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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail se réunit pour
remplir le mandat suivant: procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Industrie et du
Commerce, soit les programmes 1 à 3 pour l'année
financière 1988-1989, selon l'ordre de l'Assemblée nationale du
30 mars 1988.
Le programme 4 et la discussion sur les PME auront lieu lors d'une
séance subséquente.
L'horaire prévu est de 10 heures à 12 h 30, de 15 h 30
à 18 heures et de 20 heures à 24 heures, pour une durée
totale de neuf heures.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a un seul
remplacement. M. Lemire (Saint-Maurice) est remplacé par Mme Hovington
(Matane).
Le Président (M. Théorêt): Quelle bonne
nouvelle! Il est prévu de discuter de la SDI en soirée. M. le
critique de l'Opposition, il est également normal que je vous souhaite,
au nom des membres de la commission, la plus cordiale des bienvenues à
la commission de l'économie et du travail. C'est votre première
séance, à moins que je ne me trompe, à titre de critique
de l'industrie et du commerce. Il est également habituel qu'à la
première séance le nouveau critique paie le café à
tout le monde, tant qu'il en veut.
M. Brassard: Est-ce que c'est une tradition ou
référez-vous à un article du règlement, M. le
Président?
Le Président (M. Théorêt): Non, c'est surtout
une tradition. Ceci dit, je vais céder la parole au ministre pour les
remarques préliminaires et, ensuite, au critique de l'Opposition, le
député de Lac-Saint-Jean.
Remarques préliminaires M. Daniel
Johnson
M. Johnson: Je vous remercie, M. le Président, et je vous
souhaite de même qu'au député de Lac-Saint-Jean et à
tous nos collègues la bienvenue à notre rencontre annuelle, la
troisième maintenant, qui a pour but de vous présenter les
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce pour 1988-1989
et, je le présume, d'apporter, le cas échéant, des
éclaircissements sur l'année déjà
écoulée, 1987-1988, à la lumière des renseignements
que nous avons fournis à l'Opposition à sa demande.
Dans mes remarques préliminaires, je ferai très rapidement
- parce que je l'ai fait de façon plus longuette déjà, il
y a plusieurs semaines - une révision de la performance
économique du Québec l'an dernier. Cela sera suivi d'une
présentation de la revue des principales activités du
ministère et, éventuellement, de quelques commentaires sur nos
orientations et nos stratégies d'intervention au ministère de
l'Industrie et du Commerce.
J'en profiterai, au passage, pour évoquer deux dossiers de
façon plus spécifique, soit celui du libre-échange et de
l'adaptation industrielle qui attend nos entreprises et, deuxièmement,
de notre intervention dans l'est de Montréal, dont le
député de Lac-Saint-Jean a déjà
décidé de traiter pendant une heure en commission
plénière lors du dépôt des crédits
provisoires.
J'en profite tout de suite pour vous présenter les gens qui
m'accompagnent. D'une part, très bientôt, mon sous-ministre en
titre, M. Michel Audet. Il y a également M. André Dorr, qui est
sous-ministre associé, notamment responsable de la chimie et de la
métallurgie; M. Pierre Delisle, sous-ministre adjoint aux
opérations régionales, service aux entreprises; M. Michel Gagnon,
directeur de l'administration. J'appelle comme cela, peu importe son titre, M.
le Président, celui qui tient tous les livres. M. Marcel Pelletier, je
m'excuse de l'avoir oublié, qui est juste derrière moi,
sous-ministre adjoint à l'administration; Mme Francine Dumont, la
directrice de l'implantation industrielle; M. Rancourt, directeur
général des services aux entreprises; M. André Caron,
directeur de l'équipement, de la direction sectorielle se
préoccupant des biens d'équipement; M. Yvon Pomerleau, directeur
des politiques commerciales; M. Paul Meunier, du service aux entreprises; M.
Arthur Landry, de la Direction des coopératives; M. Michel Chevrier, de
la Direction des produits de consommation; Mme Louise Gignac, adjointe
exécutive aux opérations régionales; M. Marcel
Gagné, du secrétariat administratif; M. Raynald Rossignol, de la
Direction de la promotion des jeunes entrepreneurs; M. Louis Bourassa,
également de ce service; Mme Bourbeau, directrice-adjointe de mon
cabinet. Je pense que je n'ai oublié personne.
M. le Président, Québec a connu en 1987 une
cinquième année consécutive de croissance
économique dans laquelle notre PIB a augmenté de 5 % en termes
réels, ce qui représente la deuxième hausse en importance
depuis la récession de 1982. Cette croissance surpasse celle de
l'économie canadienne pour une troisième année
consécutive. J'aimerais voir rapidement avec vous l'évolution de
quelques variables de l'industrie manufacturière
québécoise qui concernent plus particulièrement,
évidemment, le ministère de l'Industrie et du Commerce.
D'abord, quant aux livraisons manufacturières, elles ont connu
l'an dernier une impressionnante croissance de 8,2 %, soit trois points de
pourcentage de plus que l'ensemble de l'économie
québécoise. Le rythme de croissance de la production
québécoise surpasse celui de la production ontarienne en 1987.
C'est un fait marquant qui témoigne de la vitalité soutenue du
secteur manufacturier québécois quand la hausse de la production
ontarienne, en regard de la nôtre, n'a été que de 2,9
%.
De très nettes progressions surviennent dans les importants
secteurs des métaux primaires, des produits métalliques, de la
machinerie, du meuble et du bois.
La baisse de production des industries du matériel de transport
est attribuable surtout aux périodes d'interruption de production
automobile pour réoutillage: lire ici General Motors à
Sainte-Thérèse.
La production de biens durables augmente de 10,2 %, celle des biens non
durables de 6,8 %. Dix groupes d'industries augmentent leur livraison de plus
de 10 %. La première transformation des métaux se distingue,
quant à elle, par une hausse exceptionnelle de 26,2 %.
Nos ventes à l'étranger ont cependant enregistré
une hausse de 2,1 %, pour s'établir à 14 770 000 000 $ pour les
trois premiers trimestres de 1987; ce sont nos derniers chiffres disponibles.
N'eût été des transformations à la ligne de montage
de l'usine de Boisbriand de General Motors, comme je l'ai dit, au printemps
dernier, ce qui a considérablement freiné les exportations
québécoises dans le secteur de l'automobile au premier semestre,
soit une baisse de près de trois quarts de milliards de dollars par
rapport à l'année précédente, les exportations
internationales du Québec auraient connu une appréciation plus
importante au cours des neuf premiers mois de 1987. En effet, la progression
aurait été de 7,2 %, au lieu de 2,1 %, dans un contexte de statu
quo des exportations québécoises de voitures particulières
et de châssis au niveau atteint au cours de la période
correspondante de 1986. En maintenant la même valeur d'exportation de
voitures particulières et châssis qu'en 1986, la valeur des dix
principaux produits exportés par le Québec aurait crû de
6,3 % au cours des trois premiers trimestres de 1987. En présence des
changements technologiques que je viens de mentionner, elle s'est
contractée de 3,7 %.
Parmi les autres principales marchandises exportées par le
Québec au cours de la période, quatre produits affichent une
croissance supérieure à 10 %. Ce sont les moteurs d'avions et
pièces, plus 20 %, l'aluminium et ses alliages, plus 18 %, les tubes
électroniques et les semiconducteurs, plus 16 %, et le matériel
roulant de chemins de fer, plus 11 %. Les assemblages d'équipements et
les pièces d'avions, plus 7 % et les papiers à imprimerie, plus 5
%, enregistrent également des gains appréciables.
Il faut remarquer que plusieurs de ces secteurs les plus importants sur
les marchés extérieurs sont aussi ceux que j'avais
identifiés comme prioritaires pour le ministère à
l'occasion de la défense des crédits l'an dernier.
Les exportations vers les États-Unis enregistrent une progression
de 1,6 % au cours des trois premiers trimestres de 1987 pour totaliser, 11 426
000 000 $. Sans les voitures particulières et châssis, la
croissance aurait été de 9,2 % et ce, malgré la
contraction de près de 17 % des ventes de bois d'oeuvre qui
fléchissent de 500 000 000 $ à 419 000 000 $ au cours de la
période.
D'autres produits expédiés vers les États-Unis en
plus de ceux déjà identifiés ont assuré la
relève grâce à une croissance vigoureuse, nommément
l'électricité à 30 % d'augmentation, le matériel
roulant de chemins de fer, plus 15 % et les pâtes de bois et les
pâtes similaires à plus 24 %.
Les exportations du Québec vers la CEE maintiennent toujours une
progression robuste malgré certains ralentissements par rapport aux pays
membres comme l'Allemagne fédérale. Pour l'ensemble de la
communauté, les livraisons québécoises affichent une
croissance de 10 %, augmentant de 1 400 000 000 $ à presque 1 600 000
000 $. Le Royaume-Uni domine encore largement les états membres de la
CEE comme partenaire commercial et reçoit près de 30 % des
expéditions québécoises à destination de la
Communauté économique européenne, grâce à une
augmentation des ventes de près de 15 %.
Parmi les principaux produits responsables de cette poussée
commerciale du Québec en sol britannique, mentionnons les papiers
à imprimerie et le bois d'oeuvre. Concernant les autres principaux
clients du Québec qui font partie de la CEE, on doit souligner la
progression des ventes de machines et de matériel de bureau aux
Pays-Bas, de tubes électroniques et semi-conducteurs à la France
et de pâtes de bois et de pâtes similaires à l'Allemagne
fédérale.
Après avoir subi un tassement de 4 % au premier semestre de 1987,
les exportations du Québec à destination du Japon
réalisent une reprise modérée mais ferme de près de
5 % après trois trimestres, malgré la baisse inquiétante
des ventes de viandes fraîches réfrigérées et
d'amiante non manufacturée. La relève est cependant en grande
partie assurée par les produits du bois dont les pâtes de bois, le
bois d'oeuvre et les papiers à imprimerie et, surtout, par les
instruments de mesure et d'essai dont les ventes explosent
littéralement, s'enrichissant de 200 000 $ à plus de 20 000 000
$.
Quant à elles, les immobilisations manufacturières en 1987
atteignent 4 719 000 000 $. Elles sont supérieures de 20 % à leur
niveau de 1987... Je m'excuse, il y a probablement ici une erreur typographique
ou une mauvaise lecture de ma part. Les immobilisations manufacturières
au Québec, indique-t-on, en 1988, devraient
atteindre 4 719 000 000 $ comparativement à leur niveau de 1987
qui était de 20 % moins élevé. Il s'agit d'une
cinquième hausse en autant d'années et d'une
accélération de croissance par rapport à la performance de
5,4 % de 1987. Les immobilisations des manufacturiers ontariens augmentent,
quant à elles, de 14,5 %.
Les fabricants de biens durables augmentent leurs immobilisations de
près de 60 %, tandis que les fabricants de biens non durables les
réduisent à peine de 1 %. Les industries qui augmentent le plus
fortement leurs immobilisations sont le bois, 112 % d'augmentation, la
machinerie, près de 100 % et le matériel de transport, 95 %.
L'industrie du papier réduit ses immobilisations de 12,3 %, mais demeure
au premier rang des investisseurs avec près de 1 000 000 000 $. Les
sommes investies par le matériel de transport sont sept fois plus fortes
en 1988 qu'en 1984, soit 535 000 000 $ comparativement à 80 000 000 $
à l'époque. Quant à l'emploi, l'année 1987 nous a
permis de connaître la meilleure performance réalisée par
l'économie québécoise depuis 1973. On se rappellera que,
cette année-là, 125 000 emplois avaient été
créés comparativement à un peu plus de 100 000 l'an
dernier. Le secteur manufacturier est responsable de la création d'un
peu plus de 8000 de ces emplois en 1987, soit une augmentation de 1,5 %,
où les emplois avaient augmenté de 27 % lorsqu'on se reporte en
1986.
Pour les trois premiers mois de 1988 comparativement à ceux de
1987, l'emploi s'est accru de 101 700 au Québec, soit une augmentation
de 3,6 %. C'est le secteur manufacturier qui réalise cette fois la
meilleure performance avec 42 000 nouveaux emplois par rapport aux trois
premiers mois de 1987, soit 41 % des emplois créés au
Québec.
Il me semble, M. le Président, que l'on peut tirer une conclusion
de tous ces chiffres. On sait que le fait que la production
manufacturière ait crû de 8,2 % l'an dernier et que l'emploi n'ait
augmenté que de 1,5 % laisse supposer des gains de productivité
importants pour l'industrie manufacturière québécoise. Le
fait aussi que les immobilisations manufacturières soient en croissance
depuis cinq ans et que l'an dernier, elles ont crû de près de 21 %
me laisse très optimiste quant à la capacité des
entreprises québécoises de profiter de l'entrée en vigueur
de l'accord de libre-échange Canada - États-Unis.
J'aimerais maintenant passer en revue les principales activités
du ministère. Alors que nous sommes conscients des défis de
l'heure et inspirés par le dynamisme et le potentiel des gens
d'entreprise du Québec, notre équipe au ministère a
poursuivi en 1987 son travail soutenu d'aide à la création et au
développement d'entreprises.
D'abord, au titre de la formation d'entrepreneurs. Au chapitre du
développement régional et des services aux entreprises, l'action
s'est principalement traduite par la promotion de l'esprit d'entreprise,
l'accès à des programmes de formation destinés aux
industriels et aux commerçants, l'intégration de nouveaux
programmes destinés aux jeunes, l'offre de nombreux services techniques
et conseils aux dirigeants des PME dans diverses régions du
Québec. Les chefs de PME et les commerçants du Québec ont
pu bénéficier de quelque 235 séminaires et colloques
portant sur 30 thèmes reliés à la gestion et à la
croissance des entreprises.
Il faut, en outre, souligner l'intégration au ministère de
l'Industrie et du Commerce, en 1987, de deux nouveaux programmes, soit le
programme Jeunes Promoteurs qui a permis la création de 17 nouvelles
entreprises en moins de quatre mois et le programme Soutien aux initiatives
jeunesse qui a permis de subventionner plus de 80 organismes chargés
d'appuyer les jeunes dans la création d'entreprises. Les équipes
du ministère ont également continué à administrer
plusieurs programmes d'aide, dont le nouveau programme d'aide aux
étudiants entrepreneurs ainsi que le programme PRO-PME, nouveaux
entrepreneurs, aide aux commissariats industriels et aide aux zones
vétustes, ainsi que l'entente Canada - Québec sur le
développement industriel.
Dans le même domaine et afin de favoriser la gestion de la
qualité dans les entreprises, le ministère a encouragé la
création du groupe de concertation sur la qualité. Celui-ci est
appuyé dans sa démarche par un ensemble d'outils promotionnels
produits par le ministère. L'automatisation industrielle est
demeurée un thème prioritaire et plusieurs actions ont
été menées en ce sens, telles que la formation de
l'association CAO FAO des documents d'appui, les énoncés de
politiques, les documents audiovisuels etc.
Autre thème prioritaire du MIC: le design industriel a fait
l'objet d'un nouveau programme Accès-Design qui s'ajoute aux programmes
existants dont celui de Promotion du design qui s'est d'ailleurs enrichi de
nouveaux outils promotionnels.
Au chapitre de la mode, il importe enfin de mettre en évidence la
création du Centre de développement des industries de la mode
né de la fusion du Centre de productivité du textile et du
vêtement et du Centre de la promotion de la mode de Montréal.
Enfin, le ministère a maintenu son appui aux centres d'incubation pour
les entreprises, tels que Soccrant au Saguenay - Lac-Saint-Jean et Innocentre
Québec à Boucherville. En régions, le ministère a
assuré une participation active à la préparation et
à la tenue de quatre conférences socio-économiques. Il a,
par ailleurs, réuni à Québec, en février,
près de 2300 chefs d'entreprise provenant du Canada, des
États-Unis et de l'Europe. Il a tenu enfin la quatrième
édition de la Semaine de l'entreprise, laquelle a permis la
réalisation de 465 activités qui ont regroupé plus de 70
000 personnes.
Deuxième aspect de nos activités, celui relié aux
projets industriels majeurs et à leur
promotion. Certains secteurs ont fait preuve d'un dynamisme particulier
auquel se sont associés de nombreux conseillers en développement
industriel du ministère. Mentionnons parmi les grands projets soutenus
par le ministère de l'Industrie et du Commerce, ceux de Hyundai, de Bell
Hélicopter, de General Motors, de Bombardier Aéorospatial et
quelques autres.
S'ajoutent à ces projets ceux qui sont reliés à la
prospection d'investissements dans les secteurs automobile et
aéronautique où d'importants projets ont été
réalisés ou sont sur le point de l'être. De plus, le
ministère a effectué plusieurs représentations
auprès du gouvernement fédéral relativement à une
meilleure protection des produits pharmaceutiques.
La poursuite du plan de relance de Pétromont, par ailleurs,
certaines études de faisabilité des filières
pétrochimiques et plastiques, la modernisation de l'usine de
polypropylène de Vimont, le plan de modernisation de Union Carbide,
l'annonce de la construction d'une nouvelle usine d'hydrogène à
Magog et Expo Place de 1987, une importante exposition, sont autant
d'éléments qui comptent parmi les dossiers majeurs de 1987 et qui
ont été menés avec succès par le
ministère.
À l'égard des investissements étrangers,
l'année 1987 aura été, quant à elle, celle d'une
ouverture sans précédent au monde. Le ministère a
accueilli 13 missions d'investisseurs et d'industriels, pour la plupart d'Asie
et d'Europe. De plus, 3 missions ministérielles dont deux en Asie et
l'autre en Europe, ainsi que 11 missions de prospection, dont 4 participations
à des expositions internationales, ont été
réalisées à l'étranger par le personnel du
ministère.
Ce travail sur la scène internationale s'est fait de concert avec
les principaux intervenants de la promotion industrielle du Québec, de
même qu'avec l'aide et la participation d'Investissements Canada. Cette
volonté d'une présence accrue sur la scène mondiale a
également pris la forme de cahiers spéciaux sur le Québec,
de publicité dans plusieurs médias étrangers et de
conférences de presse à leur intention.
Le ministère a également procédé à la
révision et à la traduction en versions allemande et japonaise de
notre document d'information intitulé Des technodollars à
votre portée. En 1987, le ministère a mis en place une
politique de qualification des partenaires économiques en matière
d'informatique et tenu 5 séminaires d'information auprès de 200
organismes publics, dans le but de faire connaître notre politique et ses
effets sur le processus d'achat.
Plus de 75 firmes ont, à ce jour, obtenu un statut de partenaire
économique et, aujourd'hui, les organismes gouvernementaux appliquent la
politique. Ceci devrait incidemment entraîner à court terme des
investissements comme ceux que j'ai eu le plaisir d'annoncer depuis environ six
mois.
Autre volet, celui de la coopération. Au cours de 1987, 1 000 000
$ ont été attribués par le ministère au programme
d'aide aux coopératives de développement régional. Des
améliorations ont été apportées au régime
d'investissements coopératifs qui vise à accorder au milieu
coopératif des avantages analogues à ceux consentis aux
entreprises privées par le Régime d'épargne-actions.
En deux ans, 9204 investisseurs, membres et employés de
coopératives, ont investi plus de 11 000 000 $ dans le
développement de leur entreprise. La constitution de 156
coopératives a été recommandée au ministre en 1987
et le ministère a soutenu la formation de plus de 1200 administrateurs
et gestionnaires de coopératives.
Nous faisons, par ailleurs, un effort considérable à la
production et à l'actualisation d'un ensemble d'études, de
recherches, de profils et de répertoires et de documents promotionnels
de natures diverses, afin de mieux faire connaître les
préoccupations, services et politiques du ministère. De plus, le
ministère a accordé une attention particulière à la
cohésion et à la qualité d'ensemble de ces outils
promotionnels, comme en fait foi la qualité indiscutée, tant sur
le plan de la présentation que celui du contenu, des
éléments d'expositions et des documents imprimés et
audiovisuels qui traitent du ministère et de ses programmmes.
Dans cette revue des activités, je voudrais évoquer tout
de suite celle de notre contribution à la gestion et à la
promotion d'un programme de création d'emplois d'été pour
les étudiants grâce à l'action concertée de groupes
privés et publics. L'année dernière aura
été, a ce titre, la meilleure année depuis 1981 pour
l'emploi étudiant.
Mon collègue, André Vallerand, responsable de ce
programme, pourra vous donner éventuellement tous les détails
à cet égard.
J'aborderai maintenant les activités de certains des organismes
qui relèvent du ministre de l'Industrie et du Commerce, soit le Centre
de recherche industrielle du Québec, la Société de
développement des coopératives et la Société de
développement industriel. (10 h 30)
D'abord, quant au CRIQ. Le CRIQ a connu, au cours des deux
dernières années, une croissance relativement soutenue de ses
activités. En 1987-1988, toutefois, le CRIQ a dû s'ajuster
à d'importantes modifications survenues en matière de financement
de la recherche et du développement industriel. Par exemple, de nombreux
programmes de soutien à la recherche et au développement, tels
que le PEDIR et les programmes de la SDI, ont été
restructurés, entraînant à court terme une période
d'ajustement chez plusieurs entreprises.
Deuxièmement, la refonte de la fiscalité
fédérale est venue mettre fin à la possibilité de
financer des projets de recherche et développement par des
sociétés en commandite. Troisième-
ment, la perspective d'une éventuelle récession a quand
même créé un certain climat d'hésitation et
d'incertitude et peut avoir freiné certains investissements en recherche
et en développement.
Signalons en outre que, depuis quelques années,
l'échiquier de la concurrence en matière de services techniques
et de recherche et développement industriels au Québec ne cesse
de se modifier. Le CRIQ a donc dû faire face cette année à
une concurrence accrue pour la vente de ses services, en particulier de la part
de laboratoires fédéraux qui s'ouvrent de plus en plus au
marché des entreprises et qui offrent leurs services à des taux
nettement inférieurs aux normes du marché. Le CRIQ terminera
néanmoins l'exercice avec des ventes prévues de 15 000 000 $.
C'est un niveau comparable aux performances enregistrées en 1986-1987,
ce, en dépit d'offres de services supérieures de 10 %.
Au chapitre des revenus et des dépenses, le niveau
d'autofinancement prévu pour l'exercice qui se termine s'établit
à près de 50 %, soit une progression de 2,5 % sur l'exercice
précédent. Il s'agit du plus haut taux d'autofinancement encore
jamais atteint par le CRIQ. Signalons enfin qu'en cours d'année, le CRIQ
a cherché à faire bénéficier ses clients d'une
souplesse accrue dans le financement de projets de recherche et
développement, en particulier grâce à une entente plus
fonctionnelle conclue avec la Société de développement
industriel concernant le traitement des dossiers qui impliquent les clients du
CRIQ.
Un deuxième organisme, la Société de
développement des coopératives. Au cours de l'année
dernière, cette société a reçu 146 demandes d'aide
financière de la part de coopératives. Elle a été
autorisée à offrir 27 aides pour un montant de 5 319 000 $. Par
ailleurs, 12 autres demandes d'aide financière sont encore à
l'étude pour un montant de 2 500 000 $. Ces projets ont
entraîné ou entraîneront des investissements d'environ 80
000 000 $ et la création ou le maintien d'environ 850 emplois.
Conformément à son mandat, la société a mis
l'accent sur l'aide technique aux coopératives. Dans le but
d'améliorer la qualité de ses services, elle a modifié ses
méthodes de cueillette et de traitement de l'information. Ce meilleur
contrôle de l'évolution financière des entreprises est
complété par un accroissement de la présence de ces agents
auprès des coopératives. Ainsi, la société peut
maintenant intervenir plus rapidement en cas de besoin. De plus, la
société a continué à faire la promotion de la
formule coopérative et de ses services. À cette fin, elle a
multiplié ses contacts avec les principales institutions
coopératives et les organismes susceptibles de travailler au
développement coopératif.
Finalement, la Société de développement industriel,
quant à elle, rendait publique, en février 1987, sa programmation
et témoignait alors d'une vision nouvelle du rôle de la SDI en
matière de développement économique en s'appuyant sur le
dynamisme, l'entrepreneurship et les besoins réels du milieu d'affaires
québécois. Ce projet faisait une large place au prêt
participatif. C'est une forme de partage des risques favorisant la saine
capitalisation des entreprises plutôt que leur endettement et
prévoyait le développement d'un rôle-conseil en
matière de structure de capital, d'autofinancement et la constitution
d'un fonds renouvelable.
Pour réaliser ses objectifs, la SDI compte sur une équipe
à l'écoute de ses partenaires, capable de poser un diagnostic
sûr, de donner une impulsion à la réalisation de projets,
de transiger sur une base d'affaires et de s'adapter rapidement aux changements
économiques. J'aurai l'occasion, ce soir, de parler plus longuement et
plus en détail de ces nouvelles perspectives, compte tenu du mandat de
la SDI, qui nous sont réservées pour les années à
venir.
À ce moment-ci, je profiterai de l'occasion pour évoquer
à nouveau l'intervention plus ciblée de la part du
ministère de l'Industrie et du Commerce comme ministère
responsable du développement économique et, quant à moi,
comme ministre responsable de la région de Montréal, intervention
dans un programme de restructuration de l'est de Montréal. Nous avons,
à la suite des demandes du milieu montréalais exprimées
dans le rapport du comité pour la relance économique de l'emploi
dans l'est de Montréal, répondu, selon tous les intervenants, de
façon non seulement significative, non seulement satisfaisante, mais
complète aux attentes du milieu montréalais,
préoccupé par la situation économique de l'est de
Montréal.
Nous avons donc annoncé - et j'en ai déjà
traité en commission plénière - des programmes de
participation pour les trois prochaines années qui, au total, se
chiffrent à plus de 100 000 000 $, qu'il s'agisse d'études de
diversification pour, notamment, les grandes entreprises de la région de
l'est de Montréal, d'études de localisation à
l'égard desquelles nous sommes disposés à contribuer
financièrement, notamment pour les PME susceptibles de se localiser dans
l'est de Montréal, qu'il s'agisse de contributions financières de
5 000 000 $ afin de rénover des zones vétustes comme celles du
parc Rouen ou du parc de L'Assomption; qu'il s'agisse de la constitution d'un
fonds de développement de 50 000 000 $, à l'égard duquel
une enveloppe de 15 000 000 $ est consentie sous forme de congés ou de
rabais d'intérêts aux emprunteurs, ou de notre participation au
fonds Emploi-Montréal, afin de constituer ce fonds de capital de risque
en association avec d'autres éléments du milieu
montréalais.
Nous avons, au seul titre de la participation du ministère comme
telle ou par le biais de la Société de développement
industriel, injecté à ces seuls titres, avant même que les
autres ministères, notamment celui de la Main-d'uvre
et de la Sécurité du revenu, interviennent,
consacré près de 25 000 000 $ d'argent neuf pour qu'on ne
revienne pas sur cette distinction que le député de
Lac-Saint-Jean faisait valoir en commission plénière, quant
à savoir si les programmes dont je viens de parler constituent de
l'argent neuf ou non. Je lui répète qu'il s'agit d'argent neuf,
auquel il faut évidemment ajouter certains programmes que nous
décidons de maintenir a l'égard de l'est de Montréal. Ce
qui est vrai, en partie.
J'évoque maintenant la participation des autres
ministères, autant de l'OPDQ, qui ajoute de l'argent neuf, que du
ministère de la Maind'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
de même que les Commissions de formation professionnelle qui,
essentiellement, doublent la contribution qu'autrement, elles comptaient faire
auprès de l'est de Montréal d'ici trois ans pour un grand total
de 40 000 000 $ d'argent neuf, neuf, neuf qui s'ajoute à plus de 70 000
000 $ à l'égard de programmes qui sont toujours maintenus et qui
sont, dans certains cas, enrichis et de toute façon traités en
priorité lorsqu'il s'agit de l'est de Montréal.
Quant à des commentaires sur les orientations et
stratégies d'intervention du ministère de l'Industrie et du
Commerce, ces commentaires permettent d'expliquer la performance que nous avons
connue depuis quelques années, notamment l'an dernier comme je viens de
le démontrer, et permettent d'entrevoir l'avenir avec beaucoup
d'optimisme, malgré des perspectives de ralentissement possible d'un
taux de croissance formidable du Québec depuis deux ou trois ans. Nous
n'avons pas, quant à nous, l'impression que nous nous dirigeons vers une
récession. Je le répète, il s'agit, à la rigueur,
d'envisager pour l'avenir, à moyen terme, un ralentissement, mais
toujours une croissance qui permet de soutenir notre développement.
En dépit ou malgré, devrais-je plutôt dire, la
performance remarquable de l'économie l'an dernier, nous faisons face,
et le secteur manufacturier du Québec fait face à des
défis importants qui s'intensifieront à court et à moyen
terme et auxquels il faudra répondre.
Le Québec, au cours des prochaines années, évoluera
en effet au rythme de la libéralisation des échanges, du
développement des technologies et de l'innovation industrielle. Les
courants commerciaux sont de plus en plus diversifiés, la
coopération interentreprises s'intensifie et les technologies et le
savoir-faire sont accessibles plus rapidement et sur une plus grande
échelle. Cette évolution s'accompagne d'une réorganisation
de l'économie mondiale et se traduit par une concurrence de plus en plus
vive dont les effets touchent, d'abord et avant tout, les entreprises du
secteur manufacturier. Pour demeurer compétitives, celles-ci doivent
donc réaliser des gains de productivité appréciables et
savoir en ce sens agencer technologie, méthodes de gestion et de
fabrication, le tout de manière efficace.
C'est dans ce contexte et afin de soutenir adéquatement le
dynamisme et l'entrepreneurship des milieux d'affaires québécois
que le ministère a poursuivi, au cours de la dernière
année, ses réflexions, en vue de préciser les objectifs et
instruments d'intervention et d'appui de sa stratégie de
développement industriel. Dans un esprit de partenariat et d'appui aux
initiatives du secteur privé, le ministère de l'Industrie et du
Commerce fait reposer sa stratégie de développement industriel
principalement sur quatre axes d'intervention: premièrement, le soutien
à l'entrepreneurship et l'amélioration de l'efficacité des
entreprises du secteur manufacturier; deuxièmement, le renforcement de
la structure industrielle et le développement de secteurs porteurs en
croissance et à technologie avancée; troisièmement, la
promotion des investissements et quatrièmement, l'expansion des
marchés.
Quant à l'entrepreneurship et l'efficacité industrielle,
le Québec s'affirme aujourd'hui comme l'un des foyers d'entrepreneurship
les plus dynamiques en Amérique du Nord. Dans de nombreux secteurs
d'activité et dans la plupart des régions, des PME et des grandes
entreprises connaissent des succès remarquables. Les milieux d'affaires
sont également de plus en plus actifs dans la promotion et la
valorisation du rôle de l'entrepreneur. Enfin, de nouvelles formules de
collaboration entre grandes entreprises et PME se développent et ces
dernières s'ouvrent de plus en plus à des modes de financement
qui font appel à des capitaux externes. Aussi, y a-t-il lieu d'appuyer
l'esprit, l'initiative d'entrepreneurship et de fournir les outils de
sensibilisation, d'information, de conseil et, s'il y a lieu, les
infrastructures de soutien et le financement susceptibles d'aider les
entrepreneurs à faire démarrer adéquatement leur
entreprise.
Le rôle du gouvernement du Québec, et
particulièrement celui du ministère, sera d'abord de soutenir les
initiatives prises à cette fin par les milieux d'affaires, tout en
contribuant à créer un climat et un ensemble de conditions qui
favorisent l'entrepreneurship.
Le ministère - j'ai déjà eu l'occasion de le dire
à quelques reprises - a choisi de décentraliser ses
opérations, afin de rapprocher ses services de sa clientèle
d'entrepreneurs. Les directions régionales jouent ainsi auprès
des intervenants économiques de chaque région un rôle
d'animation, d'arrimage et de catalyseurs afin de constituer, dans chacune des
régions, un milieu d'accueil et une offre de services adéquate.
Cette approche a déjà largement fait ses preuves et a
généré un grand nombre d'activités, d'initiatives,
qui ont contribué au développement de l'entrepreneurship dans
toutes les régions du Québec.
Le ministère entend poursuivre dans cette direction tout en
mettant un accent particulier, à travers ses programmes
d'activité, sur les projets qui sont dans des secteurs nouveaux et en
croissance, en particulier, ceux qui visent les
marchés d'exportation.
Nous entendons aussi, en collaboration avec les organismes du secteur
privé, continuer à promouvoir et encourager, par des actions de
formation et des programmes d'aide au démarrage de projets,
l'entrepreneurship chez les femmes, les jeunes et, de façon
générale, chez les 30 à 40 ans, notamment auprès
des cadres et professionnels des grandes organisations qui ont des idées
et le désir de les réaliser.
De plus, dans sa volonté de contribuer à la
création d'emplois nouveaux et de diversifier l'économie
québécoise, le MIC a l'intention d'intervenir pour soutenir, sur
une base sélective, le démarrage d'incubateurs d'entreprises, en
s'assurant, cependant, que ceux-ci aient un effet structurant sur
l'économie et favorisent l'innovation et la diversification
industrielle.
L'approche privilégiée par le ministère visera
à s'assurer de l'implication active et directe des principaux agents
économiques du milieu, autant de celui des entreprises que des milieux
professionnels, financiers et universitaires. Le ministère examinera,
à cet égard, les projets qui lui seront soumis et jugera, cas par
cas, leur capacité à rejoindre les objectifs du Québec en
termes de renforcement de notre structure industrielle.
Enfin, le ministère appuiera la création de centres
d'incubation dans la mesure où les promoteurs démontreront la
capacité du centre de s'autofinancer à moyen terme. Ceci, afin
d'éviter que le gouvernement ne soit placé devant l'obligation de
soutenir par des aides continues, répétitives, récurrentes
les opérations de ces centres.
Par ailleurs, s'il y a lieu de favoriser l'émergence
d'entreprises dynamiques, encore faut-il s'assurer qu'elles puissent
développer leurs activités de manière à demeurer
compétitives par rapport à leurs principaux concurrents. Or, la
compétitivité d'une entreprise repose sur sa capacité de
produire au moindre coût des produits distinctifs et de qualité
dont la mise en marché sera assurée de façon efficace et
à la satisfaction de l'utilisateur ou du consommateur. (10 h 45)
Sur le plan de l'action gouvernementale, plusieurs voies sont
envisageables, qui respectent l'autonomie et le leadership de l'entrepreneur
tout en lui fournissant les outils d'une meilleure efficacité. Pour les
fins de cette stratégie, nous en avons retenu sept, soit: le support
à la gestion, le financement, la qualité, l'automatisation,
l'innovation industrielle, le design et l'environnement réglementaire et
administratif. Je n'entends pas présenter de façon
détaillée l'ensemble des actions du ministère et celles
que nous comptons réaliser l'an prochain afin d'assurer une plus grande
compétitivité chez les entreprises québécoises,
mais j'aimerais quand même vous en tracer les grandes lignes.
En matière de soutien à la gestion, l'entrepreneur ou le
propriétaire dirigeant demeure en effet le personnage clé de
l'entreprise. C'est lui qui décide des pratiques de gestion et fixe les
objectifs de croissance. La libéralisation accrue des échanges
commerciaux et l'évolution du progrès technologique posent
déjà des défis fort importants à l'entrepreneur. Il
faut donc nous assurer, par des actions de sensibilisation, de formation et de
conseil, que nous pouvons répondre à ces besoins, que nous
pouvons contribuer à bonifier les pratiques de gestion d'un plus grand
nombre de ces entrepreneurs et faciliter ainsi, chez les dirigeants
d'entreprise, une meilleure compréhension et une appréciation
globale et intégrée des différentes fonctions de
l'entreprise.
Le financement est tout autant important que la gestion comme facteur
déterminant de la croissance d'une entreprise. Au cours des
années, des véhicules financiers dirigés principalement
vers les PME se sont multipliés. Au Québec, à part les
activités menées par des institutions bancaires, nous avons
assisté à l'essor de sociétés de capital de risque
ou à une intervention gouvernementale qui cherchait principalement
à combler des lacunes du financement traditionnel et à inciter
plus d'entreprises à faire appel à l'épargne publique,
tels les programmes d'épargne-actions, de placement dans les entreprises
québécoises, de régime d'investissement coopératif,
des SPEQ-employés, etc. Plusieurs de ces formules sont récentes,
mais déjà elles connaissent un succès notable et certaines
d'entre elles ont été améliorées pour mieux
répondre aux attentes de notre clientèle. Le MIC poursuivra donc
ses efforts de sensibilisation et de promotion afin de s'assurer que les PME
connaissent bien l'ensemble des outils financiers à leur disposition et
sachent les utiliser de façon à en maximiser le rendement.
Par ailleurs, la compétitivité tient aussi à la
capacité d'innovation des entreprises et à l'efficacité
des procédés de fabrication qui doivent évoluer au rythme
des nouvelles technologies disponibles sur le marché. L'innovation
industrielle recouvre à la fois la recherche et le développement
industriels et le transfert technologique. Au titre de la recherche et du
développement, le Canada et le Québec accusent encore des retards
importants sur la plupart de leurs partenaires industrialisés,
même si, au cours des dernières années, on a assisté
à un certain rattrapage. Nous sommes également des importateurs
nets de technologie et de savoir-faire dans des proportions relatives assez
élevées. Si cette situation ne peut évidemment être
radicalement modifiée à très court terme, elle exige
toutefois des efforts combinés des gouvernements, des milieux de la
recherche et du secteur privé afin d'améliorer, à tout le
moins dans certains secteurs clés, notre capacité propre
d'innovation. En effet, c'est au prix d'un effort concerté et constant
que nous pourrons développer des créneaux de marché
innovateurs et aider les entreprises à être plus productives
et,
conséquemment, plus rentables.
Du côté de l'automatisation, la situation, là aussi,
exige une intervention rapide. En vue de réduire l'écart entre le
Québec et ses concurrents à ce titre, le ministère a mis
au point un certain nombre d'outils d'information, de sensibilisation et d'aide
au diagnostic et compte assurer la tenue de séminaires et de colloques
qui permettraient au ministère de présenter aux dirigeants
d'entreprises les avantages de l'automatisation, les exigences à
respecter avant de s'engager dans un programme d'intégration et les
étapes d'implantation qui doivent être suivies.
Peu à peu, et plus rapidement dans certains secteurs que dans
d'autres, la gestion de la qualité et le design s'inscrivent dans les
stratégies de fabrication et de mise en marché des entreprises.
Même si nous constatons des progrès évidents, plusieurs
entreprises hésitent encore à emprunter résolument la voie
de la qualité. Le développement des technologies de fabrication,
les exigences accrues des consommateurs ainsi que des grandes entreprises
clientes et des acheteurs publics envers leurs fournisseurs et leurs
sous-traitants, les coûts révélés et souvent
très élevés de la non-qualité ont toutefois pour
effet de modifier progressivement radicalement cette situation.
Du côté du design, la situation évolue
également. La concurrence internationale de plus en plus vive dans
certains segments de marché, l'évolution des coûts, la
sélectivité de plus en plus grande exercée par des
consommateurs de mieux en mieux informés, l'utilisation de nouveaux
matériaux, de technologies nouvelles et de savoir-faire ouvrant des
perspectives jusque-là insoupçonnées ont comme
conséquence d'amener les entreprises à accorder une attention
plus grande non seulement à la fiabilité, mais aussi à
l'usage, à la conformité et, selon le cas, à
l'esthétique de leurs produits. Les entreprises
québécoises n'échappent évidemment pas aux
conséquences résultant de ces règles du jeu. Toutefois, la
gestion de la qualité et le design ne sont pas encore ancrés dans
la culture organisationnelle de l'ensemble de nos entreprises et notamment,
chez les PME. Des actions de sensibilisation, de formation et d'appui sont donc
encore nécessaires à ce titre.
Enfin et outre ces facteurs qui relèvent plus directement de
l'entrepreneur, le cadre réglementaire, législatif et
administratif qui s'applique à l'entreprise constitue un
élément susceptible d'affecter l'efficacité industrielle
d'une entreprise. Le gouvernement du Québec veut s'assurer de minimiser
les entraves au développement des entreprises que peuvent contenir des
projets de loi ou de règlements. Il entend alléger les
procédures et la paperasserie qui s'y rattachent et développer un
processus de consultation plus poussé des Intervenants du milieu
à cet égard. J'indiquerais tout de suite que mon collègue
délégué à la PME, M. André Vallerand, se
fera un plaisir, dans la mesure où cela relève de ses
attributions, de faire valoir quels sont les gestes concrets que nous avons
déjà mis en place afin d'alléger le poids de la
réglementation et de la paperasse sur les entreprises.
J'aimerais maintenant traiter du renforcement de la structure
industrielle et du développement des secteurs porteurs, ce second axe
d'intervention de la stratégie industrielle du ministère de
l'Industrie et du Commerce. S'il n'y a pas de structure industrielle
idéale, il y a tout de même lieu de favoriser par des choix
stratégiques un meilleur déploiement et un meilleur
équilibre des sources de croissance provenant du secteur manufacturier.
En ce sens, la stratégie d'interventions sectorielles du
ministère vise trois objectifs: premièrement, accroître
l'investissement manufacturier dans des secteurs dont l'activité est
stratégique au plan du redéploiement et du renforcement de la
structure industrielle manufacturière; deuxièmement, soutenir la
compétitivité de ces secteurs par la mise en oeuvre de mesures
incitatives susceptibles de procurer des gains de productivité et de
développer leur marché et, troisièmement, favoriser une
plus grande intégration des activités de ces secteurs porteurs au
tissu industriel et commercial du Québec.
Sans pour autant négliger l'ensemble des entreprises du secteur
manufacturier, notamment celles qui appartiennent à des secteurs
où la concurrence nord-américaine existe déjà et ne
peut que s'accentuer avec l'entrée en vigueur de l'accord du
libre-échange, l'atteinte de tels objectifs passe nécessairement
par une stratégie industrielle dirigée principalement vers des
industries qui utilisent des technologies avancées, font appel à
une sous-traitance spécialisée, ont des marchés qui se
développent ou pour lesquels le Québec dispose d'atouts qui le
placent en situation de concurrence vis-à-vis de ses partenaires. Au
Québec, ces industries sont celles des véhicules et
pièces, de l'aérospatiale et des produits de la défense,
de la micro-électronique, des télécommunications, de
l'informatique et des logiciels, des produits en matière plastique, des
produits pharmaceutiques et des bio-industries de la santé, auxquelles
il faut ajouter évidemment les industries fortes consommatrices
d'énergie. J'avais déjà eu l'occasion de présenter
et de discuter, l'an dernier, avec les membres de cette commission, des
orientations du plan d'action que le ministère avait arrêté
afin d'accélérer le développement de ces industries
stratégiques. J'avais également fait part des principales
activités que j'entendais mener en ce sens. Or, la problématique
de développement propre à chacune de ces industries et les
perspectives que je décrivais alors demeurent sensiblement les
mêmes aujourd'hui. Aussi le programme d'action que nous avons
engagé cette année sera pour l'essentiel poursuivi au cours des
prochains mois selon les axes que nous avions retenus l'an dernier. Ceci se
traduira notamment par des
activités de prospection et de promotion à
l'étranger afin d'identifier des partenaires intéressés
à investir dans ces secteurs, par tout un ensemble d'actions de soutien
à la compétitivité, qu'il s'agisse de qualité,
d'innovation, d'automatisation ou de design, et aussi par des
représentations suivies auprès des interlocuteurs gouvernementaux
et privés susceptibles de contribuer à la croissance et à
l'expansion de ces industries. On peut penser, par exemple, aux grands contrats
militaires et civils ou aux activités de recherche et de
développement qui découlent de la nouvelle loi sur les brevets
pharmaceutiques ou enfin, aux fabricants de pièces et composantes pour
le secteur du transport terrestre. Quant à ce troisième axe plus
précis de la promotion des investissements, j'aimerais souligner que
l'accueil et la prospection de l'investissement étranger sont devenus
des outils complémentaires et nécessaires à toute
stratégie de développement industriel axée sur la
compétitivité et qui vise l'accès à des
technologies et à l'innovation industrielle, la croissance des
marchés et un meilleur déploiement de notre structure
industrielle manufacturière.
Par les moyens habituels de la promotion, le ministère de
l'Industrie et du Commerce a recherché, au cours des dernières
années, en collaboration avec les intervenants intéressés,
des partenaires aptes à réaliser, seuls ou en coparticipation,
des projets d'implantation qui comportent des retombées au Québec
en termes d'emploi, de sous-traitance industrielle, de marché et de
recherche et de développement. Les résultats ont
été particulièrement intéressants dans les secteurs
utilisant les matériaux énergivores. Qu'on pense seulement aux
investissements récents dans le secteur de l'aluminium, de la chimie, du
magnésium qui totalisent près de 2 000 000 000 $. Le gouvernement
du Québec croit toutefois qu'il faut faire plus et mieux et le faire de
manière plus étroite avec les partenaires économiques du
secteur privé québécois. En effet, même si la
performance du Québec n'a cessé de s'améliorer au cours
des dernières années, la part des investissements
étrangers qu'il accapare dans l'ensemble canadien est encore nettement
inférieure à sa capacité d'accueil et au potentiel de son
économie. Or, pour réaliser une prospection et un accueil
efficace de l'investissement étranger, il faut nécessairement
être en mesure d'offrir un encadrement et des avantages qui satisfont un
investisseur potentiel. Ce sera d'autant plus vrai avec le resserrement
prévisible des liens d'affaires canado-américains.
Il est donc nécessaire que la politique québécoise
en matière d'accueil et de promotion des investissements évolue
de manière à tenir compte de ces phénomènes
récents, à la fois en accentuant son action de prospection et en
adaptant ses outils d'intervention. À cette fin, nous nous sommes
donné comme objectif à court terme au ministère,
premièrement, d'assurer une protection ciblée et intensive
axée sur les secteurs stratégiques de la structure industrielle
que nous avons retenue; deuxièmement, d'identifier et de prendre contact
avec les entreprises qui ont des projets d'expansion dans ces secteurs
liés aux ressources ou nécessitant une utilisation importante
d'énergie; troisièmement, de favoriser le maintien et le
développement des activités des filiales d'entreprises
étrangères installées au Québec, seules ou en
coparticipation avec des entreprises québécoises et,
quatrièmement, de rechercher une plus grande diversification et un
meilleur équilibre des sources de provenance du capital
étranger.
L'atteinte de ces objectifs nécessitera la mise en oeuvre d'une
stratégie à plusieurs volets qui fera l'objet d'une concertation
et d'une coordination étroite avec les milieux économiques
impliqués dans la promotion des investissements au Québec et
siégeant à une table de concertation mise en place à cette
fin. Elle donnera également lieu au renforcement de la fonction de
promotion des investissements au sein du ministère et à la mise
au point de nouvelles approches qui permettent d'améliorer notre
prospection à l'étranger et de prendre en compte les
problèmes liés à la formation de la main-d'oeuvre pour les
grands projets.
Dernier volet de la stratégie du ministère, l'expansion
des marchés. Le Québec est doté d'une économie dont
la croissance est étroitement liée à la performance de ses
entreprises sur les marchés extérieurs. Pour plusieurs
sociétés rendues à maturité et qui veulent
croître, le marché québécois s'avère trop
étroit et l'expansion de la production passe nécessairement par
l'exportation, notamment sur le marché nord-américain.
Dans ce contexte et avec la libéralisation accrue des
échanges qui aura pour effet d'atténuer, sinon d'abolir les
avantages et la protection relative dont jouissent actuellement les entreprises
sur leurs marchés régionaux et nationaux respectifs, l'action
gouvernementale devra nécessairement chercher à favoriser la
consolidation et la croissance des échanges avec le marché
américain, leur diversification à la fois sectorielle et
géographique et l'exportation grandissante de produits à plus
haute valeur ajoutée. Elle devra aussi s'efforcer d'appuyer le
développement des marchés québécois et canadiens
des entreprises face à leurs principaux concurrents par des actions
dirigées notamment vers les intermédiaires commerciaux qui
assurent le contrôle des réseaux de distribution. (11 heures)
Enfin, dans une économie ouverte, de taille moyenne, comme l'est
celle du Québec, qui est sensible à l'évolution de la
conjoncture internationale, aux variations du taux de change des monnaies et
à l'attitude plus ou moins protectionniste de son partenaire
américain dans certains secteurs où nous apparaissons comme des
concurrents sérieux, l'intervention gouvernemen-
tale devra aussi viser à maintenir et accentuer la
diversification du commerce extérieur québécois vers ses
autres partenaires économiques. Le MIC entend donc s'associer à
ses partenaires du secteur public et des milieux d'affaires afin de
créer des conditions qui permettent aux entreprises
québécoises de maintenir et accroître leurs
opérations au Canada et sur le marché international. À cet
effet, au cours des prochains mois, outre le suivi des négociations du
GATT, quatre axes d'intervention feront l'objet d'une attention spéciale
du ministère, soit la mise en oeuvre de l'accord canado-américain
de libre-échange; un meilleur accès à des produits
québécois aux réseaux de distribution, la diversification
des marchés liés à l'obtention de contrats internationaux
et la mise en oeuvre d'une opération mission mondiale dans certains
secteurs où nous disposons d'atouts reconnus, tel que dans les secteurs
des bio-industries de la santé, de l'électronique, de
l'aéronautique et de l'aérospatiale.
Mais l'élément le plus important de ce nouveau contexte
demeure celui de l'accord de libéralisation des échanges
canado-américains qui apporte nécessairement une étude des
mesures d'adaptation éventuelles que les industries
québécoises devront adopter. Toutes les études
macro-économiques ont conclu que la libéralisation des
échanges avec les États-Unis favorisera la croissance
économique du Canada et entraînera relativement peu d'efforts
supplémentaires d'ajustement de l'appareil industriel. À
l'écoute des indicateurs fournis par le marché, les industriels
sont habitués à se soumettre à un processus continu
d'ajustement à leur environnement commercial. Dans l'ensemble des causes
structurelles et conjoncturelles qui amènent les entrepreneurs à
prendre les décisions nécessaires au maintien de leur
compétitivité, celles reliées aux données de la
politique commerciale ne jouent généralement pas un rôle
prédominant. En effet, si on se fie à l'expérience
canadienne depuis la fin de la guerre, les réductions tarifaires
consenties dans le cadre des différentes rondes de négociations
du GATT on été absorbées sans choc majeur par les
industries canadiennes.
Dans le présent accord de libéralisation des
échanges avec les États-Unis, rien ne permet d'envisager, cette
fois, des coûts élevés d'ajustement, bien au contraire,
puisque la négociation tarifaire s'est faite de façon à
réduire les besoins d'adaptation, en prévoyant une période
de transition de dix ans, soit l'équivalent de celle prévue lors
du Tokyo Round, et en choisissant sur une base volontaire, par consultation
avec les secteurs, ceux pour lesquels il y aura accélération des
réductions consenties.
Le Conseil économique du Canada et le ministère
fédéral des Finances estiment, d'ailleurs, à moins de 25
000 en moyenne, les travailleurs qui, à l'échelle canadienne,
seraient amenés, chaque année, pendant la période de
transition, à changer d'emploi par suite de la mise en oeuvre de
l'accord de libre-échange avec les États-Unis. C'est bien peu
quand on pense qu'un travailleur sur cinq, c'est-à-dire près de 4
000 000 de Canadiens change d'emploi chaque année.
Le Québec a donné son appui à cette
négociation, parce qu'il voit dans la libéralisation des
échanges avec les États-Unis l'occasion d'obtenir pour ses biens
et services sur ce marché un accès amélioré et plus
sûr, un moyen de rendre ainsi son économie moderne, plus efficace,
plus productive, de façon à être en mesure de faire face
à la concurrence tant sur son marché domestique que sur les
marchés étrangers.
Le Québec veut, de cette façon, bâtir une
économie capable d'offrir de meilleures possibilités de
création d'emplois stables et qualifiés pour sa population active
et veut réaliser une économie dynamique, capable de s'adapter
avec plus de flexibilité à son environnement et de saisir les
occasions de changement, y compris des modifications structurelles et capable
de susciter une accélération des investissements domestiques et
étrangers.
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement du Québec a
défendu la nécessité d'une assistance gouvernementale
à cet effort d'ajustement sous la forme de mesures d'adaptation
appropriées, de façon à encourager les changements les
plus rapides pour promouvoir l'efficacité économique et pour
s'assurer que les bénéfices du libre-échange soient
équitablement partagés. Il en a même fait, depuis le
début de cette négociation, une condition de son appui à
la démarche fédérale. L'action des gouvernements doit
viser autant à permettre aux entreprises, par le biais des programmes
actuels, améliorés ou nouveaux, de tirer le meilleur parti des
nouvelles perspectives de marché à la suite de la
libéralisation des échanges avec les États-Unis,
qu'à aider les entreprises et les travailleurs oeuvrant dans des
secteurs qui auront à assumer des coûts plus importants
d'ajustement à ce nouvel environnement commmercial.
Pour tirer le meilleur parti des nouvelles perspectives de marché
offertes par cet accord, les entreprises québécoises devront
s'habituer à établir leur stratégie de production et de
commercialisation sur la base d'un vaste marché continental. Cela
signifiera qu'elles devront saisir toutes les possibilités
d'accroître leur part de marché et d'améliorer leur
compétitivité par l'innovation et la création. Pour
appuyer les efforts des entreprises en ces sens, les gouvernements ont
développé, entre autres, des programmes d'aide à la
gestion, à la formation de la main-d'oeuvre, à la promotion des
exportations et à l'innovation technologique. Il s'agit donc de savoir
maintenant dans quelle mesure les exigences d'adaptation à ce nouvel
environnement commercial susciteront des efforts supplémentaires de la
part des entreprises et des gouver-
nements. La poursuite des travaux d'analyse des besoins d'adaptation
doit être complétée par l'analyse des programmes existants
afin d'être en mesure de déterminer s'ils sont adéquats
pour répondre aux circonstances. Cette évaluation doit porter sur
l'ensemble des actions qui ont un effet d'adaptation, autant sur les
entreprises qui pourraient être affectées négativement que
sur celles qui profiteront de l'accord de libre-échange.
Pour ce qui est des actions qui ont un effet sur l'adaptation positive,
il est important de faire le bilan de l'ensemble des programmes ou
interventions des deux ordres de gouvernement qui ont un effet direct ou
indirect sur l'amélioration de la performance à l'exportation des
entreprises québécoises, et sur l'amélioration de leur
degré de concurrence par le biais de l'aide à l'innovation
technologique, la formation de la main-d'oeuvre, le développement d'une
gestion compétente et la sensibilisation au souci de la qualité
des produits. Tous ces programmes ou interventions doivent viser
dorénavant à permettre aux entreprises québécoises
de profiter au maximum de la taille du marché américain, de son
dynamisme, de son caractère stimulant pour l'innovation et le
développement technologique.
Dans un deuxième volet, l'attention doit être portée
sur les mesures ou programmes gouvernementaux destinés, dans le cas de
certains secteurs manufacturiers ou segments de production plus
vulnérables à la concurrence internationale, à favoriser
une restructuration industrielle. Il s'agit non seulement de faire l'inventaire
de ses outils mais aussi d'évaluer les changements d'orientation
possibles, les recoupements ou améliorations qui pourraient y être
apportés afin d'accroître leur efficacité en vue de la
réalisation de l'objectif poursuivi, c'est-à-dire de permettre
à ces secteurs de procéder aux modifications structurelles et aux
investissements requis pour être plus concurrentiels et plus efficaces
sur les marchés américain et domestique.
Présumant au départ et, en cela appuyé par toutes
les études économiques disponibles, que les coûts
d'adaptation provoqués par la mise en oeuvre de l'accord avec les
États-Unis ne devraient pas être considérables, il est
à plus forte raison important que l'assistance gouvernementale soit
disponible et efficacement orientée. La mise en oeuvre de l'accord peut,
d'autre part, amener dans l'avenir une diminution de l'intervention de
l'État dans la mesure où des segments de production, qui se sont
développés de façon artificielle à
l'intérieur de frontières protégées, seront soumis
dorénavant à Un processus plus grand d'intégration et de
rationalisation et qu'une structure industrielle plus dynamique et plus
concurrentielle sera donc le résultat de la création d'un vaste
marché continental.
Voilà pour l'essentiel, M. le Président, la
stratégie que le ministère entend suivre au cours des prochains
mois. Au moment où l'esprit d'entreprise se développe dans toutes
les régions, que la confiance et le dynamisme des gens d'affaires se
manifestent dans plusieurs secteurs d'activités, le gouvernement du
Québec a ainsi voulu, par sa stratégie, appuyer les initiatives
qui font appel au leadership, à l'audace, et à la capacité
d'entreprendre des milieux d'affaires québécois. Le succès
de cette politique repose donc au premier chef sur la vitalité des gens
d'affaires qui sauront utiliser de façon productive et efficace les
outils que nous mettons à leur disposition. Le programme d'action
proposé par le ministère est, en ce sens, d'abord et avant tout
une réponse à des besoins et à des attentes
exprimés par les milieux d'affaires. C'est donc dans ce contexte
commercial en voie de modification et à l'occasion d'une effervescence
de l'entrepreneurship québécois que j'ai l'honneur de
présenter aujourd'hui les crédits du ministère de
l'Industrie et du Commerce, pour l'année financière
1988-1989.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je vais maintenant donner la parole au député de
Lac-Saint-Jean et critique officiel de l'Opposition.
M. Brassard: Merci, M. le Président. On termine à
quelle heure, M. le Président?
Le Président (M. Théorêt): À 12 h 30
pour la première étape.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Pour la première étape. Très
bien. Merci.
Quand on regarde les crédits du ministère de l'Industrie
et du Commerce, on constate une croissance de 19 % de ces crédits.
Cependant, quand on les examine d'un peu plus près, on se rend compte
que cette croissance ne s'explique pas par des priorités ou des choix
nouveaux en matière de développement économique au
Québec. Cela s'explique uniquement, banalement, par des transferts en
particulier dans le domaine des télécommunications et par la
création d'un fonds spécial des télécommunications.
C'est, selon le livre même des crédits d'ailleurs, l'explication
de la croissance de 19 % des crédits du ministère.
En réalité, on est en face d'une gestion bien tranquille,
bien pépère, au ministère de l'Industrie et du Commerce,
plutôt terne et sans éclat. C'est à l'image du
gouvernement, d'ailleurs, qui, depuis deux ans et demi, on le sait, a
adopté pour toute politique de développement économique au
Québec une espèce d'attitude d'abandon aux lois du marché.
C'est la philosophie du gouvernement libéral actuel. Cela consiste
à laisser jouer les lois du marché. Depuis quelques
années, le ministre le rappelait, le taux de croissance est
élevé, donc les lois du marché, jusqu'à maintenant,
donnent de bons résultats. À ce sujet, quand le ministre dit que
l'économie
québécoise a connu un taux de croissance important depuis
deux, trois ans, je lui signale que c'est depuis cinq ans. Je comprends qu'il y
ait une petite tentative d'attribuer au gouvernement libéral seul les
mérites de la croissance économique. Cela ne correspond pas du
tout aux données, aux statistiques connues. L'économie
québécoise connaît, depuis au moins cinq ans, un taux de
croissance remarquable. Donc, il y a trois sur cinq de ces années dont
les mérites, dont les retombées concrètes pourraient
être attribuées au gouvernement précédent, au
gouvernement du Parti québécois.
En aparté aussi, je signale à ce sujet que le
gouvernement, tous les ministres d'ailleurs, ont tendance à s'attribuer
les mérites des créations d'emplois au Québec,
particulièrement les créations d'emplois de l'an dernier. Ils se
vantent d'être les responsables des créations d'emplois. À
ce sujet, il faut quand même lui rappeler que si le gouvernement est
responsable des créations d'emplois au Québec, il est aussi
responsable des pertes d'emplois et des fermetures d'usines. J'ai ici toute une
liste assez impressionnante de fermetures d'entreprises, de fermetures
d'usines, de pertes d'emplois: AMC-Renault à Saint-Bruno, Electrolux
à Pointe-Claire, 375 emplois, Sometal à Rimouski, qui licencie 85
personnes, Imperial Tobacco, perte de 334 emplois, Coleco, fabrication de
jouets - on en a déjà parlé à l'Assemblée
nationale - 250 emplois perdus, et ainsi de suite. J'ai toute une liste, je
vous fais grâce de l'énumération. Anna Chaussures, à
Grand-Mère, 200 emplois, Novatel Communications Saint-Laurent, 202
emplois, etc.
Si vous voulez être responsable des créations d'emploi, des
emplois créés au Québec, vous allez être aussi
responsables des pertes d'emplois et des fermetures d'usines et d'entreprises.
On ne peut pas s'attribuer les mérites et les retombées positives
de la croissance économique et, en même temps, se laver les mains
des effets négatifs du développement économique ou de la
concurrence. Vous allez prendre le tout ou rien du tout. Je pense qu'il est
important de le signaler.
En ce qui concerne les priorités du ministère, le cahier
explicatif des crédits nous indique que le ministère va consacrer
23 100 000 $ à des projets d'investissements de la SDI, 3 700 000 $
à la restructuration de l'est de Montréal et 1 000 000 $ dans le
cadre des travaux du libre-échange.
En ce qui concerne la SDI dont on parlera plus en détail ce soir,
les projets qui nous sont annoncés sont ceux qui avaient
déjà été annoncés l'an dernier et qui n'ont
pas été réalisés. Ce sont les mêmes projets.
On aura l'occasion d'en reparler. Rappelons cependant que la SDI a
périmé, l'an dernier, plus de 33 000 000 $ dans son budget de
transfert, ce qui représente tout près du tiers du budget qui lui
avait été accordé en 1987-1988. C'est considérable.
C'est la même chose pour le ministère. Le ministère, dans
son ensemble, a périmé 56 300 000 $ et la Société
de développement industriel, 33 000 000 $, ce qui fait un total de 95
000 000 $, si on compte également, dans le budget de prêts, des
crédits périmés de 4 000 000 $ pour ce qui est de la
société... 95 224 000 $ de crédits périmés
sur 342 573 000 $, ce qui est le budget du ministère de l'Industrie et
du Commerce pour l'an passé; c'est énorme et je pense qu'il y a
des questions à se poser sur cela. (11 h 15)
Comment se fait-il qu'on périme tant de crédits au
ministère de l'Industrie et du Commerce et à la
Société de développement industriel? Des crédits
périmés, il y en a dans chacun des ministères et chaque
année, mais que le niveau des crédits périmés
atteigne presque le tiers des crédits alloués, je pense qu'il y a
lieu de s'interroger pour trouver les raisons d'un niveau si
élevé de crédits périmés. Au fond, ne
faut-il pas s'interroger sur la mission même du ministère de
l'Industrie et du Commerce, sur sa vocation? Est-ce que les programmes mis en
place, qui ont été considérablement réduits
d'ailleurs, en particulier en ce qui concerne la SDI, et qui sont pas mal moins
nombreux qu'ils ne l'étaient, répondent bien aux besoins et aux
attentes des entreprises québécoises? Quand on voit un niveau
aussi élevé de crédits périmés, je pense que
ce sont les questions qui surgissent immédiatement à notre
esprit. Cela ne signifie-t-il pas finalement que les programmes sont plus ou
moins adaptés aux besoins et aux attentes véritables des
entreprises québécoises? Sinon, le niveau des crédits
périmés serait sans doute moins élevé, comme c'est
d'ailleurs le cas dans bien des ministères: le niveau des crédits
périmés est pas mal moins élevé parce que les
organismes, les entreprises y ont accès et ont recours aux programmes en
vigueur. Un tel niveau de crédits périmés, je pense que
c'est tout à fait inquiétant et cela indique qu'il y a lieu de se
pencher et de s'interroger sur la concordance entre les programmes mis en
place, ceux qui restent en tout cas, et les attentes et les besoins
véritables, réels et concrets des entreprises
québécoises.
L'autre priorité concerne l'est de Montréal; j'en reparle.
J'en ai parlé, c'est vrai, récemment, avant Pâques, en
commission plénière. Après deux ans, le gouvernement se
décide enfin à agir dans ce domaine. Mais, avec 3 700 000 $, on
est loin de la promesse du ministre qui annonçait des investissements de
105 000 000 $ répartis sur trois ans. En fait, ces 105 000 000 $, je
continue de l'affirmer et de le maintenir, existent déjà au
ministère de l'Industrie et du Commerce et particulièrement
à la SDI, comme c'est le cas des 50 000 000 $ réservés
à la SDI pour l'est de Montréal. Au fond, tout ce que le ministre
a annoncé concrètement et véritablement, c'est qu'il
créait des fonds de réserve à l'intérieur
même des crédits réguliers et des programmes
réguliers du ministère de l'Industrie et du
Commerce. Ce faisant, je crains qu'on enlève aux autres
régions pour donner à cette région. Si on met ainsi en
réserve des sommes importantes à même les crédits
réguliers, sur la base des programmes réguliers de la SDI et du
ministère, cela veut dire qu'on gèle ces crédits pour
l'est de Montréal. S'il arrivait encore là qu'on se retrouve avec
des niveaux importants de crédits périmés, on pourrait
également se retrouver avec des régions qui n'ont pas pu
bénéficier de crédits suffisants, alors qu'on en a
gelés en trop pour l'est de Montréal. On pourrait se retrouver
face à cette situation.
Je répète que le seul compliment qu'on puisse faire au
ministre au sujet de l'est de Montréal, c'est son habileté
à présenter les choses. C'est une opération marketing tout
à fait remarquable. D'ailleurs, les commentaires qui ont suivi le
démontrent, il a réussi à faire passer l'utilisation de
crédits réguliers, l'utilisation de programmes réguliers
de son ministère et de la Société de développement
industriel, pour du nouveau et de l'argent neuf par une opération
marketing assez habilement menée, mais quand on creuse, quand on regarde
et quand on scrute on se rend compte finalement que ce sont des programmes
réguliers, que ce sont des crédits réguliers et du
ministère et de la SDI. M. de Cotret a été moins habile.
Il y a des spécialistes en marketing qui sont moins savants et moins
habiles puisque, lui, il a été plus clair quand il a
annoncé les efforts du gouvernement fédéral pour l'est de
Montréal. Il a été trop clair sans doute si on tient
compte des réactions qui ont suivi. Il a indiqué carrément
qu'au niveau fédéral l'argent venait de programmes
réguliers du gouvernement, de programmes déjà en vigueur
et des crédits déjà votés par le Parlement
fédéral pour ces programmes. Évidemment il s'est fait
rabrouer et critiquer sévèrement par les intervenants qui
l'accusaient de ne pas investir de l'argent neuf dans l'est de Montréal.
C'est ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce du Québec a fait
aussi sauf qu'il l'a habillé de telle façon que cela a
passé pour autre chose. Je pense que maintenant il faut rétablir
les faits. Il y a très peu d'argent neuf qui sera consacré au
développement et à la restructuration de l'est de
Montréal.
Finalement, la dernière priorité, telle qu'on nous
l'indique dans les cahiers explicatifs du ministère, consiste à
effectuer des études sur le libre-échange pour 1 000 000 $.
L'entente est déjà conclue entre le Canada et les
États-Unis et elle va bientôt entrer en vigueur. On constate que
le ministère de l'Industrie et du Commerce en est encore à la
phase des études. Je trouve qu'on peut, avec raison, l'accuser
d'être en retard. Ce n'est plus le temps de faire des études,
c'est maintenant le temps d'annoncer des programmes d'adaptation tel que le
ministre du Commerce extérieur s'est engagé à le faire
lors de la commission parlementaire sur le libre-échange. Le ministre de
l'Industrie et du Com- merce a rappelé l'engagement pris par son
collègue du Commerce extérieur. Cet engagement, il l'a
répété à maintes reprises. J'ai ici la
transcription de la commission sur le libre-échange. M. MacDonald
disait: Je prends l'engagement, comme nous l'avons pris, que,
condition-nellement à l'adhésion du Québec à ce
traité de libre-échange doivent exister des mesures et des
périodes de transition accompagnées des mesures
nécessaires pour permettre aux entreprises qui sont le plus
touchées de passer au travers et de demeurer compétitives.
"Conditionnellement à l'adhésion", ce n'est pas ce que je vois
présentement. Je vois que le gouvernement du Québec a
adhéré à l'accord de libre-échange, a appuyé
l'accord de libre-échange, a soutenu l'accord de libre-échange
sans réserve et que même le premier ministre du Québec,
à une certaine occasion, s'était presque engagé à
faire de la promotion de l'accord partout au Canada d'une mer à
l'autre.
Conditionnellement à l'adhésion du Québec à
ce traité. Conditionnellement, cela veut dire avant; avant
d'adhérer, avant d'appuyer, avant de soutenir, selon les propos
mêmes de M. Mac-Donald. Il aurait fallu que soient préparés
et conçus des programmes et des mesures d'adaptation et de transition.
Ce qui n'est pas le cas. Évidemment, tout le monde sait qu'il n'y en a
pas présentement. Il n'y a aucun programme, il n'y a aucune mesure,
aucune politique connus aussi bien au fédéral d'ailleurs qu'au
Québec, concernant l'adaptation des entreprises et des secteurs de
l'économie au nouvel environnement économique qui va être
créé à la suite de la mise en vigueur de l'accord de
libre-échange. Ce n'est pas le cas, il n'y en a pas. Tout le monde le
sait puisque ce qu'on entend faire selon les crédits qu'on a devant nous
c'est de faire des études pour voir "s'il n'y a pas lieu de". Ce
n'était pas cela l'engagement du gouvernement du Québec.
L'engagement du gouvernement du Québec, par la bouche même de M.
MacDonald, c'était de dire: On va adhérer à l'accord de
libre-échange s'il existe des programmes, des mesures de transition,
pour permettre à certains secteurs qui, de façon évidente,
vont connaître des retombées négatives de la
libéralisation des échanges. Je veux bien croire que, globalement
parlant, les avantages d'un tel accord vont l'emporter sur les
inconvénients, mais il n'en demeure pas moins qu'il va y avoir des
inconvénients pour certains secteurs de l'économie
québécoise. Cela, c'est connu. Je pense qu'on peut le constater
dans les études mêmes faites par le ministère de
l'Industrie et du Commerce. Il y aura des inconvénients et il y aura des
victimes du libre-échange; cela aussi est connu, on le sait qu'il y aura
des victimes.
Donc, il y a des avantages, on l'admet, mais il y aura aussi des
victimes et des inconvénients pour certains secteurs. C'est comme cela
qu'il faut comprendre la condition ou l'engagement de M. MacDonald. C'est
qu'avant d'adhérer à cet
accord, il faut qu'on connaisse de la part du gouvernement
fédéral, et de la part du gouvernement du Québec aussi -
il n'a même pas fait ses devoirs à ce point de vue-là - des
programmes d'adaptation, des programmes de transition pour permettre à
certains secteurs de l'économie de subir les contrecoups négatifs
de la libéralisation des échanges. Ce n'est pas le cas. On est
encore à la phase des études. Je pense qu'on doit reprocher au
gouvernement du Québec, à ce titre, de faire preuve d'un
optimisme un peu trop béat et de ne pas assumer pleinement ses
responsabilités. Déjà, le ministère de l'Industrie
et du Commerce aurait dû avoir en main toutes ces études et aurait
dû déjà concevoir, financer et contribuer à la mise
en vigueur de tels programmes, en collaboration avec le gouvernement
fédéral parce que le gouvernement fédéral va
devoir, lui aussi, le faire. Cela aurait dû être fait et on devrait
être en mesure maintenant, puisque l'accord va s'appliquer, de
connaître les programmes, ce qui n'est pas le cas. Je pense que, à
ce sujet, il faut reconnaître que le gouvernement du Québec est en
retard et n'a pas pleinement assumé ses responsabilités. Au fur
et à mesure que cet accord va s'appliquer et qu'on va en subir des
contrecoups négatifs, non pas uniquement des avantages, et que des
usines vont mettre à pied des employés et que ces mises à
pied pourront être reliées directement à la
libéralisation des échanges, je pense que, à ce
moment-là, on se rendra compte que le gouvernement n'a pas assumé
pleinement ses responsabilités et qu'il les attend.
Sur les nouvelles orientations de la SDI, on en parlera ce soir, mais,
en attendant, je ferai quelques remarques à ce sujet. En arrivant au
pouvoir, le gouvernement libéral a décidé, à la
suite des recommandations du rapport Gobeil d'ailleurs, de changer
l'orientation de la SDI. Heureusement, il n'est pas allé au bout des
recommandations du rapport Gobeil parce que celui-ci en arrivait à la
conclusion qu'il fallait purement et simplement liquider et supprimer tous les
programmes appliqués par la SDI. Cependant, les programmes de la SDI ont
été réduits considérablement; ils sont
passés de 15 à 4, comme on le sait, et le type d'intervention de
la SDI a été modifié.
La formule du prêt participatif, comme on le sait, a
remplacé les subventions directes. Nous nous sommes opposés
à cela lorsqu'un projet de loi en ce sens a été
déposé à l'Assemblée nationale. Il ne nous
apparaissait pas opportun, même dans la Loi sur la Société
de développement industriel du Québec, de lui interdire de faire
des subventions directes à l'entreprise. D'abord parce que,
présentement, il continue de s'en faire des subventions, mais à
la grande entreprise. On est en face d'une politique de deux poids, deux
mesures. On subventionne très largement des grandes entreprises. Je n'ai
qu'à vous rappeler le cas GM. Je ne dis pas que ce n'était pas
pertinent, ce n'est pas ce que je dis, mais je dis qu'on continue très
largement à subventionner les grandes entreprises au Québec
actuellement, via le même ministère, le ministère de
l'Industrie et du Commerce. Mais pour les PME qui ont recours, pour la plupart,
aux programmes mis en vigueur par la SDI, ce n'est plus possible. (11 h 30)
On a interdit formellement à la SDI, par une loi d'accorder
désormais des subventions directes à l'entreprise. On a
même pris la peine de présenter un projet de loi en ce
sens-là à l'Assemblée nationale, pour modifier la loi de
la SDI. Cela nous apparaît inopportun et on n'aurait pas dû aller
jusque-là. Actuellement, cela n'a peut-être pas d'effet
désastreux puisque, comme on le sait, l'économie
québécoise connaît un taux de croissance
intéressant. Mais on connaîtra d'une façon ou d'une autre
des périodes moins actives sur le plan économique, des
périodes de décroissance, des périodes de récession
même, la SDI se retrouvera dans l'incapacité, parce qu'on lui aura
interdit par une loi, je dirais de diversifier ses outils d'intervention et ses
moyens d'aide aux PME. Mais je répète qu'on est actuellement en
face d'une politique deux poids deux mesures. Les grandes entreprises
continuent très largement de profiter de subventions
généreuses, mais c'est interdit aux PME puisque la loi
constitutive de la SDI l'interdit formellement.
Le résultat de tout cela apparaît aux crédits
où les montants versés et dépensés sous forme de
transferts aux entreprises par la SDI diminuent et où ceux versés
sous forme de prêts et avances augmentent cependant. J'ai dit en
commission parlementaire, que c'était un truc assez habile de la part du
ministre des Finances que d'augmenter les prêts et avances parce que cela
n'a pas d'effet sur les opérations budgétaires; donc cela n'a pas
d'effet sur le déficit budgétaire comme tel, puisque les
prêts et avances apparaissent dans le non-budgétaire.
L'économie du Québec, on le sait, est essentiellement une
économie de petites et moyennes entreprises. Or, le problème
numéro un de ces entreprises est celui de la capitalisation, c'est connu
et je signale que même en période de croissance
intéressante, le nombre des faillites actuellement au Québec ne
cesse d'augmenter. En tout cas, il est supérieur à ce qui se
passe partout au Canada, pour faire référence à un article
de La Presse où on dit que les faillites ont diminué
partout au Canada, sauf au Québec où cela s'est
multiplié.
L'aide financière versée sous forme de prêt par la
SDI ne favorise pas tellement une meilleure capitalisation. C'était
même reconnu dans le rapport Gobeil qui indiquait justement que les
prêts participatifs ne réglaient pas le problème de
capitalisation vécu par les PME québécoises.
Donc, en période de croissance économique cela ne pose
évidemment pas trop de problèmes et en modifiant ainsi
l'orientation de la SDI, le gouvernement ne lui a pas donné je le
répè-
te - et on s'en apercevra en période de récession ou de
ralentissement, la souplesse nécessaire pour être efficace dans
ces périodes de difficultés économiques. On semble avoir
fait l'hypothèse que la croissance allait se poursuivre
indéfiniment. Je veux bien le souhaiter, mais ce n'est pas
nécessairement ce qui va se produire.
M. le Président, j'aimerais également aborder le dossier
de la Société générale de financement, qui
relève du ministre de l'Industrie et du Commerce. L'an passé, il
a refusé d'aborder cette question, sous prétexte qu'il n'y avait
pas de crédits inscrits au livre des crédits. Je vous signale
qu'il y a une coutume, à la période de l'étude des
crédits, qui fait que l'on peut aborder l'examen et que l'on peut
discuter sur des questions, des sujets, des organismes ou des
sociétés qui relèvent du ministre concerné.
Évidemment, le ministère, et donc le ministre, est responsable de
la Société générale de financement. Là aussi
on a modifié l'orientation de cette société; on lui a
retiré entre autres son rôle de "holding" financier et on attend
encore - et c'est pour cela que j'aimerais aborder cette question par la suite
- la présentation du plan de développement annoncé de la
Société générale de financement.
Étant donné l'importance de cette société
d'État, je pense que l'étude de ce plan, en tout cas, d'aborder
la question de ce plan de développement serait sans doute
intéressant en commission parlementaire. L'autre question qu'on se pose
au sujet de la SGF, c'est: Qu'est-ce qu'il advient des fruits de la
privatisation de Dono-hue? Il y en a une bonne partie qui a pris la direction
du fonds consolidé pour venir au secours du ministre des Finances. Mais
il devait également y avoir une partie, moins importante qui devait
servir au développement.
Est-ce que ces 100 000 000 $ générés par la
privatisation de la Donohue - il était question de 100 000 000 $ qu'on
laisserait à la SGF pour faire du développement - la SGF les a
vraiment en main? À quoi ont-ils servis si elle les a effectivement en
main? Je pense que ce sont des questions importantes que j'aimerais aborder,
puisque la privatisation de Donohue, on le sait, a rapporté à
l'État autour de 350 000 000 $.
Cela m'apparaît essentiel - ce ne sont pas des "peanuts" - qu'on
s'interroge sur l'utilisation des fruits de cette privatisation et qu'on
s'interroge également sur la façon dont on va les utiliser pour
faire du développement économique au Québec.
La SGF, c'est aussi Marine Industrie. On sait à quel point le
ministre de l'Industrie et du Commerce s'est carrément embourbé
dans le dossier des frégates. Le Québec a perdu un contrat de 3
500 000 000 $ au profit du Nou-veau-Brunswick et a perdu des chances de mieux
se positionner pour la suite des choses, pour obtenir, entre autres, le contrat
beaucoup plus important des sous-marins nucléaires. On estime que cela
va atteindre les 8 000 000 000 $, peut- être plus. Il y en a qui patient
même de 12 000 000 000 $ pour ces contrats de construction de sous-marins
nucléaires.
Hier, mon collègue de Lévis interrogeait le ministre
là-dessus. Je pense qu'il a posé des questions pertinentes. On
sait que présentement, la Saint John Shipbuilding, le chantier maritime
de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, est en train de - vous pouviez lire cela
dans les journaux tout récemment - se préparer à
accueillir la construction des sous-marins.
Il a obtenu le plantureux contrat de la construction des six
frégates au complet et il est en train de se préparer et
même de faire des investissements, nous apprend-on, en vue d'accueillir
la construction des sous-marins nucléaires. C'est drôlement
inquiétant, parce que non seulement on a perdu le contrat des
frégates, mais on a raison également de s'inquiéter sur ce
qui adviendra du contrat plantureux de la construction des sous-marins
nucléaires.
L'échec du ministre dans le dossier des frégates... Il
faut parler d'échec dans le dossier des frégates. Le ministre a
beau essayer ou tenter de reporter la responsabilité sur l'ancien
gouvernement, cela commence à ressembler à une rengaine et
à une ritournelle qui n'ont pas beaucoup d'effet. Il y a le ministre de
l'Environnement qui continue également d'utiliser cette rengaine, de
radoter cette rengaine voulant que ce soit la faute de l'ancien gouvernement.
Mais, après deux ans et demi, cela commence à faire. D'autant
plus que l'ancien gouvernement avait quand même réussi à
obtenir la construction de trois frégates sur le premier contrat de six.
Trois sur six, ce n'est quand même pas si mal. Pour ce qui est du
deuxième contrat, c'est zéro sur six. Alors, je pense que mon
collègue de Lévis avait parfaitement raison, hier, de faire
état de cette comparaison qui est loin d'être défavorable
à l'ancien gouvernement.
Donc, l'échec du ministre dans le dossier des frégates, on
le sait, a déjà entraîné la fermeture de deux
chantiers navals à la suite de la mise en application de ce que les
syndiqués de Marine Industrie ont appelé "le plan d'extermination
des chantiers navals". C'est en branle. Il y a celui de Lauzon qui continue de
fonctionner mais on sait qu'à partir de 1990, celui de Lauzon n'aura
plus de contrat. Le raisonnement et les explications de mon collègue de
Lévis, qui est directement concerné parce que ce chantier naval
est dans son comté, ne sont pas à rejeter du revers de la main.
Si le chantier naval de Lauzon n'a plus rien à faire à partir de
1990, alors que l'on sait que la construction des sous-marins ne commencera pas
avant 1994 ou 1995, car il y a même déjà un retard parce
qu'ils n'ont pas encore choisi lequel du français ou du britannique...
Est-ce que ce sera le Rubis français ou le Trafalgar anglais? On ne le
sait pas. Le choix n'est pas encore fait. Il y a déjà du retard
à ce point de vue. De plus, il va falloir choisir par la suite une firme
à qui on va confier la maîtrise
d'oeuvre. C'est Lavalin et Paramax qui sont en lice, semble-t-il. Par la
suite, il faudra choisir également un consortium qui va réaliser
le contrat, qui va faire la construction des sous-marins. Mais cela ne
commencera pas avant 1994 ou 1995.
Si le chantier de Lauzon ferme en 1990 et qu'il n'y a plus de
travailleurs sur le chantier, de 1990 à 1994, ou très peu, il est
évident, et je pense que mon collègue de Lévis, M. Garon,
a parfaitement raison de dire qu'il y a là une inquiétude
réelle... C'est que Marine Industrie ne sera pas en position de force
puisque son principal chantier naval ne sera quasiment plus en fonction. Ils ne
seront pas en position de force pour obtenir la construction des sous-marins.
Par conséquent, les questions que l'on pose et les inquiétudes
que l'on exprime sur le dossier, en tenant compte évidemment du
passé récent, de l'échec lamentable du ministre dans le
dossier des frégates nous portent à être inquiets et
à exiger de la part du gouvernement ou du ministre qu'il nous fasse
connaître sa stratégie. Cette fois, que l'on soit vraiment mis au
courant de la stratégie qu'il entend appliquer de concert avec Marine
Industrie ou avec le consortium qui sera créé à cette fin.
Il semble que Marine Industrie veuille s'associer au groupe SNC. Je ne sais pas
si c'est le cas, si c'est une réalité. Pour qu'on soit au moins
un peu rassurés, il faut connaître la stratégie
qu'entendent adopter le ministre et le gouvernement dans le dossier des
sous-marins.
Ayant échoué dans le cas des frégates, je pense
qu'on ne peut pas se permettre, que le Québec ne peut pas se permettre
de manquer le bateau - c'est le cas de le dire - ou de manquer le sous-marin.
On ne peut pas se permettre de manquer ce contrat. Ce serait un scandale s'il
fallait que la construction des sous-marins se fasse également au
Nouveau-Brunswick. Là, ce serait vraiment le scandale du siècle.
Les sous-marins doivent être construits au Québec. Je pense que
cela doit être clair. On a perdu le contrat des frégates, le
contrat des sous-marins doit d'autant plus se réaliser au Québec.
Cela doit servir les chantiers navals d'ici. Mais, entre-temps, il faut qu'on
assure le fonctionnement des chantiers navals. À partir de 1990, il y a
une période vide, si je puis dire. Je pense qu'il faut prévoir la
combler si on veut que Marine Industrie soit en mesure de décrocher et
d'obtenir ce contrat. Il faut que ce soit le cas. Je pense que la
stratégie compte dans cela. Il est important qu'on connaisse la
stratégie mise en place par le ministre à ce sujet.
Même si ce n'est pas dans les crédits, j'aimerais qu'on en
discute parce que cela concerne un secteur industriel important de
l'économie québécoise qui est drôlement
malmené depuis quelques années. (11 h 45)
Quelques mots sur la question des heures d'affaires qui fait, comme on
le sait, de plus en plus l'objet d'un intérêt particulier chez les
groupes. Le ministre a créé un comité de
députés ministériels, qui doit lui remettre son rapport
cet été. Par la suite, il devrait annoncer sa position au cours
de l'automne s'il amende ou s'il modifie la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux. Mais, pendant que ce comité de
députés ministériels étudie, entend des groupes et
des intervenants sur cette question, la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux est transgressée de façon
régulière et presque systématique, en particulier à
toutes les fins de semaines, surtout le dimanche bien sûr. Même la
Société des alcools du Québec, qui relève pourtant
du ministère de l'Industrie et du Commerce - la SAQ relève du
ministre - annonçait récemment que sa succursale des Halles
Fleur-de-Lys, à Québec, serait dorénavant ouverte le
dimanche. Je vous dirai tantôt pourquoi ils en ont le droit. En attendant
une modification à la loi actuelle, je pense qu'on aurait pu s'attendre
que la SAQ n'envenime pas la situation et ne jette pas de l'huile sur le feu en
ouvrant ses succursales, mais peut-être que cette ouverture de succursale
de la SAQ reflète les intentions mêmes du ministre qui veut aller
dans le sens d'une plus grande libéralisation des heures d'affaires.
C'est peut-être significatif ou révélateur des intentions
du ministre en regard de la Loi sur les heures d'affaires des
établissements commerciaux.
J'aborderai aussi maintenant, M. le Président, les
priorités d'intervention en matière de développement
industriel. On sait que, l'an dernier, le ministre nous a annoncé avec
fracas, tambours et trompettes la mise en vigueur d'une stratégie
industrielle de son ministère qui consistait à déclencher,
à court et moyen termes, le maximum d'investissements dans six secteurs
prioritaires. Je les donne: 1° les industries énergivores, 2° le
secteur des véhicules et des pièces, 3° l'aérospatiale
et les produits de défense, 4° les industries pharmaceutiques et de
biotechnologie, 5° l'industrie de l'électronique et de
l'informatique, 6° l'industrie des plastiques.
Passons en revue... D'abord, je signale que ce n'est pas un changement
de cap, ce n'est pas un virage en matière de stratégie de
développement industriel parce que cela correspond, pour l'essentiel,
à la stratégie de développement du gouvernement
précédent issue, en particulier, de certains documents bien
connus à l'époque où M. Landry était responsable du
développement économique du Parti québécois. Je
pense que c'est important de le signaler: ce n'est pas un virage, ce n'est pas
un changement de cap majeur. Pour l'essentiel, ces axes de développement
avaient été retenus par l'ancien gouvernement, entre autres dans
le document Bâtir le Québec, document qui avait
été largement diffusé à l'époque. Sur la
base de ce document, le gouvernement précédent avait mis au point
une stratégie d'intervention qui, pour l'essentiel, privilégiait
ces axes d'intervention.
Si on les passe en revue pour voir un peu ce que cela donne
concrètement, parce que c'est bien beau d'énoncer des
stratégies, d'exprimer des priorités d'intervention, d'identifier
des priorités d'intervention, il faut voir ce que cela donne
concrètement. C'est cela qui est important. Par exemple, dans le domaine
des industries énergivores, le ministre rappelle souvent des
investissements de l'ordre de 2 500 000 000 $, dont 1 700 000 000 $ en
particulier dans le secteur de l'aluminium. Oui, c'est vrai. C'est vrai, mais
cela s'est fait et décidé sous l'ancien gouvernement, entre
autres Péchiney. Ces investissements sont le fruit des politiques mises
en vigueur par le gouvernement du Parti québécois. On peut les
rappeler. Je n'y vois pas d'objection. Je ne pense pas que le gouvernement
libérai actuel puisse légitimement se les attribuer. Par contre,
comme il a maintenu cet axe, cette priorité d'intervention, de soutenir,
d'encourager les projets dans le secteur des industries dites
énergivores, qui consomment beaucoup d'énergie, et dont le
fondement est une tarification plus avantageuse de la part
d'Hydro-Québec, compte tenu des surplus qu'Hydro-Québec
possède, surtout l'électricité... Mais
concrètement, à part de rappeler ce qui s'est fait sous l'ancien
gouvernement, il se fait quoi dans le domaine des industries énergivores
et cela donne quoi, comme projet, depuis que le gouvernement libéral est
en place?
Je sais que cela fait déjà un bout de temps, dès
juin 1987, lui-même et son collègue de l'Énergie et des
Ressources évoquaient publiquement que les deux ministères
travaillaient à des investissements de l'ordre de 3 000 000 000 $. Trois
milliards de dollars, c'est beaucoup, c'est énorme, c'est
considérable. Évidemment! Mais, on en est rendus où avec
ces projets d'investissement dans le cadre de cet axe de développement
que sont les industries énergivores? Il s'est fait quoi, depuis ce
temps-là? Il y a une dizaine de projets, semble-t-il, ils sont rendus
où? Est-ce qu'ils sont à la veille de se concrétiser?
Parce que je pense que c'est cela qu'on attend d'un gouvernement, ce n'est pas
uniquement qu'il énonce des principes, des voeux, une stratégie;
c'est que cela donne des résultats. Alors, dans le secteur des
industries énergivores, on peut se demander: qu'advient-il de ces 3 000
000 000 $ d'investissements, de cette dizaine de projets, où en
sommes-nous?
Deuxièmement, le secteur des pièces et des
véhicules. Bien là, au cours des années récentes,
les deux investissements majeurs dans le domaine des véhicules de
l'industrie automobile, c'est Hyundai. C'est une décision qui a
été prise sous l'ancien gouvernement. Sous le nouveau
gouvernement, sous le gouvernement libéral, il y a GM,
évidemment. Les investissements GM ont servi à moderniser l'usine
de Sainte-Thérèse, ce qui a eu pour effet, il faut le signaler
aussi, de créer plus d'emplois en Ontario. C'est bien connu
également que ces investissements considérables qui ont
été faits à l'usine de GM de Sainte-Thérèse,
ont eu pour effet de maintenir, oui, il faut quand même l'admettre, il
faut le reconnaître, le niveau d'emploi à
Sainte-Thérèse, de conserver, si vous voulez, les emplois. En
termes de création d'emplois, cela s'est surtout fait sentir en Ontario.
On le sait, ce sont 2500 emplois nouveaux qui ont été '
créés en Ontario à la suite de ces investissements.
Mais où en sommes-nous? Où sont les projets majeurs qui se
réalisent, qui se concrétisent dans le secteur des
véhicules et des pièces? Surtout des pièces, parce que le
ministre a déjà déclaré à maintes reprises
que, pour lui, le dossier des usines d'assemblage, c'était fini, que
c'était complété et qu'il n'y avait pas d'espoir qu'il
puisse en établir d'autres au Québec. Donc il a fait une croix
là-dessus. C'est l'Ontario qui va continuer de mener le bal dans ce
domaine-là. Mais, le secteur des pièces? En même temps
qu'il disait qu'il ne faut plus compter sur bien des usines d'assemblage
d'automobiles au Québec, du même souffle, il affirmait qu'il faut
mettre l'accent sur les usines de pièces, secteur des pièces.
Qu'est-ce qui s'est fait depuis qu'on connaît cette stratégie?
Où sont les projets, où sont les usines de pièces dans un
secteur jugé prioritaire par le gouvernement?
Troisième secteur: l'aérospatiale. Produits de
défense. 1987 est l'année de l'échec monumental dans le
dossier des frégates. Déjà cela n'est pas brillant comme
performance. Comme je le mentionnais tantôt, il faudra se positionner pas
mal mieux pour ce qui est des sous-marins. Aérospatiale? Il y a toute la
question de l'agence spatiale. Je sais que cela a été
discuté longuement par mon collègue de Bertrand avec le ministre
du Commerce extérieur. Si on veut vraiment que, dans
l'aérospatiale, le Québec connaisse des progrès, voie des
projets se concrétiser, des emplois se créer - et cela, ce sont
dos emplois évidemment qui se situent dans le secteur de pointe, donc
très rémunérateurs -si on veut que cela se produise et
soit quelque chose de réel, de véritable, cette priorité
d'intervention en matière d'aérospatiale, je n'ai pas besoin de
vous dire qu'il faut que l'agence spatiale fédérale
s'établisse à Montréal. Non seulement faut-il que l'agence
spatiale s'établisse à Montréal, mais il faut aussi que ce
soit quelque chose de substantiel. Il ne faut pas que ce soit uniquement une
coquille vide, c'est-à-dire un centre administratif. Il faut que cela
regroupe également des activités réelles dans le secteur
de l'aérospatiale et dans celui de la recherche.
Le domaine pharmaceutique est un autre axe de priorité. La loi
fédérale a enfin été adoptée et, dans ce
domaine, on est en attente. Il faudrait voir s'il y a des choses qui
s'annoncent, s'il y a des déblocages de projets importants dans ce
domaine. La loi fédérale était un handicap et paralysait
le développement de l'industrie pharmaceutique, tout le monde en
convient.
Maintenant qu'il y a une nouvelle loi plus favorable au
développement de l'industrie pharmaceutique, maintenant que c'est chose
faite, qu'est-ce qui se passe dans ce secteur? Est-ce que des
développements sont prévus? Est-ce qu'il y a des projets en voie
de se réaliser? Il faudrait le savoir.
Cinquièmement: électronique et informatique. Dans ce
secteur, il y a eu quelques investissements. Je pense à Bromont
où on a aussi fait des annonces avec beaucoup d'éclat. Sur le
plan du marketing, je n'ai aucun reproche à faire au ministre ni au
gouvernement, cela va très bien; de ce côté, il n'y a aucun
problème. Cependant, dans les secteurs de l'électronique, de
l'informatique et de la robotique, je ne pense pas qu'on ait fait beaucoup de
progrès. Entre autres, dans le domaine de l'automatisation, le ministre
en a parlé tantôt, le Québec est dans la cave, c'est ce
qu'on apprenait récemment. Le Québec traîne la queue dans
le domaine de l'automatisation, de la robotisation et de la fabrication
assistée par ordinateur. On est à la queue du wagon. Si c'est
vraiment une priorité d'intervention, il faudrait peut-être qu'on
quitte la cave, qu'on se prépare à monter l'escalier pour aller
au rez-de-chaussée. Dans ce domaine, ce n'est pas très
évident qu'on ait fait des progrès remarquables.
Dans le domaine des plastiques, on insiste beaucoup et cela rejoint la
deuxième priorité d'intervention, le secteur des pièces.
Dans le domaine des plastiques, les développements dans ce secteur, on
les relie beaucoup à la fabrication de pièces d'automobile. Si le
secteur des pièces n'évolue pas, s'il n'y a pas de projets qui se
créent dans le secteur des pièces qui est le deuxième axe
d'intervention, les développements et les progrès dans le domaine
des plastiques seront également négligeables, minimes.
M. le Président, en fait, quand on regarde la stratégie
industrielle du ministère de l'Industrie et du Commerce, ses
priorités d'intervention et ses axes de développement, je ne peux
pas dire qu'il n'y a pas de retombées concrètes, il y en a. Les
retombées concrètes, véritables, ce sont les voyages du
ministre. Depuis deux ans, il est allé quatre fois en Asie et une fois
en Europe, tout récemment. Je ne trouve pas cela scandaleux, remarquez
bien. Je ne veux pas prétendre que c'est un scandale qu'un ministre
fasse des missions, accompagné d'hommes d'affaires et de fonctionnaires,
pas du tout. Sauf que, quand on jette un coup d'oeil sur la stratégie
industrielle du ministère, sur les priorités d'intervention en
matière de développement industriel et, évidemment, qu'on
cherche les réalisations concrètes, les projets concrets dans ces
divers axes de développement, on se rend compte que, tout compte fait,
les retombées concrètes consistent d'abord dans les voyages du
ministre à l'étranger. Et on attend forcément les
réalisations concrètes sur le terrain, en termes
d'investissements et de création d'emplois, à la suite de ces
missions ou de ces voyages, particulièrement en Asie. Je pense que c'est
un bon choix, comme tel, de cibler l'Asie parce que ce sont des marchés
intéressants, considérables, en expansion. Il y a là aussi
des entreprises qui sont susceptibles de faire des investissements
intéressants au Québec. (12 heures)
L'autre indice, l'autre façon de mesurer les effets concrets
d'une telle stratégie, c'est évidemment la création
d'emplois. L'an passé, il s'est créé 8200 emplois dans le
secteur manufacturier. Ce qui est peu sur un total de plus de 100 000. Il s'est
créé 84 000 emplois l'an dernier dans le secteur tertiaire. C'est
carrément la tertiairisation de l'économie qui se poursuit. Mais
ce sont seulement 8200 emplois dans le secteur manufacturier. La production a
peut-être augmenté, les exportations ont peut-être
augmenté, comme le signalait le ministre, mais c'est beaucoup plus
à la suite d'une augmentation de la productivité, comme il
l'indiquait d'ailleurs dans sa conférence de presse annuelle,
qu'à la création d'emplois nouveaux.
Si on veut vraiment que cette stratégie ait un sens, que cette
stratégie soit plus qu'un énoncé de voeux de bonnes
intentions, il faut que cela se traduise concrètement non seulement par
des investissements, mais par la création d'emplois. Cela n'a pas
été le cas l'an passé. Les chiffres sont là pour le
démontrer. Le secteur manufacturier n'est pas le secteur qui a vu le
plus d'emplois être créés. Seulement 8200 sur 100 000.
Je dirais qu'en matière de stratégie de
développement industriel, nous attendons toujours. Nous sommes
pleinement d'accord, bien sûr, avec les axes de développement,
avec les priorités d'intervention parce que, pour l'essentiel, ce sont
les mêmes que sous l'ancien gouvernement. Je ne vois pas comment on
pourrait en identifier d'autres. Je pense que ce sont les bonnes. Mais on
attend des résultats concrets, des retombées concrètes de
cette stratégie industrielle. Je veux bien croire que le ministre va
m'énumérer quelques projets qui ont vu le jour mais, pour
l'essentiel, je pense que cela ne me paraîtra pas suffisant quand on
considère qu'il s'agit de priorités d'intervention et d'axes
prioritaires de développement. Dans ce cas-là, il faut s'attendre
à des retombées plus considérables au Québec, dans
ces secteurs de développement économique.
Un dernier commentaire à propos du développement
coopératif. J'ai regardé les chiffres du ministère
à ce sujet. Je me suis rendu compte - je fais un peu de
régionalisme, on me le permettra - que c'est la région du
Saguenay - Lac-Saint-Jean qui avait le mieux performé en termes de
nombre de projets de coopératives et d'investissements. Et pourtant, le
ministre a cru bon, l'an passé, d'abolir, de supprimer l'aide à
la Société de développement coopératif
régional. Il l'a maintenue à Montréal.
II l'a maintenue à Québec. Il a supprimé l'aide
à une société qui avait pour but justement de soutenir,
d'aider aux projets de coopératives dans une région où le
mouvement coopératif est très vigoureux et connaît des
progrès sensibles, substantiels depuis quelques années. Cela me
paraît aberrant d'autant plus que lorsqu'on l'interrogeait sur la
suppression de l'aide de son ministère à certaines
sociétés de développement coopératif
régional, sa réponse était: On s'est basé sur la
performance. On a maintenu en place celles qui faisaient preuve d'une bonne
performance. Quand on regarde les chiffres du ministère en
matière de développement coopératif, la performance de la
région du Saguenay - Lac-Saint-Jean est loin d'être mauvaise.
C'est même la meilleure de toutes les régions du Québec.
Pourtant, sa Société de développement coopératif
régionale s'est vu couper complètement l'aide financière
de la part du ministère de l'Industrie et du Commerce. Cela me
paraît être une aberration ou une incohérence en tout cas,
qu'il me fallait signaler.
Voilà, M. le Président, les quelques remarques que j'avais
à faire avant d'aborder un certain nombre de sujets. Déjà,
il est évident que dans mes remarques préliminaires j'indique les
sujets sur lesquels j'aimerais qu'on discute. Le premier c'est
évidemment la SGF, son avenir, ce qu'il advient du fruit de la
privatisation. Marine Industrie, la stratégie à appliquer
concernant le contrat des sous-marins; et le libre-échange. Il faut se
pencher sur la question du libre-échange. On peut bien revenir sur l'est
de Montréal aussi et peut-être aborder les heures d'affaires. La
SDI, on regarde cela ce soir. Je préférerais fonctionner de cette
façon et aborder certains thèmes ou certains sujets majeurs avant
d'aborder de façon plus spécifique les crédits proprement
dits du ministère.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent intervenir dans les remarques
préliminaires? M. le ministre.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson: Merci beaucoup, M. le Président. Je dois dire
qu'on a seulement neuf heures en tout et partout, soit jusqu'à minuit ce
soir, pour traiter de ces choses. Lorsque j'entends la façon dont le
député de Lac-Saint-Jean aborde les différents volets et
ses différentes préoccupations, de toute évidence on
n'aura pas assez de neuf heures pour traiter de ces choses même sans
entrer dans des détails comme ceux auxquels on devra s'attacher plus
tard sans doute dans l'étude du livre des crédits. Il y a
beaucoup de choses dans cela. Je me demande dans quel ordre les traiter.
Probablement dans l'ordre inverse de celui avec lequel le député
a abordé tous ces sujets parce que cela a l'avantage de nous permettre
de discuter tout de suite des interventions, des axes d'intervention et de la
stratégie industrielle du ministère; de dire pourquoi nous avons
choisi certains secteurs; de discuter de notre évaluation de
l'évolution de ces secteurs et surtout, de l'évaluation de notre
capacité d'influencer des développements dans ces secteurs et,
une dernière question: ce que nous avons fait justement pour donner
suite à ces choix stratégiques du gouvernement du Québec,
du ministère de l'Industrie et du Commerce, encore plus
spécifiquement depuis deux ans.
Pourquoi avons-nous choisi certains secteurs et pourquoi, je le
maintiens, est-ce nouveau d'avoir fait des choix de cette façon? Le
député peut bien dire qu'on sait de longue date qu'on devrait
prêter une attention particulière au secteur de
l'énergivore, à cause des attraits que le Québec
représente, ainsi qu'aux secteurs de l'aérospatiale, de
l'électronique, de la pharmaceutique, etc. Ce sont des choses qu'on sait
depuis longtemps au Québec. Il y a seulement un problème avec
cela, c'est que ce n'est pas de tout temps au Québec qu'on s'est
donné les moyens et qu'on a fait le choix politique de développer
ces secteurs de façon organisée. C'est ce qu'on a fait, c'est ce
qu'on a choisi de faire au ministère de l'Industrie et du Commerce, non
pas il y a cinq ans ou il y a sept ans, mais l'an dernier. C'était la
première fois qu'on indiquait comme ministère: Voici quelle est
notre stratégie; voici quels sont les secteurs; voici quels sont les
moyens d'action qu'on décide de mettre à la portée de ceux
qui agissent dans ces secteurs. Il y en a six. Le député les a
soulignés de nouveau. Nous avons isolé ces secteurs
essentiellement parce que dans certains cas il y a des avantages comparatifs
très nets pour le Québec. Dans l'énergie, cela va de soi.
Cela va moins de soi qu'autrefois parce que c'est fini des surplus
d'Hydro-Québec qu'on peut donner au monde pour qu'ils viennent
s'installer ici.
Lorsqu'on voyage ou lorsqu'on fait de la prospection d'investissements
il faut être bien clairs. Les gens s'imaginent encore, dans certains
pays, qu'on a de l'électricité à donner. Les plus
informés découvrent que nos prix, au kilowattheure, sont plus
élevés qu'au Venezuela, par exemple, ou que dans les
Émirats arabes. Mais tous doivent se faire dire que ce n'est qu'au
Québec qu'on peut, avec l'ensemble des intervenants en matière
d'énergie, être assuré, à très long terme,
d'un approvisionnement considérable, à des coûts
prévisibles. Personne d'autre dans le monde ne peut dire cela. Personne
d'autre dans le monde ne peut dire cela! Et, concrètement, c'est ce
qu'on vend maintenant. À sa face même, c'est plus difficile que de
dire: On a de l'électricité de trop, on vous la donne. Cela va
bien cela, c'est formidable! On n'est pas dans cette disposition-là du
tout et on doit s'assurer de faire valoir les bons points de vue, ceux qui
attirent des gens ici à long terme. C'est cela la différence.
À l'époque, on a attiré certains
projets, tant mieux pour le Québec. Ils sont ici et pour
longtemps; ils sont arrivés dans des conditions où le
démarrage a été considérablement facilité
par l'existence de surplus d'hydroélectricité et où il y
avait un programme de rabais tarifaires sensationnel, imbattable, concurrentiel
sans aucun doute. Cela n'existe plus. À partir de ce moment-là,
il faut voir comment on fait porter tous les outils, comment tous nos
professionnels doivent aborder un dossier afin de faire une
démonstration de la stabilité et de la rentabilité
à long terme d'un investissement qui est consenti dans ce
secteur-là au Québec, par des gens d'ici ou de
l'étranger.
Et il y en a beaucoup de ces projets. Dans l'énergivore, par
exemple, le député me demandait où en étaient les 3
000 000 000 $ dont son collègue, le ministre de l'Énergie et des
Ressources, et lui, avaient parlés sur la place publique. Je vais lui
dire que les chiffres du député ne sont plus à jour. Je
lui indique qu'il faut plutôt parler de 4 000 000 000 $. Et si on recule
de 18 mois - parce qu'il faut se reporter à l'époque - il y a
Norsk Hydro, 500 000 000 $; Hydrogenal, 40 000 000 $; ERCO, que j'ai eu le
plaisir d'inaugurer à Magog, 40 000 000 $; Kemtec dans l'est de
Montréal, 100 000 000 $ et l'Alcan aujourd'hui même, dans la
région du député, 650 000 000 $, un projet qui avait
déjà été... Oui, il dit que cela fait deux fois que
c'est annoncé. Une seconde! Qu'est-ce qui est arrivé entre les
deux?
M. Brassard: II est arrivé une crise.
M. Johnson: Ça a été annoncé. Ah bon!
Il est arrivé un crise. Alors est-ce qu'on va vous imputer... J'essaie
de voir précisément la cohérence du discours du
député, ce projet existe ou n'existe pas. Il nous dit qu'il
n'existe pas parce qu'il a déjà existé. On va essayer de
se comprendre. La réalité est que ce projet est en cours, il a
été annoncé et il se chiffre à 650 000 000 $.
Il y a des dossiers énergivores dont on parle sur la place
publique qui, quant à eux, sont de l'ordre de 2 600 000 000 $. La
première série était de 1 300 000 000 $ et un peu plus; il
y en a pour un autre 2 500 000 000 $ et un peu plus. Le projet Alouette dont on
parle, qu'est-ce que c'est? C'est un dossier où le ministère de
l'Industrie et du Commerce et la SGF - on y reviendra, on parlera de son
rôle - sont d'abord en train de débusquer ou de dénicher
des partenaires éventuels pour qu'on attire, au Québec, une autre
implantation d'une capacité d'environ 200 000 tonnes au minimum dans le
domaine de la transformation primaire de l'aluminium, sachant que, dans le
monde, à court et moyen terme, il y a de la place pour trois grandes
alumineries. Il y a encore de la place pour 600 000 à 700 000 tonnes de
capacité de production. Si on pouvait commencer par en avoir une et
pourquoi pas deux ou trois, peu importe. Mais on travaille activement sur l'une
de celles-là. On fait visiter des sites au Québec à des
partenaires éventuels auxquels, afin d'appuyer les démarches, par
exemple, de la SGF, j'ai pu parler en personne, en Europe. C'est très
concret, c'est une mission économique où l'on doit aller
convaincre les gens de retenir le Québec comme site d'implantation, par
exemple, en Amérique du Nord. On doit faire valoir quelles sont les
conditions d'accueil qu'on réserve à ces gens-là qui,
souvent, trouvent que le Québec est loin, ou que ce dont ils se
souviennent, c'est plutôt les déclarations fracassantes en
matières politiques du gouvernement qui nous a
précédés. (12 h 15)
Je n'ai jamais trouvé que nos prédécesseurs avaient
réussi, par leurs déclarations sur le statut constitutionnel du
Québec, travaillaient dans l'intérêt du Québec sur
la scène internationale lorsqu'on parlait d'investissements en
Amérique du Nord. Cela a plutôt constitué des obstacles;
cela a plutôt porté les gens à prêter un peu moins
attention au Québec qu'ils n'auraient dû le faire.
Il y a quand même plusieurs cas d'investissements qui se sont
réalisés, c'est sûr, pendant ces années-là.
On sait tout cela,notamment...
M. Brassard: Un peu de sérieux, M. le ministre!
M. Johnson: Bien, un peu de sérieux... Je vous invite...
Vous n'avez pas eu l'occasion de voyager, M. le député...
M. Brassard: Franchement, un instant, là!
M. Johnson: ...et de rencontrer des gens pour lesquels la
première question...
M. Brassard: Dans le domaine de la métallurgie, c'est 2
500 000 000 $. C'est vous-même qui l'annonciez l'an passé.
M. Johnson: ...un à la fois, là.
Le Président (M. (Théorêt): M. le
député de Lac-Saint-Jean, on ne vous a pas interrompu, je pense
bien... au moment des questions préliminaires.
M. Johnson: Le député de Lac-Saint-Jean n'a pas eu
l'occasion...
Le Président (M. Théorêt): Vous avez le
même temps d'alloué.
M. Johnson: Le député de Lac-Saint-Jean...
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Johnson: Je dois le lui dire, le député de
Lac-Saint-Jean n'a pas eu l'occasion de rencontrer des investisseurs
potentiels asiatiques ou européens pendant qu'il a été -
brièvement et je suis convaincu qu'il trouve que c'est trop
brièvement - membre du Conseil exécutif. La réalité
des choses, c'est que neuf années du genre de discours que le
député de Lac-Saint-Jean et ses collègues ont tenus, alors
qu'ils formaient le gouvernement...
M. Brassard: Hyundai. C'est quoi, cela?
M. Johnson: On va en parler de Hyundai. Je l'ai dans mes notes.
Aucun problème, je vais vous en parler.
M. Brassard: C'est quoi, votre performance dans ce
domaine-là?
M. Johnson: À ce sujet-là, je trouve qu'on fait des
efforts très concrets lorsque nous nous déplaçons.
J'étais en voie d'énumérer pour 2 600 000 000 $ de projets
d'investissements: le projet Alouette, donc une aluminerie de plus qui, on
l'espère, sera au Québec; la troisième ligne à
Bécancour, de Péchiney, la troisième ligne d'ABI,
évidemment des projets d'hydrogène liquide où il y a un
partenariat entre les intérêts québécois et ceux de
la Communauté économique européenne qui regardent
très activement un site québécois pour un projet de 500
000 000 $ dans l'hydrogène liquide, des projets de verre plat, silicium
métal et ferrochrome. On parle d'un peu plus de 300 000 000 $
combinés. Ce sont autant de dossiers que j'ai eu l'occasion de transiger
personnellement lors d'une récente mission en Europe. C'est cela qui est
concret. Si on veut dire que tout ce qu'il y a de concret, ce sont les voyages
du ministre, je vais reconnaître avec vous que c'est très concret.
Je vais reconnaître avec vous que de signer une entente avec une
entreprise qui va venir s'installer ici, c'est très concret, mais qu'il
faut la signer là-bas, très souvent. Assurer à une
société que nous contribuons à une étude de
faisabilité afin qu'elle lance un projet, c'est très concret,
mais il faut aller en Europe pour cela.
Alors, si vous dites que c'est un voyage qui est concret, on va vous
reconnaître cette formule, cette tournure purement littéraire, M.
le député. Mais la réalité des chiffres et la
réalité des décisions concrètes, c'est qu'il se
passe des choses réelles, des choses concrètes en matière
d'investissements au Québec et que, dans plusieurs cas, il faut aller
rencontrer ces gens, afin de les convaincre de venir au Québec.
Dans d'autres secteurs, véhicules et pièces, par exemple,
cela complète et cela se rapproche de la filière
énergivore. La combinaison idéale, évidemment, c'est de
susciter un investissement dans le domaine manufacturier qui est dans le
secteur, par exemple, des véhicules et pièces et qui a l'avantage
d'utiliser des matériaux que nous pouvons produire au Québec,
grâce à la grande quantité d'énergie.
Cela fait trois éléments ou trois dimensions qui
idéalement, si elles se retrouvent dans un seul investissement, c'est
formidable. Mais la réalité des choses, c'est que, par exemple,
le projet Montupet dont on parle, rejoint précisément trois des
six préoccupations du ministère de l'Industrie et du Commerce.
C'est également très concret, cela. C'est un projet où on
utilise des métaux légers, notamment l'aluminium primaire et
recyclé éventuellement, pour fabriquer des pièces dans le
domaine de l'approvisionnement des fabricants d'automobiles et qui, à ce
titre, rejoint nos préoccupations.
Il y a d'autres dossiers en cours, en discussion, pour des implantations
au Québec dans le secteur des pièces d'automobile, dans les
roues, dans certaines composantes d'assemblage. Dans la plupart des cas
d'ailleurs, je dois dire que c'est dans le secteur des métaux
légers, plutôt que dans celui du plastic - ceux que j'ai devant
les yeux - dans l'aéronautique, de façon très
concrète, autant de réalisations comme celle de Macaero à
Montréal, une réalisation d'une dizaine de millions de dollars
d'une entreprise qui a été débusquée par nos
services à l'occasion d'un salon de l'aéronautique en Europe. Il
faut aller voir ces gens-là et les convaincre qu'il y a des partenaires
pour eux au Québec. Il faut y aller pour ces choses-là. Il faut
prendre un billet d'avion, il faut dépenser 2000 $ ou 3000 $, c'est le
minimum, pour aller rencontrer sur place des gens qui ne pensent même pas
à nous. On y va littéralement à froid, ce que les vendeurs
en Amérique du Nord appellent des "cold calls". On se présente
dans un salon d'aéronautique ou de quoi que ce soit, on rencontre des
gens, on donne sa carte d'affaires, on dit: J'ai avec moi un industriel
québécois qui est justement dans un domaine complémentaire
au vôtre, qui a identifié un marché où vous pouvez
tous les deux ensemble arriver à quelque chose, parlez-vous donc. Ils se
parient et dix-huit mois après on a 60 jobs dans la région de
Montréal, dans le secteur de la fabrication des pièces
aéronautiques.
Je trouve cela très très concret, M. le
député. C'est aussi concret que le fait d'être vu dans un
avion ou un aéroport. Il faut comprendre, encore une fois j'y reviens,
que ces déplacements, beaucoup plus ceux de nos gens, nos
professionnels, que ceux d'une mission ministérielle, sont justement les
éléments qui sont indissociables d'une poursuite
organisée, d'une stratégie de développement de certains
secteurs économiques du Québec.
Dans le domaine pharmaceutique, on sait et on connaît
évidemment la bataille que nous avons menée sur le front des
changements à la loi sur la protection des brevets pharmaceutiques.
L'adoption de la loi C-22 a fait l'objet, de longue date, d'ailleurs tout le
monde à l'Assemblée nationale s'en est mêlé... Elle
a assuré à la région de Montréal notamment, des
perspec-
tives de développement sensationnelles. C'est pour cela, M. le
député, que j'ai été vu dans plusieurs
aéroports en Europe, à la fin de février et au
début de mars. C'est très concret d'être vu dans des
aéroports en compagnie de gens d'affaires du Québec, en compagnie
de certains de nos professionnels du domaine des bio-industries de la
santé, en compagnie de journalistes qui veulent constater en personne,
précisément, ce qu'on fait quand on se promène. Ils
découvrent qu'on va voir ces gens-là, qu'on les renseigne sur le
rôle premier, par exemple, que le gouvernement du Québec a
joué afin de faire adopter la loi C,-22. Souvent ils l'ignoraient;
d'autres fois ils le savaient. Tant mieux! C'est plus facile de travailler au
"quart", comme on peut le dire dans ce cas-là. De nous assurer que les
entreprises pharmaceutiques ont bien compris qu'elles devaient donner suite
à des engagements auxquels nous nous attendions en matière
d'investissements ou en matière de dépenses de recherche et de
développement ou d'embauche de personnel scientifique au Québec.
C'est pour cela qu'on se déplace, c'est pour cela qu'on consacre du
temps, des efforts et des ressources financières à aller faire la
promotion du Québec dans cette industrie. Et cela donne les
résultats d'annonces comme celle que les membres québécois
de l'Association canadienne des industries pharmaceutiques ont pu faire depuis
une douzaine de mois. Certains - et je les félicite de leur confiance
dans l'adoption éventuelle, à l'époque, de la loi C-22 -
comme Merck Frosst qui me vient à l'esprit, et d'autres qui depuis,
comme Rhone-Poulenc, ont donné suite à des engagements, ont
enrichi dans bien des cas la nature de l'engagement financier consenti au
Québec. Enrichi pourquoi? Parce qu'on les a rencontrés; parce
qu'on a exprimé que, s'ils étaient sérieux et si nous
devions les traiter comme des citoyens corporatifs dignes de ce nom en
matière de transactions commerciales on pouvait avoir avec eux ou en
quelque autre transaction, on ne s'attendait à pas moins qu'à un
respect de leurs engagements, compte tenu des efforts que, comme gouvernement,
nous avons faits pour faire adopter la loi C-22.
Dans l'électronique et l'informatique, le député
n'est pas trop mal tombé en alléguant qu'il ne se passait pas
grand-chose. Il y a eu des implantations majeures. Nous avons
décidé de dresser un programme de promotion très
spécifique de cette industrie au Québec, en utilisant la
situation voulant que le gouvernement du Québec soit le deuxième
plus gros acheteur de produits de la technologie de l'information au Canada.
C'est le gouvernement fédéral qui est le plus gros acheteur sur
la scène canadienne. Le gouvernement du Québec est le
deuxième plus gros acheteur, le gouvernement du Québec et ses
instances au secteur public et parapublic, etc. On parle de 500 000 000 $ de
chiffres d'achat par année de l'ensemble du secteur public au
Québec. Les fournisseurs éventuels étaient
intéressés à fournir ce marché, c'est
évident. Il s'agissait de nous engager dans un programme avec ces gens
pour voir comment ils traduisaient leur volonté, eux, de s'engager au
Québec; comment ils entendaient manifester qu'ils étaient des
citoyens corporatifs du Québec; comment ils entendaient
reconnaître que les ministères ou organismes clients les
retenaient et étaient intéressés à ce qu'ils
faisaient; comment, eux, en contrepartie, étaient-ils disposés?
Très flexibles sur une question de négociations, sur une base
d'affaires? Comment ces gens étaient-ils disposés à
s'engager au Québec?
Cela a donné lieu à des implantations de dizaines de
millions de dollars pour les trois ou quatre prochaines années. Des
dizaines de millions de dollars en implantations physiques, en laboratoires de
recherche, ou en lieux d'implantation de recherche, en associations avec des
collèges ou des universités pour financer de la recherche,
notamment dans le "software", en dépenses de toutes sortes, en
approvisionnement auprès de firmes québécoises. On a
énormément de cordes à notre arc là-dedans. Il
s'agit de les jouer de la façon la plus efficace possible. Alors Digital
Equipment s'est installé dans les régions de Gatineau et de
Montréal. National Advanced Systems est également à
implanter son siège social canadien à Montréal
plutôt qu'à Toronto. C'est un déménagement de
l'Ontario vers Montréal. C'est aussi simple que cela. C'est ce qu'on a
réussi à accomplir. Hewlett Packard s'est installé dans la
région de Montréal avec un laboratoire de recherche en "software"
de gestion de ressources naturelles, à l'égard de laquelle la
société mère de Hewlett Packard a confié une
mission mondiale à Hewlett Packard au Québec.
C'est le genre de choses très concrètes qu'on a
réussi à faire. Dans la filière pétrochimique et
plastique, mais qui déborde évidemment sur l'industrie
énergivore, j'ai fait remarquer tout à l'heure Kemtec qui n'est
pas négligeable. À l'occasion de notre séjour en
Norvège, par exemple, il y a déjà cinq ou six semaines,
nous avons rencontré des associés de Norsk Hydro et des
compagnies qu'elle connaît là-bas, afin de cultiver, justement,
cette filière des produits plastiques, avec d'excellentes chances dans
un des cas de voir une implantation additionnelle d'expansion d'entreprise dans
des zones qui ont besoin, justement, d'implantation de telles entreprises et de
création d'emplois. Je pense à la région de l'est de
Montréal.
Ce sont donc là les six secteurs que nous avons retenus. Ce que
j'indique au député, c'est que oui, cela tombe peut-être
sous le sens qu'on doive soutenir certains de ces secteurs-là au
Québec, les cultiver et les exploiter au maximum et que cela a
peut-être déjà été fait, qu'il y a eu des
réalisations avant nous là-dedans. Ce que je dis c'est que, de
façon organisée, c'est la première fois, depuis dix-huit
mois, qu'on a monté des opérations qui nous permettent d'aller de
façon ciblée par nos professionnels, par les
missions ministérielles, par la structure d'accueil que nous
mettons en place, identifier des partenaires ou des investisseurs qui, dans
plusieurs cas, ont donné lieu à des investissements concrets et
réels de centaines de millions de dollars.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
Cela dit, les travaux de la commission de l'économie et du
travail sont suspendus jusqu'à 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 15 h 28)
Le Président (M. Cannon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux
relativement à l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Industrie et du Commerce. Est-ce qu'il y a des
changements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui. il y aurait un autre remplacement. M.
Tremblay (Iberville) est remplacé par M. Beaudin (Gaspé).
Le Président (M. Cannon): D'accord. La parole est au
député de Lac-Saint-Jean ou le ministre n'avait pas
complété sa réponse de cet avant-midi?
M. Johnson: M. le Président, je précise que le
député de Lac-Saint-Jean, dans ses commentaires
préliminaires m'a adressé une liste dans laquelle j'ai
dénombré onze points. J'ai eu l'occasion, en quelques très
brèves 25 minutes, de parler d'une de ces onze questions. Il en
resterait dix à traiter pour satisfaire complètement le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, j'ai soulevé, comme
lui d'ailleurs dans son discours d'une heure et quart, toute une série
de points forcément. C'est bien évident, cela a duré une
heure et quart. Moi aussi j'ai soulevé bien des points. Comment
procède-t-on maintenant? Il va faire un autre discours d'une heure et
quart et j'aurai droit à la même chose?
M. Johnson: Mais oui.
M. Brassard: J'ai cité une certain nombre de points, mais
j'aimerais plutôt que l'on procède par un échange de
questions et réponses. C'est un peu plus vivant et intéressant
pour tout le monde, plutôt que d'échanger des discours.
M. Johnson: Je suis entièrement d'accord, M. le
Président, et je ne voulais pas dire, en précisant que j'avais
mis 25 minutes a répondre à un des onze points, que je mettrais
250 minutes à répondre aux dix points suivants.
Le Président (M. Théorêt): La parole est
maintenant au député de Lac-Saint-Jean, en vous rappelant que le
temps utilisé pour les remarques préliminaires a
été de 56 minutes pour le ministre et de 57,25 minutes pour le
député de Lac-Saint-Jean.
Période de questions SGF et Marine
Industrie
M. Brassard: II y a équité. Je suis prêt et
souhaiterais revenir aux sujets que j'ai évoqués et dont j'ai
traité dans mes remarques préliminaires. Entre autres, le premier
sujet est celui de la SGF et de Marine Industrie en particulier. Concernant la
SGF, je m'étais évidemment interrogé sur l'utilisation du
fruit de la privatisation, soit 322 000 000 $ ou 350 000 000 $, autour de cela.
À ce moment-là, on devait réserver 100 000 000 $ pour la
SGF elle-même, 100 000 000 $ qui n'iraient pas dans les coffres de
l'État et qui seraient utilisés par la SGF pour des projets de
développement. Est-ce que c'est précisément ce qui s'est
passé à ce sujet?
M. Johnson: Oui, plus précisément, à la
suite de la vente de Donohue, une fois que la SGF a remboursé les
emprunts qui apparaissaient au passif à l'égard de cet actif,
c'est de fait ce qui s'est produit au point de vue financier. Il y a une
centaine de millions, plus ou moins, dans les coffres de la SGF. La question
est de savoir, à court terme, si le ministère des Finances
exigera le versement d'un dividende de quelques millions de dollars pour la
forme. Il demeure que c'est l'actionnaire ultime au point de vue financier
même si celui qui vous parle est évidemment le détenteur
enregistré des actions de la SGF.
J'indiquerais que cela laisse, de fait, une centaine de millions, tout
cela - c'est ce qui est prévu - dans les coffres de la SGF afin que
celle-ci, conformément à son mandat - on pourrait en parler plus
longuement - puisse avoir les moyens de s'associer au capital-actions
d'entreprises-, de souscrire au capital-actions d'entreprises avec d'autres qui
seraient constituées afin de donner suite à des projets
d'investissements majeurs . si on considère qu'une capitalisation
normale dans les projets industriels majeurs pourrait être de 25 % ou 30
% du passif de l'entreprise et qu'une centaine de millions de notre part
représenteraient, en gros, 30 %, un tiers de participation,
pourrions-nous penser, avec des partenaires. 100 000 000 $, cela
représente notre part d'une capitalisation de 300 000 000 $ OU 350 000
000 $, voire 400 000 000 $ qui peut servir de base à des emprunts
normaux pour constituer la capitalisation totale d'une entreprise. Si on
évoque qu'il y a un tiers de capital-actions, deux tiers d'emprunts, on
se retrouve dans une situation où des
projets d'une envergure de plus de 1 000 000 000 $, au total, pourraient
être déclenchés grâce à cette participation de
la SGF. Mais il est évident que nous avons, au-delà de ces
associations éventuelles dans des projets industriels majeurs dans les
secteurs industriels que j'ai mentionnés ce matin, également des
responsabilités quant à l'opération de certaines
entreprises qui sont nos filiales, notamment Marine Industrie qui coûte
très cher.
Il n'est pas exclu... D'ailleurs, j'ai autorisé récemment
une souscription au capital-actions de Marine Industrie par la
Société générale de financement dans le cours
normal des affaires, afin d'assurer des disponibilités
financières à Marine qui traverse une phase relativement
difficile, on le sait. Là aussi, on peut parler de développement,
là aussi on a vu dans les journaux une évocation de certains
projets industriels majeurs qui pourraient procurer quelques centaines de
milliers d'heures de travail aux gens de Tracy si des négociations
commerciales que nous entretenons, que Marine entretient avec certains
partenaires débloquaient et permettaient ainsi de réaliser
certains travaux. Pour nous préparer à la spécialisation
de certains travaux, nous envisageons d'investir des sommes
considérables dans cette filiale de la SGF en accord, évidemment,
avec nos partenaires minoritaires, Alsthom-Nyerpic, une société
française qui détient quand même 35 % du capital-actions de
Marine.
Il y a donc, je dirais, deux avenues de travail pour la
Société générale de financement, l'une dans le
cadre de sa mission de développement en s'associant à des
partenaires pour faire déclencher des projets industriels majeurs et,
deuxièmement, une responsabilité continue à l'égard
de Marine, de Pétromont et, à certains égards, de Tanguay,
dans la région que connaît bien le député, qui nous
amènent évidemment à contribuer occasionnellement au
développement de ces entreprise».
M. Brassard: Plus concrètement, il y a justement deux
entreprises dans lesquelles la SGF a des intérêts de
participation, ce sont Pétromont - vous venez de le mentionner - et
Marine Industrie; on en parlera tantôt. Dans le cas de Pétromont,
on connaît les difficultés de l'industrie pétrochimique au
Québec. On connaît, en particulier, le problème
d'approvisionnement de Pétromont en matières premières et
toute la question de Soligaz et également la création
d'entreprises utilisatrices des produits de Pétromont. Où en
sommes-nous dans ce dossier, à la fois sur le plan de
l'approvisionnement et sur le plan des usines s'alimentant en produits de
Pétromont?
M. Johnson: Les experts m'indiquent que c'est le bonheur total,
de ce temps-ci, dans l'industrie pétrochimique de Montréal. Comme
illustration, par exemple, de la façon dont la conjoncture a
évolué, d'une part, quant aux prix des intrants dans le complexe
pétrochimique de Pétromont, d'autre part, sur le marché de
la production de Pétromont et en considérant les investissements
que nous avons consentis dans la modernisation de Pétromont avec le
gouvernement fédéral, tous ces éléments
combinés les uns aux autres font en sorte - d'ailleurs, j'en profite
pour le dire - qu'une partie des crédits périmés du
ministère de l'Industrie et du Commerce est reliée à
l'aide financière à l'industrie pétrochimique. Cela
signifie que, contrairement à ce qu'on aurait pu penser, nous n'avons
pas versé à Pétromont des sommes qui auraient
comblé un déficit quelconque. Bien au contraire, on a pu voir, il
y a quelques mois, le président de Pétromont, M. Laflamme,
annoncer avec beaucoup de plaisir, d'ailleurs partagé par les
actionnaires, que Pétromont avait fait des profits - cela faisait
longtemps que cela ne s'était pas vu - dès le deuxième
trimestre de 1987, de mémoire. Et c'est vrai depuis, d'un trimestre
à l'autre.
La situation est passablement intéressante. Elle est
également intéressante dans la mesure où la
Société générale de financement, Pétromont
et, on le sait, B.F. Goodrich, se sont intéressées très
activement dans une étude de faisabilité que nous avions
annoncée l'an dernier et à l'implantation éventuelle d'une
usine de VCM dans la région pétrochimique du Québec, donc
Montréal. Les études sont presque terminées, on peut
regarder tout cela avec une certaine confiance. Nous regarderons, comme
gouvernement ou comme Société générale de
financement, ce que nous pourrions faire pour faciliter le déclenchement
éventuel d'un tel projet. Il n'en reste pas moins que, de la même
façon que la conjoncture à l'égard du fonctionnement de
Pétromont est favorable et qu'on prévoit que cela demeurera assez
positif ou avantageux pour l'avenir prévisible, ce n'est pas
nécessairement le cas selon différents experts puisqu'il faut
déterminer, dans des filières en aval de la pétrochimie.
Sur ce marché, il y a de très grands joueurs qui font leur
possible pour empêcher de nouveaux joueurs d'entrer sur le terrain, qui
ont une capacité financière considérable. C'est une
concurrence normale. Il nous faut évaluer, avant de nous associer
à de grands projets, d'une part quelles sont les perspectives des
coûts des matières premières et, d'autre part, et surtout
je dirais, des coûts du marché pour les produits en aval du
complexe de Pétromont.
M. Brassard: Est-ce qu'il y a des projets spécifiques,
justement pour...
M. Johnson: Je m'excuse?
M. Brassard: Est-ce qu'il y a des projets précis qui sont
en voie ou sur le point de se concrétiser concernant justement le
développement des activités en aval pour permettre la
venue de clients importants pour l'éthylène qui est
produit par Pétromont?
M. Johnson: Je dirais tout de suite que je viens d'évoquer
le projet B.F. Goodrich dans le VCM, vinyle, chloride, monomer, de même
que dans le PET, le T c'est téréphtalate, M. le
député, le E c'est éthylène, le P c'est poly,
probablement, alors polyéthylène-téréphtalate, qui
sont des filières en aval, oui.
M. Brassard: Des projets qui pourraient se concrétiser au
cours de l'année?
M. Johnson: Je viens de vous parler de B.F. Goodrich. La
Société générale de financement est dans le
portrait. On le sait. On l'a annoncé. On est en train d'évaluer
les perspectives de marché à très long terme. C'est
à très long terme que cela se fait sur la production
éventuelle de ces produits. On essaie de... On a peut-être des
chances d'en arriver à un moment de décision d'ici quelques
semaines. Il y a eu plus récemment - je m'en voudrais de ne pas le
soulever à nouveau, j'en ai parlé tout à l'heure - Chemtec
dans l'est de Montréal. C'est dans la filière de l'oléfine
aromatique. C'est extraordinaire comme la pétrochimie est
compliquée, M. le député. Heureusement que je peux compter
sur des sous-ministres adjoints associés, des sous-ministres et tous les
professionnels qui sont derrière moi pour me rafraîchir la
mémoire et surtout pour faire preuve de savoir, alors que j'ai le
fardeau de savoir faire, savoir dire et savoir vivre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Mais, vous avez bien appris vos leçons. Vous
vous souvenez pas mal de tous les noms. Bravo.
Mais pour ce qui est de l'approvisionnement. Le groupe Soligaz, tout le
problème qu'il y avait concernant l'oléoduc
Sarnia-Montréal, qui est considéré comme primodial,
évidemment, pour l'avenir et la rentabilité de Pétromont,
est-ce que ce problème, qui persiste et qui perdure depuis quand
même pas mal de temps, est en voie de solution?
M. Johnson: Écoutez, il y a certainement là-dedans
le gouvernement fédéral qui a des décisions à
prendre, un appui à manifester. Ce que nous faisons du côté
québécois, c'est strictement selon nos attributions. Nous avons
participé à la constitution du consortium entre Pétromont
d'une part, SOQUIP, chez mon collègue de l'Énergie et Ressources,
et la société privée Novenco, qui fait les
représentations pour et au nom, évidemment, des
intérêts québécois afin d'assurer que, d'une part
évidemment le pipeline ne soit pas renversé vers Sarnia mais que,
très certainement, on y apporte des modifications qui vont nous
permettre de nous alimenter au liquide de gaz naturel de l'Ouest canadien.
M. Brassard: Ce n'est pas encore prêt d'être
solutionné?
M. Johnson: On me rappelle évidemment que les dimensions
économiques critiques dans ce secteur spécifique de la
pétrochimie, qui sont reliées au pipeline ou au lien
Montréal-Sarnia, tournent autour de deux thèmes. Le premier c'est
évidemment d'assurer un approvisionnement pour les complexes
pétrochimiques de la région de Montréal. C'est ce que le
consortium s'emploie à faire évidemment auprès de l'Office
national de l'énergie sachant que, deuxième thème, un
renversement de la direction du pipeline vers Sarnia ne fait
qu'améliorer la position concurrentielle de nos concurrents
là-bas. (15 h 45)
Nous avons, dans plusieurs dossiers, notamment mon collègue de
l'Énergie et des Ressources, vous le savez, fait valoir publiquement
l'intérêt qu'il y a, pour le Québec et la région de
Montréal, que l'Office national de l'énergie se penche, avec
toute objectivité, sur les demandes qui sont en cause et ce,
évidemment, dans l'intérêt de la filière
pétrochimique montréalaise.
Construction de sous-marins nucléaires
M. Brassard: M. le Président, passons à l'autre
filiale importante de la SGF, Marine Industrie. On sait que le gouvernement
s'est impliqué, via Marine Industrie, dans l'acquisition des chantiers
navals au Québec par Marine Industrie. Cela a coûté
à l'État un peu plus de 60 000 000 $ pour faire ces acquisitions.
Cependant, on connaît la situation actuelle des chantiers navals au
Québec: deux ont été fermés. Tout à l'heure,
à la période des questions, ma collègue de Maisonneuve
évoquait le cas de la Vickers, à Montréal, et même
d'une possibilité de vente de ces chantiers à une autre
entreprise. J'évoquais aussi dans mes remarques préliminaires la
situation qui pourrait prévaloir à partir de 1990 pour les
chantiers de Lauzon et, par conséquent, l'importance pour le
Québec de bien se positionner dans le dossier de la construction des
sous-marins nucléaires, des gros contrats, des contrats faramineux de
plusieurs milliards de dollars. Je pense que la question pertinente, que bien
des gens se posent présentement au Québec, relativement à
cet énorme contrat, c'est: Quelle est la stratégie du
gouvernement et quelle est la stratégie également de Marine
Industrie, une filiale de la société d'État SGF, pour
faire en sorte que ce contrat de construction des sous-marins ne nous
échappe pas, n'échappe pas au Québec, pour que l'on
obtienne notre large part, notre juste part de ce contrat pour nos chantiers
navals? C'est quoi, présentement, la stratégie du gouvernement
à moyen et à court terme en prévision de l'octroi de cet
énorme contrat de construction de sous-marins? Je pense qu'il y a une
certaine inquiétude chez bien des gens, y
compris, d'abord et avant tout, chez les travailleurs des chantiers
navals, relativement à l'avenir des chantiers navals au Québec et
à ce qui va se produire avec les contrats distribués,
octroyés par le gouvernement fédéral,
particulièrement dans le domaine de la défense.
M. Johnson: M. le Président, je dirais que c'est dans un
contexte encore plus large de la situation des chantiers de l'Est du Canada, du
Canada, de l'Amérique du Nord ou de l'Occident, dans le contexte des
rationalisations nécessaires dans cette industrie qu'il faut regarder ce
qui se passe à Marine Industrie. Récemment, il yadeux semaines,
on faisait état, dans une revue économique, The Economist,
de la façon dont même ces grands producteurs efficaces et
efficients que sont les Japonais ont dû se mesurer à une
conjoncture mondiale qui les a obligés à réduire l'emploi
depuis quelques années, de 75 000 à 40 000 personnes dans
l'industrie de la construction navale, de couper la capacité dans leur
pays, en une seule année, de 20 %. On pourrait remarquer, à la
lecture d'un article comme celui-là, lorsqu'on décrit le Japon,
qu'on peut souhaiter que, chez nous, on en arrive un jour à faire des
changements majeurs de cette nature sans qu'il y ait de pertes d'emplois. Nous
n'en sommes pas là. Chez les Japonais, on souligne qu'il n'y a eu,
à toutes fins utiles, aucune perte d'emplois, sauf que - et cela
illustre bien la façon dont on envisage là-bas la formation de la
main-d'oeuvre et dont on la planifie - nous avons beaucoup de chemin à
faire en Europe et en Amérique à ce sujet-là. On
mentionne, par exemple, que certains soudeurs des chantiers maritimes de Nippon
Kokan sont maintenant employés dans des fumeries de jambon. Alors,
passer d'un métier de soudeur dans un chantier naval à fumer du
jambon, ce sont deux choses. On n'en est pas encore là et il n'y a pas
de perspective d'emploi de cette nature à court terme pour nos gens.
Ce que Marine fait, à l'égard de la rationalisation de ses
chantiers, c'est de s'assurer c'est notamment vrai pour Vickers et c'est
là l'objet des discussions qui ont cours en ce moment entre les
travailleurs de la division ou de l'ex-division navale de Vickers et la
société - que des conditions humaines de cessation d'emploi
seront prévues, que tous les ordres de gouvernement seront
éventuellement mis à contribution pour reconnaître que,
dans une perspective pour améliorer la compétitivité des
chantiers navals canadiens, y compris évidemment ceux qui sont
situés au Québec, parce qu'on ne peut y échapper, nous
nous occuperons des personnes de la façon la plus humaine, la plus
chaleureuse, j'irais jusqu'à dire, possible. À défaut de
leur trouver immédiatement un emploi, au moins pouvons-nous leur donner
la faculté de se trouver un emploi eux-mêmes ou le temps pour
respirer et pour se trouver un emploi. C'est évidemment notre souhait le
plus cher.
Deuxième élément qu'a soulevé le
député quant à l'éventuel octroi des contrats de
sous-marins, que faisons-nous pour avoir une part, la plus grosse possible, de
ce contrat, qu'on chiffre à 8 000 000 000 $ ou 10 000 000 000 $, dont il
faut savoir, évidemment, que dans ces chiffres il y a, quant au tiers,
lorsque... Je recule un peu. Lorsqu'on évoque des chiffres comme
ceux-là, il faut savoir que ce sont les militaires de la Marine
canadienne qui décident de s'équiper à certaines fins
stratégiques pour donner suite soit à la politique de
défense canadienne, soit à sa politique de participation aux
forces de l'OTAN, que les chiffres en cause comprennent la construction comme
telle des sous-marins, en un deuxième temps, toutes les dépenses
relatives à l'embauche, l'entraînement et le salaire des
équipages reliés directement à l'opération des
sous-marins et, troisièmement, la construction d'infrastructures et les
salaires reliés aux activités d'entretien, de soutien, de
modernisation, de révision de ces équipements et que, sur une
période d'une trentaine d'années, 25 ou 30 ans, qui est
probablement la vie utile de ces sous-marins, il y en a pour le tiers dans la
construction, environ pour le tiers dans les salaires de tout ce monde pendant
la vie utile et environ le tiers pour l'entretien et l'infrastructure qui
entourent une flotte de sous-marins de cette nature. Là, on peut aller
chercher toutes sortes de morceaux, notamment dans la première et la
dernière composante que je viens de décrire.
Par ailleurs, à l'égard du programme de construction comme
tel, il y a énormément de retombées en ce qui concerne le
travail que je qualifierais d'intellectuel par opposition au travail manuel
relié à la construction, à l'assemblage et à la
mise en service de ces sous-marins. Ce que Marine Industrie tente de faire dans
ce contexte, c'est d'abord et avant tout d'assurer un maximum de
retombées pour Marine comme société afin de la
rentabiliser, afin de lui procurer une expertise ensuite exportable, afin
d'assurer, par la rentabilisation, des ressources financières qui nous
permettront, par exemple, de moderniser certains de nos sites sur le fleuve
Saint-Laurent. Alors, nous sommes membres - c'est public - d'un consortium que
nous sommes en voie de constituer de façon définitive. Il y a
déjà des membres de ce consortium, des gens qui ont
été approchés, qui ont manifesté un
intérêt réel et immédiat à participer
à cette soumission afin d'être les maîtres d'oeuvre du
projet dans son ensemble, qui comprend toutes les composantes que j'ai
expliquées.
M. Brassard: Est-ce que la SNC fait partie de ce consortium?
M. Johnson: Oui, précisément.
M. Brassard: Est-ce qu'il y a d'autres firmes?
M. Johnson: Oui, dans l'électronique, dans certaines
fonctions spécifiques de communication, de détection. Enfin, il y
a énormément de firmes d'électronique et de communication,
par exemple, dans la région de Montréal qui auraient un
intérêt dans un tel contrat et qui ont manifesté cet
intérêt en s'associant tout de suite au groupe Marine dont la
constitution est en voie d'achèvement.
M. Brassard: Est-ce qu'il y a une échéance pour ce
qui est de la constitution du consortium?
M. Johnson: C'est pratiquement complété autant que
je puisse savoir car il est évident que nous avons pris des
dispositions, dès l'automne dernier, pour constituer ce groupe.
D'ailleurs, vous vous souvenez que les premiers rapports datent de l'automne
dernier à l'occasion d'une mini-foire de produits militaires et de
marine militaire. Nous avons fait connaître, par la voie des journaux,
l'existence de ce consortium SNC-MIL Nous visions évidemment, à
l'époque, une constitution assez complète, ce qui est le cas,
attendu que la décision devait se prendre, le choix du modèle de
sous-marin d'abord qui va cibler davantage nos interventions, devait se prendre
ces jours-ci. C'est retardé au mois de juillet parce que c'est
très complexe. En continuant, vous verrez pourquoi.
M. Brassard: Mais le consortium en question n'est pas
rattaché à un modèle de sous-marin précis.
M. Johnson: Non.
M. Brassard: II n'est pas rattaché au modèle
français ou au modèle britannique.
M. Johnson: On travaille avec les deux à telle enseigne
que, évidemment, chez Marine et au ministère, nous accueillons
tous ceux qui veulent nous prouver les bienfaits de l'une ou l'autre des
technologies. Lors de notre voyage en Europe le mois dernier, nous avons
rencontré à Paris les responsables du programme de division des
constructions navales militaires du gouvernement français, de la marine
française d'une part et, d'autre part, à Londres, les gens de
Vickers d'une part, non parents, sinon par le nom, qui sont les constructeurs
là-bas, et de Rolls Royce, un consortium mené par Rolls Royce,
qui sont les gérants de projet des systèmes de construction de
sous-marins nucléaires britanniques. Dans les deux cas, nous visions
à avoir une idée de ce que cela peut représenter comme
besoin d'équipement, d'infrastructure ou d'expertise de notre
côté pour traiter du dossier - on a appris cela - mais, d'autre
part, de montrer à ces gens qu'ils peuvent faire confiance à des
sociétés de très grande envergure, qui sont notamment au
Québec et qui seraient habilitées, qui auraient la
capacité, la compétence de sous-traiter certains des aspects du
contrat, afin d'établir le plus rapidement possible des liens entre les
Britanniques ou les Français, d'une part, et les intérêts
industriels québécois, les intérêts professionnels,
notamment dans le génie, dans l'implantation de systèmes que nous
avons au Québec, afin d'inspirer confiance à ces gens pour ne pas
qu'ils fassent tout faire par des gens du pays d'origine du modèle de
sous-marin.
Je dois dire vraiment qu'une des grandes réalisations d'une
mission ministérielle comme celle que nous avons faite le mois dernier,
c'est de constater qu'à l'occasion d'une rencontre sociale,
littéralement, où nous avons reçu à dîner des
gens de ce secteur industriel britannique impliqué dans les sous-marins,
les industriels québécois, qui partageaient la même table
pendant trois heures, ont finalement établi - un cas spécifique
qui me vient à l'esprit, qu'il est inutile de décrire plus avant
- ont finalement réussi à établir un contact d'affaires
avec des gens qu'ils tentaient de rencontrer depuis plus de 18 mois et, parce
qu'ils ne les connaissaient pas, parce que cela venait d'Outre-Atlantique,
parce qu'on ne connaissait pas les performances de cette entreprise, on a
longtemps fait le pied de grue à la porte de ce contact d'affaires
britannique. (16 heures)
À l'occasion d'une visite ministérielle, c'est le genre de
choses qu'on peut accomplir: Établir des contacts entre des industriels
britanniques, qui ont des choses à faire faire, qui souhaitent en faire
faire, qui devront en faire faire au Canada, et les présenter à
des gens d'affaires du Québec, qui ont au moins l'occasion de
démontrer leur capacité de réaliser certains contrats ou
sous-contrats. À deux niveaux, que je viens de décrire:
premièrement, la formation d'un consortium polyvalent qui peut
satisfaire toutes les exigences d'un contrat de cette envergure dans
l'exécution des différents éléments du contrat.
C'est ce qu'on a réussi à faire. Deuxièmement, faire
connaître aux Britanniques ou aux Français, le cas
échéant, qu'il y a ici des entreprises québécoises,
canadiennes, capables d'exécuter ici même des contrats ou des
éléments du contrat principal que les Britanniques ou les
Français pourraient avoir le réflexe de faire faire chez eux.
C'est, à cet égard, ce que Marine Industrie fait comme
tel. Quant au ministère, nous nous sommes donné une structure de
support à l'égard de tous les éléments qu'on doit
avoir à l'esprit afin de les pousser, les cultiver afin d'obtenir ce
contrat. Nous avons des gens à la Direction des biens
d'équipement, qu'il s'agisse d'un représentant du Service de la
machinerie, usinage et estampage, des gens du Service des produits
électriques et électroniques - j'évoquais le haut contenu
de matériel de communications, de détection - le Service du
logiciel et des équipements bureautiques et informatiques, pour des
raisons qu'on connaît bien, toujours les mêmes à
l'égard des communications, détection, le Service des
équipements de transport, bien évidemment,
spécialité armement et matériel militaire.
Évidemment, en rapport avec la Direction de la promotion des
investissements, pour assurer les contacts avec les Britanniques et les
Français qui sont actifs dans ce domaine, nous avons donc, afin
d'établir d'abord, c'est primordial, la crédibilité d'un
groupe dont Marine Industrie et d'autres firmes québécoises vont
faire partie, c'est primordial dans un contrat de cette envergure de
démontrer que nous sommes capables d'exécuter le contrat.
Deuxièmement, il est évident que nous devons, auprès des
décideurs, faire valoir l'intérêt qu'il y a en termes de
retombées économiques d'attribuer le contrat à des
intérêts québécois pour une plus large part
possible. Je pense que personne ici ne prétend qu'un contrat de
milliards de dollars sur une trentaine d'années peut être
attribué et exécuté dans un seul lieu physique. Une
adresse civique qui serait au Québec, il y aurait des retombées
un peu partout au Canada.
Ce que je dis, c'est que le consortium, le décideur, celui qui
pourra assurer le maximum de retombées économiques, donc,
gérer le contrat devrait, dans notre intérêt au
Québec, être un Québécois. C'est pour cela que
Marine Industrie s'est donné tous les moyens physiques en ressources
humaines et financières. D'ailleurs, cela coûte très cher
de mettre sur pied ce consortium et de cultiver partout, c'est important, notre
compétence auprès des gens qui décideront.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre,
est-ce qu'Ottawa, qui est le donneur de commande dans ces cas, a indiqué
une préférence quelconque pour un type de sous-marin versus
l'autre, par exemple?
M. Johnson: Non, pas du tout, pas à ma connaissance. Pas
encore. Ce qu'on indique, c'est que c'est en juillet apparemment que la
décision pourrait avoir lieu.
Le Président (M. Théorêt): A-ton des
indications à savoir quand Ottawa serait prêt à donner le
feu vert à quelque projet que ce soit ou où qu'il soit? Est-ce
qu'on a un temps, on parle à court terme, à moyen terme ou
à long terme avant que le feu vert soit donné par Ottawa dans ce
dossier, donc, la commande?
M. Johnson: Écoutez, le choix du modèle se fera
dans quelques mois. Après quoi, évidemment, pour le choix, qui
s'ensuit, du consortium ou du groupe principal de maîtrise d'oeuvre du
projet, nous avons des concurrents comme consortium qui tentent d'être
les maîtres d'oeuvre. On m'indique qu'il y en a probablement quatre ou
cinq autres. Nous sommes évidemment primordialement associés
à SNC. On mentionne Lavalin avec les chantiers d'Halifax, d'ailleurs,
comme fabricant, si on veut, la Saint John Shipbuilding, qui ne cache pas,
évidemment, son ambition de faire partie d'un autre consortium et
d'être le maître d'oeuvre de ce projet. On sait que Paramax,
à Montréal - encore une fois, un autre concurrent de
Montréal, cela fait trois concurrents que je nomme de la région
de Montréal - de même que la Canadian Shipbuilding and
Engineering, sont autant de joueurs possibles qui peuvent former des
consortiums auxquels, une fois qu'on a donné tous ces noms, il y a tous
les autres qui nous viennent à l'esprit en matière de
communications, d'électronique, de systèmes de détection,
d'intégration de systèmes, des gens qui ont des bureaux au
Québec et en Ontario, dans les provinces maritimes et, quelquefois, dans
l'Ouest du Canada... Ce qu'il faut réaliser à l'égard d'un
très grand contrat comme celui-là, c'est qu'il nous faut
être polyvalents, trouver les meilleurs joueurs possible, où
qu'ils se trouvent. Quant à nous, il y en a au moins deux, parmi tous
ceux qui sont très bons, qui sont associés et qui s'appellent
Marine et SNC, pour former la tête d'un consortium.
M. Brassard: M. le ministre, dans un article paru dans La
Presse, on semble faire une distinction du côté
fédéral, une fois le choix du modèle fait, entre la
maîtrise d'oeuvre et l'exécution, la réalisation du
contrat. Il s'agit d'un article paru le 12 avril dernier où on indique
que le gouvernement fédéral ne fera pas son choix de
modèle avant juillet - ce que vous évoquiez tantôt - et
où on semble faire une distinction entre la maîtrise d'oeuvre et
la réalisation. Dans cet article, pour ce qui est de la maîtrise
d'oeuvre, on citait Lavalin et Paramax, mais le consortium Marine Industrie,
SNC et autres, dont on vient de parler, se situerait au niveau de la
réalisation du contrat. Est-ce que cette distinction, qu'on retrouve
dans un article de journal, est véritable? Y a-t-il une distinction de
cette nature qui est faite à Ottawa entre la maîtrise d'oeuvre de
l'ensemble du projet et l'exécution ou la réalisation de la
construction? Ce n'est donc pas conforme à la réalité.
M. Johnson: La réponse est non, il n'y a pas de
distinction. Les conclusions du journaliste reposent sans doute sur le fait que
c'est bien difficile pour lui de savoir quels sont tous les membres de tous les
consortiums. Ce que j'indique, c'est que chez Marine Industrie, SNC, nous avons
réussi à intéresser des gens, chacun à cause de son
expertise, ce qui nous permet de prétendre que nous avons couvert la
totalité du champ que nous recherchons quant à la maîtrise
d'oeuvre et à l'exécution de ce contrat. On peut associer MIL
à un exécutant d'un gros contrat à cause de nos
installations, de nos bureaux d'ingénierie en matière navale; SNC
quant à l'ingénierie également. Il n'est pas
évident que MIL et SNC ont des titres de noblesse en matière
d'intégration de systèmes de défense, en
matière de télécommunications, de détection,
d'électronique. Ce que j'indique, c'est qu'il y a dans le consortium MIL
et SNC également des éléments, qui sont moins connus de
toute évidence, qui ont cette expertise dans tous les autres champs, ce
qui permet d'assurer et la maîtrise d'oeuvre et une large part de
l'exécution.
M. Brassard: Si on regarde du côté
fédéral, est-ce que vous êtes informés de la
procédure qui sera privilégiée par le gouvernement
fédéral pour en arriver à octroyer le contrat? Donc, s'il
se forme des consortiums, dont l'un est parrainé par Marine et SNC, mais
d'autres également sans doute qui sont en voie de se former, c'est que
le gouvernement fédéral a l'intention, par conséquent, de
confier à un consortium la réalisation du contrat des sous-marins
et non pas de débiter en tranches le contrat et d'octroyer
lui-même ces tranches de contrat à des firmes. Il y a donc
là un premier choix qui est quand même important. Puisqu'il y a
des consortiums qui se constituent, dont un au Québec, c'est que vous
êtes en mesure de confirmer que le gouvernement fédéral a
fait ce choix d'un consortium pour ce qui est de la réalisation du
contrat de construction des sous-marins nucléaires,
premièrement.
Deuxièmement, est-ce que la procédure
privilégiée, choisie par le gouvernement fédéral,
c'est une procédure d'appel d'offres, de soumissions publiques
où, à ce moment-là, tous les consortiums
intéressés à présenter une soumission vont pouvoir
le faire? Je pense que c'est important de le savoir au départ et non
pas... Le gouvernement fédéral n'a pas décidé de
faire un choix sans appel d'offres, sans soumissions publiques, de faire un
choix je ne dirais pas arbitraire, mais sans cette procédure de
soumissions publiques pour l'octroi d'un contrat de cette nature.
Du côté du fédéral, en d'autres termes,
quelles sont vos assurances quant à la procédure à suivre
et à la façon d'en arriver a l'octroi d'un contrat de cette
importance?
M. Johnson: À la suite d'une rencontre que nous avons eue
avec les maîtres d'oeuvre du programme britannique, soit le groupe Rolls
Royce, j'ai trouvé très convaincant le fait que le client, donc
l'acheteur des sous-marins, doit d'abord et avant tout se fier à des
considérations comme la qualité, la fiabilité, la
permanence du maître d'oeuvre afin de gérer du début
à la fin et pendant l'opération. Je disais, tout à
l'heure, que pendant la vie utile des sous-marins, il y a des révisions
et de la mise à jour de certains équipements qui doivent
être faites, comme pour les F-18 - ce qui est fait à
Montréal, heureusement, à l'égard de ces avions. Il y
a...
M. Brassard: L'entretien.
M. Johnson: ...sur une très longue période de
temps, une responsabilité continue à l'égard d'une flotte
de sous-marins, non seulement à partir du moment de la conception, mais
bien avant, dans la façon dont les membres du consortium ont, quant
à eux, démontré leur crédibilité, leur
fiabilité, la qualité de leurs travaux et leurs performances
passées, donc qui permet d'envisager - parce que c'est ce qui est en
cause - une relation à très long terme avec ce grand fournisseur
de services qu'est le maître d'oeuvre.
J'ai dit que c'était très convaincant, que ce n'est pas un
pur processus de soumissions qui est généralement envisagé
par le client, c'est vraiment un choix, mais un choix qui est
pondéré par des exigences d'ordre économique. On ne prend
pas le meilleur pour prendre le meilleur, on va prendre le meilleur rapport
qualité/prix, en assurant un niveau minimum, une exigence minimum de
qualité, de fiabilité, de permanence dans la gestion continue
d'une flotte de sous-marins à partir du moment qui précède
même la conception, comme je vous le disais, jusqu'à la mise au
rancart et la disposition, quelque part dans l'espace, du réacteur
nucléaire du dernier sous-marin en service. C'est vraiment une
obligation continue où on parle littéralement d'une quarantaine
d'années. Cela ne se prête pas, selon moi - j'ignore où en
est, comment dirais-je cela, l'opinion intime des décideurs au
fédéral... Il m'apparaît que cela ne peut pas être un
pur processus d'offre par voie de soumissions publiques qui est en cause. Si on
reconnaît la proximité historique qui existe entre notre marine
canadienne et la marine britannique, on peut commencer à
soupçonner que les décideurs fédéraux auront
tendance à se fier à l'expérience qu'on a connue
là-bas. Probablement qu'on fait la même chose en France dans des
grands projets comme ceux-là. Nous avons donc toutes les raisons de
croire que c'est plutôt de cette façon que cela se déroule.
(16 h 15)
II est évident qu'on doit faire valoir les retombées les
plus larges, les plus variées possible au point de vue
économique, au point de vue des transferts technologiques qui se feront
vers le Canada, à partir de l'expertise que les Britanniques ou les
Français ont développée. Il m'apparaît primordial
que le consortium dont Marine-SNC assure la tête puisse avoir toutes les
chances - il les recherche, il les cultive - de démontrer cette
polyvalence, cette permanence, ce souci de qualité, de fiabilité
qui est la dimension critique essentielle dans l'attribution d'un contrat d'une
telle envergure.
M. Brassard: Dans tout cela, quelle démarche le
gouvernement du Québec entend-il entreprendre, quelle action entend-il
poser pour soutenir, appuyer le consortium québécois et s'assurer
qu'il soit en excellente position pour décrocher le contrat?
M. Johnson: Comme je l'ai indiqué tout à l'heure,
afin d'examiner le travail que Marine peut faire comme membre du consortium,
tête du consortium, nous avons mis sur pied une équipe polyvalente
comme celle que j'ai décrite tout à l'heure afin de nous
permettre d'intervenir, de soutenir de façon cohérente l'ensemble
des gestes que peut poser un tel consortium pour assurer un maximum de
retombées industrielles pour le Québec, afin de nous doter de
renseignements, des données qui permettent de soutenir la
solidité de notre dossier. Si je peux parler d'un mandat d'un groupe de
travail que nous avons mis sur pied, il s'agit de concevoir, de coordonner et
de participer à la mise en oeuvre de ce plan d'intervention,
évidemment, par des intérêts québécois,
établir et maintenir, à tous les niveaux de l'appareil du client
éventuel, des contacts avec les responsables des différents
maîtres d'oeuvre - évidemment, notre premier souci étant
ceux qui sont au Québec - et surveiller constamment, avoir le pouls de
ce qui se trame dans tous les lieux qui peuvent avoir une influence sur la
décision éventuelle.
Par exemple, nous préparons des rencontres avec des entreprises
et des sous-traitants québécois en présence des
concepteurs et des maîtres d'oeuvre. Nous nous assurons à chaque
étape, dans cette grosse partie, de démontrer la capacité
des industriels québécois de participer à un tel
programme, donc à démontrer leur fiabilité, la
qualité de leur travail, leur rentabilité, évidemment, ce
qui assure leur permanence.
M. Brassard: Le chantier naval du Nouveau-Brunswick - du moins,
c'est ce qu'on apprenait par la voie des journaux - Saint John Shipbuilding,
entend procéder bientôt à des investissements qui lui
permettraient d'avoir les infrastructures requises pour accueillir la
construction de sous-marins, ce qui, évidemment, la placerait dans une
position favorable par rapport à Marine. Est-ce que ce fait, qui vient
de nous être révélé tout récemment, ne
suscite pas des inquiétudes chez vous, au gouvernement, au
ministère, ainsi qu'au consortium en voie d'être
complété?
M. Johnson: Saint John Shipbuilding, à notre connaissance,
pour l'instant, n'a fait que parler de faire de tels investissements, ce qui
est de bonne guerre. Je présume que c'est, dans le portrait, une
façon d'indiquer qu'on est prêt, qu'on a confiance d'avoir la
capacité de faire quelque chose et qu'on est même disposé
à investir des centaines de millions de dollars - on ne se trompe pas -
à l'avance. C'est tout un risque. Personnellement, je vais le croire
quand je vais le voir. Que des gens à ce stade...
M. Brassard: Vous considérez que ce n'est pas
sérieux?
M. Johnson: ...particulièrement prématuré...
C'est prématuré...
M. Brassard: Vous considérez que ce n'est pas
sérieux, que c'est...
M. Johnson: Je dirais que c'est une façon de faire valoir
qu'ils sont prêts, qu'ils ont l'expertise. Cela donne le profil
nécessaire. Cela permet aux gens...
M. Brassard: Mais cela ne donnera pas véritablement lieu
à des investissements réels...
M. Johnson: Je n'en ai pas vu encore. M. Brassard: ...en
termes d'infrastructures.
M. Johnson: Enfin, quand on nous démontrera que Saint John
Shipbuilding a fait autoriser par son conseil d'administration des emprunts de
centaines de millions de dollars pour les quelques prochaines années,
avant même que l'armée canadienne ait décidé si oui
ou non elle achète un sous-marin... Je trouve cela pas mal fort.
Chose certaine, ce que nous faisons valoir à l'encontre de telles
annonces - si on peut les appeler ainsi - c'est, par exemple... Je parlais de
crédibilité tout à l'heure, de fiabilité. Marine
SNC est le seul consortium, par exemple, dans lequel on retrouve une
société de fabrication industrielle comme Vickers. La division
industrielle Vickers à Montréal est un des deux seuls chantiers
en Amérique du nord qualifiés et agréés par la
marine américaine pour fabriquer des composantes de sous-marins
nucléaires américains. Personne ne peut se vanter de cela. Quand
je parle de fiabilité et de qualité, c'est de cela qu'on parle.
Et cela existe. Ce n'est pas une annonce qu'on va peut-être investir en
vue de l'obtention d'un contrat. C'est actuel. C'est réel. C'est
courant.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Pour revenir à la question du
député de Lac-Saint-Jean, j'en conclus que ni vous,
personnellement, ni les autorités de votre ministère n'êtes
au courant ou n'avez d'informations indiquant que Saint John DryDock a
l'intention d'investir des sommes d'argent pour prendre de l'expansion ou
améliorer l'infrastructure.
M. Johnson: Non, pas en ce moment. M. Cannon: Merci, M. le
ministre.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Johnson: Je vais peut-être en profiter... M. le
Président, à mesure qu'on avance dans ce
dossier, nous approchons du moment où vraiment je vais invoquer
le fait que, évidemment, Marine-SGF n'apparaît pas dans les
crédits, pour indiquer que je ne suis pas disposé à aller
plus loin là-dedans. Mais cela fait quand même une heure qu'on en
parle. Cela me fait plaisir d'en parler. Mais à mesure qu'on avance, on
s'approche de plus en plus de détails plus techniques. On m'a
demandé, par exemple, la composition d'un consortium, les gestes
concrets que peuvent poser les membres du consortium, notamment à Marine
Industrie. Je vais vous dire franchement que la direction de Marine se ferait
un grand plaisir de répondre à tout cela si elle était
ici, si on la convoquait à cette fin-là. Ce qu'on n'a pas fait.
Le député a soulevé, invoquant la tradition, que
c'était une occasion privilégiée de parler de la
Société générale de financement. On est rendus
à Marine. Par Marine, on est rendus aux sous-marins pour les
années 1990. Je suis à la veille d'atteindre le seuil de ma
connaissance intime de tous ces dossiers-là parmi tous ceux qui se
promènent sur mon bureau. Il y en a d'autres. Cela me fait plaisir de
les évoquer. Notamment, il y en a maintenant plus de neuf autres
à soulever à la suite remarques préliminaires du
député de Lac-Saint-Jean. Nous sommes en train de traiter de la
deuxième des onze questions qu'il a soulevées dans ses 57 minutes
et 25 secondes ce matin. Il me ferait plaisir de répondre assez
rapidement à cela, mais, vous voyez, on vient de prendre presque une
heure pour parler du deuxième point et il en reste neuf.
M. Brassard: Si je comprends bien, le ministre est sur le bord de
caler.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: Je vais avouer que, dans toutes les matières
dont on peut être saisi au ministère de l'Industrie et du
Commerce, il y a des gens qui sont beaucoup plus calés que moi, au sens
strict, donc plus compétents et je vais reconnaître que je risque
de couler mon examen si on veut pousser plus loin la précision des
questions et les détails techniques. Mais cela me fait plaisir de faire
appel à eux. Les gens qui m'accompagnent aujourd'hui sont
habilités, connaissent, enfin, c'est leur travail quotidien, ils ont la
formation et l'expérience pour répondre à un tas de
questions. Quant à ce qu'il y a dans le livre qui est devant nous, le
cahier des crédits 1988-1989, certains, à cause de leur
appartenance à des groupes de travail comme celui que je viens de
mentionner, peuvent également faire avancer passablement nos
discussions. Ils l'ont réussi par ma voie, en me donnant des bouts de
papier, des notes, depuis quelques minutes. Ils peuvent également faire
avancer la discussion, mais on est presque arrivés à un
point...
M. Brassard: M. le Président...
M. Johnson: ...où la direction de Marine Industrie,
vraiment, peut être appelée à la barre.
Le Président (M. Théoret): Effectivement,
monsieur...
M. Brassard: ...la remarque du ministre était presque
superflue parce que j'en avais terminé...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: On a atteint en même temps notre niveau.
M. Brassard: ...avec mes questions sur la SGF,
particulièrement sur le dossier des sous-marins que je considère
comme un dossier quand même important et majeur. Les questions que je
voulais poser là-dessus, je les ai posées. Il y a des
réponses. Cela veut dire qu'on pourra quand même y revenir.
Le Président (M. Théorêt): Revenons au mandat
de la commission, soit l'étude des crédits, M. le
député.
M. Brassard: Le deuxième sujet que je voudrais aborder, M.
le Président, c'est le dossier...
M. Johnson: Le douzième ou le deuxième? Le
libre-échange
M. Brassard: Le deuxième, quant à moi, celui du
libre-échange où il y a des crédits qui sont prévus
pour des études, nous disait le ministre cet après-midi sur
l'éventualité de mettre en place des programmes spéciaux
de transition ou d'adaptation en regard de la libéralisation des
échanges qui approche. Puisqu'on est au stade des études,
j'imagine qu'on n'est pas au stade de la mise au point de programmes. Est-ce
que je comprends bien la position du ministre et de son ministère en
disant que, pour le moment, compte tenu, nous dit-il, du peu d'impacts
négatifs de la libéralisation des échanges entre le Canada
et les États-Unis, il n'est pas opportun, ni pertinent, ni utile de
prévoir, de concevoir et d'établir des programmes spéciaux
d'adaptation et de transition pour certains secteurs de l'économie? Pour
le moment, c'est la position du ministre et du gouvernement relativement
à cette question du libre-échange. Pour le moment, ils jugent que
les impacts négatifs ne sont pas d'un ordre de grandeur suffisant qui
justifie la conception et la mise en application d'un programme particulier
d'adaptation ou de transition pour certains secteurs de l'économie face
au libre-échange.
M. Johnson: On va reculer un peu. On va
mettre en perspective toute la question du libre-échange, des
effets réels comparativement aux effets appréhendés par le
député. Si on parle de perturbations, oui, il va y en avoir, mais
voyons exactement comment l'oiseau se présente. Le 1er janvier 1989, il
n'y aura pas, du jour au lendemain, des soubresauts épouvantables, une
explosion ou quoi que ce soit. Il y aura une diminution des tarifs selon les
classes de biens, selon les classes tarifaires d'entre 1 % et 1,5 %, pour la
première année, sauf dans les cas où, volontairement, des
associations industrielles, enfin des groupes, ont accepté,
indiqué que cela pouvait être aboli tout de suite ou beaucoup plus
rapidement que cela. La première année, diminution des tarifs
d'entre 1 % et 1,5 %. Depuis douze mois, la valeur du dollar canadien a
augmenté par rapport au dollar américain d'à peu
près 13 %, 14 %, dix fois pire ou dix fois plus. Pire, je ne le sais
pas, parce que tout ce que je vois, c'est que la performance d'exportation du
Québec continue sur sa lancée et c'est, mais oui, plus difficile.
Nos prix de vente là-bas ont augmenté, mais il n'en reste pas
moins qu'il n'y a pas eu de perturbation épouvantable.
Depuis dix ans, la réduction des tarifs a été d'un
ordre qu'on pourrait comparer à ce que la diminution sera d'ici une
dizaine d'années. On a réussi à créer des emplois.
On a réussi à moderniser nos entreprises. On parle
d'entrepreneurship québécois. Depuis quand en parle-t-on? On en
parle depuis dix ans. Il y a une libéralisation, de fait, des
échanges depuis une dizaine d'années qui n'a pas vraiment
amené de perturbations. Il y a 4 000 000 de Canadiens qui changent de
travail tous les ans. Ce ne sont pas 4 000 000 de chômeurs de plus, mais
4 000 000 de personnes qui changent d'ouvrage tous les ans. (16 h 30)
Le député parlait tout à l'heure des pertes
d'emplois. Oui, de fait, on parle de création d'emplois: 100 000, 106
000, en 1987. C'est un net. Il y a 400 000 personnes qui ont trouvé un
travail l'an dernier; 300 000 ne sont plus dans le même travail où
elles étaient. On va se comprendre précisément. Ce dont il
est question, c'est la mobilité de la main-d'oeuvre à
l'intérieur du Québec et la capacité des entreprises de
s'adapter à leur environnement. Il n'en reste pas moins qu'il y a des
secteurs où nous devons constater - et on ira raffiner nos impressions,
nos opinions et notre diagnostic - qu'il pourrait y avoir à terme
certaines perturbations, entre guillemets, le terme est très fort quand
même. Nous procéderons à des consultations sur la foi de la
réalité des termes de l'accord, contrairement, évidemment,
aux analyses qui pouvaient être faites il y a deux ou trois ans, alors
qu'il n'y avait pas un bout de papier sur lequel on pouvait se fonder. Notre
gouvernement a été, en Amérique du Nord, le plus ouvert,
le plus clair, celui qui a publié le plus de documentation sur les
enjeux. Nous entendons continuer avec les divers secteurs industriels à
bien identifier leurs besoins. Nous pourrons, à partir de ce moment,
voir comment, par exemple, les programmes existants peuvent contribuer à
accélérer, le cas échéant, l'adaptation
industrielle, mais mon propos est de remettre tout cela en perspective et de
rappeler au député qu'on n'est pas engagés ici dans une
opération où des soubresauts violents, où des
perturbations extraordinaires risquent de se produire.
M. Brassard: Avec ce que vous connaissez présentement et
avec les études qui ont déjà été
effectuées, quels sont les secteurs qui, selon vos informations et vos
connaissances actuelles, auront le plus besoin d'appui pour faire face aux
nouvelles conditions commerciales qui vont prévaloir? Quels secteurs
auraient le plus besoin d'appui? Et, même en supposant que les programmes
actuels seraient suffisants, donc sans présumer qu'on en arriverait
à la conclusion qu'il est nécessaire de mettre en place des
programmes particuliers, quels secteurs seront le plus touchés et auront
le plus besoin d'appui et de soutien pour faire face aux nouvelles conditions
commerciales qui prévaudront bientôt?
M. Johnson: Je dirais, en nous raccrochant ici à
l'étude des crédits, que les moyens dont nous nous sommes
dotés visent précisément à assurer rapidement, de
la façon la plus fine possible, notre connaissance des impacts qu'il
peut y avoir sur certains secteurs industriels. Il faut faire attention de
globaliser par secteurs quels sont les impacts de la libéralisation des
échanges. Dans chaque secteur industriel, il y a des gens qui sont
à la fine pointe de la modernisation, de leur capacité de rentrer
dans des marchés, du design, de l'innovation, de structures de
coûts, dans chaque secteur. Alors, une solution globale pour un secteur,
d'abord, sauf erreur, ne serait pas permise en vertu de l'accord sur le
libre-échange, mais les approches qui prévoient des programmes
disponibles à tout le monde demeurent permises.
À partir de ce moment-là, nous continuerons d'employer une
approche entreprise en tentant de reconnaître - on peut faire cela
sectoriellement - les dimensions importantes qu'une entreprise doit avoir
à l'esprit: où doit-elle faire porter ses efforts, sa
modernisation, sa formation de main-d'oeuvre, son implantation de design
industriel, son souci de qualité: quelles sont les dimensions, dans ces
entreprises, qui leur assurent un peu plus de succès dans les nouvelles
règles de libéralisation des échanges?
Nous procédons à une consultation continue mais qui va
pouvoir s'accélérer pour nous mener vers une appréciation
de ce que cela peut prendre à certaines entreprises comme mesure
d'adaptation grâce au montant de 1 000 000 $ qui apparaît ici. Le
député va dire que 1 000 000 $, ce n'est pas beaucoup. Juste pour
lui donner une idée, l'enveloppe pour se doter comme
député,
par exemple, de ressources humaines, donner des contrats de recherche,
avoir des attachés qui nous aident dans notre travail et font des
recherches, cela représente 80 000 $ ou 82 000 $, quelque chose de cette
nature. On est en train de parler de 1 000 000 $. Je veux juste demander au
député, demander à n'importe qui à
l'Assemblée nationale - 120 membres à l'heure qu'il est - ce
qu'on ferait avec 1 000 000 $, si on donnait des contrats, si on faisait faire
de la recherche. Ce serait pas mal. Ce serait beaucoup mieux que 80 000 $. On
parle de 20 personnes à 50 000 $. C'est un ordre de grandeur. Je veux
juste donner une idée de ce que cela signifie. C'est d'augmenter de 50 %
au moins au ministère notre capacité d'analyse économique,
etc, qui est présente à la DGRP actuellement.
C'est l'ordre de grandeur dont on parle. Ce n'est pas négligeable
pour procéder à des analyses pointues, pour voir
précisément ce qu'on peut faire afin de faciliter l'adaptation
éventuellement de certaines entreprises pour ne pas dire certains
secteurs industriels parce que, comme je vous dis, il faut faire attention de
ne pas globaliser. J'ai déjà reçu de la même
personne physique une représentation au nom d'une association, au
conseil de laquelle elle siégeait, qui était
diamétralement opposée à sa représentation, son
opinion de ce que le libre-échange signifiait pour elle comme
entreprise. On va se comprendre.
M. Brassard: Quel est l'état des pourparlers actuellement
avec le gouvernement fédérai relativement à la
façon dont le Québec doit aborder ce nouvel environnement
commercial? Est-ce qu'il y a des discussions, compte tenu de l'engagement que
M. MacDonald avait pris, à savoir qu'il en faisait une condition de
l'adhésion du Québec, et compte tenu également qu'au
gouvernement fédéral, on semble avoir adopté la même
attitude que le ministre, c'est-à-dire de dire qu'il n'y a pas lieu de
prévoir des programmes particuliers nouveaux, d'initier des programmes
spéciaux, que les programmes actuels sont adéquats? Il semble que
c'est là l'attitude du gouvernement fédéral. Est-ce qu'il
y a eu des discussions à cet effet avec le gouvernement
fédéral concernant le libre-échange?
M. Johnson: Je vais faire un commentaire préliminaire. Ce
n'est pas le ministère de l'Industrie et du Commerce qui est
l'intervenant. J'aurais invité le député de Lac-Saint-Jean
évidemment à venir à l'étude des crédits du
MCEDT notamment pour poser des questions à mon collègue qui a
été chargé, depuis le début, des relations avec le
gouvernement fédéral. Nous avons évidemment, dans la mise
en oeuvre, une responsabilité chez nous. C'est entendu. C'est d'ailleurs
pour cette raison que nous allons, avec les moyens dont nous nous sommes
dotés, procéder à des consultations, aux analyses, aux
recommandations, à la définition des mesures d'adaptation,
etc.
La question que pose le député est quand même
distincte du genre de responsabilités que nous avons à
l'égard des entreprises dans le contexte du libre-échange. On
m'informe qu'à ce moment-ci, la machine tourne au ralenti, sinon est
immobile, du côté du fédéral, dans la mesure
où tout le monde attend le dépôt de la loi
fédérale qui doit donner effet, qui doit refléter l'accord
de libre-échange. On a vu récemment dans les journaux, enfin, on
rapportait, cela a été confirmé à Ottawa, que
plusieurs lois doivent être modifiées, qu'un cadre
législatif doit évidemment soutenir les gestes gouvernementaux et
les procédures administratives, le cadre réglementaire, etc, qui
permettraient au Canada de se conformer à l'accord de
libéralisation des échanges. À ce moment-ci, autant les
provinces que les entreprises, que les groupes de pression, que le
comité Reisman même sont en attente du dépôt de la
loi fédérale qui est, enfin, anticipé.
M. Brassard: Est-ce que ce sont ces études qui vont
être faites au cours de l'année? Est-ce que ce sont des
fonctionnaires de votre ministère qui vont les faire ou si vous avez
plutôt l'intention d'embaucher, d'engager des contractuels ou des firmes
de consultants pour effectuer ces études?
M. Johnson: Autant à l'interne que par voie de
compétence qu'on peut aller chercher de façon ad hoc à
l'extérieur, que par voie de présentation que peuvent nous faire
les secteurs industriels sur ce qui les affecte ou peut les affecter. On sait
que certaines associations sectorielles, industrielles, ont des moyens
considérables d'analyse et nous pourrons évidemment
bénéficier de cette source de la même façon. Nous
nous donnons également la capacité de jeter un oeil critique sur
ces analyses, évidemment.
M. Brassard: L'objectif de ces études, si on conclut
là-dessus, c'est de bien identifier avec le plus de précision
possible, le plus pointu possible, pour reprendre votre expression, des impacts
du libre-échange sur les divers secteurs de l'économie
québécoise?
M. Johnson: C'est cela. Oui.
M. Brassard: Et à partir des résultats de ces
études...
M. Johnson: Des entreprises, ce sont le capital et les
travailleurs. On ne se trompe pas là. Ce qui nous préoccupe le
plus, comme entreprise capitaliste à l'égard de ces
investissements, des achats d'équipement, de sa modernisation comme
telle, on peut s'organiser, c'est toujours organisé. Là où
on peut parler de déplacement d'emplois, d'impact négatif, c'est
entendu que ce sont les travailleurs qui sont frappés comme tels
et c'est surtout à l'égard des programmes de formation de
main-d'oeuvre que nous aurons à évaluer les mesures d'adaptation
que nous devrons retenir.
M. Brassard: Mais c'est à partir de ces études et
des résultats de ces études que vous serez en mesure, en fin de
compte, de conclure qu'il y a lieu ou qu'il n'y a pas lieu d'initier des
programmes particuliers, des programmes nouveaux en relation avec les nouvelles
conditions commerciales. Ce que vous n'êtes pas en mesure de faire
présentement, compte tenu de l'état actuel des études,
vous n'êtes pas en mesure de dire maintenant: II faut des programmes
particuliers d'adaptation, il faut des programmes spéciaux, des
programmes nouveaux. Vous le serez une fois cette série d'études
complétée. À ce moment-là, vous serez en mesure de
dire: Les programmes actuels suffisent, les programmes existants suffisent pour
répondre aux besoins ou aux problèmes identifiés ou il
faut initier un, deux ou plusieurs programmes. C'est cela l'objectif de
l'opération.
M. Johnson: Le cas échéant, et évidemment je
le réitère là en collaboration avec le ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, nous avons à
faire ces consultations, d'une part, évaluation, deuxièmement,
exécution éventuelle de nouveaux programmes si cela se posait.
Mais comme je vous dis, à ce moment-ci, ce n'est pas une
opération monstre parce que la perturbation anticipée n'est pas,
elle, monstre. On va commencer à regarder cela de cette façon. Si
on voyait que la libéralisation des échanges modifiait de fond en
comble, d'une façon draconienne, immédiate dans certains cas,
c'est surtout cela qui est en cause. Ce n'est pas la capacité
d'adaptation des entreprises qui est en cause. Elles se sont adaptées de
tout temps. Il y a de plus en plus de travailleurs sur le marché du
travail. Il y a de plus en plus de compétence, de polyvalence, etc., sur
le marché du travail. (16 h 45)
C'est la vitesse d'adaptation qui est en cause. Cela, c'est une fonction
qui est déterminée par l'ampleur de la perturbation qui
nécessite une adaptation. Or, on ne voit pas de grosse perturbation. Il
n'en reste pas moins que, par secteur, dans certaines entreprises,
peut-être dans certaines régions, cela posera des
difficultés particulières. À cause de la concentration
d'un certain type d'industries dans une certaine région, on peut voir
que cela peut bouger plus fort. Ce n'est pas étonnant, ce n'est pas
surprenant et c'est vers cela qu'on va évidemment pouvoir intervenir une
fois qu'on aura le portrait. Le portrait, on ne pouvait pas le tirer avant que
le sujet soit devant nous, mais le sujet n'est pas devant nous depuis si
longtemps.
Heures d'ouverture des commerces
M. Brassard: Merci, M. le Président. Je souhaiterais
aborder pendant quelques minutes la question des... J'ai évoqué,
dans mes remarques préliminaires, la question de la Loi sur les heures
d'affaires. On sait qu'il y a un comité en place qui fonctionne,
composé de députés ministériels... Vous en faites
partie? Non? C'est Maurice Richard qui en est le président. Mais
au-delà de ce comité qui va remettre ses conclusions, j'aimerais
savoir quand même si l'intention du ministre est arrêtée
quant à la Loi sur les heures d'affaires, en termes d'orientation de
fond, dans le sens suivant. Est-ce que le ministre, même s'il a mis sur
pied un comité à cette fin, a l'intention d'aller dans le sens
d'une plus grande libéralisation de la loi ou dans le sens d'imposer de
plus grandes restrictions, des sanctions plus sévères à la
loi actuelle? En termes d'orientation de fond, sans entrer dans les
détails, est-ce que les intentions du ministre sont
arrêtées?
M. Johnson: M. le Président, je vais en profiter pour
répondre à une question qu'a posée le député
de Lac-Saint-Jean tout à l'heure au sujet des magasins de la
Société des alcools du Québec...
M. Brassard: La SAQ, oui.
M. Johnson: ...si je peux me permettre. L'ouverture du magasin de
la SAQ aux Halles Fleur-de-Lys, m'indique-t-on, les Halles Fleur-de-Lys
étant l'un des quelques sites peu nombreux de marchés
publics...
M. Brassard: Qui marchent bien.
M. Johnson: ...qui bénéficient d'une exemption en
ce qui concerne les heures d'affaires, compte tenu de droits acquis, si on peut
utiliser l'expression - j'emploie le terme sous toutes réserves - dont
le site aurait pu bénéficier dans le passé... Il y a
quelques marchés publics, comme on peut les appeler au Québec,
qui ont ce statut et c'est le cas des Halles Fleur-de-Lys. Je dis tout de suite
au député qu'il y a au moins deux autres magasins de la SAQ qui
ne sont pas assujettis aux heures d'affaires, mais cela tient évidemment
à des considérations plus larges. Si on va à
Sainte-Adèle ou à Saint-Sauveur-des-Monts, on s'aperçoit
que dans ces régions touristiques, il y a exemption à
l'observance des heures d'affaires. Les municipalités qui veulent se
faire reconnaître comme zones touristiques doivent en faire la demande.
Lorsque c'est reconnu, il s'ensuit que le régime légal
prévoit une exemption pour ces lieux. De mémoire, il y a le
Faubourg Sainte-Catherine, à Montréal, où on peut trouver
un magasin de la Société des alcools qui est ouvert même le
dimanche. C'est parce qu'elle se conforme à la règle de trois
employés ou moins en tout temps que cette succursale est ouverte.
Cela étant dit, je serais bien malvenu à vous indiquer,
aujourd'hui, quelle est mon opinion
sur la direction qu'on doit emprunter à l'égard de
changements éventuels ou non à la Loi sur les heures d'affaires
des établissements commerciaux pour la bonne raison qu'un comité
se penche précisément sur l'état de la question
actuellement et que ce comité fera des recommandations dans quelques
semaines ou quelques mois au ministre responsable. Je suis quand même
disposé à dire, au sujet des heures d'affaires, qu'à mon
sens, ce n'est pas un dossier - et je crois que cela tombe sous le sens - qui
est bêtement économique. Il y a des considérations d'ordre
social et de qualité de vie qui entrent en jeu. Ce n'est pas un simple
bilan où il y a de l'actif et du passif tout chiffrable qui est devant
nous. D'après ce qu'on me rapporte des consultations qui sont
menées par le comité de députés, les opinions des
gens sont extrêmement claires, bien arrêtées et toutes
contradictoires les unes avec les autres, un dossier parfait, finalement, pour
l'Opposition.
M. Brassard:...
M. Johnson: Un dossier parfait pour l'Opposition parce que la
solution ne semble pas, à l'évidence, s'imposer à
l'esprit. Nous allons donc voir quelles sont les perspectives que peut ouvrir
le rapport du comité de députés. Je dirais, tout de suite,
qu'il y a deux principes qui m'apparaissent importants: celui de l'observance
de la loi; la loi qui existe, quelle qu'elle soit, doit être
appliquée, c'est la première des choses. La deuxième
considération, c'est qu'il existe quand même, dans notre
société, un souhait généralisé: qu'on ne
rende pas la vie plus difficile que normalement elle ne le serait en l'absence
de législation. J'essaie de voir, comme vous voyez, où tout cela
nous mènera. Cela prend beaucoup d'heures, au sein du cabinet, pour
traiter des heures d'affaires. Je peux vous le dire. Quant à nous, au
cabinet, au ministère, on n'est pas sujets à la Loi sur les
heures d'affaires des établissements commerciaux, notamment dans ce
dossier-là.
M. Brassard: Les députés non plus.
M. Johnson: Notamment dans ce dossier.
M. Brassard: Précisément parce que c'est un dossier
extrêmement controversé, est-ce que le ministre pourrait me
dire... Je vois qu'il refuse - évidemment, je connaissais un peu sa
réponse, étant donné qu'il y a un comité sur pied;
la réponse était prévisible: Attendons les recommandations
du comité. Disons que sa réponse ne m'a pas surpris. Je serais
curieux de savoir pourquoi le ministre a jugé bon de rouvrir cette canne
de vers, vous me permettez l'expression? On a connu certaines
expériences dans le passé. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce, quand il décide de s'attaquer à la Loi sur les heures
d'affaires, il ouvre la boîte de pandore. Quels sont les motifs qui vous
ont incité à rouvrir ce dossier et à vous engager dans un
processus qui va vous conduire, éventuellement, à un projet de
loi amendant, modifiant la loi actuelle sur les heures d'affaires? Je serais
curieux de savoir cela.
M. Johnson: II y a deux réponses possibles qui sont
venues, évidemment, de deux sources différentes. La
première, c'est faire preuve d'un très grand courage politique!
La deuxième, c'est de témoigner ainsi d'un aveuglement passager!
Comme je le disais tout à l'heure et selon les mémoires que le
comité reçoit - autant que je sache, je n'en ai pas pris
connaissance, ce n'est pas mon mandat, alors j'attends l'avis des gens...
M. Brassard: C'est peut-être de l'imprudence aussi.
M. Johnson: Non, je ne crois pas, quand même. Ce qu'on peut
constater, c'est que les positions, comme je le disais, sont bien
arrêtées; on peut segmenter le marché de toutes sortes de
façons. On s'aperçoit que le marché, lorsqu'on le segmente
d'une façon plutôt que d'une autre, nous fait constater des
recouvrements ou des empiétements de certains segments de population sur
les autres. Cela dépend! Si vous demandez à quelqu'un, comme
consommateur, ce qu'il préfère, il va vous dire une chose; si
vous lui posez la même question comme conjoint d'un travailleur dans
l'alimentation, il va vous répondre autre chose. Si vous lui posez une
question comme travailleur dans une petite entreprise voisine d'une plus grosse
entreprise dans le domaine du commerce de détail, vous n'aurez pas la
même réponse. Présumément, on peut voir que c'est
toujours la même personne physique qui est en cause, à qui on pose
une question: Aimeriez-vous magasiner n'importe quand? Certainement!
Aimeriez-vous travailler tout le temps pour que les autres magasinent n'importe
quand? Ce n'est pas évident que les gens répondront la même
chose.
C'est ce qui est en cause, évidemment, et cela varie selon les
régions. On l'a vu dans un sondage de l'ADA, de mémoire, on l'a
vu dans un sondage d'une association sectorielle. Cela faisait beaucoup de
bruit. Évidemment, dans le processus politique, les gens qui font
beaucoup de bruit, on les écoute et on les entend après. On
commence par les entendre et, par la suite, on les écoute. C'est tout
à fait normal, c'est le processus politique normal, il faut mettre les
choses en perspective. Ce n'est pas parce que les gens font beaucoup de bruit
qu'ils sont nombreux.
Il y a quand même eu une évolution. Une fois qu'il y a des
modes de distribution d'alimentation, par exemple - c'est là où
le bât blesse le plus, si on écoute les sources - des modes de
vente, les habitudes des consommateurs changent avec le temps. On serait bien
malvenus à prétendre qu'on doit dicter à la
société la façon dont
elle doit se comporter. On ne parle pas de matières
pénales et criminelles, on parle de comportements humains. Est-ce qu'on
doit normaliser, comme gouvernement, la façon dont les gens choisissent
d'exister et de vivre? C'est un peu au-delà de nos attributions dans un
régime démocratique comme le nôtre. On s'inspire d'une
philosophie de droits et de libertés.
Les droits et les libertés ont des limites. Les droits et les
libertés doivent également respecter le choix de ceux qui
conçoivent qu'on vit dans un certain genre de société
où on n'est pas obligés d'être assaillis par de la
publicité, on n'est pas obligés d'être assaillis par la
consommation 24 heures par jour, sept jours par semaine. On n'est pas
obligés d'être l'objet de sollicitation constante de la part de
ceux qui veulent nous vendre quelque chose. Cela aussi, mais c'est la dimension
sociale, alors il s'agit de trouver l'équilibre.
M. Brassard: Cela ne répond pas tellement à ma
question. Je savais bien que, sur la question des heures d'affaires, il y a des
positions contradictoires, opposées. On le savait nous aussi, à
l'époque, mais la loi comporte quand même suffisamment de
souplesse ou d'ouverture pour satisfaire pas mal de gens. Le laïus du
ministre ne me satisfait pas. Je cherche à comprendre pourquoi il est
entré dans ce processus, à la base, sur quel motif. A-t-il
jugé qu'il y avait trop de mécontents, qu'il y avait trop
d'intervenants qui n'étaient pas satisfaits de la loi actuelle? Il a
pris la décision d'engager un processus visant à l'amender et
à la modifier? Quel est le motif de départ qui a incité le
ministre à prendre cette décision d'engager un processus qui va
le conduire au dépôt d'un projet de loi à
l'Assemblée nationale?
M. Johnson: Cela peut conduire au statu quo, très
clairement, cela peut conduire à une application plus
sévère, plus complète, avec les moyens que cela prend
à partir de la loi actuelle. On ne peut pas présumer de la
façon dont cet exercice va se terminer. On est en train de discuter
d'une conclusion éventuelle. Votre question vise plutôt à
reculer un peu dans le temps et à voir pourquoi cela a été
amorcé. Je répète qu'il fallait aller mesurer, compte tenu
que dans certaines régions, dans certains secteurs du commerce au
détail, cela "brassait" plus qu'il y a quelques années, les
changements d'habitudes des consommateurs, je le répète, des
nouveaux modes de distribution, des nouveaux modes de vente, etc., le portrait
de la situation de la famille québécoise qui a
évolué, les femmes au foyer par rapport aux femmes au travail, un
tas de choses comme cela qui nous ont portés à aller voir de plus
près ce qui se passait, en voyant si la loi tel qu'elle existe
actuellement est adaptée à ce que les Québécois,
dans leur ensemble, souhaitent. (17 heures)
On vérifie, après des consultations qui ont eu lieu il y a
quand même cinq ans, s'il y aurait des changements à apporter. Je
ne veux présumer de rien. Cela pourrait aussi bien faire bondir
certaines personnes vers un statu quo ou un resserrement de la loi, des amendes
beaucoup plus sévères, demandes de crédits et demandes
d'autorisation au Conseil du trésor pour engager cent inspecteurs au
lieu de trois. Il y a toutes sortes de façons d'approcher le
problème. Il s'agit de voir, d'une façon un peu plus ouverte, ce
qui se passe dans le marché et tenter de prévoir un cadre
législatif et réglementaire qui va nous permettre de constater
qu'on peut mettre de l'ordre dans cela. Tout peut se dérouler dans
l'ordre. Est-ce qu'on va remettre cela aux municipalités? Ce serait
amusant d'avoir 1522 autorités publiques responsables d'un régime
d'heures d'affaires des établissements commerciaux, chacune sur son
territoire. Cela serait amusant. On va avoir la paix. On n'en parlera plus ici.
Tous les conseils municipaux du Québec...
M. Brassard: Pour être amusant, ce serait amusant.
M. Johnson: ...vont être saisis de la question. Cela va
être formidable.
M. Brassard: Pour être amusant, ce serait amusant.
M. Johnson: Ou alors est-ce que les MRC devraient s'en occuper?
Est-ce qu'il va y avoir des directions régionales de l'OPDQ-heures
d'affaires qui vont s'occuper de cela? Si l'OPDQ veut s'en occuper, ça
ne me dérange pas, je vous le dis franchement. Il s'agit de voir. Je ne
veux pas présumer de la façon dont l'exercice va se terminer.
Le dossier SIDBEC
M. Brassard: Attendons voir! L'autre sujet qu'il serait
intéressant d'aborder, c'est le dossier de SIDBEC.
M. Johnson: II n'est pas dans les crédits, M. le
Président.
M. Brassard: Ah oui, c'est dans les crédits.
M. Johnson: Oui, mais c'est la dette de Normines. Ce n'est pas
pareil.
M. Brassard: SIDBEC, programme 3, élément 3, M. le
ministre.
M. Johnson: Oui, je sais bien.
M. Brassard: Là où il y a des montants nettement
supérieurs à ceux de l'an dernier prévus, justement, en
termes de transfert. On les
explique très bien. On sait pourquoi le montant de ce transfert
est supérieur à celui de l'an dernier, question de remboursement
de la tranche annuelle d'un emprunt de SIDBEC. Vous avez d'ailleurs
annoncé, je pense que c'est tout récemment, que SIDBEC avait
connu l'an dernier, en 1987, des...
M. Johnson: C'est en 1986.
M. Brassard: ...en 1986, des profits...
M. Johnson: 6 500 000 $.
M. Brassard: Et cette année aussi?
M. Johnson: 8 900 000 $, de mémoire.
M. Brassard: Est-ce que c'est une indication que toute
hypothèse ou toute éventualité de privatiser SIDBEC est
écartée à tout jamais?
M. Johnson: C'est malheureux. J'aurais pu apporter au
député les coupures de presse de mardi dernier. Lundi dernier,
à Montréal, nous avons annoncé les résultats
financiers de SIDBEC pour l'année 1987. On en a profité pour
indiquer que, pour le premier trimestre de 1988, ce sont plus de 9 000 000 $ de
profits qui ont été réalisés. Comme on l'a
souligné à ce moment-là, cela ne veut pas dire que cela va
être 36 000 000 $ pour l'année. C'est saisonnier, c'est
conjoncturel. C'est facile de savoir ce qui arrivera dans le prochain
trimestre. C'est un petit peu plus nébuleux de savoir ce qui arrivera
à deux trimestres d'ici et c'est carrément l'incertitude totale
quant à savoir ce qui va se passer dans neuf ou douze mois dans ce
marché-là.
De toute façon, quant à SIDBEC, nous avons dans la
recherche, l'exécution de son mandat, de sa mission, qui est
d'approvisionner, de contribuer au développement économique du
Québec dans l'approvisionnement, si on veut, d'acier aux consommateurs
d'acier québécois. Cette mission de contribution au
développement économique du Québec, tel que la loi de 1979
le prévoit, peut se faire par les propres initiatives de SIDBEC ou en
association avec des partenaires. Est-ce que c'est privatiser que d'encourager
l'association? D'abord, c'était déjà dans la loi.
Deuxièmement, depuis un an, nous avons associé SIDBEC, d'une
part, à Acier Nova et, d'autre part, à Dofasco, dans deux
exploitations distinctes. C'est un signe des temps. SIDBEC est jugée,
par des partenaires de la qualité de Dofasco, digne d'être un
associé, c'est sensationnel. C'est un progrès formidable qui
justifie le maintien de notre soutien à SIDBEC. Ils remplissent un
rôle. Il y a eu des décisions de redressement financier, de
redressement organisation-nel, de redressement dans l'exploitation de cette
sidérurgie intégrée, depuis une couple d'années,
qui en font une activité rentable, qui permettent à SIDBEC,
à même ses propres fonds - il n'y a pas un sou qui vient du fonds
consolidé - de maintenir un programme d'investissement pour continuer
à moderniser ses équipements. On consacre à SIDBEC
à peu près le montant de l'amortissement sur les immobilisations.
Donc, on renouvelle constamment et on ne vient pas demander au gouvernement de
débourser quoi que ce soit pour les opérations courantes, pour la
modernisation, etc.
Les sommes qui apparaissent aux crédits sont reliées
à l'obligation contractuelle du gouvernement à la suite de la
cessation des opérations minières de SIDBEC, il y a plusieurs
années, sous l'ancien gouvernement. Et ça, c'est dans l'ordre.
C'est aussi dans le cours normal du redressement majeur qui devait s'effectuer.
On perdait notre chemise avec le minier; c'est aussi simple que cela. Le
gouvernement antérieur y a mis fin. Cela a encouru, pour le
gouvernement, des obligations à long terme d'épongement de la
dette accumulée, et c'est ce qu'on est en train de faire. C'est ce qui
apparaît dans les crédits. Cela explique d'ailleurs, si je puis me
permettre, soit dit en passant, le montant considérable des
crédits périmés que soulevait le député de
Lac-Saint-Jean. Oui, le ministère en tant que tel a eu des
crédits périmés de 56 000 000 $, l'an dernier. Il y en a
32 000 000 $ qui s'expliquent par le moment, dans le temps, où les 32
235 100 $ ont été versés. Ils l'ont été dans
l'année financière précédente plutôt qu'en
1987-1988. Donc, crédits périmés du montant versé
à SIDBEC à l'égard de la dette minière, mais
versé en 1986-1987. En 1987-1988, on avait déjà
prévu cette somme dans le livre des crédits déposé,
enfin, préparé et approuvé préalablement au 31
mars, mais on a réussi, à la fin de l'exercice, à la payer
l'année précédente. On a donc périmé ce
montant.
Toujours à la page 2 de l'onglet 2, les crédits
périmés, l'aide financière à l'industrie
pétrochimique, 8 559 000 $. C'est une bonne nouvelle reliée
à Pétromont dont j'ai fait état un peu plus tôt. On
vient d'expliquer un peu plus de 40 000 000 $ des 56 000 000 $. On continue.
L'aide financière pour la création d'une industrie de pointe
relative aux hélicoptères, c'est le programme Bell Helicopter. En
raison de la vitesse de développement de certains modèles, de
révolution du marché, du transfert de Fort Worth à Mirabel
de certaines lignes de production qui ne se sont pas faites aux dates
prévues, cela a fait en sorte qu'on a déboursé 2 287 000 $
de moins. On vient d'expliquer pas mal de choses.
Il reste 6 000 000 $, un autre gros montant dans les crédits
périmés: l'infrastructure d'accueil à l'industrie. Comme
le député le sait sans doute, dans l'aide à la
construction, si on veut, d'infrastructures industrielles que les
municipalités exécutent de temps à autre en relation avec
l'accueil à des gros projets industriels chez elles, on va
débourser au fur et à mesure que les travaux vont être
faits et que les factures vont
entrer. Il y a pour 6 454 900 $ de factures qu'on pouvait
prévoir, selon l'état d'avancement de certains travaux dans les
municipalités, qui devaient nous être réclamés dans
le cadre de ce programme en 1987-1988 et qui ne l'ont pas été.
Cela va se retrouver de toute façon en 1988-1989.
Alors, je pense qu'on vient d'expliquer la totalité des
crédits périmés du ministère. Quant aux
crédits périmés de la SDI, il me fera plaisir de vous en
parler ce soir. Mais encore là, ce sont des explications de nature
comptable, plus qu'autre chose. Tout ça pour dire qu'on parlait de
SIDBEC et on disait qu'elle était associée à des
entreprises privées dans certains projets et que, si nous pouvons parler
de rentabilité, SIDBEC est sur la très bonne voie, si on parle de
maintenir son rôle de contribution au développement
économique du Québec, c'est impeccable, que cela se fasse
directement par SIDBEC et dans quelques cas en association. Est-ce que cela va
intéresser les gens à prendre éventuellement le relais -
parce que c'est ce qui est en cause - du gouvernement dans ce rôle de
développement économique? Donohue a été
cédée à des intérêts privés qui ont
littéralement pris le relais du rôle gouvernemental. Nous
étions actionnaires, d'autres le sont. Ils sont en train de
développer. Cela va très bien. C'est formidable. Pendant ce
temps-là, avec les 100 000 000 $, on en parlait tout à l'heure,
la SGF peut faire autre chose et déclencher d'autres projets,
plutôt que d'immobiliser ces sommes dans une détention d'actions
de sociétés industrielles.
Est-ce que, à l'égard de SIDBEC, on peut faire la
même chose? Sans doute. En tout, en partie? On a une nouvelle entreprise
avec Dofasco, c'est une usine de galvanisation de laminés à
froid. Il n'y en a pas au Québec; il n'en existe pas. Ce n'est pas comme
si on avait quelque chose, qu'on demandait à quelqu'un de s'associer
à nous et de nous donner un coup de main dans une usine de
galvanisation. Dofasco et SIDBEC se sont parlé et elles ont
trouvé un intérêt commun; elles ont vu un marché. Il
faut bien comprendre qu'elles doivent chacune compter sur un approvisionnement.
Dofasco est un producteur de laminés à froid, SIDBEC l'est
également. Alors, les deux partenaires peuvent écouler une partie
de leur production en amont, donner une valeur ajoutée supérieure
à leur produit et desservir le marché du Québec et du
Nord-Est des États-Unis, la Nouvelle-Angleterre essentiellement, et de
l'Est du Canada. Les consommateurs québécois y trouvent leur
compte. Ils doivent aujourd'hui importer d'Ontario. L'économie est
d'environ 15 $ à 20 $ la tonne pour les consommateurs
québécois.
M. Brassard: Mais vous évoquez la privatisation comme
hypothèse. Ce n'est pas actuellement...
M. Johnson: II n'y a rien en marche.
M. Brassard: ...un objectif du gouvernement actuel.
M. Johnson: Je dirais que notre programme...
M. Brassard: Une éventualité que vous
évoquez comme ça...
M. Johnson: Notre programme politique prévoit que le
gouvernement, en gros, n'a pas affaire dans les sociétés
industrielles ou commerciales et n'a pas à prendre la place du secteur
privé en matière d'industrie et de commerce, prendre la place; je
ne parle pas de soutenir, je parle de prendre la place.
M. Brassard: Oui, mais est-ce...
M. Johnson: Avec le temps, peut-être que...
M. Brassard: Peut-être que, mais, pour le moment, non
seulement ce n'est pas un objectif, mais ce n'est pas dans la planification ou
la programmation du gouvernement en matière de privatisation de
privatiser SIDBEC.
M. Johnson: Non. D'accord.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre, le
marché de l'acier a connu ses hauts et ses bas depuis quelques
années. Est-ce que les indications sont que le marché de l'acier,
à moyen terme, est en croissance ou en diminution? Quelles sont les
perspectives de ce marché-là?
M. Johnson: Le marché de l'acier. Comme on le sait, il y a
toutes sortes de nouvelles technologies qui, sur le marché, tentent de
remplacer des utilisations de l'acier. D'autre part, la structure des
coûts des sidérurgies est un peu affectée par la
rareté croissante, si je peux employer le terme, du métal
déjà utilisé, la ferraille. Cela tient au fait que les
biens en acier sont probablement mieux faits qu'ils ne l'étaient. La
ferraille est rare. Alors cela modifie un peu la structure de coûts. Les
perspectives sont essentiellement reliées à la croissance du PIB,
des pays clients et, dans cette perspective, SIDBEC continue à
moderniser et à investir au même rythme que l'amortissement de nos
immobilisations dans un marché en croissance lente. (17 h 15)
II y a, par ailleurs, des créneaux que nous pouvons exploiter. Je
vais parler de SIDBEC. Je ne parlerai pas de l'industrie de la
sidérurgie mondiale. Nous exploitons certains créneaux dans les
meilleures qualités, les meilleurs grades d'acier, dans les produits
transformés plus que ceux que nous vendions autrefois sur le
marché, l'exemple du galvanisé en étant un récent.
Dans ce contexte général quant à nous, nous faisons
preuve encore, chez SIDBEC, de beaucoup d'optimisme à moyen
terme.
Une voix: Merci.
Le CRIQ
M. Brassard: Cela va pour SIDBEC. On pourrait peut-être
parler du CRIQ, Centre de recherche... Que le grand cric me croque.
D'abord, pour cette année, si je regarde bien les crédits
prévus au Centre de recherche industrielle du Québec, il y a une
réduction des crédits de transfert. On passe de 18 750 000 $ en
1987-1988 à 17 500 000 $ en termes de transfert. Compte tenu de
l'importance du CRIQ dans, j'imagine, la stratégie de
développement industriel du Québec et du ministère,
comment expliquer une diminution de crédits au CRIQ dans le budget
actuel?
M. Johnson: Ce qu'il faut savoir en vertu de la Loi sur le CRIQ,
Centre de recherche industrielle du Québec, c'est que la dotation
prévue par l'Assemblée nationale est de 105 000 000 $ qui
devaient être versés sur une période de cinq ans, donc
à un rythme de 21 000 000 $ par année, en gros. Il n'en reste pas
moins qu'on verse à un rythme qui permet au CRIQ, avec sa
capacité par ailleurs d'autofinancement, de rencontrer son budget de
dépenses qui est de l'ordre d'environ 30 000 000 $.
Afin d'être plus complet, j'ajouterais que le rythme de
déboursés est de l'ordre de 17 500 000 $ par année. Vous
remarquerez que 17 500 000 $ par année pendant cinq ans, en
déduction de 105 000 000 $ il reste 17 500 000 $. Donc, c'est une
espèce de coussin ou de ballon à la fin de la période
qu'on doit envisager. On souligne que traditionnellement le rythme de versement
était de 17 500 000 $, quitte à voir ce qu'on fera à la
fin avec les 17 500 000 $ additionnels.
La différence par rapport à l'an dernier tient au fait que
l'an dernier il y avait eu compensation de 1 250 000 $ à l'égard
du service de la dette qui aurait été imputable à la
construction des installations de Montréal sur le boulevard
Métropolitain. Mais étant donné que le CRIQ a payé
essentiellement pour la totalité de ce laboratoire à même
ses propres réserves - donc, il était dans la situation enviable
d'avoir payé "cash", imaginez, un immeuble de cette nature - le Conseil
du trésor n'a pas pensé qu'il y aurait du service de la dette
étant donné qu'il avait payé "cash", il n'y a pas eu
d'emprunt.
Cela explique la petite différence de 1 250 000 $. Mais ce que je
vous dis en gros, c'est qu'il y a une dotation. C'est prévu par la loi.
C'est le rythme de versements habituels de 7 500 000 $ par année. C'est
un transfert au CRIQ. Je vous indiquais tout à l'heure que le CRIQ
facturerait également la' clientèle pour des travaux de recherche
pour l'entreprise. Ils vont chercher à peu près le même
montant. Presque la moitié. C'est 47,5 % d'autofinancement cette
année. Donc, à peu près 17 000 000 $ de facturation, 16
500 000 $ de facturation, pour un budget total de 33 000 000 $, 34 000 000 $,
comme budget de dépenses.
M. Brassard: Le gouvernement impose-t-il en quelque sorte au CRIQ
des orientations ou des priorités d'intervention? Donne-t-il des
directives au CRIQ de façon que le Centre de recherche industrielle
s'ajuste, s'adapte à la stratégie de développement
industriel dont on a parlé ce matin? Y a-t-il un arrimage en quelque
sorte qui s'opère entre le CRIQ, son action, et les priorités
d'intervention, les axes de développement privilégiés ou
identifiés par le gouvernement ou le ministère? Parce qu'il y a
un arrimage qui se fait à ce point de vue.
M. Johnson: II y a deux choses à l'égard du
rôle du CRIQ qu'il faut avoir à l'esprit. La question
spécifique que pose le député a trait à des
directives ou à des demandes, enfin, à des instructions qu'on
pourrait donner au CRIQ. C'est précisément l'utilité
d'avoir ce ballon, ces 17 500 000 $ de plus que la dotation annuelle de 17 500
000 $ par année, pendant cinq ans qui nous permettrait, si on donnait un
mandat particulier au CRIQ, par exemple, évidemment de soutenir
financièrement un tel mandat autre que, deuxièmement, - et c'est
là l'activité du CRIQ d'être collé à la PME -
développer avec la petite et moyenne entreprise québécoise
de nouveaux procédés, des nouvelles façons de fabriquer
les choses, des nouvelles façons de contrôler les
procédés de fabrication. C'est là le rôle premier du
CRIQ, d'être au service de l'entreprise québécoise, de
développer avec l'entreprise québécoise des produits ou
des procédés qui ont des chances de succès commercial de
fait et compte tenu de la grosseur du marché québécois,
sur les marchés extérieurs.
Quant à savoir si c'est dans les dimensions qui
préoccupent le gouvernement et le ministère de l'Industrie et du
Commerce, je dirais ici que le CRIQ et la Société de
développement industriel sont en rapports très étroits en
matière de financement de recherche et de développement, les cas
de soutien à l'innovation technologique, et que dans ce sens, la SDI
participe aux créneaux importants, par son action financière que
nous retenons comme secteur d'intervention, et le CRIQ également fait
partie de cette grande famille qui soutient l'entreprise
québécoise et son développement dans certaines
dimensions.
Mais c'est surtout au-delà des secteurs qu'on peut appuyer dans
la dimension horizontale de l'activité de l'entreprise que le CRIQ est
agissant. On parle de modernisation de quelque procédé que ce
soit. On parle d'innovation dans quelque entreprise, quelque secteur que ce
soit.
C'est une dimension que j'ai indiquée comme étant un souci
constant du ministère de l'Industrie et du Commerce lorsqu'on parle
d'automatisation, de design, d'innovation, de qualité de la gestion,
d'implantation de gestion intégrale de la qualité. Ce sont des
dimensions horizontales qui s'appliquent à tout le monde. Le CRIQ est
particulièrement actif de ce côté, mais il entretient des
rapports avec la SDI en matière de financement de certaines
activités de certaines entreprises manufacturières.
M. Brassard: Est-ce qu'on est en mesure d'avoir une sorte de
bilan de l'action du CRIQ? Est-ce que cela a été fait? Est-ce
qu'on connaît - ce serait intéressant pour les membres de la
commission, j'en suis persuadé - le taux d'efficacité du CRIQ?
Est-ce qu'on a un bilan sur les innovations qui ont réussi, les nouveaux
produits qui ont franchi toutes les étapes et qui en sont arrivés
à la mise en production par une entreprise? Est-ce que ce bilan a
été dressé pour qu'on puisse mesurer en quelque sorte
l'efficacité et le rôle joué par le CRIQ dans
l'économie québécoise?
M. Johnson: Oui, dans le rapport annuel, sur une base courante,
on pourrait voir quelles sont les réalisations dont se réclame le
CRIQ avec raison, les illustrations de ses succès pour faire progresser
les entreprises, etc. Mais le CRIQ est actuellement dans cette deuxième
moitié de son plan de développement quinquennal 1985-1990. Un
bilan de l'action telle qu'elle se déroule actuellement sera
évidemment disponible dans 24 mois, ou à peu près, et nous
aurons à ce moment-là une idée précise,
chiffrée, du genre d'interventions, des secteurs d'intervention pour
cette plus longue période. Il faut savoir que, lorsque le CRIQ
intervient auprès d'une entreprise et se livre ou accepte de se livrer
à des activités de recherche et développement
appliqués, ce sont des périodes très longues qui sont en
cause, des mois et des mois, plus d'un an, plus de deux ans dans beaucoup de
cas. On verra à la fin de la période ce qui aura
été fait.
Actuellement, c'est sur l'automatisation CAO-FAO, conception
assistée par ordinateur, fabrication assistée par ordinateur, que
le CRIQ met l'accent auprès des entreprises. J'ai eu l'occasion de
visiter, tant à Québec qu'à Montréal, les
installations du CRIQ et comme disait l'autre, "rien qu'à voir, on voit
bien", l'insistance qu'il y a, les investissements qui ont été
consentis dans tout ce qu'il y a de plus à jour, à la fine pointe
en matière d'équipement informatique et d'informatisation
reliés à la conception et à la fabrication
assistées par ordinateur. On fait, me dit-on, des efforts
considérables de ce côté depuis quelque temps.
M. Brassard: Est-ce qu'il y a d'autres secteurs d'intervention
privilégiés par le CRIQ à part la fabrication
assistée par ordinateur, l'automatisation, la robotisation? Y a-t-il
d'autres secteurs qui sont privilégiés par le CRIQ? (17 h 30)
M. Johnson: On pourrait passer à travers le rapport annuel
du CRIQ ensemble et on pourrait demander à la direction de venir nous
entretenir de ses activités. On me souligne qu'à défaut de
la présence de la direction du CRIQ et à défaut de
parcourir tous ensemble le rapport annuel du CRIQ, c'est dans les
matériaux composites qu'on fait porter des efforts particuliers de ce
temps-ci et on a réussi à mettre au point, avec une entreprise,
une presse à sabots qui vise le marché de l'épuration des
eaux et des rejets industriels, notamment dans le secteur des pâtes et
papiers, je crois. C'est une entreprise de la région de l'amiante, dont
le nom est Fournier, qui a développé, avec le CRIQ, un
modèle qui fonctionne, une machine, une presse à sabots qui
extrait, de toutes sortes de déchets en suspension dans l'eau, l'eau ou
réserve les déchets solides - regardez cela comme vous voulez
-grâce à l'application d'un principe physique
particulièrement nouveau, enfin dans l'application qu'on en a faite.
C'est une belle réalisation récente du CRIQ, donc une
contribution à la protection de l'environnement, à la lutte
contre la pollution.
J'ai vu, en personne, une machine qui détecte la qualité
de bois, des lamelles de bois qui peuvent servir dans la construction, enfin
dans l'assemblage de meubles, de planchers et de différents produits, je
suppose, un lecteur optique de qualité du bois. C'est très
important, par exemple, pour la classification du bois dans nos entreprises
d'exploitation de la forêt. C'est donc relié à certaines
forces traditionnelles du Québec.
M. Brassard: Sans qu'on aille jusqu'à convoquer ou
à demander à la direction du CRIQ de se joindre à nous,
est-ce qu'il serait possible - ce n'est pas nécessaire que ce soit
à très court terme - que les membres de la commission puissent
obtenir une sorte de bilan des succès du CRIQ au cours des
dernières années, une espèce de revue des succès,
c'est-à-dire des recherches et des innovations qui ont réussi,
dans lesquelles le CRIQ était impliqué ou partie prenante.
Une voix: C'est peut-être un organisme à
choisir.
M. Brassard: Peut-être, oui, ce serait intéressant,
mais, en tout cas, en attendant.
M. Johnson: Alors, si j'ai bien compris, le député
souhaite avoir une liste des grands succès du CRIQ, le
palmarès.
M. Brassard: Ils peuvent aussi inclure leurs échecs,
remarquez bien. En matière de recherche
et de développement, c'est évident que tout le monde
convient...
M. Johnson: Ce n'est pas vraiment de l'échec...
M. Brassard: ...qu'on ne connaît pas uniquement des
succès, enfin qu'il y a...
M. Johnson: Des non-trouvailles.
M. Brassard: ...des recherches qui n'aboutissent pas à la
mise en production. Cela est connu, ce n'est pas scandaleux en soi.
M. Johnson: Comme...
M. Brassard: Mais il serait intéressant de voir un peu la
performance, en quelque sorte, du CRIQ...
M. Johnson: Oui.
M. Brassard: ...en matière d'innovations et de nouveaux
produits.
M. Johnson: Cela dépend de la façon dont on peut
évaluer cela. Cela me fait penser... De toute façon, ce ne sont
pas des chercheurs dont on a besoin, ce sont des "trouveurs", comme vous le
savez...
M. Brassard: Des "patenteux".
M. Johnson: ...M. le député. Il y a des travaux que
le CRIQ entreprend avec des entreprises et qui deviennent publics. Cela me fera
plaisir de vous expédier une photo de moi-même dans la plus haute
échelle de pompier au monde inventée par le CRIQ, n'est-ce pas,
sur un camion Thibault, de mémoire...
M. Brassard: Ah oui!
M. Johnson: ...dans laquelle j'ai pris place, dans la nacelle de
laquelle j'ai pris place. C'est très intéressant, on a une vue
plongeante sur l'univers à partir de là.
Je parlais de la presse à sabots. Enfin, il y a d'autres
réalisations qui sont littéralement en montre à
Montréal, au CRIQ, et à Québec également. Il y a
des exemples qui sont en montre ici. Par ailleurs, il y a beaucoup de travaux
avec l'entreprise qui sont exécutés en toute
confidentialité. Il y a littéralement un rapport de ressources
professionnelles qu'est le CRIQ et de client qu'est l'entreprise, qui
débouche, à l'occasion, sur des procédés uniques
brevetables et dont on n'a pas intérêt à faire état
pour ne pas ameuter ou alerter la concurrence. Dans ce sens-là, il y a
beaucoup de succès...
M. Brassard: Sauf quand ils sont protégés par un
brevet.
M. Johnson: Autrement, oui. Il y a beaucoup de succès du
CRIQ qui sont moins connus en raison de cela, sauf si on veut faire la liste
des brevets qu'ils détiennent, cela doit être public,
évidemment. Je suppose que c'est facile de quantifier le nombre de
"découvertes", entre guillemets, mais que c'est plus difficile
d'évaluer la signification des découvertes pour l'économie
globale. Chose certaine, cela signifie quelque chose pour le client. C'est cela
l'idée. Quand vous voyez, évidemment, qu'on a des
activités de dépenses de quelque 30 000 000 $, qu'on a des
programmes de transfert de 17 000 000 $, et des facturations de 15 000 000 $
à 16 000 000 $ à nos clients, il y a une grande part de service
à l'entreprise là-dedans. Si c'était un laboratoire
privé qui faisait ses frais, on ne serait pas ici en train de discuter
d'un montant de 17 000 000 $ qu'on verse au CRIQ. Évidemment, c'est une
des dimensions de service à l'entreprise qui est en cause, notamment
à la PME.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Comme députés de la région de
Québec, cela nous permet peut-être de passer un message en disant
que: Pour ma part, je suis bien heureux de voir que le CRIQ a conclu une
entente avec la nouvelle Société du parc technologique. En fait,
il loue des locaux au parc technologique, laquelle société va
particulièrement aider à la mise en place d'un certain nombre
d'entreprises, d'autres technologies, ici dans la région. Donc, le CRIQ
travaille étroitement avec les gens de l'Université Laval, avec
le milieu des affaires et avec tous les intervenants économiques dans la
région de Québec pour qu'on puisse prospérer
économiquement.
M. Brassard: Le message est passé.
M. Cannon: Je l'avais annoncé aussi.
Commissariats industriels
M. Brassard: Concernant le CRIQ, cela va. On pourrait aborder le
dossier des commissariats industriels. Je pense que tout le monde convient - je
suis à même de le constater, en tout cas dans une région
comme la vôtre - de, l'importance des commissariats industriels, et du
rôle utile, bénéfique qu'ils jouent en régions en
matière d'amorce de projets et de soutien à des promoteurs. Ils
jouent un rôle important, également, quand il s'agit de faire
connaître aux entreprises les divers programmes gouvernementaux des deux
ordres de gouvernement, de monter les dossiers et de préparer des
budgets pro forma. Les commissariats industriels jouent un rôle
extrêmement bénéfique en régions, sur le terrain,
pour employer une expression connue, auprès des entrepreneurs, des
promoteurs et des entreprises.
L'an passé et il y a deux ans, le ministère de l'Industrie
et du Commerce a jugé bon de réduire les subventions aux
commissariats industriels, ce qui a créé des problèmes
parce que les ressources des commissariats industriels étaient
déjà insuffisantes. Le fait de réduire leurs subventions
les a souvent placés dans des situations difficiles et pénibles.
Ils ont dû diminuer les services qu'ils dispensaient aux entreprises.
Je constate qu'il n'y a pas tellement de changements en matière
de budgets ou de crédits dans le livre des crédits concernant les
commissariats industriels. Je dois donc en déduire, malheureusement, que
ce n'est pas l'intention du gouvernement ou du ministère de
réviser à la hausse les subventions aux commissariats
industriels. Pourtant, je pense qu'il y a une revendication unanime de la part
des commissariats industriels un peu partout au Québec à savoir
que le ministère de l'Industrie et du Commerce devrait, de toute urgence
et de toute nécessité, réviser sa position en
matière de financement des commissariats industriels et devrait
réviser à la hausse et de façon susbstantielle les
subventions aux commissariats industriels pour leur permettre de mieux
fonctionner et pour leur permettre de mieux rendre les services
extrêmement utiles qu'ils rendent au milieu des affaires et aux
entreprises au Québec. Malheureusement, il semble que, d'après ce
qu'on peut voir à la lecture des crédits, ce n'est pas
l'intention du ministère d'augmenter de façon notable les
subventions aux commissariats industriels. Je dois dire que je le
déplore. Je trouve cela tout à fait regrettable compte tenu,
encore une fois, de l'importance et du caractère bénéfique
de l'action des commissariats industriels dans nos milieux,
particulièrement dans des régions dites
périphériques.
M. Johnson: M. le Président, je dirais à ce
sujet-là que le député ne déplore pas la même
chose que les commissaires industriels, quant à eux, déploraient
- j'emploie l'imparfait - à l'égard du financement des
corporations de développement économique. Dès mon
arrivée au ministère, les toutes premières réunions
que nous avons eues ont eu lieu avec les représentants des corporations
de développement économique qui sont nos partenaires
privilégiés, les partenaires de nos directions régionales,
partenaires dans certains programmes d'aide à l'entreprise du
ministère de l'Industrie et du Commerce, notamment, le programme
Accès-design dont j'entretenais la commission un peu plus tôt, qui
a été lancé à l'automne dernier avec la
coopération des commissaires industriels afin de leur donner un nouvel
outil d'intervention et de soutien très très concret
auprès des entreprises, chacune dans son milieu.
Ce que les commissaires industriels déploraient, ce que
l'association et tous ses membres déploraient lorsque je suis
arrivé, c'était l'incer- titude dans laquelle le programme les
plongeait d'année en année, attendant, comme ils devaient le
faire, un renouvellement annuel du soutien du gouvernement du Québec, du
ministère de l'Industrie et du Commerce, à leurs
activités. Ce n'était pas tant le quantum de l'aide, je le
répète, qui était en cause. Je n'ai jamais
été vraiment l'objet de demandes pressantes ou autres de
l'Association des commissaires industriels du Québec d'enrichir
davantage notre participation. C'était essentiellement sur la permanence
de ce soutien financier que l'Association des commissaires industriels
insistait. C'est ce que j'ai livré.
Au congrès d'octobre dernier, à Québec, j'ai pu
faire annoncer, au nom du gouvernement, que le ministère de l'Industrie
et du Commerce assurait pour les trois années à venir un niveau
prévisible de soutien aux commissariats industriels du Québec de
l'ordre qui apparaît ici. Cette nouvelle, au congrès d'octobre
dernier, a été reçue - m'a-t-on dit, j'étais
absent, j'étais en mission, M. le député - par un tonnerre
assourdissant d'applaudissements. On avait finalement livré la
marchandise demandée et souhaitée: cette permanence - trois ans,
c'est permanent dans n'importe quelle entreprise - du soutien financier du
gouvernement du Québec.
Afin de contribuer, nous aussi, et de demander à d'autres de
contribuer au redressement des finances publiques, nous avons diminué,
dans certains cas, l'aide à certains commissariats industriels. On sait
que c'était de l'ordre de 50 000 $ pas mal automatiquement: un dollar du
ministère de l'Industrie et du Commerce pour chaque dollar du milieu
consacré au financement des commissariats industriels jusqu'à
concurrence, dans notre cas, de 50 000 $. Nous avons, dans le cas de
municipalités particulièrement riches, mieux pourvues, soit de
source municipale, soit à cause de la concentration d'industries qui
permettent au milieu, sous une autre forme, soit celle de contributions de
certaines entreprises au commissariat industriel local... nous avons
coupé, diminué la proportion et le quantum de notre appui
à certains commissariats. Il y en a une douzaine qui reçoivent un
niveau d'aide de 25 000 $ à 35 000 $. Un nombre équivalent,
peut-être un peu plus élevé, dont vous avez devant vous la
liste sous l'onglet 10, dans le cahier, reçoivent entre 35 000 $ et 50
000 $, ou 49 999 $, et quelques-uns, environ la moitié, je pense,
reçoivent les 50 000 $ au complet. Cela a été bien
accueilli. Cela a été assimilé. Les commissariats
industriels se sont adaptés à cette nouvelle formule. (17 h
45)
M. Brassard: Ils n'avaient pas le choix.
M. Johnson: On n'a pas senti pénaliser en diminuant
d'environ 20 000 $ notre soutien à des commissariats industriels qui
avaient des budgets de 300 000 $ ou 400 000 $. Ce sont ceux-là qui sont
en cause. Nous avons tenté de refléter, dans
le niveau d'aide que nous leur consentions, que certaines d'entre eux
avaient une évaluation foncière leur permettant de faire un
effort normal pour financer leur corporation de développement
économique. Tout cela a été bien reçu. On s'y est
adapté. Je le répète, la demande visait plutôt
à assurer aux corporations de développement économique un
financement sur une longue période, et c'est ce que nous faisons pour
trois ans.
M. Brassard: M. le Président, tout cela a
été bien accueilli. Je ne sais pas quels commissaires industriels
le ministre a rencontrés.
M. Johnson: Tous, absolument tous.
M. Brassard: Ceux que je connais, c'est curieux, ont
manifesté du mécontentement lorsque le ministère a
réduit la subvention aux commissariats industriels. Je suis prêt
à admettre que, deux ans après, il y ait une certaine
résignation qui ait pris racine; j'en conviens. Que voulez-vous? Ils se
sont, en quelque sorte, résignés à leur sort. Mais
prétendre que les commissariats industriels actuellement sont satisfaits
du niveau de subvention qu'ils reçoivent du ministère de
l'Industrie et du Commerce, je pense qu'on va un peu loin. Qu'ils se soient
résignés, oui. Finalement, il a bien fallu qu'ils se
résignent. C'est évident que cela leur apparaît
insuffisant. Je prends un exemple, chez nous, la subvention n'équivaut
pas à 25 % du budget global de fonctionnement du commissariat ou du
conseil économique. C'est évident que le commissaire industriel
de mon coin qui, pourtant, est un ex-député de la formation
politique du ministre, un ex-député libéral, comme
commissaire industriel, a manifesté à plusieurs reprises qu'il
n'était pas satisfait du niveau de subvention versée a son
commissariat industriel. Qu'il y ait eu un tonnerre d'applaudissements
assourdissant lorsqu'on a annoncé que cela s'étalait sur trois
ans, j'ai peine à le croire. J'aimerais avoir la bobine.
M. Johnson: Je peux faire témoigner mon sous-ministre
adjoint. Il était là.
M. Brassard: Cela n'apporte pas un changement majeur par rapport
à ce qui se faisait dans le passé. C'était quasi
automatique aussi, dans le passé, la subvention accordée aux
commissariats industriels. Ce n'était pas remis en cause d'une
année à l'autre. Les commissaires industriels étaient
à peu près assurés, d'une année à l'autre,
de recevoir leur subvention qui était supérieure à ce
qu'ils reçoivent présentement. Je pense que c'est une indication
de la vision des choses du ministre et du gouvernement. Il a
évoqué tantôt l'idée qu'il fallait contribuer
à réduire le déficit ou à réduire les
dépenses publiques. Je veux bien croire, mais c'est un choix curieux
qu'il a fait de réduire les dépenses publiques en s'attaquant
à la subvention versée aux commissariats industriels. Je
maintiens, je prétends que, compte tenu du rôle
bénéfique et utile joué par les commissariats industriels,
il aurait fallu, cette année, prévoir une augmentation notable,
pour ne pas dire substantielle, de leurs subventions parce qu'une bonne partie
du développement économique qui se fait au Québec, sur le
terrain, en régions particulièrement, est engagée par les
commissariats industriels et il faut, je pense, leur en savoir gré et
rendre hommage à ces organismes qui oeuvrent dans le milieu.
M. Johnson: Ah, oui! Je vais absolument m'associer au
député de Lac-Saint-Jean...
M. Brassard: Motion unanime.
M. Johnson: ...pour saluer le travail incessant et de haute
qualité de nos commissaires industriels au Québec. Il n'y a pas
de doute là.
Les tableaux que j'ai devant moi, évidemment, expliquent en
partie la réaction du député de Lac-Saint-Jean. Il y a une
dizaine de commissariats industriels au Québec qui reçoivent le
nouveau minimum, je parlais de 25 000 $ supplémentés de 10 000 $,
ce qui fait 35 000 $. Sur 7 commissariats industriels, soit 7 sur 87... Il y a
environ 87, 85 pour les fins de la discussion, on va donner le chiffre exact
dans 30 secondes.
Une voix: C'est 88.
M. Johnson: 88. Il y a 88 commissariats industriels au
Québec en date d'aujourd'hui. Il y en 7 au Saguenay - Lac-Saint-Jean,
dans la région 02. J'ai dit qu'il y en a une dizaine qui ont 35 000 $,
soit le nouveau minimum. Sur cette dizaine, il y en a trois sur sept au
Saguenay - Lac-Saint-Jean, région prospère s'il en est, ce qui
explique qu'il y en ait trois; il y en a un quatrième, le commissariat
de Chapais-Chibouga-mau, dans la plus grande région 02 - c'est
clairement le Saguenay - Lac-Saint-Jean - qui reçoit 40 000 $. Donc,
seuls les commissariats industriels d'Alma - c'est dans votre comté, M.
le député - de Dolbeau - comté voisin, M. le
député - et du Domaine du roy reçoivent le maximum. Il y
en a trois qui reçoivent le maximum, y compris Alma où, me
dit-on, on se plaint. Cela me surprendrait qu'on se plaigne de recevoir le
maximum.
M. Brassard: Non, on ne se plaint pas de recevoir le maximum.
M. Johnson: Ce que je réitère...
M. Brassard: On se plaint d'avoir été coupé
dans le passé. C'est cela. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas
dit.
M. Johnson: Ce que je réitère, M. le
Président, c'est que, devant des indices de
richesse foncière comme ceux de Chicoutimi ou de
Jonquière, il est entendu qu'il s'impose à l'esprit, afin de
préserver la capacité de certains commissariats industriels dans
des régions un peu moins riches, que nous sommes parfaitement à
l'aise, et les commissariats industriels le sont maintenant, de contribuer
quelque peu moins qu'autrefois, mais j'ajoute que c'est compensé par le
fait que nous nous sommes engagés pour trois ans, ce qui était
très important. Parce que oui, cela a été
renouvelé, enfin, aussi longtemps qu'on recule, on voit qu'il y a
toujours eu du soutien aux commissariats industriels au gouvernement du
Québec depuis que le programme existe. On n'a pas sauté une
année à un moment donné pour jeter tout le monde dans la
confusion et dans la panique la plus totale.
Mais les commissaires nous disent que, lorsqu'ils doivent aller chercher
l'appui des municipalités dans leur région, les élus
municipaux leur disent: Oui, mais qu'est-ce que le gouvernement fait? Cette
année, c'est tant, mais, enfin, l'an prochain, ils vont probablement
renouveler. Les municipalités disent: Comment, ils vont probablement
renouveler? Veuillez venir nous visiter, nous demander notre écu
lorsque...
M. Brassard: Vous fabulez, là, M. le ministre. Vous
fabulez!
M. Johnson: Pas du tout. Écoutez, ce sont les commissaires
industriels qui fabulent.
M. Brassard: Je n'ai jamais vu un conseil municipal se poser ces
questions-là.
M. Johnson: Ah! mais vous n'êtes pas commissaire
industriel! C'est clair.
M. Brassard: Voyons donc! Des voix: Ha, ha!
M. Johnson: Ce que les représentants de l'association nous
disent, c'est qu'il n'y a rien de plus tannant, pour le commissaire industriel,
que de partir avec son chapeau à la main, l'autre main tendue, pour
aller quêter la quote-part des municipalités tous les ans et
d'être obligé de démontrer qu'il n'est pas inquiet, mais
que le gouvernement du Québec devrait renouveler l'an prochain,
probablement, c'est quasiment sûr, son appui au commissariat industriel.
Le fait est que les municipalités ne s'engageront pas pour plus
longtemps que nous. Elles ne s'engageront pas pour trois ans comme certaines
peuvent le faire; maintenant elles le font, en tout cas. Dans mon comté,
elles ont bien confiance dans le ministre de l'Industrie et du Commerce. Les
MRC et les municipalités se sont engagées pour trois ans, en
même temps que le gouvernement s'est engagé pour trois ans
auprès de la Corporation de développement économique. Je
suis sûr que cela arrive ailleurs maintenant que les commissaires peuvent
dire: Le gouvernement a renouvelé pour trois ans. On nous a dit que pour
trois, c'est vrai, ils vont contribuer, les municipalités sont plus
portées à s'engager à plus long terme.
M. Brassard: Une véritable révolution.
M. Johnson: C'est ce que les commissaires m'ont dit, oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Ceci dit, les travaux de la commission de
l'économie et du travail sont suspendus jusqu'à 20 heures.
M. Johnson: Je demanderais au député, avant qu'il
quitte, si, tel qu'entendu, nous traiterons de la SDI à compter de 20
heures ou durant la soirée. C'est important pour savoir si la petite
armée de gens qui sont derrière moi peuvent être
libérés. Ils n'ont rien à voir avec la SDI.
M. Brassard: SDI, oui.
M. Johnson: SDI seulement.
Une voix: À compter de 20 heures.
M. Brassard: Ce sera d'abord la SDI. Ensuite on prendra les
crédits comme tels.
M. Johnson: Alors c'est la bonne nouvelle pour les gens qui
m'accompagnent, ils doivent revenir, c'est cela?
Une voix: Non, non.
M. Johnson: J'essaie de comprendre. C'est ce que j'essaie de
comprendre.
M. Brassard: On peut regarder, M. le Président. On
pourrait d'abord, à partir de 20 heures, plutôt regarder les
crédits comme tels. Il y a un certain nombre de questions qui s'y
rapportent. Je pense, par exemple, au programme PRO-PME, on aura des questions
sur cela, Développement coopératif. Mais à partir des
crédits, cela surgirait au fur et à mesure et après cela,
on pourrait peut-être passer à la SDI.
M. Johnson: D'accord. Alors, les gens qui m'accompagnent auront
le plaisir de nous revoir à 20 heures, c'est cela? Très bien,
merci.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Théorêt): ... La commission
de l'économie et du travail reprend ses travaux.
Tel qu'entendu avant la suspension des travaux, nous allons
immédiatement passer aux crédits.
J'appelle donc le programme 01, qui est le Soutien technique et
professionnel au développement et à la croissance des secteurs
manufacturiers, commerciaux et coopératifs.
M. le député du Lac Saint-Jean et critique de
l'opposition.
M. Brassard: On y va par élément?
Le Président (M. Théoret): Vous pouvez y aller par
élément mais j'appelle seulement les programmes.
Crédits
Soutien technique et professionnel au
développement et à la croissance
M. Brassard: Vous appelez seulement les programmes.
Alors, surtout à l'élément 2 du programme 1:
politiques et stratégiessectorielles. Une question surgit à
mon esprit à ce sujefr Elle concerne^ promotion des investissements.
II existe un ministère du Commerce extérieur et un
ministère de l'Industrie et du Commerce. Or, le ministère de
l'Industrie et du Commerce fait également, vous en avez d'ailleurs
abondamment parié à de nombreuses occasions, beaucoup de
promotion des investissements à l'étranger. Par contre, le
ministère du Commerce extérieur aussi a comme mission ou vocation
de faire de la prospection d'investissements ou de projets à
l'étranger.
Comment les deux vocations se concilient-elles, en termes de prospection
puis en termes de promotion des investissements à l'étranger? Les
deux ministères en font. Est-ce que le ministère du Commerce
extérieur est appelé à se rapetisser progressivement et
à disparaître? Par conséquent, est-ce que le
ministère de l'Industrie et du Commerce va assumer progressivement et
pleinement, finalement, tout ce volet de la mission économique qui
consiste à chercher ou à faire fa promotion d'investissements
à l'étranger?
M. Johnson: Je dirais, d'abord, que la distinction qui peut
exister dans les responsabilités en matière de commerce
international entre le MCEDT et le MIC est très réelle. Elle est
réelle dans la mesure où l'on peut reconnaître que,
traditionnellement, le MCE voit à faciliter l'accès sur des
marchés étrangers à la production de biens ou de services
aux entreprises québécoises. Cela se fait, notamment dans sa
structure, par la mise en poste de conseillers dans les
délégations du Québec à l'étranger qui ont
comme mandat, entre autres, de découvrir des occasions de marché
pour nos entreprises, de présenter à nos entreprises des clients
éventuels à l'étranger. Alors que, de notre
côté, au MIC, à l'égard de ces échanges
internationaux, nous visons primordialement - bien sûr, c'est une
distinction encore une fois qui doit être reconnue - à attirer ici
des investisseurs par la structure d'accueil, par l'ensemble des directions
professionnelles et sectorielles que nous comptons parmi nos effectifs. Toute
cette structure au MIC est destinée à identifier des champs
d'investissement et donc de développement économique par secteurs
au Québec et, ensuite, de favoriser l'investissement dans ces secteurs,
qu'il s'agisse d'investissements par des sources domestiques ou par des
sources, évidemment, internationales.
Dans les deux cas on déborde facilement, vous le comprendrez,
l'un sur l'autre, si l'on veut retenir cette simple distinction que je viens de
définir, dans la mesure où, à l'étranger, les gens
du MCE dans leurs activités ou leurs voyages, etc., peuvent
également identifier des investisseurs potentiels, qui peuvent
être intéressés par le Québec. Dans notre cas, comme
j'en ai fait état, lorsque nous parlons d'expansion des marchés
des entreprises québécoises dans le mandat dont j'ai donné
les grandes lignes ce matin, il est bien évident que "expansion de
marchés" signifie exportation.
Nous avons tous, dans les deux structures des ministères, reconnu
qu'à la longue, à force d'être fort actifs dans toutes ces
dimensions de nos responsabilités, il y avait, pas dédoublement,
mais, je dirais, que les efforts étaient consentis dans le même
sens, aux mêmes fins ou à peu près par deux
ministères sectoriels différents. Une décision a
été évoquée dans le discours inaugural, il y a un
mois, de regrouper certains services en affaires internationales au sein d'un
nouveau ministère à l'intérieur duquel - et mon
collègue M. MacDonald en a surtout parlé ici à l'occasion
de l'étude de ses crédits - des réaménagements
à l'égard de la promotion de l'investissement seraient faits,
avec transfert éventuel de ces activités vers le ministère
de l'Industrie et du Commerce dans la mesure où le mandat très
précis de promotion de l'investissement vise, je le
répète, à marier nos découvertes, notre travail au
MIC, quant aux secteurs industriels où l'on pourrait souhaiter des
investissements en vue de développer le Québec davantage et
où évidemment, nous avons intérêt à trouver
des investisseurs là où ils se trouvent et où qu'ils se
trouvent.
M. Brassard: II y a un transfert de crédits en provenance
de la SDI de l'ordre de 698 000 $ en matière de promotion des
investissements. Cela signifie-t-il que la SDI entreprenait des actions ou
faisait des interventions en matière de promotion des investissements et
que, désormais, ce ne sera plus le cas, ce sera réservé au
ministère? Programme 1, élément 2.
M. Johnson: Les crédits de la SDI apparaissent dans les
crédits du ministère de l'Industrie
et du Commerce.
M. Brassard: Oui, mais il y a un transfert.
M. Johnson: Et on a réaménagé l'enveloppe
des crédits.
M. Brassard: Je vous réfère à votre
cahier.
M. Johnson: On a réaménagé l'enveloppe des
crédits et on est allé piger dans la SDI pour renflouer cette
direction. L'enveloppe se décompose, notamment, en une
réallocation de crédits à partir de traitements dans le
fonctionnement de la SDI, 417 800 $ et au compte de capital. Majoration de
crédits alloués à la promotion des investissements du MIC
par la SDI, toujours: 330 000 $. C'est de la réallocation...
M. Brassard: Vous avez fait un transfert. M. Johnson:
...de crédits à l'élément 1.
M. Brassard: Cela ne signifie pas qu'auparavant la SDI avait une
vocation de...
M. Johnson: Non.
M. Brassard: ...de promotion des investissements. Vous ajoutez
des crédits au poste de la promotion des investissements en provenance
de la SDI.
M. Johnson: On vous indique simplement d'où ils
viennent.
M. Brassard: D'accord. Cela va pour l'élément 2 du
programme 1.
M. Johnson: Parfait!
M. Brassard: Elément 3. Le programme Soutien aux
initiatives jeunesse et aux jeunes promoteurs désormais totalement sous
la responsabilité du ministère de l'Industrie et du Commerce.
C'est le cas? Est-ce que vous avez maintenu les ressources budgétaires?
Est-ce que le nombre des groupes de soutien aux initiatives jeunesse a
été maintenu? Est-ce que les ressources qui leurs sont
allouées ont été maintenues? Est-ce que vous songez
toujours à une intégration possible des organismes de soutien aux
initiatives jeunesse aux Commissariats industriels, comme il en a
déjà été question auparavant?
M. Johnson: Dans l'ordre, les réponses sont: oui; oui;
oui; et très certainement. Nous sommes en train de regarder comment, de
façon efficace, dans chaque région, nous pouvons nous assurer que
les ressources financières que nous mettons afin de faciliter le
démarrage, l'encadrement et l'aide à des entreprises peuvent
être mieux aménagées. La réponse étant
peut-être trop courte, à l'égard des ressources
financières, oui, c'est maintenu. Il y a eu un transfert parfait de la
Main-d'Oeuvre et la Sécurité du revenu au ministère de
l'Industrie et du Commerce, les crédits au complet,
littéralement. Le nombre de groupes de GSIJ est maintenu, non, il a
augmenté de deux. Pouvions-nous le penser? Alors qu'il y avait 84 GSIJ
subventionnes sous l'égide du MMSR, 79 de ces 84 se voient renouveler
l'appui du ministère de l'Industrie et du Commerce, en succession
à l'appui du MMSR. Sept organismes de type GSIJ ont été de
fait intégrés ou adjoints, dirions-nous, à des
corporations de développement économique qui en ont fait leur
volet jeunesse. Cela permet de maintenir les actions des GSIJ et cela permet en
même temps de leur donner un soutien additionnel à
l'intérieur d'une structure comme une CDE et une réduction des
coûts. Certains frais communs, des frais généraux peuvent
donc être mieux répartis plutôt que d'être
dédoublés - téléphone, locaux, papeterie, des
choses semblables. Essentiellement, c'est sur une base purement volontaire,
selon les milieux et selon les demandes qui nous viennent. Cela peut donner
lieu justement à un regroupement, à une adjonction aux efforts
des CDE qui, dans certains cas, ont souhaité une "intervention jeunesse"
et le GSIJ du coin ou un groupe similaire, maintenant, fait partie de ces
organismes mixtes fondés à partir d'une CDE existante. C'est
purement volontaire, il n'y a pas un effort d'intégration, une
volonté d'intégration. Dans chaque milieu, selon les
circonstances, des gens à la CDE et des gens au conseil d'administration
d'un GSIJ, etc., qui, se connaissant et travaillant ensemble, trouvent facile
de se joindre les uns aux autres et nous, nous maintenons notre appui de cette
façon.
M. Brassard: Et vous n'avez pas abandonné l'idée
d'intégrer ces groupes aux structures existantes en matière de
développement économique que sont les commissariats industriels?
Ce n'est pas abandonné?
M. Johnson: L'objectif que l'on poursuit, c'est de nous assurer
que les sommes à notre disposition, qui nous ont été
transférées à l'égard du volet jeunesse, pour du
démarrage d'entreprises, etc., soient maintenues, que les ressources
soient là. Dans les milieux où cela fonctionnait bien, on a
renouvelé: dans les milieux où peut-être la performance
laissait à désirer, on l'a fait savoir, on a demandé des
plans d'affaires, des perspectives, des sommaires d'activités pour
l'année a venir, afin de bien nous assurer que nous finançons
pour les jeunes des groupes qui véritablement s'adressent aux vrais
problèmes de démarrage d'entreprises par des jeunes. Nous avons
donc, dans la plupart des cas, vous le voyez, renouvelé notre appui.
Dans d'autres cas, je le répète, ce n'est pas à cause
d'une volonté d'intégrer tout ce monde dans des cadres communs ou
uniques, c'est vraiment au
fur et à mesure que, dans les milieux, les gens apprennent
à travailler ensemble que l'on voit des cas comme celui-là,
l'intégration des GSIJ, si vous voulez, à l'intérieur des
CDE. Alors, il n'y a pas de volonté chez nous de fusionner tout ce
monde-là, pas du tout. On veut au contraire s'assurer que la dimension
jeunesse qui était présente dans les GSIJ le soit toujours.
Qu'elle le soit avec son propre pignon sur rue ou qu'elle le soit à
l'intérieur d'une CDE, quant à nous cela ne fait pas de
différence, c'est vraiment le milieu qui décide.
M. Brassard: Quelle est la performance ou le bilan de ces groupes
pour l'année 1987 en nombre d'entreprises créées,
d'emplois créés et d ' investissements?
M. Johnson: On m'indique que pour l'année
écoulée, 1987-1988, la date limite pour soumettre justement les
bilans des GSIJ était le 6 avril. Il y a huit jours. Alors, les
directions régionales auraient, depuis à peine une semaine, entre
les mains les bilans intérimaires de leurs activités au 31 mars.
Ce mois-ci, évidemment, nous procédons à l'analyse de ces
activités et des plans d'action qui ont été soumis pour
l'année 1988-1989. Nous aurons très bientôt des nouvelles
pour le député et pour moi-même.
M. Brassard: Est-ce que cela veut dire que l'on peut compter que
lorsque ce sera prêt, vous pouvez faire parvenir aux membres de la
commission ce bilan des groupes de soutien aux initiatives jeunesse?
M. Johnson: Si cela se prête à cela, je
présume, je n'ai pas de difficultés avec des choses comme cela.
Ce sont des fonds publics qui sont dirigés vers les GSIJ. On aura
évidemment ce printemps confirmé à l'endroit de chacun ce
que nous pensons de son plan d'action, etc. Leur année
financière, me souligne-t-on, commençant le 1er juillet, nous
allons évidemment leur faire signe avant cela.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre,
vous avez mentionné que vous avez approuvé les demandes de 79 des
84 groupes qui existaient l'an passé. C'est un programme
échelonné sur combien d'années? Est-ce que le même
groupe peut être subventionné tous les ans?
M. Johnson: C'est annuel, c'est-à-dire qu'on renouvelle,
on indique sur la foi d'un plan d'action maintenant que nous sommes
disposés à soutenir l'activité pour un an du groupe qui
nous soumet un plan d'action.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député.
M. Brassard: Cela va pour l'élément 3.
Soutien financier
Le Président (M. Théorêt): Le programme 1 est
terminé. Nous allons au programme 2, Soutien financier au
développement et à la croissance des secteurs manufacturiers,
commerciaux et corporatifs.
Société de développement des
coopératives
M. Brassard: La SOI, on y reviendra tantôt.
L'élément 2, c'est la Société de
développement des coopératives. D'abord, une question: Est-ce
qu'elle est assurée de son existence?
M. Johnson: C'est bon. Autour de moi, on a prévu que vous
demanderiez si cela existait toujours. Oui, la réponse est oui, il n'y a
pas de problème.
M. Brassard: Non, je sais que cela existe toujours, mais la
question est: Est-ce qu'elle est assurée de son existence, parce qu'on
sait que, dans le rapport Gobeil, on proposait ou on suggérait d'abolir
la Société de développement des coopératives? (20 h
30)
M. Johnson: Oui, à l'époque, possiblement et on
pouvait envisager chez certains d'intégrer des activités de la
SDC, par exemple, à celles de la SDI.
M. Brassard: Oui.
M. Johnson: C'était à l'époque, je dirais,
un diagnostic que beaucoup pouvaient partager. À l'usage et a
l'étude plus poussée, voyant d'une part... Il faut savoir qu'il y
a une direction des coopératives au ministère de l'Industrie et
du Commerce, de toute façon. La question était de savoir comment
aménager les relations, l'interface, si vous voulez, avec le mouvement
coopératif, avec les coopératives. J'ai décidé de
maintenir l'existence de la Société de développement des
coopératives à cause du caractère très très
particulier que peuvent appeler les interventions financières du
gouvernement lorsqu'il s'agit de soutenir les entreprises de formule
coopérative. Je dois dire, par ailleurs, que dans un effort de
cohérence également - c'était cela que visait le rapport
dit Gobeil, un effort de cohérence gouvernementale - j'ai quand
même indiqué au conseil d'administration et à la direction
de la SDC qu'il y a une responsabilité qui réside chez elle aussi
de soutenir des activités de développement économique les
plus structurantes possible, les plus concurrentielles possible, qui ont les
meilleures chances de rentabilité. Ce n'est pas un service à
rendre à des travailleurs, qu'ils soient coopérateurs ou non, que
de les encourager à former une entreprise qui n'a pas de bonnes
perspectives de rentabilité ou de permanence.
C'est simplement réserver des lendemains très difficiles
à des gens. À ce sujet, nous nous sommes entendus, après
discussion avec la SDC, pour privilégier certaines interventions, par
exemple, dans le secteur coopératif traditionnel. On pense aux services
de frais funéraires. On pense à des coopératives de
travailleurs de toute nature. Il faut maintenir cela. On pense aux
interventions dans l'exploitation des richesses naturelles. Le
député en sait quelque chose dans sa région, notamment
dans la forêt... Mais, pour éliminer aussi des interventions dans
des secteurs, que je persiste, quant à moi, à trouver
étranges lorsqu'ils appellent le soutien gouvernemental, lorsque des
gens forment une coopérative afin d'installer le câble pour la
télévision, je me suis toujours demandé ce qu'on faisait
là-dedans comme gouvernement, en allant financer des choses comme cela.
On ne le fait pas pour le cadre privé, pourquoi le faire lorsque les
gens sont en coopératives? Il y a de petites interventions comme cela
à droite et à gauche qui, sous le couvert de la
coopération, s'étaient faites. Mais enfin, dans un effort de
cohérence pour vraiment orienter l'aide financière vers des
entreprises qui sont porteuses de développement et qui pourront
être admissibles, alors que d'autres ne le seront pas.
Alors, il y a un rôle pour la SDC, il n'y a pas de doute dans mon
esprit.
M. Brassard: Est-ce que la SDC a plus d'outils d'intervention que
la SDI, surtout depuis la dernière loi? Est-ce que la SDC peut accorder
des subventions?
M. Johnson: La SDC accorde des subventions sous forme de prise en
charge d'intérêts.
M. Brassard: Ce que ne peut plus faire la SDI?
M. Johnson: La SDI peut faire des subventions sous forme de prise
en charge d'intérêts.
M. Brassard: Aussi? Mais la SDC ne peut pas accorder de
subventions directes?
M. Johnson: Je ne pense pas non. Non.
M. Brassard: Non. Est-ce que vous pourriez me rappeler - vous
l'avez mentionné dans votre intervention de départ - le nombre de
projets coopératifs qui ont vu le jour en 1987?
M. Johnson: C'est 42.
M. Brassard: Les investissements que cela a...
M. Johnson: C'est 27. M. Brassard: C'est 27.
M. Johnson: On parle d'interventions de la SDC, on ne parle pas
de formation de coopératives? On parle d'interventions
financières. Onglet 21, nous souffle-t-on tous. Nous avons les aides
financières allouées par région administrative en
1987-1988 et le nombre d'emplois créés et maintenus dans le cadre
de ces aides financières, par région, sous l'égide de la
SDC.
M. Brassard: C'est justement à partir de ce tableau, M. le
ministre, que je vous signalais la performance tout à fait remarquable
de la région 02, la mienne: sept projets pour des investissements de 2
201 000 $ et un projet à l'étude encore, pour un total de huit.
C'est plus que toute la région de Montréal.
M. Johnson: Je vais vous dire pourquoi dans deux secondes.
À Montréal, on n'a pas une usine de panneaux particules, comme
celle de Chambord.
M. Brassard: C'est quand même un projet. M. Johnson:
Oui.
M. Brassard: II y en quand même sept, c'est le maximum.
M. Johnson: Un très gros projet. M. Brassard: Cela,
j'en conviens.
M. Johnson: Qui représente une garantie de près de
1 300 000 $ à lui seul à l'égard de la Coopérative
des travailleurs du royaume. Le royaume d'où? Du Saguenay -
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: II n'en reste pas moins que vous conviendrez avec
moi que la performance de ma région est excellente. Cela a toujours
été un foyer très actif du coopératisme au
Québec. Il est malheureux, cependant, de se rappeler que vous avez
supprimé l'aide à la Société de
développement coopératif régional, à la
coopérative de développement régional de la région
02, c'est tout à fait regrettable. Vous n'avez pas envie de changer
d'idée, non?
M. Johnson: Non, pas du tout à ce moment-ci, sauf si on me
démontre, sauf si un groupe de coopérateurs nous démontre
sa représentativité, que le plan de ses interventions, son plan
d'action et ses activités prévues nous laissent croire qu'on
pourra ainsi contribuer au développement de la formule
coopérative dans le sens où je l'ai indiqué il y a
quelques instants. Je rappellerai au député qui, de
mémoire, était là lors de l'annonce à Chambord, je
crois, je lui ferai remarquer de façon anecdotique que la CDR 02 n'avait
même pas été invitée par les coopérateurs de
la région à venir se réjouir avec nous tous,
coopérateurs et autres, à l'annonce du démarrage de
l'entreprise de Chambord. J'ai été
très surpris jusqu'à ce qu'on découvre qu'à
toutes fins utiles, la CDR n'avait rien eu à voir avec ce projet, que
c'était sous l'impulsion des coopératives de travailleurs
forestiers notamment, et, évidemment, de Normic-Perron, que toute cette
entreprise avait vu le jour. Alors, cela aussi est un petit peu indicatif, de
façon anecdotique, de la représentativité et de l'action
dans le milieu de ce groupe-là.
M. Brassard: Êtes-vous en train de me dire que la
Coopérative de développement régional de la région
02 n'était ni suffisamment représentative du milieu
coopératif ni suffisamment dynamique pour soutenir et créer des
projets de développement coopératif?
M. Johnson: Je vous dis que ce n'est pas moi qui faisais les
invitations, ce sont les coopérateurs de Chambord et ils n'ont pas cru
bon d'inviter tous ces gens-là.
M. Brassard: Ce sont des oublis, c'est possible.
M. Johnson: C'est un oubli de taille.
M. Brassard: Je vous signale qu'on avait aussi oublié de
demander au député du comté de dire quelques mots à
cette occasion-là.
Des voix: Ha ha, ha!
M. Brassard: Vous voyez que les oublis sont toujours
possibles.
M. Johnson: Je n'étais pas le maître de
cérémonie évidemment. Vous vous reprenez depuis ce
matin.
M. Brassard: Ce n'est pas moi le député du
comté dans Chambord, c'était Michel Gauthier.
M. Johnson: Ah, non, c'était M. Gauthier. Bien, il n'est
plus là pour se défendre.
M. Brassard: C'est pour cela que je prends sa défense
quelque peu. Cela va, M. le Président, pour la Société de
développement des coopératives.
Le Président (M. Théorêt): D'accord.
M. Brassard: Élément 3 du programme 2.
Dépenses de transfert aux entreprises et aux organismes.
M. Johnson: Oui.
M. Brassard: Vous vous reprenez, vous avez... Pour ce qui est de
Bell Helicopter, est-ce une subvention, les 10 459 000 $?
M. Johnson: Oui, conformément au program- me, enfin, qui
remonte à 1982, de mémoire. Bell Helicopter et implantation de
l'usine à Mirabel...
M. Brassard: Comment se fait-il que, l'an passé,
c'était beaucoup moins, 2 600 000 $, et que cela augmente subitement
à 10 459 000 $, cette année? Comment expliquer cet
écart?
M. Johnson: Toutes les contributions gouvernementales, on ne s'en
cache pas - il y a eu des panneaux-réclame et tout cela à
Mira-bel - sont relativement importantes - vous vous en doutez bien - et sont
fonction du rythme de développement de certains modèles
d'hélicoptère. On suit le rythme que l'entreprise, par ses
décisions à elle, impose au développement de tel
modèle, de tel autre modèle. Il y a transfert de production de
Fort Worth à Mirabel dans le cas de certains modèles commerciaux,
etc. Le tout est sensible quant au rythme de développement,
d'investissements et de dépenses aux perspectives du marché,
notamment pour l'hélicoptère biturbine léger. Disons que
ce n'est pas un marché en croissance explosive ou
phénoménale, de toute façon. Alors, pendant une
année... Quoique cela aussi change pour le mieux, je dois le dire.
Alors, les perspectives de l'an dernier n'étaient pas aussi bonnes, sans
doute, dans certains créneaux du marché qu'elles le sont cette
année. Cela détermine le rythme d'investissements de la
société et, par là, cela détermine le rythme des
contributions gouvernementales.
Programme PRO-PME
M. Brassard: Pour le programme PRO-PME, il est prévu 4 425
000 $ en crédits de transfert. L'an passé, c'était 5 000
000 $. Mais, ce que l'on constate d'après le chapitre des crédits
périmés, c'est que c'est un programme qui ne fonctionne pas
très bien et qui ne trouve pas beaucoup de preneurs. Il y a 3 518 000 $
de crédits périmés dans le programme PRO-PME. Est-il mal
adapté? Il ne répond pas aux besoins des entreprises? Comment
exprimer un tel niveau de crédits périmés? C'est l'ancien
programme UNI-PME remanié, qui permettait à des entreprises
d'embaucher des universitaires avec des subventions salariales? Ce
programme-là a déjà fonctionné mieux que cela.
Qu'est-ce qui se passe?
M. Johnson: L'ensemble de ce programme, sauf certains nouveaux
critères, et la façon dont il est ciblé, a
été adopté en mai 1986, a été rendu
opérationnel à l'automne 1986. Si l'on regardait 1986-1987, qui
n'apparaît pas ici, on verrait qu'il y avait eu 255 contrats ou
interventions qui avaient été approuvés, mais que
très peu de déboursés ont été faits en
1986-1987. On m'indique ici 600 000 $. En 1987-1988, 400 nouvelles
interventions ont eu lieu et il y a eu quelque 1 750 000 $ de
déboursés. Les déboursés, dans la mesure où
ils sont un peu moindres que
prévus, s'expliquent en partie par l'absence de publicité
qu'on réserve à ce programme. Il y a suffisamment d'occasions sur
le terrain de donner suite au programme, de permettre des interventions, et si
on commençait à publiciser au-delà de nos
disponibilités budgétaires, on aurait un autre problème.
Au bout de huit semaines, il n'y aurait plus d'argent. Il est
préférable, enfin dans les régions auxquelles on assigne
des enveloppes, parce que c'est très décentralisé, que les
régions fonctionnent au rythme où elles ont le temps de
fonctionner. Je suis d'accord avec vous que c'est presque malheureux...
M. Brassard: On pourrait peut-être augmenter un peu la
publicité.
M. Johnson: Comment dites-vous?
M. Brassard: II faudrait peut-être augmenter un peu la
publicité pour avoir un peu moins de crédits
périmés en fin d'année. (20 h 45)
M. Johnson: Oui, je l'ai constaté.
Précisément, j'ai constaté la prudence de nos directions
régionales à l'égard de ce programme, prudence s'entendant
dans le sens de ne pas vouloir créer trop d'attentes et de
décevoir trop de gens - cela aussi, quand même, c'est un souci
qu'on a - mais il faut trouver une façon de faire savoir aux
intervenants locaux, les corporations de développement économique
par exemple, qu'ils ont à leur disposition un outil qui est
celui-là et qui permet d'aider certaines entreprises. Alors, j'ai
demandé qu'on voie à dépenser ce qu'on a mis de
côté a cet effet. Donc, peut-être de la publicité ou
enfin la diffusion dans chaque milieu de l'existence de ce programme. Cela
devrait nous permettre d'absorber tous les crédits qu'on entend
consentir à cette activité.
Deuxièmement, il faut savoir qu'on exige maintenant un plan
d'affaires - c'est un petit peu plus compliqué que c'était -
c'est plus sérieux. Quant à faire des interventions de soutien
financier auprès des entreprises, par le biais de PRO-PME, on demande un
plan d'affaires, on veut avoir au moins le sentiment que les gens sont un petit
peu organisés, qu'ils savent où ils vont. J'ai demandé
qu'on insiste un petit peu plus sur la présence d'un volet ou de
certains éléments de qualité et d'automatisation à
l'intérieur des entreprises. À mesure que cela va,
évidemment, se diffuser, la demande va suivre. Alors, il faut
créer la demande à la mesure de nos moyens d'y répondre.
Peut-être qu'il y a un petit peu de prudence, là, qui a fait en
sorte qu'on a un peu de crédits périmés, mais on me
souligne que, pour 1988-1989, à l'égard de 1988-1989, il y a
déjà un 2 000 000 $ dont on sait qu'il est engagé et sera
déboursé; des suites d'activités depuis trois mois par
exemple. Sans compter les nouvelles interventions, sans compter la
deuxième année d'intervention, ces contrats sont de deux ans.
M. Brassard: Cela serait, en tout cas, très souhaitable
que, dans ce programme-là, il y ait le moins de crédits
périmés possible.
M. Johnson: Très d'accord.
M. Brassard: C'est un programme excellent, à la fois pour
les entreprises et pour les diplômés universitaires qui sortent de
nos universités.
Jeunes Promoteurs...
M. Johnson: Oui.
M. Brassard: ...c'est, si je me le rappelle bien, l'ancien
programme bourses d'affaires remanié?
M. Johnson: Non, non. C'est celui du MSSR, cela. Jeunes
Promoteurs vient du MSSR.
M. Brassard: Cela vient du MSSR. Et...
M. Johnson: Comme les GSIJ. Bourses d'affaires, ce sont les
nouveaux entrepreneurs.
M. Brassard: Jeunes Promoteurs?
M. Johnson: Jeunes Promoteurs et GSIJ, ce sont là les deux
anciens programmes de...
M. Brassard: D'accord. Au fond, c'est le programme que les
groupes de soutien aux initiatives jeunesse surtout...
M. Johnson: Oui, utilisent.
M. Brassard: C'est un outil précis.
M. Johnson: Oui, utilisent. C'est un outil précis...
M. Brassard: Utilisent.
M. Johnson: ...à l'égard de la capitalisation des
jeunes entreprises dont les GSIJ font la promotion, l'utilisation, devrais-je
plutôt dire.
M. Brassard: Cela comprend encore un prêt possible
jusqu'à concurrence de 25 000 $. Est-ce cela?
M. Johnson: Je m'excuse!
M. Brassard: C'est le fameux prêt jusqu'à
concurrence de 25 000 $ par jeune?
M. Johnson: Non, Jeunes Promoteurs, c'est 8500 $ de subvention
directe. Ce sont les 8500 $ par jeune promoteur; c'est une subvention
directe.
Nouveaux entrepreneurs, bourses d'affaires: c'est le programme de
garantie...
M. Brassard: 25 000 $.
M. Johnson: ...d'une partie d'un emprunt, oui, et de prise en
charge d'intérêts. En partie.
Le Président (M. Théorêt): Pour le programme
Jeunes Promoteurs, est-ce que vous avez le nombre de jeunes promoteurs qui y
ont eu accès durant l'année qui va se terminer ou qui ont
été approuvés?
M. Johnson: On a succédé, évidemment, au
milieu de l'année dernière au MSSR et il faut compter que c'est
à partir d'octobre qu'on a pu intervenir. Disons: pour 1987-1988, dans
la mesure où cela nous concernait au MIC, comme successeurs, 248
candidats à l'égard desquels nous avons engagé 1 472 000
$.
Le Président (M. Théorêt): 248 ont
été approuvés?
M. Johnson: Oui, oui. Absolument. Faits, signés, enfin, de
ma main, littéralement.
M. Brassard: Est-ce que vous prévoyez une hausse
considérable de demandes ou de projets ou de candidatures, puisque vous
passez de 2 400 000 $ à 7 200 000 $ en termes budgétaires?
M. Johnson: 7 200 000 $, c'est une année complète.
2 400 000 $ c'est notre portion d'année...
M. Brassard: C'est ce qui vous a été
transféré par...
M. Johnson: L'autre, 4 800 000 $ littéralement, ce sont
les interventions du MMSR...
M. Brassard: À l'époque où c'était au
MMSR. Ah, bon!
M. Johnson: ...jusqu'au moment de la succession. Cela
représente 7 200 000 $. On a renouvelé le programme.
M. Brassard: Donc, il n'y a pas une augmentation substantielle
des budgets.
M. Johnson: Non, non.
M. Brassard: Et le programme des bourses d'affaires aux nouveaux
entrepreneurs, c'est le prêt de 25 000 $?
M. Johnson: Oui, c'est la SDI qui l'administre. Cela
apparaît dans la SDI.
M. Brassard: C'est à la SDI. D'accord, on y reviendra
tantôt.
M. Johnson: Oui. On peut en traiter tout de suite, il n'y a pas
de problème. C'est un programme du MIC, c'est l'administration
financière qui est faite par la SDI. Ce n'est pas une question de
politique de la SDI. C'est un programme du ministère
financièrement administré par la SDI.
M. Brassard: Ce n'est pas un programme que proposent, je dirais,
que font mousser les groupes de soutien aux initiatives-jeunesse
nécessairement?
M. Johnson: Non. Ce sont nos directions régionales qui
administrent ce programme, qui le proposent en région, etc.
M. Brassard: C'est pour les jeunes aussi. C'est pour les 30 ans
et moins.
M. Johnson: Oui, il y a des critères un peu plus mixtes
que cela, jeunes universitaires, diplôme collégial ou
universitaire depuis moins de cinq ans ou âgés de moins de 30
ans.
M. Brassard: Est-ce qu'il faut qu'ils soient toujours
parrainés?
M. Johnson: Sauf pour les femmes.
M. Brassard: Est-ce que le parrainage est toujours requis?
M. Johnson: Traitement spécial pour les femmes. Vous ne
m'empêcherez pas de le dire.
M. Brassard: Pardon? Sauf pour les femmes.
M. Johnson: II y a un traitement particulier, plus large, je
dirais, à la demande de tables de concertation des femmes
collaboratrices, par exemple. Nous avons répondu à leur demande
de faciliter l'accès à ce programme aux femmes qui peuvent avoir
plus de 30 ans et qui peuvent ne pas avoir un diplôme d'études
collégiales, ce qui est le cas, très souvent, de la femme
collaboratrice type.
M. Brassard: Ce n'est pas de la discrimination cela?
M. Johnson: Positive, M. le Président, M. le
député. On a facilité l'accès à ce programme
aux femmes avec des critères qui tiennent moins compte de leur
âge, mais plus de leur expérience.
M. Brassard: Je reviens à ma question. Est-ce que le
parrainage d'homme d'affaires chevronnés est toujours requis pour les
jeunes entrepreneurs?
M. Johnson: Le parrainage de gens dont on peut se satisfaire et
qui peuvent aider le demandeur de bourse d'affaires dans les circonstances,
étant donné l'entreprise, oui. C'est une condition
du programme.
M. Brassard: Infrastructures d'accueil à l'industrie. On
constate une diminution de près de 3 000 000 $ dans le budget. Cela
s'explique comment? Pourquoi cette réduction substantielle du budget
à ce programme?
M. Johnson: De la même façon qu'on a pu expliquer un
peu plus tôt l'envergure, si on veut, des crédits
périmés pour 1987-1988. J'ai évoqué à ce
moment-là le rythme de facturation des municipalités, le rythme
des travaux, les difficultés inattendues, par exemple, avec la
Commission de protection du territoire agricole en milieu municipal, à
l'égard de...
M. Brassard: C'est surtout les parcs industriels cela, si je
comprends bien?
M. Johnson: Comment? Oui, en général, oui. On a,
sur la base de notre expérience à l'égard de ce qui est en
cours au moment où on se parle, évalué que nos
déboursés 1988-1989 seront du montant qui est indiqué ici.
Ce qui, de fait, représente une diminution par rapport à l'an
dernier, mais c'est comme cela. C'est la vitesse à laquelle les
municipalités sont en train d'élaborer les infrastructures chez
elles. Cela ne tient pas compte de demandes spéciales que j'ai eu
récemment, M. le Président.
M. Brassard: Effectivement, l'an passé, il y a eu 6 500
000 $ de crédits périmés. C'est énorme.
M. Johnson: Comment dites-vous?
M. Brassard: L'an passé, à ce programme, il y a 6
400 000 $ qui ont été périmés, presque la
moitié des crédits prévus.
M. Johnson: En effet.
M. Brassard: Est-ce qu'on doit comprendre qu'en matière
d'infrastructures industrielles, en matière de parcs industriels - c'est
surtout de cela dont il s'agit - le Québec commence à être
relativement bien doté et qu'il y a de moins en moins de dépenses
ou de projets qui sont entrepris à ce chapitre, en matière
d'infrastructures comme telles?
M. Johnson: Écoutez, ce n'est pas compliqué. Les
crédits périmés, dans ce programme-là pour
1987-1988, s'expliquent par quatre dossiers: j celui de Newport: 3 695 000 $.
On m'indique qu'il ' y a eu un problème pour la municipalité de
trouver sa part de financement, donc, un retard dans les travaux. À
Saint-Joachim-de-Tourelle: 1 200 000 $. On m'indique qu'il y a des retards
attribuables à la finalisation d'une entente avec le ministère de
l'Environnement, auxquels il faut ajouter un certain retard de la
municipalité à trouver le financement de sa part. À
l'heure où l'on se parle, les travaux ne sont pas commencés.
À Saint-Jean-Port-Joli: 510 000 $. La Commission de protection du
territoire agricole cause des retards. À Saint-Apollinaire: 900 000 $.
La municipalité est à la recherche du financement pour sa
quote-part.
M. Brassard: Donc, c'est purement... M.Johnson:
...technique.
M. Brassard: ...conjoncturel, je dirais. Ce n'est pas une
indication qu'en matière d'infrastructures, le Québec est
suffisamment équipé. Ce n'est pas une indication dans ce
sens-là.
M. Johnson: Suffisamment équipé, écoutez, il
y a beaucoup d'espaces de parcs industriels, il ne sont pas tous
équipés pour recevoir d'immenses implantations. On ne fait pas
des aménagements prévisionnels, il faut toujours que cela soit
relié à un projet. Alors, dans le fond, cela reflète la
vitesse à laquelle certains projets s'implantent dans des lieux qui
n'ont pas déjà d'infrastructures.
M. Brassard: Oui.
M. Johnson: Alors, cela ne signifie rien. On ne peut pas lire...
Je pense bien qu'on ne peut pas en conclure qu'on a tout ce qu'il faut, parce
que ce n'est pas vrai qu'on a tout ce qu'il faut partout. Mais, il y a des
régions qui souhaitent, évidemment, attirer des choses chez elles
et qui, dans certains cas, vont avoir du succès à le faire.
Là, évidemment, on sera appelé à contribuer.
M. Brassard: Cela va pour l'élément 3 du programme
2.
Soutien aux sociétés et organismes d'ÉtatLe Président (M. Théorêt): Alors, nous allons
suspendre l'adoption des crédits du programme 2 jusqu'à ce qu'on
en ait terminé avec la SDI. Nous allons passer immédiatement au
programme 3: Soutien aux sociétés et organismes d'État.
M. Brassard: Le programme 3, élément 2.
Société du parc industriel du centre du Québec.
M. Johnson: SPICQ, oui.
M. Brassard: SPICQ. La diminution budgétaire s'explique
par une réduction de... Ce sont les emprunts? La réduction des
crédits? (21 heures) M.Johnson:172?
M. Brassard: Cela s'explique par la diminution de
l'endettement?
M. Johnson: Oui, par la capacité de la
société de financer elle-même, en partie évidemment,
son service de la dette à même ses revenus, par exemple les tarifs
pour l'utilisation des installations portuaires, à la suite notamment
d'une entente nouvelle avec l'Aluminerie de Bécancour, et d'autres
duplications de cette nature; vente de terrains, pendant l'année,
à des utilisateurs éventuels; vente d'eau industrielle, me
souligne-t-on, à partir d'installations, évidemment de pompage,
etc.. et de distribution d'eau. C'est surtout à l'égard de
l'aluminerie, cela.
M. Brassard: Cela va. L'élément 3 c'est SIDBEC,
mais on en a parlé cet après-midi.
M. Johnson: Oui.
M. Brassard: Cela va pour le programme 3.
Le Président (M. Théoret): Le programme 3 est
adopté, et, M. le ministre, comme dans le programme 2 il ne nous reste
que la SDI à discuter, si vous voulez libérer les gens que vous
pouviez libérer.
M. Johnson: En comprenant que le programme 4, évidemment,
relève de mon collègue.
M. Brassard: Le programme 4 relève de M. Vallerand, je
pense?
M. Johnson: C'est cela, justement. Alors je crois
comprendre...
M. Brassard: Une dernière question, M. le
Président. C'est que dans la liste des missions à
l'étranger, j'ai regardé cela peut-être rapidement, mais je
n'ai pas vu les missions ministérielles comme telles.
M. Johnson: Oui, oui. M. Brassard: Oui?
M. Johnson: Attendez un petit peu. À l'onglet 4, vous
voyez le nom de mon chef ce cabinet, M. Bourgeois, à titre
d'exemple.
M. Brassard: Oui, M. Bourgeois, oui...
M. Johnson: Alors, cela vous indique enfin des dates, l'ordre de
grandeur, et les endroits que nous avons parcourus. C'est la façon
facile de les trouver, ou alors en regardant si le nom de M. André Dorr
est présent, et en vous référant aux journaux de
l'époque, par exemple, les dépêches de la Presse
canadienne.
M. Brassard: Cela c'est l'onglet 4.
M. Johnson: 4.
M. Brassard: L'onglet 4.
M. Johnson: Alors, pages 1 et suivantes.
M. Brassard: Cela veut dire....
M. Johnson: Est-ce que le député cherche mon
nom?
M. Brassard: Oui, je cherche votre nom.
M. Johnson: II faudrait voir dans les crédits du
ministère du Conseil exécutif.
M. Brassard: De l'Exécutif?
M. Johnson: C'est à peu près le même montant.
Il ne faut pas... Je ne voyage pas avec...
M. Brassard: Non, c'est tout simplement une question
d'information.
M. Johnson: ...plus ou moins de confort que les gens qui
m'accompagnent.
M. Brassard: Merci.
Le Président (M. Théoret): Alors, si je comprends
bien, le seul élément qu'il reste avant l'adoption du programme 2
est la SDI, M. le ministre.
M. Brassard: La SDI, c'est bien exact.
M. Johnson: Alors, j'en profite, M. le Président pour
remercier - que ce soit bien marqué dans le dossier - tous mes
collaborateurs qui viennent maintenant d'être libérés, ceux
du ministère de l'Industrie et du Commerce, sans l'action desquels,
d'une part, on n'aurait pas de rapport d'activité à vous faire et
sans l'aide desquels, à bien des égards, je n'aurais pas pu
répondre complètement à toutes les questions.
Société de développement
industriel
Nous avons maintenant avec nous M. Gérald Tremblay, p.-d.g. de la
Société de développement industriel, qui se permettra de
vous présenter tout de suite les gens qui sont susceptibles de
l'accompagner.
M. Tremblay, pour les fins du Journal des débats.
M. Tremblay (Gérald): À ma droite, M. Jean-Claude
Lafleur, vice-président aux finances et administration; avec lui M.
Gaston Carrière, juste derrière moi. On a également le
vice-président exécutif de la société, M. Yvon
Marcil, et notre vice-président au développement et
planification, M. Jim Donovan.
M. Brassard: Ce que l'on constate, M. le
Président - je vais commencer par cette remarque-là -
c'est qu'en termes d'intervention et d'aide autorisées, et par
conséquent d'investissements effectifs, on se rend compte que depuis
trois ans le rôle de la SDI a diminué. Il a été
considérablement réduit. C'est ainsi, par exemple, qu'en termes
d'interventions en 1985-1986, cela se chiffrait à 1449 interventions de
la SDI, que cela a chuté à 902 en 1986-1987 et que cela a encore
été réduit à 605 pour 1987-1988, sauf erreur. C'est
autour de cela.
Forcément, l'aide autorisée est aussi réduite de
façon substantielle. Elle est passée de 626 000 000 $ en 1985
à 353 000 000 $ l'an passé, en 1987-1988, et les investissements
suivent également cette courbe descendante; ils étaient de 3 400
000 $ en 1985-1986, 2 500 000 $ en 1986-1987 et 2 100 000 $ en 1987-1988.
C'est clair que le rôle de la SDI diminue, son rôle se
rétrécit. Est-ce que ce rétrécissement du
rôle, cette diminution de la vocation de la mission économique de
la SDI s'explique par la diminution des programmes accessibles? Ils sont
passés de 15 à 4. C'est possiblement une explication. Donc,
est-ce que cela s'explique également par la réduction des moyens
des formes d'aides offertes aux entreprises ou si tout simplement, compte tenu
d'une bonne croissance économique - quoique en 1985-1986 c'était
bon aussi - cela s'explique par le fait qu'il y ait moins d'entreprises qui ont
recours aux services de la SDI? Comment expliquer cette chute, quand même
substantielle, à la fois du nombre des interventions, des aides
autorisées dans le cadre des programmes de la SDI et forcément,
du même coup, des investissements générés par ces
projets?
M. Johnson: Écoutez, on n'a pas à s'excuser si la
conjoncture est un peu meilleure et qu'à ce titre, contrairement aux
données qui avaient été révélées
lorsqu'on a étudié tout cela en début de 1986 - cela a
nécessité à l'époque, enfin pendant les quelques
années précédentes, c'est discutable et j'y reviendrai...
Le fait que la SDI avait participé à peu près à un
projet d'investissement sur trois dans tout le Québec, en nombre
d'interventions, pendant les années précédentes, en 1985,
par exemple, m'a porté à croire que cela ne se pouvait pas que le
secteur privé québécois, les entrepreneurs du
Québec, aient autant besoin d'aide financière que cela, soit une
fois sur trois. Cela n'avait aucun sens. Consultation prise longuement en 1986,
on a découvert que les besoins des entrepreneurs étaient
plutôt de nature à assurer une meilleure capitalisation, la plus
permanente possible, de leurs entreprises et deuxièmement, à
être d'une ampleur et d'un mode de paiement, d'un rythme de
déboursés à l'égard du soutien financier qu'on
pouvait leur donner, qui permettaient vraiment de déclencher des projets
et qui amenaient à l'entreprise les liquidités dont elle avait
besoin au départ, au fur et à mesure de l'élaboration d'un
projet. Alors, quand on combine le fait que cela va mieux au point de vue de
l'investissement privé et que cela a augmenté, cela qui laisse
soupçonner que l'aide financière, que ce soit un prêt ou un
don, est moins nécessaire. Et que les entreprises nous aient
indiqués qu'elles ne voulaient pas de don, mais étaient
disposées à accepter de traiter avec nous sur une base d'affaire
selon la formule que nous avons éventuellement retenue à la suite
des consultations, soit un prêt participatif qui a un caractère
d'équité, de capital-actions pratiquement dans la structure
financière de l'entreprise explique en partie certains des chiffres que
vous avez soulevés. Il ne faut pas oublier, par ailleurs,
qu'au-delà du nombre d'interventions, il y l'ampleur des interventions
qui est pertinente, l'ampleur des investissements à l'égard
desquels nous consentons un soutien financier. On m'indique qu'à ce
moment-ci, nous sommes à traiter plus de 400 demandes, plus de 400
dossiers représentant près de 700 000 000 $ de participation
financière sous forme du prêt participatif de la
Société de développement industriel. Ce n'est pas
négligeable. On parle de presque 1 000 000 000 $. Ce n'est pas rien.
Mais ce 1 000 000 000 $ déclenche véritablement des projets qui
s'associent à des projets rentables où le contribuable verra un
jour la couleur de son argent directement, où, dans le cas
d'insuccès, nous aurons pris le risque en même temps que
l'entrepreneur parce qu'il n'y a pas de garanties sur ces prêts, et
où, en cas de succès, nous pourrons partager une partie. Je ne
dis pas la totalité, je dois le dire. On en laisse. Le risque est pris
à même des fonds propres de l'entrepreneur aussi. On pourra
partager, dis-je, les succès financiers qui pourraient être
consécutifs à l'intervention de la SDI qui a facilité un
investissement.
Cela continue. La conjoncture, comme je le disais ce matin, est telle
que pour les immobilisations manufacturières, par exemple, en 1988, on
prévoit une augmentation de 20 % par rapport à 1987. C'est la
cinquième hausse d'immobilisation manufacturière de suite. C'est
la cinquième hausse annuelle. Quand cela va mieux, on intervient
moins.
M. Brassard: Sauf que ce que vous avez dit...
M. Johnson: On intervient mieux.
M. Brassard: ...sur l'ampleur des investissements ne tient pas.
Cela, c'est réduit aussi. De 3 400 000 000 $ en 1985-1986 c'est
passé à 2 100 000 000 $ en 1987-1988. Alors, il y a une
réduction en deux ans de 1 300 000 000 $ en termes d'investissements
pour des projets soutenus et aidés par la SDI dont les aides ont
diminué de près, à l'oeil, de plus de 40 %. C'était
626 000 000 $ en aide en 1985-1986 et c'est passé à 353 000 000 $
en 1987-1988. C'est une chute radicale. Je prétends que ce n'est pas
uniquement parce que cela va bien sur le plan économique et parce
que la croissance économique est bonne. C'est que, de façon
délibérée, le gouvernement réduit le nombre de
programmes de la SDI, il a diminué l'éventail des formes d'aide,
les subventions ne sont plus permises, les prises de capital-actions ne sont
plus autorisées non plus par la loi, la dernière loi... (21 h
15)
M. Johnson: II y a une erreur d'interprétation quelque
part. On peut toujours prendre des actions.
M. Brassard: Les prises de capital-actions sont toujours
possibles... Excusez-moi, vous...
M. Johnson: Non. Je m'assurais bien de ce que je vous avais dit.
Il n'y a rien dans la loi qui interdise à la SDI d'acheter des actions
d'une société. On le fait moins qu'avant, c'est tout.
M. Brassard: La loi que vous avez fait adopter à
l'Assemblée nationale...
M. Johnson: N'interdit pas la prise d'actions. Il y a l'article 7
qui permet à la SDI de tout faire.
M. Brassard: Elle interdit les subventions, mais les prises de
capital-actions sont toujours possibles?
M. Johnson: Elle n'interdit pas les subventions non plus. On en a
fait encore récemment en vertu des dispositions
générales.
M. Brassard: Hé! Hé!
M. Johnson: On va se comprendre. Si vous voulez, on va parler de
la loi et de ce qu'il y a dedans.
M. Brassard: Vous avez fait adopter une loi...
M. Johnson: Mais ce qu'on a le droit et pas le droit de
faire...
M. Brassard: ...à l'Assemblée nationale il n'y a
pas...
M. Johnson: II n'y a aucun problème avec cela.
M. Brassard: ...tellement longtemps...
M. Johnson: Oui.
M. Brassard: ...qui avait pour effet..
M. Johnson: Qui avait pour effet, entre autres, d'habiliter la
SDI à ajouter à son arsenal le prêt participatif, par
exemple, au point de vue du pouvoir habilitant.
M. Brassard: Et dont une clause interdisait la subvention directe
à l'entreprise.
M. Johnson: Je n'ai pas vu cela. M. le député,
c'est une loi habilitante qui a été adoptée. Je vous dis
qu'au point de vue du fonctionnement, consultation faite auprès de la
clientèle, on privilégie le mécanisme qui a pour nom le
prêt participatif, avec tout ce que cela comporte. Ce n'est pas la loi
qui interdit ceci et qui interdit cela. La loi permet de faire beaucoup de
choses, l'article 7 vous y réfère notamment, il permet de tout
faire.
M. Brassard: Je pense qu'il est important qu'on se comprenne
bien. La SDI pourrait actuellement verser une subvention pure et simple
à une entreprise pour un projet d'expansion, disons. Elle pourrait
verser une subvention pure et simple sans relation avec quelque forme de
prêt que ce soit?
M. Johnson: Je dirais oui, comme dans toute chose, si le
gouvernement donne ce mandat, il n'y a aucune difficulté.
M. Brassard: Et la loi constitutive de la SDI ne l'empêche
pas d'agir ainsi?
M. Johnson: Non, c'est par décision gouvernementale qu'on
utiliserait le véhicule de la SDI pour faire cela. C'est une
distinction. Les programmes réguliers de la SDI prévoient qu'il y
a cet aspect de subvention par prise en charge d'intérêts et c'est
très réel, cela. C'est une subvention quand on avance un
prêt et que même une enveloppe déjà prévue est
budgétisée, comme dans l'est de Montréal, par exemple,
où on décide que... J'en ai parlé: 15 000 000 $ sur trois
ans. C'est de la prise en charge d'intérêts, du rabais
d'intérêts. Ne demandez pas à un homme d'affaires si un
prêt sans intérêts, c'est une subvention ou ce n'en est pas
une, il va être obligé d'avouer que c'en est une.
M. Brassard: Oui, oui, j'en conviens. M. Johnson: Alors,
on se comprend. M. Brassard: J'en conviens.
Le Président (M. Théorêt): Vous me
permettez?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'une
entreprise pourrait avoir et une subvention directe et un prêt
participatif dans un projet?
M. Johnson: Je m'excuse. Comment dites-vous?
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'une
entreprise pourrait se voir octroyer une subvention directe pour un montant X
et également un prêt participatif?
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Théorêt): Elle pourrait?
M. Johnson: Oui.
M. Brassard: C'est-à-dire qu'elle pourrait en vertu de la
loi, mais de par sa volonté depuis un an, le gouvernement a
manifesté une volonté politique à savoir que la SDI ne
subventionne plus.
M. Johnson: Je dois vous rejoindre là-dedans, il n'y a pas
de problème avec cela, c'est un fait, mais c'est à la suite de
consultations avec notre clientèle.
M. Brassard: Vous avez donc fait une exception pour
Montréal-Est.
M. Johnson: Non, je dirais...
M. Brassard: Prise en charge d'intérêts.
M. Johnson: II y en a ailleurs, il y en a déjà. Il
y en avait déjà de prévues. On a ajouté 15 000 000
$ à ce que la SDI était susceptible de prendre en charge à
titre de rabais d'intérêts d'ici l'an prochain.
M. Brassard: Vous n'avez pas ajouté, parce que le budget
n'a pas augmenté. Vous avez réservé une partie des
crédits.
M. Johnson: Allez demander cela au Conseil du trésor.
C'est nouveau. 15 000 000 $ sur trois ans, c'est une demande dans un objectif
de développement. Ce n'était pas les crédits
prévisibles étant déjà prévus dans le
triennal, si on veut l'appeler comme cela. C'était une demande de
développement de 15 000 000 $ neufs.
M. Brassard: En termes de transfert, on constate une
réduction de l'ordre de 10 000 000 $. Par contre, je vous le signalais
en commission plénière il y a quelque temps, on constate
également une augmentation très substantielle au chapitre des
prêts et avances de 33 000 000 $ à 66 000 000 $, donc, on double
le poste budgétaire "prêts et avances" et on réduit le
budget réservé aux transferts. Vous vous en souviendrez, je vous
avais posé une question à ce sujet et je vous avais
demandé de m'expliquer les motivations qui incitaient le
ministère à procéder à des changements aussi
importants, en particulier ce recours considérable au chapitre des
prêts et avances et cette réduction, quand même notable, au
chapitre des transferts aux entreprises. Cela s'explique comment? Est-ce que
cela se réfère à des orientations précises de la
part du gouvernement et de la part de la SDI? Comment expliquer ces changements
budgétaires quand même importants?
M. Johnson: Pour en revenir à la question que vous posiez
en commission plénière, notamment?
M. Brassard: Oui, à la fois une augmentation quand
même substantielle au chapitre des prêts et avances et une
réduction, quand même, pour ce qui est des transferts. On passe de
116 000 000 $ l'an passé à 106 000 000 $ en termes de
crédits. On parlera des crédits périmés
tantôt. Mais, on double au chapitre des prêts et avances.
M. Johnson: Oui, M. le Président, des
éclaircissements. Ce qui apparaît devant nous pour la
méthode de traitement de dossiers par la Société de
développement industriel - on parle de l'histoire, on n'est pas rendu
dans le prêt participatif, on pourra y revenir - vient du fait que, au
lieu de verser une subvention, par exemple, de 100 000 $ à
l'égard d'un projet de 1 000 000 $ et de verser ces 100 000 $ sur trois
ans, avec ce qui apparaît, la façon dont cela s'est traduit, que
cela a glissé, ou avec la façon dont cela a changé de
traitement au cours des ans, y compris jusqu'à ce qui apparaît en
1988-1989, cela a plutôt été qu'aujourd'hui au lieu de
passer ces transferts-là, qui étaient des paiements de
subvention, on a participé financièrement à un projet en
prêtant sans intérêts pour 15 ans une somme d'argent.
Évidemment, ce n'est pas dans le transfert que vous allez voir cela.
C'est dans les dépenses d'intérêts de la SDI ou du
ministère des Finances. C'est dans le service de la dette qu'on va le
voir parce que c'est de l'argent qu'on prête. Mais on l'a emprunté
à quelque part, cet argent-là.
M. Brassard: C'est dans le non budgétaire.
M. Johnson: Le service de la dette, c'est budgétaire, je
regrette. Ce n'est pas non budgétaire.
M. Brassard: Dans les prêts et avances? M.Johnson: Pardon?
M. Brassard: Ça apparaît dans les prêts et
avances?
M. Johnson: Les prêts et avances, c'est un
élément d'actifs. Il est là, il va être
remboursé. Cela ne peut jamais être une dépense, de toute
façon. Mais l'entreprise, étant donné qu'on lui
prête sans intérêts, bénéficie de quelque
chose. Ce quelque chose, qu'est-ce que c'est? Pour qu'on puisse chiffrer sans
s'occuper du coût de capital marginal de l'entreprise, si on veut
faire
de la comptabilité de haute voltige, il faut regarder ce que cela
nous a coûté à nous, pour emprunter cet argent sur les
marchés et le prêter. On le prête à 0 et on l'a
emprunté à 10 %. C'est dans le service de la dette de quelqu'un,
entre autres celui du ministère des Finances. Il ne faut pas confondre
les états de la SDI, par exemple, avec les états
consolidés, avec les états du ministère des Finances.
Aide à l'exportation
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'on
pourrait m'informer, pour ma compréhension? L'aide à
l'exportation, toujours dans les dépenses de transfert, passe de 13 000
000 $ à 40 000 000 $; l'aide à l'investissement pour les
entreprises à technologie moderne et dynamique passe de 72 000 000 $
à 42 000 000 $. Ce sont des sommes énormes. Il doit
sûrement y avoir des raisons majeures.
M. Johnson: Dans quelle... Vous permettez?
Le Président (M. Théorêt): Dans le budget des
dépenses de transfert.
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Théorêt): Vous avez, par
exemple, l'aide à l'exportation qui passe en 1988-1989, à 40 409
000 $ comparativement à 13 000 000 $ l'an passé. L'aide à
l'investissement pour les entreprises à technologie moderne et
dynamique...
M. Johnson: Oui, d'accord.
Le Président (M. Théorêt): ... qui passe de
72 000 000 $ à 42 000 000 $.
M. Johnson: On est dans la comptabilité très
avancée, littéralement. J'ai passé beaucoup de temps avec
M. Carrière, que vous avez vu derrière moi à deux
reprises, avec M. Gagnon, qui était notre directeur de l'administration
au ministère, avec le sous-ministre, et avec le directeur
général de la SDI. Quelqu'un des Finances s'est mêlé
de cela à un moment donné - il se mêle de tout, de toute
façon - pour tenter de concilier à notre cabinet certains
chiffres du cahier des crédits. Nous avons aussi eu de nombreuses
questions d'un représentant permanent, par opposition à un
élu, de l'Opposition. (21 h 30)
II y a un gros montant là-dedans, et je suis un peu
hésitant à vous dire de quel dossier il s'agit. Il y a plusieurs
dossiers industriels majeurs, au Québec, en cours: Hyundai, Bell, Norsk
Hydro, Domtar. Enfin, déjà là, on est rendu dans les
centaines de millions.
Est-ce que le gouvernement a participé à ces
projets-là, est-ce qu'il n'y a pas participé, et si oui, quelle
est l'ampleur de sa participation? Disons qu'on n'est pas, en tout cas moi, je
ne suis pas trop enclin à commencer à donner toutes sortes de
détails pour que les concurrents de ce monde-là fassent valoir
leur point de vue, pour employer un euphémisme. Je dirais que, dans
certains cas, il y a des participations financières. Je pense que
personne ne s'en est caché, c'est écrit dans les journaux. La
question est de savoir comment le ministère des Finances choisit de
traiter cela. Cela n'a rien à faire avec... Et, je suis en train
d'expliquer des écarts considérables, je regrette...
M. Brassard: Pour qu'on se comprenne bien...
M. Johnson: Oui.
M. Brassard: ...est-ce que vous êtes en train d'expliquer
l'écart de 72 000 000 $ à 42 000 000 $?
M. Johnson: Oui, en partie. Oui, en partie.
Par exemple, lorsqu'il s'agit de contribuer financièrement
à un projet industriel majeur -cela se fait depuis des années, on
le sait - le ministère des Finances peut décider de contribuer
directement: subvention. On peut également - parce que là on se
met à la place de l'entreprise - puisque l'entreprise veut du liquide,
accorder un chèque de tel montant, comme il a été entendu.
Maintenant, comment est-ce qu'on livre ce chèque-là? On peut
emprunter sur le marché, les financiers pourraient me dire à
coupon zéro, on contracte un emprunt à long terme qui est
remboursable dans quinze ou vingt ans, à la valeur nominale. Alors
combien êtes-vous disposés, compte tenu des conditions du
marché, à me prêter? 1 000 000 $ ?
Si je m'engage aujourd'hui à vous livrer une obligation qui ne
porte pas à intérêt et qui a une valeur nominale de 10 000
000 $. Bien là, tout le monde fait des grands calculs et on me
prêtera peut-être 4 000 000 $ ou 4 500 000 $. Mais, il faut quand
même que je livre 10 000 000 $ à une entreprise. Et, lorsque ce
compte-là transite une obligation de rembourser éventuellement 10
000 000 $ en regard d'une valeur capitale de cette obligation-là, en
valeur d'aujourd'hui, de 4 500 000 $, il manque un 5 500 000 $ quelque part,
qui est évidemment l'intérêt présumé que je
vais payer sur un capital de 4 500 000 $ aujourd'hui, mais qui vaudra 10 000
000 $ lorsque je le rembourserai dans plusieurs années. On traite cela
comment, cette portion-là? On la capitalise ou on la passe aux
dépenses? Et si on la passe aux dépenses, on la passe aux
dépenses tout de suite ou sur une période de dix ou quinze ans
qui est l'échéance de mon obligation à coupon
zéro.
Je viens juste d'évoquer, M. le Président, des
complications dans lesquelles on est tous en
train de se perdre et qui expliquent en grande partie les écarts
qui sont ici.
Le Président (M. Théorêt): Ce que je
cherchais à savoir, M. le ministre, ce ne sont pas vraiment les
principes comptables qui différencient les chiffres. Je voulais
m'assurer, en fait, qu'il n'y avait pas une diminution de budget, d'argent,
pour aider les entreprises.
M. Johnson: Pas du tout.
Le Président (M. Théorêt): Bon, c'est ce que
cherchait à savoir...
Et, l'augmentation du budget d'aide à l'exportation de 13 000 000
$ à 40 000 000 $, est-ce que cela s'explique également par la
méthode comptable ou...
M. Johnson: Oui, en effet.
Le Président (M. Théorêt): ...est-ce une
augmentation de budget?
M. Johnson: C'est en partie comptable.
Une voix: Qui a la réponse à cette "maudite"
question-là.
M. Johnson: J'avais bien peur qu'on pose cette
question-là, évidemment.
Une voix: Ha! ha! ha!
M. Johnson: Peur parce qu'on se lance dans des discussions
techniques de fou et qu'on n'apprend rien à personne.
Le Président (M. Théorêt): Ce n'est pas ce
que je cherche à savoir. Je cherche à savoir seulement si c'est
une diminution ou une augmentation de budget.
M. Johnson: On n'a rien. Écoutez, on va regarder en gros,
on va prendre un exemple, là - la page qui n'a pas de numéro,
bon! -. On est dans l'élément 1 du programme que nous sommes en
train d'examiner, on tourne une page, on tourne deux pages, on tourne trois
pages...
Une voix: Ha! ha! Il ne l'aime pas celle-là..
M. Johnson: Si vous prenez les deux premiers postes, les deux
gros postes, dont le premier est de 39 204 000 $ et le deuxième de 3 544
000 $, cela fait 42 700 000 $, en regard de 72 100 000 $, qui est
constitué de 52 683 000 $ et 19 500 000 $. Il y a un gros écart,
qui est compensé par la dernière ligne de tout où vous
avez un écart dans l'autre sens: 66 988 000 $ par rapport à 33
179 000 $.
Si vous prenez cette dernière ligne avec l'avant dernière
ligne et que vous additionnez les dépenses de transfert et les
prêts et avances, vous avez pour 1988-1989: 173 000 000 $ et pour
1987-1988: 149 000 000 $, une augmentation de 24 000 000 $. Donc, on n'a
certainement pas diminué notre présence auprès de
l'entreprise.
Le Président (M. Théorêt): Merci. Une autre
question. L'année dernière, M. Tremblay, je me rappelle qu'on
avait discuté qu'un des problèmes qu'on avait, c'était la
lenteur de l'étude des dossiers et vous aviez expliqué à
ce moment-là que vous aviez comme objectif d'accélérer,
pour l'année qui venait, l'étude et l'analyse pour l'approbation
des dossiers. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire de quel ordre
l'étude des dossiers a été accélérée
cette année? Est-ce que cela prend moins de temps?
M. Brassard: Quel est le délai moyen du traitement d'un
dossier?
M. Johnson: M. Tremblay va vous répondre avec plaisir.
M. Tremblay (Gérald): Une des priorités de la SDI,
si on voulait transiger avec les entreprises sur une base d'affaires, c'est de
répondre dans des délais normaux. On a deux délais qui
sont importants. Premièrement, ce qu'on appelle l'admissibilité
du dossier. On s'est engagé à répondre aux entreprises
dans un délai de trois jours à leur demande pour leur dire si
leur demande était admissible ou pas. Au moment où je vous parle,
au 31 mars 1988, sur les 405 dossiers à l'étude, 405 lettres
d'admissibilité ont été émises dans un délai
moyen de 5,5 jours.
Le deuxième délai. On disait aux entreprises: Une fois
votre dossier admissible, on s'engage dans un délai de 60 jours à
vous envoyer une lettre d'offres sur les intentions de la SDI. Il faut bien
comprendre que cela implique l'étude, l'analyse du dossier, l'avis
sectoriel, l'autorisation par le conseil d'administration de la SDI, et,
finalement, la signature du ministre. En ce moment, la moyenne est de 70,3
jours.
Le Président (M. Théorêt): C'est une
amélioration fort appréciable, comparativement aux chiffres que
vous nous avez livrés l'an passé, M. Tremblay. L'étude des
dossiers prend environ un mois de moins.
M. Tremblay (Gérald): Avant la moyenne variait entre trois
mois et demi et huit mois. On s'était fixé comme objectif 60
jours, alors on est à 70,3 jours.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de Lac-Saint-Jean
M. Brassard: Sur les périmés, M. le ministre ou M.
Tremblay, on a périmé 33 000 000 $ à la SDI sur un budget
de l'ordre de 116 000 000 $ pour ce qui est des transferts, dont 18 500 000 $
au Programme d'aide à l'investissement pour les...
M. Johnson: Oui, M. le Président, tout de suite je soumets
les versions corrigées de la page qui s'intitule "Ministère du
l'Industrie et du Commerce. Crédits périmés
escomptés au 31 mars 1988. Budget de fonctionnement. Budget de capital.
Budget de transfert. Budget de prêts." On remarquera, je vais vous dire
tout de suite, un changement qui touche - je vous le dis tout de suite, comme
cela on va se comprendre - sous le poste "Budget de transfert", la
Société de développement industriel du
Québec...
M. Brassard: Oui.
M. Johnson: Le chiffre qui se lit 33 055 000 $, doit se lire 16
765 000 $.
M. Brassard: En date du 31 mars 1988?
M. Johnson: C'est cela. Dans le total évidemment, le
chiffre de 95 224 600 $, qui est en bas à droite tout à fait, se
lit maintenant 78 934 000 $. C'est compensé très exactement par
une augmentation dans les déboursés, évidemment. Au poste
"Budget de prêts", le dernier poste de la Société de
développement industriel, les déboursés doivent se lire 45
290 000 $ plutôt que 29 000 000 $. Cette différence d'environ 16
000 000 $, que je viens d'expliquer, tient en partie à des rythmes de
déboursés qui sont relatifs à des travaux à
l'égard desquels évidemment on débourse au même
rythme que les travaux ou que la facturation qui nous montre que les travaux
ont été faits. Alors, c'était évidemment le gros
morceau qui est moins gros qu'il était.
M. Brassard: Au chapitre des projets d'investissements majeurs,
tel qu'on peut le lire dans le cahier explicatif des crédits où
on indique qu'on prévoit pour la SDI 23 100 000 $ - c'est à la
page 19 des notes complémentaires - des projets d'investissement majeurs
de la SDI, est-ce que c'est possible d'avoir une idée sur la nature de
ces projets majeurs?
M. Johnson: C'est un agrégat de programmes en cours, des
autorisations. Il y en a qu'on connaît, d'autres qu'on connaît
moins. Il y a General Motors, par exemple. Le rythme de déboursés
va être plus élevé cette année. Non, on va
être à peu près à la même chose cette
année. Pardon. C'est un mauvais exemple parmi plusieurs.
M. Brassard: II n'y a pas de nouveaux projets. Ce sont des...
M. Johnson: C'est de l'encours. C'est quelques gros projets qui
ont été autorisés depuis - je regarde cela - deux ans et
demi, trois ans dans certains cas.
M. Brassard: Oui? C'est curieux.
M. Johnson: Cela fait combien de temps. Décembre 1985,
cela fait 26 mois. (21 h 45)
M. Brassard: Non, je dis que c'est curieux, M. le ministre, parce
que l'information en question sur les 23 100 000 $ à des projets
d'investissement apparaît dans les notes complémentaires au
chapitre dit des priorités gouvernementales. Alors, quand on parle de
priorités gouvernementales, on s'attend à des programmes nouveaux
qu'on lance ou à des projets nouveaux qui naissent ou qui vont surgir ou
apparaître en cours d'année. Et là, vous me dites que ce
sont de vieux projets dont certains ont trois ans. Je ne vois vraiment pas
pourquoi cela apparaît à titre de priorités
gouvernementales. Ce sont de vieilles priorités, si on peut dire, ce
n'est pas jeune, jeune.
M. Johnson: M. le député, depuis que vous avez
évoqué ce chiffre, tout le monde devant vous court dans tous les
documents possibles et imaginables pour trouver le...
M. Brassard: Notes complémentaires au budget,
renseignements supplémentaires des crédits.
M. Johnson: Oui, j'ai cela: Renseignements
supplémentaires. Crédits 1988-1989.
M. Brassard: Oui, aux pages 18 et 19 où l'on indique les
priorités gouvernementales dans les différents ministères.
Et, pour le ministère de l'Industrie et du Commerce, a la fin, au bas de
la page 19, on dit: Pour ce qui est des priorités gouvernementales, "le
ministère de l'Industrie et du Commerce consacrera 23 100 000 $ à
des projets d'investissement de la SDI, 3 700 000 $ à la restructuration
de l'est de Montréal et 1 000 OCG $ dans le cadre des travaux sur le
libre-échange". Le 1 000 000 $ pour les travaux sur le
libre-échange, on en a déjà parlé. C'est vrai que
c'est de l'argent neuf, que c'est un programme nouveau, que ce sont de
nouvelles études et les 3 700 000 $ aussi, pour la restructuration de
l'est de Montréal. Les 23 000 000 $, vous me dites que ce sont de vieux
projets ou des projets déjà en cours, alors je ne vois pas
pourquoi cela apparaît sous le chapitre des priorités
gouvernementales. Enfin, c'est peut-être une curieuse façon...
M. Johnson: Non, c'est l'effet net... M. Brassard: ...de
voir les choses.
M. Johnson: Oui, ce qui est drôle à voir, une fois
qu'on le sait... C'est la différence entre le savoir, d'une part, et le
savoir-faire, le savoir-vivre et le savoir-dire, d'autre part.
M. Brassard: Dites-le moi comme il faut.
M. Johnson: En termes comptables, c'est un net, me dit-on, qui
est représenté par différents postes traités comme
placements, prêts et avances, les 33 000 000 $, ce qui est plus 33 000
000 $ et moins 10 000 000 $ à titre d'autres formes d'aide...
M. Brassard: Ah!
M. Johnson: ...9 900 000 $ plus précisément, qui
sont toutes reliées, et cela s'explique, par l'augmentation, le net,
dont je vous ai parlé tout à l'heure, de 24 000 000 $. J'ai dit:
Nous n'intervenons pas moins, nous intervenons plus, une fois qu'on additionne.
Quand on a fait notre conciliation, on est arrivé au bout où on
avait 149 000 000 $ l'an dernier, d'une part, et...
M. Brassard: Vous augmentez les prêts et avances, mais vous
réduisez les transferts de 10 000 000 $...
M. Johnson: Et 173 000 000 $, cette année, cela
fait...
M. Brassard: Cela fait 23 100 000 $.
M. Johnson: C'est cela, plus 1 000 000 $ pour...
M. Brassard: C'est cela. Des projets d'investissements, c'est une
façon de parler, cela ne fait pas référence à des
projets précis, comme tels.
M. Johnson: Bien, quand on les décortique, oui. On
n'intervient pas en 1988-1989 dans des choses qui ne sont pas importantes. Dans
ce sens, c'est une étiquette qui recouvre l'ensemble de nos
interventions. J'ai cru indiquer ce matin que nos interventions s'alimentaient
à des priorités de développement. Mais, il n'y a pas, par
exemple, pour 25 000 000 $ d'interventions de plus dans les fabriques de
boutons ou les planches à pain.
M. Brassard: Au chapitre du programme d'aide aux activités
de recherche et d'innovation, qu'est-ce que cela a été, en
1987-1988, comme interventions, nombre de projets, montants investis? Je sais
qu'en 1986-1987, d'après le rapport de la SDI, 53 projets ont
été soutenus pour un montant de 17 700 000 $. Cette année
ou en 1987-1988, cela s'est traduit comment?
M. Johnson: M. Tremblay va vous éclairer à
même une liste informatisée qui vient de la SDI.
M. Brassard: Oui, on l'a dans le cahier. Je vous assure qu'il
faut être...
M. Johnson: C'est pour cela que je vais demander à un
expert de la lire et de la présenter.
M. Brassard: Oui, c'est sûr.
M. Tremblay (Gérald): 54 projets pour des investissements
de 12 000 000 $, par opposition à 94 pour des projets de 26 000 000
$.
M. Brassard: L'an passé?
M. Tremblay (Gérald): C'est cela.
M. Brassard: Donc, cela a été réduit
considérablement.
M. Tremblay (Gérald): II y a eu une réduction.
M. Brassard: Est-ce qu'il y a une explication?
M. Tremblay (Gérald): Le rôle de la SDI n'est pas de
solliciter des demandes, c'est de faire l'analyse financière des
demandes. Alors, on a eu des demandes et on en a autorisé 54 par
opposition à 94.
M. Brassard: En matière d'aide à l'exportation,
quelle est la situation?
M. Tremblay (Gérald): Au chapitre d'exportation, il y a
plusieurs programmes, mais si on les prend, au niveau du crédit à
l'implantation, il y a 32 projets, pour des aides totales de 8 248 500 $. Du
côté de la formation des consortiums, en 1988 il n'y a pas eu de
formation de consortium, par opposition à 8 en 1986-1987. Au niveau du
financement des exportations: un projet, pour une aide de 300 000 $. C'est
cela. Il y avait l'industrie électronique, évidemment. Encore une
fois, le rôle de la SDI n'est pas de solliciter des mandats à
l'exportation, c'est de répondre à la demande pour ce qui est des
exportations.
M. Brassard: J'en conviens. J'en conviens mais, à partir
du moment où il y a des diminutions importantes en termes de demandes
d'aide, des. diminutions substantielles à la fois du nombre d'aides et
des montants concernés, il y a peut-être lieu de se poser la
question: Est-ce que les programmes sont adéquats? Est-ce que les
programmes répondent bien aux besoins des entreprises? Est-ce que vous
faites une évaluation périodique de vos programmes pour en
mesurer l'efficacité ou le pouvoir attractif auprès des
entreprises?
M. Tremblay (Gérald): Elle est plus que périodique.
Elle est faite sur une base hebdomadaire. Vous avez mentionné tout
à l'heure qu'au 28 février 1988, pour l'année qui se
termine on avait eu 605 autorisations pour des
projets totalisant 2 078 000 000 $. Alors, en ce moment, à
l'étude, au 31 mars 1988, on a 405 dossiers pour des prêts
éventuels, si on les autorisait, de 625 000 000 $, pour des projets
totalisant 1 800 000 000 $. Donc, il n'y a certainement pas de réduction
quant au niveau de l'achalandage.
M. Brassard: Et du pouvoir attractif de vos programmes
auprès des entreprises.
M. Tremblay (Gérald): D'ailleurs, cela confirme. On a
répondu à ce que les gens d'affaires nous ont demandé,
parce qu'on a consulté pendant six mois, et c'est vrai que, en ce
moment, on parle de deux SDI. On parle d'une ancienne SDI qui est en
décroissance, ce que vous avez vu tout à l'heure et c'est normal
parce qu'on a autorisé et on débourse sur un certain nombre
d'années et il y a certains projets qui ne se réalisent pas, et
d'une nouvelle SDI qui est en croissance. Cette nouvelle SDI est en croissance
en réalité depuis le 1er octobre 1987. Pourquoi? C'est qu'on
devait finaliser l'étude de 685 dossiers avant le 30 septembre I987,
donc les efforts ont été mis pour répondre justement aux
attentes des entreprises qui nous avaient fait des demandes sous l'ancienne
programmation. Alors, à partir du 1er octobre 1987, on a 405 dossiers
à l'étude présentement, on a autorisé,
signées par le ministre, 70 lettres d'offre aux entreprises, si vous
voulez comparer ces lettres d'offre à ces entreprises-là, parce
qu'on parle maintenant de capitalisation - dans un contexte économique
favorable il faut faire de la prévention, ne pas réagir à
des situations - alors 70, vous avez eu les statistiques récemment du
Fonds de solidarité des travailleurs du Québec, très
très très pro-actif, en trois ans, 40 demandes.
On pense qu'au niveau de la Société de
développement industriel, en répondant aux besoins réels
des entreprises, ce qu'elles nous ont demandé, notre problème,
éventuellement, avec des ressources humaines limitées - on passe
à 165, vous l'avez vu - avec des budgets, réellement, une bonne
gestion et une bonne rigueur au niveau de la formation de nos ressources
humaines, on répond bien à la demande en ce moment. Et ce n'est
pas un problème. De plus, pour être certains que les entreprises
étaient bien conscientes, on fait également, depuis trois mois,
le tour du Québec. Il y a quelques jours j'étais dans votre belle
région. On a un bureau à Jonquière, j'ai rencontré
des gens d'Alma, en même temps que ceux de Roberval. J'ai
rencontré les gens de Chicoutimi, on leur explique les programmes, et je
peux vous dire que la réception est excellente, parce que 60 % des gens
d'affaires qui écoutent nos présentations nous disent que, dans
l'année qui vient, ils vont nous faire une demande de prêt
participatif.
M. Brassard: Est-ce que vous avez, dans les bureaux
régionaux, augmenté le personnel. Parce qu'on pariait
tantôt du traitement des dossiers et d'essayer de réduire les
délais. Vous en êtes rendus à environ 70 jours de
délai moyen pour le traitement d'un dossier. Est-ce que cela vous a
obligé à ajouter du personnel dans les régions pour
atteindre cet objectif de réduire les délais?
M. Tremblay (Gérald): Non, on a pris une décision
beaucoup plus importante que celle-là. On a procédé
à une restructuration globale de la Société de
développement industriel. Donc, on avait cinq régions avant la
restructuration, et maintenant nous avons trois régions. On a, par
contre, conservé le même nombre de bureaux régionaux, pour
être présents en régions. Par contre, le rôle du
représentant régional est de rencontrer la clientèle, de
faire certains dossiers, non pas tous les dossiers. Ce dont on s'est
aperçu, si on veut faire du prêt participatif, c'est que cela
implique qu'on doit faire un diagnostic sûr de la santé
financière d'une entreprise, donc c'est un travail d'équipe.
À la SDI, on travaille maintenant avec des directeurs de projet, des
économistes, des ingénieurs, des avocats et des gens de mise en
marché, sans compter les avis sectoriels qu'on reçoit des
ministères à vocation économique. On ne peut pas demander
à une personne qui est en région, avec une collaboratrice, de
pouvoir connaître tous les secteurs de développement
économique de sa région. Alors, elle fait certains dossiers, et
lorsqu'elle a trop d'ouvrage on peut prendre le dossier et le compléter,
si on parle de votre région à Québec, ou encore prendre
une personne de Québec qui se déplace à Jonquière.
C'est un travail d'équipe, maintenant. Une personne ne peut plus
être une bonne économiste, un bon ingénieur, un bon
financier, une bonne personne de mise en marché. C'est le choix qu'on a
fait, parce qu'on a une politique d'autofinancement qui est importante pour la
SDI. (22 heures)
M. Johnson: J'ajouterais que pour donner une subvention,
autoriser une subvention, on n'est pas obligé d'être aussi
ferré qu'il faut l'être lorsqu'il s'agit de s'associer à
une entreprise, de partager avec elle certains risques, et d'assurer que son
plan d'affaires est solide, de s'assurer qu'il y a des perspectives de
rentabilité. Cela prend un peu plus de support et cela a l'avantage, de
loin, de contribuer à renforcer la structure de capital de l'entreprise,
de faire porter son attention au cours des discussions et de
l'élaboration du dossier sur les dimensions critiques de son action, de
son marché, de sa technologie, de son degré d'automatisation,
etc. De très loin, c'est un changement qui était sinon
souhaité par les entreprises qui pouvaient ne pas savoir en certains cas
quels étaient les problèmes auxquels elles avaient à faire
face, mais très certainement bien reçu, maintenant que le
système est en place, par les entreprises avec
lesquelles nous transigeons.
Les SPEQ
Le Président (M. Théorêt): Qu'on me parie un
peu des SPEQ et en particulier des SPEQ-employés, est-ce que c'est en
croissance? Est-ce que c'est au ralenti? Comment cela s'est-il passé la
dernière année dans les SPEQ et en particulier les
SPEQ-employés?
M. Tremblay (Gérald): Je vous le donne. On a 197 SPEQ
formées au Québec pour des montants totalisant 41 000 000 $. De
ces 41 000 000 $ autorisés, il y a 37 000 000 $ qui ont
été investis dans des petites et moyennes entreprises au
Québec. Alors, on ne sera jamais satisfait, il faut toujours en faire
plus. La croissance est régulière et si on se compare,
après le même nombre d'années, avec l'Ontario, on est en
avance sur l'Ontario pour les SPEQ enregistrées et les placements
validés au Québec pour les PME.
Le Président (M. Théorêt): Donc, cela devient
de plus en plus populaire auprès des PME en particulier?
M. Tremblay (Gérald): On a un bon travail de
sensibilisation à faire en ce qui concerne les PME pour bien leur
expliquer parce qu'il a fallu simplifier les procédures. Je pense
qu'aujourd'hui avec les efforts qui ont été faits justement pour
répondre sur une base d'affaires, donc simple, aux gens d'affaires, nos
formulaires sont beaucoup plus simples. On dit qu'on va enregistrer une SPEQ en
moins de dix jours, parce qu'on s'est fixé également des
échéances là. De plus en plus, nos partenaires, soit les
bureaux de comptables, les avocats ou les conseillers ont appris à mieux
connaître les rouages d'une SPEQ et à en diminuer
considérablement le coût. Donc, c'est moins complexe, cela
coûte moins cher et on a une bonne demande en ce qui concerne les
SPEQ.
Le Président (M. Théorêt): Merci.
M. Brassard: Dans le même ordre d'idées, un
programme pour les employés avait été créé,
une SPEQ-employés, une espèce d'actionnariat pour les
travailleurs d'une entreprise. Est-ce que ce programme commence à
trouver preneur, il est quand même tout à fait récent?
M. Tremblay (Gérald): On a trois SPEQ-employés
à ma connaissance. C'est peut-être quatre mais ce n'est pas un
chiffre faramineux.
M. Brassard: Parce que ce n'est pas encore très connu
comme possibilité?
M. Tremblay (Gérald): Ce n'est pas que ce n'est pas assez
connu, c'est un changement de mentalité important en ce qui concerne
l'entre- prise. Pour des employés, c'est un risque important et il y a
l'avantage fiscal qui est 125 %. On voudrait en faire plus.
M. Johnson: L'actionnaire comme tel, par ailleurs, a accès
au programme SPEQ...
M. Brassard: Oui.
M. Johnson: ...et cela ne l'empêche pas de grossir. C'est
évidemment dans les cas où une incitation, le climat à
l'intérieur qui permet d'associer les employés... Ce n'est pas
tout le monde qui est prêt pour cela. C'est ce que le président de
la SDI invoque quand il parle de changement de mentalités. C'est
nouveau. C'est de la gestion participative, les politiques de portes ouvertes
à l'intérieur de l'entreprise, les tâches flexibles. Tout
cela fait partie d'un portrait de la nouvelle entreprise, l'entreprise du
troisième type sur laquelle des auteurs ont écrit
déjà depuis trois ou quatre ans. Vraiment, c'est le style de
gestion, toute la tradition de gestion, devrais-je dire, qui est en cause et
qui explique le départ relativement lent de la SPEQ-employés.
Mais ce n'est certainement pas l'absence d'incitatifs fiscaux qui peut
être responsable de cela.
M. Brassard: À votre connaissance, M. Tremblay ou M. le
ministre, est-ce qu'il existe une opposition, je dirais, de nature syndicale
dans l'entreprise à la formation de SPEQ-employés?
M. Johnson: Je dirais, écoutez, à certains...
M. Brassard: Quand vous pariiez de changement de
mentalités...
M. Johnson: Oui.
M. Brassard: ...est-ce que dans les organisations syndicales, on
voit d'un mauvais oeil, on voit mal, on est réticent sinon
rébarbatif à ce genre d'instruments?
M. Johnson: Oui, c'est comme n'importe où. Je penserais,
quitte à ce que M. Tremblay l'illustre par son expérience plus
précise d'administrer ces programmes avec les entreprises, que cela
dépend des groupements syndicaux, cela dépend du caractère
de la lutte pour la défense des travailleurs et de leurs droits que peut
emprunter une centrale ou une union, un syndicat ou peu importe. Une chose est
certaine, si on regarde la présence maintenant, le profil très
élevé du Fonds de solidarité, par exemple, mené par
la FTQ, on ne peut pas dire que cette centrale est rébarbative...
M. Brassard: Oui, c'est différent.
M. Johnson: ...à la participation des travail-
leurs. C'est une forme d'éducation, une forme de participation
qui est en cause ici. Enrichie évidemment par voie incitative fiscale,
la SPEQ-employés dépend beaucoup plus du climat local dans une
entreprise, de la vision des choses que les employés et l'actionnaire
peuvent avoir. Cela pourrait être indépendant des luttes pour la
défense des droits des travailleurs.
M. Brassard: Je reviens un peu aussi à ce dont on parlait
tantôt, on est passé aux SPEQ le personnel dans les
régions. Si j'ai bien compris votre façon de fonctionner, vos
délégués en régions vont concentrer davantage leurs
efforts à faire de la promotion des programmes de la SDI plutôt
qu'à faire de l'analyse des demandes, ces dernières étant
faites par le central beaucoup plus qu'auparavant.
M. Tremblay (Gérald): Le problème que nous avons,
ce n'est pas de faire en régions la promotion de nos programmes parce
que notre représentant régional ne fournit pas à la
demande. Alors si on prend l'exemple de Benoît Côté au
bureau de Jonquière, il a en ce moment douze dossiers de prêts
participatifs à l'étude. Alors, s'il n'en tenait qu'à lui,
sortir douze dossiers de prêts participatifs selon la nouvelle
orientation en faisant un diagnostic sûr de la santé
financière de l'entreprise, ça prend du temps et on
considère qu'un bon directeur de projets peut sensiblement sortir un
prêt participatif par mois, dépendamment de la complexité
du dossier. Alors, notre problème...
M. Brassard: Son année serait faite. M. Tremblay
(Gérald): Pardon? M. Johnson: Son année serait
faite.
M. Tremblay (Gérald): Oui, exactement. Alors, le
problème que nous avons c'est de dire: II peut sortir certains dossiers,
sauf qu'il y a des dossiers qui sont complexes. Prenons un exemple: Chambord.
Si on avait demandé à Benoît Côté de continuer
à aider certaines entreprises dans la région en plus de faire le
dossier Chambord, il n'aurait jamais été capable. Il aurait fait
uniquement le dossier Chambord et il aurait laissé le service à
la clientèle. Donc, son rôle, c'est vrai en partie, une petite
partie, c'est M. SDI dans la région. Par contre, sa
responsabilité première est de répondre à la
demande. Et aujourd'hui dans tous nos bureaux la demande est forte. Regardez,
il y a 405 dossiers aujourd'hui. C'est un programme avec un profil très
bas. Comme on peut dire, on n'a pas crié sur tous les toits notre
performance, mais c'est une performance très importante si on regarde
les chiffres que je vous ai cités tout à l'heure.
M. Brassard: Et en effectif, qu'est-ce que c'est?
M. Tremblay (Gérald): L'année dernière, on
avait 214 postes autorises et, cette année, 165.
M. Brassard: Et vous dites pourtant que l'examen d'un dossier de
prêt participatif exige beaucoup plus d'efforts, de temps et
d'énergie qu'un dossier de prise en charge d'intérêts ou de
subvention.
M. Tremblay (Gérald): Oui. Il faut que vous essayiez de
concilier cela avec le fait qu'on a moins de personnel. Premièrement,
c'est la qualité contre la quantité. Donc, on ne pouvait pas du
jour au lendemain former tout notre personnel à la nouvelle orientation
de ia SDI. Si vous avez regardé les crédits, il y a eu des
efforts considérables de faits dans la formation de notre personnel. On
aurait pu maintenir les employés occasionnels parce que la
différence entre 214 et 169, c'est 45 postes occasionnels. On a
préféré former nos ressources humaines, répondre
à la demande. Aujourd'hui, la demande se révèle
très forte et, dans un avenir rapproché, on aura peut-être
certaines recommandations à faire au gouvernement en ce qui concerne
notre effectif.
M. Brassard: Si vous voulez poursuivre dans la voie de la
réduction des délais de traitement d'un dossier, j'ai bien
l'impression que vous allez effectivement en arriver bientôt à une
demande semblable d'augmentation de l'effectif.
M. Tremblay (Gérald): En fait, on contribuera davantage au
développement économique du Québec. Plusieurs peuvent
prétendre qu'on a diminué. Je vous dis qu'on a consolidé
et qu'on est reparti beaucoup plus fort; 405 demandes, c'est beaucoup de
dossiers à analyser. On vous a mentionné tout à l'heure le
montant des projets. On parle de 1 800 000 000 $.
M. Brassard: M. le Président...
M. Tremblay (Gérald): Est-ce que je pourrais juste ajouter
une chose?
M. Brassard: Certainement.
M. Tremblay (Gérald): Tout à l'heure je t'ai
mentionné et c'est important qu'on le comprenne. Au début, on a
passé beaucoup de temps à parler de l'ancienne SDI. L'ancienne
SDI, ce sont 4500 dossiers qu'on doit gérer. On a des
éventualités et des engagements pour 850 000 000 $. Alors, on
doit assurer le suivi de ces dossiers parce que notre directeur de projets ne
fait pas uniquement de l'analyse de prêts participatifs.
M. Brassard: II fait du suivi aussi.
M. Tremblay (Gérald): Oui, il fait du suivi et c'est
très important. Donc, on gère la dé-
croissance. Et, au fur et à mesure qu'on gère la
décroissance, on recycle les fonds avec le prêt participatif.
Fonds renouvelable
M. Brassard: M. le président de la SDI, où en
êtes-vous avec votre projet de constitution d'un fonds renouvelable?
M. Tremblay (Gérald): C'est l'importance du suivi des
dossiers. Si vous lisez bien la mission de la SDI, ce que vous avez
sûrement fait, on parle du début des années
quatre-vingt-dix. Pourquoi? Le prêt participatif comprend un moratoire de
remboursement du capital pendant une période maximale de trois ans.
Donc, 1987 à 1990, cela fait trois. Si on est allé en fonction de
notre mission, et c'est bien important... Notre mission n'est pas de faire des
profits, mais de faire l'équilibre entre nos revenus et nos
dépenses pour faire l'équilibre à la fin de
l'année. Donc, les prêts vont commencer à nous être
remboursés au début des années quatre-vingt-dix. Et si la
confiance qu'on a réussi à développer avec les gens
d'affaires est ce qu'on pense qu'elle va être, les gens vont rembourser
ces prêts et on va pouvoir reprêter cet argent à des PME et,
au début des années quatre-vingt-dix, on aura ce qu'on appelle
notre fonds renouvelable. (22 h 15)
M. Johnson: Ce que j'ajouterais, lorsqu'on décrit le fonds
renouvelable, sa caractéristique est qu'à la longue, il n'y
aurait plus de subventions comme telles, c'est-à-dire un transfert du
gouvernement du Québec à la SDI pour fins de transfert aux
entreprises. On peut s'élever contre cela - le député du
Lac-Saint-Jean l'a fait à quelques reprises - mais je lui dis qu'il
s'élève contre cette façon de faire les choses dans un
contexte où, à cause de la libéralisation des
échanges et d'un grand marché continental encadré
maintenant, qui prévoit des règles de fonctionnement et de
comportement des différents gouvernements à l'égard de
leurs entreprises, fait en sorte que nous sommes moins vulnérables que
les autres à des représailles de la part des marchés sur
lesquels on exporte ou sur lesquels ces entreprises qu'on aide de cette
façon-là peuvent exporter.
Il ne faut pas oublier que, dans un contexte d'unification, si on veut,
du marché nord-américain, il est important que les règles
du jeu soient les mêmes pour tout le monde. À partir de ce
moment-là; on doit s'assurer que des avantages indus, au sens où
on l'interprète alors, ne sont pas consentis à des entreprises.
La beauté du système que nous avons mis sur pied, c'est
d'assurer, à la suite de la demande des entreprises, qu'on les aide de
la façon qu'elles souhaitent être aidées, au moment
où elles le souhaitent, à des conditions imbattables, compte tenu
des prêteurs conventionnels qui comportent dans certains cas des
avantages financiers à cause du moratoire de remboursement, à
cause du fait qu'il n'y a pas de garantie sur les prêts que nous
consentons, parce que, dans certains cas, nous avons quand même une
enveloppe fermée de prise en charge d'intérêts ou de rabais
d'intérêts dans des limites raisonnables et inattaquables,
pourrait-on dire, sur le marché nord-américain, par d'autres
gouvernements et à partir de ce moment-là, nous sommes en avance
sur les autres.
Je souhaite bonne chance aux États, aux provinces, et aux pays
qui voudront continuer à subventionner leurs entreprises alors que ce
n'est plus permis dans les nouvelles règles de la concurrence
internationale. Nous sommes donc en meilleure position que nos concurrents
à ce sujet-là. Je suis convaincu, d'ailleurs, M. le
Président, que l'un des grands apôtres du libre-échange, M.
Jacques Parizeau, serait de mon avis.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Oui peut-être une question, M. le
Président, adressée à M. Lafleur. Au chapitre des biens
destinés à être vendus, où en sommes-nous rendus en
1987, par rapport aux budgets antérieurs? Qu'est-ce qui est inscrit?
Peut-être M. Carrière?
M. Carrière (Gaston): Alors en ce qui concerne les biens
destinés à être vendus, nous avons actuellement pour 20 737
000 $ de biens destinés à être vendus.
M. Cannon: Et, par rapport aux années passées, cela
se compare comment? Est-ce qu'il y a une croissance ou une diminution?
Une voix: C'est inférieur... Quelques millions.
M. Lafleur (Jean-Claude): L'année passée, 19 625
000 $, à peu près semblable.
M. Cannon: Alors, êtes-vous en mesure d'apprécier le
pourcentage des biens destinés à être vendus par rapport au
montant des prêts ou des actifs qui sont engagés?
M. Lafleur (Jean-Claude): C'est une évaluation qui se fait
en fin d'année et on est actuellement dans la période
d'évaluation. Les directeurs de projets sont en train d'évaluer
chacun de ces cas-là. Cela bouge beaucoup d'une année à
l'autre. Ce ne sont pas nécessairement les mêmes cas. On est en
train d'évaluer pour déterminer quel est le risque financier de
ces montants.
M. Cannon: Selon votre expérience à la SDI, M.
Lafleur, s'agit-il là d'une norme qui
pourrait être standardisée ou est-ce qu'il y aurait lieu
d'être un petit plus vigilant quant aux prêts qui sont
accordés à des entreprises?
M. Lafleur: Dans un esprit d'autofinancement et de fonds
renouvelables, assurément. Il faut dire que ces montants qui
apparaissent sont quand même en fonction de programmes sectoriels qui
sont arrivés dans le temps. Qu'on pense à certains programmes
d'urgence, à des programmes qui étaient vraiment
dépendants du contexte économique du moment, donc des programmes
plus risqués. Dans les 20 000 000 $, on a énormément de
ces prêts. Dans le contexte du prêt participatif de capital de
risque, on est convaincu d'obtenir des résultats nettement
supérieurs à cela.
M. Cannon: Avez-vous l'impression que depuis 1985-1986 ce taux
est en train de diminuer? Est-ce que vous êtes en train d'examiner ou,
tout au moins, les chiffres que vous me révélez ce soir sont-ils
des chiffres qui tiennent compte des années antérieures à
1985, surtout par rapport à l'ancien programme, ou est-ce que ce sont de
nouveaux programmes qui sont inscrits à la SDI?
M. Lafleur: Ce sont surtout les anciens programmes. À
titre d'exemple, dans le programme de financement des entreprises, cette
année, on estime une diminution de 1 600 000 $ de budget sur ce
programme par rapport à celui de l'an passé. Programme d'urgence,
1 200 000 $ de moins, également. Programme de prêt et de
capitalisation, on a budgétisé 900 000 $. Donc la situation
s'améliore de ce côté.
M. Cannon: On peut dire que le taux de délinquance est
inférieur à ce qu'il était par rapport aux années
passées?
M. Lafleur: Oui. M. Cannon: Merci.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Projets dans les régions
M. Brassard: Quand on regarde la répartition des projets
en régions sur l'onglet 20, est-ce que la demande, dans les diverses
régions du Québec est à peu près semblable - toutes
proportions gardées évidemment - par rapport à la
population et à la force économique des régions? Ou est-ce
que la SDI est plus populaire dans certaines régions que dans d'autres?
Est-ce que vous avez pu constater des différences régionales par
rapport à la SDI, à ses programmes et à sa mission?
M. Johnson: Dans la mesure où la SDI s'associe à
des projets industriels, cela risque d'être relativement proportionnel -
si je peux employer la combinaison des deux termes - à l'activité
industrielle par région, comme portion à ce que cela
représente au Québec. Sachant ce que cela donne comme avantage
dans une région fortement industrialisée où il y a une
forte concentration d'accès à ces programmes, j'ai demandé
à la SDI de prêter une attention particulière à nos
régions périphériques en abaissant le seuil
d'admissibilité des projets qui émanent des régions.
Alors, plutôt que de ne considérer que les projets de 100 000 $ et
plus, comme on le fait à Montréal par exemple, ou la
région de Québec, c'est 50 000 $. Donc les plus petits projets
retiennent l'attention et le temps de nos gens lorsque ces projets
émanent des régions hors de Montréal et hors de
Québec. C'est le genre de choses qu'on fait.
Le Président (M. Théorêt): Mme la
députée de Mégantic-Compton.
Mme Bélanger: Nous de l'Estrie, nous avons eu l'occasion
de rencontrer les commissaires industriels de l'Estrie qui se plaignent
énormément des nouveaux critères d'admissibilité
à la SDI. On dit que depuis quelque temps c'est tellement
compliqué pour les industriels de la région de faire une demande
à la SDI qu'on préfère ne pas avoir recours à ces
programmes plutôt que de passer par les dédales administratifs de
ce programme-là.
D'ailleurs ce sont des programmes de prêts participatifs au lieu
de subventions directes, et c'est tellement compliqué d'avoir
accès à ces programmes-là qu'on préfère les
oublier. Qu'est-ce que vous pouvez dire sur ça?
M. Tremblay (Gérald): La vérité.
Mme Bélanger: La vérité est que c'est
très difficile d'avoir accès à ces
programmes-là.
M. Tremblay (Gérald): La vérité c'est que
dans l'Estrie vous avez un excellent commissaire industriel et une bonne
équipe. Je les ai rencontrés récemment pour bien leur
expliquer ce qu'on essayait de faire et cette fois-là on s'est
écouté mutuellement. Alors, la conclusion est la suivante: les
nouveaux programmes de la Société de développement
industriel répondent aux besoins réels des entreprises dans la
région. D'ailleurs, avant de les mettre en application, j'étais
allé à deux reprises à Sherbrooke, justement pour
rencontrer les gens d'affaires qui nous ont demandé ce qu'on fait
aujourd'hui. Alors c'est évident qu'un commissaire industriel qui est
nostalgique des subventions, qui était habitué à dire aux
dirigeants d'entreprise: Voici, tu vas avoir un cadeau, c'est plus difficile
d'aller le voir aujourd'hui puis de transiger avec ce dirigeant ou cette
dirigeante sur une base d'affaires et lui dire: Maintenant je vais te
prêter de l'argent à de très bonnes conditions. Les
résultats, parce qu'on peut parler de la théorie longtemps, c'est
qu'en ce moment, au bureau de Sherbrooke, ce n'est pas la demande qui est le
problème, c'est de répondre à la demande. Alors, où
vous avez partiellement raison ce ne sont pas les programmes qui ne
fonctionnent pas, c'est qu'à Sherbrooke on avait quatre employés,
maintenant nous sommes rendus à deux employés et on est en train
justement, par le bureau de Montréal, d'essayer de répondre
à la demande. Donc, en partie, on a eu certaines lacunes dans nos
délais, mais cela s'améliore considérablement
aujourd'hui.
M. Johnson: À cause de la popularité du programme.
On est victime de notre succès.
Mme Bélanger: Je vous avoue qu'au caucus de l'Estrie
où on a eu la rencontre avec les commissaires industriels, on a
déploré les retards excessifs du programme et on
préférait se départir de ce programme plutôt que
d'attendre tous les dédales administratifs du programme.
M. Tremblay (Gérald): J'ai répondu en partie, je
n'ai pas dit qu'on était parfait. Dans la région de Sherbrooke,
on a eu certains problèmes de personnel qui sont aujourd'hui
réglés. On répond à la demande et on a parlé
à tous les commissaires industriels et maintenant on leur dit: Si jamais
vous avez un problème, ce n'est pas compliqué, prenez le
téléphone et appelez-nous et on le réglera ensemble, parce
que ce n'est pas à la SDI de promouvoir le développement
économique de la région de l'Estrie, c'est le rôle des
commissaires industriels. Alors on les a rencontrés. Ils font un
excellent travail. La preuve c'est qu'on a de plus en plus de demandes. Alors
ils doivent commencer à croire que c'est vrai parce que les dirigeants
et les dirigeantes d'entreprises nous font des demandes. Ce ne sont pas
seulement des demandes, on a déjà accepté des prêts
participatifs. (22 h 30)
Mme Bélanger: Que répondez-vous aux commissaires
industriels qui critiquent les programmes existants de la SDI?
M. Tremblay (Gérald): Ce qu'on a essayé de faire,
dans un premier temps, c'est d'éduquer nos partenaires. Quand on s'est
aperçu que certains partenaires n'écoutaient pas ce qu'on disait,
maintenant la nouvelle approche, c'est qu'on fait une évaluation des
ressources naturelles, matérielles, financières et humaines d'une
région, dans un premier temps. Dans un deuxième temps, on regarde
les priorités de développement économique des
ministères à vocation économique. Dans un troisième
temps, on cible les entreprises et, dans un quatrième temps, on favorise
des rencontres dans la région en présence de nos partenaires, les
commissaires industriels. Alors, quand on est assis autour d'une table, il y a
25 industriels et les commissaires industriels et on pose la question aux 25
industriels, à la suite de la présentation des programmes de la
SDI: Combien d'entre vous dans l'année à venir, vont nous faire
des demandes? Tous les gens lèvent la main, indiquant qu'ils vont venir
faire une demande à la SDI. Alors, mon problème, c'est de
répondre à la demande. Quand j'ai dit tout à l'heure qu'on
a 405 dossiers à l'étude et qu'un bon prêt participatif
prend une évaluation d'un mois, mon problème ne sera pas la
demande, mais il sera plutôt de pouvoir avoir le personnel
éventuellement si la demande se maintient comme cela.
Mme Bélanger: Quand vous dites que l'étude d'un
projet demande un mois, ce n'est pas ce que les commissaires nous disent. Ils
nous disent que cela prend de huit à neuf mois avant d'avoir une
réponse de la SDI.
M. Tremblay (Gérald): Non. En fait, faites-vous donner...
Si jamais ils vous disent cela, alors, vous appelez M. Johnson ou vous
m'appelez et cela va me faire plaisir de vous donner exactement les
renseignements. Je vous dis, on est à 70,5 jours - cela est la moyenne -
et on va être à moins de 60 jours, parce que si on veut transiger
avec les entreprises sur une base d'affaires, en moins de trois jours, il faut
leur dire oui ou non à l'éligibilité et, en moins de 60
jours, il faut émettre une lettre d'offre. Si on n'est pas capable de
faire cela, on ne transige pas avec les entreprises sur une base d'affaires. Il
fallait changer les mentalités, on est rendus là. D'ailleurs,
Réal Patry, qui est un bon porte-parole de votre région, on l'a
rencontré à plusieurs reprises, et maintenant, autant chez les
gens d'affaires, il fallait développer un climat de confiance qui est
très différent d'avant où on donnait une subvention.
Maintenant, on développe le climat de confiance en les rencontrant.
C'est la même chose avec nos partenaires, les commissaires industriels.
Quand je suis allé au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les commissaires
industriels, les gens du MIC étaient là. Vérifiez, ils
vont vous le dire.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
Mission de la SOI
M. Cannon: M. le président, la mission de la SDI, c'est
quoi au juste? Qu'on soit bien clair là-dessus.
M. Tremblay (Gérald): C'est de favoriser le
développement économique du Québec.
M. Cannon: À ce compte-là il y a un certain nombre
de sous-objectifs. Souvent, du côté ministériel, nous avons
été accusés d'enlever des outils de développement
économique, notam-
ment par l'entremise de la SDI. Je voudrais une opinion franche et
honnête de votre part.
Comme président-directeur général de la SDI,
êtes-vous en mesure de me dire ce soir si, à votre avis, les
arguments, les accusations portées contre la Société de
développement industriel sont des arguments fondés,
c'est-à-dire est-ce que le gouvernement du Québec a effectivement
enlevé des outils de développement économique aux
Québécois? J'entends le recher-chiste de l'Opposition dire: C'est
évident. Le député de Lac-Saint-Jean dit que c'est
évident. Après la démonstration tout à l'heure
avec... Je pense que c'est à moi la parole, M. le Président.
Peut-être que les députés pourront poser des questions.
Le Président (M. Théorêt): Allez-y, M. le
député de La Peltrie.
Une voix: Certainement pas au recherchiste.
M. Cannon: Je comprends que, bien sûr, il y a
peut-être moins de sommes d'argent qui sont consacrées
aujourd'hui, en termes de quantum, mais en termes de qualité, il y a
peut-être plus de projets qui voient un aboutissement en vue du
développement économique du Québec. J'aimerais savoir
honnêtement de votre part ce que vous pensez du rôle. Je veux que
vous me donniez une appréciation comme si aujourd'hui vous étiez
devant votre conseil d'administration et que vous étiez en train de
rendre des comptes.
M. Tremblay (Gérald): À la demande de M. Johnson,
lorsque j'ai accepté la présidence de la Société de
développement industriel, on devait répondre aux besoins
réels des entreprises. On a consulté pendant six mois. Quand on a
décidé de passer de la subvention au prêt participatif,
c'est que lors de cette consultation dans toutes les régions du
Québec - et je m'en souviens encore bien précisément -
à Sherbrooke et au Lac-Saint-Jean, on me disait: Au fond, vous nous
donniez une subvention payable sur trois ans, ou sur cinq ans dans le secteur
touristique... Notre projet est réalisé. Nous n'en avions pas
besoin mais on l'a maintenant. On a fait un test au mois d'août 1986. Sur
63 refus, 59 projets se sont réalisés; 2 projets sont en voie de
réalisation et 2 projets ne se sont pas réalisés mais non
parce qu'on n'a pas donné de subvention.
Donc, le prêt participatif est ce qu'on nous a demandé. On
nous a dit: On veut avoir du capital pour réaliser nos projets. Au lieu
de nous donner 10 % en subvention payable sur trois ans ou sur cinq ans,
pourquoi ne nous prêtez-vous pas plus d'argent au début? Parce que
si vous nous prêtez plus d'argent au début, on va pouvoir bien
capitaliser notre entreprise dans un contexte économique favorable. On
va pouvoir négocier de meilleures conditions de financement avec une
institution financière traditionnelle. C'est ce qu'on a fait.
Aujourd'hui, beaucoup disent que la SDI fait moins, qu'elle contribue
moins au développement économique du Québec. Quand ils
entendent parler d'autofinancement, on dit: Ah! La SDI est une banque. Elle
veut faire des profits. Je peux vous assurer - vous m'avez demandé
d'être franc - que depuis un an, à la Société de
développement industriel, on prend des risques considérables. On
a fait démarrer une fonderie à Farnham, qui était
fermée depuis sept ans, pour créer 120 emplois alors que personne
ne voulait aider cette entreprise. Je pourrais vous citer de nombreux exemples.
La seule différence c'est qu'au lieu de donner de l'argent à des
entreprises qui n'en avaient pas besoin, où on concurrençait de
façon déloyale des entreprises qui n'en avaient pas besoin et qui
venaient quand même en chercher parce qu'on en donnait, on a
préféré répondre aux entreprises qui le voulaient
et leur donner du capital pour réaliser leurs projets.
Aujourd'hui, après deux ans d'efforts, on a des résultats.
Les résultats sont que la demande est nettement inférieure en
nombre. On a 405 projets. Mais comme réalisation des mandats, on a
mentionné tout à l'heure qu'on a des projets à
l'étude pour un montant de 1 800 000 000 $ par opposition à 2 000
000 $. Notre processus d'éducation ne fait que commencer. La
différence, on va la vivre dans un an ou deux, s'il y avait une
récession économique. Parce que, maintenant, au lieu d'avoir des
entreprises qui vont frapper à la porte de la SDI pour nous dire:
Donnez-nous des garanties de prêt parce qu'on risque de faire faillite,
par exemple, ce qui est arrivé au début de 1982 ou 1983... C'est
la raison pour laquelle, si vous prenez nos états financiers, vous allez
voir qu'on a des éventualités prévues pour un montant de
600 000 000 $. Aujourd'hui, ces entreprises vont pouvoir traverser la
récession économique parce qu'on a fait de la prévention
et parce qu'on a prôné la saine capitalisation des
entreprises.
On peut dire de nous que nous sommes des banquiers avec un coeur, parce
qu'on n'a pas une mission de faire des profits, mais on a une mission d'aider
les entreprises et de faire l'équilibre à la fin de
l'année. Il est évident que mes revenus doivent compenser mes
dépenses. Si on avait fait cela il y a sept, huit ou neuf ans, si on
avait pris la forme d'aide qu'on a, avec les Cascades, les Canam-Manac, les
Bombardier, les Transcontinental et les 126 entreprises qui sont allées
au REA, des entreprises aidées par la SDI parce qu'on a participé
à 3500 entreprises, aujourd'hui, on aurait le fonds renouvelable dont on
a parlé tout à l'heure. On aurait un fonds renouvelable de 1 000
000 000 $ pour aider davantage toutes les entreprises du Québec.
Aujourd'hui, et je termine là-dessus, au lieu de réagir
à des situations, on est en train de créer un outil pour aider
les entreprises à réaliser tous les projets qu'ils veulent faire
sur une base d'affaires. Il est évident que si je vais
dans une région du Québec où certains dirigeants ou
dirigeantes d'entreprises sont nostalgiques d'une subvention, je ne peux que
leur dire: On ne donne plus de subvention, sauf de façon exceptionnelle
lorsque le gouvernement du Québec juge que c'est un dossier prioritaire
pour le développement économique du Québec.
Je peux vous assurer que la réponse est très positive. On
n'a aucun problème et vous pouvez être fiers de vous promener dans
vos régions pour dire que la Société de
développement industriel répond à vos besoins. Nous avons
toujours été disponibles pour rencontrer les dirigeants et ies
dirigeantes d'entreprises pour leur expliquer ce qu'on fait. Lorsqu'on leur a
expliqué ce qu'on fait, ils l'acceptent et ils le comprennent. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci. Mme la
députée de Mégantic-Compton.
Mme Bélanger: J'aimerais connaître les
critères d'admissibilité pour une industrie pour avoir droit
d'abord au prêt participatif et aussi au congé
d'intérêts.
M. Tremblay (Gérald): Quand on dit à une entreprise
qu'on va lui émettre une lettre d'admissibilité en moins de trois
jours, il faut que, dans la région métropolitaine de
Montréal, le projet soit de 100 000 $ dans une région...
Mme Bélanger: Pas Montréal, moi je suis dans
l'Estrie.
M. Tremblay (Gérald): Non, mais j'arrive. Je dois vous
dire qu'on fait beaucoup pour les régions. Donc, c'est 50 000 $ dans
votre région. On a considéré qu'il y a des plus petits
projets. Deuxièmement, il faut que cela représente au moins 20 %
des actifs immobilisés de l'entreprise et troisièmement, il faut
faire affaire avec une entreprise bien gérée. En moins de trois
jours, on dit oui ou non. Par la suite, c'est évident qu'on fait affaire
avec des...
Mme Bélanger: Pour le prêt participatif.
M. Tremblay (Gérald): Oui, oui.
Mme Bélanger: Et pour le congé
d'intérêts.
M. Tremblay (Gérald): Je vais répondre à la
première partie si vous me le permettez et j'en arriverai à la
deuxième. Ce sont des entreprises manufacturières, des
laboratoires de recherche à but lucratif, des entreprises dans le
secteur informatique: logiciel, progiciel. Alors, en moins de 60 jours
qu'est-ce qu'on fait? Là, j'arrive à votre question. On demande
un avis sectoriel, ce que nous on appelle aujourd'hui un avis
économique. Si au ministère à vocation économique,
que ce soit le MIC, le MCEDT, le MAPAC, le
MER ou le Tourisme ils nous disent que c'est un secteur prioritaire pour
le développement économique du Québec, ils ont une
enveloppe fermée et ils nous disent: Cette entreprise peut avoir un
congé d'intérêts. Cela c'est pour l'investissement. Pour la
recherche et l'innovation, c'est un congé d'intérêts
automatique pendant la période de recherche et d'innovation pour une
période maximale de trois ans.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, quand on passe de quinze
programmes à quatre, vous ne me ferez pas accroire que vous ne
réduisez pas le nombre des outils disponibles pour les entreprises.
Là, il y a tout de même des limites. Vous réduisez le
nombre des programmes de quinze à quatre et vous affirmez du même
souffle qu'il n'y a pas de réduction des outils de développement
économique. Là, il y a tout de même un bout! Si le
président de la SDI veut faire des déclarations politiques, il
peut le faire mais on va lui répondre aussi sur le plan politique.
Quand, en pleine crise économique, la SDI a mis sur pied un plan de
financement des entreprises, je n'ai pas les statistiques mais on peut les
relever, le nombre d'entreprises qui ont été sauvées
carrément de la faillite ou de disparaître ou de fermer
grâce à ce programme de financement des entreprises qui avait
été mis sur pied par M. Biron, à l'époque. Son nom
y est resté attaché d'ailleurs. On a appelé cela le plan
Biron.
Je veux bien qu'on mette en valeur ou en évidence ou qu'on
valorise le virage, le changement de cap de la SDI, les nouveaux programmes de
la SDI, mais de là à prétendre qu'après moi le
déluge ou avant ce n'était pas bon, que cela ne valait pas
grand-chose, que les programmes étaient peu efficients, inopportuns,
inadéquats, là, il y a une marge! Je m'élève contre
les propos que vous venez de tenir en ce sens de prétendre que la bonne
SDI vient de naître et que l'ancienne ne valait pas une cenne. Il y a
tout de même un maudit bout! Les programmes qui étaient en vigueur
auparavant, ils étaient fort bien vus aussi par les entreprises...
Une voix: Je comprends!
M. Brassard: ...et en plus grand nombre qu'avant et souvent mieux
traités. Alors, je vois le ministre qui est prêt à parler,
c'est d'ailleurs parfaitement son droit parce que s'il veut tenir des propos
politiques, je pense qu'il serait préférable que ce soit le
ministre qui les tienne plutôt que le président de la SDI. (22 h
45)
M. Cannon: Peut-être que le député de La
Peltrie qui est un ancien analyste financier peut tenir les mêmes propos,
mon cher collègue.
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Brassard: Je vous laisse le loisir de les dire.
M. Johnson: M. le Président, les seules personnes qui,
à ma connaissance aujourd'hui, autour de cette table, ont fait des
déclarations d'ordre politique sont des gens qui sont élus. On a
demandé au président de la SDI si, dans la fonction qu'il occupe,
il sent qu'il est en mesure avec les outils que je lui ai demandé de
mettre au point - on se comprend que le pouvoir politique lui a demandé
de mettre au point, ce qu'il a fait - s'il se sent à l'aise dans sa
position. Sent-il que le mandat qu'il a, en vertu de la loi, de favoriser le
développement économique, notamment en encourageant le
développement des entreprises, la croissance des exportations et les
activités de recherche et d'innovation, l'article 2 de la loi... Est-ce
que ce que je lui ai demandé de faire le satisfait, comme gestionnaire
qui a cette responsabilité? Il a répondu très clairement
que oui.. Il a également dit pourquoi, au point de vue pratique, pour
favoriser le développement des entreprises, les modalités qui ont
été arrêtées pour nos interventions en
matière de soutien financier répondent parfaitement à ce
que les entreprises ont demandé qu'on fasse pour elles.
Le député de Lac-Saint-Jean, c'est entendu, va dire, et je
suis d'accord avec lui, que c'est une question de fait, que les entreprises
aimaient beaucoup les anciens programmes parce qu'on leur donnait de l'argent,
à sa charge, pour elle, de le demander. C'est cela qui se passait. Que
le programme de sauvetage est dû essentiellement au fait que les
entreprises, pendant des années, ont eu gratuitement des subventions, ne
se sont pas donné la peine, parce que personne ne leur disait de le
faire, d'emprunter raisonnablement et non pas de trop emprunter, comme elles
l'ont fait, que le programme Biron I, Biron II, d'aide d'urgence aux
entreprises a été mis sur pied en réponse à des
problèmes réels, causés par une situation tout aussi
réelle de surendettement des PME québécoises. Et à
partir du moment où les taux d'intérêt sont trop
élevés, que la structure financière des entreprises - et
j'en connais qui sont bien passées à travers parce qu'elles
étaient bien capitalisées et d'autres qui ne sont pas
passées à travers parce qu'elles étaient mal
capitalisées... Elles étaient heureuses d'avoir, pour le prix
d'un timbre de 0,32 $ à l'époque, une subvention sur trois ans,
à charge de la demande. Le programme a été mis sur pied
pour supporter les entreprises à travers la crise, notamment celle des
hauts taux d'intérêt. C'est clair, net et précis, c'est
évident, elles sont contentes; on en a sauvé beaucoup, sauf
qu'aujourd'hui, on a en "encours", dans les notes aux états financiers
de la Société de développement industriel, pour 600 000
000 $ de passif éventuel qu'un jour on devra peut-être payer.
C'est beaucoup d'argent. C'est 60 % de 1 000 000 000 $. Imaginez-vous ce
qu'on ferait avec cela si on n'était pas au bâton, si le
ministère des Finances n'était pas obligé, chaque fois
qu'il va emprunter, de dire: II y a 600 000 000 $ qui traînent qu'on
devra peut-être payer un jour. C'est le programme d'urgence. Il
était urgent parce que la structure de la capitalisation des entreprises
appelait justement ce genre d'intervention. C'était la moindre des
choses. Le gouvernement, dans son ensemble, cela remonte à longtemps -
c'est une question de mentalité etc. - avait créé une
fausse sécurité chez les entrepreneurs qui, à
l'égard de certains projets savaient que, pour littéralement - et
j'en ai vu... C'est pour cela que j'ai quand même refusé de donner
une subvention en vertu des anciens programmes à 59 projets sur 61...
C'est plutôt 61 sur 63 - c'est marginalement plus élevé
comme pourcentage - projets pour lesquels j'ai refusé de donner une
subvention qui se sont quand même faits. Les emplois ont quand même
été créés, les entrepreneurs sont allés au
"bat" avec leur argent et des sources d'emprunt conventionnelles et on n'a
aucune espèce de retombées négatives, sauf dans l'esprit
du député de Lac-Saint-Jean. 61 personnes ne peuvent pas dire
qu'elles nous ont accrochés pour une subvention dont elles n'avaient pas
besoin. Je vais vous dire franchement, on n'a pas besoin de cela. Si on parle
de redresser les dépenses publiques, de diminuer les impôts, de
responsabiliser les entreprises, de les inciter à se capitaliser comme
du monde, on n'a pas du tout besoin de maintenir des programmes comme ceux
qu'on avait, qui avaient une importance à l'origine parce qu'il fallait
déclencher des projets au Québec. C'est une façon rapide
et facile de le faire; c'est ie mérite qu'on y reconnaît. Le
désavantage de cette approche généralisée,
c'était de manquer à un devoir de sensibilisation et
d'éducation des entreprises, pour qu'elles se capitalisent de
façon à passer à travers de mauvais moments.
La beauté du prêt participatif au-delà de ce que, en
termes financiers - non pas politiques - en termes administratifs - non pas
politiques - en termes réels de vie de l'entreprise et non pas en termes
politiques, comme à chaque fois, le président de la SOI s'est
exprimé. C'est ce qu'il vient de faire très
précisément en réponse à une question. La
beauté du système que j'ai demandé qu'on mette en place...
Ce n'est pas un politicien à la SDI qui a mis cela en place, c'est un
élu qui a demandé à quelqu'un qui avait une
compétence, avec des ressources humaines de qualité, de mettre
cela en place.
La beauté du système, c'est que si on traversait une
récession sévère, réelle, on a, par le
mécanisme de l'admissibilité de telle ou telle dépense, du
fonds de roulement, de certaines exigibilités que les entreprises
auraient sur leur
bilan, on a, par un mécanisme d'ouverture à l'égard
de certains postes de dépenses qui pourraient être
anticipées en cas de récession chez les entreprises, la
faculté de répondre aux attentes de l'entreprise, qu'il s'agisse
de bonifier un prêt-intervention, qu'il s'agisse de modifier des termes
qui nous régissent dans nos transactions avec l'entreprise en gens
d'affaires, qu'il s'agisse d'étendre des moratoires de paiement de
capital ou d'intérêts, on a cette faculté - on le fait
déjà - qu'il s'agisse d'étendre le rabais
d'intérêt ou l'abolition pure et simple des frais
d'intérêts relégués à notre prêt
participatif. On le fait déjà; on peut donc le faire encore.
On a entre les mains un outil d'une flexibilité sensationnelle
qui a l'avantage d'être unique. Au lieu d'avoir toutes sortes de
façons d'intervenir, on en a une priviligiée très flexible
qui rencontre les besoins de l'entreprise. Est-ce que le p.-d.g. de la SDI ne
l'a pas assez dit? Ce n'est pas faire de la politique que d'aller dire: Le
ministre m'a demandé de mettre en place la réalisation de
certains objectifs financiers et administratifs et de relation avec
l'entreprise.
On a fait de la consultation. On s'est promené; on a
rencontré l'Association des commissaires industriels, l'Ordre des
comptables agréés du Québec, les chambres de commerce, le
Groupement québécois d'entreprise, le Conseil du patronat, les
banques, les caisses populaires et d'autres qui ont dit unanimement: Voici ce
qu'on veut.
J'ai eu le plaisir d'assister à trois de ces réunions de
consultation. J'ai entendu, des mêmes oreilles que celles qui
écoutent le député de Lac-Saint-Jean, des gens qui ont dit
exactement le contraire de ce qu'il vient de dire et des gens qui ont dit
précisément ce que le président de la SDI a dit ce qu'il a
entendu, lui. Il a fait rapport sur ce qu'il a entendu des entreprises lui
indiquer à l'occasion de ces consultations. Ce rapport m'étant
parvenu, il était entendu qu'il fallait juger, étant donné
les besoins des entreprises, ce qu'il fallait faire en termes de soutien
financier.
On a dressé une liste de façons d'intervenir à un
programme où on privilégie le prêt participatif. On a
réduit le nombre d'étiquettes sous lesquelles nos interventions
financières se déroulaient. Il n'y a pas quatre façons, au
lieu de quinze, d'intervenir. On intervient dans quatre volets
généraux qui recouvrent essentiellement les programmes ou les
interventions qui étaient étiquetés littéralement
de quinze façons différentes.
Il n'y a personne qui va me dire que si on parle de l'Assemblée
nationale, parce que le terme est au singulier et est un terme singulier, qu'on
vient de passer à un député au lieu de parler des 122
députés qui siègent à Québec. C'est
exactement ce qu'essaie de dire le député de Lac-Saint-Jean, que
quand on parle de l'Assemblée nationale, on a éliminé 121
députés.
Ce n'est pas cela. Quand on parle de quatre volets d'intervention, cela
recouvre les secteurs qui avaient, pour une raison ou pour une autre,
été étiquetés, peut-être pour des raisons
politiques. On va faire quelque chose pour la bonnetterie et le vêtement.
On va appeler cela programme d'aide à la bonnetterie et au
vêtement, franchement!
Le programme d'aide aux meubles, au secteur du meuble. Là, on a
programme qui s'appelle Aide à l'investissement manufacturier. Est-ce
que quelqu'un va contester que la bonnetterie et le vêtement ou le
meuble, ce n'est pas manufacturier? C'est la même chose. On va
arrêter de s'énerver avec cela. Ce n'est pas comme si on n'aidait
que quatre quinzièmes des entreprises du Québec maintenant, parce
qu'on a quatre programmes au lieu de quinze.
C'est cela qui est en cause. Alors, on en fait grand cas. On met
beaucoup d'importance sur l'étiquetage des programmes...
M. Brassard: II n'y a pas de changement d'après ce que je
peux voir.
M. Johnson: II y a un changement fondamental. On a
simplifié les choses pour tout le monde. Les gens se comprennent
maintenant à l'égard de la façon d'intervenir. Les gens
saisissent fort bien ce qu'on essaie de faire avec le prêt participatif.
On ne peut pas répondre à la demande. Les gens qui viennent me
dire qu'ils ne sont pas contents... C'est parce que ce n'est pas traité
aussi rapidement qu'ils le voudraient. Ils doivent trouver cela bon. Ils
disent: Dépêchez-vous de m'accorder mon prêt sur lequel je
paie 2 % de plus que votre taux d'emprunt. Je vais vous le rembourser un jour
et si cela va bien, je vais même vous donner une prime. Je suis
prêt à vous donner une option sur des actions de ma compagnie. Il
veut qu'on se dépêche d'approuver sa demande en ce sens. Il se
plaint parce que cela prend du temps.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: D'abord quelques remarques et quelques
réactions aux propos du ministre. Premièrement, à
l'entendre, les anciens programmes étaient d'une facilité
extraordinaire. Il suffisait de se claquer dans les mains ou de claquer des
doigts et la subvention ou l'aide arrivait.
M. Johnson: J'appuie, M. le Président, ce que le
député de Lac-Saint-Jean vient de dire.
M. Brassard: C'est faux.
M. Johnson: J'étais assis dans un fauteuil où
défilaient devant moi des demandes de subventions. J'avais
derrière moi l'inventaire de tout ce qui avait été
donné et approuvé à une vitesse
extraordinaire. J'ai décidé que je m'assoyais et que je
passais à travers. Je regardais qui demandait quoi et s'ils en avaient
besoin. C'est l'argent des contribuables qu'on me demandait de donner à
des entreprises. Au mois d'août 1986, 63 refus; à peine six mois
après, 61 des 63 refus de projets d'investissements étaient
réalisés ou en voie de l'être sans aide des fonds publics.
Voyons donc!
M. Brassard: Donc, en d'autres termes, avant votre
arrivée, à la SDI, on ne faisait à peu près pas
l'analyse des projets ou des demandes. On accordait comme ça, sur la
gueule, sur un coin de table, les demandes faites par les entreprises.
M. Johnson: C'est ce que le pouvoir politique a demandé
à la SDI de faire.
M. Brassard: Ce n'est pas vrai. C'est faux ce que vous dites
là.
M. Johnson: Voyons!
M. Brassard: C'est faux. Les demandes étaient
analysées avec autant de rigueur qu'actuellement. Ce que vous affirmez
est une fausseté monumentale. En affirmant qu'à la SDI, avant la
venue du Messie qui s'appelle Daniel Johnson...
Une voix: Le bien-être social.
M. Brassard: Voilà! Ou à peu près. Ce qui
est absolument faux. Parce qu'il ne faudrait quand même pas charrier. Il
s'agit de demander aux entreprises qui ont fait des demandes ou qui ont eu
recours aux programmes qui existaient avant la venue du Messie, ils devaient
répondre à autant de critères et ils devaient subir des
analyses tout aussi rigoureuses que maintenant. Que d'affirmer le contraire, je
pense que c'est faire de la basse partisanerie politique. C'est faux.
M. Johnson: Je vais juste donner une illustration...
M. Brassard: Je n'ai pas terminé. J'ai la parole...
M. Johnson: Cela repose sur des textes... M. Brassard: Je
n'ai pas terminé.
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre. M.
le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Comme première remarque, je veux parler de
cette espèce de tentative de présenter les choses d'une
façon manichéenne, c'est-à-dire que c'était blanc
à partir de telle date et qu'avant cette date, c'était le noir,
l'obscurité, les ténèbres et la géhenne. Il y a
quand même un bout.
M. Johnson: ...et le chaos. M. Brassard: Le chaos? M.
Johnson: Oui.
M. Brassard: Cela va faire. Quand même!
Deuxièmement, c'est drôle mais les subventions, c'est bon
pour les grandes entreprises. C'est bon pour GM. C'est bon pour les grands
projets et les grandes entreprises, la plupart du temps
étrangères. Là, ce sont des subventions, et pas des
petites, des sucrées, des superbes, des généreuses.
Là, pour la PME, les subventions sont de la "chnoutte". Cela ne vaut
rien. Il ne faut surtout pas aller là-dedans. C'est le
péché mortel, le scandale. C'est honteux. Il y a quand même
des limites. Je veux bien croire que vous ne voulez pas que la SDI s'engage
dans la voie de programmes comportant des subventions. Je veux bien. C'est
votre choix politique. Très bien. Je reconnais que vous avez
parfaitement le droit de faire un choix politique de cette sorte. Mais de
là à prétendre que les programmes comportant des
subventions, c'est l'enfer, que c'est tout à fait honteux et
scandaleux... Si c'est cela, arrêtez d'en donner aux grandes entreprises
aussi parce que là le scandale est pas mal plus élevé avec
un niveau des subventions qui y est pas mal plus considérable. Il ne
faudrait pas que deux poids.... (23 heures)
M. Cannon: Chambord.
M. Brassard: Chambord, puis GM etc. Les grands projets au
Québec subventionnés. Je ne vous dis pas que je suis contre
cela.
M. Cannon: Ah!
M. Brassard: Non, non, un instant. Comprenons-nous bien. Je ne
vous dis pas que je suis contre. Je vous dis que si c'est bon pour la grande
entreprise je ne vois pas pourquoi ce serait un péché mortel et
un sacriliège pour la PME.
Troisièmement, en période de récession et de
ralentissement économique - cela peut fort bien arriver,
l'évolution économique étant cyclique, qu'il y ait une
récession dans six mois ou dans un an, ou un ralentissement très
fort de l'économie - il n'est pas dit que les quatre programmes que vous
avez là suffiraient. Ce n'est pas si clair que cela. Il sera
peut-être nécessaire de mettre en place des programmes nouveaux
pour faire face à la conjoncture nouvelle, une conjoncture de crise, une
conjoncture de récession. C'est ce qui est arrivé à une
certaine époque. Et je pense que ce serait présomptueux de votre
part de prétendre que vous avez trouvé la vérité
absolue avec vos
quatre programmes parce qu'il se pourrait bien qu'en période de
récession, de ralentissement et de crise économique - je ne
souhaite pas que cela se produise, mais cela peut fort bien arriver - ce soit
insuffisant et que vous soyez obligé de prévoir de nouvelles
avenues, de nouveaux outils d'intervention de la part de la SDI. Ce ne sera pas
un scandale, encore une fois, ce sera pour faire face à une conjoncture
qui aura changé et qui aura évolué. Dans ces conditions,
je pense qu'il ne faut pas lever le nez et ne pas être trop
dédaigneux sur ce qui s'est fait avant la venue du détenteur de
la vérité tranquille qui est le ministre.
Le Président (M. Théorêt): M. le
ministre.
M. Johnson: M. le Président, j'ai voulu interrompre tout
à l'heure le député de Lac-Saint-Jean pour
l'empêcher de dire des choses qui ne reposent sur rien.
M. Brassard: Ah!
M. Johnson: Sinon son sentiment, si... J'y reviens, je vais
peut-être le prendre dans l'ordre. Dans l'ordre il a prétendu que
j'ai jeté le blâme et l'opprobre sur tout ce qui s'était
fait avant nous. J'ai été bien complet dans mon exposé ou
mon intervention tout à l'heure - c'était plus une intervention
qu'un exposé - sur la nécessité qu'il y a
déjà eu dans l'histoire du Québec de déclencher
l'esprit d'entrepreneurship, de soutenir à toute vitesse et facilement
les projets que les entreprises québécoises pouvaient vouloir
mettre sur pied. On l'a fait longtemps. Ce que je prétends c'est
qu'à partir du moment où on parle d'une classe entrepreneuriale
plus solide, plus sophistiquée, il faut changer notre mode
d'intervention; il faut arrêter de les traiter comme des
bébés; il faut arrêter de leur donner de l'argent sous
prétexte qu'elles ne font que le demander.
Comme deuxième point, je devrais dire, que les programmes d'aide
de la SDI prévoyaient littéralement et au mot et à la
lettre qu'il fallait considérer le caractère incitatif de l'aide
financière apportée par la SDI. Qu'est-ce que cela veut dire?
Cela veut dire qu'il fallait, en vertu des règlements existants, se
poser la question: Est-ce que l'entreprise va donner suite à son projet,
même si on ne l'aide pas ou est-ce qu'elle va donner suite à son
projet seulement si on l'aide? Donc, incitons-nous l'entreprise à
investir par notre intervention?
En arrivant, j'avais une pile de dossiers sur mon pupitre. J'en ai eu
des piles par la suite toutes les semaines. Je me suis astreint, comme
c'était mon devoir, à regarder quels étaient les
éléments importants dans les demandes; quelles étaients,
en regard de ces éléments, les dimensions de l'entreprise qui
pouvaient justifier, à la lumière de la nécessité
d'être incitatifs dans notre soutien, l'intervention du gouvernement. Je
dis et je répète que le test que nous avions fait quelques mois
après notre arrivée au pouvoir, pour savoir si les aides que nous
refusions mettaient en péril des projets, nous a portés à
conclure précisément le contraire. J'ai donc insisté, lors
d'une réunion avec mes collaborateurs de la SDI, pour que ceux-ci
appliquent le test d'incitation à l'investissement qui était
littéralement, mot à mot, dans la réglementation
applicable. Mon prédécesseur, de toute évidence, n'a pas
insisté là-dessus, sinon qu'il a indiqué que cela, ne
l'intéressait pas et qu'il a dit à la SDI de n'en faire aucun
cas. À la SDI, ce sont des professionnels qui sont astreints à la
réglementation qui gouverne leur action. Il y a quelqu'un, quelque part,
qui est le pouvoir politique, qui a indiqué à la SDI que le
caractère incitatif, ce n'était pas important, que ce qui
était important, c'était de faire des chèques, même
à ceux qui n'en avaient pas besoin. Est-ce assez clair, cela? On a
changé cela et notre volume d'interventions - on l'a indiqué dans
les statistiques - est toujours de la même ampleur sinon plus grand, et
nous avons répondu aux besoins des entreprises et une oeuvre de
sensibilisation considérable est en marche et porte fruit.
Quant à savoir si le programme existant pourra rencontrer les
exigences qu'une récession ou qu'un ralentissement économique
pourrait signifier en matière de soutien aux entreprises, j'ai
évoqué tout à l'heure le caractère flexible du
prêt participatif. Il suffit - j'en donne un exemple, cela va être
réglé - de rendre admissible à l'aide financière,
du jour au lendemain, dans le temps qu'il faut pour le dire, en cas de
récession, le fonds de roulement qui, aujourd'hui, ne l'est pas. C'est
un problème de fonds de roulement que le programme d'aide d'urgence de
mon prédécesseur avait pour but de régler. Les hauts taux
d'intérêts combinés à des taux d'emprunt, dont une
de malsaine capitalisation considérable, signifiaient que les
entreprises avaient de gros problèmes de fonds de roulement. Cela a
réglé les problèmes de fonds de roulement.
Ce que je dis, c'est que la formule qu'on a retenue permet de
régler ce problème en modifiant la liste des dépenses et
des éléments admissibles, lorsqu'on considère une aide
financière. On vient de régler le problème. Il y a deux
autres façons de régler le problème: il y a un programme
qui s'appelle "Programme de financement des entreprises" qui est destiné
justement à prévoir le cadre qui nous permet d'émettre des
garanties de prêts, qui, elles aussi, facilitent justement le financement
temporaire et d'urgence des entreprises. On l'a l'outil, ici même! On a
également l'outil - je l'ai indiqué - de prise en charge de
l'intérêt, si c'est par ce biais plutôt que, dans d'autres
cas, II faudra procéder. On a tout ce qu'il faut. Ce n'est pas parce
qu'on n'a pas gardé quinze étiquettes - on en a gardé
seulement quatre, pour recouvrir la même réalité afin
d'intervenir
là où il faut - ce n'est pas parce qu'on a réduit
le nombre d'étiquettes qu'on a réduit le champ d'action.
Première des choses! Mettez-vous cela dans la tête! Vous allez
arrêter de faire des discours qui prétendent qu'on fait 4/15 de ce
qui se faisait autrefois.
Deuxième point, le programme qu'on privilégie, celui du
prêt participatif, a cette flexibilité qui permet d'intervenir
auprès des entreprises dans toutes sortes de conjoncture. Alors, cela
n'est pas négligeable.
Le troisième point. Si on est contre la subvention, comment se
fait-il qu'on en donne encore? Il n'en reste pas moins que c'est en
réponse à des mandats gouvernementaux que la SDI agit dans ces
cas-là. Si on ne peut même pas répondre à la demande
des entreprises avec notre prêt participatif, je ne vois pas en vertu de
quoi, on va modifier notre système. Autrement, on sera inondé. Si
on commence à dire que, en plus d'un prêt participatif super
populaire, on est également disposés à donner de l'argent
à tout venant, je n'ose même pas penser aux plaintes qu'on aurait
pour la longueur de traitement et là, cela serait épouvantable!
Manifestement, on n'est pas pour créer une demande qui n'existe
même pas aujourd'hui. On a de la misère à répondre
à celles qui se manifestent avec le programme qu'on a mis en place. Mais
il n'en reste pas moins que, dans des grandes interventions, très
structurantes pour l'ensemble du Québec, dans des projets qui signifient
à très long terme une participation du Québec à
l'économie non seulement continentale, mais mondiale, il n'est pas exclu
qu'il y ait des programmes de subventions pures et simples. Mais ce serait -
entre guillemets - hors normes à ce moment-là. Il y en a toujours
eu et il y en aura toujours. Quant au prêt participatif à General
Motors, cela commence à être compliqué d'essayer d'avoir
une portion du capital-actions de General Motors sur laquelle reposerait une
option qu'on détiendrait, exerçable dans une quinzaine
d'années, compte tenu de l'amélioration de l'encaisse ou du
mouvement de trésorerie attribuable à ce projet. Seulement de
penser à la complexité pour faire le démêlage et aux
tractations pratiques qui vont survenir quand on va vouloir accrocher et
attacher cela, ce n'est même pas pensable. Mais au-delà de la
difficulté technique, on va reconnaître que s'il y a des projets
moteurs de centaines de millions de dollars qui voient le jour et à
l'égard desquels on nous demande des contributions, là, on va le
regarder de cette façon.
Mais il n'en reste pas moins que pour la PME, la meilleure
capitalisation qui s'ensuit de l'utilisation du mécanisme de prêt
participatif est elle-même un avantage, un bénéfice, et que
nous sommes disposés, avec la flexibilité qui est
inhérente au programme, à ajouter une portion de subvention, soit
par rabais d'intérêt, soit par moratoire sur des paiements de
capital.
Cela a une valeur de se faire dire: Tu n'es pas obligé de
rembourser le capital tout de suite. Cela existe en termes financiers, la
façon de calculer la valeur d'un moratoire. C'est quelque chose qui
n'est pas négligeable et c'est assimilable, à certains
égards, à une subvention.
Ce que je dis en résumé, M. le Président, c'est que
les conditions ont changé au Québec en matière
d'entrepreneurship. Ce que je dis consé-quemment, c'est que notre
façon d'intervenir auprès de l'entreprise doit également
changer et a changé. Ce que je constate, c'est que cela répondait
à des besoins très précis.
Mes collègues se plaignent que, dans leur région, les gens
disent: Cela prend du temps pour répondre à la demande. C'est
parce qu'il y a trop de demandes. Donc, le programme doit être bon.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Saguenay.
Investissements étrangers
M. Maltais: M. le Président, je ne sais pas si ma question
s'adresse au ministre plutôt qu'au président, ne voulant pas
créer une polémique sur le passé, puisque le peuple a
déjà sanctionné... L'avenir nous dira s'il a raison.
Il y a un volet qui m'intéresse particulièrement. C'est
celui des investissements étrangers. Antérieurement, au
Québec et au Canada, en particulier, on était la terre promise
des investissements, parce que les gouvernements y avaient une participation
fort intéressante. On avait des barèmes au ministère de
l'Expansion économique régionale et au ministère de
l'Industrie et du Commerce via ses sociétés d'État.
Aujourd'hui, il y a certaines entreprises internationales qui vont
arriver chez nous et qui vont dire: On serait prêt à faire tel
investissement manufacturier du produit brut chez nous à la condition
que le gouvernement nous donne X millions sur un projet de tant de millions.
Quelle est l'attitude du ministère vis-à-vis cela? Est-ce qu'il y
a une complémentarité? Est-ce qu'il existe encore un certain
"joint venture" avec le ministère de l'Expansion économique
régionale et est-ce que ces industriels - on pourrait les appeler comme
cela - ont encore autant de facilité, étant donné ce que
j'appellerais la nouvelle philosophie économique, puisqu'on a
parlé de messie tout à l'heure? Alors un messie apporte toujours
une nouvelle philosophie! Et, est-ce que dans...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Ce n'est pas moi qui le dis, c'est
l'évangile.
Une voix: ...II a été crucifié à un
moment donné.
Une voix: Oui mais il a sauvé le monde.
M. Maltais: Ce qui est de plus important, c'est qu'on y croit
toujours après 2000 ans. J'aimerais savoir quelle est l'attitude
vis-à-vis cette facilité qu'on avait avant de demander aux
gouvernements du Québec du Canada: Écoutez, on a un projet de 75
000 000 $ ou de 70 000 000 $. Vous nous en donnez 12 000 000 $ et on s'implante
chez vous. Comment cela fonctionne-t-il aujourd'hui?
M. Johnson: D'abord, je dirais que ma réaction, de toute
façon, à des demandes comme celle-là en est une, en
général, de scepticisme parce que ce sont souvent des demandes
dans le but de négocier des contributions financières du
gouvernement du Québec. On fait souvent valoir qu'au Tennessee ou qu'au
Wisconsin, on va nous donner 50 000 000 $. Alors, on ne s'attend pas à
moins du gouvernement du Québec. On prend toujours cela avec un gros
grain de sel. C'est de bonne guerre pour des gens d'affaires d'essayer d'aller
soutirer un peu partout sur le globe des avantages directs à
l'implantation. Une fois qu'on a analysé la demande, regardé le
marché, étudié surtout les taux de rendements implicites
dans le genre de demandes qu'on nous fait et qu'on ramène les
entreprises à des dispositions plus raisonnables, il n'en reste pas
moins - et on rejoint un peu le propos que je tenais tout à l'heure
à la réponse au député de Lac-Saint-Jean - qu'on
est la plupart du temps, lorsqu'on parle d'investissements étrangers
majeurs, devant de grands projets très structurants qui insèrent
le Québec dans une filière de concurrence internationale qui peut
nous permettre d'obtenir des transferts de technologies nouvelles, donc de
l'expertise à partir de laquelle on peut développer d'autres
créneaux de production, de procédé. Et on le regarde de
cette façon-là. On ne traite pas une multinationale du revers de
la main, parce qu'il y a des avantages à s'associer à des
investisseurs de cette qualité et de cette ampleur, notamment les
avantages technologiques que j'ai mentionnés, les avantages
d'accès à de nouveaux marchés grâce au réseau
de distribution ou de contacts d'affaires de ces entreprises.
Alors, on les regarde toujours de la même façon et il n'est
pas exclu, je le répète, que des contributions financières
soient approuvées par le gouvernement du Québec et le
gouvernement fédéral, dans certains cas, afin de nous assurer -
parce qu'il y a de la concurrence là-dedans - que nous pourrons
véritablement attirer ici des grands joueurs qui serviront les
intérêts du Québec, en même temps - tant mieux pour
eux, c'est cela les affaires - qu'elles pourront réaliser des
opérations rentables en Amérique du Nord à partir d'un
site au Québec, parce que - j'y reviens en terminant - cela existe la
concurrence entre gouvernements pour attirer certains grands investisseurs. Le
ministère de l'Industrie et du Commerce, à force d'annonces
spectaculaires associées à des grands projets, pourrait
supposément être préoccupée uniquement par ces
grands dossiers, mais le fait est que, quotidiennement, nos gens se
préoccupent surtout de projets d'investissements moyens et petits un peu
partout au Québec. Nos gens consacrent beaucoup de temps à la
formation des gestionnaires dans nos entreprises, leur permettent
d'améliorer la qualité de la gestion, leur permettent
d'améliorer leur expertise et de découvrir de nouveaux
marchés pour leurs produits. C'est beaucoup plus cela que l'on fait de
toute façon. On soutient plus la PME dans les régions, même
si de façon spectaculaire, on est associé à l'occasion.
Très rarement, c'est arrivé trois fois dans 24 mois alors que
j'ai autorisé des centaines d'aides aux PME d'une façon
spectaculaire, à des grands projets. Le fait est que c'est surtout
auprès de la PME qu'on travaille.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: J'ai fini, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que les
crédits du programme 2 sont adoptés? Donc, les crédits des
programmes 1, 2 et 3 sont adoptés.
Étant donné qu'il n'y a pas d'autres intervenants, pour le
mot de la fin, M. le député de Saguenay.
Une voix: Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Non, M. le Président, je ne relancerai pas la
polémique.
Le Président (M. Théorêt): Non.
C'était juste un mot de remerciement.
M. Brassard: Pour remercier bien sûr le ministre, mais
également tous ceux et celles de son ministère et de la SDI qui
ont bien voulu passer ces heures avec nous. C'est souvent fastidieux, mais
c'est une opération importante dans notre système
démocratique. Alors, je les en remercie au nom de l'Opposition.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
ministre.
M. Johnson: Je joins mon verbe à celui d'habitude
très haut du député de Lac-Saint-Jean pour remercier nos
collègues de leur assiduité ici et de leurs interventions et
évidemment pour remercier encore une fois mes collaborateurs qui, comme
je le disais ce matin, ne sont pas sujets à la loi sur les heures
d'affaires.
Le Président (M. Théorêt): Les travaux de la
commission de l'économie et du travail sont ajournés sine
die.
(Fin de la séance à 23 h 20)