Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
mercredi 12 février 2025
-
Vol. 47 N° 85
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions principalement aux fins d’allègement du fardeau réglementaire et administratif
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11 h (version non révisée)
(Onze heures douze minutes)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la commission de l'économie et du travail ouverte. Je vous souhaite à tous la
bienvenue. La Commission est réunie afin de poursuivre les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 85, Loi
modifiant diverses dispositions principalement aux fins d'allègement du fardeau
réglementaire et administratif.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys),
Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey) est remplacée par Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger
et M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé par Mme Zaga Mendez (Verdun).
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la secrétaire. Alors, l'ordre du jour de ce matin est assez simple, deux
groupes. D'abord, on débute avec l'Association des brasseurs du Québec et on
enchaîne ensuite avec l'association des restaurations Québec... l'Association
Restauration Québec, pardon.
Donc, on débute. La période des auditions
se poursuit. Notre premier groupe, l'Association des brasseurs du Québec, bienvenue
à vous! Vous avez une audition de 10 minutes. Donc, je vous cède la
parole. Prenez le temps de vous présenter et vous pouvez débuter, là, votre 10 minutes.
Merci.
M. Roy (Philippe) : Alors,
merci beaucoup. Merci de nous recevoir. Mon nom Philippe Roy, je suis le
directeur général de l'Association des brasseurs du Québec. Je suis accompagné
aujourd'hui, à ma gauche, de Mme Amélie Toupin, qui est vice-présidente
Développement des affaires et Affaires gouvernementales chez... à La Brasserie
Sleeman. À ma droite, M. François Lefebvre, directeur régional des affaires
publiques chez Molson Coors, et mon collègue Félix de la Poterie-Sienicki, qui
est directeur Stratégie politique à l'Association des brasseurs du Québec.
Alors, rapidement, l'Association des
Brasseurs du Québec est une filiale de Bière Canada et elle représente les
trois grands membres brasseurs qui sont les brasseries Labatt, les brasseries
Molson Coors et Sleeman...
M. Roy (Philippe) : ...grands
membres brasseurs qui sont les brasseries Labatt, les brasseries Molson Coors
et Sleeman ainsi que leurs quatre microbrasseries qui sont Unibroue, Archibald,
Le Trou du Diable et Brasseurs de Montréal. Ensemble, les ventes de bières de
ces trois grands brasseurs là représentent 90 % du marché de la bière au
Québec. Et plus de 85 % de ces... 90 % de... 85 % de la bière
qui est vendue par les grands brasseurs est produite ici, au Québec,
localement.
Peut-être rapidement vous parlez de
l'histoire d'amour entre le Québec et la bière. C'est ici, dans la ville de
Québec, que la première bière a été faite dans le continent nord-américain.
Alors, en 1667, l'intendant Jean Talon avait demandé de créer une bière. Et
elle a été faite à quelques centaines de mètres d'ici. La première fois qu'on a
vu de la bière en Amérique du Nord.
Quelques... Pas mal... Assez d'années plus
tard, en 1686, donc près de 100 ans plus tard, va naître la première
brasserie commerciale initiée par un homme d'affaires qui s'appelait John
Molson à Montréal. Et c'est toujours à Montréal qu'on va voir apparaître la
première consigne de bière, les premières bières consignées, toujours initié
par la brasserie Molson.
La bière et le Québec, ce n'est pas juste
une histoire d'amour, c'est aussi une formidable histoire économique.
L'industrie brassicole au Québec, c'est 43 000 emplois directs et
indirects, c'est une présence active dans chacune des régions du Québec et
c'est près de 3,5 milliards de dollars en retombées économiques. Il
faut le noter, 85 % de la bière, je reviens, est distribuée... qui est
distribuée est produite ici, au Québec, par des Québécois.
La très grande majorité des intrants
nécessaires pour faire la bière, ce sont des intrants qui proviennent du
Québec. Juste sur la question des céréales, qui est un ingrédient indispensable
pour la bière, 98 % des céréales qui sont utilisées pour faire la bière
viennent soit du Québec, soit du Canada. Alors, c'est... c'est... c'est...
nous, on considère vraiment qu'on est un produit d'ici, un produit local. Ça...
Cela fait de la bière le deuxième plus grand transformateur alimentaire au
Québec, juste derrière les produits laitiers.
En raison de la forte présence économique
des brasseurs, il y a tout un écosystème brassicole qui s'est développé au
Québec dans les dernières décennies. On calcule actuellement qu'il y a à peu
près 2 000 fournisseurs partout sur le territoire québécois qui
contribuent à cette industrie-là. On pense notamment à une des plus importantes
malteries en Amérique du Nord, qui est située à Montréal, le Canada Maltage
ltée. Une des deux seules usines qui fabriquent des bouteilles au Canada est
située aussi à Montréal, la Owens-Illinois. On a collaboré à la création de
l'Institut de technologie agroalimentaire, qui est situé à La Pocatière. On
participe également à la gestion et... bien, pas «à la gestion», mais on
collabore avec Maître emballage durable. Eux sont situés à
Saint-Bruno-de-Montarville. Et, eux, leur plan d'affaires, c'est de laver des
bouteilles. Ils lavent en moyenne 2 millions de bouteilles de bière par
semaine. Alors ce n'est pas rien. On est également présents dans toutes les
régions pour supporter les grands événements culturels et sportifs. Évidemment,
on pense à de très grands événements comme la Formule 1, ou les Francofolies,
ou le Festival de jazz à Montréal, ou le théâtre... le Festival d'été de
Québec. Mais on est également présents dans plein, plein de petits festivals
partout, dans toutes les villes du Québec, certains plus connus comme le
Festival western de Saint-Tite, le festival Bières et Saveurs à Chambly, j'en
passe. En tout, c'est à peu près 20 millions de dollars que les
brasseurs remettent à des organismes, que ce soient des organismes sportifs,
culturels et communautaires partout sur notre territoire.
Maintenant, parlons du projet de loi
n° 85. C'est la raison de notre présence. On voudrait débuter en saluant
l'initiative du gouvernement de poser des gestes déterminés et courageux afin
de faire de l'allègement réglementaire. En ce sens, nous tenons à féliciter le
ministre Christopher Skeete et les membres de son équipe pour leur travail
inlassable afin d'aider les entreprises québécoises.
Cette année... l'omnibus, pardon,
d'allègement réglementaire s'est attaqué notamment au dossier du marquage des
contenants de bière communément appelé par certains le dossier du timbre. Nous
n'apprendrons rien à personne pour rappeler que l'ABQ et ses membres sont
contre l'abolition du marquage. Au fil des années, l'Association des brasseurs
et l'industrie brassicole ont multiplié les interventions pour souligner l'importance
du marquage comme outil essentiel de régulation, de transparence, d'équité au
sein du secteur brassicole. Quel que soit le type de marquage, un timbre, une
inscription au jet d'encre ou une impression sur étiquette, ce mécanisme
éprouvé et efficace contribue, selon nous, au respect de la...
M. Roy (Philippe) : ...et à la
pérennité des modèles d'affaires établis au Québec depuis des décennies.
Il faut le rappeler, le marquage a été
instauré pour assurer une régulation équitable dès le début des années 70. Il
visait alors à renforcer les mécanismes de contrôle fiscal et à contrer le
commerce illégal des boissons alcoolisées. Pour nous, le marquage a toujours
été bien plus qu'une simple formalité administrative. Dès son introduction, il
a été perçu comme un outil essentiel pour garantir une concurrence loyale entre
les acteurs de l'industrie. En identifiant chaque bière destinée à la
consommation sur place, ce système assure que tous les établissements
licenciés, on parle ici de bars et de restaurants, respectent leurs obligations
fiscales et légales, notamment celle de se procurer leurs produits alcoolisés
directement auprès du producteur. De plus, le marquage joue un rôle clé dans la
lutte contre le commerce illicite en empêchant les pratiques frauduleuses qui
nuisent à l'ensemble de la filière brassicole.
• (11 h 20) •
Dans la dernière année, nous avons exprimé
clairement que, pour nous, le marquage demeure un pilier fondamental d'une
industrie agricole... brassicole équitable et prospère, tout en protégeant les
consommateurs et en renforçant la confiance envers les produits d'ici. Bien que
nous soyons en désaccord avec l'abolition partielle du marquage proposée par le
gouvernement, nous comprenons sa volonté de procéder à une réforme visant à
simplifier certaines obligations pour les brasseurs de très petite taille. Nous
sommes également satisfaits de voir pour la première fois apparaître dans la
législation québécoise l'introduction d'un seuil définissant les
microbrasseries par rapport aux autres brasseurs.
Une question essentielle qui doit être
examinée dans le cadre de cet allègement réglementaire, c'est celui du seuil
d'applicabilité. En effet, le projet de loi sous étude prévoit actuellement que
les exigences de marquage des contenants de bière ne s'appliqueront pas aux
établissements détenant un permis de brassage produisant moins de 150
hectolitres par an. Or, ce seuil suscite de vives préoccupations de notre part.
Un plafond de 150 000 hectolitres annuels est très élevé et ne reflète ni la
structure réelle d'une microbrasserie ni les objectifs annoncés de la réforme.
En fait, il y a très, très peu de brasseries au Québec qui ont les capacités et
les ressources pour produire 150 000 hectolitres et plus de bière par année.
Selon les chiffres de l'Association des microbrasseries du Québec, que vous
avez rencontrée hier, 80 % de ses membres produisent moins de 2000 litres.
Et, si on calcule un peu plus haut, à peu près 98 % ou 99 % de ses
membres produisent probablement moins que 45000 ou 50 000 hectolitres par
année.
C'est pourquoi nous recommandons que le
seuil soit plutôt fixé à 75 000 hectolitres. Ce compromis équilibré permettrait
d'atteindre l'objectif de la modification réglementaire, soit de soutenir les
microbrasseries du Québec, tout en maintenant un cadre de contrôle rigoureux
pour les producteurs de plus grande taille. C'est notre première
recommandation.
Deuxième recommandation. Tel que mentionné
précédemment, l'abolition partielle du marquage prévu par le projet de loi no 85
entraîne, selon nous, des risques accrus en matière de fraude, de distribution
illégale de boissons alcooliques et de non-respect de l'obligation d'achat
direct auprès des producteurs. En l'absence de mécanismes clairs de
traçabilité, il devient essentiel, selon nous, de renforcer les sanctions
prévues par la loi afin de dissuader les pratiques frauduleuses et de préserver
l'intégrité du marché. Nous sommes particulièrement préoccupés par l'absence
d'ajustements à ce niveau dans le projet de loi actuel. Il serait opportun,
selon nous, de renforcer le cadre réglementaire lié à l'extension du marquage.
Cela pourrait notamment inclure un durcissement des sanctions financières et
pénales à l'encontre des producteurs et établissements ne respectant pas les obligations
d'approvisionnement direct. C'est notre deuxième recommandation.
En conclusion, nous réitérons notre
engagement à collaborer avec le ministre délégué à l'Économie, M. Christopher
Skeete, l'ensemble du gouvernement, et de tous les députés de l'Assemblée
nationale afin de soutenir et de renforcer l'industrie brassicole du Québec.
Vous savez, l'industrie brassicole est actuellement aux prises avec
d'importants défis. Pensons aux menaces tarifaires américaines. On en parle
beaucoup, actuellement, avec, notamment, l'aluminium, aux nouvelles obligations
environnementales, la nouvelle consigne, et aussi à la taxation. Sur ce point,
c'est en effet... il faut le rappeler, que le Canada, c'est le pays du G7 où on
taxe le plus les produits d'alcool. Il n'y a aucun pays du G7 qui a le niveau
de taxation sur les produits alcoolisés que... Il n'y en a pas d'autre, on est,
je dirais, le pire. Peut-être, pour certains, on serait le meilleur, mais nous,
on pense qu'on est le pire en ce qui est de taxation.
Bref, nous restons ouverts à travailler
conjointement sur d'autres mesures d'assouplissement réglementaire à l'avenir
afin de...
M. Roy (Philippe) : ...dans
un environnement propice à l'innovation et à la croissance du secteur
brassicole québécois. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous pour votre exposé. On débute la période d'échange. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Skeete : Merci beaucoup
pour l'exposé. J'aimerais qu'on touche sur les enjeux que vous avez par rapport
au marquage précisément. Vous dites que «les ventes réalisées, dans les
contenants de bière marqués CSP, représentent 15 % des ventes totales aux
établissements CSP, restaurants, épiceries, accessoire - ça, c'est dans votre
mémoire - tandis que 85 % des ventes seraient gérées... générées - pardon
- par la vente de bière en fût non marquée». Hier, les membres du CTAQ sont
venus nous dire que le retrait de ce permis n'aurait pas beaucoup d'impact,
vous, vous dites le contraire. J'aimerais vraiment vous entendre. C'est quoi,
le scénario cauchemar du retrait du timbre, vraiment?
M. Lefebvre (François) : Merci.
Je vous dirais que le marquage... Il y a différents outils de marquage, donc,
on parle du timbre, mais il y a d'autres choses aussi également. Donc, on parle
du jet d'encre, on parle aussi de mettre physiquement une différenciation sur
les contenants de bière. Donc, la volonté, pour nous, le scénario cauchemar,
c'est qu'un titulaire de vente... un titulaire de restaurant ou de bar aille
s'approvisionner non pas chez le producteur, mais directement chez une épicerie
ou une grande surface. Ça, ce serait, le scénario cauchemar, je vous dirais,
d'où la question : Quelle est la réelle intention derrière l'abolition du
marquage? C'est ça qui m'inquiète, c'est ça qui nous inquiète, nous, ici, au
niveau de l'Association des brasseurs du Québec, c'est...
Le marquage est un rempart, puis qu'est-ce
qu'on veut s'assurer, c'est vraiment que l'obligation, dans le fond, des bars
et des restaurants de continuer à s'approvisionner chez le producteur, c'est
qu'est-ce qu'on veut, on veut maintenir. Le système en place au Québec a été
construit comme ça, c'est-à-dire qu'il y a une différenciation, on a des
entrepôts partout au Québec, on a des routes de distribution, on a des
employés. Donc, si on veut revoir vraiment le modèle de vente et de
distribution de vente au Québec, c'est une discussion qu'on devrait avoir
autrement qu'ici. Donc, nous, ce qu'on veut s'assurer, c'est que, du jour au
lendemain, un bar ou une épicerie n'aille pas s'approvisionner, dans le fond,
directement chez une grande surface, par exemple.
M. Skeete : Est-ce qu'il y a,
à part le marquage et le timbrage, y a-tu une différence du produit? Dans le
sens où est-ce que, mettons, j'achète la bière x, est-ce que ça va goûter
différemment? Est-ce que c'est un autre produit? C'est juste un canal de
distribution, la différence?
M. Lefebvre (François) : Tout
à fait, oui. C'est un, je vous dirais que c'est... Oui, c'est le système qui a
été bâti comme ça au Québec. C'est une volonté de vendre puis de distribuer,
puis de ségréguer les canaux, donc, c'est-à-dire qu'il y a des ventes CSP, il y
a les ventes CAD. Donc, c'est comme ça que les modèles ont été construits et
c'est comme ça que notre modèle d'affaires est aussi au Québec, avec des
entrepôts, avec des routes de livraison, des employés qui livrent, par exemple,
dans des bars et des restaurants puis aussi dans des épiceries.
M. Skeete : O.K. Parce que
vous évoquez aussi, dans votre mémoire, qu'on parle d'enjeux de sécurité
publique, on n'est pas tant dans les enjeux de sécurité publique que dans les
enjeux de modèle d'affaires.
M. Lefebvre (François) : Mais
on voit, dans le réseau CAD, en ce moment, un certain client qui vend, par
exemple, de la bière CSP à l'achat d'un repas, ou d'une poutine, ou d'une
frite, par exemple. On le voit dans le marché en ce moment. Puis la question
est : Quelle est la limitation du nombre de caisses, par exemple, qu'un
bar, un restaurant, à l'achat d'une poutine, peut faire? Est-ce qu'il est
capable de le revendre également aussi de son côté dans son établissement?
C'est le rempart qu'on veut s'assurer, puis c'est une de nos recommandations
aussi aujourd'hui, c'est que de s'assurer que cette obligation-là reste pour ne
pas qu'un bar puisse vendre de la bière CSP, des barils, des fûts dans son
établissement. On veut s'assurer que le maintien du système, et c'est ça
l'important en ce moment, on veut que le système qui soit en place au Québec
reste.
Le marquage, on comprend, pour les petits,
ça peut être compliqué, mais ce qu'on mentionne, c'est peut-être qu'il y a
juste un manque de volonté. On veut vraiment s'assurer que ce soit de l'encre,
que ce soit un timbre ou que soit une identification physique, pour vraiment
démontrer que l'achat est fait de façon, je vous dirais, légale. Je ne sais pas
si Philippe ou Amélie, vous voulez...
M. Skeete : On nous a
beaucoup dit, dans les consultations, qu'on est la seule juridiction à avoir
des timbres. Vous faites quoi, mettons, en Ontario?
M. Roy (Philippe) : Mais, en
fait, c'est parce que la comparaison... On ne peut pas faire... on ne peut pas
comparer, nos systèmes sont complètement différents. Molson Coors, par exemple,
ou Sleeman n'ont pas de camion de livraison, ils n'ont pas de système de
distribution de bière en Ontario. C'est le Beer Store qui est comme mandaté
pour distribuer, en Ontario, la bière, contrairement à ici, où c'est une
décision gouvernementale qui a été prise il y a déjà cinq décennies, de décider
que le système de distribution...
M. Roy (Philippe) : ...sur
les épaules des brasseurs ou de la SAQ dans le cas du du vin.
M. Skeete : Puis il y a
50 ans justement, le timbre, c'était pour le contrôle fiscal, n'est-ce
pas?
M. Roy (Philippe) :
Bien, notamment. Et je pense que c'était aussi pour la question... une question
de sécurité. C'est un outil. Les corps policiers l'ont répété tout au cours...
tout au long de l'année. Pour eux, c'est un outil très, très utile pour un
contrôle du crime organisé.
M. Skeete : Comment le
timbre aide un policier à lutter contre le crime organisé?
M. Roy (Philippe) : Bien,
moi, je ne suis pas policier, là, mais ce que je comprends, c'est que le timbre
devient un peu l'outil pour avoir un droit de rentrer dans un bar et de
dire : Moi, je veux voir... Je veux voir tes réserves de bière, de scotch,
de vin en arrière.
M. Lefebvre (François) :
On parle du timbre, mais il ne faut pas oublier non plus, comme je mentionnais,
il y a aussi le jet d'encre. Il y a aussi une différenciation physique, les
caisses brunes versus des caisses de couleur. Donc, on veut s'assurer que c'est
fait de... l'achat est fait de façon très légale.
M. Skeete : On a
rencontré l'AMBQ hier, puis ils nous parlaient qu'ils voulaient une ouverture
pour les marchés publics. Puis on leur a dit : Bien, en bon Québécois, «be
careful what you wish for», parce que si on rouvre pour vous, on doit ouvrir
pour tout le monde. Est-ce que... Est-ce que ça vous intéresserait, vous, de
vous présenter dans les marchés publics, vendre de la bière, puis d'avoir accès
à ces marchés là? C'est-tu quelque chose qui vous intéresse?
• (11 h 30) •
M. Roy (Philippe) :
Bien, on a... Effectivement, on a eu ces discussions-là avec Marie-Eve Myrand,
de l'association des micros. Ce n'est pas quelque chose qui nous intéresse,
mais on ne s'y oppose pas, je veux dire. En bout de ligne, l'association des
micros, des microbrasseries et nous, on fait la promotion du même produit. On
fait la promotion de la bière, là. L'adversaire, ce n'est pas nous entre nous.
C'est peut-être le vin ou c'est peut-être les... le scotch ou le gin québécois.
Alors donc on ne s'y oppose pas. C'est peu probable qu'on voit des kiosques
Sleeman s'établir au marché Jean-Talon ou dans des...
M. Skeete : Oui. C'était
plus ça, ma question. Ce n'est pas... Dans le fond, ce n'est pas un marché que
vous souhaitez développer vous-mêmes.
M. Roy (Philippe) : Pas
du tout.
M. Lefebvre (François) :
Puis, en complément d'information, si je peux me permettre, M. Skeete, nos
produits sont déjà accessibles dans certains marchés publics, mais via des
détaillants. Si on regarde le marché Jean-Talon, il y a le fameux marché des
saveurs où on peut aller, où le marché Atwater sur lequel je fréquente la
fromagerie Atwater. Donc, l'ensemble de nos produits, par exemple, le Trou du
Diable, dans le port de Montréal, sont présents, ainsi que ceux des
micro-brasseurs. Donc, l'accessibilité de la bière au Québec est quand même
assez vaste. On voit aussi en Ontario en ce moment l'ouverture du marché. Il y
a d'autres provinces également qui veulent le faire. Donc, c'est pour ça que
c'est un petit peu difficile de comparer l'Ontario et le Québec, mais on est
déjà présents dans les marchés publics. Puis, si on peut aider, dans le fond, à
favoriser les gens à revenir vers la bière versus d'autres types d'alcool,
bien, je pense qu'on va l'accueillir favorablement.
M. Skeete : Vous avez
fait la recommandation de réduire de 150 000 hectolitres à
75 000. Ce n'est pas un chiffre arbitraire. Donc, c'est qui que... C'est
qui, qui a, entre 75 000 et 150 000 qu'à votre image ou dans votre
tête devrait être inclus dans le marquage?
M. Roy (Philippe) :
Bien, ils ont, selon nous... On n'a pas les chiffres. Vous savez qu'on a on n'a
pas accès aux données de vente des autres. Bien, prends un membre... Eux... Mes
membres ne l'ont pas entre eux, le chiffre exact de chacun de... des ventes de
l'autre brasseur, mais on pense qu'on est à peu près cinq brasseurs au Québec à
être en haut de 75 000, les deux autres étant Boréale du Nord puis...
Boréale, Les Brasseurs du Nord, qui sont Boréale, et RJ McAuslan.
M. Skeete : Puis
j'imagine, par votre recommandation, selon vous, ils ont atteint le seuil où est-ce
qu'eux aussi devraient être sujets au marquage.
M. Roy (Philippe) : Ah!
c'est certain.
M. Skeete : Est-ce qu'ils
sont membres de votre association?
M. Roy (Philippe) : Non.
M. Lefebvre (François) :
L'objectif, c'est vraiment de s'assurer que les produits qui sont en grande
surface, pour s'assurer, justement, de la fraude, que je parlais un petit peu
plus tôt aussi, que les gens soient moins enclins, dans le fond, à aller... à
aller chercher ou s'approvisionner dans les grandes surfaces pour s'assurer
que, dans le fond, les producteurs, que les détaillants ou les détenteurs de
permis de bars et de restaurants puissent s'approvisionner directement chez le
producteur. On ne parle pas en leur nom, mais c'est une recommandation qu'on
trouve qui est souhaitable pour vraiment s'assurer d'une équité au niveau de
l'industrie.
M. Skeete : Vous avez
utilisé un gros mot, fraude. C'est-tu illégal ou c'est un bris de contrat dans
votre modèle d'affaires? Dans le sens que si, moi, je suis un restaurateur, je
suis en contravention de notre entente de service ou je commets un geste
illégal?
Mme Toupin (Amélie) :
C'est illégal. Selon la réglementation, là, de la RACJ, le détenteur de permis
doit s'approvisionner directement chez le brasseur.
M. Skeete : C'est
parfait. Je pense que ça valait la peine de le mentionner. Si... Bien, en fait,
c'est... Là, je... On... Je fais... Je réfléchis à voix haute, là, mais ce
n'est pas tant le...
11 h 30 (version non révisée)
M. Skeete : ...le timbre
que... où on s'approvisionne qui vous inquiète, ça fait qu'il pourrait ne pas
avoir de timbres si 100 % des gens continuent à vous... à se servir de
vous pour leur distribution, il n'y a pas d'enjeu.
M. Roy (Philippe) : Bien,
dans un monde parfait, effectivement, il n'y aurait pas d'enjeu, mais on n'y
croit pas. On pense que le timbre, c'est justement le rempart qui nous... qui
protège les modèles d'affaires en place.
M. Lefebvre (François) : C'est
une très bonne question, M. Skeete, parce que ça peut être un fardeau pour nous
aussi. On le voit aussi dans nos petites brasseries. Ça peut être assez
compliqué de mettre justement... timbrer ou de marquer, ce n'est pas quelque
chose... mais c'est quelque chose qu'on maintient vraiment. On a peur au niveau
du système en place. Et c'est dans ce cadre-là qu'on veut s'assurer que vous
allez mettre les remparts en place pour s'assurer que l'approvisionnement chez
les bars et les restaurants puisse se poursuivre. Parce que le modèle d'affaires
du Québec, de la vente et de la distribution de la vente au... de bière au
Québec, est fait de cette façon-là. Donc, c'est qu'est-ce qu'on vous demande de
ce côté-là. Nous, s'il y a une garantie puis qu'on continue, bien, je pense que
ça peut être une version gagnante gagnante, mais, comme je vous mentionnais
dans le réseau CSP, on voit certaines pratiques qui nous inquiètent. Donc, si
on ouvre encore plus, je vous dirais, les valves, ça nous inquiète encore plus
qu'il y ait de la fraude, des gens commettent vraiment... c'est dans ce
cadre-là.
M. Skeete : Merci beaucoup
pour votre témoignage, c'est tout, M. le Président. Je pense que mon collègue
a...
Le Président (M. Allaire) : D'autres
interventions? Oui, c'est un député d'Abitibi-Est, allez-y.
M. Dufour : Combien de
minutes, M. le...
Le Président (M. Allaire) : Ah!
il vous reste quatre minutes à peu près.
M. Dufour : Parfait. Donc,
bonjour. Moi, j'aimerais comprendre une chose parce que lorsqu'on rencontre les
associations des microbrasseries, il y a vraiment un clash de discours entre le
vôtre et eux. Puis, j'aimerais comprendre. Lorsque... lorsqu'on se fait
mentionner par les gens des microbrasseries, il y a vraiment une frustration
sur le nombre d'heures qu'ils prennent pour mettre un employé sur le timbrage.
Puis, je comprends, tantôt, vous avez dit : Il y a d'autres façons de
faire, etc., mais ça va coûter aussi des sous pour avoir ce type d'équipement
là. Ce n'est pas toutes des entreprises qui ont les moyens possiblement de se
transformer technologiquement. Donc, j'aimerais comprendre, entre le majeur,
comme vous êtes, vous l'avez dit tantôt, à 90 % au-delà de la production
de bière achetée vient de chez vous, etc., de vos organisations, comment on...
comment on fait, nous, comme députation, dans un projet de loi d'allègement
réglementaire, qu'on essaie de... de juger le pour et le contre d'une action
comme celle-là?
M. Roy (Philippe) : Mais
peut-être mentionner qu'il y a beaucoup plus de dossiers qui nous rassemblent
que qui nous opposent, là, on travaille beaucoup avec les microbrasseries, on
est présent à leurs événements, on... Comme j'ai dit tout à l'heure, on parle
tous... on fait tous la promotion du même produit, mais le dossier du timbrage
est le dossier qui nous oppose depuis fort longtemps. Et je pense que le
compromis qui est sur la table pourrait... pourrait satisfaire, bien,
clairement satisfait, les microbrasseries. Ils avaient l'air content hier en
commission. Et, comme le dit notre mémoire, nous, si on peut avoir les
assurances que les modèles d'affaires vont demeurer, on est... on vit bien avec
ça.
M. Dufour : Quand vous dites :
La contrepartie, c'est 75 000 hectolitres au lieu de 150 000. Ça, pour
vous, ce serait un chemin de passage qui permettrait possiblement aux deux
groupes d'atteindre un peu l'objectif. Par contre, ça n'enlève pas tout l'aspect
criminalité tantôt que vous mentionniez, là.
M. Roy (Philippe) : Oui, bien,
ça, on va laisser aux corps policiers à faire ces représentations-là, mais le
75 000, là, je tiens à le dire, là, nous, on... évidemment, on fait partie de
la plus grande famille Bière Canada et on a regardé ce qui se faisait dans les
autres provinces. Pour certains, là, 60 000, c'est déjà trop pour être une
microbrasserie. Il faut comprendre, là, 75 000 hectolitres, là, faites...
calculez, là, avec votre calculatrice combien ça fait de canettes, là, par
année. C'est une grosse brasserie, ça, ça peut... ça ne peut plus s'appeler une
microbrasserie quand tu fais du 75 000 hectolitres par année.
M. Dufour : Ça, c'est dans
vos règles. C'est une règle?
M. Roy (Philippe) : Il n'y a
pas de règle.
M. Dufour : Il n'y a pas de
règle d'établie?
M. Roy (Philippe) : Mais c'est
un standard dans l'industrie.
M. Lefebvre (François) : La
dynamique de marché est différente, aussi, entre le microbrasseur et un grand
brasseur, en termes d'accessibilité de marchés, en termes de marketing. Comme
un grand joueur, par exemple, comme nous, on est présents un petit peu plus
partout, je vous dirais, au Québec. Puis qu'est-ce qu'on avait regardé, la
fraude, souvent aussi, est commise sur les grandes marques ou des grandes...
des grands... excusez-moi, des marques très, très, très populaires et à plus
grand déploiement. Donc, c'est dans ce cadre-là que nous, de notre côté, on est
très conscients que, par exemple, une bière très, très de niche de
microbrasserie, peut-être... va être moins enclin pour un bar ou un restaurant
à s'approvisionner de façon illégale, mais qu'une grande marque très populaire
auprès de la grande population pourrait être plus plus enclin.
Donc, c'est dans ce cadre-là que nous, de
notre côté, on essaie de trouver un terrain de passage puis de travailler en
partenariat, dans le fond, avec le gouvernement puis les microbrasseurs pour
trouver un terrain d'entente. À la base, ce qu'on voulait, c'était... soit une
phase test, le plus... le plus petit possible, un 10 000 hectolitres. Puis
après ça, on allait voir. Là, pour l'instant, on trouve que c'est un bon
compromis de descendre le seuil, puis, par la suite, bien, peut-être de
travailler tous ensemble puis de voir s'il n'y a pas...
M. Lefebvre (François) : ...il
n'y a pas d'enjeu, peut-être un jour... peut-être l'abolir complètement, mais,
pour l'instant, on aimerait ça, faire la théorie des petits pas. On veut le
maintien, on est très inquiets, d'où nos recommandations d'avoir un rempart
très fort, c'est-à-dire de façon pécuniaire, et puis de baisser le seuil.
M. Dufour : O.K. Ma dernière
question que j'aurais, vous l'avez dit tantôt au ministre, quand il a posé la
question... Si je comprends bien, il n'y aurait pas d'objection chez vous à ce
que la permission soit donnée aux microbrasseries pour aller dans des marchés
publics. Est-ce que j'ai... à moins que je n'aie pas bien compris tantôt votre
argumentaire.
M. Roy (Philippe) : Vous avez
bien compris. Nous, on ne s'y oppose pas.
M. Dufour : Parfait. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
On poursuit les échanges avec l'opposition officielle. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, 12min 23s, pour être précis.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous autres d'être ici aujourd'hui. D'entrée
de jeu, vous avez parlé tantôt que 98 % des produits dans la fabrication
de vos bières sont faits, donc, ici même, produits au Canada et au Québec.
M. Roy (Philippe) : Je
parlais des céréales. Pour 98 %, je parlais des céréales.
M. Beauchemin : Des céréales.
O.K.
Mme Toupin (Amélie) : Sinon,
c'est un...
M. Beauchemin : Je n'entends
rien, excusez.
Mme Toupin (Amélie) : 85 %,
environ, des produits de nos bières qui sont brassées ici, au Québec.
M. Beauchemin : Qui composent
les produits.
Une voix : Nos intrants, nos
intrants...
Mme Toupin (Amélie) : Ah
O.K., ah oui, au niveau des intrants, oui, c'est ça.
• (11 h 40) •
M. Lefebvre (François) : Donc,
c'est presque... Ça dépend toujours des marques, là, et des bières. Je vous
dirais que, bien, l'eau, c'est du Québec, le malt, il est du Québec, la levure
est du Québec... ou du Canada, excusez-moi, il reste le houblon. Le houblon,
tout dépendant du type de recette et puis du type... peut varier, mais...
M. Beauchemin : C'est le 2%,
là.
M. Lefebvre (François) : ...mais,
je vous dirais, la grande majorité de nos ingrédients et nos entrants sont
canadiens et québécois, puis on en est très fiers.
M. Beauchemin : Est ce que...
est-ce que... Dans le 98%, il y a-tu un... Québec puis ROC, «rest of Canada»?
M. Roy (Philippe) : Moi, les
chiffres que j'ai, c'est des chiffres canadiens, mais on sait que le Québec est
pas mal, là, au même niveau.
M. Beauchemin : En Ontario,
c'est le même genre de ratio?
M. Roy (Philippe) : Tout à
fait.
M. Beauchemin : La brasserie,
là, sur la 401, là, quand tu arrives proche de Pearson, là, c'est vous autres,
maintenant?
M. Lefebvre (François) : C'est
Molson.
M. Beauchemin : C'est Molson,
c'est ça. C'est les mêmes ratios?
Mme Toupin (Amélie) : Les
deux. Là, on est un petit peu plus loin.
M. Lefebvre (François) : La
majorité des bières canadiennes sont faites avec des ingrédients du Canada puis
du Québec, là, donc, c'est dans ce cadre-là, là, oui.
M. Beauchemin : Tantôt, vous
avez mentionné qu'il y a 48 000 emplois au Québec. Directs et indirects?
M. Roy (Philippe) : 43 000,
directs et indirects.
M. Beauchemin : O.K. C'est
combien d'emplois pour votre groupe à vous, là? Je ne parle pas juste de...
mais votre association à vous, combien d'employés vous avez?
M. Roy (Philippe) : Moi, je
dirais à peu près 5000 probablement, temps plein, là. On a trois...
M. Beauchemin : O.K. Là-dedans,
est-ce que vous incluez les restaurateurs qui servent de la bière ou comme...
C'est quoi les autres...
M. Roy (Philippe) : Non, non,
on parle de production, production de bière.
Une voix : Pour la brasserie
Molson.
M. Beauchemin : O.K. Chez
vous? 5000 chez vous ou 5000 pour...
M. Roy (Philippe) : Non, non,
je dirais pour l'industrie... l'industrie...
M. Lefebvre (François) : On
est 1000 employés, nous, chez nous, chez Molson, au Québec, donc partout dans
les régions, on parle également, bien, de Longueuil, donc où notre brasserie,
le centre de distribution est, on a des entrepôts partout au Québec, comme je
mentionnais, d'où le maintien des emplois est important, que ce soit Québec,
que ce soit Saguenay-Lac-Saint-Jean, que ce soit Bonaventure, également aussi.
Donc, on a des entrepôts un petit peu partout, on a des employés un peu partout
au Québec qui s'assurent de livrer.
M. Beauchemin : Mais
«overall», le nombre d'emplois, c'est 5000 pour l'association que vous représentez.
M. Roy (Philippe) : Je
dirais, oui.
M. Beauchemin : Ce qui est à
peu près... un petit peu moins, là, que l'Association des microbrasseurs
d'hier, là. Pas que je fais des comparables, mais c'est juste que je me
rappelle de cette donnée-là hier.
Mme Toupin (Amélie) : Mais
juste à noter que les emplois, chez les grands brasseurs, c'est des emplois
très bien rémunérés, avec une moyenne... je crois que c'était 70000 $, tu
sais, en moyenne, comme salaire, tu sais, c'est peut-être une différence aussi,
oui.
M. Beauchemin : Je vous
entends. Je vous entends. Là, je remets mes lentilles de gars de finances, là.
Votre modèle d'affaires avec les timbrages, au niveau de ce que vous chargez à
un IGA, ou un Métro, ou un dépanneur pour vos caisses de bières, versus les
marges que vous faites quand vous vendez directement aux restaurants, c'est là,
l'enjeu, grosso modo, j'imagine?
M. Roy (Philippe) : Oui.
M. Beauchemin : O.K.. Donc,
dans le contexte par exemple, de... Quand on compare avec le modèle ontarien,
comment ça fonctionne, le modèle ontarien, quand Molson veut vendre à un
restaurateur? Le restaurateur passe par la LCBO?
Mme Toupin (Amélie) : Bien,
on ne peut pas comparer. C'est de la distribution conjointe. En ce moment,
nous, par exemple, livrer à un détenteur de permis CSP, là, bar et restaurant,
c'est très dispendieux, là, tu sais, c'est...
M. Beauchemin : non, non, je
comprends, mais j'essaie... Moi, ma question, c'est plus de savoir, en Ontario,
comment... il y a-tu une distinction entre ce que le restaurateur va payer puis
le consommateur régulier va payer pour sa bière?
Des voix : ...
Mme Toupin (Amélie) : ...non,
non, c'est un prix uniforme.
M. Beauchemin : C'est un prix
uniforme, ils l'achètent tous...
Mme Toupin (Amélie) : C'est
un prix uniforme, en...
Mme Toupin (Amélie) : ...en
Ontario, non.
M. Beauchemin : Puis vous,
votre marge... que vous la vendez au LCBO, il n'y a pas de distinction entre ce
que la LCBO va se retourner de bord puis vendre à un restaurateur. Donc, il
n'y a pas de différentiel de marge, parce que vous passez par un intervenant.
C'est ça, en Ontario?
M. Roy (Philippe) : Ça semble
être ça, oui, effectivement.
M. Beauchemin : O.K.
Mme Toupin (Amélie) : Le
modèle évolue, là, par contre, on a des nuances, là, mais...
M. Beauchemin : Je comprends,
mais je veux... j'essaie juste de comme...
Mme Toupin (Amélie) : Oui.
M. Beauchemin : ...pour
ramener au Québec, là, la distinction. Donc, le fait que vous pouvez passer par
le timbrage, ça vous permet d'augmenter vos marges, évidemment, ce qui supporte
tout le reste, les entreposages, les camionnages, vous n'avez pas à... Bien,
vous avez à avoir ce mode de distribution là, que la LCBO, elle, met sur ses
épaules en Ontario, si je comprends bien?
M. Lefebvre (François) : Bien,
pas nécessairement. C'est ça que je... Je vais juste... Je me porte un peu en
opposition avec qu'est-ce que vous dites au niveau des prix, là, au niveau des
marges, des prix. Tout dépendant, toujours... On a des prix de liste dans
chacun des grands brasseurs, puis par la suite, dans le fond, c'est... après ça
il y a une entente commerciale qui se fait avec chacun des détaillants, que ce
soient des détaillants ou que ce soient des bars ou des restaurants. Toute...
M. Beauchemin : J'assume que
oui, effectivement, mais...
M. Lefebvre (François) : Par
exemple, si vous achetez par exemple une grande surface, bien, il va y avoir un
prix particulier de la bière, c'est clair qu'il va payer moins cher avec
l'offre et la demande, même chose avec un grande chaîne de restaurants aussi.
Donc, la bière n'est pas nécessairement, je vous dirais... Les marges ou le
prix est moins cher d'un côté comme de l'autre, aussi. Donc...
Mme Toupin (Amélie) : Donc,
par exemple, un très, très grand... une chaîne de restaurants, ou un IGA, ou un
Métro, par exemple, qui achète des grandes quantités de vos produits aurait le
prix aussi compétitif que ce que vous vendez dans un restaurant, par exemple?
M. Lefebvre (François) : Possiblement.
Amélie?
Mme Toupin (Amélie) : Oui.
M. Lefebvre (François) : Oui.
M. Beauchemin : Donc, il n'y
a aucun différentiel de marge entre ce que vous vendez... Parce... Sérieusement,
c'est juste pour qu'on puisse comprendre la logique que vous supportez en
supportant le timbrage, je veux juste qu'on soit clair.
M. Lefebvre (François) : Je
comprends très bien.
M. Beauchemin : Quelles sont
les motivations financières, de votre côté à vous, en arrière de supporter le
timbrage?
M. Lefebvre (François) : C'est
des emplois, c'est des entrepôts et le principe qu'on a mis au Québec sur le
modèle de vente et de distribution de bière. C'est qu'est-ce qui m'inquiète avec
le rempart du timbre, c'est qu'est-ce qui se cache vraiment en arrière. Nous,
ce qu'on veut s'assurer, c'est que le modèle reste, le modèle québécois qu'on a
mis en place.
M. Beauchemin : Parce que
vous avez une infrastructure en place qu'il faut... qui soit payée,
effectivement.
M. Lefebvre (François) : Oui.
On a mis des entrepôts un peu partout au Québec, on a des routes de livraison.
Ce qu'on ne voudrait pas... Puis M. Skeete l'a demandé tantôt, comme... quel
était le pire cauchemar : c'est que, du jour au lendemain, si cette
obligation-là tombe puis que des bars et des restaurants puissent
s'approvisionner directement chez les épiciers, chez les grandes surfaces.
Donc, c'est des emplois, des emplois bien rémunérés un peu partout au Québec
qu'il va laisser tomber, des routes de livraison de moins.
M. Beauchemin : Je le
comprends, ça, j'ai...
M. Lefebvre (François) : C'est
ça qu'on veut garder en place.
M. Beauchemin : J'ai... Je
comprends. Mon point, il est vraiment plus à un autre niveau, dans le sens que
j'essaie de comprendre, quand vous vous positionnez comme ça, avec
l'infrastructure que vous avez en place pour distribuer à, hein, des
restaurants, grosso modo, des restaurants puis des bars, O.K., votre réseau de
distribution, il est coûteux, il est onéreux, vous l'avez en place, donc c'est
certain qu'il y a une marge peut-être nette après les coûts qui revient au même
par rapport à ce que vous vendez quand vous vendez chez Metro puis chez IGA à
cause des coûts que vous encourez pour pouvoir avoir ce réseau de distribution
là. Mais, en bout de piste, le restaurateur puis le tenancier de bar paient
plus cher à vous directement, en moyenne, peu importe le volume qu'il fait, par
rapport aux dépanneurs puis aux IGA, en moyenne. D'accord?
M. Lefebvre (François) : Oui,
mais...
Mme Toupin (Amélie) : Il la
vend plus cher aussi, par contre, là...
M. Beauchemin : Effectivement,
effectivement.
Mme Toupin (Amélie) : C'est
une donnée commerciale, là. C'est ça.
M. Beauchemin : Ce n'est pas
ça que... Ce n'est pas ça, le point, c'est juste que j'essaie de... pour que
les gens le comprennent. Donc, on subventionne un peu, d'une certaine façon, un
réseau de distribution pour s'assurer que ça tienne la route, pour qu'on puisse
avoir ce différentiel. Mais...
M. Lefebvre (François) : Oui.
Mais le bar...
M. Beauchemin : ...imaginons,
si on avait à recommencer aujourd'hui à zéro, là, si on avait à recommencer
aujourd'hui à zéro, est-ce qu'on ferait ça, selon vous, au niveau de la
simplicité de votre modèle d'affaires? Hé! restaurateur en Abitibi, là, va chez
IGA, finalement, puis c'est plus simple pour moi.
M. Roy (Philippe) : Moi, je
comprends qu'au Canada anglais, ils nous envient notre système au Québec, que
je n'entends personne...
M. Beauchemin : En tout
cas... Bien, tu sais, au niveau de la simplicité de votre modèle d'affaires, je
ne suis pas contre, là, je ne suis pas en train de dire que je suis contre. En
fait, ce que je suis en train de dire, c'est que j'essaie d'analyser la raison
pour laquelle il y a ces deux modèles différents. Juste de façon financière, je
pense qu'on a mis le doigt dessus, c'est exactement ça, la réalité.
Maintenant, quand vous parlez de 75 000
hectolitres, les... je m'excuse, c'est quoi, les trois sortes de
microbrasseries... les trois noms de microbrasseries que vous avez?
M. Roy (Philippe) : Nous, il
y a... on a Unibroue, Archibald, Brasseurs de Montréal et Trou du diable.
M. Beauchemin : Unibroue puis
Archibald, par exemple, combien d'hectolitres font-ils par année?
Mme Toupin (Amélie) : Environ...
Unibroue, c'est environ 70 000 hectolitres par année.
M. Beauchemin : 310 000?
Mme Toupin (Amélie) : 70 000.
M. Beauchemin : 70 000.
«Thank you.»
Mme Toupin (Amélie) : Oui,
c'est la... c'est une des plus grosses microbrasseries. Ça fait que ça vous
donne une idée, un peu, tu sais, quand on parle de microbrasseries, c'est très
élevé, là, 150 000 hectolitres, là...
Mme Toupin (Amélie) : ...c'est
très élevé, là, 150 000 hectolitres, là...
M. Beauchemin : Ça donne
quand même 20, ce n'est pas loin de 75, là. La question que je me pose,
c'est : Est-ce que, dans le fond, au lieu de mettre ça à 75... Dans le
fond, vous, là, chez Molson, combien d'hectolitres vous faites par année au
Québec?
M. Lefebvre (François) : Tout
dépendant des années, mais on fait... on brasse, à peu près, je vous le dirais,
en bas de 2 millions, par exemple, oui, oui.
M. Beauchemin : Chez vous?
Mme Toupin (Amélie) : Environ
550 000 hectolitres.
M. Beauchemin : Bon, ça fait
que, supposons qu'on mettait le chiffre à 250, qui est la moitié de ce que vous
faites, ça vous donne du padding en masse pour ne pas avoir peur que la
compétition rentre. Je me pose la question.
Mme Toupin (Amélie) : Bien,
ce n'était pas vraiment ça, l'objectif, de réduire le panier.
M. Lefebvre (François) : C'est
ça, moi non plus, je suis... Moi, il faut que je réponde à votre commentaire de
dire qu'un bar-restaurant d'Abitibi aille chez IGA, tu sais, pour prendre
l'exemple que vous avez fait. C'est de ça que j'ai peur puis c'est ça qu'on ne
veut pas. En ce moment, on parle du timbrage. Si on veut revoir le modèle de
vente, c'est la loi de la SAQ. Ça fait que ça, c'est autre chose.
• (11 h 50) •
M. Beauchemin : Oui, oui, je
comprends, je comprends, mais c'est la genèse en arrière du timbrage qu'on
essaie d'expliquer. Là, on fait une distinction dans le projet de loi du
ministre à 75 000 hectolitres, O.K., mais pourquoi
75 000 hectolitres? Parce que, dans le fond, ce qu'on veut faire,
c'est stimuler votre industrie d'une certaine façon, de façon raisonnable,
n'est-ce pas? On veut aussi stimuler évidemment l'industrie des microbrasseurs,
O.K., PUIS leur donner une marge de manœuvre pour pouvoir avoir de la
croissance s'ils veulent en avoir. Ça fait que, c'est quoi, le bon «benchmark»?
C'est où est-ce qu'on coupe la... est-ce que c'est vraiment
75 000 hectolitres? Ça peut-tu être plus? Ça peut être moins?
J'essaie juste de comprendre.
M. Roy (Philippe) : Bien,
selon nous, c'est moins que 75. 75 a été retenu notamment parce qu'au fédéral
ils ont créé un palier à 75 pour faire des tarifs d'imposition. On s'est
dit : Bon, bien, allons-y avec des paliers qui existent déjà.
M. Beauchemin : O.K., O.K.
Mme Toupin (Amélie) : Mais
oui, ça pourrait être 50 000 hectos puis ça regrouperait quand même
la majorité, justement, des groupes. Puis on ne parlera pas pour eux, là, mais
ceux qui ont vraiment des enjeux opérationnels, en bas de
50 000 hectolitres, on peut comprendre. En haut des très grandes
opérations, des gros joueurs qui sont très semblables à Sleeman, là, on
comprend un peu moins le désir d'abolir le timbre.
M. Beauchemin : Parce que,
dans le fond, tu sais, je...
M. Lefebvre (François) : Nous,
à la base, on voulait un projet pilote.
M. Beauchemin : Pardon?
M. Lefebvre (François) : Nous,
à la base, on aurait espéré un projet pilote. Philppe a mentionné que... c'est combien,
80 %? C'est combien, le...
M. Roy (Philippe) : 98 %
vont être en...
M. Lefebvre (François) : C'est
ça. Donc, c'est dans ce cadre là qu'on trouvait ça intéressant, dans un premier
temps, pour aider vraiment les petites micros, pour les aider. Puis, après ça,
lorsqu'ils rentrent dans certaines dynamiques de marché pour s'assurer qu'il
n'y ait pas de fraude puis qu'on ait... sans évasion fiscale. Donc, c'est ça.
Le Président (M. Allaire) : 30 secondes.
M. Beauchemin : 30 secondes,
wow! O.K. Bien, écoutez, moi, ce que j'essaie de retenir là-dedans, c'est qu'on
veut simplifier, O.K., mais, dans le fond, de votre point de vue à vous,
supposons qu'il n'y avait plus de timbrage sauf pour vous autres, vous seriez
contents? Ça ne vous dérangerait pas?
M. Roy (Philippe) : Bien, en
fait, la SAQ va continuer à timbrer. Les distillateurs vont continuer... je
veux dire, le...
M. Beauchemin : Non, mais de
façon... on enlèverait le timbrage, mais sauf pour vous autres, vous seriez
contents avec ça?
Mme Toupin (Amélie) : Non,
pas nécessairement. On voudrait que les gros joueurs...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, merci. Désolé. Désolé, je dois malheureusement vous couper. On enchaîne
avec le deuxième groupe de l'opposition. Mme la députée de Verdun, la parole
est à vous, 4 min 8 s.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci beaucoup pour votre exposé. C'est sûr qu'on retient vos réticences puis
vos commentaires concernant le timbrage ainsi que les craintes. Il y en a une
qui m'a marquée, puis j'aimerais ça vous entendre un peu plus. Vous nous dites
que, dans le pire des scénarios, ce que vous ne souhaitez pas, c'est qu'un bar
ou un restaurant se tourne vers une grande surface, un IGA, pour aller acheter
de la bière. Mais dans ma compréhension de l'alimentaire où, d'habitude, les
restaurateurs qui viennent chercher avec vous, vous dites : Il y a un
modèle de distribution qui assure un prix aussi, un prix qui est plus
compétitif. Est-ce que je me trompe en disant qu'en achetant directement avec
vous, le prix demeure plus compétitif qu'en allant au IGA, en achetant deux
caisses de 24?
M. Roy (Philippe) : Bien, en
fait, ce qu'il faut mettre en relief d'abord, c'est que ce n'est pas nous,
c'est c'est l'Assemblée nationale qui a, il y a 50 ans, créé une
obligation dans la loi de la SAQ pour obliger les bars et les restaurants à
acheter directement aux producteurs. Donc, c'est la loi, donc... Mais nous, je
pense qu'on offre un service en échange. Imaginons le bar sur Wellington à
Verdun, qui... lui, il n'a pas à aller chercher ses kegs de bière, ça, c'est
tout livré chez lui. Tout ce qui est vide, c'est les brasseurs qui reviennent,
qui reprennent le vide, tout ça. Il y a des services qui viennent avec. Moi,
mon impression, c'est que tout le monde est heureux et gagnant-gagnant de cette
situation-là.
Mme Zaga Mendez : Oui, bien,
je comprends puis je pense, dans l'exemple, vous le dites que, pour
maintenir... on ne s'en va pas, avec le projet de loi, vers une abolition du
timbre, mais...
Mme Zaga Mendez : ...vous
craignez qu'on puisse aller là. De l'autre côté, vous le dites très bien, vous
offrez un service tellement personnalisé, rassurant, avec des prix compétitifs
que je vois mal comment le timbre devient un enjeu qui va décourager les gens
de faire affaire avec vous directement ou se tourner vers les autres. Estce que
c'est plus anecdotique ou c'est quelque chose que vous sentez que ça pourrait
aller contre votre modèle?
M. Roy (Philippe) : On est
est peut-être pessimistes de par nature, mais nous, on trouvait que le
timbre... on trouve encore que le timbre, c'est comme le rempart qui garantit
que le restaurateur ou le bar va respecter ses obligations.
Mme Toupin (Amélie) : Il ne
faut pas oublier aussi que les brasseurs ont... c'est interdit de dicter le
prix de détail puis que, parfois, il peut y avoir des promotions, là, très
intéressantes. La bière, c'est un produit d'appel, certains détaillants peuvent
mettre des prix, tu sais, très près du prix minimum, ce qui peut être
appétissant pour le réseau CSP, d'aller s'approvisionner directement chez un
Costco ou un Maxi ou... Donc, il y a aussi cette dynamique-là, commerciale,
plusieurs prix, au Québec, ce n'est pas un prix uniforme comme on voit dans
certaines provinces, là.
Mme Zaga Mendez : Là, je
comprends bien, votre argument, ce serait de dire : Bien, quand je vais au
Costco, je... bien, ou d'autres surfaces, là, il y a aussi un risque de ne pas
trouver le produit, tandis que, quand on fait affaire avec vous, on assure une
quantité. Ça fait que ça aussi, ça demeure parmi les remparts, là,
additionnels.
Combien de minutes qu'il me reste?
Le Président (M. Allaire) : Une
minute.
Mme Zaga Mendez : Une minute.
Je voulais vous poser une question concernant l'aluminium, j'imagine... Je vous
ai entendus dans les nouvelles, je ne sais pas si vous voulez ajouter.
M. Roy (Philippe) : Bien,
juste répéter qu'on est très, très, très préoccupé. Il faut comprendre que
l'aluminium qui vient du Québec va traverser la frontière et nous revenir une
deuxième fois, donc va peut-être être doublement tarifé. Et c'est encore une
fois la même situation que ce que les Américains vont vivre, c'est nos
consommateurs, nos clients qui vont peut-être devoir subir cette hausse-là ou
être victimes de cette guerre tarifaire là. Donc, oui, on est inquiets.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Merci, M. le Président...
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, Mme la députée de Verdun. Merci à vous quatre pour votre excellente
contribution à cette commission.
Donc, on va suspendre les travaux quelques
instants pour permettre à l'autre groupe de venir s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 56)
(Reprise à 12 h 01)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous sommes maintenant avec le groupe de
l'Association Restauration Québec. Alors, bonjour à vous trois. Vous avez
10 minutes pour faire votre exposé. Je vous cède la parole maintenant.
Prenez soin de vous présenter, s'il vous plaît, peut-être à tour de rôle. Et
après ça va s'enchaîner une période d'échange. Merci. Allez-y.
M. Malouin-Trudel (Laurence-Olivier) :
Parfait. Bien, M. le Président de la commission, M. le ministre délégué à
l'Économie, Mmes, MM. les députés, merci. Bonjour. Je me nomme Laurence-Olivier
Trudel. Je suis le président-directeur général de l'Association Restauration
Québec, communément appelée l'ARQ. Donc, fondée il y a plus de 85 ans,
l'ARQ compte près de 5 200 membres situés dans toutes les régions du
Québec. On est le plus important regroupement de gestionnaires de la
restauration sous toutes ses formes au Québec. Je suis accompagné aujourd'hui
de mes collègues, donc du vice-président aux affaires publiques, M. Martin
Vézina, et de la directrice aux affaires publiques, Mme Dominique
Tremblay.
Je tiens à vous remercier et à remercier
tous les membres de la commission de nous avoir invités aujourd'hui à présenter
nos observations sur le projet de loi n° 85. C'est très apprécié. Depuis
quelques années, l'industrie de la restauration doit vivre avec de nouvelles
couches de réglementation. Qu'on pense à la modernisation de la consigne, aux
mécanismes de prévention en santé et sécurité au travail, à la nouvelle
exigence certificat de francisation pour les entreprises de 25 employés ou
encore la mise en place du module d'enregistrement des ventes, l'infonuagique
qui s'en vient, c'est toutes des choses qui ont des impacts directs sur la
gestion des établissements. Pour les petites entreprises qui forment la très
grande majorité de l'industrie, la très grande majorité de nos membres, c'est
un lourd fardeau que les propriétaires doivent gérer, tout en n'ayant pas
nécessairement les ressources nécessaires pour appliquer le tout, répondre
adéquatement à toutes les redditions de comptes obligatoires.
Devant cet état de fait, on salue
l'orientation du gouvernement de mettre l'emphase sur le travail en allègement
réglementaire. Et de voir le ministre poursuivre la tradition de déposer un
projet de loi omnibus annuel, c'est très apprécié. C'est d'ailleurs la deuxième
année qu'on participe aux... aux consultations particulières, pardon. L'an
dernier, nous avions présenté notre point de vue sur l'absence de mesures
concernant la fin des timbres. Donc, on fait suite aujourd'hui. Nous nous
retrouvons maintenant pour parler d'une des mesures phares pour notre secteur,
soit l'abrogation du timbre pour les bières de microbrasseries. Pour l'ARQ, il
s'agit d'un premier pas dans la bonne direction qui est la fin de l'obligation
du timbre de droit dans son ensemble pour l'ensemble des produits alcoolisés.
En effet, ce dernier apporte son lot de problèmes, autant pour les
microbrasseurs que les exploitants de la restauration. Il est composé
d'éléments, soit le papier et l'adhésif, qui sont souvent de mauvaise qualité,
qui est peu tolérant aux manipulations, que ce soit lié au transport ou encore
à l'entreposage. Aussi, la façon dont il est souvent appliqué sur les
contenants est une source d'enjeux. Compte tenu des ressources humaines,
financières et technologiques limitées de certains... certaines microbrasseries
québécoises, les timbres de droit se trouvent souvent apposés manuellement par
des employés avant l'envoi des produits. Même chose pour la SAQ qui, malgré ses
grandes ressources, indique bien sur son site Web que l'application manuelle du
timbre par son personnel peut engendrer des erreurs et qu'il faut signaler
l'erreur à la SAQ Restauration sans délai.
La solution, ce n'est pas nécessairement
l'automatisation du processus, puisque ceci complexifie de façon importante les
chaînes de montage des commandes...
12 h (version non révisée)
M. Malouin-Trudel (Laurence-Olivier) :
...qui ne distingue pas nécessairement les commandes pour les
établissements pour consommation sur place que celles pour la vente au détail,
alors qu'on sait bien que tous ces contenants-là alcoolisés viennent dans les
boîtes qui sont souvent des boîtes de 12 ou de 24.
Toujours en termes de complexité, le
timbre crée une lourde gestion administrative pour les restaurants. Il faut un
contrôle supplémentaire pour y déceler les timbres de droits, effectuer un
suivi des lots et, le cas échéant, contacter les fournisseurs en cas d'erreur.
Déployer des efforts administratifs importants en cas d'erreur humaine ou
technologique provenant des microbrasseurs et de la SAAQ. Et, malgré tout ça,
il demeure un risque potentiel de sanction de la part de la Régie des alcools,
des courses et des jeux lorsque les timbres ne sont pas présents.
Par ailleurs, nous voulons citer les
propos du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie, de l'analyse
d'impact réglementaire en lien avec le projet de loi. Succintement, le document
stipule que l'exemption du marquage CSP, donc consommation sur place, pour les
produits de microbrasserie aurait un impact fiscal marginal, notamment depuis
2014, au moment où la taxe spécifique sur l'alcool a été harmonisée. D'autre
part, et aux dires du ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie,
cette obligation est plutôt une formalité administrative qui n'affecte pas les
exigences légales des établissements concernant les... leur approvisionnement
et la conservation des pièces justificatives. En bref, on peut sous-entendre
que cette obligation vétuste et dépassée devrait être liquidée au profit de
méthodes plus efficaces, et efficientes, et performantes pour notre industrie.
Devant ces propos, ce que nous appuyons,
évidemment... que nous appuyons, évidemment, pardon, nous croyons qu'il faut
étendre son abrogation aux autres boissons dans les plus brefs délais et que le
gouvernement doit bâtir rapidement un plan structuré pour la fin du timbre sur
tous les contenants de produits à base d'alcool. Je vais maintenant laisser ma
collègue Dominique vous parler de notre satisfaction sur d'autres mesures d'allègement
contenues dans le projet de loi.
Mme Tremblay (Dominique) : Merci,
Laurence-Olivier. Notre association souhaite aussi manifester son appui pour l'article 17.
En effet, la modification proposée permettra aux établissements qui possèdent
un permis pour servir d'autoriser la consommation de boissons de type prêt à
boire à base de spiritueux à moins de 7 % de volume d'alcool. Par le biais
de cette mesure, une certaine équité s'installe entre les établissements
titulaires d'un permis pour servir et ceux titulaires d'un permis pour vente
qui bénéficiaient déjà de la possibilité de vendre des boissons de ce type.
Il y a aussi une belle avancée avec l'article 36.
Actuellement, le recours aux services d'un ingénieur ou d'un architecte pour
approuver les plans à fournir lors d'une demande de permis d'alcool, c'est une
procédure administrativement lourde et coûteuse pour les propriétaires d'établissement
de restauration. De plus, l'accès à ces professionnels peut être difficile pour
les exploitants, notamment dû à leur nombre restreint et leur niveau d'occupation.
Dans cette perspective, permettre l'accès aux technologues en génie ou en
architecture accélérerait les délais d'approbation, tout en représentant une
charge financière moins importante pour les demandeurs de permis.
Finalement, nous voulons montrer notre
satisfaction au sujet des modalités entourant les demandes de permis du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, soit l'abolition
du concept des unités de maintien chaud et froid et le retrait de l'inscription
du numéro d'attestation de la formation en hygiène et salubrité alimentaire
lors du dépôt de la demande de permis. Ce sont de simples allègements auxquels
nos membres peuvent profiter. Toutefois, nous aimerions vous suggérer une bonification
au projet de loi que mon collègue Martin Vézina vous expliquera.
M. Vézina (Martin) : Notre
proposition s'inspire grandement du retrait de l'obligation, pour les
détenteurs du...d'un permis de préparation alimentaire en vue de la vente de
gros, de détenir également le permis de vente au détail ou de restauration pour
un même lieu, article qu'on retrouve dans le p.l. 85. Cette mesure
exemptera donc l'exploitant muni de ce permis d'exercer des activités de vente
au détail ou de restauration sur le même site, sans avoir à se procurer un
permis additionnel. Suivant cette même orientation, nous aimerions permettre,
avec le permis de restauration, de vendre des plats préparés à des commerces de
détail pour la revente. Lorsqu'on parle de préparés, évidemment, nous visons la
catégorie prête à manger, soit des prêts... des plats prêts à être consommés
immédiatement ou demandant uniquement une cuisson ou une remise en température,
et par la suite que le client pourra assembler à son domicile. L'objectif ne vise
aucunement à ce que le détenteur du permis de restauration puisse faire des
activités semblables à un permis de gros, soit de faire des préparations
peut-être congelées ou sous conserve et de distribuer nationalement à toutes
les épiceries. Il s'agit donc uniquement d'autoriser au détenteur de vendre des
produits de type... une épicerie, un commerce alimentaire local. Donc, on vise
vraiment des circuits courts, des achats locaux ou de développer des
partenariats avec les épiciers du coin.
Cette mesure permettrait aux
établissements de restauration l'exploration de modèles d'affaires
complémentaires, tout en multipliant leurs sources de revenus, ainsi qu'en
développant potentiellement une nouvelle forme de clientèle. Cette mesure
pourrait certainement s'illustrer comme un moteur de croissance pour les
entreprises du secteur de la restauration. De plus, cette flexibilité pourrait
permettre de stimuler l'économie locale en encourageant l'achat de produits
prêts à manger locaux. Pour reprendre les termes de l'Association des
détaillants d'alimentation du Québec, qui appuie d'ailleurs notre
proposition...
M. Vézina (Martin) : ...cela
favoriserait la mise en place de circuits courts et diminuerait le fardeau des
détaillants, au bienfait des consommateurs et des entreprises concernées.
L'application de cette nouvelle mesure ne
compromettrait en rien la sécurité alimentaire, puisque les établissements de
restauration sont déjà soumis à des normes rigoureuses. Le cadre réglementaire
en matière d'hygiène et salubrité appliqué à la restauration est rigoureux. Des
normes sévères sont imposées par les autorités gouvernementales, couvrant
notamment la manipulation des aliments, l'entretien des équipements et
l'inspection des lieux. Qui plus est, le personnel des établissements de
restauration, des propriétaires jusqu'aux cuisiniers, doivent tous suivre des
formations en hygiène alimentaire et en salubrité. Obligatoires, elles
favorisent l'adoption de meilleures pratiques en la matière dans la production
alimentaire.
Enfin, des inspections régulières sont
menées par les autorités sanitaires afin de s'assurer du respect de ces normes.
Ce faisant, nous croyons que notre proposition n'aurait pas d'incidence dans la
qualité et l'innocuité des plats préparés pour revendre dans un commerce de
détail.
Finalement, la crise de la COVID-19 a
poussé l'industrie à revoir ses façons de faire mais aussi de rechercher de
nouveaux modèles d'affaires. Ainsi, la modification que nous proposons
permettrait aux exploitants de pouvoir développer un nouveau canal de
distribution et assurer une plus grande résilience pour leurs commerces,
notamment dans les périodes de crise, que ce soit la COVID-19 ou les tarifs
douaniers qu'on a comme menace.
Espérant que vous considérerez notre proposition
d'amélioration, nous vous remercions de votre écoute et espérons que vous serez
sensibles aux recommandations contenues dans le mémoire. Merci.
• (12 h 10) •
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On débute la période d'échange avec la partie gouvernementale. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Bien, rapidement, j'ai le goût de vous entendre, parce qu'on a
entendu l'ABQ, il y a quelques moments, moi, je suis curieux de vous entendre
sur le modèle d'affaires de transiger avec eux. Moi, je serais vraiment,
vraiment curieux de vous entendre là-dessus. Donc, si vous avez une opinion,
là, je vous invite à me la partager.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Parfait. Bien, en toute honnêteté, on était dans
la salle aussi avant, on se doutait bien qu'on allait avoir des questions.
Donc, bien, c'est certain, il faut comprendre le restaurateur, pour un prix
x... s'il a le choix, pour le même prix, pour sa caisse de bière, d'aller
chercher sa caisse de bière chez un détaillant quelconque ou de se la faire
livrer, il va se la faire livrer. C'est un gain d'efficacité, c'est un gain de
productivité pour lui. Donc, évidemment, d'avoir la livraison c'est un gain.
Maintenant, la nuance vient à savoir,
bien, le prix x versus le prix y, le jeu en vaut-il la chandelle? Est-ce que le
restaurateur, le prix qui lui est exigé pour la livraison... Actuellement, il
n'y a pas d'autre option, parce que, comme le mentionnaient les gens qui nous
ont précédés, c'est une obligation dans la loi d'être distribué par un
brasseur, bien, comme il n'a pas le choix, il est obligé de prendre ce
modèle-là. Est-ce qu'il valoriserait, le restaurateur, avec la plus-value qui
est mise au niveau de la caisse, parce qu'en règle générale, en moyenne, là...
Il y avait une question, tantôt, à ce sujet-là, là, est-ce que le restaurateur
paie sa caisse de bière le même prix à l'épicerie? La réponse, c'est non, il la
paie plus cher, c'est certain. Puis on comprend pourquoi, il y a un coût de
distribution à mettre en place, c'est certain. Maintenant, est-ce qu'il y a des
restaurateurs qui feraient le choix, potentiellement, d'aller s'approvisionner
directement chez le détaillant au regard du prix, en disant : Bien, le jeu...
mon temps, mon coût pour aller chercher ces caisses de bière là serait plus
avantageux si je le faisais moi-même que si je me faisais livrer? Il n'est pas
impossible que plusieurs restaurateurs le feraient. Par contre, il y en a
potentiellement qui demeureraient dans un système de livraison aussi. À l'heure
actuelle, la seule chose, c'est qu'ils n'ont pas le choix, ils sont obligés, de
par la loi, comment c'est défini. Martin?
M. Vézina (Martin) : Bien,
pour ajouter, là, à cette notion-là, au niveau de la différence de prix, on
évalue, par exemple, prenons une Coors Light, une caisse de 24, pour donner une
image, aux alentours de 70 $, qui est facturé par les brasseurs pour la
caisse de bière. Elle peut se trouver à un autre prix au détail, là, je ne suis
pas au courant...
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Une quarantaine de dollars. On parle d'une
différence qui peut être d'environ 75 %. Là, il y a plein de rabais qui
peuvent être... qui peuvent rentrer aussi en vigueur, là. Un restaurateur qui
va avoir beaucoup de volume, en règle générale, va payer sa... il ne paiera pas
sa caisse de 24, on va dire, de produits de base réguliers à 70 $, va
avoir un rabais, mais va quand même payer un supplément plus élevé que ce qui
est payé en épicerie, probablement, en règle générale, dépendamment des
volumes.
M. Vézina (Martin) : Ce qui
fait que peut-être le timbre de droit est le mécanisme qui leur permet,
justement, de fixer cette tarification-là plus élevée aux détenteurs de permis
CSP. Mais ce n'est pas le timbre de droit qui... c'est un élément de contrôle,
mais on s'entend que, dans la loi, c'est écrit qu'un titulaire de permis, actuellement,
doit s'approvisionner d'un titulaire de permis de brasseur. Donc, on peut faire
fi du timbre de droit, et peut-être que les brasseurs peuvent trouver aussi un
autre mécanisme de contrôle qui n'est pas nécessairement lié avec l'État ou
géré par l'État.
M. Skeete : Puis, ici, on
parle de bouteilles, mais, mettons, si je vous livre un «keg», c'est-tu la même
chose, c'est-tu le même modèle où est-ce...
M. Skeete : ...on charge
une surprime en termes de litrage ou...
M. Vézina (Martin) : Il
n'y a pas de comparable au détail puisque la loi ne permet pas la vente de keg
au détail. Donc, c'est sûr qu'au niveau...
M. Skeete : Mais, je veux
dire, le prix, le prix au litre.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Mais en termes de prix, oui, on parle d'éléments
qui sont comparables. Ils sont comparables. Encore une fois, c'est toujours
dans les volumes, c'est toujours ramené à un volume par caisse de 24, là, c'est
sûr. C'est comme ça que le marché fonctionne.
M. Skeete : Ça fait que
même lorsqu'il n'y a pas de timbre et un produit équivalent à l'épicerie, vous
êtes quand même facturés plus que...
Une voix : ...
M. Skeete : O.K. C'est
intéressant.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Puis ce qui est... Si je peux me permettre,
pardon, dans les autres enjeux également, c'est que c'est un réseau de
distribution qui est obligatoire. Un restaurant qui, pour des raisons x, y, z,
aurait des besoins particuliers rapides, bien, à l'heure actuelle, il ne peut
pas aller s'approvisionner dans aucun réseau de distribution autre dans les
détaillants, donc il doit absolument faire sa commande, donc si, pour une
raison x, il y a un groupe qui réserve un matin donné, un samedi, puis qu'il va
venir le samedi soir puis qu'ils vont consommer, on le sait, beaucoup d'un tel
produit, le restaurateur, s'il n'a pas les produits en stock, il risque de ne
pas pouvoir s'approvisionner à court terme. Ça fait que ça peut être un autre,
un autre des enjeux.
M. Skeete : C'est
important. Ça fait que le délai de livraison, normalement, c'est combien de
temps?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Ça, je ne saurais vous le dire précisément. Probablement
qu'un...
M. Skeete : Mais en
moyenne.
M. Malouin-Trudel (Laurence-Olivier) :
Bien, c'est assez rapide, là. Puis je veux dire, là, c'est une question d'offre
et demande, là. Les gens qui étaient là avant nous se font compétition
justement sur ce niveau-là pour assurer d'avoir une livraison assez rapide, là.
On parle de jours, là, c'est... En règle générale, c'est assez rapide.
M. Skeete : O.K. Là, on a
beaucoup parlé que l'absence de timbre, bien là, tout à coup, le monde change,
puis on ne peut plus replacer rien, puis y a de la contrebande partout. Ça fait
que quel rôle, selon vous, les restaurants peuvent jouer pour aider, mettons,
advenant l'abolition d'un timbre un jour, là, tu sais? Quel rôle êtes-vous prêt
à jouer?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Bien, tu sais, ça fait partie de nos... de nos
pistes de solution. C'est sûr que, vous savez, voilà plusieurs années, on a
implanté le MEV physique, les modules d'enregistrement des ventes. On est
actuellement dans la transition vers la version 2.0 qui est le MEV, le
module d'enregistrement des ventes infonuagique, chose pour laquelle notre
industrie est en faveur. Il y a des gains à faire... à faire avec ce module, ce
module d'enregistrement des ventes là. Puis on pense qu'un des gains, c'est
justement au niveau du timbre parce qu'il y a des contrôles supplémentaires qui
vont être possibles au niveau... au niveau des analyses fiscales pour s'assurer
que les achats et les ventes corroborent. Donc, on pense qu'il y a beaucoup à
faire, là. Notre industrie veut faire patte blanche, puis comprenons-nous bien,
là, je veux dire, on a, autant que ce soit au niveau des grands brasseurs,
qu'au niveau des microbrasseries, qu'au niveau de la SAQ, notre industrie est
bien desservie. Il y a une offre qui est... qui est complète en termes de
produits, qui est de qualité. Notre industrie, les restaurateurs vont continuer
à s'approvisionner là. Il n'y en a même pas qui sont intéressés à aller
s'approvisionner en dehors du Québec ou encore dans des réseaux alternatifs
d'alcool qui sont... qui ne sont pas réglementés, là.
M. Vézina (Martin) : Puis
je veux ajouter un dernier élément parce que, dans le projet de loi, il y a une
disposition qui s'est ajoutée en disant qu'on doit comme obligation maintenant,
comme titulaires de permis, de donner accès à tous nos documents d'achat et de
vente. Bien, justement, ça va dans ce système-là de vérification. Par exemple,
autant pour les brasseurs que pour la SAQ, bien, la SAQ, il y a un relevé des
six derniers mois d'achats qui sont faits, que les titulaires reçoivent. Donc,
on pourrait se baser seulement sur les contrôles d'achats de la SAQ ou des
brasseurs pour justement faire le contrôle avec ce qu'on vend. À mon avis,
depuis la fin de la... Depuis qu'on a harmonisé la taxe spécifique sur
l'alcool, il n'y a plus de fuites fiscales. Puis je vous dirais, quand on fait
un comparable des coûts, autant à la LCBO ou à la bière dans les environnants,
il n'y a pas d'intérêt pour un restaurateur, vraiment, d'aller dans une autre
province, d'aller dans un autre État pour s'approvisionner. Le marché légitime
est assez compétitif, surtout avec une offre de service autant que par les
prix, mais pour la livraison, parce que la SAQ livre aussi, pour avoir vraiment
un modèle de contrôle qui est basé sur des timbres.
M. Skeete : Je veux vous
applaudir pour votre mémoire parce qu'une des choses que je demande souvent en
allègement réglementaire, c'est : Évitons les grands principes, là, tu
sais. Moi... Tout le monde est pour l'allègement réglementaire, mais c'est
quoi, le paragraphe qui t'écoeure, là? Tu sais, moi, c'est ça qui m'intéresse.
Puis vous êtes... Vous êtes là-dedans, là, vous le dites, là, carrément, en
rouge, là : C'est ça qui me dérange. Puis l'article tel qu'écrit me
dérange. Ça me permet de challenger la machine interne. En ce sens, dans vos
recommandations 2, 3 et 4, vous parlez du prix à manger. J'aimerais vous
entendre davantage, juste pour être sûr que nos équipes peuvent vraiment
comprendre le sens de vos recommandations, pour être sûr qu'on puisse peut-être
les évaluer.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Bien, dans un premier temps, je vais vous
remercier pour les compliments, puis je vais tout de suite les retransmettre à
mes collègues parce que c'est eux qui travaillent fort tous les jours
là-dessus. Donc, effectivement, je ne sais pas, Dominique ou Martin...
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : ...si tu veux peut-être plus y aller.
M. Vézina (Martin) : Bien, je
vais décrire... je vais commencer par décrire l'enjeu. Ce qu'on... C'est une
recommandation qui découle, je vous dirais, de la COVID, qui nous a fait
beaucoup réfléchir en tant qu'industrie. Et nous, l'objectif, c'est de... avec
le même permis que nous avons pour opérer, provenant du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries, de l'Alimentation, de pouvoir vendre des aliments
prêts à manger directement à l'épicerie, donc de le vendre à l'épicier, qui,
lui, pourra le revendre. Actuellement, le système qu'on a, c'est un système de
consignation où tout le fardeau, tout le risque revient au restaurateur. Donc,
nous, ce qu'on veut, c'est peut-être développer des liens avec les épiciers
pour pouvoir vendre des lasagnes déjà construites, mais qu'il manque une
cuisson à faire par exemple. Donc, c'est vraiment dans cette logique-là qu'on
veut aller, et ce n'est pas nécessairement de dire : On va faire des ailes
de poulet congelées, là, puis on va aller faire... on va faire une entente avec
toutes les Super C de la province pour pouvoir le commercialiser. On vise
vraiment un lien avec les dépanneurs ou, je vous dirais, l'épicier, qui est
peut-être sous bannière, mais l'épicier du coin.
• (12 h 20) •
Mme Tremblay (Dominique) : Bien,
en fait, c'est une diversification aussi des ventes. On s'entend qu'avec la
COVID, ce qu'on a vécu, les restaurateurs nous appelaient beaucoup pour
savoir... pour essayer de trouver d'autres moyens, d'autres sources de revenus.
C'est certain que l'industrie s'est quand même un peu modifiée. On n'est pas
revenu à ce que c'était avant la COVID nécessairement au niveau fréquentation,
habitudes de fréquentation. Il y a l'inflation là-dedans en ce moment aussi,
etc. Donc, les tarifs qui nous menacent, et tout. Donc, c'est sûr que, pour le
restaurateur, avoir une source différente de revenus possibles, explorer une
autre avenue, c'est intéressant. Puis, pour le consommateur, il peut être
gagnant aussi. Parce que, justement, en cette période d'inflation, des fois il
n'a peut-être pas les sous pour aller au restaurant, mais aimerait ça manger...
bien, on va parler de la lasagne, mettons, d'un tel restaurant, si elle serait
vendue en épicerie, il irait peut-être se la procurer à l'épicerie, donc ça
amène une autre source de revenus possible. Puis en cas, comme on a parlé dans
nos discussions, de crise, que ce soit... on en a vécu une grosse. Ça ne veut
pas dire qu'il n'y en aura pas d'autres. C'est que, si jamais les restaurants
sont fermés, sont arrêtés, bien, ils ont cette source-là aussi de revenus qui
peut assurer le maintien en emploi de leurs employés, sans avoir à justement
couper, les faire rentrer, les faire... les remettre à pied, etc. Donc, c'est
une avenue intéressante, là, pour le futur aussi.
M. Skeete : Juste pour
comprendre l'enjeu. Là, en ce moment, ce n'est pas permis?
M. Vézina (Martin) : Non, tout
simplement pas permis. Le permis de restauration permet de faire des activités
de restauration dans son établissement pi son véhicule, mais on ne peut pas
faire de vente à une autre entreprise. Je peux vendre... Au restaurant, on peut
avoir un tombeau, faire de la vente au détail dans le lieu de... le restaurant,
mais on ne peut pas vendre à une autre entreprise qui va la revendre ensuite.
Actuellement, ça prendrait le permis de vente à... en gros, du ministère, pour
pouvoir faire cet exercice-là.
M. Skeete : Ça, c'est le
MAPAQ, c'est ça?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Il y a...
M. Skeete : C'est ça que
j'allais dire. Pourtant, je mange des ailes de poulet Cage aux sports, puis...
Mais ça, c'est parce qu'ils... ils ont le permis de gros.
M. Vézina (Martin) : Ils ont
le permis de gros, il y a une usine de production qui... avec certains
standards, mais là on parle de d'autres volumes, là, on n'est pas dans le
volume de restauration.
M. Skeete : Bien, c'est ça,
parce qu'il doit y avoir un enjeu sanitaire aussi par rapport à ça. Est-ce
qu'au niveau de la qualité des biens, la préparation, le... comment on fait
pour s'assurer de la traçabilité, tout ça, est le permis, j'imagine, de... en
gros.
Des voix : ...
M. Skeete : Oui, mais préparer
live, cuit sur place, c'est une chose, préparer quelque chose de cru pour être
vendu plus tard, on est dans la chaîne logistique. Vendez-moi sur l'idée que
c'est sécuritaire.
M. Vézina (Martin) : Je vous
dirais, pourquoi je dis que c'est... On a à peu près les mêmes critères, à part
sur certains aménagements, au niveau de l'usine ou de la salle, qu'il y a des
manipulations plus... il y a des restrictions plus serrées. On s'entend qu'on
est plus dans des manipulations à gros volume avec de la distribution
nationale. Moi, je fais le parallèle à, présentement, un restaurateur qui fait
la même lasagne ou fait les ailes de poulet congelées, il peut les vendre dans
son établissement, sous son permis, avec les normes prévues par le permis.
Nous, ce qu'on veut, c'est dire : Oui, ce volume-là qu'il fait, qui peut
le faire au détail dans son établissement, pourquoi il ne pourrait pas le faire
dans des épiceries, au niveau, je vous dirais, local? Donc, on vise plus le
prêt à manger parce qu'on s'entend que, peut-être, au niveau, je vous dirais,
de mise en... il y a un certain risque, peut-être, en cannage, peut-être en
congélation, qu'on pourrait réfléchir, mais pourquoi ne pas aller dans le prêt
à manger et offrir cette possibilité d'affaires là pour les restaurateurs.
M. Skeete : Puis je ne veux
pas m'ingérer dans vos affaires, mais, en ce moment, quand je vais à
l'épicerie, il y en a plein des... d'épiceries qui ont des petits services où
est-ce qu'ils vont préparer la nourriture pour nous. C'est-tu vraiment un
créneau de croissance pour vous?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Bien, nous, on a des discussions, notamment, avec
les détaillants et leur association, puis ils voient effectivement un intérêt,
puisque, là, ils pourraient utiliser la notoriété du restaurant pour amener une
plus-value pour leur établissement. Donc, ça...
M. Skeete : ...est disponible
maintenant au IGA, puis là on...
M. Vézina (Martin) : Exactement,
tu sais. Puis, peut-être, ils vont continuer de faire leur prêt-à-manger,
peut-être certains vont dire : Bien, mon prêt-à-manger venant du
restaurant, bien, il se vend mieux, puis je fais une meilleure marge, peut-être
que je vais abandonner un peu mes activités de prêt-à-manger pour consacrer mes
employés vers d'autres tâches.
M. Skeete : O.K. Est-ce que
vous avez, pour, peut-être, ce projet de loi... vous avez des recommandations,
mais sur quoi on devrait mettre la priorité pour vous aider? Je sais que vous
sortez de la pandémie et je sais que c'est difficile pour les restaurants, je
sais que les coûts d'inflation sont difficiles, la capacité de payer des gens,
aussi, est difficile. C'est quoi, pour vous, la priorité sur laquelle on
devrait se concentrer?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Alors... mais autre que ce qu'on a mentionné,
aujourd'hui, par rapport aux timbres, là, à l'extérieur de...
M. Skeete : Oui, bien, dans
le cadre... dans le cadre du projet de loi, mais en général, là, juste pour
être sûrs qu'on comprend votre industrie puis qu'on puisse déployer les...
l'aide ou le... La compréhension que vous avez besoin, c'est quoi?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Il y a... On a beaucoup de dossiers sur le feu à
l'heure actuelle, ça fait qu'il y en a plusieurs je vous dirais, puis il y en a
plusieurs qu'on fait avancer avec d'autres de vos collègues, d'autres députés,
d'autres ministres, que ce soit... on peut penser aux «no-shows», qu'on
travaille activement avec le ministère de la Justice, qu'on peut penser également
au niveau de tout qu'est-ce qui touche le partage des pourboires, qu'on fait
avancer aussi. Donc, je vous dirais que ça, c'est des dossiers qui vont bon
train.
Dans les dossiers, peut-être, qui sont
moins de l'avant à l'heure actuelle, qui... puis qui vont... qui vont arriver
très, très prochainement, je vous dirais, on a un oeil attentif sur qu'est-ce
qui se passe au niveau de la transition vers le module d'enregistrement des
ventes, au niveau infonuagique. En ce moment, on est inquiétés, préoccupés par
la situation, je vous dirais, alors qu'on a une réglementation qui nous donne
une date limite pour... pour transitionner tous les restaurants et qu'on
constate, dans nos différentes discussions, qu'on va avoir énormément de
difficultés à atteindre ces... ces cibles-là, pas à défaut que les restaurants
le fassent, simplement en raison de la capacité des concepteurs de logiciels,
de logiciels informatiques d'arriver. Donc, en ce moment, je vous dirais, on a
un gros focus là-dessus.
Il y a une date, au 31 mai, qui peut
être prolongée jusqu'au 31 août, mais, malgré tout, on se dirige dans une
situation où on risque de ne pas arriver. Donc, je vous dirais, un œil attentif
sur cette situation-là parce que, de notre côté, ça va être très, très difficile,
puis il y a des grands coûts là-dedans, donc, aussi à... qui sont... qui sont
présents pour nos restaurateurs vers une transition de leur logiciel, leur
ancien logiciel qu'ils doivent migrer vers le nouveau logiciel. Donc, je vous
dirais, c'est... c'est... Notre œil est très, très porté là dessus, puis
assurément qu'on va avoir beaucoup de discussions, là, avec, probablement,
plusieurs de vos collègues, dans les prochains mois, sur ces questions-là.
M. Skeete : Merci beaucoup.
C'est beau, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
oui. On enchaîne avec l'opposition officielle. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Je veux juste revenir sur le prêt-à-manger et les
modifications que... que vous faites. Évidemment, il y a un permis, là, comme
St-Hubert, puis Bâton-Rouge, puis tout ça. Eux autres, ils ont un permis pour
faire des «ribs» en grosse quantité, puis c'est ce qu'ils font qui est un autre
permis. Ça fait que là, vous voulez vous insérer entre eux, disons, puis le
prêt-à-manger que Metro fait à lui-même.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Exact.
M. Beauchemin : O.K. puis
juste pour qu'on comprenne, éventuellement, bon, on peut faire dans un petit
quartier un Metro, un IGA. Mais là, est-ce qu'on veut faire comme le village
d'à côté, puis le village d'à côté, puis éventuellement ça devient comme une...
Y a-tu comme un endroit, y a-tu et une place où est ce que ça va prendre le
permis dans votre tête ou vous voulez vraiment rester en bas des critères des
permis? Donc, en termes de volume, c'est quoi exactement? Comment vous
quantifier le succès de la... de la modification?
M. Vézina (Martin) : Regarde,
on n'a pas nécessairement indiqué une recommandation géographique, tout ça,
mais une cuisine de restaurant qui n'est pas une cuisine de production, là,
puis là, il faut aller un peu dans les niveaux de permis du MAPAQ, là, à ce
niveau-là, là. Si un restaurant a plus d'une unité, puis une cuisine de
production, sa cuisine de production a déjà un permis de vente en gros. Ça fait
que ce n'est pas... il va déjà répondre à cet enjeu-là. On parle vraiment d'un
restaurant indépendant qui va offrir un service aux alentours. C'est sûr qu'une
cuisine de restaurant ne pourra pas commencer à fournir la région au complet, à
moins qu'il y ait... ou plusieurs établissements d'épiceries au complet, là. Il
n'y aura pas l'espace, puis il y a quand même une activité de restauration qui
doit exercer dans le même espace, donc c'est pour... On ne croit pas qu'il y
aura un grand volume à ce niveau-là, puis il faut...
M. Beauchemin : ...à
l'intérieur donc du modèle d'affaires du restaurant.
M. Vézina (Martin) : Oui,
tout à fait.
M. Beauchemin : Il n'y a pas
d'expansion.
M. Vézina (Martin) : On ne
voit pas d'expansion, parce qu'à ce moment-là, quand vous dites St-Hubert, La
Cage puis tout ça, dans leurs produits, eux ont des usines de transformation
alimentaire qui pourraient être... C'est un transformateur alimentaire aussi
qui a ces activités-là, puis là, ils rentrent dans les ventes de gros, puis ils
ont tout... ils suivent toutes les règles d'hygiène et de salubrité de ce
modèle-là...
M. Vézina (Martin) : ...puis
ils ont... ils suivent toutes les règles dans l'hygiène, salubrité de ce
modèle-là. Puis là on parle ici d'une commercialisation nationale avec les
bannières qui achètent de l'espace... avec les bannières, puis il y a des
contrats d'approvisionnement. Là, nous, on est plus dans le cadre d'une association
avec le marchand local qui peut être sous bannière ou non, mais qu'il pourra
avoir... offrir certains produits en prêt-à-manger dans l'épicerie du coin, là.
M. Beauchemin : Puis là la
façon que vous, vous le voyez, à l'intérieur même du projet de loi, c'est de
simplement élargir les possibilités du permis de restauration.
M. Vézina (Martin) : Oui, on
le voit ainsi, c'est de donner la... le pouvoir de le faire, parce
qu'actuellement on nous parle juste d'exercer l'activité de restaurateur. Donc,
nous, c'est d'inscrire aussi qu'il est possible de le vendre à un autre, puis
on a circonscrit ça en commerce alimentaire, donc, on le circonscrit à un
certain point. Donc, on s'entend que ça va être dépanneurs et épiceries à ce
niveau-là, et de le faire pour une cuisson, une remise en température. Donc, on
a encadré pour éviter que les gens puissent penser qu'on peut faire n'importe
quoi. On a mis certaines balises pour justement amener à avoir une
recommandation qui fait du sens.
M. Beauchemin : Puis votre
capacité de pouvoir vendre sur... à l'intérieur de la bâtisse du restaurant,
déjà, ça, on la garde pareil, on continue à pouvoir avoir cette possibilité-là.
• (12 h 30) •
M. Vézina (Martin) : On ne
croit pas que nos membres vont investir nécessairement pour agrandir la cuisine
avec cette possibilité-là. Quelqu'un qui voudrait décider d'aller à plus grande
échelle va réfléchir à se développer, ce qu'on appelle une cuisine de
production. Et là, dans ce cas-là, il pourra fonctionner avec le permis de
vente de gros.
M. Beauchemin : Le permis
de...
M. Vézina (Martin) : Vente de
gros, qui est le permis...
M. Beauchemin : Puis c'est-tu
cher, ce permis-là?
M. Vézina (Martin) : Il est
autour de...
M. Beauchemin : J'aimerais le
savoir, mais...
M. Vézina (Martin) : ...600,
700 $, puis il y a des exigences réglementaires un peu plus costaudes qui fait
qu'un restaurant est difficilement intégré. Ce n'est pas nécessairement juste
une question de coût, là, c'est plus au niveau des exigences, au niveau des
espaces, puis des installations.
M. Beauchemin : O.K. Puis ça,
ça avait quand même un potentiel de pouvoir lever à travers les 17 régions
économiques du Québec... L'avantage, c'est qu'on pouvait goûter le terroir un
peu plus facilement, c'est, j'imagine... O.K. C'est intéressant.
Vous parliez, dans votre première
recommandation, puis je vais y retourner, pour avoir le langage spécifique,
d'abolir l'obligation du timbre de droits sur l'ensemble des produits alcoolisés,
toutes les bières. Je n'ai pas entendu tantôt, est-ce que vous étiez ici quand
on avait...
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : En partie, on est arrivé... la période de
questions.
M. Beauchemin : En partie,
vers la fin, vers la fin à peu près. O.K.... un morceau. De votre point de vue,
à vous, là, les bières à grande échelle, les Molson de ce monde, etc., là, le
timbrage, il est-tu problématique pour vous, autant que le timbrage d'une
microbrasserie?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : C'est une bonne question. Si on pense
spécifiquement timbrage, les timbrages les plus problématiques... Le plus
problématique, c'est sur le vin, c'est assurément sur le vin, parce que c'est
un timbrage qui est manuel. C'est ça, exactement, vous venez faire le geste,
c'est ça. Le timbrage, au niveau des grands brasseurs, est le moins
problématique en termes de timbre, parce que c'est un marquage laser sur les
canettes, sur les bouteilles, il y a peu d'erreurs. Je vais dire «peu» pour ne
pas dire «pas», mais, honnêtement, on n'en voit pratiquement jamais parce que
c'est un processus qui est automatique. Donc, ce n'est pas le timbrage en soi,
l'enjeu, c'est... Parce qu'on retirerait le timbrage demain matin, de leur
côté, la loi demeurait... tous nos restaurateurs devraient encore
s'approvisionner auprès des grands brasseurs. Donc, le timbrage est surtout un
problème au niveau des microbrasseurs qui eux collent encore des timbres
physiques et au niveau de la SAQ.
Donc, on veut vraiment se concentrer...
Quand on parle d'enjeu de timbrage, maintenant qu'on a éliminé celui des
microbrasseurs, l'enjeu est principalement au niveau des bouteilles de vin et
spiritueux. C'est vraiment, vraiment là notre problème, alors que chaque caisse
doit être ouverte, timbrée une à une, il suffit que, dans un lot de six caisses
de bouteilles, de 12 bouteilles de vin, l'employé à la SAQ oublie d'en timbrer
une - puis une erreur humaine, ça se produit - puis là, bon, c'est là que les
démarches entrent en vigueur, alors que ça se produit moins au niveau - je dis
«moins», je vais dire «pratiquement jamais» - au niveau des grands brasseurs.
Au niveau des grands brasseurs, c'est uniquement dans la mesure du du contrôle
puis de, je vais dire, du monopole de la distribution.
M. Vézina (Martin) : Puis
c'est surtout... Ce serait bizarre de dire : On abroge le timbre, sauf
pour les bières de plus de 75 000 hectolitres, là. Même s'il n'y a pas d'enjeu,
nous, c'est sûr qu'effectivement ce serait bizarre de dire : Bien,
ceux-là, on va les regarder...
12 h 30 (version non révisée)
M. Vézina (Martin) : ...un
marquage pour ces contenants-là, mais, pour les autres, on l'abolit, là. On
croit qu'il faut... Oui, il n'y a pas d'irritant, nécessairement, parce que
leur système de marquage fonctionne, mais on ne voit pas pourquoi l'État aurait
à dire : Bien, on va continuer à marquer des contenants pour les grands
brasseurs, quand tous les autres contenants, bien, on a décidé qu'on n'en avait
pas besoin parce que le contrôle va se faire tout simplement par un contrôle,
comme les autres provinces, ils font, là. On s'entend, là, il y a uniquement le
Québec qui a le timbre, là. Les autres provinces, ils font... c'est pareil pour
les grands brasseurs, ils comparent des factures d'achat, des ventes, puis, s'il
y a des écarts, bien là, il va y avoir des sanctions.
M. Beauchemin : Exact. Ça
fait que c'est un petit peu... Vous auriez dû être avec nous tantôt quand on a
posé la question, mais, dans le fond, en Ontario, il y a l'équivalent du
timbre, là, c'est suivi, entrées, sorties, de la même façon. Ça fait que je
voulais juste l'entendre de la part de nos intervenants.
Ceci étant dit, dans la livraison, O.K.,
je comprends que, quand on est comme plus proche d'un Costco, par exemple, tu
sais, le 25 $ de plus par caisse de 24, c'est peut-être jouable, là, tu
sais, en fait, probablement. Mais, quand tu es à... très loin d'un Costco, dans
une région éloignée, le service, qui est peut-être une fois aux deux semaines,
il est quand même pratique parce que... Voilà, tu sais. Ça fait que ça veut dire
que, finalement, plus tu es loin, plus tu es prêt à payer plus cher du modèle d'affaires
de vos prédécesseurs.
Quand vous en parlez à vos membres, à
vous, O.K., puis quand ils se retournent de bord puis ils disent : Bien,
tu sais, nos clients, ils paient le 8 $, là, pour la bière, ils sont...
ils le paient pareil, là, puis... Y a-tu... Comme, qu'est-ce qui arriverait,
supposons que, soudainement, votre bière, elle serait 30 % moins chère?
Est-ce que vous passeriez l'économie directement au consommateur?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Bien, c'est certain qu'on est dans une industrie
où les marges sont très, très faibles, là, vous savez, là, on parle de 2 %
à 4 %. Donc, c'est certain que, si on peut faire une économie dans un prix
quelconque... Le marché est à équilibre, là, des restaurants. Il y a 18 000 passé
de permis MAPAQ. S'ils arrivent à payer leur bière moins cher, celui qui va
vouloir garder son prix plus élevé, bien, l'autre à côté, il va la faire moins
chère, il n'aura pas le choix de suivre parce que c'est un marché qui est très,
très à équilibre. Donc, ça va être l'offre et la demande.
Si on arrive à payer moins cher notre
bière, ultimement, les restaurants qui vont réussir à subsister puis à demeurer
en affaires, c'est ceux qui vont vendre la bière au juste prix. Donc, ça va se
traduire par une économie. Est-ce que ça va se traduire automatiquement une
économie 30 %? Là, il faudrait voir, puis ça va dépendre de chaque
restaurateur, mais ultimement, c'est certain que c'est ça qui va arriver.
On peut juste regarder, tu sais, le prix
des bières des grands brasseurs versus le prix des bières de microbrasserie,
puis les bières des microbrasseries sont... sont environ le même prix dans un
restaurant qu'on va les payer en... chez un détaillant quelconque. Puis ça s'explique
parce qu'il n'y a pas ce «mark up» là, là, disons-le ainsi, là, donc cette
marge-là, donc...
Mme Tremblay (Dominique) : Je
vous dirais que les clients paient le... ce prix-là actuellement, mais on
entend beaucoup parler qu'ils trouvent que la bière, elle coûte cher, donc,
mais ils ne comprennent pas nécessairement la différenciation de prix que le
restaurateur a à payer... la caisse achetée à l'épicerie versus, justement, la
caisse achetée auprès des brasseurs, là, que le restaurateur va payer beaucoup
plus cher. Ça fait que c'est normal qu'il doit la charger lui-même plus cher
pour la vendre, pour avoir un profit dessus, parce qu'on est loin des prix en
épicerie ou chez Costco, là, donc...
M. Beauchemin : Oui. Non, je
comprends. Puis on ne parle pas ici de la bière vendue au Centre Bell, là, on
parle de la bière vendue dans les restaurants, ça fait que...
Mme Tremblay (Dominique) : Oui,
exact.
M. Beauchemin : Effectivement.
Écoutez, pour moi, je pense que l'objectif du projet de loi, c'est de
simplifier la bureaucratie, essayer de réduire la paperasse, s'assurer qu'on
puisse être le plus optimal, là, possible. De votre point de vue à vous, la
première chose que vous voyez, donc, c'est vraiment l'élimination du timbre
pour tout comme étant votre...
Une voix : ...
M. Beauchemin : D'accord.
Parfait. Moi, je n'ai pas plus de questions. Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Mme la députée de Verdun, la parole est à vous.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci beaucoup pour votre présentation, mais merci d'avoir répondu à ma
question tout à l'heure. J'étais très curieuse parce que je ne savais pas qu'il
y avait autant de marge de profit. J'aurais dit que... J'allais sur la
compétitivité.
Peut-être pour comparer avec un autre
produit qui pourrait être semblable, avec les boissons gazeuses ou les
liqueurs, je voulais juste vous amener là, peut-être, pour nous informer.
Est-ce que... Quelle est la différence du prix entre ce que vous achetez,
mettons, à des grandes marques, si je compare Molson à Coca-Cola ou Pepsi?
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : C'est une superbonne question parce qu'à ce
niveau-là c'est... le marché est à équilibre, parce que le restaurateur peut
aller dans un...
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : ...détaillant quelconque acheter sa caisse de 24,
caisse de liqueur, ou la faire livrer, puis encore là, la faire livrer
directement par le fabricant ou encore par son distributeur alimentaire. Donc,
il y a plusieurs options qui s'offrent à lui. Puis il y a de tout. Donc, il y
en a qui font livrer la caisse, puis elle coûte légèrement plus cher, mais si
on l'inclut dans tous les achats alimentaires, dans tous les, disons, un
distributeur généraliste qui va venir... qui va venir au restaurant deux à
trois fois par semaine, dépendamment, bien, c'est certain que ça peut valoir la
peine parce qu'il se dit : Bien, mon coût de livraison est inclus dans ma
livraison. Je paie ma caisse environ la même chose à ce moment-là. Donc, quant
à ça, je n'ai pas à aller la chercher. D'un autre côté, bien, il y en a qui
vont se dire : Ah! Bien, je peux aller économiser, je vais dire, tant de
sous la caisse, je ne peux même pas parler de dollars, là. O.K. Je vais aller
la... Puis il y en a qui vont vouloir le faire. Ils vont dire : Bien, moi,
je suis prêt à le faire. Je suis prêt à me déplacer, à y aller. Ça fait que le
marché est à l'équilibre. Mais ce qu'on voit, c'est que la majorité des gens se
font livrer leurs caisses de liqueur. Ça fait que leurs boissons gazeuses, en
règle générale, les gens se la font livrer, mais l'écart de la marge entre les
deux est beaucoup plus faible, là, tu sais. C'est environ similaire, ce
qu'on... Ce qui va être chargé de supplémentaire, ça va être bon pour une
livraison parce qu'effectivement il y a un livreur à payer, il y a un camion,
etc.
• (12 h 40) •
Mme Zaga Mendez : O.K.
Merci. Moi aussi, cette comparaison, c'est juste pour nous informer pour bien
comprendre le système.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Oui. Non, c'est ce que...
Mme Zaga Mendez : Puis
d'un autre côté, je pense que, vraiment, qu'on soit tous, bien... d'une autre,
là, de vous appuyer à déjà qu'est-ce qui est dans le projet de loi qui pourrait
permettre de faciliter votre vie. Et avec le peu de temps qu'il me reste, j'ai
beaucoup aimé, puis on en parlait tout à l'heure, là, votre proposition pour
encourager les circuits courts en préparant les plats préparés. Vous donnez des
exemples de dépanneurs ou marchés du coin dans certains lieux où, des fois, il
n'y a pas beaucoup de restauration aussi, ou que les restaurateurs peuvent
avoir... être... Je veux dire, des heures d'ouverture, c'est plus difficile
garder.
M. Malouin-Trudel
(Laurence-Olivier) : Exactement.
Mme Zaga Mendez : Je ne
veux pas dire qu'il n'y a pas de restaurant. Moi, j'ai étudié, des fois, ou je
suis allé travailler dans des lieux où les restaurants fermaient tellement tôt
que, quand on finissait de travailler très tard, après, il fallait... il y
avait juste les dépanneurs comme... Puis je trouverais ça intéressant peut-être
de nous dire si, en ce moment, ce qui vous prive, c'est des questions de permis
pour être capable d'y aller de l'avant par rapport au MAPAQ. Est-ce que c'est
bien ça?
M. Vézina (Martin) :
C'est exactement ça. C'est vraiment une question du pouvoir qui est accordé par
le permis. Mais effectivement, si on a la possibilité, on pourrait aussi
peut-être meubler certains déserts alimentaires avec du prêt-à-manger, là.
Mme Zaga Mendez : Je
trouve ça... Et puis comment on ferait pour — je sais que c'était moins
clair, là — pour favoriser vraiment des commerces ou des détaillants
dits plus locaux en circuits courts. Est-ce que ça... Est-ce que vous nous
encouragez, si on va de l'avant avec ça, de mettre des réglementations, de...
d'entourer ça?
M. Vézina (Martin) : Je
vous dirais que, comment fonctionne la distribution alimentaire de détail,
notre restaurateur ne commencera pas à aller voir Métro puis IGA, parce qu'il
n'aura jamais les volumes de production qui vont être suffisants pour,
justement, être listé chez les grands distributeurs. Donc, ça va se faire
vraiment avec les marchands locaux, qui peuvent être sous bannière, là, mais
ils ont un pourcentage de leur étal qu'ils peuvent offrir, là, qui est à leur
discrétion. C'est là-dessus qu'on veut aller. C'est vraiment de faire ce
maillage-là avec le marchand local pour justement créer ce maillage, là, sur le
prêt-à-manger.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Ça répond à mes deux questions, puis je trouve ça très intéressant, surtout
maintenant qu'on parle de commerce local. Puis j'ai des restaurateurs à Verdun
que, pendant la pandémie, c'est de faire du prêt-à-manger qui les a aidés à
traverser, d'avoir un frigo à l'entrée. Puis c'est tant mieux si on peut leur
permettre d'aller plus loin avec ça. Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, Mme la députée de Verdun. Merci à vous trois pour votre belle
contribution à notre commission. La commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures. Bon dîner, tout le monde.
(Suspension de la séance à 12 h 43)
14 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 02)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du travail reprend
ses travaux. Prenez quelques secondes, s'il vous plaît, pour éteindre la
sonnerie de vos appareils électroniques. On garde nos bonnes habitudes. Nous
poursuivons donc les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 85, Loi modifiant diverses dispositions principalement aux fins
d'allègement du fardeau réglementaire et administratif.
Pour votre information à l'ordre du jour
cet après-midi, on va commencer avec le groupe des Manufacturiers et
exportateurs du Québec, on enchaîne avec le Conseil du patronat du Québec et on
va terminer cet après-midi avec la fédération des travailleurs du Québec.
Donc, on débute avec le premier groupe.
Mme White, vous étiez attendus ici, en commission. Le ministre aurait aimé
voir... le député de Marguerite-Bourgeoys aussi, mais, au lieu de ça, on va
vous avoir... avoir le privilège de vous avoir en vidéoconférence. Donc, vous
avez une audition de 10 minutes. Je vous laisse la parole, puis une
période d'échange va s'ensuivre. La parole est à vous.
Mme White (Julie) : Donc,
merci. Je pense, il faut que je me présente. Mon nom et mon titre, pour
commencer, Julie White, P.D.G. de Manufacturiers et exportateurs du Québec.
Donc, merci beaucoup, M. le Président, M. le ministre délégué à l'Économie, M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, les députés du gouvernement aussi et toutes
les équipes qui vous accompagnent. Ça me fait plaisir d'être avec vous aujourd'hui
pour ma toute première commission parlementaire à titre de témoin, donc... mais
qui est très heureux de pouvoir partager ses commentaires et sa perspective sur
le projet de loi n° 85. Merci beaucoup de l'invitation.
Un rappel, MEQ, c'est une association dont
la mission est d'améliorer l'environnement d'affaires et d'aider les
entreprises manufacturières et exportatrices à être plus compétitives sur les
marchés locaux et internationaux. Vous savez certainement que le secteur
manufacturier est un des piliers de l'économie du Québec. C'est plus de 500 000 personnes
qui y travaillent, c'est 12,8 % du PIB, 85 % des exportations et plus
de 13 700 entreprises. Dans chacun des comtés du Québec, on retrouve des
entreprises manufacturières. Elles sont cruciales...
15 h (version non révisée)
Mme White (Julie) : ...pour le
développement économique régional.
Évidemment, MEQ est mobilisé
depuis plusieurs années avec le gouvernement pour alléger le fardeau
réglementaire et administratif de nos membres. Les travaux du comité-conseil
sur l'allègement réglementaire et administratif, dont MEQ fait partie, ont
permis de faire converger les voix des entreprises et du gouvernement pour
atteindre un but commun, simplifier la vie de tous.
Nous saluons d'emblée les progrès réalisés
depuis 2021 par le gouvernement pour réduire les coûts et les délais liés aux
formalités réglementaires. Oui, il reste du travail à faire pour faciliter le
quotidien des entreprises québécoises, particulièrement dans le contexte actuel
dont on va parler au courant de ma présentation, mais c'est important de dire
que ce nouveau... ce projet de loi que nous étudions actuellement, le projet de
loi n° 85, pour nous, c'est un pas de plus vers davantage d'agilité, davantage
de productivité.
Ceci dit, évidemment, la menace des tarifs
douaniers crée une incertitude majeure pour le Québec. C'est... Ça affectera, à
court, à moyen et à long terme, le tissu industriel, et les entreprises devront
revoir leurs façons de faire. C'est un moment de turbulence majeur pour l'environnement
d'affaires québécois.
Évidemment, en parallèle, la menace
tarifaire, l'Administration américaine souhaite faire évoluer aussi l'environnement
d'affaires américain. On a vu que le président Trump a signé notamment un
décret pour drastiquement changer le portrait dans les règles administratives.
Il envisage de couper massivement dans la bureaucratie. Il a évoqué le fait
que, pour chaque nouvelle augmentation du fardeau administratif des
entreprises, il prévoit l'élimination de 10 formalités administratives.
Rappelons qu'au Québec on vise généralement une règle du un pour un.
Donc, cette situation devrait inciter le
gouvernement à accélérer les efforts en matière d'allègement réglementaire pour
maintenir la compétitivité. Ce que je veux dire ici, c'est que, oui, on fait le
travail en ce moment sur le projet de loi n° 85, mais j'incite le
gouvernement, le ministre délégué à l'Économie à aller assez rapidement pour le
prochain projet de loi, qu'il puisse être déployé le plus rapidement possible
par la suite.
Si on y va un peu sur le contenu du projet
de loi, évidemment, il y a une trentaine de mesures réglementaires, on les voit
généralement positivement. Par exemple, la question de l'achat local, c'est le
volet qui va affecter le plus le secteur manufacturier. C'est positif, ce qu'on
y inclut, mais je vais y revenir plus tard un peu plus en détail.
Évidemment, on salue les mesures qui ont
trait à la réglementation et au soutien de la production, particulièrement dans
le secteur agroalimentaire. On se réjouit aussi des mesures liées à l'accès à
la transmission de divers documents, notamment la question des avis de
licenciement collectif. D'enlever ce genre de mesures là, c'est quelque chose
qui donne de l'aide aux entreprises.
Les ajustements apportés aux critères d'investissement
du Fonds pour la croissance des entreprises québécoises et du Fonds capital
ressources naturelles et énergie sont aussi pertinentes. Elles devraient
permettre à un plus grand ombre d'entreprises d'accéder à ces aides financières
qui sont précieuses.
Avant de passer plus en détail, j'aimerais
ça rappeler un peu que, le secteur manufacturier, on le pense beaucoup comme de
la très grande entreprise, mais il faut voir qu'il y a 98 % des
entreprises manufacturières qui comptent moins de 250 employés. Donc, à
chaque fois qu'on fait des ajustements de ce type-là qui vont viser beaucoup à
alléger le fardeau des PME, c'est positif et ça inclut aussi le secteur
manufacturier.
Donc, si on y va, peut-être, sur les deux
points que j'aimerais apporter, où on pourrait peut-être aller plus loin, où
que j'aimerais certaines précisions, le premier point, ce serait pour la
question de l'achat local, et moi, je vais insister sur les mots «l'achat de
produits fabriqués au Québec», de ce côté-là.
Évidemment, on a eu plusieurs crises dans
les... dans les dernières années, notamment la COVID. Ça a mis de l'avant la
nécessité ou le souhait de prioriser des entreprises qui sont établies au
Québec à la fois par les consommateurs mais aussi par le gouvernement, les
entités gouvernementales dans l'ensemble des marchés publics. Il y a eu
plusieurs mesures, au fil du temps, qui ont été adoptées, notamment la loi...
la loi 12 de la ministre... de la présidente du Conseil du trésor, et il y
a eu la mise en... Mais, malgré ça... excusez-moi, mais malgré ça, on ne voit
pas de changements significatifs encore dans...
Mme White (Julie) : ...les
marchés publics et l'intégration des critères favorisant l'achat local. Ça fait
des années qu'on discute de ces éléments-là et on espère qu'on puisse accélérer
de ce côté-là. Un exemple de cette situation-là, c'est la question du contenu
local dans les contrats d'Hydro-Québec. Il n'y a plus d'exigences de contenu
local dans les contrats d'Hydro-Québec. Et, quand je parle de local, juste être
claire, là, je parle de québécois, canadien. Donc, on a eu des exemples de
promoteurs, par exemple, de parcs éoliens, qui ont été chercher des produits en
Asie, alors que ces mêmes produits là peuvent... sont produits ici, au Québec. Donc,
on est encore dans des situations comme ça aujourd'hui.
On est donc heureux de voir la volonté du
gouvernement de favoriser l'achat local à travers le projet de loi no 85.
Octroyer le mandat au MEIE de développer des initiatives pour inciter les consommateurs
et les institutions publiques à privilégier les produits fabriqués au Québec,
c'est bien, ça s'aligne avec les objectifs de MEQ et c'est un pas dans la bonne
direction.
• (15 h 10) •
Maintenant, on souhaite que ça se réalise
une fois pour toutes, réellement. On a eu beaucoup de promesses de changements
d'orientations gouvernementales et on pense que le contexte actuel, avec la
question des tarifs, devrait inciter le gouvernement à le faire pour vrai. M.
le ministre délégué, je vous fais confiance, mais vous comprendrez que les
manufacturiers ont été aussi très patients dans ces discussions-là.
Pour nous, une nouvelle politique d'achat
local devrait prévoir clairement... et je sais ce que vous allez me répondre
là-dessus, mais on pourra échanger, mais prévoir clairement la révision de la
règle du plus bas soumissionnaire conforme dans les appels d'offres afin
d'inclure des paramètres favorisant les produits des entreprises établies au
Québec. Il pourrait y avoir, par exemple des points systématiques attribués à
celles qui sont déjà implantées ici.
Cependant, avant de... Il faut faire
attention de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain, et j'aimerais apporter
votre attention sur le fait qu'il ne faut pas non plus pénaliser ou exclure des
entreprises étrangères qui fabriquent au Québec. On comprend la logique,
notamment, quand on a entendu parler, là, du mandat confié à la présidente du
Conseil du trésor de revoir tous les approvisionnements gouvernementaux et de
pénaliser les entreprises américaines, dans le contexte actuel. Il ne faut pas
oublier, cependant, qu'il y a des produits qui sont faits au Québec, oui, par
des entreprises américaines, mais ce sont des centaines de travailleurs, des
milliers, même, qui contribuent à fabriquer ces produits-là qui pourraient être
utilisés par le gouvernement. Il faut peut-être trouver un juste milieu dans la
façon dont on répondra aux mesures tarifaires, pour ne pas nuire encore plus
aux manufacturiers dans ces circonstances.
Le deuxième point que je voulais aborder,
qui est un peu périphérique au projet de loi, mais qui, pour moi, est
nécessaire dans une optique d'allègement du fardeau des entreprises, c'est la
question d'abolir les barrières au commerce interprovincial. Je sais qu'il y a
beaucoup de travail qui se fait, que ce n'est pas une question qui est simple,
mais on a beaucoup d'exigences réglementaires qui méritent d'être harmonisées
avec les autres provinces, pour faciliter, par exemple, l'envoi de marchandises
vers le reste du Canada. On parle de diversifier nos marchés, de regarder plus
d'est en ouest. C'est bien, mais aidons les entreprises à le faire d'une façon
plus efficace. Évidemment, le tout en respect de certaines spécificités du
Québec, comme la langue.
Pour nous, entre autres, on parle surtout,
je dirais, de l'harmonisation des règles pour le camionnage. Les variations des
règles à travers les provinces ont un impact important pour plusieurs
manufacturiers. Évidemment, on est... on salue le projet pilote qui a été
annoncé par le ministre délégué à l'Économie, mais on veut s'assurer que'on
profite, excusez mon anglicisme, du timing et qu'on puisse avancer plus
rapidement dans ces circonstances.
Donc, pour terminer, ce que je dirais,
c'est qu'on salue évidemment l'engagement continu du ministre délégué à
l'Économie en matière d'allègement réglementaire, mais que c'est aussi un
travail qui doit se faire par tous au gouvernement. Le poids ne peut pas juste
être sur ses épaules. Et j'aimerais faire un message à l'ensemble des
ministres, des ministères, qu'ils doivent contribuer à cet effort-là
rapidement...
Mme White (Julie) : ...ils
mettent sur la table, avec le ministre délégué à l'Économie, l'ensemble des
mesures qui doivent être mises de l'avant pour faciliter l'environnement d'affaires
des entreprises. Nous sommes là, nous allons être à... vous appuyer dans ce
travail-là et on... je suis disponible pour répondre aux questions, évidemment.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme White. On débute la période d'échange avec la partie gouvernementale. M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Bonjour, Mme
White. Content de vous revoir, toujours un plaisir. Merci beaucoup pour votre
intervention. Merci beaucoup au MEQ pour les réflexions qu'on nous partage
aujourd'hui. Bien, je vais... J'ai quelques questions. Je vais les prendre dans
les ordres que j'ai écrits. Je... ça se peut que ça ne soit pas trop organisé,
là, mais vous avez parlé des accords commerciaux puis de profiter de... les
appels d'offres et la... que le Conseil du trésor devrait travailler pour
assurer un contenu plus grand de produits locaux. Je sais que beaucoup de vos
membres sont des exportateurs. C'est des gens qui dépendent du commerce
international et interprovincial. Vous êtes où par rapport à ce désir de
vouloir à la fois augmenter les... l'achat local par... tu sais, de manière
délibérée, puis votre... bien, votre dépendance sur les marchés internationaux.
Comment vous conciliez ces deux valeurs-là? Comment vous faites pour nous
demander, d'un bord... mais de dire : Des accords commerciaux, c'est bien
le fun, mais nous, on veut un privilège local, si vous, vous profitez des
accords commerciaux pour aussi faire des exportations. Je pense que c'est ça
que j'essaie de dire. Vous êtes où dans cette analyse-là?
Mme White (Julie) : Je pense
qu'on peut mâcher de la gomme et marcher en même temps. Il y a différents types
de manufacturiers au Québec qui font différents types de produits, et les
réalités ne sont pas uniformes sur l'ensemble du territoire. Oui, il y a des
régions, par exemple, où il y a beaucoup plus d'exportations parce qu'on est
sur le bord de la frontière, mais il y a aussi des secteurs où que la majorité
de la production est vendue au Canada ou au Québec. J'étais avec un membre,
juste avant de vous parler, qui fait des produits en bois pour des cuisines,
O.K.? Puis lui, il me disait : C'est 25 % de ma production qui s'en
va aux États-Unis. On est capable de... Ce n'est pas tout le monde qui exporte
80 % non plus à l'extérieur du Québec. Je pense qu'il faut un équilibre.
Moi, mon point sur favoriser les produits
fabriqués au Québec, c'est surtout de s'assurer qu'on soit dans une logique
plus positive par rapport aux produits fabriqués au Québec plutôt que négative
face à certaines entreprises. Il faut viser à garder un maximum d'emplois, dans
les circonstances aussi. On va avoir des entreprises qui vont perdre des
contrats, qui vont être moins présents en exportation. Donc, si on veut essayer
de garder un tissu industriel et manufacturier fort à travers les régions, il
faut trouver des façons de diversifier. Oui, diversifier vers le reste du
Canada, j'en suis, mais est-ce qu'on peut collectivement, comme État, être un
exemple pour tout le monde? Avant de demander à tous les consommateurs de
changer leurs habitudes complètes, est-ce qu'on peut démontrer l'exemple? Et je
pense que vous avez des leviers pour ça dans certains sous-secteurs
manufacturiers, évidemment, ce n'est pas l'ensemble du secteur manufacturier
qui est au même niveau de ce côté-là, ni comme c'est l'ensemble du secteur
manufacturier qui fait des exportations en grande quantité à l'international.
M. Skeete : Je vais vous
donner un exemple de qu'est-ce qui nous embête, parce que, tu sais, vous avez parlé
du commerce interprovincial, vous avez parlé de réduire notre dépendance au
marché américain. Mais un exemple, quand on essaie d'aller vers les marchés
européens, bien, le maximum qu'on peut exiger dans les accords commerciaux
qu'on a avec l'Europe, c'est 25 %. Donc, est-ce que vous nous demandez de
changer ça ou si c'est vraiment les règles du jeu vous adonne bien, mais c'est
surtout un focus plus québécois, un réflexe plus québécois que vous demandez?
Elle est où la ligne, exactement?
Mme White (Julie) : Je
comprends bien la règle du 25 %. Et elle existe, ça va. Ce que je dis,
actuellement, c'est que ce n'est pas dans l'ensemble des contrats qu'on donne
une... dans l'ensemble des contrats, des appels d'offres, du... des marchés
publics que l'on donne ce... qu'on a un pourcentage de ce type-là, qu'on...
qu'on donne des points supplémentaires. On est encore dans une dynamique trop
souvent du plus bas soumissionnaire conforme, alors qu'on devrait, oui,
regarder le prix, mais, dans les circonstances, particulièrement dans les
circonstances actuelles, regarder aussi la provenance des produits, où est-ce
qu'ils ont été fabriqués, est-ce que c'est des travailleurs d'ici qui ont
participé en grande partie à le faire. Je pense qu'on est capable...
Mme White (Julie) : ...qu'on
est capable de mettre des règles dans le respect des accords commerciaux de
libre-échange mais qui favorisent ça. On l'a fait dans différents secteurs, on
est capable. Moi, j'ai confiance que vous êtes capables de trouver un équilibre
dans ça. Et une règle simple, c'est la question du plus bas soumissionnaire
conforme. Là, je pense qu'on... Ça fait des années, ça fait des... Ça fait 15,
20 ans, qu'on parle de ça régulièrement. Et, si on était capable
d'améliorer les grilles d'analyse des résultats des appels d'offres pour tenir
compte de... de donner quelque chose de positif, d'y aller plus dans ce
contenu-là, je pense qu'on pourrait trouver un équilibre intéressant.
M. Skeete : Parfait. Vous
confirmez que nos orientations, là, qu'on a déjà sont à la bonne place, donc
merci d'avoir clarifié. Est-ce que vous avez une idée que... si votre
membership, ils sont au courant ou connaissent l'organisme Les Produits du
Québec? Est-ce qu'il y a beaucoup de vos membres qui sont clients ou associés à
Les Produits du Québec?
• (15 h 20) •
Mme White (Julie) : Et c'est
une excellente question. Je... j'ai... La majorité des membres que je
représente font du B2B, là, excusez-moi, là, mon anglicisme, mais pas du B2C.
Ça fait qu'il y a quand même une nuance de ce côté-là. Mais ma prédécesseure
chez MEQ avait participé aux efforts Panier bleu et la mise en place de ces
éléments-là. Donc, il y a eu clairement, à un certain moment, un suivi de ce
côté-là. Mais, par la nature des produits de la majorité des membres, je ne
peux pas vous dire que... Je ne peux pas vous répondre précisément là-dessus,
mais, si vous voulez qu'on ait des discussions puis qu'on puisse faire valoir
ces éléments-là auprès de nos réseaux, ça... c'est quelque chose qu'on peut
explorer.
M. Skeete : Bien, je vous
lance officiellement l'invitation. Effectivement, peut-être à un autre moment,
on pourrait travailler ensemble là-dessus. Je vais vous dire un peu où est-ce
que je m'en vais avec Les Produits du Québec en général. C'est qu'on a un
problème de poule ou l'œuf avec Les Produits du Québec. C'est que, là, avec
raison, vous nous demandez d'avoir un en emphase plus Québec, mais c'est quoi,
un produit du Québec? Tu sais, il y a des gens, on a vu ça dans les reportages à
la télé, des gens qui ont commandé de sites qui se disaient Québécois,
finalement, bien, c'est une adresse postale québécoise avec des produits faits
en Chine. Alors, les gens ont besoin de se sentir en confiance avec un nom,
avec un logo, avec une certification crédible.
Alors là, on essaie de bâtir cette
filière-là qui est Les Produits du Québec. La bonne nouvelle, c'est qu'il y a
déjà 200 entreprises, plus de 20 000 produits, là, qui sont reconnus. Mais
moi, je... vraiment, là, je pense qu'on a un travail à faire à ce niveau-là.
Parce que je pense qu'une fois on a fait ça, ça va aider, après ça, au
sous-ministre responsable des appels d'offres de faire le choix québécois parce
qu'ils vont être convaincus que c'est effectivement Québécois, au lieu de le
faire par le pif. Vous comprenez? Ça fait que je pense qu'il y a des
opportunités à ce niveau-là. Donc, je vous encourage à revenir nous voir, puis
on va... ça va me faire plaisir de travailler avec vous là-dessus.
Sur les barrières...
Mme White (Julie) : ...si
vous me permettez là-dessus...
M. Skeete : Oui. Allez-y,
allez-y.
Mme White (Julie) : ...juste
rajouter. C'est pour ça que moi, je parlais beaucoup des produits fabriqués au
Québec, ceux qu'on est capable d'avoir... là, je vais me placer simplement, là,
que c'est des travailleurs québécois, des gens sur le territoire ou...
canadien, là, dépendamment des différentes circonstances, qui auront fait les
produits. C'est sûr qu'il peut y avoir des nuances, puis je comprends que ce
n'est pas si simple. Mes compatriotes canadiens, du côté de l'Ontario, ont
travaillé avec le gouvernement ontarien beaucoup et administrent un programme
qui s'appelle Ontario Made, qui pourrait... qui... qui a... qui est une
réussite, là, qui a vraiment pris de l'expansion depuis la pandémie de ce
côté-là. Ça fait que peut-être qu'il y a des choses qu'on pourrait s'inspirer
dans ce travail-là puis qui pourrait vous permettre de pousser plus loin la
question des produits du Québec.
M. Skeete : Bien, on est
exactement à la même place. Les Produits du Québec, c'est 80 % vérifié et
certifié fait au Québec. On a aussi la notion de conçu au Québec, donc le génie
québécois est au rendez-vous. Puis, un peu comme vous, là, ce n'est pas grave,
c'est qui, l'important, c'est que ce soit fait au Québec. L'exemple, c'est
qu'on a Walmart comme partenaire qui, eux, mettent de l'avant des produits qui
sont vraiment fabriqués au Québec. Donc, ce n'est pas parce que c'est Walmart
que ça ne peut pas... ils ne peuvent pas être un partenaire pour vendre des
produits du Québec. Donc, je pense qu'on a un bon travail à faire ensemble à ce
niveau-là.
Sur les barrières interprovinciales, moi,
je siège sur le comité interministériel là-dessus, on a eu comme engagement,
dans les dernières semaines, de regarder pour harmoniser et d'avoir de la
reconnaissance mutuelle sur certains produits. Je serais très intéressé à
savoir si vous, de votre côté, vous avez une opinion par rapport à quel produit
qu'on devrait, bien, prioriser dans l'analyse, parce qu'on...
M. Skeete : ...les 13
personnes, plus le fédéral, qui doivent s'entendre sur une liste, là. Est-ce
que vous, vous avez une opinion dans quel secteur on devrait prioriser nos
affaires?
Mme White (Julie) : C'est une
excellente question, puis je comprends l'ampleur du travail que vous avez
devant vous, puis ce ne sera pas une critique qui vous est dit, mais ça fait
tellement d'années qu'on en parle puis on a toujours l'impression que ça va
avancer, mais finalement ça n'avance pas. Et là on est rendu dans une crise,
puis ça tombe là, puis il faut avancer rapidement. J'en conviens, ce n'est pas
un travail qui est simple.
Je pense qu'il faut qu'on vise dans le
contexte actuel, puis je n'aurai pas des produits précis pour la moment, mais
je vais vous donner des pistes, je pense qu'il faut qu'on vise certains types
de produits qui vont être... qui pourraient être affectés particulièrement par
les tarifs douaniers dans l'optique on va avoir peut-être moins d'opportunités
d'exporter vers les États-Unis, mais qu'on n'a pas développé des marchés
complets dans le reste du Canada. J'ai des exemples de certains membres qui
font beaucoup déjà affaire dans le reste du Canada. On parle beaucoup de
sous-produits de construction, ces éléments-là qui sont assez bien établis dans
le reste du Canada puis que les affaires se font bien. Il y a différents autres
types de produits pour lesquels le marché a été développé uniquement du côté
des États-Unis.
Ça fait que je pense que si on peut
trouver des éléments de ce type-là, est-ce qu'on peut aussi s'assurer,
évidemment, qu'on ait soit des produits qui pour lesquels c'est plus facile de
s'entendre, notamment, sur toute la question de la santé, de la sécurité, tels
des produits pour lesquels il y a certaines normes pancanadiennes qui existent
déjà, mais que les provinces ont rajouté des normes supplémentaires, qu'on soit
capable d'utiliser ce grand chapeau là. C'est des pistes à regarder, mais on
pourrait faire un tour du côté de nos membres pour voir s'ils ont aussi des
éléments plus particuliers. Mais je pense que le contexte fait que visons des
produits pour lesquels le marché n'est pas beaucoup développé ailleurs au
Canada pour le moment. Il y en a quelques-uns, mais je vais juste faire
attention aux noms... J'ai des noms en tête, je ne veux pas nommer tout le
monde ici, mais il y a des exemples que le marché... les gens sont déjà bien
implantés à l'extérieur du Canada, qui ont déjà un marché solide. Oui, il y a
des choses à faire pour eux encore, mais là, si on y va en ordre de priorité,
visons des marchés qui sont beaucoup plus fragiles par rapport aux
exportations.
Donc, on peut parler de produits de
fabrication métallique notamment. On pourrait parler de différents produits...
différents produits de la construction qui sont faits, par exemple, à base
d'acier, que ce soit des normes précises par rapport à des fenêtres, à des
différents éléments de ce type-là. Je pense qu'on pourrait aller regarder de ce
côté-là, on a beaucoup d'employés au Québec, là-dedans, notamment.
M. Skeete : Donc, je
comprends que vous êtes en faveur que le ministère de l'Économie, de
l'Innovation, de l'Énergie ajoute à sa mission la mission de l'achat local.
Mme White (Julie) : Bien sûr,
bien sûr...
M. Skeete : Parfait.
Mme White (Julie) : ...je
pense que ça fait partie de comment on est capable de faire valoir, de faire
croître notre économie. Et c'est important qu'on continue dans ce sens-là.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup, Mme White. C'est un plaisir.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On enchaîne avec l'opposition officielle, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour, Mme White. J'ai quelques questions.
Peut-être juste pour prioriser, dans le fond, du point de vue du MEQ, les trois
modifications les plus importantes, en termes de fardeau réglementaire, qui
seraient les plus valorisées pour le MEQ selon vous. Je pense que je les ai
entendues, mais j'aimerais vous entendre les lister.
Mme White (Julie) : ...si on
vient, dans le cadre de ce projet de loi là, je commencerais par la question de
revoir la question de la règle du plus bas soumissionnaire pour favoriser les
produits fabriqués au Québec et, dans le cadre de l'achat local, de baisser les
barrières interprovinciales, particulièrement sur le camionnage, qui touchent
beaucoup de nos membres. Mais je vous dirais juste, je vais prendre un peu de
recul, là, évidemment, il y a d'autres choses qu'on travaille avec le ministère
de l'Économie dans le cadre du comité. Il y a d'autres éléments, notamment, des
formulaires administratifs, de difficultés sur lesquelles on va continuer de
travailler avec le gouvernement. Oui, on est satisfaits du projet de loi qui
est déposé là, mais il y a encore des améliorations à faire pour enlever
notamment certains fardeaux.
Il y a différentes lois qui ont été
adoptées dans les dernières années, si on pense, par exemple, à la loi 25, qui
ont rajouté beaucoup de fardeau administratif aux entreprises. Donc, il faut
trouver notre équilibre. Mais si on est dans un mode rapide d'action, pour
nous, c'est vraiment les règles qui touchent à l'achat local ou...
Mme White (Julie) : ...puis
j'en ai parlé, là, mais le contrat de contenu local ici, dans les contrats
d'Hydro-Québec, et la question des barrières commerciales.
M. Beauchemin : O.K., donc on
est plus dans un mode face à la situation actuelle qu'une vision plus, là, au
niveau de la réglementation, là, à long terme. Je comprends.
Mme White (Julie) : Exactement.
M. Beauchemin : Quand vous
parliez qu'il faut ajouter d'autres critères que juste le prix, j'assume que ça
fait partie de ces critères-là d'avoir une composante québécoise ou de la
main-d'œuvre québécoise ou quelque chose comme ça. Vous avez mentionné
l'exemple des éoliennes, je pense, que vous sous-entendiez tantôt, là, pour...
Ça fait que, donc, en d'autres mots, ici, si on regarde la chronologie des
événements, ça part d'Hydro-Québec qui fait une soumission pour avoir des parcs
qui génèrent de l'électricité ou de la production d'électricité, puis là, bien,
c'est le plus bas soumissionnaire qui va gagner ça. Ça fait que, donc, c'est à
partir d'Hydro-Québec que ça devrait être arrangé.
• (15 h 30) •
Mme White (Julie) : De ce
côté-là, oui, mais de ce côté-là, dans le fond, Hydro-Québec va faire des
appels de projets pour le développement de puissance éolienne. Ça va être un
promoteur qui va être responsable. Et le promoteur va gérer son parc éolien et
s'approvisionner un peu comme il veut. Mais on a beaucoup de savoir-faire au
Québec, on a des entreprises qui sont très bien implantées, qui sont reconnues
mondialement. On a des gens qui travaillent dans des jobs en région bien payés,
qui ont été affectés aussi par le Buy America, hein, il ne faut pas oublier
cette situation-là, et qui là se retrouvent avec des productions pas
nécessairement au rythme souhaitable dans les circonstances parce que les choix
qui ont été faits ont été de faire venir, par exemple, des éoliennes de
l'extérieur de l'Asie.
Donc, oui, c'est dans le lien, dans les
appels de propositions, notamment via les promoteurs entre Hydro-Québec et les
promoteurs, qu'il faudrait prévoir des éléments. Évidemment, il y a des
circonstances où ça ne pourra pas tout le temps être quelqu'un... tu sais, il
faut voir... il faut être conscient, là. Si on produit à pleine capacité nos
éoliennes puis que nos usines sont pleines puis qu'on n'a plus de capacité de
production, il va falloir qu'Hydro-Québec ait quand même une latitude pour se
retourner et être capable d'accélérer la production de mégawatts. C'est important
pour nous. En passant, nos membres sont à la recherche de blocs d'énergie en ce
moment et ils souhaitent avoir plus d'électricité, mais, dans la situation
actuelle, on a des gens qui pourraient produire, qui ont des chaînes
d'approvisionnement ici, qui ont des employés pour le faire et qui ont été...
qui sont mis un peu de côté dans certains contrats. On ne refera pas le passé,
mais si on se retourne vers le futur, puis on est dans un moment où on parle de
soutenir notre secteur manufacturier à travers la crise, bien, je pense que
c'est le bon moment d'avoir cette réflexion-là puis se dire : Puis,
peut-être qu'à certains moments, on a pris ces décisions-là à raison, on avait
des bonnes occasions de les faire, mais là, aujourd'hui, c'est le temps de prioriser
nos entreprises ici.
M. Beauchemin : Oui, je
comprends. Je comprends, mais dans le contexte... je veux juste revenir un peu
plus spécifique encore sur la situation du parc éolien parce que, moi aussi, ça
m'avait un peu marqué à l'époque quand j'ai découvert ça, que, comme quoi,
finalement, le gouvernement avait envoyé, si on peut dire, la réaction du
gestionnaire du parc à simplement aller acheter par la suite les plus bas
soumissionnaires de tours pendant que Marmen aurait pu livrer peut-être à un
coût plus cher, mais fait au Québec.
Donc, finalement, en bout de piste, c'est
que les critères dans la soumission pour gagner le parc viennent... ont été
établis par Hydro-Québec, puis c'est à ce niveau là où l'importance du contenu
québécois aurait dû être plus spécifique. Et ça n'a pas été le cas. Je pense
que, quand on regarde la chronologie des événements, c'est comme ça que cette
situation-là s'est passée.
Mme White (Julie) : C'est
important aussi dans ces critères-là... Excusez-moi, M. le député, mais, oui,
tu sais, il y a l'achat local, mais il peut y avoir aussi d'autres critères de
mis, là. On peut parler de réduction des gaz à effet de serre, on peut parler
de différents autres éléments de qualité recherchée et d'innovation, il y a
plusieurs façons de le faire, mais on a... certains des exemples qui sont
marquants par rapport aux produits fabriqués au Québec, dans lequel on a une
expertise puis que c'est vraiment dommage de s'en passer. Je veux juste être
claire, par exemple, je ne demande pas du contenu local, régional
nécessairement, je pense qu'il faut qu'on mette à profit l'ensemble du Québec,
surtout dans les circonstances actuelles.
M. Beauchemin : Je comprends,
je comprends. Là, là, je vais vous imposer une plus difficile. Dans le contexte
où on a évidemment un appétit de réouvrir les barrières tarifaires entre les
provinces du...
15 h 30 (version non révisée)
M. Beauchemin : ...du Canada
pour... pour se protéger pour s'immuniser partiellement donc des tarifs
américains. Comment voyez-vous là... la situation pour le secteur manufacturier
exportateur spécifiquement quand il y a d'autres provinces qui, eux, ont
certains avantages par rapport à certains de vos membres qui, là, ont dit :
On veut baisser les barrières pour qu'on puisse faire percoler en hauteur, si
on peut dire d'une certaine façon, la compétitivité et la performance
économique canadienne dans son ensemble? Mais il va y avoir des donnants, il va
y avoir des perdants dans tout ça. Ça fait que comment vous faites pour...
Avez-vous déjà commencé à identifier qui, dans vos membres, sont un peu plus à
risque, disons, peut-on dire? Puis qui... qui gagne, puis comment allez-vous
accompagner ce monde-là ou comment faites-vous pour les mettre dans un
environnement plus, comment pourrais-je dire, serein pour eux, pour être plus
compétitifs? En parlez-vous au gouvernement? Êtes-vous en train d'avoir des pourparlers
avec le gouvernement pour tel ou tel, ou tel manufacturier va être à risque,
là, ici, là?
Mme White (Julie) : Mais
c'est sûr que la situation qu'on vit actuellement n'est pas évidente puis on ne
pourra pas... il n'y aura pas de miracles avec toutes les entreprises. Il va y
avoir des secteurs, sous-secteurs qui devront se réinventer. Il y a des
entreprises... Tu sais, on ne peut pas penser que si ça perdure dans le temps,
25 % de tarifs sur l'ensemble des produits, qu'il n'y aura pas d'impact sur
notre économie. L'important pour nous, c'est assurer qu'il y ait le moins
d'impacts possible sur l'économie et sur nos entreprises manufacturières, nos
emplois manufacturiers. Donc, c'est sûr que quand on dit regardez de l'autre
côté, allez voir dans les autres provinces, il y a aussi un risque à avoir des
entreprises, par exemple, se diversifier vers d'autres... d'autres lieux, là.
Il y a des risques, mais on... je pense que ce risque-là est quand même mesuré.
Ce qu'on souhaite aujourd'hui, c'est de dire : Comment on est capable
d'augmenter au maximum la production partout, dans les sous-secteurs que c'est
possible, pour passer à travers la vague actuelle?
Les discussions avec le gouvernement, on
les a... on les a en continu depuis, je dirais, depuis le soir du premier
message, sauf sur le média social de Monsieur Trump, là, fin novembre, sur
comment on est capable de le faire. On travaille notamment sur toute la
question d'assurer des aides d'urgence, de pourvoir aux liquidités pendant la
période de transition. Puis même aujourd'hui, là, il y a déjà des entreprises
qui sont un... qui ont des enjeux de liquidités. On s'assure de voir comment on
est capable de garder un maximum d'employés en poste pendant la période. En
2008, par exemple, il y a une crise économique, il y a différents programmes
d'aide qui ont été mis en place pour garder les employés en poste et être
capables d'être prêts à la reprise. C'est là-dessus aussi qu'on travaille. Et
on a eu aussi beaucoup sur la question de l'innovation, de l'automatisation,
tous les investissements qui peuvent être faits de ce type-là. Pour moi, oui,
c'est important. Quand on baisse les barrières commerciales, c'est aussi
important qu'on diversifie les marchés, mais ce n'est pas les solutions
magiques qui vont changer l'ensemble de l'oeuvre dans les circonstances
actuelles. Donc, oui, il y en a qui sont capables de le faire ou... et il y a
des secteurs pour qui ça ne sera pas possible de diversifier les marchés aussi
facilement que d'autres. Tu sais, je donne l'exemple, si je fabrique, par
exemple, une table, bien, c'est plus facile d'en vendre en Europe. Tu sais, il
n'y a pas de spécificité. Mais, si je produis une pièce d'un appareil, d'un
avion, il faut que ça soit certifié. Ça peut prendre deux ans, tout ça. Ça fait
que la diversification des marchés, que ce soit dans le Canada ou à
l'extérieur, ce sont des solutions, mais ce n'est pas là-dessus qu'on mise pour
avoir le... pour passer à travers la crise uniquement. Je pense qu'il faut
qu'on continue à travailler beaucoup sur les aides parce qu'il y aura des
conséquences de ces... de ces tarifs-là. On ne pourra pas éviter l'ensemble des
conséquences. Mais comment on peut les minimiser puis comment, après ça, on est
capable d'accompagner les travailleurs, notamment là-dedans? Le gouvernement
et... On est en contact assez continu avec le gouvernement. On a bien hâte,
ceci dit, de voir les détails des programmes d'aide et des mesures qui seront
mis en place. On comprend qu'il faut être un peu prudent. On ne veut pas non
plus dévoiler tout notre jeu à Monsieur Trump notamment, mais on arrive quand
même à un moment où qu'il y a des entreprises actuellement qui manquent de...
qui commencent à manquer de liquidités. Donc, il va falloir accélérer le pas et
être capables d'annoncer au moins certaines mesures plus rapidement, quitte à
en garder d'autres pour plus tard. Je ne sais pas si c'est clair, ma réponse,
là.
M. Beauchemin : Bien, je...
oui, je comprends... je comprends la réponse. En fait, finalement, c'est... votre
réponse, c'est face à ce qui se passe avec la situation américaine, puis je le
comprends, c'est certain. Mais moi, ce que je dis, c'est : OK Donc, dans
notre réponse, on va abaisser les barrières...
M. Beauchemin : ...moi, ce que
je dis, c'est : O.K., donc, dans notre réponse, on va ouvrir les... on va
abaisser les barrières entre les provinces. Mais en faisant ça, il va y avoir
des gains, puis il va y avoir aussi des pertes, puis c'est dans ce contexte-là
que je voulais savoir si ceux qui vont être affectés négativement par la baisse
des barrières interprovinciales, ou qui deviennent plus menacés, parce qu'il y
en a qui vont l'être, est-ce que... un, les avez-vous identifiés, puis comment
est-ce que vous voyez la suite des choses pour eux, là, pour qu'ils puissent
passer au travers si, au besoin, ils vont le faire.
Mme White (Julie) : Oui,
c'est bon, là, merci. Excusez, je suis partie.
M. Beauchemin : C'est
correct.
• (15 h 40) •
Mme White (Julie) : Mais on
n'est pas... en ce moment, je n'ai pas... je n'ai pas entendu beaucoup
d'inquiétudes de sous-secteurs par rapport à ce type de déplacement-là vers le
reste du Canada. On n'est pas là-dedans en ce moment. Je n'ai pas des
membres... tu sais, on en parle là, et je n'ai pas des gens qui m'ont dit, dans
tel sous-secteur : Moi, ça m'inquiète, il y a beaucoup de production de
tel côté, tel côté. Je pense, ceci dit, qu'on a aussi des secteurs qui sont
très forts au Québec, des filières qui peuvent aussi être attractives, et qu'on
va aller compenser. Je pense à l'aérospatiale. La filière batterie, même s'il y
a certaines difficultés, ce n'est clairement pas terminé, on a quand même un
avantage de ce côté-là. On a aussi des avantages du côté du bois, la
fabrication de bois, la fabrication métallique. Donc, je ne... je ne vois pas,
je vais dire, un exode de secteurs vers le reste du Canada nécessairement.
Mais il faut quand même... Quand je dis
d'abaisser les barrières, là, ce n'est pas de tout enlever, là, il y a quand
même des exigences réglementaires, des exigences légales, notamment par rapport
à la langue, aux produits locaux, que je demande qu'on favorise, que c'est...
qu'il faut qu'on conserve. Il faut qu'on ait notre spécificité, puis qu'on vive
là-dedans. Mais, pour le moment, je ne peux pas dire que je sens une crainte
d'exode de certains sous-secteurs actuellement. Donc, non, je ne les ai pas
identifiés pour le moment.
M. Beauchemin : O.K. Combien
de temps qu'il me reste?
Le Président (M. Allaire) : Trois
minutes.
M. Beauchemin : Trois
minutes. Il y a, évidemment, dans la réglementation... on en a une qui est
spécifique, là, au Québec. La loi 25, par exemple, c'en est une qui ne touche
que le Québec en tant que tel. Ça, j'assume que, quand vous comparez avec le
reste du Canada, c'est un certain désavantage, là, pour les entreprises
québécoises.
Est-ce que vous pensez aussi, peut-être,
que, bon, bien, étant donné que ça a été comme aussi annoncé... Vous parliez,
là, du 10 pour un, pour la réglementation avec Donald, mais j'ai l'impression
qu'au niveau de la fiscalité ça va être encore plus agressif, là, O.K. Est-ce
que... est-ce que, pour vous, une révision de la fiscalité des entreprises au
Québec serait un élément important à considérer actuellement, là, dans la crise
actuelle? Puis tout ça dans le contexte où est-ce que tout ce qu'on parle, en
fait c'est quelque chose qu'on avait... c'est des choses qu'on avait déjà
discutées au préalable avant même l'arrivée de l'administration Trump, qu'il
fallait qu'on soit plus productifs, plus compétitifs, baisser notre fiscalité,
etc. On parle de ça depuis des années, mais là, maintenant, on fait face à ce
mur-là. Qu'est-ce que vous en pensez au niveau de la fiscalité?
Mme White (Julie) : Excellent
point. Ce que j'ai priorisé comme demande, pour le moment... puis là je dis
«pour le moment», parce qu'on est aussi peut-être dans quelque chose qui va
durer quatre ans, là, on commence l'ère... la nouvelle ère de M. Trump... c'est
d'agir sur des mesures plus spécifiques, qui vont permettre d'améliorer la
productivité, la compétitivité, que ce soit via, notamment, les crédits
d'impôt, crédits d'impôt à l'innovation, crédits d'impôt à la recherche et au
développement, qui amènent de la prévisibilité pour les entreprises, parce
qu'on connaît les programmes, on connaît les paramètres et on sait ce qu'on va
avoir le droit, en commençant un projet... plutôt que d'avoir à déposer un
projet, et attendre des mois qu'il soit accepté puis que là, on négocie sur
combien de taux de remboursement, etc. Donc, pour l'instant, on a visé surtout
ces éléments-là.
La fiscalité, plus globalement, oui, peut
être clairement améliorée. Est-ce que c'est le moment de faire des coupures
paramétriques pour l'ensemble des entreprises dans le fardeau fiscal? Il faut
se poser la question. On a... encore une fois, on a quatre ans devant nous. Il
faut trouver les meilleurs moyens, mais aussi des moyens qui vont être
chirurgicaux, qui ne vont pas atteindre la capacité de l'État à payer
l'ensemble des services, des services publics, à financer les projets qu'on a
besoin de financer, notamment en termes d'innovation. Donc, il y a un équilibre
à avoir.
Donc, à court terme, je favorise plus de
lier les incitatifs à des projets et à des objectifs...
Le Président (M. Allaire) : Merci...
Mme White (Julie) : Spécifique.
Mais...
Le Président (M. Allaire) : O.K.
Merci.
Mme White (Julie) : Mais, je
ne m'opposerai pas, s'il y a une baisse de la fiscalité des entreprises...
Le Président (M. Allaire) : Merci
beaucoup.
M. Beauchemin : Je suis
content d'entendre ça. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député. Ça met fin à cette période d'échange. Merci, Mme White, pour
votre excellente contribution à cette commission.
Je vais suspendre les travaux quelques
instants pour permettre à un autre groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 44)
(Reprise à 15 h 49)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous sommes avec le prochain groupe, le...
Le Président (M. Allaire) : ...Conseil
du patronat du Québec, des habitués des commissions, avec nous. Donc,
bienvenue. Puisque vous êtes habitués, je vous... quand même réitère que vous
avez un exposé de 10 minutes. Je vais vous laisser le soin de vous présenter,
et va s'ensuivre une période d'échange. Donc, la parole est à vous.
M. Blackburn (Karl) : Merci.
Karl Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du
Québec, et je vais laisser ma collègue se présenter.
Mme Kozhaya
(Norma) :Bonjour. Norma Kozhaya,
vice-présidente à la recherche et économiste en chef au Conseil du patronat.
M. Blackburn (Karl) : Alors,
merci, M. le Président, de cette belle introduction. M. le ministre délégué à
l'économie, Mmes et MM les députés, d'abord, merci de me donner l'occasion de
prendre la parole aujourd'hui au nom du Conseil du patronat du Québec, qui
représente, comme vous le savez bien, plus de 70 000 employeurs à travers
toutes les régions du Québec.
Le projet de loi no 85, tel que déposé par
le ministre délégué à l'Économie, vise à réduire le fardeau réglementaire et
administratif pesant sur nos entreprises, une démarche que nous saluons, mais
qui, à notre avis, doit aller plus loin pour apporter des effets significatifs
sur la compétitivité de notre économie. C'est un pas dans la bonne direction,
mais un effort est à amplifier.
• (15 h 50) •
Le CPQ reconnaît que certaines
dispositions de ce projet de loi constituent des avancées notables. Par
exemple, la simplification de l'octroi de certains permis et l'assouplissement
des règles entourant les heures d'ouverture des commerces et des pharmacies
sont des mesures attendues par le milieu des affaires. La possibilité de mettre
en place des projets pilotes visant à tester de nouvelles modalités d'ouverture
est une idée pertinente pour mieux adapter nos réglementations à la réalité
économique et sociale de notre environnement. Cependant, nous devons être
lucides. Depuis sept ans, le volume réglementaire s'est accru plus rapidement
qu'il n'a été allégé. Si nous voulons renverser cette tendance et redonner de
la marge de manœuvre à nos entrepreneurs, il faudra un effort plus soutenu. La
compétitivité du Québec repose sur notre capacité à alléger les contraintes
bureaucratiques qui freinent les initiatives économiques.
Par exemple, un entrepreneur dans le
secteur manufacturier doit composer avec des délais excessifs pour l'obtention
d'un permis de construction ou de modification d'usine. Ces délais freinent les
investissements et ralentissent la croissance économique. La mise en place d'un
guichet unique simplifiant et centralisant le processus administratif pour les
entreprises serait une solution efficace pour alléger le fardeau réglementaire.
Le projet de loi no 85 aurait pu aller plus loin en intégrant des mesures de
simplification dans plusieurs secteurs. En construction, par exemple, nous
recommandons une simplification de l'attestation de Revenu Québec et une
réduction de sa fréquence. Dans le domaine forestier, d'autres allègements
auraient été bénéfiques pour réduire la lourdeur administrative pesant sur les
opérateurs de machinerie lourde. Par ailleurs, les entreprises de transport et
de logistique gagneraient à avoir un allègement des exigences réglementaires
sur les permis et les inspections.
L'économie québécoise fait face à un
contexte international difficile, notamment en raison de la guerre tarifaire
initiée par la présidence Trump. Dans ce contexte, la réduction du fardeau
réglementaire devient un enjeu stratégique majeur pour améliorer notre compétitivité.
Rappelons que le Québec se classe cinquième parmi les 32 pays de l'OCDE pour le
poids combiné des prélèvements fiscaux sur les entreprises en 2023. Il est
crucial que notre cadre réglementaire reflète cet environnement et offre un
contexte plus propice à la croissance. Un autre aspect qui mérite d'être abordé
est l'importance d'une reconnaissance mutuelle accrue des réglementations
interprovinciales. Le gouvernement devrait s'inspirer davantage des modèles
européens, qui facilitent les échanges entre différentes juridictions. Trop
souvent, les entreprises doivent composer avec des exigences redondantes d'une
province à l'autre, freinant ainsi leur expansion et leur compétitivité.
L'harmonisation de certaines normes permettrait d'accélérer la mise en marché
des produits et de réduire les coûts liés à la conformité.
Prenons l'exemple du secteur de la
construction. Une entreprise québécoise qui souhaite soumissionner sur des
contrats en Ontario ou en Colombie-Britannique doit se conformer à des exigences
réglementaires qui diffèrent souvent de celles du Québec. Une meilleure
reconnaissance des certifications professionnelles et des normes de
construction entre les provinces permettrait de faciliter ces échanges. Nous
saluons également l'intégration de la promotion de l'achat local au mandat du
ministère de l'Économie. Il s'agit d'un levier important pour stimuler nos
entreprises et renforcer nos chaînes logistiques...
M. Blackburn (Karl) : ...Toutefois,
ce soutien devra s'accompagner de mesures favorisant l'innovation et la
productivité, notamment par l'investissement dans la transformation numérique
et l'automatisation des processus. De plus, un effort concerté pour réduire les
délais d'octroi de subventions et d'incitatifs fiscaux favoriserait un déploiement
plus rapide des innovations québécoises. Un bon exemple serait d'encourager
l'adoption des technologies d'intelligence artificielle pour optimiser la
gestion des ressources et améliorer l'efficacité opérationnelle des entreprises
manufacturières québécoises. Des incitatifs fiscaux et des programmes de
formation pour faciliter cette transition seraient également les bienvenus.
Les petites et moyennes PME sont
particulièrement affectées par la réglementation, car elles ne disposent pas
toujours des ressources nécessaires pour gérer efficacement les exigences
administratives. Ce projet de loi propose des changements bienvenus, mais nous
devons nous assurer qu'il bénéficie à toutes les catégories d'entreprises. Pour
les grandes entreprises, la simplification des processus liés aux permis et aux
approbations réglementaires pourrait libérer du capital et encourager
l'investissement. Nous recommandons également la mise en place d'un programme
d'accompagnement pour aider les PME à naviguer dans la complexité obligataire
et d'obligations réglementaires, pardon, notamment par le biais de
services-conseils gratuits ou subventionnés.
Dans un monde où les entreprises doivent
naviguer entre les différentes juridictions, nous devons veiller à maintenir un
environnement fiscal et réglementaire compétitif. Il est essentiel également
que les réformes proposées par ce projet de loi s'inscrivent dans une logique
de simplification continue, évitant ainsi l'ajout futur de nouvelles
contraintes qui viendraient annuler les bénéfices de ces allègements. Par
ailleurs, nous encourageons le gouvernement à évaluer l'impact de chaque
nouvelle réglementation avant son implantation et à consulter systématiquement
les entreprises pour éviter l'ajout de contraintes inutiles.
En conclusion, M. le Président, le projet
de loi n° 85 présente des éléments positifs, mais nous incitons le
gouvernement et les députés de cette commission à adopter une approche plus
ambitieuse et systémique pour réduire le fardeau réglementaire. Nous vous remercions
de votre attention et nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M. Allaire) :
Merci à vous, M. Blackburn. Donc, on débute la période d'échange avec la
partie gouvernementale. M. le ministre, la parole est à vous pour
16 min 30 s.
M. Skeete : Merci
beaucoup, M. le Président. M. Blackburn, ravi de vous voir présent en
virtuel et en santé. Plaisir de vous retrouver. Bien, écoutez, j'ai écouté
attentivement vos suggestions. Vous n'êtes pas sans savoir que beaucoup de ce que
vous dites, je partage vos constats. On siège ensemble sur un comité où est-ce
qu'on discute de ces sujets. Moi, ce qui est utile, puis surtout dans le
contexte de ce projet de loi actuel, mais dans le prochain aussi, c'est les
articles précis, là. Parce que, quand vous me dites, tu sais, d'alléger le
fardeau, j'en suis, mais ça me prend des exemples concrets. Est-ce qu'il y a
des mesures... Là, j'ai pris bonne note de la simplification de l'attestation.
Ça, j'en ai pris bonne note. Ça touche le volume de... le nombre de fois qu'on
soumet les attestations. Ça, je l'ai entendu, mais dans le concret, j'ai
compris, puis dites-moi si je fais un bon sommaire, de se tourner vers la
technologie afin de permettre ce virage de réduction du fardeau administratif,
que ça soit l'intelligence artificielle ou des formulaires qui sont plus
adaptés, et des formulaires qui sont moins nécessaires moins souvent. Ça, j'ai
compris ça.
J'ai aussi entendu des liens... Bien, vous
avez touché un peu sur une analyse d'impact réglementaire plus étoffée, si je
comprends... si j'ai bien compris, et qui touche plus de sujets. Donc, de
dire... Au lieu de regarder seulement certaines... certaines choses qui passent
par le gouvernement, mais de tout regarder, élargir un peu la piscine. Ça, je
pense que j'ai entendu ça dans vos revendications aussi. Est-ce qu'il y a
quelque chose dans le projet de loi tel qu'écrit, que, pour vous, ne va pas
assez loin, va trop loin, tu sais, précisément dans qu'est ce qu'on fait? Puis,
bien sûr, on va se revoir bientôt pour la prochaine itération, là, du projet de
loi, là, mais je serais curieux de vous entendre sur des aspects précis du
projet de loi, actuellement. Y a-tu... Y a-tu un angle mort qu'on n'a pas vu,
ou quelque chose qu'on pourrait faire mieux?
M. Blackburn (Karl) :
Bien, d'abord... D'abord, merci pour vos bons mots, M. le ministre, par rapport
à ma participation à la commission parlementaire, et sachez que je l'apprécie
sincèrement. Et, bien évidemment, je ne me priverai pas de l'expertise de ma
collègue qui est avec moi pour faire cette discussion ensemble...
M. Blackburn (Karl) : ...mais
je veux juste revenir un peu en arrière de quelques semaines à peine où nous
avons fait le constat au Québec que, malheureusement, l'environnement d'affaires
s'est détérioré dans les dernières années. Et ce n'est pas juste en lien avec
le gouvernement. C'est vraiment une question économique, une question
environnementale, pas juste environnement, mais vraiment dans l'écosystème dans
lequel on évolue. Et on est allé faire des recommandations, entre autres, de
l'allègement fiscal, de baisses d'impôts, d'allègement réglementaire. Et, la
semaine dernière, j'étais particulièrement fier d'entendre le premier ministre
qui a... qui a mentionné, entre autres, parmi les faiblesses du Québec, qu'il y
avait une surréglementation, il y avait trop de bureaucratie, qu'il y avait
trop de taxation et de dire qu'il y avait encore beaucoup de chemin à faire.
Alors, ça, c'est vraiment un élément qui, pour nous, est extrêmement important.
• (16 heures) •
Ça vient nous confirmer que le Conseil du
patronat du Québec, dans son évaluation de la situation, dans ses
recommandations sur ce qui devrait être mis en place pour améliorer notre
environnement d'affaires, bien que c'est pertinent et ça correspond, je dirais,
d'une certaine façon à la volonté du gouvernement. Je joins à cela, et avant de
céder la parole à ma collègue Norma... je joins à cela la façon dont nous avons
été propulsés il y a à peine quelques semaines dans un tout nouvel univers où,
là, notre plus grand marché, notre plus grand partenaire économique est en
train, d'une certaine façon, de fermer la porte aux relations économiques que
nous avons ensemble, a très clairement mentionné qu'il allait, encore une fois,
même s'ils ont des longueurs d'avance importantes sur nous, réduire le fardeau
réglementaire, réduire la fiscalité, baisser les impôts des entreprises.
Alors, nous, on se dit de notre côté que
le contexte dans lequel on se retrouve et l'opportunité que vous avez en tant
que législateurs de réfléchir sur des éléments très précis qui peuvent demander
des ajustements, bien, que la situation peut-être le permettait. Et, comme mon
père dit souvent : L'occasion fait le larron. Bien, je pense qu'on aurait
l'occasion là d'aller encore beaucoup plus loin pour améliorer notre
compétitivité en lien avec la lourdeur réglementaire. Bien, à votre question
plus précise, maintenant, je vais laisser ma collègue Norma vous donner des
exemples très précis de ce qui pourrait être fait et ce qui nous avantagerait
de façon très importante. Alors, Norma.
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui, merci. Effectivement, je
pourrai donner deux exemples directement en lien avec le projet de loi, parce
qu'effectivement nous avons présenté des demandes qui peut-être feront l'objet
du prochain projet de loi, et, on l'espère, et que ça fait quand même un bout
de temps qu'on les réitère, notamment en lien avec la construction aussi, par
exemple, du moins avoir un chantier pour simplifier un peu les remises CCQ...
de la CNESST.
Par rapport aux articles précis, bon, il y
a peut-être deux éléments en lien avec le transport tel... on ne l'a pas marqué
dans le mémoire, mais je sais que d'autres associations vous ont fait également
les représentations. Par exemple, là, on assouplit pour le transport, pour les
sous-traitants, pour l'alcool artisanal, mais on limite quand même aux gens qui
ont des permis. Donc, peut-être qu'on devrait élargir ça aux compagnies de
transport en général. Ça, je crois que c'est quelque chose qui est directement
relié et qui gagnerait à... Je crois que ça élargirait et ça assouplirait
davantage.
Il y a un autre élément qui a attiré notre
attention, avec le projet pilote sur les heures d'ouverture, parce qu'on sait
que c'est un dossier qui suscite un peu les passions, qui n'est pas
nécessairement... On a entendu peut-être certaines... certains groupes soulever
des préoccupations, et puis on est sensible à leurs préoccupations, mais c'est
en lien davantage peut-être avec l'ensemble du fardeau réglementaire. Mais la
flexibilité, pour nous, elle est importante. Dans le projet de loi, ça précise
que, donc, il y a une évaluation après par le ministre, la ministre en lien
avec la compétitivité de l'établissement ou des établissements. Alors que, dans
l'analyse d'impact réglementaire, on parle que l'évaluation va être sur... en
même temps l'établissement, mais aussi les travailleurs, et la communauté et
l'acceptabilité sociale. Ça peut compliquer un peu, mais je crois qu'on a
intérêt à élargir pour évaluer l'impact étant donné qu'il y a des groupes quand
même qui ont soulevé des préoccupations. Donc, c'était un amendement qui
pourrait être apporté au projet de loi pour aller dans le sens de ce qui est
déjà précisé ou de ce que je crois est l'intention du gouvernement.
Il y a aussi des permis, donc la
simplification pour avoir un permis pour de la préparation d'aliments, le
commerce... donc réduire la multiplication des permis, évidemment, c'est
bienvenu, mais je crois que, par rapport à d'autres établissements de la même
bannière, ça demande quand même deux permis différents. Donc, ça, c'est les
trois exemples. Sinon, pour le reste, c'est vraiment, nous, des commentaires
que nos membres...
16 h (version non révisée)
Mme Kozhaya
(Norma) :...que nos membres ont soumis,
vous avez la boîte à suggestion, que... et nous aussi on demande. Donc, c'est
pour ça qu'on vous est arrivés avec certains exemples pour le secteur forestier
par exemple, pour le secteur de la construction, même pour les assemblées des
régimes de retraite, qui, encore une fois, peut-être, effectivement, pourraient
faire l'objet d'un projet. Et agir beaucoup en amont. On a vu, par exemple,
dans le cas du projet de loi, qui était 25, sur les renseignements personnels,
le projet de loi était adopté, les règlements n'étaient pas prêts, et puis les
entreprises se sont retrouvées un peu devant un vide. Donc, s'assurer que ça ne
se reproduise pas, surtout. Donc, c'est un peu prévenir que guérir, d'une certaine
façon. Mais, par rapport à des exemples concrets, ce sont les choses que nous
avons constatées et que certains de nos membres nous ont fait part.
M. Blackburn (Karl) : Et, si
je peux me permettre, M. le ministre, aussi. Parce que des gens pourraient nous
accuser d'être des lobbies des entreprises puis de jouer dans cette faveur-là.
Bien sûr. Mais, lorsqu'on a l'occasion... surtout dans le contexte dans lequel
on se retrouve, on a l'occasion de parler à beaucoup de gens, vous parlez à
beaucoup de gens également, on parle à des représentants économiques qui ont
une vision, je dirais, mondiale sur ce qui se passe actuellement, et quand qu'on
regarde par rapport à l'économie québécoise et de quelle façon on pourrait
améliorer notre compétitivité, bien, ces gens-là mentionnent également la
lourdeur réglementaire.
Et je comprends que le projet de loi
visait certains éléments, mais dans un contexte dans lequel on se retrouve,
bien, peut-être qu'on pourrait aller plus loin, M. le ministre. Puis peut-être
qu'on pourrait faire preuve d'audace et de nous amener ailleurs, surtout en
sachant pertinemment que, si on veut améliorer cette compétitivité, bien, on
doit faire des efforts. Et, comme le premier ministre est d'accord avec ça, la
semaine passée, il l'a mentionné, bien, je me dis, il y a peut-être une
occasion là qu'on peut saisir tous ensemble et d'en faire plus. Et, en faire
plus, justement, parce que l'économie le demande, parce que la situation le
demande et le contexte l'exige. Alors, c'est pour ça qu'on se permet d'être...
On salue le projet de loi, on vous félicite pour ce qui a été fait en partie,
mais je pense qu'on pourrait aller plus loin.
M. Skeete : J'apprécie et je
reçois, dans l'esprit que c'est donné, le commentaire, là, qu'on peut... on
peut aller plus loin. Puis on regarde justement à l'intérieur des machines voir
qu'est-ce qu'on peut faire pour accélérer la cadence. On est conscients aussi
de l'urgence de la situation.
Bien, j'aimerais revenir sur une
observation, parce que vous êtes les deuxièmes à parler des heures d'ouverture
puis le critère de mesure, qui est la compétitivité. Selon vous, si j'ai bien
compris, Norma, c'était d'ajouter aussi d'autres variables, là, d'analyse. Oui
à la compétitivité, mais l'acceptabilité sociale, les retombées économiques,
tout ça, là, il faut tout ce soit analysé. C'est ça? J'ai bien compris?
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui. Et évidemment, sans que ça
devienne non plus quelque chose de très... de très lourd, parce que l'objectif,
c'est quand même d'alléger. Mais d'ailleurs, dans l'analyse d'impact
réglementaire, on part de ces autres critères là déjà, donc, oui, probablement
qu'on pourrait les intégrer dans le projet de loi pour ce qui est de comment on
va évaluer éventuellement ce projet pilote.
Et d'ailleurs, bon, on rappelle, notre
compréhension, c'est quand même, on est unique au Canada, que d'avoir ce genre
de loi là, qui encadre les heures d'ouverture. Il y a des gens qui disent :
Ah oui, c'est quand même... Donc, effectivement, ça pourrait être une façon de
peut-être rassurer les gens quand même. Quoique pour nous, la capacité d'un
employeur dans n'importe quel secteur peut être de décider. Donc, tant que c'est
raisonnable, de combien d'employés il va utiliser à un moment donné, ça doit être
déjà quelque chose qu'on ne... dont on ne parle pas. Je veux dire, c'est
quelque chose qui doit être naturel, mais malheureusement ça ne l'est pas
toujours.
M. Skeete : On parle ici de
droit de gestion. Je suis assez d'accord avec vous.
Mme Kozhaya
(Norma) :De gérance. Exactement.
M. Skeete : Pour pour les
quatre employés, donc, j'en déduis que vous êtes d'accord.
L'avenue de faire un projet pilote, on s'était
parlé il y a quelques années suite au dépôt du projet loi 44, il y avait à
l'époque une notion de donner ça aux municipalités. Ça ne faisait pas trop
consensus. L'idée d'un projet pilote, vous le recevez mieux?
M. Blackburn (Karl) : Oui,
oui, effectivement. Parce que ça permet d'aller de l'avant dans certaines
mesures, de tester des trucs, et si c'est probant, bien, on peut être capables
de les avancer. Vous faites référence, rappelez-vous, à la capacité que...
antérieurement, que les municipalités auraient pu avoir comme législations sur
certains impacts économiques ou leur écosystème. On était vraiment préoccupés
par cela. Alors, effectivement, c'est... la venue ou l'utilisation de projets
pilotes... Parce que ça permet d'essayer. Puis, si ça fonctionne bien, puis les
résultats sont probants, tant mieux. Et, si on peut l'améliorer, le changer
parce qu'on n'atteint pas nécessairement l'objectif qui est fixé, bien, on peut
se donner cette marge de manœuvre là, ce qui est essentiel dans le contexte
dans lequel on est.
M. Skeete : Puis, en
terminant...
M. Skeete : ...comme dernière
question, avez-vous une vision pour ce projet pilote là? À quoi ça pourrait
ressembler, selon vous? J'avoue que nous, on est encore en réflexion ici, mais
avez-vous des idées?
M. Blackburn
(Karl) :
Norma.
Mme Kozhaya (Norma) :Non,
malheureusement. Je crois qu'on pourra... J'imagine qu'on peut tester ça avec
des membres chez nous éventuellement, si vous le souhaitez, et puis vous le
soumettre. À cette étape, non, pas vraiment.
Peut-être, si je peux me permettre de revenir
un peu sur la question des municipalités, quoique... avec tout le respect,
évidemment, qu'on doit, parce qu'on a eu un peu aussi ce débat-là en lien avec
les règles environnementales, ce n'est pas la même chose, mais... Puis on avait
quand même une inquiétude. Bon, M. Blackburn a mentionné que, là, on parle de
l'importance de s'ouvrir davantage aux autres provinces, de reconnaître
davantage, d'harmoniser. Donc, rajouter une couche de réglementation, dans ce
cas, environnementale et/ou pour les heures d'ouverture, ça ne va pas dans
cette direction-là. D'ailleurs, on vous incite... on sait que les
municipalités, c'est des... sont autonomes, mais de les inciter peut-être aussi
à adopter des politiques d'allègement réglementaire, parce qu'il y a aussi des enjeux
à cet égard-là.
• (16 h 10) •
M. Blackburn (Karl) : Si je
peux me permettre, M. le ministre, ça me fait penser. Rappelez-vous... bien,
«rappelez-vous»... il y a déjà plusieurs années, lorsqu'on s'est mis à décider,
comme société, qu'on allait ouvrir les dimanches. Comme vous le savez, moi, je
suis un fils d'épicier, hein? Alors, les dimanches, les magasins étaient
fermés, mais les pharmacies étaient ouvertes. Et, à un moment donné, les
pharmacies, dans leur modèle d'opération, étaient rendues ni plus ni moins que
des compétiteurs assez importants aux magasins d'alimentation, qui, eux,
n'avaient pas la possibilité d'ouvrir le dimanche parce que la loi
l'interdisait et... Par contre, il y avait une compétition qui était déloyale à
cet égard-là.
Alors, il y a eu des débats importants, il
y a eu des orientations qui ont été prises, mais c'était... je dirais, c'était
pour le bien de notre société dans un sens. Et la venue de projets pilotes
pourrait permettre justement d'évaluer certaines alternatives qui, dans
certains cas, pourraient être... être des fers de lance pour notre société, peu
importe le sens de celle-ci. Et effectivement ça vaudrait peut-être la peine,
si vous avez des tests à faire, vous avez des éléments à vérifier, bien, nous,
on peut effectivement faire ce genre de travail là auprès des membres.
M. Skeete : C'est drôle que
vous dites ça parce que je suis un peu trop jeune pour avoir... de me souvenir
du débat des dimanches, mais je me souviens du beurre et de la margarine, que j'évoque
souvent comme exemple, là, tu sais, puis ça aussi, c'était supposé de faire en
sorte que la Terre arrête de tourner, là, mais en tout cas... Un plaisir de
vous retrouver. Merci beaucoup pour vos échanges.
M. Blackburn
(Karl) :
Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On enchaîne avec l'opposition officielle. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous. Seize minutes 30 secondes.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci à vous d'être présents parmi nous. Content de
vous revoir en forme, M. Blackburn. Donc, content de pouvoir discuter de
l'avancée économique du Québec.
Vous avez parlé tantôt de guichet unique
pour l'approbation de permis dans la construction. Je pense que c'était la
référence spécifique, là, que vous faisiez. Comment vous voyez ça avec les
municipalités? Juste comme pour me donner un petit peu... Parce que j'assume
que c'est une chasse gardée aussi des municipalités. Ils vont vouloir avoir un
mot à dire là-dessus. C'était... Qu'est-ce que vous vouliez dire
spécifiquement?
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui. Ce qu'on voulait dire,
effectivement, c'est le dédoublement, évidemment, d'exigences et puis de
réglementations qui peuvent être tellement différentes d'une municipalité à
l'autre. Pour une entreprise qui opère dans différentes municipalités au
Québec, c'est sûr que ça ajoute au fardeau et ça complique. On sait que, dans
la construction... évidemment, ce n'est pas le seul enjeu, mais les délais pour
avoir les permis, on parle de la crise du logement, il y a différents facteurs,
l'offre qui n'a pas nécessairement suivi la demande ou que... Mais une des
raisons, c'est aussi les délais pour l'obtention des permis et puis les
différences de réglementation entre les différentes municipalités.
Donc, nous, on pense qu'il y aurait moyen
aussi d'entamer un chantier... évidemment, ça se fait avec les municipalités,
mais de les inciter à aussi regarder. Il y a des municipalités qui ont eu des
initiatives, qu'on parle... je pense, par exemple, à Laval, qui ont eu... qui
réalisent et qui font des initiatives intéressantes pour accélérer, par
exemple, certaines... certains projets, la délivrance de permis. Et il faut
aussi pouvoir discuter de ça avec la population, la préparer, parce que c'est
dans notre intérêt collectif, mais il faut aussi qu'on ait cette discussion-là
en termes d'allègement réglementaire, parce qu'il y a beaucoup de
réglementations qui relèvent aussi du niveau municipal, et donc comment...
comment alléger.
On avait aussi parlé... Bon, la
construction, c'est davantage... l'exemple qu'on donne, c'est pour les remises,
par exemple, au niveau de la commission de la construction, au niveau de la
CNESST, au niveau des... Donc, est-ce qu'on pourrait? Mais ça peut s'appliquer
aussi à d'autres secteurs.
Et d'ailleurs il faut reconnaître que,
dans le projet de loi précédent d'allègement réglementaire, par exemple, pour
le code de la construction, d'un côté, on a... on a harmonisé, et c'était une
demande du milieu des affaires aussi qui date de longtemps, donc qui était...
Mme Kozhaya
(Norma) :...bienvenue. Et puis là, après,
il y a le projet de loi n° 41 sur la performance environnementale des
bâtiments qui vient un peu à l'encontre de ce qui a déjà été allégé. Donc,
c'est pour ça que c'est un effort qui doit être évidemment en continu, parce
que, d'un côté, on allège, mais il y a une autre réglementation qui pousse...
qui complique la chose.
M. Beauchemin : J'essaie
juste de comprendre comment... comment créer cet environnement-là plus propice,
en fait, pour que les municipalités puissent être d'accord avec votre
proposition d'un guichet unique. Je suis... Je trouve que c'est une excellente
idée, sauf que j'essaie de voir comment qu'on les attache, là, pour que ça
fonctionne. C'est un peu ça qui... Je voulais voir si vous aviez des pistes de
solutions, mais bon.
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui. Là, c'est... oui. Non, on
n'a pas la réponse en ce moment, mais on pourra aussi...
M. Beauchemin : C'est correct,
c'est correct.
M. Blackburn (Karl) : Et les
forces du statu quo, M. le... M. le député, les forces du statu quo sont
excessivement fortes, hein?
M. Beauchemin : Exact.
M. Blackburn (Karl) : Et, à
chaque fois qu'on veut changer ou améliorer ou moderniser, il y en a toujours
beaucoup autour de la table qui vont être là pour dire : Ce n'est pas
possible, mais, à un moment donné, on est obligés de... on est obligés de faire
des changements. Qu'on le veuille ou non, il en va de notre... de notre
croissance, de notre prospérité, puis à un moment donné... je pense qu'on
est... On est là, là. Et évitons de... évitons d'écouter ces forces du statu
quo qui sont très, très, très présentes dans nos environnements.
M. Beauchemin : Je suis
d'accord avec vous. On a... Évidemment, ici, on parle de fardeau réglementaire,
comment essayer de réduire la paperasse d'une certaine façon, etc. On parle du
milieu d'affaires. En fait, ça fait depuis, bien, deux ans que je suis plus
public sur le sujet, là, mais... bon, il faut qu'on soit plus compétitif dans
tous ces domaines, mais... Mais, avant tout, je pense que la fiscalité, elle
est... elle est primordiale dans le contexte actuel, surtout qu'on a entendu le
président Trump vouloir y aller de l'avant. Est-ce que vous, vous seriez
capables de nous donner une orientation par rapport au différentiel fiscal? On
parle aux États-Unis d'un taux d'imposition qui pourrait être dans les... «in
the tins», qui disent, dans... 17 %, 16 %, là, dans ces alentours-là
que j'ai comme cru comprendre, là. Nous, on serait où par rapport à ça? Je veux
dire, votre objectif, ce serait d'aller jusqu'à où pour être... qu'on soit
compétitif dans le contexte où est-ce qu'on est plus proche de la matière
première?
M. Blackburn (Karl) : Je vais
vous laisser... Je vais laisser Norma vous donner quelques données. Parce que
nous avons ces données-là en termes de positionnement, et on n'est pas dans les
premiers places, au contraire, on est dans les derniers de classe. Je vais
laisser Norma vous présenter les... ces données importantes de comparaison.
Parce que, quand on se compare, on se console ou, quand on se regarde, des
fois, on se désole, hein? Mais là, dans ce cas-ci, on est loin de se consoler
quand on se compare aux autres. Et, par la suite, je reviendrai avec quelques
orientations qui peuvent être mises de l'avant.
M. Beauchemin : Parfait.
Merci.
M. Blackburn (Karl) : Alors,
Norma, je te laisse donner les données.
Mme Kozhaya
(Norma) :Oui. Merci pour la question.
Parce qu'effectivement... Tout d'abord, lorsqu'on regarde l'ensemble des impôts
et taxes sur la masse salariale payés par les entreprises au Québec, on est
cinquième si... on se classe donc le cinquième plus élevé sur un ensemble si on
se compare aux pays de l'OCDE et puis aux autres provinces. Nous, notre... Et
effectivement, comme vous l'avez mentionné, le... ce que M. Trump a... il faut
voir s'il va de l'avant, il veut réduire le taux fédéral à 15 %, donc ce
qui serait un taux combiné avec les états d'à peu près 19 % pour les deux.
Notre demande qu'on a soumise dans le
cadre de notre mémoire prébudgétaire, pour le Québec, c'est de diminuer de
11,5 % à 10 %. Et puis on demande aussi au fédéral de réduire de
15 % à 12 % ou 10 %. Et aussi, au Québec, la chose sur laquelle
on peut agir se situe aussi au niveau des taxes sur la masse salariale, parce
que c'est très élevé comparé aux autres provinces et à d'autres pays. Là aussi,
on pourrait... Dans ce cas, on a proposé de réduire les taux au Québec pour rejoindre
ceux de l'Ontario, qui sont moins que la moitié moins. Donc, si on combine ces
deux, je crois que ça va aider les entreprises.
M. Blackburn (Karl) : Et,
lorsqu'on a rencontré le ministre des Finances cette semaine, justement pour
lui faire part de nos... de nos... de nos attentes en lien avec le prochain
budget du Québec... Souvent, on est habitués parce qu'ils nous disent tout le
temps : Mais vous nous demandez... Karl, tu nous demandes des programmes
de plus, tu nous demandes des allègements fiscaux, mais... mais vous nous
demandez tout le temps plus de programmes et plus d'aide gouvernementale. Ce
qu'on a dit également au ministre des Finances, c'est que vous pouvez faire,
vous devez faire une évaluation de vos mesures et de vos programmes puis de vos
programmes... mais de vos mesures fiscales parce qu'il y en a une multitude qui
ne servent plus là-dedans et qui coûtent de l'énergie, qui coûtent du temps. Et
une des façons d'être efficaces assez rapidement, et lorsqu'on discute avec les
gens de différents milieux économiques, c'est l'accélération des
investissements pour qu'on puisse amortir, l'accélération de l'amortissement
sur les investissements qu'on fait dans nos entreprises. Ce n'est pas
compliqué, ce n'est pas bien, bien lourd à administrer. C'est très facile,
c'est très flexible. Je sais qu'il y a une question avec l'ajustement avec le
fédéral...
M. Blackburn (Karl) : ...mais
si on est pour attendre après le fédéral pour être capables de s'organiser,
dans certains cas, on va peut-être perdre beaucoup de temps précieux du côté du
Québec. Alors, l'allègement réglementaire, la fiscalité, revoir certains
programmes, c'est essentiel, M. le député. Dans le contexte dans lequel on se
retrouve, on parle beaucoup d'améliorer la productivité, et il faut trouver la
façon pour que nos entreprises, actuellement, qui ont les deux pieds sur les
freins, on est dans un contexte où les gens regardent puis sont inquiets, ont
les deux pieds sur les freins, alors qu'au contraire on devrait investir massivement
dans l'amélioration de nos processus. On devrait améliorer notre productivité.
Le gouvernement devrait avoir des mesures facilitantes à cet égard-là, qui ne
coûtent pas plus cher. Si on fait le ménage au niveau des différents programmes
fiscaux qui existent un peu partout et qu'on se recentre sur nos missions
essentielles, je pense qu'il y a quelques éléments, là, qu'on peut peut-être
favoriser des investissements.
• (16 h 20) •
La semaine dernière, lorsque je discutais
avec une représentante syndicale par rapport à certains éléments qui ont changé
dans le monde et que, maintenant, on devait regarder différentes options par
rapport, entre autres, à l'utilisation de l'énergie, je le sais que c'est loin
de notre sujet du projet de loi, et cette dame mentionnait, bien, on devait
avoir un avenir. Mais avant d'avoir un avenir, il faut être capables de manger.
Et si on veut être capables de manger, il faut être capables de créer de la
richesse, il faut être capables de créer de la prospérité. Si on veut avoir des
programmes sociaux qui sont justes pour les plus démunis de notre société,
qu'on ait un système d'éducation en santé, qu'on ait un système de santé en
santé, bien, il faut qu'on fasse des choix. Et comme l'environnement dans
lequel on évolue change, bien, si on ne s'adapte pas à cet environnement-là,
bien là, malheureusement, on risque de manquer le bateau.
Et la présidence américaine a été très
claire sur la réduction réglementaire et sur la réduction fiscale de ses
entreprises. Là, malheureusement, on assiste à un mauvais film et un mauvais
scénario avec l'imposition de tarifs et l'improvisation annuelle ou à chaque
jour, mais il n'en demeure pas moins que toute cette instabilité-là,
actuellement, fait en sorte qu'on est sur les... sur les freins, alors qu'on
devrait vraiment trouver une façon d'investir et de ne pas attendre que ça nous
heurte, mais de prendre les devants et de mettre en évidence ce qui est fort
pour le Québec en termes d'infrastructures, mais surtout en termes de secteur économique.
M. Beauchemin : Je ne
voulais pas vous interrompre parce que c'est de la musique à mes oreilles.
C'est exactement ce qu'on essaie de faire la promotion depuis les deux
dernières années. Dans un contexte d'allègement réglementaire, évidemment, on a
besoin d'en faire de façon beaucoup plus significative. Je suis d'accord avec
vous. Dans le contexte actuel, là, du projet de loi, je veux revenir un petit
peu plus spécifique, là, par rapport à ça, vous disiez qu'on devrait s'inspirer
du modèle européen parce que le modèle européen, au niveau de l'allègement
réglementaire ou la simplification réglementaire entre les pays, donc, entre
les provinces, s'il y avait une façon, là, de le faire, juste peut-être nous
donner un petit peu, là, votre expérience là-dessus, nous expliquer les grandes
lignes pour que les gens à la maison puissent mieux comprendre.
M. Blackburn (Karl) :
Bien, on n'a pas besoin d'aller bien, bien loin. Regardons juste entre... ici,
entre les provinces canadiennes. Au niveau européen, ils ont un espace qui est
facilitant en termes de mobilité, puis en termes de transport. Regardons juste
ici du côté canadien, à quel point nous avons des barrières réglementaires
entre les provinces. Alors, les camionneurs... Juste dans le domaine du
camionnage, par exemple, tu ne peux pas partir du Québec puis aller faire un
voyage de l'autre bord sans avoir à changer ou à améliorer ton système. Au
niveau de la construction, on a fait référence tout à l'heure dans notre
présentation au niveau de la construction, qu'il y a certaines normes qui sont
différentes d'une province à l'autre, qui viennent alourdir le processus, qui
viennent d'une certaine façon empêcher des entreprises canadiennes d'avoir
accès au marché canadien de façon plus facile. Au niveau de l'agriculture, bien
évidemment, il va y avoir des discussions qui vont être importantes, mais si on
reste campés sur nos positions et qu'on entend les lobbies qui sont contre,
justement, la modernisation des... ou l'abolition des lourdeurs réglementaires
entre les provinces, bien, on se prive effectivement d'une opportunité
incroyable de croissance. Et de mémoire, parce que je n'ai pas la donnée sous
la main, mais de mémoire, je pense que ça peut jouer sur plus de 3 % sur
le PIB du Canada que de faire tomber les barrières réglementaires. Alors,
imaginez à quel point il y a là des mesures qui peuvent être faciles, rapides à
mettre en place et qui peuvent faciliter la vie des entreprises québécoises et
canadiennes.
M. Beauchemin : Entièrement
d'accord avec vous là-dessus. Dernier point que j'aimerais discuter. Combien de
temps qu'il me reste?
Le Président (M. Allaire) :
4 min 34 s.
M. Beauchemin : Ah! On a
du temps en masse. On va pouvoir élaborer. On parlait d'intelligence
artificielle dans la fin de vos propos. Vous parliez de réduire les délais
bureaucratiques par rapport à l'intelligence artificielle. Juste pour peut-être
remettre en contexte un peu pour clarifier le tout, parce que je pense que
c'était une zone d'innovation qu'on... qu'on avait une certaine longueur
d'avance jadis, là, par rapport à d'autres juridictions. Est ce que vous croyez
que la réglementation a été...
M. Beauchemin : ...la raison
principale pour laquelle on semble avoir perdu du terrain relativement parlant.
M. Blackburn (Karl) : Je vais
amorcer un début de réponse, puis je vais laisser ma collègue pouvoir exposer
davantage, parce que je veux vraiment qu'on puisse profiter collectivement de
son expertise autour de la table. Mais l'intelligence artificielle, puis on le
voit, M. le député, malheureusement, ça évolue extrêmement rapidement. Nos
entreprises ne sont pas prêtes à faire face à cela. Il y a beaucoup de secteurs
qui, malheureusement, ne sont pas encore... ne sont pas encore conscients de
quelle façon l'intelligence artificielle peut les aider, peut faciliter leur
travail, peut leur ouvrir des opportunités ou peut leur nuire. Alors, il y a
vraiment, il y a vraiment ces éléments-là qui sont à considérer. Mais on le
voit, on doit absolument renforcer notre littératie numérique, notre
utilisation de cet outil technologique qui est à notre service et de quelle
façon celui-ci peut aider les entreprises québécoises. Alors, c'est vraiment un
élément qui est central. Et dans certaines de nos recommandations, parce
qu'effectivement je dois prendre certaines notes puis j'ai besoin de mes
lunettes pour voir les notes que je prends, parce que, des fois, j'écris mal,
c'est écrit petit, mais on doit s'assurer, on doit s'assurer que nos entreprises
adaptent l'intelligence artificielle, mais que le système d'éducation s'adapte
à cette transformation de notre société. Malheureusement, ce n'est pas le cas,
et le système d'éducation tel que nous le connaissons, c'est le système
d'éducation que nous avons pas mal toujours eu. Mais, dans cette transformation
de notre société actuellement, le système d'éducation doit suivre cette
évolution. Malheureusement, il y a des forces du statu quo que j'ai identifiées
tantôt qui, malheureusement, nous ralentissent à cet égard-là. Et, si on
n'arrive pas avec des visions claires et une ambition par rapport à cela, les
entreprises risquent de manquer le bateau.
Et, maintenant, je laisse la parole à
Norma. J'arrête de parler parce que je prends trop de temps. Alors, Norma.
Mme Kozhaya
(Norma) :Merci. Je crois qu'effectivement
l'enjeu en ce moment, ce n'est pas tant la réglementation au Québec, mais
peut-être regarder au Canada. Je crois qu'il faut développer un réflexe avant
d'adopter une nouvelle réglementation, de dire comment ça va améliorer notre
compétitivité, comment ça va nous avantager, est-ce que... Des fois, on veut
devancer, et c'est correct, être ambitieux, mais s'assurer qu'il y a une valeur
ajoutée à cette nouvelle réglementation. Et il faut développer ce réflexe,
parce qu'on l'a vu, des fois, mettons, avec la protection, je reviens à la Loi
sur la protection des renseignements personnels, ça date maintenant un peu,
mais c'était un peu... On était comme les entreprises qui faisaient affaire
dans différentes provinces, c'était vraiment trop compliqué, ou même, des fois
on s'harmonise... On veut s'harmoniser, mettons, à la législation européenne,
mais on ne vit pas dans le contexte européen, on vit dans un contexte
nord-américain. Donc, il faut avoir ce réflexe-là de poser la question :
Est-ce que ça va vraiment aider notre compétitivité ou ça va compliquer la vie
et ça va rendre les choses moins productives? Donc, c'est aussi davantage dans
ce sens-là.
Évidemment, on a beaucoup d'avantages au
Québec, en termes d'innovation et d'intelligence artificielle, de chercheurs,
mais l'application sur le terrain, elle est encore... elle est pas mal en
retard, comme les autres technologies d'ailleurs. Mais je sais que ce n'est pas
directement relié à ce projet de loi, mais peut-être il faut vraiment, et ça je
ne pense pas qu'on puisse l'inclure dans un projet de loi, mais développer ce
réflexe de se poser la question : Est-ce que ça améliore notre
compétitivité? Et c'est pour cela qu'on recommande d'évaluer l'impact sur le
PIB. Mais parce que chaque réglementation, elle est justifiée, et puis elle a
de bonnes raisons d'être, mais, quand on met le tout ensemble, c'est là qu'on
se retrouve à vraiment avoir un désavantage.
M. Beauchemin : Combien de
temps?
Le Président (M. Allaire) : 10
secondes.
M. Beauchemin : Bon, mais il
reste 10 secondes. Je vous entends. Ce que je voulais avoir peut-être,
éventuellement, dans un autre moment, on pourra en discuter, c'est le niveau
réglementaire. Comment empêche-t-il... de l'intelligence artificielle dans
notre quotidien au niveau du monde des affaires?
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. Beauchemin : Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
beaucoup, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. M. Blackburn, Mme Kozhaya,
merci pour votre excellente contribution à cette commission. Vous allez
assurément nous revoir dans un avenir prochain.
Donc, je vais suspendre les travaux, puis
nous allons reprendre dans quelques instants, le temps de permettre au prochain
groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 29)
(Reprise à 16 h 32)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous reprenons les travaux. Nous enchaînons avec le dernier groupe de la
journée. Donc, on reçoit la Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec. Bienvenue!
Vous avez un exposé de 10 minutes. Je
vais vous laisser le soin de vous présenter, puis va s'ensuivre une période
d'échange. La parole est à vous.
Mme Filato (Rosannie) : Merci,
M. le Président. M. le ministre délégué, les députés, membres de la commission,
je vous remercie de nous recevoir cet après-midi. Moi, c'est Rosannie Filato,
directrice des Travailleurs et travailleuses unis de l'alimentation et du
commerce, la section locale 500. Je suis accompagnée d'Anouk Collet, qui
conseillère principale au président national au TUAC Canada et de Vincent
Boily, des Métallos.
Notre intervention ne portera que sur la
section II du projet de loi, donc les dispositions concernant les heures
d'ouverture des établissements commerciaux. Notre commentaire est simple, nous
souhaitons que ces articles soient retirés afin de maintenir l'équilibre trouvé
en 2008 entre les besoins des entreprises, ceux de la clientèle et la protection
des travailleurs et des travailleuses, en particulier les jeunes.
Un mot sur notre organisation. Les
TUAC 500 comptent plus de 39 000 membres à travers le Québec
dans près de 675 unités de travail. On peut penser à nos caissières, nos
commis d'épicerie, nos commis fruits et légumes que vous côtoyez au quotidien
dans les Métro, les Super C, les Adonis, les IGA, les Provigo et les Maxi. Le
plus important, et vous comprendrez pourquoi dans un instant, c'est que
60 % de nos membres ont moins de 30 ans. En prolongeant les heures
d'ouverture des commerces, on permet aussi aux employeurs d'attribuer des
horaires de soir et de nuit à un nombre illimité d'employés. Considérant le
nombre de jeunes membres dans nos épiceries, les modifications proposées se
traduiraient inévitablement par une pression accrue sur les jeunes qui occupent
ces emplois parallèlement à leurs études. Les recherches sont claires, au-delà
d'une quinzaine d'heures de travail hebdomadaire, le travail nuit aux
performances scolaires des jeunes, accroît les risques de décrochage scolaire
et augmente les symptômes d'anxiété et de détresse psychologique...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Filato (Rosannie) : ...en
outre, les horaires de travail en soirée et le manque de sommeil sont
particulièrement problématiques. Malgré cela, c'est exactement ce que ce projet
de loi vient proposer aux jeunes. Je me dois de souligner l'incohérence de
cette proposition face aux dernières décisions du gouvernement. Moins de deux
ans après avoir encadré le travail des enfants avec un fort consensus et une
grande concertation, le gouvernement envisage maintenant une déréglementation
complète qui viendrait affaiblir ces avancées pour les 17 ans et plus. Pour
votre rappel, les jeunes de 17 ans sont non seulement mineurs mais encore à l'école
secondaire. En pleine Semaine de la persévérance scolaire, c'est un recul
incompréhensible. 89 % des Québécoises et Québécois considèrent que la
société doit en faire davantage pour favoriser la réussite éducative des
jeunes. D'ailleurs, vous avez adopté une motion à ce sujet de façon unanime à l'Assemblée
nationale hier. Cette volonté d'encourager les jeunes à rester aux études doit
se poursuivre après 17 ans, qu'ils soient au secondaire ou au cégep.
Je vous invite à réfléchir : est-ce
que vous souhaiteriez que vos enfants, petits-enfants, neveux et nièces soient
celles et ceux qui travaillent de soir et de nuit dans l'épicerie près de chez
vous au détriment de leur réussite éducative et au profit de grandes
multinationales américaines telles Walmart? Je cède maintenant la parole à ma
collègue... à nos collègues.
Mme Collet (Anouk) : Alors, M.
le Président, M. le ministre délégué, Mmes, MM les députés, disons les choses
simplement : On ne comprend vraiment pas pourquoi le gouvernement cherche
aujourd'hui à briser le fragile équilibre qui avait fait l'objet d'un consensus
parmi toutes les parties prenantes lors de la révision de la loi entre 2006 et
2008. Aujourd'hui, les TUAC-500 ont lancé une campagne d'information pour
souligner l'incohérence de la volonté gouvernementale de vouloir... prolonger,
pardon, les heures d'ouverture des commerces d'alimentation, sans comprendre d'où
vient cette demande et sans réelle consultation.
Je vous pose la question. S'acheter un «air
fryer» ou du basilic thaï ou un 10 livres de patates, un mardi à 1 heure du
matin, est-ce vraiment essentiel? Et je pense que poser la question, c'est y
répondre. Surtout que, maintenant, d'autres options existent pour les parents
occupés ou les travailleurs avec des horaires atypiques, comme la livraison de
l'épicerie en ligne, offerte, et non, non, non, pas par Amazon, mais bien par
nos entreprises d'ici, tel que Voilà, par IGA, Métro et Maxi. Et, bien sûr, il
y a aussi les dépanneurs de proximité, qui ont d'ailleurs lancé un cri du cœur
ce matin.
Si ces modifications sont adoptées, les
travailleurs et les travailleuses subiront une pression accrue, compromettant
non seulement leur équilibre travail-études-vie personnelle, mais aussi leur
santé physique et mentale. De plus, la prolongation des heures d'ouverture n'est
pas sans risque. Ces dernières années, le vol à l'étalage et la violence
associée à ces vols ont connu une hausse importante. Dans ce contexte, le
projet de loi ne ferait qu'accroître ces dangers.
Alors, pour assurer la viabilité des
commerces d'ici qui font face aux géants américains comme Walmart, que l'on
soupçonne d'être le principal instigateur de ces demandes, alors que notre
premier ministre est justement en mission économique pour défendre les intérêts
économiques du Québec à Washington, pour assurer la santé et sécurité, la
conciliation travail-études-vie personnelle des travailleurs et travailleuses,
pour assurer la réussite scolaire des jeunes, en cette semaine qui souligne la
persévérance scolaire, nous vous demandons de bien vouloir retirer les articles
qui concernent les heures d'ouverture des établissements commerciaux. Et je
cède la parole à mon collègue, Vincent Boily.
M. Boily (Vincent) : Bonjour.
Merci pour l'invitation, M. le Président. M. le ministre, les gens sur le
comité. C'est ma première fois ici, ça fait que ça se peut que je sois un petit
peu nerveux, mais je me présente, je suis président de la section locale 8922
des métallos, qui représente les agents de sécurité au Québec. Il y a à peu
près, là, une vingtaine de mille d'agents de sécurité qui travaillent au
Québec.
Et je veux apporter votre attention sur
les dispositions de l'article 41 du projet de loi, qui vont à l'encontre de l'objectif
visé. On veut alléger le fardeau administratif des entreprises, mais l'article
41, au contraire, va alourdir le fardeau administratif. Je vous explique
pourquoi.
Le projet de loi, dans son ensemble... de
vouloir alléger les choses, c'est louable. Par contre, il ne faut pas que ça se
fasse au détriment de la sécurité publique et des enquêtes, entre autres, du
BSP, le Bureau de la sécurité privée, qui est un organisme gouvernemental qui
se veut la protection du...
M. Boily (Vincent) : ...du
public. Le BSP doit faire ses vérifications et s'assurer que les entreprises
dans le milieu respectent que la Loi sur la sécurité privée. En retirant
l'obligation pour le représentant de se consacrer à temps plein pour
l'entreprise, on crée une lourdeur administrative en permettant à un
représentant qui est fractionné entre diverses entreprises, pas nécessairement
dans la sécurité, puis même qui ne travaille pas dans la sécurité. Donc, ce
temps-là, qui serait fractionné, retarde les demandes et les enquêtes du BSP.
Toute demande d'information, les
vérifications sécuritaires, les enquêtes du Bureau de la sécurité privée
seraient diluées dans le temps pour quelqu'un qui ne consacre pas son temps à
la sécurité, même s'il est nommé représentant par un... par un employeur. Ça
crée un nouveau laxisme dans notre industrie. Ça crée une brèche supplémentaire
pour l'utilisation des prête-noms, puis la création d'un écran de fumée visant
à nuire aux vérifications du Bureau de la sécurité privée. Ce qui va devenir en
fait une multiplication des demandes, des demandes formulées ou, encore une
fois, d'avoir des recours légaux pour avoir accès aux informations, ce qui va
encore une fois alourdir le fardeau administratif de toute... de toute
l'industrie. On se rappelle le phénomène de Neptune Sécurité qui avait fait les
journaux dans notre industrie. On ne veut pas répéter ces choses-là en ouvrant
encore plus la porte à ce genre d'abus.
• (16 h 40) •
Pour l'entreprise, de nommer quelqu'un
qui... qui est... qui travaille pour lui à temps plein, ce n'est pas un fardeau
administratif. Au contraire, si on décide de nommer quelqu'un qui n'est pas
dans l'entreprise ou qui ne s'y consacre pas à temps plein, bien, c'est
quelqu'un qui n'a pas accès rapidement aux informations, c'est quelqu'un que
son temps est divisé, c'est quelqu'un qui ne travaille pas sur le terrain, qui
n'a pas la connaissance du terrain, de ce qui se passe en réalité dans son
entreprise, puis ça, M. le Président, c'est quelque chose de dangereux pour
l'industrie, parce que les agents de sécurité sont partout, dans les bases
militaires, dans les hôpitaux, dans les centres de communications, les Telus de
ce monde, il y a plein d'industries qui sont critiques, névralgiques, autant au
niveau de la sécurité qu'au niveau du Québec, c'est... Ça serait d'ouvrir la
porte à des dangers puis des lourdeurs au niveau du... des enquêtes du Bureau
de la sécurité privée qui, je le rappelle, son objectif est de protéger le
public.
Donc, alléger le fardeau, dans le cas de
l'article qui vient retirer le cautionnement, oui, ça, je vous le dis, c'est
quelque chose qui pourrait alléger le fardeau administratif. Vous l'avez
mentionné dans votre dans votre article... dans votre projet de loi, et ce
n'est pas quelque chose pour lequel on s'oppose. Mais celui, par contre, par
rapport au... à retirer l'obligation pour le représentant de l'employeur qui
travaille dans l'industrie de la sécurité à temps plein, celui-là, ça va juste
être nuisible pour l'industrie. Donc, ce qu'on demande, c'est que le
gouvernement retire l'article 41 du projet de loi afin que l'exigence
actuelle relative à l'article 6 de la Loi sur la sécurité publique, qui
oblige une personne représentante de l'entreprise à consentir à consacrer son
temps à temps plein aux activités de l'organisation soit maintenue.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Merci. On va débuter la période d'échange avec la partie gouvernementale,
M. le ministre. La parole est à vous, 16 min 30 s.
M. Skeete : Merci beaucoup,
M. le Président. Puis je le disais lorsqu'on recevait d'autres groupes cette
semaine, je me souviens, ma première fois que j'étais à témoigner dans une
commission, félicitations, puis bienvenue chez vous. C'est un plaisir de vous
recevoir.
Bien, écoutez, ça, ça me frappe, votre
réaction. Je veux juste me permettre, là, de clarifier certaines choses, là,
parce que je pense qu'on n'est... qu'on n'est pas tout à fait sur la même
longueur d'onde. On parlait de Walmart, Walmart n'est pas touché par ce qu'on
va faire ici. On parle d'augmenter... d'enlever, pardon, les... la restriction
de quatre employés dans les épiceries et les pharmacies. Au sens de la loi, là,
Walmart n'est pas considéré une épicerie. Don, on n'a pas... je n'ai pas...
puis je ne fais pas ça^pour personne, sauf les consommateurs qui, eux, se font
imposer des lignes d'attente qui sont plus longues parce que le gouvernement du
Québec gère les heures d'ouverture au nom des employeurs et des travailleurs.
L'autre point de vue que je souhaitais
apporter, bien, en ce moment, il y a 46 zones touristiques dans
46 villes différentes du Québec où il n'y a pas d'heure d'ouverture. Donc,
on vit déjà dans un monde, au Québec, où est-ce qui... bien, on n'a pas des
heures typiques comme on les connaît dans le sens de la loi. J'ajouterais aussi
que ces gens-là, s'ils ne vont pas à ces magasins-là, ils vont aller quand
même...
M. Skeete : ...ces
magasins-là, ils vont aller quand même... vous parlez d'un Air Fryer, mais
c'est bien le fun si vous êtes fermé, mais ces gens-là vont aller chez Amazon.
Alors, nous, on pense, pour l'achat local, pour encourager le commerce, bien,
il faut être disponible pour la clientèle qui veut magasiner. Là, j'entends
aussi, parce que vous êtes agent de sécurité, donc un enjeu de santé ou de
sécurité publique, pardon, moi, ça me frappe, ça m'inquiète, parce qu'on est la
seule juridiction en Amérique du Nord puis qui a ces heures d'ouverture là où
est-ce que le gouvernement dicte les heures d'ouverture. Puis la terre, elle
n'arrête pas de tourner, là, dans les autres provinces, dans les autres États.
Je voudrais juste vous entendre davantage, là, parce qu'on est comme une
aberration statistique en lien avec cette ingérence-là gouvernementale dans les
heures d'ouverture. Puis là, vous me parlez de plein d'impacts que je ne vois
pas ailleurs. Je voudrais vous entendre davantage.
Puis, avant de vous entendre là-dessus, je
souhaiterais vraiment juste clarifier une autre chose. Il n'y a rien dans le
projet de loi qui ne force personne à faire quoi que ce soit. En fait, le
gouvernement se retire de dire aux gens quoi faire. Un employeur qui a une
entreprise peut continuer d'avoir quatre employés si c'est ça qu'il souhaite
faire. Un employeur qui a une entreprise, épicerie ou pharmacie, peut décider
de fermer s'il a le goût de fermer. Un travailleur peut décider de ne pas
travailler. Alors, nous, le seul changement, c'est qu'on dit : À partir
de... les heures d'ouverture traditionnelles, à la fin, on ne vient plus
restreindre le quatre personnes. Donc, on n'est pas dans l'obligation, on n'est
pas à la commande de personne puis on n'est pas du tout dans forcer les gens.
Puis, comme j'ai dit, ça se fait partout, puis ça se fait même ici, au Québec,
dans 46 zones touristiques. Donc, je voudrais vous entendre réagir à ça.
Mme Filato (Rosannie) : En
fait, tant qu'à être dans les clarifications, j'aurais peut-être une question
pour vous avant que je réponde. En fait, si ce n'est pas Wal-Mart qui vous fait
cette demande-là, qui vous fait la demande? Parce que ce n'est pas les PME, ce
n'est pas les travailleurs et les travailleuses. L'Association des détaillants
alimentaires, qui représente 1 000 marchands propriétaires, épiceries, des 8
000 au Québec, ne veut pas ça. Les dépanneurs ne veulent pas ça. Qui vous a
fait la demande, M. le ministre?
M. Skeete : Bien, en fait,
moi, je me fais à l'écoute de tous et je me suis fait aussi l'avocat de tous.
Il y a des lobbies de travailleurs, il y a des lobbies d'épiceries, il y a des
lobbies de pharmaciens. Les consommateurs, eux, n'ont pas de lobby. C'est pour
ça qu'ils... on fait des élections, pour que des gens, des politiciens puissent
répondre aux consommateurs. Les consommateurs en ce moment doivent se heurter à
des portes closes où est-ce que le gouvernement vient s'ingérer dans un... dans
une pratique commerciale dans laquelle il n'a pas rapport. On a une entreprise
qui veut être ouverte ou pas. On a un consommateur qui veut acheter à une heure
particulière ou pas, et l'arbitrage des heures d'ouverture devrait se jouer
entre ces deux parties-là. La seule chose que moi, je dis, c'est que laissons
les consommateurs et le marché déterminer ce sera quoi, les heures d'ouverture.
Et nous, on pense que la dernière personne qui devrait dire à ces gens-là quoi
faire, c'est nous. Alors, dans le sens de l'allègement réglementaire, nous, on
pense moins de gouvernement dans ce cas-ci, c'est de l'allègement
réglementaire, et donc on agit au nom des consommateurs, l'accès des biens.
Et je vous rappellerais aussi que
plusieurs syndicats et de gens de la société civile nous implorent à répondre
aux grandes... les grandes surfaces, le commerce en ligne. Trouvez-nous une
réponse pour faciliter l'achat local. Moi, je suis aussi responsable de l'achat
local. Bien, une façon d'accroître l'achat local, c'est d'avoir des heures
d'ouverture qui sont en lien avec les demandes des consommateurs. Donc, pour
toutes ces raisons, on a décidé de discuter, de lancer la balle. Puis c'est...
bien sûr, on fait les discussions aujourd'hui. La raison que vous êtes ici,
c'est parce qu'on souhaite vous entendre sur cet enjeu-là. Mais on agit pour
les consommateurs en lien avec ce qu'on nous demande de faire par rapport à la
disponibilité des biens, la disponibilité des heures d'ouverture et aussi
favoriser l'achat local.
Mme Filato (Rosannie) : Donc,
je vais... je vais répondre à votre... bien, à votre question, qui a plusieurs
éléments. Donc, j'espère qu'on aura l'occasion d'en parler davantage et non
seulement à la commission. Vous savez, le ministre Boulet, je pense, a donné la
meilleure réponse, à savoir la raison pour laquelle le gouvernement devrait
intervenir. La ministre Boulet a dit : On ne le répétera jamais assez, le
premier travail de l'enfant est d'être un élève. En effet...
Mme Filato (Rosannie) : ...il
a été démontré que les élèves peuvent éprouver des difficultés quand un emploi
leur prend trop de temps et d'énergie. En limitant le nombre d'heures pouvant
être travaillées en période scolaire, on favorise un meilleur équilibre
études-travail. La réussite éducative de nos jeunes est un enjeu de société. Je
remercie tous les partenaires patronaux, syndicaux, communautaires d'avoir fait
du déploiement de cette loi un succès. Continuons ensemble nos efforts. Cet
encadrement est bénéfique pour nos enfants et par conséquent bon pour l'avenir
du Québec.
M. Legault, en 2006, lorsqu'on a eu des
discussions de concertation avec l'ensemble des partenaires, syndicats,
employeurs : «Je pense que l'équilibre entre les consommateurs et la
conciliation travail-famille ne se retrouve pas dans ce projet de loi là.»
François Legault, porte-parole en matière de développement économique.
• (16 h 50) •
À votre question sur les consommateurs qui
arrivent à des portes closes, ma collègue Anouk Collet l'a bien dit, il y a une
panoplie de façons pour les consommateurs d'aller chercher de la marchandise
24 h sur 24 d'entreprises québécoises, pas Amazon. Maxi vend des «air
fryers». C'est la raison pour laquelle on sait que c'est populaire, là, les
«air fryers». Je ne veux pas revenir là-dessus, mais, bon. Maxi, on peut
commander en ligne, Voilà, par IGA, on peut commander en ligne, Metro,
commander en ligne 24 h sur 24. Père de famille de quatre enfants, peut
chercher ce qu'il a de besoin à n'importe quel moment de la journée.
La société a évolué. La société consomme
les choses autrement. Ce n'est pas vrai que tous les consommateurs veulent
avoir... veulent aller chercher un 10 livres de patates à 11 h le soir à
la porte. Et, je pense, la société... l'Association des détaillants en
alimentation l'a bien dit, ça ne va pas venir réduire le fardeau pour les
entreprises. Ça ne vient pas du syndicat, ça. Ça vient des détaillants, qui
viennent dire : Ça ne va pas réduire notre fardeau, au contraire, c'est
déjà un casse-tête de placer les employés aux moments qui sont les plus
achalandés, donc on va venir rajouter un fardeau supplémentaire aux
détaillants.
Le Président (M. Allaire) : ...
M. Skeete : Je vais... Bien
là, je comprends que vous n'aimez pas l'idée d'avoir des travailleurs sur des
planchers d'épicerie, mais vous êtes d'accord d'avoir des travailleurs dans une
usine qui reçoit des commandes à minuit le soir. Je comprends.
Mme Filato (Rosannie) : Les
travailleurs en épicerie aussi.
M. Skeete : Bien, je fais
juste...
Mme Filato (Rosannie) : Je
pense que la... On veut répondre aux besoins des consommateurs. On est un
syndicat qui est à l'écoute également des besoins en consommation, qui
travaille en collaboration avec les employeurs.
M. Skeete : Je veux juste
terminer mon point. Je veux juste terminer mon point.
Mme Filato (Rosannie) : Je
veux juste être sûre qu'on est clairs qu'on est bien d'accord que nos employés
soient en magasin.
M. Skeete : Non mais je veux
juste terminer mon point.
Le Président (M. Allaire) : Un
instant. Parce que là, c'est sûr que, rappelez-vous qu'avec la caméra,
l'audiovisuel, une personne à la fois peut répondre.
Mme Filato (Rosannie) : Je
suis désolée.
Le Président (M. Allaire) : M.
le ministre. Allez-y.
M. Skeete : Bien, sur les
jeunes, moi, j'ai... j'ai... Puis je suis tellement fier du projet de loi de
mon collègue le ministre du Travail. Parce que c'est important que nos jeunes
restent à l'école, puis c'est important aussi que nos jeunes apprennent la
valeur d'un dollar. Donc, je pense qu'on a eu un équilibre parfait en disant
que les jeunes, au-delà de 17 h, on vient nuire à la persévérance
scolaire. Mais, en même temps, M. le Président, moi je me rappelle, orphelin à
17 ans, bien, moi, j'avais de besoin de travailler 20 h, 25 h,
en même temps, d'aller aux... aller à l'école parce que sinon je ne serais pas
capable de payer mon loyer. Alors, de priver les jeunes des opportunités de
travailler davantage, moi, ça me... ça me heurte.
Ça fait que là, ici, l'argument principal,
c'est le nombre d'heures travaillées ou les heures de travail. Moi, je ne suis
pas sûr qu'on va vivre dans ce monde-là, là. Il y a... Il y a plusieurs
personnes qui prennent pour acquis que parce qu'on va ouvrir... Non. Pardon.
Parce qu'on va permettre aux gens d'avoir plus que quatre employés, tout le
monde pense que partout, partout, il va y en avoir quatre. J'en doute,
premièrement, deuxièmement, s'il y en a plus que quatre, bien c'est parce qu'il
y a des clients, puis il y a une valeur à ça, puis il y a des gens qui sont
prêts à le travailler, ce quart-là. Encore une fois, il n'y a personne qui est
forcé de travailler. On nous parle souvent, entre autres, de la pénurie de
main-d'oeuvre. Donc, il y a des gens qui vont se dire : Bien, moi, pour
des raisons de conciliation travail-famille, la difficulté de recruter des
employés, je ne vois pas la nécessité d'ouvrir plus tard. Il y a
1 001 raisons qui n'ont absolument rien à voir avec le gouvernement
pour lesquelles un employeur, épicier ou pharmacie pourrait décider d'ouvrir,
ou pas dépasser ces heures-là, ou d'avoir quatre employés ou moins, ou plus,
dans ces heures-là.
Donc, encore une fois, moi, je veux juste
réitérer qu'ici, la seule chose qu'on fait, c'est qu'on vient dire...
M. Skeete : ...on vient
dire : Bien, ce n'est plus... on ne vient plus dire que vous êtes maxés à
quatre, là. C'est ça qu'on fait là. Puis moi, je pense qu'ultimement la Terre
va continuer de tourner, comme elle tourne en Ontario, au Manitoba, en Alberta.
Mais, à date, dans vos explications, je n'ai pas entendu la différence entre le
Québec et les autres juridictions. Avez-vous des données sur les autres
juridictions, que ça va être dangereux, puis qu'on va se faire tirer dessus
puis... Ça, là, ce serait porteur pour votre argument, ça m'aiderait.
Mme Collet (Anouk) : Alors,
M. le ministre délégué, j'aimerais juste peut-être rappeler un peu
l'historique, parce que, bon, Rosannie ne l'a pas vécu, mais moi, je l'ai vécu.
Puis ce n'est pas toujours agréable de dire qu'on peut vous parler d'historique
là, mais moi, je l'ai vécu en 2006, 2008, là, les discussions qu'il y avait eu
à cette époque-là, et toute cette question-là était sur la table avec les
différentes parties prenantes qui étaient là, avec le ministre Bachand. Et,
justement, tu sais, les gens disaient : Mais pourquoi on ne laisse pas ça
au libre marché, justement, aux gens, de déterminer? Mais toute la... ce qui
ressortait de la discussion autour de la table, c'était que, malheureusement,
s'il y en avait un qui décidait d'ouvrir, l'autre, de l'autre côté de la rue,
était obligé de le faire.
Et le marchand avec qui, justement, on
était hier, avec qui on discutait, nous disait la même chose. Il dit... il
dit : Là, l'autre jour, là, à la fête du Travail, là, l'année passée,
l'autre, il a décidé de rester ouvert, puis là il dit : Mes clients sont
venus me voir, ils m'ont dit : Comment ça se fait que tu n'es pas ouvert,
toi, à la fête du Travail? Ça fait que là, il dit : Je sens la pression
pour être obligé d'être ouvert. Donc, c'est cette pression là qui s'exerce
entre les marchands qui fait en sorte que, si on laisse ça au libre marché, eh
bien, c'est ça, tout le monde se sent un peu obligé, là... de par la
compétitivité, d'être obligé d'être ouvert.
Et quand vous me parlez de la... des
autres juridictions, je pense que le contexte actuel nous fait réfléchir. Je
pense que la population, en ce moment, a clairement dit : On ne veut pas
être un 51e État des États-Unis, on ne veut pas nécessairement importer
ici, au Canada, le libre marché qu'on peut vivre aux États-Unis. Ce n'est pas
ça, ce que la population vit, et, je dirais, encore plus particulièrement au
Québec, où on a, justement, des valeurs sociales qui sont... qui nous sont
particulières. Et d'ailleurs, quand on met en place, souvent, des projets de
loi, on se disait, en tout cas, avant-gardistes, on se compare plus, justement,
à l'Europe ou aux pays scandinaves. Et je comprends quand le Conseil du
patronat dit : Ce n'est peut-être pas toujours important, mais peut-être
bon, aussi, de regarder aussi ce qu'ils font. Puis d'ailleurs, en Europe, eux
autres, ils ne sont pas ouverts les dimanches, là, les commerces, et ça
fonctionne.
Et donc quand vous nous dites aussi, bien,
justement, l'achat local, et tout ça, vous parlez d'Amazon... mais, tu sais,
on... comme je vous disais tout à l'heure, là, nos épiciers... on dit à nos
entreprises ici, au Québec : Innovez, faites partie... innovez, mettez de
l'investissement dans l'automatisation, justement, et tout ça. Ils l'ont fait.
Sobeys a construit un entrepôt qui vaut des millions de dollars en
automatisation pour faire des commandes en ligne, justement. Ils ne sont pas
nécessairement ouverts en plein milieu de la nuit, mais vous pouvez passer
votre commande pendant la nuit, puis, le matin, elle va vous être livrée, la
commande, à l'heure que vous désirez. Et c'est la même chose chez Metro, et
c'est... Chez Provigo, bien, vous allez pouvoir passer votre commande
également, puis aller la chercher à l'heure que vous voulez. Et donc ça, c'est
tout de l'achat local, ce n'est pas de l'achat sur Amazon. Alors, ça, je vous
dirais que...
Et peut-être en rafale, aussi, quand vous
nous parlez des longues files d'attente, encore là, je reviendrais sur
l'historique qu'il y avait eu en 2008, 2006 parce qu'encore là cette
discussion... Ce qui avait fait partie du consensus, c'est que les marchands
nous disaient : À 5 heures du soir, quand les gens sortent des centres
d'achats puis s'en viennent tous chez nous faire leur épicerie, là, ils
attendent tous en file parce qu'ils sont tous là au même moment, parce qu'ils
sortent tous à 5 heures du centre d'achats. Et le compromis qui avait été fait,
qui avait créé le consensus, justement, bien, c'est de dire : Bien,
parfait... et on faisait partie de ce consensus-là... parfait, prolongeons les
heures de fermeture, la fin de semaine, pour le quatre employés, étendons-les à
8 heures le soir, ça va laisser amplement le temps, là, des gens... aux gens de
sortir des centres d'achats, venir faire leur épicerie, et, la semaine aussi,
faisons la même chose, prolongeons ça jusqu'à 9 heures. Et tout ça, ça avait
fait partie d'un consensus, et ça fonctionnait, et ça continue à fonctionner.
Et là, malheureusement, on vient... on veut détruire cet équilibre-là.
M. Skeete : Bien, encore une
fois, juste pour être clair, on ne détruit rien, on laisse le choix aux
travailleurs et aux épiciers et pharmacies de décider eux-mêmes les heures
qu'ils veulent rester ouverts.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On enchaîne avec l'opposition officielle. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, 12 min 23 s.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup de venir partager votre point de vue avec nous. Moi, j'aimerais...
M. Beauchemin : ...bon, dans
le contexte où est-ce que disons que ça va de l'avant, qu'est-ce qui arrive
pour les étudiants? Pourquoi est-ce que c'est automatiquement, selon vous, des
étudiants qui vont faire les frais, si on peut dire, de prendre ces jobs-là.
Pourquoi c'est un automatique selon vous?
Mme Filato (Rosannie) : En
fait, ce n'est pas tant parce que... Ça ne va pas créer d'emplois, on s'entend,
ça va juste étendre les heures d'ouverture, et la pression, naturellement, va
vers les jeunes parce que c'est la majorité. On parle de nos membres, ici,
mais, quand on regarde le commerce de détail, la proportion est la même, c'est
une majorité de jeunes personnes qui travaillent dans le commerce de
l'alimentation. Donc forcément, ces horaires de travail de soir et de nuit vont
aller vers les jeunes. Et je pense que M. Skeete l'a bien dit, les jeunes sont
tentés, parfois, pour... parfois pour des bonnes raisons, mais ils sont tentés
par les sous qu'ils peuvent avoir par ces heures, ces heures supplémentaires
qu'ils peuvent travailler, mais bien évidemment au détriment de leur
persévérance scolaire.
• (17 heures) •
Et je reviens à ce que M. Boulet a dit, et
je suis d'accord avec vous, M. le ministre, il y a un travail incroyable qui a
été fait pour encadrer le travail des enfants jusqu'à 16 ans. Il faut s'assurer
de ne pas oublier les 17 à 22 ans. Je vous invite tous, M. le Président,
l'ensemble des députés membres de la commission... je vous invite à aller voir
les études par rapport au décrochage scolaire au niveau du cégep. Il y a des formations
professionnelles, on en a besoin, il y a une rareté de la main-d'oeuvre. C'est
essentiel d'aller chercher les gens, qu'ils poursuivent leurs études, que ce
soit formation professionnelle ou autre. Mais c'est assurément des jeunes.
Et je tiens à dire, on est dans le cadre
de la Semaine de la persévérance scolaire, donc, bien sûr, on va en parler,
c'est la majorité de nos membres, mais on a d'autres employés qui vont
également être sollicités, et eux aussi ont le droit d'avoir une conciliation
travail-famille, s'occuper de leur famille, s'occuper de leurs enfants. Il y en
a certains qui sont des proches aidants. Donc, je pense que tout le monde
mérite un équilibre.
M. Beauchemin : Bien,
j'essaie juste de comprendre, parce que je n'ai pas été...
Mme Collet (Anouk) : Bien, me
permettez-vous juste, peut-être vous aider à comprendre?
M. Beauchemin : Oui, allez-y.
Mme Collet (Anouk) : Parce
que pour en avoir fait, du service sur la route, là, la réalité est que,
souvent, nos employés qui travaillent de jour, qui sont plus à temps complet,
vont être généralement des travailleurs, justement, un petit peu plus âgés, qui
sont soit des parents, justement, ou comme disaient Roasnnie, des proches
aidants. Et, pour essayer de les accommoder, bien, justement, les propriétaires
ou les... d'épicerie vont souvent leur donner... essayer de leur donner les
horaires de jour, autant que possible, le moins de soirs possible, le moins de
fins de semaine. Et donc c'est pour ça. Puis c'est là que les temps partiels
viennent combler, bien, les heures moins... que les gens aiment moins. Puis la
réalité est que les gens aiment moins travailler de soir et de fin de semaine.
M. Beauchemin : Puis je
comprenais votre argument, en fait, tantôt, quand vous parliez du libre marché.
Je suis pour le libre marché dans plusieurs aspects de la société, là, on va
s'entendre là-dessus. Les gens qui me connaissent s'attendent à ce que je dise
ça, pour plusieurs raisons, mais, fondamentalement, c'est clair que, dans un
endroit x, quelqu'un qui offre des heures plus longues va attirer plus de
clientèle et/ou une pression sociale sur la personne à côté qui, elle,
n'ouvrira pas. Et donc il va y avoir cette surenchère-là.
Moi, la dernière chose, puis je pense que
je l'ai mentionné hier, la dernière chose que je veux faire, c'est faire une
passe sur la palette à une multinationale étrangère au détriment de nos propres
entreprises à nous. Je pense que, là, actuellement, on va tous essayer d'être
Québec d'abord ou Canada d'abord, ça, c'est certain, mais je ne suis pas
certain que ça va être le cas partout, ça va être uniformément distribué. Je
pense que je veux quand même voir comment ça pourrait être formulé, tout ça,
puis voir comment qu'on peut en arriver à, premièrement, ne pas sacrifier les
jeunes qui doivent étudier, ça, je suis d'accord avec vous là-dessus, mais
comment qu'on peut faire en sorte qu'on puisse aider nos entreprises en
premier.
M. Beauchemin : Puis vous
parliez, tout à l'heure, je pense que c'était vous, M., qui parlait des
dépanneurs, c'est-tu ça, c'était-tu vous?
M. Boily (Vincent) : Non,
moi, je représente la sécurité...
M. Beauchemin : C'est vous?
C'est vous, excusez-moi.
M. Boily (Vincent) : ...donc,
tu sais, le débat, pour l'instant... Je me dis... j'imagine que j'ai été clair,
je n'ai pas eu de question.
M. Beauchemin : Je suis
d'accord. Je suis d'accord. Excusez. C'est donc vous, Mme, qui avez mentionné
les dépanneurs. Là, on parle vraiment plus business, dans le sens que, là, on
attaque un modèle d'affaires avec un autre, ça fait que... on attaque vraiment
un modèle d'affaires du petit entrepreneur. Ça fait que vous, qu'est-ce qu'ils
vous disent, justement, les... Est-ce que vous avez parlé, aux dépanneurs?
Parce que vous avez besoin d'alliés, dans la bataille, généralement.
Mme Filato (Rosannie) : En
fait, nous, on a vu...
17 h (version non révisée)
Mme Filato (Rosannie) : ...je
pense, la même information que l'ensemble de la population. Ce matin, les
dépanneurs ont fait une sortie...
M. Beauchemin : Oui.
Mme Filato (Rosannie) : ...pour
expliquer qu'ils étaient en furie, essentiellement. Anouk, ma collègue, a parlé
du consensus qui a eu lieu, et, bien que je n'étais pas là, bien sûr, je me
suis informée. Et une des raisons pour lesquelles il y avait eu ce consensus et
cet... justement, cet équilibre entre les entreprises aussi qui étaient
présentes au débat, c'était justement pour venir protéger et donner une chance
aux plus petits joueurs, aux dépanneurs qui viennent dépanner. Ils faisaient
partie de cet équilibre qui avait été trouvé entre 2006 et 2008.
Et, quand on parle de Walmart, je
comprends que M. le ministre pense que Walmart n'a aucune... n'est pas touché
par le projet de loi. Moi, ce que j'ai vu, c'est que Walmart s'est réjoui
aujourd'hui du projet de loi, a dit qu'il avait hâte d'ouvrir 24 heures sur 24.
Et ce qui m'inquiète particulièrement, c'est... en fait, on parle de
déréglementer. Peut-être, c'est la prochaine étape. Il y a aussi une clause,
une proposition dans le projet de loi qui parle de projets pilotes, justement,
qui, à moins que M. le ministre me dise que ça n'impacte... ça ne va pas avoir
d'impact sur Walmart... Mais on parle... à l'extérieur de l'alimentation, donc
l'ensemble du commerce de détail, on veut faire des projets pilotes. Pour moi,
projet pilote, c'est la première étape, parce qu'on permet à Walmart, qui s'est
réjoui aujourd'hui du projet de loi et de la déréglementation... c'est la
première étape, on vient profiter à une multinationale américaine. On connaît
le contexte, je n'ai pas besoin de vous l'expliquer, avec ce qui se passe l'autre
bord de la frontière.
M. Beauchemin : Bien, on s'entend
là-dessus. Je pense que, quand je disais : Passe la palette, tantôt, c'était
peut-être l'exemple que je disais. Bien, moi, je vais être curieux de voir,
dans le projet pilote : Est-ce qu'on va aussi considérer les pertes de
revenus pour des plus petits joueurs ou... Parce que dans le fond, le rôle des
dépanneurs, par exemple, c'était d'être dépanneurs, hein, tu sais, d'aider à
faire justement ces heures-là. Là, on leur enlève leur raison d'être, un peu, d'une
certaine façon. C'est quand même plusieurs commerçants.
Ça fait que moi, je vois cet enjeu-là. Je
suis un gars d'économie, ça fait que je porte ce chapeau-là, évidemment. Mais
je vois ça, j'entends l'enjeu des étudiants. Pour moi, ça m'attriste beaucoup,
parce qu'effectivement, quand j'étais «wrapper» chez Steinberg au Moyen-Âge, c'était
exactement ça qu'on a fait, là, bien que c'est des heures pénibles, là, qu'on
avait faites, oui.
Mme Filato (Rosannie) : Vous
comprendrez ma passion, mais mes parents, les deux ont travaillé chez Steinberg
comme emballeurs, ont gravi les échelons...
M. Beauchemin : Exact, exact.
Mme Filato (Rosannie) : ...comme
commis, etc., se sont mariés, deux délégués syndicaux. Donc, vous comprendrez
ma passion pour le sujet et ma volonté de venir protéger ces gens, ces
travailleurs et travailleuses dans une belle industrie.
M. Beauchemin : Oui. J'ai une
question spécifique pour vous, M.. Tantôt, vous parliez d'alourdir, à cause de
l'article 41, le fardeau administratif, puis il y a peut-être des termes que
vous avez utilisés que, pour moi, ce n'était peut-être pas évident, parce que
peut-être que vous aviez des lentilles plus du syndicat quand vous parliez, ça
fait que je ne suis pas un habitué, là, du langage. Je voulais juste comprendre
en quoi est-ce que ça alourdissait le fardeau administratif des entreprises,
spécifiquement.
M. Boily (Vincent) : Bien, en
fait, dans la sécurité, il y a des enjeux spécifiques sur la réglementation,
dans la Loi de la sécurité privée, qui doivent être répondus par des gens qui
sont connaissants dans l'industrie.
M. Beauchemin : O.K.
M. Boily (Vincent) : Ces
enjeux-là, bien, sont adressés par le Bureau de la sécurité privée. Puis de
mettre quelqu'un qui serait un écran de fumée, un représentant, un prête-nom
puis d'autoriser ce genre de choses-là, bien, ça va créer justement cette
lourdeur-là dans le système. Puis le Bureau de la sécurité privée, bien, c'est
un organisme qui a été créé par le gouvernement en 2010, après ça applicable en
2011, donc ça fait partie de votre... tu sais, de notre système de régulation
dans une industrie qui est précaire aussi.
C'est une industrie qui est en
sous-traitance, c'est des agences de sécurité, puis les agents qui travaillent
pour ces agences-là sont à la merci des clients puis aussi de leur employeur,
qui... Comme Neptune Sécurité, à l'époque, bien, ils ont fait faillite, ils
ont... ils sont partis avec l'argent, puis le beurre puis l'argent du beurre,
là. Parce qu'on a dénoncé justement ces pratiques-là, le temps que le Bureau de
la sécurité fasse enquête, on s'est rendu compte qu'il y avait des prête-noms
dans l'industrie, puis, le temps qu'on commence à les «squeezer», bien là, ils sont
partis.
Ça fait que, si on permet en plus d'ouvrir
l'utilisation des prête-noms puis des gens qui ne font pas partie de l'industrie
pour représenter les employeurs, bien, on vient créer un écran de fumée, on
vient créer plus de procédures pour des enquêtes pour répondre aux besoins, là,
de l'industrie.
M. Beauchemin : O.K. Ça fait
que, donc, votre... la perspective que...
M. Boily (Vincent) : ...pour
répondre aux besoins, là, de l'industrie.
M. Beauchemin : O.K.
Donc, votre... La perspective que vous avez, c'est celle du bureau et des
entreprises de sécurité et non, par exemple, on va dire, un... là, un
Steinberg, un Métro ou quelque chose comme ça, là.
M. Boily (Vincent) : Oui,
exactement.
M. Beauchemin : O.K. Je
comprends, là. O.K. O.K. Oui, je comprends. Effectivement, c'est... C'est fort
probable que, de ce point de vue là, effectivement, il y a du dédoublement qui
va se faire, c'est évident. Je le comprends mieux. D'accord. Combien de temps
qu'il me reste M. le Président?
Le Président (M. Allaire) :
1 min 45 s.
M. Beauchemin : Bon.
Bien, écoutez, pour moi je pense que ça, ça couvre mes questions. J'apprécie
vos réponses, puis je vous entends bien, là, pour les jeunes.
• (17 h 10) •
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. On enchaîne avec le deuxième
groupe de l'opposition. Mme la députée de Verdun, vous avez
4 min 8 s.
Mme Zaga Mendez : Merci.
M. le Président. Merci beaucoup pour votre présentation très éclairante,
surtout sur les demandes. Je me reconnais dans votre discours. Moi, à
17 ans, j'étais là en 2007, 2006, 2008, entre autres, syndiquée TUAC. Et
j'ai vu les changements puis, je peux vous le dire, la pression qui s'exerce
sur les jeunes chaque fois qu'on augmente le nombre d'heures, les clauses, les
fameuses clauses, c'est tout le temps des jeunes qui les font en ce moment.
Dans les épiceries, les quatre employés qui sont là jusqu'à la fin, ce sont des
jeunes, on le sait, qui sont en secondaire IV ou V majoritairement. Donc ça me
touche que vous parliez de ça. C'est important. J'aimerais ça vous ramener à
une question que vous avez posée au ministre, de dire pourquoi on propose ces
changements-là dans la loi concernant l'horaire. J'aimerais ça vous entendre.
Selon vous, qui demande ça dans le milieu de l'alimentation?
Mme Filato (Rosannie) :
En fait, si vous nous aviez posé la question hier, on vous aurait
répondu : On ne peut pas le soupçonner. Aujourd'hui, dans les journaux, on
a eu une partie de réponse. On soupçonne que Walmart est derrière ça. Ce sont
les seuls qui se sont réjouis. Je comprends qu'il y a eu d'autres témoignages,
là, M. le Président par rapport à certains employeurs ou certaines... Le
conseil canadien, par exemple, ou d'autres qui sont venus venir dire qu'il y a
eu des sondages auprès de leurs membres qui étaient mitigés, mais il n'y a
personne qui s'est réjoui de la mesure, à l'exception de Walmart. Donc, bien
sûr, on soupçonne que c'est eux. C'est sûr qu'on aurait souhaité, dans ce
contexte, avoir une meilleure... une plus grande concertation avec... On aurait
aimé avoir l'occasion d'en discuter avec le ministre délégué avec... avant que
le projet de loi soit proposé, juste avant les fêtes. Peut-être que ça nous
aurait aidé à comprendre, mais je comprends sa réponse, que personne ne lui a
demandé. Dans les faits, ça vient d'un besoin des consommateurs qui, selon
nous, n'existe pas.
Mme Collet (Anouk) : On
peut vraiment se poser la question parce que si on regarde les... donc
l'Association des détaillants en alimentation ne sont pas pour. Pourtant c'est
eux que ça va toucher. Hier, lorsque la Fédération canadienne des entreprises
indépendantes a témoigné, ils ont eux-mêmes cité leur propre sondage qui disait
que si on regardait les commerçants dans l'alimentation, il y en avait
48 % qui étaient contre ce changement à apporter. Donc, tous les acteurs,
là, dans le... pour ce qui... en ce qui concerne le commerce de l'alimentation,
ne sont pas pour ces changements-là. Donc, effectivement, on peut vraiment se
poser la question. Qui? C'est qui? À qui ça va bénéficier, ça?
Mme Zaga Mendez : Donc,
de ce que j'entends, il n'y a pas eu de processus de concertation dans le cas.
Ainsi, tous les acteurs, que ce soit les distributeurs, que ce soit les
épiciers, voire les syndicats, du tout. Et puis dans le temps qu'il me reste,
on en parlait rapidement des avantages financiers pour les commerces
d'alimentation. Est-ce qu'il existe en ce moment des avantages d'accroître les
heures d'ouverture? Qu'est-ce que les commerçants vous disent sur le terrain
là-dessus?
Mme Filato (Rosannie) :
En fait, non seulement sur le terrain, mais dans certains mémoires qui ont été
déposés, on vient dire que ça ne va pas venir augmenter la rentabilité des
entreprises. Ce que plusieurs détaillants disent, c'est que ça va juste venir
répartir les heures d'ouverture? On peut se poser la question, est ce que les
commerçants vont vendre plus de steak haché parce qu'ils sont ouverts
24 heures sur 24? La réponse est non. Mais ils vont l'acheter à d'autres
moments dans la journée. Donc, selon nous, ça ne va pas venir accroître. On a
entendu d'autres partenaires aussi qui n'ont pas dit que ça va accroître leur
rentabilité, ça va accroître leur flexibilité, encore une fois au détriment des
jeunes travailleurs et au profit des grandes multinationales comme Walmart.
Mme Zaga Mendez : Combien
de temps qu'il me reste?
Le Président (M. Allaire) :
2 min 8 s.
Mme Zaga Mendez : J'aimerais
ça revenir sur les propos que vous avez cités de M. Boulet concernant...
C'était super intéressant parce que je salue mon collègue présent Alexandre
Leduc, député d'Hochelaga, qui s'est battu aussi pour qu'on garde certains
acquis pendant ce projet de loi. Est-ce que vous sentez que ce qu'on nous
présente là, c'est un recul qui va à l'encontre de...
Mme Zaga Mendez : ...de ce
qu'on a vu dans le projet de loi qui respecte l'âge minimal pour travailler.
Mme Filato (Rosannie) : C'est
un recul incompréhensible. On ne comprend pas et je suis très déçu d'entendre
aujourd'hui que certaines... on veut prioriser la flexibilité et la rentabilité
des entreprises au détriment de la persévérance scolaire. Il y a un enjeu
énorme de décrochage scolaire. Vous irez voir les études. Dans le dernier mois,
il y a eu une étude par rapport aux étudiants au cégep qui décrochent de plus
en plus. Je vous ai nommé les impacts de travailler plus de 15 heures par
semaine. Maintenant, on veut travailler... on veut que les jeunes travaillent
également le soir et la nuit. On sait que ça empire, tout ce qui est détresse
psychologique, la mémoire, la concentration.
Je réitère ce que le ministre Boulet a
dit, le premier travail de l'enfant est d'être un élève. Je ne pense pas qu'on
a besoin de venir donner des statistiques comme quoi on entend qu'il y a plus
de violence aux États-Unis ou venir se comparer aux pires. Ça me déçoit
d'entendre ça. Je préfère entendre qu'un encadrement est bénéfique pour nos
enfants et que c'est bon pour l'avenir du Québec. Je pense qu'on a toutes les
mêmes intentions ici, autour de la table. On veut un Québec fort, on veut le
respect pour nos travailleurs et nos travailleuses. Et en ce moment, on est en
train de briser un équilibre qui avait été trouvé.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Vous étiez très clairs. On va s'assurer de continuer d'amener vos
revendications plus loin. Merci.
Mme Filato (Rosannie) : Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée de Verdun. Merci à la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec, principalement, naturellement, à vous trois qui étiez
avec nous. Donc, je vous remercie pour votre contribution à nos travaux, comme
je viens de le dire.
Avant de conclure les auditions, je
procède au dépôt des mémoires des personnes, des organismes qui n'ont pas été
entendus lors des auditions publiques.
Donc, la commission ajourne ses travaux au
jeudi 13 février 2025.
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) :
Juste vous demander... ce n'est pas terminé. Je m'excuse.
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Je
m'excuse. M. le ministre, M. le ministre, M. le ministre, Mme la députée de
Verdun, ce n'est pas fini, attendez que...
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Vous
êtes un peu indisciplinés. C'est correct, je comprends que tout le monde a
faim, je vous comprends. Donc, la commission ajourne ses travaux au
jeudi 13 février 2025, 13 heures, où elle se réunira en séance de
travail. Merci, tout le monde. Bonne soirée.
(Fin de la séance à 17 h 17)