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(Vingt-deux heures huit minutes)
Le Président (M.Théoret): À l'ordre, s'il
vous plaît! Si vous voulez bien, ceux qui ne sont pas
intéressés par la présentation du projet de loi
prévu, vous retirer. Nous vous remercions de votre collaboration.
Alors, les travaux de la commission de l'économie et du travail
reprennent et je vous rappelle son mandat qui est de procéder à
la consultation des intéressés et à l'étude
détaillée du projet de loi privé 213, Loi concernant la
fusion par absorption entre la Coopérative Forestière du
Nord-Ouest et la Fédération des Chantiers Coopératifs de
l'Ouest Québécois.
Toutes les personnes sont présentes, il n'y a pas de
remplacement?
Il n'y a pas de remplacement, parfait. Alors, je vais demander
immédiatement au proposeur de présenter le projet de loi, puis je
vous dirai quel sera le temps alloué à chacun des intervenants.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Bien écoutez, M. le Président, comme il
est de coutume, je pense qu'il serait préférable, même si
je sais que c'est le député d'Abitibi-Ouest, donc, celui qui vous
parle qui en est le proposeur, parce que Me Ayotte qui est le procureur de la
partie demanderesse de ce projet de loi privé, ainsi que ses
invités vont présenter la quintessence du projet de loi
privé, si j'ai des commentaires à formuler, de le faire
après la présentation. Alors, je vous le ferai savoir.
Le Président (M. Théoret): Je vous remercie, mais
avant je veux demander au ministre s'il a des remarques préliminaires
à faire également.
M. Johnson: D'accord. Merci, M. le Président. Simplement
pour dire que dans un contexte comme celui-ci, je le rappelle chaque fois pour
les débats, le ministre de tutelle siège à la commission
en raison du fait, comme dans ce cas-ci, qu'il s'agit d'une loi qui affecte les
coopératives et qui prévoit que certaines dispositions de la Loi
sur les coopératives viendront jouer afin de réaliser l'objet qui
nous amène ici.
Donc, le ministre responsable s'assure au préalable que les
droits qui pourraient être affectés par les libellés
mêmes, les formulations que l'on retrouve dans le projet de loi, sont
dûment protégés ou qu'ils suivent dans la nouvelle
entité qui est créée, que les avis ont été
donnés, que toutes les parties qui pourraient être
intéressées de quelque façon par ce changement à
venir ont eu ample occasion de faire les représentations.
Évidemment, ceci permet de nous assurer que toutes les procédures
requises par la loi ont été dûment remplies.
Je dirais qu'à ce moment-ci c'est précisément
l'état d'esprit et d'assurance dans lequel je me trouve, à savoir
que toutes les procédures qui doivent précéder la
présentation et l'éventuelle adoption ont été
suivies selon mes collaborateurs.
Le Président (M. Théorêt): Je vous remercie,
M. le ministre. Je vais donc demander au requérant dans un premier temps
de bien vouloir se présenter et également ceux qui
l'accompagnent, en lui rappelant qu'il a quinze minutes pour faire son
intervention, tout comme les opposants auront quinze minutes également
pour faire leur intervention.
Discussion générale
M. Ayotte (Gilles): M. le Président, je me
présente. Mon nom est Gilles Ayotte. Je suis procureur de la
Fédération des chantiers coopératifs de l'Ouest
québécois et de la Coopérative forestière du
Nord-Ouest. Je suis accompagné par Me Fernando Noël, avocat-conseil
de la fédération, ainsi que par M. Ovila Provencher,
président de la Fédération des chantiers
coopératifs de l'Ouest québécois et président de la
Coopérative forestière du Nord-Ouest québécois.
Je vous trouve généreux, M. le Président, de nous
donner quinze minutes parce que je ne pense pas que j'aie besoin de quinze
minutes. À tout événement!
Le Président (M. Théorêt): Je vous ferai
remarquer que vous n'êtes pas dans l'obligation de les utiliser.
M. Ayotte: Je n'entends pas les prendre, M. le Président.
À tout événement, j'aimerais vous souligner que nous
présentons le projet de loi 213 dans le but de fusionner par absorption
la Fédération des chantiers coopératifs de l'Ouest
québécois par la Coopérative forestière du
Nord-Ouest.
M. le Président, un court historique pour nous situer un peu. La
Fédération des chantiers coopératifs de l'Ouest
québécois a été créée en 1946 et
regroupait différentes coopératives qui relevaient, soit du
domaine de l'industrie du sciage, soit du domaine de l'industrie de la coupe du
bois, de l'industrie forestière. En 1979 et 1980, il y a eu fusion de
différentes coopératives pour aboutir en 1980 à deux
coopératives qui étaient membres de la fédération,
soit la Coopérative de travail de Taschereau communément
appelée CTT qui regroupait les travailleurs de l'usine et la
Coopérative forestière du Nord-Ouest, communément
appelée CFNO, qui regroupait les travailleurs de la forêt.
À partir de 1980, s'ensuivit une série de débats et
de chicanes entre les deux coopératives qui s'est réglée
en mars 1987. En mars 1987, il y a eu fusion entre les deux coopératives
membres
de la fédération: la CTT et la CFNO se sont
fusionnées pour former la Coopérative forestière du
Nord-Ouest. Cela date de mars 1987. Depuis cette date, la
Fédération des chantiers coopératifs de l'Ouest
québécois, qui auparavant regroupait une série de
coopératives, ne compte plus qu'une seule coopérative, soit la
Coopérative forestière du Nord-Ouest.
Une fédération sans plusieurs coopératives n'a plus
sa raison d'être au sens de la Loi sur les coopératives. Il n'y a
plus qu'une seule coopérative qui est membre. Les actifs détenus
par la fédération appartiennent en réalité à
la coopérative qui est membre et qui regroupe tous les travailleurs y
compris ceux de la forêt, anciennement la CFNO, et ceux de l'usine, la
CTT qui se sont fusionnées ensemble.
Lorsqu'il y a eu fusion en mars 1987, nous avions tenté de
fusionner la CFNO et la CTT, c'est-à-dire les deux coopératives
et la fédération. La direction des coopératives nous a
donné une opinion juridique à l'effet que c'était
impossible, parce que la loi ne prévoyait pas la possibilité de
fusionner des coopératives avec des fédérations ou avec
une fédération. Partant de là et étant donné
qu'il fallait régler le dossier - et le dossier, après des
années de débat, entendait à se régler - nous avons
éliminé la fédération de la fusion et nous avons
fusionné les deux coopératives, sachant fort bien
qu'éventuellement il faudrait en arriver à la disparition de la
fédération. La fédération n'a plus aucun rôle
à jouer. Tous les membres qu'elle regroupait se sont rassemblés
maintenant en une seule coopérative. Il faut traîner des
procès-verbaux, il faut tenir des réunions, fournir des
états financiers à toutes les années. La
fédération n'a plus sa raison d'être. C'est le pourquoi du
projet de loi privé que nous vous demandons d'accepter.
La Loi sur les coopératives ne prévoit pas la fusion entre
une fédération et une coopérative. Elle prévoit la
fusion entre deux coopératives. La loi prévoit, pour faire
disparaître une fédération, soit la liquidation, soit la
dissolution. Or, la direction des coopératives, après
étude du dossier, nous a recommandé de procéder par fusion
par absorption et d'éviter de procéder par liquidation ou par
dissolution parce que cela amenait des impacts fiscaux importants et, surtout,
la perte de certains des pouvoirs que la coopérative a avec son
principal employeur, la compagnie Tembec.
De ce fait, il ne restait qu'une seule avenue, c'est-à-dire
demander la fusion par absorption. Nous vous soulignons, M. le
Président, que la fusion par absorption n'amène aucun impact
fiscal, n'enlève de droits à personne, puisque l'article 72 dit
que la coopérative absorbante est subrogée dans les droits et
obligations de la coopérative et/ou de la fédération -
qu'on vous demande d'adopter - absorbée, si bien qu'aucune personne,
aucun membre de la coopérative, que ce soit un travailleur de la
forêt ou un travailleur de l'usine - ceux-ci étaient
regroupés sous les deux coopératives différentes - ne perd
quelque droit que ce soit. Ce n'est qu'une suite logique au long processus du
dossier, entre guillemets, de Taschereau et il ne restera, à la suite de
l'adoption, si vous nous l'accordez, qu'à procéder à la
fusion et à fermer le dossier.
Les travailleurs de la forêt et de l'usine sont regroupés
dans une même coopérative et, jusqu'à maintenant, cela va
bien. Nous vous demandons tout simplement de nous enlever - je dis cela entre
guillemets - une béquille qu'est la fédération parce
qu'elle ne sert plus à rien. Elle ne sert absolument à rien. Sur
ce, je vous remercie. Je n'ai pas d'autre argumentation à soumettre.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
procureur. Je cède donc la parole maintenant, je pense, à M.
Caron. Si vous voulez également présenter celle qui vous
accompagne, M. Caron.
M. Caron (Louison): D'accord. Mon épouse, Monique
Huard-Caron. Je m'appelle Louison Caron. Je demeure ici à
l'Ancienne-Lorette. J'avais préparé un document que je ne serai
malheureusement pas capable de lire en 15 minutes. J'avais prévu un peu
que cela pouvait arriver. Je vais simplement lire ce que j'appellerais mon
préambule suivi des raisons plus précises de mon opposition pour
en préciser le pourquoi et ce que j'attendrais de cette commission.
Merci.
Alors, M. le Président, MM. les membres de cette commission, je
déclare être membre en règle de la Coopérative de
travail de Taschereau maintenant fusionnée avec la Coopérative
forestière du Nord-Ouest. J'étais administrateur de cette
coopérative et son président dans les années noires et
difficiles de 1973 à 1978. J'ai également été
président du comité de restructuration des Chantiers
coopératifs de l'Ouest québécois de 1976 à 1978.
J'ai ensuite été membre du comité de défense de la
Coopérative de travail Taschereau de 1982 jusqu'à ce que le
conseil d'administration de la coopérative se fasse frauduleusement
évincer et remplacer par des gens entièrement
inféodés aux individus qui ont été poursuivis
durant cette même période, à la fois au niveau criminel par
le ministère de la Justice du Québec et civilement par ma
coopérative. Je désire représenter ici ceux qui sont
absents: tous les individus membres des coopératives affiliées
à la Fédération des chantiers coopératifs de
l'Ouest québécois et qui ont été remerciés
de leur coopérative qui leur a remis le capital social qu'ils y
détenaient ainsi que tous les capitaux sous d'autres formes sans que
généralement il n'en fassent la demande et surtout sans leur en
fournir la raison principale.
Je vais rappeler cela très brièvement.
Premièrement, je vais faire un bref historique, comme maître
Ayotte l'a fait, des chantiers coopératifs. Les difficultés de
1974-1975 qui ont
amené l'intervention du gouvernement du Québec et de
Rexfor, ainsi que la réussite économique de l'opération
sauvetage. La mise en place du complot fomenté par cinq individus pour
s'approprier le contrôle et la valeur de l'entreprise. L'enquête
préliminaire au niveau criminel et ses irrégularités. Les
poursuites civiles. L'infamie de l'intervention politique du sous-ministre
associé, M. Benoit Tremblay, dans l'administration normale de la
justice. Les sept points que j'ai mentionnés, je les saute. Au besoin,
si vous le jugez à propos, je pourrai vous en faire part.
Les raisons de mon opposition. Pour les personnes non informées
du dossier, que l'on puisse s'opposer à un projet de loi
d'intérêt privé qui prend si peu de place, qui ne comporte
que trois paragraphes qui en fait ne sont que trois lignes et qui semble de si
peu de conséquence, presque insignifiant, cela peut surprendre. Pourtant
à la fédération et à ses constituantes, qu'elles
soient coopératives et/ou compagnies, il y a eu depuis bientôt dix
ans tellement de gestes illégaux, illégitimes et
déshonorants de la part des malfaiteurs qui contrôlent encore
cette organisation, si formidable en son temps, que je ne peux m'empêcher
comme citoyen de voir dans le projet de loi d'intérêt privé
213 qu'une démarche supplémentaire dans une opération dite
de "cover-up" ou de camouflage de ce crime. Bien plus important encore, ce
geste que vous poseriez ici absout ce crime, absolution qui ressemble à
un maquignonnage: Je te rends service, tu me rends service, nous sommes
quittes. Mais, il y a des victimes et qui perdent gros.
N'est-il pas normal que le président d'un organisme n'ait qu'un
but: faire grandir son organisation et grandir avec elle? Lorsqu'en juillet
1982, le président d'alors de la fédération, M. Brunet,
tente de réaliser un roulement d'actifs entre la
fédération des chantiers coopératifs et une compagnie
appelée Gestion FCCOQ, et bien qu'à l'occasion d'une
assemblée générale spéciale à cet effet,
mais reprise à une seconde occasion tellement elle avait
été mal faite, bâclée, il n'obtienne pas le
pourcentage de votes nécessaire par la loi pour la réaliser et
qu'il informe le ministre Parizeau par lettre qu'il a le pourcentage requis et
va de l'avant avec le projet, fraudant ainsi... Peut-être, peut-on
s'interroger à savoir, je m'excuse, comment ce type peut conserver assez
de pouvoir pour déplacer un haut fonctionnaire honnête qui fait
bien son travail, je veux dire M. Adrien Rioux, pour le remplacer par un plus
maniable, M. Benoit Tremblay, qui livre la marchandise, lui, et qui,
curieusement, évite d'être poursuivi pour détournement de
fonds?
Les manipulations de M. Brunet et de son association de malfaiteurs avec
la complicité illégale de certains éléments du
cabinet du ministre Daniel Johnson, de Pierre Arseneault, syndicaliste d'Amos,
de son syndicat et de certains des éléments les plus
bornés et les moins brillants de celui-ci, l'officier de Scierie
Taschereau inc, de la firme d'avocats Beaudry, Canuel de Montréal, de
l'avocat Georges Leblanc, en utilisant les mêmes moyens qui avaient
menés M. Brunet en cour criminelle, c'est-à-dire la supercherie,
le mensonge et autres moyens dolosifs, ont rendu...
Le Président (M. Théoret): M. Caron, je ne sais pas
si vous réalisez en quels termes vous énoncez votre
présentation, mais j'aimerais vous rappeler que toutes vos
déclarations sont enregistrées et que vous allez vers des
accusations très graves. Je vous rappellerais de toute façon
à la prudence, parce qu'il faudrait bien que vous réalisiez que
vous intervenez devant une commission parlementaire, que vous utilisez des
accusations directes en nommant des personnes et que c'est
enregistré.
M. Caron: Si vous me le permettez, je répondrai en
mentionnant un document. Je n'ai pas malheureusement le numéro, mais
c'était le ministère de la Justice du Québec contre quatre
individus et les accusations mentionnaient à ce moment-là
supercheries, mensonges et autres moyens dolosifs.
Le Président (M. Théorêt): M. Caron.
M. Gendron: Si vous me le permettez, je veux juste vous indiquer,
M. Caron que la remarque qui a été faite par le président
est pour vous donner tous vos droits comme citoyen et opposant.
Sincèrement, parce que je vous connais, c'est uniquement pour vous
indiquer un fait que vous ne connaissez pas. Il ne vous empêche pas de
continuer la présentation comme bon vous l'entendez.
M. Caron: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): Exactement.
M. Gendron: C'est comme cela que je comprends ça. Le
président de la commission vous a juste dit: M. Caron, si vous
décidez d'utiliser ces termes-là, c'est vous qui faites ce choix
et libre à vous. C'est de même que vous devez comprendre cela
comme citoyen.
M. Caron: D'accord.
Le Président (M. Théorêt): Je voulais surtout
vous rappeler que c'était enregistré.
M. Caron: Je vous remercie et je serai prudent. Or, dans le
dossier, qui payait les services des avocats Beaudry et Leblanc? Est-ce que
c'était le syndicat? Est-ce que c'étaient les gens qui ont
été poursuivis en cour de 1983 à 1985, par le biais de
l'un ou l'autre des organismes qu'ils contrôlaient ou encore par le
gouver-
nement du Québec, par le biais du ministre Daniel Johnson?
Oublions tout ce qui est illégal dans l'ensemble des gestes
posés pour amener ce changement de contrôle et voyons ce que les
petits membres propriétaires ont gagné. Bien entendu, ces
nègres-là ne sont pas importants. Personne jusqu'à
maintenant ne s'est soucié d'eux au gouvernement; cela en est la
preuve.
Les deux coopératives, la CTT et la CFNO ont fusionné
entre elles et se sont partagé les dépouilles de la
fédération. D'une manière équitable, croyez-vous?
Eh bien, non! Par un jugement de Salomon à la sauce Brunet, la CTT s'est
ramassée avec 32 % de la valeur totale, en plus d'être
désavantagée partout sur toute la ligne.
Il faut savoir que la fédération, c'est une
fédération. Donc, elle compte des membres, ses
coopératives membres. Les coopératives qui faisaient affaire
directement avec elle avaient à payer un montant de capital social x qui
était le même pour toutes. La CFNO résulte de la fusion de
trois coopératives, amenant ainsi un capital égal à troix
x, et la CTT de son côté résultait elle aussi de la fusion
de trois coopératives, amenant elle aussi un capital égal
à troix x, égal à celui de la CFNO.
Ainsi, la CFNO, M. Brunet, dans le but de prouver sa supposée
expertise, l'a toujours avantagée, car les contrats de coupe et autres
que Brunet STI donnait sans appel d'offres à Brunet CFNO étaient
absolument exempts de risques et même, si des interrogations survenaient
à la CFNO, Brunet CFNO ordonnait à Brunet STI de verser un
pourcentage additionnel.
Ainsi, pour des objectifs terre à terre et discutables... Je vais
sauter un bout si cela ne vous fait rien. Dans ce dossier, les membres de la
CFNO ont perdu des millions en effectuant des communications et/ou en se
rendant rencontrer... Je m'excuse, j'ai sauté un bout et je suis mieux
de le garder. Je mentionnais dans ce paragraphe l'intervention un peu curieuse
du syndicaliste Pierre Arseneault. Il a toujours désiré la
disparition de la coopérative, afin de pouvoir contrôler les
travailleurs sur place et à sa volonté.
Bien que ce fut afin de: premièrement, pouvoir contrôler
les travailleurs sur place et à sa volonté, c'est-à-dire
pouvoir à sa convenance opposer le chantage d'une grève à
Taschereau contre une grève à La Sarre, par exemple, bien que ce
ne furent pas les mêmes propriétaires, bien qu'à Taschereau
les coopérateurs aussi membres du syndicat soient propriétaires;
ce qu'Arseneauit n'a jamais pu comprendre. Par exemple, il lui est
arrivé d'arriver a Taschereau en disant: C'est à votre tour de
faire la grève, les autres l'ont déjà faite. M. Arseneault
voulait continuer à retirer ses cotisations et même à les
sécuriser. (22 h 30)
Ainsi, pour des objectifs plutôt terre à terre et
discutables, M. Arseneault s'est fait complice de ce qui a les apparences d'une
fraude, a fait perdre des millions à ses membres, a participé
à amoindrir la position de CTT, en effectuant des communications et/ou
en se rendant rencontrer lui-même des membres qui étaient à
la retraite ou au service d'une autre entreprise. Car, si on prend l'exemple
d'un type qui a travaillé 30 ans à Taschereau ou qui a
quitté, peu importe la raison, ce type a bien plus de droits au partage
de la dépouille de la fédération que le dernier
syndicaliste à arriver.
De plus, une scierie produisant du 16 pieds est bien plus avantageuse
qu'une scierie transformant du 12 pieds en prévision de desservir une
usine de papier avec les copeaux et do diminuer ainsi la CTT. Brunet avait
déjà transformé l'usine à 12 pieds rapportant moins
de revenus au propriétaire, mais donnant plus de copeaux à
meilleur prix à Tembec et liquidant d'un coup un tiers des travailleurs
de Taschereau, et tout ceci avec la bienveillance syndicale.
M. le Président, considérant que la présente
session se termine dans quelques heures et qu'il n'y a aucune espèce
d'urgence à ce que je projet de loi à intérêt
privé 213 soit adopté à cette occasion, car s'il n'y a eu
aucune assemblée générale annuelle de la
fédération depuis plus de sept ans, ce qu'il en reste ne peut
souffrir beaucoup plus; considérant qu'il est impératif que des
vérifications et avis juridiques auprès du ministère de la
Justice se fassent sur les points ci-après énumérés
à savoir: que le gouvernement du Québec, via le cabinet du
ministre de l'Industrie et du Commerce, Daniel Johnson, a collaboré
physiquement, techniquement et financièrement a favoriser le
renversement du conseil d'administration de la CTT, afin d'en remettre le
contrôle sous la tutelle du leader d'un groupe d'individus poursuivis en
justice devant la Cour supérieure du district d'Abitibi, groupe qui
contrôlait déjà CFNO, FCCOQ, STI ainsi que les autres
organismes reliés au dossier; que le conseil d'administration
démocratiquement élu par des assemblées
générales annuelles tenues régulièrement et
légalement selon la Loi sur les coopératives, chap. C-67.2, fut
renversé et remplacé totalement par des individus à la
solde de Brunet et d'Arseneault, de façon illégale et qui ne
respectait pas ladite Loi sur les coopératives et les règlements
généraux des coopératives impliquées et de la
fédération; que le tout s'est fait au vu et au su des
responsables de l'application de la Loi sur les coopératives au
Québec et d'officiers supérieurs du cabinet de M. Daniel
Johnson.
Le Président (M. Théorêt): M. Caron, je vous
interromps, juste pour vous dire que, d'une part, il vous reste une minute, et
étant donné que vous n'aurez pas eu le temps nécessaire
pour parcourir tout votre texte, s'il est de votre désir de le
déposer en entier à la commission, vous aurez le choix de le
faire. Mais je vous rappelle
qu'il vous reste une minute.
M. Caron: Si vous voulez; j'ai terminé ce document
aujourd'hui. Je suis disposé à le remettre à la
commission.
Le Président (M. Théorêt): Parfait.
M. Caron: J'aimerais que vous me donniez quelques jours. J'ai un
appareil de traitement de textes. Je vais simplement le taper à la
machine.
Le Président (M. Théorêt): Comme vous voulez.
Vous le ferez parvenir au secrétariat de la commission à ce
moment-là, M. Caron.
M. Caron: Alors, je pense bien que le point que je suis venu
défendre ici... Je terminais. Je vais prendre la minute, si vous voulez,
simplement pour mentionner quelque chose. Je vous remercie de m'avoir permis de
me présenter devant vous pour me permettre d'accomplir mes devoirs de
citoyen. Je souffre à l'idée que j'ai pu vous donner l'impression
que la saleté que j'ai apportée devant vous puisse vous laisser
penser que tout ceci se déroulait dans une république de bananes.
Cela me fait mal de constater que la corruption existe dans ce que notre
imagination appelle notre démocratie. J'aime mon pays. Je le veux
propre, juste, démocratique. J'y perçois quelques saletés.
Je suis prêt à contribuer à le rendre propre. Vous, MM. les
députés, avez été élus. Mettez-vous à
la place des gens qui ont vécu l'épreuve déshonorante de
se voir illégalement et illégitimement enlever leurs droits, et
je suis certain que vous partagerez mes sentiments. Si vous aimez votre pays
comme je l'aime, je suis convaincu que la raison du parti et autres directives
seront mises de côté et que vous ferez votre devoir. Je vous
remercie.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. Caron.
M. le député d'Abitibi-Ouest, est-ce que comme proposeur, vous
avez...
M. Gendron: Oui, je voudrais juste dire trois à quatre
phrases. Disons qu'en ce qui me concerne comme député
d'Abitibi-Ouest, j'ai vécu moi aussi toute cette saga de la
Fédération des chantiers coopératifs,
indépendamment des appellations, tout ce qui s'est passé à
la scierie Taschereau, des coopératives et tout cela. Tout le monde sait
qu'être le parrain d'un projet de loi privé, c'est strictement
pour permettre, suivant la procédure, que le procureur de la partie
demanderesse puisse faire la partie législative qu'il souhaite faire
pour régulariser une situation. Je tiens seulement à signaler aux
collègues parlementaires qu'en ce qui me concerne, je prétends
que, pour ce qui est du projet de loi, c'est-à-dire procéder
à la fusion par absorption entre la Coopérative forestière
du Nord-Ouest et la Fédération des chantiers coopératifs
de l'Ouest québécois, c'est une chose, et l'historique fait par
l'opposant, M. Louis Caron en est une autre. Je ne dis pas que l'historique
qu'il a fait, moins les jugements qu'il a portés - c'est son droit -
doit être considéré partie prenante au projet de loi si
l'ensemble des parties concernées ont autorisé le cheminement de
ce projet de loi pour qu'il soit rendu ici en "bill" privé.
J'ai présenté le projet de loi parce que c'est un
problème qui a eu lieu dans ma circonscription électorale, et je
n'ai jamais porté de jugement sur la nature et le fond des choses
puisque - je ne veux pas faire l'historique que je connais bien - à
compter du moment où il y a eu une enquête préliminaire
suite à des poursuites de nature criminelle, et que le juge, dans un
long jugement que je connais de 77 pages, qu'on pourrait aussi relire ici - les
éléments d'accusation sur les cinq personnes qui avaient
posé le geste, que je connais bien - les a libérées, que
par la suite, diverses autres parties, toujours associées à cette
situation, ont entrepris quelquefois des poursuites au civil et d'autres au
criminel, et que toutes ces poursuites ont été retirées ou
annulées, en tout cas, le procureur pourra le confirmer, puisqu'il les a
en mains, je n'ai pas d'autre alternative de dire, M. le ministre, qu'en ce qui
concerne ma responsabilité d'élu dans cette circonscription, si
ce n'est que d'avoir vécu difficilement les événements qui
ont été vécus, de dire qu'un jour il va falloir quand
même régulariser une situation qui n'a plus sa raison d'être
par rapport aux lois existantes... Je ne porte pas de jugement sur les
règlements, les lois existantes et sur les parties qui ont eu à
poser des gestes à l'une ou l'autre des étapes, mais je veux
seulement indiquer que c'est dans ce sens. C'est sûr que je pourrais
poser certaines questions à l'opposant, mais les questions que je
poserais seraient tout simplement pour revenir sur des situations que je
connais parfaitement bien et qui, en ce qui me concerne, ne me permettraient
que d'avoir un point de vue que je respecte, celui de l'opposant, mais qui, en
ce qui concerne le fond des choses, ne me permettraient pas d'apporter quelque
chose d'éclairant pour dire qu'il n'y a pas lieu de procéder
à la demande qui nous est faite.
Si j'avais la conviction d'être en mesure d'apporter des
éléments éclairants pour convaincre les collègues,
dans le sens contraire, de ne pas procéder, en conscience, je vous dis
que je le ferais. Mais, je ne crois pas que je sois en mesure d'apporter des
éléments éclairants pour convaincre le ministre et les
parlementaires ministériels qui sont majoritaires - même si c'est
un "bill" privé que je présente - et si, effectivement, les
arguments de l'opposant avaient convaincu le ministre et les collègues
ministériels, bien, je veux leur indiquer que ce n'est pas parce que je
suis le présentateur du projet de loi, en vertu d'une mécanique
qu'on connaît bien ici à l'Assemblée nationale, que vous
m'indisposeriez de ne pas l'agréer et de ne pas
accepter le projet de loi. Je veux dire que je ne suis pas membre du
gouvernement et que je n'ai pas la capacité de le sanctionner et de le
ratifier comme parlementaire. J'avais la capacité de mettre mon nom pour
qu'il soit présenté et pour que, effectivement, s'il y avait des
opposants - puis on ne le sait pas tant que le geste ne se pose pas - ils
puissent le faire. Alors, c'est dans ce sens que j'ai été
associé à ce projet de loi privé.
Maintenant, cela dit, que le ministre et les parlementaires, s'ils
prétendent qu'il y a lieu d'interroger l'opposant ou Me Ayotte, pour
comprendre davantage - si c'était le cas, que vous ne compreniez pas de
quoi il s'agit - ce n'est pas à moi à être dans vos
pensées. Mais je veux seulement vous indiquer de vous sentir bien
à l'aise d'agréer ou non l'étape que nous franchissons ici
en commission parlementaire.
Le Président (M. Théorêt): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. M. le ministre.
M. Johnson: M. le Président, j'ai songé un moment
à ne même pas adresser quelques paroles que ce soit à M.
Caron, étant donné - je vais le dire bien sincèrement - la
démesure des termes qu'il a employés et l'absence de
démonstration de son intérêt à comparaître ici
pour nous expliquer comment une fusion par absorption peut léser ses
droits de quelque façon. Ce que nous avons devant nous, je l'ai dit
dès le départ, est un projet de loi privé qui permet
à deux organismes du mouvement et constitués à
l'intérieur du mouvement coopératif, soit une
fédération, d'une part, et une coopérative, d'autre part,
de se fusionner parce que, au point de vue technique, il n'y a aucune raison de
maintenir l'existence d'une fédération qui n'aurait qu'un membre.
C'est l'évidence la plus criante, quant à moi, que j'ai vue de
longue date dans ce secteur des coopératives. De la même
façon qu'une association d'un membre n'est pas une association, une
fédération d'un seul membre ne me semble pas être une
fédération.
Je redis, par ailleurs, que s'il y avait quelque droit de quelque
personne, morale ou physique, qui pourrait être en cause, à la
suite de l'adoption de ce projet de loi, les droits que celle-ci peut faire
valoir, soit à l'encontre de la coopérative ou de la
fédération, subsistent. Il y aura la CFNO comme successeur et de
la CFNO qu'on connaît et de la Fédération des chantiers
coopératifs de l'Ouest québécois et ce, en vertu de toutes
les dispositions législatives existantes. Il n'y a donc aucune
façon par laquelle on pourrait trouver des défauts qui feraient
en sorte que des droits existant aujourd'hui seraient annulés, abolis,
pour un temps ou pour l'éternité, en vertu des dispositions du
projet de loi 213. Étant donné que je n'ai aucunement l'intention
de verser dans le même genre de discours que ce que je viens d'entendre,
M. le Président, quant à moi, je n'ai rien d'autre à
écouter.
Étude détaillée
Le Président (M. Théorêt): Alors, je vous
remercie. Cela dit, nous allons procéder immédiatement à
l'étude du projet de loi. Je demande si le préambule du projet de
loi numéro 213 est adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
J'appelle donc l'article numéro 1 du projet de loi. Est-ce que l'article
numéro 1 est adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Adopté.
Est-ce que l'article numéro 2 est adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'article numéro 3 est adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que le
titre du projet de loi numéro 213 est adopté?
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Théorêt): Est-ce que
l'ensemble du projet de loi 213 est adopté?
M. Johnson: Adopté.
Adoption
Le Président (M. Théorêt): Adopté. Le
projet de loi 213 est donc adopté.
La commission de l'économie et du travail ayant terminé
ses travaux, j'ajourne les débats sine die.
(Fin de la séance à 22 h 44)