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(Onze heures quarante et une minutes)
Le Président (M. Charbonneau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail entreprend ce matin
l'étude détaillée du projet de loi 93, Loi modifiant la
Loi sur la Société québécoise d'exploration
minière. Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, if n'y a aucun
remplacement.
Projet de loi 93
Le Président (M. Charbonneau): Eh! seigneur. Alors, est-ce
qu'il y a des motions préliminaires ou des remarques
préliminaires, d'abord des remarques et éventuellement des
motions?
M. Claveau: M. le Président, des remarques
préliminaires.
M. Savoie: Oui, j'aurais quelques remarques
préliminaires.
Le Président (M. Charbonneau): Vous avez le goût de
parier. Alors, M. le député d'Ungava ou M. le ministre.
Allons-y.
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. La
Société québécoise d'exploration minière,
comme yous le savez, a été constituée en 1965. À ce
moment-là, on visait trois choses: d'abord, développer les
richesses minérales du Québec, deuxièmement, voir à
ce qu'il y ait sur le plan de l'exploration une activité
intensifiée et troisièmement, introduire l'élément
québécois au sein de l'industrie minière. Au cours des
années, la Société québécoise d'exploration
minière a su développer une expertise, a su non seulement mettre
à jour certains gisements, mais les exploiter également. Elle a
accumulé, jusqu'en 1985, un déficit important, un déficit
qui a demandé la privatisation de certains de ses actifs. On a
procédé, en 1986, à la privatisation de Cambior, selon un
plan qui avait été développé conjointement avec la
SOQUEM et qui a été' un succès éclatant. On a par
la suite disposé de deux autres actifs de la Société
québécoise d'exploration minière, c'est-à-dire la
société Louvem et Mines Seieine. Il avait été
convenu 3ue le produit de la vente de Mines Seieine, qui équivaut
à une vingtaine de millions de dollars plus un passif qui devait
être assumé par l'acquéreur, reviendrait au fonds du
gouvernement du Québec. On a fait part, dès la privatisation de
Cambior, que le Québec avait besoin d'un bras séculier et que
SOQUEM serait maintenue. Nous avons tâché, avec la nouvelle
direction de SOQUEM, d'établir un plan quinquennal qui va assurer la
continuation des activités de SOQUEM. Lors de la préparation du
présent projet de loi, on a tâché d'identifier les
mécanismes nécessaires dans cette loi pour obtenir ledit montant
de 25 000 000 $ premièrement et, deuxièmement, de s'assurer
qu'effectivement SOQUEM pourrait continuer ses activités.
Dans le projet de loi qui a été.. préparé et
que vous avez devant vous, il existe finalement quatre articles, dont le
quatrième porte sur l'entrée en vigueur dudit projet de loi. Le
troisième article, qui a été finalement retiré,
portait sur la suppression du deuxième alinéa de l'article 27 qui
n'était pas nécessaire. On a aussi introduit d'autres
modifications. Dans l'article 13 de la loi constitutive de la SOQUEM, il est
prévu, lorsqu'on augmente les crédits de la SOQUEM, que le
décret ministériel l'autorisant sera déposé
à l'Assemblée nationale. Compte tenu des craintes
exprimées par l'Opposition et également par la SOQUEM, on a
introduit aujourd'hui cet amendement, un amendement qui stipule que l'article 2
soit modifié pour y inclure après l'article 21.3 un article qui
doit se lire maintenant comme suit: L'article 21.4. "Le décret du
gouvernement pris en vertu de l'article de 21.1 est déposé
à l'Assemblée nationale". Ceci va assurer que toute fluctuation
du capital-actions de la société, qu'il soit augmenté ou
réduit, le décret l'autorisant soit déposé
auprès de l'Assemblée nationale comme marge de
sécurité. Est-ce que vous avez compris?
M. Claveau: Vous avez un amendement?
M. Savoie: Oui, c'est un amendement qui s'inscrit après
l'article 21.3, l'article 21.4, et qui dit que le décret du gouvernement
pris en vertu de l'article 21.1 est déposé à
l'Assemblée nationale. Il y a également un autre amendement qui
est apporté à l'article 1 qui est une correction mineure
où on introduit l'article 1.1 qui se lit comme suit. L'article 1.1.
"L'article 13 de cette loi est modifié par l'addition après le
chiffre "11.1" du chiffre "11.2". C'est pour introduire la modification qu'on
vient juste de mentionner. À l'article 21.1 de l'article 2: À
l'article 2, remplacer dans la quatrième ligne de l'article 21.1 le mot
"versé" par les mots "émis et payé". Et,
évidemment, comme je vous l'ai indiqué tout à l'heure, la
suppression de l'article 3.
Je crois qu'avec ces modifications, il est très clair que le but
poursuivi par ce projet de loi est, d'une part, l'obtention des 25 000 000 $
provenant de la vente des mines de sel aux Îles-de-la-Madeleine, Mines
Seieine, que ce n'est
aucunement notre intention de vouloir réduire ou modifier le
rôle de SOQUEM, puisqu'on n'intervient pas ni quant à ses
objectifs, ni quant à ses orientations sur le plan de la loi
constitutive et, deuxièmement, qu'on encourage et qu'on va continuer
à encourager SOQUEM sur le plan de l'exploration minière au
Québec et que, finalement, nous avons, d'une façon constante et
régulière, toujours déclaré que SOQUEM avait un
avenir au Québec, qu'on a besoin et de SOQUEM et de Cambior actifs sur
le sol québécois pour le bien de l'industrie minière.
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le ministre. M.
le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: M. le Président, quelques remarques avant
d'entreprendre l'étude article par article du projet de loi. Les
amendements qui nous sont déjà annoncés et, d'ailleurs,
que nous aimerions bien que le ministre dépose pour qu'on ait le temps
de les regarder comme il faut, même s'il nous en a déjà
livré la teneur d'une façon rapide, ces amendements peuvent avoir
aussi des Impacts ou ne pas en avoir du tout. Entre autres, en ce qui concerne
le premier amendement qu'il nous a annoncé, vous savez, une fois que la
décision sera prise et qu'il y aura un décret qui aura
émané des instances autorisées du gouvernement, même
si ça vient devant l'Assemblée nationale, c'est juste à
titre d'information et il n'y a plus moyen de changer grand-chose. Alors, ce
n'est pas nécessairement une démarche qui va modifier de beaucoup
la possibilité pour le gouvernement de réduire le capital-actions
de SOQUEM.
M. le Président, la situation est la suivante: SOQUEM a dû
se départir de sa filiale, Mines Seleine, aux Îles-de-la-Madeleine
et a été prise par toutes sortes de circonstances, a
été amenée à ta vendre à sa seule
concurrente, la Société Canadian Salt, qui a son siège
social en dehors du Québec et qui, jusqu'à maintenant, n'a Jamais
eu de représentation officielle au Québec.
On sait que ce concurrent produit le sel Windsor qui est bien connu et
qui était le seul fournisseur, à toutes fins utiles, avant
l'arrivée de Mines Seleine sur le marché du sel d'épandage
sur les routes. Il redevient le seul fournisseur, étant maintenant
propriétaire de Mines Seleine. Il aurait pu y avoir une entreprise
québécoise, par exemple, du genre Domtar qui est
déjà dans le domaine du sel, elle aussi, avec les sels Sifto, qui
aurait pu être approchée ou à laquelle on aurait pu offrir
des conditions ou lui permettre une certaine flexibilité pour
l'acquisition de Mines Seleine comme ça peut être le cas dans
toute mesure de privatisation qu'un gouvernement peut prendre. Il peut y avoir
un élément qui dit que cela se fera au bénéfice des
Québécois et que les seuls acheteurs devront être
Québécois. À ce moment-là, on s'entend sur un
consensus social pour que ce qui a été développé au
Québec reste sous le contrôle des Québécois. On a
même déjà une compagnie québécoise qui
appartient, d'ailleurs en grande partie, à la société
publique québécoise, soit la SGF, la Société
générale de financement. C'est le cas de Domtar qui connaît
le domaine du sel et qui aurait pu devenir le nouveau bras séculier du
Québec, pour reprendre l'expression du ministre, dans le domaine de la
production de sel sous le contrôle québécois.
Il y a aussi d'autres sociétés qui se sont
présentées, qui ont fait des soumissions, mais finalement le
gouvernement, pour des considérations strictement d'ordre financier, est
allé du côté du plus offrant en défendant le fait
qu'il y avait quelques conditions qui seraient respectées. Sauf que vous
savez, M. le Président, que lorsqu'on a affaire à une compagnie
qui fonctionne à partir de l'extérieur, il est beaucoup plus
difficile de l'obliger à respecter des conditions fixées par un
gouvernement que lorsqu'on fait affaire avec des compagnies qui opèrent
à partir de l'intérieur et, qui plus est, des compagnies sur
lesquelles le gouvernement peut avoir un contrôle direct étant
détenteur d'un pourcentage de capital-actions par le biais de
sociétés d'État.
Donc, SOQUEM vend Mines Seleine. En fin d'exercice, lorsqu'on a fini de
comptabiliser tout ça, il reste quelque 26 000 000 $ de
liquidités qui viennent de l'opération. Le gouvernement, au lieu
de dire à SOQUEM qu'on lui remet un beau 26 000 000 $ à la suite
d'une opération de nettoyage, de réorganisation, etc., dit: On
vous remet un beau 26 000 000 $, vous allez pouvoir maintenant jouir de 26 000
000 $ supplémentaires qui auraient pu permettre au gouvernement de
ramener ou de compléter le manque à gagner dans le
capital-actions de SOQUEM tel qu'il avait été fixé
dès 1965 par la loi constituante de SOQUEM à l'article 4
où on établissait le capital-actions autorisé de la
société à 125 000 000 $. On sait qu'au moment où
l'on se parle, le montant de 125 000 000 $ n'a toujours pas été
versé intégralement. Il manque encore quelque 14 400 000 $. Cela
aurait été une occasion pour le gouvernement de compléter
le capital-actions autorisé de SOQUEM et même de lui permettre
quelques liquidités qui auraient permis à SOQUEM de pouvoir
combler l'ensemble de ses déficits d'opération, déficits
qui, d'ailleurs, on le verra plus tard, ne sont pas nécessairement le
résultat d'une mauvaise gestion. Mais on sait très bien que dans
l'exploration minière, parfois cela coûte cher et ça
rapporte peu dans la mesure où ce n'est pas toujours évident que
la ressource va être là où on croyait qu'elle
était.
Toujours est-il que le gouvernement veut rapatrier ces 25 000 000 $, ces
26 000 000 $, il veut les mettre dans ses poches. Le ministre des Finances dit
au ministre délégué aux Mines: II n'en est pas question.
Cet argent ne va pas à SOQUEM, il me revient. Il s'appuie
là-dessus, entre autres, sur tout un programme de privati-
sation des sociétés d'État, d'orientation et de
perspectives qui a été publié par le gouvernement actuel
et qui disait: Nous avons l'intention d'en rendre tant qu'on va pouvoir parce
que l'État ne doit pas intervenir directement dans l'économie.
L'État doit se contenter de gérer et de fixer les grandes lignes
mais intervenir le moins possible. En faisant de la sorte, le gouvernement
avait oublié une chose. C'est que pour assurer un développement
régional constant au Québec, pour assurer les interventions ou
une continuité dans certaines activités économiques, pour
assurer aussi une emprise minimale des Québécois sur des secteurs
qui, traditionnellement, ont appartenu à des sociétés
étrangères qui venaient faire affaire chez nous, l'État
doit s'impliquer directement. C'est pour cela qu'on a créé un
certain nombre de sociétés d'État qui ont permis aux
Québécois de développer une expertise propre, de pouvoir
bénéficier non seulement d'un salaire qu'on retire après
avoir travaillé pour des propriétaires de capitaux
étrangers, mais aussi de pouvoir retirer des bénéfices
sous forme de remboursement, d'actions, de dividendes, etc. Cela a permis de
développer un "entrepreneurship" québécois et aela a aussi
permis aux Québécois de se familiariser avec toute cette
complexité du monde financier, quelque chose qui nous était,
à toutes Fins utiles, inaccessible ou qui relevait un peu de a
sorcellerie pour la grande majorité des Québécois, il y a
encore à peine quelques années.
On a développé un certain nombre de sociétés
d'État, entre autres, dans le domaine des matières
premières ou de l'exploitation des richesses naturelles du
Québec. On a Hydro-Québec, que tout le monde connaît, on a
développé SOQUIP, pour l'exploration pétrolière,
SOQUEM, pour l'exploration minière, REXFOR, pour la forêt, SIDBEC,
dans le domaine de la sidérurgie. Donc, II y a toute une série de
sociétés qui nous ont permis d'entrer dans le domaine, de
développer notre propre expertise, de consolider certains acquis dans le
domaine 'égional et d'acquérir une continuité dans des
activités de développement économique régional. il
y a là toute une conjoncture globale que le gouvernement n'avait pas
regardée au moment de arivatiser.
Je demanderais, s'il vous plaît, s'il y a des
députés qui ont quelque chose à ajouter, s'il serait
possible qu'ils demandent la parole.
Le Président (M. Charbonneau): Bien sûr.
M. Claveau: Le gouvernement veut donc apatrier cet argent
au lieu de le laisser à 3OQUEM pour pouvoir continuer à se
développer dans sa mission de découvrir des sites, de faire je la
mise en valeur et de l'exploitation. Nous croyons aussi que, si l'on veut
vraiment financer ■i fond l'exploration minière au Québec,
il faut qu'une compagnie comme SOQUEM, qui va dans jes endroits à
risques élevés très peu connus, là où les
compagnies minières ne sont précisément pas portées
à aller parce que l'attrait du bénéfice n'est pas
évident...
Le gouvernement veut donc rapatrier cet argent provenant de la vente de
Mines Seleine. Il est un peu mal pris parce que SOQUEM, en vertu de l'article
27 de sa loi constituante, ne peut verser de dividendes au gouvernement
à moins que ces dividendes ne réduisent de plus d'un tiers du
capital-actions l'ensemble des bénéfices accumulés par la
société. Cela veut dire que, pour une société comme
SOQUEM, qui travaille actuellement avec un capital-actions un petit peu
supérieur à 100 000 000 $, il faudrait qu'on puisse lui assurer
qu'elle va toujours avoir un surplus d'opération accumulé de
l'ordre de 35 000 000 $ avant qu'elle puisse commencer à verser des
dividendes au gouvernement. Alors, pour pouvoir rapatrier les surplus venant de
la vente de Mines Seleine, le gouvernement est donc pris devant l'article 27.
Il a le choix de modifier l'article 27 de la loi constituante de SOQUEM, de
dire: On va vous permettre de verser des dividendes au gouvernement, même
si vous n'avez pas accumulé l'équivalent du tiers de votre
capital-actions en surplus d'opération.
Le gouvernement avait même prévu cette alternative dans sa
loi, au départ. Encore là, il aurait fallu l'encadrer, il aurait
fallu lui donner une nouvelle délimitation. Cela aurait pu être
moins que le tiers, en tout cas, II aurait dû y avoir des limitations
à la modification de cet article. Ce que le gouvernement avait dit,
c'était beaucoup plus facile. C'est beaucoup moins de casse-tête
de dire: On va tout simplement éliminer l'article. (12 heures)
Le gouvernement revient là-dessus. Le ministre dit:
Effectivement, on a dû se tromper, ce n'était pas
nécessaire. Il a compris, à la toute dernière minute,
après même avoir écrit qu'il devait retirer l'article 27,
que maintenant il n'avait plus besoin de faire ça, parce qu'il pouvait
se permettre, par l'article 2 de son projet de loi qui modifie l'article 21 de
la loi de SOQUEM... Il a compris que c'était bien plus facile d'aller
jouer dans le capital-actions de la compagnie et, en plus de pouvoir
récupérer immédiatement les 25 000 000 $ ou 26 000 000 $
qu'il veut avoir parce que le ministre des Finances lui tord le bras pour
l'avoir au plus vite vu que l'exercice financier achève, il a compris
qu'il pourrait aller jouer maintenant à volonté dans le
capital-actions de SOQUEM et que si le gouvernement disait demain matin: C'est
bien de valeur, SOQUEM, avec un capital-actions autorisé de 10 000 000
$, en a assez pour se gérer, il se permet de le faire par l'application
de l'article 2 de son projet de loi. C'est clair comme de l'eau de roche.
"Après consultation du ministre, le ministre des Finances peut, avec
l'approbation au préalable du gouvernement et aux conditions qu'il
détermine - cela reste de la phraséologie - demander à
SOQUEM de procéder à la réduction de toute partie de
son
capital-actions versé et à un remboursement correspondant
du capital."
Toute partie", il n'y a pas de limite. Il n'y a plus de limite. Le
gouvernement peut, après consultation, après avoir fait les
démarches administratives et techniques nécessaires pour avoir
quand même pas trop mauvaise gueule dans l'opération, demander
à SOQUEM, exiger que SOQUEM rembourse au gouvernement la partie du
capital-actions que le gouvernement aura déterminé que SOQUEM
devrait lui rembourser. C'est ce que cela dit. À ce moment-là, on
n'a plus besoin d'appliquer la règle de l'article 27, du tiers du
capital-actions en surplus accumulé pour demander des dividendes. Non,
pas de problème! On va aller piger dans le capital-actions. On peut
permettre... À partir d'un article semblable, par exemple, le
gouvernement peut réduire le capital-actions de SOQUEM de 10 000 000 $
pendant les cinq prochaines années. Si le ministre des Finances,
à un moment donné, trouve que SOQUEM a besoin...
On pourrait même aller jusqu'à la limite. Si on applique
cet article à son sens le plus strict, à la limite, on irait
jusqu'à dire: SOQUEM, vous avez besoin de 5 000 000 $ pour travailler
cette année, pour des activités, vous demandez au gouvernement de
l'argent. C'est parfait, on va vous en donner de l'argent, mais on va
réduire votre capital-actions dans les mêmes proportions. Cela
pourrait vouloir dire ça. Vous allez peut-être me dire: Ce n'est
pas logique comme démarche. Si ce n'est pas logique comme
démarche, pourquoi faites-vous un projet de loi qui peut vouloir dire
cela? C'est ce que cela peut vouloir dire. La preuve, c'est que cette
année, qu'est-ce qu'on va faire dès l'adoption de ce projet de
loi? On va réduire le capital-actions de SOQUEM de 26 000 000 $ parce
que, en vertu de l'article 27, SOQUEM ne peut pas rembourser au gouvernement
les surplus de la vente de Mines Seleine parce qu'il n'a pas accumulé en
surplus d'opération l'équivalent du tiers ou plus que le tiers du
capital-actions qui lui est présentement autorisé ou qu'il a
présentement entre les mains. Alors, tout de suite, vous allez voir, on
ne se rendra même pas aux fêtes, après l'adoption du projet
de loi, le capital-actions de SOQUEM va être réduit de 26 000 000
$, ce qui va permettre au gouvernement d'exiger que SOQUEM verse ce montant de
26 000 000 $ et le ministre des Finances va pouvoir dire: J'ai 26 000 000 $ de
plus à mettre dans mes coffres, cela va faire 26 000 000 $ de moins de
déficit quelque part et cela va paraître très bien dans mes
colonnes comptables. C'est sa seule préoccupation. C'est tout ce qui
l'intéresse. Si ces préoccupations avaient été
autre chose, si la préoccupation du gouvernement, du ministre
délégué aux Mines, du ministre des Finances avait
été vraiment de développer, d'accentuer, de renforcer la
participation de SOQUEM dans l'exploration minière au Québec,
dans le développement de notre industrie minérale au
Québec, à ce moment-là, il n'aurait pas vendu Mines
Seleine pour baisser le capital-actions de SOQUEM et empocher les
bénéfices de l'opération. Non. On aurait
complété le manque à gagner de SOQUEM qu'il y a toujours
entre son capital-actions versé et son capital-actions autorisé,
on aurait rempli vraiment l'article 4 du projet de loi, on aurait
complété ce que SOQUEM doit avoir comme capital-actions
autorisé et versé par le gouvernement et on aurait donné
à SOQUEM un mandat excessivement plus large en lui permettant d'engager
les gens qu'il faut, en lui ouvrant les bureaux régionaux dont elle peut
avoir besoin pour faire des opérations sur le terrain, en lui
développant des programmes pour pouvoir travailler conjointement avec
les petits prospecteurs qui, cette année, sont tous en train de crever
parce qu'il n'y a pas une junior qui leur a acheté leur
propriété cette année. Parce qu'il n'y a pas d'argent pour
explorer les juniors, on a modifié la politique des actions
accréditives. SOQUEM serait bien placée, au moment où on
se parle, pour prendre le leadership, pour devenir un véritable
élément de dynamisme régional en termes de
développement minier, pour prendre la relève, pour accentuer des
programmes d'intervention avec les petits prospecteurs sur le terrain.
Ce serait le temps de le faire au moment où le marasme
économique est en train de s'implanter dans les régions
minières du Québec parce qu'on ne fait pas d'exploration cette
année. Le taux de chômage est monté en flèche dans
les régions minières. Les gens qui oeuvrent dans le domaine de
l'exploration minière ne travaillent malheureusement pas. Si ça
continue comme ça, comme ils n'ont pas travaillé depuis le mois
de mars de l'an passé, à toutes fins utiles, on risque de les
retrouver sur l'aide sociale à partir du mois de mars de l'année
prochaine. C'est ça la réalité. On aura beau faire les
simagrées et les grimaces qu'on voudra, c'est la
réalité.
Qu'est-ce qu'on fait? Plutôt que d'aller dans ce sens-là,
plutôt que de donner à SOQUEM tous les outils nécessaires
et imaginables pour lui permettre de jouer un véritable rôle de
leader régional pour relancer l'exploration minière, parce qu'une
décision du gouvernement l'a anéantie, à toutes fins
utiles, cette année, on ramasse cet argent pour le recomptabiliser
encore une fois dans les colonnes comptables et, comme on ne peut pas le faire
en allant le chercher à titre de bénéfices
d'opération ou de surplus d'une opération bien précise,
parce que la loi ne le permet pas, eh bien, on s'en va jouer dans le
capital-actions. Et on va permettre en plus que le ministre des Finances puisse
aller jouer dans le capital-actions de SOQUEM à volonté n'importe
quand, année après année. Et le jour où le
capital-actions de SOQUEM sera rendu à quelques dizaines de milliers de
dollars, à ce moment-là, on aura tout ce qu'il faut pour
démontrer, pour faire la preuve que SOQUEM
n'est pas une société rentable et qu'il est grand temps
que le gouvernement du Québec se retire du domaine de l'exploration
minière. C'est la triste réalité qui émane d'un
projet de loi semblable. Je souhaite de tout coeur que l'Assemblée
nationale du Québec ait assez de respect pour le domaine minier, pour la
dynamique nécessaire au développement du domaine minier au
Québec, et qu'elle rejette, qu'eile vote contre un tel projet de loi qui
est la concrétisation de la dilapidation d'un des plus beaux
équipements de développement régional que le Québec
s'était donné au fil des années.
Le Président (M. Charbonneau): Très bien. Est-ce
qu'il y a d'autres interventions? M. le député de Dubuc.
M. Cannon: Question de règlement, M. le Président.
Lorsque vous avez indiqué "très bien" à la suite de
l'intervention du député, est-ce que vous manifestiez votre
approbation quant au contenu ou si c'était simplement une expression
pour dire qu'il avait terminé?
Le Président (M. Charbonneau): Ha, ha, ha! Je pense que la
deuxième explication étant la bonne, je n'ai pas voulu à
ce moment-ci du débat me prononcer dans un sens ou dans l'autre,
même si je pourrais plutôt être sympathique aux positions du
député d'Ungava.
M. le député de Dubuc.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Une des choses les
plus intéressantes qu'on a pu constater quand on a fait ce qu'on a
appelé la tournée des "grandes oreilles", entre autres, lors de
notre passage en Abitibi, cela a été de découvrir à
quel point l'activité économique dans ce secteur-là
était importante et à quel point le taux de chômage dans
une région périphérique - ce qui était quand
même assez inusité surtout il y a un an, deux ans, trois ans,
cette situation du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l'Abitibi... On n'a pas tous
les jours l'occasion de se voir, ça a été une surprise
fort agréable quand même de constater combien l'activité
économique, combien le taux de chômage était rendu à
ce point bas dans cette région. Évidemment, tout le monde en est
conscient et tout le monde accepte que cela était dû justement
à la politique du précédent gouvernement concernant les
actions accréditives. Le projet de loi 93 que le ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones nous
présente aujourd'hui, un de ces quelque 30 projets qui ont
été soumis à la toute dernière minute, le 15
novembre, déposés à l'Assemblée nationale par le
leader du gouvernement, un petit peu comme le projet de loi qu'on a
étudié hier soir, un petit peu dans la même lignée,
est un projet de loi que le gouvernement aimerait bien voir passer en douce
sans que la population en soit trop avertie.
Je pense que ce projet de lo! est une des conséquences, comme l'a
souligné mon collègue d'Ungava, justement, des politiques qui ont
été établies et décidées par le ministre
délégué à la Privatisation et de la politique de ce
gouvernement de remettre à l'entreprise privée tout ce qui
pouvait se faire, et davantage encore.
On sait à quel point la situation s'est
détériorée en ce qui concerne l'emploi, déjà
en Abitibi, en raison de cette politique. La première manifestation en a
été une, comme je l'ai dit, qui porte sur la décision du
ministre des Finances dès 1986 concernant les actions
accréditives.
Comme le projet de loi qu'on a déjà examiné hier
soir, qu'on a commencé à examiner hier soir, à cette
même commission, M. le Président, portant sur le transfert
à des sociétés privées, offrant à
l'entreprise privée la possibilité de construire des
installations hydroélectriques, un petit projet de trois ou quatre
articles, le projet de loi 93, la Loi modifiant la Loi sur la
Société québécoise d'exploration minière,
qui a quatre articles également, est assez bizarre. À l'article 1
on commence par vanter l'action de SOQUEM, ou cela peut sembler manifester de
l'intérêt du gouvernement à l'égard de SOQUEM et de
l'exploration minière. Mais les trois articles qui suivent viennent en
quelque sorte nous désenchanter puisqu'ils constituent beaucoup plus une
agression contre SOQUEM.
L'article 2, par exemple, dit que le ministre des Finances pourra, comme
il le voudra et quand il le voudra, demander à SOQUEM de rembourser au
gouvernement une partie du capital-actions que le gouvernement possède
dans SOQUEM. On dit, dans le premier article, que le ministre des Finances peut
augmenter le capital-actions. Dans l'article suivant, le ministre des Finances
peut réduire le capital-actions. C'est un curieux jeu de balance entre
deux articles d'un projet de loi, d'un même projet de loi qui n'en
comporte que quatre.
L'article se poursuit pour dire que le vérificateur de la
société peut donner un avis sur une décision qui serait
prise par le ministre demandant à SOQUEM de rembourser une partie du
capital-actions. Cela peut être de nature, je crois, à
empêcher SOQUEM de quitter son passif. Alors le gouvernement, bien
sûr, va juger de la valeur des motifs du comptable de SOQUEM et va
décider, après cela, s'il maintient ou non une demande de
remboursement du capital-actions.
Ce qui est important à relever, à souligner
là-dedans, c'est que le ministre ou le gouvernement ou le ministre des
Finances ne demandera pas à la direction de SOQUEM de faire des
représentations, il va demander au comptable de SOQUEM de faire des
représentations, il va demander au vérificateur. Donc, tout ce
qui intéresse le ministre des Finances et ce que le ministre
délégué aux Mines nous présente dans son projet de
loi 93, c'est tout simplement et uniquement pour dire à SOQUEM qu'il n'y
aura
aucun autre motif qui pourra être invoqué par SOQUEM, par
sa direction, pour faire valoir auprès du gouvernement que
l'utilité ou la nécessité ou l'importance de maintenir ou
de laisser dans les coffres de SOQUEM les fonds suffisants, par exemple, pour
remplir efficacement le rôle d'exploration que le gouvernement lui a
laissé. On se souvient que, à la suite des premières
ventes d'une partie de l'actif de SOQUEM - nommément Mines Seleine, mais
surtout Cambior - le gouvernement a laissé un rôle très
secondaire, à notre sens, à SOQUEM. L'Opposition se demande, mon
collègue l'a souligné avec raison, s'il n'y a que le ministre des
Finances, dans ce gouvernement, qui a des décisions à prendre. On
peut même se demander à quel point il consulte son collègue
des Mines quand il y a des décisions à prendre concernant les
fonds financiers de SOQUEM. (12 h 15)
Quand on regarde le troisième article, on y voit aussi que la loi
est modifiée par la suppression du deuxième alinéa de
l'article 27. L'article 27 de la loi sur la SOQUEM porte sur les dividendes qui
doivent être versés au gouvernement. À l'article 27, on
lit, au premier alinéa: "Les dividendes payés par la
société sont fixés par le gouvernement et non par les
administrateurs." Le deuxième alinéa: "Aucun dividende ne peut
être ordonné dont le paiement réduirait à moins d'un
tiers du capital versé par la société son surplus
accumulé." Actuellement, SOQUEM ne peut verser aucun dividende, parce
qu'elle n'a pas de surplus accumulé. En fait, c'est un déficit de
quelque 20 000 000 $ qui est le lot de SOQUEM. On peut se demander à
juste titre, comme l'a fait mon collègue, le député
d'Ungava, si la volonté du ministre des Finances et du gouvernement
n'est pas de s'assurer que SOQUEM ne fasse plus jamais de surplus et que son
rôle dans le domaine des mines soit limité le plus possible. On
retrouve dans la loi du ministre de l'Énergie et des Ressources, la loi
de SOQUIP, des dispositions à l'égard des dividendes qui sont
semblables à celles qu'on retrouve dans la loi de SOQUEM. Le ministre de
l'Énergie et des Ressources n'a pourtant pas, au moment où on se
parle, Indiqué encore qu'il avait l'intention de supprimer cette
restriction sur le versement des dividendes.
Ce projet de loi 93 découle directement, comme je l'ai dit au
début, du projet politique de privatisation du gouvernement
libéral. C'était aussi évident que la volonté de ce
gouvernement, par la privatisation de toutes ces entreprises d'État,
c'était une vaste opération, comme vous le savez, pour renflouer
ses coffres. Il a été déçu, je pense, pour une
bonne part, dans certaines situations et dans celle de SOQUEM en particulier.
Mais on sait que SOQUEM, par ailleurs, a été une des
sociétés d'État les plus touchées par cette
opération de privatisation. La vente de Cambior, pour laquelle le
gouvernement a obtenu quelque 180 000 000 $, cela peut paraître, à
première vue, une opération très rentable. Cela
paraît très beau, sauf que les actions de Cambior ont
été revendues, comme on se souvient, quelques mois plus tard,
alors qu'elles avaient plus que doublé, si mon souvenir est exact. Le
gouvernement actuel, à la suite de la vente de Cambior, par la voie de
son ministre délégué aux Mines et aux Affaires
autochtones, entre autres, dans le rapport d'étape qui a
été remis par le ministre délégué aux
Finances et à la Privatisation nous dit à la page 39 que la vente
de Cambior est un facteur important du dynamisme économique de
l'Abitibi. En fait, ce qui est arrivé avec la vente de Cambior et avec
la politique du ministre des Finances sur son action dans le domaine des
actions accréditives, cela a été le contraire, on le
constate aujourd'hui. Un exemple en Abitibi que mon collègue soulignait,
c'est celui d'une des... J'avais le nom tantôt... C'est la revue Journal
de Price qui titrait "Exploration minière marasme en Abitibi". Cet
article fait état d'une entreprise qui employait 90 personnes
l'année dernière et qui a réduit son personnel à
12. Des 16 machines qu'elle utilisait, poursuit l'article, 15 ont
été mises au rancart. C'est un exemple d'une entreprise parmi une
foule d'autres.
Finalement, le résultat de la politique du ministre des Finances
et du gouvernement a des effets qui sont loin d'être un facteur de
dynamisme économique pour l'Abitibi mais, au contraire, sont en train de
recréer les situations malheureuses qu'on y a déjà
connues, pour ce qui est du pourcentage de chômage qui a atteint à
certains moments, on le sait, quelque 20 %. Ce n'est peut-être pas encore
très visible parce que les effets de cette politique vont se faire
sentir particulièrement à compter de 1989. Le ministre sait bien
que pour cette année, les sommes d'argent que les compagnies ont pu se
procurer agissent encore pendant l'année en cours. L'an prochain, avec
la diminution de leurs fonds, ces compagnies ne pourront plus soutenir le
développement, l'exploration et l'exploitation minière.
Le projet de loi 93 est, bien sûr, une des suites de cette
politique. Quand on enlève à une société comme
SOQUEM ses meilleurs actifs, ce qu'il y a de plus rentable, ce qui est
aujourd'hui l'actif de Cambior, privée de cette principale source de
revenus, c'est normal que les gens se posent la question que nous nous posions
comme membres de la commission: Comment SOQUEM pourra-t-elle maintenir sa
capacité de financer ses dépenses d'exploration? Le gouvernement,
à la suite de la vente de Cambior, a décidé que SOQUEM
devait à l'avenir s'occuper d'exploration plutôt que
d'exploitation. Dans son plan de développement, cette
société doit investir quelque 4 000 000 $ par année, de
1987 à 1991. Si le ministre des Finances lui retire ses fonds, comment
SOQUEM pourra-t-elle remplir ce mandat que le gouvernement lui a confié?
Si on calcule 4 000 000 $ par année pour l'exploration, de 1987 à
1991, ça veut dire 20 000 000 $, et on
lui fait l'obligation d'investir 10 000 000 $ dans l'exploitation
également. D'autre part, comme on sait que SOQUEM, chaque fois qu'elle
doit mettre en valeur ses découvertes, chaque fois qu'elle va essayer de
le faire, il faudra qu'elle demande l'autorisation du gouvernement, ce qui
pourrait très bien arriver, c'est que le gouvernement, s'il y a quelque
chose qui semble intéressant et invitant, surtout quand on sait comment
le ministre des Finances grappille tout ce qui traîne d'argent partout et
toutes les possibilités qu'il a de renchausser sa caisse, pourrait avoir
la tentation, au lieu, encore une fois, de laisser SOQUEM faire l'exploitation
d'une valeur qu'elle aurait explorée, de l'obliger à vendre cette
nouvelle découverte.
Ce sont les conséquences possibles de tout ça et de ce
projet de loi 93. On a nettement l'impression que le gouvernement
étouffe progressivement SOQUEM. Après ça, il pourra
toujours dire: Voyez-vous, on vous l'avait bien dit, ce n'est pas rentable
cette affaire-là, il faut se débarrasser de ça, fermons
tout cela, laissons entièrement l'entreprise privée s'occuper du
secteur des mines, quand on sait que l'action gouvernementale, l'action de
SOQUEM a été déterminante, encore une fois, absolument
importante dans une région essentiellement minière comme celle de
l'Abitibi. Le projet de loi 93 nous apparaît, à ce jour, le moyen
trouvé par le gouvernement pour arriver finalement à ses fins et
faire la démonstration auprès de la population du Québec
que des entreprises d'État, ça ne vaut pas cher. C'est facile
à dire, évidemment, une fois qu'on a vendu ce qu'il y avait de
meilleur, ce qui rapportait des revenus et, progressivement, le ministre des
Finances va siphonner au fur et à mesure les avoirs de ces
sociétés.
C'est pour ça, évidemment, comme l'a si bien exprime mon
collègue d'Ungava, pour ces raisons et les autres qu'il a
exprimées, que l'Opposition entend voter contre ce projet de loi. Je
vous remercie.
Étude détaillée
Le Président (M. Charbonneau): Merci, M. le
député de Dubuc. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? Cela va? Après cette étape, je pense qu'on
peut passer à la présentation de motions. Est-ce qu'il y a des
motions particulières? Non.
J'appelle maintenant l'article 1. Est-ce qu'il y a des commentaires, M.
le ministre? M. le député d'Ungava?
M. Savoie: Pas de commentaire, M. le Président.
Le Président (M. Charbonneau): Article 1.
M. Desbiens: Habituellement, des explications nous sont fournies,
de l'éclairage nous est apporté par le ministre à
l'étude des articles.
M. Savoie: On a fait des remarques préliminaires et on a
parlé, dans les remarques préliminaires, des modifications qu'on
devait apporter. Est-ce que vous avez' besoin, au point de vue administratif,
de détails additionnels ou est-ce que c'est clair, les amendements?
Le Président (M. Charbonneau): II n'y a pas d'amendement
à l'article 1. Est-ce qu'il y a des questions sur l'article 1, M. le
député?
M. Savoie: On insère, après l'article 1, l'article
suivant: L'article 13 de la Loi sur la Société
québécoise d'exploration minière est modifiée par
l'addition après le chiffre "11.1" du chiffre "11.2".
M. Claveau: C'est 11.1 et 11.2? (12 h 30)
M. Savoie: Par l'addition après le chiffre "11.1" du
chiffre "11.2". C'est ça, après le chiffre 11.1, ajouter
11.2.
M. Claveau: J'essaie de comprendre; c'est qu'il y a un article
11.2 qui nous est proposé, à moins qu'il y ait une
renumérotation?
M. Savoie: À l'article 13 de la SOQUEM.
M. Claveau: L'article 13 de la loi constituante...
M. Savoie: On ajoute après "tout décret du
gouvernement approuvant un paiement visé dans les articles 10, 11, 11.1
ou 11.2"
M. Claveau: D'accord. L'article 11.2 étant celui que l'on
a là.
M. Savoie: Qui nécessite le dépôt à
l'Assemblée nationale du décret du Conseil des ministres
autorisant soit l'augmentation ou la réduction du capital. Il doit
être déposé à l'Assemblée nationale.
M. Claveau: J'essaie de comprendre la mécanique.
L'amendement que nous avons sur la table, c'est un amendement qui se
réfère autexte de l'article 13, donc qui devrait
normalement faire l'objet d'un autre article dans le...
M. Savoie: C'est cela, on l'a, à l'article 1, on
l'indique, l'article 11.2. On dit "Le ministre des Finances est de plus
autorisé à payer à la société etc. la
société lui remettra des certificats." Ensuite, on dit, que "tout
décret du gouvernement approuvant un paiement visé dans les
articles 10, 11, 11.1 ou 11.2".
M. Claveau: L'article 13...
Le Président (M. Charbonneau): Si vous
n'avez pas d'objection, on va d'abord étudier l'article 1.
M. Claveau: L'article 1, c'est cela.
Le Président (M. Charbonneau): Et après cela, on
étudiera l'article 1.1.
M. Savoie: D'accord, cela sera plus clair.
Le Président (M. Charbonneau): On va étudier
l'article 1 et après cela 1.1, mais c'est parce que j'avais avisé
qu'il y avait une modification à l'article 1 pour inclure l'article
1.1.
M. Claveau: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
rapidement la portée réelle de l'article 1, tel qu'il l'entend,
par l'ajout de l'article 11.2.
M. Savoie: À l'article 1, la modification est la suivante:
On ajoute à l'article 1 l'article 1.1.
M. Claveau: D'accord, mais là, on discute de l'article 1
et non pas de l'article 1.1.
M. Savoie: D'accord, vous voulez discuter de l'article 1
seulement.
M. Claveau: Je veux savoir précisément dans son
esprit quelle est la portée voulue par la loi et non pas uniquement
intentionnelle, mais la portée réelle de l'article 11.2.
M. Savoie: La portée réelle de l'article 11.2.
L'article 11.2 autorise le gouvernement, le ministre des Finances, à
payer à la société toute somme n'excédant pas la
différence entre son capital autorisé et son capital émis
et payé, pour des actions. Donc, on peut, de cette façon,
augmenter le capital de la SOQUEM en utilisant le mécanisme en
question.
M. Claveau: Vous pouvez rendre le capital payé à
SOQUEM équivalent à son capital autorisé de 125 000 000
$.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: Mais cela ne veut pas dire que vous avez
nécessairement l'intention de le faire immédiatement.
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: Cela ne veut pas dire que vous avez
nécessairement l'intention de le faire immédiatement.
M. Savoie: Non. En réalité, l'article en question
permet de faire en sorte que le capital-actions autorisé de SOQUEM, 125
000 000 $, conserve toute sa signification après une réduction de
capital émis et payé.
M. Claveau: Le capital-actions autorisé reste toujours le
même.
M. Savoie: II reste toujours le même.
M. Claveau: Mais on parle toujours de 125 000 000 $, en dollars
de 1965.
M. Savoie: Oui, mais ce n'est pas vraiment ce qui est
nécessaire pour les activités de SOQUEM.
M. Claveau: Est-ce qu'actuellement...
M. Savoie: C'est en dollars de 1980 et non pas de 1965, parce que
cela a été modifié en 1980.
M. Claveau: Ah d'accord, vous avez raison, il y a un amendement,
au 1er janvier 1984, l'amendement...
M. Savoie: Cela a été modifié en 1980 pour
être à 125 000 000 $.
M. Claveau: Bon.
M. Savoie: Cela permet justement au ministre des Finances, comme
je l'ai mentionné, après avoir été autorisé
par décret, décret qui est déposé à
l'Assemblée nationale, d'acquérir des actions du capital-actions
de SOQUEM. Donc, on peut en acheter des actions pour faire la contrepartie
à ce qui va venir à l'article 21.1.
M. Claveau: J'essaie de comprendre, parce que, là, on va
aller plus loin par l'application de l'article 2. À ce moment-là,
on ne touche pas au capital-actions autorisé. C'est dans le
capital-actions payé.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: D'accord, sauf que c'est très
théorique. On voit depuis que SOQUEM existe que ça reste
très théorique, l'affaire du capital-actions autorisé. On
pourrait dire que le capital-actions autorisé de SOQUEM est de 200 000
000 $. Mais cela n'amène aucune obligation pour le gouvernement
d'acheter des actions de SOQUEM pour une valeur de 200 000 000 $.
M. Savoie: C'est ça. C'est exactement ça. Le
capital autorisé ne veut pas dire le capital souscrit.
M. Claveau: !l reste qu'à l'article 2, étant
donné que vous pouvez revenir dans le capital payé et le baisser,
je ne vois pas pourquoi il y a une nécessité de renforcer
l'article 4 de la loi actuelle de SOQUEM par cette mesure dans la mesure
où le capital-actions autorisé reste toujours 125 000 000 $.
M. Savoie: II reste toujours 125 000 000 $.
M. Claveau: Alors, par le fait même qu'il reste 125 000 000
$...
M. Savoie: Oui, mais en faisant un mécanisme où on
peut réduire, on fait un mécanisme où on peut
également l'augmenter. Comprenez-vous, ce qu'on fait là-dedans,
avec le projet de loi, on peut augmenter les ressources financières de
SOQUEM. Comme vous l'avez souligné, plus tard à l'article 2, on
peut le réduire. Cela marche dans les deux sens.
M. Claveau: Oui, mais à partir du moment où on
autorise un certain montant...
M. Savoie: Oui.
M. Claveau: ...ça suppose que le gouvernement est en plein
droit de verser des sommes cumulatives jusqu'à ce maximum.
M. Savoie: C'est ça, sauf que ça implique
nécessairement une modification chaque fois à la toi de SOQUEM.
Si jamais on voulait déposer plus de 125 000 000 $, on serait
obligé de modifier la loi. Avec le mécanisme en question, on ne
serait pas obligé.
M. Claveau: Dans le mécanisme en question, on dit que le
gouvernement est autorisé à verser toute somme n'excédant
pas la différence entre son capital-actions autorisé et son
capital émis et payé, pour des actions, etc.
M. Savoie: Je ne comprends pas, là.
M. Claveau: Donc, ça permet de payer la différence
entre le capital-actions autorisé qui, lui, n'est pas modifié et
le niveau des actions achetées effectivement à SOQUEM. Donc,
ça n'autorise pas par le fait même le gouvernement àaugmenter à volonté le capital-actions autorisé de
SOQUEM.
M. Savoie: Oui. M. Claveau: Non?
M. Savoie: Non, excuse-moi, pas au-dessus du capital
autorisé.
M. Claveau: Mais à l'article 4, il me semble que c'est
déjà clair. Quand on autorise un maximum, c'est parce qu'on a la
latitude de jouer en deçà de ce maximum, mais qu'on ne peut pas
aller au-dessus. Cela n'ajoute absolument rien, cet article.
M. Savoie: On pense que oui. Cela crée le mécanisme
qui nous permet d'y aller d'une façon efficace.
M. Claveau: Est-ce que c'est dit dans la mécanique
actuelle que le gouvernement doit adopter un projet de loi chaque fois qu'il
veut augmenter le capital-actions, qu'il veut acheter des actions de
SOQUEM?
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: Je voulais dire: Est-ce que, actuellement, chaque
fois que le gouvernement veut acheter des actions de SOQUEM, il est
obligé d'y aller par voie de législation?
M. Savoie: Non, pas chaque fois... Oui. Actuellement, oui, pour
acheter les actions, oui.
M. Claveau: Mais est-ce que ce n'est pas intéressant que
ça se fasse comme ça dans la mesure où ça permet
que l'ensemble des citoyens et l'ensemble des parlementaires soient toujours au
courant du nombre d'actions dont le gouvernement est propriétaire dans
SOQUEM?
M. Savoie: C'est ça, c'est précisément
l'article 13. Cet article dit: "Tout décret du gouvernement approuvant
un paiement visé est déposé à l'Assemblée
nationale..."
M. Claveau: Cela va toujours s'appliquer?
M. Savoie: Oui, et on le modifie pour tenir compte de l'article
11.2 qu'on introduit.
M. Claveau: Ce n'est pas là le noeud du projet de loi, de
toute façon. Cela va pour l'article 11.2.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va. Est-ce que
l'article 1 est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Adopté. Alors, on va
aller à l'article 1.1 qui est l'amendement proposé.
M. Savoie: L'amendement de l'article 1.1 est
précisément pour permettre l'inclusion de l'article 11.2 dans
l'article 13 de la loi de SOQUEM, qui oblige le dépôt à
l'Assemblée nationale...
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Charbonneau): Cela va?
M. Claveau: On pourrait prendre notre temps pour discuter de
l'amendement.
Le Président (M. Charbonneau): Vous n'y êtes pas
obligé.
M. Claveau: Pardon?
Le Président (M. Charbonneau): Vous n'y êtes pas
obligé. L'amendement de l'article 1.1 étant adopté, nous
passons maintenant à l'article 2. Il y a ici un projet d'amendement pour
remplacer, à l'article 2...
M. Savoie: II y a un ajout qui se fait après l'article
21.3...
Le Président (M. Charbonneau): C'est ça.
M. Savoie: ...pour inclure l'article 21.4 - c'est ce qu'on a
souligné au début de notre présentation - pour que le
décret du gouvernement pris en vertu de l'article 21.1 soit
déposé à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Charbonneau): On va les prendre
paragraphe par paragraphe...
M. Savoie: Un après l'autre.
Le Président (M. Charbonneau): ...si vous n'avez pas
d'objection.
M. Savoie: D'accord.
Le Président (M. Charbonneau): À l'article 21.1,
là, vous avez un amendement pour remplacer...
M. Savoie: Le mot "versé" par "émis et
payé".
Le Président (M. Charbonneau): ...le mot "versé"
par les mots "émis et payé". Alors, sur l'article 21.1.
M. Savoie: La modification tient compte de la construction de
l'article 11.2
Le Président (M. Charbonneau): C'est ça. Alors, sur
l'article 21.1, M. le député d'Ungava, à la fois sur le
texte et sur l'amendement?
M. Claveau: Bien, oui, on va prendre tout ça en vrac.
Écoute...
Le Président (M. Charbonneau): On est dans le secteur
minier, de toute façon.
M. Claveau: II n'y a pas que dans le secteur minier qu'on fait du
transport en vrac, M. le Président.
On a et on continue à avoir, en ce qui nous concerne, de grosses
réserves quant à cet article. Le ministre nous a toujours dit que
le but du projet de loi était d'aller chercher l'argent qui venait ou
qui restait de la vente de Mines Seleine, mais on ne comprend pas pourquoi,
pour aller chercher cet argent, le ministre devrait ouvrir toutes grandes les
portes du capital-actions de SOQUEM et permettre sans limite qu'on puisse y
retourner n'importe quand.
Si tel est le but de l'opération, à ce moment-là,
qu'on fasse un article de loi qui permette de faire ça. On comprend que,
dans la mesure où l'on ne modifie pas l'article 27, qui ne peut pas
autoriser SOQUEM à verser de dividendes à moins qu'elle respecte
certaines conditions que SOQUEM ne respecte pas actuellement, le ministre doit
s'y prendre autrement pour que SOQUEM verse les surplus de la vente de Mines
Seleine au gouvernement.
Si l'intention est uniquement ça, on pourrait
éventuellement, sans dire qu'on est d'accord mais toujours pour donner
une piste de réflexion, aller le chercher par le biais du
capital-actions effectivement émis et payé à SOQUEM par le
gouvernement. Mais, que ça se restreigne exclusivement à cette
activité. C'est aussi le pouvoir du législateur de restreindre la
portée d'un amendement ou d'un article de loi. Alors, j'aimerais...
M. Savoie: On aurait pu présenter un projet de loi qui
n'aurait modifié la loi de SOQUEM que pour avoir accès aux 25 000
000 $ provenant de la vente de Mines Seleine.
M. Claveau: Oui. (12 h 45)
M. Savoie: C'était là une option qu'on avait
examinée. Il y avait aussi une autre possibilité, c'était
de fonctionner en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux de
manière à y avoir accès. Mais, ni l'une ni l'autre n'ont
été retenues. La raison est très simple: Ça
voudrait dire qu'après chaque vente... On peut penser, par exemple, que
dans un an, dans 18 mois, SOQUEM accapare, identifie un gisement important
qu'elle revend pour plusieurs millions de dollars. On pourrait penser à
un autre montant de 15 000 000 $. À ce moment-là, cela veut dire
que chaque fois, il va falloir intervenir avec un projet de loi pour avoir
accès à ces montants. C'est la première réflexion
qui...
Et le ministre des Finances a jugé que ce n'était pas
acceptable. Il faut comprendre que SOQUEM n'est plus dans la même
position qu'elle était en 1960. Ce n'est pas quelque chose qui
naît et qui prend ses ailes et qui s'envole. C'est quelque chose qui a
déjà fait une envolée importante et qui a
créé, finalement, Cambior, et tout ce qu'elle a à faire,
maintenant, c'est de continuer ses activités. Si jamais il y a des
entrées de fonds importantes, l'actionnaire, qui est quand même le
gouvernement du Québec, donc toute la population, pourra, s'il le juge
opportun, lui dire: Ces entrées de capital importantes pourront
être remises à l'État.
M. Claveau: À ce moment-là, il ne s'agit plus d'une
opération de capital-actions, il s'agit d'une opération de
dividendes. Et on devrait modifier les dispositions quant au remboursement de
dividendes au gouvernement, comme c'est le cas à Hydro-Québec.
Chaque fois que le gouver-
nement...
M. Savoie: J'ai expliqué le premier élément,
c'est-à-dire pourquoi on n'a pas présenté un projet de loi
qui ne parle que de 25 000 000 $ du montant provenant de la vente de Mines
Seleine. Ce qu'on a à examiner aussi, c'est la loi sur les pouvoirs
spéciaux qu'on aurait pu aussi utiliser. L'intervention de la loi sur
les pouvoirs spéciaux impliquait une intervention de la part du
vérificateur. Et l'implication de la part du vérificateur,
finalement, aurait placé le ministre des Finances dans une situation
où il se serait trouvé à la fois juge et partie. Excusez,
pas du vérificateur, de l'inspecteur général, je
m'excuse.
L'inspecteur général étant en quelque sorte sous la
direction du ministre des Finances, à ce noment-là, ce dernier se
trouve dans la situation où il doit appliquer une loi, où il doit
lui soumettre un test, le test étant soumis à l'approbation de
l'inspecteur général. Finalement, le ministre des Finances a
jugé qu'il serait dans la position de juge et partie au même
moment.
Pour éviter l'ambiguïté, ce qu'on a fait, c'est un
mécanisme qui, je pense, doit refléter la situation
financière globale du Québec. Premièrement, on est en
difficulté financière. Deuxièmement, les
sociétés d'État, particulièrement SOQUEM dans ce
cas-ci, lorsqu'il y a des rentrées de fonds importantes, des gros
montants de capital, il faut que ce soit clair que si le ministre des Finances
désire y avoir accès, le mécanisme doit être
là pour lui donner l'accès. Comme actionnaire, il a ce droit.
M. Claveau: Oui, mais vous comprendrez, M. le ministre, que,
généralement, un actionnaire qui met en vente ses actions d'une
compagnie, ce n'est pas parce qu'il tient beaucoup à cette compagnie.
Normalement, on essaie plutôt de trouver un mécanisme qui va
permettre de garder nos actions dans la compagnie tout en pouvant s'assurer de
certains dividendes, si dividendes il y a.
Je trouve assez spéciale une disposition qui vise à
retirer de l'argent qui viendrait d'un bénéfice de surplus en
diminuant sa participation en actions dans la compagnie. J'essaie de comprendre
le mécanisme...
M. Savoie: Un dividende, cela ne provient pas... Ce n'est pas
relié aux notions de profit.
M. Claveau: Mais vous nous avez dit, tout à l'heure, que
si vous passiez par...
M. Savoie: Ce n'est pas parce que la société va
faire un profit à la suite d'une transaction qu'il va y avoir
nécessairement émission d'un dividende.
M. Claveau: Autrement dit, vous acceptez le ait que la compagnie
devra toujours fonctionner sur une base déficitaire.
M. Savoie: Non, elle ne doit pas nécessairement
fonctionner sur une base déficitaire.
M. Claveau: Mais chaque fois qu'elle fait une opération
qui peut lui rapporter de l'argent, qui lui permettrait de compléter, de
remplir ses déficits, vous allez chercher cet argent.
M. Savoie: Non, pas chaque fois. Lorsque le ministre des Finances
va le juger opportun, il va me consulter. Il va faire préparer un
décret et, si c'est approuvé, il va le déposer à
l'Assemblée nationale et va ensuite aller chercher les fonds. Mais ce
n'est pas nécessaire de voir l'opération comme une
opération qui va maintenir, par exemple, SOQUEM en état de
dépendance auprès du ministre des Finances. C'est tout simplement
pour créer un mécanisme pour avoir accès aux fonds
lorsqu'il va y avoir des rentrées de fonds importantes. C'est tout.
M. Claveau: Est-ce que le ministre pourrait nous dire exactement
quel est le déficit actuel de SOQUEM?
M. Savoie: 3 000 000 $.
M. Claveau: Et ce déficit de 3 000 000 $ reste.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: II ne sera pas...
M. Savoie: II n'est pas nécessaire que SOQUEM prenne les
fonds provenant de la vente de Mines Seleine, qu'elle paie son passif et
qu'elle remette ensuite la différence au ministre des Finances. SOQUEM
est capable de fonctionner actuellement avec les ressources qu'elle a sans
cette rentrée de fonds supplémentaires. SOQUEM a quand même
100 000 000 $ d'actions de Cambior. C'est énorme. Elle n'a pas besoin
des sommes provenant de la vente de Mines Seleine pour continuer ses
activités, d'aucune façon.
M. Claveau: Autrement dit, vous nous dites que SOQUEM est une
société d'État qui est en très bonne posture
financière...
M. Savoie: II n'y a aucun doute.
M. Claveau: ...et que, finalement, si elle garde des
déficits de l'ordre de 2 988 000 $, c'est parce qu'elle le veut bien,
parce qu'elle pourrait très bien combler son passif dans le temps de le
dire.
M. Savoie: À titre d'information, dans le rapport annuel
de SOQUEM, vous allez voir que SOQUEM a généré un
bénéfice net de 7 000 000 $ pour l'année 1987-1988. Elle a
un
déficit de 3 000 000 $ mais ce sont des écritures
comptables, des choses qu'elle a couramment. Ce n'est pas la fin du monde. Elle
continue quand même ses activités. Elle a un actif net de 100 000
000 $ dans Cambior et chaque année, Cambior va verser, à
même ses opérations, à même ses dividendes, des
montants importants à SOQUEM. Finalement, vous êtes parti sur un
discours et vous vous êtes cru. C'est cela le problème.
M. Claveau: Absolument pas.
M. Savoie: Bien oui. C'est ce qui est arrivé.
M. Claveau: On reflète une réalité de ce qui
se passe actuellement. C'est que SOQUEM peut avoir des opérations pour
combler ses déficits et pour s'assurer d'une bonne stabilité
économique, pour avoir des investissements, de l'argent pour investir
dans l'exploration minière sans dilapider son patrimoine.
M. Savoie: SOQUEM va toujours avoir cette orientation. On veut
une SOQUEM en santé, on veut une SOQUEM active avec l'approbation de son
plan quinquennal, avec les orientations qu'elle se donne. Elle va l'avoir. Il
n'y a pas d'erreur là-dessus. Ce n'est pas parce qu'on lui enlève
les fonds provenant de la vente de Mines Seieine que cela va réduire ses
activités ou que cela va lui créer des problèmes
financiers importants. Deuxièmement, ce n'est pas non plus parce qu'on
établit un mécanisme par lequel le ministre des Finances peut
augmenter ou réduire les montants que le gouvernement du Québec
investit ou réduit de SOQUEM qu'on veut empêcher SOQUEM
d'accomplir son rôle.
M. Claveau: Vous croyez qu'au moment où on se parle le
gouvernement du Québec pourrait retirer l'ensemble de son
capital-actions investi dans SOQUEM et que SOQUEM pourrait continuer à
agir quand même?
M. Savoie: Pardon?
M. Claveau: Vous croyez qu'au moment où on se parle le
gouvernement du Québec pourrait retirer la presque totalité des
sommes qu'il a investies dans SOQUEM au départ sous forme de
capital-actions et que, tout en étant le seul actionnaire de SOQUEM, je
ne le sais pas, cela pourrait se réduire peut-être à une
participation de 500 000 $.
M. Savoie: M. le député d'Ungava, le gouvernement
du Québec pourrait décider demain matin de mettre fin à
SOQUEM. On est le seul actionnaire. On décide de ce qui se produit dans
SOQUEM. Si, demain matin, on se lève et on dit: SOQUEM n'a plus sa
raison d'être. On l'annule, c'est fini, on la raye. Ce n'est pas notre
intention. Notre intention est de voir SOQUEM continuer à jouer le
rôle qu'elle jouait au début de ses activités, en tenant
compte de l'évolution de 20 ans, en jouant un rôle d'intervenant,
de bras séculier du gouvernement du Québec dans l'industrie de
l'exploration minière, justement dans le but de créer une autre
Cambior quand le temps sera opportun. Il n'y a personne qui a parlé de
mettre de côté et d'annuler SOQUEM. Cela ne se fera pas, Je peux
vous l'assurer, tant et aussi longtemps que je serai ministre
délégué aux Mines et aux Affaires autochtones. Il n'y a
pas de motif, je le dis.
M. Claveau: Vous avez passablement réduit les
capacités d'intervention de SOQUEM.
M. Savoie: Non, on n'a pas réduit la capacité
d'intervention de SOQUEM. Tout ce qu'on a dit à SOQUEM, c'est: Vous ne
pouvez plus jouer en Abitibi. Il y a tellement d'exploration en Abitibi que la
part du marché que SOQUEM occupe au niveau de l'exploration n'est pas
suffisamment élevée. En 1965, lorsque SOQUEM a été
créée, elle avait une grosse partie des frais d'exploration au
Québec. Mais, en 1985, cela n'équivalait pas à 2 % de
l'activité d'exploration au Québec. C'était minime. Elle
continue toujours d'investir les mêmes montants, 4 000 000 $, 5 000 000
$. Elle peut même l'augmenter si elle veut. D'ailleurs, ce qu'on
souhaite, c'est que la nouvelle direction du Dr Laurin, qui connaît la
situation au niveau géologique du Québec mieux que quiconque, je
crois, va être capable de déceler Immédiatement, le plus
rapidement possible, attirer l'industrie et recommencer tout le processus. On
ne veut pas réduire, limiter, étouffer ou mettre de
côté SOQUEM.
Si j'avais eu à prendre la décision d'annuler SOQUEM, je
l'aurais prise en 1986 lorsqu'on a créé Cambior. Cela aurait
été beaucoup plus facile pour moi de tuer SOQUEM à ce
moment-là. J'ai été critiqué parce que j'ai
gardé SOQUEM. Je ne sais pas si vous vous rappelez les articles dans
Les Affaires, par exemple, ou d'autres articles où on disait: II
a créé Cambior et il garde SOQUEM, cela n'a pas de bon sens. Cela
a du bon sens. Cela a du bon sens parce que c'est important pour l'industrie
minière du Québec. Cela a du bon sens que SOQUEM continue
à jouer son rôle parce qu'on est capable, avec SOQUEM, de faire de
la planification pour l'industrie. On sait, par exemple, que l'industrie
minière est cyclique, on sait que certains minéraux et certains
métaux ne suscitent pas d'intérêt de la part de l'industrie
parce qu'on ne prévoit pas suffisamment au niveau de l'industrie
lorsqu'on fait nos interventions sur le terrain. SOQUEM, elle, est capable de
le faire. On sait, par exemple, que dans la région de
Chapais-Chibougamau, la situation du cuivre est difficile, il y a seulement un
producteur d'or. On demande à SOQUEM d'intervenir
particulièrement parce qu'on sait que, à moyen terme,
Chapais-
Chibougamau a besoin de réorienter son camp minier pour mieux
l'équilibrer.
M. Claveau: Oui, mais ce n'est pas avec 2 000 000 $ ou 3 000 000
$ par année qu'on va faire cela.
M. Savoie: II n'y a jamais eu 2 000 000 $ ou 3 000 000 $ pour une
année d'exploration à la SOQUEM. Je ne sais pas où vous
prenez cela.
M. Claveau: On parle ici... En 1987, d'après le plan qui
avait été déposé à ce moment-là, on
disait 2 500 000 $. Cela, c'était déposé...
M. Savoie: Oui, mais, c'est faux les chiffres, dans le sens que
l'année 1986-1987, c'est l'année où on a fait la
privatisation. C'est l'année financière où on a fait la
privatisation de SOQUEM. Si vous regardez 1987-1988, il y a un montant de 4 000
000 $, en 1988-1889, encore 4 000 000 $.
M. Claveau: 4 000 000 $ pendant quatre ans. C'est cela qui
était prévu.
M. Savoie: C'est cela. C'est cela qu'on va faire. J'imagine que,
compte tenu des circonstances du marché, compte tenu de
l'évolution de la situation, le montant pourrait être
augmenté. On n'empêche pas SOQUEM d'augmenter son plan
quinquennal. Je n'ai jamais dit au Dr Laurin ou aux fonctionnaires de SOQUEM:
Vous avez 4 000 000 $ et ne bougez pas une cent de là. Je n'ai jamais
dit cela. On leur a dit: Préparez-nous un plan quinquennal qui tienne
compte d'une certaine réalité économique.
M. Claveau: Vous n'avez jamais dit cela, mais ce qui est
prévu dans le plan de développement 1986-1991 qui nous a
été déposé, c'est 2 500 000 $ la première
année, 4 000 000 $ pour les quatre années qui suivent et on dit
là-dedans que, dans la mesure où il pourrait y avoir un projet
qui soit plus intéressant pour une raison ou une autre et qui
demanderait des sommes substantielles supérieures au montant
décidé, à ce moment-là, SOQUEM devait revenir
quêter devant le Conseil du trésor et expliquer son point de vue
pour avoir des fonds supplémentaires. C'est ce qui est arrivé
cette année, ce qui a permis à SOQUEM d'aller à 5 200 000
$.
M. Savoie: Dans le plan quinquennal de SOQUEM, SOQUEM demande 1
600 000 $ de plus que les 4 000 000 $ déjà approuvés. Cela
vous donne une idée de l'orientation qu'on se donne. Pour 1986-1987, il
y a une passe-passe dans les chiffres. Effectivement, il n'y a eu que 2 500 000
$ d'exploration, mais il y avait un autre montant de 2 000 000 $ qui
était nécessaire. Je pense que les 2 000 000 $ étaient
nécessaires pour justement tenir compte de l'intervention de Cambior.
Cela lui a coûté 2 000 000 $, de toute façon, je pense,
quant aux baux et aux procédures administratives pour la création
de Cambior. Alors, le discours disant qu'on veut limiter SOQUEM, qu'on veut la
mettre sur ce qu'on appelle un "phasing down" ne reflète pas la
réalité. (13 heures)
M. Claveau: On veut la garder. On souhaite de toute façon
la garder, c'est bien évident, c'est ce qu'on demande, c'est ce qu'on
exige. C'est clair. Sauf qu'on voudrait aussi que SOQUEM puisse avoir plus de
flexibilité dans la mesure où - vous venez de le dire
vous-même - SOQUEM, dans le fond, a des opérations
financières, elle a 100 000 000 $ dans Cambior, U y a des ventes, des
choses intéressantes. Par exemple, l'année prochaine, pour toutes
sortes de raisons, SOQUEM pourrait développer de nouveaux programmes
d'interventions ou de "part-nership" avec des prospecteurs sur des terrains,
dans des milieux précis, et si, par un hasard de circonstances, de
conjonctures, SOQUEM avait besoin d'investir 15 000 000 $ en 1989 dans
l'exploration minière, à ce moment-là, qu'elle puisse le
faire.
M. Savoie: Elle viendra nous voir et nous en parlera. C'est tout,
il n'est pas question, si elle veut mettre 15 000 000 $... Supposons, comme je
vous dis, que l'année prochaine elle a une propriété et
qu'elle la vend 3 500 000 $, cela ne veut pas dire ipso facto, en vertu de
cela, qu'on va aller les chercher.
M. Claveau: Cela peut vouloir dire ça.
M. Savoie: Cela peut vouloir dire ça parce qu'on est
l'actionnaire. Demain matin, on peut se lever et décider que SOQUEM
c'est fini techniquement, comme vous auriez pu le faire sous votre mandat, vous
êtes l'actionnaire, cela existe pour vous. Alors quand vous jugez qu'elle
ne répond plus à ses objectifs ou à ses orientations, vous
avez cette option. Vous pouvez en tout temps faire cette intervention et ce
n'est pas ce projet de loi qui change quoi que ce soit là-dedans.
M. Claveau: Oui, c'est parce que actuellement, pour que le
gouvernement se retire de SOQUEM, qu'il étouffe SOQUEM, finalement, il
faut qu'il passe par un projet de loi. Alors qu'avec l'article 21.1, tel que
lu, tel qu'il est rédigé, vous pouvez retirer jusqu'à 100
% du capital-actions de SOQUEM, que vous avez payé comme
gouvernement...
M. Savoie: En tout temps.
M. Claveau: ...sans passer par l'Assemblée nationale,
autrement qu'en déposant un décret.
M. Savoie: En tout temps, on pouvait le faire, M. le
député d'Ungava. En tout temps,
auparavant, on aurait pu le faire si on avait voulu. On aurait pu poser
le geste d'annihiler SOQUEM. On aurait pu passer par la loi sur les pouvoirs
spéciaux, le ministre des Finances ordonne...
M. Claveau: Ah, mais ce sont des lois.
M. Savoie: C'est un mécanisme juridique qui est compris
dans la loi. On aurait pu, en vertu de la loi sur les pouvoirs spéciaux,
exercer tout simplement le recours. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a
créé un mécanisme qui donne finalement une certaine
transparence et qui met les cartes sur la table. Aujourd'hui, ce qu'on fait,
c'est qu'on règle le cas de SOQUEM pour ce qui est de l'accès du
ministre des Finances aux fonds qu'il désire. Comme actionnaire - c'est
quand même une société qui nous appartient - si le ministre
des Finances décide un jour...
M. Claveau: II appartient aux Québécois.
M. Savoie: Pardon, cela appartient aux Québécois et
nous sommes les représentants de ces Québécois.
M. Claveau: Et les Québécois ont le droit de dire
leur mot là-dessus.
M. Savoie: C'est cela, ils disent leur mot en élisant le
gouvernement et en le tenant responsable. Quand je dis évidemment que
cela appartient à la société...
M. Claveau: Oh....
M. Savoie: ...cela appartient à la société,
et le représentant des Québécois et des
Québécoises pour les opérations financières, c'est
le ministre des Finances.
Le Président (M. Charbonneau): Sur cette dernière
réponse, on va suspendre les travaux parce qu'il est treize heures.
M. Savoie: Est-ce qu'on pourrait continuer les travaux?
M. Claveau: Vous avez mon consentement pour qu'on continue
quelques minutes.
Le Président (M. Charbonneau): Mais le problème,
c'est que le président de la commission doit rencontrer le
président de l'Assemblée nationale qui a demandé de le
rencontrer...
M. Savoie: Est-ce qu'on pourrait nommer un autre
président?
Le Président (M. Charbonneau): ...pour l'organisation de
la télédiffusion des travaux des commissions parlementaires.
Alors, de toute façon, écoutez...
M. Savoie: Est-ce qu'on pourrait demander un consentement pour
l'adoption de l'article 2?
Le Président (M. Charbonneau): Je vais vous dire tout de
suite que si cela prend trois ou quatre minutes pour adopter cet article, cela
va. Mais si vous avez de longues discussions à faire, il est clair qu'on
va revenir à l'ordre de la Chambre, qui est de suspendre à ce
moment-ci. On doit revenir étudier le projet de loi sur le régime
des eaux, d'abord, et le leader du gouvernement a donné l'ordre à
l'Assemblée nationale que nous reprenions l'étude de ce projet de
loi cet après-midi ou ce soir, une fois que l'étude
détaillée du projet de loi sur le régime des eaux sera
teminée.
Donc, si vous me dites que vous en avez encore pour une heure, c'est
l'organisation des travaux du leader parlementaire qui est en cause et, dans ce
contexte, on va reporter cela à plus tard. Deux ou trois minutes, cela
va, mais si c'est plus que cela, je vous le dis tout de suite...
M. Claveau: Cela prendra plus de deux ou trois minutes pour faire
le reste du projet de loi, c'est clair.
Le Président (M. Charbonneau): Bon, dans ce cas, on va
suspendre les travaux et on les reprendra quand on aura terminé
l'étude du régime des eaux. C'est la volonté, le choix du
leader parlementaire et c'est l'ordre qui a été donné par
l'Assemblée.
Une voix: Quand, M. le Président?
Le Président (M. Charbonneau): Cet après-midi ou ce
soir quand l'autre projet de loi aura été étudié en
détail. Je ne peux contrôler le déroulement, mais je sais
une chose, c'est que c'est l'ordre de la Chambre.
Une voix: ...consentement...
Le Président (M. Charbonneau): On peut continuer, mais pas
une demi-heure. Je vous le dis tout de suite.
M. Savoie: Est-ce qu'on pourrait s'entendre sur quinze minutes,
vingt minutes?
M. Claveau: Est-ce qu'il y a des problèmes à
revenir cet après-midi après l'étude du projet de loi sur
le régime des eaux?
M. Savoie: Est-ce que c'est absolument nécessaire?
Le Président (M. Charbonneau): Vous en avez pour combien
de temps? Vous prévoyez pour combien de temps encore?
M. Claveau: Bien, donnez-nous quelques
minutes et on va essayer de faire notre possible.
M. Savoie: On verra. On va faire vingt minutes et on verra. Vingt
minutes!
Le Président (M. Charbonneau): En tout cas, si, à
la limite, on a un problème, on demandera à un collègue de
présider la séance.
M. Claveau: En tout cas, on pourrait discuter longtemps de la
vocation de SOQUEM, mais il reste qu'en ce qui nous concerne, on ne comprend
pas le pourquoi d'ouvrir les portes aussi larges pour pouvoir permettre au
gouvernement, par le biais d'un projet de loi, d'aller chercher à
volonté des sommes d'argent dans SOQUEM, alors qu'on nous a dit au
départ que c'est une opération fixe par rapport à un
mo-mentum bien précis et, là, on nous arrive avec un projet de
loi qui veut régler les problèmes de récupération
des fonds dans SOQUEM ad vitam aeternam. Alors, nous sommes carrément
contre cette démarche, c'est clair. Si jamais SOQUEM fait d'autres
opérations très rentables, encore une fois, le gouvernement
pourrait avoir besoin d'aller chercher de l'argent dans d'autres ventes, libre
à lui de faire un projet de loi en conséquence, le moment venu,
si jamais ça se présente, si le ministre rêve d'un nouveau
Cambior.
Il a beau rêver, mais au moment où on se parle, les chances
d'un nouveau Cambior dans SOQUEM sont plutôt minces. Si jamais ça
vient, à ce moment-là, justement, comme disait le ministre, on
aura l'occasion de s'en reparler devant un autre projet de loi qui viendrait
ramener la même chose sur la table.
M. Savoie: II y a comme un problème de conception. Pour
que SOQUEM puisse faire son lit, puisse se développer comme bon lui
semble, il était important qu'elle ait une bonne part d'autonomie
vis-à-vis du gouvernement. Cela, c'était il y a vingt ans.
Aujourd'hui, la situation a changé. Elle est rodée, elle est
structurée. Elle est capable de fonctionner et elle a l'appui de tous
les gouvernements qui vont se succéder de la garder intacte. SOQUEM,
c'est très clair, nous coûte un peu d'argent, mais elle en
génère beaucoup plus pour l'ensemble de la population
québécoise. En vertu de sa loi constitutive, il y a un pouvoir de
direction immédiate sur les opérations de la compagnie.
La Société québécoise d'exploration
minière, en vertu de son article 23, peut recevoir des directives du
ministre responsable. En tout temps, le ministre des Finances, comme
actionnaire de SOQUEM... Là, je parle au sens où le ministre des
Finances, en quelque sorte, représente la société
québécoise comme actionnaire. Il pouvait intervenir en tout cas,
aller chercher l'argent qu'il voulait. Finalement, c'est un mécanisme
qui simplifie les entrées et sorties de fonds vis-à-vis du
ministre des Finances. C'est un mécanisme qui clarifie le dossier et
pour les années à venir.
Maintenant, chaque intervention de la part du gouvernement doit se
juger, comme il se doit, à partir de chaque intervention. Elle doit
être prise sur une base ad hoc et à partir de ça... Si on
avait l'intention d'annuler SOQUEM, on ne procéderait pas comme
ça. Si on avait l'intention, par exemple, d'aller chercher 100 000 000 $
d'actions de Cambior qu'il y avait là-dedans, on ne procéderait
pas de cette façon. C'est sûr que ça ouvre la porte, mais
c'est un mécanisme qui fonctionne dans les deux sens. Il y a un article
qui nous permet d'augmenter et un mécanisme qui nous permet de
réduire.
M. Claveau: Le ministre dit que s'il voulait aller chercher de
l'argent de Cambior, y ne procéderait pas d'une façon semblable.
On ne le sait pas, puisque ce qu'il fait, ça permet effectivement
d'aller le chercher.
M. Savoie: On mettrait fin aux opérations de SOQUEM
purement et simplement.
M. Claveau: Le ministre a dit lui-même qu'il y avait 100
000 000 $ de propriété de SOQUEM dans Cambior, actuellement.
M. Savoie: Et beaucoup plus.
M. Claveau: Sans mettre fin aux opérations de SOQUEM, si
le gouvernement, l'année prochaine, pour l'exercice financier 1989-1990,
décide qu'il va avoir besoin de 125 000 000 $ additionnels et qu'il a
100 000 000 $ qui traînent dans les actions de SOQUEM, il peut faire la
même chose en rappelant du capital-actions versé, émis et
payé à SOQUEM et en obligeant SOQUEM à payer
elle-même s'il lui faut des liquidités. Ces liquidités,
elle va aller les chercher dans ses placements, puisqu'il n'y a pas de caisse
qui permet de piger dedans à volonté sans aller voir dans les
placements.
M. Savoie: II y a le test d'équité. Il y a aussi le fait
qu'il doit le déposer à l'Assemblée nationale. Dès
que le décret est préparé, il doit le déposer
à l'Assemblée nationale et l'article 27.2 est maintenu. De toute
façon, M. le député d'Ungava, ça fait dix fois que
je vous le répète, cette volonté que vous craignez -
à juste titre et honnêtement, j'en suis sûr - existait,
pouvait toujours se réaliser.
Le Président (M. Charbonneau): Je voudrais vous poser une
question: Je vous écoute aller et j'ai l'impression que vous en avez
pour un bon bout de temps?
M. Savoie: Non. Non, non, on arrive au bout de la piste.
Le Président (M. Charbonneau): Ce n'est pas l'impression
que j'ai.
M. Claveau: II y a une chose qui est évidente. On ne
s'entendra sûrement pas sur la portée de cet article, c'est clair.
Fondamentalement, il y a là quelque chose qui ne fonctionne pas, qui
n'est peut-être pas la volonté du ministre actuel mais qui peut
dégénérer en une volonté de réduire,
à la limite, la participation de SOQUEM sans qu'on ait pour autant
à recourir à un autre mécanisme législatif,
puisqu'on va l'avoir voté là.
En ce qui nous concerne, c'est inadmissible et, quelle que soit
l'argumentation du ministre, il n'en demeure pas moins que la porte est toute
grande ouverte, il l'a dit lui-même. Alors, nous serons certainement
contre cet article du projet de loi.
M. Savoie: Alors, il est adopté sur division.
M. Claveau: Adopté sur division, vous l'avez voulu.
Le Président (M. Charbonneau): Alors, l'article 21.1 de
l'article 2 est adopté sur division.
M. Savoie: Oui, tel qu'amendé.
Le Président (M. Charbonneau): Tel qu'amendé.
J'appelle l'article 21.2. Est-ce que l'article 21.2 est adopté?
M. Claveau: Non. Excusez, M. le Président. À
l'article 21.2, il y a là encore un problème. Dans le fond,
l'article 21.2 est un voeu pieux. On dit que le vérificateur aura 30
jours pour se prononcer à savoir s'il y a des motifs raisonnables de
ramener l'argent et le ministre des Finances, à son avis, s'il a des
motifs de croire que la Société ne peut acquitter son passif
à échéance en raison de la réduction du
capital-actions visée à l'article 21.1.... Écoutez!
D'abord, "motifs raisonnables", qui en jugera? C'est le ministre des
Finances. Le ministre des Finances n'est pas lié par la décision
du vérificateur de la société qui doit informer le
ministre des Finances. Il doit l'informer et il donne un avis disant que: Je
crois que, si vous rappelez ce capital-actions, on n'aura pas suffisamment
d'argent, on ne sera pas capable de couvrir notre passif. Le ministre des
Finances n'est pas lié par ça. Le ministre des Finances peut
quand même décider que la décision, les prétentions
ou les craintes du vérificateur ne sont pas fondées et rappeler
le capital-actions. Moi, je ne comprends pas vraiment pourquoi, à ce
moment-là, on inclut cet article juste pour dire qu'on va consulter le
vérificateur mais, en réalité, sans être lié
de quelque façon que ce soit...
M. Savoie: Tournez la page.
M. Claveau: ...à la décision du
vérificateur.
M. Savoie: Tournez la page.
M. Claveau: Bon, on va la tourner la page...
M. Savoie: Lisez-la.
M. Claveau: "Si le vérificateur est d'avis qu'il n'y a pas
de motifs raisonnables de croire que la société ne pourrait
acquitter son passif à échéance, le ministre des Finances
fait publier à la Gazette officielle du Québec un avis de
réception de cette opinion, de la réduction du capital-actions
qui doit être effectuée et du remboursement..." Cela dit que, s'il
n'a pas raison de croire, à ce moment, on y va tout de suite, c'est
clair, d'accord? Mais, si le vérificateur a des motifs raisonnables, il
n'y a encore rien là qui va assurer que le ministre des Finances doit
être lié par la décision du vérificateur.
M. Savoie: Oui, mais ça va tout ensemble. La
Société, si c'est le cas et si c'est publié à la
Gazette officielle du Québec, doit alors procéder à
l'annulation des actions faisant l'objet de la réduction. Si c'est
négatif, il n'y aura pas de réduction, c'est ce que dit l'article
21.3. C'est un test qu'on fait qui est conforme à la partie 1A de la Loi
sur les compagnies. Si elle ne rencontre pas le test, il n'y aura pas
d'émission, il n'y aura pas de réduction. (13 h 15)
M. Claveau: L'article 21.3 dit: "La demande de réduction
de capital-actions et de remboursement devient exécutoire à la
date où l'avis visé à l'article 21.2 est publié
à la Gazette officielle...''
M. Savoie: Est-ce que je pourrais expliquer au
député d'Ungava l'article 21?
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: Après consultation, le ministre peut demander
une réduction. Il demande la réduction. Dans les trente jours de
la demande, le vérificateur, s'il existe des motifs raisonnables de
croire que la société ne pourra acquitter son passif à
échéance en raison de la réduction du capital-actions
à l'article 21.1, en avise le ministre des Finances et le ministre des
Finances fait publier à la Gazette officielle du Québec un
avis de la réception. Par la suite il y a la demande de réduction
et si la société ne peut pas procéder, n'est pas apte
à passer le test, il n'y a pas de réduction. Il n'y aura pas de
réduction du capital-actions demandée par le ministre des
Finances. Ce sont les mêmes articles que la partie 1A de la Loi sur les
compagnies. C'est le même libellé, me dit-on.
M. Claveau: Le même libellé?
M. Savoie: Le même test. C'est le même
mécanisme. Le mécanisme qui est là me semble
acceptable dans le sens que c'est conforme à un test qu'on peut
mettre en vigueur. Par exemple, si on peut l'utiliser pour toutes les
compagnies au Québec, on peut l'utiliser pour la Société
québécoise d'exploration minière. Le point que vous avez
soulevé, qui est vraiment l'élément clé dans le
dossier, c'est justement de créer le mécanisme mais quand on
accepte le principe que le gouvernement du Québec est le seul
actionnaire et que, de toute façon, il pourra procéder d'une
façon ou d'une autre, ça ne donne rien de se débattre.
C'est ça.
Le Président (M. Hétu): M. le
député?
M. Savoie: Et on protège les créanciers. Il n'y a
pas de difficulté.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que l'article 21.2
est adopté?
M. Claveau: Non, je veux juste avoir une précision
là-dessus. Est-ce qu'il peut arriver que le ministre des Finances juge
que, pour sa part, les motifs qui sont raisonnables pour le vérificateur
de la société ne soient pas jugés raisonnables par lui, le
ministre des Finances, et que dans ces conditions, il peut passer outre
à l'information qui lui est transmise par le vérificateur quant
aux risques que la société ne soit pas capable de couvrir son
passif?
M. Savoie: Je ne vois pas comment le ministre des Finances
pourrait intervenir dans cette évaluation-là parce que c'est au
début de l'article 21.2, au deuxième alinéa, où on
dit: "Si le vérificateur est d'avis qu'il n'y a pas de motifs
raisonnables de croire que la société ne pourrait acquitter son
passif à échéance, le ministre des Finances fait
publier.." Ce n'est pas marqué "pourra publier", c'est marqué
"fait publier".
M. Claveau: Est-ce que dans tout ce processus, la direction de
SOQUEM aura son mot à dire un jour ou l'autre?
M. Savoie: Je pense, M. le député d'Ungava, que
votre inquiétude est honnête, elle est là, parce que j'ai
eu exactement la même inquiétude. Mais ce qu'il faut comprendre,
c'est la décision d'aller chercher un montant. On peut parler, dans
trois ou quatre ans, d'un montant de 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ ou d'un autre
actif de la part de SOQUEM dont le ministre des Finances voudra s'emparer. Il
avait ce pouvoir. Ce pouvoir existait et il pouvait le faire sans apporter une
loi modificatfve pour aller chercher un montant de 3 000 000 $ ou 4 000 000 $.
Il pouvait fonctionner en vertu de la Loi sur les pouvoirs spéciaux qui
lui donne ce pouvoir.
Cela existait toujours... Tout ce qu'on fait, c'est qu'on crée un
mécanisme et une fois qu'on accepte que SOQUEM entre dans une
espèce de phase 2, si vous voulez, après avoir fait ce qu'elle
devait faire avec Cambior... Il ne faut pas se tromper, Cambior, cela a
été préparé, cela a été
autorisé, il y a eu un premier décret là-dessus sous votre
gouvernement. Et cela entre très bien dans les cadres...
M. Claveau: Mais cela ne veut pas dire qu'il aurait
été fait de la façon qu'il a été fait.
M. Savoie: Non, non. Le principe de vouloir, un peu comme
Sisyphe, rouler la roche du haut d'un sommet pour qu'ensuite, la roche retombe
et qu'il recommence, c'est un peu cela, son rôle, c'est ce qu'on veut
qu'elle fasse. Si le ministre des Finances décide, un jour, d'aller
chercher de l'argent, il va aller le chercher. Là, on a mis le maximum,
on a maintenu un ensemble de test, on s'est aussi assuré que la demande,
une fois qu'elle est approuvée par le Conseil des ministres, soit
déposée à l'Assemblée nationale pour un maximum de
transparence.
Il faut comprendre que l'actionnaire, c'est finalement le ministre des
Finances. C'est là depuis ses débuts, il y a un pouvoir de
direction de la part du ministre, de tuteur, auprès de SOQUEM et cela a
toujours existé. Alors, quand on arrive et qu'on nous dit: Comme
ministre des Finances, je veux que la machine fonctionne le plus rondement
possible, de façon la plus équitable possible, il est très
difficile de s'y opposer sur une question de principe parce qu'on ne modifie
pas le tonus de base, le tonus de base étant que c'est le gouvernement
du Québec qui a non seulement le pouvoir de vie ou de mort sur SOQUEM,
mais qu'il est le seul actionnaire. Il n'y en a pas trois actionnaires, il n'y
a qu'un et c'est nous.
Ultimement, si on décide d'aller chercher un montant, que ce soit
par ce biais ou par un autre, on va aller le chercher. Là, ce qu'on
fait, c'est qu'on crée un mécanisme, on le rend transparent, le
mécanisme, et il est là. Malgré les craintes qui sont
fondées, je ne crois pas pour deux minutes qu'on veuille empêcher
SOQUEM de se développer, qu'on veuille empêcher SOQUEM de
continuer à évoluer dans un milieu qui est
particulièrement agressif, particulièrement difficile.
On va lui donner toute la volonté voulue pour le faire. On va
chercher 25 000 000 $, on constate qu'il n'y a pas de mécanisme, on
constate que cela crée un problème, on crée un
mécanisme et on le dépose. Et c'est tout. Et le mécanisme
n'est pas si mauvais que cela. Il y a encore des tests, le vérificateur
de la compagnie intervient, c'est lui qui fait l'évaluation et c'est lui
qui fait en sorte que l'avis est publié à la Gazette
officielle et si ce n'est pas fait, c'est-à-dire que si le
vérificateur n'évalue pas cette situation, il n'y aura pas de
réduction de capital-actions.
Le Président (M. Hétu): M. le
député
d'Ungava?
M. Claveau: On verra à l'usage ce que cela va donner.
M. Savoie: C'est cela que je me suis dit, moi aussi, on verra
à l'usage. Et si jamais il se produit une situation délicate, on
pourra peut-être même faire front commun.
M. Claveau: Cela pourrait être intéressant, pour une
fois.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que l'article 21.2
est adopté, M. le député?
M. Claveau: Sur division. Je suis prêt à passer
à l'adoption sur division.
Le Président (M. Hétu): Adopté sur division.
J'appelle l'article 21.3.
M. Claveau: C'est la même chose, On l'a discuté en
même temps.
Le Président (M. Hétu): II y a un amendement
à l'article... L'article 21.3 est adopté?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Hétu): Sur division?
M. Savoie: Sur division, avec la modification qu'on a...
Le Président (M. Hétu): La modification à
l'article 21.4.
M. Savoie: C'est cela, oui. En ajoutant l'article 21.4 pour
indiquer que le décret du gouvernement, pris en vertu de l'article 21.1,
est déposé à l'Assemblée nationale.
M. Claveau: Encore là, il s'agit quand même d'un
gain dans la mesure où, pour le moins, l'Assemblée nationale va
pouvoir être mise au courant de ce qui va se passer.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: C'est déjà un plus par rapport à
ce qu'on avait avant. Mais en ce qui nous concerne, c'est encore loin
d'être satisfaisant, parce qu'on aurait très bien pu, à ce
moment-là, l'amener par le biais de la loi. C'est la même chose
pour le ministre de l'Énergie et des Ressources dans la Loi sur le
régime des eaux qui nous propose certaines modalités pour
l'application desquelles on devra revenir chaque fois par le biais
législatif devant l'Assemblée nationale.
Le même principe aurait pu s'appliquer pour toute modification
dans la participation du gouvernement au capital-actions de SOQUEM, que chaque
fois qu'on fait une modification, on l'amène par le biais d'une loi.
À ce moment-là, cela permet à différents
interlocuteurs intéressés de pouvoir faire valoir leur point de
vue, alors que quand on l'amène sous forme de décret, on donne
l'information, point final. Le décret, une fois qu'il est passé,
il est passé, c'est bien dommage, il n'y a plus à revenir dessus.
Au moins, en tout cas, on peut s'assurer que l'Assemblée nationale va
savoir un peu ce qui se passe dans SOQUEM, ce qui n'était pas
prévu avant.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que l'amendement
à l'article 21.4 est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que l'ensemble de
l'article 2 est adopté?
M. Claveau: Sur division.
Le Président (M. Hétu): J'appelle l'article 3. Il y
a un amendement à l'article 3.
Des voix: L'article 3 est supprimé.
Le Président (M. Hétu): L'article 3 est
complètement supprimé?
M. Savoie: L'article 3 est supprimé au complet.
Le Président (M. Hétu): II n'est pas question de
l'adopter a ce moment-là. Est-ce que l'amendement à l'article 3
est adopté?
M. Claveau: Sur division.
Le Président (M. Hétu): Sur division.
M. Savoie: Mais non. On le supprime, donc on maintient un
test.
Le Président (M. Hétu): On le supprime.
M. Savoie: On le supprime, donc on maintient un test
additionnel.
M. Claveau: On est pour le maintien... M. Savoie:
D'accord.
M. Claveau: ...du texte de base, d'accord. Fondamentalement, sur
l'amendement, on est pour sauf que ce dont on est contre, c'est d'avoir fait le
choix d'aller dans le capital-actions plutôt que de modifier le
comportement de la compagnie quant à la répartition de ses
dividendes. Cela aurait pu être un choix. Mais on est pour l'amendement
dans la mesure où, effectivement, il maintient le texte de base.
Le Président (M. Hétu): L'article 3 est
supprimé. C'est adopté.
M. Savoie: On peut peut-être mentionner que la
majorité des sociétés d'État ont vu ce test
retiré sauf quatre, SOQUEM, REXFOR, SOQUIP et la Société
des traversiers. Alors, on le maintient.
Le Président (M. Hétu): J'appelle l'article 4.
Une voix:...
Le Président (M. Hétu): Oui, c'est adopté
sur division.
M. Savoie: L'article 4?
Le Président (M. Hétu): Non, l'article 3.
M. Claveau: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Hétu): D'accord. J'appelle
l'article 4.
M. Claveau: Est-ce qu'on peut savoir la date d'entrée en
vigueur?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Adopté. L'ensemble du projet de loi.
Le Président (M. Hétu): Sur la modification de la
Loi sur la Société québécoise d'exploration
minière, est-ce que l'ensemble du projet est adopté?
M. Claveau: Sur division.
Le Président (M. Hétu): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 15 heures. Non. Est-ce qu'il y a une motion de
renumérotation? Non?
Une voix: On a abrogé l'article 3. Une voix:
D'accord, oui.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que la motion de
renumérotation est adoptée?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Est-ce que le titre du
projet de loi est adopté?
M. Claveau: Adopté.
Le Président (M. Hétu): Les travaux sont suspendus
jusqu'à 15 heures pour entreprendre l'étude du projet de loi sur
le régime des eaux.
(Suspension de la séance 13 h 29)
(Reprise à 15 h 11)
Projet de loi 71
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail est réunie cet
après-midi afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 71, Loi modifiant la Loi sur le
régime des eaux. Lors de l'ajournement des travaux, nous étions
à l'étude de l'article 1. M. le ministre?
Étude détaillée (suite)
M. Ciaccia: Mme la Présidente, dans la loi actuelle, toute
location de force hydraulique d'une puissance naturelle de 225 kilowatts ou
plus au débit ordinaire de six mois nécessite l'adoption d'une
loi. Les seules exceptions permises par voie de décret sont les cas
d'Hy-dro-Québec, les corporations municipales et les coopératives
d'électricité. L'amendement permettra au gouvernement d'allouer
par voie de décret toute location de force hydraulique du domaine public
pour l'exploitation d'une centrale hydroélectrique de 25
mégawatts et moins.
Seules les locations visant les centrales de plus de 25 mégawatts
seront soumises au processus législatif. L'amendement perpétue le
processus de décret pour toute location de force hydraulique à
Hydro-Québec et aux corporations municipales. Quant aux
coopératives d'électricité, la loi qui les constituait fut
abrogée par la Loi sur la coopérative régionale
d'électricité de Saint-Jean-Baptiste de Rouville et abrogeant la
Loi pour favoriser l'électrification rurale par l'entremise de
coopératives d'électricité, 1986, chapitre 21.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Mme la Présidente, on est en train de discuter
seulement du premier paragraphe ou de tout l'ensemble des paragraphes?
M. Ciaccia: Je prends l'article 3, pour commencer.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 1.
M. Ciaccia: L'article 1.
M. Claveau: Le premier paragraphe, qui s'intitule 3.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est cela.
M. Claveau: La cession de force hydraulique du domaine
public...
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que le
ministre a donné les...
M. Claveau: ...est prohibée sous réserve de
l'article 32 de la Loi sur Hydro-Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que le
ministre a donné les explications sur les quatre paragraphes.
M. Ciaccia: Oui, j'ai donné l'explication sur tout
l'article 3. À l'article 1, on dit que l'article 3 de la Loi sur le
régime des eaux est remplacé par le suivant, et là, on va
à l'article 3. Mon explication porte sur tout l'article 3.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
voulez discuter paragraphe par paragraphe, M. le député?
M. Claveau: Écoutez, on va y aller globalement. On verra
à l'usage ce que cela va donner, surtout dans la mesure où le
député de Saguenay risque de ne pas trop s'ennuyer.
M. Ciaccia: En donnant l'explication sur un, on parle de l'autre,
alors c'est relié ensemble. On ne peut pas vraiment aller, Mme la
Présidente...
M. Claveau: On pourra toujours les voter individuellement. De
toute façon, Mme la Présidente, on a eu l'occasion, à
quelques reprises, d'effleurer le sujet lors des discours préliminaires,
et puis d'annoncer un peu notre façon de voir quant à ce projet
de loi.
Je vais vous dire, Mme la Présidente, quelles que soient les
explications que le ministre donne, au moment où on se parle, c'est bien
évident qu'en ce qui regarde la Loi de l'électrl-fication
rurale... On sait ce qui s'est passé avec... C'est certain qu'il y a des
données qui ont changé depuis les années 1950, c'est bien
clair. Mais cela ne veut pas dire qu'on est obligé de modifier l'article
3 de la loi actuelle sur le régime des eaux en y introduisant des
nouvelles dispositions qui vont permettre de changer fondamentalement la
façon dont on va gérer, à l'avenir, les petites ressources
hydrauliques de nos rivières.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire, la Loi sur le régime des
eaux telle qu'on la connaît actuellement dans son article 3, permet
justement de louer aux municipalités ou aux coopératives
d'électricité formées en vertu de la Loi de
l'électrificatlon rurale... On sait que cela a été
abrogé. Elle permet de louer à des corporations municipales ou
à Hydro-Québec toute force hydraulique faisant partie du domaine
public. Alors c'est clair, Mme la Présidente, qu'à partir du
moment où on a cela, on répond aux besoins des
Québécois. On ne voit pas pourquoi il faudrait modifier
fondamentalement cette affaire. Si on veut exploiter ou accélérer
le niveau d'exploitation des petites ressources hydrauliques au Québec,
à ce moment-là, qu'on donne le mandat à
Hydro-Québec de le faire et en vertu de la loi actuelle, que l'on
autorise Hydro-Québec à utiliser les forces hydrauliques sur ces
rivières-là pour les transformer en électricité qui
sera utilisée par l'ensemble de nos contribuables
québécois. Voilà, on a réglé le
problème. On a tout ce qu'il faut pour faire fonctionner ces centrales,
pour exploiter ces rivières.
Alors, si on modifie la loi pour la rendre comme ce qui nous est
présenté actuellement, c'est parce que effectivement ce n'est pas
ce que l'on veut. Ce que l'on veut, c'est de pouvoir aller dans le secteur
public, même pas au niveau municipal ni à Hydro-Québec,
parce que c'est déjà prévu dans la loi. D'ailleurs, quand
on parte des petites centrales, les 48 centrales autres que celle
d'Hydro-Québec, qui sont actuellement exploitées au
Québec, il y a beaucoup de ces centrales qui sont effectivement
exploitées par des corporations municipales. Il y en a même une
qui est exploitée par une corporation municipale ontarienne. Est-ce
qu'on a la liste disponible? Pembroke qui se trouve en Ontario a des droits sur
les rivières au Québec.
M. Ciaccia: Oui, je l'ai mentionné hier. Il y a Pembroke
Electric Ught.
M. Claveau: Alors, il y a quand même des
possibilités données en vertu de la loi qui ont fait qu'on a
reconnu un certain nombre de droits aux corporations municipales: la ville de
Sherbrooke exploite trois ou quatre petites centrales, la ville de
Jonquière en a une ou deux, Pembroke, Aylmer, il y a quelques
municipalités qui en ont. Cela fait partie des 48 unités de
production autres que celle exploitée par Hydro-Québec et il peut
toujours y en avoir d'autres sans qu'on ait à modifier la loi pour
autant, parce qu'on a prévu une mesure d'exception pour eux.
M. Ciaccia: II faut prévoir la loi.
M. Claveau: Toutefois, le gouvernement peut, aux conditions et
pour le temps qu'il juge à propos de déterminer, bailler ou louer
à une corporation municipale, à une coopérative
hydroélectrique formée en vertu de la Loi de
l'électrification rurale ou à Hydro-Québec. Donc,
l'exception pour les municipalités était déjà
prévue dans la loi au départ. Il n'y a rien là de
scandaleux à dire, comme le ministre disait hier: Vous voyez, du
commercial, on en fait au Québec. C'est vrai, les
municipalités... C'était prévu dans la loi. Tout le monde
le savait. Au même titre qu'Hydro-Québec, les municipalités
peuvent jouir d'une exception en vertu de la loi actuelle. Donc, on n'a pas
besoin de modifier cela. Si on veut permettre aux municipalités de
produire plus d'électricité, on peut se servir de la disposition
de l'article 3 de la loi actuelle pour le faire, au même titre qu'on peut
le faire pour Hydro-Québec.
En ce qui concerne actuellement les autres propriétaires de
centrales hydroélectriques, on
n'a pas à modifier cela non plus, puisqu'on peut le faire par
voie de législation, unité par unité, cas par cas,
étude au moment voulu, en prenant un certain nombre de critères
qui doivent être bien spécifiés pour chacune des
implantations. Si, à ce moment-là, il y en a qui ne sont pas
contents, ils pourront toujours s'exprimer à l'Assemblée
nationale ou par voie des commissions parlementaires, de consultations
publiques pour être pour ou contre.
Le ministre a déjà voté contre l'histoire de
Bellerive-Ka'N'Enda, mais il a eu l'occasion de se prononcer là-dessus,
d'en reparler et de se faire valoir, de se faire aller le mâche-patate.
Il s'est prononcé contre. Il a voté contre. Il a probablement
voté contre la reconduction d'une entente qui existait avec l'Alcan dans
le cas de l'aménagement d'un site en particulier, sur la rivière
Péribonca qui a été aménagée par Alcan il y
a déjà de nombreuses années, site qui était
réservé comme tel, qui avait été reconnu comme un
droit existant qui a été reconduit pour une autre période
d'une cinquantaine d'années avec certaines conditions bien
précises et aussi, au moment où on se parle, Alcan exploite des
centrales hydroélectriques sur l'ensemble de la rivière
Péribonca et de La Grande Décharge qui nous amène au
Saguenay entre Aima et Chicouti-mi. Alors, c'est bien connu. C'étaient
des faits déjà historiquement reconnus avec des modalités
qui étaient prévues et si on veut modifier cela, à ce
moment-là, on revient chaque fois avec un projet de loi qui permet
à tous les intervenants de s'exprimer là-dessus, de pouvoir dire
tout ce qu'ils ont à dire. Après, le gouvernement vote son projet
de loi, le rejette ou le modifie en conséquence parce que les gens, la
population en général a eu l'occasion de se prononcer
là-dessus.
Donc, pour faire cela, on n'a pas besoin de modifier la Loi sur
Hydro-Québec. On n'a pas besoin de changer l'article 3 parce que, dans
le fond, la possibilité est déjà ouverte. Le ministre l'a
dit lui-même à maintes occasions. Si on veut changer l'article 3,
si on veut introduire les mesures qui nous sont proposées là,
c'est parce qu'on a autre chose derrière la tête. C'est aussi
clair que cela. C'est bien simple. C'est facile à comprendre. Quand on a
la possibilité de faire quelque chose ouvertement et qu'on se donne de
plus l'alternative de le faire d'une façon plus ou moins
déguisée en le mettant à l'intérieur de toute une
démarche globale d'un projet de loi, c'est parce qu'on a quelque chose
derrière la tête. Quand on n'a rien derrière la tête,
on utilise le cheminement clair, précis qui est déjà
disponible, légalement acceptable par l'ensemble de la population et
accepté par l'ensemble de la population et par les parlementaires qui
siègent en cette Assemblée. Alors, on n'a pas besoin de modifier
quoi que ce soit.
Quand on regarde la modification à l'article 3, on se rend bien
compte que ce que le ministre veut faire, c'est se permettre de louer des
forces hydrauliques au Québec à qui il veut, quand il veut, comme
il veut sans avoir à repasser devant cette Assemblée, des forces
hydrauliques à des compagnies qui peuvent être des compagnies
québécoises, qui peuvent être des compagnies
américaines, qui peuvent être des compagnies européennes,
qui peuvent être des compagnies ontariennes. On n'a plus de
contrôle là-dessus. Il dit: On va acheter
l'électricité. C'est nous qui l'achetons. Oui, écoutez, il
ne faut quand même pas se laisser faire là-dessus. Au
début, cela peut être ça, oui, mais il n'y a pas de
disposition légale qui dit que cela va être uniquement cela. Il
n'y a aucune disposition légale qui va dire que c'est uniquement cela.
Il y a une petite entente, une modalité qui a été
signée, qui a été préparée par
Hydro-Québec en février 1987 qui dit: On s'engage à
acheter l'électricité s'il y a des producteurs privés qui
sont prêts à nous en vendre dans le cas de petites centrales.
C'est dans la mesure où HydroQuébec veut l'acheter. Mais, dans la
mesure où Hydro-Québec ne veut pas l'acheter, dans la mesure
où il y a eu une autorisation qui a été donnée
à une compagnie pour exploiter un bout de rivière et
qu'Hydro-Québec ne veut pas l'acheter, il n'y a aucune obligation
légale qui fait en sorte qu'une entreprise ne pourra pas la distribuer
elle-même.
M. Ciaccia: Comment vont-ils distribuer?
M. Claveau: Le ministre me dit: Comment vont-ils distribuer? Un
exemple bien simple, très simple, très facile à comprendre
pour ceux qui n'ont pas encore compris. Prenons, par exemple, le
développement d'un nouveau quartier résidentiel à quelques
kilomètres ou à quelques centaines de mètres d'une source
hydroélectrique, d'un potentiel de rivière semblable, ce qui peut
très bien arriver puisque des municipalités exploitent
déjà des petites centrales très proches de leur
population. Pourquoi le promoteur... Vous savez, au moment où on se
parle, on parle de plus en plus de projets clés en main, de projets
globaux en termes de promotion immobilière. On a dans la région
de l'Outaouais...
J'ai eu l'occasion de voir encore dernièrement des projets
où on ne fait pas que construire les maisons, le promoteur fait tout le
réseau d'aqueduc et d'égout, les puisards, le pluvial, tout est
prêt. Les rues font partie du projet global réalisé
clés en main par le promoteur immobilier. Alors, pourquoi
n'ajouterait-on pas un petit quelque chose de plus encore là-dessus qui
serait l'approvisionnement en électricité dans le quartier?
Pourquoi pas? Pourquoi un particulier, une entreprise ne pourrait-elle pas
produire ou s'entendre avec une municipalité pour produire de trois
à quatre mégawatts dans une petite centrale tout près et
faire sa distribution elle-même dans un quartier donné ou dans une
partie donnée de la ville? Pourquoi ne pourrait-elle pas le faire sans
passer par Hydro-
Québec? Il n'y a rien qui dit que cela ne peut pas se faire. Il
n'y a rien qui dit que les municipalités ne pourraient pas aussi, au
lieu d'acheter avec un tarif grande puisssance à HydroQuébec,
négocier directement avec des entreprises privées pour qu'elles
aménagent de petites centrales et les revendent à la
municipalité qui va faire la distribution. Il n'y a aucune disposition
légale qui peut empêcher cela. Il n'y a aucune disposition
légale qui pourrait empêcher, par exemple, une entreprise, grande
consommatrice d'électricité, mais qui n'est pas
Intéressée d'avoir son propre équipement de production de
force hydraulique, de passer par une filiale qu'elle pourrait créer
elle-même. Supposons qu'on dise, par exemple: Reynolds et Pechiney ne
peuvent pas avoir leur centrale hydroélectrique comme équipement
de production. Il n'y a rien qui les empêche, à partir du moment
où on accepte cela, qu'elles se fassent une petite filiale
spécialisée dans la production hydroélectrique, qu'elles
fassent ses petits barrages tout près de sites qui pourront être
identifiés pour les implantations d'usine et qu'elles produisent leur
électricité. Il n'y a plus rien qui empêche quoi que ce
soit dans la mesure où, au moment où on se parle, on dit: Oui,
Hydro-Québec va acheter de l'électricité qui va être
produite dans les contrats et les projets qu'on connaît actuellement.
Dans les projets à venir, il n'y a aucune disposition légale qui
empêche que cela se fasse autrement. Le député de La
Peltrie est tout à fait d'accord avec moi...
M. Cannon: Oui.
M. Claveau: ...d'après ce que je peux voir en le voyant
opiner du bonnet tel qu'il le fait. Je constate qu'il est tout à fait
d'accord avec les propos que je tiens.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Claveau: C'est évident que c'est ce qui va se passer
à la limite. Demain matin, ce ne sera probablement pas cela.
Peut-être que d'ici six mois, il n'y aura pas de projet comme
celui-là qui va se présenter. Mais dans un, deux, trois, cinq
ans, la première chose qu'on va savoir, il va y avoir 2000 ou 3000
mégawatts qui vont être produits au Québec par toutes
sortes d'entreprises un peu partout qui vont avoir négocié des
contrats avec des municipalités, avec des acheteurs de grande puissance,
avec des particuliers, même, à la limite... Le centre hospitalier
de Sherbrooke est en train de se poser un réservoir d'eau chaude au
nucléaire. C'est ce qu'il veut faire du moins. Le ministre dit: On n'est
pas d'accord avec le nucléaire au Québec. Sauf qu'on n'est pas
certain si le ministre a juridiction là-dessus, d'abord, dans un premier
temps.
M. Cannon: Ils vendent l'électricité
excédentaire là-bas. Vous vous rappelez?
M. Claveau: On est contre le fait qu'on vende de
l'électricité excédentaire quand il n'y a plus
d'excédentaire au Québec. On ne maintient pas d'une façon
arbitraire...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie...
M. Claveau: ...ou d'une façon déguisée un
tarif d'électricité dans un produit qui n'existe plus. Bon.
Là, Us disent: Ah bien, d'accord, on a notre alternative. On va aller
voir Énergie nucléaire du Canada et ils vont nous installer cela.
On va se faire poser un réservoir d'eau chaude de 300 000 gallons
chauffé au nucléaire. C'est ce que le projet veut dire à
peu près, installer un "slowpoke", c'est un réservoir d'eau
chaude, de la façon que cela fonctionne.
M. Cannon: ...ici, c'est quoi? Tu passes ton temps à
retarder les travaux.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Peltrie, si vous voulez avoir la parole
après...
M. Claveau: II y a une alternative là.
La Présidente (Mme Bélanger): ...l'intervention du
député d'Ungava, je vous donnerai la parole.
M. Claveau: Le jour, M. le Président, où on
accepterait, malheureusement, l'implantation d'un réservoir d'eau chaude
à Sherbrooke chauffé au nucléaire, il n'y a plus rien
après qui va empêcher une industrie minière ou
forestière perdue quelque part en forêt qui, au lieu de payer 15
000 000 $ ou 20 000 000 $ pour se faire entrer une ligne d'Hydro-Québec,
de s'installer sa propre centrale au nucléaire aussi. Si cela est bon
pour le Centre hospitalier de l'Université de Sherbrooke, c'est aussi
bon pour la mine Selbaie, par exemple, qui a dû débourser 12 000
000 $ uniquement pour avoir une entrée électrique chez elle.
Avant, elle était propriétaire de sa centrale au diesel. Ce n'est
pas différent. C'est de la production d'électricité que la
mine Selbaie faisait avec son diesel. Elle s'est branchée sur le
réseau d'Hydro-Québec et cela lui a coûté 12 000 000
$. Cela n'aurait pas coûté plus cher pour s'installer un
réacteur nucléaire qui aurait pu lui produire une bonne partie de
son électricité tout en gardant sa centrale diesel comme appoint.
Cela aurait été une hypothèse qui aurait pu être
discutée à ce moment-là. Il n'y a rien qui dit que cela ne
l'a pas été non plus ou, peut-être, qu'il y a un
gouvernement à ce moment-là qui a dit: Non, monsieur, c'est bien
dommage mais vous n'irez pas dans le nucléaire. C'est en 1981-1982 que
les décisions ont été prises dans ce domaine. Cela ne
s'est pas fait
sous le nouveau gouvernement.
Vous voyez, Mme la Présidente, quand on regarde tout cela, comme
cela se dessine un peu partout, on s'en va vers une véritable toile
d'araignée. On s'en va vers l'inconnu le plus total en ce qui concerne
l'avenir énergétique du Québec, quand on considère
en plus, Mme la Présidente, actuellement, à l'intérieur
même de sa structure qui est supposée être bien
organisée, bien orchestrée, bien contrôlée par le
ministre qui approuve les plans de développement année
après année, qu'Hydro-Québec n'est même plus capable
de nous assurer l'approvisionnement en hiver parce que son réseau de
transport et de distribution est défaillant dans des centaines de
points. On n'a pas relevé...
M. Cannon: C'est faux.
M. Claveau: On me dit que c'est faux, Mme la Présidente.
Vous irez vérifier dans quel état est le réseau de
distribution souterrain de la ville de Québec actuellement et pourquoi
il est sous enquête de la CSST. On n'est même pas capable de
contrôler à l'interne la distribution, le transport de ce que l'on
produit, nous, comme électricité par le biais
d'Hydro-Québec et on va prétendre en plus qu'on va être
capable de contrôler l'électricité qui va être
produite par des producteurs indépendants qui, eux, vont fournir
l'électricité à Hydro-Québec.
Écoutez, il y a toujours une limite. Le jour où ces
producteurs indépendants ne seront plus intéressés par les
prix qu'Hydro-Québec va être prête à leur payer ou
vont avoir d'autres impératifs à rencontrer, car eux aussi il
faut qu'ils fassent affaire avec des actionnaires, il faut qu'ils fassent
affaire avec des créanciers. Ils ont des obligations à remplir.
S'ils ne sont plus capables de remplir leurs obligations, qu'est-ce que vous
pensez qu'ils vont faire? Ils vont dire: Hydro-Québec, c'est bien
dommage; Si tu ne nous donnes pas le prix dont on a besoin pour
l'électricité pour rentrer dans nos coûts, on ferme nos
portes et tu t'arrangeras. Le jour où on sera dépendant de
plusieurs centaines ou peut-être de plusieurs milliers de
mégawatts pour notre approvisionnement interne au Québec de ces
petites centrales, on devra se plier au chantage de ces compagnies et payer
l'électricité au prix qu'elles voudront. Ce ne sera probablement
pas le cas demain matin. C'est bien évident. C'est comme quand on fait
une route neuve. Quand elle vient d'être asphaltée, elle est
belle, elle est agréable et on s'imagine que cela va être
éternel. Après deux ou trois hivers et le passage de quelques
milliers de camions chargés, on se rend compte que si on ne l'entretient
pas, notre route se détériore vite.
On a affaire à un projet de loi semblable qui semble, à
première vue, être très beau, très
intéressant, une avenue extraordinaire, un boulevard vers de nouvelles
alternatives au Québec. Mais attention, c'est un boulevard qui risque de
se détériorer passablement vite, lorsqu'il y aura des
intérêts privés, des créanciers bancaires qui vont
être impliqués là-dedans, éventuellement des banques
étrangères qui viendront prêter à des entreprises
locales. On le sait, il y a déjà des banques
étrangères qui sont venues rencontrer le gouvernement, à
la fin des années soixante-dix, pour essayer de financer des
entreprises, des technologies européennes, pour les implanter dans le
réseau. Cela s'est déjà fait, il n'y a rien qui dit que
cela ne se fait pas encore et il n'y a rien qui dit que ce n'est pas ce qu'on
est en train de faire actuellement.
Voilà, autant de raisons, Mme la Présidente, pour
lesquelles on est contre maintenant et on sera toujours contre ce genre de
projet de loi, qui n'est absolument pas nécessaire, dans la mesure
où, à l'article 3 du projet de loi actuel régissant le
régime des eaux au Québec, les alternatives sont possibles. Elles
sont là, elles existent. La seule différence, c'est qu'au lieu de
le faire en catimini, on doit revenir devant l'Assemblée nationale
chaque fois qu'on a un projet à approuver.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député.
M. Cannon: Est-ce que l'article 1 est adopté?
Une voix: Adopté, sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que c'est vous
qui êtes président, M. le député de La Peltrie?
M. Cannon: Je vous pose la question, Mme la Présidente,
parce que je ne comprends pas pourquoi on arrête.
La Présidente (Mme Bélanger): J'attendais de savoir
si le ministre avait des commentaires à faire sur les commentaires de M.
le député d'Ungava.
M. Claveau: On peut toujours lui laisser la possibilité de
le faire en supposant que cela l'intéresse.
M. Maltais: II pourra le faire à l'article 2.
Adopté.
M. Claveau: Je trouve qu'il est absolument amoral
d'étudier un projet de loi en l'absence du ministre en commission. Je
demande une suspension des travaux de la commission jusqu'au retour du
ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vais suspendre les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 15 h 34)
(Reprise à 15 h 37)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission reprend ses travaux. Le député d'Ungava
avait fini ses commentaires sur l'article 1. M. le ministre, avez-vous des
commentaires à faire?
M. Ciaccia: Oui. Je vais faire une fois mes commentaires et si le
député d'Ungava veut continuer à parler tout
l'après-midi, toute la soirée, demain, demain soir,
jusqu'à Noël, on le laissera parler. Je vous dirai une fois le but
de l'article 1 et après, vous pourrez charrier tant que vous voudrez.
Est-ce qu'on s'entend?
Le but de l'article 1 ne change pas fondamentalement la loi actuelle.
Comprenez-vous? On ne change pas de principe. On prend la même loi qu'on
a et on dit: Au lieu d'avoir un maximum de 225 kilowatts ou plus au
débit ordinaire de six mois, ce qui permettait de faire des moulins
à farine, on augmente le plafond à 25 mégawatts. Pourquoi?
Je vais vous le dire. Pour se conformer à la politique
d'Hydro-Québec qui, elle, a comme politique d'acheter possiblement moins
de 25 mégawatts et de nous permettre de faire les petites centrales. Je
ne reviendrai pas ici à l'Assemblée nationale chaque fois qu'on
fera une loi sur les petites centrales pour entendre chialer le
député d'Ungava, parce que je n'ai pas la patience de faire cela
et je ne le ferai pas. Comprenez-vous? C'est le premier point.
Le deuxième point, c'est la cohérence entre cet
article-là et la politique d'achat d'Hydro-Québec, c'est dans le
plan de développement et c'est dans notre politique
énergétique. Vous avez mentionné que j'ai voté
contre Bellerive-Ka'N'Enda. Oui, j'ai voté contre Bellerive-Ka'N'Enda
parce que vous enleviez des revenus à Hydro-Québec et
j'étais contre le fait d'enlever des revenus à
Hydro-Québec. Dans ce projet de loi, je crée des revenus pour
Hydro-Québec, je n'en enlève pas et c'est pour cela qu'on a
présenté ce projet de loi. On vous a donné toutes les
raisons pour et je sais que vous voulez parler pour le plaisir de parler, pour
le plaisir de prendre le temps. J'ai dit tout ce que j'avais à dire.
Maintenant, c'est à vous de décider combien de temps vous allez
parler et ce que vous avez à faire avec cet article jusqu'à ce
qu'on l'adopte, parce qu'il sera adopté, je peux vous l'assurer.
Une voix: Le vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Y a-t-il d'autres
intervenants?
Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Claveau: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 1 est
adopté sur division. J'appelle l'article 2.
M. Maltais: Mme la Présidente, sur les articles 2 et 3,
j'aurais une question de règlement, s'il vous plaît! Étant
donné que le député d'Ungava à l'Assemblée
nationale, et je cite la galée 881205 à 15 h 10, a dit: "Sauf que
le premier article est le seul qui change quelque chose. Les autres articles,
les articles 2 et 3 sont des articles de concordance avec la Loi sur les mines,
quelque chose de tout à fait anodin dans la mesure où on modifie
la Loi sur le régime des eaux", puisque l'article 5 est la date
d'entrée en vigueur de la loi. Je ne sais pas si le deuxième
discours du député d'Ungava va être conséquent avec
son premier discours, c'est la question que j'aimerais savoir.
La Présidente (Mme Bélanger): Non...
M. Claveau: Les motions se font avant le début de
l'étude article par article.
M. Maltais: C'est une question de règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, je ne crois pas
que ce soit une question de règlement, M. le député de
Saguenay. Tout député a le droit de s'exprimer sur chacun des
articles, même si c'est de concordance...
M. Maltais: Je lui demande s'il va être conséquent
dans son discours 2 par rapport à son discours 1.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais ce n'est pas une
question de règlement de savoir si le député de
l'Opposition va être conséquent ou pas.
M. Maltais: Vous aussi vous avez de la difficulté avec
ça! Merci, Mme la Présidente. Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous demanderais,
M. le député du Saguenay, quand vous aurez des questions de
règlement à poser, de me donner le numéro de
l'article.
M. Maltais: L'article 127.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. L'amendement
proposé vise simplement à préciser en chiffres ce qu'est
la puissance naturelle stipulée par cet article. La loi actuelle se sert
d'un mécanisme de référence à l'article 3 de la Loi
sur le régime des eaux pour désigner cette puissance. Vu la
modification proposée de l'article 3 de cette loi, l'administration
de
l'article 67 de la Loi sur les mines sera simplifiée par la
précision apportée dans le cadre de cette loi.
C'est purement un article de concordance.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: J'essaie de comprendre le pourquoi de cet article.
C'est sûr que c'est un article de concordance, en fait, mais on dit qu'on
vient préciser la Loi sur les mines. Dans la Loi sur les mines, on
disait tout simplement qu'on se référait à l'article 3 de
la Loi sur le régime des eaux (L.R.Q., chapitre R-13) comme étant
un paramètre. Pourquoi n'est-ce plus suffisant? Est;e que c'est
parce qu'on veut laisser la Loi sur les mines dans le cadre de l'ancien
article, tout en appliquant le nouveau pour le reste?
Mme la Présidente, j'ai posé une question au ministre, il
me répondra tout à l'heure. J'aurais d'autres questions à
lui poser, aussi.
M. Ciaccia: Non, non, mais attendez. Je prends note de la
question que vous m'avez posée; je cherche ma réponse pour vous
la donner. Je vais vous répondre, je cherche l'article dans le texte
actuel pour voir exactement la raison, parce que ma première
réaction serait la même. Si on amende l'article 3 et on dit, dans
la Loi sur les mines, que c'est sujet à l'article 3, on ne devrait pas
être obligé d'amender et de rendre plus conforme, normalement.
Dans ce cas-ci...
Je vais demander à Mme Cantin de notre service juridique,
plutôt de me faire l'intermédiaire, d'expliquer pourquoi cet
amendement est nécessaire. Parce que normalement - vous avez raison - si
on change l'article 3, et dans l'autre loi, la Loi sur les mines, on dit "sujet
à l'article 3", bien, c'est toujours sujet à l'article 3, ce sera
sujet au nouvel article 3.
Maintenant, dans ce cas-ci, apparemment, il y a une raison
spéciale, je vais demander à Mme Cantin d'expliciter.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme Cantin.
Mme Cantin (Christiane): On a besoin de l'amendement, à
l'article 67 de la Loi sur les mines, parce que si on fait
référence à l'article 3 tel qu'il serait amendé,
nécessairement on a tout le mécanisme de 25 mégawatts et
de la nouvelle notion qu'on vient de vous expliquer. On a besoin de conserver
225 kilowatts au débit ordinaire de 6 mois pour conserver, tout
simplement, l'administration qui se fait actuellement aux articles 67, 106 et
150 de la Loi sur les mines, telle qu'elle s'administre actuellement.
Si on regarde le libellé des articles 67, 106 et 150, on
s'aperçoit que c'est pour exclure du daim et du bail minier certaines
parties du territoire. Si on ne fait pas cette modification, tel qu'on le
requiert, naturellement, l'administration ne serait plus possible, parce qu'on
couvrirait un territoire absolument trop vaste.
M. Ciaccia: D'accord, là, je comprends. C'est vrai. SI on
change l'article 3 et si la Loi sur les mines dit que c'est sujet à
l'article 3, cela voudra dire que les nouvelles règles sur les daims
seront trop étendues, ce sera jusqu'à 25 mégawatts. On
veut maintenir la notion de 225 kilowatts au débit ordinaire de six mois
pour les exclusions. Alors, c'est la même chose que dire qu'on fait
l'amendement et parce qu'on l'a fait, on veut revenir à la notion
originale de l'article 3, avant l'amendement pour le secteur des mines.
M. Claveau: Ah, je le comprends très bien dans la mesure
où ce serait excessivement négatif et néfaste que la Loi
sur les mines soit assujettie au nouvel article 3, du moins dans cette
dimension.
M. Ciaccia: Oui, ce serait trop...
M. Claveau: Dans la mesure où on soustrairait à
l'exploration minière une quantité impressionnante de
territoires.
M. Ciaccia: C'est exactement cela.
M. Claveau: J'avais compris cela. Je voulais savoir si
c'était bien ce que vous vouliez dire.
M. Ciaccia: Oui.
M. Claveau: Par contre, j'ai une autre préoccupation. Au
moment où l'on se parle, cela veut dire qu'actuellement l'article 67 de
la Loi sur les mines n'est plus du tout assujetti à l'article 3. Avec
l'amendement qui va être apporté à la Loi sur les mines, on
ne retrouvera plus aucune notion d'assujettissement à l'article 3 de la
Loi sur le régime des eaux.
M. Ciaccia: Effectivement.
M. Claveau: Puisque vous me dites que c'est le cas, est-ce qu'il
y avait d'autres dispositions ou d'autres modalités d'intervention de la
Loi sur les mines qui auraient pu être couvertes par l'article 3 actuel
et qui se trouvaient donc assujetties au régime des eaux et donc par le
fait même se trouvent carrément anéanties ou
disparaissent?
M. Ciaccia: 11 y a deux autres clauses dans la Loi sur les mines
qui seraient affectées. Ce sont les articles 106 et 150, qui sont
contenus dans les articles 3 et 4 de la présente loi. On fait le
même processus pour ces deux articles, on les ramène à 225
kilowatts au débit ordinaire de six mois.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député
d'Ungava.
M. Ciaccia: Dans le répertoire qui identifie tous les
cours d'eau, et avec le seuil de 225 kilowatts, le secteur des mines se fie
à ce répertoire. Alors nous avons maintenu le 225 kilowatts pour
les fins de l'administration de la Loi sur les mines.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Ciaccia: On ne peut modifier l'administration de la Loi sur
les mines, alors on dit: "en ce qui concerne la Loi sur les mines, le 225
kilowatts est maintenu".
M. Claveau: Oui, d'accord. Mais la première disposition de
l'article 3, qui dit: "La cession de force hydraulique du domaine public est
prohibée, sous réserve de l'article 32 de la Loi sur
HydroQuébec". Cela veut dire que cela ne s'applique plus à la Loi
sur les mines non plus. Est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir là quelques
problèmes d'intervention dans la mesure où, si on donne un daim
par exemple, comprenant une partie de rivière ayant un potentiel de
moins de 225 kilowatts, étant donné que l'aspect de prohibition
n'existe plus, est-ce que cela veut dire que le propriétaire du daim
pourrait aussi jouir en même temps de l'utilisation hydraulique de cette
force?
M. Ciaccia: Non, pas du tout, la seule chose qu'il maintient,
c'est son droit de daim, il n'a pas le droit à la force hydraulique,
parce que ce droit ne lui est pas conféré dans la Loi sur les
mines. Dans la Loi sur les mines, il aura un daim, d'après les
règlements et cette loi, et c'est tout ce qu'il va y avoir. Pour obtenir
un droit sur le régime d'eau, il va falloir qu'il fasse
application...
M. Claveau: On sait comment cela se passe dans l'exploration
minière. Est-ce que, par exemple, on sait que c'est déjà
arrivé, on en a vu, on a même encore un exemple historique
à Chibougamau, le moulin Fleury qu'on appelle, qui est, finalement... On
ne parle pas à ce moment-là de force d'utilisation pour
transformer cette énergie en énergie hydroélectrique, mais
on parle d'utiliser une partie de rivière, de détourner,
d'utiliser des forces naturelles de rapides, de précipitations d'eau, ou
de dénivellation d'eau dans une rivière pour faire du lavage, par
exemple, de produits minéraux. Enfin, le petit moulin à or
fonctionne souvent comme cela, un genre de drège qui peut être
fait mécaniquement à partir d'une dénivellation dans une
rivière. À ce moment-là aussi, c'est une utilisation de
force hydraulique. À partir du moment où il n'y a plus la notion
de prohibition d'utilisation de la force hydraulique, est-ce que cela veut dire
qu'on pourrait détourner facilement ou utiliser sans permis
complémentaire ces forces hydrauliques à des fins, par exemple,
de décantation de l'or naturel dans des échantillons de
minerai?
M. Ciaccia: Non, cela n'est pas inclus dans le but de cette loi.
On n'a pas de disposition qui légifère sur ces
éléments. La seule chose que le projet de loi 71 ou la Loi sur le
régime des eaux fait, cela permet la location de forces hydrauliques
pour fins d'exploitation de centrales. Maintenant, s'il y a tous ces autres
éléments, cela n'est pas visé par cette loi-ci. Cela ne
les affectera pas. Cette loi-ci n'affectera pas cela.
M. Claveau: Je voudrais juste rappeler au ministre qu'en vertu de
la Loi sur les mines, le projet de loi 161 sur les mines, les questions que je
lui pose là sont déjà comprises dans l'économique
de la Loi sur les mines à l'article 67 où l'on dit: "Est exclue
du daim et réservée à la couronne toute partie de cours
d'eau dont la puissance naturelle égale ou excède la puissance
naturelle prévue à l'artide 3 de la loi..." Donc, la
réponse est déjà légalement inscrite.
M. Ciaccia: Oui. Alors, c'est conforme. Il n'y a pas de conflit
entre les deux lois. C'est concordant.
M. Claveau: Sauf que dans cette disposition de l'article 67, tel
que prévu à l'artide 3 de la loi, cela devient, finalement, tel
que...
M. Ciaccia: C'est la même chose, tel que prévu et on
ramène à 225 kilowatts comme dans l'ancienne loi. Alors, on
maintient les principes de cette Loi sur les mines. On ne la modifie pas par
cette loi-ci. Si on n'avait pas eu les articles 2, 3 et 4 de notre projet de
loi, vous auriez raison, on apporterait des changements qui pourraient
être significatifs à la Loi sur les mines. Mais en insérant
dans la loi les articles 2, 3 et 4, on préserve tous les droits et tout
le régime de la Loi sur les mines. On ne l'affecte pas.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il y a
d'autres lois dans les Lois refondues du Québec qui peuvent avoir aussi
des références à l'article 3? La Loi sur les forêts,
la loi sur... Je ne le sais pas, les différentes lois qui touchent
l'utilisation de nos matières premières.
M. Ciaccia: Je ne pense pas. On a fait un examen et on m'informe
qu'il n'y a pas d'autre effet parce que l'article 2 a été fait
sur la puissance naturelle prévue à l'article 3. Cela n'affectera
pas la Loi sur les forêts, cela n'affectera aucune autre loi sur les
ressources naturelles.
M. Claveau: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
2 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté. M. Claveau: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 est
adopté. J'appelle l'article 3. M. le ministre.
M. Ciaccia: L'amendement proposé est au même effet
que l'article précédent. On vient juste d'en discuter. Il vise
à préciser la puissance naturelle qui est stipulée pour
les mêmes raisons d'efficacité administrative pour ne pas affecter
la Loi sur les mines.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: Je veux essayer de voir, me rappeler rapidement la
différence entre les deux articles. C'est exactement le même texte
qu'on retrouve dans les deux articles ou à peu près.
M. Ciaccia: Oui, c'est pour préserver les mêmes
droits qui existent présentement dans la Loi sur les mines, pour ne pas
les affecter.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
3 est adopté?
M. Ciaccia: L'article 67 vise le daim, l'article 106 vise le bail
minier. Vous allez voir l'article 150, ça vise le bail de substances
minérales de surface.
M. Claveau: Ce sont trois parties différentes de la loi
qui reprennent les mêmes modalités. Alors, ça va pour
l'article 3.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 3 est
adopté. J'appelle l'article 4.
M. Ciaccia: À l'article 4, l'amendement proposé est
au même effet qu'aux articles 2 et 3 de la nouvelle loi et vise aussi
à préciser la puissance naturelle qui est stipulée pour
les mêmes raisons d'efficacité administrative, et tel qu'on a
mentionné, s'il affecte le bail pour les substances de surface,
l'article 150 de la Loi sur les mines. C'est le même principe que les
articles 2 et 3.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5.
M. Ciaccia: II s'agit d'une disposition nécessaire
à la mise en vigueur des amendements proposés.
M. Claveau: Est-ce que le ministre peut nous prédire la
date de l'entrée en vigueur?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre?
M. Ciaccia: La sanction du lieutenant-gouverneur.
M. Claveau: C'est très précis.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
5 est adopté?
M. Claveau: Adopté. M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le titre
du projet de loi est adopté?
M. Claveau: J'aimerais savoir quand on peut faire nos remarques
finales?
La Présidente (Mme Bélanger): On adopte le titre,
l'ensemble des articles et après il y a les remarques finales. Alors,
est-ce que le titre du projet de loi est adopté?
M. Claveau: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'ensemble
du projet de loi est adopté? Est-ce qu'il y a des remarques finales, M.
le ministre?
Conclusion M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Je voudrais assurer le député d'Ungava
sincèrement que le but du projet de loi n'est pas de faire quelque chose
qui va à l'en-contre de la mission d'Hydro-Québec. Ce n'est pas
de privatiser par la porte arrière. Ce n'est pas de
dénationaliser. Le but est de préserver la mission
d'Hydro-Québec. Quand on dit qu'Hydro-Québec n'est pas
structurée pour faire des petites centrales, cela ne veut pas dire
qu'elle n'a pas l'expertise, cela ne veut pas dire qu'elle va perdre cette
expertise. Cela veut dire qu'il y a, dans certains cas, des centrales
désaffectées. Plutôt que de les laisser se
détériorer, si quelqu'un qui a une structure organisationnelle
moins coûteuse - je ne dis pas qu'il a plus d'expertise mais ça
peut être moins coûteux que la structure organisationnelle
d'Hydro-Québec - si HydroQuébec peut bénéficier de
ça, parce que ça peut coûter à Hydro-Québec
une petite centrale beaucoup plus que 0,028600 $ le kilowattheure - un petit
entrepreneur ou une municipalité peut-être pourra le faire pour ce
prix-là - alors, ils vont investir des sommes d'argent. Ils vont
créer des emplois. Ils vont en bénéficier, la
région va en bénéficier et Hydro-Québec va en
bénéficier. Cela va créer des emplois. Cela
n'enlèvera pas des emplois aux syndicats parce qu'ils vont respecter les
conventions collectives. Cela va être fait en collaboration et avec les
critères qui seront acceptés par Hydro-Québec et le
ministère. Le seul but, c'est d'essayer d'améliorer le parc
disponible pour Hydro-Québec au prix le moins coûteux, le plus
avantageux, et il n'est pas question de laisser distribuer cette
électricté par d'autres. La distribution est le monopole
d'Hydro-Québec et cela va être maintenu. Nous n'avons pas
l'intention d'enlever ça à Hydro-Québec. (16 heures)
Je veux juste porter à l'attention du député
d'Ungava qu'on n'a pas inventé la roue en énonçant cette
politique. Il y a certaines choses dans notre politique qui n'ont pas
été faites avant et qui sont des objectifs qu'on ne retrouvait
pas dans d'autres politiques. Mais, celui-ci, on le retrouve dans la politique
énergétique de 1978 du gouvernement du Parti
québécois, dans le livre de Guy Joron, à la page 50. Je
vais vous le citer: "II convient d'accélérer les études du
potentiel des petites rivières afin de dégager un programme
d'action. On devra notamment s'intéresser à l'apport possible de
nouvelles technologies et tenter de dégager des procédés
susceptibles d'abaisser les coûts d'aménagement. Les petites
centrales devraient jouer un rôle complémentaire
intéressant dans le plan d'équipement d'Hydro-Québec. Le
gouvernement, en collaboration avec la société, étudiera
de près les conditions les plus susceptibles de favoriser le
développement de ce potentiel dans les meilleurs délais."
Hydro-Québec a poursuivi ses études sous l'administration
de l'ancien gouvernement, du Parti québécois, elle a
complété ses études et finalement, dans son plan de
développement, elle a inclus ça comme politique et nous l'avons
reprise. Nous avons dit: Oui, Hydro-Québec, vous voulez faire ça?
Cela semble avoir du bon sens, si ça peut aider à obtenir plus
d'électricité à bon marché, on va le faire.
C'est le seul but de cette loi. Il n'y a rien de caché. On n'a
pas négocié avant avec Hydro-méga ou d'autres.
Hydroméga a négocié, même avant que je ne commence
à parler de ça, parce qu'elle faisait ça sur des
équipements qui appartenaient au gouvernement fédéral et,
comme je l'ai mentionné, oui, des équipements de juridiction
fédérale. Elle n'avait pas besoin de bail de notre part pour
faire le projet de Côte-Sainte-Catherine. À Mont-Laurier, oui,
mais, à Mont-Laurier, cela existait déjà; alors, elle a
pris les droits qui avaient déjà été
concédés. Je peux vous assurer que ce sont là les seuls
objectifs, qu'on n'enlève aucun droit à qui que ce soit, que les
syndicats peuvent dormir tranquilles, les travailleurs peuvent dormir
tranquilles, puisqu'ils auront même plus d'emplois si ces petites
centrales se développent.
On porte à mon attention qu'on avait même, en 1982, une
politique d'aménagement de petites centrales au Québec. Cela n'a
pas été mis en vigueur, mais c'était un
énoncé de politique. Il y avait même une page
démontrant que c'était l'intention de le faire.
En ce qui concerne les références aux 5000
mégawatts de potentiel de petites rivières, c'est vrai que c'est
un potentiel, mais, même les spécialistes vous disent et nous
disent que ce n'est pas économiquement rentable pour qui que soit, une
petite entreprise ou une société privée, de construire un
nouveau barrage sur une petite rivière. Cela se chiffrerait à un
prix qu'Hy-dro-Québec n'est pas prête à accepter. Alors,
cela n'est pas rentable. Le but de ça, c'est de remettre les petites
centrales désaffectées en service. Tous ceux qui sont
impliqués, Hydro-Québec, la région, les travailleurs et
les consommateurs vont en bénéficier. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Mme la Présidente, je comprends très
bien ce que le ministre veut dire, sauf que ce qu'il dit n'est pas
nécessairement ce que le projet de loi dit. On ne peut pas toujours
légiférer sur des intentions. Il faut que cela se traduise aussi
en termes légaux dans les projets de loi qui vont être
applicables. Quand le ministre dit: Côte-Saint-Catherine,
évidemment, Hydroméga, territoire fédéral. Vous
comprendrez que cela me fait quand même sourire un peu dans la mesure
où Hydro-Québec achète cela. Je trouve toujours bizarre de
voir des enclaves fédérales sur notre territoire
québécois.
D'un autre côté, en ce qui concerne le projet Mont-Laurier,
on a eu l'occasion d'en parler, mais encore là des démarches
étaient déjà entreprises avant que la loi soit rendue
officielle ou que cela devienne force de loi. C'est quand même assez
particulier au niveau de la démarche. Quand le ministre nous dit aussi:
Écoutez, on n'a rien inventé. D'abord, cela me fait plaisir, cela
me fait énormément plaisir que le ministre ait enfin reconnu
qu'une politique énergétique avait été
déposée par l'ancien gouvernement en 1978, ce qu'il avait omis,
sûrement par inadvertance, dans le texte qu'il a déposé au
mois de septembre, où il ne fait aucune référence à
cette politique énergétique. Donc, il en existait une, quoi qu'on
dise. Mais là-dedans, on donnait certaines intentions, certaines
orientations qui ne se sont pas encore traduites ou qui n'ont pas
été traduites par l'ancien gouvernement en termes de projet de
loi. Quand on a dit qu'on allait étudier les différentes
possibilités avec Hydro-Québec, on n'a jamais dit
là-dedans, on n'a jamais même fait mention d'une hypothèse
que cela aille à l'entreprise privée. On a dit qu'on allait
étudier les alternatives pour faire en sorte que ce soit le plus
rentable possible. Lorsque l'étude aurait
été faite et qu'on serait arrivés à des
conclusions, à ce moment-là, c'est certain qu'un gouvernement du
Parti québécois aurait eu à légiférer
là-dessus, mais rien ne dit qu'il aurait retenu les mêmes
hypothèses ou les mêmes conclusions que celles qui ont
été retenues par l'actuel gouvernement. Donc, là encore,
il y a une marge entre émettre une hypothèse de travail et
prendre une décision finale.
Quand le ministre nous dit: Écoutez, HydroQuébec avait
décidé que 25 mégawatts, elle achèterait cela,
c'était une idée d'Hydro-Québec, on se conforme uniquement
à ce qu'Hydro-Québec voulait, il pourrait tout aussi bien nous
dire de même que si Hydro-Québec avait décidé que
c'était 200 ou 225 mégawatts au lieu de 25, il se serait
conformé à cela aussi. C'est cela qu'il veut dire, à moins
qu'il ne nous dise que c'est lui qui a dit à Hydro-Québec:
Écoutez, les gars, dans votre plan de développement, ne mettez
pas plus de 25, je ne pourrai pas alier plus loin. Mais, à ce
moment-là, il faudrait le préciser parce que quand il nous dit
qu'il répond à un voeu d'Hydro-Québec, si le voeu
d'Hydro-Québec avait été différent, il nous dit
qu'il se serait conformé aussi. Là encore, on se demande si c'est
HydroQuébec qui doit établir les prémisses à
l'établissement d'une loi ou si cela ne devrait pas être la loi
qui apparaisse avant qu'Hydro-Québec établisse ses
critères et fixe ses normes. Là, on est en train de
légiférer pour rendre légales des dispositions qui ont
été prises par une entreprise, alors qu'il me semble que dans le
processus parlementaire tel qu'on le connaît au Québec depuis
l'avènement de la Confédération, c'est plutôt le
contraire qui se passe. On commence par se voter une loi, après cela les
entreprises intéressées se conforment aux dispositions de cette
loi-là. Là encore, on a de quoi se questionner
là-dessus.
Il y a aussi un autre facteur dont on n'a pas discuté encore mais
qui me trotte dans la tête depuis quelques jours. Je pense que cela vaut
la peine d'en parler. C'est que nulle part dans ce projet de loi-là,
mais absolument nulle part, on ne fait abstraction des sites historiques. Je
vais vous donner des exemples. Il y a quelques sites historiques au
Québec qui sont établis sur des potentiels
hydroélectriques, des potentiels énergétiques de
rivière. Prenons, par exemple, le vieux moulin de Pont-Rouge, prenons le
site de la vieille pulperie à Chicoutimi, prenons le site de
Val-Jalbert, l'ancienne pulperie de Val-Jalbert, qui est située sur le
site d'une chute qui a un potentiel sûrement supérieur à 25
mégawatts. Il y a éventuellement aussi d'autres sites qui
pourraient être protégés pour toutes sortes de raisons
historiques, écologiques ou autre. Dans le projet de loi, on ne fait
aucune mention de ce genre de chose. Ce qui veut dire qu'éventuellement,
pour des critères strictement économiques, l'entreprise
privée pourrait, à rencontre d'une loi sur la préservation
du patrimoine ou d'une loi sur l'histoire de la société
québécoise ou autre, une disposition du ministère des
Affaires culturelles en cette matière, développer un projet et en
vertu de cette loi qui lui permet d'aménager sans revenir devant la
Législature tout potentiel de rivière de moins de 25
mégawatts, s'entendre avec Hydro-Québec et bye-bye la compagnie,
la disposition du ministère des Affaires culturelles ou de tout autre
ministère, l'Environnement et autre concernant cette loi pourrait
être dépassée, pourrait être rendue caduque.
Il n'y a aucune disposition dans la loi qu'on a là qui fait en
sorte que l'on doive protéger cela ou qui dit que les lois sur la
conservation du patrimoine ou les lois du ministère de l'Environnement
ou autres aient juridiction ou prépondérance sur l'application de
cette loi. Encore là, il risque d'avoir un jour ou l'autre des
démêlés qui finiront en procès devant la cour.
Peut-être que ce ne sera pas demain matin, c'est bien évident,
mais à l'utilisation de la loi, il risque de se créer des
situations semblables qui obligeront le législateur à se rasseoir
devant sa table à dessin, à recommencer des dispositions et
à ramener cela devant l'Assemblée, alors que peut-être
qu'une loi bien pensée, complète et conforme qui n'aurait pas
été axée uniquement sur une vision purement
économique et orientée vers l'exploitation de cette petite
centrale par l'entreprise privée aurait dû prévoir des
choses semblables, à notre connaissance, parce qu'à partir du
moment où, dans la loi, on permet que foute démarche concernant
des utilisations hydroélectriques de moins de 25 mégawatts puisse
se faire sans avoir recours à la loi, à ce moment-là, on
peut supposer que des lois qui pourraient protéger certains sites de
rivière, par exemple, au ministère des Affaires culturelles,
soient caduques et que par un simple décret ou un simple mémoire
concernant la possibilité qu'une entreprise s'établisse sur un
site de rivière, à ce moment-là comme on n'a pas à
revenir devant la législation pour le permettre, c'en est fait et les
sites disparaissent.
Ce sont aussi des préoccupations, des choses qui peuvent
apparaître par l'application d'une loi semblable. D'autant plus que,
comme je l'ai déjà dit et je continue à le maintenir, la
portée du projet de loi est beaucoup plus grande que ce que cela semble
être à première vue. On sait qu'il y a beaucoup plus que
cela là-dedans. Il y a un potentiel énorme. Le ministre nous
disait tout à l'heure: C'est vrai, le député a raison de
dire: J'ai moi-même dit dans mon manuel sur une politique
énergétique du Québec qu'effectivement il y avait un
potentiel de 5000 mégawatts dans ces petites rivières, mais que
ce n'est pas économiquement rentable. Ce n'est peut-être pas
économiquement rentable en fonction des critères actuels, de ce
que l'on connaît, mais dans la mesure où on développe une
nouvelle technologie, où on se penche d'une façon plus
précise, où des compagnies privées, avec des fonds qui
viennent de sources diverses, peuvent s'intéresser à
développer ou à adapter au
Québec des technologies rentables ailleurs, à ce
moment-là, il est fort probable que des sites qui ne sont pas rentables
aujourd'hui, le soient dans trois ans, cinq ans ou dix ans et que, si tel est
le cas, eh bien, on verra augmenter rapidement la production de
l'électricité, par le biais de petites centrales appartenant
à des entreprises privées. Tout cela fait partie du décor
et le ministre qui a sûrement pris le temps de penser à fond toute
la structure énergétique du Québec et qui a l'occasion du
moins de le faire de ce temps-ci, s'il ne l'a pas fait avant, doit être
au courant aussi de toutes ces possibilités... (16 h 15)
Dans le domaine énergétique, c'est comme ailleurs, cela a
évolué très rapidement au cours des dernières
années, à tel point que pour en discuter avec les
ingénieurs, on est rendu qu'avec nos gros alternateurs, nos turbines
comme on dit dans le langage plus commun des producteurs
d'électricité, c'est une mécanique qui relève d'un
autre âge. C'est une mécanique qui relève du passé.
Il n'est pas évident que, dans quelques années, on ait des
technologies beaucoup plus au point, beaucoup plus raffinées qui vont
permettre de pouvoir exploiter et utiliser d'une façon beaucoup plus
efficace notre potentiel hydroélectrique.
Je pense que dans ce contexte-là, il faut toujours être
très vigilant quand on nous apporte un projet de loi semblable qui va
permettre des ouvertures non négligeables. On le maintient et on n'est
pas les seuls à le maintenir. Il y beaucoup de gens qui se questionnent
là-dessus au Québec. On ouvre une porte non négligeable
à l'utilisation de nos rivières par des tiers, par des
entreprises dont on n'aura pas le contrôle et qui, dans le fond...
Écoutez, le premier ministre actuel a déjà, dans les
années soixante-dix, émis l'hypothèse, par exemple, de
louer carrément des rivières aux Américains pour
bâtir des centrales dans le nord, etc. Ce sont des hypothèses qui
ont déjà été travaillées au début des
années soixante-dix. il! n'est pas dit qu'on ne s'en vient pas vers
là aussi. Le jour où, par exemple, les Américains, voulant
investir au Québec et ne se fiant plus à l'efficacité du
réseau de transport et de distribution d'Hydro-Québec, viennent
faire miroiter quelques cents ou des conditions alléchantes pour la
location, par exemple, d'une rivière dans le nord ou d'un site
d'aménagement dans le nord en disant: Nous, on va le produire et on va
le transporter...
On a commencé déjà à ouvrir la porte, par le
biais de ce projet de loi, à des petites centrales tout en disant qu'on
pourra aussi le faire pour des centrales un peu plus grosses de 25
mégawatts et plus. Ce n'est peut-être pas l'intention du ministre
que cela se fasse, au moment où l'on se parle, mais on a
créé une brèche. À partir de cette brèche...
Vous savez, cela est un peu comme quand on fait une déchirure sur un
tissu. Il y a un trou, et tranquillement pas vite, tout le monde joue
là-dessus et, finalement, on se rend compte qu'on l'a agrandi dix fois
sans trop s'en rendre compte. C'est partout pareil. C'est la même chose
dans n'importe quoi. Quand une fissure se fait quelque part, le temps fait son
oeuvre. Les Interventions font leur oeuvre. Tout le monde s'en mêle et,
tranquillement, de fil en aiguille, on se rend compte qu'à partir d'une
brèche infime, on a fini par créer une véritable passoire.
C'est ce qui risque d'arriver par l'application, par l'introduction de ce
principe-là dans la production de notre électricité au
Québec. Même si ce que je dis là peut en faire rire
quelques-uns aujourd'hui, il reste que le principe est établi et qu'il
est là. À partir de cela, il n'y a rien qui dit que dans trois ou
cinq ans, on ne pourra pas se servir de ce même principe-là pour
l'étendre encore un peu plus et pour louer des forces hydrauliques de
500 mégawatts, par exemple, à un producteur qui serait
intéressé de venir...
Si Hydro-Québec, par exemple, pour une raison ou pour une autre,
ne possède pas de liquidité ou n'est pas en mesure de
développer des centrales plus importantes sur certaines de nos
rivières, qu'on ne fasse pas des ententes avec Hydro-Ontario qui
viendrait investir chez nous parce qu'on ne sait quel choix ils vont faire par
rapport au nucléaire chez eux. Là, on a ouvert une brèche
qui risque d'aller toujours en s'agrandissant, parce qu'à partir du
moment où on a introduit un principe, il est souvent difficile de
reculer sur ce principe. Il est beaucoup plus facile d'élargir le
principe que d'y revenir et de l'oublier carrément. On a
créé des habitudes dans la société. On le voit, par
exemple, avec la question des heures d'ouverture des magasins. On a
commencé par autoriser l'ouverture des dépanneurs le dimanche
à des conditions très précises et, après, cela a
été les pharmacies. Les pharmacies ont fini par devenir de
véritables magasins d'alimentation. Aujourd'hui, c'est tout le monde qui
veut ouvrir le dimanche. Dès qu'on ouvre une brèche pour une
raison précise, tout de suite, on se met devant la possibilité
que tout le monde veuille en profiter et qu'un jour ou l'autre, on devra ouvrir
le barrage au complet.
C'est dans ce sens-là que, nous, on est très
préoccupé, d'autant plus que l'ancien projet de loi, l'article 3
du projet de loi sur le régime des eaux qu'on avait n'empêchait
pas le ministre de faire la même chose. Il ne l'empêchait pas de
pouvoir louer en revenant par le biais de lois. C'était
déjà permis pour Hydro-Québec et pour les
municipalités. Et pour des raisons particulières aussi, les
gouvernements, dans des conditions très spécifiques, bien
étudiées d'avance, ont eu l'occasion de présenter des
projets de loi pour permettre des exceptions. Exceptions qu'il reste toujours
possible pour le gouvernement d'utiliser, dans le cadre de la loi actuelle. On
ne voit donc pas pourquoi on est obligé de revenir devant cette Chambre
donner un projet de loi qui va permettre à tous et chacun de pouvoir y
aller à coeur joie, dans la mesure où il y aura le
financement pour le faire, des petites centrales.
Même si Hydro-Québec a une politique d'achat de
l'électricité de ces petites centrales, il n'y a aucune
disposition légale nulle part dans l'ensemble des 18 ou quelques volumes
des Lois refondues du Québec, qui fait en sorte que ces entreprises ne
pourront pas vendre à d'autres. Hydro-Québec dit maintenant: Moi,
je vais les acheter, je vais vous acheter votre électricité. Le
jour où Hydro-Québec ne voudra plus acheter
d'électricité pour toutes sortes de raisons, il n'y a rien qui
dit qu'elle ne vendra pas à l'autre. On me donnait comme objection: Mais
qui va la transporter? Si on est capable de construire des centrales d'une
façon privée, on est sûrement capable de la transporter
aussi. L'Alcan et Price transportent leur électricité. Il y en a
plusieurs qui transportent leur électricité. Tout dépend
des distances qu'on a par rapport à la charge, par rapport à la
consommation. Tout dépend d'un paquet de facteurs. C'est sûr qu'on
n'ira pas développer une centrale de 25 mégawatts quelque part le
long de la rivière Caniapiscau pour essayer de transporter
l'électricité individuellement à Montréal. Cela ne
serait sûrement pas rentable. Que l'on développe, à
Mont-Laurier par exemple, une petite centrale de deux ou trois mégawatts
pour rendre l'électricité à quelques poteaux plus loin,
cela pourrait devenir intéressant de la transporter soi-même. Cela
fait partie de la mécanique, cela fait partie du décor. Il n'y a
aucune disposition légale qui peut empêcher cela.
Si le ministre, au moins, s'était prévu une disposition
semblable dans sa Loi sur le régime des eaux ou en refondant certains
articles de la Loi sur Hydro-Québec ou de quelque autre loi que ce soit,
pour que ces producteurs ne puissent avoir l'intention d'aller voir d'autres
clients... On aurait pu dire: Le ministre est logique jusqu'au bout, avec son
principe. Mais ce n'est pas le cas. Si ce n'est pas rentable aujourd'hui, cela
pourra le devenir plus tard. Quand un promoteur comme M. Dumas, sur la
Côte-Nord, nous dit: Éventuellement, je pourrais être
intéressé par un projet. On sait que ce n'est peut-être pas
le cas maintenant. On sait que ce projet a peut-être été
mis sur les tablettes pour toutes sortes de raisons au moment où on se
parle, mais s'il y a déjà des promoteurs qui pensent à des
projets semblables, cela ne veut pas dire que dans deux ans, trois ans, quatre
ans ou cinq ans, il n'y aura pas un promoteur qui, dans une situation
particulière, pourra réaliser de tels projets et qui, à ce
moment-là, pourra faire le transport de cette électricité.
Il y a des régions, comme on produit l'électricité
à partir de centrales diesel ou centrales thermiques...
La Présidente (Mme Bélanger): II vous reste deux
minutes, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: ...dans la municipalité même, si un
promoteur allait développer une petite centra- le à deux, trois
ou cinq kilomètres de là où il n'existe pas de
réseau de transport, il n'y a rien qui dit que cela ne sera pas lui qui
fera le transport de cette électricité. On a vu à la
réserve crie de Wemindji, qui a voulu développer sa propre
centrale hydroélectrique, les gens d'Hydro-Québec, dans le temps,
refuser d'accorder l'aide technique. C'est Hydro-Ontario qui a donné
l'aide technique à la bande de Wemindji pour construire sa centrale
hydroélectrique. Comment peut-on dire que ce n'est pas
réalisable? C'est la bande de Wemindji qui fait son transport
d'électricité, à partir de sa centrale jusqu'à sa
localité. Ce n'est pas Hydro-Québec qui le fait. Alors, on vient
nous dire que ce n'est pas rentable et que ce n'est pas faisable. Cela s'est
déjà fait dans certains cas. Cela va probablement se faire encore
de plus en plus, dans la mesure où on ouvre la possibilité de le
faire en passant en dehors de l'Assemblée nationale, en permettant de le
faire d'une façon beaucoup plus régulière, soutenue, par
plusieurs investisseurs dont on n'aura pas le contrôle de la structure de
capital, dont on n'aura pas le contrôle de l'origine des investissements,
de l'origine des fonds, des créanciers, etc. Vous comprenez, Mme la
Présidente, le pourquoi de toutes nos réticences par rapport
à un projet de loi semblable et pourquoi, jusqu'à la fin, nous
nous opposerons et nous voterons contre de telles dispositions dans les lois du
Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député d'Ungava. La commission de l'économie et du travail
ayant...
M. Ciaccia: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Ciaccia: Juste à titre d'information pour le
député, si vous permettez.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Ciaccia: Le seuil de 25 mégawatts a été
adopté, quand j'ai mentionné que c'est en accord avec la
politique d'achat d'Hydro-Québec, de concert avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources. La raison pour laquelle c'est 25
mégawatts, c'est que cela se situe entre les 20 mégawatts retenus
par l'Ontario et les 30 mégawatts adoptés par les
Américains. Alors ce n'est pas une question qu'on a adopté cela
ensemble avec Hydro-Québec. Ce n'est pas quelque chose
d'unilatéral.
Deuxièmement, en ce qui concerne les sites culturels et
historiques, je voudrais simplement vous rappeler que la proposition de
développer les rapides de Lachine ne vient pas de nous, mais de votre
gouvernement. On s'y est opposé précisément parce que
c'était un site historique.
Et troisièmement, Wemindji, ce n'est pas
Hydro-Ontario qui l'a développé. Il a été
développé par SNC et la bande indienne de Wemindji avec des fonds
fédéraux.
Je voulais simplement préciser ces éléments.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
La commission de l'économie et du Travail... Un instant, M. le
député, vous parlerez après la fermeture de la
commission.
La commission de l'économie et du travail ayant accompli son
mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 26)