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(Quinze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Cannon): La commission de
l'économie et du travail est réunie cet après-midi pour
l'étude du projet de loi 84, Loi modifiant la Loi sur les forêts.
Je déclare donc la séance ouverte. M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, il y a deux
remplacements. Mme Bélanger (Mégantic-Compton) est
remplacée par M. Polak (Sainte-Anne) et M. Maltais (Saguenay) est
remplacé par M. Brouillette (Champlain).
Motion demandant copie des projets de
règlement d'application du projet
de loi 84 (suite)
Le Président (M. Cannon): Merci. Au moment de notre
ajournement le 6 décembre dernier, la commission étudiait une
motion du député de Laviolette qui se lisait comme suit: "Que la
commission de l'économie et du travail souhaite que le ministre mette
à la disposition de ses membres copie des projets de règlement
d'application du projet de loi 84." Je crois, M. le secrétaire, qu'il
restait sept minutes vingt-cinq secondes à l'intervention de M. le
député de Laviolette. Alors, sans plus tarder, M. le
député de Laviolette?
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Oui, M. le Président. Je croyais qu'il me
restait une dizaine de minutes, mais je vais prendre le temps qui m'est imparti
pour finir l'argumentation concernant la demande. D'ailleurs, le ministre nous
aurait permis de faire beaucoup moins d'effort de conviction auprès de
lui s'il avait eu l'amabilité de nous donner les amendements, tel qu'on
lui avait demandé à l'époque. Il a fallu qu'on fasse
finalement toute cette argumentation pour recevoir de votre part, M. le
secrétaire, les copies d'amendements que le ministre avait transmis dans
le cadre du projet de loi qu'on étudie actuellement. Il me semble que le
ministre devrait faire la même chose quant aux règlements. Il dit
que c'est un règlement qui est prévu à un article du
projet de loi, mais je dois vous faire mention, M. le Président, qu'il
me rassurerait s'il me donnait le règlement de la décision qu'il
pourrait prendre dans le futur et qui serait, quant à moi, une
façon de démontrer qu'il n'a rien à cacher. Je vous donne
un exemple qui concerne l'article 1 qui aurait dû être dans le
projet de loi, mais que le ministre, pour une raison que je ne connais pas, n'a
pas placé. Je vous ai fait mention de ce que j'appelais mon
avant-avant-projet de loi. Mon avant-avant-projet de loi que j'ai entre les
mains, article 1, était écrit de cette façon-là:
l'article 5 de cette loi est modifié par l'insertion, à la fin du
quatrième alinéa, de la phrase suivante: "Dans une zone de
tarification forestière où s'exécute un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement, le taux unitaire peut varier par
unité ou partie d'unité d'aménagement où s'exerce
le contrat." La justification que le ministre avait sur le document qu'il a
présenté, parce qu'il doit présenter des justifications au
comité de législation, au Conseil des ministres, c'était
ceci: "Cet article ajoute aux fonctions et pouvoirs du ministre - donc, les
pouvoirs du ministre, je dois vous dire, M. le Président, que c'est
justement, dans certains cas, des pouvoirs réglementaires - le pouvoir
d'ajuster les taux unitaires de la valeur marchande des bois sur pied et de la
valeur des travaux sylvicoles retenus pour une unité
d'aménagement, de manière à tenir compte des
particularités biophysiques de la forêt dans certaines parties de
l'unité d'aménagement." Vous vous souvenez que j'avais même
souri à cet énoncé-là, quand on parlait de
particularités biophysiques. Oui, M. le Président.
Le Président (M. Cannon): Je m'excuse, M. le
député.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Cannon): Pour des raisons techniques,
auriez-vous objection à ce que M. le député de...
M. Jolivet: ...Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Le Président (M. Cannon):
...Rouyn-Noranda-Témiscamingue agisse à titre de président
de séance et remplace M. Jacques Tremblay, député
d'Iberville?
M. Jolivet: M. le Président, je suis ouvert à tout
à condition que le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue ne me fasse pas le coup qu'il m'a
déjà fait dans une autre commission parlementaire, mais je lui
fais confiance.
Le Président (M. Cannon): J'en prends bonne note et je
l'informerai de tout cela.
M. Jolivet: Parce qu'il est président de séance,
vous avez bien dit?
Le Président (M. Cannon): C'est cela. M. Jolivet:
Donc, sans droit de parole.
Le Président (M. Cannon): C'est cela. Là, il
est membre.
M. Jolivet: Vous le mettez membre?
Le Président (M. Cannon): Oui.
M. Jolivet: Alors, il va avoir droit de parole là. Alors,
je vais lui faire confiance.
M. Baril: Je vous promets que je ne dirai pas un mot.
M. Jolivet: D'accord, donc, je continue. Je donnais mon
argumentation à ma justification en disant que j'avais même souri
sur le mot "biophysique", parce que je m'attendais que le ministre nous indique
que c'était la raison pour laquelle il amenait cet amendement-là.
Mais je vais vous donner des justifications qui m'incitent à avoir
crainte. Si le ministre ne veut pas présenter les règlements
actuellement, du moins les projets de règlement qu'il a actuellement,
est-ce parce qu'il est en train de nous cacher quelque chose? Je ne le souhaite
pas, je ne l'espère pas, je suis sûr que ce n'est pas son but,
mais il me rassurerait s'il me donnait les projets de règlement.
L'article 1, tel que libellé dans l'avant-projet de loi,
était donc un très bon article sur ce qui pourrait arriver dans
les pouvoirs réglementaires. La loi actuelle dit, à l'article 5,
quatrième alinéa, que le taux unitaire - donc les droits à
payer - peut différer selon les zones de tarification forestière
que le gouvernement établit par voie réglementaire. Dans les
amendements proposés, que je vous lisais tout à l'heure, on
ajoute que le taux unitaire peut varier par unité ou partie
d'unité d'aménagement où s'exerce le contrat. Avec cette
addition, le ministre pourra fixer individuellement les droits que chaque
utilisateur aura à payer. La loi actuelle lui donne le pouvoir de les
fixer par grandes zones qui comprennent, par définition, plusieurs
unités d'aménagement, donc, par le fait même, plusieurs
utilisateurs. Avec la loi actuelle, telle que libellée à
l'article 5, quatrième alinéa, si le ministre veut faire une
faveur à des amis, il serait le "fun" de savoir au moins une chose,
c'est que d'autres peuvent en profiter; non pas seulement l'ami, mais tous les
autres peuvent en profiter.
L'exemple que j'apportais c'est qu'en 1987, après avoir vendu la
Scierie des Outardes à des gens d'Ontario Paper, UNS comme on l'appelle
dans le coin, le ministre, par voie réglementaire - écoutez bien
cela - a pu abaisser les droits de coupe de la zone où sont
localisées les coupes de bois de QNS et de la Scierie des Outardes.
Là, j'ajoutais que le ministre a dit: Écoutez, juste 350 000 $,
ce n'est pas gros cela, ce n'est pas grave; mais cela a quand même
abaissé de 350 000 $ le prix d'achat de la scierie. Comme les droits
sont fixés par zones, d'autres utilisateurs ont pu en profiter. Alors
qu'avec les amendements que le ministre voulait proposer, seuls les amis
auraient pu en profiter. Si le ministre a fait sauter cet article 1, parce que
je lui ai posé des questions en Chambre, si cet article 1 ne se retrouve
pas dans la loi actuelle, présentée devant nous comme projet de
loi, est-ce que cela veut dire que le ministre pourra toujours se conserver le
pouvoir de le faire par voie réglementaire? C'est cela qui
m'inquiète, M. le Président, comme exemple. J'ai d'autres
inquiétudes que j'aurais pu vous exprimer. Alors, tout simplement, ce
que je dis au ministre: S'il nous donnait les avant-projets de
règlement, peut-être qu'il calmerait mes inquiétudes, ce
qui nous permettrait d'étudier le projet de loi avec beaucoup de
soin.
Nous avons l'intention, M. le Président, après cette
intervention de passer à l'étape de l'étude article par
article du projet de loi. Je n'ai pas l'intention - je l'ai bien dit au
ministre - de faire des discussions pour le plaisir de la chose. La preuve que
je ne l'ai pas fait pour rien, c'est qu'après, il nous a fait parvenir
les amendements, ce qui nous a permis, pendant les jours où la
commission n'a pas siégé de faire une étude attentive de
chacun des amendements qui sont proposés au projet de loi. C'est ce qui
nous permet de travailler avec plus de diligence et d'arriver à faire en
sorte que le projet de loi soit le meilleur possible. Je donnais l'exemple du
ministre du Revenu et ministre du Travail aussi en même temps,
responsable de la Commission de la santé et de la sécurité
du travail, qui nous a permis de travailler très rapidement mardi
dernier à un projet de loi qui avait été amené ici
en commission parlementaire.
M. le Président, j'ai fait valoir mon point de vue,
j'espère que le ministre va me répondre sur-le-champ, qu'il a
compris mon argumentation, qu'il n'a aucune crainte et qu'il est prêt
à déposer les avant-projets de règlement, ce qui nous
permettrait, au moment où on fait l'étude article par article, de
connaître les intentions du ministre de présenter des
règlements attitrés à ce projet de loi au Conseil des
ministres pour adoption une fois que le projet de loi aura été
adopté et, en conséquence, faire le travail parlementaire le plus
adéquat possible.
M. le Président, c'était l'argumentation que je voulais
ajouter à tout ce que j'ai dit jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Laviolette. M. le ministre.
M. Albert Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, c'est un fait que j'ai transmis au secrétaire de la
commission les amendements au projet de loi 84, sauf qu'il y a un article qui
n'est pas finalisé entre les avocats. Évidemment, ça me
fait plaisir de le faire. Aujourd'hui, on continue à débattre le
dépôt des règlements. Les règlements qui
découlent d'un projet de loi, c'est difficile de les déposer
quand le projet de loi n'est pas adopté. Le député de
Laviolette peut parler de cachette, d'Intentions, tout ça, libre
à lui de le dire, libre
à moi de ne pas le croire.
Maintenant, les règlements ne sont pas rédigés et
on ne peut pas rédiger les règlements avant qu'une loi soit
adoptée. On ne peut pas présumer que le ministre n'exercera pas
son pouvoir de réglementation une fois la loi adoptée. Bien
sûr, il faut attendre que la loi soit adoptée.
Je voudrais remercier le député de Lavio-lette en disant
que, évidemment, il se réfère toujours à
l'avant-avant-projet - je ne sais pas comment il l'appelle - qui a
déjà été déposé et discuté,
qu'on ne retrouve pas nécessairement dans la loi 84. Le
député de Laviolette a beau montrer la liasse de papiers qu'if a
obtenue je ne sais pas de quelle façon - ce sont ses services qui l'ont
obtenue, j'imagine - j'espère bien qu'on va parler de ce qui est
écrit dans le projet qui est déposé ici, avec les
amendements qui ont été remis à l'Opposition par
l'entremise du secrétariat de la commission. Là-dessus, je n'ai
pas autre chose à ajouter, sauf que les règlements, je ne les ai
pas et que je ne les déposerai pas tant que la loi ne sera pas
adoptée.
En parlant de pouvoirs discrétionnaires sur la tarification, ce
n'est pas discrétionnaire parce que c'est publié par
règlement, il y a une avant-publication, et après ça,
c'est adopté. Ce n'est pas si discrétionnaire que ça. La
tarification, c'est assez rigide, c'est basé sur sept ou huit
critères scientifiques. U me fera plaisir, par exemple, de
déposer le rapport sur la tarification et sur les zones. D'ailleurs, en
ce qui concerne le zonage, nous proposerons prochainement la publication d'un
règlement sur le zonage, qui sera accompagné, évidemment,
de la tarification elle-même, a la suite de l'étude qui a
découlé des recommandations du rapport
Bélanger-Thé-rien.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous avez autre chose
à ajouter, M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
Le Président (M. Baril): Merci. Est-ce que la motion
présentée par M. le député de Laviolette est
acceptée?
M. Jolivet: On va certainement l'accepter sur division, j'ai
l'impression.
Le Président (M. Baril): Je comprends qu'elle est
acceptée...
M. Jolivet: Moi, je vote pour.
M. Cannon: Excusez-moi, M. le Président, la motion n'est
pas acceptée, elle est rejetée. Je pense que le ministre a
été relativement clair lorsqu'il a indiqué, tout à
l'heure, que c'était extrêmement difficile pour lui de
présenter des règlements à un projet de loi qui n'a pas
encore subi l'analyse et qui n'a pas fait l'objet d'amen- dements. Ce serait un
non-sens. On s'inspire, bien sûr, d'une décision qui a
été rendue par l'un de vos prédécesseurs, M. Guy
Bélanger, le 16 juin 1986, qui indique clairement qu'une telle motion...
Si nous avions été un peu plus vigilants, M. le
député, l'autre soir, nous aurions contesté la
légalité de présenter une telle motion, compte tenu de la
jurisprudence qui existe sur les travaux des commissions.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je demanderais donc
qu'on fasse un appel nominal.
M. Jolivet: Juste quelques secondes pour dire que, d'abord, elle
n'a pas été contestée parce qu'elle était
évidente et qu'elle avait été prise, auparavant, par le
même député président. Deuxièmement, on
comprendra très bien que c'est un souhait que le ministre dépose
les projets de règlement, et non pas les règlements, on le sait
très bien. Troisièmement, il faut savoir une chose, c'est que
d'autres ministres ont fait ce que le ministre n'a pas fait. Ils nous ont
donné des projets de règlement. On sait très bien que le
règlement va devenir un document de finalisation lorsque le projet de
loi sera adopté, mais si on avait des projets de règlement qui
peuvent être changés en cours de route, au moins on saurait
où on va. En tout cas, le ministre ne veut pas. Alors, je vais voter
pour ma motion. Je sais que, de l'autre côté, on va voter contre.
Alors, pour ne pas perdre de temps, M. le Président, on ne demandera pas
le vote nominal. Donc, rejeté sur division.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Cannon: Donc, qu'on appelle l'article 1.
Le Président (M. Baril): La motion est rejetée sur
division.
M. Jolivet: J'aurais bien aimé "adopté sur
division", mais...
Étude détaillée
Le Président (M. Baril): Alors, nous commençons
l'article 1. Question de règlement, M. le ministre. À l'article
1, vous demandez de remplacer le titre du projet de loi. Je tiens à vous
dire que cet amendement doit être fait à la fin.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
Le Président (M. Baril): Merci. Alors, à l'article
1, nous avons un amendement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président. Est-ce qu'on commence par lire l'amendement qui a
été déposé au secrétariat ou si on
procède par... Oui, les copies ont été
distribuées.
Le Président (M. Baril): C'est toujours
préférable de le lire.
Droits sur le bois récolté
M. Côté (Rivière-du-Loup): A l'article 1 qui
se réfère à l'article 9 de la Loi sur les forêts, M.
le Président, on propose l'amendement suivant: 1. l'article 9 de la Loi
sur les forêts est remplacé par le suivant: "9. La couronne jouit
d'un privilège afin de garantir le paiement de droits exigibles pouT
l'attribution ou la récolte de bois en vertu de la présente loi,
sur le bois récolté en forêt par le débiteur de ces
droits ou pour son compte, quelle que soit la destination du bois. "Le
privilège cesse de grever le bois récolté dès qu'il
est aliéné et transporté en dehors du domaine public; il
se reporte alors sur tout autre bois récolté dans les
forêts du domaine public en vertu de la présente loi par le
débiteur ou pour son compte. À défaut d'autre bois
récolté, le privilège se reporte sur le prix de
l'aliénation que tout autre bois ainsi récolté. "Le
privilège prend rang immédiatement après les frais de
justice."
Cet amendement, M. le Président, est proposé et vise
à préciser la nature du droit réel conféré
en faveur de la couronne, en faveur du gouvernement, pour garantir le paiement
des droits exigibles en vertu de la Loi sur les forêts.
Le Président (M. Baril): M. le ministre, ça va? M.
le député de Laviolette?
M. Jolivet: M. le Président, je veux essayer de voir un
peu clair dans toute la situation parce que, souvenez-vous, on a dit qu'il y
avait actuellement, en terme d'articles du projet de loi, 68 articles incluant
le dernier article qui dit que l'entrée en vigueur du projet de loi est
à telle date. Je veux juste vous rappeler, M. le Président, que
ce document a été présenté dans les jours
précédant le 15 novembre dernier et je tiens à vous
rappeler que, pour cette journée-ci, incluant celui qui doit arriver
à l'article 20 dont le ministre faisait mention, on est rendu à
27 amendements potentiels sans compter ceux qu'on pourrait apporter. Je vous
dis qu'on va essayer de faire notre travail le mieux possible et le plus
convenablement possible, mais que ça va être parfois difficile
d'aller rapidement si on veut bien comprendre le sens même de ce projet
de loi. À l'article 9 de la loi actuelle sur les forêts, on dit:
Le bois récolté en forêt, quelle que soit sa destination,
est grevé d'un droit réel immobilier en faveur du domaine public
pour garantir le paiement de droits exigibles en vertu de la présente
loi. On se souvient de la bonne bataille qu'on avait eue sur la
définition des droits exigibles au moment de la présentation du
projet de loi 150. Le bois demeure ainsi grevé où qu'il se trouve
et quelle que soit sa forme tant que les droits exigibles n'ont pas
été acquittés. Toutefois, ce droit n'est pas opposable
à un consommateur au sens de la Loi sur la protection du consommateur,
chapitre P-40. Là, je ne retrouve plus une partie de cet article. Je
voudrais savoir quelles sont les raisons qui amènent ça, parce
que, dans ce que j'appelle l'avant-projet de loi, si on le met en même
confrontation qu'avec l'article 9, on disait: Le bois récolté en
forêt, quelle que soit sa destination, est grevé d'un
privilège mobilier, prenant rang immédiatement après les
frais de justice, en faveur de l'État pour garantir le paiement des
droits exigibles en vertu de la présente loi. (15 h 45)
On passait au deuxième paragraphe, en disant: Ce privilège
confère à l'État le droit de saisir et de faire vendre le
bois qui en fait l'objet et de se faire payer, suivant le rang de sa
créance. Toutefois, ce droit n'est pas opposable à un
consommateur au sens de la Loi sur la protection du consommateur - et les
mêmes références au chapitre. Et on disait comme
justification: Cet article ajoute des précisions aux droits de
propriété de l'État sur les bois récoltés en
forêt ainsi qu'aux droits de saisies afférents.
Là, on se retrouve avec un nouvel amendement qui arrive et dit:
Remplacer l'article 1 par le suivant. Et là, on fait mention de la loi
actuelle qui est complètement changée et on dit: "La couronne
jouit d'un privilège, afin de garantir le paiement des droits exigibles
pour l'attribution ou la récolte de bois en vertu de la présente
loi, sur le bois récolté en forêt par le débiteur de
ces droits ou pour son compte, quelle que soit la destination du bois."
On dit: "Le privilège cesse de grever le bois
récolté dès qu'il est aliéné et
transporté en dehors du domaine public..." Je voudrais avoir un
renseignement. Quelles sont les raisons qui amènent le ministre à
inclure cette partie? "...il se reporte alors sur tout autre bois
récolté dans les forêts du domaine public en vertu de la
présente loi pour le débiteur ou pour son compte. A défaut
d'autre bois récolté, le privilège se reporte sur le prix
de l'aliénation de tout autre bois ainsi récolté." Et on
finit en disant: "Le privilège prend rang immédiatement
après les frais de justice." Là, on n'ajoute pas la partie qui
était dans l'article du projet de loi actuel et dans ce qui était
des modifications que le ministre voulait apporter, et qui n'est pas incluse
dedans, qui était le droit inopposable à un consommateur au sens
de la loi.
Donc, j'aimerais savoir pourquoi on a enlevé cette partie et ce
que veulent dire les deux premières lignes y compris le mot "public"
dans la troisième ligne du deuxième alinéa: "Le
privilège cesse de grever le bois..." J'aimerais savoir du ministre,
d'abord, pourquoi on a enlevé la possibilité de rendre
inopposable à un consommateur et, deuxièmement, les deux
premières lignes du deuxième alinéa
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, cet article, cet amendement proposé précise le
rang que l'État ou le gouvernement a sur du bois pris sur les terres
publiques. Évidemment, en précisant le rang, on clarifie la
situation du point de vue légal. Si le bois est aliéné ou
est transporté en dehors du domaine public, on le reporte notre rang,
notre privilège sur du bois futur qui serait coupé par le
bénéficiaire et, s'il n'y en avait pas, par le rang qui est
précisé ici - prend rang immédiatement après les
frais de justice - le consommateur est protégé de cette
façon et le privilège se reporte sur le prix de vente de tout
autre bois ainsi récolté, peu importe où il se trouve.
M. Jolivet: De quelle façon le consommateur est-il
protégé, M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup):...
Mme Côté-Aubin (Liliane): L'amendement...
Le Président (M. Baril): Pourriez-vous vous identifier,
madame?
Mme Côté-Aubin: Liliane Côté-Aubin.
L'amendement qui a été proposé visait à
préciser la nature du droit réel immobilier ou mobilier, et c'est
ce qui est fait dans l'amendement. Maintenant, on dit que le privilège
cesse de grever le bois. Alors, le privilège grève le bois tant
qu'il se trouve sur les terres du domaine public. Lorsqu'il est
aliéné, le privilège cesse de grever le bois, mais il est
reporté sur tout autre bois récolté, mais dans les
forêts du domaine public, pas sur n'importe quel bois.
Maintenant, sur ce qui protège le consommateur, par rapport
à ce qui existait avant dans la loi - on parlait de la Loi sur la
protection du consommateur - ce qui le protège ou ce qui est
l'équivalent maintenant, c'est qu'on dit qu'à défaut
d'autre bois récolté, le privilège se reporte sur le prix
de l'aliénation de tout autre bois ainsi récolté. En
réalité, le privilège est reporté seulement sur le
prix de l'aliénation. Alors, le bien du consommateur n'est plus
affecté si jamais...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur le des du
vendeur, pas sur le consommateur.
Mme Côté-Aubin: Oui, sur le vendeur. Alors, le
consommateur est ainsi protégé.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le consommateur se
trouve à être protégé parce que le privilège
est reporté sur le prix d'aliénation, sur le vendeur.
Une voix: Bonne décision.
M. Jolivet: Si on regarde les textes qui sont devant nous autres,
d'abord dans le texte actuel, à l'article 1, on faisait des
remplacements dans les deuxième et troisième lignes du premier
alinéa des mots "immobilier en faveur du domaine public" par les mots
"mobilier en faveur de la couronne". On ne retrouve, dans le texte que vous
venez de nous donner, aucune de ces références. Et dans le texte,
cela oui! on dit: La couronne jouit d'un privilège afin de garantir le
paiement. C'est de cette façon-là qu'on l'inscrit, alors qu'on
donnait la même justification dans le document qu'on avait.
C'était toujours en faveur de l'État. Ici, on parle de la
couronne, on parle de l'État, alors que vous vouliez garder, même
à l'époque, "mobilier en faveur de la couronne". Cela
représente un ministère de l'État, qui est
représenté ici par le ministre de l'Énergie et des
Ressources, secteur de la forêt. Dans le deuxième alinéa de
l'article 1 tel qu'amendé qu'on présentait et qui
disparaîtrait par le fait même, on disait: par l'insertion, dans la
deuxième ligne du deuxième alinéa, après le mot
"acquittés" des mots "il peut être saisi et vendu comme s'il
faisait partie du domaine public". On ne le retrouve pas de la même
façon dans le nouvel amendement qu'on apporte. C'est pour cela que j'ai
de la misère à comprendre. Je vais vous dire pourquoi. C'est
parce qu'on avait un article, on veut le clarifier, on nous présente un
amendement, et l'amendement, une fois qu'il arrive ici à la table, est
complètement différent.
Ce que j'essaie de vous dire, M. le Président, c'est que si je me
reporte aux notes explicatives qui nous aident, comme députés de
l'Opposition, à préparer notre argumentation et sur lesquelles on
s'est basé pour préparer notre discours d'adoption du principe,
je pourrais même vous demander, M. le Président: Est-ce que le
nouvel amendement présenté vient en contradiction avec la notion
de discussion qu'on a eue et qui a fait l'objet d'une acceptation à
l'Assemblée nationale? Je vais loin quand je dis cela. Je suis en train
de dire: Est-ce qu'on le change à ce point qu'on ajoute ici des notions
tellement nouvelles que ce ne sont pas celles dont on a discuté lors de
l'adoption du principe? J'aimerais bien qu'on me rassure parce que je vais
avoir plusieurs autres questions comme cela. Est-ce qu'on est en train,
excusez-moi l'expression, de vouloir nous passer un sapin? Est-ce qu'on veut,
par un nouvel amendement...
Écoutez, vous aviez des remplacements dans l'article du projet de
loi actuel et on nous les remplace complètement en disant: Je biffe
complètement l'article 9 actuel. Les amendements que je vous ai
présentés ne sont plus bons et ce que je vous propose, c'est un
nouvel article 9. Mais ce n'est pas sur cela qu'on a voté. À
l'adoption du principe en deuxième lecture, ce n'est pas sur cela qu'on
a voté. On a voté sur des remplacements qui devaient venir, et
là, peut-être qu'on aurait eu des discussions sur les
modalités. Si le ministre vient me dire que ce sont des
modalités, on va peut-être avoir de grosses discussions à
enclencher. On va dire:
Écoutez, j'aimerais bien savoir si l'article 9 tel qu'on va le
libeller désormais va faire d'abord complètement enlever les
amendements à la loi 84. Le premier article disparaît
complètement; l'article 9, tel qu'on le connaît, n'existera plus;
celui qui, désormais, existera et fera la réforme des lois, c'est
l'article qui est devant nous et qui, lui, vient clarifier le rang de
créance de la part de la personne qui doit au gouvernement pour des bois
récoltés pour lesquels il n'aurait pas payé les droits
exigibles et, en même temps, assurer, et c'est cela qu'il voudrait... Je
ne voudrais en aucune façon qu'on ne me garantisse pas que les
consommateurs qui étaient protégés dans l'article actuel,
qui l'étaient dans l'amendement proposé pourraient
hypothétiquement ne pas l'être dans le nouvel article. Dans les
trois dernières lignes du deuxième alinéa, on dit:
"À défaut d'autre bois récolté, le privilège
se reporte sur le prix de l'aliénation de tout autre bois ainsi
récolté." On me dit que cette partie-là vient assurer que
le droit qui était connu en vertu de l'article 9 n'était pas
opposable à un consommateur au sens de la Loi sur la protection du
consommateur et que, en conséquence, ici, le consommateur est
assurément garanti. Ce n'est pas seulement que le gouvernement se
garantisse. Il faut que le consommateur le soit aussi. Si on me dit que "sur le
prix de l'aliénation" veut dire que c'est sur celui qui vend et que, en
conséquence, on protège le consommateur, bravo. Mais, si
c'était autre chose, je serais très réticent, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, juste pour répondre au député de
Laviolette sur ses inquiétudes. Lorsqu'on disait que le bois saisi
pouvait être vendu au profit de la couronne comme si c'était ses
propres biens, on faisait cela dans le but de protéger les redevances,
les droits exigibles. Évidemment, on dit à l'article 9, dans
l'amendement proposé: La couronne jouit d'un privilège afin de
garantir le paiement des droits exigibles. C'est exactement la même
chose, mais c'est dit différemment. Même si c'était une
vente à la suite d'une saisie, c'était pour protéger les
droits exigibles, et on ne vendait pas pour plus que la valeur des droits
exigibles. Généralement, c'était pour protéger les
créances du gouvernement. C'est évident que quand on dit
également que le privilège se reporte sur le prix de
l'aliénation, c'est le vendeur et non le consommateur. On m'affirme que
ce n'est pas nécessaire de l'ajouter, que ce serait de la redondance
d'ajouter à ce qui avait été proposé: Toutefois, ce
droit n'est pas opposable à un consommateur, au sens de la Loi sur la
protection du consommateur. Si on reporte notre privilège sur le prix de
l'aliénation, sur le prix de vente, c'est le vendeur qui fixe le prix de
vente, qui effectue la transaction. Cela vise seulement à
préciser la nature du droit réel sur le bois. Les avocats
trouvent que ce texte-là est plus précis que l'autre parce qu'on
précise en même temps le rang. On dit que le privilège
s'exerce après les frais de justice. Cela a toujours été
ainsi, mais là, on le dit précisément.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: En fait, ce que j'essaie de protéger tout
simplement, c'est la question des consommateurs. Si on me dit que, par le texte
qui est là, cela fait simplement en sorte que le texte est beaucoup plus
précis, permet de protéger le consommateur tout en
préservant le droit du ministère de se faire rembourser les
créances qui lui sont dues, je pose la question: Est-ce que le dernier
texte, qui était: "toutefois, ce droit n'est pas imposable à un
consommateur au sens de la Loi sur la protection du consommateur", ne peut pas
être mis dans le texte, selon le principe habituel qu'ont les avocats,
soit que trop fort casse pas, ou bien si la phrase sur l'aliénation
indique le droit, comme on le dit dans le texte actuellement: le
privilège se reporte sur le prix de l'aliénation de tout autre
bois ainsi récolté? À ce moment-là vous disiez, M.
le ministre, que c'était redondant. Est-ce que la redondance serait
choquante à l'oreille ou à l'entendement si elle était
inscrite à nouveau?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je me suis informé de cette éventualité
de l'ajouter. On m'affirme que ce n'est pas nécessaire.
Évidemment, si on l'ajoute, cela va ressembler à de la
redondance. Cela veut dire cela.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Jolivet: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Baril): L'amendement à l'article 1
est adopté. Est-ce que l'article 1, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Baril): J'appelle l'article 2. M. le
ministre.
Catégories de permis d'intervention
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
2, M. le Président, on suggère de remplacer le paragraphe 7°
de l'article 10 par le suivant: "7° pour une intervention ponctuelle
visée à l'article 24.1." Cet amendement vise à assurer la
concordance avec l'article 10 du projet.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: C'est terminé? Je veux savoir si je comprends
bien, M. le Président. C'est que le nouvel amendement qu'il nous apporte
a pour but de remplacer le paragraphe qu'on avait et où on disait: Pour
la récolte... En fait, il faut le reporter au texte actuel de l'article
10 où on dit: "Un permis d'intervention peut être
délivré." Là, on ajoute un paragraphe 7°. Ce
paragraphe 7° se lisait dans le projet de loi actuel comme ceci: "7°
pour la récole ponctuelle du bois non attribué par un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier." Donc, un permis
d'intervention peut être délivré pour la récolte
ponctuelle. (16 heures)
Ce que je crois comprendre, c'est que ce nouvel article qu'on voulait
insérer disparaîtrait au profit de l'amendement proposé
où on dit: "pour une intervention ponctuelle visée à
l'article 24.1." C'est cela? On va aller à l'article... On va regarder
à quelle place. Un instant. J'aimerais savoir... On comprend la
façon dont le projet de loi 150 est fait. On doit mettre ici un
amendement si on veut ajouter tout à l'heure à l'article 10 ce
qu'on appelle "la récolte ponctuelle du bois non attribué". C'est
une nouvelle notion qui a été apportée par le projet de
loi qui est devant nous. J'aimerais que le ministre aille plus loin pour qu'on
soit à même d'accepter cet amendement parce que, en
réalité, on pourrait dire: J'attendrai à l'article 10 pour
le faire. Mais est-ce que le ministre peut me dire qu'est-ce que c'est pour
lui? Qu'est-ce que cela veut dire "récolte ponctuelle du bois non
attribué"?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II se produit des
situations imprévisibles, des imprévus. Évidemment, M. le
député de Laviolette a raison. Pour ajouter un paragraphe 7°
à l'article 2, il faut absolument parler de l'article 24.1,
l'intervention ponctuelle. L'intervention ponctuelle, c'est bien décrit,
c'est fait à des fins d'expérimentation ou de recherche pour
l'exécution d'une garantie de suppléance prévue dans une
convention conclue avec le ministre. Le permis ne peut pas être
délivré pour cela, mais il est délivré dans la
mesure où il estime que cette récolte favorise
l'aménagement des peuplements dans les aires forestières
où elle s'effectue. C'est pour du bois non attribué dans un
secteur où le bois n'a pas été attribué par un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier dans la mesure
où cette récolte favorise l'aménagement.
C'est pour obvier à des situations imprévisibles, des
événements isolés qui justifient une récolte
à des fins d'aménagement. Je vais essayer de vous imaginer une
situation pour l'expliciter. On a, de temps à autre, et vous avez
dû avoir cela aussi, des gens qui nous demandent de faire des
expériences, des tests, pour tâter le marché sur un produit
spécial. Dans du bois qui n'a pas été attribué, on
peut l'accorder de cette façon. C'est à peu près les
occasions que cela peut... Je vais vous donner d'autres exemples, dans du bois
brûlé, cela peut être en vertu d'une
récupération ou d'une expérimentation pour faire des
copeaux ou, sur une base expérimentale, pour une entreprise qui voudrait
l'usiner ou le transformer. Par exemple, dans les pâtes et papiers,
évidemment, du bois brûlé, le charbon est un obstacle
majeur. Par contre, si on veut faire une expérience, on pourrait
délivrer un permis à ces fins-là ou pour le
marché.
M. Jolivet: On va essayer de voir si le ministre... Parce que
dans l'article 10 on parle de récolte ponctuelle. En français, le
mot "ponctuel" c'est exceptionnel, en même temps, à un moment
donné, pour un cas qui peut être considéré
exceptionnel.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. On se
réfère à l'urgence aussi, des cas exceptionnels et
également à la suppléance qui peut arriver. Ce n'est pas
arrivé encore jusqu'à présent, mais cela peut arriver une
année qu'on nous demande de suppléer 10 000 ou 15 000
mètres cubes, et on pourra le faire de façon ponctuelle pour
remplir la garantie de suppléance qui a été
accordée.
M. Jolivet: Le ministre parle, justement, de garantie de
suppléance, de possibilité pour la recherche et
l'expérimentation. Je vais aller plus loin que cela. Vous le savez et je
le sais parce que plusieurs députés de régions comme les
nôtres le savent, s'ils sont à l'écoute de leur population,
ils ont des problèmes majeurs qui surviennent dans deux ordres
ordinairement. Il y a ceux qui ont besoin pour construire un chalet dans le
bois parce qu'il n'y a pas de capacité de transport de bois aplani ou
autre, donc ils disent: On peut faire un camp en bois rond. L'exemple typique
que j'ai, c'est une personne rencontrée l'autre jour dans ma
région. C'est une personne qui vit dans le bois depuis sa jeunesse, qui
est rendue à un âge assez avancé, et qui voit son chalet,
en fait sa maison parce qu'on ne peut pas dire chalet, on peut dire
plutôt sa maison, son habitation, pourrie au point qu'actuellement, elle
a besoin de bois. Et on ne peut pas demander à cette personne
âgée de faire le transport par avion, par camion ou ces
choses-là, des fois, ce n'est pas possible. C'est un des exemples d'un
chalet en bois rond dans des circonstances exceptionnelles de façon
ponctuelle. Vous avez la personne qui est un fermier, un agriculteur, qui voit
sa grange passer au feu et qui a un besoin urgent de bois. Vous avez les
gens qui sont dans la recherche de bois pour faire fonctionner une petite usine
dans un milieu donné, de récolte de bois non
récolté ou non récoltable pour les besoins de la compagnie
qui a le contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier.
Le ministre n'ouvre pas, si j'ai bien lu l'article, à cela
encore. Est-ce qu'il est prêt à ouvrir? Est-ce qu'il veut aller
plus loin? De quelle façon veut-il y aller? De quelle façon
va-
t-il nous l'indiquer? Est-ce que c'est par l'article lui-même ou
par voie réglementaire qu'il veut le faire?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment
le député de Laviolette a été impliqué dans
les forêts, il connaît son dossier et c'est pour cela qu'il
veut tout englober d'un coup. Je le comprends. Mais l'article 23 nous
permettrait d'attribuer un permis sur une base ponctuelle à quelqu'un
qui est éloigné, qui n'a pas accès au marché ou
à un vendeur de bois de construction. L'article 23 nous permettrait de
donner de façon ponctuelle et exceptionnelle les permis de coupe
à ces gens. Quant à du bois pour une grange qui a passé au
feu, si c'est accessible au marché de matériaux de construction
ou autre, c'est prévu qu'on ne donne pas le permis en question.
M. Jolivet: Quand le ministre parle de l'article 23, je ne
comprends pas, quel article 23?
Mme Côté-Aubin: Oe la loi actuelle.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 23 de la
loi actuelle, mais qui est amendé dans ce qu'on propose. À
l'article 9 du projet, on propose d'amender l'article 23 de la loi de la
façon suivante: "Lorsque le permis autorise le titulaire à
exécuter ces travaux d'aménagement forestier dans une
unité d'aménagement où s'exerce un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, le ministre doit avoir
au préalable consulté les bénéficiaires
concernés."
Cet article permet de concilier les intérêts d'un
bénéficiaire de contrat avec ceux d'une personne autorisée
par la loi à réaliser un aménagement faunique ou
récréatif lorsque les activités d'aménagement... Un
chalet, c'est cela? Un camp de pêche, c'est cela? Un camp de chasse?
M. Jolivet: En tout cas, on y reviendra tout à l'heure,
c'est parce que...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...lorsque les
activités d'aménagement forestier nécessaires à la
réalisation de l'aménagement peuvent être effectuées
dans l'unité d'aménagement visée par le contrat du
ministère. Alors là, on peut le donner après avoir
consulté le bénéficiaire concerné.
M. Jolivet: J'y reviendrai parce que là je ne comprends
pas le ministre. Je vous le dis bien honnêtement, je ne le comprends pas
du tout parce qu'on dit à l'article 9: "Lorsque le permis autorise le
titulaire à exécuter ces travaux d'aménagement forestier."
J'ai compris qu'aménagement forestier voulait dire ce que vous me dites
là: "...dans une unité d'aménagement où s'exerce un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier, le ministre doit
avoir au préalable consulté le bénéficiaire
concerné". Je pourrais peut-être dire, si le ministre me parle
d'aménagement forestier, s'il ramasse du bois qui est mort, du bois
tombé, du bois...
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, c'est l'addition à l'article 23 qui est dans la
loi...
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Et cela devient le
deuxième paragraphe, ce que j'ai dit là. On dit: "Le permis
autorise son titulaire à exécuter, selon les modalités qui
y sont prévues, les travaux d'aménagement forestier
nécessaires à la réalisation de l'aménagement
projeté et indique la destination du bois récolté."
M. Jolivet: Je vous dis bien honnêtement que vous ne me
rassurez pas parce que j'ai eu plusieurs demandes et je n'ai eu aucune
réponse positive.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Des demandes de
permis?
M. Jolivet: Non, mais de gens. J'ai envoyé une lettre
dernièrement et je vous donne l'exemple parce que d'autres vont venir
comme cela. Une personne demande d'avoir du bois pour construire un chalet en
bois rond. La personne dont je fais mention c'est une personne
âgée qui fait partie des nations amérindiennes
attikameks-montagnaises qui demande du bois. Je n'ai pas eu de réponse
encore, mais les premières réponses que j'ai eues c'est: Bien
non, il n'a pas le droit, il n'a pas de contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier, il n'a pas le droit d'avoir cela; si elle veut
en avoir du bois, cette personne - qui est une femme - fera comme tout le
monde, elle ira sur le marché et elle se le fera monter par train. Je
veux dire qu'il y a des cas où il y a des décisions qui doivent
être prises. Toutes les décisions qui sont prises par les
fonctionnaires, normalement, c'est de dire: Écoutez, le ministre ne
l'autorisera pas, donc, moi, je ne l'autorise pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais avec
l'amendement qu'on propose à l'article 23, je pourrai le faire, je
pourrai répondre à des gens qui n'ont pas accès au
marché et qui n'ont pas accès à des sources de vente de
matériaux de construction.
M. Jolivet: On y reviendra, M. le ministre, parce que, là
ce n'était pas le but. Je voudrais m'assurer quand vous m'ameniez
à l'article 24.1 que les mots "récolte ponctuelle de bois" qu'on
va ajouter à l'article 2 pouvaient permettre ces choses. Si vous me
dites que c'est par un autre article que vous le faites, je vais voir si je le
comprends bien à ce moment-là. Parce que, moi, quand je vais dire
à des gens: Le ministre m'a
dit ça à l'époque, je vais lui envoyer les
galées de la discussion que nous avons cet après-midi. Et on va
voir si c'est vrai ou si ce n'est pas vrai. On ne le changera pas dans la
prochaine semaine. En tout cas, on y reviendra.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'aimerais ajouter
quelque chose. Un permis d'intervention peut être délivré
pour un aménagement faunique et récréatif. C'est
déjà dans la loi. Mais, avec l'amendement que nous proposons
à l'article 23, cela nous permet de donner un permis à quelqu'un,
comme le député de Laviolette le mentionne, qui n'a pas
accès au marché ou aux vendeurs.
M. Jolivet: Je comprends peut-être mal, mais, faunique, je
comprends cela, récréatif aussi, je peux comprendre cela, mais
dans le sens de quoi? Est-ce qu'on peut considérer qu'une personne qui
vit dans la forêt, dont la vie a été de vivre dans la
forêt, c'est faunique ou c'est récréatif? Moi, je vous dis
que non. Je vous dis que c'est son habitation. Le problème qu'elle a,
c'est qu'elle ne vit pas de la même façon que nous vivons mais, je
ne pense pas que ce soit récréatif, elle vit dans cela cette
personne. Là, elle est bloquée actuellement parce qu'on lui dit:
Va voir la CIP, va voir la Consol, va voir... S'ils veulent t'en donner,
parfait, mais s'ils ne veulent pas t'en donner, bien, fais-le monter par le
train. Cela n'a pas de bon sens. Je vous donne cela en exemple. Si vous me
dites que la ferme chez nous, c'est récréatif ou faunique, je
vais vous comprendre, mais je ne pense pas. Qu'est-ce qu'on lui dit à
elle cette personne? C'est "just too bad", va voir un propriétaire
privé et, s'il veut t'en vendre, il t'en vendra. Avant, quand il y avait
des désastres, qu'il y avait des difficultés, il y avait à
ce moment-là la possibilité d'une intervention du
ministère lui-même, et je comprends que l'avènement des
contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier va amener ces
difficultés-là. Je ne vous demande pas de lui donner du bois dans
ce secteur-là nécessairement, mais, dans ce que vous appelez
votre réserve de suppléance, il doit y avoir du bois quelque
part, et là, vous avez un droit d'intervention comme ministre. Le droit
de suppléance, c'est que vous avez gardé une réserve de
bois quelque part, vous ne pouvez pas le donner dans les airs. Dans cette
réserve de bois, vous pouvez peut-être permettre à
quelqu'un d'aller en chercher, et cela adonne que cette réserve se
trouve dans un contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier,
si je comprends bien. Elle ne se trouve nulle part dans les airs non plus,
donc, elle se trouve quelque part. Si quelqu'un ne veut pas voir arriver
quelqu'un avec ses gros sabots comme ils disent dans la forêt, on va
avoir quelques problèmes. Moi, je fais simplement
référence à toutes les lettres que vous avez reçues
et à toutes les demandes des MRC que vous avez reçues pour
corriger cette situation. Vous me dites que l'article 23 viendra corriger cela?
Je l'espère.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 23
corrige une partie de cela. On ne propose pas de donner des permis, ce qu'on
appelait dans le passé des permis à des fins domestiques pour
reconstruire une grange et ces travaux-là. Ce qu'on propose ici, c'est
de donner un permis à des fins fauniques et récréatives
pour les gens qui vivent en forêt à différentes fins, mais
qui n'ont pas accès aux vendeurs de matériaux de construction.
Comme vous dites, elle ne transportera pas ni par train ni par avion son bois.
On va lui donner un permis de construction, c'est-à-dire un permis de
bois rond pour construire en forêt. Mais il n'est pas question dans ce
qu'on vous propose là de revenir et d'émettre des permis à
des fins domestiques pour les fabriques, reconstruire des granges, des bandes
de patinoire, etc. Il n'est pas question de ça dans ce qu'on propose
là. Cela va être la même réponse. (16 h 15)
M. Jolivet: Je comprends très bien. Là, vous
exagérez quand vous parlez de bandes de patinoire. Mais je dois vous
dire que quand une ferme passe au feu et qu'il y a un besoin urgent de bois, il
ne se trouve pas facilement, et les circonstances qui permettaient dans ce
qu'on appelle la corvée québécoise, vous l'avez fait
sauter par la loi. Vous l'aviez expliqué à l'époque. On
vous avait dit que vous ne deviez pas le faire sauter, mais vous l'avez fait
sauter. Il y a des demandes d'amendement qui ont été faites par
l'UPA, les municipalités régionales de comté et autres
pour des cas comme ceux-là. Là, vous me dites que vous ne le
corrigerez pas par le projet de loi actuel.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. On ne le
corrige pas par le projet de loi actuel. On corrige pour les personnes qui sont
éloignées des commerçants.
M. Jolivet: ...permet une interprétation à tout le
monde. Je vous donne l'exemple typique d'une décision qui a
été prise par le ministère de l'Énergie et des
Ressources du secteur d'atterrissage sur les lacs pour dire: Tu n'auras pas
plus de chalets sur ce lac, parce qu'on ne donne plus de permis, parce que
l'avion ne peut pas atterrir tous les jours que le bon Dieu amène. C'est
à peu près ça, la réponse qu'on a en gros. Le
fonctionnaire interprète la loi comme elle l'est de façon
très restrictive. S'il ne veut pas donner un permis pour construire un
chalet, il n'en donnera pas. S'il veut en donner un, il va le donner. Un
exemple typique: j'ai eu une lettre ce matin sur mon bureau. Je l'ai
retournée à la personne en demandant: As-tu l'intention de
continuer ou pas?
Mais on dit que, sur un lac donné, il faut
telle grandeur. Si l'avion ne peut pas descendre là dans toutes
les conditions possibles, il ne l'aura pas. Pourtant, la compagnie d'aviation a
dit: Nous, on descend là continuellement, il n'y a pas de
problème. Mais on ne donne pas de permis pareil. Je vous donne juste
ça. C'est une façon restrictive pour ne pas avoir de
problème et dire: On a un chalet de moins à surveiller, donc, on
ne donnera pas de permis et on va prendre la loi en notre faveur.
Peut-être que j'aurai besoin d'intervenir auprès du ministre
responsable qui est M. le ministre de l'Énergie et des Ressources, mais
je vous donne un exemple qui va arriver dans le cas de personnes qui auront
besoin de bois pour un chalet dans le bois, alors qu'ils vont dire:
Écoute, le train passe, quand bien même que tu aurais cinq heures
de quatre par quatre à faire, tu transporteras ça du train
à chez vous ou bien tu le transporteras par avion. Tu sais cg que je
veux dire. Ou bien on donne à des gens une possibilité qui soit
autre, surtout dans le cas d'une personne comme celle dont je vous fais mention
et c'est un cas qui arrive, qui peut arriver continuellement - et le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue le vit
continuellement, lui aussi, j'en suis sûr - de gens qui disent: Crime,
depuis la nouvelle loi, je n'ai plus le droit d'avoir de bois rond. Là,
il faut que j'aille voir la compagnie et elle me refuse du bois rond.
Finalement, il n'y a plus personne qui a du bois rond.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai tenté
d'expliquer que c'est à des fins fauniques et récréatives
ou pour des personnes qui sont éloignées, qui n'ont pas
accès aux commerçants ou aux producteurs, aux vendeurs de bois de
sciage ou d'autres. Cet amendement ne vise pas à revenir pour
délivrer des permis à des fins domestiques pour faire suite
à un désastre, à une grange brûlée ou autre.
Évidemment, cela a été en vigueur longtemps. Je me
souviens, et vous devez vous en souvenir, dans le temps de la colonisation, une
corvée, c'était une façon d'aider quelqu'un qui avait eu
une épreuve. Mais ce temps-là est révolu, et, en plus, il
y a d'autres façons d'aider les personnes qui ont eu des épreuves
que de délivrer des permis de coupe en forêt.
M. Jolivet: C'est de valeur que j'aie dit au président que
je ne voudrais pas qu'il intervienne trop souvent, parce que ce serait
peut-être le seul qui me défendrait. Vous avez le
député de La Peltrie. Il n'a pas ces problèmes-là
probablement. Le député d'Anjou non plus; en plein centre de
Montréal, il n'a pas ces problèmes-là. Le
député de Trois-Rivières, le seul moyen qu'il aurait
d'avoir des problèmes, c'est avec les gars comme celui qui m'a
écrit qui vient de Trois-Rivières qui a un problème dans
mon comté. Mais, à part de ça, je suis sûr qu'ils ne
sont pas préoccupés par ces problèmes et qu'ils ne feront
pas pression sur vous.
Mais il me semble que ce serait le temps de le corriger. Vous avez
été sollicité par tout le monde, les MRC, l'UPA, les gens,
les cultivateurs. Ils ont dit: Corrigez ça, M. le ministre. Là,
vous me dites non. On va prendre bon acte de ça. On va envoyer votre
réponse aux municipalités régionales de comté en
disant qu'il n'est pas question que le ministre change d'avis, malgré
toutes les demandes qui ont été faites.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On a eu d'autres
demandes que vous n'avez pas mentionnées de propriétaires de ZEC,
de pourvoiries, de réserves fauniques. Évidemment, on se donne la
latitude d'intervenir, mais, dans les conditions que je vous mentionne,
c'est-à-dire éloignés des commerçants,
éloignés des centres. On trouve que c'est normal dans cos
cas.
M. Jolivet: Je n'ai pas fait ça, parce que je ne veux pas
que vous l'ajoutiez par-dessus. Je n'ai pas parlé de la pourvoirie qui
est en haut de La Tuque qui demande la même affaire. Cela, je le sais.
J'en ai des demandes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est bien
évident que vous allez me parler du comté de Laviolette. C'est
normal, vous défendez votre comté.
M. Jolivet: ...défendre mon comté; je ne suis pas
ministre pour le Québec. Vous, vous êtes ministre pour le
Québec.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais avant
d'être ministre, je suis député de
Rivière-du-Loup.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement...
M. Jolivet: M. le Président, on croit comprendre que
l'amendement qui nous est proposé, c'est simplement d'ajouter à
l'article 10 un septième alinéa qui indique: "pour une
intervention ponctuelle visée à l'article 24.1." On aura
l'occasion de le voir à l'article 24. Cela veut dire que notre
argumentation pourra arriver là et faire des changements, si
nécessaire, si possible. Cela vient remplacer l'article 2 du projet de
loi actuel qui disait: "pour la récolte ponctuelle de bois non
attribué par un contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier". On le remplace plus simplement en disant que c'est l'intervention
qui est prévue à l'article 24.1.
M. le Président, on n'a pas d'objection à ce que cet
article soit ajouté, d'autant plus qu'on va essayer, encore une fois, de
convaincre le ministre à l'article 23 et à l'article 24.1
d'ajouter notre façon ponctuelle de voir les choses.
Le Président (M. Baril): Merci. Je corn-
prends que l'amendement de l'article 2 est adopté.
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 2, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Baril): L'article 3, M. le ministre.
Bois de chauffage pour une pourvoirie, une ZEC ou une
réserve faunique
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
3, on propose de remplacer, dans la cinquième ligne du deuxième
alinéa de l'article 11.1, les mots "d'une réserve" par les mots
"de la réserve".
M. Jolivet: II faut...
Le Président (M. Baril): II faut comprendre qu'on a deux
amendements, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, l'un en français et l'autre en
anglais.
Le Président (M. Baril): Voilà. On fera celui en
français et on fera le deuxième en anglais, après.
M. Jolivet: Ce que je crois comprendre, c'est que le
français est moins long à lire que l'anglais.
Le Président (M. Baril): C'est peut-être plus
simple, je ne le sais pas.
M. Jolivet: Habituellement, c'est l'inverse. Alors, vous lirez
cela en très bon anglais tout à l'heure.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On commence par le
français.
Le Président (M. Baril): L'article 3, en français.
M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le français
est prioritaire. Cet amendement vise à corriger une erreur
d'orthographe.
M. Jolivet: Là, il faut comprendre que l'amendement qui
est là...
M. Côté (Rivière-du-Loup): "De la
réserve" plutôt que "d'une réserve".
M. Jolivet: Oui. L'amendement qui est là, c'est
l'amendement du projet de loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Cela amende le projet de loi et non pas la loi. Donc,
M. le Président, il faut croire qu'on a un amendement d'abord à
l'article qui est présenté et, après cela, on aura une
proposition totale. C'est cela? Comprenez-vous?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Parfait. Donc, si je comprends bien, on remplace dans
la cinquième ligne du deuxième alinéa. Donc, au
deuxième alinéa, on lit ceci: "Dans ce cas, la demande est faite
par la personne chargée de la gestion de la pourvoirie, de la zone
d'exploitation contrôlée ou de la réserve faunique. Elle
doit être accompagnée d'une déclaration attestant que la
récolte de bois est destinée exclusivement à l'usage de la
pourvoirie, de la zone d'exploitation contrôlée ou d'une
réserve..." Là, vous dites qu'on doit dire "de la
réserve", parce que c'est la concordance avec toute l'utilisation du
français qu'on a auparavant. M. le Président, nous n'avons pas
d'objection à l'amendement pour cette partie.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
Le Président (M. Baril): Alors, la première partie
de l'amendement en français est adoptée.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, est-ce qu'on fait l'anglais?
Le Président (M. Baril): Oui. M. Côté
(Rivière-du-Loup): Oui.
Le Président (M. Baril): On fait l'anglais tout de
suite.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le texte anglais
de l'article 3 est modifié: 1° par le remplacement, dans la
deuxième ligne du premier alinéa de l'article 11.1, des mots
"controlled zone or a wildlife sanctuary par les mots "wildlife management area
or a wildlife preserve". 2° par le remplacement du deuxième
alinéa par le suivant: "Every application under the first paragraph must
be filed by the person responsible for the management of the outfitting
operation, of the wildlife management area or the wildlife preserve. It must be
accompanied with a statement attesting that the harvest of firewood is intended
for the exclusive use of the outfitting operation, the wildlife management area
of the wildlife preserve." Cet amendement vise, en somme, à assurer la
concordance avec la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Qu'est-ce que vous voulez que je demande sur cela, M.
le Président, autrement que de savoir si c'est conforme à
l'article du français?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Alors, on serait mieux de voir le français
d'abord et, après cela, on verra.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est aussi bien
de voir le français, vous avez raison.
M. Jolivet: C'est cela. En fait, si je comprends bien, le texte
anglais est celui de la loi actuelle. D'accord? Qui est changé et
corrigé. Mais il fait référence à l'article 3 qu'on
va devoir adopter qui, lui, est l'article 11.1. Donc, le texte anglais, tel que
présenté, doit être en conformité avec l'article
11.1 français. C'est juste une traduction. Allons-y donc, M. le
Président, sur l'article 11.1.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En
français? M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II se lit comme
suit: "La récolte de bois de chauffage pour l'usage exclusif d'une
pourvoirie, d'une zone d'exploitation contrôlée ou d'une
réserve faunique au sens des sections II, III et IV du chapitre IV de la
Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune (...) est
assimilée à une récolte de bois de chauffage à des
fins domestiques. "Dans ce cas, la demande est faite par la personne
chargée de la gestion de la pourvoirie, de la zone d'exploitation
contrôlée ou de la réserve faunique. Elle doit être
accompagnée d'une déclaration attestant que la récolte de
bois est destinée exclusivement à l'usage de la pourvoirie, de la
zone d'exploitation contrôlée ou de la réserve faunique.
"Le permis autorise son titulaire à récolter, dans l'unité
territoriale visée, un volume de bois d'essences
déterminées par le ministre."
Cet article permet à un titulaire de permis délivré
à cette fin par le ministre de récolter des bois dans les
forêts du domaine public aux fins exclusives d'une pourvoirie, d'une ZEC
ou d'une réserve faunique pour le chauffage, notamment des camps mis
à la disposition des clients et des utilisateurs et, évidemment,
du propriétaire en forêt. Cela régularise une situation de
fait. C'est un oubli qu'on avait fait lors de l'adoption de la loi il y a deux
ans.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre.
M. Jolivet: J'ai des questions. Il faut lire l'article 11.1 en
concordance avec l'article 11.
On dit: "Le ministre délivre un permis d'intervention pour la
récolte de bois de chauffage à des fins domestiques à
toute personne physique qui le demande par écrit. La demande doit
être accompagnée d'une déclaration attestant que la
récolte est destinée exclusivement à son usage personnel."
Donc, il n'est pas question, à ce moment-là, de faire de commerce
avec ça. "Le ministre n'accorde le permis que dans la mesure où
la possibilité forestière le permet."
J'aimerais savoir, avant d'aller plus loin, combien de demandes ont
été faites depuis la mise ne place de la loi dans des places
où il y a des contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier? Est-ce qu'il n'est pas limité par les contrats
d'approvisionnement qu'il fait? Parce que le principe qu'on avait toujours dans
nos forêts, c'est que le gestionnaire, dans la section La Tuque, par
exemple, ou Shawinigan, ou Trois-Rivières, quand quelqu'un lui demandait
quelque chose, il disait: Écoute, il y a des contrats signés avec
telle compagnie. Si la personne veut avoir un permis pour aller récolter
du bois là, pas de problème, qu'elle aille voir la compagnie.
D'un autre côté, le ministre avait le pouvoir, à
l'époque - et il le conserve toujours, si je comprends bien - d'en
accorder lui-même en dehors des compagnies, pour autant que ça
n'avait pas pour conséquence de diminuer la possibilité
forestière du milieu, avec les nouveaux principes qu'on a établis
dans la loi 150.
Ce qui veut dire qu'une des façons que le ministre avait à
l'époque, c'était de dire: Avec un 5 $ ou un 10 $, on va chercher
du bois, et on surveillait ça. C'était achalant un peu, on avait
moins d'employés et, en même temps, on allait dans les talles,
comme on dit, des compagnies forestières, et on disait aux compagnies
forestières: Entendez-vous donc avec quelqu'un, lui va faire la
récolte du bois et il vendra ça. Il y avait une certaine forme de
monopole. Il y a des gens dans ma région à La Tuque qui
chialaient parce qu'ils disaient: Cela n'a pas de maudit bon sens, M. le
député, vous voyez, il y a du bois en face de chez nous, c'est
telle compagnie qui le ramasse, et moi, ils m'envoient à
Rivière-aux-Rats, à 30 ou 35 milles plus loin. Donc, on se
trouvait à décourager les gens d'aller chercher du bois de ce
genre-là pour utilisation à des fins domestiques.
Finalement, on avait un peu installé en forêt un
système de vente par des compagnies, et c'étaient les compagnies
forestières qui faisaient ça, parce qu'elles disaient: La loi
m'oblige à en donner, j'en donne, mais j'en donne à qui je veux -
c'était vrai - et ce sera une seule personne à surveiller, je
n'aurai pas de problème avec quatre ou cinq personnes qui viennent voler
du bois en passant, je serai sur que le bois qui devait être
récolté, qui était enrubanné ou crayonné en
conséquence, c'était ce bois qui était
récolté, pas d'autre. Donc, lès gens venaient sur une aire
de coupe, et cette compagnie-là, après ça, faisait sa
vente sur le
bord du chemin ou dans les endroits qu'elle désignait.
(16 h 30)
Ce que je crois comprendre, par cet article-là, c'est que le
ministre s'est toujours conservé le droit de pouvoir permettre, à
des fins domestiques, à toute personne physique qui en demande par
écrit, dans des conditions, comme on dit, de récolter dans
l'unité territoriale visée un volume d'au plus quinze
mètres cubes de bois d'essences déterminées par le
ministre. Donc, c'était par les fonctionnaires ou encore par entente
avec les compagnies forestières du milieu. Ce qu'on ajoute, c'est qu'on
dit: La récolte de bois de chauffage pour l'usage exclusif d'une
pourvoi-rie - ça c'est une première - d'une zone d'exploitation
contrôlée ou d'une réserve faunique. Donc, quand on parle
de pourvoiries, ce sont des organismes privés. Quand on parle de zones
d'exploitation contrôlée, ce sont des organismes publics aux fins
d'être reconnus par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche d'agir pour et au nom du ministère du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche.
En fait, ce sont des pouvoirs délégués qu'ils ont.
Et d'une réserve faunique, là, c'est directement le
ministère qui en est responsable, normalement, le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Donc, ce sont trois nouveaux qui
sont ajoutés par rapport à ceux qui étaient avant à
des fins domestiques. Et on dit que cette récolte de bois de chauffage
est assimilée comme si c'était à des fins domestiques,
même si cela a trait à plusieurs chalets qui se trouvent dans le
secteur, à plusieurs personnes qui font des feux de bois durant
l'été pour faire à manger à l'extérieur ou
faire des feux de joie le soir - tout dépend de la façon dont on
l'utilisait - pour se réchauffer un peu, etc. Une chose est certaine,
c'est qu'on dit que c'est assimilé à une récolte de bois
de chauffage à des fins domestiques. Dans ce cas, la demande est faite
par la personne chargée de la gestion de la pourvoirie, de la zone
d'exploitation, etc. Elle doit être accompagnée d'une
déclaration attestant que la récolte de bois est destinée
exclusivement à l'usage de la pourvoirie, de la zone
d'exploitation...
Est-ce que le ministre peut me dire de quelle façon il va faire
justement ce contrôle, cette vérification, cette
déclaration? Qui va la préparer? Cela va être un autre
règlement qui va dire comment la feuille est faite, comment ils doivent
la présenter? Comment le ministre va s'assurer que le bois est
utilisé aux fins pour lesquelles ils l'ont marqué et non aux fins
de l'amener chez lui au lieu de l'utiliser dans la pourvoirie ou dans le
secteur de la zone d'exploitation contrôlée? Comment va-t-on faire
cela? J'aimerais savoir comment le ministre peut m'expliquer cela?
Le Président (M. Baril): M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. M. le
député de Laviolette a demandé combien de permis de bois
de chauffage aux fins domestiques on délivrait par année? Il y a
plusieurs questions dans son discours. C'est environ 15 000 permis de bois de
chauffage à des fins domestiques. Et le bois de chauffage n'est pas
inclus dans les contrats d'aménagement et d'approvisionnement. Cela va?
Le scénario qu'il a exposé à savoir qu'un seul avait un
permis et le vendait à d'autres. On a délivré, vous le
verrez dans le texte de la loi, des permis d'usine de bois de chauffage; cela
devient des permis à des fins commerciales et non des permis à
des fins domestiques. Lors de travaux de conversion de peuplements ou de
préparation de terrains, il est évident que des entrepreneurs
vont mettre de côté des bois qui ont été
récoltés et qui vont être vendus par la suite, par le
ministère, à des fins de chauffage. Maintenant, si on assimile le
permis qui serait délivré au propriétaire d'une
pourvoirie, d'une zone d'exploitation contrôlée ou d'une
réserve faunique, aux responsables, à un permis à des fins
domestiques, c'est la formule du permis à des fins domestiques qui va
s'appliquer. Si le type fait de fausses déclarations ou s'il en vend, il
sera en infraction. Comment va-t-on le contrôler? On va essayer de le
contrôler, mais...
M. Jolivet: Mais vous avez 75 ZEC, s- je ne me trompe pas, vous
avez quasiment 500 pour-voiries et 30 à 35 réserves fauniques. De
quelle façon allez-vous vous assurer que le bois qui est
récolté est vraiment utilisé à des fins
domestiques, qu'il n'est pas récolté pour usage personnel, sorti
du bois? Ce bois doit rester dans le bois pour l'utilisation là, et non
à l'extérieur.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ça.
Évidemment, si on sort du bois pour le mettre sur le marché, le
vendre ou l'utiliser à d'autres fins, il est certain que notre personnel
sur le terrain en aura connaissance et que cela nous sera rapporté. S'il
reste à l'intérieur de la forêt pour les usages des
responsables de la pourvoirie et de la zone d'exploitation, il n'y a pas de
problème. C'est pour ces fins qu'il a été attribué
et ça doit être accompagné d'une déclaration, comme
sur le permis à des fins domestiques.
M. Jolivet: Est-ce que les quinze mètres cubes existeront
dans ces cas-là? Parce que la question est la suivante. C'est que, moi,
je suis propriétaire d'une pourvoirie. Je coupe du bois. De quelle
façon vais-je le couper? Qui va /n'autoriser à le couper? Sur
quel territoire vais-je le couper? Combien de mètres cubes vais-je avoir
à couper? Est-ce qu'on va vérifier, à un moment
donné, si le personnage, qui a un foyer dans la région plus loin,
descend cela chez lui dans son camion, avec une toile? Comment va-ton
surveiller cela s'il descend cela le dimanche
matin?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme on le
surveillait dans le passé. Cela s'est fait dans le passé. Je vous
dis que ce qu'on propose là régularise et normalise ce qui se
faisait. Cela nous permettra aussi d'avoir une déclaration attestant que
le bois sera utilisé aux fins précitées.
M. Jolivet: Ils vont être soumis aux mêmes
modalités d'intervention en milieu forestier que tous les autres?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qu'est-ce que vous
voulez dire par modalités d'intervention?
M. Jolivet: Disons les normes d'intervention à
l'intérieur de la forêt. En fait, à un moment donné,
il va y avoir quelqu'un qui va déterminer: Ce bois-là, tu le
coupes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais oui.
M. Jolivet: Ordinairement, le ministère allait dire: Dans
cette aire-là, tu vas couper telles sortes d'essence et tu laisses les
autres, donc tu fais de l'éclaircie, tu fais de la
récupération, tu fais ci, tu fais ça. Là, on
donnait des conditions à respecter et il y avait un employé du
ministère qui faisait la tournée. Il allait vérifier parce
qu'on donnait cela à certains moments donnés. On ne donnait pas
cela n'importe quand. Il fallait être sûr d'avoir du monde qui
surveille. Est-ce que ce sont les mêmes modalités?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans le cas des
pourvoiries et des ZEC, ce ne sera pas tout à fait de cette
façon-là. Vous avez raison quand vous mentionnez qu'on essayait
de regrouper dans le temps et l'espace les permis de bois de chauffage pour
avoir un meilleur contrôle et une meilleure utilisation. Mais on ne
pourra pas faire cela dans les pourvoiries et les ZEC. Cela va être dans
le territoire où ils seront. Quand il s'agit de vérification, on
ne vérifie pas tous les permis, mais, étant donné qu'il y
a une déclaration attestant que les bois sont utilisés à
ces fins-là, il y aura des vérifications qui seront faites ici et
là sur ces permis.
M. Jolivet: Le règlement qui prévoit les normes
d'intervention en milieu forestier va être respecté aussi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les normes
d'intervention en forêt? Les modalités d'intervention en
forêt?
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui.
M. Jolivet: Qui va surveiller cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce sont les
employés du ministère qui vont le surveiller, c'est
évident.
M. Jolivet: Ce que vous êtes en train de me dire, c'est que
ce qu'on avait mis en place en termes de temps et d'espace pour couper le
bois...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela existe
encore.
M. Jolivet: Oui, je le sais, mais vous me dites que dans le cas
des ZEC et des pourvoiries, cela va être un peu plus difficile à
mettre en place à moins qu'on ne détermine qu'ils ont le droit de
couper dans un espace de temps et qu'on ait le temps de vérifier et de
s'assurer qu'ils font cela. Si vous dites qu'ils ont le temps de couper
n'importe quand, à n'importe quel moment de l'année, j'ai
l'impression que vous allez avoir quelques problèmes. Écoutez, si
on met une centaine de ZEC et de réserves et quasiment 560 ou 540
pourvoiries, et si on se fie à ce que le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche est en train de faire, cela va peut-être
monter à 600 ou 700, ou du moins on va donner des territoires assez
grands, on en a eu quelques-uns dans notre coin, on va avoir des mosus de
problèmes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, si le responsable d'une pourvoirie ou d'une ZEC est
à proximité d'un secteur qu'on déterminera pour l'ensemble
des permis à des fins domestiques, on le dirigera là. Mais, s'il
est trop éloigné, il ne faudrait pas être exigeant au point
de dire: On va te faire faire une distance formidable pour aller chercher ton
bois de chauffage, alors qu'il est en pleine forêt. C'est l'argument
qu'on nous servait.
M. Jolivet: Oui, mais mon problème n'est pas de savoir
où je vais être envoyé. La preuve, je vous le disais tout
à l'heure, c'est que les compagnies forestières avaient
l'obligation de donner des permis à 5 $ pour aller chercher du bois de
chauffage à des fins domestiques. Au lieu d'avoir ces
problèmes-là, ils ont donné cela à des gens et ils
ont dit: Écoute, on n'en veut pas sur notre terrain, mais on a du monde.
Les gens du ministère ont dit après: II en coupe, donc il
respecte, ce n'est pas tout à fait illégal, ce n'est pas tout
à fait plus légal, c'est une façon détournée
d'utiliser la loi. Une fois qu'on a fait cela, je vous dis que les
interventions vont se faire. Comment va-t-on surveiller cela? C'est
évident que, comme ils le faisaient, ils donnaient le meilleur bois
à récolter près du secteur d'habitation et à ceux
qu'ils ne voulaient pas avoir, ils les envoyaient tellement loin que,
finalement, les gens n'y allaient pas. Mais ce n'est pas cela qu'on vous dit.
On ne dira pas: La pourvoirie, tu devras aller chercher ton bois
tellement loin que, finalement, tu n'iras pas. Ce n'est pas cela. Je
veux juste demander si on va avoir des modalités qui vont dire:
Écoutez, vous allez avoir du bois à récolter et vous avez
tant de temps pour le récolter pour qu'on puisse faire le tour, nous
autres là; deuxièmement, vous allez le trouver dans une aire
approximative de tant, vous allez couper tant de mètres cubes pour vos
besoins, on calcule que vos besoins annuels sont de tant, et vous allez couper
tant. À partir de cela, vous dites: Elle doit être
accompagnée d'une déclaration attestant que la récolte de
bois est destinée exclusivement à l'usage de la pourvoirie. Si
vous dites cela, il n'y a pas de problème, la personne va faire preuve
de sa bonne foi et indiquer cela. Ce qui m'importune le plus, ce n'est
peut-être pas la bonne foi de la personne, c'est la mauvaise foi des
gens. Et je vous dis: Est-ce que vous avez des moyens de contrôle? Je ne
voudrais pas que le Vérificateur général vienne vous dire
dans cinq ans que vous avez mal contrôlé cela, quelque ministre
que ce soit. Je voudrais m'assurer aujourd'hui qu'en passant la loi, on
s'assure qu'il y a un contrôle qui est fait quelque part dans le temps et
dans l'espace et qu'on ne sera pas dans quatre ou cinq ans accusés
d'avoir passé une loi à la vapeur avant le 23 décembre
pour simplement s'apercevoir qu'on a fait une erreur. Je ne voudrais pas qu'on
soit accusés de cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Moi non plus, mais
il s'exerce des vérifications et plus le volume va être important,
M. le député, plus on fera de vérifications. J'ai la
conviction que les employés du ministère sont capables
d'évaluer d'assez près les besoins d'une pourvoirie pour
déterminer le volume. Évidemment, s'il y a abus lors de la
vérification, c'est cela une vérification, ce sont des "spot
checks" ici et là, je pense bien qu'il faut faire...
M. Jolivet: Mais c'est naïf.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Jolivet: Je suis obligé de penser comme Jean-Jacques
Rousseau. Le problème qu'il y a: L'humain est bon à la naissance
et devient mauvais à la vieillesse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais je ne
prête pas de mauvaises intentions à qui que ce soit.
M. Jolivet: Je le sais bien que vous n'en prêtez pas. Je ne
veux pas vous en prêter non plus et je n'en prête pas à
personne mais je vous dis: Vous dites: je vais vous écrire un papier, je
déclare que la récolte de bois... C'est évident que vous
voulez standardiser la déclaration. Si vous voulez la standardiser, vous
allez la prévoir par règlement. Ne dites pas l'inverse. Vous
allez certainement la prévoir par règlement. La standardisation a
deux effets: ou bien elle est restrictive, ou bien elle ouvre à des
difficultés. Si votre déclaration est restrictive, les
fonctionnaires vont la rendre encore plus restrictive parce qu'ils ne voudront
pas se faire accuser de patronage, de ci et de ça, de mauvais usage, et
c'est normal. Mais vous dites dans le discours que vous me tenez aujourd'hui:
II faut faire confiance aux gens. Vous ouvrez, en sapristi, à l'abus
dans ce temps-là parce que cela veut dire: Écoute, le ministre
nous a dit qu'il va faire confiance, bon, on va le laisser faire confiance.
Je voudrais bien m'assurer d'une chose. C'est que selon la façon
dont on le faisait avant, dans le temps et dans l'espace, à un moment
donné, les fonctionnaires pouvaient aller vérifier. Si vous me
garantissez que cela va être la même chose, même pour les
réserves, les zones d'exploitation contrôlée et les
pourvoiries, vous allez me convaincre qu'il va y avoir une vérification
et que chaque personne sera sur le qui-vive parce qu'elle ne saura pas si c'est
à son tour d'être visitée. Mais au moins, on aura une forme
de pression normale sur des gens en disant: Tu es mieux, premièrement,
de couper ce que tu as à couper, pas plus, pas moins.
Deuxièmement, tu es mieux de l'utiliser aux fins auxquelles on te l'a
destiné et, troisièmement, tu es mieux de faire en sorte que tes
interventions en milieu forestier, on n'arrivera pas et on verra tout à
l'heure quand on arrivera dans les rivières, les ruisseaux et des
affaires de même... On lui dit: On te permet d'aller faire cela, et tu
viendras demander l'autorisation après. Je ne voudrais pas qu'on arrive
à cela parce que cela n'aurait pas de bon sens. C'est que le
dégât aurait été fait. Donc, s'il y a des
façons d'intervenir en forêt qui sont prévues par
règlement et qu'on doit prévenir que le bois ne doit pas
être coupé à telle distance d'un lac, d'une rivière,
d'un ruisseau, etc., qu'on s'assure que cela soit respecté. Si on vient
me dire que tout cela va être fait en tenant compte de la loi sous tous
les autres articles, je le comprends, ce n'est pas cela que je demande. Je ne
vous dis pas qu'ils ne sont pas soumis aux mêmes articles, je vous dis:
Comment vont-ils être contrôlés? C'est cela mon
problème. Ce n'est pas de savoir s'ils sont obligés à la
loi? Oui, ils sont obligés à la loi. S'ils sont obligés
à la loi sur l'environnement? Oui, ils sont obligés à la
loi sur l'environnement. Cela n'empêche pas quelqu'un d'aller à
120 kilomètres à l'heure sur la route quand il ne voit pas de
policier, mais ce n'est pas cela que je vous demande. Comment vont-ils
être contrôlés? S'il y a plus de gens qui surveillent sur la
route, il y a des chances que les gens diminuent la vitesse. S'il y en a moins,
il y a des chances qu'ils aillent plus vite. Je vous dis: En forêt, ce
n'est pas juste une déclaration qui est nécessaire, c'est quels
sont les moyens que vous allez prendre pour vous assurer qu'il y ait un
contrôle sur les coupes de bois à des fins domestiques? (16 h
45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): La plupart des
permis à des fins domestiques d'une pourvoirie sont localisés
dans des territoires qui sont attribués par contrat, dans des contrats
d'aménagement et d'approvisionnement. Lorsqu'on délivrera un
permis à des fins domestiques dans ces territoires pour une pourvoirie
ou une ZEC, on va consulter, évidemment, le bénéficiaire -
nos employés circulent dans ces territoires - et en même temps
vérifier ou regarder ce qui se passe du côté du bois de
chauffage ou du côté de l'industriel qui bénéficie
d'un contrat. C'est la même chose, M. le député. C'est une
vérification qui se fera concurremment sur le CAAF et le
bénéficiaire, et le permis à des fins domestiques qu'on
attribuera à une ZEC sur le même territoire. L'industriel ne
laissera pas aller cela n'importe comment. Si le bénéficiaire
d'un permis à fins domestiques - parce qu'on les appelle les permis
à fins domestiques - fait des niaiseries, l'industriel va certainement
le rapporter, en plus d'avoir la visite des employés du ministère
de temps à autre, comme cela se fait habituellement. C'est le même
territoire.
M. Jolivet: M. le ministre, je vais certainement avoir de
l'appui. Je viens de voir arriver le député de Labelle qui
comprend ces problèmes qui touchent ma région. Je suis sûr
que le député de Labelle va dire avec moi qu'il ne voudrait pas
qu'en aucune façon, on se retrouve par un projet de loi à ouvrir
la porte trop grande. Tout à l'heure, le ministre a voulu fermer la
porte sur des gens qui avaient une certaine possibilité là-bas,
comme on disait à l'époque, des droits acquis de la colonisation,
qui étaient les cultivateurs. Là, le ministre est en train
d'ouvrir une porte trop grande, à mon avis, par rapport à des
gens qui n'ont peut-être pas les mêmes obligations que les
cultivateurs. En ce sens, je veux m'assurer qu'il n'y ait pas porte ouverte
à des abus. Le ministre me dit que le bois de chauffage à des
fins domestiques récolté par des pourvoiries, par des zones
d'exploitation contrôlée ou des réserves fauniques l'est
dans une unité sous contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier. Est-ce que cela veut dire, à ce moment-là, que des
zones d'exploitation contrôlée, des pourvoiries, qui ne se
retrouveraient dans des contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier n'auraient pas droit à cela? Je veux arriver à ce que
vous me disiez tout à l'heure. Il ne faut pas l'envoyer trop loin non
plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La plupart des
permis délivrés le seront à l'intérieur des
territoires attribués sous contrat. Je n'ai pas dit tous les
contrats.
M. Jolivet: D'accord, la plupart.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La plupart. C'est
ce qui se produit. Les chasseurs, les pêcheurs profitent des routes
construites. Ce ne sont pas tous les chasseurs et tous les pêcheurs qui
prennent l'avion pour aller au loin. Évidemment, il y a des pourvoiries
éloignées où il n'y a absolument pas de route. Ceci
normalise également le permis pour ces gens.
M. Jolivet: De la même façon qu'à l'article
11, on dit: Le ministre n'accorde le permis que dans la mesure où la
possibilité forestière le permet. Ce serait de la même
façon pour les autres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Jolivet: Deuxièmement, ce que le ministre veut ajouter
à la loi actuelle, c'est que, étant donné que les
pourvoiries, les zones d'exploitation contrôlée et les
réserves étaient beaucoup plus des personnes morales que des
personnes physiques, il vient rendre équivalent à la personne
physique les mêmes sortes de demandes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement à
l'article 3 est adopté?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Baril): Merci. Si je veux être
clair, je comprends que l'amendement en français de l'article 3 est
adopté.
M. Jolivet: Tel qu'amendé.
Le Président (M. Baril): Et que l'amendement à
l'article 3 en anglais est adopté?
M. Jolivet: Excusez-moi. Actuellement, est-ce que vous parlez de
l'amendement?
Le Président (M. Baril): L'amendement.
M. Jolivet: D'accord. Vous parlez juste de l'amendement.
Le Président (M. Baril): L'amendement de l'article 3 en
français est adopté et l'amendement de l'article 3 en anglais est
adopté.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'ensemble de
l'article 3 tel qu'amendé est adopté?
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Baril): Adopté. L'article 4, M. le
ministre. Il n'y a pas d'amendement.
M. Jolivet: Mais il y a un article par exemple.
Le Président (M. Baril): Oui.
Culture et exploitation
d'érablières
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 4 n'a
pas d'amendement et propose simplement d'abroger l'article 12. L'article 12
vise à éliminer toute condition d'admissibilité
rattachée à la personne qui fait la demande d'un permis de
culture ou d'exploitation d'une érablière à des fins
acéricoles. Par exemple, il n'y a aucun cours d'acériculture
actuellement approuvé par le ministère de l'Éducation. Le
titulaire d'un tel permis devra soumettre annuellement au ministre un rapport
de ses activités. Quant à la délivrance par le ministre du
permis de culture et d'exploitation d'une érablière, elle est
désormais assurée en vertu de l'article 5 du présent
projet de loi, l'article suivant.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Oui, je vais revenir à mon avant-projet de loi
que j'ai entre les mains.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On en discute
deux.
M. Jolivet: L'article 12 de cette loi est abrogé. Cela
m'indique pas mal l'orientation vers laquelle vous vous dirigiez à
l'époque. Vous avez changé d'idée en cours de route. Je ne
sais pas pourquoi, mais je veux le savoir.
On disait: L'article 12 est remplacé par le suivant: "Le ministre
peut délivrer un permis de culture et d'exploitation
d'érablière à toute personne qui en fait la demande."
C'était clair, net et précis. Là, on l'enlève, on
l'abroge complètement. Le texte actuel, vous le lisez: "Le ministre peut
délivrer un permis de culture et d'exploitation
d'érablière à toute personne physique - donc, personne
physique d'abord, c'est important - qui a au moins deux ans d'expérience
dans la production acéricole ou qui a suivi un cours
d'acériculture approuvé par le ministère de
l'Éducation en vertu de la Loi sur l'enseignement privé..." On se
retrouvait avec des conditions qui faisaient qu'on ne donnait pas à
n'importe qui un permis de culture et d'exploitation d'érablière.
La justification de ce que le ministre amenait à l'époque,
c'était ceci: Cet article vise à éliminer tout
critère discriminatoire lié à l'obtention d'un permis de
culture et d'exploitation d'une érablière à des fins
acéricoles. Donc, si le ministre disait, dans le texte que j'ai entre
les mains, "peut délivrer un permis de culture et d'exploitation
d'érablière à toute personne qui en fait la demande", ce
qu'il a voulu amener en disant qu'il est abrogé, dans le fond, c'est
qu'il voulait enlever, le critère de personne physique. Personne
physique, ce pourrait être n'importe qui, là. On n'est pas
obligé d'être une personne physique. Qu'est-ce que cela
implique?
Deuxièmement, on disait "qui avait au moins deux ans
d'expérience dans la production acéricole". Ce n'était pas
n'importe qui, quelqu'un qui avait de l'expérience quelque part, qui en
avait pris quelque part, s'il ne l'avait pas pris chez eux. Ou encore, s'il
n'avait pas l'expérience, l'équivalent de cela: qui avait suivi
un cours.
Vous savez, M. le Président, dans tout, lorsqu'on en arrive
à l'ensemble des conditions qui font que des gens font tel
métier, il y a des conditions normales d'obtention d'un diplôme,
d'être à tel niveau de scolarité par rapport à
d'autres, bon. Le ministre, le 21 novembre 1988, à la page A7 du
Courrier de sa région - cela s'appelle Le Courrier - on
écrivait ceci: En deux mots par Albert Côté. C'est la
façon, je ne sais pas pourquoi cela arrive toujours comme cela, mais
l'autre que j'avais, c'était à la page 35 de L'Argus, pas
L'Argus mais les documents qu'on a chez nous. C'était
écrit: Votre député vous informe. M. Albert
Côté. C'était dans Le
Saint-Laurent-L'Écho.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez
raison.
M. Jolivet: Le Courrier et Le
Saint-Laurent-L'Écho, ce doit être deux choses
séparées parce que nous avons le Courrier de Laviotette chez
nous. Il dit: "II me fait plaisir d'annoncer la levée du moratoire
sur les érablières du domaine public." Remarquez bien les mots
"du domaine public". "Pour ce qui est du Grand-Portage, 225 demandes
étaient en attente pour des superficies totalisant 8300 hectares. Suite
aux inventaires de feuillus et tenant compte de la possibilité
forestière du Grand-Portage, mon ministère a pu dégager
8000 hectares de forêt publique propres à l'acériculture.
Je compte donc pouvoir satisfaire aux 225 demandes en attente."
Dans l'autre, on indiquait: "Banque de sirop d'érable. Il y a
quelques semaines dans cette chronique, je vous informais de la levée du
moratoire sur les érablières du domaine public. En même
temps, j'annonçais que les demandes faites à date dans la
région totalisaient 8300 hectares et que la disponibilité,
après inventaire, s'établissait à 8000 hectares, soit
sensiblement l'équilibre entre l'offre et la demande." Il disait: "La
semaine dernière, mon collègue Michel Pagé faisait part de
son intention de contribuer à la création d'une banque de sirop
d'érable afin de permettre de régulariser l'écoulement des
réserves de sirop accumulées par les années de production
exceptionnelle et d'éviter ainsi des chutes de prix dramatiques pour les
producteurs. La participation du gouvernement du Québec dans la
création de cette banque de sirop d'érable consistera en une
garantie de prêt de 500 000 $, permettant aux acériculteurs de
soutenir les emprunts nécessaires au financement des équipements
d'entreposage, soit de 3300 barils non
retournables de 45 gallons." Là, il disait: "Ces informations ont
vraiment de quoi réjouir et rassurer les actuels et futurs
acériculteurs de la région." Tout ça pour vous dire, M. le
Président, que, dans un contexte où il y a une surproduction,
quelles sont les raisons qui incitent le ministre à vouloir ouvrir
davantage avec les risques que cela comporte dans ce qu'on appelle l'offre et
la demande d'en arriver à faire, dans certains cas, des
difficultés à ceux qui vivent actuellement de
l'acériculture au Québec et qui sont en affaires? La question
qu'on s'est posée, c'est que, quand le ministre dit que ce sont tous des
critères discriminatoires, je comprends mal qu'il parle de
critères discriminatoires dans la mesure où il est normal que,
pour donner une qualité de service à des consommateurs, on ait
aussi une qualité quant à la personne qui doit donner ce service
ou ce produit.
Donc qu'on demande à quelqu'un d'être connaissant dans la
question du sirop d'érable, c'est tout à fait normal. Qu'il l'ait
obtenu par une expérience pertinente apprise en travaillant dans une
érablière ou qu'il l'ait obtenue par l'obtention d'un
diplôme décerné par le ministère de
l'Éducation, il n'y a rien d'anormal dans cela et ce n'est pas
discriminatoire. Donc, on disait deux choses: C'était deux ans
d'expérience ou avoir suivi un cours d'acériculture
approuvé par le ministère de l'Éducation. Dans ce sens, je
me dis pourquoi aujourd'hui le ministre vient-il enlever toutes ces obligations
et toutes ces garanties qu'il donne aux consommateurs d'avoir quelqu'un qui
connaît cela, qui ne donne pas n'importe quelle sorte de produit, et qui
ne viendra pas nuire par le fait même à tous ceux qui sont
actuellement en acériculture et qui font du bon travail, en plus de leur
ajouter une surproduction additionnelle. Si déjà avec les
érablières actuellement consenties, dans le secteur privé
en particulier, on en arrive à obtenir tel niveau de production,
qu'est-ce que cela va être si on ajoute, rien que dans le Grand-Portage,
225 nouvelles personnes ou sociétés. Là, ce ne sont pas
nécessairement des personnes. Si je comprends bien quand on parlait de
personne physique, cela dérangeait le ministre, c'était un
critère discriminatoire. Donc, cela veut dire que ça peut
maintenant être des sociétés, et comme on connaît le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation -
vous vous souvenez, M. le Président que j'étais critique et
porte-parole de l'Opposition dans ce domaine - je peux vous dire que les
sociétés en commandite, c'est quelque chose qui est dans le
portrait actuellement. Alors, il viendrait mettre en péril, par des
sociétés en commandite, des propriétaires familiaux. Vous
savez le travail que font ces personnes. Le ministre les connaît. Il est
venu dans ma région à plusieurs occasions à des cabanes
à sucre, comme on les appelle chez nous. Il connaît les gens de ma
région qui travaillent d'arrache-pied pour faire valoir et vendre leurs
produits. S'ils se voient inondés par 225 personnes dans son coin, une
centaine dans le comté de Saint-Maurice dans le secteur rural, une autre
centaine dans mon comté, je ne sais pas quoi, M. le Président,
cela va faire du monde qui va en produire du sirop d'érable. Si on
lève un moratoire sur le territoire public, cela veut dire qu'on en
arrive à augmenter la production. Si on augmente la production, on fait
baisser les prix et on met en péril, par des sociétés en
commandite que ça ne dérange pas de perdre de l'argent parce
qu'elles vont être remboursées par les impôts, des fermes
familiales. Est-ce cela que le ministre actuellement nous indique? Si c'est
cela, j'aimerais bien l'entendre dire en quoi le texte actuel de la loi
était discriminatoire et pourquoi maintenant il faut l'abroger et ouvrir
la porte toute grande comme il l'indiquait dans ces articles que je vous ai lus
tout à l'heure?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Merci, M. le
Président. Je suis très heureux de voir que le
député de Laviolette est informé par les journaux de ma
région. Si nous avons levé le moratoire en collaboration avec le
ministère de l'Agriculture, c'est qu'actuellement, nos
érablières, qu'elles soient du domaine privé ou public,
sont menacées par les pluies acides et que nous avons perdu,
jusqu'à maintenant, 2 700 000 entailles sur 15 000 000 au Québec.
Et évidemment, même avec un programme de fertilisation dans les
érablières, il n'est pas dit qu'on va stopper ou contrer
complètement le dépérissement des
érablières. Évidemment, c'est un palliatif. Cela va aider.
Et avec les analyses foliaires et les analyses de sol, on prétend que
les interventions de fertilisation pourront prolonger la vie de certaines
érablières. Les plus menacées sont dans les comtés
de Mégantic, Beauce, et dans cette région. La levée du
moratoire fait en sorte de profiter d'une volonté populaire. Et ce n'est
pas seulement dans mon comté qu'on l'a demandé. C'est surtout
dans les comtés voisins qu'il y a eu des demandes. Ces gens demandent de
lever le moratoire pour exploiter des érablières publiques,
souvent contiguës à leurs érablières privées,
pour ajouter à leur performance. (17 heures)
C'est évident que, cette année, il y a eu une
récolte exceptionnelle au Québec et la moitié du surplus -
qui est entreposée actuellement et qui fera éventuellement partie
de la banque de sirop annoncée par le ministre de l'Agriculture, M.
Pagé, et le fédéral - se trouve localisée dans le
Bas-Saint-Laurent. Mais personne ne peut garantir que, l'an prochain, nous
aurons une récolte exceptionnelle comme celle que nous avons eue cette
année. L'établissement de l'érablière, ce n'est pas
spontané. Et, jusqu'à présent il n'y pas encore eu de
permis de délivré, même si le moratoire a été
levé le 24 août, et les travaux de préparation pour
produire du sirop d'érable ne sont pas en marche actuel-
lement. Cela veut dire que ça prendra encore un an,
peut-être deux ans, avant que ça vienne sur le marché.
Actuellement, il se fait de la promotion pour la vente du sirop. Et je
suis convaincu que la banque de sirop et la levée du moratoire ne fera
pas chuter les prix, tel que l'imagine le député de Laviolette.
C'est vrai qu'il y a chute de prix lorsqu'il y a surcapacité et
surproduction ou qu'il y a abondance sur le marché. Mais ce ne sera pas
le cas. Cette année, pour le sirop, il y a encore eu une hausse de prix
extraordinaire de ce côté-là. Certains n'ont pas voulu
vendre le sirop, n'ont pas voulu baisser les prix et ils sont restés
avec des barils de sirop sur les bras. C'est ce qui fait qu'il y a un
surplus.
Mais il faut dire que, depuis deux ans, la hausse du prix du sirop,
j'imagine que c'est une question de 100 %, pas loin de 100 %. Alors, ça
amène des appétits. Les gens veulent exploiter les
érablières, parce que ça peut être rentable et
ça peut être payant. C'est un revenu d'appoint intéressant
pour les personnes qui restent près de la forêt. C'est
là-dessus qu'on se base, en collaboration, je le répète,
pour la levée du moratoire et également pour faire de la
prospection pour ouvrir de nouveaux marchés. Je vous dirai qu'il y a des
marchés possibles et intéressants du côté de l'Asie.
Mais ce n'est pas dit, encore une fois, je le répète, que, l'an
prochain, on aura une année de récolte exceptionnelle. Tout
dépend de la température. Vous avez eu des années, il y a
deux ou trois ans, dans le sud du Québec, la Beauce et Mégantic,
et la région de Montréal, où la récolte a
été un désastre et il en a manqué. Cela
dépend de la température. Le Québec est tellement grand
que la température n'est pas égale partout. C'est pour ça
qu'on fait ça. Mais c'est à la demande de la population, M. le
député.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'amendement de
l'article 4 est adopté?
M. Jolivet: Sur division. En fait, pas l'amendement, ce serait
l'article...
Le Président (M. Baril): L'article 4, je m'excuse.
M. Jolivet: C'est l'article.
Le Président (M. Baril): Alors, l'article 4 est
adopté. L'article 5, s'il vous plaît, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 5.
L'article 13 de cette loi est modifié de la façon
suivante: 1° par le remplacement du membre de phrase introductif par le
suivant: "Le ministre peut délivrer un permis de culture et
d'exploitation d'érablière à toute personne qui en fait la
demande par écrit et qui lui fournit:"; 2° par l'abrogation du
paragraphe 1°; - on abolit le paragraphe 1°, on l'aboge. 3° par
l'insertion, à la fin du paragraphe 2°, des mots suivants: "laquelle
comprend notamment sa superficie et sa capacité d'entaillage;". Cela
fait partie de la description de l'érablière
convoitée.
Le paragraphe 1° de l'article 13 est abrogé, parce qu'il
n'est plus nécessaire en raison de l'abolition des critères
d'admissibilité rattachés à la personne pour l'obtention
des permis, qu'on vient d'abroger à l'article 12. Le deuxième
paragraphe est modifié pour y inclure des précisions quant aux
éléments descriptifs de l'érablière
convoitée ou à être fournies par les personnes qui
demandent le permis, qui demandent la location.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Donc, quand on dit qu'on enlève "une
déclaration attestant de son admissibilité," cela veut dire que
toute personne, peu importe qui elle est, est admissible, sans aucune forme
d'enquête, quelle qu'elle soit. On dit: "La personne qui désire
obtenir un permis doit en faire la demande par écrit au ministre et lui
fournir:" Et là, on tombe à 2°, qui devient "une description
de l'érablière faisant l'objet de la demande". Là, on dit
qu'à la fin du deuxième paragraphe, on ajoute notamment "sa
superficie et sa capacité d'entaillage". Mais on enlève "une
déclaration attestant de son admissibilité". Cela veut dire que
tout le monde est admissible sur-le-champ. La seule chose, c'est qu'on va
déterminer après si on lui en accorde ou non. Quels seront donc
les critères? Comment va-t-on faire pour dire qu'elle n'est pas
admissible? Qui va le déterminer? C'est là l'importance de ce
qu'on a discuté tout à l'heure, à l'article premier. On
avait des critères qui étaient, le ministre disait, restrictifs,
mais c'étaient des critères qui nous permettaient de dire que ce
n'était pas tout le monde qui était admissible. Là, on
abroge cette partie et on dit: De toute façon, s'il fait une demande par
écrit, il sera admissible.
Quels seront les critères que le ministre va déterminer?
Va-t-il en déterminer par règlement ou s'il va dire: Toute
personne étant admissible, je suis obligé de te le donner. Ma
question devient importante dans ce sens-là. Si je deviens admissible,
le ministre ne peut pas me refuser. Je pourrais lui intenter un procès
s'il refuse de me le donner et qu'il n'a pas de raison valable. Comment va-t-il
le faire si, sur le même territoire convoité en termes de
superficie et d'entaillage, il y a cinq groupes qui veulent l'avoir, dont deux
sociétés en commandite ou trois individus personnels ou trois
individus avec une compagnie familiale et non pas une société en
commandite? Sur quels critères le ministre va-t-il se baser pour dire
que c'est un tel? Est-ce que ce sera envoyé à l'encan? On va
dire: Écoutez, j'ai tel territoire à donner et c'est le
plus offrant qui va l'avoir. Comment cela va-t-il se faire?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Jusqu'à
maintenant, M. le Président, on enregistre les demandes par ordre
chronologique, au fur et à mesure qu'elles sont entrées au
ministère. Elles sont traitées sur cette base-là,
chronologiquement, au fur et à mesure que les demandes sont inscrites,
évidemment, s'il y a une disponibilité. S'il n'y a pas de
disponibilité, il n'y en aura pas et ce sera refusée. Les
critères passés à savoir deux ans d'expérience,
c'est difficile de vérifier l'expérience et de certifier que
c'est deux ans d'expérience valable. Mais l'autre affaire, c'est que le
ministère de l'Éducation ne nous donne pas de cours en
acériculture, il n'y a pas de diplôme en acériculture
décerné par le ministère de l'Éducation. Alors, il
fallait l'enlever évidemment. Mais ce sera traité
chronologiquement, au fur et à mesure qu'elles seront
présentées au ministère.
M. Jolivet: Le ministre dit que, deux ans d'expérience, ce
n'est pas vérifiable. Écoutez, il faut se fier aux personnes qui
sont des employeurs ou des gens qui ont engagé ces personnes-là,
pour leur donner une forme d'expérience. Si le ministre vient de dire
cela, il y a quelque chose qui ne va pas quelque part. Toutes les fois qu'on va
quelque part, on dit: trois ans d'expérience. Tous les papiers qu'on
reçoit de l'office de recrutement et de sélection du personnel,
c'est marqué: avoir tel diplôme et trois ans d'expérience.
Il n'y a rien de discriminatoire dans cela. L'expérience, il faut
l'attester et dire: J'ai travaillé dans ce secteur-là, à
telle et telle place et l'employeur signe un papier, attestant qu'il a
travaillé de tel mois à tel mois et qu'il a fait tel emploi.
Deuxièmement, si le ministre me dit que le ministère de
l'Éducation ne donne pas de cours d'acériculteur, c'est
peut-être parce qu'il n'y avait pas grand monde non plus qui en voulait,
pourquoi donc ouvrir le secteur? Le ministre dit: C'est à la demande
générale. Les autobus étaient bondés pour lui
demander cela à Montréal. Les gens en veulent. J'exagère
pour m'amuser un peu du ministre, mais là, ce n'est certainement pas
comme cela que ça marche. Si personne ne voulait suivre des cours
d'acériculture, est-ce que cela veut dire qu'il n'y avait pas
grand-monde qui en voulait non plus? Donc, autrement dit, on va le donner au
premier arrivé. Ou si vous avez quatre ou cinq personnes qui veulent
avoir le territoire, là, on n'aura plus de critères pour les
sélectionner. On va dire: Toi, tu es arrivé le premier, tu y as
droit; toi, tu es arrivé deuxième, tu as droit à autre
chose. Ou bien si on dit qu'on va délimiter certains territoires et
qu'on va dire: Écoutez, on le envoie en soumissions publiques, et le
plus offrant va l'avoir. Cela, vous savez, c'est du tirage au sort comme pour
les gens qui veulent avoir des chalets autour d'un lac. Ou encore, on a des
lots intramunicipaux et on dit: Premier critère, c'est celui qui est
contigu. S'il ne veut pas l'avoir à telle ou telle personne,
après ça on dit que, si personne ne le veut, on l'envoie à
l'encan, le plus offrant l'aura. Comment va-t-on fonctionner pour donner ces
permis? Premier arrivé, premier servi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment,
ça va être ça et, par la suite, le locateur d'une
érablière a des rapports annuels à faire tous les ans. Il
y a des conditions d'exploitation, par la suite.
M. Jolivet: Je voudrais savoir, d'abord... Vous me dites: Premier
arrivé, premier servi. Comment, moi, Jean-Pierre Jolivet, dans le
secteur de la Mauricie, je vais savoir que, dans le secteur public du Caribou,
en montant vers La Tuque, le ministre a décidé que là, il
y avait du bois propice à l'acériculture et que moi, je peux
dire: Je veux avoir ce territoire? Comment vais-je le savoir? Est-ce que le
ministre, par des amis, va dire: Écoutez, M. le député de
Saint-Maurice, vous êtes le tuteur du député de Laviolette,
allez donc dire à vos amis qui se trouvent sur la route de La Tuque
qu'il y a un territoire qui va s'ouvrir à l'érablière et
dites-leur qu'ils fassent une demande au plus sacrant parce que c'est comme
ça qu'ils vont l'avoir, parce que c'est premier arrivé, premier
servi? Est-ce que c'est ainsi que vous allez agir? Cela m'inquiète, je
vous le dis bien honnêtement.
Vous venez de dire: II y a un territoire où il y a 225
possibilités, 225 personnes m'ont demandé un territoire, mais si
ça adonnait que les 225 veuillent avoir le même territoire parce
qu'ils savent que c'est le meilleur, comment allez-vous faire pour
déterminer qui va l'avoir? Premier arrivé?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ça.
Dans les...
M. Jolivet: Ça va être dans un "ledger" comme on
dit, numéroté telle date, arrivé telle date?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ça.
Dans les 225, il y a des demandes qui datent de plusieurs années. Ce
n'est pas spontané tout ça, mais c'est évident que c'est
premier arrivé, premier servi, par ordre chronologique.
M. Jolivet: Écoutez, M. le ministre, si vous me disiez: On
met en place un programme pour rénover les bâtisses, comme ce
qu'on a appelé Loginove. Comment est-ce que ça a
fonctionné? On a annoncé publiquement à tout le monde:
Voici le programme Loginove. Vous devez faire une demande à telle place,
dans telle municipalité, telle autre municipalité, etc.
Là, on vous dit
d'avance que les premiers qui seront arrivés, ce sera
marqué sur une ligne: premier, deuxième, troisième, et on
n'a pas le droit comme notaire, vous savez quoi là - sur un acte
notarié, de sauter une ligne. On s'en va, et c'est marqué: 1, 2,
3, 4, 5, et on va à la page suivante, et on sait qu'on peut
vérifier si vous êtes arrivé premier,
quarante-cinquième ou soixante-cinquième.
Mais là, ce n'est pas ce que vous me dites. Vous me dites: On a
plusieurs demandes, vous savez, le bureau du ministre aura à analyser
ça et à dire qui est le premier arrivé et le premier
sorti. Comment vais-je savoir si j'étais le premier et que je ne suis
pas tombé le quarante-cinquième parce que le ministre a
marqué quarante-cinquième? Comment est-ce que je vais le savoir?
Qui va m'indiquer ça?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les fonctionnaires
vont enregistrer les demandes, M. le député, c'est
évident.
M. Jolivet: Non, vous dites qu'elles sont déjà
enregistrées depuis quelques années.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
évident qu'elles sont enregistrées, mais les dates sont
là. Ceux qui ont rempli la demande, la date est là.
M. Jolivet: Vous avez fait une demande, j'en ai fait une.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous avez
marqué la date sur la demande que vous avez faite.
M. Jolivet: D'accord. Mais je veux savoir la vôtre. Qui va
me la dire? C'est secret, ça, c'est privé? Écoutez, pour
savoir si vous êtes là ou pas, il faudra que j'aie accès
aux informations privées. Je n'aurai pas le droit, je n'ai pas le droit
d'aller fouiller dans votre dossier sans la permission de quelqu'un. Donc, vous
allez me refuser l'accès à votre dossier.
Une voix:...
M. Jolivet: Oui, oui. Écoutez, je connais ça, ce
n'est pas de même que ça marche. Vous êtes naïf, M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...fois, comme je
disais.
M. Jolivet: Jamais deux sans trois.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela va
revenir.
M. Jolivet: Oui, ça n'a pas de bon sens, M. le ministre.
Vous me dites qu'il y a eu des demandes, elles sont là, on a la date
d'arrivée, mais comment une personne qui se sent lésée
peut-elle faire appel quelque part pour dire: J'ai été
lésé? Vous ne le savez pas. Il faudra que je fasse appel au
Protecteur du citoyen, à des informations que je n'ai pas le droit
d'avoir parce que je n'ai pas le droit d'aller fouiller dans les dossiers de
personne. Comment vais-je le savoir? Si j'avais un cahier dans lequel
c'était marqué 1, 2, 3 et que c'était
numéroté selon les dates d'arrivée, on arriverait
certainement à le savoir.
Quand j'allais au programme Loginove à Grand-Mère,
à l'époque, on me disait: Dites-moi à quelle place est
rendue telle personne? On ouvrait le grand livre, c'était marqué.
J'appelais la personne: Écoutez, ma chère madame, les
informations m'indiquent que vous êtes trente-cinquième, il y en a
dix qui pourront passer cette année, et vous ne passerez pas cette
année encore, ce sera dans deux ans. Au moins, j'avais la certitude que
la personne était bien inscrite.
M. Cannon: Je suis certain que tu ne lui disais pas comme
ça.
M. Jolivet: Ah oui, je le disais comme ça. Je n'ai jamais
eu peur.
M. Cannon: ...ton pointage.
M. Jolivet: Non, jamais. Ils ont des drôles de
façons...
Une voix: Vous êtes naïï! (17 h 15)
M. Jolivet: Moi, je suis naïf? Vous êtes incroyable!
Je n'ai pas eu besoin de ça pour faire valoir ma popularité chez
moi. Le député de
Saint-Maurice le sait très bien. D'ailleurs, les gens le disent:
C'est une personne franche qui dit la vérité en pleine face.
M. Lemire: ...notre monde.
M. Jolivet: Je vous le dis, M. le ministre, je ne comprends pas
ce qui est la. On a ri un peu parce qu'on s'est amusé, on était
fatigué un peu. Mais, indépendamment de ça, M. le
Président, cela n'a pas de sens. On dit qu'il n'y a plus aucun
critère qui existe. Deuxièmement, on dit premier arrivé,
premier servi. Je ne sais pas ce que vous en pensez?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur un territoire
qui est décrit, les demandes sont faites pour une partie de forêt
ou une érablière en particulier. On décrit la superficie
et la capacité d'entaillage est localisée. Il n'y aura pas 50
demandes au même endroit.
M. Jolivet: Pensez-vous? Bien là, vous allez venir au
grand lac Mékinak quand on l'a ouvert pour savoir s'il n'y avait pas
personne pour avoir le meilleur point de vue sur le lac. C'est la même
chose. Vous avez un domaine public, il
n'est pas privé. Le domaine public indique qu'il y a des chalets
qui vont s'ouvrir sur le lac Méki-nak. Si on est sur le lac
Mékinak, il y a des gens qui disent: Aïe! Je connais ça ce
coin-là, ça fait longtemps que je veux y aller; aïe! si je
pouvais avoir tel ou tel terrain, je serais content. Il y a 45 demandes pour le
même terrain. Le ministère, pour ne pas être poigne avec
ça, a décidé qu'il faisait un tirage au sort pour tout le
monde. Il y avait 15 terrains disponibles. Le premier tirage au sort pour le
premier terrain a été délimité compte tenu que
c'était celui-là. Ce n'était pas premier arrivé,
premier servi. C'était le tirage au sort. Donc, il n'avait pas le choix.
Et une personne qui avait été tirée au sort pour tel
terrain avait l'aménagement de ce terrain à faire pour 3000 $, la
première année. Si elle décidait de ne pas l'avoir, elle
pouvait transmettre son droit à une autre personne qui était la
suivante. Je dis que cela n'a pas de bon sens M. le ministre. Il y a
certainement moyen de mettre un amendement quelque part qui viendrait dire que
ces permis sont délivrés de façon à éviter
toute controverse et que les gens sachent très bien à quoi ils
s'attendent lorsqu'ils font une demande. Sans cela, en bon
québécois, c'est le "free-for-all" Cela n'a pas de sens, M. le
ministre. Avez-vous un amendement à nous proposer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, je n'ai pas
d'amendement à proposer, mais on peut tenir un registre des demandes qui
soit effectuées et celui qui fait une demande peut consulter le registre
dans le bureau.
M. Jolivet: II est marqué là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, ce n'est pas
marqué dans la loi.
M. Jolivet: Pourquoi ne donnez-vous pas des garanties que cela
n'arrivera pas? Ce n'est pas selon la bonne volonté du ministre. Il me
semble qu'on pourrait avoir un amendement qui... Parce qu'on dit: La personne
qui désire obtenir un permis doit en faire la demande par écrit
au ministre. C'est tout à fait normal. Et elle doit lui fournir une
description de l'érablière faisant l'objet de sa demande,
"laquelle comprend notamment sa superficie et sa capacité
d'entrail-lage". Avec l'amendement qui serait adopté... "3° la
description et la localisation des chemins et bâtiments existants ou
qu'elle entend construire; "4° les renseignements relatifs à la
culture et à l'exploitation de l'érablière
déterminés par le gouvernement par voie
réglementaire."
On pourrait ajouter un autre alinéa: Ce permis est octroyé
après le tirage au sort, ou des choses semblables, à toutes les
personnes qui en font la demande. Parce que le problème, c'est: Est-ce
que le ministre n'aurait pas intérêt, pour éviter quelque
problème que ce soit, à dire: Écoutez, j'ouvre tel
territoire? Vous m'avez dit que ce n'est pas du jour au lendemain que cela va
se faire, je comprends. Pourquoi le ministère, au lieu de dire à
la personne que c'est de cette façon qu'elle va procéder, ne
procède pas autrement et dit: Je veux ouvrir des territoires. J'ai
décidé d'ouvrir le moratoire, je vais ouvrir des territoires?
J'offre le territoire à un tel et je détermine comme
ministère la superficie et la capacité d'entaillage. Je mets des
conditions. Les conditions disent: II faut que tu fasses des investissements la
première année pour tant d'argent. Et s'assurer que la personne
respecte ça ensuite. À ce moment-là, on pourrait dire que
les territoires ainsi déterminés s'octroient par formule de
tirage au sort.
Le Président (M. Baril): M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le tirage au sort?
Je n'en suis pas parce que, la plupart du temps, il n'y aura qu'un seul
requérant sur le même territoire.
M. Jolivet: Mais non parce que vous dites aux gens: Dites-moi le
territoire que vous voulez avoir. C'est évident que vous allez avoir un
mosus de problème si je superpose ma demande sur celle d'un autre. Vous
allez avoir un choix à faire à un moment donné.
Ce que vous faites, c'est que vous ouvrez 8000 hectares dans le coin de
chez vous. Sur 8000 hectares potentiels, vous avez des territoires que vous
pouvez déjà délimiter en disant: Sur les 8000 hectares,
cela donne tel nombre d'entailles potentielles. Avec ce nombre d'entailles
potentielles, on sait qu'une personne peut avoir X milliers d'entailles, si
elle fait telle sorte d'investissements. Vous dites: Je vais vous donner tel
territoire. Et, pour pouvoir vivre convenablement, la personne peut le faire de
deux façons. Soit qu'elle le fait comme deuxième apport à
son travail habituel ou comme travail-Dans ces cas-là, c'est quasiment
un deuxième apport parce qu'elle ne peut pas vivre rien que de cela.
Donc, ce serait un deuxième travail potentiel. À ce
moment-là, le ministre peut déjà déterminer des
territoires avec des nombres d'entailles, des superficies bien connues, mais
des entailles potentielles. Cela aurait plus de bon sens si on met cela au
tirage au sort. C'est plus logique que de dire: Fais une demande, dis-moi quel
est le terrain que tu veux, la superficie, les capacités d'entailles et
je te dirai si je t'accepte ou non.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, c'est le devoir du fonctionnaire d'aviser fa personne qui
fait une demande pour obtenir une érablière, alors qu'elle a
déjà été en demande, et de lui dire: Vous
êtes la deuxième ou la troisième personne à cet
endroit. C'est le devoir du fonctionnaire de le dire. Je demanderais au
député de Laviolette de quelle façon il réglerait
les 225 demandes auxquelles il a fait allusion, qui
datent de plusieurs années, et si les 225 personnes seraient
heureuses d'être mises au sort pour la demande qu'elles ont faite il y a
trois, quatre, cinq ans?
M. Jolivet: Lorsque le ministre me dit: J'ai 225 demandes, je
vais satisfaire les 225, je vais négocier avec eux autres le territoire
et le nombre d'entailles, c'est une façon d'agir. Si le ministre me dit:
Je ne peux pas donner 225 permis, je sais qu'il y a 225 personnes qui m'en ont
demandé, mais je ne peux pas donner 225 permis...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans ce cas, dans
les 225 demandes, il y a peut-être quatre ou cinq demandes sur le
même territoire, mais à des dates différentes. Celui qui a
fait la demande en 1984 ne veut pas être lésé par quelqu'un
qui vient d'entendre que le moratoire sera levé et qui vient faire une
demande, parce que la sienne était déjà là. Si, en
1984, on avait donné suite à sa demande, s'il n'y avait pas eu de
moratoire, il n'aurait pas la possibilité aujourd'hui de faire une
demande. Je pense que la chronologie... Et c'est le devoir du fonctionnaire
d'aviser le requérant qu'il n'est pas le premier, que cela a
déjà été demandé par un autre. Et je me fie
sur l'honnêteté et la bonne foi des fonctionnaires pour le faire.
Si c'est nécessaire, on tiendra un registre qui sera accessible au
public.
M. Jolivet: Si le fonctionnaire est obligé de le donner,
à la suite d'un ordre du cabinet du ministre, comment allez-vous
réagir?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour changer les
dates? Pour faire quoi?
M. Jolivet: Non, non. Pour dire: Je vais le donner à un
tel plutôt qu'à un autre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si on prend comme
habitude d'attribuer les érablières par ordre chronologique des
demandes, c'est difficile de passer outre à cela, même le
cabinet.
M. Jolivet: Comment moi, qui suis le troisième sur la
liste par exemple, puis-je avoir l'assurance que le premier est arrivé
avant moi? Comment vais-je pouvoir le vérifier?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Lorsque vous
faites une demande - on parle du passé - c'est le devoir du
fonctionnaire de vous dire: Monsieur, cela a déjà
été demandé par quelqu'un d'autre. C'est son devoir de le
dire.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article...
M. Jolivet: Non.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a une autre
affaire, M. le député. Lorsque quelqu'un s'est
établi dans une érablière de façon
illégale, est-ce que vous avez tendance à normaliser l'occupation
illégale et mettre de côté quelqu'un qui a
respecté le moratoire, qui a respecté les règlements et la
propriété d'autrui?
M. Jolivet: Si c'est quelqu'un qui a agi illégalement
parce qu'il a fait des choses qu'il ne devait pas faire, je ne comprends pas
qu'aujourd'hui il n'a pas été arrêté. Cela se
pourrait. Mais je veux dire honnêtement que je ne comprends pas. Est-ce
que vous êtes en train de me dire que quelqu'un qui demeure sur un
territoire convoite, où il fait l'entaillage de façon
illégale... Cela veut dire qu'il aurait dû être
arrêté il y a longtemps. Il y a quelqu'un qui n'a pas fait sa
job.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je le pense.
M. Jolivet: Si c'est cela, ce n'est pas correct.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Jolivet: Bon. Mais, ce n'est pas de cela qu'on parle. Moi, ce
que je crois comprendre, c'est que vous venez d'ouvrir un moratoire. Vous dites
que, parce que quelqu'un, il y t. quatre, cinq ou huit ans, voulait avoir ce
territoire-là, il aurait priorité sur quelqu'un qui viendrait le
faire aujourd'hui. Moi, je vous dis: Pour éviter tous ces
problèmes-là, qu'il ait fait une demande dans le temps, comme il
y a une personne justement qui ne l'a pas fait parce qu'il y avait un
moratoire, je ne vois pas pourquoi on le donnerait à quelqu'un qui l'a
fait parce qu'il s'est dit: Si jamais le moratoire saute un jour, je vais
l'avoir. Ce n'est pas comme cela qu'il faut voir cela. Je dis que le ministre
devrait prévoir des territoires et dire: Ce territoire-là, nous
allons l'offrir selon la formule de tirage au sort, donc c'est la façon
de le faire. Le ministre ne veut pas agir de cette façon-là.
C'est ce que je comprends. Il dit: Je vais le faire sur arrivée
chronologique des gens qui ont fait une demande. Si, sur un même
territoire, il y en a un qui est arrivé le 1er août 1983 et que
l'autre est arrivé le 1er septembre 1988, c'est fini, le 1er août
1983 va l'avoir. C'est ce que le ministre me dit. Et si, en cours de route, une
personne est arrivée, qui dit: Moi, je n'ai jamais fait de demande,
mais, aujourd'hui, je serais intéressé à faire la demande,
avoir su je l'aurais faite, je ne trouve pas cela normal non plus de dire qu'on
l'empêcherait de l'avoir. Tandis qu'on dit qu'on met un délai
d'inscription, on dit: Toute personne qui veut avoir ce territoire que je vous
offre, je l'envoie dans les journaux comme information - vous avez tant de
temps pour vous inscrire et, après cela, il y aura tirage au sort...
Exactement comme on fait pour les terrains de villégiature que l'on
ouvre dans des territoires
donnés. On dit: Écoutez, il y a une ouverture, il y a des
gens qui ont fait une demande il y a sept, huit ou neuf ans pour ce
terrain-là, ils espèrent bien l'avoir, mais ils sont
habitués... Ils disent: Le ministère nous avait dit à
l'époque que ce n'était pas octroyable, aujourd'hui il
décide de l'octroyer, mais la formule utilisée est le tirage au
sort. Je ne vois pas de problème à cela. Ils passent dedans comme
tout le monde et se disent: Si j'ai la chance de l'avoir, je vais le prendre,
tant mieux. Il n'y a rien, il n'y a personne qui va critiquer cela, mais ils
vont critiquer, par exemple, le ministre qui dit: Parce que, lui, il a eu
l'intelligence un jour de l'inscrire il y a cinq ans, alors qu'il y avait un
moratoire, il est plus chanceux que les autres, il va l'avoir avant tout le
monde. Je ne trouve pas cela normal, M. le ministre. Peut-être même
que cette personne qui le voulait il y a cinq ans ne veut même pas
l'avoir aujourd'hui. C'est pour cela que je vous dis: Pourquoi ne dites-vous
pas, sur un territoire donné: On fait ouverture de demandes à
tous les gens qui veulent l'avoir et on fait un tirage au sort? Pourquoi ne
voulez-vous pas cela? Vous venez de lever un moratoire, ne l'oubliez pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais c'est
l'approche que nous avons prise dans le Bas-Saint-Laurent, où il y a
plusieurs demandes. Ailleurs, il n'y a pas tellement de demandes pour
l'exploitation d'érablières à des fins acéricoles.
Cela répond au voeu des requérants. Jusqu'à
présent, je n'ai pas eu de plainte à ce sujet, concernant
l'approche qu'on prend, par ordre chronologique. Je n'ai pas d'autre argument,
M. le député.
M. Jolivet: M. le Président, j'aurais tendance à
vous présenter un amendement qui serait le suivant. C'est que nous avons
fait sauter le premier alinéa, donc 2°, 3° et 4°
deviendraient 1°, 2° et 3°. On ajouterait donc à ce
moment-là, à la fin, la chose suivante: L'article 5 de la Loi
modifiant la Loi sur les forêts est modifié par l'addition du
paragraphe suivant: 4° par l'addition, à la fin de l'article 13, des
alinéas suivants:
Les demandes adressées au ministre sont inscrites dans un
registre selon l'ordre chronologique de leur réception et ce registre a
un caractère public.
Le ministre procède à la fin de la période
déterminée d'inscription des demandes à un tirage au sort
aux fins de l'attribution des permis disponibles, selon des territoires
déterminés.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien, voyons.
M. Jolivet: Pourquoi, voyons?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne vols pas la
relation entre inscrire au registre par ordre chronologique des demandes et,
après cela, faire un tirage au sort. On a seulement à inscrire
les demandes tout simplement. (17 h 30)
M. Jolivet: Cela peut être cela aussi. Cela dépend.
Si vous avez...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui.
M. Jolivet: On était pris avec la question du ministre sur
l'ordre chronologique. Alors, je reviendrais. Ce serait: Les demandes
adressées au ministre sont inscrites dans un registre. Ce registre a un
caractère public. Le ministre procède, à la fin de la
période déterminée d'inscription des demandes, à un
tirage au sort aux fins de l'attribution des permis disponibles selon des
territoires déterminés. Si le ministre est prêt à
faire cela, on va vous le proposer.
Le Président (M. Baril): Alors, nous allons discuter d'un
amendement qui est recevable. Est-ce que vous avez besoin d'autres
explications, M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, je n'ai pas
besoin d'autres explications.
Le Président (M. Baril): Alors, M. le député
de...
M. Côté (Rivière-du-Loup): II reste que...
Le Président (M. Baril): Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. M. le
député de Laviolette peut...
M. Jolivet: L'argumentation qu'on a faite jusqu'à
maintenant est la suivante. C'est qu'on ne peut pas donner des permis "at
large" comme cela et donner au ministre toute la pleine ouverture en disant:
Écoutez, M. le ministre, vous allez, une fois le moratoire levé,
récompenser ceux qui ont eu l'intelligence peut-être de le
demander à l'époque, alors que d'autres personnes ne l'ont pas
fait parce qu'elles se disaient: II y a un moratoire, cela ne sert à
rien de demander cela, ils vont nous dire non. D'ailleurs, il y a probablement
des personnes qui ont peut-être fait des demandes oralement, mais on leur
a dit: Ne fais pas cela, cela ne sert à rien de demander cela, il ne te
le donnera pas. Donc, il y a des gens qui ne l'ont pas fait. Aujourd'hui, on
les pénaliserait de ne pas l'avoir fait. Je vous dis bien
honnêtement que je ne comprends pas. Pourquoi le ministre ne
déterminerait-il pas, sur les territoires du Québec, des
territoires en disant: Voici tels territoires disponibles, celui ou celle qui
veut faire le travail d'acériculteur dans ce secteur, vous avez un
territoire donné et on va tirer cela au sort pour être sûr
qu'il n'y a pas aucune ouverture à quelque patronage que ce soit? Je
pense que
c'est tout à fait logique. Qu'est-ce que le ministre a à
refuser une telle demande?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne peux pas
abonder dans le sens de l'amendement proposé par le député
de Laviolette parce que ceux qui ont fait les demandes sont là. Tous les
ans, ils revenaient et s'informaient si le moratoire était tombé
ou non. Ils avaient enregistré une demande. Quand quelqu'un s'adresse
à un bureau du ministère, à une unité de gestion ou
à un bureau régional et qu'il demande un territoire pour une
érablière, les gens sortent la carte, regardent et disent:
Celui-là a déjà été demandé. Cela se
fait automatiquement. Je pense bien qu'on se crée des problèmes,
mais, pour nous, il n'y en a pas actuellement. Tout cela se fait tout
simplement. J'ai été dans les bureaux du ministère et j'ai
su ce qu'on faisait quand il y avait des demandes. On sortait la carte, on
regardait et on disait: Tel endroit a été demandé par un
autre. Et on nous demandait s'il y avait d'autres endroits disponibles. C'est
de même que cela se faisait tout simplement. Je ne peux pas donner
d'autre argument que cela, parce que je pense à ceux qui ont fait des
demandes déjà depuis deux, trois, quatre ou cinq ans, qui se sont
enregistrés, qui se sont informés tous les ans si le moratoire
était tombé. Ils tenaient à leur demande qui était
là. Aujourd'hui, on va les tirer au sort? M. le député,
vous irez les calmer, hein!
M. Jolivet: M. le ministre, je ne comprends pas ce que vous
êtes en train de me dire. Vous dites: Moi, j'étais fonctionnaire
dans le ministère et on disait: Ne fais pas cette demande de territoire,
cela a été demandé par un autre. Vous êtes en train
de me dire que, parce que quelqu'un l'a demandé, d'autres personnes ne
peuvent pas le demander non plus. Ce que vous êtes en train de me dire,
c'est que le territoire a été demandé par un autre. Quand
on a eu ces problèmes-la pour octroyer des terrains autour des lacs
qu'on ouvrait, c'est cela qui est arrivé. Ce n'est pas plus
différent. C'est que le ministère ne voulait pas être pris
à être accusé d'avoir fait profiter quelqu'un de son
entourage de telle chose. Alors pour éviter tout cela, il a dit: Au
moment où j'ouvre le territoire, c'est moi qui, comme ministre, va
déterminer le territoire ouvert. Une fois que je l'aurai ouvert, je vais
déterminer maintenant que la façon de l'avoir pour éviter
toute critique de qui que ce soit, c'est de le faire par le tirage au sort de
tous ceux qui, dans une période déterminée, vont faire une
demande. Je ne vois pas, en aucune façon, comment quelqu'un serait
lésé d'avoir fait une demande il y a quatre ans, alors qu'il y a
trois ans une personne a dit: Ne fais pas cette demande-là parce qu'il y
en a déjà un qui l'a demandé et, toi, tu ne l'auras
pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je voudrais bien,
M. le Président, que le député de Laviolette me fasse une
démonstration de l'équité d'un tirage au sort, parce que,
dans bien des occasions, cela peut s'organiser, un tirage au sort, beaucoup
plus facilement que par ordre chronologique.
M. Jolivet: M. le ministre, là, vous n'êtes pas
correct parce que là vous êtes en train d'ouvrir une boîte
de Pandore. J'aimerais mieux que vous arrêtiez là. Parce que ce
que vous êtes en train de me dire, c'est la façon dont on octroie
par tirage au sort les permis de chasse et de pêche dans nos territoires.
C'est ce que vous êtes en train de me dire? Tous les gens qui
actuellement font application au ministre de l'Énergie et des
Ressources, secteur des terres, pour avoir des chalets dans la forêt, des
lieux de villégiature, vous êtes en train de me dire que vous
êtes en train de les organiser, c'est cela que vous me dites
là?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais non. M.
Jolivet: Vous me dites ça là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, je parle
d'équité entre un tirage au sort et...
M. Jolivet: Un tirage au sort, c'est que tout le monde, dans une
période donnée, a !o droit de présenter une demande.
Là, on fait jn registre selon la date d'arrivée pour être
sûr, mais pas chronologique. Ce que je veux dire simplement pour...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Selon la date
d'arrivée, c'est chronologique. Voyons donc!
M. Jolivet: Ce que je veux dire simplement, pour savoir s'ils
sont enregistrés ou non. Mais, après cela, tirage au sort pour
tout le monde! Je ne vois pas en quoi vous êtes en train de me dire que
ce n'est pas correct, cela? Ne venez pas me dire que vous êtes en train
d'organiser des tirages au sort au Québec sur d'autres choses pour avoir
un chalet durant l'été à la réserve ou au parc un
tel, là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas
d'autres arguments. Je crois sincèrement que la méthode du
premier arrivé, premier servi est plus équitable que le tirage au
sort proposé dans l'amendement du député de
Laviolette.
M. Jolivet: Expliquez-moi donc votre équité. Vous
me demandez d'expliquer la mienne. Expliquez-moi donc la vôtre. C'est
quoi équitable? Vous avez quelqu'un qui, il y a quatre ans, a fait une
demande. On a dit à une autre personne qui a fait la même demande
dans un territoire à peu près équivalent et qui est
superposé dans certains cas et qui traverse dans d'autres: Toi, ne fais
pas cette demande-là, il y a déjà quelqu'un
qui l'a faite là. Il ne l'a pas fait sa demande.
Lui, aujourd'hui, il serait pénalisé parce qu'en ouvrant
le moratoire, vous dites: Mon cher ami, toi, tu n'as pas droit à cela?
Est-ce équitable, cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je parle de
transparence plutôt que d'équité. Comme transparence, si
les gens savent que ça se fait de cette façon par ordre
chronologique, cela va être ça. Et les gens vont le demander, ils
vont s'informer.
M. Jolivet: Écoutez, je reprends mon exemple de Loginove.
Loginove, c'était l'ordre chronologique d'arrivée. Là, on
pouvait aller dans le registre vérifier et on disait: II y a tant
d'argent cette année, il en passe dix. Si tu es dans les dix premiers,
parfait. Quand il était fait, on sautait et on passait à l'autre.
Quand on passait à l'un, il disait: Veux-tu le faire encore? L'autre
disait: Non, j'ai lâché. Donc, on repassait au suivant. On pouvait
se rendre jusqu'au quinzième comme cela parce qu'il y en avait
peut-être cinq en cours de route qui avaient lâché. C'est
une façon d'agir parce que la propriété est personnelle.
Là, ce n'est pas cela. Vous avez un domaine public. Sur le domaine
public que vous ouvrez, vous dites: On va faire des érablières,
mes amis. Il y aura peut-être quatre ou cinq personnes qui visaient le
territoire. Il y en a une qui l'a fait et, parce qu'elle l'a fait, les autres
n'ont plus le droit de rien faire. C'est ce que vous êtes en train de me
dire. Ils n'ont plus d'affaire à cela. C'était bien de valeur:
Ils auraient dû arriver les premiers. Mais il y avait un moratoire, donc,
ils n'y sont pas allés. D'autres, y sont allés et ils ont dit:
Écoutez, cela ne sert à rien de le faire, il y en a
déjà un qui l'a demandé. Quand bien même il l'aurait
fait, est-ce qu'on l'aurait inscrit à ce moment-là? C'est cela
que je dis, c'est de la justice aussi en même temps que de
l'équité. C'est pour cela que je vous dis que, vis-à-vis
de tout cela, je ne comprends pas votre argumentation du premier arrivé,
premier servi. C'est une drôle d'argumentation. Si, demain matin, vous
annoncez cela à tout le monde, vous allez avoir un tollé de gens
qui vont dire: II y a un territoire que je vise, je vais aller m'inscrire au
plus vite. Ils vont arriver là-bas au ministère et ils vont dire:
Écoute, bonhomme, il y a cinq ans, il y en a un qui l'a demandé.
Ce n'est pas plus juste. Allez donc leur expliquer, à ces quatre ou cinq
personnes qui feront une demande sur le même territoire visé par
quelqu'un qui est inscrit, comment cela se fait, alors qu'il y avait un
moratoire, qu'il pouvait s'inscrire? Ce n'est pas mieux non plus. Ce n'est pas
parce que, moi, j'ai fait une demande tous les ans pendant cinq ans que j'ai
plus de valeur que la personne qui va le faire aujourd'hui, maintenant qu'on
sait que le moratoire est levé. Pourquoi le ministre ne
détermine-t-il pas certains territoires et qu'une fois qu'il aura
déterminé certains territoires il dise: Maintenant, j'ouvre |a
possibilité à tout le monde, et je donne de telle date à
telle date, annonce publique, et, après ça, par tirage au sort.
Pour aider le ministre à réfléchir et voir ça
à l'heure du souper, on peut peut-être suspendre l'article, tel
que présenté. Vous aurez l'occasion de réécrire
l'amendement et de le présenter ce soir. Il me semble que ce serait
logique, parce que, sans ça, si le ministre m'amène
l'argumentation qu'il m'apporte là, il m'ouvre des portes toutes grandes
ouvertes, ce qu'on peut appeler des portes de grange, mais aussi il prête
flanc à la critique en sapristi, et, moi, je veux lui éviter
ça.
Je pense que le ministre aurait intérêt à
réfléchir à cette possibilité et y revenir
après. Si ce n'est pas aujourd'hui, ça peut être
demain...
Le Président (M. Baril): M. le ministre, c'est votre
décision.
M. Jolivet: ...parce qu'on n'aura certainement pas fini avant
minuit, ce soir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai rien
à ajouter. Je ne vois pas l'utilité du tirage au sort et je crois
que les fonctionnaires, lorsqu'il y a des demandes, le font correctement, les
enregistrent et les traitent correctement.
Le Président (M. Baril): Je comprends qu'il vous reste du
temps pour continuer sur votre amendement.
M. Jolivet: Je voulais juste dire que je n'ai pas peur pour les
fonctionnaires. Les fonctionnaires font toujours très bien leur job.
C'est du cabinet que j'ai toujours peur.
Le Président (M. Baril): II vous reste onze minutes, M. le
député.
M. Jolivet: Je ne le prends pas. S'il ne veut pas suspendre pour
réfléchir, quand bien même que j'essaierais de le faire
suspendre, il n'y réfléchira pas plus.
Le Président (M. Baril): Alors, je comprends que
l'amendement de l'article 5 est rejeté.
M. Jolivet: Je crois comprendre sur division. Le
Président (M. Baril): Surdivision? M. Jolivet: C'est de
valeur.
Le Président (M. Baril): D'accord. L'article 5 est
adopté?
M. Jolivet: Sur division.
Le Président (M. Baril): L'article 6, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
6, on demande d'abroger les articles 15 et 16 de cette loi, où on
mettait une limite quant à la superficie. On disait à l'article
15 qui est abrogé que "le territoire sur lequel porte le permis est d'au
moins 10 hectares et d'au plus 25 hectares". On continuait: 'Toutefois, dans le
cas où la personne admissible exploite déjà une
érablière dans une forêt adjacente dont elle est
propriétaire, le territoire sur lequel porte le permis peut être
inférieur à 10 hectares pourvu que la superficie du territoire
sur lequelle porte le permis et celle du' territoire de la forêt
privée où il exploite une érablière totalisent au
moins 10 hectares."
On demande d'abroger cet article de manière à
éliminer les entraves quant à la consolidation et au
développement des entreprises.
Il s'amuse, lui!
M.Jolivet: ...l'article 16.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 16 est
devenu inutile, puisque tout producteur satisfaisant aux conditions
prévues par le projet de loi a droit au renouvellement de son permis
sous réserve des dispositions introduites plus tard à l'article 8
du présent projet de loi. Les conditions pour le renouvellement des
permis de culture et d'exploitation des érablières sont
précisées, comme je vous l'ai mentionné, à
l'article suivant.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
M. Jolivet: Pas trop vite là. Comment le ministre peut-il
m'expilquer ça? Dans sa justification, il nous a dit que l'article 15 de
la loi est abrogé de manière à éliminer les
entraves à la consolidation et au développement des entreprises
acéricoles, parce qu'on dit dans l'article 15 actuellement que le
terrtoire sur lequel porte le permis est d'au moins 10 hectares et d'au plus 25
hectares. Cela veut dire qu'il ouvre la porte à ce que j'ai
appelé tout à l'heure des gens qui vont venir dans le secteur et
qui vont venir peut-être casser le système de
l'acériculture au Québec, comme on en a un exemple typique au
sujet de certaines serres. Je dis bien honnêtement qu'il y a des gens qui
ne sont pas de bonne humeur avec ce qui s'est passé dans le comté
du député-ministre de l'Agriculture sur une société
en commandite au sujet des serres. Vous le savez.
Mon danger, il est là. On dit: Éliminer les entraves
à la consolidation - la consolidation, c'est l'augmentation - et au
développement, ce qui est aussi une augmentation. On consolide ce qu'on
a et on le développe en augmentant des entreprises acéricoles.
Qui va pouvoir faire de la consolidation et ce développement
acéricole, s'ils n'ont pas les reins assez solides? (17 h 45)
Cela veut dire qu'au Québec le cultivateur qui a
l'acériculture comme second revenu n'a pas les mêmes pouvoirs en
termes financiers qu'une personne qui va dans une société en
commandite. L'exemple a été donné. Il y a des gens qui ont
été des pionniers dans le domaine des serres. On leur a dit:
Écoutez, dans ce que vous voulez faire, des tomates en serre, il y en a
tellement que vous n'en aure2 pas. Mais, pendant ce temps-là, on donnait
un permis à quelqu'un qui faisait un dévelopement de 3 000 000 $
et on refusait un petit montant de 75 000 $ à des personnes qui
voulaient avoir un deuxième revenu d'appoint. C'est ça que
ça veut dire. En disant qu'on abroge "le permis est d'au moins 10
hectares et d'au plus 25 hectares", cela veut dire qu'on saute les 25 hectares
parce qu'on n'ira certainement pas faire de la consolidation et du
développement en descendant en bas de 10 hectares. C'est pour faire
sauter le 25 qu'on abroge l'article, ce n'est pas pour faire sauter le 10.
'Toutefois, dans le cas où la personne admissible exploite
déjà une érablière dans une forêt adjacente
dont elle est propriétaire, le territoire sur lequel porte le permis
peut être inférieur à 10 hectares pourvu que la superficie
du territoire sur lequel porte le permis et celle du territoire de la
forêt privée où il exploite une érablière
totalisent au moins 10 hectares." Donc, on donnait certaines conditions en
disent: Une personne qui est déjà exploitante d'une
érablière peut avoir moins de 10 hectares, mais les deux ensemble
doivent faire 10 hectares. Ce qu'on vient de faire, c'est qu'on fait sauter
tout cela et qu'on dit: II n'y a plus aucune entrave, on consolide, mes
enfants, et on développe! La consolidation et le éveloppement
vont aundelà des 25 hectares. C'est le premier, qui est l'article
15.
L'article 16, si vous lisez bien, M. le Président, actuellement
indique: "Le titulaire d'un permis qui exploite une érablière
à des fins de production commerciale de sève et qui a obtenu le
prêt en vertu de la Loi favorisant le crédit forestier par les
institutions privées (...) a droit au renouvellement de son permis
annuellement, jusqu'à concurrence du terme du prêt, tant qu'il se
conforme aux conditions de son permis d'intervention et qu'il acquitte les
droits prescrits." On fait sauter tout cela. C'est cela, on abroge cela. On dit
que, si on l'abroge, c'est parce qu'il est inutile. Parce que tout producteur
qui satisfait aux conditions prévues par la loi a droit au
renouvellement de son permis. On ne dit pas quelles sont les conditions. Les
conditions pour le renouvellement des permis de culture et d'exploitation des
érablières à des fins acéricoles sont
précisées à l'article suivant. On va le voir à
l'article 7 en disant: "...est modifiée par l'insertion, après
l'article 16, des suivants: 16.1 et 16.2. On dit: Voici maintenant les
nouvelles conditions qui vont permettre le renouvellement du permis
acéricole, en termes de permis de culture et d'exploitation
d'érablières. Donc, on fait sauter
des articles, on en ajoute d'autres et on en arrive fort probablement
à faire en sorte que tout cela sera déterminé par voie
réglementaire, si vous lisez bien l'article 16.1. On dit: "Le titulaire
doit préparer et soumettre au ministre dans la forme, à
l'époque et selon la teneur que détermine le gouvernement par
voie réglementaire, un rapport de ses activités." Là, on
donne d'autre chose.
M. le Président, j'aimerais bien que le ministre m'explique
davantage les raisons plus complètes que les simples justifications qui
sont inscrites sur les documents que j'ai entre les mains et qu'il m'a lus tout
à l'heure.
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est qu'à
la suite de l'adoption de la Loi sur les forêts on s'est aperçu
qu'il y avait des propriétaires ou des locataires qui avaient des
superficies de moins de 10 hectares. D'autres ont demandé, dans le
passé, d'exploiter des érablières de moins de 10 hectares
aussi. Alors, on ne voyait pas pourquoi on les refuserait. Si le locataire est
prêt à exploiter une érablière de moins de 10
hectares, je ne vois pas pourquoi on dirait non.
Quand on parle de consolidation, c'est évidemment à la
demande de certains producteurs. Ces producteurs qui se consolident font une
meilleure exploitation. À l'article suivant, on s'assure que les
érablières vont être entaillées ou
exploitées. C'est à la demande même de certaines personnes
physiques qui exploitaient des érablières et qui aimeraient
être sur une base de compagnie de façon à profiter de
certains rabais d'impôt; c'est à la demande même des
exploitants des érablières. Lors du Sommet économique du
Bas-Saint-Laurent, dans le JAL, dans le comté de Témiscouata, on
avait un projet d'une usine de transformation des produits de l'érable.
Tout cela peut regrouper plusieurs exploitants; de fait, cela regroupe
plusieurs exploitants. C'est sur cette base-là qu'on s'est dit qu'on
ouvrait également la porte à l'expansion ou au
développement de l'exploitation de l'érablière. Je ne vise
personne en particulier. C'est ce qu'on a vécu.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: En fait, ce qu'on vient faire ici, c'est simplement
ouvrir la porte à de grandes entreprises. C'était mon
inquiétude, et j'ai le droit de l'exprimer. De très grandes
entreprises vont venir sur le marché pour en arriver à faire en
sorte que le monopole puisse être entre les mains de quelques entreprises
qui feront en sorte qu'on aura des difficultés auprès des petits
exploitants qui, eux, auront à vivre ça différemment. Le
petit exploitant qu'on veut protéger ici fait partie de toute
l'argumentation que j'avais au sujet de l'agriculture quand je parlais des
personnes qui étaient sur des fermes familiales.
Les fermes familiales, par ce principe, vont être
traversées par des gens dont le seul idéal est le profit. Par la
mise en place de sociétés en commandite, que vous connaissez,
j'en suis sûr, M. le Président, on va faire en sorte que,
finalement, des gens vont bouffer littéralement les petits
propriétaires d'érablières. Et, au bout du compte, on
arrivera à faire augmenter le prix bien plus qu'on ne l'a fait augmenter
jusqu'à maintenant. Et ils vont pouvoir utiliser la banque de sirop en
plus de ça.
Je vous dis, M. le Président, que ça m'inquiète. Et
c'est ça qu'on veut décrier actuellement. Je suis surpris de voir
que des députés de régions comme la mienne, où il y
a du sirop d'érable... Tiens, je vois arriver le député de
Beauce-Nord qui, j'en suis sûr, sera intéressé à
mentionner les problèmes qu'il pourrait vivre chez lui, problèmes
qui pourraient surgir auprès de petits propriétaires
d'érablières. Je voudrais le faire savoir directement au ministre
en lui disant que mes inquiétudes ne sont pas arrêtées par
l'abrogation des articles 15 et 16 de la loi actuelle. Au contraire, mes
inquiétudes sont augmentées d'autant plus qu'on en arrive
à dire que le renouvellement va se faire dans des conditions que le
ministre va déterminer à l'article suivant, par voie
réglementaire, dont on ne connaît aucunement la teneur.
M. le Président, c'est pour ça que je vais voter contre
l'article 6 qui abroge l'article 15 et l'article 16 de la loi actuelle.
Le Président (M. Baril): Est-ce que l'article 6 est
adopté?
Une voix: Adopté.
M. Jolivet: Surdivision.
Le Président (M. Baril): Sur division. L'article 7, M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
7, cette loi est modifiée par l'insertion, après l'article 16 -
il n'y en a plus d'article 16 - des paragraphes suivants: "16.1 Le titulaire
doit préparer et soumettre au ministre, dans la forme, à
l'époque et selon la teneur que détermine le gouvernement par
voie réglementaire, un rapport de ses activités. "16.2 Le
titulaire d'un permis qui exploite une érablière à des
fins acéricoles a droit au renouvellement de son permis s'il remplit les
conditions suivants: "1° il respecte les prescriptions du permis; "2°
il a soumis au ministre le rapport de ses activités; "3° il a
exploité 70 % ou plus de la capacité d'entaillage de
l'érablière au cours de la dernière année. "Dans le
cas d'un nouvel exploitant, le pourcentage prévu au paragraphe 3°
est de 50 %."
Le fait de demander un rapport, évidemment, c'est pour s'assurer
du respect des prescriptions, s'assurer que les érablières sont
exploitées aux fins prévues, les fins spécifiées
dans le permis. Évidemment, en donnant les conditions de renouvellement,
on dit que le titulaire a droit au renouvellement à ces
conditions-là. C'est un droit, ce n'est pas une possibilité.
M. Jolivet: Cela devient automatique s'il remplit les
conditions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Le ministre n'a pas le droit de refuser.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Jolivet: Dans le texte, on dit: II respecte les prescriptions
de son permis. Quelles sont les precriptions que le ministre a l'intention de
mettre au permis, parce que ça va être déterminé par
voie réglementaire, si je comprends bien?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le pouvoir
réglementaire se réfère au rapport de- ses
activités.
M. Jolivet: Je le sais, mais les prescriptions du permis vont
être quelque part. Ils ne seront pas dans les airs.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur le permis,
M. le Président. Cela se réfère surtout à
l'aspect technique de l'exploitation de l'érablière, à
savoir les entailles sur des arbres plus petits, trop petits de
diamètre, autant d'entailles selon le diamètre des arbres, etc.
Cela va être ça les prescriptions?
M. Jolivet: C'est marqué sur le permis, mais le permis
fait référence à quelque chose. Il n'est pas donné
dans les airs. Cela me fait une belle jambe, ce que vous me donnez là,
mais ça ne me donne pas les prescriptions du permis. "Il respecte les
prescriptions du permis." Quelles sont dans votre tête ce que vous allez
prévoir comme prescriptions? Si vous avez quelque chose à
prévoir comme prescriptions, il faut que ça soit dit quelque part
parce que l'individu va contester vos... Si vous dites n'importe quoi, ils vont
dire: Écoute, je vais contester ça, je vais aller en
procès... Donc, la prescription du permis doit être prévue
quelque part. Elle doit être prévue dans les
règlements.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, ça va
être dans les règlements sur l'exploitation de
l'érablière.
M. Jolivet: Je sais tout ça. Vous comprenez pourquoi j'ai
demandé quels sont les règlements que vous allez avoir? Vous
êtes en train de me donner l'impression que vous n'êtes même
pas au courant des règlements que vous avez l'intention de passer. Cela
m'inquiète. Parce que, écoutez: "respecte les prescriptions du
permis." Moi, j'ai un permis comme individu qui vient du ministère. Ce
permis-là dit: Tu vas faire telle ou telle affaire, tu n'as pas le droit
d'entailler tel arbre s'il est de telle grosseur, etc. Il faut que ça
soit prévu quelque part. Je ne peux pas mettre cela en l'air comme
ça sur un permis. Il va contester ça. Il va dire: II faut que
ça soit dans un règlement quelque part. Donc, le règlement
va prévoir les conditions donnant les prescriptions du permis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est inscrit
à l'article 14. On donne les prescriptions du permis, comme je l'ai
mentionné plus tôt: le diamètre d'entaillage, la
nature de l'équipement, les infrastructures, les chemins...
M. Jolivet: À quel article 14?
M. Côté (Rivière-du-Loup): De la loi
actuelle.
M. Jolivet: Allons-y.
M. Côté (Rivière-du-Loup):
...l'aménagement, le territoire. Et on mentionne: "...aux r.urmos
que prescrit le gouvernement par voie réglementaire, pour l'entaillage
des érables et les autres travaux requis pour cette culture (...) la
destination du bois récolté dans l'érablière
à l'occasion (...) Il indique également les autres conditions
particulières que le ministre détermine."
M. Jolivet: Quand on dit "que le ministre détermine",
c'est toujours par voie réglementaire qu'il doit le faire?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, pour
l'entaillage et les travaux requis pour la culture de
l'érablière. Et sur le permis...
M. Jolivet: On dit: Si tu coupes du bois parce que le bois est
fini et qu'il n'est plus bon à l'entaillage, on le coupe...
M. Côté (Rivière-du-Loup): On
déterminera la destination du bois.
M. Jolivet: Mais de quelle façon?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Indiquer la
destination, cela veut dire préciser à qui il doit le vendre et
le livrer.
M. Jolivet: Et de quelle façon allez-vous l'indiquer? Vous
dites que "le permis indique, le cas échéant, la destination du
bois récolté dans l'érablière à l'occasion
de l'application de traitements sylvicoles destinés à favoriser
la
production de sève". Donc, vous allez dire: SI tu coupes du bois,
c'est à telle usine que tu vas l'envoyer pour les meubles ou des choses
semblables. Cela va être marqué dans le permis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Après ça, il dit qu'il y a d'autres
conditions peut-être que Je ne peux voir, mais, à ce
moment-là, ça devient particulier à chacun des
intervenants.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les autres
conditions se réfèrent principalement à la localisation,
au territoire de l'érablière.
M. Jolivet: A ce moment-là, sur le permis, il y a des
clauses particulières qui vont être inscrites et qu'il va devoir
respecter. Et ça, vous allez être autorisé à le
faire respecter par votre pouvoir réglementaire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Parce qu'une des obligations qu'a l'individu, c'est
qu'il doit certainement avoir des droits prescrits en vertu de la loi. Vous
aviez dans votre document que j'ai entre les mains: II acquitte les droits
prescrits en vertu de la présente loi. C'est-à-dire les
coûts d'exploitation.
Ce n'est pas Inscrit dedans. A quelle place le retrouvez-vous dans la
loi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est dans le
règlement sur les redevances, M. le député.
M. Jolivet: Vous l'aviez écrit dans votre
avant-avant-projet de loi, et dans le projet de loi actuel
présenté devant nous autres, ce n'est pas écrit?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On l'a
placé au bon endroit.
M. Jolivet: Vous l'avez changé de place? M.
Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
Le Président (M. Baril): MM. les députés, M.
le ministre...
M. Jolivet: Oui, qu'est-ce qu'il y a?
Le Président (M. Baril): ...est-ce que vous aimeriez
terminer cet article?
M. Jolivet: Ah non! On reviendra dessus.
Le Président (M. Baril): II est présentement 18
heures et la commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 6)
Le Président (M. Laporte): Les travaux de la commission
reprennent sur le projet de loi 84, Loi modifiant la Loi sur les forêts.
Nous sommes rendus à l'article 7 du projet de loi. Nous avions
quitté avec M. le député de Lavlolette.
M. Jolivet: Oui, M. le Président, vous avez raison.
J'étais en train de poser des questions au ministre sur les
prescriptions du permis. J'avais demandé au ministre quelles
étaient les prescriptions qui étaient prévues dans le
permis. J'avais terminé en disant que, dans un document qui est en ma
possession, on indiquait: II acquitte les droits prescrits en vertu de la
présente loi. C'était un des amendements qu'on voulait apporter
mais je ne le retrouve pas dans la loi actuelle. J'aimerais savoir pourquoi on
a pensé à inscrire cet acquittement des droits prescrits en vertu
de la présente loi et qu'on ne le retrouve pas dans le texte devant
nous. Est-ce parce que cela faisait partie des prescriptions du permis? Ou
parce que le ministre, en parlant de ces droits prescrits, l'inscrivait dans le
permis lui-même, dans l'entente qu'il signerait avec le titulaire du
permis d'exploitation?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela fait partie
du règlement sur les redevances, M. le député. Et on va le
retrouver plus loin. C'est une des prescriptions...
M. Jolivet: C'est ce que vous m'aviez dit, mais je voulais vous
le faire répéter, M. le ministre, pour bien m'assurer de ce que
vous m'aviez donné comme réponse. Mais, comme on va le voir plus
tard... Et vous parlez des règlements sur les redevances, c'est
peut-être bon, M. le Président, de vous rappeler, puisque vous
n'étiez pas ici au courant de l'après-midi - on a changé
de président trois fois au cours de la journée - simplement pour
vous demander s'il ne serait pas possible que vous insistiez auprès du
ministre pour qu'il m'accorde au moins un deuxième voeu, un
deuxième souhait que j'ai fait mardi dernier, afin de me donner le
fameux projet de règlement.
Mais là vous allez me rappeler à l'ordre parce que vous
allez dire que cela a été battu comme décision, ici
à la commission. Alors, je n'insisterai pas davantage, mais je vous
dirai que cela aiderait beaucoup à la compréhension du texte si
le ministre avait pu nous donner, comme on le souhaitait, les projets de
règlement qu'il avait l'intention de faire adopter. Alors, dans ce
contexte, M. le Président, nous allons adopter sur division l'article
7.
Le Président (M. Laporte): L'article 7 est adopté
sur division. J'appelle l'article 8. M. le ministre, il y a un amendement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, M. le
Président, à l'article 8, on voudrait remplacer, à (a fin
de l'article 17.2 de la loi, les mots "d'éra-blières" par les
mots "d'érablière". Cet amendement vise à corriger une
faute d'orthographe.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. Des
commentaires sur l'article 8? Sur l'amendement?
M. Jolivet: En fait, c'est le texte qu'on a toujours, on parle
toujours d'exploitation d'érablière dans le sens
générique et non pas dans le sens que c'est une personne qui peut
en exploiter plusieurs. Donc, c'est vraiment une erreur typographique. Si cela
avait été une exploitation d'érablières en parlant
d'exploitation de plusieurs érablières, cela aurait
été l'exploitation des érablières ou de...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
générique, hein? D'érablière, au sens
générique.
M. Jolivet: Donc, l'amendement, pas de problème, M. le
Président. Je vais attendre le ministre quant à la formulation de
l'article lui-même.
Le Président (M. Laporte): L'amendement introduit à
l'article 8 est adopté. Maintenant, sur l'article 8.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 8:
L'article 17 de cette loi est remplacé par les suivants: "17. Le
ministre peut, lors du renouvellement du permis et à la demande du
titulaire, augmenter la superficie du territoire sur lequel porte ce permis, si
ce titulaire remplit les conditions suivantes: "1° il exploite 90 % ou plus
de la capacité d'entaillage de l'érablière depuis au moins
deux ans; "2° il a complété les travaux de construction des
chemins et bâtiments qu'il a décrits et localisés dans sa
demande de permis. "17.1 Le titulaire d'un permis doit exploiter 90 % ou plus
de la capacité d'entaillage de la partie de l'érablière
ajoutée au territoire sur lequel porte son permis dans les trois
années suivant la date où il a obtenu ce permis. "Si le titulaire
ne respecte pas cette exigence, le ministre retranche de la partie de
l'érablière ajoutée une partie équivalente à
la capacité d'entaillage inexploitée. "17.2 Le ministre peut,
pour un usage d'utilité publique, refuser de renouveler le permis de
culture et d'exploitation d'érablière."
Évidemment, dans ce cas, il y va de l'intérêt public
de le refuser. Cet article vise, comme on en a parlé cet
après-midi, à permettre, à certaines conditions, le
développement et l'expansion des entreprises acéricoles. Il ne
vise pas à créer des monopoles, mais il vise à per- mettre
à certains exploitants d'érablière de prendre de
l'expansion. L'article 17.1 vise à ajouter aux pouvoirs du ministre
celui de retrancher de la partie ajoutée une partie équivalente
à la capacité d'entaillage inexploitée au-delà des
normes prévues par la loi, afin de favoriser une utilisation maximale
des forêts à potentiel acéricole.
M. le Président, je pense qu'on se doit de favoriser
l'exploitation de nos ressources naturelles sur une base rationnelle et de les
protéger. C'est ce que l'article 17.1 essaie de faire.
Évidemment, à l'article 17.2, le ministre s'attribue le pouvoir
de refuser le renouvellement d'un permis de culture et d'exploitation, dans le
cas où la superficie visée par le permis est requise à un
usage d'utilité publique, comme je l'ai mentionné au
début. Parmi les usages d'utilité publique, on peut vous citer -
c'est malheureux quand ça arrive - par exemple, des lignes de
transmission ou d'autres activités d'intérêt
général. J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Laporte): Merci. M. le
député.
M. Jolivet: Si je commence par la fin en parlant de l'article
17.2, où on dit que "le ministre peut, pour un usage d'utilité
publique, refuser de renouveler le permis de culture et d'exploitation
d'érablière", est-ce que ça sa fart sans compensation?
Dans le contexte où une personne a une érablière, a
installé tout un système Sysvac de pompage de la sève et a
établi sur le territoire qui lui a été donné par
permis tout un système lui permettant de recevoir les gens, est-ce que
c'est sans compensation? Comment va-t-on voir ça? Parce que, là,
on dit: Dans le fond, le ministre donne un permis et l'enlève, mais,
pendant ce temps-là, la personne investit. Est-ce que cette personne,
aujourd'hui, sait d'avance que, quand le ministre aura décidé, je
ne sais pas comment, que pour une raison d'utilité publique il va lui
enlever son permis... Y a-t-il moyen de me dire comment vous allez
régler ça? Parce que ça n'a pas de bon sens, c'est
l'équivalent de ce qu'on a avec les ambulances actuellement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député de Laviolette arrive avec une
remarque opportune, et je crois qu'on devrait ajouter un amendement pour
prévoir une compensation, si le refus consiste à protéger
l'intérêt général et l'utilité publique
seulement. Ce serait une compensation de l'organisme public qui bloquera ou
empêchera le renouvellement du permis.
M. Jolivet: À ce moment-là, on pourrait
peut-être laisser l'article 17.2 en suspens, avec la possibilité
que le ministre amène un nouvel amendement qui nous indique comment il
pourrait régler ce problème-là. On pourrait le mettre en
suspens pour le moment.
Le Président (M. Laporte): C'est effectivement la
proposition que j'allais faire. Le temps de la rédaction de la
modification que vous semblez proposer, M. le ministre, nous pourrions mettre
en suspens l'étude de l'article 8 pour y revenir par la suite. (20 h
15)
M. Jolivet: Allons-y pour cette partie-là parce qu'on
reviendra au total sur l'article 8. Mais J'aimerais quand même discuter
des autres éléments. On sait que, s'il y a suspension...
Le Président (M. Laporte): C'est cela. Est-ce que vous
voulez étudier l'article...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est l'article
17.2, M. le Président, en réalité.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Laporte): Simplement pour l'article 17.2.
Donc, si je comprends bien, on va discuter de l'article 17...
M. Jolivet: Oui, mais disons que l'article 17.2, étant
donné qu'il fait partie de l'article 8... On pourrait mettre l'article 8
en suspens. Mais j'aimerais quand même discuter du reste. Si on
règle le reste, il restera juste l'article 17.2 à
régler.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
Le Président (M. Laporte): II y a consentement, pas de
problème.
M. Jolivet: Quand le ministre parle de 90 % ou plus de la
capacité d'entaillage de l'érablière depuis au moins deux
ans et qu'on regarde le texte actuel, on dit: "Lorsqu'un permis est
renouvelé pour la deuxième fois - là on dit bien "pour la
deuxième fois" - le ministre peut, selon la demande du titulaire,
augmenter la superficie du territoire sur lequel U porte jusqu'à
concurrence d'une superficie totale de 50 hectares si le titulaire remplit les
conditions suivantes..." On dit dans le deuxième cas: "Le ministre peut,
lors du renouvellement du permis et à la demande du titulaire, augmenter
la superficie sur lequel porte ce permis..." À ce moment-là, on
ne parle pas de la deuxième fois. Quelle est la raison pour laquelle le
ministre parle, dans la loi actuelle, d'un renouvellement pour la
deuxième fois? Cela veut dire que c'est à la troisième
occasion. D'abord, le permis est octroyé, ensuite un renouvellement et
un deuxième renouvellement, ce qui donne la troisième occasion.
Dans le cas de l'article 8 qui amende l'article 17, on dit: "lors du
renouvellement du permis." Cela veut dire que le ministre a changé
d'idée, c'est dès le premier renouvellement et les
renouvellements subséquents.
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord, c'est
cela.
M. Jolivet: Mais quelle est la raison qui fait que, dans un cas,
cela devient maintenant... Qu'est-ce qui vous incite à dire que "la
deuxième fois" ce n'était pas bon? Quelles sont les indications
qui vous ont amené à penser à cela? Est-ce que ce sont des
demandes que vous avez eues?
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je crois et je suis convaincu qu'à chaque occasion
qu'il y a une demande de renouvellement ou d'addition de la superficie du
territoire le titulaire doit remplir certaines conditions, peu importe si c'est
la deuxième, troisième ou quatrième fois. Je crois qu'ici
on veut favoriser l'exploitation optimale de cette ressource et qu'il faut
s'assurer qu'elle l'est réellement et qu'on atteint un niveau de 90 % de
la capacité d'entaille chaque fois, peu importe si c'est la
deuxième ou la troisième fois qu'il y a un renouvellement de
permis ou qu'il y a une augmentation de capacité.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Ouais. Dans un cas, on dit: II exploite 90 % ou plus
de la capacité d'entaillage. Dans l'autre cas, on parlait de 90 % ou
plus de sa superficie. Il y a une différence entre entail-lage et
superficie. L'entaillage peut être moindre que la superficie, si je
comprends bien.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela. C'est
que c'est plus précis de cette façon-là. On l'a
amélioré. C'était votre souhait le plus cher l'autre soir
lorsqu'on a débattu longtemps les amendements à la Loi sur les
forêts.
M. Jolivet: Dans l'autre cas, si on a parlé de 90 % de la
capacité d'entaillage, on a par le fait même ajouté une
chose. On n'a quand même pas enlevé toute la question de la
superficie parce qu'on dit: II doit avoir complété des travaux de
construction de chemins et de bâtiments. Là, on dit que ces
chemins et bâtiments ont été décrits et
localisés dans sa demande de permis. C'est dire qu'à partir de
maintenant on va devoir parler, dans le contrat même qui octroie le
permis des travaux qu'il aura à faire, que, s'il ne les fait pas, il
risque de perdre son permis. Les deux doivent-ils être des conditions
additionnées ou séparées? Est-ce que cela veut dire que,
s'il exploite 80 % de la capacité d'entaillage, admettons, au lieu de 90
%, et qu'il a fait tous les travaux de chemins, ou l'inverse, le ministre peut
avoir une des deux raisons de le prendre deux fois, si on veut... S'il
vous plaît, chut! dérangez-nous pas.
Le Président (M. Laporte): Je demanderais la collaboration
des membres.
M. Jolivet: Cela va bien là?
Le Président (M. Laporte): M. le député.
Une voix: Ne vous énervez pas, c'est correct...
M. Jolivet: Vous autres non plus.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Donc, est-ce que c'est concurrent, additionnel ou
séparé?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député de Laviolette me parle de risque de
perdre son permis. Ce n'est pas le cas. On parle d'augmentation du permis. Le
renouvellement du permis, c'était à l'article 7.
M. Jolivet: D'accord, c'est l'augmentation de la superficie du
territoire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela, on
parle seulement de l'augmentation.
M. Jolivet: Donc, il n'y a pas de perte de permis possible.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, non.
M. Jolivet: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, pas
là. À l'article 7, oui.
M. Jolivet: Cela va.
Le Président (M. Laporte): Donc, on suspend l'étude
de l'article 8?
M. Jolivet: Non, on a fait l'article 17. Il reste l'article
17.1.
Le Président (M. Laporte): Je croyais, excusez-moi.
J'étais trop rapide dans mon inteprétation, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: L'article 17.1 dit: "Le titulaire d'un permis doit
exploiter 90 % ou plus de la capacité d'entaillage de la partie de
l'érablière ajoutée au territoire sur lequel porte son
permis dans les trois années suivant la date où il a obtenu ce
permis."
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, lorsqu'on en vient à l'augmentation de la
capacité, c'est évident qu'on est plus sévère que
lors de l'attribution du premier permis où on demande 70 % de la
capacité d'entaillage. C'est pour empêcher des personnes physiques
ou morales de bloquer l'exploitation optimale de cette ressource en en
demandant plus. C'est l'augmentation, ça. Je pense que, sur les
questions de réservation, de blocage, d'augmentation, il faut être
prudent et il faut être plus sévère, M. le
Président.
M. Jolivet: Je le relis comme il faut pour bien comprendre. On
dit: "Le titulaire d'un permis doit exploiter 90 % ou plus de la
capacité d'entaillage de la partie de l'érablière
ajoutée au territoire sur lequel porte son permis dans les trois
années suivant la date où il a obtenu ce permis." Est-ce que
c'est le permis de renouvellement? Je veux dire que la personne a eu un premier
permis, elle devait, pour renouveler son permis, voir à 90 %
d'entaillage avec des travaux de construction de chemins et de bâtisses.
Et, dans le deuxième cas, dans les trois années qui suivent, elle
doit avoir fait au moins 90 % de la nouvelle superficie ajoutée.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est exactement
ça. On dit l'érablière ajoutée au territoire sur
lequel porte son permis. C'est l'augmentation. On lui donne, en plus, trois ans
pour le faire. Alors, c'est assez généreux. Il ne faut pas le
bloquer à ne plus finir, à tout jamais.
M. Jolivet: Et là, ce que vous dites, c'est que, s'il ne
fait pas ça, il perd la partie inexploitée en pourcentage pour
permettre à un autre de l'exploiter, un contigu ou autre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
ça.
M. Jolivet: Donc, on suspend pour l'ensemble à cause de la
partie du 17.2.
Le Président (M. Laporte): À cause de la partie du
17.2, comme il a été mentionné tantôt, en
attente des modifications à proposer, on suspend l'article 8. J'appelle
l'article 9.
M. Cannon: M. le Président. À l'article 17.1,
qu'arrive-t-il si le type ou l'individu réussit à prouver
qu'effectivement à 90 % l'exploitation n'est pas rentable pour lui et,
je ne sais pas, dans des circonstances incontrôlables, ne pourrait
être rentable pour quelqu'un qui est en zone contiguë?
Est-ce qu'après une démonstration financière de
l'exploitation le type se voit quand même révoquer son
permis?
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce qu'on dit, M. le
député de La Peltrie, c'est qu'on lui enlève une partie du
territoire. Cela concerne seulement l'augmentation du permis original. Si ce
n'est pas rentable pour lui, cela ne veut pas dire que ce n'est pas rentable
pour d'autres. Parce que, la rentabilité, c'est quasiment personnel,
cela
dépend de l'effort qu'on y met, son talent, etc. Si le
détenteur du permis ne réussit pas dans les trois ans à la
rentabiliser, on lui enlève évidemment la partie
équivalente à la capacité d'entail-lage
inexploitée.
M. Jolivet: Pour revenir à ce que le député
de La Peltrie dit, supposons qu'il est tombé malade et qu'il fait une
preuve évidente que, s'il n'était pas tombé malade, il
aurait pu exploiter, mais ce n'est pas sa faute, il y a une raison. Un arbre
est tombé sur lui et il s'est blessé. Est-ce qu'il y a moyen de
voir à ce qu'on ne lui enlève pas sans, au moins, les
preuves?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, est-ce ce que le député de Laviolette assimile
cette question de santé, de maladie, pour ne pas exploiter une
érablière, à un cas de force majeure?
M. Jolivet: Cela peut être ça parce qu'il y a
moyen...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si c'est un cas de
force majeure, c'est évident que cela ne s'appliquera pas là.
M. Jolivet: C'est évident dans votre esprit, mais pas dans
le futur ministre qui pourrait être là, peut-être, et c'est
le problème que j'ai. Quand je légifère, je ne
légifère pas pour vous. Je légifère pour tous ceux
qui vont vous représenter un jour. Et il faut que ça soit
marqué quelque part. Le député de La Peltrie a
soulevé quelque chose auquel je n'avais pas pensé. Si vraiment il
y a un cas majeur où il ne peut et n'a pas exploité, pas parce
qu'il ne voulait pas, pas parce que ce n'était pas rentable, mais parce
que, finalement, il est arrivé un événement qui fait que
ce soit cela... Par exemple, il était en train de faire du travail pour
rendre son érablière davantage concurrentielle et il doit faire
disparaître des arbres. Et vous lui avez dit, en vertu du permis
précédent: Tu vas envoyer cela à telle place. Puis, en
cours de route, il se blesse avec une scie mécanique ou l'arbre lui
tombe sur le des, mais, pour un an qu'il restait à faire, il ne peut pas
montrer la capacité d'entailler jusqu'à 90 %. Que se passe-t-il?
Parce que, force majeure, si ce n'est pas écrit, je ne suis pas
sûr que quelqu'un le comprenne de même.
On pourrait ajouter au paragraphe 17.1, au deuxième
alinéa: Si le titulaire ne respecte pas cette exigence, le ministre,
après quelque chose, retranche la partie. On pourrait dire: après
représentation par l'individu de son incapacité. On pourrait le
laisser en suspens.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je pourrais
essayer de discuter d'une proposition, si cela vous agrée et aux avocats
également. Si on disait: Le ministre retranche, sauf en cas de force
majeure, de la partie de l'érablière ajoutée, une partie
équivalente à la capacité d'entaillage inexploitée?
Vous parlez de cas de force majeure quand vous parlez de santé, de
maladie. C'est sûr qu'une érablière, ce n'est pas tellement
payant. Le propriétaire est obligé d'y travailler et de la faire
fonctionner. Il ne peut pas avoir seulement des employés à
salaire pour faire cela. Il faut qu'il contribue. S'il n'est pas là...
Et je pense que la santé, c'est un des cas de force majeure. La question
de rentabilité, ça n'en est pas un, par exemple. La question du
député de La Peltrie n'est pas un cas de force majeure. La
vôtre, c'en est un.
M. Jolivet: II serait peut-être bon de le regarder plus
à fond, parce que je le relis en français, on dit: Si le
titulaire ne respecte pas cette exigence, sauf en cas de force majeure.
À quoi cela se rattache-t-il "le ministre retranche"? Il faudrait
peut-être le reformuler, et, comme on laisse l'article 8 en suspens, on
pourrait le laisser tout en suspens.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela se
réfère au paragraphe précédent qui dit que le
titulaire d'un permis doit exploiter 90 % ou plus de la capacité
d'entaillage de la partie. Cela se réfère à cela une force
majeure.
M. Jolivet: Je comprends.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il ne fait pas
cela, il a des raisons.
M. Jolivet: Je le voyais autrement. Je disais: Si le titulaire ne
respecte pas cette exigence, le ministre, après représentation du
titulaire... Parce que, s'il fait une représentation, il pourrait
peut-être prouver que ce n'est pas sa faute. Écoutez, on ne le
discutera pas. Laissons plutôt les gens la regarder et, demain, on aura
le temps d'y revenir.
Une voix: On ne finira pas ce soir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela laisse place
à de la discrétion. Vous me reprochez cela tout le temps.
M. Jolivet: Vous avez raison, vous savez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'en veux le moins
possible, vous savez, M. le député.
M. Cannon: Je pense au type qui arrive dans nos bureaux de
comté puis, effectivement, il a une raison juste et valable.
Malgré tout cela, on lui enlève son permis ou, en tout cas, la
partie excédentaire de son permis. Il me semble que, si on était
capable de blinder la loi...
M. Jolivet: Et cela met en péril son...
M. Cannon: ...pour tenir compte de cela, ce
serait sûrement quelque chose de mieux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, pour répondre au député de La Peltrie,
si on disait: Le ministre "peut" retrancher de la partie de
l'érablière ajoutée, il ne serait pas obligé,
tandis qu'actuellement le ministre n'a pas le choix. Pour répondre au
député de La Peltrie, s'il a des raisons justes et valables, on
dira: D'accord, on ne le retranche pas. Sans que ce soit une obligation.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: J'aimerais mieux y repenser, mais je trouve
intéressante, cependant, la dernière ouverture du ministre. (20 h
30)
Le Président (M. Laporte): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Jolivet: Donc, tout l'article est en suspens pour le
moment.
Le Président (M. Laporte): On suspend l'étude de
l'article 8. J'appelle l'article 9. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
9, M. le Président, il y a un amendement qui est proposé. Je
regrette, il y a beaucoup d'amendements qui ont été transmis au
secrétaire. On demande, à l'article 9, d'insérer
après l'article 9 l'article suivant...
Le Président (M. Laporte): Après l'article 9. On
pourrait étudier l'article 9 et, par la suite, introduire, M. le
ministre, l'ajout supplémentaire. On va procéder à
l'étude de l'article 9 tel qu'il est inscrit.
Aménagement faunique ou
récréatif
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
9, on propose: L'article 23 de cette loi est modifié par l'addition de
l'alinéa suivant: "Lorsque le permis autorise le titulaire à
exécuter ces travaux d'aménagement forestier dans une
unité d'aménagement où s'exerce un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, le ministre doit avoir
au préalable consulté le bénéficiaire
concerné."
Ceci fait suite un peu à la discussion que nous avons eue cet
après-midi concernant les permis de bois de construction, que ce soit en
bois rond ou peut-être en bois scié avec l'équipement qu'il
faut en territoire éloigné, pour donner des permis de
construction à certaines personnes qui n'ont pas accès au
marché, aux marchands ou à ceux qui peuvent vendre des
matériaux de construction.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Ce que j'avais était peut-être plus
intéressant. Il se lisait de la façon suivante: L'article 23 de
cette loi est modifié par l'insertion de l'alinéa suivant: 23.1
Dans le cas d'une pourvoirie, d'une zone d'exploitation contrôlée
ou d'une réserve faunique au sens des sections II, III et IV du chapitre
IV de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune (Lois
refondues du Québec, chapitre C-61.1), le permis peut également
autoriser la récolte du bois et son utilisation pour la construction
d'infrastructures. C'était mon document de l'avant-avant-projet de loi.
La justification était la suivante...
M. Côté (Rivière-du-Loup):...
M. Jolivet: Cela ne fait rien, je l'ai pareil. Cet article permet
aux gestionnaires de pour-voiries, de ZEC ou de réserves fauniques
d'utiliser des bois des forêts du domaine public pour
l'aménagement d'infrastructures dans le cas où leur
éloignement d'une usine de transformation de bois leur interdit
l'accès à un coût raisonnable aux matériaux
indispensables à la réalisation de ces aménagements.
C'était ce que le ministre avait l'intention d'introduire à
l'article 23 existant qui se lit comme suit: "Le permis autorise son titulaire
à exécuter, ce'on les modalités qui y sont prévues,
les travaux d'aménagement forestier nécessaires à la
réalisation de l'aménagement projeté et indique la
destination du bois récolté."
À ce que dit le ministre, j'ajoute un autre alinéa.
Lorsque le permis autorise le titulaire à exécuter ces travaux
qu'on vient de nommer en haut, si je comprends bien, à l'article 23
existant actuellement, ces travaux d'aménagement forestier dans une
unité d'aménagement où s'exerce un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, le ministre doit avoir
au préalable consulté le bénéficiaire
concerné. Cela ne me dit pas grand-chose, c'est-à-dire que cela
va dépendre. Et c'est là que j'arrive avec ma question du
début. Là, on parle de ZEC, de réserves fauniques et de
pourvoiries, mais on ne parle pas de tous les autres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Jolivet: Une personne qui vit... Parce que quand on parle
d'infrastructures d'une ZEC, ce n'est certainement pas le chalet d'un individu
à l'intérieur. Ce doit être probablement le chalet de la
ZEC elle-même. Ce doit être les cabanons qui servent à
ramasser les déchets, qu'on ferme pour que les ours ne viennent pas
manger dans les déchets, pour protéger l'environnement, ce doit
être cela dont on parle. Cela peut être les ponts qu'on fait pour
traverser un petit ruisseau. Cela peut être les estacades qu'on peut
faire ou les approches à l'eau pour descendre un canot ou un bateau.
Cela peut être bien des choses dans
une ZEC. Cela peut être les supports ou les tables à
pique-nique. Mais qu'est-ce qui arrive avec un individu dans la forêt,
parce que, lui aussi, si c'est éloigné pour la ZEC, ça
doit l'être pour l'individu, si son chalet, pour une raison ou pour une
autre, passe au feu et qu'il faut qu'il le reconstruise et que, lui, à
des coûts raisonnables... C'est quoi, d'abord, des coûts
raisonnables? Est-ce que c'est un transport par avion? Est-ce que c'est un
transport par 4 X 4? Est-ce que c'est un transport par quatre-roues? Est-ce que
c'est un transport par train? C'est quoi, le coût raisonnable pour le
ministre?
Vous allez me dire: Écoutez, il y a une scierie à Parent.
À Parent, le personnage se trouve à Oskélanéo. Il
peut toujours transporter par train du bois de Parent. Mais ce n'est pas
sûr qu'à Parent ils en vendent. Cela veut dire que c'est
peut-être à Mont-Laurier qu'ils peuvent lui vendre le bois. Ce
serait peut-être ailleurs aussi. Alors, c'est quoi, pour le ministre, des
coûts raisonnables? C'est quoi, pour un individu dans le bois, que cela
va lui amener personnellement de plus, ce qui est écrit là?
Comment le ministre va-t-il traiter les cas? Est-ce qu'il va les traiter
individuellement, selon sa bonne humeur du moment?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Le ministre n'est pas toujours de bonne humeur. J'ai
déjà entendu dire qu'il n'était pas toujours de bonne
humeur. C'est pour ça que je dis: Comment allez-vous déterminer
ça? Parlez-moi de ça un peu.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je dirai au député de Laviolette que je n'ai
pas parlé de coûts raisonnables dans tout ça. J'ai
parlé...
M. Jolivet: Non, mais j'ai ça dans les justifications
qu'on vous a préparées.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, je n'ai pas
ça entre les mains, moi.
M. Jolivet: C'est marqué dans les justifications que j'ai.
C'est dans le cas où leur éloigne-ment d'une usine de
transformation du bois leur interdit l'accès à un coût
raisonnable aux matériaux indispensables à la réalisation
de ces aménagements. Ce n'est pas pour rien qu'on a
préparé ça pour le ministre à l'époque.
C'était pour qu'il me le dise, mais, là, il n'a pas à me
le dire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas
parlé de ça, M. le Président, dans mes justifications
aujourd'hui. Évidemment, mon objectif, c'est que, lorsqu'on n'a pas un
accès régulier, normal, aux marchands de matériaux de
construction, comme vous avez accès, disons, pour votre
propriété, votre maison ou vos activités... C'est
ça que j'appelle l'accès régulier ou normal. Quand on
parle de coûts raisonnables, je pense que, M. le député, on
ne peut pas dire ça, parce que ça dépend de ses moyens
chacun individuellement. Cela peut être très raisonnable pour un
millionnaire et être démesuré pour quelqu'un qui ne l'est
pas dans les mêmes circonstances. C'est relatif, tout ça. Ce qu'un
millionnaire peut trouver raisonnable, un autre peut trouver ça
dispendieux. Mais je pense que c'est un accès normal et régulier
à ce que l'ensemble de la population a, aux marchands de
matériaux de construction et aux producteurs de bois de sciage, parce
qu'on parle de bois de construction.
Même dans certains endroits, dans des endroits
éloignés en forêt, ce ne sera même plus du bois de
sciage. Cela va être du bois rond qui va servir pour la construction.
C'est de même que je le vois. C'est de même qu'on
l'interprète chez nous.
M. Jolivet: Mais votre interprétation et ce qui est
marqué dans le texte, je veux savoir comment ça va être
réalisable, ça. Vous avez beau m'interpréter ça
comme vous le voulez, mais je veux voir le texte. Le texte dit: "Lorsque le
permis autorise le titulaire à exécuter ces travaux..." Quels
sont ces travaux? On dit: Le permis autorise son titulaire à
exécuter, selon les modalités qui sont prévues - je ne
sais pas quelles modalités - les travaux d'aménagement forestier
nécessaires à la réalisation de l'aménagement
projeté et indique la destination du bois récolté.
Expliquez donc ça à un heureux mortel de Laviolette ce que
ça veut dire le permis autorise son titulaire à exécuter,
selon les modalités. Là, il faut que je m'en aille à la
Loi sur les forêts. Il faut aller à l'article 23 de la loi
actuelle. L'article 23 fait partie, d'abord, de l'aménagement faunique
et récréatif du permis d'intervention. On dit, à l'article
22, de la loi actuelle: "Le ministre peut, aux conditions qui!
détermine, délivrer un permis d'intervention à une
personne qui est par ailleurs autorisée en vertu de la loi à
réaliser un aménagement faunique ou récréatif."
M. Côté (Rivière-du-Loup): Voilà, M.
le député. Vous êtes sur la bonne voie.
M. Jolivet: Je sais que je le suis.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
réservé à cela, aux personnes qui sont
autorisées...
M. Jolivet: C'est cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...en vertu de la
loi à réaliser l'aménagement.
M. Jolivet: C'est cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est à ces
personnes-là qu'on va délivrer un permis pour...
M. Jolivet: Mais ce que vous appelez un aménagement
faunique, expliquez-moi donc ce que ça veut dire "faunique"? Est-ce que
cela veut dire un barrage, une frayère? Qu'est-ce que cela veut dire un
aménagement faunique? Premièrement, juste pour cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce sont ceux qui
sont détenteurs d'un permis de pourvoirie, de
ZEC, c'est ceux-là. Ce n'est pas ceux qui détiennent un
permis de barrage.
M. Jolivet: Donc, si vous me dites que l'aménagement
faunique, c'est la responsabilité d'une ZEC, admettons...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...qui peuvent
occasionnellement peut-être construire un petit barrage...
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...mais à
des fins fauniques.
M. Jolivet: D'accord. Donc, ça, c'est la ZEC, une personne
morale, un organisme, en vertu de la loi, qui se voit déléguer
des pouvoirs qui appartiennent au ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. On se suit jusque-là?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Au moment où je dis cela, expliquez-moi donc
comment une personne qui est membre de la ZEC, pour des besoins de construction
d'un chalet en pleine forêt ou d'une cabane à chasse, d'une cache
à chasse, pourra utiliser du bois dans la forêt sans être
poursuivie pour avoir coupé du bois illégalement, comment cette
personne-là pourra le faire parce qu'elle n'est pas admissible à
du bois qui est raisonnablement accessible, proche, régulier et normal?
Expliquez-moi ça. S'il se fait un chalet, j'ai l'impression que vous
allez me dire, que c'est récréatif. Si elle se fait une cache
pour aller à la chasse, cela peut être faunique.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président. Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour autant que la
personne est autorisée à occuper des terres du domaine public,
elle peut obtenir un permis de cette nature à des fins fauniques et
récréatives. Si un membre d'une ZEC est autorisé à
occuper des terres publiques, il pourra obtenir un permis de cette nature pour
faire une construction.
M. Jolivet: En tout cas, je ne le sais pas là, mais la loi
est en vigueur, à ma connaissance, sauf certains articles qui vont le
devenir le 1er avril 1990. Bon. Donnez-moi donc le nombre de gens qui vous ont
fait une demande par l'intermédiaire de vos fonctionnaires et dont la
demande a été accordée. Je n'en connais pas beaucoup.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La loi est en
vigueur, mais on est en période transitoire, et là on parle de
période de contrat, du titulaire d'un contrat.
M. Jolivet: En tout cas, moi je n'en connais pas beaucoup de tous
ceux qui ont fait des demandes et qui ont eu des oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Jolivet: On leur donne tous comme réponse:
Écoutez, vous ne pouvez pas avoir cela, il y a des contrats
d'aménagement et d'approvisionnement forestier, et c'est à eux
que vous devez vous adresser. Et même eux autres ne peuvent pas vous le
donner s'ils ont pour but de vous donner du bois qui, normalement, entrerait
dans la capacité de reproduction de la forêt, donc des choses
biophysiques - je cherche le mot - ce qui fait que, finalement, vous allez
nuire à ce rendement soutenu recherché. Dans ce
contexte-là, il n'y a pas un chat qui va avoir un permis pour couper du
bois quelque part, s'il n'a pas un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier. Même celui qui a un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier, lui, ne pourra donner
rien, si cela nuit à ce rendement soutenu. C'est ce que j'ai compris, de
toutes les demandes que j'ai faites jusqu'à maintenant. Donc, je n'en
connais pas qui ont eu un oui. La réponse qu'on leur donne: Va l'acheter
chez le vendeur de bois. C'est cela qu'on lui donne comme réponse, et
c'est cela qui va arriver là. Vous êtes en train d'enlever une
habitude qui était correcte, qui n'était pas... Non, non,
écoutez, les compagnies forestières, je connais
Consolidated-Bathurst chez nous, pour vous dire que, quand elles ont fait
l'aménagement forestier, le seul moment où elles se sont fait
enlever la forêt qu'elles avaient aménagée, c'est quand le
fédéral a fait un parc. À part cela, elles savaient
comment utiliser leur bois sans faire trop de difficulté. (20 h 45)
C'est sûr qu'il n'y avait aucune des conditions, des obligations
qu'on va mettre désormais dans la loi, les obligations à venir
dans le contrat, parce que, chez nous, ce n'est pas encore en marche. Et
même si ce n'est pas en marche, on leur dit: Écoutez, la loi est
là. Je n'en connais pas beaucoup qui ont eu le droit de couper du bois
en forêt, même pour les raisons que je mentionnais tout à
l'heure, même pas pour ma personne qui est de la famille
amérindienne qui veut avoir un chalet, qui s'appelle sa maison parce
qu'elle vit dedans. Nous, on appelle ça un
chalet, elle, elle appelle cela une maison. Elle n'a même pas eu
la permission, le fonctionnaire lui a dit: Écoute, je ne peux pas. S'il
ne peut pas et qu'elle a des droits ancestraux, qui va lui donner la
permission? J'ai été obligé de vous écrire pour
cela, et j'attends votre réponse.
C'est la première partie. Donc, on a ici: Le ministre peut, aux
conditions qu'il détermine. C'est donc par règlement, quelque
part, je ne sais pas comment il va le faire, ce doit être par
règlement. Si je me réfère à l'article 22 et que je
vais au pouvoir réglementaire que vous avez à l'article 172, on
retrouve le pouvoir que vous vous donniez à l'article 22 quelque part
dans l'article 172. C'est la première. Délivrer un permis
d'intervention à une personne qui est par ailleurs autorisée, en
vertu de la loi, à réaliser un aménagement faunique. Qui
en vertu de la loi est autorisé à réaliser un
aménagement faunique? Certainement pas l'individu qui a un chalet, parce
qu'il n'est pas autorisé, lui. Non, il n'est pas autorisé,
l'individu individuellement, non. Il est autorisé par
l'intermédiaire de sa ZEC.
M. Côté (Rivière-du-Loup): De l'organisme.
Mais il est autorisé à occuper des terres.
M. Jolivet: II est autorisé à occuper des terres,
mais est-ce qu'il est autorisé à faire un aménagement
faunique? Construire un chalet, c'est un aménagement faunique?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un
aménagement récréatif.
M. Jolivet: Ah oui! je le sais. C'est pour cela que je vous
parlais juste de faunique, moi, là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah oui! mais,
écoutez, on dit faunique...
M. Jolivet: Si vous me parlez des récréatifs, je
vais en parler tout à l'heure, je n'ai pas fini, j'ai passé juste
une première étape, c'était faunique. Donc, la personne
qui est autorisée à faire un aménagement faunique, c'est
la personne qui a une pourvoirie, qui a la responsabilité de la ZEC et
la personne qui est responsable en vertu de la loi pour les parcs et
réserves.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, est-ce qu'il y a beaucoup de personnes qui sont en
forêt, comme individus, qui sont autorisées à occuper des
terres du domaine public pour des aménagements fauniques? Les personnes
qui sont là y sont à des fins récréatives, ou sont
à l'intérieur d'une ZEC, qui est l'organisme autorisé
à occuper des terres à des fins fauniques.
M. Jolivet: C'est ça. Il faut faire la différence.
Là, j'arrive à la deuxième partie, qui est la question du
récréatif. Donc, la deuxième personne qui va être
autorisée à avoir un permis dans ce sens-là est une
personne, donc, qui, aux conditions déterminées par le ministre,
peut avoir un permis d'intervention, un permis qui lui permet de couper - c'est
ce que je comprends, une intervention, c'est ce que cela veut dire - pour
réaliser un aménagement récréatif. C'est ça?
Donc, l'aménagement récréatif, c'est sa cache pour aller
à la chasse à l'orignal, parce que les gens ne construisent pas
nécessairement un chalet en forêt. Il y en a qui vont y aller de
façon récréative, l'autre va y aller parce qu'il veut
avoir la chance d'aller à la chasse. Le seul moment où il va dans
le bois, c'est au moment de la chasse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais il n'occupe
pas des terres à ce moment-là, M. le député.
M. Jolivet: Ils ont des permis de...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Des permis de
chasse.
M. Jolivet: Des permis de chasse. Donc, vous parlez d'occupation
de terres en vertu de loi sur les terres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, ça
prend des baux de location en vertu de la loi sur les terres. Mais celui qui se
construit une cache pour aller à la chasse à l'orignal, au
chevreuil, même au canard...
M. Jolivet: Donc, lui là, vous venez de l'avertir qu'il
n'aura jamais plus de droit de construire une cache à orignal.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ouais!
M. Jolivet: Mais c'est cela que vous êtes en train de me
dire. Cela veut dire que, n'étant pas autorisé à occuper
des terres, il ne pourra pas avoir sa cache à orignal. C'est ce que vous
dites, c'est de valeur que le député de Labelle ne soit pas
là, parce qu'il aurait certainement réagi. C'est ce que je veux
bien comprendre. Parce que l'individu qui va dans le bois pour aller à
la chasse, il faut qu'il se cache de la froidure quelque part, à un
moment donné. Ou il installe une tente, et des fois vous savez que les
gens installent une tente avec des "pôles", et, quand il met ses
"pôles", c'est du bois coupé.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député de Laviolette est en train de fendre
les cheveux en quatre, parce que, dans toute l'histoire du Québec, moi,
je ne connais personne qui ait eu des infractions ou des reproches pour avoir
coupé des "pôles" pour se tenter ou pour se faire une petite cache
pour aller chasser l'orignal. Je ne connais pas d'histoire de même. Cela
fait que si on essaie de...
M. Jolivet: Là, le ministre parle selon l'ancienne loi.
Moi, je parle selon la nouvelle loi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si on essaie de
prévoir tout ça, il n'y a personne qui aura le droit d'aller se
promener en forêt, et ce n'est pas l'objectif. L'objectif, c'est que la
forêt soit polyvalente, qu'elle soit accessible à plusieurs
fins...
M. Jolivet: Écoutez, M. le ministre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...que les
chasseurs, les pêcheurs et les amateurs de plein air
également...
M. Jolivet: ...voulez-vous que je vous conte un fait?
La Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Jolivet: II y avait un agent, un garde-chasse, un garde
forestier, comme on les appelle... M. le ministre, je vais juste vous parler de
quelque chose. Il y a un gars qui allait à la chasse. Il était
juste sur le bord de la réserve Saint-Maurice, il était dans la
ZEC Wessonneau. Voulez-vous me dire si l'orignal a traversé la ligne ou
non? Je ne le sais pas, sauf qu'il l'a tué. Le gars, cela faisait des
années, cela faisait 20 ans, le bonhomme de 65 ans, qu'il tuait tous les
ans à peu près dans le même coin, puis, voilà deux
ans, il a eu une contravention pour avoir tué l'orignal qui venait de la
réserve, parce qu'il y avait un gars qui faisait sa job, semble-t-il, un
peu trop restrictivement. Il a fallu des démarches à n'en plus
finir pour déterminer s'il était dans la ZEC ou s'il était
dans la réserve. Vous imaginez quelqu'un qui veut jouer un tour à
quelqu'un, qui veut vraiment jouer selon le livre, il ne poursuivra pas
quelqu'un pour avoir coupé des arbres pour se faire une cache à
orignal? Je vous le dis, là, vous êtes dans l'ancienne loi.
L'ancienne loi n'enlevait pas cette possibilité. Vous avez, avec raison
- je ne dis pas que c'est autrement, c'est avec raison, d'ailleurs
c'était la philosophie qui nous gouvernait et qui était de dire
que, désormais, on devait aller vers un rendement soutenu en
forêt. Que j'aie le malheur de couper un arbre qui est en pleine
croissance pour me faire un lieu pour me cacher pour l'orignal, au lieu
d'apporter une tente en forêt - de grosses tentes de grosse toile,
là - et que j'en arrive à me faire accuser d'avoir dilapide le
bien public, qu'est-ce qui va m'ar-river? Vous dites que je fends les cheveux
en quatre.
Je vais vous parler des deux grandes assemblées
générales annuelles que j'ai, moi, à Saint-Georges de
Champlain et à La Tuque, où j'ai 4000 et 6000 personnes aux deux
festivals de chasse, ils m'en content des vertes et des pas mûres tous
les ans depuis treize ans. Je vous le dis bien honnêtement, qu'est-ce qui
va arriver si jamais il y avait quelque chose comme ça? Comment
pouvez-vous me garantir que je n'aurai pas de problème? Parce que je
n'ai pas de permis d'intervention, là, mais je suis intervenu quand
même.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député de Laviolette parle d'une cache
temporaire? Une année, il la construit dans un coin, là, une
autre année, au sud, une autre année, au nord du lac, et puis...
Bon. Je pense qu'on ne peut pas prévoir ça dans la loi, et, quant
aux fonctionnaires ou celui qui voudrait faire des choses semblables,
j'espère qu'il y aura un ministre pour le ramener à l'ordre.
Puis, pour ça, il faut toujours s'assurer qu'on a les bons ministres aux
bons moments. Cela a été votre cas dans le temps où vous
étiez là, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: J'étais bon ministre? C'est sûr. M.
Côté (Rivière-du-Loup): C'est ça. Une voix:
Ha, ha, ha!
La Président (M. Laporte): Toujours à l'article
9?
M. Jolivet: Toujours en parlant de l'article 9, on revient donc
à l'article... On parlait de faunique, récréatif. C'est
évident, il n'y a pas de problème, au point de vue
récréatif, ça peut être des balançoires dans
la forêt pour les besoins récréatifs, si on le
désire, ou de la course, mais je pense bien que ce n'est pas ce qu'on va
chercher, ce sont plutôt des chalets, des lieux de repos. Donc, on dit
à l'article 23: "Le permis autorise son titulaire à
exécuter, selon les modalités qui y sont prévues, les
travaux d'aménagement forestier nécessaires à la
réalisation de l'aménagement projeté et indique la
destination du bois récolté." Donc, on va indiquer que ce bois
récolté est pour un chalet, pour un pont, pour un
aménagement pour aller jusqu'à la rivière...
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...l'eau.
M. Jolivet: C'est ça. Et là, on ajoute: "Lorsque le
permis autorise le titulaire à exécuter ces travaux
d'aménagement forestier dans une unité d'aménagement
où s'exerce un contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier, le ministre doit avoir au préalable consulté le
bénéficiaire concerné." Le bénéficiaire
concerné est donc...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le
détenteur du CAAF.
M. Jolivet: Le détenteur du CAAF, c'est bien ça?
Donc, si elle ne veut pas maintenant, qu'est-ce qui arrive? Si la compagnie
CIP, la
compagnie Consol, la compagnie Malette - pour donner des noms que je
connais - ne veut pas qu'aucune personne, avec ses gros sabots, comme on le dit
souvent, n'arrive dans son terrain, on fait quoi? Il n'y a rien à faire,
le ministre est obligé de respecter ce que la compagnie dit.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, ce n'est pas
ce qu'on dit, M. le Président. On dit: "...le ministre doit avoir au
préalable consulté le bénéficiaire
concerné." On ne dit pas qu'on doit obtenir la permission du
bénéficiaire. En toute décence, s'il y a un
bénéficiaire d'un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement d'un territoire, si on autorise par exception des travaux
semblables, des coupes de construction, à des fins fauniques et
récréatives, on doit au moins le consulter et l'avertir.
M. Jolivet: D'accord. J'attendais cette réponse,
d'ailleurs.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui.
M. Jolivet: C'est important. Dans ce contexte-là, ce qui
nous arrive, c'est que vous avez signé avec un individu un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier pour l'usine X. Au moment
où vous avez signé ça, vous avez mis les conditions qu'il
doit être obtenu avec le principe de rendement soutenu. Je parle de pin,
d'épinette, en fait les résineux soumis au contrat de 25 ans,
renouvelable tous les cinq ans, examiné tous les ans. Pourquoi, dans ce
cas-là, le ministre n'indique-t-il pas une obligation dans le contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier?
Une voix: Au bénéficiaire.
M. Jolivet: Au bénéficiaire, oui. S'il n'indiquait
pas une certaine obligation à ce moment-là, tout en respectant
son rendement soutenu, de prévoir des demandes en ce sens-là, au
lieu de mettre toute une procédure qui fait que le ministre doit avertir
au préalable l'individu bénéficiaire pour permettre
à quelqu'un... Donc, vous mettez tout un système qui fait que,
toutes les fois que vous allez vous retrouver avec des demandes, il y a
quelqu'un au niveau du fonctionnarisme qui va devoir consulter,
vérifier, etc. Alors que, si vous dites aux gens: On vous donne une
obligation, et l'individu qui n'est pas satisfait vient vous voir au lieu d'y
aller toutes les fois, cela vous enlève une certaine
responsabilité et, en même temps, cela oblige l'individu qui a le
contrat à respecter toujours son principe de rendement soutenu. Il me
semble qu'à ce moment l'individu aura affaire à la compagnie. Si
cela ne marche pas, elle vient vous voir en dernier recours. Là, ce que
je crois comprendre, c'est qu'elle vient vous voir et c'est vous qui portez le
fardeau de la décision. L'individu, après cela, pourra vous dire:
Un instant, écoute! tu as voulu cela, c'est pour cela que je ne suis pas
arrivé à mon rendement soutenu. Je ne sais pas s'il n'y a pas
moyen de renverser le fardeau de la preuve.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président. Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il y avait assez
d'intervention du côté faunique et récréatif pour
mettre en danger le rendement soutenu soulevé par le
député de Laviolette, je suis convaincu que cela prendrait plus
qu'une consultation avec le bénéficiaire. Mais ces interventions
ne représentent pas beaucoup. Cela représente, si vous voulez,
peut-être quelques dizaines de milliers de mètres cubes dans une
année, alors que, sur la base du calcul de possibilité, c'est
quelques mètres cubes ou quelques fractions de mètres cubes que
cela peut représenter sur une rotation. C'est pourquoi on dit qu'on doit
avoir au préalable consulte le bénéficiaire
concerné. Ce n'est pas significatif dans le calcul de la
possibilité sur une base de rendement soutenu. Jusqu'à
maintenant, dans toute l'histoire, il n'y a pas eu de constructions en
forêt pour des aménagements fauniques ou récréatifs
qui ont compromis la possibilité forestière. Je ne vois pas de
quelle façon cela pourrait arriver. Je ne peux pas l'imaginer. Si cela
compromettait l'obligation qu'on donne au bénéficiaire
d'aménager la forêt sur cette base dans un territoire
donné, il faudrait y songer deux fois. Ce n'est plus un
aménagement récréatif ou faunique ordinaire qui arriverait
là. Ce serait quasiment un parc ou autre chose, un envahissement de la
population en forêt.
Le Président (M. Laporte): Sur l'article 9?
M. Jolivet: M. le Président, les réponses du
ministre ne me satisfont pas. Parce qu'on a touché juste à la
question faunique et récréative. On n'a pas touché
à l'autre partie qui concerne le cultivateur dont on faisait mention.
Malgré tout ce que le ministre a pu dire, ça ne m'a pas
convaincu. Du fait que le ministre dise: Écoutez, l'agriculture
d'aujourd'hui - c'est cela qu'il veut dire, dans le fond - ce n'est pas
l'agriculture d'autrefois, et s'il passe au feu il est capable de se payer du
bois de l'usine de sciage à côté... (21 heures)
Ce n'est pas tout à fait évident pour le cultivateur. Dans
certains cas, il y a une usine de sciage portative, comme on l'appelle dans
notre secteur, où les gens ont des contrats spéciaux qui ne sont
pas des contrats à long terme, ce qui fait que l'usine peut avoir le
sciage qu'on appelle le sciage de service. Une petite usine de service qui
vient en aide et qui, dans bien des cas, va aller chercher une partie de son
bois, pas nécessairement sur la forêt publique, mais une bonne
partie sur la forêt privée. D'un autre côté, lorsque
vient un besoin
urgent, qu'elle puisse aller le chercher sur la forêt publique. Le
ministre, qui s'est gardé des réserves de bois, me dit:
Même là, qu'il aille acheter son bois à l'usine de sciage
conventionnelle qui a ses contrats d'approvisionnement et d'aménagement
forestier. C'est que le ministre me dit. Pourquoi le ministre
s'entête-t-il à cette partie, alors que les MRC, l'Union des
producteurs agricoles du Québec lui ont demandé de revenir sur sa
décision? Parce que le ministre n'est pas sans savoir le nombre de
lettres qu'il a reçues dans ce sens-là, venant d'individus, de
groupes, de municipalités ou d'organismes. Pourquoi le ministre
refuse-t-il de revenir sur cette partie en disant que ce ne sont pas des cas
qui reviennent à la pochetée, comme on dit? Ce sont des cas qui
peuvent être exceptionnels. C'est justement le caractère
exceptionnel...
Le gouvernement est souvent prêt à envoyer de l'argent...
On regarde ce qui se passe en Arménie, actuellement. Et on oublierait
nos propres cultivateurs dans notre milieu, qui, dans certains cas, ont cette
habitude qu'on leur a toujours donnée et qui provient un peu du
système censitaire féodal qu'on avait à l'époque,
où on donnait à ces gens-là la capacité d'aller sur
une forêt publique pour aller chercher le bois nécessaire à
leurs bâtiments. Pas à n'importe quoi, je ne dis pas pour
construire une maison, mais des bâtiments de ferme en particulier.
Pourquoi le ministre refuse-t-il cela encore?
Le Président (M. Laporte): M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je refuse parce qu'on a évolué depuis ce
temps-là, ce n'est plus, pour les cultivateurs, la colonisation d'antan.
Dans le temps, il y avait beaucoup de travaux qui se faisaient en
corvée, il y avait de l'aide de cette façon-là. Il n'y
avait pas de marchand de matériaux de construction près. Il y
avait des scieries portatives dans tous les rangs pour, justement, rendre
service à tous les occupants. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas. Prenez
des rangs de cultivateurs ou de colons du temps; plutôt que d'en avoir
dix ou douze au mille linéaire, vous n'en avez qu'un. C'est toute une
évolution, c'est devenu une industrie, l'agriculture. Une ferme,
aujourd'hui, c'est une bonne PME. Et je pense que ce n'est pas leur rendre
service de les autoriser à aller couper du bois en forêt, et de
revenir et d'essayer de trouver une scierie portative qui va leur scier le
bois.
Cela fait suite à une foule de prétextes. Il y avait des
raisons, il y en a qui y allaient de bonne foi, ils avaient des raisons
très valables. Mais je dirais que, dans neuf cas sur dix, c'était
un prétexte pour aller dans la forêt et cela amenait des abus. On
disait: Vous allez nous autoriser à le vendre pour faire de l'argent
pour acheter d'autres matériaux, etc. Ce n'était plus des permis
à des fins domestiques, c'était des permis pour se faire de
l'argent pour payer la construction.
Ce sont toutes ces raisons qui font que cela est plus ordonné de
cette facon-là et c'est plus facile d'aider quelqu'un par
l'intermédiaire de la protection civile ou d'autres...
M. Jolivet: Ne parlez pas de cela, vous là. Par la
protection civile, jamais de la vie.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils sont là
pour cela, lors des sinistres, la protection civile est là pour les
sinistres.
M. Jolivet: Oui, mais avec ce qu'ils donnent, il n'y a pas
grand-chose depuis que vous êtes arrivés au pouvoir.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre. M. Jolivet:
C'est vrai, M. le Président.
Le Président (M. Laporte): C'est simplement pour vous
rappeler, M. le ministre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais je pense
qu'aujourd'hui c'est plus normal d'aider d'une autre façon que de donner
des permis de coupe pour des fabriques, donner des permis de coupe pour payer
ce que vous voulez - je disais, cet après-midi, des bandes de
patinoires, un chalet de skieurs, et tout ce que vous voulez - alors qu'il
existe un commerce, il existe des marchands de matériaux de construction
qui sont là pour cela.
Je pense qu'on est mieux d'aider sur une base financière et par
d'autres façons qu'en donnant un permis de coupe pour aller en
forêt. Quand on va en forêt sur cette base-là, on choisit ce
qui nous plaît parce que c'est dans un cas un peu spécial.
Souvent, ce sont des coupes abusives.
Le Président (M. Laporte): Je voudrais simplement vous
rappeler, M. le...
M. Jolivet: Je sais que vous allez me dire qu'il ne reste plus de
temps, M. le Président, mais je pourrais vous faire un amendement pour
me donner du temps amplement. Si vous me permettez de continuer,
peut-être que je n'aurai pas besoin d'en faire un.
Le Président (M. Laporte): Avec le consentement... Votre
temps de parole est déjà écoulé.
M. Jolivet: Je le sais. Je le sais, mais...
Le Président (M. Laporte): À moins d'avoir le
consentement des membres de la commission. Consentement.
M. Jolivet: D'accord. Je veux simplement vous dire que j'aurais
pu amener un amendement
à l'article 22 de la loi actuelle même si le ministre ne
l'a pas fait, qui aurait pour but de dire: Réaliser un
aménagement faunique ou récréatif... On aurait pu marquer:
Faunique, récréatif ou domestique pour répondre aux
besoins des cultivateurs.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président. Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Domestique pour
autant qu'il y a un permis d'occupation.
M. Jolivet: Je le sais. Je veux dire que j'aurais pu faire cela,
mais je savais que je ne pouvais pas le faire. Vous ne m'avez pas laissé
terminer.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ha, ha, ha!
M. Jolivet: II faudrait trouver une solution à cela, mais
il n'y en a pas, où on dit qu'il faut, en vertu de la loi actuelle... On
le dit: "Le ministre peut, aux conditions qu'il détermine,
délivrer un permis d'intervention à une personne qui est par
ailleurs autorisée en vertu de la loi à réaliser un
aménagement faunique ou récréatif." C'est évident
qu'on peut aller loin quand on dit "en vertu de la loi, réaliser un
aménagement faunique ou récréatif'. Si je voulais, comme
je vous le disais, mettre "faunique, récréatif ou domestique",
cela veut dire que, si elle est autorisée à le faire, cela ne
signifie pas nécessairement qu'elle est locataire d'un terrain en milieu
forestier. Votre intervention aurait lieu si votre interprétation avait
pour but de dire que seuls ceux qui ont un droit d'occupation dans la
forêt ont un droit récréatif et faunique, mais ce n'est pas
tout à fait cela que dit votre texte.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous parlez de
l'article 22.
M. Jolivet: Oui, oui, c'est cela. C'est à l'article 22 que
je l'amènerais, parce qu'on dit "le ministre peut, aux conditions qu'il
détermine". C'est vous qui déterminez les conditions. Si vous
dites les conditions que vous m'avez dites jusqu'à maintenant, c'est
parce qu'il faut qu'il y ait un permis d'occupation en forêt. C'est votre
droit à vous, mais si, dans votre détermination par
règlement, vous dites que c'est une personne qui est un cultivateur,
c'est vous qui le déterminez, "...délivrer un permis
d'intervention - c'est un permis qui permet d'aller couper du bois - à
une personne qui est par ailleurs autorisée en vertu de la loi a
réaliser un aménagement faunique ou récréatif'.
Là, on fera les aménagements nécessaires en vertu de la
loi au niveau domestique. Mais le ministre ne veut pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, parce
que vous voulez étendre cela aux cultivateurs.
M. Jolivet: Oui, oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non.
M. Jolivet: M. le Président, je me ferai un grand plaisir
de retourner à ceux qui m'ont envoyé des lettres comme simple
député... Le député de Saint-Maurice, qui nous a
quitté, à un moment donné, pour des besoins personnels,
pourrait certainement nous indiquer que lui aussi fera la même chose avec
les gens de Saint-Barnabe et Saint-Boniface, surtout de Saint-Boniface parce
que Saint-Barnabe est dans le comté de Maskinongé, mais cela ne
fait rien, en leur disant que le ministre refuse toutes les
représentations qu'il a eues comme député au
Lac-à-la-Tortue pour agir de cette façon. M. le Président,
je n'argumenterai pas plus longtemps.
Le Président (M. Laporte): Cela va pour l'article 9?
M. Jolivet: Cela ne sert à rien, je sais que je suis
vraiment minoritaire ici ce soir.
Le Président (M. Laporte): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
M. Jolivet: Non, sur division.
Le Président (M. Laporte): L'article 9 est adopté
sur division. J'appelle l'article 10. Je m'excuse, il y a l'introduction d'un
amendement après l'article 9. M. le ministre
Approvisionnement d'une usine de transformation du
bois
M. Côté (Rivière-du-Loup): On voudrait, M. le
Président, insérer après l'article 9 l'article suivant:
"9.1 L'article 24 de cette loi est remplacé par le suivant: "24. Le
ministre ne délivre de permis d'intervention pour l'approvisionnement
d'une usine de transformation du bois qu'aux personnes suivantes: "1° un
bénéficiaire d'un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier ou un titulaire de permis d'exploitation d'usine
de transformation du bois à des fins de production
énergétique ou métallurgique qui y ont droit en vertu du
chapitre III; "2° un titulaire de permis d'exploitation d'usine de
transformation du bois qui se conforme à l'article 92.1."
On me dit ici que cet amendement vise à ajouter au texte actuel
la possibilité pour le ministre de délivrer un permis
d'intervention pour l'approvisionnement d'une usine de transformation du bois
au lieu d'une autorisation prévue à l'article 68 de la Loi sur
les forêts, pour récolter, à la place d'un
bénéficiaire de contrat, le volume de bois qu'il fait
défaut de lui
fournir en vertu d'une convention intervenue entre eux. Cela assure
également la concordance avec l'article 35.1 du projet de loi.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Laporte): Sur l'introduction de
l'article, avez-vous d'autres commentaires, M. le ministre? Sur l'amendement
à l'article 9?
M. Jolivet: J'attends le ministre.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre, sur
l'amendement introduit à l'article 9?
Une voix: 9.1.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur quel
article?
Le Président (M. Laporte): Sur l'amendement introduit
à l'article 9 qui introduit l'article 9.1.
M. Jolivet: J'attendais si le ministre avait autre chose. C'est
pour cela que j'étais bien patient.
Le Président (M. Laporte): Y a-t-il d'autres commentaires
sur l'amendement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pour faire
la concordance avec l'article 68, c'est-à-dire qu'à l'ancien
article 68 on dit: "Le ministre peut en tout temps autoriser le titulaire d'un
permis d'exploitation d'usine de transformation du bois à
récolter à la place d'un bénéficiaire..."
M. Jolivet: II y a un problème là. Si le ministre
continue dans ce qu'il amène, j'ai un problème.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On fait la
concordance avec l'article 68.
M. Jolivet: Bien oui, mais vous l'abrogez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On dit qu'on le
fait à l'article 35.1 du projet de loi.
M. Jolivet: À l'article 92.1, 35.1.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
35.1.
M. Jolivet: C'est cela. Mais je vous dis que j'ai un
problème pareil.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: J'avais bien lu cela. Parce que ce que j'ai compris,
c'est que vous avez l'article 9 qui fait référence au
deuxième alinéa de l'article 24. C'est marqué: "un
titulaire de permis d'exploitation d'usine de transformation du bois qui se
conforme à l'article 92.1". L'article 92.1, lui, fait
référence à l'article 35.1 de votre amendement qui s'en
vient, lequel fait référence à l'amendement que vous
apportez à 26 et 27. Aux articles 26 et 27, vous abrogez les articles 68
et 69. Les articles 68 et 69 sont repris par l'article 92.1 et 92.2 introduits
par l'article 35.1 que vous avez comme papillon. Ce que vous êtes en
train de faire c'est que, d'une part, vous les abrogez, mais vous les
réécrivez ailleurs en réinstaurant la partie que vous
instaurez ici. C'est ça que j'ai compris. (21 h 15)
Je continue en vous disant que le dernier alinéa, qui est
l'alinéa 2°, fait référence à un ajout par
rapport à l'article 24 du projet de loi actuel. Et là, j'ai un
problème. Comme le président a été obligé de
statuer sur la recevabilité de certains amendements de la loi 37 sur
l'aide sociale, et le président de l'Assemblée nationale ayant
été substitué par une décision du leader du
gouvernement... Comme seule la commission est capable de prendre une
décision, il en a pris une qui semble ne pas faire l'affaire de votre
leader actuellement parce qu'il y a deux amendements qu'il a refusés
comme étant irrecevables. Est-ce que je pourrais actuellement plaider la
recevabilité de l'amendement qui est devant moi?
Le Président (M. Laporte): On l'a d'office, M. le
député de Laviolette. On l'a d'offioe parce qu'on en discute
depuis le début sans nécessairement qu'il soit...
M. Jolivet: Non, j'ai attendu ce que le ministre était
pour me dire. Vous avez bien remarqué?
Le Président (M. Laporte): C'est cela.
M. Jolivet: C'est pour cela que je n'ai pas dit un mot, mais vous
allez me permettre de dire une chose. Je peux contester la recevabilité
de cet amendement parce que vous ne m'avez jamais demandé s'il
était recevable ou non. Ordinairement, on ne le dit pas parce qu'on sait
que c'est recevable. Mais j'attendais l'explication du ministre avant de me
décider de vous demander si c'est recevable.
Le Président (M. Laporte): C'est cela. Comme on a
adopté des amendements aussi aux autres articles...
M. Jolivet: Je ne parle pas de celui-là, je parle de
l'article 9.1 qui est un ajout.
Le Président (M. Laporte): Vous avez absolument
raison.
M. Jolivet: N'oubliez pas que l'article 9.1 est un ajout. Je n'ai
pas encore parlé de l'autre. Parce que l'article dont vous faites
mention... On a discuté de l'article 9. Mais là, M. le
Président, vous avez dit: D'abord, discutons de 9 et après
cela on ira, M. le ministre, à 9.1. Vous vous en souvenez? Je
m'en souviens. J'ai une mémoire d'éléphant. Or, à
9.1, j'attendais qu'on explique cela d'abord avant de vous demander, M. le
Président, si c'est recevable ou irrecevable. Et c'est de cela que je
veux discuter.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Là,
c'était à 68...
Le Président (M. Laporte): Oui, M. le député
de La Peltrie.
M. Cannon: J'ai commencé à suivre le raisonnement
du député de Laviolette. Il a dit que 9 se réfère
à 24.2 et après cela 9.1 se réfère à 92.1
qui se réfère à 35.1. Là vous m'avez perdu, je vous
avoue bien franchement.
M. Jolivet: D'accord.
M. Cannon: Pourriez-vous recommencer ce que vous avez
expliqué, s'il vous plaît?
M. Jolivet: Oui. Vous avez le 24 qui est là. M. Cannon:
Oui.
M. Jolivet: À 9.1, on dit: L'article 24 de cette loi est
remplacé par le suivant. Et là vous avez 24. Relisez votre 24
dans la loi actuelle... D'accord?
M. Cannon: Oui.
M. Jolivet: Parce qu'on dit: L'article 24 est remplacé par
le suivant. Il faut prendre tout l'article 24 qu'on connaît dans la Loi
sur les forêts, et là on dit: "Le ministre ne délivre un
permis d'intervention pour l'approvisionnement d'une usine de transformation de
bois qu'aux personnes suivantes..." D'accord?
M. Cannon: Oui.
M. Jolivet: Alors qu'avant on disait: "...au
bénéficiaire d'un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier ou qu'au titulaire d'un permis
d'exploitation..." On l'a divisé en deux. On dit "le
bénéficiaire" et on dit "le titulaire". C'est cette partie que je
veux discuter avec vous, M. le Président, parce que la deuxième
partie: "...un titulaire de permis d'exploitation d'une usine de transformation
du bois qui se conforme à l'article 92.1", c'est cette partie-là
qui fait partie d'un ensemble de l'article 9.1 qui est un ajout par rapport
à 24 qu'on n'a jamais adopté en principe à l'étude
l'article par article. C'est la première partie.
La deuxième partie, c'est que le 92.1 fait allusion à
l'article 35.1 que le ministre nous amène en amendement, donc le
papillon 35.1. Ne le cherchez pas dans votre projet de loi, c'est un papillon.
Je ne sais pas comment vous les avez mis. Il y a un papillon qui est là,
qui fait référence aux articles 68 et 69. Et là, je
reviens sur mes pas, je m'en vais aux articles 26 et 27 par lesquels 68 et 69
sont abrogés, alors que ce n'est pas cela qu'on a dans le projet de loi
actuel.
Donc, ce qu'on fait, c'est que, par un ajout qu'on fait, on en arrive
à amender le projet de loi à deux autres parties et on reprend
à l'article 35.1 les articles 68 et 69 réamendés,
réécrits, si vous le voulez, et on les abroge à 26 et 27.
Je vous dis: Est-ce que, M. le Président, vous êtes capable de me
dire si l'ajout à l'article 9.1 du 2°... Et c'est de cela que je
parle en termes de recevabilité. Vous ne pouvez pas, M. le
Président, jusqu'à maintenant, me dire si on a commencé
à discuter ou non. J'ai demandé, d'abord, les explications du
ministre, qu'il m'a données. J'ai essayé d'attendre
jusqu'à la fin pour vous dire que je voulais soulever un problème
de recevabilité de cette partie qui rend irrecevable tout l'article.
Là, on va avoir du travail dans tout l'ensemble parce qu'il fait
référence aux autres qui déboulent.
Le Président (M. Laporte): Sur la recevabilité de
l'article 9.1, M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, à l'article 9.1, tout ce qu'il y a de nouveau, c'est
le 2°. On dit: "Le ministre ne délivre un permis d'intervention
qu'aux personnes suivantes: "2° un titulaire d'un permis d'exploitation
d'une usine de transformation de bois qui se conforme à l'article
92.1"
À 92.1, évidemment, quand on se réfère
à la loi, à l'article 68, on disait: "Le ministre peut en tout
temps autoriser le titulaire d'un permis d'exploitation d'usine de
transformation du bois à récolter à la place d'un
bénéficiaire de contrat dans son unité
d'aménagement le volume de bois requis pour produire les copeaux, les
sciures et les planures que le bénéficiaire fait défaut de
fournir à ce titulaire de permis, malgré une convention
intervenue entre eux à cet effet." On change le mot "autoriser"
par...
M. Jolivet: Mais, M. le Président, ce n'est pas de
ça que je parle jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Joliette.
M. Jolivet: Le ministre n'a peut-être pas compris mon
intervention jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Laporte): Toujours sur la question de la
recevabilité.
M. Jolivet: Oui, sur la question de recevabilité, je veux
simplement vous dire qu'à l'article 9.1 on amène un amendement.
Si vous regardez bien, quand on a fait l'étude du principe du
projet de loi, il n'a jamais été question de ce principe
qu'on est en train d'établir. Je vous dis que le 2°, c'est un
nouveau principe qu'on vient installer dans la loi. Est-ce que le ministre a le
droit, sans la permission des membres de la commission, d'installer un nouveau
principe, lequel n'a pas été étudié lors du
débat sur l'adoption du principe? Mon argumentation est toute là,
parce que de ça vont découler tous les autres amendements qui
suivent. Les 35.1, 25, quelque chose comme ça, 26, 27, c'est... Je ne
peux pas commencer à discuter des autres. Je pourrais dire:
Écoutez, on va aller voir l'article 35.1 et, après ça, on
va aller voir, je ne sais pas quoi, les articles 26 et 27, et, une fois que
j'aurai vu ça, je reviendrai à celui-là. Mais, avant
même d'y aller, il faut que je sache si ce bout-là est admissible
ou pas. S'il n'est pas admissible, on restera au 24 qu'on a actuellement. Et si
on reste au 24, les autres, ce n'est pas sûr qu'il soit à bon
escient de les installer. Alors, c'est ça que je vous dis. Je veux
savoir si vous êtes capable de me dire - prenez le temps qu'il faut pour
le regarder - si le deuxième alinéa de 24 est un nouveau principe
installé dans le projet de loi. Si c'est un nouveau principe, on ne l'a
jamais adopté.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président...
Le Président (M. Laporte): Juste un instant, M. le
ministre. Est-ce que le député de Laviolet-te, dans
l'argumentation qu'il semble faire valoir - c'est juste une question afin de
m'éclai-rer - m'indique que ce n'est pas, selon l'article 197, un ajout
qui est fait par l'introduction de l'article 9.2, au deuxième titre?
Est-ce qu'il m'indique qu'il considère que cette partie de 9.2 introduit
dans l'article 24 2° est un nouveau principe au lieu d'un ajout pour
préciser une partie de l'article?
M. Jolivet: D'accord. Je vais y aller, M. le Président.
J'avais l'article 10 qu'on verra plus tard. On disait: "Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 24, de la sous-section
suivante..." Et là, on l'a. Vous lisez comme moi, par rapport au 24
actuel. Là, on aura un amendement sur le 10, ça ne me
dérangera pas, ça va être dans l'ordre, on verra, on
regardera si c'est une meilleure écriture, etc., mais mon
problème, c'est qu'on dit que l'article 24 est remplacé par le
suivant. Lisez-le, mon recherchiste l'a placé pour que je l'aie à
côté de moi, le 24 qui est ici, et lisez le nouveau que le
ministre nous présente dans le papillon. On dit: "Le ministre ne
délivre de permis d'intervention pour l'approvisionnement d'une usine de
transformation du bois qu'au bénéficiaire d'un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement forestier ou qu'au titulaire d'un
permis d'exploitation d'usine de transformation du bois à des fins de
production énergétique ou métallurgique qui y ont droit en
vertu du chapitre III." Cela, je le retrouve dans les deux premiers
paragraphes. Mais le troisième paragraphe, qui s'appelle le
deuxième dans l'article, d'où cela vient-il?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non...
M. Cannon: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
La Peltrie.
M. Jolivet: C'est la recevabilité.
M. Cannon: Je m'excuse, sur la question de recevabilité,
M. le Président, au fait, on n'ajoute pas de nouveau principe en
introduisant ce paragraphe ici. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on présente
l'article 92.1. C'est ça qu'on fart, finalement. Il ne s'agit pas d'un
nouveau principe qui est ajouté, contrairement à l'opinion du
député de Laviolette. Je comprendrais, s'il s'agissait d'un
nouveau principe, que oui, il aurait raison. Mais, dans le cas qui nous
préoccupe, ce n'est pas ça.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre, toujours sur la
recevabilité.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ajoutorais,
à l'instar de mon collègue, le député de La
Peltrie, que cela annonce tout simplement l'article 92.1 qui était
déjà dans loi, à l'article 68 en grande partie. Mais on
n'ajoute rien. À l'article 68, si vous voulez le vérifier, M. le
député de Laviolette, on dit: "Le ministre peut en tout temps
autoriser le titulaire d'un permis d'exploitation d'usine de transformation...
Et on parle de titulaire d'usine de transformation à l'article 24. Et
à l'article 92, on revient avec cela. On mentionne exactement ce qui
était à l'article 68 avant, sauf qu'on ajoute: "Un tel permis ne
peut être délivré que dans les cas où... Et on met
des conditions. Il n'y a pas de nouveau principe dans cette
présentation. Le paragraphe 2° de l'amendement proposé ne
fait qu'annoncer l'article 92.1, qui est en grande partie l'article 68 de la
loi.
M. Jolivet: M. le ministre...
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...va me permettre de contester l'argumentation qu'il
apporte. Là, on va se replacer correctement parce que c'est
compliqué, cette affaire-là. Je sais que vous avez une
décision à prendre, M. le Président. Vous allez devoir la
prendre, c'est certain, parce que là... Je suis sûr que vous allez
être capable de la prendre.
Le Président (M. Laporte): On va la prendre, parce que
j'ai jugé suffisant l'éclairage qui
m'a été transmis.
M. Jolivet: Oui, mais regardez bien. On dit, à l'article
24 nouvellement présenté sur un papillon, au deuxième
alinéa: "un titulaire de permis d'exploitation d'usine de transformation
du bois qui se conforme à l'article 92.1." Vous ne me ferez jamais
accroire que ce n'est pas nouveau par rapport à la loi actuelle, ce
bout-là. D'accord? Ce bout-là est-il nouveau ou non? Moi, je dis
qu'il est nouveau. Il n'était pas dans l'article. En profitant de la
réécriture de l'article 24, on ajoute un autre paragraphe, un
deuxième alinéa. Cela fait référence à
l'article 35.1. D'accord? C'est un autre papillon. On me permet de penser comme
cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui.
M. Jolivet: L'article 35.1 fait référence aux
articles 92.1 et 92.2. Bon. J'ai l'article 35. On dit: "Le deuxième
alinéa de l'article 92 de cette loi est abrogé." On vient de
m'ajouter les articles 92.1 et 92.2 et on dit: Insérer, après
l'article 35, l'article suivant et on déboule. On vient installer les
articles 92.1 et 92.1. Eux autres, on me dit depuis tout à l'heure que
c'est en référence aux articles 68 et 69. Je n'en disconviens
pas, sauf que les articles 68 et 69, quand vous allez les lire dans le texte de
la loi actuelle, par rapport aux amendements qu'on nous avait donnés et
sur lesquels on a discute en deuxième lecture, qu'on appelle l'adoption
du principe, on les abroge, on les fait disparaître. Là, on va me
dire qu'on les fait disparaître parce qu'on les écrit mieux
à l'article suivant. Ils peuvent bien dire cela tant qu'ils voudront, ce
n'est pas cela que je comprends.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
La Peltrie.
M. Cannon: Si j'ai bien compris, le député de
Laviolette est en train de parler en vertu de l'article 244 de nos
règlements. C'est bien cela, M. le député?
M. Jolivet: Pardon?
M. Cannon: C'est en vertu de l'article 244 que vous...
M. Jolivet: De la recevabilité. M. Cannon: Oui.
Le Président (M. Laporte): Sur la recevabilité
toujours.
M. Jolivet: Oui.
M. Cannon: C'est là-dessus?
M. Jolivet: La recevabilité? C'est toujours sur la
recevabilité.
M. Cannon: Non, mais c'est en vertu de l'article 244.
M. Jolivet: Ah! je ne sais pas. Ne me demandez pas les articles
par coeur, je ne les sais pas par coeur.
M. Cannon: Oui, mais un ancien président...
M. Jolivet: Non, ce n'est pas nécessaire. Ce qui est
important, c'est qu'il réussise.
M. Cannon: Je comprends très bien, mais j'aimerais, M. le
Président, pour le bénéfice des autres membres de la
commission, que le député puisse nous éclairer quant
à l'article du règlement qui est en cause.
M. Jolivet: M. le Président, dites-le-moi, je vais vous le
redire. Ce que je cherche, c'est la recevabilté. Je vous demande si
c'est recevable ou non. J'ai le droit de le demander. Je n'ai pas besoin de
demander si c'est l'article 244 ou 246, cela n'a pas d'importance.
Le Président (M. Laporte): J'ai cité l'article
tantôt.
M.Jolivet: 192.
Le Président (M. Laporte): 197.
M. Jolivet: Article 197. Excusez-moi.
Le Président (M. Laporte): J'ai cité l'article
tantôt en faisant référence aux amendements...
M. Jolivet: C'est ce que j'avais compris.
Le Président (M. Laporte): ...proposés et à
leur contenu.
M. Jolivet: Cela, ça ne m'intéressait pas.
M. Cannon: C'est parce qu'en vertu de l'article 244, M. le
Président, je le relis avec vous: "La commission saisie étudie
chaque article du projet de loi et les débats portent sur les
détails du projet. Les amendements doivent se rapporter à son
objet et être conformes à son esprit et à la fin qu'il
vise."
M. Jolivet: D'accord.
M. Cannon: "Avant d'entreprendre l'étude
détaillée, la commission..." Ici, l'amendement qui est
proposé, M. le Président, est effectivement recevable en vertu de
l'article 244. Il n'y a pas d'équivoque là-dessus. Je ne
comprends pas pourquoi on est rendu à l'article 100 je ne sais pas
trop.
M. Jolivet: Bien oui, mais c'est parce que le
député ne suit pas, M. le Président. S'il suivait, il
aurait suivi le raisonnement que j'ai fait. Le raisonnement est bien simple.
Nous avons devant nous un amendement qui a été apporté
à un projet de loi. Je vous rappelle toujours que l'amendement qui nous
est apporté et l'article 24 actuel dans la loi... Allez chercher la loi,
si vous ne l'avez pas, et lisez-la.
M. Cannon: Oui, oui, je l'ai, M. le député.
M. Jolivet: Non, pas le projet de loi, mais la Loi sur les
forêts.
M. Cannon: Elle est ici, M. le député. M. Jolivet:
La vraie loi, d'accord, bon. M. Cannon: Je vous ai suivi.
M. Jolivet: D'accord. L'article 24 qui est là, lisez-le
comme il faut.
M. Cannon: Oui.
M. Jolivet: Ce qu'on fait, c'est qu'on le divise en deux
parties.
M. Cannon: Exact.
M. Jolivet: Mais à cela, on ajoute un autre paragraphe qui
s'appelle le deuxième alinéa de l'article 24. Est-ce clair
là?
M. Cannon: Selon l'article 197 que vous avez cité: "Les
amendements doivent concerner le même sujet que la motion et ne peuvent
aller à rencontre de son principe."
M. Jolivet: Bien oui, c'est cela. M. Cannon: Point. M.
Jolivet: D'accord.
M. Cannon: "Ils ne visent qu'à retrancher, à
ajouter ou à remplacer des mots."
M. Jolivet: Bon.
M. Cannon: Alors, à ajouter. Ce que le ministre...
M. Jolivet: Qu'est-ce que vous avez étudié à
l'étude du principe du projet de loi?
M. Cannon: Ce que le ministre vient d'indiquer clairement, M. le
Président, c'est qu'effectivement tout ce que nous faisons ici, c'est
que nous annonçons l'article 92.1...
M. Jolivet: Je sais tout cela.
M. Cannon: ...et que nous n'avons rien modifié. Nous
n'allons pas à rencontre du principe qui est contenu dans l'article
24.
M. Jolivet: L'article 92.1, êtes-vous dans la même
partie que moi? Les articles 92.1 et 92.2, d'où viennent-ils?
M. Cannon: C'est la raison pour laquelle je vous ai posé
la question tout à l'heure, M. le député.
M. Jolivet: Bien oui.
M. Cannon: Je vous ai demandé de suivre la logique de
votre...
M. Jolivet: C'est cela, ma logique, elle est là. Les
articles 92.1 et 92.2, c'est un nouveau papillon.
M. Cannon: Oui.
M. Jolivet: C'est un nouvel amendement. Il a été
introduit...
M. Cannon: Sauf que, dans le deuxième alinéa dont
il est question ici...
M. Jolivet: Oui.
M. Cannon: ...ce n'est pas une question de principe, on annonce
l'article 92.1. Lorsqu'on sera arrivé...
M. Jolivet: Bien oui, mais... M. Cannon: Bien oui.
M. Jolivet: ...ce serait illogique. C'est pour cela que je fais
ma discussion ici. Mon problème, c'est que, si les articles 92.1 et 92.2
étaient tout à l'heure jugés irrecevables, celui-là
va l'être par le fait même. C'est ça, ma discussion. Je ne
peux pas discuter de cela en dehors de n'importe quelle chose. Je suis
obligé de regarder l'article 92.1 ici et les articles 92.1 et 92.2,
ajoutés par l'article 35.1 qui est un papillon. Mais lui fait
référence aux articles 68 et 69 qu'on abroge. Depuis tout
à l'heure qu'on me dit que les articles 92.1 et 92.2, c'est une
réécriture de l'article 68 qu'on a abrogé. Allez voir ce
que les articles 68 et 69 faisaient avant.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette, un instant! M. le ministre, voudriez-vous m'éclairer? Dans
toute cette question de la recevabilité d'un amendement, la principale
question qui a été posée et à laquelle j'aimerais
avoir une réponse, c'est que vous introduisez ultérieurement, par
le biais d'un papillon, l'article 92.1, par le biais de l'article 35.1. Les
articles 92.1 et 92.2, vous les introduisez, alors
qu'on ne les retrouvait pas dans le projet de loi initial. La question
que j'aimerais vous poser: Est-ce que cette introduction de l'article 35.1, par
le biais d'un papillon, est l'introduction d'un nouveau principe du projet de
loi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Du tout, M. le
Président. C'est un amendement à l'article 68 du projet de loi
qui existait déjà. L'article 92.1 reprend l'article 68
amendé.
Le Président (M. Laporte): Là, vous m'indiquez que
l'introduction de l'article 92 par l'amendement à l'article 35.1 modifie
l'article 68 de l'ancienne loi. C'est ce que vous m'indiquez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): De la loi,
oui.
Une voix: A l'article 26.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
Une voix: On pourrait suspendre, M. le Président.
M. Jolivet: II va regarder une chose, avant de suspendre.
Regardez bien l'article 92.1, vous le lisez en regard de l'article 92.2,
n'est-ce pas? L'article 92.2: "Le titulaire du permis d'exploitation d'usine
à qui le ministre délivre un permis d'intervention en vertu de
l'article 92.1 est assujetti aux mêmes obligations que le
bénéficiaire pour l'aménagement des aires
forestières où il exerce son droit à un
approvisionnement."
Quand on regarde ça, il faut regarder l'article 92.1. L'article
92.1, je m'excuse, mais quand on dit que c'est le même principe, c'est
une réécriture de l'article 68 existant en partie et de l'article
68 tel qu'amendé? C'est bien ce que j'ai compris?
Le Président (M. Laporte): M. le ministre, on peut vous
entendre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
26, c'est ce qu'on dit: "L'article 68 de cette loi est modifé par le
remplacement du..." L'article 68 est amendé. Et l'article 69 à
l'article 27.
Le Président (M. Laporte): Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? Je vais suspendre quelques minutes afin de recolliger tout
ça et de rendre la meilleure décision.
M. Jolivet: Prenez le temps dont vous avez besoin, M. le
Président.
Le Président (M. Laporte): Merci. On suspend deux
minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 36)
(Reprise à 21 h 45)
Le Président (M. Laporte): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je suis prêt à rendre ma décision.
L'intervention du député de Laviolette visait à
statuer sur l'introduction d'un nouveau principe par le biais de l'amendement
présenté à l'article 9.1, plus particulièrement,
par son article 24, alinéa 2°, qui dit: "un titulaire de permis
d'exploitation d'usine de transformation du bois qui se conforme à
l'article 92.1;" par l'article 26 du projet de loi en tant que tel, qui nous
introduit lui-même la modification de l'article 68, et aussi par le
papillon, qui a déjà été retransmis aux membres de
la commission, de l'amendement 35.1, qui introduit les articles 92.1 et
92.2.
L'argumentaire voulant que cette partie de l'article 9.1 soit
l'introduction d'un nouveau principe doit être rejeté. Donc,
l'amendement est recevable en fonction de ce que j'indiquais, de l'article 26
qui nous introduit l'article 68 et de l'article 35.1 et des amendements qui y
sont présentés, et ce, en vertu de l'article 197 et de l'article
35, alinéa 6°, de notre code, qui nous indiquent que le
député qui a la parole ne peut refuser la parole d'un autre
député sur l'introduction d'un principe qui est
déjà inclus dans la loi. Donc, comme il est indiqué en
deuxième lecture, le principe a déjà été
discuté. L'amendement est recevable.
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Juste comme éclairage, M. le
Président...
Le Président (M. Laporte): Oui.
M. Jolivet: Vous êtes en train de me dire que, même
si par hasard il y avait un amendement qui était apporté qui
changeait complètement la teneur du principe qu'on étudie en
commission parlementaire, il faut croire la parole du ministre. C'est ce que
vous êtes en train de me dire, mais que vous...
Le Président (M. Laporte): On ne peut mettre en
doute...
M. Jolivet: Non, non, ce n'est pas cela. Je vais vous donner un
exemple. Le président de l'Assemblée nationale a pris une
décision sur deux amendements présentés par le ministre et
if les a jugés irrecevables. S'il les a jugés irrecevables, ce
n'est pas parce qu'il a mis en doute la parole de quelqu'un. Il a simplement
pris une décision comme président que c'était recevable ou
non.
Ne venez pas me demander de croire tout ce que le ministre va dire et de
dire qu'il a raison toutes les fois qu'il parle. Si vous me dites cela, je vais
me lever et m'en aller, c'est fini le Parlement. Si vous êtes en train de
me
dire que, parce que le ministre dit que c'est recevable, cela va devenir
recevable, cela ne sert pius à rien de discuter. Ce n'est pas ça
que vous voulez me dire?
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette, vous savez bien, comme parlementaire fort aguerri, que vous pouvez
avoir des interprétations ou des divergences concernant ce qui peut
être exprimé par d'autres parlementaires à
l'Assemblée nationale. Toutefois, ce que j'ai exprimé par le
biais de cette décision se basait sur l'article 26 du projet de loi qui
est en discussion, qui, lui, traitait de l'article 68, donc du principe en tant
que tel, si je peux m'expri-mer ainsi, et sur l'introduction de l'amendement
à l'article 9.1 qui modifiait ce que vous évoquiez comme
principe. Et j'argumentais, de plus, qu'on ne peut mettre en doute la parole
d'un autre parlementaire, comme je l'ai dit tantôt. Vous pouvez avoir des
opinions divergentes ou des expressions qui ne sont peut-être pas en
accord avec l'idée d'un autre parlementaire, mais ce que j'exprimais,
c'est simplement ce qui est indiqué à l'article 35, alinéa
6", c'est l'interprétation que j'en donnais.
Et peut-être que je pourrais dire, à titre d'explication,
qu'on sait toujours qu'on interprète un article par rapport aux autres
et qu'une loi doit être vue dans son ensemble. Compte tenu de cela, c'est
l'explication que j'ai donnée par le biais de l'article 26 et de
l'article 35.1 par rapport à l'amendement qui avait été
présenté à l'article 9.1 qui nous indique à
l'article 24, alinéa 2°: "un titulaire de permis d'exploitation
d'usine de transformation du bois qui se conforme à l'article 92.1." Le
principe était déjà indiqué.
M. Jolivet: Mais, M. le Président, vous me permettrez une
dernière intervention, en vous disant que je ne mettrai jamais en doute
cette décision. Je pense que c'est le principe de base.
Le Président (M. Laporte): J'apprécie...
M. Jolivet: Si je ne mets pas en doute votre décision,
c'est parce que vous prenez une décision à savoir s'il est
recevable ou irrecevable. Mais vous allez quand même me permettre de ne
pas accepter ce que donne l'autre personne en face de moi comme argumentation
sur la recevabilité ou non tant que vous n'êtes pas
décidé. Ne \/enez pas me dire - parce que ce que je craignais
c'était cela, et je veux bien me faire rassurer... Je la juge recevable
parce que vous n'avez pas le droit de mettre en doute la parole du ministre. Ce
n'est pas ce que vous voulez me dire. Ce que vous voulez me dire, c'est qu'on
doit accepter, de part et d'autre, notre argumentation, mais que c'est à
vous de décider. Si vous me dites: Moi, j'ai décidé, je
vais arrêter mon argumentation. Mais ne venez pas me dire que je suis
obligé d'accepter l'argumentation du ministre comme étant la
seule véritable, parce que, là, je vais m'en aller et ça
va finir ici, ce soir. Ce n'est pas cela que vous me dites?
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette, vous avez très bien saisi l'explication que j'ai
donnée de l'introduction du principe en tant que tel. C'était
l'objet de la question en litige que vous soumettiez à la
présidence. Ce que j'indiquais, c'est par le biais de l'article 26 qui
aussi traitait de l'article 68 de l'ancienne loi. Et aussi je traitais de
l'amendement à l'article 35.1 qui introduit les articles 92.1 et 92.2
qui faisaient l'objet de la discussion en ce qui concerne le principe en tant
que tel de la question dont on parlait à l'amendement
présenté à l'article 9 par l'introduction d'un ajout,
l'article 9.1.
C'était une base de l'argumentation. J'ajoutais, si je peux
m'exprimer ainsi, en supplémentaire, des principes de base qu'on a ici
au Parlement, dont, entre autres, des discussions qu'on a à l'article
197 par rapport aux amendements présentés, qui peuvent être
un ajout, une explication donnée à un article donné. Il y
a aussi l'article 35, alinéa 6°, qui, comme j'en ai fait lecture
tantôt, revient à la discussion que vous avez mentionnée
où je disais qu'on ne peut mettre en doute la parole d'un autre
parlementaire. On peut sûrement avoir des interprétations...
M. Jolivet: Mais c'est qui, l'autre parlementaire? Dites-moi
cela. Vous me faites peur quand vous dites cela. Je vous le dis bien
honnêtement: Si vous me dites cela de même, en parlant de vous,
trouvez-moi un autre article, parce que l'article dit de ne pas mettre en doute
la décision du président. Mais si vous me dites ce que vous me
dites là en parlant du ministre en face de moi, je vous le dis d'avance,
je vais faire une crise. Je vous le dis d'avance parce que ce n'est pas vrai
que j'ai l'obligation d'accepter la parole du ministre. Si le ministre me
disait: II est recevable, je vais être obligé de l'accepter? Cela
n'a pas de bon sens. J'ai le droit, comme député, de dire que ce
n'est pas recevable. Mais si vous me dites: Moi, comme président, vous
ne pouvez pas mettre en doute ma décision, je vais vous comprendre tout
de suite et je vais arrêter mon argumentation. Mais ne venez pas ajouter
par-dessus que j'ai l'obligation de prendre la parole du ministre. Cela, ce
n'est pas vrai. La parole du ministre, elle ne fait pas foi de loi ici. Si vous
me dites cela, je vais faire une crise.
M. Cannon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laporte): Oui, sur une question de
règlement. M. le député de La Peltrie.
M. Cannon: Je crois que vous avez été
très
clair quant à la nature de la décision que vous avez
rendue.
M. Jolivet: Parfait!
M. Cannon: Par ailleurs, je comprends aussi que le
député de Laviolette, parlementaire très aguerri, ne
puisse peut-être pas accepter la deuxième argumentation que vous
lui avez apportée. Il n'en demeure pas moins que le fondement de votre
première argumentation est le fondement qui a fait en sorte que vous
avez jugé que cet amendement était recevable.
À mon avis, le député est en train de remettre en
question votre décision. Maintenant, il peut crier sur tous les toits
qu'il n'est pas en train de la remettre en question. Mais si ce n'était
pas le cas, je pense que, depuis les cinq dernières minutes, nous
n'aurions pas à entendre ici autour de la table les arguments que le
député invoque. Alors, je vous prierais, M. le Président,
de commencer à discuter de l'article 9.1, tel qu'il est
présenté.
M. Jolivet: Mais sur la même question de règlement,
M. le Président, je veux bien être clair...
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: ...je ne mets pas en aucune façon en doute
votre décision, c'est loin de mon esprit. C'est pour cela que j'ai
posé une question. C'est parce que, dans la décision que vous
avez rendue, vous m'avez dit qu'en vertu de l'article 35, alinéa 6°,
de notre règlement j'avais l'obligation de prendre sur parole la
position de quelqu'un. Je voulais savoir si c'était votre position
à vous ou si c'était la position du ministre.
Si vous me dites: C'est ma position à moi, vous vous êtes
trompé d'article, je m'excuse. C'est l'argumentation qui fait que vous,
comme président, je ne peux pas mettre en doute votre position.
Dites-moi cet article-là et je vais me taire. Mais si vous me dites que,
sur la recevabilité, je suis obligé d'accepter l'argumentation du
ministre, ce n'est pas vrai. Vous avez décidé que l'argumentation
du ministre était correcte, ça, c'est votre droit. Mais ce n'est
pas à moi de l'accepter de sa part à lui. Je vais l'accepter de
votre part.
Le Président (M. Laporte): J'ai clairement exprimé,
et ce, à deux reprises, que la base de la décision qui avait
été rendue reposait sur l'article 26, sur l'article 35.1 en
discussion, sur l'amendement présenté à l'article 9.1 qui
modifiait l'article 24, deuxième alinéa. C'est ça qui
était la base.
Une voix: C'est cela, c'est cela.
Le Président (M. Laporte): Et, en subsidiaire ou, si je
peux dire, à titre d'information complémentaire, ce que
j'exprimais, c'est ce qu'on a exprimé à plusieurs reprises en
commission parlementaire comme au salon bleu, soit que, lorsqu'un ministre
discute, on ne peut mettre en doute sa parole. C'est plutôt le sens et la
portée que je donnais à cela. Ce n'était pas la base de la
décision. Je vais vous citer une décision, je vais en faire
lecture, qui a été rendue le 20 février 1986 par M.
Jean-Guy Lemieux, qui était alors président de cette commission.
Le contexte. "Un député de l'Opposition propose un amendement
à un article d'un projet de loi qui, selon le ministre, est irrecevable
puisqu'il a pour effet d'engager des fonds publics, ce qu'interdit l'article
192. Le président, après avoir entendu plusieurs interventions
sur cette question de règlement, conserve certains doutes quant à
l'existence d'implications financières." La question en litige. "Si le
président doute de l'implication financière d'une motion
proposée par un député autre qu'un ministre, doit-il juger
cette motion recevable ou irrecevable?" La décision. "Puisque le
ministre affirme qu'il y a incidence financière, le président
doit prendre la parole du ministre, même si certains doutes subsistent.
En conséquence, la motion d'amendement du député de
l'Opposition est irrecevable."
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse, mais ce n'est
vraiment pas pareil. Je suis sûr que le ministre ne m'a jamais dit, et je
ne le lui ai jamais demandé, que cela avait une incidence
financière. Je sais qu'il n'y en a pas. Ce n'est pas ça.
On a discuté à l'Assemblée nationale d'un principe.
Tout ce que je disais, c'est que ce qu'on est en train de discuter était
un principe additionnel. Le ministre a fait son argumentation et moi, la
mienne. Que vous veniez me dire que vous avez accepté l'argumentation du
ministre et qu'en conséquence votre décision est celle-là,
bravo! Mais ne venez pas me dire, avant même que je commence à
discuter, que, quand le ministre aura l'obligeance de me dire: Mon cher
député de Laviolette, vous n'avez rien à dire, c'est ma
parole, prenez-la, c'est recevable. Voyons donc! Cela n'a pas de bon sens. Cela
veut dire que le président de l'Assemblée nationale va se faire
"blaster" demain matin par le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, parce qu'il a refusé deux articles en
disant qu'ils étaient irrecevables comme amendements. Ne venez pas me
dire ça, M. le Président.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette, afin de clore cette discussion et de poursuivre l'étude du
projet de loi, j'aimerais juste vous indiquer que vous faites sûrement
une extension de ce que j'ai exprimé. Ce que j'ai exprimé
n'allait pas plus loin que ce que j'ai effectivement dit tantôt. La base
de ma décision
reposait, je le répète, sur l'amendement
présenté à 35.1 et sur l'article 26 ainsi que sur
l'article 9.1, qui était la base de notre discussion. J'aurais pu ne pas
discuter, absolument pas, de 35, alinéa 6°, ce que j'ai fait, comme
qui dirait, en supplémentaire sur la base de ces discussions-là.
La base de la décision repose effectivement et surtout sur l'article 26
du projet de loi. Je l'ai clairement exprimé à trois reprises.
C'était la base de la discussion.
Ce que j'indiquais à l'autre partie de l'article reste dit, mais
je voudrais simplement vous souligner que vous avez peut-être fait une
interprétation, une extension, de ce que j'avais pu exprimer,
au-delà des paroles, sûrement, que j'avais pu exprimer.
Sur le sous-amendement à l'article 9.1.
M. Jolivet: Alors, le ministre va nous l'expliquer maintenant.
C'est parce que, vous vous en souvenez, toute la discussion a commencé
au moment où le ministre était en train de discuter avec ses
acolytes, tandis que le président attendait, tout comme moi, que vous
finissiez votre intervention. Elle était terminée à ce
moment-là, si je comprends bien? Est-ce que le ministre peut, pour les
besoins de la cause, nous rappeler ce qu'il nous a dit sur le but de
l'insertion de l'article 9.1?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien, l'amendement
vise à ajouter la possibilité pour le ministre de délivrer
un permis d'intervention pour l'approvisionnement d'une usine de transformation
du bois, pour récolter à la place d'un bénéficiaire
de contrat, évidemment, qui fait défaut de fournir le bois en
vertu d'une convention intervenue entre eux. Évidemment, cela assure la
concordance, je le répète, avec l'article 35.1, plutôt que
l'autorisation prévue à l'article 68 de la Loi sur les
forêts. (22 heures)
M. Jolivet: Donc, comme principe de départ, dans la loi
actuelle, on disait: "Le ministre ne délivre de permis d'intervention
pour l'approvisionnement d'une usine de transformation du bois qu'au
bénéficiaire d'un contrat d'approvisionnement et
d'aménagement forestier ou qu'au titulaire d'un permis d'exploitation
d'usine de transformation du bois à des fins de production
énergétique ou métallurgique qui y ont droit en vertu du
chapitre III." C'étaient les deux principes qui existaient dans la loi.
Cela existe dans le premier paragraphe de l'article 24. C'est bien ça?
Mais on en ajoute un deuxième qui dit: "un titulaire de permis
d'exploitation d'usine de transformation du bois qui se conforme à
l'article 92.1." S'il se conforme à l'article 92.1, il faut le retrouver
à l'article 35.1 où on dit: 'Titulaire de permis d'usine partie
à une convention avec un bénéficiaire de contrat."
Là, vous avez un titulaire de permis d'usine partie à une
convention.
Donc, "le ministre peut, en tout temps, autoriser le titulaire d'un
permis d'exploitation d'usine de transformation du bois à
récolter à la place d'un bénéficiaire de contrat
dans son unité d'aménagement, le volume de bois requis pour
remplacer les copeaux, les sciures ou les planures que le
bénéficiaire fait défaut de fournir à ce titulaire
de permis, malgré une convention intervenue entre eux, à cet
effet." C'est le contrat de suppléance. Non? "Cette autorisation est
donnée au moyen d'un permis d'intervention. Un tel permis ne peut
être délivré que dans le cas où: "1° la
convention visée au premier alinéa a été conclue
pour une durée d'au moins un an; "2° le titulaire du permis
d'exploitation d'usine a dénoncé au ministre par un avis
écrit cette convention dans les 15 jours de sa signature; "3° le
titulaire du permis d'exploitation d'usine ne peut trouver de bois à
partir d'une source d'approvisionnement comparable à celle qui lui fait
défaut. "Le titulaire du permis d'exploitation d'usine à qui le
ministre délivre un permis d'intervention en vertu de l'article 92.1 est
assujetti aux mêmes obligations que le bénéficiaire pour
l'aménagement des aires forestières où il exerce sont
droit à un approvisionnement."
La, il va arriver quelque chose. Il va y avoir quelqu'un qui va manquer
de bois pour une raison ou pour une autre. Il va falloir qu'on lui donne un
permis pour aller chercher le bois dont il a besoin dans l'unité
d'aménagement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, il n'est pas question d'un contrat de garantie de
suppléance. C'est entre deux parties qui ont signé un contrat,
entre le bénéficiaire d'un contrat d'aménagement et le
titulaire d'un permis d'exploitation d'usine.
M. Jolivet: II y a quelqu'un qui peut exploiter une usine, mais
il n'y a pas de bois. Il fait une entente avec quelqu'un qui a un contrat.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avec un
bénéficiaire.
M. Jolivet: Je comprends. Et, à un moment donné, il
y a quelqu'un quelque part, qui ne donne pas le bois dont il a besoin, il faut
aller chercher le bois quelque part.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
ça.
M. Jolivet: Et on peut aller le chercher dans son unité
d'aménagement, s'il ne le coupe pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): S'il fait
défaut, oui. C'était déjà dans la loi. C'est
ça.
M. Jolivet: Et quand vous dites: "ne délivre
de permis d'intervention pour l'approvisionnement", pourquoi
ajoutez-vous le deuxième? Il fait quoi le deuxième par rapport
à l'autre qui était déjà existant?
M. Côté (Rivière-du-Loup): La
différence qu'il y a, M. le Président, c'est qu'on délivre
un permis d'intervention plutôt qu'une autorisation, comme c'était
prévu avant. C'est la seule différence qu'il y a. Et on l'annonce
à l'article 9.1 parce que c'est un permis d'intervention plutôt
qu'une autorisation tel qu'annoncée à l'article 68.
M. Jolivet: On ne l'annonce pas pour rien. C'est cela qui
m'inquiète et on ne donne pas ça pour rien. Écoutez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II est seulement
10 heures.
M. Jolivet: Ce n'est pas la question de 10 heures, M. le
ministre, si vous m'expliquez ça comme il faut. Nous avons les articles
68 et 69 qui sont existants. "68. Le ministre peut en tout temps autoriser le
titulaire d'un permis d'exploitation d'usine de transformation du bois à
récolter à la place d'un bénéficiaire de contrat
dans son unité d'aménagement, le volume de bois requis pour
produire les copeaux, les sciures et les planures que le
bénéfiaire fait défaut de fournir à ce titulaire de
permis, malgré une convention intervenue entre eux à cet effet.
"L'autorisation du ministre ne peut être accordée que dans la
mesure où le titulaire du permis d'exploitation d'usine ne peut trouver
de bois à partir d'une source d'approvisionnement comparable à
celle qui lui fait défaut."
On va retrouver ça à l'article 92.1. À l'article
69, on dit: "Le titulaire du permis d'exploitation d'usine qui obtient une
autorisation en vertu de l'article 68 est assujetti aux mêmes obligations
que le bénéficiaire pour l'aménagement des aires..." On le
retrouve à l'article 92.2. C'est ça?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je reviens
à la décision du président sur la recevabilité. Si
on le retrouve, on ne change pas les principes. Vous le dites
vous-même.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: La décision du président était
bonne, c'est ce que vous voulez me dire? Je l'ai acceptée. Je n'ai pas
un mot à dire. Ce que vous faites, c'est que vous dites, aux articles 26
et 27, que vous abrogez les articles 68 et 69 par rapport à ceux qui
étaient déjà existants en termes de changement qu'on
voulait faire aux articles 26 et 27 du projet de loi actuel.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Ce qui fait que, finalement, vous dites: Si je veux
faire cela, il faut que je l'annonce dès maintenant à l'article
que je suis en train d'étudier; sinon, je ne pourrai pas le faire plus
tard.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
ça.
M. Jolivet: C'est tout ça?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est tout
ça.
M. Jolivet: À ce moment-là, pourquoi l'ajoutez-vous
à cet article 24?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au lieu de dire
"autorisation", cela devient "permis d'intervention". En 1968, on parlait d'une
autorisation. Il faut l'inscrire au bon endroit dans la loi comme permis
d'intervention.
M. Jolivet: Bon. Donc, M. le ministre, vous me dites qu'avant
c'était une autorisation que vous aviez aux alinéas 68 et 69 et
que vous me dites aujourd'hui que c'est un permis. C'est ce que vous faites?
Vous dites à l'article 9 que le ministre délivre un permis
d'intervention, alors qu'avant, à cet article-là, c'était
une autorisation d'intervention, ce qui était bien différent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, à l'article 26, on modifie l'article 68 par le
remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "Cette
autorisation est donnée au moyen d'un permis d'intervention."
M. Jolivet: Permis d'intervention.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Un tel permis ne
peut être délivré que dans le cas où: 1°,
2°, 3°." C'est ça.
M. Jolivet: C'est la question que je pose. Ce que je vous dis,
c'est qu'avant, c'était une autorisation. Vous la transformez en permis.
Quelle est la raison? Vous faisiez votre amendement à l'article 26.
Quelle est la raison qui vous invite à dire un permis d'intervention,
à ce moment-là, au lieu d'une autorisation d'intervention?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le permis d'intervention assujettit les intervenants en
forêt à toutes les normes d'intervention, aux modalités
d'intervention, etc. Cela prend un permis d'intervention plutôt qu'une
autorisation. C'est de la cohérence. Ce sont des précisions qu'on
donne là. On améliore.
M. Jolivet: Vous ordonnez à ces personnes, à ce
moment-là, d'avoir les mêmes obligations
que la personne qui a le permis prévu en vertu de la loi et qui a
un contrat d'aménagement et d'approvisionnement forestier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Plutôt
qu'une autorisation où on aurait été obligés de le
spécifier dans le permis. Là, on le dit. C'est un permis
d'intervention et ces personnes sont assujetties aux mêmes
modalités d'intervention en forêt que les autres.
M. Jolivet: C'est-à-dire, que s'il est obligé
d'aller chercher du bois sur le terrain du gars qui a le contrat parce qu'il ne
lui fournit pas le bois, il va être tenu aux mêmes obligations de
récolte et d'aménagement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ça,
M. le député.
M. Jolivet: Et monsieur! Merci, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Donc, c'était bien recevable.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
Le Président (M. Laporte): Je suis heureux de l'entendre,
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Mais, ce n'était pas de vous que je...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: La première partie de votre décision
était bonne.
Le Président (M. Laporte): La deuxième partie de
l'intervention...
M. Jolivet: ...qui faisait référence au ministre
était discutable.
Le Président (M. Laporte): C'est cela. Sur l'article
9.1...
M. Jolivet: D'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 9.1 est
fait.
Le Président (M. Laporte): L'amendement à l'article
9 qui introduit l'article 9.1, est-ce que c'est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Laporte): J'appelle l'article 10. Il y a
un amendement à l'article 10. M. le ministre.
Intervention ponctuelle
M. Côté (Rivière-du-Loup): À l'article
10, on voudrait ajouter un septième... Je ne sais pas comment on
l'appelle, un chapitre ou...
Une voix: Sous-section.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
"Intervention ponctuelle". Ce serait l'article 24.1 qui se lirait comme suit:
"Dans une unité d'aménagement, le ministre peut délivrer
à une personne qui en fait la demande, aux conditions qu'il
détermine et avec l'autorisation du gouvernement, un permis
d'intervention pour la récolte de bois non attribué par un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier, dans la mesure
où il estime que cette récolte favorise l'aménagement des
peuplements dans les aires forestières où elle s'effectue. "Ce
permis ne peut être délivré que pour une intervention
ponctuelle à des fins d'expérimentation ou de recherche ou pour
l'exécution d'une garantie de suppléance prévue dans une
convention conclue par le ministre."
M. le Président, cet amendement précise que c'est la
situation qui est imprévisible. C'est pourquoi on appelle cela une
intervention ponctuelle. C'est un événement isolé. C'est
une récolte qui se fait seulement aux fins prévues,
c'est-à-dire aux fins de recherche ou d'expérimentation ou pour
exécuter la garantie de suppléance prévue.
Le Président (M. Laporte): Sur la recevabilité de
l'amendement.
M. Jolivet: J'aurais un amendement additionnel, que je vous
l'expliquerai si le ministre me donne une réponse à une
question.
Le Président (M. Laporte): Sur la recevabilité,
vous n'avez aucun commentaire, M. le député?
M. Jolivet: Aucun commentaire.
Le Président (M. Laporte): L'amendement est recevable.
M. Cannon: Oui, le député de Laviolette dit que
c'est recevable.
M. Jolivet: M. le Président, j'aimerais poser une question
au ministre.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Dans le nouvel article 24.1, qui enlève
l'article 24.1 qu'on a actuellement, mais qui n'enlève pas les articles
24.2 et 24.3 qui viendront en discussion tout à l'heure, on dit:
"Dans une unité d'aménagement, le ministre peut
délivrer à une personne qui en fait la demande, aux conditions
qu'il détermine et avec l'autorisation du gouvernement, un permis
d'intervention..." J'aimerais savoir de la part du ministre, quand il dit cela,
de quelle façon il va déterminer les conditions. Est-ce que cela
va être par décret? Est-ce que cela va être par
règlement? Est-ce que cela va être par contrat?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est par
décret, parce qu'on dit "avec l'autorisation du gouvernement".
M. Jolivet: C'est cela, oui, c'est par décret. M.
Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: M. le Président, dans ce cas-là, mon
amendement va être différent de celui que je voulais
présenter. On pourrait dire ceci: "Dans une unité
d'aménagement, le ministre peut délivrer à une personne
qui en fait la demande, aux conditions qu'il détermine par
règlement, un permis d'intervention." On enlèverait les mots "et
avec l'autorisation du gouvernement".
Le Président (M. Laporte): Présentez-vous un
sous-amendement?
M. Jolivet: Cela deviendrait un sous-amendement.
Le Président (M. Laporte): Un sous-amendement. Avez-vous
une copie du texte?
M. Jolivet: Bien, ce n'est pas difficile, ce serait d'ajouter
"qu'il détermine par règlement" et...
Le Président (M. Laporte): "Dans une unité
d'aménagement, le ministre peut délivrer..."
M. Jolivet: ...d'enlever "avec l'autorisation du gouvernement".
Il va vous l'écrire.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
La Peltrie.
M. Cannon: Je ne suis pas sûr que cet
amendement-là...
Le Président (M. Laporte): Ce sous-amendement.
M. Cannon: ...ce sous-amendement, pardon, soit recevable. On est
en train de changer un peu la nature du principe qui est ici. Je vous
demanderais de statuer là-dessus en vertu de l'article 244.
M. Jolivet: Avant de statuer, il faudrait entendre les deux
partis.
M. Cannon: Comment?
M. Jolivet: II faudrait peut-être entendre les deux
partis.
Le Président (M. Laporte): M. le député.
M. Cannon: Moi, je fais mon plaidoyer, M. le
député. Si vous voulez faire votre plaidoyer, faites-le.
M. Jolivet: Oui, oui, d'accord, excusez-moi.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
La Peltrie, sur votre intervention...
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'aimerais entendre la logique du député de
Laviolette sur ce point-là.
M. Jolivet: Non, le député de La Peltrie veut
parler.
M. Cannon: J'ai terminé, M. le Président.
M. Jolivet: Non, non, vous avez dit que vous n'aviez pas
terminé. C'est parce que vous êtes bien suiveux du ministre,
vous.
M. Cannon: Pardon?
M. Jolivet: Vous êtes bien suiveux du ministre. Le ministre
a dit: Donnez-moi votre argumentation.
M. Cannon: Je viens de la donner.
M. Jolivet: C'est lui qui a demandé la
recevabilité.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non.
M. Cannon: Je viens de la donner, l'argumentation, M. le
député.
M. Jolivet: Allez-y donc, pour voir.
M. Cannon: Je l'ai donnée au président, c'est fait.
Alors, maintenant, on va vous entendre sur la recevabilité de la
motion.
M. Jolivet: M. le Président, en vertu de notre
règlement, on dit que, pour qu'un amendement soit recevable, il faut
qu'il retranche, qu'il ajoute. En conséquence, ce que je vous
présente retranche les mots "et avec l'autorisation du gouvernement" et
les change par les mots "détermine par règlement". En
conséquence, je pense que, à sa face même, c'est un
amendement qui est recevable. Quant à sa qualité, c'est une autre
question. C'est la discussion qu'on aura à faire avec les votes qu'il
faudra avoir.
Le Président (M. Laporte): M. le député
de
La Peltrie.
M. Cannon: Oui, je suis d'accord avec ce que le
député vient d'indiquer, sauf que je dis que les amendements
doivent aussi se rapporter à son objet et être conformes à
son esprit. (22 h 15)
Le Président (M. Laporte): Je déclare la
sous-amendement recevable, dans le sens de l'article 197 qui dit: "Ils ne
visent qu'à retrancher, à ajouter ou à remplacer des
mots."
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Laporte): Sur le sous-amendement.
M. Jolivet: M. le Président, ce pourquoi je parle de dire
"aux conditions que le ministre détermine par règlement", c'est
simplement parce que, dans le cas où on dit "avec l'autorisation du
gouvernement", c'est tout simplement par décret. Cela veut dire que le
gouvernement, sans aucune autre forme qu'une décision qui est prise par
le Conseil des ministres, détermine les conditions du permis
d'intervention. Il me semble que la logique voudrait que le ministre ne soit
pas autorisé de facto par une décision du Conseil des ministres
à prendre une telle décision, sans au moins avoir eu la chance de
faire paraître un règlement à cet effet qui indique
à ceux qui voudront faire des interventions la capacité
d'intervenir auprès du ministre avant qu'il donne ce permis
d'intervention, cette autorisation qu'il voudrait bien donner. "Dans une
unité d'aménagement, le ministre peut délivrer à
une personne qui en fait la demande, aux conditions qu'il détermine par
règlement - donc, il y a des conditions qui vont déterminer
comment il va accorder tel permis -un permis d'intervention pour la
récolte de bois non attribuée par un contrat d'approvisionnement
et d'aménagement forestier." Cela veut donc dire qu'il y a des gens qui
pourront faire valoir leur point de vue auprès du ministre pour voir
s'il a raison ou s'il a tort, tandis que, dans le cas d'un décret, ils
n'ont pas le choix. Ils vont être devant le fait accompli. Le fait
accompli, c'est que le ministre aura décidé de son propre chef de
donner un permis d'intervention, sans qu'aucune autre personne autour ait eu la
chance de faire valoir son point de vue.
Alors, c'est dans ce sens-là que nous vous présentons
l'amendement, M. le Président. Le ministre pourra nous dire les raisons
pour lesquelles il refuse un tel amendement, puisqu'il semble nous indiquer,
pour le moment, qu'il voudrait le voir rejeté par ses collègues
du côté ministériel.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député de Laviolette l'a mentionné à maintes
reprises, on a dit: On va légiférer moins, on va
légiférer mieux, il y aura moins de règlements. Il nous
réfère à des règlements, à un
règlement pour une occasion, à part ça, un peu
spéciale. Ici, on a le titre, c'est "Intervention ponctuelle". Cela veut
dire exceptionnelle, pour des fins imprévues, pratiquement. S'il y a une
intervention de ce genre-là, il ne faut pas prendre trop de temps. Dans
les délais normaux, une réglementation, ça peut prendre,
si vous voulez, en tenant compte de la rédaction, de l'analyse, de la
préparution et de la parution, trois ou quatre mois, au moins. Et on
parle d'intervention ponctuelle. Alors, il y a une espèce de fausse note
entre dire "aux conditions qu'il détermine par règlement" et
"avec l'autorisation du gouvernement", du Conseil des ministres. C'est une
intervention ponctuelle. Si on s'en tient au titre "Intervention ponctuelle",
je pense qu'on ne peut pas se référer à un
règlement dans ce cas-là. C'est la remarque que j'ai à
faire au député de Laviolette.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je trouve ça bien
intéressant que le ministre m'indique qu'il veut moins agir par
règlement en me disant qu'il veut le rejeter, parce que le
règlement, tel qu'il serait présenté dans ce
contexte-là, aurait pour effet d'enferrer le ministre dans une
procédure qui est tout à fait normale, de toute façon,
mais qui, en même temps, l'amènerait à agir très
lentement dans un dossier où il doit, comme il le dit, agir de
façon ponctuelle.
Maintenant, le mot "ponctuelle", cela ne veut pas dire que ça
doit être immédiat. Je ne sais pas si le ministre me comprend
bien. Une intervention ponctuelle, c'est une intervention qui se fait dans un
cas donné, pour une raison donnée et non pas une occasion qui va
se perpétuer dans le temps. En même temps, ce ne doit pas
nécessairement être une action immédiate. Le ministre, dans
l'argumentation qu'il apporte, nous dit que ponctuelle, pour lui, c'est une
décision immédiate et qu'un des meilleurs moyens qu'il a de le
faire immédiatement, c'est par autorisation du Conseil des ministres,
même si on sait que, des fois, la décision du Conseil des
ministres peut prendre deux, trois ou quatre mois aussi. Cela dépend
comment on la présente, quelles sont les circonstances dans lesquelles
on la présente et quelles sont les conditions dans lesquelles on l'a
présentée.
Le ministre ne pourra pas me faire accroire que c'est plus rapide par
autorisation du Conseil des ministres que par règlement, dans certains
cas. Le ministre sait très bien par expérience, ayant
été à un autre niveau d'administration, que, des fois,
l'une et l'autre se compensent dans le temps. Donc, le mot "ponctuelle", c'est
pour une raison spéciale, mais qui n'a pas à se répercuter
dans le temps et dans certains cas, cela peut être aussi une
décision rapide. Mais il
n'y a rien qui indique que ce sont toujours nécessairement des
décisions rapides. Alors, pourquoi le ministre dit-il qu'il a peur de
passer par la voie réglementaire, qui est celle qui permet à des
gens de faire des interventions, alors que la voie d'autorisation par
décret, elle, empêche toute autre personne de faire des
représentations? Qu'est-ce qui vous indique que le fait de donner
à quelqu'un une capacité d'intervention dans un milieu, alors que
la personne qui a le contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier pourrait le faire, et que, pour une raison ou pour une autre, elle
serait brimée à son tour parce que la décision a
été trop rapide et qu'elle n'a pas eu le temps d'être
avertie...
Je dis qu'il y a là quelque chose à quoi le ministre
devrait réfléchir avant de prendre une telle décision. En
tout cas, moi, je continue à penser qu'on devrait mettre "par
règlement", plutôt que par simple autorisation
décrétée par le Conseil des ministres.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je pourrais
peut-être compléter, M. le Président, en disant que, la
garantie de suppléance, c'est un défaut de fournir,
d'approvisionner tel que convenu dans un contrat, et ce n'est pas
prévisible de la même façon. On ne peut prévoir dans
un règlement que cette garantie devra s'exercer à tel ou tel
endroit. Et les conditions devront s'adapter à la garantie qu'on aura
à exécuter, dependamment des territoires qu'on aura
exploités.
À ces fins, je pense qu'on ne peut réglementer, prendre
quatre ou cinq mois avant d'intervenir, étant donné que, si on
doit exécuter notre garantie de suppléance, il faudra le faire
plus rapidement que ça. C'est un peu la même chose dans les cas
d'expérimentation ou de recherche. Mais c'est plus difficile à
prévoir.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Le ministre a fait mention de quelque chose, il m'a
dit tout à l'heure que ce n'était pas cela, il m'a parlé
de suppléance. Il m'a dit "garantie de suppléance", ce n'est pas
de cela qu'on parlait tout à l'heure, m'avez-vous dit?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Mais tout à l'heure j'ai posé la
question et vous m'avez dit: Non, ce n'est pas de cela qu'on parle.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le deuxième
paragraphe de l'amendement proposé.
M. Jolivet: Ah! D'accord, le deuxième.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On dit: "Ce permis
ne peut être délivré que pour une intervention ponctuelle
à des fins d'expérimentation ou de recherche ou pour
l'exécution d'une garantie de suppléance prévue dans une
convention conclue par le ministre."
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Alors, je maintiens mon amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Laporte): Sur le sous-amendement
présenté par le député de Laviolette qui visait
à retrancher les mots "et avec l'autorisation du gouvernement" par les
mots "par règlement", est-ce que...
M. Jolivet: Et à les remplacer par "par règlement".
Vote par appel nominal.
Le Président (M. Laporte): Vote par appel nominal. Le
nouvel article se lirait ainsi: Dans une unité d'aménagement, le
ministre peut délivrer à une personne qui en fait la demande, aux
conditions qu'il détermine par règlement, un permis
d'intervention pour la récolte du bois non attribué par un
contrat d'approvisionnement et d'aménagement forestier, dans la mesure
où il estime que cette récolte favorise l'aménagement des
peuplements dans les aires forestières où elle s'effectue. M. le
député de La Peltrie?
M. Cannon: Contre.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Anjou?
M. Larouche: Contre.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Rivière-du-Loup?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Contre.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette?
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Ungava?
M. Claveau: Pour.
Le Président (M. Laporte): Pour: 3
Contre: 2
Le sous-amendement est rejeté. Nous revenons à
l'amendement présenté à l'article 10. Sur l'amendement, M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, c'était la remarque
que je voulais faire sur l'amendement.
Je m'aperçois que le ministre est ramené à de
meilleurs sentiments et qu'il va, dans certains amendements, diminuer davantage
les règlements et qu'en conséquence on va arriver à un
projet de loi où les obligations du ministre seront inscrites dans la
loi, de telle sorte qu'il n'aura pas les pouvoirs discrétionnaires qu'il
ne mérite pas comme ministre, dans certains cas, et qu'il n'est pas
nécessaire qu'il ait comme ministre. En conséquence, nous allons
voter contre l'amendement présenté.
Le Président (M. Laporte): L'amendement
présenté à l'article 10 est adopté sur
division?
M. Jolivet: C'est bien cela.
Le Président (M. Laporte): Adopté sur division.
J'appelle... Avant d'appeler l'article 11, est-ce que, de consentement, on peut
suspendre cinq minutes ou si vous préférez poursuivre
l'étude du projet de loi? On poursuit l'étude du projet de
loi?
M. Jolivet: On peut prendre un petit moment de répit.
Le Président (M. Laporte): On suspend les travaux deux
minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 26)
(Reprise à 22 h 35)
Le Président (M. Laporte): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. On inviterait les membres à
prendre place. Nous continuons l'étude de l'article 10. Nous avons
actuellement adopté sur division l'article 24.1 introduit par l'article
10. Nous sommes actuellement rendus à l'article 24.2 introduit par
l'article 10 du projet de loi. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article se lit
comme suit, M. le Président. "Le ministre ne délivre le permis
qu'à une personne ayant conclu avec tout bénéficiaire de
contrat en cours d'exécution dans l'unité d'aménagement,
une entente sur la réalisation des activités d'aménagement
forestier requises. 'Toutefois, dans le cas de l'exécution d'une
garantie de suppléance, le ministre peut, à défaut
d'entente, fixer les modalités de réalisation des
activités d'aménagement forestier et délivrer le permis
d'intervention."
Voulez-vous que je lise l'article 24.3?
Le Président (M. Laporte): Non.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non?
Le Président (M. Laporte): Fidèles à ce
qu'on a fait au début, comme on a adopté l'article 24.1 sur
division, on va continuer l'étude de chacun des articles introduits. M.
le député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui. On dit: "Le ministre ne délivre le permis
qu'à une personne ayant conclu avec tout bénéficiaire de
contrat en cours d'exécution dans l'unité d'aménagement,
une entente sur la réalisation d'activités d'aménagement
forestier requises." Donc, c'est ce qui a trait aux activités qui
permettent l'aménagement forestier, lequel va permettre d'atteindre
l'objectif de rendement soutenu. On dit: Toutefois, dans le cas de
l'exécution d'une garantie de suppléance, le ministre peut,
à défaut d'entente, fixer les modalités de
réalisation des activités d'aménagement forestier et
délivrer le permis d'intervention." Cela veut dire que le permis est
donc donné à une personne ayant conclu un contrat avec un
bénéficiaire et que, s'il n'y a pas d'entente, seulement dans le
cas d'une garantie de suppléance, c'est le ministre qui va fixer les
modalités. Comment va-t-il les fixer? Par règlement? Par
décret? Par entente? Comment?
M. Cannon: Par décret. Présente ton amendement.
M. Jolivet: II a dit par décret, tout à
l'heure.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un pouvoir
qu'on ajoute au ministre, M. le Président.
M. Jolivet: Donc, c'est par règlement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Évidemment,
si cela se produit, il faudra éviter de fermer l'usine quatre ou cinq
mois en procédant par règlement pour fixer les modalités
mentionnées par le député de Laviolette.
M. Jolivet: Une minute! Moi, je suis celui qui a le contrat
d'aménagement et d'approvisionnement forestier qui est prévu par
l'entente que j'ai avec le ministère. Je veux le faire faire par une
autre personne. J'ai le droit. Je détermine avec cette personne que,
disons, dans l'unité d'aménagement de Consol à
Grand-Mère, admettons, pour l'usine de Grand-Mère, c'est Malette
qui fait le travail d'aménagement. Je prends cela comme exemple. Le
ministre va, à ce moment-là, l'autoriser par la délivrance
d'un permis à Malette qui, elle, a conclu un contrat avec le
bénéficiaire du contrat. "Le ministre ne délivre le permis
qu'à une personne ayant conclu avec tout bénéficiaire de
contrat en cours d'exécution dans l'unité d'aménagement,
une entente sur la réalisation des activités d'aménagement
forestier requises." S'il n'y a pas d'entente dans le cas où
il doit absolument lui donner du bois parce que cela doit être
rapide vu qu'il y a une garantie de suppléance à exécuter,
c'est le ministre qui fixe les modalités.
Il y a l'article 24.1 qu'on vient d'adopter sur division. D'accord?
Cela, c'est une intervention ponctuelle. Cela veut dire que, si c'est une
intervention ponctuelle, il y a des gens qui ont déjà
commencé les travaux et qui ne les finissent pas. Cela peut être
ça, parce qu'on dit "en cours d'exécution". On dit: "Le ministre
ne délivre le permis qu'à une personne ayant conclu avec tout
bénéficiaire de contrat en cours d'exécution - c'est un
contrat en cours d'exécution - dans l'unité d'aménagement,
une entente sur la réalisation des activités d'aménagement
forestier requises."
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président... La Président (M. Laporte): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...on parle de
récolte de bois non attribuée par un contrat d'approvisionnement
et d'aménagement forestier, du bois qui n'a pas été
attribué à un bénéficiaire, et on attribue le
permis d'intervention au titulaire, à celui qui avait conclu une entente
avec un bénéficiaire pour la réalisation des
activités d'aménagement forestier. Le fait principal, c'est que
c'est du bois qui n'a pas été attribué; évidemment
qu'il va se produire de la suppléance et qu'on ne sera pas averti
longtemps d'avance. Il faut, évidemment, que le ministre puisse fixer
les modalités, s'il n'y a pas d'entente entre les deux.
M. Jolivet: J'ai de la misère à comprendre, je suis
dans le noir. On est dans la récolte ponctuelle du bois non
attribué.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour
réaliser l'exécution d'une garantie de suppléance
prévue dans une convention entre les deux parties, entre le
bénéficiaire et le titulaire.
M. Jolivet: Je vais essayer de l'expliquer autrement pour voir si
je comprends bien. Là, on est dans ce qu'on appelle une intervention
ponctuelle et cette intervention est à trois fins:
expérimentation, recherche ou exécution d'une garantie de
suppléance. On est clair jusque-là? Cela se fait dans un secteur
déjà en aménagement par une compagnie quelconque pour du
bois qui se trouve dans cette unité d'aménagement, qui n'est pas
encore attribué. Il faut donc, au moment où je coupe ce bois,
qu'il y ait quelqu'un qui garantisse qu'il va y avoir des activités
d'aménagement qui prévoient toujours le principe du rendement
soutenu. Si je coupe dans des conditions qui devront être le reboisement,
je ferai couper pour le reboisement et je devrai reboiser. Si je coupe de
façon sélective, ça permettra à la repousse de
vivre; donc, il y aura une autre formule d'aménagement qui sera
retenue.
En conséquence, l'aménagement forestier a toujours pour
but, en fin de compte, peu importe l'utilisation que je fais de cet
aménagement, le rendement soutenu. Si "le ministre ne délivre le
permis qu'à une personne ayant conclu avec tout
bénéficiaire de contrat en cours d'exécution..." cela veut
dire que, s'il y a du bois non attribué dans ce territoire et qu'il y a
quelqu'un qui fait déjà de l'aménagement dans le coin, il
va devoir s'entendre avec les deux pour déterminer, dans cette
unité d'aménagement, comment vont se réaliser les
activités d'aménagement forestier. C'est bien ça?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela va.
M. Jolivet: Si, dans le cas de suppléance, il n'y a pas
d'entente, le ministre, compte tenu de l'urgence, devra déterminer par
règlement ou par décret, fort probablement par règlement,
dit-il, les activités qui devront être faites pour éviter
qu'elles ne se fassent pas, parce qu'il va falloir que quelqu'un les fasse.
Tandis que, dans le cas de l'expérimentation ou de la recherche, on va
avoir le temps de refaire tout ça et on va être sûr que ce
ne sera pas en urgence qu'on va faire ça, même si, des fois,
ça peut l'être, mais c'est assurément moins en urgence que
la suppléance. (22 h 45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Normalement,
ça devrait être moins en urgence, oui, M. le
député.
M. Jolivet: Donc, le décret ou le règlement que
vous utilisez pour déterminer les conditions dans les cas de
suppléance, ce serait le décret probablement? Ce serait
prévu dans le contrat?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On dit que le
ministre peut, à défaut, "fixer les modalités de
réalisation des activités d'aménagement forestier et
délivrer le permis d'intervention." C'est le ministre
lui-même.
M. Jolivet: Je sais bien que c'est le ministre. Je n'ai jamais
mis ça en doute. Depuis tout à l'heure que je vous dis que c'est
le ministre. La seule chose, c'est comment allez-vous les déterminer?
Par règlement, par décret ou dans le contrat que vous allez
signer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme pour
n'importe quel permis; on inscrit des modalités et c'est le ministre
directement, ni par décret ni par règlement.
M. Jolivet: Tout à l'heure, vous m'avez dit que vous
vouliez le faire par décret parce que ça allait vite. Là,
vous me dites par signature. C'est ce que je comprends. J'ai un
problème. Tout à l'heure, à l'article 24.1, vous m'avez
refusé le mot "règlement" en disant "avec l'autorisation du
gouvernement" parce que ça va être un décret,
ça va être clair, net et précis, ça va être
rapide. Là, vous me dites que "le ministre peut, à défaut,
fixer des modalités". Vous me dites que, dans le permis d'intervention
qu'on va lui délivrer, on va l'inscrire. Alors, pourquoi avoir mis en
haut "avec l'autorisation du gouvernement" et, en bas, le dire autrement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, il y a deux choses. Il y a l'entente et le permis. Dans le
deuxième cas, à l'article 24.2, le ministre intervient à
défaut d'entente, alors que le permis est délivré "avec
l'autorisation du gouvernement". C'est deux choses différentes. Le
ministre intervient dans l'entente et le gouvernement autorise
l'émission du permis.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: On est toujours dans l'intervention ponctuelle.
À l'article 24.1: "Dans une unité d'aménagement, le
ministre peut délivrer à une personne qui en fait la demande, aux
conditions qu'il détermine et avec l'autorisation du gouvernement, un
permis d'intervention..." On dit, dans l'autre article que, s'il n'y a pas
d'entente, il va fixer les modalités et délivrer le permis
d'intervention. Quelle différence y a-t-il entre les deux? Dans les deux
cas, il va le délivrer pareil, le permis d'intervention. Dans l'un, il
va y aller par décret gouvernemental et, dans l'autre, selon sa bonne
volonté, parce qu'il dit: C'est moi qui vais le dire, à
défaut. Parce que c'est marqué qu'à défaut
d'entente, il va fixer les modalités de réalisation.
M. Cannon: II peut.
M. Jolivet: II a beau marquer "peut", mais il peut comment?
M. Cannon: C'est ça, comme il ne peut pas.
M. Jolivet: Parce que vous savez que le "peut" est un "doit"
légal. Dans certains cas, il va être obligé de le
faire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le permis d'intervention est toujours délivré
avec l'autorisation du gouvernement. S'il faut l'ajouter à l'article
24.2, qu'il y ait entente ou pas, on peut l'ajouter.
M. Jolivet: Non, non. D'accord. Non, non. Vous ne me comprenez
pas là. Délivrer le permis d'intervention, j'ai cru comprendre
qu'à l'article 24.1, c'était avec l'autorisation du gouvernement.
J'ai bien compris? Ce n'est pas ça que je cherche. Je dis qu'il y a deux
choses. Vous dites que, dans le cas de la délivrance du permis
d'intervention, c'est avec l'autorisation du gouverne- ment. Et vous dites que,
quand vous fixez les modalités de ce permis que vous allez
délivrer avec l'autorisation du gouvernement, c'est vous qui allez
décider des modalités et que vous n'avez besoin de l'autorisation
de personne. Ce que vous êtes en train de me dire, c'est que vous allez
signer un contrat avec quelqu'un qui va l'obliger à faire telle ou telle
chose. Et, en conséquence, vous allez délivrer, "avec
l'autorisation du gouvernement un permis". Mais mon problème, c'est: Qui
va vous autoriser vous, à mettre telles modalités et qu'est-ce
qui va obliger l'individu à les suivre? Parce que, quand c'est
prévu par règlement, c'est clair; quand c'est prévu par
décision de décret, c'est clair, mais, si c'est vous, y a-t-il
quelqu'un qui pourrait contester vos décisions? C'est cela qui
m'inquiète.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les
modalités, c'est qui?
M. Jolivet: M. le ministre, on va essayer de clarifier la
situation. L'article 24.2 dit ceci. Il y a deux personnes qui doivent
s'entendre par contrat mutuel sur des modalités d'intervention qui
devront être faites sur le terrain qu'il y aura à couper,
là où déjà il y a des activités qui sont
faites par quelqu'un. Je disais tout à l'heure: Moi, je vais aller
prendre le bois non utilisé, mais, quand je vais y aller, comme je suis
tenu d'être dans une aire d'aménagement qui appartient à
quelqu'un en vertu d'un contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier, je devrai m'entendre avec lui sur les modalités pour remettre
le territoire en production. On s'entend jusque-là? Donc, il y a une
entente entre les deux individus. Quand il y a entente entre les deux
individus, le ministre n'a pas d'autre choix que de délivrer le permis
automatiquement. C'est bien cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Avec
l'autorisation du gouvernement."
M. Jolivet: Oui, cela, c'est correct. C'était l'article
précédent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qu'il y ait
entente ou non, il faut l'autorisation du gouvernement pour délivrer le
permis.
M. Jolivet: Je ne mets pas cela en doute. J'arrive à la
deuxième. Quand il n'y a pas entente, je crois comprendre que le
ministre se substitue aux deux parties, fait l'entente et l'impose. Une fois
qu'il l'a imposée, à ce moment-là, la délivrance du
permis, c'est toujours avec l'autorisation gouvernementale. Cela, je comprends
cela. Mais c'est juste la partie entre les deux. Quand le ministre se substitue
aux deux parties pour déterminer l'entente, en vertu de quoi est-il
autorisé à le faire? Est-ce un règlement qui l'autorise
à prendre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non, non.
M. Jolivet: Autrement dit, ce que je veux savoir, c'est: Le
ministre aura-t-il un problème, à un moment donné, avec
quelqu'un qui va contester sa décision? S'il n'en a pas, il faut qu'il
soit appuyé quelque part. Si le ministre me dit: M. le
député, ne craignez rien, l'article 24.2 va se retrouver dans le
pouvoir réglementaire, le ministre va s'être donné le
pouvoir d'intervenir à défaut d'entente je saurai, à ce
moment-là, que personne ne va pouvoir contester son affaire. C'est ce
bout-là que je cherche.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président... Le Président (M. Laporte): M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...que le
député de Laviolette retrouve quelque part les modalités
qui seront imposées, qui seront fixées.
M. Jolivet: Non, non.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...soit par
règlement, soit par...
M. Jolivet: Le ministre ne me comprend pas pantoute. Ce n'est pas
cela. Je ne veux pas savoir quelles sont les modalités que vous allez
donner dans l'entente. Ce n'est pas ça du tout. Je veux que vous soyez
autorisé à vous substituer aux deux parties. C'est cela que je
veux. Parce que vous, à un moment donné, selon chacun des cas,
vous allez devoir décider. C'est cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ce qu'on dit
là.
M. Jolivet: C'est ça. Je comprends très bien cela,
je n'ai jamais nié cela. Toutefois, dans le cas de l'exécution
d'une garantie de suppléance, le ministre peut, à défaut
d'entente, fixer les modalités de réalisation des..." Bon. Quand
le ministre fixe les modalités parce que les gens ne se sont pas
entendus, en vertu de quoi est-il autorisé à le faire? En vertu
de cet article-là tout seul ou en vertu d'un pouvoir
réglementaire qui lui est donné? Autrement dit, c'est cet
article-là qui fait foi du règlement. On n'a pas besoin d'un
règlement pour le faire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je le verrais
comme cela, M. le député.
M. Jolivet: Vous vous obligez à décider à
leur place et eux autres n'ont pas le choix, ils vont être obligés
de faire ce que vous allez dire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: J'aimerais bien entendre quelqu'un me dire cela
légalement, si le "peut" qui est là veut dire "doit". Le ministre
n'a pas le choix, il doit et les autres ont le devoir d'exécuter ce que
le ministre décide.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, on me suggère de suspendre l'article 24.2, surtout le
deuxième paragraphe, et de le reformuler.
Le Président (M. Laporte): Apporter des
précisions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est cela.
M. Jolivet: D'accord, M. le Président, j'accepte cela.
Le Président (M. Laporte): On suspend donc l'article 24.2.
J'appelle l'article 24.3, introduit par l'article 10 du projet de loi. M. le
ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qui se lit, M. le
Président, comme suit: "Le titulaire du permis d'intervention doit payer
les droits prescrits par le ministre pour la récolte du bois; ces droits
correspondent au produit du volume récolté multiplié par
le taux unitaire établi conformément à l'article 72."
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: J'aimerais savoir la raison pour laquelle le ministre
introduit cet article là.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est parce qu'il
s'agit de réaliser une garantie d'exécution de suppléance
et on détermine que des redevances sont payables.
M. Jolivet: Donc, c'est celui qui va avoir le permis
d'intervention. Cela fait partie de l'entente qui devrait exister et le
ministre dit: Ce que vous allez devoir payer, ce sont ces droits-là qui
correspondent au volume qui a été récolté et le
taux unitaire qu'on utilisera, c'est celui qui est prévu à
l'article 72. Donc, c'est le même taux unitaire que dans l'autre cas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Celui qui est
prévu à l'article 72, dans la zone déterminée.
M. Jolivet: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Laporte): L'article 24.3 est-il
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Laporte): Adopté. M. le
député de La Peltrie.
M. Cannon: Quand une personne a un permis d'intervention comme
celui qui est prévu à l'article 24.1, n'a-t-elle pas payé
une redevance avant? Je comprends qu'il s'agit là d'une récolte
ponctuelle du bois non attribué et que, généralement, les
circonstances qui se présentent, ce sont des circonstances où,
effectivement, une personne ne peut pas continuer pour une raison XYZ. Mais,
selon le bon gré du ministre, elle a la possibilité maintenant
d'aller sur un autre territoire récolter le bois nécessaire pour
poursuivre son contrat.
Mais au départ n'a-t-il pas, lui, payé une redevance? Au
fait, c'est parce que l'individu n'a pas pu, lui, réaliser l'ensemble de
son contrat. Ce n'est pas sa faute à lui s'il n'a pas pu le
réaliser, il doit y avoir d'autres circonstances qui font qu'il n'a pas
pu le réaliser. Comme il a déjà payé des redevances
auparavant...
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, la personne, dans ce cas-là, n'est pas
nécessairement un bénéficiaire d'un contrat
d'approvisionnement, ce n'est pas un bénéficiaire d'un CAAF;
c'est une personne avec qui il y a une entente de signée et ce n'est pas
nécessairement elle qui paie les redevances. C'est le détenteur
du CAAF qui est responsable.
M. Jolivet: II paie des redevances seulement sur le bois
récolté. S'il n'a pas récolté ailleurs, il peut
récolter là, mais il ne paie pas deux fois.
M. Cannon: C'est ça, il ne paiera pas deux fois.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. M.
Jolivet: Bien non.
M. Cannon: D'accord, c'est ça que je voulais
éviter. D'accord.
Le Président (M. Laporte): Merci. L'article 24.3 a
été adopté. L'article 10 est suspendu par l'effet de 24.2.
J'appelle l'article 11. M. le ministre.
Normes d'intervention forestière
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'article 11, M.
le Président: Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 26, du suivant: "26.1 Lorsque le titulaire d'un permis
d'intervention confie à un tiers l'exécution des travaux
autorisés par son permis d'intervention, il doit informer ce tiers des
exigences de la présente loi et ses règlements ainsi que des
prescriptions du permis d'intervention relatives aux activités
d'aménagement forestier à exécuter."
Et on souligne: "Le tiers doit se conformer à ces exigences." (23
heures)
C'est pour s'assurer du respect des exigences de la loi, des
règlements qui lui sont afférents et des prescriptions contenues
dans le permis d'intervention, pour éviter que le tiers ne plaide
ignorance et obliger le titulaire à l'informer des exigences du permis
d'intervention.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Il y avait dans le
document que je possède toujours, un amendement qui portait le
numéro 12 et qui disait: L'article 26 de cette loi est modifié
par l'insertion à la fin de cet article des mots "et selon les
instructions de mesurage publiées et tenues à jour par le
ministre à cet effet", ce que l'on ne retrouve pas dans le texte qui
nous est présenté, dans le projet de loi non plus. On dit que cet
article permet au ministre de s'assurer de l'uniformité du mesurage du
bois par tous les intervenants forestiers. Donc, on disait: "selon les
instructions de mesurage publiées et tenues à jour par le
ministre." Dans le deuxième amendement qui était à
l'article 13, on disait: Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 26, de l'article suivant, qui est différent de
celui qui est là: "Le titulaire d'un permis d'intervention doit
s'assurer - donc, le titulaire d'un permis d'intervention - par un
contrôle approprié, du respect des dispositions de la
présente loi lorsqu'il confie à un tiers l'exécution des
travaux autorisés par son permis d'intervention. À cet effet, il
doit informer ce tiers de la nature des travaux et des exigences quant à
leur réalisation en conformité avec cette loi." Donc, on dit: "II
doit informer. Le ministre donnait comme justification que cet article permet
au ministre de s'assurer du respect des dispositions de la loi lorsque le
titulaire du permis d'intervention confie à un tiers l'exécution
des travaux d'aménagement forestier. C'étaient les deux
amendements qu'on devait apporter, mais, là, on les a fondus en un, en
en enlevant une partie.
Quand on dit qu'il doit informer ce tiers, de quelle façon
doit-il l'informer? Est-ce qu'il doit l'informer verbalement? Par écrit?
Est-ce qu'il doit y avoir dans le contrat des exigences prévues? Que
doit-il faire? Parce qu'on dit: II doit informer ce tiers des exigences de la
présente loi et ses règlements ainsi que des prescriptions du
permis d'intervention relatives aux activités d'aménagement
forestier." Comme individu, le titulaire d'un permis d'intervention a son
permis d'intervention, et il demande à une autre personne
d'exécuter à sa place les travaux d'aménagement forestier.
S'il demande à l'autre individu de faire cela, il doit l'avertir de deux
choses: quels sont la loi et les règlements qui existent et quelles sont
les obligations que lui aurait à remplir s'il exécutait le
contrat.
Donc, si c'est l'autre personne qui doit le faire à sa place, il
faut qu'elle soit avertie de tout cela pour que, d'abord, elle ne soit en
contravention ni avec la loi ni avec les règlements et, par ailleurs,
qu'elle n'amène pas l'individu à être pris à payer
des choses qu'il n'aurait pas faites, parce qu'après que l'année
sera écoulée, s'il n'a pas fait des interventions, le
gouvernement pourra les faire ou les faire faire et, à ce
moment-là, s'assurer que l'individu payera cela. Donc, c'est ça
qu'il faut regarder, comment l'individu va informer et quelles sont les
modalités prévues à cet effet. Est-ce que l'information
peut être verbale et que toute personne puisse la contester? Est-ce que
l'information devrait être écrite? Est-ce que l'intervention
devrait être faite devant un tiers? Est-ce que l'information devrait
être faite en présence d'un autre signataire qui s'appelle le
ministère? Comme cela va-t-il être fait?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député de Laviolette souligne un point. Si
le tiers est informé de ses obligations et des prescriptions du permis
d'intervention, je pense bien qu'il faut qu'il soit en mesure de faire la
démonstration qu'on l'a fait. À mon avis, comme le
député de Laviolette le mentionne, il faut trouver la
façon pour que le ministère ait l'assurance que le tiers est
informé correctement. La seule façon de le faire, je pense que
c'est par écrit et dans le contrat que signeront les parties.
M. Jolivet: Donc, est-ce qu'on peut l'inscrire ici dans la
loi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qu'il doit
informer par écrit?
M. Jolivet: II me semble qu'il devrait y avoir quelque chose qui
permette cela. Si vous disiez: On va mettre entre les mots "informer ce tiers"
les mots "par écrit", il me semble que cela serait logique.
J'accepterais un amendement dans ce sens.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je le propose, M.
le Président.
M. Jolivet: Bon.
Une voix: Est-ce recevable?
Le Président (M. Laporte): Pour les fins de la
discussion...
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Laporte): ...c'est ce que je discutais
tantôt avec le secrétaire. Vous avez ce type de délai
à l'article 1013 du Code civil qui indique qu'on doit aviser soit le
fournisseur de matériaux, en tout cas, tous les intervenants dans la
construction d'édifices. D'un autre côté, en mettant
simplement "indiquer - et je ne suis pas un spécialiste là-dessus
- par écrit", si, à titre d'exemple, pour mille et une raisons,
il n'avertit pas par écrit, est-ce que le tiers va pouvoir se soustraire
à ses obligations, si la preuve n'est pas amenée par
écrit? C'est juste peut-être ce point-là que je voulais
évoquer. On peut inscrire dans la loi "il ne pourra se soustraire", mais
si le tiers peut prouver qu'il n'a jamais reçu d'avis écrit ou
qu'il en a jamais pris connaissance, d'après moi, il va pouvoir se
soustraire aux obligations de la loi. Il faudrait peut-être
vérifier ce point-là. Sans nécessairement m'immiscer dans
le débat, c'était ma noble intervention. C'est un simple
commentaire que je voulais livrer pour les légistes du ministre.
L'exemple que j'ai cité, 1013f du Code civil, indique toujours que c'est
un avis qui doit être fourni dans les 15 jours. Si l'avis n'est pas
parvenu dans les 15 jours, il est réputé n'avoir jamais
reçu d'avis, parce qu'il n'a pas pris connaissance de la fin des
travaux.
M. Cannon: M. le Président, le ministre a indiqué
qu'il voulait le mettre par écrit.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui.
Une voix: Vous avez un amendement, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Il doit
informer par écrit.
Le Président (M. Laporte): II y a donc un amendement qui
est proposé afin d'ajouter, à la troisième ligne de
l'article 26.1, introduit par l'article 11 du projet de loi, après le
mot "informer" les mots "par écrit".
M. Jolivet: Le "par écrit" est adopté.
Le Président (M. Laporte): Est-ce que l'amendement est
adopté? L'amendement est adopté. Nous revenons à l'article
11.
M. Jolivet: On est en train de discuter, chacun de notre bord,
les mots "par écrit". On s'entend bien, il n'y a pas de
problème?
Le Président (M. Laporte): L'amendement est
déjà introduit.
M. Jolivet: Oui, c'est simplement que je revenais à sa
discussion et je ne voyais pas d'objection, mais mon collègue à
côté voyait quelques objections. C'est pour cela que je pensais
que vous discutiez de la même chose. Parce que "par écrit",
ça peut être par envoi recommandé, enregistré, pour
être sûr qu'il l'a eu.
Le Président (M. Laporte): II y a toujours
moyen de faire la preuve.
M. Jolivet: Bien sûr. D'accord.
Le Président (M. Laporte): L'article 11, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Jolivet: Adopté.
Le Président (M. Laporte): Adopté. J'appelle
l'article 12. On introduit un amendement. M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Remplacer
l'article 12, par le suivant: "28. Nul ne peut passer avec une machine servant
à une activité d'aménagement forestier sur le lit d'un lac
ou d'un cours d'eau, sauf: "1° pour y installer un pont, un ponceau ou y
réaliser un pontage; "2° en se conformant, le cas
échéant, aux normes établies par voie réglementaire
en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement."
Cet amendement vise à confirmer l'entente entre le
ministère de l'Environnement et le ministre de l'Énergie et des
Ressources et à sauvegarder, évidemment, les pouvoirs du
ministère de l'Environnement, et à faire adopter
ultérieurement par le gouvernement des normes quant au passage d'une
machine servant aux activités d'aménagement forestier sur le lit
d'un lac, d'un ruisseau ou d'un cours d'eau quelconque. Cela a
été discuté avec le ministère de l'Environnement et
nous en sommes venus à une formulation semblable de façon
à assurer le respect de la qualité de l'eau.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: J'ai un petit problème. Le ministre a beau me
dire qu'il a discuté de ça avec le ministère de
l'Environnement, mais il m'inquiète un peu.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Encore?
M. Jolivet: Oui. Vous m'inquiétez toujours. C'est mon
travail de m'inquiéter. Mon problème, c'est que je ne peux pas
mettre en doute votre parole, mais là, je peux au moins mettre en doute
votre jugement sur ce point-là. Cela n'a pas de bon sens. Vous avez
cédé au lobby des compagnies fort probablement. Si je me souviens
des discussions qui ont toujours eu lieu à ce sujet, c'est que, dans le
texte de l'amendement que vous nous apportiez qui est le texte du projet de loi
actuel, vous parliez de "dûment autorisé". Là, ce que vous
dites, c'est "le cas échéant", et vous ne parlez pas
d'obligation. Dans le texte actuel, on dit: "Nul ne peut passer avec une
machine servant à une activité d'aménagement forestier sur
le lit d'un lac ou d'un cours d'eau sauf pour y installer un pont, un ponceau,
ou y réaliser un pontage dûment autorisé en vertu de
l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement." Ce que je
viens de vous lire, c'est l'article 28.
Après cela, à l'article 28.1, on dit: "Nul ne peut
déverser - lors d'une activité d'aménagement forestier,
dans un lac, (...) des déchets". Mais là je parle de "passer avec
une machine servant à une activité d'aménagement forestier
sur le lit d'un lac ou d'un cours d'eau, sauf: 1° pour y installer un pont,
un ponceau ou y réaliser un pontage; 2° en se conformant, le cas
échéant, aux normes établies par voie réglementaire
en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement." C'est bien
différent de ce que vous nous présentiez avant. On disait: "pour
y réaliser un pontage dûment autorisé". Il devait y avoir,
avant qu'ils commencent quelque chose, une autorisation. Là, vous dites
qu'il n'y a pas besoin d'autorisation; ils le feront et, s'ils en ont besoin
d'une, le cas échéant, ils feront une demande d'autorisation.
C'est un peu ce que les compagnies disaient: C'est un maudit aria que d'aller
voir l'Environnement pour avoir la permission; donc, enlevez-nous cette
obligation-là et on va passer directement par vous autres.
Le danger que je vois, et je vous pose la question: Pourquoi vouloir en
arriver à donner a posteriori, le cas échéant, une
autorisation qui n'aura pas été donnée avant? Pourquoi
voulez-vous faire cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, si on veut faire cela, c'est qu'on veut quelque chose qui va
être opérationnel, raisonnable, qui va protéger la
qualité de l'eau. C'est évident que celui-ci est différent
de l'amendement qui avait été proposé en premier.
"Dûment autorisé" supposait que, chaque fois au Québec que
quelqu'un avait à traverser un ruisseau pour faire de
l'aménagement forestier, il fallait qu'il aille chercher un permis chez
le ministre de l'Environnement. Cela voulait dire la délivrance de
peut-être 100 000 permis au Québec par année signés
de la main du sous-ministre ou du ministre. Du cas par cas de cette
façon-là, c'était invraisemblable, ce n'était pas
opérationnel, cela n'avait pas de sens. Et je dirai, par contre, que le
guide des modalités d'intervention en forêt publique, auquel vous
avez peut-être participé, qui a été fait en
collaboration avec le ministère de l'Environnement et le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, prévoit
ces cas-là également. Les employés des forêts
s'assurent du respect du passage des machines dans les cours d'eau pour la
construction de ponts et de pontages à des fins d'aménagement
forestier. C'est la raison pour laquelle on l'a changé, M. le
Président.
M. Jolivet: Ce que vous êtes en train de me dire, c'est
que, si jamais il y avait quelque chose qui se passait quelque part, a
posteriori, vous allez donner un permis pour ne pas avoir de
problèmes. Qu'est-ce que c'est que cette histoire-là? (23
h 15)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Actuellement, les
employés du ministère appliquent le guide des modalités
d'intervention en forêt publique et, dans ce guide, on tient compte de
l'article 28. Et les industriels qui ne s'y conforment pas sont en infraction.
Il y a une liste de...
M. Jolivet: C'est cela, mon problème. Vous êtes en
train de me dire qu'au lieu d'avoir 100 000 signatures par année
à faire pour des permis d'intervention qui permettraient de passer cinq
cours d'eau ou cinq ruisseaux, ces affaires-là, vous aimez mieux risquer
que quelqu'un soit en contravention et le prendre après que de lui
donner l'autorisation avant. Parce qu'on disait: dûment autorisé
en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement. Ce que vous
êtes en train de me dire, c'est que, pour faciliter je ne sais pas quoi -
parce que, là, vous me dites que c'est parce que c'est quelque chose qui
va coûter moins cher, qui prendra moins de temps, qu'il y aura moins de
paperasse à remplir - nous allons leur dire: Écoutez, là,
on se fie sur vous, on espère qu'avec les employés du
ministère vous allez suivre le Guide des modalités
d'intervention en milieu forestier, mais si jamais vous ne faites pas cela,
vous allez en entendre parler. Tandis qu'avant on disait: Vous allez demander
une autorisation.
Je vais vous donner un exemple: le ministère des Transports
demande d'être averti du travail que va faire une municipalité qui
traverse une route pour un tuyau d'aqueduc, admettons. Vous savez, le nouveau
système où on envoie un tuyau, où on pousse de l'air
dedans et on pousse l'autre tuyau par l'intérieur, ce qui fait qu'on n'a
pas besoin de déranger la route. Ils doivent prendre une garantie quand
ils traversent la route. Cette garantie, c'est de dire: Si jamais elle brise,
tu vas la réparer. C'est une façon. Ils envoient cela au
ministère et ils avertissent de ce qu'ils vont faire.
Il me semble que ce serait logique que les gens soient avertis de ce
qu'ils ont l'intention de faire avant que tout commence, puis qu'ils soient
autorisés. Si vous voulez qu'ils soient autorisés par votre
fonctionnaire dans la mise en place du Guide des modalités
d'intervention en milieu forestier, tant mieux. Si vous ne voulez pas que
ce soit le sous-ministre qui signe, mais, sapristi, ne vous organisez pas pour
que des gens soient en contravention continuelle, parce qu'on va avoir un
laxisme épouvantable. Ils vont avoir l'impression qu'ils ont le droit de
tout faire et ce sera pire qu'avant.
Non, mais la raison majeure de ça, c'est quoi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si on se
réfère à l'article 28 de la loi, on n'en parle même
pas. On dit: "Nul ne peut passer avec une machine servant à une
activité d'aménagement forestier sur le lit d'un lac ou d'un
cours d'eau" ni à l'occasion d'une telle activité, y
déverser de la terre. Mais, M. le député, c'est
impossible. Il faut toujours que les gens puissent travailler et faire des
activités d'aménagement. Mais on dit que, pour installer un pont
ou un ponceau, on peut le faire, mais qu'on doit se conformer, le cas
échéant, aux normes établies par voie
réglementaire.
M. Jolivet: Dans l'article actuel, c'est: "Nul ne peut passer
avec une machine servant à une activité" et nul ne peut
déverser de la terre, des déchets, etc. Là, vous dites:
Nul ne peut faire cela, "sauf pour y installer un pont, un ponceau ou y
réaliser un pontage, en se conformant, le cas échéant, aux
normes établies par voie réglementaire en vertu de la Loi sur la
qualité de l'environnement". Puis, vous continuez à dire à
l'article 28.1, où je n'ai pas vu d'amendement, à ma
connaissance: "Nul ne peut déverser, lors d'une activité
d'aménagement forestier, dans un lac ou un cours d'eau, de la terre, des
déchets de coupe, de l'huite, des produits chimiques ou autres
contaminants de même nature visés par la Loi sur la qualité
de l'environnement."
Êtes-vous en train de me dire qu'avec l'amendement que vous
apportez qui remplace l'article 12, vous faites sauter l'histoire de
déverser? C'est ça que vous dites?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. L'article
28.1 parle des déversements. C'est l'article 28 1° et 2° et
l'article 28.1.
M. Jolivet: Attendez une minute. Je vais lire comme il faut.
Peut-être qu'il y a une erreur et je veux m'en assurer. À
l'article 12, c'est marqué: "L'article 28 de cette loi est
remplacé par les suivants."
Et vous avez deux paragraphes. Là, vous me dites à
l'article 12: Remplacer l'article 12 par le suivant. Vous l'avez
oublié.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, il faut le
laisser, celui-là.
M. Jolivet: On va avoir un amendement, là. Une voix:
Oui, c'est vrai.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, vous avez
raison, M. le député.
M. Jolivet: D'accord. Bon, d'accord.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II faut laisser
l'article 28.1.
Une voix: Oui.
M. Jolivet: L'article 28.1.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour les
déversements.
M. Jolivet: Donc, au lieu de remplacer l'article 12 par le
suivant, ce serait le premier paragraphe de l'article 28.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: M. le ministre, je ne suis vraiment pas convaincu de
votre argumentation. C'est que vous donnez, en fait, la permission à
tout le monde de passer, s'ils sont là pour y installer un pont, un
ponceau ou pour réaliser un pontage, sauf s'ils se conforment, le cas
échéant, aux normes établies par voie réglementaire
en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement. Est-ce que la voie
réglementaire est déterminée? Posez-les, ouvertement vos
questions. Moi, je n'ai pas de réponse à...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je m'excuse, M. le
député. Voulez-vous répéter votre question?
M. Jolivet: S'il avait posé la question directement, on
aurait pu répliquer, mais là...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mais non. Le guide
d'intervention en forêt prévoit cela et vous auriez
préféré qu'on dise: En se conformant au guide des
modalités d'intervention. C'est ce qu'on fait. Mais on a ajouté
la possibilité que le ministre de l'Environnement, par voie
réglementaire, émette des normes sur cette question pour
renforcer le guide des modalités d'intervention. C'est plus fort que
ça ne l'était avant. Depuis que le guide d'intervention en
forêt est devenu un règlement, l'an passé, il y a eu des
infractions qui ont été signalées dans cette optique. Il
faut que ce soit quelque chose d'opérationnel. Évidemment,
l'équipement, les tracteurs ou autres doivent traverser. Ils doivent
établir un pont, s'ils veulent faire des opérations
forestières. Ils traversent une centaine de mille ruisseaux par
année.
M. Jolivet: M. le ministre, peut-être que je suis
fatigué, mais je ne voudrais pas devenir fatigant.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Mais je veux bien comprendre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ça, c'est
reposant.
M. Jolivet: C'est ce que je disais à mes
élèves. Si t'es fatigué, ne rends pas les autres
fatigants. Écoutez, vous me dites, au deuxième paragraphe de
l'article 28, qu'on va corriger cela en disant: "en se conformant, le cas
échéant, aux normes établies par voie réglementaire
en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement." Est-ce que vous
êtes capable de déposer ces fameux règlements? Si la loi de
l'environnement existe, ils doivent avoir été
déposés. Est-ce qu'ils existent, ces règlements-là
ou s'ils n'existent pas encore?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils n'existent pas
encore.
M. Jolivet: Ah!
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils n'existent pas
encore, mais le ministre de l'Environnement a la possibilité
d'émettre des règlements sur ce point-là. Cela va
renforcer le guide des modalités d'intervention.
M. Jolivet: M. le Président, vous allez me permettre de ne
pas prendre la parole...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non?
M. Jolivet: M. le ministre, cela n'a pas de bon sens. Non
seulement vous êtes en train de vous donner des obligations par
règlements que je ne connais même pas, mais vous êtes en
train de jouer dans les règlements du ministre de l'Environnement dont
vous ne savez même pas s'il va les adopter. Avant, on disait: II doit
être autorisé et dûment autorisé. Pas de
problème. Vous dites maintenant: II n'a plus besoin de cela. Il va
passer dessus à trois occasions: s'il fait un pont, s'il fait un ponceau
et s'il fait un pontage. À part ça, il faut qu'il se conforme aux
règlements de l'Environnement, qui n'existent même pas. Cela n'a
pas de bon sens, M. le ministre. Revenez à de meilleures conditions que
celles-là. Revenez à votre texte initial. Arrêtez de
céder au lobby des compagnies et revenez à ce qui était
à l'article 28, et on va vous l'adopter tel quel. On dit: "Nul ne peut
passer avec une machine servant à une activité
d'aménagement forestier (...) sauf pour y installer un pont, un ponceau
ou y réaliser un pontage dûment autorisé". À ce
moment-là, on va vous dire oui, M. le ministre, parce que cela vient
corriger la difficulté que vous aviez à l'article 28 de la loi
actuelle où vous étiez obligé de dire: de la loi actuelle:
C'est bien dommage, vous ne pouvez pas passer là.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les industriels ou
les exploitants, les bénéficiaires sont tenus de respecter le
guide des modalités d'intervention en forêt qui tient compte de
cette question-là.
M. Jolivet: Mais il ne l'indique pas. M. le ministre, dans la loi
actuelle...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. Les
bénéficiaires des permis d'intervention sont tenus
de respecter le guide des modalités d'intervention, c'est
publié dans la Gazette officielle. Cela tient compte de cet
aspect de la protection de la qualité de l'eau, et on ajoute à
cela, on le renforce. Si vous le préférez, on va laisser
l'article 28 tel qu'il est là, on peut vivre avec cela, nous. L'article
28 de la loi.
M. Jolivet: Modifié.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pas
modifié.
M. Jolivet: La loi actuelle, sans aucune modification?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. On
l'améliore, on le renforce, on le rend plus...
M. Jolivet: Ce que vous me dites là, c'est que vous
laissez... Autrement dit, l'amendement que vous apportez aux articles 28 et
28.1 par l'article tomberait et on reviendrait au texte initial?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Vous ne
voulez pas ça?
M. Jolivet: Non, je vous pose la question. Tout à l'heure,
l'argumentation que vous nous apportiez, c'était qu'à l'article
28, actuellement, c'était trop restrictif et que vous vouliez l'ouvrir.
Vous l'ouvriez par quelque chose qui était intéresssant mais
à condition d'être dûment autorisé avant d'agir.
Là, vous allez plus loin que cela dans l'amendement que vous venez
apporter, vous dites: II n'a plus besoin d'autorisation. Vous savez que
j'aurais même pu en contester la légalité au point de vue
de sa recevabilité dans ce sens, parce que, là, c'est vraiment un
principe différent. Dans un cas, vous dites "dûment
autorisé" et, dans l'autre cas, vous dites: II fait et on verra
après.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
La Peltrie.
M. Cannon: M. le Président, j'essaie de comprendre un peu
la démarche de mon collègue de Laviolette. Je comprends sa
préoccupation pour l'environnement. Je pense que, de ce
côté-ci aussi, nous la partageons entièrement et
totalement. Là où j'accroche peut-être moins, M. le
Président, c'est lorsqu'il dit que le ministre a cédé aux
pressions des industriels, des grosses compagnies, des papetières, etc.
qui exploitent la forêt.
M. Jolivet: Cela peut être des scieurs.
M. Cannon: Comment?
M. Jolivet: Cela peut être des scieurs aussi.
M. Cannon: Cela peut être des scieurs ou, enfin, des gens
qui sont en forêt. Le ministre a expliqué que, pour pouvoir rendre
cet amendement vivable, pour rendre cette réglementation applicable, il
fallait éviter à tout prix tout ce qu'il y avait comme
procédure longue, comme procédure qui risquerait peut-être
d'embourber la machine. Au-delà de 100 000 demandes sont faites
annuellement, M. le Président, et il me semble que, de ce
côté-là, il y a certainement possibilité
d'alléger le processus.
D'autant plus que mon inquiétude, c'était au sujet des
sanctions, à savoir si les entreprises en question pouvaient intervenir
en milieu forestier avant même d'obtenir une autorisation, etc. Mais on
m'indique que les sanctions sont là et les sanctions sont
sévères, malgré tout. Je pense que, de bonne foi, ce
serait très difficile pour nous de présumer, de la part des
industriels ou des gens qui utilisent la forêt, qu'ils sont en train,
justement, de massacrer la forêt et qu'ils n'ont pas le respect de la
forêt, d'autant plus que ces gens-là vivent de la forêt.
Alors, je pense que le député est peut-être en train de
faire une chicane sur pas grand-chose, finalement.
M. Jolivet: Ce n'est pas une chicane sur rien du tout. Je vais
juste vous lire la loi de l'environnement.
M. Cannon: Qu'est-ce que vous voulez me lire?
M. Jolivet: Écoutez, ce qu'on est en train de dire, c'est
que nous autres, on était satisfaits de l'amendement qui était
apporté dans le projet de loi actuel. Nous autres, on disait: Si vous
prenez l'article 28 actuel et si vous prenez l'amendement qui a
été apporté à l'article 12 qui amenait les article
28 et 28.1, c'est quelque chose qui nous satisfaisait parce qu'on y disait:
"dûment autorisé en vertu de l'article 22 de la Loi sur la
qualité de l'environnement."
À l'article 22, on dit ceci: "Nul ne peut ériger ou
modifier une construction, entreprendre l'exploitation d'une industrie
quelconque, l'exercice d'une activité ou l'utilisation d'un
procédé industriel ni augmenter la production d'un bien ou d'un
service s'il est susceptible d'en résulter une émission, un
dépôt, un dégagement ou un rejet de contaminants dans
l'environnement ou une modification de la qualité de l'environnement,
à moins d'obtenir du sous-ministre un certificat d'utilisation. (23 h
30) "La demande d'autorisation doit inclure les plans et devis de construction
ou du projet d'utilisation du procédé industriel ou
d'exploitation de l'industrie ou d'augmentation de la production et doit
contenir - on pourrait continuer, parce que le texte est très clair
quant à ce que doit contenir la demande d'autorisation - une description
de la chose ou de l'activité visée, indiquer sa localisation
précise et
comprendre une évaluation détaillée
conformément aux règlements du gouvernement, de la
quantité ou de la concentration prévue de contaminants à
être émis, déposés, dégagés ou
rejetés dans l'environnement par l'effet de l'activité
projetée."
Tout ça pour vous dire, M. le Président, que, si je
prenais à la lettre l'argumentation du député de La
Peltrie, à quoi ça sert tout ça, dans le fond? Cela
embourbe la machine, cela met des obligations aux industriels. À quoi
ça sert? Laissons-les aller, laissons-les aller. Si on les laisse aller,
on va avoir bien moins de problèmes, on n'embourbera pas la machine et
on n'en arrivera pas finalement à obliger les industriels à faire
des choses qu'ils doivent faire pour protéger l'environnement. Je ne
sais pas, moi, mais l'argument que le député de La Peltrie
amène...
M. Cannon: Mon collègue est en train de charrier,
ça n'a aucune espèce de bon sens. Il y a un guide et il le sait
très bien. Il sait qu'il n'est nullement question ici de passer outre
aux lois de l'environnement. Il est en train de dire que notre attitude, de
notre côté, c'est de dire: On va faire fi absolument de tout ce
qui touche l'environnement. Je comprends que c'est un débat politique
d'actualité, je comprends qu'il veut peut-être marquer des points
sur ce sujet-là, mais je pense qu'il nous prête de mauvaises
intentions.
On dit finalement qu'il y a au-delà de 100 000 demandes comme
celles-là qui peuvent être présentées. Si vous
êtes aussi soucieux de l'environnement que nous le sommes, de
grâce, M. le député, donnez-nous les moyens de pouvoir
intervenir. C'est ça qu'on vous demande, finalement, c'est ça
qu'on dit.
M. Jolivet: Bien, écoutez, je vais vous dire pourquoi vous
nous dites ça, vous, là.
La Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Le ministre n'a certainement pas, après
consultation de toutes les sommités autour de lui, mis l'article 12
qu'on connaît là pour le plaisir de le faire. Moi, je prends
simplement ce qui est écrit dans le projet de 101 - allez le lire -
allons-y ensemble, là, à l'article 12. Qu'est-ce que dit
l'article 12 du projet de loi actuel?
M. Cannon: Je le sais.
M. Jolivet: C'est parce que je veux le lui montrer dans
ça, là. Je ne lis pas l'article 12 tel qu'il est là. C'est
le même qu'ici. L'article 12: "L'article 28 de cette loi est
remplacé par les suivants: "28. Nul ne peut passer (...) "dûment
autorisé"...
Le ministre, quand il a mis ça là, à 28 et 28.1, ne
l'a pas mis là pour le "fun". Pourquoi aujourd'hui nous apporte-t-il un
nouvel amendement qui vient enlever tout ça et qui enlève
l'obligation d'être dûment autorisé? C'est parce qu'en cours
de route il y a des gens qui ont parlé. Ils ont dit: Ne faites pas
ça, ça n'a pas de bon sens, on va être encore
embourbés comme le dit le député de La Peltrie puis on va
avoir des problèmes, la machine va être enrayée.
Écoutez, 100 000! J'aimerais bien, moi, que le ministre m'indique
combien de ponts, de ponceaux et de pontages ont été faits l'an
dernier, pour savoir s'il y en a eu 100 000. C'est gros, ça, 100 000. Je
sais bien que, pour le sous-ministre, à 100 000, c'est fatigant de
signer. Mais le ministre sait très bien que, pour des activités
comme celles-là, il y a une machine à signer.
M. Cannon: Avant que le ministre réponde
spécifiquement à votre question, M. le député,
j'aimerais bien...
La Président (M. Laporte): M. le député de
La Peltrie.
M. Cannon: ...que vous vous présentiez devant la
commission parlementaire, si jamais il était question de revoir la Loi
sur la qualité de l'environnement. Peut-être que nous pourrions
trouver de multiples exemples où nous pourrions intervenir et demander
au ministre d'accorder son autorisation. Lorsque, chez vous, vous sortez les
vidanges et qu'au printemps vous décidez de faire un ménage dans
votre cabanon et de vous débarrasser des "canisses" de peinture qui sont
là, du varsol et peut-être d'autres affaires, pourrait-on
peut-être vous demander d'obtenir une autorisation de la part du ministre
pour pouvoir le faire. Et, si tous les Québécois le faisaient, ce
serait un beau système!
M. Jolivet: Et vous ne faites pas de nettoyage de votre sous-sol
et de votre cabanon...
M. Cannon: Bien oui, mais, je continue là, on peut aller
jusqu'à la limite.
M. Jolivet: Puis qu'est-ce que ça veut dire,
ça?
M. Cannon: C'est ça.
M. Jolivet: Vous êtes en train de me dire qu'il faudrait
réglementer ça?
M. Cannon: Non. Après ça, je vous demanderais: De
quelle manière allons-nous administrer ça?
M. Jolivet: La récolte des déchets? M. Cannon:
Oui.
M. Jolivet: Si vous voulez qu'on en parle, on va en parler
longuement. Et on va peut-être parier de récupération et de
gens qui ont travaillé. Je vais vous donner des exemples bien typiques
de ça.
M. Cannon: De toute façon, c'est...
La Président (M. Laporte): Sur l'article 12.
M. Jolivet: Non, non, non. Mais au lac Edouard, en haut de La
Tuque, là, toute l'alternative qu'il y avait là, allez voir ce
qu'ils ont fait avec la récupération, ils vont vous en parier,
là.
M. Cannon: La seule chose que je vous dis, c'est: Faisons en
sorte que, chaque fois qu'il y a un matériel comme celui-là, chez
vous, individuellement, dans votre rue...
M. Jolivet: Oui.
M. Cannon: ...vous puissiez vous, comme propriétaire chez
vous, dûment obtenir l'autorisation du ministre, pour que, lorsque le
camion de vidanges passe devant chez vous le lundi, le mercredi ou le jeudi, je
ne sais trop quel jour, vous puissez envoyer les gallons de peinture non
utilisés, le varsol, etc., que vous n'avez pas employés.
M. Jolivet: Mais qu'est-ce que cela vient faire dans
ça?
M. Cannon: Mais ça a beaucoup affaire là-dedans,
mon cher monsieur.
M. Jolivet: Vous parilez de charriage tout à l'heure, vous
ne charriez pas, vous pelletez à la tonne, à la planche, cela n'a
pas de sens. C'est un bulldozer en face de moi.
M. Claveau: Cela n'a aucun rapport.
Le Président (M. Laporte): Messieurs, si nous pouvions
revenir à l'article 12.
M. Cannon: Voilà, c'est exactement, M. le
Président.
M. Claveau: Veux-tu avoir un truc pour le varsol? Laisse ta
"canne" ouverte et ça s'évapore tout seul.
M. Jolivet: L'article 12 est bien clair. Le ministre, ce n'est
pas par hasard qu'il proposait un amendement à l'article 28. Le ministre
m'a tendu une perche tout à l'heure, que je n'accepte en aucune
façon. Il dit: Écoutez, si vous ne voulez pas accepter notre
amendement, revenez à l'ancien article 28 et n'en parlons plus.
Justement, j'étais d'accord avec le ministre sur l'article 12
amendé, qui amendait l'article 28. C'est pour cela que je disais:
Pourquoi le ministre l'a-t-il inscrit là? C'est parce qu'à
l'époque il y croyait, à ce qu'il a écrit là. Ce
n'est pas pour rien qu'il a marqué "dûment autorisé en
vertu de l'article 22". S'il l'a enlevé et qu'il le transpose par
l'autre, c'est parce qu'il a eu des pressions de gens qui ne sont pas
normalement des travailleurs - je pense que ce doit être des employeurs -
qui, eux, ont décidé de dire: Ne faites pas cela, cela n'a pas de
sens, donnez-nous la chance de pouvoir nous installer et, si on fait une
erreur, vous nous actionnerez après. Vous savez que c'est facile. Des
fois, c'est moins dispendieux de se faire punir par une amende que de respecter
la loi de l'environnement elle-même. Donc, ça ne les
inquiète pas. Écoutez, il y a des gens qui ont vu cela pour le
dimanche. Ils aimaient mieux passer à côté de la loi parce
que cela coûtait moins cher, qu'ils faisaient plus d'argent et payaient
plus facilement leur dû, que de fermer le dimanche. C'est ce qui fait
qu'on a des problèmes aujourd'hui.
M. Cannon: Là, M. le Président, je rappellerai
à mon collègue de Laviolette de revenir au sujet qui nous
préoccupe, parce qu'il est rendu sur les heures d'ouverture le dimanche
et de payer des amendes.
Le Président (M. Laporte): Oui, sur l'article 12, M. le
député de Laviolette.
M. Cannon: II me fait penser à moi avec mes vidanges.
M. Jolivet: C'est un exemple. Mais, nous, on menait des vies
d'anges. On avait des sacs de poubelle sur la tête.
M. Cannon: Depuis 1985, oui.
M. Jolivet: Simplement pour vous dire que j'étais d'accord
avec l'article que le ministre proposait. Je ne comprends pas son
entêtement à ne pas vouloir l'accepter et à dire:
Écoutez, l'amendement que j'ai apporté, M. le
député, vous avez raison, ce sont des pressions que j'ai
reçues et je pense que je n'aurais pas dû en tenir compte. Je
l'enlève et je passe à l'article qui est là.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, d'abord, les opérations forestières, les
travaux d'aménagement forestier sont soumis au guide des
modalités d'intervention en forêt, qui a été
confectionné en collaboration avec le ministère de
l'Environnement, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et, chez nous, le ministère de l'Énergie et des
Ressources, et qui tient compte de cet aspect. Je ne vois pas pourquoi on
ajouterait deux ou trois règlements par-dessus
pour s'assurer du respect de la qualité de l'eau, quand c'est ce
qu'on fait. Par contre, si le ministre de l'Environnement veut, par voie
réglementaire, établir des normes spéciales, allons-y,
mais actuellement je peux assurer que l'environnement est
protégé. Et je peux assurer le député de Laviolette
que je n'ai pas eu de pressions pour changer cela.
M. Jolivet: Je suis obligé de prendre votre parole.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Mais dites-moi donc pourquoi vous aviez mis cela
avant?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est parce que ce
n'est pas opérationnel, cela n'a pas de sens, tout simplement.
M. Jolivet: Vous avez fait un amendement non opérationnel
et vous nous dites aujourd'hui: On va le rendre opérationnel en
changeant l'amendement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
ça.
M. Jolivet: Et, en plus, vous me dites que vous allez faire
ça par un amendement qui fait que c'est par voie réglementaire
qui n'existe même pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela existe
déjà dans le guide des modalités et, si on veut le
renforcer, d'accord, allons-y, sauf qu'il faut fonctionner avec quelque chose
qui a du bon sens. Il serait stupide comme vous l'avez mentionné en
lisant l'article, de décrire exactement l'endroit spécifique,
tout ça, et puis d'arriver ensuite avec la délivrance de 100 000
permis. 100 000 demandes, 100 000 permis. Cela n'a tout simplement pas de
sens.
M. Jolivet: Écoutez, je ne peux pas prendre votre parole
au sujet de 100 000 permis...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Allez voir
quelqu'un, disons, à Havre-Saint-Pierre, Natashquan ou ailleurs, qui va
traverser un ruisseau pour faire des travaux. Il va être obligé
d'arrêter les travaux pour aller demander un permis dûment
autorisé et revenir faire une demande écrite pour
spécifier l'endroit géographiquement, la longitude, la latitude?
Voyons donc! Le but est de protéger l'environnement, c'est de
protéger la qualité de l'eau. Ce qu'on propose là le
protège amplement.
M. Jolivet: J'ai de la misère à suivre, M. le
Président. Si le ministre avait accepté de dire qu'il a mis
ça parce qu'il voulait s'assurer que l'environnement était
protégé, il ne nous demanderait pas aujourd'hui d'adopter un
amendement qui fait que, au bout du compte, il vient dire qu'il doit se
conformer, le cas échéant, "aux normes établies par voie
réglementaire en vertu de la Loi de la qualité sur
l'environnement", voie réglementaire qui n'existe même pas. Il
s'en va dans une autre loi. Il ne sait même pas si cela va exister ou
non, de quelle façon cela va exister, mais il se fie sur le ministre de
l'Environnement pour déterminer cela. Je trouve que cela n'a pas de bon
sens.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si cela n'a pas de
bon sens, ce sont des voies réglementaires qui vont être
émises, qui vont être discutées quelque part au
gouvernement. À cette occasion, je pourrai participer aux
débats.
M. Jolivet: Mais, à nous autres, les
députés, comme le député de Saint-Maurice qui
travaille très fort ce soir, on viendrait dire que nous sommes devant le
fait que nous n'aurons même pas la chance de regarder le
règlement. Vous êtes d'accord avec moi? Le ministre dit: Une voie
réglementaire d'un autre ministère. Le député de
Saint-Maurice va comprendre facilement qu'il n'a pas autorité sur
ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y a une
prépublication en ce qui concerne les règlements. Vous pouvez les
regarder et communiquer avec...
M. Jolivet: Je sais bien ce que vous me dites là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui, mais si
vous le savez, ne dites pas que vous ne pouvez pas les voir.
M. Jolivet: Je veux dire les voir ici en commission. La
prépublication n'exige pas une vision de ce document et une discussion
ici en commission parlementaire. C'est ce que je veux dire. En tout cas, j'ai
fini, pour le moment. J'ai donné mon opinion. Je ne sais pas ce que
j'aurais de plus à ajouter. Peut-être que le député
d'Ungava a des choses à dire.
Le Président (M. Cannon): M. le député de
Laviolette, est-ce que l'amendement est adopté? Ah, M. le
député d'Ungava. Je crois qu'il reste deux ou trois minutes.
Une voix: Non, non, il a 20 minutes.
Le Président (M. Cannon): Excusez, M. le
député, il vous reste 20 minutes.
M. Claveau: Je ne voudrais surtout pas abuser du temps de la
commission. Je veux juste dire que, personnellement, je ne comprends pas, non
plus, pourquoi le ministre fait cela, dans la mesure où les arguments de
mon collègue de Laviolette sont tout à fait raisonnables. S'il
n'y a pas de réglementation en vertu de la Loi sur
la qualité de l'environnement quant aux normes
d'établissement des ponts, ponceaux, etc., à ce moment-là,
je comprends mal que l'on puisse s'y référer.
Le Président (M. Cannon): Avez-vous terminé, M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: Le ministre ne veut pas comprendre, de toute
façon. Il nous écoute d'une oreille distraite. Il a dans sa
tête d'aller avec cet amendement, alors qu'en réalité son
premier texte de l'article 12 était très intéressant et
conforme à l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Ce qu'il nous amène là est une émanation
de ses propres rêves. Je ne sais pas comment il va l'appliquer.
M. Jolivet: Moi, en tout cas, je trouve cela scandaleux.
Le Président (M. Cannon): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je trouve cela scandaleux. Le
ministre nous proposait quelque chose qui était vraiment
intéressant, qui ouvrait une porte intéressante à la
protection de l'environnement et, par des pressions qui ont été
faites, par des actions qui ont été apportées, il vient
nous dire que ce qu'il avait écrit avant était niaiseux. Le
ministre va me dire qu'il n'y a pas eu de pressions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai dit au député que je n'avais pas eu de
pressions. Il a pris ma parole et, maintenant, il la met en doute.
M. Jolivet: Je la mets en doute sur ça. Il y a
certainement eu quelque chose qui s'est passé. Si ce n'est pas vous,
c'est quelqu'un d'autre. (23 h 45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): II s'est
passé quelque chose chez moi. Quand j'ai vu que ce n'était pas
opérationnel, j'ai dit que cela n'avait pas de bon sens, une affaire
comme ça. Et vous admettrez avec moi que ça n'a pas de bon
sens.
M. Jolivet: Mais là ne venez pas me dire que les
légistes qui ont préparé le texte à votre demande,
dans le temps, ont fait quelque chose de niaiseux? Ce n'est pas vrai, ce n'est
pas ça pantoute. Écoutez, quelles sont les raisons qui les ont
obligés, entre le dépôt du projet de loi et aujourd'hui
avec un amendement, à changer radicalement d'opinion? C'est de dire:
Avant, il fallait qu'ils soient autorisés, on dit asteur: Pas
d'importance, autorisés, pas autorisés, ils feront bien ce qu'ils
voudront. On dit même que, s'ils se conforment, ce sera, le cas
échéant, aux normes établies par voie réglementaire
qui n'existent même pas.
M. le Président, je vais voter contre l'amendement qui est
là. J'aurais aimé mieux le texte que le ministre nous avait
donné dans le projet de loi, plutôt que l'amendement qui est
devant nous.
Le Président (M. Cannon): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Oui, j'ai une question à poser au ministre.
Est-ce qu'il existe véritablement des problèmes dans l'industrie
forestière pour qu'elle se conforme à l'article 22 de la Loi sur
la qualité de l'environnement? Quels sont les problèmes qui vous
ont été soumis ou qui ont servi à votre analyse pour dire:
Écoutez, ce n'est pas réaliste? Quand on dit que ce n'est pas
réaliste, il faut s'appuyer sur quelque chose.
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
expliqué depuis plusieurs minutes pourquoi ce n'était pas
réaliste, ce n'était pas véritable. Dans les
opérations forestières, il faut évidemment traverser des
ruisseaux, il faut évidemment faire des ponceaux. Chaque fois, il faudra
une demande détaillée en spécifiant la longitude, la
latitude, la largeur et le temps de l'année, chaque fois qu'on va
traverser, des choses qui sont difficilement prévisibles lors du plan
d'opérations annuel; c'est impossible de faire ça. On estime que
c'est au moins 100 000 demandes de permis par année. C'est pas
opérationnel, tout simplement.
Le Président (M. Cannon): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Le député de La Peltrie disait tout
à l'heure, dans son intervention, ah! de toute façon, il n'y a
pas de problème, il y a un Guide des modalités d'intervention
en milieu forestier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
déjà prévu dans le Guide des modalités
d'intervention en milieu forestier, qui est un règlement qui a
été publié dans la Gazette officielle il n'y a pas
tellement longtemps. Lorsqu'un intervenant forestier ne s'y conforme pas, il y
a des infractions de prévues chez nous.
M. Claveau: Oui, mais, à ce moment-là, vous revenez
à l'argumentation de mon collègue de Laviolette, tout à
l'heure, quand il disait: Vous allez attendre qu'ils créent
l'infraction, après ça, vous allez courir après.
Écoutez, c'est une situation...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non...
M. Claveau: Moi, j'ai déjà vu fermer un site de
gravier parce que ça pouvait éventuellement déranger les
activités d'un castor.
D'un côté, on a le ministère de l'Environnement qui
est très sévère sur l'utilisation de la ressource et qui
va prendre, des fois, des
positions qui peuvent sembler un petit peu farfelues, bien qu'il
s'appuie sur une réglementation, et il faut se conformer à
ça. Alors, d'une part, on va empêcher d'exploiter un site de
gravier parce que ça dérange l'activité d'un castor, comme
j'ai déjà eu le cas dans le comté. D'un autre
côté, vous dites que ce n'est pas grave, qu'on va permettre
d'intervenir et de sauter par-dessus les ponts, les ponceaux, de passer dans
les écluses à castor et tout ça, parce que, si on demande
des permis, ça sera trop long, trop pénible.
Normalement, dans le milieu forestier, on sait où on s'en va
quand on exploite. Les chemins sont prévus. Il y a des gens qui
arpentent le terrain avant. Je ne connais pas beaucoup d'exemples de gens qui
s'en vont à l'aveuglette, quand on fait de l'exploitation
forestière, surtout avec la machinerie qu'on a aujourd'hui. On commence
par sonder le terrain avant de s'aventurer. C'est très risqué et
ça coûte cher. Alors, je ne vois pas en quoi cela peut être
imprévisible.
Dans le courant des années soixante, la chose se faisait, et,
malheureusement, je pourrais vous donner des noms de ruisseaux et de
rivières - entre autres dans des exploitations du 50e parallèle -
qui sont complètement détruits, aujourd'hui, qui sont
complètement disparus, parce qu'on laissait l'industrie
forestière aller à volonté. On a des ruisseaux qui sont
littéralement disparus de la mappe. Cela, c'est l'autre
exagération de l'autre bord.
Là, on dit que le ministre, à la bonne volonté ou
sur la bonne foi des compagnies, va dire: Bon, écoutez, on sait que vous
n'exagérerez pas, que vous allez passer là-dessus, que vous allez
vous conformer au manuel. Mais le manuel, là-dedans, c'est quand
même pas nécessairement toutes les spécifications et les
autorisations ou la façon de voir du ministère de
l'Environnement. Il me semble qu'il y a là un risque énorme par
rapport à l'écologie. Il y a des sites qui sont quand même
assez fragiles sur le plan écologique, et, à ce moment-là,
on y va un peu avec des gros sabots là-dedans. Vous ne trouvez pas, M.
le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. Continuez, M.
le député.
M. Claveau: Non, mais j'essaie de comprendre. À l'instar
de mon collègue de Laviolet-te, j'essaie de comprendre comment ça
se fait que vous soyez revenu sur une position semblable dans la mesure
où l'on n'autorise à peu près personne à faire quoi
que ce soit en forêt ou ailleurs sans l'autorisation du ministère
de l'Environnement. Et, vous, vous dites: Ce n'est pas grave, de toute
façon, nous autres, la machinerie forestière, il faut que cela
passe. Les industries minières sont liées par les choses de
l'Environnement, tout le monde est lié par cela.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ceux-là le
sont aussi également. Le Guide des modalités d'intervention en
milieu forestier a été fait avec le ministère de
l'Environnement, et la qualité de l'eau est entièrement
protégée par ce guide-là.
M. Claveau: Quelles sont les dispositions...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les
lisières, les bandes riveraines sont protégées. Vous devez
avoir l'occasion de les survoler en allant dans votre comté, et vous
devez voir des endroits où on a protégé des bandes
riveraines, des cours d'eau, et vous devez voir des effets du nouveau
régime forestier. Cela commence à paraître. Cela commence
à changer d'allure en forêt.
M. Claveau: Ce n'est pas encore très visible entre vous et
moi.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah! oui. Bien,
vous n'êtes pas passé à la bonne place.
M. Claveau: Je n'en ai pas entendu parler et je n'ai pas pu
constater personnellement de gros changements depuis deux ans dans les
modalités de faire en forêt.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien, vous vous
informerez.
M. Cannon: M. le Président.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
La Peltrie.
M. Cannon: M. le Président...
M. Claveau: ...que vous avez vu qu'il y a eu vraiment des
modifications énormes quant aux modalités d'intervention en
milieu forestier.
M. Cannon: M. le Président, je pense que vous m'aviez
cédé la parole.
Le Président (M. Laporte): Oui, je vous ai reconnu, M. le
député de La Peltrie.
M. Jolivet: On ne peut pas céder la parole à
quelqu'un pendant que l'autre l'a encore.
M. Cannon: II avait effectivement terminé. M. Jolivet:
Non, non.
M. Cannon: Et j'indiquerai aussi que M. le député
de Laviolette a également terminé.
M. Claveau: J'aimerais que le ministre nous fasse part d'une
façon très précise des...
M. Cannon: Je pense que le député d'Un-gava, s'il
veut continuer comme cela...
M. Claveau: Non, non.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Ungava...
M. Cannon: M. le député d'Ungava, s'il vous
plaît!
M. Claveau: J'aimerais que le ministre nous fasse part parce
que...
M. Cannon: Vous n'avez pas le droit de parole, M. le
député, attendez donc quelques minutes.
M. Claveau: Dans quelle mesure que je n'ai pas le droit de
parole?
M. Cannon: Parce que le président vient de me céder
la parole après que vous avez complété votre
argumentation. Voilà, c'est aussi simple que cela. C'est comme cela que
cela marche.
M. Jolivet: M. le Président, j'invoque le
règlement. Je m'excuse, M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, mon collègue
était en train de poser des questions au ministre, et vous l'avez
interrompu je ne sais pas pour quelle raison. Je ne sais pas comment le
député de La Peltrie peut déterminer qu'il avait
terminé son argumentation. Je pense que vous avez probablement
erré dans l'impression que vous aviez du député d'Ungava
qu'il avait terminé mais je suis sûr qu'il n'avait pas
terminé. Demandez-lui.
M. Cannon: Question de règlement, M. le Président.
Encore une fois, le député de Laviolette remet en question en
vous disant: Vous avez erré. Vous avez compris aussi bien que moi, M. le
Président, que le député d'Ungava avait terminé son
intervention et que le député de Laviolette, quant à lui,
n'a plus le droit de parole sur cette question. Je veux simplement indiquer
que, depuis maintenant 15 ou 20 minutes, et le député de
Laviolette et le député d'Ungava, systématiquement, sont
en train de reposer les mêmes questions auxquelles le ministre avait
répondu au tout début. Le ministre dit: Ce n'était pas
praticable de faire cela comme cela. Eu égard au Guide des
modalités d'intervention en milieu forestier, elles existent, et on
vous invite à les vérifier en forêt pour voir les effets
que cela a sur la bonification et le travail qui est fait en forêt. Si
vous avez, M. le député, l'intention de continuer votre
"filibustage" jusqu'à minuit, on va vous laisser le soin de le faire.
Allez-y.
Le Président (M. Laporte): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le député d'Ungava.
M. Claveau: La seule chose qui est évidente et très
visible au moment où on se parle, c'est qu'on coupe plus proche des
rivières qu'on coupait avant. C'est à peu près tout. Je
vais demander au ministre qu'il nous fasse part d'une façon très
précise des articles ou du texte du Guide des modalités
d'intervention en milieu forestier qui traitent de cette question. Ce
serait probablement intéressant, pour éclairer tous les membres
de la commission, de savoir dans quelle mesure le manuel est très
spécifique par rapport à cette question. Est-ce que le ministre
pourrait, puisqu'il s'est référé au manuel
lui-même?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est devenu un
règlement qui a paru dans la Gazette officielle, vous n'avez
qu'à le consulter.
M. Claveau: Mais vous devez le connaître votre manuel, je
suppose.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je pourrai
déposer le règlement qui a paru dans la Gazette
officielle.
M. Jolivet: II touche à ça, aux ponceaux, aux
ponts.
M. Cannon: Question de règlement, M. le Président.
Je ne pense pas que le député de Laviolette ait encore le droit
de parole sur cet amendement.
M. Jolivet: Je m'en vais vous faire un amendement au plus vite,
vous.
M. Claveau: On pose des questions au ministre.
Le Président (M. Laporte): M. le député de
La Peltrie, je comprends le sens de votre intervention. Pour l'avancement des
travaux, la commission a toujours établi des normes très larges
afin de laisser l'ensemble des membres intervenir. J'avais reconnu, je crois,
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: J'ai posé une question à M. le ministre
par rapport aux dispositions très précises du manuel des
modalités d'intervention sur ce point.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président. Le Président (M. Laporte): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour passer le
temps, dans la Gazette officielle du 9 novembre 1988, on dit au sujet de
la protection de la qualité de l'eau: "Nul ne peut passer avec une
machine servant à une activité d'aménagement
forestier sur une bande de terrain d'une largeur de cinq mètres
de chaque côté d'un cours d'eau intermittent sauf pour la
construction d'un chemin, pour le creusage d'un fossé de drainage
à des fins sylvicoles ou pour la mise en place d'infrastructures.
Lorsque le titulaire d'un permis d'intervention effectue l'abattage d'arbres en
bordure d'un cours d'eau ou d'un lac, il doit enlever tous les arbres ou partie
d'arbres qui tombent dans le cours d'eau ou le lac lors de cette intervention
forestière." Et si vous demandez qu'il aille demander un permis au
ministre de l'Environnement, cela va encore compliquer les histoires. Cela va
être brillant. "Lorsque le titulaire d'un permis d'intervention construit
un sentier de débusquage ou de débardage et que ce sentier doit
traverser un cours d'eau, il doit mettre en place un ponceau d'au moins 45
centimètres de diamètre ou l'équivalent répondant
au débit de la crue des eaux, un pont, ou réaliser un pontage."
C'est tout ça qu'on fait et c'est un règlement qui est
appliqué chez nous, qui a été fait avec la collaboration
du ministère de l'Environnement. Je peux continuer. Il y a encore 4, 5
ou 6 articles.
M. Cannon: Continuez, M. le ministre, continuez.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II me reste encore
combien de temps?
Une voix: Trois minutes.
Le Président (M. Laporte): M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Lors de la
construction d'un chemin, aux endroits où le sol présente une
couche indurée imperméable, le titulaire d'un permis
d'intervention doit construire ce chemin à une distance d'au moins
quatre fois le nombre de mètres correspondant à la hauteur des
berges d'un lac ou d'un cours d'eau. Toutefois, cette distance ne doit pas
être inférieure à 60 mètres et elle se mesure
à partir de la limite des hautes eaux naturelles. Dans le cas où
la topographie..." C'est tout ça.
M. Claveau: Lorsqu'il s'agit de déterminer, par exemple,
si c'est une frayère, si on a le droit de passer, si le terrain est
perméable ou non, etc., est-ce que vous allez vérifier juste
après coup?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président.
Le Président (M. Laporte): Oui, M. le ministre, vous aviez
la parole.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, les rivières à saumon sont
protégées par une bande de forêt de 60 mètres de
chaque côté.
M. Claveau: Les frayères à doré. On a
déjà modifié le parcours d'une ligne de transport
d'Hydro-Québec à la Baie James pour protéger des
frayères à doré.
Une voix: Les frayères à barbotte?
M. Claveau: M. le député n'est pas au courant de la
différence entre le doré et la barbotte. Il ferait mieux de
s'informer.
Le Président (M. Laporte): Sur l'article 12, M. le
député de l'Ungava?
M. Claveau: Non, mais il y a des éléments comme
ça. Qu'est-ce qui va autoriser l'intervenant forestier à passer
à tel endroit plutôt qu'à tel autre, étant
donné la nature du terrain, la valeur du cours d'eau, le site
écologique, le microclimat, n'importe quoi, il y a bien des raisons.
À ce moment-là, tout en appliquant les modalités que vous
prévoyez pour ramasser les souches et les trembles qui traînent
dans l'eau - ça c'est tout simplement normal - mais, tout en
prévoyant ça, il reste que vous allez passer à tel endroit
et, à ce moment-là, il faut que quelqu'un s'assure que le passage
n'est pas dommageable pour l'écologie de l'environnement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cet le MLCP...
Le Président (M. Laporte): M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...qui a
contribué au guide des modalités, qui tient compte des
frayères, de la protection pour les rivières à saumon et
même de la ouananiche.
M. Jolivet: C'est le même ministre qui a fait ce dont on a
entendu parler dans le journal.
Le Président (M. Laporte): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député d'Ungava?
M. Claveau: II y a un problème dans la logique du
ministre. Le ministère des Transports ne peut même pas s'approcher
avec une route d'une source naturelle parce que ça pourrait être
dangereux pour l'écologie et tout ça. On connaît des cas de
sources le long des grandes routes, où on ne peut même pas
aménager quand c'est juste un petit filet d'eau qui sort de la terre,
parce que ça pourrait éventuellement modifier le cours de la
nature. C'est le ministère de l'Environnement qui l'impose. Et vous
dites qu'avec les gros sabots l'industrie forestière peut passer
n'importe où pour autant que ça respecte quelques petites
modalités de base. Il n'y a pas de problème: Gardez la place
propre et faites attention pour que ça ne paraisse pas trop, et vous
allez pouvoir passer n'importe où. Je trouve ça quand même
bizarre comme démarche, compare à tout ce qu'on connaît
ailleurs dans d'autres domaines, les modalités d'intervention et les
critères très serrés du ministère de
l'Environnement quant à
la gestion, entre autres, des eaux naturelles.
Il reste qu'il y a là une démarche qui n'est pas
conciliable avec la démarche normale du ministère de
l'Environnement pour la façon de fonctionner dans des cas semblables au
sujet des eaux naturelles. C'est bien clair. On pourrait en donner à
volonté des exemples comme ça. Je veux bien croire qu'il faut que
la machinerie avance dans le bois et qu'elle ne le fera pas sans dommages.
C'est évident. Mais on veut justement minimiser les dommages. À
ce moment-là, on ne comprend pas pourquoi le ministre... Il pourrait y
avoir une certaine modalité, une certaine restriction applicable de
façon ou d'une autre à des endroits ou selon la nature des cours
d'eau. Si c'est une petite crique de trois pieds de large, évidemment,
on ne parle pas de la même chose. Encore là, ce n'est pas
évident. Il y a des modalités qui devraient être plus
précises quant à l'application des mesures en fonction des
intérêts ou de ce qui est généralement
véhiculé par le ministère de l'Environnement.
Le Président (M. Laporte): M. le député
d'Ungava, malheureusement, il est minuit. Et, selon l'ordre de la Chambre, les
travaux sont terminés. J'aimerais remercier l'ensemble des membres de la
commission pour leur précieuse collaboration. Les travaux sont
ajournés sine die.
(Fin de la séance à 0 h 2)