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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La séance de la commission de l'économie et du travail est
ouverte. Je vous rappelle son mandat qui est de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Énergie et des Ressources, secteurs de l'énergie, des
ressources et des terres, soit les programmes 5 à 9 pour l'année
financière 1988-1989.
La durée de cette session sera de trois heures, de 10 à 13
heures. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un seul
remplacement. M. Tremblay (Iberville) est remplacé par M. Gobé
(Lafontaine).
Le Président (M. Théorêt): II semble que nous
allons procéder comme nous l'avons fait pour d'autres ministères,
si vous êtes d'accord, M. le ministre, c'est-à-dire
qu'après vos remarques préliminaires et celles du critique, il y
aura des discussions et les crédits pour ces programmes seront
approuvés à la toute fin du temps alloué. Êtes-vous
d'accord avec cette procédure?
M. Ciaccia: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): Cela dit, je vous
donne immédiatement la parole, M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Remarques préliminaires M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, lors du dépôt
des crédits de 1988-1989, le président du Conseil du
trésor a insisté sur la croissance contrôlée des
dépenses gouvernementales et sur la réallocation des ressources
pour répondre aux nouvelles priorités. Or, un des axes
prioritaires retenus par le gouvernement a trait au développement
économique et au développement régional.
Le ministère de l'Énergie et des Ressources appuie par une
gestion dynamique des ressources naturelles le développement
économique qui génère d'importantes retombées dans
les régions. Ceci explique sans doute le fait que le ministère de
l'Énergie et des Ressources soit au troisième rang des
ministères à recevoir des crédits prioritaires.
Les ressources naturelles comportent deux caractéristiques sur
lesquelles s'appuie notre gestion. Elle sont présentes en régions
et elles sont largement exportées. Par ailleurs, la transformation des
ressources naturelles, un processus grand consommateur d'énergie,
reçoit un appui fort important, soit celui de l'énergie à
bon prix.
L'exploitation et la première transformation des ressources
naturelles marquent, par leur présence, les économies des
régions périphériques. En effet, les ressources naturelles
génèrent plus de 40% des emplois directs dans l'activité
primaire et manufacturière à l'extérieur de la
région de Montréal. Pour les ressources naturelles et les
produits obtenus de leur première transformation, les exportations sont
un débouché vital. En effet, les marchés extérieurs
sont plus importants que les marchés locaux pour presque tous nos
principaux produits.
Enfin, il vaut la peine de souligner la nature stratégique des
produits énergétiques, plus particulièrement dans la
transformation des ressources naturelles. L'énergie est un intrant des
plus importants dans ce secteur. Elle le devient encore plus lorsqu'on
considère qu'elle participe à la fabrication en régions de
produits qui sont par la suite exportés.
Le ministère, conscient de l'importance des ressources naturelles
pour les régions périphériques, assure sa présence
par l'opération de 88 bureaux régionaux. Ceux-ci emploient
près de 1000 personnes, soit 42 % de l'effectif total du
ministère.
Le secteur des ressources naturelles se caractérise par le
dynamisme de ses entreprises présentes en régions. En effet,
elles investissent chaque année d'importantes sommes d'argent dont
bénéficient les économies régionales.
Le ministère de l'Energie et des Ressources et le gouvernement du
Québec appuient ce dynamisme. Ainsi, l'usine de Cascades à
Port-Cartier investit 102 000 000 $ dans son usine de pâtes et papiers
avec une participation importante du gouvernement, 43 100 000 $ en
capital-actions et prêts, 40 000 000 $ en garantie de prêt. La
compagnie Noranda, engagée dans l'exploitation des métaux
primaires, investit 125 000 000 $ à son usine de Rouyn-Noranda. Le
gouvernement du Québec y contribue pour 40 000 000 $. Par ailleurs,
Hydro-Québec investira quelque 500 000 000 $ pour la ligne
Radis-son-Nicolet-Des Cantons en 1988, dont l'essentiel sera
dépensé en régions.
Enfin, l'intérêt du ministère pour les
régions se manifeste par le Bureau d'inspection et d'information du prix
de l'essence, organisme qui fut créé pour sauvegarder les
intérêts des consommateurs des régions
périphériques. Pour le ministère, le développement
économique et le développement régional sont
intrinsèquement liés. Toute mesure destinée à
favoriser le développement économique doit être vue comme
un appui aux économies régionales.
En tant qu'outil de développement économique, le
ministère mettra la priorité sur l'analyse de la
compétitivité des entreprises. Ce dossier d'actualité
revêt d'autant plus d'importance qu'il s'inscrit dans le contexte de
l'accord sur le
libre-échange avec les États-Unis. Le marché
américain est vital pour les secteurs de l'économie
associés à l'exploitation et à la transformation des
ressources naturelles.
En ce sens, j'aimerais revenir sur l'aspect stratégique de
l'énergie. Comme on le sait, les barrières tarifaires à
l'entrée des États-Unis seront graduellement
éliminées. Or, le fait que le Québec puisse produire
l'électricité à prix avantageux donne un autre avantage
à nos entreprises. En effet, leurs coûts de production en sont
d'autant réduits.
Le ministère suit les marchés, il les appuie par des
politiques appropriées et apporte un soutien constant à la
recherche et au développement. Il s'assure de la disponibilité
à long terme des ressources par leur identification et leur mise en
valeur. Il en contrôle l'exploitation et veille à ce que toute la
population bénéficie de la présence d'une telle richesse
sur les terres publiques.
En cela, le travail du ministère constitue un atout
indéniable pour stimuler l'économie du Québec. Les 39 000
000 $ que nous avons obtenus en crédits prioritaires sont un bon
placement. Je voudrais ajouter que si l'on retranche ces crédits ainsi
que l'ajustement de 27 000 000 $ à la SNA, les crédits de mon
ministère croissent de 3,6 %, soit à un rythme inférieur
à l'inflation. Nous respectons ainsi l'objectif de contrôle des
dépenses du gouvernement.
Je vous présenterai maintenant la situation dans le secteur des
terres et celui de l'énergie. Mon collègue, le ministre
délégué aux Forêts, vous brossera le tableau de son
secteur. Quant au secteur des mines, il sera décrit par le ministre
délégué aux Mines.
Dans le secteur des terres, des crédits de 19 700 000 $ sont
requis pour le fonctionnement du secteur des terres en 1988-1989. Le travail de
ce secteur est à la base de toute utilisation des terres et il est
essentiel. L'Importance de l'information géographique dans
l'aménagement et la gestion du territoire a largement été
mise en évidence au cours des dernières années. Le secteur
des terres poursuivra donc ses efforts de développement des
systèmes de référence universels et de la diffusion de la
connaissance appropriée des territoires du domaine public.
Les systèmes de référence universels, tels que le
réseau géodésique, la cartographie de base, le cadastre et
l'arpentage constituent l'infrastructure à partir de laquelle les
différents usagers localisent leurs informations sur le territoire et
planifient leurs interventions.
Sur le plan international, les projets d'implantation de systèmes
cadastraux, de gestion des infrastructures et d'inventaire des ressources sont
nombreux et de grande envergure. Le Québec possède à cet
égard des atouts lui permettant de bien se positionner sur le
marché. Les travaux effectués sur son territoire ont une ampleur
et une qualité reconnues. Même si le secteur privé a
récemment fait des efforts importants de restructuration et de
modernisation, la recherche et le développement, la formation et
l'exploitation des marchés devraient être considérablement
accrus pour faire face à la concurrence. Ainsi, le ministère
allouera en 1988-1989 quelque 12 400 000 $ pour adapter aux besoins de
l'administration gouvernementale et de la population en général
l'infrastructure de connaissance géographique et développer
('expertise québécoise dans le traitement de l'Information
géographique.
En tant que gestionnaire des terres publiques du Québec, le
ministère consacrera 7 300 000 $ pour procéder le plus
adéquatement possible à la planification de l'utilisation qui en
sera faite, pour administrer les droits fonciers et pour veiller à la
protection de l'intégrité du territoire.
L'adoption d'un amendement à la Loi sur les terres du domaine
public, abandonnant aux propriétaires concernés la réserve
légale des trois chaînes jusqu'alors conservée dans le
domaine public, se traduira par un accroissement de la demande de services en
provenance des nombreux citoyens désirant se faire confirmer la cession
des droits du gouvernement en leur faveur.
Au seul titre de l'administration des droits fonciers, le
ministère gérera un volume global de location de 34 543 baux et
émettra près de 3000 nouveaux baux et permis d'occupation. Il
vendra, par ailleurs, des terres publiques et émettra à cette fin
près de 1000 lettres patentes.
Au total, le budget des deux programmes qui relèvent du secteur
des terres décroîtra de 2,3 % en raison, principalement, de la
réduction de la subvention gouvernementale qui sera versée au
Fonds de la réforme du cadastre, 1 000 000 $.
Des crédits de 15 300 000 $ seront nécessaires au
fonctionnement du secteur de l'énergie en 1988-1989. Les efforts de mon
ministère continueront de porter sur la maximisation des
retombées économiques directement ou indirectement attribuables
aux différentes filières énergétiques.
Nous poursuivrons aussi les actions entreprises en matière de
sécurité des approvisionnements afin de nous assurer que ces
retombées économiques soient durables.
Enfin, tel qu'annoncé lors du discours d'ouverture de cette
session, le gouvernement proposera à la population une politique
énergétique qui saura relever les grands défis de cette
fin de siècle.
Dans la filière hydroélectrique, bien que cela ne fasse
pas partie de l'étude des crédits - je n'irai pas en
détail - c'est seulement pour mentionner que nous avons effectué
des contrats importants pour les exportations et que nous continuons à
mettre l'accent sur l'utilisation d'Hydro-Québec et de nos ressources
hydrauliques. Non seulement nous allons accroître les exportations et
augmenter le développement
économique par les constructions qui seront
nécessitées par le devancement des différents projets,
mais nous allons aussi nous concentrer sur le développement d'une
politique industrielle, une politique tarifaire qui aura comme objectif non
seulement d'attirer des industries au Québec mais aussi
d'accroître les investissements des industries déjà
existantes.
Nous sommes en discussion et en étroite collaboration avec
Hydro-Québec pour élaborer une telle politique afin de pouvoir
être en mesure de prendre totalement avantage de nos ressources
hydrauliques et des bénéfices que nous pourrons tirer du
libre-échange pour attirer ici des industries qui pourront
répondre aux besoins du marché québécois et
canadien et, en plus, utiliser nos ressources électriques pour
répondre aux besoins des marchés nord-américain et
international.
En ce qui a trait à la filière des hydrocarbures, des
efforts ont été consacrés en 1987 à assurer la
sécurité des approvisionnements en pétrole, en liquides de
gaz naturel et en gaz naturel ainsi qu'à procurer les meilleurs prix
possible aux consommateurs québécois.
Lors de la dernière conférence des ministres de
l'Énergie et des Ressources qui s'est tenue au mois d'août 1987
à Terre-Neuve, les différents rapports analysés ont permis
de dégager un certain nombre de solutions qui contribueraient à
écarter les menaces qui pèsent sur l'avenir de l'oléoduc
Sarnia-Montréal. Le maintien en activité de cet oléoduc
constitue une pièce majeure de l'échiquier de nos
approvisionnements en pétrole.
Bien davantage, l'industrie pétrochimique montréalaise
compte sur l'adaptation de ce pipeline au transport des liquides de gaz naturel
pour renforcer sa capacité concurrentielle. Le projet Soligaz, qui
représente lui-même des investissements de plus de 250 000 000 $,
permettrait ainsi de déclencher en aval de l'industrie
pétrochimique une série de projets évalués à
plus de 1 500 000 000 $. Cela comprend l'expansion de Pétromont, les
usines de MTBE, d'engrais azoté, et de différents produits
pétrochimiques pour le marché canadien et nord-américain.
J'aurai l'occasion de revenir sur ce dossier à la prochaine
conférence des ministres de l'Énergie qui se tiendra à
Québec du 28 au 30 août de cette année.
Par ailleurs, le secteur du gaz naturel au Canada a été
marqué par de profonds bouleversements dans la foulée de la
déréglementation des marchés négociée entre
le gouvernement fédéral et les provinces de l'Ouest. Le
Québec a commencé à bénéficier de ces
ententes, en particulier dans le secteur industriel où des
réductions importantes ont été accordées à
de nombreux clients.
Enfin, en ce qui concerne la question des prix, le ministère
continuera de soutenir les activités du Bureau d'inspection et
d'information du prix de l'essence créé l'année
dernière. Et je pense que l'information du public constitue le moyen le
plus efficace de stimuler la concurrence.
Le Bureau des économies d'énergie vient récemment
de changer de nom afin de mieux véhiculer la vocation qui lui sera
confiée dans le contexte énergétique des années
à venir. Il s'appellera dorénavant le Bureau de
l'efficacité énergétique.
Dans le domaine des technologies et des énergies nouvelles, les
segments de l'énergie solaire, de la biomasse forestière et
urbaine, des technologies gazières et de l'hydrogène ont
été les plus dynamiques. Les crédits du secteur de
l'énergie sont ramenés à 15 300 000 $. Ceci
représente une baisse de 1 200 000 $ ou de 7,4 %.
Avant de donner d'autres chiffres, en conclusion, je voudrais seulement
mentionner que pour ce qui est des énergies nouvelles, j'ai
demandé à Hydro-Québec d'être le maître
d'oeuvre pour une étude de faisabilité avec la Commission des
communautés européennes. Et, à la suite d'une rencontre
que j'ai eue avec le directeur de cette commission, nous nous sommes entendus
pour que Hydro-Québec soit le maître d'oeuvre du côté
québécois pour l'étude de faisabilité. Si cette
étude se révèle positive, cela voudra dire qu'une usine
pourrait être construite à Sept-îles. Sept-îles est
l'endroit qui a été identifié par le centre de recherche
de la Commission des communautés européennes. Nous devrions
être en mesure, vers le mois de juin, de signer cette entente pour le
transport intercontinental d'hydrogène liquide. Cela pourrait être
utilisé comme carburant et aussi comme un élément pour
produire de l'électricité. C'est une façon de faire du
stockage d'électricité. C'est une filière très
importante. Je crois qu'on a une avance sur tous les autres pays,
principalement à cause de nos ressources hydrauliques. Produire de
l'hydrogène liquide, on peut le faire à base de gaz naturel, mais
on peut le faire plus concur-rentiellement et plus avantageusement à
base d'électrolyse, à base de nos ressources hydrauliques. Alors,
l'étude va porter sur l'implantation de l'usine à
Sept-îles. C'est un projet d'envergure majeure qui va nous donner un
avantage mondial. Nous avons tout espoir de croire que cela va être une
filière très prometteuse pour l'avenir qui va nous permettre
d'effectuer beaucoup d'investissements au Québec et aussi d'utiliser
encore plus nos ressources hydroélectriques.
Les crédits du secteur de l'énergie, comme je l'ai
mentionné, sont ramenés à 15 300 000 $. Ceci
représente une baisse de 1 200 000 $, ou 7,4 %. Cette baisse est
attribuable, pour l'essentiel, à une réduction des contributions
fédérales consenties pour des programmes conjoints dans le
domaine des économies d'énergie. Ceci n'empêchera pas le
ministère de continuer d'exercer une influence significative dans un
segment stratégique de notre économie, celui de
l'énergie.
D'après l'entente, c'était le gouvernement du
Québec qui administrait ces sommes qui faisaient partie de nos
crédits. Cette année, le gouvernement fédéral a
décidé que lui-même voulait avoir le crédit de
dépenser ces montants. Les programmes seront disponibles à la
population de toute façon, ils ne seront pas dépensés par
l'entremise du ministère de l'Énergie et des Ressources, mais du
côté du gouvernement fédéral. Les montants que nous
avons à notre ministère vont continuer à être
administrés par nous et ces programmes vont continuer à
être disponibles à la population.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Avant de céder la parole au critique de l'Opposition, est-ce
que vous voudriez bien identifier les personnes qui vous accompagnent à
la table?
M. Ciaccia: Certainement, M. le Président. M. Pierre
Sarault, sous-ministre; M. Antonio Sergi, sous ministre associé aux
terres; M. François Geoffrion, sous-ministre adjoint à
l'administration; M. Jean-Claude Villiard, sous-ministre associé
à l'énergie.
Le Président (M. Théorêt): Merci. Je
cède maintenant la parole au député d'Ungava, critique de
l'Opposition. (10 h 30)
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Dans un premier temps,
je voudrais remercier le ministre - on ne parlera pas de remerciements
abondants - de se prêter à l'exercice d'aujourd'hui, ainsi que
tout son personne! de cabinet et le personnel administratif de son
ministère.
M. le Président, mon intervention préliminaire sera assez
brève, étant donné que nous avons passablement de
questions à poser sur différents dossiers et que nous sommes
quand même limités dans le temps à trois heures. Alors, je
vais commencer par une intervention très brève qui va se diviser
en cinq points, soit la nouvelle politique énergétique du
gouvernement, les faits marquants de l'année financière qui vient
de se terminer, les hausses de tarifs à Hydro-Québec, la reprise
des travaux à la Baie James et, en conclusion, quelques
réflexions sur le budget et les crédits qui nous sont
déposés actuellement.
En ce qui concerne la nouvelle politique énergétique du
gouvernement, comme ie ministre nous l'a dit, dans son discours d'ouverture le
premier ministre nous a annoncé la publication d'une nouvelle politique
énergétique. Le gouvernement s'est rendu, de cette façon,
à la demande de l'Opposition officielle qui lui a demandé
à maintes reprises depuis les élections de 1985, par la voix
entre autres de son critique d'alors, M. Michel Gauthier, député
de Roberval, de déposer une politique énergétique globale
pour le Québec.
L'Opposition accueille donc favorablement cette annonce, d'autant plus
que jusqu'à maintenant, le ministre de l'Énergie et des
Ressources n'y était pas très chaud. On n'a pas souvent entendu
le ministre de l'Énergie et des Ressources appuyer les revendications en
ce sens. Probablement que l'arrivée de cette nouvelle politique
coïncide avec la tenue à Québec de la Conférence
mondiale de l'énergie. Comme le ministre de l'Énergie et des
Ressources ne veut pas faire office de parent pauvre lors de la tenue d'un tel
événement à Québec, il s'empresse de nous
déposer une politique énergétique. Toujours est-il que
l'Opposition reprend la demande qu'elle a faite en commission parlementaire sur
la proposition tarifaire d'Hydro-Québec, à savoir que le
gouvernement du Québec tienne un débat public sur la politique
énergétique québécoise.
On sait que ce débat public a même été
demandé par le président d'Hydro-Québec d'alors, M.
Coulombe, qui a fait valoir son opinion quant à fa
nécessité d'un large débat public pour que tout le monde
sache vers où s'en va le Québec dans son bilan
énergétique. Quelles seront nos priorités d'avenir?
À quel prix? Comment? Que doit-on faire? Pourquoi doit-on le faire?
Il ne s'agit pas là d'une décision partisane, à
notre avis. Il faut que ce soit une décision globale, étant
donné son importance. Elle doit faire l'objet d'un vaste débat
public. De toute façon, nous ne connaissons pas encore les intentions du
gouvernement à ce sujet, mais nous espérons vivement que cette
politique puisse être étudiée en commission parlementaire,
pour le moins, où tous les intervenants intéressés
pourront venir débattre leur point de vue. Au cours de sa
réplique, le ministre pourra sans doute nous apporter quelques
éclaircissements là-dessus.
Parlons maintenant des réalisations ou des faits marquants du
ministère de l'Énergie et des Ressources durant l'année
qui vient de se terminer, 1987-1988. On a tenu quatre commissions
parlementaires: une sur la sous-traitance à Hydro-Québec, la
deuxième sur la Loi sur la Régie du gaz naturel, une
troisième commission a traité des questions de prix de l'essence
en régions périphériques et enfin, la quatrième est
celle dans laquelle on a parlé du plan de développement
d'Hydro-Québec. En plus de cela, il y a eu deux projets de loi qui ont
été adoptés par le gouvernement mais déposés
par le ministre de l'Énergie et des Ressources, soit le projet de loi 84
Loi modifiant la Loi sur les terres du domaine public et le projet de loi 93,
Loi sur l'utilisation des produits pétroliers, créant le BIIPE,
tel que le ministre nous en a parlé tout à l'heure.
Quelques brèves réflexions là-dessus. En premier
lieu, parlons du prix de l'essence. Nous avons étudié la question
en commission parlementaire en ce qui concerne le contrôle du prix de
l'essence dans les régions périphériques. Cette
commission a donné lieu à la création du Bureau
d'inspection et d'information du prix de l'essence mieux connu sous le nom de
BIP. Rappelons un peu les faits. Dans son discours sur le budget du 1er mai
1986, le ministre des Finances abolissait le caractère ascenseur de la
taxe sur l'essence et accordait aux régions périphériques
une réduction de la taxe de vente de l'ordre de 0,45 $.
Avec le temps, il s'est avéré que les
pétrolières et les détaillants ont
récupéré le produit de cette décision du
gouvernement à leur profit. C'est alors que le ministère de
l'Énergie et des Ressources a fait adopter un décret pour fixer
le prix de l'essence. On se souviendra que, malheureusement, au moment
d'adopter son décret, il avait oublié d'y inclure les villes de
Chibougamau et de Chapais qui étaient particulièrement
touchées par la situation, soit la récupération du prix
par les détaillants et les grossistes.
Il s'est alors repris et, dans un deuxième décret, il a
inclus les deux villes en question. La décision d'intervenir est venue,
à notre avis, un peu tard. Il nous semble - c'est la position que nous
avons adoptée - que le gouvernement aurait dû mettre en place un
système de contrôle dès le début. Cette
décision aurait alors permis au gouvernement d'éviter quelques
inconvénients.
Le premier avantage est, bien sûr, de faire
bénéficier la population de sa région de la
décision du gouvernement. Compte tenu de l'expérience du
gouvernement précédent à laquelle le ministre s'est
référé à maintes reprises depuis lors, compte tenu
de cette expérience qui était connue, la demande de l'Opposition
était on ne peut plus justifiée, car si le gouvernement
précédent s'était fait prendre une fois, le nouveau
gouvernement n'avait aucune raison de se faire prendre à son tour et il
aurait donc dû, dès le départ, au moment d'annoncer sa
politique, imaginer un système de contrôle qui aurait fait en
sorte qu'on aurait évité tous les inconvénients qui ont
suivi, y compris la commission parlementaire devant laquelle tout le monde a
dû venir défendre son point de vue.
Le second avantage à cela a trait à l'impact qu'a eu le
décret, si justifié soit-il. Les travaux de la commission
parlementaire nous ont permis de constater que ce sont les détaillants
qui ont été les plus durement touchés, compte tenu de
leurs ressources. Toujours est-il qu'aujourd'hui, le problème semble
atténué. Nous aurons toutefois l'occasion de revenir un peu plus
tard.
En terminant sur ce dossier, l'Opposition officielle ne peut
s'empêcher de faire remarquer que, pour la grande majorité de la
population québécoise - c'est-à-dire environ 85 % des
Québécois - l'abolition du caractère ascenseur de la taxe
sur l'essence s'est traduit par une augmentation du niveau de taxe de 30 %
à environ 36 %à37 %.
La décision de réduire cette taxe n'appar- tient pas au
ministre de l'Énergie et des Ressources. Toutefois, nous comptons bien
sur lui pour transmettre la remarque au ministre des Finances qui, comme on le
sait, prépare actuellement son prochain budget. En ce qui concerne la
sous-traitance à Hydro-Québec, on se rappellera que le ministre
de l'Énergie et des Ressources disait, lors de cette commission, qu'il
était de sa responsabilité de voir à ce que le
problème soit résolu dans les plus brefs délais.
Malgré tout, la situation perdure. Même malgré
l'intervention, à deux reprises, de l'escouade anti-émeute de la
Sûreté du Québec sur des chantiers, il reste qu'on n'a
toujours pas pris position et que le ministre tarde à faire valoir ses
intentions ou à faire connaître, pour le moins, l'obligation qu'il
va faire à Hydro-Québec de s'asseoir à la table et de
régler, une fois pour toutes, le problème de la
sous-traitance.
Nous sommes en attente d'une intervention du ministre à ce sujet
et quand je dis nous, je parle beaucoup plus au nom de l'ensemble des
travailleurs, autant à l'intérieur d'Hydro-Québec que des
travailleurs, des entrepreneurs qui sont à contrat de sous-traitance
pour Hydro-Québec, qui en ont assez de cette situation et qui voudraient
bien pouvoir travailler dans des conditions normales le plus rapidement
possible.
Pour reprendre les propos mêmes du ministre en commission
parlementaire, dans la mesure où il nous affirmait que c'était de
sa responsabilité de voir qu'une solution équitable soit
trouvée dans les plus brefs délais, nous réitérons
la demande qu'il s'engage le plus rapidement possible pour faire en sorte
qu'une solution soit trouvée.
En ce qui concerne la Régie du gaz naturel, nous avons
également tenu des consultations particulières sur l'avant-projet
de loi sur la Régie du gaz naturel qui sera appelée à
remplacer l'actuelle Régie de l'électricité et du gaz. On
se rappellera que certains articles, notamment sur la composition de la
régie et sur le pouvoir du ministre, n'ont pas fait l'unanimité.
De même, l'exclusion de la vapeur du champ de compétence de la
régie a suscité plusieurs craintes chez les consommateurs de
cette forme d'énergie. Nous aimerions savoir, de la part du ministre de
l'Énergie et des Ressources, où en est le projet de loi dans
l'appareil gouvernemental.
Enfin, parlons rapidement de la tarification à
Hydro-Québec. Nous venons tout juste de sortir d'une commission
parlementaire qui nous a permis de rectifier les faits quant à
l'envergure du projet de la Baie James qui avait été
annoncé en grande pompe par le premier ministre lors de son discours
d'ouverture du 8 mars dernier. L'Opposition officielle continue de
dénoncer l'utilisation abusive qu'a fait le premier ministre du plan de
développement d'Hydro-Québec qui, tout compte fait, n'apportait
rien de nouveau par rapport à la situation décrite dans les plans
antérieurs, si ce n'est quelques petites modifications dans
l'échéancier des travaux, modifications très mineu-
res par rapport à ce qui nous avait été
décrit par tous les moyens possibles et imaginables lors de la campagne
électorale de 1985.
Quant aux emplois, la population a vite compris que les 40 000 emplois
annoncés par le premier ministre n'existaient pas. Tout au plus,
s'agit-il d'emplois déjà existants qui seront
transférés d'un chantier à un autre. Quant à la
gaffe du directeur de cabinet du ministre de l'Énergie et des
Ressources, nous disons au ministre que l'Opposition officielle se tient aux
aguets. Les emplois de la Baie James ne doivent pas être
réservés aux amis du régime et nous veillerons à ce
que cela ne se produise pas.
Finalement, sur la question de la tarification, nous sommes
opposés à une hausse de tarif qui n'est en fait qu'une taxe
déguisée. Comment peut-on justifier la hausse des prix par la
nécessité pour Hydro-Québec de s'assurer une marge de
manoeuvre, d'une part, et exiger qu'elle verse plus que la totalité du
produit de cette hausse tarifaire dans les coffres du ministre des Finances,
d'autre part? Sur la base des prévisions d'Hydro-Québec, celle-ci
bénéficiera d'une réduction de la marge de manoeuvre en
1988 si le gouvernement exige le versement d'un dividende aussi
considérable. On sait que le dividende prévu au plan de
développement d'Hydro-Québec, pour 1988, est de l'ordre de 189
000 000 $, alors que les revenus anticipés pour l'exercice financier
1988, avec la hausse tarifaire, sont de l'ordre de 100 000 000 $ à 103
000 000 $, c'est-à-dire que le gouvernement du Québec
réclame plus en dividendes que l'augmentation des
bénéfices qui viendra de l'augmentation de Sa tarification. Donc,
nous continuons à maintenir que le seul intervenant qui crée des
pressions à la hausse sur l'augmentation tarifaire de
l'électricité au Québec, actuellement, c'est le
gouvernement du Québec lui-même, car il n'y a aucun autre
élément qui puisse justifier, à ce stade-ci, une
augmentation tarifaire, si ce n'est la pression exercée à la
hausse par le gouvernement lui-même.
M. le Président, je vais conclure rapidement mes remarques
préliminaires en parlant brièvement de la proposition de budget
que nous avons sous les yeux pour 1988-1989. Je dirai simplement qu'en fait, il
n'y a pas grand changement; on est à peu près au même
niveau. Le ministre le disait lui-même, c'est une augmentation d'à
peine un peu plus de 3 % qui se situe en deçà de l'inflation.
Donc, rien de nouveau, une simple démarche administrative. On constate
aussi que le ministère de l'Énergie et des Ressources continue
sur la lancée qu'il avait entreprise au début des années
quatre-vingt et que la plupart des programmes que le ministère continue
à gérer aujourd'hui avaient été mis en place par
l'ancien gouvernement. Je me réjouis d'ailleurs de constater que le
ministre de l'Energie et des Ressources considère que les programmes de
l'ancien gouvernement étaient tout à fait raisonnables et qu'ils
valaient la peine d'être poursuivis, puisque c'est ce qu'il fait. On se
rappellera entre autres du Fonds renouvelable de la photocartothèque du
Québec qui, même selon les documents émanant du
ministère, est quelque chose de bien pensé et qui se situe dans
une perspective d'une nouvelle gestion administrative. C'est un programme qui
avait été mis en place en 1981 par l'ancien gouvernement et sur
lequel le ministre continue à se baser aujourd'hui. Il a parlé
lui-même tout à l'heure du Fonds de la réforme du cadastre
qui a aussi été fondé par l'ancien gouvernement, en 1985,
et qui donne les résultats voulus. (10 h 45)
Enfin, je voudrais aussi dire que je félicite le ministère
de l'Énergie et des Ressources du Québec pour l'excellente
qualité de la présentation des documents pour l'étude des
crédits. J'invite le ministre et son personnel à présenter
leurs documents ou leur façon de faire aux autres ministères qui
devraient sûrement en tenir compte et adopter les politiques ou les
façons de faire du ministère de l'Énergie et des
Ressources quant à la présentation des documents. C'est, à
mon avis et de l'avis de la plupart de mes collègues, le
ministère qui nous a fait probablement la présentation la plus
complète et, disons, la plus adéquate pour pouvoir discuter des
budgets d'un ministère, dans ce cas celui de l'Énergie et des
Ressources. Alors, merci, M. le Président. Nous sommes prêts
à passer à la période des questions.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
critique de l'Opposition. M. le ministre.
M. Ciaccia: Si vous me permettez, M. le Président, le
député d'Ungava m'a invité à une courte
réplique. Est-ce que vous m'y autorisez?
Le Président (M. Théorêt): Oui. Avec votre
permission, je vais seulement m'informer s'il y a d'autres
députés qui aimeraient faire des remarques
préliminaires.
M. Damien Hétu
M. Hétu: J'aurais seulement une remarque à faire.
J'écoutais attentivement le député d'Ungava quand il
parlait de la Baie James. Il a posé des questions en Chambre assez
souvent à ce sujet. Il dit toujours qu'il n'y aura pas de
création d'emplois, mais il admet ce matin qu'il va y avoir une reprise
des travaux à la Baie James. S'il y a une reprise des travaux à
la Baie James, c'est donc dire que les travaux avaient été
arrêtés à un moment donné. Par le fait même,
parce qu'on a vendu de l'électricité à l'extérieur,
on a une reprise. Alors, je suis fier de vous entendre, M. le
député d'Ungava, dire qu'il va y avoir une reprise des travaux
à la Baie James.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce qu'il y
a
d'autres députés qui veulent faire des remarques
préliminaires?
M. le ministre.
M. John Ciaccia (réplique)
M. Ciaccia: Premièrement, je remercie le
député d'Ungava pour ses remarques en ce qui concerne la
présentation des documents. Je crois qu'on doit féliciter les
fonctionnaires du ministère et les membres de mon cabinet. L'approche
que nous avons, c'est de donner l'information la plus complète possible
pour vraiment informer tout le monde. On est fier du travail fait à
notre ministère.
En ce qui concerne la politique énergétique, le
député d'Ungava a demandé une commission parlementaire. Je
crois qu'on va commencer par rendre publique notre politique
énergétique. Quand l'ancien gouvernement a rendu publique sa
politique, je ne crois pas qu'il ait tenu une commission parlementaire sur le
livre blanc de M. Joron. On a une politique et le fait de la rendre publique,
évidemment, va susciter un débat public en soi, parce qu'il va y
avoir des discussions et qu'on va avoir des réactions. Je peux vous dire
qu'il y a et qu'il y aura encore des consultations avec tous les
intéressés en ce qui concerne cette politique.
Deuxièmement, la question des prix de l'essence. Il ne faudrait
pas refaire l'ancien débat sur cela. Je pense qu'on a abondamment
parlé de ce qui s'est passé. Je voudrais seulement soulever deux
points. Au début, malgré les avertissements que vous nous avez
donnés, à savoir qu'on aurait dû agir, nous n'avions pas
raison d'intervenir. Pour une période de huit mois, la taxe, qui avait
été réduite, a bénéficié aux
consommateurs. Alors, il n'y avait aucune raison pour nous d'adopter un projet
de loi pour faire respecter ce que nous faisions déjà par
l'entremise de nos inspecteurs et de nos communications avec le secteur
pétrolier. C'est seulement quand on a commencé à
s'apercevoir que cela augmentait qu'on a agi.
Inutile de vous dire que quand la même situation s'est
présentée sous l'ancien gouvernement, c'est 400 000 000 $ que le
ministre des Finances a perdus - nous, on a attendu peut-être six mois,
il y avait quelque 12 000 000 $ à 18 000 000 $ en jeu - il les a perdus
et il n'a jamais agi. Il aurait pu parce que, comme je l'ai déjà
signalé, le projet de loi que j'ai demandé, que le gouvernement a
demandé au lieutenant-gouverneur en conseil de proclamer, était
déjà au ministère. Il avait déjà
été adopté par l'Assemblée nationale. Il s'agissait
seulement, pour l'ancien ministre des Finances, de le faire proclamer et de
l'utiliser pour récupérer au moins une partie des 400 000 000 $
qui ont été perdus par les consommateurs.
Je pense qu'on n'a pas de reproche à se faire sur les gestes que
nous avons posés et la preuve en est dans /a réaction des
régions périphériques, des autres provinces et des
États américains. Ils nous demandent de l'information. Il y a
même une autre province canadienne qui regarde notre loi et notre bureau.
Ils ont deux modèles: le modèle du Québec et le
modèle de la Nouvelle-Écosse. Même la
Nouvelle-Écosse, à la dernière réunion à
laquelle j'ai participé au Nouveau-Brunswick, a admis qu'elle
préférerait avoir notre système, mais, malheureusement,
elle est prise avec le sien. Il y a une province voisine qui se prépare
à adopter les mêmes structures, sensiblement le même projet
de loi que le nôtre. Nous avons agi. L'ancien gouvernement s'est
contenté de demander à Ottawa d'intervenir. Moi, je n'ai jamais
demandé à Ottawa d'intervenir. J'ai pris mes
responsabilités. Quand j'ai vu que cela ne marchait pas, j'ai fait
adopter le projet de loi, j'ai créé le BIIPE et j'ai
récupéré plusieurs dizaines de millions de dollars.
Aujourd'hui, le BIIPE fonctionne assez adéquatement, parce que le
prix dans les régions se maintient à un niveau où on
respecte le budget du gouvernement avec la baisse de taxe.
À Chibougamau, vous m'avez fait le reproche qu'on l'avait
oublié. Ce n'était pas un oubli, je vous en avais même
parlé. On voulait des données fiables. À mon souvenir, on
n'avait que les chiffres d'une station au moment où j'ai fait les
décrets. Je devais agir assez promptement. Alors, plutôt que
d'attendre, on a fait les décrets pour tout le reste et on a fait le
décret pour Chibougamau après.
En ce qui concerne la sous-traitance, la convention collective, lors de
la commission parlementaire, j'ai exprimé le désir que le
problème soit résolu, c'est clair. Mais je dois vous rappeler que
la convention collective sur laquelle les syndiqués et les
employés d'Hydro-Québec appuient leurs revendications existe.
Elle existe depuis 1984. Elle n'a pas été signée durant
notre mandat, mais elle a été signée durant votre
mandat.
Vous m'excuserez, mais nous respectons les conventions collectives,
qu'elles soient signées par notre gouvernement ou qu'elles soient
signées durant le mandat de votre gouvernement. C'est un document qui
est signé et on doit le respecter. C'est pour cela qu'il y a certains
problèmes aujourd'hui. Mais les parties sont en négociation, la
commission a été très utile et j'espère qu'on
trouvera une solution entre les parties par la négociation d'une
nouvelle convention.
En ce qui concerne la régie, vous m'avez demandé où
en est le projet de loi. Il va être déposé dans les
délais prévus. On envisage son adoption, si possible, avant la
fin de la session. Alors, il devrait être déposé avant le
12 ou le 15 mai.
En ce qui concerne le plan de développement, on ne veut pas
refaire le même débat qu'on a fait en Chambre et en commission
parlementaire. En commission parlementaire, le vice-président à
l'équipement vous a donné des
chiffres. Il a confirmé ce que le premier ministre avait dit. Il
y a un devancement de cinq ans sur certains travaux. Il vous a donné les
chiffres additionnels d'années-personnes. C'est vrai que ce sont des
années-personnes; ce ne sont pas des emplois par année. On n'a
jamais indiqué que c'étaient des emplois par année.
Hydro-Québec vous a répondu et a confirmé ce que le
premier ministre avait déclaré.
En ce qui concerne la hausse des tarifs - je comprends que le rôle
de l'Opposition officielle, c'est de s'opposer, mais il faut toujours
être rationnel et raisonnable dans nos oppositions - elle est plus basse
que le taux d'inflation et plus basse que ce qu'Hydro-Québec avait
demandé pour le petit consommateur.
Quand vous nous faites des reproches sur les dividendes, je dois vous
rappeler aussi que la loi qui permet à Hydro-Québec de verser des
dividendes au gouvernement a été adoptée par votre
gouvernement. Les dividendes et les tarifs, il faut faire une distinction. On
vous a clairement fait cette distinction. Il n'y a pas de relation entre les
tarifs et les dividendes parce que ce sont des ratios différents. On
peut augmenter les tarifs, comme vous l'avez fait, de 18 % certaines
années. Vous avez augmenté les tarifs de 11 % à 18 %. Cela
n'a pas produit nécessairement de dividendes parce qu'il y a des
règles pour les dividendes, il y a une loi qui s'applique.
L'autre chose que je voudrais porter à votre attention - je l'ai
déjà fait et je voudrais le répéter - les tarifs
bénéficient aux consommateurs, mais les dividendes
bénéficient à l'ensemble des Québécois. Ce
sont des sommes versées pour toute la population. Si le déficit
est réduit parce que des dividendes ont été versés,
qui en bénéficie? C'est toute la population. Si je n'augmente pas
Ses tarifs pour l'industrie ou pour le commercial, ce sont le commerçant
et l'industriel seulement qui en bénéficient. Alors, ii faut
faire un équilibre. Je crois qu'avec les tarifs que nous avons
acceptés, qui sont différents de ceux qu'Hydro-Québec a
suggérés, cela lui permet de maintenir une gestion
financière saine et une marge de manoeuvre convenable. Cela permet aussi
aux consommateurs de bénéficier d'une hausse inférieure au
taux de l'inflation et cela maintient nos tarifs au plus bas niveau en
Amérique du Nord.
Quand vous dites que le budget de notre ministère n'augmente que
de 3,6 %, il faut comprendre la nature, le mandat, le travail du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Ce n'est pas
nécessairement en dépensant de l'argent qu'on va accomplir
certains investissements, certains travaux ou certains bénéfices
pour la population.
Quand on a imposé le BIIPE ou le décret, cela ne nous a
rien coûté, comme ministère. Il y a un budget pour
l'opération du BIIPE, mais cela a fait économiser des dizaines de
milliers de dollars à la population. C'est le rôle du mi-
nistère.
Quand on a fait Port-Cartier, quand on va faire Matane, ce ne sont pas
des sommes du ministère. Ce sont des sommes considérables. Ce
sont des créations d'emplois. Quand on est allés chercher 40 000
000 000 $ de contrats d'exportation, cela ne prend pas une augmentation de la
masse salariale ou des dépenses du ministère. Mais ce sont des
gestes concrets, des bénéfices pour toute la population. Il ne
faut pas oublier non plus que le ministère a des sociétés
d'État comme SOQUIP et Hydro-Québec qui oeuvrent sous la tutelle
du ministère de l'Énergie et des Ressources. Il faut aussi
prendre cela en considération quand on évalue les budgets.
Vous avez fait un bref résumé de certaines lois que nous
avons adoptées et des commissions parlementaires que nous avons tenues.
Vous n'avez pas mentionné naturellement les nouveaux projets que nous
avons pu encourager et qui vont voir le jour dans l'est de Montréal, qui
ont été faits cette année, des projets d'une centaine de
millions de dollars. Cela n'a pas pris des sommes d'argent du ministère,
cela a pris une politique tarifaire d'Hydro-Québec, cela a pris une
coordination, une collaboration du ministère avec le milieu privé
pour implanter dans l'est de Montréal une usine de 100 000 000 $ qui va
exporter aux États-Unis et créer des emplois. Je crois qu'on
devrait plutôt être félicité, comme ministère,
de pouvoir maintenir l'augmentation de notre budget à un niveau
inférieur au taux d'inflation, exception faite des crédits
prioritaires et des montants qui doivent être payés à la
SNA et, en dépit de cela, d'avoir les réalisations qu'on a pu
avoir dans la dernière année et qu'on va continuer d'avoir dans
les années à venir. (11 heures)
Moi aussi, je voudrais remercier ceux qui ont présenté
tous les documents. Je voulais faire le point sur ces éléments
soulevés par le député d'Ungava.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, si vous êtes d'accord,
on va tout de suite commencer la période de questions à la suite
des remarques du ministre.
Le Président (M. Théorêt): Cela va.
Discussion générale Plan de
développement d'Hydro-Québec
M. Claveau: J'ai quelques dossiers. Je ne voudrais pas qu'on
prenne tout notre temps sur Hydro-Québec étant donné qu'on
en a déjà passablement parlé. De toute façon, quoi
qu'en dise le ministre, la population commence à comprendre ce qui se
passe en réalité. Il n'y en a pas beaucoup jusqu'à
maintenant qui ont vu
leur nom enregistré au centre de main-d'oeuvre pour une "job"
à la Baie James.
Le ministre a quand même parlé tout à l'heure d'un
devancement de cinq ans des travaux. J'ai ici la liste des
échéanciers d'Hydro-Québec jusqu'à l'an 2005. De
quels travaux parlait-il lorsqu'il a parlé de devancement de cinq ans
dans certains cas?
M. Ciaccia: La ligne 12 a été devancée de
cinq ans. Cela représente plus de 1 200 000 000 $. Quand vous parlez du
centre de main-d'oeuvre...
M. Claveau: Le ministre parlait de certains projets. Il n'a pas
parié d'un projet en particulier. Quels sont les certains projets? Y
a-t-il seulement celui-là, 1 200 000 000 $ sur...
M. Ciaccia: Écoutez...
M. Claveau: ...les 25 000 000 000 $ qu'il nous...
M. Ciaccia: M. le Président.
M. Claveau: ...annonçait en 1985?
M. Ciaccia: M. le Président...
M. Claveau: On parlait de 25 000 000 000 $ en 1985, je m'en
souviens très bien, je suis d'une région où on en a
beaucoup parlé.
M. Ciaccia: Si vous voulez, cela ne me fait rien, je peux prendre
le temps que vous voulez et je peux aller chercher des documents sur
Hydro-Québec...
M. Claveau: Je les ai ici.
M. Ciaccia: ...et mon plan de développement. On peut y
passer les deux heures. Je voudrais juste vous faire remarquer que, dans
l'étude des crédits, on n'examine pas Hydro-Québec. Je
n'écarte pas et je ne refuse pas de faire le débat sur les
travaux d'Hydro-Québec. Regardez le plan de développement que
votre administration a déposé en 1985, il n'y avait pas de
travaux, il n'y en avait pas du tout. Cela n'existait pas, le devancement. Il y
avait seulement Manic 5. LG 2 A n'était même pas encore
autorisée à ce moment-là. Il n'était pas
question... En 1986, on nous a présenté un plan de
développement qu'on n'a même pas accepté, comme
gouvernement, parce qu'on a trouvé que cela ne reflétait pas
encore les orientations du gouvernement, et on vous l'a dit en commission
parlementaire. On ne l'a pas accepté en 1986. On a accentué les
exportations et on a donné des orientations à Hydro-Québec
pour que cela reflète les nouvelles orientations du gouvernement. C'est
pourquoi Hydro-Québec est revenue avec un autre plan de
développement, des exportations et des scénarios
démontrant qu'au lieu de construire certains barrages pour
l'année 2000, elle va le faire pour l'année 1995. Dans mes
calculs, c'est cinq ans. D'accord?
M. Claveau: Lesquels?
M. Ciaccia: Quand vous...
M. Claveau: Lesquels?
M. Ciaccia: ...parlez du centre...
M. Claveau: Lesquels?
M. Ciaccia: ...de main-d'oeuvre, je voudrais...
M. Claveau: Lesquels?
M. Ciaccia: Voulez-vous me laisser finir? Quand vous parlez du
centre de main-d'oeuvre, savez-vous, je pense qu'on peut essayer de charrier
tant qu'on veut... Il y avait même une émission, à TVA,
où M. Normand Rhéaume... Quand le sujet que vous venez de
mentionner a fait les manchettes, il s'est rendu à la Baie James. Comme
d'autres bons journalistes, il a voulu faire un reportage. Il a
interviewé des travailleurs à la Baie James. Savez-vous ce qu'ils
lui ont dit? Ils lui ont dit: Écoutez, moi, j'ai eu ma "job" par le
centre de main-d'oeuvre, je n'ai pas eu ma "job" par le pouvoir politique.
Alors, même les journalistes ont démontré que ce que vous
essayez de démontrer n'existe pas. Un journaliste s'est rendu sur les
lieux et, au hasard, a interviewé les premiers travailleurs qui
étaient devant lui. Il y avait un camionneur qui s'est retourné
vers son copain et lui a demandé: Comment as-tu eu ta "job"?
C'était pas mal éloquent, la façon dont les emplois se
trouvent à la Baie James, par l'entremise des entrepreneurs. Je ne veux
pas refaire tout le débat, mais je voulais juste vous indiquer que si on
charrie là-dessus, les faits ne sont pas en conformité avec ce
genre de charriage.
M. Claveau: M. le Président, quand le ministre nous parle
de charriage, on dirait que c'est un spécialiste en camionnage. D'abord,
des plans de développement d'Hydro-Québec, il n'y en a jamais eu
avant 1983. C'est le gouvernement du Parti québécois qui a
obligé Hydro-Québec à déposer des plans de
développement. S'il y avait eu des plans de développement en
1972-1973, on ne se serait probablement pas retrouvé avec les surplus
d'électricité qu'on a eus en 1980-1981, ce qui a fait en sorte
que le gouvernement du Québec d'alors a dû se démêler
avec des équipements, un suréquipement énorme et un taux
d'endettement très élevé. D'ailleurs, le gouvernement
d'alors ne s'en est pas si mal tiré, puisque c'est à ce
moment-là qu'on a atteint les niveaux les plus élevés
d'exportation d'électricité vers
l'extérieur. Dans le document L'énergie au
Québec, l'édition de 1987 - vous me permettrez de retrouver
la page - on a une courbe de croissance qui est très significative de
l'état de vente des énergies à l'extérieur du
Québec entre 1976 et 1985, qui a même été une
année record parce que, à partir de 1986, on a eu moins d'argent
de nos exportations qu'on n'en avait en 1985.
Comme je le disais, je pense que notre argumentation s'appuie sur des
chiffres qui sont très précis et des chiffres que le ministre n'a
jamais été capable de contester. Mais, comme je n'ai pas envie de
passer tout mon temps sur la situation d'Hydro-Québec, c'étaient
seulement quelques remarques que je voulais faire, je vais passer tout de suite
à mes questions.
Le Président (M. Théorêt): Un instant, M. le
député de l'Ungava, le ministre n'a pas terminé.
M. Ciaccia: Vous m'aviez demandé des chiffres. Vous
m'aviez demandé où j'avais pris les chiffres pour l'année
2000. Dans le "dîner des partenaires et le mot du président"
préparé par Hydro-Québec - c'est le seul document que j'ai
devant moi, mais cela a été tiré du plan de
développement d'Hydro-Québec - on parle des projets futurs et des
futurs équipements. On donne un scénario où Laforge 1
devrait être mise en service pour l'année 2004; La Grande-Brisay
pour l'année 2004; La Grande 1 pour 2000-2001. Alors, c'est
l'année 2000. Je vous dis que si on va de l'année 2000 pour ces
projets et qu'on les ramène à 1995 dans les nouveaux engagements
d'Hydro-Québec, c'est un devancement de cinq ans. Je peux vous faire
parvenir une copie de ce document qui a été préparé
par Hydro-Québec, sous la présidence et signé par M. Guy
Coulom-be. Ce sont les chiffres, les montants et les dates qui sont
donnés.
M. Claveau: M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Une minute.
M. Claveau: M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Je vais seulement
vous rappeler, M. le député d'Ungava, que même s'il y a
toujours eu une très large tolérance, quant à la
pertinence, à la commission qui étudie les crédits d'un
ministère, nous ne sommes pas ici pour étudier le budget ou
l'orientation d'Hydro-Québec, mais bien les crédits du
ministère de l'Énergie et des Ressources. Je vous rappelle
également que cela fait plusieurs dizaines de minutes qu'on parle
d'Hydro-Québec. Alors, sur ce, je vous cède la parole.
M. Claveau: Quelques minutes. Je voudrais seulement dire, M. le
Président, en guise de conclusion sur les échéanciers des
travaux, que le ministre n'aurait pas à remonter aux calendes grecques,
mais que dans le plan de développement 1987-1989, c'est-à-dire
celui de l'année dernière, Laforge 1 était prévue
pour 1997, alors que dans le plan de développement de cette
année, elle est prévue pour 1996. C'est un devancement d'un an
sur un équipement de 783 mégawatts, ce qui n'est quand même
pas un équipement de superpuissance. Ce n'est pas comme LG 2, à
5200 mégawatts.
Mais, M. le Président, c'est seulement une réflexion
là-dessus. Je voudrais bien qu'on s'entende sur les chiffres. On nous
parle souvent...
M. Ciaccia: On ne s'entend pas, c'est clair. Si vous ne savez pas
lire, ce n'est pas ma faute.
Politiques d'achat d'Hydro-Québec
M. Claveau: Toujours sur cette question, il y a autre chose dont
je pense qu'il faut absolument parler quand on parle d'Hydro-Québec
à ce stade-ci. Si vous permettez, M. le Président, je vais
être bref là-dessus. J'espère avoir des réponses
brèves aussi, mais très précises. En date du 3 mars 1988,
Hydro-Québec nous faisait parvenir un communiqué de presse, des
informations concernant ses nouvelles politiques d'achat, entre autres la
régionalisation en Abitibi-Témis-camingue, et ses politiques
d'achat pour la Baie James. Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
comment procède Hydro-Québec dans ses appels d'offres et pour ses
achats régionalisés?
M. Ciaccia: M. le Président, la seule chose que je peux
vous dire pour le moment, c'est que les appels d'offres se font par soumissions
publiques. Ce que nous avons demandé à HydroQuébec et elle
a commencé... Il y a un comité d'Hydro-Québec qui va dans
les régions. Il est allé en Abitibi. Nous avons demandé
à HydroQuébec d'essayer de s'assurer que, dans les travaux de la
Baie James, des retombées aillent aux régions autant que
possible, parce qu'une des critiques qu'on avait de la première phase,
c'est que la façon dont les soumissions étaient
administrées et le fait que c'était la SEBJ qui employait les
travailleurs, cela favorisait autant les travailleurs hors région que
les travailleurs dans la région.
Alors, la première chose que nous avons demandée et
qu'Hydro-Québec a faite, c'est de prévoir que ce ne soit pas la
SEBJ qui fasse l'embauche des travailleurs, mais que ce soit les entrepreneurs
qui obtiennent des contrats par soumissions publiques. Alors, cela favorise
l'engagement des personnes dans les régions, parce que c'est
l'entrepreneur qui est obligé de payer les frais de déplacement.
Au lieu d'aller chercher du monde à Montréal ou à
Québec, cela va être plus avantageux pour lui parce qu'il y a
des soumissions publiques - il faut qu'il respecte son budget - de
prendre les gens de la région.
Mais, en plus de cela, un comité d'Hydro-Québec a
visité et visite encore les régions pour les informer,
premièrement, des besoins d'Hydro-Québec dans cette
deuxième phase et pour faire un inventaire de ce qui est disponible dans
les régions.
Je pense qu'on vous a déjà fourni le processus
d'embauché. M. le député d'Ungava, je pourrais demander
à Hydro-Québec de vous fournir toutes les informations
pertinentes en ce qui concerne les soumissions, les demandes de soumissions et
comment on procède dans les différentes régions pour
octroyer ces contrats, parce que, comme vous le savez, ce sont des
décisions d'Hydro-Québec et l'administration, l'octroi de ces
contrats, c'est Hydro-Québec qui le fait.
Malheureusement, puisque cela ne fait pas partie de l'étude des
crédits, il n'y a personne ici d'Hydro-Québec pour
répondre à des questions précises que vous pourriez avoir
à ce sujet, mais je peux vous obtenir toutes les informations dont vous
avez besoin.
M. Claveau: J'ai encore des questions là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, toujours sur Hydro-Québec?
M. Claveau: Toujours sur ce dossier-là, parce que le
ministre est quand même sorti un peu du sujet en nous parlant des
politiques régionales des entrepreneurs et tout cela. Je lui parlais des
politiques d'achat de biens et services, entre autres, des biens. Comment
HydroQuébec en est-elle arrivée à fixer son centre de
transbordement à Rouyn-Noranda qui est à peu près la
partie la plus éloignée de l'Abitibi où elle pouvait se
placer pour faire du transbordement, d'une part?
Quel impact cela va-t-il avoir sur la cour de transbordement de Matagami
qui avait été rouverte par Hydro-Québec à la suite
d'un décret du Conseil des ministres qui avait été
même appuyé par le ministre de l'Énergie et des Ressources
en 1986 et qui voulait faire en sorte que Matagami soit une plaque tournante de
transbordement vers le Nord, ce qui était considéré comme
très important dans l'économie locale de Matagami à ce
moment-là? Tout à coup, il se trouve que c'est Rouyn-Noranda qui
semble vouloir jouer le rôle. Pourquoi Rouyn-Noranda plutôt que
Val-d'Or ou que n'importe quel autre endroit en Abitibi?
La dernière question là-dessus, dans ce bloc de questions,
c'est: Comment Hydro-Québec a-t-elle donné le contrat d'achat et
de transport des marchandises vers la Baie James, contrat exclusif donné
à une seule entreprise? Sur la base de quoi et à partir de
quelles règles ce contrat a-t-il été octroyé?
M. Ciaccia: En ce qui concerne le problème de
transbordement de Rouyn-Noranda, j'ai rencontré le maire de Val-d'Or et
un groupe de citoyens de Val-d'Or. Eux aussi ont m'ont posé cette
question. Ils m'ont demandé pourquoi il était nécessaire
maintenant pour les camionneurs et tous ceux qui fournissent des services
d'aller à Rouyn-Noranda et éviter tous les services que Val-d'Or
peut offrir, les services aéroportuaires. Ils nous ont fait des
représentations à savoir que cela peut causer des
préjudices aux fournisseurs qui ne se trouvent pas strictement à
Rouyn-Noranda. (11 h 15)
Je me suis engagé à demander à HydroQuébec
de nous fournir des explications à savoir comment ils en sont
arrivés à cette décision. On est justement en discussion
avec Hydro-Québec pour savoir la raison pour laquelle ils ont choisi
Rouyn-Noranda, pourquoi ils n'ont pas centralisé soit à Val-d'Or
ou à Matagami le centre de transbordement. Aussitôt que j'aurai la
réponse, je vais la fournir au maire de Val-d'Or qui me l'a
demandée et que j'ai rencontré avec ses collègues. Je peux
aussi vous donner...
M. Claveau: Aux gens de Matagami, je l'espère aussi.
M. Ciaccia: Oui. Cela en fait partie, parce que je me souviens
que j'avais...
M. Claveau: C'était une promesse électorale de M.
Bourassa de passage à Matagami en mai 1985.
M. Ciaccia: Je me souviens l'année dernière...
M. Claveau: S'il y avait de nouveaux développements vers
la Baie James, le transbordement se ferait à partir de la cour de
Matagami.
M. Ciaccia: J'ignore si c'est une promesse électorale, je
ne le sais pas. C'est vous qui le dites, mais j'examine toute cette question,
M. le député, et aussitôt que j'aurai une réponse
d'Hydro-Québec, il me fera plaisir de vous la transmettre et de la
transmettre aux gens de Val-d'Or et on verra exactement pourquoi. Si
Hydro-Québec a l'intention de voir ce qu'elle peut faire pour accommoder
et ne pas causer de problème à certains fournisseurs, la
représentation qui m'avait été faite, c'était: Si
on fait FOB à la Baie James, on n'a pas de problème. Autrement
dit, tous les fournisseurs seront sur un pied d'égalité. Mais
quand on le fait, il faut que cela parte de Rouyn-Noranda. Cela veut dire que
tous ceux qui sont à 70 milles ou à 50 milles ou en dehors du
périmètre de Rouyn-Noranda sont pénalisés. Alors
j'examine la question et j'attends des réponses
d'Hydro-Québec.
M. Claveau: J'espère aussi que vous allez examiner la
question quant à l'octroi exclusif du transport à la compagnie
Larivière de Rouyn-Noranda sur le transport à la Baie James,
comment cela s'est fait et à partir de quelle procédure
Hydro-Québec a travaillé pour en arriver à donner un
contrat d'exclusivité à cette compagnie de Rouyn-Noranda.
M. Ciaccia: Avez-vous demandé vous-même à
Hydro-Québec pourquoi la compagnie Larivière, comme vous venez de
le mentionner, a reçu cette exclusivité?
M. Claveau: Non, M. le ministre. Étant donné que
vous êtes le ministre responsable, je pense que vous êtes en mesure
de nous fournir les réponses.
M. Ciaccia: Non, je ne vous dis pas cela pour ne pas le demander
moi-même; je voulais juste savoir parce que parfois les
députés eux-mêmes font des demandes à
Hydro-Québec. Alors je me demandais si vous vous étiez enquis
auprès d'eux. Mais je vais le demander et je vais essayer d'obtenir des
réponses d'Hydro-Québec.
M. Claveau: Merci. Pour le moment, cela va.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
Panne généralisée
d'électricité
M. Cannon: M. le Président, toujours sur le même
sujet, le dossier d'Hydro-Québec, la semaine dernière, le
Québec a été plongé dans une panne
généralisée qui a affecté de nombreux
Québécois. On peut peut-être déplorer le fait que
l'Opposition n'ait pas cru bon de poser bien des questions sur ce dossier. Il
faut croire qu'elle était préoccupée par autre chose.
Toutefois, vous avez indiqué à la presse qu'il y aurait un
rapport quant aux causes de cette panne généralisée qui
serait déposé ou pour le moins qui vous serait soumis très
prochainement. Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire si,
premièrement, le rapport vous a été acheminé, s'il
a été terminé et pouvez-vous nous fournir des explications
quant à cette panne?
M. Ciaccia: M. le Président, le soir de la panne,
j'étais en étroite communication avec Hydro-Québec et le
chef des opérations m'avait indiqué que cela pouvait prendre une
semaine avant d'avoir un rapport final. La semaine s'est terminée hier;
je n'ai pas encore de rapport, mais je vais communiquer avec
Hydro-Québec pour savoir à quelle étape ils en sont. Cela
me fera plaisir de communiquer cette information.
Quant à la panne, parce qu'il y a beaucoup de questions qui ont
été soulevées concernant la fiabilité
d'Hydro-Québec et la confiance de nos clients, spécialement les
clients américains vis-à vis Hydro-Québec, je peux vous
dire qu'après la panne, deux contrats de puissance et d'énergie
garantie ont été signés avec des clients
américains. Je vais présenter le décret au Conseil des
ministres aujourd'hui. Un contrat avec Boston Edison, de 15 600 000 $, et un
contrat avec Montaup Electric de 9 000 000 $. Cela a été
négocié, cela a été signé après que
la panne ait eu lieu. Alors je pense que cela démontre que les
Américains ont encore confiance en HydroQuébec...
M. Cannon: Combien de mégawatts, M. le ministre, sont en
cause ici?
M. Ciaccia: Ce ne sont pas de larges, de gros contrats...
Attendez un peu ici, là. Il y en a un de 26 mégawatts et l'autre,
c'est de l'énergie, de 82 mégawatts, Boston Edison.
M. Cannon: Montaup, c'est où, M. le ministre?
M. Ciaccia: Montaup fait partie de NEPOOL, New England Power
Pool.
M. Cannon: Merci M. le ministre.
M. Ciaccia: Et, en plus de cela, nous en sommes venus à
une entente avec l'île-du-Prince-Édouard, l'entente...
Une voix: S'il s'agit d'une entente...
M. Ciaccia: On a terminé les discussions hier
après-midi, c'est pour 150 000 000 $.
M. Cannon: S'agit-il de l'entente que vous avez
négociée avec M. Ghiz lorsque vous étiez à Saint
John...
M. Ciaccia: Oui, on était à Saint John.
M. Cannon: Saint John.
Une voix: Nouveau-Brunswick.
M. Ciaccia: ...avec M. Ghiz. Le sous-ministre et mon
sous-ministre se sont rencontrés pour compléter les conditions
hier. Il s'agit seulement, maintenant, pour
l'île-du-Prince-Édouard de s'entendre avec le Nouveau-Brunswick.
Mais en ce qui concerne les termes de notre contrat, ils sont...
M. Cannon: Est-ce qu'il s'agit d'un contrat, M. le
ministre...
M. Ciaccia: II y a eu un accord et c'est une puissance de 75
à 100 mégawatts. Cela va nous rapporter, sur 6 ans, 150 000 000
$.
M. Cannon: Est-ce que c'est un nouveau contrat ou s'il s'agit de
reconduire le contrat
qui...?
M. Ciaccia: Non, c'est un contrat totalement nouveau avec
l'Île-du-Prince-Édouard. Nous n'avons pas d'entente maintenant
avec l'Île-du-Prince-Édouard. Tout ce que nous avons, ce sont des
contrats avec le Nouveau-Brunswick; c'est le Nouveau-Brunswick qui fournit une
partie de l'énergie à l'île-du-Prince-Édouard.
M. Cannon: Et ce contrat-là, c'est un contrat
d'énergie garantie?
M. Ciaccia: Oui, d'énergie, non, c'est de
l'énergie... Attendez un peu. Les niveaux précis vont être
établis chaque année. Alors ce n'est pas... C'est un contrat
similaire à celui qu'on a signé avec le Nouveau-Brunswick pour la
même période. Et, naturellement, il est conditionnel à une
entente de "willing" entre le Nouveau-Brunswick et
l'île-du-Prince-Édouard.
M. Cannon: Sur la question du "willing"?
M. Ciaccia: Oui, c'est l'île-du-Prince-Édouard qui
doit conclure cette entente avec le Nouveau-Brunswick. Mais ils ont
indiqué qu'ils étaient confiants de pouvoir...
Nous examinons aussi avec l'île-du-Prince-Édouard un lien
sous-fluvial entre les Îles-de-la-Madeleine et
l'île-du-Prince-Édouard. Il y a une étude conjointe qui est
en train d'être complétée entre Hydro-Québec et les
autorités de l'île-du-Prince-Édouard pour voir si cela
serait rentable de fournir l'électricité à
l'île-du-Prince-Édouard par un câble sous-fluvial.
M. Cannon: J'entends mon collègue, le député
d'Ungava, dire que ce n'est écrit nulle part. Pourtant, la semaine
dernière, il était avec nous à Saint John. Il aurait
certainement pu entendre ce que le premier ministre McKenna et le premier
ministre Joe Ghiz ont dit, mais malheureusement il n'était pas au souper
d'État lorsque cette chose a été abordée.
M. Claveau: M. le député, vous avez bien mal
compris. J'ai demandé au président s'il n'était pas
écrit quelque part qu'on avait le droit de fumer dans la salle.
Compensations versées à
Hydro-Québec
pour les rabais d'électricité consentis
à certaines entreprises
Le Président (M. Théorêt): M. le ministre,
pour terminer sur Hydro-Québec, j'aimerais vous poser une courte
question mais qui est vraiment reliée aux crédits de votre
ministère. On voit, dans un des postes, qu'il y a 600 000 $ d'inscrits
pour des compensations versées à Hydro-Québec pour les
rabais d'électricité consentis à certaines entreprises.
D'une part, que je sache, HydroQuébec a ses propres programmes - ils
sont connus, ils sont budgétisés - pour les ententes avec les
entreprises. D'autre part, Hydro-Québec a fait des profits. Comment se
fait-il qu'à même les crédits de votre ministère,
vous soyez obligés de payer un montant à Hydro-Québec qui
a déjà ses propres programmes de rabais
d'électricité dans son budget? Comment se fait-il que vous
êtes obligés de payer des montants à HydroQuébec
pour ces programmes, M. le ministre?
M. Ciaccia: M. le Président, nous devons respecter les
ententes qui ont été signées par le gouvernement
précédent. Dans les ententes du gouvernement
précédent, il y a des entreprises qui ont obtenu des concessions
tarifaires, mais les concessions tarifaires étaient au-delà des
programmes d'Hydro-Québec. Le gouvernement précédent
était engagé à payer la différence entre le
programme d'Hydro-Québec ou ce qu'ils ont pu négocier avec
Hydro-Québec et ce à quoi ils se sont engagés envers les
entreprises. Par exemple, vous avez 60 000 000 $ ici à Elkem. Cette
année c'est 600 000 $, mais en 1986 cela a commencé avec 150 000
$, en 1987: 405 000 $, là c'est 600 000 $, l'année prochaine cela
va être 758 000 $ et cela va aller à 523 000 $ et 274 000 $ en
1991. Il y aussi une compagnie Erco, depuis 1984 pour laquelle le gouvernement
paie à Hydro-Québec 800 000 $ par année. En 1988, cela va
être presque 1 000 000 $ et cela va être réduit à 730
000 $, 440 000 $ et 230 000 $ pour l'année 1991. Il y a la compagnie
Hyundai, où le gouvernement s'est engagé à des rabais
tarifaires pour 1988 de 50 %, en 1989, de 35 %, en 1990, de 20 % et en 1991 de
10 %. Ces montants vont se refléter dans les crédits futurs du
gouvernement parce que cela va aller de 80 000 $ à 290 000 $ par
année, 280 000 $ en 1990 et 190 000 $ en 1991. Celui qui va être
le plus coûteux va être l'aluminerie de Bécancour qui, en
1989, va être de 9 000 000 $ de dollars, en 1990, d'un autre montant de 9
000 000 $. En tout, pour les prochaines années, le gouvernement va
être obligé de verser à Hydro-Québec entre 10 000
000 $ et 11 000 000 $, à la suite des ententes qui ont été
prises par le gouvernement antérieur.
Le Président (M. Théorêt): Étant
donné qu'Hydro-Québec a son propre budget, M. le ministre,
pourquoi ne peut-elle pas inscrire ou absorber ces dépenses à
même son budget? Est-ce parce qu'Hydro-Québec refuse tout
simplement et qu'elle avait une entente avec ces entreprises pour un certain
niveau et qu'elle ne voulait pas aller au-desssus?
(11 h 30)
M. Ciaccia: Je ne sais pas exactement, mais le dossier
démontre que le gouvernement a pris cet engagement vis-à-vis de
l'entreprise et cet engagement ne se reflète pas dans l'engagement
qu'Hydro-Québec prend. Alors, la différence doit être
payée par le gouvernement. Contrairement, par exemple, au cas de Norsk
Hydro, avec qui
j'ai négocié, j'ai fait prendre l'engagement par
Hydro-Québec en ce qui concerne les tarifs et c'est Hydro-Québec
qui a négocié. J'aurais bien pu dire à Norsk Hydro pour
les faire venir ici: Écoutez, je vais vous donner 50 %, 40 %, 30 %, et
cela aurait été l'euphorie en Norvège. Mais, ce n'est pas
comme cela qu'on l'a fait. Alors, on a assisté Norsk Hydro dans les
rencontres avec Hydro-Québec. Finalement, à la suite des
orientations, on a dit: C'est important pour nous. Alors, Hydro-Québec a
examiné les différents programmes qu'elle avait et c'est elle qui
a pris l'engagement pour les tarifs, ce qui a permis à Norsk Hydro de
venir à Bécancour.
Le Président (M. Théorêt): Donc, il est
à prévoir qu'on va retrouver des montants semblables à
chaque année dans vos crédits?
M. Ciaccia: S'il n'y a pas de changement et, au moment où
on se parle, il n'y a pas de changement parce que je ne sais pas comment on
peut imposer certaines choses quand des ententes ont été prises.
De 1990 à l'an 2008, c'est une période assez longue, mais il va y
avoir 294 000 000 $ qui devront être payés...
Le Président (M. Théorêt): Combien? M.
Ciaccia: C'est 294 600 000 $.
Le Président (M. Théorêt): Strictement pour
ces ententes qui sont un surplus aux tarifs déjà consentis par
Hydro-Québec?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Théorêt): 294 000 000 $.
M. Ciaccia: En plus des tarifs qui sont déjà
consentis par Hydro-Québec, il y a un engagement du gouvernement...
Le Président (M. Théorêt): Cela n'a pas de
maudit bon sens.
M. Ciaccia: ...qui va se chiffrer à 294 000 000 $.
Le Président (M. Théorêt): Merci. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, je me réjouis que
notre président ait abordé ce sujet parce qu'il faut justement en
discuter. C'était un des points prioritaires que je voulais soulever
parce que je suis de ceux qui croient qu'Hydro-Québec n'a pas dans son
mandat de subventionner les politiques sociales et économiques du
gouvernement. Alors, Hydro-Québec doit produire de
l'électricité et la vendre au meilleur prix. HydroQuébec
n'a pas non plus dans son mandat de faire des déficits
d'opération. Si le gouvernement veut avoir des politiques sociales et
économiques qui subventionnent de l'énergie, ce n'est pas
à Hydro-Québec de subventionner, mais c'est au gouvernement de le
faire et non pas par le biais de taxes déguisées en amenant
Hydro-Québec à vendre à des prix inférieurs
à son coût de production. Dans ce sens, je trouve que les
démarches qui ont été faites par l'ancien gouvernement
sont très respectueuses de la façon de fonctionner d'un
gouvernement qui doit prendre lui-même les responsabilités de ses
politiques sociales et économiques et non pas les transférer
à une entreprise qui ne répond pas de ses faits et gestes devant
l'opinion publique.
M. Ciaccia: M. le Président, si je pouvais...
M. Claveau: Dans ce cadre... J'aimerais finir ma question. De
toute façon...
M. Ciaccia: D'accord.
M. Claveau: ...le ministre va prendre sûrement tout le
temps qu'il va vouloir pour répondre. Il n'a pas l'habitude d'être
bref dans ses réponses.
Énergie excédentaire
Je voudrais justement profiter de ces exemples qui ont été
donnés pour nous amener sur un nouveau sujet qui, je l'espère,
fait partie de la nouvelle politique énergétique du gouvernement,
soit la fin du programme d'énergie excédentaire
d'Hydro-Québec qui se termine le 31 décembre. On en a parle
abondamment en commission parlementaire. Actuellement, dans certains cas,
Hydro-Québec, en ce qui concerne certaines institutions et certaines
entreprises, vend de l'énergie excédentaire à peine un peu
plus de un cent le kilowattheure alors que cela lui en coûte passablement
plus pour le produire. Le ministre a demandé en commission
qu'Hydro-Québec continue son programme d'énergie
excédentaire même s'il n'y a plus d'énergie
excédentaire, qu'elle vende en bas de son prix de production. Le
ministre ne peut pas nier cela. Il a dit: C'est cela qu'il nous faut. En
réponse à cela, une institution gouvernementale de Sherbrooke,
entre autres, le centre hospitalier de l'Université de Sherbrooke, a
dit: Je n'ai plus besoin d'Hydro-Québec si elle ne me donne pas mon
coût d'énergie excédentaire. Je m'installe un
mini-réacteur nucléaire produit en Ontario par Énergie
nucléaire du Canada. Comment le ministre va-t-il réagir à
cela sans, d'une part, aller contre le principe qui veut que ses politiques
sociales - les budgets du ministère de la Santé et des Services
sociaux et du ministère de l'Éducation, prenons-le où on
voudra - n'aient pas un budget qui fasse partie d'Hydro-Québec mais un
budget de ministère? Donc, si le ministère veut subventionner le
centre hospitalier de l'Université de Sherbrooke, ce n'est pas à
Hydro-Québec de le faire, mais c'est au ministère
concerné de prendre ces décisions-là et de payer
à Hydro-Québec son véritable prix de production pour son
électricité. D'autre part, comment le ministre va-t-il
réagir au fait que des entreprises - on en a un exemple, c'est
peut-être la pointe de l'iceberg, il y a probablement beaucoup d'autres
entreprises qui le pensent elles aussi - étant donné
l'augmentation des tarifs d'Hydro-Québec dont la pression est faite par
le gouvernement lui-même, pression à la hausse, étant
donné cette augmentation-là de tarifs, la disparition des
énergies excédentaires, pourraient, elles aussi, dire: Je vais
m'installer mon petit réacteur nucléaire de dix ou douze
mégawatts et fini pour Hydro-Québec! de la même
façon que certaines mines ou certaines compagnies ont actuellement des
génératrices au diesel pour ne pas avoir affaire à
Hydro-Québec justement?
M. Ciaccia: J'espère que le député d'Ungava
est un peu plus humanitaire que ses paroles nous porteraient à le croire
en ce qui concerne...
M. Claveau: M. le Président, permettez-moi d'interrompre
parce que ce n'est pas une question d'humanisme ou non.
M. Ciaccia: Bien, laissez-moi finir. Je vais expliquer...
M. Claveau: C'est une question de savoir qui doit payer quoi.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, M. le ministre ne vous a pas interrompu dans vos
questions... Laissez-le terminer.
M. Ciaccia: Je vais vous le dire.
M. Claveau: II a essayé, par exemple.
M. Ciaccia: Vous savez que si une multinationale tenait des
propos comme ceux-là, elle se ferait crucifier. Mais parce que c'est
HydroQuébec, on va l'accepter? Non, je ne l'accepte pas. Il y a un
rôle social pour Hydro-Québec et moi, je m'interroge quand je vois
Hydro-Québec qui va "stocker". Ce n'est pas qu'elle n'a pas
d'électricité, elle va "stocker" 7 térawattheures pour
faire de l'argent à l'avenir et en attendant, on va dire à
l'hôpital à Sherbrooke: Non, tu n'auras pas
l'électricité excédentaire qui existe et tu vas prendre le
nucléaire avec toutes les conséquences environnementales. Je
regrette, je ne l'accepte pas.
Savez-vous d'où provient la situation dans laquelle on se
retrouve aujourd'hui? Cela provient de l'orientation que votre gouvernement,
pendant neuf ans, a donnée, parce que vous vouliez, je me souviens,
j'étais là... Quand vous avez pris le pouvoir, vous vouliez
arrêter les travaux de la Baie James complètement. Pourquoi? Pour
des raisons politiques. En continuant fes travaux de la Baie James, cela
donnait raison à la thèse du premier ministre Bourassa et il ne
fallait pas faire cela. Heureusement que les dirigeants d'Hydro-Québec
ont convaincu le gouvernement de 1976 de dire: Écoutez, on est dans le
milieu des travaux, complétons-les. Vous avez complété
cette phase de la Baie James, mais vous avez refusé de faire d'autres
constructions de barrage. L'orientation d'Hydro-Québec à ce
moment-là était de gérer l'offre et la demande, une
gestion serrée. Bien, une gestion serrée, sais-tu à quoi
cela mène? Une gestion serrée de l'offre et de la demande, cela
mène à des situations où quand tu as une panne - et c'est
impossible de les éviteril faut acheter 1900 mégawatts de
l'Ontario, de New Engiand et du Nouveau-Brunswick. Pourquoi? Parce qu'on n'en a
pas assez ici. C'est cela l'équilibre et c'est ce qu'on est à
examiner.
Je ne dis pas qu'il faut construire à tout prix, mais il faut
maintenir un équilibre. Pendant des dizaines et des dizaines
d'années, HydroQuébec a eu de l'excédentaire pour attirer
l'industrie, pour répondre aux besoins des hôpitaux et tout le
reste. Elle a fait des profits quand même. Elle vendait de
l'excédentaire et faisait du profit parce qu'il y a un équilibre
à maintenir. Ce que nous examinons maintenant, c'est comment nous
pouvons maintenir cet équilibre. Pourquoi, en 1988, faut-il tout
à coup avoir une politique expresse exprimée si
catégoriquement et dire: Pas d'excédentaire? On a le droit de
revoir cette politique. On a le droit de changer si nécessaire cette
orientation. Quand on voit qu'au mois de février... Savez-vous comme
vous êtes passés proche d'avoir un "black-out" au mois de
février? Vous ne le savez pas mais moi je le sais. Le 7 février,
vous êtes venus à un cheveu d'avoir une panne. Pourquoi? Parce que
le système était à pleine capacité et cela ne
fournissait pas aux besoins du Québec. Vous êtes fier de cela,
vous? Moi, je ne le suis pas. Et c'est cela qu'on va revoir. Je ne suis pas
fier, quand il y a une panne, d'aller acheter de l'électricité
à NEPOOL, d'aller en acheter en Ontario et de demander au
Nouveau-Brunswick de m'en fournir. On doit avoir une marge de manoeuvre, comme
New York en a une et comme les autres en ont, et dans des cas d'urgence, on
doit pouvoir faire appel à cette marge de manoeuvre. C'est pourquoi le
premier plan de développement n'a pas été accepté.
La question qu'on se pose, comme gouvernement, c'est: Où pouvons-nous
aller? Comment pouvons-nous avoir cette marge de manoeuvre tout en maintenant
une santé financière saine et une gestion saine à
Hydro-Québec?
Quand vous dites que ce n'est pas à HydroQuébec de faire
de l'aide sociale et de vendre à des prix en bas du coût de
production, ce n'est pas cela qu'on a fait avec Norsk Hydro. Vous comprenez mai
le programme de partage de risques. Le programme de partage de risques n'est
pas une subvention à Norsk Hydro, non ce ne l'est pas. Voulez-vous que
je vous explique
cela? Je vais prendre quelques minutes pour vous l'expliquer. Le
programme de partage de risques est un programme qui envisage que, dans les
premières années où une entreprise a besoin de
liquidité, les tarifs soient réduits et qu'elle ne paie pas les
tarifs à plein prix, mais une partie de ces tarifs. Et, au fur et
à mesure que la rentabilité de cette entreprise augmente, elle
rembourse Hydro-Québec. QIT l'a fait et cela a fonctionné. Il a
remboursé jusqu'à l'année dernière, je pense,
quelque 8 000 000 $.
M. Claveau: ...ITT-Rayonier, aussi, sur la Côte-Nord.
M. Ciaccia: Alors, ce n'est pas une question de vendre...
M. Claveau: Vous avez essayé avec Rayo-nier, sur la
Côte-Nord, aussi.
M. Ciaccia: Écoutez, voulez-vous me laisser finir ou non?
C'est vous qui avez soulevé la question et j'essaie de vous
répondre. C'est une façon innovatrice de répondre aux
besoins industriels sans toucher la santé financière. Oui, on a
un problème à Sherbrooke. Je ne suis pas fier du tout de dire:
Parce que je n'ai pas construit, parce qu'Hydro-Québec n'a pas
construit, parce qu'on n'a pas assez d'électricité, on va faire
venir des centrales nucléaires développées dans d'autres
juridictions et on va remplacer cela avec les problèmes environnementaux
que cela peut entraîner. Vous le savez, vous n'avez pas besoin que je
vous dresse un bilan des dangers possibles du nucléaire. C'est tout cet
aspect.
Je pense qu'Hydro-Québec a une obligation. C'est une
société d'Etat, un monopole, elle a une certaine - et cela
s'applique à toute l'entreprise privée, je ne limite pas cela
à HydroQuébec - responsabilité envers la population; et
toute entreprise a cela. Oui, il faut qu'elle fasse un profit, mais il faut
aussi qu'elle regarde les responsabilités qu'elle a vis-à-vis de
la population eu égard au genre d'entreprise qu'elle est et aux besoins
de la population. On est pris avec le problème de Sherbrooke, on va
l'examiner et on va voir ce qu'on peut faire pour le résoudre. Je sais
que ce n'est pas à moi de vous poser des questions, mais croyez-vous que
c'est logique de dire: Je vais emmagasiner sept térawattheures
d'électricité et je vais les mettre dans le barrage parce que,
dans deux ans, je vais pouvoir les vendre plus cher, et, en attendant...
M. Claveau: Le barrage est conçu pour cela.
M. Ciaccia: Quand les multinationales faisaient cela en 1973,
elles coupaient le pétrole et les gens ne pouvaient pas en obtenir, on
voulait les pendre et les crucifier. Mais ce n'est pas parce que c'est une
société d'État... Je n'essaie pas de faire tout à
fait le même paral- lèle, mais le principe est un peu le
même Je vais emmagasiner pour faire de l'argent dans deux ans et en
attendant, hôpital, arrangez-vous avec vos problèmes. Je regrette,
je n'accepte pas cela.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je pourrais dire la même chose au ministre. Si
une multinationale commençait par réclamer des dividendes de 189
C00 000 $ avant de penser à faire quelque chose, dans le milieu,
peut-être qu'elle serait crucifiée aussi. C'est vraiment le cas du
gouvernement. Jai de la difficulté à comprendre la logique du
ministre qui, d'une part, dit: II faut qu'Hydro-Québec fasse des
bénéfices, il faut qu'Hydro-Québec augmente ses revenus et
son taux de capitalisation pour en arriver à avoir une image
financière ferme, efficace, etc., tout ce que vous voulez et, d'autre
part, l'obliger à vendre à rabais. Et, pour compenser, puisque
les seuls acheteurs, c'est d'abord et avant tout la population du Québec
et quelques contrats à l'étranger - il faut bien se reprendre
quelque part - on augmente les tarifs de l'ensemble des
Québécois. Pourquoi ne pas faire assumer par chacun des
ministères les responsabilités des subventions ou du financement
de ces activités? C'est cela. (11 h 45)
Le ministre de l'Énergie et des Ressources se substitue Ici aux
autres ministres, celui des Affaires sociales, de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, de la Technologie, etc., pour dire: Ne vous en
faites pas, on va diminuer vos budgets, vous n'aurez pas plus d'argent a
demander au Conseil du trésor parce que je vais obliger
Hydro-Québec à vendre de l'électricité à
rabais. Cela ne vous coûtera pas plus cher pour vous approvisionner en
énergie et, en plus, cela ne paraîtra même pas dans nos
comptes parce qu'on va renvoyer la facture aux clients d'Hydro-Québec
à qui on va augmenter le tarif. Au bout de la ligne, il n'y a personne
qui va s'en apercevoir, le budget du gouvernement naura pas augmenté, on
va avoir réduit le déficit et on va montrer qu'on a une saine
gestion. Mais, par exemple, c'est à Hydro-Québec que les gens
vont avoir à payer.
Où est la logique dans tout cela? Au moins, si on nous dit la
même chose, qu'on diminue aussi les tarifs d'Hydro-Québec parce
que, dans le fond, on lui enlève une possibilité d'augmenter ses
revenus pour se substituer aux ministères qui devraient payer leurs
programmes sociaux ou économiques. Pour compenser cela, on va facturer
la clientèle en augmentant les tarifs.
Je voudrais poser ma question. J'ai fait quelques commentaires aux
questions du ministre. D'ailleurs, les chiffres qu'il a donnés, on
pourrait tous les reprendre et les expliquer autrement et voir, par exemple,
que si les bonnes décisions avaient été prises en 1971, au
moment où on a commencé a bâtir la Baie James, au lieu
de
mettre 10 000 mégawatts d'une claque, si on avait commencé
par construire en échelonnant dans le temps, probablement qu'aujourd'hui
on ne serait pas pris avec le taux d'endettement qu'on a et probablement' qu'on
aurait été capable de développer des équipements
sans jamais avoir de surplus d'électricité comme on en a eus au
Québec. Cela, le ministre ne veut pas le comprendre, mais c'est
là qu'a commencé le problème, en 1971. Je voudrais tout
simplement demander au ministre et j'espère avoir une réponse:
Comment le ministre va-t-il réagir, globalement - le
député de Labelle pourra toujours demander la parole s'il
conteste mes chiffres et mes dires - et officiellement dans une politique
énergétique ou autrement à la possibilité de
l'apparition sur le territoire du Québec de minicentrales
nucléaires et indépendamment du fait qu'Hydro-Québec vende
ou non de l'énergie excédentaire? Le ministre a-t-il la
possibilité, au moment où on se parle, d'empêcher qu'il y
ait prolifération de miniréacteurs nucléaires sur le
territoire québécois? Ce avec quoi nous sommes tout à fait
d'accord, je veux dire tout à fait d'accord qu'il n'y en ait pas. C'est
clair. Je suis le premier à dire qu'on ne doit pas en faire. Quoiqu'on
entende des "Ah!" ici et là, c'est clair, on s'est entendus
là-dessus. D'ailleurs, le gouvernement du Parti québécois
a fait un moratoire sur le nucléaire.
Une voix: En 1972, il était pour cela
M. Claveau: II ne l'a jamais été
officiellement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Non, écoutez, écoutez...
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: J'ai dit au député de Labelle
tantôt que s'il avait quelque chose à dire, qu'il demande la
parole. Comment le ministre va-t-il faire en sorte qu'il ne soit jamais
possible pour une entreprise de quelque ordre que ce soit, publique,
parapublique ou privée, de pouvoir se munir de son propre
miniréacteur nucléaire?
M. Ciaccia: M. le Président, vous ne pouvez pas avoir
votre gâteau et le manger en même temps. Il va falloir que vous
vous branchiez. Vous ne pouvez pas nous dire: Écoutez, il faut
qu'Hydro-Québec demande le plein prix, il ne faut pas qu'elle fasse de
politique tarifaire et après cela vous allez vous plaindre que
l'hôpital de Sherbrooke va chercher à avoir des prix plus
compétitifs pour l'énergie. La seule façon que j'ai pour
combattre une autre forme d'énergie, c'est avec une autre qui est plus
compétitive. Je pense que vous n'avez pas compris. Je vais le
répéter. Hydro-Québec, depuis qu'on est là, que ce
soit avec Norsk Hydro, que ce soit avec Matane ou Port-Cartier, ce ne sont pas
des cadeaux qu'elle fait à ces compagnies-là. Elle ne vend pas
à perte. La preuve, c'est qu'Hydro-Québec a fait un profit assez
raisonnable. Alors, en fournissant cette électricité, ce ne sont
pas des pertes. Ce sont des formules pour attirer l'industrie. Je n'ai jamais
donné comme vous l'avez fait. À Hyundai, vous avez donné
50 %. Cela, c'est un cadeau. Vous payez 50 %, ce n'est pas un partage de
risques. Ce n'est pas dire: quand vous allez faire de l'argent, vous allez
mettre 50 %. Ce n'est pas comme cela qu'on a négocié, nous.
Le Président (M. Théorêt):...
M. Ciaccia: Non, j'attends. Comme cela, vous allez... Je pense
que c'est fausser le débat que de dire que tous les autres
ministères devraient donner de l'argent et des cadeaux pour faire venir
le monde et qu'il faut qu'Hydro-Québec vende au plein prix. Ce n'est
même pas là, le débat, parce que cela démontre une
méconnaissance de la situation actuelle. On ne donne pas de cadeau
à qui que ce soit.
Mais je vais vous citer la réponse du président
d'Hydro-Québec quand je lui ai soulevé la même question que
vous venez de soulever. C'est au Journal des débats. En
commission parlementaire, je posais la question suivante à M. Coulombe:
Peut-être qu'au lieu de mettre cette électricité en storage
pour l'avenir, si on a des problèmes comme on en a eu à
l'université ou à l'hôpital à Sherbrooke ou d'autres
problèmes, on pourrait utiliser ces sept térawattheures? C'est
effectivement un surplus.
Alors, je faisais cette affirmation, je posais cette question, à
M. Coulombe. Sa réponse: je le cite: C'est une possibilité. Sur
cela, M. le ministre, c'est évident qu'au lieu de "storer" sept
térawattheures, si pour régler un cas, deux cas ou trois cas
spéciaux tragiques qui peuvent amener... Là, c'est la
façon d'amener la larme à l'oeil... Qu'on mette 200 ou 300
gigawatts de moins dans le réservoir, il n'y a aucune espèce de
problème.
C'est lui, le président d'Hydro-Québec, qui a
trouvé la solution. Cela veut dire qu'au lieu de stocker pour faire de
l'argent à l'avenir, il va l'utiliser maintenant pour répondre
aux besoins d'un endroit comme Sherbrooke.
Je ne connais pas d'autres mesures. Je ne suis pas pour adopter une loi.
Ce n'est pas dans mon domaine de dire: On va exclure et on va adopter des lois
contre certaines choses. Il faut être plus compétitif.
M. Claveau: Monsieur...
Le Président (M. Théorêt): Vous
permettez...
M. Ciaccia: Seulement un autre élément qu'il avait
soulevé. Seulement un autre élément,
M. le député. Vous avez mentionné qu'on ne veut pas
que ce soit Hydro-Québec qui subventionne. Elle va augmenté les
tarifs, nous, on ne paie rien et les ministères, cela paraît bien
dans leurs crédits. Je voudrais seulement porter à votre
attention qu'avec votre politique où vous payiez vous-mêmes et que
ce n'était pas HydroQuébec, les augmentations
d'Hydro-Québec en 1977, ont été de 9,9 %, en 1978, 13.7 %,
13,3 %, 10,6 % et 16,3 %. Cela n'a pas aidé à réduire les
tarifs d'Hydro, votre politique de cadeaux.
Nous, on n'a pas cette politique de cadeaux, mais les augmentations sont
de 3,9 %. C'est Hydro-Québec qui a une politique tarifaire qui a
attiré Norsk Hydro, qui a permi à Cascades, qui va permettre
à Matane et qui a permis à Kemtec dans l'est de Montréal,
sans affecter leur situation financière, mais avec une politique qui a
du bon sens...
M. Claveau: On pourrait discuter longtemps de cette question,
parce que je pense qu'on va avoir encore de la difficulté à
s'entendre sur le principe. Mais indépendamment de ce que vous dites
là, supposons, par exemple... Le président d'Hydro-Québec
avait ajouté par la suite qu'il s'agissait là d'une
décision gouvernementale. Ce n'est pas à Hydro de prendre cela
comme décision. Ce n'était peut-être pas dans les lignes
suivantes mais c'était très près. Il a dit: Si le
gouvernement nous y oblige, on va le faire, vous êtes notre
actionnaire.
M. Ciaccia: Je vais vous demander très franchement si vous
acceptez que le gars d'Hydro dise: Moi, je vais "storer" et ce n'est pas
à moi de décider si je vais aider l'hôpital; je vais le
mettre en stockage. Dites-le moi franchement. On va fermer les micros. C'est
entre vous et moi.
M. Claveau: Je n'ai pas peur de mes paroles.
M. Ciaccia: Vous acceptez cela, vous, que je doive aller dire au
président d'Hydro-Québec: Non, ne le "stocke" pas; donne-le
à l'hôpital; il n'est pas capable de le faire lui-même?
M. Claveau: Je pense, au contraire, que c'est au gouvernement
d'orienter les activités d'Hydro-Québec, mais d'une façon
conséquente, d'une façon logique. Qu'on oblige
Hydro-Québec à vendre de l'électricité
excédentaire en bas du coût de production et que,
parallèlement, on l'oblige à verser des dividendes accrus et
à arriver à un taux de capitalisation de 13 % ou 14 % au cours
des prochaines années, il faudrait s'entendre.
On accepte qu'Hydro-Québec augmente les tarifs pour l'ensemble de
la population, une augmentation modulée pour que toutes les
clientèles soient rentables, et en contrepartie, on va l'obliger pour
une certaine clientèle à vendre en bas du coût de
production. Il y a peut-être là-dessus qu'on a de la
difficulté à s'entendre.
M. Ciaccia: Ce n'est pas en bas du coût de production.
M. Claveau: Mais je voudrais vous dire, M. le ministre,
indépendamment...
M. Ciaccia: Ce n'est pas en bas du coût de production. Ne
me faites pas dire des choses que je n'ai pas dites. On n'a jamais
deriandé à Hydro-Québec de vendre en bas du coût de
production. D'accord?
M. Claveau: D'accord.
M. Ciaccia: Si on peut s'entendre à-dessus,
peut-être pourra-t-on avoir un débat un 3eu plus positif.
M. Claveau: Indépendamment de cela, M. le ministre, dans
votre nouvelle politique énergétique, supposons qu'une entreprise
de consommation de grande puissance qui trouve q'elle ne peut pas avoir
accès à tel ou tel programme et qu'elle doit payer son
électricité à 3 et quelque chose le kilowattheure,
déciderait, à un moment donné, de faire une entente avec
Énergie nucléaire du Canada pour dire: C'est bien dommage, mais
il me semble qui si j'installe un réacteur nucléaire, cela va me
prendre tant de temps pour l'amortir. Donc, d'ici dix ans, ce sera rentable.
J'installe mon réacteur nucléaire personnel qui fait partie de
mon équipement de production et j'annule mon contrat avec
Hydro-Québec. De quelle façon pouvez-vous l'empêcher de le
faire?
M. Ciaccia: Je peux vous expliquer, M. le député,
que cela ne peut pas se produire pour une simple raison: Hydro-Québec,
avec son tarif est à meilleur prix qu'une centrale nucléaire.
C'est pour cela que...
M. Claveau: Pour tout de suite, mais...
M. Ciaccia: Non, non, mais pour l'avenir encore plus, parce qu'il
y a plus de personnel dans les centrales nucléaires, les augmentations
vont être plus rapides que dans le système hydroélectrique
parce qu'une fois que le barrage est construit, il est construit pour 50 ans et
les frais d'exploitation n'augmentent pas au même rythme. C'est pour
cette raison qu'an peut concurrencer les États-Unis parce qu'on vend
à des prix que les centrales nucléaires ne peuvent vendre. Alors,
la situation que vous venez de décrire dans l'industrie privée...
Je ne parle pas de l'hôpital parce que c'est une situation totalement
différente.
M. Claveau: Mais il y a d'autres entreprises comme
l'hôpital qui sont prises avec la fin du programme de l'énergie
excédentaire.
M. Ciaccia: Dans l'industrie privée... Non, non, mais
même les pâtes et papiers...
M. Claveau: Une chaudière...
M. Ciaccia: ...leur problème n'est pas que le tarif est
plus cher que les centrales nucléaires, ce n'est pas cela. C'est que le
programme spécial sur l'énergie excédentaire qu'ils ont eu
jusqu'à maintenant leur a permis d'avoir un coût de production
plus bas que leurs compétiteurs américains. Ils voudraient
maintenir cette marge. Ce ne sera pas meilleur marché pour eux.
Supposons qu'Hydro-Québec coupe complètement tout programme
d'énergie excédentaire et va au tarif L, ce ne sera pas meilleur
marché pour eux, ce sera même plus cher d'aller à une
centrale nucléaire. Ce serait meilleur marché pour eux de faire
un mélange avec le gaz naturel. Alors, cette situation, pour des fins
strictement économiques, ne pourrait pas se produire parce que si cette
situation se produisait, cela voudrait dire qu'on ne pourrait même pas
faire d'exportations parce qu'on ne pourrait pas concurrencer. Mais, on est
meilleur marché que le nucléaire et meilleur marché que
les centrales à charbon et les centrales thermiques américaines.
Même au niveau canadien, on a un meilleur prix que les centrales
nucléaires. Nos taux sont 22 % plus bas qu'en Ontario et en Ontario, ils
ont un pourcentage assez important de nucléaire. Alors, dans
l'entreprise privée, cela ne peut pas se produire.
À Sherbrooke, il y a un programme d'incitation très
spécial. Premièrement, c'est un hôpital avec des budgets
très restreints et la question du nucléaire est reliée
à leur programme de recherche de la médecine
nucléaire.
M. Claveau: Oui, mais par la production d'isotopes en même
temps.
M. Ciaccia: Alors, c'est cela qui complique un peu le
problème au centre hospitalier de Sherbrooke.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a d'autres centres hospitaliers ou des
universités qui bénéficient aussi du programme
d'énergie excédentaire?
M. Ciaccia: Excusez, la question est...
M. Claveau: Est-ce qu'il y a d'autres centres hospitaliers ou
d'autres centres universitaires ou d'autres équipements ou institutions
paragouvernementales qui bénéficient du programme
d'énergie excédentaire? (12 heures)
M. Ciaccia: II doit sûrement y en avoir d'autres, mais
j'essaie d'obtenir l'information. Je vais essayer d'obtenir l'information pour
vous. Il y en a certainement mais où sont-ils exactement? Ce n'est
certainement pas unique à Sherbrooke.
Il y a l'hôpital Sainte-Justine, l'hôpital Notre-Dame,
l'Université de Montréal, il y a au moins ces
trois-là.
M. Claveau: D'accord. Ils ont tous eu des avis
d'Hydro-Québec disant que le programme se terminait le 31
décembre 1988, je suppose.
M. Ciaccia: Ils ont dû avoir cet avis.
M. Claveau: D'accord. Sur ce sujet-là, parce que
j'aimerais qu'on ait le temps de passer à d'autres sujets, j'en ai
encore deux ou trois autres que j'aimerais qu'on discute. Je ne sais pas si le
président voulait donner la parole à quelqu'un d'autre.
Le Président (M. Théorêt): À vous, M.
le député d'Ungava.
Énergies nouvelles
M. Claveau: Merci, M. le Président. J'aimerais qu'on parle
maintenant d'un projet qui... Malheureusement je ne l'ai pas avec moi ici. Il y
a un groupe qui a déposé un projet au ministère pour
prendre possession de la turbine de Gentilly 1 et l'alimenter à partir
d'un projet d'électricité vapeur produite avec des
déchets. Je sais que vous avez reçu la documentation au
ministère là-dessus.
M. Ciaccia: Mon sous-ministre m'indique qu'il n'a reçu
aucune documentation, moi non plus, mon sous-ministre associé non
plus.
M. Claveau: Vous n'êtes pas au courant de ce
projet-là?
M. Ciaccia: Non. La direction de l'électricité ne
l'a pas eu non plus. Je ne suis pas au courant de ce projet, M. le
député.
M. Claveau: Cela me fera plaisir de vous le transmettre.
M. Ciaccia: Oui, il me fera plaisir de l'examiner. Aucun des gens
du ministère ne l'a reçu.
M. Claveau: Le projet global de cette
société-là...
M. Ciaccia: Ni aux énergies nouvelles. Je m'informe,
personne n'a reçu cela. Alors, secteur énergie, secteur
électricité, sous-ministre, énergies nouvelles, personne
n'en a entendu parler.
M. Claveau: Je ne l'ai pas avec moi actuellement, mais j'ai une
copie du dossier.
M. Ciaccia: Est-ce que cela peut être au ministère
de l'Environnement qu'ils ont envoyé
cela ou à Hydro-Québec?
M. Claveau: Non, c'est au ministère de l'Énergie et
des Ressources.
M. Ciaccia: Ils sont tous avec moi et ils disent qu'ils ne l'ont
pas eu. C'est la première fois que j'en entends parler.
M. Claveau: Le projet global dont il est question et on me dit
qu'il est déposé au ministère de l'Énergie et des
Ressources, c'est de récupérer une grande partie des
déchets industriels, surtout au Québec, et de faire une
série de petites turbines de production dans la vallée du
Saint-Laurent.
M. Ciaccia: Ce n'est pas Gentilly, c'est à
Beauharnois.
M. Claveau: Mais il est question dans ce même projet de
récupérer la turbine de Gentilly 1 qui actuellement n'est plus en
utilisation.
M. Ciaccia: Non. On a des projets qui nous ont été
soumis pour la récupération de déchets et la production
d'énergie, mais celui que nous examinons, c'est un projet de
Valleyfield-Beau-harnois qui n'a rien a faire avec Gentilly. Au Saguenay aussi,
on a un projet qu'on examine.
M. Claveau: II y a des approches qui ont été faites
à Sept-Îles, entre autres, à Hull. Il y a tout un
réseau...
M. Ciaccia: Peut-être qu'il y a d'autres projets qui ont
été soumis au ministère de l'Environnement dans ces autres
endroits que vous mentionnez, mais ceux qui ont été soumis au
ministère, c'est le lac Saint-Jean, le Saguenay, Beauharnois et
Sherbrooke.
M. Claveau: D'accord. De toute façon,...
M. Ciaccia: Aucun de ces projets n'implique Gentilly 1.
M. Claveau: On aura sûrement l'occasion d'en reparler. En
ce qui concerne le principe, que pensez-vous de la possibilité de
produire de l'électricité à partir des déchets
plutôt que de les enfouir dans un dépotoir?
M. Ciaccia: Les projets qui nous ont été soumis
sont des projets très intéressants. Il s'agit maintenant d'une
question de coût. Combien de kilowattheures cela coûtera à
HydroQuébec pour récupérer et utiliser cela comme
énergie? Dans un projet, on ne semble pas être trop loin de ce
qu'Hydro-Québec a comme coût de production, parce qu'elle peut
produire elle-même, alors elle ne veut pas payer plus cher que son propre
coût de production... Il y a un projet où il n'y a pas tellement
de différence et on examine cela de très près, pour voir,
parce qu'il y a beaucoup d'avantages, naturellement, au point de vue de
l'environnement, au point: de vue de la récupération des
déchets et je crois qu'on est très positif dans notre approche
à l'examen de ces dossiers.
M. Claveau: Mais les projets dont vous parlez, ce sont des
projets prives et non pas des projets d'Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Non, non, ce sont des projets privés. Ceux qui
nous ont été soumis, ce sont des projets de différentes
régions du secteur et des MRC. Les MRC sont impliquées
là-dedans. Parce que...
M. Claveau: Je veux dire...
M. Ciaccia: ...il faut qu'ils concluent une entente avec la MRC
ou la municipalité pour la récupération des
déchets, alors c'est conjoint: secteur privé - MRC.
M. Claveau: Fondamentalement, vous êtes favorable à
une approche semblable, à ce que le ministère donne de l'argent
et des compétences dans son programme, entre autres, de recherche de
nouvelles énergies, pour voir si, effectivement, il y a moyen de
récupérer nos déchets pour les transformer en
énergie?
M. Ciaccia: Oui. Non seulement on est favorable, mais le
ministère a financé dos études de faisabilité pour
ces projets.
M. Claveau: À ce jour?
M. Ciaccia: À ce jour, oui. On s'est impliqué
financièrement et il y en a un en particulier qu'on regarde de
très près parce qu'il n'y a pas trop de différence entre
ce dont ils ont besoin, le coût qu'ils veulent vendre à
Hydro-Québec et le coût qu'Hydro-Québec... Et,
peut-être, y aurait-il moyen de trouver un programme pour...
M. Claveau: Parce qu'eux revendraient leur production à
Hydro-Québec, c'est cela?
M. Ciaccia: Oui. Et Hydro-Québec serait prête
à l'acheter. Alors, en principe, HydroQuébec est favorable. C'est
une question de négociation du prix du kilowattheure, du coût de
l'énergie.
Une partie de cela, c'est la cueillette et l'incinération. Une
partie du coût est payée par la MRC, pour la municipalité,
et la récupération, une partie pour l'énergie, c'est
qu'Hydro-Québec achèterait l'électricité tant le
kilowattheure.
M. Claveau: Toujours...
M. Ciaccia: Parce qu'à compter de 1992, le prix
qu'Hydro-Québec s'engage à payer, c'est
0,043 $ le kilowattheure.
Si un projet nous est présenté et qu'il correspond
à cette norme, c'est-à-dire qu'il est prêt à vendre
à Hydro-Québec à 0,043 $ le kilowattheure et que la MRC
est prête à payer tant la tonne que cela prend pour la cueillette
et l'incinération, alors il y aura feu vert, HydroQuébec ira de
l'avant avec un contrat semblable.
M. Claveau: Toujours dans le domaine des énergies
nouvelles, même si c'est très différent, où en est
le programme des éoliennes dans le Nord? Par exemple, il y a le dossier
de Cap-Chat, c'est une affaire, mais il y a aussi la nouvelle éolienne
qui vient d'être installée à Kuujjuaq. H y avait la
possibilité de répandre cela sur la côte de la baie
d'Hudson et de la baie d'Ungava.
Par la même occasion, est-ce que ces recherches-là
relèvent strictement d'Hydro-Québec ou si le ministère
s'implique aussi là-dedans?
M. Ciaccia: On s'implique. Dans le projet de Cap-Chat, comme vous
dites, c'est 4 mégawatts, c'est la plus grande éolienne
horizontale du monde. Quant aux autres programmes, ce sont des éoliennes
verticales et on attend les résultats du Centre canadien de recherche
qui est situé à l'île-du-Prince-Édouard... pour
décider si on va de l'avant avec ce genre de projet.
Il y a un projet Hélio-Beauce qui a été soumis au
Centre canadien de recherche et on attend les résultats pour savoir si
on va aller de l'avant ou non.
Conversion du pipeline Sarnia-Montréal
M. Claveau: Étant donné que le temps avance, on va
changer carrément de sujet et passer du côté du pipeline
Sarnia-Montréal. J'aimerais beaucoup que vous nous donniez des
précisions là-dessus, M. le ministre. Vous en avez parlé
brièvement tout à l'heure, vous avez parlé de 1 500 000
000 $ d'investissements possibles. Où en sommes-nous vraiment dans ce
dossier?
M. Ciaccia: Je vais essayer d'être aussi bref que possible.
Comme vous le savez, Soligaz a fait une demande pour avoir un tarif pour la
conversion du pipeline de Sarnia-Montréal pour permettre le transport de
gaz liquide. La réaction d'IPL, au début, était que
c'était faisable, maintenant ils disent qu'il y a un problème de
sécurité. Nous continuons de soutenir que c'est possible de faire
la conversion du pipeline, que cela peut être sécuritaire, mais
nous examinons aussi la possibilité d'un nouveau pipeline de Sarnia
à Montréal pour acheminer les liquides de gaz naturel.
La semaine prochaine, je vais à Calgary pour rencontrer les
producteurs de l'Ouest canadien, l'IPAC, les producteurs indépendants et
le Canadian Petroleum Association, l'Association du pétrole canadien
pour avoir leur appui. Nous avons un nouveau consortium. Pétromont fait
maintenant partie de Soligaz. En ayant Pétromont comme un des
partenaires, je pense que cela démontre non seulement le sérieux
du projet, mais le potentiel du projet. Pétromont sera un des principaux
bénéficiaires et un des principaux acquéreurs de ces
liquides. On a déjà eu des rencontres initiales. La semaine
prochaine, on va rencontrer les producteurs pour avoir leur appui. Il y a des
avantages très marqués pour eux. Cela va être un
débouché additionnel pour leurs produits, non seulement au
Québec, mais pour tout le Nord-Est américain. On est très
avancé dans nos discussions. Vers le mois de mai, on va être en
mesure de savoir si on va continuer, si on va demander la conversion de la
ligne ou si on va plutôt procéder par une nouvelle ligne. On est
beaucoup plus avancé qu'on ne l'était. On a d'autres
associés. On a des appuis de l'Ouest que je vais aller consolider. Je
rencontre même le ministre de l'Énergie de l'Alberta. J'ai
même eu des rencontres avec les dirigeants de Polysar à Sarnia
qui, pour la première fois, ont indiqué leur appui au projet,
parce qu'on avait toujours des objections. (12 h 15)
M. Claveau: Qui est contre actuellement?
M. Ciaccia: II y a de moins en moins de personnes qui sont
contre. Originalement, ils étaient tous contre. Mais à force de
prendre les mesures qu'on a prises et d'insister, d'invoquer et de demander de
l'appui au gouvernement fédéral, on a démontré
qu'on était sérieux, qu'on voulait aller de l'avant et qu'on ne
reculerait pas. Alors, on a réaménagé le consortium.
Je pourrais vous dire, au moment où on se parle, qu'on n'a pas
vraiment d'opposition. La décision à prendre, c'est: Est-ce que
la conversion peut se faire? On a une étude qu'on a demandée
nous-mêmes pour être plus certains de notre position. Est-ce qu'on
va aller par la conversion ou par une nouvelle ligne?
M. Claveau: Mais vous avez publiquement accusé Esso
d'être en conflit d'intérêts dans ce dossier. Est-ce qu'ils
le sont toujours? Pouvez-vous nous expliquer en quoi ils sont vraiment en
conflit d'intérêts, d'après vous?
M. Ciaccia: Ah non. Non, ils nous assurent qu'ils ne sont pas
contre le projet. J'ai même rencontré le président, le chef
de la direction qui nous a dit, qu'ils étaient contre le mode de
financement, mais pas contre le projet.
M. Claveau: Mais c'est bien évident que si on
réussit à avoir le gaz naturel directement de l'Ouest par
pipeline jusqu'à Montréal, cela rend Montréal très
concurrentielle par rapport à l'Ontario, du moins cela améliore
son niveau de concurrence par rapport à la même industrie en
Ontario. Dans cette mesure, est-ce qu'on ne doit
pas s'attendre qu'il y ait, jusqu'à la fin, des soubresauts de
l'industrie pétrolière ontarienne contre ce pipeline?
M. Ciaccia: Jusqu'à il y a environ six mois, il semblait y
avoir de l'opposition de ce côté-là, mais nous avons
examiné d'autres avenues. Petit à petit, on embarque des
partenaires avec nous; on réduit l'opposition, parce qu'on trouve
d'autres avantages pour eux. Pour réussir dans ces choses, on peut
essayer d'aller... c'est ce qu'on a fait jusqu'à ce jour. Mais,
là, on tente et on a réussi à convaincre plusieurs
pétrolières que peut-être ce serait à leur avantage
d'avoir un autre pipeline. Le pipeline Sarnia-Montréal où plus de
pétrole lourd sera acheminé, cela fait l'affaire de certaines
pétrolières dans l'est de Montréal.
On commence peu à peu à les convaincre des avantages que
même elles, comme pétrolières, peuvent obtenir par le
projet de liquides de gaz naturel. On semble avoir réduit l'opposition
de Sarnia, parce que, j'ai eu des rencontres avec Polysar et ils voient les
possibilités où il peut y avoir une complémentarité
entre Sarnia et Montréal pour certains produits. Il peut y avoir des
avantages pour nous et il peut y avoir des avantages pour eux. De la
façon dont on se dirige, on semble avoir réduit l'opposition et
on sera en mesure, vers la fin de mai, de prendre d'autres
décisions.
Il y a un autre élément. Quand nous avons insisté
devant l'ONE pour qu'une décision soit rendue, parce qu'à un
moment donné, il était question qu'il n'en rende pas, parce que
IPL avait présenté une opposition additionnelle, et il a rendu
une décision sur la question tarifaire, cela a clarifié, cela a
enlevé de l'ambiguïté et je pense que cela nous a
aidés à obtenir des appuis des gens du milieu de l'Ouest
canadien.
M. Claveau: Vous disiez également, au début, que
vous attendiez la conférence des ministres qui va se tenir à
Québec au mois d'août pour faire débloquer le dossier. Dans
quelle mesure pensez-vous que cela va débloquer à ce
moment-là?
M. Ciaccia: Je pense que, à un moment donné, il y
avait la question de la réversibilité du pipeline
Sarnia-Montréal. Avec les études que nous avons faites, avec le
comité tripartite Alberta-Saskatchewan-Québec, avec
l'évolution du dossier, je pense que même le gouvernement
fédéral semble prendre position dans le sens que ce pipeline ne
sera pas réversible, qu'il y aura des utilisations additionnelles. Et
j'espère être en mesure d'avoir pris des décisions sur
Soligaz même avant la conférence des ministres de l'Énergie
du mois d'août. À la suite de mon voyage dans l'Ouest canadien,
vers la fin de mai, on devrait être en mesure d'avoir plus
d'éléments concrets dans le dossier.
On est en train de compléter l'étude sur les
approvisionnements du centre du Canada, pour montrer que même l'Ontario
peut obtenir, parce que, ce qu'elle voulait, c'était avoir le
bénéfice de voir le pipeline de Montréal réversible
pour être approvisionnée de l'Ouest canadien et d'autres
endroits... Notre étude démontre que l'Ontario peut être
approvisionnée de pipelines américains. Alors elle peut avoir non
seulement une source de l'Ouest canadien mais aussi de pipelines
américains. Cela rend encore moins nécessaire pour elle, cela
réduit son opposition et cela la met dans une position d'appuyer le fait
que le pipeline ne soit pas réversible.
Nouveau mandat de SOQUIP
M. Claveau: D'accord, on va changer de sujet. Si vous me
permettez, j'aimerais qu'on parle maintenant du nouveau mandat de SOQUIP. Vous
avez annoncé qu'il allait y avoir une modification au mandat de SOQUIP.
Pouvez-vous nous en parler d'une façon un petit peu plus
détaillée?
M. Ciaccia: On attend. On va avoir un plan de
développement de SOQUIP. Avec ce plan de développement, on va
être en mesure de définir le mandat de SOQUIP. C'est clair que le
mandat de faire de l'exploration au Québec pour des réserves
d'huile, là je pense qu'ils y ont dépensé quelque 70 000
000 $ ou 100 000 000 $ et ils sont d'avis que cela serait inutile de continuer
dans ce secteur... Il reste donc le mandat d'être le catalyseur,
d'être associés pour certains projets comme Soligaz, d'avoir des
intérêts dans Spectre Resources dans l'Ouest canadien pour
approvisionner le gaz naturel à Gaz Métro. Ils ont des
intérêts dans Parex, près d'Hibernia, la côte
Parex,...
Une voix: Parex.
M. Ciaccia: ...une compagnie qui fait de l'exploration sur la
côte atlantique. Il s'agit pour nous, une fois que nous aurons
terminé leur plan de développement, de redéfinir le mandat
de SOQUIP, tenant compte des activités, des projets dans l'est de
Montréal, tenant compte du projet de Soligaz, du pipeline et leur
participation dans Novercour, et tenant compte aussi que Nover-cour, dans
laquelle SOQUIP et la Caisse de dépôt et placement ont des
intérêts intéressants et qui est le holding de Gaz
Métropolitain et qui reçoit des dividendes de Gaz
Métropolitain, peut devenir aussi une société
québécoise dans le secteur de l'énergie. Alors cela
pourrait être un rôle d'appui pour ce genre de
développement, en plus des projets actuels qui sont en cours.
M. Claveau: Pouvez-vous nous dire, M. le ministre, quand sera
déposé le plan de développement de SOQUIP et est-ce qu'il
sera l'objet de discussions en commission parlementaire, comme c'est le cas,
par exemple, du plan de développe-
ment d'Hydro-Québec?
M. Ciaccia: II devrait être déposé à
la mi-juin. Maintenant, avec la fin de la session, je ne pense pas qu'on ait
l'opportunité...
M. Claveau: Les commissions peuvent siéger tout
l'été.
M. Ciaccia: Je ne sais même pas s'il y a
nécessité d'étudier cela en commission parlementaire,
parce que cela n'a pas l'envergure d'Hydro-Québec et ce n'est pas la
question. La raison pour laquelle on examine le plan de développement
d'Hydro-Québec en commission parlementaire c'est parce que cela implique
des tarifs. Hydro-Québec doit venir justifier l'augmentation de ses
tarifs. C'est la base d'une commission parlementaire. À ma connaissance,
je ne sais pas s'il y a jamais eu un plan de développement de SOQUIP
depuis qu'elle a été constituée en 1969. Elle n'en a
jamais eu. Alors, avant de dire: On va aller en commission parlementaire, ils
vont vouloir examiner exactement ce que cela comporte. C'est la première
fois qu'un ministre de l'Énergie demande à SOQUIP de produire un
plan de développement.
M. Claveau: C'est la même chose avec Hydro-Québec.
Elle n'a jamais présenté de plan de développement avant
1983.
M. Ciaccia: Alors, vous voyez?
M. Claveau: Non, je suis d'accord pour que, si c'est possible,
toutes les sociétés d'Etat fassent des plans de
développement et expliquent le plus précisément possible
leurs objectifs et leur vision pour que le gouvernement puisse se prononcer
après cela sur ces orientations. Je crois que la mécanique est
excellente et je suis heureux que ce soit Hydro-Québec qui ait introduit
cela par une décision de l'ancien gouvernement. Si cela pouvait
s'étendre à tout le monde, ce serait excellent. Mais je crois
aussi que, dans l'intérêt public, il serait aussi excellent que
l'ensemble des contribuables québécois qui paient, à la
limite, pour ces sociétés d'État puissent prendre
connaissance ou avoir au minimum de l'information de base sur ces plans de
développement. Cela se fait dans notre système
démocratique par le biais des commissions parlementaires.
M. Ciaccia: Avec le plan de développement de SOQUIP, il va
y en avoir un aussi de REXFOR. Toutes les sociétés d'État
qui relèvent de mon ministère vont avoir un plan de
développement. Maintenant, est-ce qu'on doit examiner cela en commission
parlementaire? Je n'exclus pas la possibilité pour le moment. Mais,
avant de prendre un engagement, je préfère attendre de voir le
contenu du plan. On peut, en temps et lieu, prendre cette décision.
M. Claveau: Je vais garder mes réflexions pour moi.
D'accord, mais, de toute façon, vous allez sûrement nous faire
part du nouveau mandat ou des nouvelles orientations qui seront données
à SOQUIP. Étant donné qu'on parle d'initiatives
pétrolières, on parle d'énergie par le fait même,
est-ce qu'il y a une place qui est réservée à SOQUIP
à l'intérieur de votre nouveau programme
énergétique?
M. Ciaccia: II va falloir que vous attendiez que je dépose
ma politique énergétique avant de voir cela.
M. Claveau: Je n'ai pas parlé de politique, j'ai
parlé de programme.
M. Ciaccia: Le programme va suivre les politiques. On va voir
cela dans un avenir rapproché. C'est certain que SOQUIP...
M. Claveau: C'est pour quand votre nouvelle politique
énergétique, M. le ministre?
M. Ciaccia: La réponse à cela, c'est clair que
SOQUIP a un rôle à jouer.
M. Claveau: C'est pour quand?
M. Ciaccia: On lui a demandé de fournir un plan de
développement. Alors, il y a des choses assez concrètes dans
lesquelles elle est impliquée.
M. Claveau: C'est pour quand, M. le ministre, votre nouvelle
politique énergétique? On va l'avoir avant la fin de la
session...
M. Ciaccia: Oui, oui.
M. Claveau: ...ou si cela va apparaître par hasard durant
l'été quand tout le monde est en vacances?
M. Ciaccia: Vous allez l'avoir avant la fin de la session.
M. Claveau: On va l'avoir à la fin de la session.
M. Ciaccia: Avant la fin.
M. Claveau: C'est-à-dire avant le 17 juin au soir.
M. Ciaccia: Avant le 17 juin au soir.
M. Claveau: D'accord. On va l'avoir avant que tout le monde se
retire.
M. Ciaccia: Même avant le 17 juin au matin.
Des voix: Ha, ha, ha!
(12 h 30)
Projet d'hydrogène liquide
M. Claveau: On pourrait peut-être aussi, tandis qu'on y
est, parler du projet d'hydrogène liquide et donner des détails
là-dessus pour savoir où en est la production actuellement dans
la région de Trois-Rivières, à Bécancour.
M. Ciaccia: J'ai rencontré...
M. Claveau: Et l'usine de liquéfaction de
Sept-Îles.
M. Ciaccia: Justement, il y a quelques semaines, j'ai
rencontré M. Jean-Pierre Contzen qui est le directeur
général du centre commun de recherche de la communauté
européenne et on s'est entendu sur le maître d'oeuvre pour
l'étude de faisabilité. Le maître d'oeuvre que j'ai
désigné est Hydro-Québec. Il va y avoir une étude
de faisabilité. On n'a pas encore signé cette entente mais on
devrait le faire très prochainement pour le projet de transport
intercontinental d'hydrogène électrolytique. Cela va être
une étude qui va coûter quelque 4 000 000 $ - je suis trop
habitué à Hydro-Québec - sur deux ans, dont la
moitié sera payée par la communauté européenne et
la moitié par nous, le Québec, et le gouvernement
fédéral. Comme vous le savez, c'est le centre de recherche de la
Commission des communautés européennes qui a choisi
Sept-îles comme site possible. Si l'étude s'avère positive,
l'usine sera construite à Sept-îles. C'est un projet qui est
vraiment dans un domaine d'envergure majeure. Il a des retombées assez
importantes pour nous. C'est un enjeu stratégique majeur pour le
Québec parce que celui qui réussira à maîtriser le
système global de transfert va être le chef de file mondial dans
une industrie nouvelle dont les retombées dans diverses sphères
s'avèrent des plus prometteuses.
M. Claveau: Qui sont les clients potentiels jusqu'à
maintenant ou les clients qui ont déjà fait connaître leur
intérêt?
M. Ciaccia: Pour ce projet-là, cela va être des
applications énergétiques dont le carburant pour des essais
aéronautiques et aérospatiaux et pour des flottes d'autobus
urbains en Allemagne.
M. Claveau: En Allemagne? M. Ciaccia: Oui.
M. Claveau: Je voyais, par exemple, dans vos dépenses de
voyage que vous avez effectué une couple de missions en Italie
indépendamment du fait que c'est toujours agréable de retourner
dans sa place natale.
M. Ciaccia: Toujours.
M. Claveau: Est-ce que c'est aussi lié à
l'exportation d'énergie ou l'exportation de technologie vers
l'Italie?
M. Ciaccia: II y a eu plusieurs raisons pour les voyages. Il y a
eu un voyage où on a ouvert le bureau pour la vente de bois à
Milan. Une autre fois, on a signé une entente l'année
dernière entre ENEL qui est l'équivalent d'Hydro-Québec en
Italie et Hydro-Québec, une entente-cadre pour les différents
projets d'étude dont une qui s'est avérée être le
sous-fluvial à Lotbinière. J'ai eu des rencontres avec ENI qui
est la société d'État dans les hydrocarbures,
Internationale Hydrocarbure. Ils sont intéressés à des
projets d'investissements dans l'est de Montréal. Il y a eu un suivi de
ces rencontres par leurs représentants ici à Montréal
à plusieurs reprises et un de ces projets dépend, le projet
Soligaz, de l'acheminement de liquide de gaz naturel dans l'est de
Montréal. Alors, c'était principalement le but de mes...
M. Claveau: Mais il n'est pas question de vente
d'hydrogène à l'Italie pour le moment?
M. Ciaccia: Non.
M. Claveau: Parce que la description de ces voyages est quand
même très courte. Alors, je pensais que c'était
peut-être lié à l'hydrogène liquide.
M. Ciaccia: Non. Quoique le centre de recherche est à
Ispra en Italie, mes voyages n'étaient pas reliés à cela.
Les gens de mon ministère étaient reliés à cela,
quant à moi, c'était pour les projets que je vous ai
mentionnés.
M. Claveau: Les gens de votre ministère étaient
reliés à cela, vous dites?
M. Ciaccia: Oui, les voyages de mon sous-ministre associé
au mois de novembre était reliés au projet de
l'hydrogène.
M. Claveau: II était avec vous en Italie à ce
moment-là?
M. Ciaccia: Non. M. Claveau: Non.
M. Ciaccia: Non, je n'y étais pas à ce
moment-là.
M. Claveau: Bon, d'accord.
M. Ciaccia: Moi, j'y suis allé une fois.
M. Claveau: Trois fois.
M. Ciaccia: J'y suis allé au mois de juin
dernier. J'ai fait deux voyages?
M. Claveau: Au moins trois voyages. Les voyages d'accompagnement,
oui.
M. Ciaccia: Non, non, j'ai fait un voyage au mois de juin.
M. Claveau: Du 22 au 27 juin 1987. M. Ciaccia: Oui, c'est
moi cela.
M. Claveau: D'accord. On a décomposé les
accompagnements, je ne sais pas pourquoi. Pourquoi décomposez-vous les
accompagnements durant les voyages? C'est le même voyage. On indique une
personne et, après cela, on dit: Accompagner le ministre, mission en
Italie. La ligne en dessous, pour le même voyage, on indique: Deux
personnes, accompagner le ministre, mission économique en Italie. C'est
la même mission qui est décomposée. On dirait toujours
qu'il n'y a pas beaucoup de monde dans une mission. Quand on fait la liste de
tous les gens à chacun des éléments, on finit par avoir
parfois des grosses grappes.
M. Ciaccia: II y avait trois personnes.
M. Claveau: Cela fait trois, mais comme c'est
présenté là, cela fait un voyage de un et un voyage de
deux.
M. Ciaccia: C'est mon cabinet et le ministère. On
sépare les deux. Quand le ministère...
M. Claveau: Ah, d'accord.
M. Ciaccia: ...on le mentionne...
M. Claveau: Ce n'est pas identifié là par
exemple.
M. Ciaccia: À quelle page regardez-vous?
M. Claveau: Je suis à la page 14 du gros document,
Étude des crédits 1988-1989, réponses aux demandes de
renseignements.
M. Ciaccia: À quelle page?
M. Claveau: Là, je suis à la page 14.
M. Ciaccia: D'accord. Moi, j'y suis allé au mois de juin.
J'étais accompagné de mon sous-ministre et des gens de mon
cabinet. C'est cela. C'était un voyage.
M. Ciaveau: C'est cela, mais pourquoi le décompose-t-on?
Il y a d'autres exemples, entre autres si on prend le cas des rencontres du
NICE. On se rend compte, en feuilletant les pages, que les mêmes voyages
ou les mêmes destinations aux mêmes dates réapparaissent
souvent, mais c'est toujours un et deux intervenants. Quand on fait le total,
cela finit par faire dix ou douze.
M. Ciaccia: On me dit qu'on sépare l'administration du
ministère et la comptabilité du cabinet. C'est cela.
M. Claveau: Ne pourrait-on pas l'indiquer à ce
moment-là par un astérisque ou autrement quand c'est le
ministère ou le cabinet qui paie?
M. Ciaccia: Oui, je suppose qu'on le pourrait. Est-ce qu'on
pourrait? Oui, oui, on le pourrait. Je n'ai pas d'objection.
M. Claveau: Vous pourriez.
M. Ciaccia: L'an prochain, on l'indiquera.
M. Claveau: Comme dans le cas du voyage en Chine que vous avez
fait tout de suite après, à Hong Kong, du 12 au 21 août
1987, est-ce que c'était du personnel de cabinet ou du personnel du
ministère qui vous accompagnait?
M. Ciaccia: C'était des membres de mon cabinet. On est
allés à Hong Kong, mais on est allés aussi, dans le
même voyage, en Malaisie...
M. Claveau: Toujours pour vendre de
l'électricité?
M. Ciaccia: Voulez-vous savoir pourquoi je suis allé en
Malaisie? Je vais vous le dire.
M. Claveau: Allez-y, oui.
M. Ciaccia: Hydro-Québec a développé une
technologie, le couplage capacitif. Cette technologie permet d'utiliser le
courant d'une ligne de transmission pour un village ou pour un endroit
près de la ligne de transmission sans affecter cette ligne. Cette
technologie a été transférée,
développée et vendue à BG Checo International. BG Checo
avait des projets pour implanter cette technologie en Malaisie. Je suis
allé à l'inauguration de leur premier projet en Malaisie. J'ai
rencontré le ministre de l'Industrie et le ministre de l'Énergie
de la Malaisie. Le but de cela, c'était premièrement d'indiquer
qu'on appuyait BG Checo, qu'on était très intéressé
à avoir d'autres projets de ce genre, car il y a des retombées
économiques très importantes pour le Québec. Une partie
des fonds est dépensée localement, mais une partie est
dépensée au Québec.
M. Claveau: II doit y avoir des rapports de mission de ces
voyages?
M. Ciaccia: Je vous en fais un. Dans le cas spécifique
dont je vous parle en Malaisie, ce village recevait de
l'électricité seulement douze
heures par jour et cela coûtait 0,48 $ le kilowattheure. Avec le
projet, la technologie d'Hydro-Québec, ils recoivent
l'électricité à l'année longue, 24 heures par jour,
et cela leur coûte 0,08 $ le kilowattheure. Vous pouvez voir
l'intérêt et l'importance que cela peut avoir pour un pays comme
la Malaisie où certains villages n'ont pas du tout...
M. Claveau: Le ministre fait baisser les tarifs en Malaisie et
les fait augmenter au Québec.
M. Ciaccia: Cela va leur permettre de réduire leurs
tarifs.
M. Claveau: Vous êtes en train de nous dire que vous feriez
un très bon ministre de l'Énergie de la Maiaisie.
M. Ciaccia: Si vous voulez faire des farces. Je ferais un bon
ministre de l'Énergie n'importe où.
M. Claveau: Oui? C'est à voir.
M. Ciaccia: J'en fais un meilleur au Québec parce que j'ai
promu la technologie québécoise en Malaisie. Je n'ai pas promu la
technologie malaisienne.
M. Claveau: Si le ministre pense qu'il est le premier à
faire cela, il devrait vérifier dans les annales du gouvernement et il
verrait qu'il y en a d'autres qui ont pensé à cela avant lui.
Contrats divers
Le temps achève et il y a quand même certaines petites
dépenses qui ont été effectuées par le
ministère et sur lesquelles on aimerait bien avoir deux ou trois
éclaircissements en cours d'exercice 1987-1988. Entre autres, à
la page 37 du même document sur les réponses aux demandes de
renseignements, il apparaît deux dépenses, les dépenses nos
87 A 3480 et 87 A 3481, adjudication du contrat Marie-José Nadeau,
avocate, pour 4850 $ une première fois et 4650 $ une deuxième
fois. Est-ce qu'on parle de la même personne qui est à votre
ministère?
M. Ciaccia: Oui, on parle de la même personne qui est
à mon ministère pour deux mandats qu'elle a reçus avant
qu'elle se joigne à nous comme attachée politique.
M. Claveau: Avant d'être au ministère à temps
plein?
M. Ciaccia: Oui.
M. Claveau: Depuis quand Mme Nadeau est-elle à temps plein
comme attachée politique au ministère?
M. Ciaccia: Elfe est à temps plein depuis le 17 juin 1987.
C'est comptabilisé dans la masse salariale du cabinet. Ces sommes ne
sont pas des montants du ministère.
M. Claveau: Bon! Il serait intéressant de le savoir aussi.
C'est justement la question que j'allais vous poser. Est-ce que c'était
à titre de personnel de cabinet ou à titre d'employée
contractuelle pour le ministère?
M. Ciaccia: Non, c'était contractuel, consultant sur ces
deux éléments et j'ai pris:..
M. Claveau: Pour le cabinet et non pas pour le
ministère.
M. Ciaccia: Non, non, pour le cabinet. M. Claveau:
D'accord.
M. Ciaccia: C'est pour cela que cela vient de la masse salariale
du cabinet, cela ne vient pas de la masse salariale du ministère.
M. Claveau: Où est-ce identifié? M. Ciaccia:
0111. M. Claveau: Pardon?
M. Ciaccia: Le code 0111. (12 h 45)
M. Claveau: Le 0111? D'accord. Cela va.
Le ministre pourrait-il nous parler de la nature - vous me direz que
cela n'a pas l'air d'être très important comme chiffres - du
contrat 87 A 3490 qui a été accordé à la firme
Sécor, toujours pour votre cabinet. On parle de travaux d'analyse et de
consultation pour 798 $. C'est assez rare que des travaux d'analyse et de
consultation soient aussi peu élevés.
M. Ciaccia: C'est encore dans la masse salariale du cabinet,
n'est-ce pas?
M. Claveau: Oui,mais les chiffres sont là.
M. Ciaccia: Oui, mais si c'est dans ma masse salariale,
c'est mes affaires. Les travaux d'analyse et de consultation, ce n'est pas le
ministère qui a payé pour cela, c'est moi qui ai payé
pour.
M. Claveau: M. le député de La Peltrie trouve la
réponse...
M. Ciaccia: ...laconique.
M. Claveau: Non, mais à partir du moment où les
chiffres sont là, on peut s'en parler. Il reste que c'est de l'argent
public.
M. Ciaccia: J'ai la discrétion, dans ma
masse salariale, d'utiliser ces fonds pour autant que je suis les
règles du gouvernement et les règles pour les fins que je juge
être les meilleures pour l'intérêt public. Je ne pense pas
que vous puissiez vraiment questionner là-dessus.
M. Claveau: Je vous remercie de votre réponse, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Vous êtes bienvenu.
Le Président (M. Hétu): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: On constate que le temps est quand même
passé et... Pardon? Comment?
M. Ciaccia: Quand vous mentionnez les fonds publics... C'est 798
$.
M. Claveau: C'est justement ce qui a attiré notre
attention, c'est qu'un contrat d'analyse de 798 $...
Généralement, les tarifs sont plus élevés que cela
pour des analyses.
M. Ciaccia: ...analyse serrée. Autres dossiers
M. Claveau: Ha, ha, ha! J'en conviens. Dans le document que vous
avez déposé... Le temps passe rapidement et on n'a pas encore
parlé du tout de la loi sur les terres et de tout ce qui en
découle. Dans le cahier explicatif des crédits, à la page
T-14, on parle de l'intégrité du territoire, c'est tout le
programme qui est lié à cela. Vous dites ici: "Les
activités de 1987-1988 ont notamment porté sur..." Et le premier
point soulève quand même certaines questions. L'analyse des
projets de loi fédéraux sur les zones extracôtières
pour en évaluer l'impact éventuel sur les droits et
intérêts du Québec dans le golfe Saint-Laurent, 100 000
kilomètres carrés, ainsi que dans les baies James, d'Hudson et
d'Ungava, 500 000 kilomètres carrés. Pouvez-vous détailler
un peu ces projets de loi fédéraux?
M. Ciaccia: C'est une analyse qui existe, à ce qu'on me
dit, depuis toujours. Le gouvernement fédérai revendique certains
droits et nous contestons. Nous n'acceptons pas la position du gouvernement
fédéral. Ce n'est pas quelque chose de nouveau...
M. Claveau: Oui.
M. Ciaccia: ...cela remonte à...
M. Claveau: Mais est-ce que cela avance comme dossier? Est-ce que
c'est un contentieux qui va finir par se régler?
M. Ciaccia: Pour vous dire la vérité, si cela
avance, je n'ai pas vu de progrès marqué dans ce dossier. Il y a
des positions qui se prennent. Il y a des travaux qu'if faudra effectuer pour
le projet de la baie James et qu'il va falloir situer dans la baie d'Ungava.
Nous prétendons que c'est à nous la baie James, que c'est notre
territoire. Le gouvernement fédéral dit que c'est le leur.
M. Claveau: Comme nous qui prétendons que le Labrador
appartient au Québec et le gouvernement fédéral n'est pas
d'accord avec cela non plus.
M. Ciaccia: Oui. Ils ne sont pas d'accord, mais ce sont des
travaux qui doivent être faits.
M. Claveau: Mais ces territoires ou ces eaux-là,
d'après le gouvernement fédéral, appartiennent à
qui? Aux Territoires-du-Nord-Ouest?
M. Ciaccia: Oui. Cela fait partie des Territoires-du-Nord-Ouest.
J'avais le même problème en 1975 quand j'ai fait l'entente de la
Baie James. Dans la Convention de la Baie James, il a fallu exclure...
M. Cannon: Cela fait partie du Canada. Les
Québécois ont le droit d'y aller.
M. Claveau: Comme le Yukon d'ailleurs. C'est la même
chose.
M. Ciaccia: Je ne le sais pas là.
M. Claveau: On peut aller en Californie aussi.
M. Cannon: Ce n'est pas dans notre pays.
M. Ciaccia: C'est un litige. Ce sont différents points de
vue. On maintient nos positions et le gouvernement fédérai
maintient les siennes.
M. Claveau: Cela risque de rester comme cela.
M. Ciaccia: Jusqu'à maintenant, on n'a pas eu de guerre
encore.
M. Claveau: Vous n'avez pas eu de quoi?
M. Ciaccia: De guerre.
M. Claveau: D'aide?
M. Ciaccia: De guerre.
Des voix: De guerre.
M. Claveau: Ah, de guerre!
M. Ciaccia: On ne s'est pas tiré encore. On maintient nos
positions traditionnelles; eux maintiennent les leurs. Alors tout va bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: J'ai ouï-dire qu'il y aurait
éventuellement des revendications qui viendraient du milieu inuit,
à savoir que certaines îles de la baie d'Hudson soient
rattachées au territoire québécois. Est-ce que vous
êtes au courant de ces dossiers-là?
M. Ciaccia: Je ne suis pas au courant, mais je peux vous assurer
qu'on va appuyer cette position des Inuit.
M. Claveau: Oui?
M. Ciaccia: Absolument.
M. Claveau: Je ne sais pas où en est rendu le dossier,
mais je pensais que le ministère avait été mis au
courant.
M. Ciaccia: Non. Ils n'ont pas porté cela à notre
attention.
M. Claveau: Entre autres, les résidents du village Inuit
sur les îles Belcher qui reçoivent tous les services du
Québec et qui ne verraient pas d'un mauvais oeil finalement un jour ou
l'autre d'être intégrés au territoire
québécois.
M. Ciaccia: On ne nous a pas encore saisis de ce dossier, mais si
c'était le cas, on serait certainement disposé à
l'appuyer, spécialement si c'est nous qui fournissons les services.
M. Claveau: Actuellement, Ils ont la plupart des services, mais
la desserte aérienne se fait à partir de Kuujjuarapik et...
M. Ciaccia: Exactement. C'est nous qui desservons. On donne les
services, alors ce serait tout à fait logique que cela fasse partie de
notre territoire.
M. Claveau: C'est quelque chose qui relèverait comme
dossier du ministre responsable de l'application de la Loi sur les terres?
M. Ciaccia: Oui.
M. Claveau: On saura à qui s'adresser en temps et
lieu.
M. Ciaccia: Même dans l'entente de la Baie James, une des
solutions que j'ai apportées parce que dans les territoires, ils
voulaient l'étendue des réserves beaucoup plus étendues
que les catégories 1... Alors, pour minimiser l'étendue du
territoire qui pouvait être de juridiction fédérale, j'ai
établi des terres de catégorie 1 et de catégorie 2. Les
catégories 1 sont assez restreintes et c'est seulement sur ces
catégories que le gouvernement fédéral a juridiction. Sur
les autres catégories, c'est le gouvernement du Québec.
M. Claveau: En milieu inuit? M. Ciaccia: En milieu cri;
indien.
M. Claveau: La distinction que vous faites se fait en milieu cri
1a et 1b. La table de catégorie 2 c'est autre chose, mais la table de
catégorie 1a et 1b en milieu inuit, la distinction n'existe pas.
M. Ciaccia: Non, elle n'existe pas parce qu'il n'y avait pas de
réserve.
M. Claveau: C'est cela. Il n'y a pas de fond de terre
fédéral.
M. Ciaccia: Exactement. Cette distinction n'existe pas. On l'a
fait dans le milieu indien pour restreindre.
M. Claveau: J'entends dire que cela achève.
Le Président (M. Hétu): C'est la fin. Il reste deux
minutes.
M. Claveau: On pourrait interroger encore longtemps sur les
différents dossiers. On arrive à des choses intéressantes
finalement. Il y a toujours sur Hydro-Québec qu'on ne s'entendra pas et
je ne crois pas que ce soit pour demain.
M. le Président, si d'autres membres de la commission avaient des
questions pertinentes à poser, je serais prêt à leur
céder mon droit de parole pendant quelques minutes.
Adoption des crédits
Le Président (M. Hétu): Je pense qu'on est
prêt à procéder à l'adoption des programmes. Est-ce
qu'il y a d'autres choses, mes collègues?
M. Cannon: II y aurait peut-être autre chose si le
député nous cède la parole, c'est de dire, du
côté ministériel, combien nous sommes fiers du travail qui
a été accompli par le ministre. Lorsqu'on parlait tout à
l'heure d'envoyer le ministre en Malaisie, quant à nous, on veut le
garder ici au Québec parce qu'il fait un bon travail.
M. Claveau: Quand je donnais mon droit de parole, M. le
Président, ce n'était pas pour dire n'importe quoi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cannon: Pendant deux heures, on a eu à subir cela, M.
le député.
Le Président (M. Hétu): Merci, messieurs. Est-ce
que le programme 5, Direction, est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que le programme 6,
Connaissance géographique du territoire, est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que le programme 7,
Gestion des terres publiques, est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que le programme 8,
Régie de l'électricité et du gaz, est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que le programme 9,
Études, recherches et interventions concernant l'énergie, est
adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Vu que les programmes 5
à 9 ont été adoptés, nous allons ajourner nos
travaux à demain 10 heures. Vous avez un mot de la fin? Excusez-moi,
c'est la première fois. Est-ce qu'on commence par le ministre?
Le mot de la fin, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Rapidement, en
conclusion, je voudrais remercier le ministre de l'Énergie et des
Ressources en espérant qu'il n'utilisera pas ces remerciements à
d'autres fins que ce pourquoi ils lui sont adressés actuellement. Je
veux le remercier pour la collaboration dont il a fait preuve. J'espère
qu'à force d'en discuter, on finira un jour par s'entendre sur la
nomenclature et les chiffres concernant la Baie James. Je voudrais remercier
aussi le personnel du ministère qui a fait preuve de beaucoup de
patience et aussi d'intérêt en venant participer à la
commission.
Je tiens à remercier et féliciter une dernière fois
le personnel du cabinet, ainsi que le personnel du ministère pour
l'excellent travail de présentation qui a été fait. C'est
assurément très agréable de préparer des
interventions pour l'étude des crédits quand on a la base
argumentaire fondamentale dont on peut normalement disposer au ministère
de l'Énergie et des Ressources. Cela fait déjà deux fois
que j'incite le collègue ministre délégué aux Mines
et aux Affaires autochtones, à en faire autant pour le ministère
des Affaires autochtones. J'espère que le ministre saura lui passer le
message et les documents afin qu'il puisse voir comment cela se fait et nous
donner le même genre d'informations, la même qualité de
documentation au ministère des Affaires autochtones.
Là-dessus, je termine, M. le Président.
Le Président (M. Hétu): Je vous remercie. M. le
ministre.
M. Ciaccia: Je veux remercier mes collègues de la
commission, le député d'Ungava, les membres de l'Opposition et
spécialement le personnel du ministère et le personnel de mon
cabinet, comme l'a souligné le député d'Ungava, pour
l'excellent travail qui a été fait dans la présentation de
tous les documents et pour toute l'information qu'ils m'ont donnée et
sans laquelle je n'aurais pas pu répondre à vos questions.
Merci.
Le Président (M. Hétu): Alors, je remercie tous les
gens de la commission.
Les travaux sont ajournés à 10 heures demain.
(Fin de la séance à 12 h 59)