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(Vingt heures six minutes)
La Présidante (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail est réunie ce
soir afin de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 71, Loi modifiant la Loi sur le régime des eaux.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, Mme la Présidente, il n'y a
aucun remplacement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous avez des remarques préliminaires?
M. Ciaccia: Non, Mme la Présidente. Je pense que tout a
été dit.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava, est-ce que vous avez des
remarques préliminaires?
Remarques préliminaires
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, Mme la Présidente. Il y a quand
même une limite de dire que tout a été dit sur ce projet de
loi parce qu'il semble qu'il y ait encore des gens, y inclus le ministre, qui
n'ont pas compris la portée complète d'un tel projet de loi qui
peut modifier d'une façon drastique le comportement des
Québécois quant à l'habitude qu'on a d'être
propriétaires de notre production hydroélectrique au
Québec. Quand je parle de la production hydroélectrique, c'est en
ce qui regarde la consommation. On aura l'occasion de revenir là-dessus.
C'est aussi quant à la pertinence de louer, à toutes fins utiles,
des parties de rivières ayant un potentiel hydroélectrique et
pouvant être exploitées par l'entreprise privée.
En ce qui nous concerne - on a déjà eu l'occasion de
l'exprimer et on va le répéter afin que le ministre comprenne
bien l'ampleur du projet de loi - c'est sûr que c'est facile de faire
adopter un projet de loi en cinq articles, Mme la Présidente, dont
seulement le premier article est fondamental. Le premier article, d'une part,
autorise le gouvernement à modifier la Loi sur le régime des eaux
au Québec pour permettre par la loi, sans avoir à revenir devant
l'Assemblée nationale, la location de forces hydrauliques ayant un
potentiel de moins de 25 mégawatts et, d'autre part, ouvre une porte
encore beaucoup plus énorme qui va permettre de revenir devant
l'Assemblée nationale avec toute demande de location de forces
hydrauliques supérieures à 25 mégawatts, mais sans en
préciser le potentiel maximum. Alors, il y a là une brèche
importante dans le comportement habituel des Québécois depuis au
moins 22, 23 ans quant à notre production et notre consommation
d'électricité au Québec. Nous ne pouvons accepter une
telle chose.
Le ministre a déjà eu l'occasion de dire que
c'était de bon aloi et qu'il fallait voir cela comme étant un
plus étant donné qu'on pourrait permettre par ce projet de loi a
l'entreprise privée de rouvrir, d'exploiter de petites centrales
hydroélectriques de deux, trois, cinq ou dix mégawatts, que
c'était quelque chose de marginal, que 300 mégawatts
représentaient à peine 1 % de la production et de la consommation
totales d'électricité au Québec, qu'il n'y avait là
pas de danger, qu'il voyait mai où l'Opposition voulait en venir. Mais
le ministre, tout comme nous, a dû prendre connaissance du plan de
développement d'Hydro-Québec, dans lequel on précise
très bien que le potentiel des petites rivières du Québec
ayant une puissance hydraulique inférieure à 100 mégawatts
pourrait totaliser jusqu'à 10 000 mégawatts sur l'ensemble des
petites rivières au Québec.
Certes, on va nous dire: II y en a où ce n'est pas
aménageable, ce n'est pas rentable; il y a des choses qui sont
difficilement réalisables. Peut-être que, pour le moment, c'est
difficilement réalisable; peut-être que, pour le moment, ce n'est
pas ça qui peut se produire. Sauf que nous, ce que nous comprenons,
c'est qu'une fois qu'on ouvre la porte et qu'il y en a un, deux, trois ou
quatre qui ont commencé à produire, à développer
une expertise et à investir dans de petites centrales, que ça va
bien et que, comme le disent les gens d'Hydroméga eux-mêmes, ils
arrivent à avoir un taux de rendement de l'ordre de 20 % sur de petites
centrales, eh bien, petit à petit, avec le temps, on voudra... Leur
appétit va toujours aller en grandissant, on dit que l'appétit
vient en mangeant. Ils vont aussi développer un appétit par
rapport à ça et ils vont finir par imposer ou demander au
gouvernement du Québec d'aller vers des projets toujours de plus en plus
gros, de plus en plus importants. Comme la loi permettra de le faire, eh bien,
il n'y a rien qui va nous permettre de dire: On ne peut pas vous autoriser, la
loi ne nous autorise pas à le faire. Au contraire, ils vont dire: M. le
ministre, vous avez vous-même déposé une loi, le projet de
loi 71, qui l'autorise, alors on ne voit pas pourquoi vous nous le refuseriez
maintenant.
C'est ce qui va se passer. Déjà, il y a une compagnie,
Hydroméga. Le ministre nous disait en Chambre il n'y a pas longtemps: Ah
oui, mais c'est sur des terres fédérales, on n'a pas de
contrôle là-dessus. Écoutez, des terres
fédérales tant que vous voudrez, c'est Hydro-Québec qui
achète. Du côté de Côte-Saint-Catherine, il y a
déjà un certain nombre d'investissements qui vont
même totaliser, lorsque les deux phases seront complétées,
quelque 14 000 000 $ pour produire quelques mégawatts de courant, c'est
clair, et c'est un premier temps. Déjà, la même compagnie a
fait connaître ses intentions par rapport au réaménagement
d'un autre site dans le secteur de Mont-Laurier. Au moment d'inaugurer ou de
lancer ses travaux à Côte-Sainte-Catherine, la compagnie
Hydroméga annonçait son Intention de prendre sa part du
marché et d'elle-même pouvoir aller chercher de 300 à 400
mégawatts de production, tranquillement, avec le temps. Encore
là, il y a deux choses là-dedans. Tout à l'heure, je
faisais référence au plan de développement
d'Hydro-Québec où on nous dit que les rivières pouvant
dégager une force hydraulique de moins de 100 mégawatts
totaliseraient 10 000 mégawatts, mais le ministre lui-même disait
aussi, dans ce qu'il a appelé "Pour une politique
énergétique", que les rivières ayant un potentiel de moins
de 25 mégawatts pouvaient, à elles seules, totaliser
jusqu'à 5000 mégawatts. Il disait: "Le potentiel techniquement
aménageable des petites rivières est d'environ 5000
mégawatts." C'est quand même important. Ce n'est pas nous qui
l'inventons, ce ne sont pas des chiffres qu'on a pris dans les airs ni des
chiffres qui ont coulé dans les journaux d'on ne sait où, ce sont
des chiffres que le ministre a mis lui-même dans sa politique
énergétique, en page 57.
S'il ne voulait pas qu'il y ait des investisseurs
intéressés qui puissent utiliser ces chiffres, il n'avait
qu'à ne pas les utiliser lui-même. C'est lui qui leur ouvre la
porte en disant: Regardez, c'est possible, il dit: il y a des centrales
désaffectées, de petites centrales; il y en a pour 300
mégawatts, il les invite déjà à venir investir
là-dedans. Finalement, bien qu'il essaie de minimiser les effets d'un
tel projet de loi, on se rend compte que si on le pousse à
l'extrême, à la limite - il s'est permis, d'ailleurs, dans son
texte de prévoir l'ouverture jusqu'à la limite parce qu'il fait
mention de la possibilité qu'il y ait des demandes, qui pourraient
être acceptées, de projets pouvant avoir des capacités de
plus de 25 mégawatts. Alors, il "a déjà prévu, il
l'a déjà dans la tête, iI ne le fait pas pour rien. S'il ne
voulait mettre la puce à l'oreille de personne, il n'avait qu'à
ne pas le mettre dans son projet de loi. Si on pousse ça à la
limite, on peut imaginer que connaissant la capacité de production qu'on
a actuellement au Québec, incluant la production de Churchill, qui est
de l'ordre de 30 000 mégawatts... Notre production interne se situe
entre 24 000 et 25 000 mégawatts pour le Québec. Si on va
jusqu'à 5000 mégawatts, c'est quand même 20 % de la
production actuelle qui pourrait être faite par de petites centrales.
Encore là, quoique en dise le ministre, c'est pour des fins
commerciales. (20 h 15)
Là-dessus, je ne peux pas faire autrement que de relever une
aberration que le ministre a dite au moment de sa réplique à mon
Intervention en deuxième lecture. Le ministre nous disait... Je vais
essayer de retrouver mes papiers, mais, de toute façon, je n'en ai pas
besoin.
Une voix: On n'est pas pressés.
M. Claveau: Le ministre nous disait: Il y a 47 producteurs
d'électricité au Québec.
Une voix: 48.
M. Claveau: 48? il y a 48 producteurs d'électricité
au Québec. Mais il n'y a pas 48 producteurs privés
d'électricité au Québec, M. le ministre. il y a 48
installations hydroélectriques différentes qui produisent de
l'électricité, mais qui appartiennent à 25 ou 26
propriétaires différents, pour 48 barrages. M. le ministre, vous
avez dit en Chambre: II y a 48 producteurs indépendants
d'électricité. C'est une belle façon de jouer avec les
chiffres, on en a un bel exemple. Il y a 48 barrages dont neuf ont une
puissance de moins de deux mégawatts et dont un a dix kilowatts de
production. Écoutez, on n'est pas tout à fait dans la
règle générale des normes d'Hydro-Québec.
M. Ciaccia: 3 100 000 kilowatts, pour l'ensemble.
M. Claveau: Pour l'ensemble des centrales.
M. Ciaccia: Oui. Dont 48 représentent 3 000 000 de
kilowatts.
M. Claveau: Si je ne me trompe pas, cela représente 24,9 %
de la production totale du Québec, comparé à 75,1 % ou
75,2 % de la production faite par Hydro-Québec, selon les statistiques
mêmes de 1987 du ministère. On a les papiers.
M. Ciaccia: Vous dites que cela représente 24 % de la
production.
M. Claveau: En incluant Churchill. C'est 9,7 % de la production,
Incluant Churchill. Mais la production d'Hydro-Québec est de 75,1 %. On
est capable de rectifier et de donner les chiffres justes en ce qui nous
concerne. C'est 9,7 % de la production qui est faite par les petites centrales.
Et, parmi ces centrales, il y a seulement l'Alcan qui a des centrales d'une
importance quand même relative, et une autre qui appartient a MacLaren,
je crois, et qui a aussi une importance relative.
Une voix:...
M. Claveau: Non. Les centrales de Price sont beaucoup plus
petites. Elles sont dans les normes de 100 mégawatts et moins. Mais,
pour ce qui est centrales importantes, les seules centrales
importantes appartiennent au réseau Alcan. Elles se situent dans
la grosseur d'Hydro-Québec et ont une capacité de production de
l'ordre de 500 à 700 mégawatts. Cela joue là-dedans.
Le ministre nous disait en Chambre: !! y a 48 producteurs
indépendants autres qu'Hydro-Québec...
Une voix: Ce n'est pas ce qu'il a dit.
M. Claveau: Ce n'est pas ce qu'il a dit? M. le
député, vous vérifierez dans les galées. Le
ministre a dit qu'il y avait 48 producteurs différents. C'est une
façon de jouer avec les chiffres.
Une voix: II va faire son "filibuster" sur cela...
M. Claveau: Non. Il faut le préciser. Ce sont des
façons de faire accroire aux gens qu'il y a plus de producteurs
indépendants qu'en réalité. C'est cela, la
réalité de la chose. Malheureusement, au moment où on se
parle, je n'ai pas mes chiffres devant moi. Mais j'ai fait tous les calculs sur
le nombre de centrales qui appartiennent à chacun des petits
propriétaires. J'aurai l'occasion de vous les montrer avant la fin de
cette commission parlementaire.
Une voix:...
M. Claveau: Je dirai au député de Saguenay qu'il ne
perd rien pour attendre.
Une voix: Des menaces, Mme la Présidente!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: Tout cela pour dire que, quand le ministre disait, en
réplique en deuxième lecture, que c'étaient tous des
producteurs d'électricité pour la commercialisation, il se
trompait. On pourrait en reparler, du texte que vous nous présentez, M.
le député. Si vous pensez me boucher avec cela, vous
vérifierez que là-dedans le premier ministre prétend
qu'Hydro-Québec va donner 300 000 000 $ de dividendes au gouvernement,
alors que c'est 180 000 000 $ qui sont prévus. Je ne sais pas si c'est
parce que le premier ministre dit ce qu'il veut sans avoir à toucher aux
chiffres d'Hydro-Québec, mais c'est ce qui est dit là-dedans. Il
nous parle d'une possibilité, d'une prévision de 700 000 000 $ de
profits nets dont 300 000 000 $ seulement en dividendes au gouvernement,
d'après son propre texte. On les connaît vos textes, on prend le
temps de lire.
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai peur qu'on
s'éloigne du sujet, M. le député d'Ungava. Est-ce qu'on
peut revenir à la pertinence, s'il vous plaît?
M. Cannon: Question de règlement.
M. Claveau: Je vous dirais, Mme la Présidente, que c'est
M. le député de La Peltrie qui m'a provoqué sur ce
texte-là.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Mme la Présidente, question de
règlement. Le député d'Ungava est parfaitement dans son
droit de parler comme il parle. Il est en train d'aborder le sujet - et je
pense que mon collègue du Saguenay est tout à fait d'accord avec
moi - très pertinemment, Mme la Président.
Une voix: Exactement.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'était pas
une question de règlement, M. le député de La Peltrie.
Une voix: Merci, madame.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava, si vous voulez...
M. Claveau: Alors vous voyez, Mme la Présidente, qu'il y a
certains esprits du côté ministériel qui
s'échauffent assez facilement lorsqu'on parle d'un projet de loi
semblable et c'est probablement parce qu'ils commencent à comprendre.
Ils commencent à comprendre la portée du projet de loi que le
ministre nous a déposé. Et ça les fatigue un peu de voir
que le ministre a essayé de leur refiler un projet de loi qui semblait
anodin, mais qui peut avoir une portée beaucoup plus importante que ce
que l'on peut voir au départ.
Mme la Présidente, si la production d'électricité
par le biais de petites centrales hydroélectriques est aussi
intéressante pour des investisseurs privés que le ministre le
prétend, si Hydroméga qui est actuellement une des compagnies qui
s'est montrée très intéressée par ça... On a
d'ailleurs certaines de leurs intentions qui sont énoncées sur un
papier officiel à leur entête, Développement
Hydroméga inc, 800 ouest Dorchester. Normalement cela devrait être
René-Lévesque. Cela fait déjà un certain temps.
À moins que la compagnie Hydroméga existait déjà
avant 1988 et qu'elle était déjà prête à
Investir, sinon ça aurait dû être
René-Lévesque, le nouveau nom du boulevard Dorchester. Cela nous
laisse croire encore plus que ça fait déjà longtemps
qu'ifs se préparent et négocient avec le ministre des
possibilités d'investir dans de petites centrales. Une chose est
certaine c'est que le député de Saguenay n'aura jamais de
boulevard à son nom.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Cannon:...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît, M. le député de La Peltrie.
M. Claveau: Ce sont des éléments qui nous
permettent de croire qu'on commence à approfondir les choses et à
voir comment ça s'est développé quand on sait
qu'Hydro-Québec, déjà le 18 février 1987, adoptait
- alors que ça s'appelait encore le boulevard Dorchester à
Montréal - une politique interne pour l'achat
d'électricité par des petites centrales. Cela s'appelle:
Politique corporative d'Hydro-Québec, politique d'achat
d'électricité produite par des petites centrales appartenant
à des tiers au Québec. On y définissait déjà
les 25 mégawatts à l'article 3 de la politique. "Le terme
"petites centrales" se rapporte à des centrales hydroélectriques
ayant une capacité de production égale ou inférieure
à 25 mégawatts ou à toute autre installation de production
par d'autres sources appartenant à des tiers au Québec." Alors on
commence déjà à se rendre compte que ce n'est pas quelque
chose de nouveau. Cela fait longtemps que cette affaire-là trotte dans
la tête du ministre. Cela fait longtemps aussi qu'il y a des cadres
d'Hydro-Québec qui regardent ça et qui peuvent peut-être
avoir certains intérêts à investir eux-mêmes dans ces
affaires-là. Car on sait qui sont les promoteurs de la compagnie
Hydroméga. Alors ce n'est pas du neuf. Ce n'est pas du nouveau. Et puis
le ministre essaie de nous faire accroire qu'il est en train de regarder un
projet de loi pour améliorer le sort des Québécois et tout
ça, alors qu'en réalité c'est un projet de loi qu'il a eu
l'occasion de discuter et de négocier amplement avec des gens en dehors
de cette Assemblée. Sans que le projet de loi n'existe, sans qu'il n'y
art rien qui puisse permettre à une compagnie comme Hydroméga de
pouvoir aller chercher du capital pour investir parce qu'il n'y avait pas de
base juridique, déjà elle a des fonds, elle a déjà
conclu des ententes avec Hydro-Québec sur l'achat
d'électricité. Si le ministre n'est pas allé à la
première pelletée de terre des travaux qu'a entrepris
Hydroméga, c'est peut-être parce qu'il était
gêné de le faire.
Donc, il y a quelque chose là-dedans qui s'est tramé
depuis un certain temps... C'est vrai. C'est Hydro-Québec qui
n'était pas présente. Excusez-moi, M. le ministre. C'est
Hydro-Québec qui n'était pas présente. Alors il y a
quelque chose là-dedans qui nous permet de croire que c'est une
démarche qui a été entreprise finement avec les
années, les mois pour permettre d'en arriver à ça et puis
finalement on nous arrive aujourd'hui avec un projet de loi en cinq articles
dont un est fondamental, l'article 1, les autres articles étant des
articles de concordance pour permettre que ça puisse s'appliquer en
vertu de la Loi sur les mines. Et c'est tout. On nous dit: Ce n'est pas grave.
De toute façon on va pouvoir louer des sources hydrauliques, c'est
plaisant, il faut développer ça. Ce n'est pas quelque chose qui
est sorti de nulle part, c'est quelque chose qui était pensé
d'avance, c'est quelque chose qui déjà, en février 1987,
était prévu par Hydro-Québec, c'est quelque chose
qu'Hydro-Québec a amené dans son plan de développement.
Elle a énoncé la possibilité de remettre des petites
centrales en production par le biais de l'entreprise privée, dès
le printemps 1988. C'est quelque chose que le ministre nous a annoncé
par la suite dans sa politique énergétique de l'automne dernier
et c'est quelque chose qu'il veut maintenant concrétiser par le biais de
ce projet de loi. Il y a là toute une démarche qui a
été faite à l'envers. Normalement, on aurait dû
avoir le projet de loi et, après ça, savoir où ça
voulait aller. Là, la démarche est faite à l'en-vers.
C'est pour toutes ces raisons, Mme la Présidente, et pour toutes
les craintes que suscite un tel projet de loi que nous allons certainement nous
battre et lutter contre.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. M. le ministre, est-ce qu'il y a une
réplique au député d'Ungava?
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Le député d'Ungava parle
malheureusement pour ne rien dire, et je sympathise avec tous ceux autour de
cette table qui seront obligés de l'écouter, de l'endurer
jusqu'aux petites heures du matin. Je voudrais juste rétablir certains
faits que le député a faussement représentés
à cette commission parlementaire.
Premièrement, en ce qui concerne le projet de loi et
Hydroméga, je ne sais pas si le député n'écoute pas
ou s'il ne comprend pas. Que ce soit l'un ou l'autre, je pense qu'il serait
mieux d'écouter et d'essayer de comprendre. Hydroméga a
existé avant le projet de loi et a fait affaire avec le gouvernement
fédéral. Elle n'avait rien à faire avec nous. Elle pouvait
faire tous les barrages qu'elle voulait sur des sites du gouvernement
fédéral, elle n'avait pas besoin du projet de loi. Quand le
député d'Ungava dit que ce projet de loi a été
discuté et négocié hors de l'Assemblée, je pense
qu'il devrait s'excuser parce qu'en aucun moment le projet de loi n'a
été discuté avec qui que ce soit hors de
l'Assemblée. Les seuls avec qui ça a été
discuté, c'est Hydro-Québec, parce que c'est elle qui est
maître d'oeuvre. Quand vous dites que c'est tout pensé d'avance,
oui Hydro-Québec a pensé à ça avant, elle y a
pensé en 1984, sous votre administration. La période de gestation
de tout ceci s'est faite avant 1985, c'est Hydro-Québec qui en est venue
à cette politique et on a repris la politique d'achat
d'Hydro-Québec.
Quand vous dites qu'on met un plafond à 25
mégawatts, est-ce que ça veut dire qu'on veut des gros
projets? Si vous compreniez un peu la loi existante, vous verriez qu'elle a un
plafond de 225 kilowatts. La raison pour laquelle on inscrit 25, ce n'est pas
parce qu'on veut en construire en haut de 25, c'est parce qu'il faut amender la
loi pour augmenter le plafond afin de se conformer à la politique
d'achat d'Hydro-Québec; c'est la seule raison. Quand vous dites que
c'est une brèche dans la loi, franchement, prenez-vous la population et
les gens autour de cette table pour des personnes qui ne comprennent rien? La
brèche a été faite avant notre temps, ce n'est pas nous,
ce n'est pas ce projet de loi qui constitue quelque chose de nouveau. Vous avez
adopté deux projets de loi.
M. Claveau: Vous avez voté contre.
M. Ciaccia: Vous avez adopté deux projets de loi pour
Bellerive-Ka'N'Enda et un autre. Au lieu de faire un projet de loi chaque fois
qu'on veut faire une mini-centrale, qu'on veut allouer les droits, on fait un
projet de loi pour leur permettre. C'est vrai qu'il n'y a pas 48 producteurs,
vous avez raison, il y a 48 barrages et il y a 29 producteurs. Mais je ne pense
pas que ça change le principe. Les 29 producteurs, si vous parlez de
privatisation, quand un producteur - prenons ceux que vous avez permis en 1984
- comme Bellerive-Ka'N'Enda ou un autre...
Des voix: Alcan. (20 h 30)
M. Ciaccia: Oui, Alcan, ça, c'est de la vraie
privatisation, parce que savez-vous ce que vous faites dans ces projets de loi?
Vous permettez à un utilisateur de dire: Je vais faire ma propre
électricité, ce n'est pas Hydro-Québec qui va faire un
profit sur l'électricité que je vais utiliser, je vais la garder
pour moi, et, si j'ai des surplus, je vais les vendre à
Hydro-Québec. Cela, c'est de la privatisation. Ici, nous ne permettons
pas la commercialisation telle que vous l'avez permise avant. On dit: II y a de
petites centrales qui sont désaffectées. C'est
Hydro-Québec qui va contrôler l'achat et la distribution. La
personne qui va réaménager ces petites centrales ne pourra pas
faire comme Alcan, comme Abitibi Price, comme tous les autres, utiliser de
l'énergie qui peut coûter 0,04 $, 0,05 $, 0,06 $ le kilowattheure.
HydroQuébec n'aura pas l'avantage de ce profit-là. Ce n'est pas
cela qu'on fait. On dit: Vous n'allez pas distribuer, vous allez construire,
mais vous allez vendre seulement à Hydro-Québec selon les termes
et les conditions qu'Hydro-Québec va établir. s'il y a un profit
à faire, c'est HydroQuébec qui va le faire. Vous allez vendre
0,286 $ le kilowattheure, parce que c'est cela que ça coûte
à Hydro-Québec, sur les gros barrages, construire et produire de
l'électricité, et HydroQuébec ne peut pas le faire
à ce prix-là pour les petites centrales.
Si vous voulez faire un "filibuster", faites-le, c'est à votre
choix. Vous pouvez faire ce que vous voulez, mais au moins essayez donc de dire
des choses qui ne sont pas totalement farfelues et en dehors du sujet. Parlez
un peu de la vérité. Si vous êtes contre les 29 autres
producteurs et les 48 autres barrages et que vous voulez "renationailser" les
barrages d'Alcan, libre à vous de faire cela et libre à vous de
dire: Non seulement on ne permettra pas ce projet de loi-ci, mais on va
proposer un autre projet de loi qui va reprendre les barrages d'Alcan et qui va
reprendre - je vais vous donner les autres noms au cas où vous ne les
auriez pas tous - les barrages de la compagnie hydroélectrique
Manicouagan, le barrage de la compagnie d'énergie MacClaren, de la
compagnie Price et Gulf Power, d'EB. Eddy Ltd., de Pembrook Electric Light,
d'ERCO, de Tenneco, de la bande de Wemindgi, du papier-journal Domtar, de
Dominion Textile, etc. C'est eux qui font des profits avec ces barrages, ce
n'est pas Hydro-Québec.
Quand vous venez dire qu'on fait une brèche dans la loi,
franchement, vous ne savez pas ce dont vous parlez ou vous voulez faire de la
pure démagogie. Quand vous parlez de la vie de Jonquière, c'est
un producteur, Sherbrooke, Coaticook, Donohue, à Saint-Félicien,
Celanese Canada, la compagnie Gaspésia Itée, Canadian
International Paper, Fer et Titane du Québec, Electro Clova ltée.
On n'invente pas la roue avec le présent projet de loi. La seule chose
qu'on dit, c'est qu'on va être plus restrictif que vous l'avez
été quand vous avez alloué des droits à Alcan.
Selon les droits que vous avez alloués à Alcan, eux peuvent
utiliser l'électricité à leurs propres fins, ils ont le
loisir de la revendre à Hydro-Québec. Ceux qui l'utilisent
à leurs propres fins, je ne dis pas que cela ne devrait pas être
fait, mais, en termes de principe, ce sont des profits qu'Hydro-Québec
ne fait pas parce que le profit de la vente au tarif, ce n'est pas
Hydro-Québec qui va obtenir ce montant-là.
Alors, ne venez pas nous faire croire que vous essayez d'adopter une
virginité que vous n'avez pas et ne commencez pas à parler
d'Hydroméga qui a fait un projet sur une propriété du
gouvernement fédérai qui n'a rien à voir avec des
permissions que nous donnerions... Hydroméga n'a pas besoin du projet de
loi d'aujourd'hui. Le savez-vous que, même si on n'avait pas le projet de
loi d'aujourd'hui, Hydroméga pourrait faire son barrage à
Côte-Sainte-Catherine et qu'Hydro-Québec pourrait acheter cette
électricité sans même se référer au projet de
loi? Ce n'est pas nous qui donnons l'allocation du régime des eaux, cela
appartient au gouvernement fédéral. Alors, ne mélangez pas
les poires et les navets.
Quand vous dites qu'Hydroméga fait 20 %, c'est de la foutaise
complète. Elle ne fait pas d'argent dans cela. Elle a même
demandé une subvention à la SDI pour développer une
technologie. Il n'y a pas de profit pour Hydroméga
dans cela, elle veut développer une nouvelle technologie pour
l'exportation. Ne venez pas nous faire croire qu'Hydroméga a besoin du
projet de loi. Elle n'en a pas besoin. Elle peut avoir l'intention de faire
d'autres barrages, elle peut dire n'importe quoi, mais, avant de pouvoir en
faire, il va falloir qu'elle respecte les critères du projet de loi. Si
vous parlez du projet d'Hydroméga avec Bellerive-Ka'N'Enda, c'est vous,
c'est votre gouvernement qui, en 1984, a donné le droit à
Bellerive-Ka'N'Enda de faire ce barrage, d'utiliser les eaux, et tout ce
qu'Hydroméga fait, c'est d'acheter ce que vous-mêmes avez permis
en 1984.
Ceci dit, Mme la Présidente, je n'ai pas l'intention de
répondre à toutes les faussetés et erreurs que le
député d'Ungava pourra faire ce soir dans le seul but
d'étirer le temps, mais je voulais établir le but du projet de
loi, je voulais corriger les erreurs que vous avez véhiculées,
les fausses représentations, les fausses impressions que vous avez
laissées, que ce soit que vous ne le compreniez pas ou que vous essayiez
de faire croire de fausses choses aux membres de cette commission, mais je
voulais rétablir ces faits et, quand vous aurez le temps et que vous
jugerez que c'est le temps, on pourra commencer l'étude de l'article
1.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le ministre. Y
a-t-il d'autres remarques préliminaires? M. le député de
Dubuc.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Quand j'ai entendu le ministre dire au début
que tout avait été dit, je suis venu prêt de ramasser mes
papiers et de m'en aller. À écouter la discussion qui se
déroule depuis au-delà d'une demi-heure maintenant, je constate
qu'il reste encore certaines choses à dire ou à éclaircir,
à tout le moins. Je pourrais commencer par faire des distinctions que le
ministre ne semble pas vouloir établir lui-même. Il mélange
les navets et les carottes, ou les bananes, je ne sais pas trop, quand il parle
d'Alcan et de l'autre, qui m'est moins connu, de 1984. il s'agit là de
deux exemples qu'il utilise pour essayer de démontrer sa thèse
qui, quant à moi, n'est pas évidente et n'a pas de rapport direct
avec le projet de loi qu'il nous présente. Le gouvernement
libéral de 1962 a décidé de réaliser la
nationalisation de l'électricité. C'est lui à ce
moment-là qui a décidé aussi de laisser à Alcan ses
barrages et ses ressources hydroélectriques pour son utilisation
personnelle, pour le développement de ses alumineries. Il en est de
même pour l'autre compagnie que vous avez mentionnée:
Bellerive-Ka'N'Enda.
M. Ciaccia: Ce sont des alumineries qui n'ont pas de
rivière. Vous n'avez pas besoin de faire ça.
M. Desbiens: Ce sont des compagnies qui n'ont pas
été nationalisées en 1962 par le Parti libéral.
Donc, je vous cède les privilèges qui leur avaient
été concédés à cette
époque-là. Pour des raisons qui étaient sans doute
justifiées à l'époque et qui continuent de l'être
jusqu'à un certain point, parce qu'il faudrait reprendre... Dans le cas
de Bellerive-Ka'N'Enda, je l'ignore; dans le cas d'Alcan, je me souviens
très bien qu'en 1984 nous avons repris le contrat d'Alcan pour le
rouvrir et imposer à Alcan des tarifs qui étaient plus
appropriés à l'augmentation des coûts et au
bénéfice que devait en retirer le gouvernement, et aussi à
l'imposition que s'était donnée Alcan d'investir 3 000 000 000 $
dans les alumineries au Québec.
Ce sont donc deux sujets différents, quant à moi, du moins
Alcan, de celui que représente le projet de loi que nous soumet le
ministre aujourd'hui. Si on a déjà vu passer des projets de loi
dans le cas d'Alcan, dans le cas de Bellerive-Ka'N'Enda, c'était pour
régler des situations bien ponctuelles, alors que la loi du ministre,
c'est une loi qui deviendra la règle généralisée.
N'importe qui pourra donc se prévaloir de cette loi, si elle est
adoptée telle quelle, pour se lancer dans la production
hydroélectrique.
Quand le ministre vient nous dire après cela que l'entreprise
privée, qu'elle s'appelle Hydroméga ou autrement, se lance dans
la production hydroélectrique et ne fait pas un sou noir, il me fait
rire. C'est la raison d'être d'une entreprise privée de faire des
profits. Si ce n'est pas à court terme, ce sont certainement des profits
prévus à moyen ou à long terme et qui vont compenser
largement l'ensemble des années où la compagnie fonctionnera.
Donc, qu'on ne vienne pas nous faire croire ici que ce sont des
mécènes, qu'Hydroméga est un mécène qui se
lance dans la production hydroélectrique pour faire faire des profits
ultérieurs à Hydro-Québec, compagnie nationalisée,
c'est ridicule.
Ceci, Mme la Présidente, pour relever certains des propos que le
ministre a soulevés et, pour revenir au projet de loi plus
spécifiquement, bien sûr que le ministre peut très bien
nous dire ce soir: Ce projet-là, ce n'est que pour, le
député d'Ungava fait erreur, la production d'une centrale
hydroélectrique d'une puissance égale ou inférieure
à 25 mégawatts ou lorsque le locataire est une
municipalité. Bien sûr, c'est vrai, c'est cela le projet de loi.
Sauf que, comme membres de l'Assemblée nationale, comme
représentants élus qui doivent surveiller l'action du
gouvernement, on est quand même en droit de se poser des questions afin
que le ministre fournisse justement à cette population-là les
réponses et les éclaircissements. Son projet de loi ressemble
beaucoup au doigt qui commence à se faire prendre dans le tordeur et, au
bout du compte, il y a toujours le risque que tout le corps y passe. Je crois
bien qu'il serait impossible aujourd'hui à tout gouvernement, quel qu'il
soit, de vouloir
"dénationaliser" ou remettre Hydro-Québec en son entier
à l'entreprise privée, sauf qu'on peut le faire de façon
indirecte. C'est cela la question qu'on se pose avec ce projet de loi: Est-ce
que c'est le commencement, justement, d'une politique qui vise à
remettre progressivement... Après 25 mégawatts, l'an prochain, le
ministre peut très bien nous arriver avec un projet de loi qui vienne...
Les raisons, le ministre finira toujours par en trouver; il a tout le personnel
qu'il faut pour cela, il arrivera avec d'autres raisons pour dire: Ce n'est pas
25 mégawatts pour telle et telle raison, pour tel groupe, pour le bien
des Québécois, etc. Il faut monter cela à 250
mégawatts, etc.
Si les compagnies privées sont intéressées, elles
sont en mesure de...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: ...de mesurer l'électricité.
M. Desbiens: Je suis en train de mesurer le rapprochement que...
Ah oui! Le ministre est en train de nous indiquer la prise de position du
président du Parti québécois concernant l'offre d'un
pourcentage de 10 % des actions d'Hydro-Québec à des
Québécois. Il ne parlait pas de vendre cela à l'entreprise
privée.
M. Cannon: C'est quoi...
M. Claveau: Maximum.
M. Desbiens: Maximum.
M. Ciaccia: Un bloc de 500 000 000 $.
M. Desbiens: II y a une différence entre cela et le projet
de loi que le ministre présente ici qui pourrait permettre à
toute entreprise privée de lancer d'elle-même de nouveaux projets
hydroélectriques, de construire elle-même de nouvelles centrales
hydroélectriques dont elle pourrait ensuite revendre le produit à
Hydro-Québec. Ce dont M. Parizeau parlait, c'était d'offrir des
actions d'Hydro-Québec à la population du Québec qui est
déjà propriétaire globalement. Par votre projet de loi,
vous autorisez n'importe quelle entreprise privée à construire
des centrales et à en vendre le produit à Hydro-Québec.
Vous essayez de nous faire croire que ces gens-là ne font pas de profit,
que c'est Hydro-Québec qui va faire les profits. (20 h 45)
M. Ciaccia:...
M. Desbiens: Vous nous donnerez les éclaircissements, M.
le ministre. C'est justement pour cela qu'on est ici.
M. Ciaccia: Je ne pourrai jamais vous éclairer assez.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre!
M. Desbiens: C'est cela, Mme la Présidente. Je vous
remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Le ministre n'a pas le droit
de parole. La parole est au député de Dubuc.
M. Desbiens: C'est ce qu'on veut savoir et c'est de cela qu'on
s'inquiète, de savoir si ce projet de Soi, justement, marque le
début d'une nouvelle politique de privatisation des petites centrales.
Ces centrales, qu'elles soient petites ou moindres, on dit
qu'Hydro-Québec n'a pas le savoir-faire qu'il faut pour - c'est assez
bon, cela - qu'elle n'a pas l'habitude des petits ouvrages, qu'elle a perdu
l'habitude des petits ouvrages. C'est peut-être bon
qu'Hydro-Québec reprenne l'habitude des petits ouvrages comme la
restructuration, la réfection, la rénovation de son
réseau.
M. Ciaccia: Elle va faire de l'artisanat.
M. Desbiens: Vous savez qu'il n'y a pas juste là
qu'Hydro-Québec a perdu des habitudes. Elle a perdu l'habitude aussi de
réparer son réseau. On voit ce que cela donne aujourd'hui.
Le député de La Peltrie aura tout le temps voulu pour
prendre la parole. Il a droit à 20 minutes, Mme la Présidente,
comme vous le savez, sur les remarques préliminaires. Il pourra
très bien les faire. Il est député ici comme tous les
autres. On a tous les mêmes droits. Alors, c'est ce que j'espère
le voir faire dans quelques minutes.
Donc, on s'inquiète avec la population et on désire avoir
ces réponses que le ministre semble être en mesure de nous
fournir, sauf que l'inquiétude qui est manifestée est là,
elle est réelle, et j'y ajouterai une dimension nouvelle en terminant,
Mme la Présidente, c'est celle de toutes ces petites centrales
qu'Hydro-Québec parle aussi de réaliser, je pense à...
Aujourd'hui, l'Ashuapmushuan dépasse les 25 mégawatts, mais les
rivières comme la Sainte-Marguerite, la Moisie et l'Ashuapmushuan, il y
a d'autres conséquences possibles à tout cela, il faut s'en
inquiéter aussi. Est-ce que ce serait une façon pour
Hydro-Québec de faire réaliser par l'entreprise privée des
centrales hydroélectriques où elle espérerait ne pas
être elle-même aux prises avec les réactions de la
population face à la protection de l'environnement et, entre autres, de
la ressource saumon, comme dans le cas de la rivière Sainte-Marguerite,
sur la Côte-Nord, ou encore du patrimoine extraordinaire que
représente la rivière Ashuapmushuan, au Lac-Saint-Jean? C'est une
autre préoccupation que nous avons et j'espère que le ministre
sera en mesure de nous donner des éclaircissements précis
là-dessus. Quand on voit la façon habituelle de procéder,
quand on sait que, pour ce gouverne-
ment, c'est une de ses volontés clairement exprimées - iI
ne s'en est pas caché, iI a présenté des rapports
là-dessus; la privatisation pour lui, c'est un objectif politique, c'est
son droit - il est aussi de notre droit de nous préoccuper, dans chacune
des lois que les divers ministres présentent ici pour étude, que
ce ne soit pas une ouverture à une forme nouvelle ou quelconque dans un
domaine différent de privatisation d'une autre richesse collective, qui
n'appartient pas à une entreprise privée plus qu'à une
autre, qui appartient à l'ensemble du peuple québécois.
C'est pour cela, Mme la Présidente, qu'on veut s'assurer comme
Opposition d'avoir les réponses voulues de la part du ministre, et je
vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc. M. le ministre, il vous reste dix minutes sur
les remarques préliminaires. Il n'y en a pas? Alors, on appelle
l'article 1.
M. Claveau: Mme la Présidente, j'ai une motion à
déposer.
M. Ciaccia: J'aurais été surpris que vous n'en ayez
pas. Cela m'aurait surpris.
Motion proposant d'entendre la FTQ
M. Claveau: La motion se lit comme suit: "II est proposé
qu'en vertu de l'article 244 de nos règles de procédure, la
commission permanente de l'économie et du travail, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 71, Loi modifiant la
Loi sur le régime des eaux, procède à des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin elle entende la Fédération des travailleurs
du Québec (FTQ):
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que quelqu'un
veut s'exprimer sur la recevabilité de la motion?
M. Cannon: Sur la recevabilité de la motion, mon
collègue de Saguenay.
M. Maltais: On va d'abord entendre l'argumentation du
représentant de l'Opposition.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est sur la
recevabilité.
M. Maltais: Sur la recevabilité.
La Présidente (Mme Bélanger): Il n'y a pas à
parier du fond, c'est sur la recevabilité de la motion.
M. Maltais: Est-ce que vous la recevez ou si vous ne la recevez
pas?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: On va attendre son argumentation, Mme la
Présidente. Il présente...
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est
recevable, mais, si vous voulez en discuter... Elle est recevable. Alors, la
motion étant recevable, si vous voulez... Le député
d'Ungava a 30 minutes.
M. Ciaccia: Pariez, pariez.
La Présidente (Mme Bélanger): Le ministre aura 30
minutes...
M. Ciaccia: Parlez vite, parlez lentement, mais parlez dans votre
temps.
La Présidente (Mme Bélanger): ...de réplique
et, après cela, chaque membre de la commission aura droit à 10
minutes.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente...
M. Maltais: Sur un point du règlement, j'aimerais qu'on
clarifie cela.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député.
M. Maltais: Habituellement, lorsqu'on dépose une motion en
commission parlementaire, il est d'us et coutume que le déposant
argumente sur la recevabilité, sur le bien-fondé de sa motion. Le
règlement est très spécifique là-dessus et, avant,
j'aimerais entendre l'argumentation de l'Opposition sur le fondement de la
valeur de son dépôt de la pétition.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député.
M. Desbiens: M. le Président.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Desbiens: Sur la question de règlement de notre
collègue de Saguenay, je crois pour ma part que, selon la formulation de
la proposition qu'un député présente ici, si le
présentateur ou celui qui présente la motion juge par le soin
qu'il a mis, entre autres, à la construire... Evidemment qu'il a pris
soin de s'assurer qu'elle soit conforme au règlement pour qu'elle puisse
être adoptée par l'assemblée et qu'elle puisse être
jugée recevable par vous-même. À ce moment-là, il va
de soi qu'il est tout à fait convaincu, en déposant sa motion,
qu'elle est selon toutes les formes requises par le règlement et il n'a
donc pas besoin d'intervenir toujours pour la justifier.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. Je vais
commencer par répondre au député. Si vous me le permettez,
je vais répondre au député de Saguenay. J'ai posé
la question, à savoir si
quelqu'un avait des commentaires à faire sur la
recevabilité. Avant de rendre la motion rece-vable, j'ai demandé
si quelqu'un avait quelque chose à dire sur la recevabilité.
Personne n'avait rien à dire sur la recevabilité, la motion est
recevable et on commence à discuter sur le fond de la motion. M. le
député d'Ungava a la parole.
M. Maltais: Encore sur la question de règlement, je
m'excuse, Mme la Présidente. Écoutez, il faudrait quand
même savoir où on va. Hier soir, à la même "mosus" de
commission, on a eu une décision tout à fait différente.
Je le sais, j'étais le proposeur de la motion. J'ai été
obligé de débattre le fond de ma motion à la demande
expresse du président. Ce soir, je demande le même
privilège et on me le refuse. Écoutez, moi, cela ne me fait
absolument rien, mais il faudrait savoir comment cela marche.
La Présidente (Mme Bélanger): Probablement qu'on a
jugé votre motion irrecevable. Alors, vous avez défendu sa
recevabilité. Là, j'ai demandé si quelqu'un voulait
discuter sur la recevabilité de la motion, on a répondu qu'on
voulait que monsieur parle sur le fond. Alors, la motion, je la juge recevable
et le député d'Ungava va parler sur le fond de sa motion.
M. Desbiens: Mme la Présidente.
M. Maltais: Permettez que j'insiste, Mme la
Présidente.
M. Desbiens: Mme la Présidente.
M. Maltais: Je m'excuse, j'avais la parole, que je sache.
M. Desbiens: Mais non, c'est la présidente qui avait la
parole.
M. Maltais: Écoutez, j'ai invoqué une question de
règlement. Vous m'avez donné une réponse et je n'ai pas
terminé mon argumentation. Si vous donnez la parole au
député de Dubuc, je vais la lui céder parce que je suis
très respectueux des règlements. Peut-être que son brillant
éclairage m'empêchera de faire une autre intervention. En tout
cas, c'est à vous la décision, mais j'aurais aimé
compléter.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Ce sur quoi je voulais justement attirer l'attention
du député en même temps que la vôtre, Mme la
Présidente, c'est que j'étais aussi présent à cette
commission hier soir, avec d'autres députés d'ailleurs du parti
gouvernemental. Justement, vous avez très bien saisi, Mme la
Présidente. Ce qui s'est passé, ce qui s'est produit, c'est que,
justement, la proposition que faisait le député de Saguenay
était irrecevable. Donc, le président qui officiait à ce
moment-là a demandé au député de justifier la
recevabilité de sa motion. On a développé des arguments
pour essayer de voir si elle pouvait être recevable. D'ailleurs, le
président l'a jugée irrecevable.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Saguenay.
M. Maltais: C'est Invraisemblable, mais c'est cela. Ma motion
étant irrecevable, les députés du Parti
québécois ont voté pour.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: II n'y a plus rien à comprendre dans cette
Assemblée nationale. De toute façon, je fais appel ici à
mon collègue de La Peltrie qui était là et qui pourra sans
doute argumenter... Il y a mon collègue de Labelle qui était
là également. Ce que je veux, c'est une directive bien claire
là-dessus parce que demain peut-être qu'on n'aura pas la
présidente encore. Si on a une autre version, écoutez... Moi, je
suis prêt à prendre toutes les versions si elles sont bonnes, mais
je veux savoir de quelle façon dorénavant on devra le faire.
M. Desbiens: il est important de rétablir les faits.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay, dans le moment, il n'y en a pas, de
problème.
M. Maltais: Oui, mais demain soir...
La Présidente (Mme Bélanger): On a présenté
une motion. J'ai demandé si quelqu'un voulait parler sur la
recevabilité de la motion. Vous vouliez que le député
d'Ungava parle sur le fond, mais, avant qu'il parle sur le fond, il fallait
voir à la recevabilité et là, j'ai jugé la motion
recevable. Alors, on discute sur le fond de la motion. C'est le
député d'Ungava qui a 30 minutes pour défendre le fond de
la motion.
M. Desbiens: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, j'ai
demandé s'il y avait des remarques préliminaires avant de passer
à l'étude de l'article 1. On a dit qu'il n'y en avait pas
d'autres qui avaient des remarques préliminaires. Alors, il est trop
tard, monsieur, on a passé à une autre étape, soit la
motion préliminaire.
Une voix: C'est une motion préliminaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Habituellement, une motion doit
être suivie d'une argumentation.
La Présidente (Mme Bélanger): On est à la
motion préliminaire.
M. Claveau: Est-ce qu'on va pouvoir avancer? On aimerait cela
avancer, mais...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Je vous remercie, Mme la Présidente. Je suis
heureux de pouvoir enfin avancer dans l'étude du projet de loi.
M. Cannon: Dans l'étude article par article.
M. Claveau: Oui, afin que tout le monde puisse se comprendre. Si
nous demandons de pouvoir entendre ici les représentants de la FTQ
d'abord c'est parce qu'ils représentent une bonne partie des
travailleurs d'Hydro-Québec par des syndicats affiliés à
la FTQ. Ce sont des travailleurs qui ont leur mot à dire aussi dans ce
genre de démarche; des travailleurs qui peuvent être inquiets par
leur emploi et par Sa tournure des événements à
l'intérieur d'Hydro-Québec et qui sont tout à fait en
droit de pouvoir exprimer leur point de vue. D'autant p!us que, si le ministre
nous dit que nous sommes les seuls à ne pas comprendre at que
l'Opposition ne comprend rien, il serait intéressant de voir si le
ministre aurait le courage de dire la même chose à l'ensemble des
travailleurs qui sont représentés par la FTQ à
Hydro-Québec qui, eux, se sont déjà prononcés.
La Fédération des travailleurs du Québec s'est
déjà prononcée très clairement contre le projet de
loi en question pour un tas de considérations dont je vais vous citer
quelques-uns des éléments pour ne pas avoir à vous lire
tout le texte au complet du telbec que la Fédération des
travailleurs du Québec a émis le 23 septembre 1988 à la
suite des annonces qui avaient été faites d'abord dans la
politique énergétique du ministre où on dépistait
déjà les intentions du ministre quant à Sa
présentation d'un projet de loi quant à une telle tournure des
événements en ce qui concerne la production de
l'électricité au Québec et ensuite avec la mise en
chantier des Installations d'Hydroméga, Côte-Sainte-Catherine.
À ce moment, la FTQ s'était posé de
sérieuses questions. Je pense que ce sont des gens qui font un travail
honnête et qui ont l'habitude de réfléchir sur les
portées sociales et économiques de différentes
décisions qui sont prises autant par 'es gouvernements que par d'autres
intervenants dans Sa société. A cet égard, dans son
communiqué de presse du 23 septembre 1988, la FTQ disait des choses sem-
blables. On peut lire ici: "Au contraire, les projets qui sont actuellement en
chantier visent plutôt à augmenter nos exportations." La FTQ n'a
pas tort en disant cela. On connaît la dynamique actuelle que le
gouvernement a vouiu imposer à Hydro-Québec de bâtir pour
exporter. On aura beau essayer maintenant de diluer les choses en disant: Ceia
va être bénéfique, on va avoir des Installations pour plus
tard, etc., quand on relit attentivement le livreL'Énergie du Nord
écrit par on sait qui, on sait... (21 heures)
M. Cannon: Voulez-vous citer l'auteur, s'il vous plaît?
M. Claveau: Pour la satisfaction du député de La
Peltrie, qui n'a sûrement pas eu le temps de prendre connaissance du
document, il dit qu'il n'en connaît pas l'auteur, il s'agit de l'actuei
premier ministre du Québec qui, à ce moment-là,
était dans un entre-deux.
Une voix: ...un entre-deux.
M. Claveau: On sait qu'on l'a vouiu depuis trois ans, et on a
annoncé avec toute la fanfaronnade nécessaire en campagne
électorale qu'on allait signer des contrats d'exportation
d'énergie ferme, de puissance garantie avec nos voisins
américains et qu'on allait bâtir toutes les interconnexions
nécessaires pour pouvoir vendre cette énergie et que cela allait
créer des emplois faramineux. On a fait accroire aux jeunes qu'ils
allaient envahir la Baie James du jour au lendemain parce qu'il allait y avoir
de nouveaux chantiers. J'inviterais d'ailleurs le ministre, s'il rts l'a pas
fait, à aller se promener sur le chantier de LG 2A au moment où
on se parle. D'après les données techniques du service
d'enregistrement des travailleurs au chantier de LG 2A, toutes les
données pour l'identification des travailleurs qui se présentent
au chantier pour demander le gîte et le couvert, la moyenne d'âge
de ceux qui sont inscrits actuellement est de 42 ans. Alors, il n'y a pas
beaucoup de jeunes, comme vous pouvez le voir.
Une voix: Des jeunes libéraux.
M. Claveau: Les quelques-uns qui y sont peut-être parmi les
jeunes, ce sont ceux qui ont suivi les directives qui nous avaient
été transmises à un moment donné et qui nous
demandaient de faire référence à certaines personnes au
bureau du premier ministre pour pouvoir avoir des emplois à la Baie
James. On ne le sait pas, mats il reste que, pour le nombre de jeunes sur les
chantiers, selon les chiffres de l'inscription des travailleurs qui ont
gîte et couvert sur le campement de LG 2A, on nous donne une moyenne
d'âge de 42 ans. On n'a pas vraiment réglé le
problème du travail des jeunes en lançant les chantiers de LG 2A.
Je peux d'ores et déjà affirmer et rassurer le ministre quant
à la
moyenne d'âge aussi des gens qu'on va retrouver sur le chantier de
LG 1 dont le chef de chantier est censé entrer en fonction dans le
courant du mois de janvier. Ce sera comme cela sur l'ensemble des chantiers.
J'ai eu l'occasion de... J'entends quelques remarques en sourdine de la part du
ministre, et je lui ferai remarquer que, si ceux qui ont laissé les
travaux de... D'abord, quand il nous dit que cela fait dix ans qu'il n'y a pas
de travaux, à vient de faire de la démagogie pure; on est en
train de terminer actuellement les travaux de Manic 5 PA; les derniers travaux
de mise en chantier ou de mise en production de LG 4 ont eu lieu en 1984. J'ai
eu moi-même l'occasion de visiter la centrale de LG 4 en mars et avril
1984 et il y avait encore trois groupes alternateurs qu'on n'avait pas fini
d'installer. Donc, le travail n'était pas terminé. Alors, cela ne
fait pas dix ans, à moins qu'on ne nous dise qu'on est
déjà rendu en 1994, mais, en consultant rapidement le calendrier
de ma montre, je constate qu'on n'est pas tout à fait en 1994; donc, le
chiffre de dix ans est un peu exagéré.
Le ministre devrait savoir, s'il a eu l'occasion de suivre un peu ce qui
s'est passé dans le temps où il était dans l'Opposition,
en supposant qu'il ait fait son travail comme critique à ce
moment-là, qu'à pareille date, en 1978, le premier groupe
alternateur de LG 2 n'était pas encore en fonction. Quand il dit que
cela fait dix ans qu'il n'y a pas eu de travaux, il commence à
exagérer particulièrement.
En ce qui concerne les nouveaux travaux, Je lui ferai remarquer aussi
que, si on est capable de mettre en service la centrale Manic 5 puissance
additionnelle, c'est probablement parce que des travaux ont été
réalisés avant-hier parce que cela ne se fait pas en criant
lapin; cela ne se fait pas en dedans de trois jours, une centrale
hydroélectrique de l'ampleur de celle de Manic 5 puissance
additionnelle.
Il y a eu continuellement des travaux qui ont été faits.
Il y a eu des hauts et des bas dans les travaux, c'est évident, il y a
des cycles. Pour satisfaire le député de La Peltrie, je le
renverrais aux annales du Parti libéral en 1976-1977, c'était
probablement un peu moins attrayant et agréable et moins souriant que ce
n'est aujourd'hui. Alors, s'il y a des hauts et des bas dans les partis
politiques, il devrait commencer par étudier l'histoire de son propre
parti et il verrait que cela se confirme.
M. Cannon: La pertinence. Le député est rendu
à parler des hauts et des bas du Parti libéral en 1976.
M. Claveau: Vous comprendrez, Mme la Présidente, que je ne
faisais que répondre à...
M. Cannon: Je voudrais bien qu'il s'en tienne à la motion
préliminaire, on n'est pas ici pour faire des discussions sur la
philosophie-
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, un à la
fois.
Une voix: Est-ce qu'il a eu le droit de parole, Mme la
Présidente?
M. Cannon: C'est une question de règlement sur la
pertinence.
Une voix: Ah bon, enfin!
M. Cannon: Je l'ai dit, si vous aviez écouté! Je
demande simplement, Mme la Présidente, que le député s'en
tienne à la pertinence. Il est en train de nous parier des hauts et des
bas du Parti libéral de 1970 à 1976. s'il veut s'en tenir
à la politique hydroélectrique du Québec et au projet de
loi, parfait, mais, s'il veut faire un débat de fond sur une autre
question, on trouvera une autre arène pour le faire.
M. Claveau: Sur la question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je conviens avec le député de La
Peltrie que nous pourrions effectivement nous en tenir d'une façon plus
stricte à la pertinence du débat, mais ce, dans la mesure
où ses remarques en sourdine, par derrière, soient aussi
pertinentes au débat. Dans la mesure où, justement, je voulais
lui prouver qu'on était capables d'écouter tout en exprimant des
points de vue, j'ai très bien compris ses allusions quant aux
aléas, aux hauts et aux bas du Parti québécois au cours
des dernières années, et je voulais lui rappeler qu'il y a
déjà eu et qu'il y aura sûrement encore des fluctuations
semblables dans sa propre formation politique. "N'eusse" été de
cette...
Une voix: N'eût été!
M. Claveau: N'eût été. Nonobstant...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Nonobstant cette allusion du député de
La Peltrie...
La Présidente (Mme Bélanger): C'était un
petit intermède.
M. Claveau: ...jamais je n'aurais eu la moindre prétention
de m'éloigner de la pertinence du débat.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Alors, on peut revenir...
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous rappellerais
à l'ordre, s'il vous plaît. M. le député d'Ungava,
je vous demanderai de garder la pertinence sur votre motion, et Je demanderais
aux députés ministériels de ménager leurs
commentaires pour que, enfin, M. le député d'Ungava puisse se
concenter sur la pertinence de sa motion.
M. Claveau: Alors, Mme la Présidente...
M. Cannon: Vous êtes d'une grande sagesse, Mme la
Présidente.
Des voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau: Mme la Présidente, je dois avouer que, si tous
les membres de cette commission parlementaire faisaient preuve d'autant de
sagesse que vous, ce serait agréable de travailler à l'avancement
de ce projet de loi.
Pour revenir, donc, d'une façon plus précise à la
motion dont nous devons discuter maintenant, par laquelle nous demandons que la
commission de l'économie et du travail puisse entendre les
représentations des gens de la Fédération des travailleurs
du Québec, qui représentent eux-mêmes bon nombre des
travailleurs syndiqués à Hydro-Québec, c'est clair que ce
n'est pas tout le monde qui a le même point de vue, quoique le ministre
essaie de nous faire croire, ici en cette commission, qu'on est peut-être
les seuls à ne pas avoir compris, comme il aime bien le dire, et que
c'est probablement parce que l'ancien gouvernement, le fédéral...
On se demande encore pourquoi, d'ailleurs, il ne nous a pas parlé de
Taschereau. Je m'adonnais justement à relire, hier soir, alors que je me
préparais pour la commission, le rapport de la Commission des eaux du
Québec, en 1930 - j'en ai l'original chez moi - et, à ce
moment-là, on parlait du harnachement de la rivière
Péribonca, dans le cas, entre autres, du contrat qui a été
renouvelé en 1984, qui faisait partie d'un droit acquis. Comme je
m'intéresse énormément à toutes ces choses et que
je sais que c'est dans l'histoire qu'on retrouve souvent les
vérités d'aujourd'hui, j'inviterais les gens de la commission
à relire les rapports annuels de la Commission des eaux, entre autres,
dans les années où on a autorisé le harnachement sur la
rivière Péribonca, avec tout ce que ça comportait en
termes d'obligations de la part du gouvernement et d'Hydro-Québec.
Je voudrais juste rappeler au ministre, justement, puisqu'on parle de ce
sujet-là avec énormément de pertinence, que, si on regarde
la liste des 48 installations hydroélectriques au Québec...
Une voix: On le lira! L'original!
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Cela va être compliqué!
M. Claveau: II doit y en avoir encore deux ou trois exemplaires
en circulation.
La Présidente (Mme Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: C'est la manie des chefs libéraux de parler
d'hydroélectricité.
M. Claveau: On se demande comment il se fait que le ministre de
l'Énergie et des Ressources n'a pas encore trouvé le moyen de
mettre ça sur le des de Taschereau ou de Duplessis, étant
donné qu'il aime bien retourner en arrière pour essayer de
trouver des coupables pour justifier son manque.
M. Ciaccia: On a lu tout ce rapport avant de préparer le
projet de loi.
M. Claveau: Je suis certain que c'est là-dessus que vous
vous êtes basé.
M. Ciaccia: Le projet de loi reflète cela.
M. Claveau: Je voulais dire au ministre qu'en ce qui concerne
Alcan, s'il avait pris le temps de regarder les chiffres et les noms des
compagnies qui correspondent aux noms des centrales hydroélectriques qui
n'appartiennent pas à Hydro-Québec sur le territoire
québécois, il aurait pu comprendre que, parmi les producteurs
d'électricité, propriétaires de centrale
hydroélectrique de plus de 100 mégawatts au Québec, il n'y
en a pas beaucoup. Il y a Hydro-Québec, Alcan et Hydroélectrique
Manicouagan.
Alors, Alcan possède une centrale à Chute-des-Passes de
742,5 mégawatts (742,500 kilowatts). Soit dit en passant, avant la
construction des centrales La Grande, elle était la septième plus
grosse centrale hydroélectrique au Québec. Elle a
été, lors de son inauguration, en janvier 1960 la
troisième plus grosse centrale hydroélectrique au Québec
avant la construction du réseau de la Manic. Alors, on ne peut
pas...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava, est-ce que je pourrais savoir quel rapport il y
a avec l'invitation à la Fédération des travailleurs du
Québec?
M. Claveau: Cela fait partie des préoccupations globales
par rapport au projet de loi. Le rapport que j'ai entre les mains, M. le
ministre, date du 1er janvier 1987 et il émane de votre
ministère. Cela s'appelle "L'énergie au Québec",
édition 1987.
La Présidente fMms Bélanger): J'aimerais savoir
quel rapport cela a avec l'invitation de la Fédération des
travailleurs du Québec à cette commission.
M. Claveau: Mme la Présidente, la préoccupation de
la Fédération des travailleurs du Québec est globale par
rapport aux nouvelles orientations que pourrait prendre Hydro-Québec
à la suite de l'adoption d'un îei projet de loi et, pour bien
comprendre toute la portée de cela et en même temps
éciaircir le ministre sur certaines allégations qu'il a eu
l'occasion de faire en essayant de nous faire comprendre qu'on n'avait rien
compris et en essayant de dire en même temps que l'ensemble des
travailleurs affiliés à la Fédération des
travailleurs du Québec n'avaient rien compris parce qu'ils ont un point
de vue similaire au nôtre, il faut éciaircir certaines choses et
l'éclaircissement de ces choses-là commence d'abord par rectifier
des données qui nous ont été avancées ici par le
ministre. Cela va?
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va. Continuez à
parler de la Fédération des travailleurs du Québec.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
simplement dire qu'en ce qui concerne Aican elle a un syndicat
indépendant qui s'appelle la FSSA et, si besoin est, on l'invitera aussi
à témoigner, si cela peut vous faire...
Une voix: Est-ce que vous apportez un amendement?
M. Claveau: Non.
Une voix: II n'a pas le droit d'amender.
M. Ciaccia: S'il fait une motion, elle ne sera pas recevabie. On
va faire une bataille là-dessus.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Non, c'est parce que...
M. Ciaccia: On n'est pas pour faire une motion pour chaque
personne, parce que c'est irrecevable et vous le savez.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Ciaccia: D'accord? Continuez jusqu'à 21 h 30.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous n'avez pas le droit
à un amendement à votre motion.
M. Ciaccia: À votre prochaine motion, si vous commencez
à en inviter d'autres, c'est irrecevable.
Une voix: On réglera cela.
M. Claveau: On en parlera en temps et lieu. Pour te moment, on ne
s'en laissera pas imposer comme ça.
Mme la Présidente, en ce qui concerne certaines
allégations que le ministre a faites quant au comportement du
gouvernement antérieur d'avoir autorisé à reconduire sous
de nouvelles conditions des ententes qui avaient été faites, des
droits acquis qui appartenaient à Aican quant au harnachement de sites
sur la rivière Péribonca, je voulais juste éciaircir la
lanterne du ministre en disant qu'avant 1962, à l'occasion de la
nationalisation d'Hydro-Québec, le véritable...
M. Cannon: Mme la Présidente, question de
règlement. C'est vrai que ce n'est pas pertinent. Ce qui est
proposé dans la motion du député d'Ungava, c'est que cette
commission, avant de débuter l'étude de ce projet de loi, entende
des gens de la FTQ. Voilà maintenant quinze minutes que le
député tente de briser le record de tous les temps en jasant et
nous n'avons pas entendu un argument en ce qui concerne la raison d'être
de sa motion. Qu'il me nomme une seule raison qui ferait que les gens de la FTQ
viendraient ici. Je n'en ai pas encore entendu et je vous prierais, Mme la
Présidente, d'inviter le député à la pertinence,
tout au moins. On comprend que quelques fois son argumentation est très
nébuleuse. On comprend que quelques fois il a une argumentation et une
mémoire sélectives, mais au moins qu'il s'en tienne aux faits.
(21 h 15)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
d'Ungava, je vous demanderais de bien garder la pertinence et de parler de
votre motion.
M. Claveau: Vous avez tout à fait raison, Mme la
Présidente, quoique tout est pertinent. Je voudrais rappeler au
député de La Peitrie, avant qu'il ne monte sur ses grands
chevaux, que, s'il avait écouté...
M. Canrson: Est-ce qu'il s'agit d'une question de
règlement, Mme la Présidente? Vous l'avez rappelé à
l'ordre sur la pertinence. Qu'il ne commence pas à m'interpeller;
"rappeler au député de La Peitrie". Qu'il s'adresse à
vous, Mme la Présidente. J'espère qu'il va s'en tenir strictement
aux propos qu'il nous a dit qu'il allait émettre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
d'Ungava, vous savez fort bien que vous devez toujours vous adresser à
la présidence et non à des députés.
M. Claveau: Si vous reprenez le texte de ce que j'ai cité
tout à l'heure, je vous ai demandé l'autorisation de m'adresser
ou de m'adresser par vous au député de La Peitrie, en vous
disant
pour que vous le lui répétiez que, s'il avait
écouté le début de mon intervention, il aurait très
bien vu le cheminement, il aurait compris qu'il y avait pertinence et qu'il y
avait référence très précise à ce que la FTQ
avait déposé, comme Je le disais, en date du 23 septembre par le
biais d'un communiqué de presse dans lequel les gens de la
Fédération des travailleurs du Québec s'opposaient
à un tel projet, dans iequei ils disaient, et je cite: "Au contraire,
les projets qui sont actuellement en chantier visent plutôt à
augmenter nos exportations", lorsqu'ils pariaient des projets
d'Hydro-Québec. Ils disent un peu plus loin: "une politique de
privatisation qu'on tente de nous imposer par petits morceaux et en catimini".
Ce n'est pas l'Opposition officielle qui l'a dit, Mme la Présidente. Je
cite les représentants officiels de la Fédération des
travailieurs du Québec. On dit même en guise de conclusion dans le
même communiqué de presse qu'on donne aussi à l'entreprise
privée sur un plateau d'argent l'expertise que nous avons collectivement
développée, comme le témoigne la déclaration que
faisait, lors du colloque mentionné précédemment - on cite
un colloque - l'adjoint parlementaire du ministre de l'Énergie et des
Ressources du Québec, M. Yvon Lemire, 9t je cite - c'est toujours
à l'intérieur du communiqué de presse - : Cette politique
pourrait viser - c'est M. Lemire qui parle - à faciliter aux
investisseurs intéressés l'accès à l'information
technique et institutionnelle nécessaire à l'évaluation et
au développement des petites centrales."
Quand le député de La Peltrie disait tout à
l'heure, Mme la Présidente - je ne l'interpelle pas, je vous rappelle
ses propos - que nous n'avions fait, au moment où on se parle, aucune
référence à Sa pertinence d'inviter la
Fédération des travailleurs du Québec devant cette
commission pour venir exprimer son point de vue, s'il avait
écouté le début de l'intervention, s'il avait suivi le
cheminement que nous avons voulu donner à cette intervention, il aurait
compris qu'effectivement la Fédération des travailleurs du
Québec se préoccupe grandement de la présentation d'un tel
projet de loi. Et je voudrais préciser, pour les bénéfices
de la commission, que, à bien des égards, la
Fédération des travailleurs du Québec jouit d'une
expertise qui est tout aussi grande que celle du ministère, ceile du
gouvervement ou que celle d'Hydro-Québec, pour analyser des
comportements sociaux et les intérêts et les impacts que
pourraient avoir différents projets de loi.
On se souviendra, à titre d'exemple, sans vouloir être
impertinent, que la Fédération des travailleurs du Québec,
grâce à une expertise interne solide, efficace, fondée, a
réussi à mettre sur pied le Fonds de solidarité des
travailleurs du Québec qui n'était pas évident au
départ, mais qui s'avère une entreprise extrêmement
rentable et intéressante pour l'ensemble des travailleurs du
Québec. C'était simplement une petite parenthèse, Mme la
Présidente, pour vous dire que, quand la Fédération des
travailleurs du Québec parle, elle parle avec compétence,
expertise et avec des points de vue qu'il faut prendre en considération.
Elle a fait preuve dans le passé de la pertinence de ses propos et de sa
capacité de réaliser des choses, même dans des conditions
qui ne semblaient pas évidentes au départ.
En ce qui me concerne, je prends très au sérieux ce genre
d'intervention parce qu'en réalité le ministre disait
iui-même en Chambre dernièrement qu'il y a 17 000 travailleurs
à Hydro-Québec, enfin... 14 000 et quelques centaines de
travailleurs syndiqués. Donc, c'est quand même une boîte qui
est importante, c'est une boite qui est impressionnante, même en termes
d'emploi au Québec, et il y a beaucoup de gens qui voient à
l'intérieur de ça d'un mauvais oeil qu'au lieu de le leur donner
à eux, travailleurs compétents ayant développé de
l'expérience - Hs en ont de l'expérience, puisque M. Lemire
disait lui-même que ce serait une bonne occasion de transférer
cette expérience, cette connaissance technique acquise par
Hydro-Québec à des entrepreneurs prives - on se serve de cette
expertise pour développer des réseaux concurrents, alors qu'il
serait possible pour Hydro-Québec de développer elle-même
ces petites centrales, de développer une petite technologie à ce
sujet, une technologie d'avant-garde. Si une compagnie privée, telle
Hydroméga, est capable d'avoir des subsides même de l'Industrie et
du Commerce, puisque le ministre disait lui-même qu'elle avait
demandé des subventions...
M. Ciaccia: Je n'ai pas dit qu'elle les avait eues, j'ai dit
qu'elle les avait demandées.
M. Claveau: Elle les a demandées, ça veut dire
qu'il y a possibilité de les avoir. Ces gens ont dû faire
l'étude, quand même, pour essayer de satisfaire au maximum aux
programmes, ils doivent aussi connaître le mécanisme d'une demande
de subvention. Alors, si on faisait l'hypothèse que le ministère
de l'Industrie et du Commerce pouvait donner des subsides à
Hydroméga pour développer une expérience dans de petites
centrales hydroélectriques, développer de nouvelles technologies,
bien qu'on sache qu'il y a des technologies semblables
développées en Europe, qu'il y a déjà eu des
approches de faites en ce sens, entre autres, la compagnie Brown-Boveri qui a
mis au point en Europe des équipements pour l'utilisation de petites
centrales...
M. Ciaccia: La pertinence.
M. Claveau: Si le ministre ne m'avait pas interrompu, vous auriez
compris que ma phrase a commencé par la préoccupation des
travailleurs devoir...
Une voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II aurait très bien compris.
M. Claveau: Alors, si ces travailleurs, qui travaillent à
l'intérieur d'Hydro-Québec et qui sont représentés
par des syndicats tels le Syndicat canadien de la fonction publique, le
syndicat des ingénieurs d'Hydro-Québec, etc., se
préoccupent du fait que l'expertise qu'ils ont développée
eux-mêmes puisse servir à développer des énergies ou
des capacités concurrentes sur le marché plutôt que de
développer leur propre expertise et leur propre capacité interne
d'Hydro-Québec, ils ont peut-être raison de se poser ces
questions. Et on imagine mai que le ministre, au moment où l'on se
parle, refuse, pour des prétextes qu'il n'ose nous exprimer, d'entendre
ces gens, que la commission puisse prendre connaissance pleinement et
entièrement des préoccupations de ces gens qui sont, soit dit en
passant, les premiers intéressés au développement,
à la capacité d'Hydro-Québec de développer des
technologies, des expertises dans tous les domaines. Ils pourraient aussi, en
tant que travailleurs d'Hydro-Québec, voir d'un mauvais il ou, en
tout cas, avec certaines réticences l'apparition sur le marché
québécois d'une technologie européenne, telle que celle
développée par Brown-Boveri pour exploiter en Europe de petites
rivières à très faible potentiel et qui s'avèrent
très rentables au moment où l'on se parle.
Alors, ce n'est pas évident que ces gens n'ont rien à
dire; ce n'est pas évident qu'il n'y a que les investisseurs qui
auraient quelque chose à dire. On sait que le ministre nous dit qu'il a
consulté des gens d'Hydro-Québec pour élaborer son projet
de loi: il devait sûrement parier, à ce moment-là, de la
direction d'Hydro-Québec qu'il a lui-même contribué
à mettre en place, d'ailleurs, au niveau des directions; on
connaît ce qui s'est passé au cours des dernières
années au conseil d'administration d'Hydro-Québec. Alors, il a
dû consulter les gens qu'il avait lui-même mis en place pour
administrer Hydro-Québec, avec les résultats qu'on connaît
aujourd'hui et il a aussi éventuellement discuté avec des
promoteurs, tel Hydroméga, qui n'ont sûrement pas entrepris des
démarches auprès d'Hydro-Québec, ou qui ne sont pas
ailés chercher de l'argent dans des banques pour financer des
investissements de l'ordre de 14 000 000 $, sans commencer par s'assurer que le
ministère de l'Énergie et des Ressources ne viendra pas leur
mettre des bois dans les roues pour empêcher que ça puisse se
faire. On sait un peu comment ça marche. À ce moment, le ministre
a éventuellement - il l'a dit lui-même - consulté ces
personnes avant de déposer son projet de loi, mais on n'est pas aussi
convaincu qu'il ait consulté le représentant des travailleurs
d'Hydro-Québec qui sont au nombre de 19 000, comme il nous l'a dit tout
à l'heure, dont près de 15 000 syndiqués. On aimerait bien
que ces gens aient l'occasion de venir devant la commission nous expliquer
s'ils ont été eux aussi consultés par Hydro-Québec.
Quand on parle d'Hydro-Québec, on a souvent l'impression qu'on parle
d'une grosse machine. On parle du conseil d'administration
d'Hydro-Québec, mais on oublie que les ingénieurs
d'Hydro-Québec, qui sont des gens extrêmement compétents,
dont la compétence est reconnue à travers le monde - on a cette
expertise pour bâtir des barrages en Chine, etc. - ne siègent pas
au conseil d'administration et qui sont représentés par des
instances syndicales, auraient éventuellement leur mot à dire,
quelque chose à dire là-dedans.
Je vois mai le P.-D.G. actuel d'Hydro-Québec, qui, à ma
connaissance, n'a pas travaillé très longtemps à
l'intérieur d'exploitations hydro-électriques jusqu'à
maintenant - je parle du numéro un; il y a le numéro deux qui,
lui, a fait son cheminement à l'intérieur d'Hydro-Québec -
mais je vois mal le P.-D.G. d'Hydro-Québec prétendre qu'il peut
lui-même gérer et régler tous les problèmes de la
boîte sans passer par ses ingénieurs, qui sont syndiqués et
qui sont représentés par des gens qui pourront sûrement les
représenter pleinement pour défendre leur point de vue devant un
tel projet de loi et une telle perspective qui s'offre maintenant grâce
à l'application de ce projet de loi.
Alors, Mme la Présidente, étant très inquiet quant
aux consultations que le ministre a pu tenir avec les représentants de
la Fédération des travailleurs du Québec, qui ont
exprimé très clairement - ils n'ont pas beaucoup tardé
à le faire: dès le mois de septembre - au ministre qu'ils
refusaient une telle approche, nous demandons à première vue:
Qu'est-ce qui peut amener ces gens à refuser une telle approche?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava...
M. Claveau: On dit d'ailleurs que selon le Syndicat canadien de
la fonction publique, qui représente les 14 000 syndiqués
d'Hydro-Québec - c'est bien précisé ici - qui sont membres
de la Fédération des travailleurs du Québec, s'ils ont
émis une telle opinion, il devait y avoir des raisons en arrière
de ça et il serait probablement très intéressant et
très enrichissant pour l'ensemble des membres de la commission de
pouvoir entendre ces raisons plutôt que de se fier et de se tirer
à corps perdu dans les interprétations du ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Je vous ferai remarquer...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, brièvement. Il est
bien certain que je me demande si le gouvernement précédent avait
consulté les
travailleurs d'Alcan avant de présenter son projet de loi sur la
rivière Péribonca ou bien s'il avait consulté les
travailleurs de Beilerive-Ka'N'Enda quand il a présenté son
projet de loi. Il n'est pas de notre Intention d'inviter qui que ce soit
à cette commission parlementaire avant l'étude article par
article du projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y en a d'autres qui ont des remarques à faire sur
la motion préliminaire?
M. Desbiens: S'il n'y en a pas du côté du
gouvernement, je vais...
M. Maltais: Non, on va leur laisser le droit de parole. On le
prendra quand on voudra; c'est notre prérogative.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
Une voix: Au vote. Alors, s'il n'y a pas d'autre
intervenant...
M. Desbiens: Mme la Présidente.
M. Claveau: II a demandé le droit de parole. S'il veut
prendre vingt minutes de slience, c'est ses affaires.
M. Desbiens: C'est ça. Une voix: Dix minutes. M.
Desbiens: Oui, dix minutes. Des voix:...
M. Claveau: On pourrait demander trois minutes de silence pour
vous permettre de bien comprendre, mais cela fait partie du droit de
parole.
Une voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Des voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Mme la Présidente, je pense que, plus on
discute, plus j'écoute mon collègue, le député
d'Ungava, qui est très ferré sur le sujet, plus je me pose de
questions et je comprends qu'il ait présenté une motion de la
nature de celle qu'il a faite à la commission pour entendre les
représentants de la Fédération des travailleurs du
Québec. En effet, en même temps que j'écoutais d'une
oreille le député d'Ungava, non pas de l'autre, mais de mes yeux,
je lisais...
(21 h 30)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Desbiens: ...je lisais le communiqué de presse de la
fédération des travailleurs et j'y a! découvert des choses
qui m'ont frappé, qui sont fondamentales, à mon sens, et qui
devraient recevoir de la part du ministre, je pense, une oreille attentive. Je
constate que la FTQ accorde d'ailleurs beaucoup de crédibilité au
ministre lui-même. Donc, ce n'est pas quelqu'un ou un groupe qui veut
détruire, ou ce ne sont pas les députés de l'Opposition,
de la méchante Opposition qui veulent détruire un projet de loi
du ministre ou quoi que ce soit. C'est le président de la FTQ et son
directeur général qui reconnaissent au départ la
crédibilité du ministre, mais qui, quand même, apportent
une série d'arguments qui ont besoin d'être entendus et
discutés, je pense. Soit que Se ministre les réfute, ce qui
éclairerait tous les membres de cette commission sur le sujet... Le
ministre pourrait peut-être aussi, s'il n'est pas en mesure de Ses
réfuter, comprendre qu'il y a dans ce qu'il prépare et ce qu'il
propose ici quelque chose qui est plus malin que ce qu'il veut bien
prétendre. On ne peut pas faire autrement...
La meilleure façon, Mme la Présidente, de vous permettre
et de permettre aux membres de la commission de reconnaître le
bien-fondé de la motion de mon collègue d'Ungava est, je pense,
de relire certains passages de ce communiqué de presse. Entre autres,
par exemple, dans ce contexte, M. Laberge, le président de la FTQ
souligne: "Nous aimerions que le ministre nous explique en vertu de quelle
logique il faut ouvrir toutes grandes les portes de l'entreprise privée
en lui permettant d'exploiter les installations désaffectées." Ce
n'est pas l'Opposition qui dit cela. Donc, lors de nos remarques
préliminaires, quand on manifestait notre inquiétude devant le
projet de loi du ministre, l'on constate que ce ne sont plus un ou deux, ou dix
ou vingt députés de l'Opposition qui le font, mais quelque 14 000
syndiqués d'Hydro-Québec. Ce sont les employés de la
société d'État elle-même. Je note des passages:
"Côte-Sainte-Catherine n'est que la pointe de l'iceberg." C'est une
accusation assez grave à porter à l'égard du ministre et
d'Hydro-Québec. Je pense que le ministre aurait tout
intérêt à les avoir ici devant lui pour rétablir les
faits. Cela m'apparaîtrait tout à fait normal qu'il adopte la
motion du député d'Ungava.
Je poursuis, Mme la Présidente, et je lis: "Le directeur
québécois du syndicat, M. Morris-seau, a soutenu que cette
annonce du ministre n'est pas improvisée." Il prête des intentions
au ministre. Je pense que c'est une raison de plus pour que le ministre les
amène ici devant nous et qu'il leur fasse prouver leurs espèces
d'accusation, le procès d'intention qu'ils lui font si c'est vraiment le
cas, si c'est ce qu'il juge à propos.
Je continue avec ce que dit M. Morrisseau:
"Il croit plutôt qu'elle fait partie d'une stratégie
d'ensemble, d'une politique de privatisation qu'on tente de nous imposer par
petits morceaux et en catimini." Alors, les accusations sont graves. J'imagine
que le ministre a lu ce communiqué de presse, qu'il a eu le temps d'en
discuter avec Hydro-Québec. Il serait important qu'il puisse
éclairer :es députés de la commission, mais
éclairer surtout la population sur ses véritables intentions pour
qu'on puisse, s'il s'agit véritablement d'une modification des choix que
l'ensemble de la population québécoise a faits très
clairement en 1962, à la demande du Parti libérai, soit la
nationalisation de l'hydroélectricité au Québec, voir s'il
y a un changement de cap que Ie gouvernement est en train de produire, comme le
prétend M. Morrisseau, par petits morceaux et en catimini. Je pense que
cela devient trop important pour que ce nouveau choix de société
ne fasse pas l'objet d'une étude et ne fasse pas l'objet d'un
débat public au su et au vu de toute la population du Québec.
Un petit peu plus loin encore, le communiqué ajoute des
éléments qui contredisent les affirmations rassurantes de M.
Ciaccia. Je cite le texte, Mme la Présidente: "Dans son dernier discours
inaugural, le gouvernement a clairement indiqué son intention de
modifier sa politique énergétique actuelle pour faire place
à l'entreprise privée." Deuxième élément
qu'il nous souligne: "Le 18 février 1986, le conseil d'administration
d'Hydro-Québec a adopté une politique tarifaire d'achat
d'électricité produite par le secteur privé." Un
troisième élément. Dans le dernier plan de
développement de la société d'état, on peut lire:
"L'aménagement et l'exploitation de petites centrales peuvent
également être assurés par des producteurs autonomes."
Autre élément qui est souligné dans le communiqué
toujours: "Le 8 juin dernier, des représentants du ministère et
d'Hydro-Québec qui participaient à un colloque sur la production
privée d'électricité ont d'ailleurs invité et
encouragé l'entreprise privée à profiter de cette nouvelle
ouverture." Cela m'apparaît des accusations assez claires de la part de
la FTQ.
Le dernier élément qui est rapporté et qui
mérite aussi d'être souligné ici: "Les déclarations
mêmes du président d'Hydroméga, qui indiquent une intention
de ne pas le limiter à ces deux petites centrales, sont sans aucun doute
basées sur des assurances qui lui ont été fournies par le
gouvernement." Cela contredit ce que le ministre nous a dit tantôt en
réplique aux remarques préliminaires que nous faisions. Le
communiqué va plus loin - cela a dû plaire au ministre, il est
fort là-dessus: En ironisant, le ministre Ciaccia affirme qu'il ne
privatise pas par la porte d'en arrière. Nous sommes d'accord avec lui,
il le fait par la porte d'en avant, il le fait par son projet de loi.
À ce moment-ci, donc, ce n'est plus deux députés de
l'Opposition qui se posent des questions, qui manifestent des
inquiétudes, c'est 14 000 travailleurs. Cela vient confirmer, selon eux,
que nos investissements collectifs, que toute la société
québécoise a décidés en 1962, en donnant le "OK" au
gouvernement du Parti libéral à l'époque - j'ai
travaillé moi aussi à cette fin pour arriver à obtenir ce
résultat avec le Parti libéral - ces investissements collectifs
qu'on fait depuis 26 ans maintenant - depuis plus d'un quart de siècle
que les Québécois investissent dans cette compagnie
nationalisée - ces investissements collectifs, selon la FTQ, sont
donnés au secteur privé. Ces récentes décisions,
toujours selon la FTQ, du gouvernement confirment que le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation, Pierre
Fortier est fort actif et réussit à imposer ses orientations. Ce
qu'il y a de plus grave encore, a commenté M. Morrisseau, c'est qu'on
donne aussi à l'entreprise privée sur un plateau d'argent
l'expertise que nous avons collectivement développée. On n'a pas
besoin de se faire de discours tous ensemble pour savoir ce que cela signifie,
et le ministre a ajouté tantôt: en plus des subventions à
ces entreprises privées.
Alors, Mme la Présidente, pour ces raisons, et on pourrait en
ajouter d'autres - il faudrait peut-être refaire photocopier le texte du
communiqué de presse d'Hydro-Québec pour le leur refiler - mais
j'aimerais, en terminant, vous annoncer que j'aurai une autre motion à
présenter tantôt, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc. M. le député de La Peltrie.
M. Cannon: Puisque le temps du député est
écoulé, j'aimerais demander le vote tel que le règlement
le stipule.
La Présidente (Mme Bélanger): Aucun problème.
Est-ce que la motion de M. le député d'Ungava est
adoptée?
M. Claveau: Vote nominal.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Contre.
Le Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Oesblens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: Mme la présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: 5 contre, 2 pour.
Une voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, je suis
membre.
Le Secrétaire: Mme la Présidente, c'est: 5 contre,
2 pour, une abstention.
La Présidente (Mme Bélanger): Le résultat du
vote est: 5 contre, 2 pour, une abstention. La motion est rejetée.
M. Desbiens: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Dubuc.
M. Oesbiens: La majorité a parlé. Une voix:
Ha, ha, ha!
M. Oesbiens: J'aimerais, comme je l'annonçais lors de mon
intervention, vous présenter une nouvelle motion en vertu de l'article
244 de nos règles de procédure.
M. Maltais: Est-ce qu'on pourrait nous lire l'article 244, s'il
vous plaît?
La Présidente (Mme Bélanger): "La commis sion
saisie étudie chaque article du projet de loi et les débats
portent sur les détails du projet. Les amendements doivent se rapporter
à son objet et être conformes à son esprit et à la
fin qu'il vise. "Avant d'entreprendre l'étude détaillée,
la commission peut décider de tenir des consultations
particulières dans le cadre de son mandat."
M. Maltais: Voilà, merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
Motion proposant d'entendre l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie
M. Oesbiens: Merci, Mme la Présidente. Je propose la
motion suivante en vertu de l'article 244 de nos règles de
procédure: Que la commission permanente de l'économie et du
travail tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée du
projet de loi 71, Lo! modifiant la Loi sur le régime des eaux, des
consultations particulières quant à tous les articles dudft
projet de Soi et qu'à cette fin elle entende l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, sur la
recevabilité.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Je crois que c'est clairement une motion frivole et
dilatoire. La motion qui a été faite tantôt demandait
d'entendre le groupe de la FTQ. Cela a été défait. On a
voté contre. Sur l'article 244...
M. Claveau: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Ciaccia: Laissez-moi finir.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant! Un
instant, M. le député d'Ungava! M. le ministre a la parole.
M. Ciaccia: Sur l'article 244, on peut faire une motion pour une
consultation. C'est ça qui a été fait avant. On l'a
déjà faite la motion sur l'article 244. On ne peut pas en faire
une autre. Alors, je crois que c'est clairement irrecevable. Autrement, on peut
continuer jusqu'en 1995 et venir chacun avec une motion pour entendre un
groupe. Chaque fois qu'on va voter contre un groupe, on va en demander un
autre. Ce n'est pas ça l'intention de l'article 244, ce n'est pas
l'esprit, et je pense qu'il y a des décisions antérieures, des
précédents qui disent clairement qu'on ne peut pas faire de
telles motions, comme on essaie d'en faire maintenant, parce que c'est
clairement frivole, c'est dilatoire et c'est contre l'esprit de l'article
244.
M. Claveau: Mme la Présidente, est-ce qu'on plaide sur la
recevabilité?
La Présidente (Mme Bélanger): Sur la
recevabilité, oui. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce que, dans ces cas-là, le
règlement ne prévoit pas qu'on dort plaider pour avant de plaider
contre la recevabilité?
Une voix: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): La personne qui a la parole
parle pour ou contre. On parle de la recevabilité.
M. Claveau: De toute façon, Mme la
Présidente...
M. Maltais: Sur la question de règlement, j'aimerais
rappeler au député d'Ungava que c'est celui qui propose la motion
qui doit plaider la motion. Aiors, entre parenthèses, ça doit
être le député de Dubuc.
M. Desbiens: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Saguenay, sur la recevabilité, nous pouvons entendre tous les
députés de la commission.
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Tous ceux qui peuvent parier ont le droit de parler
sur la recevabilité. C'est bien ça?
La Présidente (Mme Bélanger): Tous les membres de cette
commission ont le droit de parler sur la recevabilité.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente. En ce qui nous
concerne, nous sommes convaincus que cette motion est tout à fait
recevable dans la mesure où elle ne va absolument pas à rencontre
des dispositions du règlement. Dans l'article 244, 8 n'est pas
précisé le nombre de motions qui peuvent être
déposées pour justifier ou demander des... il n'y a pas de limite
quant au nombre de motions qui peuvent être déposées pour
demander que la commission puisse entendre des intervenants ou des gens
intéressés par un tel règlement, d'une part. On dit
simplement que la commission peut entendre des témoins qui vont lui
permettre d'éclairer sa lanterne un peu. Même si ce n'est pas
comme ça que c'est dit tout à fait, c'est ce que ça veut
dire.
En ce qui nous concerne, si nous avons décidé de
présenter la motion de cette façon, ce n'est absolument pas pour
des questions de mesure dilatoire, tel que le prétend le ministre de
l'Énergie et des Ressources. C'est tout simplement parce qu'il s'agit
d'intervenants qui ont des rôles tout a fait distincts, des rôles
qui n'ont pas de commune mesure l'un envers l'autre. D'une part, si on avait
demandé qu'il y ait plusieurs centrales syndicales ou plusieurs
représentants des travailleurs qui se présentent devant la
commission, le ministre aurait eu raison de dire qu'on veut... (21 h 45)
M. Maltais: Sur la question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Claveau: Je plaide la recevabilité. M. Maltais: S'il
vous plaît!
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: J'aimerais qu'on s'entende bien: On ne parle pas sur
le fond de la motion, mais bien sur la recevabilité. AJors,
l'argumentation du député d'Ungava doit être faite
uniquement sur la recevabilité et non sur le fond.
M. Claveau: C'est cela.
La Présidente (Mme Bélanger): II a raison sur ce pourquoi
vous avez présenté...
M. Claveau: De cette façon-là.
La Présidente (Mme Bélanger): ...cette motion.
M. Claveau: Nous avons présenté...
M. Maltais: De toute façon, elle est rendue sur la table.
C'est sur la recevabilité et non sur le fond.
La Présidente (Mme Bélanger): Pourquoi elle est recevable,
c'est cela.
M. Claveau: Elle est recevable parce que, dans le
règlement, il n'y a pas de limitation quant au nombre d'interventions ou
de motions qui peuvent être faites dans ce sens-là et, d'autre
part, parce qu'elle nous amène une nouvelle vision dans la mesure
où les représentants de l'association...
Une voix: C'est sur le fond encore? Des voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Le ministre a plaidé la
non-recevabilité en disant qu'on ne pouvait la recevoir parce qu'il
s'agissait de la même démarche qu'on avait entreprise
antérieurement. Je dois plaider pour la recevabilité en disant
qu'il ne s'agit pas de la même démarche qu'antérieurement.
Il me semble que c'est la moindre des choses, Mme la Présidente. Ce
n'est pas le même groupe d'intérêt du tout, ce n'est pas la
même façon, la même approche, les mêmes raisons qui
peuvent faire en sorte que ces gens-là soient intéressants
à rencontrer ou qu'il soit intéressant de discuter avec eux.
M. Cannon: Bon. Alors, est-ce que le député a
terminé? Sur la question, êtes-vous prête à rendre
votre décision, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est
recevable.
M. Maltais: Mme la Présidente, je regrette, il y a quelque
chose qui ne marche pas quelque part. Je vous le demande sur une question de
règlement. Écoutez, hier, on a rendu des décisions bien
précises. s'il faut prendre un "break", on va le prendre, mais
là, il va falloir se comprendre. L'essence même de la motion du
député de Dubuc est de faire entendre un nouveau groupe. La
première motion était de faire entendre un groupe
spécifique. Après tout le "débiatérage" qu'il y a
eu, on a refusé, cela a été battu au vote. Alors, le
règlement ne peut pas nous permettre de faire indirectement ce qu'il n'a
pas le droit de nous faire faire directement. Or, bien sûr, le
député de Dubuc va présenter une motion pour entendre )a
société je ne sais trop quoi; une heure plus tard le
député d'Ungava va demander la CSN, la FTQ, la CEQ et tout le
monde de la province de Québec. Il est bien clair que tant et aussi
longtemps, à mon avis, que la motion du député de Dubuc
demande d'entendre un nouveau groupe encore une fois, elle n'est pas
recevable.
M. Claveau: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Que je sache, il n'y a aucun article du
règlement qui permette à un député d'argumenter sur
la recevabilité une fois que la décision de la présidence
a été prise.
M. Desbiens: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant!
Si tout le monde parle en même temps, cela va être
très difficile pour la présidence de rendre une
décision.
M. Cannon: Juste sur une question de règlement, Mme la
Présidente. Je comprends et je voudrais bien que le député
d'Ungava me comprenne. Je ne conteste pas votre décision, vous l'avez
rendue. Cependant, je vous demande, durant le cours de la journée ou s!
possible demain, de m'expliquer pourquoi, hier soir, au moment même
où mon collègue, le député de Saguenay, a
présenté une motion, laquelle motion a été
jugée recevable, nous l'avons débattue, avec un amendement
aussi... Après quoi un autre amendement exactement semblable a
été présenté, quoiqu'il y avait des
différences au niveau de la syntaxe, mais pas sur le fond de la
question, et le secrétaire est parfaitement au courant de cela.
J'aimerais, Mme la Présidente, que vous puissiez m'indiquer d'ici
à demain quelle différence il y a entre ce qui s'est produit hier
soir et ce qui se produit ce soir.
La Présidente (Mme Bélanger): Je voudrais vous
dire, monsieur...
M. Cannon: Je ne vous demande pas de me répondre ce soir,
Mme la Présidente. Vous pourrez le faire à un autre moment.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez...
M. Cannon: Je ne voudrais surtout pas enlever le droit de
parole...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous faites une
question de règlement pour que je vous...
M. Cannon: Non, non. Je ne voudrais surtout pas enlever le droit
de parole au député d'Ungava, qui est évidemment
très intéressé par ce grand projet de !oi et à
faire avancer la cause de celui-ci en faisant entendre tout le monde au
Québec. Alors, allons-y.
La Présidente (Mme Bélanger): Je ne peux pas juger,
M. le député de La Peltrie, sur ce qui s'est passé hier
soir puisque j'étais absente, mais je peux vous dire que la motion du
député pour recevoir un autre groupe est recevable.
M. Cannon: Je n'ai pas contesté cela, Mme la
Présidente. Je vous ai dit que vous aviez absolument raison. J'ai
demandé simplement que vous puissiez prendre avis et que, à un
moment opportun, vous puissiez m'indiquer, soit vivement ou privément,
quelle différence II y a entre ce qui s'est produit hier soir, à
cette commission, et ce qui se produit ce soir à la commission. C'est
juste ça que je veux.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous dis que je ne
peux pas vous donner une réponse ce soir sur ce qui s'est passé
hier soir, je n'étais pas là, mais je vous dis que, ce soir, la
deuxième motion présentée par le député de
Dubuc est recevable.
M. Cannon: Toutefois, vous vous engagez à obtenir ces
informations.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'engage à
vous donner une réponse à votre demande. M. le
député de Dubuc, vous avez 30 minutes sur votre motion.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Je vous remercie, Mme la Présidente. Je vais
essayer, au cours du temps qui m'est impart!, de faire la démonstration
qu'il est important pour les membres de cette commission et pour la population
du Québec en généra! d'entendre l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie. Vous avez
pu constater comme moi, au fur et à mesure que le débat se
développe, que les députés de l'Opposition sont
inquiets des orientations nouvelles que le ministre tente d'introduire
dans la politique énergétique du Québec. En 1962, il y a
eu une décision du peuple québécois dans son entier qui
était claire et nette en faveur de la nationalisation de la production
hydroélectrique au Québec et, par ce projet de loi, comme on le
mentionnait tantôt dans les discussions précédentes, en
catimini, par la porte d'en arrière, on tente d'introduire et de
réaliser la politique dans notre législation par petits morceaux,
en catimini. Une fois que le principe, peu importe le nombre de
mégawatts que ça peut représenter dans ce premier projet
de Soi... Le ministre disait au départ: C'est juste 25 mégawatts,
il n'y a rien là. Bien sûr que 25 mégawatts, il n'y a rien
là, sauf que c'est le principe que sous-tend ce point de départ,
ce doigt dans l'engrenage qui peut avoir des conséquences
néfastes par rapport à la volonté de la population du
Québec.
Je répète - je pense que c'est important qu'on se le dise
très clairement pour qu'on s'en souvienne - qu'il a été
exprimé par la population, en 1982, sa volonté que ta richesse
hydroélectrique, qui appartient à l'ensemble de la population du
Québec, soit produite, réalisée à l'avantage, au
bénéfice de la population elle-même et au
bénéfice des travailleurs. L'expertise que nous avons
développée collectivement pour la production fait en sorte
qu'Hydro-Québec est maintenant, par sa branche Internationale, devenue
l'organisme, la société qui fait l'objet de demandes importantes
concernant le développement hydroélectriques dans
différents pays du monde. Je pense que tout le monde est fier de cette
réalisation.
On sait que ç'a été entrepris par un gouvernement
précédent du Parti libéral, en 1962, grâce, entre
autres, à M. René Lévesque, mais c'est un choix de
société que les Québécois ont fait à ce
moment-là. Si le gouvernement veut modifier ce choix de
société fondamental, il est absolument important que les membres
de la commission et la population puissent prendre conscience de ce fait,
d'abord, et se fassent entendre. Quand on demande, comme on l'a fait
tantôt, que la FTQ, directement intéressée parce que
ça touche 14 000 travailleurs d'Hydro-Québec, quand on demande,
par cette nouvelle motion, aux députés de la commission de
l'économie et du travail de statuer qu'il y a... S'il ne veut pas
entendre un syndicat comme tel venir débattre ou venir présenter
son point de vue sur cette modification que semble amener par la porte d'en
arrière le ministre de l'Énergie et des Ressources,
peut-être bien que le ministre et les députés du
gouvernement seront en mesure d'accepter qu'un organisme comme celui que je
propose de recevoir aujourd'hui, l'Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie, soit entendu.
M. Maltais: Je demande une question de règlement, s'il
vous plaît. J'aimerais avoir le nom du président de l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie et
l'adresse du siège social parce que dans la résolution ils
n'apparaissent pas, pour être bien sûr que ce n'est pas une
société fictive. Deuxièmement, c'est bizarre que ce ne
soit même pas écrit avec une lettre majuscule. J'aimerais avoir
cela.
M. Desbiens: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Dubuc.
M. Maltais: Le député de Dubuc doit être en
mesure de nous fournir cela immédiatement...
M. Desbiens: Mais je vais...
M. Maltais:...puisque ce sont ses grands amis.
M. Desbiens: Le député de Saguenay est
sûrement en droit de douter du député de Dubuc, je ne
connais pas ses sentiments personnels, mais sans doute qu'il aura toute la
confiance voulue de son collègue, le député de...
La Présidente (Mme Bélanger): De Saguenay?
M. Desbiens: Non, l'adjoint parlementaire du ministre de
l'Énergie et des Ressources...
M. Maltais: Laviolette.
M. Desbiens: ...le député de Saint-Maurice.
M. Maltais: Je m'excuse, mais j'ai posé une question, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
député de Dubuc!
M. Desbiens: Je suis en train de donner la réponse. Qu'il
ne s'énerve pas.
M. Maltais: Je ne suis pas nerveux du tout.
M. Desbiens: Je lui dit que, s'il n'a pas confiance en moi, c'est
bien possible, mais il devrait avoir confiance dans son collègue de
Saint-Maurice qui a prononcé un discours devant la société
d'énergie et des ressources et qui pourra sans doute lui fournir tous
les renseignements voulus.
M. Maltais: Mais je...
M. Desbiens: C'est une société...
M. Maltais: II y a une limite, Mme la Présidente. Je
m'excuse. C'est une question de règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Un Instant, M. le
député de Saguenay. On est train de chercher un article selon
lequel un député...
M. Maltais: J'ai posé une question bien claire.
La Présidente (Mme Bélanger): ...ne doit pas mettre
en doute la parole d'un député.
M. Maltais: Je ne mets en doute personne, mais je veux avoir le
nom et l'adresse de...
La Présidente (Mme Bélanger): Bien, vous...
M. Maltais: ...cette bébelle-là. La FTQ est
connue...
La Présidente (Mme Bélanger): La présidence
ne peut pas vous fournir cette adresse-là, c'est évident.
M. Maltais: II me semble que, lorsqu'on accepte une motion, on
doit être bien sûr que tout est correct dedans. Cela me prend le
nom et l'adresse. Sans cela, Mme la Présidente... Ce n'est même
pas écrit avec une lettre majuscule. Cela peut-être l'association
des boy-scouts de la basse-ville de Québec, c'est pareil.
Écoutez, il faut être un peu plus sérieux. La FTQ est bien
connue au Québec, mais l'Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie, le député de Dubuc vient de
dire que mon collègue de Saint-Maurice a prononcé une
conférence à la société de l'énergie et cela
n'a pas de rapport, aucunement, avec l'association québécoise
pour la maîtrise de l'énergie des eaux de je ne sais trop quoi.
Alors, je veux l'adresse de cette société et le nom du
président pour qu'on puisse le contacter si on veut l'Inviter un
jour.
M. Claveau: Dites-lui de vérifier au ministère de
l'Énergie et des Ressources, ils doivent l'avoir.
M. Maltais: Non, non. Mme la Présidente, je pense que
l'Opposition...
La Présidente (Mme Bélanger): Nous allons suspendre
les travaux...
M. Maltais: ...va faire ses devoirs comme il faut ou bien elle ne
les fera pas du tout.
La Présidente (Mme Bélanger): ...afin que le
député de Dubuc nous fournisse l'adresse. On suspend les travaux
quelques instants.
(Suspension de la séance à 21 h 59)
(Reprise à 22 h 4)
La Présidente (Mm© Bélanger): La commis- sion
reprend ses travaux. Nous en étions à une question de
règlement du député de Saguenay qui exigeait le nom et
l'adresse du siège social de l'Association québécoise pour
la maîtrise de l'énergie. Alors, j'aimerais dire au
député de Saguenay qu'il n'est pas nécessaire, dans une
motion, de marquer l'adresse et le nom du président d'une compagnie pour
faire venir un groupe. Dans la mesure où le député de
Dubuc juge que ce groupe existe, il faut faire confiance, d'après
l'article 35, 6°: "imputer des motifs indignes à un
député ou refuser d'accepter sa parole".
M. Maltais: Mme la Présidente, je me soumets à
votre décision. Je ne mettais pas en doute la parole du
député de Dubuc, loin de là, mais, pour son information,
c'est: 1259, rue Berri, suite 510. il pourra toujours appeler M. Philippe
Lauzon, qui a d'ailleurs fait une conférence pour le projet de loi.
Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député de Dubuc, je vous
demanderais de continuer votre intervention sur le débat de la
motion.
M. Desbiens: Je vous remercie, Mme la Présidente. C'est
d'ailleurs pourquoi je demandais au député de Saguenay de poser
la question à son collègue de Saint-Maurice puisque c'est lui qui
disait, dans son discours: Je suis très heureux de l'occasion qui m'est
offerte par l'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie d'échanger avec vous sur l'état de la situation
et des perspectives, etc.
M. Maltais: II vous reste quatre minutes. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Desbiens: Mme la Présidente, le député de
Saguenay m'y fait penser par sa remarque: il me reste combien de temps?
La Présidente (Mme Bélanger): Vingt-trois
minutes.
M. Desbiens: Cela va être serré un peu, mais on va
essayer.
Une voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Desbiens: Évidemment, avant l'interruption que nous a
apportée la question de règlement du député de
Saguenay, j'avais commencé à établir mon raisonnement et
mon argumentation concernant la motion que j'ai déposée devant
vous, îa relation qui existe entre cette motion et
le projet de Soi dont le ministre de l'Énergie et des Ressources
nous demande de discuter aujourd'hui en commission parlementaire.
Je pense que les inquiétudes qu'on a manifestées au
départ et qui ont pu s'amplifier par la présentation de la
position de la Fédération des travailleurs du Québec
montrent que de plus en plus de citoyens et de citoyennes du Québec, au
fur et à mesure qu'ils peuvent prendre connaissance du projet de loi et
de ce qu'il peut véritablement signifier, par ce qu'il nous apporte
comme modification fondamentale à une décision que la population
tout entière a prise d'une façon très claire en 1962, lors
de la nationalisation de l'électricité par MM. Lesage et
René Lévesque, ces préoccupations de la population peuvent
être... C'est comme cela que je dois interpréter le vote de nos
collègues du Parti libéral qui refusent de recevoir ici les
travailleurs du Québec qui sont syndiqués, qui travaillent
à Hydro-Québec et qui ont porté des accusations qui nous
apparaissent, à tout le moins, troublantes. Si le gouvernement ne veut
pas entendre, c'est son choix. Nous croyons que cela aurait été
une occasion absolument idéale pour lui de réfuter les
accusations ou les questions posées par les travailleurs
d'Hydro-Québec, si elles ne sont pas exactes. S! ce qu'ils avancent ne
correspond pas véritablement aux intentions du ministre de
l'Énergie et des Ressources, de ce gouvernement et de son ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation, si tout
cela est faux, si tout cela n'est pas sous-tendu par le projet de loi 71, Loi
modifiant la Loi sur le régime des eaux, il m'apparaît que ce
nouveau choix de société que semble vouloir, en catimini, par
petits morceaux, nous imposer le gouvernement, par l'intermédiaire de
son ministre de l'Énergie et des Ressources, c'est-à-dire
remettre à l'entreprise privée tout un avoir collectif
accumulé au fil des années, tout un avoir collectif au niveau
financier, mais aussi tout un avoir collectif d'expertise des
Québécois, particulièrement des Québécois
francophones... On sait que dans le monde l'électricité c'est
québécois et qu'on fait appel à Hydro-Québec pour
faire le développement hydroélectrique des plus grands projets.
Si le gouvernement décide que toute cette expertise doit être
donnée, qu'on doit enlever cela à la population du Québec
- parce qu'Hydro-Québec appartient à la population du
Québec - et que le gouvernement actuel du Parti libérai
décide tout à coup, contrairement au gouvernement du Parti
libéral de 1960, de redonner cela à quelques entreprises
privées sur le territoire québécois pour leur permettre,
malgré ce que dit le ministre, sans doute de faire des profits... Je ne
connais pas d'entreprise privée qui existe autrement que pour faire des
profits. C'est le fondement de leur action. Il est donc important que, si on ne
veut pas entendre ou discuter de cette question avec les représentants
des 14 000 travailleurs d'Hydro-Québec, on puisse au moins, et c'est ce
que l'offre par ma motion, entendre un groupe qui est certainement neutre,
sinon favorable à l'expression de la politique, parce que c'est
l'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie qui a organisé un colloque où le ministre de
l'Énergie et des Ressources a été invité à
prendre la parole et où, certainement pour de bonnes raisons, il n'a pu
se rendre. Il y a délégué le député de
Saint-Maurice, son adjoint parlementaire, pour ilvrer le message du ministre de
l'Énergie et des Ressources, autrement dit le message du gouvernement du
Québec.
Donc, cet organisme, l'Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie, m'apparaît être un organisme
dont le gouvernement ne devrait pas craindre les prises de position et
peut-être sera-t-il plus facile pour lui d'accepter la motion que j'ai
faite. Cet organisme, par la même ocasion, a reçu le
président d'Hydroméga, qui a présenté son point de
vue sur la privatisation en partie de l'hydroélectricité au
Québec, qui a fait connaître le point de vue de cette compagnie,
Développement Hydroméga Inc., 800 ouest, Dorchester, bureau 2735.
On va tout dire pour ne pas que le député de Saguenay me pose la
question. Ce sera enregistré et il pourra le lire dans le
procès-verbal. À Montréal, le code postal: H3B 1X9, le
numéro de téléphone étant 514-861-9671, pour le
bénéfice du député de Saguenay.
Donc, cet organisme, l'Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie, n'est sûrement pas un organisme qui
tend à détruire l'action du gouvernement. Cela m'apparaît
être un organisme de bonne foi constitué de plusieurs
bénévoles - peut-être au sens où le gouvernement
l'entend - pour faire l'étude du développement et de la
maîtrise de l'énergie au Québec. Cet organisme est un
organisme indépendant. On ne peut pas dire qu'il soit affilié de
quelque façon à une centrale syndicale qui pourrait vouloir, au
moment de négociations, faire du tort au gouvernement ou encore à
un parti de l'Opposition.
M. Ciaccia:...
M. Desbiens: J'ai dit un organisme, un parti de l'Opposition.
Comme le Parti québécois, le gouvernement peut croire qu'on veut
lui faire du tort, alors que notre objectif évident est de permettre
à la population du Québec d'exprimer son point de vue sur les
modifications fondamentales à la direction qu'il avait indiquée
à son gouvernement en 1962.
Alors, c'est un organisme indépendant. Cette association est
évidemment vouée à la promotion de la maîtrise de
l'énergie au Québec. Alors, cette politique du ministre poursuit
le même objectif, semble-t-il, qui est manifesté par l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie. C'est une
association qui regroupe en son sein des expertises très
diversifiées dans le secteur de l'énergie. Donc, une association
qui,
par la qualité de ses membres, de ses participants est en mesure
d'apporter un éclairage qui soit peut-être en faveur de la
position adoptée par le gouvernement. (22 h 15)
Quant à nous, on est prêts à accepter d'en courir le
risque. Au contraire, ce qu'on veut ici, c'est avoir l'éclairage
complet, aussi bien connaître la position des Québécois et
Québécoises qui seraient en faveur d'une modification à
cette volonté du peuple québécois, exprimée en
1962, à l'occasion d'une élection quasi
référendaire, un peu comme la dernière élection
fédérale qu'on vient de vivre, cette volonté donc que la
ressource eau, en tant que productrice d'hydroélectricité, soit
une richesse qui appartienne au peuple québécois et que ce soit
le peuple québécois, dans la mesure du possible et dans son
ensemble, qui en profite.
S'il y a des organismes, comme celui qu'on a mentionné
tantôt, qui posent des objections à cela, il est absolument
essentiel que Sa population, les membres de la commission d'abord, bien
sûr, comme représentants élus du peuple, mais que la
population puisse aussi se manifester. Qu'un organisme, qui est par ailleurs
d'accord, possiblement, avec cette politique du gouvernement, vienne nous
éclairer nous aussi et nous dise les raisons profondes qui le guident
dans la position qu'il peut prendre en faveur d'une modification à la
volonté populaire, telle que reflétée par les divers
gouvernements, aussi bien libéraux, de l'Union Nationale ou du Parti
québécois, depuis 26 ans maintenant.
L'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie, Mme la Présidente, est donc cet organisme
indépendant dont on sait qu'il est en faveur d'une modification à
cette politique fondamentale des divers gouvernements du Québec au cours
du dernier quart de siècle. Mais cela ne fait rien, nous sommes d'accord
pour recevoir et entendre tous les arguments, d'un côté comme de
"autre. Comme on le dit souvent, c'est du choc des idées que jaillit la
lumière. Si on entend les pour et les contre, on a de meilleures chances
de pouvoir porter un jugement plus éclairé comme parlementaires.
Tout ce qui existe d'expertise dans le domaine, comme il y en a à
l'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie, nous sommes intéressés à l'entendre et
j'imagine que les députés du parti ministériel le sont
également; ils n'ont pas à se gêner parce que le ministre
est là.
Cette Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie, si vous me permettez d'ajouter un motif supplémentaire
à ma motion, étudie aussi toutes les questions qui touchent aux
politiques énergétiques. Elle doit donc sûrement avoir pris
connaissance du projet de loi 71, je n'en doute pas. Elle doit donc aussi avoir
étudié à fond ce projet; elle doit avoir une idée
des implications à court, à moyen et à long terme que
représente l'ouverture nouvelle que ce projet de loi 71 nous apporte par
un petit morceau de 25 mégawatts, mais un petit morceau qui risque,
selon certains, de devenir une politique d'ensemble. C'est un organisme qui
mérite d'être entendu, notamment si on se réfère
à ce qui est écrit à la page 121 de la politique
énergétique qui avait été énoncée par
Hydro-Québec et par le ministre, que je vous cite, Mme la
Présidente... Le ministre était très clair à ce
moment-là. Il est évident que c'est absolument, je pense, la
position... J'aimerais que le...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Oui, Mme la Présidente. Je consultais mon
collègue, le député d'Ungava. Vous savez sa profonde
connaissance du dossier de l'énergie, alors je ne voudrais pas Induire
mes collègues du parti ministériel autant que les membres de
cette assemblée en erreur. "L'énergie, force motrice du
développement économique" est un document qui a sûrement
reçu la griffe du ministre de l'Énergie et des Ressources. C'est
l'énoncé de politique énergétique
présenté par le ministre. À la page 121 - c'est là
qu'était ma référence - "les rôles du gouvernement
en matière énergétique sont multiples. Chacun d'entre eux
concourt à la réalisation des objectifs de la politique
énergétique." Je cite le document. Je continue ma citation, Mme
la Présidente: "Pour assumer ces rôles, le gouvernement du
Québec dispose d'un certain nombre d'outils d'intervention dont
quelques-uns, très puissants."
Il ne dit pas, par exemple, si c'est son petit projet de loi, qu'il nous
dit très simple, qu'il considère comme un outil d'intervention
très puissant. C'en est sûrement un. Mais ce qui est important,
c'est cette phrase que je veux souligner. "Cependant" - c'est le ministre qui
dit cela, ni plus ni moins, c'est un document officiel - "il ne lui appartient
pas de décider seul de l'avenir énergétique." Et que vous
parlez bien! Ce sont des paroles "songées". C'est vous-même qui le
dites en conclusion de votre document sur la politique
énergétique. C'est pour cela que je suis d'autant plus confiant
que vous allez accepter la motion que je vous présente d'entendre en
commission, pour venir renforcer...
Le groupe - encore une fois je le répète - pour lequel je
fais motion, l'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie, est un organisme qui vous a permis, par la voix de votre
adjoint parlementaire, le député de Saint-Maurice, d'exprimer la
position du gouvernement. Par la même occasion, cela a permis à M.
Jean Roch, le président d'Hydroméga - je le disais tantôt,
je ne répéterai pas S'adresse - d'exposer son point de vue sur
l'importante nécessité de modifier la politique traditionnelle,
depuis plus de 25 ans maintenant, des divers gouvernements du Québec
selon laquelle la ressource hydroélectrique étant une richesse
qui appartient aux Québécois et Québécoises, elle
doit servir au
profit des Québécois et Québécoises. Vous le
reconnaissez par cette phrase: "II ne M. appartient pas de décider seul
de l'avenir énergétique". C'est vous qui pariez.
Évidemment, vous parlez au nom du gouvernement.
S'il ne vous appartient pas seul de décider de l'avenir
énergétique du Québec, il y a une logique certaine qui
voudrait qu'on puisse justement entendre les citoyens du Québec,
particulièrement ceux qui sont les plus intéressés, comme
l'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie, qui a une expertise développée dans ce domaine
et dont l'objectif est de promouvoir la maîtrise de l'énergie au
Québec. Cet organisme, contrairement à la
Fédération des travailleurs du Québec, qui met en doute la
nécessité de modifier cette politique traditionnelle des
gouvernements québécois depuis 26 ans, viendrait sans doute
appuyer la position de votre gouvernement. Je ne verrais pas, en toute logique,
s'il ne vous appartient pas seul de décider de l'avenir
énergétique du Québec, comment vous pourriez refuser
d'entendre les membres de cette association québécoise qui seront
sans doute très heureux de participer et de fournir à tous les
membres de cette commission, et par nous, évidemment, à la
population du Québec, les raisons profondes qui justifieraient à
leurs yeux une modification à cette politique énergétique
qui a toujours été celle du Québec depuis 26 ans. Il faut
le répéter, répéter à satiété,
Mme la Présidente, la répétition est l'âme de
l'éducation. C'est pourquoi, Mme la Présidente, j'espère
que, par ce dernier appel au ministre, on l'aura convaincu de la
nécessité... Je m'arrête ici pour lui laisser tout le
loisir de nous donner son oui à l'audition de l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie. Merci, Mme
la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député. M. le ministre, pas de commentaires? M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau M. Claveau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez dix minutes, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...plus nous fouillons dans la documentation
disponible, dans les informations que l'on a pu mettre à jour pour
comprendre la portée et l'ampleur du projet de loi que le ministre nous
présente actuellement, plus nous voyons l'importance de demander que
cette commission puisse entendre des intervenants qui pourraient nous apporter
un nouvel éclairage sur les véritables intentions du ministre sur
ce qui se passe dans le domaine de la production de l'électricité
au moment où l'on se parle.
Si nous demandons que l'Association québécoise de la
maîtrise de l'énergie soit entendue devant cette commission
parlementaire, c'est parce que nous avons de bonnes raisons de croire qu'elle
en sait plus long qu'on ne le laisse présumer au moment où l'on
se parle. Dans un premier temps, comme le disait mon collègue, le
député de Dubuc, nous relevons, à la page 121 de la
politique énergétique du gouvernement du Québec, qui, soit
dit en passant, a été rendue publique le 13 septembre - remarquez
bien la date, Mme la Présidente, le 13 septembre, on en parlera tout
à l'heure - au chapitre "Une collaboration nécessaire"... Donc,
que ce n'est pas uniquement la décision du ministre, la politique
énergétique est une collaboration nécessaire. On y
écrit: "Les rôles du gouvernement en matière
énergétique sont multiples; chacun d'entre eux concourt à
la réalisation des objectifs de la politique énergétique."
Et il dit plus loin, comme le citait mon collègue le
député de Dubuc: "Cependant, il ne lui appartient pas de
décider seul de l'avenir énergétique." Donc, on peut
prétendre et supposer à juste titre que le gouvernement du
Québec doit consulter les différents intervenants
intéressés, y compris les associations de consommateurs, des
producteurs comme Hydro-Québec, et d'autres producteurs
indépendants qui existent actuellement.
M. Ciaccia: Les pompiers.
M. Claveau: Oui, si le ministre veut aller jusqu'aux pompiers et
policiers, on peut y aller aussi, parce qu'ils auraient sûrement des
raisons d'y être. On sait, par exemple, que l'état du
réseau de distribution d'Hydro-Québec inquiète
particulièrement les pompiers qui voient venir les feux cet hiver.
Alors, il y a probablement... En tant que consommateurs, les pompiers et
policiers pourraient aussi être entendus.
M. Desbiens: Si le ministre veut faire une motion dans ce
sens...
M. Claveau: Toujours est-il, Mme la Présidente, qu'il y a
pas mal de gens, au moment où l'on se parle, qui ont semblé
très intéressés d'aller se faire voir devant l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie. On se
souviendra que, lors du colloque de cette association, le 8 juin dernier
à Montréal, on a fait référence au discours de
l'adjoint parlementaire du ministre qui sentait le besoin d'être
présent - quand on sent le besoin d'être présent quelque
part, de se déplacer pour aller expliquer des choses, c'est parce qu'il
y a une certaine importance, c'est parce que ce sont des gens qui peuvent
influencer de quelque façon les décisions gouvernementales - mais
il y a aussi et avant tout la participation d'Hydroméga à ce
colloque qui nous préoccupe passablement. Il y a des choses qui ont
été dites le 8 juin dernier par la compagnie Hydroméga -
dont on a expliqué tout à l'heure où était le
siège social et quel était le nom du président de la
compagnie ainsi que son
numéro de téléphone, on pourrait même dire
que, pour tout renseignement complémentaire, il faut consulter M.
Christian Werber à 392-9266, je suppose que c'est à
Montréal, étant donné que c'est sur le boulevard
René-Lévesque - ... (22 h 30)
Les membres de l'Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie ont dû entendre à ce
moment-là des énormités ou des choses qui ont dû
leur "siler" dans les oreilles pendant des jours et des jours, à moins
qu'ils n'aient été mis au courant de certains faits au sujet
desquels l'Assemblée nationale n'avait pas été
consultée, qu'ils savaient que le ministre avait déjà pris
les décisions quant à la politique énergétique, en
catimini, comme le disent les représentants de la FTQ dans leur
communiqué de presse. Plus cela va, plus on devrait revenir sur la
motion pour demander aux gens de la FTQ de venir nous expliquer ce qu'ils
entendaient par catimini dans leur communiqué de presse. Il doit y avoir
des gens quelque part qui en savent encore pas mal plus long que les membres de
la commission sur les véritables intentions du ministre.
À cet effet, je me dois de relever quelques-unes des affirmations
qui ont été faites par les représentants de
Développement Hydroméga Inc, devant l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie, où
ils nous disaient - écoutez bien, on est au 8 juin: "Depuis quelques
mois déjà, nous procédons à la réfection et
à la remise en service de la centrale à Mont-Laurier." Je
voudrais demander au ministre si c'est en territoire fédéral.
M. Ciaccia: C'est vous qui avez fait adopter la loi pour
permettre la centrale à Mont-Laurier. Cela ne prend pas 100 watts pour
décider cela...
M. Claveau: Pas par Hydroméga.
M. Ciaccia: C'est votre loi en 1984 qui l'a donné à
Bellerive-Ka'N'Enda et Bellerive-Ka'N'Enda l'a vendu à eux. Voyons,
essayez de trouver...
M. Claveau: Ils étaient...
M. Ciaccia: C'était dans la politique
d'Hydro-Québec en 1987.
M. Claveau: "...nous procédons à la
réfection et à remise en service..."
M. Ciaccia: Oui. Cela appartenait à Bellerive-Ka'N'Enda
par votre loi. Cela a été désaffecté. Ils l'ont
acheté et ont continué...
M. Claveau: lis l'ont acheté, que je sache, sous le mandat
de l'actuel gouvernement et avec la bénédiction et les
autorisations du gouvernement actuel.
M. Ciaccia: D'après votre loi à vous.
Une voix: Non, non.
M. Ciaccia: II n'y avait pas besoin de cette loi pour faire
cela.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Quelle autre chose vous allez trouver?
M. Claveau: Ils sont déjà en train de travailler
là-dessus, avec l'assentiment du ministre. Il a beau dire tout ce qu'il
voudra, il reste que les plans de développement
d'Hydro-Québec...
M. Ciaccia: Ils n'ont besoin de l'assentiment de personne. C'est
votre loi qui leur a donné la permission de faire cela.
M. Claveau: Ils étaient en train... M. Ciaccia:
Est-il sourd?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Claveau: Le 8 juin, ils étaient déjà en
train de remettre en service la centrale qui avait été
désaffectée...
M. Ciaccia: Vous avez donné le droit, par votre loi, en
1984...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: ...et avec l'assentiment du ministre. Le ministre
nous dira sûrement que c'est la faute du Parti québécois si
le 8 juin 1988, toujours devant l'Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie, les représentants d'Hydroméga
disent que le projet de Mont-Laurier s'inscrit plus directement dans ce qui
devrait être la prochaine politique du gouvernement du Québec de
remettre en fonction des centrales déjà en place. Le ministre
nous disait: On n'a consulté personne, ils n'étaient pas au
courant de notre projet de loi...
M. Ciaccia: Sur la loi, on n'a consulté personne, on a
fait des consultations sur la politique.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: ...alors que la politique énergétique a
été rendue publique, que les membres de l'Assemblée
nationale en ont pris connaissance seulement à partir du 13 ou 14
septembre. Le 13 septembre elle était rendue publique, le 14 septembre
au matin on pouvait commencer à voir
ce qu'il y avait là-dedans. Déjà, le 8 juin, il y a
un investisseur qui, lui, connaissait les intentions du ministre et qui avait
déjà dégagé des sommes importantes pour
aménager une centrale.
M. Lemire:...
La Présidente (Mm® Bélanger): En vertu de quel
article, M. le député de Saint-Maurice?
M. Claveau: Et cela, toujours devant l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie où
ifs nous faisaient part de ces faits-là.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau: On va plus loin. On continue: "C'est justement
l'intention du gouvernement du Québec de récupérer cette
énergie et d'en faire profiter l'économie
québécoise." Ils savaient déjà ce qu'il y allait
avoir dans la politique énergétique du ministre, plus de deux
mois avant qu'elle soit publiée et avant qu'on en ait pris connaissance
et avant que les syndicats puissent le savoir aussi. On dit encore plus loin:
"On comprend que par l'ampleur de sa structure et de ses ambitions
Hydro-Québec ne puisse pas, ou ne veuille pas, remettre elle-même
ces petites centrales en opération." C'est clair...
M. Ciaccia: Ce qu'il vient de lire, ils l'ont pris dans le plan
de développement d'Hydro-Québecde1987.
M. Claveau: ...qui a été approuvé par le
ministre qui est devant nous et non pas par un ministre de l'ancien
gouvernement.
M. Ciaccia: Le plan de développement de 1987 a
été approuvé. C'est le seul plan qui a été
approuvé dans le...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau: On avait déjà tous les facteurs de ce
qui devait être un des éléments les plus importants de la
politique énergétique, d'après M. Bernard
Descôteaux, qui l'écrivait dans Le Devoir le 14 septembre. Il
disait: "Voilà un des éléments les plus inédits de
la politique énergétique." Inédits pour les
journalistes...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...inédits pour les membres de
l'Assemblée nationale, mais non inédits pour l'entreprise
Hydroméga qui annonçait déjà le 8 juin les
intentions du ministre quant à la remise en service des petites
centrales. Il s'agit là d'une démarche qui est absolument
inacceptable, Mme la Présidente. C'est du "bafouage" de
l'Assemblée nationale, du "bafouage" de la prérogative des
députés de connaître les intentions du ministre quand il y
a une politique énergétique avant que les intervenants aient
déjà commencé à aller se chercher de l'argent sur
le marché financier pour financer des investissements. On ne finance pas
des investissements semblables sans savoir où on s'en va. Quand le
ministre nous dit...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...qu'il ne les a jamais consultés...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
d'Ungava, votre temps est terminé.
M. Ciaccia: ...pas consulté.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, est-ce que
vous avez des commentaires à faire?
M. Ctaccîa: Non, Mme la Présidente. Je n'ai pas de
commentaires parce que le député d'Ungava...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, nous allons
mettre...
M. Claveau: ...mon intervention.
La Présidente (Mme Bélanger): ...la motion au vote. Est-ce
que la motion est adoptée?
M. Ciaccia: Vote nominal.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le secrétaire,
est-ce que vous voulez faire l'appel nominal?
Le Secrétaire: Oui. M. le ministre, pour ou contre?
M. Ciaccia: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: Mme la présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Contre.
Le Secrétaire: Donc, cinq contre, deux pour.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est
rejetée. Cinq contre, deux pour. M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Mme la Présidente, j'ai une nouvelle
motion.
M. Ciaccia:...
Motion proposant d'entendre
Hydro-Québec
M. Claveau: "II est proposé qu'en vertu de l'article 244
de nos règles de procédure la commission permanente de
l'économie et du travail tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 71, Loi modifiant la Loi sur le
régime des eaux, des consultations particulières quant à
tous les articles dudit projet de loi et qu'à cette fin elle entende
HydroQuébec." Le ministre ne pourra pas être contre le fait qu'on
entende Hydro-Québec devant cette commission. Je ne peux pas croire.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
commentaires à faire...
M. Ciaccia: Vous allez croire différemment.
La Présidente (Mme Bélanger): ...sur la
recevabilité?
M. Ciaccia: C'est recovabie.
La Présidente (Mme Bélanger): Votre motion est
recevable, M. le député d'Ungava. Vous avez la parole pour 30
minutes.
M. Claveau: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Christian Claveau
M. Claveau: Mme la Présidente, vous êtes à
même de constater comme nous que plus on avance dans les
préliminaires de l'étude de ce projet de loi, plus on se rend
compte qu'il est important de consulter d'autres personnes. Il est de plus en
plus important de ne pas prendre le ministre simplement sur parole sans mettre
en doute ses intentions ni ses intérêts par rapport à cette
nouvelle approche quant à la politique de production
d'électricité au Québec. Vous com- prendrez, Mme la
Présidente, qu'il y a des faits troublants dans les
procédés qu'il y a eu antérieurement. Ils sont d'autant
plus troublants que le principal impliqué dans l'histoire, Sa partie
prenante, c'est la société nationale québécoise qui
a fait le plus ses preuves et qui a été à la fine pointe
de notre technologie, qui a permis pendant des années qu'on
développe une expertise du génie québécois vraiment
impressionnante et qui a fait connaître le génie
québécois à travers le monde, et on parle de la
société d'État Hydro-Québec.
Mme la Présidente, le ministre a beau nous dire que ce qui! y a
actuellement sur la table était prévu au plan de
développement d'Hydro-Québec de 1987. En 1988, dans son pian de
développement, j'ai eu l'occasion de le citer déjà en
deuxième lecture sur le projet de loi en Chambre, Hydro-Québec
prévoyait qu'il y avait un potentiel aménageable sur les petites
rivières au Québec de l'ordre de 10 000 mégawatts et qu'il
serait intéressant de s'adjoindre l'entreprise privée pour
développer, pour intervenir dans ce potentiel. Je me permettrai,
à ce titre, pour le bénéfice des membres de la commission,
de citer textuellement un paragraphe en page 79 du plan de développement
qu'Hydro-Québec nous a déposé le printemps dernier, "Plan
de développement d'Hydro-Québec 1988-1990, Horizon 1997",
où elle disait au chapitre des petites rivières - je pense qu'il
est bon de lire le chapitre au complet pour bien comprendre ce
qu'Hydro-Québec nous disait à ce moment-là - il est dit:
"Plus de 400 petites rivières réparties sur le territoire du
Québec offrent un potentiel de l'ordre de 10 000 mégawatts." Ce
n'est pas des "peanuts". On aura beau essayer de nous faire croire qu'il s'agit
de deux ou trois mégawatts ici et là qui sont perdus dans le
décor, ce n'est pas des "peanuts". il y a 400 rivières avec un
potentiel aménageable de l'ordre de 10 000 mégawatts. "Chaque
rivière peut comporter plusieurs sites aménageables qui ont un
potentiel inférieur à 100 mégawatts; dans certains cas, le
site ne dépasse pas un ou deux mégawatts." De toute façon,
ce n'est pas un problème en soi un ou deux mégawatts; on peut
voir, dans la liste des 48 centrales qui appartiennent à des entreprises
autres qu'Hydro-Québec sur le territoire québécois, qu'il
y en a une qui est de dix kilowatts, alors c'est aménageable.
On dit: "Hydro-Québec étudie actuellement la
possibilité d'aménager certaines de ces rivières pour ses
réseaux non reliés. Leur production pourrait remplacer
avantageusement la production de sources thermiques." il s'agit
essentiellement, Mme la Présidente, dans ce paragraphe des
rivières de la Basse-Côte-Nord; entre autres, on sait
qu'Hydro-Québec travaille actuellement à un projet pour la
production d'électricité dans le secteur de
Lourdes-de-Blanc-Sablon pour refaire ou remplacer les centrales
déjà existantes qui produisent de l'électricité de
sources thermiques. On connaît aussi les dossiers d'entrepreneurs ou
d'investisseurs locaux qui seraient intéressés à le
faire à la place d'Hydro-Québec. On a aussi les informations
pertinentes à cet effet et on verra comment cela va se développer
au cours des prochains mois, mais là on commence déjà
à parler d'aménagements plus intéressants que ce dont il
avait été question jusqu'à maintenant par Hydroméga
qui parlait de 2,2 et 2,7 mégawatts dans les deux chantiers qui sont
actuellement prêts à produire ou en état
d'aménagement.
Je continue dans le texte d'Hydro-Québec, page 79 de son plan de
développement. Elle dit: "L'aménagement et l'exploitation de
petites centrales peuvent également être assurés par des
producteurs autonomes." On émet une hypothèse, il n'y a pas de
décision prise, contrairement à ce que le ministre vient de nous
dire tout à l'heure. Hydro-Québec n'a pas dit: On va donner cela
à de petites entreprises. Là, il y a une décision
politique qui doit se prendre un moment donné. Hydro-Québec,
qu'est-ce qu'elle fait dans son plan de développement? Elle émet
une hypothèse de travail. Elle dit: "L'aménagement et
l'exploitation de petites centrales peuvent également être
assurés par des producteurs autonomes. À cet égard,
l'entreprise a approuvé en 1987 une politique d'achat
d'électricité produite par des centrales hydroélectriques
ayant une capacité de production égaie ou inférieure
à 25 mégawatts ou par toute autre installation de production
d'électricité utilisant une autre source que l'eau." Il y a des
hypothèses sur différentes possibilités de produire de
l'électricité. On espère qu'on ne parle pas de
nucléaire au moment où on dit cela. L'avenir nous le dira, mais
il y a déjà un projet là-dessus qui ne semble pas
être réglé du tout, en ce qui concerne, entre autres,
Sherbrooke; c'est sûr que ce n'est pas pour vendre à
Hydro-Québec. Un chauffe-eau nucléaire, cela reste une
activité nucléaire qui nous préoccupe passablement. Il
faudra que le ministre se prononce formellement là-dessus un jour.
Je continue à lire le texte, on dit: "La politique prévoit
que le prix d'achat de l'électricité sera équivalent aux
coûts de production, de transport et de distribution
économisés par Hydro-Québec pendant la durée du
contrat." Donc, il s'agit là d'une intention d'Hydro-Québec.
Hydro-Québec dit, et à la limite c'est probablement
compréhensible dans sa démarche, elle dit: On s'est donné
une politique. En date du 18 février 1987, effectivement, sous la
gouverne du vice-président exécutif, Hydro-Québec se
donnait une politique d'achat d'électricité produite par des
petits producteurs, une politique qui aurait très bien pu rester lettre
morte, car peu était énoncé dans son plan de
développement: "L'aménagement et l'exploitation de petites
centrales peuvent également être assurés par des
producteurs autonomes." À ce moment, dans la mesure où le
gouvernement dit: Non, Hydro-Québec, vous ne pourrez pas donner cela
à des producteurs autonomes, à ce moment la politique qu'on s'est
votée, qui s'appelle politique corporative, si on prend les x dans les
cases représentant ce qu'Hydro-Québec voulait bien dire par sa
politique, c'est une politique corporative... Dans la mesure où il n'y a
pas de volonté politique que cela se fasse, Hydro-Québec doit
dire: Non. On sait comment cela se passe dans les plans de
développement. Le ministre de l'Énergie et des Ressources a
même déjà essayé de prouver qu'Hydro-Québec
pouvait vendre de l'énergie excédentaire alors qu'il n'y a plus
d'énergie excédentaire au Québec. Il voulait qu'on
reconduise des programmes de vente d'énergie excédentaire. Vous
voyez jusqu'où cela peut aller parfois des raisonnements. (22 h 45)
Alors le ministre essaie de me dire, parce qu'il est pris avec une
patate chaude et qu'il ne sait pas où aller avec cela, il essaie de
dire: C'est la faute de l'Opposition, c'est vous autres qui avez
autorisé des affaires. On est habitués à cela, Mme la
Présidente, on a commencé à se faire une couenne
là-dessus, il n'est pas le seul à faire ça. Tous les
ministres de son gouvernement font ça depuis trois ans. C'est toujours
la faute de l'Opposition. Mais il y a une chose qu'on trouve quand même
assez cocasse. C'est que quand il y a une opération qui est le
moindrement rentable, même si elle a été entreprise avant
1985, ce n'est pas la faute de l'Opposition, c'est la faute du gouvernement. On
s'en reparlera lorsqu'on parlera du projet Soligaz, par exemple, qui n'est pas
un projet qui a été lancé par l'actuel gouvernement et,
s'il devient une réalité, c'est parce que c'est un projet qui a
été lancé en 1984 par l'ancien gouvernement. Alors, on
verra si le ministre aura toujours la prétention de dire que c'est la
faute de l'ancien gouvernement si Soligaz est une réussite. On
verra.
Toujours est-il que quand ça va mal, quand on ne sait comment
faire pour patiner et quand on a utilisé tous les arguments possibles
pour essayer de se défendre honorablement, ce gouvernement et le
ministre de l'Énergie et des Ressources, qui ne fait pas exception, se
reculent derrière ceci: C'est la faute de l'ancien gouvernement. C'est
la litanie qui recommence tous les jours. On commence à être
habitué à ça. Il y a des gens au Québec qui
commencent à comprendre que ce serait le temps, après trois ans,
qu'on essaie de voir que ça pourrait peut-être être la faute
de l'actuel gouvernement.
Toujours est-il...
M. Hétu: ...64 %...
M. Claveau: Est-ce que quelqu'un d'autre a demandé la
parole, Mme la Présidente?
M. Hétu: 64 %.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau: Alors, Hydro-Québec émettait,
effectivement, une possibilité, faisait part d'un peut-être dans
son plan de développement qui avait été approuvé
par le ministre. Le ministre semble nous dire aujourd'hui: Ah! Je ne pouvais
pas faire autrement; Hydro-Québec l'avait décidé.
Hydro-Québec n'a jamais dit que ces petites centrales devaient
nécessairement être exploitées, que ces petits potentiels
devaient nécessairement être exploités par d'autres
qu'elle-même. Elle émettait une hypothèse qui ne pouvait se
concrétiser que par l'affirmation d'une volonté politique d'aller
de l'avant. Preuve en est qu'on est obligé d'adopter un projet de Soi
pour modifier la Loi sur le régime des eaux pour permettre que ça
puisse aller de l'avant.
Que je sache, ce n'est pas Hydro-Québec qui doit décider
qui et comment on doit déposer les projets de loi en cette Chambre,
comment on doit en discuter et quelle est la teneur des projets de loi.
Hydro-Québec a peut-être un mot à dire, à
l'occasion, là-dedans, car c'est quelque chose qui la concerne, mais,
quand etie a quelque chose sur un projet de loi, elle devrait le dire en public
et non pas le dire en catimini lors de rencontres ou d'appels
téléphoniques avec le ministre qui échappent à tout
autre regard ou à tout témoin.
Ce que nous exigeons de la part de cette commission, c'est que, si
Hydro-Québec a vraiment pris des orientations dans ce sens, elle vienne
nous l'expliquer. Hydro-Québec est la première personne morale
intéressée par un tel projet de loi. Ce ne sont pas les
Québécois qui ont demandé que ça se fasse. Je n'ai
jamais vu de Québécois qui ont manifesté ici en avant et
je n'ai jamais vu de pressions dans aucune des régions. Pourtant, je
représente un comté qui produit près de 30 % ou 35 % de
l'électricité que l'on consomme au Québec, qui est
produite sur l'ensemble du territoire québécois. il n'y a jamais
personne dans mon coin qui m'a dit: Écoute donc, ce serait probablement
intéressant si Hydro-Québec pouvait changer ses politiques et si
le gouvernement pouvait permettre à Hydro-Québec de louer du
potentiel sur des petites rivières pour qu'on produise autrement. Non.
Il y a eu une pression faite dans ce dossier, c'est bien évident. Cela a
été de la part de personnes directement intéressées
à s'impliquer là-dedans, des gens qui connaissaient très
bien la structure d'Hydro-Québec, qui savaient très bien comment
ça marche à Hydro-Québec. Ils avaient
développé leur expertise à l'intérieur même
des cadres d'Hydro-Québec et ils ont dit: Nous autres, il y aurait
peut-être une piastre à faire avec ça.
Comme le disait mon collègue, le député de Dubuc,
tout à l'heure, une entreprise privée, d'habitude, ça
n'investit pas pour couler de l'argent. Quand on commence à investir,
quand on regarde pour ouvrir de nouveaux marchés, c'est sûr que ce
n'est peut-être pas nécessairement rentable à
première vue, mais il y a des perspectives de faire de l'argent au bout
de ça. Je ne comprends pas comment une compagnie comme Hydroméga
pourrait se trouver de l'argent pour se faire financer 14 000 000 $ pour
réaliser des projets sans qu'il y ait des perspectives de rendement en
bout de piste.
D'ailleurs, juste pour se convaincre de ça, on pourrait faire
référence à un article du journal Le Soleil du 20
septembre 1988. À moins qu'il y en ait d'autres en plus de l'Opposition
qui n'aient rien compris, mais dans cet article on dit bien que les gens
d'Hydroméga déclarent que Développement Hydroméga,
dont le sigle graphique est HMD, selon la raison sociale anglaise...
Très intéressant, d'ailleurs. On a pensé qu'on
était mieux de produire de l'électricité en anglais, alors
que, tout dernièrement, il! n'y a pas plus de quelques mois, un
représentant de l'énergie au Nouveau-Brunswick me disait que
'électricité, dans l'est de l'Amérique du Nord,
c'est francophone. Hydroméga, en tant que compagnie
québécoise, a cru bon s'identier avec un sigle anglophone, HMD.
Encore là, cela peut nous laisser croire à certaines failles dans
une loi qui est bien connue et dont on va avoir à discuter
prochainement. Cela nous donnera peut-être encore une autre occasion,
à ce moment-là, de parier d'Hydroméga, qui est en voie de
devenir plus connue qu'Hydro-Québec sur la scène
québécoise. Alors, on disait donc que Développement
Hydroméga, HMD selon sa raison sociale anglaise, devrait à ce
prix obtenir un rendement annuel de 18 % à 20 % sur le capital investi,
en tout 14 000 000 $. Ce n'est pas moi qui le dit, on retrouve cela dans Le
Soleil du mardi 20 septembre 1988. C'est un article de la Presse canadienne. Si
le ministre nous dit qu'on n'a pas à croire cela, il faudra qu'il donne
des informations complémentaires au journaliste qui est responsable de
cela. Je ne crois pas qu'il ait pris ses informations en l'air.
Comme je le disais, si le ministre avait pu écouter attentivement
l'ensemble de mon intervention, il aurait compris qu'il n'y a aucune compagnie
qui va aller investir 14 000 000 $ juste pour le plaisir de couler de l'argent.
Je sais qu'un homme comme l'adjoint parlementaire du ministre de
l'Énergie et des Ressources, qui a lui-même oeuvré
plusieurs années dans l'entreprise privée, doit savoir que
lorsqu'on investit c'est toujours dans la perspective d'avoir un minimum de
rendement et que pas une banque ne va vous avancer quelques millions juste pour
le plaisir de vous faire sourire ou juste pour vos beaux yeux. C'est parce
qu'il y a du rendement anticipé en bout de piste. Alors, c'est clair,
c'est très clair qu'on essaie de noyer le poisson. C'est très
clair aussi, quand on se réfère encore une fois à ce que
disait Hydro-Québec en page 79 de son plan de développement
1988-1990, qu'il s'agit d'une intention, mais d'une intention que la coinpagnie
ne pourra mettre de l'avant que dans la mesure où il y aura une
volonté politique que ceia se réalise. Cette volonté
politique ne devra
pas s'exprimer par l'ancien gouvernement, elle doit s'exprimer par le
gouvernement actuel qui va s'être branché là-dessus, qui va
avoir fait son lit par rapport à ce genre de possibilité et qui
devra, pour que cela puisse se réaliser normalement, nous
présenter un projet de loi pour modifier la Loi sur le régime des
eaux. Dans la loi actuelle, il ne peut pas le faire. On ne peut pas le faire
d'une façon qui ne répondrait qu'à ses propres
critères ou à sa propre réglementation.
M. Ciaccia: Vous l'avez fait en 1984.
M. Claveau: II devrait repasser devant l'Assemblée
nationale chaque fois qu'il y aurait une possibilité ou une
dérogation possible pour des raisons très précises alors
que, au moment où on se parle, si on adopte ce projet de loi, c'est bien
de valeur, mais il n'y aura pas de dérogation précise, il n'y
aura pas de raison. Tout ce qu'il va y avoir, ce sont des gens qui vont vouloir
produire de l'électricité avec des petites centrales qui auraient
très bien pu être exploitées par Hydro-Québec, soit
dit en passant. Hydro-Québec en exploite déjà de ces
petites centrales. Elle pourrait, elle a l'expertise pour le faire. Elle en
exploite de ces petites centrales. Si jamais Hydro-Québec n'était
pas à la fine pointe de la technologie par rapport à ces
centrales, comment se fait-il qu'une entreprise débutante, une
néophyte dans le domaine comme Hydroméga serait capable de
développer une telle expertise et une telle technologie, alors qu'une
entreprise senior, une entreprise de compétence internationale, une
entreprise dont l'expertise est reconnue partout dans le monde, une entreprise
qui prête ses services sur tous les continents pour développer des
centrales hydroélectriques ne serait pas capable, elle, dans le cadre de
ses activités normales, de développer des petites centrales, de
les gérer, de développer des technologies propices pour des
petites centrales? Allez donc! On n'est quand même pas des enfants
d'école. Il ne faut pas nous faire croire des énormités
semblables.
Si une compagnie junior, néophyte dans le domaine de la
production hydroélectrique comme Hydroméga est capable d'en
arriver là, comment allez-vous nous faire croire qu'Hydro-Québec
ne pourrait pas le développer? Si des banques, des institutions
financières font suffisamment confiance à Hydroméga pour
lui avancer les millions pour développer des petites centrales comme
cela, comment allez-vous nous faire croire qu'une compagnie senior
implantée et reconnue par tout le monde pour ses compétences dans
le domaine de la production hydroélectrique ne pourrait pas le faire et
ne trouverait pas quelques millions ici et là dans ses coffres, dans ses
excédents, dans ses surplus qui vont se chiffrer dans les 700 000 $? Je
ne connais pas l'exercice 1988-1989, mais comment allez-vous nous faire croire
qu'une compagnie semblable ne serait pas capable de développer cette
technologie-là et de la rendre elle-même rentable alors qu'on nous
dit que les banques et les institutions financières font confiance
à une junior néophyte dans le domaine et lui donnent
déjà la capacité de dégager des surplus et de
rendre une entreprise semblable très rentable?
Il me semble que si j'étais à Hydro-Québec les
oreilles me dresseraient sûrement en entendant des affirmations comme
celle que HMD faisait le 8 juin 1988, toujours, devant l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie, à
savoir: On comprend très bien - on se fait paternaliste - par l'ampleur
de sa structure et de ses ambitions... Évidemment, politiquement, c'est
bien plus rentable de vouloir nous annoncer des Baie James à toutes les
campagnes électorales que de nous parler de la construction de petites
centrales tout près de nos milieux, c'est bien évident.
Même si, pour 90 % de la population du Québec, construire une Baie
James, c'est à peu près aussi vague que d'aller construire des
barrages en Chine, il reste que, électoralement parlant, par l'ampleur
de ses ambitions - on aurait dû dire "par l'ampleur des ambitions du
premier ministre actuel", d'ailleurs, ça aurait probablement
été plus vrai - Hydro-Québec ne peut pas se restreindre
à de vulgaires petites interventions dans le milieu qui, par ailleurs,
sont très rentables pour des néophytes qui ne connaissent
soi-disant rien dans le domaine. Que je sache, Hydroméga n'a pas une
expertise très longue, à moins qu'on me dise que les travailleurs
et les propriétaires d'Hydroméga sont des cadres, d'anciens
travailleurs d'Hydro-Québec qui ont développé, à
l'intérieur même de la société d'État, une
expertise vraiment coriace et qu'ils sont prêts à faire face
à la marée pour entreprendre de tels investissements. À
moins de ça, Hydroméga ne devrait pas disposer d'une très
longue liste de réalisations dans le domaine hydroélectrique.
Cette même petite compagnie, Hydroméga, vient barber le
géant, David contre Goliath, en lui disant: On comprend, vous, les gros,
que, par l'ampleur de votre structure et de vos ambitions, vous ne puissiez
être intéressés par de telles vulgarités. On va
encore plus loin, on dit: On comprend qu'Hydro-Québec ne puisse pas ou
ne veuille pas. Déjà, le 8 juin 1988, alors que la politique
énergétique du gouvernement a été rendue publique
le 13 septembre de la même année, on savait ou on supposait
qu'Hydro-Québec ne voudrait pas: "ne veuille pas". On prête des
intentions à la société d'État, on lui dit: Vous,
les gros, Goliath le fort, l'invincible dans le domaine de
l'hydroélectricité, on comprend très bien que de vulgaires
petites centrales de quelques kilowatts ou d'un mégawatt et quelques
poussières, ça ne puisse pas vous intéresser, car le
premier ministre du Québec vous a donné une mission beaucoup plus
grandiose, vous devez développer la Baie James. Vous allez nous annoncer
prochainement une Baie
d'Hudson, par le biais du projet de la Grande Baleine, et pourquoi pas
une Baie d'Ungava, un de ces jours, aiors que l'actuel premier ministre du
Québec annoncera, faute d'autres moyens pour se vendre en campagne
électorale, la mise en chantier de centrales hydroélectriques sur
la rivière aux Feuilles ou la rivière Koksoak, pourquoi pas, tant
qu'à y être? Vous, les gros, vous connaissez ça, ne vous
occupez donc pas des vulgaires petites centrales tout près des gens,
faciles à construire, vous ne serez jamais capables de développer
une telle expertise. Voilà ce que David vient dire à Goliath le 8
juin 1988.
Le ministre continue toujours à prétendre que le petit
David n'était pas au courant des intentions du gouvernement, surtout
pas, on ne lui en avait pas parlé; il avait peut-être
déduit à travers les branches, à cause,
éventuellement, de contacts avec Hydro-Québec, une fuite de
documents, on ne sait pas - ça a fui dans les journaux, ça a pu
glisser aussi du côté d'Hydro-méga... Le ministre
prétend qu'il n'était pas au courant; par contre, les banques
étaient déjà prêtes à leur avancer des
millions pour aller de l'avant. Allez donc! Pour qui nous prenez-vous, M. le
ministre? Mme la Présidente - excusez, je ne devrais pas interpeller le
ministre directement - voulez-vous demander au ministre qu'il nous explique
pour qui il nous prend quand il essaie de nous faire avaler de telles
énormités? (23 heures)
Voyons donc, c'est plus que clair, c'est plus qu'évident. Je suis
même certain que l'adjoint parlementaire du ministre, qui se trouvait
présent au même colloque puisqu'il a lui-même fait son
intervention, s'est empressé d'applaudir à tout rompre devant une
telle intervention, devant une telle allocution du président
d'Hydroméga. Il devait être le premier à la table d'honneur
à se laisser aller les palettes pour applaudir, pour montrer que oui, il
était d'accord, il était tout à fait satisfait, lui, en
tant que représentant du gouvernement, que ce soit Hydroméga
junior dans le domaine de la production hydroélectrique qui vienne
annoncer avant le ministre ce qui allait paraître comme un des
éléments les plus importants dans la politique
énergétique qui devait être rendue publique juste trois
mois et cinq jours plus tard.
Déjà, on voit dans Le Devoir du 14 septembre, les
journalistes, il y en a qui comprennent quelque chose aussi
îà-dedans, j'ose croire, du moins je leur prête
généralement un bon jugement. Alors, le journaliste, M. Bernard
Descôteaux, disait: Voilà un des éléments les plus
inédits de la politique énergétique qu'a publiée
hier le gouvernement Bourassa. C'est bien clair, c'était le seul
élément inédit. Tout le reste, c'était un mauvais
plagiat de ce qui avait déjà été
énoncé en 1978 qu'il aurait pris en son compte en le
rétrécissant et en essayant de lui donner des connotations
politiques. C'est bien clair, c'était la seule chose inédite. En
1978, on n'avait jamais énoncé dans la politique
énergé- tique qu'on allait vendre des centrales
hydroélectriques, qu'on allait louer nos rivières pour que ce
soient d'autres qui produisent.
On essaie de nous faire croire à travers tout cela qu'ils
n'étaient pas au courant. On va peut-être aussi essayer de nous
faire accroire, évidemment, qu'Hydro-Québec n'était pas au
courant, qu'Hydro-Québec n'avait jamais discuté avec
Hydroméga et que c'est de sa propre initiative, de son propre
entendement, de par une inspiration spirituelle qu'Hydroméga pouvait se
permettre d'annoncer, devant tous les participants à ce colloque du 8
juin 1988 de l'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie, que cette société qu'est Hydro-Québec,
de par l'ampleur de ses structures et de ses ambitions, ne puisse pas ou ne
veuille pas remettre elle-même ses petites centrales en opération.
C'est probablement parce qu'il ne l'avait jamais discuté avec
Hydro-Québec non plus. On ne le savait pas à Hydro-Québec,
on avait probablement déduit cela de la seule petite phrase que l'on
retrouve dans le plan de développement de 1988 qui dit:
L'aménagement et l'exploitation de petites centrales peuvent
également être assurés par des producteurs autonomes.
Je n'ai jamais vu nulle part dans les documents d'Hydro-Québec
qu'elle prétend ne pas vouloir mettre en opération ces petites
centrales. Hydro-Québec reconnaît par contre qu'il y a 400 petites
rivières qui peuvent être aménageables pour un potentiel
total de l'ordre de 10 000 mégawatts, que chacune de ces rivières
peut recevoir plusieurs sites aménageables, qui ont un potentiel
inférieur à 100 mégawatts. Dans certains cas, le site ne
dépasse pas un ou deux mégawatts. Hydro-Québec avait
reconnu tout cela. C'est clair. Techniquement parlant, HydroQuébec a
fait son travail, elle a dit: Effectivement, M. le ministre, il y a des
possibilités de développer des centrales. Effectivement, M. le
ministre, si vous voulez qu'on le mette dans notre plan de
développement, c'est vrai que cela pourrait être
développé par l'entreprise privée au lieu d'être
fait par nous-mêmes. Mais je ne suis pas certain qu'en écrivant
cela la main du scripte d'Hydro-Québec ne lui tremblait pas un peu, en
s'imaginant que de petits entrepreneurs juniors sans expérience, sans
passé dans la production hydroélectrique, seraient plus en mesure
de développer une nouvelle technologie pour l'utilisation de ces petites
réserves ou de ce petit potentiel hydroélectrique sur certaines
rivières, alors qu'on leur dit à eux: Non, messieurs, vous avez
une mission beaucoup plus grandiose. Vous êtes là pour faire les
campagnes électorales du premier ministre. Comment voulez-vous que le
premier ministre assoie sa campagne électorale sur cinq centrales de
trois mégawatts? Ce va regarder mal, les gars. Oubliez cela, donnez cela
à des entreprises privées qui sauront bien se financer et en
tirer profit et vous d'Hydro-Québec, gardez-vous pour les ambitions
grandioses du premier ministre actuel. Gardez-
vous pour aller aménager tout le Grand-Nord. Développez-en
des potentiels d'Hydro-Québec.
On n'est pas contre les grosses installations, c'est clair, mais il y a
une chose qu'il faut comprendre, et le ministre est bien placé pour le
savoir au moment où on se parle, c'est que les grosses installations
dans le nord, plus on va loin, plus on augmente le facteur de risque sur le
réseau de transport. Le jour où on aura fini le secteur de la
Baie James, où l'on devra se rendre encore à quelque 200
kilomètres plus au nord pour aller aménager la rivière de
la Grande Baleine, les centrales GB 1 et GB 2, et le jour où on essaiera
aussi de mettre en service ou d'utiliser le potentiel hydroélectrique de
la rivière aux Feuilles, de la Koksoak, qui a un potentiel global de
l'ordre de 7000 mégawatts... Pourquoi pas? Vous allez peut-être
rire de moi aujourd'hui. Il y a aussi beaucoup de gens qui riaient de Maurice
Duplessis quand il pariait, dans les années trente, de sa route vers la
baie d'Hudson, n'est-ce pas? Mais aujourd'hui, on s'en va vers la route de la
baie d'Hudson, avec l'aménagement de la rivière de la Grande
Baleine. On peut peut-être rire de nous aujourd'hui, quand on dit: Oui,
il y a un potentiel à aller aménager là-bas, mais, quand
vous êtes rendu à la rivière de la Grande Baleine, vous
n'êtes pas si loin que cela, vous êtes pas mal plus près de
la rivière Koksoak qui est finalement le résultat de la
rivière Kaniapiskau et de la rivière aux Feuilles, que vous ne
l'êtes de Montréal; alors, ce n'est pas dur d'aller plus loin.
C'est comme cela qu'on va de l'avant et qu'Hydro-Québec va remplir sa
mission grandiose, certes! Mais plus on s'éloigne, plus on augmente les
facteurs de risque dans le transport et plus on risque de mettre en
péril l'approvisionnement hydroélectrique des
Québécois alors qu'on pourrait se rapprocher de la charge et
développer, finalement, tout près des utilisateurs pour
près de 5000 mégawatts de petites centrales qui, certes,
demandent une certaine réflexion, cela va demander aux ingénieurs
d'Hydro-Québec, à la direction d'Hydro-Québec, de se
creuser un peu les méninges pour essayer de trouver de nouvelles
alternatives. Mais ce ne sera pas plus compliqué que d'aller construire
des centrales sur le rivière de la Grande Baleine, ce n'est pas vrai.
À ce moment-là, ces 5000 mégawatts, l'équivalent de
la production de LG 2 ou l'équivalent de la production de Churchill, qui
pourrait être tout près des lieux de consommation, on diminue le
facteur de risque; on diminue aussi les coûts du transport et les
coûts d'entretien du réseau de transport. Il y aurait là
avantage à en parler; il y aurait avantage à inciter
Hydro-Québec elle-même à développer cette
technologie et à aller chercher le maximum de ces quelques milliers de
mégawatts qui traînent encore dans le décor. Mais, certes,
cela ne fait pas très sérieux en campagne électorale.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Alors, il faut qu'Hydro-Québec vienne
s'expliquer, Mme la Présidente.
M. Ciaccia: Merci de vos explications; c'était très
clair.
La Présidente (Mme Bélanger): Y a-t-il d'autres
intervenants sur cette motion? M. le ministre. M. le député de
Dubuc, vous avez dix minutes.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Merci, Mme la Présidente. Au fur et à
mesure que le débat avance, on se rend compte qu'il est de plus en plus
important, je pense, de pouvoir obtenir des éclaircissements qui ne nous
viennent pas malheureusement du ministre lui-même. Nous sommes pourtant
à l'étude d'un projet de loi gouvernemental. Face à une
possible, sinon probable, modification fondamentale à la politique
traditionnelle des gouvernements du Québec en ce qui concerne le
développement de l'hydroélectricité, Mme la
Présidente, on essaie, en tant que députés responsables en
cette enceinte, de pouvoir obtenir des... Aïe! Aïe! S'il vous
plaît, vous-même.
Une voix: Cela veut dire: S'il vous plaît, mon oeil!
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Dubuc, vous avez la
parole.
M. Desbiens: Merci, Mme la Présidente, de faire respecter
notre droit de parole. J'estime que le député de La Peltrie,
comme celui de Saguenay, s'ils ont des choses à exprimer, ils auront
aussi chacun leur droit de parole garanti en cette Chambre et je peux leur
affirmer que je les écouterai religieusement.
J'étais, Mme la Présidente, à démontrer que
pour voter et étudier ce projet de loi du ministre d'une façon
éclairée, il était nécessaire que nous puissions
obtenir des informations. Les débats nous indiquent que, finalement, ce
projet de loi n'est peut-être pas aussi simple que le ministre nous l'a
dit lors de sa première intervention, ce soir. Les inquiétudes
que nous avons manifestées quant à ce revirement de politique
nous incitent à tenter d'obtenir de la part du ministre, du gouvernement
et du parti ministériel, de faire venir ici, en commission, et
d'interroger divers organismes qui nous apparaissaient, quant à nous...
Peut-être que le ministre en a d'autres qu'il pourrait suggérer
lui-même, il pourrait faire une motion et être sûr que nous
apporterions notre collaboration avec plaisir. Ce sont
des organismes importants pour l'étude du dossier en question.
C'était, si vous vous souvenez, la position des employés
d'Hydro-Québec, celle de l'Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie. C'est maintenant, puisqu'on a
échoué dans notre tentative d'obtenir du gouvernement qu'il
reçoive ces deux organismes, que les députés puissent au
moins questionner cette mégacompagnie qui appartient à l'ensemble
de la population du Québec, c'est-à-dire Hydro-Québec.
S'il y en a une d'impliquée, évidemment, c'est elle.
Pourquoi entendre Hydro-Québec? Cela m'apparaît
évident, mais j'aimerais quand même souligner quelques arguments.
Hydro-Québec elle-même a déjà adopté une
politique corporative identique à ce que veut faire le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Le ministre n'a pas de craintes de voir ses
projets contrecarrés par les représentants d'Hydro-Québec
venant ici apporter leur éclairage aux députés en
commission. On aimerait sûrement, et ce serait très important pour
nous et pour l'ensemble de la population, qu'Hydro-Québec puisse se
rendre ici même et nous expliquer les avantages qu'une telle politique
pourrait avoir pour l'avenir hydroélectrique, l'avenir de
l'énergie électrique au Québec. Par quelle argumentation?
Sur quoi se fondent ses prétentions à l'effet de confier à
l'avenir à des entreprises privées la construction de centrales
hydroélectriques? Peut-être pourrait-elle nous faire savoir aussi
qu'il y a une argumentation valable pour dépasser la grosseur des
centrales prévues, qui est égale ou inférieure à 25
mégawatts dans le projet de loi?
Il serait important aussi qu'Hydro-Québec, comme responsable du
développement hydroélectrique, nous fasse connaître son
point de vue. C'est elle qui doit acheter la production des nouvelles
compagnies qui se formeront et construiront des centrales
hydroélectriques. Ce serait donc important de connaître son
opinion là-dessus et de savoir comment elle peut acheter de ces
entreprises privées l'hydroélectricité ainsi produite, et
à quel prix. Quels sont les bénéfices qu'elle entend tirer
de l'achat de cette électricité produite par des entreprises
privées au profit du peuple québécois? Quels avantages y
aurait-il pour la population du Québec dans cette nouvelle formule que
veut nous passer en catimini le ministre de l'Énergie et des Ressources?
Est-ce que cela pourrait être profitable pour la population du
Québec? Ce sont des raisons qui motivent largement cette motion de mon
collègue, le député d'Ungava, lorsqu'il demande
qu'Hydro-Québec soit un des intervenants qui se rendent en commission
pour faire entendre son point de vue. (23 h 15)
Elle pourrait très bien aussi venir donner un coup de main au
ministre pour confirmer ses affirmations. Les avis d'Hydro-Québec sont
importants, fouillés, crédibles, dans une certaine mesure en tout
cas. Alors, elle pourrait venir, donc, confirmer les affirmations du ministre
disant qu'une telle politique, par exemple, pourrait servir, on le sait, entre
autres à améliorer, j'imagine, la fiabilité de son
réseau hydroélectrique au Québec. Il en est beaucoup
question par les temps qui courent. C'est une des priorités qui devrait
sans doute être celle d'Hydro-Québec et du ministre. Alors, est-ce
que cette nouvelle politique qu'il veut nous amener ici en commençant
par 25 mégawatts va servir à autre chose qu'à vendre de
l'électricité à l'extérieur, à exporter de
l'électricité ou si cela peut servir, finalement, à
assurer ou à améliorer la fiabilité du réseau
d'Hydro-Québec?
C'est un genre d'argument, donc, qu'on aimerait entendre et c'est
pourquoi on propose aussi au ministre et à nos collègues
députés de la commission d'adopter la motion de mon
collègue, le député d'Ungava. Aussi, c'est parce que cela
m'apparaît assez énorme qu'Hydro-Québec vienne nous dire
pourquoi elle n'est pas intéressée à aménager de
petits sites hydroélectriques, pourquoi elle n'est pas capable,
semble-t-il, selon... Cela, c'est un avancé de la FTQ, mais vous n'avez
pas voulu les recevoir. Mais il reste quand même que ce serait
intéressant de pouvoir demander à Hydro-Québec si vraiment
elle n'est pas en mesure de développer un secteur qui permettrait
d'aménager ces petits sites hydroélectriques.
Mme la Présidente, pour toutes ces raisons je pense qu'il est
important que la commission vote en faveur de la motion de mon collègue
pour recevoir Hydro-Québec ici. Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Dubuc.
M. Cannon: Mme la Présidente, je demande le vote, s'il
vous plaît, un appel nominal.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire.
Le Secrétaire: Oui. M. le ministre?
M. Ciaccia: Contre.
Le Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Secrétaire: M. Larouche (Anjou)?
M. Larouche: Contre.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Contre.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: 7 contre, un pour, une abstention.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est donc
rejetée.
M. Maltais: Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Saguenay.
Motion proposant d'entreprendre immédiatement
l'étude détaillée
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: J'aimerais, à ce moment-ci, faire
moi-même une motion. J'espère que l'Opposition ne m'en tiendra pas
rancune étant donné qu'on lui a donné toutes les chances.
Ma motion, Mme la Présidente, se lirait comme suit: "Que la commission
passe immédiatement à l'étude détaillée de
l'article 1 et des articles suivants du projet de loi 71." Je dépose ma
motion et, pour l'argumentation dont j'aimerais appuyer un peu ma motion, je me
réfère à la jurisprudence des présidents
antérieurs, particulièrement une décision rendue le 11
juin 1986 par M. Robert Thérien et également une décision
rendue le 5 décembre 1984 par M. Luc Tremblay, l'ancien
député de Chambly, que notre collègue de Dubuc se rappelle
très bien. Cette motion ne vise pas, remarquez-le bien, Mme la
Présidente, à clore le débat. Étant donné
que l'Opposition nous a fourni un éclairage tellement suffisant et
abondant, nous nous sentons en pleine forme pour attaquer maintenant
l'étude article par article de ce projet de loi que les
Québécois, et particulièrement dans le sens même de
la loi, attendent, et la population nous sera reconnaissante de nous mettre
à l'ouvrage immédiatement. Voilà, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Oui, Mme la Présidente, je comprends que
notre collègue, le député de Saguenay, soit
empressé de commencer l'étude du projet de loi article par
article. Cependant, sur la recevabilité, Mme Sa Présidente,
j'aimerais vous entendre statuer parce que, pour en référer comme
il l'a fait, je pensais qu'il se référerait à une
proposition semblabie qui a été faite en cette même
commission hier et qui de mémoire - mais, là, il faudrait que je
demande peut-être au secrétaire de vérifier - avait
été rejetée.
Une voix:...
M. Desbiens: Hier soir. J'aimerais que vous...
La Présidente (Mme Bélanger): Effectivement, la
motion est recevable. Comme le disait le député de Saguenay, la
motion ne vise pas à clore le débat, mais à changer
d'étape dans le débat, d'après une déclaration du
ministre après la première motion, où il a
déclaré qu'il n'était pas intéressé à
recevoir des groupes ici. Les consultations qui ont dû avoir lieu ont eu
lieu. Vous aurez tout le loisir, en débattant le projet de loi article
par article, d'apporter les argumentations nécessaires pour convaincre
la ministre d'apporter des amendements, si nécessaire, et la motion est
recevable. Il appartient aux membres qui s'opposent à cette motion de
convaincre leurs collègues qu'il n'est pas opportun de l'adopter. Il y a
un débat sur la motion de M. le député de Saguenay.
M. le député de Saguenay, vous avez 30 minutes.
M. Maltais: Nous sommes très polis de ce
côté-là. Je vais immédiatement passer au droit de
parole de mon collègue de Dubuc qui a dix minutes pour...
La Présidente (Mme Bélanger): II a 30 minutes.
M. Maltais: Alors, on lui donne 30 minutes. On prendra notre
temps après.
La Présidente (Mme Bélanger): Avec la motion, il a
30 minutes. L'Opposition a 30 minutes. Un représentant chaque
côté. S'il y a plus d'intervenants, c'est dix minutes pour les
autres intervenants.
M. Maltais: Je prendrai la réplique.
M. Desbiens: Mme la Présidente, une question de directive.
Quand on a fait une motion, mon collègue d'Ungava ou moi, on avait 30
minutes. Ce que vous dites, c'est que chacun des membres du parti
ministériel aurait pu également...
La Présidente (Mme Bélanger): Prendre dix minutes
chacun.
M. Desbiens: ...prendre 30 minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. Il y a un
membre du côté de l'Opposition, le proposeur, qui a 30 minutes. Un
député ministériel a 30 minutes. Ensuite, c'est dix
minutes pour chaque intervenant. Tous les autres intervenants ont dix minutes.
Le proposeur a 30 minutes, s'il veut les prendre. Celui qui
réplique a 30 minutes, s'il veut les prendre. Un seulement de chaque
côté. Par la suite, les autres intervenants ont dix minutes
chacun. Dans le moment, vous avez trente minutes pour essayer de convaincre les
ministériels.
M. Desbiens: Est-ce qu'on peut avoir une copie de la motion?
La Présidente (Mme
Bélanger): Oui. Si vous
voulez me la remettre, nous n'avons pas de copie. Une fois que vous l'aurez
lue, nous allons faire une copie.
M. Cannon: Juste une question de règlement, Mme la
Présidente. Vous avez jugé cette motion recevable; alors...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, mais il a le
droit d'avoir la motion entre les mains.
M. Cannon: Je suis tout à fait d'accord avec ceia.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors?
M. Cannon: Sauf que vous lui avez cédé la parole
pendant 30 minutes et je pense que...
La Présidente (Mme Bélanger): II a demandé
la motion et je lui ai passé le texte.
M. Desbiens: Sur la question de directive, pas sur mon temps
de...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que c'est une
question de directive?
M. Desbiens: C'est ce que je demandais. Ce n'est pas sur mon
temps de 30 minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Les questions de
règlement ne sont pas sur votre temps. Vous m'avez demandé la
motion pour commencer à la débattre, je suppose?
M. Desbiens: Le processus normal est qu'on est supposé
recevoir une copie de chacune des motions présentées.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission suspend
ses travaux pour quelques secondes, le temps de prendre note de la motion.
(Suspension de la séance à 23 h 24)
(Reprise à 23 h 25)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Dubuc, vous avez la parole pour 30 minutes.
M. Desbiens: Mme la Présidente, est-ce que c'est
parti?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui. M. Hubert
Desbiens
M. Desbiens: Mme la Présidente, je pense que toutes les
interventions que nous avons faites depuis le début de l'étude en
commission du projet de loi 71 démontrent assez clairement la position
que le Parti québécois et les députés de ce
côté-ci entendent soutenir. Je pense que l'inquiétude qu'on
a manifestée se traduit de façon très évidente et
s'est implantée, à notre esprit, de façon de plus en plus
forte au fur et à mesure que le débat se développait. Le
ministre a refusé d'entendre trois organismes qu'on a proposés,
un organisme opposé à son projet de loi à sa politique, la
FTQ, la Fédération des travailleurs du Québec, on pourrait
dire un organisme à peu près neutre avec un penchant favorable
pour la position gouvernementale, l'Association québécoise pour
la maîtrise de l'énergie, et, finalement, je croyais, à
tout le moins, avoir pu convaincre le ministre qu'il aurait été
important de recevoir HydroQuébec.
On a entendu le ministre mentionner à une couple de reprises,
sans prendre son droit de parole, qu'il pourrait peut-être entendre les
policiers, les pompiers du Québec. Je croyais qu'il y avait une certaine
intention de sa part de céder à nos représentations, et ce
n'est pas la sorte de motion que l'Opposition pensait recevoir de la part des
ministériels. Je pense que, comme nous, ils sont également des
représentants de la population québécoise et, comme nous,
Hs ont le mandat et le devoir de s'assurer que les politiques et
particulièrement les projets de loi qui sont soumis par un ministre ou
un autre le soient au profit et à l'avantage de la population
québécoise.
Dans le cas présent, la motion de notre collègue, le
député de Saguenay, en ce sens que la commission passe
immédiatement à l'étude de l'article 1 et des articles
suivants du projet de loi, à toutes fins utiles, vient empêcher
l'Opposition de jouer pleinement le rôle qui lui est habituellement
dévolu lors de l'étude des projets de loi en commission
parlementaire. Si on a proposé d'entendre la FTQ, si on a proposé
d'entendre l'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie, si on a proposé d'entendre également
Hydro-Québec, vous vous imaginez bien qu'on avait aussi le désir
et la volonté d'apporter tout l'éclairage suffisant à la
population et aux députés qui la représentent ici en
cette
commission. On avait la volonté de demander... En tout cas, on
avait l'intention d'essayer de démontrer aux membres de cette commission
l'importance qu'il pourrait y avoir à recevoir d'autres groupes.
Je sais qu'un projet de loi qui veut ainsi modifier de façon
fondamentale la politique traditionnelle et le faire, comme l'ont dit certains,
par petits morceaux ou en catimini ne répond en aucune façon
à la volonté de la population du Québec. Il est essentiel
que ce changement de cap majeur puisse être discuté en toute
connaissance de l'argumentation qui peut militer en faveur d'une modification,
d'une privatisation du patrimoine québécois, patrimoine
accumulé depuis maintenant 26 ans, depuis que, en 1962, le gouvernement
libéral, avec M. Lesage et M. Lévesque, a tenu une
élection référendaire, ni plus ni moins, sur la
nationalisation de l'électricité, sur la volonté du peuple
québécois de s'assurer que cette richesse collective qui lui
appartient puisse être développée et administrée de
façon que les retombées en reviennent à l'ensemble de
cette même population et que cette même population
québécoise puisse profiter, elle, d'abord et avant tout, de ces
retombées.
Cela n'a jamais été l'intention du peuple
québécois de permettre... Le ministre l'a
répété ce soir, il a dit que le gouvernement du Parti
québécois avait lui-même, dans le cas de
Bellerive-Ka-N'Enda, voté un projet de loi qui permettait à cette
compagnie privée, comme il avait aussi à l'époque
voté un projet de loi pour Alcan, de profiter des possibilités
hydroélectriques de certains cours d'eau au Québec. Je dois, une
fois de plus, rappeler que ce sont des situations qui ont été
adoptées a la pièce: chaque fois que c'était
nécessaire, il y a un projet de loi qui a été
présenté à l'Assemblée nationale, qui a
été largement débattu, publiquement débattu par les
parlementaires, et qui a donc été connu de l'ensemble de la
population. Il y a également le fait que ces deux sociétés
avaient déjà des droits acquis, l'Alcan avait des droits acquis
qu'on lui avait assurés lors de la nationalisation de
l'électricité en 1962, de même que Bellerive-Ka-N'Enda. Ces
droits acquis ont été respectés par de nouvelles lois qui
ont été débattues ici même à
l'Assemblée nationale, de façon très publique.
On se souviendra qu'en 1984 le Parti libéral du Québec
avait voté contre le projet de loi qui portait sur l'octroi de
possibilités nouvelles de développement hydroélectrique
à Alcan et à Bellerive-Ka-N'Enda. Aujourd'hui, il veut faire
l'inverse et il voudrait le faire en catimini - je pense que c'est le meilleur
terme et c'est celui qui a été utilisé par M. Morrisseau,
de la FTQ - il ne veut pas que le public se rende compte que, finalement,
depuis qu'il est devenu ministre, depuis que son parti est au pouvoir, il veut
exercer une politique tout à fait contraire à celle contre
laquelle il votait en 1984.
Finalement, ce que M. Bourassa disait lors de son voyage dans l'Ouest,
à savoir qu'un politicien avant l'élection ne sait pas toujours,
ou à peu près, ce qu'il fera le lendemain de l'élection,
si on considère les événements et discussions qu'on a
à l'Assemblée nationale et en commission parlementaire depuis
quelques jours, cela s'avère finalement le fond de sa pensée;
c'est sa philosophie qu'il nous a livrée dans cette remarque dans
l'Ouest canadien.
Quand le député de Saguenay présente la motion pour
que la commission passe immédiatement à l'étude de
l'article 1 et des articles suivants du projet, sans doute que ce n'est pas
dans le but de cacher quoi que ce soit - je ne veux pas lui prêter de
motifs, le règlement l'interdit de toute façon - mais cela a
quand même le même effet, cela empêche, à toutes fins
utiles, l'Opposition de jouer le rôle que lui reconnaissent
généralement nos institutions, mais aussi la population, celui de
s'assurer que tout soit clair et de mettre en évidence les faiblesses ou
le "mal-fondé" - si je peux utiliser cette expression - d'un projet de
loi gouvernemental.
Vous savez que la population du Québec est très
inquiète actuellement - peut-être pas du projet de loi 71, parce
que le ministre et le gouvernement font tout leur possible pour que cela se
passe en douce, que cela se passe en catimini, encore une fois - elle est
très inquiète de la fiabilité du réseau
électrique québécois. Mon collègue et
député d'Ungava pourra en parier avec beaucoup plus d'assurance
et de connaissance du dossier, je le reconnais. il est devenu un
spécialiste très recherché dans le secteur. La population
est de plus en plus inquiète de la fiabilité du réseau. La
motion que le député de Saguenay nous apporte nous empêche,
Mme la Présidente, pas en théorie, mais à toutes fins
utiles, de présenter une motion qui nous permettrait de faire appel
à la majorité ministérielle et au ministre pour que les
ingénieurs d'Hydro-Québec puissent se présenter pour,
sinon éclairer davantage la population sur le réseau
d'Hydro-Québec, au moins faire valoir leur point de vue sur la valeur du
projet de loi et sur la possibilité, la nécessité aussi,
qu'Hydro-Québec se défasse d'une certaine partie de ses
responsabilités. Ils pourraient faire d'une pierre deux coups, Ils
pourraient en même temps nous éclairer sur la fiabilité du
réseau. Ils pourraient nous indiquer que grâce à ce projet
de loi, grâce à la privatisation... Si la motion du
député de Saguenay n'était pas venue contrecarrer le
travail de l'Opposition, les ingénieurs d'Hydro-Québec auraient
pu venir informer les membres de la commission et nous faire valoir comment le
projet de loi actuel pourrait permettre à HydroQuébec
d'améliorer la fiabilité de son réseau.
On avait aussi l'intention de faire une motion pour qu'un expert dans le
domaine également, M. Théodore Wildi, qui a étudié
la fiabilité du réseau, puisse venir éclairer les membres
de la commission et montrer comment le
projet de loi 71 permettrait à Hydro-Québec, par la
privatisation de petites centrales hydroélectriques, d'améliorer
la fiabilité du réseau québécois.
Évidemment, Mme la Présidente, on aurait une foule de motions qui
visent à faire intervenir des gens qui ont une connaissance approfondie,
qui sont des experts dans le domaine, qui auraient du apporter des
éclaircissements, qui auraient pu faire connaître les raisons ou
les motifs ou les arguments qui militeraient en faveur du projet de loi du
ministre, ou nous faire connaître la face opposée - parce qu'une
médaille a toujours deux faces - c'est-à-dire quels sont, comme
la FTQ le prétend, les arguments qui militent en faveur du rejet ou en
tout cas d'une modification importante au principe qui est énoncé
dans ce projet de loi. Malheureusement, on ne pourra pas en discuter plus
longuement maintenant à cause de la motion du député de
Saguenay, mais c'est un projet de loi qui risque fort de devenir selon la
volonté exprimée par ce gouvernement via le ministre
délégué aux Finances et à la Privatisation...
Celui-ci, semble-t-il, poursuit son travail; même s'il avait
annoncé que les privatisations étaient finies, il semble
poursuivre son travail assez efficacement et vouloir compléter le
travail qui a été entrepris par ce gouvernement qui consiste,
évidemment, à administrer, à gérer et à
laisser le plus possible à l'entreprise privée les actifs que le
peuple québécois, via ses gouvernements, avait accumulés
au cours des dernières années. C'est pourquoi, Mme la
Présidente, vous comprendrez qu'il est impossible pour nous d'accepter
la motion que le ministre, pas le ministre excusez, mais le
député de Saguenay - peut-être qu'il sera ministre à
un moment donné - l'adjoint parlementaire du ministre
délégué aux Forêts...
M. Cannon: Ce n'est pas facile.
M. Desbiens: Cette motion du député de Saguenay
contrecarre, évidemment, considérablement l'intention qu'on avait
de permettre à la population du Québec de pouvoir connaître
les motivations profondes du ministre et du gouvernement du Parti
libéral concernant, encore une fois, la volonté qu'on
reconnaît dans l'article 1. C'est dans cet article qu'est tout le venin,
comme on dit, quand il dit: "L'article 3 de la Loi sur le régime des
eaux est remplacé par...: 1° lorsque la force hydraulique est
nécessaire à l'exploitation, en un endroit donné d'un
cours d'eau, d'une centrale hydro-électrique d'une puisance égale
ou inférieure à 25 mégawatts..." Alors, cette force
hydraulique peut être louée à une entreprise quelconque du
Québec. Et on ne peut pas faire autrement que s'opposer à cette
modification surtout quand on constate comment le ministre et la
majorité libérale se comportent en évitant de recevoir en
commission parlementaire les groupes, les individus, les spécialistes ou
les experts qui auraient été en mesure de nous apporter
l'éclairage dont on a besoin pour pouvoir jouer efficacement notre
rôle de législateur.
Vous savez, Mme la Présidente, je me souviens - et son attitude
présente me surprend d'autant plus - avec quelle vigueur l'actuel
ministre de l'Énergie et des Ressources se battait en commission
parlementaire, lorsqu'il était député de l'Opposition,
pour obtenir que le gouvernement d'alors se rende à cette
évidente nécessité pour les parlementaires de recevoir des
groupes afin d'obtenir le meilleur éclairage possible, afin de permettre
aux parlementaires de remplir adéquatement la tâche pour laquelle
ils ont reçu un mandat d'une population entière. Cela me surprend
de sa part. D'un nouveau ministre qui n'aurait pas siégé
déjà ici en cette enceinte, cela aurait été plus
acceptable que l'attitude manifestée par le ministre de l'Énergie
actuel qui est un parlementaire dont on va célébrer...
D'ailleurs, J'ai justement reçu une carte d'invitation pour
célébrer son quinzième anniversaire comme
député très bientôt. J'espère que je
n'apprends pas quelque chose de secret! (23 h 45)
Des voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): On n'a pas
été invités, nous autres!
Des voix:...
M. Desbiens: C'est un parlementaire expérimenté qui
a eu l'occasion de se manifester très éloquemment. J'ai eu, comme
député ministériel à l'époque, à de
nombreuses occasions, le loisir de voir avec quelle vigueur et quelle ardeur il
défendait les droits des parlementaires en commission, comme à
l'Assemblée nationale, alors qu'aujourd'hui il se comporte autrement. Ce
gouvernement - et cela l'inclut - devait changer un tas de choses au
Québec. Tout devait être nouveau. C'était le soleil,
c'était la renaissance, c'était le beau temps après la
tempête. Les vieux travers qu'on reprochait au Parti
québécois, ça disparaîtrait; ce serait de nouvelles
politiques, de nouvelles façons de procéder, et, aujourd'hui, un
des doyens de cette enceinte, c'est le ministre de l'Énergie et des
Ressources qui défendait avec tellement de brio - on peut utiliser ce
terme que suggère le député de La Peltrie - les droits des
parlementaires, s'indignant même, à l'occasion, piquant des
colères. Je l'ai vu piquer des colères pour la défense des
droits des parlementaires de remplir adéquatement leur rôle et
leur mission dans des commissions parlementaires. Alors, je suis d'autant plus
déçu que ce soit lui-même aujourd'hui qui nous refuse et
qui refuse aux députés de l'Opposition la possibilité
d'obtenir tout l'éclairage possible, afin qu'il puisse se prendre une
décision dans l'intérêt le plus évident et le plus
complet de la population du Québec.
M. Cannon:...
M. Dosbiens: M. le député de Saguenay... Excusez,
Mme la Présidente, je vais n'adresser à vous. C'est
évident que cette motion du député de Saguenay pour que la
commission passe immédiatement à l'étude de l'article 1 et
des articles suivants du projet de loi sera rejetée de notre part, vous
en convenez. Je pense que j'en ai fait la preuve assez évidente. Je vous
remercie beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Oubuc. Est-ce qu'il y a des...
Une voix: ...on pourrait peut-être passer tout de
suite.
M. Maltais: il reste onze minutes, Mme la Présidente.
Alors, le parti ministériel prendra son temps après. On
cède au député d'Ungava ses dix minutes sur les onze qui
restent.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saguenay. Vous êtes très gentil. Alors, M.
le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Je vous en remercie, Mme la Présidente et vous
passerez mes remerciements à M. le député de Saguenay
aussi, puisque je ne peux les lui transmettre personnellement!
Une voix: ...remercier.
M. Claveau: Mme la Présidente, vous me voyez très
surpris, parce qu'ayant dû m'absenter quelques minutes de cette
commission pour participer à un autre débat qui est du même
style que celui qui nous est proposé par cette motion je reviens et je
me retrouve, pour la deuxième fois consécutive, devant un
bâillon.
Dos voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Actuellement, au salon bleu de l'Assemblée
nationale, on est en train de discuter et d'intervenir... On vient de finir
d'intervenir sur un bâillon sur le projet de loi modifiant les
dispositions concernant l'aide sociale. Le gouvernement n'a pas voulu aller
jusqu'au bout dans sa logique et a déposé au-delà d'une
centaine d'amendements juste avant l'imposition du bâillon, de telle
façon que personne ne sait ce que ça contient. Alors, on va nous
demander en Chambre de voter en troisième lecture sur un projet de loi
complètement amendé, qui n'a jamais été
déposé en Chambre, qui n'a jamais été
discuté en commission parlementaire avec au-delà de 100
amendements nouveaux et il va falloir voter ça. Vous comprendrez notre
indignation devant de tels procédés qui continuent à se
prétendre démocratiques. Ce n'est pas de cette façon qu'on
applique la démocratie généralement dans nos
sociétés.
Je reviens ici. Qu'est-ce que je trouve, Mme la Présidente? Une
proposition à une motton déposée par le
député de Saguenay qui a les mêmes effets, les mêmes
intentions, celles de permettre à l'Opposition d'intervenir pendant
quelques minutes pour ensuite iul dore le bec et puis dire: C'est bien de
valeur, les gars, vous en avez assez dit. Nous, nous nous ennuyons de tout
ça, ça ne nous piaft pas beaucoup et puis on est tanné de
s'ennuyer de tout ça parce que ce projet de loi, si le ministre l'a
déposé, ça devait être bien pensé, ça
devait être complet; on n'a pas besoin d'entendre d'intervenants, le
ministre a dit que c'était ça, donc ça doit être
ça. Donc, nous, ça nous ennuie et nous déposons une motion
pour dire à l'Opposition: C'est fini; on commence l'étude article
par article et on n'a plus de possibilité de pouvoir intervenir pour
demander que le ministre nous apporte de nouveaux éclairages par le
biais de consultations qui pourraient être faites avec des gens qui sont
directement impliqués.
J'écoutais cette affaire et je me disais que le
député de Saguenay, qui est pourtant un député
très concerné par l'hydroélectricité - on se
souviendra que tout le réseau de la Manie a été bâti
dans son comté et qu'il a, à l'occasion, à rencontrer les
travailleurs d'Hydro-Québec qui, eux aussi, sont des travailleurs
syndiqués et qui ont des récriminations à faire à
ce gouvernement d'ailleurs, entre autres parce qu'on a retardé des
travaux par chez eux. On avait annoncé les travaux de la Saie James en
campagne électorale, on avait oublié que le
précédent gouvernement avait prévu des travaux pour une
augmentation de la capacité de production de l'ordre d'environ 2100
mégawatts sur le réseau existant de la Manie en changeant les
roues d'eau, entre autres, pour augmenter la capacité de production des
génératrices. Ce projet a donc été retardé,
et c'est dans son comté qu'on doit observer ça.
En ce qui me concerne, à la toute limite, je devrais me
réjouir de ça, parce que le gouvernement a fait le choix du
comté d'Ungava contre celui de Saguenay pour faire avancer les travaux:
c'est dans mon comté que les gens vont travailler et, dans le
comté de Saguenay, on a retardé des investissements qui
étaient déjà prévus, parce qu'on n'avait pas
prévu en campagne électorale, n'est-ce pas?
Mais il y a plus que ça. Je me disais: Le député de
Saguenay qui semble s'ennuyer terriblement doit avoir en tête une
célèbre chanson concernant son comté: La Manie; on se
souvient combien on s'ennuie à la Manlcouagan! Alors, c'est probablement
son problème, il transporte son ennui ici et, finalement, il se retrouve
en disant: O.K., moi, plutôt que m'ennuyer chez nous, je suis venu
m'ennuyer ici et, maintenant, tout ça me tanne; quant à moi, ces
projets...; donc, on va déposer une motion qui va barrer l'Opposition
dans ses possibilités de demander des intervenants. Puis, cela en est
fait.
Mme la Prési... M. le Président, pardon! Le
Président (M. Cannon):... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: On vient de changer de dénominateur. Ha,
ha!
Le Président (M. Cannon): De commutateur.
M. Claveau: De commutateur. Est-ce qu'on pourrait dire que le
président est un commutateur entre l'Opposition et le pouvoir, dans la
mesure où on ne peut s'adresser d'un côté ou de l'autre
sans passer par lui? C'est un disjoncteur, d'une certaine façon.
Une voix: II est...
M. Claveau: Ha, ha! M. le Président, dans toute votre
sagesse, vous devez savoir qu'il y a des gens, ici, du côté
ministériel, qui seraient sûrement intéressés de
recevoir devant cette commission les groupes qu'on a demandé par motion
au ministre d'inviter à venir témoigner devant nous. Si vous
prenez par exemple le député de Saint-Maurice, adjoint
parlementaire du ministre, qui a pris la peine au mois de juin dernier de
préparer ou de se faire préparer un beau discours, de se
présenter devant l'Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie, je suis certain que ce député
aurait été fier d'inviter ces gens à venir expliquer ici
leur point de vue, étant donné qu'il a déjà pris la
peine d'aller les rencontrer, de leur présenter un bon discours, de se
faire applaudir devant eux et d'applaudir aussi les interventions d'autres
groupes intéressés tels qu'Hydroméga. Il devait
sûrement être à la table d'honneur pour applaudir
l'intervention d'Hydroméga qui annonçait déjà,
quelque trois mois d'avance, les dispositions que le ministre allait rendre
publiques seulement en septembre, concernant les mesures qu'il allait prendre
en matière de politique énergétique. Il aurait dû
être intéressé, mais il ne pouvait pas voter contre son
ministre; alors, il a dû suivre le penchant, la voie tracée par
son ministre et se résigner à voter contre.
Je reviendrai au député de Saguenay qui, comme je le
disais...
M. Ciaccia: Le vote ici.
M. Claveau: Là où il se produit...
M. Ciaccia: ...vote libre de ce côté-ci.
M. Claveau: ...un large pourcentage de
l'électricité qu'on consomme au Québec, sur l'ensemble du
réseau de la Manic et par où transite aussi
l'électricité qui vient de Churchill, au-delà de 5000
mégawatts qui viennent des chutes Churchill et qui passent par son
comté, avec des postes de distribution très importants qui se
trouvent dans son comté, qui relient les réseaux Churchill et
Manic pour les acheminer vers Québec et pour venir nous faire,
d'ailleurs, un décor magnifique à l'Îled'Orléans.
Il aurait dû aussi être intéressé à ce
que les travailleurs d'Hydro-Québec viennent devant cette commission
parlementaire nous expliquer leur point de vue, nous démontrer que c'est
bien cela qu'ils veulent, que le ministre a tout à fait raison, que les
travailleurs d'Hydro-Québec, les représentants des syndicats,
autant du côté des professionnels que des manutentionnaires ou des
gens d'entretien d'Hydro-Québec, que tout le monde est d'accord avec la
position du ministre, si te) est le cas. Nous prétendons qu'ils ne le
sont pas. Je suppose que si les gens qui travaillent pour Hydro-Québec
dans Montmorency, par exemple, où on s'apprête à faire des
mises à pied... À partir de vendredi, il va y avoir des mises
à pied des gens qui travaillent dans le réseau souterrain
d'Hydro-Québec, dans la région de Montmorency. On a
déjà des problèmes pour l'entretien du réseau et on
s'apprête à faire des mises à pied parmi les
employés temporaires qui travaillent sur le réseau. Vous
vérifierez, à partir de vendredi, on va faire des mises à
pied à Hydro-Québec, dans la région de Montmorency. On a
des problèmes sur le réseau. Il va y avoir à peu
près 50 mises à pied d'ici Noël. Ce ne sont pas des
décisions de l'ancien gouvernement. À ce que je sache, c'est tout
chaud, cela s'en vient.
Le député de Saguenay, qui est impliqué, qui a
sûrement de ses commettants travaillant à Hydro-Québec qui
ont voté pour lui, devrait être intéressé de les
entendre par le biais de leurs représentants devant cette commission
parlementaire. Encore là il a dû se plier à la ligne et
voter contre, parce que cela fait bien de voter contre, et cela fait toujours
mal de voter pour l'Opposition. La même chose, les représentants
d'Hydro-Québec eux-mêmes... Je vois le député de La
Peltrie, qui est fier de se promener dans les États de la
Nouvelle-Angleterre et les États de l'Est canadien pour vanter les
mérites d'Hydro-Québec. J'ai eu l'occasion de participer avec lui
à des conférences où on vantait les mérites
d'Hydro-Québec, où on essayait de se trouver des clients pour
exporter. J'étais là comme observateur, soit dit en passant, mais
c'est le rôle de l'Opposition d'observer ce que le gouvernement fait. Il
aurait dû être fier, autant qu'il est fier de vanter les
mérites d'Hydro-Québec devant les clients potentiels à
l'étranger, de voir HydroQuébec venir expliquer son point de vue
devant cette commission. Encore là, il a dû se plier à la
ligne et dire: C'est dommage, bien que je serais d'accord, bien que j'aimerais
qu'Hydro-Québec vienne, je ne peux pas voter pour, parce que cela ne
fait pas bien quand on vote du côté de l'Opposition. On finit tout
cela en nous disant: C'est bien de valeur, moi qui viens de la Manie, je
m'ennuie de tout cela et je dépose une motion pour empêcher
l'Opposition de continuer à inviter
des gens certainement très intéressants, qui seraient
venus éclairer la commission, pour nous permettre de prendre des
décisions honnêtes, justifiées, par rapport à une
proposition qui chambarde quand même passablement...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: ...le comportement des Québécois en
termes de production d'électricité. Voilà pourquoi, Mme la
Présidente, nous nous retrouvons maintenant avec un bâillon, tout
simplement un bâillon qui va nous obliger d'arrêter là nos
prétentions d'avoir à entendre des gens compétents pour
prendre une décision honnête sur un tel projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. Est-ce que la motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Claveau: Vote nominal.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, voulez-vous faire l'appel nominal?
Le Secrétaire: Oui. M. le ministre?
M. Ciaccia: Pour.
Le Secrétaire: M. Cannon (La Peltrie)?
M. Cannon: Pour.
Le Secrétaire: M. Maltais (Saguenay)?
M. Maltais: Pour.
Le Secrétaire: M. Lemire (Saint-Maurice)?
M. Lemire: Pour.
Le Secrétaire: M. Larouche (Anjou)?
M. Larouche: Pour.
Le Secrétaire: M. Hétu (Labelle)?
M. Hétu: Pour.
Le Secrétaire: M. Philibert (Trois-Rivières)?
M. Philibert: Pour.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Contre.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Une voix: On appelle l'article 1, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
1. M. le ministre.
Une voix: Est-ce adopté?
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse. Pour: 7;
contre: 1 ; abstention: 1. La motion est adoptée.
M. Maltais: M. la Présidente, j'aimerais demander,
étant donné que vous venez d'annoncer qu'il est minuit - je vous
ai vu faire - en vertu de l'article 144, le consentement unanime pour qu'on
poursuive nos travaux.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement? Non. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)