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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Cannon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Secteur des mines
Voici le mandat: la commission de l'économie et du travail est
réunie afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Énergie et
des Ressources, secteur des mines, soit le programme 10, pour l'année
financière 1988-1989. C'est un ordre de l'Assemblée du 30 mars
1988.
Ce matin, les travaux se dérouleront de 10 heures à 12 h
30, soit pour une période de deux heures et demie et, cet
après-midi, de 15 h 30 à 17 heures, pour une période
totale prévue de quatre heures.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Cannon): Alors, M. le
député d'Ungava, ce sont les mêmes dispositions qui
régissent la répartition des temps de parole, etc., dont on a
convenu depuis le début.
M. le député d'Ungava, est-ce que vous désirez
procéder à des commentaires généraux et adopter le
programme à la fin ou procéder d'une façon
différente?
M. Claveau: Non. Je crois, M. le Président, qu'on pourrait
continuer dans la dynamique de discussions d'ordre général
et...
Le Président (M. Cannon): L'approuver à la fin.
M. Claveau: De toute façon, pour ce qu'il y a de
changements dans les chiffres avec ceux de l'année dernière!
Le Président (M. Cannon): Vous savez, je suis d'une
neutralité bienveillante, M. le député.
M. Claveau: Une neutralité proverbiale.
Le Président (M. Cannon): Sans plus tarder, je demanderais
au ministre de nous faire part de ses remarques préliminaires qui seront
suivies de la réplique du député d'Ungava. Si vous voulez
bien, M. le ministre, nous présenter les gens qui sont avec vous pour
les fins de l'enregistrement des débats.
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. Je voudrais commencer
par souhaiter la bienvenue à mes collègues, de même qu'au
député d'Ungava. Cette rencontre d'aujourd'hui porte,
évidemment, comme on le sait, sur les crédits du secteur des
mines du ministère de l'Énergie et des Ressources. Avant de
commencer, je voudrais, présenter les gens qui m'accompagnent. À
ma droite, se trouvent M. Onil Roy, sous-ministre adjoint, M. Caty, qui est
responsable du secteur de l'exploration, et M. André Bissonnette qui est
à l'assistance de l'exploration minière; également,
derrière nous, il y a M. Yvan Godbout, responsable de la Direction
générale de l'industrie minérale - eh, mon Dieu, il y a du
monde! - M. Bernard Geoffrion, pardon, François Geof-frion - boum-boum,
pour les intimes - qui est sous-ministre adjoint à l'administration et
il est accompagné de M. Jacques Saint-Cyr, de la Direction
générale du CRM, qui est également ici, je crois. Il y a
aussi MM. Michel Després et Louis-Gilles Picard. J'imagine que j'en
oublie quelques-uns. Vous m'en excuserez, nous sommes, quand même, une
bonne dizaine. Les membres de mon cabinet: à ma gauche, se trouvent
Dominique Jobin, qui est mon attachée politique pour le dossier des
mines; Louise Hébert, mon chef de cabinet, et Evelyne Simard, mon
attachée de presse.
M. le Président, je désire commencer ma
présentation en soulignant aux membres de la commission que les
expéditions minérales du Québec ont atteint 2 700 000 000
$ en 1987, une hausse très substantielle de 24 % par rapport à
1986. Il s'agit là d'un progrès remarquable qui a eu un impact
important dans les régions périphériques du Québec
où se concentre l'industrie minière. Cette hausse,
conjuguée aux investissements records de plus de 665 000 000 $ en
exploration et en mise en valeur au cours de la même période,
indique bien que le gouvernement dont je fais partie pratique des politiques
efficaces de développement économique qui donnent des
résultats tangibles, telle la croissance de 5 % de l'emploi minier qui a
atteint 21 075 personnes en 1987.
Le mandat fondamental du secteur des mines consiste à promouvoir
le développement de l'industrie minérale du Québec par un
ensemble de mesures qui appuient l'initiative et le leadership du secteur
privé. Nous devons aussi nous assurer que l'exploitation des ressources
minérales servira les meilleurs intérêts du Québec.
Dans cette perspective, j'annonçais l'an dernier que je déposais
un projet de refonte de la Loi sur les mines. Celui-ci a été
adopté par l'Assemblée nationale le 23 juin 1987. Le projet de
règlement
afférent à cette loi a été publié la
semaine dernière dans la Gazette officielle et la population
dispose de 45 jours après cette date pour soumettre ses commentaires au
ministre. Également, la réforme administrative qui accompagne
cette nouvelle loi est à peu près complétée. Aussi,
afin de ne pas perturber l'activité d'exploration qui est
généralement à son comble au cours de l'été,
nous prévoyons faire entrer la loi en vigueur tôt l'automne
prochain.
Les activités régulières du secteur des mines sont
inscrites au programme 10 du MER. Elles se regroupent sous trois grands
objectifs que je vous présente rapidement. Concernant la stimulation
à l'exploration minière, quatre points sont à souligner.
D'abord, nos objectifs se résument par la production de renseignements
géologiques inédits, par la prestation accrue de services en
régions, plus particulièrement dans le Nord-Ouest, par la
promulgation d'un nouveau cadre légal et réglementaire des
activités minières et par une assistance financière
sélective.
En 1988, le ministère consacrera 1 100 000 $ à
l'assistance à la prospection en Gaspésie, une aide de 1 600 000
$ pour des travaux d'exploration minière au voisinage des
communautés minières menacées, c'est-à-dire Chapais
et Murdochville, et 800 000 $ à la consolidation de la relance de
l'exploration en Estrie-Beauce. Je sais que, concernant Chapais et Chibougamau,
cela fera énormément plaisir au député
d'Ungava.
Deuxièmement, appuyer le développement de nouveaux
gisements de minéraux - on y trouve quelques objectifs - au moyen
d'assistance à la construction d'infrastructures de développement
minéral à caractère public, deuxièmement, en
permettant aux exploitants miniers de récupérer leurs
investissements dans un délai raisonnable via les crédits de
droits miniers remboursables et en faisant la promotion du potentiel
minéral du Québec sur les marchés internationaux.
Par le biais de l'entente auxiliaire fédérale-provinciale
sur le développement minéral, le secteur des mines pourra appuyer
la construction d'infrastructures d'accès et de lignes
électriques entre autres, pour le gisement d'Inco Itée dans le
canton de Casa-Berardi, et de la mines Dumagami en
Abitibi-Témiscamingue, pour un coût total de 7 100 000 $.
Le secteur des mines collabore également à
améliorer fa productivité des entreprises pour renforcer leur
position concurrentielle, à titre d'exemple, par la
recherche-développement technologique et métallurgique, par le
financement partiel d'études de démonstration et de marché
et par le soutien à l'émergence de nouveaux centres d'excellence
en recherche-développement technologique.
Au terme de longs efforts de rationalisation et de réduction des
coûts de production auxquels les entreprises minières ont dû
se soumettre depuis 1982, la remontée des cours de plusieurs
métaux, en 1987, est venue signaler un meilleur équilibre entre
l'offre et la demande des minéraux permettant des profits dont on avait
grand besoin pour éponger une partie des déficits encourus au
cours des années antérieures. Par contre, la remontée de
notre dollar face à la devise américaine vient réduire les
gains réels escomptés par nos producteurs.
L'industrie minérale constitue toujours un des piliers de
l'activité économique du Québec. Comme je le soulignais en
introduction, nos expéditions minérales ont atteint 2 700 000 $
en 1987, soit 1 600 000 $ pour les substances métalliques et 1 100 000 $
pour les minéraux industriels et les matériaux de construction.
L'emploi dans l'industrie est évalué à 21 075
personnes-années. Les salaires et gages versés par l'industrie
minérale ont atteint 765 000 000 $ et le salaire annuel moyen est
légèrement supérieur à 36 000 $.
L'or, le minerai de fer, le titane, le fer de refonte, le ciment, la
pierre, l'amiante, le cuivre et le zinc demeurent les principales substances
produites par le Québec. La Côte-Nord et
l'Abitibi-Témiscamingue sont les principales régions productrices
de métaux, alors que la région administrative de Montréal
domine pour les matériaux de construction. Si on fait abstraction de ces
derniers dont la production est surtout localisée près des grands
centres, nous constatons que les expéditions de l'industrie proviennent,
à près de 80 %, des régions du Moyen-Nord
québécois. L'activité minière est donc un puissant
levier économique pour ce territoire à villes mono ou
biindustrielles qui comptent principalement sur les mines et la
forêt.
En 1987, les dépenses d'investissement dans le secteur minier
ont, pour la première fois, franchi le cap de 1 000 000 000 $. Cela se
divise comme suit: 467 000 000 $ pour l'exploration; 201 000 000 $ pour la mise
en valeur de nouveaux gisements; 130 000 000 $ pour les immobilisations et 212
000 000 $ pour les réparations.
Une tendance apparue avec les années quatre-vingt persiste et se
renforce. Les métaux précieux accaparent maintenant 61 % des
dépenses d'investissement par rapport à 48 % en 1986 et, à
cause de son potentiel aurifère, l'Abitibi-Témiscamingue compte
pour 66 % des dépenses par rapport à 61 % pour l'année
précédente.
Nous nous réjouissons tous des retombées
économiques à court et à moyen terme de cette
concentration, mais, pour le plus long terme, connaissant la nature cyclique du
prix des minéraux, nous poursuivons nos levées scientifiques
à l'échelle du territoire du Québec dans le but de
diversifier l'assise de notre industrie minérale. Nous entretenons,
évidemment, l'espoir que la découverte de nickel et de cuivre
survenue récemment au Témiscamingue pourra contribuer à
une telle diversification.
Comme vous le savez, une mine est condamnée à
l'épuisement éventuel de ses réserves
dès qu'on en commence l'exploitation. Il nous faut donc
continuellement renouveler nos réserves et mettre en valeur de nouveaux
gisements. L'effort d'exploration est la première étape. Elle est
à la base de toute activité minière et, sans elle, les 21
075 emplois dont j'ai parlé n'existeraient pas. L'exploration doit donc
bénéficier à la fois de l'appui gouvernemental et du
dynamisme des prospecteurs québécois.
Permettez-moi de vous citer quelques chiffres. Comme je l'ai
indiqué tantôt, les dépenses d'investissement en
exploration minière ont été de 467 000 000 $ en 1987, ce
qui représente une augmentation de 69 % par rapport à 1986 et de
180 % par rapport à 1985. Près de 91 % de ces fonds ont
été dépensés hors chantier, 72 % de plus qu'en
1986. Les dépenses d'exploration en chantier ont augmenté de 46 %
pour s'établir à 42 000 000 $. Les métaux précieux
dominent largement avec 87 % du total des investissements. 34 475 claims ont
été enregistrés en 1987, soit 35 % de moins qu'en 1986.
Par contre, les permis de mise en valeur émis ou renouvelés se
sont accrus de 28 %, passant à 36 295.
On semble donc assister à une maturation de la phase recherche de
base. On se dirige vraisemblablement vers une période
d'évaluation plus détaillée où les agents
d'exploration prolongent la période de validité de leurs titres
miniers, soit pour procéder à des travaux plus
détaillés, soit parce qu'ils ont déjà
effectué des travaux statutaires excédentaires en période
antérieure.
On constate en 1987, pour une seconde année consécutive,
une performance d'exploration sans précédent au Québec.
Des facteurs économiques, tels le prix élevé de l'or et
l'importance de plusieurs découvertes récentes, contribuent
à cette intense activité d'exploration, mais il est essentiel de
reconnaître le rôle considérable joué par les
mécanismes de financement public sous forme d'abri fiscal.
Évidemment, la crainte que les gouvernements diminuent les avantages
fiscaux reliés aux actions accréditives a incité les
compagnies d'exploration à augmenter ou à devancer leur
financement public, contribuant ainsi à gonfler le niveau des
investissements en 1987, en particulier celui des dépenses
d'exploration.
Il convient, tout de même, de souligner, encore une fois, l'impact
extraordinaire que cet abri fiscal a eu sur les emplois en régions.
Ainsi, en Abitibi-Témiscamingue, le taux de chômage s'est
retrouvé à 4 % en décembre 1987, soit 4,6 points sous le
niveau enregistré pour l'ensemble du Québec. L'augmentation de 66
% de l'activité d'exploration, qui s'est élevée à
396 000 000 $, est la principale responsable de cette performance
extraordinaire. Le Nouveau-Québec et l'Estrie ont vu, quant à
eux, les dépenses d'exploration engagées sur leur territoire
s'accroître de 180 % par rapport à 1986.
La stratégie que le secteur des mines avait choisie pour le
développement du Grand-Nord et plus spécifiquement des fosses de
l'Ungava et du Labrador consistait à fournir des outils de base aux
sociétés minières pour les convaincre d'investir en
exploration minière dans ces régions. Nos efforts ont
porté fruit puisque l'acquisition des permis d'exploration s'est
poursuivie en 1987. On compte maintenant 130 permis, alors qu'à la
même période l'an passé il y en avait 93. Ces permis ont
été émis à 38 compagnies différentes. Les
dépenses se sont aussi accentuées avec la poursuite de projets de
plus en plus ambitieux. Tout près de 23 000 000 $ y ont
été dépensés.
En plus de la présence de platine qui a continué à
se concrétiser, plusieurs nouveaux indices d'or ont été
trouvés, notamment par la ACA Howe International dans la partie
nord-ouest de la fosse de l'Ungava. Noranda a aussi rapporté la
découverte d'indices d'or à l'ouest de Kuujjuaq. Il est à
noter que ces découvertes sont assez intimement liées aux
levés que nous poursuivons dans ces territoires. Des forages ont, par
ailleurs, confirmé le potentiel en or des indices mis au jour par les
travaux du secteur des mines à l'ouest de Schefferville. Le groupe
Platine de la fosse, dirigé par M. Peter Ferderber, a foncé une
galerie de plus de 300 mètres sous terre pour vérifier le
potentiel des gîtes délimités par forage.
L'exploration pour l'or, le platine et le chrome semble aussi prendre
son essor en Estrie où plusieurs compagnies d'exploration ont
dépensé près de 7 000 000 $ en 1987. Rambo rapportait
dernièrement la découverte de chrome avec un peu de platine non
loin de Thetford Mines. Les recherches que nous effectuons et le soin
particulier que nous mettons à informer le public sur le résultat
de nos recherches ne sont certes pas étrangers à tout ce
bouillonnement d'activités.
Le territoire de la Baie James continue également de faire
l'objet de travaux d'exploration. On pourrait même bientôt assister
à l'ouverture d'une première mine. En effet, le tamdem Placer
Dome et Ressources MSV doit bientôt faire connaître sa
décision concernant l'avenir de son gîte d'or de la rivière
Eastmain. Au chapitre de l'exploration, les secteurs les plus actifs sont ceux
de Frotet-Evans, pour l'or et les métaux de base, et de la
rivière Rupert, pour les métaux précieux, le platine, le
chrome et le nickel.
Sur un plan plus administratif, le point marquant des activités
du MER-mines, en 1987-1988, demeure la réorganisation de ses
activités en régions. Le plan original qui prévoyait que
l'implantation du service géologique du Nord-Ouest
s'échelonnerait sur dix mois a été respecté. Un
cadre a été recruté au mois d'octobre et huit
professionnels nouvellement recrutés sont entrés en fonctions
entre les mois d'octobre et janvier. Il est prévu qu'à compter du
début des travaux de terrain, au mois de juin prochain, tous les
effectifs seront localisés en régions.
Je vous rappelle qu'avant la création du service
géologique du Nord-Ouest nos bureaux de Rouyn-Noranda, Val-d'Or et
Chibougamau comptaient au total seulement trois professionnels et neuf
fonctionnaires. Maintenant, leurs effectifs totalisent un cadre de douze
professionnels, neuf fonctionnaires permanents et cinq fonctionnaires
occasionnels. Ainsi, chacun des trois bureaux du Nord-Ouest compte maintenant
trois géologues. Cela a été réalisé en
dépit d'une diminution de nos effectifs à la suite des
compressions décrétées par le Conseil du
trésor.
Les effets de cette réorganisation se sont déjà
fait sentir, notamment dans la programmation 1988-1989. En premier lieu, elle a
été élaborée essentiellement par les
géologues résidents qui ont des rapports plus suivis avec les
agents d'exploration en régions. Nous sommes confiants que cette
programmation répondra encore davantage aux besoins de l'industrie. En
second lieu, une plus large place a été accordée aux
travaux de gîtologie. Enfin, les budgets consacrés aux
activités régionales dans le Nord-Ouest seront accrus de plus de
10 % en 1988-1989.
Tous les levés effectués par les services du
ministère sont complétés par une batterie de moyens
d'assistance technique, en particulier la géo-information, et
d'assistance financière à l'exploration.
Pour ce qui est de l'informatisation et de la géo-information,
l'amélioration des services à la clientèle demeure
toujours une de nos priorités d'action. L'accès rapide à
une formation de pointe constitue pour nous une forme de support à
l'industrie aussi importante que la réorganisation de nos
activités en Abitibi-Témiscamingue. Notre service de
géo-information publie annuellement une centaine de rapports
géoscientifiques et gère un fonds documentaire de plus de 50 000
rapports de travaux effectués par le secteur des mines ou par les
compagnies. Tous ces documents sont diffusés à une
clientèle diversifiée québécoise, canadienne et
étrangère.
La révision en profondeur des procédés manuels de
gestion, de traitement et de diffusion de l'information géoscientifique
entreprise l'an passé se poursuivra activement au cours du
présent exercice financier. D'ores et déjà,
l'élaboration d'un plan directeur de la gestion de l'information nous a
convaincus de l'opportunité de faire de la modernisation de nos moyens
de production dans le domaine de la géoinformation un de nos objectifs
majeurs pour les quatre prochaines années.
Cette modernisation, qui fera appel aux nouvelles technologies
informatiques spécialisées dans le traitement des informations
à référence spéciale, permettra à la
province de conserver son leadership quant à la qualité du
service à la clientèle, qualité qui fait aujourd'hui
l'unanimité auprès des investisseurs miniers de chez nous et
d'ailleurs.
Au cours du dernier exercice financier, le ministère s'est
donné comme mandat de promouvoir les activités d'exploration au
Québec. Un groupe de travail a le mandat, premièrement, de
convaincre les entreprises canadiennes et étrangères d'investir
au Québec; deuxièmement, d'orienter des entreprises vers les
secteurs géologiques et les régions appropriées;
troisièmement, de démontrer les avantages économiques
concurrentiels du Québec par rapport aux autres provinces canadiennes ou
à d'autres pays.
Pour les prochains mois, nous avons prévu des activités de
formation et d'information à l'intention du personnel directement
impliqué dans les activités de promotion. De plus, le groupe de
travail développera un système informatisé de
renseignements sur la clientèle cible et il établira des contacts
avec les maisons du Québec afin de mettre en place la meilleure
structure pour attirer les investisseurs étrangers. Bref, la promotion
fait partie et fera de plus en plus partie de notre discours et de notre
programme de travail.
Parallèlement, nous continuons à apporter notre appui
financier aux activités d'exploration minière dans les
régions où les réserves de minerai donnent des signes
d'épuisement imminent. Dans la région de Chapais-Chibougamau, qui
devrait intéresser davantage notre collègue, le MER-Mines a
octroyé en 1987-1988 une somme de 595 000 $ à la compagnie
Minnova et 860 000 $ à la compagnie Les mines Camchib pour la
réalisation de 2 900 000 $ de travaux d'exploration en chantier aux
mines Springer, Perry et Cooke à Chapais et Henderson 1 et 2, à
Chibougamau. Dans le cas de la compagnie Minnova, l'aide gouvernementale se
poursuivra en 1988-1989 par le versement d'un montant additionnel de 700 000 $
pour la réalisation des travaux d'exploration en chantier
évalués à 1 400 000 $. Pardon?
M. Claveau: C'est combien, la subvention pour 1988?
M. Savoie: De 700 000 $ pour la réalisation de travaux
d'exploration en chantier évalués à 1 400 000 $, dans le
cas de la compagnie Minnova. Les résultats sont en cours
d'évaluation par les compagnies et ne sont pas encore disponibles, mais
je suis très optimiste.
Dans la région de la Gaspésie, en 1987-1988, le
ministère a négocié avec la compagnie Noranda la mise en
place d'un programme d'exploration pour la péninsule gaspésienne.
Ce programme vise, premièrement, à mettre en valeur des indices
minéralisés déjà connue et à
découvrir de nouveaux indices; deuxièmement, à diversifier
les ressources minérales dans l'ensemble de la péninsule
gaspésienne dans une perspective de stabilisation de l'industrie
minière dans cette région du Québec. Nous avons investi
150 000 $ en 1987-1988 pour démarrer les travaux. En 1988-1989, nous y
consacrerons 651 000 $. Le programme s'étendra sur une
période de quatre années budgétaires et impliquera
les dépenses de 4 400 000 $, partagées 50-50 entre le
gouvernement et la compagnie. De ce montant, plus de 3 000 000 $ seront
affectés à des projets d'exploration en dehors du site même
de Mines Gaspé, ce qui est beaucoup.
Le programme d'assistance financière à la prospection du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, résultat d'une
coopération entre les gouvernements fédéral et provincial,
a été lancé en décembre 1986. Ce programme, d'une
durée de quatre ans, dispose d'un budget de 5 500 000 $; 84 prospecteurs
y ont participé cette année et 26 d'entre eux ont effectué
des travaux de décapage et de dynamitage.
Au cours des prochains mois, le secteur des mines mettra à la
disposition de cette clientèle un guide de prospection vraiment
adapté au territoire du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Des travaux
de compilation sont en voie de réalisation pour créer une banque
de cibles mieux documentée à l'intention des prospecteurs. Des
négociations sont également en cours avec l'Association des
prospecteurs de la Gaspésie en vue de renouveler l'entente de
collaboration signée l'an dernier.
Le haut niveau d'exploration au Québec résulte en bonne
partie des mécanismes de financement public, par l'intermédiaire
d'abris fiscaux. Toutefois, l'avenir est empreint d'incertitude. Le ministre
fédéral a déposé les termes de sa réforme
fiscale le 18 juin et ils ont été confirmés avec quelques
modifications techniques le 16 décembre. Le 18 décembre, le
gouvernement du Québec a décidé de maintenir l'allocation
pour épuisement au taux de 33 1/3 %, du 1er juillet 1988 au 31
décembre 1989, tout en annonçant son intention d'harmoniser la
législation québécoise aux autres mesures de la
réforme fiscale. La révision des taux d'imposition au
Québec sera annoncée lors du discours sur le budget du
printemps.
À la réduction des avantages fiscaux au financement de
l'exploration minière, un autre facteur négatif très
important s'est ajouté depuis octobre dernier: il s'agit de la baisse
boursière, le fameux krach du lundi noir, qui affecte le financement par
actions en général et non seulement le secteur minier. Dans ce
contexte, sur toutes les tribunes, j'ai continué à insister pour
que le gouvernement fédéral revienne sur sa décision de
réduire l'allocation de 33 1/3 % à 16 1/3 % et,
évidemment, à 0 %, à compter du 1er juillet 1988. Cela me
paraît d'autant plus nécessaire que les prévisions de
travaux d'exploration pour l'année 1988 ne permettent pas d'envisager un
niveau de dépenses supérieur a l'année 1986.
Également, le volume de nouveau financement depuis le début de
l'année rend très problématique la poursuite des travaux
d'exploration entrepris antérieurement, en particulier pour ce qui est
de l'exploration de base. J'ai eu de nombreuses discussions sur cette question
avec l'Association des prospecteurs du Québec et d'autres, et nous
suivons ensemble l'évolution de la situation. (10 h 30)
De l'exploration, passons maintenant à nos activités
reliées à la mise en production de nouveaux gisements. La
majorité de nos programmes d'assistance au développement
minéral sont regroupés dans l'entente auxiliaire
Canada-Québec sur le développement minéral. Le
ministère a déboursé en 1987 près de 10 000 000 $
pour la réalisation de programmes d'infrastructures de
développement minéral et de désenclavement de l'industrie
du fer. De plus, dans le cadre du programme des études
technico-économiques, 800 000 $ ont été versés
à neuf entreprises, alors que l'industrie de l'amiante a reçu 2
000 000 $, soit 1 000 000 $ pour ses activités de recherche et de
développement et une somme équivalente pour ses activités
de défense et de promotion de l'amiante.
En 1988-1989, par le biais de l'entente auxiliaire de
développement minéral, le ministère pourra, notamment,
verser des subventions totalisant 2 250 000 $ à l'Institut de l'amiante
pour financer une partie de son fonctionnement et une partie de ses
activités de recherche et de développement. L'entente
fédérale-provinciale incorporera toujours le programme
d'assistance à la réalisation d'études
technico-économiques et de travaux d'expérimentation, lequel
programme disposera d'un budget supplémentaire d'environ 800 000 $
à la suite de la signature d'un récent amendement à
l'entente. De plus, le programme d'assistance aux infrastructures du
développement minéral appuiera la construction des
infrastructures d'accès et des lignes électriques pour le
développement du gisement d'Inco Itée, dans la région de
Casa-Berardi et le détournement d'une route pour le développement
de la mine Dumagami en Abitibi-Témiscamingue, au coût total de 7
100 000 $.
Pour arriver au stade de l'exploitation, on doit résoudre des
problèmes particuliers à chaque gisement, selon la nature des
minéraux présents. C'est à ce moment que la
compétence du Centre de recherches minérales est
particulièrement appréciée. Le CRM est un organisme de
recherche appliquée, dont le mandat est de fournir un soutien
scientifique et technique à l'industrie minière et
métallurgique. Il travaille pour et avec des entreprises afin
d'améliorer leur productivité et de réduire leurs
coûts de production. Ses recherches sont axées presque
exclusivement sur les services à la clientèle industrielle. En
mettant l'accent sur la réalisation des projets commandités, nous
nous assurons que le CRM travaille à des projets qui intéressent
vraiment les entreprises et nous réduisons la contribution du
Trésor public à la recherche-développement
minéral.
Le CRM privilégie donc les projets conjoints susceptibles de se
traduire par des retombées industrielles importantes à court
terme. Le comité consultatif du CRM joue un rôle impor-
tant pour orienter les travaux de recherche du centre. Ce comité
est composé surtout de personnes en provenance du milieu industriel. Les
colloques et séminaires sont également utiles pour orienter la
recherche du CRM. Les nombreuses rencontres et les échanges du personnel
du CRM avec les représentants du monde industriel et universitaire
visent le même objectif.
En conclusion, depuis 1986, plusieurs événements ont eu
des répercussions importantes sur notre industrie minière: la
hausse plus ou moins inattendue du prix de plusieurs produits minéraux
en 1987, principalement les métaux usuels et précieux; le
financement exceptionnellement élevé recueilli par actions
accréditives au cours des années 1986 et 1987, ce qui est venu
changer considérablement les perspectives du secteur des métaux
précieux; l'arrêt des opérations minières à
Murdochville à la suite d'un feu dans la nouvelle zone d'exploitation,
ce qui a fait l'objet, hier, d'un communiqué de presse des plus
encourageants, concernant la reprise des activités à ce site;
l'assistance financière du gouvernement à JM Asbestos inc., ainsi
que la rationalisation de l'industrie de l'amiante et la vente de la plupart
des filiales manufacturières de la SNA; la forte consommation de
boulettes de fer en Europe et aux États-Unis, ce qui a permis à
la Compagnie minière Québec Cartier d'afficher une bonne
performance en 1987 et aux autres producteurs de tirer leur épingle du
jeu; la récente vente de Mines Seleine inc, lui garantissant une
durée d'exploitation d'au moins dix ans; la bonne performance de Cambior
inc. récemment privatisée et la relance de SOQUEM qui a, entre
autres, fait l'objet d'un communiqué de presse, aujourd'hui, dans Le
Devoir, de la part du directeur de la mine, M. Gignac, concernant la mise
en production d'EIdrich-Flavel et la croissance tout à fait
exceptionnelle des activités du secteur de la construction du
Québec.
De façon générale, il faut souligner que la
corrélation entre la croissance économique et la demande de
plusieurs produits minéraux, principalement les métaux usuels,
s'est modifiée surtout depuis la fin des années soixante-dix.
Nous avons assisté à l'affaiblissement de la demande structurelle
de certains métaux usuels dans les pays industrialisés, tant en
raison de la mutation de leur économie vers le tertiaire que de
l'introduction progressive de nouveaux matériaux. Ces changements dans
la demande, dans un contexte d'offre excédentaire, sont venus perturber
l'évolution des prix de plusieurs métaux au cours des
dernières années. Rappelons, à ce sujet, le prix
anormalement faible des métaux usuels au cours de la période
1984-1986, pourtant une période de croissance économique. Il faut
donc reconnaître qu'au-delà de la conjoncture économique
les facteurs structurels influencent grandement l'évolution des cours de
plusieurs produits minéraux, dont quelques-uns sont traditionnellement
très importants pour le Québec.
Également, l'instabilité des taux de change, depuis
quelques années, a fortement affecté les producteurs miniers
à l'échelle internationale. Actuellement, la remontée du
taux de change du dollar canadien à plus de 0,80 $ US affecte
négativement la rentabilité des producteurs
québécois, car les cours des minéraux sont normalement
exprimés en dollars US. C'est principalement le cas pour ceux dont la
marge de manoeuvre est restreinte, comme les producteurs de minerai de fer, qui
font face à une très forte concurrence internationale, comme l'a,
d'ailleurs, souligné le premier ministre.
Heureusement, face à toutes ces incertitudes, les avantages
comparatifs que possède le Québec sont toujours bien
présents et le resteront: un gouvernement stable, une infrastructure de
transport bien développée, des camps miniers bien
structurés, une main-d'oeuvre compétente, l'expertise technique,
la disponibilité des ressources énergétiques à des
prix très concurrentiels, la proximité des grands marchés
de consommation d'Amérique du Nord, un entrepreneurship dynamique et un
environnement commercial ouvert sur le monde, sans parler d'un gouvernement
libéral à la hauteur de la tâche.
J'ai donc bon espoir qu'en 1988 et pour les années à venir
l'industrie minière québécoise saura conserver une
position enviable sur le marché mondial et son impact économique
positif dans les régions ressources du Québec. Merci de votre
attention, M. le Président.
Le Président (M. Cannon): Merci beaucoup, M. le ministre.
Je cède la parole au député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je vais essayer
d'être un peu plus succinct que le ministre, que je tiens, d'ailleurs,
à féliciter pour le bel exemple de lecture rapide dont il vient
de faire preuve, parce que l'ensemble des données dont il nous a fait
part, on pouvait toutes les retrouver dans le cahier. Il n'y a absolument rien
de nouveau dans ce que j'ai entendu.
En commençant, je tiens à remercier l'ensemble du
personnel du ministère et du cabinet du ministre qui se prête
à l'exercice on ne peut plus important que nous allons tenir aujourd'hui
afin de connaître les véritables perspectives et les
véritables intentions du ministre dans le dossier minier. Quoi qu'en
dise le ministre et quelle que soit l'analyse qu'il puisse faire des chiffres
disponibles à son ministère, tant au sujet de la production que
des expéditions, il n'y a rien de nouveau, à toutes fins utiles,
dans les orientations du secteur des mines, dans les orientations du
ministère de l'Énergie et des Ressources depuis qu'il a
créé une sous-division qui relève du ministre
délégué aux Mines.
Ce que le ministre prend sur ses épaules ou
présente comme réalisations depuis deux ans, ce ne sont,
dans l'ensemble des cas, à quelques minimes exceptions près, que
les résultats d'un long et patient travail d'organisation qui a
été fait au cours des dernières années et j'ajoute,
puisque le ministre m'a ouvert la porte tout à l'heure, par un
gouvernement péquiste responsable dans le secteur minier. Le ministre a
la chance - il devrait avoir l'honnêteté intellectuelle de le dire
- de faire la cueillette d'un verger qui a été bien
cultivé, bien engraissé et bien entretenu par quelqu'un d'autre
avant son arrivée. Tout ce qu'il a à faire, c'est
récolter. Nous ne pouvons faire autrement que dire: M. le ministre est
très bon pour les récoltes, sauf qu'on ne l'a jamais vu faire les
semences. On aimerait avoir l'occasion, un jour ou l'autre, de pouvoir discuter
de son propre ensemencement parce que, jusqu'à maintenant, il n'y a pas
grand-chose de nouveau dans les orientations majeures et les grandes lignes de
pensée du ministère en termes de développement minier, si
ce n'est quelques coupures à l'occasion - on pourra en reparler - par
exemple en ce qui concerne la déplorable baisse - le ministre y a
référé lui-même - des intérêts ou du
retour sur l'argent dans la fiscalité minière, entre autres par
la diminution du pourcentage des actions accréditives. Je pense que le
ministre pourra aussi finir par avouer que, si son propre gouvernement n'avait
pas commencé à trancher dans le gâteau, il n'aurait pas
ouvert la porte au fédéral pour qu'il fasse encore pire que ce
qu'il avait déjà commencé. Mais je pense qu'on aura la
chance de s'entendre là-dessus et d'en discuter d'une façon
sereine au cours des prochaines heures.
Dans le discours ou dans la lecture - excellente lecture, d'ailleurs -
que le ministre vient de nous faire, il a insisté passablement, au
début, sur la valeur des expéditions. N'en déplaise au
ministre, je ne crois pas que son rôle ait beaucoup influencé le
prix des métaux sur le marché international. Si les
expéditions ont augmenté de 2 200 000 000 $ à 2 700 000
000 $ en 1987, ce n'est pas parce qu'on a vendu plus de minerai, c'est parce
que le cuivre est passé de 0,70 $ la livre jusqu'à tout
près de 1,80 $ pendant une certaine période, pour se tenir
maintenant à au-delà de 1 $. À 1,10 $, 1,15 $, cela peut
jouer là-dedans. Je n'ai pas les données d'hier, mais dans les
dernières semaines, c'était cela, 1,20 $. La même chose
pour l'or. On se rappellera qu'en décembre 1985 le prix de l'or
était en deçà de 300 $ US l'once, alors qu'aujourd'hui il
se maintient entre 450 $ et 500 $. Je ne crois pas que ce sont les politiques
du ministère qui soit responsables de cela. Le ministre ferait
peut-être preuve de trop de présomption en osant faire croire aux
Québécois que c'est lui qui a modifié la valeur du prix
des métaux sur le marché international.
En ce qui concerne la main-d'oeuvre, on dit 21 075 employés dans
le secteur des mines en 1987. Le ministre dit qu'il y a une augmentation par
rapport à 1986. C'est vrai qu'il y a une augmentation par rapport
à 1986, mais ce qu'il a oublié de dire, c'est que c'est en bas du
taux de 1985 et en bas de tous les taux qu'on a connus entre 1980 et 1985. Tant
mieux si en 1987 on commence à revenir vers un niveau que l'on a connu
au début des années quatre-vingt en termes d'emplois dans les
mines! Le ministre a drôlement oublié de le dire aussi. Et,
d'ailleurs, à la lecture de son texte, j'ai vu que cela n'avait pas
été dit, non plus. Cela doit être un oubli technique, une
erreur administrative de ne pas l'avoir souligné.
Donc, encore là, même si on a eu des investissements qui,
certes, ont dépassé le milliard de dollars à tous les
niveaux, tant pour l'exploration que pour l'exploitation, pour le
renouvellement des équipements, pour l'entretien général,
etc. - on a eu beaucoup d'investissements, c'est un fait - ces investissements
sont en grande partie reliés à la reprise de certaines
entreprises ou de certaines mines qui avaient dû abandonner à
cause de la faiblesse du prix des métaux au cours des années
quatre-vingt, ce qui est tout à fait indépendant de quelque
politique ou de quelque volonté gouvernementale que ce soit.
Et, d'ailleurs, puisqu'on parle d'exploration minière, allons un
peu plus au fond des choses. Le ministre disait lui-même - et il avait
tout à fait raison de le dire, d'ailleurs - qu'à partir du moment
où une mine est ouverte on commence déjà à parler
de fermeture. C'est une ressource non renouvelable au sens pur du terme. La
seule façon d'en renouveler, si vous voulez, le potentiel d'exploitation
est de faire de l'exploration et d'augmenter toujours notre connaissance du
terrrain et les réserves au moyen d'une nouvelle exploration.
Les actions accréditives, qui sont probablement la plus belle
politique de développement régional qui ait jamais
été mise en place par un gouvernement au Québec, ont
prouvé qu'il était effectivement possible d'aller chercher de
l'argent, d'inciter ou d'intéresser des investisseurs qui, autrement,
n'auraient même jamais eu ni l'intérêt, ni l'idée
d'investir dans l'exploration minière, d'intéresser ces
gens-là à un nouveau champ d'activité, à un nouveau
champ d'investissement et de canaliser - pour une fois, de faire marcher la
machine à l'inverse - l'énergie ou les capitaux des centres vers
les régions, alors que généralement on assiste à
une dynamique contraire et que, dès que quelqu'un dégage un peu
de bénéfices ou un peu d'argent en régions, il se
dépêche de les canaliser vers les centres pour aller investir dans
des endroits qui sont plus sûrs. (10 h 45)
Dans ce cas-là, on a réussi à renverser la vapeur
et à créer une véritable dynamique de retour d'argent ou
d'investissements vers les régions. Le ministre
délégué aux Mines, avec la
complicité de son collègue, le ministre des Finances du
Québec, a réussi à bloquer cette vapeur. C'est
intéressant de voir de quelle façon ils s'y sont pris,
finalement. Ils devaient trouver que cela allait trop bien dans l'exploration
minière ou ils devaient trouver que c'était peut-être un
peu embarrassant pour eux d'avoir à travailler avec un programme qui
avait été mis en place par les péquistes, comme ils aiment
bien les appeler. Alors, ils ont dit: On va le faire crever; on va
l'étouffer. Après, on relancera quelque chose pour montrer que
nous aussi, on est bons, puis qu'on va en faire, de l'exploration
minière.
Qu'est-ce qu'ils ont fait? Ils ont réussi, dans un premier temps,
à trouver le moyen de réduire de 166 2/3 à 133 1/3 les
exemptions fiscales liées à ce programme en disant: On va
s'ajuster sur le fédéral, certes, mais en ouvrant la porte d'une
telle façon... Le fédéral, lui, a continué à
baisser aussi. Il a dit: Si le Québec baisse, on ne peut pas faire
autrement que baisser, nous aussi; il faut garder les mêmes proportions.
Alors, le fédéral baisse et parle même d'éliminer
complètement le programme, sous prétexte - c'est là qu'il
y a quelque chose de fondamentalement vicieux dans ce dossier - que cela va
bien. Sous prétexte qu'il y a de l'argent, qu'aujourd'hui il s'est
créé une dynamique dans l'exploration minière,
qu'aujourd'hui les gens ont pris goût à l'exploration
minière, que des investisseurs ont pris goût à
l'exploration minière, sous prétexte qu'il y a des sommes
faramineuses qui sont investies là-dedans, on dit: Le gouvernement n'a
plus à intervenir; cela fonctionne tout seul.
Sauf que ce qu'on n'a pas encore compris dans ce dossier-là,
c'est que, si cela fonctionne, c'est justement et seulement parce que le
gouvernement intervient. À partir du moment où le gouvernement
n'interviendra plus, à partir du moment où il n'y aura plus
d'intérêt immédiat, visible, palpable en termes fiscaux,
l'argent va se détourner tout simplement pour aller là où
c'est plus intéressant. Étant donné le niveau de risque
que représente l'exploration minière, c'est bien évident
que les investisseurs vont aller vers des secteurs plus sûrs, et c'est
fondamental. Je ne connais pas de gens qui ont de l'argent qui vont s'amuser
à le risquer pour le simple plaisir de le faire, à moins qu'ils
n'en aient vraiment tellement qu'ils puissent se permettre d'en jouer une
certaine partie. Ce n'est pas le cas de l'investisseur moyen, du salarié
de 40 000 $ à 60 000 $, et ce ne sont quand même pas des gens
riches puisque le ministre a dit lui-même que le salaire moyen dans le
domaine minier est de l'ordre de 37 000 $ cette année. Chez les mineurs,
il y en a sûrement quelques-uns qui vivent bien, c'est clair, mais il y
en a d'autres qui vivent beaucoup plus modestement et qui peuvent, par contre,
se permettre d'investir dans des accréditives et de s'intéresser
au développement de leur propre milieu. Ça aussi, c'est
intéressant comme dyna- mique. Donc, pour ce genre d'investisseurs, il
n'est pas question qu'ils risquent leur argent d'une façon indue, d'une
façon inconsidérée. Dans la mesure où le
gouvernement cesse de financer les accréditives ou cesse de donner des
abris fiscaux par le biais des accréditives, il est tout à fait
certain que l'argent va être retiré, va fondre comme neige au
soleil.
Après, on se posera des questions ou on mettra en application ce
que le lieutenant-gouverneur disait lui-même dans le discours d'ouverture
du 8 mars. Il faut le dire, il faut avoir ce cran, alors qu'on dilapide, d'une
part, un programme qui fonctionne à merveille et qu'on se permet de
dire, par la suite: "Le gouvernement, alors qu'entrera en vigueur la Loi sur
les mines, vous demandera d'étudier des mesures qui permettront la
relance de la prospection et de l'exploration minières..." On va
relancer ce qu'on vient d'étouffer. C'est extraordinaire. Mais les gens
de l'industrie minière ne sont pas dupes; le ministre doit commencer
à s'en rendre compte. Je continue la lecture du texte: "...et
l'amélioration de la productivité de l'industrie minérale,
en particulier en matière de recherche." On va relancer l'exploration
minière. On étouffe le client, après, on lui donne la
respiration artificielle et on dit: Vous êtes chanceux, je vous ai
sauvé la vie. C'est exactement ce qu'on fait. C'est un cas du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Ce n'est pas un
cas du ministère des Mines.
Ce ministre utilise la même tactique que ce gouvernement a
utilisée dans d'autres dossiers. On a eu l'occasion d'en parler en
Chambre. C'est vraiment extraordinaire. Je vous dis que cela me rend tout
à fait perplexe, d'autant plus que, jusqu'à maintenant et dans ce
que le ministre vient de nous faire comme lecture inaugurale ou d'introduction,
rien ne nous permet de croire que ce gouvernement a actuellement sur la table
des indices de ce que pourrait être cette respiration artificielle qu'on
s'apprête à donner au client qu'on vient d'étouffer. Quelle
est cette politique ou de quelles mesures doit-on s'attendre à discuter
prochainement en Chambre, qui permettront la relance de la prospection et de
l'exploration minières? Quelles sont ces mesures? On n'en a ni vent, ni
nouvelle, ni trace, alors que l'association des prospecteurs elle-même
s'égosille depuis déjà près de deux ans à
dire au ministre: Laissez-nous souffler; ne nous coupez pas l'air! Ce sont des
actions accréditives qu'il nous faut. Tous les intervenants sont
d'accord là-dessus. Le ministre passe, quand même, la hache. Ce
n'est pas un bon programme; ce sont les péquistes qui l'ont mis en
place. J'aimerais que le ministre finisse par nous dire un peu ce qu'il en est
et quelles sont ses véritables intentions quant à l'exploration
minière.
D'ailleurs, si on regarde les engagements financiers de 1987-1988, en
vertu des crédits votés pour 1987-1988, on retrouve, au programme
10, Gestion et développement de l'industrie
minérale, l'élément 1; exploration. Sur un budget
adopté de 20 764 000 $, on a fait des dépenses de 18 500 000 $
pour des crédits périmés de l'ordre de 2 262 000 $, donc
10,9 %, en exploration minière. En plus de s'apprêter à
égorger le client en lui coupant les accréditives, on a
déjà commencé à l'égorger en ne
dépensant même pas tous les crédits que le gouvernement
avaient alloués pour faire de l'exploration minière. Le ministre
n'a même pas le courage, en tant que ministre, de dire: Je vais, au
moins, prendre tout l'argent qui m'est donné pour faire de l'exploration
minière. Non, il en coupe déjà 10,9 % tout de suite en
partant. Il dit: On va commencer à les entraîner; on va leur en
couper un petit peu cette année et, après cela, l'année
prochaine, on leur coupera le gros bout. C'est probablement cette
politique-là. On ne voit pas d'autre chose parce qu'il n'y a pas
d'explications. Contrairement à beaucoup d'explications qu'on a sur
toutes sortes de chiffres tous azimuts, dans ce cas-là, il n'y a aucune
explication qui nous permette de croire qu'il y a une raison vraiment valable
d'avoir coupé ou omis de dépenser 11 % des crédits qui
étaient alloués en exploration minière.
Après cela, on vient nous dire en grande pompe dans le discours
d'ouverture que l'on va nous soumettre pour étude des mesures qui
permettront la relance de la prospection et de l'exploration minières.
Voyons, M. le Président! Vous comprendrez que, s'il y a quelque chose de
logique là-dedans, il serait grand temps que le ministre s'empresse de
nous le faire savoir. Autant les gens du domaine de l'exploration que
nous-mêmes n'avons toujours pas réussi à comprendre la
logique du ministre dans sa démarche quant à l'exploration
minière. D'autant plus qu'il est le premier à avouer que, si l'on
veut renouveler les réserves et maintenir le taux de rentabilité
et le taux de croissance de l'industrie minérale au Québec, il
faut faire de l'exploration. Qu'il nous explique comment il pense en faire.
À la vitesse où l'on va là, on vit sur l'erre d'aller d'un
programme qui avait été mis en place par l'ancien gouvernement et
cela va finir par arrêter un jour. Après deux ans et demi de
pouvoir du nouveau gouvernement, il est fort possible que la roue de force
finisse par perdre un peu de son élan et il faudra que le ministre
commence à développer ses propres énergies pour relancer
l'industrie minérale un jour ou l'autre. Il ne pourra pas vivre toute sa
vie sur l'élan qui a été donné par le gouvernement
du Parti québécois.
Un programme, entre autres, sur lequel le ministre est aussi
demeuré plutôt muet - je ne l'ai pas beaucoup entendu parler
là-dessus dans sa lecture d'introduction - concerne toute la question
des routes d'accès aux territoires miniers. Le ministre nous dit: On n'a
plus d'argent pour faire cela. Il y a des crédits périmés
pour 13,8 % dans son ministère cette année. L'argent était
donc disponible, mais il ne savait probablement plus quoi faire avec. Il n'en a
pas eu le temps ou l'intérêt, ou il a manqué d'imagination.
Il est resté avec tout près de 14 % de son argent sur les bras et
il a dit au Conseil du trésor: M. Gobeil, cela me fait plaisir de vous
ramener 14 % de ce que vous m'aviez donné. Comment se fait-il, par
exemple, qu'on n'ait pas pu penser à quelque chose, entre autres, pour
les routes d'accès?
Certes, le ministre va me dire: M. le député d'Ungava,
vous n'avez pas à vous plaindre, j'en ai fait un petit bout dans votre
comté. Ce n'est pas ce genre de cadeau de... Je ne nommerai pas la race,
je passerais pour raciste. Mais ce n'est pas ce genre de cadeau que l'on
cherche, M. le ministre. Ce qu'on veut, c'est une politique globale, une
politique d'ensemble qui permettrait véritablement le
développement ou l'accès aux territoires par l'industrie
minière, par les gens qui vivent sur le terrain parmi les mouches, les
ours et les inconvénients quotidien de la vie en forêt.
Là, il y a un dilemme fondamental et le ministre ne semble pas le
comprendre, non plus. On incite des gens à entrer dans de nouveaux
territoires. On les incite, finalement, à faire des investissements dans
les nouveaux territoires, mais on ne veut pas leur permettre un minimum de
structures d'accès, un minimum de possibilités pour avoir
accès à ces territoires. Vous savez, entre autres, que les
prospecteurs indépendants ne sont pas tous des gens très
fortunés. Ils ne roulent pas tous en Cadillac. Ils ne gagnent pas tous
100 000 $ par année. Je fais référence à ce qu'on a
voulu faire croire à un moment donné dans une émission
télévisée où tous les mineurs de l'Abitibi
gagnaient 100 000 $ et plus et se promenaient en Cadillac, ce qui n'est quand
même pas tout à fait le cas.
Il faudrait que le ministre comprenne qu'il y a certains territoires,
certains endroits où on pourrait déjà penser à des
possibilités d'accès avant qu'il y ait des projets miniers
très élaborés qui soient prévus, si on veut
développer certains territoires ou certains secteurs du Québec,
entre autres l'exploration au nord du 50e parallèle qui, pour toutes
sortes de raisons, n'avait jamais été faite avant ces
dernières années, et si on veut être véritablement
capable de permettre aux petits prospecteurs d'avoir accès à ces
territoires. C'est aussi le cas de certains territoires dans la Haute-Mauricie,
dans le secteur du lac Mistassini. On me parle, par exemple, de la
région de Joutel-Matagami, de Casa-Berardi dont le ministre aime
beaucoup parler. Il y a des possibilités de faire des routes
d'accès. Jusqu'à maintenant, en tout cas, la réponse qu'on
a, c'est qu'il n'y a plus d'argent; le ministère n'a plus de programmes
pour cela. C'est fini. Par contre, on se permet d'avoir des crédits
périmés, alors qu'on avait la possibilité de faire quelque
chose éventuellement avec cet argent. Pour l'exploration minière,
par exemple, on est resté avec un montant de 2 200 000 $ sur
les bras. Il y aurait peut-être eu moyen de penser à
quelque chose pour aider nos prospecteurs à avoir un accès plus
facile en forêt, ne serait-ce qu'en réparant des bouts de chemin
ou des ponceaux qui ont été détruits sur les anciennes
routes de pénétration forestière qui ne sont plus
utilisées par l'industrie.
Le ministre va probablement nous répondre que les prospecteurs
utilisent beaucoup les routes de l'industrie forestière pour aller sur
leurs claims? Certes, c'est vrai là où l'industrie
forestière est active. Mais quand la route ou l'ancien chemin forestier,
pour toutes sortes de raisons, au printemps, après une crue des eaux ou
quelque chose d'autre, est coupé, que les ponts sont partis ou qu'un
castor fait une digue et fait sauter un tuyau de trois pieds de ponceau ou pour
quelque autre raison, eh bien, qui doit le réparer si le prospecteur
veut continuer à avoir accès à ses claims? C'est lui. Il
doit le faire à son compte. Il n'y a plus d'aide pour cela.
Il y a des problèmes concrets de terrain qui pourraient
être réglés pour des sommes minimales et qui pourraient
peut-être faire l'objet d'une petite politique - enfin, le ministre
aurait une petite politique bien à lui dans le domaine des mines - pas
coûteuse et politiquement rentable pour le ministre. On l'invite à
y penser sérieusement pour permettre, justement, ces genres de
réparations ou d'accès. Parfois, il ne faut pas grand-chose pour
régler des gros problèmes. Le ministre devrait en être
conscient.
On pourrait discuter encore longtemps de certains dossiers. Je ne
voudrais pas m'étemiser sur mes remarques préliminaires. Cela
commence à ressembler à un discours. Je n'ai pas parlé de
Murdochville; le fameux rapport de la CSST, par exemple, qui devait être
rendu public à la suite de l'accident avec morts de Murdochville. Nous
de l'Opposition, en tout cas, n'avons jamais eu ni vent, ni nouvelles du
rapport de la CSST. On s'attend toujours que le ministre le rende public ou
décide son collègue, le ministre du Travail, à rendre
public le rapport de la CSST sur l'accident de Murdochville. (11 heures)
Nous aimerions aussi que le ministre nous alimente un tant soit peu en
informations sur la situation de la mine Bell à Asbestos. Il serait
peut-être intéressant aussi que le ministre nous fasse part, de
façon définitive et complète, des termes de l'acte de
vente des Mines Seleine à une société non
québécoise. Enfin, il pourrait aussi nous parler du nouveau
rôle de SOQUEM. L'année dernière, le ministre
annonçait, par exemple, en grande pompe, une réorientation des
activités de SOQUEM vers l'exploration, une modification du financement
de SOQUEM, etc. Depuis ce temps, il est resté muet là-dessus. Il
pourrait peut-être aussi nous donner les informations pertinentes quant
au rôle joué par SOQUEM au cours de la dernière
année et nous dire comment, finalement, cela s'enligne avec les
perspectives, les orientations que le ministre voulait que SOQUEM prenne.
Enfin, il y a plein de dossiers comme cela qu'on aura sûrement l'occasion
de discuter jusqu'à 17 heures, ce soir.
C'est donc là-dessus que je termine mes réflexions
préliminaires en disant qu'en ce qui concerne le budget de cette
année on est déçu. On continue à être
déçu de la performance du ministre qui est probablement beaucoup
plus guidé par les impératifs du Conseil du trésor que par
les propres impératifs de l'industrie minière
québécoise. Il n'y a rien de nouveau. Il n'y a pas d'argent
nouveau. On ne fait que de la gestion du quotidien, de la politique à la
petite semaine de l'industrie minérale québécoise. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Cannon): Merci, M. le
député d'Ungava. Je demanderais s'il y a d'autres
collègues qui sont intéressés à ajouter quelque
chose à l'étape des remarques préliminaires. M. le
député de Saint-Maurice.
M. Lemire: M. le Président, j'aimerais ajouter quelque
chose. Peut-être que le député d'Ungava pourrait nous dire
- parce que j'ai entendu votre insinuation tantôt ou votre
parenthèse disant que votre gouvernement n'avait laissé que des
bonnes choses et que le ministre, son ministère et notre gouvernement
récoltaient une manne extraordinaire - ce qu'il pense, par exemple, de
la Société nationale de l'amiante dans laquelle notre
gouvernement est obligé de mettre cette année 27 600 000 $. Je ne
sais pas ce que vous pensez de cela, si c'est de la manne qu'on reçoit,
qu'on récolte de cette société. J'aurais peut-être
une question à poser à M. le ministre là-dessus.
On sait que le gouvernement a mis sur pied un programme d'assistance
financière à la prospection du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie en décembre 1986. J'aimerais savoir, M. le ministre,
quelles ont été les retombées de ce programme.
M. Savoie: Oui. Merci beaucoup pour la question. Je pourrais
peut-être prendre l'occasion pour commenter davantage ce que nous avons
souligné lors de nos remarques préliminaires. Effectivement,
comme vous le savez, a été créé en 1986 un
programme de coopération fédéral-provincial par lequel le
gouvernement fédéral apportait des fonds très importants,
un montant de 4 500 000 $, justement, dans le but de stimuler l'activité
économique en Gaspésie pour la recherche de gisements
intéressants et, évidemment, la formation de prospecteurs
auprès de gens qui sont bénéficiaires de l'aide sociale.
Évidemment, ce programme était en marche depuis plusieurs
années. Il était bloqué à la suite du
différend Québec-Ottawa sous le règne de l'ancien
gouvernement. Nous avons insisté pour que ce programme débloque
le plus rapidement possible. Au mois de juin 1986, nous avons eu des
rencontres, justement, en indiquant qu'il n'y
avait aucun motif d'ordre constitutionnel empêchant la
reconnaissance d'une telle entente. Les documents ont été
signés avec M. Masse, en Gaspésie. Le programme s'est
enclenché.
Finalement, ce que faisait le programme, c'est qu'il prenait des
bénéficiaires de l'aide sociale, ils avaient un cours de
formation qui durait six semaines. Les cours se sont donnés un peu
partout en Gaspésie. Les prospecteurs formés, tant hommes que
femmes, se sont embarqués sur-le-champ. Tout dernièrement, le 17
mars, on a émis un communiqué de presse, conjointement,
évidemment, avec le fédéral, dans lequel on faisait
état d'une première découverte significative dans le cadre
de ce programme d'assistance financière. En effet, un prospecteur, M.
Georges Reid, inscrit au programme d'assistance financière à la
prospection du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, et formé dans le cadre
du cours de prospection donné à l'été 1987, a
travaillé au nord du dôme Lemieux, dans le canton de Lesseps, en
Gaspésie, en vue de vérifier la présence de calcaire
dolomitique et d'en étudier la composition chimique. Évidemment,
les résutlats ont fait en sorte que M. Reid a identifié un bon
volume de calcaire dolomitique facilement accessible et dont la composition
chimique répond aux normes de l'industrie de la chaux dolomitique. Ce
type de chaux est de plus en plus en demande aux États-Unis pour
neutraliser les sols de culture.
Cette découverte aura pour effet de stimuler davantage les
prospecteurs gaspésiens à participer activement au programme. On
est très heureux de ce résultat et on est sûr qu'il y en a
d'autres qui vont intervenir. Je pense que c'est un bon coup qui
démontre, d'une part, de quelle façon on voudrait coopérer
avec le gouvernement fédéral, tout en respectant,
évidemment, le partage de nos compétences respectives et, d'autre
part, je pense que cela démontre l'intérêt des gens de la
Gaspésie. Les richesses qui sont contenues dans le sol peuvent avoir un
effet bénéfique non seulement pour la région de la
Gaspésie, mais pour l'ensemble de l'industrie minière.
Le Président (M. Cannon): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Savoie: M. le Président, je ne sais pas, la question
est intervenue avant que j'aie pu faire une réplique...
M. Lemire: Vous pourriez nous parler de la Société
nationale de l'amiante, peut-être.
M. Savoie: Oui, ce serait intéressant. Je suis certain
que...
Le Président (M. Cannon): Si vous me le permettez, j'ai
permis la question, bien sûr, parce que c'était effectivement un
commentaire que le député faisait au tout début et il a
ensuite enchaîné avec une question. Tout à l'heure, je
voulais savoir s'il y avait de votre part des commentaires sur les remarques
formulées par le député. S'il y en a, j'aimerais que vous
limitiez votre commentaire pour céder la parole le plus tôt
possible au député d'Ungava afin que ce dernier pose ses
questions.
M. Raymond Savoie (réplique)
M. Savoie: Je vais être très bref, parce que je
pense qu'il y a quand même des gens qui s'intéressent à ce
qui se passe ici, qui font la lecture des présentations qui sont faites.
Je pense que ce serait important de clarifier très rapidement, comme
vous l'avez souligné, quelques éléments. Comme toujours,
je pense qu'on peut facilement constater, M. le Président, que la
présentation du député d'Ungava est toujours bien
intentionnée, mais que malheureusement, elle est souvent mal
fondée. C'est probablement dû au fait qu'il est
éparpillé dans plusieurs dossiers, qu'il a de la
difficulté à s'asseoir et à formuler une pensée
cohérente et fondée sur des données précises et sur
une connaissance réelle de son dossier.
M. Claveau: II s'attaque à ma personne... Qu'il
s'attaque...
M. Savoie: On va prendre, par exemple, le cas du programme des
routes d'accès auquel a fait allusion tout à l'heure le
député d'Ungava. Il a dit qu'effectivement on n'avait pas de
programme, que c'était ceci et cela, et que c'était fort
regrettable. Il faudrait souligner au député d'Ungava - et je
crois le lui avoir déjà mentionné - que le programme des
routes d'accès a été aboli en 1984. Il existait
effectivement un programme qui a été aboli et qui, sous la
gouverne du Parti québécois, a été mis de
côté. La raison était, évidemment, d'ordre
structurel au niveau de l'industrie. Depuis notre arrivée, nous avons
examiné cette situation à plusieurs reprises. En effet, chaque
fois qu'il y a une découverte importante qui demande des investissements
de la part de l'industrie, nous intervenons par une assistance
financière. Il y a, d'abord, un programme relevant de l'EADM, l'entente
auxiliaire de développement minéral, qui nous permet
d'intervenir. J'ai cité dans mon discours d'ouverture au moins l'exemple
de Casa-Berardi; il y en a eu d'autres où on est intervenu avec un
montant. Je pense, par exemple, à deux projets dont le
député d'Ungava devrait être au courant: l'un dans son
comté, l'autre dans le canton de Souart. Les gens viennent et nous
disent: On est cinq ou six compagnies, on est en train de dépenser 10
000 000 $ dans cette région et il est important d'avoir une assistance
financière. On reçoit la demande, on en fait l'analyse et,
lorsqu'on voit qu'effectivement il y a des travaux importants, qu'il y a des
gisements où qu'il pourrait y avoir un développement, on
intervient. L'autre exemple que connaît fort bien le
député d'Ungava, c'est, justement, la propriété au
sud de Chibougamau qui est maintenant administrée par le groupe
Campbell, la mine Joe Mann, où on est intervenu et où on va
intervenir encore dans le but d'aider au développement, pour autant
qu'il y a là, effectivement, des demandes et une rationalisation de ces
demandes.
Le député d'Ungava a parlé des actions
accréditives. Encore là, c'est tout croche. On ne cesse de
répéter au député d'Ungava que l'annonce qu'a
faite, par exemple, M. Levesque à l'Assemblée nationale, le 18
décembre, a fait l'objet de nombreuses félicitations. L'industrie
a été très heureuse de savoir qu'on maintenait les actions
accréditives à 133 1/3 %. En 1986 - on ne cesse de le souligner -
lorsque c'était à 133 % au fédéral et à 166
% au provincial, on est allé chercher quelque 285 000 000 $ en actions
accréditives, alors qu'en 1987, à 133 % - 133 %, les montants ont
doublé, carrément doublé; ils sont passés de 285
000 000 $ à quelque 565 000 000 $ qui ont été levés
sous forme d'actions accréditives. Alors, je ne comprends pas la
position du député d'Ungava lorsqu'il dit que, lorsque le
gouvernement provincial a réduit de 166 % à 133 %, cela ouvrait
la porte toute grande au gouvernement fédéral.
D'ailleurs, le gouvernement fédéral est dans l'eau chaude
dans ce dossier et il le sait. Tout dernièrement, hier je crois, j'ai vu
un petit communiqué de la Presse canadienne indiquant que M. WiIson
allait, d'ici quelques semaines, faire une déclaration afin de modifier
la position actuelle de son gouvernement en ce qui concerne les actions
accréditives. Je crois qu'on peut en être modérément
optimiste, puisque la seule modification qui est exigée, c'est le retour
à 133 %.
Le député d'Ungava a parlé de Murdoch-ville. Comme
vous le savez, la compagnie a communiqué mardi avec les intervenants,
dont moi-même, pour leur dire qu'effectivement mercredi - donc, hier -
elle annoncerait un investissement de 20 000 000 $ afin d'assurer la reprise
des activités souterraines de Mines Gaspé. C'est une bonne
nouvelle. Pour ce qui est du rapport de la CSST, le député n'est
pas sans savoir qu'aujourd'hui, à 11 heures, il y a une
conférence de presse où le rapport de la CSST va être
déposé; il sera rendu public avec ses conclusions. Il nous manque
encore, évidemment, le rapport du coroner, de même que celui de la
Sûreté du Québec. Il y a de la part de la CSST, en tout
cas, le dépôt du rapport aujourd'hui, à 11 heures. Je
crois, pour en avoir pris connaissance hier, que le rapport confirme, ce qu'on
pensait, soit qu'il y avait là un ensemble de facteurs qui ont fait que
le feu a été l'objet d'un ensemble d'incidences sur lesquelles on
n'avait pas de contrôle.
Le député a fait allusion à un ensemble de mesures.
Il a loué le gouvernement du Parti québécois, que j'ai eu
l'occasion de louer, à mon tour, pour, par exemple, les incitatifs
fiscaux, comme les actions accréditives; il a certainement
travaillé à la formation et à la fondation du CRM, dans
une conjoncture économique très difficile. Évidemment, il
a posé de bons gestes. J'ai toujours reconnu, par exemple, la valeur des
actions accréditives. Je me suis même porté à leur
défense et j'ai même orienté la nature du débat de
leur défense auprès de l'industrie.
Cela étant dit, s'il y a eu énormément de beaux
gestes, de coups chanceux, il y a eu aussi beaucoup de coups malchanceux. Je
tiendrais à souligner que, lorsque nous sommes arrivés au
pouvoir, particulièrement en ce qui a trait aux sociétés
d'État, SOQUEM était écrasée sous une dette
énorme et, à toutes fins utiles, avait de la difficulté
à respecter son mandat. Elle était écrasée sous une
dette de 108 000 000 $, si ma mémoire est bonne; elle était dans
une situation très difficile. On a pu corriger cela d'une façon
des plus heureuses et obtenir les résultats voulus. (11 h 15)
II y a toute la question de la SNA qui, comme je l'ai souligné
à plusieurs reprises, est et demeure la pire catastrophe
économique de l'histoire du Québec; elle est loin d'être
terminée. Elle demande toujours nos interventions et on doit toujours y
consacrer énormément de temps, sans parler d'argent. Il s'agit
d'énormes montants, de centaines de millions de dollars
gaspillés, sacrifiés sur l'autel d'une espèce de
nationalisme fouté en l'air, qui ne correspondait absolument à
rien. Je pourrais citer d'autres exemples en dehors des sociétés
d'État où il y a eu une intervention de l'État,
basée sur une politique mal fondée, basée sur des
politiques mal conçues, dans une désorganisation assez
complète.
Bien sûr, il y a eu des bonnes choses, je l'ai toujours reconnu.
D'ailleurs, au mois de décembre 1985, tors de ma première
conférence de presse au Château Frontenac, j'ai souligné
qu'effectivement, sur le plan fiscal, il y avait eu de bonnes interventions de
la part du Parti québécois. Sur le plan de la recherche, il y a
eu également de bonnes orientations. Il faut savoir peser le pour et le
contre. Je crois qu'au mois de décembre 1985 la population du
Québec a porté son jugement et a fait son lit. Je suis certain
que cette orientation a été des plus favorables.
Le Président (M. Cannon): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava, la parole est à vous.
Actions accréditives
M. Claveau: Merci, M. le Président. Le ministre nous a
fait des annonces, il nous a donné des explications
complémentaires. Nous allons revenir brièvement là-dessus.
D'abord, si les gens se sont rués sur les actions
accréditives
au cours de la dernière année, c'est parce qu'ils ne
voulaient pas voir partir le gâteau sans ramasser toutes les
dernières miettes. C'est tout simplement cela.
M. Savoie: Cela a été un facteur, mais parmi
d'autres. Je pense que cela a été reconnu. Il faudrait voir
l'analyse que fait le Globe and Mail du montant qui a été
dépensé au Québec en 1987. Il dit qu'effectivement il y a
un montant, très difficile à déterminer, qui pourra
être identifié comme venant de ceux qui ont voulu profiter de la
"dernière année", entre guillemets, des actions
accréditives. L'article affirme qu'on ne peut pas y voir 15 % ou 20 % de
plus que les montants souscrits en 1986. On parle d'un montant d'à peu
près 40 000 000 $ sur un programme de 565 000 000 $. Alors, je ne vois
pas cette orientation. Cela a été un facteur parmi d'autres.
Je pense que les gros facteurs ont été que cela roulait
bien et tout le monde s'y prêtait. Le prix de l'or était
très fort, les zones étaient assez bien identifiées; il y
a eu non seulement du "grass roots", mais aussi beaucoup de mises en
développement. La population en général était bien
renseignée là-dessus. C'est devenu "in" pour la population au
Québec de participer aux actions accréditives. Même des
gens à revenu moyen participaient, par l'achat d'un bon de 5000 $, au
programme d'actions accréditives.
M. Claveau: Au moment où on se parle, est-ce que le
ministre peut nous garantir, avec les données privilégiées
qu'il est supposé avoir comme ministre puisqu'il a une connaissance
totale du dossier, que cette année, pour l'exercice 1988-1989, on aura
un taux d'investissement dans l'exploration minière pour le moins
égal, sinon supérieur à celui de 1987-1988?
M. Savoie: Une chose est certaine, c'est qu'on n'aura pas
le même taux qu'en 1987-1988. Je pense que c'est assez clair.
M. Claveau: Pourquoi?
M. Savoie: Tout simplement parce que les incitatifs fiscaux ne
sont plus là. Il y a eu aussi le krach qui a eu un effet négatif.
Voir cela passer de 565 000 000 $ à moins de 100 000 000 $, c'est une
chose; le voir s'établir autour d'un montant de 250 000 000 $ ou 300 000
000 $, c'est une autre chose. Je pense que, dans l'ensemble, un taux
d'investissement et un taux de rendement sur le plan de l'exploration de
l'ordre de 250 000 000 $ ou 300 000 000 $ serait très acceptable.
M. Claveau: Je voudrais revenir là dessus.
Lors de la rencontre du début de mars, si je ne me trompe pas,
alors qu'il y avait un séminaire sur l'exploration minière
à Ottawa...
M. Savoie: C'est-à-dire que ce n'était pas un
séminaire, c'était un ralliement autour de "save the flow through
share" qu'il y a eu à Ottawa.
M. Claveau: Un ralliement, c'est cela, organisé par
l'Association des prospecteurs du Québec et l'Association des
prospecteurs du nord de l'Ontario. On s'entend, on sait de quoi on parle, et
les gens qui vont lire les galées savent aussi de quoi on parle.
M. Savoie: J'ai pu déceler de quoi vous parliez, oui.
M. Claveau: D'accord. À ce moment-là, il y a
plusieurs présidents ou représentants juniors qui m'ont fait part
de leur inquiétude en ce qui concerne la perte de leurs
propriétés aux dépens des grandes compagnies de
production. Je m'explique. Peut-être que le ministre voit tout de suite
ce que je veux.
M. Savoie: Je suis bien au courant.
M. Claveau: Je veux, quand même, l'expliquer dans mes
propres mots pour les fins du Journal des débats et
peut-être de nos collègues. Ce qui arrive, c'est qu'il y a de
l'argent qui a été mis sur des propriétés par le
biais des actions accréditives, donc, financées par le
gouvernement et financées aussi par ces petites compagnies-là qui
sont nées depuis 1981 au rythme de quelques-unes par année. Une
quarantaine peut-être sont nées au cours des six ou sept
dernières années. Or, ces petites juniors-là, risquant de
ne pas avoir d'argent pour continuer à faire leur exploration cette
année, ont à faire face à un taux d'endettement et
à des échéanciers, qu'on le veuille ou non, parce que tout
ne se paie pas tout de suite. Il y a tout le temps des dépenses qui
courent pour toutes sortes de raisons. Or, à ce moment-là, leurs
propriétés sur lesquelles il y a déjà eu de
l'argent et donc du financement qui ont été mis, entre autres par
le biais des accréditives et des subventions gouvernementales qui ont
été données, elles devront les vendre au plus offrant, au
premier intéressé qui va être généralement la
compagnie d'exploitation qui est déjà implantée dans le
secteur, comme cela se faisait régulièrement avant l'impact des
accréditives en exploration. Une compagnie était dans un secteur,
ouvrait une mine et, après cela, prenait le contrôle sur tout ce
qu'il y avait de claims 50 milles à la ronde ou à peu
près. Je paraphrase un peu, mais le ministre sait très bien ce
dont je parle. On risque de retomber dans la même situation où,
à toutes fins utiles, elles vont racheter les claims ou les
propriétés pour les dettes et peut-être quelques petits
avantages. Tout le monde va être perdant là-dedans, excepté
la multinationale minière qui va être la seule à avoir
acquis une propriété sur laquelle on aura probablement fait
beaucoup de
travaux de forage, de relevés géoscientifiques, de
décapage, de tout ce que vous voulez, qui auront été
financés et par des petits investisseurs et par le gouvernement qui vont
être tous les deux perdants parce qu'ils ne réussiront jamais
à rentrer dans leur argent. C'est la compagnie qui va pouvoir reprendre
cela et s'asseoir dessus, comme cela s'est fait traditionnellement depuis moult
années au Québec. Est-ce qu'il n'y a pas là un risque?
M. Savoie: C'est-à-dire qu'il n'y a pas de raison à
cela parce que votre question, c'est tout simplement de la foutaise. C'est
cela, le problème. Cela fait deux ou trois fois qu'on se parle de
cela.
M. Claveau: Cela veut dire que tous les prospecteurs qui pensent
cela sont des gens qui disent des foutaises?
M. Savoie: Cela fait deux, trois fois que je vous en parle. M. le
Président, cela fait deux, trois fois que je lui en parle et il refuse
de comprendre. Il est vrai, en partie, qu'avec la réduction du programme
des actions accréditives et des montants qu'ils ont à leur
disposition pour entreprendre les travaux plusieurs vont avoir des
difficultés financières. Cela va demander un regroupement de la
part de certaines petites juniors, d'une part, ce qui est en train de se faire.
Qu'on pense à Sphinx ou à des choses comme cela. D'autre part,
certains vont voir leur propriété tomber dans les mains de
certaines compagnies majeures.
M. Claveau: Donc, ce n'est pas de la foutaise
jusque-là.
M. Savoie: Jusque-là, ce que les compagnies, les
représentants de l'industrie vous ont dit est exact. Où la
foutaise intervient, c'est de dire que les majeures sont contre les actions
accréditives parce...
M. Claveau: Je n'ai pas dit cela.
M. Savoie: ...qu'elles veulent, justement, s'approprier ces
compagnies-là ou ces propriétés-là et que cela
privilégie la prise en main des plus belles propriétés par
les majeures. Le résultat est là, mais cela gêne un peu les
majeures. Pour en avoir parlé avec, par exemple, les gens de Noranda,
les gens d'Inco, les gens de Teck et d'autres, ils m'ont tous affirmé
qu'ils étaient un petit peu dans une situation difficile. Oui, ils sont
en faveur des actions accréditives et d'une façon très,
très claire. Ils les appuient et en veulent le maintien. Et j'ai su que
tout dernièrement, pas plus tard que la semaine passée,
l'association de ces majeures a fait des interventions très militantes
pour le maintien des actions accréditives.
M. Claveau: II faut être naïf.
M. Savoie: Tout cela fait en sorte que, d'une part, les majeures
profitent grandement de l'existence et des travaux que font les juniors.
D'ailleurs, elles le font souvent en coopération. Il y a un grand nombre
de projets qui sont faits en coopération avec de petites juniors,
profitant des montants en provenance des actions accréditives. Elles
ont, dans leur ensemble, profité grandement de cette situation parce que
les travaux étaient faits par les juniors et à la minute
où cela prenait, par exemple, une allure assez intéressante, la
majeure mettait ce gisement en exploitation, ce que ne peuvent et, souvent, ne
veulent pas faire les juniors.
Prétendre qu'à Ottawa on nous a dit: Les actions
accréditives, les majeures sont un peu contre ou elles vont profiter de
la situation, c'est fausser le débat. Les majeures
préfèrent voir continuer les actions accréditives, les
majeures préfèrent voir l'existence d'un ensemble de juniors qui
font du "grass roots", qui font même un peu de mise en
développement sous terre, évidemment en collaboration avec elles
ou seules, mais elles sont intéressées à cela parce que
toute l'industrie en bénéficie. Toute l'industrie profite de
cette activité-là en termes de formation de la main-d'oeuvre, de
formation des spécialistes, de formation de géologues chez nous,
en termes de projets de recherche qui peuvent être
présentés dans l'industrie. Tout ce travail, toute cette
activité fait en sorte que c'est bon pour l'industrie minière et
elles le reconnaissent. Bien sûr, il y a de petits désavantages.
Elles m'en ont fait part, mais ce n'est pas majeur. On parle des salaires. On
parle de la compétition au chapitre du recrutement de la main-d'oeuvre.
Mais il s'agit d'éléments très accessoires.
M. Claveau: M. le Président, je voudrais revenir
là-dessus. Il ne faut quand même pas être naïfs par
rapport au comportement des majeures qui, elles aussi, gèrent l'argent
d'actionnaires qui viennent d'un peu partout dans le monde et qui ne sont pas
là pour les beaux yeux des mineurs, pour les beaux yeux du ministre et
pour les beaux yeux des propriétaires des juniors. Dans la mesure
où le programme des accréditives continue et dans la mesure
où on a la possibilité d'avoir des fonds qui viennent d'ailleurs,
de toutes sortes de sources disparates, pour être investis dans
l'exploration, ce qui va permettre de faire une certaine mise en valeur des
études de faisabilité, jusqu'au point, finalement, de
l'étude de possibilité de développement d'une mine, c'est
bien évident que les majeures ne peuvent pas être contre et elles
vont en profiter, vous avez tout à fait raison et j'en conviens à
100 %. Mais, c'est dans la perspective où les programmes continuent et
où on continue à récupérer ou à ramasser,
dans l'ensemble du public québécois et canadien, l'argent
pour
continuer ces activités d'exploration. Dans la mesure où
on a un programme qui devient moribond, un programme qui était sur une
belle lancée et qui, tout à coup, pique du nez comme un 737 qui
manque son décollage, à ce moment-là, comment pouvez-vous
prétendre que ce ne sont pas les majeures et uniquement les majeures qui
pourront bénéficier de ce piquage du nez de l'exploration
minière? C'est là toute la différence. On n'a pas
parlé et je n'ai jamais prétendu qu'elles étaient contre
dans la mesure où le programme continue, mais dans la perspective
où le programme est pour piquer du nez et aller s'écraser
à plus ou moins court terme, il y a quand même un gagnant,
finalement, et c'est encore la majeure, aux dépens de tous ceux qui
auront investi là-dedans
M. Savoie: II n'y a pas de gagnant. C'est faux de
prétendre que les majeures vont en bénéficier. J'ai
entendu ce radotage-là de la part de certains individus qui disent:
C'est la faute des majeures.
M. Claveau: Nommez-les.
M. Savoie: II s'agit essentiellement de démagogues
et...
M. Claveau: Je n'ai pas dit que c'était leur faute. Vous
n'avez pas bien entendu, M. le ministre. Je n'ai pas dit que c'était
leur faute.
M. Savoie: Je comprends très bien. Vous avez posé
votre question et je vais donner une réponse de la façon dont je
comprends votre question. On ne peut pas dire que les majeures vont sortir
gagnantes. On peut dire, je pense, d'une façon beaucoup plus
précise, que l'industrie en sort perdante et qu'accessoirement les
majeures peuvent, peut-être, en profiter de façon indirecte, dans
le sens que c'est sûr que certaines propriétés vont
être vendues, évidemment à vil prix, et que les majeures
ont les ressources financières pour les ramasser. Mais, je vous dis que
ce qui doit être retenu, c'est, d'abord, que l'industrie est perdante
dans son ensemble, dans tous ses aspects, que les majeures sont
également perdantes puisqu'elles ne pourront pas continuer des
programmes d'exploration qu'elles avaient entrepris avec des juniors, mais
qu'accessoirement, bien sûr, il y aura des propriétés
qu'elles vont être en mesure d'acheter à bas prix. (11 h 30)
Je vais vous donner le plus bel exemple. J'ai eu des conversations
téléphoniques avec le président de Teck et des
conversations de personne à personne avec le vice-président de
Noranda, M. Alex Balogh qui est, je crois, certainement bien au courant de la
situation de l'exploration au Québec. Il m'a dit: On appuie les actions
accréditives. On a écrit des lettres et on a envoyé des
communiqués. Mais on est un peu gêné dans ce dossier parce
que, bien sûr, à première vue, les apparences mêmes
disent que c'est sûr qu'on va ramasser des bonnes
propriétés à vil prix, et cela nous gêne. Mais
à la longue, à court et à moyen terme, ce n'est pas bon
pour l'industrie minière ni pour Noranda, et on veut le maintien des
actions accréditives. Au niveau de Teck cela a été
exactement la même orientation. On ne profite pas de la baisse des
actions accréditives parce qu'on a plus d'impacts négatifs que
positifs avec la perte des actions accréditives. Alors, vous pouvez, si
vous voulez, M. le député d'Ungava, continuer votre discours
populiste, comme certains autres. Un discours populiste et démagogique,
mais qui fausse finalement le débat, ne rend pas service à
l'industrie minière et ne reflète pas honnêtement la
position des majeures. Les majeures disent qu'elles veulent le maintien des
actions accréditives. C'est leur première priorité
actuellement dans leurs négociations avec le gouvernement
fédéral parce que, dans l'ensemble, avec la réduction de
cette activité, elles en sortent perdantes.
Si vous devez discuter de la participation ou de l'impact que pourraient
avoir les actions accréditives auprès des majeures, il faudrait
comprendre qu'elles en sortent perdantes elles aussi et que l'industrie
minière, dans son ensemble, est perdante, mais que, accessoirement et
peut-être immédiatement cette année, elles seront
peut-être en mesure d'acheter une couple de propriétés.
Mais elles ont souvent beaucoup de propriétés et elles ont
déjà fait une planification de leur programme d'exploration pour
trois ou quatre années d'avance. Bien sûr, elles vont
peut-être ramasser cette année une couple de
propriétés à bon prix. Prenons, par exemple, l'annonce de
M. Gignac, président de Cambior, dans Le Devoir de ce matin, en
ce qui concerne la propriété Eldrick-Flavel. On a dit: Ah! Ah! On
rend cette propriété minière au stade de l'exploitation,
mais c'est grâce au programme des actions accréditives. Cambior
est quand même une majeure qui a su profiter des actions
accréditives. Elle a plusieurs projets en opération actuellement
conjointement avec des juniors. Elle sait que, si les juniors s'en vont, elle
va peut-être ramasser une couple de propriétés à bas
prix. Mais, dans son ensemble, ces majeures se disent: Cela va réduire
nos activités, et ce n'est pas bon pour elles. Elles le savent et elles
le reconnaissent, et c'est ce qu'elles disent. Finalement, il ne reste que ce
discours que j'ai déjà qualifié d'hallucinations,
hallucinations de populistes, de démagogues qui arrivent et qui disent:
Ah! C'est ça! Ce sont les grosses compagnies qui vont en profiter et les
petites... Ce n'est pas vrai parce que les grosses compagnies, comme je vous le
répète pour la quatrième fois, disent qu'elles en sortent
perdantes avec la position du gouvernement fédéral au plan des
actions accréditives.
M. Claveau: M. le Président, puisque le ministre se
plaît à traiter mon discours de
populiste, de démagogue, etc., je commencerai d'abord par lui
faire comprendre que ce n'est pas nécessairement parce qu'on est
populiste qu'on est démagogue, d'une part. On va reprendre des termes
à peu près semblables aux siens pour démontrer
jusqu'à quel point son discours peut être de trompe-l'oeil, M. le
Président. Son discours veut faire en sorte d'essayer de noyer le
poisson, mais, en réalité, les gens ne sont pas dupes de ce qui
se passe. Les gens de l'exploration minière ont drôlement compris
et, si le ministre est en train de dire que le discours que je tiens est un
discours de démagogue, eh bien! il devra en répondre devant
l'ensemble des prospecteurs du Québec regroupés dans
l'Association des prospecteurs du Québec, qui est la première
à avoir présenté des arguments semblables au ministre et
qui, de la même façon dont on se parle aujourd'hui, n'a jamais eu
la vraie réponse. Il ne faut pas être dupe; il ne faut pas
être aveugle et il ne faut pas prendre les compagnies majeures dont les
sièges sociaux, soit dit en passant, sont presque tous à
l'extérieur du Québec, à l'exception de Cambior, pour un
certain temps encore... Pour le reste, ce qui se passe là nous
échappe passablement. Le ministre le sait aussi bien que moi, que ce
soit Noranda, Falconbridge, Noramco qui est une junior, si on peut dire, toute
la "gang" Minnova, Camchib, Campbell Resources, Dôme Mines, cherchez-les,
vous n'en trouverez pas beaucoup dont les intérêts principaux sont
au Québec.
Que se passe-t-il en réalité? C'est certain qu'à
court terme ces gens perdent parce qu'ils ne pourront pas laisser aux juniors
la possibilité de développer des propriétés avec de
l'argent qu'ils n'auraient pas eu autrement. Ils n'ont pas un cent à
mettre. Ils n'ont qu'à regarder rentrer l'argent, regarder payer le
gouvernement et regarder les juniors faire le travail sur le terrain. C'est
tout ce qu'ils ont à faire. Ils n'ont aucun risque à prendre.
Tout ce qu'ils peuvent faire, c'est de ramasser une propriété
à un taux encore acceptable, à un prix acceptable qui va
permettre à tout le monde de bien vivre, c'est de ramasser une
propriété qui va être au stade de la mise en production.
C'est le seul risque qu'ils ont à prendre, ils le connaissent tous. Ils
n'ont pas un cent noir à sortir de leurs coffres. C'est certain qu'ils
vont venir vous dire: M. le ministre, on est perdants dans cette affaire, il
faut qu'on appuie les accréditives. C'est bien entendu qu'il faut qu'ils
les appuient dans ce contexte-là. Les juniors, avec l'argent des
accréditives, sont capables de mettre en valeur, d'identifier des sites
à haut potentiel exploitables, rentables sans que les majeurs n'aient
quelque risque que ce soit et sans qu'ils n'aient à sortir un seul cent
noir de leurs coffres.
C'est clair qu'ils sont perdants à court terme, mais en fin de
compte l'accessoire du ministre est important. Ce n'est pas un accessoire de
rien du tout. On ne parle pas d'une chaudière. C'est un accessoire
important quand le ministre dit qu'ils vont peut-être ramasser quelques
propriétés, des propriétés d'abord qui ne leur ont
rien coûté, qui vont avoir coûté, par exemple,
à de petites compagnies qui vont être perdantes et dont le
ministre ne garantit pas les fonds.
Si le ministre veut couper son programme ou permet que l'on tranche
à coups de hache dans le programme des accréditives, pourquoi ne
met-il pas tout de suite en place un programme qui assure, qui garantisse que
les juniors qui sont nées, qui ont vécu à partir de ce
programme, ne se retrouvent pas du jour au lendemain sans avenues possibles,
qu'elles soient au moins certaines de ne pas crever? C'est une chose. Le
ministre n'a jamais parlé là-dessus. Mais, en fin de compte, qui
va ramasser des propriétés qui pourront un jour ou l'autre
être utilisées ou mises en valeur quand cela fera partie des
programmes de développement ou de mise en exploitation des compagnies en
question? Ce seront toujours ces majeures qui, elles, ne sortiront pas
perdantes parce qu'elles n'auront pris aucun risque pour la mise en valeur
jusqu'au stade où on est rendu et qui vont pouvoir les avoir...
M. Savoie: Où voulez-vous en venir avec cela? Dites donc
quelque chose.
M. Claveau:...à des prix modiques.
Le ministre ne peut pas nier cela. Si le ministre me traite de
démagogue là-dessus, c'est l'ensemble des prospecteurs du
Québec qu'il traite de démagogues.
M. Savoie: Ce n'est pas du tout vrai que c'est l'ensemble de
l'industrie. J'ai des communications fréquentes et
régulières avec le président de l'APQ comme avec le
président de l'AMMQ. Nous échangeons régulièrement.
À plusieurs reprises, nous nous sommes mis d'accord pour dire que nous
avions un allié dans les majeures et non pas quelqu'un qui s'oppose au
programme d'actions accréditives.
Il est facile de faire miroiter à la population que ce sont
finalement les majeures qui ont fait pression sur Ottawa pour réduire
les actions accréditives.
M. Claveau: Je n'ai jamais dit cela.
M. Savoie: C'est ce que votre discours insinue, M. le
député.
M. Claveau: Je n'ai jamais dit cela, M. le ministre. Je n'ai
jamais dit cela. Au contraire, j'ai dit que c'est vrai qu'elles étaient
d'accord à court terme.
M. Savoie: II est très facile de faire miroiter à
la population que c'est le cas. On est loin de la vérité.
M. Claveau: Parlez de vraies choses.
M. Savoie: Je vais donner tout simplement, par exemple,
probablement les trois plus grandes découvertes qui ont eu lieu au cours
des deux dernières années et qui ont nécessité
beaucoup de travaux. Qu'on pense à Golden Pond qui a été
pris en main par Inco, mais qui a été fait conjointement avec la
junior de M. MacDonald de Vancouver. Il y a Estrades, Cilidor avec Noranda. Les
travaux ont tous été faits avec des juniors, avec l'argent
provenant des actions accréditives.
M. Claveau: C'est ce qu'on veut qui se continue.
M. Savoie: Alors, de vouloir tout simplement dire que les
majeures en profitent, comme je vous ai dit, c'est vrai, c'est vrai que les
majeures vont en profiter, mais c'est tout simplement accessoire. Elles n'ont
pas d'intérêt à en profiter de cette façon. C'est ce
qu'elles disent. Je les crois.
Si on a une connaissance réelle de l'industrie minière, on
comprend que le discours est fondé. Si vous aviez une
compréhension réelle de ce qui se produit en Abitibi, sur la
Côte-Nord, dans votre région, Chapais-Chibougamau, vous sauriez
que les majeures non seulement ont un intérêt très
marqué pour le maintien des actions accréditives, mais qu'elles
travaillent dans ce sens puisque j'ai eu des rencontres avec elles à
moult reprises.
Elles ont fait et elles vont continuer à faire des
représentations auprès du gouvernement fédéral pour
que M. Wilson révise sa décision et retourne le montant de 116
000 000 $ à 133 000 000 $.
M. Claveau: M. le ministre, quelle garantie allez-vous donner aux
investisseurs qui ont acheté des actions accréditives dans
certaines juniors pour des programmes d'exploration dans l'hypothèse que
cela allait continuer à long terme et que, bon, on était pour
arriver au stade de mise en valeur des propriétés alors qu'elles
ne pourront peut-être pas continuer, à partir de l'année
prochaine, si elles ne reçoivent pas les fonds nécessaires? Ces
sommes n'ont plus aucune valeur pour les investisseurs qui ont mis de l'argent
là-dedans. Qu'allez-vous leur donner comme garantie?
M. Savoie: Moi, je n'ai pas de garantie à donner à
un investisseur privé qui a investi dans une compagnie privée
dans un cadre de marché. Alors, quelqu'un qui se présente
à la Bourse et qui achète des actions dans une compagnie
d'exploration, je n'ai aucune garantie à lui fournir, d'aucune
façon. Par contre, dès le mois de septembre 1986, au souper de
l'APQ, j'avais indiqué à l'ensemble des gens de l'industrie qu'un
vent de réforme soufflait sur les abris fiscaux et que, si on ne faisait
pas attention, si on ne commençait pas à préparer
immédiatement nos interventions, l'ensemble de la réforme fiscale
aurait des effets très néfastes sur le programme d'actions
accréditives. Je ne veux pas faire mon Cassandre, mais, par contre, je
pense qu'à ce moment on voyait clair et on voyait juste. On a
avisé l'industrie de cette position et les gens ont commencé
immédiatement à militer.
Lorsqu'on a réduit le programme d'actions accréditives de
166 %, parce que c'était tout simplement trop fort, à 133 %, une
orientation beaucoup plus raisonnable, on avait misé juste, là
encore. On avait voulu démontrer à Ottawa que 133 %
c'était encore faisable, qu'on était prêt à
être raisonnable au niveau de l'exploration et qu'il y avait une
façon de travailler ensemble là-dessus. Mais le montant a
doublé en 1987. Il est passé de 286 000 000 $à 560 000 000
$.
M. Claveau: À cause des grèves.
M. Savoie: La réforme fiscale et les mauvais
renseignements qu'avait M. Wilson, comme ministre des Finances, ont eu leur
impact et M. Wilson, croyant bien faire... Moi, je suis certain que M. Wilson
était de bonne foi dans sa réforme, dans le cadre du
libre-échange. Je pense qu'il a été mal conseillé
et il le constate aujourd'hui. Il réalise qu'effectivement il a fait une
erreur. Il va se corriger, vous allez voir.
M. Claveau: M. le ministre, pourquoi lui avez-vous ouvert la
porte en baissant de 166 2/3 % à 133 1/3 %? Vous lui avez
carrément permis de mettre le pied dans la porte et il est entré
comme une balle.
M. Savoie: C'est l'argument le plus stupide, le plus
insignifiant, le plus ridicule que je n'ai jamais entendu.
M. Claveau: M. le Président, vous avez entendu les
qualificatifs du ministre, est-ce qu'ils sont parlementaires?
M. Savoie: Je parlais de la position. Je n'ai pas dit le
député. C'est la position la plus stupide, la plus ridicule que
je n'ai jamais entendue.
M. Claveau: Ah. Quelqu'un qui a une position stupide et ridicule,
selon le Grand
Larousse de la langue française, c'est qui comme individu?
Le Président (M. Cannon): Si vous permettez, M. le
député, je crois qu'il imputait ces propos non pas à vous,
mais au sens des paroles ou des commentaires. Personnellement, je n'y vois pas
une attaque personnelle contre la personne. S'il vous plaît, tout en
gardant votre calme, messieurs, je vous prie de poursuivre vos discussions. M.
le député d'Ungava.
M. Claveau: D'accord, cela veut dire que vous nous ouvrez la
porte, M. le Président, pour qu'on se permette nous aussi de qualifier
à leur juste valeur les propos du ministre.
Le Président (M. Cannon): Tout en vous indiquant, M. le
député, que vous êtes familier avec la coutume
parlementaire. Comme je vous connais bien, je sais très bien que vous ne
transgresserez pas cette coutume, et avec le civisme et la délicatesse
que je vous reconnais, je suis convaincu que vous allez pouvoir maintenir le
débat à un niveau acceptable. Merci, M. le député.
(11 h 45)
M. Claveau: M. le Président, quand le gouvernement du
Québec, le ministre des Finances nous a annoncé le 11
décembre 1986 qu'il réduisait de 166 2/3 % à 133 1/3 % les
abris fiscaux, il savait, à ce moment, que le fédéral
était déjà en train de réviser sa position par
rapport aux actions accréditives. Il a dit: On va s'aligner sur la
politique fédérale, sachant très bien que le
fédéral était déjà en train de les
contester. Alors, pourquoi ne pas avoir attendu, pourquoi ne pas avoir
laissé le fédéral se mettre les pieds dans les plats tout
seul plutôt que d'aller lui ouvrir la porte béante, une avenue en
or pour dire: Si le Québec baisse, cela légitime aussi notre
baisse? C'est ce qui est absolument inacceptable dans le comportement du
ministre et de son gouvernement par rapport aux actions accréditives.
Aujourd'hui, il veut réparer les pots cassés en disant qu'il
prend la défense des accréditives. Mais, lorsque c'était
vraiment le temps de se tenir debout devant le fédéral qui se
préparait à réviser son programme, qu'a-t-il fait comme
ministre? Il a dit: On va lui donner le pas, on va commencer à baisser,
tout en sachant que le fédéral avait entrepris une
démarche de révision du programme. Est-ce que le ministre est
capable de répondre à cela d'une façon complète en
donnant la véritable information, les véritables motifs, les
véritables critères qui ont présidé à cette
décision du 11 décembre 1986?
M. Savoie: Je n'en crois pas mes oreilles, M. le
Président. On est en train de défendre les crédits et le
député d'Ungava est en train de démontrer toute son
incompréhension d'un programme très important pour l'industrie
minière. Par ses propos, il démontre qu'il méconnaît
profondément le dossier, qu'il n'a pas tenu compte de l'ensemble des
documents d'information qu'on lui a remis, dont on lui a fait part à
plusieurs reprises et des discours qui ont eu lieu, par exemple, dans toutes
les régions minières du Québec. Il démontre que,
non seulement il ne comprend pas le dossier des actions accréditives,
mais il n'est pas capable d'évaluer les impacts et les orientations de
ces actions depuis deux ans.
M. Claveau: Jusqu'à maintenant, le ministre n'a absolument
pas répondu à ma question: Quels sont les véritables
enjeux, les véritables critères qui ont présidé
à la décision du 11 décembre 1986? À ce que je
sache, ce n'est pas mon comportement. Alors, il pourrait aller directement aux
véritables enjeux.
M. Savoie: Les véritables enjeux, c'est qu'on avait
constaté que le programme d'actions accréditives doublait chaque
année depuis sa fondation. Chaque année, depuis 1981, le montant
investi dans le programme des actions accréditives a doublé. Le
ministre des Finances a constaté, d'une part, que le programme avait
atteint une certaine maturité, que les gens du Québec ne
pouvaient investir qu'au Québec et non dans les autres provinces et que,
d'autre part, les programmes étaient suffisamment avancés et
l'intérêt suffisamment connu pour qu'on puisse apporter cet
ajustement de 166 % à 133 % tout en maintenant, bien sûr, le
programme d'actions accréditives, mais que, fort probablement, il y
aurait une hausse très importante en 1987; c'est ce qui s'est produit.
On a réduit les actions accréditives de 166 % à 133 %.
Comme ministre délégué aux Mines, j'étais
très nerveux parce que je ne savais pas quel était le
résultat. Je me suis fié, en bonne partie, aux exposés que
nous ont présentés les gens des Finances. Je me suis aussi
fié quelque peu à l'interne en me disant que l'impact ne serait
pas aussi élevé et, finalement, en 1987, à 133 %, le
programme a doublé, les montants versés dans des compagnies
juniors voulant investir dans les actions accréditives ont
doublé.
M. Claveau: Avez-vous terminé vos explications?
Le Président (M. Cannon): Est-ce que vous avez
terminé vos explications?
M. Savoie: Cela fait longtemps. J'attends la prochaine
question.
M. Claveau: Ah! J'attendais la réponse. Excusez-moi, M. le
Président.
M. Savoie: Vous attendiez la réponse, je vous l'ai
donnée. Vous m'avez demandé dans quelle mesure... Si je suis
obligé de me répéter...
M. Claveau: Non, non, si vous êtes pour
répéter ce que vous venez de dire, ça va.
M. Savoie: Quand je donne une réponse, au lieu de vous
faire souffler la prochaine question par votre assistant vous pourriez
écouter ma réponse. Le discours serait beaucoup plus
élevé qu'il ne l'est à l'heure actuelle.
M. Claveau: M. le ministre, n'exagérez rien. Cela a pris
quinze secondes dans les derniers mots de votre intervention qui a duré
pas mal plus longtemps.
Vous avez dit - je vais vous prouver que j'ai écouté -
qu'en maintenant le taux à 133 1/3 % vous avez donné au
fédéral le signal que les actions accréditives
étaient importantes.
M. Savoie: Oui, effectivement.
M. Claveau: Ne considérez-vous pas aussi, par la
même occasion, qu'en baissant de 166 2/3 % à 133 1/3 % vous avez
également donné au fédéral le signal qu'on pouvait
couper dans les actions accréditives?
M. Savoie: Absolument pas. Le gouvernement fédéral
avait déjà annoncé son intention d'abolir l'ensemble des
abris fiscaux.
M. Claveau: Ah!
M. Savoie: M. Wilson, au mois de septembre 1986...
M. Claveau: Vous venez de confirmer ce que je disais tout
à l'heure.
M. Savoie: ...avait déjà indiqué que la
réforme américaine, au plan de la fiscalité, était
déjà très intéressante et que le gouvernement du
Canada serait obligé de suivre. Dès qu'on a entendu M. Wilson
commencer à tenir ce discours, on a été très
inquiets pour le programme des actions accréditives.
M. Claveau: Vous avez décidé de couper, à ce
moment-là.
M. Savoie: Cela coûtait très cher aux deux paliers
de gouvernement. Il faut comprendre, par exemple, relativement aux abris
fiscaux, que le programme d'actions accréditives coûtait 0,15 $
à l'investisseur et 0,85 $ aux deux paliers de gouvernement. Chaque
dollar investi coûtait 0,15 $ à l'investisseur et 0,85 $ aux deux
paliers de gouvernement. Dans une époque de restrictions
budgétaires et de réforme fiscale, il était impossible de
garder ce niveau d'investissement de la part du gouvernement dans l'entreprise
privée, surtout lorsqu'on savait qu'il était effectivement trop
élevé au Québec. La nécessité des 33 1/3 %
qui étaient en sus n'était plus là. On a pris,
évidemment, les conseils du ministère des Finances. Et, lorsqu'on
nous a dit: On le réduit à 133 1/3 % et vous verrez que cela va
fonctionner quand même, on a pris cela comme un enjeu intéressant
et cela a fonctionné. On a accepté la réduction de 33 1/3
% et, comme je vous le dis, les montants investis ont doublé par
rapporta 1986.
Qu'est-ce que vous faites? Comment pou-vez-vous expliquer le fait qu'en
réduisant de 33 1/3 % au provincial cela a doublé en 1987?
Comment pouvez-vous expliquer le fait qu'on a défendu les actions
accréditives, que M. Levesque n'a pas dit: On ne maintient pas les
actions accréditives 133 1/3 % uniquement pour 1988, mais qu'il a dit:
Certainement jusqu'au 31 décembre 1989?
M. Claveau: Le ministre me flatte, M. le Président, en me
posant des questions comme si c'était nous qui avions à
répondre à nos politiques. J'en ai une autre à lui poser.
Par les propos qu'il vient de tenir concernant, entre autres et même
spécifiquement, les coûts pour le gouvernement du programme d'abri
fiscal qui s'appelle Actions accréditives, est-ce que le ministre est en
train de remettre en cause ou de contester les chiffres qui émanent de
l'étude de l'APQ, qu'il connaît très bien, et qui
démontrent, sans l'ombre d'un doute, qu'à moyen et long terme le
gouvernement entre de beaucoup et plusieurs fois dans son investissement de
départ?
M. Savoie: Concernant l'étude de l'APQ, c'est
moi-même qui ai demandé à l'APQ de faire cette
étude. On a financé 50 % de cette étude; 50 % des
coûts ont été financés par nous.
M. Claveau: Vous devriez, au moins, l'écouter à 50
%, dans ces conditions-là.
M. Savoie: En plus de cela, l'ensemble des informations qui sont
contenues dans ce rapport ont été obtenues chez nous. Pour ce qui
est de l'étude de l'APQ, on dit bien que c'est l'étude de l'APQ,
mais je pense aussi que c'est l'étude du secteur Mines également.
Il y a des éléments dans cette étude avec lesquels nous ne
sommes pas nécessairement d'accord. On trouve que peut-être telle
orientation aurait dû être prise et cela a été
signalé aux gens de l'APQ. Dans son ensemble, il demeure que c'est une
étude qui a eu son utilité. Alors, ne venez pas me parler de
cette étude en disant qu'on ne l'a pas écoutée. On l'a
plus qu'écoutée, c'est nous qui l'avons financée et qui
avons fourni l'ensemble des informations pour sa préparation. Encore une
fois, le député démontre qu'il ne connaît pas son
dossier. Il devrait se rappeler qu'au mois de juin 1986, lors d'une rencontre
avec l'APQ, j'ai demandé au président d'alors de pourvoir
à la préparation de cette étude en lui disant qu'on
participerait au financement. C'est difficile à comprendre...
M. Claveau: Et on a étudié...
M. Savoie: ...de votre part, que le gouvernement du Québec
a à coeur les actions accréditives; il est assez difficile de
comprendre, de votre part, que le gouvernement a défendu tout ce qu'il
avait à défendre dans ce dossier. Si, au Québec, on a
maintenu des actions accréditives, on est cités en exemple par
tout le Canada. Il y a un autre rapport dans le Financial Post où
on dit que le Québec, avec le maintien des actions accréditives
à 133 1/3 %, démontre avec clarté
qu'il est là pour défendre l'industrie minière,
pour assurer la continuation des programmes d'exploration et encourage toutes
les autres provinces au Canada à défendre la position du
Québec auprès de M. Wilson.
Lorsque vous parlez des actions accréditives, vous êtes sur
un terrain des plus glissants, vous êtes sur de la glace mince. En plus
de cela, vous démontrez avec insistance et à
répétition que vous ne comprenez pas le dossier. C'est
malheureux.
M. Claveau: Si je comprends bien, le seul au pas dans cette
histoire, c'est le ministre.
M. Savoie: Le seul au pas dans l'histoire, je pense que c'est
l'ensemble de l'industrie. L'APQ est au courant, l'AMMQ est au courant, et je
pense qu'ils sont contents de nos interventions jusqu'à maintenant.
C'est sûr qu'actuellement tout le monde a les yeux braqués sur
Ottawa. Il faut qu'Ottawa modifie sa position, tout le monde est d'accord
là-dessus, et c'est ce qui va se produire parce que ce sont les
indications qu'on a reçues à plusieurs reprises de M. Wilson
lui-même. D'ici à quelques semaines, il va émettre... Il
s'est toujours basé sur le rapport Jenkins et il défend toujours
ce rapport, mais je suis certain qu'il commence à avoir des doutes sur
ce rapport et qu'il est prêt à reconnaître que les actions
accréditives sont importantes pour faire du développement
régional. Il commence à reconnaître qu'elles sont
importantes pour une des ressources importantes du Canada et il va modifier sa
position pour tenir compte des orientations que nous avons données
à ce dossier. Lorsqu'il le fera, ce sera essentiellement grâce
à l'intervention de trois personnes: d'abord, la mienne, comme ministre
délégué aux Mines, pour avoir dit qu'il faut maintenir les
133 1/3 %, ne pas enlever nos objectifs de 133 1/3 %; deuxièmement, au
travail exceptionnel qu'a fait M. Régis Labaume comme président
de l'APQ, qui a su bien identifier la problématique du dossier et il
sait qu'il faut maintenir les 133 1/3 %; troisièmement - je pense que
c'est loin d'être négligeable - au travail qu'ont fait les
majeures dans ce dossier, tant du côté de l'AMMQ que du
côté du CIM.
M. Claveau: J'aurais envie de dire que, par sa réflexion
qui dit que, même s'il a coupé, même si son ministre des
Finances n'est pas tout à fait convaincu, il se fait un exemple au
niveau canadien, là où on veut tout enlever, le ministre est en
train de nous imager d'une très belle façon ce dicton qui veut
qu'au royaume des aveugles le borgne sera roi.
M. Savoie: M. le Président, je comprendrais si le
député d'Ungava venait d'un comté où il n'y a pas
d'activité minière, s'il venait d'une région où il
n'aurait pas de contact avec les gens de l'industrie minière, mais il
vient de la région de Chibougamau-Chapais, la région
minière par excellence au Québec, qui doit son existence
uniquement aux dépôts de cuivre. Il devrait savoir que les gens de
l'industrie apprécient grandement la position que nous avons prise au
secteur des mines; ils apprécient grandement la force et la vigueur avec
laquelle on défend les actions accréditives. On n'a reçu
que des félicitations de la part de l'industrie sur notre position
concernant les actions accréditives. Lorsqu'on a commencé
à dire: Ce n'est que 133 1/3 % qui doit être notre chiffre de
ralliement, ce n'est pas l'APQ qui l'a dit, c'est nous-mêmes qui l'avons
dit à plusieurs reprises. Les gens se sont ralliés et on est en
train de gagner cette bataille envers et contre tous à Ottawa.
Je serais très curieux de savoir ce qu'en disent les gens
impliqués dans l'industrie minière dans son comté. Je suis
certain qu'ils en ont parlé et qu'ils ont dit: Oui, c'est une bonne
chose, on a maintenu les actions accréditives à 133 1/3 %;
maintenant, il faut aller chercher Ottawa. Je ne comprends pas du tout la
position du député d'Ungava. (12 heures)
M. Claveau: J'invite le ministre à sortir de sa tour
d'ivoire et à aller se promener un peu sur le terrain, justement parce
que je viens d'une région minière et je suis en contact continuel
avec les prospecteurs, les foreurs, les gens des compagnies juniors et des
compagnies majeures qui travaillent dans des conditions qui ne sont pas
nécessairement aussi faciles que celles que le ministre connaît en
Abitibi où il y a un véritable camp minier établi et
consolidé. Ce n'est pas le cas dans nos régions semi-nordiques et
nordiques.
M. Savoie: À Chibougamau, vendredi prochain, il va y avoir
un souper. Les gens de l'industrie y seront.
M. Claveau: Je vais y être aussi.
M. Savoie: Probablement que non parce qu'on parle des gens de
l'industrie minière...
M. Claveau: D'accord. Pas vendredi prochain, j'en conviens, pour
d'autres raisons.
M. Savoie: ...alors, des gens qui veulent aider l'industrie
minière. M. Claveau, je vais leur parler de vos interventions et je vais
leur demander qu'ils vous sensibilisent à la position qu'on a au
MER-Mines. Je vais leur demander également qu'ils vous fassent part de
la façon dont ils voient la situation des actions accréditives
actuellement au Québec et je suis certain, avant même de les avoir
rencontrés...
M. Claveau: J'espère que cela ne se résumera pas
à du "flattage" de bedaine et qu'ils vont aller vraiment au fond des
choses.
M. Savoie: Exactement. C'est ce qui va se produire. Et je suis
certain qu'ils nous feront part de nos échanges avec vous.
M. Claveau: Oui. Cela ne me gêne pas du tout,
d'ailleurs.
M. Savoie: Non.
M. Claveau: Je ne suis vraiment pas gêné de publier
ce que je viens de dire ici.
M. Savoie: On sait que vous ne seriez pas gêné, mais
cela fait partie du problème aussi. C'est cela, l'affaire. C'est qu'au
lieu de nous appuyer dans nos démarches pour les 133 1/3 % - c'est cela
que je trouve regrettable - au lieu de nous appuyer...
M. Claveau: On vous demande de revenir aux 166 2/3 % que vous
étiez tout à fait capable de vous payer comme gouvernement. Il
n'y a pas de problème là-dessus.
M. Savoie: C'est cela, le problème. C'est que vous ne nous
aidez pas dans nos démarches. Vous n'êtes pas solidaire de
l'ensemble de l'industrie dans nos revendications auprès d'Ottawa.
M. Claveau: Au lieu de marcher en arrière, faites donc un
pas en avant. Les autres vont probablement être portés à
suivre. Allez-y, prenez le rôle de leadership que vous vouliez vous
donner tout à l'heure. Prenez-le vraiment.
Ne le prenez pas en disant: Je recule moins que les autres.
M. Savoie: Au début...
M. Claveau: Prenez-le en disant: J'avance, tandis que vous
reculez.
M. Savoie: ...de la défense des crédits, vous
m'avez demandé si j'avais l'honnêteté intellectuelle de
reconnaître que le Parti québécois avait posé des
beaux gestes quant à l'industrie minière. Je l'ai reconnu. J'ai
dit: Oui, effectivement. Je l'ai toujours reconnu. Bien sûr, il y a des
choses très négatives. Mais, si on doit parler de
reconnaître des bons coups, je suis prêt à reconnaître
que le Parti québécois a fait des bons coups. Nous sommes en
train de faire un très bon coup maintenant avec le maintien de la
structure des actions accréditives. Et vous, de votre côté,
vous n'avez même pas l'honnêteté intellectuelle de
reconnaître qu'effectivement on est en train de poser un beau geste et
qu'on a bien défendu notre dossier, ce qui a été reconnu
par plusieurs membres de votre parti. J'ai des citations. De mémoire,
très rapidement, par exemple, lors d'une rencontre certains membres du
Parti québécois nous ont félicités ouvertement. Je
vais certainement en nommer. François
Gendron, par exemple, à Val-d'Or, s'est levé devant toute
la population et a dit: Je voudrais féliciter le ministre
délégué aux Mines du Québec. Il a travaillé
fort dans son dossier et il a réussi. Il a maintenu les actions
accréditives à 33 1/3 %. Et de un. M. Parent a souligné
que, oui, effectivement, nous avions fait un bon bout de chemin. M. Parizeau
n'a jamais, jamais critiqué la réduction des 166 2/3 % à
133 1/3 %. D'ailleurs, à plusieurs reprises, M. Labaume l'a
approché pour lui dire: Ah, ah, on voudrait que tu interviennes. Il n'a
jamais voulu. Il est d'accord pour maintenir les actions à 133 1/3 % et
nous aussi. Il est d'accord pour dire que c'est une mesure qui doit être
maintenue. Alors, même à l'intérieur de votre parti - cela
vaut ce que cela vaut, évidemment - il y a un appui aux positions que
nous avons prises dans ce dossier. Je ne comprends pas pourquoi vous vous butez
à prendre position contraire.
M. Claveau: Vous êtes en train de devenir de plus en plus
politicien et de moins en moins gestionnaire en vous acharnant à
essayer, par des propos tortueux, pour le moins, d'isoler ma position de celle
du reste du caucus. Vous faites fausse piste, M. le ministre. Vous êtes
sur une mauvaise voie et vous devriez vérifier à fond vos
informations. M. Gendron, le député d'Abitibi-Ouest, vous a
probablement dit qu'il valait mieux être borgne que complètement
aveugle, mais il aimerait bien que vous repreniez vos yeux à 100 %.
M. Savoie: M. le député d'Ungava, je pense que vous
y étiez... Vous n'étiez pas présent. C'est vrai.
C'était une journée pour défendre les actions
accréditives. Vous avez probablement continué à demeurer
à Québec, ce samedi-là. Vous n'étiez pas
présent.
M. Claveau: Wo, wo, wo! Je demande au ministre de retirer ses
paroles sine /die! Le ministre...
M. Savoie: Sine die!
M. Claveau: ...n'a absolument aucune allusion à faire
quant à ce qu'il vient de dire là et je lui demande de retirer
ses paroles. Si le ministre veut savoir et prétend que je demeure
à Québec, qu'il le prouve!
M. Savoie: Non, non, ce que j'ai dit, c'est que...
M. Claveau: On va relever aux galées ce que vous avez
dit.
M. Savoie: ...vous avez probablement...
M. Claveau: Vous avez dit: Vous avez probablement continué
à demeurer à Québec. C'est ce que vous avez dit. Alors,
prouvez-le!
M. Savoie: J'ai dit que cette fin de semaine-là...
M. Claveau: Prouvez-le!
M. Savoie: ...vous étiez probablement resté
à Québec.
M. Claveau: Ce n'est pas ce que vous avez dit. Vous avez dit:
Vous avez probablement continué à demeurer à
Québec.
M. Savoie: C'est cela, au lieu de revenir en régions,
à Val-d'Or.
M. Claveau: Prouvez-le.
M. Savoie: Je n'ai rien à prouver. Ce samedi-là, il
y avait un grand ralliement à Val-d'Or qui rassemblait l'ensemble de
l'industrie. Il y avait plusieurs députés, députés
fédéraux...
M. Claveau: Vous partez du 20 décembre. Je n'y
étais pas pour des raisons bien spécifiques, et tous les gens
concernés le savaient.
M. Savoie: Où étiez-vous le 20 décembre?
M. Claveau: Je n'ai pas de compte à vous rendre quant
à mes comportements en dehors de l'Assemblée. Vous pouvez
vérifier avec les gens concernés.
M. Savoie: D'accord.
M. Claveau: Tout le monde savait pourquoi je n'étais pas
là le samedi 20 décembre 1987. Alors, ne présumez pas de
mon comportement en cette Chambre, M. le ministre.
Le Président (M. Cannon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Savoie: Je vous prierais...
Le Président (M. Cannon): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le ministre! Je pense que le débat prend une
tangente...
M. Claveau: Répondez aux questions.
Le Président (M. Cannon): À l'ordre, s'il vous
plaît, M. le député!
M. Claveau: Contentez-vous de répondre aux questions et on
sera satisfait et la population du Québec le sera aussi.
Le Président (M. Cannon): M. le député.
M. Claveau: Contentez-vous de répondre à nos
questions...
Le Président (M. Cannon): M. le député.
M. Claveau: ...et d'éclaircir votre véritable
politique minière. Allez-y.
Le Président (M. Cannon): M. le député, s'il
vous plaît! Je vous demanderais de baisser le cran un peu. On en est
rendu à des invectives personnelles et je ne pense pas que cela fasse
progresser le dossier. M. le ministre, vous comprendrez la position du
député, j'en suis sûr. J'aimerais peut-être que vous
requalifiez vos propos quant à ses allées et venues. M. le
député a parfaitement raison, je crois, dans ses
récriminations. Alors, je vous demanderais de reformuler un peu votre
commentaire là-dessus.
M. Savoie: Certainement, M. le Président. D'ailleurs, je
pense que cela a été assez clair. Il y avait un rassemblement,
à Val-d'Or, le 20 décembre. Je crois que c'était un
dimanche après-midi. Plusieurs intervenants sont venus d'un peu partout.
Le député d'Ungava n'était pas présent,
c'était à la fin de la session, je pense qu'il serait normal de
prétendre que le député d'Ungava était resté
à Québec, qu'il ne s'était pas montré à
cette rencontre pour des motifs que j'ignore, pour des motifs auxquels je ne
veux donner aucune orientation. Je dis tout simplement que ce 20
décembre il était probablement demeuré à
Québec, c'est-à-dire qu'il n'était pas retourné en
régions. C'est un peu cela.
Le Président (M. Cannon): Écoutez! Tournons la page
là-dessus.
M. Savoie: D'accord.
Le Président (M. Cannon): Je pense effectivement que le
député...
M. Claveau: Vous avez compris, M. le Président, ce que le
ministre insinue.
Le Président (M. Cannon): M. le député, je
pense que tous les deux, devant vos électeurs, vous êtes en
mesure, évidemment, de justifier vos allées et venues. Je ne
crois pas qu'il s'agisse d'un dossier où la présidence peut
trancher. Cependant, je vous demanderais de faire preuve d'un certain
degré de parlementarisme. Si on commence à s'accuser quant
à nos allées et venues et quant à ce que l'on fait de
notre emploi du temps, je pense qu'on n'est pas sortis de l'auberge. Les
raisons qui ont justifié l'absence de M. le député
d'Ungava à cet événement, ce n'est ni à moi, ni
à la présidence, ni aux membres de la commission à les
justifier. Il appartient exclusivement au député de rendre compte
devant ses électeurs de ses faits et gestes. Je vous demanderais donc de
tourner la page et de continuer, s'il vous plaît!
M. Claveau: Je vais continuer, M. le Prési-
dent.
Le Président (M. Cannon): Merci, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: C'était tout ce que vous aviez à dire
par rapport à la rencontre du 20 décembre, que je n'étais
pas là?
M. Savoie: À la rencontre du 20 décembre,
évidemment, à tour de rôle, tout le monde a pris la parole.
Tout le monde était d'accord pour dire qu'on avait fait du bon travail
dans le dossier en maintenant les actions accréditives à 133 1/3
%. On a été félicités, de part et d'autre, par tous
les intervenants, indépendamment de la position de leur parti.
Même le député fédéral ou les
députés fédéraux qui étaient présents
ont fait leurs remarques dans ce sens-là. Évidemment, on les a
acceptées, d'une part, parce qu'il est vrai qu'on a consacré
beaucoup de temps à ce dossier. Cela fait plusieurs années que la
situation des actions accréditives nous inquiète dans une
politique de réforme fiscale, mais on pense que, compte tenu du fait
qu'il s'agit de développement régional, compte tenu que pour une
fois, les régions ont quelque chose qui leur profite, pour une fois les
régions ont quelque chose avec quoi elles peuvent travailler et qui
assure, par exemple, la présence de professionnels chez elles, qui
assure la présence d'une grande activité importante, merde, ils
ne nous l'enlèveront pas; ce n'est pas vrai. On s'est alignés
d'une façon que je crois raisonnable, d'une façon que je crois
intelligente. On a dit: D'abord, on maintient les 33 1/3; ensuite, on jouera
dans la tuyauterie; ensuite, on ira chercher d'autres éléments de
la réforme compte tenu du contexte du marché, de la conjoncture
économique, du prix des métaux, etc. On s'organisera en
conséquence, mais d'abord et avant tout, il faut maintenir les 133 1/3
%. Une fois que les 133 1/3 % sont sautés, ils ne reviendront jamais
plus. Ils seront partis à tout jamais. On s'est dit: De la merde! Les
régions ont besoin de développement et on a là un outil
précieux de développement basé sur ce qu'on a de meilleur,
c'est-à-dire les ressources naturelles. On va maintenir les actions
accréditives à 133 1/3 %. Je vous rappellerai que d'ailleurs
c'est maintenant inscrit dans le programme du Parti libéral, le maintien
des actions accréditives pour faire du développement
régional à 133 1/3 %. Cela fait partie du programme du Parti
libéral depuis notre dernière convention.
Maintenant, il faut qu'Ottawa... M. Broad-bent et M. Turner se sont
prononcés en faveur des 133 1/3 %; M. Garneau également. Le
gouvernement fédéral conservateur doit modifier sa position et
nous remettre les 133 1/3 %, à défaut de quoi on sera très
actif au plan politique fédéral pour les prochaines
élections. Il faut maintenir cela. C'est du développement
régional et c'est quelque chose qui nous appartient à nous,
régionalistes, et sur lequel on compte pour assurer notre
développement et notre croissance.
On se dit: D'abord, les 133 1/3 %. Lorsque le prix de l'or sera à
250 $ et qu'il n'y aura plus d'exploration, à ce moment-là, on
pourra peut-être penser à revenir à 166 2/3 %. Ce n'est pas
exclu. Mais, pour l'instant, quand le prix de l'or est à 450 $ US, c'est
presque 600 $ canadiens, c'est beaucoup d'argent, quand il y a beaucoup
d'activités, quand c'est introduit, quand c'est dans les moeurs, les
compagnies sont là et les juniors opèrent, on est capable de
vivre avec 133 1/3 %. Mais il faut se battre pour le maintenir à 133 1/3
%, compte tenu de la réforme fiscale américaine. Il faut se
battre pour le maintenir compte tenu de la pression d'autres industries au
Canada et au Québec qui veulent, elles aussi, avoir les 133 1/3 %. On
pense aux pêcheurs et à certaines activités de l'industrie
agricole. Peut-être ont-elles raison de le revendiquer. Je l'ignore. Tout
ce que je sais, c'est que moi, pour l'industrie minière, j'ai un acquis.
On a un acquis qui nous encourage à l'exploration, domaine très
coûteux et très très spéculatif, et on va le
maintenir à 133 1/3 %.
M. Claveau: M. le ministre, pour aujourd'hui, disons qu'on vous
laisse le bénéfice du doute. On aura sûrement l'occasion,
au cours d'une période semblable l'an prochain, de regarder le niveau
d'investissements dans l'exploration minière pour l'exercice 1988-1989.
À ce moment-là, on verra lequel de nous deux avait raison. J'ose
espérer que vous aurez raison, en toute honnêteté, parce
que je ne suis pas de ceux qui vont essayer, comme vous avez tenté de
l'insinuer, de mettre des bâtons dans les roues pour qu'on ait des
problèmes et que l'exploration minière décroisse au
Québec. Bien au contraire! Tout ce que nous voulons, c'est maintenir des
programmes pour s'assurer... Et vous êtes incapable, au moment où
on se parle - et vous l'avez dit au début - de nous assurer qu'en
1988-1989 le niveau d'investissements dans l'exploration se maintiendra en
croissance, ne serait-ce qu'au même niveau que 1987-1988. C'est ce que
l'on cherche et j'ose espérer et j'ose croire que vous avez raison et
j'ose également espérer que, dans un an, je pourrai vous dire: M.
le ministre, vous aviez raison. Mais, d'ici là, permettez-moi de rester
avec mes doutes qui sont aussi hautement partagés par l'ensemble des
intervenants dans le domaine de l'exploration minière, que ce soient les
gens qui travaillent comme prospecteurs sur le terrain, que ce soient les
propriétaires de petites compagnies de Diamond Drill, que ce soient les
juniors qui font des émissions d'obligations qui vont en financement par
actions accréditives, toutes ces gens sont hautement
préoccupées au moment où on se parle, quoi qu'en pense le
ministre. Quelles que soient les insinuations que ' le ministre peut vouloir
faire, je peux l'assurer que je suis passablement près de ces gens sur
le
terrain pour savoir ce qu'ils en pensent réellement en dehors du
"flattage" de bedaine des soupers officiels.
Changeons de sujet. J'aimerais qu'on parie du rapport de la CSST qui
devait être rendu public à 11 heures le 28 avril. Il est 12 h 15.
Donc, cela fait une heure et quinze que le rapport de la CSST sur l'accident de
Murdoch-ville doit être rendu public. Le ministre doit sûrement
être autorisé à nous en parler. Pourriez-vous nous
entretenir un peu sur le contenu de ce rapport? (12 h 15)
M. Savoie: Certainement. J'ai reçu copie du rapport hier
après-midi m'indiquant qu'il y avait un embargo jusqu'à
aujourd'hui, 11 heures, date où devait être déposé
le document de la CSST. Maintenant, je ne sais pas si cela a été
fait. Nous allons vérifier ce midi...
M. Claveau: Vous avez respecté votre embargo
jusqu'à 11 heures.
M. Savoie: Oui, mais je ne sais pas si effectivement la
conférence de presse a eu lieu. Si la conférence de presse, par
exemple, n'a pas eu lieu, ou si le dépôt du rapport n'a pas eu
lieu, à ce moment je serais en train de rendre public ce que la CSST n'a
pas voulu rendre public. Il y a peut-être eu un contretemps ce matin. Je
l'ignore.
Je demande au député d'Ungava de comprendre un peu la
situation dans laquelle je suis. Si effectivement le rapport a
été rendu public, il me fera plaisir de transmettre
immédiatement copie du rapport que j'ai en ma possession au
député d'Ungava qui pourra poser des questions cet
après-midi, s'il le juge opportun. Pour le moment, pour ma part, de
rendre public ce que je ne suis pas absolument certain qui a été
fait par la CSST me place dans une situation délicate et j'aimerais
autant attendre.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a moyen de vérifier si cela a
été fait au moment où on se parle, M. le
Président?
Le Président (M. Cannon): Vous comprendrez, M. le
député, qu'il n'appartient pas à votre humble serviteur
ici de faire la vérification. Il faut prendre la parole du ministre.
Infrastructures routières dans Ungava
M. Claveau: D'accord. Tout à l'heure, le ministre faisait
référence à une couple de petits bouts de chemin qui ont
été faits dans mon comté pour permettre l'accès de
certains territoires à l'exploration minière. Il se
réfère entre autres à un chemin qui relie deux secteurs
particuliers. Il a parlé du chemin de la route de la mine Joe Mann sur
laquelle il y avait déjà eu des interventions faites et où
il s'apprêtait à faire de nouvelles interventions dans la mesure
où des investissements seraient confirmés. S'agit-il là
d'une annonce formelle?
M. Savoie: Oui, oui.J'ai dit que si, effectivement, la
démonstration en était faite que c'était absolument dans
l'intérêt de l'industrie minière qu'on investisse encore de
nouveaux montants pour la partie sud de la route à laquelle vous faites
référence, on dépenserait effectivement de l'argent.
Je voudrais signaler au député d'Ungava que...
M. Claveau: Vous dites la partie sud? M. Savoie:Oui.
M. Claveau: Moi, je parle de la route reliant la 167 nord
à la mine Joe Mann.
M. Savoie: Oui. C'est cela. M. Claveau: C'est cela.
M. Savoie: II y a là un pont qui demande des fonds. Un
pont doit être refait.
M. Claveau: II y a 16 ou 17 kilomètres de fonds de chemin
à refaire.
M. Savoie: C'est cela, plus un pont. Maintenant, comme je vous
dis, là encore on doit s'asseoir et examiner la situation. On est
ouverts à ce genre de choses.
Je voudrais souligner au député d'Ungava qu'on a
déjà dépensé beaucoup d'argent pour les routes dans
cette région et que cette région va probablement en recevoir
encore davantage parce que c'est une région où il y a beaucoup
d'activités pour l'exploration et c'est une région en forte
croissance. Je pense, par exemple, à CasaBerardi qui est
également dans le comté d'Ungava où on a
dépensé le montant le plus important pour les infrastructures en.
1986 et en 1987.
M. Claveau: J'allais justement vous poser des questions sur
Casa-Berardi, bien que ce ne soit pas tout à fait de la même
région que la mine Joe Mann.
M. Savoie: Non, non, ce n'est pas la même région,
mais c'est également dans le comté du député et
c'est ce que j'ai mentionné. Alors, lorsque vous avez dit qu'on a
dépensé de l'argent sur quelques bouts de chemin, je pense qu'il
faudrait comprendre que le montant le plus substantiel qu'on a mis pour les
infrastructures, c'est dans le comté du député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, mais dans le coin de Casa-Berardi, cela faisait
partie de l'entente auxiliaire. Cela a été quelque chose de tout
à fait différent du chemin d'exploration.
M. Savoie: II reste néanmoins que c'est nous autres qui
l'administrons et il reste néanmoins que ce sont des montants
très importants.
On a dépensé énormément d'argent dans les
infrastructures. Je pense, par exemple, à la route de Fermont, je pense,
par exemple, à Casa-Berardi.
M. Claveau: C'est dans l'entente auxiliaire aussi.
M. Savoie: Je pense qu'il y a des routes qui doivent se faire au
nord de Chibougamau. Je pense à M. Ferderber qui va peut-être
déposer une demande pour une route pour mettre en développement
le gisement de platine qu'il a découvert entre Scnefferville et . Blue
Lake, je crois. Il y a énormément de demandes. Concernant votre
coin, il ne faudrait pas oublier aussi qu'entre la route 167 et la mine Joe
Mann, le ministère des Transports aussi doit intervenir. Ce n'est pas
uniquement une route qui appartient à Énergie et Ressources.
M. Claveau: II y a tout le dossier aussi qui est quand même
très relié, en plus d'être dans le comté d'Ungava,
au développement du secteur de La Sarre, la route de Villebois,
Selbaie-Joutel, il y a une entente qui a été faite au sommet
économique de l'Abitibi-Témiscamingue l'année
dernière. On en a rapidement parlé à l'occasion. Il y a
toujours une petite bribe qui sort ici et là. J'aimerais que le ministre
nous fasse le point sur la situation de ce dossier et nous dise qu'il entend
faire cette année dans ce dossier pour s'assurer qu'il avance le plus
rapidement possible.
M. Savoie: D'accord. Comme vous le savez, je suis allé
à Joutel il y a environ deux semaines, un samedi, relativement à
l'ouverture de l'aréna de Joutel. À ce moment-là, j'ai
discuté avec les intervenants, je leur ai dit: Avec les orientations
qu'on a eues au sommet, avec la mise à exécution des travaux
concernant cette route par le ministre des Transports, Marc-Yvan
Côté, je crois qu'il serait bon qu'on reçoive de la
région, de la part des gens de Joutel, de la part de la compagnie
à Selbaie et de la part des intervenants du côté de La
Sarre, le MER, par exemple, le commissaire industriel, qu'ils nous indiquent
eux-mêmes comment ils voient qu'on pourrait dépenser, dans quelles
priorités on doit dépenser les montants, puisqu'on n'a pas encore
eu cet avis. Je leur ai dit de nous le présenter. Je leur donnais, je
crois, un mois, 30 jours, pour faire cette présentation. J'ai dit: Faute
de quoi, nous, nous allons accorder des priorités et nous allons vous en
aviser.
M. Claveau: Et en aviser le député après
avoir pris votre décision ou avant?
M. Savoie: Je pense qu'il revient aux gens du milieu et non pas
au député...
M. Claveau: Qui est le représentant du milieu?
M. Savoie: Je crois que, lorsqu'on parle de la route
Selbaie-Joutel et ensuite de Seibaie-Villebois, les intervenants sont surtout
les gens qui demeurent là. Bien sûr, le député est
un représentant et on va tenir compte de ses orientations, mais je pense
qu'il est important, par exemple, de connaître l'opinion des compagnies
qui oeuvrent dans cette région. Je pense aux compagnies
forestières, Normick-Perron, entre autres, Selbaie, la compagnie
elle-même, le syndicat, les regroupements de travailleurs et
d'industriels qui oeuvrent dans cette région. Une autre compagnie
forestière dont le nom m'échappe pour l'instant, une compagnie
qui est à LaSarre et qui s'occupe de coupe et de transport de bois, elle
aussi doit être consultée dans ce dossier.
M. Claveau: En quoi, par exemple, les représentants de la
municipalité de la Baie-James peuvent-ils être
considérés comme des résidents ou des utilisateurs du
milieu?
M. Savoie: Parce que le président du territoire de la
Baie-James, lorsqu'on parle de Selbaie...
M. Claveau: II demeure à Amos, ce n'est pas tellement un
gars du milieu.
M. Savoie: Le président de la SDBJ est le responsable de
ce territoire. C'est l'individu...
M. Claveau: II ne représente pas plus le territoire que le
député peut le représenter.
M. Savoie: Non, non, je ne veux d'aucune façon porter
atteinte aux priorités que vous voulez donner, ni aux priorités
que vos commettants peuvent vous transmettre. Mais ce que je leur ai dit, c'est
que, pour nous, du gouvernement du Québec, pour savoir exactement
comment on doit dépenser l'argent accordé au sommet
socio-économique, il va falloir avoir un ordre de priorités. Je
pense que ce sont eux, les promoteurs, qui ont présenté le projet
au sommet socio-économique. Or, si je me rappelle bien, les promoteurs
dans ce dossier étaient M. Barrette, les gens de la SDBJ, les gens de
Perron, M. Bob Rice, de Selbaie, le syndicat de Joutel...
M. Claveau: Je me souviens très bien comment cela s'est
passé au sommet socio-économique.
M. Savoie: Ils ont présenté cette demande, ils ont
impliqué dans ce groupe le commissaire industriel de LaSarre qui
travaille très fort dans ce dossier. Et, si je me rappelle bien,
à la fin du
sommet socio-économique, j'ai pris la direction de ce dossier. Je
leur ai dit que...
M. Claveau: À la suite d'une intervention in extremis du
député, après une décision qui n'était pas
satisfaisante, à la demande du représentant de la localité
de Joutel.
M. Savoie: J'ai pris la direction de ce dossier. Je vous ai
demandé précisément si vous étiez prêt
à consacrer une partie des montants qui vous sont attribués et si
vous étiez prêt à donner priorité à cette
route. Vous avez indiqué que oui. J'ai ensuite demandé à
François Gen-dron, il m'a dit oui; j'ai demandé à Gilles
Baril, il m'a dit oui lui aussi. Je pense qu'on avait là un ensemble qui
faisait en sorte qu'on pouvait privilégier le développement de
cet axe routier, car il est important, il me semble, non seulement pour
l'extraction des richesses naturelles, mais pour le développement
à plus long terme de tout le secteur de l'Abitibi-Témiscamingue
et de l'Ungava qu'on est censés représenter.
M. Claveau: Autrement dit, vous essayez de faire dans ce dossier
ce que vous avez essayé de faire dans le dossier de l'aréna de
Joutel, c'est-à-dire ignorer complètement le travail du
député.
M. Savoie: Je ne vois pas où on en est. M. Claveau:
Vous voyez très bien.
M. Savoie: Pour ce qui est de l'aréna de Joutel, j'ai eu
une première rencontre avec les intervenants, au mois de janvier 1986;
ils m'ont demandé de les appuyer et je leur ai dit oui. Finalement, cela
a passé par tout le processus du sommet socio-économique et vous
étiez présent. Vous y avez certainement participé. Je
pense que la population est reconnaissante vis-à-vis de votre travail.
Si je me rappelle bien, non seulement j'ai reçu une plaque, mais je
crois que vous aussi en avez reçu une à Joutel, de la part des
citoyens, quand ils ont remis...
M. Claveau: Laquelle?
M. Savoie: Vous étiez là, vous étiez debout
à côté de moi.
M. Claveau: Laquelle? Je pourrais vous demander où est
accrochés la vôtre, mais, quant à la mienne, je peux vous
dire qu'elle n'était pas beaucoup plus grosse que ce qu'on appelle un
rien du tout. Non, non, on n'est pas la-dedans, sauf que je veux savoir
pourquoi, jusqu'à maintenant, vous avez tout fait pour tenir le
député à l'écart du dossier de la route
Villebois-Joutel-Selbaie?
M. Savoie: Je n'ai jamais voulu... Cette pensée...
M. Claveau: II n'y a jamais eu d'invitation transmise au
député pour participer à une rencontre...
M. Savoie: Non, non, non. M. Claveau:
...décela.
M. Savoie: II n'y a pas eu de rencontre jusqu'à
présent, M. le député d'Ungava. Je vous assure... Je
voudrais qu'une chose soit très claire, je n'ai jamais voulu vous
écarter de ce dossier, d'aucune façon. Aucun commentaire n'a
été fait...
M. Claveau: D'accord.
M. Savoie: ...je n'ai posé aucun geste dans ce
sens-là et, si vous avez eu cette impression, je m'en excuse totalement;
il est toujours mon intention de vous voir impliqué dans ce dossier.
D'ailleurs, quand j'ai fait mon intervention, la première personne avec
qui j'en ai discuté, c'est vous-même. J'ai dit que, pour la
réalisation de ce projet du sommet, cela demandait nécessairement
et avant tout...
M. Claveau: D'accord.
M. Savoie: ...la participation du député d'Ungava.
Si je me rappelle bien, vous avez pris la parole à ce moment-là
et vous avez dit que vous étiez d'accord avec cette orientation et que
oui, vous appuieriez cette orientation. Alors...
M. Claveau: Donc, cela veut dire qu'à l'avenir je peux
m'attendre à recevoir une invitation pour participer à toute
rencontre que vous pourriez avoir pour prendre une décision finale quant
à ce dossier.
M. Savoie: Cela va de soi, parce que je crois que c'est une
priorité.
M. Claveau: Cela n'allait pas de soi dans la première
réponse que vous m'avez donnée tout à l'heure, où
vous disiez que ce n'était pas trop l'affaire du
député.
M. Savoie: Non, je n'ai pas dit que ce n'était pas
l'affaire du député, j'ai dit que c'était l'affaire du
milieu aussi.
M. Claveau: Ah!
M. Savoie: C'est sûr que vous êtes un
représentant, comme moi, d'un milieu. Je ne voudrais jamais que vous
pensiez que je veux vous écarter de ce dossier, bien au contraire.
M. Claveau: Cela fait plaisir de le savoir.
M. Savoie: D'ailleurs, à chaque fois qu'il y a eu une
rencontre, avec le syndicat ou avec
d'autres...
M. Claveau: Je m'en vois réjoui.
M. Savoie: Je pense que souvent vous avez été
présent aux rencontres auxquelles j'ai participé. Je pense que,
justement, samedi prochain, on aura une rencontre à Matagami, si ma
mémoire est bonne.
M. Claveau: Oui, mais sur la Communauté de
développement.
M. Savoie: Sur l'industrie minière. Vous allez être
là, j'imagine.
M. Claveau: Oui, je vais être là, imaginez!
M. Savoie: Oui. Alors, ce serait peut-être une bonne
idée, à ce moment-là, pour vous, de vous assurer...
M. Claveau: Mais, contrairement à vous, je ne serai pas
qu'une présence politique de quelques minutes; je serai là toute
la journée du samedi et du dimanche.
M. Savoie: C'est dans votre comté, c'est bien.
Malheureusement...
M. Claveau: Vous ne pourrez pas dire que j'étais encore
à Québec.
M. Savoie: Non, non, cela va. Je n'ai pas voulu froisser vos
plumes, loin de là. Je pense que ce sera un moment opportun pour vous
pour aviser les intervenants concernant la route et leur dire: Écoutez,
lorsqu'il y aura une rencontre, vous m'inviterez parce que je veux être
présent. Moi, je ne sais pas si vous serez invité ou non. S'ils
organisent une rencontre et me disent: M. Savoie, il faut que vous soyez
là, telle heure, tel jour, je ne pense pas que ce soit dans mes
responsabilités de leur demander: Qui avez-vous invité et qui
n'avez-vous pas invité? Il serait peut-être bon que vous les
avisiez que vous voulez être présent pour la présentation
des priorités.
Je pense qu'on a toujours eu une bonne coopération dans la
région. Je me rappelle mes visites à Chapais et à
Chibougamau. On a eu des dîners et j'ai pris la peine de vous inviter. Je
me rappelle une première rencontre avec les maires de ce
temps-là, on parle du printemps 1986, vous avez été
invité à la table. Nous avons toujours pris grand souci de votre
présence et nous nous sommes toujours assurés que quelqu'un
s'occupe des dossiers qui vous tenaient à coeur pour y donner suite.
Quelqu'un de notre cabinet. Est-ce que cela va?
M. Claveau: M. le Président, je voudrais savoir si c'est
à 12 h 30 ou à 13 heures qu'on termine, avant de reprendre
à 16 heures?
Le Président (M. Cannon): 12 h 30, M. le
député, pour reprendre à 15 h 30.
M. Savoie: On pourrait peut-être avoir une question d'un
ministériel?
M. Claveau: Si le député a quelque chose de plus
intelligent à dire que mes propos, au dire du ministre, allez-y!
Le Président (M. Cannon): La parole est toujours à
vous, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Qu'on me laisse la parole, vous m'en voyez grandement
réjoui. Attendez, je vais me retrouver dans mes notes.
Le Président (M. Cannon): Je vous rappelle
qu'effectivement il vous reste deux minutes.
M. Claveau: On va finir sur une note un petit peu
différente, avant de reprendre, cet après-midi, peut-être
pour nous mettre dans le ton de ce qu'on va voir cet après-midi.
Dans le cahier que vous nous avez transmis, ministère de
l'Énergie et des Ressources, étude des crédits,
réponses aux demandes de renseignements de l'Opposition, il y a toute
une série, entre autres, trois pages, les pages 23, 24, 25 et 26 -
même cela fait presque quatre pages - où l'on parle de voyages qui
ont été effectués, pour toutes sortes de raisons, par le
ministère et lesreprésentants du ministère. On a
des voyages à Stockholm, à Norcross, U.S.A., Orléans,
Paris, Lyon, Buffalo, Lausanne, Est-ce qu'il existe des rapports de mission de
ces voyages? Est-ce qu'il y a une évaluation qui est faite de ces
voyages, qui permet de croire que cela risque d'être rentable pour le
Québec d'envoyer un ou deux individus comme cela, à l'occasion,
pour aller se promener à un symposium ou aller participer à un
souper conférence à l'autre bout du monde?
M. Roy (Onil): M. le ministre souhaite que je vous
réponde. Onil Roy. Ma réponse est courte et simple, c'est
oui.
M. Claveau: II y a des rapports sur tout cela.
M. Roy: Sur tous ces voyages-là. Remarquez que, sur
l'ensemble de la liste, on pourrait peut-être en trouver un pour une
raison ou pour une autre, mais, dans la très grande majorité des
cas, il s'agit, pour tous, de déplacements dans le cadre des
activités du ministère, la plupart effectués par des
scientifiques du ministère, pour des raisons tout à fait
pertinentes et qui font l'objet d'évaluations et, habituellement,
d'informations également auprès des autres professionnels qui
auraient pu trouver justifié de participer au même
événement mais, bien sûr, les coûts impliqués
nous amènent à limiter la présence aux
personnes qui sont les plus essentielles. M. Claveau: Je prends
par exemple...
Le Président (M. Cannon): M. le député, je
m'excuse. Il est maintenant midi trente et, selon les règles, nous
devons suspendre jusqu'à 15h30.
M. Savoie: Est-ce qu'on peut laisser nos documents ici? Est-ce
que cela est jugé sécuritaire ou est-ce qu'il vaut mieux les
apporter?
Le Président (M. Cannon): Vous pouvez peut-être
demander à la messagère de déposer les documents ici,
à l'arrière, pour autant qu'elle ait la clef.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 39)
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux
afin de procéder à l'étude des crédits du
ministère de l'Énergie et des Ressources, secteur des mines. Je
cède la parole au critique officiel de l'Opposition et
député d'Ungava.
La situation à Murdochville
M. Claveau: On ne critique pas, on questionne.
M. le Président, si vous permettez, pour recommencer nos travaux,
je vais revenir sur la question du rapport de la CSST à la suite de
l'accident mortel de Murdochville le 1er avril 1987, étant donné,
vérification faite, qu'on sait que la conférence de presse a bel
et bien eu lieu. Est-ce que le ministre est prêt à nous commenter
le rapport de la CSST?
M. Savoie: M. le Président, ce que je pourrais faire,
c'est de déposer une copie du rapport de la CSST portant sur l'accident
de Murdochville. Le rapport s'intitule "Rapport d'enquête sur l'incendie
survenu dans la mine souterraine à Murdochville." Et c'est daté
d'aujourd'hui.
M. Claveau: Je suppose que le ministre en a pris connaissance
puisqu'il lui a été déposé dès hier. Il
pourrait sûrement nous donner son point de vue sur le contenu de ce
rapport.
M. Savoie: M. le Président, j'ai reçu le rapport
hier et j'en ai fait lecture. Le député d'Ungava devrait savoir
que la sécurité dans les mines relève maintenant de la
CSST, donc du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu et non pas du ministre délégué aux Mines. Je vais
en faire de nouveau lecture. Je vais certainement en discuter, par la suite,
avec les fonctionnaires de mon ministère, de même qu'avec ceux de
la CSST avant d'émettre quelque commentaire que ce soit.
M. Claveau: Étant donné qu'on n'a toujours pas
copie du rapport, je vais quand même demander au ministre... Je sais que
dans le communiqué de presse qui accompagnait la conférence de
presse on faisait état d'un certain nombre de manquements qu'on
énumérait: signalisation, portes coupe-feu. Il y avait un certain
nombre d'éléments qui étaient considérés.
Est-ce que dans le rapport comme tel de la CSST on blâme la compagnie
pour cette négligence ou ne fait-on que faire des recommandations pour
que de telles choses ne se reproduisent plus?
M. Savoie: À ma connaissance, il n'y a pas de blâme
contre la compagnie. On soulève tout un ensemble
d'irrégularités et un certain nombre de constats ont entre autres
été fait. Je cite: "À divers égards, les faits
constatés ont influencé les conséquences de l'incendie sur
le convoyeur M-3." On indique que le système de protection contre
l'incendie installé sur le convoyeur n'a pas fonctionné, la valve
d'entrée d'eau étant fermée. On ne sait pas pourquoi cela
a été fermé; on ne sait pas pourquoi les roulettes ou la
roulette ont bloqué sous le convoyeur. Il y a un ensemble
d'éléments, donc les causes principales sont identifiées.
Mais on ignore les raisons des causes. On indique par la suite tout un ensemble
de mécanismes qui ont fait défaut. Le mécanisme de
détection des incendies n'a pas joué son rôle vu que son
déclenchement est indirectement relié au système d'eau. Un
autre mécanisme de protection, soit le disjoncteur 1256 à la
sous-station du 2200, a fait défaut. Un autre accident de parcours, je
suppose. Un mécanisme d'injection du gaz d'alarme dans la mine
souterraine n'a pas fonctionné adéquatement dans toutes les bases
de ventilation. La "monte-rie" abandonnée au 23-1 n'était pas
bloquée de façon à empêcher le passage de la
fumée. On relève tout un ensemble de détails, à la
suite du blocage du rouleau.
Il n'y a pas de blâme porté contre la compagnie, du moins
pas dans le rapport que j'ai devant moi. Tout ce qu'on dit, c'est qu'on demande
à Mines Gaspé de corriger immédiatement les lacunes
existantes dans la mine au moment de l'incendie, de mettre en place un
dispositif de surveillance et d'entretien préventif - on en nomme trois
ou quatre - et de mettre en place un programme de formation et d'information en
ce qui concerne les écri-teaux - apparemment, il manquait un
écriteau pour indiquer un endroit où le travailleur pourrait
s'alimenter en air en cas d'urgence - de façon que les travailleurs au
fond soient informés adéquatement des emplacements de source
d'alimentation en air en cas d'urgence.
Il y a un ensemble de recommandations
faites à la commission, mais, que je sache, et à moins que
ma lecture du rapport fasse défaut, on ne blâme pas encore la
compagnie Mines Gaspé.
M. Claveau: Est-ce que le ministre peut nous dire si, dans le
rapport, on retrouve quelque indication que ce soit quant aux
vérifications faites, selon les normes et les exigences de la CSST, sur
les équipements qu'il nous a mentionnés et qui ont curieusement
tous fait défaut en même temps? Est-ce que ces
équipements-là, selon la CSST, ont été
vérifiés selon leurs normes et exigences?
M. Savoie: Je ne pourrais pas vous dire à ce moment-ci.
Comme je l'ai indiqué au député d'Ungava tout à I
heure, la CSST relève d'un autre ministre. On se souviendra que la
sécurité dans les mines relevait du secteur des mines jusqu'en
1980 et que depuis l'accident de Bel-moral elle a été
transférée à la CSST. Évidemment, je vais me
renseigner. On va prendre des mesures, à la suite du dépôt
du rapport de la CSST, pour s'assurer que, d'une part, la loi et les
règlements seront à l'avenir respectés et, d'autre part,
que l'ensemble des recommandations soient distribuées aux autres
compagnies minières oeuvrant au Québec.
M. Claveau: Alors, le ministre nous dit qu'en ce qui le concerne
il va faire en sorte que la CSST s'assure que, partout dans l'ensemble des
mines au Québec, ces équipements-là fonctionnent bien de
façon que des choses semblables ne puissent se reproduire.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'il n'est pas de mon ressort de
vérifier l'état des systèmes de sécurité
dans les autres mines au Québec. Ce n'est pas de ma compétence.
Cela ne relève pas de mes fonctionnaires ni du secteur des mines. Cela
relève de la CSST. Alors, je répète: Cela ne relève
pas de ma compétence, cela ne relève ni de la compétence
de mes fonctionnaires, ni du secteur des mines. Cela relève de la CSST,
la Commission de la santé et de la sécurité du travail,
qui est chargée d'établir les normes de sécurité,
de veiller à l'application de ces normes de sécurité et de
faire les inspections nécessaires pour assurer que ces systèmes
de sécurité soient opérants. Alors, ce que nous avons
c'est un rapport de la CSST qui indique clairement les lacunes à la
réglementation et les problèmes en ce qui concerne les causes du
feu. À partir de cela, parce que c'est dans le secteur des mines, cela
m'intéresse et parce qu'il y a eu une perte de vie, on ne voudrait pas
que cela se répète. Dans ce sens-là, on va coopérer
avec la CSST et on va même voir à ce que la CSST ait
demandé au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu quelles mesures il va recommander, quelles étapes il va poser
auprès de la CSST pour s'assurer que cela ne se reproduira pas dans une
mine au Québec.
M. Claveau: C'est un dossier à suivre, M. le ministre.
Puisqu'on parle de Murdochville et que vous-même, dans votre
exposé d'ouverture ce matin, avez mentionné qu'on assistait
à une reprise ou qu'enfin on risquait d'assister à un
redémarrage de l'exploitation minière de Murdochville, est-ce que
vous pourriez en profiter pour faire le point là-dessus, nous dire
où cela en est rendu et, en même temps, nous expliquer d'une
façon plus globale et complète ce qui a été fait
jusqu'à maintenant, quel genre d'arrangement est intervenu entre les
travailleurs mis à pied de Murdochville et la compagnie Noranda?
M. Savoie: Pour ce qui est de la reprise des activités, la
compagnie a annoncé, je crois que c'est hier, qu'elle comptait injecter
20 000 000 $ pour l'achat de l'équipement nécessaire au
fonctionnement du convoyeur qui a été détruit par le feu.
J'imagine qu'à ce montant on doit ajouter les montants
nécessaires aux procédés d'écaillage qui ont eu
lieu depuis l'incendie, le 1er avril de l'an passé. La compagnie a dit
que ces achats étaient effectués dans le but de voir à ce
que les activités minières soient entamées de nouveau dans
les plus brefs délais, à deux conditions sujettes, toutefois:
d'une part, que le prix du cuivre se maintienne à un niveau acceptable
et, d'autre part, que les marchés soient toujours là et
existants.
M. Claveau: Où en sont les travaux actuellement?
M. Savoie: Les travaux d'écaillage ou les commandes pour
le convoyeur?
M. Claveau: L'ensemble des activités nécessaires
à la remise en production de la mine, M. le ministre.
M. Savoie: Le gros de l'écaillage, je crois, est
terminé. Il y a eu des travaux de faits concernant la
sécurité dans les galeries d'accès et la commande de
l'équipement pour le convoyeur dans les galeries je crois.
Évidemment, le tout est sujet à l'approbation du conseil
d'administration de Noranda, tel que stipulé dans le communiqué
de Mines Gaspé.
M. Claveau: Quelle est la participation exacte du gouvernement
dans cette activité?
M. Savoie: On n'a pas vraiment de position à prendre.
C'est une compagnie qui...
M. Claveau: Participation, ai-je demandé,
financière.
M. Savoie: La participation du gouvernement consiste en un
programme d'exploration conjoint avec Mines Gaspé dans la région
de Murdoch-
ville.
M. Claveau: D'exploration? M. Savoie: D'exploration.
M. Claveau: Et il n'y a pas de participation gouvernementale
à la remise en production de la mine?
M. Savoie: Non, il n'y aucune participation de la part du
gouvernement dans les 20 000 000 $.
M. Claveau: Comment se fait-il, M. le ministre, que cette
opération, absolument impensable il y a à peine un an, soit
devenue réalisable aujourd'hui? On se souvient que plusieurs dizaines de
millions de dollars de participation fédérale et provinciale
étaient sur la table il y a un an et Noranda disait que c'était
impossible, que ça allait coûter trop cher. Et, aujourd'hui, elle
serait capable, comme par enchantement, de le refaire toute seule et de
façon rentable?
M. Savoie: II n'y a jamais eu des dizaines de millions de dollars
d'argent sur la table de la part du gouvernement. Jamais.
M. Claveau: Voulez-vous nous répéter les chiffres
exacts? On a même parlé de 20 000 000 $ à 30 000 000 $
à un moment donné.
M. Savoie: La compagnie disait que, pour reprendre les
opérations, cela coûterait environ 30 000 000 $. Plusieurs
chiffres ont été avancés, mais, en gros, la participation
du gouvernement du Québec ne s'est jamais chiffrée dans les
dizaines de millions de dollars.
M. Claveau: Quels étaient les chiffres à ce
moment-là, le maximum qui était avancé par le gouvernement
du Québec?
M. Savoie: On n'a jamais vraiment avancé de chiffres. Il y
a eu des négociations, des rencontres, au cours desquelles Noranda nous
proposait, par exemple, d'assister dans le déboursé des frais
d'intérêts nécessaires à la réalisation des
opérations, mais ces frais d'intérêts étaient
très minimes.
M. Claveau: Je reviens à ma question. Comment se fait-il,
malgré une participation importante du gouvernement proposée
l'année dernière par les deux paliers de gouvernement, que
Noranda disait: II est absolument impossible et ce n'est pas rentable de
relancer la mine, on aime mieux laisser aller nos travailleurs: Mais,
tout-à-coup, comme par enchantement, à peine un an plus tard -
vous allez me dire que la situation du cuivre s'est un peu
améliorée, certes, mais ce n'est pas suffisant pour justifier de
tels investissements, pas plus que ce ne l'était l'année
dernière - Noranda est aujourd'hui en , position de faire
l'opération de mise en produc- ' tion sans aucune intervention
gouvernementale, comme vous nous le dites.
M. Savoie: Vous me posez une drôle de question. Vous posez
la question, vous donnez la réponse et vous dites que ce n'est pas la
réponse. Comment voulez-vous que je réponde à une telle
question?
Bien sûr, le facteur dominant, c'est le prix du cuivre. La
compagnie, durant novembre, décembre, janvier et jusqu'à
aujourd'hui, a gravement souffert de la fermeture de ses activités
minières parce que, au mois d'avril l'an passé, le prix du cuivre
était à environ 0,90 $ canadiens, 0,69 $ ou 0,70 $ US. À
ce moment-là, l'intérêt, la possibilité d'un gain
sur cinq ou six ans d'exploitation était minime. La situation
était très corsée. Mais depuis ce temps, et au fur et
à mesure qu'on procédait au nettoyage des galeries et aux
opérations souterraines, le prix du cuivre a subi une hausse
substantielle, atteignant jusqu'à 1,31 $ US, 1,40 $ US, même.
M. Claveau: Cela a beaucoup baissé depuis ce temps.
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: Cela a baissé depuis ce temps.
M. Savoie: Oui, oui, mais je disais qu'à son apogée
c'était de 1,30 $ US à 1,40 $ US. C'était vraiment un prix
exceptionnel, qu'on n'avait pas vu depuis une dizaine d'années. Comme
vous l'avez indiqué, cela a baissé de nouveau depuis. Je pense
que c'est un facteur. Même si le prix a baissé, il était
quand même assez élevé. Je pense qu'actuellement le prix du
cuivre est environ de 0,90 $ US. C'est quand même un bon prix
comparativement au prix de l'an passé à pareille date.
L'autre facteur est certainement le libre-échange, qui a
joué dans l'évaluation de la situation de la part de la
compagnie. Par exemple, une assistance financière du gouvernement du
Québec pour la mise en opération de la mine pourrait indiquer,
d'une part, que la compagnie puisse faire l'objet de poursuites de la part de
certaines compagnies aux États-Unis. D'autre part, j'imagine que la
compagnie Noranda s'est également dit: On a les ressources pour le
faire, le prix du cuivre est bon, 1987 a été une bonne
année, en bons citoyens corporatifs, on est capables d'entreprendre la
réouverture de cette mine sans assistance gouvernementale. Je pense que
c'est ce qui s'est produit.
J'imagine que ces trois facteurs mis ensemble ont fait en sorte que la
compagnie Noranda a assumé ses responsabilités d'elle-même
et a décidé de rouvrir la mine ou, en tout cas, de prendre cette
voie. La décision d'ouvrir la mine, bien sûr, une fois que tout
sera installé,
dépendra beaucoup du prix du cuivre. Je crois que c'est le
facteur déterminant pour la continuation ou non de l'exploitation.
M. Claveau: Est-ce que le ministre sait si le bon citoyen
corporatif Noranda a résolu la question de l'exploitation du gisement de
Mur-dochville qui se trouve en dessous de la ville et qui, selon le rapport
Roche de 1984, pourrait aller jusqu'à nécessiter le
déplacement d'une bonne partie de la ville de Murdochville afin d'en
assurer une exploitation rentable, entre autres pour éviter les
éboulements intérieurs, et éventuellement même
l'exploitation par le biais d'une opération de surface? Est-ce que ce
problème est résolu? On semblait dire, en 1984, que
l'exploitation dj gisement de Murdochville était nécessaire pour
assurer la viabilité à long terme de Mines Gaspé.
M. Savoie: Encore une fois, une question qui repose sur une
méconnaissance des plus profondes du dossier et que vous avez transmise
vous-même aux syndiqués de Murdochville, que j'ai pris beaucoup de
peine à corriger, une lumière fausse, malicieuse, même, je
devrais dire malhonnête, lorsque vous prétendez que la compagnie
Noranda a l'intention de déplacer une partie importante de la ville de
Murdochville.
M. Claveau: Ai-je prétendu cela, M. le Président?
J'ai demandé si l'exploitation du gisement de Murdochville qui se trouve
en dessous de la ville, ce qui, selon le rapport Roche, de 1984, pourrait
même aller jusqu'à obliger un déplacement de la
municipalité...
M. Savoie: Vous ne viendrez pas me "bullshiter" ici, vous, M. le
député d'Ungava. Vous savez que cette histoire-là est
fausse. Vous savez fort bien que c'est faux. C'est moi qui vous ai remis le
rapport Roche, à un moment donné, lorsqu'on en discutait. Vous
avez étudié ce document. C'est un document, je vous l'avais bien
signalé, qui avait fait l'objet d'une étude en 1983, lorsque les
opérations minières étaient arrêtées. Je vous
ai dit: C'est une hypothèse qui a été mise sur la table
à ce moment et que la compagnie a mise de côté en 1984
parce qu'elle a construit le convoyeur. On a passé tout ce débat.
Depuis un an et demi qu'on avait réglé ce dossier, en Chambre, si
ma mémoire est bonne, je vous avais bien indiqué, à ce
moment, que le rapport Roche faisait partie de l'hypothèse du creusage
d'un puits.
Cela a tout été mis de côté à cause de
l'installation du convoyeur, d'une part. D'autre part, le gisement auquel vous
faites référence, le gisement Murdoch, c'est le gisement "E", je
crois que c'est le gisement "E-36"...
M. Claveau: La zone "E", c'est autre chose.
M. Savoie: ... qui est bon pour à peu près cinq ans
va n'utiliser que le convoyeur. Je pense que cela a toujours été
clair dans l'esprit de la direction de Noranda. Cela a toujours
été clair dans l'esprit des travailleurs de Murdoch. Je crois que
vous avez commencé à semer ce doute, à partir
d'informations fort incomplètes, tout simplement pour faire de
l'agitation sociale. Lorsque je suis allé à Murdoch, j'ai mis mes
cartes sur la table. J'ai dit franchement aux travailleurs que cela n'avait ni
queue, ni tête et que ceux qui avaient propagé cela ne
propageaient que de l'agitation sociale, basée sur des mensonges.
M. Claveau: Alors, monsieur... (16 heures)
M. Savoie: À partir de ce moment, toute la question du
creusage d'un puits qui nécessiterait un coût de 20 000 000 $...
Comment voulez-vous creuser un puits qui va coûter au moins 20 000 000 $,
en chiffres de 1983, alors qu'on est en train d'installer tout un
système de convoyeur avec une courroie qui, lui aussi, va coûter
tout près de 20 000 000 $? On exploite une mine sur une
rentabilité assez serrée qui demande finalement de la très
fine administration. Je ne veux pas que ce débat soit soulevé de
nouveau car les travailleurs à Murdochville vont avoir un doute. Ceux
qui ne comprennent pas ou qui ne saisissent pas toutes les implications d'une
telle question vont avoir encore un doute et croire quelque chose qui est
totalement et entièrement faux. Si c'était la première
fois que vous me posiez la question, je serais beaucoup plus patient, mais vous
comprendrez que c'est la troisième ou la quatrième fois que
j'aborde cette question avec vous, en privé, en Chambre et en discutant
ensemble à d'autres occasions. Vous savez fort bien que toute la
question du puits... Le fameux rapport Roche a été fait en 1983
lorsque la mine était fermée. Ils ont regardé cela et ils
ont décidé de prendre une autre orientation. Ce dossier a
été mis de côté. Il n'est pas question pour les
officiers de Noranda d'entreprendre le fonçage d'un puits pour...
Le Président (M. Théorêt): Donc, si je
comprends bien, M. le ministre, ce rapport est tablette.
M. Claveau: Le ministre n'avait pas à faire toute cette
démonstration de mauvaise volonté de sa part pour répondre
à une question que je lui posais honnêtement. Il n'avait
qu'à dire les derniers mots qu'il vient de dire: Noranda a
décidé de prendre une autre orientation et il n'est pas question
de se référer à ce qu'il y a dans le rapport Roche, la
discussion est close. Alors, pourquoi fait-il lui-même de la basse
politique? Pourquoi accuse-t-il, entre autres... Lorsqu'il parle de propos
mensongers, M. le Président, je ne lui demanderai pas de retirer ses
paroles, parce que cela n'est pas...
M. Savoie: Bon, on va s'attendre...
M. Claveau: Laissez-moi finir. Ce n'est pas envers un
parlementaire qu'il dit cela. Ce ne sont pas des paroles de parlementaire
auxquelles il se réfère, mais bien aux paroles des gens de
Murdochville qui étaient extrêmement préoccupés par
cette situation lorsque je suis allé les rencontrer et, contrairement
aux allégations du ministre, ce n'est pas moi, en tant que
parlementaire, qui ai soulevé la question à Murdochville. Ce sont
les gens de Murdochville qui m'ont demandé de vérifier si
c'était bel et bien le cas. Je pose honnêtement la question au
ministre ici et il vient m'accuser de toutes sortes de choses
prétentieuses de sa part. Il fait les allégations les plus
mensongères et if ne répond pas à la question, finalement,
sinon lorsqu'enfin il me dit rapidement: C'est une hypothèse qui est
écartée. Cela pourrait amplement suffire. Il n'a pas à
m'insulter ni à insulter la population de Murdochville qui était
préoccupée par le rapport, parce que, quoi qu'en dise le
ministre, les gens de Murdochville connaissaient aussi le rapport Roche. Ce
n'est pas moi qui leur ai remis.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député d'Ungava, je pense que vous avez très bien fait
valoir vos arguments, tout comme le ministre dont la réponse
était bien claire, à savoir que la décision qui a
été prise, c'est de ne suivre d'aucune façon les
recommandations de ce rapport. J'apprécierais qu'on revienne à
l'étude des crédits,
M. Claveau: Oui, on va continuer à parler de Murdochville,
M. le Président. On sait que, l'année dernière, il y avait
un genre de différend entre le ministre délégué aux
Mines et le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche en ce qui
concerne l'exploration minière dans le parc de la Gaspésie.
Est-ce que le ministre peut confirmer aux membres de cette commission s'il a
réussi à faire valoir son point de vue au ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche qui disait que, quant à lui, jamais il
n'y aurait d'exploration minière dans le parc de la Gaspésie?
M. Savoie: Le but de mon intervention n'était pas de faire
valoir un point de vue auprès du ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche. Mon but était précisément d'examiner
toutes les possibilités relatives au développement
économique de la Gaspésie, entre autres la MRC Denis-Riverin qui,
comme vous le savez fort bien, est la MRC la plus pauvre du Québec dans
laquelle, au sud, se trouve le parc de la Gaspésie. Mon intervention
venait soulever la question de la possibilité d'ouvrir une partie du
parc à l'exploration, précisément avec les gens qu'on
vient tout juste de former au niveau des programmes d'exploration auxquels on a
fait référence ce matin. Je crois que la population de
Sainte-Anne-des-Monts a été sensibilisée à
cette question, qu'elle a été sympathique à cette
idée et je crois que ces programmes feront l'objet de discussions dans
le cadre du sommet socio-économique de la région du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. On va voir ce qui va en
ressortir.
M. Claveau: Le ministre nous dit qu'au moment où on se
parle il n'y a encore aucune décision de prise et les discussions en
sont où elles étaient à peu près à la
même date, l'an dernier, quant à l'exploration du parc de la
Gaspésie.
M. Savoie: Je crois qu'il s'agit d'abord et avant tout d'une
décision ou d'une discussion que doivent faire les intervenants
régionaux et, à ce moment-là, la région
décidera des orientations qu'elle devra prendre.
M. Claveau: On aura la chance de revenir là-dessus
après le sommet économique de la Gaspésie. J'aimerais
parler encore de la situation de Murdochville qui est très
intéressante, n'en déplaise au ministre.
Aide à l'exploration minérale
II nous a abondamment parlé, depuis ce matin, à moult
reprises, d'un cours de formation en exploration minière qui a
été donné. Je connais un peu le programme, c'est une
compagnie privée de l'Abitibi qui a donné cela, en collaboration
avec le ministère de l'Énergie et des Ressources, le MER-Mines.
Est-ce que le ministre peut nous parler de l'importance de ce programme, de la
façon dont cela est accueilli dans le milieu et quels sont les
résultats? Est-ce que, pour lui, c'est un projet valable? Est-ce que
c'est un projet qui pourrait être étendu à d'autres
régions du Québec?
M. Savoie: Vous voulez parler du programme d'assistance à
la prospection du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie.
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: C'est cela?
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: Le programme... Ah! Il s'agit...
M. Claveau: Avec la formation. Plus spécifiquement du
cours de formation qui a été donné...
M. Savoie: ...de prospection...
M. Claveau: ...à un groupe de gens...
M. Savoie: ...qui était donné...
M. Claveau: ...pour faire de la prospection.
M. Savoie: Rapidement, ce qui s'est produit, c'est que le
gouvernement fédéral avait proposé - je crois que c'est en
1983-1984, les premières propositions, si ma mémoire est
fidèle... On faisait en sorte de proposer un programme de cours de
prospecteur; cela permettait aux prospecteurs de recevoir une formation
adéquate et, ensuite, on pouvait payer une partie des frais de ces
prospecteurs, avec un revenu, je crois, de 50 $ par jour pour ceux qui
entreprenaient un programme de prospection en Bas-Saint-Laurent et en
Gaspésie. Les cours, d'une durée de six semaines, ont eu lieu
à Gaspé, à New Richmond; il y a eu deux cours à
Sainte-Anne-des-Monts. Je pense qu'il doit y avoir un cours à Rimouski.
Est-ce cela? C'est cela. Alors, il doit y avoir un cours à Rimouski, ce
printemps, à l'automne, je m'excuse. Je savais qu'il y avait...
M. Claveau: Est-ce que vous pourriez nous donner le nom de la
compagnie qui donne les cours?
M. Savoie: Ce n'est pas une compagnie qui donne le cours.
M. Claveau: Oui, oui, oui.
M. Savoie: Ce n'est pas une compagnie qui donne le cours, M. le
député d'Ungava. Le cours est donné en coopération
avec le cégep de Gaspé, celui de Rimouski et avec des
fonctionnaires du MER-Mines.
M. Claveau: Le Centre de formation et de développement de
l'exploration...
M. Savoie: D'accord. La première année... M.
Claveau: ...minière.
M. Savoie: On me dit que la première année il y
avait un groupe à but non lucratif qui s'appelait le CFDEM...
M. Claveau: Le Centre de formation et de développement de
l'exploration minière.
M. Savoie: C'est cela. Il a participé, en 1986...
M. Claveau: Qui est une corporation privée.
M. Savoie: En 1986.
M. Claveau: Qui est une corporation privée.
M. Savoie: Oui, c'est cela. C'est une corporation privée
à but non lucratif qui a été impliquée dans ce
processus. D'ailleurs, elle avait déjà donné des cours en
Abitibi.
M. Claveau: Oui, elle est située à Val-d'Or ou
à Rouyn. M. Savoie: À Rouyn. M. Claveau: Là
où je veux en venir, c'est:
Est-ce que les cours qui sont donnés par le CFDEM sont
considérés au ministère comme des cours
intéressants et qui pourraient être donnés dans d'autres
régions du Québec? Là, le ministre nous a parlé de
six semaines, mais, sans vouloir le démentir, il me semble que c'est un
programme d'une quinzaine de semaines, à peu près moitié
sur le terrain et moitié en cours; cela pourrait s'étendre
jusqu'à vingt semaines, selon les conditions. C'est assez variable et ce
sont des blocs variables qui sont négociés par régions et
par besoins.
M. Savoie: Ce qu'il faut comprendre, M. le député
d'Ungava, c'est que c'est un cours, une activité qui est financée
par le gouvernement fédéral. Et nous, du Québec, puisqu'il
s'agit d'un domaine de juridiction provinciale, il nous revient d'en assurer
l'exécution et, évidemment, les grandes orientations en ce qui
concerne cette exécution.
M. Claveau: Les programmes, à moins que mes informations
ne soient pas bonnes, du CFDEM, dans ce cas-là, se sont faits avec le
Centre de main-d'oeuvre du Canada. Ils peuvent se faire aussi conjointement
avec le financement des CFP ou les programmes d'éducation aux adultes du
ministère de l'Éducation.
M. Savoie: Si vous voulez en entendre parler plus longuement, on
pourrait peut-être demander à M. Bissonnette de vous...
M. Claveau: J'aimerais en entendre parler et j'aimerais savoir si
ce sont des cours qui pourraient être étendus à d'autres
régions du Québec, dans lesquelles les participants pourraient
jouir du même intérêt de la part du ministère des
Mines que celui dont ont pu bénéficier les gens qui y ont
participé dans le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie.
M. Savoie: Effectivement, les cours ont été
organisés par la Commission de l'assurance-chômage et par le
ministère de l'Éducation du Québec. La première
année, effectivement, les cours ont été donnés par
le CFDEM et, par la suite, les deux derniers cours ont été
donnés par le cégep de Gaspé. La formation est
donnée sur une période de six semaines. Il y a quatre cours de 20
personnes, ce qui fait environ 80 prospecteurs qui ont été
formés. Il y a un autre cours qui va se donner à Rimouski
l'automne prochain.
Le cours ne permet pas de faire des prospecteurs d'expérience,
mais cela permet de donner suffisamment d'informations pour, à tout le
moins, commencer à travailler avec une
assistance des gens du programme, que ce soit des fonctionnaires du
ministère ou des gens de techniques, des professionnels ou des
techniciens en ressources minérales engagés par l'Association des
prospecteurs gaspésiens, qui encadre ces prospecteurs.
Quant à savoir si le cours peut être adapté pour
d'autres régions, il y avait un contexte particulier en Gaspésie,
une volonté des gens du milieu qui n'avaient pas de travail et qui
voulaient se développer une activité dans un territoire
relativement près de chez eux. La demande a été
acheminée et on y a donné cette suite. Je pense que
conceptuellement cela pourrait sans doute s'appliquer à d'autres
régions du Québec.
M. Claveau: Actuellement, après quelques, mois, est-ce que
les résultats sont probants? Est-ce que les gens qui ont suivi des cours
sont effectivement restés sur le terrain?
M. Savoie: Les résultats ont été assez
surprenants, je dois le dire, au-delà même de nos
espérances. L'an dernier, au-delà de 80 prospecteurs sont
allés sur le terrain, y ont passé une partie importante de
l'été. Là-dessus, 26 projets sont passés... Selon
le programme, le volet 1 permet d'obtenir 50 $ par jour pour faire de la
prospection et le volet 2 permet d'obtenir jusqu'à 9500 $ pour faire la
mise en valeur de ces terrains. Il y a quand même 26 projets.
M. Claveau:...
M. Savoie: Ils sont là-dedans. Il faut quand même
penser que la période de prospection en Gaspésie n'est pas
tellement longue. Je pense que les résultats sont très bons.
M. Claveau: Cela va pour cela. Quant à parler des endroits
où on a de la difficulté avec les mines, parlons donc un peu de
Schefferville. Est-ce que le ministre délégué aux Mines,
tel qu'il le laissait entendre lors de la commission parlementaire de l'an
dernier, croit que Schefferville pourrait servir de relais ou de base de
départ pour la prospection dans la fosse du Labrador, dans la mesure
où il y aurait des indices aurifères et de platine suffisamment
intéressants? Il semblait nous dire ce matin qu'il y aurait une route
qui monterait là-bas. Est-ce que j'ai mal compris, sur le plan
géographique, pour le bout de route?
M. Savoie: Oui. C'est-à-dire qu'il y a eu une demande de
la part du directeur général de la fosse Platinum, qui m'a
posé la question à savoir si je serais intéressé
à participer aux coûts de construction d'une route vers les
nouveaux gisements identifiés.
M. Claveau: À partir du bout du chemin de fer, je suppose.
À Scheffervile même?
M. Savoie: Je suppose, oui. (16 h 15)
M. Claveau: Pour pouvoir, après cela, se véhiculer
dans la fosse du Labrador.
M. Savoie: Mais je dois dire, par exemple, au
député d'Ungava qu'il a eu beaucoup de difficulté à
ne pas sourire pendant qu'il posait sa question.
M. Claveau: Pourquoi?
M. Savoie: Bien, parce que j'avais moi aussi un grand sourire
quand il me parlait de cela.
M. Claveau: Comment?
M. Savoie: Je trouve que c'est un peu prématuré
encore. Mais je pense que ce qu'il a fait a été de me sonder
là-dessus. Je pense que ce qu'il veut savoir, c'est si le gouvernement
du Québec serait intéressé à participer à...
J'ai évidemment trouvé que c'était gros.
M. Claveau: Non, mais je vais revenir sur ma question. L'affaire
de la route était une petite parenthèse. Quelles sont les
véritables intentions du ministre délégué aux Mines
quant à ' l'avenir de Schefferville?
M. Savoie: Actuellement, quant à l'avenir de
Schefferville, ce qui se produit c'est que M. Bourbeau m'a avisé, il n'y
a pas tellement longtemps, que les négociations en ce qui concerne les
propriétaires privés sont en voie de règlement. Il m'a
laissé comprendre que c'était presque terminé. Une fois
l'opération de rachat terminée, ce seront les négociations
qui débuteront avec le gouvernement fédéral pour savoir
quelle partie de la municipalité de Schefferville sera
transférée au gouvernement fédéral à des
fins de réserves pour la communauté des Mon-tagnais.
M. Claveau: Est-ce qu'il reste des services à
Schefferville pour les prospecteurs qui vont passer l'été dans la
fosse de l'Ungava?
M. Savoie: Pour ce qui est des infrastructures, tel
l'aéroport, et les services semblables, je ne crois pas que ces services
fassent l'objet d'une négociation avec le gouvernement
fédéral pour le moment. Je pense que ce qu'on vise, c'est
plutôt un ensemble de maisons résidentielles avec quelques
structures commerciales qui pourraient être transférées aux
autochtones. Mais, pour le moment, certainement, le transfert au gouvernement
fédéral, par exemple, du sous-sol en tant que tel, de
l'aéroport, du bureau du ministère des Affaires sociales et
d'autres services connexes ne se fera probablement pas.
M. Claveau: Est-ce que les indices qui ont actuellement
été trouvés dans la fosse de l'Un-
gava permettent de croire qu'il y a des chances à plus ou moins
court terme d'assister à un nouveau boom minier ou, pour le moins,
à un embryon de développement minier, d'exploitation
minière dans la fosse du Labrador?
M. Savoie: Cela dépend, en bonne partie, à qui on
adresse cette question. Je pense qu'il y a eu l'année passée, en
1987, pour au-delà de 30 000 000 $ dépensés en exploration
pour la fosse du Labrador. Je pense que c'est même un petit peu plus
élevé que cela. Et il devrait y avoir, cette année encore,
un montant très important dépensé pour la fosse du
Labrador. Comme vous le savez, il existe des gisements connus de métaux
rares. Comme vous le savez aussi, le groupe Platine de M. Ferderber, qui
travaille dans la région de Blue Lake, a identifié des
réserves connues qui dépassent facilement 300 000 tonnes. Il y a
plusieurs dépôts qui sont des plus intéressants. Quant
à l'or, effectivement, il y a un petit peu de travail qui se fait pour
la recherche aurifère. Je ne sais pas si le Groupe Vior et Mazarin va
continuer ses efforts dans le gisement qu'on a eu l'occasion de visiter en
1986. Je sais qu'effectivement il y a de l'argent qui se dépense...
M. Claveau: II va leur falloir de l'argent pour 1988-1989.
M. Savoie: Oui, je sais. Mais c'est parce qu'il y a eu la
question des analyses. Je ne sais pas si les analyses ont été
rendues publiques. Peut-être que M. Caty aurait des informations à
ajouter qui pourraient intéresser le député d'Ungava.
M. Caty (Jean-Louis): Quant aux gîtes d'or à l'ouest
de Schefferville... On trouve de l'or un peu partout maintenant. Mais pas
encore en teneur et en tonnage nécessaire pour faire une mine. La
région est très grande et cela va prendre un certain nombre
d'années pour cerner un dépôt. Lorsqu'on parle de
dépôts de métaux usuels, cuivre et nickel en particulier,
cuivre et zinc, il y en a plusieurs dans la fosse du Labrador qui ont
été explorés un peu, mais jamais personne n'a osé
pousser l'histoire trop loin. Il y a un groupe qui travaille là-dessus.
Et, à l'ouest de Kuujjuaq, on a trouvé de l'or encore là
mais dans la fosse, pas à côté, dans la formation de fer,
dans des veines de quartz. Ces indices-là s'étendent sur
plusieurs kilomètres. C'est Noranda qui a cela et cela pourrait
éventuellement faire un gîte. Tout près de là, il y
a des gîtes de cuivre et zinc qui, s'ils étaient situés
à Chibou-gamau, seraient déjà minés. Cela donne
à peu près l'idée. C'est à l'entrepreneur de se
décider, de faire des petites activités et de sortir ce minerai
de là.
M. Claveau: Rapidement, sur le plan technique. Est-ce que vous
nous dites qu'habituellement vous trouvez de l'or un peu partout
disséminé dans la roche ou si vous avez identifié des
sites, des veines, avec une concentration d'or beaucoup plus importante?
M. Caty: On a identifié une grande zone à l'ouest
de Schefferville qui a environ un kilomètre de long, qui s'appelle le
monstre rouge, parce que le sol est rouge au-dessus. Dans cette zone, les
forages qui ont été faits l'an passé par Vior et Mazarin
rapportaient des épaisseurs assez intéressantes, avec des teneurs
de seulement un à deux grammes d'or. Un à deux grammes d'or, ce
n'est pas loin de ce qu'on recherche dans ce coin-là. On recherche
probablement sept à huit. Alors, cela peut être trouvé.
M. Claveau: D'accord. On va laisser ce sujet pour le moment.
M. Savoie: En conclusion, on pourrait dire: Beaucoup
d'activités où il n'y en avait pas du tout auparavant.
M. Claveau: D'accord, mais pas encore assez pour nous permettre
de dire que Schefferville est sauvée.
M. Savoie: Non, certainement pas.
M. Claveau: Bon. C'est ce qu'on voulait vous entendre dire, M. le
ministre.
Dans un tout autre ordre d'idées, vous vous souvenez
sûrement, M. le ministre, de votre présence à Chapais, en
juin 1987, lors d'événements à la mine Opémiska.
À ce moment-là, lorsque les mineurs sont sortis de sous terre,
vous aviez promis formellement qu'il y aurait une subvention d'aide qui serait
accordée prochainement pour permettre, précisément, que la
mine puisse assurer la continuité de ses activités d'exploration
et qu'on ne parle plus de fermeture à chaque fois qu'on entre en
période de négociation. Vous aviez dit que cette subvention, vous
la remettriez aux syndiqués qui avaient passé quelques jours sous
terre et qui, eux-mêmes, la remettraient à la compagnie. Cela fait
tout près d'un an et ils attendent toujours vos nouvelles.
M. Savoie: Ils n'attendront pas bien longtemps. Un instant.
M. Claveau: Cela devait être pour le mois de septembre.
À ce moment-là, on était en juin.
M. Savoie: Non, je n'ai jamais dit de date. Ce qui s'est
passé, c'est qu'avant que les mineurs sortent de sous terre j'avais dit
qu'effectivement je comprenais le geste des mineurs dans le sens qu'il
s'agissait d'un cri de désespoir et qu'ils ne sentaient pas que Chapais
avait un avenir. On avait déjà accordé des montants
à la compagnie Minnova pour faire de l'exploration et j'avais dit
qu'effectivement j'étais prêt, conjointement avec
la compagnie, à examiner un programme d'exploration important
pour la région de Chapais pour assurer la continuité des
activités des deux mines qu'exploite Minnova à Chapais. Alors,
conjointement avec le gouvernement fédéral, on a
déterminé un programme à même l'Entente auxiliaire
de développement minéral. Le tout a été
confirmé. Il y a déjà des montants de
dépensés conjointement avec la compagnie. Malheureusement, comme
vous le savez, il y a eu plusieurs étapes. Toutes les étapes sont
maintenant franchies. On est à la veille de faire une annonce et
j'attends uniquement une concordance d'horaire avec le ministre de
l'Énergie, des Mines et des Ressources, M. Masse, pour me rendre
à Chapais avec lui rencontrer à nouveau les mineurs et la
compagnie et exécuter la promesse que j'avais faite, l'année
passée, aux mineurs et aux gens de Chapais.
M. Claveau: Pouvez-vous nous parler un peu des délais qui
peuvent nous séparer d'un tel événement?
M. Savoie: J'espère être en mesure d'annoncer la
date lors de ma visite à Chibougamau, vendredi prochain.
M. Claveau: Le vendredi...
M. Savoie: On est en communication avec le syndicat et M.
Champion, de la CSN. On l'avise régulièrement. Il a suivi le
dossier de très près. Il est bien au courant de toutes les
étapes qu'on a vu se réaliser. Si on avait un peu plus de
collaboration des intervenants fédéraux, l'annonce pourrait se
faire beaucoup plus vite.
M. Claveau: Quand vous parlez de vendredi prochain, ce n'est pas
après demain.
M. Savoie: Vendredi prochain, ce n'est pas demain matin. C'est le
6 mai.
M. Claveau: Le 6 mai. Je vous pose la question parce que,
probablement à cause d'une erreur administrative, le bureau du
député n'a pas été avisé de votre
présence à Chibougamau, officiellement.
M. Savoie: Cela a été confirmé seulement
cette semaine. Tout cela a été confirmé, je pense, lundi
ou mardi. Je vous en ai avisé ce matin; je vous ai dit que je serais
dans la région de Chibougamau vendredi matin, qu'il y avait un
dîner d'affaires.
M. Claveau: Vous avez plutôt insinué ce matin que je
ne serais probablement pas là.
M. Savoie: Probablement aussi, oui. Mais cela ne nous
empêche pas de nous rencontrer si vous êtes à Chibougamau...
enfin, si vous n'êtes pas à Québec.
M. Claveau: Dans les subventions accordées au cours de
l'exercice 1987-1988 aux entreprises minières du Québec - la
liste n'est pas tellement longue cette année - à la page de la
ventilation des paiements de transfert pour l'aide à l'exploration
minière, à la page 292 du document déposé par le
ministère de l'Énergie et des Ressources... Je voulais justement
en profiter d'ailleurs pour vous signaler... Vous avez vu la teneur du document
et les explications qu'il contient sur chacun des petits programmes, c'est
quelque chose de presque semblable que je vous demande au niveau du
ministère des Affaires autochtones.
M. Savoie: J'aimerais souligner que les Affaires autochtones
n'administrent pas de programmes.
M. Claveau: Mais vous pourriez quand même nous expliquer ce
qui se passe dans les différentes interventions des différents
ministères. Cela dit, voulez-vous nous expliquer la teneur des trois
subventions versées à Murdochville, Chibougamau et Chapais dans
le cadre du programme d'aide à l'exploration minérale en
1987-1988.
M. Savoie: Ces montants-là... M. Claveau: À
la page 292.
M. Savoie: Oui, c'est cela. Je l'ai. L'assistance à
l'exploration minérale. Cela faisait partie des programmes d'aide qu'on
versait aux compagnies dans les programmes d'exploration pour 1987-1988. Il
s'agit de travaux sur les chantiers dans lesquels on intervenait. Alors, pour
Murdochville, vous avez un montant de 139 676 $. Cette somme est pour un
programme régulier d'exploration. Pour ce qui est de Camchib et Minnova,
on avait annoncé un programme de 2 500 000 $ pour les fins de
l'exploration pour Camchib et, pour ce qui est de Minnova, je crois qu'une
partie faisait partie de ce programme-là et une autre était un
programme régulier d'assistance.
M. Claveau: C'était le plan de relance 1986. Est-ce
exact?
M. Savoie: Oui, c'est un programme de relance qui
s'échelonnait en partie sur deux ans. Il comprenait les investissements
qu'on avait signalés pour encourager l'identification de nouveaux
gisements à Chapais-Chiboubamau.
M. Claveau: Dans le cas de Northgate-Patino, le rapport de
campagne nous a été déposé. Dans le cas de Minnova
et Camchib, on n'a jamais eu vent du rapport de la campagne d'exploration.
Est-ce que cela sera déposé?
M. Savoie: Les compagnies ont un délai de six mois
à compter de la fin des travaux pour
remettre leur rapport. Quant à nous, au gouvernement, il est
prévu dans l'entente qu'on ne peut pas remettre le rapport. Je ne sais
pas si les six mois sont écoulés. Les résultats ne sont
pas encore entrés. Il faut compter six mois après la fin des
travaux et, dès qu'ils seront connus, on les rendra publics.
M. Claveau: II faut croire que Northgate-Patino était plus
pressée que les autres parce que cela fait déjà presque un
an que c'est entré.
M. Savoie: Oui, mais ce qu'on faisait, c'est qu'on payait 50 %
des coûts et la compagnie payait l'autre 50 %. Chaque compagnie
intervenait selon ses capacités et selon ses possibilités.
M. Claveau: Ce sera la même chose pour Murdochville aussi.
Je suppose qu'on va avoir connaissance de la campagne.
M. Savoie: Je crois que Murdochville est un cas spécifique
dans le sens que c'est un programme régulier d'assistance.
C'était l'ancien programme d'exploration où on payait 50 % des
frais d'exploration sur le chantier jusqu'à concurrence de 500 000
$.
M. Claveau: Est-ce dans ce programme - je me permets de poser la
question parce que je ne l'ai pas vérifié - qu'on a des
crédits périmés de 2 200 000 $ cette année?
M. Savoie: Je n'ai pas compris votre question.
M. Claveau: On avait des crédits périmés de
l'ordre de 2 200 000 $...
M. Savoie: Oui, je suis très content que vous soyez revenu
sur toute la question des crédits périmés.
M. Claveau: Cela me fait plaisir aussi.
M. Savoie: Cela m'intéresse au plus haut point de revenir
et de corriger certaines des constatations que vous avez faites au
début. Je n'ai pas eu l'occasion ce matin, à cause de la question
du côté ministériel, d'intervenir sur votre question
concernant le fait qu'il y avait 2 000 000 $... On a sorti les données.
Si vous voulez patienter deux secondes, on va les trouver.
M. Claveau: Page 34. On n'avait pas beaucoup d'explications. (16
h 30)
M. Savoie: C'est moi qui les avais malheureusement. Je les avais
prises dans mes poches. Effectivement, vous avez souligné qu'il y avait
des crédits périmés pour 2 000 000 $ pour...
M. Claveau: L'exploration.
M. Savoie: En réalité, plus exactement, c'est qu'il
y a eu une compression de 442 000 $. Un montant de 550 000 $ a
été mis de côté pour la géo-information. Il y
a eu un retard dans l'informatique. Il y a eu un montant de 226 000 $ qui
était une prévision pour la Direction générale du
Nord-Ouest québécois. Les gens sont entrés en fonction
uniquement en 1988 et non en 1987. Il y avait un montant de 600 000 $ en
transit pour la fin de mars.
M. Claveau: En transit?
M. Savoie: Oui, en transit.
M. Claveau: II transitait vers où?
M. Savoie: Ce sont des péremptions probables,
c'est-à-dire que c'est un chiffre qui devrait entrer chez nous le 30
mai, vers la fin de mai.
J'ai mentionné le montant de 226 000 $. Le montant de 300 000 $
concernait Minnova où il y a effectivement un programme de 300 000 $ qui
a été remis à plus tard. Donc, les fonds n'ont pas
été utilisés.
M. Claveau: Et ils sont disparus. M. Savoie: Non.
M. Claveau: Ils ont tous transité vers le Conseil du
trésor.
M. Savoie: Ces fonds proviennent de l'EADM. Ils seront
réutilisables encore l'année prochaine.
M. Claveau: Mais est-ce qu'ils s'ajoutent au budget de 1988-1989
ou s'ils sont perdus dans le budget 1988-1989?
M. Savoie: Ils ne sont pas réutilisables.
M. Claveau: Ils ne sont pas réutilisables et ils
n'auraient pas pu être utilises à d'autres fins non plus au cours
de l'exercice 1987-1988.
M. Savoie: Non.
M. Claveau: Mais les compressions de 440 000 $, c'était
une commande du Trésor par la suite?
M. Savoie: C'est exact.
M. Claveau: On vous a dit: C'est bien dommage, mais... Et vous
vous avez dit, M. le ministre: Je l'enlève de l'exploration parce que
c'est là que cela va faire le moins mal.
M. Savoie: Excusez. Voulez-vous répéter?
M. Claveau: Vous avez dit: Je vais enlever
ce montant de 440 000 $ de mon budget d'exploration parce que c'est
là que cela va faire le moins mal.
M. Savoie: Ce n'est pas cela. C'est qu'au point de vue
administratif on nous demande de faire l'effort nécessaire, un effort
additionnel, et c'est redistribué au ministère. Donc, des
compressions de 442 000 $.
M. Claveau: C'est cela qui explique aussi...
M. Savoie: Maintenant, ce qu'il faut comprendre c'est qu'on
reçoit énormément de demandes. Il y a beaucoup de projets.
Les projets sont là et peuvent être complétés tant
à l'automne 1987 qu'au printemps 1988. Pour ce qui est de Minnova, ils
ont demandé que le programme soit repoussé à 1988. Donc,
les 300 000 $ seront toujours disponibles à Minnova, mais en 1988. Pour
ce qui est de la géo-information, évidemment, le retard
informatique n'était pas prévisible. Il y avait toute la question
de l'achat des ordinateurs.
M. Claveau: Mais là, vous allez faire cet achat
d'équipement sur le budget de 1988-1989.
M. Savoie: Oui, c'est cela, en 1988-1989.
M. Claveau: Cela veut dire qu'en plus de l'avoir perdu sur le
budget 1987-1988, il va falloir que vous le repreniez sur le budget
1988-1989.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: À l'exploration, une fois que vous avez
enlevé la gestion informatique et toute l'administration interne de
cela, combien reste-il d'argent qui va vraiment en transfert ou qui sert
spécifiquement à décaper de la roche sur le terrain et
à apprendre ce qu'il y a sous la mouse?
M. Savoie: Sur le terrain, 7 500 000 $, mais, de façon
générale, 10 000 000 $.
M. Claveau: Un montant de 10 000 000 $? M. Savoie:
Oui.
M. Claveau: Cela, c'est dans les opérations internes du
ministère.
M. Savoie: C'est cela. M. Claveau: D'accord.
M. Savoie: Évidemment, cela comprend le travail que fait
le ministère plus les contrats qu'on octroie.
M. Claveau: Plus les subventions qui sont données à
certaines compagnies.
M. Savoie: C'est cela, plus les contrats.
Réhabilitation des parcs à
résidus miniers
M. Claveau: Maintenant, en page 128, il y a un petit dossier
qu'il me semble, vaut la peine d'être soulevé au moment où
on se parle. En page 128, on voit que vous avez donné un contrat en
avril 1987, un début de contrat le 1er avril 1987 pour une étude
de 17-500 $ sur la réhabilitation des parcs à résidus
miniers. Pouvez-vous nous faire part des résultats de cette étude
et nous dire ce que vous entendez suivre comme politique de
réhabilitation des parcs à résidus miniers?
M. Savoie: D'accord.
M. Roy: Onil Roy. En fait, c'était un travail de
compilation des travaux ou des différents essais qui avaient
été faits dans le domaine. Tout cela sert à positionner un
peu les actions du ministère et des autres intervenants en
matière de rénovation des résidus. Ce travail a fait
l'objet de communications en région, d'un colloque en particulier,
conjointement avec le ministère de l'Environnement. Ce qui est
recherché, c'est une concertation des différents intervenants,
aussi bien les entreprises minières que le fédéral et que
le provincial, parce que chacun a sa partie de problèmes à
régler là-dedans. Il existe également un comité
fédéral-provincial-industrie qui, dans l'ensemble du Canada, se
penche sur toute cette question de la réhabilition des sites de
résidus miniers.
À la suite également du sommet de
l'Abiti-bi-Témiscamingue, il y a eu des travaux particuliers d'entrepris
sur des parcs qui sont sur des propriétés de la couronne afin de
les caractériser et d'élaborer un programme d'intervention qui,
lui, est prévu pour l'été prochain sur ces parcs
particuliers. Mais le gros de l'effort porte actuellement sur la
préparation d'un programme de recherche cohérent au niveau de
l'ensemble du Canada. C'est un sujet que les ministres des mines vont aborder
lors de leur prochaine réunion à Québec, en septembre
prochain.
M. Claveau: Oui, mais en gros, au moment où on se parie,
si vous pensez être en mesure de faire une intervention directe sur le
terrain dès l'été prochain, on peut supposer que vous
savez déjà passablement quel genre d'intervention vous allez
faire. Qu'est-ce qui va être fait concrètement pour
éliminer ce problème?
M. Roy: C'est-à-dire que, pour l'instant, c'est d'endiguer
les écoulements et de faire en sorte que cela n'endommage pas
l'environnement davantage. Il ne s'agit pas, pour l'instant,
d'apporter une solution définitive au problème, parce que
tous ceux qui sont concernés cherchent cette solution définitive.
Ce sont des travaux de recherche qui vont devoir s'étaler sur une
période assez longue. Pour l'instant, il y a des écoulements et
des brèches dans le parc à résidus qui doivent être
réparés de façon à conserver, à parer au
plus pressé, mais cela demeure pour l'instant des travaux de
caractérisation et de recherche d'une solution adéquate.
M. Claveau: N'y a-t-il pas une entreprise ou quelque chose de
semblable? Il me semble qu'il y a une entreprise qui a vu le jour
dernièrement en Abitibi ou dans le nord ontarien qui se donne comme
mission, justement, de recycler les parcs à résidus miniers par
le biais d'un genre de "dredge", de récupérer l'or qui peut
être récupérable là-dedans et en même temps
d'atténuer l'impact sur l'environnement. N'y a-t-il pas quelque chose
dans ce sens qui se fait dans l'entreprise privée?
M. Savoie: Moi je n'en connais pas, mais peut-être que M.
Caty est au courant.
M. Caty: II se fait des travaux présentement dans la
région de Timmins pour récupérer des résidus
aurifères, donc, simplement hydrauliquement, pour
récupérer le résidu et le traiter à nouveau. Mais
ils sont encore pris avec le premier déchet après. Le
déchet est toujours là, lui.
M. Claveau: Ils ne le traitent pas en même temps.
M. Caty: Ils prennent une partie de la pile à la fois et
le traitent, le transportent à l'usine, mais il faut qu'ils le
redéposent ailleurs. Tout ce qu'ils font, c'est recycler les anciens
déchets pour sortir le peu d'or qui reste. C'est la compagnie Giant, qui
est une compagnie australienne.
M. Claveau: D'accord, mais elle n'a pas dans son mandat, ou elle
ne se donne pas comme priorité en même temps de faire de
l'amélioration sur l'entreposage des résidus.
M. Caty: C'est une compagnie minière qui mine des
résidus. Elle va essayer de mettre cela en meilleur ordre qu'avant
mais...
M. Claveau: Cette compagnie a-t-elle demandé d'intervenir
au Québec déjà?
M. Caty: La compagnie Giant, c'est la Pamour, une compagnie qui,
présentement, travaille uniquement dans le nord de l'Ontario.
M. Claveau: Je vous remercie de l'information. Peut-être
que l'année prochaine on aura des développements
là-dessus. À la page 127, il y a un autre contrat qui a
été donné le 12 mars 1987 pour la préparation d'un
compte rendu d'uncolloque sur la sécurité minière:
prime au rendement versus les accidents et le maniement des BPC, tenu à
Val-d'Or, le 12 mars 1987. Est-ce qu'il y a moyen de savoir jusqu'à quel
point ce colloque était important, colloque pour lequel le
ministère a investi 1500 $, pour comprendre un peu mieux tout le
problème des accidents et des primes au rendement, les bonis,
communément appelés dans les mines? Est-ce que le ministre a une
position sur la forme de rémunération du boni versé aux
travailleurs?
M. Savoie: Croyez-vous qu'il y a une relation entre la
sécurité dans les mines et le boni?
M. Claveau: C'est à vous que je pose la question, vous
êtes ministre.
M. Savoie: On pourrait demander à M. Côté de
répondre.
M. Côté (Denis): Oui, je peux vous répondre.
Le centre de recherche minérale a entrepris des études, il y a
environ trois ans, pour établir s'il y avait une relation de cause
à effet entre la prime au rendement, la sécurité et la
santé des travailleurs. Au colloque dont on parle, il y avait deux
sujets, un sur la santé et la sécurité, le boni, et un
autre sur les BPC. Les deux ont été traités
séparément, chacun durant une demi-journée. Ce sont des
études que le centre fait en collaboration avec l'Association des mines
de métaux du Québec, ainsi que le Centre canadien de la
technologie et des minéraux, Canmet. Ces études sont
menées à l'Université Laval, elles sont encore en cours,
il y a des résultats préliminaires qui ont été
transmis lors du colloque qui a réuni une cinquantaine de personnes de
l'industrie. Présentement, les études se poursuivent et nous
devrions avoir des résultats d'ici un an.
M. Claveau: Je suppose que ces résultats vont être
rendus publics.
M. Côté (Denis): Oui, les résultats seront
rendus publics. Il y a beaucoup de personnes et d'organismes qui s'y
intéressent, les compagnies, les syndicats de même que la CSST et
l'IRSST.
M. Claveau: On va donc pouvoir en reparler éventuellement,
l'an prochain, aussi.
M. Côté (Denis): Le montant de 1500 $ est
allé au centre de recherche qui a été chargé de
l'organisation du colloque pour s'assurer que toutes les personnes
intéressées puissent se rencontrer en même temps.
Industrie de la tourbe
M. Claveau: D'accord. Je vous remercie de l'information. À
la page 125, il y a eu un contrat de 9875 $ accordé à La Tourbe
du Saint-Laurent pour évaluer les nouvelles méthodes d'ensachage
de la tourbe - on parle d'une technique européenne. Est-ce qu'il y a des
résultats concrets à ce sujet? D'abord, est-ce que c'est
spécifiquement dans le cadre des activités de La Tourbe du
Saint-Laurent Itée ou si c'est d'une façon globale pour
l'ensemble de l'industrie de la tourbe au Québec? Quels sont les
résultats de cette étude? Est-ce qu'on a dépensé 10
000 $ pour avancer plutôt que...
M. Savoie: Vous savez comment fonctionne l'ensachage de la
tourbe? Par exemple, la compagnie qui travaille actuellement à
Rivière-du-Loup a un processus...
M. Claveau: Bélanger?
M. Savoie: Oui, la compagnie de M. Bélanger a un processus
d'ensachage qui est automatisé et qui réduit
considérablement la manutention et les coûts. Pour cette
étude en particulier, je vais demander à M. Roy de
répondre. (16 h 45)
M. Roy: En fait, il s'agit tout simplement du programme que nous
administrons, qui est le programme des études
technico-économiques, en vertu duquel nous remboursons à
l'entreprise 50 % des coûts qu'elle encourt pour des études qui
sont de nature à améliorer sa productivité. C'est une
erreur administrative qu'il apparaisse sous cette forme parce que, en fait,
c'est une subvention sur une étude qu'a fait faire l'entreprise pour son
compte dans le cadre d'un objectif qui nous apparaissait valable et les
résultats lui appartiennent. Elle nous remet effectivement le rapport.
Je ne serais pas en mesure de vous dire à quelles conclusions elle en
est arrivée, mais je ne serais pas libre non plus de vous en
révéler la teneur dans la mesure où c'est une étude
qui est faite pour son compte.
M. Claveau: D'accord. Cela veut dire que La Tourbe du
Saint-Laurent a payé 50 % de la facture.
M. Roy: C'est cela.
M. Claveau: Dans le cadre de quel programme, s'il vous
plaît?
M. Roy: Le programme des études
technico-économiques.
M. Claveau: Qui relève...
M. Roy: Qui est un programme normé, administré par
le secteur des mines et dont l'objectif est essentiellement d'aider les entre-
prises à entreprendre la fabrication de nouveaux produits, à
améliorer leur méthode de production et à en
évaluer la faisabilité. Il y a un certain nombre d'entreprises
qui s'en prévalent chaque année.
M. Claveau: On retrouve les budgets de ce programme dans le cadre
du programme...
M. Roy: Dans le 10.2. M. Claveau: Le 10.2. M. Roy:
Le volet 10.2 du...
M. Claveau: D'accord, dans l'assistance à l'industrie
minérale. C'est-à-dire que, dans l'ensemble, ce programme est
conçu en fonction surtout des entreprises - en fait, tout ce qui
s'appelle matériaux de construction, pierre et ces choses-là - ou
si cela va dans l'ensemble de l'industrie minérale?
M. Roy: L'ensemble des intervenants y est admissible, mais c'est
un fait que probablement ceux qui l'utilisent davantage, ce sont ceux qui sont
dans le secteur des minéraux industriels parce qu'il y a une
étape de transformation plus poussée. Il s'agit aussi de petites
et moyennes entreprises qui ont davantage besoin d'un coup de pouce à ce
chapitre-là.
M. Claveau: Combien y a-t-il eu d'entreprises, en 1987-1988, qui
ont bénéficié de ce programme? À 10.2, on trouve
quand même un budget de 22 000 000 $; il y avait 28 000 000 $, mais on en
a périmé 5 700 000 $, donc il reste quand même 22 000 000 $
qui ont été dépensés. C'est vrai que cela comprend,
entre autres, la gestion des lois, mais, dans la partie de l'industrie
minérale, combien y a-t-il d'organismes ou de sociétés qui
ont bénéficié de ce programme?
M. Roy: Au chapitre du budget, c'est 800 000 $, qui est du
même ordre cette année, sauf que, dans le cadre de l'entente
auxiliaire, le fédéral a convenu d'y mettre une somme
équivalente. Généralement, c'est une dizaine d'entreprises
qui, bon an mal an, en profitent; cela varie de quelques milliers de dollars
à, occasionnellement, une centaine de milliers de dollars. Un des gros
projets qu'on a eus là-dessus a été, notamment,
l'évaluation de la possibilité d'utiliser la dolomie de la
Côte-Nord dans le cadre du projet Norsk Hydro. Il y a eu aussi un projet
d'une certaine importance relié à l'utilisation possible des
rejets d'amiante.
M. Claveau: La magnésite du mont Otis.
M. Roy: Alors, il y a eu un certain nombre de projets, une
dizaine, je pense, l'an passé.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie aimerait intervenir.
M. Cannon: Avec la permission de mon collègue, M. Roy,
à la question que vous posait le député d'Ungava, je ne
crois pas avoir compris la réponse, mais je me rappelle que sa question
était formulée de la façon suivante - peut-être que
vous pouvez m'éclairer: La technologie qui est développée
à l'intérieur de ce programme, donc à l'intérieur
des projets spécifiques, tel le projet dont on discute, est-ce que cette
technologie est disponible à l'ensemble de l'industrie ou est-ce qu'elle
est utilisée exclusivement par celui qui a
bénéficié du programme?
M. Roy: Elle est effectivement la propriété de
chacune des entreprises qui se prévaut du programme.
M. Cannon: D'accord.
M. Savoie: II faut souligner que celui qui
bénéficie du programme paie 50 % du coût aussi. Il paie 50
% et, nous, nous fournissons l'autre 50 % du coût. C'est souvent pour
avantager l'entreprise qui finance 50 %.
M. Cannon: Cette entreprise-là, La Tourbe du
Saint-Laurent, c'est Tourbières Premier Itée? Est-ce que c'est la
même entreprise?
M. Savoie: Non, je ne crois pas.
M. Cannon: Non, ce n'est pas la même.
M. Savoie: Je pense que Tourbières Premier Itée,
c'est une autre chose, cela appartient à Bélanger. C'est une
autre compagnie.
M. Cannon: C'est une autre compagnie. Je vous l'indique parce que
je sais que, dans le cas de l'autre compagnie, elle a
bénéficié d'un certain nombre de subventions dans le cadre
de son expansion industrielle; c'est un peu le fleuron de l'industrie
puisqu'elle exporte tout près de 90 % de sa production à
l'extérieur du Québec.
M. Savoie: Aux États-Unis, oui.
M. Cannon: Pour ceux qui s'occupent du commerce extérieur,
c'est intéressant.
M. Savoie: Effectivement, la tourbe et le granit
présentent énormément d'avantages pour le Québec.
Ce sont des facteurs qui sont en forte croissance.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce qu'il y a une démarche spéciale
ou des critères bien définis qui font qu'une entreprise peut
avoir accès à ce budget relativement limité de 800 000 $ -
même s'il risque d'être doublé l'an prochain? On parle d'une
dizaine d'entreprises par année, cela fait à peu près 80
000 $ par entreprise au maximum. C'est quand même assez limité.
Quels sont les critères qui président généralement
au choix d'une entreprise par rapport à une autre ou d'un projet par
rapport à un autre?
M. Savoie: Je pourrais demander à M. Godbout de
répondre, puisqu'il est responsable de ce secteur.
M. Godbout (Yvan): Les critères du choix d'un projet par
rapport a un autre?
M. Claveau: Sur quelle base évaluez-vous qu'un projet peut
être admissible au programme ou ne l'est pas?
M. Godbout: Avec ce programme, on cherche à promouvoir une
augmentation de la productivité, bien sûr. On essaie d'aider les
entreprises à faire des études de préfaisabilité,
et parfois de faisabilité, pour voir si un projet peut voir le jour. En
fait, avec ce programme, de temps en temps, on va aider les entreprises
à faire des études de marché pour voir s'il y a de la
place pour certains types de matériaux. C'est ce qui nous guide pour
accepter les projets.
M. Claveau: Est-ce qu'on retrouve, dans la liste des subventions
accordées au cours de l'exercice 1987-1986, qu'on a à la fin,
dans les dernières pages du document, les entreprises qui ont
bénéficié de ce programme?
M. Godbout: Oui, attendez un instant, je vais vous donner
exactement la page. C'est à la page 306.
M. Claveau: 306.
M. Godbout: Oui, des études
technico-économiques.
M. Claveau: D'accord. Ici, dans la liste, on fait
référence, justement, à Tourbières Premier
Itée, de Rivière-du-Loup.
M. Godbout: Oui. C'est un projet qui, en fait, concernait un
problème d'autocombustion des tourbes.
M. Claveau: On a une information à la page 125 sur le
projet de La Tourbe du Saint-Laurent Itée qu'on aurait normalement
dû retrouver dans cette liste-ci.
M. Godbout: C'est exact.
M. Claveau: Est-ce qu'il a été comptabilisé
aux deux endroits?
M. Godbout: Non, justement, un problème s'est produit dans
la confection du document. Celui de La Tourbe du Saint-Laurent ne devrait pas
apparaître dans le livre des crédits parce que c'est un projet qui
fait partie du budget de 1986-1987 et non de 1987-1988. C'est une erreur.
M. Claveau: D'accord. Donc, il y était déjà
l'année dernière ou il avait été oublié?
M. Godbout: C'est cela. C'est un projet qui date
déjà de l'autre exercice financier.
M. Claveau: Vous ne deviez pas balancer de 9875 $ au minimum.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: II y a aussi une information qui nous a quelque peu
surpris et j'aimerais savoir à quoi cela rime. Si vous me permettez
quelques secondes, on va le trouver, parce qu'il y en a quand même
plusieurs. Il y a un certain nombre de contrats ou de paiements inscrits
là-dedans, mais on se réfère à des engagements
antérieurs.
Honoraires pur rapport sur travaux de 1986
On dit, par exemple, aux pages 112, 113, 115 et suivantes, 119, 117, que
ce sont tous des contrats, des études, des versements, enfin, des
paiements qui sont liés ou identifiés comme étant des
honoraires pour rapport sur travaux de 1986. Est-ce que vous pourriez nous
expliquer ce que sont ces travaux et comment il se fait qu'on les ait
payés cette année?
M. Savoie: C'est pour les travaux d'exploration qui ont
été faits, je présume.
M. Claveau: Parce qu'aucune identification du travail n'a
été faite.
M. Savoie: M. Caty va vous expliquer cela. Je pense que c'est
assez évident.
M. Caty: C'est toute notre procédure de chef
d'équipe l'été par contractuels dont on avait
discuté à la dernière commission. On vous avait fourni des
documents expliquant comment on choisissait nos gens et tout le reste.
M. Claveau: Oui.
M. Caty: Les gens font le travail l'été et doivent
remettre un rapport final. Dans certains cas, les rapports finaux entrent avant
le 30 mars, mais, dans d'autres cas, pour d'autres projets plus gros, les
rapports entrent plus tard. Donc, c'est prévu sur l'année
budgétaire suivante. On décortique notre budget de cette
façon-là.
M. Claveau: Ils sont payés... Ce sont deux versements ou
deux paiements complètement différents?
M. Caty: C'est-à-dire qu'ils reçoivent un premier
paiement pour exécuter le travail et un deuxième paiement
lorsqu'ils remettent le rapport accepté.
M. Claveau: D'accord. Si on prend, juste à titre
d'exemple, le cas de M. Robert Marquis. D'accord?
M. Caty: Oui.
M. Claveau: Cartographie dans la région de Windsor: cette
année, 24 333 $ sur une possibilité de 25 000 $ - c'est quand
même assez juste. M. Marquis a eu cela cette année. Par contre, il
a été payé en même temps, je suppose, d'après
les explications que vous me donnez, pour un rapport qu'il a produit en cours
d'année sur un travail qu'il avait fait l'année dernière.
Ce rapport lui a rapporté - à la page 118 - 6300 $...
M. Caty: Oui.
M. Claveau: ...et puis, l'année prochaine, on va voir
réapparaître dans les crédits un autre montant de 6000 $ ou
7000 $ en versement à M. Marquis pour le rapport sur le travail qu'il a
fait en cours d'exercice?
M. Caty: C'est bien cela. Il ne faut pas oublier une chose, les
travaux d'été commencent pour nous le 1er juin à peu
près, quand la neige est complètement partie.
M. Claveau: Mais ils se terminent au mois de septembre ou
octobre?
M. Caty: C'est cela. Mais la personne, le chef d'équipe
est payé relativement cher. Il est payé aussi, en partie, pour
son rapport, même l'été. Nous retenons un montant, une
norme, en fonction de son salaire, de/ 5000 $ à 10 000 $, pour s'assurer
que le rapport final entre. Il peut entrer avant la fin de l'année
financière...
M. Claveau: Oui, mais il y a quand même une
procédure qui me semble un peu bizarre dans cette histoire-là. Ce
sont des contrats de 25 000 $ et moins, donc qui sont donnés sans
soumission. D'accord? Pour le même contrat, vous le payez en deux
versements différents répartis sur deux années
financières.
M. Caty: Oui.
M. Claveau: Cela veut dire que pour son contrat qui a
commencé le 27 mai 1987, M. Marquis a été payé sur
l'exercice financier de 1987-1988 et que ce contrat qui a déjà
coûté
24 333 $ va sûrement nous coûter, sur l'exercice financier
1988-1989, pour la remise du rapport, un autre montant de 5000 $ou6 000 $.
M. Caty: C'est cela.
M. Claveau: Cela veut dire que là on a un contrat de 30
000 $. On n'a plus un contrat de 25 000 $ et moins et on aurait dû aller
en soumission à ce moment-là. Ce n'est plus un contrat de moins
de 25 000 $.
M. Caty: C'est toute la procédure d'embauché des
chefs d'équipe. On en a discuté à la dernière
commission parlementaire et on vous a fourni les documents qui proviennent du
Conseil du trésor.
M. Claveau: Mais vous conviendrez que nous n'avions pas
parlé de cet aspect.
M. Caty: Pardon?
M. Claveau: Vous conviendrez que nous n'avions pas parlé
de cet aspect...
M. Caty: Non. Vous allez recevoir cette information
corrigée concernant le paiement.
M. Claveau: ...au moment des crédits. Mais vous êtes
d'accord avec moi pour dire que cela devient un contrat de plus de 30 000 $
même si on le paie sur deux années financières
différentes. À ce moment-là, on pourrait donner un contrat
de 500 000 $ à quelqu'un, le répartir sur dix années
financières et dire: Ce n'est pas grave, cela ne fait qu'un contrat de
10 000 $ par année. On n'a pas besoin d'aller en soumission.
M. Caty: Non, on ne va pas en soumission, on va en
dérogation au Conseil du trésor.
Le Président (M. Théorêt): Je vous rappelle,
M. le député d'Ungava, que l'étude des crédits se
termine dans trois minutes et qu'il faut adopter le programme 10. Donc...
M. Claveau: Quand je pense que M. le ministre se demandait
qu'est-ce qu'on allait faire pendant quatre heures. Vous voyez, on commence
à peine. On en aurait encore pour au moins dix heures afin de tout
comprendre.
M. Savoie:...
M. Claveau: Ah! si le ministre considère que les travaux
qu'on a faits ici, c'est une perte de temps, bien à lui. Ce sera
à la population d'en juger. (17 heures)
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Le député d'Ungava élève
la voix. Il a eu quatre heures aujourd'hui pour discuter de ces
choses-là. Parfois, il s'est laissé emporter dans un
échange de vues qui, évidemment, n'était peut-être
pas bénéfique pour faire avancer les dossiers, mais il a
certainement eu l'occasion de poser toutes les questions. C'est avec lui et son
leader que les quatre heures ont été négociées.
Alors, qu'il ne vienne pas, deux minutes avant la fin, dire: Mon Dou! c'est
épouvantable, je n'ai pas eu le temps de poser toutes mes questions.
Le Président (M. Théorêt): Vous avez fait le
point, M. le député de La Peltrie.
M. Claveau: J'espère aussi que le député de
La Peltrie va en profiter pour faire ses quelques commentaires sur les
réponses parfois abusives du ministre quant aux propos sur la
population, les prospecteurs, les gens de Murdochville, etc., qui nous ont
aussi fait perdre passablement de temps, vous en conviendrez.
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Une voix: ...performance du ministre...
Lé Président (M. Théorêt): À
l'ordre, s'il vous plaît! Cela dit, je mets fin aux questions concernant
l'étude des crédits et je demande l'adoption des crédits,
le programme 10, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce qu'on a droit à de brèves
remarques préliminaires, avant ou après?
Le Président (M. Théorêt): Après,
sûrement, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Après.
Une voix:...
M. Claveau: Finales, pardon.
Une voix: Le mot de la fin.
M. Claveau: Les crédits sont adoptés, qu'est-ce que
vous voulez, même si on est insatisfaits.
Le Président (M. Théorêt): Les crédits
sont adoptés.
Pour le mot de la fin, très brièvement, M. le
député d'Ungava et, ensuite, M. le ministre.
M. Claveau: M. le Président, c'est avec plaisir que j'ai
participé à cette discussion des crédits du secteur des
mines pour l'année 1988-1989. On a constaté qu'il n'y avait pas
grand changement par rapport aux années antérieures, qu'on s'en
va sur la ligne, la roue de force ou l'élan qui avait été
donné par le gouvernement
du Parti québécois et que tant et aussi longtemps qu'il
restera de l'énergie dans la roue de force, le ministère va
avancer. Mais on attend toujours que le ministre délégué
aux Mines se décide à redonner lui-même un bon coup pour
faire repartir les choses parce que, de l'élan, il n'y en aura pas tout
le temps.
Je tiens à remercier les fonctionnaires du ministère qui
ont prêté leur collaboration à cet exercice, a les
féliciter pour le travail qu'ils ont fait dans la préparation des
documents et à remercier le ministre quand même, malgré
certaines allégations qu'il a faites qui étaient très peu
"louangeables" par rapport à la population de certaines régions
du Québec. Qu'est-ce que vous voulez, le ministre aura, un jour ou
l'autre, à répondre de ses paroles et de ses gestes.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député...
M. Claveau: Je voudrais aussi saluer la délégation
du comté de Saint-Jacques qui est venue nous écouter
attentivement pendant les dernières minutes de cette commission
parlementaire.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre.
M. Savoie: M. le Président, je suis très heureux
que les crédits du secteur des mines soient adoptés. Je suis
heureux de constater que le député d'Ungava a pu réaliser
qu'une hausse de 24 % de la production minérale par rapport à
1986, qui a été révisée en 1987, est certainement
des plus louables. Il s'agit d'un progrès remarquable qui a eu un impact
important dans toutes les régions du Québec où est
concentré l'ensemble de l'industrie minière. Je crois que 1988
augure aussi très bien malgré un peu de faiblesse au chapitre de
l'exploration, surtout en raison de l'intervention du gouvernement
fédéral. Je pense que, dans son ensemble et certainement en bonne
partie à cause de la conjoncture économique et des orientations
que nous avons données au gouvernement, 1988 va s'annoncer une
excellente année et que l'ensemble de l'industrie minière va
grandement bénéficier de ces deux éléments.
Je crois qu'il me revient de remercier ceux et celles qui nous ont
accompagnés pour la présentation et cette rude épreuve
qu'est la défense des crédits, de remercier mes collègues
d'avoir assisté à tout cela et, également, les citoyens et
citoyennes du comté de Saint-Jacques qui ont cru bon de s'asseoir avec
nous pour les dernières minutes de cette défense des
crédits. J'espère que, l'année prochaine, l'exercice
pourra se répéter et que le député d'Ungava
tâchera de faire ses travaux et ses devoirs comme il se doit.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre.
Au nom des membres de la commission de l'économie et du travail,
je veux souhaiter la bienvenue à la forte délégation du
comté de Saint-Jacques et j'invite ses membres à rester avec
nous. Nous allons suspendre nos travaux pour quelques secondes seulement et
reprendre avec l'étude des crédits du secteur des
forêts.
Les travaux sont suspendus pour quelques secondes.
(Suspension de la séance à 17 h 5)
(Reprise à 17 h 10)
Secteur des forêts
Le Président (M. Théorêt): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux
pour procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Énergie et des Ressources,
secteur des forêts, soit les programmes 1 à 4, pour l'année
financière 1988-1989, tel que l'ordre de l'Assemblée en a
été donné le 30 mars 1988. Je vous rappelle que la
durée totale prévue est de deux heures. Nous terminerons donc,
après entente, à 19 heures.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a un
remplacement. M. Brassard (Lac-Saint-Jean) est remplacé par M. Desbiens
(Dubuc).
Le Président (M. Théorêt): II est de coutume,
si le ministre et le critique de l'Opposition officielle sont d'accord, de
procéder de la façon suivante, soit les remarques
préliminaires du ministre et, ensuite, celles du critique de
l'Opposition. Après, pour le reste de l'étude des crédits,
il y aura un échange entre les parlementaires pour l'adoption des
crédits à la toute fin. Est-ce que tout le monde est d'accord
avec cette procédure? M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Théorêt): M. le critique? Je
cède donc immédiatement la parole au ministre
délégué aux Forêts
Remarques préliminaires M. Albert
Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Qu'il me soit permis, en tout premier lieu, de saluer mes
collègues et les représentants de l'Opposition, avant de vous
faire un petit discours sur la présentation des crédits des
forêts et des activités forestières.
La tradition parlementaire veut que, chaque
année, tous les ministres du gouvernement se présentent en
commission parlementaire pour défendre les crédits de leur
ministère respectif. Pour un ministère à vocation
économique comme le mien, cette opération revêt
évidemment une double importance. D'abord, il s'agit de démontrer
aux citoyens et aux citoyennes du Québec, dont vous êtes ici les
représentants et représentantes, que leurs ressources sont
utilisées à bon escient, mais cela n'est pas suffisant dans mon
cas.
Au-delà des attentes légitimes de la population à
propos d'une saine gestion des ressources humaines, financières et
matérielles qui nous sont confiées, j'aimerais faire valoir
aujourd'hui, un peu comme mon coiiègue a commencé à le
faire tout à l'heure, l'importance des activités de mon
ministère . pour le développement économique du
Québec. C'est pourquoi j'aimerais d'abord vous parler de ce qui me tient
le plus à coeur après les personnes, et vous avez deviné,
c'est la forêt et l'économie. Ensuite, nous ferons un bref rappel
de la mise en place de la nouvelle loi sur les forêts en vigueur depuis
le 1er avril 1987. Pour terminer, je vous présenterai les principales
activités du ministère.
Le Québec, M. le Président, est avant tout une province
forestière. La forêt constitue certainement la ressource naturelle
la plus abondante et la plus utilisée. Elle a suscité une
industrie dynamique et florissante qui occupe le premier rang du secteur
manufacturier québécois pour la valeur de sa production et pour
celle de ses exportations. L'industrie forestière
québécoise expédie sur tous les continents du monde des
produits aussi bien traditionnels que nouveaux ou reliés à des
technologies très récentes. La forêt a été,
de tout temps, l'un des pôles essentiels de l'essor économique,
social et culturel du Québec. Facilement accessible et commercialement
exploitable sur la plus grande superficie de son territoire, la forêt
fournit aux industries une matière ligneuse de qualité
supérieure dont elle tire une multitude de produits. Pour l'illustrer
davantage, notons que le territoire québécois couvre près
de 1 700 000 kilomètres carrés. Près de la moitié
de cette superficie, soit l'équivalent des territoires de la
Suède et de la Norvège réunis, est
considérée comme un secteur forestier à potentiel
commercial. La forêt productive québécoise
représente 2,6 % de la superficie forestière mondiale et 18 % de
celle du Canada. Plus encore, le volume marchand brut de la forêt
productive accessible au Québec est estimé à plus de 3 000
000 000 de mètres cubes pour les essences résineuses et à
1 000 000 000 de mètres cubes pour les essences feuillues. Quant
à la possibilité annuelle, l'accessibilité le permettant,
elle s'établit à environ 32 500 000 mètres cubes pour les
essences résineuses et à plus de 15 000 000 de mètres
cubes pour les essences feuillues, pour un grand total de 47 500 000
mètres cubes.
La forêt québécoise regroupe 57 essences
forestières en termes de volume marchand. Elle compte 75 % de
résineux: épinette noire, épinette blanche, pin blanc,
mélèze laricin, sapin baumier, etc., et 25 % de feuillus:
érable, peuplier, hêtre à grandes feuilles, bouleau blanc,
bouleau jaune et autres. Cette composition très caractéristique
s'harmonise bien avec la demande mondiale en matière ligneuse qui
s'établit à 70 % pour les essences résineuses et à
30 % pour les essences feuillues. Si l'on considère les forêts
mondiales prises dans leur ensemble, cette proportion est inversée. On y
trouve en effet 65 % de feuillus et 35 % de résineux. Le Québec a
donc là un avantage comparatif international intéressant, surtout
si vous y ajoutez la qualité supérieure de nos fibres
résineuses. Ces fibres sont bien connues des industries du monde entier
et sont directement reliées aux conditions climatiques et
pédologiques du pays. Les utilisations, ressources et potentiels que
recèle le milieu forestier québécois sont fondamentaux
pour notre économie et notre qualité de vie. Mentionnons une
importance économique des activités telles que la chasse, la
pêche, le piégeage, l'observation de la nature, le tourisme et le
plein air, ainsi que la conservation et la protection de la qualité de
notre air, de nos sols et de notre eau.
Toutefois, vous me permettrez, M. le Président, de m'attarder sur
l'activité industrielle forestière. En effet, les industries de
pâtes et papiers et les industries de bois détiennent le premier
rang parmi les industries manufacturières québécoises au
point de vue économique avec 14 % des emplois directs, 16 % des salaires
versés, 22,6 % des exportations et 4,1 % du produit intérieur
brut. Le secteur forestier québécois regroupe 60 usines de
pâtes et papiers, 631 usines commerciales de bois de sciage
résineux et feuillu ainsi que de nombreuses autres de bardeaux, de
plaquage, de contre-plaqué, de panneaux agglomérés, de
poteaux, de bois de fuseau, de lattes, de charbon de bois, d'huiles
essentielles et de bois de chauffage. Ces activités occupent une place
prépondérante dans plusieurs régions. On estime en effet
à plus de 100 les municipalités québécoises qui
vivent à peu près exclusivement des activités
rattachées à la forêt.
De plus, le secteur forestier québécois et son effet
d'entraînement ont fourni globalement, avec une récolte de 30 700
000 mètres cubes en 1985-1986, 1 400 000 000 $ de revenu aux
gouvernements supérieurs, dont 839 000 000 $ pour le Québec et
616 000 000 $ pour le fédéral.
Sur l'ensemble du territoire québécois, le niveau de la
récolte en 1987-1988 aurait atteint 29 500 000 de mètres cubes de
bois, dont 23 000 000 de mètres cubes en forêts publiques et 6 500
000 mètres cubes en forêt privée, excluant le bois de
chauffage. En forêt publique, 21 000 000 de mètres cubes
étaient des résineaux et 2 000 000 de mètres cubes
étaient des feuillus. Les bois mis en marché par les producteurs
privés ont été distribués comme suit: 3 900 000
mètres cubes aux pâtes et papiers et 2 600 000
mètres cubes à l'industrie du bois de sciage, soit 4 700 000
mètres cubes pour les résineux et 1 800 000 pour les
feuillus.
Après s'être modernisée et améliorée
intensivement de 1979 à 1984 grâce au programme gouvernemental de
modernisation de l'industrie des pâtes et papiers et au programme de
consolidation et d'expansion de l'industrie du bois qui a débuté
en 1984 pour se terminer le 31 mars dernier, l'industrie forestière
québécoise a débuté, poursuivi ou finalisé
en 1987-1988 plusieurs investissements importants. Mentionnons, pour le
sous-secteur des pâtes et papiers, ceux de Domtar à Windsor, 1 000
000 000 $, à Dolbeau, 80 000 000 $, de Donohue à Clermont, 170
000 000 $, de Reed à Québec, 125 000 000 $, de Gaspésia
à Chandler, 113 000 000 $, de Cascades à Port-Cartier, 102 000
000 $, de Cascades encore à Jonquière, 30 000 000 $, de Kruger
à Bromptonville, 70 000 000 $, de CIP à Trois-Rivières, 48
000 000 $, de Consolidated Bathurst à Shawinigan, 45 000 000 $, de
Tembec à Témiscamingue, 24 000 000 $, et finalement de la
compagnie Saint-Raymond à Saint-Raymond, 5 000 000 $. Dans le
sous-secteur des panneaux, les investissements furent ceux de Normick-Chambord
à Chambord, 64 000 000 $, de Panfibre à Mont-Laurier, 50 000 000
$, et de PanVal à son usine de Sayabec, 6 000 000 $.
Cette année, d'autres investissements pourraient être
confirmés ou réalisés au niveau des panneaux tels que les
projets d'une nouvelle usine de panneaux gaufrés de Lanofor à
Saint-Michel-des-Saints, pour un montant de 68 000 000 $, et d'une usine de
production de formaldéhyde pour les panneaux-particules de Forpan
à Val-d'Or, de 11 000 000 $; pour les pâtes et papiers, les
projets de Donohue à Matane, dont on parle depuis plusieurs
années, et à Clermont, de 23 000 000 $, de Kruger à
Trois-Rivières, possiblement de 328 000 000 $, de Consol à
Grand-Mère, de 285 000 000 $, et de Tembec à
Témiscamingue, de 265 000 000 $.
Mentionnons que ces réalisations et ces projets se situent dans
un contexte socio-économique et politique nettement positif puisque le
secteur forestier a profité en 1987-1988 d'un contexte commercial
favorable tant pour le secteur des pâtes et papiers que pour l'industrie
du bois, dont particulièrement celle du sciage. En effet, la demande
pour les produits de ces industries a été très
élevée, générant alors une hausse substantielle des
prix payés aux transformateurs et une utilisation plus complète
de leur capacité de production. La rentabilité et la confiance du
secteur industriel forestier québécois se sont donc
consolidés et accrus en 1987-1988, permettant ainsi d'accroître
les investissements et de développer des projets d'investissement pour
les prochaines années.
L'imposition d'une taxe de 15 % sur les exportations de bois de sciage
québécois et canadien vers les États-Unis, les
négociations sur le libre-échange et la hausse de la valeur du
dollar canadien sont venues toutefois perturber le climat positif du secteur
forestier en créant une certaine incertitude et une hausse des
coûts à l'exportation de bois d'oeuvre vers les États-Unis.
Mis à part ces trois éléments, M. le Président,
l'industrie du bois de sciage au Québec a profité d'une
année 1987-1988 fort positive, dont un boom de la construction sans
précédent au Québec et au Canada et une stabilité
aux États-Unis. En effet, au Canada, les mises en chantier ont
dépassé le cap des 240 000 unités, soit un record depuis
1977, tandis qu'au Québec, celles-ci ont culminé à 74 000
unités, soit une hausse de 23 %. Aux États-Unis, les mises en
chantier se sont maintenues à un niveau élevé avec plus de
1 600 000 unités. Les usines de sciage canadiennes ont donc connu un
taux d'utilisation de 93 % alors qu'au Québec la production totale de
bois-d'oeuvre aurait atteint 12 000 000 de mètres cubes, ce qui
représente une hausse de 84 % par rapport à la production
atteinte lors du creux de 1982. Les prix, face à cette forte demande,
ont atteint quelques records en 1987. Ainsi, le prix du deux par quatre,
longueur assortie, classe no 1 et no 2, a atteint les 324 $ les 1000 pieds. Les
exportations outremer de bois d'oeuvre sont aussi passées de 96 000
mètres cubes en 1985 à 650 000 mètres cubes en 1987, ce
qui représente environ 100 000 000 $ de revenus pour les scieurs
québécois ainsi qu'un net effort positif pour réduire
notre dépendance face au marché des États-Unis. Les
exportations québécoises de bois d'oeuvre, 1 000 000 000 $ en
1985 ont toutefois maintenu leur importance relative de 23,8 % dans l'ensemble
des exportations de produits forestiers et de 5,4 % du total des exportations
du Québec. La production globale québécoise de bois de
sciage a aussi atteint un sommet en 1987 avec 5 009 000 000 de p.m.p. Les
usines de sciage du Québec qui ne fonctionnaient qu'à 71 % de
leur capacité de production en 1983 ont atteint près de 90 % en
1987. Les estimations des investissements totaux en immobilisations et en
réparations dans l'industrie du bois auraient atteint pour 1987
près de 20 000 000 $, soit 12,5 % des investissements canadiens à
ce chapitre sur un total de 953 000 000 $.
En 1987, le Québec comptait 60 usines de pâtes et papiers
ayant une capacité de production de 8 600 000 tonnes, dont 5 300 000
tonnes pour le seul papier journal. À la suite d'une forte demande, ce
sous-secteur industriel a fonctionné à près de 97 % de sa
capacité qui, alliée à une hausse des prix de la
pâte et de ses produits finis, a résulté en une
rentabilité fort intéressante. Toutefois, malgré des
exportations de 3 400 000 tonnes de papier journal en 1985, sur une production
de 4 000 000 tonnes, dont une hausse de 20 % entre 1975 et 1985, notre part du
marché mondial de pâtes et papiers régresse tout de
même continuellement depuis 1975 même si, en valeur absolue, nos
exporta-
tions s'accroissent d'année en année. La part des
expéditions québécoises de papier journal pour
consommation aux États-Unis est ainsi passée de 30,6 % en 1975
à 26,4 % en 1985. Les exportations québécoises de
pâtes et papiers maintiennent toutefois un niveau d'une importance
relative face aux exportations totales du Québec et relative aussi face
aux exportations totales de produits forestiers. Notons que, pour 1986, les
estimations déterminent que 26,7 % des dépenses en
immobilisations et réparations du total de l'industrie
manufacturière au Québec provenaient uniquement de l'industrie
des pâtes et papiers puisqu'elles auraient atteint 1 420 000 000 $ et
qu'en 1987 elles pourraient avoir été supérieures à
ce montant.
Comme vous pouvez le constater, le secteur industriel forestier est
très actif actuellement et les projets ne manquent pas. La nouvelle loi
et la simple logique m'obligent toutefois à respecter la
possibilité forestière et le rendement soutenu de nos
forêts. Le manque d'aménagement par le passé, les
coûts élevés pour accéder aux forêts
mûres situées surtout dans la zone nordique, la modernisation et
l'agrandissement de nos usines actuelles, la construction de nouvelles usines
ainsi que le développement d'une conception régionaliste de la
transformation des ressources, la faiblesse de nos budgets et le
dépérissement accéléré de nos forêts
constituent des variables qui compliquent et réduisent d'une
façon significative notre marge de manoeuvre et celle de l'industrie. La
négociation des contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier se fait donc dans un cadre très étroit.
Nous avons, en 1987-1988, réalisé la première
partie de la mise en place du régime forestier qui était aussi la
première des trois années de transition prévues pour sa
mise en place complète, incluant la signature de tous les contrats. Vous
comprendrez que cela a exigé des efforts énormes en termes de
conception, de consultation, de concertation, de négociation,
d'information et de promotion auprès de tous les intervenants du secteur
forestier. Que ce soit pour la réglementation prévue par la loi,
la rédaction et l'approbation du manuel d'aménagement et du
contrat type d'approvisionnement et d'aménagement forestier,
l'accélération du programme d'inventaire et des calculs de
possibilité, la préparation de scénarios pour le
dépôt des neuf premiers contrats soumis aux industriels tout
dernièrement, les négociations sur la surtaxe de 15 % pour nos
exportations de bois de sciage aux États-Unis, la tarification, etc.,
les fonctionnaires de mon ministère ont dû faire le maximum pour
atteindre les objectifs fixés dans les délais prévus et
ce, avec la collaboration très positive des intervenants
impliqués, et je tiens ici à les remercier tout
particulièrement de leur collaboration exceptionnelle.
En ce sens, l'année dernière, nous avons-tenu à
sensibiliser et à informer ces mêmes intervenants du nouveau
régime forestier, de ses exigences, de son contenu et de ses impacts.
Des séances d'information intensives ont ainsi été
réalisées avec tous les organismes publics et parapublics du
Québec et du gouvernement fédéral, avec l'industrie et les
coopératives, les syndicats, la CSST, avec le monde de
l'éducation et d'autres encore. Les représentants des
médias ont aussi été invités à s'impliquer
davantage pour expliquer le nouveau régime forestier et les changements
majeurs qu'il suscite et qu'il suscitera encore. (17 h 30)
En effet, il s'agit d'un projet de société qui
mérite que l'on y mette des efforts importants et la bonne
volonté nécessaire. Une collaboration positive de tous et de
toutes est alors requise si on veut assurer, d'une part, le
développement à perpétuité d'une forêt de
qualité et, d'autre part, la satisfaction des besoins fauniques,
écologiques, récréatifs, touristiques et, bien sûr,
industriels et socio-économiques de la collectivité
québécoise. Ce nouveau régime comporte les
caractéristiques suivantes: d'abord, un nouveau partage des
responsabilités entre l'État et l'industrie. En ce sens,
l'État québécois, par son ministère de
l'Énergie et des Ressources, fixe et contrôle les objectifs de
production qui sont intégrés au nouveau contrat
d'approvisionnement et d'aménagement qu'il signera au cours des
prochaines années avec chacune des usines intéressées
à obtenir une allocation de bois sur les terres publiques. Le
ministère, secteur des forêts, fixe, révise et
contrôle aussi le respect des normes d'intervention en milieu forestier,
en plus d'assurer la régénération des sites forestiers non
régénérés adéquatement au moment de la
signature des contrats. Il rend aussi disponible le manuel d'aménagement
qui régit les plans, les rapports d'aménagement et les
méthodes d'évaluation des effets des traitements sylvicoles. Il
continuera, en outre, à fournir gratuitement à l'industrie tous
les plans nécessaires à ses programmes de reboisement.
D'autre part, l'industrie se voit confier la planification, la
réalisation et le contrôle des travaux visant à respecter
les objectifs de production fixés dans les contrats. Le rendement
soutenu à perpétuité de la forêt doit ainsi
être assuré. La récolte devient aussi une partie
indissociable de l'aménagement forestier. La récente loi sur les
forêts a mis en place une tarification tout à fait nouvelle au
Québec pour les usines désirant obtenir du bois sur les
forêts publiques. Cette tarification est en effet basée sur la
valeur marchande du bois sur pied et elle s'applique depuis le 1er avril 1987.
Les droits payables en 1987-1988 n'étaient toutefois qu'à 70 % de
leur valeur réelle pour permettre à l'industrie d'effectuer une
transition moins difficile. Toutefois, depuis le 1er avril dernier, ces droits
payables sont à 100 % de leur valeur.
Le mandat de mon ministère, qui est de favoriser la conservation
et la mise en valeur du milieu forestier québécois, est
réalisé par de
multiples activités liées à la connaissance du
milieu, des intervenants et des technologies, à la protection et
à la mise en valeur forestière et au soutien du
développement industriel. Mon ministère s'emploie donc à
créer des conditions propices aux initiatives du secteur privé,
à les encadrer dans certains cas et à les contrôler,
surtout lorsque la forêt publique est impliquée. L'objectif
stratégique poursuivi est double, puisqu'il vise à assurer le
rendement soutenu par l'aménagement intensif de toutes nos forêts
et à assurer la polyvalence des potentiels, ressources et utilisation du
milieu forestier par des modalités d'intervention et par des
aménagements intégrés.
Permettez-moi maintenant, M. le Président et chers
collègues, de vous présenter très succinctement les
principales activités de mon ministère. L'une des
priorités du secteur consiste à s'assurer d'une
régénération adéquate de tous les sites forestiers
et à rechercher un accroissement de la productivité du milieu
forestier. En ce sens, mon ministère compte poursuivre la
réalisation du programme de reboisement amorcé en 1984. Il est
prévu d'atteindre 260 000 000 de plants en 1992, dont 10 000 000 de
plants feuillus. La croissance de ce programme se poursuivra donc.
Au chapitre de la production de plants à des fins de reboisement
en 1987-1988, le ministère a recueilli 3576 hectolitres de cônes
et favorisé la plantation de 186 000 000 de plants, dont 67 000 000 de
plants en forêt privée, soit une augmentation de 14 % par rapport
à l'année 1986-1987, et 119 000 000 de plants en forêt
publique, soit une augmentation de 25 % sur l'année
précédente. Le budget alloué à cette production en
1987-1988 a été de 39 600 000 $. Ces plants ont été
produits en 1987-1988 par huit pépinières gouvernementales et 21
pépinières appartenant au secteur privé. Les principaux
intervenants reliés à la production de plants dans le secteur
privé sont la Fédération des producteurs de bois du
Québec, les coopératives forestières, l'industrie
forestière et les producteurs indépendants. Durant l'exercice
financier 1987-1988, l'entreprise privée a livré 73 722 000
plants et les pépinières gouvernementales 114 951 000 plants,
soit respectivement 39 % et 61 % du volume total livré pour la
plantation en forêt. En 1988-1989, 235 000 000 de plants seront
reboisés, dont 156 000 000 en forêt publique. Le budget
prévu à ce chapitre est de 45 800 000 $, soit une hausse de 15,6
% pour 6 200 000 $.
En outre, sur les forêts publiques, près de 75 000 hectares
de terrain ont été préparés alors que 10 300
hectares ont été entretenus, comparativement à 7600
hectares en 1986-1987. D'autres travaux sylvicoles tels que la récolte
avec protection de la régénération, 40 000 hectares, la
récolte de jardinage, 13 000 hectares, la récolte par bande, 3200
hectares, et d'autres travaux ont été intensifiés cette
année en forêt publique. En fait, le budget global alloué
en 1987-1988 pour l'aménagement des forêts publiques a
été de 78 000 000 $. Le budget prévu pour 1988-1989 est de
95 500 000 $.
Mon ministère a aussi poursuivi ses efforts auprès des
propriétaires forestiers pour les inciter à faire la mise en
valeur de leurs boisés. En effet, compte tenu de la productivité
élevée des forêts privées du Québec, il est
très avantageux et recommandable pour la société
québécoise d'investir dans les forêts où le
rendement de la sylviculture est le meilleur. L'aide apportée aux
producteurs forestiers pendant l'année 1987-1988 a consisté
principalement en assistance technique, en soutien financier pour
l'exécution des travaux sylvicoles dans les forêts privées
et en octroi de près de 70 000 000 de plants d'arbres pour le
reboisement. Au total, le ministère a consacré près de 30
000 000 $ pour l'aide technique et financière aux propriétaires
forestiers pour l'exécution des travaux sylvicoles sur leurs
propriétés dans le cadre d'un budget global pour
l'aménagement des forêts privées de 34 500 000 $. Pour
1988-1989, il est prévu un montant de 43 700 000 $, soit une hausse de
26,8 % ou de 9 200 000 $.
Le statut de producteur forestier constitue la porte d'entrée des
différents programmes d'aide offerts aux propriétaires de
forêts privées du Québec. Après un peu plus de deux
ans et demi de sa mise en application, le statut de producteur forestier a
été accordé à plus de 16 500 propriétaires
forestiers au Québec, dont à peu près 6500 en 1987-1988
seulement. Un des avantages du statut du producteur forestier est le
remboursement de 85 % des taxes foncières payées pour les
superficies forestières enregistrées à un producteur
forestier actif. Au cours de l'année 1987, plus de 6800 producteurs
forestiers ont reçu un certificat aux fins de remboursement de taxes
foncières, ce qui pourrait permettre des remboursements de l'ordre de 1
500 000 $.
Le concours du mérite forestier a encore connu, cette
année, une grande popularité auprès des producteurs
forestiers privés puisque 649 personnes se sont inscrites. Toutefois, en
vue de reconnaître la grande diversité des intervenants
forestiers, d'améliorer les impacts de ce concours et d'en assurer une
plus grande cohérence avec le nouveau régime forestier, celui-ci
est en voie de révision.
Les coopératives forestières sont devenues, depuis
quelques années, un intervenant important dans la forêt publique.
Les 47 coopératives forestières actives au Québec que l'on
retrouve dans neuf régions administratives ont mis en terre 41 000 000
de plants en 1987-1988, soit une hausse de 28,8 % sur l'année
précédente. Les coopératives forestières ont
réalisé aussi des travaux préalables et la
préparation de terrains sur 27 316 hectares et d'autres travaux
d'aménagement, principalement d'éclaircie et de
dégagement, sur 7361 hectares. Pour ces deux catégories de
travaux, les hausses comparativement à
l'année précédente furent respectivement de 33,9 %
et de 36,6 %. Il est à souligner que plus de 90 % des travaux
d'aménagement effectués par les coopératives
forestières furent réalisés pour le ministère. En
1987-1988, les coopératives ont récolté plus de 3 000 000
de mètres cubes de bois. Celles-ci possédaient en tout, ou
majoritairement, huit usines de sciage et détenaient une participation
importante dans une usine de pâtes et papiers et une usine de panneaux
gaufrés. Finalement, sept coopératives ont été
impliquées avec le ministère dans la production de plants de
reboisement pour une livraison de 36 000 000 de plants annuellement.
Au chapitre de la recherche et du développement, je pense que
tout le monde est au courant des efforts que mon ministère
réalise depuis quelques mois au chapitre des études sur le
dépérissement des forêts, efforts qui doivent être
poursuivis en collaboration avec le ministère de l'Environnement, le
ministère de la Chasse et de la Pêche, efforts qui doivent
être poursuivis intensivement. Nous avons ainsi réalisé un
carrefour de la recherche forestière, carrefour qui a été
un franc succès pour favoriser le transfert technologique des chercheurs
vers les industriels et vers les utilisateurs. En 1987-1988, nous avons
disposé de 11 400 000 $ à ce chapitre, alors que pour 1988-1989
une somme de 12 100 000 $ est prévue, soit une hausse de 6,2 %. Pour
améliorer notre connaissance de la ressource et faciliter la
préparation des contrats d'approvisionnement, nous disposions d'un
budget de 8 700 000 $ en 1987-1988. Celui-ci devrait être haussé
de 40 % en 1988-1989 pour atteindre 12 200 000 $. Les données de ces
inventaires sont en effet essentielles au respect des délais
donnés par la loi pour la présentation de projets de contrats aux
industriels.
Concernant la protection, nous voulons poursuivre les transferts
d'expertise de la Société de conservation de l'Outaouais, la
détection et le combat des incendies forestiers vers les autres
sociétés régionales de conservation et maintenir notre
pression afin de réduire au minimum les pertes forestières
causées par les incendies ainsi que par les insectes et les maladies des
arbres. Globalement, ce programme devrait voir son budget augmenter de 47 %
cette année, passant de 21 700 000 $ en 1987-1988 à 31 800 000 $
en 1988-1989, puisque, en 1988-1989, certains crédits alloués
autrefois au ministère des Transports pour défrayer le coût
des avions-citernes ont été transférés au
ministère, secteur des forêts.
Le ministère poursuivra aussi son soutien au développement
de l'industrie forestière et aux études industrielles
particulièrement en offrant l'aide technique, l'aide administrative et
financière pour la consolidation, la modernisation ou l'implantation
d'usines ainsi que pour la fabrication de nouveaux produits. La recherche
appliquée, la prospection des investissements, l'expansion des
marchés et la détermination des besoins d'approvisionnement des
usines complètent nos interventions. Soulignons à ce titre que le
ministère privilégie le développement de programmes d'aide
financière horizontaux plutôt que sectoriels et qu'il favorise la
coparticipartion. Des organismes tels que l'OPDQ, la SDI, le CRIQ, l'UQTR,
l'Université Laval, Forintek, l'AMBSQ collaborent donc à ces
projets précis et le budget pour soutenir ces interventions
ministérielles a été de 8 000 000 $ en 1987-1988 et on
prévoit pour 1988-1989 près de 3 800 000 $, soit une baisse de 53
% uniquement due au parachèvement de certains programmes et projets. (17
h 45)
Relativement à l'application et au suivi de la loi 125 sur
l'aménagement du territoire et l'urbanisme, mon ministère va
continuer à émettre des avis sur 97 schémas
d'aménagement, adaptés ou modifiés à ce jour par
les MRC et les communautés urbaines et régionales, et à
discuter avec celles-ci de ce que pourraient être leurs fonctions en
matière d'aménagement forestier dans le contexte de l'application
de la loi. En outre, nous maintiendrons notre implication, conjointement avec
le ministère de l'Environnement, en vue d'élaborer une politique
très importante d'utilisation des pesticides en milieu forestier de
façon à encadrer le recours aux produits chimiques et biologiques
conformément à la nouvelle Loi sur les pesticides.
Il faudra, en outre, tant pour l'État que pour le secteur
privé, adapter nos programmes de formation, de perfectionnement et de
recyclage de l'actuelle et de la future main-d'oeuvre forestière si on
veut que la demande de travailleurs et de travailleuses qualifiés en
forêt soit comblée par une offre non seulement suffisante en
quantité, mais aussi en qualité.
Le changement des mentalités, tant dans la population que chez
les forestiers, gestionnaires privés ou publics, ne sera pas, non plus,
chose aisée, mais il est nécessaire d'y apporter une attention
concrète. En outre, une révision des procédures,
techniques, méthodes et équipements utilisés dans les
régions et dans l'aménagement des forêts devra permettre
une réévaluation en profondeur d'habitudes peut-être
dépassées, inadéquates ou insuffisamment efficaces. Le
virage technologique forestier sera étudié, adapté et
intégré à court terme à la mise en valeur de nos
ressources forestières. Cette future expertise devrait, par ailleurs,
tout comme elle l'est dans le domaine des grands projets
énergétiques du Québec, être exportable et rentable
pour notre société et les compagnies qui voudront bien s'y lancer
sérieusement.
En terminant, M. le Président, je suis convaincu que les
priorités et les objectifs du secteur des forêts du
ministère vont influencer positivement les perspectives
économiques globales du Québec en passant par celles du secteur
forestier. C'est ainsi que les 1530 employés du secteur des forêts
du ministère vont travailler en concertation avec tous les intervenants
du milieu, ceci étant appuyé par des
crédits de 327 800 000 $ que je vous demande d'approuver pour
l'exercice 1988-1989. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
ministre. Connaissant l'importance du secteur forestier dans l'économie
du Québec et avec la complicité ou, devrais-je dire, la
tolérance du critique de l'Opposition, je ne vous ai pas interrompu.
Mais je dois porter à votre attention que vous avez
dépassé de plus de quinze minutes le temps qui vous était
alloué. De ce fait, la présidence, qui sera assumée par
mon collègue, le député de Labelle, pour la fin de
l'étude des crédits, devra en tenir compte et allouer à
l'Opposition le temps supplémentaire que vous avez pris.
Cela dit, je cède la parole au critique de l'Opposition et
député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président.
M. Cannon: Excusez-moi, M. le Président, sur une question
de règlement.
Le Président (M. Théorêt): M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Je n'ai pas tout à fait compris ce que vous
avez dit. Vous voulez partager le temps 50-50?
Le Président (M. Théorêt): Non, il n'y a pas
de partage du temps 50-50. Comme vous le savez, lors de l'étude des
crédits, ce sont strictement des ententes tacites qui ne sont pas
évaluées en pourcentage de temps donné, mais en toute
objectivité. Étant donné la collaboration dont le
député et critique de l'Opposition a fait preuve pour permettre
au ministre de prendre quinze minutes de plus pour terminer ses remarques
préliminaires, la présidence qui va me succéder en prendra
note et en tiendra compte.
M. Cannon: Oui, mais je tiens aussi à rappeler à la
présidence qu'en vertu de l'article 209 de notre règlement, si
une question est posée au ministre, le ministre a le plein droit de
prendre un temps de parole ne dépassant pas 20 minutes. Je tiens
à ce que cela soit clair.
Le Président (M. Théorêt): II n'y a aucun
doute là-dessus et vous n'avez pas à rappeler à la
présidence que le ministre peut intervenir en tout temps et prendre le
temps qui lui est alloué durant toute l'étude des
crédits.
M. Cannon: Merci.
Le Président (M. Théorêt): Cela dit, M. le
critique de l'Opposition et député de Dubuc.
M. Desbiens: Le ministre peut prendre le temps de relire, s'il le
veut, le livre des crédits.
Je vous remercie, M. le Président. Je salue M. le ministre et ses
fonctionnaires qui l'accompagnent. Je crois que l'actuel ministre
délégué aux Forêts est l'un des ministres qui sont
conscients de l'importance et de la valeur de la forêt
québécoise, et de tout ce qu'elle peut entraîner au point
de vue économique. J'ai beaucoup aimé l'entendre dire qu'il
soulignait l'importance de plus en plus grande que cela peut représenter
aussi au point de vue écologique, récréatif et touristique
étant donné que je suis aussi impliqué à titre de
critique dans un ministère connexe qui a déjà des
relations, au moins par le cordon du Guide des modalités d'intervention
en milieu forestier. Je n'ai pas l'intention de faire un discours
d'intervention comme tel, mais plutôt de consacrer le temps mis à
notre disposition pour essayer de clarifier certains éléments
à l'intérieur des programmes que le ministre a à
administrer.
Gestion de la forêt
Ma première question sera d'ordre très
général et eite concerne les crédits
périmés. Le ministre a environ 10 000 000 $ de crédits
périmés. Peut-il nous donner des explications brèves ou de
20 minutes, comme le suggère le député? Vous nous avez
fourni des renseignements supplémentaires dans le cahier des
renseignements que vous nous avez fait parvenir. Vous avez des crédits
périmés sur une feuille qui regroupe tous les
éléments, c'est à la page 32, en fait, dans le cahier des
renseignements supplémentaires.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, plusieurs de ces programmes sont des programmes sur
demande. Évidemment, c'est difficile de faire les transferts au fur et
à mesure qu'on s'en aperçoit parce que souvent rendu à la
fin des travaux, on a changé de saison. Vous savez que certains travaux
se font toujours à l'été ou à l'automne, mais,
à l'hiver, il y a certains travaux qu'on ne peut plus faire. En plus,
dans la préoccupation d'aider à contrôler le déficit
du Québec, évidemment, on n'a pas fait d'efforts pour aller plus
loin que nécessaire dans certains domaines, mais, comme je vous le dis,
certains programmes sont sur demande et ils sont conditionnels aux saisons. Les
transferts de l'un à l'autre ne sont pas faits et on n'a pas
cherché à les faire pour contribuer à contrôler le
déficit de la province. J'en ai un en mémoire qui ne s'est pas
fait, M. le Président. Nous avions convenu d'allouer 500 000 $ à
l'Université Laval pour la construction d'une annexe à la
Faculté de foresterie et de géodésie. À la demande
de l'université, cette dépense a été
reportée à cette année. Cela fait partie des montants
périmés que vous avez à la page 33 des réponses
qu'on vous a fournies.
M. Desbiens: Est-ce que le ministre pour-
rait, quand même, préciser davantage concernant
l'élément 5 du programme 1, Direction du secteur forêt et
administration régionale? Cela représente, quand même, 10,8
% des crédits.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est aussi dans
l'effort de contrôler les dépenses. Vous savez, il a fallu aller
dans les secteurs où on avait beaucoup d'argent, beaucoup
d'opérations. C'est 10,8 % du total, mais c'est un secteur qui, dans
l'ensemble du ministère, exige beaucoup du budget. Mais cela comprend
10,8 % des crédits périmés. Dans l'ensemble,
l'administration régionale, secteur des forêts, accapare beaucoup
d'argent du budget.
M. Desbiens: je ne crois pas que le ministre réponde
vraiment à ma question. Les 10,8 %, à moins que je n'aie mal
compris, représentent 10,8 % des crédits alloués pour cet
élément, 10,8 % des crédits non utilisés qui lui
étaient alloués pour 1987-1988 à l'élément
5. Ce n'est pas 10,8 % de l'ensemble des crédits
périmés.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On me dit que les
799 000 $ qui sont là comprennent les 500 000 $ dont j'ai parié
pour l'université.
M. Desbiens: Ah! C'est dans ce programme. Ah bon!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et on a
coupé surtout du côté administratif plutôt que du
côté du service à la clientèle. Le montant de 500
000 $ serait inclus là-dedans.
M. Desbiens: D'accord. Je croyais que c'était à la
recherche et au développement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. Ce n'est pas
la recherche et le développement de l'industrie forestière. Cette
contribution à la Faculté de foresterie doit se faire
conjointement avec le ministère de l'Éducation qui contribuera
également pour 500 000 $. C'est un projet de 4 000 000 $ pour
l'Université Laval.
M. Desbiens: Je vous remercie. Programme 1, élément
1, recherche et développement, justement.
Recherche et développement
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tout ce que j'ai
à souligner dans cet élément... Oui, allez.
M. Desbiens: Je voulais poser une question qui me
préoccupe. C'est peut-être ce que vous alliez me dire de toute
façon, mais en tout cas. Il y a 13 000 000 $ pour la recherche et le
développement. Il y a 2 400 000 $ qui sont alloués à la
recherche externe. Cela représente, quand même, 20 % des
crédits alloués. Est-ce que c'est une proportion qui se
répète? Par exemple, au cours des trois dernières
années, seriez-vous en mesure de m'indiquer quels étaient les
pourcentages de la recherche externe?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est à peu
près dans les mêmes pourcentages depuis trois ans pour la
recherche externe et, vous savez, souvent ce sont des travaux qui se font
pendant deux, trois ou quatre ans. Il faut les poursuivre. On se maintient
à peu près dans la même proportion avec la recherche
interne et externe depuis trois ans.
M. Desbiens: D'accord. Au tableau 1 de la page F-20, en
matière de recherche toujours, bien sûr, on constate que la
principale augmentation de 51,7 % est consacrée à direction et
services de soutien. Pouvez-vous me donner des explications au sujet de ce
phénomène?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une question
de présentation, M. le député. À la suite de la
demande du vérificateur interne, nous avons regroupé toutes les
dépenses en informatique dans les services de soutien. Ce regroupement
ainsi que les améliorations des services de support logistique, de
même que l'accroissement du personnel occasionnel ont amené cette
augmentation des dépenses. Le vérificateur interne nous a
demandé de tout regrouper à cet endroit.
M. Desbiens: Autrement dit, ce sont des crédits qui ont
été enlevés ailleurs. Est-ce que c'est cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une
présentation, oui, c'est un regroupement.
M. Desbiens: En gros?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela, en
gros, oui.
M. Desbiens: Ce sont des transferts de crédits d'un
élément à un autre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, un
regroupement de services et de dépenses, mais ils étaient
déjà dans le secteur total de recherche et développement.
Ils ont été regroupés à cet endroit. C'est pourquoi
on a une augmentation de 53 % et une augmentation moindre dans d'autres
secteurs; dans l'écologie et l'inventaire, on a seulement 1,6 % et, dans
amélioration des forêts, on a 3,9 %. On arrive à
celui-là; parce qu'il y a eu regroupement, il paraît plus
important, mais c'était là avant.
M. Desbiens: Alors, au sujet du conseil de la recherche, dans le
décret 240-88, du 24 février 1988, qui instituait le conseil, il
y a des organismes qui ont été nommés au sein du conseil
dès le départ, mais d'autres sont prévus
et le règlement permet, évidemment, qu'il y en ait
d'autres, comme on le voit à la partie 2 du règlement. On dit que
le conseil pourra, à l'avenir, inviter d'autres organismes
gouvernementaux ou paragouvemementaux - organismes d'enseignement, de recherche
dans l'industrie forestière, des forêts privées - à
devenir membres. Est-ce que c'est l'intention du ministre d'inviter d'autres
organismes à faire partie du conseil? Peut-être pour
préciser ma question, je constate que, dans le premier groupe de membres
qui ont été nommés, il y a le Service canadien des
forêts, l'Université Laval, l'Université du Québec,
l'industrie forestière, etc. Je ne vois aucun groupe environnemental,
par exemple. (18 heures)
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, c'est que le Conseil de la recherche forestière va
être formé. Le conseil va s'organiser avec un conseil
d'administration et jugera par lui-même, parce que cela va être un
organisme indépendant. Le ministre va en faire partie au même
titre que les autres, mais il ne sera pas dirigé par le ministre ou par
le ministère. Le conseil d'administration du Conseil de la recherche
forestière pourra inviter d'autres groupes à en faire partie et,
comme vous le mentionnez, peut-être aussi des groupes voués
à l'environnement, à la faune. Ce sera le choix du Conseil de la
recherche forestière, par le biais de son conseil d'administration.
M. Desbiens: Au moment où on se parle, le conseil est
formé à partir des membres qu'on retrouve au décret.
Actuellement, la composition est faite; elle est...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est tout
récent, M. le député.
M. Desbiens: Oui, je le sais.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les membres qui
sont mentionnés là n'ont pas encore reçu toutes les
autorisations voulues de leur compagnie, de leur patron ou de leurs
autorités. C'est en route, cela se fait actuellement. Il nous faut
attendre que le conseil soit en place, qu'il forme son conseil d'administration
pour inviter, s'il le juge à propos, d'autres intervenants ou d'autres
organismes voués à l'environnement, à la faune ou à
d'autres activités connexes à la forêt.
M. Desbiens: Alors, ce sont les membres initiaux du
conseil...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Desbiens: ...qui feront une invitation, possiblement, à
d'autres...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Desbiens: ...organismes de se joindre à eux. Est-ce
cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et je vous dirai
que j'ai déjà reçu des demandes d'adhésion au
Conseil de la recherche forestière d'autres organismes. Je les renvoie,
justement, à ce conseil qui sera formé,
éventuellement.
M. Desbiens: Peut-être une autre petite question
là-dessus. Toujours dans le décret, on dit, relativement au
financement, que "le conseil est financé par la cotisation annuelle".
C'est une cotisation annuelle qui est payée par les organismes ou par le
gouvernement, par le ministère?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Par les membres du
conseil, au prorata de leur représentation. Ce n'est pas
entièrement payé par le ministère. Le ministère
sera un membre du conseil et il paiera sa quote-part. Les autres membres
devront payer leur quote-part au prorata de leur représentation.
Ce n'est pas gratuit, vous savez; autrement, le Conseil de la recherche
forestière s'étendrait à tous les Québécois
et à toutes les Québécoises.
M. Desbiens: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Tout le monde
voudrait en faire partie.
M. Desbiens: Dans le cas du ministère de l'Énergie
et des Ressources, secteur des forêts...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Desbiens: ...quelle est votre part de cotisation?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela va être
déterminé par le conseil d'administration, mais on évalue
notre quote-part entre 10 000 $ et 20 000 $.
M. Desbiens: Au départ.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au
départ.
M. Desbiens: Cela va, merci.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'aimerais
ajouter, M. le député, que des organismes d'enseignement et
peut-être certaines personnes qui font partie du conseil, selon les
décisions du conseil, pourront payer seulement une quote-part
symbolique. Mais tout cela sera géré par le conseil
d'administration du Conseil de la recherche forestière.
Planification de l'utilisation
M. Desbiens: Merci. L'élément 2 du programme 1,
sujet, la comptabilité forestière. À la page F-23,
deuxième paragraphe, on parle d'une réflexion sur l'actualisation
du processus de la
comptabilité forestière en regard du nouveau régime
forestier et d'une consultation des différents intervenants. Est-ce
terminé? Avez-vous déjà des résultats ?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Enfin, c'est en
cours actuellement.
M. Desbiens: C'est en cours.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est en cours
actuellement. C'est une réflexion qui se fait parce qu'on voudrait aussi
que la façon de compiler et de comptabiliser les données
forestières soit compatible avec celle de l'industrie. Cela prend donc
des échanges avec l'industrie pour que tout cela soit compatible.
Évidemment, c'est en cours actuellement et, pour la plus grande partie
de l'industrie, toutes ces informations seront informatisées. Il nous
faudra communiquer avec l'industrie et l'industrie pourra communiquer avec
nous, si on veut garder une comptabilité ou un bilan forestier à
jour suivant les résultats des interventions que nous ferons en
forêt. Parce que toutes ces interventions sont comptabilisées,
sont réévaluées de temps à autre et il faut
inscrire les résultats suivant les projections pour être capable
de mesurer le rendement soutenu de nos forêts et, en
réalité, les volumes de bois qu'on peut allouer à
l'industrie pour les opérations forestières.
CAAF
M. Desbiens: Concernant les contrats d'approvisionnement et
d'aménagement forestier, les CAAF, selon le cahier explicatif des
crédits de 1987-1988, le ministre devait préparer et
négocier environ 56 contrats, 56 CAAF. En réalité, il y en
a eu 9 seulement de complétés, de proposés et, cette
année, vous avez un objectif de 158. Est-ce que vous êtes confiant
d'atteindre votre objectif?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, nous sommes
confiants, M. le député, d'atteindre cet objectif. Actuellement,
nous sommes à jour dans nos prévisions et les premiers contrats
ont été proposés. C'est pourquoi on mentionne les neuf qui
ont été proposés. Il y en a trois qui devraient être
signés au mois de mai. Les avis de 30 jours ont été
transmis aux trois industriels concernés, soit Cauchon, la scierie Leduc
et Abitibi Price. Et, dans le courant du mois de mai, nous sommes confiants de
signer avec ces trois industriels les premiers contrats d'aménagement et
d'approvisionnement. Je crois que ce sera un événement historique
pour le Québec. On vous invitera à fêter.
M. Desbiens: Mais j'ai de la difficulté à
être aussi optimiste que le ministre quand je constaté que vous
avez atteint seulement 16 % de votre objectif l'an passé et...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais il y a une
procédure à suivre et à respecter. On dépose...
M. Desbiens: Je n'en doute pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...les contrats,
on fait des propositions aux industries. Il y en a une trentaine d'autres qui
vont être déposés prochainement. Et puis, là, le
processus veut qu'on attende 60 jours pour discuter et s'ajuster. Après
ces 60 jours, le ministre donne un avis de 30 jours à l'industrie qui
doit, pour conserver ses droits, signer la proposition qui lui est soumise.
C'est un processus assez long. C'est un processus de 90 jours. C'est pour cela
qu'on le décale un peu sur deux années financières.
M. Desbiens: Est-ce que je fais erreur? À la page 256 des
renseignements que vous nous avez fait parvenir, votre objectif pour
l'année 1988-1989 est bien de faire 158 propositions de contrats. L'an
dernier, vous avez dit que vous en feriez 56 et vous en avez
réalisé 9.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous comprendrez
que c'était une nouvelle opération, une nouvelle proposition, un
nouveau travail. Le retard qu'on a pris en cours d'année avec les neuf
que vous avez là devrait être rattrapé. C'est la raison
pour laquelle nous sommes confiants de signer les 188 dont il est fait mention
à la page F-29. On verra, M. le député. On s'en reparlera,
l'an prochain, de notre optimisme à signer les contrats
d'aménagement.
M. Desbiens: Je suis obligé de constater la
réalité de l'année passée. La réalité
nous indique que vous avez eu un résultat de 16 %, 9 sur 56. Cette
année, vous avez des objectifs beaucoup plus ambitieux. Je me demande
comment vous allez y parvenir, avec toute la procédure que vous
mentionnez et les difficultés que vous allez rencontrer en cours de
route, comme vous en avez rencontré cette année, par exemple,
avec l'industrie Tanit qui crée des problèmes d'implantation du
CAAF.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qui?
M. Desbiens: Dans l'unité de gestion 93.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Nous ne sommes pas
rendus à proposer des contrats d'approvisionnement et
d'aménagement dans l'unité de gestion 93, à ce jour.
M. Desbiens: Cela relève de Donohue, Clermont. C'est dans
l'unité de gestion 93.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On procède
à la proposition de contrats d'aménagement et d'approvisionnement
forestier au fur et à mesure que les données d'inventaire
forestier sont compilées.
Actuellement, les données de l'inventaire décennal
forestier sont complétées dans la région de Québec,
dans la région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie et au début
de la Côte-Nord. L'inventaire n'est pas complété dans
l'unité de gestion 93 et ce ne sera que dans deux ans ou dans un an et
demi que nous serons en mesure de proposer un contrat d'approvisionnement dans
cette unité de gestion.
M. Desbiens: À Donohue, Clermont, ce n'est pas dans
l'unité de gestion 93 que vous avez fait des propositions de 150 000
mètres cubes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, nous avons fait, dans le cadre de Donohue, Clermont, la
proposition d'un contrat d'approvisionnement et d'aménagement dans
Charlevoix principalement. En raison des problèmes causés par la
tordeuse des bourgeons de l'épinette, pour maintenir le principe du
rendement soutenu, nous avons proposé un bloc dans l'unité de
gestion 93 de 165 000 mètres cubes à Donohue, Clermont. Ils ne
l'ont pas encore accepté. C'est en discussion, c'est en
négociation.
M. Desbiens: Est-ce que l'unité de gestion 93 ne devait
pas être réservée, par Québec et Ontario, comme on
appelle maintenant l'ancienne QNS? La Scierie des Outardes et Cascades,
à Port-Cartier, qu'est-ce qui arrive d'elles? Est-ce qu'il y a
suffisamment de projets? Le projet d'implantation d'une scierie à
Baie-Comeau, cela va demander du bois encore. Cela n'a-t-il pas
été refusé, Baie-Comeau?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai écrit
une lettre à M. Blackcheck, de Tanit pour lui dire que... D'ailleurs,
cela fait trois ou quatre ans que M. Blackcheck a un projet de scierie à
Baie-Comeau. Son premier projet, d'abord, il n'a jamais fait la
démonstration qu'il était en mesure de le réaliser. Dans
les premiers temps, j'ai entendu dire qu'il demandait une subvention de 24 000
000 $, pas plus que cela. Il n'avait pas de débouché pour ses
copeaux, il n'avait pas de débouché pour son bois court; il lui
manquait bien des éléments pour concrétiser son projet.
Depuis ce temps, la terre a continué à tourner, M. le
député, et M. Blackcheck s'est retiré. Les délais
que nous lui avions accordés sont expirés. (18 h 15)
Tout dernièrement, il est revenu à la charge pour demander
des approvisionnements une autre fois, en disant, dans une conférence de
presse, à Baie-Comeau, avec le commissaire industriel et M. le maire,
que dorénavant sa demande de subvention ne serait que de 12 000 000 $.
Pour obtenir des approvisionnements, il ne faut, évidemment, pas
s'adresser au maire de Baie-Comeau ni au commissaire industriel de la
Côte-Nord, il faut s'adresser au ministère. Sa demande est
arrivée au ministère et, comme je l'ai mentionné, la terre
a continué à tourner. Québec North Shore, qui est devenue
Québec et Ontario, est venue nous proposer un projet que nous
négocions depuis août dernier. C'est un projet d'acquisition de la
Scierie des Outardes, avec une proposition d'investissements majeurs assortie
d'une demande d'augmentation de volume de bois. C'est ce que nous
négocions depuis le mois d'août dernier.
Tanit a soumis sa nouvelle demande tout dernièrement, au tout
début de 1988, alors que le processus de négociation en vue de
sécuriser, de garantir et de maintenir la concurrence de Québec
North Shore et de la Scierie des Outardes sur les marchés était
enclenché depuis le mois d'août l'an dernier. Comme je vous le
dis, il ne faut pas arrêter la vie parce que quelqu'un peut, un jour,
avoir un projet à nous proposer. Nous avons continué dans ce
processus et nous en sommes arrivés à un règlement
avantageux pour les "payeurs de taxes" et pour le Québec, puisque nous
avons obtenu un prix juste et équitable pour la Scierie des
Outardes.
De plus, j'ai annoncé en Chambre cette semaine, en réponse
à une question de mon collègue, le député de
Saguenay, les investissements proposés par Q et O soit des
investissements de 180 000 000 $. Ces investissements sont importants pour
assurer l'avenir de cette région. En plus d'investir 4 000 000 $ dans la
scierie afin de la moderniser et d'optimiser l'utilisation de la matière
ligneuse, Québec et Ontario investira 15 000 000 $ dans la construction
d'un chemin, de façon à optimiser la ressource forestière,
tout le bois passera par la scierie. Le bois propre au sciage sera
transformé en planche et en madrier et le bois à pâte sera
dirigé à l'usine de papier de Baie-Comeau. On investira
également, grâce à cette transaction, entre 15 000 000 $ et
30 000 000 $ pour moderniser les machines 3 et 4 de la compagnie
papetière.
De plus, en raison de la construction du chemin, on cessera le flottage
sur la rivière Manicouagan, ce qui est un plus pour l'environnement. De
plus, on construira une usine thermomécanique qui remplacera la
production de pâte sulfite de l'usine de papier de Baie-Comeau. C'est
encore un plus au point de vue de l'environnement, étant donné
que la pâte sulfite contient des polluants, des eaux-vannes polluantes
importantes. Vous savez que la pâte thermomécanique n'est pas
aussi polluante. De plus, cette décision de la compagnie permettra
d'améliorer l'utilisation de la matière ligneuse. Avec un
rendement de 45 % ou de 46 % dans la pâte sulfite, vous aurez un
rendement de 90 % dans la pâte thermomécanique.
C'est pour cette raison que nous avons dit oui à Québec
North Shore. Basé sur nos connaissances forestières de
l'unité de gestion 93 de cette région, j'ai dit à
Québec North Shore: D'accord, nous vous accorderons temporairement,
basé sur nos connaissances actuelles en attendant la proposition d'un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement, environ 1 800 000
mètres
cubes de bois, comparé aux besoins antérieurs des deux
compagnies, c'est-à-dire la Scierie des Outardes et Quebec North Shore,
soit 1 400 000 mètres cubes. Évidemment, avec les 165 000
mètres cubes que nous proposons pour Clermont, il n'y a pas de
disponibilité pour 600 000 autres mètres cubes. C'est la
réponse que j'ai faite à M. Blackcheck de Tanit.
M. Desbiens: Vous me dites, justement, après avoir
répondu à la demande de Québec et Ontario, la nouvelle
compagnie, qu'il n'y a plus assez de bois et qu'après avoir offert 165
000 mètres cubes de bois à Donohue, Clermont, il n'y a plus assez
de bois pour faire du développement industriel sur la
Côte-Nord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vous dirai que
Québec et Ontario demande plus de bois. Mais, avec les connaissances que
nous avons de la forêt, actuellement, nous n'avons pas accepté la
totalité des demandes de Québec et Ontario. Je vous le
répète: Est-ce que j'aurais dû bloquer les
négociations avec Québec et Ontario au cas où? parce que
Tanit ne s'était pas manifestée, elle s'est manifestée au
début de l'année. Depuis le mois d'août l'an passé
nous négocions avec Québec et Ontario. Est-ce qu'on aurait
dû bloquer les négociations, mettre cela de côté au
cas où peut-être Tanit reviendrait un jour nous proposer quelque
chose?
Je pense qu'on doit fonctionner avec ce qui est le plus
concrètement réalisable et le plus concrètement certain.
Je vous dirai que Tanit ne m'a jamais fait la démonstration qu'elle
était capable de construire cette usine de sciage. Il n'y avait pas de
contrat de copeaux et il n'y en a pas encore.
Vous savez que, pour exporter du bois court en Europe, cela coûte
le même prix que pour exporter du bois no 1 ou no 2 de bonne
qualité. J'ai été dans l'exportation avec Scierie des
Outardes pendant quelques années. Je vous dis que cela coûte aussi
cher de "freight", de transport, et c'est quasiment impossible de le faire.
On a fait miroiter toutes sortes de choses sur ce projet qui
mérite qu'on le regarde, mais il faut qu'on fasse la
démonstration qu'il a un avenir assuré.
M. Desbiens: M. le Président, je n'essaie pas de
défendre le projet Tanit. J'essaie de voir, à partir des
possibilités de territoires de l'unité de gestion 93, comment il
peut être possible de répondre soit à Tanit, soit à
une autre industrie qui voudrait s'y implanter. Mais quand vous enlevez 165 000
mètres cubes de la forêt de l'unité de gestion 93 pour
satisfaire Donohue, Clermont, c'est assez difficile pour la population de
comprendre qu'il n'y a pas de possibilité forestière pour du
développement dans la région elle même.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II ne faudrait
pas, non plus, suggérer de mettre des frontières entre les
régions et entre les unités de gestion.
M. Desbiens: Je sais que le ministre va me dire qu'il ne faut pas
mettre de frontières. Il faut, quand même, tenir compte du fait
que cette région a déjà dû subir des
conséquences économiques de certaines avaries.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je m'excuse. Par
ce qu'on a fait, on sécurise, on garantit l'avenir de cette
région et on maintient son développement économique avec
une compagnie qui est installée à cet endroit depuis 50 ans, qui
a fait la démonstration qu'elle était capable de faire des
opérations forestières rentables et de traiter ses
employés et la population de façon respectueuse, chose qu'on ne
connaît pas... La preuve est là. Le passé est garant de
l'avenir. Si on a offert 165 000 mètres cubes à Donohue,
Clermont, dans l'unité de gestion 93, c'est également pour
maintenir une activité à Clermont. Est-ce que le
député veut me suggérer de fermer Clermont?
Si la tordeuse a détruit 5 000 000 de mètres cubes de bois
dans la région de Charlevoix, le député n'en est pas
responsable et moi, non plus. Par contre, nous sommes réalistes.
Évidemment, on veut maintenir notre industrie existante sans faire de
frontières entre les régions. Là-dessus, je vous
répondrai que, lorsqu'on a fait le projet Cascades, à
Port-Cartier - et je crois que vous étiez d'accord - nous avons
injecté avec Bernard Lemaire, de Cascades, 102 000 000 $, soit 5 000 000
$ de Bernard Lemaire et 97 000 000 $ de la part du gouvernement. Les 97 000 000
$ du gouvernement ne viennent pas de Port-Cartier. Ils viennent de l'ensemble
du Québec. La ressource forestière est une
propriété de l'ensemble du Québec.
Si on investit, par exemple, à Port-Cartier, le Québec
comme ensemble investit à Port-Cartier. Je crois que l'ensemble du
Québec a aussi droit à des retours là-dessus. S'il n'y a
rien qui sort d'une région, M. le député, comment va-t-on
faire pour en rentrer?
M. Desbiens: M. le ministre, j'essaie d'avoir des explications
qui permettraient aussi à la population de comprendre. Cela fait partie
de notre discussion.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce que je vous
dis, je l'ai mentionné aux gens de Port-Cartier. Si on n'avait pas
bougé dans ce dossier, il n'y aurait pas d'usine à
Port-Cartier.
M. Desbiens: Dernière question peut-être
là-dessus. Vous avez mentionné tantôt que Québec et
Ontario s'était engagé à construire pour 15 000 000 $ de
voirie forestière?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Desbiens: Est-ce, à l'intérieur du programme de
voirie forestière, 50-50, ou si c'est 15 000 000 $ payés par
Québec et Ontario?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Actuellement,
c'est un chemin qui serait admissible au programme de voirie
forestière.
M. Desbiens: Donc, 7 500 000 $ payés par Québec et
Ontario.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II pourrait
être payé 50-50.
Droits de coupe
M. Desbiens: À 50-50. On va passer, si vous voulez,
à la tarification. Dernièrement, au mois de mars, le ministre a
annoncé, à Sainte-Thècle, qu'il avait confié
à une firme de consultants la nouvelle évaluation de
l'établissement du niveau de droits de coupe. Il a confié cela
à l'Université Laval.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au fonds de
recherche et de développement forestier de l'Université Laval et
à Servitech.
M. Desbiens: C'est une dérogation à la
méthode habituelle d'attribution des contrats.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'était sur
invitation, M. le député. Il y avait trois propositions. Nous
avons soumis nos recommandations au Conseil du trésor qui a
approuvé le fonds de recherche et de développement forestier.
M. Desbiens: Cela a été fait...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur
invitation.
M. Desbiens: Sur invitation. Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Malheureusement,
tout cela nous a retardés un peu dans la recherche, disons, dans la
détermination d'un nouveau zonage, d'une nouvelle tarification, de
façon à la rendre plus équitable à la suite du
rapport des députés Bélanger et Thérien. Ce zonage,
je dirai qu'il se fera en fonction du climat, en fonction de la valeur des sols
plutôt qu'en fonction de mesures administratives.
M. Desbiens: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II existe une
réglementation concernant les activités ou les
spécialités non inscrites au fichier. C'est sur cette base qu'on
a eu recours à trois firmes dont le fonds de recherche et de
développement forestier pour soumissionner pour ces travaux. Je vous
dirai que le rapport doit être produit pour le 31 juillet.
M. Desbiens: Le 31 juillet. Sans doute, le ministre devra faire
lui-même l'étude des recommandations. Et est-il en mesure,
à ce moment-ci, de donner une indication sur l'application des mesures
qui seront proposées?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Nous comptons
faire la prépublication du règlement pas plus tard que le 1er
décembre de l'année, de façon à permettre à
tous les intervenants concernés de réagir pour le mettre en
application le 1er avril 1989. (18 h 30)
M. Desbiens: II y a 27 000 000 $ de droits de coupe
impayés, dans le tableau, à la page 233 des renseignements que
vous nous avez fournis. Est-ce habituel comme situation?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela me surprend.
Je ne peux pas le retracer.
M. Desbiens: C'est à la page 233 des renseignements
supplémentaires.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce à la
page 234?
M. Desbiens: Page 234, oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous voyez cela
à 120 jours? C'est 8 000 000 $.
M. Desbiens: Je fais le total.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est 9 012 000
$?
M. Desbiens: Je pense qu'on n'a pas le même tableau. Sur
les territoires affermés 358 000 $; forêts domaniales, 2 439 000
$; terrains vacants, 202 000 $.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Desbiens: Et, sur la forêt publique, 24 000 000 $, ce
qui fait environ 27 000 000 $ au total.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous savez, M. le
député, je regardais les 120 jours, j'examinais ceux qui
étaient en souffrance; il y en a pour 8 646 000 $ en souffrance,
à 120 jours. Il y avait 15 000 000 $ à 30 jours.
M. Desbiens: II y a un retard à compter de 120 jours.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. Il y
en a 15 000 000 $ à 30 jours, ce qui est normal; c'est un compte
à 30 jours.
M. Desbiens: Ah bon!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans les
8 646 000 $, il y en a quelques-uns qui ont des ententes
particulières qui ont été approuvées sous votre
gouvernement, entre autres Les Produits forestiers Saucier, Forex, Kruger. Ce
sont des ententes particulières qui ont été
approuvées en 1984-1985, surtout en 1985, juste avant les
élections, dans le cas de Saucier et de Forex. Il y en a d'autres en
souffrance, à 120 jours, qui sont moins importantes. Les ententes dont
j'ai fait mention, en partie, il y en a pour 4 376 000 $ et il y en a 1 000 000
$ qui découlent de mauvais résultats, de faillites ou autre
chose, de faillites qui datent de plusieurs années et pour lesquelles on
intente des poursuites. Juste pour vous indiquer quelques-uns de ces
problèmes, Cèdres Laurentien, cela fait quatre ou cinq ans
qu'elle n'existe plus, c'est avant Les Bois de l'Est, dans le
Bas-Saint-Laurent--Gaspé-sie. Cèdres Laurentien est là,
Lamothe est là, la mine Muscocho; Paradis et Fils n'existe plus non
plus. Il y en a pour 204 000 $.
M. Desbiens: Est-ce que vous parlez toujours des 120 jours?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Desbiens: Si cela fait plus de trois ans, c'est plus de 120
jours.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Desbiens: II y a d'autres colonnes pour un an, deux ans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce dont je vous
parle inclut tout cela; cela inclut les 272 000 $ de deux ans.
M. Desbiens: Oui, le montant de 1 989 000 $ en forêts
domaniales aussi, tout cela, en deux ans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est cela.
M. Desbiens: II n'y a quand même pas...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est tout
près de chez vous, cela. Produits forestiers Saguenay Itée, vous
savez que cela n'existe plus, n'est-ce pas?
M. Desbiens: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II est inscrit ici
pour 171 000 $ dans ces comptes.
M. Desbiens: Ce sont des comptes...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Produits
forestiers Yvan Lacroix, que le ministre Bérubé avait
installés pour 1 $ à Marsoui, est inscrit pour 370 000 $ de
droits de coupe. Ils ne seront pas radiés, on a l'intention de prendre
des procédu- res pour les récupérer. Mais, quand on sait
que ce sont des entreprises qui ont été en mauvaise situation
financière ou qui ont fait faillite, notre possibilité de les
récupérer est difficile. La société Mont-Logan
également, qui avait été installée par un de mes
prédécesseurs en Gaspésie, était inscrite pour 86
000 $. Ce sont des dossiers qui traînent depuis plusieurs années;
120 jours, un an, deux ans et plus.
M. Desbiens: II n'y a plus de Samoco là-dedans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pardon?
M. Desbiens: II n'y en a plus de Samoco là-dedans.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, c'est
Produits forestiers Saguenay qui a pris la place. Je crois que Samoco... Non,
elle n'est pas là.
M. Desbiens: Concernant la voirie forestière, en
1987-1988, le budget était de 5 000 000 $; en 1988-1989, de 6 143 000 $.
Par contre, on constate que vous avez réalisé, l'an passé,
45 kilomètres de chemin avec 5 000 000 $. Vous manifestez cette
année l'intention d'en construire 135 kilomètres; trois fois
plus, avec 20 % de plus de budget, nécessairement. C'est peut-être
en terrain plus facile.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, l'an dernier,
nous avions à Waswanipi, un pont qui a été construit, en
collaboration avec Normick-Perron pour ses activités dans la
région de Waswanipi. C'est un pont très dispendieux, qui a
coûté au-delà de 3 000 000 $. Normick-Perron contribuait
pour 10 %, cela était dans le cadre des programmes. Cette année,
on n'a pas de pont majeur à construire, on devrait faire plus de
chemins, plus de kilomètres. Je vous dirai, M. le député,
que je fais des démarches pour essayer d'obtenir du soutien, de l'argent
supplémentaire pour augmenter le budget de la voirie forestière.
Je calcule que c'est très important pour donner accès à la
forêt qui, actuellement, est inaccessible, économiquement
inaccessible par les industriels, de façon à maintenir notre
activité de transformation du bois économique, de la maintenir au
niveau actuel. Ce sont les représentations que je fais actuellement. Je
souhaite bien qu'on puisse y arriver un jour. Là-dessus, je vous dirai
que j'y compte beaucoup pour la réalisation du régime
forestier.
M. Desbiens: À vous entendre au départ, je me suis
dit: Cela y est, il va m'annoncer que c'est le ministère de
l'Énergie et des Ressourcés qui reconstruit les ponts sur la
route du Valinouet. Ce n'est pas cela! Je vous remercie.
Protection de la forêt
Programme 1, l'élément 3, la protection et les pesticides.
Il est bien évident qu'il y a une commission parlementaire assez
importante qui va avoir lieu, où on entendra un nombre important de
groupes. C'est parce qu'il y a un court paragraphe à la page 51 du
document de soutien à la commission parlementaire sur la politique sur
les pesticides en milieu forestier qui nous ferait croire que l'industrie
forestière souhaiterait certainement être exclue. Cela, on peut le
croire. Considérant l'effort qu'elle fournit déjà, si j'ai
bien saisi le paragraphe en question, entre autres via la taxe à
l'exportation, elle s'attend à être exonérée
peut-être d'une charge financière d'environ 100 000 000 $. Est-ce
qu'il a été question quelque part ou si ce n'est qu'un voeu
exprimé par les compagnies forestières qu'en étant ainsi
exclues de toute la réglementation concernant l'usage des pesticides
cela leur servirait de compensation pour le taux supplémentaire
d'imposition?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Nous
tiendrons, de concert avec mon collègue Clifford Lincoln, de
l'Environnement, une commission parlementaire sur l'utilisation des phytocides
et des insecticides. Vous vous souviendrez, lors de la commission parlementaire
sur la Loi sur les forêts, lors de la réception des
mémoires des différents organismes, qu'il avait été
fortement question d'une politique d'utilisation des pesticides. Et vous savez
que l'an passé nous avons voté une loi sur les pesticides et les
insecticides, mais cette loi-là doit être appuyée par une
politique d'utilisation et nous nous sommes engagés, M. Lincoln et
moi-même, à cette période, à proposer une politique
d'utilisation des phytocides et des insecticides à l'industrie
forestière. Et le but de la commission parlementaire à la fin du
mois prochain est justement d'en arriver à une entente avec les
Québécois et Québécoises pour utiliser les
phytocides et les insecticides en forêt de façon
sécuritaire, de façon à protéger et à
garantir la santé et à avoir un guide de bonne conduite avec des
produits de cette catégorie. Et c'est absolument essentiel, M. le
député, d'en arriver à une politique d'utilisation des
phytocides et des insecticides qui soit abordable et acceptable. Ceci ne veut
pas dire qu'on doive abandonner la recherche pour trouver une meilleure
façon de faire, des meilleurs produits, si nécessaire, mais c'est
par contre essentiel pour la réalisation du programme forestier.
Je vous dirai qu'il y a deux propositions. Vous avez dû voir la
proposition qu'on fait pour la commission parlementaire. On propose à la
population et à l'industrie deux façons de faire. Et, grâce
à cette commission parlementaire, j'espère bien qu'on aura un
choix à proposer, un choix qui sera acceptable et qui tiendra compte
aussi, évidemment, de la santé et des risques d'utilisation de
ces produits. Cette commission parlementaire est très importante pour
l'avenir de la forêt au Québec. Je vous dirai qu'on utilise en
agriculture 85 % des produits de phytocides ou insecticides alors qu'en
forêt on en utilise que environ 5 % une fois à tous les 50 ans.
L'agriculture ne suffirait pas s'il n'y avait pas ces moyens-là pour
assurer la production à des coûts économiques et à
des coûts acceptables.
Mais ce qu'on propose c'est une politique d'utilisation, un guide
d'utilisation, si vous voulez, de ces produits-là de façon
à sécuriser la population et de façon aussi à
sécuriser notre avenir et les investissements qu'on fait en forêt.
Si on investit 100 000 000 $ en forêt comme on le fait, c'est bien
évident qu'il faut protéger les investissements. Sans
l'utilisation de phytocides, on est aussi bien d'oublier le reboisement en
grande partie. Et je vous invite, si vous avez la chance d'aller au
Nouveau-Brunswick chez Irving, à voir les résultats de ses
travaux de reboisement. On pourra vous montrer des travaux de reboisement
où il n'y a pas eu d'usage de phytocides, on pourra vous montrer des
reboisements où on a utilisé ces produits et vous verrez toute la
différence au monde. Et je vous dirai qu'lrving, sans subvention,
reboise environ 10 000 000 à 12 000 000 de plants par année. Il
les entretient. Il protège la forêt contre les insectes. Il
protège sa forêt - évidemment on est en terrain
privé - contre le feu. En plus il a son centre de production de plants
et son centre de recherche, et cela donne des résultats. Cette
année, il coupera probablement dans les premières plantations
qu'il a faites il y a 22 ans. (18 h 45)
M. Desbiens: On aura le temps de discuter longuement
là-dessus. Le cas de M. Irving au Nouveau-Brunswick, évidemment,
est un peu spécial.
M. Côté (Rivière-du-Loup): De ce
côté-là, oui.
M. Desbiens: De ce côté-là et sur d'autres.
J'ai deux brèves questions sur le Guide des modalités
d'intervention. Est-ce que les consultations sur le règlement sont
terminées avec les organismes?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II nous reste, M.
le député, trois rencontres à faire au mois de mai, comme
je l'ai annoncé. À la suite de là publication du
prérèglement, nous avons eu des réactions, des
mémoires nous ont été soumis. Nous nous sommes mis
d'accord avec le ministère de l'Environnement et le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour organiser des rencontres avec
les intervenants et leur faire des propositions. Il en reste trois qui seront
faites au cours du mois de mai. J'ai bien l'impression que cela devrait se
régler complètement au cours du mois de mai, après
consultation, évidemment.
M. Desbiens: Est-ce que vous attendez le résultat de cette
consultation pour prendre une décision concernant les rives de la
rivière Ashuapmushuan?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qu'est-ce que les
rives de la rivière Ashuapmushuan ont de spécial?
M. Desbiens: Les rives de la rivière Ashuapmushuan sont
à peu près les seuls et uniques sites qu'il reste de
frayères à ouananiche, au Lac-Saint-Jean.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Nous discutons
avec les MRC...
M. Desbiens: Les MRC de la région ont demandé de
garder la bande de 60 mètres, le ministère des Affaires
municipales, dans les plans d'aménagement des MRC.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans une rencontre
que j'ai eue avec la Fédération québécoise de la
faune, la Fédération du saumon atlantique et les pourvoiries, il
a été question de la ouananiche. Il en a été
question également avec les MRC concernées. Je suis prêt,
M. le député, à examiner la possibilité de faire
une exception. Les experts en hydrologie nous disent que quinze mètres,
c'est suffisant pour protéger la qualité de l'eau. Nous avons
inscrit 20 mètres au Guide des modalités d'intervention en milieu
forestier. Nous avons accepté de mettre 60 mètres pour les
rivières à saumon parce qu'il y a d'autres raisons pour
lesquelles on fait cela. Elles sont souvent localisées sur la
Côte-Nord et, à cause de la texture du sol, si on déboise
trop, évidemment cela cause des glissements ou des dommages, comme vous
avez pu voir sur la rivière Pentecôte lorsqu'on a fait des travaux
avec des tracteurs dans la rivière, ces choses-là. Quant à
la ouananiche, je suis prêt à regarder avec les MRC
concernées la possibilité de faire une exception. Mais une
exception, cela ne veut pas dire que cela va s'étendre à toute la
province. Si on a l'intention de semer de la ouananiche dans plusieurs
rivières, comme cela se fait, dans 250 à 300 rivières,
c'est bien sûr qu'on ne pourra pas dire oui à cette demande. C'est
une demande que je recevrai avec beaucoup de considération concernant
précisément les frayères de la ouananiche dans des
endroits particuliers ou naturels, comme la rivière Ashuapmushuan.
M. Desbiens: Comme la rivière Ashuapmushuan, et quelques
autres rivières aussi, mais ce n'est pas 200 ou 300 rivières.
M. Côté (Rivière-du-Loup): N'en mettez pas
trop.
M. Desbiens: II y a quelques rivières autour du lac qui
ont toujours été des lieux de frai de la ouananiche, qui est un
saumon. Vous dites que vous préservez toutes les rivières
à saumon. La ouananiche est un saumon.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est à
cause des rives.
M. Desbiens: Ces frayères ont été
détruites par le passage du bois, entre autres, la coupe du bois.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cette question
n'est pas pendante actuellement. Elle est à l'étude à un
comité du COMPADR dont je fais partie. Bientôt, je pense qu'on
arrivera à une entente avec les intéressés, les
intervenants du milieu. Si on réserve des bandes riveraines de 60
mètres dans toutes les rivières du Québec, il ne-restera
plus de forêts.
M. Desbiens: C'est la bande qui existe actuellement, depuis des
années.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais cela a
été scientifiquement démontré. Cela a
été une décision en attendant, et nous l'avons
réduite à 20 mètres, à la suite d'études
faites par des experts en hydrologie.
M. Desbiens: Dans les pays qui la conservent, est-ce qu'ils sont
en attente aussi ou quoi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous savez, sur
cette question, pour les autres pays, je me fie à nos experts.
M. Desbiens: Je suis d'accord avec vous.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On va voir, mais
on n'est pas obligé de les copier. Je pense bien que nos scientifiques
sont aussi compétents que les leurs dans ce domaine.
M. Desbiens: On n'en a jamais douté de ce
côté-ci.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. Les
experts sont souvent des gens bien ordinaires qui viennent de
l'extérieur.
M. Desbiens: D'où l'expression "maudit
Français".
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, ha, ha,
ha!
M. Desbiens: Une brève question sur les infractions. On
constate qu'il y a 83 infractions. Est-ce que des enquêtes se font?
Est-ce que des poursuites sont intentées? Rapidement, sans
nécessairement entrer dans le détail. Les infractions à la
nouvelle Loi sur la forêt - c'est aux pages 271 et 272 - depuis son
entrée en vigueur.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Le
règlement de ces infractions est actuellement en cours. Lorsque cela est
nécessaire, M. le député, on prend des procédures
légales.
M. Desbiens: Est-ce qu'il y a des procédures
légales actuellement en cours?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, pas à
notre connaissance. Évidemment, cela se négocie souvent. Vous
savez, j'en ai eu quelques-unes et mes collègues du ministère
vont peut-être rire un peu, mais j'ai eu plusieurs coupes par
anticipation à normaliser. Évidemment, c'est un peu
empiéter sur l'avenir. Mais c'est peut-être inscrit dans les
infractions qui sont là. On essaiera évidemment de les
éviter à l'avenir.
M. Desbiens: Je ne suis pas en mesure de vérifier
l'importance que ce nombre d'infractions peut avoir par rapport à la
mise en vigueur d'une nouvelle loi de cette nature là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, cela ne
peut compromettre du tout la Loi sur les forêts ou le régime
forestier. Il n'est jamais agréable de recevoir une infraction, bien
sûr, mais, si on regarde l'ensemble, ce sont des infractions mineures.
C'est majeur pour celui qui la commet, par exemple.
M. Desbiens: Oui, il est pris. Il se fait prendre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
Amélioration de la forêt
M. Desbiens: Je vais passer, si vous voulez, avec le temps qu'il
nous reste, au programme 2.
Les objectifs de mise en terre de plantations des programmes
d'aménagement et de reboisement avaient été fixés
au départ, pour 1988-1989, à 300 000 000 de plants. Est-ce
exact?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, depuis que je
suis en poste, pour 1988-1989 on n'a jamais fixé que c'était
à 300 000 000 de plants.
M. Desbiens: Je dis au départ.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au départ,
oui, oui. En 1984.
M. Desbiens: En 1984, finalement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En 1984, cela a
été fixé à 300 000 000 de plants.
M. Desbiens: 300 000 000 de plants répartis de la
façon que vous nous avez indiquée. C'est l'an passé que
vous avez modifié les objectifs à la baisse?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'était en
1986. M.Desbiens: En 1986.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vers la fin de
1986. Oui, c'était à la baisse comme effets. Sauf que
c'était pour tenir compte des effets de possibilité du
reboisement qu'on ferait dans chacune des régions pour atteindre un
rendement ou une possibilité globale au Québec de 25 000 000 ou
de 26 000 000 de mètres cubes de bois, en résineux. Pour
atteindre ce niveau-là, nous avons besoin de 250 000 000 de plants
plutôt que 300 000 000.
M. Desbiens: En mètres cubes, vous avez le même
objectif. Est-ce exact?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. En
mètres cubes, c'est le même objectif que celui qui avait
été lancé dans ces années.
M. Desbiens: Cela veut dire que les objectifs qui avaient
été fixés à ce moment étaient basés
sur une production d'arbres plus petits?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les 300 000 000 de
plants augmentaient les stocks tandis que les 250 000 000 de plants
maintiennent notre possibilité à 25 000 000 ou 26 000 000 comme
c'était l'objectif au départ, selon les travaux qu'on fera dans
chacune des régions. Vous savez, si on plantait, par exemple, 250 000
000 de plants dans le nord de l'Abitibi, on n'aurait pas le même effet de
possibilité qu'on a en le répartissant dans différentes
régions, parce que ce ne sont pas les mêmes rendements. Ce sont
ces calculs, M. le député, qui nous ont amenés à
réduire à 250 000 000 et, par contre aussi, à tenir compte
des besoins en feuillus au Québec. Notre objectif est de produire
prochainement 10 000 000 de plants de feuillus pour tenir compte des
régions à caractère feuillu et des régions à
caractère mélangé comme l'Outaouais, le nord de
Montréal et les Cantons de l'Est, où on devrait, j'en suis
convaincu, s'occuper des feuillus nobles comme le chêne, le bouleau
jaune, l'érable à sucre et ces essences qui ont été
la richesse du Québec pendant des siècles. Je pense qu'on ne doit
pas oublier ces essences qui poussent naturellement dans ces régions
plutôt que d'aller contre nature.
Vous avez des scientifiques qui nous ont dit: N'allez pas
"enrésiner" tout le Québec. C'est pourquoi on met un peu plus
d'efforts du côté feuillu, ce qui coûte beaucoup plus cher,
ce qui est beaucoup plus difficile aussi parce que notre expérience du
côté feuillu n'était pas aussi valable que du
côté résineux. Mais nous allons y arriver. L'an
passé, j'ai eu à la pépinière de Berthierville la
production de 600 000 plants de feuillus qui étaient de toute
beauté à voir. C'est un départ qui est prometteur.
Le Président (M. Hétu): M. le ministre,
M.
le député, je m'excuse. Je pense que le temps est pas mal
écoulé. Il ne reste que cinq minutes pour... Je peux vous
permettre une autre question.
M. Desbiens: M. le Président, on à commencé
l'étude à 17 h 10. La période prévue est de deux
heures.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que tout le monde
est d'accord...
M. Desbiens: Évidemment, on pourrait continuer
longtemps...
Le Président (M. Hétu): Est-ce que vous avez le
consentement de la commission?
M. Desbiens:...mais je ne pense pas que ce soit un crime de
prendre au moins les deux heures qui sont prévues.
En fait, pour atteindre les objectifs du ministère et les besoins
de l'industrie, une partie est prévue en reboisement. Si j'ai bien saisi
votre explication, vous dites que les objectifs qui ont été
prévus à ce moment dépassaient les besoins
prévisibles.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Desbiens: Calculez-vous qu'il faut ajouter à cela la
régénération naturelle de la forêt
québécoise? Est-ce que c'est inclus dans les 26 000 000?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est inclus
dans les prévisions, dans l'objectif à atteindre -
c'est-à-dire la regénération naturelle - de 26 000 000 de
mètres cubes de bois. Je vous dirai que le reboisement artificiel est la
méthode la plus coûteuse. Il y a d'autres façons
d'aménager la forêt qui font en sorte qu'elle peut produire pour
atteindre les objectifs de volume prévus ou de rendement soutenu
prévus. Vous avez une foule d'interventions à partir du drainage,
à partir des coupes d'éclaircie précommerciales, des
coupes d'éclaircie commerciales; vous avez des coupes sélectives
pour favoriser la régénération naturelles, des coupes par
bandes, des coupes par trouées. Vous avez une foule de mesures de cette
nature. Vous avez également évidemment le reboisement artificiel
qu'on résume par l'aménagement mais c'est plus que cela.
L'aménagement, c'est plus que le reboisement. Vous avez une foule
d'interventions en forêt, ce qui fait qu'on peut anticiper un volume, un
rendement de 26 000 000 de mètres cubes de bois. (19 heures)
M. Desbiens: Vous anticipez que la
régénération naturelle comptera pour quelle proportion
environ?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Actuellement,
avant les interventions en forêt, avant le régime forestier, il y
a 45 % des chantiers qui ne se régénèrent pas
adéquatement. Mais, avec le nouveau régime forestier, les
industriels accepteront peut-être et vont peut-être nous
suggérer de faire des coupes pour protéger la
régénération naturelle. Dans nos calculs, nous estimons
que 70 % des chantiers se régénéreront grâce aux
interventions, grâce à la protection de la
régénération de cette façon, de façon
naturelle. On reboisera 30 % des opérations forestières et du
"backlog".
M. Desbiens: Au moment où on se parle, quelle est la part
anticipée de la régénération naturelle à
l'intérieur de votre objectif de 26 000 000? C'est quoi? C'est 70 %
actuellement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est 70 %. M.
Desbiens: C'est 70 %.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Pas pour le
moment, quand les contrats seront signés.
M. Desbiens: Quand les contrats seront signés.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. En 1990.
M. Desbiens: Aujourd'hui...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Aujourd'hui on
doit être à 55 %, 50 %.
M. Desbiens: Concernant la production de plants, page F-57. En
1987-1988, les pépinières gouvernementales produisaient 61 % des
plants. Cette année, elles n'en produisent plus que 48 %. Les petites
entreprises, les pépinières affiliées, les
coopératives, leur production est passée de 38 % à 48 %.
Les industries forestières sont passées de 1 % à 4 %. Au
départ, je me souviens qu'on envisageait que la production soit
répartie à peu près en un tiers, un tiers, un tiers.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
C'étaient les prévisions du début. Il a été
impossible de les réaliser, M. le député, parce que
l'industrie forestière a tardé à répondre à
cette invitation étant donné que l'industrie
préférait attendre la nouvelle loi. Quelques-unes ont
préféré aussi attendre la signature des contrats alors
que nous n'étions pas prêts à signer les contrats.
C'est pourquoi l'industrie a tardé à répondre à
cette invitation et que la part des coopératives et des
pépinières affiliées à la Fédération
des producteurs de bois du Québec a augmenté, et les
pépinières gouvernementales ont augmenté. Cela n'est pas
terminé. L'industrie va peut-être, évidemment, s'associer
avec des producteurs actuels, avec la signature des contrats, et ce serait
souhaitable. Quelques-unes l'ont déjà fait.
M. Desbiens: C'est déjà fait. C'est ce que
j'allais vous dire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quelques-unes
l'ont déjà fait, mais d'autres le feront aussi. C'est pourquoi
ces négociations ne sont pas terminées. C'est en discussion
actuellement.
M. Desbiens: Toujours en discussion Puisqu'on est sur les
pépinières gouvemementales quelle est la politique d'embauche du
ministère, parce qu'il y a là des emplois saisonniers dans les
pépinières gouvernementales?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Là vous me
posez une question à laquelle j'ai de la difficulté à
répondre précisément. Cela se fait en fonction, mettons,
des règles administratives de l'embauche des occasionnels. Je n'ai pas
une idée précise du fonctionnement, mais je peux vous le
donner.
M. Desbiens: S'il vous plaît, oui. Avec la nouvelle
façon de procéder du gouvernement actuel, cela relève-t-il
de chaque ministère?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est suivant les
politiques d'embauche du gouvernement. Il y a des politiques à suivre
pour les occasionnels. C'est suivant ces politiques. Je ne me suis pas
inquiété de cela, M. le député.
M. Desbiens: Oui, mais votre ministère est . responsable
de l'engagement de ces occasionnels. Alors, comment procédez-vous?
M. Côté (Rivière-du-Loup): En fonction des
normes qui ont été dictées par le Conseil du
trésor.
M. Desbiens: Quelles sont ces normes pour l'embauche dans les
pépinières?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les gens qui vont
vous voir et qui viennent me voir dans mon bureau de comté et qui me
demandent des emplois, je leur dis de s'inscrire au ministère de
l'Énergie et des Ressources ou dans différents ministères.
Il y a des banques de créées et les gens s'inscrivent à
l'aide de formules de demandes d'emploi, selon les normes gouvernementales. Il
faut postuler pour avoir "une job".
M. Desbiens: Oui, mais ce n'est pas dans les bureaux de
députés qu'ils vont trouver cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais non, c'est
pour cela qu'on les dirige.
M. Desbiens: Comment peuvent-ils savoir... Comment un citoyen de
Saint-Fulgence, dans mon comté, peut-il savoir qu'il y a une ouverture
de poste dans une pépinière du ministère de
l'Énergie et des Ressources quelque part?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils s'inscrivent
dans les bureaux régionaux. Lorsqu'il y a des ouvertures, le bureau du
personnel examine la liste, et c'est premier arrivé, premier servi; il y
a des dates prévues, il y a des noms, etc. Ce n'est pas sur la demande
d'un emploi de la part des gens; ils doivent s'inscrire comme maîtres
sylvicoles par exemple. Quand la pépinière a besoin
d'employés, elle les appelle. Il y a 25 000 demandes d'emploi
actuellement.
M. Desbiens: Au ministre de l'Énergie et des
Ressources?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
Ceux-là s'inscrivent également au ministère des Transports
ou dans d'autres ministères. Lorsqu'il y a des besoins, il y a une
procédure à suivre et on fait appel à ceux qui sont
inscrits.
M. Desbiens: Est-ce que vous ne trouvez pas que c'était
plus simple lorsqu'ils étaient tous inscrits au même endroit
plutôt que de dédoubler une inscription dans dix
ministères?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, j'aime mieux
qu'on s'occupe de nos affaires nous-mêmes.
M. Desbiens: Cela n'empêchait pas le ministère de
s'occuper de ses affaires. Lorsqu'il avait besoin d'un nombre X de personnes
occasionnelles, il faisait appel à un ministère commun qui
était Travail-Québec.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un service
à fournir à la population. Les gens qui demandent des emplois
savent dans quel domaine ils veulent travailler. S'ils veulent travailler dans
une pépinière pour le ministère des Forêts, ils
savent où s'adresser. S'ils s'adressent dans les centres de
main-d'oeuvre, c'est général et c'est perdu dans le lot.
M. Desbiens: Dans les centres de main-d'oeuvre, il n'y a plus
aucune information?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Desbiens: Ils sont obligés de courir à hue et
à dia pour essayer de trouver un endroit où inscrire leur nom,
où il y a des possibilités d'emploi. On n'ira pas plus loin
là-dessus. Cela fait partie de la politique gouvernementale, mais le
ministre, de toute façon, fait partie du gouvernement et...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est exact.
M. Desbiens: C'est évident que, face à la demande
des citoyens, on ne pourra jamais soutenir que la procédure actuellement
employée est plus facile, au contraire. Il y avait des centres de
Travail-Québec qui permettaient à tous les ministères de
placer leurs demandes.
Le Président (M. Hétu): M. le député,
je vous rappelle à l'ordre. Je pense qu'on n'est pas ici pour parler de
placement directement. Vous avez pris des informations et je pense que ce n'est
pas dans l'ordre, les bureaux de placement... Je pense qu'on est ici pour
étudier les crédits. On les a étudiés et je pense
que c'est le temps de les adopter. Le temps alloué est
déjà terminé.
M. Desbiens: M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'aller plus loin, mais le ministère de l'Énergie et des
Ressources emploie 2400 personnes. Je pense donc qu'il est aussi question
d'emploi. De toute façon, j'ai terminé. Je n'ai pas l'intention
de poursuivre sur ce sujet.
Le Président (M. Hétu): Nous allons donc
procéder à l'adoption des crédits. M. le
député.
M. Desbiens: Une dernière question, si vous me le
permettez. Il nous reste deux ou trois minutes. Concernant le rapport
Lortie...
M. Côté (Rivière-du-Loup): À quel
sujet?
M. Desbiens: Vous avez mis sur pied un comité
d'étude formé de députés sur la forêt
privée. Il y a un rapport sur la forêt privée qui date de
1984. Est-ce que ces recommandations ne sont plus valables et vous jugez bon de
nommer un nouveau comité?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
député, c'est que le comité va examiner ces rapports.
À la lumière de l'évolution des dernières
années, il devra faire des recommandations. Mais ces rapports, le
rapport Lortie et le rapport Paillé, dont l'auteur est à ma
droite, sont encore très utiles. Le comité va s'en inspirer
grandement pour faire son travail.
Je pense qu'il est temps, au Québec, qu'on
réfléchisse sur certains points, sur certains investissements
qu'on fait en forêt privée, entre autres sur l'opportunité
de voter ou de créer une loi sur l'aménagement de la forêt.
Actuellement, on a investi cette année près de 68 000 000 $ en
forêt privée. On n'a aucun moyen de sécuriser ou de
contrôler ces investissements. Est-ce que le temps est venu de faire en
sorte d'avoir une loi sur l'aménagement de la forêt privée?
C'est une des réflexions que le comité aura à faire. Des
recommandations devraient nous parvenir dans le courant de l'année.
M. Desbiens: Je vous remercie.
Le Président (M. Hétu): L'étude des
crédits est terminée. Nous allons passer à l'adoption des
programmes. Programme 1, Gestion de la forêt, est-ce que les
crédits sont adoptés?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Le programme 2,
Amélioration de la forêt, est-ce que le programme est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Le programme 3,
Développement de l'industrie forestière, est-ce que c'est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Le programme 4, Financement
forestier, est-ce que c'est adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Hétu): Est-ce que l'ensemble des
crédits est adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Maintenant, je demanderais
à M. le député de Dubuc le mot de la fin, et à M.
le ministre.
M. Desbiens: Je voudrais tout simplement remercier le ministre
des explications qu'il a pu nous donner dans le laps de temps qu'on a à
notre disposition. Peut-être qu'il faudra s'assurer, une autre
année, de pouvoir obtenir une enveloppe de temps qui corresponde
davantage à l'importance du ministère et du ministre
délégué aux Forêts.
Je remercie évidemment tous ceux et celles qui l'accompagnent qui
ont dû se déplacer pour nous apporter leur appui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, il me reste à remercier M. le député,
mes collègues ici présents ainsi que tous les employés du
ministère. Je souhaite également, comme le député
de Dubuc le mentionne, qu'on mette plus de temps sur l'étude des
crédits et qu'on parle plus longuement de la forêt, en raison de
l'importance qu'elle occupe au Québec.
Je termine en remerciant tous les intervenants du domaine forestier et
tout spécialement les employés du ministère pour leur
collaboration au cours de la dernière année. Je compte sur une
collaboration équivalente pour l'année qui s'en vient. Je vous
remercie.
Le Président (M. Hétu): Je remercie tous les
membres qui ont participé à cette commission. Vu qu'elle a
accompli son mandat, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 19 h 13)