendrez pas.
M. Coulombe: Cela fait partie de la stratégie
générale qu'on a justement de valoriser notre produit puis
d'abandonner, graduellement, nos marchés les moins payants.
Évidemment, cela va peut-être être moins, même
avec les mêmes quantités. Parce que si le prix du pétrole
reste à 14 $ comme il l'est actuellement, cela va être encore
moins considérable que ce montant-là.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pourriez nous dire comment les
revenus attendus des ventes d'électricité
régulières se divisent par catégorie d'abonnés,
particulièrement quelle part de revenus additionnels est associée
aux efforts de commercialisation?
Vous avez des programmes de commercialisation, qu'est-ce que cela
rapporte?
Mme Bertrand (Lucie): En 1988, on voyait, dans les efforts de
vente, que ces 100 000 000 $
avaient été attribués aux efforts de vente des
stratégies de redressement mises en place depuis 1982.
Donc, l'ordre de grandeur inclus dans les revenus attendus de 1988
devrait être similaire pour l'ensemble de nos secteurs, incluant
l'exportation.
M. Ciaccia: Le chiffre, c'est?
Mme Bertrand: Je n'ai pas le chiffre exact, mais l'ordre de
grandeur de 1987, quand...
M. Ciaccia: Approximativement.
Mme Bertrand:... on revient au tableau des efforts de vente, en
1987... Tous les programmes qui avaient été mis en place depuis
le début de 1982 ont apporté 700 000 000 $ de revenus
additionnels. Donc, 1988 devrait être du même ordre de
grandeur.
M. Ciaccia: Est-ce que vous avez un chiffre sur ce que cela vous
a coûté, ces...
Mme Bertrand:... on a...
M. Ciaccia: Oui, la commercialisation, l'argent que vous avez
dépensé pour obtenir ces 700 000 000 $? Est-ce que vous
avez...
Mme Bertrand: Oui.
M. Coulombe: Prenons, par exemple, le programme des bouilloires,
des chaudières dont on parlait: on a donné 135 000 000 $ de
subventions, 135 000 000 $ pour payer, à toutes fins utiles, des
chaudières, et on a récolté 640 000 000 $ de revenus de
nos ventes.
M. Ciaccia: Juste une autre question avant de céder la
parole, M. le Président.
Vous insistez sur la nécessité de reconstituer une marge
de manoeuvre financière et vous voulez un taux de rendement; vous visez
comme objectif 13 %, au moins un taux de rendement supérieur au
coût moyen de la dette. Pourriez-vous nous indiquer comment se compare le
taux de rendement d'Hydro-Québec à celui d'autres grandes
compagnies canadiennes d'utilité publique ou d'autres grandes
entreprises de service public?
M. Hanna: Au Canada, le taux de rendement de la moyenne, se
situe, pour 1987, aux alentours de 14, 1 %. Pour les entreprises
d'électricité, il se situe à environ 13, 7 %, pour le gaz
aux alentours de 14 %, pour les pipelines aux alentours de 14 %, et pour les
télécommunications aux alentours de 13 à 14 %. Les
entreprises américaines ont un taux de rendement d'environ 12, 7 %.
M. Ciaccia: Les "utilities". M. Hanna:
Américaines.
M. Ciaccia: Eux, par exemple, quel est leur taux de rendement
à eux?
M. Hanna: Je ne l'ai pas précisément ici. M.
Ciaccia: Avez-vous le...
M. Hanna: Je peux vous le... Je l'ai, pour l'année
1986...
M. Ciaccia: 5, 4 %. L'année dernière, vous nous
aviez donné le taux de rendement par catégorie d'usagers.
L'avez-vous cette année? Moi, je n'ai pas d'autre question.
M. Coulombe: Je voudrais juste mentionner ceci, en ce qui
concerne le rendement sur l'équité. Lorsqu'on dit, pour les
"utilities" américaines, que c'est de 12, 7 %, il faut se rappeler que
l'équité des compagnies américaines est beaucoup plus
élevée que notre propre équité. Alors, le taux de
12 % qui est là représente un rendement de beaucoup
supérieur au nôtre.
M. Ciaccia: C'est pour cela qu'ils peuvent facturer 0, 17 $ le
kilowattheure à New York.
M. Coulombe: Voilà! Leurs coûts de production
doivent être pas mal élevés. Le taux de rendement
domestique, en 1987 - ce que vous avez demandé - était de 6, 1 %
et le taux de moyenne puissance, 33 %, le taux de petite puissance, 35 %, et la
grande puissance, 12 %; donc, 12 %, c'est à peu près le taux
qu'on recherche, mais le domestique est à 6 %. Nos prévisions,
à partir des augmentations de tarifs qu'on demande, c'est de passer
à 7, 7 % en 1988 et, assez bizarrement, cela retombe à 4, 8 % en
1989.
M. Ciaccia: Pour le domestique... M. Coulombe: Ah! Ce
sont...
M. Ciaccia:... cette année, vous me dites que c'est 6, 1
%. L'année dernière, si je me rappelle bien...
M. Coulombe: De 1, 9 %. M. Ciaccia:... c'était 1, 9
%. M. Coulombe: Oui.
M. Ciaccia: Alors, votre rendement sur le tarif domestique a
augmenté de 1, 9 % à 6, 1 %, cette année.
Mme Bertrand: Le rendement du domestique s'est
amélioré, mais les autres se sont améliorés encore
plus. L'écart d'interfinancement, en 1987, est plus grand qu'il ne
l'était en 1986. Ce qui importe quand on parle d'interfinancement,
c'est
la position relative plutôt que la position absolue.
M. Coulombe: Dans la moyenne puissance, c'est passé de 27
% à 33 % et dans la petite puissance, de 29 % à 36 % en termes
d'exploitation. Maintenant, on me dit qu'en 1989 le domestique baisse encore
parce qu'on a énormément de dépenses qui sont
adressées à la clientèle domestique dans les prochaines
années. Peut-être qu'on préjuge de la discussion sur les
tarifs puisqu'on voudrait souligner - parce que c'est dans le cadre financier -
que beaucoup de nos nouvelles dépenses qui s'en viennent - il ne faudra
pas se surprendre - sont surtout associées - je ne parle pas des
dépenses d'immobilisation, je parle des dépenses d'exploitation -
au réseau de distribution. Beaucoup de dépenses seront
conçues dans le cadre des problèmes de santé et de
sécurité. On a, par exemple, des investissements à faire,
en dépenses d'exploitation comme en dépenses d'immobilisation,
dans le cadre de la santé et de la sécurité, le
problème du "cadenassage" dont M. Boivin pourra vous parler pendant des
heures, qui vont impliquer des dizaines et des dizaines de millions de dollars
de dépenses. Cela est affecté, principalement et
fondamentalement, au secteur distribution, donc au secteur domestique, ce qui
explique le rendement décroissant, encore une fois, de ce secteur.
M. Ciaccia: Peut-être qu'on pourra revenir à cela au
moment de la discussion des tarifs, cet après-midi. Merci, M.
Coulombe.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Lorsque
j'analyse les tableaux 28 et 29 qui sont aux pages 121 et 122, et que j'essaie
de faire une corrélation entre les ventes à l'exportation et les
bénéfices d'Hydro-Québec j'arrive à une drôle
de conclusion et j'aimerais que vous m'expliquiez cela.
En 1986, Hydro-Québec a fait 300 000 000 $ de
bénéfices. On sait qu'en 1990 elle fera à peu près
900 000 000 $ de bénéfices. Donc, HydroQuébec va, au cours
d'une période de cinq ans, tripler ses bénéfices sur
papier, de 300 000 000 $ à 900 000 000 $; pendant cette même
période, on voit que les ventes à l'exportation, du moins en
térawattheures, passent de 27 à 23 térawatt-heures. Donc,
j'arrive à une drôle de conclusion: moins on vend à
l'exportation, plus on est rentables.
M. Coulombe: C'est assez bizarre, en effet. Là, c'est
parce que...
M. Ciaccia: Ce sont de vieux contrats.
M. Coulombe: Ce que vous voulez savoir...
M. Ciaccia: Ce ne sont pas les nouveaux contrats qu'on vient de
signer.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, ne vous mêlez pas de
cela. C'est une question simple qui est complexe, mais cela fait un drôle
de rapport. Je vous pose aussi comme sous-question: La planification
1988-1989-1990, que vous avez dans le tableau 28, est-elle exacte lorsqu'on dit
qu'entre 1987 et 1988 on va passer de 28 térawattheures à 23
térawattheures et que, par la suite, on le maintient au cours des trois
prochaines années? Donc, en térawattheures, on maintient, pour
les trois prochaines années, le volume à l'exportation; donc,
à toutes fins utiles, c'est un statu quo. Les seules ventes qui
augmentent en térawattheures sont les ventes locales, donc
régulières du Québec. Lorsqu'on le traduit en chiffres, on
ne le voit pas, mais quand on le met en térawattheures comme cela, on
s'aperçoit qu'à l'exportation votre planification de trois ans,
triennale, c'est le statu quo. Le bénéfice d'Hydro-Québec
va augmenter d'environ 600 000 000 $ pendant cette même période,
pour les trois prochaines années.
M. Coulombe: En fait, il y a plusieurs... La raison de
l'augmentation du profit, il y a plusieurs explications. En ce qui concerne,
d'abord, le point de vue des ventes totales, comme je vous l'ai dit
tantôt, notre stratégie, maintenant que les déversements
sont terminés, on a quitté la période où on voulait
vendre à tout prix parce que l'eau passait par-dessus les barrages,
c'est terminé, cette époque-là. Maintenant, on commence
une autre stratégie de vente qui est basée sur le fait d'aller
vers les marchés les plus rentables. Donc, comme première
conclusion, on abandonne le programme des chaudières. On en a
discuté hier et ce matin. Cela fait tout de suite je ne sais combien de
térawattheures en 1989... Combien?
Une voix: Treize.
M. Coulombe: II y a tout de suite treize térawattheures de
moins. Évidemment, on va toujours en vendre un ou deux mais,
globalement, cela fait au moins une dizaine de térawattheures qu'on ne
vendra pas l'an prochain parce qu'on n'est pas intéressés
à les vendre à 0, 01 $ le kilowattheure. Graduellement, ces
kilowattheures vont se transférer au secteur domestique parce qu'on n'a
pas de construction en marche à l'heure actuelle qui va donner... On va
avoir de la puissance de pointe, mais on n'aura pas d'autre énergie en
construction avant 1994, 1995. Donc, l'augmentation de la clientèle, les
ventes internes vont passer à un kilowattheure qui vaut 0, 01 $ dans le
programme des chaudières, on va le passer à un secteur où
on le vend soit 0, 026 $, soit 0, 03 $ ou même 0, 04 $. Donc, le
même kilowattheure sera deux ou trois fois plus payant selon les
secteurs.
M. Parent (Bertrand): Je le comprends parce que c'est le
transfert de l'excédentaire à votre clientèle
régulière, mais par rapport à l'exportation comment
expliquez-vous qu'il y ait, finalement, une baisse?
M. Coulombe: Au point de vue exportation? M. Parent
(Bertrand): Oui.
M. Coulombe: C'est parce qu'on abandonne les marchés les
moins payants. On n'est plus intéressés à vendre pour
remplacer du charbon, par exemple. Qu'ils nous donnent un prix voisin de celui
de nos chaudières ici, soit 0, 012 $, 0, 013 $. On n'est pas
intéressés. On aime mieux emmagasiner cela pour vendre 0, 03 $ ou
0, 04 $ dans deux ou trois ans.
Notre objectif, finalement, n'est pas d'avoir un volume de ventes, mais
bien d'avoir des ventes rentables. Que les ventes d'exportation baissent
pendant deux ou trois ans, dans notre livre à nous, c'est un excellent
signe. C'est tout simplement parce qu'on a des meilleurs marchés pour
vendre à meilleur prix. Lorsqu'on va entrer dans la phase des contrats
de puissance et d'énergie fermes, là, vous connaissez les prix et
on ne reviendra pas là-dessus. Au prix qu'on vend, on n'aura pas le
choix. On a des pénalités si on ne livre pas. On va entrer dans
une nouvelle ère. Vous avez vu le tableau, hier. Cela donne à peu
près 1 000 000 000 $ de revenus d'exportation en 1995. En attendant,
c'est toujours le jeu des surplus. Quand on a des déversements, on vend,
peu importe le prix. Les déversements se terminent, on restreint nos
ventes et on s'en va vers les ventes les plus payantes, toujours dans le but
d'éviter une pression trop considérable sur l'ensemble des tarifs
au Québec.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Dans un autre ordre
d'idées mais toujours pour rester sur l'aspect du cadre financier, dans
le cas du rachat de la dette à long terme, avez-vous un plan
précis ou si vous procédez lorsque cela vient à
échéance? Entre 1987 et 1988, c'est une diminution de
moitié. Ma première question est: Est-ce que vous procédez
selon un plan précis pour acheter, selon les différentes monnaies
dans lesquelles les emprunts ont été faits? Enfin, de quelle
façon procédez-vous exactement?
M. Boivin: Les échéances correspondent en grande
partie aux échéances contractuelles des emprunts qu'on a faits.
C'est dicté, dans une bonne mesure, par l'état des
marchés. Il y a eu une période de temps, surtout à la fin
des années soixante-dix, début des années quatre-vingt,
où il fallait émettre la dette à assez court terme, dont
plusieurs viennent maintenant à échéance. C'est un peu le
phénomène qu'on voit en 1987, par exemple. On avait un montant
d'échéance et de rachat de 1 500 000 000 S. Par ailleurs, la
diminution en 1988 est un peu une coïncidence. C'est là où
on place les échéances d'après ce que les marchés
veulent bien nous donner, mais c'est aussi le fait qu'effectivement, en plus
d'une certaine coïncidence ou de circonstances imposées par les
marchés, on gère la dette du mieux qu'on peut. Il y a quelques
années, il y avait beaucoup plus d'échéances que cela, en
1988, sauf qu'on en a renégocié une partie de façon
à réduire le coût de la dette et à prolonger
l'échéance de façon à apparier un peu mieux la vie
de nos actifs et notre dette qui est quand même encore assez courte.
M. Parent (Bertrand): Je sais que de devancer des
échéances a déjà été fait dans le
passé parce que je pense que les montants de 1988 et 1989 sont plus
importants. Je voudrais savoir si, à compter de 1988, vous continuez
à prévoir aller sur les marchés d'emprunt avec des
montants peut-être plus uniformes que d'avoir des ballons ou des
périodes de pic. (12 h 30)
M. Boivin: C'est certainement ce qu'on essaie de faire. On le
fait beaucoup plus depuis quatre ans, je pense. On tente d'éviter les
creux et les pics dont vous parlez. On tente surtout d'étaler plus dans
le temps les échéances de la dette. En plus de cela, comme je
l'ai dit, on tente d'enlever ce qui existe déjà comme pic, de
façon à le prolonger dans le temps, surtout si on peut le faire
en réduisant le coût de notre dette, ce qui a été le
cas depuis les quatre dernières années.
M. Parent (Bertrand): Une dernière question puisque le
temps file rapidement, cela concerne la page 27. Lorsque vous faites mention
à 3. 3. 3 de la réforme de la fiscalité indirecte et du
gouvernement canadien, bien sûr, vous dites: "D'autre part, le
gouvernement du Québec examine présentement la possibilité
et l'intérêt d'harmoniser son régime fiscal avec celui du
gouvernement fédéral, et ces changements pourraient affecter
substantiellement les activités de l'entreprise. Ainsi, par exemple,
l'imposition d'une nouvelle taxe de vente sur l'électricité
vendue au Québec et dans le reste du Canada pourrait signifier pour
l'entreprise des dépenses additionnelles". J'aimerais savoir comment
vous vous situez par rapport à cela, et s'il y a eu des démarches
très précises avec le gouvernement concernant cette
réforme de la fiscalité.
M. Coulombe: Je vais demander à M. Maillé, qui
était notre économiste en chef, le soin de traduire ce
paragraphe.
M. Maillé (Éric): Oui, d'accord. Disons qu'il y a
plusieurs aspects qui sont rattachés à ce paragraphe. Ici, on
faisait référence à la possibilité de la
deuxième phase de la réforme
fiscale, dont M. Wilson avait parlé, et où on contemplait
la possibilité d'imposer une taxe sur les services au Canada. Or, il y a
la possibilité que l'électricité soit
considérée comme un service. Disons qu'on n'a encore aucune
indication claire de ce que le gouvernement fédéral a l'intention
de faire dans ce domaine, mais c'est une possibilité qui a
été mentionnée. Cela pourrait prendre, par exemple, la
forme d'une taxe de vente; enfin, il y a plusieurs façons d'appliquer ce
genre de taxe qui ont été considérées par le
gouvernement fédéral.
Encore une fois, je le répète, on n'a aucune indication de
ce qui s'en vient de ce côté-là. Donc, on indiquait
simplement la possibilité que cela puisse se faire et que cela pose le
problème, à ce moment-là, de l'harmonisation des
méthodes de taxation du gouvernement du Québec avec celles du
gouvernement fédéral. Ainsi, s'il y avait une nouvelle taxe de
vente qui s'appliquerait à l'électricité, il est certain
qu'il y aurait des pourparlers avec le gouvernement du Québec sur cette
question. D'ailleurs, cela avait été mentionné par M.
Wilson parmi les possibilités de réforme fiscale.
Donc, on n'a aucune indication. C'est dans le chapitre, d'ailleurs, des
choses qui pourraient s'en venir, mais on attend.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait nous dire, s'il en a la chance tantôt, de par les
discussions qu'il a eues avec son collègue, le ministre des Finances, si
le Québec va s'harmoniser sur ce plan avec Ottawa ou s'il va prendre un
autre chemin? Si le ministre tantôt en a la chance, j'aimerais qu'il nous
clarifie ce point, pout nous.
Le Président (M. Théorêt): Pouvez-vous
répéter votre question?
M. Parent (Bertrand): Oui, à savoir si votre
collègue, le ministre des Finances, et vous-même avez eu la chance
de discuter l'aspect de l'harmonisation en fonction de la réforme
fiscale qui pourrait affecter directement, comme le mentionne
Hydro-Québec à la page 27, la nouvelle taxation, ou s'il n'y a
rien de fait de ce côté-là. Les dernières
informations que nous avons par rapport à la première partie de
la réforme fiscale et quant à la partie à venir, le
ministre des Finances du Québec a parlé, de façon
générale, de s'harmoniser avec le gouvernement
fédéral.
M. Ciaccia: Le ministère des Finances, M. le
Président, est très sensible au problème. Nous sommes en
constante discussion avec Hydro-Québec sur tous les problèmes de
la gestion financière, la question du financement et tous les
problèmes que cela peut apporter au Québec en ce qui concerne la
réforme fiscale.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président. Deux questions, en fait.
Ce sont des raisonnements que j'aimerais que vous me confirmiez ou que vous
m'infirmiez. Hier, vous avez dit qu'à partir de 1995 les entrées
de fonds des exportations d'électricité dans tous les derniers
contrats d'électricité, d'énergie ferme, vont exercer une
pression à la baisse sur la tarification. Vous nous dites aussi qu'ils
vont offrir un taux de rendement supérieur à 13, 5 %, ce qui est
très bon, même excellent, comme vous le disiez, autant pour les
Québécois que pour la santé financière
d'Hydro-Québec.
En attendant, on a quand même le phénomène
qu'Hydro-Québec, jusqu'en 1995, doit aller sur les marchés
internationaux pour des montants de l'ordre de 3 000 000 000 $, du moins
jusqu'en 1990-1991, développer des nouveaux équipements, à
notre avis, étant donné qu'on veut aussi, parallèlement
à cela, augmenter dès maintenant le niveau de rendement de
l'entreprise et le maintenir à 13 %, 14 %. Au moment où on se
parle, en 1988, cela crée déjà une pression à la
hausse sur la tarification. Je pense que la démonstration que faisait
mon collègue de Bertrand, tout à l'heure, en ce qui concerne une
augmentation des bénéfices de la compagnie tout en assistant
à une stagnation ou à une diminution des ventes à
l'exportation, implique que l'on ira chercher plus d'argent chez l'acheteur
québécois et, entre autres, l'abandon du programme des
chaudières ou des énergies excédentaires au Québec
en fait la preuve. On veut trouver le moyen de vendre le kilowattheure ou le
térawattheure le plus cher possible pour dégager le plus d'argent
possible, ce qui représente, quelle qu'en soit la forme, une pression
à la hausse sur la tarification dans le moment. On s'imagine qu'il y a
une courbe, de 1988 à 1995, qui serait relativement constante et qui
serait inférieure à la courbe en ce qui a trait aux coûts,
aux frais, à la pression à la tarification. S'il n'y avait pas la
construction de nouvelles centrales jusqu'en 1995, on aurait une courbe
inférieure qui s'en va comme cela, alors que là on a une courbe
qui va aller en montant. En 1995, il va y avoir une pression à la baisse
qui va s'exercer à cause des ventes à l'exportation. C'est
très bien, mais cela va venir rejoindre, finalement, notre courbe
d'augmentation constante, n'eussent été ces ventes, autour de
1997 ou de 1998. En supposant aussi qu'on ait différentes
hypothèses à la hausse ou à la baisse, à partir de
1995, selon la situation ou le contexte dans lequel on va vendre notre
énergie, parce qu'on a vu aussi que les chiffres qui étaient
avancés pouvaient varier en fonction de différents facteurs...
A-t-on raison de dire que, jusqu'en 1995, avant qu'il s'exerce des pressions
à la baisse des montants qui vont rentrer de l'extérieur, les
investissements qu'on a à faire, eux, vont amener des pressions à
la
hausse dans la tarification?
M. Coulombe: Donc, je suis d'accord avec vous pour diviser le
problème en deux: après 1995, ou après la rentrée
de fonds de nouveaux contrats, et avant. Je suis d'accord avec vous
qu'après, on s'entend, c'est réglé, cela va faire une
pression à la baisse si nos variables se réalisent. D'ici ce
temps, je vous l'ai dit hier, si on accepte l'hypothèse
qu'Hydro-Québec doit avoir un rendement sur son capital ou un rendement
sur l'équité que les Québécois ont mis dans
Hydro-Québec, si on accepte qu'il y a là un rendement normal,
nous vous disons que le devancement des centrales dû aux contrats
d'exportation n'aura aucune pression sur les tarifs des Québécois
tout simplement parce que, même s'il n'y avait pas ce devancement, nous
demanderions au gouvernement d'accepter l'idée du rendement normal sur
les investissements faits à Hydro-Québec, donc,
indépendamment de cela. Si on accepte ce postulat, c'est cela. Si on ne
l'accepte pas, je suis d'accord avec vous que, là, on rentre dans un
cadre de discussion complet nouveau.
Si on accepte ce postulat, on vous dit que cela n'a aucun effet sur les
tarifs, la question du devancement des équipements, tout simplement
parce que, d'ici à 1995, d'abord, il faut mentionner que les
investissements des nouvelles centrales vont commencer à être
significatifs dans les années - je parle en termes de plusieurs
centaines de millions et même de milliards de dollars - 1990-1991 et
1992, donc, à la fin de la période, à un moment où
on pense, avec les prévisions qu'on fait, que notre taux de rendement
sera rendu à 10 %, 11 %, 12 %, au début des années
quatre-vingt-dix, et cela, sans augmentation réelle des prix, des
tarifs, une augmentation reliée à l'inflation, qui peut
être en bas, c'est ce qu'on propose depuis une couple d'années. La
proposition qu'on vous fait au point de vue tarifaire, cette année, est
en bas de l'inflation telle que nous la percevons: 4, 6 %, on suggère 4,
2 %. Donc, en bas de l'inflation, soit aucune augmentation réelle des
prix.
C'est évident que si cette stratégie n'est pas
acceptée et qu'on préfère le mettre très bas une
année, l'autre année le mettre très haut, l'autre
année le mettre très bas ou plusieurs années très
bas, la conséquence, c'est qu'on n'aura pas le taux de rendement, et,
là, il va falloir prendre ailleurs la marge de manoeuvre pour financer
les nouveaux travaux. Notre hypothèse pour les nouveaux investissements,
c'est que leur coût sera payé en grande partie non pas par les
tarifs des consommateurs, mais par les dividendes du gouvernement qui seront
moins élevés que ce qu'ils auraient été si la
construction n'était pas là.
Maintenant, on fait une distinction - je sais que c'est une distinction
qui, pour plusieurs, n'est pas réelle - entre une volonté
gouvernementale exprimée par deux gouvernements, d'avoir un rendement de
cette entreprise qui s'appelle des dividendes des revenus totaux de
l'entreprise attribuables à la vente de son produit. On fait une
distinction radicale entre les deux. Ce n'est pas le même
phénomène, ce n'est pas la même logique, etc., même
si, pour le contribuable et le "payeur" d'électricité, il peut y
avoir quelquefois des confusions. C'est cela, le résumé de notre
position: un rendement valable sur l'équité, comme n'importe
quelle entreprise et comme, historiquement, il y a toujours eu à Hydro.
Cela n'a jamais été remis en cause. Jusqu'en 1979, jusqu'à
la crise qu'on a vécue en 1982, il y a toujours eu un rendement de
l'ordre de 13 %, 14 %, 15 % et 16 %. D'autres années, cela a
été de 18 %; évidemment, l'inflation était beaucoup
plus forte dans ce temps-là. Mais ç'a toujours été
un fait reconnu parce qu'il n'y avait pas de crise, la marge de manoeuvre
était là, etc.
Lorsque la marge de manoeuvre s'est écroulée, en 1982,
dû au phénomène que vous connaissez et sur lequel on ne
reviendra pas, la marge de manoeuvre a disparu. Ce qu'on vous dit, c'est qu'il
faut la reconstituer normalement, comme elle a toujours existé et comme
les Québécois ont toujours accepté qu'elle existe, avec
les augmentations de tarifs qu'il y a eues depuis 40 ans à
Hydro-Québec et qui ont conduit à des tarifs
d'électricité qui sont parmi les plus bas en Amérique du
Nord. Donc, si on n'a pas tout de suite cette marge de manoeuvre, il va falloir
l'avoir tôt ou tard, soit parce que les contribuables vont payer plus de
taxes et que le gouvernement nous donnera des subventions, soit par une
augmentation normale du prix d'un produit qui vaut cet argent, que les
Québécois reconnaissent et, à la marge, qui
nécessite des discussions peut-être un peu byzantines lorsqu'on
pense - on en reparlera peut-être cet après-midi - qu'un
consommateur normal au Québec, dans une maison normale avec chauffage
électrique, peut passer de 4, 9 % à 4, 4 %. Pour chaque
dizième pour cent, c'est 0, 07 $ par mois dont on parle, 0, 84 $ par
année. Cela peut donner lieu à beaucoup de discussions, mais on
est persuadés que si cela reste dans un "range" qui justifie ou qui s'en
va graduellement, sans trop écraser personne, vers un rendement qui,
historiquement, a toujours été le cas à
Hydro-Québec, on pense que c'est tellement d'une normalité
évidente que les Québécois comprennent ce genre de
raisonnement. J'ai l'impression que tout le monde est à l'aise avec
cela. Ce qu'on veut éviter, ce sont des chocs tarifaires, et c'est pour
cela qu'on ne veut pas que les nouvelles immobilisations qu'on fera soient
prises à même la marge de manoeuvre normale d'Hydro-Québec;
s'il en manque un peu, les dividendes du gouvernement seront moins
élevés. C'est cela, la mécanique de ce qu'on propose dans
ce plan de développement.
M. Claveau: Je n'arrive pas à saisir votre affaire, quand
vous nous dites que, si vous
devancez les travaux, on va épargner de l'argent. Finalement,
c'est ce que vous nous dites.
M. Coulombe: Non, non.
M. Claveau: Vous nous dites qu'on va transférer à
un acheteur potentiel ou à un acheteur qui a déjà
signé un contrat ce que cela coûte pour le devancement des
travaux, mais il va nous payer plus tard.
M. Coulombe: C'est-à-dire que, dès 1995, lorsque...
Les mises en service vont venir en 1995. On a vu tantôt comment notre
comptabilité fonctionnait historiquement, il n'y a rien de nouveau
là-dedans. Quand on bâtit, on met dans les immobilisations le
coût des travaux et le coût des intérêts, tout cela
est immobilisé.
M. Claveau: Oui.
M. Coulombe: Jusqu'en 1995, on va immobiliser les 7 000 000 000 $
et les 15 000 000 000 $ ou 20 000 000 000 $ qui sont mentionnés
là, car ce sont des immobilisations. Les intérêts courent,
les travaux se font, les dépenses se font et c'est immobilisé.
Une grande partie de ces travaux viennent en déduction des taux
d'intérêt et cela tient le profit d'Hydro-Québec à
un certain niveau qui, historiquement, est... En 1982, par exemple,
Hydro-Québec faisait 800 000 000 $ de profit; sur ces 800 000 000 $, 600
000 000 $ étaient pour des travaux en cours, comprenez-vous? Alors, le
profit était élevé mais, en dessous, il y avait 600 000
000 $ de travaux en cours. Donc, pendant ces années-là, c'est
immobilisé. Lorsque cela vient en exploitation, lorsqu'on
transfère cela à des immobilisations à l'exploitation,
là, l'intérêt devient de l'exploitation. Les taux
d'intérêt... Les dépenses d'intérêt doivent
être payées dans les dépenses d'exploitation. Au moment
même où cela se produit, les rentrées d'argent commencent,
cela va se balancer. C'est tout simplement ce qu'on explique.
M. Claveau: On me dit que mon temps est fini. J'aurais une autre
question sur un autre sujet. Cela concerne le financement étranger.
Vous dites, à la page 115 du plan de développe-ment, que
vous allez maximiser les financements, en dollars canadiens. Par contre, dans
votre rapport annuel de 1987, à la page 43, on constate - en tout cas,
selon ma lecture des faits - qu'il y a une augmentation de 188 % du financement
total en yens japonais. Ce qui nous chicote là-dedans un peu, c'est que,
si on revient au plan de développement à la page 121, le
même tableau auquel le député de Bertrand faisait
référence tout à l'heure, on voit qu'il y aura une
diminution sensible de la valeur du dollar canadien par rapport au yen, ce qui
risque d'augmenter passablement la dette d'Hydro-Québec.
Comment peut-on comprendre le fait que vous vouliez vous financer
à l'extérieur, alors que vous vous financez en yens et que cela
risque d'être une des monnaies par rapport à laquelle le dollar
canadien risque d'être le plus défavorisé. J'essaie de
comprendre un peu cela.
M. Dubuc (André): Si vous me permettez, j'aimerais
préciser que les trois derniers emprunts effectués en yens,
c'est-à-dire depuis deux ans, ont fait l'objet de ce qu'on appelle des
"swaps" de devises. Donc, on les retrouve dans les emprunts couverts selon les
conditions de la couverture monétaire. C'est donc la plus grande partie
de nos emprunts en yens qui sont ainsi couverts. C'est-à-dire qu'on a
éliminé le risque de change sur ces transactions. À toutes
fins utiles, c'est comme si c'était un emprunt en dollars canadiens
grâce aux "swaps", aux crédits croisés. Il est certain, par
ailleurs, qu'il y a pour 32 000 000 000 de yens qui ne sont pas couverts ainsi,
mais ce sont des emprunts qui ont 6té effectués il y a pas mal
plus longtemps, dans le passé, alors que les perspectives du yen
n'étaient pas aussi claires ou tranchées.
M. Coulombe: J'aimerais expliquer que les "swaps", cela a
peut-être l'air mystérieux, mais, dans la part de la dette en
financement et en dollars canadiens, vous avez, à la page 114, la
croissance de la part en dollars canadiens, qui passe de 51 % à presque
54 %. Donc, la stratégie de plusieurs années d'efforts, c'est
justement d'augmenter la part du dollar canadien pour diminuer les risques de
change. On est rendus à 54 %, y compris les "swaps".
M. Dubuc: Alors qu'on était seulement à 30 % de
notre dette totale qui était en dollars canadiens, en 1978, et
c'était sur une beaucoup plus petite dette. On a fait beaucoup de
progrès pour s'immuniser contre ce mouvement de devises
étrangères, mais il reste encore beaucoup à faire.
M. Claveau: Est-ce que les financiers se bousculent à la
porte d'Hydro-Québec pour vous offrir de l'argent de toute provenance ou
si c'est vraiment difficile d'aller chercher de l'argent sur les marchés
étrangers?
M. Coulombe: Je réponds à la place d'André
parce que son rôle comme vice-président au financement, c'est de
dire que c'est difficile. Effectivement, ce n'est pas facile, mais on doit vous
dire que le nom d'Hydro-Québec - et je vous l'ai dit hier,
j'étais avec André Dubuc, on a fait une tournée en Europe
et on a rencontré tous nos correspondants - est très bien
perçu dans ces milieux-là, il n'y a aucune espèce de
problème. De façon assez surprenante, on rencontrait des groupes
de 10, 20, 30 personnes et on avait une question de la 28e sur ce qui se
passait précisément à Hydro-Québec dans tel
domaine, tel domaine; donc, il y a une grande
connaissance et une grande confiance en HydroQuébec. Le mot
"bousculer" est peut-être un peu fort parce que, quand on paie bien, les
financiers sont habituellement corrects et, comme c'est le cas, il n'y a aucun
problème de financement dans la perspective qu'on leur a
présentée. On leur a présenté carrément et
confidentiellement certains des chiffres que vous voyez aujourd'hui et il n'y a
vraiment aucun problème ni de perception ni de compréhension de
la part des milieux financiers à l'heure actuelle.
M. Claveau: Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le député de La Peltrie et,
après, M. le ministre.
M. Cannon: Merci, M. le Président. J'aimerais revenir
à la question que vous avez abordée plus tôt avec le
député d'Ungava au sujet du financement à long terme du
projet. Vous avez indiqué que le projet comme tel serait
immobilisé sur la période de construction, c'est-à-dire
qu'il y aurait le cumul des coûts et, à la suite de cela, les
coûts d'intérêts générés par les
emprunts seraient donc appliqués sur les dépenses courantes
à partir du moment où l'entrée de fonds se fait.
Alors, pour bien comprendre, cela signifie que, contrairement à
d'autres types de projets que l'on pourrait retrouver dans un autre milieu
comme un milieu manufacturé où, lorsqu'on immobilise sur une
période de temps la convention comptable veut que les
intérêts générés par cette immobilisation
soient passés aux dépenses courantes et pas nécessairement
immobilisés à même le projet dans son ensemble, dans votre
cas, vous allez immobiliser les capitaux de même que les
intérêts courus. Est-ce que j'ai bien saisi?
M. Coulombe: Je voudrais juste faire une petite distinction. Dans
l'entreprise privée, lorsqu'un projet est de taille...
M. Cannon: Oui.
M. Coulombe: Je ne parle pas d'un projet de 1 000 000 $, de 2 000
000 $, mais lorsqu'on parle d'un projet en haut de 100 000 000 $ ou de 200 000
000 $, les intérêts sont capitalisés aussi dans
l'entreprise privée.
M. Cannon: D'accord.
M. Coulombe: Dans l'entreprise privée aussi. Mais,
évidemment, pas des projets... Si une compagnie fait pour 2 000 000 000
$ de fil de fer, elle n'immobilisera pas les intérêts d'un projet
de 2 000 000 $ ou de 5 000 000 $. Mais vous avez des constructions actuellement
en cours au Québec. Prenez Domtar et son usine de pâtes et papiers
à Windsor, c'est un projet de presque 1 000 000 000 $ et les
intérêts sont capitalisés exactement comme on le fait.
M. Cannon: D'accord. Durant cette partie de la construction, la
fraction ou la partie courante de la dette à long terme est-elle
remboursée en ce qui concerne le financement intérimaire
obtenu?
M. Coulombe: Non, cela dépend. Expliquez le principe.
M. Dubuc: En fait, il n'y a pas de financement
intérimaire, à toutes fins utiles. Ce qui arrive, c'est qu'on
finance avec des emprunts à long terme l'ensemble des projets.
M. Cannon: D'accord.
M. Dubuc: On n'utilise pas d'emprunts bancaires ou de choses
semblables.
M. Cannon: Mais vous commencez donc... Est-ce que cela est inclus
dans la partie courante de la dette à long terme?
M. Dubuc: C'est-à-dire que non, pas dans la partie
courante de la dette à long terme. Tout ce qui est au-delà d'un
an comme échéance de dette est dans la dette à long terme
comme telle. C'est ce qui arrive lorsqu'on emprunte pour financer la
construction.
M. Cannon: Oui, je veux bien comprendre. C'est surtout le
remboursement du capital sur le projet.
M. Dubuc: Si je peux reculer... M. Cannon: Oui,
d'accord.
M. Dubuc: Ce qu'on fait pour financer ce genre de projets, c'est
qu'il y a plusieurs compagnies qui prendraient des emprunts bancaires ou du
financement temporaire jusqu'à ce que la construction soit
terminée...
M. Cannon: Oui.
M. Dubuc:... et, ensuite, qui financeraient à long terme.
Ce qu'Hydro-Québec fait, c'est qu'elle emprunte à long
terme...
M. Cannon: Oui.
M. Dubuc:... dès le moment où elle commence
à construire et ces emprunts sont inclus dans la partie dette à
long terme du passif et sont remboursés lors de leur
échéance qui est peut être dans cinq, dix ou vingt ans.
M. Cannon: C'est une question extrêmement importante. Dans
l'esprit des Québécois et des Québécoises - je
pense que le député l'a souli-
gné - il y a bien des gens qui croient que le devancement des
travaux de la Baie James sera payé à même les augmentations
des tarifs d'hydroélectricité. Avec la réponse que vous
venez de fournir, vous venez de nous indiquer, bien sûr, que ce n'est pas
le cas dans la mécanique financière.
M. Dubuc: C'est cela. En ce qui touche les emprunts, c'est
cela.
Le Président (M. Théorêt): M. Le
ministre.
M. Ciaccia: Merci. J'ai une dernière question. Vous
mentionnez, à la page 118, qu'une nouvelle détérioration
des critères financiers pourrait grever la garantie gouvernementale.
Qu'entendez-vous par là? Pouvez-vous nous donner une brève
explication?
M. Coulombe: C'est-à-dire que... Évidemment, les
garanties des agences qu'on appelle les agences de "rating" font
qu'Hydro-Québec est intimement liée à la santé
financière du garant, c'est-à-dire du gouvernement du
Québec. Le poids de la dette d'Hydro-Québec dans la dette totale
du Québec est énorme. Alors, si les prêteurs ne sentent pas
la stabilité ou les objectifs financiers précis et voient des
entrées erratiques, sans prévision et ainsi de suite, c'est
évident que cela va influencer le garant, c'est-à-dire la
province de Québec parce que, même si Hydro-Québec
était dans une position financière tout à fait
exceptionnelle par rapport à d'autres compagnies d'utilité
publique au Canada, ce qui est le cas, c'est d'abord l'appréciation du
garant qui est la base de la cote d'Hydro-Québec, donc la garantie du
gouvernement du Québec. Donc, tout ce qu'on fait peut avoir une
influence sur la cote du Québec à cause de l'importance du poids
de la dette garantie par le gouvernement du Québec dans la dette totale
du Québec.
M. Ciaccia: Mais vous parlez de l'ampleur de la dette. Est-ce que
c'est quelque chose qui inquiète Hydro-Québec?
M. Coulombe: Cela ne nous inquiète pas en ce sens que les
actifs d'Hydro-Québec et la matière première
d'Hydro-Québec, c'est-à-dire l'énergie
hydroélectrique, reposant sur des actifs qui sont amortis de
façon très conservatrice, très conservatrice, cela nous
donne une garantie, à notre avis, à moins d'une mutation
technologique dans 25 ou 30 ans qui rendrait obsolète
l'hydroélectricité, ce qu'on ne pense pas. Donc, il n'y a aucun
problème au point de vue de la dette. Mais, pour des prêteurs,
s'ils regardent l'économie du Québec, c'est évident que
cela fait une dette considérable, personne ne peut le cacher. Je n'ai
pas le chiffre en tête, mais le poids de la dette d'Hydro-Québec,
c'est 47, 6 %. C'est Hydro et la province, mais la dette d'Hydro par rapport
à cela...
Une voix:... 47 %.
M. Coulombe: Ah! C'est cela, 47 % de la dette totale est
constituée par Hydro. Donc, cela fait un poids assez considérable
dans l'endettement des Québécois, d'où l'importance,
encore une fois, d'un rendement régulier, prévisible,
prévu, sans à-coups qui dénote une stabilité dans
les intentions du garant, d'où une augmentation des tarifs la plus
régulière possible et le moins possible par à-coups.
M. Ciaccia: Pour juste revenir aux propos que vous venez de
tenir, en termes de la dette d'Hydro-Québec, en termes des actifs, des
revenus, des garanties, en termes de critères financiers, cela ne pose
pas de problème?
M. Coulombe: D'aucune espèce de façon, à
l'heure actuelle. Je pense que la cote d'Hydro, les textes qu'on lit de
façon générale et officielle, les textes officiels des
maisons vont dans ce sens.
M. Ciaccia: Merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
Les travaux de la commission sont suspendus jusqu'après les
affaires courantes, donc vers 15 h 15, 15 h 20.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
(Reprise à 16 h 24)
Le Président (M. Charbonneau): La commission de
l'économie et du travail reprend l'étude de la proposition
tarifaire d'Hydro-Québec pour 1988.
Nous sommes rendus à la discussion sur les tarifs, mais, avant de
donner la parole au ministre de l'Énergie et des Ressources, je voudrais
déposer deux tableaux qu'Hydro-Québec nous a
présentés, un qui s'intitule "Interruption de service,
réseau de transport, répartition, distribution" et le second qui
s'intitule "Clients, partenaires et fournisseurs externes des travaux de
RDD".
Ceci étant fait, M. le ministre, la discussion porte maintenant
sur les tarifs.
Tarifs
M. Ciaccia: Merci M. le Président.
Je voudrais, M. le Président, procéder à une mise
au point sur la proposition tarifaire d'Hydro-Québec. Cette question
importante pour tous a déjà fait l'objet de nombreux commentaires
depuis Je dépôt du plan de développement
d'Hydro-Québec. J'ai eu l'occasion de discuter de cette question avec
Hydro-Québec, de même
qu'avec les principaux intervenants gouvernementaux. Nous avons fait nos
consultations avec le président à la haute direction
d'Hydro-Québec et avec les autres ministères concernés. La
presse écrite et pariée a eu l'occasion de couvrir largement la
question des tarifs depuis les derniers jours. Comme je l'ai mentionné
au début de la commission parlementaire, Hydro-Québec est une
entreprise qui occupe une place significative dans la vie économique et
sociale du Québec. En conséquence, le tarif souhaitable doit
représenter un équilibre entre les différentes attentes
que nous avons en regard de cette société d'État.
Hydro-Québec, de par la place qu'elle occupe dans l'économie,
doit avoir une situation financière saine. On doit reconnaître
qu'Hydro-Québec doit disposer d'une marge de manoeuvre suffisante.
Celle-ci permettra d'assurer aux Québécois une stabilité
tarifaire.
Deuxièmement, Hydro-Québec est un moteur de
l'économie. À cet égard, elle contribue au maintien et au
développement de la compétitivité de nos entreprises dans
un univers appelé à devenir de plus en plus concurrentiel avec
l'accord sur le libre-échange. Notre avantage comparatif, en termes
d'énergie électrique, nous permet d'agir de façon positive
sur le maintien et la création d'emplois au Québec.
Troisièmement, Hydro-Québec fournit un produit essentiel
à la population. Personne ne peut s'en passer. La hausse proposée
doit en tenir compte. Il y a aussi la question des différents secteurs
qui ont des différents taux de rendement pour Hydro-Québec. Tous
ces facteurs influenceront donc les recommandations que je vais faire au
Conseil des ministres.
L'année passée, la hausse tarifaire accordée par le
gouvernement a été de 4, 6 %. Dans les faits, l'inflation a
été de 4, 4 %. Nous souhaitons une hausse correspondante à
l'inflation. Alors, l'année dernière, l'augmentation que nous
avons accordée ou que le Conseil des ministres a approuvée avait
un écart de 0, 2 % avec le taux d'inflation. Seulement pour le secteur
domestique, cet écart représentait une facture
supplémentaire d'environ 3 000 000 $. Cette année, la hausse
tarifaire devrait se situer quelques pourcentages en dessous du taux
d'inflation prévu.
Pour arrêter toutes les spéculations et arrêter de
jouer au chat et à la souris, de me faire accoster dehors par toute la
presse écrite et les médias qui demandent "qu'allez-vous
proposer"? pour éviter que le président d'Hydro-Québec se
fasse lui aussi poursuivre par les journalistes, je crois qu'il serait dans
l'intérêt de tous de savoir quelle sera ma recommandation au
Conseil des ministres. Je pense que c'est un sujet trop important pour jouer au
chat et à la souris. Cela affecte trop de monde, c'est pour cela que
j'ai consulté le président d'Hydro-Québec et les
recommandations que je vais faire au Conseil des ministres sont les
suivantes.
Pour la catégorie D, c'est-à-dire, le taux domestique, le
petit consommateur, je vais recommander au Conseil des ministres une
augmentation de 3, 9 %. Pour la catégorie G, je vais recommander 3, 7 %.
Pour le tarif M, je vais proposer 3, 5 % et pour le tarif L, je vais proposer
4, 2 %. Ceci va se traduire par une hausse moyenne, pour toutes les
catégories, de 3, 85 %.
Évidemment, cela peut représenter une baisse de revenu en
ce qui concerne les montants ou le tarif qui avait été
présenté par HydroQuébec. Cela peut représenter
quelque 7 000 000 $. Cela va sûrement représenter une baisse dans
les dividendes qu'Hydro-Québec peut verser, dans les prévisions
de dividendes de l'année prochaine. Mais j'en suis arrivé
à cette recommandation, comme je vous l'ai dit, en consultation avec les
parties intéressées et tenant compte des besoins des
consommateurs, tenant compte de la marge de manoeuvre d'Hydro-Québec,
tenant compte de la question des différents taux de rendement entre les
différents utilisateurs, tenant compte aussi, dans certains secteurs,
par exemple, la petite et moyenne entreprise, non seulement du taux de
rendement, mais de la compétitivité d'autres formes
d'énergie. En prenant tous ces facteurs et en m'appuyant sur le concept,
le principe d'une saine gestion financière et une marge de manoeuvre
qu'Hydro-Québec a le droit d'avoir et doit conserver... J'ai pris tous
ces facteurs en considération et ce sont les recommandations que je vais
soumettre au Conseil des ministres.
Je crois qu'on en a discuté abondamment. On peut continuer d'en
discuter et voir les conséquences pour les différents secteurs.
Par exemple, quelle économie cela peut-il représenter pour le
petit consommateur et tout le reste? Mais on doit tenir compte aussi de nos
responsabilités, des besoins d'Hydro-Québec, de la saine gestion
financière qu'Hydro-Québec nous a présentés dans
son bilan, dans son plan de développement. Pour toutes ces raisons,
j'espère que cette hausse sera bien accueillie par les consommateurs et
même par l'Opposition officielle, dans l'intérêt de tous les
consommateurs et, aussi, dans l'intérêt d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va.
Une voix: Est-ce que vous me demandez ma réplique à
votre proposition?
M. Ciaccia: Vous pouvez, si vous le voulez. Non, c'est
l'alternance.
Le Président (M. Charbonneau): En tout cas, comme il n'y a
pas de question à Hydro-Québec et que c'est plutôt une
annonce à Hydro-Québec, alors...
M. Ciaccia: Excusez, un instant! Ce n'est pas vraiment une
annonce à Hydro-Québec. Je dois vous dire qu'Hydro-Québec
était consciente, elle savait... Il y a eu des discussions avec
elle,
ce n'est pas une nouvelle...
Le Président (M. Charbonneau): Donc, aux clients
d'Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Ah oui! Pour les clients d'Hydro-Québec et
peut-être même pour mes collègues de la commission
parlementaire, oui.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Ceci dit,
comme il n'y a pas de question à Hydro-Québec, je vais demander
au député d'Ungava s'il a des questions ou des commentaires
à formuler à ce moment-ci.
M. Claveau: J'ai quelques commentaires, M. le Président.
D'abord, pour vous dire que nous ne sommes absolument pas d'accord, en tant que
formation politique, avec les hypothèses, l'argumentation et la
conclusion à laquelle en arrive le ministre en termes d'augmentation de
tarifs. On va s'expliquer très clairement pour que la population puisse
bien comprendre de quoi il s'agit.
Dans un premier temps, on fera référence à 1987
où Hydro-Québec prévoyait, dans son plan de
développement, des bénéfices nets, des profits, de 344 000
000 $ en nous expliquant qu'ils avaient pris, à ce moment-là,
tous les paramètres les plus serrés possible pour arriver le plus
près possible de l'objectif idéalement atteignable. On a vu dans
le courant de l'année que, finalement, au 31 décembre 1987, ils
en étaient à 508 000 000 $. Il y a là une
différence qui est quand même raisonnable.
Cette année, on nous parle de 583 000 000 $ toujours, comme on
l'a vu aussi durant les travaux de la commission parlementaire, en étant
très conservateurs en ce qui concerne le taux de croissance annuel
prévu pour 1988 et que l'on situe à 2, 8 %, alors qu'il
était à 5 % en 1987, et aussi, en étant assez larges en
considérant le taux d'inflation. Ce qui nous donne, encore là, la
même hypothèse avec laquelle on a travaillé l'an dernier
qui a amené Hydro-Québec à dépasser largement ses
objectifs en termes de bénéfices nets. Une nouvelle
donnée, cependant, apparaît en plus cette année dans le
décor. C'est qu'avec ces 583 000 000 $ Hydro-Québec dit: On en a
assez pour s'assurer un bon taux de rendement, un taux de rendement de l'ordre
de 13, 5 %, ce qui est souhaitable en soi. Nous sommes tout à fait
d'accord qu'Hydro-Québec ait un taux de rendement équivalent au
taux de rendement des autres entreprises dans le même secteur.
Or, à la page 137 du plan de développement, on voit aussi
qu'Hydro-Québec prévoit, donc dans ses prévisions, qu'il y
ait un nouveau poste aux dépenses, j'oserais dire. Il y a une nouvelle
affectation des dépenses qui s'appelle dividendes prévus au
gouvernement du Québec, pour 189 000 000 $. Donc, dans le
bénéfice net total de 583 000 000 $ qu'Hydro-Québec
prétend faire, tout en étant très conservateur sur ces
données de base, en 1988, on a déjà prévu verser au
gouvernement du Québec 189 000 000 $. Que représentent ces 189
000 000 $?
Dans sa proposition tarifaire, Hydro-Québec demande 4, 2 %. Le
ministre dit: 4, 2 %, c'est arbitraire. Je vais être beaucoup moins
arbitraire. Je vais faire une proposition - ce qu'il vient de nous lire et qui
s'appuie sûrement sur des critères plus scientifiques que ceux
d'Hydro-Québec: Cela va être 3, 85 %. Lequel a raison? Lequel a la
logique la plus implacable? Je prétends, après avoir suivi le
débat avec HydroQuébec qui nous a donné une excellente
performance en commission parlementaire, qui nous a démontré noir
sur blanc la justesse de l'ensemble de ses hypothèses, que la logique
d'Hydro-Québec est sûrement pour le moins aussi implacable que
celle du ministre et que, si Hydro-Québec est capable de justifier ses
4, 2 % par des arguments de base, il n'est pas nécessairement
évident que le ministre soit capable de justifier ses 3, 85 % sur des
bases très scientifiques.
Toujours est-il que, pour en revenir au plan de développement
d'Hydro-Québec, les 4, 2 % représentent, pour les neuf derniers
mois de l'exercice financier 1988, parce que les états financiers
d'Hydro-Québec finissent au 31 décembre, 109 200 000 $ de plus
dans la cagnotte d'Hydro-Québec. Par contre, au 31 décembre,
Hydro-Québec a prévu verser au gouvernement du Québec 189
000 000 $ en dividendes. Donc, Hydro-Québec devra encore, au 31
décembre, en plus, si vous voulez, de verser les 109 000 000 $ qu'elle
aura retirés directement de la hausse des tarifs, s'amputer de 80 000
000 $ de plus pour rentrer dans les exigences du gouvernement du Québec
tel que prévu au plan.
Ceci nous amène à dire, à la limite, qu'il est tout
à fait évident que si le gouvernement du Québec n'exigeait
pas de dividendes à HydroQuébec la société pourrait
même aller vers une diminution des tarifs de l'ordre de 80 000 000 $,
c'est-à-dire presque 4 %. Il pourrait y avoir une diminution des tarifs
de presque 4 % sans pour autant affecter son rendement de 13, 5 % parce qu'elle
va avoir à verser 80 000 000 $ de plus au gouvernement du Québec
que ce qu'elle va retirer de l'augmentation de tarifs qui était
prévue par Hydro-Québec,
Ceci nous amène à conclure, M. le Président, que le
seul élément qui exerce actuellement des pressions à la
hausse sur les tarifs d'Hydro-Québec pour son exercice financier 1988,
c'est justement le gouvernement du Québec qui veut avoir des dividendes
pour combler ses coffres, pour remplir ses coffres, pour diminuer ses
déficits. Ceci est d'autant moins justifiable, à notre avis, que
déjà, avec les nouvelles normes comptables, le gouvernement du
Québec bénéficie de l'ensemble des bénéfices
d'Hydro-Québec, qu'il peut maintenant affecter à ses surplus
d'opération, sa colonne des plus, pour diminuer ainsi son
déficit. Alors, on prétend que le gouverne-
ment du Québec, actuellement, bénéficie
déjà assez largement, en termes comptables, des
bénéfices d'Hydro-Québec pour ne pas, en plus, sous une
forme déguisée de taxation au rendement, aller infliger aux
Québécois une nouvelle taxe qui va être de l'ordre de 109
200 000 $, d'ici au 31 décembre 1988.
Une autre chose qu'il faut prendre en considération - là
il s'agit vraiment d'un problème de comportement de
société - c'est qu'au moment où nous, comme gouvernement,
comme État, après avoir amené Hydro-Québec à
développer des programmes qui font en sorte que l'industrie, entre
autres, se modernise, change ses méthodes, change son bilan
énergétique pour acheter plus d'électricité... Le
ministre se réjouissait hier, par exemple, que dans le bilan
énergétique du Québec on ait maintenant 42 % provenant de
notre hydroélectricité. Alors, au moment où on a fait
cela, autant dans le domaine résidentiel que dans les entreprises, on a
habitué les Québécois à consommer notre
énergie, ce qui est tout à fait souhaitable. Mais on se retrouve
dans un contexte où, maintenant que les Québécois
consomment l'énergie qu'on produit, on va en augmenter le prix alors
que, sur le plan international, les prix du pétrole et du gaz naturel
ont plutôt tendance, sinon à se maintenir, du moins à aller
légèrement à la baisse. Alors, on est en train de
surtaxer, finalement, nos contribuables québécois, nos acheteurs
d'énergie québécois. Après les avoir
habitués à une consommation d'électricité, on en
augmente maintenant le prix, alors que s'ils étaient restés au
gaz naturel ou au pétrole ils pourraient probablement
bénéficier d'une baisse du prix de l'énergie. Cela ne se
vérifiera peut-être pas à long terme, mais cela se
vérifie probablement pour l'année 1988.
Dans l'argument du ministre, quand il nous parle de la courbe
d'inflation, en disant que le taux d'électricité doit suivre
l'inflation, si je regarde ce qui s'est passé depuis 1972-1973, je ne
dirais pas que c'est l'énergie, règle générale, qui
suit l'inflation, mais que c'est bien le comportement de l'énergie qui
régit le comportement de l'inflation. C'est différent. Si, par
exemple, le pétrole augmente, si le mazout augmente, si le charbon
augmente, si l'électricité augmente, on introduit une spirale
inflationniste qui va faire en sorte que tout le reste va augmenter. Les
consommateurs d'énergie vont avoir besoin de payer plus cher pour
produire. Alors vouloir, au Québec, axer ou orienter le prix de
l'électricité sur la courbe inflationniste, je pense que c'est
fausser le débat parce que c'est l'énergie, règle
générale, qui est à l'origine d'une hausse ou d'une baisse
de l'inflation et non pas le contraire. Ce n'est pas l'inflation qui
régit le coût de l'énergie.
Tout cela, M. le ministre et M. le Président, pour dire que notre
proposition en tant qu'Opposition officielle, c'est un taux de croissance
zéro pour 1988, car nous ne croyons pas que, dans le contexte actuel du
prix mondial de l'énergie, on puisse justifier une augmentation du prix
de l'énergie produite au Québec par et pour les
Québécois.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais rappeler aux
membres de la commission, parce que vous avez tous les deux fait des
interventions qui n'étaient à proprement parler ni des questions
ni des discussions avec Hydro-Québec, que notre mandat - je ne voudrais
pas qu'on le trafique indirectement - est d'étudier la proposition
tarifaire d'Hydro-Québec.
Je comprends que tout le monde a fait ses annonces et planté son
clou, mais il faudrait peut-être faire en sorte que vos annonces
mutuelles soient discutées maintenant, puisque c'est la proposition
tarifaire dont on doit discuter qui est l'objet principal de la commission.
Puisque c'est l'alternance...
M. Claveau: Me permettez-vous de finir, M. le
Président?
Le Président (M. Charbonneau): Vous n'aviez pas fini?
M. Claveau: J'ai une question à poser à
Hydro-Québec.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Charbonneau): Dépêchez-vous
à la poser.
M. Claveau: Qu'est-ce qu'elle en pense? (16 h 45)
Le Président (M. Charbonneau): Alors, sur ce...
M. Claveau: Comment Hydro-Québec réagit-elle
à cela?
Le Président (M. Charbonneau): À quoi, à la
vôtre ou aux deux?
M. Claveau: Aux deux. Bien, le ministre aurait pu poser la
question, mais il ne l'a pas posée. Je la pose pour les deux.
M. Ciaccia: Je n'ai pas suivi. Quelle question vous a-t-il
posée?
Le Président (M. Charbonneau): La question du
député d'Ungava est: Maintenant qu'Hydro-Québec
connaît la position du ministre et du critique de l'Opposition
officielle, comment réagit-elle aux deux propositions? Si j'ai bien
compris la question. Alors, M. Coulombe, c'est à vous la parole.
M. Coulombe: Alors, c'est toujours la même question: ce que
je pense des deux?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Charbonneau): Oui, c'est... M.
Ciaccia: Les propositions.
M. Coulombe: C'est cela. Écoutez, je pense qu'on a eu
amplement le temps dans le plan, dans les dernières années et
dans la dernière journée et demie, d'expliquer nos objectifs. Nos
objectifs, c'est un rendement sur le capital que les Québécois
ont accumulé à Hydro-Québec, un rendement qui soit
compatible avec n'importe quel rendement de n'importe quelle compagnie qui a ce
genre de capital. Je voudrais faire remarquer qu'on a affirmé
tantôt qu'on nous imputait l'idée que, l'an prochain, on pouvait
avoir un rendement de 13 %. Si vous regardez le plan comme il le faut, notre
objectif, avec les paramètres qu'on a présentés, c'est un
rendement de 7, 5 % qu'on prévoit en 1988, en 1989 c'est 7, 9 % et en
1990, 9, 9 %. Nous espérons atteindre graduellement un rendement sur le
capital de 13 % au début des années quatre-vingt-dix, avec le
souci de ne pas imposer aux consommateurs de choc tarifaire brusque pour dire:
Bon, là, cela n'a pas de bon sens de rester à 4 % ou 5 %, il faut
monter à 12 %, et augmenter les tarifs trop considérablement.
C'est pour cela que nous avions orienté autour de l'inflation
l'augmentation des tarifs. Alors, on a expliqué cette logique-là
qui nous conduisait graduellement, sans choc et normalement, à un
rendement qui nous permettait de faire face à toute situation nouvelle
qui se développe, qu'on le veuille ou non, même si on est
optimistes, tôt ou tard dans l'économie ou dans
l'environnement.
À partir de ces objectifs-là, nous avions proposé
une moyenne de 4, 2 %. Qu'on ait une moyenne, en fait, de 3, 85 % ou 3, 9 %,
c'est 0, 3 % de différence et cela donne, comme M. Ciaccia l'a dit,
environ 8 000 000 $ de moins. On parle de 8 000 000 $ sur 5 000 000 000 $ de
revenus. Cela ne nous vient même pas à l'idée de faire une
querelle à ce sujet-là. 8 000 000 $ sur 5 000 000 000 $, cela ne
vaut pas la peine d'en faire une querelle dans la mesure où, un peu
comme je disais ce matin pour le tarif domestique, la tempête du 14
juillet à Montréal l'an passé a coûté
à peu près 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ à Hydro en frais
supplémentaires spéciaux pour passer à travers ce
problème-là. Tout ce qu'on dit - c'est une remarque
générale - C'est que si, chaque année, on se dit "8 000
000 $ ou 10 000 000 $, on n'est pas à cela près", parce qu'on
fait 5 000 000 000 $, tantôt, on va faire 6 000 000 000 $ et on dira
qu'on n'est pas à 20 000 000 $ près, et on pense que, tôt
ou tard, on prépare l'avenir pou- que des chocs tarifaires plus grands
parviennent aux consommateurs, comme c'est arrivé dans les années
soixante-dix où il a fallu augmenter les tarifs de 20 %, 22 %,
même si l'inflation était à 14 % ou 15 %, C'est ce qu'on
veut éviter.
Donc, passer de 4, 2 % à 3, 9 %, je vous dis clairement, que cela
ne nous... En ce qui concerne la logique financière
d'Hydro-Québec en admettant que, de toute façon, c'est le
gouvernement qui décide à la fin, parce que c'est l'actionnaire
qui a la dernière décision, tenons cela pour acquis. En ce qui
concerne notre scénario financier et nos objectifs, il n'y a aucun
problème en ce qui nous concerne.
En ce qui concerne l'interfinancement, j'avoue qu'on est un petit peu
déçus, qu'on pense que l'interfinancement est un problème
réel qui va se poser, pas cette année, pas nécessairement
l'année prochaine, mais tôt ou tard et on pense que la structure
qui est là, évidemment, est meilleure que l'an passé parce
que, l'an passé, cela avait été un taux uniforme.
Là, au moins, on brise la glace, on traverse la barrière de la
réduction d'interfinancement d'une façon qu'on aurait
espéré un peu plus précise, mais enfin, au moins le
principe est accepté, comme le gouvernement l'avait accepté l'an
passé, au moins le principe est en action. Cela nous satisfait. Quand on
voit le tarif L, le tarif de la grande industrie, à 4, 2 % par rapport
à 3, 9 % au domestique, là, on va avoir des discussions un petit
peu orageuses avec la grande industrie, avec une augmentation de 4, 2 %.
Enfin, ce sont les remarques qu'on avait à faire sur la
recommandation du ministre au Conseil des ministres. Donc, globalement, il n'y
a aucun problème. Spécifiquement en termes d'interfinancement, on
aurait aimé que cela aille un peu plus loin mais, si les objectifs que
le gouvernement a poursuivis sont mieux respectés comme cela, on ne fera
pas de querelle là-dessus.
Quant à la croissance zéro, nous faisons une distinction
radicale entre les dividendes qui sont payés au gouvernement et
l'augmentation des tarifs d'électricité. On vous a donné
notre opinion personnelle, mais c'est strictement une opinion. Nous
considérons comme tout à fait normal que l'actionnaire ait un
rendement et la rente, dans ce domaine-là, s'appelle les dividendes dans
n'importe quelle compagnie. Nous trouvons cela tout à fait normal. Nous
avons trouvé normale la position des deux derniers gouvernements de
mettre en place un système de dividendes. Donc, cela ne nous
dérange pas. Il ne faudrait pas identifier le dividende
nécessairement aux profits. Si on fait le raisonnement de dire que le
gouvernement n'a qu'à ne pas avoir de dividendes et on ne perd pas les
profits, c'est un cercle vicieux qui va nous conduire à retomber en bas
de nos critères financiers.
Ce que je peux vous dire, c'est que si, par exemple, il n'y avait pas
d'augmentation tarifaire en 1988, non seulement on n'aurait pas un rendement
sur l'avoir propre de 7 %, mais le rendement baisserait à 5, 9 %. Si
vous faites cela une deuxième année, il baissera à 3, 8 %.
Si vous faites cela une troisième année, il baissera à 3,
2 %. Ce qui, à notre avis, serait complètement - je cherche
l'adjectif - dangereux, parce
que cela nous mettrait trop proche du zéro de rendement. Je pense
qu'à n'importe quel aléa qui surviendrait Hydro-Québec
serait obligée de se retourner vers le gouvernement et de dire: On est
tellement proches du zéro de rendement, pouvez-vous augmenter les
tarifs, au lieu de suivre l'inflation, de deux fois, trois fois l'inflation,
pour reconstituer une marge de manoeuvre qui aurait disparu en
fumée?
C'est la base de notre argumentation. De toute façon, il n'y
aurait plus de problème de dividendes, parce qu'il n'y en aurait plus
après non plus. Et les dividendes et le rendement s'effaceraient avec
des zéros d'augmentation pour une raison très simple:
Hydro-Québec est une compagnie en croissance, elle a des dépenses
supplémentaires. On a eu une discussion ce matin sur les dépenses
qui, à cause de certains phénomènes, augmentent depuis
deux ans plus rapidement que depuis les cinq dernières années.
Mais on veut se limiter à l'inflation, comme moyenne. Quelquefois, cela
peut être en haut de l'inflation, quelquefois, cela va être en bas.
Comme moyenne, on pense que c'est logique de penser à cela, avec la
croissance de clientèle qu'on a, la croissance de la qualité du
service qu'on veut mettre. On pense que c'est normal. S'il n'y avait pas un
revenu équivalent, je pense qu'on s'en irait dans un cul-de-sac. C'est
l'opinion que j'ai, a priori, sur les deux propositions.
Le Président (M. Charbonneau): Je vais suspendre
quelques...
Est-ce que vous avez d'autres questions?
M. Claveau: J'avais une autre question.
Le Président (M. Charbonneau): Allons-y. Une autre
question et, après cela, M. le député de Lévis.
M. Claveau: M. le Président. Dans le mémoire sur la
tarification déposé pour 1988 au tableau 6, page 14, on voit
très bien que les revenus additionnels découlant de la hausse de
tarifs de mai à décembre 1988, le total des revenus provenant des
ventes régulières au Québec, sont de 109 200 000 $.
D'accord? Par contre, on voit aussi, à la page 122 du plan de
développement, dans la colonne de 1988: Dividendes susceptibles
d'être déclarés - donc qui font partie des dépenses
- 189 000 000 $. Si vous n'avez pas de dividendes à verser ou si le
gouvernement, au lieu de prendre cet argent dans les poches
d'Hydro-Québec, va le prendre par le biais de la taxation, cela vous
fait 189 000 000 $ de moins à verser, versus les 109 000 000 $ que
l'augmentation des tarifs va vous donner. En quoi cela peut-il affecter votre
taux de rendement, s'il n'y a pas d'augmentation des tarifs, à ce
moment-là?
M. Coulombe: Parce que les dividendes qu'on verse, c'est dans le
"cash" qu'on verse au gouvernement. Évidemment, cela augmente nos
besoins d'emprunt et ainsi de suite. Je suis d'accord avec vous. Sur le plan du
rendement, c'est calculé de telle sorte que ces dividendes sont compris
dans le bénéfice net. Le rendement est calculé sur le
bénéfice net. On calcule cela avant paiement des dividendes. Le
dividende a de l'impact sur la situation de caisse de l'entreprise, il n'a pas
d'impact sur les tarifs. Le rendement est calculé avant les dividendes.
Donc, le rendement est calculé sur 508 000 000 $ ou 589 000 000 $ comme,
l'an prochain, ce sera calculé. C'est comme cela que, normalement, on
calcule un rendement. Après, intervient la situation de "cash flow" de
l'entreprise. On débourse 189 000 000 $. Cela a de l'influence sur nos
emprunts, sur notre situation de caisse et ainsi de suite.
D'ailleurs, je dois vous dire aussi que, lorsque ce matin... Le ministre
de l'Énergie et des Ressources, juste à la dernière
seconde; m'a posé une question sur l'opinion des financiers un peu
partout. C'est évident que - et vous avez lu l'article de The Gazette
de samedi, je pense, où on en parlait abondamment - la
stratégie qu'ils reconnaissent lorsqu'ils nous accueillent et nous
favorisent de leurs attentions est une stratégie assez précise.
C'est évident qu'eux autres veulent se faire une piastre en nous
prêtant de l'argent. On est d'accord avec cela, mais il ne faut pas
oublier que la stratégie qu'on leur présente, c'est que le
rendement d'Hydro-Québec n'est pas suffisant et que notre intention -
ceci, en accord avec le gouvernement, avec notre actionnaire - c'est
d'augmenter ce rendement-là.
Cela, c'est la position et vous avez tous nos financiers externes et
notre thèse fondamentale. On dit: Écoutez, ne vous énervez
pas parce qu'ils se sont énervés quand ils nous ont vus arriver
à 4 % de rendement, en 1984-1985, puis qu'on augmentait les tarifs
seulement au niveau de l'inflation ou à peu près. Là, il y
en a qui commençaient à être un petit peu nerveux. On leur
a dit: écoutez, la stratégie est claire; on traverse, comme
n'importe quelle compagnie (que cela soit General Motors et ainsi de suite),
une mauvaise période, on va passer au travers, on coupe les
dépenses, puis on va augmenter notre rendement. On va l'augmenter
régulièrement. On n'ira pas demander des augmentations de tarifs
faramineuses pour nuire au développement économique. On va
augmenter graduellement, année après année, et notre
rendement va augmenter.
Cela, c'est la situation d'une entreprise qui se redresse et qui, dans
les milieux financiers, en termes d'emprunts, parle et dit quelque chose de
très clair à ces financiers. Et nous trouverions regrettable de
nous installer sur une pente qui signifierait une diminution du rendement parce
que, tôt ou tard, il faudrait que cette diminution de rendement soit
compensée par des augmentations brusques de tarifs.
Comme je vous le dis, le rendement est calculé avant les
dividendes, comme, normalement, cela doit se faire, parce que le dividende a de
l'impact, je le répète, sur la situation de caisse de
l'entreprise. Cela nous oblige à sortir plus d'argent; c'est vrai. Cela
nous oblige à faire des emprunts et ainsi de suite. Bien, c'est cela un
dividende! Surtout nous, on autofinance à peu près 40 % de nos
dépenses; donc, le reste, ce sont des emprunts.
Mais sur le rendement tel que calculé de façon normale, il
faut faire une distinction entre les deux phénomènes. Et c'est
pour cela que je vous dis: II y a une croissance zéro. D'abord,
l'année prochaine, on n'a pas 13 % de rendement, on a strictement...
Une voix: 5.
M. Coulombe:... 7% et quelque. Et, comme je vous le dis, si nous
avions une augmentation zéro, le rendement serait de 5, 9 %.
Une voix: Alors qu'il était de 7 %.
M. Coulombe: Alors qu'il était de 7 % en 1987, c'est
cela.
Alors vous avez raison mathématiquement. Mathématiquement,
c'est évident que, pour un an, de donner une croissance zéro.
Probablement que ce n'est pas marqué dans l'Évangile ou nulle
part que ce serait une tragédie du siècle mais, ce qu'on pense,
c'est que cela va retarder le moment où il faudra avoir des
augmentations plus compatibles avec un taux de rendement qui justifie notre
dette, qui justifie les emprunts qu'on va faire dans les prochaines
années pour développer notre richesse naturelle. On pense que
c'est absolument essentiel d'avoir ce taux de rendement sur les actifs, sur le
capital utilisé d'Hydro-Québec parce que, du capital, on va en
avoir drôlement besoin dans les prochaines années.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont.
M. Théorêt: Oui, M. le Président. Tout
d'abord, une chose pour corriger une affirmation qui, je pense, est tout
à fait erronée dans l'intervention du député
d'Ungava.
Vous vous rappellerez, M. le Président, que, dès le
début de sa réplique, le député d'Ungava a dit
qu'il trouvait, dans le bilan d'Hydro-Québec, un nouveau poste: celui
des dividendes à payer au gouvernement.
Alors, M. le Président, soit que le député d'Ungava
a la mémoire courte, et j'aimerais la lui rafraîchir en lui
rappelant que c'est en 1981 que la Loi sur Hydro-Québec a
été modifiée afin, notamment, d'y introduire le
mécanisme de la déclaration des dividendes. Cette proposition
avait été faite, justement, par son futur chef à compter
de samedi, M. Jacques Parizeau. Qui plus est, M. le Président, cette
loi, présentée par l'ancien gouvernement, lui avait permis de
retirer, en quatre ans seulement, 230 000 000 $ en dividendes, dont 156 000 000
$ seulement en 1984.
(17 heures)
Alors, vous comprendrez qu'il est un peu aberrant de voir, aujourd'hui,
le député d'Ungava, se dire scandalisé par le fait que le
ministre de l'Énergie et des Ressources demande à
Hydro-Québec de ramener sa demande d'augmentation de tarifs de 4, 9 %
à 3, 9 %. Également, de 1976 à 1985, cet ancien
gouvernement avait permis des augmentations de tarifs à
HydroQuébec pour le secteur domestique d'une moyenne de 10, 3 %, M. le
Président, avec des hausses records de 17 %, en 1978, et de 17, 5 %, en
1982. Je pense que les propos du député d'Ungava,
dénonçant cette augmentation quand même modeste et
réaliste, qui répond aux besoins d'Hydro-Québec et aux
besoins des consommateurs, sont tout à fait incrédibles. Je
demanderais au député d'Ungava, M. le Président, de
regarder les données de son ancien gouvernement et du nôtre et il
verra que nous, en 1986, 1987 et 1988, l'augmentation que le gouvernement a
autorisée à Hydro-Québec est d'une moyenne d'environ 4 %.
Vous comprendrez que c'est d'autant plus réaliste et raisonnable et que
le député d'Ungava ne devrait sûrement pas se scandaliser
mais féliciter le gouvernement de ses recommandations.
M. Claveau: Le pétrole a augmenté de 33 % dans
l'année de votre réforme.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, cela va?
Une voix: M. Ciaccia.
Le Président (M. Charbonneau): Non, non. L'alternance.
Vous venez après. C'est au député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Merci, M. le Président. Je pense
qu'il faut prendre conscience que ce n'est pas juste une question de dire, d'un
côté, que le gouvernement veut essayer d'avoir le maximum
d'augmentation et, d'un autre côté, que l'opposition veut abolir
à tout prix pour bien paraître. Je pense que, si on veut
être une opposition responsable, il faut être capable de justifier
ce qu'on apporte. Ce que mon collègue, le député d'Ungava,
dit est tout à fait justifié à partir de deux ou trois
prémisses importantes. D'abord, Hydro-Québec nous a
démontré, depuis hier, qu'elle a besoin de se dégager une
marge de manoeuvre. Hydro-Québec a atteint ou atteindra cette
année, en 1988, trois ratios financiers importants, c'est-à-dire
le taux de couverture des intérêts, celui de l'autofinancement et
celui du taux de capitalisation, qui atteint finalement le seuil des 25 %.
Donc, la
récupération, au cours des dernières années,
s'est faite par un ensemble de gestes qui ont été posés
par Hydro-Québec. Arrive 1988 où HydroQuébec se retrouve
dans une bonne situation. La marge de manoeuvre dont Hydro-Québec a
besoin, ce sont ses bénéfices lorsqu'Hydro-Québec va
envoyer 189 000 000 $, entre guillemets. Ces 189 000 000 $ s'en vont dans les
poches du gouvernement en "cash", comme vous l'avez dit, M. le
président. Ils ne feront pas partie de la marge de manoeuvre. Ce qui va
faire partie de la marge de manoeuvre, ce seront les 583 000 000 $ moins les
189 000 000 $ que vous envoyez. Finalement, c'est ce qui va vous rester.
Ce que nous disons, c'est que, même si on prend l'hypothèse
qu'il n'y a aucune augmentation pour cette année - pas
l'hypothèse de dire pour les prochaines années parce que cela n'a
pas de sens de s'en aller sans augmentation, mais cette année - cela
vous laisse toujours une marge de manoeuvre de plus de 400 000 000 $; vous
serez d'accord avec cela. Ce que cela fait au gouvernement, c'est que cela fera
une différence entre ses 189 000 000 $ moins 109 000 000 $, environ, et
il restera toujours quelque part 80 000 000 $, si tout se réalise dans
le même scénario. Cela fera des dividendes de l'ordre de 80 000
000 $, ce qui est encore respectable.
Cette année, c'est important parce qu'il y a comme un temps
d'arrêt à cause de la récupération qui s'est
passée, à cause de la compétitivité sur le
marché. On nous a démontré qu'on fait face à des
concurrents dans d'autres domaines d'énergie, que ce soit le gaz ou
autre, et je pense que l'ensemble des Québécois a le droit
d'avoir, cette année, une espèce de souffle qui permettrait de ne
pas avoir cette augmentation de 4, 2 % ou 3, 9 %. Quand le ministre de
l'Énergie et des Ressources nous dit: Je fais une contre-proposition
à 3, 9 % contre les 4, 2 %, je comprends le président
d'Hydro-Québec qui dit: Écoutez, cela ne nous dérange pas.
On ne se chicanera pas pour 8 000 000 $. Je pense que le ministre a
essayé de bien paraître, mais je pense que ce n'est pas
sérieux de dire qu'on va proposer 3, 9 % contre 4, 2 %. Je pense que, si
on veut être sérieux cette année, si on veut donner
à l'ensemble des Québécois la chance que leur facture
énergétique soit beaucoup plus cadrée par rapport à
l'ensemble...
Il ne faut pas oublier qu'au cours des dernières années,
dans la politique globale d'Hydro-Québec, on a forcé ou on a
orienté et dirigé les Québécois - on a de plus en
plus de nouveaux adeptes de l'électricité - en leur disant...
Écoutez, si, moi, en tant que Québécois, il y a deux,
trois ou quatre ans, j'ai changé du gaz, de l'huile à chauffage
pour aller à l'électricité, c'est parce qu'on faisait de
la publicité et c'est parce qu'il y avait une stratégie
gouvernementale pour qu'on utilise l'hydroélectricité.
Aujourd'hui, les Québécois qui ont fait ce choix sont en droit de
se dire: On est en train de se faire jouer un moyen tour.
L'électricité continue à monter et le prix du gaz ou du
baril de pétrole continue à descendre ou à se stabiliser.
Je pense qu'il y a seulement un équilibre à faire cette
année.
Troisièmement, la marge de manoeuvre du gouvernement. La
façon dont je la vois, dans les 583 000 000 $, vous conviendrez que 583
000 000 $ de bénéfices prévus, c'est un seuil, je pense,
minimal parce que l'expérience a montré, en tout cas depuis les
trois dernières années que je suis là, que vous êtes
très prudents, ce qui est correct quand on fait des prévisions
budgétaires. Sauf que, dans les 583 000 000 $ de
bénéfices, vous fonctionnez avec un prix, concernant le prix du
baril de pétrole, de 19 $, quand on sait que cela risque d'être
quelque peu différent; c'est différent au moment où on se
parle et cela peut jouer.
Pour la question du taux d'intérêt, c'est la même
chose, il y a une marge de manoeuvre. Seulement 1 % de variation du taux
d'intérêt, on sait que c'est 21 000 000 $ que l'on pourra
escompter. En fait, on peut voir rapidement que la marge de manoeuvre, pour
chaque 1 % ou chaque 0, 01 $ au niveau du taux de change produit 10 000 000 $.
Alors, vous avez une marge de manoeuvre, je pense, très réaliste
qui doit se situer quelque part entre 75 000 000 $ et 100 000 000 $.
Si les bénéfices d'Hydro-Québec étaient de
façon que, cette année, vous n'atteigniez pas encore des
critères sur le rendement, des critères qui n'avaient pas
été atteints - ces dernières années, je pense que
la situation était différente - et que vous n'envisagiez pas, ou
très peu, de verser des dividendes au gouvernement, je dirais que je
pense qu'il faut y aller avec une augmentation minimale si ce n'est que sur le
principe.
Mais étant donné qu'il y a trois des principaux
critères - vous le définissez dans votre plan à la page
120 - satisfaits en fonction de cela - et on sait que tout cela est basé
sur des chiffres vraiment minimaux - tout ce que cela fera, c'est un peu moins
d'argent dans les poches du gouvernement. Les poches du gouvernement,
finalement, ce sont les poches des contribuables. Dans le fond, l'augmentation
de cette année est plus que jamais une taxe déguisée. Je
pense que, pour terminer, l'ensemble des Québécois a le droit, au
nom de l'équité par rapport à ce qui se passe au niveau
énergétique dans les autres domaines, d'avoir ce que j'appelle un
souffle et qu'on leur donne la chance, finalement, de garder le statu quo.
Voilà!
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. M. Coulombe.
M. Coulombe: Juste un point sur la question des dividendes. Je
pense que c'est un débat qui doit avoir lieu entre les hommes et les
femmes politiques; donc, je n'ai pas un mot à dire là-
dessus. Sur la question de l'augmentation des tarifs, vous parlez de
répit. Une de nos stratégies est justement d'avoir des hausses
normales et sans choc. C'est le grand avantage de
l'hydroélectricité. Vous parlez d'une autre forme
d'énergie, pour ne pas la nommer; j'ai ici les augmentations tarifaires
de cette autre forme d'énergie qui - M. le député d'Ungava
a rai- son - fluctuent en fonction de critères qui n'ont rien à
voir avec les coûts de production. En 1978 et 1979, il n'y en a pas eu,
cela va bien; en 1980, 23 % d'augmentation; en 1981, 9, 9 %; en 1982, 29 %; en
1983, 4, 8 %; en 1984, 3, 3 %; en 1985, moins 0, 3 %; en 1986, 1, 9 %; en 1987,
3, 2 %; et, en 1988, aux alentours de 5 %. Cela a varié de 30 % à
0 %. Le grand avantage de l'hydroélectricité, c'est
d'éviter de fixer ces prix en fonction de sources qui n'ont à
rien à voir avec l'économie: des raisons de guerre au
Moyen-Orient, des raisons de ceci, des raisons de cela. On est à l'abri
de cela et je pense que c'est un des grands avantages comparatifs. Si on ne
veut pas se retrouver dans la même position de dire: À un moment
donné, on va mettre 0 %, à un autre moment, on va mettre 10 % ou
8 %, etc., où le planning des grandes entreprises, d'une part, et le
planning personnel aussi des individus... Ils ne sauront jamais si leur facture
énergétique va bondir ou va redescendre. Il y a des avantages
à avoir un zéro, à un moment donné. C'est
merveilleux pour tout le monde mais, tôt ou tard, ce
zéro-là va se traduire par.... Parce que les coûts sont
inéluctables. Mais nos coûts sont en fonction de variables connues
au Québec. Évidemment, on est influencés par
l'économie mondiale et tout cela, je suis d'accord, mais, ce que je veux
dire c'est que nos coûts fondamentaux se situent dans le cadre de
l'économie du Québec. Alors, c'est ce qu'on veut éviter,
et je ne pense pas qu'il faille, justement, un peu mettre de côté
le grand avantage comparatif que représente
l'hydroélectricité pour prendre une formule de "pricing" qui
ressemble à des formes d'énergie qui n'ont rien à voir
avec le Québec. Au contraire.
Le Président (M. Charbonneau): Oui, merci, M. le
président.
M. Coulombe: Maintenant, je voudrais seulement... Sur ces
derniers chiffres-là, je ne peux pas résister à la
tentation, ici, pour d'autres raisons... Les chiffres que je viens de vous
donner et la moyenne générale, c'est au Québec. J'aimerais
recommencer pour le tarif résidentiel en fonction de cette demande
générale. En 1980, j'ai dit 23 %, le résidentiel
était à 19 %, il était plus bas. 9 % en 1981, le
résidentiel était à 10, 7 %, donc plus haut. 1982: 29 %,
23 %. En 1985, 4, 8 %, le résidentiel est plus haut, il est à 6
%, et ainsi de suite. Alors, cela a été en dents de scie
continuellement, la relation entre la hausse générale et la
hausse du résidentiel. Parfois c'était beaucoup plus haut,
parfois c'était beaucoup plus bas.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre.
M. Ciaccia: Oui, c'est toujours facile de dire qu'on ne devrait
pas augmenter, mais il faut regarder les responsabilités envers le
consommateur en n'augmentant pas non seulement on n'aide pas le consommateur,
mais on peut causer de sérieux problèmes non seulement au
consommateur, mais à Hydro-Québec.
Le président d'Hydro-Québec vient de donner des
augmentations qui ont eu lieu dans d'autres formes d'énergie. Pour
l'électricité au Québec, en 1978, il y a eu une
augmentation de 17 % pour le tarif domestique; en 1979, 13 %; en 1981, 11 %; en
1982, 17 %. Ce sont des augmentations très brusques, très
radicales. C'est difficile, pour un consommateur, de subir des chocs
d'augmentation de ce genre et c'est pour cette raison qu'on va recommander les
tarifs que je vous ai mentionnés. Et ce n'est pas tout à fait
exact de dire que cela va de 4, 2 % à 3, 9 %. Cela va de 4, 9 % à
3, 9 % pour le petit consommateur.
Je sais que, pour la question de l'inter-financement, le
président d'Hydro-Québec aurait préféré
peut-être qu'on ait de plus grands écarts. Ce que je pourrais lui
dire, c'est qu'on peut continuer d'examiner cela, c'est un principe qui, je
crois, a été accepté au Conseil des ministres; on peut
continuer d'examiner des formules et peut-être même, l'année
prochaine, une année où il y a des prévisions de
dividendes, qu'on pourrait faire un autre ajustement. Mais, pour cette
année, nous avons jugé, tout en tenant compte des besoins
financiers d'Hydro-Québec, que l'augmentation pour le tarif domestique
de 3, 9 % serait convenable. (17 h 15)
II faut aussi rappeler à l'Opposition que le niveau de
facturation du tarif domestique est parmi les plus bas en Amérique du
Nord. Dans les villes canadiennes telles qu'Edmonton, Vancouver, Toronto, les
prix sont supérieurs de 20 % à 25 %; à Halifax, la facture
est de 66 % plus élevée, sans mentionner, naturellement, les
villes américaines. Et quand un taux de croissance selon l'inflation
signifie, sur une base réelle, une croissance nulle, si on donne un taux
de croissance en bas du taux de l'inflation, c'est vraiment une
réduction qu'on a donnée au petit consommateur, non seulement du
taux d'inflation, mais du coût réel, tout en respectant les
exigences du taux d'Hydro-Québec, de la planification à long
terme et du taux de rendement. Vous avez mentionné, M. Coulombe, que 4,
2 %, cela vous donnait 7, 4 % sur le taux de rendement. À 3, 9 %, je
pense que c'est à peu près... Les chiffres que j'ai sont de 7, 3
% sur le taux de rendement.
M. Coulombe: Oui.
M. Ciaccia: Mais c'est le principe d'améliorer le taux de
rendement, parce qu'à un moment donné, le taux de rendement
d'Hydro-Québec était de 15 %; 11 %; 12 %. Votre objectif est de
retourner à 13 %. Je pense que la question vous a été
posée et je pense que vous allez clarifier que l'augmentation n'est pas
nécessairement liée aux dividendes.
M. Coulombe: Ce qu'on peut vous dire, c'est que nous aurions le
même objectif des 13 % de rendement, qu'il y ait une politique des
dividendes ou non. Dans notre esprit, c'est un problème qui est
différent. Évidemment, c'est dur à comprendre pour
quelqu'un qui regarde son compte d'électricité et qui dit:
le gouvernement a tant et ainsi de suite. Mais, dans notre esprit, ce sont deux
phénomènes différents qui répondent à des
objectifs différents. De toute façon, en ce qui nous concerne,
les dividendes sont décidés par le gouvernement. Il y a une loi
et il y a eu deux gouvernements qui ont dit: On veut des dividendes. On trouve
cela tout à fait normal.
M. Ciaccia: Pour préciser davantage et pour faire mieux
comprendre, par exemple, si le gouvernement précédent n'avait pas
adopté la loi sur les dividendes, supposons qu'aucun dividende ne serait
payable par Hydro-Québec, est-ce que vous chercheriez cette même
façon d'avoir un taux de rendement? Pour arriver à un taux de
rendement de 7, 44 % quelle augmentation auriez-vous demandée? 4, 2
%?
M. Coulombe: Je pense qu'on aurait demandé exactement la
même chose parce que, comme je viens de vous le dire, le taux de
rendement est calculé avant les dividendes. Je ne dis pas qu'il n'y a
pas d'interaction, mais il ne faut pas exagérer non plus parce si on
sort 200 000 000 $, 300 000 000 $ ou 400 000 000 $ comptant, à un moment
donné, cela va augmenter nos emprunts, nos taux d'intérêts,
nos dépenses et ainsi de suite. Mais en tant que tel, on aurait la
même stratégie. D'ailleurs, la loi date de quand?
M. Ciaccia: De 1983, je crois. Les premiers dividendes que vous
avez payés, c'était en 1983.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Ciaccia: D'accord. En 1981: 7 000 000 $; en 1982: 7 000 000 $;
en 1983: 60 000 000 $ et en 1984: 156 000 000 $.
M. Coulombe: C'est cela.
M. Ciaccia: Pour montrer que, par exemple, on ne peut pas faire
le lien entre les profits d'Hydro-Québec et les dividendes, en 1983,
votre profit, le bénéfice net était de 707 000 000 $ et le
dividende n'était que de 60 000 000 $, tandis qu'en 1984, le
bénéfice net était de 300 000 000 $ mais le dividende
était de 156 000 000 $. Je pense que vous devriez prendre... Le
raisonnement que l'Opposition a utilisé...
M. Coulombe: La détermination du dividende,
peut-être pas le paiement parce que le gouvernement n'est pas
obligé de prendre le dividende, mais la détermination du montant
du dividende obéit à une règle qui est dans la loi, donc,
qui n'est pas due au caprice et qui peut, selon certaines hypothèses que
vous faites, vous donner les résultats les plus étranges. On l'a
vu: 700 000 000 $ et 7 000 000 $ de dividendes; 400 000 000 $ et 150 000 000 $
de dividendes. Selon certaines combinaisons que vous pouvez faire sur le taux
de capitalisation, sur le taux de change et ainsi de suite, cela peut vous
donner des résultats extrêmement bizarres. Donc, la formule des
dividendes a été conçue dans une perspective qui ne se
voit pas aujourd'hui en termes économiques, mais c'est un autre
problème.
M. Ciaccia: Parce que, même en 1986, vous aviez le
même bénéfice net qu'en 1984 et même 2 000 000 $ de
plus, soit 303 000 000 $, mais il n'y avait aucun dividende parce que tous les
autres critères n'étaient pas respectés.
M. Coulombe: C'est exact.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
d'Ungava, je vous signale qu'il reste dix minutes pour la discussion sur les
tarifs. Il est 17 h 20 et cela finit à 17 h 30. Après, la
demi-heure qui reste est pour vos remarques finales, à moins que vous ne
me disiez que vous n'en avez pas.
Vous en avez?
M. Claveau: Elles vont être brèves.
Le Président (M. Charbonneau): Et vous aussi?
M. Claveau: Elles vont être brèves.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, organisez-vous.
M. Claveau: M. le Président, je conviens de tout ce qui
est dit là, d'accord? Que le rendement soit calculé avant le
bénéfice net et que le dividende n'affecte pas le taux de
rendement va, en termes strictement de modèle mathématique. Je
pense que ce n'est pas discutable, sauf qu'on peut faire dire à peu
près ce qu'on veut aux chiffres, selon la colonne dans laquelle on les
met. À preuve, M. le Président, vous avez entendu ce que le
ministre vient de dire. Bien moi, je vais reprendre son discours du 18
décembre 1981 au moment du débat sur la Loi 16, à la page
1772. Il disait, en parlant du ministre d'alors: "Le ministre voudrait nous
faire
croire - l'arithmétique du ministre est incroyable -
M. Ciaccia: Je ne l'avais pas dit de même, par exemple.
M. Claveau: C'est exactement ce qu'il y a d'écrit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ciaccia: Mais pas avec ce ton de voix.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Donc: "Le ministre voudrait nous faire croire qu'on
va payer des dividendes au gouvernement pour éponger les dettes du
gouvernement et que cela n'augmentera pas les tarifs. D'où cet argent
va-t-il venir? Comment le gouvernement peut-il prendre des dividendes sans
augmenter les tarifs? Voilà le vrai fond de la loi 16". Son
collègue, actuel ministre délégué à la
Privatisation, disait: "Qu'il est un moyen détourné d'imposer de
nouvelles taxes aux contribuables du Québec".
Le ministre essaie de nous faire accroire maintenant que l'augmentation
des tarifs n'a absolument rien à voir avec les dividendes, parce que
Hydro-Québec a besoin d'un taux de rendement et ce taux de
rendement-là se calcule avant les dividendes. Donc, nous, on n'a rien
à voir avec cela. On pourrait laisser Hydro-Québec capitaliser
l'ensemble de ses bénéfices, mais, au contraire, on va en retirer
un certain nombre de profits pour les injecter dans les coffres de
l'État sous forme de dividendes. Le ministre a complètement
changé son discours: la preuve qu'on peut faire dire aux chiffres ce
qu'on veut.
Il y a une chose que le consommateur québécois sait et
retient. Et vous tombez bien mal, à part de cela, pour lui demander des
augmentations, parce qu'on a eu un hiver drôlement froid et les pauvres
gens qui ne sont pas trop bien logés savent bien que cela a
coûté cher d'électricité cet hiver. Vous irez voir
leurs factures. Ce ne sont pas tous des gens qui vivent dans des maisons de 100
000 $ et plus qui paient leur électricité au Québec. Ils
savent une chose, ils savent qu'Hydro-Québec fait des
bénéfices; qu'Hydro-Québec prévoit des
bénéfices - qu'elle a droit de prévoir, probablement -
mais qu'il y a une partie de ces bénéfices qui ne serviront pas
à Hydro-Québec pour réinvestir dans l'entreprise, pour
améliorer des services, pour développer de nouvelles technologies
ou pour faire quoi que ce soit; qu'il y a une partie de ces
bénéfices qui vont revenir au gouvernement sous forme de
dividendes, appelons cela comme on le voudra, pour venir diminuer la dette du
gouvernement, pour venir, sous forme d'une taxe... J'en conviens,
c'était la même chose en 1981 mais, là, on avait raison de
dire que c'était une taxe, sauf qu'il faut voir le contexte dans lequel
c'était pris. Peut-être que le contexte de 1981 se justifiait plus
que le contexte d'aujourd'hui, par exemple. C'était une période
de crise économique où ce n'était pas
particulièrement facile, alors qu'aujourd'hui, tout le monde se flatte
la bedaine en disant que cela va bien. Si cela va bien, c'est parce qu'il y a
eu des décisions qui ont été prises antérieurement,
en 1985, et qui ont permis que cela aille bien aujourd'hui. Cela, on pourrait
s'en reparler longtemps. Cela ne change pas du jour au lendemain, des
données économiques. On le voit. On est en train de
prévoir un taux de rendement de 13 % pour 1995. Il faut commencer
à le bâtir tout de suite.
Une voix: 100 000 jobs, d'abord.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre!
M. Claveau: Et combien de perdus?
Une voix: 17 % de chômage.
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre!
M. Claveau: Combien de perdus? Tout cela pour dire que
finalement, ce que le consommateur va retenir, c'est que, jusqu'au 31
décembre 1988, il va avoir une augmentation de son compte
d'électricité de 109 200 000 $, il va payer plus cher et le
gouvernement, lui, va en encaisser 189 000 000 $. C'est cela que le
contribuable retient, peu importe où on le met dans la colonne des
chiffres, et c'est cela que nous dénonçons aussi, le fait que,
sous prétexte qu'on a besoin d'une augmentation de capitalisation ou
quoi que ce soit, c'est probablement justifié pour Hydro-Québec,
j'en conviens, mais Hydro-Québec est d'abord et avant tout, de par sa
charte d'incorporation, une société qui a comme raison
d'être de fournir un service d'électricité aux
Québécois au coût le plus raisonnable possible et qui a
comme actionnaire le gouvernement du Québec, donc, l'ensemble des
Québécois, d'où l'opportunité,
éventuellement, d'un large débat public sur la question
énergétique au Québec pour savoir où on va avec
tout cela.
C'est ce qu'on va retenir: le fait que l'ensemble de l'augmentation, et
même plus, va servir à satisfaire la soif de capital que le
gouvernement a actuellement pour montrer des états financiers plus
équilibrés, semble-t-il. C'est à cela que nous nous
opposons et c'est pour cela que nous croyons que, dans un contexte
raisonnablement bien équilibré, dans un contexte
économique qui est loin d'être mauvais et où les
prévisions d'Hydro-Québec, si on se fie aux prévisions de
1987, 1986 et 1985, peuvent laisser croire qu'elles sont suffisamment
conservatrices pour dégager une bonne marge de bénéfices,
eh bien, dans ce contexte-là, nous nous opposons à une
augmentation des tarifs. C'est tout.
Le Président (M. Charbonneau): M. le député
de Vimont.
M. Théorêt: Oui, M. le Président, je veux
seulement porter à votre attention le double langage des
représentants de l'Opposition. Le député de Bertrand
disait tantôt: Écoutez, HydroQuébec fait 583 000 000 $ de
profits et paie des dividendes, il faudrait laisser souffler les consommateurs
pour ne pas avoir d'augmentation de tarifs. Le député d'Ungava
dit: Cela n'a pas de bon sens, il y a des pauvres familles qui vont souffrir de
cela, une augmentation de 3, 9 %. Mais où était le
député d'Ungava lorsqu'en 1983...
M. Claveau: Mineur.
M. Théorêt:... Hydro-Québec.
M. Claveau:... salarié syndiqué travaillant
à la mine.
M. Théorêt: Peut-être que vous étiez
à votre place. Vous auriez dû dénoncer cela lorsque
Hydro-Québec, avec des profits déclarés de 707 000 000 $,
payait 60 000 000 $ de dividendes et que votre gouvernement, l'ancien
gouvernement, approuvait quand même des augmentations de tarifs de 7, 3
%. Aujourd'hui, vous venez nous faire accroire, vous voulez faire accroire
à la population que vous êtes scandalisé des profits
moindres déclarés par Hydro-Québec qu'en 1983 - au-dessus
de 100 000 000 $ de moins - et que le gouvernement, par l'entremise du ministre
de l'Énergie, recommande une augmentation de 3, 9 %. Ah non! cela n'a
aucune logique et aucun sens et je pense que la population va voir clair dans
votre intervention.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, sur cette
réponse, M. le député de Bertrand, il ne reste plus
beaucoup de temps.
M. Parent (Bertrand): II reste deux ou trois minutes sur le
sujet.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va vous suffire?
M. Parent (Bertrand): Oui.
Le Président (M. Charbonneau): D'accord.
M. Parent (Bertrand): Cela va me suffire pour faire un
commentaire par rapport à ce qu'a dit mon collègue, le
député de Vimont, et un commentaire aussi sur
Hydro-Québec. Premièrement, en 1979, 1980 et 1981, le taux de
l'inflation était effectivement quelque peu différent et le prix
du baril de pétrole était aussi passablement plus
élevé. À Hydro-Québec, effectivement, vous avez
mentionné tantôt 7, 54 % de rendement sur l'avoir, c'est ce que
nous prévoyons en 1988. Si on prend les chiffres du ministre, c'est 7 %
à peu près et si on considère qu'il n'y a pas
d'augmentation, on parle d'un taux de rendement qui serait probablement de
l'ordre d'à peu près 4 %, chiffre arrondi.
Moi, ce que je vous dis, M. le Président, c'est qu'en 1986, vous
aviez prévu faire un bénéfice net de 133 000 000 $; vous
avez fait un bénéfice net de 303 000 000 $, soit 45 %
d'augmentation. C'est normal par rapport à la prévision et par
rapport à la réalisation. En 1987, l'année
dernière, vous aviez prévu 337 000 000 $ de
bénéfices; vous en avez faits 508 000 000 $. Donc, la
prévision par rapport à réalisation: 68, 3 %
d'augmentation. Si on admet une moyenne des deux dernières
années, vous allez atteindre 50 % d'augmentation facilement,
c'est-à-dire que vous irez chercher, bon an mal an, quelque part aux
alentours de 800 000 000 $ de bénéfices cette année. Je
vous dis que dans ce scénario sur les réalisations des deux
dernières années - les prévisions par rapport aux
réalisations - vous irez chercher un taux de rendement qui va être
au-delà des 7 % ou des 8 % par rapport à l'avoir des
actionnaires. Parce que, là, ce qu'on compare, ce sont des
prévisions budgétaires par rapport à des
réalisations mais la preuve est que, dans le passé, vos
prévisions se sont toujours révélées très
conservatrices, ce qui veut donc dire que vous allez atteindre amplement votre
taux de rendement sur l'avoir propre si, dans la même proportion, vos
bénéfices sont réalisés par rapport aux
prévisions que vous aviez faites. (17 h 30)
Alors, je vous dis là-dessus qu'il y ait une augmentation de 4 %
ou qu'il n'y ait pas d'augmentation du tout, vous allez vous retrouver dans la
pire situation avec un taux de rendement que j'ai calculé tantôt
et qui sera, si vous faites des profits de 800 000 000 $ environ - ce que j'ai
tout lieu de croire et ce que j'espère - aux alentours de 9 % sans
augmentation. Alors, voilà.
Le Président (M. Charbonneau): M. Coulombe.
M. Coulombe: Je voudrais juste partager le même optimisme.
Je voudrais juste mentionner que dans le plan 1986-1988 nous avions
prévu, pour l'année 1988, 438 000 000 $ de profits. Dans le plan
1987-1989, nous avions prévu 687 000 000 $ et dans le plan 1988-1990,
toujours pour la même année, on a prévu 583 000 000 $.
C'est évident que j'aurais aimé - mais le temps passe; je vous la
ferai parvenir - vous faire parvenir une analyse de nos prévisions des
dernières années sur les quatre variables de base: le PIB et
ainsi de suite. Je vous ai expliqué notre méthode de
prévisions qui était toujours de situer dans le consensus des
prévisionnistes, parce qu'on ne veut pas avoir nos propres
prévisionnistes dans tous les domaines. Ceci dit, cela va vous
intéresser grandement de voir l'évolution de nos
prévisions par rapport à la réalité. C'est assez
intéressant de voir cela.
Cette année, vous dites qu'on est conser- vateur. C'est
évident, on a prévu la valeur du dollar canadien à 0, 76 $
et la réalité est à 0, 79 $. Cela nous donne
immédiatement une centaine de millions de marge de manoeuvre. Par
contre, on avait prévu que le baril de pétrole serait à 18
$, il est à 14, 50 $ et cela nous fait immédiatement entre 40 000
000 $ et 50 000 000 $ de pertes. Ce ne sont pas des pertes mais, sur papier,
c'est une diminution de l'augmentation des revenus.
Il y a plusieurs autres variables. Ce que je veux dire, c'est qu'on
essaie le plus possible de choisir nos consensus dans tous les
prévisonnistes, de telle sorte qu'on ait plus de chances d'avoir une
bonne surprise et, là-dessus, vous avez raison, depuis quelques
années, cela va mieux que prévu, mais il ne faut pas oublier que
le dollar est parti de 0, 82 $ en 1981-1982 et qu'en février 1976 il
était à 0, 69 $. Là, il est remonté à 0, 80
$. Si vous me garantissez que le 31 décembre le dollar sera à 0,
80 $, le baril de pétrole à 18 $, que nos ventes vont
s'être réalisées, qu'on n'aura pas de gros pépins
internes, qu'on n'aura pas de grosses pannes et qu'on n'aura pas de bris
d'équipements majeurs et ainsi de suite, je n'aurai pas d'objection
à prendre un "gamble". L'expérience nous a appris - et c'est
justement pour cela qu'on veut avoir une marge de manoeuvre - de ne pas prendre
ce genre de "gamble" parce que, si on perd, immédiatement, on va se
retourner vers le gouvernement et on va dire: II est arrivé certaines
choses. Augmentez donc les tarifs encore plus. Et c'est ce que l'on veut
éviter en ayant des augmentations de tarifs normalisées.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette réponse,
nous sommes rendus à l'étape des remarques de clôture de
nos travaux, tel, qu'il avait été convenu. Je demanderais d'abord
à M. Coulombe s'il a des commentaires, des conclusions à nous
donner.
Remarques finales
M. Coulombe: La seule, c'est que je voudrais vous remercier. Cela
a été extrêmement stimulant et intéressant, ces
discussions. Comme c'est ma dernière commission j'espère ne pas
trop regretter ce genre d'exercice que je trouve fort intéressant. Je
vous remercie, au nom de mes collègues d'Hydro-Québec, de nous
avoir entendus.
Le Président (M. Charbonneau): Je vous remercie de votre
présence. Nous aurons l'occasion tantôt de vous remercier d'une
façon définitive. J'espère simplement que les membres de
la commission ont eu l'éclairage qu'ils voulaient et nous en saurons
plus dans quelques instants alors que mes deux collègues, mes deux
vis-à-vis, vont vous dire ce qu'ils en pensent.
D'abord, M. te député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'aimerais, dans un
premier temps, remercier le président d'Hydro-Québec, M. Coulombe
et, le féliciter pour le travail qu'il a accompli au cours des
années qu'il a passées à Hydro-Québec. On sait
qu'il a été à peu près de toutes les guerres
à Hydro-Québec au cours des dernières années: la
restructuration financière, tout le débat sur les nouveaux
équipements, les suréquipements, l'équipement de base,
etc., la fin des travaux de la Baie James. Alors, cela a été une
période relativement mouvementée à Hydro-Québec et
je tiens personnellement, et au nom de l'Opposition, à féliciter
M. Coulombe pour la haute performance dont il a toujours fait preuve à
travers ce débat qui n'a pas toujours été facile.
Je tiens aussi à remercier tous ses collègues, les
vice-présidents d'Hydro-Québec, les ingénieurs et les
techniciens qui ont participé à la commission parlementaire et
qui, régulièrement, dans le quotidien, nous informent au besoin
des différents éléments et nous donnent l'information dont
on a besoin pour pouvoir faire de notre mieux le travail qui nous incombe de
par nos fonctions.
Je voudrais simplement dire, en terminant, que l'on peut voir, à
travers tous les documents qui ont été déposés et
à travers ce débat de deux jours sur Hydro-Québec,
qu'Hydro-Québec est un véritable fleuron de l'économie
québécoise. C'est une société dont on a tous
à être fiers en tant que Québécois. Par contre,
c'est une société pour laquelle à mon avis, on doit faire
tout ce qu'on peut afin qu'elle reste véritablement au service des
Québécois, d'abord et avant tout.
J'en reviens aussi à ce que je disais, à mes
réflexions et à mes remarques d'ouverture, soit la
nécessité de plus en plus criante, je pense, d'ouvrir un
véritable débat sur l'avenir énergétique du
Québec. J'ai l'impression qu'après à peu près 25
ans de performance à Hydro-Québec de construction de cette
société d'État, à travers les différents
aléas que le temps lui a imposés - que le temps a imposés
aussi aux Québécois - on en est probablement arrivé
à un moment où il faudra faire une mise au point; mise au point
sur ce qu'on veut comme société: Quels sont les choix
énergétiques que l'on est prêt à faire et qu'est-ce
qu'on est prêt à payer comme contribuables?
On discute de la tarification, on discute de l'opportunité de
vendre à l'étranger, on discute de... Il y a plein
d'hypothèses sur la table. Mais qu'est-ce qu'on est prêt à
payer, comme Québécois, afin de s'assurer un approvisionnement
énergétique nécessaire, de base, et aussi afin d'assurer
une participation de cet approvisionnement à notre propre
développement économique? Il y a là matière
à réflexion, je crois, et il y a là matière
à ouvrir un véritable débat public. J'invite, d'ailleurs,
le gouvernement à procéder le plus vite possible dans ce genre de
réflexion, à y
inclure et à y faire participer l'ensemble des intervenants
québécois. Est-ce que, par exemple, on est prêt à
payer un peu plus cher notre électricité, quitte à
être moins dépendant de sources d'énergie qui viennent de
l'extérieur, ou est-ce qu'on est prêt à couper sur les
immmobilisations en électricité pour pouvoir profiter
peut-être du pétrole ou du gaz naturel, au moment où il est
moins coûteux? Quels sont les choix qu'on est prêt à
faire?
On sait qu'on a un potentiel énorme et qu'on pourrait aller
beaucoup plus loin en termes d'équipement. On parle - et je me
réfère aux chiffres qui sont donnés dans le livre
L'Énergie du Nord, qui n'a pas été écrit par
un péquis-te - d'un potentiel de l'ordre de 30 000 à 40 000
mégawatts; 30 000 mégawatts disons pour la Baie James, uniquement
pour le réseau Baie James et Labrador (dont 10 000 sont actuellement
aménagés). Mais, quel est le choix collectif des
Québécois par rapport à cela? Il faudra le
déterminer un jour et je pense que cela relève beaucoup plus que
d'autre chose que de simples décisions gouvernementales ou de promesses
électorales. Il va falloir être beaucoup plus fondamentaux et
beaucoup plus raisonnés dans l'approche globale qu'on doit avoir en
termes d'énergie, et ne pas la faire resurgir uniquement à tous
les quatre ou cinq ans, en période électorale.
Ceci dit, M. le Président, je terminerai mon intervention
rapidement en déposant une motion devant cette commission - concernant
toujours la tarification qui se lit comme suit: Que la commission de
l'économie et du travail ou que la commission demande au gouvernement de
rejeter la proposition tarifaire d'Hydro-Québec et souhaite l'annulation
de toute augmentation tarifaire pour l'année financière 1988.
Le Président (M. Charbonneau): Alors...
M. Claveau: Merci aux gens d'Hydro-Québec. Merci, M. le
ministre, de votre collaboration.
Le Président (M. Charbonneau): Sauf que le travail
commence, M. le député d'Ungava. Avec cette motion, il faut
d'abord en disposer. Je vais vous dire tout de suite que, compte tenu des
précédents - pour éviter la discussion - elle est
recevable. Elle est recevable pour deux raisons, en fait. En vertu de l'article
192, "seul un ministre peut présenter une motion visant: 1°
l'engagement de fonds publics; 2° à l'imposition d'une charge aux
contribuables; 3° la remise d'une dette envers l'État; 4°
l'aliénation de biens appartenant à l'État". Ce que vous
proposez n'amène pas l'imposition d'une charge aux contribuables.
Une voix: C'est une recommandation.
Le Président (M. Charbonneau): D'autre part, la raison
principale, c'est que même si vous aviez suggéré une charge
moins lourde que celle que le gouvernement, par exemple, pourrait consentir ou
qu'Hydro-Québec pourrait consentir, les décisions qu'on a
déjà prises à cette commission disent que ce type de
motion est acceptable parce que, de toute façon, ce n'est qu'une opinion
ou une recommandation générale que la commission fait au
gouvernement et il n'y a pas d'exécution à cet
égard-là.
Donc, considérant que la motion est recevable, nous pouvons faire
deux choses. Nous pouvons ouvrir une discussion qui ferait en sorte que vous
auriez un droit de parole - le ministre a un droit de parole - mais compte tenu
de l'heure et de l'obligation qu'on a de mettre fin à nos travaux de
toute façon à 18 heures, je vous suggère de passer
à l'autre possibilité qui est de mettre la motion aux voix
immédiatement. De toute façon, je pense que vous avez
argumenté sur votre motion en la présentant et je pourrais donner
quelques instants de réplique au ministre avant de la mettre aux
voix.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais vous suggérer
peut-être une autre...
Le Président (M. Charbonneau): Si vous avez une autre
bonne suggestion, je suis prêt à l'entendre.
M. Ciaccia:... suggestion? Vu qu'on a un ordre du jour et qu'il
était prévu qu'il y avait des remarques de clôture,
peut-être que vous pourriez me permettre, brièvement - cela ne me
prendra pas plus que cinq, dix minutes - de faire mes remarques de
clôture, comme a pu le faire le député d'Ungava. On ne
contestera pas le dépôt de la résolution. Peut-être
qu'on pourrait, après mes remarques de clôture, décider de
ce que nous allons faire avec...
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, on n'a pas
grand choix. De deux choses l'une, ou on la met aux voix ou la motion reste
inscrite, mais tombe parce qu'on ne la met pas aux voix et que la discussion ne
se fait pas.
M. Ciaccia: Écoutez, si vous me donnez...
Le Président (M. Charbonneau): Dans un cas comme dans
l'autre, de toute façon, cela va revenir au même.
M. Ciaccia: Donnez-moi cinq minutes.
Le Président (M. Charbonneau): Je vais vous donner le
droit de réplique à la motion. Après cela on pourra
s'entendre sur la suite, sur la fin.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Les travaux de la
commission parlementaire - et je remercie le député d'Ungava -
s'achèvent et,
) comme d'habitude, les discussions touchant les propositions tarifaires
prennent une grande importance. Dans ce contexte, d'ailleurs, certains se
demandent s'il ne serait pas opportun qu'Hydro-Québec soit assujettie
à l'analyse d'un organisme réglementaire, comme cela se voit dans
des cas d'autres compagnies d'utilité publique, par exemple Gaz
Métropolitain qui a une régie du gaz. Cette question m'a
été posée à plusieurs reprises ces derniers jours
et je vais vous dire que ce n'est pas l'intention de notre gouvernement d'aller
dans ce sens.
L'exercice de la commission parlementaire présente des avantages
importants. Le plus évident est celui que les élus, comme
mandataires des propriétaires de la ressource, peuvent demander
directement aux dirigeants d'Hydro-Québec des comptes non seulement sur
la gestion de l'entreprise, mais aussi sur sa contribution au
développement économique et à la sécurité
énergétique du Québec. L'autre avantage, c'est que s'il y
a un mandat ou une responsabilité de développement
économique que l'actionnaire peut prendre je ne verrais pas comment ce
mandat ou cette orientation pourrait être réglée par une
régie. Pour ces deux raisons, je crois que la commission parlementaire
est encore la meilleure façon de discuter des hausses tarifaires
qu'Hydro-Québec présente au gouvernement, même si des fois
c'est difficile et pénible.
L'exercice public de la commission est sans doute exigeant. Il
témoigne cependant de notre fierté à nous rapprocher, au
nom de nos commettants, de leur préoccupation quant à la bonne
gestion de leur plus importante société d'État et à
l'obtention des plus bas tarifs d'électricité possible.
J'aimerais maintenant, pour quelques instants, passer en revue certains
thèmes importants évoqués en commission parlementaire et
fixer nos orientations sur certains. Sur le plan équipement, le point
majeur est celui de la nouvelle phase d'expansion du parc d'équipement
avec le lancement de la phase 2 de la Baie James. Ceci est justifié par
l'accroissement de la demande interne, notamment au plan industriel et, bien
sûr, par la conclusion d'importantes ententes d'exportation au cours de
la dernière année. Il faut rappeler, en effet, que le devancement
du parc d'équipement cible, dû aux exportations, est de six ans et
demi, en moyenne. J'aimerais, d'ailleurs relever un point soulevé par le
député d'Ungava, critique de l'Opposition officielle sur ce
sujet. Ce dernier soutenait que les investissements nouveaux étaient
déjà programmés. Je pense que la démonstration a
été faite, à même l'analyse des derniers plans
d'Hydro-Québec depuis 1985, que ce n'était pas le cas.
D'autre part, il faut souligner que les plans de développement
sont de nature indicative, surtout pour les actions à moyen et long
termes d'Hydro-Québec. Ils peuvent donc être changés et,
d'ailleurs, ils le sont. Ce qui compte, ce ne sont pas les indications, mais
surtout les décisions. C'est ce qui donne un caractère engageant
à l'action et donne lieu à la création d'emplois. C'est
dans ce contexte que notre gouvernement, à la suite de ses efforts de
développement industriel et de son appui sans réserve aux
exportations d'électricité, a pris ces décisions
bénéfiques.
Maintenant, en ce qui concerne les marchés internes, nous avons
pu faire une revue des programmes d'Hydro-Québec au plan de la
commercialisation et de la qualité du service. J'ai soulevé une
préoccupation quant à l'abandon du programme excédentaire,
pas pour laisser entendre qu'il devrait être continué aux
mêmes conditions et aux mêmes tarifs, mais surtout quant au
problème des surplus. Je comprends que l'hydraulicité plus faible
oblige la reconstitution des réserves d'eau derrière les
barrages. Cependant, une partie du stockage envisagé est aussi
liée à la prévision d'avantages financiers
qu'Hydro-Québec prévoit réaliser à moyen terme.
Alors, je me questionne et j'ai des préoccupations quant au fait que le
programme excédentaire n'ait pas donné lieu à une phase de
transition. Mais je remarque avec satisfaction l'ouverture que le
président d'Hydro-Québec a laissée en ce qui concerne
certains secteurs, certaines industries ou certains cas spécifiques qui
auraient besoin d'aide additionnelle.
Quant au marché externe, je réitère l'engagement de
notre gouvernement à continuer d'appuyer et de participer sans
réserve aux efforts d'exportation d'Hydro-Québec et ce, dans la
foulée des succès de la dernière année. Nous
pensons que le marché existe autant au Canada qu'aux États-Unis
et nous sommes confiants que nous pourrons aller au-delà de l'objectif
des 3500 à 4500 mégawatts mentionnés au plan de
développement. D'ailleurs, j'aimerais mentionner que nous signerons,
demain, à Fredericton, avec la commission de l'énergie du
Nouveau-Brunswick, deux nouveaux contrats d'énergie et de puissance
garantie totalisant 350 mégawatts sur la période 1988-1994.
Comme le soulignaient, hier, MM. Coulombe et Guèvremont, d'autres
possibilités sont présentement en négociation, autant au
Canada qu'aux États-Unis. Nul doute que la prochaine
déréglementation des exportations d'électricité
envisagée par le gouvernement fédéral, exercice auquel le
gouvernement du Québec a d'ailleurs contribué, saura
bientôt faciliter la conclusion de nouvelles ententes.
Maintenant, quelques commentaires sur le cadre financier et les tarifs.
Nous notons d'abord avec satisfaction qu'Hydro-Québec retrouve le chemin
d'une meilleure santé financière. Il y a, bien sûr,
l'évolution favorable du bénéfice net de l'entreprise,
mais surtout l'amélioration du taux du rendement sur l'avoir des
actionnaires. Quand j'entendais les critiques qui étaient faites par les
députés de Bertrand et d'Ungava sur la question des dividendes,
je crois qu'une autre façon de
voir les dividendes, c'est que ceux-ci ne bénéficient pas
aux consommateurs, mais aux actionnaires. Les actionnaires ont investi dans
HydroQuébec; les actionnaires, ce n'est pas seulement le gouvernement.
Il est seulement le représentant des actionnaires. Les actionnaires,
c'est la population du Québec. En donnant des dividendes à la
population du Québec, cela permet de réduire peut-être, ou
au moins de maintenir et de ne pas augmenter, mais surtout de sûrement
réduire les impôts à la population. C'est de cette
façon qu'on peut envisager les dividendes qui sont et qui seront - parce
que c'est encore une prévision, en 1987, il n'y a pas eu de dividendes -
peut-être envisagés dans l'avenir.
Il y a révolution du bénéfice net. Il faut se
rappeler qu'Hydro-Québec est en concurrence avec d'autres compagnies
d'utilité publique sur les marchés financiers et, à plus
forte raison, à l'approche de son important programme de construction.
Il faut agir de façon responsable. À court terme, la chose la
plus facile serait certainement de dire: Non il n'y aura pas d'augmentation des
tarifs. Il reste seulement deux années à> notre mandat.
On pourrait bien, faire cela, pour deux ans. Ce ne serait pas catastrophique.
Comme le président d'Hydro-Québec l'a dit, ils vont continuer
à fournir l'électricité même si on n'augmente pas
les tarifs. Mais est-ce que ce serait une façon responsable d'agir? Je
vous dis que non, ce n'est pas responsable. C'est pour cela que nous avons
équilibré les demandes d'Hydro-Québec. Nous avons
changé certains chiffres, en termes de pourcentage d'augmentation, tout
en respectant les objectifs d'Hydro-Québec et en respectant la question
du taux de rendement d'interfinancement. Peut-être que dans les
années à venir nous serons en mesure d'améliorer ces
objectifs. Mais, pour le moment, pour le consommateur, nous jugeons que les
taux que nous recommandons au Conseil des ministres sont dans les meilleurs
intérêts de tous les consommateurs et répondent aux
objectifs d'Hydro-Québec.
Maintenant, il y a les orientations d'Hydro-Québec et le
gouvernement aura donc l'occasion de statuer, au cours des prochaines semaines,
sur ces orientations proposées dans le plan de développement.
Celui-ci sera aussi soumis au Conseil des ministres pour approbation. Les
décisions seront prises à la lumière des
considérations que nous avons développées ici.
En conclusion, M. le Président, j'aimerais renouveler mon
appréciation du travail remarquable qui a été accompli par
M. Coulombe au cours de son mandat. Je lui souhaite la meilleure des chances
dans les défis nouveaux qui l'attendent. Vous savez, parfois les
discussions sont viriles. Je crois que cela fait partie des
responsabilités du président d'Hydro-Québec et du ministre
de l'Énergie et des Ressources. Mais, tout en étant viriles, je
crois qu'elles ont été faites dans un esprit responsable et dans
un esprit de respect envers les compétences, envers les actions et
envers l'administration que M. Coulombe a su donner à
Hydro-Québec C'est pour cela que je veux renouveler mes voeux de
remerciements et de bons souhaits pour les défis qu'il peut avoir
à l'avenir. J'espère qu'il va pouvoir prendre au moins un bon
congé avant d'entreprendre de nouveaux défis.
Je veux remercier les fonctionnaires du ministère qui ont
travaillé pour obtenir toutes les informations. Sans cet apport,
évidemment, les informations et les discussions n'auraient pas pu avoir
lieu de la façon qu'elles l'ont été. Je veux remercier mes
collègues de la commission parlementaire et vous, M. le
Président, pour la façon dont les travaux se sont
déroulés. Je veux remercier aussi l'Opposition pour sa
contribution aux travaux de la commission.
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre, sur ces
révélations, sur la chaleur de vos discussions avec le
président d'Hydro-Québec et sur la motion qui nous est
présentée, je comprends que vos collègues vont s'y
opposer, si j'interprète bien vos propos. Alors, je voudrais mettre aux
voix la motion qui est devant nous.
M. Ciaccia: Vous savez, au cours des autres années, on a
eu de longues discussions de procédure sur la motion. Cette
année, il ne sera pas question de faire des procédures sur la
recevabilité mais on pourrait, jusqu'à 18 heures, continuer de
discuter de la motion. Si c'est le voeu de l'Opposition de continuer les
discussions jusqu'à 18 heures, on sera prêt. L'autre façon
de le faire, ce serait de déposer la motion, constater qu'elle a
été déposée à la commission parlementaire et
ajourner les travaux de la commission. Je laisse à l'Opposition la
décision.
Le Président (M. Charbonneau): La troisième
étant de la mettre aux voix immédiatement, sans discussion.
Une voix: Non, cela c'est une autre option et je
préfère explorer les deux autres options avant de procéder
à celle-là, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Écoutez, à
moins que le député d'Ungava, proposeur de la motion, ne me dise
qu'il est d'accord pour...
Une voix: Est-ce qu'on peut intervenir?
Le Président (M. Charbonneau):... le dépôt,
je serai obligé d'utiliser une des deux autres voies qui sont offertes.
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, afin de ne pas entraver les
travaux de la commission, disons que nous allons accepter le
dépôt, étant donné que le ministre se refuse
à la voter. Par contre, nous déplorons le fait qu'à la
suite du débat que nous avons eu - on n'a pas besoin de refaire de
débat, on l'a fait - je pense que les esprits, les
idées sont claires dans les esprits, je pense qu'on serait tout
à fait en droit d'attendre du ministre qu'il veuille bien voter sur
cette résolution. Il a toute l'information qu'il faut pour le faire et,
s'il s'y refuse, on trouve cela déplorable. Mais, au risque de tout
perdre, on pourrait faire le dépôt.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne voudrais pas induire le
député d'Ungava en erreur. Je ne refuse pas de voter sur la
proposition. Pas du tout. Cependant, cela ne serait pas responsable de voter
sur une proposition avant de la discuter et, si on veut commencer les
discussions, je suis prêt. Mais cela ne serait pas responsable de ma
part...
Une voix: Vous savez...
M. Ciaccia:... d'avoir un vote sur une proposition aussi
importante, une résolution aussi importante-Une voix:...
collègues veulent intervenir. M. Ciaccia:... sans discuter...
Le Président (M. Charbonneau): M. le ministre,
après douze ans ici, je peux vous dire que...
M. Claveau:... ministre pour continuer les débats
après 18 heures sur le...
M. Ciaccia: Malheureusement Une voix: On n'a pas le
droit.
M. Ciaccia:... c'est un ordre de la Chambre de terminer les
débats à 18 heures.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, si je comprends
bien, avec un petit peu d'expérience, les discours changent selon le
côté de la table où l'on est, de toute façon... et
des époques. Mais, fondamentalement, ils demeurent les mêmes.
La motion étant déposée, selon l'accord du
député d'Ungava et votre demande, M. le ministre, cela me
mène maintenant à mon tour au nom de tous les membres de la
commission, à remercier nos invités et en particulier le
président d'Hydro-Québec qui aura bientôt à relever
de nouveaux défis.
Je voudrais, M. Coulombe, vous indiquer que les membres de la commission
qui ont eu à vous recevoir ici à quelques reprises ont toujours
apprécié non seulement votre compétence, mais
également votre franchise et votre façon directe de
répondre aux questions. Je ne doute pas de l'intensité et de la
chaleur des discussions qui ont dû avoir lieu dans des lieux plus clos
avec le ministre et certains de ses collaborateurs, mais, comme le ministre l'a
indiqué, cela fait sans doute partie des règles du jeu. Je vous
souhaite tout simplement maintenant de trouver de nouveaux défis
à la hauteur de votre compétence. Je suis convaincu que les
députés ici, qui représentent d'une certaine façon
la population du Québec, vous remercient, au nom de la population du
Québec, des services importants que vous avez rendus à
l'État québécois et à la collectivité
québécoise, en espérant que vos nouveaux défis vous
amèneront sans aucun doute à continuer à servir le
Québec d'une autre façon.
Merci et bonne chance!
Alors, je vous indique maintenant que, collègues et
députés, vous avez une mission importante à faire,
c'est-à-dire d'attendre le président de l'Assemblée
nationale qui viendra présider quelques instants nos travaux pour
reconduire le mandat de votre humble serviteur.
M. Théorêt: Et le mien?
Le Président (M. Charbonneau): Et celui du
vice-président de la commission, le député de Vimont.
Alors, mesdames et messieurs, nos invités, vous êtes libres
de disposer. Quant aux membres de la commission, vous êtes conscrits aux
baraques.
(Suspension de la séance à 17 h 55) (Reprise à 18 h
3)
Élection du président et du
vice-président de la commission
Le Président (M. Saintonge): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail se réunit. Je
constate que nous avons quorum et je vais donc déclarer la séance
ouverte. La commission de l'économie et du travail est réunie
afin de procéder à l'élection du président et du
vice-président de la commission.
Je dois vous rappeler l'article 134 du règlement qui se lit comme
suit: "Au début de la première session de chaque
Législature, et au besoin pendant celle-ci, les commissions
élisent parmi leurs membres, pour deux ans, un président et un
vice-président. " De même, l'article 135 de notre règlement
se lit comme suit: "Le président et le vice-président de chaque
commission sont élus à la majorité des membres de chaque
groupe parlementaire. "
Je voudrais vous rappeler qu'à la suite d'une réunion de
la commission de l'Assemblée nationale, ce matin, il a été
convenu que les votes pour cette commission seraient partagés comme
suit: neuf, du côté ministériel et quatre, du
côté de l'Opposition.
Je demanderais simplement aux gens dans la salle de baisser le ton, s'il
vous plaît, pour que nous puissions compléter nos travaux.
Donc, comme je le disais, le nombre de votes est: neuf, du
côté ministériel et quatre, du côté de
l'Opposition.
Je vous rappelle également que, conformément à
l'article 127 du règlement, la commission de l'Assemblée
nationale a arrêté la décision aujourd'hui que le poste de
président de cette commission revenait à un membre parlementaire
formant l'Opposition et que te poste de vice-président revenait à
un membre du groupe parlementaire formant le gouvernement. Je suis donc
prêt à recevoir toute candidature pour le poste de
président de la commission de l'économie et du travail. Y a-t-il
une proposition? M. le député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je voudrais proposer mon collègue,
le député de Verchères, comme président de cette
commission.
Une voix: J'appuie.
Le Président (M. Saintonge): Très bien. Donc, il
n'y a pas d'autres propositions? Est-ce que cette motion proposant M. le
député de Verchères comme président de la
commission de l'économie et du travail est adoptée?
M. Cannon: Adopté à l'unanimité.
Le Président (M. Saintonge): Adopté à
l'unanimité. À ce moment-ci, je vais demander au nouveau
président élu de la commission de bien vouloir prendre sa place
de président afin de procéder à l'élection du
vice-président de la commission. Félicitations, M. le
Président.
Le Président (M. Charbonneau): Est-ce que mes
collègues me permettraient de faire la proposition de présenter
le député de Vimont comme vice-président de la commission
de l'économie et du travail?
Une voix: Adopté à l'unanimité. Une voix: On
prend le vote.
Le Président (M. Charbonneau): On prend le vote?
Une voix: Ha, ha, ha! Appel nominal. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Charbonneau): Moi, je serais d'accord,
à la condition qu'on puisse aller ensemble dans le sud-est
asiatique.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Charbonneau): Alors, sur cette
élection, je voudrais féliciter mon collègue de Vimont
pour cette lourde tâche qui l'attend pour les mois et les années
qui viennent, étant convaincu que nous ferons encore une bonne
équipe.
Mesdames, messieurs, merci. Bonne soirée et amusez-vous bien.
Une voix: Félicitations, M. le Président.
(Fin de la séance à 18 h 6)