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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Poulin): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je déclare la séance ouverte.
Je rappelle le mandat de la commission de l'économie et du
travail: Procéder à l'interpellation du ministre du Travail par
le député de laviolette sur le sujet suivant: La
détérioration des services offerts aux travailleurs et
travailleuses du Québec par la Commission de la santé et de la
sécurité du travail
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a deux
remplacements: M. Charbonneau (Verchères) est remplacé par Mme
Blackburn (Chicoutimi) et M. Desbiens (Dubuc) est remplacé par M.
Chevrette (Joliette).
Le Président (M. Poulin): Merci M. le secrétaire.
Je rappellerai les dispositions régissant les interpellations. Le
député qui a donné l'avis d'interpellation intervient en
premier pendant dix minutes; le ministre interpellé intervient ensuite
pendant dix minutes aussi, il y a ensuite alternance dans les interventions aux
cinq minutes. Le débat est de deux heures et, à la fin, le
ministre a dix minutes et le député de l'Opposition, dix
minutes.
Donc, M. le député de Laviolette.
Exposé du sujet M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Cette question de la
santé et de la sécurité du travail est parmi les plus
importantes, parce qu'elle touche trois domaines vitaux: d'abord, les services
de santé, la sécurité publique et les relations du
travail. La conception et l'application d'une politique de santé et de
sécurité du travail est décisive pour toute la
société.
Pour le montrer, quelques résultats de l'année 1987, selon
les dernières données disponibles: 5 000 000 de journées
perdues à cause des accidents au travail at, en comparaison, on s'est
aperçu qu'au cours de cette année-là les grèves ont
fait perdre cinq fois moins de journées de travail; le total des
coûts directs et indirects pour les entreprises est de l'ordre de 6 000
000 000 $, soit quatre fois plus cher que l'impôt des
sociétés. Mais, cela dit, il faut repousser fermement l'opinion
suivant laquelle le régime québécois imposerait un fardeau
trop lourd aux employeurs.
Si l'on compare la situation financière du régime à
celle de l'Ontario, on s'aperçoit que, depuis 1984, le coût moyen
pour tes employeurs québécois est moins élevé. Par
exemple, en 1988, le taux moyen de cotisation des employeurs à la
Commission était de 2,75 % de la masse salariale. En Ontario, pour la
même année, Se taux moyen de cotisation était de l'ordre de
3,02 %; en 1989, la cotisation est montée, en Ontario, à 3,12 %
de la masse salariais alors qu'au Québec elle est restée à
ce même niveau de 2,75 %.
Alors, on comprend que ce n'est jamais intéressant pour quiconque
d'avoir à payer, pas plus pour nous que pour Ses employeurs, mais il
faut s'assurer qu'il y ait un système pour permettre aux travailleurs de
bénéficier d'une forme d'assurance en cas d'accident. Mais qu'on
arrête cependant de dire que le régime québécois de
santé et de sécurité du travail coûte trop cher. Au
contraire, nous croyons qu'il est compétitif. En plus de ça, le
déficit accumulé du régime ontarien est quasiment trois
fois plus élevé, de l'ordre de 6 700 000 000 $ contre 2 400 000
000 $ au Québec. C'est sûr, nous en convenons, il y a toujours de
la place pour de l'amélioration, mais ce sont tes travailleurs qui,
à notre avis, en ont besoin.
En effet, contrairement à l'opinion de certains, ce n'est pas le
nombre de réclamations qui doit baisser, c'est le nombre d'accidents. De
1976 à 1988, le nombre de lésions professionnelles est
passé de 100 000 à 280 000 par année. En moyenne, un
travailleur sur dix est victime d'un accident du travail au cours de sa vie. Il
y a des industries où c'est encore pire: 20 % dans les scieries et 32 %
dans d'autres industries. Donc, au premier rang des priorités d'un
gouvernement responsable, il doit y avoir prévention de risques
professionnels et indemnisation des victimes, en toute justice.
Le gouvernement précédent avait pris ses responsables,
comme d'ailleurs, dans beaucoup d'autres domaines. Il a voté la Loi sur
la santé et la sécurité du travail en 1979 et la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles en 1985, deux lois
jugées parmi les plus avant-gardistes au monde. Malheureusement, au
chapitre de la prévention, la Loi sur la santé et la
sécurité du travail ne s'applique pas encore à toute la
population active. En effet, pour accomplir cette grande réforme, il
fallait y aller de façon graduelle. Jusqu'en 1985, la mise en
application a progressé, mais nous croyons que, depuis ce temps, presque
rien n'a été fait ou plus rien, semble-t-il, n'a
été fait.
Cela nous mène à regarder la façon dont l'actuel
gouvernement traite les dossiers de santé et de sécurité
du travail. Dans ce domaine, plus que dans tout autre, on a vu les effets du
rapport Gobeil qui, en 1986, recommandait la privatisation des services aux
accidentés du travail. À la même époque, ia
Commission elle-même commandait une étude sur ce projet.
Devant le barrage de protestations des travailleurs, le
gouvernement et la CSST ont compris que la révolution qu'ils voulaient
faire n'avait aucune chance d'être poursuivie.
Mais le but poursuivi reste le même: couper les dépenses
par tous les moyens. C'est pourquoi nous dénonçons la politique
de harcèlement dont sont victimes les accidentés du travail
depuis trois ans. Nous dénonçons le fait que la commission soit
de plus en plus restrictive dans l'application de ses lois. Cette politique a
pour effet de provoquer des délais inacceptables. Actuellement,
d'après nos renseignements, c'est près de 50 000 dossiers
d'indemnisation qui sont en attente au premier palier de décision. Dans
certains cas, cela fait deux ans que l'accident est survenu. À la
Commission des affaires sociales, qui Juge en appel les causes d'accidents
antérieurs à la loi actuelle, 6000 dossiers traînent
encore; Ses délais vont jusqu'à deux ans et demi.
Devant les bureaux de révision paritaire, on compte 9000 dossiers
en attente et les délais vont jusqu'à douze mois. À la
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles, 12 000
dossiers d'accidents du travail sont en attente et les délais vont
jusqu'à 18 mois. L'addition de tous ces délais peut signifier
près de quatre à cinq ans d'attente et, pendant ce temps, la
commission ne paie pas un sou. Même si le travailleur a raison,
même s'il gagne, dans ces conditions, il va en souffrir. La situation ne
s'améliore pas, elle empire d'après nous. Il y avait 2500
déclarations d'appel à la Commission d'appel en 1986 et on
prévoit qu'il y en aura plus de 5000 en 1989. La Commission,
d'après nous, est largement responsable de cette situation; elle
conteste de plus en plus les demandes des travailleurs.
En arbitrage médicai, par exemple, la Commission faisait 30 % des
demandes en 1986-1987 et elle en fait, en 1988-1989, 55 %. Au cours de la
même période, le pourcentage de demandes d'employeurs est
passé de 60 % à 40 %. Autrement dit, nous avons l'impression que
la Commission fait le travail des employeurs, même s'ils ne le veulent
pas, même s'ils ne le contestent pas.
Autre exemple: la question du droit à des prestations. Las
travailleurs présentaient 42 % des demandes de révision en
1985-1986 et, en 1988-1989, ils présentaient 84 % des demandes de
révision. Autrement dit, les travailleurs sont beaucoup moins satisfaits
des décisions rendues par la Commission et les ernployeurs beaucoup
plus.
Ce n'est pas un hasard s'il y a des abus; ce n'est pas seulement la
faute du système, d'après nous. C'est parce qu'il y a,
semblerait-il, une volonté délibérée de bloquer le
système. Deux exemples: en 1987, la Commission a lancé une
opération spéciale pour réviser les cas
d'indemnités de longue durée, autrement dit, pour réviser
des cas qu'elle avait elle-même décidé de reconnaître
et certains cas où la Commission des affaires sociales s'était
prononcée en faveur de l'employé. En 1987 également, la
Commission a commencé à appliquer un recueil de normes sur le
retrait préventif et ce recueil indiquait que soulever des charges
iourdes, travailler la nuit, travailler debout de façon prolongée
ne justifiait pas un retrait préventif ni la réaffectation
à un autre emploi. C'est parce que les auteurs du recueil ont
oublié l'hépatite il qu'une femme enceinte, qui travaillait avec
des personnes souffrant de cette maladie, a dû poursuivre la Commission
pour avoir son retrait préventif.
Le ministre va nous dire: Je ne peux pas forcer la CSST, c'est un
organisme autonome, avec un conseil d'administration auquel sont
représentés les travailleurs et les employeurs. Oui, mais au
conseil d'administration, l'ensemble des membres ne sont pas là
continuellement, sauf, bien entendu, celle qui le dirige, la
présidente-directrice générale. Quant à
l'administration quotidienne, c'est l'affaire du comité de direction
où les gens sont à temps plein, et c'est une administration qui
est à l'heure, à la journée.
Là-dessus, nous croyons que le gouvernement est tout à
fait capable de se faire entendre par la Commission, parce que c'est lui qui a
décidé, à un moment donné, de faire des changements
à la direction; la majorité des membres du comité de
direction ont été nommés par le ministre qui
précédait celui qui est !à aujourd'hui, mais, chose
certaine, le gouvernement semble avoir donné une tournure que les
responsables ont prise à la lettre, c'est-à-dire de diminuer le
déficit annuel, de diminuer le déficit actuariel accumulé
pour en arriver, finalement, à faire en sorte que c'est sur le des des
travailleurs que nous croyons que ça s'est fait.
Le ministre nous a dit, en commission parlementaire sur les
crédits budgétaires, que, tout comme ses collègues du
côté ministériel et ceux de «"Opposition, il
était conscient que les travailleurs faisaient certaines
récriminations qui étaient justes, qu'il entendait agir, mais
nous croyons qu'après trois ans et demi de gouvernement - même
s'il n'était pas ministre à l'époque, il y en avait un qui
était de son gouvernement - oui, il y a eu détérioration,
il faut corriger la situation et ce, dans les plus brefs délais, pour
que les travailleurs se sentent vraiment soutenus par la Commission et non pas
harcelés par elle. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député. M. le ministre.
Réponse du ministre M. Yves
Séguin
M. Séguin: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord saluer mes collègues de l'Assemblée nationale qui
participent à ces travaux,
ce matin, et également Indiquer que je suis accompagné des
principaux collaborateurs de la CSST. Je compte bien, dans les deux heures que
nous avons ce matin, essayer de répondre aux questions et donner des
orientations, l'éclairage aux préoccupations qui seront
soulevées.
Je voudrais Indiquer aussi que nous avons eu l'occasion, mardi soir, de
consacrer deux heures à la CSST, dans le cadre de l'étude des
crédits du ministère du Travail, et j'ai particulièrement
apprécié la philosophie qui a animé cette discussion de
deux heures, où tant mon collègue, le député de
Laviolette, qui a demandé l'interpellation ce matin, que les autres
collègues ont bien voulu participer aux commentaires et aux
représentations. J'ai trouvé très intéressantes
certaines représentations qui rejoignent les miennes ainsi que celles du
conseil d'administration et de la direction de la CSST. J'espère, moi
aussi, que dans un avenir très rapproché...
Je vous indiquerai tantôt les éléments d'un pian
d'action qui est entrevu actuellement et dans quel délai on pense
procéder. Quand je parle de délai, c'est très court,
quelques semaines, en fait. Il y a l'étape d'une assemblée au
conseil d'administration prévue pour le 18 mai prochain, dans trois
semaines environ. J'anticipe bien que, dès après le 18 mai, nous
pourrons procéder à une espèce de plan d'action qui
permettrait de corriger les lacunes qui sont actuellement
dénoncées et représentées de toute part et que je
fais miennes. Comme je l'ai déjà dit publiquement, tant à
l'occasion du rapport du Vérificateur général qu'à
l'occasion d'autres préoccupations, j'ai été le premier
à m'informer moi-même des situations et, comme
député de Montmorency, à représenter moi-même
des dossiers de gens de mon comté qui ont eu des difficultés, ce
qui m'a permis de me sensibiliser à des situations que l'on croit
inacceptables. J'ai pu m'en entretenir plusieurs fois avec la direction de la
CSST.
Vers le mois de février, nous avons commencé une
réflexion générale sur les problèmes et
essayé de trouver des solutions. J'espère que, ce matin, Ses
éléments de solution que je pourrai donner, même s'ils ne
sont pas complets, permettront également à mon collègue,
le député de Laviolette, de dépasser le stade de la
critique et de s'engager, lui aussi, dans des suggestions, des recommandations
ou des éléments de piste. Je pense qu'il faut dépasser le
débat partisan sur le plan politique. Il n'est pas suffisant de
dénoncer des situations, il faut également regarder des voies de
solution. J'en ai déjà suggéré quelques-unes
d'ailleurs et j'en ai beaucoup d'autres. Quelquefois, c'est un défi de
trouver des solutions à certaines situations. J'espère que mon
collègue voudra bien relever ce défi et partager avec moi des
voies de réflexion pour voir ensemble s'il y a des pistes qui nous
semblent raisonnables, et en tracer l'encadrement. Je suis bien conscient qu'il
y a des problèmes. J'ai été le premier à les
reconnaître, mais je pense qu'on ne va nulle part si on ne fait que les
décrier. Une fois qu'on reconnaît qu'il y a des problèmes,
il faut ensuite travailler à les solutionner. Je ne voudrais pas laisser
pour compte le député de Laviolette, ne pas lui faire partager ce
travail qui est de trouver maintenant des solutions. Je pense que c'est un
défi commun qu'on se donne.
Je pense avoir suffisamment laissé entrevoir le consensus, le
dialogue, que ce soit avec les collègues de l'Assemblée
nationale, avec des organismes que je rencontre très fréquemment
ou avec les parties syndicales et patronales qui, depuis plusieurs mois,
m'entretiennent de beaucoup de projets. À la suite de l'examen de
l'ensemble de ces représentations fort nombreuses - encore la semaine
passée, j'ai rencontré la Coalition de défense du retrait
préventif de la femme enceinte; j'ai rencontré une
quantité de groupes qui se portent à la défense des
accidentés du travail. J'accueille favorablement les
représentations qui sont faites - à la suite donc de cet examen
ou de cette réflexion, j'ai tracé des voies de solution que je
veux proposer au conseil d'administration. Il me ferait grand plaisir de
m'entretenir avec mon collègue, le député de Laviolette,
pour avoir son éclairage sur des voies de solution afin que ce plan
d'action soit mis en place, non pas pour me réconforter comme ministre
ou encore réconforter mon gouvernement, non pas pour faire plaisir
à des groupes, mais dans le but ultime - c'est là ma vision des
choses et ma préoccupation - de bonifier, d'aider la personne qui fait
face à un accident du travail.
Je ne veux pas me porter à la défense du système.
Je ne veux pas me porter à la défense nécessairement de la
loi. Je ne veux pas me porter à la défense de la stabilité
financière d'un organisme. Je pense que le point majeur sur lequel l'on
doit travailler maintenant, c'est là mon seul souci, je le dis bien - je
le répète, c'est mon seul souci - c'est de trouver les meilleures
façons pour que la personne qui a un problème d'accident du
travail reçoive le meilleur traitement, le traitement le plus humain, le
plus rapide, le plus efficace.
Si ça devait amener des changements, des élargissements de
budgets, j'y suis favorable. Je pense que la préoccupation majeure,
maintenant, c'est la personne, l'accidenté du travail. Je l'ai dit
tantôt, je vais continuer, dans les prochaines semaines, à
rencontrer certaines personnes, certains groupes. Dès après le 18
mai, j'envisage de faire connaître quelques éléments de ce
plan d'action dans le but de démontrer que, tout de suite, se
développe une dynamique positive pour trouver les solutions.
Vous comprendrez, M. le Président, que je ne suis pas en mesure,
nécessairement, de dévoiler tous les éléments d'un
plan d'action, mais je pourrais en donner des indications. Je pense,
d'ailleurs, que l'étude des crédits, les deux heures que nous
avons passées ensemble ont permis de voir qu'il y a quand même sur
la table
plusieurs éléments positifs de travail. C'est dans cet
angle-4à, je pense, qu'il faut maintenant s'attabler pour passer de la
parole aux gestes. Je suis parfaitement d'accord avec ça et, à
l'assemblée du conseil d'administration du 18 mai prochain, je veux
terminer cette réflexion pour, après, commencer un engrenage qui,
loin d'être une réforme... Je pense qu'il ne faut pas s'engager
dans une réforme globale de toute la loi actuelle. Je pense que c'est
une bonne loi dans son ensemble.
Vous me permettrez, M. le Président, d'ouvrir une
parenthèse aussi. Je voudrais souligner qu'il y a un petit peu plus de
3000 personnes, hommes et femmes, qui travaillent à la CSST et, bien
loin de moi l'idée d'accabler ces personnes pour le travail qu'elles
font. Je pense que ça serait complètement irresponsable et trop
facile de se trouver un bouc émissaire et de dire que ce sont les
employés ou les gens qui travaillent à la CSST qui sont
responsables de ce qu'on peut décrier. C'est toujours trop facile. Je
côtoie ces gens depuis dix mois maintenant que je suis ministre du
Travail, un petit peu plus de dix mois, et je suis en mesure de dire que ce
sont des gens qui, comme vous et moi, M. le Président, et comme mon
collègue, le député de Laviolette, ont drôlement
à coeur eux aussi de trouver des solutions. Mon rôle, en partie,
c'est de leur donner la possibilité de perfectionner, d'assouplir le
système. Ils ont à administrer une loi, je l'ai dit, qui a
été votée il y a plusieurs années, qui a fait
l'objet de longs débats à l'époque et dont tout le monde
reconnaît les qualités aujourd'hui. Il y a quelques défauts
dans le système, bien sûr, mais je n'ai aucune hésitation,
connaissant la bonne foi et l'excellente collaboration des gens de la CSST,
comme, je l'imagine aussi, la collaboration de mon collègue, le
député de Laviolette, à entrevoir maintenant un travail
pour trouver les solutions et procéder le plus rapidement possible
à ce plan d'action. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
Argumentation M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je regarde aller le
ministre et l'immense travail qu'il nous demande de faire. Je dois vous dire
que mon travail comme membre de l'Opposition - et je suis assuré que
même certains collègues comme tels vous le diraient - c'est aussi
de faire en sorte que le travailleur, dans les plus brefs délais,
obtienne au moins l'assurance qu'il y a eu des moyens de prévention ou
des moyens curatifs, qu'on appelle, qui lui permettent de dire: Oui, mol, comme
travailleur, je me sens appuyé et non pas harcelé par la
commission. D'un autre côté, le ministre n'est pas sans
connaître les nominations partisanes qui ont été faites au
comité de direction. Cela nous inquiète un peu dans la mesure
où on a, à certains moments donnés, des ordres nous
indiquant dans quelle direction il faut aller, surtout quand on
considère le travail qui a été fait par le comité
Gobeil en particulier.
Je voudrais parler du dossier du retrait préventif pour la
travailleuse enceinte ou celle qui allaite. Au moment où le gouvernement
libérai proclame que la dénatalité est le problème
le plus important, nous avons l'impression que la CSST, par la permission
tacite, d'une certaine façon, du gouvernement, impose des
contrôles que l'on juge vexatoires au retrait préventif, ce qui
fait dire à des gens que c'est un droit, le retrait préventif
pour la travailleuse enceinte ou celle qui allaite, en voie d'extinction. Dans
plusieurs cas, la commission refuse de se baser sur le certificat du
médecin de la travailleuse, accordant le retrait selon ses propres
normes qui sont plus restrictives. Selon une récente décision de
la justice ou de la cour, cette attitude est considérée comme
illégale car la commission est liée par le certificat
médical. Dans plusieurs cas, même si la demande est accueillie, le
retrait n'est accordée que plus tard, à partir de la 24°
semaine de grossesse au lieu de la 12e semaine. Pourtant, la
travailleuse n'a pas été réexaminée par qui que ce
soit. Donc, la décision n'est pas, d'après nous, médicale,
elle est tout simplement bureaucratique.
La commission prétend, elle, accepter 85 % des demandes, mais ce
n'est pas tout à fait clair, surtout quand on considère que la
présidente-directrice générale a admis elle-même,
lors d'une entrevue, que le nombre de refus a augmenté en 1988 et, en
commentant l'affirmation de deux médecins selon lesquels 40 % des
demandes sont rejetées, elle a échappé que ce pourcentage
n'avait pas bougé depuis trois ans. Cela dénote que ce
pourcentage n'a pas changé justement depuis son arrivée. Depuis
que la commission a révisé ses critères en 1987, elle
conteste plus souvent les demandes qui lui sont présentées et les
délais vont jusqu'à plusieurs mois avant de régler la
question, comme si la commission voulait décourager les travailleuses de
réclamer leur droit. On est en droit de se demander comme plusieurs, si
le retrait préventif n'est pas en réalité une fumisterie?
On a même vu des cas où la commission contestait une demande que
l'employeur voulait accepter.
Pourtant, le retrait préventif - le ministre le sait très
bien - ce n'est pas un luxe. Une étude démontre que ce sont les
personnes qui travaillent dans le domaine du textile, de la santé, les
serveuses, les vendeuses qui s'en prévalent et qui en ont un ardent
besoin; ce sont toutes des catégories de personnes qui en ont vraiment
besoin. Quand on regarde le budget lui-même dans ce dossier: 39 000 000
$, en 1988; 47 000 000 $, en 1989, essentiellement parce que le nombre de
demandes augmente. Il y avait 2000
cas, en 1981, et 16 000, en 1988. Donc, on comprend, à ce moment,
qu'il y ait une forte pression auprès de ces travailleuses pour,
malheureusement, qu'elles ne demandent pas le retrait préventif.
M. le Président, nous disons que le ministre doit corriger la
situation et nous dire si le retrait préventif de la travailleuse
enceinte ou qui allaite est vraiment un droit qu'elle peut exercer ou si c'est
un droit en voie d'extinction. Le ministre parle de réaffectation
à un autre emploi, il cite le cas d'une technicienne de laboratoire qui
a été réaffectée en gardant le même emploi,
mais avec des gants. Dans ce sens, je dois dire qu'il y a beaucoup à
faire si on veut passer, comme le ministre l'a dit tout à l'heure, de la
parole aux actes, pour que le retrait préventif ne soit pas une
fumisterie. (10 h 30)
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre.
M. Yves Séguin
M. Séguin: Merci, M. le Président. Encore
là, je dois indiquer que, mardi soir, nous avons eu amplement de temps
de discussion, et je sais que l'un des dossiers qui a préoccupé
mon collègue, le député de Laviolette, était ce
programme qu'on appelle le retrait préventif des femmes enceintes. Pour
n'en rappeler que l'essentiel, la loi prévoit qu'une femme enceinte peut
demander à son employeur d'être réaffectée à
d'autres tâches plus conformes à son état ou, à la
rigueur, à être retirée du travail, et donc à ne pas
continuer à travailler tout en étant indemnisée.
Je voudrais indiquer à mon collègue - et il le sait, je
pense - que, depuis 1981, date de l'entrée en vigueur de ce programme un
peu spécial - et j'indique également que c'est un programme
unique qui n'existe nulle part ailleurs, c'est quand même une innovation
intéressante, au Québec, que cette considération pour les
femmes enceintes en milieu de travail - les demandes ont quand même
considérablement augmenté. En 1981, lors de l'entrée en
vigueur du programme, il y a eu 1241 dossiers; en 1982, 3912 et, par la suite,
c'est monté à 4122 en 1983, à 7172 en 1984, à 10
962 en 1985, à 12 754 en 1986, à 14 337 en 1987 et, en 1988,
dernière année pour laquelle nous avons des chiffres, sur une
base annuelle, à 16 113, pour un montant global approximatif de 45 000
000 $.
À l'origine, en 1981, l'ancien gouvernement, dont faisait
d'ailleurs partie le député de Laviolette, avait projeté
consacrer annuellement entre 2 000 000 $ et 4 000 000 $. Je comprends qu'il y a
certaines difficultés dans le programme du retrait préventif et
nous aurons l'occasion d'en parler, mais je veux quand même rappeler
à mon collègue qu'eux-mêmes, à l'occasion - et je
les félicite pour l'introduction de ce programme... Il n'y a pas de
doute qu'il faut se féliciter de la création de ce programme,
mais les budgets actuels sont quand même de 45 000 000 $ comparativement
à 3 000 000 $, en 1981. Il faut quand même reconnaître que,
loin d'un déclin, ce programme a connu un développement.
Quant à la situation actuelle de ce programme de retrait
préventif, je peux vous indiquer... J'attends, ce matin, quelques
aménagements techniques pour, peut-être avant la fin de notre
séance, pouvoir annoncer une mesure qui touche le retrait
préventif. J'ai encore besoin d'environ une heure ou une heure et demie,
sur le plan technique, pour en discuter, mais je souhaiterais, avant de quitter
la séance, pouvoir annoncer quelque chose qui va rassurer...
Une voix: Consentement.
M. Séguin: ...mes collègues et en particulier le
député de Laviolette, de même que tous les autres qui ont
pu manifester à mon égard des inquiétudes quant aux
orientations de ce programme de retrait préventif de la femme enceinte.
Donc, à la fin de la séance, si la possibilité m'en est
donnée, j'aimerais pouvoir l'annoncer, mais je veux indiquer tout de
suite que l'orientation concernant le retrait préventif de la femme
enceinte est de maintenir absolument ce programme. Il n'est aucunement question
d'en réduire le budget ou l'application. Au contraire, nous cherchons
actuellement une façon de maintenir ce programme et de le rendre
totalement conforme à la philosophie de la loi qui l'a lancé.
On a rencontré quelques difficultés au cours des
années, mais je pense que nous sommes en mesure de les corriger.
J'entrevois de continuer la discussion avec certains groupes, en particulier la
coalition qui m'a rencontré. Je les ai invités à me
rencontrer de nouveau, à l'intérieur d'un comité non
formel de discussions, pour cheminer en ce qui concerne les
préoccupations sur le retrait préventif, dans une attitude qui
est extrêmement positive à l'heure actuelle. Merci, M. le
Président.
Le président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. J'aimerais
peut-être, dans un premier temps, saluer l'arrivée de l'honorable
chef de l'Opposition qui vient se joindre à une discussion fort
intéressante, puisqu'il s'agit de l'indemnisation de nos concitoyens
lors d'accidents du travail.
M. le Président, faut-il se rappeler qu'en 1983, lors du
dépôt de l'avant-projet de la loi 42, le président du
temps, le juge Sauvé, avait indiqué à cette Chambre,
précisément le 27 mai 1983, que ça prendrait cinq ans
avant qu'on puisse connaître les effets de Sa loi 42, qu'on puisse
connaître ses bienfaits et, surtout,
regarder, en dehors de la loi, les structures administratives. Puisque
la loi 42 a été adoptée en cette Chambre, Je pense
qu'à partir du moment où le cadre législatif a
été bien fait, après de nombreuses discussions, il s'agit
de vivre avec et de l'améliorer, non pas en fixant un autre cadre
législatif, mais bien en regardant ce qu'on peut faire à partir
des structures intérieures.
Là-dessus, je souscris volontiers aux intentions du ministre
visant à rapprocher, à humaniser ce qu'on appelait une boite. M.
le Président, j'aimerais Indiquer aux gens de cette Chambre que, peu
importe le côté où on est, la CSST, pour un
député, c'est toujours un dossier très actif, peu importe
qu'on soit de ce côté-ci ou de l'autre côté. Je parle
en connaissance de cause, j'ai fait les deux côtés. Le chef de
l'Opposition le sait fort bien aussi.
L'expérience des parlementaires doit être prise en
considération, M. le ministre, puisque nous sommes souvent le premier et
le dernier tampon de l'accidenté. Nous sommes son premier recours dans
bien des cas, mais, souvent aussi, nous sommes son dernier recours. Je pense
que l'expérience des parlementaires doit être mise à profit
à l'intérieur de la structure de la CSST pour rapprocher, d'une
façon définitive, l'accidenté de travail d'un
règlement, dans le délai le plus normal possible.
Inutile de mentionner ici la panoplie de causes engendrées par
les retards qu'on pourrait considérer, dans bien des cas, comme
étant abusifs. Je pense que ce n'est pas ici, en cette salle
aujourd'hui, qu'on réglera ce problème. Mais, par exemple, le
fait que vous ayez annoncé un rapprochement de la structure en
région vis-à-vis des accidentés est déjà un
grand pas en avant, un pas important.
Lors de l'adoption des crédits, vous nous avez indiqué
plusieurs intentions. Il y en a particulièrement une qui m'a fait
plaisir, soit la possibilité de mettre, à l'intérieur de
la boîte de la CSST, quelqu'un qui pourrait jouer le rôle qu'on
pourra appeler d'un ombudsman ou autre titre faramineux. Ce dernier devra se
rapprocher le plus de l'accidenté du travail, en évitant le plus
possible la paperasse, afin de donner une réponse positive au plus de
cas possible, pour s'assurer que celui dont la seule faiblesse est d'avoir eu
un accident du travail, le seul péché est d'avoir eu un accident
du travail et la seule demande à la société est d'avoir
une indemnité de remplacement de revenu pour sa famille et ses
besoins...
Je pense que, dans une société démocratique comme
la nôtre, c'est une chose primordiale, c'est une condition sociale
acquise au cours des nombreuses années. Les intentions que vous avez
révélées tout à l'heure dans votre discours, et
particulièrement lors de l'adoption des crédits, je le
répète encore, sont un pas en avant important. M. le ministre,
j'invite beaucoup votre cabinet et la CSST à ne plus regarder le cadre
législatif, mais à puiser à l'intérieur de la
structure pour faire ce rapprochement. Merci.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député. M. le chef de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je suis venu pour
exprimer un peu ce que je vis dans mon comté, les impressions que j'ai,
à la suite de ce que les gens me racontent. Ce sera peu flatteur pour la
CSST, sans doute. Je voudrais dire, d'ores et déjà, que je ne
vise pas les travailleurs qui doivent rencontrer les accidentés
quotidiennement, cela ne doit pas être un cadeau pour eux autres non
plus, mais il se dégage une impression nette, claire et précise,
en tout cas, dans ma région, qu'une directive administrative, officieuse
ou secrète, fait que dès qu'un gars ou une femme est
accidenté, le premier réflexe est de tout barrer. Va en
appel.
Je donne l'impression qui se dégage nettement des
problèmes de la CSST. Ceux qui viennent au bureau, c'est ceux-là.
En première instance, on dirait que c'est automatique, ces gens ont
reçu la directive de dire: Va en appel et on verra. Le premier appel,
d'ailleurs, est relativement plus vite qu'il ne l'était. Mais, en tout
cas, c'est une impression qui se dégage nettement de l'ensemble des
dossiers qu'on a. Dans la région Laurentides-Lanaudière, en tout
cas, vous pourriez en rencontrer des dizaines et des dizaines qui vous diraient
cela.
Deuxièmement, il se passe un phénomène assez grave,
les médecins refusent de faire de S'expertise. Cela commence à
être inquiétant parce qu'il y a des salariés qui doivent
aller nécessairement à Montréal, même pour une
expertise personnelle. Ils veulent contrecarrer l'expertise du médecin
de la CSST ou encore aller en appel. Ils ont énormément de
difficultés. Le corps médical semble réticent
présentement à poser des diagnostics. D'autant plus, entre vous
et moi, qu'ils vont en arbitrage contre un autre collègue. Quand on
connaît le conservatisme médical, de toute façon, en plus,
on se rend compte que c'est beaucoup leur demander, dans certains cas, d'aller
en arbitrage vis-à-vis d'un de leurs collègues. C'est une
deuxième impression qui se dégage de nos rencontres avec les
accidentés du travail.
Un autre point, qui est aussi majeur: Je voudrais bien savoir, moi,
pourquoi la CSST va jusqu'à chercher deux expertises de deux
médecins pour le même Individu, sans rendre de décision
préalable et qui vont coûter parfois jusqu'à 1000 $. J'ai
des cas, et le ministre le sait à part ça, il y a des individus
qui communiquent directement de Joliette à son bureau. Il y a des
numéros de téléphone qu'il doit savoir par coeur, parce
que je les sais par coeur. Je suis persuadé que le ministre n'est pas
sans savoir, dans certains dossiers, par exemple - et on a demandé
deux expertises - qu'il y a des frais juridiques dans cela. Il y a des
frais médicaux majeurs. Il me semble que, rendu à un certain
niveau, on judiciarise au point l'appel, dans le domaine de la CSST, que cela
m'apparaît un peu aberrant. Il me semble qu'il y aurait moyen d'assouplir
cette partie et de faire en sorte que l'on puisse nommer plus de juges à
la Commission des affaires sociales, parce qu'il y a aussi les délais,
vous comprendrez, qui sont un peu longs, merci.
Entre-temps, les trois quarts du temps, les individus sont
bénéficiaires de l'aide sociale conditionnellement à un
éventuel gain devant la Commission des affaires sociales pendant un an,
un an et demi, deux ans. Ce n'est pas un cadeau. On peut bien chialer contre
certains travailleurs accidentés sous prétexte qu'ils ont
découvert la façon de se battre. Ce ne sont pas tous des gens qui
veulent profiter du système. Il y a du monde extrêmement
malheureux et qu'on "brouette" d'un bureau à l'autre et d'une expertise
à l'autre. Moi, je pense qu'on peut bien se gaver, se targuer, se
gargariser du mot "humaniser", mais il va falloir poser des gestes concrets.
Cela veut donc dire qu'il devrait y avoir des spécialistes qui peuvent
intervenir beaucoup plus rapidement que marcher, semble-t-il, sur des
directives officieuses. Tu arrives, bonjour, tu es rejeté dans un
premier temps, tu vas en appel local et, si ça ne marche pas, tu vas en
appel national: une expertise, ça te prend un avocat pour plaider. (10 h
45)
C'est un peu, merci, tout à l'envers, cette histoire-là,
et pour remettre de l'ordre, il n'y a pas seulement des comités, il faut
absolument que le ministre donne des directives claires, des façons de
fonctionner claires et qu'il active également le processus comme tel,
parce que ça manque de souplesse. J'aimerais savoir: Y en-a-tH, des
directives, ou s'il n'y en a pas, d'agir de telle façon? N'oubliez pas
que, si on gagne 2000 employés qui seraient refusés en
première instance, peut-être que la CSST se dépanne
budgétairement parlant. Êtes-vous en train de faire comme les
hôpitaux: fermer des lits pour équilibre budgétaire?
Le Président (M. Poulin): M. le chef de l'Opposition,
merci. M. le ministre.
M. Yves Séguin
M, Séguin: Oui, en fait, j'aime bien l'intervention du chef de
l'Opposition parce qu'elle rejoint ce que je disais depuis le début de
notre séance. Le public qui nous suit est à même de voir
que ce n'est pas un jeu de ministériels versus Opposition ou Opposition
versus ministériels, je pense qu'on partage les mêmes
préoccupations là-dessus. C'est peut-être
déjà un grand pas, d'ailleurs, qu'on puisse s'entendre, qu'on
soit sur la même longueur d'onde là-dessus.
Je disais un peu plus tôt ce matin que j'ai un pian d'action. J'en
parle au conseil d'ad- ministration le 18 mai, dans deux semaines et demie.
J'ai déjà indiqué quelques volets, mais on comprendra que
je veux quand même finir l'étape du conseil d'administration. Je
me suis même permis d'offrir à mon collègue, le
député de laviolette, mon vis-à-vis de l'Opposition, d'en
discuter et d'avoir ses opinions sans que ça l'attache ou que ça
l'engage autrement, mais d'en discuter. Comme je le disais, on admet qu'il y a
des problèmes.
Moi aussi, comme député de Montmorency, des gens sont
venus me voir; des gens d'autres comtés sont venus me voir aussi. J'ai
même aidé une association de défense des accidentés
du travail du comté de Joliette: un personnage qui vient me voir
fréquemment, que l'on connaît, je pense, tous les deux et que
j'essaie d'aider dans la mesure du possible.
Dans ce souci d'assouplissement et d'humanisation, il y a des gestes
concrets à poser, tant sur le pian administratif que sur le plan de la
loi. La loi es? bonne, il n'y a pas de doute, mais il y a quelques correctifs
et j'en ai beaucoup parlé aux parties syndicales, patronales et aux
associations qui sont venues me voir. J'ai même indiqué à
mon collègue, le député de Laviolette, qu'il me semblait
qu'il y avait peut-être deux ou trois correctifs qu'on pourrait apporter
à ta loi, sur le plan de l'administration et de la gestion.
Cela me fait plaisir de vous dire que, depuis maintenant deux ou trois
semaines, on a eu des discussions avec la direction de Sa CSST et on s'est mis
pleinement d'accord sur le retrait, si je peux dire, des appels faits par la
CSST, le phénomène que vous pensez être un
élément qui amène des délais, un alourdissement du
système; dorénavant, on laissera les parties exercer leurs
droits, que ce soit l'employé ou l'employeur. La CSST ne prendra plus
d'initiative, sauf dans des cas qu'elle jugera exceptionnels, bien sûr,
elle ne veut pas renoncer à ses droits, mais comme pratique
administrative, il y a maintenant deux ou trois semaines, elle a
décidé de ne plus remplacer les droits des parties dans
l'exercice des droits qu'elles ont dans le cheminement de leurs dossiers. !l y
a aussi un élément qui m'inquiète beaucoup, ce sont les
paliers de décisions: l'agent d'indemnisation, le comité
paritaire, la CALP (Commission d'appel en matière de lésions
professionnelles). Et il y a des réflexions tant sur le plan de la loi
que sur le pian de la mécanique pratique. il me fait plaisir aussi de
dire que le député de Saguenay avait suggéré qu'on
donne un avis aux gens qui se présenteront devant la CALP d'exercer le
droit qu'ils ont en vertu de l'article 402 de la loi qui leur permet d'avoir
des avances financières lorsqu'ils sont en attente, en appel.
Prochainement, on inclura cet avis systématiquement dans les dossiers
des gens qui voudront aller à la CALP. C'est un service à leur
rendre.
Je voudrais indiquer un chiffre, M. le
Président, sans atténuer d'aucune façon les
remarques du chef de l'Opposition, que je fais miennes là-dessus. Je ne
veux pas les atténuer, mais juste indiquer un chiffre de statistique. En
1981, il y avait 354 000 dossiers ouverts. En 1988, y y en a eu 261 000. Il y a
quand même eu une certaine diminution, peut-être due à la
prévention ou à moins de réclamants ou parce que la loi
était nouvelle à l'époque, il y avait peut-être eu
plus de demandes, peu importe.
De ce chtffre, le nombre de travailleurs couverts au Québec est
passé de 1 900 000 à 2 500 000 d'augmentation. Sur le nombre de
dossiers traités par la CSST, il y en a eu 215 867 en 1988, dont 96 %
ont été traités, réglés dans l'année.
Il reste quand même 7000, 8000, 10 000 dossiers et ce sont ceux-là
sur lesquels on voit des délais, tant à la CALP qu'ailleurs, qui
nous préoccupent. Il y en a d'autres aussi sur des programmes
particuliers. Mais, j'en conviens, il y a un mode d'intervention qu'il faut
dessiner dans les prochaines semaines. J'aurai l'occasion d'en décrire
davantage tantôt. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Paulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de La Peltrie.
M. Lawrence Cannon
M. Cannon: Merci, M. le Président. Je suis très
heureux de pouvoir intervenir ce matin sur ce dossier puisque, s'il y a un
sujet qui semble rassembler les deux côtés de la Chambre, c'est
bien celui-là. De part et d'autre, on est intéressés
à l'amélioration des services. Je pense bien que le ministre l'a
indiqué tout à l'heure lorsqu'il a commencé son
intervention. Le critique de l'Opposition a aussi été très
intéressé par cette chose.
Il est également bon de rappeler ce qui a été fait,
quels sont les gestes qui ont été posés depuis les
quelques mois que le ministre dirige la CSST où, effectivement, II a la
responsabilité administrative devant cette Chambre de la CSST. Un des
problèmes qui est posé, c'est celui de tenter d'améliorer
les services qui sont offerts à la clientèle. Il faut se rappeler
que le règlement sur le barème des dommages corporels ayant
été adopté deux ans après l'adoption de la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles, il y a eu une
espèce d'engorgement qui s'est créé. Au total, tout
près de 60 000 dossiers ont été dénombrés au
31 décembre 1988.
Depuis lors, il est intéressant de noter que la commission a
embauché le personnel supplémentaire nécessaire, afin
d'accélérer le paiement des chèques aux
bénéficiaires, de sorte qu'au 28 février 1989 près
de 10 000 chèques avaient été émis à la
commission et on escompte compléter le traitement de ces 60 000 dossiers
à la fin de 1989. Bref, pour ainsi dire, le ministre du Travail et
responsable de la CSST a introduit à la CSST la notion qu'il avait
introduite au ministère du Revenu, en retournant aux contribuables
québécois, d'une façon accélérée,
leur remise. Il vient de l'instituer à la CSST.
Plusieurs autres mesures ont été prises pour assurer
l'uniformisation et la conformité des interventions menées par
les directions régionales à l'intention de leur clientèle.
En matière d'indemnisation, un cadre d'intervention a rappelé les
principes directeurs du processus d'admissibilité des
réclamations pour lésions professionnelles, accidents du travail,
maladies professionnelles, à savoir l'étude de chaque
réclamation à son mérite; la nécessité
d'obtenir les informations nécessaires a été
constatée lors d'une prise de décision éclairée; le
respect du champ de compétence des intervenants et la
nécessité de notifier, d'avertir et d'aviser les deux parties
d'une décision motivée et rendue au moment approprié.
En réadaptation - un autre volet - les intervenants
régionaux se sont vu également proposer un cadre d'intervention
permettant de mieux guider chaque réclamation, selon les trois grandes
étapes du processus. Dieu sait, comme l'a mentionné mon
collègue, le député de Saguenay, lorsque vous êtes
député, soit d'un côté ou de l'autre, nous sommes
toujours les premiers et les derniers avertis en ce qui concerne les
références qui nous sont faites. Alors, les trois étapes
dans le processus, c'est bien sûr la référence - j'y
reviens - l'admissibilité et le traitement en réadaptation.
Concernant les activités de prévention et d'inspection,
encore ici, un cadre d'intervention a permis de mieux définir le statut,
les pouvoirs et le rôle de l'inspecteur en regard des grandes politiques
adoptées par la commission en cette matière. Ce cadre
d'intervention couvre trois volets de la fonction prévention-inspection:
la réponse aux demandes d'intervention, les interventions de
contrôle dans les milieux de travail ayant une fréquence et une
gravité accidentelle élevées et la contribution aux
activités de réadaptation par l'apport de connaissances des
milieux de travail.
En terminant, M. le Président, outre un traitement de dossiers
dont on vient de parler - Ses 60 000 dossiers - qui se veut uniforme d'une
région à l'autre et conforme aux dispositions légales,
l'amélioration des services à la clientèle signifie
également une prise de contact plus personnalisée. À cet
égard, plusieurs intervenants régionaux ont
bénéficié de sessions de formation portant notamment sur
la communication avec la clientèle. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de La Peltrie. M. le député de
Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. J'aimerais parler d'un
dossier sur lequel des informa-
tions nous sont parvenues et ont été diffusées
assez largement dans le public - des réponses ont été
données par la présidente-directrice générale -
c'est toute la question de l'informatique à la CSST.
On a, d'après les chiffres de 1989, en termes de
prévisions, environ 187 personnes à temps plein ou occasionnelles
sur un total, semblerait-il - et le ministre pourra confirmer les chiffres - de
405 personnes qui travaillent - c'est ce que nous avons comme chiffres - en
informatique. Ce qui donnerait environ 200 personnes qui seraient des
contractuels.
On a vu augmenter l'ensemble des contrats donnés en informatique
à des ressources externes et concentrés entre les mains d'une
compagnie qui est CGI. Nous avons eu aussi, de la part du Syndicat des
professionnelles et des professionnels du gouvernement du Québec, des
contestations dans le sens où ils disent que les nouvelles pratiques
entraînées par ces décisions d'utiliser des ressources
externes dans les services informatiques, sont d'abord inquiétantes,
cela détériore les services de l'organisation, cela
démotive les employés et cela amène des dépenses
exorbitantes. On a l'impression, finalement, qu'il y a des gens à
l'intérieur qui pourraient poser des gestes, faire des actions, mais ils
ne peuvent pas le faire parce qu'on a décidé de donner cela
à des firmes externes.
Le groupe CGI bat des records et se retrouve avec des contrats assez
faramineux dans un contexte où on est parti d'un plan directeur
prévu pour juin 1988 et qui n'en finit plus. Ce mandat commandé
par la vice-présidence aux Finances s'éternise quant à
nous. Dans le cas de CGI, un contrat d'une valeur de 2 600 000 $ a
été octroyé à CGI et, d'après les gens, la
firme qui a obtenu le contrat est celle qui avait préparé ensuite
le devis. On s'est posé des questions sur la légalité
d'une telle pratique. On la met en doute, non seulement le syndicat, mais aussi
les firmes concurrentes à qui, semblerait-il, on aurait dit de ne pas
soumissionner parce que, finalement, elles n'auraient pas le contrat. En ce
sens, peut-on parler de favoritisme quelque part dans la machine, dans le
système? Les employés syndiqués de la commission regardent
la situation comme étant très sérieuse. Même, pour
la dénoncer, ils ont fait une manifestation, ils ont écrit
à la présidente-directrice générale, au ministre du
Travail, alerté la presse deux fois et déposé un grief
collectif. (11 heures)
À ce sujet, le ministre est-il capable de nous dire si la
détérioration des services de l'organisation est réelle,
si la démotivation des employés est réelle? Ils disent
dans une lettre ouverte qu'ils sont fiers de leur travail, qu'ils ont toujours
effectué un rendement fructueux; ils sont même reconnus par la
communauté informatique du Québec, mais ils sont un peu
démotivés par ce qui se passe au service de l'informatique. Quand
on parle de dépenses exorbitan- tes, on donne les chiffres suivants,
selon la situation: Au mois de décembre 1988, nous étions,
à la direction des systèmes, 204 employés internes contre
233 consultants membres de firmes liées par contrat. Si on calcule le
coût réel, en juxtaposant les coûts moyens annuels
respectifs de 42 000 $ pour un employé interne et de 84 000 $ pour un
employé externe, on arrive à des chiffres faramineux et, dans ce
sens, nous croyons que la CSST, comme eux, aurait pu économiser et
mettre cet argent sur les dossiers des travailleurs pour les indemniser
correctement.
On aimerait savoir de la part du ministre s'il acquiesce à cette
forme de sous-traitance, s'il a l'intention d'y remédier et de quelle
façon il a l'intention de le faire.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre.
M. Yves Séguin
M. Séguin: Oui, merci, M. le Président. En fait, je
pense que la question de l'informatique soulevée par mon collègue
en est une de gestion, d'administration interne, bien sûr, dont les
orientations ont été décidées au conseil
d'administration de la CSST. On comprendra - je l'ai toujours dit - sans
minimiser mes responsabilités ou sans vouloir minimiser les critiques,
que le ministre est responsable de l'application de la loi et que la
commission, quant à elle, est responsable de la gestion de
l'administration. La loi prévoit un conseil d'administration de quinze
membres, dont sept sont choisis parmi les associations syndicales et sept parmi
le monde patronal. Ce conseil d'administration, dans ses assemblées,
discute des décisions, des plans, dont l'informatique, la gestion et
l'administration du budget de la CSST.
Je suis conscient, par ailleurs, pour en avoir vu dans les journaux,
pour avoir reçu des lettres, pour avoir reçu des appels
téléphoniques soit du syndicat ou de quelques employés ou
même de l'Association des cadres de la fonction publique, il y a quelques
semaines, un mois ou peut-être deux mois, qu'on se plaint d'une forme
d'inéquité qui voulait favoriser peut-être plus l'appel aux
services extérieurs en ce qui concerne certains experts en informatique
et ça a soulevé des inquiétudes.
J'en ai discuté avec la direction de la CSST et depuis ces
événements, depuis un mois, ces personnes se sont
rencontrées et ont convenu de certains correctifs. Dès le mois de
juin, il est prévu un nouveau plan de développement de
l'informatique qui va faire davantage appel aux employés, qui va
davantage minimiser les critiques soulevées dans le but de trouver le
meilleur équilibre possible.
Cependant, il n'en demeure pas moins que la constatation faite par des
experts en informatique engagés, il y a quelques années,
à
l'extérieur était que le système informatique de la
CSST souffrait de graves problèmes et qu'il devait subir des correctifs
importants. Sur le plan technique, sur le plan des nécessités, je
pense que le problème est là. Mais Je suis conscient et je suis
très sympathique, bien sûr... Je pense que la direction de la CSST
va tout faire pour faire davantage appel à ses experts à
l'intérieur de la CSST. Je veux rassurer le député de
Laviolette, l'Idée n'est pa3 de favoriser, comme tel, la sous-traitance,
ce n'est pas de favoriser des firmes. D'ailleurs, le dossier qu'il mentionne,
c'est une société qui n'a pas fait de plans et devis pour la
CSST, c'était le plus bas soumissionnaire. On comprendra que ce n'est
pas à moi de discuter ici d'un dossier purement administratif, qui a
déjà fait l'objet d'une vérification par le comité
de direction et d'une approbation par le conseil d'administration de la CSST
regroupant des syndiqués, des associations syndicales et des
associations patronales.
Je pense que le conseil d'administration est une sécurité,
que les orientations et les décisions du conseil d'administration,
à tout le moins, c'est un deuxième palier, si on peut dire, de
décision à l'intérieur de la CSST que je respecte
énormément. Loin de moi l'idée de suspecter le conseil
d'administration d'avoir pris des décisions malencontreuses,
malheureuses à l'égard de certains dossiers administratifs. Dans
ce dossier, je me suis informé de la situation auprès de la CSST.
J'ai accepté de rencontrer - la rencontre aura lieu prochainement -
certains groupes qui se disaient un peu brusqués dans les
décisions récentes de la CSST. D'un autre côté,
j'apprends que la direction a déjà commencé à
rencontrer le syndicat. Il semble qu'ils aient convenu entre eux d'avoir,
à partir du mois de juin, un plan de développement qui va pallier
à ces irritants qui ont été soulevés. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Poulin): M. le député de
Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. Je Président. Il y a un volet qua
nous n'avons pas encore abordé à mon goût. Je pense que
dans les orientations ministérielles que le ministre a bien voulu nous
dévoiler lors de l'adoption des crédits il y en a une en
particulier qui m'a frappé puisqu'elle répond à une
attente tant des députés que des bénéficiaires,
depuis de nombreuses années. M. le Président, permettez-moi de
vous citer le Journal des débats du 27 mai 1983. Mon
collègue de Viau disait: "Les plaintes se multiplient. Il est presque
impossible de la part d'un accidenté d'obtenir des renseignements sur le
contenu de son dossier ou de son état d'avancement. Les plaintes font
référence à des dossiers perdus, des dossiers en
transition."
Or, le nouveau ministre du Travail a vite compris qu'il était
devenu très Important, sinon impératif, de pallier ce manque
d'information de la part des bénéficiaires en créant le
poste de vice-présidente aux bénéficiaires. Je suis
convaincu que, déjà, les plus grands gagnants de cette
création sont ceux qui ont des cas litigieux, ceux et celles qui,
souvent, sont laissés sur le tapis, comme on dit en langage courant.
Les objectifs que s'est fixés ce nouveau service, qui, à
mon avis, aurait dû être l'un des premiers iors de la
création de la loi 42, sont les suivants. Inutile ici de se perdre en
conjecture sur les chiffres, ce n'est pas cela qui intéresse
l'accidenté du travail, c'est de savoir comment va son dossier, quand il
sera indemnisé et quand les médecins lui donneront le feu vert
pour retourner au travail. Voilà, les préoccupations de celui ou
de celle qui subit un accident du travail.
Les objectifs que s'est donnés la vice-présidente aux
opérations et aux bénéficiaires pour le service à
la clientèle... J'en profite pour saluer Mme Lise Thibault,
vice-présidente, une grande dame, une grande Québécoise
qui va s'occuper spécialement des personnes qui, non pas volontairement
mais souvent, à cause de la longueur et de la complexité du
dossier, ont été laissées sur le tapis, comme je le
disais. Offrir, dans toutes les directions régionales un service et un
traitement uniformes et conformes à la loi, particulièrement en
ce qui touche l'indemnisation des travailleurs et des travailleuses
accidentés, voilà un objectif difficile à atteindre. C'est
un travail difficile.
Lorsqu'on parle de régions éloignées, on parle de
régions qui n'ont pas tous les soins spécialisés, qui
n'ont pas les centres hospitaliers nécessaires et qui n'ont pas, non
plus, de spécialistes. Or, toutes ces personnes, les travailleuses et
les travailleurs accidentés, doivent se déplacer continuellement
vers les grands centres pour subir des examens et souvent pour faire de la
réadaptation. Qu'un service soit attaché à ces personnes,
c'est d'abord et avant tout un geste humanitaire. M. le ministre, aujourd'hui,
au nom de ces personnes qui, dans les régions éloignées,
depuis de nombreuses années, attendaient ce seivlce, je vous dis
merci.
Intensifier les programmes de formation en service à la
clientèle pour tous les employés, c'est important.
L'employé qui a souvent le premier contact avec l'accidenté, on
le comprend d'avoir de la difficulté, de temps en temps. Ce n'est pas un
travail facile; c'est un travail qui den^ande beaucoup de psychologie. Je pense
que de favoriser ces contacts avec les employés, c'est un grand pas dans
le bon chemin. Au cours des prochaines années, on verra que
l'accidenté du travail, s'il est traité d'une façon
humanitaire, répondra vite aux objectifs de la loi. Après avoir
été indemnisé de façon correcte, il aura hâte
de reprendre rapidement son boulot.
En terminant, je pense que le ministre est sur la bonne voie. Il y a
deux jours, en commission parlementaire, il s'est engagé à avoir,
au
cours de la prochaine année, des contacts réguliers avec
les membres de l'Assemblée nationale, indépendamment des partis
politiques, avec les hommes et les femmes, pour que le grand gagnant de cette
loi soit celui qui y a droit, c'est-à-dire le travailleur ou la
travailleuse. Merci.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Saguenay. Mme la députée de Chicou-
timi.
Mme Jeanne Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
président, messieurs et mesdames, vous le savez, tous les
députés le savent, les cas de comté parmi les plus
fréquents sont des cas de la CSST. Alors, il serait long d'en faire le
tour. J'aimerais entendre le ministre sur trois questions plus précises:
la première, le retrait préventif pour les travailleuses en
garderie; la deuxième question, celle qui touche la solution aux
problèmes de pollution de l'hôpital
Saint-François-d'Assise, la troisième, le recours
systématique aux cliniques privées en physiothérapie et
les effets, ce qui entraîne une certaine détérioration de
ces services dans les hôpitaux du Québec. Semble-t-il que les
négociations traînent.
Il semble que, depuis peu, on refuse systématiquement le retrait
préventif aux travailleuses en garderie. Les problèmes sont
particulièrement connus et importants pour celles qui travaillent
auprès des poupons, de zéro à deux ans, et qui doivent les
lever constamment. Alors, on va me dire que c'est normal pour une mère
de lever son bébé, de le prendre ou de le bercer alors qu'elle
est enceinte, mais lorsqu'elle le fait pendant huit heures avec cinq à
huit bébés, il semble que ça provoque des maux de des
considérables. De façon systématique, on refuse le retrait
préventif clans les garderies. On se demande si, finalement, on n'est
pas en train de harceler toutes celles qui s'occupent des bébés
au Québec, y compris par le biais de la CSST. Je ne pense pas que ce
soit l'objectif, mais ce serait déplorable.
Ma deuxième question touche le problème ilé
à la pollution qui s'est propagée par le système de
ventilation à l'hôpital Saint-François-d'Assise. Il y a eu
de nombreux rebondissements. On sait que la CSST a reconnu qu'il y a un
problème, que le ministère a exigé qu'il se fasse des
travaux. Cependant, les travailleurs de l'hôpital
Saint-François-d'Assise sont complètement tenus dans l'ignorance
à savoir si les travaux qui ont cours actuellement, tant à
l'extérieur qu'à l'intérieur de l'hôpital, viendront
effectivement corriger les problèmes de pollution. Est-ce que la CSST a
une responsabilité quant à la surveillance de ces travaux et
à la correction des problèmes qui ont été
identifiés?
La deuxième question qui préoccupe les travailleurs de
l'hôpital Saint-François-d'Assise, c'est celle de la mise sur pied
d'un comité pour le traitement de la maladie causée par la
pollution du système de ventilation de l'hôpital
Saint-François-d'Assise. Ce qu'on se demande dans le milieu, c'est ceci:
Est-ce que la CSST suit ce dossier? Est-ce qu'elle a la responsabilité
de s'assurer que les traitements appropriés soient donnés
à ceux qui ont été affectés par la pollution du
système de ventilation? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'informer les
travailleurs? Il me semble que ça fait partie des rapports harmonieux
à établir entre employés et employeur que de tenir les
employés informés des travaux et des résultats de ces
travaux, de même que des traitements envisagés pour ceux qui ont
subi une détérioration de leur santé.
La troisième question - c'est beaucoup en cinq minutes,
allez-vous me dire; ce genre d'interpellation n'est jamais tout à fait
assez long - c'est celle de la privatisation... Parlons plus Justement, il
s'agit du recours de plus en plus fréquent de la CSST aux entreprises
privées. Tout à l'heure, on parlait de l'informatique. On sait
que dans tes services juridiques - je pense que cela devrait retenir
l'attention du ministre - il y avait quelque 70 avocats en 1985; on en compte
115, plus 20 % des services juridiques qui seraient assurés par le
recours à des cabinets privés. Cela explique qu'il y ait une
forme, certainement accélérée, de judiciarisation des
processus. (11 h 15)
En physiothérapie, la CSST négocie 50 % de ses contrats
avec les entreprises privées. Elle le justifie de trois manières.
Elle le justifie en disant qu'il serait contradictoire d'assurer aux
hôpitaux un minimum de cas à traiter par année alors qu'ils
sont en prévention. Je trouve que cela est tiré par les cheveux.
Cs n'est pas demain matin que ça va couper net les accidents du travail.
L'argument qu'elle utilise également, et il est contradictoire aussi,
c'est le droit du patient de choisir son professionnel de la santé aiors
qu'on dit plus loin que c'est le médecin qui réfère le
patient à une clinique. Mais l'effet net pour les hôpitaux, c'est
un manque à gagner, parce que, plutôt que d'avoir 22 $ l'acte, ils
ont seulement 12 $, parce que la qualité des services et le personnel
des départements ont été réduits au minimum. C'est
toute la capacité des hôpitaux du Québec à offrir
des services de qualité...
Le Président (M. Poulin): Mme la députée,
votre temps...
Mme Blackburn: ...je termine, à la population de
façon générale. Ce qui est plus dommageable, c'est que
ça ne coûte pas moins cher à la population non pius
qu'à la CSST. Les négociations sont en cours, mais il semble que,
depuis un an, cela n'ait débouché sur rien. Je voulais juste
illustrer par ces quelques exemples qu'il y avait une grande...
Le Président (M. Poulin): Merci. Mme la
députée de Chicoutimi. M. le ministre.
M. Yves Séguin
M. Séguin: J'ai bien compris l'intervention de la
députée de Chicoutimi. Même si les dernières
secondes lui ont manqué, j'ai compris le sens de son intervention.
Je veux quand même... Si je comprends bien, il y a trois points.
Je ferai remarquer, M. le Président, que ce sont, peut-être
à part le premier sur le retrait préventif, des points d'ordre
administratif. J'avais compris que la responsabilité du ministre lors
d'une interpellation était à l'égard de l'application de
la loi et non pas d'expliquer, de critiquer, ou de revoir les décisions
prises par le conseil d'administration de la CSST qui, comme je l'ai dit, est
un forum de quinze personnes, dont sept du monde patronal et sept des
principales centrales syndicales. C'est un forum que je respecte, que je
rencontre à l'occasion, que je vais rencontrer le 18 mai prochain lors
de l'assemblée officielle du conseil d'administration où nous
avons une liste de sujets à discuter. Vous comprendrez qu'au-delà
de prendre note ou de prendre en considération les remarques de la
député de Chicoutimi, il ne m'appartient pas de décider
à la place du conseil d'administration mais peut-être de dialoguer
avec eux et je pourrai faire, de certains points que vous soulevez, l'objet de
la prochaine rencontre avec le conseil d'administration, le 18 mai.
Je voudrais souligner d'ailleurs que j'ai récemment
confirmé une personne déléguée par la CSN comme
membre du conseil d'administration de la CSST, Mme Céline Lamontagne,
avec laquelle j'avais eu auparavant plusieurs entretiens au sujet de ces
préoccupations parce que c'est un dossier qu'elle a personnellement
suivi depuis nombre d'années. Ses remarques m'ont semblé souvent
très à propos et je suis confiant que, maintenant qu'elle
siège officiellement au conseil d'administration à titre de
déléguée de la CSN, elle pourra aussi suivre ces dossiers
et faire connaître ses préoccupations, comme tous les autres
membres du conseil d'administration.
Pour vous répondre plus précisément quand vous
soulevez la question du retrait préventif, j'en ai parlé assez
longuement mardi soir lors de l'étude de nos crédits. Nous avions
l'occasion, bien sûr, de nous pencher sur l'ensemble du dossier de la
CSST au programme 7 et j'ai répondu à votre collègue, le
député de Laviolet-te, sur plusieurs points. Ce matin, avant
votre arrivée, il y a eu également des questions sur le retrait
préventif auxquelles j'ai répondu. Mais ça me fait plaisir
de faire le point, si vous voulez.
La loi ne fait pas de distinction, à savoir si la mère est
dans une garderie ou non. Je pense que c'est son état
constaté par un avis médical, de son médecin bien
sûr, ou confirmé par le médecin régional, le DSC,
qui fait foi de la demande ou qui appuie la demande. Je ne crois pas qu'on
puisse dire que le retrait préventif de la femme enceinte connaît
un déclin. J'ai donné des chiffres, je pense qu'on peut admettre
que, sur le plan budgétaire et sur le plan des demandes, il y a eu une
hausse constante d'environ 15 % à 18 % par année depuis 1981.
Actuellement, le budget global prévu par la CSST pour 1989-1990
dépasse les 50 000 000 $. Il était de 2 700 000 $ en 1981. Les
dossiers sont maintenant au nombre de 15 000 ou 16 000, comparativement
à 1784 en 1981. Il y a tout de même une évolution dans
l'ampleur du programme.
J'ai confirmé deux choses ce matin. Premièrement, à
mon point de vue, j'ai rencontré la semaine passée les gens de la
Coalition de défense du retrait préventif. Je les ai
invités à participer à un comité ad hoc informel.
Ils ont été très heureux de cette invitation. On se
reverra dans quelques semaines pour approfondir la réflexion sur le
retrait préventif. Deuxièmement, avant la fin de la
séance, j'attends la confirmation d'un point technique pour annoncer la
nouvelle orientation de la CSST concernant le retrait préventif.
Dans les quelques secondes qu'il me reste, vous avez soumis le cas de
l'hôpital Saint-Françols-d'Assise, je vous dirai que c'est l'un
des dossiers pour lequel on doit certainement rendre hommage au bureau des
inspecteurs de la CSST parce que c'est un dossier qu'ils ont vraiment suivi de
très près. Ils ont rendu des ordonnances particulières.
J'ai reçu une note ce matin, me confirmant que la CSST suit le dossier
de Saint-François-d'Assise à l'oeil, constamment,
quotidiennement, afin d'atteindre les mesures minimales de protection de la
santé et de la sécurité du travail et les ordonnances
devront être survies telles qu'elles ont été
données.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Je voudrais traiter de
trois grands sujets, mais le temps est toujours le facteur négatif dans
ces questions. D'abord, l'opération moins 10 %: On a l'impression que
cette opération a été comprise comme 10 % de moins
d'enquêtes, donc, 10 % de moins de réclamations. On note aussi que
la commission encourage d'une certaine façon les employeurs à
découvrir les vertus d'une réaffectation temporaire. C'est ainsi
que le droit du travailleur accidenté à continuer à gagner
sa vie est devenu d'une certaine façon le droit de l'employeur à
continuer à l'utiliser. Par ce procédé, la commission
épargne des prestations et l'employeur voit un accident moins grave
Inscrit à son dossier puisqu'elle occasionne une absence par le fait
même moins longue, ce qui est bénéfique pour le
réajustement de sa cotisa
tion à venir. Un système aussi avantageux crée
évidemment une tendance à abuser des forces du travailleur
accidenté et, nous croyons, avec la complicité de la
commission.
D'un autre côté, il y a le dossier de ce que j'ai
appelé l'autre jour le quasi-monopole de certains médecins en
arbitrage médical dans la mesure où on sait qu'il y a une liste
de 279 noms lesquels ont été choisis par le Conseil consultatif
du travail et de la main-d'oeuvre, donc, conjointement par la partie patronale
et la partie syndicale. On retient qu'au total 17 orthopédistes et 9
médecins non-orthopédistes sur une possibilité de 270 noms
ont accaparé près de 80 % des dossiers dans la mesure où
certains de ceux-là sont médecins-experts, à la fois pour
l'employeur et la Commission de la santé et de la sécurité
du travail. On se demande s'il n'y a pas lieu de reconsidérer tout le
système et comment il se fait que le système de
référence du ministère soit aussi sélectif.
Le Protecteur du citoyen a également dénoncé cette
situation. J'aimerais savoir ce que le ministre a l'intention de faire à
ce sujet. Il y a eu une journée, à Montréal,
intitulée "Ras le bol" à laquelle le Protecteur de citoyen a
participé. On peut souligner les réflexions suivantes. La
création de mécanismes d'appel ou de révision est
supposée être une garantie de contrôle de la qualité
des décisions, mais, en pratique, elle semble plutôt multiplier
les recours et ne fait qu'encourager la contestation, ce qui conduit facilement
à des abus de procédures. Les règlements que la commission
applique sont très compliqués pour des gens ordinaires que leur
état de santé rend vulnérables. On dit aussi qu'il est
illogique que le dossier d'un accidenté soit contesté en
arbitrage sur des questions médicales et en révision sur des
questions juridiques. En effet, je pense qu'on doit considérer la
personne comme une, le ministre en est certain aussi, et qu'il devrait donc y
avoir une instance pour s'en occuper, il y a trop de paliers de décision
et d'appel.
À cause de délais déraisonnables,
l'accidenté est presque assuré de souffrir même si, dans
bien des cas, il a raison. On se demande si le ministre a des projets
précis pour soulager l'angoisse et la frustration très
concrètes de milliers d'accidentés quant aux délais. Selon
les chiffres que nous avons pu obtenir, et le ministre pourra les confirmer, il
y aurait 12 000 dossiers en attente d'une décision à la
Commission d'appel en matière de lésions corporelles. Le ministre
est-il d'accord pour examiner la demande d'unifier les questions
médicale et juridique au stade de la révision? Est-ce que quelque
chose pourrait être fait dans ce sens-là?
J'ai une dernière question à lui poser, le ministre ayant
déjà répondu à mon collègue, le chef de
l'Opposition, concernant les mécanismes qu'on peut qualifier de
conciliation ou de médiation pour les accidentés, un peu comme ce
qu'on a vu apparaître dans le cas des factures d'Hy- dro-Québec,
une sorte de Protecteur du citoyen. En commission parlementaire, le ministre
nous a fait part qu'il avait eu des discussions à ce chapitre avec le
Protecteur du citoyen qui lui a fait des recommandations intéressantes
et qu'il a l'intention de regarder ce qui pourrait être fait. C'est dans
ce sens que je pose mes questions, pour donner aux travailleurs ce à
quoi ils sont en droit de s'attendre, pour éviter les délais et
s'assurer qu'ils obtiennent, dans les meilleures conditions possibles, les
sommes d'argent nécessaires pour leur assurer une vie correcte et pour
qu'ils n'éprouvent pas une certaine forme de frustration conduisant
souvent à une dépression qui coûte encore plus cher
à la société.
Le Président (M. Pouiln): Merci, M. le
député de Laviolette. M. le ministre.
M. Yves Séguin
M. Séguin: Merci, M. le Président. Plusieurs points
ont été soulevés et certains me permettront sans doute de
répéter un peu ce que j'ai déjà dit, tant à
la commission de mardi que ce matin. Je voudrais indiquer que la
réaffectation de l'employé à l'intérieur de
l'entreprise à des tâches plus conformes à son état
est, je crois, l'un des objectifs de la loi et c'est un objectif fort louable,
même si cela ne remplace pas la prévention et des mesures de
sécurité minimales. Plusieurs groupes m'ont fait des
représentations pour qu'on valorise la réaffectation à
l'intérieur de l'entreprise, en plus d'établir des normes de
sécurité. Là-dessus, je pense que la direction de la CSST
et le conseil d'administration ont des projets pour orienter les efforts de la
CSST en termes de publicité et de représentation auprès
des employeurs en vue, dans plusieurs cas, d'aider à réaffecter
certaines personnes à des tâches moins exigeantes, compte tenu de
leur état de santé.
Le problème de l'arbitrage médical ou, si vous voulez, du
système actuel d'assignation des médecins est un sujet qui
présente quelque difficulté. Mon collègue, le
député de Laviolette, en a parlé mardi soir lors de
l'étude des crédits et j'ai admis qu'il y avait effectivement des
points sur lesquels il fallait se pencher. J'ai trouvé
intéressant qu'il mentionne que, de la liste théorique dans
laquelle on peut puiser le nom des médecins, en pratique,
peut-être qu'un plus petit nombre était effectivement
appelé. À ce sujet, je conviens avec lu! qu'il faut faire une
réflexion pour s'assurer que la banque de noms de médecins
susceptibles d'être appelés soit ouverte et que la rotation soit
la plus équitable possible. Dans ce sens-là, depuis mardi, les
gens de la direction concernés par ce service particulier ont
commencé à regarder et, peut-être, à apporter les
correctifs souhaités. De ce côté-là, je peux
confirmer qu'on va procédera des changements. (11 h 30)
Quant aux paliers de décision, personnelle-
ment, c'est l'un des sujets qui m'Intéressent le plus, en dehors
des autres dont nous avons discuté et sur lesquels je veux Intervenir
rapidement, possiblement dans un projet de loi ou de règlement. Je
m'interroge beaucoup sur le rôle que peut jouer à
l'Intérieur de la CSST Mme Thibault, vice-présidente aux
relations avec les bénéficiaires. C'est un service qui existe
déjà. Le député de Saguenay, tantôt, se
félicitait de cette initiative à l'intérieur de la CSST.
Je pense que c'est acceptable et que ça va aider à humaniser,
ça va aider à rendre service aux gens qui ont des
problèmes administratifs, des problèmes de gestion. Cela
s'inspire d'une idée que nous avons déjà aussi au
ministère du Revenu qui fera, prochainement, l'annonce d'un service
particulier dans ce sens.
Il y a un mois et demi, j'ai rencontré le Protecteur du citoyen
pour lui faire état d'un avant-projet. Je voulais avoir son avis, parce
que je pense que c'est important que le Protecteur du citoyen, d'une part, ne
sente pas que son pouvoir est usurpé au profit de certains services et
important d'avoir sa collaboration. On doit se revoir prochainement pour en
discuter. Ce projet va nécessiter probablement un amendement à la
loi pour permettre à ce service un mode d'intervention plus souple entre
la décision de l'agent d'indemnisation et l'appel qui se fait au
comité paritaire.
J'ai des consultations avec les parties syndicales et patronales. Je
dois dire que je trouve beaucoup de sympathie et beaucoup d'échos
très positifs à ce projet. J'en parlerai le 18 mai prochain au
conseil d'administration. Immédiatement après, je veux
procéder non pas à inaugurer, parce que ça existe
déjà, mais à renforcer ce service des relations avec les
bénéficiaires qui existe déjà, mais je veux lui
donner beaucoup plus de moyens et de modes d'intervention. Je pense que c'est
souhaité par tous. C'est là un pas concret qu'on peut faire,
même avant la fin de juin. Quand je dis ça, c'est parce qu'il y a
déjà un avant-projet et qu'on est maintenant dans des
étapes de vérifications finales. Je souhaiterais qu'on puisse
annoncer cet effort additionnel vers le mois de juin. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. PoulSn): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Ciaveau: Merci, M. le Président. il me fait plaisir
d'adresser quelques mots à cette occasion-ci dans la mesure où,
chez nous, la problématique reliée à la CSST et les
problèmes de la CSST vont en croissant, et très rapidement. On a
de plus en plus de problèmes. C'est rendu que ça prend une part
Importante du travail de bureau de comté du député dans la
mesure où le bureau de la CSST le plus près est à 230
kilomètres quand on parle de Chibougamau, il est à 160
kilomètres quand on parle de Ouévillon, il est à peu
près à 180 kilomètres lorsqu'on parle de Matagaml et,
quand on parle de la Baie James, bien, il se trouve à quelque chose
comme 800 kilomètres.
Vous comprendrez que ce ne sont pas les services de la CSST qui sont les
plus présents sur le territoire, ce qui fait en sorte que tout aboutit
au bureau de comté du député après avoir
passé par les instances syndicales. C'est encore pire dans les milieux
non syndiqués. C'est un problème avec lequel je vis
continuellement et pour lequel je crois qu'il va falloir trouver des solutions
très rapidement parce que ce n'est plus vivable.
J'ai deux points, en particulier la question de la commission d'appel,
justement, puisque ça semble l'élément de base ou le
problème fondamental de la CSST actuellement. Je vais vous dire
honnêtement, bien rapidement, je vais vous tracer ça en deux mots:
J'ai la ferme impression que tout ce qui s'appelle dossier s'en va à la
commission d'appel. Les compagnies contestent toutes et ça s'en va
à la commission d'appel. Point final. Et après, on verra. Si
ça prend deux ans pour se régler, ça prend deux ans; si
ça prend deux ans et demi, ça prend deux ans et demi; si
ça prend trois ans, ça prend trois ans.
J'ai encore eu un cas ce matin, dont je viens de discuter: un accident
dans un moulin à scie. Cela fait au-dessus d'un an que ça
traîne. Il manque des doigts au gars. C'est facile à
régler. C'est facile à voir, il a des doigts en moins sur une
main. Mais c'est en appel, ça ne marche pas.
On a eu le cas d'un gars qui s'est fait arracher une jambe dans un
accident du Canadien National en faisant des "switches" de train. Cela a pris
à peu près trois ans avant que ça se règle,
imaginez-vous que ça ne se voit pas, une jambe! Bon! Allons-y. C'est
comme ça de plus en plus.
En ce qui me concerne, je pense qu'il est grand temps, M. le ministre,
au-delà des beaux discours et au-delà de vouloir essayer
d'augmenter la qualité des services, de la
représentativité, des relations entre le malade, la compagnie et
tout ce que vous voulez, et des comités paritaires et tout ce qu'il
faut... Quand il y a des accidentés qui ont des problèmes
sérieux, c'est absolument inadmissible que, sous le couvert d'une
instance comme la commission d'appel, les compagnies se réfugient et
fassent en sorte que ça prend des mois et des années pour
régler des problèmes qui sont évidents au départ.
Moi, le discours là-dedans, j'en ai soupe, si vous me permettez. Je suis
rendu que j'en vois dans ma soupe, des gens de la commission d'appel. Cela n'a
plus d'allure. C'était inadmissible. Il va falloir lâcher le beau
discours et vous décider à rentrer là-dedans en vous
retroussant les manches, parce que ça n'a pas d'allure. Cela n'a pas de
sens.
En ce qui concerne les services chez nous,
je vous ai donné une petite idée tout à l'heure. Ce
n'est pas surprenant aussi qu'il y ait des problèmes comme ça qui
traînent, qui perdurent, qui prennent du temps et qui finissent par faire
un paquet d'insatisfaits partout, Ce n'est pas surprenant. Quand vous
êtes sur la CSST, que vous êtes en attente même d'une
décision, que ça fait 18 mois que vous n'avez pas do revenu,
qu'il vous reste à peu près juste l'aide sociale pour vivre parce
que votre assurance-groupe est tombée, parce que votre chômage est
passé, et tout y a passé, qu'il vous reste votre aide sociale et
que vous êtes en train de finir de manger votre maison et votre voiture
etc., quand il faut que vous vous payiez une traite de 230 kilomètres,
si vous demeurez à Chibougamau, pour aller voir votre agent à
Saint-Félicien... Il n'y a pas de danger qu'il monte, lui, par exemple;
non, il n'est pas assez bien payé pour ça. Mais le gars qui est
en train de manger toute sa chemise et de perdre sa famille parce qu'il a eu un
accident du travail et que ça fait deux ans que ça traîne
là, hein, lui, iI faut qu'il se paie une "go" à Roberval et
à Saint-Félicien, quand c'est là, quand ce n'est pas
Chicoutimi, et qu'il aille à Matagami quand ce n'est pas à
Vald'Or. Là, il est supposé avoir l'argent pour ça, lui,
par exemple. Ce n'est pas sa faute si le dossier traîne. L'accident, il
l'a eu. Si ça traîne, c'est parce que c'est Sa machine qui est
responsable et si c'est la machine qui est responsable, c'est la machine qui
devrait payer. Il va falloir que cela se règle une fois pour toutes, un
jour ou l'autre.
Quand les milieux sont syndiqués, en tout cas, les gens
réussissent toujours à trouver des solutions, c'est souvent plus
facile. Mais, dans les milieux non syndiqués, dans les mines non
syndiquées, les scieries non syndiquées, c'est encore pire, pas
parce que ça va bien dans les autres milieux qui sont syndiqués,
mais c'est encore pire quand ce n'est pas syndiqué. Vous savez, M. le
ministre, que les milieux où les incidences d'accidents du travail sont
à peu près du double de l'ensemble de l'industrie, ce sont le
milieu forestier et le milieu minier, avec des accidents très graves,
règle générale. Il y a quelque chose à voir de ce
côté. On me dit que mon temps est écoulé. J'aimerais
bien qu'on ait l'occasion de s'en reparler plus longuement à une autre
occasion.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député d'Ungava. Je voudrais rappeler qu'en conclusion, M. le
ministre, vous avez dix minutes et que M. le député de
l'Opposition a, lui aussi, dix minutes. M. le ministre.
Conclusions M. Yves Séguin
M. Séguin: Oui, M. le Président. Comme c'est ma
dernière intervention, je vais tâcher de réagir aux
commentaires de mon prédécesseur et, ensuite, tâcher aussi
de faire quelques conclusions d'ensemble sur ce que nous avons
discuté.
Sur la question des bureaux régionaux, je suis très
sympathique à la situation décrite. Je dois quand même
indiquer que, depuis dix ans, ces bureaux existent, et même l'ancien
gouvernement n'a pas répondu aux attentes de mon collègue. Donc,
c'est quand même un état de situation, mais ça ne veut pas
dire qu'il ne faut pas le regarder, chaque chose en son temps, selon nos
moyens. On a quand même augmenté, depuis quelques années,
à la CSST, le nombre de bureaux régionaux de 14 à 21. Les
bureaux régionaux sont maintenant au nombre de 21 au lieu de 14, c'est
une augmentation.
Il y a maintenant un bureau à Québec-sud, à
Saint-Jean, à Saint-Hyacinthe, à Baie-Comeau, à
Saint-Félicien et à Val-d'Or. Concernant la possibilité,
que vous aimeriez suggérer, qu'on ait des services encore plus
près de certaines populations éloignées ou difficiles
d'accès, je suis très favorable à accepter votre
invitation d'en parler avec; vous et voir, particulièrement dans la
région que vous représentez, quels sont les problèmes
particuliers et d'accessibilité aux services. Je suis le premier
à être très sensible sur ce point. Je n'hésiterai
pas à en discuter avec vous et à revérifier avec la CSST,
à ce moment, ce que, sur le pian pratique, on pourrait faire.
Je vous signale que dans une autre région, aux
îles-de-la-Madeleine, j'ai eu une demande, il y a peut-être deux
mois, pour augmenter le nombre d'inspecteurs. Il y avait un demi-inspecteur par
année, on en veut un en entier, c'est-à-dire à
l'année, permanent. Je pense que je suis très favorable à
cette demande. Remarquez qu'il est relativement rare qu'on nous demande, dans
des régions, des inspecteurs. Je pense qu'il y a une raison
d'équilibre régional. Cela répond à un certain
besoin et je suis très favorable à cette demande. Par exemple,
uns association de pêcheurs m'a demandé d'intervenir concernant la
"crabose", une maladie découlant de la manipulation du crabe, au niveau
de la tarification. On a déjà un projet sur la table qui, je
pense, va apporter un assouplissement, tel que souhaité par ces
pêcheurs.
Ce sont quelques exemples d'interventions que J'ai accepté de
faire avec grand plaisir, parce qu'ils représentaient des
problèmes régionaux très typiques et j'étais
très favorable à apporter un assouplissement. Je vous indique
ça pour vous dire que je suis prêt à vous rencontrer pour
discuter de ce problème régional.
Dans l'ensemble, j'aimerais terminer mon intervention, étant
donné que la temps s'écoule et qu'on m'indique que c'est ma
dernière intervention. Est-ce que j'ai bien compris? Oui. Alors, je
voulais aussi et j'ai eu ma petite note technique que je pourra! confirmer, en
ce qui concerne le retrait préventif, que sur l'ensemble des paliers
administratifs et de décisions après ces
deux heures ce matin et aussi l'ensemble des remarques que I'on fait,
tant le Vérificateur général à l'époque, le
Protecteur du citoyen, les députés de l'Assemblée
nationale, les associations que |'ai rencontrées, le collègue
député de Laviolette, l'ensemble des interventions, en
général, tourne autour de la mécanique des paliers de
décisions qui se sont alourdis avec le temps pour des
phénomènes qu'on pourra décrire plus tard, mais, en fait,
ce qui est important, c'est de constater qu'il y a un problème de
délai et d'engorgement et, peut-être, un problème
d'uniformité jusqu'à un certain point, au niveau des
différentes décisions rendues, de sorte qu'aujourd'hui il faut
regarder ça avec beaucoup de désir de corriger cette situation.
J'ai indiqué qu'il y a un plan d'action déjà
engagé. Je confirme que la CSST ne participera plus aux appels, elle ne
fait plus l'initiative d'un appel devant la CALP ou ailleurs. On laisse
maintenant les parties exercer leurs droits. C'est il y a maintenant trois
semaines. C'est un changement relativement important qu'on peut
apprécier. Le collègue, député de Laviolette,
connaissant lui-même assez bien ce système, apprécie cet
ajustement.
Dans ce plan d'action que je pense pouvoir décrire plus
ouvertement après le 18 mai, date de la prochaine séance
d'administration, je rendrai publics des modes d'intervention au niveau de la
loi pour renforcer les services aux bénéficiaires dont j'ai
parlé tantôt et apporter non pas une réforme. Je pense que
je l'ai indiqué, la loi est bonne, en général, et elle est
très appréciée. Il y a beaucoup de qualités dans
cette loi qu'a amenée l'ancien gouvernement. Au-delà de la
partisanerie politique, on n'en fait pas ici et ce n'est pas ce qui m'anime.
J'ai indiqué, à l'ouverture des travaux, M. le Président,
que la seule chose qui m'importe, c'est la qualité de la personne par
rapport à un accident du travail dans ses démarches auprès
de la CSST. Je ne défends pas le système, je ne défends
pas la loi, je ne défends pas les budgets, je ne défends pas les
déficits, ce n'est pas mon orientation.
La seule chose qui me concerne, c'est de travailler avec tout ceux qui
veulent collaborer à m'apporter des solutions et de l'éclairage,
comme beaucoup l'ont fait jusqu'à maintenant. Tous ceux qui voudront le
faire... J'ai invité plusieurs fois le député de
Laviolette à se sentir extrêmement à l'aise et bienvenu de
me faire toutes les suggestions. Je suis prêt à travailler avec
lui pour dessiner des voies de solution. Dans ce plan d'action qui, je
l'espère, procédera dès la fin du mois de mai, on
apportera des assouplissements tout de suite à ce problème
particulier du cheminement des dossiers des accidentés du travail
à l'intérieur et dans l'application de la loi.
J'en connais maintenant suffisamment pour savoir là où je
peux, dans ma modeste contribution, amener des solutions. Cela va amener des
amendements à la loi qu'on discutera en commission parlementaire. Cela
va amener des change- ments administratifs.
Le dernier changement que je veux annoncer, j'aurais voulu le faire un
peu avant, mais j'avais besoin d'un détail technique. Maintenant, c'est
confirmé: en ce qui concerne le retrait préventif, la CSST va se
conformer, en tout point, à la dernière décision rendue
par la CALP et la directive qui est faite actuellement à
l'intérieur de la CSST va être changée. C'est ça que
j'attendais; la directive est prête maintenant, aujourd'hui, de sorte que
les demandes de retrait préventif deviennent, je ne dirais pas
automatiques, mais, selon le sens de la dernière décision rendue
par la CALP, la CSST va se limiter à constater les avis médicaux,
la demande, comme la loi le prescrit, et elle va procéder à
l'acceptation de la demande.
Je pense que c'est une ouverture considérable qui va
atténuer et faire disparaître les irritants qu'on a
dénoncés au sujet de l'application et du traitement des dossiers,
en ce qui concerne le retrait préventif de la femme enceinte. Dans
quelques semaines, je prévois un autre volet. J'ai des discussions que
je veux engager avec la coalition, avec le Conseil du statut de la femme qui
m'a fait parvenir un document assez important sur le programme et avec les
autres collègues qui voudront bien m'en entrenir, sur certains points
d'amélioration et certains points qui vont apporter d'autres
bonifications à ce programme, non pas nécessairement sur
l'ouverture, parce que la loi, telle qu'elle est faite - je pense que tout le
monde en convient - ne nécessite pas des amendements. (11 h 45)
Je pense que c'est sur les mécanismes entourant l'exercice du
droit de la femme enceinte qu'on peut se pencher et apporter d'autres
assouplissements. Mais celui que je confirme maintenant est très
important et va permettre un exercice beaucoup plus assoupli. Comme je
l'Indiquais tantôt, autant la CSST ne fera pas l'initiative
elle-même de porter en appel certains dossiers, comme on a semblé
vouloir le dénoncer par le passé, autant, dans le programme du
retrait préventif, la CSST va se limiter au rôle administratif qui
est prévu par la loi. Je pense que c'est une bonne nouvelle pour tous
ceux qui ont été inquiétés, à tort ou
à raison, par l'application de ce programme.
En terminant, M. le Président, je voudrais tout de même
prendre la minute qu'il me reste pour remercier tous ceux qui, depuis
peut-être un mois ou deux, m'ont fait parvenir beaucoup de
réflexions, de suggestions. Je veux également remercier le
député de Laviolette qui collabore dans des réflexions,
dans des suggestions. Je l'apprécie beaucoup. Je pense que c'est un
sujet qu'on ne pourrait pas se contenter de décrier comme
système. Je suis heureux de pouvoir compter sur la collaboration de
collègues de l'Opposition et je pense qu'ils savent que je suis ouvert
aux suggestions. Je suis ouvert à cette collaboration, non pas dans
l'optique d'un débat
politique.
Ce qui m'anime - Je veux qu'on en soit convaincus - c'est, par tous les
moyens, trouver le meilleur système pour les accidentes du travail et je
vais continuer ma consultation. Si d'autres suggestions devenaient pertinentes,
je n'hésiterai pas à les faire miennes et à
améliorer ce système. Je pense que c'est très important
pour les accidentés du travail. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Pouiln): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Si les crédits
budgétaires que nous avons étudiés en commission
parlementaire mardi soir et si le travail que nous avons fait ce matin
amènent des lueurs d'espoir, il reste quand même qu'iS y a
beaucoup de chemin encore à parcourir. Je ne voudrais pas reprendre une
boutade que j'utilise souvent, M. le Président... Quand le ministre
pariait à mon collègue d'Ungava en disant qu'à ce
sujet-là le parti qu'il représentait à l'époque,
alors qu'il était au pouvoir, n'avait pas donné les bureaux
régionaux comme il aurait voulu les avoir, je peux juste dire une chose,
c'est que le gouvernement qui est en face de nous ne sera pas jugé selon
nos actes, on l'a été; il sera jugé selon les actes qu'il
aura posés ou non. Dans ce sens-là, cela ne m'énerve
jamais quand quelqu'un me dit: Vous ne l'avez pas fait. Je vous dis que ce
n'est pas une raison de ne pas le faire si vous pensez que vous deviez le
faire.
Cela dit, j'ai d'autres dossiers sur lesquels j'aurais voulu entretenir
le ministre comme, d'abord, la question de la tarification, la question de la
jonction avec les départements de santé communautaire, les CLSC
versus les inspecteurs, les systèmes de prévention, surtout dans
un contexte où la ministre de la Santé et des Services sociaux
prévoit la fermeture de certains DSC. Je dois dire que dans mon coin,
chez moi, la disparition du département de santé communautaire du
centre de Sa Mauricie qui touche la Haute-Mauricîe nous inquiète
beaucoup. Si, en plus de ça, on met en place ce que la
présidente-directrice générale disait sur les
départements de santé communautaire et les CLSC versus les
nouveaux inspecteurs, il y a des inquiétudes encore plus
grandissantes.
Je dois dire aussi que nous avons à faire un travail, comme
membres de l'Opposition. Nous essayons de le faire pour le bien-être de
l'ensemble de tous ceux pour qui nous sommes les commettants ici, à
l'Assemblée nationale. Nous pouvons le faire de façon partisane,
il y a des lieux pour ça. Nous pouvons aussi le faire à
l'Assemblée nationale de façon non partisane. Mais nous pouvons
le faire en sachant cependant qu'on peut avoir des visions
diamétralement opposées, des opinions tout à fait
contraires, mais le but que l'on recherche est toujours de venir en aide
à ceux qui, à tous les jours, viennent nous voir dans nos bureaux
de comté.
Je faisais mention de ça à des journalistes, la question
des maux de des. Ce n'est pas toujours visible, un mal de des, ce n'est pas
toujours sûr des fois et on a l'impression, en bon
québécois, que quelqu'un "fake" des choses. J'ai
été ici, à l'Assemblée nationale, pendant nombre
d'années et avec un mal de des. J'étais assis sur cette chaise de
la présidence et, quand j'avais à me lever debout, II y a des
jours où il fallait que je me donne un mouvement Interne pour être
debout parce que j'en étais incapable. Tout cela parce que, moi aussi,
j'ai eu un problème qui s'est guéri en cours de route. Mais je
dois vous dire que des gens viennent nous voir à nos bureaux et, parce
qu'ils ont un mal de des, on a l'impression qu'à la commission les
médecins, ayant de la difficulté à savoir s) c'en est un
vrai ou non, en arrivent à dire: Ce n'en est pas un et on constestera.
Là, ça amène des délais anormaux.
Je pense qu'on se retrouve devant une grosse machine qui a fait l'objet,
d'abord, d'un projet de loi auquel j'ai participé à
l'époque des années 1978 et 1979 comme membre du pouvoir et comme
quelqu'un qui a fart la tournée du Québec au nom du ministre, M.
Pierre Marois, à l'époque. J'ai aussi participé à
la correction de la loi en 1985, comme membre du gouvernement. Je dois vous
dire aussi qu'en bout de course y y a - il est évident - encore des
revérifications à faire. il! y a eu, en 1983, à la suite
de difficultés dans l'application de la loi, des gens qui avaient des
raisons de penser qu'ils seraient mieux de faire telle ou telle correction, une
commission parlementaire qui avait été demandée par les
membres de l'Opposition de l'époque, qui avait été
accordée par le gouvernement en place et qui avait fait la revue un peu
de cette loi qui avait été adoptée en 1979 et qui a
amené des changements en 1985. Je dois vous dire aussi que le ministre a
le droit de nous faire des propositions, j'ai le droit de les accepter ou de
les refuser, mais quand !! nous demande de lui donner des renseignements, des
vérifications, des discussions, je suis prêt à le faire.
D'ailleurs, je l@ fais toujours, mais le travail que nous avons à faire,
comme membres de l'Opposition, ce n'est pas dans des comités ad hoc,
dans des comités auxquels le ministre pourrait même m'inviter
à participer. J'ai mentionné l'invitation que le ministre avait
faite à ma formation politique, mais, malheureusement, je dois
décliner cette invitation dans la mesure où il faut que ce soit
ouvert. Je sais que le ministre peut avoir ses comités, peut avoir des
gens qui lui suggèrent des correctifs, mais nous croyons que la voie qui
doit èîre prise est ailleurs, toujours dans un souci de ne pas
faire une bataille partisane, mais dans un souci de donner le meilleur service
à tout le monde.
C'est pourquoi j'ai demandé au président de la commission
de l'économie et du travail de convoquer une séance de travail au
cours de laquelle nous allons demander aux députés des deux
côtés de la Chambre, qui ont des points positifs et des points
négatifs à soulever, de regarder cette possibilité d'une
commission parlementaire où, selon ce qu'on appelle le mandat
d'initiative, on pourra étudier les décisions que le ministre
prendra après ses rencontres avec le conseil d'administration et on
pourra entendre ce que d'autres personnes ont à dire, dans un souci
d'éclairage de l'ensemble du dossier public.
Le seul forum que nous avons, comme membres de l'Opposition, pour faire
valoir les points de vue de la population en général, c'est une
commission parlementaire. Ailleurs, c'est notre travail normal de
député, c'est notre travail d'insistance auprès d'un
ministre, c'est notre travail de pression auprès d'un ministre pour
convaincre de l'utilité de faire tel et tel changement. Mais quand on
arrive dans un dossier qui a été vraiment décrié
dans des émissions de ligne ouverte, dans des journaux, par des gens qui
nous écrivent, qui viennent nous voir, il est évident que le seul
forum que nous ayons, comme membres de l'Opposition, quant à nous, c'est
une commission parlementaire.
Les membres de la commission de l'économie et du travail seront
donc convoqués à une séance de travail où on
essaiera de le faire dans un but que tous nous recherchons. J'ai eu l'occasion,
avec les membres du côté ministériel, lors de commissions
parlementaires... On avait même profité, le ministre s'en
souviendra, de l'étude des engagements financiers pour lui poser
quelques questions parce qu'on avait quelques problèmes urgents. Je
pense que c'était dans un souci de rendre service à notre
population, à ceux qui, malheureusement, sont accidentés et
à ceux qui doivent vivre quotidiennement le lot de ces personnes en
difficulté.
En ce sens, nous croyons qu'une convocation des représentants de
la Commission de la santé et de la sécurité du travail qui
nous expliqueraient les difficultés qu'ils ont à appliquer
certaines parties de la loi et la façon dont ils verraient les
correctifs, ainsi que des gens qui sont accidentés et leurs associations
et des représentants de syndicats qui pourraient venir à cette
commission, de leur initiative, suggérer des façons de corriger
la loi, les règlements ou les directives pour aider le ministre dans son
souci de rendre cette loi plus humaine et, finalement, faire en sorte qu'on
donne aux femmes et aux hommes qui sont dans le milieu du travail l'assurance
que tout est fait pour leur faciliter la tâche, leur permettre d'avoir
des moyens préventifs et, si nécessaire - malheureusement, cela
deviendra nécessaire - des moyens curatifs et les conditions dans
lesquelles on pourra corriger la situation en ce qui concerne les salaires et
l'ensemble des demandes qu'ils font pour la stabilisation de leur revenu, les
retraits préventifs, etc., enfin, leur façon de voir les
choses...
Dans ce sens, je suis heureux que les travaux que nous avons
menés cette semaine aient amené des changements que nous allons
examiner avec beaucoup d'attention pour voir quels en seront les effets. Chose
certaine, si déjà la CSST ne fait aucune contestation, que les
employeurs n'en font même pas... Dans certains cas, la CSST faisait des
contestations parce que l'employeur ne voulait même pas le faire. Cela va
permettre à des travailleurs de travailler avec l'assurance que, s'ils
se blessent, s'ils sont mutilés, ils n'auront pas, en plus de subir le
stress de cet accident, le stress d'une commission qui vient les harceler. D'un
autre côté, le retrait préventif, c'est un premier pas.
Comme le ministre l'a dit, il s'agit d'aller plus loin en discutant avec la
coalition et avec le Conseil du statut de la femme, mais aussi avec les
députés en commission parlementaire qui pourront, j'en suis
assuré, faire valoir les points de vue des femmes qui, dans leur milieu,
doivent utiliser ce moyen prévu par la loi, le retrait
préventif.
M. le Président, je termine sur ces mots, en vous disant que,
comme membres de l'Opposition, nous avons fait notre travail pour
défendre nos citoyens et que nous allons être vigilants. Je tiens
pour acquis, en ce qui concerne le retrait préventif, que cela va nous
permettre d'abandonner le recueil de normes dont j'ai parlé tout
à l'heure. C'est un dossier à suivre et nous allons être
vigilants, comme membres de l'Opposition.
Le Président (M. Poulin): Merci, M. le
député de Laviolette. Je voudrais rappeler que la commission de
l'économie et du travail a accompli son mandat. J'ajourne cette
séance sine die.
(Fin de la séance à 11 h 58)