Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
mercredi 19 avril 2023
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Vol. 47 N° 3
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 19, Loi sur l’encadrement du travail des enfants
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Intervenants par tranches d'heure
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D'Amours, Sylvie
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Boulet, Jean
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Boulet, Jean
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D'Amours, Sylvie
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Cadet, Madwa-Nika
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Zaga Mendez, Alejandra
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Zaga Mendez, Alejandra
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D'Amours, Sylvie
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Boulet, Jean
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Boivin Roy, Karine
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Boivin Roy, Karine
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Boulet, Jean
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Poulet, Isabelle
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D'Amours, Sylvie
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Cadet, Madwa-Nika
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Zaga Mendez, Alejandra
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D'Amours, Sylvie
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Boulet, Jean
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Boulet, Jean
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D'Amours, Sylvie
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Cadet, Madwa-Nika
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Leduc, Alexandre
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D'Amours, Sylvie
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Boulet, Jean
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Cadet, Madwa-Nika
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Cadet, Madwa-Nika
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D'Amours, Sylvie
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Leduc, Alexandre
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Boulet, Jean
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Boulet, Jean
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D'Amours, Sylvie
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Cadet, Madwa-Nika
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Leduc, Alexandre
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D'Amours, Sylvie
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Boulet, Jean
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Cadet, Madwa-Nika
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Cadet, Madwa-Nika
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D'Amours, Sylvie
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Leduc, Alexandre
11 h (version révisée)
(Onze heures dix-neuf minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'économie et du travail ouverte. Je vous souhaite la bienvenue, et je
demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre leurs
sonneries de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 19, Loi sur l'encadrement du travail des
enfants.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Dufour (Abitibi-Est) est remplacé par Mme Poulet
(Laporte).
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
dois vous souligner aussi la présence de la députée de Verdun pour... quelques
instants pour remplacer le député d'Hochelaga-Maisonneuve, et ça va me prendre
un consentement pour qu'elle soit ici temporairement. Est-ce que j'ai le
consentement?
Des voix : Consentement.
Auditions (suite)
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Nous entendrons ce matin les témoins suivants : le Réseau québécois pour
la réussite éducative et Force Jeunesse.
Je souhaite maintenant la bienvenue au
Réseau québécois pour la réussite éducative. Je vous rappelle que vous disposez
de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
faire votre exposé.
Réseau québécois pour la réussite éducative (RQRE)
Mme Mayer-Périard (Andrée) :
Merci. Bonjour, madame... merci, Mme la Présidente. M. le ministre, Mmes et
MM. les parlementaires, merci de nous recevoir ce matin. Je me présente, Andrée
Mayer-Périard, je suis présidente du Réseau québécois pour la réussite
éducative. Avec moi, Audrey McKinnon, la directrice générale de notre réseau.
Et ce matin nous avons invité avec nous deux dirigeantes du réseau, deux
dirigeantes d'instances régionales de concertation, qui sont vraiment aux
premières loges pour observer l'effet du travail chez les enfants et chez les
jeunes, soit Mme Ariane Cyr, qui est présidente... vice-présidente du
réseau québécois et directrice de PRECA, qui est l'instance en
Chaudière-Appalaches, et Mme Mélissa Chénard, qui est coordonnatrice de
RAP Côte-Nord. Vous aurez compris que c'est l'instance sur la Côte-Nord. Donc,
ils vont être avec nous ce matin <pour notre présentation...
Mme Mayer-Périard
(Andrée) :
...l'instance sur la Côte-Nord. Donc, ils vont être
avec nous ce matin >pour notre présentation.
Le Réseau québécois est actif depuis 2004
et regroupe les instances de concertation de toutes les régions du Québec.
Notre intervention la plus connue est certainement les Journées de la
persévérance scolaire, c'est... qu'on pourrait dire qu'il s'agit de la pointe
visible de l'iceberg quand on parle de notre action.
De fait, depuis 20 ans, les IRC se
préoccupent des impacts du travail sur la réussite des élèves. Nous
accompagnons les entreprises, les parents et les jeunes dans l'adoption des
meilleures pratiques de conciliation études-travail. Ainsi, le RQRE a toute
l'expertise pour se prononcer sur plusieurs éléments du projet de loi actuel.
D'entrée de jeu, mentionnons que nous
accueillons favorablement le projet de loi. Nous y voyons les éléments d'un bon
compromis pour favoriser un meilleur équilibre entre les études et le travail.
Nous croyons qu'il est essentiel de mettre en place des encadrements qui
favoriseront la réussite éducative des jeunes et qui assureront la poursuite de
leurs études, et ce, le plus longtemps possible.
• (11 h 20) •
Mme McKinnon (Audrey) : Maintenant,
nous tenons à apporter un éclairage quand même particulier sur certains
éléments du projet de loi.
Commençons d'abord par l'âge minimal de travailler
à 14 ans. C'est pendant ces années que le développement physique, cognitif
et psychosocial se consolide, notamment par le développement de la maturité et
de l'identité. Ce sont des années cruciales.
Lors du passage au secondaire, sept jeunes
sur 10 voient leur parcours scolaire altéré de différentes manières :
baisse du rendement scolaire, augmentation de l'anxiété, émergence d'attitudes
négatives envers l'école et les enseignants, diminution de l'intérêt et de
l'encadrement scolaire.
D'autres études ont observé qu'une entrée
précoce sur le marché du travail est associée à de faibles aspirations
scolaires et professionnelles, allant de pair, donc à un désengagement envers
l'école. Donc, on sait aussi que les élèves qui ont un projet scolaire et professionnel
plus clair vont trouver la motivation nécessaire de s'engager et d'arriver à
leurs fins et d'arriver à leur diplomation. Donc, c'est pourquoi que... c'est
pourquoi, en fait, on appuie la disposition de loi. En fait, c'est une période
cruciale. Commencer jeune est associé à un désengagement, alors fixer l'âge à
14 ans, l'âge légal d'entrée sur le marché du travail, est une bonne chose
à faire.
Maintenant, au sujet des exceptions. Nous
croyons que la loi doit demeurer simple et le plus simple possible. Moins qu'il
y aura d'exceptions, mieux elle sera comprise et plus son application sera
facilitée. S'il fallait avoir des exceptions au-delà de ce qui est déjà prévu à
la loi, nous avons réfléchi à quelques principes qui devraient guider le
législateur dans sa décision. À nos yeux, ces milieux devraient garantir un
environnement sécuritaire en préservant tant la... en préservant... ah! la joie
de la technologie, on veut éviter le papier... donc, représenter un milieu,
donc, qui a la capacité d'offrir un environnement favorable au développement
des jeunes de moins de 14 ans et qui est en mesure de comprendre leurs
besoins, donc un milieu qui est en continuité avec sa vie familiale, sa vie
scolaire ou sa vie de loisir, un milieu qui est en mesure d'offrir des
conditions d'emploi qui favorisent la persévérance scolaire en limitant les
effets de cumul des activités, donc, qui peuvent nuire au parcours scolaire des
jeunes et des effets qui s'engagent... des milieux qui s'engagent à favoriser
la persévérance scolaire en adoptant des bonnes pratiques de conciliation
études-travail.
Enfin, concernant le nombre d'heures de
travail consenties par semaine, rappelons que les études ont démontré l'impact
du travail des jeunes sur la réussite éducative. En fait, ces études invitent à
se préoccuper du cumul des activités des élèves afin d'évaluer si ces dernières
sont susceptibles de nuire ou de favoriser leur réussite éducative. Nous savons
que plus le nombre d'heures de travail hebdomadaires augmente, plus les jeunes
sont à risque d'avoir de la difficulté à concilier leurs études et leur travail
et sont à risque de décrocher. C'est particulièrement plus important,
d'ailleurs, chez les garçons.
En fait, précisément, on sait qu'en deçà
de 10 heures de travail, le travail peut être favorable à la réussite
éducative. Par contre, à compter... on comprend qu'à compter de 11 heures,
il commence à y avoir des risques chez certains jeunes; quand on... à compter
de 15 heures de travail, on commence vraiment à avoir des défis accrus en
termes d'engagement et de persévérance scolaire; puis, au-delà de 20 heures
de travail, ça peut être carrément nuisible, donc... Et, au-delà du nombre
d'heures... les effets d'un trop grand nombre d'heures ont également été
documentés <ou d'une mauvaise conciliation...
Mme McKinnon (Audrey) :
...trop
grand nombre d'heures ont également été documentés >ou d'une mauvaise
conciliation, et là, ici, on parle d'une plus grande détresse psychologique,
d'un manque de sommeil, d'une plus grande fatigue à l'école, d'adoption de
comportements à risque, drogue, alcool, pour ne nommer que ceux-là.
C'est pourquoi nous croyons que les
balises proposées, qui prévoient que le nombre d'heures de travail qu'un
employeur peut faire effectuer à un enfant assujetti à l'obligation de
fréquentation scolaire ne peut excéder 17 heures par semaine mais 10 heures
pour la période du travail du lundi au vendredi constituent un bon compromis et
une bonne balise.
Enfin, concernant la sensibilisation, ce
projet de loi prévoit que des activités de sensibilisation pourraient être
déployées par la CNESST autour de la santé et sécurité au travail. S'il s'agit
là d'une intervention essentielle. Les jeunes devront également être informés
de leurs devoirs et de leurs droits. Et à cet égard nous sommes d'avis qu'une
modernisation et une simplification des mécanismes de plainte doit
s'accompagner de la mise en oeuvre de cette loi pour rendre ces outils
accessibles aux jeunes, compréhensibles et dans leur mode de vie également.
Donc, c'est... Les jeunes doivent avoir les moyens de défendre leurs droits et
de signaler les abus.
Avant de conclure notre présentation, nous
souhaitons mentionner que cette loi ne réglera pas à elle seule tous les défis
de conciliation études-travail que continueront de vivre de nombreux jeunes,
les enjeux liés à l'attrait du marché du travail chez les jeunes et les risques
de décrochage scolaire qui y sont associés.
Mme Mayer-Périard (Andrée) :
En ce sens, le RQRE a préparé deux recommandations complémentaires. Notre
première recommandation porte sur la nécessité de se doter de meilleurs
portraits et d'études empiriques. Il est essentiel que nous puissions
collectivement bénéficier de données probantes, de portraits de situation sur
le travail des jeunes, où on aurait vraiment un éclairage sur le nombre
d'heures travaillées en fonction de tous les âges, leur secteur, puis d'être
capables de le regarder par région, par localité, etc.
De plus, il serait nécessaire de
documenter les effets de l'application de la loi, l'impact du travail des
jeunes de moins de 14 ans qui travailleront dans les lieux qui feront
l'objet d'exemptions, mais également auprès des jeunes en situation de
vulnérabilité. Nous avons besoin également d'études empiriques pour comprendre les
impacts, améliorer les balises et l'accompagnement offert aux jeunes, aux
parents et aux employeurs, favorisant une saine conciliation études-travail.
Notre deuxième recommandation porte sur la
nécessité de poursuivre et d'intensifier le travail d'accompagnement à
l'adoption des meilleures pratiques de conciliation études-travail.
Rappelons-nous que les jeunes qui ont de la difficulté à concilier leur
engagement sont ceux... ce sont aussi les jeunes qui démontrent d'autres
facteurs de vulnérabilité. Le travail peut donc comporter des inconvénients,
surtout lorsqu'il entraîne des enjeux de conciliation avec les autres sphères
de vie, notamment l'école. Ces enjeux sont plus susceptibles de survenir
lorsque le jeune travaille de longues heures et que le travail comporte
plusieurs contraintes. Les jeunes qui rapportent des défis de conciliation
études-travail sont plus susceptibles d'avoir moins de temps à consacrer aux
études, d'être en retard à l'école et de s'absenter. Ultimement, ils sont plus
à risque d'une diminution du rendement scolaire, de désengagement scolaire et
de décrochage.
Plusieurs employeurs sont déjà au
rendez-vous. Nous les avons entendus, plusieurs, appuyer haut et fort depuis le
début de cette commission ce projet de loi là. Toutefois, le contexte actuel
appelle à la vigilance. Il faut maintenir et augmenter l'accès aux outils et
aux meilleures pratiques de conciliation études-travail.
En conclusion, nous réaffirmons que le
premier métier d'un jeune de moins de 16 ans est celui d'élève. Ils ne
sont pas une solution à court terme à la pénurie de main-d'oeuvre. La lutte à
la dévitalisation et le développement économique du Québec passent par la
persévérance scolaire du plus grand nombre. Ainsi, nous croyons qu'il est du
devoir de toute la société civile et du législateur de s'assurer de mettre en
place les conditions qui favoriseront la réussite éducative de nos jeunes.
L'exercice de leur métier d'élève dans les meilleures conditions possibles est
le tremplin de réalisation de leurs rêves. Mesdames, messieurs, merci.
La Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Je vous remercie pour votre exposé.
Nous allons maintenant commencer la
période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
• (11 h 30) •
M. Boulet : Oui, merci,
Mme la Présidente. Dans un premier temps, j'aimerais vous remercier de votre
présence et de la qualité de présentation de votre mémoire. Je vous l'ai
mentionné quand je vous ai rencontrées un peu plus tôt, le Réseau québécois
pour la réussite éducative a une mission fondamentale pour le Québec, pour
notre jeunesse. Et, quand on parle de ce qu'on veut devenir au Québec, il faut
vraiment créer un ensemble de conditions favorables à l'atteinte <de deux
objectifs...
>
11 h 30 (version révisée)
M. Boulet : ...Québec, il faut
vraiment créer un ensemble de conditions favorables à l'atteinte de deux
objectifs, bon, sans les prioriser, mais c'est important de revenir à la santé,
la sécurité puis l'intégrité aussi psychologique de nos jeunes.
Vous avez vu, d'ailleurs, ça a été
documenté, le nombre d'accidents de travail est en augmentation. Puis j'aimerais
ça, vous entendre sur un élément spécifique, là. Après ça, je pourrai
poursuivre, là. Mais, tu sais, on dit : Depuis 2017 jusqu'en 2022, il y a
eu une augmentation de 640 %, mais ça, c'est en bas de 14 ans. Est-ce
qu'il y en a, selon vous, qui seraient susceptibles d'avoir un événement
imprévu et soudain, survenu par le fait ou à l'occasion du travail et qui ne
feraient pas de réclamation? Est-ce que ces chiffres-là sont, selon vous, un
reflet très juste de la réalité ou un reflet partiel? Je ne sais pas, Mme Gagnon
ou Mme McKinnon?
Mme Cyr (Ariane) : Bien, je
peux répondre sur ce que nous, on a.
M. Boulet : Allez-y.
Mme Cyr (Ariane) : En Chaudière-Appalaches,
ce que je peux vous confirmer, c'est que les jeunes ont témoigné à nos
partenaires, hein, on travaille avec... on a une instance de concertation, on
travaille avec des partenaires, les jeunes ont témoigné qu'ils n'osent pas
signaler des abus. Alors là, on ne parle pas d'accident, on parle d'abus, on
parle de jeunes qui travaillent après minuit. Selon la loi, ils devraient
être... ils ne devraient pas travailler après 23 heures. Ils travaillent
même après minuit. Ils travaillent tôt le matin, avant 6 heures. Donc, ça
existe. Et ce que les jeunes témoignent aux partenaires qui travaillent auprès
d'eux, qui travaillent avec eux, c'est qu'ils ont peur de perdre leur emploi.
Ils n'osent pas... Ils n'osent pas identifier ces abus-là.
Alors, par effet d'hypothèse, je peux
émettre qu'effectivement, si les jeunes n'osent pas nommer des abus en lien
avec leurs heures de travail ou la quantité d'heures qu'ils travaillent, c'est
effectivement possible et même probable qu'ils n'osent pas non plus témoigner d'accidents
qu'ils ont sur leur lieu de travail.
Mme McKinnon (Audrey) : Puis
nous, on est allées tester le module de plainte pour voir, hein, comment...
comment ça marchait. Puis, en bonnes universitaires, là, on le trouvait compliqué.
Alors, on s'est dit : Woups! Peut-être qu'un jeune de... qu'un jeune de 14 ans
ou en bas de 14 ans, là, passer au travers, là, il y avait un petit
travail à faire pour les... pour faciliter une dénonciation, une plainte,
une... en tout cas, leur permettre d'avoir des outils et qui sont adaptés pour
eux, là, qui ne parlent pas aux adultes, mais qui parlent aux jeunes aussi.
M. Boulet : OK. C'est une
excellente réponse. Donc, comme vous savez, c'est un des deux motifs
fondamentaux qui nous incitent à mieux encadrer le travail des enfants. Et on a
aussi... dans le projet de loi, vous l'avez vu, en ce qui concerne les
mécanismes de prévention et de participation des travailleurs, on aura, dans le
programme de prévention ou plan d'action, à identifier pour mieux contrôler et
éliminer les risques pour le travail de nos jeunes de 16 ans et moins.
Puis on permettra, bien sûr, aux représentants en santé et sécurité ou aux
agents de liaison, là, quand c'est des plus petites entreprises, 20 et moins,
de faire des recommandations à l'employeur sur les risques associés au travail
de ces... de ces jeunes.
J'aimerais vous entendre aussi sur... bon,
les études, bon, qui ont été discutées sur la place publique, que j'ai eu l'opportunité
d'analyser, reconnaissent quand même la valeur du travail. Donc, il y a un
bénéfice associé au fait de travailler chez un jeune. Et c'est jusqu'à 11 heures,
là, puis ça varie, là, dépendamment des gars ou des filles. Mais expliquez-moi
donc ce phénomène-là? Donc, celui qui travaille a des meilleurs résultats que
celui qui ne travaille pas, mais jusqu'à un certain nombre d'heures de travail.
Est-ce que vous pouvez me...
Mme Mayer-Périard (Andrée) : Oui,
exactement, là. Puis, même si on s'intéresse aux enquêtes au Québec, c'est
comme en u, là. Donc, les jeunes qui ne travaillent pas du tout, du tout, du
tout auraient aussi des enjeux tout comme ceux qui travaillent énormément. Donc...
Et effectivement travailler un tout petit peu serait bénéfique, là : donc,
développement de l'autonomie, sens de l'organisation, apprendre à recevoir des
directives d'un autre adulte que ses parents. Donc, oui, travailler un peu
dans...
C'est pour ça qu'on parle des conditions
de conciliation études-travail. Et le nombre d'heures est une des conditions
importantes, mais aussi les autres contraintes liées à l'emploi. Donc, c'est
pour ça qu'on trouvait que c'était un bon compromis, le 10 à <17...
Mme Mayer-Périard (Andrée) :
...contraintes
liées à l'emploi. Donc, c'est pour ça qu'on trouvait que c'était un bon
compromis, le 10 à >17 heures mais... le 10 et le 17 heures, mais,
pour certains jeunes, 17 heures, c'est beaucoup trop, mais aussi en fonction de
certains emplois. Comme par exemple, un jeune qui travaillerait dans un centre
de loisirs à la réception et qui a l'occasion de faire ses devoirs et ses
leçons, peut-être, peut travailler un plus grand nombre d'heures qu'un jeune
qui travaille debout avec un très grand effort physique. Bien, lui, peut-être
que six à sept heures dans sa semaine, c'est bien suffisant. Donc, il faut
regarder, effectivement.
Mais ce que les études nous apprennent,
c'est qu'en bas de 10 heures, en général, les jeunes n'en tirent que des
bénéfices, et, dès qu'on augmente en haut de 10 heures, là il y a des zones de
risque qui s'accroissent. Puis plus ça augmente, plus le risque de décrochage
scolaire est élevé.
Mme Cyr (Ariane) : Si je peux
me permettre...
M. Boulet : Oui, allez y.
Mme Cyr (Ariane) : C'est vrai
pour les études qu'on connaît. Ça ne peut pas être vrai pour les études que
nous n'avons pas faites. Nous avons fait principalement des études chez des
jeunes qui avaient 15, 16, 17 ans et plus, alors la perspective qu'on a, le
regard qu'on a, la prévisibilité que nous avons, elle est vraie pour ces
jeunes-là. Pour les plus jeunes, attention, on fonctionne un petit peu plus...
peut-être pas à l'aveugle, mais dans le brouillard.
M. Boulet : OK, d'où
l'importance d'obtenir des nouvelles données probantes.
Quand on parle de mieux documenter...
évidemment, vous avez vu, dans le projet de loi, on prévoit une aide financière
potentielle pour les organismes qui vont faire du travail de sensibilisation,
d'information ou de formation en matière de normes. Vous connaissez
l'initiative Kinga. Il y a beaucoup d'élèves qui ont déjà été rencontrés pour
les sensibiliser en matière de droits et obligations en milieu de travail.
Comment le réseau québécois pense pouvoir s'inscrire dans cette... dans cette
mouvance-là, de sensibilisation, dans la mesure où le projet de loi est adopté
dans les prochaines semaines?
Mme McKinnon (Audrey) : Bien,
la sensibilisation, c'est une chose, connaître ses droits, mais maintenant,
au-delà d'un atelier, le jeune continue à vivre, continue à vivre aussi sa
conciliation entre son travail, ses études, donc il aura besoin
d'accompagnement. Le parent aussi. Les parents se questionnent : Comment
je peux accompagner... Comment je peux accompagner mes jeunes? Comment... Mon enfant?
Comment je peux, moi, être un parent soutenant et être un facilitant dans cette
conciliation études-travail là, un parent soutenant? Donc, il y a aussi du
travail à faire auprès des parents.
Et il y aura aussi du travail... continuer
à faire du travail. On le sait, que les employeurs, comme, adoptent, depuis
certaines années, des bonnes pratiques de conciliation, qui favorisent la
conciliation de leurs jeunes, mais il y a encore du travail à faire de ce
côté-là, d'accompagnement, pour trouver... pour assurer cette conciliation-là.
Alors, il y a encore du... Il y a ces trois volets-là à investir également.
Mme Mayer-Périard (Andrée) : Au
Réseau québécois, on a plusieurs instances qui sont déjà actives depuis plus de
20 ans, là. Si on pense, par exemple, à Lanaudière, ils ont le programme Oser-Jeunes,
qui est un programme de certification puis d'accompagnement des employeurs avec
plusieurs outils. L'Estrie est en action depuis plusieurs années. Le Saguenay—Lac-Saint-Jean
est en action depuis plusieurs années. Dans plusieurs régions, il y a des
concours qui s'appellent Mon boss c'est le meilleur. Prochainement, on est en
grande mise à jour de jeconcilie.com, qui va être un outil accessible pour les
jeunes.
Donc, au réseau, chez nos membres, puis
mes collègues, ici, pourraient vous témoigner de ce qu'ils font dans leur
région, on a beaucoup... on est... depuis plus de 20 ans, on est en action puis
on a la capacité de déployer encore davantage dans toutes les régions du Québec.
Puis peut-être que, Mélissa, sur la Côte-Nord,
tu pourrais nous raconter ce que tu as fait dans les derniers mois.
• (11 h 40) •
Mme Chénard (Mélissa) : Oui.
Afin d'illustrer de quelle façon on est déjà en action, où on a besoin
d'augmenter notre capacité d'agir, notre rôle, les IRC, c'est de rassembler les
partenaires, l'ensemble des partenaires, pour être complémentaires, bien sûr,
aux actions du milieu de l'éducation, de la santé, etc.
Par exemple, en Côte-Nord, c'est un enjeu
qui est devenu l'enjeu majeur de décrochage, la relation que les jeunes ont
avec le travail. Donc, qu'est-ce qu'on peut faire, concrètement? Le 6 avril
dernier, on a rassemblé de grands influenceurs, des gens qui se sont
positionnés de façon stratégique dans notre région, avec le milieu de
l'éducation et l'ensemble des milieux. C'est une mobilisation qui est sans
précédent. Ce ne sera pas simple de travailler cet enjeu-là, mais c'est
essentiel.
Donc, dans les premières étapes, on s'est
fait un état de situation actuelle. On est en cours de sondage justement auprès
de toutes nos écoles secondaires pour voir, actuellement, là, depuis mars, dans
quelle... où est-ce qu'on se trouve par rapport au nombre de jeunes qui
travaillent, le <nombre...
Mme Chénard (Mélissa) :
...depuis
mars, dans quelle... où est-ce qu'on se trouve par rapport au nombre de jeunes
qui travaillent, le >nombre d'heures qu'ils travaillent, de quel... quel
type de pratique favorise leur conciliation études-travail. On a besoin
d'entamer les travaux sur cet enjeu-là pour renverser la vapeur.
On a aussi beaucoup de témoignages des
écoles, des centres de services scolaires. J'ai une foule d'exemples que je
pourrais nommer sur qu'est-ce qui est vécu. C'est très criant. Donc, on
rassemble les partenaires, mais on a besoin d'aller de l'avant vers des
actions. Et, encore là, je pourrais dire que ce ne sera pas facile, mais on est
prêts, on est mobilisés pour les prochains pas.
M. Boulet : Maintenant,
évidemment, l'état actuel de la législation au Québec nous démontre que... qu'il
n'y ait pas de maximum puis qu'il n'y ait pas un âge minimal a un lien avec
l'augmentation des accidents de travail. Puis c'est les chiffres officiels,
parce que les chiffres non officiels risqueraient d'être beaucoup plus
importants. Puis il se peut que des jeunes, même s'ils ne se plaignent pas,
décident tout simplement d'abandonner le travail parce qu'ils ont des problèmes
physiques ou ils ont eu des risques psychosociaux qui ont été rencontrés dans
le cadre de leur relation avec un adulte, hein? Parce que, des fois, tu as
l'impression que la tâche, prise isolément, est simple, n'est pas exigeante parce
que ce n'est pas répétitif puis il n'y a pas de charges lourdes, mais
d'interagir, pour un jeune de 12 ans, avec un adulte qui exprime de
l'insatisfaction, des fois, ça engendre du stress, de l'anxiété puis... bon. Donc,
il y a l'impact sur la santé et sécurité.
Maintenant, sur le décrochage scolaire,
est-ce qu'on dirait la même chose pour les chiffres? Parce que, je voyais les
études, il y a un indice de décrochage scolaire, là : tu sais, de 11 à
15 heures puis en haut de tant d'heures, c'est un indice de 30,6 %.
En quoi ces symptômes-là sont un accélérateur de décrochage, mais en quoi ces
symptômes-là ont un effet sur le rendement académique? Puis donc, un effet sur
le rendement académique, je présume que, si ton rendement faiblit, tu es plus à
risque de décrocher plus tard, hein? C'est ce... Donc, il y a une chaîne de
liens de causalité, hein, Audrey? C'est...
Mme McKinnon (Audrey) : Mais,
quand on parle de santé mentale, quand on parle de fatigue, ce sont tous des
déterminants essentiels pour la persévérance scolaire. Pensez, nous-mêmes, là...
puis juste de s'illustrer, hein, un jeune est 30, 35 heures à l'école. S'il
travaille 10 heures, on est à 45 heures, mettons, d'occupation, et là
il n'a pas étudié, alors là on est à, mettons, 50 heures d'occupation.
Alors, même nous, comme adultes, à 50 heures, il y a des petits matins un
peu moins concentrés.
Alors, un jeune, alors il a besoin de sa
concentration. Alors, le stress, la fatigue vont venir vraiment altérer sa
journée scolaire, vont venir altérer sa capacité à travailler le soir ou la fin
de semaine également sur ses... sur ses devoirs, sur ses autres engagements
scolaires. Donc, c'est des déterminants qui sont essentiels pour la réussite et...
voilà. Ils sont essentiels pour la réussite.
Mme Chénard (Mélissa) : J'ajouterais
qu'on avait mentionné, en ouverture, tout l'impact aussi sur le développement
global de... du jeune à l'adolescence. Donc, on parle de conciliation études-travail,
maintenant on va aussi ajouter les différentes sphères de la vie personnelle,
parce qu'ils ont besoin de socialiser, de se développer, d'explorer, et ça a un
impact sur leurs aspirations professionnelles, sur leur projet de vie, trouver
du sens à l'école. On est dans un grand cercle, une roue qui tourne. Donc, il y
a aussi cette dimension-là, personnelle, qui influence énormément leur
rendement scolaire aussi.
M. Boulet : Je suis d'accord
aussi avec les autres points que vous avez mentionnés, que les jeunes ne sont
pas la solution à la pénurie de main-d'œuvre, puis que le métier premier, le
meilleur investissement d'un jeune, c'est dans sa réussite éducative. C'est...
On le sait, on est dans un environnement qui s'appuie sur le savoir, la
connaissance. Il faut encourager, il faut créer des conditions favorables.
Je vais faire une affirmation. Dites-moi
ce que vous en pensez. Il y en a qui disent : Évidemment, quand il y a un
âge minimal, il y a des exceptions. Les exceptions s'interprètent
restrictivement. Quand il y a un âge minimal, ça va dire... quand une loi est
sanctionnée et qu'elle entre en vigueur, il va y avoir un impact. Certains
disent : Vous allez briser des rêves, vous allez briser des ambitions.
Est-ce qu'on peut répliquer en disant : Nous, on travaille pour éviter de
briser des vies par des blessures corporelles qui peuvent être graves, par des
séquelles psychologiques qui peuvent être permanentes puis par des incidences <négatives...
M. Boulet :
...qui
peuvent être graves, par des séquelles psychologiques qui peuvent être
permanentes puis par des incidences >négatives sur le rendement académique,
sur la persévérance scolaire et ultimement sur la réussite éducative? Qu'est-ce
que vous pensez de cette affirmation-là de ma part?
Mme Mayer-Périard (Andrée) : On
est complètement en accord avec vous, et c'est exactement pour ça qu'on a
conclu notre allocution en disant que l'éducation est le tremplin de
réalisation des rêves de nos jeunes. Quand on sait que plus un jeune entre tôt
sur le marché du travail, plus ça altère ses aspirations professionnelles, donc
moins il a de chances de s'engager dans son parcours scolaire, est-ce que c'est
vraiment un risque qu'on veut prendre? Sauf exception, 14 ans nous semblent
suffisamment tôt pour occuper un emploi... de manière un petit peu plus
intensive.
Mme Cyr (Ariane) : Écoutez,
je me permettrais, une région comme Chaudière-Appalaches, où on a un taux de
chômage de 1,9 %, une situation d'emploi qui est criante, réelle,
sincère...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
Mme Cyr (Ariane) : ...et,
malgré tout, les partenaires sont mobilisés pour la conciliation études-travail
des jeunes. Pourquoi? Parce qu'il y a 60 travailleurs qui arrivent sur le
marché du travail...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
Mme Cyr (Ariane) : ...qui le
quittent.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
madame. Désolée.
M. Boulet : ...
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente, et merci à vous, mesdames du Réseau québécois de la réussite
éducative, d'être avec nous ce matin. Vous avez raison, aujourd'hui... bien,
aujourd'hui, donc, avec ce projet de loi, donc, c'est un des outils qui... un
des outils, donc, mis en œuvre pour être en mesure d'encadrer le travail des
enfants. Mais en même temps, donc, on a l'opportunité d'aller en dehors de la
boîte et de bénéficier de cette opportunité, là, de ce cadre-là pour voir
comment on peut encore mieux encadrer cette pratique.
Également, donc, votre mémoire, là, nous
donne l'occasion de prendre en compte, là, de certaines observations, là, sur
le terrain, là, qui sont assez préoccupantes, que c'est donc des parents qui
motivent l'absence de leurs enfants, des employeurs qui appellent les jeunes
employés sur les heures de classe pour qu'ils puissent se rendre sur un lieu
d'emploi, et le... donc le fractionnement d'emplois à temps partiel, donc toutes
sortes de différentes pratiques, là, qu'il convient d'encadrer.
Le ministre a tendance à poser les
questions que j'ai déjà préparées. Bien, l'une d'elles, donc, concernait toute
la question de la documentation. Le... Bon, le ministre vous a plutôt posé
comment est-ce que vous voyez vous inscrire dans les démarches de
sensibilisation, mais moi, je me demandais, donc : Comment est-ce que vous
voyez le réseau de l'éducation contribuer au processus de documentation,
notamment en matière de données relatives au décrochage scolaire?
Mme Cyr (Ariane) : Bien, le
réseau de l'éducation y contribue déjà. Il existe une enquête, qui est l'Enquête
québécoise sur la santé des jeunes au secondaire, le très sympathique
acronyme EQSJS, et ça existe déjà, mais il pourrait y avoir... C'est aux cinq
ans. Donc, la photo qu'on a, c'est aux cinq ans, et elle est partielle. Il y a
des questions, peut-être, qu'on ne pose pas qu'on... Il y a des réponses, en
tout cas, qu'on souhaiterait avoir. Donc, il pourrait y avoir une... plus
d'intensité. Si ce n'est pas par cette enquête-là, c'est par autre chose.
Puis, dans le cadre, par exemple, de nos
réseaux, des instances de concertation qui mobilisent les milieux scolaires, ma
collègue, en Côte-Nord, a mentionné des témoignages de ses partenaires du
milieu de l'éducation, chez nous aussi. Donc, on leur parle, à ces gens-là. Ils
nous témoignent de la réalité. Donc, il y a le croisement de l'aspect
quantitatif par la donnée, par les chiffres, puis le croisement aussi de
l'aspect qualitatif, par les témoignages, les discussions, tout ce qui se...
tout ce qui ressort de nos rencontres de concertation et de mobilisation qui
n'est pas à négliger quand même.
Mme Cadet : Merci. Autrement,
vous avez donc... Une de vos recommandations, donc, porte sur le mécanisme de
plaintes adapté aux jeunes. Vous l'avez brièvement évoqué puis, dans votre
présentation, vous avez parlé d'adapter au mode de vie des jeunes. Donc,
pouvez-vous détailler un petit peu plus qu'est-ce que vous... qu'est-ce que
vous voulez dire par une adaptation au mode de vie des jeunes?
Mme McKinnon (Audrey) : Bien,
tu sais, actuellement, on parle d'une plateforme Internet, mais que ça se rende...
que ça se rende dans les médias sociaux, que ça se rende aux jeunes aussi dans
des... dans des moyens de communication puis qu'il y ait aussi, dans un
langage, une communication qui leur est propre, là, et qui peut parfois nous
échapper à nous comme adultes, donc... et donc aussi dans tout le vocabulaire,
tout le processus, donc dans une simplification. Puis il faut absolument que ce
soit aussi vraiment confidentiel, bien sûr, là, mais... Donc, il faut leur
parler dans leur langage, avec leurs moyens puis leurs outils.
• (11 h 50) •
Mme Cadet : Puis, dans ce
cadre-là, comment est-ce que vous verriez, donc, l'implication aussi du parent?
Est-ce que... Vous l'avez dit, donc, <le...
Mme Cadet :
...dans
ce cadre-là, comment est-ce que vous verriez, donc, l'implication aussi du
parent? Est-ce que... Vous l'avez dit, donc, >le jeune, parfois, donc,
n'a pas nécessairement, donc, toute l'information quant à ses droits mais
également ne va pas nécessairement toujours se sentir outillé pour lui-même
formuler une plainte, non seulement parce que le processus, bon, il est
compliqué, la plateforme n'est pas nécessairement adaptée, mais, en plus de ça,
ce ne sera pas nécessairement, donc, un réflexe de continuer, là, vers une...
vers un processus, donc, plus formel si, bon, il a certaines, donc, lésions
professionnelles ou une atteinte... une atteinte aux droits. Donc, quelle est
l'implication du parent, selon vous, donc, dans ce processus de plainte là?
Mme Mayer-Périard (Andrée) : Bien,
on comprend qu'un tiers peut aussi porter plainte, donc le parent pourrait
porter plainte, mais on comprend aussi que ce ne sera pas confidentiel. Donc,
il y a peut-être quelque chose à réfléchir aussi, là, le parent, dans le rôle
d'accompagnement de son jeune, comment on peut, là, vraiment donner accès aussi
au parent tout en préservant et protégeant leur relation, là, avec leur jeune
puis avec l'employeur, peut-être des mécanismes de médiation aussi, mais
adaptés, là, à la situation... à la situation des jeunes. Mais, je vous dis,
allez l'essayer, le module, vous allez tout comprendre.
Mme Chénard (Mélissa) : Également,
au-delà du processus de plainte, l'implication des parents, non seulement...
faut-il encore qu'ils soient informés de certaines balises, des points de
repère. Donc, quand on parle de vaste chantier sur la sensibilisation et
l'accompagnement, on parle notamment des parents. Ce sera un premier pas très,
très important à faire, et il faudra que ce soit soutenu sur du long terme.
Mme Cadet : Ça fait que...
Mme Mayer-Périard (Andrée) : Parce
qu'une fois qu'on... Excusez.
Mme Cadet : Oui, allez-y.
Mme Mayer-Périard (Andrée) : Une
fois qu'on connaît nos droits, porter plainte, là peut-être que les jeunes vont
avoir besoin d'être accompagnés par certains organismes du milieu puis les
parents aussi, là. C'est pour ça que nous, on fait la distinction entre la
sensibilisation, qui est essentielle, et l'accompagnement qui est là... bien,
au moment critique, comment on... comment on peut avoir de l'appui dans ce
processus-là.
Mme Cadet : Parfait. Puis
vous êtes... vous avez un peu, donc, dirigé la conversation vers tout l'aspect
formation. On sait... puis il y a différents groupes qui sont venus témoigner
hier, là, qui nous disaient à quel point la formation, elle était essentielle
au niveau de la prévention des différents accidents de travail. Donc, bien
souvent, lorsqu'il y a... bon, lorsqu'il y a des accidents, habituellement,
donc, ça se déroule en tout début, là, une fois que le jeune, donc, est entré
en fonction, donc, souvent dans les jours ou parfois même dans les heures
suivant l'entrée en fonction au travail du jeune. Donc, essentiellement, donc,
la formation a un effet... un effet préventif majeur.
Il y a des groupes qui suggèrent l'ajout
au curriculum scolaire, là, de contenus obligatoires, notamment, donc, au
premier cycle du secondaire, relatifs à... donc, à la littéracie juridique, à
la défense des droits et des obligations en matière de droit du travail. Donc,
vous, comment est-ce que vous voyez ce type de recommandations là?
Mme McKinnon (Audrey) : Bien,
dans tous les cas, que ce soit dans le cursus, que ce soit par des organismes
communautaires du milieu qui vont venir donner des formations ou de
l'accompagnement dans les milieux scolaires, c'est une bonne idée d'aller au-delà,
au-delà de... ton droit du travail, d'autres droits aussi. Dans la vie, il y a
tout l'apprentissage à la citoyenneté, bon, qui fait déjà partie du cursus.
Alors, que ce soit à l'intérieur du cursus ou que ce soit donné par les acteurs
du milieu... Ce qui est intéressant par les acteurs du milieu, par contre,
c'est qu'après ça crée une... ça crée une relation à l'intérieur de l'école
puis à l'extérieur de l'école. Donc, c'est des jeunes qui, après, peuvent
facilement se référer à ces intervenants-là ou à ces organismes communautaires
là. Donc, ça crée un lien entre leur vie personnelle puis leur vie scolaire, et
puis ça peut les amener à... tu sais, dans un autre formule d'accompagnement
puis au-delà, là, de leur... de lorsqu'ils sont à l'école.
Mme Cyr (Ariane) : Je pense
aussi que, pour parler de ce qu'on pourrait ou pas ajuster... ajouter au cursus
scolaire, bien, il faudrait en discuter avec les partenaires du milieu
scolaire. C'est quelque chose qui n'est pas simple, qui a été essayé à quelques
reprises dans le passé.
Pour l'instant, le mécanisme qui est sur
le terrain, c'est de la sensibilisation, de la formation, de l'accompagnement
qui se rapproche du jeune, dans le milieu scolaire ou dans les endroits où sont
les jeunes. Puis, ensuite de ça, bien, ça crée un lien de confiance pour que
les jeunes, après ça, soient plus à l'aise de demander, de se rapprocher de ces
organisations-là ou de ces initiatives-là.
Mme Chénard (Mélissa) : Parce
qu'on parle de leur droit d'être formés par rapport à la santé-sécurité, mais,
en Côte-Nord, par exemple, il y a beaucoup d'écoles qui nous rapportent que
l'école... les jeunes demandent de l'aide pour savoir comment s'adresser à
leurs employeurs, comment faire certaines demandes, même placer des... loger
des appels. On s'entend, le milieu scolaire donne un coup de main, mais c'est
un enjeu qui est grand. Puis c'est un soutien que la plupart des jeunes ou un
grand nombre de jeunes auraient besoin. C'est un des exemples d'information et <d'accompagnement...
Mme Chénard (Mélissa) :
...grand
nombre de jeunes auraient besoin. C'est un des exemples d'information et >d'accompagnement
qui va être nécessaire. Donc, le besoin est beaucoup plus grand que d'intégrer
certaines notions à quelques moments dans le cursus scolaire.
Mme Cadet : Parfait. Puis, au
niveau... donc, toujours sous l'angle de la formation, donc, on a beaucoup
parlé de la nécessité de la formation, de la sensibilisation auprès des jeunes,
donc auprès des potentiels employés eux-mêmes, mais j'aimerais aussi vous
entendre au niveau de la formation des employeurs. Là, je comprends, donc,
qu'il y a différentes initiatives qui sont... qui sont menées en ce sens, mais
est-ce que vous voyez une certaine nécessité d'octroyer, par exemple, donc, à la
CNESST un mandat additionnel en matière de formation des employeurs?
Mme Mayer-Périard (Andrée) : ...de
quelle association?
Mme McKinnon (Audrey) : CNESST.
Mme Mayer-Périard (Andrée) : Ah!
CNESST. Excusez-moi. Bien, de l'expérience des collègues, là, l'accompagnement
des employeurs porte fruit, c'est-à-dire, hein, tous ceux qui ont procédé à des
programmes de certification où on amène les employeurs, là, à adopter des
meilleures pratiques de conciliation études-travail. Mais, tu sais, quand ça va
s'inscrire... pour aller jusqu'à s'inscrire dans leur politique et puis que ça
se vive complètement dans leur milieu, bien, oui, il y a un accompagnement. Et,
oui, c'est la même chose que pour les jeunes, là, ça peut être très pertinent.
Mme McKinnon (Audrey) : Formation
et accompagnement.
Mme Mayer-Périard (Andrée) : Et
accompagnement, oui. Formation et accompagnement, oui.
Mme Cadet : OK. Puis sinon,
dans votre... dans votre mémoire, donc, vous nous évoquez les... les principes
qui vous apparaissent absolument, donc nécessaires. Donc, notamment, donc, en
ce qui a trait, donc, à la liste d'exceptions prévues pour le travail des moins
de 14 ans, en incluant les ENL, vous indiquez, donc, la nécessité de la
supervision, donc, nécessaire, donc, d'un adulte en tout temps. Donc,
j'aimerais peut-être vous entendre élaborer, donc, sur cet aspect-là, donc bien
comprendre, donc, les critères, donc, de supervision et voir, donc, comment...
donc quels sont, donc, les aménagements... en ce sens.
Mme McKinnon (Audrey) : Bien,
actuellement, le projet de loi va prévoir, là, pour les jeunes, les enfants de
moins de 14 ans, ce qui est très bien... ce qui est bienvenu. Mais ce qu'on
nous rapporte, c'est aussi des situations où un jeune de 14, 15 ans va
travailler, et puis, là, il va être soit seul ou soit supervisé par un autre
employé à peine plus vieux que lui. Donc là, nous, la préoccupation qu'on a
dans ces situations-là, c'est toute la sécurité psychologique, donc de se
sentir comme en santé et sécurité, mais pas juste au niveau physique, mais au
niveau psychologique, sur son lieu de... de travail. Donc, on avait... C'est
cette préoccupation-là qu'on voulait amener, donc de s'assurer que les jeunes en
bas âge qui travaillent avaient une supervision adéquate et sécuritaire pour
eux.
Mme Cadet : Puis peut-être,
en terminant, justement sur cet aspect-là, j'imagine, donc, que vous avez suivi
un petit peu les échanges hier, donc, c'est certain, donc, que l'une des
exceptions, donc, qui est prévue en ce moment, donc, dans le projet de loi est
relative aux entreprises familiales de moins de 10 employés. Donc, toute la
notion de supervision parentale, d'encadrement parental est prise en compte,
là, dans ce cadre-là. Donc, peut-être vous entendre un petit peu sur ce que
vous avez entendu hier.
La Présidente (Mme D'Amours) : 30
secondes.
Mme Mayer-Périard (Andrée) : En
fait, on pense que l'entreprise familiale peut être une bonne... est en bonne...
peut être en continuité. C'était un des principes, là, qu'on avait évoqués.
Maintenant, il y a différentes modalités qui peuvent garantir dans différentes
tailles d'entreprise, on pense à une certaine filiation familiale, puis que
c'est probablement...
• (12 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Maintenant, je vais céder la parole à la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme
la Présidente. Je veux vous remercier d'être présentes, toutes, surtout au
travail que fait le Réseau québécois pour la... pour la réussite éducative. Ma
question serait... Vous avez nommé le besoin d'avoir des données en ce qui
concerne le travail des enfants en bas de 14 ans, puis, bon, on peut parler
aussi des cas d'exception. Et il y aurait désormais la possibilité d'avoir un
formulaire qui est prescrit par la CNESST qui... pour... les parents pourraient
signer et voir, autoriser, moduler le travail des enfants, mais ce
formulaire-là, il serait seulement remis à l'employeur. Est-ce... Comment vous
verrez une utilisation potentielle de ces données-là? Peut-être en centralisant
tous ces formulaires-là et les envoyer à la CNESST ou autres qui pourraient
nous donner un portrait plus clair?
Mme Cyr (Ariane) : Bien,
c'est une forme de collecte de données. Par contre, à mon avis, ce n'est pas
une collecte de... On n'épuise pas le besoin de données par ce formulaire-là.
Comme il a été mentionné, on pense que ce ne sont pas tous les cas qui sont
déclarés. Donc, déjà, on n'aurait que des données partielles. Et ce qu'on veut
collecter comme données, ce n'est pas que sur les accidents de travail ou que
sur les jeunes qui... les jeunes de moins de 14 ans sur le formulaire. Si, par
exemple, ce qu'on veut, c'est voir un comparatif...
12 h (version révisée)
Mme Cyr (Ariane) : ...14 ans
sur le formulaire. Si, par exemple, ce qu'on veut, c'est voir un comparatif
entre les jeunes de 14 ans et les jeunes de 16 ans, bien, à ce moment-là,
comment pourrait-on le faire? Donc, pour se garantir de données probantes... On
parle... On entend souvent... Là, c'est un terme consacré, peut-être qu'on est
presque tannés de l'entendre, là, le terme «données probantes», moi, j'en suis,
mais, en même temps, je ne suis pas tannée des données probantes. Alors, il
faut vraiment se garantir d'un mécanisme qui va nous aider à prendre des
décisions puis à légiférer aussi pour l'avenir.
Mme Zaga Mendez : Merci. Bien,
juste pour revenir sur la question de ce formulaire, de ce que je comprends, c'est
les... c'est une déclaration pour autoriser puis moduler le travail. Est-ce que
vous pensez que c'est juste peut-être une bonne idée de les ramener et les
centraliser?
Mme Mayer-Périard (Andrée) : On
peut imaginer qu'il y a peut-être des questions éthiques là-dedans, mais, si
tout ça est faisable et contient une information intéressante, oui, mais ce ne
sera pas suffisant.
Mme Zaga Mendez : Merci. Et
vous avez parlé aussi du nombre d'heures maximal pour avoir un équilibre entre
la conciliation, bon, réussite scolaire et le travail. Le PL prévoit un maximum
de 17 heures par semaine, dont 10 heures du lundi au vendredi. Je
voulais vous entendre sur le fait... Est-ce que... Comment vous voyez ce nombre
d'heures là? Est-ce qu'on devrait, par exemple, avoir un maximum quotidien également
du nombre d'heures de travail pour les jeunes?
Mme McKinnon (Audrey) : Bien,
nous, on pense que le projet de loi doit demeurer simple pour qu'il puisse être
facilement applicable, compris, facilement, c'est ça, applicable dans les
entreprises. Donc, libellé comme ça, il offre un bon encadrement hebdomadaire
qui permet, là, tant à l'élève qu'à l'employeur, là, de conjuguer puis de... de
conjuguer leurs obligations.
Mme Zaga Mendez : Parfait. Et,
rapidement, sur votre recommandation n° 3, quel type
de mécanisme de plainte adapté aux jeunes que vous suggérez?
La Présidente (Mme D'Amours) : En
30 secondes.
Mme Mayer-Périard (Andrée) : Clavardage,
appels... bien, appels, mais clavardage sur le site Web, puis surtout qu'on les
réunisse, les jeunes, puis qu'on leur pose la question.
Mme Zaga Mendez : Parfait,
merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Donc, je vous remercie, mesdames, pour votre contribution à nos
travaux de la commission.
Je suspends les travaux quelques minutes
afin que nos prochains invités puissent prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 04)
(Reprise à 12 h 10)
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
souhaite maintenant la bienvenue à Force Jeunesse. Je vous rappelle que vous
disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à la
période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter et ensuite de dire votre exposé.
M. Telles (Simon) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. M. le ministre, chers membres de la commission, au
nom de Force Jeunesse, je tiens d'abord à vous remercier de prendre le temps
d'échanger avec nous aujourd'hui dans le cadre de cet important projet de loi
sur l'encadrement du travail des enfants.
Avant de débuter notre présentation, on va
se présenter. Donc, Simon Telles, président de Force Jeunesse depuis maintenant
trois ans. Dans la vie de tous les jours, je suis conseiller stratégique à
l'Association des ressources intermédiaires d'hébergement du Québec. Donc, je
suis responsable des affaires juridiques et des relations gouvernementales, mais
Force Jeunesse, depuis déjà six ans, occupe beaucoup de mon temps et de mon
énergie, et c'est vraiment un plaisir pour nous d'être avec vous aujourd'hui.
J'ai eu la chance aussi de pratiquer en droit du travail. Donc, c'est un sujet
qui m'interpelle tout particulièrement. Je vais laisser mes collègues se
présenter.
Mme Dery (Lauriane) : Bonjour,
Lauriane Dery, vice-présidente exécutive chez Force Jeunesse depuis maintenant
deux ans, et, dans la vie de tous les jours, je suis conseillère principale,
affaires publiques et gouvernementales, chez Boralex.
Mme Racine (Éliane) : Et je
m'appelle Éliane Racine. Je suis vice-présidente au contenu chez Force
Jeunesse. Dans la vie de tous les jours, je fais un doctorat en relations <industrielles
à l'Université de Montréal...
Mme Racine (Éliane) :
...dans
la vie de tous les jours, je fais un doctorat en relations >industrielles
à l'Université de Montréal.
M. Telles (Simon) : Donc,
pour vous présenter brièvement notre organisation, certains, certaines la
connaissent déjà, notre mission est vraiment de défendre les droits et les
intérêts de la jeunesse en matière de politiques publiques, toujours dans une
perspective d'équité intergénérationnelle. Donc, ça vous permet de comprendre
un peu l'angle d'analyse qu'on aura sur le projet de loi aujourd'hui.
On regroupe à la fois des membres
individuels, qui sont tous des jeunes de moins de 35 ans, et des membres
associatifs, qui sont aussi composés de jeunes dans différents secteurs. Depuis
notre fondation, il y a déjà 25 ans, les questions de droit du travail ont
toujours occupé une place très importante. On n'a qu'à penser au dossier des
clauses de disparité de traitement, par lequel on est très fiers des avancées
récentes qui ont été faites sous le leadership de M. le ministre et qu'on
continue de surveiller encore aujourd'hui.
Maintenant, après l'adoption du projet de
loi n° 14, l'année dernière, visant à assurer la protection des stagiaires
en milieu de travail, on a le sentiment que le projet de loi n° 19 sur
l'encadrement du travail des enfants vient compléter le bouclier législatif qui
vise à protéger les jeunes qui sont particulièrement vulnérables sur le marché
du travail. On sait que les répercussions et les décisions... en fait, que les
décisions et les conditions d'emploi des premières expériences des jeunes
influencent leur trajectoire professionnelle et consolident aussi les
inégalités intragénérationnelles qui seront présentes tout au long de leur vie.
Pour cette raison, on tient à souligner
notre appui aux dispositions qui sont déjà énoncées dans le projet de loi
n° 19 et on salue la décision du gouvernement de vouloir d'abord
introduire un âge minimum au travail, une durée de travail maximale, et en
réitérant l'importance de consolider... de considérer, plutôt, les risques qui
sont propres à cette population en matière de santé et sécurité au travail.
Cependant, il y a certaines problématiques concernant l'encadrement des jeunes
et des enfants au travail qui ne sont pas considérées par les modifications
proposées des lois du travail, d'où certaines des recommandations qu'on voudra
porter à votre connaissance aujourd'hui.
Avant de débuter, quelques statistiques
qui nous apparaissent importantes. Selon le dernier portrait lésionnel des
jeunes travailleurs de 24 ans ou moins, qui a été réalisé par la CNESST
tout récemment, on apprenait que plus de 31 jeunes par jour étaient
victimes de lésions au Québec en 2021. C'est un chiffre qui, pour nous, est
très, très préoccupant. Et, de ce nombre, bien, le nombre de lésions chez les
24 ans ou moins est en hausse, lui, de 12,5 % depuis 2016, alors que
les jeunes de moins de 20 ans sont aussi particulièrement touchés, avec
une hausse de 27 % depuis 2016. Et les statistiques auprès des 17 ans
et moins sont peu reluisantes, encore pires que celles que je viens de vous énoncer.
Donc, à la lumière de ce qui précède, pour
nous, une intervention législative était nécessaire, et Force Jeunesse se
rallie au consensus qui a été exprimé par les membres du CCTM pour établir,
notamment, l'âge minimal du travail à 14 ans, sauf pour les exceptions qui
ont été prévues dans le projet de loi, exceptions qu'on veut restreindre le
plus possible, parce que, dans l'esprit de l'article 84.2 de la Loi sur
les normes du travail, tout travail effectué par un enfant doit être
proportionné à ses capacités, ne pas être susceptible de compromettre son
éducation, ou de nuire à sa santé, ou à son développement physique, ou à son
développement moral. Alors, pour cette raison, on est d'avis que les exceptions
devraient être limitées le plus possible et ne pas être étendues, malgré les
représentations que certains groupes pourraient vous faire.
En ce qui concerne les agences de
placement de personnel, on va un peu plus loin. On est d'avis qu'il faudrait
interdire qu'elles puissent embaucher des jeunes de moins de 18 ans,
considérant les risques accrus pour les jeunes de subir un accident de travail
dans ce type d'organisation du travail tripartite. Ça fait l'objet notamment de
notre recommandation 2. N'hésitez pas si vous avez des questions un peu
plus tard.
Alors, sur ce, je vais laisser la parole à
ma collègue Éliane, qui va vous parler de surveillance et de formation.
Mme Racine (Éliane) : Merci,
Simon. Avant de poursuivre, nous tenons simplement à vous mentionner qu'on ne
passera pas en détail chacune des recommandations, mais on est disposés, là, à
pouvoir répondre à des questions sur l'ensemble des recommandations qui se
trouvent dans notre mémoire.
Pour améliorer l'encadrement du travail
des enfants puis augmenter la portée effective du projet de loi n° 19, il
est nécessaire de s'assurer que les milieux de travail se conforment aux
dispositions législatives. On dispose déjà de plusieurs lois et règlements qui
visent à assurer la santé et sécurité au travail. Les changements législatifs
qui sont prévus dans le projet de loi n° 19 n'auront pas une grande incidence
si les milieux de travail ne se conforment pas à ces dispositions.
Dans cette perspective, en introduisant
des mécanismes pour renforcer les dispositions déjà existantes, on serait en
mesure d'améliorer la conformité des organisations, mais également d'obtenir un
meilleur portrait de la situation. Notre recommandation 6, concernant la
divulgation auprès de la CNESST d'accidents de travail impliquant des jeunes de
16 ans et moins, de même que nos recommandations 10 et 11, concernant
le dépôt d'un rapport sur la mise en application de la loi et l'adoption d'un
programme de surveillance ciblée de la part de la CNESST, aideront à atteindre
cet objectif double.
D'autre part, pour bien des <jeunes
visés par le projet de loi n° 19...
Mme Racine (Éliane) :
...d'autre
part, pour bien des >jeunes visés par le projet de loi n° 19, le
travail que l'on souhaite encadrer constitue la ou les premières expériences en
emploi. Or, le manque d'expérience ou de connaissances pour occuper un emploi
peuvent agir comme des facteurs de stress pour un jeune ou amener à des
accidents de travail.
Afin de renforcer les dispositions déjà
existantes dans la Loi sur les normes du travail et dans la loi sur la santé et
sécurité du travail, nous proposons d'intégrer la divulgation des heures de
formation qui sont suivies par le jeune de moins de 14 ans dans le
formulaire prévu à l'article 2 du projet de loi et nous proposons également
d'intégrer une obligation pour les employeurs de tenir un registre de formations
suivies et des périodes d'entraînement pour les jeunes de 16 ans et moins
en vertu de l'article 51 de la LSST. Les efforts de formation vont devoir
aller au-delà des dispositions législatives. En plus d'augmenter l'offre de
formation, il faudra également s'assurer de développer et d'adapter le contenu
des formations aux jeunes.
En terminant, il serait important de ne
pas former uniquement les jeunes, mais également les intervenants qui gravitent
autour du jeune. On parle notamment des employeurs, les collègues, les
professeurs et les parents. Sur ce dernier point, permettre au titulaire de
l'autorité parentale d'accompagner le jeune dans sa démarche de plainte
aiderait à protéger davantage les jeunes sur le marché du travail.
Je cède maintenant la parole à ma collègue
Lauriane.
Mme Dery (Lauriane) : Merci,
Éliane. La santé, la sécurité, et le bien-être des jeunes ne peuvent pas juste
être considérés au niveau des normes et des conditions de travail, mais doivent
plutôt être considérés comme un tout avec l'ensemble des sphères dans
lesquelles les jeunes évoluent. Les contextes familial et scolaire, par
exemple, ont un rôle déterminant à jouer dans le développement de leur plein
potentiel.
C'est pour cette raison que la
collaboration entre les différents ministères, comme celui de la Famille, de
l'Éducation et de la Jeunesse, est primordiale pour mettre en place des
politiques et des programmes qui sont cohérents et complémentaires, toujours
dans l'objectif de protéger le jeune et de maximiser ses conditions de succès.
Le Secrétariat à la jeunesse a d'ailleurs déjà mis en place un comité interministériel
jeunesse.
Considérant les corrélations qui sont
requises pour encadrer adéquatement l'emploi chez les jeunes, ce serait
pertinent que ce comité soit mandaté pour mettre en place un plan d'action
interministériel qui permettrait à la fois d'arrimer les politiques et de
partager des données pour mieux comprendre l'impact du travail et du projet de
loi n° 19 dans la vie des jeunes. D'ailleurs, le Plan d'action jeunesse
vient à échéance l'année prochaine, ce qui représente une belle opportunité pour
concrétiser cette idée.
Finalement, l'aspect primordial qu'on se
doit de considérer, c'est la place que devrait occuper le jeune dans
l'élaboration, jusqu'à la mise en place, des initiatives qui, ultimement, lui
sont dédiées. Que ce soit de l'inclure dans le comité SST déjà existant sur son
lieu de travail, s'il y en a un, de l'inviter aux tables de décision ou
simplement de le consulter, il n'y a rien de mieux qu'un jeune pour faire état
de sa réalité et des meilleurs moyens qui devraient être mis en place pour le
mobiliser.
Pour conclure, j'aimerais réitérer que
Force Jeunesse appuie et salue les dispositions qui sont proposées dans le
projet de loi n° 19. Alors que la pénurie de main-d'oeuvre bat son plein
et que l'inflation met de plus en plus de pression sur la population, le Québec
ne peut plus se permettre de mettre à risque sa plus grande richesse. On ne
peut plus se permettre d'enregistrer des hausses de plus de 200 % en
matière d'accidents de travail chez les jeunes de moins de 15 ans. On ne peut
plus se permettre de compter plus de 30 jeunes blessés par jour. Un seul,
c'est déjà trop. Le travail des enfants ne peut pas être la solution aux enjeux
économiques et sociaux actuels, et on se doit, en tant que société, d'offrir un
environnement sain et sécuritaire pour permettre à notre relève de s'épanouir
pleinement.
Sur ce, nous sommes maintenant prêts à
répondre à vos questions.
• (12 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer
la période d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui, merci, Mme
la Présidente. Dans un premier temps, j'aimerais vous remercier pour votre
présence et le temps que vous avez consacré à la préparation de votre mémoire,
qui, sincèrement, est assez touffu, assez intéressant et aussi très pertinent.
Je pense que ce qui nous réunit tous aujourd'hui, c'est la relève de demain,
c'est la force du Québec qu'on veut construire, c'est le Québec prospère de
notre avenir.
Et c'est une avancée, hein, parce qu'on
parle aussi d'harmonisation avec ce qui se fait dans le reste du Canada puis
avec la convention sur les droits de l'enfant, là, issue des travaux de
l'Organisation internationale du travail. Je pense que ça ne fait pas de doute,
l'objectif de protéger nos jeunes, puis ce n'est pas que la sécurité physique,
c'est la santé psychologique aussi, puis de permettre un parcours académique
qui soit le plus harmonieux possible, puis je pense <qu'on adhère...
M. Boulet :
...puis
de permettre un parcours académique qui soit le plus harmonieux possible, puis
je pense >qu'on adhère tous aux objectifs.
Maintenant, je trouve ça intéressant parce
que je connais votre intérêt profond pour l'équité intergénérationnelle, puis
là je réalise qu'en matière de présence des jeunes dans le marché de l'emploi
la conjoncture économique puis la pénurie de main-d'œuvre, qui est un facteur
un peu externe, non provoqué par les employeurs ou les partenaires du marché de
l'emploi, engendre une certaine équité intergénérationnelle. Faites-vous cette
lecture-là, Simon, ou un de vous trois?
Mme Racine (Éliane) : Vous
voulez dire la lecture...
M. Boulet : Oui, est-ce que
la conjoncture économique, la pénurie de main-d'œuvre, mettant de la pression
sur les employeurs, a un impact sur une présence accrue des jeunes sur le
marché de l'emploi puis engendre une forme d'iniquité avec les générations qui
ont précédé, qui n'étaient pas nécessairement dans le même contexte, on voit
plus de jeunes dans le marché de l'emploi, et c'est ce qui explique une
recrudescence du nombre d'accidents de travail?
Mme Racine (Éliane) : Bien,
c'est certain que la conjoncture économique va venir mettre une pression sur le
marché. Puis je pense qu'on l'a vu aussi, il y a quelques semaines, quand on
parlait plus des retraites, ça met une pression aussi sur garder plus longtemps
les gens en emploi. Donc, au final, on a un problème qu'on a plus d'emplois par
rapport au nombre de personnes qu'on a, mais, nous, ce qu'on dit, c'est :
Les jeunes ne peuvent pas être la réponse à ce problème-là si ça vient nuire à
leur développement.
Puis je pense qu'il ne faut pas oublier
non plus qu'avec les changements technologiques qui sont en cours on a besoin
de main-d'œuvre qualifiée et compétente puis on ne peut pas se permettre qu'un
jeune choisisse d'aller travailler plutôt que de terminer sa scolarité. Donc,
c'est important de venir encadrer, tout en sachant que le travail peut aussi
jouer comme un facteur de protection pour certains jeunes. Donc, le projet de
loi qu'on a actuellement sous les yeux permet justement de peut-être renforcer
les aspects positifs qui peuvent être associés au travail tout en venant mettre
des balises pour éviter des situations où, justement, on met le jeune à risque
sur le marché du travail.
M. Boulet : Tout à fait,
c'est très bien dit, parce qu'effectivement le travail a une valeur et engendre
certains bénéfices, mais c'est au-delà d'un certain nombre d'heures que, là, la
tendance s'inverse.
Vous m'avez souvent entendu dire que c'est
une responsabilité partagée puis il faut s'assurer d'un engagement parental
complet. C'est ce que le formulaire qui sera prescrit prévoira, là, avec des
heures, avec des périodes de disponibilité, une description des tâches, mais il
y a aussi d'autres partenaires, puis vous soulevez les agences de placement. Tu
sais, il y a les milieux d'emploi, les employeurs, les syndicats, les écoles,
mais les agences de placement, je veux juste, Lauriane...
Puis vous connaissez ça bien, je crois,
souvenez-vous du règlement qu'on a adopté le 1er janvier 2020. Les agences de
placement doivent obtenir un permis de la CNESST, puis doivent révéler les
conditions de travail, puis il y a quand même un suivi qui est fait de façon
très importante, puis, dans la loi modernisant le régime de santé et sécurité,
vous avez vu que, les agences de placement, on a confirmé leurs obligations en
matière de santé et sécurité spécifiquement là où il y a des comités paritaires
de santé et sécurité, puis qu'on ne peut pas se dégager, comme agence, de sa
responsabilité en matière de santé et sécurité, même contractuellement.
Ça fait que c'était important pour moi de
le rappeler. Puis les milieux de travail, bien, il y a les mécanismes, vous
l'avez soulevé, là, de prévention puis de participation des travailleurs,
programme de prévention, plan d'action quand c'est 20 et moins, il y a les
représentants en santé et sécurité puis les agents de liaison. Il va falloir...
Je pense que la clé, c'est de bien identifier pour mieux contrôler et éliminer
les risques, et là on remet l'accent... On fait une réplique des dispositions
de la loi modernisant... dans notre projet de loi n° 19
et on dit aussi aux RSS puis aux agents de liaison qu'ils vont pouvoir
recommander que des tâches ne soient pas accomplies par des 16 ans et
moins en raison des risques. Je voulais m'en assurer.
Sur la divulgation, aussi, là, des
accidents de travail, là où il y a des comités, bien, l'employeur est contraint,
en vertu... là, c'est la LATMP, de maintenir un registre et de dire ses
accidents de travail. Puis, quand il y a une absence au-delà de la journée où
l'événement survient, bien, on doit envoyer le formulaire de <réclamation,
puis l'employeur...
M. Boulet :
...journée
où l'événement survient, bien, on doit envoyer le formulaire de >réclamation,
puis l'employeur... l'avis de l'employeur, il demande le remboursement, puis on
a toujours la description de l'événement puis la date de naissance du
travailleur, mais c'est sûr que... Puis je crois beaucoup en la formation, mais...
On parle de conciliation études-travail, mais là il faut aussi qu'on... Tu
sais, plusieurs des intervenants nous disent : Gardez la loi simple. Si on
veut faciliter son application, il faut que ça demeure simple puis il ne faut
pas alourdir le fardeau administratif des entreprises.
Là, je fais un petit peu une déclaration,
là, mais, tu sais, quand vous dites : La formation, oui... D'ailleurs, il
y a une aide financière pour les activités de sensibilisation, information,
formation, mais divulguer, par exemple, à la CNESST des heures de formation,
tenir un registre de formation, c'est certain que ça ne serait pas un incitatif
à permettre une application souple de la loi. Tu sais, il faut sensibiliser,
informer puis former surtout les jeunes qui arrivent inexpérimentés... souvent
leur premier emploi. Ils ont besoin d'un encadrement additionnel pour les
protéger, puis surtout éviter que le travail ait un impact négatif sur leur
parcours académique.
J'aimerais ça vous entendre sur
l'accompagnement du parent. Bon, vous dites... vous avez beaucoup écrit sur
l'accompagnement du jeune. Pourquoi vous référez particulièrement au parent?
Parce qu'il est le plus près, là, mais à quoi vous pensez particulièrement
quand vous dites : Le parent devrait pouvoir accompagner?
Mme Racine (Éliane) : Je ne
sais pas si les membres de la commission ont déjà été faire une plainte sur le
site de la CNESST pour des conditions de travail, mais ça nécessite un niveau
de connaissance qui est quand même un peu plus élevé que simplement répondre «oui,
non» à des questions, là. Savoir si notre employeur est de régime provincial ou
fédéral, même si on a un petit texte explicatif, ça demande un niveau de
connaissance qui peut quand même être un peu plus élevé.
Donc, à ce niveau-là, je pense que le
parent peut très bien accompagner son enfant dans la rédaction, là, de la
plainte qui peut être faite, mais également, aussi, le formulaire de plainte,
une fois qu'il est envoyé, ce n'est pas la fin de vos communications avec la
CNESST. Par après, il peut y avoir des retours, puis, si on veut s'assurer que
la balle n'est pas échappée en cours de route, bien, il faut qu'on puisse
permettre aux parents peut-être de pouvoir suivre l'information. Puis on n'est
pas en train de dire ici que, systématiquement, le parent doit être mis en
copie conforme, là, sur les communications. Pour les enfants de 14 à 17 ans, ça
pourrait être de mettre une case pour permettre au jeune de cocher pour que son
parent puisse être mis en copie conforme, pas besoin, là, de le mettre comme
une mesure qui serait de facto le mécanisme qui serait utilisé.
Ensuite de ça, j'entendais les
intervenants avant nous parler des entreprises familiales, mais, quand on parle
d'entreprises familiales, des fois, il y a des gestions qui ne sont pas les
mêmes que quand on gère des employés qui ne sont pas nos enfants. Donc, encore
là, il y a peut-être des manières qu'on puisse accompagner le parent et
l'enfant, là, pour être en mesure d'assurer que le milieu de vie et de travail
soit sain et sécuritaire pour les jeunes, puis ça, ça peut passer, par exemple,
par de l'offre de formation qui pourrait être faite par les associations
sectorielles ou encore, là, par du développement de contenus. Puis on le
rappelle, là, le plan d'action pour la jeunesse arrive à échéance, donc, va
être reporté l'année prochaine. C'est le moment de pouvoir mettre des
initiatives, là, pour pouvoir aider les jeunes puis les outiller.
• (12 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui. Je vais
clore en vous remerciant de nouveau, mais je suis d'accord avec vous, Lauriane.
L'accompagnement du parent, sans le préciser dans la loi, il est possible. La
simplification des formulaires, je crois que c'est un enjeu. Puis on reçoit la
CNESST cet après-midi, puis ils sont dans mon périmètre d'action, ça fait que,
tu sais, juridiction fédérale, provinciale puis... c'est ça, mais, on sait,
c'est parce que, quand c'est de juridiction fédérale, l'indemnisation, c'est
oui, donc, LATMP, puis LSST, prévention, c'est non, là, la décision de la Cour
suprême du Canada.
Ça fait que je vais céder la parole à ma
collègue de Laporte et ma collègue d'Anjou—Louis-Riel après, là, mais... Oui? Ah!
OK, donc, c'est ma collègue d'Anjou—Louis-Riel...
Mme Boivin Roy : Merci
beaucoup, M. le ministre. On va poursuivre sur la même lancée. On a parlé, là,
de... le mécanisme des plaintes de la CNESST...
12 h 30 (version révisée)
Mme Boivin Roy : ...sur la
même lancée, on a parlé, là, de... le mécanisme des plaintes de la CNESST.
Donc, vous mentionnez l'accompagnement des parents, puisque ce n'est pas,
finalement, là, facile d'utilisation, peut-être plus pour un public plus
averti, avec soit par la terminologie juridique ou encore pour des raisons
purement administratives. Vous pensez à quoi, hormis la simplification des
formulaires, vous pensez à quoi comme nature d'adaptation?
Mme Racine (Éliane) : Bien, c'est
certain, on pourrait également avoir des logiciels ou développer une
application, là, que le jeune pourrait ouvrir sur son téléphone puis utiliser
directement l'application. Je pense que des lignes de communication, que ce
soit par téléphone, par clavardage ou encore... bon, je ne sais pas si le
courriel est la manière la plus adaptée, mais je pense qu'il y a quand même
moyen, là, de diversifier l'utilisation.
Après, quand on parle de faciliter le
processus, la CNESST a mis en place un programme Kinga qui vise les jeunes de
secondaire et du primaire, là, pour pouvoir faciliter l'apprentissage de
connaissances, que ce soit, là, en termes d'équité et de justice, puis ce
programme-là pourrait très bien servir aussi, là, à pouvoir être une première
amorce à mieux comprendre comment fonctionnent les différents mécanismes de la
CNESST.
Mais, au final, je pense que la... L'approche
qu'on doit retenir ne peut pas être choisie sans en parler avec les jeunes qui
vont utiliser ces moyens-là. Donc, même si on est Force jeunesse, on n'est pas
non plus le public cible de 12 à 13 ans ou de 12 à 17 ans, là, qu'il
faut consulter pour avoir des outils adaptés à leur réalité.
M. Telles (Simon) : Puis j'ajouterais,
pour compléter la réponse de ma collègue, que la sensibilisation, auprès des
jeunes, de leurs droits, c'est fondamental. Ce qu'on se rend compte, c'est que
les jeunes sont encore peu familiers avec ces éléments-là. Ils sont de plus en
plus à faire une entrée sur le marché du travail à un jeune âge et donc il faut
qu'ils soient au courant des mécanismes, des processus. On a tous des jeunes
autour de nu... de nous, pardon, qui ont été victimes de... soit d'un accident
ou d'une problématique au travail, ils ne savaient pas où regarder. Et ce n'est
pas tous les jeunes qui ont la chance d'avoir un soutien familial qui peut les
accompagner dans des procédures comme ça, qui sont complexes, donc on doit
toujours améliorer l'éducation. Et je pense qu'on devrait, dans certains cursus
académiques, même intégrer certaines notions de base de droit du travail, qui
seraient très utiles, là, auprès des jeunes et qui permettraient de diminuer
également les accidents de travail.
M. Boulet : Il y a une
stratégie jeunesse, d'ailleurs, à la CNESST, Simon, là, puis il y a 122 000 élèves,
primaire, secondaire, qui ont été rencontrés pour les sensibiliser à leurs
droits.
J'aimerais ça inviter ma collègue de
Laporte, qui a aussi une question.
Mme Poulet : Oui. Merci
beaucoup à vous trois de votre présence et votre participation. Mme la
Présidente, il reste combien de temps environ?
La Présidente (Mme D'Amours) : 2 min 30 s.
Mme Poulet : Deux minutes.
Parfait. Merci beaucoup. Alors, oui, je voudrais connaître. Selon vous... Vous
représentez les jeunes, mais qu'est-ce... Selon vous, quel serait l'impact de l'interdiction
sur les entreprises?
Mme Racine (Éliane) : Vous
voulez dire pour l'interdiction...
Mme Poulet : De travailler
pour les 14 ans et moins, qu'est-ce... Quel impact vous pensez que ça pourrait
avoir sur les entreprises?
M. Telles (Simon) : Écoutez, c'est
certain que ça va avoir un impact sur certaines entreprises, probablement, dans
certaines régions ou dans certains secteurs plus que d'autres. Mais, à partir
du moment où on dégage un consensus sur le fait que, jusqu'à 14 ans, les
jeunes ne devraient pas travailler pour des raisons de fréquentation scolaire
ou des raisons d'intégrité physique, parce qu'ils sont particulièrement
vulnérables, les exceptions à ce principe-là devraient être les plus
limitatives possible.
Et sincèrement, si des entreprises, encore
aujourd'hui, dans leur modèle de travail, dépendent du travail des 11... c'est
de ça qu'on parle, là, on parle d'entreprises dont le travail des 11, 12, 13 ans
est une composante essentielle, je pense que le modèle d'affaires devrait
peut-être être reconsidéré, là. Pour nous, c'est inadmissible qu'on soit en
situation de dépendance de cette main-d'œuvre-là.
Et ça nous en dit beaucoup aussi sur
toutes sortes de problèmes sociaux. Parce qu'il y a beaucoup de jeunes qui
travaillent parce que les familles ont besoin de ce revenu-là, d'appoint, donc
de travailler aussi sur nos programmes sociaux permet d'éviter que des jeunes
fassent une entrée précoce sur le marché du travail.
Donc, c'est... Pour nous, il va y avoir un
impact, on en est conscients, mais je pense qu'on peut trouver d'autres
solutions que le travail des 11, 12, 13 ans pour faire face à ces
défis-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre, en conclusion, une minute.
M. Boulet : Pour le plus
grand bien-être de la société québécoise et pour la construction d'un Québec
fort, je pense qu'il faut redire l'importance de notre jeunesse, puis ça passe
par les connaissances et la sécurité. Merci beaucoup à vous trois.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Maintenant, nous allons céder la parole à Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Et merci beaucoup aux différents représentants de Force jeunesse de
venir témoigner ici aujourd'hui. Je pense que les différents objectifs de <réussite...
Mme Cadet :
...de >réussite
académique des jeunes, de diminution des différentes lésions
professionnelles... «lésions»... les différentes... donc, oui, donc, lésions en
milieu de travail qui ont été constatées, l'augmentation de différents
accidents de travail qui ont été constatés, donc, au cours des dernières
années, donc, nous... font en sorte que nous sommes ici à partager ces
différents objectifs-ci. Et également l'objectif complémentaire, là, de nous
assurer qu'on puisse avoir une main-d'œuvre à long terme, là, qui soit mieux
formée, soit plus productive, également, donc, au bénéfice, là, d'une économie
plus forte.
Et je repense un peu à votre mémoire dans
le cadre des consultations sur le Régime des rentes du Québec, et qui faisait
état du parcours tout au long de la vie active de la personne pour en arriver à
des revenus de retraite supérieurs à la fin de ce parcours-là. J'ai
l'impression que je vois aussi une certaine adéquation entre vos positions
passées et celles que vous mettez de l'avant aujourd'hui.
J'aimerais revenir, tout d'abord, donc,
sur votre deuxième recommandation, au niveau, donc, de l'interdiction à une
agence de placement de personnel de faire effectuer un travail par un
travailleur de moins de 18 ans. Je sais que, donc, le ministre a apporté
quelques précisions à cet effet, mais on n'a pas eu l'occasion, là, de vous
entendre sur les risques. Dans votre mémoire, vous en faites état, mais vous
déplorez donc le manque de données probantes, là, à cet effet. Donc,
j'aimerais... donc, je vous laisserais y aller là-dessus.
M. Telles (Simon) : Merci.
Merci beaucoup pour l'opportunité de vous en parler davantage. Effectivement,
le manque de données, on ne passera pas beaucoup de temps là-dessus, parce
qu'autant dans l'avis du CCTM que dans la mémoire des autres intervenants je
pense que c'est une question qui est assez unanime. Puis on... Puis, si on peut
ressortir de la commission en se disant qu'on doit en faire plus en matière de
données, ce sera déjà un gain très important pour la jeunesse puis ça nous
permettra aussi d'ajuster nos politiques publiques, nos projets de loi, nos
règlements une fois qu'ils sont adoptés. Parce que ce sont des textes qui sont
vivants, puis, si on se rend compte qu'une exception, quelques années plus
tard, a causé plusieurs accidents, plusieurs lésions, il faut se laisser aussi
l'opportunité de faire des réajustements.
Maintenant, concernant le travail des agences,
selon une étude qui a été réalisée par la... en fait, par la Commission des
normes du travail en 2012, c'était 40 % du personnel d'agence qui était
composée de 16-24 ans. Donc, on ne sait pas exactement comment ça a évolué
depuis, mais c'est quand même un chiffre, nous, qui nous avait frappés. Et,
également, selon la distribution des lésions professionnelles, bien, les
blessures des jeunes au travail étaient surreprésentées dans ces milieux de
travail là. Et on peut se l'expliquer aisément, hein? C'est une relation de
travail qui est tripartite, donc entre le jeune, l'agence et un milieu de
travail où il est envoyé. C'est plus difficile pour l'agence, qui est
l'employeur, de faire le suivi des formations qui sont données aux jeunes.
C'est un environnement de travail qui peut changer régulièrement dans une même
semaine, donc c'est difficile qu'un jeune soit formé, connaisse le milieu de
travail, connaisse les risques inhérents à chacun des milieux de travail où il
est envoyé. Donc, pour nous, c'est un modèle d'organisation du travail qui
représente un risque accru pour les jeunes. Et, tant qu'on n'a pas de données
là-dessus, sachant... En fait, les données qu'on a nous indiquent déjà qu'il y
a plus de lésions, donc, à défaut de données contraires, pour nous, ce serait
important même, pour ce secteur-là, d'être plus restrictif que ce qui est
proposé dans le projet de loi, d'étendre ça à 18 ans.
Pourquoi 18 ans et non 16 ans?
En fait, c'est selon la convention n° 138 sur l'âge minimum que le Canada
a signée, évidemment, qui ne lie pas le Québec, mais, pour nous, les principes
qui sont dans ce document-là, cette convention internationale là, sont
superintéressants. Ce qu'on prévoit, c'est qu'on interdit formellement tout
travail qui est susceptible de compromettre la santé, la sécurité ou la
moralité avant l'âge de 18 ans. Donc, qui vient... elle vient là, de... pour
nous, cette balise-là de 18 ans. Et, tant qu'on n'est pas en mesure de
prouver que ces milieux-là sont sécuritaires pour les jeunes, bien, pour nous,
notre devoir, c'est de les protéger.
• (12 h 40) •
Mme Dery (Lauriane) : Si je
peux rajouter aussi, il y a aussi le besoin de formation puis les enjeux de
formation liés au changement de milieu de travail du jeune, mais il y a aussi
l'application des mesures. Donc, la surveillance est beaucoup plus difficile à
faire quand tu as deux employeurs, si on veut, donc l'entreprise cliente
plus l'employeur. Il y a aussi cet enjeu-là à ce niveau-là. Donc, ce n'est pas
juste non plus une question de formation, mais vraiment d'application des
mesures, s'assurer que le jeune est en effet bien encadré qui présente un enjeu
à nos yeux.
Mme Cadet : Merci. Puis vous
indiquez également, donc, qu'il y aurait aussi, donc, une sous-déclaration des
lésions professionnelles pour le personnel d'agence pour ce qui est des jeunes
travailleurs.
Mme Racine (Éliane) : Bien,
c'est ce qu'on a pu constater, là, dans les différents écrits de la
littérature. Mais, encore une fois, je réitère que, les données n'étant quand
même pas disponibles de manière superflue, là, c'est très difficile de pouvoir
vous donner un portrait exact de la situation. Puis, quand on fait la somme
de... il n'y a <pas...
Mme Racine (Éliane) :
...il
n'y a >pas beaucoup de données sur les 17 ans et moins, plus il n'y
a pas beaucoup de données sur les travailleurs d'agence, puis ça devient
difficile, là, d'avoir un portrait vraiment exact de ce qui se passe dans ces
milieux-là.
Mais au final, pour nous, puis je pense
que c'est un peu l'esprit du projet de loi n° 19 aussi, c'est... Dans
certains cas, on va mettre en place des dispositions par mesure de précaution
et non pas parce qu'on a attendu de voir qu'il y avait 200 accidents pour
se dire : Bien, peut-être qu'il faudrait légiférer sur cet aspect-là.
Donc, l'idée d'interdire, c'est vraiment plus une mesure de précaution qu'une
mesure, là, qui découle de données probantes.
Mme Cadet : Merci. Puis
effectivement, donc, on l'indique, donc, c'est une mesure de précaution et non
pas... on ne se base pas, donc, nécessairement, donc, sur les données probantes
qui sont disponibles. Mais est-ce qu'on a quand même, ne serait-ce que de
façon, donc, plus anecdotique, donc, un certain portrait, là, des entreprises
types, des entreprises clientes types vers lesquelles, donc, les jeunes
travailleurs, là, qui sont, donc, employés par les agences de placement, donc,
dans lesquelles... se retrouvent?
Mme Racine (Éliane) : Bien
là, c'est un peu difficile pour nous de vous faire un portrait de quelles
agences embauchent plus de jeunes que d'autres, mais on...
Mme Cadet : Non, plutôt, dans
quel type d'entreprises clientes les jeunes finissent par se retrouver, là, au
cours d'une certaine période de travail?
Mme Racine (Éliane) : Bien,
ça va dépendre c'est quoi, le service qu'offre l'agence de placement en tant
que tel, là. Si vous offrez un service journalier pour pouvoir aller travailler
dans un entrepôt, bien, probablement que le milieu de travail, ça risque d'être
un milieu où il y a des chariots élévateurs, il peut y avoir différents
mécanismes que ce soit de l'entreposage ou autres. Si c'est plus une agence de
placement qui est liée... même s'il n'y en aura plus bientôt, là, mais liée à
la santé puis les services sociaux, là, dans ce cas-là, on est peut-être
davantage dans des milieux comme les CLSC, CHSLD ou des résidences. Puis après,
si c'est plus un service, par exemple, de nettoyage, ou autres, bien là, c'est
très grand et vaste, là, ce qu'on peut faire comme emploi dans les entreprises
clientes.
Mme Cadet : C'était ma
question ici aussi d'imaginer si on est... au-delà des données, là, si on est
en mesure d'émettre, donc, certaines hypothèses entre le type de lieu de
travail où le jeune se retrouve au final, au sein d'une entreprise cliente, et
le niveau de risque, là, qui est associé à ce travail-là. Donc, j'imagine que
vous avez quand même certaines hypothèses aussi à cet égard.
Mme Racine (Éliane) : Bien,
en fait, je dirais que, que ce soient pour les agences de placement ou même
pour les entreprises qui... puis les salariés, là, qui sont dans une relation
traditionnelle, on a peu de données sur les jeunes de 17 ans et moins de
savoir exactement quels emplois ils occupent, c'est quoi, les conditions qu'ils
ont. Puis, quand on parle de formation puis de surveillance, ça peut varier
d'un milieu à l'autre, si tu es syndiqué ou non, ça peut faire une différence
au niveau des conditions d'emploi que tu vas avoir, si ton employeur est une
PME versus une grande entreprise. Donc, il y a tellement un portrait important
à faire sur quels sont les emplois occupés par les jeunes que je ne
m'avancerais pas nécessairement, là, à faire des hypothèses sur les agences de
placement en tant que telles.
Par contre, je réitérerais que, dans la
recension de littérature qui a été faite par la CNESST en 2020, un des
constats qu'il y avait par rapport aux jeunes dans les agences de placement,
c'est que le manque de formation puis le manque de surveillance étaient la
cause d'accidents de travail. Donc là, si la CNESST est elle-même au courant de
ces deux facteurs-là, je pense qu'on peut se permettre d'appliquer une mesure
de précaution, là, pour le travail d'agence, quitte à, par après, là, rectifier
la situation si, finalement, ce sont des milieux sains, là. Notre objectif, ce
n'est pas d'empêcher les entreprises d'avoir de la main-d'œuvre, c'est juste de
s'assurer que le bien-être de la personne qui occupe l'emploi est primordial au
fait qu'on a trouvé des bras pour faire l'emploi en question, là.
Mme Cadet : ...donc, au-delà
de ce que le ministre vient de... des différents rappels, là, que le ministre
vient d'émettre, donc toute la question de la surveillance puis aussi de la...
bien, de la précarité de l'emploi et le fait... donc, le jeune... et donc l'entreprise,
elle-même, donc, a donc cette capacité, là, d'offrir une certaine formation et
que ce... et que les employés d'agence, ils sont... ils sont sous... ils sont
contraints, là, étant donné que le jeune, finalement, donc, finit par changer
de milieu de travail et qu'il n'y ait pas cette continuité-là, donc, dans le
parcours de travail. Ça constitue un risque additionnel qui demanderait à ce
qu'on en applique le principe de précaution, c'est bien ça?
Mme Racine (Éliane) : Oui,
puis, peut-être juste <avant...
Mme Racine (Éliane) :
...peut-être
juste >avant de laisser la parole à mon collègue, je pense que, quand on
parle de formation, des fois, on a en tête l'idée d'une formation de trois heures,
là, mais ça ne veut pas dire... Quand on dit : Il faut former dans les
milieux de travail, des fois, c'est juste prendre le temps d'expliquer aux
jeunes : Bien, s'il se passe quelque chose, la trousse de premiers soins
est là. S'il y a tel, tel problème, la personne-ressource, c'est elle. Puis
cette partie-là, là, de formation en emploi est importante puis elle permet
d'éviter, des fois, là, des accidents de travail. Puis c'est certain qu'il y en
a déjà qui se fait en milieu de travail, mais ce qu'on constate, c'est que les
jeunes, souvent, sont ceux qui ont le plus besoin de formation, puis des fois
on va juste les envoyer, puis : Vas-y, commence ton emploi. Puis c'est ça
qu'on veut éviter, là, c'est une situation où tu es catapulté dans un travail
puis que tu n'as pas les ressources nécessaires pour effectuer ton travail
adéquatement.
Mme Cadet : En effet, puis on
a bien entendu de différents experts, là, que, bien souvent, les lésions
professionnelles, là, qui... donc, qui arrivent aux jeunes en milieu de travail
sont bien souvent causées par le manque de formation et surviennent en tout
début de parcours, là, dans... souvent, dans les heures ou les jours qui
suivent l'entrée à l'emploi.
J'aimerais vous entendre aussi, donc, sur
un autre sujet dont on a moins parlé dans le cadre de cette commission qui
était toute la question de la disparité de traitement en matière
d'indemnisation. Peut-être détailler un petit peu plus, là. Vous dites que,
donc, la lésion professionnelle d'un jeune de moins de 18 ans coûte moins
cher à un employeur que celle d'un travailleur de plus de 18 ans.
La Présidente (Mme D'Amours) : En
30 secondes.
Mme Cadet : Ah mon Dieu!
Mme Racine (Éliane) : Bien,
en 30 secondes, c'est l'article 80 de la LATMP. Donc, ce n'est pas
nous qui l'a mis en place. Mais je pense qu'à l'époque elle était peut-être
adaptée, mais, avec la croissance des salaires puis l'augmentation du salaire
minimum, ça fait en sorte que, maintenant, le montant d'indemnisation ne
représente pas autant que ce qu'on va donner à un travailleur de plus de
18 ans qui effectuerait le même emploi, mais qui ne serait plus aux
études.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci. J'ai besoin de votre consentement pour aller au-delà de l'heure prévue,
pour permettre à notre collègue, là, d'avoir tout son temps de période de
questions. Consentement. Merci. Alors, la parole est vous. Mme la députée de
Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci beaucoup,
puis merci aux représentants de Force jeunesse d'être là avec nous. Étant donné
que je n'ai pas beaucoup de temps, je vais aller directement à mes deux questions,
dont la première. Dans la recommandation 5, tout à l'heure, on a eu un
échange sur le rôle des parents dans l'accompagnement de mécanismes de plainte,
puis j'aimerais vous entendre sur des cas d'exception, lorsqu'on parle d'une
entreprise familiale et ce sont parfois des parents qui sont à la fois
employeurs. Donc, comment vous voyez les mécanismes de plaintes qui sont... qui
accompagnent les jeunes dans des situations qui sont plus problématiques?
Mme Racine (Éliane) : Vous
voulez dire, comment on pourrait accompagner un jeune qui voudrait faire une
plainte contre son parent?
Mme Zaga Mendez : Quelqu'un
membre de la famille. Je sais, c'est des cas d'exception, mais...
• (12 h 50) •
Mme Racine (Éliane) : Oui, oui,
oui. Bien, c'est certain que là, à ce niveau-là, il faudrait qu'on trouve une
personne-ressource qui n'est pas le parent en question, là, ou la... le lien de
parentalité. Puis je pense que, sur cet aspect-là, les professeurs peuvent être,
à la limite, au moins le point de rencontre pour pouvoir dire : Bien,
écris à telle personne, ou quoi que ce soit. Après, il y a peut-être aussi
moyen, là, de réfléchir collectivement ensemble à des ressources qu'on pourrait
développer, là. On peut penser, par exemple, aux aires jeunesse qui existent...
les aires ouvertes, pardon, qui existent déjà. Donc, est-ce que ce serait
d'outiller les conseillers qui sont dans les aires ouvertes pour être en
mesure, là, d'accompagner le jeune dans sa plainte? Puis ça pourrait être une
autre... une manière, là, d'aider à répondre à cet aspect-là en particulier.
Mme Dery (Lauriane) : On
parlait aussi tantôt, notamment, là, de rendre peut-être plus accessible, là,
le formulaire de plainte sur le site de la CNESST puis de donner plus accès
peut-être à des ressources. Puis je pense que, dans ce cas-là précis, d'abord,
un jeune qui veut déposer une plainte et qui aurait accès à quelqu'un qui peut
l'accompagner du côté de la CNESST à travers le processus également, ça pourrait
être peut-être être intéressant.
Mme Zaga Mendez : Merci. Ça
répond à ma question. Donc, je vous... J'aimerais ça vous entendre sur votre
recommandation 1, dans le cas des formations. On a entendu d'autres
intervenants nous parler des formations obligatoires suivant un modèle inspiré
de ce qui se fait en Saskatchewan, au Manitoba, donc des formations plus
nationales. Je voulais avoir votre avis là-dessus et un peu aussi sur comment
on veille à... que ces formations-là soient suivies par tout le monde.
Mme Racine (Éliane) : Donc,
la première chose, c'est... en matière de formation, on peut avoir un modèle
qui est un peu mixte, si on veut, là, c'est-à-dire qu'il y a un volet qui
pourrait être obligatoire puis donné à travers un programme, là, qui pourrait
être via le système d'éducation, où là, la <portée...
Mme Racine (Éliane) :
...d'éducation,
où là, la >portée de la formation va être plus grande, parce qu'on est
vraiment capable d'aller toucher chacun des jeunes qui est dans le système
éducatif. Cependant, on l'a déjà mentionné, la formation va avoir aussi des
aspects qui sont particuliers aux lieux de travail, donc ça ne peut pas
enlever, là, la formation qui va être faite dans les lieux de travail. Puis,
sur cet aspect précis là, je pense qu'il y a un intérêt à peut-être collaborer
avec la CPMT, les associations sectorielles pour développer des formations qui
sont propres au secteur d'activité dans lequel on se trouve puis qui pourraient
être aussi adaptées, encore une fois, là, à la réalité du jeune puis de
l'apprenant en tant que tel.
Puis je terminerais en mentionnant que,
quand on parle de formation, c'est aussi important de former les employeurs,
parce qu'encadrer un jeune de 12 ans, ce n'est pas la même chose
qu'encadrer une personne de 35 ou de 50 ans. Donc, il y a un besoin de
développer des formations aussi pour outiller les employeurs à répondre aux
besoins, là, de la main-d'œuvre qu'ils embauchent.
Mme Zaga Mendez : Je vous
remercie. Je pense...
La Présidente (Mme D'Amours) : 25 secondes...
Mme Zaga Mendez : 25 secondes.
Si vous voulez ajouter quelque chose d'autre, il n'y a pas de problème.
M. Telles (Simon) : Ça va.
Merci d'avoir pris le temps de nous... d'échanger avec nous.
Mme Zaga Mendez : Merci à
vous.
La Présidente (Mme D'Amours) : Alors,
je vous remercie pour votre contribution à nos travaux.
La commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures. Merci, tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 h 52)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 05)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du travail reprend ses
travaux. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 19, Loi sur
l'encadrement du travail des enfants. Cet après-midi, nous entendrons les
témoins suivants : la Commission des normes, de l'équité, de la santé et
de la sécurité du travail, l'Association des restaurateurs du Québec, L'Union
des producteurs agricoles et la Coalition interjeunes.
Je souhaite maintenant la bienvenue à la Commission
des normes, de l'équité et de la santé et de la sécurité du travail. Je vous <rappelle...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...maintenant la bienvenue à la
Commission des normes, de
l'équité et de la santé et de la sécurité du travail. Je vous >rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous procéderons à
la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à
vous présenter et à commencer votre exposé.
Mme Oudar (Manuelle) : Merci,
Mme la Présidente. Donc, je me présente, Manuelle Oudar, présidente-directrice
générale de la CNESST. Je suis accompagnée aujourd'hui de Mélanie Vincent,
qui est la vice-présidente aux normes du travail, à ma gauche, et à ma droite,
David Dubois, qui est directeur de la Direction des partenariats, de la
prise en charge et de la santé psychologique à la vice-présidence à la
prévention.
D'abord, je veux remercier la commission
pour l'invitation aujourd'hui à venir témoigner devant vous au sujet du projet
de loi n° 19. C'est vraiment un plaisir pour nous d'être avec vous cet
après-midi et de répondre aux questions des parlementaires.
Alors, tout d'abord, une petite précision
sur l'encadrement législatif actuel. La loi actuelle sur les normes du travail,
elle interdit de faire effectuer un travail par un enfant, un travail qui
serait disproportionné à ses capacités ou susceptible de porter atteinte à son
éducation, à sa santé ou à son développement physique et moral. Elle interdit
aussi de faire effectuer un travail par un enfant de moins de 14 ans sans
le consentement de l'autorité parentale. Elle interdit aussi un emploi d'un
enfant qui serait visé par l'obligation de fréquentation scolaire durant les
heures de classe ou entre 23 heures et six heures du matin, sauf
certaines exceptions.
Ces dispositions législatives, bien, on le
sait, actuellement, elles visent à minimiser l'impact du travail sur la
réussite et la persévérance scolaire. Et cet objectif, je pense, doit demeurer
dans le cadre des travaux aujourd'hui.
La Loi sur la santé et la sécurité du
travail aussi prévoit des dispositions, par exemple, celle que l'employeur est
tenu de prendre des mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la
sécurité et l'intégrité physique et psychique de ses travailleurs, puis ça, peu
importe leur âge.
Puis on l'a vu, bien, Mme la Présidente,
ce sujet demeure d'actualité, effectivement, puisque dans les constats que fait
la commission, on voit que beaucoup de préoccupations demeurent, parmi
celles-ci, bien entendu, le nombre élevé d'enfants qui entrent de plus en plus
jeunes sur le marché du travail, le nombre croissant de lésions professionnelles,
hein, selon les statistiques qu'on a partagées avec la commission, les risques
d'impact négatif aussi sur le cheminement scolaire, puis ce qui est inquiétant
aussi, bien, des risques de décrochage scolaire aussi.
Alors, on a constaté, nous, à la commission,
dans les dernières années, que parallèlement à cette entrée sur le marché du
travail, on voit une augmentation du nombre d'accidents chez les jeunes. Puis,
à nouveau, je profite du moment pour vous remercier à la fois pour ces
travaux-là et pour l'opportunité pour nous de venir en parler plus
spécifiquement.
Parce que sur le terrain, la commission
est proactive, elle s'assure effectivement d'accompagner adéquatement les
milieux de travail, mais on remarque qu'il y a quand même une augmentation,
puis avec les toutes dernières données, de 640 % de lésions
professionnelles qui sont inscrites et acceptées chez nous, là, pour les jeunes
de 14 ans et moins. Alors, c'est préoccupant, puis on pense effectivement
que c'est nécessaire de voir aujourd'hui un nouvel encadrement par rapport au
travail des enfants, et on appuie sans réserve le contenu du projet de loi
n° 19.
• (15 h 10) •
Pour revenir aux actions que la commission
a mises en place, dans un premier temps, toutes ces actions, bien sûr, visent à
favoriser le développement d'une culture de prévention où les travailleurs et
travailleuses, mais aussi les employeurs de demain seront respectueux des lois
du travail. Donc, dans nos actions auprès des jeunes, on veut sensibiliser, les
informer quant à leurs droits et obligations en cette matière, les outiller
tout au long de leur parcours scolaire.
Alors, pour ce faire, je vous présente
quelques exemples, et j'étais heureuse de constater, en regardant en différé
les travaux hier soir, que beaucoup de groupes sont venus parler des
interventions de la commission, dont notre Stratégie Jeunesse. Effectivement,
on a des plans d'action jeunesse qui sont en place, qui réitèrent l'importance
que la CNESST accorde aux jeunes. Le programme Kinga aussi, dont vous avez
entendu parler, un programme qui est tout jeune, qu'on a mis en place à la
commission, qui fait en sorte qu'on intervient auprès des écoles pour
sensibiliser les jeunes très tôt, au primaire, au secondaire, à des valeurs
sous-jacentes qui sont appliquées à nos lois, à la commission, donc des valeurs
de justice sociale, de santé, d'égalité, en plus de favoriser le développement
de connaissances et de compétences au niveau scolaire.
Puis, dans les derniers chiffres qu'on a
eus, déjà l'an passé, on a eu 124 000 jeunes au sein de
447 écoles qui s'étaient inscrites, et ce chiffre est en augmentation dans
les toutes dernières données que j'ai sorties ce matin, là, on a déjà plus de
600 écoles qui sont inscrites. Donc, on s'assure de rejoindre les jeunes à
n'importe quel endroit où ils se situent. Puis je veux rassurer, j'y reviendrai
à la commission, sur la poursuite de ces actions-là et l'intensification aussi,
si les parlementaires, bien entendu, adoptent le projet de loi... projet de loi
n° 19.
Qu'est-ce qu'on fait d'autre <aussi...
Mme Oudar (Manuelle) :
...l'intensification
aussi, si les parlementaires, bien entendu, adoptent le projet de loi... projet
de loi n° 19.
Qu'est-ce qu'on fait d'autre >aussi,
comme outils de sensibilisation, ce sont les campagnes. Puis dans nos campagnes
publicitaires, bien, on a des campagnes qui s'adressent spécifiquement aux
jeunes. En ce moment, vous voyez la campagne publicitaire qui roule sur nos...
notre... les télévisions, les médias sociaux, et autres, mais on a d'autres
campagnes qui s'adressent plus spécifiquement aux jeunes, qui les rejoignent
par aussi des capsules vidéo, par des concours vidéo aussi qu'on fait non
seulement au Québec, mais en compétition aussi avec les jeunes d'autres
provinces canadiennes. On a sur notre site Internet aussi beaucoup d'outils
d'information, de sensibilisation.
Puis c'est important de mesurer aussi le
degré de pénétration de ces outils-là. Ce matin, on regardait au niveau du
trafic Web, on voit qu'au cours de la dernière année on a plus de
4 millions d'utilisateurs qui ont visité notre site Web puis plus de
25 millions de pages qui ont été téléchargées. Donc, nos outils, au niveau
de notre site Web, rejoignent très bien la clientèle.
Depuis octobre 2022, bien, on a mis
une toute nouvelle escouade en marche, ça s'appelle l'Escouade prévention
jeunesse. On a peut-être une escouade dont vous avez entendu parler aussi, qui
s'appelle Prévention nouveaux travailleurs. Elle sert aussi à sensibiliser les
jeunes qui sont souvent aussi des nouveaux travailleurs. Mais on a une escouade
spécifique pour les jeunes qui s'appelle Escouade prévention jeunesse, qui se
déploie dans certains établissements d'enseignement secondaire et aussi qui se
déploie auprès des jeunes pour les sensibiliser dans leur parcours de
formation.
On a aussi beaucoup d'autres informations
en termes d'intervention. Je vais passer rapidement. Je vois le temps, Mme la
Présidente, qui s'écoule rapidement. Donc, je vais aller en vous disant
peut-être qu'au niveau des interventions qu'on fait en prévention et
inspection, on a des gens au stade de la santé, la sécurité, des normes. Quand
on calcule l'ensemble de nos interventions, c'est plus de
30 000 interventions par année. Et on a beaucoup d'interventions au
niveau de la... plus spécifiquement de la surveillance en matière de normes du
travail. L'an passé, plus de 915 interventions en matière de normes ont
été effectuées, et on va les intensifier, dans l'éventualité où le projet de
loi était adopté.
En termes de chiffres, on a 26 agents
de prévention dans l'escouade jeunesse, 12 conseillers en prévention
jeunesse, 291 inspecteurs en santé et sécurité et 141 inspecteurs qui
sont déployés à travers le Québec et qui réalisent l'ensemble de ces
activités-là. Ce qu'on veut faire, c'est faire comprendre, effectivement, que
la prise en charge de la santé et la sécurité, bien, c'est l'affaire de tous.
Où est-ce qu'on veut s'en aller si jamais,
dans mon... d'ailleurs, dans la note qu'on a déposée, on vous indique que si
jamais la loi est adoptée, comment on va faire à l'issue de l'adoption de la
loi pour intensifier le travail de la commission. Donc, ce qu'on souhaite,
c'est faire de la surveillance, comme on le fait actuellement, d'intensifier les
actions en termes de surveillance. En réaction aussi à la présence plus marquée
des jeunes sur le marché du travail, on veut continuer à intégrer les aspects
dont j'ai parlé dans le parcours scolaire. En termes de communication, on va
adapter notre site Web à... si l'entrée en vigueur de la loi est prévue comme
c'est indiqué, bien, mettre à jour nos pages Web, mettre à jour aussi un site
qui s'adresse aux employeurs, qui s'appelle, Je pense engager des jeunes
travailleurs, donc qui renseigne aussi sur les obligations des employeurs, un
message dans notre infolettre, une stratégie sur les médias sociaux, de la
promotion de capsules vidéo, la bonification de notre page Jeunes au travail,
une adaptation aussi du programme Kinga, dont j'ai parlé, bien sûr, la mise en
ligne du formulaire d'autorisation dont on va certainement parler aujourd'hui,
et la révision de tous nos ateliers qui sont dispensés par notre Escouade prévention
jeunesse, dont j'ai parlé, donc de réviser l'ensemble de l'offre qui est
actuellement au sein de la commission.
On est disponibles pour répondre aux
questions, mais, avant tout, je veux rassurer les parlementaires sur la ferme
volonté de la commission de continuer de poursuivre dans ses travaux, ses
activités auxquelles elle procède pour la prévention, effectivement, tout
particulièrement en matière de jeunesse. Je veux dire aux parlementaires qu'ils
peuvent compter sur la commission. La commission va répondre présente dans
l'éventualité où le projet de loi est adopté. Et on sera là pour informer non
seulement les jeunes travailleurs et travailleuses, les employeurs qui les
embauchent aussi, mais diffuser l'ensemble des mesures et les nouvelles
obligations pour s'assurer de continuer à maintenir une culture de prévention
au Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Mme Oudar, Mélanie, David. Félicitations pour votre <contribution...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet :
Merci,
Mme la Présidente. Merci, Mme Oudar, Mélanie, David. Félicitations pour
votre >contribution puis la qualité de votre mémoire. Puis j'en profite
aussi pour souligner l'intensification de vos actions, quand on réfère plus
particulièrement à des clientèles vulnérables. On a eu à travailler ensemble
pour les travailleurs étrangers temporaires. Ici, on réfère plus
particulièrement à des jeunes travailleurs, travailleuses. Donc, ça va requérir
aussi des interventions qui sont les plus efficaces possible.
Puis je pense que ça va s'articuler beaucoup
autour de la qualité de l'accompagnement puis de la simplification des
procédures parce que... Tu sais, ce matin, le Réseau québécois pour la réussite
éducative me disait : Il y a beaucoup de jeunes qui ne réclament pas, qui
ne dénoncent pas, qui ne font pas de plainte, peut-être parce qu'ils ne savent
pas... il y a beaucoup de facteurs, mais peut-être par appréhension de perdre
un emploi ou peut-être parce qu'ils décident par eux-mêmes de quitter leur
emploi.
Ça fait que, quand on regarde la hausse,
qui est quand même assez importante, de 2017 à 2022, on a vu que la tendance
s'accentuait, c'est 640 % chez les 14 ans et moins puis 80 %
chez les 16 ans et moins. Et ça, c'est sans compter le nombre de jeunes
qui subissent, nous disaient-ils ce matin, des abus aussi dans les milieux de
travail. Ça fait que ça va requérir une vigilance collective, et
particulièrement de ce que la CNESST peut faire aussi dans l'action pour
soutenir, aider, accompagner puis s'assurer que ce soit le plus simple
possible.
Ce matin, on me disait, puis ce n'était
pas les premiers : Est-ce que les parents vont pouvoir accompagner
l'enfant avec la CNESST? Puis ils souhaitaient qu'on le mette dans la loi, mais
j'ai dit : Ce n'est pas nécessaire. C'est sûr qu'un parent peut aider.
C'est sûr qu'un jeune qui voit le formulaire... me disait-on, qui est compliqué,
tu sais, le jeune qui regarde le formulaire puis il dit : L'entreprise
pour laquelle tu travailles est-elle de juridiction fédérale ou provinciale? Ce
n'est pas simple. Je comprends pourquoi on le demande, évidemment, parce que
les entreprises fédérales ne bénéficient pas de la loi en matière de prévention
santé et sécurité, mais, oui, en matière d'indemnisation, accidents de travail.
Mais tout ça nous fait comprendre la nécessité de bien accompagner.
• (15 h 20) •
Ça fait que je vais y revenir, Manuelle.
Peut-être qu'on peut faire des cours... je vais poser des questions,
peut-être... j'ai cinq, six questions à poser, là. Mais, un, on a des
exceptions, comme vous le savez, les exceptions s'interprètent restrictivement
à l'interdiction de travailler en bas de 14 ans. On a voulu faire en sorte
que ces exceptions-là soient le prolongement de la vie familiale ou scolaire ou
soient des tâches à risque faible d'accident de travail.
Mais on se dit : Bon, les choses
étant ce qu'elles sont, il faut s'assurer que nos lois soient évolutives, et
donc on confère au gouvernement un pouvoir réglementaire d'ajouter des
exceptions en tenant compte de l'évolution des connaissances, après
consultation de la CNESST. J'aimerais ça que vous partagiez avec les gens
présents ici quels sont les avantages de faire une consultation comme ça pour
discuter d'un règlement potentiel dans l'avenir.
Mme Oudar (Manuelle) : Merci,
M. le ministre. Puis ça me permet, effectivement, de toucher un des points
importants, c'est-à-dire le dialogue social puis le paritarisme au Québec, un
aspect dont je suis très fière de parler. Et bien souvent, même, je le cite
partout où je peux aller, dans toutes les tribunes, à la fois ici, ou
canadienne, ou internationale, comment le Québec est un modèle en matière
d'évolution des lois du travail et comment les lois évoluent pour se coller à
la réalité des marchés... du marché du travail, ou autres, mais dans un esprit
de collaboration.
Je m'explique. Cet esprit-là se traduit
aussi très bien au sein des instances de la commission. À l'issue de... en
fait, la création de... à l'époque, de la CSST, bien, il y a des aspects qui
étaient importants pour le premier ministre de l'époque, René Lévesque, qui
était de mettre en place, justement, ce dialogue social qui fait toujours
partie de notre ADN, finalement. Et en quoi... merci, M. le ministre, de poser
la question, je vais redescendre plus concrètement au niveau de la CNESST, en
quoi il se <traduit...
Mme Oudar (Manuelle) :
...
finalement.
Et en quoi...
merci, M. le ministre, de poser la
question, je
vais redescendre plus
concrètement
au niveau de la CNESST, en
quoi il se >traduit ce dialogue social là? C'est qu'à la foi dans le
conseil d'administration qui est paritaire, vous avez entendu des groupes même
qui sont venus témoigner ici, hier et aujourd'hui, en commission parlementaire,
qui font partie du conseil d'administration, donc sept membres patronaux, sept
membres syndicaux sont nommés par le Conseil des ministres parmi les groupes
les plus représentatifs au sein de la société québécoise, pas seulement au sein
du conseil d'administration, mais tous les comités qui travaillent aussi pour
mener à bien les dossiers sont aussi paritaires.
Donc, quand on dit, dans la loi, comme on
le voit dans la loi ici aujourd'hui, dans le projet de loi, que la commission
sera consultée aussi, bien, on fait vivre aussi ce dialogue social qui existe
au sein de la commission. Le législateur, à l'époque du regroupement aussi de
la CNESST, a prévu un comité dont, je pense, il faut parler aujourd'hui, le
Comité consultatif du... des normes du travail. Pourquoi je souhaite en parler?
C'est que j'étais très heureuse de voir ce matin Force Jeunesse, une
organisation pour laquelle j'ai beaucoup d'admiration, et on a un membre de Force
Jeunesse qui siège sur notre Comité consultatif des normes.
Alors, c'est un comité aussi qui pourra
avoir son impulsion et venir travailler avec la commission et toutes ses
instances dans son dialogue social pour adapter les outils aussi également, ça
peut aller jusqu'à élaborer une norme réglementaire, mais s'assurer que les
outils répondent à la réalité du marché du travail et répondent à
l'accessibilité qu'on veut. Ce matin aussi, le réseau sur la réussite éducative
est venu mentionner que ça pouvait être difficile pour certains jeunes. On voit
qu'il y a des jeunes quand même qui portent plainte au niveau des normes, le
chiffre est en augmentation, là, il était de huit en 2019, mais il est quand
même de 35 en 2022. Donc, il est quand même... il est en augmentation au cours
des années, ce n'est peut-être pas une... Il y a d'autres données qui sont
probablement plus explicites, mais je ne vous dis pas ça pour vous dire que le
site ne peut pas être amélioré, il est clair qu'on est en processus d'optimisation
continue.
M. Boulet : Je comprends que
l'exercice du pouvoir réglementaire précédé d'une consultation de la CNESST va
faire bénéficier le gouvernement du dialogue social et du consensus.
D'ailleurs, dans tous les groupes que nous avons reçus, le 14 ans, tout le
monde y adhère. Je pense qu'il... les études, les analyses sont claires
qu'au-delà de 14 ans le développement socioaffectif, la maturité, la
compréhension de soi est beaucoup plus développée.
Évidemment, quand on dit un âge minimal,
il y a une conséquence, c'est qu'en bas de 14 ans, sauf les exceptions
dont on a parlé, tu ne peux pas travailler. Ça fait qu'il y a une conséquence.
Mais la conséquence, moi, je l'ai précisé ce matin, Mme Oudar, puis je
saisis l'opportunité de le redire, c'est de... d'engendrer certaines mises à
pied ou des mises à pied, mais ce n'est pas pour briser des rêves. Ce qu'on
fait, c'est pour éviter de briser des vies en raison d'accidents de travail, de
séquelles psychologiques importantes, parce qu'il y en a eu, puis des blessures
corporelles importantes, puis d'éviter d'affecter le parcours académique des
jeunes. Parce que la plus grande richesse du Québec, c'est l'éducation. Puis
l'avenir du Québec repose sur cette jeunesse-là. Et l'acquisition des
connaissances, dans une économie du savoir, ça m'apparaît vraiment fondamental.
Quand vous dites, bon... Non, une question
rapide, quand on dit, par exemple, avec les mécanismes de prévention puis de
participation des travailleurs, notamment les RSS, les représentants en santé
et sécurité puis les agents de liaison vont pouvoir recommander des tâches qui
comportent des risques. Mais d'abord, dans les programmes de prévention ou les
plans d'action, les employeurs auront une attention particulière à porter à
l'identification des risques au travail, par exemple, des 16 ans et moins.
Quel est le rôle de la CNESST si c'est une petite entreprise? Quelle est la
forme d'aide ou d'accompagnement ou de validation que vous pouvez donner à un
employeur qui va se conforter en disant : Moi, je veux respecter la loi,
mais j'ai besoin de ressources? Qu'est-ce que vous répondez à ça?
Mme Oudar (Manuelle) : Merci,
M. le ministre. Oui, effectivement, on a plusieurs outils. Puis vous faites
référence au contenu du projet de loi qui va prévoir l'obligation d'avoir un
programme de prévention puis aménager, en fait, par exemple, aménager les
lieux, organiser le travail d'une certaine façon, au niveau de l'équipement
aussi, là, s'assurer aussi qu'il n'y ait pas de charges trop lourdes pour
l'enfant, s'assurer aussi par rapport au port d'équipement individuel, la
présence d'aspects dangereux ou de <contaminants...
Mme Oudar (Manuelle) :
...aussi
par rapport au port d'équipement individuel, la présence d'aspects dangereux ou
de >contaminants sur les lieux de travail. Si vous le permettez, je
pourrais permettre à M. David Dubois de compléter aussi. Comme il est
au... à la vice-présidence à la prévention, je pense qu'il est la personne
toute désignée.
M. Boulet : C'est un travail
d'équipe, hein, Manuelle.
Mme Oudar (Manuelle) : Oui,
on travaille en équipe.
M. Dubois (David) : Oui, je
pourrais peut-être ajouter aussi, on a un outil d'identification des risques,
sur notre site Web, qui pourrait être bonifié pour venir soutenir les milieux
de travail, là, dans l'identification des risques qui touchent notamment les
jeunes, là, les plus jeunes, donc.
M. Boulet : OK. C'est parfait.
Vous savez que, bon, il y a l'aide financière qui est prévue dans le projet de
loi pour soutenir des activités de sensibilisation aux normes, particulièrement
pour le travail des enfants. Puis je vois... bon, je connais votre Stratégie Jeunesse,
le programme Kinga, je pensais que vous aviez pu sensibiliser... c'était
122 000 ou 124 000, là, c'est ce que vous avez mentionné, donc c'est
un chiffre à jour, vos outils d'information, votre Escouade prévention
jeunesse, vos interventions en prévention, inspection, puis sans compter qu'on
a 12 agents de prévention jeunesse, puis on a tous nos inspecteurs, là,
quelques centaines aussi.
Est-ce que, s'il y a des... bien, deux...
ma question est à deux volets. Un, à quoi vous pensez quand on parle d'aide
financière pour supporter des activités de sensibilisation, d'une part? Puis,
d'autre part, quels sont les efforts supplémentaires? Vous avez même parlé
de : On peut intensifier nos activités, on peut adapter Kinga. J'aimerais
ça que vous nous entreteniez sur ces aspects-là.
Mme Oudar (Manuelle) : Merci,
M. le ministre. Effectivement, merci pour cette opportunité, là, de pouvoir
accorder une aide financière. Lors du regroupement, il y a eu effectivement ce
volet-là qui a été écrit dans la LSST pour le volet santé et sécurité au
travail, mais du côté des normes du travail, bien, ça va nous permettre
d'utiliser... C'est un article qui n'existait pas avant, dont on a besoin pour
pouvoir dispenser une aide financière à des partenaires. On nous a indiqué que
sans cet article-là la commission n'était pas habilitée à le faire. Alors, je
vous remercie, parce que je reviens sur le point dont je parlais précédemment,
bien, la commission, elle ne travaille pas toute seule, elle travaille avec des
partenaires, et il faut pouvoir accorder cette aide financière là à certains
partenaires pour pouvoir pénétrer certains milieux pour lesquels ça peut être
plus difficile, des gens qui sont plus éloignés du marché du... pas du marché
du travail, mais plus éloignés des outils gouvernementaux, il peut y avoir
différentes difficultés, des clientèles plus vulnérables, non syndiquées. C'est
important qu'on puisse travailler avec certains partenaires, comme Au bas
de l'échelle, ou autre, et qu'on puisse accéder à des clientèles parfois qui
sont peut-être... qui sortent des sentiers battus.
Donc, pour nous, c'est important de
travailler en partenariat avec ces organismes-là, des organismes
communautaires, et pouvoir accorder l'aide financière pour pouvoir rejoindre.
Ça devient des ambassadeurs aussi de nos outils. Ça permet de créer un pont
avec ces clientèles vulnérables là, puis ça permet de mieux cibler, en tout
cas, puis adapter nos outils aussi en conséquence.
Je permettrais, s'il me reste du temps...
M. Boulet : Non, non, c'est
beau, je voulais juste m'assurer qu'on était tous... Les organismes
communautaires, puis Au bas de l'échelle, puis les organisations de
travailleurs, les organisations d'employeurs, tous ces organismes-là vont
pouvoir bénéficier d'une aide financière. Puis je suis certain que mon collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve a été attentif à ça aussi. Oui, Mélanie.
• (15 h 30) •
Mme Oudar (Manuelle) : Sûrement
qu'il a des qualités féminines puis il peut faire deux choses en même temps.
M. Boulet : On peut se
permettre de le taquiner un peu, hein?
Mme Oudar (Manuelle) : On
l'aime
M. Boulet : Pardon?
Une voix : ...
M. Boulet : Oui, Mélanie.
Mme Vincent (Mélanie) : On a
parlé... Ce matin, je pense que certains ont noté que les jeunes... on doit
accroître la connaissance, hein, au niveau des lois du travail chez cette
clientèle jeunesse là. On le sait, on a d'autres groupes, là, vulnérables où on
a pris des actions, notamment des stratégies particulières. On le fait... on le
fait depuis plusieurs années avec la Stratégie Jeunesse. Ce que ça va
permettre, comme Mme Oudar l'a mentionné, c'est vraiment d'utiliser notre
réseau de relayeurs, et de développer, et d'accroître, de multiplier l'offre de
formation, d'outils de sensibilisation.
Je vais faire un parallèle avec le
programme de lutte contre le harcèlement psychologique ou sexuel, un
programme... initiative du gouvernement dans le cadre de la stratégie pour
contrer le harcèlement, c'est plus de 100 outils qui ont été développés
par le milieu, par différents groupes et qui permet, évidemment, de multiplier
notre force de frappe en utilisant, bien évidemment, tout notre grand réseau de
partenaires puis accroître la sensibilité des... si je me replace, là, pour le
PL n° 19 puis les initiatives qu'on pourra
financer, bien, évidemment, ça va accroître notre présence à tous et accroître,
donc, la connaissance...
15 h 30 (version révisée)
Mme Vincent (Mélanie) : ...si
je me replace pour le PL n° 19 puis les initiatives
qu'on pourra financer, bien évidemment, ça va accroître notre présence à tous
et accroître donc la connaissance des lois auprès des jeunes, auprès de cette
clientèle-là plus vulnérable. Puis on le voit dans nos sondages... je me permets,
on le voit dans nos sondages, les jeunes sont moins informés au niveau de la
connaissance des lois. Donc, ça va venir, on l'espère, là, accroître cette
connaissance-là qui, on le sait, est dans notre plan stratégique, là, à la
CNESST.
M. Boulet : Puis ça va être
un défi collectif, puis la protection des jeunes au travail, puis le respect de
leur parcours académique, c'est aussi une responsabilité partagée, là. Il y a
les parents, il y a les employeurs, il y a les syndicats, il y a les écoles. Je
pense que tous les acteurs impliqués vont devoir assumer cette
responsabilité-là. Puis les parents, je reviens à ça, là, on veut aussi
beaucoup raffermir l'engagement des parents par le formulaire qui sera prescrit
par la CNESST. Ça va être important d'avoir les heures de travail, d'avoir les
périodes de disponibilité, puis la nature des tâches, puis que ce soit bien
respecté — ça, on va compter beaucoup sur votre collaboration — puis
le respect des balises, là, de 17 heures par semaine et de 10 heures
du lundi au vendredi, là, pour être en harmonie avec les études scientifiques
en la matière. Merci beaucoup de votre présence, on aura l'occasion de se
reparler. Manuelle, David, Mélanie, à bientôt. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci.
M. Boulet : Excusez.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Merci à vous, donc les représentants de la CNESST, d'être avec nous
ici aujourd'hui.
Dans votre mémoire, donc, vous soulevez
quelques conseils et préoccupations. Donc, je commencerais... Dès le départ, donc,
vous nous indiquiez évidemment, donc, ce dont nous avons énormément entendu
parler dans la dernière année et ce qui nous pousse à être ici, donc qui est le
nombre croissant des lésions professionnelles chez les enfants. On sait qu'on
est en mesure d'avoir cette statistique-la par tranche d'âge. Mais rappelez-moi,
donc, au niveau de la... d'être en mesure de le décliner, par secteur d'activité,
qu'est-ce que la CNESST est en mesure de fournir comme information?
Mme Oudar (Manuelle) : Oui.
Merci beaucoup, pour la question. Effectivement, c'est important par secteur d'activité
puisqu'on a parlé de pouvoir identifier les risques de façon précise. Il faut
que le formulaire aussi puisse répondre à certaines préoccupations,
effectivement. Donc, les outils seront adaptés aussi par rapport au secteur. L'Escouade
jeunesse qui traverse... à travers ces activités traverse l'ensemble du Québec,
à date, comme je le disais tantôt, a fait des ateliers avec les jeunes dans les
milieux de travail. Donc, selon le secteur d'activité dans lequel elle se
trouve, qu'on soit en restauration, en fabrication, en hôtellerie ou ailleurs,
elle adapte justement son atelier en fonction du secteur d'activité.
Il y a des outils aussi qui sont déclinés
de façon plus spécifique par rapport au secteur lui-même. L'identification des
risques aussi dépend d'un secteur à l'autre. On n'est pas devant les mêmes
risques, par exemple, si quelqu'un travaille dans un entrepôt à porter des
charges ou travaille dans un bureau, supposons, ou autre. Donc, c'est important
effectivement, dans le... La commission de travail et aussi en fonction du
secteur, on ne fait pas de mur-à-mur. Dans le fond, je veux vous rassurer aussi
sur le fait que nos outils sont adaptés parce qu'on voit effectivement qu'il y
a des taux de lésions importants, là, dans certains secteurs d'activité. Donc, il
faut pouvoir adresser nos outils de la bonne façon aussi puis qu'ils soient
compréhensibles et adaptables aussi à la situation du secteur en question.
Mme Cadet : Oui,
certainement. Est-ce que vous l'avez... Bien, vous avez soulevé avoir écouté un
peu, donc, les consultations précédentes, puis plusieurs groupes nous ont parlé
de la nécessité, donc, d'avoir des données probantes, à défaut de se répéter,
puis de mieux documenter, d'une part, donc, le type de lésions
professionnelles, qu'on puisse avoir des données par secteur d'activité, qu'on
soit en mesure aussi de voir chez les moins de 14 ans... puisqu'il y aura
certaines exceptions, donc d'être en mesure d'avoir toute la documentation, là,
de façon récurrente. Puis j'aimerais voir un peu comment est-ce que vous, vous
voyez votre rôle dans cet effort de documentation dans la foulée du projet de
loi.
Mme Oudar (Manuelle) : Merci.
Oui, effectivement, les données sont très importantes. Toute décision doit être
basée, effectivement, sur des données. Actuellement, nous, on publie beaucoup
de données, on a un portrait lésionnel pour les jeunes. Chaque année, on publie
notre portrait lésionnel avec un découpage par âge, secteur d'activité. C'est
comme ça aussi qu'on peut constater effectivement la hausse dont on a parlé
tout à l'heure. On va continuer à le faire, notamment, je pense, ça va être
important de documenter, <si le projet de loi...
Mme Oudar (Manuelle) :
...on
va continuer à le faire, notamment, je pense, ça va être important de
documenter, >si le projet de loi, toujours, est adopté par les
parlementaires, au niveau des exceptions, s'assurer aussi qu'on a la bonne
façon d'avoir élaboré ces exceptions-là, puisque, tantôt, M. le ministre
parlait, effectivement, du pouvoir habilitant, qui se trouve à l'article... le
nouvel article 89.1 qui permet, effectivement, de venir déterminer des cas
ou des conditions qui permettraient soit d'ajouter ou de retirer des
exceptions. Donc, d'où l'importance de bien documenter les exceptions qui
seront dans la loi, qui seront en vigueur éventuellement.
Vous le savez, qu'il y a déjà des
exceptions qui sont prévues dans le règlement sur les normes, mais là il y a
d'autres exceptions qui sont ajoutées, donc d'où l'importance, pour la
commission, de pouvoir continuer à documenter avec des chiffres, et pas
seulement des chiffres, mais nos activités sur le terrain aussi sont
importantes à tous niveaux, dans le fond, dans le cadre de nos interventions,
nos données, aussi, avec notre direction aussi, qui s'occupe des statistiques,
mais aussi avec nos comités sur lesquels siègent nos partenaires, Force
jeunesse, les partenaires patronaux, syndicaux, et autres, pour s'assurer aussi
qu'au-delà des chiffres on fait une bonne lecture, qu'il y ait une cohérence
entre notre regard sur le terrain, nos chiffres, mais aussi l'opinion de nos
partenaires aussi à ce sujet-là.
Mme Cadet : Merci. Dans les
objectifs des activités de sensibilisation de la CNESST, donc, vous indiquez
que les employeurs, donc, qui embauchent des jeunes ont l'obligation de les
informer, de les former, de les superviser. Quels sont les outils qui vous
permettent de valider que l'exigence est respectée?
Mme Oudar (Manuelle) : Je ne
sais pas si vous voulez qu'on parle du formulaire, en quelque sorte...
Mme Cadet : Bien, c'est un
peu... oui, je m'en vais vers là, puis avec quelques suggestions aussi, voir
comment est-ce que vous entrevoyez... quelques recommandations, là, qui ont été
émises un peu plus tôt sur lesquelles j'aimerais revenir, oui.
Mme Oudar (Manuelle) : Je ne
veux pas prendre trop de temps puis je sais qu'il est compté, donc je veux vous
permettre de poser toutes les questions puis apporter le meilleur éclairage
possible. Je vais laisser peut-être Mme Vincent répondre sur la question
du formulaire. Sur l'adaptation des outils, je pense, tantôt, quand je
parlais... effectivement, on va les adapter au secteur, au type de clientèle
aussi, là, au type de jeune. On rejoint aussi certaines clientèles plus
vulnérables au niveau des jeunes. Pour tomber plus spécifiquement sur la question
du formulaire, si vous voulez qu'on aille de ce côté-là, je vais laisser Mme Vincent
poursuivre.
Mme Vincent (Mélanie) : Oui. Bien,
je pense que votre question concerne peut-être deux éléments. Vous avez parlé
de formation. Je pense que ça touche le volet de la santé et de la sécurité du
travail, là. Je pourrai peut-être, à la fin, demander à mon collègue David,
peut-être, de compléter. Vous avez parlé de l'obligation pour les employeurs,
là, de former les jeunes...
Mme Cadet : Exactement.
• (15 h 40) •
Mme Vincent (Mélanie) : ...c'est
ça, du côté de la santé et sécurité du travail. C'est une obligation qui
découle en vertu des lois en matière de santé et de sécurité du travail. Pour
ce qui est du formulaire, bien, évidemment, dans ce qui est actuellement prévu,
ce que je pourrais vous partager, c'est que... Évidemment, vous savez qu'actuellement
on a l'autorisation parentale, hein, qui doit être conservée par l'employeur
qui embauche un jeune de moins de 14 ans. Sachez que ce formulaire-là,
actuellement, il est utile lorsqu'on fait des vérifications pour s'assurer du
respect des normes à l'égard des jeunes, hein? Vous savez, il y a des normes
spécifiques pour les jeunes. Donc, quand nos intervenants vont sur le terrain,
ils peuvent requérir auprès de l'employeur ce formulaire-là que l'employeur
doit conserver. Donc, ça nous donne de l'information.
Évidemment, dans sa forme actuelle, il y a
moins d'information, là, mais ça nous donne de l'information, à savoir si les
normes spécifiques aux jeunes sont respectées. Évidemment, avec l'information
qu'on retrouverait dans le formulaire actuel, s'il est conservé par
l'employeur, bien, évidemment, quand on se rendra dans les milieux de travail
pour faire des vérifications, bien, ça nous donne de l'information encore plus
détaillée. Puis, on le sait, on travaille évidemment en très grande collégialité
à la commission, les différents secteurs, puis, si on observe... par exemple,
une exception ne semble pas être bien respectée ou encore que... vous savez,
hein, il y a toujours la notion du travail qui doit être proportionné à la
capacité de l'enfant puis il y a des... donc, à ce moment-là, si on voit qu'il
y a peut-être un écueil à ce niveau-là, bien, on peut faire appel aux
inspecteurs du volet SST ou vice versa puis jumeler nos forces puis intervenir
là où il y aurait une situation problématique.
Mme Cadet : Puis, sur le
formulaire justement, donc en parlant de la formation, est-ce que... comment
est-ce que vous accueillez la proposition d'avoir une espace, là, où
l'employeur pourrait divulguer, sur le fameux formulaire, la formation qui a
été offerte à l'enfant? Donc, est-ce que ce serait une mesure de contrôle de
cette responsabilité-là qui existe, donc, d'informer, de former, de superviser,
dès l'embauche <et en cours d'emploi...
Mme Cadet :
...qui
existe, donc, d'informer, de former, de superviser, dès l'embauche >et
en cours d'emploi, les jeunes? Donc, s'il y avait une obligation de divulgation
de la formation sur ledit formulaire, est-ce que c'est une proposition que vous
accueillez favorablement?
Mme Oudar (Manuelle) : On va
passer la parole à M. David Dubois pour le volet plus spécifique au regard
de la formation en santé et sécurité du travail.
M. Dubois (David) : Bien,
d'abord, c'est une obligation de l'employeur de former, là, ses travailleurs au
niveau de la santé et sécurité au travail. Puis, il y a aussi un outil, là, qui
existe, qui est, je pense, embaucher de jeunes travailleurs, qui est un outil
pour les employeurs, là, qui accueillent des jeunes travailleurs, pouvoir les soutenir
puis les aider aussi dans ces obligations au niveau de la formation. Donc, il y
a aussi des outils, là, pour eux sur notre site Web actuellement.
Mme Cadet : Puis, au-delà de
l'obligation de divulgation sur le formulaire, qui... donc, dans la nouvelle
mouture, donc, du projet... dans la mouture du projet de loi, donc, ne... bon,
serait exigée, donc, pour les jeunes de 14 ans et moins, évidemment, donc,
cette obligation-ci, donc, elle existe aussi pour les jeunes qui sont à
l'emploi, donc, entre 14 et 16 ans. Est-ce que, donc, un employeur... donc,
si on ajoutait, donc, une obligation qu'un employeur tienne un registre avec
les heures de formations offertes aux travailleurs et travailleuses de
16 ans et moins, donc ce type de formulation là, ce type de recommandation
là, donc, comment est-ce qu'elle pourrait être mise en pratique au sein de la
CNESST?
Mme Oudar (Manuelle) : Il y a
déjà, hein, une obligation, justement, c'est dans la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, de s'assurer que non seulement il doit informer, mais
former aussi ses travailleurs, adapter la formation aussi en vertu de l'âge.
Mme Cadet : Oui, je sais.
Mais, dans le fond, donc, ça serait, dans le fond, d'ajouter à
l'article 51 l'obligation de tenir un registre. Donc, oui, l'obligation,
elle existe, mais comment est-ce que vous accueillerez le fait d'avoir, donc,
certains éléments, là, pour valider que l'exigence est respectée?
Mme Oudar (Manuelle) : Bien,
pour nous, ça ne nous empêchera pas, en l'absence de registre, de vérifier
l'application de l'obligation. C'est des choses que les inspecteurs vont
vérifier. Puis même parfois, quand on émet des rapports, quand il y a des
accidents graves, mortels, c'est dans les recommandations, l'inspecteur a même
un pouvoir de contrainte, finalement. Donc, c'est sûr que c'est très important,
la formation, l'information, puisque c'est... elle doit être adaptée aussi, là,
à la situation. Et, en l'absence de registre, ça ne nous empêche aucunement,
là, de vérifier l'application de cette obligation.
Pour nous, que les parlementaires
choisissent de mettre ou non le registre, ça ne changera pas l'obligation de
l'employeur, là, de former et d'informer ni aux pouvoirs des inspecteurs de
vérifier l'application de cette obligation.
Mme Cadet : Merci. Puis donc vous
parlez, donc, des programmes, donc, de formation, de prévention. On a beaucoup
parlé du programme Kinga, et donc vous parlez, donc, de quelques données dans
votre mémoire. Comment... Donc, est-ce que vous avez, donc, des mécanismes qui
vous permettent de vérifier l'efficacité de la formation? Donc, est-ce que, par
exemple, on peut valider si les jeunes qui ont suivi le programme, donc, sont
moins victimes de lésions professionnelles? Donc, par exemple, donc, quand on
a, donc, un rapport de lésions professionnelles qui est émis, donc, est-ce
qu'on est en mesure de... est-ce qu'il y a une question qui est posée par
rapport à la formation qui a été suivie précédemment? Je vous donne cet
exemple-là, mais c'est valide, là, pour n'importe quel autre programme de
formation, si on est capables de faire une corrélation entre la lésion
professionnelle et l'information, la formation, qui a donné précédemment... qui
était donnée précédemment aux jeunes.
Mme Oudar (Manuelle) : C'est
une très bonne question.
La Présidente (Mme D'Amours) : En
25 secondes.
Mme Oudar (Manuelle) : Pardon?
La Présidente (Mme D'Amours) : En
25 secondes.
Mme Oudar (Manuelle) : C'est
une très bonne question, parce que... Bien, Kinga existe depuis seulement deux
ans, alors j'ose croire qu'effectivement il porte son... il portera son effet
sur... parce qu'on parle, là, des tout jeunes, avec du vocabulaire très adapté.
Je vais sortir un peu du projet de loi, mais on va parler d'équité salariale à
des jeunes de quatre ou cinq ans qui comprennent très bien les principes. C'est
encourageant pour nos années futures.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, merci.
Mme Oudar (Manuelle) : Mais,
oui, on adapte et, bien entendu, on mesure les effets de nos outils.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci beaucoup.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Mme Oudar (Manuelle) : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Toujours un plaisir de vous avoir ici en
commission.
Je veux parler un peu du formulaire, moi
aussi. Le formulaire que vous avez sur votre site Internet, c'est un formulaire
qui est une invitation, hein? Ce n'est pas un formulaire obligatoire. Quand on
regarde les statistiques, qui ne sont pas toutes... qui ne s'entendent pas
toutes sur les chiffres de l'explosion du travail des 12, 13 ans, mais ils
s'entendent tous qu'il y en a une, là, on prend pour acquis que, s'il y a une
explosion du travail des jeunes, il y a une explosion, donc, d'utilisation de
formulaires. Est-ce que vous avez observé, sur votre site Internet, des hausses
importantes de statistiques de téléchargement du formulaire que vous présentez
sur votre site Internet?
Mme Oudar (Manuelle) : Je sais que le
site est très visité. Là, le chiffre précis sur le <téléchargement du
formulaire...
Mme Oudar (Manuelle) :
...je
sais que le site est très visité. Là, le chiffre précis sur le >téléchargement
du formulaire, je ne suis pas sûre qu'on l'ait là. On va le demander...
M. Leduc : Vous pouvez nous
l'acheminer plus tard, peut-être...
Mme Oudar (Manuelle) : Oui.
M. Leduc : ...parce que ça va
être intéressant pour la suite des travaux. Parce que je comprends qu'à partir
du projet de loi, là, le formulaire ne sera plus juste un formulaire neutre, en
quelque sorte, ça va être un formulaire officiel avec le logo et il va falloir
que ce soit celui-là qui soit utilisé. Donc, encore une fois, ça va être
intéressant de voir quelles étaient les statistiques préalables de celui-là
pour voir comment on s'enligne pour la suite. Des gens ont proposé de le
centraliser pour avoir un meilleur portrait. C'est quelque chose qui serait
possible dans le bassin de ressources que vous avez actuellement ou qui
nécessiterait nécessairement et obligatoirement plus de ressources pour pouvoir
centraliser ces formulaires-là?
Mme Oudar (Manuelle) : Bien,
effectivement, hier, la question s'est posée. Donc, nous... je ne l'ai pas
précisé en introduction, mais il n'y a pas de demande d'effectifs additionnels
dans l'état actuel du projet de loi comme il est écrit là. Dépendamment des
travaux des parlementaires, ça pourra nécessiter un réexamen. Mais je ne peux
pas à ce stade-ci, là, compte tenu de la discussion qui s'est faite seulement
hier, réexaminer la nécessité ou non d'ETC additionnels.
M. Leduc : Je comprends. En
effet, ce n'est pas dans le projet de loi de le centraliser.
Mme Oudar (Manuelle) : Non,
c'est ça.
M. Leduc : C'est une suggestion
que certains portent, moi-même en étant. Mais là, ce que vous dites, c'est qu'à
ce moment-ci vous n'êtes pas en mesure de nous dire si, oui ou non, il faudrait
des ressources additionnelles centraliser ce formulaire-là.
Mme Oudar (Manuelle) : Oui, parce
qu'effectivement, je dis souvent qu'une fois que le législateur met dans une
loi une obligation de reddition de comptes, de produire un rapport, de produire
un document, ça apporte une imputabilité et une nécessité d'agir. Donc, il faut
forcément qu'on analyse cette possibilité-là.
M. Leduc : Bien, il y a des
fortes probabilités qu'un certain parti d'opposition fasse un amendement en ce
sens. Qui vivra verra. Ça fait que peut-être que vous pourriez nous acheminer
également une réflexion à cet égard, si ça implique ou pas des sources
additionnelles. Ça sera un élément important sur lequel on devra compter pour
avoir nos débats le temps venu. Le temps qu'il reste, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) : Une
minute.
M. Leduc : Une minute. On
parle beaucoup d'exceptions, d'exemptions. Est-ce que la logique suivante est
fondée, à savoir que, plus on ajoute des exemptions et des exceptions, plus
c'est difficile à appliquer pour une organisation comme la vôtre?
Mme Oudar (Manuelle) : Je
pense plutôt que... Nous, nos gens, sont très bien formés, j'ai une équipe
formidable de 5 000 employés à la commission, des gens avec un bon
jugement, une grande intelligence, qui m'inspirent tous les jours, d'ailleurs,
mais ça peut être difficile pour M. et Mme Tout-le-Monde, trop d'exceptions,
d'aller expliquer des nuances aussi. Puis il faut ramener l'objectif premier
aussi. Je reprends les propos du ministre tout à l'heure aussi, toute exception
doit être interprétée restrictivement, je pense. Moi, j'invite les
parlementaires à suivre l'objectif premier, qui était aussi un consensus qui
est issu du dialogue social, parce que c'est un consensus du CCTM aussi, qui
est à la base du projet de loi puis de l'exercice qui a été fait. Donc, j'ai
constaté effectivement qu'il y avait des exceptions. Certaines exceptions
nécessitent aussi la présence d'un parent, donc la supervision. Je pense, c'est
un encadrement qui est sage et je pense qu'il faut aussi... Mme la Présidente
me fait des signes que je dois écouter.
M. Leduc : Merci pour votre
réponse.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ceci
met fin à la période d'échange. Je vous remercie beaucoup pour nos travaux...
de votre contribution à nos travaux.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux prochains invités de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 50)
(Reprise
à 15 h 56)
La Présidente (Mme D'Amours) :
Je souhaite maintenant la bienvenue à l'Association des restaurateurs du
Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre
exposé, puis nous procéderons à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé.
M. Philippin (Hugues) : Merci.
Mme la Présidente de la commission, M. le ministre du Travail, Mmes et MM.
députés, bonjour. Je me nomme Hugues Philippin, je suis le <propriétaire
du restaurant...
M. Philippin (Hugues) :
...Mmes
et MM. députés, bonjour. Je me nomme Hugues Philippin, je suis le >propriétaire
du restaurant Chic Alors! et aussi président du conseil d'administration de
l'Association Restauration Québec, appelée aussi l'ARQ. Alors, l'ARQ compte
près de 5 000 membres dans toutes les régions du Québec, ce qui fait
le plus important regroupement de gestionnaires de la restauration sous toutes
ses formes. Je suis accompagné aujourd'hui du vice-président aux affaires
publiques et gouvernementales de l'ARQ, M. Martin Vézina, ainsi que de la
directrice des affaires publiques et gouvernementales, Mme Dominique
Tremblay. Je tiens à remercier les membres de la commission de nous avoir
invités aujourd'hui à présenter nos observations sur le projet de loi n° 19 sur l'encadrement du travail des jeunes.
Bien que nous soyons en accord avec un
resserrement de la législation entourant le travail des jeunes, nous croyons
que le projet de loi n° 19 comporte des dispositions
qui aggraveront la pénurie de main-d'oeuvre de notre industrie, mais
attaqueront aussi la solidarité intergénérationnelle des entreprises
familiales.
Notre premier écueil par rapport au projet
de loi est la disposition sur l'âge minimum, qui ne contient aucune exemption
pour notre industrie. Comme les autres secteurs économiques, nous souscrivons
au fait que la priorité des jeunes doit être l'école et l'atteinte des
compétences de base. Cependant, il ne faut pas étouffer la volonté qu'ont les
jeunes de travailler, mais aussi de... plutôt mieux encadrer avec un nombre
maximal d'heures de travail pendant la période de fréquentation scolaire. Le
projet de loi va d'ailleurs en ce sens avec son article 3, où les balises
indiquées conviennent à notre association. En effet, dans notre industrie, les
employés âgés de moins de 14 ans ne travaillent en moyenne que
2,5 heures par semaine et en période scolaire, du moins. Parallèlement,
les travailleurs de 14 à 16 ans travaillent en moyenne 7,1 heures par
semaine lorsqu'ils ont des cours.
Alors, pour... bien que ce nombre d'heures
puisse sembler minime, c'est en réalité crucial pour nos établissements. En
effet, ces quelques heures permettent de libérer les autres employés de tâches
simples durant le service, et donc de conserver le personnel expérimenté aux
postes stratégiques.
Une des raisons évoquées pour ne pas
donner une exemption à notre secteur d'activité pour les jeunes de moins de
14 ans concerne la santé et la sécurité de ces travailleurs, on fait grand
état des nombreux accidents de travail dans ce bassin d'employés. Mais,
toutefois, quand on observe les tâches octroyées aux jeunes de moins de
14 ans qui travaillent dans l'industrie de la restauration, on remarque
qu'elles présentent majoritairement un faible niveau de risque. En effet, la
majorité des adolescents de cette tranche d'âge occupent un poste de plongeur
ou de commis débarrasseur, ensuite viennent des postes d'aide-cuisinier, de
serveur, caissier et hôtesse. Par conséquent, les tâches de ces jeunes sont
principalement de laver la vaisselle, de débarrasser les tables, de porter des assiettes
et de faire des petites préparations comme éplucher des légumes. Il s'agit donc
de petites responsabilités sans danger dont les jeunes s'occupent déjà fort
probablement chez vous et chez leurs parents et que ceux-ci souhaiteraient, en
tout cas, qu'ils le fassent.
• (16 heures) •
Quant au nombre d'accidents, notre
mutuelle de prévention, l'une des plus importantes au Québec avec ses
1 723 participants, nous confirme que notre secteur n'est pas à
l'origine de l'augmentation des accidents de travail. En effet, pour
l'industrie, en 2022, seuls 11 accidents de travail sur un total de 318
ont impliqué des jeunes de moins de 16 ans. Les jeunes travailleurs ne
représentent donc que 3,5 % du volume total d'accidents. En fait, si on
considère que notre industrie emploie en moyenne trois fois plus d'adolescents
de 14 à 16 ans que de jeunes de moins de 14 ans, on peut en déduire
que les plus jeunes travailleurs de nos secteurs doivent en fait représenter
1,2 % des accidents de travail en 2022. Il ne faut pas oublier non plus
que l'augmentation du nombre d'accidents puisse aussi expliquer... s'expliquer
par une hausse proportionnelle du nombre de jeunes travailleurs âgés de moins
de 14 ans. Ça ne veut pas nécessairement dire que le risque est plus grand,
mais seulement qu'il y a plus de travailleurs dans nos établissements.
Maintenant, si vous me permettez, je vais
passer la parole à Martin Vézina, mon collègue, pour vous parler des constats
des autres provinces canadiennes quant à une exemption dans notre industrie.
M. Vézina (Martin) : Merci,
Hugues. En effet, plusieurs provinces canadiennes ayant placé à 14 ans
l'âge minimum ont donné les exemptions à notre secteur pour le motif que les
tâches ne sont pas à risque pour le jeune. Par exemple, en Colombie-Britannique,
un adolescent de moins de 14 ans peut travailler à condition d'avoir une
autorisation signée de ses parents, un permis de la direction des normes
d'emploi et que son emploi soit considéré comme des travaux légers. Ce terme
désigne les occupations qui sont considérées comme ne pouvant pas s'avérer
nuisibles à la santé ou au développement d'un enfant. Parmi ces tâches
inoffensives figurent la préparation de nourriture, le débarrassage de tables,
le nettoyage de vaisselle, l'accueil des clients et l'installation ou la
désinstallation du mobilier et des équipements de la salle à manger.
Du côté de l'Alberta, le travail des
jeunes de 13 et 14 ans est autorisé à condition que les tuteurs légaux de
ces derniers donnent leur approbation. De plus, les employeurs voulant employer
les travailleurs de cette tranche d'âge doivent nécessairement obtenir un
permis d'embauche d'adolescents. Or, pour les restaurateurs, cette démarche
n'est pas nécessaire, car ces derniers bénéficient d'une exemption pour recruter
des jeunes qui travaillent à un poste reconnu comme étant sans danger. Ces
tâches inoffensives sont clairement définies comme étant les suivantes :
hôtesse, caissière, plongeuse, commis débarrasseur, les postes de service à la
clientèle, les responsabilités de préparation d'aliments et de nettoyage
d'établissement. Uniquement pour ces deux cas, on remarque clairement que les
autorités ont considéré que les tâches pouvant être faites dans le secteur de
la restauration...
16 h (version révisée)
M. Vézina (Martin) : ...d'aliments
et de nettoyage d'établissements. Uniquement pour ces deux cas, on
remarque clairement que les autorités ont considéré que les tâches pouvant être
faites dans le secteur de la restauration par les jeunes travailleurs sont à
faible risque. Nous croyons, justement, que l'expérience des autres provinces
doit être prise en compte dans l'évaluation de la disposition sur l'âge minimum
du projet de loi.
Devant ces arguments montrant le côté
sécuritaire de nos postes, l'ARQ aurait souhaité une exemption générale à la
disposition sur l'âge minimum. Toutefois, elle est prête à rallier le consensus
sur l'importance de la scolarité des jeunes Québécois en prévoyant une
exemption uniquement pour la période estivale. Cette solution se veut autant
profitable pour l'industrie, car elle permettrait de conserver cette main-d'oeuvre
au cours de la haute saison, mais elle serait également bénéfique pour les
jeunes travailleurs, car elle leur permettrait d'acquérir une première
expérience de travail sécuritaire et sans effets néfastes sur leurs études.
Il nous reste maintenant un dernier point
à discuter, sur la disposition des entreprises familiales, et je vais laisser
ma collègue Dominique Tremblay vous entretenir.
Mme Tremblay (Dominique) : Merci.
L'ARQ apprécie que l'article 13 du projet de loi accorde une exception
autorisant les jeunes de moins de 14 ans à travailler au sein d'une
entreprise familiale. Considérant que de nombreux restaurants sont, justement,
des entreprises familiales qui seront un jour reprises par les enfants des
propriétaires, il est important que ces derniers puissent être impliqués dans l'entreprise
dès leur jeune âge. Cependant, pour que l'article 13 soit applicable à
notre industrie, il est crucial que la limite de moins de 10 employés soit
retirée de la loi. En effet, les restaurants, de tous types confondus,
emploient, en moyenne, 23 employés. Ce nombre relativement élevé de
travailleurs requis par établissement s'explique par la nature diversifiée et spécialisée
des professions de la restauration, mais aussi par la forte représentation des
travailleurs à temps partiel au sein de l'industrie. Effectivement, la majorité
des serveurs et du personnel de soutien travaillent à temps partiel, puisqu'ils
sont, notamment, des étudiants du niveau collégial ou universitaire. Ainsi,
bien que seulement une dizaine d'employés sur 23 soit en service pour un quart
de travail et que le propriétaire est bien présent, la disposition leur
empêcherait de faire travailler les adolescents du parent propriétaire.
Aussi, le nombre d'employés d'un
établissement ne diminue en rien la nécessité, pour une entreprise familiale,
de préparer son plan de relève. Les quelques heures que la fille ou le fils d'un
propriétaire de restaurant passent à travailler avec sa famille constituent des
moments de formation cruciaux pour celui ou celle qui seront, un jour, à son
tour, propriétaires de l'entreprise familiale.
Il est également important que le projet
de loi tienne compte de la nature souvent multigénérationnelle et familiale de
l'industrie de la restauration. Il n'est pas rare que le propriétaire d'un
établissement emploie son fils ou sa fille ainsi que les enfants de ces
derniers. Il est également fréquent pour les neveux et nièces d'un restaurateur
d'aller assister leurs oncles et tantes restaurateurs la fin de semaine ou lors
des vacances scolaires. Le soutien des petits-enfants des propriétaires est
également très important pour de nombreux établissements. Bref, la restauration
est une industrie où la solidarité familiale est très importante. C'est
pourquoi nous vous recommandons l'élargissement des liens de filiation pour
inclure les petits-enfants, nièces et neveux à l'exemption familiale de l'article 13.
Comme il a été mentionné précédemment, l'ARQ
croit à un resserrement des normes pour les jeunes travailleurs. Pour atteindre
cet objectif sans étouffer leur volonté de travailler, l'ARQ propose des
recommandations qui amélioreraient de façon importante le projet de loi. Nous
vous remercions de votre écoute et espérons que vous serez sensibles à notre
argumentation. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme
la Présidente. D'abord, merci de votre présence, de votre contribution. Puis je
profite de l'occasion pour féliciter l'ensemble des restaurateurs québécois,
qui, pendant la période de pandémie, ont démontré beaucoup de résilience et de
capacité d'adaptation à un environnement sanitaire qui était nouveau, et vous
avez su le faire, même s'il y a des périodes qui étaient particulièrement
complexes et difficiles, là, à tous égards. Ça fait que, moi qui aime aller
dans les restaurants, ça m'a manqué aussi, là. Ça fait que, tu sais, on est
tout le monde au Québec à avoir été affecté par ce que les restaurants
représentent dans la qualité de vie de chacun et de chacune.
Le 14 ans. Bon, vous savez que...
vous m'avez entendu parler, là, évidemment, à 14 ans, il y a un niveau de
maturité supérieur, il y a un développement socioaffectif qui est plus avancé,
une meilleure capacité d'être autonome et d'assumer ce qui se passe dans son
environnement de travail, puis un petit peu moins, même s'il l'est encore...
Même adultes, on est vulnérables à des influences sociales, puis il ne faut
jamais négliger, au-delà des contraintes physiques, les contraintes... ce que j'appelle
psychosociales, là. Tu sais, l'interaction d'un jeune de 12 ans, 13 ans
avec un <adulte...
17 899
M. Boulet :
...un >adulte, même si c'est dans un contexte où il n'a pas à
forcer ou à faire des tâches répétitives, ça peut être sollicitant au plan
moral et au plan de son développement. Tu sais, gérer l'insatisfaction d'un
client, ce n'est pas toujours évident.
Je vais m'attarder à quelques points.
D'abord, la santé et sécurité. Je veux simplement préciser que l'ARQ, oui, vous
représentez... Hugues, vous le mentionnez bien, mais ces
5 000 membres, c'est le tiers des restaurateurs au Québec. Et l'ARQ a
le grand avantage d'être avec une mutuelle de prévention. Pour ceux qui sont
moins familiers avec le secteur de la santé et sécurité, il y a un regroupement
où il y a énormément de prévention, puis c'est à des fins de paiement des
cotisations, de diminuer les cotisations à payer à la CNESST.
Puis je trouve ça bien, même très bien,
qu'il y ait une mutuelle de prévention, mais ça justifie que probablement... puis
je n'ai pas les chiffres de la mutuelle de prévention, mais que le nombre
d'accidents soit moins élevé dans votre secteur. Parce que, je regardais, au
Québec... bien, il y a hébergement puis secteur de la restauration, là, mais,
16 ans et moins, il y en a eu 123, là, puis c'est 24,6 % de
l'ensemble des lésions professionnelles. Parce que le terme «lésion» fait
autant référence à un accident qu'à une maladie professionnelle. Et finalement,
14 ans, comme on le disait pour les fins de l'emploi, tu es réputé être un
majeur, là, au sens du Code civil du Québec. Donc, le 14 ans, il se
justifie, là, je pense, amplement. On l'a dit, il est l'objet aussi d'un
consensus.
Colombie-Britannique, on fait souvent
référence, hein? C'est sûr qu'on le fait pour des conventions collectives.
Martin, là, on se compare sur certains items, mais il faut tenir compte de la
globalité, là. En Colombie-Britannique, l'âge minimal d'admission à l'emploi,
c'est 16 ans, sauf exception. Puis il y a des exceptions pour de
12 ans à 16 ans. Puis il y en a, effectivement, dans le secteur de la
restauration, préparer la nourriture, laver la vaisselle, faire un travail
d'hôtesse ou monter la salle, puis il y a démonter et monter les tables. Bien,
c'est ça essentiellement, là. Donc, c'est 16 ans, l'âge d'admission. Ça
fait qu'il y a, à certains égards, beaucoup plus de sévérité en
Colombie-Britannique. Puis il y a d'autres provinces où c'est différent puis il
y a... il y a moins d'exceptions. Mais c'est très, très asymétrique au Canada.
Puis n'oubliez pas, Martin, que la convention
sur les droits de l'enfant réfère à 16 ans puis dit que, de 13 à
16 ans, si les risques sont faibles, il y a toujours une possibilité. Mais
nous, ici, au Québec, on a l'âge d'obligation de fréquentation scolaire à
16 ans, et ce qui fait que, globalement, on est en mesure de se considérer
en harmonie avec le droit international.
Mais si je vous demandais de... de me
donner un âge minimal pour qu'une... un jeune puisse travailler dans un
restaurant dans des tâches à faible niveau de risque, qu'est-ce que Hugues,
Dominique ou Martin, qu'est-ce que vous diriez? À partir de quel âge un jeune
peut travailler?
• (16 h 10) •
M. Philippin (Hugues) : Bien,
moi, je vais dire que ça dépend vraiment des compétences ou des capacités de la
personne de... Par exemple, je prends mon fils qui a... Il vient... Il a
13 ans puis il plie des boîtes à pizza pour moi, là. Donc, c'est selon ses
capacités. Puis il ne fait pas ça à temps plein, là. Évidemment, il fait
quelques heures de ça, puis ça donne un coup de main, puis il participe à
l'ambiance de travail dans un endroit bienveillant, évidemment, parce que c'est
un enfant qui est présent avec ses frères, avec ses parents, mais aussi avec
les employés qui font un peu partie de la famille dans un sens. Les
restaurants, c'est des endroits de plaisir. Et puis, donc, c'est de la
convivialité. Et puis, donc, c'est un beau milieu de travail, un beau milieu
d'apprentissage aussi, pas juste pour faire des sous, mais aussi c'est une
question de savoir-être, une question d'apprendre la valeur du travail, la
valeur de l'effort un peu aussi. Alors... Donc, c'est un lieu d'apprentissage
également. On ne peut pas juste prendre un travail puis dire : Ah! bien,
c'est... c'est de l'argent. Ce n'est pas juste de l'argent. On apprend beaucoup
plus que ça. J'imagine que vous avez tous travaillé jeunes, là. Alors, vous
avez vu un peu les bénéfices que ça vous a apportés également. Alors...
17 899
M. Boulet :
OK. j'apprécie beaucoup cette franchise-là. Ça va nous amener à pourquoi on
a mis l'entreprise familiale dans les exceptions. Puis je pense que vous <auriez...
M. Boulet :
...que
vous >auriez été le témoin parfait pour ça, parce que c'est la
prolongation de la vie familiale, puis on sait que le parent est présent, puis,
pour votre fils de 13 ans, Hugues, je suis convaincu que vous êtes le père
parfait puis que vous êtes là pour savoir ce qu'il fait puis pour avoir un
contrôle sur...
Des voix : ...
M. Boulet : Non, mais c'est
un témoin parfait.
M. Philippin (Hugues) : Je ne
le regarde pas travailler tout le temps, je suis des fois à l'autre étage ou...
mais on sait qu'il est là.
M. Boulet : Puis, Hugues, là
où on est aussi d'accord, c'est que le travail a une certaine valeur. Est-ce
que vous pensez qu'au-delà, cependant, d'un certain... Puis on dit même que
c'est bénéfique pour le parcours... tu sais, c'est même bon pour l'assiduité
scolaire. Est-ce que vous pensez cependant qu'au-delà d'un certain nombre
d'heures... Je vous demande si vous êtes d'accord avec ça, qu'au-delà d'un
certain nombre d'heures, là, ça peut être nocif pour le parcours et les risques
d'accident.
M. Philippin (Hugues) : Absolument.
Mon fils, s'il a des difficultés scolaires, évidemment, je le ferai travailler
moins que s'il a un bon... Comme parent, comme père, c'est certain qu'on va
adapter ses disponibilités pour le faire, un, à ses goûts, parce que ce n'est
pas lui... on ne le force pas à le faire, là. Il aimerait ça, il veut venir
joindre l'équipe. À 13 ans, à 14 ans, ils veulent, là. Alors,
évidemment, on adapte toujours ça. S'il a du rattrapage, s'il a des activités
parascolaires, on ne l'empêchera pas de les faire pour aller travailler. Donc,
c'est un peu cette façon de faire là qu'on voit. On adapte la situation au
besoin. Puis évidemment, l'été, on va demander plus d'heures parce qu'il y a...
il y a de la disponibilité, il n'a pas d'études à faire, et puis on ne veut pas
qu'il soit toujours à l'écran non plus, donc on essaie toujours de trouver des
choses, là.
M. Boulet : Je viens de le
dire, vous êtes le père parfait. Durant l'année scolaire, vous respectez son parcours,
son cheminement, puis, en même temps, vous évitez les risques d'accident, puis,
pendant l'été, parce que c'est dans une exception aussi, l'entreprise
familiale, il n'y a plus la balise, là, de 17 heures et de 10 heures.
Ça fait que je pense qu'une conduite comme la vôtre, si elle était celle de
tous les propriétaires de restaurant, on ne parlerait... on ne serait
probablement pas ensemble cet après-midi, là. Je comprends très bien.
Est-ce que... Donc, sur l'entreprise
familiale, j'aimerais ça que vous élaboriez un peu. Parce que je pense que vous
demandez que les liens de filiation soient élargis, là, que ce ne soit pas
que...
M. Philippin (Hugues) : On
demande aussi, si vous permettez, qu'on ne limite pas à 10 employés. Parce
que, juste dans mon cas, j'ai 35 employés, mais ils ne sont pas, les 35,
en même temps au restaurant, vous comprenez? On est ouvert sept jours sur
sept, on est ouvert de 11 heures le matin à 10 heures le soir. On ne
peut pas avoir juste 10 employés pour faire toutes ces heures-là. Ça fait
que même un petit restaurant de quartier aura plus que 10 employés,
généralement parlant.
M. Boulet : Oui. En même
temps, il y a beaucoup moins de risques, beaucoup plus de chance de
convivialité puis d'un environnement de travail qui est sain et sécuritaire
quand c'est une entreprise familiale où il y a moins de 10 employés. Puis
le concept d'entreprise familiale, il pourrait être élargi. Et là tu te perds,
là, parce que... je ne nommerai pas des noms, mais il y a d'immenses entreprises
familiales, au Québec, qui sont réparties dans plusieurs villes, où les parents
sont totalement absents. Ça fait que je pense qu'à moins de 10 employés le
niveau d'assurance de supervision parentale... puis, en plus, on prévoit dans
le paragraphe in fine qu'il y a un adulte de 18 ans ou plus qui doit être
présent, ça permet de contrôler, puis ça permet de répondre à... Tu sais, je le
mentionnais, là, Hugues, là, dans les restaurants, en général, puis dans le
secteur de l'hébergement, il y a beaucoup, beaucoup d'accidents de travail, puis
c'est... des fois c'est des poids puis des fois... Vous dites un travail
d'hôtesse ou un travail de ci ou de ça, mais il y a souvent une polyvalence des
tâches. Quand il est là, sur place, on lui demande de faire : Tiens,
pendant que tu as du temps, va faire ci, va faire ça, ou peux-tu rentrer à
telle heure? Puis, même l'été, tu sais, même s'il n'y a pas les balises, il y a
toujours le risque de travailler à des heures indues. Moi, on m'a dit qu'il y a
des enfants qui travaillaient à des heures tardives puis qui avaient des
horaires irréguliers. Et, ça aussi, il faut en tenir compte, là, dans la limite
de 17 heures. Mais donc, vous, ce serait quoi, le chiffre dont... Une
entreprise familiale...
M. Philippin (Hugues) : Donc,
le nombre d'employés?
M. Boulet : ...jusqu'à
combien d'employés vous me diriez, Hugues?
M. Philippin (Hugues) : Ah!
Martin, peut-être, ou?
M. Boulet : Martin?
M. Vézina (Martin) : Juste
pour vous dire, le nombre d'employés, c'est que l'enjeu qu'on a dans notre
industrie, comme on a dit, c'est les temps partiels, ça fait qu'il faudrait y
aller avec des équivalents temps plein. C'est ça, la logique. Ce qu'on n'a pas
présentement, c'est que, si on met 10 employés, comme vous dites, mais je
compte ceux qui font des fois des quarts de travail de quatre heures,
parce que ça existe, bien, cet employé-là est... il <compte...
M. Vézina (Martin) :
...est...
il >compte dans la disposition. Or, il fait juste un quart. Ça fait qu'est-ce
que c'est possible de dire... de faire les équivalents temps plein ou de
calculer un nombre d'heures? Parce qu'on l'a vu dans d'autres législations, c'est
toujours la même logique qu'on a au niveau des employés.
M. Boulet : Oui, mais, Martin,
c'est pendant qu'il est à l'école, tu sais. Puis il y en a, le Réseau québécois
pour la réussite éducative, là, quand l'enfant a fait 35 heures, là, puis
qu'on permet d'aller jusqu'à 10 heures du lundi au vendredi, c'est quand
même une bonne semaine.
M. Vézina (Martin) : Ah! non,
non, non, ce que je vous dis, c'est au nom de la disposition du nombre d'employés
pour être qualifiée comme entreprise familiale. Au niveau, là, de l'horaire de
travail puis d'heures maximales...
M. Boulet : Vous êtes d'accord
avec ça.
M. Vézina (Martin) : ...je
vous confirme, je confirme aux membres, ici, de la commission, nous sommes d'accord
avec cette disposition-là. Pour nous, c'est le socle du projet de loi, selon
nous.
M. Boulet : Donc, ce que vous
dites, c'est le nombre d'employés qui pourrait être plus élevé que 10.
M. Vézina (Martin) : Il
devrait être plus élevé que 10 pour être qualifié comme une entreprise
familiale. Dans l'exemption, on irait peut-être... Est-ce que c'est plus? Nous,
on préférerait ne pas avoir à la disposition de 10 employés...
M. Boulet : Mais si vous aviez
une recommandation.
M. Vézina (Martin) : ...mais
il faudrait aller plus haut pour au moins qu'on puisse tenir en compte que
plusieurs industries, puis je suis sûr qu'il y a des collègues en
agroalimentaire qui vivraient la même situation, qui, dans des employés à temps
partiel, ne se qualifient pas, actuellement, selon la disposition telle qu'elle
est écrite. Or, si on enlève uniquement la disposition des 10 employés
comme étant le critère, on se rappelle que le reste de la disposition, là, on
parle qu'il faut que le parent soit là, que ça soit seulement l'administrateur
de la corporation ou le parent propriétaire s'il est enregistré, ça, c'est une
balise qui est beaucoup plus facile.
M. Boulet : On l'a prévu, d'ailleurs,
de même, hein? Si c'est une société ou une personne morale, ça peut être l'enfant
de l'administrateur ou du sociétaire puis ça peut être l'enfant du conjoint ou
de la conjointe, là. Donc, c'est quand même assez large. Mais ce que vous dites,
quand on dit «compte moins de 10 salariés», ça devrait faire abstraction
de ceux qui sont à temps partiel.
M. Vézina (Martin) : Tout à
fait.
M. Philippin (Hugues) : Par
exemple, si je peux me permettre...
M. Boulet : Je le comprends.
Je comprends ce que vous dites.
M. Philippin (Hugues) : J'ai
35 employés. Si on calcule en équivalent temps plein, je serai peut-être à
10, justement, ou à 11.
M. Boulet : Donc, Hugues,
vous êtes le témoin parfait sur tout.
M. Philippin (Hugues) : Encore,
le parfait... hein, c'est ça.
M. Boulet : Témoin, on ne
vous enverra pas d'assignation à comparaître. N'ayez pas d'inquiétude. J'aimerais
ça maintenant vous entendre — mais j'ai très bien compris, Martin — sur
les liens de filiation. On parle du père ou de la mère parce qu'il y a la
proximité. Puis je ne sais pas si vous êtes familiers avec le droit du travail
plus constitutionnel, là, mais il y a toujours le risque de discrimination
fondée sur l'état civil, hein? Plus la définition est large en termes de
filiation, plus il y a un risque qu'un enfant qui ne soit pas le fils de l'oncle,
de la tante, du... dise : C'est de la discrimination parce que moi, je ne
peux pas travailler, lui peut travailler en raison de son état civil. Bon, l'état
de la jurisprudence pourrait permettre ce type de discussion là. Ça fait que je
suis extrêmement prudent, là, sur l'aspect constitutionnel, mais, sur les liens
de filiation, qu'est-ce que vous auriez à dire, au-delà du père et de la mère?
Mme Tremblay (Dominique) : Bien,
ce qu'on voit souvent, c'est que c'est les oncles et tantes, les neveux
travaillent, ou, souvent, ça peut être les grands-parents qui sont propriétaires
du restaurant aussi, et tout le monde en dessous vient travailler dans le
restaurant, donner un coup de main, que ce soient quelques heures, et la
relève, elle est là. La relève, souvent, elle est sous les grands-parents, sous
les parents. C'est ces jeunes-là qui vont reprendre l'entreprise, puis c'est un
travail de longue haleine, souvent. C'est de l'apprentissage. Les gens vont
passer par toutes les tâches, vont commencer, les jeunes, plongeurs ou commis
débarrasseurs, vont graduer dans l'entreprise, à passer à tous les postes, et
deviennent des gestionnaires après. Puis, parce qu'ils sont passés par tous les
postes, ils ont vraiment une bonne connaissance de l'entreprise et sont
capables de prendre la relève de l'entreprise familiale. Donc, c'est sûr qu'au
niveau de la filiation, juste le parent-enfant, c'est très limitatif, là, dans
notre industrie.
• (16 h 20) •
M. Vézina (Martin) : Puis j'ajouterais,
au niveau des communautés culturelles, souvent... ont des familles qui s'occupent
de tout les... du restaurant et que, souvent, c'est des neveux, nièces et des
grands-parents aussi qui sont les propriétaires. Donc, aussi, il faut penser à
ce groupe-là qui sont habitués d'avoir aussi... que le restaurant, bien, c'est
une affaire de famille.
M. Boulet : Parfait. Donc, si
je résume, ça va pour le 14, le 17, le 10, mais une exception pour l'entreprise
familiale, on ne tient pas compte des salariés à temps partiel dans le calcul
du 10, et les liens de filiation élargie. En gros... Oui, Martin.
M. Vézina (Martin) : Et j'ajouterais
une seule chose, l'exemption pour la période scolaire pour l'industrie du
tourisme et de la restauration pour au moins que les jeunes de 12, 13 ans,
puisqu'ils déposent leur candidature actuellement, puissent travailler pendant
l'été.
M. Boulet : On ne peut pas y
aller par secteurs, Martin, il faut y aller par...
La Présidente (Mme D'Amours) : C'est
tout le temps que nous avons. Je suis désolée. Merci <beaucoup...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...Merci
>beaucoup.
M. Boulet : OK. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je passe maintenant la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci beaucoup. Bonjour, puis on s'est déjà rencontré. Donc,
merci d'avoir déposé ce mémoire. Ma première question pour vous, c'est — je
n'ai pas été en mesure de valider cette donnée à l'intérieur de votre mémoire :
Il y a combien de jeunes de moins de 14 ans qui sont à l'emploi dans le
secteur de la restauration prévus en ce moment?
M. Vézina (Martin) : C'est,
je vous dirais, le saint Graal à obtenir comme information, savoir le nombre
d'employés de moins de 15 ans, puisque les données publiques arrêtent...
commencent, plutôt, à 15 ans. On l'a vu, puis on demande les
questionnements, puis, même à la CNESST, cette donnée-là, malheureusement,
n'existe pas. Puis nous, ce qu'on a fait dans un sondage interne, on a eu
environ 245 répondants, ce qu'on a constaté par leurs réponses, c'est que
le tiers employait des jeunes de moins de 14 ans pour environ, je vous
dirais, trois heures ou le deux point quelques heures par semaine pendant
la période de fréquentation scolaire et ça pouvait aller jusqu'à une dizaine ou
une douzaine d'heures pendant l'été.
On est très loin de la réalité, là. Ce
n'est pas... Comme on le dit, là, on fait des... ce sont des petites tâches
qu'ils font. Et ce n'est pas nécessairement, là, dans un but de dire : On
va rouler à 40 heures semaine pendant tout l'été. Ce qu'on veut, c'est de
permettre à ces jeunes-là, notamment qui sont en région, hein, beaucoup sont en
région rurale... Souvent, bien, c'est les parents d'untel, ils appellent
l'exploitant et lui demandent : Ah! mon fils, il voudrait travailler un
petit peu au restaurant puis... bien, ils signent le consentement, puis ils viennent
faire quelques heures.
Donc, c'est à peu près ça, le portrait
qu'on a. C'est beaucoup comme ça que ça a fonctionné. C'est sûr qu'on en a vu
un peu plus dans le dernier temps, on ne se le cachera pas, mais pourquoi? Je
vous le dis, il n'y a aucun exploitant qui recrute activement dans le bassin,
là. Ce n'est pas ça qu'on veut. Mais cependant, on a des jeunes qui déposent
leur candidature et, voyant le besoin qu'on a, bien, on se dit : On va
voir, qu'il pourrait peut-être nous donner quelques heures, puis ça va être
formateur de leur côté.
Mme Cadet : Vous avez un
petit peu anticipé ma prochaine question parce que c'était aussi ça, c'est...
c'est toujours... c'est le questionnement de savoir il y en a combien
maintenant qui roule à l'intérieur du système, pour être en mesure de valider
l'impact, mais c'est aussi de savoir, donc, avant. Donc, on sait, on est en
contexte de pénurie de main-d'oeuvre, on est dans un contexte où c'est
extrêmement difficile pour bien des petits commerçants qui ont à composer avec
une tempête parfaite. On pourrait penser, donc, à d'autres éléments, la chaîne d'approvisionnement,
l'inflation, puis, en plus, ils ont à composer avec la pénurie de
main-d'oeuvre. Mais, tout de même, donc, avant le contexte actuel, est-ce
que... Tu sais, vous l'aviez mentionné un petit peu, là, vous dites :
Bien, c'est sûr qu'il y en a un peu plus maintenant qu'avant. Ils ne font pas
du recrutement actif, mais est-ce que vous êtes capable, quand même, tu sais,
de faire une espèce de comparatif avec... une espèce d'avant, après, là?
M. Vézina (Martin) : Avant,
on avait plus des données anecdotiques. On n'a pas fait des sondages en 2008
pour savoir si, vraiment, il y avait du recrutement dans ce bassin. Est-ce
qu'il y en avait? Définitivement. Il ne faut pas se leurrer. Ce qu'on voit
souvent dans des restaurants de région, bien, c'étaient souvent des approches
qui sont faites par le parent de l'enfant qui viennent dire : Bien, mon
jeune, il veut venir travailler quelques heures au restaurant, est-ce que c'est
possible, est-ce que tu peux l'accommoder ou lui faire apprendre? Puis là il y
a un cheminement qui se fait. Puis on a un exploitant comme... qui est membre
de notre conseil d'administration à Charlevoix, il le fait depuis plusieurs
années. Et ces jeunes-là, ils commencent, où ils font trois ou quatre heures,
à 13 ans, puis là, à 16 ans, ils en font un petit peu plus, puis ils
suivent jusqu'à 17, 18 ans, là où, au collégial, ils décident, là... ils
quittent Charlevoix, ils s'en vont à Québec pour poursuivre des formations
collégiales et universitaires vers une carrière qui leur sont gré. Donc, il y a
un quand même un cheminement. Et, dans ce cadre-là, il y a... il y a un
encadrement. Il ne faut pas se leurrer, il y a un encadrement à faire avec ces
jeunes-là. Puis, dans le projet de loi, il y a justement, au niveau de la santé
et sécurité, toute l'analyse de risques puis le plan de prévention spécifique
aux 16 ans, mais, déjà là, il y a des protections qui se sont ajoutées,
là.
Mme Cadet : Bien, c'est ça,
c'est... Tu sais, c'est sûr que, tu sais, on est en train de faire une analyse
où est-ce qu'on se dit qu'on essaie de mettre une barre quelque part, puis, dès
qu'on met une barre, c'est sûr qu'il y a... ça crée un certain impact. Moi, ce
que j'essaie de comprendre dans notre échange ici, là, c'est de réaliser...
Donc, demain matin, là, disons que le projet de loi, il est adopté tel quel,
quelle sera la conséquence précise pour vos membres?
M. Vézina (Martin) : Bien,
l'impact va être simple, on va le voir, là, 30 jours dès la sanction
puisqu'on fait les cessations d'emploi des jeunes qui travaillent actuellement
dans l'industrie. Mais, je vous dirais, la saison des casse-croûte, les <restaurants...
M. Vézina (Martin) :
...les
>restaurants, ou, je vous dirais, plus saisonniers, en région, c'était
un bassin qu'ils ont eu recours dans la dernière année. C'est sûr qu'ils vont
avoir une certaine difficulté de recrutement. Est-ce qu'ils vont fermer?, non,
mais, oui, il va y avoir des difficultés de recrutement. Et c'est vraiment
un... Je vous le dis, là, c'est vraiment un phénomène qui se vit plus en région
qu'à Montréal. Le jeune, il cherche... tu sais, il n'y a pas autant
d'activités, des fois, dans certaines régions. Avec le travail, bien, il va le
faire quelques heures, puis ça lui permet d'apprendre, il est avec des amis, il
développe aussi des compétences de savoir-vivre et de savoir-être, qui est
aussi important pour la suite de sa vie, là.
Mme Cadet : Je vais avec
votre deuxième recommandation ici. Donc, vous souhaitez que l'article 2 du
projet de loi soit modifié pour inclure une disposition permettant le travail
des moins de 14 ans pendant la période estivale. Hier, bon, il y a un
article médiatique qui est sorti, donc, qui parlait de la hausse des accidents
de travail de 640 % entre 2017 et 2022 chez les moins de 14 ans,
dont, donc, certains chiffres, là, qui semblent, donc, amalgamer l'industrie de
la restauration et de l'hébergement ensemble. Mais comment est-ce que vous
conjuguez cette recommandation-là avec le nombre de réclamations, la hausse du
nombre de réclamations?
M. Vézina (Martin) : Bien,
nous, on regarde... Il y a deux volets à... de réponse que je pourrais
faire à la question. Un, bien, comme on l'a mentionné avec notre mutuelle de
prévention, nous, effectivement, on a... En 2022, dans le groupe de 0 à
16 ans, nous avons eu 11 réclamations d'accidents de travail. En
2021, il y en avait 20. Pour vous donner un peu plus de perspective, en 2017
puis en 2018, en 2017, on avait 15 réclamations puis, en 2018, on en avait
13. Donc, avec 11 en 2022, on était quand même 11 mois en opération, là,
on n'a pas été fermés beaucoup, là, en 2022, et donc on a pu rouler, on peut se
baser là-dessus.
Autre chose, puis je remercie d'ailleurs
le ministre, là, de faire un peu de promotion de notre mutuelle, c'est très
apprécié, mais on fait aussi des activités de prévention pour l'ensemble du
secteur et aussi les gens qui ne sont pas membres de l'ARQ. On a des guides
d'aide à la tâche, que nous donnons aux employeurs, on a développé plein
d'outils, soit les planchers glissants, la manipulation de couteaux, la
manipulation des torpilles. Nous en faisons à chaque année. Et, s'il faut, on
va le développer, puis on l'a mis dans notre réflexion... à développer des
outils propres aux jeunes de moins de 16 ans. Puis ça porte fruit, nos
outils de prévention, puisque le taux de classification de notre secteur, il
est en baisse depuis plusieurs années parce que la gravité et les fréquences
d'accidents de travail ont baissé.
Mme Cadet : Ça fait combien
de temps que ça existe comme outil?
M. Vézina (Martin) : Ah! ça
fait plusieurs années. Oh! plus de 10 ans qu'on a... Je vous dirais, les
mutuelles, on l'a... dans les années 90 qu'on l'a développé.
M. Boulet : ...
Mme Tremblay (Dominique) : Et,
la gamme des outils, je vous dirais, ça fait 16 ans que je suis à l'ARQ
puis, depuis que je suis là, on a toujours développé des outils au niveau santé
et sécurité du travail de toutes sortes au fur et à mesure, là, donc...
M. Philippin (Hugues) : Mais
il y a d'autres mutuelles aussi qui existent. Là, je pense que la plupart des
restaurateurs se regroupent dans des mutuelles, même s'ils ne sont pas avec
l'ARQ, parce que c'est intéressant pour eux aussi, là.
Alors, pour faire partie de la mutuelle,
il faut aussi qu'il y ait des performances intéressantes au niveau des... de l'accident
de travail, etc., oui, mais il faut... Peut-être qu'on pourrait plus
privilégier une approche par tâches plutôt que par secteurs. En fait, au lieu
de dire : la restauration comme un ensemble, ce n'est pas à la portée des
jeunes, plutôt les tâches qu'ils pourraient en restauration qui seraient plus à
revoir.
Mme Cadet : Écoutez, ma
prochaine question, bien sûr, j'y vais recommandation par recommandation, donc,
là, donc, on entre dans la question des entreprises familiales. Donc, juste
pour confirmer... Parce qu'évidemment j'avais la même question au niveau des
employés à temps complet, là. C'est sûr que, tu sais, évidemment, vous l'avez
constaté, vous n'êtes pas le premier groupe à nous parler de ces réalités-là.
Puis la transformation en équivalents à temps complet, donc, c'est une
proposition. Donc, pour vous, combien d'équivalents à temps complet seraient...
constitueraient le chiffre magique? Est-ce que ce serait, donc, 10? Parce que
vous avez donné votre exemple tout à l'heure, semble-t-il que vous êtes le
témoin parfait, là, donc...
• (16 h 30) •
M. Philippin (Hugues) : ...c'est
de... c'est ne pas avoir cette limitation-là. Mais évidemment, donc, s'il faut
en choisir une...
Mme Cadet : Mais, advenant le
cas où qu'il y en... qu'il y en avait une, est-ce que c'est... C'est sûr qu'ici
la... toute la question, donc, de l'encadrement parental, donc, je pense que
c'est la raison pour laquelle, donc, il y a une certaine limitation qui est
proposée. Donc, s'il y en a une, limite, donc, à quoi ça ressemblerait?
M. Vézina (Martin) : ...
M. Philippin (Hugues) : Excuse.
L'encadrement parental, on parle toujours du propriétaire ou quelqu'un de très
haut placé, mais il y a des chefs exécutifs, il y a des gens... ils pourraient
travailler avec leurs enfants ou leurs jeunes, donc ils sont aussi parties
prenantes dans la réussite de l'entreprise. C'est souvent des grosses familles.
Alors, il y a un encadrement quand même d'un adulte avec un lien de filiation.
Donc, c'est pour ça, que l'aspect familial, ça devrait être en... un peu plus
élargi, comme façon de ça dans ce milieu-ci...
16 h 30 (version révisée)
M. Philippin (Hugues) : ...dans
ce milieu-ci.
Mme Cadet : Puis, donc, bien,
juste pour revenir sur le niveau d'ETC, oui...
M. Vézina (Martin) : Pour
votre question, je vous dirais, on pourrait aller avec des heures... peut-être
des équivalents, compter un certain nombre... On voit que, dans d'autres
législations, la norme a été fixée à 25, là, que ce soit la Charte de la langue
française ou ce qui a été... ou 20, qui a été la loi modernisant le régime de
santé et sécurité au travail, là, mais il faudrait aller... mais, on répète, l'équivalent
temps complet est nécessaire et essentiel puisqu'on va limiter grandement
plusieurs entreprises qui ne se qualifieront pas à la disposition d'entreprise
familiale.
Mme Cadet : Merci. Puis,
encore une fois, ici, si la disposition était adoptée telle quelle, donc, «qui
compte moins de 10 salariés», donc, combien de vos membres seraient
touchés? Est-ce qu'on sait... Donc, la grande majorité, là, des entreprises,
des PME québécoises sont des très petites... très petites entreprises. On nous
a parlé du secteur des... donc, des épiceries, là, par exemple. Donc, dans le
vôtre, là, est-ce que vous avez une certaine idée, là, de...
M. Vézina (Martin) : Je
dirais, là, ce serait un très fort pourcentage. Sans vous dire un chiffre, un
restaurant qui a 10 employés seulement, là, à temps plein, là, je veux
dire, deux cuisiniers, deux commis débarrasseurs, ce n'est pas beaucoup, là, ça
fait que, là, on parle de cantines sur le bord de la route puis de petits casse-croûte
qui... peut-être, encore là, là, qui roule à moins de 10, là.
M. Philippin (Hugues) : La
restauration, c'est une industrie qui embauche beaucoup... a besoin de beaucoup
de main-d'œuvre humaine. On n'est pas très automatisés. Il y a des choses qu'on
ne peut pas tellement faire encore. Alors, c'est pour ça que c'est «labor
intensive», si on me permet l'expression, comme secteur d'activité.
Mme Cadet : Merci. Puis, dans
votre mémoire, vous nous parlez de différents exemples, donc, notamment, donc,
au Manitoba, où l'âge... bon, l'âge légal est 13 ans, puis qu'entre 13 et
16 ans, donc, il y a différentes tâches, puis vous nous parlez du
certificat de préparation au travail. Donc, est-ce que vous voulez élaborer un petit
peu sur ce modèle-là, voir comment est-ce que vous, vous le verriez en
application, ce certificat-là, ici?
La Présidente (Mme D'Amours) : En
20 secondes.
M. Vézina (Martin) : Ça
pourrait être réfléchi, puis c'est peut-être un cours en ligne, là, mais là on
n'était pas nécessairement là dans nos revendications.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous trois. Bienvenue. Je me rappelle de la belle
bataille que nous avons fait il y a deux ans sur la livraison de l'alcool, en
décembre 2020, in extremis, qu'on avait réussie, avoir ce projet de loi là. Voilà,
bien content de cette victoire-là.
J'essaie de bien comprendre.... Je
comprends votre objectif, puis il est valable. J'essaie de comprendre le
portrait de la situation actuelle ou de la crainte. J'irais trop loin si je
disais qu'il y a des entreprises ou des restaurants qui ont un modèle d'affaires
qui repose sur la main-d'œuvre de 12, 13 ans. Ça, j'exagérerais beaucoup,
j'imagine, en disant ça. Donc, vous l'avez dit tantôt, il n'y a pas de
restaurant qui va fermer à la suite de ce projet de loi là. C'est plus un défi
peut-être de main-d'œuvre d'appoint. J'essaie de trouver elle est où, la ligne,
exactement, sur le défi que ça va représenter pour vous.
M. Vézina (Martin) : Je vous
dirais, là, juste... se base sur notre sondage. On revient... Un tiers des
répondants ont indiqué employer des jeunes de moins de 14 ans. Quand on parle
qu'ils font des petites tâches, pas beaucoup d'heures, tout ça, bien, ça permet,
des fois, juste à faire le trois heures, peut-être un peu de plonge, d'éplucher
les carottes, de faire peut-être quelques coupes simples. Ça permet de faire
une mise en place qui permet de maintenir un quart de travail pour l'ensemble
du personnel, parce qu'on roule à un certain... à effectif réduit.
Donc, des fois, juste le jeune qui fait
quelques heures comme ça, bien, ça permet de maintenir ce quart d'exploitation
là. La conséquence de... ce qu'on va voir, c'est peut-être encore limiter
davantage nos heures d'exploitation. On roule actuellement, je vous dirais,
comme industrie, à quatre jours semaine. On est plus dans le mode sept jours
semaine à cause de la pénurie de main-d'œuvre, et là ce que ça veut dire, bien,
le mercredi soir pendant l'été, bien là peut-être je voulais agrandir mes
heures d'ouverture cet été, puis là j'avais peut-être un ou deux jeunes qui
vont me donner un petit 10 heures d'appoint, mais je ne l'aurai plus.
Mme Tremblay (Dominique) : Il
faut penser qu'on pousse beaucoup le tourisme puis les gens à rester au Québec,
dépenser leur argent au Québec, aller en région, mais on les a vus, les échos,
dans le passé, là, dans les médias, que les gens allaient en région, avaient,
des fois, de la difficulté à trouver facilement... bien, pas trouver à manger,
mais, je veux dire, tu sais, les files d'attente étaient longues, donc, parce
que le service est plus difficile, il y a moins de personnel, et tout ça. Il
faut être conséquent aussi qu'à un moment donné ça peut avoir des conséquences
là-dessus, au niveau du tourisme, et de la satisfaction, et de la prestation...
Tu sais, c'est des... manger, c'est un besoin de base, là. Donc, souvent, c'est
des petites heures, c'est de l'aide qui est très importante, pour les
restaurateurs, de ces jeunes-là, là.
M. Leduc : Tout à fait, parce
qu'on a un défi, nous, comme législateurs, c'est... Tu sais, toutes sortes de
groupes sont venus et viendront aussi demain proposer une forme d'exemption
pour leurs secteurs respectifs, que ce soient les petits <fruits, que ce
soit la restauration...
M. Leduc :
...respectifs,
que ce soient les petits >fruits, que ce soit la restauration, le
commerce de détail, puis nous, on dit : Bon, on met un âge minimal à
14 ans. Puis, à mesure qu'on fait des exceptions, on creuse des trous dans
le fromage, puis, à la fin, il n'en restera plus bien, bien. Ça fait que vous
comprenez un peu notre position, où ça rend la chose délicate.
J'aimerais ça vous entendre, avec le temps
qui reste... Une minute, Mme la Présidente? Il y a des gens qui ont proposé de
faire une espèce de taxe spéciale pour pallier le fait qu'on ne demande pas à
l'employeur de payer du RRQ lorsqu'il emploie un mineur de 18 ans et
moins. Est-ce que c'est quelque chose qui vous allume une objection, un appui?
M. Vézina (Martin) : Ça
n'a pas été quelque chose qu'on a réfléchi. C'est sûr que, quand vous me parlez
de taxation additionnelle et de frais additionnels, c'est rare que je vais
répondre avec un sourire et oui. Ça fait que non.
M. Leduc : Le fait qu'il
n'y ait pas de taxation, il n'y a pas de contribution RRQ pour les jeunes de
18 ans, est-ce que vous, vous avez une explication par rapport à ce fait-là?
M. Vézina (Martin) : Bien,
nous, ça... je pense, ça vient avec la réflexion qui a été faite à l'époque de
l'établissement de la RRQ, là, mais, nous, ça n'a pas été une réflexion qu'on a
eue, là, à savoir, là, est-ce qu'on devrait faire cotiser ces jeunes-là ou pas,
là.
M. Leduc : OK. Merci
beaucoup.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vous remercie pour votre contribution aux travaux de notre
commission.
Je suspends les travaux quelques instants
afin de permettre aux prochains invités de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Reprise à 16 h 42)
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
souhaite maintenant la bienvenue à L'Union des producteurs agricoles. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à la période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé.
M. Caron (Martin) : Bien,
merci bien, Mme la Présidente. M. le ministre, MM. les députés, merci de nous
accueillir aujourd'hui. Mon nom est Martin Caron. Je suis président général de L'Union
des producteurs agricoles, mais, avant toute chose, je suis producteur laitier
et céréalier à Louiseville, en Mauricie. Je suis accompagné avec le DG, le
directeur général de l'UPA, Charles-Félix Ross.
L'Union des producteurs agricoles remercie
la Commission de l'économie et du travail de lui donner l'occasion de présenter
les commentaires et recommandations du secteur agricole relatifs au projet de
loi n° 19. Rappelons tout d'abord que la santé et la sécurité au travail
est une préoccupation de toujours pour les productrices et producteurs du
Québec.
L'UPA, qui travaille d'ailleurs depuis
plusieurs décennies en partenariat avec la CNESST, a mis sur pied un service de
santé et sécurité du travail, a créé une mutuelle de prévention, propose
plusieurs webinaires sur la prévention et le développement de projets
Prévention agricole + pour mieux informer et appuyer les entreprises agricoles.
Plus récemment, l'UPA a mis en place une
table de concertation en santé, sécurité et mieux-être en agriculture qui
réunit les représentants du secteur agricole, de la santé au travail, de la
CNESST, du monde de travail, des fournisseurs de machinerie, des organismes de
financement et du ministère de l'Agriculture. Le projet de loi n° 19
interpelle donc tout particulièrement notre organisation et ses membres.
Comme le précise notre brochure sur la
sécurité des enfants à la ferme, produite en 2021 en collaboration avec la
CNESST, sur la ferme, il arrive fréquemment que les enfants et les adolescents
participent aux tâches. Cette activité doit être réalisée de façon sécuritaire.
L'UPA organise aussi des Sécurijours à l'intention des enfants du milieu rural.
Ces activités ont pour but d'inculquer aux jeunes et aux moins jeunes des
notions de sécurité à la ferme.
Le travail à la ferme à partir d'un jeune
âge est, en effet, fréquent, l'implication de tous les membres de la famille
s'inscrivant dans un environnement qui s'apparente autant à une entreprise qu'à
un milieu de vie. Cette réalité organique entre les occupations
professionnelles et la vie de famille est au cœur d'une très vaste majorité
d'entreprises agricoles au Québec. C'est pourquoi la santé et la sécurité est
depuis toujours une préoccupation constante et c'est aussi pourquoi l'UPA
accueille positivement le projet de loi n° 19, tant au chapitre de
l'exception prévue que du maximum d'heures de travail en période scolaire.
Comme le prévoit l'article 13,
l'interdiction de faire travailler un enfant en deçà de l'âge de 14 ans ne
s'applique pas, et je cite, «à l'enfant qui travaille dans une entreprise
familiale qui compte moins de 10 salariés s'il est l'enfant de l'employeur ou,
lorsque ce dernier est une personne morale ou d'une société, l'enfant d'un
administrateur de cette personne morale ou d'un associé de cette société ou
s'il est l'enfant du conjoint de l'une de ces personnes».
Signalons, à cet égard, que, selon Statistique
Canada, 94,2 % des entreprises agricoles au Québec sont des entreprises
familiales. Ajoutons que 10 175 exploitations agricoles au Québec, sur
plus de 29 000, emploient 67 468 travailleuses et travailleurs, ce
qui donne une moyenne d'environ six employés par entreprise. La combinaison de
ces deux situations fait en sorte que l'exception prévue au projet de loi,
c'est-à-dire des entreprises familiales qui comptent moins de 10 employés,
couvre de facto la quasi-totalité des entreprises agricoles concernées.
L'UPA croit toutefois que le projet de loi
n° 19 fait abstraction d'une grande réalité dans le secteur agricole,
c'est-à-dire le recours fréquent aux enfants du voisinage, plus
particulièrement pendant la saison estivale. Pensons notamment aux <producteurs
maraîchers...
M. Caron (Martin) :
...du
voisinage, plus particulièrement pendant la saison estivale. Pensons notamment
aux >producteurs maraîchers qui embauchent, chaque été, des jeunes dans
leur coin de campagne pour récolter des fraises, des framboises ou des bleuets
ou encore pour donner un coup de main aux kiosques lors de situations... s'y prêtent.
Cette situation convient à toutes les personnes concernées, une main-d'oeuvre
d'appoint pour les producteurs, productrices, un gagne-pain pour les jeunes et
un endroit convivial et sécuritaire pour des parents qui n'ont pas les moyens de
s'inscrire... d'inscrire leur enfant à un camp de jour ou qui n'en ont pas
accès.
C'est pourquoi l'UPA souhaite qu'une
exception pour couvrir ces cas bien particuliers soit ajoutée au Règlement sur
les normes du travail. L'article 13 du projet de loi modifie d'ailleurs ce
règlement pour prévoir sept exceptions à l'interdiction pour un employeur de
faire effectuer des travaux à un enfant de moins de 14 ans.
Parmi ces exceptions, on retrouve
notamment les enfants qui travaillent à titre de créateur ou d'interprète dans
un domaine de production artistique, le livreur de journaux et les enfants qui
travaillent dans une entreprise familiale qui compte moins de 10 salariés, pour
autant qu'ils soient l'enfant de l'employeur. Il s'agirait d'ajouter à cette
exception l'enfant qui participe, dans une exploitation agricole, au travail du
sol ou de la terre en vue de la production de végétaux, ou d'élevage d'animaux,
ou de la vente ou de la livraison du produit cultivé.
Par ailleurs, comme c'est le cas pour les
autres exceptions que le législateur a prévues, lorsqu'un employeur veut faire
travailler un tel enfant, il devra obtenir le consentement écrit du titulaire
de l'autorité parentale sur cet enfant ou du tuteur de celui-ci au moyen d'un
formulaire établi par la CNESST, lequel doit faire mention des principales
tâches, du nombre maximal d'heures de travail par semaine et des périodes de
disponibilité de l'enfant. Cet enfant devrait aussi avoir en tout temps... être
sous la supervision d'une personne de 18 ans et plus.
De même, en vertu de l'article 3 du projet
de loi, l'interdiction pour un employeur de faire effectuer, par un enfant
assujetti à l'obligation de fréquentation scolaire, plus de 17 heures de
travail par semaine et plus de 10 heures du lundi au vendredi, sauf pendant les
périodes de plus de sept jours consécutifs au cours de laquelle aucun service
éducatif n'est offert à l'enfant, s'applique en tout temps.
La participation des enfants du coin... de
ce type de travail agricole est très largement répandue et fait consensus dans
le milieu agricole. Cette première expérience de travail crée un lien de
proximité avec l'agriculture qui génère des retombées positives pour tous. Il
s'agit d'un lien concret avec le travail nécessaire... la responsabilité
requise pour nourrir nos citoyens et citoyennes. Or, dans la forme actuelle, le
projet de loi n° 19 ne prend pas en considération cet élément essentiel de la
vie rurale. L'exemption proposée s'inscrit dans la lignée de celles qui sont
déjà prévues. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. M. le ministre, la parole est à vous.
• (16 h 50) •
M. Boulet : Merci, Mme la
Présidente. D'abord, merci, M. Caron, M. Ross, de votre présence et de votre
contribution à nos consultations particulières pour un projet de loi... Puis
j'apprécie beaucoup, Martin, que vous exprimiez votre adhésion avec les
objectifs, c'est-à-dire d'assurer la sécurité des jeunes tant au plan physique
que psychologique puis de permettre leur réussite éducative, hein? On le sait,
dans tous les secteurs d'activité, je pense que le parcours académique, c'est
ce qui va permettre au Québec de prospérer et d'avoir un avenir qui est
intéressant. D'ailleurs, Martin, je souligne que vous êtes de la Mauricie, vous
l'avez mentionné, de Louiseville, et il y a une soirée pour les gens des terres
et saveurs, je pense, demain, à Trois-Rivières.
M. Caron (Martin) : On
devrait se revoir là.
M. Boulet : Je serai présent,
mais vous allez être là, Martin?
M. Caron (Martin) : Oui.
M. Boulet : OK. Donc, on va
se revoir là, mais les consultations vont être finies à ce moment-là.
Des voix : ...
M. Boulet : Oui, oui. Vous
attendez beaucoup de monde, hein, je crois, quelques centaines, hein? Bien,
Martin, plus sérieusement, on est tous unanimes à reconnaître l'importance des
producteurs et du secteur agricole pour l'économie du Québec. Puis je
n'entrerai pas dans <la valeur du PIB...
M. Boulet :
...et du
secteur agricole pour l'économie du Québec. Puis je n'entrerai pas dans >la
valeur du PIB, mais les personnes qui sont dans ce secteur-là, souvent primaire...
Il est bénéfique pour le Québec, puis c'est ce qui contribue à assurer notre...
une alimentation qui est saine, puis, à bien des égards, c'est un secteur qui
comprend la réalité de la transition énergétique puis l'intégration des
nouvelles technologies.
Et j'adore aussi la franchise de votre
présentation, quand vous dites que l'entreprise familiale, c'est 94 %,
puis que, si vous tenez compte de la globalité, du nombre total des
travailleurs, travailleuses, c'est une moyenne de six. Donc, l'exception, telle
qu'elle est, elle couvre à peu près 94 % des entreprises agricoles. En
même temps, donc, vous comprenez que vous êtes protégés par cette exception-là,
par le 17 et le 10 heures. Vous êtes aussi d'accord, donc, durant l'année
où l'élève doit aller à l'école, on respecte, mais il peut travailler, pendant
l'été, la même affaire sans qu'il y ait les balises de 17 et 10 heures.
Je pense que votre élément central, là,
puis c'est peut-être ce qui va raccourcir nos discussions, c'est... Vous dites :
Ça devrait... l'aspect filiation devrait être élargi, mais surtout vous référez
aux voisins. Comment vous définiriez ça, les voisins? Puis j'aimerais ça,
Martin, vous permettre de donner des explications additionnelles, un, sur la
filiation puis, deux, le voisinage.
M. Caron (Martin) : Oui. Bien
souvent, les fermes, elles sont bien connues dans la communauté directement
puis dans nos côtés rurals, ça fait que des gens... Puis je voulais vous
adresser ce message-là plus à la fin, mais je vais le faire au tout début. Moi,
je suis producteur agricole chez nous, là, puis, depuis que je suis en place,
là, à chaque année, j'ai des jeunes en bas de 14 ans qui viennent s'offrir
chez nous, et les parents nous connaissent, il y a un lien, à chaque année.
Ça fait que c'est juste vous dire que,
quand on demande cette exemption-là, on ne la demande pas juste pour nous, les
producteurs, mais on la demande parce que ces jeunes-là, eux autres, ils
veulent contribuer puis ne pas faire beaucoup d'heures, faire juste quelques
heures puis avoir un petit salaire d'appoint. Ça fait que c'est quelque chose
qu'on voit, c'est que, bien souvent, ces gens-là, bien, voient la ferme. Ils
savent qu'on a des légumes à ramasser, des petits fruits, des petits travaux
qui sont là, d'entretien, puis que nous autres, on est là, puis, naturellement,
c'est un milieu de... professionnel, de travail, mais c'est un milieu aussi de
vie, côté familial. Ça fait que nous, on est beaucoup interpelés. Ça fait que
c'est ces gens-là du voisinage qui viennent s'offrir, puis c'est les parents
qui viennent, entre autres, puis qui sont en lien, là...
M. Boulet : Bien, vous
comprenez, Martin, puis je pense qu'on est sur la même longueur d'onde, on
réfère à la notion d'entreprise familiale parce qu'on croit à
l'entrepreneurship au sein des familles. C'est une entreprise qui constitue la
prolongation de la vie familiale, là, tu sais, puis on a une assurance quand
même élevée que les parents vont s'occuper des enfants.
Puis vous voyez qu'il y a un paragraphe à
la fin qui dit que ça prend aussi la supervision d'une personne de 18 ans
et plus, mais c'est sûr que, si on élargit, on s'éloigne de cet... de ce
contrôle-là un peu plus direct des parents, parce que ça, c'est un élément,
pour moi... pour le voisinage, là, je pense que c'est difficile à définir,
d'une part, puis pas facile à appliquer pour la CNESST, c'est qui qui est
voisin puis c'est qui... puis l'enfant du voisin, là, ça peut être bien des
choses.
Puis ce qui me préoccupe aussi, Martin,
c'est qu'on dit : La cueillette des petits fruits, là, les fraises, les
framboises, notamment, mais vous savez que c'est un travail qui est payé au
kilo. Tu sais, c'est... je ne sais pas si on appelle ça de la même manière, là,
mais tu es payé tant de cents par casseau. Ça fait que c'est sûr qu'il y a des
enfants qui sont là, qui sont présents, ou des... je dis «des enfants» ou «des
jeunes», là, vous avez vu que j'utilise les deux termes, là, mais de
11 ans, 12 ans, 13 ans, qui... il faut qu'ils... s'ils veulent
être payés, il faut qu'ils travaillent. Ça fait que c'est ces deux volets-là,
là, voisinage puis le risque aussi associé à ça, là.
M. Caron (Martin) : Bien, je
veux tous vous rassurer par rapport à ça. L'élément, M. le ministre, que vous
amenez, c'est d'être payé au rendement. Je fais juste vous dire... de payer au
rendement, ça ne fonctionne plus, là. Quand on veut avoir ces jeunes-là, il <faut
être beaucoup plus loin...
M. Caron (Martin)T :
...ces
jeunes-là, il >faut être beaucoup plus loin, entre autres, que ça. Ça
fait que ça, c'est un des éléments, entre autres, qu'on voit.
M. Boulet : Donc, on va
au-delà de la Loi sur les normes du travail? Est-ce que tout le monde...
M. Caron (Martin) : On va
au-delà parce que les gens, les producteurs et productrices qui veulent que ce
soit gagnant-gagnant pour les deux parties, les jeunes qui viennent et pour les
productrices, producteurs, bien, ils vont au-delà du rendement parce que, vous
comprenez, c'est le premier emploi. On ne peut pas exiger un rendement. Ils
commencent à travailler.
M. Boulet : En même temps,
Martin, oui.
M. Caron (Martin) : Ça fait
que ça, c'est un échange, en même temps, de part et d'autre, de ce côté-là.
Puis, M. le ministre, je veux revenir... le côté sécurité. Vous le savez,
d'ailleurs, que j'ai croisé Mme Oudar, qu'on a travaillé fortement avec la
CNESST. Ce n'est pas pour rien, là, quand on a mis le guide en 2021, là, parce
qu'on voulait s'assurer, ce guide-là, au niveau des enfants... puis ce
guide-là, je ne sais pas si vous avez eu la chance d'aller le voir, là, mais
les initiales de ça, là, c'est JETEM, J-E-T-E-M, puis chaque lettre correspond,
entre autres, à un élément assez essentiel. Le J, c'est le jugement, prendre un
jugement par rapport aux parents qui décident, et versus le producteur. Le E,
bien, c'est la question de l'enfant, évaluer l'enfant, parce que, peu importe,
par rapport à l'âge, est-ce qu'il est capable... est-ce qu'il est bien
conscient par rapport au travail qu'il a à faire? Le T, c'est les tâches, entre
autres, les tâches qu'il doit faire puis de quelle façon qu'on peut gérer ça.
Le E, c'est l'environnement, en voulant dire : Les travaux, où est-ce
qu'ils sont faits, c'est au niveau de l'environnement. Puis le M, bien, c'est
le matériel, c'est de s'assurer du matériel, c'est-à-dire des gants, des choses...
où l'équipement soit bien approprié aux jeunes. Je fais juste vous dire qu'on
est rendus à un autre niveau, puis, si vous allez voir ça, là, pour la
sécurité, là, je pense que, par rapport à d'autres secteurs, on est pas mal sur
la coche.
M. Boulet : Ah! puis je le
dis, puis vous...
M. Caron (Martin) : Je ne
suis peut-être pas le père, comme vous avez mentionné, parfait, tantôt, là,
mais, en sécurité, je m'en viens bien, M. le ministre.
M. Boulet : Vous êtes le
partenaire parfait, Martin.
M. Caron (Martin) : Bon,
merci.
M. Boulet : Bien, Martin,
oui, vous faites beaucoup d'activités de concertation avec la CNESST, puis ce
que vous appelez les Sécurijours, là, tu sais, vous faites beaucoup de
sensibilisation. Le «step» additionnel, ce serait de s'assurer que les
producteurs soient tous inscrits à la CNESST parce que, là, le pourcentage
n'est pas encore suffisamment élevé pour être indemnisé en cas de détresse, ou
d'accident, ou... Oui, allez-y, Martin.
M. Caron (Martin) : Bien, je
m'en allais rajouter deux éléments. On fait présentement des formations, des
webinaires. Moi, ça ne me dérange pas qu'on mette en place un webinaire par
rapport... au niveau des enfants, pour ceux... puis spécialisé, vraiment, par
rapport à cet élément-là, si vous engagez des jeunes de moins de 14 ans, qu'on
fasse un webinaire pour former... Puis je sais que M. Martel, au niveau de la
région Centre-du-Québec, entre autres, il voit les gens puis les jeunes qui
travaillent, mais il faut amener ça. Ça, c'est de un.
Et, de deux, là, les Sécurijours, parce
que je ne suis pas sûr que tout le monde sont bien au courant de ça. Sylvie... Mme
la Présidente, sûrement, est au courant de ça, mais les Sécurijours, c'est des
choses qu'on travaille à partir de sept ans, que les producteurs agricoles, sur
leur bras, vont directement dans les écoles pour informer sur la santé et la
sécurité des jeunes s'ils viennent qu'à aller sur les fermes ou s'ils voient
passer des tracteurs, des machineries, etc., là. Je vous dis, moi, mes gens
sont mobilisés parce qu'ils savent que ces gens-là, avec tout l'enjeu de la
pénurie... Bien, nous, santé et sécurité, c'est la base, puis, je vais vous le
dire, on en a trop vu, d'accidents, puis on veut que ça arrête, puis c'est pour
ça qu'on est impliqués fortement là-dedans.
• (17 heures) •
M. Boulet : Préoccupation
constante, c'est ce que vous avez mentionné, Martin, puis vous méritez d'être
louangés pour cette priorité-là. Tu sais, je reviens, là, puis je suis content,
vraiment content de réaliser que 94 % des producteurs agricoles
bénéficient de notre exception qui est déjà dans la loi, puis ceux qui sont
formés en société ou en compagnie, bien, c'est la même affaire, là, l'enfant du
propriétaire, ou de l'administrateur, ou du sociétaire puis l'enfant du
conjoint est aussi protégé.
Je veux juste rappeler... Tu sais, encore
une fois, là, c'est le voisinage qui me préoccupe tout le temps, comment le
définir puis comment le délimiter. Puis, Martin, vous avez raison que, pour
attirer des jeunes, tu paies plus qu'au kilo, qu'au rendement, mais c'est comme
le salaire minimum. Tu sais, il y en a beaucoup, avec la pénurie de
main-d'oeuvre, qui me disent : Jean, le 14,25 $, qui va aller à
15,25 $ le 1er mai, la plupart des employeurs vont au-delà de ça, mais
il y en a encore beaucoup... il y en a... Tu sais, quand on a... j'ai fait
notre analyse d'impact, pour passer de 14,25 $ à 15,25 $, on
réalisait qu'il y avait, quoi, 302 000 travailleurs au Québec qui étaient
au salaire minimum. Ça fait que...
17 h (version révisée)
M. Boulet : ...travailleurs au
Québec qui étaient au salaire minimum. Ça fait que présumons qu'il y a des
producteurs agricoles aussi qui paient au rendement encore, ça fait qu'il faut
se protéger de ça. Puis c'est un des objectifs, là, de la notion d'entreprise
familiale. Quand tu es parent, tu le sais, quand tu es parent, tu as un
impératif de t'occuper de la sécurité puis... de ton enfant ou de ton jeune,
puis de son parcours académique. C'est là, là, qu'il y a la zone grise.
M. Caron (Martin) : Il y a
peut-être deux éléments, M. le ministre puis Mmes, MM. les députés, puis je
vais commencer puis je vais laisser aller Charles. Juste vous mentionner
quelque chose, là. Quand on parle de ruralité, là, ça, nos jeunes qui viennent
travailler, là, bien souvent, là, quand c'est le matin, là, ils restent à dîner
avec nous autres, là. Ne voyez pas ça comme : on engage du monde,
salarial, puis... Tu sais, là, il y a un esprit famille, là. Puis chez nous, là,
puis je regarde tous les autres producteurs et productrices, c'est la même
affaire, pour nous autres, c'est familial. Les enfants qui viennent, là, c'est
comme si c'étaient nos enfants, là, tu sais, là, on ne voit pas ça comme de la
main-d'oeuvre puis... Tu sais, c'est vraiment autre chose, on est vraiment
ailleurs, là, du côté agricole puis du côté rural. Mais je vais laisser Charles,
en lien peut-être avec vos autres questions.
M. Ross (Charles-Félix) : En
fait, nous, on ne veut pas que vous définissiez, dans le projet de loi ou dans
la loi, le voisinage, là. En fait, ce qu'on vous demande, carrément, c'est...
vous avez sept exceptions, c'est d'en ajouter une de plus, qui est les enfants
qui travaillent sur les entreprises agricoles. C'est la seule chose qu'on vous
demande, avec les mêmes conditions qui sont exigées, là, aux autres... aux
autres exceptions, c'est-à-dire que ça prend l'autorité... ça prend une
acceptation du parent pour permettre à l'enfant de travailler sur l'entreprise
agricole, ça prend une description des tâches. Donc, tout ce qui est prévu dans
la loi, par rapport aux sept exceptions, ça s'appliquerait également au secteur
agricole. Donc, à partir de ce moment-là, il y a une... Oui, Martin,
effectivement, c'est une famille, pour les producteurs agricoles, les jeunes
qui viennent travailler sur la ferme, mais, en plus d'être une famille, c'est
encadré, c'est encadré par la loi. C'est votre loi, là, que vous proposez, là,
à l'Assemblée nationale.
M. Boulet : Mais,
Charles-Félix, ce serait donner un avantage ou un privilège au secteur agricole
que de dire : Le secteur agricole est exclu. Ce qui n'est pas à risque,
pour un jeune en bas de 14 ans, c'est une tâche, c'est une fonction. On ne
peut pas dire... Parce que ça a été demandé par la restauration, puis j'ai
donné la même explication, on ne peut pas dire : Tout ce secteur-là est
exclu. On sait que, dans le secteur de la restauration, il y a quand même
beaucoup... On a vu que le groupe précédent est protégé par une mutuelle de
prévention, mais c'est là qu'il y a le plus d'accidents de travail, puis dans
le commerce de détail. Ça fait qu'il faut vraiment... Et c'est là... Je pense
qu'on est presque au même endroit, là, avec le concept puis la philosophie
familiale, là, dont vous faites état.
Notre exception, on le discutera, là, en
commission parlementaire, comment ça peut être précisé, là, mais c'est beaucoup
plus une activité ou une fonction qui est un prolongement de la vie familiale
et qui a un risque faible. Ça fait que c'est sûr... En tout cas, moi, ce n'est
pas mon approche, là, puis... Et on ne peut pas exclure un secteur, parce que,
là, on vient diluer le principe qui veut qu'en bas de 14 ans... L'âge
minimal d'admission à l'emploi, c'est 14 ans. En bas de ça, il faut
vraiment que ce soit exceptionnel. Donc, c'est plus mon commentaire, là, mais
je pense que, sur le fond, on se comprend bien.
M. Caron (Martin) : Bien, M.
le ministre, tu sais, là, ça, vous dites : Bien, c'est un avantage, là.
Moi, je ne vois pas ça comme un avantage. Dans nos... Tu sais, là, combien
parmi vous, là, n'ont pas travaillé sur une ferme, quand ils étaient jeunes,
là, ou qui n'ont pas assisté, là? Puis on recule ça, là, puis là je vois faire
des balles de foin, comme M. Martel m'avait dit, tu sais, c'est culturel, c'est
comme ça, là. Ça fait que, moi, je ne le vois pas comme un avantage, je le vois
comme une reconnaissance.
Puis vous le savez tous, là, il y a des
temps, là, ça, cueillir fraises et framboises, on fait ça dans des heures bien
précises, là. Ce n'est pas toute la journée, là, c'est deux heures le matin,
puis il faut faire ça avant que le soleil soit là. Puis c'est des groupes de
jeunes qui arrivent, qui travaillent leurs deux heures, puis que ça se fait là,
là. Si on enlève ce droit-là, je vous le dis, là, on va fermer des entreprises,
là. Puis il y a eu des messages, au niveau de Radio-Canada, qui ont dit :
Écoutez, si je n'ai pas ça... Puis c'est des temps donnés, ça fait que...
M. Boulet : Non, mais,
Martin, je veux juste préciser, on est nez à nez, là, notre exception couvre,
protège 94 %...
La Présidente (Mme D'Amours) : Le
temps est terminé, je suis désolée.
M. Boulet : Ah! Merci. Merci
beaucoup à vous.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Donc, je donne la parole à la députée de <Bourassa-Sauvé...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...Merci. Donc, je donne la parole à la députée de >Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Bonjour, enchantée. Merci beaucoup pour votre exposé puis
pour la période d'échanges précédente, qu'on vient d'écouter, avec M. le
ministre. Là, je comprends qu'on est invités à l'activité de jeudi soir, c'est
bien ça?
M. Caron (Martin) : Oui,
absolument, tout le monde.
M. Boulet : ...
Mme Cadet : Exactement,
exactement. Moi, ça ve me faire plaisir, j'adore la Mauricie. Ensuite, merci
aussi, donc, de nous avoir exposé tout ce que vous faites en matière de
prévention, de santé et sécurité, de nous présenter un peu votre mutuelle de
prévention, là. J'ai pris un peu connaissance de votre guide JETEM, qui est
très bien fait, en passant.
Donc, au niveau, donc, de... évidemment,
donc, du recours à l'exception que vous demandez, bien, d'une part, je veux
juste faire un aparté là-dessus, je trouve ça intéressant que vous avez des données
extrêmement précises sur votre clientèle. Parce que je pense que, depuis deux
jours, donc, plusieurs personnes ont déploré l'absence de données probantes, et
ça a été très difficile d'en recevoir. Donc, ici, on en a une, donnée probante.
Donc, j'irais, dans ma première question,
aussi... d'aller chercher, donc, le terme du voisinage. Donc, j'entendais, avec
le ministre, que, bon, c'est... tu sais, peut-être que ça, c'est un peu
difficile à définir. Puis, bon, je comprends que vous demandez... plus large.
Mais donc, en commençant ici, donc, quel autre terme on pourrait utiliser? Si
ce n'est pas les enfants du voisinage, donc, comment est-ce qu'on pourrait...
tu sais, quel vocable pourrait décrire un peu plus votre réalité?
M. Caron (Martin) : Moi, je
vous dirais que je fais attention qu'on essaie de mettre une balise, parce
qu'on pourrait dire : Ah! bien, dans un rayon de tant de kilomètres. Mais,
en même temps, dans la vraie vie, là, quand les jeunes viennent pour un deux
heures, là, ils ne viennent pas de 50 kilomètres, là, tu sais, en voulant
dire... Parce que c'est les parents qui les ont amenés puis qui... Je veux
dire, déjà là, là, par rapport à les ouvrages qui sont faits ou le travail qui
est fait, tu sais, là, ça demande, déjà là, une proximité, là, tu sais? Je
regarde mon entreprise, je regarde mes producteurs maraîchers qui sont proches,
puis j'ai des producteurs de fraises, framboises, c'est des jeunes qui sont
proches, qui sont là. Le rayon n'est pas beaucoup élevé, là, parce que les
parents viennent les mener puis ils viennent les rechercher, dans bien des cas,
ou sinon, s'ils sont en vélo, à l'occasion, bien, c'est en vélo que ça se fait.
Mais ce n'est pas des grandes distances, là.
Mais j'aurais de la misère à dire, parce
qu'on n'en a pas... Comme vous mentionnez, on a ces données-là, mais, pour ces
données-là, tu sais, on n'a pas fait une étude par rapport à ça. Mais je pense
que, quand on regarde le secteur, puis l'aspect culturel, puis que des choses
ont déjà été faites, puis, en plus de ça, tous les éléments qu'on ramène, de
santé, sécurité, moi je suis pas mal sûr que... Les autres secteurs, moi, je ne
veux pas les juger, je les laisse aller, mais pour nous, de notre côté, on a
pris ça en charge puis on veut s'assurer que les choses se passent bien, là,
dans l'ensemble de nos entreprises agricoles, là. On maintient le cap.
D'ailleurs, il y a eu des modifications,
dernièrement, par rapport au niveau des entreprises, puis, ça aussi, on a
adapté pour mettre des plans d'action au niveau de la sécurité, soit des
entreprises 20 employés et moins; les 20 employés et plus, bien,
donner une notion d'avoir un responsable. On a embarqué là-dedans. Ça fait que
je pense qu'on est quand même bien cadrés. Puis je suis bien content d'entendre
que vous avez été voir le JETEM, là, parce que c'est vrai, je suis très fier,
il est super bien fait, entre autres, là, puis on en fait la promotion.
• (17 h 10) •
Mme Cadet : Merci.
M. Caron (Martin) : Je ne
sais pas, Charles, si tu avais d'autres éléments.
M. Ross (Charles-Félix) : Bien,
en fait, moi je pense que c'est une... tu l'as dit, c'est une réalité, là, les
enfants de la communauté, du voisinage sont souvent appelés à faire des travaux
sur les fermes, c'est culturel. C'est souvent une première initiation au
travail. On parle que le travail, c'est une valeur, si on veut, c'est une
valeur aussi, l'éducation, c'est une valeur pour l'organisation également. Mais
s'initier au travail, c'est une valeur aussi puis c'est une richesse, plus tard,
pour une société.
Nous, on part du principe qu'on est mieux
d'encadrer la pratique que de ne pas l'encadrer. Donc, il y a toujours un
travail ou des petits travaux à faire sur une ferme. Moi, mon enfant... Je ne
suis pas un producteur agricole, mais je les connais, ça fait 30 ans que
je travaille avec eux. Donc, tu as, oui, les enfants des producteurs, tu as les
amis des enfants des producteurs : Est-ce que tu viens, on a quelques
balles de foin à serrer, on a tels, tels travaux, mon père ou ma mère va te
donner... Donc, tu sais, les enfants, ils sont sur des fermes. Ce n'est pas des
usines, c'est des lieux de vie. Donc, c'est pour ça que nous, on part du
principe qu'on est mieux d'encadrer ça que de ne pas encadrer ça.
Mme Cadet : C'est ça, ce que
vous parliez, sinon, que la main-d'œuvre <d'appoint pour...
M. Ross (Charles-Félix) :
...encadrer ça.
Mme Cadet :
C'est
ça, ce que vous parliez, sinon, que la main-d'œuvre >d'appoint pour les producteurs,
gagne-pain pour les jeunes, endroit convivial et sécuritaire, donc une espèce
d'environnement plaisant, là, pour les jeunes. C'est plus dans...
M. Caron (Martin) : Oui,
absolument. Puis Charles-Félix n'a pas voulu l'avouer, mais moi, je vais vous
le dire, ses premiers emplois, Charles-Félix, ça a été sur des fermes agricoles,
et regardez, il est rendu directeur général de l'Union des producteurs
agricoles. Ça fait que ce n'est pas rien. On a réussi à l'influencer, hein? Tu
ne voulais pas le dire, hein, Charles? Il a compris. Et c'est vrai, ça, là.
Mme Cadet : Pas certaine
qu'il l'aurait dissimulé très longtemps. Puis, donc, le ministre parlait, là,
de l'aspect sectoriel, là, qui est un peu difficile, puis un peu plus une
approche par tâches. Puis je comprends, dans votre guide, aussi, là, que vous
faites une... vous avez une espèce d'approche par tâches, par tranches d'âge.
M. Caron (Martin) : Absolument.
Mme Cadet : Puis jusqu'à quel
point... Bon, ça, c'est un outil parmi tant d'autres, mais jusqu'à quel point cet
outil-là, donc, il est utilisé, là, parmi...
M. Caron (Martin) : Bien, il
faut... Bien, merci de la question, parce que ça m'amène à vous dire que nous,
au niveau de l'UPA, on a 12 fédérations régionales puis on a un
responsable de santé et sécurité, à chacune des fédérations de l'UPA, qui prend
en charge. Puis, quand je vous parlais des Sécurijours ou des formations qui
sont données en santé et sécurité, c'est ces gens-là qui sont répondants, et
ils sont en lien aussi avec nos centres d'emploi qui sont là. Ça fait qu'on a
déjà des ressources qui sont là et où est-ce qu'on a des assemblées, entre
autres, ou des rencontres par MRC et par région, et ce que... c'est
l'information qu'on diffuse, là.
Et avec la pandémie, bien, il faut le
mentionner, ça nous a amenés à revoir un peu... puis tout le côté webinaire. On
a vu que, présentement, le côté virtuel, webinaire, des fois, c'est beaucoup
plus facile pour nos gens de dire : OK, le soir, entre telle heure et
telle heure, je vais suivre une formation puis je vais être chez nous, là, je
n'ai pas de distance à faire. Ça fait que, ça aussi, on l'exploite de plus en
plus. Puis c'est pour ça aussi, vous avez remarqué, on a Prévention plus, là,
mais le plus, entre autres, c'est ça, là.
Mme Cadet : Ça fait que,
donc, il y a tout l'aspect formation, bon, pour le parent, pour l'employeur,
qui est définitivement, donc, un aspect extrêmement important. Puis il y a
plusieurs groupes, là, qui sont venus nous parler, donc, des endroits où soit,
donc... bien, en fait, où l'exception est prévue, là, pour... dans cadre des
entreprises familiales, donc, de valider que cette formation-là soit donnée
aussi, donc, aux parents. Mais à l'inverse, au niveau de la formation des
jeunes en tant que telle, des enfants, donc, comment est-ce que ça fonctionne,
dans le milieu, puis comment, ça, ça pourrait aussi être bonifié?
M. Caron (Martin) : De la
façon que ça fonctionne, c'est que, bien souvent... Parce qu'on a... la plupart
des entreprises agricoles, on a un petit plan d'action qui est là, en santé en
sécurité. Puis comme, moi, chez nous, quand il y a un nouvel employé qui
arrive, bien, il y a tout le temps formation. Ça fait que, les premiers temps,
là, ce n'est pas : OK, on s'en va travailler, là. La première affaire, là...
Puis on y va en présence, avec le jugement, tout le reste. Parce que je peux
avoir un jeune qui a 13 ans puis un autre qui est à 11 ans, mais qui
n'ont pas la même... tu sais, là, la même réalité ou la même maturité par
rapport à la connaissance. Ça fait que ça, il faut être capable... Et c'est ça
qui nous permet d'évaluer.
Mais, au tout début, il faut vraiment
s'arrêter et passer les cases, comme dans le JETEM, qu'on utilise, puis
s'assurer d'avoir les équipements appropriés, entre autres, pour faire les
travaux. Parce que, si vous donnez des gants trop grands à des gens qui ont des
petites mains, bien, ça met plus à risque que d'autre chose, etc. Ça fait qu'il
faut avoir cette notion-là. Puis c'est ça que... Nos conseillers en prévention
se promènent sur les fermes. D'ailleurs, il y a des... on fait un forum,
annuellement, mais il y a tous des ateliers qui sont faits sur des fermes, je
sais que M. le ministre est au courant de ça, avec la CNESST. Puis, pour nous,
le cadre, c'est... le guide JETEM, ça a été fait avec la CNESST pour s'assurer
que qu'est-ce qu'on présente, c'est dans les normes, pour ne pas présenter
quelque chose qu'on dirait : Aïe! Écoute, ça n'a pas de bon sens.
Ça fait que, ça, je vous dirais que c'est
bien cadré. Puis, comme le ministre... M. le ministre l'a dit, tu sais, je suis
peux-être la personne... le partenaire de choix, je ne me souviens plus le
terme...
Mme Cadet : Parfait.
M. Caron (Martin) : ...parfait.
Peut-être pas le père parfait, mais le partenaire parfait.
Mme Cadet : Il s'efforce
de... Dans votre guide, tu sais, vous... vous identifiez les tâches par groupes
d'âge, mais vous mentionnez aussi de la responsabilité de s'assurer que
l'enfant ait la capacité physique, la maturité nécessaire à la réalisation des
tâches particulières. Donc, cet élément-là, il est pris en compte. Puis, encore
au niveau de la formation, donc, vous avez dit, donc, ici, vous n'avez pas de
problème à ce que... Donc, dans ce que vous demandez, vous... vous... vous
voyez d'un bon oeil, donc, le formulaire de consentement, là, que ça continue à
s'appliquer?
M. Caron (Martin) : Absolument.
Mme Cadet : Il y a certains <groupes
qui...
Mme Cadet :
...
formulaire de consentement, là, que ça continue à s'appliquer?
M. Caron (Martin) :
Absolument.
Mme Cadet :
Il y a
certains >groupes qui souhaiteraient que la formation... en fait, là, qu'on
puisse valider que la formation est bel et bien dispensée puis que ça fasse
aussi partie du formulaire de consentement, l'autorité parentale. Donc, dans le
cadre de votre réalité, est-ce que c'est quelque chose que vous voyez...
M. Caron (Martin) : Oui, ça,
je pense qu'il y a des possibilités. Puis, comme je l'ai mentionné, le côté
webinaire virtuel nous permet de joindre très rapidement des jeunes. Ça fait
qu'on peut faire quelque chose rapidement en lien, entre autres, avec la
signature. Parce que, comme on l'a dit, on est d'accord avec la chose, il faut
qu'il y ait un consentement parental puis que ce soit bien identifié puis bien
entendu, là, entre autres. Ça, on est d'accord avec ça. Puis, s'il y a un volet
de formation, bien, je pense qu'on peut s'organiser pour l'inclure là-dedans,
c'est... aucun problème.
Mme Cadet : Pour la formation
des jeunes, des jeunes travailleurs eux-mêmes, là...
M. Caron (Martin) : Absolument,
absolument.
Mme Cadet : ...avec un
certain nombre d'heures, donc quelque chose qui soit adapté, qui soit conforme,
et s'assurer que tout le monde ait les bons...
M. Caron (Martin) : Et
d'ailleurs c'est notre responsabilité, ça. En tant que producteur agricole ou
entrepreneur agricole, j'ai cette responsabilité-là, quand quelqu'un arrive sur
ma ferme, c'est moi qui est responsable, et donc je dois donner un cadre, là,
au niveau de la sécurité et de la formation et, entre autres, au niveau des
jeunes. C'est pour ça que je disais qu'on prendrait un petit peu... on prend le
temps, là, quand les jeunes arrivent sur la ferme, pour faire le tour d'horizon,
là, et de voir les risques, et de s'assurer qu'il y a des consignes. Parce que
ça, c'est un autre aspect, quand on donne des consignes, c'est de s'assurer que
les consignes sont bien... ont bien été comprises et entendues. Et il y a tout
le temps des petits moyens qu'on fait pour s'assurer de ça, là.
Mme Cadet : Puis...
La Présidente (Mme D'Amours) : 40 secondes,
Mme la députée.
Mme Cadet : En 40 secondes.
Je pense qu'on a souvent nommé, donc, le principe de la continuité de la vie
familiale. Un autre principe, pour moi, que je trouve bien important, c'est que
les enfants ne soient pas la solution à la pénurie de main-d'oeuvre puis que la
main-d'œuvre qu'on choisit, lorsqu'elle est plus jeune, soit, donc, dans les
milieux naturels qui correspondent à ça. Est-ce que vous êtes... très
rapidement, tu sais, nous indiquer...
M. Ross (Charles-Félix) : Moi,
je ne pense pas que, les enfants, ça doit combler la pénurie de main-d'oeuvre.
Moi, je pense, c'est plutôt, là, de les...
Mme Cadet : Puis que ce n'est
pas du tout... ce n'est pas l'objectif, aussi.
M. Ross (Charles-Félix) : Dans
le fond, il y a des gens qui sont attirés par le travail, des jeunes, puis il
faut valoriser ça, puis il faut surtout encadrer.
M. Caron (Martin) : C'est ça,
un travail d'appoint, comme on a mentionné tantôt.
Mme Cadet : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup pour ce bloc d'échange. Maintenant, le prochain... je cède la parole
au député d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Vous vous en doutez, dans
Hochelaga-Maisonneuve, il n'y a pas beaucoup de foires agricoles. Cependant,
bien que je sois un citadin jusqu'au bout des ongles, je viens d'une tradition
agricole, mon père a grandi sur une ferme, mon grand-père était un fermier, un
éleveur, dans le coin de Saint-Anicet, dans le Suroît. La ferme familiale est
toujours opérée par mon cousin, Martin, que je salue d'ailleurs. Ça fait que,
bref, ça m'a toujours fasciné, ce milieu agricole.
• (17 h 20) •
Puis je comprends votre réalité. Puis
c'est vrai que, pour mes cousins, entre autres, ils ont travaillé, sur la ferme
très, très jeunes puis ils allaient travailler aussi chez les voisins. Ça fait
que je comprends cette réalité-là. J'avoue que je ne sais pas si, à 12, 13 ans,
ils y allaient, j'ai peut-être un souvenir un peu plus adolescent, 15, 16. Là,
après ça, la ligne est où exactement, là, c'est le débat qu'on a, en fait, ici.
C'est la question que je vous pose.
Puis vous étiez là tantôt, je pense, quand
je la posais aussi à vos prédécesseurs de l'association des restaurants : Comme
législateurs, si vous vous mettez à notre place, où là on a un objectif d'avoir
un âge minimal d'entrer au travail... Parce qu'il n'y en avait pas vraiment,
avant. Puis là on ne voulait pas être à la traîne, à la fois, des autres
législations canadiennes et des objectifs plus globaux, là, des normes
internationales, alors, on fixe à 14 ans. Puis là c'est difficile parce
qu'il y a plusieurs groupes qui viennent nous voir ici puis qui nous disent
que, dans leur secteur, ça se passe bien puis que ça va causer toutes sortes de
problèmes. Puis je les crois, puis je vous crois aujourd'hui.
Mais comment on fait, nous, comme
législateurs, si presque tous les groupes viennent nous dire la même chose,
pour garder de la substance alentour de cet âge minimal là de 14 ans,
qu'on va perdre si on commence à reconnaître des exceptions pour plein de
secteurs qui embauchent des jeunes? Est-ce que vous comprenez un peu le dilemme
avec lequel on jongle ici?
M. Caron (Martin) : Oui,
mais, en même temps, je mentionnais tantôt tout l'aspect de la reconnaissance, mais
c'est sûr que, si on demande une exception, vous l'avez déjà donnée à des
groupes, que vous dites... Comme, un camelot, déjà, c'est reconnu, ça, puis, je
veux dire, un camelot, ça se promène, il y a des risques aussi, là. Nous, dans
notre secteur agricole, on a la chance... L'UPA, on représente l'ensemble des
producteurs puis toute la communauté, et, quand je vous parle de la formation,
c'est parce qu'on a identifié puis on est capables, on a un lien de
communication, directement, avec nos producteurs. Je ne suis pas sûr que les
autres secteurs ont cette chose-là.
Ça fait que c'est pour ça que disais au
ministre : Dans l'ensemble, on est capables de sécuriser, puis on est
capables d'amener des choses. On a des données aussi par rapport à ça. Ça fait
que de remettre à un autre âge, Charles, tu sais, de dire : Bien, il
faudrait que ça <commence...
M. Caron (Martin) :
...
que de remettre à un autre âge, Charles, tu sais, de dire : Bien, il
faudrait que ça >commence à 11 ans, aller 14 ans puis notre
exception... Je ne sais pas si vous voulez aller jusque là, mais moi, je fais
juste vous dire, tu sais, là, c'est... Autant qu'on le voit que, nous autres,
les jeunes viennent nous voir parce qu'ils savent que ce n'est pas un travail
de 30 heures, là, c'est des petits travaux comme ça, puis ils ont
l'impression de s'impliquer.
Puis il faut réaliser quelque chose,
s'impliquer, on a parlé de marchés de proximité, j'ai beaucoup de producteurs
qui ont des paniers bio, même dans d'autres zones, côté Montréal, tout ça, puis
je les vois, les jeunes qui travaillent là, là, puis qui veulent, là,
contribuer au projet de société puis d'avoir un marché de proximité. Ça fait
que moi, je me dis, tu sais, la balise, en tant que secteur, on est capables de
prouver, puis on l'a déjà prouvé, que, côté santé et sécurité, on est là puis
on y va davantagement.
Ça fait que j'essaie... je ne sais pas,
Charles, j'essaie de trouver d'autres... d'autres aspects, mais... Puis ça, je
l'ai mentionné tantôt, ce n'est pas un avantage, je pense, c'est une
reconnaissance. Puis le côté de ruralité, là, c'est un élément assez important
aussi, là.
M. Ross (Charles-Félix) : Oui,
bien, en fait, moi, je répète, une ferme, c'est un lieu de vie, puis il y a
les... Les enfants des producteurs sont sur les fermes, là. La loi permet l'exception.
Mais il y a les enfants du voisinage, les enfants de la communauté, du village,
qui peuvent se retrouver sur la ferme, à faire des travaux. Puis, dans tous les
cas, on est mieux de l'encadrer. C'est pour ça qu'on demande l'exception, mais
à certaines conditions. Vous avez proposé la formation, tantôt. On parle des
fois des gardiennes ou les gardiens avertis, là, qui suivent une petite
formation pour garder les enfants des autres...
La Présidente
(Mme D'Amours) : Merci.
M. Ross (Charles-Félix) : Oui?
Ah!
La Présidente
(Mme D'Amours) : Merci beaucoup.C'est terminé. Je suis
désolée. Je vous remercie pour votre contribution aux travaux de la commission.
Je suspends des travaux quelques instants
afin de permettre aux prochains invités de prendre place. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 23)
(Reprise à 17 h 30)
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
souhaite maintenant la bienvenue à la Coalition interjeunes. Je vous rappelle
que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous...
procéderons, dis-je bien, à la période d'échange avec les membres de la
commission. Je vous invite donc à vous présenter et à commencer votre exposé.
Mme Robillard (Jennifer) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, mon nom est Jennifer Robillard, je suis la
directrice générale de la Coalition interjeunes. Et j'ai la chance d'être
accompagnée de Mme Paule Dalphond, qui est notre vice-présidente et également
la directrice générale du Regroupement des Auberges du cœur du Québec.
Donc, la Coalition interjeunes est très
heureuse d'être invitée parmi vous, aujourd'hui, à témoigner devant cette
commission parlementaire. La coalition, c'est sept regroupements, maintenant,
donc on a un nouveau membre avec nous, qui représentent plus de 400 organismes
à travers le Québec et qui rejoignent, à eux, là, plus de 300 000 jeunes
dans leurs différentes activités, les différents services qui sont offerts.
Donc, ce qu'on vient...
17 h 30 (version révisée)
Mme Robillard (Jennifer) : ...eux,
là, plus de 300 000 jeunes dans leurs différentes activités, les
différents services qui sont offerts.
Donc, ce qu'on vient vous livrer aujourd'hui,
c'est le fruit d'une réflexion qu'on a eue au sein des regroupements, que les
regroupements ont eue avec leurs organismes membres et par le biais d'un
sondage, là. Dans le cadre de la commission, là, on a sondé également les
intervenants, intervenantes et les jeunes, rapidement, là, pour voir un peu, là,
comment ils se sentent suite au projet... à l'adoption, là, dans le fond, du
projet de loi, avant les consultations. Donc, ce qu'on vous livre au sein du
mémoire, et ce qu'on va vous témoigner aujourd'hui, c'est un peu le ramassis,
disons-le comme ça. Le consensus, à 410 organismes, est parfois difficile,
mais, dans le cadre de ce projet de loi, le consensus était quand même
majoritairement en faveur du projet de loi n° 19, donc dans l'ensemble des
éléments qui sont présentés. Puis je vais détailler un peu à la fin, là, les
recommandations qu'on a, les points de vigilance, disons-le comme ça, là, au
niveau des différents éléments.
Donc, on tient à souligner, d'abord et d'entrée
de jeu, là, le projet de loi dans son ensemble. On voit, là, que c'est un
projet de loi, là, qui vise à favoriser la persévérance et la réussite scolaire
chez nos jeunes et de même qu'à assurer leur bien-être puis leur santé et sécurité.
On le sait, que le travail, c'est un aspect valorisant pour les jeunes, c'est
un lieu de formation, mais également on doit pouvoir les encadrer.
Quand on leur parle, des fois, les jeunes
ne voient pas nécessairement le bienfait d'être obligés de ne pas travailler,
mais, quand on discute avec eux, les anecdotes qui deviennent des exceptions,
qui deviennent la norme dans certains cas, en discutant avec eux, là, on voit,
là, les besoins, là, de réglementation à ce niveau-là. Donc, on salue le projet
de loi.
On a eu, depuis la pandémie,
différentes... différentes interventions qui ont été faites, là, au sein des
organismes, les jeunes se livrent avec nos intervenants, sont au quotidien avec
eux. Donc, les jeunes mentionnaient les bienfaits du travail, mais mentionnaient
travailler de plus en plus, être avec... avec des employeurs qui ont une
pénurie de main-d'oeuvre, on l'a entendu avant nous, donc les jeunes sont
amenés à : Bien, est-ce que tu peux faire quelques heures de plus? Est-ce
que tu peux me dépanner? Est-ce que tu peux prendre telle responsabilité? Donc,
le fardeau des jeunes venait tranquillement, là, se mettre sur leurs épaules.
Donc, l'opinion des jeunes qu'on a consultés
va dans un peu tous les sens, mais, de façon générale, on constate que
plusieurs n'étaient pas au courant de ce qui s'en venait. Ça va faire partie de
nos recommandations, de voir de quelle façon on peut mieux les informer et qu'ils
comprennent mieux ce qui se passe derrière le processus, là, d'arriver à un
projet de loi. Et on voit également, là, que pour... c'est ça, ça constitue,
là, pour les jeunes un fardeau davantage.
Donc, si on y va article par article, au
niveau de l'interdiction pour les moins de 14 ans, les membres se sont
majoritairement présentés, là... au-delà de 90 %, là, des gens qui ont
répondu à notre sondage, dans nos organismes, disaient qu'ils étaient en faveur
de l'interdiction pour les moins de 14 ans. C'est une période importante
de développement chez les enfants, et on voit que leur activité principale
devrait être d'être à l'école et ensuite le loisir, la vie parascolaire, être
avec leur famille, leurs amis, et non pas d'avoir comme deuxième activité, là,
d'aller travailler. Certains intervenants nous ont mentionné qu'il y avait une
perte de motivation quand ils voyaient les jeunes travailler plusieurs heures
et de plus en plus tôt.
On se rappelle que les organismes de la
Coalition interjeunes, là, vont de 12 à 30 ans, là, grosso modo dans les
âges qu'on définit comme jeunes. Donc, il y en a qui sont présentement avec des
jeunes de moins de 16 ans, mais il y en a également qui ont eu des
parcours de vie. Puis, quand on parle des jeunes de 25, 30 ans, ils ont
aussi le témoignage de l'impact que ça a eu au cours de leur vie de
tranquillement aller vers le travail. C'est une période qui... d'énormes
changements puis de transformations importantes, qui doit être accompagnée dans
un environnement qui veille à l'intérêt premier des enfants. Donc, la notion
parentale, au sein du projet de loi, est souhaitée.
Donc, aussi, au niveau des jeunes, là, je
ne veux pas vous lire tel quel le mémoire puisque vous l'avez sous les mains,
là, mais au niveau des jeunes de moins de 14 ans qui nous ont mentionné qu'ils
étaient déçus face au projet de loi, parce que, tu sais, on a tout le temps le
pendant intervenant et jeune, donc les jeunes qui nous mentionnaient être déçus
parce qu'ils sont déjà à l'emploi avant même d'avoir 14 ans, ils nous
mentionnaient qu'ils aimeraient à tout le moins pouvoir travailler durant la
période d'été. Donc, c'était un souhait, là, qui était... qui était mentionné
qu'on tenait à vous rapporter.
Mais ce qui est important pour nous, c'est
le sentiment, là, qui doit être... qui doit ressortir au niveau de... c'est
bien, le premier emploi, valorisation, et d'avoir, c'est ça, cette première
expérience de travail, mais, à tout le moins, on doit pouvoir rester un enfant
avant 14 ans et profiter de travailler au niveau de son développement
physique, émotionnel et cognitif, social, et, bon, bref, donc, c'est, je
dirais, le grand résumé de cet article-là.
Au niveau de la modification des
limitations à 17 heures par semaine, encore de façon majoritaire, les
membres de la coalition sont en faveur de cette modification pour limiter à 17 heures
par semaine et à 10 heures dans les... du lundi au vendredi. Ça nous
semble raisonnable afin de concilier la réussite éducative et la première
expérience de travail. On est également en faveur, là, des périodes, là, de...
qui concernent les sept jours consécutifs sans période scolaire, donc qu'il y
ait cette nuance-là qui soit faite.
Les témoignages qui nous ont été
rapportés, là, des jeunes qui voient leurs résultats scolaires <affectés...
Mme Robillard (Jennifer) :
Les
témoignages qui nous ont été rapportés, là, des jeunes qui voient leurs
résultats scolaires >affectés, il y avait l'Institut de la statistique
du Québec qui sortait notamment des données à cet effet-là, là, dépassé le
nombre de 14 heures par semaine, là, ils voyaient un effet. Nous, on le
voit, les intervenants le voient, se le font dire, des jeunes qui abandonnent
graduellement leurs études pour aller travailler.
Également, tu sais, quand on parle des
fois d'anecdotes, vous parliez de... d'aller dans un... au niveau législatif,
dans un plus grand consensus, mais c'est certain que, dans le cas des
organismes avec lesquels on travaille, bien, l'exception est souvent la norme,
donc on entend fréquemment les mêmes histoires qui se répètent. Et de laisser
graduellement, c'est plus valorisant, on a besoin de payer, donc, nos... le
coût de la vie augmente, tu sais, on délaisse tranquillement pas vite le
système scolaire, puis c'est quelque chose qui s'installe jeune. Bien, rendu à
17, 18 ans, on délaisse complètement le milieu scolaire, et ça a une
répercussion sur la suite de notre vie. Donc, nous croyons qu'une limitation du
nombre d'heures permet de prendre en compte les besoins des jeunes, comme la
socialisation, je l'ai dit tout à l'heure, les activités parascolaires, le
repos, diminuer l'anxiété également.
On salue également la modification qui
vient encadrer l'employeur plutôt que de mettre le fardeau sur les jeunes.
Donc, il y a eu plusieurs témoignages de jeunes, d'intervenants qui nous ont
dit que les jeunes n'osent pas nécessairement imposer leurs limites ou qu'ils
ne la connaissent tout simplement pas. Donc, on vient... on vient mettre une
pression sur l'employeur, encadrer le tout avec une vigilance et des normes.
Les jeunes ne devraient pas avoir à
négocier leurs conditions de travail. À 14, 15 ans, on n'a pas
nécessairement... on en a toujours, des jeunes qui sont... qui sont très
matures, mais on en a aussi qui ont ce fardeau-là puis qui ont de l'anxiété qui
vient, donc, quand ils doivent eux-mêmes négocier leurs conditions de travail.
Encadrer l'entreprise puis mettre les balises claires plutôt que de reposer sur
le jugement des jeunes, ça nous permet d'éviter des abus puis de miser sur la
réussite éducative, notamment en mettant l'emphase sur la réussite éducative.
Rapidement, le temps file, nos
recommandations, on voulait mettre l'accent sur des points de vigilance, comme
je vous ai dit d'entrée de jeu, assurer un filet social fort en lien avec la
loi. Pour nous, dans le fond, les recommandations qu'on vous émet dans le
mémoire, c'est des éléments qu'on ne peut pas prendre le projet de loi dans...
seulement en le regardant en lui-même, il doit vraiment avoir une collaboration
interministère puis interprojet pour mettre la santé, la sécurité puis le
développement des jeunes en avant-plan.
Donc, on le sait, le contexte
socioéconomique actuel est vraiment très difficile, les jeunes, leurs familles
ont de la difficulté à arriver. On a eu beaucoup de jeunes qui nous ont
mentionné le besoin de travailler pour subvenir à leurs besoins. Donc, ce n'est
pas juste des besoins de luxe puis s'acheter le nouveau iPhone, c'est vraiment
être capable de penser à son permis de conduire. Si on... on ose espérer aller
à des études supérieures, il faut le penser d'avance. Mais pour certains, bien,
les parents n'ont tout simplement pas le... la possibilité d'acheter la passe
d'autobus, d'avoir... d'avoir les vêtements, ton manteau pour l'hiver. Donc, il
y a une pression économique qui est là, mais on croit que les jeunes, ils n'ont
pas à porter le fardeau économique de la famille, ils doivent être des jeunes,
puis c'est important pour nous de collaborer avec les autres ministères pour
garantir un filet social qui est fort puis de ne pas faire reposer le besoin
économique, là, sur... d'être obligé d'aller au travail pour supporter la
famille. À ce niveau-là, je laisserais Paule vous donner un exemple.
• (17 h 40) •
Mme Dalphond (Paule) : Bien,
on... on sort de la grande consultation jeunesse, hein, et les jeunes l'ont
démontré clairement, le coût de la vie a un impact énorme, présentement, sur
les jeunes, donc ça repose beaucoup sur eux aussi, tout le revenu familial, ce
qu'ils ont besoin, un peu, d'à-côtés, bien, ça fait partie de leur
contribution. Il faut faire attention à ça.
On félicite qu'on les sorte, puis qu'on
les protège, puis qu'on dise : Bien, jusqu'à 14 ans, tu ne vas pas
travailler, mais ça reste qu'il y a des familles qui sont en très grande
précarité. Ça fait qu'on voudrait s'assurer qu'avec différents ministères il y
ait un filet social qui se crée pour, justement, accompagner ces jeunes-là qui
peuvent être en grande difficulté. Puis il y a des jeunes qui, pour eux, le
milieu du travail est une porte de sortie du milieu familial qui est peut-être
aussi un milieu de victimes... de violence, et toutes ces choses-là. Ça fait
qu'il faut juste faire attention que le projet de loi ne soit pas tout seul,
mais qu'on soit accompagné de différents ministères.
Puis vous allez le voir dans nos
différentes recommandations, on fait souvent une réflexion avec un autre
ministère parce que, pour nous, ça a toujours des liens directs. Donc, pour
nous, le filet social est très important pour ces jeunes, les jeunes avec qui
on travaille et Interjeunes, ce sont la majorité des jeunes vulnérables, des
jeunes en grande difficulté, ça fait qu'il ne faut surtout pas les oublier
aussi parce qu'ils sont aussi partie prenante, là, de la société.
Mme Robillard (Jennifer) : Merci.
Donc...
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant, il reste huit secondes.
Mme Robillard (Jennifer) : Oui.
Ah, bon, mon Dieu, vous avez les autres programmes de formation, donc le lien
avec le ministère de l'Éducation, les exceptions qui sont importantes pour nous
également.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Maintenant, nous allons passer à la période d'échange. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Boulet : Oui, merci, Mme
la Présidente. D'abord, saluer votre présence, je sais que vous avez fait des
déplacements de Repentigny et de Berthierville. Félicitations. Je sais que vous
teniez à être présentes. Et c'est toujours bénéfique d'être là en personne.
Puis j'apprécie beaucoup la qualité de
votre mémoire puis la façon dont vous présentez votre propre consensus, là,
parce que vous <chapeautez...
M. Boulet :
...de
votre mémoire puis la façon dont vous présentez votre propre consensus, là,
parce que vous >chapeautez au-delà de 400 organismes, et vous les
avez sondés, puis au-delà de 90 %, par exemple, adhèrent à la règle du
14 ans, puis vous avez les bons motifs, le développement socioaffectif, la
maturité. Puis avant 14 ans, on a besoin d'aller à l'école, mais on a
aussi besoin de jouer, de s'amuser, de faire du théâtre, de faire du sport. Il
y a plein d'activités.
En même temps, il y a des exceptions qui
doivent être limitées, qui doivent s'interpréter restrictivement, qui ne sont
pas nuisibles au jeune, qui n'affectent pas son parcours académique parce qu'il
y a la balise du nombre d'heures, puis ça aussi, j'apprécie votre appui. En
tout cas, votre sondage permet de confirmer que c'est raisonnable pour le
14 ans, ce l'est pour le 17 heures et ce l'est aussi pour le
10 heures du lundi au vendredi. Évidemment, vous savez que ça ne tient pas
compte des périodes de relâche, de congés, puis les vacances estivales.
Puis je ne suis pas... je comprends la
précarité financière de certaines familles. Puis je reprends l'expression que
Simon, de Force Jeunesse utilisait, il trouvait que notre projet de loi,
c'était comme le dernier... ça venait compléter le «bouclier législatif», c'est
l'expression qu'il a utilisée, pour protéger nos jeunes au Québec, qui sont
notre richesse, là, on le redit souvent. Puis le revenu familial, je sais, puis
c'est pour ça qu'il n'y a pas... tu sais, jusqu'à l'âge où on est obligé
d'aller à l'école, il peut quand même travailler, mais il faut que ce soit
limité. Parce que la meilleure façon de sortir de la précarité, ça demeure
encore pour le jeune d'aller à l'école, puis d'apprendre, puis de se développer
de façon globale, tant au plan moral que physique, puis que vous l'ayez
souligné, je trouve ça extrêmement important.
Je voyais aussi qu'une de vos
recommandations, vous étiez favorable aux amendes, j'aimerais ça vous... Tu
sais, les amendes, c'est sûr qu'il faut que ce soient des montants cohérents
avec les autres lois du Québec, puis il y a des avocats du ministère de la
Justice qui s'en assurent. Est-ce que c'est trop sévère ou c'est juste correct?
Tu sais, parce que le montant des amendes, c'est le même montant que quand on
viole les articles concernant le placement puis le recrutement des travailleurs
étrangers temporaires qui sont une clientèle vulnérable. Donc, pour nous,
c'était approprié de s'assurer que ce soient les amendes les plus élevées
possible. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, Paule? Oui?
Mme Dalphond (Paule) : Totalement.
Totalement. Je pense que, de toute façon, il faut que ça ait un sens. Quand
c'est des petites amendes, c'est une tape sur l'épaule. Souvent, l'amende coûte
moins cher, puis continuer, ça fait la différence. Moi, je pense que ça doit
avoir un impact significatif et que ça fasse réfléchir.
M. Boulet : Oui.
Mme Robillard (Jennifer) : Tout
à fait. Puis j'ajouterais, M. le ministre, si vous me permettez, ça fait partie
des points de vigilance que les membres sondés nous ont mentionnés, parce que
c'est important. C'est toujours dans l'application, finalement, du projet de
loi, puis de s'assurer que nos gens... On l'a mentionné d'entrée de jeu, là, il
y en a qui ne sont pas à l'aise de pouvoir négocier leurs conditions de
travail. Les jeunes nous ont dit ne pas nécessairement les connaître, leurs
droits et leurs responsabilités en matière de travail. Donc, on doit pouvoir
avoir des mesures coercitives, en bout de ligne, là, qui viennent garantir que
nos jeunes ne seront pas pris dans un engrenage de travail non déclaré, avec
toutes les contraintes qui viennent autour, puis le danger, là, de... qui sont
liés à tout ça. Donc, avec une amende significative, bien, des fois, c'est une
deuxième protection pour garantir l'application de la loi, là.
Mme Dalphond (Paule) : Exact.
M. Boulet : Oui. Puis en cas
de récidive, là, ça va jusqu'à 12 000 $. C'est quand même passablement
dissuasif.
Vous dites aussi, bon, on prévoit une aide
financière potentielle de la CNESST pour... puis la CNESST a dit que ça allait
pouvoir bénéficier à des organismes communautaires, à des organismes qui ont
une vocation sociale, et on fait référence à Au bas de l'échelle et à
d'autres. Est-ce que... Si on vous demandait d'identifier un outil additionnel
à mettre dans le coffre permettant aux jeunes d'être mieux sensibilisés puis
informés... Oui, OK, bien, je vous laisse aller.
Mme Dalphond (Paule) : J'ai
envie de vous faire une pub Auberges du coeur, là, si vous ne connaissez pas
l'application mobile OPA, Outils pour l'autonomie, présentement, on est dans
une phase 2.0, il est <financé...
Mme Dalphond (Paule) :
...pas
l'application mobile OPA, Outils pour l'autonomie, présentement, on est dans
une phase 2.0, il est >financé par le ministère de la Santé et
Services sociaux, on travaille de pair avec eux pour ajouter des volets à
l'application mobile et on a un volet qui s'appelle Employabilité. Et je pense
que ça pourrait être tout à fait approprié que les jeunes aient accès à quelque
chose directement, soit que ce soit un lien vers la CSST ou qu'on ait quelque
chose sur l'application mobile là-dessus.
Parce que je pense que le noeud de la
guerre, c'est que les jeunes connaissent peu ou pas leurs droits. Puis on le
réalise, nous, vraiment, dans les Auberges du cœur, on a plusieurs jeunes, là,
qui sont en milieu de travail, ils ne connaissent peu et pas leurs droits. Je
pense que c'est une très grande lacune. Ça devrait même, j'irais plus loin, là,
je pense qu'au niveau scolaire, autant qu'au niveau... les organismes
communautaires ou Au bas de l'échelle, peu importe, là, mais qu'il y ait
vraiment une concertation totale du milieu pour faire connaître les lois du
travail aux jeunes.
M. Boulet : C'est tellement
un point important, parce que quand on parle d'information, ce n'est pas que de
l'information, les jeunes ont besoin d'être sensibilisés puis ils ont besoin
d'être formés. Mais je réalise qu'il y a beaucoup d'organismes qui ont la même
mission, qui sont préoccupés, puis on le réalise durant les consultations
particulières, mais ça prend un forum de concertation. Puis accrochez-vous à la
CNESST, qui va gérer et appliquer le programme d'aide financière, puis je pense
que ça devrait être le forum commun où tout le monde dit... Puis faites-le, là,
Jennifer puis Paule, parlez avec la CNESST, dites ce que vous êtes en mesure de
faire, présentez-vous, parce que vous êtes une superbelle coalition. Il y a
énormément d'organismes qui peuvent être des tentacules jeunesse, puis vous
seriez informées aussi de la Stratégie Jeunesse de la CNESST, le programme
Kinga, puis tout ce qui se fait par le biais du canal de la CNESST.
Je veux vous entendre aussi... vous
recommandez de prendre des mesures pour éviter les abus liés aux exceptions.
Mais j'aimerais ça vous entendre sur le concept d'abus, avez-vous eu des cas
d'abus ou des exemples d'abus puis des modèles de choses qu'on devrait faire
pour éviter ça? Parce qu'il y en a quelques-uns, des groupes, qui ont dit qu'il
y avait des abus à l'égard des jeunes. Avez-vous des cas ou des exemples qui
vous sont rapportés? Jennifer, vous me dites oui.
Mme Robillard (Jennifer) : Oui,
tout à fait.
Mme Dalphond (Paule) : Oui,
bien, je pense que le gardiennage, pour moi, là, c'est à peu près le plus gros...
même si, bon, on a à peu près tous gardé des enfants, je pense que c'est là où
il risque d'y avoir un glissement au niveau du gardiennage. Il n'y a pas
vraiment de législation là-dessus. Il n'y a pas un nombre d'heures maximum. Il
n'y a pas un taux horaire. Il n'y a pas un... ce que selon la personne désire
payer ou faire entendre. Et souvent, ça, c'est... les jeunes vont nous
rapporter : Moi, je gardais des enfants, puis j'avais l'impression qu'il
fallait que je fasse le ménage, il fallait que je fasse à manger, il fallait...
Tu ne faisais plus du gardiennage, tu étais rendue une bonne, ce n'est pas
compliqué. Mais il y a tellement peu de législation là-dessus que je pense que
ça, c'est un danger, puis je pense qu'il va falloir un jour y réfléchir
sérieusement au gardiennage, aller plus loin dans cette réflexion-là.
M. Boulet : OK. Paule, c'est
un excellent point, puis ça, ça confirme l'importance d'avoir un formulaire
prescrit par la loi, puis un formulaire qui comprendra une description des
tâches. Ça, on va raffermir l'engagement des parents du jeune, qui, quand il va
signer le formulaire, il va dire : Les disponibilités de mon enfant ou de
mon jeune, c'est de telle heure à telle heure, les tâches qu'il va faire, c'est
ça, ça, ça, et ça va s'appliquer pour les exceptions. Ça fait que le formulaire
de consentement, il s'applique pour ces exceptions-là. Mais je ne dis pas que
ça va être d'application parfaite, mais, à tout le moins, ça va nous permettre
d'avoir une assurance additionnelle.
• (17 h 50) •
Mme Dalphond (Paule) : Il y
aussi les colonies de vacances, là, il faut faire attention, hein? C'est
difficile de dépasser le nombre d'heures, quand on travaille en colonie de
vacances, pour l'avoir expérimenté, quand j'étais jeune, même si ça a changé un
peu. Mais juste dire que, quand on est sur des lieux 24 heures sur 24,
parce qu'on travaille en colonie de vacances, c'est assez facile de traverser
la ligne à faire du 70, 60, 80 heures.
M. Boulet : En même temps,
Paule, vous savez que cette exception-là, c'est surtout la période estivale,
les colonies de vacances, ce n'est pas durant l'année scolaire. Les exceptions
continuent d'être effectives pendant l'été, mais il n'y a plus les limites de
17 heures et de 10 heures.
Mme Dalphond (Paule) : ...je
comprends, mais un jeune...
M. Boulet : Mais il peut y avoir...
Puis j'aime ça que vous me disiez...
Mme Dalphond (Paule) : ...de
14 ans... 80 heures.
M. Boulet : ...il y a des
risques d'abus, parce que...
Mme Dalphond (Paule) : Oui.
M. Boulet : ...mais il y en a
dans certains environnements de travail. La majorité des employeurs puis la
majorité des opérateurs, entre guillemets, des colonies de vacances, ils
respectent...
Mme Robillard (Jennifer) : ...aussi
dans la notion un peu plus élargie au niveau d'organismes, par exemple. Un
jeune qui va aller marquer au <basketball...
Mme Robillard (Jennifer) :
...élargie
au niveau d'organismes, par exemple. Un jeune qui va aller marquer au >basketball
ou qui va aller marquer la partie de hockey, bien, c'est en semaine, c'est les
week-ends, tu sais, c'est en période... c'est toute l'année, finalement,
dépendamment du sport, puis ça peut venir... C'est des endroits où c'est
difficile d'avoir des gens également pour assurer le travail, donc il y a quand
même... Même si c'est dans une exception, puis on veut que nos jeunes
continuent à marquer au basket puis au hockey, là, on est quand même... on
trouve ça important, mais il y a quand même des points de vigilance. En les
mettant de façon très générale au niveau des exceptions, on voit des abus qui
sont possibles puis quand même des dérivés, là, possibles.
M. Boulet : Jennifer, c'est
la raison pour laquelle on a écrit, à la fin de l'article 13, qu'ils vont
devoir en tout temps travailler sous la supervision d'une personne de
18 ans ou plus, puis ça, ça vise les aides-moniteurs puis les marqueurs.
Donc, au-delà du consentement parental qui va avoir été exprimé clairement, il
va y avoir un adulte de 18 ans ou plus pour superviser. Mais vous avez
raison, puis ça, ça ne s'applique pas que pour le travail des jeunes, mais
l'ensemble des travailleurs et travailleuses, tu sais, au Québec, puis partout
sur la planète. Il faut être vigilant pour qu'il y ait les meilleures pratiques
d'affaires puis surtout qu'il y ait des environnements de travail sains,
sécuritaires puis respectueux de la capacité physique et psychologique de
chaque personne, là, ça, c'est certain. Puis c'est encore plus aigu dans le cas
de quelqu'un qui doit aller à l'école jusqu'à 16 ans, il faut respecter
aussi ce parcours-là, là, puis les... tu sais, parce qu'il y en a qui nous
demandaient de pouvoir étaler les heures sur deux semaines. Je ne sais pas,
Paule, vous souriez, donc je vais vous laisser vous exprimer là-dessus.
Mme Dalphond (Paule) : ...un
peu ratoureux. Moi, pour moi, la...
M. Boulet : C'est juste un
peu quoi?
Mme Dalphond (Paule) : Ratoureux...
M. Boulet : Ah! OK.
Mme Dalphond (Paule) : ...d'essayer
de faire ça. Moi, je dis... je pense qu'il faut faire attention, ça peut
devenir des... plus gros. Mais je pense que vous l'avez dit tantôt, puis on le
réitère, on est tous d'accord, la priorité, c'est l'école. On le voit avec les
jeunes qu'on rencontre, la priorité, c'est la scolarisation.
M. Boulet : Parfait. Merci
beaucoup, hein, moi, ça va compléter. J'apprécie énormément votre présentation,
Jennifer, Paule. Encore une fois, je vous félicite. Puis le jour où,
souhaitons-nous-le tous... puis souhaitons au Québec d'avoir une loi qui
encadre mieux le travail des enfants, on va certainement avoir à collaborer
ensemble. Merci, puis au plaisir de vous revoir.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Maintenant, je vais céder la parole à la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Cadet : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour. Bonjour, mesdames. Merci beaucoup pour votre temps
aujourd'hui et pour votre exposé. Je suis... évidemment, donc, je suis ici
parce que je suis porte-parole en matière de travail, mais je suis également
porte-parole en matière de jeunesse. Puis vous avez raison, les jeunes sont
extrêmement interpelés par ce projet de loi. J'ai eu l'occasion d'en rencontrer
quelques-uns puis informellement, là... différentes consultations, lors
d'événements où j'ai pu être en contact avec une clientèle adolescente. Puis
j'ai été surprise de voir à quel point ils connaissent plusieurs des articles
du projet de loi avec précision, qu'ils avaient différentes questions et, comme
vous l'avez mentionné aussi, certaines préoccupations, là, par rapport à la
possibilité, là, de continuer, là, à travailler dans certains domaines. Donc,
je souscris à ce que vous dites au niveau, là, de mieux les informer, les
différents risques, d'être capable d'avoir cet aspect sensibilisation là.
Quand on regarde les différentes données,
c'est certain qu'il y en a qui sentent une certaine, une certaine injustice, qui
ont envie de se lancer. Donc, j'ai trouvé intéressant que vous fassiez cet
aparté-là parce que c'est quelque chose qu'on voit sur le terrain, puis
malheureusement on n'a pas des jeunes entre 12 et 16 ans qu'on reçoit
autour de cette table ici, en consultations particulières, pour nous faire part
de leur point de vue.
Aussi, je trouve intéressant, donc,
intéressante votre première recommandation au niveau d'assurer un filet social
fort. Évidemment, c'est certain que pour certaines... pour certains enfants qui
sont en situation précaire, là, pour certaines familles, ça devient un... il y
a un certain degré d'attractivité de se rendre au travail plus jeune ou pendant
un plus grand nombre d'heures. Puis, quoiqu'anecdotique, là, je veux dire, je
l'ai vu moi-même, là, dans mon environnement, plus jeune on est capable de...
si on faisait une étude un peu longitudinale, là, on le voit, les parcours...
les parcours académiques, là, différents entre ceux qui ont eu à commencer à
travailler un peu plus jeune et un peu plus longtemps et ceux, bien, dont moi,
là, qui n'ont pas eu à le faire plus tôt, quoiqu'habituellement ça commençait
après 14 ans parce qu'on n'était pas en contexte de <pénurie...
Mme Cadet :
...quoiqu'habituellement
ça commençait après 14 ans parce qu'on n'était pas en contexte de >pénurie
de main-d'oeuvre, donc, ça... ça en dit long, ça en dit long, là, sur le
contexte dans lequel on évolue en ce moment.
Pour ce qui est de la deuxième
recommandation ici, les programmes de formation axés sur l'emploi, j'aimerais
vous entendre plus parce que, justement, quand je disais que j'avais rencontré
certains... certains jeunes, lors d'événements, lors de différents événements
politiques, c'est eux-mêmes, là, qui m'ont... qui m'ont parlé de ces situations
particulières là. Donc... donc, peut-être vous laisser exposer un peu comment
se déroule le parcours de formation axé sur l'emploi. Je comprends que ça,
c'est accessible pour les jeunes à partir de 15 ans, là, puis c'était ma
compréhension, là, mais de voir un peu s'il y a un angle mort ici dans le
projet de loi.
Mme Robillard (Jennifer) : Oui,
tout à fait, puis c'est un point de vigilance qu'on a, puis Mme Dalphond
va pouvoir illustrer davantage, là, des cas précis, mais, quand on le regarde,
là, juste en termes de programme tel quel avec l'accessibilité à partir de
15 ans, donc, ça rentre dans nos fameux jeunes en bas de 16 ans. Puis
là, on le sait, le parcours scolaire n'est pas linéaire, il y a des jeunes pour
lesquels le parcours scolaire traditionnel n'est pas... n'est pas adéquat pour
eux puis ils se raccrochent à l'aspect du travail, c'est un lieu de
valorisation, c'est un lieu d'apprentissage, puis ça les maintient à l'école en
même temps qu'ils sont capables tranquillement de travailler puis d'apprendre
un métier.
Donc, on voulait juste, par point de
vigilance, s'assurer que l'arrimage est bien fait. L'application, tu sais,
on... ce n'est pas notre expertise, l'application, moi, je n'offre pas de
formation, donc, de voir comment, sur le terrain, ça va s'appliquer avec ce
projet de loi là pour respecter les fameux 10 heures dans la semaine. Mais
on voulait juste s'assurer que l'arrimage est vraiment adéquat parce qu'on le sait
que c'est un milieu qui est important pour certains jeunes puis on doit en
tenir compte, là. Paule, peut-être illustrer.
Mme Dalphond (Paule) : Oui,
puis le... présentement, c'est 15 ans, tu sais, puis on se questionne
quelquefois même, est-ce que ce serait peut-être mieux 14 ans, mais encore
là, ce serait... ça ferait un gros débat, mais ce qui est important, c'est de
dire que si un jeune... il n'a pas le parcours typique scolaire, il est
potentiellement à risque de décrochage dès 12 ans, dès 13 ans, on le
voit, et souvent, les programmes alternatifs travail-études... permet au jeune
de maintenir sa scolarisation. Ça fait que c'est ça qu'il faut faire attention.
Moi, je pense qu'il va falloir aussi renforcir ce volet-là, le mettre plus de
l'avant, qu'il y en ait plus de disponibles pour que, justement, on puisse
permettre à un jeune de concilier les deux pour justement le garder dans le
milieu scolaire le plus longtemps possible.
Nous, c'est les gens qu'on rencontre, on a
plusieurs milieux qui sont des entreprises d'insertion, bon, c'est quand même
16 ans, les entreprises d'insertion, mais on le voit parce que, dans les
entreprises d'insertion, il y a un volet éducation et un volet travail, et on
le voit très bien qu'on réussit à maintenir un certain niveau d'éducation avec
ces jeunes-là parce qu'il y a un travail. Ça fait qu'il faut juste le garder en
tête. Tu sais, puis là il est à 15 ans, il serait-tu plus favorable de le
remettre à 15 ans, le fait qu'on modifie la loi pour permettre, justement,
ces jeunes-là qui étaient... qui étaient peut-être plus proches du marché du
travail, puis qui disaient : Bien, minimalement, il gardait l'école parce
qu'il avait un peu une porte de sortie avec le travail, qui là ne l'aura
peut-être pas avant 14 ans, bien, de dire : Bien, on donne... on se
donne plus de chances de les maintenir à l'école.
Mme Cadet : C'est intéressant,
ce que vous dites, là, parce que maintenant que vous élaborez un peu plus
sur... sur votre réponse, là, ça... les propos, là, de certains jeunes me
reviennent, puis c'était essentiellement la question qui m'était posée que je
trouvais... que je trouvais brillante, ils se demandaient, donc, justement, ces
jeunes-là qui sont dans des programmes d'insertion, qui sont... qui sont dans
ce parcours-là qui... qui est atypique, donc, si les... si les maximums
d'heures, là, de travail en semaine s'appliquaient, donc, pour les heures
travaillées...
Mme Dalphond (Paule) : Exact.
• (18 heures) •
Mme Robillard (Jennifer) : Puis
dépendamment du moment de leur parcours, là, il y a des applications qui sont
différentes, là.
Mme Cadet : C'est ça, c'est
ça, c'est ça. Donc... travail, donc, il est utilisé... soit, là, qui comporte
certains crédits ou soit, donc, qui mène à l'obtention d'un diplôme, donc, si
ça, c'était, donc, à l'intérieur, donc, des limites d'heures, donc, j'imagine,
ça, c'est des questions qu'on vous pose aussi.
Mme Dalphond (Paule) : Exact.
Puis c'est souvent un lieu de valorisation beaucoup plus positif pour... que le
jeune qui est... qui est en situation d'échec à l'école, d'avoir ce milieu-là
où là, à ce moment-là, il est plus valorisé souvent, parce que, là, il y a une
certaine réussite, bien, ça nous permet aussi de le garder, de le raccrocher au
milieu scolaire.
Mme Robillard (Jennifer) : Oui.
C'est surtout... tu sais, pour nous, le point important, c'est la valorisation,
la réussite au niveau scolaire qui est important, mais les jeunes avec lesquels
on travaille, on les voit régulièrement, avec les Écoles de la rue, quand on
suit le parcours, quand tu arrives à 20, 25 ans, le processus, comme
Mme Dalphond l'a dit, à partir de 12 ans, tu sais, on les voit, on
veut juste amener la vigilance que oui, le projet de loi, on salue qu'on veut
garder nos jeunes à l'école, mais l'école jusqu'en âge de scolarisation n'est
pas le parcours qui convient à tout le monde, là, exactement.
Mme Cadet : Merci. C'est...
c'est extrêmement... c'est extrêmement fascinant. Donc, si, vous, vous aviez
une recommandation peut-être plus précise ici d'éléments dont il faudrait tenir
compte une fois qu'on va arriver...
18 h (version révisée)
Mme Cadet : ...c'est
extrêmement fascinant. Donc, si vous, vous aviez une recommandation peut-être
plus précise ici d'éléments dont il faudrait tenir compte une fois qu'on va
arriver à l'étude détaillée, donc, comment est-ce que vous formuleriez le tout?
Mme Robillard (Jennifer) : De
s'assurer de l'arrimage réel avec les programmes en cours ou les projets qu'il
pourrait y avoir au niveau du ministère de l'Éducation, là, avec... On le sait,
là, l'emphase est sur le DEP, là, puis on veut valoriser. Donc, de s'assurer
que l'arrimage avec les projets en cours et ce qui existe réellement ne vienne
pas un peu enlever, là, les possibilités, là, au niveau éducation, travail,
études.
Mme Cadet : Puis les
jeunes qui sont dans les milieux d'insertion, donc, ce travail-là, donc, il est
rémunéré aussi, donc un peu comme... OK, donc c'est littéralement comme un
véritable milieu de travail.
Mme Robillard (Jennifer) : Oui.
Puis comme ce n'est pas... Tu sais, comme on n'a pas tout ça dans le projet de
loi actuellement, nous, c'est ça, c'est pour ça qu'on dit : C'est un point
de vigilance, une recommandation de s'assurer que, tu sais, on ne vient pas
nuire à ce qui pourrait être fait de l'autre côté ou ce qui est déjà fait. On a
des questions. On n'a pas nécessairement la réponse dans l'application telle
quelle, mais de s'en assurer, exactement.
Mme Cadet : De favoriser
la réussite académique de ces jeunes-là. Donc, on est toujours dans le même
objectif, c'est juste qu'eux sont dans un parcours qui est différent.
Mme Robillard (Jennifer) :
Toujours la réussite éducative...
Mme Cadet : Merci. En
parlant de formation, donc, on a... Disons qu'on a mentionné, donc, toute la
question des accidents de travail un peu plus tôt aujourd'hui. Donc,
essentiellement, donc, quand il n'y a pas eu de formation, là, c'est beaucoup
plus... C'est dans ces cadres-là qu'on voit des accidents, donc, survenir en
tout, tout début de parcours. Il y a certains... Donc, il y a certains groupes qui
sont venus nous parler de situations novatrices qui arrivent... qui ont cours
dans d'autres provinces... dans d'autres provinces canadiennes, avec peut-être
une formation en ligne pour les jeunes, avec peut-être un certain... donc, pour
les introduire à l'emploi, avec peut-être certains éléments sur la connaissance
de leurs droits. Comment est-ce que vous, vous voyez ça? Puis, le cas échéant, donc,
comment est-ce que des organismes comme les vôtres pourraient être un peu, là,
des acteurs pour veiller à la formation?
Mme Dalphond (Paule) : Bien,
moi, je pense que c'est un devoir de société, là. Je pense que, tu sais, on le
sait, que ça prend toujours un village pour éduquer un enfant. C'est sûr et
certain que les organismes communautaires, en tout cas, avec les jeunes qu'on
côtoie, qui sont souvent les jeunes les plus fragilisés, ou marginalisés, ou en
difficulté, qu'on retrouve dans les... dans les organismes communautaires, bien,
pour nous, ça fait partie, je pense, de nos mandats propres, là, déjà, d'informer.
Je prends juste dans les Auberges du coeur, il va y avoir des ateliers sur la
santé-sécurité au travail, il doit y en avoir une fois par mois dans les
auberges pour justement informer les jeunes. Mais je pense que ça doit partir
de plus loin. Un jeune à l'école, ça devrait faire partie du parcours scolaire,
qu'il a des droits, mais qu'il a des devoirs, qu'il a des obligations en
matière de santé et sécurité au travail. Pour moi, c'est la première, première
sonnette d'alarme qui devrait être sonnée, puis, après ça, de rendre
accessibles tous les outils qui sont... qui sont à leur disponibilité. Tu sais,
tantôt, je vous ai parlé de l'application mobile OPA, je vous invite à la
télécharger encore une fois, O-P-A, Outils pour l'autonomie. Ça reste que c'est
des outils faciles pour les jeunes, que ce soit une application mobile. C'est
souvent par, je dirais, le technologique qu'on réussit à les rejoindre. Tantôt
l'UPA parlait de webinaire. Bien, oui. Bien oui, les webinaires, mais, tu sais,
de rendre ça facile, rapide. C'est souvent la problématique pour rejoindre les
jeunes, pour les informer, les éduquer. Tu sais, si c'est compliqué, rentrer
sur un site... Moi, j'ai entendu ça sur... de nombreuses fois, de jeunes, dire :
Hé! Là, je suis rentré sur le site, je ne sais même plus où aller. Qu'est-ce
que je fais? Où c'est que je clique, là? Puis là, c'est quoi? Que c'est que je
fais? Bon, bien, c'est bien trop compliqué. Ils arrêtent. Ça fait que ce n'est
pas compliqué, là, on l'a, la réponse, hein? Il faut que ce soit facile, rapide
et vite. Alors, je pense qu'il y a... Il y a tout ça qui est à développer, de
comment on rejoint les jeunes rapidement puis pour que ça soit facile pour eux
autres.
Mme Cadet : J'imagine, c'est
le même principe, là, que vous verriez être appliqué pour ce qui est du
formulaire de plainte, là, parce qu'on l'a vu, là, c'est plusieurs groupes qui
nous ont parlé de ça.
Mme Dalphond (Paule) :
Oui, oui, oui.
Mme Robillard (Jennifer) : Oui.
C'est un point de vigilance qu'on avait aussi, là. Il faut rendre ça facile
pour les jeunes de pouvoir dénoncer, ou s'il y a des abus, ou si... s'ils ne
sont pas certains de la demande qu'ils reçoivent ou de ce qui est en train de
se passer, qu'ils soient capables de trouver les formulaires puis les réponses
rapidement, là. Puis c'est pour ça qu'on suggérait notamment d'avoir la
campagne plus nationale. Donc, comme Mme Dalphond l'a mentionné, on a
chacun une responsabilité, les organismes, que ce soit les auberges ou, par
exemple, en maison de jeunes, ils ont déjà de nombreux ateliers de prévention.
Ils sont à même de recueillir les questions des jeunes au quotidien. Ils
viennent se confier à leurs intervenants. Donc, d'avoir quelque chose qui est
national, qui est facilement repérable, puis, après ça, bien, on est capable de
développer soit des applications, soit des formations ou faire venir des
conférenciers en organismes pour des cas plus spécifiques en fonction des
régions ou en fonction des enjeux avec lesquels nos jeunes vivent, là.
Mme Cadet : Bien, c'est
ça, ici, je voyais, donc...
La Présidente (Mme D'Amours) : 10 secondes,
Mme la députée...
Mme Cadet : Ah! bien,
voilà. Donc, on est... Bon, bien, merci beaucoup. Merci pour votre attention.
Mme Robillard (Jennifer) : Merci
à vous.
15399
La Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Maintenant, je cède la parole au <député
d'Hochelaga-Maisonneuve...
Mme Cadet : ... Bon,
bien, merci beaucoup. Merci pour votre attention.
Mme Robillard (Jennifer) :
Merci à vous.
15399
La Présidente
(Mme D'Amours) :
Merci. Maintenant, je cède la parole au >député
d'Hochelaga-Maisonneuve.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. Toujours un plaisir. J'aimerais qu'on aille
sur un enjeu, un aspect de l'enjeu que vous soulevez à votre première
recommandation puis qu'on n'a pas beaucoup entendu dans le cadre des travaux.
Je pense que la FTQ avait une recommandation à ce niveau-là, mais c'est la
question du filet social. Puis, quand on parle du travail des enfants, on a
rapidement un peu l'image, quasiment Germinal, du XIXᵉ siècle, des
enfants dans les mines, tout crasseux. Bon, on n'est plus là du tout, là. Tout
le monde s'entend là-dessus.
Mme Dalphond (Paule) : Heureusement.
M. Leduc : Heureusement.
Mais vous soulevez un enjeu en disant : C'est possible que dans certains
milieux socioéconomiques défavorisés, dans certaines familles, il y ait
peut-être une espèce, pas une injonction, mais une incitation à aller
travailler, à décrocher, finalement, pour revenir, qu'il y ait... faire des
revenus supplémentaires pour la famille. Moi, je comprends que, ça, vous le... Vous
le voyez ou vous le craignez? Pouvez-vous nous parler de cela? Bien,
parlez-nous de ça un peu.
Mme Dalphond (Paule) : Oui,
je le vois. Je le vois. Je le vois, moi. J'ai des jeunes dans les groupes
mineurs, on reçoit des jeunes de 12 à 17 ans. Et bon, je dirais,
l'alternative, souvent, c'est un placement en centre jeunesse ou dans une Auberge
du coeur. On va choisir une Auberge du coeur pour le jeune. Souvent, il va
choisir ça. Mais le jeune arrive puis nous dit : Bien là, je... C'est
parce que je ne pourrai pas aller travailler. Bien, OK. Pourquoi tu ne pourrais
pas aller travailler? Parce que, là, je suis loin de mon lieu de résidence.
Puis si je ne peux pas travailler, bien, ça fait 100 $ de moins dans la
maison chez nous. Ça fait 100 $ de moins dans la maison, chez nous, toute
la semaine. On fait comme : Pardon? Bien, c'est parce qu'il est important,
le 100 $, pour faire l'épicerie. Ma mère, elle me le dit tout le temps
qu'il est important, mon 100 $ pour faire l'épicerie. Bien là, je me
dis...
M. Leduc : Ça, c'est
aussi jeune que quoi, ça? Peut-être 12, 13 ans?
Mme Dalphond (Paule) : 13 ans.
M. Leduc : 13 ans.
Mme Dalphond (Paule) : 13 ans.
Ça fait que, là, tu fais comme : Bien là, tu me dis que tu vas travailler,
puis tu vas chercher 100 $ par semaine que tu donnes à ta mère ou à ton
père, peu importe, c'est la famille, pour faire de l'épicerie? C'est... La
réponse, c'est oui.
M. Leduc : Ça, ça veut
dire que, quoi, le loyer est trop cher? Il n'y a pas assez de revenus en... Il
n'y a pas de banque alimentaire?
Mme Dalphond (Paule) : Ils
sont sur l'aide sociale.
M. Leduc : L'aide
sociale n'est pas assez élevée?
Mme Robillard (Jennifer) : Bien,
c'est toutes ces réponses-là.
Mme Dalphond (Paule) : C'est
toutes ces réponses-là.
Mme Robillard (Jennifer) : La
grande consultation jeunesse qu'on vient de terminer, on a été quand même
surpris, même si on se le fait dire au quotidien, là, la question du coût de la
vie puis de l'accès au logement était criante dans les enjeux des jeunes. Ils
nous le disaient, ils sont préoccupés, puis des jeunes de 12, 13 ans, là,
parce qu'ils anticipent déjà, qu'ils voient... Maman n'est pas capable
d'arriver. Elle n'est pas... Elle a de la misère à payer le loyer. Ça fait que,
là, je n'ai pas mon lunch pour dîner. Ça fait que, là, moi, il faut que je
travaille parce que, là, je n'ai rien à manger ce midi ou mon manteau d'hiver,
il n'est pas adéquat. Ils se... Ils nous le mentionnaient.
On n'a pas posé la question à ce moment-là
directement sur le projet de loi, mais on avait le coût de la vie comme...
comme élément de consultation. Et les jeunes avaient beaucoup à dire, là, des
situations, comme je le disais, qui sont... Tu sais, ça ne sort plus de
l'anecdote, là. C'était tellement fréquent dans les réponses, là, cette
préoccupation-là au quotidien, d'être capable de mettre de l'argent sur la
table pour payer les dépenses essentielles.
Mme Dalphond (Paule) : Mais
on le voit plus. Avec le coût de la vie, là, je dirais que, bon, avant la
pandémie, on pouvait peut-être entendre ça à l'occasion. À la sortie de la
pandémie, le coût de la vie, là, ça devient très fréquent que le jeune
contribue au revenu familial.
M. Leduc : OK J'ai la
chance d'avoir quatre belles Auberges du coeur dans ma circonscription.
Mme Dalphond (Paule) : Oui.
Oui.
M. Leduc : Je les aime
beaucoup, l'Escalier, L'Avenue, Tangente puis le Foyer des jeunes travailleurs.
Mme Dalphond (Paule) : Le
Foyer des jeunes travailleurs.
M. Leduc : C'est quoi,
les solutions, donc, pour éviter que cette pression-là aille sur les jeunes? On
parle de solutions, donc, socioéconomiques : salaire minimum, rehausser
les prestations d'aide sociale, la crise du logement. Quoi d'autre? Crédit
d'impôt à la solidarité?
• (18 h 10) •
Mme Dalphond (Paule) : Bien
oui, oui. Je pense que oui, puis je pense... Je pense qu'il y a... Il y a... Ce
serait vraiment une réflexion complète, mais, pour moi, juste de se poser la
question que le jeune fait partie du revenu familial, ça ne devrait pas faire
partie, jamais, de l'équation.
M. Leduc : Exact.
Mme Dalphond (Paule) : Jamais,
jamais. Ça fait que je pense que c'est un débat qu'il devrait y avoir avec
différents ministères, avec différents représentants, mais... Mais il y a
plusieurs mesures qui devraient être là. L'aide sociale, on le sait très bien,
présentement, ça ne suffit plus.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Désolée.
Mme Dalphond (Paule) : Excusez.
Ça ne suffit plus. Ça fait qu'il y a plusieurs mesures, là, qui devraient être ajustées.
M. Leduc : Merci
beaucoup.
Mme Dalphond (Paule) : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je vous remercie pour votre contribution à nos travaux. La
commission ajourne ses travaux jusqu'à demain, jeudi le 20 avril 2023, après
les affaires touchant les travaux des commissions. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 18 h 11)