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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail se réunit afin
de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère du Tourisme, soit le programme 1, pour
l'année financière 1988-1989, conformément à
l'ordre de l'Assemblée nationale du 30 mars 1988. L'horaire prévu
est de 10 heures à 20 heures pour une durée totale de deux
heures. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: M. le Président, il y a deux
remplacements. M. Brassard (Lac-Saint-Jean) par M. Blais (Terrebonne), M.
Tremblay (Iberville) par M. Gobé (Lafontaine).
Le Président (M. Théorêt): Parfait. Une
voix: De 10 heures à 12 heures. Le Président (M.
Théorêt): Pardon?
Une voix: Vous vous êtes trompé, vous avez dit de
dix heures à vingt heures, mais c'est de 10 heures à 12
heures.
Le Président (M. Théorêt): Ah, de 10 heures
à 20 heures? C'est de 10 heures à 12 heures. Cela va faire
pareil.
M. Blais: De toute façon, vous êtes toujours
mêlé, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): C'est vrai, vous
avez raison. On attaque la présidence et la présidence est
très...
Une voix: La présidence est habituée à
cela.
Crédits du ministère du Tourisme
Le Président (M. Théorêt): Voilà.
Donc, on va commencer immédiatement en vous rappelant qu'on donne la
parole au ministre en premier et au critique de l'Opposition
immédiatement après. M. le ministre, vos remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Michel
Gratton
M. Gratton: M. le Président, je vous remercie. J'aimerais,
si vous permettez, commencer par vous présenter les personnes du
ministère qui nous accompagnent ce matin et qui, à l'occasion,
pourront fournir des informations sur demande. À ma droite, M.
Jacques-Yves Therrien qui est sous-ministre au ministère, le sous-
ministre adjoint, M. Jacques Demers qui est là-bas, M. Jean-Bernard
Villemaire, à ma gauche, qui est chef de cabinet, M. Louis Boivin,
attaché politique au cabinet du ministre, au bout, Mme Anne Mundy,
attachée politique, et Mme Une Béland, attachée politique
également. Il y a aussi M. Henri Chapdelaine qui est directeur
général du développement. Peut-être pourrions-nous
vous demander de vous lever à mesure: M. Jean Mousset, directeur du
crédit touristique, M. Michel Carpentier, directeur
général du marketing, M. Michel Lambert, directeur de l'analyse
et du développement, M. Jacques Moisan, direction de la promotion, M.
Michel Couturier, direction du développement des marchés, M.
Gabriel Bouchard, analyste à l'analyse et au développement, M.
Antoine Samuelli, directeur général de l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec, M. Michel Soussana,
président-directeur général de la Société du
Palais des congrès, Mme Monique Marier de la direction des services
comptables de la Société du Palais des congrès, M. Pierre
A. Thibaudeau, directeur des ressources financières, Mme Gilberte
Tremblay, analyste aux ressources financières, M. Renaud Plamondon,
directeur de l'accueil et des renseignements touristiques, M. Michel-Claude
Demers qui est directeur de l'hôtellerie, Mme Judith Grenon, directrice
des communications, M. Philippe Vaillancourt, secrétaire du
ministère, de même que M. Nicol Jean qui est
secrétaire-adjoint du ministère. Nous accompagnent
également, M. André Smith, M. Robert Tremblay, M. Guy Thiffault,
Mme Johanne Groleau, Mme Huguette Dionne et Mme Claire Dorion.
M. le Président...
Une voix: Vous n'en avez pas d'autres?
M. Gratton: Oui, il y en a d'autres qui ne sont pas ici. Ils
viendront nous rejoindre plus tard, le besoin se faisant sentir.
M. le Président, c'est avec plaisir que nous nous retrouvons
à la commision de l'économie et du travail ce matin pour
procéder à l'étude des crédits du ministère
du Tourisme. Cela permettra tout au moins aux membres de la commission de se
familiariser un peu plus avec un sujet qui, à mon avis, n'est pas
discuté assez souvent à l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire l'industrie touristique.
J'avouerai qu'au moment de devenir ministre du Tourisme, en juillet
dernier, j'étais loin d'être conscient de toute l'importance de ce
secteur d'activité dans l'économie du Québec. Depuis, j'ai
vite compris jusqu'à quel point l'industrie touristique peut contribuer
à l'atteinte des objectifs que s'est fixés le gouvernement en
matière de développement économique et de création
d'emplois.
Au cours de ce bref exposé, les membres de la commission seront
en mesure de constater jusqu'à quel point nous avons poursuivi notre
action, en ayant à l'esprit les objectifs gouvernementaux, et, d'une
façon particulière, en respectant ceux que je me suis
fixés en tant que titulaire du ministère du Tourisme.
Je m'attarderai sur trois points principaux. Il convient en premier lieu
de rappeler les principaux termes de référence qui ont
guidé notre action depuis le début. En seconde étape je
décrirai la situation actuelle, pour terminer par nos priorités
pour l'année 1988-1989.
À mon arrivée au ministère, plusieurs projets
étaient en cours dans le contexte des préoccupations
gouvernementales. Il fallait alors redresser la situation touristique à
l'intérieur des contraintes budgétaires rendues
nécessaires par la situation économique du Québec. La
stratégie consistait à mettre en valeur chacune des
régions touristiques du Québec et à susciter la
création d'un certain nombre de zones de destination, là
où, précisément, le potentiel le permettait. Cette
façon d'aborder le développement permet de mettre en valeur, non
seulement des pôles touristiques de grand calibre international, mais
aussi d'y associer plusieurs autres destinations.
Il va sans dire que cette nouvelle impulsion qu'on a voulu donner
à l'industrie touristique a exigé une plus grande harmonisation
des programmes et une connaissance plus approfondie de notre potentiel. Cette
connaissance est largement atteinte par la réalisation de plans
régionaux de développement, dont il sera question plus loin.
Telles sont, dans les grandes lignes, les principales orientations qui
ont servi de termes de référence et qui demeurent, encore
aujourd'hui, l'essentiel de notre cadre de travail. D'ailleurs, permettez-moi
de vous rappeler que, dans son dernier discours d'ouverture, le gouvernement a
retenu à nouveau la nécessité de favoriser le
développement des régions touristiques. Certaines mesures, comme
vous le verrez plus loin, ont été identifiées à
cette fin.
Ma première préoccupation à titre de ministre du
Tourisme a été de rencontrer les intervenants touristiques. J'ai
donc effectué, dans un premier temps, une tournée des
régions touristiques où j'ai discuté avec les membres des
conseils d'administration des associations touristiques régionales et
des associations sectorielles, ainsi qu'avec de nombreux investisseurs et aussi
avec les députés qui ont bien voulu accepter notre invitation de
nous rencontrer avec les conseils d'administration des ATR. Ce premier contact
m'a permis de découvrir que le tourisme joue un rôle croissant
dans la plupart des régions, qu'il existe un dynamisme soutenu, mais
que, malgré tout, nous avons encore beaucoup de travail à
réaliser si nous voulons que le tourisme devienne un secteur
économique encore plus intéressant.
Au terme de cette tournée, il m'est apparu primordial de
poursuivre un certain nombre de projets déjà bien amorcés.
En voici la synthèse.
Sur le plan du marketing, à la suite de l'heureuse performance de
l'année précédente, nous avons maintenu notre offensive
publicitaire sur nos principaux marchés américains et
européens. Si le Canada a connu une baisse de 6,4 % du nombre de
touristes américains séjournant une nuit ou plus en 1987, le
Québec, au contraire, a connu une hausse de 2,3 %. Bien que cette
augmentation soit modeste, il s'agit d'une performance positive qui nous
incite, non seulement à maintenir notre rythme promotionnel, mais aussi
à l'intensifier. Du côté de notre clientèle
européenne, l'augmentation est substantielle puisqu'elle se chiffre
à 16,9 %, ce qui à mon avis constitue le fait saillant de
l'année 1987. (10 h 15)
Au cours de l'année qui se termine, nous avons aussi cru bon de
poursuivre la promotion intra-Québec avec les associations touristiques
régionales, grâce à notre programme de publicité
coopérative où nous avons engagé 1 150 000 $ alors que le
secteur privé y investissait 1 400 000 $. Enfin, grâce à
nos tournées de familiarisation, nous avons accueilli 413
rédacteurs de revues et de journaux qui ont produit une publicité
dont le coût est estimé à 8 100 000 $.
Dans la même veine, nous avons mis au point, en collaboration avec
le ministère des Transports, une nouvelle politique de signalisation
touristique qui a été mise à l'essai, au cours de
l'été dernier, dans la région du Coeur-du-Québec.
Ce système a donné des résultats positifs, si bien que
nous l'appliquerons à l'échelle du Québec dès cet
été.
En matière de développement du produit, notre politique
visant à faire de l'entreprise privée le principal investisseur
se poursuit intensément. À cet égard, compte tenu d'une
meilleure conjoncture économique, l'intervention de la SDI va se
traduire davantage par une formule d'aide sous forme de prêt
participatif. Les normes d'application du programme sont en préparation
et seront connues dans peu de temps. En deux mots, l'aide s'exprimera par un
prêt avec congé d'intérêt facultatif les trois
premières années. Incidemment, les investisseurs, dans le cadre
du crédit touristique, ont engagé cette année plus de 111
000 000 $, alors qu'en 1986-1987, les investissements avaient été
de l'ordre de 89 000 000 $.
Depuis la signature de l'entente Canada-Québec, en 1985, 182
projets totalisant une aide de plus de 77 000 000 $ ont été
recommandés. Au cours de l'exercice 1987-1988, ce sont 112 projets qui
ont été retenus pour des contributions financières de 27
000 000 $.
Nous avons aussi amorcé la dernière tranche de la
préparation des plans régionaux de développement, dans le
but d'améliorer le développement du produit touristique. D'ici
l'automne, les 17 régions touristiques du Québec
posséderont
leur plan de développement. Il s'agit d'un outil indispensable
qui guide les investisseurs dans leurs décisions et qui permet aux
associations touristiques régionales de mieux coordonner l'ensemble de
leurs actions, notamment la promotion.
Parallèlement à ces plans, nous avons repensé
certaines pièces législatives. La nouvelle Loi sur les
établissements touristiques étant sanctionnée, il nous a
fallu élaborer une nouvelle réglementation en collaboration avec
les organismes représentant les intervenants privés. Cette
réglementation doit être soumise au Conseil des ministres dans les
prochaines semaines. Il est certain qu'un programme d'action semblable
nécessite plusieurs analyses et plusieurs recherches, dans la mesure
où nous voulons répondre aux besoins des touristes et nous doter
d'un cadre propice à la prise des meilleures décisions. À
l'appui de ces démarches, la recherche occupe une place de premier
plan.
En plus de coordonner la confection des plans de développement,
nos services produisent diverses études et analyses, tant sur la
clientèle et sur les produits eux-mêmes que sur l'impact de nos
campagnes publicitaires. C'est dans ce contexte qu'a été
publié l'important volume sur les données statistiques
intitulées Le Québec touristique qui, pour la
première fois, réunissait toutes les données utiles dans
un même document.
Sur le plan de la formation, l'Institut de tourisme et
d'hôtellerie du Québec poursuit son action avec la même
qualité universellement reconnue. Aussi, au cours des prochaines
semaines, nous présenterons, à l'Assemblée nationale, un
projet de loi pour modifier le statut de l'institut en celui d'une corporation,
afin qu'il puisse jouer son rôle plus efficacement.
Pour sa part, le Service de l'éducation des adultes de
l'institut, dont le rôle consiste à assurer le perfectionnement et
le recyclage de la main-d'oeuvre de l'industrie touristique, a dispensé
des cours à 3 961 personnes, grâce à ses 60 programmes de
formation.
De son côté, le Palais des congrès de
Montréal aurait été témoin, cette année, de
127 événements majeurs. Ces événements auront
attiré, au total, près de 500 000 exposants, visiteurs et
délégués. Le nombre de congrès et
d'événements internationaux, américains et canadiens,
tenus au Palais des congrès de Montréal, est passé de 27
en 1986-1987 à 36 en 1987-1988, générant ainsi une
augmentation des retombées touristiques que produisent de telles
manifestations.
M. le Président, je termine ici ce bilan. Vous comprendrez que je
m'en suis tenu à l'essentiel, préférant plutôt
m'attarder davantage aux actions prévues pour l'année qui
vient.
En comparant les crédits 1987-1988 avec ceux de l'année
1988-1989, on constate une augmentation de 7 000 000 $. Il s'agit là
d'un accroissement important, qui démontre concrète- ment la
volonté du gouvernement de développer davantage ce secteur.
Au cours des quelques minutes qui suivront, je n'ai pas l'intention de
m'arrêter à des projets précis puisque nous aurons
l'occasion de toucher l'essentiel lorsqu'on examinera les crédits en
détail. Si vous le permettez, je m'en tiendrai aux grandes lignes de
notre action prévue pour l'année qui s'amorce.
La dernière décennie a été
particulièrement difficile sur le plan touristique pour le Canada, et le
Québec n'a pas échappé à cette situation.
Toutefois, nous avons toutes les raisons de croire que nous amorçons
présentement une période plus encourageante, mais qui demeure
néanmoins cruciale. Malgré nos efforts et malgré la
croissance touristique des deux dernières années, il n'en demeure
pas moins que les visiteurs ont de plus en plus le choix parmi une gamme
variée de produits et de destinations tout aussi valables les uns que
les autres. L'offensive marketing de nos concurrents, notamment celle de
l'Ontario, se fait de plus en plus agressive. De plus, nous sommes, en quelque
sorte, à un tournant où des facteurs importants risquent de
modifier sensiblement le comportement des touristes. Il apparaît donc
important, si nous voulons continuer à progresser dans ce domaine, de
prendre les meilleures décisions au bon moment et pour des motifs
rentables.
Parmi les facteurs susceptibles d'influencer le tourisme, il faut
souligner la valeur que prend présentement le dollar canadien, ce qui
inquiète, avec raison, le milieu touristique. Normalement, avec la
montée continuelle du dollar canadien, il faut s'attendre à un
exode plus important de Québécois à l'étranger et
à un ralentissement du tourisme non résident au Québec.
Nous ne pouvons demeurer indifférent devant cette situation et nous
prévoyons certaines démarches immédiates pour
remédier à ce problème.
Face à ces circonstances, non seulement nous devons agir
rapidement, mais il convient aussi de prendre à moyen terme les mesures
les plus efficaces possible. C'est pourquoi, au cours de l'année qui
vient, nous comptons réviser notre planification stratégique en
fonction de nos produits touristiques, des caractéristiques dominantes
du Québec et de l'évolution de la demande. Deux grands volets
feront l'objet de ces efforts, soit les orientations de développement et
notre stratégie de marketing.
Ce travail ne se limitera pas à formuler une simple
recommandation d'orientations globales, mais aura pour aboutissement final le
dépôt d'un véritable plan d'action, lequel sera mis en
application durant la période prescrite.
Dans le cas des orientations de développement, le travail est en
cours. Nos objectifs seront d'abord précisés, et il sera question
de la stratégie elle-même en considérant les
régions, d'une part, et certaines autres à fort potentiel,
d'autre part. Également, nous préciserons nos intentions quant au
développement des principales
activités touristiques, par exemple, le produit hiver - le ski,
la motoneige - les congrès, les événements,
l'hébergement, etc. Ce travail réalisé par le
ministère se fait en consultation avec les partenaires
concernés.
En ce qui concerne la stratégie de marketing, le ministère
se dotera d'un document de référence établissant, de
façon claire et précise, les choix, les objectifs et les
orientations stratégiques que devrait privilégier le
ministère en matière de marketing touristique au cours de la
période allant du 1er avril 1989 au 31 mars 1992. Le plan
stratégique devrait ainsi fournir les paramètres de base servant
à alimenter et guider la planification annuelle du marketing du
ministère du Tourisme de même que les programmes
opérationnels correspondants.
À partir de cette double réflexion, le ministère du
Tourisme disposera ainsi d'un outil particulier permettant à tous les
intervenants touristiques de travailler à des objectifs communs.
Entre-temps, il faut quand même intensifier notre présence
dans tous les milieux. À titre d'exemple, voici quelques actions
immédiates que nous comptons poursuivre au cours de l'année.
Outre la promotion coopérative, nous avons décidé, pour
les motifs déjà énumérés, de reprendre nDtre
promotion intra-Québec afin d'inciter les Québécois
à visiter davantage le Québec. Ainsi, une campagne que nous
souhaitons la plus convaincante possible sera réalisée au cours
des prochains mois.
Dans le domaine de l'accueil, outre le fait de circonscrire l'ensemble
de nos actions dans le contexte des orientations futures, le ministère
aura pignon sur rue à Montréal par l'ouverture du Centre
d'accueil et de renseignements international que l'on connaît sous le
vocable de CARIM. Nous poursuivons également nos discussions avec la
Communauté urbaine de Québec pour l'établissement d'un tel
centre à Québec, soit le CARIQ. Également, une nouvelle
Maison du tourisme sera inaugurée à Rigaud, porte d'entrée
principale des touristes venant de l'Ontario.
En matière de développement, plusieurs projets sont
envisagés. Nous comptons réviser le programme d'aide aux
pourvoiries de chasse et de pêche dont la vocation touristique est
prometteuse. Dans le cas du tourisme hivernal, tout en continuant nos efforts
dans le domaine du ski, nous continuons nos discussions avec les ATR et la
Fédération des motoneigistes du Québec pour que le produit
motoneige occupe une place plus importante.
Divers investissements sont également prévus dans le but
de compléter un certain nombre de projets. À titre d'exemple,
l'aménagement de la tête du lac Memphrémagog.
M. le Président, il s'agit là de quelques exemples qui
illustrent les actions que nous comptons entreprendre. Comme vous le constatez,
il s'agit davantage de consolider notre position à partir du cadre de
travail déjà amorcé par mon prédécesseur.
Cette étape franchie, nous aborderons alors une nouvelle phase en
fonction d'orientations précises, en tenant compte des nouveaux
paramètres économiques, particulièrement la force du
dollar et la déréglementation du transport aérien.
En terminant, je constate que la reprise économique permet aux
entrepreneurs, aux ATR et à l'ensemble des organismes concernés
d'entrevoir avec optimisme et enthousiasme l'avenir touristique du
Québec. Dans ce nouveau contexte, le ministère fera tout pour
soutenir ce dynamisme.
M. le Président, un dernier mot que je réserve à
tous les employés du ministère du Tourisme du Québec.
Permettez-moi de leur témoigner toute notre appréciation pour le
soutien qu'ils apportent à l'objectif de développer une
économie du tourisme toujours plus forte au Québec.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Je vais maintenant céder la parole au critique de l'Opposition
officielle, le député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président.
Je déteste toujours un peu les discours qui se font à
cette période des crédits, parce que ce sont toujours une
série de voeux pieux ou d'autofélicitations, d'un
côté, et d'autoflagella-tion, de l'autre. Cependant, je ne peux
pas échapper à la règle. Alors, vu que c'est le
troisième livre des crédits de ce gouvernement, je vais essayer
d'être un peu plus acerbe, tout en gardant cette gentilhommerie qui m'est
coutumière.
M. le Président, lorsque je regarde les réalisations de ce
gouvernement en matière de tourisme, je n'ai pas beaucoup
d'éloges à prononcer parce que, en réalité, les
seules réalisations de ce gouvernement résident dans
l'opérationali-sation des projets que nous avions esquissés
nous-mêmes avant notre départ. En fait, le gouvernement actuel ne
fait que faire du surf sur nos idées et nos projets, sans esprit
inventif, sans nouvelle planche à voile et sans nouvelle planche de surf
seulement, donc aucune originalité. Car, au fait, quelles sont les
réalisations de votre ministère? Je ne dis pas: Quels sont les
voeux du ministre actuel? Je sais qu'ils sont très grands et qu'il a
tout pour conduire son ministère à des réalisations
extraordinaires. Mais, je dis: Quelles sont les réalisations que lui
permettent le cabinet et le comité des priorités? Pas grand
chose. Je sais que vous êtes excessivement brimé dans vos demandes
et que tous les projets, pour le développement desquels vous avez les
qualités, ne vous sont pas permis par le grand couperet qu'est le
Conseil du trésor et par les philosophies du parti auquel vous
appartenez.
Je me souviens du temps où nous étions au pouvoir et qu'on
voyait noblement se promener, dans le paysage, M. Maciocia, le
représentant et critique officiel du tourisme, qui répandait dans
la population les grands changements qu'il allait apporter à l'industrie
touristique du Québec. Je m'en souviens très bien. Il faisait le
touriste d'un bout à l'autre du Québec pour vendre la
révolution touristique, accusant le gouvernement péquiste de tous
les maux. On nous accusait de laisser-aller, de ne rien faire et de se laisser
porter par notre tendance à la francophonie. Si je regarde les
réalisations ou les promesses du gouvernement libéral, je ne vais
en nommer que quelques-unes. Je ne suis pas pour toutes les prendre, parce
qu'on prendrait nos deux heures seulement à énumérer les
promesses qui ont été faites pendant que nous étions au
pouvoir, alors que les réalisations que vous avez faites aujourd'hui ne
tiendraient que dans une courte phrase.
Cependant, par respect pour tous ceux que vous avez amenés, je
tiens à vous présenter ceux que j'ai amenés. Je vous
présente mon recherchiste, qui est à ma gauche et qui fait un bon
travail, et moi-même. Nous sommes seuls contre 50. Que vouliez-vous qu'il
fît contre trois? Qu'il mourût, ou qu'un grand désespoir
enfin le secourût. Mais, que voulez-vous, c'est la loi!
Le programme du Parti libéral, M. le Président, disait,
premièrement, en matière de recherche et de formation, qu'il
créerait un centre de recherche spécialisé en tourisme,
une faculté de tourisme où seraient offerts des programmes de
maîtrise et de doctorat. J'espère qu'on ne parte pas ici des
doctorats de l'Hôtel d'hôtellerie qui ne sont même pas
reconnus par les universités québécoises. On ne se
défendra pas là-dessus, parce que ce serait de très
mauvais aloi. Ce qu'il nous disait, pour favoriser le développement
touristique, c'est qu'il allait réformer le crédit touristique
que nous avions mis sur pied et qu'il allait créer des fonds de mise en
valeur touristique; deuxièmement, qu'il allait développer un
réseau régional d'établissements hôteliers de 50
chambres et moins. Ce qu'il nous disait, c'est qu'il allait consacrer 1 000 000
$ aux organisateurs de tours québécois et créer des
centres régionaux touristiques. (10 h 30)
Ne fût-ce que ces trois points-là, du côté
recherche et formation, tours québécois, etc., depuis trois ans,
où sont ces réalisations, où sont ces promesses? J'en ai
écrit plus que cela, mais j'en passe. Cela me vexerait même de les
dire moi-même, et je ne voudrais pas m'emporter. Je trouve que les
réalisations qu'on vous permet de faire... J'insiste beaucoup
là-dessus. Je suis persuadé que les gens qui travaillent avec
vous planifient des choses excessivement productives pour le Québec,
mais on vous empêche de les réaliser. C'est pourquoi j'essaie de
me retenir. Cela blesse mon ego de me retenir de cette façon, mais c'est
par respect pour la personne qui tient ce rôle. Je sais que ce n'est pas
votre faute que vous ne réalisiez pas grand-chose. Je sais qu'on ne vous
laisse rien. Ce n'est pas vous qui êtes blâmable là-dessus,
c'est la philosophie du parti dont vous êtes membre qui vous
empêche de réaliser des choses. Je sais que vous êtes tout
triste de cela, je le sens dans votre oeil. Mais, que voulez-vous, on
appartient au parti qu'on peut!
Vous mettez un ajout, et je tiens à vous féliciter de
cette immense victoire. Il y a 7 000 000 $ de plus. Vous avez un ajout de 5 000
000 $ en publicité, et je vous en félicite. Je sais que vous
aviez demandé beaucoup plus que cela parce que ce programme que vous
faites ne vous permet même pas d'aller à la
télévision, ce que l'Ontario fait avec 50 % de son budget. Vous
n'allez presque pas à la télévision, donc ce n'est pas
excessivement une bonne chose. Cela l'est, en soi, parce que c'est un surplus
pour de la publicité. Je sais qu'encore là vous avez
été brimé dans vos demandes, mais c'est déjà
un petit ajout qui fait plaisir. C'est le seul point positif que je vois dans
tout ce qui a été fait depuis deux ans et demi, un petit ajout en
publicité. Je ne sais pas si allez rejoindre des slogans de
fierté: Prenons le tour du Québec! On s'attache au Québec!
Je ne sais pas si vous allez commencer cela pour donner le goût d'avoir
du tourisme intra-Québec et recommencer cette fierté qui a
été perdue depuis votre accession au pouvoir, la fierté
d'être Québécois, de ce que nous sommes. J'aimerais que
vous reveniez avec cette fierté: Soyons fiers d'être
Québécois! Ou: Si on n'est pas Québécois, soyons
dignes de l'être! Et, si on l'est, on le fait mieux paraître! Vous
savez, des choses faciles.
Ensuite, j'aimerais que, dans votre plan touristique, vous vous mettiez
à vendre nos traits de distinction, ce qui caractérise le
Québec, ce qui attire. Pourquoi, des Américains qui viennent sur
le territoire québécois, l'extrême majorité se
dirige-t-elle vers la ville de Québec? Par exemple, ils passent une
journée à Montréal et quatre jours à Québec.
Pourquoi? Parce qu'il est évident que la ville de Québec est
beaucoup plus représentative de nos caractérisques comme
majorité sur notre territoire. Et tant qu'on n'acceptera pas de faire
valoir ces caractéristiques... Il ne s'agit pas de mettre dans un
document qu'on est une société distincte. Il s'agit, dans un
ensemble de politiques, d'appliquer les symboles de cette société
distincte, d'attirer des gens par cette distinction et ne pas en avoir peur. Ce
serait beaucoup plus facile si vous étiez souverainistes, vous autres
aussi; on serait tous d'accord sur les caractéristiques que l'on a. Mais
il demeure quand même que l'étranger vient ici pour voir les
traits différents de ceux qui habitent ce territoire encore
accolé au Canada, mais qui comporte des "bibites" différentes des
autres "bibites" sur le continent nord-américain.
Il ne faut pas avoir peur de dire que nous avons des ailes
différentes et que nous sommes
appelés à voler d'une façon différente des
autres. C'est un attrait qui attire beaucoup les gens de l'extérieur. Je
vois certaines personnes, de ce côté-ci, faire signe que non.
Normalement, elles font de même comme des coucous. Là, je les vois
faire non. En tout cas, ce n'est pas grave. Tant qu'on n'aura pas appris cela,
on va avoir de la misère avec le tourisme, c'est notre
caractéristique. Jusqu'en 1980, nous avions une publicité
très agressive pendant que nous étions au pouvoir. Le
référendum nous a fait perdre des plumes du côté
agressivité, et le tourisme a baissé à partir de 1980.
Cela, c'est durant notre mandat. Quand on n'a pas peur de ce que nous sommes,
les gens nous disent: Bonjour! Ils sont heureux de nous voir sourire. Lorsque
notre sourire est jaune et lorsque notre publicité est jaune, c'est la
même chose. Il faut qu'elle soit franche. Il ne s'agit pas de dire que
nous sommes distincts. Il s'agit que la conception de nos actes porte en son
sein cette distinction et soit frappée à ce signe de distinction.
Avec le respect des autres. Cela n'a rien à voir. Ce n'est pas
nécessaire d'être souverainiste pour dire cela, non plus. Il
s'agit d'être réaliste et d'être Québécois
d'abord.
Je ne vois rien dans ce programme que vous avez dans ces crédits
qui fait cette différence qui ferait plaisir d'abord à votre
chef, de nos signes distinctifs, parce qu'il se bat partout au Canada pour dire
que nous sommes une société distincte. Il faut que, dans tous nos
actes, vous soyez alignés sur les ordres de votre patron qui dit que,
pour que nous réussissions dans les années qui viennent, il faut
que le Canada signe cet acte de société distincte. Je crois que,
dans votre publicité, on devrait voir, au moins pour plaire à
votre chef, pour avoir peut-être un plus gros budget l'an prochain,
donner des signes tangibles que vous croyez à cette
société distincte, et nous attirerions beaucoup plus de
monde.
En gros, manque d'imagination de la part du gouvernement que vous
représentez, conviction interne personnelle que le ministre se
défend bien, mais qu'il ne peut réussir, à cause de la
philosophie de ce gouvernement qu'il est obligé de porter.
Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de Terrebonne. M. le ministre.
M. Michel Gratton (réplique)
M. Gratton: D'abord, je voudrais remercier le
député de Terrebonne de ses propos élogieux à mon
endroit et de ses propos un peu moins élogieux à l'endroit du
gouvernement.
Je veux simplement lui rappeler qu'il a cette manie ou presque de tout
relier au discours nationaliste, pour ne pas dire au discours souverainiste. Il
interprète mal les gestes que pose le gouvernement, notamment le
ministère du Touris- me dans sa promotion, lorsqu'il fait valoir que le
seul point positif qu'il retrouve dans les crédits est l'ajout de 5 000
000 $ pour la promotion et qu'il fait référence à des
demandes qui auraient pu être supérieures à ces 5 000 000
$. Je peux tout de suite le rassurer. Effectivement, la demande que nous avions
faite au Conseil des ministres pour des ajouts en promotion était de 5
500 000 $. On peut se demander pourquoi on n'a pas demandé plus.
Essentiellement, c'est qu'il nous est apparu que 5 500 000 $ était un
montant dont nous pourrions disposer efficacement, compte tenu de l'état
de préparation de nos campagnes et de nos capacités en fonction
de la période de l'année où nous nous retrouvons. C'est
donc presque 100 % de nos demandes qui ont été comblées de
ce côté-là. Le député a fait allusion au fait
que cela ne nous permet même pas, dit-il, de faire de la promotion
à la télévision. Il faut d'abord se demander si on veut
faire de la promotion à la télévision, si c'est là
la façon la plus efficace de dépenser les ressources
financières à notre disposition pour attirer des touristes au
Québec. La réponse est non. Effectivement, nous, contrairement
à l'ancien gouvernement, nous ne travaillons pas en vase clos. Nos
campagnes de promotion sont arrimées et sont coordonnées avec
celles du gouvernement fédéral, par exemple. Si, effectivement,
le gouvernement fédéral dépense sur les marchés
cibles identifiés quelque 20 000 000 $, dont une partie est à la
télévision, cela nous permet, en tant que promoteurs du
Québec, de pouvoir dépenser plus efficacement les sommes à
notre disposition par l'intermédiaire d'autres médias
d'information. Donc, M. le Président, quant à nous, nous sommes
extrêmement satisfaits, et, je le disais tantôt, c'est une preuve
concrète de l'intérêt du gouvernement actuel de donner une
plus grande importance à l'industrie touristique.
Lorsque le député de Terrebonne nous dit: On avait
l'habitude, nous, d'avoir des slogans qui donnaient la fierté aux
Québécois. Je lui dirai que le ministère du Tourisme n'est
pas là pour promouvoir la fierté des Québécois. Il
est là pour promouvoir l'achalandage des produits touristiques au
Québec. Et d'ailleurs c'est le député de Terrebonne qui
parlait d'une campagne, d'un slogan dont on se servait: attachez-vous au
Québec. Cela n'a rien à voir avec le ministère du
Tourisme. C'est un slogan du ministère des Transports qui visait
à convaincre les gens de boucler leur ceinture de sécurité
en automobile. Cela n'a absolument rien à voir avec la promotion du
tourisme.
Cela m'a renversé quand le député de Terrebonne
nous a dit: Ce qui explique la baisse du tourisme entre les années 1980
et 1985, cela a été la défaite du référendum
qui ne nous a plus permis d'être aussi agressifs. Mais où va-t-il
chercher sa façon de voir?
M. le Président, justement, Le Québec touristique,
qui a été publié cette année et qui a
donné l'évolution de l'industrie touristique au
Québec entre 1980 et 1986, a clairement démontré
que le nombre de touristes de l'étranger n'a pas diminué au cours
de ces années-là. Au contraire, le nombre d'Américains qui
sont venus au Québec, de Canadiens, notamment les Ontariens,
d'Européens, a continué de croître.
M. Blais: Mais, dans le livre qu'on a là, on voit que la
hausse a été moins forte de 1980 à 1985.
M. Gratton: Elle a été moins forte, mais il a
continué à y avoir une hausse. Là où on a pris un
sérieux coup de Jarnac, cela a été chez les
Québécois qui, pour une raison ou pour une autre, n'ont pas
continué de voyager en aussi grand nombre au Québec. Ils ont
pourtant continué de voyager à l'extérieur du
Québec en aussi grand nombre. Cela a même augmenté. Mais
oui, regardez les statistiques sont là. C'est dans Le Québec
touristique, mon cher député. Effectivement, ce que cela nous
enseigne finalement, c'est que cela n'avait rien à voir avec
l'agressivité ou le manque d'agressivité du gouvernement.
M. Blais: En fait, j'ai pris un exemple qui était
peut-être boiteux, celui de "attachez-vous au Québec". Vous avez
raison. Mais ce que je veux dire...
M. Gratton: Vous avez utilisé plusieurs exemples boiteux,
ce matin.
M. Blais: Cela arrive. On discute avec certaines personnes, on
prend les exemples qu'ils comprennent. Mais le problème est le suivant,
c'est qu'on devrait essayer, je pense, d'avoir une publicité
touristique, qui insiste sur notre distinction
Attraits et irritants
M. Gratton: J'y viens, M. le Président. On a rendu
publique il y a deux semaines la campagne Agrément-été;
une campagne qui s'adresse à nos clientèles de l'Ontario, des
États-Unis, notamment des États de la Nouvelle-Angleterre, et
à un marché que l'on veut essayer de développer avec un
peu plus de vigueur cette année, le marché de l'Atlantique
centrale, des "Central Atlantic States". Qu'est-ce qu'on promeut dans nos
encarts? De quoi fait-on la promotion? Est-ce qu'on a des encarts ici?
À titre d'exemple, on peut voir ce qu'on publie dans les
journaux, les quotidiens. Je vais remettre des copies au député
de Terrebonne, même si elles sont en anglais. Il va comprendre pourquoi.
Ce que l'on publie dans les journaux, les quotidiens, pour la région du
centre atlantique: The Rhine? The Rhône? No, much closer to home.
Québec - the Old New World. Right next door. C'est de cela qu'on fait la
promotion. En un mot, on dit aux Américains: "Québec, the only
foreign destination within driving distance." Quand on lit le texte qui
accompagne... D'ailleurs c'est un travail admirablement bien fait, puisque,
contrairement à l'habitude de faire la promotion de Montréal et
de Québec presque exclusivement, on a pu faire en sorte de continuer
à mettre ces deux centres principaux en évidence, Québec
et Montréal, mais on a également inclus sept circuits
touristiques: la vallée du Richelieu, la Côte-Nord, la rive sud de
Montréal, l'Outaouais, l'Estrie. Donc, ce que l'on tente de faire, c'est
de dire aux Américains: Vous connaissez peut-être Montréal
et Québec un peu mieux, mais il y a un tas d'autres circuits au
Québec, un tas d'autres régions qui vous offrent des produits que
vous ne retrouvez pas chez vous. D'ailleurs, même à
l'intra-Québec, au salon Vacances Québec, le slogan était:
"Dépaysez-vous chez vous." On dit aux Québécois:
Même vous qui connaissez le Québec supposément, il y a un
tas d'endroits où vous allez pouvoir vous dépayser, vous sentir
dans un contexte qui est différent de celui de votre environnement
naturel. Ce que nous reproche le député de ne pas faire, c'est
pourtant exactement ce qu'on fait. (10 h 45)
M. Blais: M. le ministre, j'aime la façon dont on peut
discuter. Vous ne perdez pas vingt minutes à toutes les questions qu'on
demande. J'aime cela.
Sur la politique de garder le touriste québécois au
Québec, de lui faire visiter différentes régions, vous
faites un effort. Et je pense que tous les gouvernements l'ont fait. Le gros
point que vous apportiez dans l'Opposition - et c'était de bonne guerre,
dans la période de crise qui a caractérisé 1982-1983, il y
avait eu une taxe spéciale sur l'essence qui avait été
montée de 20 % à 40 %, qu'on avait descendue à 30 % en
1984, que vous avez montée à 37 % en stabilisant l'ascenseur -
était, disiez-vous à l'époque, que cette taxe, même
à 30 % - et c'était vrai parce qu'on était en
période de crise - était un facteur négatif pour que le
Québécois voyage sur son propre territoire et visite sa province.
Comment pouvez-vous expliquer la baisse? Les Québécois voyagent
moins chez eux qu'ils voyageaient. Ils devraient voyager plus. Est-ce que le
fait que vous ayez gelé cette taxe à 37 % n'est pas un facteur
négatif sur le tourisme interne?
M. Gratton: M. le Président, je vois bien où veut
m'amener le député de Terrebonne.
M. Blais: Bien non, je vous amène direct.
M. Gratton: II est évident que toute taxe plus
élevée au Québec qu'ailleurs ne peut contribuer de
façon positive à l'industrie touristique. Je rappellerai au
député que, plutôt que hausser la taxe sur l'essence,
depuis les deux derniers budgets, on l'a réduite dans les régions
périphériques, dans les régions comme l'Outaouais, la
Côte-Nord, le Saguenay - Lac-Saint-Jean.
M. Blais: Je sais que vous l'avez baissée dans quelques
régions. Vous avez complété le réseau de baisse
dans les zones frontières qu'on n'avait pas faites. Il arrive ceci,
c'est qu'elle est tout de même à environ 37 %, cette taxe. Et
quand nous avons laissé, nous, elle était à 30 %. Et on
devrait revenir à 20 % comme les autres provinces. Les 7 %
supplémentaires sont un facteur qui fait qu'il y a moins de touristes
qui se promènent entre nos murs.
M. Gratton: M. le Président, je maintiens ce que nous
disions au cours de notre séjour un peu trop long dans l'Opposition,
qu'effectivement la surtaxe sur l'essence est un facteur négatif pour
l'industrie touristique. C'est pourquoi j'envisage et j'anticipe que nous
continuerons les efforts qui sont déjà amorcés et qui se
sont traduits par des réductions dans les régions
périphériques. Je suis sûr que le ministre des Finances,
dans la préparation de son prochain discours sur le budget, tient compte
de ces données.
M. Blais: Vous annoncez à nouveau une baisse de la taxe
sur l'essence?
M. Gratton: Pas du tout, M. le Président, le
député de Terrebonne sait fort bien qu'on est en train de
réduire graduellement, non seulement la taxe sur l'essence, mais la taxe
sur les assurances qui a été enlevée pour certaines
catégories. On est en train de ramener le Québec à un
niveau de taxation qui est concurrentiel avec notre voisin, l'Ontario. Cela
s'appliquera dans le cas de l'essence comme dans le cas des autres taxes qui
avaient été décrétées par l'ancien
gouvernement.
M. Blais: Je prends bonne note que vous trouvez que c'est un
facteur négatif et qu'il serait bon qu'elle soit baissée. J'en
suis très heureux.
Une autre chose...
M. Gratton: Oui, juste une dernière phrase. Je voudrais
souligner au député de Terrebonne qu'effectivement, le nombre de
Québécois qui ont voyagé au Québec depuis 1985,
comme par hasard, a recommencé à augmenter, alors qu'il
était en décroissance entre 1980 et 1985. Vous ne voulez pas
continuer là-dessus?
M. Blais: Non. Ce n'est pas nécessaire. On est en
période de prospérité depuis 1985 dans toute
l'Amérique du Nord, même en Europe et au Japon, plutôt
qu'être en période de crise comme en 1982-1983.
M. Gratton: Bon. Est-ce que vous êtes en train de me dire
que ce n'est pas nécessairement le manque d'agressivité de
l'ancien gouvernement, à la suite du référendum, qui a
résulté en une baisse du nombre de touristes?
M. Blais: Non, il y avait aussi la crise. Je le sais, on l'a
subie.
M. Gratton: Je pense qu'il y avait surtout la crise.
M. Blais: Non. Dans le même ordre d'idées, que celle
de société distincte, est-ce que vous partagez la
déclaration, qui a été faite au Carnaval de Québec,
selon laquelle ce n'est pas avec du sirop d'érable et Félix
Leclerc qu'on attire les touristes américains et les autres
provinces?
M. Gratton: M. le Président, je ne sais pas à qui
on a prêté cette...
M. Blais: Bon, on avait fait venir plusieurs artistes
américains...
M. Gratton: Oui.
M. Blais: ...et il y a des gens qui avaient trouvé cela
curieux que les choses se déroulent plutôt en langue
étrangère et que, à la suite de reproches, même dans
les journaux, aux organisateurs qui avaient été très bien
subventionnés par l'État québécois, un organisateur
avait répondu: Ce n'est pas avec du sirop d'érable et
Félix Leclerc qu'on attire les gens de l'extérieur du
Québec.
M. Gratton: Bien moi, je pense qu'on peut attirer un certain
nombre de touristes étrangers avec Félix Leclerc et du sirop
d'érable, mais qu'il faut faire plus que cela.
Je pense que la spécificité du Québec, je crois que
le député de Terrebonne serait le premier à le
concéder, se rattache à autre chose qu'au sirop d'érable
et Félix Leclerc.
M. Blais: Vous voulez dire quelque chose, M. le
député?
Une voix: Non.
M. Blais: J'avais entendu murmurer.
M. Gratton: Je pense 'que le député de Terrebonne
veut caricaturer.
M. Blais: Non, non, non.
M. Gratton: Mais, effectivement, ce qui distingue le
Québec et ce qui fait la force du
Québec, comme destination touristique pour les personnes de
l'extérieur, non seulement de l'extérieur du Canada, mais aussi
pour les
Canadiens, ce n'est pas seulement la langue, ce n'est pas seulement la
culture, c'est tout ce qui accompagne cela, c'est l'architecture qui est
différente, c'est l'histoire, c'est la façon des
gens d'accueillir...
M. Blais: Société distincte. M. Gratton:
Non, non, ce n'est pas... M. Blais: Une société
distincte, c'est... M. Gratton: ...c'est ce qui décrit...
M. Blais: ...notre plus grand attrait. C'est notre plus grand
attrait.
M. Gratton: C'est ce qu'on met en évidence dans... Bien
oui, le député dit qu'il ne le voit pas, c'est parce qu'il n'a
pas regardé. Je lui en donne des exemples. Vous en voulez d'autres? Il y
en a à profusion. Toute la campagne est axée là-dessus.
"Every year, thousands of cultivated travelers return to discover our roots."
Cela a une connotation culturelle, et pourtant, ce qu'on voit, ce sont des
fleurs. C'est beau des fleurs. "Every year, thousands of thrill seekers return
to see some of the worid's biggest performers". Cela, ce ne sont pas des
députés du Parti québécois, ce sont les baleines de
Tadoussac.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: C'est une allusion à peine
déguisée à certains membres de notre
députation.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gratton: Mais il y en a une particulièrement
pertinente, puisqu'on parlait de sirop d'érable tantôt. Vous savez
que dans les brochures spécialisées au point de vue de la
nourriture, "Gourmet Magazines" et tout cela, on aura une publicité dont
le thème est le suivant: "Every year, thousands of gourmets return to
feast on our trees." Alors, c'est le côté clin d'oeil pour attirer
l'attention...
M. Blais: L'émigration des pics-bois.
M. Gratton: ...et, la description, c'est qu'on parle justement
des produits de l'érable qui sont particuliers au Québec.
M. Blais: D'accord.
M. Gratton: Alors vous voyez qu'on met l'emphase, justement,
sur...
Classification des établissements
M. Blais: Je comprends qu'il y a un certain effort qui est fait,
mais vous savez qu'il ne me contentera jamais du côté
société distincte et je voudrais insister davantage. C'est pour
cela que je vous ai posé quelques questions.
Bon, maintenant, certains dossiers prioritai- res. Vous aviez
parlé de classification des établissements hôteliers. Le
ministre Gratton ' - c'est vous-même - dans son discours devant
l'Association des hôteliers de la province de Québec, le 15
février dernier, a promis qu'un projet de réglementation viserait
très prochainement à classifier les établissements
touristiques. Cette réglementation permettrait ainsi au gouvernement de
mettre sur pied des normes d'encadrement, de catégories
d'établissements, des règles d'exploitation, d'affichage des
prix. Ce document de travail en préparation sera prochainement soumis
à consultation. Si la consultation est sur le point de se faire ou si
elle est en cours...
M. Gratton: Elle est pratiquement complétée.
M. Blais: Bon.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député, si vous voulez m'excuser deux secondes, j'aimerais bien
qu'on m'informe si vous avez l'intention de continuer cette discussion qui se
poursuit...
M. Blais: Oui, oui.
Le Président (M. Théorêt): ...depuis le
début et arriver aux dernières minutes pour étudier et
adopter les crédits?
M. Blais: Oui, cela ferait mon affaire, comme cela, si le
ministre n'y voit pas d'inconvénient.
Le Président (M. Théorêt): Je dois vous
informer, par contre, qu'il y a certains membres ministériels qui ont
des questions à poser au ministre concernant certains
éléments du programme et également sur ses orientations.
Alors, si vous continuez cette discussion-là, je devrai, lorsqu'on me
demandera la parole...
M. Blais: Aucun problème.
Le Président (M. Théorêt): D'accord.
M. Blais: Je peux le faire en bloc avec M. le ministre
après ou comme vous voudrez. Pas de problème pour moi.
Le Président (M. Théorêt): D'accord.
M. Gratton: Pas de problème pour moi non plus. __ M.
Blais: Alors cette classification des établissements, c'est sur le
point d'arriver?
M. Gratton: D'abord il faut rappeler que cela existe
déjà. Il y a une classification des lieux d'hébergement de
même que des salles à dîner d'hôtel qui existait en
fonction de la Loi
sur l'hôtellerie qui, elle, datait de 1964. Donc, on se rappelle
qu'en 1987, on a adopté une nouvelle Loi sur les établissements
touristiques qui a donné lieu à une révision de la
réglementation. Et cette réglementation en est à la phase
finale. Les consultations auprès des intéressés sont,
à ma connaissance, complétées. Comme je le disais dans mon
texte au début, c'est dans les quelques prochaines semaines que le tout
sera soumis au Conseil des ministres pour approbation et publication. Il y aura
d'ailleurs une campagne de sensibilisation, d'information publique
auprès des...
M. Blais: La consultation avec les hôteliers a
été faite et...
M. Grattoir Oui, les hôteliers, les terrains de camping,
les restaurateurs, bref, tous ceux qui sont visés par la
classification.
M. Blais: Pas trop de problèmes à prévoir
devant la classification? Est-ce que les hôteliers sont satisfaits de la
nouvelle classification?
M. Gratton: Disons que ce qu'on a élaboré a
été fait en consultation avec eux. Je dois présumer
qu'effectivement, ce qu'on proposera et ce qu'on adoptera, répondra dans
les grandes lignes aux attentes des intéressés.
Taxe sur les chambres d'hôtel
M. Blais: Vous parliez aussi, M. le ministre, de probablement
mettre une taxe dite d'achalandage sur divers produits touristiques. Est-ce que
ce serait une façon indirecte de ramener une taxe sur les chambres
d'hôtel sans le faire directement, mais qui donnerait à peu
près l'équivalence fiscale de leur entrée de fonds au
gouvernement?
M. Gratton: C'est-à-dire qu'il faut se situer. La
proposition ne m'est même pas encore parvenue de façon officielle.
Ce que j'en sais, c'est qu'il y a eu un comité de planification
stratégique qui a été formé pour
l'agglomération montréalaise qui, après avoir fait le
constat de la situation, a proposé un certain nombre de recommandations
qui portent sur le réaménagement de la structure de promotion
touristique de l'agglomération montréalaise et qui portent
également sur le financement de la promotion t, qui,
manifestement, est déficiente si on pense à /^Montréal en
particulier par rapport à ses con-/ currentes qui sont Toronto,
Vancouver et les autres destinations touristiques de même nature. La
proposition qui est faite, c'est cette taxe d'achalandage sur les produits
touristiques, mais qui, à toutes fins utiles, serait surtout une taxe
d'achalandage sur les chambres d'hôtel qui pourrait servir à la
promotion touristique si on parle de Montréal uniquement,
évidemment de l'agglomération montréalaise. Cette
proposition n'a pas été soumise au ministre du Tourisme et encore
moins au ministre des Finances qui devra nécessairement, le cas
échéant, trancher la question.
Donc, au moment où on se parle, il n'y a pas d'intention. Il y a
simplement une proposition que nous recevrons prochainement, mais dont nous
connaissons la teneur, parce que, effectivement, ceux qui la proposent ont
commencé certaines consultations auprès des
intéressés dont nous serons saisies, et, au moment où nous
en serons saisis, j'ai indiqué à l'Association des
hôteliers qui s'y oppose assez fermement, où j'avais fait une
allocution, que, si le gouvernement devait s'aviser de retenir cette
proposition, il le ferait seulement après les consultations d'usage
auprès des principaux intéressés. Mais, au moment
où on se parle, il n'y a pas d'intention quelconque d'imposer une
nouvelle taxe sur les chambres d'hôtel. Ce qu'il faut dire et ce qui
sous-tend la proposition du comité dont il est question, c'est
qu'effectivement, le Québec est le seul endroit où le financement
de la promotion touristique n'est pas faite de cette façon. Que ce soit
aux États-Unis ou ailleurs en Amérique du Nord, dans les autres
provinces, c'est surtout par le biais d'une taxe sur les chambres d'hôtel
qu'on finance la promotion touristique.
M. Blais: Vous dites qu'il n'y a pas d'intention mais... Il n'y a
peut-être pas de décision, mais on voit quand même une
intention en comparant aux autres de remettre, en fait, une taxe sur les
chambres d'hôtel.
M. Gratton: Non. Ce dont je vous parle, c'est ce qui a
inspiré le comité de planification stratégique de
l'agglomération montréalaise de faire ou de formuler cette
proposition, mais elle n'a pas encore fait l'objet d'analyse au gouvernement du
Québec, et, comme elle provient de l'agglomération
montréalaise, il faut nécessairement penser à la
possibilité que cela puisse s'appliquer dans l'ensemble du
Québec, parce que je verrais assez difficilement que cela puisse
s'appliquer uniquement dans l'agglomération montréalaise. (11
heures)
M. Blais: Si, à vous comme ministre, on propose de mettre
une taxe d'achalandage ou une taxe sur les chambres d'hôtel, ce qui est
à peu près synonyme, est-ce que, comme ministre, vous
défendriez cette position ou si vous seriez contre?
M. Gratton: Personnellement, je suis prêt à regarder
toutes les hypothèses. Il y a une constatation que je fais, c'est que
l'effort de promotion touristique n'est pas équivalent au Québec
à ce que nos concurrents font. C'est vrai au sujet du budget qu'y
consacre le gouvernement du Québec. Par exemple, cette année,
avec l'ajout de 5 000 000 $, on se retrouvera à quelque 17 000 000 $ ou
18 000 000 $ qu'on
dépensera en promotion, alors que l'Ontario, l'an dernier, a
dépensé quelque 25 000 000 $. On voit déjà qu'il y
a un écart encore à combler. Si on devait se comparer avec les
États-Unis, on verrait que l'écart est encore plus grand.
Cela étant dit, il faut trouver une solution parce qu'on ne peut
escompter réaliser le potentiel touristique du Québec sans y
mettre les efforts et les ressources voulues. Il reste à voir où
on pourra aller les puiser. Ce que je dis, c'est que c'est ce qui se fait
ailleurs. On finance la promotion touristique à partir surtout d'une
taxe sur les chambres d'hôtel. Il faudra évaluer si l'adoption
d'une telle mesure au Québec permettrait de conserver la position
concurrentielle en fonction du coût du produit, permettrait
également aux régions d'y trouver leur compte. Une des conditions
essentielles que pose le comité à l'imposition d'une telle
nouvelle taxe, ce serait que le produit de cette taxe soit entièrement
retourné à la promotion touristique. C'est une taxe qu'on appelle
comment en jargon fiscal?
Une voix: "Earmarked".
M. Gratton: Oui. Passez-nous l'expression en anglais, mais
"earmarked" donc, qui ne pourrait servir à autre chose.
M. Blais: C'est normal avec le gouvernement qu'on a là
qu'il pense en anglais.
M. Gratton: Pardon?
M. Blais: C'est normal que vous pensiez en anglais.
M. Gratton: Je ne pense pas en anglais. Je pose la question.
Attendez, on va aller chercher le dictionnaire Larousse, on va vous trouver
cela.
M. Cannon: De l'argent ciblé.
M. Gratton: De l'argent ciblé. Je remercie le
député de La Peltrie.
M. Blais: II n'y a aucune taxe de cette nature dans tout le
gouvernement, sauf la taxe sur la cigarette, pour l'échec de la
construction du Stade olympique. Il n'y en a aucune autre.
M. Gratton: Mais ça n'a rien à voir...
M. Blais: Tous les autres ministres des Finances s'opposent
à ce qu'une taxe soit ciblée d'avance. Elles vont toutes au fonds
consolidé, et ce sont les politiques qui sont la volonté du
gouvernement qui en distribue le montant total.
M. Gratton: Oui. C'est pour cela que c'est un
élément de la problématique, c'est pour cela qu'au moment
où on se parle, je ne peux pas répondre clairement à la
question du député de
Terrebonne. Cela fera-t-il l'objet d'une décision dans un sens ou
dans l'autre du gouvernement? On n'en est même pas rendu là. On
n'en est même pas encore saisi.
M. Blais: D'accord. Mais on voit quand même que, dans cette
façon d'aller chercher un revenu pour le ministère du Tourisme ou
pour le fonds consolidé du Québec dans les chambres d'hôtel
ou le taux d'achalandage, appelons cela comme on voudra, il y a quand
même une recherche qui se fait pour retourner chercher cet argent comme
conclusion.
M. Gratton: Non. Il ne faudrait surtout pas conclure que le
gouvernement est en train d'étudier cela. Ce n'est même pas
commencé. Ce qu'il y a, c'est une proposition en ce sens qui nous sera
faite formellement prochainement et qui sera évaluée à son
mérite. Mais comme j'ai eu l'occasion de le dire à l'Association
des hôteliers, cela ne fera pas l'objet d'une décision
unilatérale du gouvernement, mais cette décision sera prise en
consultation avec les principaux intéressés.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député... M. Blais: Demandez-lui.
Entente auxiliaire Canada-Québec
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre,
vous parlez, dans vos remarques préliminaires, de l'entente
Canada-Québec en 1985. C'est quoi cette entente là?
M. Gratton: C'est l'entente Canada-Québec sur le
développement touristique qui consistait en une somme de 100 000 000 $
et qui viendra à échéance en 1990, au sein de laquelle on
avait diverses catégories. Par exemple, le développement du
secteur ski était ciblé pour une somme de 35 000 000 $, les
projets moteurs, pour une somme de 40 000 000 $, le marketing, 12 000 000 $, la
région périphérique du parc Saguenay, 10 000 000 $.
Le Président (M. Théorêt): Donc, c'est 100
000 000 $ répartis dans ces secteurs. Quand vous parlez des 112 projets
qui ont été retenus pour des contributions financières de
27 000 000 $, est-ce que c'est une somme de 27 000 000 $ Québec-Canada
ou si c'est 27 000 000 $ qui proviennent...
M. Gratton: C'est 27 000 000 $ par les deux...
Le Président (M. Théorêt): Les deux
paliers.
M. Gratton: ...paliers à 50-50. C'était pour
l'année 1987-1988, mais jusqu'à présent, c'est 77 000 000
$ de l'entente de 10 000 000 $ qui
ont fait l'objet de recommandations positives.
Le Président (M. Théorêt): Donc, il ne reste
que 23 000 000 $...
M. Gratton: Oui.
Le Président (M. Théorêt): ...pour d'ici
1990. Est-ce cela?
M. Gratton: Oui. Par exemple, à l'élément
des projets moteurs où on retrouvait une somme de 40 000 000 $, c'est
déjà expiré. Cela fait justement l'objet de discussions
avec le gouvernement fédéral pour ajouter des sommes à
l'entente.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il y a
des montants affectés dans ces secteurs qui sont expirés que vous
pourriez transférer en partie dans un des programmes ou si c'est
très rigide?
M. Gratton: Jusqu'à présent, on ne l'a pas fait,
mais la possibilité existe toujours, si c'est la volonté des deux
paliers de gouvernement. On l'a examinée à quelques occasions,
mais, jusqu'à présent, on n'a pas fait de transfert...
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il y a
un secteur particulier que votre ministère aimerait promouvoir plus que
d'autres?
M. Gratton: Oui, du côté des projets moteurs, on
s'est rendu compte que les critères de l'entente faisaient qu'on ne
pouvait pas privilégier des projets de moins de 500 000 $, ces projets
moteurs étant définis comme des projets qui ont un effet
d'entraînement sur l'hébergement et les autres produits dans une
région donnée. Une des requêtes qu'on a adressées au
gouvernement fédéral pour discussion, c'est justement de pouvoir,
dans certaines régions désignées, notamment les
régions périphériques... L'idée nous était
venue, au cours de la tournée qu'on a faite des associations
touristiques régionales, notamment dans la région de la
Côte-Nord, de pouvoir aider financièrement à la mise en
place et à la réalisation de projets inférieurs à
500 000 $. Effectivement, dans ces régions, des projets qui ne sont pas
supérieurs à 500 000 $ peuvent parfois avoir un effet
d'entraînement sur l'industrie touristique. Si on pense, par exemple,
à la région de Duplessis, nul doute qu'on a identifié le
tourisme comme étant un des secteurs d'activité les plus
prometteurs dans le coin.
Alors, il y a plusieurs projets qui ne répondent pas au
critère de 500 000 $ au minimum, et ce que nous recherchons, c'est
d'avoir un peu plus de latitude de ce côté.
Le Président (M. Théorêt): Vous mentionnez,
avec raison, que le taux de change du dollar canadien, la montée du
dollar canadien, va avoir un effet assez négatif et va permettre
à plus de Québécois d'aller vers les États-Unis en
particulier.
En ce qui concerne les congrès qui sont toujours
réservés trois, quatre ou cinq ans à l'avance, est-ce que
le taux de change a vraiment un effet sur leur diminution ou leur
croissance?
M. Gratton: Ce n'est pas surtout dans le domaine des
congrès. Je ne pense pas...
Le Président (M. Théorêt): Non.
M. Gratton: ...que l'effet s'y fasse sentir autant que dans le
tourisme d'agrément.
Le Président (M. Théorêt): Cela n'a aucune...
Ce n'est pas un critère pour choisir.
M. Gratton: Non. On me fait signe que non. Effectivement, c'est
beaucoup plus du côté de l'individu qui planifie ses vacances. On
a eu l'occasion de faire valoir à la dernière réunion des
ministres canadiens du Tourisme à Calgary, il y a trois ou quatre
semaines, que, si le dollar canadien devait continuer sa montée par
rapport au dollar américain et au franc français, cela aurait
l'effet qu'on connaît bien, soit d'inciter les Québécois
à aller en plus grand nombre à l'extérieur et,
également, de motiver les étrangers à ne pas venir en
aussi grand nombre au Québec.
Le Président (M. Théorêt): Vous dites que
votre ministère est à prendre des mesures pour essayer justement
de contrer cela et d'intéresser les Québécois à
rester plus chez nous. On est rendu à la fin d'avril. Est-ce que, dans
votre plan, vous parlez du projet des vacances de cet été? Est-ce
que le plan est prêt à être mis en vigueur ou si...
M. Gratton: C'est-à-dire que, quant aux
représentations à faire, on sait qu'il n'appartient pas au
gouvernement du Québec de fixer ou de déterminer la politique
monétaire, c'est un domaine strictement fédéral.
Peut-être que le député de Terrebonne pourrait nous faire
des suggestions de ce côté-là, sur le moyen d'en arriver
à une nouvelle façon de faire. Le fait demeure que nous avons
fait ces représentations au gouvernement fédéral. Et nous
pensons qu'une des façons de pallier cela, c'est de consacrer des
ressources additionnelles à la promotion, non seulement des ressources
additionnelles, mais également de mettre l'emphase sur des aspects
différents du produit touristique québécois.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député.
M. Cannon: Oui, l'alternance, si M. le député de
Terrebonne...
M. Blais: II n'y a pas d'alternance aux crédits, il n'y a
que la générosité de l'Opposition.
Contribution à la Transat
M. Cannon: Et le partage du temps qui a été
déterminé préalablement, 60-40. Merci de votre grande
générosité, M. le député!
Dans son édition de ce matin, M. le ministre, le journal Le
Soleil à la page B-1, dans un article qui a été
écrit par M. Dubé, fait état du dossier de la Transat et
c'est intitulé "La Transat, c'est bien fini!" Dans cet article, on
indique et je cite le paragraphe du journaliste: "La semaine dernière,
Voile internationale annonçait qu'elle mettait un terme à
l'organisation de la Transat, parce que les gouvernements n'appuyaient pas
l'événement financièrement. Le gouvernement du
Québec n'avait pas encore réuni les 250 000 $ qu'il avait promis
et le gouvernement fédéral a toujours refusé d'injecter
directement de l'argent." Quant au montant de 250 000 $, j'aimerais que vous
puissiez m'indiquer d'une part quel était le montant de l'engagement du
gouvernement du Québec à l'égard de la tenue de cet
événement, et, d'autre part, peut-être faire le bilan ou
tracer l'historique pour dire où ce dossier-là est maintenant
rendu, afin qu'on puisse très bien comprendre les positions de part et
d'autre?
M. Gratton: Oui, je suis content qu'on me pose la question, M. le
Président, parce que, quand on parie d'engagement ou de promesse
qu'aurait faite le gouvernement, il y a eu une seule promesse ou un seul
engagement qui a été pris dans les discussions
préliminaires quant à l'organisation de cet
événement et c'était une promesse ou un engagement des
promoteurs de financer à 100 % l'événement par le biais de
l'entreprise privée. Nous avions consenti, au ministère du
Tourisme, à garantir un emprunt, les deux tiers d'un emprunt maximal de
100 000 $, à l'organisme pour frais de fonctionnement
préliminaire, pour qu'il puisse justement consacrer les efforts voulus
au recrutement de commanditaires de l'entreprise privée pour en arriver
à financer le total de l'événement par le biais de
l'entreprise privée.
Au départ, le budget de l'organisme était de 1 300 000 $.
Se voyant dans l'impossibilité de recruter des commanditaires pour un
budget semblable, les organisateurs, de leur propre chef, ont réduit ce
budget à quelque 730 000 $, notamment en réduisant de
façon très appréciable les montants consacrés
à la promotion de l'événement. Là, il faut bien le
dire, au ministère du Tourisme, particulièrement ce qui nous
intéresse, c'est la promotion du Québec comme destination
touristique par le biais du produit, par le biais de la
spécificité, mais aussi par le biais des
événements. Or, avec cette réduction du budget, on passait
de 306 000 $ à 125 000 $ pour la promotion. Donc, le gouvernement ne
s'est jamais engagé de quelque façon que ce soit au
départ. Au contraire, on acceptait de garantir les deux tiers d'un
prêt de 100 000 $ pour permettre au promoteur de recruter les
commanditaires privés de façon que l'événement au
total soit financé à 100 % par l'entreprise privée. Or, ce
qu'on doit constater à regret, c'est qu'on n'a pas réussi
à recruter les commanditaires nécessaires. Face à cela, le
gouvernement s'est dit prêt à injecter une somme additionnelle de
100 000 $, plus la garantie de prêt, et on nous indique, aux
dernières nouvelles, qu'il y avait 54 000 $ qui avaient
été utilisés de ce crédit bancaire de 100 000 $.
(11 h 15)
Donc, nous étions prêts à ajouter 100 000 $, ce qui
aurait porté éventuellement la contribution du gouvernement du
Québec à 150 000 $, et nous nous sommes refusés et nous
nous refusons à y injecter des fonds publics supérieurs à
cette somme, surtout qu'on constate que l'entreprise privée n'a pas
suffisamment confiance en l'événement pour le commanditer
à raison d'une somme assez importante. On avait parlé d'un
objectif de 100 %. C'est à peine si on rejoint maintenant des
commandites privées de 50 %. Et ce qui nous tracasse, il faut bien
l'admettre, c'est que, d'une part, on avait un budget de départ de 1 300
000 $ qui a été réduit à 730 000 $, mais
j'entendais encore M. Langlois il y a deux jours, à la
télévision, dire que, de toute façon, le budget
réel requis serait de l'ordre de 1 300 000 $. Et je pense que, dans les
circonstances, d'abord, il est exclu que le gouvernement se fasse le bailleur
de fonds de l'événement, de la même façon qu'on a
refusé aux promoteurs du Grand Prix automobile du Canada de s'en faire
les bailleurs de fonds. Nous on est prêts, avec les promoteurs
d'événements semblables, à participer à leur
promotion, conformément au mandat du ministère qui est d'attirer
les visiteurs, de faire connaître le Québec, d'augmenter la
notoriété du Québec comme destination touristique.
Dans le cas de la Transat Québec - Saint-Malo, c'est un
événement qui, à mon avis, était très
souhaitable, qui aurait eu des retombées économiques fort
importantes pour le Québec. Mais s'il fallait, à partir de
retombées économiques anticipées, garantir les
déficits d'organisation de tels événements, le budget du
ministère ne suffirait pas à combler une infime partie des
projets qui nous sont soumis. Je conclus en disant que nous regrettons vivement
que l'événement, s'il devait être vraiment annulé
par les promoteurs, ne puisse avoir lieu, mais que nous refusons d'injecter des
fonds publics supérieurs à ce que nous avons déjà
indiqué, c'est-à-dire un maximum d'environ 150 000 $.
M. Cannon: Alors, si je comprends bien, M. le ministre, cette
position a été communiquée aux responsables de Voile
internationale, et ce,
depuis un bon moment?
M. Gratton: Depuis fort longtemps, oui.
M. Cannon: Bon, êtes-vous en mesure de me dire si vous avez
eu des communications avec le maire de Québec qui, lui aussi,
évidemment, déplore l'annulation de cet événement?
Est-ce que le maire de Québec a, d'une part, communiqué avec
vous?
Et d'autre part, est-il parfaitement au courant de la position du
gouvernement du Québec dans le dossier, à votre connaissance?
M. Gratton: Quant à moi, comme ministre du Tourisme, nous
avons fait affaire avec l'organisateur de l'événement, soit Voile
internationale Québec, dont le président est M. Jean-Paul
Massé, et je n'ai eu aucune discussion avec d'autres personnes que de
Voile internationale Québec.
M. Cannon: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de La Peltrie.
M. Gratton: Soit dit en passant, on pourrait peut-être me
permettre d'ajouter, parce que le député de Terrebonne
tantôt faisait allusion aux efforts accrus que le ministère place
dans l'organisation de l'événement à Montréal par
rapport à Québec... On me fournit des chiffres pour
l'année dernière, 1987-1988. Pour les événements de
la région de Québec, le ministère a consacré
quelque 472 000 $ en promotion et par le biais de son programme de promotion et
des attractions, alors que dans la région de Montréal le total
est de 244 000 $. On voit donc que c'est deux fois plus à Québec
qu'à Montréal.
M. Cannon: C'est normal. Le Président (M.
Théorêt): M. le député.
Signalisation touristique bilingue
M. Blais: Bon, une question de moins à poser. Je vous
disais, M. le ministre, au tout début, que vous étiez
obligé d'appliquer la philosophie du gouvernement dont vous faites
partie et que, parfois, vous n'étiez certainement pas content des
philosophies qu'on vous imposait. Mais là, je crois que c'est un
engagement que vous aviez pris vous-même comme ministre du Tourisme, et
peut-être que, là, le gouvernement retarde sa réalisation.
Je veux parler de la signalisation touristique bilingue que vous avez promis.
Est-ce que vous avez toujours l'intention de donner suite à cet
engagement?
M. Gratton: Bien là, je ne sais pas à quel
engagement se réfère le député. Je n'ai jamais pris
d'engagement... L'engagement qu'on a pris c'est d'instaurer la signalisation
touristique, dont on a fait un projet pilote dans la région du
Coeur-du-Québec l'an dernier et de l'étendre à toutes les
régions du Québec, ce qui est en train de se faire. D'ailleurs,
on a des discussions avec plusieurs intéressés
présentement pour modifier certaines normes d'admissibilité et
d'application.
Ce à quoi se réfère peut-être le
député de Terrebonne, c'est à une déclaration. Nous
avions fait valoir que, sur les sites touristiques, il pourrait être
permis, par vote de réglementation, d'afficher certaines informations
dans une langue autre que le français et en plus du français. Ce
n'était pas malin parce qu'on s'inspirait simplement d'un projet de
modification à la réglementation qui avait été
publié par un collègue du député de Terrebonne, M.
Godin, député de Mercier, alors qu'il était ministre
responsable de l'application de la loi 101 et qui, en juillet 1985, avait fait
adopter une nouvelle réglementation qui aurait permis l'utilisation
d'une autre langue sur l'affichage de sites touristiques, dans les
musées, bref, à des endroits où les touristes
étrangers sont susceptibles de vouloir obtenir certaines informations.
Ce règlement avait été publié dans la Gazette
officielle du Québec, en juillet 1985, donc par l'ancien
gouvernement, mais il n'a jamais fait l'objet d'une proclamation. C'est
strictement à cela que je me référais. Il me semblait
qu'il pourrait y avoir effectivement un certain avantage, que l'ancien
gouvernement lui-même reconnaissait, à fournir certaines
informations à des touristes étrangers qui pourraient en avoir
besoin.
M. Blais: Oui, il n'y a pas d'objection à fournir le plus
de renseignements possible dans les deux langues pour les gens qui viennent de
l'extérieur. Mais vous donniez un exemple, et je le cite, c'était
entre guillemets dans votre déclaration du vendredi 21 août 1987:
"Par exemple, a-t-il ajouté - M. Gratton - la signalisation touristique
sera bilingue, de sorte qu'un automobiliste ne pouvant pas lire le
français ne s'engage pas dans une voie qui lui est interdite." En fait,
cela veut dire que, si c'est bilingue... Si on parlait d'une signalisation
internationale, de signes qui peuvent être compris dans toutes les
langues... Mais, là, ce n'est pas cela. "La signalisation touristique
sera bilingue, de sorte qu'un automobiliste ne pouvant pas lire le
français ne s'engagera pas dans une voie qui lui est interdite." Donc,
cela va plus loin qu'une politique de signalisation internationale ou d'aide
normale, et c'est cela que je trouve dangereux. On n'est tout de même pas
pour commencer à mettre une signalisation routière bilingue. Vous
savez, quand on va dans d'autres pays, il n'y a pas de signalisation trilingue,
bilingue, etc. Par exemple, je vais souvent au Mexique pour les vacances, comme
bien d'autres personnes. Il y a beaucoup...
M. Grattoir Cela ne vous tente pas de faire le tour du
Québec?
M. Blais: Non, je l'ai fait aussi. Je m'attache au Québec
terriblement. Il y a beaucoup d'anglophones du Canada et beaucoup
d'Américains. Il y a 150 000 Québécois par année
qui vont au Mexique. Il y a 300 000 anglophones du Canada et à peu
près 750 000 Américains qui y vont. Quand on arrive au coin d'une
rue, il y a un placard où c'est écrit: "Halto". Parmi les
Américains qui voient "halto", rares sont ceux qui se mettent a chanter,
ils arrêtent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Ils arrêtent. Ils comprennent que cela veut dire
"arrêt", et c'est normal. Il n'y a pas plus d'accidents de route au
Mexique parce que la signalisation est en espagnol que si elle était
bilingue. Je trouve cette déclaration curieuse. Est-ce que vous avez
l'intention d'y donner suite ou si c'était simplement une
déclaration d'un arrivant plein de fougue qui oublie cet engagement?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gratton: M. le Président, d'abord, la signalisation
touristique qui relève du ministère du Tourisme, on est en train
de l'implanter. Comme elle est surtout pictographique, il n'y a pas de
nécessité qu'elle soit bilingue, trilingue ou polyglotte. Il y a
seulement...
M. Blais: "Cylingue", pour les autos. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Gratton: Le député sait sûrement qu'il
s'agit de pictogrammes. Les seules lettres que l'on retrouve sur cette
signalisation, c'est le nom de l'entreprise. Ce à quoi fait
référence le député n'a rien à voir avec la
signalisation touristique, mais porte plutôt sur... L'exemple très
concret qu'on avait évoqué, c'étaient les fameux panneaux
"Reculez" qui n'existent nulle part ailleurs et qui, cela a été
prouvé, ont été la cause d'accidents assez graves,
notamment à la sortie de l'autoroute Ville-Marie.
D'ailleurs, le député n'était pas
député à ce moment-là, mais on avait un ministre
des Transports, M. Jacques Léonard, à qui on avait appris, parce
qu'il ne le savait pas, qu'il y avait de ces panneaux où on lisait
"Reculez", justement à la sortie des autoroutes pour empêcher que
des gens ne s'engagent en sens inverse. C'est à cela qu'on faisait
référence, et je persiste à croire que, nonobstant le
désir qu'on partage tous de promouvoir la langue française au
Québec, on doit trouver des solutions autres que d'avoir l'unilinguisme
français qui est incompréhensible. D'ailleurs, la
réglementation le permet, notamment en ce qui concerne la
sécurité dans les centres de ski, où il est possible
d'afficher dans une langue autre que le français, en y incluant le
français bien sûr. Et, quant à moi, la sortie d'une
autoroute, le moins qu'on puisse dire, c'est que cela peut être un
problème de sécurité. Mais il n'a jamais été
question de signalisation routière parce que cela ne m'appartient
même pas comme ministre du Tourisme.
M. Blais: Vous avez dépassé votre
pensée.
M. Gratton: Pas du tout. Je ne sais même pas à quel
article le député se réfère, mais je sais ce que
j'ai dit. Je sais ce que je pense et je l'exprime aussi clairement que je le
peux.
Travailleurs au pourboire
M. Blais: J'en suis fort aise et très heureux. M. le
ministre, indirectement, il y a une chose qui touche au tourisme. Je fais
référence ici au 30 juin 1987 où on disait: M. Gratton ne
rêvait pas mieux. Quand on arrive, on est tout feu tout flammes. On
parlait des priorités et on vous interrogeait. Vous avez dit: Les
priorités réelles sont plutôt le développement des
centres de ski - je suis bien d'accord avec vous - la création d'un
comité interministériel sur la situation des travailleurs au
pourboire. En juin 1987, c'était une priorité réelle. Je
sais que les gens au pourboire sont une responsabilité directe du
ministre du Revenu. Mais, vu que vous êtes leader du gouvernement et que
vous êtes un des grands manitous de ce Cabinet, lorsqu'on entend une
déclaration de cette sorte de votre part, c'est sûr qu'on devrait
y porter foi.
Alors, ce comité interministériel, où en est-il
rendu? Et à quand peut-on s'attendre à une solution dans ce
domaine?
M. Gratton: Évidemment, la solution nécessaire
découle de l'adoption de la loi 43 sur les pourboires qui n'a
malheureusement pas atteint les objectifs souhaités par l'ancien
gouvernement. On avait cette mauvaise habitude, dans le temps, de poser des
gestes avant de s'être assuré qu'ils étaient applicables.
J'ai toujours eu l'impression, et même la certitude, la conviction, que
le gouvernement péquiste avait voulu par là tenter de faire du
"forcing" auprès du gouvernement fédéral pour que les
employés au pourboire soient admissibles à
l'assurance-chômage. Quatre ou cinq ans plus tard, on n'en est toujours
pas là, et cela se comprend.
Quant au comité interministériel, il n'existe pas encore.
C'est à titre d'ex-ministre du Revenu beaucoup plus que comme ministre
du Tourisme que j'avais évoqué la possibilité de ce
comité interministériel. Mon successeur au Revenu, le
député de Montmorency, a repris le dossier. Nous avons
indiqué, quant à nous, au ministère du Tourisme, notre
intérêt à participer aux travaux du ministre du Revenu,
quelle que soit la forme qu'il choisira d'employer, pour tâcher d'en
arriver à résoudre le problème qui a
été créé par l'adoption de la loi 43. (11 h 30)
M. Blais: La loi 43 n'est pas complète, mais ce n'est pas
la loi 43 qui a engendré le problème. M. le ministre...
M. Grattort: C'est quoi?
M. Blais: Non, non, M. le ministre...
M. Gratton: M. le député, expliquez-moi, je ne
comprends pas. Ce n'est pas la loi 43 qui a engendré le
problème?
M. Blais: Non. Cela s'est concrétisé lorsque la loi
43 a été présentée, mais le fait que le pourboire
des employés au pourboire ne soit pas compté comme salaire tout
en en étant un... C'est le service bien plus que le pourboire que l'on
paie, car les gens ont un salaire plus bas parce qu'ils reçoivent une
compensation du client comme salaire réel. Ce n'est pas la loi 43 qui a
posé le problème des avantages sociaux normaux des autres
travailleurs pour ces gens-là. La loi 43 a essayé de le
régler. Elle ne l'a pas réglé entièrement. C'est
pour cela que je crois que, quand vous dites qu'il y aura un comité
interministériel, c'est une très bonne chose, mais qu'il faudrait
qu'il se fasse. Cependant, il est entendu que nous voulions, par ce geste,
forcer Ottawa à donner de l'assurance-chômage aux gens qui
tombaient en chômage après avoir travaillé. Leurs
pourboires devant être déclarés comme un salaire, ils
devraient avoir une rétribution d'assurance-chômage
là-dessus. Cependant, il y a une solution qui, j'espère, va
être envisagée si le comité ministériel se forme.
J'aimerais vous demander d'abord s'il va se former? Si le pourboire ou le
service, cela dépend - j'aime mieux qu'on l'appelle service - est inclus
dans la note du client, a ce moment-là, le gouvernement
fédéral accepte cette somme comme faisant partie
intégrante du salaire parce qu'elle est déclarée sur une
facture. Est-ce que cela ne serait pas la solution que, dans le comité
interministériel, vous devriez promouvoir à ce sujet?
M. Gratton: Évidemment, la décision à cet
effet ne relèvera même pas du ministre du Revenu, mais
plutôt du ministre des Finances. Mais, pour être très franc
et très candide avec le député de Terrebonne, à
titre de ministre du Tourisme, je ne serais pas porté à favoriser
une telle solution.
M. Blais: Je sais que c'est un peu déborder sur le
tourisme, mais comme vous parlez d'un comité interministériel,
quelle serait la solution pour que ces travailleurs aient justice du
côté avantages sociaux, comme les autres travailleurs du
Québec?
M. Gratton: M. le Président, si on sentait la
nécessité et si je sentais la nécessité de
créer un comité interministériel, c'est justement parce
que plusieurs ministères sont touchés par la question: le
ministère du Revenu, le ministère du Tourisme et encore plus le
ministère du Travail, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, le ministère des Finances au premier
titre. Je ne présumerais pas avoir une solution toute faite. Je n'en
avais pas élaboré comme ministre du Revenu, et, pour tout vous
dire, je suis très heureux que, comme ministre du Tourisme, je n'aie pas
la responsabilité de la trouver.
M. Blais: Cela peut avoir des conséquences sur le tourisme
au Québec. Si ces gens-là qui sont vraiment à la
tête de file pour recevoir les touristes décident de faire une
revendication de quelque façon que ce soit pour perturber l'année
touristique...
M. Gratton: J'espère que ce n'est pas ce que vous
recommandez.
M. Blais: Non. Je ne recommande rien. Je parle au ministre du
Tourisme. On voit quand même que des livres se publient, que les
syndicats reviennent avec cela de plus en plus. Le gros livre noir des
pourboires qui est sorti en février, je vous jure qu'il n'est pas beau
à voir. On sent qu'il y a une sorte de mobilisation qui est à se
refaire à ce sujet-là, et cela perturberait toute la saison
touristique. C'est pour cela que le fait que vous vouliez un comité
interministériel me semblait de bon aloi. J'espère que vous allez
pousser encore pour qu'il se forme. Non?
M. Gratton: Oui, effectivement, mais comme la
responsabilité ne m'imcombe pas, il m'est assez difficile de donner des
assurances au député ce matin.
M. Blais: Alors, je reprends votre déclaration de juin
1987. Vous dites: La priorité réelle est la formation d'un
comité interministériel. C'était la fougue de
l'arrivant.
M. Gratton: Non. Comme ministre du Revenu...
M. Blais: Comme ministre du Tourisme, vous disiez: les pentes de
ski et un comité interministériel pour favoriser
l'hôtellerie pour régler la question des gens au pourboire.
M. Gratton: II me semble qu'il y avait aussi d'autres
priorités.
M. Blais: II y en avait une ou deux.
M. Gratton: J'avais rejeté celle de l'achat d'une
île préconisée par mon prédécesseur, M.
Marcel Léger.
M. Blais: Cela a été fait à la
légère, monsieur.
M. Gratton: Vous trouvez?
M. Blais: Ce n'est pas de cela que je parle. Je parie de votre
déclaration. Je peux vous la passer, M. le ministre.
Les priorités réelles, dit M. Gratton, sont plutôt
des projets de développement des centres de ski et la création
d'un comité inter-minis-tériel sur la situation des travailleurs
au pourboire. Ce sont deux priorités, en juin 1987, de M. Gratton qui
arrive au tourisme.
M. Gratton: Je suis sûr qu'il y en avait d'autres. Il n'y
en avait pas seulement deux.
M. Blais: Oui, mais disons que, dans les deux, vous en avez
oublié 50 %.
M. Gratton: Pas du tout. Je viens de dire au député
de Terrebonne qu'il n'appartient pas au ministre du Tourisme de procéder
à la création de ce comité interministériel.
Aide aux organismes sectoriels
M. Blais: Je vais demander au ministre du Revenu de faire un vote
de blâme pour votre déclaration.
M. le ministre, dans le programme 1, élément 2, on voit:
aide aux organismes sectoriels de concertation touristique. En 1987-1988, on
avait 131 000 $ et, en 1988-1989, on a encore 131 000 $. En 1987-1988,
seulement deux organismes se sont prévalus de ce programme. Il y a les
ATR associés du Québec et la Fédération
québécoise de camping et de caravaning. En ce qui concerne ce
programme, vu qu'il y a seulement deux organismes qui ont demandé le
soutien gouvernemental, est-ce que c'est parce qu'il est mal utilisé ou
mal connu? S'il est mal utilisé et mal connu, c'est peut-être ce
qui explique que le budget reste le même cette année. Sinon, comme
je crois que cette aide aux organismes sectoriels est importante, de quelle
façon pourrait-on la promouvoir pour que les gens s'en servent? C'est
très bon pour le tourisme, je crois, comme programme.
M. Gratton: Si on me le permet, je pense que M. Therrien est
peut-être...
M. Blais: II s'agit de l'identifier pour le Journal des
débats, et il n'y a pas de problème.
M. Gratton: ...plus en mesure que moi de répondre.
M. Therrien (Jean-Yves): Alors, la réponse
là-dessus est que ce programme normé est normé de telle
sorte qu'il finance des organismes sectoriels pour l'ensemble du Québec.
Or, la politique jusqu'à présent a été de ne pas
financer avec cela des dépenses de fonctionnement d'organismes qui sont
des associations professionnelles, par exemple, comme l'Association des
hôteliers, celle des restaurateurs, à moins que ce financement ne
soit dirigé sur un projet très spécifique. C'est ce qui
explique pourquoi il y a une subvention à l'association du camping et
caravaning parce qu'elle a présenté au ministère un projet
très spécifique de publication d'un répertoire des
terrains de camping et de caravaning. C'est ce projet spécifique et non
pas les dépenses de fonctionnement de l'association qu'on a
financé par ce canal. Quant à l'ATRQ, c'est un organisme qui
regroupe l'ensemble des associations touristiques régionales, et ses
sources de financement sont plus limitées parce que les associations
touristiques régionales, comme vous le savez, sont aidées par un
autre programme qui est spécifiquement dessiné et établi
pour les associations touristiques régionales.
M. Gratton: J'aimerais ajouter qu'on a... Je pense que c'est
à partir de ce programme qu'on a consenti une certaine aide
financière à l'organisme Kéroul qui se spécialise
dans le tourisme des personnes handicapées.
Le Président (M. Théorêt): Merci. Avec votre
permission, je vais céder la parole au député de
Lafontaine et, après, au député du Saguenay.
Gastronomie italo-québécoise
M. Gobé: Merci, M. le Président. M. le ministre,
à la suite d'une question du député de Terrebonne tout
à l'heure, vous mentionniez que les produits de l'érable et les
produits de... Enfin, vous parliez d'une certaine publicité pour la
gastronomie. Vous disiez que c'était un des avantages et un des atouts
pour attirer certains touristes au Québec. On sait que la gastronomie
québécoise est faite de beaucoup de restaurants de cuisine
française, de cuisine italienne, entre autres. J'ai entendu, dans le
milieu de Montréal, un peu, des gens qui me disaient qu'il pourrait y
avoir un manque, peut-être en termes de formation de cuisiniers de
cuisine italienne. Je ne sais pas s'il y a eu des développements ou si
vous avez eu des représentations à ce stade-ci, mais j'aimerais
savoir si vous en avez eu et s'il y a des possibilités peut-être
de regarder, de se pencher là-dessus, parce qu'on sait quand même
qu'il y a une gastronomie importante et que ce n'est pas tout à fait la
même cuisine que celle qui vient traditionnellement de France. Ce serait
dommage de perdre cette particularité que nous avons à
Montréal et qui attire certainement certains touristes ou qui fait un
peu le charme du Montréal moderne.
M. Grattoir Oui, en effet, le député fait allusion
à un projet qui ne nous a pas encore été soumis de
façon formelle, mais qui, effectivement, a fait l'objet de certaines
discussions et qui sera examiné prochainement, je le souhaite, en
collaboration avec l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec qui, soit dit en passant, dispense déjà des cours
en langue italienne à l'intention de Québécois qui suivent
ces cours.
C'est un projet qui nous intéresse sûrement, compte tenu de
l'apport extrêmement important de la communauté italienne à
la cuisine et à la gastronomie québécoise.
M. Gobé: Est-ce que vous entendez privilégier ce
qu'on appelle le milieu pour aller dans ce dossier-là?
M. Gratton: Évidemment, les promoteurs du projet sont du
milieu, il va sans dire. Comme je l'ai dit, les discussions ne sont pas encore
amorcées, mais je compte prochainement organiser une rencontre avec les
promoteurs, les représentants de l'institut touristique pour voir
quelles seraient les possibilités de collaboration?
M. Gobé: Je vous remercie, M. le ministre. Ce serait
très bien perçu dans la région de Montréal et
même à Québec. Là aussi, il y a des restaurants
italiens de grand renom, d'ailleurs. Merci beaucoup.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de Saguenay.
Zone périphérique du parc
Saguenay
M. Maltais: M. le ministre, je voudrais souscrire un peu à
votre nouvelle philosophie concernant la Côte-Nord,
particulièrement mon comté où, depuis de très
nombreuses années, on voulait être reconnu comme circuit
touristique provincial. Vous l'avez fait en 1987 avec le circuit des baleines.
Cela peut en faire rire beaucoup des baleines, mais c'est un attrait
touristique, si on regarde combien il y a de régions qui se chicanent
pour avoir les baleines, alors qu'elles sont chez nous depuis que la terre
existe. Il y a bien des régions qui aimeraient se les accaparer,
même la région de Québec, n'en déplaise à mon
collègue de La Peltrie. Il est en train de nous faire accroire qu'elles
sont rendues à Québec, mais ce n'est pas vrai.
Vous y avez quand même, par cet effet, consacré les efforts
depuis une dizaine d'années des milieux touristiques. Je parle, non pas
d'associations touristiques, mais des développeurs touristiques, les
gens qui se sont pris en main, particulièrement dans l'entreprise
privée. Je pense aux croisières aux baleines où,
aujourd'hui, on retrouve une cinquantaine d'emplois pour une période de
cinq mois par année, chose qu'on n'avait pas. La reconnaissance comme
circuit provincial aura sans doute des effets bénéfiques pour
l'achalandage, particulièrement des Québécois du
Québec, mais aussi des touristes étrangers qui, de plus en plus,
viennent voir ce phénomène mondial. Je voudrais vous en
féliciter et vous en remercier.
Ce qui m'amène, dans un deuxième temps, à parler de
l'entente périphérique du parc Saguenay grâce à
laquelle un circuit de petites auberges de 50 chambres et moins s'est
développé et est en voie de se développer pour permettre
une infrastructure d'accueil complémentaire aux grosses infrastructures
qui existaient. Bien sûr, toutes ces PME ont profité de l'entente
Canada-Québec. Et cela a été excellent pour le
développement touristique à partir de la
Haute-Côte-Nord.
Cependant, on a de petites choses à déplorer de la part de
ces industriels qui sont aujourd'hui des hommes d'affaires,
propriétaires de PME; ce sont les délais d'attente. Je comprends
que c'est une machine gouvernementale qui a affaire à différents
ministères, qu'on parle de l'entente soit par la SDI, le
ministère du Tourisme et tout ce beau monde-là, mais,
aujourd'hui, on est à l'ère électronique et les hommes
d'affaires ne peuvent pas attendre des réponses, un an à 18 mois.
Lorsqu'on a des engagements financiers de 300 000 $, s'il faut attendre
après la réponse de la banque pendant 18 mois, on change de
banque. Je pense que, si on veut vraiment développer le tourisme, il
faudra resserrer la réglementation et être en mesure de donner une
réponse qu'elle soit positive ou négative, parce qu'on n'a pas
à juger de la pertinence des projets présentés, mais les
délais sont très longs et cela chatouille pas mal les promoteurs
touristiques de ce coin-là. Je ne sais pas s'il y aurait moyen au cours
de l'année, de faire de petits efforts là-dessus? Et je
reviendrai, tout à l'heure, dans un autre petit programme. (11 h 45)
M. Gratton: M. le Président, le député du
Saguenay se fait l'écho de plusieurs représentations qu'on a
reçues dans le même sens de la part des intervenants de la
région qui se plaignent effectivement de cette lenteur à traiter
les dossiers et les demandes dans le cadre de l'entente auxiliaire
Canada-Québec sur le développement touristique. Cette lenteur
s'explique, évidemment, par le nombre d'intervenants qui sont
appelés à analyser les demandes. Souvent, au niveau du
gouvernement du Québec, il y a l'OPDQ, le ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, le ministère du Tourisme. Et,
évidemment, lorsque l'aide financière se traduit par une
intervention de la SDI, voilà un autre palier qui doit être
impliqué. Nous sommes très conscients des retards qui peuvent en
découler et nous avons l'intention de tâcher de trouver les moyens
de minimiser le plus possible ces délais de traitement des demandes.
On constate d'ailleurs que, dans l'ensemble de l'entente
fédérale-provinciale, évidemment cela
est peut-être dû aux demandes elles-mêmes qui ont
été moins nombreuses, mais le fait demeure que, dans les soldes,
aux divers chapitres de l'entente, c'est du côté de la partie qui
est réservée à la région périphérique
du parc Saguenay où il reste quelque 7 000 000 $, l'enveloppe globale
étant de 10 000 000 $...
Une voix: II reste un solde de 8 000 000 $.
M. Gratton: ...et il reste un solde de 8 000 000 $ actuellement,
ce qui est encourageant en termes des possibilités d'intervention, mais
il faudra, évidemment, améliorer l'efficacité
distraitement des demandes.
M. Maltais: Je vous remercie pour l'intention gouvernementale. Ce
qui m'amène à une autre question dans le cadre de la gestion de
l'entente. On sait que cette entente-là est gérée
conjointement par le gouvernement du Canada, le gouvernement du
Québec.
Au sujet de l'approbation des projets, lorsque ce sont des projets
privés, cela va assez bien parce que ce sont des promoteurs qui ont
démontré la nécessité et toutes les implications de
leurs programmes. Mais lorsqu'on arrive avec des promoteurs sans but lucratif,
que ce soient des municipalités, des associations touristiques, des
groupes de développeurs touristiques... Relativement au choix des
projets, je sais que les personnes désignées pour donner leur
approbation, oui ou non, tiennent compte des critères qu'elles se sont
fixés au départ. Malheureusement, ces critères ne
répondent pas en totalité au désir et à la
volonté du milieu en ce sens que... Je vais vous donner un exemple, au
sujet des développements des marinas touristiques dans le fjord du
Saguenay. On a Tadoussac qui est la porte d'entrée. Chaque année,
on a des problèmes parce qu'on doit agrandir continuellement la marina;
et on devra, au cours des prochaines années, doubler sa superficie. Mais
cela ne respecte pas nécessairement les objectifs des gestionnaires de
l'entente Canada-Québec. Même chose avec Sacré-Coeur. Et,
finalement, on a fait un vide dans le milieu, on est allé à
l'anse Saint-Jean, au Petit Saguenay, on va aller à la ville de La Baie,
mais on laisse un vide dans le milieu, ce qui veut dire que le circuit est
court-circuité, si on peut dire, parce qu'on n'a pas fait ce qu'on
appelle les marinas de sauvetage ou, comment dirais-je, de petites marinas pour
se cacher en temps de tempête.
On ne parle pas d'investissements de 2 000 000 $ ou 3 000 000 $, on
parle d'investissements par les gens du milieu, ce qui est peut-être de
l'ordre de 600 000 $ ou 700 000 $. Mais, pour compléter ce
réseau-là, on parlerait peut-être de 400 000 $ ou 500 000 $
encore. Et dans le choix des projets fait par ies gestionnaires de l'entente,
souvent on nous dit: Bien cela ne rencontre pas nos objectifs. Je comprends que
la rénovation des vieux presbytères, c'est quelque chose de
louable, puisqu'on est tous nés catholiques, mais, par contre, ce n'est
pas nécessairement ce que les touristes et les gens de la mer vont aller
visiter le plus souvent.
Je pense qu'il faut peut-être consolider le réseau existant
avant d'entreprendre de très grands travaux et de faire de grosses
dépenses pour se rendre d'abord à un désir commun des
touristes, qui est d'avoir de petits ports d'attache en cas de mauvaise
température pour pouvoir se mettre à l'abri. Et c'est très
important, surtout lorsqu'on connaît, par exemple, la rivière
Saguenay, où, en l'espace de 30 minutes, on change de température
et on change de vent aussi, et que cela prend un abri. Tout cela chicotte
drôlement certains promotteurs et cela empêche aussi
ultérieurement, plus loin dans le fjord du Saguenay, de
développer, par exemple, des auberges. Si les gens ne sont pas capables
de se rendre à l'auberge, c'est bien beau de l'avoir bâtie, mais
comment va-t-on y aller? C'est tout cela qu'il faut regarder dans la prise de
décision du comité, et, là-dessus, je vous assure qu'on a
beaucoup de récriminations de la part de nos développeurs.
Je ne sais pas si, dans un temps prochain, il y aurait moyen
d'améliorer ce centre de décision plus à l'écoute
du milieu qu'à l'écoute des grandes associations.
Voilà.
M. Gratton: Je prends bonne note des représentations du
député de Saguenay et nous tâcherons dans les meilleurs
délais de lui fournir les éléments d'information qui
pourraient être susceptibles, sinon de le convaincre, tout au moins
d'apprécier les considérations des gestionnaires de l'entente
dans ce domaine. Pour revenir à la première partie de sa question
quant au délai de traitement des demandes, effectivement, dans le
remaniement ou dans la révision du crédit touristique, nous avons
soumis pour décision - c'est déjà passé à
l'étape du Conseil du trésor, et je pense que nous en sommes
rendus à l'étape finale d'approbation par le Conseil des
ministres - une procédure qui nous permettra, dans le cas de la zone
périphérique du parc Saguenay, de traiter les demandes
directement au ministère du Tourisme, sans devoir passer - il faut bien
s'entendre, les demandes du côté de l'entreprise privée -
par la SDI, ce qui devrait normalement écourter d'autant le temps de
traitement.
M. Maltais: Bravo et merci.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député de Terrebonne, je vous rappelle qu'il reste à peine
dix minutes et que c'est à vous la parole.
Société du Palais des
congrès
M. Blais: Je m'excuse, mais on a beaucoup de questions. Mais, que
voulez-vous, on est
toujours pressé par le temps. On va prendre le temps qu'on a. Je
me souviens d'un temps où nous étions au pouvoir, où votre
parti, devant le Palais des congrès, nous accusait d'à peu
près tous les péchés du monde et nous disait que nous
n'avions pas la façon de mettre à l'intérieur de ce Palais
des congrès une saine gestion et que le Palais des congrès devait
être rentable. Là, je ne crois pas cette année que nous
puissions dire que cela dépend d'Yves Michaud. Voici que le
déficit pour l'année qui va venir, va être de 1 500 000 $
plus haut que celui de l'année passée. D'abord, deux questions.
Aimeriez-vous encore le privatiser? Deuxièmement, comment expliquer que
nous allons subir un déficit de 1 500 000 $ de plus cette
année?
M. Gratton: Essentiellement, cela se ventile de la façon
suivante. Soit dit en passant, au tout départ, il y a lieu de mentionner
que la vocation du Palais des congrès de Montréal n'est pas de
rentabiliser ses opérations. On suppose que cela pourrait se faire assez
rapidement si on acceptait d'organiser des spectacles de toutes sortes, donc
d'augmenter l'achalandage en termes d'événements locaux,
régionaux ou même québécois au Palais des
congrès. Nous avons toujours privilégié plutôt une
approche qui favorise l'augmentation des retombées économiques
par le biais de congrès internationaux. C'est ainsi, comme je le disais
au début, qu'en 1987-1988, on a connu une augmentation substantielle du
nombre d'événements de congrès internationaux et, par le
fait même, des retombées économiques qui en
découlent. Mais quant à la question spécifique sur
l'augmentation des crédits qui sont consentis au Palais des
congrès, on les ventile de la façon suivante. D'abord, une
diminution des revenus estimés de 600 000 $. Comme l'indiquait quelqu'un
tantôt, on sait que les activités du Palais des congrès
sont planifiées souvent plusieurs années à l'avance, ce
qui nous permet de cerner peut-être un peu plus facilement les revenus
d'une année à l'autre. Donc, diminution des revenus
estimée à 600 000 $. Augmentation de la promotion et de la
publicité de 550 000 $, justement pour permettre au Palais des
congrès d'attirer... Et quand on parle de promotion et de
publicité, c'est auprès des clientèles de congrès
internationaux et non pas au point de vue de l'achalandage par des
activités comme, par exemple, le salon Vacances Québec qui, soit
dit en passant, a connu un franc succès en fin de semaine
dernière avec quelque 50 000 visiteurs dont, entre autres, 18 000 dans
la seule journée de dimanche.
Il y a une augmentation de taxes de 336 000 $, une augmentation du
coût d'emprunt de 335 000 $ et une augmentation des coûts
d'entretien et de réparation de 275 000 $. L'augmentation normale des
traitements est de 270 000 $, et, finalement, il y a une augmentation des
coûts divers reliés à l'administration et aux
opérations de 81 000 $. Ce qui donne un total de 2 447 000 $.
J'en profite, M. le Président - je suis sûr que le
député de Terrebonne me le permettra - pour souligner
l'arrivée à la présidence et à la direction
générale du Palais des congrès, le 1er janvier dernier, de
M. Michel Soussana qui, comme on le sait, possède une expérience
particulièrement impressionnante dans le domaine de l'hôtellerie
et qui, depuis janvier, est en train de redonner un souffle nouveau aux
opérations du Palais des congrès, surtout du côté du
marketing et de la promotion.
M. Blais: Je veux le féliciter également, parce que
c'est une position très enviable et que cela demande de grandes
qualités. C'est bien sûr. Mais je suis content que le ministre,
aujourd'hui, tienne le même langage que nous tenions quand nous
étions de ce côté-là, quand on nous accusait, nous,
de ne pas rentabiliser ce Palais des congrès parce qu'on donnait des
jobs à des chums. Aujourd'hui, ce n'est pas ce langage-là qu'il
tient. Il disait que c'est parce que Yves Michaud était là, lui
qui était un grand bonhomme dépensier. Je suis content,
aujourd'hui, de voir que c'est une chose nécessaire pour attirer le
touriste au Palais des congrès. C'est très difficilement
rentable. Je suis content qu'on le reconnaisse quelque temps plus tard.
M. Gratton: M. le Président, je ne voudrais surtout pas
qu'on me prête des propos. D'abord, je n'ai jamais parlé de M.
Michaud. Mais, si j'en parlais, je craindrais de rejoindre les propos qu'on
tenait à son sujet comme président du Palais des congrès.
L'orientation est bien différente aujourd'hui de ce qu'elle était
sous M. Michaud.
M. Blais: On ne s'éternisera pas là-dessus, parce
qu'on a d'autres crédits à faire, sauf que l'augmentation du
déficit est de 1 500 000 $ de plus cette année. Ce n'est pas de
notre faute, on n'est pas là.
Dans une conférence de presse, M. le ministre, vous avez un
communiqué que vous avez fait le 7 avril pour vendre le produit
touristique du Québec: 5 000 000 $ de plus en 1988-1989. On en a
parlé tantôt. À la page 4, il y a: Promotion des
événements touristiques, budget 1987-1988, 410 000 $;
crédits supplémentaires, 200 000 $; budget 1988-1989, 610 000 $.
Mais, dans nos crédits, au programme 1, élément 2, on a:
1987-1988, 410 000 $; budget 1988-1989, 910 000 $. Il y a une différence
de 300 000 $ entre ce que vous avez annoncé à votre
conférence de presse et ce qu'on retrouve dans les crédits.
À quel endroit est l'erreur là-dessus?
M. Gratton: Ce que l'on m'explique, c'est que, des 5 000 000 $
additionnels qui ont été consentis par le Conseil des ministres
à la promotion et au marketing, il y a une somme de 400 000 $ qui a
été affectée à ce programme.
M. Blais: Oui, mais, dans la conférence de presse, vous
marquez 200 000 $ et non 400 000 $. Cela va? Vous l'avez votre
communiqué?
M. Gratton: Les événements touristiques? M.
Blais: Programme 1, élément 2. M. Gratton: Oui.
M. Blais: Dans les crédits, on rencontre un total de 910
000 $, dans le livre des crédits.
M. Gratton: 410 000 $, oui.
M. Blais: De 910 000 $ au total, d'accord? Dont 410 000$...
M. Gratton: Un instant.
M. Blais: Et là, dans la conférence de presse, on
annonce 610 000 $.
Le Président (M. Théorêt): J'aimerais
suggérer au ministre qu'il pourrait peut-être fournir la
réponse au député de Terrebonne après le...
M. Blais: Oui. On peut revenir là-dessus.
M. Gratton: II y a eu un ajustement, M. le Président. Le
vrai chiffre, c'est celui qu'on retrouve dans le communiqué de presse,
soit 610 000 $.
M. Blais: II y a une coupure de 300 000 $.
M. Gratton: Non. On avait pensé affecter 400 000 $ du
budget additionnel à ce programme, et nous nous sommes ravisés
pour l'ajuster à 200 000 $. C'est donc 610 000 $ qui seront
consacrés à ce programme.
Adoption des crédits
Le Président (M. Théorêt): Ceci dit je vous
rappelle que le temps d'appeler l'adoption des crédits pour le programme
"Promotion et développement de l'industrie touristique". Est-ce que les
crédits sont adoptés?
M. Blais: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté. Je
vous remercie, M. le ministre, M. le député et vous tous qui avez
participé à ce débat. M. le ministre, M. le critique, pour
le mot de la fin?
M. Blais: Merci, M. le ministre.
M. Gratton: Je voudrais remercier le président, les
membres de la commission et le député de Terrebonne de
façon particulière, et inviter l'ensemble des membres de la
commission et tous les députés à l'Assemblée
nationale à s'intéresser à l'industrie touristique et
à accepter notre invitation de "se dépayser chez eux".
Le Président (M. Théorêt): Merci. Cela dit
les travaux de la commission de l'économie et du travail sont suspendus
jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
(Reprise à 20 h 6)
Crédits du ministre
délégué aux PME
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Êtes-vous prêt, M. le ministre? M. le porte-parole de
l'Opposition, êtes-vous prêt? Je déclare la séance
ouverte. Je rappelle le mandat de la commission. La commission de
l'économie et du travail est réunie afin de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Industrie et du Commerce, soit le programme 4, et aux
discussions sur les PME pour l'année financière 1988-1989.
Je demande au secrétaire s'il y a des remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Cannon (La
Peltrie) est remplacé par Mme Hovington (Matane), M. Lemire
(Saint-Maurice) est remplacé par M. Kehoe (Chapleau), M. Tremblay
(Iberville) est remplacé par M. Gobé (Lafontaine).
Le Président (M. Kehoe): Je rappelle aux membres
présents que la durée des travaux, ce soir, est de deux heures.
J'invite le ministre à faire ses remarques préliminaires, s'il en
a, comme vous voulez.
M. Vallerand: Quels sont les premiers temps d'intervention, M. le
Président?
M. Théorêt: M. le Président, j'aimerais
suggérer - je pense que c'est la façon de procéder
habituelle si les deux partis sont d'accord - qu'après les
présentations, les remarques préliminaires du ministre et du
critique de l'Opposition, on discute librement et on adopte, à la toute
fin, les crédits du ministère.
Le Président (M. Kehoe): II n'y a pas de règles
rigides qui sont...
M. Vallerand: II n'y en a pas de règles.
Le Président (M. Kehoe): ...établies, donc on peut
procéder de cette façon. Je vous demande, M. le ministre, si vous
avez des remarques préliminaires à faire.
M. Vallerand: Peut-être quelques-unes, brièvement,
en introduction, M. le Président, si vous me permettez.
Le Président (M. Kehoe): Peut-être qu'avant de
commencer, M. le ministre, voudriez-nous nous présenter les personnes
qui vous accompagnent?
M. Vallerand: Oui. Mon directeur de cabinet, M. Robert Millette;
le sous-ministre adjoint au ministère de l'Industrie et du Commerce,
M.
Marcel Pelletier; également, le grand argentier du
ministère, M. Michel Gagnon; aussi, M. Michel
Bussière, du ministère de l'Industrie et du
Commerce...
Le Président (M. Kehoe): Bienvenue à tout le
monde.
M. Vallerand: ...responsable de la Direction
générale de la recherche et de la planification du
ministère. Voilà!
Le Président (M. Kehoe): La parole est à vous, M.
le ministre.
Remarques préliminaires M. André
Vallerand
M. Vallerand: Puisqu'on veut faire cela de façon
informelle, M. le Président, il serait peut-être important, en
introduction, de situer ou de resituer, pour le bénéfice de tout
le monde, le mandat du ministre délégué aux PME, de faire
une espèce de sommaire rapide de ses principales actions au cours de son
mandat, particulièrement au cours de la dernière année,
et, également, peut-être sensibiliser les membres de la commission
sur les intentions du ministre dans le temps.
Très largement, le ministre délégué aux PME
est une nouvelle fonction ministérielle qui a été
créée lors de la prise du pouvoir par le Parti libéral le
2 décembre 1985. L'intention gouvernementale était de doter
l'Exécutif du gouvernement d'une capacité susceptible de le
sensibiliser aux problèmes relatifs aux petites et moyennes entreprises
du Québec. Pourquoi une sensibilisation plus particulière
vis-à-vis des petites et moyennes entreprises du Québec? Vous me
direz, M. le Président, parce que les petites et moyennes entreprises au
Québec, comme ailleurs au Canada et aux États-Unis, dans les
économies occidentales, constituent la force de frappe économique
principale de ces économies, notamment celle du Québec.
C'est-à-dire qu'au fil du temps, on observe que la quasi-totalité
des nouveaux emplois créés l'ont été par des
petites et moyennes entreprises, ce qui est le cas, non seulement au Canada et
aux États-Unis, mais également au Québec. Dans la mesure
où le gouvernement veut se doter d'une politique économique ayant
comme objectif la création d'emplois, il devenait évident qu'il
nous fallait une meilleure appréciation du phénomène des
PME au Québec. Donc, dans cet esprit, dans l'objectif de souscrire
à des politiques de création d'emplois, le gouvernement a
doté un des membres de son Exécutif pour le conseiller,
l'orienter, eu égard à la création de nouvelles petites
entreprises au Québec et eu égard à la croissance des
entreprises moyennes, en pensant que l'addition de ces deux objectifs nous
amènerait vers une création d'emplois substantielle pour abaisser
un taux de chômage qu'on croyait à l'époque et qu'on croit
encore trop élevé.
De quelle façon un ministre délégué aux PME,
à l'intérieur d'une structure sectorielle, qui est le
ministère de l'Industrie et du Commerce, va-t-il arriver à
compléter ce genre de mandat? La première chose que j'ai faite,
c'est peut-être important de le rappeler, puisque la fonction
était nouvelle, cela a été une consultation dans tout le
Québec auprès des principaux acteurs des petites et moyennes
entreprises du Québec, c'est-à-dire auprès de 500 à
600 entrepreneurs, non seulement pour prendre le pouls des expectatives de ces
gens, mais également pour mieux cerner cette réalité
entrepreneuriale au Québec.
À la suite de cette consultation, j'ai conduit en 1987, une
conférence PME, qui est la première dans les annales politiques
et économiques du Québec où on a réuni ici à
Québec 150 représentants de petites et moyennes entreprises au
Québec, afin de cibler certaines interventions gouvernementales en
matière d'aide à la petite et à la moyenne entreprise du
Québec. De cette conférence, nous avons retenu quatre
propositions principales qui ont fait l'unanimité parmi les
représentants des petites et moyennes entreprises dans leurs
associations respectives. À savoir de doter le ministère de
l'Industrie et du Commerce, sous ma responsabilité, d'une
capacité légère pour diminuer, alléger, l'ensemble
des tracasseries administratives qui affectent la performance des petites et
des moyennes entreprises au Québec.
Également, les gens à cette conférence ont convenu
de façon tout aussi légère de se doter d'une
capacité capable de filtrer la réglementation provenant de la
nouvelle loi pour autant que cette réglementation touche le
fonctionnement ou affecte le fonctionnement des petites et des moyennes
entreprises, et des entreprises en général, devrais-je dire, au
Québec. Également, lors de cette conférence, M. le
Président, on avait comme convenance, non seulement de se doter d'une
gestion documentaire, non seulement de se doter de moyens pour filtrer la
réglementation de la nouvelle législation, mais également
de tenter le plus possible de bâtir une banque de données
susceptible d'être utilisée par les petites et moyennes
entreprises au Québec, de poursuivre l'idée de la création
d'un guichet unique au Québec. Et on demandait également au
ministre des PME de faire la promotion de ces dernières
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du
Québec.
Cette action de la conférence PME de mai 1987 s'insérait
dans les convictions du gouvernement d'agir davantage sur l'environnement
propice à l'entreprise au Québec plutôt que de
confectionner de toute pièce des programmes d'aide directe pour soutenir
sa concurrence, pour soutenir sa création, pour soutenir son expansion.
Parallèlement à cette conférence, un peu plus
échelonné dans le temps, cette année comme l'an dernier,
pour la première fois au Québec, on s'est dote d'un état
de situation des PME parce qu'il nous fallait, non seulement tourner, adapter
l'orientation des intentions de politique, vers les besoins des PME, mais nous
fallait-il également connaître et apprécier le plus
concrètement possible l'importance économique relative des PME au
Québec. Cet état de situation bien connu maintenant puisqu'il a
été très bien reçu dans les populations auxquelles
il s'adressait, les gens d'affaires du Québec, démontre que le
profil entrepreneurial du Québec est fait de façon substantielle
de petites et moyennes entreprises au Québec. Sur à peu
près 160 000 corporations actives recensées en 1987, plus de 158
000 sont de taille petite et moyenne. Si on ajoute à cela des
entrepreneurs autonomes au nombre d'environ 200 000, c'est une force de frappe
économique de petites unités d'environ 360 000 au Québec.
(20 h 15)
On a également constaté que les petites et moyennes
entreprises au Québec étaient responsables, non seulement, pour,
comme je le disais, la quasi-totalité de la création d'emplois,
mais pour plus de 40 % de l'emploi total, plus de 45 % de l'ensemble des
revenus gagnés, pour également une partie importante de
l'ensemble du dynamisme économique de nos régions quand on fait
la répartition des petites et des moyennes entreprises en
régions, ce qui devient également une espèce de substitut
en matières d'orientation de politiques économiques vues
autrement que par le développement des ressources naturelles. On ne dit
pas que le développement des ressources naturelles ne demeure pas une
mesure importante de développement économique régional,
mais qu'un susbsitut important pourrait être la greffe de nouvelles
activités entrepreneuriales par le biais de la création de
petites et moyennes entreprises également.
Donc, un ensemble d'actions qui visaient à mieux apprécier
la personnalité des PME au Québec, à aller consulter ceux
qui en sont et à aménager avec eux un agenda qui permettrait de
mieux servir les intérêts de ces dernières. Ce qu'il est
peut-être important, en terminant, M. le Président, de se rappeler
dans ce cheminement-là en ce qui concerne la compréhension des
PME et en ce qui concerne nos intentions de soutenance des activités
entrepreneuriales, c'est que, si on regarde le résultat
économique du Québec au cours des deux dernières
années, et peut-être antérieurement aux deux
dernières années également, plus particulièrement
au cours de la dernière année, on se rend compte que, si on a
comme objectif la création d'emplois, si on sait que cette
création d'emplois sera produite par une croissance économique
qui se mesure par rapport à une croissance du produit intérieur
brut, en situant cette croissance aux environs de 4 %, avec un taux
d'investissements mesuré par rapport au PIB d'environ 20 %, on s'assure
de la création d'environ 100 000 emplois par année, ce qui a
été le cas de la réalisation de la performance
économique de l'an dernier à un taux de croissance du PIB
d'environ 4,7 %, un taux de croissance des investissements mesuré par
rapport au PIB d'environ 20 %, la création de plus de 100 000
emplois.
Cette réalisation économique dépend largement du
dynamisme entrepreneurial pour ne pas dire de la dynamique des petites et des
moyennes entreprises au Québec. Malgré certaines
appréhensions dans le cours de l'année 1988, eu égard au
ralentissement de l'activité économique, malgré le fait
qu'on prévoyait une diminution de l'augmentation des investissements, de
ce qu'elle a été de 8 % à 4 % et qui vient d'être
révisée à 7,8 % cette année, malgré une
projection de croissance du PIB d'à peu près 3 % avec un taux
d'inflation de 4 %, donc un taux brut de 7 %, on peut, malgré cette
appréhension d'une réduction relative de l'activité
économique, anticiper pour 1988 une performance singulièrement
supérieure à la moyenne canadienne à cause, justement, de
ce dynamisme de nos entreprises au Québec. Comment je le mesure?
Sommairement, à partir d'un sondage qui a été fait par la
maison Arthur Andersen au mois de novembre dernier et qui a été
rendu public au début de l'année 1988, qu'il est important, je
pense, de connaître, puisque les entreprises du Québec qui ont
été interviewées lors de ce sondage, comparativement
à des entreprises aux États-Unis et en Ontario, se disent
majoritairement plus confiantes dans l'avenir économique du
Québec. Par exemple, 80 % des entreprises interviewées au
Québec anticipent une augmentation de la valeur de leurs ventes en 1988.
60 % disent que leur marge bénéficiaire va augmenter. C'est
important, c'est très singulier comme observation. 50 %
prétendent engager plus de personnel dans le cours de l'année
1988. 47 % disent qu'elles feront des acquisitions en 1988. 33 % disent qu'il
est plus facile de trouver du financement au Québec qu'ailleurs, 15 %
aux États-Unis, 18 %, 22 % en Ontario. 52 % de nos entreprises au
Québec croient que l'accord du libre-échange est un accord
bénéfique pour leur entreprise respective. En même temps,
ce qui est intéressant dans le sondage, c'est qu'il recense des
solutions susceptibles d'améliorer leur efficacité qui
ressemblent aux orientations que le gouvernement a prises. Par exemple, nous
disent-ils, l'une des améliorations apportées, c'est
l'amélioration de la perspective concurrentielle sur les marchés
internationaux. Il leur faut améliorer leur structure de concurrence
pour affronter des mesures, pour
affronter des défis continentaux, sinon internationaux. Ils nous
disent qu'il leur faut également davantage améliorer leur marge
bénéficiaire pour compenser certaines pertes de
productivité ou certaines pertes de compétitivité sur le
plan national. Ils nous disent également que l'un des objectifs auxquels
ils s'attaquent, c'est l'amélioration de la qualité des
ressources humaines. Donc, c'est un ensemble de mesures qui situe assez bien
les interventions gouvernementales en matière ou de soutien aux petites
et moyennes entreprises au Québec.
Dans la mesure où notre vitalité entrepre-neuriale, pour
ne pas dire le dynamisme de nos PME au Québec, est peut-être
relativement plus élevée qu'ailleurs, la perspective
conjoncturelle 1988, dans ce qu'elle a, non de négatif, mais de
ralentissement relatif, peut se traduire par une performance supérieure
à ce qu'on peut observer ailleurs au Canada et même dans le
Nord-Est américain. Donc, c'est en vertu et en fonction de cette
perspective qu'on veut continuer à oeuvrer pour le compte de nos PME au
Québec.
En terminant, je voudrais associer cette action gouvernementale dont je
suis responsable, à savoir le Service de placement étudiant,
justement, à ce dynamisme entrepreneurial au Québec, par le fait
que, cette année comme l'an dernier, on s'est associé de
façon active, complice avec le secteur privé, pour conduire une
deuxième campagne de placement étudiant et tenter de recenser le
plus grand nombre d'emplois pour nos étudiants et nos étudiantes
au Québec. Cette campagne a été lancée il y a
environ deux semaines. Elle est faite par des tuteurs du secteur privé
représentant les petites et moyennes entreprises et les grandes
entreprises, dans toutes les régions du Québec. Elle est
également cautionnée par une espèce de parrain, entre
guillemets, national qui est Claude Beau-champ du journal Les Affaires.
A la suite des conférences de presse que j'ai faites, à la
suite des rencontres que nous avons tenues avec ces parrains et ces marraines
en régions, on est assez confiant d'obtenir, cette année comme
l'an dernier, les mêmes résultats au titre du placement
étudiant, combiner l'action du secteur privé avec le secteur
public. On se rappellera que l'an dernier, à partir de cette
complicité, on a recensé plus de 44 450 emplois étudiants,
ce qui est un record historique depuis l'existence même du Service de
placement étudiant du Québec, exception faite de l'année
1976, qui a été l'année des Jeux olympiques à
Montréal.
Donc, des mesures et également une contribution gouvernementale
qui n'est pas négligeable à partir de quatre grands programmes
d'embauché étudiant dans la fonction publique et les organismes
gouvernementaux et paragouver-nementaux, un programme d'échanges
interprovinciaux et, une nouveauté cette année qui est
reconduite, le programme de prêts aux entrepreneurs étudiants.
M. le Président, donc, dans le temps qui nous était
imparti, j'ai essayé, pour le bénéfice autant de nos
collègues de l'Opposition que ceux du gouvernement, de situer un peu le
mandat du ministre délégué aux PME, de situer tout le
monde très brièvement et sommairement par rapport à
certaines des actions importantes qu'il a conduites au cours de l'année
et, également, d'associer cette action à celle d'une autre
responsabilité qui est la mienne, le Service de placement
étudiant d'été du gouvernement. Merci.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je demande
au porte-parole de l'Opposition, le député de Lac-Saint-Jean,
s'il a des remarques préliminaires à faire?
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Oui, certainement. M. le Président, cela fait
maintenant deux ans et trois mois que l'on se retrouve, au Québec, avec
un ministre délégué aux PME. Quand on regarde la feuille
de route du ministre délégué aux PME, on en arrive assez
vite à dresser un bilan. Cela consiste en la publication de deux
volumes, des rapports sur la PME, qui sont intéressants, mais purement
descriptifs, et en la tenue d'une conférence PME, une sorte de sommet
des PME qui s'est tenu l'an dernier, il y a maintenant un an. Les deux volumes
publiés par le ministre constituent sans doute une bonne source
d'information sur ce qu'est la réalité des PME au Québec.
Ce n'est pas un travail ou une oeuvre inutile en soi. Toutefois, on n'y
retrouve pas d'énoncé de politique ou même d'amorce d'un
énoncé de politique à l'égard des mesures
adoptées en faveur des petites et moyennes entreprises au Québec.
Donc, il s'agit davantage et tout au plus d'une bonne source de
référence sur la réalité des PME, leurs
problèmes, leurs avantages et leurs atouts au Québec. C'est une
source de référence.
De la tenue de la conférence des PME tenue en mai 1987, il s'est
dégagé un consensus sur un certain nombre d'orientations, sur
quatre éléments en particulier, que je rappelle: d'abord, la
réduction de la paperasse gouvernementale, deuxièmement,
l'assouplissement de la réglementation pour les entreprises,
troisièmement, la formation d'une banque de données sur les PME
au Québec et, quatrièmement, l'ouverture d'un guichet
d'information unique pour les entreprises. Les deux premiers
éléments, j'en conviens facilement, représentent le
défi sans doute le plus important pour le ministre, quoiqu'il faille
signaler que ce n'est pas un thème nouveau. La paperasse, c'est une
vieille thématique. Cela fait des années qu'on en discute, qu'on
pérore et qu'on palabre autour de ce thème-là, la
paperasse, les formulaires, les programmes qui compliquent la vie et l'action,
particulièrement des PME qui n'ont évidemment pas les ressources
humaines toujours adéquates pour digérer cette paperasserie
gouvernementale.
11 aura fallu un an pour que le ministre se décide enfin à
s'attaquer à cette tâche. Le 18 avril 1988, en effet, on
apprenait, par la voie d'un communiqué, que le ministre
délégué aux PME rendait publiques certaines mesures. Le 18
avril, c'est il y a deux jours. J'ai vraiment l'impression que, comme le
ministre allait se retrouver en commission parlementaire pour l'étude
des crédits, il a dû se dire: II serait peut-être temps que
je donne l'ombre de la queue d'une suite aux recommandations de la
conférence PME qui a eu lieu il y a un an, sinon je vais me faire poser
des questions sur ce qu'il advient et sur ce que le ministre a fait de son
année. Ce que le ministre a fait de son année, ce sont douze
mois, c'est il y a un an avec des recommandations très concrètes
et des consensus en plus. S'il y avait eu divergence ou controverse dans le
monde de la PME sur ces orientations... Non, non, c'est le consensus,
l'unanimité totale, tout le monde est d'accord là-dessus. Alors,
cela veut dire que j'aurais cru que le ministre, dès le 29 mai - cela a
eu lieu le 28 mai - se serait mis au travail pour concrétiser et
réaliser les quatre consensus. Le temps s'écoule, et ce n'est que
le 18 avril 1988 qu'on apprend que le ministre se rappelle qu'il y a des
recommandations émanant du monde de la PME et qu'il serait
peut-être de bon ton d'y donner suite à la veille des
crédits. Alors, concrètement, ces mesures s'expriment de la
façon suivante. Création d'un comité de
représentation du monde des affaires pour conseiller le ministre sur les
secteurs d'intervention prioritaire, afin de permettre au ministre d'agir comme
coordon-nateur du gouvernement concernant la réduction de la paperasse
pour les PME. Bravo! Et là, il y a des représentants d'un peu
tout le monde, différents intervenants du monde des affaires. (20 h
30)
Création d'un groupe de travail restreint pour soutenir le
ministre dans son mandat d'examen de la législation et de la
réglementation pour faire une évaluation de l'impact
économique de tout nouveau projet de loi ou règlement touchant
les entreprises. Bref, en fait, enfin le ministre nous annonce qu'il entend se
mettre au travail après une année écoulée depuis
cette fameuse conférence, parce qu'en avril 1987, lors des
crédits, justement l'an passé, j'ai relu attentivement les propos
du ministre et la discussion qu'il a eue avec mon collègue de Shefford.
En relisant ses propos, on était persuadé et convaincu que le
lendemain matin cela allait commencer, que les actions allaient être
entreprises et les gestes posés pour réaliser les consensus qui
se sont dégagés lors de cette conférence. Ce n'est pas le
cas, c'est maintenant. Il y a deux jours à peine qu'on commence à
mettre cela en place.
Quant aux deux autres éléments du consensus, j'en dirai un
mot tantôt, en particulier sur l'ouverture d'un guichet unique. Pour le
moment, le ministre l'a évoquée tantôt, mais on ne sait pas
quand et comment cela va se concrétiser.
Pour ce qui est de la paperasse, pour ce qui est de la
réglementation, de la paperasserie gouvernementale, je suis
obligé de dire que le ministre est lent, que le ministre ne va pas vite,
quand il y a un consensus en plus. Après deux ans et trois mois, il se
décide enfin de s'attaquer à ce problème qui est connu de
tout le monde, qui est reconnu par toutes les PME comme un problème de
taille auquel il faut s'attaquer. Il se décide après deux ans et
trois mois enfin à s'attaquer à ce problème. Je trouve que
cela ne va pas vite. On ne peut pas déceler une volonté politique
très ferme et très déterminée quand cela prend
autant de temps avant de commencer à s'attaquer à un
problème de cette taille. D'autant plus que c'est un peu dans le flou.
Je veux bien croire qu'il y a un comité qui est mis en place, dont on ne
connaît pas encore la composition d'ailleurs, les membres n'en sont pas
connus. Mais c'est tout! On n'a aucune idée de l'orientation
précise qu'entend donner le ministre à ces deux comités.
Est-ce qu'ils ont un échéancier? Est-ce qu'ils ont des objectifs
à atteindre? Comment? Quand comptent-ils les atteindre? De quelle
façon? C'est court. Un simple communiqué sur la création
d'un comité contre la paperasserie. Comme dirait Cyrano, c'est un peu
court, jeune homme!
J'espère que, dans les quelques minutes qui nous sont
allouées, on va pouvoir en connaître davantage sur ce
comité, sur les objectifs en matière de lutte à la
paperasserie, sur les orientations et sur les délais qu'on se donne pour
essayer d'atteindre ces objectifs. Donc, pas de politique connue du
gouvernement à l'égard de ce dossier. Un voeu, une bonne
intention sans aucun doute de s'attaquer à ce problème, mais je
pense qu'il est important qu'on en sache davantage. Par ailleurs, les pouvoirs
du ministre semblent se limiter à celui de la recommandation. En soi, il
n'y a rien qui garantit que la nouvelle législation et la nouvelle
réglementation seront mieux adaptées aux PME. Ce n'est pas
sûr, ni une certitude puisque le ministre ne fait que recommander, donc
un pouvoir moral. Pour avoir une quelconque assurance, en tous cas, il nous
faudrait connaître les grands principes qui vont guider les interventions
gouvernementales en matière de législation, de paperasse et de
réglementation. Je pense que c'est important.
Quant au guichet unique, cela aussi c'est un vieux sujet, c'est un vieux
dossier. On en parle depuis plusieurs années au Québec du guichet
unique pour les PME. Le ministre en a parlé l'an dernier. Il en a
parlé tout à l'heure en disant que c'était un objectif
souhaitable, louable, sauf que, là aussi, on ne voit pas l'ombre de la
queue du début de réalisation d'un objectif comme
celui-là. Le guichet unique, c'est devenu presque une partie de la
mythologie des PME au Québec, sauf que cela ne voit pas le jour. Cela
fait partie de la mythologie, mais cela ne fait pas partie de la
réalité. Sauf erreur, à moins que je
ne me trompe, il n'y a aucune mesure qui a été prise
depuis deux ans et trois mois pour se rapprocher de cet objectif du guichet
unique que tout le monde souhaite, y compris les PME évidemment, parce
que cela réduirait leurs efforts et leurs démarches en
matière d'accessibilité aux politiques et aux programmes
gouvernementaux.
Une entreprise qui veut actuellement obtenir de l'information sur les
services et qui veut avoir recours aux programmes offerts par les divers
ministères du gouvernement doit toujours, au moment où on se
parle, faire affaire avec le ministère qui offre ces services ou ces
programmes. Donc il n'y a pas encore de guichet unique, et je pense que le
temps est venu de passer aux actes. On ne peut plus maintenant, après
deux ans et demie, continuer de dire que c'est beau, que c'est bien, que c'est
formidable, un guichet unique, que tout le monde est d'accord là-dessus,
qu'il faudrait aller de l'avant dans ce sens-là, dans cette direction.
Le temps des discours, c'est terminé. Puisqu'il y a un consensus, il
faudrait qu'on sache s'il y a une volonté politique de la part du
gouvernement d'aller de l'avant en cette matière de guichet unique. On y
va ou on n'y va pas. On s'en va dans cette direction? On essaie d'atteindre cet
objectif? Puis avec quel échéancier? Dans quel délai? Ou
on renonce. Mais là, ce serait le temps qu'on le sache. Et si on
décide d'y aller, qu'on nous dise quels sont les objectifs, comment on
compte y arriver, comment on compte atteindre cet objectif, comment cela va se
mettre en place, le guichet unique, de quelle façon. Dans les
régions, quelle forme cela va-t-il prendre? Qu'on nous le dise et qu'on
passe à l'action ou qu'on nous dise: Écoutez, c'est trop
compliqué, il n'y a pas moyen d'y arriver, ce n'est pas possible, c'est
une bonne idée mais elle n'est pas réalisable, ce n'est pas
faisable. Mais là, ce serait ie temps qu'on le sache, qu'on mette un
terme à la phase des beaux discours et des belles intentions.
Il y a plusieurs autres sujets, M. le Président, qui
mériteraient également une attention particulière. Entre
autres, je souhaiterais que l'on parle un peu des incubateurs. Cela aussi,
c'est un peu comme le guichet unique. C'est un peu du genre "tout le monde, il
est beau, tout le monde, il est fin, tout le monde, il est gentil". Tout le
monde est d'accord avec cela, les incubateurs, c'est formidable, cela assure le
démarrage des PME, cela réduit le taux de mortalité des
PME là où cela existe. Tout le monde est d'accord avec cela sauf
qu'on ne peut pas dire que le gouvernement a vraiment une politique connue et
précise en matière d'implantation d'un réseau
d'incubateurs au Québec. Cela n'existe pas. Il y en existe au
Québec. Il y a beaucoup de projets d'incubateurs au Québec, mais
il y en a qui sont subventionnés, d'autres pas, en particulier, par
l'entremise de l'OPDQ. On a de la difficulté à savoir vraiment
quelles sont les orientations du gouvernement en matière d'aide à
l'implantation d'incubateurs au Québec. Il n'y a pas de vraie politique
connue à ce sujet.
Le dernier sujet que je souhaiterais aborder, M. le Président,
c'est le dossier de la francisation des PME. Vous savez que, dans son discours
d'ouverture, le premier ministre du Québec, M. Bourassa, a
indiqué très clairement à la population du Québec -
et on sait ce que cela signifie un tel discours, c'est vraiment là qu'on
retrouve les intentions d'un gouvernement pour les mois qui suivent, donc,
c'est un document important - son intention, l'intention de son gouvernement,
d'aller de l'avant en matière de francisation des PME, des entreprises
de 50 employés et moins. Ce qui est une intention intéressante,
je pense que tout le monde en conviendra. Du côté des entreprises,
il y a certaines craintes qui ont été exprimées, surtout
relatives, évidemment encore une fois, à la réglementation
ou à la paperasse qui pourrait accompagner une telle politique de
francisation. Du côté du gouvernement, et surtout du ministre
délégué à la PME, compte tenu de son mandat et de
sa vocation au sujet de la francisation des petites entreprises, j'ai
évidemment plusieurs questions à lui poser, à lui
adresser. Je lui en adresse quelques-unes. On pourra discuter là-dessus
par la suite.
Est-ce qu'il a d'abord été consulté quand le
premier ministre a décidé d'en faire une orientation
gouvernementale? A-t-il fait des recommandations ou compte-t-il faire,
puisqu'il est un peu, nous dit-on ou prétend-il, l'ombudsman des PME,
des recommandations au premier ministre, au Conseil des ministres relativement
à la francisation des petites entreprises? Est-il au courant, a-t-il
connaissance, est-il informé des impacts économiques d'une telle
mesure, d'une telle orientation? Trouverait-il utile que le gouvernement songe
à aider, à apporter une certaine forme d'aide ou de soutien aux
entreprises, aux PME, qui s'engagent dans la voie de la francisation?
Existe-t-il un échéancier en cette matière? Bref, en
matière de francisation des PME, en plus d'une intention exprimée
dans le discours d'ouverture, y a-t-il un certain travail qui a
été fait par le ministre délégué aux PME
pour en mesurer l'impact et en évaluer l'ampleur?
Voilà, M. le Président, les quelques remarques que j'avais
à faire. Je conclurai en disant que l'an prochain, s'il existe encore un
ministre délégué aux PME, je dis bien "s'il existe encore
un ministre délégué aux PME" parce que je ne suis pas
certain que cela va être maintenu. Il y aura un remaniement, semble-t-il,
au mois de juin, est-ce que ce poste va être maintenu? En tout cas, je
vous dis tout de suite que, s'il existe toujours un ministre
délégué aux PME l'an prochain, comme Opposition, on va
être sans doute un peu plus sévère parce que je vous dis
tout de suite qu'actuellement, c'est de la déception que je me dois
d'exprimer. Compte tenu du
temps écoulé, je suis obligé de constater que
l'oeuvre accomplie est relativement mince.
Il y a lieu d'accélérer le rythme de réalisation de
certains objectifs, sinon on va se demander à quoi cela sert un ministre
délégué aux PME. Merci.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Lac-Saint-Jean. Y a-t-il d'autres députés qui ont des
interventions à faire à cette heure-ci? M. le ministre.
M. André Vallerand (réplique)
M. Vallerand: Oui. M. le Président, je vous dirais que si
le poste de ministre délégué aux PME existe encore l'an
prochain, ce qui serait souhaitable peut-être c'est que le
vis-à-vis, critique de l'Opposition, en soit un autre. C'est l'an
dernier, au même titre que l'année d'avant - je pense, M. le
Président, qu'en relisant les galées, vous allez le constater -
que j'ai trouvé poliment, respectueusement, que l'Opposition manquait de
perspective. J'espérais cette année qu'avec un nouveau critique
de l'Opposition, on pourrait pallier cette difficulté, parce que vous
comprendrez que les discussions et les compréhensions sont d'autant plus
difficiles quand cela manque autant de perspective. (20 h 45)
Le bilan que mon vis-à-vis de l'Opposition a fait de mon mandat
s'inspire justement de cette mentalité typique à
l'intérieur de l'Opposition, qui consiste à faire des
comptabilités des gestes de notre gouvernement, eu égard à
chacun des ministères considérés, sans
référence fondamentale. Et cela, je le déplore, parce que
cela appauvrit le débat démocratique au Québec. On en a la
preuve éclatante encore aujourd'hui, ce que je comprends bien, dans
l'esprit de mon vis-à-vis de l'Opposition officielle, sans ces
références, pour une bonne compréhension du fonctionnement
de l'économie. Quand on parle de PME, on parle d'un
élément à l'intérieur de la mécanique
économique globale, élément important. Cela fait deux ans
que je m'évertue à le signaler à tout le monde,
particulièrement à l'Opposition, dans les circonstances de ce
soir. Un an, me dit-il, sur des sujets qui font l'unanimité, M. le
vis-à-vis de l'Opposition? Mais vous avez pris combien de temps avant
d'agir? Vous avez été au pouvoir pendant combien de temps? Neuf
ans? Vous avez fait de la PME votre espèce de cheval de bataille dans la
conquête des convictions économiques des autres.
L'unanimité sur la paperasse, cela existait en 1977. L'unanimité
sur une gestion documentaire, cela existait en 1977. L'unanimité sur la
création d'un guichet unique, cela existait en 1977. La constitution
d'une banque de données, sans exister, était quand même un
élément qu'on était capable de planifier pour
l'utilisation de nos entreprises au Québec.
Neuf ans! Rien! En un an, un peu plus d'un an, honnêtement,
état de situation qui permet, pour une première fois dans
l'histoire économique et politique du Québec, de situer
l'importance économique des PME. Mais, bon Dieu, comment faisaient-ils
pour prétendre être en mesure de les soutenir dans leur action?
Ils ne savaient même pas combien il y en avait. Ils ne savaient
même pas quel pourcentage de l'emploi cela créait. Ils ne savaient
même pas quel pourcentage d'emplois totaux ni des revenus gagnés
cela représentait. Mais ils avaient des politiques en faveur des PME au
Québec. En moins de deux ans, on a situé cela. En moins d'un an,
on a fait consensus sur les pseudo-consensus qui, prétendent-ils,
existaient. Ils n'ont jamais agi. On a convoqué pour la première
fois une conférence PME. Vous auriez été capables de le
faire, en neuf ans. Première dans notre annale politique
économique du Québec! On a fait consensus sur ces objectifs, mais
de façon opérationnelle. C'était en mai dernier. Moins
d'un an après, ou à peu près un an, je veux bien le lui
concéder, on passe à l'action. Vous auriez pu le faire avant, en
neuf ans. Non pas une mise en application des propositions à partir
d'une action isolée du gouvernement, comme cela se faisait
antérieurement, mais de façon complice, de façon
associée, avec les véritables acteurs de l'économie qui
auront à vivre avec ces décisions.
Pour l'information du député de Lac-Saint-Jean, huit
associations ont été retenues pour la composition du
comité du secteur privé. La Chambre de commerce du Québec
a convenu d'y déléguer un représentant; le Conseil du
patronat du Québec a convenu d'y déléguer un
représentant; l'Association des manufacturiers, section Québec,
sera partie prenante de ce comité; le Groupement québécois
d'entreprises, le Mouvement Desjardins, le Fonds de solidarité de la FTQ
et le Centre des dirigeants d'entreprises. Huit organismes d'affaires
éminemment représentatifs des PME au Québec et des
entreprises en général parce que notre biais est tourné
vers l'intérêt de l'entreprise, avec un accent particulier sur sa
constituante principale qui est la PME à 99 % de sa configuration.
Comité formé, décret accepté, en moins d'un an,
comparativement à neuf ans. Il faut bien le souligner. Mandat
établi, la première rencontre du comité d'intendance
administratif de la gestion documentaire a déjà eu lieu, et nous
sommes en préparation d'un premier ordre du jour pour la première
séance de travail d'ici quinze jours à trois semaines avec le
comité du secteur privé.
Moins d'un an après la conférence, comparativement
à neuf ans, M. le député de Lac-Saint-Jean.
Réglementation. Parlons de réglementation tatillonne pour
l'entreprise. Vous l'avez soulevée. Il me fait plaisir d'en discuter
avec vous. On est ici pour cela, ce soir. Est-ce que c'est un problème
nouveau que la question de la réglementation qui affecte
l'efficacité de nos entreprises au Québec? Non. Tellement pas
nouveau qu'il constitue, ce problème, une contrainte
particulière, non seulement vis-à-vis de
l'efficacité d'expansion de nos entreprises actuelles, mais
vis-à-vis du potentiel de création des entreprises à
venir. Parce que, pour votre bénéfice, la création
d'emplois origine à 50 % de la création des nouvelles entreprises
et à 50 % de l'expansion des entreprises existantes. Contrainte majeure,
lourdeur réglementaire, imputable, je ne dirais pas, à des
mauvaises volontés dans le passé, mais au manque de clairvoyance
de l'ancien gouvernement très évidemment. Peut-être pas de
la mauvaise volonté. Jamais, jamais on n'a été capable de
se doter d'une capacité, disons, horizontale pour examiner l'impact de
la réglementation issue des législations, dans la mesure
où cette réglementation affectait l'entreprise.
En un an, nous avons déjà cette capacité
d'intervention à l'intérieur d'un ministère sectoriel
important qui est le ministère de l'Industrie et du Commerce, qui est
déjà à l'oeuvre, qui a comme mandat. Pas de façon
coerciti-ve - de grâce, M. le député de Lac-Saint-Jean, ce
n'est plus le même gouvernement - vis-à-vis de nos
collègues dans les autres compétences ministérielles, pas
à partir de déclarations péremptoires vis-à-vis des
mandats de mes collègues. Non. À partir d'une analyse
intelligente et intelligible de la réglementation issue de la
législation. Et d'aviser, de façon tout aussi intelligente et
intelligible, mes vis-à-vis du Conseil exécutif pour leur dire:
Vis-à-vis, il peut y avoir des problèmes au titre de la
création des entreprises et de l'expansion des entreprises par rapport
à la réglementation qui est attachée à votre
législation. Les aviser de façon collégiale, de
façon à minimiser l'impact de cette réglementation sur le
fonctionnement de l'entreprise, pas de façon coercitive.
Guichet unique. Vous avez raison. Problème qui existe depuis
longtemps. Sur ce problème, je vais vous faire grâce de vos
propres impairs vis-à-vis de la solution parce qu'elle ne se situe pas,
cette solution, par rapport à la difficulté dans le temps. Vous
en conviendrez si vous êtes intellectuellement honnête, et je pense
que vous l'êtes. Le guichet unique, par définition, c'est une
concentration de ressources pour aider nos entreprises dans un
démarchage d'informations eu égard à des programmes,
à des réglementations, à un ensemble de mesures qui aident
son fonctionnement. Mais cela existe, ce guichet unique, pour autant que la
responsabilité provinciale est concernée. Il existe ce guichet
unique dans toutes les régions où on retrouve un bureau
régional du ministère de l'Industrie et du Commerce. Pour autant
que ma capacité ministérielle à l'intérieur d'un
ministère sectoriel est concernée, le guichet unique existe. La
difficulté que vous avez eue, la difficulté que nous avons, c'est
de négocier des arrangements du guichet unique avec d'autres
compétences gouvernementales, à savoir le municipal et le
fédéral.
Pour autant que le Québec est concerné, ce guichet unique,
on peut dire qu'il existe. Dans l'esprit des gens de la conférence, ce
qu'on visait, c'est, non pas ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce
ne fait pas, mais de nous sensibiliser à une façon
d'améliorer le guichet unique en invitant d'autres compétences
gouvernementales. Et on a le même problème que vous avez. On ne
dit pas non, on ne jette pas la serviette. On négocie, dans le cadre des
rencontres fédérales-provinciales, les possibilités de
regrouper nos services d'information qui sont tournés vers les petites
et moyennes entreprises et les entreprises en général, au
Québec. Banque de données? C'est vrai, cette banque de
données n'existait pas avant que nous arrivions, malheureusement. Nous
l'avons constituée, à vrai dire, à partir de l'état
de situation.
Quand je pariais de manque de perspective, c'est un peu, sinon beaucoup,
ce à quoi je faisais allusion, M. le Président. C'est parce que,
dans l'esprit de l'Opposition et de ses représentants, dans les
différentes commissions, l'action d'un état de situation se
résume à faire des colonnes de chiffres et à faire des
énoncés factuels d'un état de situation. Mais ce n'est pas
cela. C'est vrai que c'est cela au chapitre de l'analyse de l'utilisation de
l'information, mais cela sous-tend beaucoup plus que cela. Cela sous-tend toute
une méthodologie relative à une compréhension du
phénomène de la PME, donc à la confection de banques de
données, l'enclenchement de l'état de situation.
M. Théorêt: M. le Président, pour
l'information du député de l'Opposition, il peut avoir 20 minutes
et vice versa.
Le Président (M. Kehoe): II a parlé pendant treize
minutes.
M. Vallerand: C'est très peu pour l'information de mon
vis-à-vis d'ailleurs. Il me fera plaisir de continuer par la suite.
M. Brassard: ...je vais aller regarder la joute, comprends-tu,
cela va être plus intéressant.
M. Vallerand: Oui, mais si vous continuez à faire des
remarques comme vous le faites depuis le début, ce n'est plus de
l'échange d'informations, M. le député.
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde.
M. Vallerand: Je m'excuse, M. le Président. Si ce n'est
pas assez rapide... On me reprochait tout à l'heure de ne pas avoir
assez fait. Je fais l'énumération de ce que j'ai fait, mais on
préfère aller voir la joute de hockey. Il faudrait voir le
sérieux des remarques du vis-à-vis de l'Opposition.
Le Président (M. Kehoe): Si on applique avec rigueur le
règlement, c'est 20 minutes pour
chaque personne, en alternance. Jusqu'à maintenant, le
règlement n'est pas appliqué avec rigueur. Si vous voulez qu'on
l'applique... Jusqu'à maintenant, pour ce qui est de la deuxième
intervention de M. le ministre, cela fait treize minutes qu'il parte. La parole
est encore à vous.
M. Théorêt: Je voudrais juste vous faire part, M. le
Président, qu'en plus du fait que le ministre n'a pas utilisé
tout son temps, depuis le début de sa deuxième intervention, il
n'a fait que répondre aux remarques, point par point, du critique de
l'Opposition officielle. Donc, non seulement c'est plus que pertinent, mais
cela répond strictement à l'intervention du critique de
l'Opposition officielle. Il n'a pas à être rappelé au
règlement là-dessus.
M. Vallerand: M. le Président, je me suis fait une
discipline personnelle de reprendre chacun des points soulevés par mon
collègue de l'Opposition officielle. J'en étais à la
banque de données. On connaît le résultat. Les statistiques
sont maintenant disponibles, on les systématise davantage et on veut les
rendre accessibles aux utilisateurs que sont principalement- les associations
de petites et moyennes entreprises, des entreprises du Québec. C'est
à se faire.
Donc, si je fais le décompte de la conférence, la
quasi-totalité de ce qui a été discuté est
maintenant opérationnel, en moins d'un an. Ce n'est peut-être pas
un record, mais c'est sûrement une bonne moyenne.
En ce qui a trait aux incubateurs, vous savez, actuellement, per capita,
le Québec a autant d'incubateurs qu'il y en a aux États-Unis. La
problématique des incubateurs, au Québec, est
multidimensionnelle. Ce qu'il s'agit d'arrêter, pour autant qu'on veuille
appuyer un concept qui est intelligent dans la création de petites
entreprises, au Québec, particulièrement les petites
entreprises... Je pense que c'est un instrument qu'on ne doit pas balayer du
revers de la main. C'est un instrument qui s'ajoute à l'ensemble de
l'instrumentation qui existe, justement, pour inciter la création de
petites entreprises dans la perspective de créer davantage d'emplois, 50
% de la totalité des emplois créés. Sauf que, dans cette
perspective multidimensionnelle, il faut bien arrêter le type
d'incubateur qui est susceptible de mieux desservir l'objectif
recherché. (21 heures)
Vous comprendrez, M. le député de Lac-Saint-Jean, que
l'incubateur ne peut pas être l'instrument qui va nous assurer le maximum
de création de petites entreprises au Québec. C'est un instrument
qui s'ajoute à la marge en addition des actions qui se font
déjà. Donc, par définition, l'incubateur doit être
sélectif, puisqu'il ne peut pas, dans sa forme et dans ses faits,
embrasser l'ensemble des demandes de création d'entreprises, en ce que
ces demandes cherchent à être appuyées par des services
auxiliaires qui sont offerts par les incubateurs. Par conséquent, il est
très important de retenir un type ou quelques types d'incubateurs qu'on
veut privilégier - motels industriels, incubateurs à accent
scientifique, conjugaison de ressources du milieu universitaire et du secteur
privé, il y a plusieurs modèles d'incubateurs - et d'être
bien certain, avant d'arrêter une politique définitive des
incubateurs au Québec, du rapport de la contribution financière
entre le secteur privé et le secteur public.
Actuellement, je peux vous dire que la totalité ou la
quasi-totalité des demandes d'incubateurs au Québec le sont
à partir d'une demande d'aide financière. On peut décider
d'avoir une politique de soutien financier, mais encore faut-il
déterminer quel type d'incubateurs on veut arrêter. Je peux, par
expérience, pour être allé à Philadelphie, vous dire
que j'ai visité des incubateurs scientifiques qui sont logés
à l'intérieur d'universités. Ce type d'incubateur se
prête très bien à la création d'entreprises
tournées vers des activités de haute technicité. Ce qu'on
me disait après les avoir visités, après avoir fait le
bilan depuis plus de cinq ans, à Philadelphie, c'est que la
majorité des entreprises qui ont été créées
dans cette incubation y sont encore. Il y a énormément de
problèmes à la sortie de l'incubateur. Il y a, non seulement des
problèmes, pour être équitable, à l'entrée,
mais il y a des problèmes à la sortie dans l'incubation.
Ce sont des choses auxquelles il faut très bien penser,
réfléchir, avant de faire un énoncé de politique
d'incubateurs au Québec, ce que le ministère est après
faire, sans pour autant se soustraire à de l'aide. Par exemple, dans la
région du député au Saguenay, Soccrant. Je pense que c'est
un type d'incubateur modèle qui nous sert de référence et
qui est très expérimental dans l'élaboration d'une
politique plus complète. Mais je ne pense pas qu'on puisse nous
reprocher de nous être soustraits à des actions visant la
création d'incubateurs au Québec.
On me parlait de la francisation des PME. Je comprends que c'est
d'intérêt pour l'Opposition. Je pense que c'est
d'intérêt pour l'ensemble de la population que le
député de Lac-Saint-Jean le soulève; je pense que c'est de
circonstance. Ce que le premier ministre avait en tête, ce que le
gouvernement, par la voix du premier ministre, a en tête, c'est de
s'assurer que nos travailleurs québécois puissent se retrouver
dans un environnement de travail et utiliser le français ou leur langue
maternelle comme langue de travail. Pour nous, c'est une préoccupation,
comme celle de l'Opposition, de s'assurer que l'environnement de travail pour
les Québécois est un environnement conçu pour leur
permettre de travailler dans leur langue. Donc, dans cette perspective, il ne
faudra surtout pas penser que c'est une politique qu'on veut
généraliser pour le moment; il s'agit de bien recenser les
secteurs d'entreprises. Et on sait que c'est dans le domaine des entreprises de
haute tech-
nicité où la difficulté d'utiliser le
français est la plus probante. Alors, l'action, avant d'arrêter
une politique générale, avant de commencer à mesurer les
impacts - et vous avez raison - de la réglementation tatillonne qui
pourrait être issue de cela, de la paperasse, je pense qu'il s'agit
très bien, dans un premier temps, de recenser certains secteurs
d'activité économique qui sont plus difficiles d'accès en
ce qui a trait à la langue de travail en français que d'autres,
à cause de l'évolution technologique. C'est ce qui est à
penser.
Je pense, dans le temps qui m'était imparti, avoir couvert les
principaux points que M. le député de Lac-Saint-Jean a
soulevés tout à l'heure.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Climat favorable aux PME
M. Brassard: M. le Président, d'abord, je pense que
l'ancien gouvernement n'a pas de leçon à recevoir en
matière de soutien et d'aide aux PME. S'il est vrai que nous ne nous
sommes pas attaqués avec suffisamment de vigueur, j'en conviendrai,
à la paperasse gouvernementale, il n'en demeure pas moins que le
gouvernement du Parti québécois, pendant toutes ces années
où il a été au pouvoir, a été reconnu par
tous les observateurs objectifs de la vie économique
québécoise comme étant un gouvernement extrêmement
favorable aux PME, qui a aidé le développement des PME au
Québec, et qui a mis en place des programmes et des politiques qui ont
suscité un plus grand développement des petites et des moyennes
entreprises au Québec. C'est connu de tout le monde que le gouvernement
du Parti québécois avait un préjugé plus favorable
aux PME qu'il pouvait en avoir un, par exemple, à l'égard des
grandes entreprises. C'est un fait. Alors, de prétendre que l'ancien
gouvernement n'avait pas de perspective quant à la PME, c'est une
affirmation purement gratuite qui ne correspond en aucune façon à
la réalité.
Je ne ferai pas un bilan de l'ancien gouvernement. Je pense ce sont eux,
les libéraux, qui sont au pouvoir depuis deux ans et demi. Il serait
temps qu'ils l'assument d'ailleurs. Il y a certains ministres qui semblent
avoir oublié qu'ils ont à exercer le pouvoir parce qu'ils se
bornent la plupart du temps en guise de réponse... Le ministre de
l'Environnement, entre autres, en est un pour qui c'est devenu une
véritable rengaine. Il se borne à attaquer l'ancien gouvernement
ou à reporter, à se décharger de ses
responsabilités sur l'ancien gouvernement.
Seulement pour la SDI, on en parlait avec le ministre de l'Industrie et
du Commerce, le nombre des programmes est passé de quatorze à
quatre, donc considérablement réduit. Il n'y a plus aucune
subvention possible à la PME. Le ministre est parfaitement d'accord avec
cela, sauf qu'on continue d'en donner aux grandes entreprises, par exemple.
C'est donc une politique de deux poids, deux mesures. Les grandes entreprises
continuent de bénéficier de subventions, cela semble être
bénéfique pour elle, mais pour les PME, on a décidé
qu'il n'était pas question, par la SDI ou autrement, d'accorder des
subventions. Ce qui fait qu'on a réduit de quatorze à quatre le
nombre des programmes d'aide de la SDI à fa PME. Quand on a de la
difficulté à mettre sur la table des actions concrètes
entreprises, un bilan concret d'actions précises on fait comme le
ministre vient de faire. On dit: Écoutez, il ne faudrait tout de
même pas être pointilleux au point d'exiger que, de façon
très comptable, on dresse la liste des actions entreprises, non, c'est
un climat qu'il faut créer, c'est à cela que je me suis
consacré pendant deux ans et demi, à créer un climat
propice et favorable. Moi, je vous dirais d'abord que le climat favorable aux
PME actuellement au Québec n'origine pas du ministre. Il vient du fait
qu'on vit une période de crois-sance économique assez bonne
depuis cinq ans. Pas uniquement les deux dernières années, M. le
député, mais les cinq dernières années.
L'économie est en bonne croissance au Québec, au Canada et en
Amérique depuis cinq ans. C'est cela qui explique que les PME vont bien.
Ce n'est pas parce qu'il y a actuellement au Québec un ministre
délégué aux PME qui consacre toutes ses énergies
à créer un climat - j'hésite à lui en attribuer la
paternité - favorable aux PME. Cela vient beaucoup plus du fait que
l'économie tourne bien, que l'économie va bien. Mais si, par
malheur, on connaît un ralentissement important ou même une
récession, j'ai hâte de voir si le beau climat créé
par le ministre aura pour effet d'arrêter la récession. J'ai
hâte de voir cela. Seulement pour cela, j'ai hâte de voir les
effets extraordinairement puissants du climat créé par le
ministre sur une récession qui tomberait comme cela d'un coup sur le
monde occidental ou sur l'économie nord-américaine.
Guichet unique d'information
Enfin, j'apprends avec plaisir que c'est nous qui avons
créé le guichet unique. Je ne le savais pas, je viens de
l'apprendre, je suis un peu comme M. Jourdain qui faisait de la prose sans le
savoir. Je viens d'apprendre que, le guichet unique, ce sont les bureaux
régionaux du ministère de l'Industrie et du Commerce. Eh bien!
Bravo! Cela ferait l'objet d'un bon communiqué, M. le ministre. Il
faudrait faire un communiqué pour que les gens sachent que le guichet
unique existe maintenant. Les PME ne le savaient pas non plus, je suis
convaincu de cela, ce sont les bureaux régionaux du ministère de
l'Industrie et du Commerce. Il faut le dire, le propager, le diffuser, c'est
une grosse nouvelle. Il est dommage que cela arrive justement pendant une joute
de hockey, c'est regrettable. Alors, vite, votre attaché de presse
devrait faire un com-
muniqué là-dessus. Le guichet unique, problème
réglé, résolu, cela existe depuis que les bureaux
régionaux du ministère de l'Industrie et du Commerce existent.
Comme c'est nous qui les avons mis en place, c'est le gouvernement du Parti
québécois qui a créé le guichet unique. Je vais en
aviser les membres de mon caucus aussi, je suis convaincu qu'ils ne le savent
pas. Ils ne sont pas au courant de cela.
Une voix: Merci.
M. Brassard: Sauf que je n'ai pas l'impression que c'est à
cela que les PME pensent lorsqu'elles songent à un guichet unique en
matière de services, parce qu'il faudrait voir si tous les services
concernant les PME se retrouvent au ministère de l'Industrie et du
Commerce et à la SDI. Il y a sûrement aussi quelques entreprises
qui vont à d'autres ministères. Je pense, par exemple, au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il
y a là un certain nombre de programmes et de politiques qui concernent
les PME, particulièrement dans le secteur agro-alimentaire. Au
ministère de l'Énergie et des Ressources, secteur des mines,
secteur de la forêt, je suis persuadé qu'il y a pas mal de
services et de politiques aussi qui concernent les PME. J'hésiterais
cependant à être aussi enthousiaste que le ministre et à
affirmer que le guichet unique est un problème réglé
grâce aux bureaux régionaux du ministère de l'Industrie et
du Commerce. Même si on y retrouve bon nombre de programmes et de
politiques concernant les PME, il y également d'autres politiques,
d'autres programmes et d'autres services qui se retrouvent dans d'autres
ministères et qui sont aussi, souventefois, utilisés par les PME.
Est-ce que guichet unique ne voulait pas dire aussi qu'on regroupait
l'information à tout le moins, pas nécessairement la mise en
vigueur ou la mise en application des politiques, mais que l'information de
tous les ministères qui pouvaient toucher les PME était
concentrée en un seul endroit, un seul guichet? Je ne suis pas certain
aussi que les bureaux régionaux seraient suffisants. Dans des
régions vastes, c'est souvent plus facile de descendre à
Québec que d'aller au bureau régional de la région,
tellement ces bureaux sont éloignés parce qu'il y en a un seul
dans une région. Quand une région est vaste comme le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie ou le Saguenay-Lac-Saint-Jean ou
l'Abitibi-Témiscamingue, sur le plan des services accessibles, il y a
des problèmes pour les PME. Est-ce qu'il n'y a pas lieu d'en ajouter, si
on veut un guichet unique évidemment? (21 h 15)
Je pose une question aussi au sujet des commissariats industriels qui,
eux, constituent un réseau vraiment ramifié dans tout le
Québec. Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de passer par
l'entremise des commissariats industriels pour diffuser toute l'information
relative aux politi- ques et aux programmes concernant les entreprises? Est-ce
que cela ne pourrait pas être un canal? Déjà, c'est un peu
ce qu'ils font. Je vois le travail de mon commissariat industriel chez moi,
c'est à peu près ce qu'il fait. Les entreprises frappent à
la porte du commissariat industriel, et le commissaire et ses adjoints sont en
mesure de leur fournir pas mal toute l'information sur les divers programmes,
non seulement du gouvernement québécois, mais du gouvernement
fédéral aussi, des deux gouvernements. Il me semble qu'il y
aurait peut-être lieu de songer, au lieu de couper les subventions comme
on l'a fait aux commissariats industriels, ce ne serait pas des ressources
considérables, à augmenter leurs subventions et à les
mandater en quelque sorte pour diffuser aux entreprises toute l'information
pertinente sur les programmes et les politiques qui leur sont accessibles aussi
bien au gouvernement québécois qu'au gouvernement
fédéral. C'est déjà en très grande partie ce
qu'ils font présentement. Il suffirait de les aider davantage. C'est
sous forme de question un peu aussi d'une certaine façon, mais est-ce
qu'on a examiné cette hypothèse ou cette possibilité?
Je ne sais pas si le ministre, sur la question du guichet unique
souhaiterait répondre immédiatement.
Le Président (M. Maltais): M. le ministre
délégué aux PME.
M. Vallerand: C'est qu'on fait un peu d'interprétation, M.
le Président. Quand j'ai parlé de la question du guichet unique,
j'ai donné l'exemple des bureaux régionaux en disant: Le
Québec ne se soustrait pas à cette responsabilité qui vise
à regrouper le maximum de services et d'informations susceptibles de
servir deux entreprises. Je ne dis pas et je n'ai jamais prétendu que le
problème du guichet unique était réglé par les
bureaux régionaux du MIC. J'ai dit: C'est quand même une forme
d'assistance qui existe.
M. le député de Lac-Saint-Jean a évoqué une
autre forme d'aide dans le champ à travers un réseau qui est
assez structuré, celui des commissaires industriels. Je pourrais en
ajouter d'autres aussi qui font partie de notre réflexion dans la
constitution, le raffinement d'un guichet unique qui a comme prétention
de mieux servir nos clientèles. C'est vrai que c'est un problème.
Je pense qu'on doit essayer d'y trouver une solution. On pourrait se servir des
organismes, des associations d'entreprises, des chambres de commerce. Les
chambres de commerce constituent également un réseau bien
organisé et bien structuré. C'est un réseau qui a
l'avantage d'être près de ses clientèles et qui
possède une expertise sur la façon de transmettre son information
vers des clientèles d'affaires, ce qui n'est pas le propre du
gouvernement par définition. Donc, c'est une autre avenue qu'on explore.
Il s'agit de
voir quelles sont les conventions, les types de relations qu'on pourra
établir avec ces espèces de maisons de commerce dans les
différentes régions du Québec qui regrouperaient
l'essentiel des services. Quand on parle des responsabilités du
gouvernement provincial, vous avez bien situé cela, il y a
également celles du gouvernement fédéral, que vous avez
mentionnées, et il y a également celles des gouvernements
municipaux à maints égards. Donc, c'est une conjugaison de
ressources qui pourraient nous assurer que nos entreprises trouvent à
l'intérieur de ce guichet l'essentiel des informations qu'elles
recherchent. On n'abandonne pas cette idée, sauf qu'il existe quand
même que le Québec ne se soustrait pas, autant dans votre temps
que dans notre temps, je l'ai bien dit, à cette obligation, mais on
voudrait la raffiner dans le temps au moyen des compétences que vous
avez mentionnées et peut-être de compétences
additionnelles, notamment grâce aux associations d'affaires. Je mentionne
le réseau des chambres de commerce parce que c'est peut-être le
réseau le plus systématisé au Québec, mais on
pourrait peut-être penser aussi dans des régions plus
éloignées à d'autres formes de collaboration.
M. Brassard: Si je comprends bien le ministre, M. le
Président, c'est que vous en êtes encore au stade de la
réflexion et de l'examen des hypothèses et des avenues. Vous en
êtes encore au stade de l'exploration des avenues dans le but d'en
arriver ultimement à mettre en place un guichet unique, mais vous n'avez
pas fait actuellement de choix d'une avenue, d'un moyen, d'un canal pour en
arriver à atteindre cet objectif-là. Vous en êtes encore au
stade exploratoire. Est-ce que je comprends bien?
M. Vallerand: C'est-à-dire qu'on est à examiner
certaines hypothèses de réalisation d'un guichet unique. Par
exemple, il y a une autre dimension à laquelle vous n'avez pas
songée, qui est importante, et à laquelle, par ailleurs, vous
avez fait allusion. Il y a plusieurs services tournés vers les
entreprises qui originent d'autres ministères. Le regroupement de cette
information passe-t-il par une espèce de chambre de compensation
à l'intérieur du ministère? C'est une chose qui a
été évoquée lors de la conférence PME, soit
de doter ou d'examiner la possibilité de doter le ministère de
l'Industrie et du Commerce, qui est le ministère des entreprises, d'une
espèce de chambre de compensation où on pourrait facilement
obtenir l'ensemble des informations tournées vers les entreprises, mais
qui originent de plusieurs ministères. C'est une autre facette de la
composition d'un guichet unique, qu'il est très important de
considérer également. Donc, à vrai dire, ce sont des
hypothèses qui sont examinées actuellement afin de bonifier et de
raffiner ce qui existe actuellement, mais en retenant bien qu'on sert quand
même nos entreprises dans la compétence de notre juridiction. Ce
qu'on veut faire, c'est de raffiner cet outil, ce moyen, en retenant bien que
c'est un problème important, mais que ce n'est pas l'essentiel de la
problématique, je pense, de l'aide et du soutien qu'on peut apporter
à nos entreprises. C'est une aide, c'est un raffinement à la
marge, en addition de ce qui existe déjà. Et d'ailleurs, c'est
dans cette perspective que nos représentants à la
conférence PME l'ont exprimé.
M. Brassard: En termes de temps, vous êtes-vous fixé
des délais? Avez-vous une sorte d'échéancier quant
à la réalisation? Vous en êtes au stade exploratoire, mais
comptez-vous en arriver à une mise en vigueur sur ce plan-là? Et
vers quel moment, à quel moment et dans quels délais?
M. Vallerand: Oui. Il est très difficile, je pense, d'y
ajouter une dimension de temps précis parce que, vous en conviendrez, il
y a certaine difficultés qui échappent à notre
contrôle dans la négociation d'un arrangement de guichet unique
qu'on voudrait le plus possible près de nos PME à tous
égards.
Pour autant que notre compétence est concernée, on est
déjà assez bien situés. Ce qui reste à faire, ce
sont également des pourparlers avec d'autres ordres de gouvernement.
Vous connaissez - c'est historique - les susceptibilités dans le partage
des compétences entre les gouvernements municipaux, provinciaux et
fédéraux. Alors, il reste à négocier ou à
tout le moins à commencer des pourparlers pour voir dans quelle mesure
ces gouvernements seraient prêts peut-être à joindre cet
effort de guichet unique.
Pour autant que notre ministère est concerné, que notre
responsabilité est concernée, notre temps est assez
arrêté. En tout cas, notre choix est assez bien
arrêté. Mais il reste que la difficulté de mettre un
calendrier là-dessus dépend des pourparlers qui échappent
complètement à notre autorité, sinon à notre
compétence. Mais on y travaille actuellement, on regarde les
possibilités.
M. Brassard: Y a-t-il eu des discussions ou même des
négociations avec le gouvernement fédéral à ce
sujet-là?
M. Vallerand: Oui, il en a été question avec mon
collègue du gouvernement fédéral dans le cadre des
conférences fédérales-provinciales. C'est d'ailleurs une
intention des autres provinces parce qu'elles ont aussi cette
préoccupation. Il en a été question, mais toujours au
stade de révocation d'un principe. Vous comprenez les difficultés
de négocier des arrangements quand les niveaux de compétence sont
différents, mais cela a été évoqué dans le
cadre des rencontres fédérales-provinciales des ministres des PME
au cours des derniers mois.
Programme PRO-PME
M. Brassard: M. le Président, lors de l'étude des
crédits du MIC, je me suis étonné du fait que plus de 70 %
des crédits accordés au programme PRO-PME, l'ancien UNI-PME,
avaient été périmés en 1987-1988. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce avait alors convenu que ce n'était pas tout
à fait normal, qu'il y aurait lieu de faire des choses pour faire en
sorte qu'il y ait moins de crédits périmés dans un
programme qui, autrefois, était très apprécié des
PME, parce qu'il permettait à des universitaires, à des
diplômés, de trouver un emploi. Cela augmentait du même coup
la qualité des ressources humaines d'une PME. Concernant le programme
PRO-PME, ma question est très simple. Comment le ministre
délégué aux PME entend-il faire pour que ce programme soit
mieux connu et qu'on ne se retrouve pas en fin d'année avec des
crédits périmés aussi considérables?
M. Vallerand: Je pense que cela a été
discuté avec M. Johnson.
M. Brassard: Oui. On en a discuté avec M. Johnson. Mais,
comme cela concerne les PME, je suppose que...
M. Vallerand: Non, non. Votre question...
M. Brassard: ...le ministre délégué aux PME
pourrait être intéressé à faire en sorte que ce
programme soit...
M. Vallerand: Non, mais c'est parce que... M. Brassard:
...mieux utilisé.
M. Vallerand: ...je voudrais aussi rendre dans ma réponse
celle de...
M. Brassard: Oui, d'accord.
M. Vallerand: ...M. Johnson. On me dit que M. Johnson vous a
répondu que c'était un...
M. Brassard: Manque de publicité.
M. Vallerand: ..manque de publicité. Donc, il ferait en
sorte que ces crédits périmés soient
dépensés cette année, dans le cours du budget de cette
année. Alors, au moins, vis-à-vis de votre inquiétude au
sujet des crédits périmés, soit 70 %, je pense qu'il
indiquait une intention qui pourrait peut-être nous amener un
résultat différent. J'ajouterais que, oui, pour m'être
promené dans le champ, PRO-PME est un programme qui est assez bien
reçu par nos petits entrepreneurs...
M. Brassard: Quand ils le connaissent.
M. Vallerand: ...davantage à l'intérieur du
Québec. Non, ils le connaissent assez bien. Sauf que, ce que vous
perdez de vue - et je reviens à ma perspective et c'est important -
à mon avis, c'est que nos entreprises au Québec ne nous demandent
pas de l'aide financière directe. Ce n'est pas pour elles une
façon de les aider. Ce qu'elles nous demandent et vous l'avez dit - je
suis content que vous l'ayez souligné parce que cela fait partie de mon
mandat et vous l'avez souligné dans la perspective de mon mandat - c'est
de leur créer un climat favorable à l'émulation
entrepreneuriale au Québec. C'est bien différent.
Je comprends qu'il y a une vieille mentalité qui existe. Vous
avez abondamment servi certaines entreprises sous forme d'aide directe en
période de basse conjoncture. Je vous excuse parce que, en toute
honnêteté, en période de basse conjoncture, quand les taux
d'intérêt étaient à 18 %, avoir le réflexe de
soutenir financièrement les entreprises, c'était peut-être
un réflexe qui s'inscrivait dans la problématique des temps. On
n'est plus en période de basse récession, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Et un gouvernement qui a comme
préoccupation de soutenir l'activité entrepreneuriale doit
également avoir comme préoccupation de faire en sorte que l'on
soutienne la structure concurrentielle des entreprises, surtout dans une
perspective de plus en plus d'échange libre, tant continental
qu'international. C'est très important. Donc, soutenir trop massivement
financièrement nos entreprises, c'est affaiblir leurs structures
concurrentielles. D'ailleurs, promenez-vous dans le champ et demandez aux
entrepreneurs si c'est de l'aide financière directe qu'ils veulent et
ils vont vous répondre non en quasi-totalité. Mais, bien
évidemment, si vous concevez ce genre de programme et si vous l'offrez,
ils vont être les premiers à faire la ligne au guichet. Mais ce
n'est pas de cela qu'ils ont besoin.
Donc, PRO-PME, à mon avis, autant que Jeunes Entrepreneurs, sont
des programmes importants à la marge pour soutenir davantage
l'initiative de création d'emplois chez nos jeunes qu'autrement. Cela
revient à la philosophie du changement auquel vous avez fait allusion
à la SDI. On ne voulait plus que la SDI devienne un organisme de
subventions pour les raisons que j'invoquais tout à l'heure. Personne ne
s'en plaint actuellement. C'est davantage tourné vers un prêt
participatif. Responsabiliser l'entreprise dans sa recherche de
création, dans sa recherche d'expansion, justifier davantage son profit.
Il est trop facile de justifier un profit à partir d'investissements qui
sont publics, vous en conviendrez. La notion de profit justifie par rapport
à la notion de risque. Dans la mesure où on élimine le
risque par rapport à des subventions avec de l'aide publique, on ne peut
pas légitimer un profit. C'est important dans une économie
décentralisée. (21 h 30)
Donc, dans cette philosophie, on a changé
la vocation de la SDI par des prêts participatifs, par des prises
d'équité également, parce qu'on est sensible à la
structure de financement en capital de nos entreprises pour qu'elles puissent
parer aux aléas de la conjoncture quand les taux d'intérêts
augmentent. Vous connaissez les amendements au Régime
d'épargne-actions. Les SPEQ-employés sont des instruments
incitatifs à caractère fiscal pour capitaliser nos entreprises,
mais pas par un financement direct.
Donc, au-delà de ce que mon collègue a pu dire, c'est
l'appréciation que j'en fais et c'est une appréciation qui est
tirée d'un recensement des opinions des gens dans le champ.
SPEQ et stimulants fiscaux
M. Brassard: M. le Président, j'aurais deux questions. Je
solliciterais l'opinion du ministre délégué aux PME sur
deux suggestions qui émanent du milieu des affaires,
particulièrement du milieu des PME, actuellement au Québec. La
première suggestion nous vient de M. Saucier qui était à
la Commission sur la capitalisation les entreprises. Lors du salon de la PME,
automne dernier, il lançait l'idée de la création l'un
régime de placement dans l'entreprise, régime qui s'apparenterait
au REER et qui serait iestiné à ceux qui désirent se
lancer en affaires, ce qui permettrait de surmonter, entre autres, le
problème de capital de départ qui est toujours difficile à
trouver pour un nouvel entrepreneur.
J'aimerais savoir du ministre délégué aux PME,
d'abord, ce qu'il pense de cette idée. Est-ce qu'il a examiné,
est-ce qu'il a réfléchi à cette idée lancée
par M. Saucier?
Deuxièmement, l'autre idée, c'est la déduction
fiscale pour l'entrepreneur qui investit dans son entreprise. On sait qu'on a
créé les SPEQ-employés. Il y en a quelques-unes qui
existent présentement, nous disait le ministre la semaine
dernière, et qu'on accorde des déductions fiscales aux
employés qui investissent, qui acceptent d'investir, dans l'entreprise
pour laquelle ils travaillent. Ils peuvent se constituer en
SPEQ-employés.
Mais l'équivalent n'existe toujours pas pour l'entrepreneur qui
est désireux d'investir ses fonds propres dans son entreprise. L'an
dernier, la Chambre de commerce du Québec - vous la connaissez
sûrement bien - avait réclamé que ce qui était
accordé aux employés d'une entreprise qui décidaient
d'investir dans leur entreprise, le soit également, en toute
équité, aux entrepreneurs eux-mêmes qui ne
bénéficient pas de ces déductions fiscales reliées
au SPEQ.
Ce sont deux hypothèses de programmes possibles, qui pourraient
être mis en vigueur et qui ne prennent pas la forme de subventions, qui
pourraient être envisagées par le gouvernement pour soutenir la
PME au Québec. J'aimerais savoir ce que le ministre
délégué aux PME pense de ces deux idées nouvelles
qui sont sur la place publique maintenant.
M. Vallerand: C'est assez intéressant. D'ailleurs, nos
discussions sont de plus en plus intéressantes, M. le Président.
Ce serait quasiment invitant d'en prolonger l'heure. Effectivement, c'est une
idée que j'examine depuis un certain temps à partir du constat
suivant. Pour autant qu'on se promène à travers le Québec,
pour autant qu'on constate l'esprit d'entrepreneurship singulier au
Québec, il faut le dire, de façon relative, c'est
supérieur à tout ce qu'on peut observer ailleurs, une
volonté d'entreprendre et qui traduit tout le potentiel de
créativité de nos Québécois et de nos
Québécoises, et c'est singulier par rapport à des
comparaisons avec d'autres régions économiques.
À mon avis, c'est le vecteur de croissance économique par
excellence au Québec, si bien que, si on était capable de le
faire exploser ce dynamisme entrepreneurial au Québec, on dynamiserait
d'autant l'ensemble de l'activité économique.
Il y a de la place, à titre d'observation, par rapport à
une forme d'incitatif, y inclus les incitatifs auxquels vous faisiez allusion,
à ce que j'appelle du capital de démarrage pour la petite
entreprise ou du "love money", entre guillemets, qui se situe entre 50 000 $ et
250 000 $. Il y a, au Québec, du capital de risque disponible pour des
besoins de 250 000 $ et plus. Il y a très peu de capital de risque
disponible, ce que j'appelle le "love money", en bas de 250 000 $ et plus de 50
000 $. Si on trouvait une façon originale de combler ce
besoin-là, on associerait au processus de création d'emplois un
tas d'intervenants dans le milieu qui espèrent entreprendre et qui ont
les qualités pour le faire. C'est un peu à partir de ce
constat-là que Serge Saucier, qui était président de la
Commission sur la capitalisation des entreprises, en est arrivé à
suggérer un incitatif qui permettrait à des individus de mettre
un certain capital de côté, qui serait déductible de leur
impôt, dont le rendement serait également déductible, avec
probablement une période de temps limité et l'obligation,
après cette période de temps, d'investir dans l'entreprise, sous
peine de perdre les avantages fiscaux. C'est une idée très
intéressante. J'en ai discuté à plusieurs reprises avec M.
Saucier.
Ce qu'il faut également constater, c'est que, depuis quelques
temps, certaines institutions financières ont décidé de
suppléer à ce besoin en annonçant leur intention de faire
du capital de financement, en termes de capital d'équité et de
financement d'équité, de 50 000 $ et plus, notamment le Mouvement
Desjardins lors de son dernier congrès. Je pense que, de façon
préférable, je verrais davantage les institutions
financières privées combler cet écart ou ce besoin. Le
Mouvement Desjardins l'a annoncé...
M. Brassard: L'incitatif fiscal ne serait pas rattaché
à cela?
M. Vallerand: Non, mais, dans ce qui manque, ce sont
véritablement les institutions financières qui sont prêtes
à être preneurs pour des investissements de 50 000 $ à 250
000 $. Le Mouvement Desjardins dit: II y a un potentiel, on est prêt, par
le biais des Caisses populaires locales et non pas par Tremplin 2000, à
faire ce genre de financement. Il faudra regarder ce qui pointe du
côté du Mouvement Desjardins.
Une autre institution financière importante et
intéressante, à mon avis, qui est le Fonds de solidarité
de la FTQ, a également annoncé son intention, à court
terme, de commencer à faire du capital de démarrage, du "love
money", à l'intérieur de l'écart entre 50 000 $ et 250 000
$. Alors, Tremplin 2000 de la Société d'investissement Desjardins
est dans la tranche de 250 000 $ à 1 000 000 $. Donc, il y a
déjà pour la première fois, probablement à cause du
constat de cette vigueur entrepreneuriale au Québec et du potentiel que
cela représente, des institutions financières qui se montrent
désireuses de faire ce genre de financement-là. Il s'agit, pour
nous, de regarder jusqu'à quel point elles sont
intéressées, jusqu'où elles veulent aller, et en
perspective toujours - ou en caressant ce projet qui a été
présenté par M. Saucier, qui m'intéresse beaucoup parce
qu'il correspond à un besoin qui permettrait à notre potentiel
d'entrepreneurship de se mettre en...
M. Brassard: En avez-vous discuté avec le ministre des
Finances? Vous n'êtes pas rendu là encore?
M. Vallerand: Non, mais, techniquement, mes conversations se sont
faites surtout avec M. Saucier. Et, éventuellement, cela va de soi...
Mais ce serait prématuré, à vrai dire, tant qu'on ne
connaît pas les véritables intentions du Mouvement Desjardins et
du Fonds de solidarité. C'est évident que, si l'institution
financière privée ou coopérative décide de le
faire, la place du gouvernement, c'est toujours un dernier recours et c'est
toujours en marge, à mon avis. Si les institutions du secteur
privé sont prêtes à le faire, je pense qu'il y aura moins
de place pour le gouvernement, à tout le moins.
M. Brassard: La deuxième déduction fiscale pour
l'entrepreneur, qui avait été demandée par la chambre de
commerce...
M. Vallerand: Oui, bien, cela s'inscrit dans la même
problématique.
M. Brassard: ...pour que cela soit placé sur le même
pied que les employés?
M. Vallerand: Les SPEQ-employés, oui. C'est la même
problématique, parce que c'est du capital de démarrage, encore
une fois. Alors, évidemment, le gouvernement aime toujours mieux mesurer
les intentions des institutions financières du secteur privé
avant de s'aventurer dans un schème de financement qui pourrait
éventuellement concurrencer le secteur privé. C'est vrai, vous
avez raison, que c'était peut-être plus évident il y a
quelques mois. C'est peut-être moins évident avec les intentions
du Mouvement Desjardins et du Fonds de solidarité de la FTQ
actuellement. Cela reste à voir.
Incubateurs d'entreprises
M. Brassard: M. le Président, je voudrais revenir sur les
incubateurs. C'est bien évident qu'on connaît les effets
bénéfiques d'un incubateur sur les entreprises naissantes. C'est
connu. Là où l'expérience a été faite
sérieusement, c'est tout à fait remarquable. Cependant,
j'aimerais savoir, vu que tout le monde s'entend sur le caractère
bénéfique d'un incubateur, si c'est dans l'intention du
gouvernement d'adopter une politique claire en matière d'implantation
d'incubateurs d'entreprises, d'abord, avec une définition de ce qu'on
entend par incubateur car il y en a plusieurs qui circulent; donc bien cerner
la vocation et la nature d'un incubateur, mais également aussi, avec des
objectifs et des critères à respecter pour obtenir une aide
gouvernementale. Actuellement, c'est l'OPDQ, mais c'est un peu aussi
l'incertitude. On ne sait pas trop sur quoi on se base, sur quoi on s'appuie,
sur quels critères on se fonde pour dire: On aide ce projet-ci et,
celui-là, on ne l'aide pas. Je pense que, au Québec, si tout le
monde s'entend pour dire que l'incubateur est une formule extraordinaire, il y
a lieu de les encourager. Il en faut combien? Le réseau devrait
comprendre combien d'incubateurs? Il ne faut pas non plus que chaque village
prétende avoir droit à un incubateur. Il faut que le nombre en
soit réduit. Il faut savoir sur quoi on s'entend comme
définition. Il faut savoir sur quels critères on se fonde pour
dire: On aide tel projet et on n'aide pas celui-là. Est-ce que c'est
dans l'intention du gouvernement d'en arriver, dans des délais
relativement brefs, à la mise en vigueur d'une politique claire,
précise, cohérente en matière d'implantation d'incubateurs
d'entreprises?
M. Vallerand: C'est, et je le redis, un outil intelligent dans la
mesure où on veut essayer de soutenir la création d'entreprises
surtout au Québec. Par ailleurs, c'est un outil qui est toujours
à la marge de l'ensemble de l'activité de création
d'entreprises, parce que vous comprendrez aisément qu'un incubateur ne
peut pas accueillir la totalité des initiatives de création
d'entreprises. Donc, un outil intelligent, un outil qu'il nous faudra
très bien cibler par rapport à l'objectif qui est visé, en
tout cas, très bien confectionner ou très bien arrêter dans
sa nature par rapport à l'objectif qui est ciblé.
Il y a - et vous l'avez mentionné, c'est important - dans
l'élaboration d'une politique
d'incubateurs, des critères parce que c'est discriminatoire. On
en choisit et on en rejette. On ne peut pas toutes les prendre. On en fait
entrer, on en fait sortir. Il faut des critères d'entrée, il faut
des critères de sortie. Dans certains cas, cela nécessite un
soutien financier, ne serait-ce qu'au démarrage, encore une fois. Donc,
cela fait appel à des fonds publics.
C'est cette réflexion que le ministère est à faire.
Il y a comité formé actuellement et qui doit faire rapport au
comité ministériel dont je fait partie au ministère...
M. Brassard: Un comité de fonctionnaires?
M. Vallerand: ...qui est fait du président de la SDI, M.
Gérald Tremblay, qui est fait également du sous-ministre adjoint
responsable du développement économique régional, de
l'adjoint parlementaire du ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Jacques
Tremblay, de certains hauts fonctionnaires du ministère, qui doit faire
rapport sur le résultat de ces réflexions d'ici quelque temps.
C'est une préoccupation du ministère, mais dans une perspective
qui permet justement de doter le Québec d'une politique d'incubateurs
qui sert les intérêts qu'on veut bien servir.
M. Brassard: Est-ce que ce comité, dans son mandat, a des
délais limites pour remettre son rapport et quelle est l'intention
politique du' gouvernement sur le plan, je dirais, temporel? Est-ce que, au
cours de l'année 1988, on devrait voir le gouvernement rendre publique
une politique en matière d'incubateurs? Est-ce que cette politique va
s'appliquer dès qu'elle sera connue ou est-ce qu'elle va donner lieu
à une certaine forme de consultation dans le milieu avant d'entrer en
vigueur? On peut s'attendre à quoi en termes d'échéancier?
(21 h 45)
M. Vallerand: Je penserais que le ministère est assez fort
de certaines informations et expériences au Québec pour
être capable, pour revenir à votre préoccupation
temporelle, de faire état de ses vues vis-à-vis de ce genre de
politique dans le cours de l'année 1988.
M. Brassard: On pourrait espérer que cette politique
puisse également entrer en vigueur au cours de l'année?
M. Vallerand: Oui, mais je ne voudrais pas préjuger du
résultat des recommandations et des observations que le comité
fera, mais, sans préjuger de ses recommandations et de ses conclusions,
j'imagine.
M. Brassard: Est-ce parce qu'il y a un comité qui est en
place qui regarde tout cela, qui va faire rapport au gouvernement, qui va
peut-être ensuite engendrer, si l'on veut, une politique, est-ce pour
cette raison que, actuelle- ment, alors que c'est réclamé depuis
plusieurs mois, sinon des années, le ministre des Affaires municipales
ne dépose pas ses amendements aux lois municipales de façon
à permettre à des municipalités au Québec de
s'impliquer dans la mise en place d'incubateurs? Il y a actuellement plusieurs
municipalités, dont Aima, dans mon comté, qui a un projet
d'incubateur. L'OPDQ a accepté de l'aider financièrement. Je
pense que c'est 300 000 $. C'est un montant appréciable de la part de
l'OPDQ venant du Fonds de développement régional, mais il y a un
problème juridique, les lois municipales ne permettent pas à une
municipalité, à une ville de s'impliquer directement - pas
uniquement de faire de l'animation comme c'est le cas d'un commissariat
industriel, ce qui est possible - dans le développement industriel et
économique au moyen d'un incubateur. Il faut des amendements à la
loi. Le ministre des Affaires municipales depuis plusieurs mois indique qu'il
va déposer bientôt un amendement aux lois municipales. Est-ce
qu'il retarde le dépôt de ses amendements aux lois municipales
visant à permettre aux villes d'aller de l'avant avec leur projet
d'incubateur parce qu'on lui a indiqué qu'il devait attendre une
politique claire de la part du ministère en matière d'incubateurs
avant de déposer un projet de loi? Est-ce l'explication du retard?
M. Vallerand: Non. Moi, je n'en ferais pas cette
interprétation, parce que je ne veux pas porter de jugement de valeur
sur le retard ou non du ministre des Affaires municipales à amender sa
loi pour permettre aux municipalités de devenir propriétaires de
bâtisses qui pourraient être converties en incubateurs. Je n'ai pas
cette compréhension, je n'ai même pas cette information à
vrai dire. Je pense que le comité a été formé
essentiellement pour coordonner les intentions d'incubateurs. Vous faites
allusion aux intérêts des municipalités. Il y en a aussi du
côté de l'OPDQ en régions et du côté du
ministère. Donc, non seulement de rationaliser le concept de
dégager une orientation de politique d'incubations, mais
également d'en faire la coordination avec d'autres compétences
qui ont des intérêts dans le même sens, tel est le but du
comité.
Francisation des entreprises
M. Brassard: En terminant, avec le temps qu'il nous reste, au
sujet de la francisation des entreprises de 50 employés et moins, qui
est une intention évidemment annoncée par le gouvernement dans le
discours d'ouverture, j'aimerais savoir concrètement quel rôle le
ministre délégué aux PME, entend jouer dans ce dossier?
Parce que, forcément, quand on parle d'entreprises de 50 employés
et moins, je pense que tout le monde conviendra qu'on parle de PME. Est-ce que
le ministre entend s'impliquer activement et concrètement dans le
dossier de la francisation
des entreprises? Est-ce qu'il compte se faire donner par le Conseil des
ministres des mandats à ce sujet, en particulier des mandats visant
à évaluer les impacts d'une telle opération, ses avantages
et ses inconvénients aussi, s'il y a lieu? À la première
question, je préférerais laisser le ministre répondre.
Est-ce que le ministre entend jouer un rôle actif, compte tenu du fait
que c'est une intention du gouvernement d'aller de l'avant en matière de
francisation des entreprises de 50 employés et moins? De quelle
façon compte-t-il s'impliquer concrètement dans ce dossier?
M. Vallerand: En introduction, j'aimerais bien dire à mon
collègue de Lac-Saint-Jean que je joue surtout les rôles actifs
que le premier ministre veut me faire jouer, si bien que je ne me substitue
jamais aux intentions du premier ministre et que je ne me prends pas pour le
premier ministre non plus, ce qui est important, comme il le sait, puisqu'il a
déjà fait partie d'une équipe gouvernementale dans
l'Exécutif. Par définition, par respect des compétences
ministérielles - chez nous, cela existe au sein de notre
Exécutif, je peux vous le dire - il est bien évident que, dans la
mesure où le gouvernement aura fait son nid dans une éventuelle,
hypothétique politique de francisation des PME, c'est-à-dire des
petites entreprises de moins de 50 employés qui ne sont pas assujetties
à la loi 101 actuellement, le ministre délégué aux
PME sera associé à la démarche. Je peux vous le dire et
vous rassurer à cet égard. Mais encore, il ne faudra pas faire un
énoncé d'acquis vis-à-vis d'une intention et non pas d'une
politique, pour le moment.
Le premier ministre a dit qu'il a constaté, il s'est fait dire
par les gens de l'Office de la langue française qu'il y avait des
problèmes de langue de travail dans certains secteurs, notamment dans
des petites entreprises. On aurait de la difficulté à utiliser le
français comme langue de travail. Jusqu'à présent, ce
qu'on a recensé globalement, c'est surtout dans des petites entreprises
de haute technicité. Vous savez comme la technologie est une variable
internationale.
Donc, pour le moment, il s'agit de bien comprendre qu'il nous faut faire
une évaluation de cette difficulté dans l'intention bien
arrêtée de notre gouvernement de faire en sorte que nos
Québécois et nos Québécoises, dont la langue
maternelle est le français, soient capables de travailler dans leur
langue, peu importe la structure de l'entreprise. Je pense que c'est un
objectif que vous partagez également. Pour autant qu'on nous dise, qu'on
nous pointe à l'horizon certaines difficultés dans certains
secteurs dans certaines entreprises, je pense que c'est notre devoir d'aller
voir et de nous assurer que ces milieux de travail permettent aux
Québécois de langue française de travailler dans leur
langue. C'est cela notre intention.
M. Brassard: Si je comprends bien, c'est sur la base
d'informations parcellaires et votre intention, au premier chef, est d'abord de
bien évaluer la place et le statut du français dans un certain
nombre de secteurs? Le premier ministre avait évoqué la
possibilité, justement, de procéder par secteur, ce qui laisse
sous-entendre qu'il y a des secteurs où les difficultés sont plus
considérables et où le français, comme langue de travail,
est plus difficile à implanter que dans d'autres secteurs. Vous parliez
de secteurs de haute technicité. Est-ce que ces secteurs sont d'ores et
déjà connus, identifiés, ou si cela nécessite une
étude approfondie pour les identifier et pour en arriver en quelque
sorte à... Vous avez évidemment publié des états de
situation de la PME, n'y a-t-il pas lieu aussi d'en arriver à un
état de situation de la langue française dans les PME pour savoir
vraiment où cela va bien, où cela va moins bien et où cela
va mal, de façon à adopter les mesures appropriées?
M. Vallerand: H serait prématuré, à mon
avis, de vouloir entreprendre une publication de l'état de situation de
la langue française dans les PME au Québec. Vous l'avez dit, je
l'ai redit, ce que le premier ministre a dit, c'est davantage des informations
qui ont été portées à notre attention et qui visent
certains secteurs d'activité qui restent encore à être
précisés, à être circonscrits, surtout dans les
secteurs de haute technicité, c'est-à-dire des petites
entreprises qui font appel à du capital de production qui évolue
rapidement dans sa composition, sa technicité. Si bien que, cet
échange étant très technique, la langue qui est
reliée est l'anglais, ce qui crée certaines difficultés ou
certains problèmes. Vous avez raison de le souligner, si tel
était le cas dans un secteur, il faudrait quand même qu'on examine
attentivement l'impact sur l'entreprise concernée ou sur l'ensemble des
entreprises dans le secteur concerné, de la paperasse, de la nouvelle
réglementation, comme vous avez dit. Mais je pense que l'intention
gouvernementale, dans la mesure où cela existe, c'est davantage de faire
du milieu de travail un milieu où on peut utiliser le français
comme langue de travail. C'est ce qui est l'objectif fondamental, et j'y
souscris entièrement, eu égard aux préoccupations du
premier ministre, soit de faire en sorte que notre milieu de travail au
Québec, peu importe la taille des entreprises, permette l'utilisation du
français comme langue de travail. C'est ce qui est l'objectif
fondamental recherché.
M. Brassard: Par conséquent, avant même d'identifier
les secteurs où une action est requise, avant même de songer
à une politique particulière de francisation pour les PME, qui
pourrait être, qui devrait même, peut-être, être
différente de celle qu'on applique dans les plus grandes entreprises,
est-ce que vous ne convenez pas que la première chose à faire
serait juste-
ment une enquête assez approfondie sur le français, langue
de travail dans les PME, pour qu'on ait vraiment le portrait le plus
précis, le plus complet possible de la place du français comme
langue de travail dans les PME, de son statut, de son importance, de ses
difficultés? Est-ce que vous ne pensez pas que ce serait la
première chose à faire?
M. Vallerand: Cela ou d'autres choses, M. le député
de Lac-Saint-Jean. On peut imaginer plusieurs méthodologies qui nous
permettraient justement de mieux circonscrire ce type de problèmes et
d'apporter les solutions qui s'imposent. Cela peut être par une
enquête, cela peut être les informations qu'on ne connaît pas
qui ont peut-être été recensées par l'Office de la
langue française, différentes plaintes qui ont été
faites. Je pense qu'il ne faudrait pas s'enferrer dans une méthodologie
particulière. Ce qui est important quant à l'objectif, c'est de
s'assurer que notre milieu de travail, peu importe la taille, permette l'usage
du français comme langue de travail. Ce qui m'apparaît le plus
fondamental, ce n'est pas une méthodologie plutôt qu'une autre,
mais d'en arriver à ce genre d'objectif.
Adoption des crédits
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que je comprends que le
programme 4 est adopté?
M. Brassard: Oui. Vous comprenez bien, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère de l'Industrie et du Commerce sont
adoptés?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Dans les circonstances j'ajourne
les travaux à demain matin, 10 heures.
M. Vallerand: M. le Président, si vous permettez, en
terminant je voudrais strictement remercier l'Opposition, remercier
également mes collaborateurs. On peut avoir des points de vue
différents, mais ce qui importe c'est que notre démocratie puisse
se vivre à travers ce genre de commission, assurer notre population
grâce à l'Opposition et aux actions du gouvernement que ce que ce
dernier a comme politiques sert les intérêts de la majorité
des gens auxquels elles s'adressent. Je pense que le jeu de l'Opposition, par
l'entremise de mon collègue de Lac-Saint-Jean, est extrêmement
important pour arriver à ce genre de résultats. On peut
différer à certains égards. On aurait voulu, dans certains
cas, lui dire qu'on a fait davantage, ce qu'il aurait voulu qu'on fasse. Je
pense que je me dois de signaler l'importance de son rôle, de le
remercier pour sa collaboration, sa façon civilisée de discuter
de questions qui, des fois, sont très difficiles, et, ce faisant, vous
remercier de l'objectivité de votre présidence et de l'appui de
mes collaborateurs.
M. Brassard: M. le Président, moi aussi, je voudrais
remercier le ministre et surtout, également, les membres de cette
commission et les fonctionnaires qui ont assisté à nos
discussions, et espérer évidemment qu'au cours de l'année
qui vient, l'année budgétaire 1988-1989, des actions soient
entreprises, qui auront pour effet d'aider et de soutenir davantage le
développement et l'épanouissement des PME au Québec, en
particulier en matière d'incubateurs, en matière de guichet
unique et de lutte à la paperasserie.
Le Président (M. Kehoe): Sur ce, les travaux sont
ajournés à demain, 10 heures. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 1)