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(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Poulin): Je déclare la
séance ouverte. Voici le mandat de la commission: procéder
à l'interpellation du ministre de l'Énergie et des Ressources par
le député d'Ungava sur le sujet suivant: La politique
énergétique du gouvernent libéral.
Est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a deux
remplacements. M. Charbonneau (Verchères) est remplacé par M.
Perron (Duplessis) et M. Théorêt (Vimont) est remplacé par
M. Poulin (Chauveau).
Le Président (M. Poulin): Je vais rappeler les
dispositions régissant l'interpellation. Le député qui a
donné l'avis d'interpellation intervient en premier pendant dix minutes.
Le ministre interpellé intervient ensuite pendant dix minutes. M. le
député d'Ungava.
Exposé du sujet M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Effectivement, il me
fait plaisir d'être ici aujourd'hui pour pouvoir obtenir quelques
renseignements complémentaires, à tout le moins, et discuter de
la politique énergétique du gouvernement du Québec qui a
été déposée en catimini en cours d'intersession par
le ministre responsable du dossier. Au moment où le ministre a
déposé sa politique énergétique, on était
content d'avoir un document, quelque chose à se mettre sous la dent,
dans la mesure où on l'avait demandé, à plusieurs
reprises, en Chambre. Le ministre nous avait annoncé plusieurs fois,
sans se gêner, qu'il déposerait une politique
énergétique claire par laquelle les Québécois
sauraient où on s'en va dans le domaine énergétique et
donnerait de grandes orientations ou des pistes intéressantes sur ce
qu'on devait faire.
Alors, c'est avec plaisir qu'on a ouvert ce magnifique document qui a
sûrement été préparé à grands frais
par le gouvernement du Québec, assorti de photos publicitaires non moins
élégantes où on voit, par exemple, le ministre de
l'Énergie et des Ressources en compagnie du premier ministre, en train
de signer une entente de coopération ou d'échange avec
l'État de New York et des choses semblables. C'est un très beau
document publicitaire.
Mais à la lecture du document, plus on avance, plus on est
déçu. D'abord, parce que le ministre a tout fait, mais il a
vraiment tout fait. Il s'est forcé à l'extrême pour faire
complète abstraction de la première politique
énergétique du gouvernement du Québec qui avait
été dépo- sée en 1978. Nulle part dans son texte,
mais absolument nulle part - je vous mets au défi d'y trouver une
référence - le ministre ne parle de ce document qui est la
première politique énergétique du gouvernement du
Québec.
Il pousse même jusqu'à faire abstraction des
références à 1976. C'est tellement évident qu'on ne
peut pas faire autrement que d'en parler. Quand on prend, par exemple, la page
14 de son document Politique énergétique pour les
années 1990 où on parle du bilan énergétique,
de la répartition des différentes sources d'énergie par
rapport au pourcentage de chacune de ces sources d'énergie dans notre
utilisation globale d'énergie au Québec, on voit un petit
tableau; on y voit des tartes divisées en quatre pointes de
différentes grosseurs. On a, au Québec, comme vous le savez,
quatre principales sources d'énergie: le pétrole,
l'électricité, le charbon et le gaz naturel. On a fait des
tranches de dix ans: 1986, 1996, 2006... On marche par tranches de dix ans,
sauf que lorsqu'on va dans le passé - cela est le futur - le ministre
réussit à mêler tellement les cartes que ses
références dans le passé, elles, ne sont plus par tranches
de dix ans, mais sont par tranches de quinze ans, pour commencer à 1971.
Au lieu de le faire en fonction de 1976, ce qui aurait été dans
la logique de son cheminement par rapport au futur. On aurait dit: On a quatre
étapes à dix ans de différence et on peut faire des
comparaisons sur une période de dix ans. Mais la présentation est
tellement politique, dans le sens même de la présentation de son
texte au complet, c'est beaucoup plus de la publicité qu'une politique
énergique, qu'il fait référence à 1971. Mais il ne
peut pas quand même faire abstraction des graphiques parce que là,
quand on passe aux graphiques, à la présentation visuelle ou
schématique, lui, il peut se faire des étapes dans le temps et,
à ce moment-là, il peut facilement passer par-dessus 1976... Mais
quand on arrive dans les graphiques, là il ne peut pas faire autrement
que de l'accepter parce qu'on avance année par année. Vous savez
qu'il serait bête de faire un trou de dix ans, de 1976 à 1986
à l'intérieur des graphiques. Là, on se rend compte, si on
regarde à la page 15, par exemple, en ce qui concerne la consommation du
pétrole brut et les importations de pétrole sur le marché
extérieur et notre consommation interne, que c'est à partir de
1978-1979 qu'effectivement le tournant s'est pris. En termes de diminution de
la consommation, on remarquera que c'est seulement à partir de 1976 et
non pas avant que les importations du marché mondial sont passées
en bas de notre consommation totale, dans la courbe. Il y a un tournant qui
s'est fait là entre 1976 et 1978, qui est bien évident.
Quand on va à l'autre page où on parle de la consommation
totale d'électricité, on remarque encore qu'il y a une... C'est
sûr qu'il y a une
croissance qui est continue au Québec, en termes de consommation
d'électricité, mais il y a une croissance qui est passablement
marquée de 1978 à 1986 qui est très rapide et
excessivement rapide même entre 1982 et 1986. Mais le ministre a
essayé encore de ramener tout cela sur 1971 lors de la première
réincarnation de l'actuel premier ministre.
Si on va à la page suivante, à la page 17, on parle de la
consommation totale de gaz naturel. Là, c'est encore beaucoup plus
évident. On constate qu'à partir de 1976, il y a eu une courbe.
Alors qu'il y avait vraiment stagnation dans la consommation du gaz naturel de
1974 à 1976, à partir de 1976 à 1981, on a eu une
augmentation constante importante. En 1981-1982, il y a eu une petite baisse
pour des raisons qu'on connaît, étant donné la conjoncture
économique de ce moment, c'est bien clair. Mais de 1982 à 1986,
on a pratiquement doublé notre consommation de gaz naturel. Et c'est
ainsi sur toute la ligne.
Un autre exemple flagrant. Et il faut dire que ce n'est pas seulement
à un endroit dans le texte où l'on retrouve cela. En page 20:
évolution des consommations énergétiques du Québec
selon le type d'usage; c'est la même chose. On retrouve encore un tableau
qui part de 1971 à 1986 pour le passé et, ensuite, les tranches
de dix ans sont acceptables dans l'avenir, donc 1996, 2006.
Il y a là une fourberie qui, à notre avis, mérite
d'être dénoncée, d'autant plus que le ministre essaie de
nous présenter un document qui se veut, selon lui, la première
politique énergétique. Je comprends, c'est la première qui
est très bien présentée, présentation très
coûteuse d'ailleurs pour un gouvernement économe, avec une belle
photo du premier ministre en page 9 et, plus loin, à la page 53, une
photo du ministre très souriant, en train de signer une entente de
coopération. Mais je vous mets au défi de retrouver ce genre de
publicité dans la première vraie politique
énergétique du gouvernement du Québec qui date de 1978,
beaucoup moins coûteuse dans la présentation, mais pas mal plus
concise dans le texte, qui témoigne d'un gouvernement
véritablement préoccupé par l'abolition des
dépenses inutiles et de propagande - ce qu'on retrouve ici...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: ...et qui fixe les grands paramètres de ce que
devrait être une politique énergétique
québécoise.
Pour ceux qui en douteraient, on peut regarder rapidement les objectifs
qu'on retrouve dans le texte de 1978. Encore là, on va voir si le
ministre a fait preuve d'imagination ou s'il s'est contenté de faire un
mauvais plagiat de ce qui avait été fait auparavant. En 1978, on
disait qu'il fallait accroître l'économie
énergétique du Québec, encourager l'efficacité dans
l'utilisation de l'énergie, doubler d'ici à 1990 la
présence des sources énergétiques
québécoises dans le bilan, renforcer la sécurité de
nos approvisionnements en énergie importée. Et on parlait des
grands thèmes qui permettraient de le faire: Encourager l'utilisation
efficace de l'énergie; doubler, d'ici à 1990 - on vient de le
dire - la présence des sources énergétiques
québécoises dans le bilan. On donne des références,
on dit "doubler". Nulle part, dans son texte, le ministre ne dit: Nous avons
tels échéanciers. On disait: Renforcer la sécurité
de nos approvisionnements en énergie importée; privilégier
le développement simultané de l'économie et de l'emploi au
Québec; impliquer les Québécois dans la mise en place de
politique énergétique; intégrer la dimension
énergétique dans les grandes décisions
socio-économiques des pouvoirs publics.
On avait là toute une panoplie d'interventions ou d'orientations
qui permettaient de comprendre la structure énergétique au
Québec et l'aménagement en fonction des besoins et des
décisions gouvernementales concernant le développement
économique, le développement régional, la participation du
citoyen à la vie du milieu.
On me dit que j'ai terminé ma première intervention.
Lorsqu'on reprend les grandes orientations du ministre actuel dans son texte,
elles sont résumées à quelques interventions qui vont
exactement dans le même genre. Il n'a rien inventé, il n'y a rien
de nouveau. On voudrait savoir du ministre ce qu'il entend vraiment faire avec
cette politique, finalement. En plus d'être une véritable
propagande gouvernementale, ça ne nous donne absolument aucune
information sur ce que va devenir la politique énergétique
québécoise.
Le Président (M. Poulin): M. le ministre.
Réponse du ministre M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Premièrement,
je veux remercier le député d'Ungava pour avoir reconnu le
professionnalisme de notre document. Il a été bien
préparé et il donne des messages clairs à la
population.
Quand le député d'Ungava commence à critiquer la
politique énergétique, elle a été rendue publique
au mois de septembre. Le député d'Ungava nous dit: On ne l'a pas
déposée à l'Assemblée nationale. Bien, ce n'est pas
différent de ce que le ministre des Finances, M. Duhaime, avait fait. Au
mois de janvier, hors session, il avait rendu public son livre blanc sur la
fiscalité. Alors, je n'ai pas créé de
précédent en rendant ça public au mois de septembre, alors
que la Chambre ne siégeait pas; votre gouvernement a fait la même
chose.
Deuxièmement, quand le député d'Ungava critique
notre politique, il trouve des éléments avec lesquels il semble
être en désaccord. Je
voudrais lui citer les propos de son propre chef, le chef du Parti
québécois, qui a fait un commentaire sur la politique, le 16
septembre, quelques jours après que je l'aie rendu publique. Je cite le
journal Le Devoir: "Incidemment, M. Parizeau se dit en parfait accord
avec le livre blanc sur l'énergie". J'espère que le
député d'Ungava ne prendra pas cette occasion-ci pour contester
son propre chef.
Je pourrais terminer mon intervention à ce moment-ci et demander
à d'autres députés d'intervenir, mais je voudrais
répondre à d'autres affirmations du député
d'Ungava. Vous savez, le domaine de l'énergie ne se chiffre pas
nécessairement et n'est pas nécessairement
déterminé par certains événements ou par
l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement ou d'un autre. Le
député d'Ungava essaie de politiser les dates dans les graphiques
de mon document. Quant à la raison pour laquelle on mentionne
l'année 1971, le député d'Ungava dit que c'est parce que
le premier ministre a été élu. Premièrement, M.
Bourassa a été élu en 1970, alors cela n'a rien à
voir avec l'élection du Parti libéral. Mais on a utilisé
les chiffres de 1971 parce que c'est l'année qui a
précédé la crise pétrolière. Quand on arrive
à 1976 et qu'on donne certaines informations, on ne les donne pas parce
que le Parti québécois a été élu en 1976; on
donne les chiffres de 1976 parce que, pour l'information du
député d'Ungava qui ne le sait peut-être pas,
c'était l'ouverture de l'oléoduc Sarnia à Montréal.
Cela n'a rien à voir avec un événement politique; c'est un
fait qui s'est produit dans le domaine énergétique à la
suite de la crise pétrolière. Quant à l'année 1981,
ce n'est pas parce qu'il y a eu une élection cette
année-là qu'on donne certains chiffres, mais parce que c'est
l'année de l'arrivée du gazoduc par les fonds
fédéraux du gaz naturel.
Je voudrais aussi dire au député d'Ungava que la politique
de M. Joron n'a pas été la première énoncée
au Québec. La première politique énergétique
énoncée au Québec a été faite en 1972 par
Gilles Massé, le ministre des Richesses naturelles de cette
époque.
Je trouve très louables les efforts de M. Joron, mais la
différence entre la politique énergétique du Parti
québécois de 1978 et la nôtre, c'est que pour la
première fois nous avons une politique énergétique
globale. Je vais vous apporter quelques éléments contenus dans la
nôtre qui n'étaient pas dans la politique
énergétique en termes d'objectifs quand vous dites qu'on
répète, qu'on dit les mêmes choses.
Premièrement, votre gouvernement n'a jamais parlé de
sécurité d'approvisionnement canadien, l'Ouest canadien. Vous ne
pouviez pas parce qu'à ce moment, je n'ai pas à vous le rappeler,
vous aviez une idéologie politique un peu différente. Alors, la
sécurité d'approvisionnement canadien, les ressources
canadiennes, vous n'en parliez pas. C'est une démarcation entre notre
politique et la vôtre.
Deuxièmement, vous ne parliez pas de diversification de produits
énergétiques. La différence avec notre politique c'est que
nous, ce n'est pas une politique basée sur une planification
autoritaire. Dans la planification en 1978, on donnait des chiffres, le
gouvernement était pour faire ceci ou cela. Nous, nous voulons utiliser
l'énergie comme force motrice de développement économique.
Ce ne sont pas des spéculations futurologiques, comme le dit
l'éditorial de La Presse du 15 septembre. On aurait pu sombrer dans des
spéculations futurologiques avec le risque de graves erreurs qu'elles
comportent. On ne l'a pas fait. Nous voulons utiliser notre énergie,
toutes les formes d'énergie pour des fins de force motrice de
développement économique. C'est là le but de notre
politique et elle est globale.
Je vais vous donner une autre opinion qui est un peu plus impartiale que
la vôtre quand vous voulez nous attribuer des intentions partisanes
à notre politique. Je vais vous citer un autre éditorial, celui
de La Presse du 15 septembre. Quand il parle de spéculations
futurologiques avec le risque de graves erreurs qu'elles comportent, il dit:
"Ce n'est pas le cas du document rendu public par le ministre
québécois de l'Énergie et des Ressources. Sa politique
énergétique n'est donc pas un document libéral partisan,
mais un document québécois".
À la suite des propos de votre chef, M. Parizeau, et les opinions
des éditorialistes qui ont fait un examen de cette politique, je vous
inviterais à réfléchir un peu plus sur les objectifs de
notre politique, les moyens que nous allons prendre pour arriver à nos
objectifs, et le vrai contenu et les raisons pour lesquelles nous avons
réunis ces informations que nous avons rendues publiques.
Je répète encore que le but de cette politique, c'est de
l'utiliser comme force motrice de développement économique pour
le Québec J'y reviendrai dans d'autres interventions plus tard durant
cette interpellation.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, une brève
réaction.
Argumentation
Le Président (M. Poulin): Je voudrais vous rappeler
à ce moment-ci que les interventions sont de cinq minutes.
M. Christian Claveau
M. Claveau: D'accord. Une brève réaction. D'abord,
iI faudrait situer les commentaires de M. Parizeau dans leur contexte. Je ne
peux pas être contre la vertu. C'est clair. Ce que vous reprenez
là c'est ce qu'on disait en 1978. On ne
peut pas être contre cela. C'est bien évident. À ce
moment-là, M. Parizeau était au gouvernement comme ministre des
Finances bien connu et réputé. Il ne pouvait pas être
contre ça. Il est bien évident. M. Parizeau faisait
référence aussi au rôle que vous donniez à
Hydro-Québec comme société d'État à
l'intérieur de l'économie québécoise, ce sur quoi
nous sommes tout à fait d'accord. Le rôle de SOQUIP et des
différentes sociétés québécoises... Je veux
bien dire, aux pages 44, 45 et 46, là où vous énoncez un
peu vos grands principes, que c'est à peu près les seules pages
dans tout ce texte qui peuvent vraiment s'appeler politique
énergétique.
Quant au reste, j'inviterais les téléspectateurs à
le lire et à en demander au ministère. Ce n'est pas un document
secret. Ils pourraient voir jusqu'à quel point c'est vraiment de la
propagande. À cet effet, je pense que le ministre, étant
donné qu'Hydro-Québec avec les contrats d'exportation, tout
ça c'est très important pour Hydro-Québec, on voit que
ça transcende partout, ça transpire à toutes les pages du
texte qu'on s'en va vers l'obligation d'augmenter les exportations à
Hydro-Québec. On aimerait comprendre la logique, à savoir vers
où le ministre s'en va. Parce que vous remarquerez, M. le
Président, que j'ai eu peu de réponse de la part du ministre
à savoir vers où il s'en va au sujet de ses politiques à
l'égard d'Hydro-Québec.
On se souviendra que le premier ministre du Québec, dans son
livre L'énergie du Nord, en page 105, nous précisait qu'il
pourrait répartir les ventes de 12 000 mégawatts entre plusieurs
acheteurs et plusieurs groupes d'acheteurs plutôt qu'avec un seul
preneur. À ce moment-là, on parlait d'énergie ferme
garantie, 12 000 mégawatts, que le Québec devait vendre.
C'était avant les élections de 1985.
Tout de suite après les élections de 1985,
Hydro-Québec, dans son plan de développement, nous disait: C'est
bien dommage, mais c'est 3500 mégawatts avec un maximum de 4000
mégawatts, une possibilité; ne rêvez pas à plus de
4500 dans une deuxième phase, une deuxième étape,
après avoir liquidé les excédents d'énergie qui
viennent des mauvaises décisions qui ont été prises en
1971 et 1975, quant à la construction de centrales. À ce
moment-là, Hydro-Québec disait: Pas plus que 4500, mais on se
dirige vers un scénario de 3500. D'ailleurs, selon ce qu'on sait
jusqu'à présent, il y a toujours seulement un nombre de 500
mégawatts de vraiment signé ferme. Il y a des lettres d'entente
desquelles les gens peuvent se retirer, le contrat de Central Maine Power sur
lequel on reviendra tout à l'heure, où on négocie à
la baisse, ce qui devait faire partie, au départ, de la lettre
d'entente.
On parle maintenant, dans ce contexte, qu'on va pouvoir vendre
l'énergie: Pour sa part, le gouvernement désire renforcer encore
les investissements consentis à l'aménagement de ressources
hydrauliques en s'appuyant notamment sur la vente d'exportations
supérieures au scénario actuel d'Hydro-Québec. Donc, on
veut pousser le scénario. Il y a des hypothèses qui nous laissent
croire qu'actuellement le ministre se dirige vers 7500 mégawatts au lieu
de 3500, essayer d'obliger Hydro-Québec d'aller jusque-là, mais
là on ne parle plus d'énergie ferme garantie, on parle de toutes
sortes de produits, de toutes sortes d'énergies. (10 h 30)
Alors, on aimerait savoir, de la part du ministre, où conduit
cette affaire. Est-ce que ce que le premier ministre nous disait avant
l'élection... Dans son premier énoncé, il disait: On va
vendre 12 000 mégawatts d'énergie ferme garantie parce qu'on est
capable de le faire. Hydro-Québec disait non, 3500; c'était en
1986-1987, tout de suite après l'élection, une façon pour
le gouvernement de se récupérer et de dire: Là, on avait
des objectifs à long terme avant les élections et, maintenant, on
est plus pragmatique, donc 3500 mégawatts. Maintenant, on dit: Ah oui,
on va pousser en augmentant, on va en vendre plus, mais on ne parle plus
d'énergie ferme garantie; on parle de toutes sortes de produits, des
énergies saisonnières, des énergies excédentaires,
des transferts, on va en vendre durant l'été et on va en racheter
durant l'hiver. D'ailleurs, dans le dernier contrat avec New York, je vous le
ferai remarquer, ou la dernière lettre d'entente, c'est exactement
ça; ce sont des énergies sur une base saisonnière. On
n'est plus du tout dans le même produit d'après ce qu'on disait
à l'intérieur du 3500 mégawatts qu'on nous vendait
l'année passée, où on parlait d'énergie ferme
garantie: énergie et puissance ferme, disait le ministre. Il insistait
sur le mot "nous", nous allons être capables d'en vendre à
l'année. On ne parle plus d'excédent, un produit plus de
qualité, de haute gamme, qui vaut plus cher. Ce n'est pas ce qu'on a
dans le dernier contrat, c'est de l'énergie et où on s'engage, en
plus, à en racheter.
On aimerait savoir du ministre où il se situe exactement
là-dedans: quel genre de produits et quel langage, le langage
préélectoral, électoral ou postélectoral?
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, je vais essayer
d'éclairer le député d'Ungava. Il y a plusieurs produits
qu'on peut vendre dans l'énergie d'hydroélectricité; il y
a le produit saisonnier, qu'on a vendu jusqu'à présent et qu'on
va continuer à vendre. Pourquoi? Parce qu'aux États-Unis, les
gens ont besoin d'énergie en été, c'est leur
période de pointe; chez nous, notre période de pointe, c'est en
hiver. Alors, quand on construit des barrages qui fonctionnent à
l'année, on n'en a pas besoin l'été, on en vend à
l'été. C'est ce qu'on a fait avec le contrat que le pre-
mier ministre vient d'annoncer: 8 500 000 000 $ d'énergie
saisonnière, d'avril à novembre, quand nous en avons moins
besoin. C'est très logique, ça augmente nos revenus et ça
nous permet de construire pour les pointes de l'hiver. Deuxièmement,
quand vous parlez de la puissance ferme. Oui, selon le livre du premier
ministre, vous avez mentionné 12 000 mégawatts, c'est exact. Nous
avons signé ferme jusqu'à ce jour, 1800 mégawatts; en
négociation, nous avons Identifié avec des utilisateurs
spécifiques, je ne parle pas de spéculation, je ne parle pas de
potentiel, je parle de l'identification spécifique, un autre chiffre de
5700 mégawatts. Cela fait un total de 7500 mégawatts. Je ne dis
pas que tous ces 7500 mégawatts vont être signés au
lendemain ou dans un mois, mais c'est identifié spécifiquement.
Alors, on commence à s'approcher des 12 000 mégawatts du premier
ministre. C'est de l'énergie ferme. Ces 7500 mégawatts, ce n'est
pas un produit saisonnier, c'est de la puissance identifié avec les
intervenants d'Ontario, de NEPOOL et de New York. Maintenant, le potentiel,
quand on parle de 12 000 dans le livre du premier ministre, seulement en
Nouvelle-Angleterre et à New York, est de 14 000 mégawatts; c'est
un potentiel qui a été clairement identifié par les
utilisateurs américains et par nos propres experts à nous, soit
Hydro-Québec et les employés du ministère. En plus de ce
potentiel de 14 000 aux États-Unis il y a un potentiel - et nous sommes
en négociation avec l'Ontario - pour 2000 mégawatts. Cela fait
déjà 16 000 mégawatts de potentiel. Quant à moi, je
trouve que ce que nous avons fait et ce que nous faisons est strictement dans
les objectifs que le premier ministre avait fixés. Les chiffres sont
exacts. Personne avait dit qu'on était pour signer 12 000
mégawatts dans un an. Voyons, physiquement, soyez un peu plus
raisonnable que cela. Quand je vous dis que nous avons identifié, soit
en négociation, soit en discussion, 7500 mégawatts fermes, on se
rapproche pas mal vite des chiffres du premier ministre. Maintenant, vous
mentionnez qu'on va racheter l'énergie. Savez-vous pourquoi on
rachète l'énergie? On rachète l'énergie pour
éviter des investissements plus dispendieux dans des turbines de gaz
pour les heures et les périodes de pointe de février. Et
savez-vous pourquoi on est obligé de faire cela? Je vais vous le dire.
C'est parce qu'en 1982, vous n'avez pas pris la décision, et
Hydro-Québec n'a pas pris la décision, sous votre gouvernement,
d'aller dans d'autres suréquipements et de construire d'autres projets.
Aujourd'hui, on est obligés, à cause de la demande interne,
d'aller racheter de l'électricité à New York et de
produire des périodes de pointe. C'est pourquoi nous sommes dans une
période de devancement de travaux, ces travaux auraient dû
être faits en 1982, et ils n'ont pas été faits. Une
combinaison de cela, plus le fait que la croissance interne a augmenté
plus que prévu, parce que les politiques du gouvernement ont fait en
sorte qu'il y a eu un développement économique plus grand et plus
avancé que ce qu'on avait prévu. Alors, si on prend le manque de
construction avant 1985, cela prend de cinq à huit ans avant de
construire, on ne peut pas déterminer cela aujourd'hui, et les
décisions qui auraient dû être prises en 1982 et la
croissance interne de plus au Québec, c'est pour cela que nous
appliquons les politiques qu'Hydro-Québec adopte; c'est pour fournir
l'électricité aux Québécois, au meilleur prix
possible. C'est ce qui explique le rachat de l'électricité par
Hydro-Québec.
Le Président (M. Poulin): En conclusion, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de La Peltrie.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Merci, M. le Président. La politique
énergétique retenue par le gouvernement fait une large place
à l'environnement. En fait, la dimension environnementale du
développement énergétique fait dorénavant partie
intégrante de toute orientation et toute action du gouvernement dans ce
domaine de l'activité économique. Le chapitre consacré
à l'environnement dans le document de politique
énergétique témoigne de ces préoccupations. Il
marque la continuité qui doit s'établir entre les actions
déjà engagées et celles qui sont à venir. À
cet égard, au cours des dernières années, des efforts sans
précédent ont été consentis en matière
d'économie d'énergie. Des progrès importants ont
également été obtenus dans le développement des
technologies nouvelles ou améliorées, aptes à mieux
protéger l'environnement. Le cadre législatif concernant les
hydrocarbures et les produits pétroliers a été
rénové, de façon à accroître la
sécurité publique et la qualité du milieu de vie.
En matière d'électricité, le gouvernement a
présenté à Hydro-Québec des demandes
spécifiques liées à l'environnement. L'entreprise a
marqué sa volonté de respecter ces exigences croissantes,
notamment en joignant à son plan de développement et pour la
première fois cette année, un document annexé portant
explicitement sur l'environnement. En fait, les actions conduites depuis le
début du présent mandat s'appuient sur une conviction. Pour le
gouvernement, le fondement d'un développement énergétique
durable réside dans la conciliation des enjeux économiques et
environnementaux. Le document de politique énergétique rendu
public en septembre dernier confirme et illustre cette conviction. Dans la
pratique, les différentes activités soutenues par la politique
énergétique sont toutes abordées dans la perspective de la
qualité de vie et la protection de l'environnement. C'est pour souligner
cette orientation que l'environne-
ment fait l'objet d'un chapitre particulier. D'une façon plus
particulière dans le domaine des technologies nouvelles, l'action
gouvernementale sera axée prioritairement dans trois directions.
Cette action visera en premier lieu la récupération
à des fins énergétiques des ressources disponibles et
renouvelables et plus aptes à minimiser les problèmes
environnementaux. L'action gouvernementale favorisera, en deuxième lieu,
la recherche des sources d'énergie propres en remplacement des
hydrocarbures. Elle encouragera également la mise au point des
dispositifs de réduction des émanations. Enfin, en
troisième lieu, l'action du gouvernement soutiendra l'accroissement de
l'efficacité énergétique.
Dans le domaine des hydrocarbures, le gouvernement compte mettre
l'accent sur deux séries d'interventions. Le gouvernement veillera
à un accroissement de la sécurité publique par une
application rigoureuse des nouvelles réglementations. Cette attention
particulière portera notamment sur les problèmes de contamination
du sol. En outre, le gouvernement visera la réduction de la pollution
atmosphérique imputable à la combustion ou à
l'évaporation des produits pétroliers.
Dans le domaine de l'électricité, le document de politique
énergétique a été l'occasion pour le gouvernement
de réaffirmer l'attention prioritaire qu'il accorde à la
protection environnementale de la vallée du Saint-Laurent.
Dans sa politique énergétique, le gouvernement a ainsi
interdit l'ouverture de nouveaux couloirs au passage de lignes aériennes
sur le fleuve. Le gouvernement a également demandé à
Hydro-Québec de consentir un effort particulier, afin de minimiser les
impacts visuels de ces projets. De plus, le gouvernement a engagé
Hydro-Québec à démanteler les équipements des
postes et des lignes désaffectés, tout en poursuivant son
programme d'amélioration des installations existantes. La politique du
gouvernement met donc très clairement l'accent sur la
nécessité ou la nécessaire conciliation des enjeux
économiques et environnementaux.
Pour réaliser concrètement cet objectif, le gouvernement
s'est résolument engagé dans la rénovation des
mécanismes qui permettront d'intégrer ces différents
enjeux dans la planification et la conceptualisation des projets de
développement. Pour le gouvernement, il s'agit à la fois de mieux
intégrer les composantes économiques et environnementales dans
l'examen des projets, tout en assurant une participation plus efficace du
public à cet examen.
En terminant, M. le Président, je voudrais encore une fois
rappeler ce que le ministre a dit tout à l'heure, au début de son
intervention, en citant très largement un passage du Devoir du 16
septembre où, effectivement, on peut lire le texte de M. Turcotte de la
manière suivante: "Incidemment, M. Parizeau se dit en parfait accord
avec le livre blanc de l'énergie." Merci, M. le Président.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le député d'Ungava.
M. Christian
Claveau
M. Claveau: M. le Président, d'abord un bref retour sur
l'année 1982. Le ministre doit être au courant de la dette
d'Hydro-Québec en 1982, quand on a ramassé toutes les centrales
et qu'il fallait commencer à payer pour l'exploitation, parce qu'on sait
que, quand les centrales sont en activité, ça entre dans les
frais d'exploitation et ça fait un peu partie des travaux de
construction. Il connaît le taux d'intérêt en 1982. Il
connaît la situation de la crise économique en 1982. Il
connaît les surplus qu'on avait derrière les barrages.
L'ex-président d'Hydro-Québec nous !'a expliqué largement
en commission parlementaire. Si le ministre était là, il a
dû savoir et il a dû comprendre aussi combien il y avait de
térawattheures d'accumulées derrière les barrages et qu'il
fallait vendre à tout prix, à cause d'une mauvaise planification
du premier ministre actuel en 1971 et 1976.
D'ailleurs, ce n'est pas surprenant. En 1971, il s'était
trompé de rivière en annonçant le projet. Ce n'est pas
surprenant qu'il se soit trompé dans la planification à long
terme aussi. En ce qui concerne le devancement des travaux, parce que le
ministre en a parlé tout à l'heure, l'ex-président
d'Hydro-Québec nous a toujours dit que les ventes
d'électricité à l'exportation étaient rentables
dans la mesure où ça pouvait permettre
l'accélération ou le devancement de certains travaux, que si on
le faisait plus tard, ça coûterait plus cher. Soit. Sauf que,
encore là, le ministre se refuse à rendre publics des documents,
des études sur la façon de fixer les prix, en prétextant
que ça pourrait nuire à l'intérêt public.
Les lettres d'entente sont publiques, elles existent. On a le prix de
l'électricité, combien se vend le kilowatt, US prix, US au
kilowatt jusqu'au 31 octobre 1997, du 1er novembre 1997 à la fin de...
la tranche 1, etc. Il y a tout cela. Nous, ce qu'on veut savoir, c'est comment
on en arrive à ces prix. On sait que ça existe. Si le ministre
refuse de les rendre, c'est probablement parce qu'il y a anguille sous roche,
et on est de plus en plus justifié de le croire.
Quand la ministre nous disait, tout à l'heure, 7500
mégawatts, on va en développer et on va devancer d'autres
travaux, est-ce que le ministre a consulté le plan de
développement de l'année dernière - en page 87 - où
on nous disait qu'en fonction du scénario fort de 3,3 % d'augmentation
de consommation d'électricité au Québec, il faudrait
devancer les travaux, les neuf travaux qui traînent actuellement dans le
décor comme étant éventuellement avancés dans le
prochain plan de développement. D'ailleurs, une petite parenthèse
pour vous dire que, cette année, la dynamique est assez
particulière, c'est qu'on dévoile le plan de développement
aux
journalistes, tranche par tranche, chiffre par chiffre, et dès
qu'on arrive, après ça, pour le sortir, on va dire que tout
était rendu public, que cela ne vaut plus la peine, on n'en discutera
plus.
C'est assez particulier, c'est comme si le ministre des Finances donnait
son budget aux journalistes, tranquillement pas vite, au fil des mois et,
après ça, quand il fait son discours sur le budget, tout le monde
est au courant de tout. Donc, il n'y a plus de nouvelles. Mais les neuf travaux
de devancement dont il est question dans le décor, ils étaient
prévus et il n'a rien annoncé de nouveau. Ils étaient
prévus en vertu d'un scénario fort de demandes internes de 3,3 %,
juste pour répondre à la demande interne, alors que le
président d'Hydro-Québec disait, il n'y a pas plus d'une
journée ou deux, dans un article de journal, qu'il faudrait maintenant
considérer le scénario fort de l'an dernier comme étant le
scénario cible.
Donc, si on devance des travaux, c'est en vertu de l'augmentation de la
demande interne et non pas en vertu de nouveaux contrats d'exportation,
à moins que plus personne n'y comprenne rien et qu'Hydro-Québec
soit mêlée dans ses chiffres et il n'y a que le ministre qui
comprenne. Si c'est le cas, si on veut, en plus de ça, aller à
7500 mégawatts d'exportation, ça veut dire qu'il va falloir en
devancer encore d'autres. Il y a du monde qui va finir par payer en fin de
compte, parce qu'il faut réinvestir dans de nouveaux équipements
pour notre consommation de demande interne qui est plus élevée
que prévue et, en même temps, il faut aussi investir pour
développer de nouvelles centrales afin d'obtenir de nouveaux
contrats.
Le ministre ne nous fera pas croire que quelqu'un va payer en fin de
compte et que le revenu d'Hydro-Québec se fait d'une seule façon;
il se fait par la vente de l'électricité et il faut qu'on facture
en conséquence des dépenses. Il n'y a pas d'autre solution pour
Hydro-Québec de faire de l'argent, à moins qu'elle veuille se
diversifier dans l'immobilier ou dans d'autre chose, mais elle ne semble pas
partie pour ça.
Donc, il va falloir que ça se paie. La capitalisation de 25 %
qu'Hydro-Québec doit mettre dans ses projets pour aller chercher 75 % de
financement ailleurs, il va falloir qu'elle l'ait pour les payer. Plus on
devance des travaux, plus ça veut dire qu'il faut du "cash" instantaner,
tout de suite dans nos poches, pour être capable d'aller chercher du
financement, plus ça veut dire qu'il va falloir augmenter
l'électricité sur nos factures à nous tous. C'est
ça que ça veut dire. (10 h 45)
Le Président (M. Poulin): En conclusion, M. le
député.
M. Claveau: On aimerait savoir - en conclusion - pourquoi
justement, si le ministre a pensé à tous les devancements et
à toute la problématique, refuse-t-il de rendre publics les
documents qui ont servi à fixer le prix alors que le prix est connu; le
prix est connu, il ne nous fera pas accroire qu'il n'est pas connu. Alors, nous
voulons savoir comment ce prix-là nous est fixé pour être
bien certain que tous les paramètres ont été
considérés, entre autres les devancements rendus
nécessaires à cause de l'augmentation de notre demande
interne.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, nous corrigerons certaines
affirmations que le député d'Ungava vient de faire.
Premièrement, quand j'ai dit qu'on a identifié 7500
mégawatts, cela ne veut pas dire que le prochain plan de
développement va démontrer qu'on va construire 7500
mégawatts, ce n'est pas cela du tout. Mais ces éléments
ont été identifiés. Ce que le prochain plan de
développement va contenir, on va le voir au mois de mars prochain. Cela
va dépendre des scénarios qu'Hydro-Québec prévoit,
des possibilités et aussi de l'ensemble de la demande prioritaire des
Québécois. Alors, quand je vous donne le chiffre de 7500, cela ne
veut pas dire que l'on va exporter 7500 mégawatts, ce n'est pas cela du
tout. Mais je voulais vous donner ce chiffre pour vous donner le potentiel,
celui que nous avons identifié en négociation.
Deuxièmement, quand les travaux ont été
devancés... Pour le devancement des travaux qui a déjà
été annoncé, le calcul a été fait, cela a
été rendu public, Hydro-Québec va épargner - la
manchette du journal disait 598 000 000 $ -750 000 000 $. C'est une
épargne pour HydroQuébec. En termes de tarif pour le
consommateur, nous avons les tarifs les plus bas en Amérique du Nord, 17
% moins cher qu'en Ontario. C'est seulement le Manitoba, où il y a un
problème financier, qui a des tarifs plus bas; mais vous allez voir
qu'à l'avenir, il va falloir qu'elle fasse quelque chose. Mais en termes
de rentabilité, fiabilité d'approvisionnement et de
développement économique, nous avons les tarifs les plus
avantageux et cela va continuer ainsi.
Les devancements de travaux épargnent de l'argent aux
Québécois, les contrats d'exportation vont permettre
d'épargner, parce qu'ils vont rapporter des profits. Vous me dites:
pourquoi ne rend-on pas publics tous les détails des contrats? On ne
peut pas le faire. Comment Hydro-Québec est-elle venue à son
chiffre? On ne peut pas vous donner tous ces détails parce qu'il y a
beaucoup d'information confidentielle. Comment pourrais-je vous donner tous les
détails du contrat avec New York Power Authority quand elle-même
peut négocier pour d'autres alimentations ou d'autres fournitures
d'énergie. Elle va nous dire: Écoutez, ne nous placez pas en
désavantage face aux autres négociations. Et
nous-mêmes, on ne veut pas dévoiler tous les aspects de nos
négociations parce qu'on en a d'autres à faire.
L'important pour vous et pour le public, c'est de savoir quel est le
rendement d'Hydro-Québec sur les contrats d'exportation. Le rendement
d'Hydro-Québec est de 13,5 % sur le capital total investi. Remarquez
bien ce que je vous dis: 13,5 % sur le capital total investi, non pas sur le
capital qu'Hydro-Québec a investi. Cela devient plus élevé
que cela. Cela veut dire que le consommateur en bénéficie parce
que, Jusqu'à maintenant, il y a quelques années, on faisait 3 %
et 4 %, on est monté peut-être à 9 %, on peut monter
à 11 %. Quand on fait un contrat qui donne un rendement de 13,5 %, cela
veut dire que ce sont des revenus additionnels pour Hydro-Québec et cela
va avoir comme effet une pression à la baisse. Je ne dis pas que les
tarifs vont baisser, mais ce sera une pression à la baisse sur
l'augmentation des tarifs. Alors, les contrats d'exportation sont avantageux,
le rendement est beaucoup plus élevé présentement, vous
allez le voir dans le prochain plan de développement et dans les
états financiers d'Hydro-Québec. Les devancements vont
épargner quelque 700 000 000 $ à Hydro-Québec. Quand vous
parlez de plan de 1988, pour votre information, le plan de développement
de 1988 n'a pas été approuvé par le Conseil des ministres.
Le seul plan qui a été approuvé, c'est celui de 1987. Dans
le plan de 1988, nous avions des points d'interrogation et nous allons avoir
sûrement des réponses à cela dans le prochain plan de
développement.
J'ai quelques secondes pour conclure. Les exportations sont
bénéfiques pour les Québécois et avantageux pour
les tarifs. Et, en termes de financement, même l'ancien président
d'Hydro-Québec a dit que la construction de nouveaux barrages ne sera
pas une cause d'augmentation des tarifs pour les Québécois.
Merci.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Le premier objectif de
la politique énergétique est de stimuler le développement
économique et d'appuyer le développement des régions. Pour
le gouvernement, il est clair que le secteur énergétique doit
être utilisé de façon privilégiée pour
renforcer la croissance économique du Québec. La politique
énergétique profitera donc à toutes les régions par
son impact sur l'investissement et surtout sur l'emploi. Cependant, pour chaque
forme d'énergie, des actions spécifiques vont toucher des
régions québécoises bien précises. Dans le secteur
de l'électricité, des projets de développement de
l'hydroélectricité vont avoir un impact immédiat sur
l'avenir de plusieurs régions.
La construction de nouvelles centrales intéressera d'abord ma
région, la Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent et, bien entendu, la
région de la Baie-James. La phase II de la Baie-James, la construction
d'une centrale au Lac-Saint-Jean et l'aménagement de la
Sainte-Marguerite sur la Basse-Côte-Nord sont les projets les plus
importants parmi ceux qui seront exécutés au cours des prochaines
années.
Le développement de petites centrales hydroélectriques
dans tout le Québec sera bénéfique pour la plupart des
régions. Par exemple, on évalue qu'il existe une centaine de
sites représentant 300 mégawatts où des
aménagements hydroélectriques ont déjà
été effectués par le passé. Les installations
étant maintenant désaffectées, dans sa politique
énergétique, le gouvernement du Québec prévoit que
ces sites seront réaménagés et réutilisés,
ce qui occasionnera des investissements évalués à plus de
150 000 000 $.
Sur le plan régional, le réaménagement de ces sites
revêt un grand intérêt. Il s'agit, en effet, le plus
souvent, d'installations situées à proximité des
régions habitées et pour lesquels des travaux de remise en valeur
peuvent être facilement confiés à des entrepreneurs locaux.
De plus, la disponibilité d'électricité qui
résultera de ces travaux profitera directement à la région
concernée.
D'autres grands travaux électriques, comme la construction des
nouvelles lignes de transport, contribueront également à soutenir
l'activité économique dans plusieurs régions du
Québec, particulièrement dans la mienne.
Dans le secteur du gaz naturel, deux objectifs retenus par le
gouvernement auront un impact régional immédiat. Il s'agit, en
premier lieu, de l'uniformisation des tarifs et, deuxièmement, de la
densification du réseau. L'uniformisation des tarifs appliqués
aux consommateurs de gaz naturel du Québec sera bénéfique
aux consommateurs des régions qui sont actuellement les plus
facturés. Il s'agit, en fait, des consommateurs des régions
gazières situées à l'est de Montréal pour lesquels
le gouvernement estime prioritaire une égalisation des tarifs avec les
consommateurs des autres régions. Il est évident que cette
uniformisation profitera pleinement à ces régions en rendant les
entreprises utilisatrices de gaz plus compétitives et en diminuant la
facture du consommateur.
Indépendamment de cette unification des tarifs, la densification
du réseau que le gouvernement a inscrite dans sa politique
énergétique bénéficiera également et
directement aux régions situées à l'est de
Montréal. Elle signifiera en effet la baisse des coûts de
distribution, donc des prix du gaz, dans la portion du réseau gazier
où le taux d'utilisation est plus faible.
Le gouvernement, dans sa politique énergétique, appuie
explicitement une extension du réseau gazier au-delà des
régions actuellement desservies. Là où il existe, le
réseau gazier a
permis le renforcement de l'infrastructure industrielle. Un avantage
analogue pourrait être bénéfique à des
régions additionnelles, sur la rive sud de Québec, dans les
Bois-Francs et dans les basses Laurentides particulièrement.
Enfin, toujours dans le secteur gazier, il est certain que le soutien
apporté au programme d'exploitation gazière et
pétrolière profitera aux régions où est
concentré l'essentiel de ces programmes, soit les basses terres du
Saint-Laurent et de la Gaspésie.
On peut enfin souligner que, dans les secteurs des énergies
nouvelles, les projets visant la valorisation énergétique de la
bio-masse intéresse plusieurs villes et de nombreuses régions
productrices du Québec. Par ailleurs, le développement de la
filière hydrogène bénéficierait directement
à la région de Sept-Îles où sera implantée
l'usine dont la faisabilité sera étudiée en
coopération avec la communauté européenne. Pour ce seul
projet, on parle d'un investissement de 500 000 000 $. Avec sa politique
énergétique, le gouvernement dispose ainsi d'un outil puissant
pour stimuler l'activité économique des régions. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: M. le Président, il faut absolument que je
rectifie ce que le ministre a dit tout à l'heure, parce que ce n'est pas
ce qu'on a demandé. Le ministre nous dit: On ne peut pas dévoiler
tous les termes précis de chacun des contrats dans les moindres
détails. On n'a jamais demandé ça. On a demandé au
ministre de nous donner particulièrement quatre documents qui ont servi
à fixer le prix de base pour la négociation. C'est ça
qu'on a demandé: Étude de rentabilité
réalisée par Hydro-Québec concernant chacun des contrats
de vente d'énergie garantie conclus avec les États-Unis. Ce n'est
pas dans les contrats, ce sont des études de rentabilité. Est-ce
que c'est effectivement rentable ou non? Le ministre veut qu'on le croie sur
parole; nous refusons de le croire sur parole et nous avons de bonnes raisons.
On dit: II faut qu'on sache exactement sur quoi on s'est basé.
On a demandé le rapport économique de l'exportation d'une
quantité de 6000 mégawatts sous forme d'énergie et de
puissance garantie vers les réseaux du Nord-Est américain. On a
demandé un document qui s'intitule: La phase II des exportations
d'électricité d'Hydro-Québec, numéro
d'identification du document: 87A825105. On a demandé les impacts
financiers d'une défaillance de la part d'Hydro-Québec au contrat
de 700 térawattheures d'énergie qui sera livrée à
NEPOOL, numéro d'identification du document: 87A825104. C'est assez
précis. Il ne s'agit pas de choses précises dans le contrat,
c'est: Comment Hydro-Québec évalue-t-elle la rentabilité
de ces contrats? C'est ça qu'on veut savoir et c'est ce que tous les
citoyens du Québec, en tant qu'actionnaires d'Hydro-Québec, ont
le droit de savoir.
On va insister tant et aussi longtemps que le ministre ne nous l'aura
pas donné. S'il ne nous le donne pas, c'est parce qu'il y a des raisons
qu'il nous cache. Ce ne sont pas les termes du contrat qu'on veut savoir, ce
sont ces documents, en tant qu'actionnaire d'Hydro-Québec, que chacun de
nous, citoyen du Québec, a le droit de voir pour savoir comment on fixe
des prix en disant: Ce sera rentable pour vous dans quinze ans, vous allez
épargner de l'argent. Oui, mais ce que je sais, c'est que ma facture
d'électricité a augmenté l'année passée et
qu'elle va augmenter encore l'année prochaine parce
qu'Hydro-Québec veut capitaliser au moins 25 % de ses
investissements.
On va revenir sur les chiffres que le ministre nous donnait il y a
quelques minutes. Il dit: On fait 13,5 % de rendement sur ces investissements,
sur ces ventes. On sait qu'Hydro-Québec prévoit effectivement,
sur les 75 % de la part qui vient des marchés, de l'argent
emprunté, un rendement de 13,5 %. On sait aussi qu'elle calcule un taux
d'intérêt moyen de 11,5 % et qu'elle se donne 2 % de marge pour
les contraintes, les différentes dépenses supplémentaires,
parce qu'il y en a: contraintes sur les réseaux, les bris peuvent
être un peu plus fréquents, du personnel à ajouter, etc.
Donc, elle dit 2 %. Est-ce que ça comprend les 13,5 %, 11,5 %
d'intérêt plus 2 % pour les contraintes? Est-ce que ce sont les
13,5 % dont il nous parle sur la partie des 75 % qu'il va chercher en
financement externe?
Sur son équité, Hydro-Québec prévoit
effectivement 20 % de rendement sur la partie de 25 % qu'elle paie sur ses
investissements. Si on répartit ces 20 % sur les 100 %, dans la mesure
où les 75 % sont accompagnés de certaines contraintes, entre
autres les taux d'intérêt, à ce moment-là, ça
ne fait pas un gros rendement. On voudrait que le ministre nous précise
un peu ce qu'il entend par cette affirmation. C'est ça qu'on pense. Ces
études doivent exister, ces chiffres devraient être rendus
publics. Si c'est ce qui est dans les documents dont je vous ai donné
les numéros de référence tout à l'heure, rendez-les
publics, on va le savoir, on va en avoir le coeur net et on argumentera sur la
même chose.
Là, vous nous accusez de ne pas comprendre le dossier et
d'argumenter sur n'importe quoi, mais vous refusez de nous donner des chiffres
en nous demandant de vous croire sur parole. On refuse ça. En tant que
citoyens actionnaires d'Hydro-Québec, nous avons le droit de le savoir.
Il n'y a pas un actionnaire d'une compagnie qui va croire sur parole son
président ou le directeur général; il regarde les chiffres
de temps en temps. Il aime bien savoir où va son argent. Voilà ce
qu'on demande, et rien d'autre. (11 heures)
Le Président (M. Poulin): M. le ministre, M. John
Ciaccia
M. Ciaccia: Je vais essayer d'expliquer au député
d'Ungava, encore une fois, la raison pour laquelle on ne rend pas ces
études publiques. Ce sont des études internes
d'Hydro-Québec qui renferment le coût de
l'électricité par HydroQuébec. Comment voulez-vous qu'on
rende public ce qu'Hydro-Québec détermine comme étant son
coût d'électricité? Comment voulez-vous
qu'Hydro-Québec aille ensuite négocier à New York, en
Ontario, à Terre-Neuve ou au Nouveau-Brunswick? Voyons donc! Ce serait
contre l'intérêt d'Hydro-Québec et de la
collectivité. Vous demandez des choses absolument farfelues et ridicules
et vous voulez que je place HydroQuébec dans une position où elle
ne pourrait jamais plus négocier.
Si vous étiez l'Ontario et si vous saviez combien il m'en
coûte pour produire l'électricité, comment
négocieriez-vous? Vous me diriez: Cela vous coûte 0,02 $;
vendez-la-moi 0,02 $ le kilowattheure. Voyons! C'est pour cette raison qu'on ne
peut pas le rendre public. On n'a rien à cacher et c'est pour ça
qu'on vous donne le rendement sur les contrats de New York, de NEPOOL, de
Central Main: 13,5 % sur l'investissement total. Cela veut dire que, si le
projet coûte 2 000 000 000 $, les 13,5 % s'appliquent sur les 2 000 000
000 $ au complet. Cela veut dire que, quand Hydro-Québec investit 25 %,
par exemple, l'investissement sur 500 000 000 $ est beaucoup plus
élevé que 13,5 %. On ne veut pas dévoiler tous ces
chiffres-là; cela nous placerait dans une position impossible de
négociation.
Mais, seulement pour vous donner des exemples de ce qu'il en coûte
aux Québécois et de ce que cela coûte ailleurs, vous le
retrouverez à la page 55 de la politique énergétique: le
coût du résidentiel aux Québécois est de 4,4 cents;
le coût de l'industriel est de 2,8 cents. Je vous donne les coûts
extrêmes: à New York, le coût résidentiel est de 16,1
cents et l'industrie! est de 8,2 cents. Prenons une autre ville canadienne,
Halifax, le coût résidentiel est de 7,2 cents; nous payons 4,4
cents. C'est presque le double à Halifax. Voulez-vous prendre Toronto?
On est en compétition avec Toronto. Si vous habitiez à Toronto,
au lieu de payer 4,4 cents, vous payeriez 5,6 cents. Je suis incapable d'aller
dire à Toronto ce qu'il m'en coûte pour produire
l'électricité. Comment vais-je négocier avec elle ensuite.
J'ai 2000 mégawatts à négocier. Ce contrat pourrait
s'élever à des dizaines de milliards de dollars. Je pense que la
population comprendra ce que je dis, même si vous ne comprenez pas.
Vous dites qu'on a arrêté les travaux. Savez-vous ce que
vous avez fait en 1983? En 1980, le début des travaux de Manic 5,
puissance additionnelle. Cela a commencé en 1980. En 1983, vous avez
arrêté les travaux qui ont été repris en 1986. Ce
sont 1100 mégawatts. Pourquoi avons-nous été
obligés d'aller rechercher de la puissance pour les heures de pointe du
mois de février? Si on avait eu Manic 5 en 1989... parce que novembre
1989 était la date de l'échéancier des travaux; ce ne sera
pas en novembre 1989 parce que les travaux ont été
recommencés en 1986, parce que votre administration a
arrêté ces travaux et on est obligé de déterminer
où on va prendre l'électricité. On l'aura. Je ne veux pas
alarmer le public; on va l'avoir, mais il faudra faire des
déboursés additionnels, aller chercher des contrats à New
York et envisager le rachat d'autres contrats. C'est ce que vous avez fait. La
raison que vous me donnez est la plus farfelue que je n'aie jamais entendue;
vous dites: Mais on avait des surplus. Bien oui. Les surplus de
l'été. Vous n'aviez pas de vision de ventes à
l'exportation. Vous avez tout arrêté et, aujourd'hui, il faut
reprendre tous ces travaux-là. Heureusement que notre politique est
différente de celle que vous aviez. On va s'assurer que les
Québécois auront non seulement toute l'électricité
dont ils auront besoin, mais qu'ils l'aient au meilleur prix possible.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Anjou.
M.
René Serge Larouche
M. Larouche: M. le Président, au début de
l'interpellation, le député d'Ungava nous faisait voir
qu'absolument nulle part on faisait référence au premier livre
blanc de 1978 fait par le Parti québécois sur l'énergie.
Je dis heureusement qu'on n'y faisait pas référence. Si on
regarde la chronique de Québec science, qu'est-ce qu'on nous dit? On dit
que c'est un livre blanc et plate. On nous dit: Les attentes de plusieurs
furent sûrement déçues à la remise des trois
premiers volumes du livre blanc sur l'énergie puisque ces derniers ne
contiennent que la simple constatation des faits.
On est face à une politique de l'énergie qui est une
politique de diversification faisant appel à plusieurs sources et ce,
d'une façon équilibrée: l'électricité, le
gaz naturel, le pétrole. C'est une politique de conservation aussi,
conservation de l'énergie, et ce n'est pas une option, c'est une
nécessité.
Je vais insister plus particulièrement sur la pétrochimie
qui est un secteur d'activité névralgique. L'industrie
pétrochimique utilise des hydrocarbures, du pétrole, comme
matières premières. La disponibilité et le prix des
hydrocarbures qui entrent dans les procédés de fabrication des
dérivés pétrochimiques sont d'une importance cruciale pour
cette industrie de transformation. L'industrie pétrochimique utilise
à la fois des produits issus du raffinage du pétrole et le gaz
naturel. Au Québec, l'industrie pétrochimique représente
600 entreprises dont le développement est lié très
étroitement à l'in-
dustrie du raffinage.
L'existence dans l'est de Montréal d'un important ensemble de
raffineries avait permis de dégager une production qui avait
trouvé preneur auprès de l'industrie pétrochimique en
croissance. Les quatre fermetures successives de raffineries dans l'est de
Montréal entre 1980 et 1984, dans le temps des chicanes entre
Québec et Ottawa justement, ont amené une réduction
importante dans les quantités de produits disponibles pour la
fabrication de produits de base en pétrochimie. Cette situation a alors
contribué à rendre très problématique la
viabilité économique et financière de l'industrie de
fabrication des bases pétrochimiques.
Pour le gouvernement du Québec comme pour le gouvernement du
Canada, la viabilité de l'ensemble de l'industrie pétrochimique
suppose que subsiste une capacité de fabrication des bases
pétrochimiques dans la région montréalaise. L'engagement
du gouvernement du Québec a été et demeure très
ferme à cet égard. La stratégie adoptée a
été de rendre l'usine de Pétromont, par exemple, plus
flexible pour ce qui est de ses approvisionnements en hydrocarbure.
Pétromont a investi dans l'achat de nouveaux équipements. Donc,
la rentabilité de Pétromont et de l'ensemble de l'industrie
pétrochimique s'est nettement améliorée. Le
développement de l'industrie pétrochimique est un
élément majeur du développement économique. C'est
une des principales sources d'investissements et de création d'emplois.
Pétromont, qui est le principal fabricant de bases
pétrochimiques, doit avoir accès à des prix au moins aussi
avantageux que ceux pratiqués sur les marchés étrangers,
à toutes les sources d'alimentation en hydrocarbure
nécessaires.
Une plus grande diversité de sources d'approvisionnement permet
à l'industrie de transformation de demeurer compétitive et de
réduire les coûts de production. De plus, le gouvernement du
Québec cherche à favoriser le développement d'un
réseau d'entreposage et de transport économique et permanent de
matières pétrochimiques. À cet égard, l'action du
gouvernement portera à la fois sur les infrastructures portuaires et sur
le transport par pipeline, ce qui réduira le prix de revient.
On voit aujourd'hui dans La Presse: Soligaz verra le jour. Le ministre
de l'Énergie affirme avoir reçu l'appui d'Ottawa pour son projet
dans l'est. M. Ciaccia a reçu un engagement écrit du ministre
fédéral de l'Énergie, M. Marcel Masse, par lequel Ottawa
appuie le projet et reconnaît son importance pour l'expansion de
l'industrie pétrolière à Montréal et, en
particulier, dans l'est de Montréal.
Ce projet Soligaz vise l'approvisionnement de Montréal en gaz
naturel à partir de l'Alberta par pipeline, oléoduc, et le
fractionnement de ses gaz naturels.
En conclusion, la politique énergétique du gouvernement du
Québec s'inscrit comme un élément d'une politique de
développement écono- mique, ce que semble avoir de la
difficulté à comprendre le député d'Ungava.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député d'Anjou. Maintenant, M. le député de
Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Comme ancien
employé d'Hydro-Québec pendant une vingtaine d'années,
vous me permettrez sûrement d'intervenir dans ce dossier
d'hydroélectricité et dire au ministre et aux personnes qui
l'accompagnent que les vues de l'actuel gouvernement sur Hydro-Québec
sont très différentes de celles que j'ai toujours eues comme
employé d'Hydro-Québec. Pour moi, il y a plusieurs
inquiétudes que je veux démontrer au cours de ce bref
exposé où j'entends mettre l'accent, mais dans l'avenir.
On sait très bien qu'actuellement, le gouvernement, dans sa
politique énergétique... en passant, mon collègue d'Ungava
mentionnait que le document était un document politique. En ce qui me
concerne, il a pas mal raison de ce côté. Même le titre est
rouge, lorsqu'on regarde L'énergie force motrice du
développement économique, comme vous pouvez le remarquer. Ce
qui est encore plus cocasse, c'est qu'on n'a même pas les couleurs du
Québec là-dessus. Lorsqu'on regarde l'ensemble de ce document, je
pense que c'est une reproduction d'une bonne partie de ce qu'il y avait
antérieurement et lorsqu'on parle de politique énergétique
au Québec et qu'on dit que l'ancien gouvernement n'a jamais rien fait
concernant la politique énergétique, je demanderais au ministre
de regarder en arrière ce qui s'est passé, par exemple, dans le
cas du gaz naturel parce que ce n'est pas son gouvernement qui a ouvert le
réseau. C'est le gouvernement du Québec... C'était
à la suite d'ententes qui sont intervenues entre différents
intervenants qui ont fait en sorte que ça existe aujourd'hui. Le
gouvernement du Québec, c'est-à-dire, le gouvernement
libéral est en train d'essayer de récupérer politiquement
l'ensemble de ce dossier. D'ailleurs, le député d'Anjou vient
d'en parler.
Deuxièmement, j'ai très bien écouté, avec
beaucoup d'attention, les interventions des trois députés
libéraux. Le premier, le député de La Peltrie, nous a
parlé d'environnement. J'en conviens. Sur la question environnementale,
dans l'ensemble de son réseau, en particulier dans les régions
isolées, qu'on parle de Povungnituk, Quaqtaq, Salluit, Ivujivik, ou
encore de la Basse-Côte-Nord, entre Hâvre-Saint-Pierre et
Blanc-Sablon, qu'on parle aussi d'autres endroits éloignés et
isolés, c'est entendu qu'Hydro-Québec a un pas, non pas un pas,
mais plusieurs pas à faire pour corriger certaines situations par
rapport à la question des BPC, par exemple, par rapport aux
transformateurs qui sont actuelle-
ment à l'air libre. On me dit que c'est en train de se
corriger.
Quant au député de Saguenay, il a mentionné
certains projets qui étaient très bons pour la Côte-Nord.
J'en conviens aussi dans le sens suivant. C'est que lorsqu'on parle, par
exemple... parce qu'il a mentionné la Sainte-Marguerite, en passant, M.
le Président, la Sainte-Marguerite, ce n'est pas en
Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent, c'est sur la
Haute-Côte-Nord et ce n'est pas tellement loin du comté de
Saguenay. Il y a une nette différence entre la Basse-Côte-Nord du
golfe Saint-Laurent. Lui, parlait peut-être du projet de la Romaine et il
s'est mêlé dans le dossier, exactement comme son premier ministre
en 1971, lorsqu'il a annoncé NBR, pendant qu'il aurait dû annoncer
les projets de La Grande. On se le rappelle. C'était au petit
colisée de Québec, devant 5000 libéraux, pour fêter
le premier anniversaire. J'étais employé d'Hydro-Québec
dans le temps.
Pour revenir sur l'autre question qui m'inquiète, en fait, il y
en a deux autres qui m'inquiètent énormément. C'est la
fiabilité du réseau. Là, je suis heureux de voir
qu'Hydro-Québec a annoncé... D'ailleurs, le ministre en
était convaincu, à la suite de ce qui est arrivé en avril
dernier et à la suite de ce qui est arrivé en novembre dernier.
Il en était convaincu. Les 200 000 000 $ d'investissements qui doivent
être faits par Hydro-Québec se rapportant au réseau de 735
000 volts, 735 kV, par exemple, les investissements au poste Montagnais, et des
investissements au poste Arnaud, en banlieue de Sept-îles, si cela avait
été fait, parce que les vrais problèmes ont
commencé à exister... Cela ne date pas d'hier, bien sûr. Si
on n'avait pas mis l'accent, disons, accéléré certains
projets de construction hydroélectrique, de barrages, de centrales,
etc., autant que l'a fait le gouvernement actuel, ce que je peux vous dire,
c'est que les corrections auraient été apportées en cours
de route parce qu'il y avait bel et bien un plan à Hydro-Québec
pour apporter des corrections dans le cadre des centrales, dans le cadre des
postes pour modifier certains équipements qu'il y avait à
l'intérieur. On peut prendre le poste Arnaud, on peut prendre le poste
Montagnais. C'est exactement ça.
Maintenant, M. le Président, l'autre question qui chatouille
énormément de monde au Québec, cela n'a pas l'air de
chatouiller les libéraux trop trop, mais énormément de
monde au Québec, c'est la façon dont le gouvernement actuel, par
sa mainmise politique, par le biais du Conseil des ministres, sur le conseil
d'administration d'Hydro, est en train d'imposer ses propres vues politiques
sur Hydro-Québec. Je vais revenir sur cette question, tout à
l'heure. (11 h 15)
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Perron: Plus tard, on parlera quelque peu de la privatisation.
J'aimerais bien que le ministre me donne vraiment les intentions qu'il a par
rapport à la privatisation.
Je termine en lui posant deux questions: Est-ce que le ministre pourrait
déposer l'étude qui a été faite en 1983...
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Perron: ...se rapportant à l'ensemble des
réseaux qui existaient à l'extérieur du Québec?
Deuxièmement, est-ce qu'il pourrait déposer l'étude de
1985 faite par Hydro-Québec concernant la politique de privatisation par
rapport aux petites centrales hydroélectriques du Québec?
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Duplessis.
M. Perron: J'ai d'autres questions à lui poser
là-dessus.
Le Président (M. Poulin): M. le ministre. M. John
Ciaccia
M. Ciaccia: Premièrement, parlons un peu... Je suis
surpris de certains propos du député de Duplessis.
Premièrement, je n'ai jamais affirmé que le gouvernement
prédécent n'avait jamais rien fait dans le domaine de
l'énergie. Il est exact de dire que le prolongement du réseau
gazier, du gazoduc, a été négocié entre le
gouvernement du Parti québécois et le fédéral;
c'est exact. Cependant, il y a une différence entre le réseau
gazier, auquel réfère le député de Duplessis, et
les liquides de gaz naturel que nous faisons maintenant. C'est un sujet
totalement différent. On n'amène pas le gaz naturel dans l'est de
Montréal, il existe déjà. Ce qu'on fait avec le projet de
Soligaz, c'est d'amener le seul "feed stock" qui n'existe pas aujourd'hui pour
l'industrie pétrochimique.
Deuxièmement, quand le député de Duplessis nous dit
qu'on a des vues différentes de celles d'Hydro-Québec, je ne sais
pas exactement ce qu'il veut dire. Il nous accuse d'imposer nos vues
politiques. Vous savez, chaque gouvernement a ses propres orientations. Le
gouvernement précédent avait ses orientations et
Hydro-Québec, à cette époque, je présume, a suivi
les orientations du gouvernement du Parti québécois. Aujourd'hui,
nos orientations sont différentes de celles d'avant. Ce n'est pas une
question de s'imposer, de s'ingérer dans Hydro-Québec, mais il
est question de nos politiques qui sont claires et on a certaines orientations.
Je voudrais seulement vous montrer la différence entre le rôle
d'Hydro-Québec et le rôle du ministre. Je vais vous citer un
éditorial de La Presse, du 21 novembre, de Frédéric
Wagnière. Il parle de la question de la fiabilité du
réseau, ce qu'on est en train de regarder avec Hydro-Québec. Je
le
cite: "Hydro-Québec doit développer, exploiter et
commercialiser une des grandes richesses naturelles du Québec. Sa
gestion doit suivre autant que possible des critères de
rentabilité et de bon sens commercial. Le ministère, de son
côté, doit avoir une vision plus large. Sans faire fi d'une saine
gestion commerciale, Québec doit aussi veiller à ce que les
Québécois reçoivent un service minimum, quels que soient
les impératifs de la bonne gestion d'Hydro."
Alors, Hydro-Québec a une perspective, elle doit gérer
l'entreprise; elle voit à la profitabilité et à l'aspect
économique, mais moi, comme ministre, je dois veiller à d'autres
aspects. Je représente le consommateur, la population. Il se peut que
mes intérêts puissent aller un peu plus loin qu'une vision un peu
plus globale que celle d'Hydro-Québec: II faut que je produise de
l'électricité au plus bas prix possible, à meilleur
marché et il faut que j'aie une gestion serrée. J'accepte
ça. Alors, c'est dans ce sens-là qu'il y a pour le ministre un
rôle différent de celui d'Hydro-Québec. Cela ne veut pas
dire qu'on ne travaille pas ensemble. Cela ne veut pas dire
qu'Hydro-Québec et nous ne coopérons pas pour arriver aux
mêmes objectifs. C'est ce qu'il se produit.
Vous parlez de la fiabilité du réseau. J'ai demandé
à Hydro-Québec de préparer un plan d'action parce qu'on
reçoit beaucoup de plaintes de plusieurs milieux, comme vous le savez
vous-même, concernant les pannes, la durée et le nombre de ces
pannes. Alors, pour prévenir et répondre aux demandes de la
population, j'ai demandé à Hydro-Québec de préparer
un plan d'action pour améliorer le réseau de distribution. Je lui
ai demandé ça au cours de l'été. Le plan d'action
va être contenu dans le prochain plan de développement. Vous aurez
l'occasion de l'examiner lors de la prochaine commission parlementaire
concernant Hydro-Québec. Ce plan d'action vise spécifiquement
à améliorer, non pas le réseau de transport parce qu'on a
déjà approuvé cela au Conseil des ministres, mais celui du
réseau de transport aux consommateurs. Quand vous me parlez des
études, je vais prendre avis de cette question, je pourrais vous laisser
savoir exactement ce dont il s'agit, si ce sont des rapports internes
d'Hydro-Québec et s'il y a des matières confidentielles. Je vous
ferai part si oui ou non je peux rendre ces études publiques.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain
Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Le volet de la
politique énergétique du gouvernement du Québec, à
ce stade-ci, est bien Important. Je vais parler de la politique
énergétique du gouvernement du Québec et de celle du
gouvernement fédéral. Plusieurs dossiers de la politique
énergétique du gouvernement impliquent l'appui et le soutien du
gouvernement fédéral. Le document publié en septembre
dernier énonce clairement les points sur lesquels le Québec est
en droit d'attendre une intervention spécifique du gouvernement
fédéral. Étant donné le bon climat de
coopération qui prévaut actuellement depuis trois ans et
prévaudra sans doute au cours des prochaines années, plusieurs
des dossiers impliquant une intervention conjointe des deux gouvernements
devraient progresser d'une façon satisfaisante. Cependant, le
gouvernement du Québec sera vigilant et veillera à ce que les
intérêts du Québec soient défendus efficacement
auprès du gouvernement fédéral.
Dans le secteur de l'électricité, le gouvernement du
Québec a réclamé avec force que les exportations
d'électricité bénéficient d'une
réglementation analogue appliquée aux exportations
d'hydrocarbure. C'est en bonne partie chose faite. Sur le plan des principes,
avec l'énoncé présenté par le ministre
fédéral de l'Énergie, des Mines et des Ressources en
septembre dernier, le gouvernement du Québec insiste pour que ces
principes se concrétisent le plus rapidement possible afin de supprimer
les contrôles actuels que nous considérons comme inefficaces et
superflus. Dans le domaine des échanges interprovinciaux
d'électricité, le gouvernement du Québec s'est
engagé dans sa politique énergétique d'abord à
avantager les échanges avec les autres provinces canadiennes à
des conditions comparables, et le gouvernement du Québec entend
privilégier les ventes aux provinces voisines. On comprendra que cet
engagement rend utile une intervention fédérale à ce
niveau.
En ce qui concerne le gaz naturel, le gouvernement du Québec
souhaite également que les processus de déréglementation
engagés dans l'industrie canadienne du gaz soient poursuivis pleinement.
Certaines contraintes réglementaires subsistent encore et les
capacités de transport sur les réseaux ne sont pas toujours
effectivement accessibles. Au cours des prochaines semaines, le gouvernement du
Québec poursuivra auprès du gouvernement fédéral
ses interventions afin que ces problèmes soient réglés.
Comme le document de politique énergétique le souligne, une des
modalités envisagées pour rendre le marché du gaz encore
plus concurrentiel consiste à mettre sur pied un système
d'information. Le gouvernement du Québec attend du gouvernement
fédérai un appui dans la mise en place d'un tel mécanisme.
Le gouvernement est convaincu qu'une meilleure information sur les
marchés gaziers profitera particulièrement aux petites
entreprises et aux groupes de consommateurs.
Dans le domaine du pétrole, je voudrais ouvrir ici une
parenthèse et féliciter plus particulièrement le ministre
de l'Énergie et des Ressources du Québec pour sa politique
vis-à-vis des régions. Lorsqu'on sait, par exemple, que sur la
Côte-Nord, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, en 1985, une
réduction immédiate d'essence a été le premier
geste qui a été posé
par le gouvernement du Québec, lequel geste a été
de rendre le prix de l'essence aux régions éloignées
à un prix comparable à celui des centres urbains.
Particulièrement chez nous, nous sommes avec la Régie du gaz.
Avec la surveillance que le ministre appliqua, nous en sommes arrivés
à payer l'essence un peu moins cher que dans les grandes villes. Les
citoyens des régions éloignées en sont pleinement
reconnaissants au ministre de l'Énergie et des Ressources et au
gouvernement du Québec. Parmi les objectifs de la politique
énergétique, le gouvernement a explicitement mis l'accent sur la
maîtrise de l'énergie, c'est-à-dire les efforts visant
à la fois une meilleure utilisation des énergies existantes et la
promotion de nouvelles énergies. Le gouvernement du Québec
insiste depuis plusieurs mois auprès du gouvernement
fédéral pour que cette coopération soit maintenue et que
les budgets dégagés à cette fin par le gouvernement
fédéral ne soient pas amputés.
M. le Président, avant de conclure, j'aimerais reciter dans le
contexte, mon collègue de Duplessis qui, tout à l'heure, je
pense, m'a mal saisi. Lorsque j'indiquais la panoplie de barrages qui seront
bâtis sur la Côte-Nord, je mentionnais ceux de Sainte-Marguerite et
de la Basse-Côte-Nord non pas en Basse-Côte-Nord, comme vous avez
compris. Pour vous faire un petit dessin, la Basse-Côte-Nord, c'est la
région comprise entre Hâvre-Saint-Pierre et Blanc-Sablon et la
Haute-Côte-Nord, pour mieux vous situer, c'est entre Tadoussac et la
rivière Bersimis, qui se situe à environ 25 milles de la
rivière Sainte-Marguerite. Rivière qui a été rendue
célèbre par son pont tristement tombé, sous votre
règne d'ailleurs, M. le député de Duplessis, et qui a
coûté la vie à sept personnes. On a déploré
tous les deux cet accident mortel...
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît!
M. Maltais: C'est pour cela que la rivière
Sainte-Marguerite est tellement célèbre aujourd'hui, mais ce que
l'on veut bâtir dessus, ce n'est pas un pont, c'est un barrage.
Merci.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: M. le Président, on vient d'entendre la lecture
de l'épître de saint Ghislain de Saguenay. Après cette
lecture, je voudrais lui souligner que ce serait peut être une bonne
chose pour le député de Saguenay de regarder vraiment ce
qu'écrivent les personnes attitrées en rapport avec les
sous-régions de la Côte-Nord du golfe Saint-Laurent. À
partir de Tadoussac jusqu'à la rivière Moisie, c'est la
Haute-Côte-Nord... Oui, parce qu'on fait partie de la
Haute-Côte-Nord à Sept-îles. La deuxième partie,
Moyenne-Côte-Nord, c'est de Moisie jusqu'à Pointe-Parent
où est la réserve indienne et, la troisième partie, la
Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent, c'est de Kégaska à
Blanc-Sablon.
Le Président (M. Poulin): Je voudrais vous rappeler...
M. Perron: Alors je vais revenir, M. le Président, sur la
question...
Le Président (M. Poulin): Un instant, s'il vous
plaît! Je voudrais vous rappeler...
M. Perron: Pour informer le ministre.
Le Président (M. Poulin): M. le député.
M. Perron: Vous prenez de mon temps.
Le Président (M. Poulin): Je vous le redonnerai. Ne vous
cassez pas la...
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Poulin): Je voudrais vous dire que ce
n'est pas un débat géographique. Vous êtes à
l'interpellation. S'il vous plaît, revenez au sujet, car vous savez que
vos cinq minutes sont toujours trop courtes.
M. Perron: M. le Président, vous conviendrez que le
député de Saguenay est aussi sorti du contexte.
Alors, pour informer le ministre de l'Énergie et des Ressources
se rapportant aux deux études que j'ai mentionnées, la
première étape, parce que c'était en deux étapes,
c'est en 1983, puis cela avait été préparé par M.
Paul Amyot, d'Hydro-Québec. Il y avait deux tomes: le tome I et le tome
II qui se rapportaient au contexte juridique et réglementaire dans
d'autres pays que le Québec. Par la suite, un rapport a
été effectué par Hydro-Québec comme deuxième
étape, qui a été remis en 1985, se rapportant à la
construction et à la production hydroélectrique et le rapport a
été fait par des tiers: il a une cinquantaine de pages, plus
quelques annexes.
Ce rapport touche les entreprises privées par rapport à
l'hydroélectricité. Dans ce rapport, il y avait deux choses
extrêmement intéressantes: d'abord on ne parlait pas, comme le dit
le gouvernement libéral actuel, de centrale de 25 mégawatts, mais
on recommandait un maximum de 5 mégawatts; de plus, on précisait
que tous les projets de 5 mégawatts et moins qui seraient
recommandés par Hydro-Québec soient entérinés par
les membres de l'Assemblée nationale. Ce sont les deux grandes
recommandations du rapport de 1985.
Maintenant, M. le Président, concernant le réseau non
relié de la Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent, il y a
actuellement dans la projection d'Hydro-Québec, quant à
l'aménage-
ment en Basse-Côte-Nord, plusieurs hypothèses. Si on parle
des trois hypothèses, il y a le prolongement, en 1995, du réseau
de transport Hydro-Québec à partir de Natashquan à
Blanc-Sablon par une ligne de 161 kV qui, elle, vient directement du poste
Arnaud. En plus, comme hypothèse, il y a la construction, en 1995, d'une
centrale hydroélectrique au nord de la Tabatière,
c'est-à-dire au lac Robertson, d'une puissance de 21 mégawatts.
S'ajoute à cela, la poursuite du mode d'alimentation actuelle avec les
centrales diesel. Là, vient d'arriver une quatrième
hypothèse concernant une entreprise privée Dumas et compagnie, de
Lourdes-de-Blanc-Sablon, qui a préparé un projet, et je pense que
le ministre en est informé, il y a même eu un article de journal
sur cette question. (11 h 30)
Vu qu'Hydro-Québec semble retenir la reconstruction de la
centrale diesel de Lourdes-de-Blanc-Sablon, est-ce que le ministre pourrait
nous informer des échéanciers qu'Hydro-Québec
prévoit sur cette question de la reconstruction de la centrale? De plus,
comment va-t-il concilier la présence d'un dossier "Dumas" - entre
guillemets - avec, dans un coin extrêmement isolé et non
relié au réseau québécois, cette politique
d'Hydro-Québec par rapport à la construction de la centrale
diesel de Lourdes-de-Blanc-Sabion avec une entreprise privée qui veut
s'en aller sur la rivière Brador, construire une centrale de l'ordre
d'environ 10 ou 12 mégawatts dans un réseau toujours non
relié pendant que la Loi sur Hydro-Québec oblige actuellement
cette dernière à donner les mêmes services à tous
les Québécois et à toutes les
Québécoises.
Je finis par un exemple. Dans l'hypothèse où le
gouvernement accepte la construction de cette centrale, de quelle façon
les propriétaires vont-ils fonctionner avec Hydro-Québec à
cause de la Loi sur Hydro-Québec qui obilge...
Le Président (M. Poulin): En conclusion, s'il vous
plaît, M. le député.
M. Perron: ...qui donne des obligations, d'une part? D'autre
part, si jamais il y a des problèmes techniques dans cette centrale
privée, est-ce que c'est Hydro-Québec qui devra ramasser
l'ensemble des pots cassés?
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le ministre.
M. John
Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Vous avez
soulevé des questions assez importantes en termes des mini-centrales et
de la politique que nous avons annoncée. Je voudrais seulement
préciser ceci. Pourquoi a-t-on annoncé cette politique de
mini-centrales qui avait d'ailleurs été mise de l'avant par
Hydro-Québec elle-même? Notre intention, c'était de prendre
une bonne partie des centrales désaffectées, plutôt que de
les laisser se détériorer et de ne rien produire, on voulait
trouver un moyen de les réaffecter. Cela aurait produit un
investissement additionnel au Québec; cela fournirait des emplois et
ferait la promotion du développement régional. Cela peut
être le secteur privé ou les municipalités.
Alors, c'était le but de notre politique en ce qui concerne les
mini-centrales. Ce n'est pas comme certains ont prétendu qu'on veut
reprivatiser Hydro-Québec, parce que ces centrales, la structure
financière et organisationnelle d'Hydro-Québec n'est pas faite en
fonction de l'exploitation de ces petits barrages. Ils sont de 2,5 ou 3
mégawatts, il y en a peut-être pour 300 mégawatts. Cela
peut représenter environ 1 % ou 2 % du réseau. Dans un
éditorial du journal Le Soleil, on disait que "certains croient voir
dans ces interventions les premiers pas vers une certaine reprivatisation de
l'électricité, hypothèse difficile à soutenir quand
on sait que l'énergie produite doit être vendue à Hydro
qui, seule, continue de l'offrir aux tarifs réguliers convenus". Je
voulais seulement préciser ce point sur les mini-centrales.
En ce qui concerne le projet que vous avez mentionné, le projet
Dumas, c'est un projet qui nous a été présenté. Il
y a beaucoup de problèmes à régler avant
qu'Hydro-Québec puisse prendre une décision là-dessus,
vous l'avez soulevé vous-même. Toutes les mini-centrales sont
reliées au réseau. Quels seront les problèmes d'avoir une
centrale qui va directement au consommateur, sans être relié au
réseau? Au moment où l'on se parle, c'est strictement une
hypothèse, un projet qui a été soumis au ministère
et à Hydro-Québec.
Hydro-Québec fait l'examen de ce projet. Aucune décision
n'a été prise. Avant qu'Hydro-Québec prenne une
décision, elle va sûrement être obligée de
répondre aux questions que vous avez soulevées, le
problème de l'interconnexion du réseau, le problème de
maintenance, tous les autres problèmes que ça peut apporter et la
priorité va être le service à la clientèle, la
responsabilité d'Hydro-Québec et, naturellement, le tarif.
Le lac Robertson est encore à l'étude. En ce qui concerne
la décision finale, savoir si ça va être une centrale sur
la rivière Robertson ou si on va réparer les diésels,
cette décision n'a pas encore été prise. Dans le prochain
plan de développement, il se peut que le dossier soit plus avancé
et qu'une décision soit prise, parce que, ça aussi, c'est une
question de prolongement de la ligne.
Si Hydro-Québec décide que c'est elle-même qui va
s'occuper de la centrale, de la construire, de fournir
l'électricité par l'hydro électricité plutôt
que par le diésel, il va falloir prolonger la ligne. Alors, au moment
où l'on se parle, ce sont toutes des hypothèses à
l'étude par HydroQuébec. Cette dernière, j'en suis
persuadé, ne prendra aucune décision qui va aller à
('encontre
des intérêts des consommateurs. Toute décision doit
correspondre à tous les critères déjà
établis en ce qui concerne l'activité des mini-centrales.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de La Peltrie.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Merci, M. le Président. Pour le gouvernement du
Québec, la politique énergétique doit être avant
tout un instrument de développement économique et de croissance.
Cela signifie, bien entendu, que le gouvernement appuiera sur ses atouts
énergétiques les efforts visant à renforcer la structure
industrielle, à accroître la compétitivité de
l'économie et à améliorer la balance commerciale des
paiements. Très concrètement, cependant, cela signifie que la
politique énergétique visera à déclencher des
investissements et à créer des emplois.
Dans le secteur de l'électricité, là où nos
atouts sont les plus évidents, la politique gouvernementale est
très claire, le Québec dispose d'un important réservoir de
richesses qui ne sont que partiellement exploitées. Il faut poursuivre
cette mise en valeur en l'appuyant sur les marchés existants,
c'est-à-dire le marché québécois, mais aussi le
marché des autres provinces et le marché américain.
L'aménagement des ressources hydroélectriques
québécoises a constitué par le passé une source
majeure d'investissements. La politique énergétique implique une
reprise et une accélération de ces investissements.
Hydro-Québec évalue d'ores et déjà à 17 600
000 000 $ ses investissements en équipements de production
d'électricité excluant le projet NBR pour les dix prochaines
années.
La construction de lignes de transport nécessitera, par ailleurs,
des investissements de 10 500 000 000 $ au cours de la même
période. Les autres dépenses d'Hydro-Québec relativement
à l'équipement sont estimées à 10 800 000 000 $, ce
qui fait qu'au total, les investissements prévus par Hydro-Québec
approchent déjà les 40 000 000 000 $ pour les dix prochaines
années.
De sa politique énergétique, le gouvernement du
Québec a retenu des objectifs encore plus ambitieux, notamment en
matière d'exportations qui auront pour effet de devancer le programme
d'équipements et d'en accélérer le flux
d'Investissements.
Les exigences supplémentaires présentées par le
gouvernement en matière de qualité de service, de
fiabilité du réseau, augmenteront ces investissements de
plusieurs centaines de millions de dollars. En fait, dans le domaine de
l'électricité, les possibilités d'investissements dans la
production et le transport sont tout à fait considérables et leur
effet sur la croissance économique du Québec des prochaines
années devrait être très significatif. Par exemple, la
seule mise en valeur des petites centrales désaffectées
entraînera l'injection d'investissements de 150 000 000 $ répartis
sur de nombreux sites dans la plupart des régions du Québec.
Toujours dans le secteur de l'électricité, la politique
énergétique ne vise pas seulement à stimuler les
investissements dans l'aménagement et la production, elle vise
également à attirer au Québec les entreprises
désirant bénéficier de nos prix et de la
disponibilité de notre énergie.
Il est, bien sûr, difficile de chiffrer avec précision les
investissements potentiels liés à l'implantation de nouvelles
entreprises ou à l'extension des entreprises existantes. Ces
investissements pourraient cependant être très importants.
Le Québec est en mesure de profiter du redéploiement des
alumineries au niveau mondial, tandis que la région de Montréal
présente de nombreux attraits pour l'industrie de l'électrochimie
organique qui fait appel à l'électricité et au gaz
naturel. À Bécancour, les seuls projets d'investissements de
Norsk Hydro se chiffrent à 500 000 000 $. La politique
énergétique présente toute une stratégie qui
devrait aussi porter fruit et déclencher des investissements industriels
significatifs.
Dans le secteur pétrolier, le gouvernement met un accent
particulier sur la réalisation du projet Soligaz. Mon collègue,
le député d'Anjou, en a largement fait part tout à l'heure
lors de son intervention. Permettez-moi, M. le Président, de citer bien
simplement un extrait de La Presse du vendredi 25 septembre où M.
Parizeau disait ceci. Au passage, il loue les efforts fructueux du ministre de
l'Énergie et des Ressources, M. John Ciaccia, ce qui fait progresser
sensiblement le dossier de la pétrochimie dans l'est de Montréal.
Et il conclut en disant qu'il voit dans la nouvelle politique
énergétique des choses excellentes.
M. le Président, dans le secteur gazier, la politique
énergétique du gouvernement vise explicitement un prolongement du
réseau de transport, une densification des réseaux de
distribution, ce qui signifie donc des possibilités importantes
d'investissements dans ce secteur.
En aval également, et comme dans le secteur de
l'électricité, le gouvernement encouragera l'implantation ou
l'extension d'entreprises souhaitant bénéficier des conditions
d'approvisionnement en gaz naturel. Là aussi, un chiffrage précis
est difficile à faire, mais les projets en discussion sont très
prometteurs.
En terminant, pour le gouvernement, il s'agit d'ailleurs non seulement
de déclencher des investissements dans l'économie, mais surtout
de s'assurer que ces investissements auront le maximum de retombées
économiques au Québec sur l'activité et l'emploi. Le
gouvernement est très confiant d'y parvenir. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: M. le Président, pour revenir à la
question des petites centrales et de la privatisation d'Hydro-Québec, le
ministre dit: Hydro-Québec n'a pas la structure pour faire fonctionner
de petites centrales, etc., et, au fond, les petites centrales ne nous
intéressent pas tellement, on ne peut rien faire avec cela. Je ne sais
pas s'il a consulté la liste des centrales. Il disait lui-même,
aux nouvelles, hier soir: II y a 79 centrales au Québec et ce n'est pas
une petite vibration d'une turbine quelque part qui va nous faire peur, en
parlant de LG 2. Uniquement la centrale LG 2 représente un
cinquième de la production d'électricité au Québec,
vous le savez. Sur la liste des 79 centrales actuellement en opération
à Hydro-Québec, il y a 37 petites centrales de moins de 25
mégawatts. Il y en a 37 sur 79; ce n'est pas loin de 50 %. Quand il dit
qu'Hydro-Québec n'a pas la structure pour en développer, il faut
se poser des questions. Il dit aussi: Cela représente 1 % ou 2 %, ce
n'est pas tellement, ce n'est pas important. J'aimerais que le ministre
dépose la liste des petites centrales qui ont été
exploitées par Hydro-Québec et qui sont actuellement
désaffectées ainsi que la capacité potentielle de
production de ces centrales.
Le ministre dit que ce n'est pas grand-chose, sauf qu'à la page
57 de sa politique, il nous parle d'un potentiel total de 5000 mégawatts
aménageable. Et, 5000 mégawatts, c'est l'équivalent de la
centrale LG 2. LG 2, c'est 5338 mégawatts. On n'est pas à un
mégawatt près, ou même à 300 mégawatts
près. Il y a Hydroméga aussi qui a déjà
annoncé son intention d'aller en chercher pour 300, 400
mégawatts.
Une voix:...
M. Claveau: Oui, oui, oui. Les gens d'Hydroméga ont dit,
dans un article de presse, qu'ils pourraient éventuellement être
intéressés par un total de 300 à 400 mégawatts de
production dans de petites centrales.
Il y a aussi le projet de loi 71. Le ministre ne nous bernera pas avec
son petit projet de loi. Même si Hydro-Québec veut
développer ses centrales, elle ne peut pas le faire sans modifier la Loi
sur le régime des eaux au Québec pour pouvoir transférer
la propriété du potentiel sur des rivières. Dans le projet
de loi 71, qu'on aura l'occasion d'étudier prochainement, on dit que
c'est justement pour permettre cela. On y dit: "Lorsque la force hydraulique
est nécessaire à l'exploitation à un endroit donné
d'un cour d'eau, d'une centrale hydroélectrique d'une puissance
supérieure à 25 mégawatts, chaque location doit être
autorisée par la loi." D'une puissance supérieure,
c'est-à-dire qu'on va pouvoir louer des potentiels électriques
sur des rivières de 25 mégawatts et moins. Ce sera donné
par le projet de loi 71. Mais il se garde la possibilité d'aller plus
loin. Il dit: Lorsque ce sera supérieur à 25 mégawatts, on
reviendra faire une loi pour le justifier ou pour l'autoriser. Mais il n'a rien
fait de... Donc, 25 mégawatts, c'est son départ, mais cela peut
facilement augmenter. Dans la loi, il se prévoit une ouverture qui va
permettre de le faire. On aura beau me faire les simagrées qu'on voudra,
derrière, c'est là la réalité. Il y a 5000
mégawatts potentiels, à la page 57 du plan de
développement. On y dit: "Le potentiel techniquement aménageable
des petites rivières est d'environ 5000 MW." Donc, ce n'est pas
négligeable du tout, c'est 20 % de la production actuelle du
Québec. Quand on nous dit: II ne s'agit pas de privatiser
l'électricité, ce n'est pas pour 1 % ou 2 % de production, etc.,
une petite centrale de 3 ou 5 mégawatts ici et là... ce n'est pas
ça. C'est peut-être ce qui va se passer cette année ou
l'année prochaine, mais les ouvertures sont beaucoup plus grandes,
beaucoup plus importantes, le potentiel total aménageable, la loi qui va
permettre d'aller plus loin dans la législation de ce
côté-là... On sait qu'Hydro-Québec exploite
déjà 37 petites centrales, ça voudrait dire
qu'Hydro-Québec aussi, par sa structure, pourrait développer de
petites centrales. C'est peut-être moins payant politiquement d'annoncer
3 mégawatts que 3000, mais c'est peut-être plus rentable à
produire.
On sait qu'une technologie européenne a déjà eu des
approches de Brown Bovary pour essayer de vendre ces petites centrales au
Québec, appuyés par des banques internationales bien connues. Ce
n'est pas un dossier nouveau. Si Hydro-Québec ne veut pas les
développer elle-même, elle peut le faire faire par d'autres; c'est
ce que le ministre veut faire. À ce moment-là, on parle
véritablement d'une mécanique de privatisation d'un 20 % à
25 % d'une possibilité d'aménagement hydroélectrique au
Québec.
On va peut-être nous dire: Écoute un peu, le
député exagère. J'exagère peut-être pour
aujourd'hui, peut-être pour demain, mais peut-être que dans dix
ans, il va avoir drôlement raison. Quand on pariait de la
fiabilité des réseaux, le ministre disait: Des pannes sur des
réseaux, on n'en a pas connu depuis 1981, c'est fiable. On en a eu deux
en moins de sept mois depuis ce temps. On n'a pas été alarmiste,
on a été réaliste par rapport aux coupures dans
l'entretien des réseaux pour pouvoir capitaliser pour devancer les
travaux.
On a compris la mécanique. Le ministre aura beau dire ce qu'il
voudra, on a compris un peu ce qui se passe dans la mécanique de tout
ça. Qu'on n'essaie pas d'en minimiser l'importance. Si on fait un projet
spécifique pour autoriser la location du potentiel
énergétique sur des rivières, si on considère qu'il
y a déjà 37 petites centrales de ce genre à
l'intérieur des réseaux d'Hydro-Québec, si on
considère qu'une compagnie comme Hydroméga, qui est
drôlement intéressée, a déjà commencé
à en préparer une qui sera bientôt en production, si elle
ne l'est
pas actuellement, et qui a déjà annoncé ses
intentions d'aller en chercher pour 300 ou 400 mégawatts, ce n'est pas
minime.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député d'Ungava. Avant de passer aux deux dernières
interventions, je voudrais vous rappeler que le ministre, en premier lieu, a
droit à dix minutes, et le député de l'Opposition a droit
à dix minutes. Merci. M. le ministre.
Conclusions M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, je vois que le
député d'Ungava admet qu'il exagère. Au moins, il l'admet,
il est assez honnête pour dire: Oui, j'exagère. Non seulement il
exagère, mais il mélange les pommes et les oranges. Vous ne
faites pas la distinction entre les petits sites qui n'ont jamais
été aménagés - c'est ça, les 5000
mégawatts - et les petites centrales désaffectées. Les
petites centrales désaffectées sont de 333 mégawatts.
Pourquoi sont-elles désaffectées? Parce que ce n'est pas payant
d'exploiter ces centrales. Je ne veux pas vous rappeler que toutes les coupures
dans l'entretien et la réduction des cadres, du personne!
d'Hydro-Québec ont été faites pendant que vous
étiez au pouvoir. Maintenant, il faut ramasser les pots cassés et
essayer de vivre avec cela. Mais, c'est un autre sujet sur lequel on reviendra.
(11 h 45)
Quand on parle des petites centrales, je parle des petites centrales
désaffectées. Plutôt que de les laisser là, elles
peuvent être mises en exploitation, comme les chiffres que mon
collègue, le député de La Peltrie, a mentionnés,
ça peut représenter des investissements de 150 000 000 $.
Hydro-Québec va déterminer le coût. C'est plus payant pour
elle d'acheter à 2,86 cents le kilowattheure que de les laisser
là ou les faire elle-même...
Dans le document L'énergie au Québec, édition 1987,
si vous voulez avoir l'information, 20 % de l'électricité au
Québec, aujourd'hui, est produite par des autoproducteurs. Ce n'est pas
Hydro-Québec qui la produit 20 %. Il y a ici toute la liste des
centrales: Alcan, le Placage Bellerive Itée, Pulpe de Jonquière,
toute une série de compagnies qui produisent leur propre
électricité: la ville de Sherbrooke... Ce n'est pas nouveau. Il y
a même, à Rivière-Noire, le club Bataram plongeon: 10
kilowatts. Cela existe. On n'a pas inventé la roue. Ne partez pas en
panique. Les centrales déjà opérantes que vous mentionnez
dans la liste des 79 centrales inférieures à 25 mégawatts
sont déjà opérantes et il n'est pas question
qu'Hydro-Québec les prenne et s'en départisse. Il n'a jamais
été question de ça. Cela concerne celles qui sont
désaffectées. Je vous ai cité Le Soleil. Personne
n'y voit là un moyen de privatisation, parce que ce n'en est pas.
Hydro-Québec détient le monopole de distribution. Elle permet des
investissements additionnels dans le secteur privé ou dans les
municipalités. C'est un revenu, du développement régional,
de la création d'emplois. Je vais vous citer vous-même.
N'exagérez pas. M. le Président, il me reste six minutes.
En ce qui concerne la liste des centrales désaffectées qui
seront disponibles pour développement, Hydro-Québec est en train
de préparer une liste. Cela n'empêche pas Hydro-Québec de
décider d'une certaine centrale, même de celles qui sont
désaffectées; c'est elle-même qui va les reprendre et les
exploiter. C'est elle-même qui prendra cette décision. E!le est en
train de préparer la liste qui sera disponible; elle en
déterminera les critères, comment elle pourra les remettre en
opération, et elle rendra la liste publique. Cela protégera tous
ceux qui sont intéressés dans le domaine et
particulièrement le consommateur.
Durant les quelques minutes qu'il me reste, je voudrais seulement
résumer notre politique énergétique. Notre politique
énergétique vise à utiliser toutes les formes
d'énergie pour le développement économique, que ce soit le
pétrole, le gaz naturel, les liquides de gaz naturel. Je suis
particulièrement heureux d'avoir pu obtenir l'appui du gouvernement
fédéral pour finalement voir Soligaz se développer. Cela
représente des investissements de plus de 1 000 000 000 $ dans la grande
région de Montréal. C'est utiliser les éléments de
nos énergies, que ce soit celles produites au Québec ou les
énergies canadiennes, pour le développement économique du
Québec. Les autres formes d'énergie sont importantes aussi.
Rappelez-vous que les Québécois dépensent 7 000 000 000 $,
l'industrie et tout le reste, dans le domaine du pétrole et du gaz
naturel: 6 000 000 000 $ pour le pétrole, 1 000 000 000 $ pour le gaz
naturel, et approximativement 6 000 000 000 $ pour
l'hydroélectricité. Alors on voit l'importance de tous ces
secteurs.
Dans le domaine de l'hydroélectricité, ce que nous voulons
faire, c'est utiliser nos ressources comme outil de développement
économique pour la construction de nouveaux projets qui vont
créer des investissements et des emplois, et grâce au tarif
accroître l'industrie au Québec et attirer d'autres
investissements. J'ai une préoccupation pour le consommateur. Dans notre
politique, on inclut les moyens d'action, les objectifs. Premièrement,
en ce qui concerne la protection du consommateur pour les prix de l'essence, on
va créer un organisme qui s'occupera des plaintes vis-à-vis
d'Hydro-Québec; on sera en mesure, au début de 1989, de rendre
publique la façon dont cet organisme va fonctionner. Dans le domaine de
l'hydroélectricité, notre but est de garder les prix bas et
d'accroître nos exportations. Les deux vont main dans la main.
Le libre-échange va nous aider également
dans les exportations de notre hydroélectricité. On a la
déréglementation du gouvernement fédéral, on a un
engagement du gouvernement américain de ne pas imposer de tarifs
à nos exportations. Il faut que je vous rappelle que tout le monde,
toutes les provinces, tous les États américains peuvent produire
de l'électricité. Vous n'avez pas besoin d'avoir des ressources
hydroélectriques. Il y a une question de coûts. Avec le
libre-échange, cela nous assure que l'on va toujours avoir le meilleur
coût, parce qu'il n'y aura pas de tarif à l'exportation. Le
libre-échange va aussi aider notre industrie de la pétrochimie.
C'est pour ça que dans l'est de Montréal, nous pouvons annoncer
des investissements d'au-delà de 1 000 000 000 $ parce que ce n'est pas
seulement le marché est-américain, le marché du
Québec n'est pas assez considérable pour soutenir une industrie
pétrochimique. Il faut parler du marché canadien, du
marché nord-est américain. C'est pour ça qu'on va redonner
à Montréal sa vocation de centre important de la
pétrochimie canadienne. Cela va aider non seulement la population, le
secteur économique, mais les jeunes; parce que je suis allé
à l'École polytechnique, il y a des gens qui vont être
diplômés tous les ans, ils sortent de nos universités, ils
reçoivent des diplômes, il y a des jeunes qui vont sur le
marché du travail. Il faut que nous soyons en mesure de leur fournir les
occasions. Dans le domaine de l'énergie, que ce soit avec le projet de
la Baie-James ou même la première phase, il y avait à peu
près 40 % de ceux qui travaillaient au projet de la Baie-James qui
étaient âgés de moins de 30 ans. Que ce soit au projet de
la Baie-James, que ce soit dans le domaine de la pétrochimie, que ce
soit dans toutes les industries connexes, ça va sensiblement augmenter
les emplois, les investissements, ça va soutenir les emplois pour les
jeunes et tout le secteur de tous ceux qui peuvent oeuvrer et travailler dans
un climat d'augmentation d'emplois.
Le secteur de l'énergie est la clé de notre
économie. C'est pour cette raison que nous n'avons pas de planification
autoritaire. Nous avons des objectifs. Nos orientations, nos objectifs, c'est
d'accroître la sécurité de l'approvisionnement. Nos
objectifs, c'est d'utiliser nos ressources hydroélectriques comme outil
de développement économique. Nous sommes persuadés qu'en
prenant les moyens d'action pour arriver à ces objectifs, nous allons
pouvoir accroître les investissements, accroître l'emploi, tout en
protégeant l'environnement et le consommateur.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président, une brève
conclusion. D'abord, dans le dossier Soligaz, le ministre sait très bien
que l'Opposition, les porte-parole de l'Opposition, autant celui qui
était là avant que moi-même, ont toujours appuyé le
ministre dans ce dossier. On l'a appuyé à un tel point qu'on n'a
pas lésiné, ne serait-ce que 30 secondes, pour lui permettre
d'arriver en fin de session, l'année dernière, pour amener un
projet de loi qui modifiait la Loi sur les mines quant aux expropriations des
réservoirs souterrains qui permettraient éventuellement de
pouvoir avancer dans un dossier que le ministre connaît très bien.
Il a toujours eu notre appui là-dessus. D'ailleurs, l'idée
originale de Soligaz est née en 1984. On n'enlève pas la part du
ministre là-dessus depuis 1985, 1986, mais l'idée était
née en 1984. Ce n'était pas une idée neuve. Elle
commençait à cheminer avec Pétromont, etc.
C'est un déblocage dans un dossier que, pour nous autres aussi,
nous considérons comme extrêmement important et on est content si
ça peut aller vers un résultat. Là-dessus, on
réitère notre appui pour que ce dossier arrive à de bonnes
fins et pour le mieux-être de toute la population de l'est de
Montréal et, éventuellement aussi, des répercussions sur
l'ensemble de l'économie québécoise.
Le ministre nous a parlé des développements de la
Baie-James. Il disait tout à l'heure - Il faut que je le relève -
que le niveau de l'emploi qui émane des nouvelles centrales, de la
construction... de toute façon, on a déjà parlé de
ça. On a déjà déposé des chiffres
l'année dernière là-dessus que personne n'a
été capable de contester, qui venaient des plans de
développement d'Hydro-Québec où on faisait une
évaluation dans le temps des emplois sur les chantiers depuis 1986
jusqu'à 1996 ou 1997. On voit que, finalement, il va y avoir, par
rapport à la situation de 1986, une augmentation de main-d'oeuvre sur
les chantiers dans la mesure où il n'y aura pas d'autres devancements,
on s'entend bien. Dans les ententes actuelles, dans les trois centrales qui
sont actuellement planifiées, d'après le plan de
développement connu, il n'y aura pas d'augmentation de main-d'oeuvre
avant 1994, même que le niveau de 1988-1989 va se situer à peu
près à 2000 emplois en deçà du niveau d'emploi de
construction à Hydro-Québec de 1986-1987. Donc là, on n'a
rien inventé.
Quand on parle des jeunes de moins de 30 ans, j'inviterais le ministre
à aller faire un petit tour sur les chantiers et à
vérifier. Quand on se promène dans la cafétéria -
ça fait trois mois depuis le mois de juillet que je vais à LG 2A
- de LG 2A et que vous rencontrez des gens sur les chantiers, vous ne voyez pas
beaucoup de jeunes; il y a beaucoup plus de têtes grises que de
têtes jeunes. Je peux vous dire, sans risque de me tromper, que la
moyenne d'âge des travailleurs à LG 2A est de 42 ans. Alors, on
n'a pas inventé les boutons à quatre trous pour le travail de la
jeunesse. Actuellement, la moyenne d'âge des travailleurs inscrits au
campement de LG 2A est de 42 ans. De la place pour les
jeunes, il n'y en a pas beaucoup. Ce sont tous des travailleurs qui ont
travaillé sur les chantiers de LG 2, LG 3 et LG 4 dans le temps qui se
retrouvent là. Ils se rencontrent, après avoir passé
quelques années à travailler sur d'autres chantiers ailleurs, et
ils sont bien contents de se retrouver ensemble. On n'a pas inventé le
travail pour les jeunes avec les chantiers, jusqu'à présent. Je
ne suis pas convaincu qu'on va l'inventer non plus avec les prochains.
Je voudrais parler de la question du développement
régional, puisque c'est un dossier qui me préoccupe
particulièrement, étant donné que je viens d'une
région. Un gars de région qui vit en région et qui
représente une région, entre autres, actuellement, la
région de la Baie-James, et en plus à l'Assemblée
nationale, donc c'est un dossier qui m'intéresse
particulièrement. Je connais aussi la problématique des
réseaux connexes ou complémentaires à ceux
d'Hydro-Québec, pour avoir moi-même travaillé dans les
centrales hydroélectriques de l'Alcan; je connais aussi comment
ça se passe et je sais le genre d'ententes et de relations qu'il peut y
avoir entre la production à Alcan et la production à
Hydro-Québec, etc. Ce n'est pas sorcier non plus. En termes de
développement régional, donc, j'inviterais le ministre,
malgré toutes ses bonnes intentions et son petit paragraphe de la page
45, où il nous définit très rapidement et dans une phrase
éloquente, l'intervention régionale, l'intervention en
région d'Hydro-Québec, je l'inviterais, dis-je, à faire
attention et à suivre peut-être de près Hydro-Québec
dans ces dossiers-là, peut-être plus que dans les dossiers
d'exportation, à la limite. Le programme du développement
régional, c'est un problème qui est crucial et je ne suis pas
convaincu qu'Hydro-Québec l'ait en toute première
priorité. Je vais vous donner seulement de petits exemples qu'on vit
actuellement. La construction de la ligne 6 ou de la nouvelle ligne 11, selon
la nouvelle nomenclature d'Hydro-Québec, le projet RNDC,
Radisson-Nicolet-Des-Cantons, dans le secteur de Chapais - Chibougamau - juste
à titre d'exemple - il y a trois ou quatre postes, il y a le camp Omo,
le camp Broadback, le camp Chapais et un autre un peu plus bas dans La
Mauricie. Ces camps sont tous approvisionnés en alimentation par ces
contrats donnés à Hydro-Québec par soumissions publiques.
Il n'y a pas une livre de beurre, une once de sel, ni cinq livres de sucre qui
soit vendu par les commerçants ou les grossistes de Chibougamau -
Chapais. Cela vient d'en dehors. Je vais vous dire plus que cela, il y a une
buanderie à Chibougamau qui pensait avoir au moins une taie d'oreiller
de temps en temps à laver de la part d'Hydro-Québec. Elle n'a
même pas eu le contrat, parce qu'elle ne pouvait pas soumissionner. Elle
ne soumissionnait pas dans les normes d'Hydro-Québec. On utilise les
camions qui montent la nourriture pour descendre le linge sale. Il est bien
évident que, dans ces conditions, on va chercher la nourriture à
400 kilomètres, on revient dans les camps et ensuite on descend le linge
sale, ce qui fait que la buanderie juste à côté des camps,
à quelques kilomètres des camps, n'est pas capable de
soumissionner. Cela fait partie de la politique de développement
régional.
Quand on dit à Hydro-Québec: Impliquez-vous en
région, on veut qu'il y ait des retombées locales des
investissements d'Hydro-Québec, c'est avec des choses comme
celles-là, c'est là que cela commence. Et tant
qu'Hydro-Québec ne comprendra pas cela, le ministre aura beau faire les
plus beaux textes qu'il voudra, rien ne restera en région, localement,
où se font les travaux de construction.
Un autre exemple. J'arrive de Kuujjuarapik, de Whapmagoostui ou de
Poste-de-la-Baleine - appelez-le comme vous voudrez. Le projet GB, GB-1, GB-2,
on commence à en parler sérieusement là-bas. D'accord? Les
arpenteurs ont commencé à travailler à l'arpentage de
lignes. Les gens du relevé technique sont supposés arriver
l'année prochaine ou à l'été pour commencer les
travaux de relevé technique pour la construction des centrales. C'est un
projet qui nous tient à coeur dans le réseau Baie-James-Baie
d'Hudson dans la mesure où il va falloir que des travaux soient faits,
ne serait-ce que pour alimenter notre consommation interne qui est rendue
à 3,3 %. Mais les gens de Kuujjuarapik et de Whapmagoostui sont
particulièrement inquiets de ce qui se passe.
Je vais vous donner un exemple. Je parlais avec le représentant
sur place de Canadien, autrefois Nordair. Le dossier de l'aéroport
n'avance pas. C'est probablement l'un des aéroports les plus mal
équipés de tous les aéroports du Québec, pour une
population de l'ordre de 1000 à 1200 habitants, quand même. Non,
on attend Hydro-Québec! On va voir ce qu'Hydro-Québec...
Hydro-Québec va bâtir son aéroport. Sauf
qu'Hydro-Québec veut bâtir son aéroport à 20 milles
de la place, alors qu'il y a l'ancien aéroport militaire de Greatwhale
qui est dans la place, en plein milieu de la population, une desserte locale.
Mais ni Transport Québec ni Transport Canada ne veulent investir
d'argent dans cet aéroport parce qu'on attend Hydro-Québec qui va
en avoir besoin d'un. Sauf qu'Hydro-Québec veut bâtir à 20
milles de là. Quand allons-nous intervenir et dire à
Hydro-Québec: Le développement régional commence par une
implication dans le milieu où vous arrivez. Votre aéroport, vous
allez le bâtir là où il y a déjà des
infrastructures, des pistes et une desserte locale qui sera aussi
assurée sur place. Les campements d'Hydro-Québec par rapport
à... On parle même de faire une petite route, peut-être une
bretelle... Les gens d'Hydro vont se péter les bretelles. On dit: II va
y avoir une route de LG 2 jusqu'à la rivière Grande-Baleine, mais
on va aller directement vers les centrales et, ensuite, on fera une petite
bretelle pour s'en aller à Kuujjuarapik. Comment voulez-vous qu'on
intègre l'économie de Kuujjuarapik dans le milieu? Il y a
des entrepreneurs actuellement à Kuujjuarapik, des compagnies de
construction qui ont leur siège sur place; il y en a un ou
peut-être même deux, une quincaillerie... il y a des choses. Les
gens des deux conseils municipaux, de Kuujjuarapik et de Whapmagoostui,
attendent. Par exemple, ils ont un projet pour un petit centre commercial local
qui pourrait regrouper tous les services de quincaillerie, d'épicerie et
de tout ce que vous voulez. Mais là on dit: Ah! Mais on ne sait pas ce
qu'Hydro-Québec va faire. Hydro-Québec va s'approvisionner
à l'extérieur. Si on peut, par exemple, installer là-bas
une quincaillerie pour une desserte locale, mais qui serait assurée
d'avoir des contrats d'approvisionnement d'Hydro-Québec, pour
l'entretien des centrales, on dirait: D'accord, on va pouvoir installer une
quincaillerie qui aura de l'allure. On va donner une desserte locale et on va
servir Hydro-Québec et tout le monde va en profiter. Mais non!
Hydro-Québec a sa propre politique d'achat; le développement
régional, ça ne la fatigue pas tellement dans sa politique
d'achat.
Le Président (M. Poulin): En conclusion, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Tout cela fait partie du décor. On aura
sûrement l'occasion de s'en reparler, mais je demande au ministre
d'être particulièrement vigilant quant aux activités
d'Hydro-Québec en région, parce que ses belles
démonstrations et ses beaux paragraphes sur le développement
régional n'iront pas loin si Hydro-Québec continue d'agir comme
elle agit actuellement.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député d'Ungava.
La séance est maintenant terminée. La commission ayant
accompli son mandat, j'ajourne les travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 7)