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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Bonjour. La commission de l'économie et du travail se
réunit pour procéder à une consultation
générale et à des auditions publiques sur la situation et
les perspectives de l'énergie électrique au Québec.
Ce matin, nous recevons comme premier groupe invité le groupe
représentant Gaz métropolitain. Alors, messieurs, vous avez 20
minutes ferme pour la présentation de votre mémoire. Il y aura
une partie d'échanges par la suite avec les parlementaires.
J'inviterais, dans un premier temps, votre porte-parole à s'identifier,
à présenter ceux qui l'accompagnent et à procéder
à la présentation de votre mémoire. Merci.
Gaz métropolitain
M. Caillé (André): M. le Président, Mme la
ministre, Mmes et MM. les députés, je suis André
Caillé, président et chef de la direction de Gaz
métropolitain. Les personnes qui m'accompagnent sont, à ma
droite, M. Hung Bui-Quang, vice-président président, affaires
corporatives et commerciales de Gaz métropolitain et, à ma
gauche, M. Michel Gourdeau, vice-président, approvisionnement gazier et
ventes grandes entreprises de Gaz métropolitain.
Je tiens tout d'abord à remercier les membres de la commission
d'avoir bien voulu nous entendre quant à la situation et aux
perspectives de l'énergie électrique au Québec. Suite
à une brève présentation de notre compagnie, je me
contenterai ce matin de vous exposer les grandes lignes de notre
mémoire, sans y aller avec une lecture exhaustive dudit
mémoire.
Gaz métropolitain est une entreprise qui évolue depuis 30
ans dans l'industrie du gaz naturel au Québec. Notre principale
activité, c'est la distribution du gaz naturel par la voie de
canalisations souterraines. Cette activité est réglementée
par la Régie du gaz naturel du Québec. Près de 87 % des
volumes de gaz naturel que nous avons vendus en 1989 l'ont été
dans les secteurs commercial et industriel du marché de
l'énergie. Nous sommes présents dans presque toutes les
régions du Québec et nous espérons bientôt pouvoir
étendre notre réseau à d'autres régions qui font
déjà partie de la franchise accordée par le Québec
à Gaz métropolitain, à savoir les régions de
Victoriaville et de la rive sud de Québec.
Nous oeuvrons activement dans le domaine de la recherche, du
développement et de l'assis- tance technologique et nous nous impliquons
également dans la vente et l'entretien d'appareils gaziers ainsi que
dans l'utilisation de cette forme d'énergie, c'est-à-dire le gaz
naturel, comme carburant.
A cet égard, le projet que nous menons actuellement avec la
Société de transport en commun de la Communauté urbaine de
Montréal et les gouvernements du Québec et du Canada est plein de
promesses. Selon nos analyses préliminaires, en plus des avantages
environnementaux qu'il comporte, ce projet, c'est-à-dire la conversion
des autobus urbains au gaz naturel, pourrait générer des
économies d'environ 3000 $ à 4000 $ par année par autobus.
Pour la Communauté urbaine de Montréal, il s'agit
d'économies annuelles, pour l'ensemble de sa flotte de 1700
véhicules, de5 000 000 $à7 000 000 $.
Gaz métropolitain est une entreprise qui emploie 1400
employés répartis dans l'ensemble des régions où
nous sommes présents. Ce sont des employés qui ont appris leur
métier à Gaz métropolitain, c'est-à-dire qu'au
Québec il n'y a pas d'école de gaz naturel comme il peut y avoir
des écoles pour d'autres métiers. Dans le cas de nos
employés, et ce, dans le cas de plusieurs d'entre eux, depuis 25 ou 30
ans, ils ont appris leur métier, j'allais dire dans nos murs, mais plus
exactement sur l'ensemble du territoire, là où se pratique la
distribution du gaz naturel. Ce sont des employés très fiers de
leur métier et de leurs connaissances. Cette fierté,
évidemment, vient du fait qu'ils reconnaissent les services qu'ils
rendent à la société.
J'en viens aux grandes lignes de notre mémoire très
directement et, avec la permission de M. le président, j'aimerais
soumettre ce matin des documents additionnels. Ce sont des documents
très courts qui vont me permettre encore plus rapidement d'illustrer
notre point de vue.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, le
document est donc considéré comme officiellement
déposé. Les trois copies...
M. Caillé: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je vous en prie.
Si vous voulez...
M. Caillé: II y en a trois, M. le Président, si
vous me permettez, d'abord, une liste des implantations industrielles qui ont
fait appel au gaz naturel, ensuite le gaz naturel et l'environnement: les
faits, et un document concernant l'efficacité énergétique.
Alors, j'en viens au point majeur de notre document. Le gaz naturel est un
atout pour le Québec, que ce soit du point de vue
économique ou environnemental. À preuve, les documents que je
viens de déposer concernant les implantations industrielles qui ont
été réalisées au Québec et qui faisaient
appel au gaz naturel. Plusieurs des entreprises dont vous voyez les noms ici
avaient, pour s'implanter au Québec, nécessairement besoin de la
présence du gaz naturel, les Montupet et les Glaverbec ainsi que
certaines autres. Pour d'autres entreprises, la présence du gaz naturel
a facilité leur implantation au Québec. Je pense en particulier
à l'implantation d'alumineries où le gaz naturel est un produit
énergétique de choix dans la préparation des
électrodes qu'on va utiliser par la suite dans les bains
électrolytiques. Le même document vous donne une liste de projets
qui sont en voie d'élaboration et sur lesquels nous travaillons avec des
investisseurs potentiels. On parle à ce moment-là des projets
Magnola, la production de magnésium à partir des résidus
d'amiante, de Norsk Hydro dans ses phases subséquentes et de
différents autres projets, tel que la production de MTBE. Ce sont des
produits qui sont fabriqués par l'industrie pétrochimique. Dans
ces cas-là, vous allez même trouver où la présence
du gaz naturel est complémentaire à celle de
l'électricité. En effet, certains de ces projets ne peuvent se
réaliser que si on utilise à la fois l'électricité
et le gaz naturel, ce qui fait des deux sources des sources
complémentaires contribuant l'une et l'autre au développement
économique du Québec.
Je disais également que la présence du gaz naturel au
Québec a contribué et va continuer à contribuer à
l'amélioration de l'environnement. Nous avons, à Gaz
Métropolitain, établi les faits en faisant une analyse autant de
nos points forts, du point de vue environnemental, que de nos points faibles.
L'essentiel des résultats se résume ainsi.
Le gaz naturel est plus propre et le plus propre des combustibles
faisant partie de la famille des combustibles fossiles. L'utilisation du gaz
naturel par rapport à un produit pétrolier, par exemple, permet
de réduire de 100 % l'émission de particules et, par voie de
conséquence, de 100 % les fumées, ce qui est évidemment la
forme de pollution la plus visible de l'ensemble de la population.
L'utilisation du gaz naturel par rapport, encore une fois, à un produit
pétrolier permet de réduire de 100 % les émissions de SO2,
lesquelles, comme vous le savez, sont en grande partie responsables de la
production des pluies acides. Par ailleurs, au plan de l'émission des
dioxides de carbone, le gaz naturel - et c'est juste de le dire en toute
sincérité - contribue à l'effet de serre. Utiliser du gaz
naturel par rapport à des produits pétroliers, ça permet
toutefois de réduire l'effet de serre. En effet, la contribution
à l'effet de serre du gaz naturel, est de 30 %, comparativement à
70 % pour les produits pétroliers. Je ne vais pas plus loin.
Évidemment, le document que nous vous soumettons parle d'autres
formes de pollution, mais, pour l'essentiel, il faut retenir qu'avec le gaz
naturel il n'y en a plus de fumée et il n'y a pratiquement plus de
pluies acides, il n'y a pas de contribution aux pluies acides. Et il y a une
réduction de 30 % quant à la contribution à l'effet de
serre.
La deuxième conclusion ou point important de notre
mémoire, M. le Président, c'est que Gaz Métropolitain
s'Implique dans le domaine de la recherche et du développement, et ce,
de plus en plus au cours des dernières années. Nous avons
triplé les investissements que nous faisons chaque année dans le
domaine de la recherche et du développement, ceci pour nous assurer que
les recherches qui se conduisent dans le monde concernant les technologies
gazières, lesquelles recherches représentent, incidemment, des
investissements à l'échelle mondiale de 500 000 000 $ à
600 000 000 $ par année, que les bénéfices de ces
recherches soient disponibles à nos clients. La chose n'est pas
automatique. Les technologies existant en Europe ou en Asie ne sont pas
directement transportables dans nos usines, ici au Québec; il faut faire
des adaptations. C'est ce à quoi nous utilisons nos dollars, et les
sommes /investies dans ce domaine s'élèvent cette année
à 3 % du total de nos dépenses d'exploitation.
Nous souhaitons, au cours des années qui viennent, augmenter,
voire même doubler ces montants, dans le contexte où une
opportunité se présente d'implanter au Québec plutôt
qu'ailleurs au Canada un centre de transfert de technologies gazières.
On a déjà une avance. À cause des 3 % de nos
dépenses d'exploitation que nous investissons, nous sommes actuellement,
parmi les distributeurs gaziers canadiens, des leaders en termes de recherche
et de développement. Basé sur ce fait, on a une
opportunité de localiser au Québec un centre de transfert de
technologies gazières, lequel permettra d'importer les technologies
asiatiques, européennes ou américaines sur le marché
québécois. Et ce que l'on vise par là, c'est non seulement
devenir des leaders en technologies gazières, mais également
améliorer l'efficacité énergétique de nos
clients.
À Gaz Métro, nous croyons qu'un client qui utilise mal le
gaz naturel est un client à risques. À l'opposé, un client
qui utilise bien le gaz naturel et qui améliore son efficacité
énergétique est un client qui améliore sa position
concurrentielle dans son marché. Ce qui l'amène
inévitablement à maintenir sa part de marché, voire
même à l'augmenter. Et évidemment, pour Gaz
Métropolitain, ça signifie le maintien de nos ventes, tout au
moins, et qui plus est, possiblement l'opportunité de faire
croître nos ventes, tout en améliorant l'efficacité
énergétique de nos clients. C'est ce que nous recherchons par les
investissements que nous faisons dans le domaine de la recherche et du
développement.
Troisième point important de notre mémoire, ça
concerne la cogénération. D'autres intervenants sont venus devant
cette commission pour en parler, notamment Cascades qui, avec notre aide, a
implanté une usine de cogénération. D'autres intervenants
de l'AQMQ, de même que de l'AIFQ, l'Association des industries
forestières du Québec, sont venus dire qu'il y avait un potentiel
de développement de la cogénération au Québec. Par
ailleurs, ce que j'en conclus à la lecture des débats que vous
avez eus jusqu'ici - ceux que j'ai pu lire - c'est qu'il y a une
inquiétude, une incertitude quant au développement de la
cogénération. Il y a peu de gens qui avancent des chiffres sur
combien il pourrait y en avoir. La raison, évidemment, est liée
au tarif d'achat, par Hydro-Québec, de l'électricité des
cogénérateurs. Les chiffres de Gaz Métropolitain: selon
nos calculs - ça n'engage que nous, c'est selon nos calculs - à
0,045 $ par kilowattheure, les chiffres que l'on entend couramment aujourd'hui
ou approximativement 0,045 $ par kilowattheure, c'est 50 mégawatts de
cogénération qu'il y aurait au Québec. Si le tarif
était de 0,055 $ par kilowattheure, toujours selon nos calculs, c'est
220 mégawatts de cogénération qu'il y aurait au
Québec. Et si par ailleurs le tarif était de 0,075 $ par
kilowattheure, qui est un tarif pratiqué aux États-Unis, c'est
presque la totalité du potentiel de cogénération qui
pourrait être réalisée et, à ce moment-là, il
s'agirait de 740 mégawatts de puissance. Ceci, bien sûr, à
certaines conditions. À condition que les tarifs soient connus, d'une
part, et à la condition qu'il n'y ait pas d'embûches
technologiques qui rendent la chose carrément impossible chez l'un ou
l'autre des cogénérateurs potentiels que nous avons
identifiés. Je ne crois pas qu'il va y avoir beaucoup d'embûches
de cette nature-là. Donc, on peut parler essentiellement d'un potentiel
total de 740 mégawatts avec un tarif d'achat d'électricité
par Hydro-Québec de 0,075 $ par kilowattheure.
Nous ne sommes pas en mesure, nous ne croyons pas être en mesure
de vous dire quel tarif Hydro-Québec devrait pratiquer. Notre
philosophie, chez Gaz Métropolitain, c'est que le marché doit
dicter les choix, et c'est bien sûr que le tarif de
l'électricité doit être relié aux coûts
évités d'Hydro-Québec. Or, ne connaissant pas les
coûts évités d'Hydro-Québec comme
Hydro-Québec peut les connaître, ce que nous pouvons faire pour
vous éclairer le mieux possible dans le dossier de la
cogénération, c'est de vous indiquer, comme je l'ai fait, quel
tarif pour quelle puissance installée.
Quatrième point important sur lequel je voudrais attirer votre
attention, c'est la desserte de la centrale de Tracy au gaz naturel, au sujet
de laquelle j'aimerais préciser certaines choses. Beaucoup a
été dit, également, à l'égard de cette
centrale. Je vais vous dire ce que Gaz Métropolitain peut faire.
Nous pouvons alimenter la centrale de Tracy au gaz naturel pendant 210
jours par année et ce, à un prix compétitif avec les
produits pétroliers. Il y a évidemment des questions
d'échéance. On peut, si une décision est prise avant
octobre 1990, convertir une bouilloire pour l'année 1991. Et les trois
bouilloires restantes, pour quatre au total, on pourrait le faire pour 1992,
dans la mesure où ça nous laisserait 14 mois pour procéder
à des investissements au niveau du transport de gaz dans notre
franchise. On peut faire ça. Quand je dis 210 jours de service de gaz
naturel, c'est 210 jours durant les périodes d'été, ce qui
laisserait pendant les périodes d'hiver l'option d'utiliser les produits
pétroliers, quand même pour seulement cinq mois sur douze, ou
encore d'autres produits, tels que le propane et le butane, dans la. mesure
où ces produits seraient ou pourraient être disponibles au cours
de ces années-là ou plus tard. Ça permettrait, au
même prix, selon nous, de réduire considérablement la
pollution atmosphérique: pendant qu'on utiliserait du gaz à la
centrale, il n'y aurait pas de fumée noire et il n'y aurait pas de
contribution par la voie du SO2 au problème des pluies acides. On
verrait notamment ces améliorations-là, d'un point de vue
environnemental.
Voilà ce que je voulais vous dire, d'une façon la plus
succincte possible pour ne pas prendre du temps dévolu à d'autres
questions. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Nous vous remercions.
Mme la ministre.
Mme Bacon: M. Caillé et messieurs, on vous remercie
d'être ici avec nous pour continuer la discussion que nous avons
entreprise il y a déjà quelques semaines et apporter votre
contribution, un éclairage différent de ce que nous avons eu
déjà.
Avant d'échanger sur le contenu de votre mémoire,
j'aimerais quand même avoir votre point de vue, en tant qu'intervenant
important sur la scène énergétique
québécoise, sur les prévisions de la demande
d'électricité telles qu'établies par Hydro-Québec.
C'est une question que j'ai posée à plusieurs groupes qui sont
venus nous rencontrer.
M. Caillé: Alors, je comprends des chiffres publiés
par Hydro-Québec que l'augmentation du marché existant de
l'énergie au Québec sera de l'ordre de grandeur de 2 % par
année. Les chiffres correspondent à nos chiffres chez Gaz
Métropolitain. Alors, on n'a pas de vue différente quant à
la croissance du marché existant. Là, où il y a des
différences entre nous - et elles sont compréhensibles, nous
opérons dans un marché compétitif - c'est quant à
la part respective de l'électricité et du gaz dans le bilan. Eux,
ils ont tendance à nous voir passer
de 15 % maintenant, je crois, en termes du bilan
énergétique québécois, à 16 %. Nous nous
voyons plutôt passer de 15 % actuellement à 20 %. Là, il y
a une différence, mais quant à la croissance de l'ensemble du
marché de l'énergie, 2 % composés, on a essentiellement
les mêmes chiffres.
Mme Bacon: On a eu différentes interprétations, et
c'est rare qu'on nous dit exactement 2 %. Dans votre mémoire, vous
recommandez la mise en place par \e gouvernement d'une
politique claire afin d'assurer une percée de la
cogênération et par conséquent, je pense, de consolider
aussi la position du gaz naturel dans le bilan énergétique du
Québec. Selon Gaz Métropolitain, à quoi devrait
correspondre une telle politique gouvernementale et quelles sont les conditions
qui permettraient la production par cogénération? Allons-y pour
100 mégawatts d'électricité, 200 mégawatts, 300
mégawatts. Et quelle pourrait être la contribution de Gaz
Métropolitain pour promouvoir et aussi favoriser le développement
du potentiel de cogénération au Québec?
M. Caillé: Alors, l'émergence de la
cogénération d'une façon sensible est conditionnelle
à des tarifs adéquats quant au rachat de
l'électricité par Hydro-Québec. C'est le premier facteur.
Je pense que si l'on peut amener la publication de tarifs égaux pour
tous, cela faciliterait les choses, parce qu'il y a plusieurs
cogénérateurs potentiels actuellement qui attendent de savoir. Et
pendant qu'on attend de savoir, effectivement, on n'est pas actif à
développer. On attend pour savoir. S'il y avait un tarif qui
était publié... Incidemment, je verrais mal pourquoi ce tarif
serait plus élevé que les coûts évités
d'Hydro-Québec parce que, quant à moi, en affaires, on doit faire
en sorte que ces coûts de revient soient les plus bas possible. Ce qu'il
s'agit de faire, je pense, c'est d'amener la publication d'un tarif connu et
qui corresponde au coût évité. Mais il faudrait
également tenir compte, au niveau de l'établissement de ce tarif,
des revenus évités qu'on pourrait engendrer si ce tarif
était trop bas.
Je m'explique. Si on peut augmenter les exportations
d'électricité vers les États-Unis et si la production
d'électricité par la voie de cogénération peut
être faite à un prix moindre, on a tout intérêt
à développer au maximum la cogénération et à
réaliser les bénéfices avec la vente de l'énergie
ainsi produite aux États-Unis. D'ailleurs, le même commentaire
devrait s'appliquer à la centrale de Tracy. Si on peut opérer la
centrale de Tracy sur une base de coût de revient qui nous laisse un
bénéfice lorsque cette électricité est
exportée aux États-Unis, en affaires, normalement, la
décision est oui. Il faut tenir compte, donc, à la fois d'un
tarif qui permet d'atteindre un certain niveau et du coût
évité et, d'autre part, il faut tenir compte des revenus qui
pourraient être évités quand on ne le fait pas. Ce sont les
deux facteurs les plus importants.
Qu'est-ce que Gaz Métropolitain est prête à mettre
en place? Notre rôle vis-à-vis des cogénérateurs est
d'être en mesure de passer à des appels d'offres auprès des
producteurs albertains et d'obtenir le transport nécessaire de l'Alberta
jusque chez le cogénérateur. On a besoin, en
général, de deux ans pour accroître nos capacités.
C'est le temps qu'il faut mettre pour construire la capacité
additionnelle sur les réseaux de collecte du gaz naturel dans l'Ouest
canadien de même que le transport du gaz naturel de l'Ouest canadien vers
le Québec. On est disposé également... on a une
équipe de spécialistes pour assister les
cogénérateurs. On s'est fait en quelque sorte la main, si je puis
dire, au phénomène de la cogénération, ne voyant
pas comment, au Québec, on ne pourrait pas connaître les
développements à l'égard de cette technologie qui se volt
maintenant couramment aux États-Unis et en Europe.
Mme Bacon: Dans votre mémoire, vous abordez aussi le
développement des technologies dépolluantes. Entre autres, vous
abordez la valorisation des déchets urbains, le traitement des
déchets biomédicaux, du lisier, des rejets industriels. Est-ce
que vous pourriez préciser le rôle que peut jouer le gaz naturel
dans l'implantation de nouvelles technologies et aussi, peut-être, les
avantages que ça comporte sur le plan environnemental?
M. Caillé: La mission de Gaz Métropolitain, je l'ai
dit plus tôt, c'est de distribuer du gaz naturel par voie de
canalisation. C'est la mission principale. Nous sommes également
engagés dans plusieurs activités commerciales qui sont
complémentaires avec cette mission principale. Ainsi, on
s'intéresse à la production des biogaz produits à partir
des déchets, notamment à la carrière Miron. Pas plus tard
que cette semaine, nous avons fait une proposition à la ville de
Montréal pour utiliser les biogaz produits par la carrière Miron,
les utiliser dans une bouilloire permettant de produire de la vapeur, laquelle
actionnerait une turbine produisant de l'électricité. Notre
proposition, je pense, cette semaine ou la semaine prochaine - elle est
déjà déposée à la ville - devrait être
au comité exécutif de la ville de Montréal. La même
turbine, évidemment, parce que la production du biogaz peut fluctuer,
pourra être alimentée avec du gaz naturel provenant de l'Ouest
canadien, au cas où la production de biogaz diminuerait. (10 h 30)
Oui, nous sommes intéressés au développement de
telles affaires, de la même façon, considérant le
développement technologique qui se produit actuellement en Europe, au
niveau du lisier de porc ou du traitement des déchets
biomédicaux, etc.
On avait pris - peut-être qu'on a un bénéfice
additionnel - une attitude que nous avions adoptée en 1985. On a fait
des ententes sur la recherche et le développement, la technologie avec
le Japon, avec la France, avec l'Angleterre et avec les États-Unis.
L'objectif initial était de s'assurer que les meilleures technologies au
monde pour l'utilisation du gaz naturel soient amenées sur le
marché québécois, au bénéfice de nos
clients, parce qu'on pense qu'on rend ainsi le gaz plus compétitif.
Ce faisant, dans toutes ces démarches-là, on a
découvert qu'il y avait d'autres technologies aussi qui pourraient
être d'intérêt et, avec le développement des
préoccupations concernant l'environnement, c'est ainsi qu'on sait
maintenant qu'il existe des technologies pour traiter les déchets
biomédicaux, d'autres types de déchets, de même que le
lisier, qui existent et qui sont en opération ailleurs dans le monde.
Pour nous, ça apparaît comme une opportunité d'affaire
potentielle. Je ne peux pas dire qu'on n'a aucun projet précis
actuellement, Mme la ministre, à part le projet de la carrière
Miron, mais si les choses évoluent dans un sens positif,
c'est-à-dire s'il y a moyen, avec ces procédés, de faire
des produits, de recycler des produits, les rendre utiles, et ceci, sur une
base économique et rentable, et sans subvention gouvernementale
évidemment, nous pourrions être des investisseurs dans ce genre de
projet.
Mme Bacon: Vous nous parlez de la création d'un centre de
transfert de technologies gazières, est-ce qu'il y aurait de la
recherche fondamentale qui serait réalisée dans ce
centre-là ou s'il n'y aurait exclusivement que des transferts
technologiques? Est-ce qu'il y a un pourcentage qu'on peut dire des travaux que
vous y feriez et qui consisteraient en de la recherche fondamentale ou, tout
simplement, ce ne sont que des transferts?
M. Caillé: L'ensemble de notre programme de recherche et
de développement concerne également les universités, les
centres de recherche industrielle existants de même que l'implantation
d'un tel centre. Tous ces éléments-là m'apparaissent...
Les laboratoires existants au Québec m'apparaissent comme autant de
moyens qu'il faut mieux utiliser.
Nous pensons, à Gaz Métropolitain, que nos dollars seront
mieux investis s'ils sont investis plus proche de la matière grise et
non pas proche du béton, c'est-à-dire construction de nouveaux
centres, etc.
Il y aura une partie, et c'est déjà le cas... Nous avons
actuellement des ententes sur la recherche avec l'Université du
Québec à Trois-Rivières concernant les technologies
gazières reliées aux usines de pâtes et papiers, avec
Montréal Polytechnique sur le gaz naturel dans les brûleurs, etc,
les technologies reliées à la chauffe et, avec Concordia, sur le
bâtiment et, dernièrement, avec l'Université Laval sur des
questions plus d'approche commerciale, tarification, évolution
économique de chacun de nos secteurs de clientèle. C'est à
l'intérieur d'un ensemble de tout ça qu'on veut développer
un programme de collaboration. C'est à cet effet que nous avions une
table ronde de discussion, il y a quelques mois, pour concerter l'ensemble des
intervenants possiblement intéressés.
Je disais que, quant à nous, il faut augmenter, je crois, la
proportion de nos dépenses d'exploitation consacrées à la
recherche et au développement au rythme des projets intéressants
conduisant à des changements réels, des améliorations
d'efficacité, des ouvertures sur des marchés pour des
manufacturiers québécois. Vous êtes peut-être au
courant de l'annonce faite la semaine dernière ou il y a plus de
quelques semaines par Flex-Pression qui, grâce à notre programme
de recherche et développement, investit 3 000 000 $, je crois, à
Montréal dans la fabrication de tuyauterie flexible pour distribution du
gaz naturel, et tout ceci, pour desservir un marché de 60 000 000 $
à l'échelle canadienne. C'est une préoccupation
également que nous avons.
Mme Bacon: Mais, au niveau des technologies dépoliuantes
qui pourraient justement, comme je le mentionnais tantôt, servir à
la valorisation de différentes sortes de déchets, est-ce qu'on a
une idée, chez vous, du potentiel existant?
M. Caillé: Le potentiel exact, Mme la ministre, je ne
crois pas, parce que si je m'en réfère à la façon
dont notre dossier évolue, je ne savais pas, moi, par exemple, il y a
encore quelques mois, que possiblement il y avait des applications du gaz
naturel dans le traitement du lisier de porc. Je ne peux pas dire que les
exemples que je présente ce matin sont exclusifs. Il peut très
bien y avoir d'autres applications.
Mme Bacon: II y a des représentants des groupes de
protection de l'environnement qui sont venus: il y a l'Union
québécoise pour la conservation de la nature, le Groupe de
recherche appliquée en macro-écologie. Ils ont soutenu devant
notre commission que le gaz naturel contribuait plus fortement à l'effet
de serre qui est maintenant reconnu, en raison, principalement, du
méthane qu'il contient.
Est-ce que vous pouvez nous indiquer à quel moment il peut y
avoir un dégagement de méthane dans l'atmosphère? Comment
s'opèrent les transformations à l'occasion de la combustion du
gaz naturel?
M. Caillé: D'accord. Le premier point, Mme la ministre,
c'est un point très technique. Quand
une molécule de CO2 s'élève dans
l'atmosphère, elle va aller contribuer à l'effet de serre. Quand
une molécule de méthane va faire le môme cheminement,
s'élever vers l'atmosphère, cette dernière - et il est
vrai de le dire - aura une contribution à l'effet de serre 30 fois plus
grand. Donc, le méthane, molécule pour molécule, 30 fois
plus d'effet pour le méthane que pour le CO2. Par ailleurs, il faut
regarder les quantités. Les quantités de CO2 émises, parce
qu'on utilise dans nos sociétés des combustibles fossiles, sont
énormes comparativement aux quantités de méthane qui
peuvent s'échapper.
Deuxième point. Le méthane en question, il provient...
à 98 % attribuable à des activités naturelles, les
marécages, entre autres, et ce sont des endroits où on va
retrouver des émanations de méthane. Même à
Montréal, sur le territoire desservi par Gaz Métro, il y a des
endroits où on a enfoui jadis des déchets qui sont des endroits
où on va retrouver aujourd'hui des émanations de méthane.
On est amené à connaître ça parce que,
évidemment, on surveille pour des raisons de sécurité
l'ensemble du territoire. On trouve de ces endroits et il n'y a pas de
conduites de gaz. Alors, on se dit: Le méthane vient d'où? On
trouve généralement que c'est un endroit où on a enfoui
des déchets.
Alors, 98 % viennent d'activités, donc, naturelles; marais,
rizières, etc. Dans le monde, de 0,5 % à 2 % des
émanations de méthane proviennent de la production et de la
distribution du gaz naturel. Tout ça, c'est dans la proportion de
méthane. Quant à nous, à Gaz Métropolitain, le
chiffre, c'est 0,02 % de nos ventes qui peuvent s'échapper dans
l'atmosphère. 0,02 % de 1 %. C'est vraiment négligeable quant
à la contribution à l'effet de serre, mais les
environ-nementalistes ont raison de vous dire que, molécule pour
molécule, c'est 30 fois plus le méthane.
Mme Bacon: Si on revient à la cogénéra-tion,
ça nous apparaît comme un secteur prometteur qui permettrait, je
pense, selon vous, de consolider la position du gaz naturel au Québec.
Gaz Métropolitain identifie un potentiel assez fort dans l'industrie des
pâtes et papiers, on en a parlé tantôt, et vous soutenez
aussi que votre réseau possède une capacité
résiduelle appréciable. Est-ce que vous avez déjà
procédé à une évaluation du degré de
sous-utilisation du réseau? Et dans quelle proportion cette
capacité résiduelle du réseau actuel pourrait satisfaire
à une éventuelle demande de gaz naturel pour fins de
cogénération?
M. Caillé: Oui, on a procédé, madame,
à de telles études. Nos ventes actuelles s'élèvent
à 183 000 000 000 de pieds cubes de gaz naturel par année. Enfin,
ce sont les ventes de 1989. On peut facilement ajouter 100 000 000 000 de pieds
cubes de gaz naturel, sur une base annuelle, de plus sans investissement
majeur. Cela s'explique par le fait que le réseau de gaz naturel au
Québec s'est développé à partir du début des
années quatre-vingt et, quand on développe une infrastructure
d'une telle importance en termes d'investissements, évidemment, on ne le
fait pas simplement pour les cinq prochaines années, on le fait pour une
longue période d'années.
Ce qui fait qu'actuellement, le réseau de gaz naturel au
Québec est sous-utilisé par rapport à sa
capacité.
Mme Bacon: À plusieurs reprises, au cours de ces
audiences, il y a des intervenants qui ont soulevé la
nécessité d'un rapprochement entre Gaz Métropolitain et
Hydro-Québec. Us ont même mentionné aussi la
possibilité de fusionner certaines activités. Comment
réagissez-vous à ces propositions-là?
M. Caillé: Nous, on pense que l'harmonisation, la grande
question de l'harmonisation entre la présence des différentes
sources d'énergie au Québec se fait le mieux lorsqu'elle est
faite par les forces du marché. Nous, on ne croit pas qu'on va vendre de
l'énergie, du gaz naturel utilisé dans des technologies
désuètes, non efficaces, ou qu'on va vendre du gaz naturel
à un prix plus élevé que la concurrence. Alors,
inévitablement, les efforts des uns et des autres conduisent à
des choix, et les choix sont ceux faits par les clients. Ce qui ne signifie
pas, selon moi, qu'on ne peut pas travailler avec HydroQuébec comme on
le fait d'ailleurs avec des pétrolières. Nous sommes, Gaz
Métropolitain, des fournisseurs d'énergie de Petro-Canada et de
Shell, à Montréal, dans l'opération des raffineries. Avec
eux, nous avons une relation commerciale. Nous leur vendons du gaz naturel,
dans la mesure où notre prix est compétitif avec d'autres
possibilités qu'ils ont. De la même façon, nous sommes tout
à fait disposés à agir avec HydroQuébec. Fournir de
l'énergie à Tracy pour usage par Hydro-Québec pour
produire de l'électricité, je pense que ça ne peut pas
être envisagé par nous, compte tenu de notre orientation,
autrement que sur une base compétitive. On est tout à fait
disposés à traiter commercialement avec Hydro-Québec,
comme nous le faisons avec d'autres intervenants fournisseurs
d'énergie.
Mme Bacon: M. Caillé, est-ce que vous trouvez qu'il y a
dédoublement entre le gaz naturel ou l'électricité, ou si
chacun a un rôle complémentaire à jouer?
M. Caillé: Essentiellement, je pense que chacun a un
rôle complémentaire. Et la présence des deux sources
d'énergie dans notre économie fait en sorte que les gens sont
placés face à face - il y a une troisième partie,
évidemment, les pétrolières - et que chacun doit faire du
mieux qu'il peut et pousser à faire du mieux qu'il
peut, en termes de prix, de qualité de services et
d'environnement - on en a parlé quelque peu -et ça, ça
donne le meilleur résultat possible. Les décisions de
s'améliorer se prennent, à ce moment-là, quotidiennement.
Je vais vous donner un exemple de cela. Pour Gaz Métropolitain, quant
à la distribution du gaz naturel au secteur résidentiel, il nous
est apparu que nos tarifs devraient être supérieurs à ceux
d'Hydro-Québec pour que la chose soit opportune pour nous. Alors, nous
nous sommes dit: Est-ce qu'on va abandonner le marché du
résidentiel? Pour l'instant, force est de constater que, si nous donnons
au marché le signal des vrais prix, Hydro-Québec vendra plus que
nous. C'est d'ailleurs ce qui s'est produit au cours des dernières
années. Mais ça ne nous a pas ralentis pour autant, ni
amenés à dire: On va abandonner pour toujours le secteur
résidentiel. Ce que ça nous a amenés à faire, c'est
d'aller faire la recherche et le développement requis pour
réduire nos coûts, pour qu'éventuellement on soit
compétitifs dans ce segment de marché comme dans d'autres. Tout
ça, dans un sens, est très complémentaire; il n'est pas
complémentaire comme... Je ne pense pas qu'on puisse utiliser des mots
comme "concerté", etc., mais "complémentaire", oui. Tout
ça est complémentaire. Tout ça fait en sorte que la
clientèle a le meilleur prix et la meilleure qualité de service
possible.
Mme Bacon: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Alors, il me fait
plaisir de vous souhaiter la bienvenue pour que vous alimentiez de votre
réflexion les travaux de la commission.
Mme la ministre a ouvert, tout à l'heure, sur la question des
résidus de combustion du gaz naturel. Vous nous avez parlé du
méthane. Je conviens avec vous que, lorsque l'on parle de chiffres en
pourcentage, ça ne fait pas des gros montants. Vous nous dites que c'est
0, 2 % des résidus qui s'en vont en méthane, sauf que ça
finit toujours par en faire, ça s'accumule pareil tout le temps.
D'abord, première question: Ce méthane-là, où s'en
va-t-il? Je veux dire qu'une fois qu'il est rendu dans l'espace, est-ce qu'il
se recycle dans autre chose, ou s'il reste la éternellement?
Deuxièmement, est-ce qu'il est vrai de dire... Est-ce que vous calculez
aussi le méthane sur la même base de volume, ce qui ferait qu'une
émanation de l'ordre de 360 000 000 de pieds cubes de méthane
s'en irait année par année dans l'espace, avec une utilisation
globale de 183 000 000 000 de pieds cubes? (10 h 45)
M. Caillé: Oui. À la première partie de
votre question: Où va le méthane, pour qu'il contribue à
l'effet de serre, il faut qu'il s'élève dans l'atmosphère
et se retrouve à un certain niveau dans l'atmosphère, que ma
mémoire ne me permet pas de vous établir. Mais c'est là
qu'il se retrouve, de la même façon, parce que le méthane
est plus léger que l'air, alors il a tendance à s'élever
dans l'atmosphère, de la même façon que le CO2.
Molécule pour molécule, le méthane a une contribution 30
fois plus grande que celle du CO2. Il faut bien comprendre qu'à partir
du moment où l'on perd 0, 02 % de méthane, ça fait une
molécule de méthane. De l'autre côté, à
chaque fois qu'on brûle une molécule de méthane, on produit
un CO2. Là, l'équation est un à un. D'accord? SI vous
regardez l'ensemble de nos volumes, faites les chiffres. Je n'ai jamais fait
les chiffres comme tel. Vous allez constater que c'est 100 % de chacun des
carbones que nous distribuons qui se transforment en CO2 et qui
s'élèvent dans l'atmosphère. Dans le cas du
méthane, c'est 0, 02 % des carbones qui circulent dans la tuyauterie,
qui s'élève dans l'atmosphère. Un a 30 fois plus d'effet.
Je n'ai pas fait les calculs, mais la conclusion m'apparaît assez
évidente que le méthane n'a pas de contribution significative.
Parce que l'idée ici, pour nous, c'est de livrer le méthane
à notre client et non pas de réchapper dans
l'atmosphère.
M. Claveau: Sauf que c'est une pollution. C'est comme les CFC, la
petite bombonne, "pchit", "pchit", "pchit", sur le coup la contribution est
plutôt faible, mais une fois qu'on a fini des les accumuler partout
à travers la planète, ça finit par faire quelque chose qui
commence à être impressionnant. Il n'y a jamais personne qui
aurait pu penser, au moment où on a mis les CFC sur les marchés,
qu'un jour ça détruirait les couches d'ozone à force d'en
envoyer par petits coups de petits "pchit" d'une once ou deux. Mais on en est
rendus là. Vous nous dites donc que l'accumulation de tous les
résidus du gaz naturel s'en vont dans l'espace et restent là. Ils
s'accumulent continuellement, année après année,
décennie après décennie.
M. Caillé: On va reprendre à partir du moment
où c'est rendu dans l'atmosphère, si vous me permettez. Le CO2
s'ajoute au CO2 contenu dans l'atmosphère terrestre depuis toujours. Le
méthane, à moins que je ne m'abuse, je vais demander à ce
qu'on vérifie... Si le méthane en haute atmosphère, par
effet photochimique, peut s'oxyder également, devenant ainsi CO2
lui-même. C'est quelque chose à vérifier. Pour un chimiste,
ça dépend des vitesses de réaction et des
possibilités de réaction, des quantités d'énergie
en place. Je connais les facteurs dont ça dépend, mais je ne
connais pas la vitesse de laréaction. Tout ce CO2 s'ajoute au
CO2 présent dans l'amosphère terrestre. Le CO2 fait partie d'un
cycle CO2, carbonate, roche, les roches dans le fond de l'océan, etc.,
qui est le cycle naturel
dans lequel l'humanité de tout temps a vécu. Quand il y a
plus de C02, il peut y avoir effet de serre, mais pour avoir du CO2 dans
l'atmosphère, il y en a toujours eu, c'est la raison pour laquelle il y
a des plantes. Elles fixent le CO2, justement. C'est l'équilibre qu'on
cherche. La question des compositions chimiques de l'atmosphère est un
équilibre dynamique. Ce ne sont pas des choses qui sont stables et qu'on
ajoute. On en ajoute et ça continue à circuler, ça
dépend des vitesses. On vit dans cet état de stabilité
dynamique, si je puis dire. Là, il faut voir, si on veut voir l'impact,
à quel degré les quantités varient.
M. Claveau: Je comprends ce que vous me dites là, il y en
a toujours eu. Mais c'est un petit peu comme l'eau de mer. L'eau de mer a
toujours été salée, mais de là à en faire de
la saumure, c'est autre chose. Il y a une question de niveau acceptable. Dans
le fond, s'il n'y avait personne qui en avait envoyé plus que ce que la
nature est capable d'absorber, au moment où on se parle, on n'aurait pas
le problème. On arrive à un moment aussi où plus on
approche du point de rupture, plus une petite quantité a une
signification énorme. C'est à peu près toujours la
même chose, dans le fond. Jusqu'à quel point le fait d'augmenter
la combustion de gaz naturel... On dit: Oui, ça pollue peut-être
moins au départ, c'est peut-être moins évident. Ça
sent moins, ça se voit moins, mais en bout de piste, est-ce que la
théorie du moindre mal n'est pas un peu dépassée dans la
mesure où on arrive au point de saturation?
M. Caillé: Je voudrais rappeler immédiatement aux
membres de cette commission un point important que je n'expliquais pas
tantôt. C'est que, du méthane émis dans
l'atmosphère, 98 % de ce méthane proviennent des sources
naturelles. Nous, à Gaz Métropolitain, c'est 0,02 % de nos
volumes annuels. Au point de départ, indépendamment de l'effet du
méthane sur l'effet de serre, il faut dire que 98 % de l'effet provient
des marécages, des rivières, des rizières, etc. Alors,
nous c'est 0,02 %. Je pense que l'effet, la contribution, finalement, est
insignifiante, surtout quand on compare. Et c'est là que l'enjeu est
véritablement, dans la mesure où le problème de l'effet de
serre est Important et qu'il peut être vérifié, quand on
compare ça avec la combustion des produits fossiles où chaque
CO2, chaque molécule, chaque carbone se transforme en CO2, c'est bien
évident que l'effet ici est des milliers et des milliers de fois, pour
autant qu'il y en ait, un plus grand que du côté du
méthane.
M. Claveau: Qu'est-ce qui se passe avec les surplus de
production? Les puits de gaz naturel ont des capacités, en fonction...
Il y a sûrement des surplus ou des résidus qui restent en fonction
de la capacité du marché d'écouler immé- diatement
la production. Est-il vrai que les compagnies sont obligées d'en
brûler souvent des quantités importantes?
M. Caillé: Essentiellement, il reste dans le sous-sol.
L'intérêt n'est pas de le brûler. On peut fermer un puits et
il va produire seulement si on l'ouvre. On le laisse dans le sous-sol où
il se trouve. Il est stocké dans le sous-sol par la mère nature.
Alors les gens le laissent là et le sortent quand ils en ont besoin,
quand il y a une demande sur le marché. On le produit en fonction de la
demande du marché. Il n'y a pas production constante qu'on écoule
ou qu'on n'écoule pas. Et la partie qu'on n'écoule pas, on la
brûlerait. Il n'y a pas de phénomène comme ça qui
existe.
M. Claveau: Alors il n'y a pas de sous-produit...
M. Caillé: Non, il ne peut pas y avoir surproduction.
M. Claveau: ...il n'y a rien qui est détruit au moment de
l'extraction?
M. Caillé: Non, ça serait contraire à
l'intérêt de l'industrie, une telle situation. On va plutôt
fermer le robinet pour laisser le gaz dans le sous-sol et le produire au moment
où le marché existe.
M. Claveau: On est là pour s'instruire, voyez-vous.
J'avais entendu dire qu'il pouvait y avoir des produits qui étaient
détruits au moment de l'extraction.
Pour en revenir un petit peu plus à votre question de
développement comme tel, vous nous avez parlé d'un certain nombre
de choses, en supposant que ce n'est pas trop polluant, que c'est acceptable
comme polluant. Je vois dans la liste de tous vos clients qu'il y a beaucoup de
centres hospitaliers et de trucs semblables. Par contre, il y a très peu
d'autres institutions gouvernementales, genre écoles, polyvalentes,
édifices administratifs, etc. Est-ce qu'il y a une politique
spécifique du ministère de la Santé et des Services
sociaux en ce qui concerne les approvisionnements en gaz naturel pour les
hôpitaux, les cliniques, centres d'accueil, etc. et que cette même
politique-là n'existerait pas pour les autres ou serait du moins
très peu appliquée pour les autres secteurs de l'administration
publique?
M. Caillé: Je pense que c'est notre liste ici qui est
fautive, possiblement, et qui vous donne une mauvaise impression. Il y a
beaucoup d'écoles, d'établissements scolaires qui utilisent le
gaz naturel au Québec.
M. Claveau: Mais dans la liste que vous
nous avez donnée, il y en a quelques-uns.
M. Caillé: II y en a peut-être moins. Oui, c'est
notre liste qui vous a induit en erreur, ici. Elle est probablement
incomplète. Moi, à ma connaissance, on n'a pas plus de
difficulté à vendre du gaz naturel à des
établissements scolaires dans le domaine de l'éducation
qu'à des établissements hospitaliers. Notre problématique
est toujours la même. Il faut rencontrer et battre le prix de la
compétition et if faut moderniser l'équipement pour rendre cet
équipement plus efficace. Parce que pour le client c'est sa facture
annuelle qui compte. Or, il faut autant travailler pour l'amélioration
de l'efficacité des équipements, les équipements les plus
performants au monde, que sur le prix de notre produit. Les administrateurs de
ces établissements-là, à ma connaissance - et j'en ai
rencontré plusieurs depuis huit années à Gaz
Métropolitain - font leur choix essentiellement comme des hommes
d'affaires. Il choisissent le meilleur prix avec la qualité du service
qui est adéquate.
M. Claveau: D'une façon structurelle à travers le
Québec, je regarde le nombre de clients que vous avez par volume
disponible. À première vue, en tout cas, il y a des
régions où ça a l'air, disons, très peu
utilisé ou, du moins, où vos systèmes sont sous
utilisés. Est-ce que c'est une différence du système de
réseau, quoi, ou si, vraiment, vous pourriez utiliser passablement plus
votre réseau dans certaines régions?
M. Caillé: II est vrai que la situation est que nos
réseaux ne sont pas également utilisés dans toutes les
régions; évidemment, ça se présente plus
fréquemment lorsqu'il s'agit de réseaux qui ont été
implantés, les plus récents par rapport à ceux qui sont
là depuis plus d'année. Moi, je reste convaincu et confortable
quant à cette situation-là dans le sens que je sais que c'est
avec les années qu'un tel réseau, on peut l'amener à 100 %
de son utilisation possible. Ce sont des efforts qu'on fait chaque jour pour
arriver à cette situation-là. Selon les chiffres dont on
discutait tantôt, quand on augmente les ventes à Gaz
Métropolitain, sans croissance de coût d'exploitation, c'est ce
qui va nous permettre de rejoindre, voire même, je l'espère,
dépasser des tarifs en Ontario. C'est une question très
importante pour nous. Une meilleure utilisation du réseau, une
croissance des ventes de l'ordre de 100 000 000 000 de pieds cubes par
année, d'ici 1995-1996, vont amener les tarifs de Gaz
Métropolitain à être compétitifs avec ceux des
distributeurs ontariens, lesquels, je vous rappellerais, ont
bénéficié de la présence de la ligne Borden
à l'époque pour développer des réseaux gaziers, il
y a plusieurs années, à des coûts beaucoup moindres,
lesquels se trouvent considérablement amortis aujourd'hui parce que,
simplement, ils sont plus vieux. Or, nous avons à compétitionner
sérieusement avec cette situation d'écart de prix entre l'Ontario
et le Québec parce que, pour nous, pour avoir un client du gaz, il faut
que ce soit une implantation industrielle au Québec et non pas une
implantation industrielle en Ontario. Alors, on a tout à fait
intérêt à réduire les écarts dont vous
parlez, entre la capacité des réseaux et l'utilisation actuelle,
le plus rapidement possible. C'est ça qui va nous ramener à avoir
de meilleurs tarifs finalement qu'en Ontario, pour le gaz naturel,
j'entends.
M. Claveau: II y a des gens qui sont venus nous dire ici que si
on allait du côté du chauffage résidentiel vers le gaz
naturel plutôt que vers l'électricité, ça pourrait
coûter jusqu'à 10 fois moins cher globalement, pour certains
clients, de s'approvisionner, dans le résidentiel, au gaz naturel
plutôt qu'à l'électricité. On sait que Gaz
Métropolitain ne semble pas particulièrement
intéressé par le résidentiel et on voit que ça
représente 11,4 % de vos approvisionnements et de vos ventes. Alors, ce
n'est pas énorme. Est-ce que vous pensez qu'il serait socialement
rentable, intéressant, de développer des politiques d'approche
pour qu'on puisse introduire d'une façon plus massive, dans des secteurs
à haute densité de population, ou d'autres, mais peut-être
particulièrement dans ceux-là, les chauffages résidentiels
au gaz naturel?
M. Caillé: D'accord. Quand le prix du gaz naturel versus
le prix des formes d'énergie compétitives dans le secteur
résidentiel - un tableau ici qui date de janvier 1990, c'est un mois de
l'année évidemment où les consommateurs
résidentiels consomment plus d'énergie qu'en plein
été - le gaz naturel n'avait pas un avantage de 10 fois moins
cher, hélas! Les gens sont gentils de nous trouver aussi bons, mais il
n'y avait pas un avantage 10 fois moins cher pour le gaz naturel au secteur
résidentiel versus le mazout ou l'électricité. Il est vrai
de dire, par ailleurs, que le gaz naturel était moins cher en janvier
dernier que le mazout, par exemple, pour chauffer une maison. Les chiffres que
j'ai ici, c'est 1157 $ pour le gaz naturel et 1245 $ pour le mazout et 1363 $
pour l'électricité, pour un consommateur résidentiel
typique. Il n'y a pas tellement de différence, il y a un avantage pour
le gaz naturel. (11 heures)
Par ailleurs, si on allait développer, compte tenu des
technologies que nous avons et de leur coût, notre réseau pour
desservir plus de gaz naturel au marché résidentiel, il
arriverait que les tarifs de Gaz métropolitain dans leur ensemble
augmenteraient d'une année sur l'autre. Pourquoi? Parce que, avec les
tarifs comme ceux-là, il nous faut avoir l'humilité de constater
et de vous dire que ça ne nous fait pas une situation où il y a
un bénéfice qui peut être tiré
de cela, au contraire, ça fait une situation où les tarifs
aux clients commerciaux et industriels augmenteront encore plus, en creusant
encore l'écart entre le Québec et l'Ontario, ce que nous ne
voulons pas. Nous, on a une politique de développement de marché
qui dit: On va faire tous les projets qui ont un impact à la baisse sur
les tarifs. C'est nécessaire, je crois, pour combler l'écart avec
l'Ontario. Et nous ne ferons pas les projets de développement qui ont un
impact à la hausse parce que cet écart irait grandissant et que
ça nous expose à perdre des implantations industrielles au
Québec par rapport à l'Ontario.
Bon, ceci étant dit, ça ne nous amène pas à
renoncer, M. le député, mais plutôt à travailler
à réduire nos coûts. Maintenant, le débat,
évidemment, est plus large que ça. Les considérants
alentour de cette situation comprennent également l'interfinancement des
différentes classes de tarif, qui est chose commune en Amérique
du Nord. C'est très, très répandu l'idée de grilles
de tarification qui font en sorte que les grands clients supportent les
coûts de revient des petits. Alors, si ça c'était
éliminé, ça changerait, mais quant à moi, je ne
suis pas en train de vous suggérer de le faire et certainement pas de le
faire d'une façon rapide, parce qu'il faut considérer les
situations économiques présentes et les augmentations trop
grandes de tarif. Il y a une limite. Il faut y aller, je crois, vers
l'élimi-nation de l'interfinancement, mais il faut tenir compte aussi de
la situation sociale où on ne peut changer les prix d'un facteur de 20 %
et de 30 % par année, ce ne serait pas possible.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, il y a trois sortes de
joueurs en matière énergétique. Il y a le gaz naturel,
l'électricité et les pétrolières. Ce que je trouve
particulier c'est que ces trois variantes, trois sortes de couleurs
d'activités dans le sens qu'il y a la société
d'État, Hydro-Québec, dont le principal problème, je
pense, est que le gouvernement fait à peu près tout ce qu'ils
demandent, tout le temps. C'est une opinion que j'ai qui n'est pas
partagée de l'autre côté de la table. Il y a votre secteur
qui, d'une certaine façon est plus réglementé
qu'Hydro-Québec parce que vous allez à la Régie des
services publics pour justifier vos projets, vos tarifs, etc. Il y a une
certaine réglementation. Et il y a les pétrolières
où la concurrence est, disons pour employer un euphémisme, moins
vive à Montréal qu'à Toronto. Et quand on regarde
l'essence aux voitures particulières là, on paie pas mal plus
cher qu'à Toronto et, dans le cas du pétrole, il y a une question
de sécurité d'approvisionnement et de volatilité des
marchés. La question que je voudrais adresser à M. Caillé
est la suivante: Est-ce que, si le gouvernement avait une politique
énergétique, il pourrait considérer de réduire les
demandes d'investissements d'Hydro-Québec? Parce qu'on va
entériner autour de 62 000 000 000 $ qu'Hydro-Québec veut
dépenser. C'est entendu. Ça va être comme les tarifs et la
loi spéciale sur les employés. Ils vont avoir ce qu'ils
demandent. Mais si le gouvernement envisageait plutôt de gouverner et de
réduire un peu l'appétit d'Hydro-Québec en accentuant
donc, de facto, la consommation de gaz naturel, à combien
évaluez-vous du plan d'investissement d'Hydro-Québec qu'on
pourrait réduire si on faisait meilleur usage du gaz naturel? Et une
sous-question. Pour ce qui est des périodes de pointe, est-ce qu'on
pourrait envisager que le gaz naturel pourrait, d'une certaine façon,
réduire les pressions sur la demande à Hydro-Québec, vu
qu'il y a pas mal d'investissements à Hydro-Québec qui sont en
fonction de notre période de Noël qui est comme la pointe?
M. Caillé: Pour ce qui est de la période de pointe
d'Hydro-Québec elle corresponde dans le temps, vous en conviendrez,
exactement avec la période de pointe de Gaz Métropolitain. Quand
il fait froid pour eux, normalement il fait froid pour nous. Et,
nous-mêmes, on doit gérer la pointe. Techniquement, ça
signifie de l'entreposage, du transport de gaz durant l'été et de
l'entreposage dans des réservoirs souterrains, notamment à
Pointe-du-Lac, un projet qu'on a développé avec la collaboration
de SOQUIP et de l'utilisation d'une partie de contrats fermes plus de
l'entreposage dans le sud-ouest de l'Ontario. Alors, voilà comment nous
gérons notre pointe. Notre problématique est essentiellement la
même que celle d'Hydro-Québec pour l'économie
québécoise, de transférer un problème de pointe de
Gaz Métropolitain à Hydro-Québec ou d'Hydro-Québec
à Gaz Métropolitain, c'est vraiment quatre trente-sous pour 1 $;
ça ne change pas les coûts de l'énergie au Québec de
faire ça parce que chacun est aux prises avec les mêmes
difficultés.
Quant au mode de réglementation qui prévaut dans le
domaine du gaz, celui que je connais le mieux forcément, je peux vous
dire que nous, avec la Régie du gaz naturel, ça fonctionne
très bien. Il y a eu une nouvelle loi, je ne me souviens plus, on s'est
présentés ici au moment d'audiences que vous teniez à
l'égard de cette loi-là, je crois que c'était en 1988 ou
1989 et ça fonctionne bien. Ce n'est pas pour vous dire que la
Régie nous donne toujours raison. Hélas, quelquefois, ça
arrive qu'elle ne nous donne pas raison, mais je peux dire, en toute
honnêteté et franchise, qu'on a le sentiment, à Gaz
Métropolitain, d'être traité équi-tablement et
honnêtement, même si, hélas, on n'a pas toujours raison.
Quant aux investissements de 62 000 000 000 $ d'Hydro-Québec,
versus une
problématique de la demande, etc., je me dois de vous dire que,
bien qu'ayant quelques connaissances du monde de l'énergie, je n'ai pas
la connaissance des relations entre l'offre et la demande de pointe, etc.,
d'Hydro-Québec parce que j'imagine - si j'étais à sa
place, je le penserais du moins - que c'est de l'information stratégique
et, forcément, je n'ai pas cette information.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. M. le
député d'Ungava, si vous voulez remercier nos invités.
M. Claveau: Alors, M. Caillé, merci pour votre
présentation au niveau de Gaz Métropolitain. En fait, quand vous
nous avez parlé entre autres... Juste un petit mot parce que j'aurais
aimé qu'on discute beaucoup plus longtemps de pas mal de choses:
l'approvisionnement des turbines à gaz, le projet d'extension de la
centrale de Tracy d'Hydro-Québec, par exemple, les 550 mégawatts
qu'on veut installer en plus, le coût d'approvisionnement de tout
ça. C'aurait été très intéressant.
Mais j'ai quand même retenu, quand on parlait du
résidentiel, que vous nous avez dit que votre marge de
bénéfice était plutôt mince. Dans ses documents,
Hydro-Québec, pour justifier les 13 % qu'elle a comme objectif de
rendement sur son avoir, nous dit que Gaz Métropolitain, quant à
elle, avait 14,25 % de rendement en 1989. On retrouve ça en page 7 du
mémoire de tarification. Alors, une chance que la marge de profit est
mince!
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
M. Claveau: On a dit 14,25 % de rendement.
M. Caillé: Une précision à cet égard.
Je ne sais pas si...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie,
rapidement.
M. Caillé: Oui. Le rendement autorisé par la
Régie de 14,25 %, c'est sur l'ensemble de l'opération. Il se peut
très bien que, pour un tarif, un segment de clientèle
donné, il y ait perte, qu'on perde, qu'on n'ait pas ce rendement de
14,25 %, pas du tout. D'ailleurs, c'est le cas dans le secteur
résidentiel.
M. Claveau: Le rendement autorisé n'est pas le rendement
que vous avez effectivement.
M. Caillé: Oui. Au total, oui, mais ce n'est pas par
marché.
M. Claveau: O.K.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. Caillé, messieurs, je vous remercie de nous
avoir fait part d'abord des orientations que vous privilégiez et, en
même temps, de nous avoir exposé les qualités qui sont
propres au gaz naturel. Je pense que c'est un ajout qui est fort important dans
les discussions que nous avons eues jusqu'à maintenant à cette
commission parlementaire. Merci beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la commission de
l'économie et du travail remercie les représentants du groupe Gaz
Métropolitain pour leur participation à ses travaux.
J'inviterais maintenant à la table des témoins la
Fédération des travailleurs du Québec.
Bonjour. Je demanderais à chacun de bien vouloir prendre sa
place, s'il vous plaît, pour que nous recevions nos prochains
invités qui sont la Fédération des travailleurs du
Québec. S'il vous plaît, à l'arrière de la salle.
S'il vous plaît. S'il vous plaît, je demanderais le silence. S'il
vous plaît. Merci.
Alors, M. le président, je ne vous explique pas nos règles
de procédure, je pense que vous êtes très familier avec
elles. Je vous rappelle simplement que vous avez 20 minutes pour la
présentation de votre point de vue. Si vous voulez présenter les
gens qui vous accompagnent, nous vous écoutons.
Fédération des travailleurs du
Québec
M. Laberge (Louis): Merci, M. le Président. Madame, MM.
les membres du comité, d'abord, je dois vous remercier parce qu'on vous
a un peu bousculés dans votre horaire. Bon, on devait venir puis,
ensuite, on ne devait pas venir puis, finalement, on a décidé,
à la toute dernière minute... Alors, vous avez été
très gentils. Vous vous êtes organisés pour pouvoir nous
recevoir. Nous vous en remercions.
À ma gauche, j'ai le président de la section locale 2000 -
c'est les employés de bureau, ça, d'Hydro-Québec -
André Charbonneau; ensuite, Jean-Guy Frenette, responsable politique
à la FTQ et, à ma droite, Charles Cuerrier qui est le
président de la section locale des métiers, local 1500.
Nous savons que vous êtes assez limités dans votre temps.
Alors, nous allons y aller carrément. Encore une fois, on tient à
vous remercier dès le début d'avoir réussi à
organiser cette rencontre, malgré les changements de dernière
minute.
Comme la plupart des Québécois et
Québécoises, c'est avec beaucoup de réserve que la FTQ a
pris connaissance du plan de développement d'Hydro-Québec. Pour
plusieurs raisons que nous évoquerons plus loin, nous avons le sentiment
que la société d'État a pris, depuis quel-
ques années, un virage qui l'éloigné de plus en
plus des préoccupations de la population, en sorte qu'il est devenu
moins facile qu'autrefois de lui accorder confiance.
Il fut un temps où Hydro-Québec a représenté
avec éclat et succès le savoir-faire et la fierté des
Québécois et des Québécoises. Cette époque
n'est plus. Un réseau mal entretenu ou pas entretenu du tout,
phénomène maintes fois dénoncé par nos syndicats
à Hydro-Québec, une absence de direction claire et de
transparence administrative, le tout accompagné de hausses de tarifs,
ont fait perdre à la société une grande partie de sa
crédibilité. Les Québécois ne sont pas fous. Quand
le service diminue et que les prix augmentent, il y a quelque chose qui ne
tourne pas rond quelque part.
À notre avis, il est encore temps de renverser la vapeur et il
est encore possible à Hydro-Québec de retrouver la confiance de
la population. Il faudrait, pour cela, que la société d'Etat se
donne des objectifs précis, nets, et en explique le pourquoi sans qu'on
ait à se demander si elle ne changera pas d'avis au prochain appel
téléphonique du gouvernement. Il faudrait surtout qu'Hydro soit
reconstituée dans son intégrité intellectuelle et
administrative. À l'heure actuelle, nous assistons, petit à
petit, au démantèlement d'un instrument que les
Québécois ont mis 30 ans à construire. Ce qu'il faut,
c'est retrouver, grâce à des projets conçus par et pour les
Québécois, un sens à l'action d'Hydro. Après avoir
été au coeur du développement du Québec, il est
impensable qu'Hydro ne soit plus qu'un mauvais serviteur et un gros
exportateur. Nous devons retrouver dans Hydro-Québec le maître
d'oeuvre que nous avons connu jadis.
Le 12 octobre 1983, la FTQ présentait un mémoire à
la commission élue permanente de l'énergie et des ressources,
chargée elle aussi d'examiner les perspectives
énergétiques du Québec. À cette occasion, nous
écrivions les lignes suivantes à la page 5 de l'introduction:
"Nous sommes convaincus qu'une partie importante de l'avenir économique
du Québec est associée au rythme de développement des
ressources énergétiques considérables naturelles et
renouvelables que recèle notre territoire et à la manière
dont nous relèverons, comme société, les défis
qu'un tel développement implique. "Dans une conjoncture encore
déprimée et confrontée à des perspectives
économiques peu reluisantes, dominée au mieux par une faible
croissance et par la persistance d'un fort taux de chômage qui atteint
des proportions endémiques, les travaux de cette commission et le
rôle du gouvernement sont déterminants. "
Presque sept ans plus tard, ces lignes sont encore vraies et, d'une
certaine manière, rendues plus vraies encore par la double conjoncture
économique et politique. D'une part, la politique monétaire du
gouvernement fédéral destinée traditionnellement à
éviter la surchauffe en Ontario nous amène rapidement à
une récession analogue à celle de 1981. D'autre part, il est
évident que le Québec doit au plus vite affermir sa position
énergétique en Amérique du Nord de manière à
pouvoir assumer, quelle que soit l'issue actuelle des pourparlers du lac Meech,
sa propre destinée. (11 h 15)
Un élément nouveau est cependant intervenu dans les
préoccupations de la société québécoise:
l'environnement. Depuis plusieurs années maintenant, les gouvernements,
sous la pression des citoyens, ont entrepris d'intégrer à leur
planification économique la notion de développement durable.
Plusieurs grandes entreprises sont maintenant forcées d'en faire autant,
en sorte que les projets de développement passent maintenant par des
études d'impact et un souci de sauvegarde des ressources naturelles.
La FTQ accepte et adopte intégralement l'objectif du
développement durable. Nous croyons qu'il s'agit là d'une
question de simple bon sens et que le Québec a justement la chance de
pouvoir développer son énergie avec un minimum d'impact sur les
ressources naturelles. Mais nous estimons également que la science de
l'environnement pourrait être, si les pouvoirs publics y accordent
l'attention et les fonds nécessaires, une extraordinaire occasion de
développement économique pour le Québec.
Ce bref mémoire veut simplement attirer l'attention de la
commission sur deux aspects: l'urgence et les conditions du
développement énergétique du Québec, d'une part et,
d'autre part, le leadership nécessaire d'Hydro-Québec dans le
domaine de l'industrie environnementale, il ne fait pas de doute, et ce depuis
longtemps, que le développement économique du Québec passe
par le renforcement de sa situation énergétique. Cette
idée maintes fois développée par René
Lévesque, dès l'époque de la nationalisation de
l'électricité au début des années soixante, a pris
une importance encore plus grande avec la mondialisation de l'économie
à laquelle nous assistons depuis quelques années. La croissance
rapide des économies du Sud-Est asiatique, le traité de
libre-échange avec les États-Unis et, plus récemment,
l'ouverture politique et bientôt économique des pays de l'Est,
tout cela constitue une véritable mutation dont les conséquences
seraient tragiques pour les économies mal adaptées.
Dans ces conditions, le Québec est forcé de jouer le jeu
avec tous les atouts dont il dispose, au premier rang desquels se trouve la
ressource énergétique, tout spécialement
hydroélectrique. Le développement de cette ressource est
essentiel. Mais développer pour qui? La situation économique
actuelle impose d'autant plus la reprise des travaux qu'il est bien connu que
les grands chantiers non seulement ont un impact sur le taux d'emploi, mais
aussi ont pour effet d'atténuer par leur durée l'acuité
des courbes de chômage. En étalant des travaux ininterrompus
sur plusieurs années, Hydro-Québec joue un rôle
important dans la stabilité de l'emploi et contribue à
étaler les cycles du chômage conjoncturel.
La période économique difficile dans laquelle nous entrons
exigerait à elle seule que soient entrepris des travaux comme ceux que
propose son plan de développement. La FTQ estime cependant que le
contexte politique et les conséquences sociales du développement
économique sont tout aussi importants que le développement
lui-même. En d'autres termes, ce qu'on appelle la richesse collective
risque trop souvent de dissimuler de profondes inégalités
sociales et revient en pratique à grossir le produit intérieur
brut, le PIB, sans accroître le mieux-être des citoyens. Dans cette
perspective, au moment où l'économie entre dans une
période de ralentissement et où en même temps l'âge
moyen de la population s'accroît rapidement, ce qui se traduit par une
incapacité à accroître ses revenus personnels, nous
estimons qu'Hydro-Québec doit revoir sa structure de financement afin de
réduire considérablement les augmentations de tarifs
prévues pour l'usage domestique.
De l'avis même d'Hydro, "la tarification - et je cite - est un art
autant qu'une science et ne repose pas exclusivement sur des critères
objectifs. Cela étant, nous constatons que la hausse en pourcentage des
tarifs a été historiquement plus élevée pour les
tarifs domestiques que pour les autres catégories d'usagers. Pendant des
années, Hydro-Québec a encouragé les citoyens et les
citoyennes à se convertir à l'électricité, de sorte
que la part de cette ressource dans notre bilan énergétique est
passée de 19 % en 1970 à 27,2 % en 1980 et à 40,4 % en
1988. Il serait trop facile, maintenant que la population s'est rendue
massivement aux arguments d'Hydro, de la prendre en otage pour financer un
développement destiné essentiellement à des
activités d'exportation, sans que nous soyons assurés de ce que
cela nous rapportera vraiment. Nous croyons que, sur ce point, il existe
à Hydro un grave manque d'imagination doublé d'une certaine
duplicité a être extrêmement discret sur la taxe sur les
produits et services qui s'ajoutera probablement dès le début de
l'an prochain à la facture de chaque citoyen pendant que, en amont, la
taxe sur les matériaux de base serait alors réduite de 5 %.
En outre, les analyses d'Hydro-Québec quant à ses
intentions d'exportation nous paraissent bien naïves. D'une part, la
volatilité actuelle du marché des changes et des taux
d'intérêt interdit d'estimer les profits à terme avec une
précision acceptable. D'autre part, le parc de barrages et
d'installations devrait être entretenu quoi qu'il arrive sur le
marché et, finalement, en conséquence, nous risquons fort de nous
retrouver à terme avec un marché d'acheteurs bien plus que de
vendeurs. À notre avis, Hydro-Québec, qui avoue elle-même
ne pas vouloir développer pour développer, répond ici
à des volontés du gouvernement bien plus qu'à la stricte
logique économique. L'accroissement de la demande intérieure n'en
exige pas tant ou, du moins, la preuve n'en est pas encore faite.
Il s'agit en effet de répondre à la question: À qui
sert le développement? et de comprendre que, pour les
Québécois, il doit d'abord leur servir à eux. Il est
toujours apparu normal que l'on paie moins cher qu'ailleurs une ressource qui
nous appartient. Personne ne songerait à demander à un
pomiculteur de Rougemont s'il va acheter ses pommes chez Provigo. Tout le monde
sait qu'il s'en garde pour sa consommation personnelle avant d'aller vendre sa
récolte. Les Québécois et les Québécoises
savent qu'il peut être lucratif de vendre notre
électricité, mais pas forcément au détriment de la
santé de notre réseau et du bien-être de nos concitoyens.
Autrement, à quoi servirait-Il d'avoir des ressources?
Là-dessus, on doit vous dire, M. le Président et les
membres du comité, que nous sommes vraiment perturbés par ce qui
se passe actuellement. Auparavant, au cours des mois d'été,
Hydro-Québec en profitait pour activer l'entretien de ses réseaux
de distribution, faire les réparations majeures et tout le reste.
Maintenant, avec les ventes non seulement de surplus
d'électricité, mais de contrats fermes
d'électricité, ça devient de moins en moins faisable, de
moins en moins possible, d'où une détérioration
épouvantable des réseaux de distribution. Dans cette perspective,
nous sommes en droit d'exiger que les exportations ne se fassent pas sur le dos
des consommateurs et que les recettes qui en proviennent couvrent le coût
de financement des constructions et de la transmission, en plus d'assurer un
rendement raisonnable. Et, encore là, il faut bien admettre que la
preuve n'a pas encore été faite clairement de ce que nous
rapportent les contrats de vente d'électricité aux
États-Unis, comparé à ce que ça coûte et
comparé aux autres inconvénients - et j'en ai mentionné
une couple tantôt - comme l'entretien des réseaux de distribution
et tout le reste.
Tout le monde sait fort bien que l'entretien qui n'est pas fait à
temps coûte énormément plus cher par la suite, parce que
l'absence d'un entretien normal, routinier, entraîne des
réparations majeures. D'autant plus, d'ailleurs, que nous venons tout
juste de franchir un cycle de relative prospérité
économique qui aura duré six ans et qui est maintenant
remplacé par une période difficile. Au cours de ces
années, l'écart entre les riches et les pauvres s'est accru, au
Canada et au Québec. Ce n'est pas le moment, croyons-nous,
d'accroître encore plus le fardeau des travailleurs, des chômeurs
et des personnes âgées. Il faut, au contraire, nous interroger, ce
que n'ont fait ni Hydro ni le gouvernement, sur la vraie raison du
développement, qui ne peut être que l'amélioration des
conditions de vie des
Québécois et non la satisfaction des rêves du
gouvernement.
Je vais demander à Jean-Guy Frenette de poursuivre la
lecture.
M. Frenette (Jean-Guy): Un des thèmes qui reviennent
fréquemment dans les argumentations en faveur du développement de
l'hydroélectricité à des fins d'exportation est le fait
que la pénétration de cette forme d'énergie au Nord-Est
des États-Unis entraînera une diminution des pluies acides
causées par l'emploi du charbon dans les centrales thermiques
américaines. En d'autres termes, nous répètent Hydro et le
gouvernement, la propreté environnementale est un des facteurs qui
incitent les Américains à acheter notre
électricité. Si cela est vrai, c'est là reconnaître
explicitement que la réalité du développement durable est
désormais en voie de devenir un argument économique fondamental
dans les échanges internationaux. Il faut savoir en tirer les
conséquences.
Déjà, en octobre 1986, le Conseil canadien des ministres
des Ressources et de l'Environnement créait un groupe de travail sur
l'environnement et l'économie. Ce groupe remettait, en septembre 1987,
un rapport unanime dans lequel on peut lire les lignes suivantes: "Nous croyons
notamment que la planification économique et la planification
environnementale ne peuvent pas se faire dans des milieux
séparés. La croissance économique à long terme
dépend de l'environnement." Depuis ce temps, comme on le sait,
l'environnement est devenu une préoccupation fondamentale dans notre
société, à cause, principalement, des accidents
écologiques survenus chez nous. Nous vouions aborder brièvement
les positions d'Hydro dans ce dossier difficile: économie
d'énergie, recherche et développement et, finalement, industrie
environnementale.
Nous citerons d'abord la Commission mondiale sur l'environnement et le
développement dont le document est plus ou moins devenu la bible du
développement durable. 'Théoriquement du moins, écrit-on
dans le rapport, toutes les sources d'énergie peuvent avoir leur part
dans un ensemble plus vaste qui servirait à répondre aux besoins
du monde. Mais chacune d'elles a ses propres coûts. Des choix s'imposent,
mais il faut être pleinement conscient que tout choix d'une
stratégie énergétique entraîne dans son sillage une
stratégie en matière d'environnement. Les tendances et les
changements de la consommation d'énergie d'aujourd'hui
déterminent déjà ce qui se passera au siècle
prochain."
Voici les éléments qu'il faut s'efforcer de concilier: une
croissance suffisante de l'approvisionnement énergétique, des
mesures d'économie d'énergie et une meilleure efficacité
énergétique, la santé publique, en tenant compte des
risques inhérents à chaque source d'énergie, la protection
de la biosphère et la prévention des formes plus ponctuelles de
pollution. Dans cet esprit, on ne peut blâmer Hydro de vouloir
améliorer l'efficacité énergétique en recourant,
entre autres, très peu et très tard, à des mesures
d'économie d'énergie. Mais nous comprenons aussi que le concept
d'économie d'énergie n'a pas ie même sens dans le cas de
l'hydroélectricité québécoise que dans le cas du
charbon ou du pétrole. Darts ces derniers cas, l'énergie
économisée reste dans le sol et prévient ainsi les effets
connus sur l'atmosphère, le réchauffement planétaire et le
reste. Dans le cas de notre hydroélectricité, en revanche, la
baisse de la demande et la hausse de l'efficacité n'ont pas, sur
l'environnement, les mêmes effets, puisque les principaux effets
environnementaux se sont déjà produits par la construction des
barrages et des lignes de transport.
Aussi, dans le plan de développement soumis, les économies
d'énergie et l'efficacité énergétique - et nous
sommes d'accord si cela a pour effet de réduire nos besoins futurs et de
protéger notre environnement - semblent pour Hydro n'avoir qu'un
objectif économique, soit améliorer la rentabilité de
l'entreprise. En ce sens, la pomme de douche, fabriquée à
l'extérieur du Québec, à 15 $ de rabais, dont 10 $
payés par Hydro et 5 $ par le fabriquant, et qu'on nous propose presque
comme un projet de société n'est sûrement pas la trouvaille
du siècle. Ce que nous attendons du gouvernement et d'Hydro, c'est une
véritable volonté et une véritable politique
d'économie d'énergie, beaucoup moins nocive quant à
l'environnement.
M. Laberge: Si vous permettez, M. le Président, je dois
dire que je trouve ça absolument épouvantable, la campagne de
publicité faite par Hydro-Québec. D'ailleurs, dans son programme
de développement, si ma mémoire est fidèle, il
était question de quelque chose comme 1 200 000 000 $ dans le but de
convaincre les Québécois et les Québécoises de
changer un peu les mentalités sur la préservation des
économies et tout ça. C'est énormément d'argent.
Mais qu'en plus on prenne notre argent et au lieu de mettre sur pied des
entreprises au Québec on aille chercher des produits en Ontario...
L'Ontario n'a pas besoin d'Hydro-Québec pour venir chercher des jobs
chez nous, ils font très bien ça tout seuls. Je trouve ça
scandaleux qu'Hydro-Québec finance un tel projet. Je trouve ça
épouvantable. (11 h 30)
M. Frenette: Les programmes d'économie d'énergie et
d'efficacité énergétique sont en outre nécessaires
dans la mesure où les consommateurs en retirent les
bénéfices, c'est-à-dire paient moins cher pour des
services adéquats. Or, Hydro n'a rien fait pour nous convaincre que tel
était le cas.
En revanche, nous estimons qu'Hydro-Québec se donne trop
facilement bonne cons-
cience sur les questions environnementales. Elle devra refaire ses
devoirs et se mettre immédiatement à la tâche. "Du concept
de développement durable à son application dans les
activités courantes de développement, le défi est de
taille." Ce sont là les propres mots d'Hydro dans son document
d'accompagnement consacré à l'environnement. Nous ne saurions
mieux dire. Et le texte poursuit: "Sa mise en application exige, d'une part, un
changement profond de perspectives et, d'autre part, une attitude positive et
proactive face aux réalités sociales, environnementales et
économiques de notre mode de vie contemporain. Une nouvelle
éthique doit imprégner toutes les sphères
d'activité."
Nous ne reprendrons pas ici les critiques qui ont été
formulées devant cette commission et ailleurs contre le programme de
développement en cause. Bien qu'un certain nombre d'entre elles aient un
certain poids, la FTQ continue, pour l'essentiel, de croire à la
nécessité de développer nos ressources
hydroélectriques à la condition expresse de respecter
l'environnement. Comme le signale à plusieurs reprises la commission
Brundtland, tout développement énergétique, quel qu'il
soit, est un compromis entre une altération de l'environnement et la
satisfaction des besoins des populations. Nous estimons pour le moment, et dans
la conjoncture actuelle, qu'Hy-dro ne nous présente pas encore les
garanties suffisantes à ce sujet et que des études d'impact
beaucoup plus sérieuses doivent être menées.
Nous croyons qu'Hydro et, avec elle, le gouvernement
québécois, doivent comprendre que les problèmes
environnementaux ne peuvent plus être pris à la
légère. À ce propos, nous estimons que la fonction
environnement à Hydro est carrément sous-équipée;
210 employés incluant les temporaires à la vice-présidence
à l'environnement constituent une ressource nettement insuffisante,
quand on considère que les installations totales d'Hydro occuperont
à peine 2 % de notre immense territoire, à quoi s'ajoute le fait
que plus de la moitié des ressources financières de cette
fonction sont requises par des travaux externes à l'entreprise.
Il y là, de la part d'Hydro, une double faiblesse
d'appréciation, premièrement sur l'importance de l'environnement
et, deuxièmement, sur le potentiel économique énorme que
représente l'expertise en environnement. Nous avons tous
mésestimé, au cours des années, l'importance des
problèmes écologiques, tous, y compris la FTQ. Mais cela n'est
pas une raison pour que nous persistions dans cette attitude, possédant
maintenant les données scientifiques nécessaires à mieux
comprendre. Les territoires développés par Hydro étant
situés très loin des centres de population, il est dangereux de
céder à la facilité dans le domaine de l'environnement,
l'opinion publique étant, la plupart du temps, tenue dans l'ignorance de
ce qui se passe. Toutes les lignes ne passent pas par Grondines.
Et, peut-on ajouter, il n'est pas exagéré de dire que le
ministère de l'Environnement n'a encore étonné personne
par son efficacité. Nous sommes, à cet égard,
particulièrement sensibles aux revendications des autochtones et nous
invitons instamment Hydro et le gouvernement à les régler dans le
respect de tous. C'est pourquoi nous entendons, à la FTQ, exercer une
surveillance attentive sur le développement des travaux. Nous savons,
nous aussi, que le développement n'a pas de sens s'il ne tient pas
compte du long terme, c'est-à-dire de la préservation des
ressources. En ce sens, l'écologie est d'abord une mesure
économique à long terme. Et, quoi qu'en ait dit l'actuel premier
ministre dans un ouvrage déjà ancien, le Québec n'est pas
qu'une gigantesque installation hydroélectrique. Il est aussi un
territoire habité et une nature à ne pas détruire
inconsidérément.
À cet égard, on ne nous a pas encore fait la preuve que le
plan de développement soumis par Hydro est compatible avec les
scénarios de développement durable de la Commission mondiale sur
l'environnement et l'économie. Encore là, les analyses doivent
être beaucoup plus poussées en amont des projets et, surtout, des
rapports précis doivent être établis entre les
installations, leurs effets sur la nature, leur rendement et les besoins qu'ils
satisferont.
Nous sommes, pour le moment, pour le développement, mais pas pour
un développement à tout prix et n'importe comment. Hydro et le
gouvernement ne semblent pas avoir fait correctement la distinction qui
s'impose. Nous sommes pour un développement planifié et durable
qui réponde véritablement aux besoins de la population.
Les industries environnementales. Le second aspect que nous voulons
soulever est celui de l'aspect économique de l'environnement. Depuis la
nationalisation de l'électricité, c'est-à-dire
bientôt 30 ans, les Québécois et les
Québécoises se sont donné une extraordinaire expertise
dans les domaines des régions nordiques, du fonctionnement des bassins
hydrographiques, des technologies de transmission et ainsi de suite. Par la
même occasion, ils ont également acquis, y compris par leurs
erreurs, un bagage de connaissances inégalé dans le domaine
environnemental. C'est là un aspect dont on ne parle pas
suffisamment.
Or, les sciences de l'environnement sont en train de donner naissance,
partout dans le monde, à une des industries les plus dynamiques dans la
foulée du rapport Brundtland. Et, sous la pression des populations, les
gouvernements mettent en branle d'énormes projets de dépollution
industrielle urbains et hydrographiques. De tels projets demandent des
technologies nouvelles, des instruments nouveaux, des connaissances
nouvelles.
Déjà, en 1986, les estimations les plus conservatrices
situaient à plus de 7 000 000 000 $
les dépenses consacrées à l'environnement au
Canada. On peut parler d'une industrie qui pourrait atteindre plus de 10 000
000 000 $ en 1990. Cette industrie est en pleine croissance. En outre, les
produits finis qu'elle développe sont, par définition, des
produits exportables. Dans cette perspective, il nous semble qu'Hydro pourrait
et devrait prendre le leadership québécois des industries
environnementales. Le réservoir immense de connaissances
accumulées dans cette entreprise d'État a été
payé par tous les Québécois et toutes les
Québécoises. Il n'est que juste qu'il soit d'abord mis à
leur service. C'est pourquoi nous considérons comme pur gaspillage la
décroissance du personnel, particulièrement au service des
équipements, à laquelle s'est livrée Hydro depuis 1984. Il
s'est agi là, selon nous, d'un grave manque de vision.
Au moment où notre société s'apprête à
se donner d'elle-même une définition renouvelée, il est bon
de se rappeler ce qu'a jadis signifié Hydro-Québec, la
fierté et l'enthousiasme qu'elle a générés chez les
Québécois et les Québécoises. Il est encore
possible de retrouver cet esprit qui passe désormais, selon nous, par
l'environnement.
M. Laberge: En conclusion, M. le Président, la FTQ
réitère son appui au développement de nos ressources
hydroélectriques, à la condition qu'il soit mené dans le
respect absolu de l'environnement et qu'il serve d'abord et avant tout
l'intérêt des Québécois et des
Québécoises, que ce soit à court, à moyen ou
à long terme. Le gouvernement doit obliger Hydro à nous en faire
la démonstration.
Le gouvernement doit également obliger Hydro à rendre
publiques toutes les informations nécessaires à des prises de
décisions éclairées. Cela pourrait se faire dans le cadre
d'une commission parlementaire ou de tout autre mécanisme d'auditions
publiques où la population pourrait également s'exprimer. Le
gouvernement doit, de plus, obliger Hydro à nous démontrer
clairement que la vente d'électricité à l'exportation est
vraiment rentable, afin de s'assurer que les augmentations de tarifs aux
consommateurs ne seront pas des impôts déguisés pour
financer les besoins d'équipement additionnel requis pour la vente
à l'exportation.
La FTQ incite Hydro-Québec à accroître
considérablement ses fonctions environnementales. Elle souhaite que la
société d'État prenne le leadership d'une industrie
liée à l'environnement et dont les perspectives d'avenir sont
aussi grandes que celles de nos ressources énergétiques. Nous
devons également retrouver dans Hydro-Québec le maître
d'oeuvre principal du développement durable de nos ressources
hydroélectriques. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Mme
la ministre.
Mme Bacon: M. Laberge, messieurs, je vous remercie d'être
ici avec nous pour engager un dialogue ce matin, à la suite de la
lecture et de la prise de connaissance de votre dossier ce matin.
Je vais tout de suite aller à la fin, dans vos conclusions, M.
Laberge, où vous dites que vous incitez quand même
Hydro-Québec à démontrer clairement qu'elle prend le
leadership en matière de protection de l'environnement. À la page
13, vous dites encore une fois: "Elle pourrait et devrait prendre le leadership
québécois des industries environnementales." Il y a plusieurs
groupes qui sont venus nous voir ici et qui ont mis en doute la
crédibilité d'Hydro-Québec quand Hydro-Québec nous
parie de protection de l'environnement, quand HydroQuébec nous parie
d'économie d'énergie, en nous disant qu'Hydro-Québec est
en total conflit d'Intérêts. Comment arrivez-vous à arrimer
ça? Ce qu'on a entendu ici par des groupes, et la plupart
évidemment sont des groupes environnementaux, et vous qui nous dites
très positivement qu'Hydro-Québec... Je le reçois
très positivement, je trouve que c'est positif, ce que vous nous dites,
et j'y crois, qu'Hydro-Québec doit donner aussi un leadership en
matière de protection de l'environnement.
M. Laberge: Comme nous le disons aussi dans le mémoire,
Mme la ministre - encore une fois c'est un mémoire très
très court, très simple, très concis - comme nous le
disons dans le mémoire, il y a un coût du développement de
nos ressources hydroélectriques. Nous sommes d'accord à en payer
le coût en prenant toutes les précautions possibles. Par exemple,
à Gron-dines, la première idée d'Hydro n'a pas
été de passer les câbles, d'enfouir les câbles sous
le fleuve, ce n'était pas ça. N'empêche qu'après de
multiples représentations faites par les citoyens etc., on a
trouvé une meilleure façon de préserver l'environnement.
C'est de ça que nous parlons. Nous savons qu'il y a un coût
à payer pour le développement, mais si on a besoin de ce
développement, évidemment, il faut faire le plus attention
possible, mais il nous faut le faire. Dans le fond, c'est ce que nous
disons.
Mme Bacon: M. Laberge, je vous ramène à la page 12,
quand vous dites: Nous sommes pour le développement, mais pas un
développement à tout prix et n'importe comment. Est-ce que
ça peut vouloir dire que ce plan de 10 ans que nous présente
Hydro-Québec devrait avoir une extension si on ne peut pas suffisamment
protéger l'environnement avec ce plan de 10 ans? Est-ce que ça
peut vouloir dire des retards à apporter à ce plan de
développement parce qu'on ne sait pas encore si l'environnement va
être véritablement protégé?
M. Laberge: Non, mais si l'Hydro était
vraiment convaincue, décidée et déterminée
de tout faire pour protéger l'environnement en y allant quand même
avec le développement de nos ressources hydroélectriques, elle ne
diminuerait pas les personnes qui sont chargées des études sur
l'environnement comme elle l'a fait au cours des dernières
années. Il me semble qu'elle devrait mettre du monde de plus
là-dedans. Ça ne veut pas dire de prolonger dans le temps et de
ne développer qu'en l'an 2000 et quelques, mais ça veut
peut-être dire, par exemple, d'avoir plus de monde pour voir plus
sérieusement à des solutions possibles. Encore une fois, la
solution de Grondines, bon, n'est pas quelque chose qui a été
créé de toutes pièces, ce n'est pas quelque chose
d'inédit. Ça s'est déjà fait, mais il a fallu quand
même qu'il y ait des gens qui y pensent, il a fallu qu'il y ait des gens
qui fassent des études là-dessus. Mon Dieu Seigneur, plus il y en
aurait dans ce service-là, bien plus vite on pourrait obtenir des
résultats. Alors, pour nous, ce n'est pas une question de retarder le
développement nécessaire. Pour nous, c'est de faire le
développement nécessaire le plus rapidement, le plus
économiquement possible, mais de le faire avec la plus grande protection
possible pour l'environnement.
Mme Bacon: M. Laberge, est-ce que vous pensez que ça va
prendre davantage de mécanismes - comment je dirais ça - de
protection de l'environnement de la part du gouvernement par rapport aux
travaux d'Hydro-Québec? Est-ce qu'on a besoin d'ajouter d'autres
mécanismes en termes d'audiences publiques, en termes d'études de
faisabilité, de revues des études qui sont faites? Et, encore
là, il y a des groupes qui nous disent: Comment Hydro-Québec, qui
a fait ses propres études, au départ, pour faire des plans de
développement, peut revoir ses études, évidemment, encore
là, sans être dans un conflit d'intérêts? Est-ce que
le gouvernement doit instaurer d'autres mécanismes de
révision?
M. Laberge: Je dois admettre que votre question me surprend un
peu. C'est vrai que ça ne fait pas un quart de siècle que vous
êtes ministre responsable d'Hydro-Québec...
Mme Bacon: J'ai été ministre de l'Environnement, M.
Laberge.
M. Laberge: Bon! Vous avez des choses à apprendre comme
nous autres là-dessus, je suppose bien. La question me surprend parce
que Hydro nous présente sérieusement un programme de
développement sur dix ans. Il me semble qu'Hydro aurait dû avoir
assez de sérieux pour nous présenter un programme de
développement où tout a été pensé.
Malheureusement, il se passe des choses qui nous font nous questionner. Par
exemple, la fameuse publicité sur les bouches de douche
fabriquées en Ontario me semble beaucoup plus de l'improvisation que de
la planification. Enfin, II y a autre chose bien sûr. Si le monde ne se
lavait pas, on ménagerait plus d'électricité, mais est-ce
qu'en ménageant cette ressource ça veut dire qu'on
protégerait l'environnement, en ayant moins besoin de développer
cette ressource, ou si ça nous permettrait tout simplement d'en vendre
plus? C'est là qu'on se pose de très sérieuses questions.
Il y a moyen, je crois, de vendre l'idée aux Québécois, de
faire plus attention, mais d'un autre côté, quand on attire des
entreprises énergivores comme ce n'est pas possible, c'est assez
difficile d'aller convaincre un citoyen ou une citoyenne en leur disant: Bon!
prends-donc ta douche plus vite, tu vas sauver de l'énergie et prends-la
moins souvent dans la semaine, tu vas sauver de l'énergie, alors qu'il
voit ces compagnies énergivores dépenser des tonnes de
mégawatts. Ça va prendre pas mal de douches et de nouvelles
bouches de douche pour remplir ça. (11 h 45)
Mme Bacon: J'espère, comme vous, qu'il va y avoir des
suivis à ça et qu'il va y avoir autre chose que des bouches de
douche. Plusieurs ont dit craindre une pénurie de main-d'oeuvre dans
certains emplois spécialisés par rapport aux grands travaux qui
sont annoncés, M. Laberge. Est-ce que la FTQ a les mêmes
appréhensions ou s'il y a des moyens qui sont proposés par la FTQ
par rapport à la main-d'oeuvre? Est-ce que vous avez la même
appréhension d'une pénurie de main-d'oeuvre au moment où
ces travaux seraient exécutés, par rapport au plan de
développement d'Hydro-Québec?
M. Laberge: Au point de vue de la disponibilité de la
main-d'oeuvre?
Mme Bacon: Oui.
M. Laberge: Évidemment, il y a eu pas mal de
négligence au Québec, depuis quelques années,
là-dessus. Il fut un temps où nos travailleurs de la
construction, par exemple, ou les monteurs de lignes chez Hydro et tout
ça, étaient reconnus comme à peu près ce qu'il y
avait de plus efficace, en tout cas, sur le continent nord-américain.
Mais, depuis 10 ou 12 ans, malheureusement, de la formation professionnelle
continue, il s'en fait de moins en moins.
Je pense qu'il est vrai - et il faut le constater - qu'à l'heure
actuelle il peut manquer un peu de main-d'oeuvre dans certains corps de
métiers spécialisés. Ce n'est pas vrai de façon
générale, mais c'est une lacune qui, malheureusement, a
été créée de toutes pièces. Je dois vous
dire, Mme la Présidente, que là, quand les deux partenaires
sociaux, c'est-à-dire les employeurs et les travailleurs, s'occupaient
de formation professionnelle, ça a bien fonctionné. À un
moment donné, l'État s'en est emparé et, malheureusement,
aujourd'hui, on découvre qu'il y a
des retards. Je pense qu'il y a un coup de barre à donner
là. Mais je ne suis pas inquiet pour obtenir la main-d'oeuvre dont on
aurait besoin pour continuer le programme de développement, même
en prenant encore plus de précautions.
Mme Bacon: Vous trouvez qu'il y suffisamment de relève de
prête pour les années à venir.
M. Laberge: Voilà!
Mme Bacon: Est-ce que vous croyez que le Québec devrait
utiliser ou s'engager dans d'autres filières énergétiques?
On a entendu tantôt des gens nous parler du gaz naturel. Il y a des gens
qui sont venus nous dire ici qu'il fallait aller vers le nucléaire, le
thermique, la biomasse, le solaire, l'éolienne. On a entendu toutes
sortes de recommandations qui nous ont été faites pendant la
commission parlementaire. Est-ce qu'on doit bifurquer vers d'autres sources
énergétiques ou est-ce qu'on doit, encore une fois, faire
confiance à l'énergie hydroélectrique?
M. Laberge: Au cours des travaux qui nous ont amenés
à la dernière assemblée biennale du Congrès du
travail du Canada, j'ai eu l'occasion de lire très brièvement uh
aperçu du plan de développement des ressources
d'électricité eh Ontario et j'en ai frémi rien qu'à
lire ça brièvement.
Il se prépare à construire 12 autres centrales
nucléaires dans les 10 prochaines années. Là, franchement,
je ne serais pas confortable si je demeurais en Ontario et je deviens moins
confortable au Québec parce que ce n'est pas loin de l'Ontario.
Ça va être une véritable bombe. Évidemment, il n'a
peut-être pas le choix. Il ne s'est certainement pas lancé
là-dedans à la légère. Il n'a pas, heureusement
pour nous et malheureusement pour lui, les ressources que nous avons et il a
été obligé de développer, pour répondre
à ses besoins, de façon différente. Mais nous avons cette
ressource. Encore une fois, II y a certainement des façons de la
développer pour mieux protéger notre environnement, mais nous
avons cette ressource et il serait bien idiot de ne pas s'en servir. On sait
que des ressources énergétiques, pour l'avenir, ça ne
deviendra pas moins important, au contraire.
Mme Bacon: Vous nous avez parlé, tantôt, des
industries énergivores. On pense aux pâtes et papiers, on pense
aux mines, on pense aux alumineries. Est-ce que vous suggérez qu'on
cesse d'offrir cette capacité que nous avons d'offrir au moins de
l'énergie hydroélectrique pour attirer des industries au
Québec? Est-ce qu'il faut faire des choix entre les pâtes et
papiers, les mines, par exemple, et les alumineries? Est-ce qu'il faut
éliminer certaines industries qui seraient quand même
créatrices d'emplois?
M. Laberge: Si les citoyens et les citoyennes sont pour prendre
au sérieux la publicité d'Hydrb-Québëc, il faudrait
qu'Hydro-Québec soit constante. Moi, je më souviens qu'à la
fin des années soixante-dix, là, c'était la grande
pénurie et qu'il fallait même geler; pour être patriotes, II
ne fallait pas que tu te chauffes l'hiver. Là, tu devenais un patriote.
Puis, ensuite, il y a eu des programmes, à coups de centaines de
millions de dollars d'Hydro-Québec, pour revendre de
l'électricité aux citoyens. Puis, là, on s'est servi -
comment appelles-tu ça - de la...
Une voix: La biénergie.
M. Laberge:... biénergie et tout le kit pour amener plus
de citoyens à se servir de l'électricité. Là, oh
revient et il va falloir recommencer encore à ménager. Là,
on a un peu de misère à suivre Hydro. Quand arrive Alouette,
quand arrive Norfolk, puis quand arrive Alcan et quand arrive Pechiney, moi, je
vais avoir de la misère à convaincre le voisin en face dé
chez nous de ne pas faire couler sa douche au "boutte", que ça va nous
aider...
Mme Bacon: Si je comprends bien, vous ne demanderez pas à
vos membres de faire des économies d'énergie.
M. Frenette: Mme la ministre, sur les industries
énergivores et, entre autres, sur l'aluminium, nous avons beaucoup
insisté pour que, lorsqu'on ferait cette première transformation
de l'aluminium ici - et, dans le fond, on ne vend que de
l'électricité en bloc quand on vend l'aluminium à
l'état de première transformation - le gouvernement se
développe une stratégie industrielle qui puisse assurer les
transformations secondaires de ces produits-là, parce que juste
créer la première transformation est un pas qui doit être
fait, mais qui n'est pas suffisant tant et aussi longtemps qu'on n'a pas la
deuxième transformation. Entre autres, tout le secteur de l'automobile
au Québec, maintenant qu'on commence à voir clair un peu sur
l'avenir de ce secteur au Québec, on pense qu'il faut mettre tous les
efforts pour avoir l'industrie de transformation de l'aluminium et, entre
autres, pour l'industrie automobile au Québec.
Mme Bacon: On sait que les rénovations des grandes
industries - on parle d'aluminium et d'autres - tendent vers une
réduction ou vers des économies d'énergie. Je pense que
l'ampleur de ces économies d'énergie est importante sur la
demande qui est prévue, donc, je pense, sur des investissements qui
pourraient être faits aussi par Hydro-Québec. Est-ce que vous
trouvez que la demande de 2 % d'augmentation qui est faite par
Hydro-Québec est suffisante, est une exigence qui peut être
rencontrée par d'autres dévelop-
pements ou si cette demande-là est une sous-estimation de la
demande qui peut être faite dans son plan de développement, quand
on parle de 2 %?
On a entendu des chiffres différents ici au cours de cette
commission parlementaire où d'autres disaient: C'est trop conservateur,
2 %. On a entendu, tantôt, Gaz Métropolitain nous dire: Non. Nous,
on est d'accord avec ça. Ce sont les prévisions que nous faisons.
D'autres nous ont dit 2,5 %; d'autres sont allés jusqu'à 3
%...
M. La berge: Je vais laisser Jean-Guy répondre sur le
côté technique, mais si vous avez eu le bonheur de voir leur
compte d'électricité et si vous voulez voir le mien pour le
comparer, vous pourriez peut-être me dire si c'est suffisant ou non, 2 %.
Non, mais j'aimerais ça voir leur compte. Il n'y a pas beaucoup de
Québécois qui sont convaincus que ces entreprises
énerglvores paient leur juste part dans les coûts que ça a
pris pour le développement hydroélectrique. S'ils le paient, tant
mieux. Qu'on nous le démontre et je vais applaudir.
Mme Bacon: Le domestique, M. Laberge, depuis 1986, est le secteur
qui a le moins augmenté, il a augmenté moins rapidement que les
autres. Mais, les 2 %, c'est l'exigence en électricité dont nous
avons besoin au cours des prochaines années, la croissance de la
consommation. Alors, est-ce que la croissance de la consommation vous semble,
pour vous, exagérée ou normale par rapport au plan de
développement qu'ils nous proposent, parce que le plan de
développement est proposé à cause de cette augmentation
d'électricité?
M. Frenette: Ça ne nous a pas paru une aberration ou
incongru comme analyse, évidemment, de l'augmentation de la demande.
Notre préoccupation a toujours été que, dans une
provocation de l'augmentation de la demande par les industries
énergivores, on veut bien s'assurer que ce ne sont pas les consommateurs
qui vont payer les frais du développement, dans le fond les coûts
additionnels pour les nouvelles installations requises pour la vente de cette
énergie-là. Évidemment là, c'est tout le
problème de la tarification de notre électricité qui est
en cause et c'est le même argument, dans le fond, qu'on invoque aussi
pour nos exportations d'énergie. On ne voudrait pas que ce soit des
impôts déguisés et que le coût d'un nouveau barrage
et le coût marginal supplémentaire soient refilés aux
consommateurs via les hausses de tarif.
Mme Bacon: Je pense que la faible hydrau-licité a
été un des éléments majeurs aussi.
M. Frenette: C'est un des éléments majeurs, mais
nous voudrions plus de transparence... Mme Bacon: D'accord.
M. Frenette: ...nous, sur l'imputation des véritables
coûts qu'on appelle les coûts de fourniture...
Mme Bacon: Oui.
M. Frenette: ...par rapport aux différentes
clientèles. On voudrait bien que ce ne soit pas le consommateur et le
domestique qui soient pénalisés dans ce domaine-là.
M. Laberge: J'ai eu l'occasion de rencontrer certains
représentants, des hauts dirigeants d'Hydro-Québec qui m'ont
affirmé que, oui, ils faisaient payer l'exportation de
l'électricité, ces entreprises énerglvores et tout
ça. Oui, ça, ça payait le développement, etc., et
c'était rentable, bon. Je les ai quasiment crus, sauf quand j'ai vu les
mêmes personnes me parier des bouches de douche. Là je suis devenu
moins rassuré.
Mme Bacon: C'est paresseux un peu, M. Laberge.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, Mme la
ministre, je dois céder la parole au député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président, il me fait plaisir de
vous recevoir au nom de ma formation politique à la commission
parlementaire et de voir que vous pouvez encore, malgré les 11 jours que
l'on a passés ici - c'est la onzième journée - apporter
des idées neuves et des éléments tout à fait
intéressants pour alimenter nos travaux. Essentiellement, d'après
ce qu'on a vu depuis 11 jours, je veux dire en faisant abstraction des nuances,
il y a trois tendances. Il y a ceux qui veulent bâtir à tout crin,
qui trouvent que la moindre goutte d'eau qui coule jusqu'à
l'océan sans passer par une centrale, c'est un gaspil. Il faut bien
avouer que ces gens-là sont généralement de gros
employeurs, dans les domaines manufacturier ou de la construction.
Il y a ceux qui sont d'accord pour que l'on bâtisse, pour que l'on
continue à développer l'exploitation de notre énergie,
mais moyennant certaines considérations. À peu près dans
l'esprit de la présentation que vous nous faites. Et il y a ceux qui
sont carrément contre, pour toutes sortes de raisons, à cause
soit de préoccupations environnementales légitimes, soit de
préoccupations dans le domaine de la consommation, de ia capacité
du consommateur d'absorber, qui sont aussi des préoccupations
très légitimes. Il y a encore les groupes autochtones qui font
valoir des préoccupations aussi très légitimes pour des
droits ancestraux d'occupation du territoire, etc., qui se questionnent et qui
ont tendance à rejeter
assez globalement toute nouvelle inondation du territoire.
C'est un peu dans tout ça qu'on patauge. Or, il faut essayer de
trouver un genre de dénominateur commun qui ferait en sorte que tout le
monde y trouve son compte. Il y a un certain nombre de propositions qui nous
sont arrivées sur la table aussi et c'est peut-être
là-dessus que j'aimerais vous entendre. Il y a des gens qui nous disent:
Écoutez, les économies d'énergie, il ne faut pas s'en
faire, on a fait des études, etc. Il y a moyen d'en faire pas mal plus.
Si on économise l'énergie, c'est évident qu'on peut
retarder ou mâme annuler des constructions, tout en ayant à peu
près le même niveau de confort. On ne parte pas de retourner
à la chandelle pour reprendre une expression qui a été
largement utilisée.
On ne parle pas non plus de retourner au poêle à bois mais
il y a moyen de mettre en place des technologies, des techniques, de
développer une nouvelle Industrie appropriée. Il y a moyen aussi
- vous le dites dans votre mémoire - de créer une industrie de
l'environnement qui soit d'avant-garde et elle aussi très
génératrice d'emplois. Croyez-vous, dans la mesure où
Hydro-Québec mettrait en place une véritable alternative en
termes d'économie d'énergie - on ne parle pas des 1 800 000 000 $
en comparaison des 62 000 000 000 $ pour le reste - une véritable
politique d'économie d'énergie, une vision en matière de
construction résidentielle, industrielle, une nouvelle technologie moins
consommatrice et peut-être un peu plus intégrée que le
pommeau, que cette alternative pourrait être intéressante sur le
plan de l'emploi, créer autant de jobs que peut en créer la
construction de centrales, mais d'une façon peut-être plus
continue dans le temps et avec de nouvelles technologies et, finalement,
qu'elle pourrait nous permettre de développer quelque chose de neuf, ce
que d'aucuns ont appelé ici, devant la commission, le
postnucléaire? (12 heures)
M. Laberge: Eh bien, c'est bien sûr. Écoutez, on y
croit, à une dépense mieux planifiée, plus efficace de
l'énergie; on y croit. En d'autres mots, si on peut répondre aux
besoins de la population de façon plus économique, au point de
vue énergétique, bien sûr qu'on y croit, bien sûr
qu'on y croit. Mais à la condition, toutefois, si Hydro fait une
campagne de publicité pour vendre certains produits pour essayer de
changer les mentalités, que ce soit quelque chose qui nous serve
à nous, enfin, a développer des choses chez nous, pas à
développer des choses en Ontario ou ailleurs. Pour l'amour du ciel! Je
trouve ça fort en "ketchup"! Encore une fois, on en a parlé dans
notre mémoire, on sait fort bien que le développement de nos
ressources hydroélectriques va attaquer un peu l'environnement. On le
sait et c'est pour ça qu'on dit: Prenons toutes les mesures
nécessaires pour préserver l'environnement et, surtout, ne
développons pas plus que ce dont nous avons besoin. Vendre de
l'électricité d'une façon temporaire, ce qui permet de
développer pour nos besoins futurs, bien sûr, je trouve ça
louable, mais est-ce que c'est la situation? Et Hydro a encore du chemin
à faire pour nous convaincre de cela, le gouvernement aussi.
M. Claveau: Dans la mesure, par exemple, où une
consultation publique peut-être plus étayée, plus
articulée, avec interrogatoire et contre-interrogatoire d'experts et
tout ce que vous voudrez, nous amènerait à la conclusion que le
gouvernement en tant qu'actionnaire d'Hydro, aurait avantage à mandater
Hydro-Québec pour qu'elle investisse beaucoup plus dans les
économies d'énergie ou dans des façons alternatives, par
le biais du solaire, du gaz naturel ou autrement, de produire de
l'électricité et que cela retarderait définitivement la
construction de barrages ou pourrait annuler, par exemple, la construction de
Grande Baleine ou de NBR qui ont des impacts environnementaux non
négligeables, est-ce que vous autres, vous appuyeriez ou vous
embarqueriez dans une démarche semblable, qui viserait à
restructurer notre approche en termes de production d'énergie,
globalement?
M. Laberge: Moi, je pense que, rendu à la ml-1990, II
commence à être un peu tard pour concevoir un programme de
développement qui pourrait changer de façon drastique le
programme qu'il y a là. On peut certainement l'orienter autrement, on
peut certainement forcer pour que le développement se fasse en prenant
mieux soin de notre environnement, bien sûr, mais est-ce qu'on peut
maintenant penser à quelque chose d'autre? Vous le savez, il y a
quelques années à peine, on est passé à travers une
petite crise où les taux d'électricité avaient
été augmentés de façon très drastique pour
envoyer les citoyens acheter du gaz naturel. Ce ne sont pas des changements qui
peuvent se faire comme ouvrir un robinet et fermer un robinet; ça prend
pas mal de planification.
M. Claveau: Je suis d'accord avec vous là-dessus, mais
globalement, comme société, si on se repose la question de
l'utilisation de l'énergie, du bilan énergétique du
Québec, moi je pense que c'est plus que le temps qu'on se la repose. On
se l'est posée en 1964, on s'est donné un mandat comme
société, finalement, on s'est donné de grands
idéaux comme société. Actuellement, on arrive à une
espèce d'essoufflement de tout ça et je pense qu'il est
peut-être temps qu'on se donne une vision nouvelle, une nouvelle
dynamique pour le futur. Ça devra, un jour ou l'autre, faire partie de
tout le débat. Il y a actuellement une cristallisation des opinions dans
la population québécoise, qui fait en sorte que ce n'est qu'une
question d'échéance. Le gouverne-
ment peut retarder d'un an, de six mois, de huit mois, il peut essayer
de gagner du temps pour faire passer l'annonce d'un nouveau barrage, mais il
reste qu'un jour ou l'autre II devra nécessairement, à plus ou
moins long terme, en tout cas, je pense, en arriver à rouvrir
globalement et fondamentalement le débat à savoir quelle sorte
d'énergie nous voulons, comment nous voulons la produire, pourquoi nous
voulons la produire et quel prix nous sommes prêts à payer.
M. Laberge: Ça, ce sont des réponses que nous
exigeons. Il faut qu'on ait ces réponses-là. Encore une fois,
est-ce que c'est aussi rentable que nous l'avons cru, la vente de
l'électricité? Soit celle du surplus, soit la vente ferme
d'électricité? Est-ce qu'on a besoin de tout le
développement dont il est question dans le programme
d'Hydro-Québec quant à nos besoins futurs et entre temps d'en
vendre pour nous aider à en financer le développement? Si c'est
ça, bravo. Nous applaudissons. Si on a besoin de tout ça,
allons-y. On a ces ressources, à nous d'en profiter. Encore une fois,
est-ce qu'on peut remplacer ça par autre chose? Je dois vous dire qu'il
faudrait... Nous sommes ouverts. Si quelqu'un arrive avec des idées
nouvelles, avec de l'énergie nouvelle et tout ça, nous sommes
très ouverts, nous sommes prêts à regarder tout ça.
Mais ça vous prendrait quelqu'un de très convaincant pour me dire
qu'on ferait peut-être mieux de se lancer dans le nucléaire
plutôt que de développer nos ressources. Disons que je suis un peu
peureux de ce côté-là.
M. Claveau: Ce n'est pas moi qui vais essayer de vous convaincre
pour le nucléaire. J'ai eu l'occasion de le dire, j'ai encore plus
confiance dans l'eau courante. J'aurais peut-être une dernière
question avant de passer la parole à mes collègues, concernant la
pointe, la fameuse gestion de la pointe d'électricité. On sait
qu'il y a une grosse partie des coûts qui provient de la pointe.
Hydro-Québec comme entreprise a tendance à dire: C'est le
consommateur résidentiel qui est responsable de la pointe, dans la
mesure où l'entreprise consomme à peu près toujours au
même niveau, donc on devrait refiler le coût de la pointe au
résidentiel. Il y a des gens qui nous sont arrivés avec d'autres
idées, en disant: Non, même si c'est vrai que c'est le
résidentiel qui est responsable en grande partie du pic de la pointe, il
serait peut-être plus intéressant pour HydroQuébec d'en
refiler la gestion à l'entreprise, qui elle, en tant que consommatrice
d'une masse importante d'électricité, peut plus facilement
augmenter et diminuer sa consommation, selon certains impératifs et
certaines ententes avec Hydro-Québec.
Cela pourrait vouloir dire, entre autres, que si on réussissait
un truc semblable, on pourrait à toutes fins pratiques, annuler tous les
investissements ou la majeure partie des investissements dans des
équipements de puissance additionnelle, comme Manic V PA, LG-2A, qu'on
est en train de construire actuellement et d'autres qui sont prévus
à Manie 3, puissance additionnelle, etc., juste des équipements
de pointe. Ce sont des "boosters" placés sur la centrale et qu'on ne
peut pas utiliser plus de tant d'heures par année, sinon on vide le
réservoir. Si on réussissait ça, ça pourrait
représenter des économies énormes pour Hydro-Québec
et très peu d'investissements pour l'entreprise, ou d'une façon
minime. Mais ça pourrait représenter aussi des modifications
quant aux habitudes de travailler. On pourrait imaginer, par exemple, qu'une
entreprise ferait une entente avec Hydro-Québec, une entreprise qui
consomme beaucoup d'électricité, pour que l'entretien de ses
équipements fixes, machinerie, moteurs, etc., se fasse durant la
période où il y a le plus de demande de pointe, donc de
façon à ce que, elle, ne consomme pas durant cette
période-là. Est-ce que vous croyez que, dans un débat
global de société, on pourrait envisager d'arriver à faire
ce genre de "joint venture" entre le besoin social, le besoin de l'entreprise
et l'intérêt du travailleur, pour faire en sorte que, globalement,
on puisse atténuer ce genre de dépenses pour la pointe par
Hydro-Québec?
M. Laberge: N'oubliez pas que nous avons parlé aussi, dans
notre mémoire, du fait que ces grands chantiers servent quelque peu
à régulariser l'emploi de la main-d'oeuvre. Évidemment, si
vous preniez une décision demain, de fermer les grands chantiers, que
va-t-on faire avec la main-d'oeuvre? S'il y a des alternatives, bon, eh bien,
regardons les alternatives. Enfin, le développement, ce n'est pas tout
mauvais. Il y a du bon. Nous autres, nous sommes pour le développement.
Il faut y mettre des précautions. Il ne faut pas développer pour
le plaisir de développer. Hydro-Québec a déjà dit
ça. Je ne sais pas si elle y croit encore. Il ne faut pas
développer pour le plaisir de développer. Mais nous y croyons. On
le sait que demain, ou après demain, on aura des besoins. Le plus grand
reproche qu'on peut se faire, comme société
québécoise, c'est d'attirer des entreprises énergivores et
que ça ne vaut pas la peine parce qu'elles ne transforment pas assez un
matériel de base. C'est ça le pire.
Encore une fois, il n'y a pas un Québécois, il n'y a pas
une Québécoise qui va questionner une certaine atteinte à
l'environnement si c'est pour préserver la vie de quelqu'un. Il y a un
coût à payer. À chaque fois qu'on veut développer
cette ressource, il y a un coût à payer pour l'environnement.
Même en prenant les plus grandes précautions, il y a un
coût. Mais le coût ici est peut-être trop cher pour ce que
cela nous rapporte, ce que nous avons attiré d'entreprises
énergivores. Encore une fois, la construction de ces
entreprises-là finie, c'est très peu de main-d'oeuvre qu'elles
engagent. C'est tellement auto-
matisé. Une fois que les investissements sont faits, cela se
résume à très peu de main-d'oeuvre. Alors, si on pouvait
les convaincre de façon directe de transformer ces lingots d'aluminium
en produit fini bien là, il est bien évident que la note qu'on a
à payer en vaudrait pas mal plus la peine qu'actuellement.
Le Président (M. Bélanger): J'ai deux intervenants
et j'ai le temps pour un.
Alors, si vous voulez vous entendre entre vous deux.
M. Lazure: Étant donné qu'on parle beaucoup
d'environnement, M. le Président, Je pense que...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: ...je me sens tout à fait pertinent. Je veux
féliciter M. Laberge et son groupe. Je pense que c'est à la fols
très positif, les suggestions qui sont présentées, et en
même temps très sévère pour Hydro-Québec. Je
pense que c'est un témoignage de taille qui s'ajoute aux autres
témoignages concernant la sérieuse perte de
crédibilité d'Hydro-Québec. C'est d'autant plus un
témoignage éloquent que les gens qui ont contribué
à la crédibilité d'Hydro-Québec, sont
principalement les travailleurs qui ont oeuvré sur les chantiers et non
pas nécessairement seule la haute direction d'Hydro-Québec. Et je
pense que le gouvernement doit prendre au sérieux ces
avertissements-là sur la perte de crédibilité. Je pense
que ça va prendre un leadership politique vigoureux pour redonner cette
crédibilité-là à Hydro-Québec.
Concernant l'environnement, moi je trouve fort intéressante la
proposition que vous faites qu'Hydro-Québec - et justement ça
pourrait être pour elle une avenue pour regagner sa
crédibilité et regagner la confiance du grand public
québécois - la suggestion que vous faites qu'elle exerce le
leadership dans la création d'une industrie environnementale. On le sait
maintenant. Il y a assez de littérature qui vient de pays qui ont fait
des pas de géant dans cette direction-là, que ce soit en Europe
ou les États-Unis. Il y a une industrie très très rentable
qui est créatrice d'emplois, plus créatrice d'emplois que les
alumineries ou les barrages...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de La Prairie, je vous inciterais a aller rapidement. Le
temps est écoulé.
M. Lazure: Alors, je finis cette intervention par ma question.
Est-ce que vous ne croyez pas que, pour qu'Hydro-Québec prenne ce
virage, ça demande une intervention du pouvoir politique très
vigoureuse pour imprimer l'orientation qu'Hydro-Québec prendrait dans ce
sens-là?
M. Laberge: C'est en plein ce qu'on dit. Vous avez parfaitement
raison. Regardez les BPC, pour ne prendre qu'un exemple. Bon, Hydro, c'est
à peu près le plus grand responsable au Québec, je pense,
de l'accumulation des BPC. Comment se fait-il qu'elle n'a pas
dépensé énergie et efforts pour trouver la façon de
nous en débarrasser complètement et totalement? Je veux dire que
c'est quasi de l'irresponsabilité, ça.
Le Président (M. Bélanger): Alors c'est tout le
temps que nous avions malheureusement.
M. Claveau: On a dit, effectivement... Malheureusement, parce que
votre mémoire apporte énormément et il aurait
été très intéressant d'approfondir quelques-unes
des affirmations que vous faites là-dedans. Bien que bref, il apporte
beaucoup. Je tiens à dire en terminant, que j'ai remarqué une
chose: vous n'êtes pas venus ici pour faire des règlements de
compte ou pour essayer d'utiliser...
M. Laberge: Vous avez remarqué ça, on a fait bien
attention à ça.
M. Claveau: ...la commission. Je vous en félicite.
D'autres ne l'ont malheureusement pas compris. Merci.
M. Laberge: On fait bien attention à ça et...
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez... Je
vous en prie. S'il vous plaît...
M. Laberge: ...je vous remercie de l'avoir remarqué. M. le
Président, je pense que c'est très Important. Et vous nous voyez
accompagnés des deux présidents des deux grosses sections
locales, le troisième président ne pouvait pas être ici ce
matin. Il y aurait été lui aussi. Je pense que ça
dénote que nous sommes vraiment intéressés au
développement du Québec. Des prises de bec, on en a
déjà eues et on en aura encore et, pour les règlements de
compte, on peut choisir d'autres temps. Mais ce dont il est question ici, c'est
du développement énergétique pour l'avenir du
Québec et c'est de ça que nous sommes venus discuter.
N'empêche, en passant, qu'Hydro pourrait mieux gérer ses relations
du travail. (12 h 15)
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Une voix: Aidée par le gouvernement...
Mme Bacon: Je peux bien vous dire, M. Laberge, que j'ai vivement
apprécié que vous soyez là ce matin. Il y a eu... Vous
veniez, vous ne veniez pas, vous veniez, vous ne veniez pas,
mais je suis très heureuse que vous soyez là et qu'on ait
été capable de discuter ensemble d'une façon très
positive du plan de développement d'Hydro-Québec, et des
orientations et des choix possibles. Je pense qu'on discute en ce moment des
années deux mille quand on parle de choix ou de besoins en
énergie électrique, de l'évolution de la demande, des
propositions qui sont contenues dans le plan de développement, des
moyens de concilier développement économique et protection de
l'environnement. Je pense que ce sont des discussions fort Intéressantes
que nous avons eues avec vous ce matin. Je dois dire aussi que
j'apprécie la présence de ceux qui vous ont accompagnés.
Je suis très heureuse de voir ce fait positif que nous marquons ce
matin. Nous allons continuer à prendre connaissance de votre dossier. Ce
ne sont pas des dossiers pour les mettre sur les tablettes, pour rassurer mon
collègue d'Ungava, M. Claveau.
M. Claveau: Je suis encore un peu hésitant.
Mme Bacon: Nous allons travailler à prendre connaissance
encore plus en profondeur du dossier que vous avez proposé et des autres
qui sont devant nous et il y a des décisions qui devront se prendre, des
recommandations au Conseil des ministres qui se feront le plus rapidement
possible. Merci beaucoup.
M. Laberge: Merci bien.
Le Président (M. Bélanger): La commission de
l'économie et du travail remercie les représentants de la
Fédération des travailleurs du Québec, la FTQ, et invite
à la table l'Union des producteurs agricoles, l'UPA.
Bien. Je demanderais à chacun de bien vouloir reprendre sa place,
s'il vous plaît, pour que nous puissions recevoir l'Union des producteurs
agricoles. Messieurs, je demanderais d'abord le silence à
l'arrière. S'il vous plaît! S'il vous plaît! Si on veut
faire du social, il y a un beau grand hall d'entrée pour ça; ici,
c'est pour la commission et nous voulons recevoir l'Union des producteurs
agricoles.
Union des producteurs agricoles
Bonjour, madame, messieurs. Vous êtes sûrement très
familiers avec nos procédures, je vous les explique très
rapidement. Vous avez 20 minutes pour la présentation de votre
mémoire et, par la suite, il y aura une période d'échanges
avec les parlementaires. Dans un premier temps, si vous pouviez identifier vos
porte-parole, nous présenter l'équipe qui est avec vous et nous
présenter votre mémoire. Nous vous écoutons. Je vous
remercie.
M. Proulx (Jacques): Merci, M. le Président. Je remercie
la commission et Mme la ministre; je remercie la commission de nous recevoir et
de nous permettre de pouvoir dire quelques mots sur le présent projet.
Je voudrais présenter ceux qui sont avec moi aujourd'hui: M. Pierre
Gaudet, qui est le premier vice-président de l'Union des producteurs
agricoles, Mme Suzanne Cloutier, qui est une permanente et qui s'occupe
particulièrement des questions énergétiques, et M. Serge
Paré, qui est le président des serriculteurs du Québec,
que, je pense, vous connaissez.
Alors, si vous me le permettez, comme Je sais que les membres de cette
commission ont certainement fait leur devoir en lisant très
attentivement notre mémoire, vous me permettrez de le résumer le
plus possible pour me limiter dans le temps et de vous rappeler simplement ce
qui, pour nous, paraît le plus essentiel dans le présent
débat.
Il nous faut poser ici une question fondamentale: Qui détermine
au Québec les priorités du développement
économique? Ces priorités, si elles existent, doivent-elles
rester toujours et uniquement tributaires des politiques d'Hydro-Québec?
Comment pouvons-nous, en tant que collectivité, baser notre
développement sur ce genre de monolithisme, même si
l'énergie électrique est et restera l'un de nos avantages
comparatifs sur cette planète?
Ma grande crainte se situe là. D'autres pays ont fait ce genre
d'erreur et, si l'on veut nous parler de bougies, on pourrait parler justement
de certains nombres de pays qui ont fait un peu dans le même sens que ce
soit la production agricole au Sénégal, que ce soit le
café en Côte-d'Ivoire, les céréales en Saskatchewan,
le pétrole en Alberta et même les boulettes de fer à
Schefferville. C'est ce genre d'approche privilégiée par la
finance américaine et une récente édition du Wall
Street Journal disait et je cite: "II faut des ressources bon marché
au Nord et de la main-d'oeuvre bon marché au Sud." Nous sommes bien
placés, le président des serriculteurs québécois
est avec moi pour illustrer les propos, pour contester le tout à
l'exportation qu'est devenue la politique énergétique du
Québec.
Le Conseil de la conservation et de l'environnement insistait quant
à lui sur le fait que le gouvernement du Québec revoie et
modifie, le cas échéant, sa politique énergétique
afin de l'adapter aux défis de la conservation et de l'efficience
énergétique, de mieux concilier les différentes
utilisations du territoire et des ressources en fonction de leur potentiel,
d'éliminer le gaspillage énergétique, de limiter le rejet
des polluants dans l'environnement et de réduire au minimum les
perturbations des milieux et des écosystèmes.
Hydro-Québec justifie sa politique d'exportation et le
devancement des travaux en alléguant que ne pas aménager
maintenant le potentiel hydroélectrique de certaines rivières
serait une perte de revenus pour le Québec. Or,
quand vient le temps de connaître la nature des contrats
signés et le prix de vente de l'électricité, le mutisme
règne. Il faut dire, à la décharge d'Hydro-Québec,
que cette politique de promotion de l'exportation s'inscrit très bien
dans la politique énergétique du gouvernement, politique
élaborée en 1988. Hydro-Québec ne fait que répondre
au mandat qui lui a été confié. HydroQuébec
allègue, de plus, que la demande interne dans les années futures
devra être comblée par l'ajout de nouveaux barrages et propose de
faire d'une pierre deux coups: exportation de l'électricité dans
un premier temps et satisfaction des besoins internes dans un second temps
seulement.
D'abord, il y a, d'une part, la croissance interne dictée par
l'implantation ou la modernisation des aluminerles qui grugera 1500
mégawatts, soit l'équivalent de la moitié de la puissance
du complexe Grande Baleine et, d'autre part, le résidentiel, le
commercial et l'industriel pouvant recourir à
l'électricité mais également à d'autres formes
d'énergie. La première relève d'un choix
économico-politique qui, de mémoire, n'a pas fait l'objet de
véritables débats et pourtant, il s'agit d'entreprises
énergivores polluantes et au demeurant créant peu d'emplois,
directs en particulier, si aucune usine de transformation ne se greffe autour
de l'industrie primaire. Or, au dire même de M. Jacques Bougie
président et chef d'exploitation d'Alcan aluminerle, le Québec
n'est pas un site rentable pour construire des usines qui transformeraient
l'aluminium en des produits de masse. La seconde concerne la demande
générée par les usages résidentiels, commerciaux et
industriels et l'on doit alors se fier aux scénarios
prévisionnels d'Hydro-Québec. Cependant, lorsqu'on regarde les
hypothèses passées d'Hydro-Québec en regard de La Grande
phase 1, on est en droit de se questionner sur la validité de ces
scénarios. Du reste, aucunement dans la politique
énergétique du Québec on n'accorde une attention au
développement possible d'énergies non conventionnelles, tel le
solaire actif, pour les grandes industries afin de répondre à une
demande ponctuelle et localisée.
Bref, il ne s'agit pas de bloquer tout projet hydroélectrique
d'envergure dans l'avenir. Il s'agit plutôt de faire des choix
éclairés en fonction d'une demande justifiée et
justifiante. Mme la ministre déclarait, ici même que, face
à la concurrence internationale, le Québec ne peut se payer le
luxe de ne pas utiliser pleinement l'un de ses atouts majeurs, qu'il faut tenir
compte des emplois, qu'il faut faire vivre les Québécois et les
jeunes. Mais bien entendu, malheureusement, je suis loin d'être sûr
que le chemin suivi réponde à ces principes-là.
L'exemple des serres nous inquiète énormément,
quand il illustre le genre de mépris affiché envers les petits,
mépris qui, à notre avis, doit cesser. Et j'aimerais faire une
petite parenthèse ici. On n'a qu'à regarder les statistiques.
Elles démontrent qu'au cours des dernières années au-
delà de 50 % des emplois créés au Québec et dans le
reste du pays l'ont été par de petites entreprises de cinq
employés et moins, d'autant plus que c'est dans ces emplois-là
qu'il y a eu le plus grand pourcentage de conservation des emplois.
L'utilisation de l'énergie a modelé profondément
l'agriculture et a été un facteur d'accélération
des modifications structurelles des pratiques agricoles. La venue de
l'électricité dans les campagnes a contribué au passage,
en une génération, d'une agriculture vivrière à une
agriculture industrielle. L'UPA s'inquiète des répercussions du
plan de développement hydroélectrique proposé par
Hydro-Québec pour la prochaine décennie, autant sur les terres
agricoles et forestières que sur la santé financière du
gouvernement, principal garant de la société d'État.
Les lignes de transport d'énergie modèlent le territoire
et lui impriment des effets structurants et déstructurants. Je pense que
je n'ai pas besoin de vous parier de tous les problèmes qui s'y
ajoutent, telles les tensions parasites. Le devancement de certains travaux
signifie entre autres que les équipements se feront selon des techniques
éprouvées, ce qui relègue l'application de nouvelles
technologies ou encore de technologies existantes, mais utilisées
marginalement et qui réduiraient de façon significative les
impacts déjà identifiés. L'UPA craint également que
le surinvestissement dans l'hydroélectricité risque d'enlever
à l'État québécois les moyens financiers d'appuyer,
pour notre cas, le monde agricole, lequel a d'autres projets de
société qui sont très viables, d'autant plus que la
validité de l'objectif de production à atteindre est loin
d'être prouvée.
Selon certains, des gains énergétiques importants peuvent
être réalisés dans l'éclairage, la
réfrigération, les moteurs industriels et le reste. En fait,
l'UPA se questionne sur les destinées et les destinataires du futur
réseau hydroélectrique. Le droit au gaspillage est une
absurdité. Malheureusement, aucune voix autorisée au gouvernement
ne parie à ce sujet. Souvenez-vous, il n'y a même pas un an, de
cette publicité d'Hydro, de gentils petits couples qui vivaient dans le
tout à l'électricité. En voyant la facture, je me demande
s'ils n'ont pas décidé de divorcer. Finalement, l'Union estime
que la sagesse commande de s'arrêter et de réclamer qu'un
véritable débat public sur l'énergie, et non seulement sur
l'hydroélectricité, se réalise le plus rapidement
possible.
Je pourrais finir en disant, et c'est une phrase qui a été
utilisée en abondance par les différents gouvernements au cours
des années: Faire plus et mieux avec moins d'argent. Nous vous disons:
Faire plus et mieux avec ce qu'on a au moins.
Si vous le permettez, je demanderais à M. Serge Paré de
compléter notre présentation et,
ensuite, on pourra passer aux questions. Le Président (M.
Lemire): M. Paré.
M. Paré (Serge): M. le Président, Mme la ministre,
Mme et MM. les députés, à ce moment-ci, je vais demander
l'aide de M. Proulx pour qu'il m'appuie dans ce que je vais faire. Vous devez
commencer à connaître nos habitudes. Les 1200 serriculteurs et
serricultrices que je représente ont voulu que le premier geste devant
cette commission soit celui de la remise d'un échantillon de ce qu'ils
savent produire.
Le Président (M. Lemire): M. Paré.
M. Paré (Serge): Les quelques fleurs que nous vous
remettons sont produites par une entreprise portant le nom de Rose Drummond.
Quotidiennement, ce complexe produit quelque 30 000 fleurs, dont 20 000 roses.
En moins de cinq ans d'existence, les entrepreneurs à sa direction ont
arraché aux entreprises étrangères exportatrices des
fleurs pour ce qui touche à 50 % du marché de la rose. Pourtant,
cette "success story" est menacée de mort. Si le gouvernement du
Québec n'exige pas d'Hydro-Québec qu'elle maintienne des tarifs
hydroélectriques préférentiels, Rose Drummond fermera ses
portes, congédiant ainsi 80 employés principalement des
femmes.
Je suis moi-même serriculteur. Je sais d'expérience que,
dans les pays nordiques, la production agricole en serre s'est toujours
développée grâce à des programmes
énergétiques préférentiels. L'énergie
à elle seule représente généralement de 25 %
à 30 % de nos coûts de production. Comme au Québec, notre
avantage énergétique est l'hydroélectricité, il
était normal que le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec choisisse d'investir dans
l'agriculture en serre en 1985, alors qu'Hydro-Québec avait des surplus
énergétiques. Par des programmes de biénergie d'une
durée de quatre ans, on a favorisé le développement de
notre production. J'en tiens pour preuve les 40 hectares de serres nouvellement
bâties. Aujourd'hui, 50 % des légumes de serres vendus sur le
marché québécois sont produits au Québec, un
chiffre d'affaires de 40 000 000 $. À cela, il faut ajouter que le
secteur horticole ornemental génère un chiffre d'affaires de
près de 110 000 000 $.
Par ailleurs, notre industrie est vivement concurrencée par les
serriculteurs ontariens qui, eux, emploient le gaz naturel. Les conditions qui
leur sont consenties sont l'équivalent de celles que vivaient la
majorité de nos producteurs depuis 1985. (12 h 30)
Comme l'écrivait le gouvernement du Québec dans son plan
de développement de la serriculture, en octobre 1988, la serriculture
au
Québec est actuellement en mutation rapide,
particulièrement dans les légumes de serre. Les outils
nécessaires pour y arriver sont un support technique à la
production et à la mise en marché ainsi qu'une politique
énergétique préférentielle de notre ressource
qu'est l'électricité. À preuve, le miracle de la
serriculture hollandaise, selon Marc Trudel, au Symposium international sur la
serriculture, est basé sur une tarification énergétique
préférentielle. Cet avantage réside dans des technologies
de production basées sur notre principale richesse naturelle
renouvelable, l'électricité, dont les coûts au
Québec peuvent être les plus bas au monde pour peu que l'on
instaure des tarifs préférentiels permettant la
réalisation d'un programme national de développement de la
serriculture qui soit d'envergure.
Malgré la volonté du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec de développer
la serriculture, HydroQuébec fait aujourd'hui un bond en arrière.
Il lui semble désormais impossible d'offrir les mêmes conditions
aux producteurs et aux productrices en serre. La société
hydroélectrique propose actuellement aux serriculteurs dont les contrats
de biénergie viennent à échéance une augmentation
d'un minimum de 66 % du coût de l'énergie par rapport aux
conditions consenties en 1985. Nous avons investi 300 000 000 $ en
serriculture. Nous sommes répartis sur tout le territoire du
Québec, et ce, suite à une volonté du gouvernement tel
quel. Nous employons 4000 personnes par année. Nous utilisons
l'électricité pour ses avantages économiques et
écologiques. De plus, si on se compare à une autre industrie qui
est l'aluminerie, si je prends seulement pour exemple Pechiney, la consommation
actuelle des 171 producteurs qui utilisent la biénergie
équivaudrait à environ un vingtième de ce que Pechiney
consomme, et pour une création d'emplois qui est vraiment beaucoup plus
grande.
Le mot de la fin, je pense, c'est: Nous ne nous laisserons pas mourir.
Merci.
Le Président (M. Lemire): Merci beaucoup, M. Paré,
M. Proulx. Je reconnais maintenant Mme la ministre de l'Énergie pour 20
minutes.
Mme Bacon: Je vais peut-être répondre tout de suite,
vous me le permettrez, aux serriculteurs en disant qu'il m'apparaît
évident que l'application du tarif BE à 0,038 $ le kilowattheure
représente une hausse subite trop élevée. Vous, qui
êtes la clientèle d'Hydro-Québec, vous avez un
marché quand même relativement nouveau et un marché en
développement. J'ai donc demandé à Hydro-Québec de
reconsidérer cette offre de façon à ce que l'offre aux
serriculteurs soit au moins équivalente aux tarifs biénergie.
En d'autres termes, j'ai demandé à HydroQuébec
qu'elle présente une offre qui soit à la limite du prix
coûtant, et cela, rétroactivement à décembre 1989.
Hydro-Québec m'a confirmé, et je
l'ai confirmé au président, que l'on offrira aux
serriculteurs le tarif BG, biénergie, à 0,028 $ le kilowattheure,
rétroactivement à décembre 1989, tarif qui devra
être majoré de la hausse convenue par le règlement
tarifaire, soit à 0,0302 $ le kilowattheure à partir du 1 er
mai.
J'en al informé le président et je dois discuter de ce
dossier incessamment avec mon collègue, M. Pagé, le ministre de
l'Agriculture. C'est dire que nous allons continuer à discuter ensemble
de votre dossier. On n'a pas l'intention de vous faire mourir. Au contraire, je
pense qu'on apprécie l'apport des serriculteurs à la vie
québécoise, non seulement par les fleurs magnifiques que vous
cultivez mais aussi par les légumes, et on est à même de
constater la qualité de ce que vous offrez comme produit.
Je pense que ce dossier-là n'est pas terminé, mais je
voulais quand même, au début, faire cette mise au point.
Hydro-Québec s'était rendue à notre demande d'exiger au
moins le prix coûtant.
J'aimerais tout de même avoir le point de vue l'UPA sur les
prévisions de la demande d'électricité telle que
calculée par Hydro-Québec dans son dernier plan de
développement. Est-ce que vous considérez que les
prévisions réalistes, sont surévaluées ou encore
sous-estimées? Et quels sont, d'après vous, les moyens qu'il
faudrait prendre pour satisfaire les besoins en électricité des
Québécois pour les 10 prochaines années? Parce qu'on nous
dit que le plan de développement correspond à ces besoins. On
parle de 2 %, selon l'évaluation d'Hydro-Québec.
M. Proulx: Écoutez, je pense qu'il est difficile pour
beaucoup de gens, pour ne pas dire tout le monde, de pouvoir affirmer que les
prévisions sont correctes. La seule chose sur laquelle on peut se baser,
c'est sur le passé et parfois cela a été assez juste,
parfois cela a été complètement erroné. J'ai pris
la peine de lire plusieurs articles, plusieurs données et tout
ça. On a vite réalisé qu'entre le moment où on
décide et le moment où on est capable de livrer, il y a des
périodes de temps quand même assez longues. Ce sont des
constructions énormes et assez souvent on est arrivé
complètement à côté de ce qu'on avait prévu.
En somme, il y a beaucoup d'imprévisible dans ça et ça
prend du temps aussi.
Alors je n'irai pas sur un terrain dont je sais que peu de gens peuvent
parler de façon juste et en pleine connaissance de cause, sauf que je
reviens à ce qu'on a dit dans notre mémoire, qu'on a
répété aujourd'hui et qu'on pourrait appliquer à
une multitude de choses. C'est: Arrêtons de baser toute notre
stratégie et tout notre développement sur du gaspillage. On a
beau avoir de l'eau et probablement la plus grande masse d'eau au monde, d'eau
potable et ainsi de suite, c'est vrai qu'on peut faire énormément
de choses, mais il y a une fin à tout.
Cest comme les forêts, on avait les plus belles forêts aussi
et pourtant, aujourd'hui, on est très pauvre en forêts. Même
s'il y en a un peu partout, on est très pauvre parce qu'on n'a pas su la
ménager.
Alors, c'est une question globale, collective et, selon moi, il est
terriblement urgent d'instaurer, de mettre en application la notion
d'économie. Essayer de biffer à tout jamais cette idée
qu'on peut gaspiller continuellement n'importe quoi, particulièrement ce
qu'on peut avoir apparemment en abondance. Et c'est une question
d'éducation. C'est une question de formation. C'est une question
quotidienne et c'est surtout que tout le monde - les gouvernements, les
différentes industries et la population en général -fasse
en sorte que, quotidiennement, ce soit une préoccupation et qu'on
utilise tous les moyens qui sont à notre disposition pour
économiser et économiser l'énergie.
Je fais le constat, par exemple, de ce qui s'est produit au cours des
dernières années. Il y a un désintéressement
presque total pour la recherche sur le travail sur le comment
économiser. Je regarde le Québec, par exemple, et, sur 3000
personnes qui ont assisté - je ne sais pas si c'est l'automne dernier ou
cet hiver - à un colloque ou à une grande manifestation, il y en
avait à peine 10 qui étaient spécialisées dans la
recherche d'économie. Quand je regarde ce que l'Ontario investit
comparativement au Québec au niveau de la recherche, c'est six ou sept
fois plus. Quand je sais qu'en 1984, par exemple, il y avait, de la part du
fédéral, 540 000 000 $ pour la recherche et qu'aujourd'hui il n'y
a plus que 140 000 000 $, je pense qu'il y a de quoi s'inquiéter au
sujet des économies, au sujet de la recherche et de tous les moyens
à trouver pour pouvoir faire plus et mieux avec moins.
Nous, nous disons qu'aujourd'hui il y a des techniques qu'on doit
rapidement mettre en application pour économiser. On me dit, et moi je
prends ce que me disent les experts, qu'avec un certain nombre de moyens qu'on
connaît aujourd'hui pour économiser, on pourrait presque
économiser autant d'énergie que... qu'on pourrait s'éviter
de construire le nouveau barrage qu'on projette. Bon, je ne suis pas en mesure
d'affirmer que c'est totalement vrai, mais quand même, ce sont des gens
qui sont supposés s'y connaître. Alors moi, je pense que c'est
dans ce sens-là qu'on devrait s'orienter et c'est pour ça qu'on
veut qu'il y ait un débat. Vous voulez qu'on fasse un choix de
société. Si on décide de faire le choix de continuer
à gaspiller, on gaspillera et demain matin il n'y en aura plus, mais au
moins on aura décidé ça ensemble.
Mme Bacon: M. Proulx, la mise en application de mesures pour
inciter, par exemple, le milieu agricole à réduire sa
consommation d'énergie pourrait peut-être comporter l'abandon du
tarif domestique au profit du tarif de petite
puissance, ce qu'on appelle le tarif G, qui est applicable aux
entreprises dont la puissance de facturation est inférieure à 100
kilowatts. Est-ce que vous seriez prêt à accepter ce changement de
tarif pour les exploitations agricoles aux fins d'efficacité
énergétique?
M. Proulx: Mais, Mme la ministre, c'est justement, ce n'est pas
rien qu'une question de tarif, c'est une multitude de choses qu'on a faites
ensemble. Ça peut comprendre le tarif, mais...
Mme Bacon: Ça peut mener jusque-là.
M. Proulx: Ça le pourrait peut-être, mais ce n'est
pas uniquement une question de tarif. Quand on parle d'économie
d'énergie, je ne suis pas certain que les gens vont économiser
parce que le tarif est haut.
Mme Bacon: Ça nous a été dit. M. Proulx:
Ce n'est pas certain. Mme Bacon: II y a des gens qui...
M. Proulx: Je pense qu'il faut axer davantage sur les
différents moyens, nouvelles techniques et ainsi de suite, pour
économiser l'énergie. Moi, je vous dirai que la question du prix
arrive en dernier dans ça, dans une véritable politique. Je ne
suis pas certain que, demain matin, parce que vous aurez mis
l'électricité plus cher, pas plus qu'une multitude d'autres
produits qui sont devenus beaucoup plus chers, ça ferait en sorte de
faire économiser de l'énergie. Ce n'est pas prouvé,
ça. Je ne sais pas si Pierre...
M. Gaudet (Pierre): II faut peut-être préciser que,
comme consommateur et consommateur très important d'énergie en
agriculture, on n'a pas la maîtrise de la fabrication des
équipements qu'on utilise. Pour ne vous donner qu'un exemple, que ce ne
soit que pour l'éclairage, on achète sur le marché ce
qu'il y a de disponible en fonction des besoins qu'on a dans nos entreprises.
Ce qu'on dit, dans le fond, et de façon plus précise dans
l'ensemble du mémoire, c'est qu'à toutes fins pratiques une
société comme Hydro-Québec devrait investir dans la
recherche de sources d'énergie qui permettent d'économiser en
termes de consommation. Il y a des preuves de faites quant au style d'ampoules
électriques ou aux modes de chauffage ou aux types de moteur qui font
des différences très importantes. L'autre élément
qui pourrait être ajouté à ça, c'est qu'en
agriculture on produit des types d'énergie aussi, lesquels types
d'énergie pourraient être recyclés et
réutilisés dans le réseau. Il y a déjà des
expériences de faites dans des entreprises, dans les fermes, par rapport
à ça.
Le Président (M. Lemire): Y a-t-il des
députés qui veulent poser d'autres questions? M. le
député d'Orford.
M. Benoit: M. le Président, je voudrais déposer un
document qui m'a été envoyé par la Société
d'agriculture de Stanstead dans mon comté, pour ce qui est de la
tarification des expositions agricoles au Québec. Alors, je voudrais
déposer ce document-là, d'une part. D'autre part, je voudrais
poser une question au président. M. le président, vos 48 000
producteurs, 40 % de leurs dépenses en énergie viennent de
l'électricité. On a eu des représentations de faites
à un de nos congrès, au Parti libéral. Un agriculteur
était venu nous voir et nous avait expliqué comment il avait
perdu tout son troupeau par electrocution dans un champ et combien ça
avait été long, finalement, avant que tout ça soit
réparé et comment on ne l'avait pas écouté. Est-ce
que vous avez beaucoup de ce genre de plaintes adressées à
Hydro-Québec chez vos producteurs, qu'avec Hydro, quand if y a des
pannes, c'est long? Ils ont des problèmes avec
Ielectrocution de leurs troupeaux, etc., est-ce un cas
d'espèce?
M. Proulx: Pierre.
M. Gaudet: D'abord, II faut vous dire que, maintenant, dans les
entreprises, comme on ne peut plus se fier au réseau
d'Hydro-Québec, à peu près tout le monde a des outils de
remplacement, des génératrices qui fonctionnent au diesel, dans
le cas de panne de fourniture. L'autre élément que vous soulevez,
c'est le cas du règlement des litiges que des producteurs peuvent avoir
avec Hydro-Québec quand il y a des pertes qui sont occasionnées
par un bris de la ligne, mais qui affectent l'entreprise privée qui est
visée, soit celle d'un producteur agricole.
II y a des cas. Il y a des cas importants. Il faut considérer
qu'Hydro-Québec, au départ, se considère toujours comme
étant sans responsabilité. Il faut commencer par faire la preuve
de la responsabilité avant d'arriver à un règlement ou
à une entente.
(12 h 45)
Là où on a eu le plus de difficulté avec Hydro, ce
n'est pas nécessairement dans les choses qui sont carrément
connues, c'est dans les choses qui sont un peu moins connues. L'exemple qui a
été beaucoup publicise ces dernières années, c'est
celui des tensions parasites. C'est un résidu
d'électricité qui voyage par le sol et qui crée des effets
sur le cheptel, sur les cheptels bovins, porcins ou les volailles. Ce n'est pas
évident que, au départ, tout le monde est satisfait et heureux de
se mettre à la table pour trouver les solutions. Toutefois, on peut dire
qu'on a eu une collaboration relativement satisfaisante de la part
d'Hydro-Québec, sauf qu'il faut continuer d'améliorer la
démarche.
Dans ce sens-là, le souci de recherche de solutions à
court, à moyen et à long terme, doit faire partie de la politique
journalière d'Hydro-Québec et devrait faire partie du mandat
d'Hy-dro-Québec. Ce qu'on reçoit, nous autres, comme producteurs,
c'est qu'on considère qu'Hydro-Québec a un double mandat à
toutes fins pratiques: elle a le mandat de livrer de l'énergie et elle a
le mandat de remplir les coffres gouvernementaux.
M. Benoit: Merci.
Le Président (M. Lemire): Je vous remercie M. le
député d'Orford. Maintenant je reconnais le député
de Beauce-Nord.
M. Audet: Merci, M. le Président. M. Proulx, madame,
messieurs, vous venez de soulever, M. Gaudet, un problème qu'on retrouve
de plus en plus: les tensions parasites. Dans l'intérêt de la
commission, j'aimerais que vous nous en parliez un peu plus, parce que ce n'est
pas connu beaucoup. Chez nous, j'ai un problème avec ça, parce
que j'ai un comté rural, mais dans les comtés urbains, je pense
qu'ils n'ont pas entendu parler de ça souvent. J'aimerais que vous
expliquiez à la commission les causes, ce que vous avez trouvé
comme causes, et les conséquences que ça a au niveau de
l'agriculture, les tensions parasites.
M. Gaudet: Si on prend une façon assez simple au fond
d'expliquer la situation, c'est que le principe même du transport de
l'énergie hydroélectrique, la façon dont le réseau
de distribution est fait au Québec, fait en sorte qu'il y a 100 % de
l'énergie qui est mise dans le fil, mais il y a toujours un retour
à la terre. Comme le réseau d'Hydro-Québec, dans beaucoup
de cas, est désuet quant à sa façon d'être mis
à la terre, il y a, d'après certains spécialistes, 30 % du
retour de l'énergie qui se fait par le sol lui-même. Alors, selon
la composition du sol - il y a en effet des régions où la
composition du sol est plus conductrice que d'autres réglons - cette
circulation d'énergie par le sol fait en sorte que, dans certaines
entreprises agricoles, le bétail est sensible à ce
transport-là. Il se crée une énergie entre le plancher
d'un édifice, que ce soit une vacherie, une porcherie ou un poulailler,
et les installations métalliques. Même si on essaie d'isoler les
installations métalliques, la fuite d'énergie qu'il y a entre les
deux parties fait en sorte que chez le bétail, quand il est en contact
avec ça, de façon non continue - si c'est toujours continu, le
bétail en vient à s'acclimater, mais c'est la modification qui
fait que le bétail ne s'acclimate pas - ça crée, dans les
entreprises laitières par exemple, des stress importants. Chez les
animaux comme les vaches, ça crée des difficultés au
niveau de la qualité du lait. Ça crée des
difficultés aussi au niveau de la mise en gestation de ces
bêtes-là. Dans le cas des vaches, c'est ça. Dans le cas du
porc, c'est à peu près le même phénomène. Ce
qui se produit à toutes fins pratiques, la cause de ça, c'est la
mauvaise mise à la terre du réseau d'Hydro-Québec et sa
façon d'avoir un système de distribution.
Je crois que l'objectif qui est visé dans la présente
démarche, aujourd'hui, est d'illustrer ce point-là comme
étant une façon pour HydroQuébec de répondre
à sa mission de servir collectivement une population dans sa
globalité. Je pense que c'est ça l'objectif qu'on recherche dans
notre présentation, en vous disant: Avant de tout développer
partout, on a peut-être un certain ménage à faire dans
notre jardin. En même temps il faut peut-être penser aussi au
développement, mais il faut faire un développement qui est
harmonieux. Pour ça, il faut avoir la confiance des gens et la
fierté du peuple qui va payer la facture, lui, de toute
façon.
M. Audet: Ça va. Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemire): Merci beaucoup, M. le
député de Beauce-Nord. Mme la ministre de l'Énergie.
Mme Bacon: M. Proulx, vous semblez préoccupé par la
nécessité d'une certaine diversification des sources
énergétiques au Québec et vous êtes aussi bien
conscient, je pense, des difficultés que représente la
distribution gazière en milieu rural. Vous en faites d'ailleurs une
excellente analyse dans votre mémoire et vous concluez en disant: "La
seule mesure possible pour desservir le territoire rural en gaz naturel
consistera donc à orienter, par certaines mesures, les distributeurs
gaziers vers ces marchés ruraux." Est-ce que vous pourriez nous
expliquer à quelles mesures vous faites référence? Et
quels seraient les moyens concrets pour réaliser ça?
M. Gaudet: Mme la ministre, le problème qui se pose, c'est
que les consommateurs d'énergie dans le milieu agricole, par rapport au
réseau du gaz naturel, les consommateurs les plus importants sont ceux
qui utilisent des facilités de chauffage comme dans l'entreprise
serricole ou autre ou encore des entreprises où on fait le
séchage des céréales ou d'autres types d'entreprises qui
ont besoin d'une énergie chaude très Importante.
On pourrait vous donner des exemples assez précis. Le complexe de
serres de Drummondville, comme les roses qui vous ont été
offertes aujourd'hui, est à quelque 100 mètres d'un réseau
de distribution de gaz naturel. Si mes informations sont exactes, le
réseau ne veut pas lui fournir du gaz, parce que le réseau de
distribution a été fait en fonction de fournir d'autres
entreprises qui à l'origine de la mise en place du
réseau avaient signé des contrats d'approvisionnement. Au
moment où une nouvelle entreprise qui est née après le
passage de la ligne veut avoir accès à cette ligne de
distribution, tant et aussi longtemps que le volume n'est pas suffisamment
important, le réseau gazier, lui, décide de ne pas offrir le
service pour des raisons probablement bien justifiées de son
côté. Or, comme il y a une réglementation sur les
réseaux de distribution, au moment de l'émission des
façons de procéder ou des permis d'autorisation pour installer un
réseau de distribution, il faudrait peut-être prévoir un
mécanisme suffisamment flexible pour assurer, selon ce qui se passe dans
la situation énergétique, qu'il puisse y avoir conversion entre
une entreprise et une autre. Ça, dans les endroits où le
réseau est disponible.
Toutefois, si on prend des entreprises où le distributeur gazier,
lui, n'a pas décidé de s'y rendre parce que le volume global
n'était pas suffisamment Important, il faudrait peut-être essayer
de concevoir une mécanique qui ferait en sorte qu'on puisse
développer le réseau, s'il y a une justification tenant compte
d'un échange d'énergies entre un secteur et un autre secteur, que
ce soit d'électricité, du gaz ou d'autres produits
pétroliers éventuellement.
Mais il y a aussi tout le développement des autres types
d'énergies dont on fait mention dans notre rapport. On parle des
énergies de la biomasse, on parie de l'énergie solaire, on parle
de l'énergie éolienne qui, elle aussi, pourrait être
développée. Et, dans notre façon de voir les choses, sans
avoir la garantie d'avoir une compréhension absolue, on pense que, de
son côté, Hydro fait ses recherches uniquement en fonction d'une
source possible qui est la source hydroélectrique. Il faudrait
peut-être envisager d'autres possibilités, et même partir
d'Hydro-Québec pour le faire.
Mme Bacon: On en revient en fait à une meilleure
harmonisation, pour utiliser les mêmes termes que ceux que M.
Caillé de Gaz Métropolitain...
M. Gaudet: Exactement.
Mme Bacon: ...utilisait ce matin, au lieu de
complémentarité.
M. Gaudet: Exactement.
M. Proulx: J'aimerais peut-être, si vous me le permettez,
que Serge complète la réponse à la question et revienne un
peu sur une affirmation que Mme la ministre a faite pour en finir avec cette
partie-là.
M. Paré (Serge): D'accord, merci. Suite aux propos que
vous avez tenus, Mme la ministre, j'aimerais faire quelques commentaires. Vous
nous parlez d'une offre qui va nous être faite par Hydro-Québec
prochainement. Je vais essayer d'expliquer plus clairement le dossier, je pense
qu'on n'a pas compris vraiment le dossier. De la façon dont on le voit
actuellement, c'est que, pour nous, le tarif qui est à payer par la
majorité des producteurs, c'est le tarif biénergie, c'est 0,018
$. Hydro-Québec a annoncé il y a un bout de temps un tarif de
0,038 $. Cependant, dès le mois de février, on avait
déjà des ententes avec Hydro-Québec qui nous disait
qu'elle pouvait descendre à un équivalent de 0,028 $
indexé, qui était 0,0302 $. Ça, c'était en
février. Si on a décidé d'essayer de vous rencontrer et de
rencontrer M. Pagé, c'est parce qu'à 0,038 $, on ne peut pas
survivre. Tout le dossier qu'on vous présente, lorsqu'on vous parle
d'une hausse de 68 %, c'est à 0,0302 $. Ce n'était pas à
0,038 $; on prenait les 0,038 $ déjà comme étant acquis,
le fait que les 0,038 $, on n'aurait pas à le vivre, mais qu'on vivait
plutôt quelque chose comme 0,0302 $. Cependant, nous, on se doit
d'être compétitifs. Lorsque le gouvernement a voulu
développer la serriculture, il nous a dit clairement, dans le fond:
Allez-vous-en dans la serriculture, appuyez-vous sur
l'électricité et développez-vous dans les régions
pour être plus prêts des consommateurs et pour développer
des emplois un peu partout. Nous, on l'a fait dans les régions, le
développement. Maintenant, on nous dit: L'électricité
n'est pas disponible, allez vers le gaz. Le gaz, en tout cas, que je sache, de
mes producteurs, est très peu disponible. Très peu de producteurs
ont accès au gaz. Cependant, on doit continuer à
compétitionner l'Ontario qui, lui, a développé son
industrie - ça a été une volonté politique - et
ça a été développé en s'appuyant sur le gaz
naturel. L'équivalent du coût du gaz naturel, si je le transforme
en coût d'électricité, c'est l'équivalent de 0,017 $
le kilowattheure que les producteurs paient là-bas. Nous ne pouvons pas
nous permettre de payer 0,03 $ le kilowattheure ou 0,0302 $ le kilowattheure,
alors que le coût de l'énergie, c'est de 25 % à 30 % de nos
dépenses. Il faut considérer qu'on est déjà plus au
nord que les producteurs de l'Ontario et, seulement de ce fait-là, on
doit consommer 25 % de plus d'énergie qu'eux.
J'essaie de vous transposer la hausse que ça donnerait pour les
producteurs, pour un producteur familial, une entreprise serricole familiale,
un couple qui travaille dans l'entreprise, soit une entreprise d'environ 2000
mètres carrés, c'est le schéma qu'on a, donc 20 000 pieds
carrés. Cette entreprise-là qui produirait toute l'année,
ça ferait une augmentation du coût de l'énergie de 20 000 $
par année, alors que - et on aurait beau regarder tous les chiffres au
niveau de la rentabilité des serres actuellement - ce n'est même
pas le revenu familial. Le revenu familial est la moitié de ça.
Et nous, on nous demande de faire un effort supplémentaire de 20 000 $
par année pour le coût de l'énergie. Si on parte
d'une entreprise de plus grande envergure, une entreprise d'un hectare,
un complexe un peu plus grand, l'augmentation du coût, c'est 100 000 $
par année.
Si Je reviens aux entreprises qu'on a données en exemple au
début de la discussion, le complexe Rose Drummond qui devait partir
trois hectares de serre, du tarif de 0,018 $ à 0,0302 $, ça
serait une augmentation de 300 000 $ par année. C'est mettre vraiment
cette entreprise-là en faillite. C'est mettre aussi mon entreprise et de
nombreuses entreprises en faillite. C'est un peu ce qu'on aurait voulu vous
expliquer lorsqu'on a demandé de vous rencontrer, vous et M.
Pagé, ce qu'on n'avait pas réussi à faire encore
jusqu'à ce jour. SI j'essaie de faire une répercussion
aussi...
Mme Bacon: Je ne veux pas que vous croyiez qu'on ne veut pas vous
rencontrer là. J'ai fait le travail que j'avais à faire avec
Hydro-Québec. Je pense que j'en al fait une partie avec
Hydro-Québec, je pense qu'il faut reconnaître ça.
M. Paré (Serge): Ce que j'essaie de vous faire sentir, ce
sont les répercussions que ça aurait.
Mme Bacon: Ah ouil
M. Paré (Serge): Si on voulait faire une
répercussion de ces coûts-là sur le consommateur, il
faudrait vendre notre concombre 0,20 $ de plus, 0,22 $ exactement et la tomate
0,54 $ de plus le kilogramme. Je ne pense pas qu'un consommateur, parce que
nous on doit payer l'énergie plus cher, va dire: Oui, je suis prêt
en regardant deux tomates ou deux concombres sur l'étagère de
l'épicerie à payer 0,20 $ de plus pour le concombre ou 0,57 $ de
plus pour un kilo de tomates. Si le gouvernement nous oblige à subir
cette compétition-là, c'est une compétition injuste. On ne
pourra pas survivre. Donc, le tarif à 0,0302 $, je comprends que c'est
une baisse par rapport à 0,0308 $ mais à 0,0302 $ on ne peut pas
survivre. C'est comme si... On aurait eu beau nous annoncer un tarif de 0,10 $
le kilowatt et le baisser à 0,03 $, ce n'est pas plus avantageux pour
nous. Il faut être compétitifs par rapport à ce qui se
passe à l'extérieur. Et l'extérieur pour nous, c'est
surtout l'Ontario.
Mme Bacon: En fait, ce sont les 128 serriculteurs par rapport au
groupe des 171 qui devront payer 0,0302 $ et qui ne peuvent pas se permettre de
payer 0,0302 $. C'est ce que vous nous dites.
M. Paré (Serge): Tous les producteurs, les 171 producteurs
dès que leurs contrats seront terminés, les contrats de
biénergie, devront renouveler à 0,0302 $.
Mme Bacon: Les 43 autres, M. Paré?
M. Paré (Serge): II y en a actuellement qui sont
déjà à 0,028 $, mais ils ne sont déjà pas
compétitifs. En fait, ceux qui ont signé des contrats dans les
années 1977 et 1978 à 0,028 $ sont partis déjà
perdants. Donc, non compétitifs pour un équivalent de 68 % de
leurs coûts d'énergie. Ceux-là aussi, on veut les
rattraper, les rapprocher du coût de l'énergie qui se fait au
niveau de la compétition.
Mme Bacon: Je pense que le dossier n'est pas fermé, si je
peux clore là-dessus. Le dossier n'est pas fermé, M. Paré.
On doit avoir une rencontre avec M. Pagé et on va essayer de faire
coordonner les calendriers des uns et des autres; il faudrait que ça se
fasse. Mais déjà on a quand même réussi à
faire baisser HydroQuébec et on peut regarder ce qu'on peut faire de
plus.
M. Paré (Serge): Merci.
Le Président (M. Lemire): Je reconnais maintenant le
député d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Alors, il me fait
plaisir d'avoir l'occasion d'échanger avec vous, tout en vous souhaitant
la bienvenue à nos travaux. Je pense que le domaine de l'agriculture
restera toujours un domaine fragile et un domaine, finalement, difficilement
qualîfiable dans la mesure où il est à mi-chemin entre
l'activité humaine familiale et l'activité industrielle comme
telle. C'est une catégorie qui est très diversifiée en
termes de grosseur d'entreprise et de genre d'activités liées
à ia production agricole, de façon de gérer, etc. Ce qui
fait qu'encore aujourd'hui même on retrouve la tarification de
l'agriculture dans le tarif domestique à HydroQuébec.
Ma première question irait dans ce sens-là. Est-ce que
vous croyez que le tarif domestique est le meilleur tarif en regard de
l'agriculture ou le gouvernement n'aurait-il pas avantage à obliger sa
compagnie d'État à négocier avec les agriculteurs un tarif
qui soit peut-être plus proche de la réalité de
l'agriculture et de la place que l'agriculture doit avoir dans la
société québécoise?
M. Proulx: Écoutez, si c'est pour perdre du terrain
encore, on aime mieux garder celui-là, même s'il n'est pas des
plus complets. Bien sûr qu'on a discuté occasionnellement d'avoir
un tarif agricole. Mais on n'haïrait pas ça regarder un peu les
mêmes avantages que Pechiney a ou d'autres grandes selon le coût
des produits qu'elles vendent. On regarderait ça assez rapidement et on
aimerait ça. Je pense que c'est ce qui donnerait pleine justice. C'est
l'unique façon de pouvoir respecter...
Je suis d'accord avec ce que vous dites, ce serait plus réaliste
pour les coûts de production en regard des prix du marché. Si vous
le voulez, on va se mettre à négocier très rapidement un
prix qui va être basé sur le prix de notre produit fini, sur le
prix du produit qu'on vend. Ça, ce serait vraiment être à
la fine pointe de la réalité, si on veut. Mais si c'est pour
risquer que ça nous coûte plus cher, sans aucune autre
amélioration, gardons ça là, le prix domestique, ne
brassons pas ça fort. (13 heures)
M. Claveau: En tout cas, mon intervention est dans le sens,
évidemment, de négocier pour des conditions meilleures, dans la
mesure où on croit ou on ne croit pas à l'agriculture au
Québec. Si on y croit, il faut s'organiser pour qu'elle survive.
J'aimerais vous entendre, justement, là-dessus. Parce qu'on regarde,
dans le domestique, dans le fond, on dit: L'agriculture est la plus
désavantagée du tarif domestique, parce qu'elle dépasse
facilement le minimum ou le maximum de la première "bracket" de
tarification. On arrive vite au-dessus et on paie plus cher ce genre de
pénalité. Et, dans ce sens-là, quand on parle d'une
augmentation de 7 %, pour le domestique, pour l'agriculture on parle de plus,
parce qu'il va y avoir une marge supérieure. Même dans la
première proposition d'Hydro-Québec, on parlait de 8,5 % en
moyenne, pour l'agriculture. Alors, le tarif domestique comme tel,
appliqué d'une façon "straight", désavantage ou ne
reflète pas la véritable augmentation des coûts de
l'agriculture. J'aimerais savoir, étant donné l'importance de
l'énergie dans l'électricité et les problèmes qu'il
y a actuellement de concurrence au niveau de l'agriculture, là, avec les
questions de libre-échange, etc., si vraiment les tarifications
appliquées par Hydro-Québec dans le domaine agricole, avec les
augmentations qui sont supérieures en moyenne à celles de la
catégorie, ne sont pas de nature à réellement amener
l'ensemble de l'industrie agricole au Québec vers un marasme.
M. Proulx: Bien, je ne voudrais pas dramatiser, là. De
là à dire que les tarifs d'électricité, avec les
augmentations, vont amener l'agriculture à un marasme, ce n'est pas
uniquement ça. C'est une multitude de choses. C'est bien évident
que s'il y a des augmentations assez importantes, je dirais drastiques, c'est
sûr que ça va ajouter des difficultés pour concurrencer,
particulièrement sur un marché ouvert avec tous les changements
qui se produisent au niveau nord-américain et mondial, à l'heure
actuelle. Il faut faire attention, quand même. On a un tarif, mais qui,
selon les entreprises, se situe un peu entre les deux et qui varie selon le
genre d'entreprise. Ce n'est pas standardisé de même. C'est vrai
que ce sont des augmentations trop fortes, qui vont rendre encore plus
difficile de concurrencer, et ainsi de suite, mais je ne voudrais pas qu'on
cible uniquement les difficultés, là. Ce sont des
difficultés.
Tout ça pour dire que c'est évident que, devant tous les
changements mondiaux qu'il y a à l'heure actuelle, devant toutes les
nouvelles règles du jeu qui existent au niveau du commerce, je pense que
le Québec commet une erreur de ne pas favoriser ses entreprises, ses
entrepreneurs avec ce qu'on possède de mieux au monde. Je pense que ce
seraient des endroits excellents, justement, pour ne pas être
coincé dans les nouvelles réglementations, et ainsi de suite. Je
pense qu'on devrait faire un effort énorme de ce
côté-là et offrir avec ce qu'on possède, profiter
des avantages qu'on a, tout comme les autres pays font à l'heure
actuelle, les autres continents, profiter des avantages. Il y en a pour qui
c'est la température, il y en a d'autres que c'est d'autre chose; nous,
on a l'énergie. Non seulement ça permettrait à notre
agriculture d'être plus concurrentielle encore mais, surtout, ça
permettrait de diversifier, et c'est ça qui est important.
Je pense que l'exemple des serres... je reviens avec celui-là
parce que c'est le plus pertinent. Et on peut faire encore bien des fois, on
peut en construire encore en masse, et pour d'autres raisons aussi. La
première, c'est l'énergie. Mais pour d'autres raisons on est,
à l'heure actuelle, et on pourrait devenir encore des concurrents
beaucoup plus dangereux qu'on ne l'est au niveau mondial à ce
niveau-là. Et ça permettrait de récupérer et
surtout d'utiliser davantage notre infrastructure, et ainsi de suite. Parce
qu'on commence à avoir de la technique, un peu d'histoire autour de
ça, d'autant plus que ce sont des productions qui sont faites, la
plupart du temps, qui sont développées par toute notre jeune
génération, toute la nouvelle génération
d'agriculteurs qui sont mieux formés, et ainsi de suite. Alors, moi, je
pense qu'à partir de là, on n'a pas le droit de manquer
ça, de rater ça, et on doit faire beaucoup d'efforts et les
favoriser avec ça.
L'autre raison pour laquelle on est favorisé - l'exemple des
serres, je continue avec celui-là ~ quand on a développé
ça dans les années quatre-vingt, début quatre-vingt et que
ça s'est accéléré, c'est justement en partie parce
qu'on possédait l'électricité. On avait beaucoup de
connaissances autour de ça. Le malheur, c'est qu'on pense que tu
acquiers une équité presque instantanément en agriculture
et s'il y a un secteur où c'est très long d'acquérir une
équité, c'est l'agriculture. Ça demande des masses
d'Investissements, de la liquidité énormément pour
générer peu d'argent. L'importance, c'est que ça peut
créer beaucoup d'emplois - et la preuve est encore là - sauf que
c'est une production qui est jeune. Quand on parle de développer de
nouvelles productions, tu ne tombes pas à l'âge de toute ta
croissance. Il faut
que tu aies le temps de t'établir solidement. C'est ça, le
problème. Peut-être que, dans 10 ans ou 15 ans, les serres
pourront absorber des augmentations qu'on préconise aujourd'hui.
Peut-être, sauf qu'aujourd'hui elles sont incapables.
Là, on parie de celles-là parce que c'est le plus bel
exemple qu'on peut vous donner. Mais on pourrait vous le donner dans d'autres
secteurs de production qu'on a voulu développer et ainsi de suite. C'est
tout là que se situe le problème. Mais quand le gouvernement a
vendu cette idée-là et qu'il a favorisé le
développement des serres comme le développement d'autres
productions, mol, je suis convaincu qu'il ne pensait pas - ou bien il a
été très malhonnête s'il pensait ça - que,
dans l'espace de cinq ou six ans, tu pourrais facilement concurrencer n'importe
quel autre pays autour de ça. C'est là que se situe tout le
problème. C'est de la courte vue. C'est ne pas tenir compte de la
réalité et n'avoir aucun sens de ce que c'est que de
développer de l'agriculture et d'acquérir des marchés
à ce ntveau-là et de tâcher de tasser les autres d'ailleurs
qui sont favorisés par d'autres aspects.
M. Claveau: Je crois que le domaine des serres est un bel exemple
de l'importance qu'un gouvernement doit donner à la continuité de
ses programmes. On amène du monde à investir massivement dans un
secteur à partir d'une condition bien précise et, dès que
l'investissement est fait, bien là, la condition disparaît et tu
restes en l'air avec ton investissement et tu ne sais plus quoi faire avec. Il
n'y a personne qui va t'aider a t'en tirer et à récupérer
ce que tu as mis là-dedans. Je pense que c'est un exemple qui nous
amène à réfléchir sur la continuité, la
nécessité d'avoir une vision à long terme dans n'importe
quoi de ce qu'on prône comme nouvelle modification ou transformation de
nos structures de société.
C'est la même chose dans tout. Les serres nous permettent de voir
vraiment sur le terrain c'est quoi le problème et de façon
peut-être d'abord à sauver... Il faut trouver des moyens pour
sauver les serres, c'est bien évident. Aussi, ça peut nous
empêcher de faire d'autres erreurs semblables dans l'avenir. Quand on a
un avantage momentané et qu'on demande à des gens d'investir
à long terme, cet avantage momentané-là, il faut s'assurer
qu'il continue au moins pour le temps de l'amortissement de l'investissement
sinon c'est carrément se moquer du monde que de les amener à
investir là-dedans. De toute façon, ma collègue de
Verchères va revenir tout à l'heure sur la question des serres.
Comme le temps s'écoule assez rapidement, je vais changer de dossier
tout de suite.
Vous avez dit, à juste titre d'ailleurs, que, comme
société, on ne devait pas endosser l'espèce de principe du
droit au gaspillage dans l'énergie. J'en conviens. Ce n'est pas parce
qu'on est hautement énergivore qu il faut le demeurer à tout
crin, qu'il faut faire en sorte de continuer à consommer parce qu'on
peut bâtir pour répondre à la demande. Mais si on applique
le principe d'une façon plus précise au domaine de l'agriculture,
est-ce que vous êtes capable de nous donner des chiffres - d'abord, il y
a des études qui existent là-dessus, je ne sais pas - concernant
l'efficacité énergétique de l'agriculture, quand on parle
des granges, hangars de toutes sortes, étables, poulaillers, porcheries,
enfin? Est-ce qu'il y a un bilan de l'efficacité
énergétique là-dedans et est-ce qu'il n'y aurait pas
moyen, comme société, d'utiliser éventuellement les
failles qu'il pourrait y avoir dans ce domaine-là pour développer
de nouvelles technologies qui pourraient être elles aussi exportables
pour amener de nouvelles façons de voir et faire en sorte de
développer, à partir de ce qui pourrait être aujourd'hui un
peu un manque, de développer une expertise qui devienne rentable pour la
société et qui, en même temps, diminue passablement la
nécessité d'apport énergétique, des achats
énergétiques de l'agriculteur?
M. Proulx: Je vais peut-être laisser à Pierre la
première partie de votre question. Je vais répondre rapidement
à votre deuxième. Oui, il y a une possibilité, il y a
plusieurs possibilités de pouvoir trouver des moyens ou d'utiliser
davantage des moyens qui sont à notre disposition pour avoir de
l'énergie et ainsi de suite et, par le fait même, entrer dans ce
qu'on peut appeler des économies, puis ainsi de suite. Mais, pour
ça, il faut qu'il y ait des incitatifs - et là, je m'explique
tout de suite - non pas nécessairement des incitatifs par des
subventions, mais il faut qu'il y ait quelque part des choses de faites
ailleurs pour qu'on soit capable d'aller chercher un peu de technique, et ainsi
de suite. Il faut qu'il y ait une certaine forme d'encouragement pour utiliser
au maximum ce qu'on peut posséder autour de nous autres. Mais il n'y a
pas de volonté en ce sens-là nulle part. On a comme l'impression
qu'il y a des gens qui font une concurrence déloyale - je ne sais pas -
et ainsi de suite, qu'il n'y a aucune volonté au niveau de ce qu'on peut
appeler des petits projets, de l'utilisation maximale de ce qu'on
possède sur les lieux, dans le milieu, pour avoir de l'énergie,
pour créer de l'énergie et ainsi de suite. Sur ça, moi, je
suis convaincu qu'il y a énormément à faire sur
ça.
Pour la première partie, je demanderais à Pierre,
peut-être, de... On n'a pas tellement de choses, mais je pense qu'on a
certains indicatifs.
M. Gaudet: Je ne peux peut-être pas vous donner, à
ce moment-ci, des chiffres très précis, mais des secteurs
où, au niveau de la production, on a fait des investissements majeurs
pour faire de l'économie d'énergie. Je pense à tous les
systèmes d'entreposage dans le secteur des fruits
et légumes, par exemple, où on a besoin d'avoir une
atmosphère contrôlée, les producteurs ont investi beaucoup.
Sauf que notre problème, c'est que la collaboration avec l'unique
fournisseur d'énergie électrique disponible au Québec
n'est pas toujours tout à fait facile. Pour vous donner des exemples
bien concrets, c'est que, pour avoir un moteur qui, lui, va actionner un
compresseur soit de réfrigération ou de ventilation dans certains
cas, parce que l'atmosphère contrôlée ne contrôle pas
que la chaleur mais aussi d'autres éléments, puis qu'on est dans
un bout de ligne d'Hydro-Québec qui n'offre pas le 550 volts, bien, le
problème qu'on a, c'est que, là, Hydro dit: Tu veux t'installer
un entrepôt là, toi, mon "Pit"...
Bien, je vous donne un exemple: Hier après-midi, avec un
producteur qui installe un système d'irrigation dans la production de
pommes de terre, il va être obligé de mettre un moteur Diesel pour
faire fonctionner la pompe. Il est juste juste en-dessous d'une ligne
d'Hydro-Québec, mais Hydro ne veut pas desservir ses 550 là,
parce qu'elle dit: Rien qu'une pompe ici, puis cette pompe-là va marcher
possiblement deux mois dans l'année, c'est-à-dire dans le mois de
juillet et possiblement dans le mois d'août. Ce n'est pas vrai qu'il va
les arroser, les patates, au mois de décembre, parce qu'elles ne seront
plus là, O.K.? Puis il va les arroser seulement quand il en aura besoin.
S'il mouille, il ne les arrosera pas non plus. Alors, le concept même
d'Hydro, c'est de dire au gars: Bien, écoute, dépose-nous 25 000
$ pour partir, puis on va t'en faire une ligne, spécifiquement pour toi,
puis tu paieras la facture quand on aura fini. Il n'y a seulement pas de
dévaluation! Alors que, si je vais faire réparer ma voiture et
que je demande au garagiste combien ça va coûter, il est
obligé, en vertu de la Loi sur la protection du consommateur, de me
fournir un estimé des coûts. Donc, par rapport à votre
question précise: Est-ce que, par rapport à des économies
d'énergie, il y a des efforts qui ont été faits et si on a
des chiffres, dans des secteurs comme le secteur de l'horticulture dans des
entrepôts? Oui, il y en a. Je ne les ai pas sous la main mais on
pourrait, éventuellement, vous les faire parvenir.
L'autre élément, c'est par rapport au réseau. Vous
savez qu'un moteur, par exemple, qui est sur le 550 volts ou sur le 250 volts,
bien, la consommation brute d'énergie pour la même grosseur de
moteur est de moitié moins s'il est sur le 550 que sur le 220. Alors,
ça, c'est juste une question de mentalité, on n'a même pas
besoin de changer de modèle, à ce moment-ci, on a juste à
s'assurer que le réseau permet d'avoir ces installations
physiques-là, le réseau du 550 est fait... des entreprises et des
PME, puis l'agriculture est devenue une PME, sauf qu'elle n'a pas le
réseau.
M. Proulx: Serge pourrait peut-être, concer- nant les
serres, il y a quand même..., comme c'est jeune, nous donner beaucoup
de...
M. Paré (Serge): Oui, dans notre secteur, bien sûr,
on a beaucoup travaillé sur la question d'énergie. Quand on parle
de question d'économie d'énergie, concernant les serres, il y a
du travail de fait là-dessus. On parle, entre autres, de l'isolation des
serres, de l'utilisation, de plus en plus, de couvertures thermales. Il faut
bien comprendre qu'une serre, dans le fond, c'est soit deux
polyéthylènes avec une couche d'air entre les deux ou seulement
une couche de vitre, donc c'est vraiment énergivore au niveau de la
production. Cependant, on arrive avec de nouvelles technologies, comme les
couvertures thermales, l'isolation des serres et, surtout, l'éclairage
artificiel qui est une façon d'améliorer la productivité
des plants tout en utilisant l'énergie dégagée par ces
lampes-là pour chauffer les serres. Cependant, lorsqu'on parle
d'éclairage artificiel, pour un hectare, il faut Investir presque 500
000 $ pour éclairer artificiellement. C'est sûr que si on prend
notre tarif d'électricité à 1,8 et qu'on le monte à
3, on se demande pourquoi on investit dans ce secteur-là. Il y avait
d'autres choix possibles sur lesquels on a regardé les
possibilités et que les producteurs utilisent aussi. On peut chauffer au
bois, à la sciure de bols. On peut chauffer avec des pneus usés,
ça se fait.
Une voix:...
M. Paré (Serge): On peut chauffer avec des huiles
usées. On peut utiliser des pompes à chaleur. Mais avec ces
énergies-là, il y a deux problèmes. Il y a le
problème du coût d'investissement - je prends, à titre
d'exemple, la pompe à chaleur, c'est vraiment très dispendieux -
et aussi des questions environnementales. Est-ce qu'on va pouvoir, les
producteurs, commencer à utiliser l'huile usée ou des pneus
usés à volonté? Je ne pense pas qu'on aura la permission
de le faire. Même le bois. On sait que, brûler du bois sur un grand
volume, c'est polluant. Donc, on est un peu coincé là-dedans.
Quelles que soient les solutions qu'on essaie de trouver, on est un peu
coincé à ce niveau-là.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Verchères.
Mme Dupuis: Vous avez fourni ici une petite étude
comparative entre les deux industries, celle de l'aluminerie et de la
serriculture. Si on pousse un peu plus l'étude, à savoir est-ce
que vous avez en main ou vous avez fait l'étude à savoir... Au
taux que vous demandez à HydroQuébec, 1,8 je parle, versus ce
qu'elle vous offre, combien ça coûterait en plus à
HydroQuébec versus Pechiney, les taux qui leur sont alloués
versus si on les comparait aux vôtres,
combien cela coûterait-il de plus à
Hydro-Québec?
M. Paré (Serge): La seule aluminerie qu'on a
comparée, parce qu'on a réussi à avoir des chiffres, c'est
Pechiney. Ce qu'il faut retenir, c'est que Pechiney a une puissance
installée de 600 mégawatts et, nous, on a une puissance
installée pour les 171 producteurs biénergie de 133
mégawatts. Seulement ce facteur, on parle d'un facteur de 4,5 fois plus
au niveau de la puissance. Ce dont il faut tenir compte aussi, c'est le facteur
utilisation. Nos 133 mégawatts vont travailler 1900 heures par
année alors que leurs 600 mégawatts vont travailler 7000 heures
par année. Donc, 90 %, 95 % d'utilisation. Si on regarde ce facteur,
nous, les 171 producteurs, actuellement on utilise 1/20 de l'utilisation
énergétique de Pechiney.
Au niveau de la création d'emplois, on dit: L'ensemble de la
serriculture fait vivre 4000 emplois. Il y a seulement actuellement 171
producteurs qui sont installés à la biénergie. Une chance,
parce que s'il fallait qu'on soit tous embarqués là-dedans et
que, du jour au lendemain, avec la hausse qu'on a, on serait tous
"pognés" avec des équipements qui ne sont pas amortis, on serait
drôlement mal pris. Donc, les 171 producteurs, on pense qu'eux, ce sont
1500 emplois, parce que ce sont des plus gros producteurs, 1500 à 2000
emplois. C'est presque la moitié pour 15 % des producteurs, non pas 15
%, 171 producteurs, je m'excuse.
Votre question était à savoir... Je m'excuse.
Mme Dupuis: Le but, c'est de savoir... avec le taux
qu'Hydro-Québec vous alloue, vous semblez dire que vous vous en allez
vers la faillite.
M. Paré (Serge): Le coût.
Mme Dupuis: Moi, j'aimerais savoir, le taux que vous demandez, si
ça amènerait HydroQuébec en faillite.
M. Paré (Serge): Non. Le taux qu'on demande, dans le
fond...
Mme Dupuis: Versus ceux de Pechiney et la serriculture.
M. Paré (Serge): Nous, ce qu'on vise, c'est un taux qui
est comparable à celui de l'Ontario, donc payer l'équivalent de
1,07 $ du kilowatt. On a estimé que si on arrivait à ça,
il y a quand même une partie des producteurs qui ne sont pas en
biénergie qui deviendraient sur biénergie. Donc, on pourrait
peut-être doubler l'utilisation actuelle. Ça ferait un manque
à gagner théorique - parce qu'ils ne l'ont pas actuellement, mais
par rapport à la hausse qu'ils veulent faire - peut-être de 3 000
000 $ par année.
Le Président (M. Bélanger): Je dois vous
interrompre là, Mme la députée.
Mme Dupuis: Versus Pechiney, non?
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement, c'est
tout le temps que nous avions à notre disposition. Alors, si vous voulez
remercier nos invités, M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Oui, ça me fait plaisir de vous remercier de
votre prestation devant la commission. En tant que dernier groupe, je pense
qu'on s'est gardé le dessert. Il aurait été avantageux
d'en discuter plus longtemps parce que le domaine de l'agriculture n'est
définitivement pas un domaine facile à identifier, à
localiser à l'intérieur de toute la mécanique de
production transformation. En ce qui concerne les serres, moi, je pense que,
effectivement, on doit respecter... Les gouvernements doivent avoir des visions
qui permettent de respecter les engagements envers des groupes d'individus dans
la société, des groupes de producteurs, respecter les
investissements et les efforts qui sont faits pour diversifier nos productions
québécoises, notre autosuffisance alimentaire et
esthétique. Si certaines alumineries paient moins de 0,01 $ le
kilowattheure sur des bases de consommation annuelle, je ne vois pas pourquoi
les serres seraient obligées de se mettre dans des situations difficiles
parce qu'on les oblige finalement... ou parce que les gouvernements et
Hydro-Québec ne respectent pas des engagements qui étaient
déjà pris.
Le Président (M. Bélanger): M. Proulx,
brièvement, s'il vous plaît.
M. Proulx: Très brièvement, juste pour dire qu'on
ne mettra pas Hydro-Québec plus en faillite que les grands projets vont
la mettre à l'heure actuelle. On l'a offert et ça nous fait
plaisir de vous l'offrir encore aujourd'hui. On veut être traité
exactement, pas plus pas moins, comme vous traitez Pechiney ou les autres, avec
les mêmes critères pour utiliser la même énergie.
J'inviterais Mme la ministre et les membres de cette commission, s'ils
pouvaient se libérer quelques heures, pour aller visiter un de ces
complexes-là. Vous réaliseriez combien c'est productif pour le
Québec, combien ça crée d'emplois. Et ces gens-là
sont prêts à vous mettre leurs livres sur la table. Ce matin, je
parlais avec le président, le principal actionnaire de Rose Drummond
où il se paie un salaire que je ne vous dirai pas parce que vous ne me
croiriez pas, mais qui est tout près du salaire minimum. Alors, ce n'est
toujours pas parce que ces gens-là ont exagéré, parce
qu'ils ont à coeur. Alors, c'est ça, l'avenir du Québec,
et c'est ce qu'on peut appeler un projet de société et c'est
ça qu'on vous demande qu'on regarde ensemble
sans vouloir bloquer tout ce qui est là systématiquement.
Mais avant de prendre une autre décision de développement
à ce niveau-là, que la société
québécoise y participe et qu'il y ait un consensus national.
À partir de là, vous serez beaucoup mieux appuyé, plus
solide aussi pour développer et investir une grande partie de la
liquidité dont on aura peut-être bien besoin dans d'autres
secteurs.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Mme
la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, vous comprendrez que le
dossier des serristes n'est pas fermé. Ayant déjà obtenu
d'Hydro-Québec d'abaisser son coût au prix coûtant, je pense
bien que mon collègue de l'Agriculture devra aussi faire sa part et on
devra travailler ensemble. Je ne suis pas ministre de l'Agriculture, je suis
ministre de l'Énergie et des Ressources. En ayant fait un bout de
chemin, le collègue de l'Agriculture pourra faire le sien. Mais je pense
que vous n'avez pas à nous faire de vente, M. Proulx, de ce que sont les
serristes puisque à Laval, vendredi dernier, on honorait un des
vôtres, M. Sylvain Cléroux, qui a gagné le grand prix de
Dunamis. Et c'est avec grand plaisir que j'ai accepté son invitation
d'aller visiter les serres qu'il possède. Je dois dire que quant au
mémoire que vous nous avez présenté, qui est un
mémoire fort important... Et ce sont des dimensions différentes
qu'on a entendues ici, au cours de cette commission parlementaire. La
vôtre l'a été aussi. Je pense qu'il y a de nouvelles
dimensions qui nous sont mentionnées. On va faire en sorte de prendre en
ligne de compte, je pense, et de tenir compte des recommandations que vous nous
faites dans votre mémoire et de l'analyser en profondeur, comme on l'a
fait avec les autres mémoires.
Encore une fois, je pense aussi que le domaine de l'agriculture a
été pour les Québécois un domaine qui a
été plus émotif que d'autres, peut-être, et qu'il
faudrait garder encore aussi émotif qu'il l'a été dans le
passé, ce qui nous permettrait peut-être de poser d'autres gestes,
en particulier dans le domaine des serres mais dans l'ensemble du domaine de
l'agriculture. Alors, on va tenir compte de ça au moment où il y
aura des prises de décision qui se feront et qui viendront
bientôt. Encore une fois, pour rassurer mon collègue et pour ceux
qui viennent ici, ils ne sont pas venus pour rien. On n'a pas fait cet exercice
d'une commission parlementaire pour s'amuser. Je pense qu'on l'a fait
sérieusement et avec beaucoup de préparation. On a
écouté attentivement les gens qui sont venus nous rencontrer. Et
c'est avec tout le sérieux qu'on va aussi se mettre à la
tâche pour faire le point sur les mémoires qu'on a reçus.
Le vôtre sera pris en considération puisque je pense, encore une
fois, que notre société a besoin des agriculteurs. On ne peut pas
survivre sans eux. Il faudra s'arrêter avec beaucoup de sérieux
aux recommandations que vous nous avez faites. Merci beaucoup.
M. Proulx: Mme la ministre, si vous voulez continuer à
recevoir de belles fleurs, faites en sorte que les serristes puissent
continuer. J'espère que les fleurs de l'Assemblée nationale sont
achetées...
Mme Bacon: On les a vivement appréciées. M.
Proulx:... sont achetées de nos serristes.
Mme Bacon: On vous remercie beaucoup de vos fleurs.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
président, la commission de l'économie et du travail remercie
l'Union des producteurs agricoles. Je pense que vous avez fait
référence au vieil adage qui dit: Dites-le avec des fleurs.
Alors, c'est très bien reçu. On vous remercie de votre
participation à nos travaux. Nous suspendons les travaux
jusqu'après la période des questions, vers 16 heures, où
nous ferons l'étude des crédits de la forêt. Merci.
(Suspension de la séance à 13 h 25)