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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Kehoe): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail est ouverte. Je
rappelle le mandat de la commission qui est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 138, Loi modifiant la
Loi sur la Société des alcools du Québec.
Je demande au secrétaire d'annoncer les remplacements.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a un
remplacement: M. Saint-Roch (Drummond) est remplacé par M. Gobé
(Lafontaine).
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, avant d'appeler
l'article 1, avez-vous des remarques préliminaires à faire
concernant ce projet de loi?
Projet de loi 138
M. MacDonald: Pour faire suite à la présentation en
Chambre hier, c'est une loi qui se veut à caractère administratif
et qui veut rétablir une procédure en cas d'infraction qui sera
à la fois proportionnée au type d'infraction et qui permettra
également d'entendre les parties en cause, que ce soit une
première ou une deuxième infraction.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Bourassa, avez-vous des remarques préliminaires à faire?
Une voix: De Bertrand.
Le Président (M. Kehoe): De Bertrand, excusez-moi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Kehoe): Mes excuses.
M. Parent (Bertrand): Elle est bonne. On m'a souvent
appelé M. Bertrand, mais là, député de Bourassa,
c'est impardonnable. Votre premier ministre ne serait pas fier de lui.
Le Président (M. Kehoe): Je m'excuse. M. MacDonald:
II est flexible.
M. Parent (Bertrand): II est flexible. Il est ouvert.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): En tant que député de
Bertrand, oui. Les brefs commentaires ont été faits en Chambre
hier. Comme l'a mentionné le ministre, il s'agit, bien sûr,
beaucoup plus de technicité, du moins de la compréhension qu'on
en a. Alors, comme je l'ai mentionné en Chambre, lorsqu'il s'agit de
bonifier une loi, de la simplifier ou de permettre aux dirigeants de la
Société des alcools d'être capables d'agir au lieu
d'être obligés, dans certains cas, d'intervenir avec la permission
du ministre, je pense qu'on vient bonifier une loi. Alors, de notre
côté, on va écouter les explications sur les impacts des
différents articles et ça devrait se faire relativement en
douceur, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le
député. J'appelle l'article 1. M. le ministre.
Révocation ou suspension du permis d'un
détenteur
M. MacDonald: À l'article 1, il y a un article qui est
modifié par la suppression du paragraphe 7°. Je ne vois pas d'autre
chose, là. Alors, le paragraphe 7° de l'article 35 est
retranché et reporté dans un nouveau texte de l'article 35.1. De
cette façon, l'on maintient, à l'article 35, uniquement des
exigences à caractère administratif pour le manquement auquel le
ministre conserve toujours le pouvoir de référer le
détenteur à la Régie des permis d'alcool du Québec
pour audition.
Le Président (M. Kehoe): L'article 1 est-il
adopté?
M. Parent (Bertrand): Non, juste une question. Actuellement,
à l'article 35, 7°, il est dit: "Le détenteur du permis ou,
dans le cas où ce détenteur est une corporation, un des
administrateurs de la corporation ou un des actionnaires détenant 10 %
ou plus des actions comportant plein droit de vote, a été reconnu
coupable d'une infraction à la présente loi, à un
règlement adopté en vertu de cette loi ou à la Loi sur les
infractions en matière de boissons alcooliques." En termes clairs,
lorsqu'on dit qu'on fait sauter ou qu'on abroge le 7°, c'est de
façon à être capable d'apporter plus. Dans quel genre de
cas? Au cours des dernières années, il a dû arriver des
situations où on a dû agir en appliquant bêtement la loi.
Est-ce qu'on pourrait m'expliquer les embêtements? Dans toutes les fois
qu'on présente ici, le législateur ne parle pas pour rien. C'est
parce qu'il veut être capable d'éviter des situations qui ont pu
se passer.
M. MacDonald: On n'a pas agi bêtement, mais on aurait pu
agir bêtement, et c'est ça qu'on veut prévenir. Là,
il y a deux éléments, c'est-à-dire la première
infraction et la deuxième
Infraction et une infraction de nature administrative et une infraction
de nature pénale. Revenons en arrière. Prenons l'exemple d'une
brasserie que je ne nommerai pas, mais une des grandes brasseries au
Québec, par rapport à un détenteur de permis dont
l'activité est beaucoup plus humble, qui fait ses livraisons strictement
et purement à partir de sa fabrique, de son usine d'embouteillage, qui
contrôle tout par rapport à une grande brasserie qui, elle, a des
agents distributeurs à travers la province.
La loi, telle qu'elle est formulée, ne fait pas de
différence, c'est-à-dire que cette grande brasserie peut se
retrouver dans une situation d'offense administrative - vous en avez qui sont
prévues tel - ou d'offense pénale. Enfin, une offense peut
être faite par une infraction faite par un distributeur très
éloigné du siège social sur lequel elle a peu de
contrôle, etc.
M. Parent (Bertrand): Une personne dans le réseau,
finalement, qui ne contrôle pas...
M. MacDonald: Une personne dans le réseau qui distribue
dans une région éloignée de la province qui commet une
infraction.
M. Parent (Bertrand): Et que le brasseur nécessairement ne
contrôle pas directement. (10 h 15)
M. MacDonald: C'est ça. La loi, telle qu'elle est à
l'heure actuelle, stipule qu'à la première offense, il peut se
retrouver avec une amende pouvant aller jusqu'à 25 000 $, mais, à
la deuxième offense, il peut y avoir, telle que la loi est
rédigée maintenant, 25 000 $ d'amende, mais révocation
automatique du permis. Or, par une offense de nature relativement mineure
commise par un agent en territoire éloigné, la grande brasserie
centrale du centre urbain pourrait se retrouver avec une révocation
automatique de son permis. That's it. Ce que nous voulons, c'est de permettre
à la Régie d'entendre les parties lorsqu'une infraction a
été commise, que ce soit à la première infraction
ou à la deuxième, qu'il existe encore un processus d'amende, mais
qu'il existe également la possibilité pour la Régie
d'entendre et de juger de l'importance de l'acte qui a été
commis. Si c'est de nature administrative, être capable, même
à une deuxième offense, de pénaliser la
société qui est prise en défaut sans révoquer son
permis. Par contre, si c'est une offense de nature pénale, elle pourrait
révoquer le permis dès la première offense ou à la
deuxième offense. C'est pour ça que j'ai fait la
différence. La latitude maintenant permet d'entendre la cause. Il n'y a
pas de révocation automatique, quelle que soit la
sévérité de l'infraction, à la deuxième
infraction.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, je comprends bien
le fait de donner la chance aux personnes impliquées de s'expliquer,
quelle que soit la nature, pour être capable de. Sauf que, quand je relis
l'article 35 de la loi actuelle, il est dit, avant d'arriver aux 1°, 2°
et jusqu'à 7°, que la Régie peut, à la demande du
ministre, révoquer un permis. Dans ce cas-là, ça demandait
quand même que le ministre donne l'ordre de révoquer, parce que la
façon dont c'est rédigé, je n'ai pas de formation
juridique, la compréhension que j'en ai, ce n'est pas: La Régie
révoque. C'est: Elle peut et ce, à la demande du ministre,
révoquer un permis. Actuellement, ce que vous me mentionnez comme
étant un processus plus démocratique, si l'on veut, n'est pas
pour autant réglé à partir du moment où la loi
actuelle prévoyait que le ministre, lui, devait faire la demande pour
révoquer un permis, si j'ai une bonne compréhension de la loi
actuelle. Et là, on dit qu'on fait sauter le 7°. Le ministre,
à ce moment-là, va-t-il toujours avoir ce pouvoir-ià ou
s'I ne l'aura plus?
M. MacDonald: Le ministre conserve un pouvoir de demander de
révoquer, strictement demander...
M. Parent (Bertrand): Cela reste.
M. MacDonald: ...de révoquer, pour des choses de nature
administrative, par exemple, ne pas soumettre un rapport à temps ou ne
pas l'avoir complété adéquatement: pénalité
qui peut être jugée, une offense qui est plutôt mineure.
Mais, lorsqu'il s'agit d'une infraction au pénal et que la partie a
été trouvée coupable d'une infraction, là,
automatiquement, cela va à la Régie - c'est la loi - sans que le
ministre ait à intervenir. Alors, l'intervention du ministre à
demander d'entendre ou de ne pas entendre, de révoquer ou de ne pas
révoquer, nature administrative, offense mineure, si je peux employer le
terme. Mais lorsque la partie a été reconnue coupable au
pénal, c'est automatique.
M. Parent (Bertrand): Cela explique, M. le Président,
parce que la façon dont la loi était faite, c'était sur
des questions majeures. Je peux comprendre s'il y a des problèmes dits
majeurs ou d'ordre pénal, mais, lorsqu'il s'agit plus du
côté administratif, je pense que c'est beaucoup plus à la
Régie qu'au ministre de dire: Voici, j'exerce mes droits ou je demande
que. Cela va. Cela répond aux questions à l'article 1.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 2.
M. MacDonald: Comme vous pouvez le lire: "Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 35, du suivant: "La
Régie des permis d'alcool du Québec peut révoquer un
permis ou le suspendre pour une période qu'elle détermine si:
"1° son détenteur ou, dans le cas où ce détenteur est
une corporation, un des administrateurs de la corporation ou un des
actionnaires
détenant 10 % ou plus des actions comportant plein droit de vote
- là, c'est très important et je vous le souligne encore une
fois, nous revenons à la notion de nature pénale - est
déclaré coupable d'une infraction à une disposition de la
présente loi ou de la Loi sur les Infractions en matière de
boissons alcooliques; - on se trouve à remplacer, si vous voulez, le
paragraphe 7° de l'article 35 - "2° un agent ou un employé du
détenteur est déclaré coupable d'une infraction à
une disposition de la présente loi ou de la Loi sur les infractions en
matière de boissons alcooliques... fabriquée ou
embouteillée par ce détenteur."
Alors, comme explication additionnelle, on dit que l'article 2 introduit
le nouvel article 35.1 lequel permet de référer le
détenteur d'un permis pour audition devant la Régie lorsque lui
ou un actionnaire détenant plus de 10 %, un agent ou un employé
est déclaré coupable d'une infraction à la Loi sur la
Société des alcools du Québec ou à la Loi sur les
infractions en matière de boissons alcooliques.
Pour vous et moi qui n'avons pas de formation juridique, une explication
qui m'a été donnée, c'est que l'ancien article qui
comprend six paragraphes fait référence à des infractions
de nature administrative tandis que le nouvel article 35.1 concerne les
infractions de nature pénale.
M. Parent (Bertrand): Avec ces bonnes explications du ministre,
on va aller de l'avant avec l'article 2.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. J'appelle
l'article 3. Il y a un amendement à l'article 3. Je vais le lire:
L'article 3 est modifié par la suppression, dans les deuxième et
troisième lignes du paragraphe 3°, de ce qui suit: ", en outre des
frais". Est-ce que l'amendement est adopté, M. le député
de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): On pourrait peut-être demander au
ministre des explications. Pourquoi ce papillon? On a fart sauter l'expression
", en outre des frais".
M. MacDonald: L'article 38.1, je n'ai pas ça. Il va
falloir démêler ça. Excusez-moi, je viens de le retrouver.
Cette modification assure la concordance avec la loi d'application du Code de
procédure pénale. C'est clair. C'est
élémentaire.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que, d'abord, l'amendement
est adopté?
M. Parent (Bertrand): Mais c'est en vertu duquel les gens vont
quand même payer des frais.
M. MacDonald: Oui, mais en vertu du Code de procédure
pénale.
M. Parent (Bertrand): Oui, mais en vertu du Code. D'accord.
La Président (M. Kehoe): L'amendement est-il
adopté?
M. Parent (Bertrand): L'amendement est adopté.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'article 3 est
adopté ou voulez-vous d'autres explications?
M. Parent (Bertrand): Oui, sur l'article 3. J'imagine que cela
fait référence un peu au cas des vins Corelli ou à des cas
similaires, pour éviter des situations.
M. MacDonald: Oui, à différentes situations qui ont
pu se présenter dans l'administration de la loi.
M. Parent (Bertrand): D'accord, si on fait
référence à cette même brèche qui
était possible. Je n'ai pas de problème à l'article 3, M.
le Président.
Le Président (M. Kehoe): L'article 3 tel qu'amendé
est adopté. J'appelle l'article 4.
M. Parent (Bertrand): II n'y a pas grand problème
là, non plus.
Le Président (M. Kehoe): L'article 4 est adopté.
J'appelle le titre du projet de loi. Est-ce qu'il est adopté?
M. Parent (Bertrand): C'est adopté.
Le Président (M. Kehoe): Le projet de loi 138, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Adopté. Nous allons
suspendre les travaux pour deux minutes. Il y a un autre projet de loi.
(Suspension de la séance à 10 h 25)
(Reprise à 10 h 29)
Projet de loi 195
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'y vous
plaît!
La commission de l'économie et du travail reprend ses travaux. Je
rappelle le mandat de la commission qui est de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 195, Loi relative
à l'Implantation d'une aluminerie dans la région de
Sept-îles. Je pense qu'il y a des remplacements.
Le Secrétaire: Oui. M. te Président. Il y a deux
remplacements: M. Saint-Roch (Drummond) est remplacé par M. Gobé
(Lafontaine) et Mme Vermette (Marie-Vlctorin) est remplacée par M.
Perron (Duplessis).
La Président (M. Kehoe): Je comprends qu'il s'agit d'une
loi privée. Pardon?
M. Chagnon: Publique.
Le Secrétaire: Un projet de loi d'un
député.
Le Président (M. Kehoe): Une loi publique
présentée par le député de Saint-Louis. Je lui
demande s'il a des remarques préliminaires et de bien vouloir
présenter son invité, la personne qui l'accompagne, s'il vous
plaît.
Remarques préliminaires M. Jacques
Chagnon
M. Chagnon: Tout d'abord, M. le Président, je voudrais
vous présenter M. Coulombe, de l'étude légale Desjardins
Ducharme, qui a été fortement impliqué par le groupe - on
ne parlera plus de consortium; vous verrez un peu plus loin qu'on parlera d'un
groupe - qui cherche à réaliser le projet de l'aluminerie
Alouette dans la région de Sept-îles et plus
particulièrement la Pointe-Noire.
Quant au projet de loi 195, M. le Président, je ferai, de
façon succincte, la présentation qui a été faite
hier lors de l'adoption de principe. C'est un projet de loi qui cherche
à incorporer le principe de l'indivision dans l'organisation, la
répartition, le financement et la gestion de l'aluminerie, du projet
Alouette. Parmi les avantages de l'indivision, notons, d'abord, la transparence
fiscale, l'Indépendance fiscale, l'indépendance financière
et, évidemment, l'indépendance commerciale.
M. le Président, il s'agit d'un projet de loi public compte tenu
du fait que l'économie générale de notre Code civil n'a
pas prévu ce modèle d'organisation de type d'entreprise. Nous
savons, au moment où nous nous parlons, que le comité qui
réexamine l'ensemble du Code civil, nous indique-t-on, aurait
l'intérêt, aurait le goût, aurait tendance à vouloir
l'incorporer dans la future version du Code civil, mais, comme cette version
n'est pas encore adoptée à la Chambre, il nous fallait
procéder par un projet de loi privé ou public. La raison pour
laquelle nous avons été incités à présenter
un projet de loi public, M. le Président, c'est qu'un
précédent de la même forme juridique a déjà
été adopté par le gouvernement du Québec et
sanctionné le 24 juin 1983. Il s'agit du projet de loi modifiant la Loi
sur la Société générale de financement du
Québec qui a été sanctionné non pas le 24, mais le
22 juin 1983, M. le Président, dans lequel, à l'article 8 qui
modifie l'article 12 de la Loi sur la Société
générale de financement, nous y lisons, concernant l'aluminerie
visée - on parlait à ce moment du projet ABI, à
Bécancour - au paragraphe c de l'article 12: "Les biens qui s'y
rapportent et ceux qui lui sont utiles a son exploitation peuvent appartenir
par indivis à plusieurs propriétaires." Le principe était
déjà inclus dans une loi publique et c'est ce qui nous a fait
opter pour la présentation d'un projet de loi public. Or, M. y a
déjà un précédent juridique, je viens de le
mentionner, celui de Pechiney, oui, et le projet ABI, à
Bécancour. Il y a un autre précédent un peu plus loin,
mais pour une aluminerie d'une extrême Importance, le projet Tomago, en
Australie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Saint-Louis. M. le ministre, avez-vous des commentaires à faire avant
qu'on commence l'étude du projet de loi?
M. MacDonald: M. le député de Bertrand avait
demandé que nous soyons présent à la commission
parlementaire. Alors, c'est avec plaisir, si ça s'avère
nécessaire, qu'on pourra répondre, selon nos connaissances, sur
ce que sont les caractéristiques de ce projet.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, je comprends
qu'il y a plusieurs amendements qu'on attend concernant ce projet de loi. Comme
préambule, M. le député de Bertrand, est-ce que vous avez
des commentaires?
M. Jean-Guy Parent
M. Parent (Bertrand): Oui. D'abord, des commentaires à la
suite de mes propros hier, en Chambre, lors du dépôt de ce projet
de loi devenu un projet de loi public. J'ai un peu l'impression qu'on
était partis sur un projet de loi privé. Quoi qu'il en soit, s'il
est un projet de loi public, il va coûter moins cher à ceux qui y
sont impliqués.
M. Chagnon: Moi, je ne "charge" pas.
M. Parent (Bertrand): C'est ça. Je voulais juste m'assurer
que le député de Saint-Louis n'était pas celui qui
empochait la différence. Farce à part, c'est un projet de loi,
quand même, qui va permettre la réalisation d'un projet Important
sur la Côte-Nord. C'est pour ça que mes amis, collègues et
le renfort de toute la Côte-Nord sont avec moi ce matin. Ils auront la
chance, bien sûr, d'intervenir.
Cependant, comme préambule, j'ai deux ou trois points importants.
Étant donné que le projet de loi 195 est très flou quant
à différentes précisions qu'on aurait dû y apporter,
il y aura des amendements de proposés. Ils seront déposés
tantôt, concernant, entre autres, la précision que mon
collègue, le député de Duplessis, je pense, voulait voir
apparaître comme... Je
disais donc qu'il va y avoir des précisions d'apportées
concernant la ville de Sept-Iles pour préciser qu'il s'agit d'un projet
à Pointe-Noire.
Cependant, je porte aussi à l'attention du ministre qu'à
l'article 2, deuxième paragraphe, lorsqu'on dit: "Les indivisaires
peuvent toutefois convenir de demeurer dans l'indivision pour une durée
déterminée", je verrais d'un très bon oeil - et on
aimerait proposer un amendement dans ce sens - que la période
déterminée soit spécifiée comme étant 30
ans, puisque, dans le Code civil, à l'article 1052, il est prévu
ce qui suit: "La convention d'indivision qui reporte le partage d'un bien doit
être établie par un écrit." Et, au deuxième
paragraphe de l'article 1052 du Code civil: "Elle ne doit pas excéder 30
ans, mais elle peut être renouvelée. La convention qui
excède 30 ans est réduite à cette durée."
Je pense qu'on ne pourra pas créer de précédent sur
la question de la période de 30 ans, étant donné qu'elle
est dans le Code civil et, concernant Pechiney aussi, on avait
précisé, à l'article 12.2 de la Loi sur la
Société générale de financement du Québec,
cette période de 30 ans.
M. MacDonald: Me Parent, accordé. D'accord.
M. Parent (Bertrand): II faut que j'arrête de plaider,
quoi? Ha, ha, ha!
Sur le plan technique, c'est cela. Je pense que cela prouve ce que je
disais hier. Sans vouloir faire de charriage, j'ai l'impression que des choses
ont été préparées très vite et qu'il
manquait un peu de viande autour de l'os.
Au-delà de ça, la présence du ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, ce matin, et de toutes les
personnes qui peuvent apporter davantage d'éclairage sur ce projet va
nous être très utile, parce que, d'une part, lorsqu'on
crée...
Des voix:...
M. Parent (Bertrand): II me semble que c'est indiscipliné,
M. le Président, j'ai de la misère à parler.
Le Président (M. Kehoe): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Sainte-Anne, l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: Voulez-vous l'expulser, il n'a pas d'affaire ici.
Le Président (M. Kehoe): Pour le moment, on demande
l'ordre.
M. Parent (Bertrand): Je disais donc, étant donné
l'importance de ce projet, qu'on a besoin d'un peu plus d'éclairage.
À titre d'exemple, dans un communiqué, lors d'une
conférence de presse du ministre sur le projet Alouette de
Sept-îles, on nous pariait d'un projet de 1 400 000 000 $ avec une
capacité de 370 000 tonnes de fabrication d'aluminium. Maintenant, y
semble qu'on parle plus de 430 000 tonnes au lieu de 370 000. C'est quoi le
cadre, vers quoi on s'en va et pourquoi y a-t-il des modifications?
On se souviendra, en juin 1983, non pas parce qu'on y était, mais
parce qu'on peut faire référence aux galées de
l'Assemblée nationale, de toutes les réticences qu'avait,
l'Opposition d'alors qui forme aujourd'hui le gouvernement actuel, que ce
soient les propos de John Ciaccia, que j'ai pu relire avec beaucoup
d'attention, ou de Clifford Lincoln, sur le sujet. Lorsqu'on a voulu amender la
Loi sur la Société générale de financement du
Québec pour permettre la réalisation du projet Pechiney, avec
l'intervention de la SGF comme partenaire financier actif, on avait voté
contre. On était contre parce qu'on trouvait que c'était
risqué, on manquait d'information.
Nous l'avons dit, hier soir, il n'est pas question de voter contre un
tel projet. Cela nous semble important et majeur, sauf qu'on est en lieu et
droit de s'attendre à ce que c'est exactement, en plus de savoir qu'il y
a cinq partenaires et que la SGF devrait y jouer un rôle à quelque
20 %. La SGF, c'est une société d'État qui sera
concernée dans une convention qui impliquera les fonds publics,
finalement. Je pense qu'il serait important de savoir où on s'en va avec
l'ensemble du projet et ce, non seulement pour le bénéfice des
parlementaires ici, mais certainement aussi pour celui de tous les gens
concernés, c'est-à-dire au niveau régional, avec l'impact
que cela pourrait avoir.
Personnellement, à titre de député responsable et
critique de l'Opposition en matière économique, entre autres, la
Société générale de financement ou des sujets
relevant du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie,
je veux savoir les dessous de cela, du moins tout ce qui peut être rendu
public concernant le projet, son tonnage, l'investissement, les partenaires,
connaître aussi les échéanciers et plus que ça, je
vous dirais que je suis aussi un peu préoccupé par rapport
à l'ampleur des projets qui viennent s'accumuler concernant la
fabrication d'aluminium au Québec.
Qu'on ait un ou deux projets, lorsqu'on commence à additionner
aujourd'hui la quantité du tonnage de fabrication d'aluminium, je me
dis: Bon, il va se passer quelque chose sur le marché international et
il ne faudrait pas, parce qu'on a mis trop d'oeufs dans le même panier,
que nous nous ramassions dans une situation telle que lorsque le prix de
l'aluminium diminuera de façon draconienne, on se ramasse avec beaucoup
d'oeufs dans le même panier, et là je pense
particulièrement à une société qui s'appelle la
Société générale de financement.
Si on investit... Je prends l'exemple qui me vient à l'esprit,
l'industrie de l'automobile. C'est très bon que l'Ontario soit forte
dans ce secteur, sauf que lorsque l'industrie de l'automobile ou les prix dans
l'industrie de l'acier se mettent
à chuter, on sait ce que ça fait sur une
économie.
Qu'il y ait des projets nouveaux, additionnels et fantastiques, oui; que
l'entreprise privée intervienne pour investir, créer des emplois,
générer l'économie, oui; qu'on y participe en tant que
société, par le biais d'un bras qui s'appelle la
Société générale de financement, je veux bien,
même que je trouve ça très sain qu'on soit là comme
partenaires. D'ailleurs, j'ai toujours souligné, depuis que je suis dans
cette enceinte, l'importance qu'il y avait, pour le gouvernement du
Québec, à agir comme partenaire. C'est un bel exemple, sauf que
je dis aujourd'hui: Donnez-nous les informations et les explications
additionnelles, parce que ça commence à faire beaucoup de tonnage
dans le domaine de l'aluminium si on reporte ça sur le plan
opérationnel. Combien en l'an 2000, donc dans dix ou onze ans d'ici,
produira-t-on de tonnes d'aluminium au Québec versus la demande du
marché et que va-t-il se passer un peu ailleurs? Je ne voudrais pas que,
dans dix ans d'ici, quelles que ce soient les personnes qui seront assises
à notre place à l'Assemblée nationale, qu'on y soit ou
pas, elles nous disent: Écoutez, à ce moment-là
étiez-vous conscients que vous vous embarquiez dans un autre projet,
dans un autre Pechiney, après avoir pris conscience des capacités
du marché?
Je ne suis pas sûr que dans d'autres domaines, même s'il
s'agit d'un domaine fort intéressant, et on y a cru en tant que
formation politique de gouvernement dans les années quatre-vingt-trois,
parce que justement il y avait une vision à cause du potentiel de
l'énergie que de son utilisation via l'électricité pour
les alumineries, 1 reste que même si on continue à y croire
aujourd'hui, je me dis: A-t-on bien fait finalement toute l'analyse pour dire:
Oui, on embarque là-dedans, oui on aide? C'est un peu comme si demain
matin, on nous demandait dans un autre domaine de dire: Embarquerait-on dans
deux autres Sidbec pour aider finalement deux autres aciéries au
Québec? Je ne suis pas sûr que la réponse serait oui.
Dans le cas de l'aluminium, on a ces assurances-là. Quant
à moi, ça me rassure et je pense que ça va rassurer aussi
passablement de gens, parce qu'il ne faut pas s'embarquer aveuglément.
Je ne dis pas que c'est ce que le gouvernement fait, je dis au
député de Saint-Louis ce que je dis au ministre: On a besoin de
plus d'explications que ce bout de papier qui est un projet de loi qui nous
embarque dans une nouvelle aventure qui, si tentante sort-elle, est une
aventure où on doit vraiment mesurer notre partenariat et, dans ce
sens-là, je suis passablement persuadé que la
Société générale de financement a fait son travail.
Mais on a besoin d'être tenus au courant, parce que je doute fort qu'il y
ait des membres de la commission Ici qui soient plus au courant des
détails que je peux l'être et, dans ce sens-là, ça
m'inquiète parce que ici, en tant que parlementaires et
intéressés dans des dossiers économiques, on n'est pas au
courant et le commun des mortels l'est encore moins.
Voilà mes préoccupations en ce qui concerne le plan
technique de ce projet de loi et ce qu'il nous autorise à faire. On
reviendra avec les amendements tout à l'heure.
Je conclus en disant que pour tout ça on n'est pas contre, pour
autant qu'on nous fournisse les explications pour nous rassurer.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: Brièvement, M. le Président. Pour
répondre aux questions de M. le député de Bertrand, N y
aurait peut-être lieu de regarder le projet de loi article par article et
de prendre le temps qu'il faut pour répondre à d'autres questions
que pourrait soulever le député de Bertrand quant à des
précisions qu'il cherchait à avoir sur certaines parties ou
certaines questions. Quant à l'amendement qu'il entend proposer à
l'article 3, nous écouterons ce qu'il en est et nous aurons
peut-être une discussion à ce sujet aussi, compte tenu de la
vision qu'on avait sur le pian juridique de l'argumentation que nous avait
présentée le député de Bertrand
préalablement. (10 h 45)
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, vous avez des
amendements?
M. Chagnon: J'aurai également des amendements, M. le
Président...
Le Président (M. Kehoe): D'accord...
M. Chagnon: ...aux préambules et aux autres articles
également.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, avez-vous des
commentaires généraux au sujet de I'ordr8?
M. MacDonald: Non, ça me fera plaisir de répondre
aux questions, lorsqu'il y en aura.
M. Parent (Bertrand): M. le Président, avant qu'on entre
dans les articles - parce que lorsqu'on embarquera article par article, je ne
pense pas que ce sera le moment d'avoir des explications -il me semble que
c'est à ce stade-ci qu'on pourra avoir des informations additionnelles
sur le projet de loi, sur les points que j'ai mentionnés dans mon
préambule. J'aimerais avoir des informations, parce que, une fois cette
étape passée, le reste va débouler passablement
rapidement, lorsqu'on ira article par article. Mais je pense que c'est à
ce stade-ci qu'on pourrait avoir de l'information sur l'ensemble du projet,
savoir où on s'en va et pourquoi entre l'annonce et aujourd'hui on ne
parle plus du même tonnage, on ne parle plus nécessairement du
même
projet d'investissement.
Je pense que ce sont là des informations importantes. Par rapport
à la capacité totale du marché, qu'est-ce que le projet
Alouette va venir faire dans le décor? Il va y trouver sa
viabilité et on ne se ramassera pas toujours dans une situation
précaire en tant que coactionnaire, entre guillemets, par le biais de la
Société générale de financement.
M. Pierre MacDonald
M. MacDonald: M. le Président, on a tous entendu, depuis
quelques années, Alouette, un projet d'aluminerie dans la région
de Sept-îles. C'est un projet unique en son genre dans le sens qu'on n'a
jamais eu un projet au Québec qui a amené autant de partenaires
internationaux d'intérêts différents, de
nationalités, de cultures différentes qui, cependant, veulent se
prévaloir de ce que représente le Québec comme avantages
pour y établir une usine d'électrolyse.
Au cours des deux dernières années, le marché de
l'aluminium a connu une hausse spectaculaire de son prix qui s'est
accouplée à la vétusté d'installations partout au
monde qui devaient être remplacées, ce qui a amené des
partenaires du monde de l'aluminium - si je peux employer ce terme - à
reconsidérer leur facilité de production, à décider
de fermer un bon nombre d'usines et également à regarder dans le
monde pour voir où ils pourraient s'installer et de quelle façon
ils pourraient continuer à avoir un approvisionnement de métal
pour vendre à leurs clients.
Plusieurs pays présentent des avantages, c'est-à-dire
sources énergétiques d'électricité à des
prix convenables, accès sur le plan du transport et de la logistique,
tant pour la matière première que pour l'expédition des
produits finis. Mais il y a peu de pays qui présentent autant
d'avantages que le Québec où, comme on peut le constater,
particulièrement au cours des dernières années, le climat
économique, l'ambiance, l'accueil aux investissements est meilleur qu'il
ne l'a jamais été et où on offre à la fois
stabilité politique, énergie à bon marché -
comparativement à d'autres pays - et un accueil à des
investissements associés à une capacité de fournir la
main-d'oeuvre et les ressources, tant pour construire ces usines que pour les
faire fonctionner.
Dans ce contexte, au cours des dernières années, la
Société générale de financement - dont c'est le
rôle de faire la promotion de projets en se basant nécessairement
sur les ressources humaines et physiques que nous avons au Québec - a
cherché à faire la promotion d'un projet à
Sept-îles, un site où on retrouve plusieurs des avantages que j'ai
mentionnés auparavant.
Le projet initial... Je ne devrais peut-être pas dire initial,
mais à un moment, le projet retrouvait des intérêts
américains, c'est-à-dire
Reynolds qui est déjà implantée au Québec,
des intérêts japonais de trois sociétés qui
étaient YKK qui est plus connue comme un manufacturier de fermetures
éclair, Mitsubishi Industrie et Kobe Industrie associés avec la
Société générale de financement.
En cours de route, pour des raisons qui leur sont propres, pour des
raisons de gestion interne, certains m'ont fourni des explications, à
savoir qu'on a de la difficulté à concevoir de fonctionner dans
une société indivise, d'ailleurs, qui fait le sujet de cette
commission parlementaire, si on veut en parler plus précisément.
Nous sommes plutôt des dirigeants qui aimons avoir nos propres
installations. On peut peut-être, à la rigueur, s'entendre avec un
partenaire mais cinq, six, sept partenaires, on y voit trop de
difficultés et c'est une des raisons qui a amené le départ
de partenaires possibles au début.
Se sont ajoutés, en cours de route, d'autres producteurs
importants qui ont tous les mêmes problèmes que j'ai
soulignés, à savoir des installations vétustés, des
installations qui, à cause de l'infrastructure, de la structure
elle-même de leurs usines et le coût de l'énergie à
l'endroit où elles sont installées, doivent penser fermer ces
installations au cours des prochaines années. Des sociétés
comme Alusuisse, qui avait déjà démontré un
intérêt pour venir au Québec, ont signifié qu'elles
aimeraient regarder la possibilité de se joindre au consortium. Nous
connaissons - et je suis sûr que M. le député de Bertrand
en a déjà pris connaissance à l'occasion - les
difficultés qu'a connues et que connaît encore Alusuisse. Elle a
donc décidé de se retirer du projet.
Vous avez également des sociétés italiennes qui ont
été invitées à regarder le projet et qui se sont
retirées. Vous avez des sociétés d'origine, telles que
Mitsubishi et YKK, qui ont décidé de se retirer. Vous avez des
sociétés nouvelles, comme Hoogovens, de Hollande, et Marubeni, du
Japon, qui ont décidé, tout dernièrement, et qui ont
demandé de se joindre au consortium. Vous avez un joueur très
important qui a signifié son intérêt pour le projet
à la suite de la visite du premier ministre Bourassa en Allemagne,
c'est-à-dire le grand producteur VAW, à qui le premier ministre a
présenté plus spécifiquement les avantages d'un
établissement au Québec et qui a décidé d'embarquer
dans le consortium ou, tout au moins, d'étudier la
possibilité.
Au moment où je vous parle - je dis bien au moment où je
vous parle parce que ça peut encore changer - il y a eu hier une
réunion des partenaires qui a duré six heures. Il y a encore une
réunion ce matin. Soit dit en passant, c'est un des dossiers
peut-être les plus difficiles, pas difficiles sur le plan de la
discordance, du tiraillage, de la chicane, etc., mais difficile sur un pian
technique, compte tenu du nombre des partenaires, de la culture des
partenaires, culture que je dirais nationale, mais culture de la
façon
de faire des affaires également. C'est un des dossiers les plus
difficiles que j'aie connus dans ma carrière d'affaires.
Au moment où je vous parle, le projet regroupe six partenaires:
l'AGF, le promoteur, détiendrait 20 %, VAW, cette société
allemande, détiendrait 23 %, Austria Metal, je les avais oubliés,
les Autrichiens, détiendrait 22 %, Hoogovens, les Hollandais, 15 %, Kobe
Steel, 13,33 % et Marubeni Corporation 6,67 %. Et là, je vous mets en
garde, ce sont les maisons mères. J'ai donné les noms des maisons
mères. On pourrait très bien se retrouver dans un consortium
où, sur le plan légal, vous y retrouveriez d'autres noms choisis
par les maisons mères comme filiales ou filiales existantes, filiales
à créer qui pourraient faire partie de ce consortium.
Comme vous allez vous en apercevoir, dans cette loi qui vous est
présentée, et qui veut permettre au consortium de travailler dans
l'Indivision, il y a des responsabilités de chaque partenaire de
s'approvisionner en alumine et une fois l'alumine transformée, de
s'occuper de vendre sa part de la production. Cette formule a des
précédents relativement récents: Aluminerie de
Bécancour a été une première expérience
où peut-être les diversités culturelles étaient
moins grandes que dans le projet actuel. Malgré ceci, certains de vos
collègues se rappelleront que cela n'avait pas été un
dossier facile à unifier et à lancer. Il y a une autre
aluminerie, je crois, en Australie qui a également été
installée sur ce plan-là. Nous prévoyons que les travaux
pourraient commencer cette année si le consortium sort, je devrais dire,
vainqueur de ses négociations d'hier, d'aujourd'hui et, probablement, de
demain.
Nous prévoyons, dis-je bien, que les travaux d'infrastructure
pourraient commencer avant la fin de l'année 1989. J'ajouterais qu'ils
devraient commencer avant la fin de 1989 parce que les
échéanciers sont relativement serrés et la formule retenue
- et nous pourrons en parler - serait une technologie dite AP30, vous l'avez
mentionnée vous-même, c'est-à-dire cette formule qui
verrait le projet se bâtir en deux parties pour une production totale de
430 000 tonnes et demandant un approvisionnement d'électricité
total de 720 mégawatts dédiés à cette
production.
C'est différent de la formule initiale retenue par les premiers
partenaires à un moment, vous vous rappellerez, où le prix de
l'aluminium était très élevé, prix qui a
été modifié depuis et où on avait un engouement, un
empressement pour obtenir très rapidement de grosses quantités de
métal. La technologie qui était retenue à ce
moment-là était celle dite AP28 et on prévoyait construire
dans une séquence de 75 % de la capacité de production devant
devenir disponible en 1992 et 25 % en 1993 pour un total de production de 370
000 tonnes, qui aurait demandé en première phase 450
mégawatts et, en deuxième étape, l'année suivante,
150 mégawatts pour un total de 600 mégawatts. Je
répète les chiffres. L'ancienne formule retenue... Je vous al
parlé de l'évolution et cela a changé. Je peux vous dire
que cela a changé plus d'une fois en cours de formation du consortium.
La technologie AP28 vis-à-vis de AP30: AP28 appelait 370 000 tonnes
totales requérant 600 mégawatts; AP30 qui est celle qui est
retenue au moment où l'on se parle. Compte tenu de ce que nous avons
vécu dans ce dossier, je ne voudrais pas dire que ce sera la technologie
retenue, finale, c'est celle qui est considérée à ce
moment-ci: AP30, 430 000 tonnes, 720 mégawatts.
Le consortium, je dis bien, devrait commencer les travaux le plus
rapidement possible, voulant avoir la première série de cuves
terminées pour 1992 et voulant et envisageant de construire la
deuxième série de cuves sur une possibilité de mise en
exploitation en 1995.
C'est l'état du projet actuellement, qui devrait normalement
évoluer rapidement au cours des prochaines journées. Je vous
dirais, par contre, M. le Président, que j'utilisais le même
langage il y a deux mois devant des gens qui me demandaient comment
évoluait le projet, mais c'est là où nous en sommes. Par
contre, il y a suffisamment de confiance que le projet va aboutir et va
être mis en place pour le bénéfice de tout le monde. Vous
avez devant vous ce projet de loi qui veut donner le cadre légal dans
lequel le consortium voudrait fonctionner de façon que tout soit en
place au moment où la dernière lumière verte, sur le plan
des arrangements financiers, et tout ce qui est nécessaire pour la
construction et la mise en exploitation, tout cela sera
déclenché.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Le
député de Duplessis a demandé la parole.
Discussion générale
M. Perron: Oui, M. le Président. J'ai seulement une
question à poser au ministre responsable de la SGF. Dans un article de
journal qui est paru dernièrement, on mentionnait que le consortium
devait avoir une rencontre à Montréal, à la suite de celle
qu'il y avait eu en Europe. (11 heures)
Une voix: À Vienne, oui.
M. Perron: À Vienne. Est-ce que cette rencontre a
déjà eu lieu ou si elle aura lieu plus tard cette semaine?
M. MacDonald: Elle a eu lieu et elle a lieu.
Il y eu rencontre pendant environ six heures hier et il y a encore
rencontre aujourd'hui, peut-être pour toute la journée.
M. Perron: D'accord. Donc, lorsque le
ministre parlait de lumière verte, c'est à ce
moment-là que le consortium va probablement prendre la décision
d'aller de l'avant.
M. MacDonald: Je l'espère.
M. Perron: Moi aussi. Vous n'êtes pas le seul à
espérer, M. le ministre.
Maintenant, je le mentionnais hier, lorsque j'ai fait mon intervention
à l'Assemblée nationale, ce dossier est actuellement vieux de 33
ans pour être à peu près exact, puisque c'est en juillet
1955 que M. Ouellet, qui était député de Saguenay à
l'Assemblée législative à cette époque - le
comté de Duplessis n'existait pas - a fait allusion pour la
première fois à une aluminerie à Sept-îles. Je pense
que c'est de bon droit qu'on défende aujourd'hui ce dossier puisqu'il
existe depuis de nombreuses années. Je suis très heureux de voir,
et je termine là-dessus, la présence de la SGF, comme le disait
mon collègue tout à l'heure, parce que je pense que c'est
essentiel que. le gouvernement du Québec s'implique directement dans des
dossiers aussi importants qu'une aluminerie au Québec, peu importe
l'endroit où ça se trouve.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Le ministre a répondu à
plusieurs de nos questions dans son exposé. Je pense qu'elles
étaient non seulement justifiées, puisque le dossier
évolue d'heure en heure, pour ne pas dire de minute en minute. Je
voudrais d'ores et déjà que le message qui pourrait se rendre au
consortium qui est en réunion ces jours-ci ou ces heures-ci puisse
être très clair que l'Assemblée nationale va tout faire
pour adopter rapidement le projet de loi 195 afin de lui donner les outils
nécessaires et qu'il sache au moins qu'il ne s'agit pas ici d'essayer de
mettre des bâtons dans les roues mais, au contraire, de faciliter les
choses. Cela dit, je pense que ça rejoint bien les préoccupations
de mon collègue, le député de Duplessis.
En ce qui regarde le fonds comme tel avec les partenaires et les
différents partages, je pense que ça va. Là où
j'aurais eu besoin d'explications additionnelles - si le ministre peut m'en
donner, ce serait apprécié au plus haut degré - c'est
quant au rôle que va venir jouer Alouette dans l'ensemble du tonnage
produit. On sait qu'actuellement Alcan, à Laterrière, produit 200
000 tonnes. On sait que ABI, à Bécancour, produirait quelque
chose comme 120 000 tonnes. Le projet Alouette nous parle de 430 000 tonnes.
Alors, il faut être conscient que te tonnage, même sur deux phases
prévues pour 1995, le projet Alouette dont il est question ce matin est
trois fois et demi, en termes de tonnage de production, ce qu'est la production
de Bécancour. Cela commence à prendre des proportions... On parle
à Bécancour de 120 000 tonnes...
Une voix: De plus.
M. MacDonald: C'est 120 000 tonnes...
M. Parent (Bertrand): Ah! C'est 120 000 tonnes de plus...
M. MacDonald: ...de plus par la troisième ligne.
M. Parent (Bertrand): ...qui sont prévues par
l'agrandissement. D'accord. Alors, si on parle de Bécancour, ce sont les
projets qui sont en cours, 120 000 tonnes de plus par rapport à ce qu'on
avait. Cela commence... Si on regarde Reynolds, à Baie-Comeau, on parle
aussi de 120 000 tonnes additionnelles, d'après les chiffres que j'ai
ici. Tout ça mis ensemble, ça commence à faire un tonnage
passablement important. Il serait important de voir, quand le projet Alouette
va être mis de l'avant et complété avec ses deux phases,
quelle va être la production totale en pourcentage de la production
mondiale au Québec. Cela va être important.
Deuxièmement, quelle va être la part - le ministre ne l'a
peut-être pas, mais ce serait important de l'avoir - de l'aluminium,
à ce moment-là, des projets qui sont dans les alumineries au
Québec par rapport au PIB? Voir combien d'oeufs on a dans le panier et
les impacts sur le plan des revenus par le biais du PIB, le produit
intérieur brut. Quelle va être la part de l'aluminium, des
alumineries dans le PIB du Québec à partir de toutes les
données que nous avons actuellement, de tous les projets actuels et en
cours pour être capable d'essayer d'évaluer ce que je mentionnais
tantôt, cette préoccupation de ne pas se ramasser avec une
surcapacité des investissements majeurs, et où on peut se
retrouver dans des positions dites délicates? Troisièmement, la
question de l'emploi: de combien d'emplois s'agit-il? Il n'en a pas
été question jusqu'ici, et je pense que cette création
d'emplois est importante. Combien d'emplois ce projet va-t-il
générer finalement?
M. MacDonald: Bon, pour revenir aux chiffres qui vous ont
été donnés, je crois qu'il y a confusion entre les
augmentations de capacité qui sont amenées par les projets
d'agrandissement ou de construction. Le Québec, à la fin de 1995,
avec les projets en cours - et je parle des projets en cours, incluant le
projet Alouette, le projet Alumax, et également ce qui pourrait
être une autre aluminerie de l'Alcan à Alma - produirait
au-delà de 2 000 000 de tonnes d'aluminium par année, ce qui
représenterait, toutes choses étant normales, à peu
près 14 % à 15 % de la production mondiale. Les prix,
nécessairement, fluctuent, mais, à moins que mes
mathématiques soient fausses, si vous pariez de 2 000 000 de tonnes,
à 1 $ la livre ou un peu moins, vous pariez de 4 000 000 000 $ de vente.
Quel pourcentage du PBI est-ce? Je n'ai pas les
chiffres avec mol, c'est un pourcentage important, mais je pense que ce
qui est le plus important de se rappeler, c'est l'effet structurant que peut
avoir cette disponibilité du métal chez nous; et encore plus
important, c'est un métal qui est fabriqué à partir d'une
énergie qui est hydroélectrique, qui est donc renouvelable, et
où les escalades de prix qu'on peut retrouver sur l'énergie,
qu'elle soit produite par des hydrocarbures, du nucléaire ou une autre
source, pourraient voir des fluctuations de coûts beaucoup plus
importantes, beaucoup plus, comment dlrais-je, inquiétantes.
Je parle de l'effet structurant de l'aluminium. Vous voyez
vous-mêmes, dans l'industrie de base d'utilisation de métal qu'est
l'industrie de l'automobile, des changements profonds qui ont été
apportés au cours des derniers dix ans, et dont nous avons
cherché à retirer les avantages. Je vous souligne
particulièrement l'installation de l'usine Montupet, qui fabrique des
blocs moteurs, à partir dune technologie qu'elle a apportée avec
elle de France, et qui a actuellement un contrat très important avec un
des trois grands américains, et qui est à développer
d'autres contrats, étant reconnue de plus en plus pour la qualité
de ses produits.
Nous avons Reynolds, qui a décidé de construire à
Louiseville une usine de roues d'aluminium. Nous avons en négociations
finales, au moment où je vous parle, un autre projet très
important de roues d'aluminium. Nous discutons également de la
possibilité d'une autre usine de fabrication de blocs moteurs.
L'AJcan a fait des expériences, soit dit en passant, avec Ferrari
- c'est très Intéressant -sur la construction de châssis en
partie ou en totalité faits d'aluminium. L'autre chose qui est encore
pour moi très excitante, ce sont les nouveaux alliages possibles
utilisant l'aluminium. Dans l'industrie aéronautique, les alliages
aluminium-lithium, pour prendre un exemple, sont connus; mais avec des poudres
métalliques différentes, qui sont associées à de
l'alumine à très haute pression, vous retrouvez des métaux
sur lesquels on a déjà dépassé l'état de
l'expérience, que je dirais, de laboratoire, on est rendu à
l'usine pilote.
Donc, le potentiel pour associer ces grandes alumineries et cette
capacité de fournir du métal de base à un prix, et dans
des conditions qui, normalement, devraient être les plus stables au
monde, nous permettent de prétendre vendre - il y a déjà
des acheteurs - le Québec comme endroit où venir installer des
usines de production de produits en aval. L'avenir de l'utilisation de
l'aluminium, non pas strictement et purement comme métal pur, mais en
alliage, partie de nouveaux "composites", cet avenir est brillant. Ce sont
nécessairement ces raisons qui nous ont amenés et qui nous
amènent à non seulement demander à la SGF de poursuivre ce
qui est sa mission, qui est celle de faire la promotion industrielle du
Québec en capitalisant sur ses ressources et ses avantages principaux,
mais également à aller au-delà des industries de base et
à aller chercher des partenaires ou à mousser
l'intérêt des partenaires à créer des industries en
aval.
Le Président (M. Maltais): M. le député de
Bertrand, sommes-nous prêts à entamer l'étude du projet de
loi ou s'il y a d'autres commentaires d'autres députés? Dans le
cas d'absence, on va procéder... M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): J'ai un dernier commentaire, des
dernières questions sur un volet qui n'a pas été
touché: la participation indirecte d'Hydro-Québec par des tarifs
privilégiés. Est-ce qu'on pourrait savoir dans quelles conditions
le projet Alouette va finalement voir le jour et tout cela en parallèle,
par exemple, avec l'entente déjà existante à
Bécancour? Je pense que dans le coût de fabrication,
HydroQuébec a un gros mot à dire par l'effet de sa tarification.
J'aimerais savoir de la part du ministre quel genre d'entente on retrouve pour
l'utilisation de l'électricité? On parlait tantôt de
quelque 720 mégawatts lorsque les deux phases seront en marche. Il reste
que c'est 360 mégawatts pour la première phase. Au moment
où on se parle, il y a tout lieu de croire que les deux phases vont se
réaliser. Quelles seraient les conditions spéciales qu'a soumises
Hydro-Québec sur une base comparative à des projets
similaires?
M. MacDonald: Hydro-Québec, pour employer votre
terminologie, n'a pas fait d'offre spéciale. Je ne peux pas vous donner
de détails techniques parce que, encore là, la
réciprocité de l'acceptation de l'offre de part et d'autre, etc.,
ce n'est pas terminé. Cela fait partie des réunions d'hier et
d'aujourd'hui. Je peux vous dire qu'il y a un parallèle avec Aluminerie
de Bécancour, mais parallèle légèrement
supérieur. Si on veut dresser un parallèle et si on voulait faire
une relation entre un projet majeur, il faudrait plutôt faire une
relation avec Alumax, c'est-à-dire l'offre qui a été faite
à Alumax. Il faut prendre en considération, à ce moment,
les quantités et les délais de livraison pour établir le
parallèle le plus précis possible entre l'un et l'autre des
projets.
M. Parent (Bertrand): Enfin, le ministre nous confirme que s'il y
a parallèle à faire, il sera plus à faire avec les
nouveaux projets prévus d'Alumax. C'est une de mes préoccupations
parce que, dans le cas de Bécancour, si on se souvient bien, on
était dans une situation où on était en surplus et
très excédentaire. Possiblement ou sûrement, on ne pourra
pas répéter les mêmes conditions particulières.
M. MacDonald: Cela n'a pas d'effet direct
sur le prix. Je comprends ce que vous voulez dire. Disons ceci, je pense
qu'il est "fair" de dire que les nouveaux projets vont payer plus que les
anciens projets. C'est la réponse que je vous donne.
Le Président (M. Maltais): Cela va?
M. Parent (Bertrand): Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Maltais): On y va avec le
préambule. Concernant une modification au préambule, M. le
député de Saint-Louis, est-ce que vous pouvez indiquer aux
honorables membres de la commission les modifications que vous entendez
apporter à votre projet de loi?
M. Chagnon: M. l'honorable Président, je pense qu'il y
aurait lieu de remplacer le préambule par le suivant: Attendu qu'un
groupe - plutôt qu'un consortium - d'entreprises projette la construction
d'une aluminerie, nous ajoutons "dans la partie de la ville de Sept-îles
communément appelée Pointe-Noire" - de façon à
préciser l'endroit dans la ville.
Que les membres du groupe souhaitent détenir cette aluminerie en
copropriété - j'indique que "copropriété" n'a pas
de trait d'union pour la bonne et simple raison que "copropriété"
ne prend pas de trait d'union en français -indivise et ainsi l'exploiter
sans pour autant que soit créée entre eux une
société;
Qu'il y ait lieu, le cas échéant, qu'il soit de
notoriété publique que le groupe agisse ainsi. (11 h 15)
Le Président (M. Maltais): Cela va. M. le
député de Duplessis, Je pense que vous aviez demandé la
parole?
M. Chagnon: Avant que M. le député de
Duplessis...
Le Président (M. Maltais): Oui.
M. Chagnon: Simplement pour vous dire que d'abord, le groupe
d'entreprises demande à être qualifié de groupe
plutôt que de consortium. Deuxièmement, l'intention du groupe est
de restreindre à Sept-îles et de préciser à
Sept-îles l'endroit où l'aluminerie serait installée.
Finalement, dans le cas de copropriété, j'ai expliqué ce
qui en était de la demande de la Société
générale de financement, entre autres, pour franciser le mot
copropriété.
Le Président (M. Maltais): Cela va. M. le
député de Duplessis, avez-vous des commentaires?
M. Perron: Oui, juste un commentaire, M. le Président. Il
faut comprendre que cet amendement est excellent, parce que, justement,
ça justifie que les études de faisabilité qui ont
été faites antérieurement ont porté presque
exclusivement sur Pointe-Noire. Comme le territoire de la ville de
Sept-îles part de la rivière Sainte-Marguerite, à l'ouest
de Sept-îles, jusqu'à à peu près deux milles
passé l'aéroport de Sept-îles, soit une longueur de plus ou
moins 28 milles, je pense que c'est important que l'emplacement lui-même
soit bien identifié dans le projet de loi, parce que les études
ont porté là-dessus, de toute façon.
Le Président (M. Maltais): Cela va. M. le
député de Bertrand, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Parent (Bertrand): Non. L'amendement, pour autant que cela me
concerne, ça va.
Le Président (M. Maltais): On adopterait l'amendement.
Tout le monde est-il d'accord pour adopter l'amendement?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Maltais): Maintenant, on va adopter le
préambule. Est-ce que tout le monde est d'accord?
Des voix:...
Le Président (M. Maltais): Nous sommes prêts
à passer à l'article 1.
M. Chagnon: M. le Président, deux choses. D'abord, en ce
qui concerne le préambule que nous venons d'adopter, le
député de Bertrand, avec raison, hier soir, au moment de
l'adoption de principe, faisait valoir le fait que dans le projet de loi comme
tel, il n'y avait pas de note explicative. Je voudrais nous rappeler en
collégialité que le préambule que nous venons d'adopter
servira de note explicative au projet de loi.
Quant à l'article 1, j'aurai aussi un amendement qui fera en
sorte que l'article 1 serait modifié par le remplacement, à la
première ligne du premier alinéa...
Le Président (M. Maltais): Arrêtez, M. le
député de Saint-Louis, on n'était pas rendus à
l'article 1.
M. Chagnon: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Maltais): On a nettoyé le
préambule, adopté l'amendement, adopté le
préambule, alors, à l'article 1...
M. Parent (Bertrand): Sur le préambule, si vous me le
permettez, on a dit oui, adopté, mais lorsque je relis le dernier
paragraphe, je trouve que ça ne fait pas français lorsqu'on lit:
"...qu'il y ait lieu, le cas échéant, qu'il est de
notoriété..."
Une voix: Qu'il soit.
Le Présidant (M. Maltais): Cela a été
changé, M. le député de Bertrand. Je m'excuse, on ne vous
a pas donné une feuille corrigée.
M. Parent (Bertrand): On m'a donné une feuille
corrigée où "soit" était changé pour "est". Alors,
c'est "qu'il soit".
Le Président (M. Maltais): "...de notoriété
publique que le groupe agisse ainsi", au lieu de "agit ainsi".
M. Parent (Bertrand): Cela va.
Le Président (M. Maltais): On s'excuse pour
l'orthographe.
M. Parent (Bertrand): Cela va.
Le Président (M. Maltais): On passe à l'article 1.
M. le député de Saint-Louis, vous allez d'abord nous faire
lecture de votre amendement.
M. Chagnon: M. le Président, "l'article 1 est
modifié par le remplacement, à la première ligne du
premier alinéa, des mots "région de Sept-îles" par les
suivants "partie de la ville de Sept-îles, communément
appelée Pointe-Noire"." En fait, c'est en concordance avec le
préambule.
J'ajouterai, à la fin du premier alinéa, au lieu d'un
point, les mots "en pleine propriété ou par bail
emphytéotique".
Le Président (M. Maltais): Allez-vous nous expliquer
ça?
M. Chagnon: Oui. La lecture se ferait ainsi: "L'aiuminerie
implantée dans la partie de la ville de Sept-îles
communément appelée Pointe-Noire, les biens qui s'y rapportent et
ceux qui sont utiles à son exploitation peuvent appartenir par indivise
à plusieurs propriétaires, en pleine propriété ou
par bail emphytéotique" Cela vient préciser la qualité de
la possession, le type de biens réels.
Le Président (M. Maltais): Cela "claire" les titres, comme
on dit en bon québécois.
M. Chagnon: Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Maltais): Est-ce qu'il y a des
commentaires au sujet de l'amendement, M. le député de
Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Au dernier point, l'addition, au bout du
premier alinéa, des mots "en pleine propriété ou par bail
emphytéotique", l'ai de la misère à saisir, puisqu'on fait
un amendement pour être capables de procéder par
société indivise et on vient ajouter "en pleine
propriété ou par bail emphytéotique". Si on veut
procéder par bail emphytéotique, on n'a pas besoin de modifier la
loi. Si vous pouvez m'éclairer à ce sujet.
M. Chagnon: C'est un type de droit réel qui fait en sorte
qu'on peut avoir, par exemple, des droits emphytéotiques sur un terrain.
La société, elle, est soit une société, soit un
organisme indivis. Me Coulombe, de Desjardins Ducharme, ne sera certainement
pas venu à Québec pour rien. Il contribuera à
éclairer nos lanternes davantage sur la petite explication que je viens
de donner.
Le Président (M. Maltais): Me Coulombe, est-ce que vous
voulez vous identifier pour le besoin de la commission?
M. Coulombe (Gérard): Certainement, M. le
Président. Gérard Coulombe, associé chez Desjardins
Ducharme, représentant la SGF ainsi que tous les autres membres du
groupe pour les fins de cette présentation.
Le Président (M. Maltais): Allez-y.
M. Coulombe: Le but de l'addition de l'amendement, M. le
Président, est relativement simple et technique en même temps.
C'est que la notion d'indivision se crée au Québec par l'acte de
propriété, par le titre qui confère la
propriété d'un bien. C'est en acquérant le bien que l'on
choisit de créer l'indivision. Or, la propriété d'un bien
peut s'acquérir soit en pleine propriété, en achetant le
terrain, ce qui a été fait, par exemple, à
Bécancour où on a acheté le terrain en indivision.
Dans le cas de Sept-îles, il est plus que probable, à 99 %,
que les propriétaires indivis n'achèteront pas le terrain mais le
loueront par bail emphytéotique et, techniquement, on sait que le bail
emphytéotique, dans notre Code, emporte aliénation,
c'est-à-dire que les preneurs emphytéotiques, les locataires, ont
tous les droits d'un propriétaire sur le terrain qu'ils ont en bail
emphytéotique et, dans ce cas-ci, ils auront des droits Indivis. Donc,
nous créerons l'indivision dans le bail emphytéotique où
les preneurs, c'est-à-dire les locataires, seront des locataires en
indivision dans le bail emphytéotique, ce dernier étant
prévu pour une durée de 90 ans dans l'état actuel du
projet.
Je crois donc que la précision est valable, simplement en droit
québécois, je vous dirais que, comme avocat pratiquant au
Québec, je n'aurai probablement pas besoin de cet amendement parce que
le Code nous précise que l'em-phytéose emporte aliénation.
Le mot "appartenir"... serait suffisant.
Cependant, compte tenu, comme l'indiquait M. le ministre tout à
l'heure, de l'extrême internationalité des participants, il y a
lieu de rassurer nos partenaires étrangers quant au caractère, si
vous voulez, exécutoire de l'acte de
report de partage de l'indivision créée par
emphytéose. C'est pour cela que les partenaires demandent cet
amendement.
Le Président (M. Maltais): Merci, Me Coulombe. M. le
député, y a-t-il des explications additionnelles?
M. Parent (Bertrand): Je m'ennuie de mes cours de droit, j'aurais
dû les suivre. Je ne veux pas faire de chichi, sauf que c'est un peu
complexe. Comme vous l'expliquez si bien, en intervenant par un projet de loi,
le but ultime est d'être capables d'agir par société
indivise.
M. Coulombe: M. le Président, je m'excuse, non pas par une
société, de grâce, en indivision. Il ne faut pas
créer de société, justement, ainsi que l'autre
alinéa le dit.
M. Parent (Bertrand): Non, en indivision. Maintenant, lorsque
vous venez ajouter "en pleine propriété ou par bail
emphytéotique", et vous nous parlez de l'acquisition du terrain,
où la formule, que je sache, la formule de bail emphytéotique est
déjà prévue dans le Code civil, et je ne vois pas
pourquoi, si elle est prévue, on viendrait l'écrire ici.
Tantôt, lorsque j'apporterai un amendement à l'article 2
pour prévoir pour une période de 30 ans, ne risque-t-on pas de se
retrouver dans une situation où vous nous direz que pour lui, le bail
emphytéotique sur le terrain sera de 99 ans?
M. Coulombe: M. le Président, si vous me permettez, je
crois qu'il faudrait distinguer les deux problèmes. Le titre de
propriété qui, je m'excuse, puis-je revenir en arrière
deux secondes? L'indivision est simplement un état de droit que les
parties choisissent de retenir entre elles pour construire, exploiter et
entretenir l'alumine-rie. En droit québécois, la création
de cet état d'indivision se fait à un moment donné,
c'est-à-dire au moment où on acquiert le terrain. Ensuite, tout
ce que l'on construit sur le terrain suit le traitement juridique du terrain et
tombe en indivision. C'est donc là qu'il est important de
prévoir, au moment de l'acquisition, celle-ci se faisant dans ce cas-ci
par un titre de propriété particulier, à savoir
l'emphytéose plutôt que par une simple convention de vente, mais
la vente aussi est prévue au Code civil et pourtant on avait besoin
d'une loi spéciale pour prévoir, non pas la création de
l'indivision.
M. le Président, il faut comprendre que ceci est un genre de
préambule, c'était le premier alinéa de l'article 1 qui
nous permet de détenir l'afuminerie en indivision, je peux le faire.
Rien ne nous l'interdit dans le droit québécois. Le
problème c'est qu'une fois que je me suis placé en indivision, je
rencontre deux difficultés dont on traite finalement au deuxième
alinéa des articles 1 et 2. La première difficulté est que
je peux m'interroger sur ma capacité de reporter le partage et sur le
fait que je suis peut-être en train de créer un "partnership", une
société justement: II ne faut pas que je crée de
société, mais il faut que je puisse reporter le partage
à 30 ans seulement. Nous n'avons aucun problème, je l'ai
déjà indiqué par un signe de tête tout à
l'heure: le contrat que j'ai avec moi ici prévoit un report de partage
de 30 ans seulement de toute façon, mais ceci ne veut pas dire... On
pourrait choisir de demander le partage et tout ce que cela permettrait, c'est
que la personne qui acquerrait l'aluminerie dans le cadre du partage pourrait
continuer de fonctionner avec un bail emphytéotique, qui sera de 90
ans.
Le bail a une vie autonome, indépendante de la demande de partage
qui, elle, est reliée à l'indivision. Alors, le bail peut avoir
90 ans. Je pourrais demander le partage après 30 ans et tout ce que
ça veut dire, c'est que celui qui succédera au
propriétaire indivis, le nouveau propriétaire, pourra toujours
continuer de travailler et d'exploiter l'aluminerie, parce que son titre de
propriété est toujours bon, à savoir qu'il lui reste
encore 60 ans.
Le Président (M. Maltais): M. le député de
Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je pense que c'est important que vous vous
soyez déplacé de Montréal à Québec pour nous
expliquer ça. En fait, après les explications que vous nous avez
données, ça va beaucoup mieux. Il faut bien le rattacher au
début de la phrase, puisque en pleine propriété ou par
bail emphytéotique, ça concerne les biens qui s'y rapportent. En
fait, on parle de l'ensemble des biens du groupe finalement. Cela va comme
amendement.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement est-il
adopté?
M. Parent (Bertrand): L'amendement est adopté, tel que
déposé.
Le Président (M. Kehoe): L'article 1, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Parent (Bertrand): Juste un petit instant. Cela va pour
l'article 1.
Le Président (M. Kehoe): L'article 1, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle l'article 2. Il y a un
amendement présenté par le député de Bertrand.
L'article 2 du projet de loi 195 est modifié par l'insertion dans
la deuxième ligne du deuxième alinéa, après les
mots "d'une durée déterminée' des mots "qui
n'excède pas 30 ans".
Qui présente l'amendement? M. le député de
Bertrand.
M. le ministre, êtes-vous d'accord avec l'amendement?
M. MacDonald: Pas de problème.
Le Président (M. Kehoe): L'amendement est adopté.
On revient a l'article 2, tel qu'amendé. Y a-t-il des commentaires d'un
côté ou de l'autre? M. le député de Bertrand. (11 h
30)
M. Parent (Bertrand): Juste un instant. Sur le plan technique qui
est peut-être dressé par des avocats ou des juristes, à
partir de ce que vous nous avez dit tantôt, je relis le troisième
paragraphe: "La convention qui diffère le partage doit être
enregistrée contre les biens immobiliers Indivis. Sous réserve de
son enregistrement, cette convention Iie les tiers, dont notamment les
créanciers des indivisaires." Par l'ajout des biens possibles qu'on a
fait tantôt, c'est-à-dire les terrains, est-ce qu'il n'y aurait
pas lieu d'apporter des nuances à la convention quant à la
responsabilité se rattachant à un bail emphytéotique ou si
c'est suffisamment clair?
Le Président (M. Kehoe): Me Coulombe.
M. Coulombe: M. le Président, je pense que le texte est
suffisamment clair, puisque, dans le bail emphytéotique, la
qualité d'indivisaire des locataires sera prévue. Par
conséquent, lorsque l'on parle des biens immobiliers indivis, il y a une
définition de ce terme qui apparaît aussi bien dans le bail
emphytéotique - dans son projet à l'heure actuelle - que dans la
convention des propriétaires. Alors, nous sommes satisfaits que ce texte
accorde la protection recherchée, puisque, de toute façon, nous
ne voulons pas lier les créanciers des Indivisaires en ce qui concerne
les biens mobiliers qui pourraient temporairement se trouver sur les lieux du
projet.
Je pense, par exemple, à des camions ou des choses comme
ça. Alors, nous souhaitons véritablement lier uniquement les
biens immobiliers qui font l'objet de droits réels, à savoir un
acte d'hypothèque et de nantissement en faveur d'un fiduciaire.
M. Parent (Bertrand): Merci, Me Coulombe. Une autre explication.
Le premier alinéa du 2° de l'article 2, lorsqu'on dit que le partage
ne peut être requis que par la totalité des indivisaires agissant
unanimement, qu'est-ce qu'il arrive dans le cas où il n'y a pas
unanimité? Cela se complique?
M. Coulombe: M. le Président, au fond, ce que nous
retrouvons ici, c'est une volonté de la part des futurs
propriétaires de l'aluminerie de créer entre eux un régime
d'indivision. Ils vont convenir, dans un acte notarié, d'en reporter le
partage à 30 ans et ce que le premier alinéa nous dit, c'est que
si jamais ils souhaitent mettre fin à l'indivision avant cette
période de 30 ans, ils devront agir unanimement. S'il n'y a pas
unanimité, ils continueront d'être liés par leur acte de
report de partage pour les 30 prochaines années, en l'occurrence.
Alors, ce premier alinéa qui - je le fais remarquer -
n'était pas prévu dans le projet de loi relativement à la
Société générale de financement en 1983, a
simplement pour effet de bien reconnaître que comme il s'agit d'un acte
de contrat entre les parties, cet acte de report de partage, si toutes les
parties à ce contrat choisissent unanimement d'y mettre fin, elles
peuvent y mettre fin, même avant la période de 30 ans. Mais
ça prend - comme dans n'importe quel contrat - l'unanimité pour
l'amender ou y mettre fin.
Le Président (M. Kehoe): L'article 2, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
La Président (M. Kehoe): J'appelle l'article 3.
M. Parent (Bertrand): Pas de problème, adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'appelle le préambule,
tel qu'amendé. Est-il adopté?
Une voix: II a déjà été
adopté.
Le Président (M. Kehoe): C'est déjà
adopté, d'accord. Le titre du projet de loi est-il adopté?
M. Perron: M. le Président, on est à l'article
3?
Le Président (M. Kehoe): Oui.
M. Perron: Je voudrais juste poser une question au ministre ou
encore au parrain du projet de loi concernant la sanction de ce projet de loi
qui doit se faire dans les plus courts délais. Est-ce que c'est
l'intention du gouvernement de le faire sanctionner dans les prochains jours
à la suite de... d'abord, de l'apporter à l'Assemblée
nationale pour la troisième lecture, dans un premier temps et, dans un
deuxième temps, de le faire sanctionner? Quelles sont les
prévisions gouvernementales à ce sujet?
M. MacDonald: Le secrétaire m'avise que le rapport de la
commission sera déposé cet après-midi si tout se
déroule comme prévu et effectivement, de le faire sanctionner le
plus rapidement possible.
M. Perron: Cela veut dire quoi, le plus rapidement possible?
M. MacDonald: Là, M. faudrait que quelqu'un m'instruise
sur l'aspect technique des
activités de la Chambre et sur son calendrier.
M. Chagnon: La semaine prochaine très probablement, selon
ce que le leader me suggérait, d'ici à la fin de la semaine
prochaine, M. le Président.
M. Perron: Ce que je voudrais dire, c'est qu'en ce qui concerne
l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale, il n'y a aucun
problème pour que ce projet de loi soit sanctionné dans les plus
brefs délais avec une entente, de part et d'autre.
M. Chagnon: D'accord.
M. MacDonald: Alors, on va en faire part au leader...
M. Chagnon: Absolument, j'en ferai part au leader, M. le
Président.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que l'ensemble du projet
de loi est adopté?
M. Parent (Bertrand): Adopté.
Le Président (M. Kehoe): Je déclare...
M. Parent (Bertrand): M. le Président, peut-être un
dernier commentaire à la fin pour dire que les explications fournies ce
matin nous rassurent quelque peu quant au projet et à sa
viabilité. On réitère le fait que nous allons tout faire
pour concourir à sa bonne adoption. Je pense que ça a
marché avec célérité entre hier soir et ce matin
et, s'il y a lieu, cet après-midi. Je pense qu'il y avait lieu
d'apporter des modifications à ce projet de loi que nous avons
étudié un peu rapidement. Il y a eu trois amendements aux trois
articles et si on a pu y contribuer positivement, j'en suis fort aise.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. MacDonald: Je crois que je me sens obligé, mais je le
fais avec plaisir, de souligner le professionnalisme avec lequel vos
collègues et vous-même avez traité ce dossier et je vous en
remercie.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, je suis heureux d'entendre le
député de Bertrand nous dire que ce qui était très
nébuleux hier soir est devenu très éclairé,
très éclairant ce matin. Je voudrais finalement vous remercier,
M. le Président, et remercier chacun des membres de cette commission qui
ont adopté, à l'étude article par article, un projet de
loi qui sera très structurant pour l'avenir de la Côte-Nord. On a
parlé, hier soir, lors de l'adoption du principe, des difficultés
qu'a vécues la ville de Sept-îles particulièrement au cours
des dix ou douze dernières années. Je pense que ce projet de loi
aura un effet extrêmement positif pour la population et tous les groupes
concernés sur la Côte-Nord. J'inviterais maintenant M. Coulombe
à nous dire un mot au nom du groupe, et non du consortium, qui nous a
demandé de présenter ce projet de loi.
Le Président (M. Kehoe): Me Coulombe.
M. Coulombe: M. le Président, un mot tout simplement pour
dire que je devais, ce matin, en principe continuer de participer aux
délibérations du groupe à titre de conseiller. Il m'a fait
grand plaisir de venir devant la commission pour offrir quelques explications.
Je puis vous assurer que je prends le premier avion qui partira pour
Montréal et mes premières paroles en arrivant à la
réunion du groupe cet après-midi, j'imagine vers 14 heures,
seront pour l'informer de l'enthousiasme des membres de la commission, des deux
côtés, quant à ce projet. Je peux vous assurer que
ça aura un impact non négligeable sur les discussions parce que,
comme le disait M. le ministre plus tôt, les cultures de nos partenaires
sont différentes et pour plusieurs, cette expression de volonté
de la part aussi bien du gouvernement que de l'Opposition va être
très bienvenue et va contribuer, si j'ose dire, à faciliter les
discussions de cet après-midi. Donc, en leur nom, je vous remercie.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Duplessis, vous avez le mot de la fin.
M. Perron: M. le Président, je pense qu'il est de rigueur
que je profite de cette occasion, à la fin des travaux de cette
commission, pour remercier le député de Saint-Louis pour la
façon dont il a contribué à amener la présentation
de ce projet de loi à titre de parrain. Je n'ai aucune objection
à le remercier, comme membre de l'Opposition officielle et comme
député de Duplessis.
Le Président (M. Kehoe): Pour ma part, c'est la même
chose, je remercie les membres de la commission de leur coopération et
de la manière dont ils ont travaillé dans le dossier. Je
déclare que la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses
travaux sine die. Je vous remercie.
(Suspension de la séance à 11 39)
(Reprise à 16 h 18)
Projet de loi 135
Le Président (M. Baril): Je constate que nous avons quorum
à cette assemblée. Je déclare la séance ouverte. Je
tiens à vous rappeler le mandat de cette commission qui est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 135, Loi concernant l'examen des plaintes des clients des distributeurs
d'électricité. M. le secrétaire, avez-vous des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a deux
remplacements. M. Saint-Roch (Drummond) est remplacé par M. Gobé
(Lafontaine) et M. Tremblay (Iberville) est remplacé par M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue).
Le Président (M. Baril): Je vous remercie. Je souhaite ta
bienvenue à tout le monde et nous commençons par les remarques
préliminaires. Je tiens à vous dire que chaque groupe a vingt
minutes pour ses remarques préliminaires. M. le ministre, s'il vous
plaît.
Remarques préliminaires M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je suis très
heureux de commencer aujourd'hui l'examen, article par article, du projet de
loi 135. Le contenu du projet de loi, comme je l'ai mentionné, faisait
partie d'un engagement qu'on avait pris dans la politique
énergétique. J'y avais mentionné qu'on devait trouver un
mécanisme pour permettre aux consommateurs d'électricité
d'avoir un recours afin que le distributeur ne soit pas juge et partie, un
recours à un mécanisme ou à une personne impartiale.
Aujourd'hui, ceci fait suite à cet engagement que nous avons pris.
Pour que nos travaux soient productifs et pour qu'on ne s'embarque pas
dans des concepts un peu différents, parce que l'Opposition vous a fait
certaines remarques et que certains groupes ont envoyé des remarques sur
le projet de loi, je voudrais expliquer le rôle de l'ombudsman. Je pense
que ça serait important de le comprendre. Ça va rendre
l'étude du projet de loi beaucoup plus facile.
Un ombudsman, un Protecteur du citoyen, ce n'est pas un juge. Le
Protecteur du citoyen existe aujourd'hui. Il existe pour certaines
catégories de plaintes contre la fonction publique mais le Protecteur du
citoyen ne rend pas une décision exécutoire. Il a des pouvoirs
comme l'ombudsman, comme le commissaire aux plaintes. Mais, ce n'est pas un
juge et j'ai expliqué pourquoi ce n'est pas un juge.
Premièrement, les juges existent. Alors, on n'a pas besoin de nommer un
autre juge pour les consommateurs d'électricité quand ils ont
déjà accès aux tribu- naux. Mais la partie la plus
importante, et c'est ceci qu'il faut comprendre dans l'examen du projet de loi,
c'est que le juge est lié par les règlements
d'Hydro-Québec, par les lois existantes. Pour rendre une chose
décisionnelle, il faut que ce soit sur une base de loi existante ou de
règlements existants. On veut aller au-delà de ça. On veut
que l'ombudsman, que le commissaire aux plaintes, non seulement fasse
état des lois et des règlements comme l'article 19 le
prévoit, mais on veut lui donner le pouvoir d'aller au-delà, de
faire une recommandation. Par exemple, il peut dire: Oui, les lois ont
été observées, les règlements ont été
observés, mais je trouve que c'est inéquitable. Je
suggère, je recommande tel ou tel recours. Ce n'est pas limité
à la facturation. Ce n'est pas limité. Cela couvre l'ensemble du
service.
Alors, je pense que c'est Important de comprendre le rôle d'un
ombudsman. Il a le même rôle que tout autre protecteur du citoyen.
Ce n'est pas décisionnel pour lui permettre d'agir vite et d'aller
au-delà. Il a des pouvoirs d'enquête. C'est plus qu'un pouvoir
moral parce que lorsque l'ombudsman rend son rapport public, rapporte
à un ministre, le ministre dépose le rapport à
l'Assemblée nationale. Mais c'est plus que ça. On dit aux
distributeurs d'électricité: Si vous n'êtes pas d'accord,
vous allez rendre publiques vous aussi, vous allez donner les raisons qui
motivent ça. Alors, avant qu'un distributeur d'électricité
dise: Non, je n'accepte pas telle ou telle recommandation, il va falloir que ce
soit bien motivé. Et le fait demeure que 90 % des recommandations d'un
ombudsman, du Protecteur du citoyen sont acceptées. Alors, on a la
flexibilité qu'il ne soit pas lié par les règlements et
les lois, c'est accéléré et ce n'est pas un processus
lourd.
L'autre aspect du commissaire aux plaintes que je voudrais porter
à l'attention de cette commission pour qu'on puisse comprendre les
articles et les étudier dans cet esprit-là, c'est que
l'ombudsman, le commissaire aux plaintes n'est pas la personne vers qui on va
se diriger parce qu'on n'a pas l'argent pour payer nos comptes
d'électricité. Si quelqu'un ne veut pas payer son compte
d'électricité, et qu'il n'a pas de raison de ne pas le payer, que
voulez-vous que l'ombudsman fasse? Il ne peut rien faire. Il y a d'autres
mécanismes au gouvernement pour cela. Si quelqu'un est sur l'aide
sociale, s'il n'a pas assez d'argent, s'il est désavantagé,
HydroQuébec n'est pas une société bénévole.
Elle envoie un compte, et il faut qu'il soit payé. Maintenant, si, dans
la façon de collecter, dans les délais, il y a des abus, à
ce moment-là quelqu'un peut se tourner vers l'ombudsman. Mais
l'ombudsman ne peut trouver l'argent pour une personne qui dit: Écoutez,
c'est vrai, j'ai un compte de 50 $, c'est vrai que la facture est bonne,
Hydro-Québec ne s'est pas trompée mais je ne peux pas le payer.
À ce moment-là, les arrangements doivent être pris avec
Hydro-
Québec ou avec d'autres mécanismes, d'autres structures
gouvernementales pour aider à payer. Ce dont il faut s'assurer, par
exemple - et ceci est important - avant qu'un consommateur se fasse enlever son
service, qu'il y ait coupure d'électricité, avant que ça
arrive, qu'il ait les délais nécessaires pour aller à
l'ombudsman parce qu'il peut y avoir des raisons valables pour lesquelles un
certain compte ne devrait pas être payé. Il faut s'assurer qu'on
va examiner les articles à ce sujet. On va regarder les délais
qu'Hydro-Québec donne avant de couper l'électricité
à un consommateur et on va vérifier si ça permet un
recours pour le consommateur avant que la décision finale
d'Hydro-Québec soit prise.
M. le Président, je voulais juste faire le point sur le
rôle de l'ombudsman et sur l'importance que nous accordons à ce
projet de loi. C'est la première fols qu'on présente un tel
projet de loi et j'espère que la commission va l'étudier dans un
esprit très positif en tenant compte que c'est une première, et
en tenant compte du rôle d'un protecteur du citoyen. Juste en terminant,
c'est le projet de loi le plus complet au Canada, sur un protecteur et un
commissaire aux plaintes pour protéger le consommateur
d'électricité.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: M. le Président, j'ai pris bonne note des
remarques préliminaires du ministre quant aux explications relatives au
rôle d'un Protecteur du citoyen ou d'un protecteur du consommateur, dans
ce cas-là. J'en conviens. Je veux dire que c'est ça,
éventuellement, le rôle de ce genre d'individu. Le problème
qui se pose en ce qui nous concerne c'est que nous croyons que, effectivement,
ce n'est pas nécessairement le genre d'individu ou le genre de groupe
qu'il aurait fallu mettre en place pour s'assurer d'une bonne protection des
consommateurs d'électricité ou, si ça devait prendre cette
forme, qu'au moins on puisse ouvrir d'une façon beaucoup plus large le
contenu de la loi pour permettre des choses très précises que
l'on ne retrouve pas dans le projet de loi.
Juste à titre d'exemple, je voyais dans un rapport interne
d'Hydro-Québec sur la gestion des comptes-clients, un rapport
synthèse qui a été préparé par la firme Jean
Joilcoeur et associés, commandé par Hydro-Québec, je
dirais une espèce d'enquête quasi policière sur les comptes
en souffrance chez Hydro-Québec, Étude des
caractéristiques des clients résidentiels à l'égard
de leurs habitudes de vie et de paiement - il faut le faire -
présentée à HydroQuébec. C'est une étude qui
date de janvier 1987. On dit qu'il y a, et je cite en page 2: L'avis final ou
d'interruption représentait, au moment de la production de
l'échantillon, soit en mai 1986, 151 934 ménages dont 58 %
avaient reçu un avis final et 41,3 % un avis d'interruption. Donc, 151
934 ou, à toutes fins utiles, 152 000 ménages au Québec
qui ont des problèmes avec Hydro-Québec d'une façon ou
d'une autre et qui ont eu des avis finaux. On ne précise pas la nature
des comptes bien qu'on donne une moyenne des montants. Des montants à
payer, au dernier avis, la moyenne était de 254 $.
M. Cannon: Le dernier avis, est-ce 90 jours ou 120 jours? (16 h
30)
M. Claveau: Au moment du dernier avis. On l'a dit aussi par
rapport au gaz, 136 $; à l'huile, 160 $; au téléphone, 81
$. Donc, les comptes en souffrance à Hydro-Québec sont
généralement beaucoup plus élevés, on le
précise d'ailleurs. En règle générale, les montants
sont très élevés. Sauf qu'on ne précise pas le
pourquoi de ces comptes en souffrance. On dit qu'il y a certaines
catégories de consommateurs; on identifie les abonnés
d'Hydro-Québec par leurs revenus, leur classe sociale. On parle de ceux
qui vont bien et qui peuvent payer, de ceux dont la situation économique
se détériore mais qui vont quand même pouvoir payer, de
ceux dont la situation économique se détériore et qui ne
pourront pas payer, de ceux dont la situation économique
s'améliore mais qui ne paieront pas quand même, de ceux dont la
situation économique s'améliore et qui vont finalement pouvoir
payer. Vous savez, c'est de cette façon-là qu'Hydro-Québec
classe, en règle générale, les comptes en souffrance.
Donc, avec une vision qui est assez spéciale, c'est l'expression que
j'utilise pour ne pas dire plus.
Mais, on ne nous dit pas à l'intérieur de ça,
pourquoi les gens ne paient pas leurs comptes. Est-ce qu'il y en a plusieurs
là-dedans qui peuvent contester, à savoir si le relevé de
compte a été bien fait ou si on prétend que la somme qui
nous est facturée est effectivement celle que l'on devrait payer, etc.
Il y a probablement des comptes en souffrance dans ces montants-là. On
ne le précise pas, on ne précise pas la valeur ni le nombre.
Il y a une chose que l'on dit à la fin, par exemple. On
suggère qu'il y ait un programme gouvernemental qui soit mis en place
pour aider les gens qui ne sont pas capables de payer. Un programme qui
pourrait avoir un volet d'aide qui relèverait du ministère des
Affaires sociales pour aider la catégorie de gens à bas revenus.
On donne des caractéristiques dans l'étude, disant: Si vous ne
pouvez pas payer, le ministère pourrait avoir un programme
spécial pour payer votre électricité. D'autres disent que
cela devrait être des consolidations de dettes. Toujours dans la
même étude, une autre hypothèse est un programme de
facturation mensuelle au lieu de bimensuelle, de façon à
permettre une meilleure
planification des dépenses.
Cela veut dire qu'à première vue, il y a, en règle
générale, 152 000 des 2 500 000 abonnés
d'Hydro-Québec qui ont, au départ, des problèmes de
comptes. Là, on n'a pas parlé des problèmes de
coupures.
Une voix:...
M. Claveau: 151 934 en mai 1986, selon l'étude interne
d'Hydro-Québec, qui ont des problèmes de facturation, de comptes
en souffrance, dernier avis, avis de coupure, premier avis... On calcule tout
ça. On les caractérise aussi par classe de revenus, 40 000 $ et
plus, 30 000 $ à 40 000 $. Par exemple, on va même jusqu'à
préciser que, selon le degré d'éducation, à partir
de tel niveau scolaire, on a tendance à laisser traîner plus ses
comptes.
De toute façon, iI y a aussi un autre problème qui se pose
là-dedans. On dit aussi que les comptes d'électricité,
c'est une priorité pour l'ensemble des gens. On dit, par exemple, que
ça fait partie des trois grandes priorités: le logement,
l'électricité et le pétrole, quand on se chauffe au
pétrole. Dans le fond, logement et chauffage sont les grandes
priorités, ce sont des comptes qu'on paie a priori et on dit que, dans
bien des cas, les gens qui ont des problèmes à payer leurs
comptes vont différer leur compte d'électricité pour payer
le logement, vont reporter leur compte de téléphone pour payer
l'électricité, vont différer leurs autres comptes pour
payer le téléphone, puis l'électricité et, à
la limite, le loyer. Alors, c'est une étude qui est quand même
intéressante.
Donc, il y a un bassin de problèmes qui est important. On peut
supposer que, tout de suite au départ, la première journée
après l'adoption de la loi, sur les 150 000 cas en souffrance ou
problématiques à Hydro-Québec - pour donner un chiffre
rond - il y en a probablement un bon pourcentage, mettons 10 % qui pensent
qu'ils pourraient faire régler leurs problèmes par l'ombudsman.
Donc, iI y en a tout de suite 15 000 qui apparaissent. Qu'est-ce qu'on fait
avec? Le ministre dit: On a des délais de 30 jours. Cela a besoin de
bien aller et on a besoin d'avoir du bon personnel puis des gens qui sont
déjà rodés pour fonctionner dans la machine, parce que si,
tout de suite au départ, on se ramasse avec 15 000 ou 20 000 cas de gens
qui pensent pouvoir se servir de ça pour régler leur
problème, ce qui représente 10 % à 15 % des cas
actuellement litigieux à Hydro-Québec, il risque d'y avoir un
embourbement de la machine assez rapidement. En tout cas, il faut être
conscient de ça.
Il faut aussi être conscient, dans ce projet de loi, que, quoi
qu'en dise le ministre et quelles que furent les grimaces que le ministre
faisait hier au moment de mon allocution en deuxième lecture en Chambre,
moi, je ne retrouve nulle part là-dedans une protection pour les petites
entreprises, pour les agriculteurs, pour la personne, par exemple, qui a un
dépanneur à l'Intérieur de sa maison qui est ouvert
jusqu'à 11 heures du soir, qui est sur le même compteur que sa
résidence - ce sont des choses qui vont arriver - ou, par exemple - je
ne sais pas, un exemple qui me passe comme ça par la tête - pour
un potier qui vit de sa poterie et qui a trois fours électriques dans
son sous-sol, qui consomment une certaine quantité
d'électricité et qui, finalement, a une panne
d'électricité ou quelque chose comme ça. Est-ce que,
à ce moment-là, ce sera considéré comme de la
consommation résidentielle ou de la consommation commerciale? Le projet
de loi dit: "La présente loi s'applique aux clients des distributeurs
d'électricité quant à la livraison et la fourniture de
l'électricité à des fins d'habitation dans un
logement."
M. Hétu: M. le Président. Je pense, M. le
député d'Ungava, que vous êtes en dehors du projet de loi.
S'il vous plaît!
M. Claveau: M. le Président, ce sont mes remarques
préliminaires, question de règlement!
M. Hétu: Question de règlement, s'il vous
plaît! Est-ce qu'on parle de la réglementation
d'Hydro-Québec? Ce n'est pas ça, le projet de loi, c'est de la
protection du consommateur. Quand je le vois attaquer la réglementation,
je trouve que ce n'est pas normal. Vous embarquez sur un sujet, comme hier
à l'Assemblée nationale. Vous charriez...
M. Claveau: Question de règlement, M. le Président!
Depuis quand...
M. Hétu: ...M. le député d'Ungava, ça
n'a pas d'allure.
M. Claveau: Question de règlement, M. le Président,
sinon on suspend la commission et je vais voir le président de
l'Assemblée nationale.
Une voix: Vas-y. Une voix: Vas-y.
M. Claveau: D'accord. On suspend la commission et je vais voir le
président de l'Assemblée nationale. On suspend.
Une voix: Attendez...
M. Claveau: Non, non.
Une voix: Attendez...
M. Claveau: II m'a dit d'y aller.
Une voix: Non, pas lui, pas le président.
Le Président (M. Baril): Un instant, là, M. le
député d'Ungava, si cela ne vous fait rien, on va...
M. Claveau: J'ai posé une question de
règlement.
Le Président (M. Baril): Bien oui, mais...
M. Claveau: Une question de règlement, d'habitude, M. le
Président, cela a la priorité sur quelque intervention que ce
soit. Le député était en train de parier - je ne sais pas
trop à quel sujet - il n'a pas posé de question de
règlement et U m'a coupé la parole pour me...
Le Président (M. Baril): Cela vous...
M. Claveau: J'étais en remarques préliminaires, il
m'a coupé la parole. J'ai posé une question de règlement
et vous me l'avez refusée.
Le Président (M. Baril): Je n'ai pas... Qui est-ce qui...
Écoutez.
M. Claveau: Cela commence mal, écoutez. Le
Président (M. Baril): Restons calmes. M. Claveau: Bien, oui.
J'aime bien rester...
Le Président (M. Baril): J'ai répondu à une
question de règlement. Il m'a posé une question de
règlement, alors j'ai dit oui, calmement. J'écoutais depuis
quelques minutes...
M. Claveau: Pour commencer, vous auriez dû lui demander en
vertu de quel article il la posait.
Le Président (M. Baril): Écoutez...
M. Claveau: Je veux bien, mais on ne me fera pas un procès
durant mes remarques préliminaires.
Une voix: II y a assez qu'on ne vous a pas arrêté
hier.
Le Président (M. Baril): D'accord. J'ai compris. Je
comprends la question de règlement, il s'agit d'être le plus
près possible de la pertinence du sujet. C'est tout. Alors, continuez,
il n'y a rien là. Prenons cela calmement. Ii n'y a rien là.
M. Claveau: Je suis en train de lire l'article 1 du projet de loi
pour le bénéfice du député. Il dit que je ne suis
pas pertinent et que je ne m'occupe pas du projet de loi. Je suis en train de
lire l'article 1 du projet de loi, à titre d'exemple. Il aurait dû
le consulter. Il vient dire que ce n'est pas pertinent.
L'article 1 dit: "La présente loi s'applique aux clients des
distributeurs d'électricité quant à la livraison et la
fourniture de l'électricité à des fins d'habitation dans
un logement."
Cela n'a rien à voir avec la réglementation d1
Hydro-Québec Je dis que, si c'est pour des fins d'habitation dans un
logement, quand par exemple, les revenus d'un individu dépendent d'une
activité artisanale et qu'il travaille chez lui, dans son logement, sur
le même compteur d'électricité que sa résidence,
s'il y a un problème sur son compteur, comment va-t-on le
régler?
M. Ciaccia: Je ne répondrai pas maintenant, je vais
attendre. Je vais prendre vos questions en note et j'y répondrai quand
vous aurez fini.
M. Claveau: Vous faites bien. M. Ciaccia: D'accord?
M. Claveau: Oui. Cela va. Je vous pose la question en remarques
préliminaires.
M. Ciaccia: Je vais prendre des notes. M. Claveau:
L'agriculteur, par exemple... Une voix:...
Le Président (M. Baril): M. le député, s'il
vous plaît, laissez donc le député d'Ungava terminer ses
remarques.
M. Claveau: ...pour ne citer que ce cas, dont les revenus sont
intimement liés aux conditions de vie, au milieu dans lequel il vit avec
toute sa famille, s'il y a une panne sur sa terre, cela va l'affecter comme
individu dans ses fonctions vitales et familiales, et affecter aussi sa
production directement. Si j'ai une panne dans mon quartier, probablement que
ça n'affectera pas beaucoup mon salaire ni mon revenu, parce que,
normalement, je ne tire pas mes revenus de la maison chez nous. Pour
l'agriculteur qui a une panne dans son rang, si ça prend deux jours
à Hydro-Québec pour remette l'électricité, parce
qu'il y a un peu de vent, qu'ils ont fait tomber un fil et que n'était
pas accessible, cela peut être grave comme résultat en bout de
piste, en fin d'année, et ça peut avoir des incidences
importantes sur les enfants, la famille et, enfin, sur l'état de ses
revenus aussi.
Je sais que dans le cas des producteurs de porc, ils sont tous
équipés d'immenses génératrices avec
déclencheurs automatiques qui repartent immédiatement pour
assurer la ventilation des soues. Ils en ont, parce qu'ils ne peuvent pas faire
autrement. Trois ou quatre heures sans électricité dans une
grosse porcherie et tu n'as pas une truie qui passe au travers. C'est la
même chose avec les dindes. Dans le cas des producteurs de boeuf, des
producteurs laitiers, ce n'est pas toujours le cas. Il y a peut-être de
gros producteurs qui ont de gros quotas de lait qui
sont capables de se le payer, mais quand tu as un quota de lait d'une
centaine de vaches ou de 80 vaches... Le député devrait le
savoir, il représente un comté très rural. Il devrait
être au courant du problème, c'est lui-même qui devrait le
plaider à ma place. Je pense qu'il connaît très bien
l'impact que ça peut avoir à ce moment-là, et l'importance
de couvrir des choses semblables dans le projet de loi en question.
En règle générale, c'est un projet de loi... On a
dit: Ecoutez, on ne peut pas être contre la vertu. Que voulez-vous?
Là, il y a quelque chose qui nous est présenté, un
mécanisme qui va peut-être permettre à quelques
consommateurs, dans des situations très précises, d'avoir un
certain recours pour se faire entendre.
À la lecture de ce projet de loi, il ne nous est vraiment pas
évident qu'on va vraiment être capables de régler des
problèmes de facturation d'électricité, des
problèmes de coupure d'électricité ou des problèmes
de comportement d'Hydro-Québec envers ses abonnés. On
prétend qu'une telle structure aurait dû être mise en place
à la suite d'une vaste consultation pour définir vraiment les
besoins complets. Ce n'est pas évident que le ministre a eu, dans
l'espace d'une nuit, le "flash" qui lui permet de comprendre tous les
problèmes, de pouvoir parler au nom de tout le monde et de dire: On va
créer ça, et ça va permettre de régler tous les
problèmes. Il y a des choses qu'on ne retrouve pas là-dedans.
Dans le fond, le gros problème relatif à
Hydro-Québec n'est pas nécessairement la facturation. La
facturation est un élément qui découle de ça et qui
peut très bien se régler, très facilement, dans la mesure
où tu dis à quelqu'un: Va vérifier avec
Hydro-Québec et assure-toi que le mécanisme de facturation se
fait comme il le faut. C'est ce que le ministère pourrait faire
éventuellement. Cela coûterait moins cher et probablement qu'on
réglerait beaucoup de problèmes. Depuis le temps
qu'Hy-dro-Québec existe on n'a jamais senti le besoin de créer un
organisme pour contrôler les problèmes de facturation. Donc, on ne
voit pas pourquoi ça deviendrait nécessaire aujourd'hui si le
gouvernement met en place des mesures pour dire: Écoutez un peu, c'est
fini le fafinage, les gars. Vous allez continuer à bien facturer, comme
ça se faisait auparavant et les gens n'auront pas à se plaindre.
Les problèmes sont beaucoup plus loin que ça et portent sur des
choses à plus long terme. Ce sont des problèmes qui ont souvent
des racines beaucoup plus complexes et des modifications beaucoup plus
coûteuses que le simple fait d'une facture erronée.
Par exemple, les pannes d'électricité. Le ministre disait
hier, encore là en me coupant la parole au moment de mon Intervention en
deuxième lecture: Oui, il n'y a pas juste la facturation. Il y a les
pannes d'électricité et elles vont être
réglées. Enfin, il disait: Soyez donc honnête, allez-y,
dites tout. Justement, pour être honnête, on ne trouve rien
là-dedans qui va nous assurer par exemple, que l'individu, le
consommateur résidentiel, celui dont les revenus peuvent dépendre
directement du compteur installé à sa maison, aura un minimum de
reconnaissance supplémentaire de la part d'Hydro-Québec si, en
plein mois de janvier, il est sans électricité pendant 48 heures.
(16 h 45)
Ce n'est pas évident qu'il va y avoir des modifications du
comportement d'Hydro-Québec avec l'application de ce projet de loi et
même s'il y avait un recours collectif ou n'importe quoi, des gens qui
iraient se présenter pour dire: Ecoutez, qu'est-ce qu'on fait? On a tout
perdu dans notre congélateur, notre viande, tout ce qu'on avait a
été perdu. Les problèmes d'eau qui peuvent en
découler, les tuyaux qui gèlent, qui fendent. Je peux en parler.
Dans un milieu comme le mien, en tout cas, c'est un problème qui arrive
assez souvent, vous le savez. Vous avez juste à rester quelques heures
sans électricité et vous allez voir qu'il va y avoir des tuyaux
qui vont fendre et des entrées d'eau qui vont... Et ça va
coûter une fortune aux municipalités et à tout le monde. On
dit: Écoutez, avant on avait une certaine incidence sur le nombre de
pannes. On a donné des chiffres hier. Je devrais avoir des tableaux
à portée de main. Je les avais hier et je les al encore. On dit
qu'antérieurement on avait moins de pannes et qu'aujourd'hui, on en a
plus. C'est Hydro-Québec qui le dit dans ses propres chiffres qui nous
sont donnés. On dit que ces augmentations de pannes
générales, de pannes partielles, ont presque doublé le
nombre d'heures sans électricité pour chacun des clients entre
1985 et 1988. Tout ça amène des problèmes
supplémentaires pour le consommateur. Il n'y a pas uniquement des
problèmes de facturation. Il y a des problèmes
supplémentaires de toutes sortes qui sont créés par
ça. Il y a les problèmes de chauffage et d'eau dans une
municipalité où il y a seulement des pompes électriques.
Ce ne sont pas toutes les municipalités qui ont des châteaux
d'eau. J'en connais, et pas seulement une, qui fonctionnent avec des pompes
électriques, des stations de pompage qui fonctionnent au besoin pour
maintenir la pression, dans lesquelles il n'y a pas d'électricité
et d'eau.
C'est comme ça que ça marche. On dira ce qu'on voudra,
c'est comme ça que ça marche et ce n'est pas tout le monde qui
est capable d'avoir des génératrices pour compenser. Il y a toute
une série de problèmes et on ne sait pas comment on va pouvoir
les régler. Je vais vous donner une autre série de
problèmes qui, à mon avis, en tout cas, à moins qu'on ne
me démente, ne semblent pas couverts du tout par le projet de loi. Ce
sont les consommateurs qui paient leur compte à des municipalités
qui, elles, achètent au tarif grande puissance d'Hydro-Québec. Si
HydroQuébec ne fournit plus de grande puissance, pouf! Parce qu'il y a
eu une panne de 48 heures
et qu'il y a beaucoup d'abonnés dans la municipalité qui
paient leur compte à la municipalité de Sherbrooke, d'Amos,
d'Alma, de Jonquière, etc., alors... Le fournisseur de ces logements
n'est pas Hydro-Québec, c'est la municipalité. On se l'est
déjà fait dire d'ailleurs dans un cas bien précis, dans le
cas de Sherbrooke. Quand il a été question de l'implantation d'un
"slowpoke" à l'Université de Sherbrooke, Hydro-Québec ici,
dans cette même salle avec le ministre - dans l'autre salle à
côté, pardon - disait: Ce n'est pas notre problème, c'est
la ville de Sherbrooke qui fournit l'électricité à sa
clientèle, qui alimente le centre universitaire, l'hôpital
universitaire de Sherbrooke. Ce n'est pas Hydro-Québec, c'est la ville
de Sherbrooke. C'est un problème avec la municipalité. C'est la
réponse exacte qu'on a eue.
Dans ce cas-là, quel est le recours d'un habitant de Sherbrooke,
d'Amos, d'Alma, de Jonquière ou d'ailleurs dont le fournisseur, qui est
la municipalité en l'occurrence, ne peut plus fournir parce
qu'Hydro-Québec, à qui elle achète au tarif grande
puissance, n'est plus en mesure de la lui fournir elle-même? De qui
va-t-il se plaindre? Il ne pourra pas se plaindre d'Hydro-Québec, ce
n'est pas Hydro-Québec qui lui facture, c'est la municipalité.
Est-ce que la municipalité va pouvoir se plaindre à l'ombudsman
en vertu de la loi? Pas du tout. La municipalité ne fait pas de
consommation d'électricité pour des logements. Tu
n'achètes pas au tarif grande puissance pour un logement, pour de la
consommation d'habitation. Donc, comment cela va-t-il marcher dans ce cas? Je
vois le ministre qui est très impatient, mais il me donnera ses
réponses quand j'aurais fini, j'ai droit à vingt minutes.
Le Président (M. Baril): Vous avez terminé.
M. Ciaccia: Vos vingt minutes sont terminées.
M. Claveau: J'ai fini?
Le Président (M. Baril): Oui, c'est ce que je voulais vous
apprendre.
M. Claveau: Je reviendrai à l'étude de l'article
1.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Cela va.
Le Président (M. Baril): Votre temps est terminé.
Alors, M. le ministre.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Je vais répondre. Je voudrais que le
député d'Ungava, comprenne qu'on crée le poste de
commissaire aux plaintes. Je ne crée pas le poste de réparateur
des lignes d'électricité. Je ne crée pas le poste de celui
qui va aller fournir de l'électricité à Hydro-Sherbrooke
et, si ce n'est pas fourni, comment va-t-elle être fournie? Je ne
crée pas le poste de celui qui va aller faire les réparations.
D'accord? C'est dans mon plan d'action de 700 000 000 $ pour le réseau
de distribution et de 1 000 000 000 $ pour le réseau de transport.
D'accord? Comprenez le rôle de l'ombudsman. C'est ça que j'ai
essayé au début... Quand vous dites que ce n'est pas couvert, je
regrette, c'est tout couvert. Je n'ai pas besoin de faire la liste de tout.
Nous allons étudier l'article 20 et vous allez voir que c'est
couvert. Je n'ai pas besoin de faire la liste de tous les problèmes que
l'ombudsman peut écouter quand une personne qui occupe une
résidence vient le consulter pour des problèmes. Quel que soit le
problème, le client peut aller à l'ombudsman. On ne l'a pas
limité. Ce qu'on a limité, par exemple, c'est pour des fins
d'habitation. Alors, pour les exemples que vous avez donnés, si un
agriculteur manque d'électricité et que, à la suite de
ça, son troupeau n'a pas pu produire de lait et tout le reste, pour
ça, vous avez raison, il ne peut pas aller à l'ombudsman. S'il y
a un problème là-dessus, il va falloir qu'il prenne les autres
recours qui existent présentement.
On veut couvrir les 2 600 000 clients résidentiels pour des fins
résidentielles. C'est très clair, la raison pour laquelle on veut
le faire. C'est parce qu'on veut se limiter aux résidences pour le
moment. C'est une décision que nous avons prise. Même si c'est un
dépanneur, si c'est pour des fins commerciales, il ne peut pas
s'adresser à l'ombudsman. Il devra utiliser d'autres recours, pour le
moment: aller à Hydro-Québec ou aller devant les tribunaux. C'est
bien clair pourquoi on fait ça: c'est une nouvelle loi, on va commencer
par les 2 600 000 consommateurs résidentiels, et ensuite on pourra voir
le reste.
Quand vous m'avez dit, au début: Écoutez, il y a 130 000
plaintes, il va en rester un certain nombre. Si toutes vont à
l'ombudsman, comment pourra-t-il voir à toutes ces plaintes? N'oubliez
pas que la loi fait deux choses: elle crée l'ombudsman, mais elle impose
un mécanisme aux distributeurs d'électricité pour
répondre aux plaintes. Alors il faut qu'ils répondent aux
plaintes dans un certain délai. C'est 30 jours. Pour la première
année c'est 45, et seulement si Hydro-Québec n'a pas
répondu, ça va à l'ombudsman. Je vais vous donner un
exemple: en Colombie britannique, on a des chiffres: il y a 6000 plaintes qui
sont faites contre B C Hydro. Il y en a 600, ou 250, qui sont acheminées
à l'ombudsman, parce que quand un ombudsman existe, ça force le
distributeur d'électricité à répondre plus
adéquatement aux plaintes des consommateurs, et la loi impose un
mécanisme à l'intérieur. En commission parlementaire, si
vous
vous souvenez, au mois de mars, le vice-président
d'Hydro-Québec a mentionné, en parlant de son plan de
développement, toutes les mesures que la société
était pour prendre au chapitre sectoriel, régional et finalement
au siège social C'est une une procédure qui va être mise en
place.
Quand vous parlez de coupures d'électricité, je
réponds que les derniers chiffres que nous avons, c'est qu'en 1988,
après 120 jours, il y avait 130 000 clients qui n'avaient pas
payé. A ce moment-là, ils ont reçu un avis de suspension
du service et dans la plupart des cas, la suspension de service n'arrive
qu'après 185 jours. Si dans la loi on impose à
Hydro-Québec de donner une réponse avant 45 jours, c'est
très loin des 185 jours avant qu'elle ne coupe. Après 45 jours,
elle donne une réponse sur la facture, ça va à l'ombudsman
et celui-ci a amplement le temps de répondre avant les 185 jours. C'est
pour cela qu'on a précisé ces délais dans la loi.
Vous dites que ça ne règle pas tous les problèmes;
c'est clair que l'ombudsman ne peut régler les problèmes de
fourniture d'électricité. Ce n'est pas son rôle de dire: II
manque de l'électricité, que va-ton faire? On aurait dû
bâtir un barrage en 1983, et il n'a pas été bâti. Ce
n'est pas son rôle. Il va recevoir une plainte après
qu'Hydro-Québec aura pris une décision, il va faire enquête
et faire ses recommandations. On ne limite pas son rôle. Ce n'est pas
juste sur la facturation, c'est sur n'importe quoi.
Quel autre point avez-vous mentionné? Je pense que j'ai couvert
la plupart des points. C'est la fin de mes remarques. C'est tout ce que j'ai
à dire.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres députés qui auraient des remarques
préliminaires?
Une voix: Pas pour le moment, M. le Président.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Labelle.
M. Damien Hétu
M. Hétu: J'écoutais tout à l'heure le
député d'Ungava. On parle de facturation et de
réglementation. Le projet de loi que nous avons ici n'est pas une
réglementation qu'on veut faire à Hydro-Québec.
Hydro-Québec a déjà des règlements qui sont en
place vis-à-vis de sa clientèle. Quand on entre dans les
détails... On veut protéger le consommateur domestique. Il y a
même beaucoup d'agriculteurs qui ont un compteur domestique et qui
reçoivent une facture au prix de l'électricité domestique.
Alors, à un moment donné, l'agriculteur est quand même
favorisé par un tarif domestique. Il y a beaucoup d'agriculteurs qui ont
un tarif domestique. Quant à la réglementation commerciale ou
industrielle, il y a une réglementation à Hydro-Québec et
il ne faut pas que ça entre dans le règlement qui est là
actuellement. Ce n'est pas ce qu'on veut. C'est protéger le consommateur
domestique à la suite d'une plainte pour qu'il puisse au moins avoir une
réponse satisfaisante. C'est ça le projet de loi. Quelqu'un va
être capable de répondre, parce que, souvent, autant dans votre
comté que dans le mien, les gens font une plainte et ont une mauvaise
réponse. Alors, il va y avoir, à Hydro-Québec, quelqu'un
qui va être obligé de donner une réponse qui va
correspondre au besoin du client, à la demande du consommateur.
Vous savez comme moi qu'il peut y avoir une erreur de facturation sur un
mois ou deux mois, mais, normalement, cela se corrige avec le temps. Il peut
arriver, à un moment donné, que le gars se trompe dans la lecture
d'un chitfve, au lieu do prendre le chiffre en arrière, il le prend en
avant. Cela peut augmenter la consommation, mais, à la facturation
suivante, cela se corrige automatiquement Je comprends que le type qui
reçoit son compte fait le saut et dit: Cela me coûte plus cher.
Mais, le mois suivant, la correction se fait automatiquement, parce que le gars
ne peut pas se tromper indéfiniment sur la facturation.
Je pense que le principe du projet de loi est là quand
même. C'est pour donner encore plus aux consommateurs, pour qu'ils
puissent avoir des explications claires et précises quand ils portent
plainte. Je trouve que c'est un projet excellent pour le consommateur. On lit
les commentaires des gens dans les journaux, tout le monde est satisfait, parce
qu'assez souvent il y avait des mauvaises réponses. Autrement dit, on
vient dire à Hydro-Québec: Vous allez répondre aux clients
comme vous devez répondre normalement et vous allez leur dire exactement
ce qu'il en est. Je ne voudrais pas qu'on entre dans la réglementation
d'Hydro-Québec. Je pense bien que ce n'est pas le but de la commission,
pas du tout.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Labelle. Nous avons terminé nos remarques préliminaires Nous
sommes rendus à l'article 1 Est-ce que vous êtes prêts
à étudier l'article 1?
M. Ciaccia: Oui, M. le Président. Une voix:
Oui.
Champ d'application
M. Ciaccia: À l'article 1, M. le Président, cette
disposition précise le champ d'application de la loi en
définissant le type de clientèles et de services qui sont
visés. La loi s'applique aux clients des distributeurs
d'électricité car ceux-ci ne disposent pas présentement de
droit de recours autre que devant les tribunaux contrairement aux consommateurs
de gaz naturel,
par exemple, qui peuvent s'adresser à la Régie de
l'électricité et du gaz. La loi porte sur la livraison et la
fourniture de l'électricité à des fins d'habitation dans
un logement. D'autre part, le gouvernement estime que les consommateurs
industriels et commerciaux ont, quant à eux, les moyens d'exercer un
contrôle adéquat de l'action de leurs distributeurs. Le terme
"livraison et fourniture de l'électricité" est répandu
dans la loi et la réglementation actuelles. On le retrouve, notamment,
dans le règlement 411 d'Hydro-Québec établissant les
conditions de fourniture de l'électricité. C'est vrai qu'on
limite le champ d'application strictement à la fourniture de
l'électricité à des fins d'habitation dans un
logement.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, on a un amendement à
déposer à l'article 1 qui se lirait comme suit: L'article 1 du
projet de loi 135 est remplacé par le suivant: "1. La présente
loi s'applique aux clients des distributeurs d'électricité quant
à la livraison et la fourniture de l'électricité: 1°
à des fins d'habitation dans un logement; 2° à des fins
d'exploitation de son entreprise par un agriculteur. 3° à des fins
d'exploitation d'une entreprise commerciale dans laquelle, à chaque jour
d'ouverture, il n'y a jamais plus de trois personnes en même temps dans
l'établissement pour en assurer le fonctionnement."
M. Maltais: Alors, sur la recevabilité, M. le
Président, j'aimerais intervenir. Si j'ai bien compris, l'ordre de la
Chambre, est d'étudier... Excusez-moi. Vous ne m'avez pas donné
la parole?
M. Claveau: Juste une chose. Il me semble qu'en
conformité, quand le président demande de parler de la
recevabilité, c'est d'abord celui qui dépose l'amendement qui le
défend.
Le Président (M. Baril): Oui, c'est ça.
M. Cannon: J'aimerais le voir avant, M. le Président.
J'aimerais avoir un exemplaire de l'amendement.
M. Maltais: J'aimerais avoir l'amendement. J'indique au
départ, M. le Président, que je veux parler sur la
recevabilité.
Le Président (M. Baril): Alors, je vais suspendre les
travaux quelques minutes pour faire faire des photocopies.
(Suspension de la séance à 17 h 2)
(Reprise à 17 h 5)
Le Président (M. Baril): La commission reprend ses
travaux. Je vais maintenant donner la parole au député d'Ungava
sur la recevabilité de son amendement.
M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, M. le Président, très
brièvement. D'abord, si on présente cet amendement de cette
façon plutôt que de repartir du texte de base, ce qu'on aurait
très bien pu faire ou qu'on pourra toujours reformuler de cette
façon si ça devenait nécessaire, c'est tout simplement
pour avoir une plus grande cohérence dans le suivi du texte, dans la
formulation française du texte, la façon de l'écrire,
plutôt que de faire une seule phrase et de ramener en identifiant chacun
des éléments, ce qui est souvent aussi plus facile pour se
retrouver dans un projet de loi, vous en conviendrez, M. le
Président.
D'autre part, l'amendement me semble aussi très recevable dans la
mesure où il ne modifie en rien la portée, le principe de base du
projet de loi. On est toujours à l'intérieur de la même
assiette ou de la même intention du gouvernement. Il ne modifie en rien
les intentions intrinsèques au projet de loi, il ne fait qu'être
plus spécifique quant à la portée de celui-ci et, enfin,
il n'a aucune incidence financière ou autre qui pourrait être
contestable. Donc, l'amendement en soi me semble entièrement recevable,
sans aucune contestation.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
d'Ungava. M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, après la lecture de
l'amendement proposé par le député d'Ungava, permettez-moi
de vous rappeler que l'objet de la présente commission est
d'étudier un projet de loi qui a été
présenté en première lecture à l'Assemblée
nationale. L'article 1 du projet de loi indique: "1. La présente loi
s'applique aux clients des distributeurs d'électricité quant
à la livraison et la fourniture de l'électricité à
des fins d'habitation dans un logement."
Or, s'il eut été l'intention du ministre de
l'Énergie et des Ressources d'étendre le rôle de ce
protecteur du citoyen, ce commissaire, il aurait, lors du dépôt du
projet de loi à l'Assemblée nationale, indiqué clairement
l'intention du gouvernement à cet effet et aurait dit qu'il devra
protéger l'agriculteur, le dépanneur de moins ou de plus de trois
employés, le petit marchand de fruits, en fait, tout le monde. À
partir du moment où le projet de loi a été
déposé à l'Assemblée nationale en première
lecture et présenté ici, il s'applique uniquement à des
fins d'habitation dans un logement, et ça, c'est le sens même.
Permettez-moi de relever les deux discours, soit celui du ministre et celui du
porte-parole de l'Opposition, où on ne retrouve
en rien une indication, tant gouvernementale que de l'Opposition, pour
modifier l'article 1 du projet de loi lors du dépôt en
première lecture.
Deuxièmement, l'article 244 du règlement nous interdit
d'ajouter des choses. Lorsqu'on parle de coûts financiers, si on
étend le rôle du commissaire protecteur aux dépanneurs et,
bien sûr, aux agriculteurs, à ce moment-là, c'est une
courbe complète qu'on doit ajouter et il y aura des Incidences
financières fort importantes.
Alors, M. le Président, c'est de cette argumentation dont je me
sers ici en vertu du mandat donné par l'Assemblée nationale et
des intentions de ce projet de loi qui a été déposé
en première lecture, pour rejeter l'amendement, que le
député le retire ou qu'on le mette aux voix et qu'on le retire.
Merci.
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous avez autre chose
à ajouter, M. le député d'Un-gava?
M. Claveau: Oui, M. le Président. Écoutez, le sens
du projet de loi, quoi qu'en dise le député de Saguenay, n'est
pas de défendre spécifiquement les abonnés
d'électricité pour des fins résidentielles. C'est une
modalité prévue à l'intérieur du projet de loi. Le
sens du projet de loi, fondamentalement, c'est de créer un ombusdman,
une personne qui va recevoir les plaintes et s'assurer que les abonnés
d'Hydro-Québec vont être couverts dans la mesure où
Hydro-Québec ne répondrait pas à leurs plaintes.
Une des applications de cela, dans le premier article, c'est de
restreindre ce principe au fait qu'il ne devrait s'appliquer, selon ce qu'on
nous dit, qu'aux consommateurs d'électricité pour des fins
résidentielles, des fins d'habitation dans un logement. C'est
déjà une restriction. Ce n'est pas le principe comme tel. Le
principe, c'est de créer un poste d'ombusdman qui aura à
répondre ou à amener Hydro-Québec à répondre
à ses clients. Dans la mesure où la réflexion du
député de Saguenay serait retenue par la présidence de la
commission, cela veut dire que même si le ministre lui-même
arrivait avec un amendement et disait: Écoutez, ça aurait de
l'allure que d'inclure les agriculteurs, il serait obligé de plaider ce
qu'il vient de plaider. Il dirait: M. le ministre, vous n'avez pas le droit
d'élargir ni de restreindre la portée de votre loi qui, au
départ, pensiez-vous, ne devait être qu'à des fins de
consommation résidentielle.
Nous disons que le principe essentiel du projet de loi est de
créer le poste d'ombusdman. Si notre amendement était à
l'effet de dire que la présente loi ne créerait pas le poste
d'om-budsman, à ce moment-là le député aurait
raison de dire: Vous allez à l'encontre du principe de la loi. On ne va
pas à l'encontre du principe de la loi. On dit: D'accord,
créez-le votre poste d'ombusdman; on n'est pas contre. On l'a même
dit en deuxième lecture qu'on était pour. Là, on dit: II y
aurait peut-être moyen d'être moins restrictif quant au champ
d'application de cette loi. C'est tout.
En ce qui concerne les coûts inhérents, M. le
Président, à l'intérieur du personnel qui sera
prévu, cela fait partie des frais de fonctionnement du personnel qui
pourra traiter tout aussi bien le cas d'un agriculteur avec sa ferme que celui
du simple agriculteur avec seulement sa maison, sans comprendre sa ferme,
même si ce sont deux compteurs différents.
M. Maltais: M. le Président, brièvement, juste
avant mon collègue, 30 secondes. C'est pour bien dire au
député d'Ungava - à moins qu'il ne m'ait pas
écouté et cela ne me surprendrait pas - qu'on ne va pas à
rencontre du principe. Le principe est inscrit dans les notes explicatives et
je me permets de le relire. "Ce projet de loi s'applique aux distributeurs
d'électricité et à leurs clients et porte sur la livraison
et la fourniture de l'électricité à des fins d'habitation
dans un logement. Il a principalement pour objet, etc."
M. Claveau: "II a principalement pour objet..."
M. Maltais: On ne discute pas du fait. L'amendement n'est pas
dans le but de créer, oui ou non, un poste d'ombusdman. C'est
d'étendre le champ d'application qui est restreint dans le principe
même de la loi. Cela ne veut pas dire que, plus tard, le ministre n'aura
pas un autre projet de loi pour élargir son champ d'application. Dans le
moment, le principe du projet de loi est de s'appliquer pour des fins
d'habitation dans un logement. C'est tout ce que j'ai à dire.
Le Président (M. Baril): M. le député de La
Peltrie.
M. Cannon: Simplement, pour reprendre ce que mon collègue
a dit. Ce n'est pas en vertu de l'article 197, M. le Président, c'est en
vertu de l'article 244. Le mécanisme est correct. Évidemment, on
revoit ici, dans l'amendement proposé par mon collègue d'Ungava,
qu'il a repris in extenso ce qui est dans l'article 1, mais il a ajouté
des choses. Donc, c'est en vertu de l'article 244. Ce qu'on doit
vérifier, comme mon collègue vient de dire, c'est: Est-ce qu'en
vertu de l'article 244, on peut étendre le principe? C'est la question
que vous devez trancher. Ce que propose mon collègue d'Ungava, c'est
cela. Si nous avions voulu faire cela, le ministre l'aurait clairement
indiqué.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, s'il vous plaît!
Écoutez, il faut comprendre le mécanisme, le pourquoi d'un
amendement en commission parlementaire. Si, par un amendement, tu ne peux
plus rien ajouter ni rien couper, c'est quoi? On n'a plus le droit
d'amender quoi que ce soit. Il n'y a aucun amendement acceptable s'ils ajoutent
ou retranchent quoi que ce soit à la suite de ce qu'a dit le
député de La Peltrie. Ce n'est pas ça.
Essentiellement, à la suite des notes explicatives données
- parce que le premier paragraphe est un paragraphe de notes explicatives - on
dit: "II a principalement pour objet d'obliger les distributeurs à
établir et à diffuser auprès de leurs clients une
procédure d'examen des plaintes formulées par ces derniers sur
l'exécution des stipulations de leur abonnement; - on ne précise
pas la sorte de clientèle - de créer un mécanisme
permettant au client qui est en désaccord avec les conclusions de
l'examen..." On n'est pas contre le mécanisme. Essentiellement...
Une voix: Arrêtez de parler et réfléchissez
un peu.
M. Claveau: De toute façon, on n'est pas contre le
principe, on propose une extension du principe. Au contraire, on est pour "au
boutte". Si on ne peut...
Une voix: ...l'article 244.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Claveau: ...pas faire ça dans un amendement, M. le
Président, ça veut dire qu'on n'est plus capable de faire aucun
amendement à cette commission. On est en train de dire qu'il faut
changer... Cela sera quoi un amendement si on accepte cette
interprétation? Cela deviendra quoi un amendement? Cela deviendra quoi
le rôle d'une commission parlementaire, sinon d'encenser le ministre et
de faire enrager l'Opposition? Il n'y a plus d'autre raison d'être si on
ne peut même plus amender, à partir d'une idée, pour y
ajouter quelque chose. Voyons donc!
Le Président (M. Baril): Est-ce que d'autres
députés auraient...
M. Claveau: Écoutez, je veux bien me faire charrier, mais
il y a quand même une limite. Vous allez me charrier à la petite
pelle si vous voulez me charrier. Vous allez voir que vous ne me charrierez pas
au gros, ça va être au détail. Vous allez payer pour.
Une voix: Ou calme.
Le Président (M. Baril): S'il n'y a pas d'autres
remarques...
M. Claveau: Le 16 juin, on va être encore ici, à
moins d'un bâillon. Est-ce que c'est ça que tu veux?
Une voix: Des menaces.
Le Président (M. Baril): Un instant, s'il vous
plaît! À moins qu'il n'y ait d'autres députés qui
auraient... M. le député de Labelle.
M. Hétu: J'aimerais seulement ajouter qu'on fait un projet
de loi pour protéger une clientèle spécifique qui n'est
pas subventionnée, qui ne reçoit rien. C'est une personne qui vit
dans un logement. C'est ce qu'il faut se mettre dans la tête. Un commerce
vend des choses, il reçoit de l'argent. C'est le consommateur dans un
logement, uniquement; je suis peut-être hors du sujet, mais je trouve que
c'est là qu'on protège une clientèle qui n'avait aucune
protection. Un agriculteur est subventionné, il y a des taxes
foncières qui lui sont payées. Là, on va chercher une
clientèle qui n'avait aucune protection, qui n'avait pas de chance. Je
trouve qu'on devrait rester avec cette clientèle dans un logement. Je
pense que c'est ça qui est positif.
Le Président (M. Baril): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, je suis tout à fait
d'accord avec les propos du député de Labelle de la façon
dont il les a formulés, mais je comprends qu'il ne s'est pas
prononcé sur la recevabilité, il s'est prononcé sur le
fond. Sa position était sur le fond. Il dit: Quant à
l'amendement, j'aurais voté contre. Dans le fond, c'est ce qu'il dit. Il
a raison, il a argumenté sur le fond. Dans ce sens, si, après
avoir accepté l'amendement, on argumente et que, finalement, au vote,
l'amendement est battu, if sera battu. Là, on est sur le principe,
à savoir: C'est quoi un amendement, M. le député de
Labelle? C'est ça. Le principe c'est de dire: C'est quoi un amendement.
Est-ce qu'un amendement peut ajouter quelque chose ou non? Je prétends,
d'abord, qu'il faut qu'un amendement ajoute ou enlève quelque chose, si
ça veut être un amendement, ou bien s'il n'en est pas un, 11 n'y a
pas d'amendement, et, dans la mesure où cet amendement ne vient pas
à rencontre du fond du projet de loi, il est recevable.
Après ça, si on n'est pas d'accord, on le bat, comme est
prêt à faire le député de Labelle, très
honnêtement, en discutant sérieusement sur le fond du projet de
loi, mais pas en essayant de nous embarquer dans une dynamique, une
polémique absolument absurde sur la recevabilité ou non et de
nous faire croire que, finalement, tout ce qui ajoute quelque chose est un
amendement non recevable.
Le Président (M. Baril): Si personne n'a autre chose
à ajouter, je vais suspendre quelques minutes et je vais me
consulter.
(Suspension de la séance à 17 h 17)
(Reprise à 17 h 24)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je constate que l'amendement du député d'Ungava va
un peu plus loin que l'article 1 présenté par M. le ministre. Par
contre, je réalise qu'il y aurait peut-être des coûts qui
peuvent être difficilement calculables en ajoutant deux autres articles
à cet amendement. Je réalise aussi que ça aurait pu
être ajouté au projet de loi et que ça ne change pas du
tout le fond du projet de loi. Je pourrais vous lire différentes
décisions d'autres présidents de commission, mais je ne le ferai
pas. Si vous me le permettez, je prends la décision, et c'est
réellement ma décision, d'accepter l'amendement du
député d'Ungava. Si vous voulez plaider votre amendement, M. le
député, vous avez vingt minutes.
M. Claveau: Rapidement, M. le Président. Essentiellement,
je pense que l'amendement est très important pour une bonne
catégorie de travailleurs. Le ministre a dit tout à l'heure, dans
sa réplique aux remarques préliminaires, qu'il gardait le
résidentiel uniquement parce que les autres catégories de clients
étaient des gens qui avaient les moyens de se défendre, la
catégorie commerciale avait les moyens de se défendre, et qu'ils
pouvaient, à ce moment-là, procéder par le
mécanisme normal. Je veux bien croire qu'il y a des gens qui sont
capables de se défendre. D'ailleurs, c'est pour ça qu'on n'est
pas allé dans toutes les catégories. On n'a pas parlé des
gros entrepreneurs. On n'a pas parlé des gens qui avaient de grosses
masses salariales et beaucoup d'employés. On n'a pas parlé, non
plus, des bureaux d'ingénieurs, d'architectes et d'avocats qui peuvent
travailler dans leur résidence personnelle, mais avec dix, quinze et
vingt employés. On n'a pas parlé de ça. Comme on en
connaît surtout dans des bureaux professionnels, ça arrive assez
souvent. On n'a pas fait ça. On pense que ces gens, effectivement, sont
capables de se défendre eux-mêmes; en tout cas, ils ont les
possibilités de le faire probablement plus facilement que bien du monde.
Mais on veut quand même que le projet de loi, que l'accessibilité
au protecteur du consommateur d'électricité soit permise à
certaines catégories de gens qui n'ont peut-être pas tout à
fait les moyens de se défendre.
On parle, par exemple, des dépanneurs. Je pense que la plupart du
temps, il n'y a pas deux entrées électriques dans une maison
parce que tu prends ton salon et tu fais un dépanneur avec, dans un
petit quartier résidentiel. Si tu prends un portique ou une rallonge
à côté de la maison, si tu t'installes un comptoir et si tu
fais un dépanneur là-dedans avec un permis de la
municipalité, tu n'iras pas te payer une deuxième entrée
électrique pour faire ça. C'est la même entrée
électrique que pour la maison, la plupart du temps. Je donnais l'exemple
d'un potier tout à l'heure. Je reviens à cet exemple. Un potier
qui vit uniquement de sa poterie peut avoir des fours dans son sous-sol qui
consomment passablement d'électricité, mais il va le faire avec
un permis de la municipalité pour pouvoir travailler chez lui. C'est son
moyen de subsistance, mais ce n'est pas uniquement pour des fins de logement.
Je ne sais pas combien de gens ont des petites "shops" en arrière de
leur maison. On ne parle pas toujours de municipalités où il y a
des gros pians de zonage où tout est contrôlé. Dans
beaucoup de petites localités rurales, Ici et là, il y a un
forgeron, un menuisier, un charpentier, un soudeur qui vont avoir une petite
"shop" en arrière de la maison sur le même compteur que la
résidence et qui, pourtant, vont en vivre, vont avoir un ou deux
employés qui vont travailler pour eux, dans leur petite "shop". Il y a
plein de petites municipalités, sur les 1600 municipalités au
Québec, qui n'ont pas toutes des gros plans de zonage, tapis mur
à mur. Il y a plein de petits villages ruraux où toutes sortes
d'accommodations se font à l'intérieur des pians de zonage ou les
pians de zonage qui correspondent aux besoins de ces milieux et, des fois, il
n'y en a pas du tout. C'est ça le problème, disons-nous. Donc, il
faut en ouvrir la portée. Je me mets dans la peau de ces gens-ià,
j'ai un dépanneur, j'ai une petite entreprise à même la
maison...
Je pourrais vous donner un autre exemple qui me passe par la tête,
celui d'un éleveur de chinchillas. Vous savez que pour élever des
chinchillas, ça ne demande pas des immensités. Vous êtes
capable d'avoir 200 ou 300 chinchillas dans une petite pièce qui n'est
même pas la moitié grande comme la salle ici, dans une annexe
à la maison, et ça peut vous donner des revenus très
substantiels. Je pourrais vous emmener visiter des élevages de
chinchillas, vous seriez surpris de voir comme il ne faut pas grand, que
ça produit et que vous pouvez avoir de très bons revenus et vivre
uniquement de ça à partir d'une surface toute petite, pas
très grande du moins, accolée à la maison. Vous n'avez pas
de compteur d'électricité spécifiquement pour ces
surfaces. C'est une activité commerciale liée à la
résidence. En cas de plainte, comment ce sera jugé? Il n'y a rien
qui nous dit comment ça va être jugé. Est-ce qu'on va dire:
D'accord, quel est le pourcentage de courant que tu prends pour ta maison, ton
réfrigérateur, ton congélateur et quel est le pourcentage
d'électricité que tu prends pour ta "riguine", ta "business" -
excusez le terme - ton entreprise? À partir de là, on va juger si
on va recevoir 30 %, 40 %, 50 % de ta plainte? Voyons donc"! (17 h 30)
On dit, M. le Président, qu'il y a une façon de
régler ça à ta satisfaction de ces gens et à partir
des définitions qui existent. D'abord, on dit: "à des fins
d'habitation dans un logement." Là-dessus, il va y avoir une
conformité ou une accommodation avec l'article 3, si je ne m'abuse,
où on dit: "Le propriétaire n'est considéré
comme un client qu'à l'égard du logement qu'il occupe à
des fins d'habitation." Encore là, ça veut dire que le
propriétaire, par exemple, avec la même entrée
électrique, qui a aménagé un logement dans son sous-sol,
comme ça se voit aussi très fréquemment dans des quartiers
résidentiels, c'est sur le même compteur électrique...
Une voix:...
M. Claveau: Bien oui! Je pourrais vous nommer des cas et des cas.
À partir du moment où le propriétaire visé par cet
article de loi n'est considéré comme un client qu'à
l'égard d'un logement qu'il occupe à des fins d'habitation, cela
veut dire qu'il a un compteur pour sa maison et il paie
l'électricité pour lui et pour son logement. S'il y a un
problème, à ce moment, qu'est-ce qui va compter? Est-ce que la
part du logement va compter ou ne comptera pas? Il y a encore moyen de
contester quelque chose là-dedans. On dit: "à des fins
d'habitation dans un logement". Quand c'est de l'électricité
consommée à des fins d'habitation dans un logement, d'accord. Que
tu sois propriétaire, que tu paies ton électricité en plus
de ton loyer ou que ton coût d'électricité soit compris
dans ton loyer ou autrement, c'est prévu. C'est de
l'électricité consommée dans un logement.
On dit: "à des fins d'exploitation de son entreprise par un
agriculteur". Pourquoi? D'abord, parce que le terme "agriculteur" est
défini dans la loi du Québec. On sait ce que c'est un
agriculteur. On n'a pas dit une entreprise agricole, parce que ça peut
être une entreprise qui vaut quelques millions, où le
propriétaire ne va à peu près jamais à son
entreprise, et il y a plein d'individus qui travaillent là ou qui sont
répartis sur plusieurs terres, comme ça se voit dans des grosses
porcheries, chez des gros éleveurs d'animaux de boucherie, des
propriétaires de poulaillers, dans des entreprises d'élevage de
dindes où 100 000 dindes sont réparties à raison de 5000
ou 6000 par poulailler sur une dizaine de terres différentes. Cela se
voit. On n'a pas dit ça. On a dit: "Par un agriculteur". L'agriculteur,
dans la loi du Québec, c'est le type dont le revenu et sa famille sont
directement liés à son entreprise, c'est notre petite terre
familiale. C'est ce qu'on dit.
On dit aussi: "A des fins d'exploitation d'une entreprise commerciale
dans laquelle, à chaque jour d'ouverture, il n'y a jamais plus de trois
personnes en même temps dans l'établissement pour en assurer le
fonctionnement". Pourquoi dit-on ça? On a tout simplement fait
référence à l'alinéa 6 de l'article 5 de la Loi sur
les heures d'affaires des établissements commerciaux qui définit
quel établissement commercial ne peut ouvrir, comme un dépanneur,
pour la vente de denrées alimentaires, en dehors des heures d'affaires
normales où il n'y a jamais plus de trois personnes en même temps
dans l'établis- sement pour en assurer le fonctionnement. On dit: Cette
définition-là étant vraie pour un dépanneur de coin
de rue, pour une petite entreprise qui fonctionne en vertu de la Loi sur les
heures d'affaires des établissements commerciaux, on pourrait
très bien la reprendre. On n'a pas invente la définition, on
reprend la même définition pour dire: D'accord, ce sont des
entreprises qui fonctionnent généralement à
l'intérieur d'une maison résidentielle. En règle
générale, ces entreprises ne vont pas s'installer dans des parcs
industriels; elles n'ont pas pignon sur rue en plein milieu de la rue
Sainte-Catherine, à Montréal. C'est un peu différent.
Là, on dit: Reprenons cette définition-là pour l'appliquer
à cette catégorie de consommateurs. À ce moment-là,
M. le ministre, vous allez commencer à avoir un projet de loi
d'envergure, qui a un peu de colonne vertébrale, pour le moins, ou qui
n'est pas quelque chose qui va s'appliquer strictement à une
catégorie avec, encore là, des modalités contestables dans
la mesure où: Es-tu occupant ou pas du logement? Fais-tu des
activités commerciales à même ton compteur
résidentiel? As-tu une soudeuse? Est-ce une 300 ampères ou une
450 ampères? Cela pourrait changer ta consommation
d'électricité.
On sort de ça et on dit: On établit des critères de
base pour un certain nombre de consommateurs ou d'abonnés
d'électricité pour des fins résidentielles ou de pratique
commerciale, pratiquement d'économies de subsistance. Au moins on a un
projet de loi qui commence à s'articuler, selon certaines
définitions d'autres lois du Québec, qui va couvrir les petits
agriculteurs dont les revenus familiaux sont directement liés à
l'exploitation de leur entreprise et les petites entreprises telles que
définies dans la Loi sur les heures d'affaires des établissements
commerciaux. On pense que ce serait là une bonification exceptionnelle
ou importante au projet de loi qui ne surchargera pas. Le dépanneur qui
a le droit de se plaindre en raison de sa consommation résidentielle,
c'est le même compteur que s'il le fait en vertu du fonctionnement de son
entreprise ou de ce qu'il aurait pu y avoir comme dégâts dans son
entreprise qui fonctionne sur le même compteur que sa résidence.
C'est la même chose pour l'agriculteur. Si l'agriculteur se plaint que
ça fait trois jours qu'il n'y a pas eu d'électricité dans
son rang et que son poêle électrique dans la cuisine n'a pas
fonctionné, probablement que sa trayeuse n'a pas fonctionné, non
plus. C'est la même plainte, on n'a pas ajouté beaucoup.
Il y a encore d'autres éléments qui pourraient être
considérés. Quand on parle de logement, on pourrait aller encore
plus loin, mais là on n'y va pas. On pourra en discuter plus loin, mais
le logement primaire et secondaire, le premier logement, le deuxième
logement, la maison d'été. Un chalet de 3000 $ sur le bord d'un
lac qui est branché sur Hydro-Québec, le gars qui y passe
l'été, deux mois par année, va-
t-il avoir le droit de se plaindre? Lui, il a le droit de le faire alors
que l'agriculteur qui vit sur sa terre toute l'année, qui a 25 vaches,
n'a pas le droit de le faire, parce qu'il n'a pas eu de trayeuse et que
ça fait trois jours qu'il traye ses vaches à la main. Il n'aura
pas le droit de le faire, lui. Par contre, le gars qui va être à
côté dans un chalet, à deux milles de là, sur le
bord du lac, et qui n'est là que deux mois par année, il va avoir
le droit de se plaindre parce qu'il n'avait pas d'électricité et
qu'il a été obligé d'apporter son poêle à
gaz.
Vous savez, on veut tout simplement une concordance, quelque chose qui
soit un peu logique. Je pense que le ministre aurait tout avantage à
accepter l'amendement qu'on lui propose qui ne fait que bonifier son projet de
loi et le rendre beaucoup plus agréable et attrayant pour une bonne
partie de la clientèle sans, pour autant, surcharger le rôle de
l'ombudsman. II ne fera que donner un peu plus de mordant, de poigne à
cette entreprise. Je pense que, pour minimiser les milieux d'intervention de
l'ombudsman, on lui enlève aussi de sa valeur globale face à la
société québécoise et face aux pouvoirs qu'il
pourra avoir sur Hydro-Québec, c'est-à-dire que plus on rapetisse
son rôle, plus on fait en sorte que les intervenants vont trouver que le
rôle est insignifiant. Dans la mesure où on amplifie son
rôle, il y a probablement pas mal plus de chances que tant
Hydro-Québec que les autres abonnés et la population du
Québec en général acceptent de payer les coûts qui
vont être liés à ça et le considèrent comme
important puisqu'il a un rôle important à jouer dans la
société.
J'ai l'impression qu'encore là, le ministre peut faire fausse
route. Du moins, ma perception, c'est que le ministre peut faire fausse route
en restreignant, à la limite, le champ d'application de son projet de
loi. Cela va être tout.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
d'Ungava. M. le ministre.
M. Claccla: Merci, M. le Président. Je comprends
l'inquiétude du député d'Ungava. D'une certaine
façon, je suis heureux de voir qu'il essaie d'étendre la
portée du projet de loi, parce que son amendement implique et sous-tend
qu'il réalise que l'ombudsman va vraiment pouvoir faire quelque chose,
qu'il va être efficace, que ce n'est pas juste un pouvoir moral. Comme
vous l'avez dit en deuxième lecture, qu'est-ce qu'on va faire avec un
pouvoir moral? Qu'est-ce que ça vaut d'avoir un ombudsman qui n'a pas de
pouvoir décisionnel? Aujourd'hui, vous ne seriez pas tellement
préoccupé de vous assurer que l'ombudsman va pouvoir agir pour
les petits commerces, va pouvoir agir pour les agriculteurs, va pouvoir agir
dans toutes sortes de domaines. Alors, je suis heureux de voir cet aspect. Vous
réalisez et vous affirmez que l'ombudsman va avoir des pouvoirs puisque
vous voulez que son rôle s'étende à plus que seulement les
clients résidentiels. Alors, cet aspect de votre amendement est
intéressant.
Mais il faut réaliser une chose. C'est un nouveau projet de loi,
on doit baliser le projet de loi. SI on veut qu'il soit aussi efficace que
votre amendement Implique, il va falloir s'assurer qu'il va pouvoir fonctionner
efficacement. Si on ouvre la porte non seulement à l'aspect
résidentiel, mais on commence à l'ouvrir aux petites et moyennes
entreprises, aux agriculteurs... Aujourd'hui, les agriculteurs ce ne sont pas
des colons sur des terres de roches. Les agriculteurs peuvent être assez
bien équipés et cela peut s'étendre... D'accord?
Là, on va réduire, on va rendre plus difficile l'application du
projet de loi parce que c'est complètement neuf. Alors, on commence par
un secteur résidentiel. Déjà, on couvre 2 600 000
consommateurs; puis, dans le seul résidentiel, on peut avoir quelqu'un
qui va s'occuper de tous les problèmes résidentiels, qui pourra
répondre adéquatement à cela. C'est un nouveau projet de
loi, c'est du droit nouveau. Si on commence à compliquer l'application
et à dire: Bien non, ce n'est pas seulement le résidentiel;
là, il va falloir aller aux agriculteurs. Vous avez donné,
l'exemple d'un éleveur de chinchillas. Savez-vous qu'un "coat" de
chinchilla, cela coûte 15 000 $? Je pense bien que le gars qui va
élever des chinchillas va avoir les moyens de s'adresser...
Mais ce n'est pas cela le problème. Le problème, c'est
qu'il faut baliser le projet de loi parce qu'on veut qu'il soit efficace. On ne
veut pas ouvrir la porte pour rendre le projet de loi tellement difficile au
début que cela va même affecter les 2 600 000 consommateurs qui,
vraiment, ont besoin d'un ombudsman. C'est une clientèle captive qui n'a
pas d'autres moyens; elle n'a pas d'autres sources. Je ne dis pas que, dans
l'avenir, après que cela aurait été mis en marche pour un
certain bout de temps et qu'on aura eu des expériences, cela ne pourrait
pas s'étendre. Mais de la façon que vous avez
rédigé l'amendement, les personnes avec trois employés,
c'est pas mal large, ce sont toutes les petites et les moyennes entreprises. On
ne parle pas seulement du dépanneur. Cela peut affecter une série
d'entreprises. On a regardé cela, nous, et, exactement, où
arrêter? Votre amendement n'est pas strictement... Il est très
large.
Ce qu'on vout dit, c'est: Commençons par le résidentiel,
appliquons-le adéquatement. Vous savez, quand on veut aller trop vite,
des fois, c'est là...
Une voix: Qu'on se brûle.
M. Ciaccia: ...qu'on se brûle. J'allais dire: qu'on se
casse le nez. C'est là qu'on se brûle quand on veut aller trop
vite. Moi, je veux quelque chose qui soit efficace et qui fonctionne...
Une voix: Et durable.
M. Ciaccia: ...et sur quoi on peut bâtir. Cela va
très bien marcher. Il y a des délais. N'oubliez pas que vous avez
vous-même soulevé un problème. Vous avez soulevé le
problème du nombre de plaintes. Attendons au moins d'établir, de
mettre sur place l'ombudsman pour s'occuper du secteur résidentiel et,
après cela, après qu'on aura eu une expérience, qu'on aura
vu les délais, on pourra étendre son rôle, si c'est
nécessaire.
Les difficultés que vous avez soulevées sur la question du
même compteur, cela n'est pas un problème, je peux vous l'assurer.
Le dépanneur, les petites et moyennes entreprises, l'agriculteur
n'auront pas besoin de deux compteurs. S'ils portent plainte à la suite
d'une erreur sur leur facture, c'est sur les aspects reliés à
leur résidence. L'ombudsman va s'en occuper. Il ne pourra pas s'occuper
des dommages causés à l'entreprise commerciale. S'il y a eu des
dommages à leur résidence: le réfrégirateur dans la
maison, lorsqu'ils ont manqué d'électricité, ils pourront
s'adresser à l'ombudsman. Ils ne pourront pas s'adresser à
l'ombudsman pour les dommages qu'ils ont subis dans leur commerce. Cela, c'est
le même compteur, ce n'est pas un problème. Le problème du
propriétaire qui paie le compte du locataire, ce n'est pas un
problème parce qu'il est clairement dit dans le troisième article
qu'on verra plus tard que le locataire est assimilé à un client.
Qu'il paie ou qu'il ne paie pas, il est assimilé à un client.
Cela veut dire que même si c'est le propriétaire qui paie le
compte, le locataire pourra aller à l'ombudsman. Supposons qu'il manque
d'électricité, qu'il a subi des dommages, qu'il n'a pas
été raccordé, tout le reste, après avoir
passé les étapes auprès d'Hydro-Québec, il pourra
aller à l'ombudsman. Il n'a pas besoin de payer lui-même le compte
d'électricité pour avoir accès à l'ombudsman;
d'abord qu'il est locataire et que sa plainte se limite à des fins
résidentielles. (17 h 45)
Je peux assurer le député d'Ungava qu'avant de faire le
projet de loi, on a examiné les autres possibilités et on en est
venu à la conclusion que dans la définition même de trois
employés... Même ça, en soi, ça pose des
problèmes. Quand vous parlez de l'agriculteur, il peut avoir
accès au ministère de l'Agriculture, à l'UPA. Il y a une
série de mesures par lesquelles il a des recours. Ce qu'on cherche,
c'est d'aider les gens là où il n'y a pas de recours, pour le
résidentiel. Pour le reste, je ne dis pas non maintenant, mais je dis:
Soyons rationnels, soyons prudents, établissons le commissaire aux
plaintes pour le résidentiel qui, déjà, coûte 2 700
000 $, assurons-nous que ce sera efficace, ne mettons pas sur son des toute une
série d'autres problèmes qui peuvent causer des délais.
Une fois qu'on aura eu une petite expérience, on pourra
réexaminer ça.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Combien me reste-t-il de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Baril): Sept minutes.
M. Claveau: Essentiellement, M. le Président, je comprends
ce que vous me dites, sauf que, justement, je pense que l'amendement qu'on
propose est un amendement qui va faciliter les choses. D'abord, il va permettre
de déterminer plus facilement qui y a droit et comment il va y avoir
droit, qui peut aller en appel. Si j'ai un commerce de dépanneur et que
j'utilise le congélateur que j'ai à la maison, un de six pieds
cubes ou un de sept pieds cubes, pour mettre la crème glacée de
mon commerce et que mon congélateur saute, est-ce qu'il était
utilisé pour la maison ou pour le commerce de dépanneur? Le
ministre dit que ce n'est pas ça, mais quand viendra le temps de payer
le congélateur, ce serait bon de savoir si ce sera ça ou si ce ne
sera pas ça. On va revenir au dépanneur parce que c'est un bel
exemple d'interrelation directe entre ton revenu et ton quotidien, ta vie.
Parfois, vous entrez chez un dépanneur, c'est le petit gars, la
petite fille qui vous sert qui va à la caisse. Les gens commencent
à travailler à 7 heures le matin et finissent à 11 heures
le soir, c'est directement lié à leur vie.
Généralement le niveau de revenu n'est pas si élevé
que ça, il ne faut pas s'imaginer que la grande majorité des
dépanneurs vivent dans l'aisance, ce ne sont pas tous des gens qui ont
des maisons en Floride. On essaie de trouver une façon de régler
des problèmes, non pas des problèmes de statistique. Ce qui
compte ce n'est pas de savoir si c'est 4,8 %, 4,9 % ou 5,1 % des clients qui
vont avoir des problèmes, c'est qu'il y a un client quelque part qui
peut avoir un problème, et lui, il faut qu'il le défende. Prenez
le cas d'une personne seule, d'un handicapé qui retire ses revenus
uniquement d'un commerce de dépanneur et que ce commerce se trouve dans
un quartier résidentiel, où toutes les résidences à
côté ne retirent pas de revenus; s'il y a un problème dans
ce quartier en particulier, il est "fait", parce qu'il est handicapé ou
qu'il vit tout seul, qu'il est un peu coincé et qu'il a seulement
ça comme revenu. Les autres, dans le quartier, ne seront pas
dérangés, mais lui, parce que son revenu est là, il va
être coincé. Mais on va dire: Ce n'est pas grave, c'est un
quartier résidentiel, il n'y a pas d'entreprises. Dans son cas, c'est
une entreprise, il tire son gagne-pain de ça.
Cela peut-être la même chose pour toutes sortes d'artisans.
Un peintre, par exemple, ça peut être un peintre qui peint avec sa
bouche et ses pieds comme ça arrive, un handicapé qui vit dans un
quartier résidentiel et qui tire ses revenus de ça. Il se
retrouve en hiver pendant trois jours sans électricité, il peut
arriver que ses revenus mangent une claque. On va dire:
C'est un quartier résidentiel. Oui, mais quand vas-tu
déterminer comment vaut ta peinture? Est-ce qu'elle a été
faite à partir de l'électricité que tu as consommée
comme résident ou comme travailleur?
Nous, on dit au ministre: Écoutez, vous allez vous faciliter le
travail en acceptant notre amendement qui vise finalement à
déterminer la frontière entre ce qui est résidentiel et ce
qui est commercial, ou ce qui est une activité à revenus, pour un
même compteur d'électricité. Pour vouloir être trop
proche de la frontière, vous risquez de minimiser l'importance de votre
projet de loi. Et, M. le ministre, justement, on a dit qu'on était
favorable à votre projet de loi, mais avec beaucoup de réticence.
On veut lui donner du corps pour qu'il soit vraiment court et pour que nous
soyons certains qu'il va être efficace. Les problèmes, en
règle générale, ce ne sont pas les résidentiels qui
les ont. C'est une belle façon de noyer le poisson, finalement, que
d'aller seulement aux résidentiels, parce que ce n'est pas le
résidentiel qui va avoir des problèmes, si ce n'est des plaintes
portant sur la facturation parce qu'il n'est pas content du montant de sa
facture. Ce sont les petits commerçants, ce sont ces gens, les
agriculteurs, ceux qui risquent de perdre des revenus. Je suis convaincu que si
on fait le tour, à HydroQuébec, si on va voir ceux qui se
plaignent vraiment quand il y a des coupures et tout ça... C'est
sûr que c'est toujours "tannant" de manquer sa partie de hockey, le
samedi soir, pour un amateur de hockey, si il n'y a pas de courant, mais ce
n'est pas lui qui va porter plainte.
Au fond, on ne veut pas non plus qu'il s'agisse d'un projet de loi
bidon, qui va s'adresser à une clientèle qui est celle qui ne se
plaint pas, ou celle qui a le moins de raisons de se plaindre. Ce n'est pas
évident que c'est cette clientèle qui est la plus
problématique. C'est sûr que ça touche beaucoup de monde,
mais ce ne sont pas nécessairement ceux qui ont le plus à perdre.
Ceux qui ont le plus à perdre, ce sont justement les autres
catégories de personnes qui sont liées à ça, qui
tirent leur revenu, le petit revenu qu'elles peuvent avoir, directement de
l'activité d'Hydro-Québec, et de leur résidence ou de
dépendances connexes à leur résidence. Vous savez, un
manteau de chinchilla aujourd'hui, ça vaut 15 000 $, oui, d'accord,
mais, pour le producteur de chinchilla, il est important que son produit soit
livré à temps, au bon moment.
Le Président (M. Baril): Merci.
M. Claveau: Alors, c'est ça qu'on veut dire, c'est
complémentaire, c'est...
Le Président (M. Baril): D'accord, merci.
M. Claccia: Je pense que...
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
Une voix: Combien de minutes il reste au ministre?
Le Président (M. Baril): Douze minutes.
M. Claccia: Peut-être que le député d'Un-gava
a de bonnes intentions, mais je pense que ses suggestions vont seulement
compliquer le projet de loi et pourraient même causer des .
préjugés et des discriminations. Parce que, si vous parlez du
propriétaire d'un dépanneur qui a son commerce dans la même
maison, qui fait partie de sa maison, d'abord, pourquoi pas le dépanneur
qui a sa maison de l'autre côté de la rue ou le dépanneur
qui loue? Où allez-vous arrêter? Comment allez-vous définir
ça? Et, quand le député d'Ungava parle du
handicapé, bien, le handicapé est couvert à l'article 1,
s'il est dans sa maison, qu'il fasse ce qu'il fait dans sa maison ou dans un
logement... Le peintre dont il parle, bien, quand il peint chez lui, c'est dans
son logement. Il va exposer ailleurs, mais, dans sa maison, s'il a un
problème, il pourra aller à l'ombudsman.
Alors, vous voyez les difficultés que cause le genre
d'amendements que vous apportez. Cela va créer plus de problèmes
que ça va en résoudre. Pourquoi arrêter à trois
personnes? Je vais vous dire que, de la façon dont vous rédigez
votre texte, il y a des entreprises commerciales, qui emploient trois personnes
par jour, qui ont les moyens de se défendre, parce qu'elles
génèrent des revenus. Le principe, c'est que, si vous
générez un revenu dans votre entreprise, bien, il y a des moyens.
Un courtier d'assurances... pensez-vous qu'un courtier d'assurances ouvert tous
les jours, qui a trois employés et fait un chiffre d'affaires de
centaines de milliers de dollars par année, n'a pas, lui, les moyens de
régler un problème d'électricité? Bien voyons! Puis
là, vous allez donner aux courtiers d'assurances un recours à
l'ombudsman et vous ne le donnerez pas au petit dépanneur qui loue un
local ailleurs? Là, on va se faire accuser, nous, de discrimination, et
une fois que vous ouvrez la porte à ça, bien là, on n'en
finit plus. On va rendre l'application de la loi complètement
inefficace.
Je vous le dis, M. le député, commençons par les 2
600 000 clients résidentiels. Les plaintes à Hydro-Québec
viennent de ces clients. Je peux vous assurer que les plaintes viennent de
là. Les 130 000 factures impayées, la plus grande majorité
de ces factures impayées, ce ne sont pas celles des commerces, ce ne
sont pas celles des petites et moyennes entreprises qui sont impayées
à la fin des 120 jours, ce sont celles du résidentiel. C'est lui
qui n'a pas de recours. Il ne génère pas de revenu par son
entreprise. Il ne génère pas de revenu C'est lui qu'il faut
aider. Dès que quelqu'un commence à générer des
revenus, il a les moyens de prendre des mesures,
d'autres recours.
Si ce projet de loi avait été en vigueur depuis un, deux
ou trois ans et qu'on connaisse les balises, on saurait de quelle façon
ça fonctionne. On sait que ça prend douze, quinze et vingt
employés pour répondre aux plaintes des résidentiels. On
peut prolonger. On dit qu'on va ouvrir la porte à certaines petites
entreprises de dépanneurs. Peut-être qu'à ce
moment-là, on pourrait le faire, mais de la façon dont vous
rédigez votre amendement, c'est complètement ambigu. C'est
tellement ambigu que ça ouvre la porte à la discrimination,
ça ouvre la porte à l'incertitude et ça va ouvrir la porte
aux critiques de ceux qui ne sont pas couverts. On va dire: Pourquoi couvres-tu
le gars qui a trois employés et moi, j'en ai quatre? Je fais moins
d'argent que lui. Lui, avec ses trois employés et ce genre de business,
il fait dix fois plus d'argent que mol. Je n'ai pas droit à l'ombudsman
et lui a le droit. C'est beau à voir! Ça veut dire que le gars
n'est pas désavantagé. Si on veut aider les gens qui sont
désavantagés, il faut être un peu cohérent dans
notre discours, M. le Président.
Je pense que mes collègues sont d'accord avec moi. Vous devez
être cohérents. De notre côté, on est
cohérents. On dit que les résidentiels ne génèrent
pas de revenu là-dedans. Les handicapés sont tous couverts. Ne
vous inquiétez pas de ça. Ils ne souffriront pas et ils vont
avoir accès à l'ombudsman, au commissaire aux plaintes. Quant au
reste, quand on parle d'agriculteurs, là, il y a d'autres moyens. Comme
je l'ai mentionné, il y a le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Il y a toutes sortes de programmes. Si
c'est un agriculteur qui a les moyens, qui génère assez de
revenus, il a les moyens de s'adresser à d'autres recours. Il y a l'UPA
qui va le défendre. Il y a le ministère de l'Énergie.
Combien de fois on transige maintenant avec l'Union des producteurs agricoles
pour certains problèmes avec Hydro-Québec! On ne refuse pas et on
va continuer à le faire mais on veut créer - c'est pour ça
que j'ai essayé, au début, d'expliquer le rôle du
commissaire aux plaintes - un poste de commissaire et on veut le mettre en
place. On veut qu'il soit efficace et pour ce faire, on dit que c'est pour le
secteur résidentiel; après ça, on verra si c'est
nécessaire d'étendre ce service. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député de Labelle.
M. Hétu: Je voudrais expliquer au député
d'Ungava...
Le Président (M. Baril): II reste deux minutes.
M. Hétu: Deux minutes, ce ne sera pas long.
Une voix: Donne-m'en une.
M. Hétu: Normalement, quand il parle de
dépanneur... M. le député d'Ungava, j'aimerais que vous
écoutiez un peu, je pense que vous n'avez pas l'air... J'ai
été électricien pendant 35 ans et quand on parle d'un
dépanneur et qu'on parle d'une maison privée, ce n'est plus un
tarif domestique, c'est un tarif commercial parce qu'il y a un compteur
commercial qui est posé à ce moment-là. Le
règlement est fait. Le projet de loi est là pour protéger
la consommation domestique. N'essayez pas de confondre ça parce que
c'est impossible. À ce moment-là, Hydro-Québec pose un
compteur commercial.
Vous disiez tout à l'heure: Le petit dépanneur, il faut le
protéger. Il a un revenu à ce moment-là. C'est pour
ça qu'il est considéré comme commercial. Le gars qui a un
atelier en arrière de chez lui, c'est la même chose. Cela devient
commercial à la minute où il y a de l'installation. Alors, il y a
des fois où il va frauder un peu Hydro-Québec à ce
moment-là parce qu'il a un compteur domestique et HydroQuébec ne
le sait pas. Quand Hydro-Québec s'en aperçoit ou qu'il y a une
plainte, à ce moment-là, il devient commercial. Alors, le but du
projet de loi n'est pas celui-là. Comme électricien pendant 35
ans, je sais le nombre de plaintes domestiques qu'on recevait. C'étaient
toujours des plaintes domestiques, des problèmes dans le secteur
domestique. Au commercial, on n'en avait pratiquement pas parce qu'à ce
moment-là, il y a une loi qui régit ces gens et Us sont
obligés de se soumettre à la Loi sur Hydro-Québec.
Le Président (M. Baril): Merci. M. le député
d'Anjou, vous avez une minute.
M. Larouche: Je souhaiterais, peut-être pour les sessions
subséquentes, que M. le député d'Ungava examine
plutôt la générosité du projet de loi qui a pour
objet de répondre à des demandes de plus de 2 000 000 de
consommateurs, d'une part. D'autre part, lorsqu'il propose un amendement sur
les agriculteurs, par exemple, ça démontre une vision
dépassée qu'il a de l'agriculture. Aujourd'hui, on parle
d"agribusi-ness". Cela peut être des entreprises de dizaines
d'employés. Ce n'est plus le petit agriculteur.
Évidemment, il me reste seulement 32 secondes, je termine pour le
troisième amendement. Quand on dit ..."fins d'exploitation d'une
entreprise de trois employés", M. Francoeur, d'UniMédia,
gérait des actifs de plusieurs centaines de millions de dollars avec
deux employés. Power Corporation fait la même chose avec trois.
Alors le nombre d'employés et le chiffre d'affaires n'ont aucun rapport.
C'est encore une vision dépassée de la réalité de
l'agriculture, de la finance et de la business. Alors je souhaite que demain on
puisse s'ajuster sur l'examen du projet de loi dans toute sa
générosité, celle de
satisfaire aux besoins de plus de 2 000 000 de consommateurs.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
d'Anjou.
Des voix: Vote!
Le Président (M. Baril): II me faudrait un
consentement...
Une voix: Un consentement pour voter...
Le Président (M. Baril): Est-ce que vous voulez voter sur
l'amendement ou remettre... il reste...
Une voix: II ne reste plus de temps, c'est pour cela que
ça prend un consentement.
M. Claveau: J'ai l'impression que tout le monde est prêt
à voter.
Le Président (M. Baril): Est-ce qu'on est prêts
à voter? Il me faut un consentement.
M. Claveau: C'est parce que j'aurais... Il y a le
député qui disait qu'il avait encore quelque chose a dire demain
là-dessus, et le député...
M. Larouche: Si vous avez des choses à ajouter, j'ai
encore des choses à dire.
M. Claveau: J'ai écoulé mon temps, qu'est-ce que
vous voulez?
Le Président (M. Baril): Mais il me faut un consentement
pour voter.
Une voix: Je suis prêt à voter.
Le Président (M. Baril): Est-ce que j'ai le
consentement?
M. Claveau: On va voter ça.
Le Président (M. Baril): Alors, je demande le vote sur
l'amendement de l'article 1 du projet de loi 135. Est-ce que l'amendement est
adopté ou rejeté?
M. Claveau: Non, le vote...
Le Président (M. Baril): Le vote enregistré? Alors,
M. le secrétaire, voulez-vous appeler le vote?
Le Secrétaire: M. Cannon? M. Cannon: Contre.
Une voix: Ah, oui! Le Secrétaire: M. Hétu?
M. Hétu: Contre.
Le Secrétaire: M. Larouche?
M. Larouche: Contre.
Le Secrétaire: M. Maltais?
M. Maltais: Contre.
Le Secrétaire: M. Ciaccia?
M. Ciaccia: Contre.
Le Secrétaire: Qui est-ce qu'il y a d'autre? M.
Gobé?
M. Gobé: Contre.
Le Secrétaire: M. Claveau?
M. Claveau: Pour.
Une voix: Pour.
Des voix: Contre.
M. Claveau: Adopté.
Le Secrétaire: Rejeté.
Le Président (M. Baril): Alors l'amendement est
rejeté.
Le Secrétaire: Un contre six.
Le Président (M. Baril): La commission ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 18 h 2)