(Quinze heures trente minutes)
La Présidente (Mme Mallette) :
À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Développement économique régional des crédits budgétaires du portefeuille Économie, Innovation et Énergie pour
l'exercice financier 2025-2026. Une enveloppe d'une heure a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
Mme la
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey) est remplacée par Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger); M. Fontecilla (Laurier-Dorion), par M. Grandmont
(Taschereau); et M. Paradis (Jean-Talon), par M. Bérubé (Matane-Matapédia).
Développement économique régional
La
Présidente (Mme Mallette) : Merci. Nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les
questions et les réponses.
Je suis
maintenant prête à reconnaître une première intervention de l'opposition
officielle pour un premier bloc d'échange. Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger, la
parole est à vous.
Discussion générale
Mme Rotiroti : Merci, Mme la
Présidente. Alors, salutations au ministre, et son cabinet, ainsi que les gens qui l'accompagnent. Et salutations à mes collègues
du... le deuxième groupe d'opposition, premier groupe d'opposition et du
côté gouvernemental.
Alors, aujourd'hui, on est ici pour parler du
développement économique régional, un dossier qui nous tient à coeur. Et je vous dirais que, malgré les promesses
du premier ministre de mettre les régions au coeur de ses politiques, le
bilan du gouvernement en matière de développement régional est bien mince,
après six ans au pouvoir. Il n'y a pas de
vision globale quant à l'avenir des régions, ni de politique, ni de stratégie,
ni de plan d'action national et régional, alors que les très... les petites et moyennes entreprises sont les principaux
moteurs de la dynamique économique en région. Elles ne reçoivent pas l'attention qu'une véritable
politique de développement régional soucieuse de la prospérité de chacun des
territoires leur accorde.
Rappelons
qu'après l'échec du projet de stratégie gouvernementale de développement
économique local et régional, dans la foulée de la démission, en 2021,
de sa ministre déléguée, à l'époque, Mme Proulx, le ministre Fitzgibbon,
le ministre du Développement économique
régional, n'a pas relancé le dossier, laissant les régions toujours orphelines
d'une stratégie visionnaire globale
et cohérente du développement. Il est sensé de passer des investissements
sporadiques à des actions plus
structurantes et concrètes. Le développement régional est essentiel à la
prospérité économique du Québec et le soutien financier du gouvernement
est primordial pour dynamiser cette vitalité.
Je vais aller... Évidemment, les PME en région
et un peu partout disent qu'il y a manque de prévisibilité. Je pense que, ce mot-là, le ministre l'entend assez souvent.
Il devait être même tanné de l'entendre. Je sais que le ministre, il a des
bonnes intentions, parce qu'on a fait, même, le projet de loi ensemble, son
quatrième projet loi sur l'allègement réglementaire.
On aura la chance de revenir, un petit peu plus tard, pour en discuter.
Évidemment, vous comprenez qu'après quatre
projets de loi sur l'allègement réglementaire, encore aujourd'hui, ce n'est pas
suffisant. Je sais que le ministre a déjà dit à plusieurs reprises...
il s'en vient avec un cinquième projet de loi, en espérant que celui-là est le
bon et qu'il va aller... qu'il va aller très loin, qu'il va être capable
d'aller aussi loin que les PME souhaitent.
Le programme Fonds d'aide d'initiatives
régionales, FAIR, a été remplacé par le programme développement économique pour l'aide à redynamiser les
territoires, DÉPART, qui ne garantit plus l'enveloppe pour des régions particulières.
Notamment, les intervenants de la Gaspésie ont exprimé leurs préoccupations du
fait qu'on remplace le programme FAIR par
DÉPART, en 2023. À la base, le programme DÉPART a été jugé moins apte à
subvenir aux besoins des régions par rapport au FAIR.
En novembre, votre gouvernement a interrompu
trois programmes d'aide aux start-up et aux PME. On parlait d'Impulsion PME, du programme DÉPART, aujourd'hui
réhabilité, et de BioMed Propulsion. Il s'agit tous de programmes
générés par Investissement Québec. Mais cela s'ajoutait aux autres programmes
déjà suspendus soudainement par le ministère
du Développement économique, au cours des semaines ou des mois qui avaient
précédé. On parle du Programme des immigrants investisseurs pour l'aide aux
entreprises, programme Soutien à la commercialisation et à l'exportation et volet Essor, volet 1 d'Essor voué
à des projets d'investissement pour les entreprises.
Pour le programme DÉPART, M.
le ministre, pourquoi vous avez mis fin au programme FAIR, qui a fait une
enveloppe dédiée à... de 6 à 8 millions pour les Gaspésiens, pour le
remplacer par DÉPART, qui ne garantit plus le montant spécifique à la région?
La Présidente (Mme Mallette) : M. le
ministre, la parole est à vous.
M. Skeete : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Bien, moi, à mon tour de saluer les collègues et de dire bonjour.
Ça me fait plaisir d'échanger avec vous et expliquer, bien, les grandes
avancées qu'on a faites dans le développement
économique régional. Pour nous, c'est vraiment important. Donc, très hâte
d'échanger avec vous. Je suis particulièrement fier parce que ça met la
table pour souligner toutes les avancées qu'on a faites et les grands dossiers
qu'on a réussi à régler en région, notamment.
Moi, je le
dis souvent, lorsque je me déplace... parce que j'ai eu la chance de rencontrer
beaucoup les intervenants du
développement économique régional dans les différentes régions du Québec. On
est rendus à 55... plus de 55 comtés qu'on a visités dans les deux dernières années. Et on se fait toujours un
devoir de rencontrer les intervenants du développement économique local. Et la bonne nouvelle, Mme la Présidente,
c'est que, quand on leur demande comment ça va, bien, la réponse est pas mal unanime que ça va bien. Les
programmes, lorsqu'il y a des commentaires sur l'efficience des
programmes, ou peu importe, on nous revient puis on les travaille ici, et
souvent on trouve des solutions pour régler ces problèmes-là. Donc, le
développement économique régional se porte bien. La bonne nouvelle aussi, c'est
qu'on réussit à accompagner les entreprises des régions. C'est vraiment une
bonne nouvelle. Donc, moi, je suis ravi.
Sur le contexte économique, je pense qu'on ne
peut pas ne pas souligner l'environnement qui nous occupe. Moi, justement, dans
les grandes visites que j'ai faites un peu partout dans le Québec, c'est clair
que les entreprises, peu importe la région,
ont une grande inquiétude en ce moment par rapport à la situation et la
relation avec les États-Unis. 73 % de nos exportations, au Québec,
vont vers les États-Unis. Et là, ce qu'on constate, c'est que ce n'est pas tant
les tarifs. C'est sûr que, les tarifs, il y en a, et ils ont un impact, mais ce
n'est pas tant les tarifs qui font mal à l'économie québécoise, c'est surtout
l'imprévisibilité de la doctrine de notre voisin du Sud et aussi le fait qu'on
ne sait pas sur quel pied danser. Sans
savoir sur quel pied danser, les entreprises québécoises se retrouvent à
chercher ou à ralentir les investissements, chercher des façons
différentes de sauver de l'argent, et donc cette incertitude-là, qui nous
occupe, c'est ce qui fait le plus mal à l'économie québécoise en ce moment.
La bonne
nouvelle, c'est qu'on a lancé des programmes pour accompagner les entreprises,
puis on va continuer de répondre présent. Une des mesures qu'on a mise
sur place, la collègue en parlait, c'est le programme DÉPART. Le programme DÉPART, pour les non-initiés, c'est
un programme qui vient accompagner les régions. Alors, encore une fois,
c'est les MRC qui sont responsables de cette enveloppe-là. Et les MRC, de leur
côté, ont une enveloppe qui leur permet d'accompagner et de faire un bouclage
de montages financiers pour aider certains projets à se réaliser.
Imaginez, Mme la Présidente, dans une région
dévitalisée, dans ce qui occupe le programme DÉPART, on retrouve des
entreprises, des projets, puis là, parce que c'est une région dévitalisée, on a
de la misère à boucler le financement. Le programme DÉPART vient boucler ce
financement-là par l'entremise d'une subvention jusqu'à la hauteur de
150 000 $ pour accompagner, pour aider à pousser un projet l'autre
bord de la ligne d'arrivée.
La collègue a
évoqué le lien entre le FAIR et le programme DÉPART. Mme la Présidente,
dans la création du programme DÉPART,
on a consolidé différents fonds, des fonds qui avaient été... qui venaient à
échéance. Le programme FAIR en était
un. Il y avait un autre programme qui était adapté pour la région du Lac-Mégantic suite à l'accident qu'on a vécu là-bas. Il y avait un autre
programme qui était destiné à Val-des-Sources, encore une fois pour aider à la
région, la MRC de Val-des-Sources à se... de revenir de son historique minière.
Et donc ce qu'on a fait avec le programme DÉPART, c'est on a consolidé ces
programmes-là à l'intérieur d'un programme qui s'appelle DÉPART.
Dans le programme DÉPART, qui s'adresse aux
régions les plus dévitalisées, on a réussi à boucler, avec les régions qui,
avant, profitaient du FAIR, on a rattaché toutes ces régions-là, même si elles
n'étaient pas niveau 5 de niveau de
dévitalisation, et on les a inclus dans le projet DÉPART par souci de maintenir
en vie un programme qui avait fait ses preuves sur le volet
Vitalisation.
Mme
Rotiroti : Juste pour clarifier, M. le ministre, je
comprends, vous avez consolidé, puis je pense qu'il y en avait un, deux,
trois, quatre, cinq, cinq programmes, là, Lac-Mégantic, Centre-du-Québec, Chaudière-Appalaches,
le FAIR puis le FAELMque vous avez
consolidé dans DÉPART. Ce n'est pas ça, la question. La question, c'est :
Une fois que vous avez fait cette considération, ça, vous avez investi de
l'argent, mais vous avez... élargir à plus de MRC.
Avec FAIR, il y avait cette spécificité-là pour
certaines régions, comme la Gaspésie, qu'eux, ils se classaient dans des régions dévitalisées puis ils recevaient
à peu près entre 6 et 8 millions de dollars. Là, en faisant... vous ouvrez,
vous ouvrez plus large, bien, comment que
ces régions-là, qui ont vraiment besoin, comment ils vont avoir leur morceau
de gâteau, là? Parce que, là, c'est le même
montant, mais plus de régions qui peuvent adhérer. Alors, on a beaucoup moins.
Il y a certaines régions qui vont en avoir de moins.
• (15 h 40) •
M. Skeete : Bien, en fait, ce n'est
pas le cas. Dans le programme DÉPART, ce qu'on a réalisé, c'est que les
montants qu'on a mis disponibles réussissaient à subvenir à la demande. Donc,
on n'a pas manqué d'argent dans le programme
DÉPART. Et d'ailleurs on vient juste de le rouvrir. S'il y a des gens qui nous
écoutent, on a réussi à boucler le financement pour tous les projets
qu'on avait.
Il est vrai que la région de la Gaspésie avait
son propre programme. On les a fusionnés à l'intérieur de DÉPART et on leur a
permis, même s'ils ne sont pas des régions dévitalisées, à continuer de
profiter du programme DÉPART par souci de vouloir
continuer un acquis que la région avait et par souci et attention à une région
qui est importante pour le Québec.
Mme
Rotiroti : Parfait. Merci, M. le ministre. Pouvez-vous nous
dire, dans les cinq programmes, c'était quoi, le total investi versus
qu'est-ce que vous investissiez dans le DÉPART?
M.
Skeete : Bien, en fait, je pense que la question derrière la
question de la collègue, c'est de savoir si les Gaspésiens étaient
perdants au change avec le changement. Est-ce que je comprends bien l'intention
de la question?
Mme
Rotiroti : Non. Ma question que je viens de vous poser,
c'est : je veux avoir le total de montant investi pour les cinq
programmes versus le montant que vous mettez dans DÉPART.
M. Skeete : Parfait. C'était...
Des voix : ...
M. Skeete : Ça fait qu'on parle de
6,5 millions pour FAIR puis on parle de 75 millions sur trois ans
pour DÉPART.
Mme
Rotiroti : Je veux le total des cinq programmes que vous avez
regroupés dans DÉPART, c'est-à-dire le FAIR, le FALME, Lac-Mégantic, Centre-du-Québec,
Chaudière-Appalaches.
M. Skeete : Il va falloir que je
vous revienne parce qu'il y avait des... Dans le fond, ces programmes-là
avaient des balances différentes parce qu'ils avaient été créés pour des
raisons différentes. Ce qu'on a fait, c'est on a continué dans le temps ces programmes-là et on l'a consolidé dans le
DÉPART. Je peux revenir à la collègue avec les montants exacts.
Mme
Rotiroti : Si je vous dis que les cinq fonds totalisaient
environ 160 millions sur une période de 2017‑2018 à 2022, alors on
parle d'un cinq ans, à peu près. Puis l'enveloppe de DÉPART, c'est
75 millions, et ça représente... on a ouvert ça à 25 MRC de
plus. Est-ce que les chiffres correspondent à...
M. Skeete : Il y a plusieurs nuances
à apporter. Premièrement, on parlait de la reconstruction de la région de Lac-Mégantic
après la tragédie ferroviaire. Donc, de prendre le total de ce fonds-là et de
l'imputer dans la vision, maintenant, de DÉPART, je ne suis pas certain que
c'est très pertinent.
La deuxième chose, c'est qu'en ce moment
l'absence... ou, en fait, la fusion de ces programmes-là n'exclut pas une entreprise qui souhaite développer ses
affaires à faire affaire à Investissement
Québec. Donc, même si ça ne cadre...
même si ça ne cadrerait pas dans DÉPART, il
y a quand même de l'aide qui est rendue disponible à l'intérieur d'autres
programmes lancés par Investissement Québec ou les MRC.
Mme Rotiroti : Je comprends, mais il
n'en demeure pas moins, M. le ministre, qu'il y a quand même moins d'argent, parce que, quand on fait le calcul des
cinq programmes, là on est rendus quasiment à moitié, vous investissez quasiment
de moitié. Ça fait qu'on part de 160 millions à 75 millions. Et, en
plus, on ouvre ces programmes-là. Ils deviennent
plus accessibles à plus de MRC, quand, avec le FAIR, ces MRC là avaient
quasiment une exclusivité, si je peux dire ça comme ça, là, ou peut-être
«privilégiées», là.
M. Skeete : Bien, en fait, ce
n'était pas un privilège. Les gens de Lac-Mégantic, ce n'était pas un privilège
d'avoir ces fonds-là. C'était pour
reconstruire un centre-ville suite à un accident tragique. Dans le cas de
Val-des-Sources, on ne parle pas d'un privilège, on parle d'une ville
qui était mal en point suite à la fermeture de sa mine.
Donc, je comprends que la collègue interprète
les valeurs dollars comme un signe de désengagement. Ce n'est pas tout à fait
adéquat comme analyse. Et on parle de situations ponctuelles pour des régions
qui étaient en grand besoin à cause d'incidents ponctuels.
La décision qu'on a prise par la suite, c'était
de garder en vie ou, en fait, de prendre ces programmes-là, de les recycler à l'intérieur du programme DÉPART.
Même si ces régions-là ne sont pas dans le dernier quintile de niveau de dévitalisation, on a dit, par souci à vouloir
maintenir une aide, qu'on allait les accompagner à l'intérieur du programme DÉPART. Mais, comme j'ai déjà dit à la
collègue, les fonds étaient disponibles, ils ont été utilisés, et on n'a pas
refusé un projet ou un programme demandé parce qu'il ne restait pas d'argent,
là. Tous les programmes ont été reçus et sont en analyse.
La Présidente (Mme Mallette) : Il
reste cinq secondes.
Mme Rotiroti : Alors, vous pouvez
garantir qu'il n'y a pas une région qui est...
La Présidente (Mme Mallette) : ...on
a terminé. C'est tout le temps que nous avions. Je vais devoir passer la parole
au député de Taschereau pour 9 min 45 s.
M.
Grandmont : Merci, Mme la Présidente. Je vous demanderais, si vous le
voulez bien, là, d'appliquer la proportionnalité des questions et des réponses.
M. le ministre,
bonjour. Content d'être ici avec vous aujourd'hui.
J'aimerais vous
amener d'abord à Blainville. Il y a un site, on en a beaucoup parlé, là,
Stablex, il y a eu un projet de loi qui a
été adopté sous bâillon, le projet de loi n° 93. L'objectif était
de s'assurer que le site était déboisé, en tout cas, c'est l'interprétation qu'on en a faite, mais vous pourrez
compléter ou valider, déboiser le terrain de la cellule 6 avant le
15 avril. Est-ce que c'est exact?
M. Skeete : La
question, c'est s'il y avait un projet sous bâillon qui s'appelait Stablex?
C'est ça? Oui.
M. Grandmont :
Est-ce que l'objectif de passer
ce projet-là sous bâillon était de s'assurer que le déboisement puisse
être complété avant le 15 avril?
M. Skeete : L'objectif premier de Stablex, c'était d'assurer
la pérennité de la capacité du Québec à enfouir des matières dangereuses
avant qu'on ait un problème de... sans solution.
M.
Grandmont : ...il y avait un règlement fédéral qui entrait en vigueur
à partir du 15 avril pour protéger une
espèce dont c'était l'aire de nidification. Donc, on comprend que les travaux
ont été ralentis. À ce jour, est-ce que vous savez combien... quelle
proportion du terrain a été déboisée?
M. Skeete : Ce n'est pas... Le projet de loi n'a été porté par
moi, et donc je ne suis pas au courant de la question. Je suggère au
collègue de poser la question à la bonne personne.
M.
Grandmont : Parfait. Excellent. On le sait, qu'il y avait donc ce
règlement fédéral là. On soupçonne que l'objectif
était de déboiser pour profiter de la période entre le 15 avril... dans le
fond, de libérer la... de se libérer de ce règlement fédéral là avant
qu'il commence à entrer en vigueur le 15 avril.
M. Skeete : ...
M. Grandmont : Oui, selon nous, évidemment. C'est ça. Actuellement, selon les
informations que nous, on a, le site est déboisé à seulement 20 %.
Est-ce que vous avez les mêmes informations que moi?
M. Skeete : Je
n'ai pas d'information à ce niveau-là.
M.
Grandmont : Parfait. Dans ce cas-là, est-ce que vous pouvez nous dire
si, actuellement, il y a un risque de
rupture de service? Parce que, visiblement, les travaux ont été ralentis,
toutes sortes de personnes qui sont intervenues, il y a eu des procédures légales qui ont été mises en oeuvre aussi.
Est-ce que le Québec peut craindre ou doit craindre une rupture de
service dans la gestion des matières ou des déchets dangereux au Québec?
M. Skeete : Je
n'ai pas cette information-là.
M. Grandmont :
Vous n'avez pas cette
information-là. O.K. C'est un projet qui, évidemment, est d'une grande
importance, je pense que le gouvernement lui-même l'a souligné. Vous n'êtes pas
capable de me dire aujourd'hui si le Québec est
à risque d'une rupture de ces services, considérant que le projet a été retardé
par des voies légales. Il y a eu des
manifestations également aussi, mais il y a aussi, donc, cette période-là qui
est perdue, et seulement 20 % du site a été déboisé. Vous ne pouvez
pas me garantir qu'il n'y a pas de rupture actuellement?
M. Skeete : Je
suggère que le collègue pose la question à la bonne personne.
M. Grandmont :
Parfait. Est-ce que la gestion
des matières dangereuses, c'est une bonne façon de développer nos
régions, selon vous, M. le ministre?
M. Skeete : Toute pratique humaine mène à des déchets. Il en
va de soi, qu'on doit gérer ces déchets. Je ne sais pas si ça répond à
votre question, là.
M. Grandmont :
En partie, parce que, sur le
fond, vous avez raison, on produit des déchets, même le Québec génère
des déchets qui sont en partie gérés par Stablex à Blainville.
M. Skeete :
Même moi.
M.
Grandmont : Absolument. Vous, moi, tout le monde, on en produit,
effectivement.
M. Skeete :
Voilà.
M.
Grandmont : L'objectif,
c'est d'en avoir le moins possible, évidemment. Mais, quand on se met à
importer des produits de
l'extérieur... par exemple, il y avait un article très intéressant au Journal de Québec qui
disait : Batteries, solvants
et déchets chimiques : en plus de Stablex, 16 sites au Québec
reçoivent les déchets dangereux des États-Unis. On
serait, selon l'article du Journal de Québec, un des plus grands
gestionnaires par tête d'habitant de déchets dangereux à travers le
monde. C'est-à-dire qu'au Québec on gère, de productions locales mais aussi
externes, 87... presque 87 kilogrammes
par habitant, alors que, le Mexique, on est à 27 kilogrammes par habitant,
puis les Sud-Coréens, qui sont les troisièmes — c'est
les top trois, là, que je suis en train de vous nommer — la
Corée du Sud, on est à presque 20 kilogrammes
par habitant. Est-ce que vous pensez que c'est une bonne façon de créer
l'activité économique au Québec?
• (15 h 50) •
M.
Skeete : Bien, de manière spontanée, je dirais que, par
habitant, ce n'est peut-être pas le meilleur métrique, mais je n'ai pas
d'opinion sur la question du collègue.
M. Grandmont : O.K. Le ministre n'a
pas d'opinion là-dessus, d'opinion personnelle. Est-ce que, selon son gouvernement, importer des déchets de l'étranger,
c'est une bonne façon de faire du développement économique, importer les
poubelles, devenir la poubelle, dans le fond, du monde?
M. Skeete : J'inviterais le collègue
à poser la question à la personne qui chapeaute le dossier de Stablex.
M.
Grandmont : On m'a demandé de demander au ministre de
l'Environnement ou des Ressources naturelles, par exemple, de leur poser la
question à eux ou à elles. N'empêche quand même que c'est de l'activité
économique, on s'entend?
M.
Skeete : C'est vrai que c'est une activité économique.
D'ailleurs, ça me permet de vous souhaiter la bienvenue. On ne vous voit
pas souvent dans cette commission. Le deuxième groupe d'opposition, c'est rare
qu'il s'intéresse à l'économie, puis on le constate par la ligne de questions
du collègue.
M. Grandmont : Mme la Présidente, on
me prête des intentions, ce qui est inexact. Je participe aux crédits, à chaque
année, au développement économique régional. Merci.
La
Présidente (Mme Mallette) : On va demeurer... Les échanges, ils allaient bien.
On va demeurer dans le respect.
M. Skeete : Désolé,
Mme Présidente. C'était plus fort que moi.
M. Grandmont : Merci. Donc, je
poursuis.
La Présidente (Mme Mallette) : On
poursuit.
M. Grandmont : On va aller
maintenant à Saint-Jérôme, si c'est possible. J'espère que le ministre sera un petit peu plus loquace. C'est un sujet, je pense,
qu'il connaît bien quand même, ça touche l'électrification des transports.
On apprend, dans le journal Le Nord,
je ne sais pas si M. le ministre connaît, là, ce quotidien plus local, le
4 février 2025, on apprend que
les autobus Lion sont mis au rancart, c'est-à-dire qu'il y a plusieurs
transporteurs écoliers des Laurentides qui mettent leurs autobus dans le
garage ou dans la cour, en fait, plutôt que d'utiliser les autobus de Lion.
J'imagine que le ministre est au courant de la situation de Lion actuellement,
et ça a ressorti dans l'actualité encore ce matin. Actuellement, donc, il n'est pas possible, pour les entreprises, pour les
transporteurs, d'obtenir des pièces de rechange.
Il y a des enjeux avec les systèmes de chauffage également aussi. Est-ce que le
ministre était au courant que des autobus dorment, sont mis au rancart
chez les transporteurs?
M. Skeete : Bien, il y a
actuellement un contrôleur qui est au fait de tous les détails qui touchent la
créance et aussi la situation financière de Lion, et donc le gouvernement n'a
pas accès à des informations pertinentes ou à niveau à tous les moments. Donc,
je n'ai pas la réponse à la question du collègue.
M. Grandmont : Est-ce que le
ministre est au courant que des autobus dorment dans des garages ou dans des stationnements extérieurs actuellement, des
autobus qui ont été subventionnés par le gouvernement du Québec, là?
M.
Skeete : Bien, il faudrait que le collègue précise la
question. Si, en ce moment, il existe, au Québec, un autobus qui est
stationné à quelque part qui dort? Sûrement. Mais je ne suis pas sûr de
comprendre la question.
M. Grandmont : Non, des flottes
complètes d'autobus.
M. Skeete : Des flottes complètes?
M. Grandmont : Oui, oui.
M. Skeete : J'en douterais, mais je
ne le sais pas encore.
M. Grandmont : Les
transporteurs, actuellement, ne sont pas capables d'avoir accès à des pièces, à
un service clientèle, donc préfèrent continuer à utiliser leurs bus au
diesel, quitte à étirer leur durée de vie, parce qu'ils ne sont pas capables d'avoir du service, ils ne sont pas
capables d'avoir des pièces, parce que, Lion, c'est très tranquille, disons,
ces temps-ci.
M. Skeete : Vous
avez raison de dire qu'ils sont tranquilles. Je pense que les médias ont été
assez clairs sur le fait qu'il y a une situation financière avec Lion. Et donc
les opérations sont en attente... sont en arrêt, pardon, et donc ça se peut. Moi, je n'ai pas d'information
par rapport à des flottes entières, comme évoque le collègue, là. Je n'ai pas
cette information-là.
M.
Grandmont : Ça va nous faire plaisir de lui envoyer l'article en
question.
Il
y a des... Il est impossible, hein, pour les transporteurs de s'alimenter autre
part que... ailleurs... autre part que chez Lion actuellement en autobus
électriques. Est-ce que le ministre est au courant de ça?
M. Skeete : Je
n'ai pas compris la question.
M.
Grandmont : ...pour les transporteurs scolaires de s'approvisionner en
autobus électriques autre part que chez Lion Électrique. Est-ce que le ministre
est au courant?
M. Skeete : Il
existe, dans le marché, d'autres autobus électriques.
M.
Grandmont : Oui, ils existent, mais sont-ils subventionnés? Non. Il y
en a chez Girardin, notamment, puis il y en
a également aussi chez Leeds Autobus Transit, Navistar, mais impossible de voir
ces autobus-là subventionnés, ils ne sont pas faits entièrement au
Québec. Est-ce que le ministre est au courant de ça?
M. Skeete : Si
le ministre est au courant qu'il y a des autobus qui ne sont pas subventionnés
sur les routes du Québec? C'est-tu ça, la question?
M. Grandmont :
Non, ce n'est pas ça, la
question. La question, c'était... La question, c'était : Il n'est pas
possible pour un transporteur d'avoir une subvention pour un autobus
scolaire électrique autre que Lion.
M. Skeete :
La... C'est incomplet. Il y a 200 autobus qui peuvent être financés par
Girardin ou d'autres autobus électriques qui peuvent être subventionnés.
M.
Grandmont : Aujourd'hui, il y a un groupe, notamment formé, là, du
promoteur... du Groupe Mach, promoteur immobilier, qui demande d'avoir accès à
une subvention ou, en tout cas, une aide gouvernementale de l'ordre de 20 millions de dollars pour
repartir Lion. Est-ce qu'il y a des discussions actuellement, au gouvernement
du Québec, pour les appuyer?
M. Skeete : Je
ne commenterai pas des discussions en cours dans le cas d'un cas sous un
syndic.
M. Grandmont :
Parfait. Est-ce que le ministre
est au courant que, selon les investisseurs — il y en a plusieurs, il y a en eu des petits
comme des grands, investisseurs, qui ont investi, là, dans Lion Électrique — les
investisseurs... puis là je réfère à un
article de 2024, là, 16 janvier, pardon, 16 janvier, selon lequel les
investisseurs sont fâchés, qu'ils «reprochent
au gouvernement Legault d'avoir envoyé des signaux trop rassurants dans les
médias, ce qui les a poussés à garder leurs actions.
«Fin novembre, trois
semaines avant que Lion Électrique se place à l'abri de ses créanciers, la
ministre Fréchette, la ministre de l'Économie
évoquait la possibilité que le gouvernement réinjecte de l'argent avec des
partenaires privés.»
La Présidente (Mme Mallette) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions. Je reconnais maintenant le député
de Matane-Matapédia. Vous avez 9 min 45 s pour votre...
M. Bérubé : Merci,
Mme la Présidente. M. le ministre, parlons du développement économique des
régions, parlons de ses acteurs, notamment
ses acteurs politiques. Je veux parler des régions de l'Abitibi-Témiscamingue
et de la Gaspésie—Les
Îles. Est-ce que le ministre trouve qu'il serait souhaitable que ces deux
régions aient des ministres régionaux qui sont des députés sur ce territoire,
soit l'Abitibi-Témiscamingue ou Gaspésie—Les Îles?
M. Skeete : Moi, j'ai déjà été le seul élu du gouvernement sur
l'île de Laval, puis le ministre responsable de Laval n'était pas élu à
Laval. Moi, j'ai trouvé la collaboration avec mes collègues ministres à
l'époque exemplaire. C'est... Je n'ai pas d'opinion sur... Je pense que c'est
du cas par cas sur les bienfaits ou pas.
M. Bérubé : Ma
question : Est-ce qu'il trouve que ça serait souhaitable?
M.
Skeete : Je ne fais pas de lien entre l'idée et la conclusion de si,
oui ou non, c'est une bonne chose. Ça peut
être bon comme ça peut être mauvais. Ça peut être... Tu peux avoir un ministre
responsable de ton... de ta région qui est de ta région, puis ça ne veut
pas dire qu'il ou elle serait bon.
M. Bérubé : O.K.
Bon.
M. Skeete : Ça
fait que je n'ai pas d'opinion sur le lien qu'on essaie de faire entre les
deux.
M. Bérubé : Je
ne sais pas comment ça va être reçu dans ces régions-là, mais je veux quand
même souligner au ministre qu'il a deux collègues en Gaspésie et aux Îles et
trois en Abitibi-Témiscamingue, et ces deux régions ont demandé, à juste raison, de considérer leurs députés pour siéger au Conseil des ministres, là où se prennent les décisions importantes. Alors, une fois que je lui ai dit ça,
est-ce qu'il trouve que ce serait souhaitable qu'on ait des ministres qui habitent
le territoire qu'ils représentent?
M. Skeete : Je
pense que j'ai déjà répondu à la question.
M. Bérubé : Oui,
et j'en ai suffisamment. Merci.
La CAQ a créé en 2021
le Centre d'acquisitions gouvernementales, qui, comme le titre l'indique, là,
procède à des achats dans les ministères, dans les bâtiments publics, et, à
l'automne dernier, on a sorti un certain nombre de chiffres qui tendent à
démontrer qu'on s'éloigne considérablement de l'achat local. Et, quand on
regarde les régions, dans un tableau que
j'ai obtenu par la loi d'accès à l'information et que je peux déposer, une
région comme la mienne, par exemple,
ou le Bas-Saint-Laurent, les 99,84 % des achats se font à
l'extérieur de la région; Saguenay—Lac-Saint-Jean, c'est 96 %; Capitale-Nationale, 92 %; Mauricie, 95 %; Estrie, 91 %; Montréal,
43 %; Outaouais, 97 %; Abitibi-Témiscamingue, 88 %; Côte-Nord, Nord-du-Québec, 100 %; Gaspésie—Les Îles, 99,91 %; Chaudière-Appalaches, 96,32 %; Laval, 91,57 %; Lanaudière,
96,53 %; Laurentides, 93 % et Montérégie, 85 %.
Est-il
normal qu'on ne soit pas capables de trouver des fournisseurs dans ces régions
pour approvisionner les ministères, les écoles, les bâtiments? J'invite le
ministre à porter attention à ça parce que ça, ça nous vient de deux entrepreneurs qui sont venus à notre bureau
de circonscription puis qui nous ont parlé de ça. Il y en a un qui était dans
la papeterie, puis l'autre, dans le nettoyage industriel. Ils nous ont exposé
qu'ils ne pouvaient pas se conformer. Ce
n'est pas des choses très compliquées qu'ils peuvent vendre, puis les prix sont
compétitifs. Ensuite, sur la Côte-Nord, dans le comté de son collègue de René-Lévesque,
une librairie, par exemple.
Alors,
je lui fournis les chiffres et je lui demande comment il réagit à ça — il
ne doit pas être plus content que moi de
ces résultats — et
s'il aimerait aller regarder ça, voir comment on peut améliorer cette
situation, où, à peu près toutes les régions, les achats de base
échappent aux entrepreneurs locaux, aux PME.
M. Skeete : C'est
sûr que c'est un enjeu qui me préoccupe. Pour moi, l'achat local, puis surtout
dans le contexte de la guerre tarifaire
qu'on vit actuellement, l'achat local a... pour moi, ne veut pas nécessairement
dire : On achète du magasin du coin ou on achète du village du coin, bien
que je voie le bienfait de ça. Je pense qu'il faut essayer d'acheter localement, le plus local que possible. Mais, dans
le contexte de l'économie québécoise, d'acheter local, c'est aussi acheter
québécois. Et moi, je me soucie de ça également.
Donc,
je comprends, pour le collègue, que la vitalité régionale, l'occupation du
territoire, l'économie locale, ça prend...
• (16 heures) •
M. Bérubé : ...
M. Skeete : Bien
là, je vais prendre le temps que vous avez pris pour poser la question.
M. Bérubé : Il
faut que ça soit proportionnel à la question. Vous l'avez dépassé déjà.
M. Skeete : Tu
as parlé beaucoup plus que tu penses.
M. Bérubé : Non,
je ne croirais pas, non.
M. Skeete : Bon,
bien, d'abord, si vous voulez que j'arrête de répondre, je vais arrêter.
La Présidente (Mme
Mallette) : Je redonne la parole au député.
M. Bérubé : Je suggère au ministre, bien humblement, que notre
échange porte sur le développement économique régional. Donc, est-ce qu'il serait en faveur, proposition très
concrète, de l'ajout d'une exigence d'achat local au sein du Centre
d'acquisitions gouvernementales?
M. Skeete : Je
serais ouvert à le regarder, mais le critère existe déjà suite à la réforme de
la présidente du Conseil du trésor dans la
loi n° 12. Les sous-ministres et le gouvernement, les entités
gouvernementales ont toute la liberté de mettre des aspects
qualificatifs dans les appels d'offres.
M. Bérubé : Oui,
bien là les chiffres ne sont pas bons. Alors, évidemment, ce n'est pas son
ministère, mais je sais qu'il est
sensible à ça. Je suis son actualité. Je l'invite à échanger avec la présidente
du Conseil du trésor sur comment on
peut améliorer nos chiffres, parce que les exemples sont très concrets. J'ai
donné des exemples sur la Côte-Nord et ailleurs.
C'est censé... Puis là ce n'est pas de la faute à personne. C'est écrit en 2021
par le gouvernement du ministre. Alors, c'est sûr qu'on peut faire plus,
on peut faire mieux, pour reprendre une formule qu'il connaît bien.
RénoRégion,
je le connais bien. Quand on est député d'une circonscription comme la mienne
puis probablement celle des collègues
aussi, c'est un programme qui est apprécié pour faire des rénovations, je
dirais, assez mineures, mais majeures pour ces personnes. Et là le
programme n'existe plus. On parle de communautés rurales dévitalisées. Alors,
est-ce qu'il serait souhaitable de maintenir ce projet — enfin,
ce programme?
M. Skeete : Je sais que c'est un programme qui était apprécié
en région. Vous savez, le contexte budgétaire actuel fait en sorte que
des choix difficiles devaient être faits. On a misé sur le développement
économique, d'accompagner nos entreprises pour essayer de rehausser la richesse
collective. C'est le choix qu'on a fait.
M. Bérubé : D'accord.
Sa collègue nous avait laissé... le terme «miroiter» n'est pas bon, vous avez
donné espoir que la décision pourrait changer. Alors, si d'aventure il veut
s'ajouter à la liste d'alliés qui plaident pour que ça revienne, il trouvera dans son caucus plusieurs députés aussi heureux
que moi qu'on puisse continuer à aider des gens pauvres qui ont besoin d'un
programme qui ne coûte pas plus que 19 millions par année. C'est de
l'argent bien investi.
Parlant de ça, je
m'en vais sur un autre dossier, au budget de 2024‑2025, qui a été dévoilé l'an
dernier, le 12 mars, la coalition Coeurs de villes et villages déplorait
que les 50 millions de dollars annoncés sur cinq ans pour soutenir les services dans toutes les régions ne
représentaient que 11 % des 470 millions de dollars promis en
campagne électorale. C'est un
engagement électoral. Donc, ça sert à vitaliser les îlots villageois, et tout
ça. Ça, c'est une situation qui est
connue, c'est budgété. C'est vraiment un programme qui a été annoncé par le
gouvernement. Combien il reste à décaisser? L'argent est-il toujours
disponible? Parce que c'est un engagement qui est apprécié, à partir du moment
où l'argent est là. Est-ce qu'on a une réponse là-dessus?
M. Skeete : Il
y a actuellement un appel de projets géré par le MAMH à ce sujet.
M. Bérubé : D'accord.
Il est public, cet appel de projets là? On pourrait en avoir une copie?
M. Skeete : C'est
le MAMH qui a ça.
M. Bérubé : Très
bien. J'aimerais ça voir ça. Ça, j'ai pris ça dans un texte qui s'appelle Le
développement régional, un cimetière de bonnes intentions, Bernard Vachon,
le 6 janvier dernier. Je pourrais le déposer, au besoin.
Accès
entreprise Québec, un programme qu'il connaît bien, ça fonctionnait bien, moi,
en tout cas, mon évaluation. Deux ressources d'accompagnement en région pour
nos PME locales, puis c'est une mesure, là, qu'on connaît bien, là, les
députés en région. Compressions de 200 000 par année par MRC. C'est quoi,
l'avantage?
M. Skeete : En fait, ce n'est pas une compression. On a
confirmé le financement d'AEQ dans le dernier budget et on va continuer
à appuyer cette mesure-là.
M. Bérubé : O.K.
Parce que, là, les MRC nous ont indiqué ça, de poser cette question-là. Alors,
vous dites qu'il n'y a pas eu... le
200 000 n'existe pas, il est encore là. Vous pouvez le prendre en délibéré
puis je vais poser d'autres questions.
M. Skeete : C'est parce que j'essaie de comprendre d'où vient
la question. AEQ est financé 22,6 millions de dollars cette
année. Ça permet de financer deux ressources dans les MRC.
La Présidente (Mme
Mallette) : Il vous reste une minute, M. le député.
M. Bérubé : Oui.
Investissement Québec a des comités régionaux. Il y a plusieurs personnes de la
société civile qui y siègent. C'est le cas dans ma région puis c'est le cas
ailleurs aussi. C'est très intéressant. Est-ce que, par exemple, une fois par année, les députés, sans voter, là, pourraient
rencontrer le comité puis échanger sur les projets en cours? Parce
que je suis convaincu que ça nous
intéresse d'avoir une vision plus macro de notre région. Alors, il y a plein
de gens connus qui sont dans chacune des
régions, donc c'est une proposition que je fais au ministre. Convaincu que ses
collègues apprécieraient aussi.
M. Skeete : Je
prends en délibéré la suggestion.
M. Bérubé : Très bien. À quel endroit, dans le... dans un...
le nom du ministre, là, on retrouve «régions»? Le titre exact, c'est...
M. Skeete : ...
M. Bérubé : Il n'est pas là? Puis,
la dernière fois qu'il y était, c'était qui, qui était le titulaire?
M.
Skeete : Je pense que c'était Mme Proulx qui avait ça dans son titre.
M. Bérubé : Ministre
des Régions?
M. Skeete : Ministre
du Développement économique régional.
M. Bérubé : Développement économique régional. D'accord. C'est
important d'avoir quelqu'un qui est... qui est vraiment le référent,
quoique ce soit horizontal, ce développement-là.
M. Skeete : Je voulais juste rajouter la précision que c'est
dans ma lettre-mandat, donc c'est ma responsabilité.
La Présidente (Mme
Mallette) : Merci. C'est tout le temps que nous avions. Je cède...
M. Bérubé : On
n'a pas accès aux lettres de mandat...
La Présidente (Mme Mallette) : Pardon,
c'est le... le temps est écoulé. Je cède maintenant la parole à la députée
de Jeanne-Mance—Viger.
La parole est à vous.
Mme Rotiroti : Oui. Merci, Mme la Présidente. M. le ministre,
votre plan pour les PME prévoit 42,3 millions sur trois ans. Ça
représente un tiers de ce qu'est-ce que vous avez... qu'est-ce qui a été
annoncé dans le Plan québécois en
entrepreneuriat 2022‑2025. Vous dites : Il ne faut pas comparer les
deux programmes parce qu'ils sont différents. Très bien. En quoi qu'ils
sont différents? Pourquoi qu'on ne peut pas les comparer?
M. Skeete : Il va y avoir des mesures qui n'étaient pas dans
le PQE qui vont être dans le plan PME. Les montants annoncés dans le budget sont
des nouvelles sommes qui vont être attribuées. On va mettre plein d'argent dans
le développement
économique régional pour accompagner les PME, prochainement. On va faire les
annonces sous peu.
Mme
Rotiroti : Bien, justement, vous dites... vous annoncez le nouveau
programme, vous l'avez annoncé, Plan PME 2025-2028, puis il n'y a aucun
détail. Là, vous venez de dire : Bien, les détails suivront.
M. Skeete : ...pas annoncé. Je ne voudrais pas... je ne veux
pas m'obstiner avec la collègue, il n'est pas annoncé. On a annoncé
qu'on va faire un plan PME, mais on n'a pas annoncé les détails du plan.
Mme
Rotiroti : Bien, le... Comment?
Une voix : ...
Mme Rotiroti :
Le dernier programme est déjà terminé.
Alors là, vous rentrez dans un nouveau. Alors, je peux... je peux comprendre que les détails qu'on avait
dans l'ancien versus qu'est-ce qu'on va retrouver dans le nouveau peuvent
être différents.
M. Skeete : En
fait, ils vont être différents. C'est pour ça qu'on vous demande de ne pas les
comparer.
Mme Rotiroti :
O.K. Qu'est-ce qu'on fait entre
le moment que l'ancien programme finit et le nouveau commence? Il y a
comme une espèce de «gap», là, si je peux dire, si vous permettez l'expression.
M. Skeete : J'assure à la collègue qu'il n'y a pas un vide
entre les programmes. On continue d'accompagner les entreprises québécoises, que ce soit par Investissement Québec, que ce soit par les FLI et les FLS, que ce soit par
l'accompagnement qu'on leur donne chez Investissement Québec régional, il y a
plein d'aide qui est disponible. La différence,
c'est qu'on va créer un plan pour mobiliser l'écosystème entrepreneurial des
régions à l'intérieur du plan PME. Mais le travail continue à se faire.
Mme
Rotiroti : Puis pourquoi les détails se font attendre? Je ne comprends
pas. Pourquoi vous n'êtes pas capables de dévoiler, au moment que... vous
n'êtes pas capables de dévoiler déjà les détails?
M. Skeete : Parce qu'on souhaitait avoir un programme qui
était crédible, qui était bien réfléchi et qui était bien préparé.
Mme Rotiroti :
Vous dites qu'il y a des sommes
en plus qui vont s'ajouter pour investir dans l'entrepreneuriat. Est-ce que vous... Est-ce que ça veut dire que,
pour... Est-ce que ça veut dire qu'il va y avoir un autre programme pour
l'entrepreneuriat?
M.
Skeete : Il va y avoir, à l'intérieur du plan PME, des
mesures pour favoriser, là, l'entrepreneurship au Québec et d'autres méthodes de faire croître l'économie,
que ce soit du repreneuriat, que ce soit l'accompagnement, le financement. Il
va y avoir, dans le plan, un plan, il faudrait juste que la collègue soit
patiente, le temps qu'on produise le plan.
Mme
Rotiroti : O.K. Dans le plan, il va y avoir un plan. Parfait. Alors,
les détails...
M. Skeete : C'est
un plan.
Mme
Rotiroti :
Oui, je comprends. Les détails seront dévoilés. Est-ce que vous avez un
échéancier à nous soumettre? Parce que vous comprenez
que les PME sont impatientes, ils veulent déjà savoir quand ils peuvent
soumettre leurs projets.
M. Skeete : Encore
une fois, je voudrais inviter les entreprises qui nous écoutent, elles peuvent
continuer à soumettre leurs projets, il n'y a rien qui est arrêté. Le plan PME
va être dévoilé sous peu.
Mme Rotiroti :
Là, peut-être, je... c'est moi
qui comprends mal, là. Comment ils peuvent soumettre des projets, si les
détails ne sont pas dévoilés, si on ne sait pas...
M. Skeete : Parce qu'il y a des programmes, à l'intérieur du
plan, qui sont déjà ouverts. On parlait de DÉPART, tantôt, c'est un programme qui est actif, qui
reçoit des aides. Il y a un plan aussi à l'intérieur de... d'argent qu'on a déjà
donné et est mis disponible dans le
budget... qui sont dans des programmes qui sont ouverts. Donc, j'invite la
collègue à attendre que... tous les morceaux, et ça devrait être assez
clair à ce moment-là.
Mme
Rotiroti : On va l'attendre avec impatience, Mme la Présidente. Dans
votre nouveau fonds d'investissement pour soutenir les jeunes entreprises
innovantes, ça aussi, les... c'était annoncé, on attend toujours les détails. Ça va être une enveloppe, vous dites,
de 200 millions. Alors là, on est en train de recycler les sommes qui
étaient dans le programme Impulsion PME, auxquelles s'ajouteraient
50 millions qui proviennent de la stratégie québécoise de la recherche et
de l'innovation. Bref, on annonce des programmes avec 250 millions et on
n'a pas de détails.
Qu'est-ce que vous
prévoyez... Dans votre budget, vous prévoyez la création de ce fonds.
Pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez
remplacé les programmes qui fonctionnaient, à l'époque, pour en créer un
nouveau, où est-ce qu'on n'a pas de détails et on ne sait pas qu'est-ce
que... comment ça va répondre aux besoins des PME?
• (16 h 10) •
M. Skeete : Comme
j'ai évoqué dans mon ouverture, le contexte économique actuel a forcé le
gouvernement du Québec à revoir certains
programmes. Ce n'est surtout pas une critique de... au niveau de l'appréciation
de... du travail fait par les différents intervenants dans l'écosystème. Il y
avait de l'argent qui était promise, l'argent s'est terminé, et nous, on a pris notre droit de réserve qui est de
réévaluer les priorités et on a déployé une stratégie qui va nous aider à répondre.
J'invite la collègue, encore une fois, d'être patiente. Sous peu, on va avoir
une annonce en ce sens.
Mme
Rotiroti : Alors, je vous rassure, M. le ministre, moi, j'ai beaucoup
de patience. Je pense que c'est au niveau
des PME qu'ils ont moins... un petit peu moins de patience que j'ai.
J'imagine... Vous dites que vous faites des... vous faites des
réévaluations. Parce que, là, on prend des programmes, quand même, qui
fonctionnaient relativement assez bien, qui
répondaient aussi à un besoin que les PME avaient. Là, vous créez un nouveau
programme, vous prenez les sommes qui étaient dans ces enveloppes-là
pour combler le montant. Juste... Avez-vous fait... avez-vous fait une analyse
d'impact pour savoir si la création de ces nouveaux fonds... ce nouveau fonds
est justifié?
M. Skeete : On
a réévalué la situation suite à... les changements de gouvernement aux
États-Unis. La collègue ne doit pas,
surtout, sous-estimer le grand impact qu'a eu l'élection aux États-Unis et
l'impact que ça va avoir sur l'économie québécoise. Donc, on a réorienté
nos priorités comme il se doit. La collègue ne m'aurait jamais pardonné de ne pas avoir réorienté la stratégie
gouvernementale face à la menace tarifaire. Et donc c'est ce qu'on a fait.
Mme Rotiroti :
Je comprends. Vous dites :
On fait une réévaluation par rapport à la situation des États-Unis, etc. Très
bien. Alors, cette réévaluation, c'est... il y a une analyse qui se fait pour
dire : Bien, ça prend ce programme-là pour
venir en aide parce qu'il y a un besoin suite à qu'est-ce qui se passe aux
États-Unis, etc. Parfait. Cette analyse-là, est-ce que c'est fait? Si
oui, est-ce que vous pouvez le déposer?
M. Skeete : Le ministère a fait des analyses à tout moment. On
a réalisé que les points de pression étaient l'achat local, l'importance
d'encourager l'achat local. On a réalisé que... l'importance de... bien,
d'amplifier nos échanges avec les autres
provinces canadiennes. On a réalisé l'importance de diversifier nos sources
d'exportation, donc, à l'extérieur des
États-Unis. Et on a réalisé l'importance d'accroître la productivité. L'aide
gouvernementale, les programmes et les orientations sont en lien avec
ces thèmes-là.
Mme Rotiroti :
Alors, Mme la Présidente, on va
surveiller l'impact que ce programme-là a... aura sur nos PME et voir
sincèrement si ce besoin-là est réel. Le programme Impulsion PME a été suspendu
en novembre 2024, il avait une enveloppe qui était prévue jusqu'à 2027.
Ça fait que, dans le fond, vous suspendez le programme avant la fin, il restait encore deux ans. Alors, moi, ma question,
c'est : Qu'est-ce qui se passe avec les projets qui étaient déjà dans le
pipeline au moment que vous avez suspendu?
Est-ce que vous les traitez quand même dans ces... dans les mêmes critères qu'il
y avait dans le programme Impulsion PME ou est-ce qu'ils sont... ils tombent...
M. Skeete : La réponse, c'est oui,
mais ils ont été étudiés et continuent... Ils ont été étudiés.
Mme
Rotiroti : Bien, si vous dites que vous traitez les programmes au
moment de la... qui étaient dans le pipeline
avant la suspension, mais là le programme n'existe plus parce que vous avez
pris ces fonds-là pour les mettre dans votre nouveau fonds, l'argent est...
l'argent est au rendez-vous?
M. Skeete : ...l'argent qui a... (panne de son) ...dans le
budget est au rendez-vous et va l'être lorsqu'on va annoncer le plan.
Mme Rotiroti :
Pouvez-vous nous dire combien de
projets qui restaient dans le pipeline quand vous avez suspendu le
programme?
M. Skeete : Je
peux valider à l'interne puis vous revenir, collègue.
Mme
Rotiroti :
Parfait. Si vous me revenez avec le nombre de projets, pouvez-vous nous dire le
montant aussi qui est alloué?
M. Skeete : Si
ça plaît à la collègue, je peux lui donner un approximatif.
Mme
Rotiroti : Oui, allez-y.
M. Skeete : Bon,
on parle d'une quinzaine.
Mme
Rotiroti : Une quinzaine de projets?
M. Skeete : De
projets.
Mme
Rotiroti : Qui représentaient à peu près combien, au niveau d'argent?
M. Skeete : Je
vais vous revenir.
Mme Rotiroti :
O.K. Pourquoi vous n'avez pas
choisi, M. le ministre, vu qu'il y avait quand même du succès dans les
programmes existants que vous avez... que vous avez abolis, comme Impulsion
PME, et d'autres... pourquoi vous avez choisi de ne pas bonifier ces
programmes-là existants? D'autant plus que les PME étaient déjà un peu
habituées à se conformer aux détails, à se conformer aux exigences de ces
programmes-là. Au lieu d'en créer des nouveaux,
où est-ce que, dans le fond, on commence... on commencera à... Il faut que les
entreprises apprennent à jongler avec
les nouveaux... les nouveaux critères que vous allez mettre en place. Pourquoi
vous n'avez pas pensé... Ou peut-être que
vous l'avez fait, vous l'avez réfléchi, vous avez réfléchi à bonifier puis vous
avez fait... vous avez pris la décision de ne pas le faire. Alors, pourquoi vous l'avez... Est-ce que ça a été
une... (panne de son) ...regarder, à bonifier? Si oui, pourquoi vous ne l'avez pas fait? Qu'est-ce qui vous amène
à créer des nouveaux programmes quand ces programmes-là étaient très
efficaces?
M. Skeete : Bien,
je veux rassurer la collègue pour lui dire que les critères vont être
similaires, même s'il va y avoir certains changements. Mais on ne peut pas trop
le dire, là, Mme la Présidente, le changement de paradigme mondial, il est substantiel. De ne pas avoir agi,
réajusté le tir et se... s'adapter à cette nouvelle réalité là, c'est ça qui
aurait été négligent.
La Présidente (Mme
Mallette) : ...encore trois minutes, Mme la députée.
Mme
Rotiroti : O.K. Parfait. On va aller dans la paperasse des PME, parce
que c'est quand même quelque chose que,
malgré le fait que le ministre est plein de bonne volonté puis qu'il a déposé
quand même quatre projets de loi qui... qu'on appelait... qui s'en
allaient dans la direction de l'allègement réglementaire... c'est encore un
enjeu qui frappe les entreprises, qui frappe nos entrepreneurs. Et le ministre
nous dit : Bien, soyez patients, je vais arriver avec un cinquième projet de loi, dans... Le prochain
projet de loi, M. le ministre, vous prévoyez que ça va arriver quand, votre
cinquième?
M. Skeete : La
collègue va penser que je la taquine, mais : sous peu.
Mme
Rotiroti : O.K. Parce que je pense que vous comprenez que l'allègement
réglementaire, c'est un enjeu majeur pour nos PME et surtout ceux... et
surtout... et aussi vrai pour ceux en région, encore plus vrai. Pourquoi vous
adoptez une stratégie aussi fragmentée? Je veux dire, on a... Puis le dernier
projet loi, Mme la Présidente, j'étais... j'étais
là, j'ai fait le débat avec le ministre, et à chaque fois je pense qu'à... Des
fois, il me trouvait un peu fatigante parce que je disais : Bien, on est
là, tu sais, pourquoi qu'on ne va pas plus loin? Puis il me disait : Bien,
à chaque fois que je tire le fil, on trouve toujours des petites
surprises. Alors, est-ce que le ministre peut nous rassurer que le cinquième
projet de loi va être le bon puis il va vraiment venir alléger la paperasse
pour nos PME?
M.
Skeete : Bien là, on me prête des intentions, Mme la
Présidente. Jamais je n'ai pensé qu'elle était fatigante, la collègue. Elle a raison, l'allègement
réglementaire, c'est un long processus qui requiert beaucoup de concertation
avec les autres ministères. On ne
peut pas s'improviser pour... à faire de l'allègement réglementaire. J'imagine,
c'est pour ça que ça ne s'est jamais fait avant.
On est le
premier gouvernement d'avoir pondu un plan sur cinq ans avec des objectifs
mesurables et mesurés pour arriver à
une réduction substantielle du fardeau administratif gouvernemental. Moi, c'est
quelque chose qui me réjouit, avec
lequel je suis très fier. C'est dommage que le collègue de Saint-Jérôme n'est
pas ici, je pense que c'est le genre de nouvelle qu'il aimerait.
Par contre, ce que je vous dirais, c'est qu'on
étudie agressivement le besoin d'aller plus loin en allègement réglementaire. Elle me connaît, la collègue, c'est
une obsession. Mais ça doit se faire dans l'ordre, parce que c'est facile
de créer des lois, c'est très difficile de
défaire des lois et surtout sans mesurer l'ampleur de l'impact que l'enlever,
cette loi-là, peut avoir. Donc, c'est un travail qui est minutieux, je dirais
même assez exigeant.
• (16 h 20) •
Mme Rotiroti : Au niveau de la fiscalité, M. le ministre,
dites-moi qu'est-ce que vous avez fait pour baisser la fiscalité de nos
PME, pour encourager l'achat local et de s'assurer que la...
La Présidente (Mme Mallette) : ...
Mme
Rotiroti : Je n'ai
pas...
M. Skeete : Bien, ça, c'est une
excellente question, puis...
La
Présidente (Mme Mallette) : Bien, on devra lui répondre un peu plus tard, malheureusement, le temps
est écoulé. Je passe maintenant la parole à la partie gouvernementale,
le député d'Abitibi-Est.
M. Dufour : ...voulu compléter
la réponse que vous étiez en train de faire à la collègue, je vous la laisse.
M. Skeete : Ah! merci, collègue. Le ministre des Finances,
dans sa sagesse, a cru bon d'introduire un amendement dans un... dans une... dans la fiscalité
québécoise pour accompagner les entreprises dans non seulement le
développement. Parce que,
les crédits d'impôt pour la R&D, on n'était pas pires. Le problème qu'on
avait, c'est quand venait le temps de commercialiser, bien là, l'aide
gouvernementale disparaissait.
La bonne nouvelle, c'est qu'avec le nouveau
CRIC, le C-R-I-C, introduit par le ministre des Finances, ça va permettre de
financer plus de choses pour accompagner les entreprises, et ils vont pouvoir
déduire directement ces dépenses-là. Puis on a aussi introduit un autre
programme, un autre crédit d'impôt, le DICI, qui, lui, va réduire le taux d'imposition. Ça fait qu'on a été très
actifs, même là. Donc, je suis très satisfait du travail du ministre des Finances
à ce... à cette mesure-là.
Puis je remercie le collègue pour sa question,
de me permettre d'y aller à fond de train.
M. Dufour : Écoutez, premièrement, M. le ministre, là, ça ne
sera pas dans mes questions, mais je vous prends au mot sur les allègements réglementaires.
Le marché public, au niveau des microbrasseries, dans le prochain, il faut
que ça paraisse.
Donc, écoutez, le développement économique
régional, vous le savez, c'est un élément très important dans mon coeur et aussi en tant que député de région.
Je veux revenir sur deux, trois petites discussions qui ont eu lieu tantôt avec certains collègues. Entre autres, vous avez
parlé tantôt du programme AEQ. Donc, c'est un programme, naturellement, qui est en lien avec ce qu'on appelle les
développeurs économiques, soit les MRC, les CLD, dépendamment, chacun a son outil. J'aimerais ça, peut-être, que vous reveniez
un peu sur cette question-là. Tantôt, je trouvais que vous auriez pu peut-être
avoir plus d'éléments d'information à donner par rapport au budget des AEQ, par
exemple.
M. Skeete : C'est un peu le côté sombre, c'est qu'on n'a pas
la chance, avec le temps qui est donné, pour aller dans le détail. Merci
pour l'occasion.
Accès
Entreprise Québec, c'est un programme qu'on a développé suite à l'abolition des
CLD. Les habitués, là, du gouvernement du Québec vont comprendre, là, ça
a un impact énorme sur les régions, l'abolition des CLD, et ça a démobilisé, en fait, les régions. Nous, lorsqu'on
est arrivés au pouvoir en 2018, on a créé Accès Entreprise Québec. C'est
simple, hein, puis c'est vraiment... moi,
c'est le genre de programme que j'aime parce que ce n'est pas trop
bureaucratique.
Dans le fond, on dit aux MRC : Vous êtes la
porte d'entrée, vous êtes les personnes les mieux placées pour accompagner les
entreprises, et donc on va vous financer deux ressources pour faire cet
accompagnement-là. Et ces ressources-là vont
non seulement accompagner les entrepreneurs, devenir la porte d'entrée, mais
vont aussi faire de la formation, aider, orienter. C'est des experts
dans leur milieu. C'est vraiment un programme qui fonctionne très bien.
On a combiné ça avec des programmes de
financement, les fonds locaux d'investissement puis les FLS, les fonds locaux de la solidarité, combiné avec un
deuxième niveau d'ERAC pour l'innovation, les ORPEX pour l'exportation, pour
créer un écosystème régional qui permet d'aider et d'accompagner les
entreprises.
Et moi, c'est ma plus grande fierté parce que ça
a un vrai impact dans les régions et ça nous permet non seulement d'avoir un
impact, mais d'avoir les régions qui contribuent à leur propre essor
économique. Ce n'est pas Québec qui décide les beaux projets, les bons projets,
c'est finalement les régions, qui connaissent nos entrepreneurs, connaissent l'entreprise, qui prennent les décisions,
ultimement. Quand on combine ça avec l'aide qu'on donne avec DÉPART, quand on combine ça avec l'aide qu'on
va donner à l'intérieur de d'autres volets d'aide qu'on peut offrir, ça devient
un outil indispensable pour le développement économique régional.
M. Dufour : Merci. Prochaine question que j'ai à vous mettre sous la dent, comme on
dit : Quels sont... Est-ce que vous êtes impliqué avec les FRR au niveau du
MAMH, au niveau, naturellement, du développement économique? Parce que, veux veux pas, votre volet, c'est le
développement économique régional, donc il y a quand même, possiblement, un lien de cause à effet dans
ce dossier-là.
M. Skeete : Moi, je siège sur le FRR, à Laval, et à toutes
les fois que je travaille avec les gens de la municipalité, parce que, dans mon cas, c'est une ville, une MRC,
une région, là, ça me frappe à quel point ce programme-là, le FRR, est un programme vraiment puissant, parce que les
régions peuvent décider par elles-mêmes qu'est-ce qui est prioritaire, qu'est-ce
qu'on veut financer selon nos priorités. Et c'est comme ça dans toutes les
régions. Dans toutes les régions du Québec, les intervenants s'assoient
ensemble, discutent et font avancer les projets qui sont très importants.
Puis
je dirais, même, ça permettrait aussi à certains projets à se faire, qui ne
cadrent pas dans des programmes normaux. Moi, j'ai déjà vu des programmes, dans
le FRR, passer, qui avaient été refusés partout, mais la région, elle a dit : Nous, là, on s'en fout, c'est
important, on veut le faire. Puis les acteurs locaux se mettent ensemble, ils
le font avancer, puis, à travers de
ça, on peut faire atterrir des beaux projets selon notre image. Puis c'est ce
qui nous plaît le plus du FRR. Je fais l'aveu que je suis jaloux de ma
collègue au MAMH de ce beau programme-là.
M. Dufour : Je pense que c'est intéressant aussi de préciser
que ça a été reconduit, là, il y a des nouvelles sommes qui ont été
mises en disponibilité.
M. Skeete : Vous
faites bien de me le rappeler.
M. Dufour : Donc
ça, c'est intéressant. Tantôt, un des collègues a parlé du programme
RénoRégion, qui touche peut-être davantage
l'habitation. Mais il reste une chose, c'est que... Quelles sont, au niveau de
vous-même, là, les actions que vous
faites pour les régions qui sont plus dévitalisées ou les territoires... Ou,
sans dire une région, des fois, c'est un secteur d'une région, qui est plus
dévitalisé. Où est-ce que vous intervenez, comme ministre, dans ce dossier-là?
M. Skeete : Oui. Moi, je suis issu d'un milieu modeste et
modique, et souvent c'est le manque d'opportunité qui fait mal, pas le
manque d'égalité des chances, mais le manque d'opportunités d'avoir des
chances. Le programme DÉPART, là, c'est
exactement ça. Le programme DÉPART vient dire : On le sait que c'est toffe
de faire un pot d'argent dans une
région dévitalisée. Puis là, souvent, ce qui manque, là, c'est un fâcheux
10 %, un fâcheux 5 % pour faire atterrir un projet. DÉPART arrive puis il dit : Oublie
ça, on va vous donner jusqu'à 150 000 $ pour vous amener l'autre
bord, pour être sûr que le projet est rentable, puis est viable, puis il
fonctionne.
Ça, c'est une réponse
d'un gouvernement qui dit : Un, toutes les régions ne sont pas pareilles;
deux, ceux qui ont plus de difficultés ont
besoin d'un peu plus d'aide; puis trois, répondre présent à cette aide-là avec
les autres outils, parce que ça, ça se combine avec tout le reste qu'on
fait, là. Imaginez, tu as deux ressources EAQ qui travaillent à un projet, qui montent un projet avec l'entrepreneur;
en plus, tu as le FLI, FLS qui viennent combiner jusqu'à 250 000 $
d'aide; en plus, tu es accompagné par
quelqu'un des ERAC qui vient t'aider avec toutes les solutions innovantes qui
peuvent être accompagnées. Tu as trois ressources gratuites qui
travaillent pour toi. Là, en plus, on attache un 150 000 $ pour venir boucler le financement, en plus de l'autre financement
que tu peux aller chercher, privé et autres. C'est un levier incroyable.
M. Dufour : C'est très intéressant. Et vous le savez que vous
avez des organismes sur le territoire qui sont très heureux de pouvoir
en faire davantage. Donc, ça, je pense que c'est intéressant.
Il y avait une
question tantôt, aussi, d'une des collègues, qui tournait plus au niveau de
l'évaluation. Ce serait intéressant,
peut-être, que vous nous disiez un peu comment vous évaluez, vous, l'efficacité
des mesures en développement économique que vous mettez en place.
M. Skeete : Bien
là, c'est sûr que... Je dirais que notre philosophie de base, c'est d'aider,
accompagner et de s'assurer que tous les bons projets peuvent se faire. Et là,
à l'intérieur de ça, qu'est-ce qu'on fait?
Moi, j'explique
souvent, quand j'explique mon travail a des gens qui ne connaissent pas ou qui
ne suivent pas la politique, c'est... Nous,
on a une loi, la loi du ministère, elle dit : Bien là, toi, tu vas aider
l'économie. Mais là que c'est que ça veut dire? Qu'est-ce que ça mange
en hiver? Bien là, après ça, on vient dire c'est quoi, la responsabilité du ministre : favoriser un climat économique
prospère, venir accompagner les entreprises. Mais qu'est-ce que ça veut dire,
accompagner? Puis là on arrive avec des beaux projets, des programmes sur
lesquels nous, on est responsables.
Pour moi, on doit
avoir des programmes qui accompagnent, qui aident, qui enlèvent les points de
friction et qui permettent aux entrepreneurs
de réussir au Québec. Puis ça, ça veut dire aider financièrement, mais ça veut
dire aussi, dans le cas de
l'allègement réglementaire, s'enlever du chemin. Puis il faut faire les deux,
il faut faire les deux le plus possible,
il faut non seulement aider certains projets à se faire, mais, de l'autre côté,
s'enlever du chemin quand on n'est pas pertinents. Et c'est ce qui guide
ma philosophie.
Et donc je
suis certain que les gens diraient que ce n'est pas parfait, mais je pense
qu'on est à la bonne place, compte tenu
de la capacité de payer des Québécois mais aussi des enjeux qui nous occupent,
qui sont, il faut le dire, là, assez... mondial,
comme phénomène. Je pense que tout l'Occident cherche des solutions à des
problèmes qui se ressemblent pas mal :
comment qu'on fait pour se battre contre le taux de productivité qui est en
chute libre en Occident, comment on fait
pour rivaliser avec des adversaires stratégiques qui veulent notre économie,
qui veulent nos sous, qui veulent notre prospérité. Je pense qu'on doit
se positionner.
M. Dufour : Est-ce que j'ai raison
de dire...
La Présidente (Mme Mallette) : C'est...
Ce n'est pas par manque d'intérêt...
M. Dufour : Ah! d'accord.
La Présidente (Mme Mallette) : ...mais
malheureusement le temps est écoulé.
Donc, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 16 h 35, profitez-en, où elle
entreprendra l'étude du volet PME des crédits budgétaires du portefeuille
Économie, Innovation et Énergie.
(Suspension de la séance à 16 h 30)
(Reprise à 16 h 37)
La
Présidente (Mme Mallette) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie
et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Économie et PME des crédits budgétaires du portefeuille Économie, Innovation et Énergie pour
l'exercice financier 2025‑2026. Une enveloppe de deux heures a été
allouée pour l'étude des crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. Mme Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys) et M. M. Fontecilla
(Laurier-Dorion), par Mme Zaga Mendez (Verdun).
PME
La
Présidente (Mme Mallette) : Merci. Nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les
questions et les réponses. Je suis maintenant prête à reconnaître une première
intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, la parole est à vous.
Discussion générale
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Juste pour confirmer, donc, j'ai combien de temps exactement?
La Présidente (Mme Mallette) : Vous
avez environ un peu plus de 14 minutes.
M. Beauchemin : D'accord. Merci
beaucoup. Alors, merci à tous d'être ici aujourd'hui. On va parler PME. M. le ministre, j'assume que vous êtes d'accord
avec moi que le coeur de notre économie, ce sont nos PME. Elles sont
dans les 17 régions économiques du Québec. Il y en a 270 000. Elles
ont des menaces existentielles actuellement grâce
à notre voisin du Sud. Est-ce que vous êtes d'accord avec moi sur le principe
comme quoi que, lorsqu'on donne moins
d'argent, que ce soit à des PME, ou à des groupes, ou peu importe, là, ça va
donc être plus difficile pour eux autres à la base? On coupe dans les
budgets. Donc, c'est sûr qu'on...
M. Skeete : Je ne suis pas
nécessairement d'accord, je vais le dire comme ça, parce qu'on peut être plus stratégiques dans les choix qu'on va faire pour
aider les entreprises qui ont besoin d'aide. On peut répondre présent de
d'autres manières que seulement du
financement. Donc, je pense que je comprends l'intention du collègue derrière
sa question, puis je me permets
d'interpréter ses intentions, mais je ne suis pas sûr que je suis 100 %
d'accord avec l'énoncé. Il y a plusieurs façons d'aider les entreprises,
plusieurs façons dont on fait.
M.
Beauchemin : Parfait. Ça
fait que, juste comme pour être clair, là, donc, si on passe du PQE de 2022‑2025,
qui avait une enveloppe de 121,7 millions, puis que, là, on a un budget
qui a été... une annonce qui a été faite au budget que l'équivalent,
finalement, allait être maintenant de 42,3 millions, ça fait que j'assume
que ce que vous dites, c'est qu'il y a eu
plein d'optimisation, puis là-dedans on aide, là... On a probablement un meilleur
retour par dollar investi qu'on aurait eu, donc, en 2022. Est-ce que
c'est bien ça que je comprends?
M.
Skeete : Le montant dans le budget ne représente pas toute
l'aide qu'on va mettre dans le plan PME. C'est une ponction, c'est un...
le montant de nouvel argent qu'on va mettre à l'intérieur du plan PME, mais il
y a d'autres mesures. Ce que j'essaie de faire comprendre, c'est que, oui, on
peut injecter, dans le plan PME, de l'argent, on peut accompagner les entreprises de différentes façons,
mais il y a un écosystème d'incubateurs, de gens qui accompagnent, qui aident, puis ça, c'est rehaussé des fois,
c'est maintenu dans d'autres situations. Donc, c'est incomplet de regarder le
plan PME, de dire : Il y a moins
d'argent, et donc on aide moins financièrement les entreprises. Il y a tout un
écosystème qu'on a développé.
• (16 h 40) •
M. Beauchemin : Oui, j'entends ce
que vous dites. Cependant, la question qui me revient souvent de la part de
plusieurs des entrepreneurs avec qui je discute, là, au quotidien, c'est que le
Québec, sous la CAQ, a quand même gagné, là,
la palme d'or des faillites au Canada dans les petites entreprises, petites et
moyennes entreprises. Il y a plus de 60 % des faillites au Canada
qui sont au Québec. Et donc, là, maintenant, avec ce qui se passe dans le
contexte mondial, on s'entend qu'on est encore plus sujet à des faillites parce
qu'il y en a qui vont, donc, perdre des liquidités. J'entends ce qui a été fait
de la part du ministre des Finances pour sauver les entreprises, là, mais, dans
un contexte où est-ce qu'on coupe de plus de
60 % un budget qui était spécifiquement à l'aide aux PME, en quoi est-ce
que ça, c'est meilleur pour les PME, selon vous?
M.
Skeete : Bien, juste pour revenir sur l'énoncé du collègue
sur les fermetures, les faillites versus fermetures définitives, la
faillite ne dit pas toute l'histoire. La faillite ne parle pas de la diversité
de l'économie québécoise, le type d'entreprise
qu'on a au Québec. La faillite ne parle pas de si l'entreprise a repris après
sa faillite ou sa déclaration de faillite.
En plus, on ne parle pas ici de l'accompagnement que l'entreprise a reçu après
sa déclaration de faillite, si elle a réouvert. Donc, de regarder encore
le métrique de seulement la faillite, je pense qu'on rate une partie de
l'histoire. Il y a d'autres accompagnements
qui sont offerts pour accompagner les entreprises à l'intérieur du Québec, puis
on est une des juridictions les plus généreuses en termes d'aide qu'on
donne aux entreprises et aux entrepreneurs.
M. Beauchemin : Est-ce que le ministre
est au courant que la proportion de PME par rapport à la grosseur de l'économie au Québec est similaire à celle de
l'Ontario? Est-ce que le ministre est au courant qu'en Ontario ils ont un
même ratio d'entreprises qui, lorsqu'elles font faillite, il y en a que ce
n'est pas des faillites permanentes? Est-ce que le ministre est au courant de
cette statistique?
M. Skeete : Sans commenter l'énoncé,
je pourrais dire que la différence dans l'économie québécoise, c'est le type
d'entreprise qu'on pourrait avoir. L'entreprise ontarienne, elle est différente
de... Les entreprises et le secteur manufacturier,
les secteurs d'expertise de l'Ontario sont différents du secteur québécois.
Donc, de comparer en ce sens le nombre, je pense que c'est rater l'histoire.
M. Beauchemin : Je voulais juste
revenir sur...
M. Skeete : Par contre, je comprends
que...
La Présidente (Mme Mallette) : Allez-y,
M. le député.
M. Beauchemin : Bien, je voulais
juste revenir sur le fait que la statistique que vous m'avez donnée comme
réponse à ma question, c'est de dire qu'il y avait des faillites qui n'étaient
pas permanentes. Est-ce que le ministre est au courant qu'en Ontario ce
ratio-là, par rapport au nombre de faillites, est similaire au Québec?
M.
Skeete : Je comprends, mais, après ça, vient la variable...
l'autre variable que j'expliquais dans ma réponse, qui est le type
d'entreprises qu'on trouve au Québec...
M. Beauchemin : O.K., j'entends.
M. Skeete : ...versus le type
d'entreprises qu'on trouve aux... en Ontario.
M.
Beauchemin : J'entends, mais, dans le contexte où est-ce que,
justement, le ratio est le même, on fait donc face à plus de faillites... net de tout l'argumentaire, là, plus de
faillites au Québec, hein? On en fait 60 % dans ceux qui ont fait,
de façon permanente, des faillites. C'est le même ratio. Donc, on ne s'en sort
pas, là.
M.
Skeete : Je vais m'exprimer d'une autre façon. Il y a des
entreprises qui sont stratégiques et il y en a d'autres qui sont moins
stratégiques.
M. Beauchemin : Ah bon!
M.
Skeete : Si on a plus de faillites dans des secteurs
stratégiques, j'avoue, avec le collègue, que c'est un problème. Si j'ai plus de faillites dans des secteurs qui
sont moins stratégiques, c'est peut-être tragique pour les gens concernés, mais
pas un aussi gros problème. Donc, ça dépend du type d'entreprise.
M. Beauchemin : Donc, quel secteur
le ministre considère non stratégique puis qui peut faire faillite au Québec?
M. Skeete : Je
ne vais pas m'aventurer dans des exemples.
M. Beauchemin : Bien, c'est parce
que vous l'avez amené. C'est juste pour savoir...
La
Présidente (Mme Mallette) : Je veux juste faire un rappel de ne pas parler un
par-dessus l'autre parce que c'est très difficile, là, pour notre
équipe.
M. Skeete : Merci.
La Présidente (Mme Mallette) : Donc,
juste y aller un à la fois, s'il vous plaît. Merci.
M. Skeete : En fait, il y a des
entreprises qui sont stratégiques. Il y en a qui sont moins stratégiques. Si on
a des hauts taux de faillite dans des secteurs stratégiques, je trouve ça plus
problématique que des secteurs qui sont moins
stratégiques, si les nombres sont plus élevés. Par contre, il faut étudier la question
et il faut se concerner par les données, mais je n'adhère pas à la thèse
qu'en regardant simplement le nombre on arrive à quelque chose d'éclairant.
M. Beauchemin : Mais comment...
Excusez-moi.
La Présidente (Mme Mallette) : Allez-y.
M. Beauchemin : Mais comment, M. le
ministre, pouvez-vous donc, dans ce cas-ci, dire qu'en coupant, là, de
60 % le plan PME 2025‑2028 on peut donc ici s'attendre à ce que, par
dollar investi, on soit capables d'en faire 60 %
de plus d'aide ou... C'est quoi, le ratio? Comment vous définissez le succès?
Parce qu'honnêtement, quand je regarde ce
qui est fait, je ne vois pas aucune mesure, là, qui est mise en place, qui peut
nous garantir que chaque dollar investi va avoir au minimum le même
rendement qu'avant. Sinon, bien, dans ce que vous sous-entendez, il devrait y
avoir un rendement supérieur parce qu'on va avoir les mêmes effets, si j'ai
bien compris ce que vous dites, là.
M. Skeete : La première réponse que
je donnerais au collègue, c'est que, nous, notre première mission au gouvernement, c'est de créer un écosystème, un
environnement favorable à l'entrepreneurship. On n'est pas responsables de
l'issue. Nous, les mesures qu'on a au ministère, c'est de s'assurer que
l'argent qu'on investit a un effet de levier dans l'écosystème pour
assurer que ça va bien, et la bonne nouvelle, c'est que, dans nos métriques,
les argents qu'on a investis génèrent plus de retombées lorsqu'on intervient,
mais ce n'est pas le gouvernement qui est déterminant dans le succès ou non de
ces PME québécoises.
M. Beauchemin : Je comprends ce que
vous me dites, M. le ministre, mais, dans le contexte où est-ce que, justement,
là, le plan 2025‑2028 a comme objectif, là, de soutenir les entreprises,
les PME du Québec... Le 22 avril, par
un communiqué de presse, on a annoncé le déploiement du Réseau accès PME, mais
qui était une décision qui n'avait été
même pas consultée avec toutes les incubateurs qui existent déjà, qui, eux,
étaient là pour, justement, alimenter le monde des PME.
J'essaie de comprendre parce que c'est comme si
on a décidé d'enlever tout l'écosystème qui vivait... Cet écosystème-là, que
vous avez utilisé tantôt pour me justifier que ça valait la peine de couper de
60 % le plan PME parce qu'il y a un écosystème, là, on enlève le... cet
écosystème-là. On parle de think tanks, on parle de La Ruche, on parle d'OSEntreprendre, de Réseau Mentorat,
Persévérance, etc. On parle de tout cet écosystème-là qui, là, a été tassé
de l'équation ou coupé de façon significative, puis on pourra rentrer dans le
détail. Comment est-ce que ça, ça peut représenter, donc, un avancement net
pour notre écosystème de PME au Québec?
M. Skeete : Bien, il y a plusieurs
choses dans la question. Je peux rester dans le temps que vous avez pris pour poser la question ou je peux rentrer dans le
détail, là. Je vais vous laisser déterminer si j'ai le temps. Mais dans les
choix qu'on a faits, c'est le contexte
économique dans lequel on vit actuellement, on devait, suite à la fin de ces
programmes-là, déterminer si, oui, on allait réinjecter des nouvelles
sommes dans ces programmes-là.
La première chose à dire, c'est que ce n'est pas
une critique au travail que ces gens là ont fait, mais c'est les priorités gouvernementales qui doivent être
enlignées avec les dollars qu'on dépense dans le plan. Vous avez... Je vous ai
expliqué tantôt que les montants qu'on met dans le plan PME, qu'on va lancer et
annoncer plus tard, c'est des sommes qu'on a investies, mais ce n'est pas la
fin de l'histoire. Il va y avoir d'autres sommes qui vont être incluses là-dedans. Donc, je vous invite à ne pas trop vous
référer aux chiffres qu'on va trouver dans le budget. Il va y avoir d'autres
sommes qui vont être rajoutées au plan PME.
Pour ce qui est de groupes qu'on a cessé de
financer, vous avez mentionné OSEntreprendre. OSEntreprendre, c'est un bon exemple de... On a l'arbre qui cache la
forêt. OSEntreprendre est financé de deux façons. Ils sont financés par le ministère de l'Éducation et ils sont
financés par le ministère de l'Économie. Le financement fait par le ministère
de l'Éducation va se poursuivre. La majorité
du financement primaire, secondaire, universitaire est fait là. Donc, nous, on
a retiré une portion du financement. On n'a pas cessé de financer
OSEntreprendre. Ils font un travail extraordinaire.
M.
Beauchemin : O.K. Manon Théberge, qui est la P.D.G., là,
d'OSEntreprendre, elle dit : Ça m'étonne, on avait l'impression qu'il y avait toujours quelque chose
de possible car on avait des discussions avec le ministère. Moi, ça me laisse croire comme quoi
que, pour elle, ça a été une mauvaise nouvelle, cette histoire-là. Elle ne voit
pas en quoi c'est positif pour elle.
J'essaie juste de voir, tu sais, en quoi est-ce que, pour vous, là,
aujourd'hui, ce qui semble avoir été, donc, annoncé au budget,
l'ensemble de tout ça, est meilleur pour notre écosystème.
M. Skeete : Vous
faites un lien...
M.
Beauchemin : Je vais vous donner le double de temps que ça m'a pris
pour poser la question.
M. Skeete : Bien,
en fait, vous semblez, je ne veux pas vous prêter des intentions, faire un lien
direct avec les dollars investis puis le résultat attendu. Nous, ce qu'on a
fait, c'est qu'on a réévalué les programmes compte tenu des priorités actuelles. Les priorités actuelles, c'est les grands défis
économiques qu'on a par rapport à la guerre tarifaire qui a été déclenchée
contre le Canada, un environnement incertain, et aussi l'importance d'accroître
notre productivité dans l'économie québécoise.
Donc,
on a fait le choix, à la fin de certains financements, de réorienter certains
dollars vers d'autres sources. Alors, oui, il y a certains groupes qui,
malgré le fait qu'ils ont fait un bon travail, ont reçu une réduction du
financement du gouvernement. Ce n'est pas du
tout une critique de leur travail qu'ils ont apporté, mais les priorités
gouvernementales ont changé. Le
collègue m'en voudrait si jamais je ne m'adaptais pas à la situation économique
très réelle de la circonstance de l'élection de M. Trump.
M. Beauchemin :
Oui, mais je pense qu'il y en a plusieurs pour qui mettre fin, là, à leur
financement ou le couper de façon drastique,
là, comme il a été fait, là, ça a été vraiment difficile. Je pense à l'exemple
de La Ruche, juste... la plateforme,
c'est 100 % québécois en passant, qui est entièrement dédiée à aider
l'écosystème de PME québécoises, puis là ce qu'on fait en agissant de la
sorte, c'est qu'on ouvre la porte à Kickstarter, par exemple, qui est un... qui
est une plateforme qui compétitionne, d'une certaine façon, là, La Ruche, pour
qu'elle puisse prendre une plus grande part de marché. Ça fait que, là, en
agissant comme ça, on fait une passe sur la palette aux Américains encore une
fois. Donc, je me pose la question. Comment se fait-il que... Premièrement, la
majorité de ces gens-là l'ont appris par communiqué. Ils l'ont appris dans les
journaux. Comment se fait-il qu'on n'a pas été au-delà avec eux pour avoir une
conversation avec eux avant l'annonce?
• (16 h 50) •
M. Skeete :
Je veux éviter de parler de certains cas précis parce que je ne veux pas
personnaliser la chose, mais, dans le cas
des groupes que vous parlez, ils faisaient un bon travail. Notamment, La Ruche,
que vous avez évoquée, ils faisaient un bon travail. Ce n'était pas ça,
la décision qu'on avait devant nous. La décision qu'on avait devant nous, c'était : dans le contexte économique
actuel, ce dollar-là, qui a bien servi, et qui a été bien utilisé, et que...
avec un partenariat qu'on a apprécié, après le terme de trois ans qu'on
s'est... sur lequel on s'est engagés, à la fin de ce programme-là,
est-ce qu'on voulait reconduire ou changer les priorités pour s'ajuster en lien
avec les défis qu'on a actuellement? Et c'est ça, la discussion difficile qu'on
a eue. Donc, ce n'est pas de gaieté de coeur qu'on a fait ces changements-là, mais c'est des changements que je
pense qu'on m'aurait critiqué, aux crédits, si je ne les avais pas faits.
M. Beauchemin :
Bien, tu sais, je peux juste faire une petite blague ici, là, mais je la
trouverais plate, là, mais, honnêtement, ça
n'a pas été difficile de donner 7 millions aux Kings de Los Angeles.
Comment ça se fait qu'ici on est capables de comme couper dans les PME
en fonction du fait qu'on se dit : Bon, bien, c'est ce qui se passe
actuellement? On ne veut pas voir plus loin que juste actuellement, mais, à
long terme, les PME, le renouvellement dans
nos PME, c'est ça, l'avenir économique du Québec. Comment se fait-il que vous
avez décidé de couper dans ça? Ça a été une décision difficile, puis il
y a eu plein de gaspillage comme les Kings de Los Angeles, par exemple.
M. Skeete : Moi, je n'adhère pas à la thèse de base du
collègue, du fait qu'il y a eu du gaspillage. Moi, je n'adhère pas à ça.
On gère l'État dans la manière dont on pense le mieux faire. C'est sûr que...
La
Présidente (Mme Mallette) : C'est tout le temps qu'on avait. Merci. Je cède maintenant la parole à
la députée de Verdun.
Mme Zaga
Mendez : ...et toute l'équipe du ministère de l'Économie. J'ai une
question similaire au collègue de
l'opposition officielle concernant le plan PME. Vous venez de répondre, M. le
ministre, qu'il y a d'autres mesures qui vont être annoncées, qui vont... Donc, le plan va être bonifié par la
suite. J'aimerais vous entendre sur ces annonces-là. Est-ce que vous
avez, un, des délais pour ces annonces et, deux, la nature des programmes qui
viendront, est-ce que c'est d'autres programmes ou est-ce que c'est à
l'intérieur du plan PME?
M. Skeete : Le plan PME, dans son ensemble, va être dévoilé
sous peu. J'avais évoqué ça à la dernière commission, ça va être sorti
prochainement. On le travaille et on le finalise actuellement.
Mme Zaga
Mendez : Donc, c'est juste
pour bien comprendre, l'enveloppe, là, qui est annoncée dans le budget,
c'est 42 millions, autres que le 42 millions, est-ce qu'il va y avoir
d'autres annonces au courant de l'année pour venir bonifier cette enveloppe-là?
M. Skeete :
Il va y avoir d'autres argents qui vont être ajoutés au plan PME, à part ce
qu'on a trouvé dans le budget, qui était de la nouvelle argent.
Mme Zaga
Mendez : Est-ce que... C'est quoi, la nature de ces annonces-là?
Est-ce qu'on parle de le retour des programmes, des huit programmes qui ont été
interrompus? Là, je ne vais pas refaire la liste. Est-ce qu'on parle du retour
de ces programmes-là ou est-ce qu'on parle d'autres types d'accompagnement?
M. Skeete :
...recentrer la priorité, et donc l'argent qui a été retiré de certains
groupes, elle a été retirée, et ils le
savent. On a été en contact avec eux. Ils ont été avisés et accompagnés. Dans
plusieurs cas, on les accompagne dans la fin de ces financements-là en leur
donnant des argents pour permettre une fermeture ordonnée. Et donc, dans tous
les cas, on les suit de près, et ils ont été avisés, et ils sont
accompagnés.
Mme Zaga
Mendez : Je vais continuer. En ce qui concerne la mesure de soutien
aux entreprises québécoises qui sont
affectées par l'imposition des tarifs douaniers américains, là-dedans, il y en
a des petites et moyennes entreprises, le
programme FRONTIERE concerne les entreprises québécoises avec un chiffre
d'affaires d'au moins 3 millions de dollars, dont 25 %
vient des exportations vers les États-Unis. Donc, ma question initiale, c'est
pourquoi avoir fixé le seuil minimal
d'admissibilité à 3 millions de chiffre d'affaires? N'est-ce pas une façon
aussi... Ça peut exclure, là, des petites entreprises qui sont exportatrices
et qui sont pourtant affectées par les tarifs.
M. Skeete : J'ai
posé cette même question à l'administration, et la bonne nouvelle, elle est
deux choses. La première, c'est que le
pourcentage d'entreprises qui ont un chiffre d'affaires inférieur à
3 millions, qui font de l'exportation en volume, c'est minime dans l'économie québécoise. Par contre, j'ai
insisté, et on va avoir un programme pour les moins de 3 millions qui va
sortir sous peu. Entre-temps, ces entreprises sont éligibles au financement du
programme PAUPME.
Mme Zaga
Mendez : Quel programme?
M. Skeete : PAUPME.
Mme Zaga
Mendez : PAUPME?
M. Skeete :
Excuse-moi, PARESAU.
Mme Zaga Mendez : PARESAU, c'est ça. Je
vais revenir parce que j'ai des questions sur PARESAU juste pour...
Donc, vous avez dit : Il va y avoir une autre annonce complémentaire pour
les entreprises de 3 millions et moins qui sont touchées.
M. Skeete : ...c'est
qu'on va étudier la question. On a posé la question. En ce moment, ça ne semble
pas être un enjeu parce que la majorité des
gens qui sont affectés n'ont tout simplement pas un fonds de roulement qui est
supérieur à 3 millions. Si ça
devenait un problème, on a un programme qu'on a réfléchi et regardé, qu'on pourrait
lancer. Entre-temps, le PARESAU est là pour les accompagner, les
entreprises.
Mme Zaga Mendez : Parfait. Puis, juste pour
une information, parce que vous avez évalué le nombre d'entreprises, vous
avez dit que le pourcentage est très petit, pouvez-vous nous le donner?
M. Skeete : Je
peux vous le donner. Il y a 12 demandes à l'intérieur du programme en ce
moment.
Mme Zaga Mendez : O.K. Donc, il y a 12...
Est-ce que ça, c'est 12 entreprises qui sont touchées par les tarifs qui
sont dans un chiffre d'affaires en bas de 3 millions?
M. Skeete : Pardon,
non, qui sont plus de 3 millions, qui cadrent dans le programme de
3 millions. On n'a eu aucune demande en bas de 3 millions.
Mme Zaga Mendez : O.K., merci pour le complément. Par la suite, on parle
d'une entreprise dite stratégique qui peut, donc, bonifier d'une aide supérieure à 10 millions. Est-ce qu'il
y a une grille publique ou... Comment... Quels sont les critères pour
déterminer ce qui est une entreprise stratégique pour le gouvernement?
M. Skeete : Ça,
c'est... On voulait se donner la flexibilité dans le programme de gérer à la
pièce, et donc on va les prendre au fur et à
mesure. Je vais vous donner un exemple, une entreprise en région qui est... qui
fait de la soudure. Dans une région comme à Montréal, peut-être, une
entreprise de soudure qui ferme ou qui est affectée, c'est le cycle économique
normal. Peut-être, ça se peut, peut-être, lui, il ne serait pas considéré
stratégique. Par contre, si on s'en va dans une région ou est-ce qu'il y a une
entreprise qui fait de la soudure, puis il y a... l'écosystème entrepreneurial
dépend de cette entreprise-là, puis elle est centrale dans son rôle dans cette
région-là, bien là, tout à coup, par le fait même qu'il n'y a pas d'autres
personnes qui peuvent faire le travail, elle devient stratégique. Donc, on
voulait être capables de répondre à ces cas
d'exception là en ayant un programme qui est capable de gérer à la pièce les
situations qui pourraient survenir comme ça.
Mme Zaga Mendez : Bien,
je me questionne sur la stratégie de gestion à la pièce, parce que l'avantage d'avoir une grille, c'est aussi d'avoir une
certaine... un certain sens d'équité aussi envers les différentes entreprises qui
vont faire appel aux programmes, là, parce qu'on dit que des aides de plus de
10 millions seront accordées pour des entreprises
considérées stratégiques. Donc, notre question, c'est de savoir comment ces
demandes-là vont être traitées.
M. Skeete : ...la collègue. On ne
s'assoit pas en comité puis on décide au pouce, là. Il y a des critères qui sont écrits. Il faut que ce soit une entreprise
qui joue un rôle clé dans le secteur d'activité, un maillon essentiel, un chef de file qui se démarque dans son activité, un
rayonnement à l'international, un employeur d'importance. Il y a des critères qui
sont établis, qui sont évalués à l'intérieur de ce programme-là.
Mme Zaga Mendez : Un peu plus
satisfaite de cette question, c'est un peu le sens d'avoir les critères pour bien comprendre... parce que je comprends qu'il
peut y avoir des exceptions, mais la façon qu'on va déterminer, puis, je
pense, c'est l'argent public, là, c'est de le faire de façon équitable à ce
moment-là.
Parlons du programme PARESAU. Vous l'avez nommé
tout à l'heure. Ma question portait... Quels types d'entreprises sont
admissibles à ces programmes-là? C'est quoi, le profil?
M. Skeete : Toutes les entreprises
qui sont en difficulté ou qui se trouvent en difficulté, je les invite à
demander de l'aide, puis on va l'évaluer. Donc, c'est des gens... c'est des
gens qui sont affectés par les tarifs, qui doivent
ou qui reçoivent, pour une raison... qui sont affectés, là, tu sais. Ça fait
que le programme est vraiment assez ouvert pour ces gens-là qui se
sentent concernés par ça. Donc, on peut aller jusqu'à un 100 millions dans
le PARESAU. On a reçu... Excuse-moi, j'avais
11, pardon. Donc, on a reçu cinq demandes à l'intérieur du PARESAU, et l'idée,
c'est que les gens qui se sentent
lésés, qui sont capables d'articuler, dans un plan d'affaires, une diminution
significative des ventes, il y a toutes sortes de critères qui sont
établis par le ministère pour mesurer l'impact, bien, on va arriver à le faire.
Je voudrais juste rappeler à la collègue... Ce
programme-là est beaucoup calqué sur ce qu'on a fait durant la pandémie avec aussi le programme feux. On est
habitués de gérer ces situations-là d'exception, parce qu'on les a vues par le passé, là, pour vraiment arriver à trouver
un bon équilibre entre qui a vraiment besoin d'aide et qui ne l'a pas. Donc,
l'expertise, malheureusement, on l'a acquise sous deux mandats assez
mouvementés.
• (17 heures) •
Mme Zaga Mendez : Je comprends. Et
donc les montants vont être autour de 100 millions, c'est que j'en... avez
répondu, puis c'est ma prochaine question, là. Quel montant pour ce programme?
Vous avez dit : Autour de 100 millions. Et, de ce que je comprends,
c'est toute entreprise qui vit des difficultés, qui sont touchées par les
effets des tarifs et qui ne sont pas
admissibles au programme FRONTIERE ou est-ce qu'on peut compléter un peu des
deux... on peut faire appel aux deux?
M. Skeete : Juste pour être clair,
le PARESAU, c'est pour le bois d'oeuvre seulement, c'est les gens qui sont
affectés par le bois d'oeuvre seulement.
Mme Zaga Mendez : O.K., ça fait que
PARESAU, c'est juste pour le bois d'oeuvre.
M. Skeete : Le bois d'oeuvre.
Mme Zaga Mendez : Mais, tout à
l'heure, quand je vous ai posé la question pour les entreprises qui ont des chiffres d'affaires de moins de 3 millions,
vous avez dit : Venez me voir parce qu'il y a le PARESAU. Il y a des
entreprises qui ne sont pas dans le bois d'oeuvre, qui sont des PME, là,
qui sont touchées. Est-ce que ces PME là rentrent dans le PARESAU, rentrent
dans FRONTIERE?
M. Skeete : Il y a le PARESAU qui
est là pour le bois d'oeuvre. C'est ces gens-là qui, en ce moment, sont plus affectés par les tarifs et c'est eux qui
seraient considérés comme peut-être éligibles à aller chercher... à avoir
besoin d'aide parce qu'eux, ça se peut qu'ils exportent 100 % puis ils
sont en bas de 3 millions. Bon, ça, c'est le cas type de personnes
qui, normalement, seraient affectées par ça.
Sinon, il y a
d'autres programmes d'aide qui peuvent être disponibles, notamment pour les
plus de 3 millions. En bas de
3 millions, on n'a reçu aucune demande. La réalité, c'est que, mettons,
pour arriver au critère de 25 % d'exportation minimum, en bas de 3 millions, c'est quasi...
bien, en fait, c'est improbable. Donc, on a travaillé à l'interne un plan pour
répondre si jamais ça devenait un problème, mais ce n'est pas quelque chose
qu'on a déployé pour le moment parce qu'on est convaincus que le nombre est insuffisant pour pouvoir justifier un
programme entier, mais on est prêts à répondre présent, le cas échéant.
Mme Zaga Mendez : Je vais avancer
avec le temps que j'ai. Nous avons eu déjà la chance, M. le ministre, de parler des questions d'achat local dernièrement
dans l'étude d'un projet de loi. Vous avez bien expliqué ce qui était de
votre ressort, ce qui était du ressort de votre collègue du Conseil du trésor.
On a bien eu une stratégie nationale d'achat
d'aliments québécois. Parmi les objectifs dans ce projet de loi là, l'application,
il y a une marge préférentielle qui est donnée, d'au plus de 10 %.
Un organisme public peut accorder... pardon, pour des contrats
d'approvisionnement auprès des petites entreprises québécoises pour des biens,
des aliments, des produits ornementaux, des matériaux de construction. C'est super. On est en train de
donner plus de chances à nos PME pour avoir un accès aux marchés publics.
Est-ce que, du côté de votre ministère... Avez-vous un
suivi? Avez-vous des informations ou des évaluations qui sont faites, qui vous sont données de la part du
Conseil du trésor, sur l'effet de donner cette marge préférentielle là? Combien
de PME en bénéficient? Et c'est quoi, l'effet global sur l'économie?
M. Skeete : Vous
avez raison, c'est un dossier qui est partagé avec ma collègue du Conseil du
trésor. C'est des conversations qui sont
récurrentes. On les challenge beaucoup sur l'importance de l'achat local et on
tente de faire atterrir des
programmes et des processus pour y arriver. La difficulté est dans le comment.
Tout le monde est d'accord avec le principe de faire de l'achat local,
mais, quand on vient à déterminer le comment et le pourquoi, c'est là qu'on
rencontre des difficultés.
Je vais vous donner
un exemple. Dans le cas des contrats qu'on va donner, on a tendance à faire le
plus bas soumissionnaire. Ça, c'est facile à
justifier et à expliquer à la population québécoise, pourquoi on a pris un
produit versus un autre. Quand on
vient avec des mesures qualificatives, produits du Québec, des environnements...
l'environnement, ça fait que des critères d'ESG, tous des critères
importants pour les Québécois dans l'achat local, c'est plus difficile de
chiffrer l'économie québécoise.
Ça fait que, mettons,
je peux avoir un produit qui est 1 $, plus bas soumissionnaire, mais je
choisis celui qui est 1,05 $ parce qu'il a voyagé moins loin, il a créé de
l'emploi. Quand vient le temps d'expliquer le pourquoi qu'en fait le 1,05 $ est moins cher que le
1 $, c'est très difficile d'opérationnaliser le tout. Et donc on a de la
misère à faire atterrir les procédures ou processus qui vont nous
permettre de le faire régulièrement.
La bonne nouvelle,
c'est que ça se fait. On a calculé, on a fait le suivi de certains exemples, il
y en a eu une douzaine l'année passée, je crois. Et on continue à encourager
les gens à aller dans ce sens-là. Mais comment garder l'équilibre de : les Québécois en ont pour leur argent? Et, dans ce
cas-ci, c'était applicable et, dans d'autres cas, ce l'est moins. Elle
est là, la difficulté de le faire. Mais on est en constant contact avec eux.
Mme Zaga
Mendez : Merci. Le temps file, je pourrais vous parler encore plus
d'achat local, mais j'aimerais vous amener sur un sujet dont on entend parler
très peu. Quand on parle d'achat local, bien, il faut qu'on ait des commerces locaux. Il faut que ces commerces locaux
aient accès à des lieux pour vendre, pour produire. Puis il y a l'enjeu
sur lequel des sociétés de développement commercial, des commerces locaux m'ont
beaucoup sensibilisée dans les derniers
mois, c'est l'accès à des espaces commerciaux. Puis je ne sais pas si vous le
savez, M. le ministre, mais il y a peu de réglementation au Québec qui
assure, en fait, une négociation ou l'accès à ce qu'on appelle la location des
espaces commerciaux, les fameux baux commerciaux.
Et moi, ce que j'ai
vu, que ce soit sur des rues commerciales à Montréal, à Québec, un peu partout,
c'est l'augmentation du coût de la vie fait
aussi que... l'augmentation du prix de location des espaces commerciaux. Et on
a des petites entreprises qui ne sont pas capables de suivre. Puis on n'a rien,
au Québec, qui encadre ces négociations-là, cette location-là.
Moi, j'aimerais ça
vous entendre, M. le ministre, si vous reconnaissez qu'il y a une absence de
mesures pour l'encadrement des baux commerciaux, qui nuit à un nombre croissant
de commerces et de PME au Québec.
M. Skeete : Est-ce
que la collègue essaie de dire que le gouvernement du Québec devrait s'ingérer
dans les négociations entre les commerçants et les propriétaires
d'établissements pour fixer les loyers commerciaux?
Mme Zaga
Mendez : En fait, ce n'est pas nécessairement de les fixer, c'est
qu'en ce moment c'est des négociations de
gré à gré. Dans le locatif, on a, par exemple, un bail type qu'on fait signer,
mais, du côté commercial, ça n'existe pas. Puis, quand il y a du gré à
gré, il y a même des propriétaires qui peuvent dire : Je n'ai plus le goût
de renouveler, bye! Et ils gardent des locaux vides parce que c'est plus
profitable, en fin de compte, de les garder vides puis augmenter, par la suite,
de prix. Et ça augmente... en fait, ça favorise les grandes bannières.
Est-ce que vous avez
une opinion là-dessus? Est-ce que vous vous êtes penché là-dessus? Parce que
c'est quelque chose que... les commerçants nous en parlent beaucoup, puis ils
ne sont pas capables de suivre, puis il n'y a rien qui encadre et qui leur
permet d'avoir des outils de négociation.
M. Skeete : Bien,
moi, c'est la première fois de ma vie que j'entends ça. Je n'ai pas d'opinion.
Je demande à être sensibilisé davantage parce que d'emblée, je ne comprends
pas, mais je suis ouvert à comprendre.
Mme Zaga
Mendez : ...peut-être pas dans... parce que je vois le temps avancer,
mais ça va me faire plaisir de vous en parler. Je porte en ce moment une
pétition là-dessus parce que c'est en suivant les conseils de plusieurs commerces
locaux dans ma région, dans mon... bien, dans mon comté, à Verdun, qui ont dû
fermer à cause de la pression et qui... on le voit, c'est juste des grandes
bannières qui peuvent payer ces prix-là.
Un autre exemple que
je voulais vous amener concernant les questions de main-d'oeuvre, avec le temps
qu'il nous reste, c'est la question de
l'intelligence artificielle. On voit dans le budget que la... une offre, on va
offrir un crédit d'impôt qui encourage les projets intégrant
l'intelligence artificielle dans les petites et moyennes entreprises.
Ceci dit,
l'intelligence artificielle est en train de chambouler complètement le marché
du travail. Il y a des secteurs dans lesquels, oui, on a une pénurie de
main-d'oeuvre, mais, en ce moment, l'intelligence artificielle est utilisée un peu partout, et on parle de vraiment
une révolution industrielle. Puis j'aimerais ça vous entendre sur le plan du gouvernement pour faire face à ces
changements-là, autre que juste financer l'adoption des techniques... de la
technologie IA. Est-ce qu'on a pensé à
l'encadrement, à la sensibilisation, voire légiférer pour contrôler le
déploiement de cette nouvelle technologie?
M. Skeete : Il
y a des réflexions qui se font par des gens très compétents, des éthiciens, des
spécialistes du domaine qui se penchent sur
des orientations. Je pense que Yoshua Bengio aussi avait écrit là-dessus.
Puis on a un comité qui regarde ça, on suit les travaux de près pour
être sûr qu'on est à l'affût, pour voir comment on peut faire atterrir une politique
de l'intelligence artificielle.
La collègue devrait... n'est pas sans savoir
qu'il y a eu des discussions avec l'Europe, les États-Unis, la Chine sur ces grands sujets-là. Malheureusement,
il n'y a pas de consensus qui est sorti de ces grandes discussions-là. C'est un
peu la poule ou l'oeuf. Le problème, c'est que si tu es la seule juridiction
qui fait quelque chose, tu limites peut-être ta capacité innovante. De
l'autre côté, il faut absolument le faire. Et donc on est un peu là, dans le
monde, pour faire ces suivis-là. La bonne nouvelle, c'est que le Québec s'est
doté de cette réflexion-là, des outils pour réfléchir à ces questions-là. Et on
est à l'écoute et on suit les travaux de près.
Mme Zaga
Mendez : En ce qui concerne les effets sur la
main-d'oeuvre, j'imagine, vous vous penchez là-dessus. L'enjeu, c'est
qu'en ce moment on voit l'intelligence artificielle arriver, il va y avoir des
mesures qui vont même encourager l'adopter,
mais on n'a pas pris un pas de recul pour légiférer. Vous dites : C'est
l'oeuf et la poule, mais on aurait pu le faire en même temps, en même
temps qu'on encourage, d'un côté, d'avoir déjà une législation, entre autres, concernant la requalification de la
main-d'oeuvre. Est-ce que vous vous penchez sur des mesures, une stratégie
pour voir comment on va requalifier les personnes, les travailleurs dont les
emplois sont menacés et touchés par l'intelligence artificielle?
M. Skeete : Je vais répéter, on suit
ça de près.
Mme Zaga Mendez : Merci. Combien de
temps qu'il me reste?
La Présidente (Mme Mallette) :
Un
peu moins de deux minutes.
• (17 h 10) •
Mme Zaga Mendez : ...concernant la
pénurie de main-d'oeuvre, un autre enjeu dont les petites et moyennes entreprises nous parlent, c'est les effets des
changements concernant le Programme
des travailleurs étrangers temporaires.
Est-ce que vous avez une évaluation des effets des derniers changements
qu'il y a eu depuis 2024 pour les PME?
M. Skeete : Il faut faire la
différence entre le travailleur qualifié et le travailleur non qualifié. On se
penche actuellement sur tout ce qui touche le travailleur qualifié. Le Québec a
reçu plus de 650 000 immigrants temporaires l'année passée. Ça cause un impact énorme sur nos infrastructures
résidentielles, les écoles, les médecins, et donc on doit réduire le
nombre.
Par contre, nos entreprises nous parlent, ils
nous disent qu'ils ont besoin de main-d'oeuvre. Donc, comment qu'on fait pour
arrimer le marché du travail avec ces spécialités-là qui sont en demande? On se
penche actuellement là-dessus, mon collègue de l'Immigration se penche
actuellement là-dessus.
Mme Zaga
Mendez : La Fédération
canadienne des entreprises indépendantes évalue à 11 milliards de dollars les pertes annuelles pour les
petites et moyennes entreprises en raison de la pénurie de main-d'oeuvre. Puis
est-ce que le gouvernement dispose d'un plan pour compenser, venir à
l'aide, de ces 11 milliards là en pertes?
M. Skeete : On travaille la
situation. Mon collègue de l'Immigration travaille là-dessus en ce moment.
Mme
Zaga Mendez : De votre côté, pour les petites et moyennes
entreprises qui dépendent de cette main-d'oeuvre-là, c'est... vous le
donnez seulement comme responsabilité à votre collègue de l'Immigration?
M.
Skeete : Ce n'est pas ça que j'ai dit. Ce que je dis, c'est
que c'est une politique qui relève de mon collègue de l'Immigration.
Nous, on suit ça de près, parce qu'il y a des impacts sur la pénurie de
main-d'oeuvre sur l'économie.
Mme Zaga Mendez : Parfait. Puis il
me reste une minute. Concernant...
La Présidente (Mme Mallette) : 10 secondes,
en fait.
Mme Zaga Mendez : Ah! bon, bien, je
vous remercie.
M. Skeete : Bienvenue.
La
Présidente (Mme Mallette) : Merci, Mme la députée de Verdun. Je cède
maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys. La parole est à
vous.
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, on était sur le gaspillage, tantôt, le ministre ne semblait pas être d'accord avec nous, là, que
7 millions aux Kings de Los Angeles, c'est du gaspillage, mais, en
tout cas, chacun sa perspective là-dessus. On l'a entendu, le premier
ministre, là, nous a quand même parlé à quelques reprises du fait que... comme
quoi qu'il aurait souhaité, là, qu'on soit plus optimal, que la machine soit
plus performante, qu'il y ait moins de paperasse, qu'il y ait moins de «red tape». Comme il a
dit, il aurait souhaité, là, qu'on soit capable de mieux gérer, de faire
plus avec ce qu'on a sans être obligé d'augmenter le nombre d'employés dans les
ministères.
Ma question
est simple pour le ministre : Combien d'employés nouveaux a-t-il sous sa
gouverne depuis la dernière année?
M. Skeete : Je peux revenir avec le
montant exact pour le collègue.
Une voix : ...
M. Skeete : On m'avise qu'on n'a pas
plus d'ETC qu'il y a un an.
M. Beauchemin : On n'a pas plus de
quoi?
M. Skeete : D'ETC qu'on avait il y a
plus d'un an.
M. Beauchemin : ETC, pour ceux qui
nous écoutent, ça veut dire quoi?
M. Skeete : Employés temps complet.
M. Beauchemin : Merci. Donc, il n'y
en a pas plus depuis un an. O.K. Et donc, lorsque le premier ministre fait des
critiques, là, à l'intérieur du cabinet, en fait, à l'intérieur du Conseil des
ministres, comme quoi qu'on a augmenté le nombre d'employés un petit peu tout
partout, là, y a-tu d'autres départements, selon vous, qui auraient été plus
enclins à avoir des nouveaux employés qui brassent du papier?
M. Skeete : Je ne vais pas commenter
ce qui se dit dans le Conseil des ministres, mais je pense que le premier
ministre a été très clair sur les énoncés qu'il a dits. On a répondu présent
pour protéger les femmes de la violence
sexuelle, on a embauché des gens. On a répondu présent pour augmenter les
effectifs policiers, dans le cas des... de l'augmentation de la violence à
Montréal et à Laval. On a investi davantage dans les cadres que votre parti a
coupés en santé avant la pandémie. On
s'est retrouvé pendant la pandémie avec des hôpitals pas de gestionnaire. C'est
sûr qu'on doit embaucher du non-soignant, dans ce temps-là.
Donc, il y a eu plein d'affaires qui sont
arrivées. Je pense que le premier ministre a fait une liste assez exhaustive
sur les raisons pour lesquelles ces ETC là ont augmenté.
M. Beauchemin : Donc, en ce qui
concerne le ministère de l'Économie, de l'Innovation et d'Énergie, là, il n'y a
aucun ajout de fonctionnaires additionnels depuis la dernière année.
M. Skeete : Dans la dernière année,
il n'y a pas eu d'ajout.
M. Beauchemin : ...combien
d'addition?
Une voix : ...
M. Skeete : On va vous revenir.
M. Beauchemin : O.K. Est-ce qu'on
a...
Une voix : ...
M. Skeete : Pardon?
M. Beauchemin : Est-ce que ce serait
un petit peu normal d'avoir une idée approximative?
M. Skeete : Bien, on m'avise que
s'il y a eu changement, c'est que ça a baissé.
M. Beauchemin : C'est que ça a
baissé. O.K.
Une voix : ...
M.
Skeete : 500 de moins? Ça fait qu'on... Écoutez, là,
prenez-moi pas au mot, là, mais on n'est pas dans l'ajout d'effectifs,
on est dans la réduction en ce moment.
M. Beauchemin : O.K. Donc, vous en
faites moins avec ce que vous avez.
M. Skeete : Non. On en a moins et on
en fait plus.
M. Beauchemin : O.K.
C'était juste un test, là, pour être sûr que...
Des voix : ...
M. Skeete : Je suis content que...
M. Beauchemin : O.K. Donc, vous en
faites plus avec le même nombre et peut-être moins d'employés, si je comprends
bien, c'est ça?
M. Skeete : En effet.
M. Beauchemin : D'accord. Et donc,
quand on regarde ça, quand on regarde justement des objectifs qui sont les vôtres, c'est-à-dire de pouvoir aider à
l'écosystème d'aller en place, là, est-ce que ça vient d'une mission de couper
dans les dépenses du ministère, de réduire les
coûts, de réduire les aides aux entreprises comme ça? C'est-tu un ordre du ministre
des Finances qui a fait qu'on est rendu à couper dans les aides aux
entreprises?
M.
Skeete : Tout le monde devait faire sa part pour continuer
la mission de l'État, qui était d'aider le ministère de la Santé et de l'Éducation. Tout le monde a
fait sa part, incluant le ministère de l'Économie. Par contre, si vous regardez
le budget, vous allez voir que le ministère de l'Économie est parmi ceux qui
est le plus choyé à l'intérieur du budget, justement, parce que la période
d'incertitude qui nous occupe actuellement est importante, et c'est la raison
pour laquelle on a déployé des programmes, une aide de disponible pour
accompagner nos entreprises.
Donc, moi, je dirais qu'on a participé à
l'effort, mais ça ne nous a pas empêchés de continuer à aider les entreprises
qui ont besoin d'aide pour être accompagnées.
M.
Beauchemin : Est-ce que vous étiez au courant que pour un
organisme comme, par exemple, La Ruche, là, laquelle on a discuté
un petit peu, là, que chaque dollar qui est investi, qui avait été investi par
le gouvernement générait 3,25 $ de
retombées pour les communautés du monde des affaires au Québec? Est-ce que vous
êtes au courant de cette statistique?
M.
Skeete : En fait, ce que j'ai dit tantôt, je le maintiens.
Ce n'était pas une appréciation du travail que faisait La Ruche.
La Ruche faisait un bon travail, je le répète, là, ils faisaient un bon
travail. La priorité gouvernementale, elle a
changé. La fin de son financement était terminée. Et on a réévalué les
priorités gouvernementales et on a fait des choix. Et il ne faut surtout
pas que La Ruche conclue qu'on n'était pas satisfaits du rendement.
M. Beauchemin : Non, je comprends.
Dans le contexte où est-ce qu'on parlait de gaspillage, tantôt, là, ils ne faisaient pas de gaspillage, eux autres, ils
stimulaient l'économie, ils en ajoutaient, des retombées, là, pour le
gouvernement, pour le Québec dans son
ensemble. Est-ce que vous considérez qu'avoir perdu des centaines de millions
de dollars, par exemple, dans Northvolt, c'est du gaspillage ou c'est de
la bonne gestion?
M.
Skeete : Bien, il va falloir que le collègue se branche,
là, parce que, dépendamment du contexte, Northvolt, c'est du gaspillage,
puis, de l'autre côté, je soutiens la filière batterie puis je suis content
qu'on a investi. Moi, j'ai de la misère avec cette comparaison-là parce que,
dans le cas de Northvolt... Puis je pense, encore une fois, le premier ministre
a été de bonne foi dans son explication à l'opposition là-dessus. Quand on
regarde la moyenne au bâton, bien, on est le
gouvernement qui a réduit l'écart de richesse avec l'Ontario. On est le
gouvernement qui a permis vraiment, pour la première fois en
20 ans...
La Présidente (Mme Mallette) : On va
recéder...
M. Skeete : ...d'accroître le
montant de revenus par Québécois, alors... par habitant au Québec. Alors...
La Présidente (Mme Mallette) : Le
député de Marguerite-Bourgeoys souhaite intervenir.
M. Beauchemin : Donc, juste pour
qu'on soit clair, là, je suis branché, il n'y a pas de doute là-dessus, sur mes
intentions ici, c'est vraiment de clarifier, dans le contexte où est-ce que la
décision pour en arriver à Northvolt n'était probablement pas la plus éclairée,
peut-on dire, au minimum, parce que ce n'était pas la bonne technologie. Puis la méthodologie, clairement, pour fabriquer
les batteries, ne fonctionne pas. La preuve, ils ont fait faillite en Suède.
Donc, on va s'entendre que ramener ça au Québec, on va ramener quelque chose
qui ne fonctionnera pas plus, là.
Donc, dans ma définition du succès de la filière
batterie, moi, je ne veux pas qu'on amène des entreprises qui ne sont pas capables, là. On a fait le mauvais
choix en choisissant Northvolt. Je sais qu'on est lundi matin, là, la game, c'était
hier, là, mais on a fait un mauvais choix. On peut quand même se l'avouer
aujourd'hui, là, que ça, c'est un mauvais choix.
Donc là,
maintenant qu'on a avoué ça, est-ce qu'on peut tout de même considérer qu'il y
a des entreprises, des organismes qui aident l'écosystème de PME et qu'il y a
des retombées, là, de trois pour un, là, pour le gouvernement, là? Ça,
c'était-tu vraiment le meilleur choix, de laisser tomber La Ruche?
M.
Skeete : Comme j'ai dit, La Ruche faisait un bon
travail. On les applaudit et on est satisfaits du rendement qu'ils ont donné. J'aimerais, si possible, d'ici
la fin de la journée, s'il vous plaît, collègue, si vous pouvez me remettre votre
boule de cristal, parce que votre capacité de voir dans l'avenir et de voir
arriver les choses qui peuvent nuire au gouvernement, je l'apprécierais. Et
vous avez raison, on est lundi matin, vous commentez le match de dimanche, ça
doit être le fun de tout savoir en avance qu'est-ce qui va se passer. Je
souhaiterais avoir cet outil-là si vous l'avez disponible.
• (17 h 20) •
M.
Beauchemin : Écoutez, je vais vous dire, M. le ministre,
j'étais le premier à critiquer le choix de Northvolt, parce que la technologie
est désuète en partant. Ça fait que je comprends que, pour vous, c'était
peut-être compliqué, là, mais pour la
majorité des gens qui, spécifiquement, font de la recherche dans la fabrication
de batteries, là, la technologie Northvolt était déjà désuète quand le
gouvernement a décidé de mettre de l'argent là-dedans. Ça fait qu'on va juste
se clarifier là-dessus, là, O.K.?
La meilleure technologie, c'est celle qui inclut
le phosphate dans la batterie, une batterie solide. C'est celle-là qui...
malheureusement, on ne l'a pas gagnée, celle-là, mais c'est malheureusement
cette technologie-là qui gagne des parts de
marché. Ça fait que soit on passe à autre chose, là, ça, ce n'est pas
compliqué, mais le travail se fait en amont, comment qu'on mesure le
succès, comment qu'on définit le succès, ça, c'est vraiment important, puis je
ne pense pas que l'effort a été fait.
Maintenant, passons... maintenant, ici, là, ici,
spécifiquement, là, ils ont mis 11 personnes à la porte. Ils ont d'autres
financements, ils vont le faire de façon plus privément, là, mais ils ont mis
11 personnes à la porte. Ils aident plusieurs
entreprises. Frédéric Auger a dit que c'est une décision qui affaiblit le
Québec du point de vue socioéconomique et qui affaiblit
l'entrepreneuriat. En quoi est-ce que ça, ça va nous aider contre la guerre
tarifaire?
M. Skeete : Écoutez, je pense que
j'ai déjà répondu à la question, Mme la Présidente.
M.
Beauchemin : Bien, moi, je n'ai vraiment pas entendu la
réponse, mais je pense que, si je comprends bien, c'est qu'on n'a pas de
réponse claire pour expliquer en quoi ne pas aider notre entrepreneuriat, nos
PME, ça, c'est quelque chose qui va nous permettre de faire face...
Donc, on choisit ici le gagnant, là, si je comprends bien, le gouvernement a
choisi certains genres de PME plus que d'autres. C'est-tu ça, la décision?
M.
Skeete : Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ce que j'ai dit,
c'est que le travail de La Ruche était très bien, on était très
satisfaits. Et les priorités ont changé, et on a dû se réajuster.
M. Beauchemin : Parce que l'effet
secondaire, là, de ne pas aider La Ruche, c'est qu'on fait une passe sur
la palette à Kickstarter de ce monde, là, des Américains qui, eux, vont venir faire...
vont prendre ce rôle-là à la place. Ils
vont, eux autres, pouvoir profiter de cet écosystème-là, d'une certaine façon.
Ça fait que, est-ce que cette décision-là... Est-ce qu'on avait vu voir
cette possibilité-là?
M.
Skeete : Bien, moi, j'attends de lire dans la plateforme
électorale du Parti libéral le retour du financement de La Ruche.
D'ici là, Mme la Présidente, j'ai répondu à la question.
La Présidente (Mme Mallette) : M. le
député.
M.
Beauchemin : Bien, en tout cas, on a bien hâte de voir comment
que le gouvernement va réussir à ne pas avoir la Palme d'or des
faillites encore, malheureusement.
Le fardeau
réglementaire, ma collègue, tout à l'heure, je pense qu'elle vous en a parlé un
peu, là. Quatre projets de loi qui... l'objectif, avec le cinquième,
sera d'alléger le fardeau réglementaire, en termes de dollars, là, O.K., de
200 millions de dollars. Est-ce que le ministre est au courant de la
recherche qui a été faite par la FCEI, à savoir combien de dollars additionnels nos entreprises, nos PME ici, au Québec,
ont à subir annuellement, depuis 2018, en termes d'addition de coûts
reliés au fardeau administratif?
M. Skeete : Oui, Mme la Présidente.
M. Beauchemin : Est-ce que vous êtes
au courant du montant, exactement?
M. Skeete : Oui, Mme la Présidente.
M. Beauchemin : C'est combien, le
montant, M. le...
M. Skeete : C'est 10,9, je crois,
milliards.
M. Beauchemin : 10,9 milliards,
donc un... 2,4 milliards, approximativement, là, par année, c'est ça?
M.
Skeete : Bien, tous paliers confondus. Le ratio exact pour
le Québec, je ne le sais pas, mais c'est... 10,9, total municipal,
provincial, fédéral.
M.
Beauchemin : O.K. Ça fait que, selon la FCEI, eux autres, ils
chiffrent ça spécifiquement, là, pour le Québec, et ils disent que ça coûte
2,4 milliards de plus par année depuis que la CAQ est au pouvoir, là, pour
nos PME, en termes de fardeau administratif. Est-ce que ça... est-ce que ça
rentre dans le 10,9 que vous avez dit tout à l'heure, ça?
M. Skeete : Oui.
M. Beauchemin : Annuellement, O.K.
Est-ce que, dans le contexte où, justement, actuellement, là, on fait face à
une menace existentielle au niveau de nos entreprises, de nos PME, de notre
coeur économique, est-ce qu'on a encore le
même objectif, là, d'atteindre un total de 200 millions d'allègements dans
le contexte où est-ce que, par année, ça en coûte 2,4 de plus depuis que
vous êtes au pouvoir?
M. Skeete : Bien, je rappellerais à
la présidence que c'est 200 millions de plus que le Parti libéral avait
faits lorsqu'il était au pouvoir. On est le premier gouvernement à mettre en
place un plan pour réduire le fardeau administratif réglementaire. On est le
premier gouvernement à faire un projet de loi annuellement pour réduire ce fardeau-là. On est le premier gouvernement à
chiffrer le nombre, le volume et le montant qu'on veut réduire. Et on va
continuer de le faire. Le collègue demande si on va en faire plus, la réponse,
c'est oui. Le plan se termine l'année prochaine, et on a déjà évoqué
publiquement qu'on va faire un deuxième plan, 2026‑2029.
M. Beauchemin : Écoutez, je veux
juste faire une analogie, c'est comme quand, par exemple, on s'en va s'acheter quelque chose, puis le vendeur nous
dit : Ah! je vais te faire un escompte de 10 %, mais ils ont augmenté
les prix avant que tu arrives. Finalement, tu te trouves à payer le même prix.
L'exemple que je veux dire, c'est que ça coûte 2,4 de plus, depuis que vous
êtes là; par année, là, on réduit de 200 millions, ça fait que le net
de ça, c'est 2,2 milliards de plus par année, après votre effort.
La question revient : Est-ce qu'on a une
idée de l'amplitude du... de l'objectif qu'on veut atteindre? Parce que 2,2 milliards nets de ce qu'on va
économiser après votre cinquième projet de loi, on est encore
2,2 milliards de plus par année, là. Puis je pense que... je pense
que vous dites que c'est de la faute des libéraux, là. Nous, on ne l'a pas fait de par le passé, etc., là. Mais, tu sais, la
réalité, c'est que ça coûte quand même net, depuis que la CAQ est au pouvoir,
2,2 milliards de plus en paperasse, là, pour nos PME, là.
M. Skeete : Bien...
La
Présidente (Mme Mallette) : Malheureusement, c'est tout le temps que nous
avions. Je vais devoir passer la parole à la partie gouvernementale pour
9 minutes au député de Nicolet-Bécancour. La parole est à vous.
M.
Martel : Merci, Mme la Présidente. Bien, premièrement,
bonjour, chers collègues, collègues de l'opposition. Puis je veux saluer aussi les gens du ministère,
les professionnels du ministère de l'Économie, le Scientifique en chef. J'ai travaillé beaucoup avec les fonctionnaires du ministère de
l'Économie et de l'Innovation. Je ne sais pas si... J'ai beaucoup apprécié,
beaucoup apprécié. On a un ministère vraiment motivé, des gens motivés. J'ai
travaillé avec eux beaucoup pour les zones d'innovation. On a parti d'une idée
qu'on a réussi à développer puis on a actuellement des zones d'innovation en fonction. Et je veux remercier puis féliciter pour
la motivation, l'innovation qu'il y a eu là-dedans. On a développé un concept
qui est vraiment intéressant puis, je pense, qui va être là pour beaucoup,
beaucoup d'années.
Puis un autre arc à leur... à leur jeu que je
pourrais rajouter, c'est qu'on... je les reconnais presque tous et je
m'aperçois qu'ils ont même survécu à Pierre Fitzgibbon, ce n'est pas rien. Je
fais des blagues. J'ai beaucoup aimé Pierre
Fitzgibbon. Et il y a eu des critiques suite à son départ, mais, pour moi, ça a
été vraiment un privilège de travailler avec ce monsieur-là. Et j'ai vu
aussi comment qu'il y avait une belle collaboration avec le ministère.
Et je ne sais pas si mon collègue de Marguerite-Bourgeoys
va être un jour au gouvernement, je lui souhaite sincèrement, dans beaucoup
d'années, mais, s'il a la chance de travailler avec ce ministère-là, je pense
qu'il va être vraiment surpris, vraiment satisfait de la compétence,
sincèrement.
Petite question très simple, parce que j'écoute
toujours mon collègue avec attention, puis, tu sais, il vient du Parti libéral. Moi, j'étais là quand son parti
était au gouvernement. Et, petite question comme ça, M. le ministre, est-ce
que vous étiez au courant que le Parti libéral, probablement en 2014, 2015, il
avait aboli les CLD?
M. Skeete : Je suis... j'étais
administrateur à la chambre de commerce en 2011, 2012, puis les CLD, là, ça
rayonnait, c'était un nid d'abeilles d'activités. Et, dans la rationalisation
libérale, en 2014, sans égard aux régions, bien, typiquement
montréalocentriques, ils ont coupé les vivres de... les régions. Et puis, oui,
je suis très au courant. C'est un moment qu'on me rappelle à toutes les fois
que je vais dans les comtés, que je rencontre les intervenants des
municipalités, ils nous en parlent encore. C'est une cicatrice qui guérit
tranquillement, grâce à nos actions, mais c'est une cicatrice qui est encore
visible.
• (17 h 30) •
M. Martel : C'est bon à savoir,
quand même, tu sais, pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Moi, j'étais, avant
d'être député, j'étais directeur du CLD de Nicolet-Yamaska et je pense qu'on
avait cinq professionnels, puis, sincèrement,
on couvrait autant l'agriculture, le développement bioalimentaire. C'était la
couleur, un peu, du territoire. Moi, j'avais cinq professionnels qui
travaillaient pour moi, et, après la coupure libérale, je pense qu'ils sont
tombés à deux, et, aujourd'hui, probablement qu'ils sont sept, huit, parce que
je n'ai jamais vu un gouvernement qui a fait autant
confiance aux MRC, leur donner des outils pour le développement économique, et
la dynamique qu'il y a, en plus de ça, avec Investissement Québec.
Ça fait que tout ça
pour dire que c'est correct de critiquer, je l'ai été, dans l'opposition, mais
c'est important de reconnaître les bons coups. Et honnêtement je pense que,
pour aider le développement régional, le gouvernement qu'on représente a fait
un travail extraordinaire.
Je vais vous conter
une autre petite tranche de vie. Mes enfants, ils ont 32 ans, et, de l'âge
de huit à 18 ans, à peu près, je les ai
coachés au baseball. Et évidemment ils ont changé de catégorie, ça fait que,
pendant 10 ans, je ne sais pas,
peut-être que j'ai entraîné 30, 40 jeunes. Puis ces jeunes-là,
aujourd'hui, ils ont 32 ans. Je n'ai pas... je réfléchissais à ça,
tantôt, puis je n'ai pas fait de statistiques, là, mais évidemment, je coachais
dans Nicolet-Bécancour, ça fait que c'est tous des jeunes de cette région-là.
Sincèrement, il doit y en avoir la moitié, des jeunes que j'ai coachés, qui
travaillent soit à l'ABI, à l'Aluminerie de Bécancour ou une entreprise, une
PME qui s'est développée à cause de l'ABI. Je pense, entre autres, à Hydrexcel,
MBI, André Bouvet, Location d'outils.
J'aimerais ça, parce
que je l'entends, mon collègue, souvent, quand on aide la grande entreprise,
c'est comme si on ne se souciait pas de la PME. Puis moi, pour moi, c'est tout
à fait le contraire. Quand on réussit à aller chercher un gros joueur,
évidemment, on aime ça que ce soit québécois, mais si c'est un gros joueur qui
vient de l'extérieur puis qui arrive ici,
qui s'installe, qui devient un donneur d'ordres pour le développement de PME,
pour moi, c'est ça, un bon développement économique.
J'aimerais
ça, M. le ministre, vous entendre par rapport à ça. Comment vous voyez
l'utilité de la grande entreprise pour le développement des PME?
M. Skeete : En
fait, on a cette fâcheuse tendance de penser qu'on ne doit pas faire les deux.
Moi, je... Rappel important : 95 % des interventions d'Investissement
Québec se fait auprès des PME, mais le 5 % qui n'est pas là, les grandes interventions qu'on fait pour accompagner
les grandes entreprises sont générateurs de PIB énorme, au Québec, ils
représentent des emplois stables, souvent en région, qui ont un rayonnement international,
très souvent, et qui sont une base de... le socle industriel du Québec, qui est
indéniable, parce que ces mêmes gros là deviennent des donneurs d'ordres pour ceux qui sont en dessous, là, tu
sais, parce que tu as une grosse entreprise puis qu'elle a un grand projet. Mais, son grand projet, elle va le financer avec
des entreprises québécoises : elle va consommer de l'électricité
québécoise, elle va employer des Québécois, elle va employer le soudeur pour
construire son usine, elle va prendre des
sous-traitants pour aller chercher d'autres pièces qu'elle a besoin dans sa
production, et ça a un effet marqué dans l'économie québécoise.
Ça fait que moi,
je... ce faux débat, qu'il faut être plus PME ou plus grande entreprise, il
faut faire les deux et il ne faut négliger aucun. Parce que les PME sont
partout. Elles représentent 80 % du PIB québécois. On se doit de se
préoccuper de ces gens-là. Par contre, les grandes entreprises ont un impact
disproportionné par tête de pipe dans l'économie québécoise. On doit aussi se
soucier de ces gens-là. Parce que les PME, souvent internationales, pas tout le temps, mais souvent, c'est des gens qui
injectent des sous étrangers au Québec, là. On importe de l'argent. C'est le
même argument qu'on fait pour le tourisme.
Donc,
je pense que c'est important d'avoir un discours, là, qui ne crée pas de
méchants. Les grosses entreprises qu'on aide à juste titre ne sont pas
des méchants parce qu'ils sont gros ou parce qu'elles sont étrangères.
La Présidente
(Mme Mallette) : Merci. C'est tout le temps qu'on avait. C'était
super intéressant. Je vais maintenant céder la parole...
Une voix :
...
La Présidente (Mme Mallette) : Bien non, ce n'est pas rendu là. Vous allez avoir
un autre bloc, M. le député.
Je vais céder
maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin :
Merci, Mme la Présidente. Donc, on a eu une belle page d'histoire. C'est drôle
parce que, dans la vie, on devrait apprendre, hein, de nos erreurs. Puis
comment se fait-il que le CLD, si c'était... On enlève le contexte, là, que le PQ nous avait amenés au bord
du gouffre puis on était sur le bord d'être décotés. Puis là on a été décoté
par S&P. Juste remettre les choses en perspective, là.
Mais là, maintenant
qu'on est décotés, vous faites quand même la même chose. Indirectement, c'est
la même chose. En coupant les vivres, là, à
La Ruche de ce monde, etc., c'est à peu près la même chose que de faire ce
qui avait été fait dans les CLD.
Donc, vous ne le voyez pas, ça, que c'est aussi dommageable pour le réseau,
justement, des PME?
M. Skeete :
Là, collègue, on ne peut pas l'avoir des deux bords.
M. Beauchemin :
Bien, c'est...
M. Skeete : On ne peut pas être dépensiers, gaspilleux puis
ne pas investir puis, d'un autre côté, être les méchants coupeurs, là.
Toutes proportions gardées, notre gouvernement a investi beaucoup plus que
votre gouvernement ne l'a fait par le passé, et on continue de le faire. Et
donc, moi, je n'ai pas de gêne avec l'aide qu'on donne aux entreprises
indirectement par l'entremise de différents groupes qui nous aident à remplir
la mission et l'aide qu'on donne aux entreprises directement. Je pense que le
bilan qu'on a parle par lui-même. Les Québécois ont plus d'argent dans leurs
poches aujourd'hui grâce aux interventions du gouvernement du Québec.
M. Beauchemin :
O.K. Je veux dire, on peut mesurer ça de plusieurs façons, mais le bilan, c'est
que vous avez la palme d'or des faillites au
Canada. Le bilan, c'est que, justement, on a... on a des exemples de ce qu'il
ne fallait peut-être pas faire de
façon aussi drastique que par le passé et que vous répétez encore aujourd'hui.
En dollars constants par rapport à de
l'argent de 2018, l'argent de 2024‑2025, on s'entend, il a perdu beaucoup de valeur à
cause de l'inflation. Donc, quand on
ajuste par rapport à l'inflation, plusieurs des interventions que le
gouvernement fait actuellement sont similaires à ce qui était fait, là,
en 2018, toutes proportions gardées, là.
Mais moi, je veux vous amener sur le fait que le
premier ministre a tout de même dit la chose suivante, je vais le lire, ça va
prendre une minute, là : «J'aurais voulu en faire plus depuis 2018 pour
rendre l'État plus efficace. Ça veut dire
faire plus et faire mieux avec les moyens qui sont là. C'est un des grands
défis qu'on est en train de relever. Je
reviens là-dessus à chaque Conseil
des ministres depuis quelques mois.
Je suis les progrès personnellement. Il y a trop d'employés administratifs au sein du gouvernement et des réseaux. Ce
n'est pas les employés qui ne travaillent pas fort, mais il y a beaucoup trop de paperasse, de
rapports, de redditions de comptes, de règlements. Il y en a trop, d'organismes,
trop de services administratifs qui pourraient être fusionnés. Il faut faire le
ménage, et c'est une de mes priorités». Le premier ministre... le premier
ministre. Je me suis retenu juste à la dernière seconde. Le premier ministre.
Donc, on est donc dans ce contexte-là. Je vous
ai dit tout à l'heure que le net de vos cinq projets de loi, là, ça va quand
même coûter 2,4 milliards par année en paperasse pour nos PME. On s'entend
que beaucoup de ça, c'est l'interface avec le gouvernement, que le premier
ministre vient justement de nous dire : Il faut en faire plus, là, il faut
être capable d'être plus efficace, là. Ça
fait que est-ce qu'il va y avoir vraiment un objectif qui va faire bouger
l'aiguille de façon significative?
Parce qu'à date ça n'a pas vraiment été... Je comprends l'effort puis je suis
avec vous là-dessus, M. le ministre, là, on doit aller vers l'allègement
réglementaire. Mais est-ce que l'objectif va être plus costaud?
• (17 h 40) •
M. Skeete : Ça fait une couple de
fois que le collègue évoque l'augmentation de la paperasse, puis c'est vrai, il y en a eu, de l'augmentation, puis il voudrait
qu'on s'excuse pour ça. C'est sûr qu'il faut... C'est un travail en continu,
réduire la paperasse. Mais est-ce que le collègue est contre le fait qu'on a
renforcé la loi sur le français, 96, le projet de loi n° 96? Je sais que
son parti est contre rehausser les niveaux de français puis de protéger le
français au Québec, que son gouvernement a laissé planer, mais l'intervention
costaude qu'on a dû déployer pour protéger le français, notamment à Montréal,
bien oui, ça a alourdi le fardeau administratif d'une manière importante.
Est-ce que le collègue, il est contre le fait
qu'on protège les données des gens dans le projet de loi n° 25, où ce
qu'on vient dire que les entreprises, là, qui veulent avoir nos données, bien,
ils ont une responsabilité? Ça a alourdi, là, le fardeau administratif, puis je
l'entends quand que je parle au collègue, mais je n'ai pas honte de ce projet
de loi là, moi.
Donc, oui, on a gouverné, Mme la Présidente, on
a fait des choix difficiles, mais ça ne nous empêche pas, de l'autre côté, de
réduire et d'avoir une volonté ferme de réduire la paperasse administrative des
entreprises.
M. Beauchemin : Écoutez,
j'entends le ministre, mais la réalité, là, c'est que, si on parle du projet de
loi n° 25, là, on est la seule
juridiction en Amérique du Nord. Est-ce que les Ontariens, eux autres, en
arrachent par rapport à nous là-dessus?
La réponse à ça, c'est non. Est-ce que... Si on écoute les gens de l'industrie,
qu'est-ce qu'ils vont vous dire? On est comme définitivement en train
d'exagérer, relativement parlant, par rapport à d'autres juridictions. C'est un
fardeau administratif additionnel pour nos PME.
Mais je comprends ce que le ministre essaie de
me dire, là. Moi, je fais juste ramener ça au fait qu'aujourd'hui, O.K., ça
coûte 2,2 milliards de plus. Puis le un pour un, là, il ne s'applique pas
de façon dollar ici. Il s'applique peut-être
en termes d'article de loi contre article de loi, mais, en termes de dollars,
on a ajouté 2,2 milliards.
Donc, quand le premier ministre dit qu'il va
être sur le dossier, il va suivre ça de proche, est-ce que vous avez eu une
commande de la part du premier ministre, à savoir : On va réduire le
fardeau administratif de nos PME en ne touchant pas à plusieurs lois ou est-ce
que... Est-ce que vous avez les coudées franches pour pouvoir vraiment faire
une... un mouvement significatif dans ce fardeau-là de
2,2 milliards de dollars?
M. Skeete : Moi, je considère que
les mouvements qu'on a faits sont significatifs, Mme la Présidente. Est-ce qu'ils sont... Est-ce qu'on a fini? Non. Le
travail pour l'allègement réglementaire, c'est un travail en continu, et on va continuer.
Puis, je rappelle, on est les premiers, les premiers à le faire. Ça fait que
moi, je ne suis pas gêné du tout du bilan
qu'on a. On est les premiers à prendre au sérieux l'allègement réglementaire.
Je pense que, dans le dossier, on est les seuls qui sont crédibles pour
le réaliser.
Alors, pour répondre au collègue, oui, le
premier ministre est un partenaire important dans ma mission de réduire le
fardeau administratif, puis j'en suis très fier.
M. Beauchemin : C'est quand même
assez surprenant d'entendre le ministre nous dire comme quoi qu'augmenter la
facture à tout le monde, là, de 2,2 milliards, là, c'est... il est fier de
ça, il est vraiment fier d'avoir augmenté la facture pour nos PME.
M. Skeete : Bien, je pourrais-tu
répondre à la question? Parce que...
M. Beauchemin : C'est parce que...
Bien, je n'ai pas fini ma question, là. Je...
M. Skeete : Non, mais vous me... Je
veux répondre parce que...
La Présidente (Mme
Mallette) : ...un à la fois, s'il vous plaît. Le député va terminer sa
question.
M. Beauchemin : Donc, je disais que
je suis quand même surpris d'entendre que le ministre trouve ça une bonne
affaire d'avoir augmenté le fardeau administratif de nos PME de 2,2 milliards
de dollars. La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante dit que
80 % des PME disent que leur fardeau a plus qu'augmenté, que c'est
insoutenable. 65 % d'entre elles estiment que ça freine directement leur
productivité. Est-ce que le ministre est au courant
que, sous son gouvernement, depuis cinq ans, il y a eu zéro gain de
productivité dans l'ensemble de l'économie?
M. Skeete : Bien, parlons-en, de la
FCEI, Mme la Présidente, qui a donné un A à notre gouvernement pour le travail qu'on
fait, pour la priorisation de l'allègement réglementaire. Moi, j'ai le goût de
parler de ça. Ça fait que, s'il veut continuer de parler de ce que la FCEI fait
puis ce qu'ils disent, on est les premiers et les seuls. Et, en matière de l'allègement réglementaire, on est exemplaires
au Canada dans le dossier. Donc, oui, Mme la Présidente, je suis fier du
A qu'on a.
La Présidente (Mme Mallette) : M. le
député.
M.
Beauchemin : Je comprends que le ministre n'est pas dans une
session de crédits, ici, obligé de répondre aux questions, même si c'est
le but ultime de l'exercice, là, mais...
M. Skeete : Ça... on me prête des
intentions, là. On va... Je réponds aux questions. Sinon, je ne serais pas ici,
crois-moi, je n'ai pas le goût d'être ici.
La Présidente (Mme Mallette) : On va
demeurer...
M. Beauchemin : Bien, je veux juste
qu'on soit clairs, là.
La Présidente (Mme Mallette) : Je
vais juste faire un rappel à la prudence. Les échanges se passaient bien
jusqu'à maintenant. M. le député, poursuivez.
M. Beauchemin : Est-ce que le
ministre est au courant, je répète ma question, qu'il y a eu zéro gain de
productivité depuis les cinq dernières années pour l'ensemble de l'économie?
M. Skeete : Je pense que cette
donnée-là, qu'il évoque souvent, a été contestée par le premier ministre
récemment. Je ne sais pas où est-ce qu'il prend sa donnée puis sur quoi il se
fie.
M. Beauchemin : Page A.6 du
budget du ministre des Finances.
M. Skeete : Je pense qu'on a répondu
à cette question-là. Je l'invite à répondre... à adresser sa question au
ministre qui a rédigé le budget. Mais on a répondu assez clairement à cette
question-là.
M. Beauchemin : Bien, en fait, non,
parce que la réalité, M. le ministre, c'est qu'il y a eu zéro gain de
productivité au Québec sous votre gouvernement depuis les cinq dernières
années. Le secteur privé a fait des gains, le secteur public a mangé ces gains-là,
à un point tel que, maintenant, net, c'est 0 %.
Ça fait que, donc, par rapport à ce que le
premier ministre souhaite, là, est-ce que... il y a-tu moyen de regarder de
quoi, là, pour faire en sorte que, justement, si on est capables de tirer vers
le haut la productivité du Québec, il y a-tu moyen de faire en sorte que le
ministre, ici, qui est en charge de l'allègement réglementaire... Je ne parle pas, là, ici, de juste couper dans le taux
d'imposition, qui pourrait être une façon d'arriver à votre fin, là, mais, au
niveau de l'allègement réglementaire, est-ce que ça fait partie de ses
priorités d'améliorer la productivité de nos entreprises?
M. Skeete : C'est sûr que la
productivité, c'est un enjeu important par rapport à l'enrichissement
collectif, et j'en parle à toutes les occasions que j'ai la chance de le faire,
Mme la Présidente, que ça soit dans les discours ou dans les rencontres que
j'ai. C'est la variable qui m'inquiète le plus, Mme la Présidente. On a réduit
notre écart de richesse, et c'est grâce à... les gains qu'on a fait en
productivité avec l'Ontario.
Par contre, le problème qu'on a, c'est que le
Canada a baissé, toutes proportions gardées, par rapport à ses pairs, et c'est
un enjeu important qu'on doit continuer de suivre.
M. Beauchemin : Est-ce que, dans
l'avenir, dans la prochaine version du projet de loi qui s'en vient, là, sur
l'allègement réglementaire du ministre ici, est-ce qu'on va avoir comme
objectif non seulement de réduire le fardeau de façon significative, mais
d'être capable de le quantifier? Comment allons-nous mesurer le succès au
niveau de l'amélioration de la productivité? Est-ce que ça, ça va devenir une
des variables qui va être incluse dans le rationnel du ministre?
M. Skeete : Bien, je dirais, Mme la
Présidente, qu'on le fait déjà, l'étude de la productivité. La preuve, c'est
qu'il vient juste de me citer une donnée dans le budget.
M.
Beauchemin : Bien, en fait, je ne vois pas aucune étude de la part du
ministère de l'Économie et de l'Innovation en ce qui a trait à l'amélioration
de la productivité de l'État.
M. Skeete : Donc,
si je comprends bien la question, on a fait des études par rapport au programme
Offensive de transformation numérique. Ça nous a permis d'établir que, dans
l'aide qu'on a donnée aux entreprises en lien avec ce programme-là, qu'il y a
une moyenne d'à peu près de 10 %, 15 % d'amélioration de la
productivité à l'interne... ou plutôt de la rentabilité de ces entreprises-là,
qui ont investi en productivité. Donc, on voit que nos démarches fonctionnent.
M.
Beauchemin : Mais comment expliquez-vous alors, M. le ministre, que la
productivité, au Québec, est nulle depuis cinq ans? Que le secteur privé en
fait? Donc, clairement, c'est le reste, là, qui gobe, là.
M. Skeete : Il
y a plusieurs réponses à cette question-là. La première, il devrait l'adresser
à la présidente du Conseil du trésor par rapport à l'efficacité de l'État. La
deuxième, je lui ai donné la donnée qu'on a investie pour des programmes de
productivité, et ceux qui l'ont fait ont vu accroître leur rentabilité. La
troisième, c'est la conjoncture économique globale. Depuis plusieurs années, il
y a eu des enjeux macroéconomiques qui font en sorte que la productivité a
chuté pour plusieurs intervenants. Donc, ce que je dirais, c'est que c'est un
phénomène global.
Moi, je vous dirais,
s'il veut vraiment fixer sur un problème, le problème qu'on a au Québec, c'est
que nos entrepreneurs n'investissent pas
assez de cash pour accroître leur productivité. Puis, des fois, ils l'ont,
l'argent, puis nous, on essaie de les inciter à le faire, mais le
problème qu'on a observé, c'est plutôt ça.
M. Beauchemin :
Mais la réalité, si je peux me
permettre, Mme la Présidente, c'est qu'il y a gain de productivité dans le secteur privé, là. Ce n'est pas ça,
l'enjeu, là. L'enjeu, c'est que le secteur public gobe tout gain de
productivité — c'est
pour ça que c'est nul — net
de l'économie dans son ensemble. C'est ça, l'enjeu, là.
Ça
fait qu'on peut blâmer les entrepreneurs qui n'en investissent pas assez pour
plusieurs raisons, mais ce n'est pas à cause de leur gain de productivité que
le gouvernement est inefficace, là. C'est la responsabilité du gouvernement
de gérer la machine pour qu'elle le soit, plus efficace.
La
Loi sur les décrets de convention collective, le ministre sait qu'on est la
seule juridiction au Canada qui a cette loi?
• (17 h 50) •
M. Skeete : Le
collègue le sait parce que je lui ai dit.
M.
Beauchemin : D'accord.
Une voix :
...
M.
Beauchemin : C'est dans les
consultations, effectivement, merci, dans les consultations que c'est sorti, et
non le ministre qui me l'a dit, là. Mais bon, ceci étant, c'est de bonne
guerre.
Est-ce
que, dans la prochaine itération, là, de votre projet de loi sur l'allègement
réglementaire, est-ce que ça, ce serait quelque chose qui pourrait, en
fait, disparaître, ce décret-là?
M. Skeete : J'ai énoncé à plusieurs reprises au collègue ma
grande ouverture à une réforme de cette disposition législative là. Et,
comme j'ai dit à sa collègue plus tôt, tantôt, et quand je l'ai dit durant les
consultations du projet de loi, quand on
fait de l'allègement réglementaire, on doit mesurer les impacts. Enlever les
décrets de convention collective aurait un impact important qui doit
être planifié et prévu.
La Présidente (Mme
Mallette) : ...le temps est écoulé. Je vais céder la parole à la
partie gouvernementale, au député de Nicolas-Bécancour. La parole est à vous.
M. Martel : Merci,
Mme la Présidente. Je me questionnais tantôt en écoutant l'échange. Tu sais,
pourquoi qu'on fait de l'économie? Pourquoi
que... Tu sais, un des objectifs, en tout cas, de mon point de vue, c'est
d'améliorer la situation des gens, c'est de faire en sorte que, si on
compare leur situation, on réussi à l'améliorer.
Puis
une des... un des critères, ce n'est pas tout, mais un des critères, c'est le
salaire, puis c'est le salaire qu'il te reste dans les poches. Puis, quand on
regarde les chiffres... puis je n'entends jamais le collègue de Marguerite-Bourgeoys mentionner ça, il mentionne d'autres choses, plus
négatives, mais, quand on regarde l'évolution du salaire disponible, c'est au Québec qu'on a eu les meilleurs résultats
depuis six ans, depuis qu'on est au pouvoir. Un autre critère — puis
je le sais, qu'il est assez féru d'économie pour comprendre ça, puis connaître
ça, puis probablement encore plus que moi — un des autres critères, c'est
le PIB. Puis, quand on regarde la croissance du PIB per capita, au Québec, on a
le meilleur score au Canada dans les six dernières années. Puis, quand on
regarde, un autre critère vraiment important, c'est l'investissement privé,
c'est comment qu'on réussit à faire investir des entreprises chez nous. Encore là,
on a un meilleur score au Canada dans les six dernières années.
Ça fait que, pour moi — je ne
sais pas, j'aimerais ça, vous entendre là-dessus — c'est un peu décevant
qu'on n'entende pas notre collègue de Marguerite-Bourgeoys parler de ces points-là très particuliers. Je ne sais pas. Qu'est-ce
que vous en pensez?
M.
Skeete : J'en ai long à dire. Voici un tableau qui parle de... les
productivités des entreprises sous la CAQ, pour
ceux qui peuvent le voir, puis sous les libéraux. On voit le petit «l» libéral,
là, ça, ça veut dire que ce n'est pas bon, puis, quand tu vois le bleu
CAQ, bien, ça veut dire que c'est bon. Puis, quand qu'on parle, ici, du pouvoir
d'achat des entreprises, 2019‑2022,
on peut voir à la table, ici, 6,5 % d'augmentation du pouvoir d'achat,
comparativement à 4,3 % du Canada.
Et ça, ça se compare... on est mieux que la France, on est mieux que l'OCDE, on
est mieux que les États-Unis en termes de pouvoir d'achat.
Quand on regarde
aussi tout ce qui est le PIB réel par habitant, même si on s'est fait inonder
d'immigrants temporaires, là, qu'on... qui
n'étaient pas nécessairement qualifiés, regardez ça ici, là, on a une
augmentation du PIB par habitant qui
a augmenté malgré la pression sur ces bas salaires là qu'il a mis sur
l'économie. La rémunération globale, hebdomadaire, nominale 2018‑2024,
une augmentation importante à ce niveau-là.
Écoutez, j'en ai
plein, des graphiques de même. Je m'amuse à les collectionner. Puis la bonne
nouvelle, c'est que, malgré le fait, là,
très réel que les Québécois ressentent que c'est difficile, puis c'est vrai,
c'est difficile pour beaucoup trop de
personnes au Québec, la réalité, là, c'est qu'on s'en sort mieux que les
autres. Imaginez si on était mal en point comme les autres.
Puis ça ne veut pas
dire que ça va très bien, parfaitement bien, puis qu'on n'a rien à faire. Ça
veut dire qu'il faut continuer nos efforts
et accroître... accroître le travail pour essayer d'avoir un impact. Puis le
ministère de l'Économie, sa job,
c'est de créer les conditions gagnantes pour être sûrs que nos entreprises
peuvent en faire plus avec moins puis d'aller plus loin et enrichir les
Québécois.
Puis le premier
ministre le dit tout le temps, là, ce n'est pas une fin en soi, mais ça, ça
veut dire qu'on est capables de payer nos
enseignantes, on est capables de payer nos infirmières, on est capables d'avoir
des vies décentes. C'est ça, le rôle du ministère de l'Économie.
M. Martel : Puis
c'est pour ça qu'on veut toujours en faire plus.
Je
veux revenir à ce que je vous mentionnais tantôt, la grande entreprise. Puis il
y a une dimension que l'oubliais aussi,
c'est... Je pensais à Sept-Îles, je pensais à Baie-Comeau, Alcoa à Baie-Comeau, Alouette à Sept-Îles. On peut-tu imaginer ces deux villes-là,
qu'elles perdent... Parce que j'ai entendu souvent le collègue de Marguerite-Bourgeoys
un peu... pas dénigrer, là, je ne veux pas... mais, tu sais, baisser les
résultats ou les bénéfices d'avoir de la grande entreprise comme ça chez nous. Est-ce qu'on peut imaginer qu'est-ce que
serait Baie-Comeau, Sept-Îles, si on perdait ces entreprises-là? Puis pas
seulement en termes d'emplois directs, puis comme je mentionnais tantôt, les
PME qui se développent alentour, mais je pense aux cégeps, je pense à
des cours qui vont se donner spécifiquement par rapport à des grandes
entreprises comme ça. Ça fait que juste vos commentaires par rapport à Sept-Îles
et Baie-Comeau...
M. Skeete : Bien,
ce serait catastrophique pour plusieurs raisons. Quand tu es un parti des
régions, tu réalises que l'occupation du
territoire devient la chose, le métrique le plus important. «Occupation du territoire»,
c'est une façon, excuse-moi, fonctionnaire de dire qu'on est capables de
bien vivre où est-ce qu'on est même si on n'est pas dans une grande ville. Ça
veut dire que les collègues qu'on a sur la Côte-Nord ont accès à des soins de
santé, l'éducation, un emploi, les
garderies, puis on peut faire bon vivre en région. Bien, ça, ça va de pair avec
des emplois de qualité, souvent de grandes entreprises, notamment celles que
vous avez évoquées, collègue. Et donc c'est pour ça que je dis : De
faire cette guerre ou de... cette exclusion mutuelle entre les pro-PME,
pro-grandes entreprises, non. Il ne faut pas voir
l'économie comme ça. Il y a un moment pour des projets de grandes entreprises,
il y a un moment pour les PME. Les deux doivent se faire. Puis je le
rappelle parce que ça vaut la peine de le répéter, 95 % de nos
interventions se font au milieu de la PME. Donc, c'est important, là, l'impact
qu'on peut avoir avec nos PME. Mais on doit ne jamais négliger l'opportunité que rapportent les grandes entreprises, notamment
en région. Et, ça, je pense que vous avez raison de le souligner. On ne peut vraiment pas, si on est vraiment sérieux à
gérer l'économie du Québec, négliger ce point-là.
M. Martel : Parlez-moi un petit peu d'Investissement Québec. Est-ce que vous prévoyez bonifier les
partenariats d'Investissement Québec auprès des PME?
M. Skeete : Bien oui. Investissement
Québec... Depuis la refonte d'Investissement Québec en 2019, on a créé un réseau avec près de
400 personnes qui sont responsables, individuellement, dans les régions,
pour le développement économique régional. Ces gens-là, chez Investissement
Québec, leur seule raison d'être, c'est d'être à l'écoute, et de suivre de près ce qui se passe avec les gens de
leur région, et de suivre les projets, et de faire les montages pour accompagner
ces entreprises-là.
La porte d'entrée,
c'est les MRC, un autre 400 personnes qui sont dans les régions, qui
accompagnent puis qui «feedent» directement
les gens d'Investissement Québec. Quand ces deux leviers-là travaillent ensemble,
c'est vraiment beau à voir. C'est
vraiment beau à voir parce qu'il y a des bons résultats. Et ça prouve que,
depuis qu'on a fait la refonte d'Investissement
Québec en 2019, on est présents sur
le territoire, on accompagne les gens et on a un focus prorégion.
M.
Martel : Merci. Merci.
La Présidente (Mme Mallette) : Merci,
M. le ministre. Je vais maintenant céder la parole au député de Marguerite-Bourgeoys
pour un petit peu plus de 14 minutes.
• (18 heures) •
M.
Beauchemin : Merci, Mme la Présidente. Premièrement, je veux
juste revenir sur une statistique, là. On parle de chiffres, puis ont dit PIB, puis les meilleurs salaires, puis tatati,
puis tatata. Le gouvernement de la CAQ a, depuis 2018, engagé
176 500 personnes de plus sur son «payroll». 60 % des emplois
nouveaux créés au Québec, là, ont été faits dans la machine. Ces
salaires-là, c'est des salaires qui sont plus élevés que la moyenne, en
général.
Ça fait que, quand on parle, là... O.K., c'est
«self-fulfilling prophecy», là, ici, là. Ça fait que c'est sûr que les salaires ont augmenté au Québec. Vous avez fait
augmenter les salaires en les engageant. Je veux dire, on... c'est comme
automatique que ça va arriver comme ça, là.
D'augmenter les dépenses de 59 %, on va avoir, à terme, augmenté la dette
de 100 milliards de dollars sous votre régime. Ça leur a pris huit
ans, à la CAQ, augmenter la dette de 100 milliards. Puis, de 1960 à
2018, là, O.K., ça a pris 60 ans, approximativement, pour faire
170 milliards de dettes.
Ça fait que, juste pour mettre les choses en
perspective, là, O.K., oui, il y a eu une amélioration du salaire moyen des Québécois, c'est certain, là, parce que
vous avez été l'employeur de choix. Puis c'est correct, je ne suis pas contre
le fait qu'on ait besoin de plus de professeurs, on a besoin de plus de
médecins, etc., c'est normal, mais on est rendus
où est-ce qu'on est rendus parce que c'est le choix que vous avez fait. Puis
là, bien, on a été décotés. Donc, on est
allés dans cette direction-là un peu trop fort, tellement qu'on s'est fait
décoter. Juste pour remettre les statistiques... parce que j'aime bien
les tableaux, là, moi aussi, là...
M. Skeete : Bien, je peux-tu
répliquer?
M. Beauchemin : Bien, je fais juste
répondre au commentaire qui avait été émis par votre collègue, là.
Moi, je veux revenir sur le fait qu'on parlait,
tout à l'heure, de la Loi sur les décrets de convention collective. Est-ce que vous étiez au courant, M. le
ministre, que c'est 12,3 millions de dollars annuels qu'on se
trouverait à économiser si on n'avait pas cette loi-là?
M. Skeete : C'est-tu moi qui t'as
donné ça aussi?
M. Beauchemin : Non.
M.
Skeete : O.K.
Écoutez, 80 % des personnes que le gouvernement du Québec a embauchées,
c'est des gens qui livrent directement des services. Moi, je dirais, si le
bilan de la Coalition avenir Québec au gouvernement, c'est d'avoir embauché, le bilan du Parti libéral avant, c'est
d'avoir coupé jusqu'à l'os la capacité du Québec d'avoir des services adéquats.
Combiné avec une pandémie, Mme la Présidente, l'opposition n'aime pas ça quand
on dit ça, là, mais je ne sais pas si
vous voulez réaliser les dollars qui sortaient par la fenêtre juste pour
s'assurer qu'on était capables d'aller chercher la base pour les Québécois dans cette pandémie, combiné, après ça, avec
une hausse inflationniste malade qui a eu un impact énorme sur les finances
publiques, la capacité de payer des Québécois, j'ajoute, après ça, une guerre tarifaire
historique. Je pense, toutes proportions
gardées, notre gouvernement a été un gouvernement qui a eu des crises, et qui a
géré les crises, et qu'on va continuer, je pense, à gérer la crise.
Ceci étant, sur les conventions collectives...
La Présidente (Mme Mallette) : Merci,
M. le ministre. M. le député.
M. Beauchemin : On va reposer la
question autrement. Mais, juste pour qu'on soit clairs, pour que tout le monde qui nous écoute actuellement à la télévision
l'entende, est-ce que, vraiment, là, quand vous me dites ça, vous êtes sincère? Parce que je pense que la qualité des
services, quand on attend comme quatre à cinq heures de plus maintenant en
moyenne dans les hôpitaux, quand il manque de profs, quand il n'y a pas de
place en garderie... Je comprends, là, que
ça a été le festival des dépenses, mais est-ce que vraiment vous pensez que les
services sont mieux livrés à la population?
En 2018, là, O.K., les services étaient mieux
livrés à la population. Il y avait moins de temps d'attente dans les hôpitaux.
Il y avait moins de profs qui manquaient. Ça fait que, là, on est rendus
ailleurs, là. On est rendus... On a moins
d'argent, on a dépensé comme des marins en cavale puis, là, on est rendus, là,
aujourd'hui, où est-ce que les services ne sont plus au rendez-vous.
Ça fait que
maintenant qu'on ne va pas répondre à la question, la question, je vais la
répéter, là : Est-ce que vous êtes au courant que c'est
12,3 milliards... 12,3 millions d'économies qu'on pourrait avoir si
on enlevait les décrets de convention collective?
M.
Skeete : Bien, je ne peux pas m'empêcher de réagir, Mme la
Présidente, parce que le collègue oublie un fait important : son
grand frère avec son équipe de Pablo, écoute, ils ont rajouté 1 million
aux personnes...
M. Beauchemin : Ça va faire, ça, là.
La Présidente (Mme Mallette) : On va
demeurer respectueux dans les propos. Je vous invite à la prudence.
M.
Skeete : ...je ne peux pas m'empêcher, Mme la Présidente.
Il appuie quelqu'un qui est responsable d'augmenter la population de
1 million au Québec en six ans. C'est sûr que ça va affecter les services,
Mme la Présidente, puis ça aussi, ça va faire.
M. Beauchemin : Donc là, on va
essayer de rester sur le sujet. Je pense que le parti au pouvoir à Québec,
c'est la Coalition avenir Québec. C'est le parti qui a voulu augmenter le
nombre de travailleurs temporaires sans vraiment les contrôler pendant plusieurs années.
Ça fait qu'on va arrêter, tout de même, là, de pointer ailleurs, là. Je veux
juste clarifier ce point-là. Vous étiez en
contrôle de ça. Vous l'avez échappé comme dans bien d'autres départements.
Ça fait qu'en tout
cas les PME, là, sont exaspérées par les délais de traitement de tout ce que...
la paperasse, le fardeau administratif qu'elles subissent actuellement, là. Il
y a eu une multiplication des règles, des permis, etc., pour faire en sorte que
nos entrepreneurs puissent aller de l'avant. Est-ce que... Pensez-vous, là...
Quand on regarde au niveau de la loi sur les conventions collectives,
pensez-vous que celle-là, là, on va pouvoir la voir disparaître dans votre
prochain projet de loi sur l'allègement réglementaire, oui ou non?
M. Skeete : Je
ne voudrais pas commettre un outrage, Mme la Présidente. Je ne peux pas
commenter ce qui va être ou pas dans un projet de loi, Mme la Présidente.
M.
Beauchemin : Est-ce que le ministre considère que, celle-là, elle est
peut-être plus facile à enlever que d'autres?
M. Skeete : Je
pense que le collègue trouve faciles des choses qui ne sont pas faciles parce
qu'il n'a jamais été sur ce côté-ci du
gouvernement. Puis mon collègue de Nicolas-Bécancour a raison de dire : Un
jour, peut-être, il va être ici puis il va constater qu'effectivement ce
n'est pas simple de faire bien atterrir les choses.
M.
Beauchemin : Je vais prendre l'exemple du timbre. Vous aviez voté en
faveur de l'élimination complète du timbre,
puis ça a pris quatre projets de loi pour en enlever un petit bout à chaque
fois, pour revenir à 90 % d'où est-ce qu'on... Vous aviez voté en
faveur. Ça fait que moi, j'essaie juste de comme vous amener à aller plus loin,
là, O.K.? Est-ce qu'on va être capables de
pouvoir voir un vrai allègement réglementaire que ce soit sur la loi qu'on
vient juste de discuter que ce soit sur le timbre? C'est quoi, la
prochaine étape?
M. Skeete : Encore une fois, Mme la Présidente, je suis obligé
de rappeler au collègue... Son gouvernement, là, le Parti libéral, a été
au pouvoir la majorité du temps dans le XXe siècle. Pendant ce temps-là,
on avait des timbres, puis c'est à l'aube
d'une élection qu'ils se voyaient perdre qu'ils ont décidé de se rallier aux
oppositions pour enlever un timbre.
Puis, quand on est arrivés au pouvoir pour regarder ce qui se passait avec ce
timbre-là, c'était juste une idée, ce n'était pas attaché, ce n'était pas
prévu. Alors, oui, on a pris le temps de bien faire les choses et faire
atterrir les choses, puis j'aurais
souhaité que ça aille plus vite, Mme la Présidente. Moi, j'entends les régions
décrier ça. Je suis à l'écoute. On a répondu présent.
La Présidente (Mme
Mallette) : M. le député.
M. Beauchemin : Si vous n'aimiez pas le
projet de loi, pourquoi avez-vous voté en faveur de ce projet de loi
n° 170?
M. Skeete : Ce
que j'ai dit, c'est qu'à l'aube d'une élection, quand on lit les sondages puis
qu'on sait qu'on va perdre, surtout en
région parce qu'on a aboli les CLD, c'est facile de dire : Oui, oui, oui,
on va l'abolir, le timbre, puis de ne pas arriver avec un plan. Moi, ce
que je dis, c'est que le temps que ça s'attache, on a pris ce temps-là, parce
qu'on l'a attaché.
M. Beauchemin :
Parce que donner des chèques
électoralistes, c'est pas mal plus «straight», c'est pas mal plus
direct, mais, en tout cas, ceci étant...
M. Skeete : Bien,
en fait, si le collègue me parle des chèques qu'on a envoyés, je me permets de
répondre, ça, c'était pour remettre de
l'argent suite à l'inflation causée par le surpayé des Québécois. Alors, s'il
est contre ça, qu'il le dise. S'il n'est pas pour le fait qu'on retourne
le trop-perçu du gouvernement aux contribuables, qu'il le dise.
La Présidente (Mme
Mallette) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Beauchemin :
Peut-être que le ministre peut
nous expliquer quelle entente il a eue avec les grands brasseurs pour
retarder l'exclusion du timbre pour les grands brasseurs?
M. Skeete : Je pense que le projet de loi est très clair en ce
sens. Les grands brasseurs sont exclus. Je ne sais pas quelle
controverse qu'il évoque.
M.
Beauchemin : Quelle entente en coulisses a-t-il eue avec les grands
brasseurs pour les...
M. Skeete : ...des
intentions, Mme la Présidente. Je pense qu'on devrait changer de sujet.
La Présidente (Mme Mallette) : Je
vous invite à la prudence. On ne porte pas de motif indigne à ses collègues,
s'il vous plaît. Poursuivez, M. le député.
M. Beauchemin : J'essaie juste de
comprendre. On a enlevé le timbre. Il reste encore un paquet de trucs, là, pour
simplifier la vie, là, des restaurateurs puis des tenanciers, mais il nous
resterait encore quelques bonnes étapes, là, pour en
arriver à l'éliminer. Comment se fait-il que c'est... C'était déjà voté.
C'était déjà accepté. La mise en place a été repoussée pour les raisons que
vous aviez déjà mentionnées, c'est-à-dire la COVID puis toutes les autres
raisons que vous avez utilisées, là. Pourquoi est-ce que vous avez décidé de ne
pas... de tout simplement faire ce que doit, faire ce que le projet de loi
n° 170 avait, le projet de loi que vous aussi, là, en campagne électorale,
vous avez voté pour?
• (18 h 10) •
M. Skeete : Encore une fois, le
projet de loi n° 170, Mme la Présidente, il n'y avait rien de fait. Les
règlements n'étaient pas écrits. La façon de procéder n'était pas claire. Le
collègue, il ne s'aide pas, là, en revenant là-dessus,
là. Nous, on a fait le travail comme il faut, par étapes, et on est arrivés où
est-ce qu'on est arrivés, où est-ce que c'est nous qui l'ont fait
ultimement.
M. Beauchemin : Bien, vous avez
refait, M. le ministre, exactement les mêmes étapes que nous, on avait faites,
puis le projet de loi n° 170 qu'ils avaient voté avait aussi une date dans
laquelle ça allait entrer en vigueur. Les étapes allaient être suivies. Là, ce
n'est pas... Comme vous l'avez dit, il y avait une expérience au Parti libéral,
là. On n'était pas nouveaux à gérer comme vous l'avez été en 2018. On était
quand même capables de faire avancer des projets
de loi avec la piste d'atterrissage ou la piste de décollage devant nous,
suivant les étapes, avec une date qui était en juillet ou juin... juin
2020, où est-ce que ça allait avoir lieu, là.
M. Skeete : Je... Écoute, Mme la
Présidente, dire : On va enlever le timbre au mois de janvier, très facile
à faire, surtout à l'aube de l'élection. Avoir fait le travail, avoir attaché
avec les règlements, avoir consulté les parties prenantes, s'assurer que c'est vraiment la chose à faire, c'est toute
une autre affaire. Donc, oui, c'est vrai, le Parti libéral était bon
pour faire des annonces sans les attacher.
M. Beauchemin : Tantôt, on parlait
de la loi n° 25 sur la protection des renseignements
personnels. Il y a évidemment eu beaucoup d'encre qui a coulé là-dessus.
Plusieurs, évidemment, pensent que le gouvernement ici exagère parce qu'on est définitivement seuls sur notre île par rapport
aux juridictions qui sont à l'extérieur du Québec, comme nos voisins en
Ontario. La FCCQ a même demandé, lors des rencontres à l'Assemblée nationale
l'automne dernier, qu'un crédit
d'impôt remboursable applicable aux investissements en cybersécurité en lien
avec la loi n° 25... Ça fait que je cite le ministre parce
que c'est vraiment vous qui avez dit ça, M. le ministre, là, tel que rapporté
dans Les Affaires : «Je me demande si des crédits d'impôt,
c'est la meilleure façon de faire dans ce cas-ci.» Là, il a eu du temps, là,
pour réfléchir. Est-ce qu'il pense que ça, c'était vraiment la meilleure
solution?
M. Skeete : Je ne suis pas sûr de
comprendre la question, Mme la Présidente.
M. Beauchemin : Bien, quelle
solution avez-vous trouvée pour aider nos entreprises qui croulent au niveau de
la paperasse, O.K., à cause de la loi n° 25? Donc,
vous aviez été cité à vous demander si les crédits d'impôt qui avaient été suggérés par la Fédération des chambres de commerce du Québec... O.K.? Donc, est-ce que... Il y a-tu quelque chose
qui a été la résultante de votre temps de réflexion là-dessus?
M. Skeete : Bien, c'est drôle que le
collègue revienne sur le projet de loi n° 25. C'est à se demander pourquoi
qu'ils ont voté pour ou pourquoi ils n'ont pas proposé des amendements si on
était si dans le champ que ça. Votre formation politique a voté pour.
M. Beauchemin : On a fait des
amendements. On a fait des amendements pour la loi n° 25,
nous autres, là.
M. Skeete : Puis on se demande
pourquoi vous avez voté pour.
M. Beauchemin : Puis là, évidemment,
ça n'a pas été...
M. Skeete : Non, mais pourquoi vous
avez voté pour? Si la loi est si bonne puis vous êtes si bons, pourquoi vous
avez voté pour le projet de loi n° 25?
M. Beauchemin : Mme la Présidente,
là, on va... On joue, là, devant la télévision, là. C'est parce que vous le
savez aussi bien que moi, que, de temps en temps, on peut faire des critiques,
on peut émettre des affaires. L'ensemble de l'oeuvre, c'est le moins mauvais truc
qui est avancé, mais, je veux dire, c'est ça qui est arrivé avec la loi n° 25. Mais là la loi n° 25, nous autres, là, on ne voulait pas que ça avance de cette façon-là.
On voulait l'alléger. Le concept, en tant que tel, avait peut-être de
l'allure, mais on est de loin supérieur à n'importe quelle autre juridiction. Mais vous, là, qu'est-ce que vous avez fait depuis
pour voir comment ce serait la meilleure façon d'aider nos PME par rapport
à ça? Parce que vous le savez, là, elles souffrent à cause de ça.
La Présidente (Mme Mallette) : En
moins de 30 secondes.
M.
Skeete : Bien, en fait, je reviens à mon point initial, Mme
la Présidente. On ne va certainement pas s'excuser d'avoir alourdi le
fardeau administratif pour protéger le français, surtout à Montréal. Et, dans
le cas de la... Dans le cas
de la loi n° 25, c'est une loi qui protège les données des
Québécois, pour laquelle le Parti libéral a voté pour. Alors, moi, je ne sais pas quoi dire au collègue. On va
continuer de faire de l'allègement réglementaire. C'est important. On y croit.
La Présidente (Mme
Mallette) : Merci, M. le ministre. Nous allons maintenant céder la
parole au député de Jean-Talon pour un peu plus de 19 minutes.
M. Paradis : Merci, Mme la Présidente. Salutations au ministre,
et à tous les membres de son équipe, et à toutes les personnes
présentes.
Je voudrais, le plus
brièvement possible, mettre en contexte les interventions puis les échanges que
j'aimerais avoir avec le ministre. C'est une question, au départ, de vision
économique. Je pense que tous les Québécois ont été à même de constater, au fil des dernières années, en fait, depuis que le
gouvernement de la CAQ est au pouvoir, qu'il y a eu une insistance
marquée sur les grands investissements avec des entreprises étrangères,
Northvolt étant le symbole le plus connu de
cette façon de faire. C'est-à-dire, on va chercher des entreprises ailleurs.
Puis le premier ministre nous l'a dit
souvent en Chambre, l'ancien ministre de l'Économie, que ça, c'était une
priorité, d'attirer des entreprises étrangères ici pour créer des
emplois payants.
Bon, on a su que,
dans la présentation qui a été faite aux entreprises étrangères, on vendait la
main-d'oeuvre bon marché du Québec, ça, c'est une autre question, alors que le
premier ministre parle d'emplois bien payés. Nous, au Parti québécois, on pense
que la stratégie gagnante pour l'avenir, c'est les PME, c'est que les
Couche-Tard et les Cascades de demain, bien, ça commence comme des petites, des
moyennes entreprises, puis c'est elles qu'il faut accompagner pour assurer l'avenir économique du Québec. C'est ça, la
fibre économique du Québec, ce sont les PME.
Actuellement, selon
les calculs, là, des dernières années, en fait, de toutes les années depuis que
votre gouvernement est au pouvoir, c'est 4 milliards qui auraient été
perdus dans le fonds de développement économique, qui est essentiellement un fonds qui a été consacré à des
investissements dans des grandes entreprises. C'est beaucoup d'argent
perdu pour une gestion axée sur le risque, et souvent avec des belles
communications, mais peu de résultats. Pendant
ce temps-là, on a coupé dans les programmes aux PME. Il y en a eu dans le
dernier budget, il y en a eu dans le budget de l'année dernière, et
c'est ça dont je voudrais parler.
La première question,
c'est... Je voudrais savoir si le ministre est toujours à l'aise avec le fait
que, pendant des années, on a fonctionné avec le pif de l'ancien ministre de
l'Économie pour les investissements. Est-ce que lui, il trouve que c'était la meilleure stratégie? Est-ce qu'il trouve que ça a
donné des bons résultats? Et est-ce que ça va être les mêmes critères pour
l'avenir, notamment pour les PME, ou on va avoir des critères plus clairs qui
vont faire comprendre aux Québécois où va l'argent et pourquoi on
l'investit dans telle entreprise plutôt que dans telle autre entreprise?
M. Skeete : Permettez-moi,
Mme la Présidente, de souhaiter la bienvenue au collègue. Content d'échanger
avec vous.
Écoutez, il y en a
beaucoup dans la question. Je ne sais pas quel bout prendre, là, mais, comme je
disais tantôt au collègue de Nicolas-Bécancour, il faut faire les deux. Je
n'adhère pas à la thèse qu'on ne doit pas investir dans les grandes entreprises et les PME. Puis je rappellerais au
collègue, en passage, que 95 % de nos interventions se sont faites
dans les PME, l'accompagnement, le financement. Donc, moi, je suis fier du
bilan qu'on a de l'aide qu'on a faite aux PME.
Le
collègue parle de coupures aux PME. En fait, on a investi, depuis 2018,
beaucoup d'argent dans l'écosystème entrepreneurial, notamment pour
aider les PME, financer des incubateurs, des accélérateurs. Donc, je... il y a
eu des réorientations, dans le contexte
économique actuel, dans le dernier budget, mais, avant ça, et surtout depuis
qu'on est là, il y a eu des investissements massifs tant pour les PME
que dans le développement de nouvelles filières, notamment la filière batterie,
qui, je dois dire, puis le collègue est ici pour le confirmer, va très bien.
M. Paradis : Bien,
en tout cas, le fonds de développement économique, essentiellement des investissements
dans la grande entreprise, exercice 2019‑2020,
1,78 milliard de pertes, l'année suivante, 474,7 millions, l'année
suivante, 194 millions, l'année suivante, 2022‑2023,
475 millions, l'année suivante, 658 millions, c'est 4 milliards
de perdus. Donc, je comprends que vous nous
parlez des investissements en nombre d'investissements dans les PME, mais, en
montant, votre gouvernement a eu une insistance marquée pour les PME...
pour les grandes entreprises étrangères, puis votre premier ministre, en fait,
le premier ministre s'en est vanté.
Bon,
vous dites qu'il n'y a pas eu de coupure, mais, l'année dernière, dans le
budget, j'aimerais vous amener là, dans les... sur les coupures de
crédits d'impôt en audiovisuel, ça fait un an que vous avez sabré dans le
programme. Le ministre a dit en Chambre : Bon, c'était caduc ou ça n'avait
pas d'impact... peu d'impact ici. Il a même allégué en Chambre que c'était de
l'argent qui s'en allait aux États-Unis. D'autres parlent d'un désastre pour
une industrie florissante, des coupes de
crédits d'impôt, un frein pour le jeu vidéo au Québec. On annonçait, par
exemple, qu'une... que Double
Negative, un fleuron de l'industrie, était désormais menacé. Moi, j'en ai
plusieurs qui sont venus me voir en me disant : C'est un désastre,
ces coupures-là.
Bon, ça fait un an
que les coupures ont eu lieu. Moi, j'aimerais savoir si vous avez fait une
analyse des conséquences de votre décision. Est-ce que vous avez des chiffres?
Est-ce que vous avez des études d'impact? Est-ce que vous avez fait un suivi de l'impact de ces mesures-là sur nos
industries, dont ici certaines dans la Capitale-Nationale, d'autres à
Montréal? Donc, est-ce que ça marche, votre coupure de crédits dans
l'audiovisuel?
M.
Skeete : Bien, avant de répondre, j'aimerais revenir sur
l'énoncé du collègue qui parlait des investissements étrangers. Tu sais, je veux juste rappeler au
collègue que, depuis la refonte d'Investissement Québec, on a vu, en 2019‑2020,
2,9 milliards
d'investissements étrangers au Québec, 2020‑2021, 3,75, 2021‑2022, 4,64 milliards. En 2023‑2024,
c'est 13 milliards d'investissements directs étrangers qu'on a eus.
Donc, moi, je n'adhère pas avec la théorie du
collègue que ces argents-là ne sont pas importants, puis ce n'est pas quelque chose qui doit être accompagné,
puis je maintiens le fait qu'on est présents pour nos PME. C'est 60 %, le
montant de l'aide qu'on donne, qui va... destinée aux PME, dans le 95 %.
C'est 60 % de l'aide qu'on donne qui aide les PME. Moi, je pense
qu'on est à la bonne place.
Pour revenir sur le crédit d'impôt, j'inviterais
le collègue peut-être à regarder, avec le ministère des Finances, voir, de leur côté, s'ils n'ont pas des données.
De notre côté, on n'a pas constaté un grand changement dans l'écosystème.
On m'en parle un peu, de cette déception-là. Un peu comme le collègue, je
pense, tout changement peut avoir un impact, mais on n'a pas noté des grands
chamboulements dans l'industrie de l'audiovisuel.
• (18 h 20) •
M. Paradis : Bien, est-ce que vous
avez... Ça, ce sont vraiment des PME québécoises, oui.
M. Skeete : Si vous voulez, je peux
essayer de vous trouver les données. Je ne les ai pas avec moi.
M.
Paradis : Et donc vous n'avez pas les données, le nombre d'emplois,
est-ce qu'il y en a qui ont été perdus, puis tout ça? Parce que ce sont
des PME, hein?
M.
Skeete : C'est le genre de choses qui... Dans le fond, ce
que vous dites : C'est des PME, je devrais l'avoir. Moi, ce que je vous
dis, c'est que, dans les données qu'on a, on n'a pas... on n'a pas constaté une
augmentation... que ce secteur-là a
été problématique plus que d'autres. Ça fait que ce qu'on voit est dans la
médiane, mais, si le collègue a des situations que je devrais vérifier,
ça me ferait plaisir de le faire.
M.
Paradis : Bon, donc, c'est une ligne de questions qu'on aura
peut-être pour le collègue aux Finances, mais, quand même, ce sont des PME dont
on parle. Donc, je vous invite, moi, M. le ministre, à vous intéresser à ça,
parce que moi, je peux vous le dire,
qu'elles sont venues me voir. Les représentants sont venus me voir. J'ai parlé
à certains d'entre eux encore il y a quelques semaines, et ils parlent d'effets
dramatiques. C'est des emplois qu'on perd, qui s'en vont aux États-Unis. C'est une industrie qui était
florissante et qui est en train maintenant de grandir aux États-Unis ou dans
d'autres pays qui ont continué avec des mesures.
Puis j'ai plusieurs coupures de presse ici, là,
qui parlent d'une industrie qui se meurt et des PME florissantes qui prenaient une place... Alors, je vous invite à
vous intéresser à cette question-là puis... parce que, tu sais, ce sont des PME
dont on parle, puis c'est peut-être les futurs géants de demain dans une
industrie... J'espère que le ministre convient que c'est une industrie
florissante puis que c'est une industrie de demain.
M.
Skeete : ...florissante, c'est une industrie de demain. Je
dirais au collègue qu'il y a une conjoncture plus grande que la
réduction du crédit d'impôt du ministre des Finances, mais, oui, ça va me faire
plaisir de regarder ça.
M.
Paradis : Bon, très bien. Alors, je comprends que vous
n'avez pas l'information, mais je pense vraiment que c'est un sujet
important.
Très bien,
parmi les autres programmes qui ont été visés cette année, il y a le programme,
donc, Accès entreprise Québec qui a été coupé, le programme Développement
économique pour l'aide à la redynamisation des territoires, programmes
Biomed Propulsion, Impulsion PME. Donc, il y a eu des coupures de budget dans
ces programmes-là, des diminutions des montants qui étaient consacrés. Ça,
c'est de l'accompagnement des PME québécoises. Donc, est-ce que...
M. Skeete : ...pas reprendre le
collègue, mais Accès entreprise Québec n'a pas été coupé.
M. Paradis : Il n'y a eu aucune
diminution de budget dans le projet... dans le programme Accès entreprise
Québec, aucune?
M. Skeete : Non, aucune.
M. Paradis : Vous avez visé quatre
programmes, dans le budget, qui étaient destinés aux PME.
M.
Skeete : Bien, en fait, Accès entreprise Québec, pour le
bénéfice du collègue, c'est un accompagnement qu'on donne aux MRC locales qui
servent à financer des ressources dans les régions.
M. Paradis : Oui, oui, tout à fait.
M. Skeete : Bon, ça, ça n'a pas
été...
M. Paradis : Ça marche bien?
M. Skeete : Ça marche très bien,
c'est pour ça qu'on ne l'a pas touché.
M.
Paradis : Les montants sont intacts dans ce projet-là... dans ce
programme-là?
M. Skeete : C'est
intact, oui.
M. Paradis : Bon,
très bien. Les trois autres, parce que vous en avez visé quatre, là, le
ministre en a identifié quatre dans son budget...
M. Skeete : Je
ne sais pas... Pouvez-vous me les répéter? Parce que j'ai figé à un...
M. Paradis : Bien, Impulsion PME, programme Biomed Propulsion,
Programme développement économique pour l'aide à la redynamisation des
territoires.
M. Skeete : O.K.,
ça, c'est DEPART?
M. Paradis : Oui.
M. Skeete : Bon, DEPART est réactivé. Ça fait que ça, c'est en
vigueur. Impulsion, il va y avoir des annonces prochainement là-dessus.
M. Paradis : Très
bien, mais est-ce que vous... Est-ce que les montants sont intacts? Est-ce que
vous avez les mêmes montants?
M. Skeete : Il n'y a pas de... Ça me surprend... La question
du collègue me surprend. Je peux vous revenir avec les montants exacts,
là.
Des voix :
...
M. Skeete :
Dans le cas de DEPART, juste pour être clair, là, il y a eu... L'année passée,
on a fait le premier tour de roue avec
DEPART. On a reçu x nombre de demandes. Dans les demandes qu'on a reçues, on
était à un certain seuil. Le montant qu'on a financé est en haut de ce
seuil-là. Donc, on ne pense pas qu'on va avoir des gens qui vont
appliquer dans DEPART qui vont être exclus parce qu'on n'a pas d'argent, là. Ça
fait qu'on est... Il y a eu une réduction dans les montants, mais on ne pense
pas que ça va avoir un impact dans le nombre de dossiers qu'on va accompagner.
Ça fait qu'excuse-moi, là, je vais clarifier la chose, là, mais ce n'est pas
une coupure, là.
M. Paradis : Bon,
bien, j'aimerais... bien, c'est ce que je veux clarifier avec le ministre,
parce que, quand on regarde le budget, il y a quatre programmes qui sont
clairement identifiés par le ministre des Finances qui touchent
l'accompagnement des entrepreneurs au sein des PME. Bon, en ce qui concerne
Accès entreprise Québec, j'ai vérifié aussi de mon côté, puis ce qu'on me dit,
c'est que, dans les crédits, on a demandé de confirmer le renouvellement et les montants, puis il n'y a pas eu de
confirmation. Donc, vous, aujourd'hui, ce que vous me confirmez, c'est que
c'est un programme qui est toujours
en vigueur et que les sommes sont au moins équivalentes dans le budget cette
année que les années... que l'année précédente. C'est ça?
M. Skeete : Les
budgets pour cette année sont confirmés.
M. Paradis : Ils
sont confirmés?
M. Skeete : Dans
le budget.
M. Paradis : Bon,
puis, pour la suite, pour les années suivantes?
M. Skeete : C'est
ça, peut-être, que le collègue entend dans les régions. Les règles du
financement du Conseil du trésor, on nous
oblige à donner de la... bien, nous oblige, elles nous forcent à ne pas aller
plus que trois ans en avance pour la prévisibilité. C'est un enjeu récurrent
dans l'écosystème entrepreneurial... que les MRC nous disent : Ce
serait bien le fun d'avoir plus de prévisibilité, que d'avoir plus que trois
ans. Dans le dernier budget, on a confirmé le montant pour cette année, mais on
n'a pas confirmé les deux prochaines années. Ce manque de prévisibilité là
inquiète le réseau, mais on est financés cette année.
M. Paradis : Donc,
je comprends que vous êtes conscient de cette préoccupation.
M. Skeete :
Absolument.
M. Paradis : Parce que, de fait, on a besoin de savoir si l'accompagnement va durer
dans le temps. Puis là il y a... l'absence
de réponse ou de confirmation a généré, donc, des inquiétudes, que vous
comprenez vous-même. Bon, très bien.
M.
Skeete : C'est la raison pour laquelle j'ai fait un discours auprès de
la FQM la semaine passée pour les avertir que j'étais un partenaire avec eux,
qu'on est satisfaits du travail, et que notre souhait, c'est de continuer, mais
je ne peux pas le confirmer en ce moment. Je n'ai pas les crédits.
M. Paradis : Bon,
sur les trois autres programmes, donc, j'ai ici un certain nombre de coupures
de presse, là, qui démontrent l'inquiétude du milieu des jeunes pousses du
milieu des PME quant à ces trois programmes-là, qui sont les trois autres dont on a parlé. Donc, moi, j'aimerais savoir,
donc, quelle information, quelle étude d'impact vous avez sur chacun de ces
programmes-là, combien tu investis, de combien vous diminuez ou de combien vous
coupez, pourquoi.
Donc, on a commencé à
parler, je pense, de DEPART, c'est ça? Donc, est-ce que vous avez... Est-ce que
vous avez des chiffres sur DEPART, tu sais,
qui fait que vous visez ce programme-là qui s'adresse... qui est un programme
apprécié des PME? Donc, est-ce que c'est un problème avec les retours par
dollar investi? C'est pour ça que vous coupez? Est-ce que le nombre
d'entreprises qui en bénéficiaient, qui en ont bénéficié, qui ont été lancées
avec ça... Combien d'interventions ont été faites, combien seront faites dans
l'avenir?
Donc,
moi, je veux comprendre votre analyse qui fait que vous avez ciblé ces
programmes-là, on va commencer par celui-là puis ensuite on va aller
dans les deux autres, parce qu'on a eu beaucoup de commentaires de la part des
entrepreneurs.
M. Skeete : Je ne comprends pas la source de ces
commentaires-là. DEPART est financé. DEPART est reparti et il y a de l'argent pour DEPART. DEPART, il n'y
a pas personne qui s'est fait refuser faute d'argent. L'année passée, on a dû fermer le programme un peu hâtivement,
mais ces demandes-là sont restées en suspens et sont donc disponibles
maintenant. Il n'y a pas eu plus de demandes que de budget. Donc, je ne
comprends pas la source d'inquiétude.
M. Paradis : Très
bien. Donc, vous confirmez que les sommes sont les mêmes. Il n'y a pas de
coupure, il n'y a pas de budget affecté.
M. Skeete : Il
y a une réduction de l'enveloppe, mais on n'a jamais excédé l'enveloppe. Ça
fait que mettons, mettons, j'ai
1 milliard, bien, si les demandes sont de 100 millions, puis je donne
100 millions, on n'est pas en coupure. On en est dans l'ajustement
du budget parce qu'on avait trop mis dans cette enveloppe-là au départ.
M. Paradis : Donc,
ce que vous me dites, c'est que le budget a été ajusté à la demande que vous
aviez.
M. Skeete : Et
voilà.
M. Paradis : Puis
il n'y a pas d'autre réduction en bas de la demande que vous aviez?
M. Skeete : On anticipe qu'on a assez d'argent dans DEPART
pour financer les projets qui vont se faire dans les régions qui sont
sujettes avec DEPART.
M. Paradis : O.K.
Impulsion PME, le programme Biomed Propulsion, même question, est-ce que vous
aviez une évaluation des retombées, les problèmes que vous visiez dans ces
programmes-là, les raisons pour lesquelles les montants sont diminués ou
coupés?
M. Skeete : Il
y a eu une réévaluation. Bien, en fait, globalement, la réponse aux questions,
c'est en lien avec la situation financière actuellement qu'on a. On nous a
demandé de faire un effort et de voir qu'est-ce qu'on pouvait faire. Notre objectif, c'était d'avoir des
programmes qui étaient financés à la hauteur des défis qu'on a dans le contexte
économique actuel. Donc, on a voulu avoir
des programmes qui étaient bien financés pour permettre la diversification
des entreprises, permettre aussi l'achat local,
mettre l'emphase sur la productivité, tous des enjeux qui nous permettent
de passer au travers la crise. Donc, quand vous cherchez une raison pour
laquelle on a réduit ou diminué, c'était pour permettre davantage de faire
cela. Dans le cas d'Impulsion, il va y une annonce bientôt. On a réduit le
budget, mais on ne pense pas que ça va avoir un impact significatif sur notre
capacité de faire la mission.
• (18 h 30) •
M. Paradis :
Bien, j'ai... Bon, je sais que je ne peux pas les montrer, mais j'ai diverses
coupures de presse ici, notamment de revues spécialisées pour les PME, qui
indiquent de véritables inquiétudes. Donc, les entrepreneurs disent : Bien, pourquoi on ne nous a pas
parlé de ça avant?, notamment les entreprises qui sont dans le programme. Et on
évoque des craintes pour la survie d'entreprises, des craintes pour les PME en
région, notamment dans les sciences de la vie. Est-ce que vous avez fait une...
Je comprends, donc, vous dites : On avait un problème dans les finances
publiques, il a fallu qu'on choisisse, on a choisi celle-là. Mais ça, ça vise
des PME, donc, pourquoi?
M. Skeete :
Ce n'était pas ça, l'analyse.
M. Paradis : Est-ce qu'on a des analyses d'impact? Est-ce qu'on a fait une évaluation avant? C'est ça, ma question.
M. Skeete : L'analyse, ce n'était pas : On règle un
problème de finances publiques. L'analyse, c'était : Est-ce que ce
programme-là est encore pertinent compte tenu que le financement est venu à
terme? Là, on réévalue les financements pour voir la
pertinence dans le contexte économique actuel. Donc, on a fait cette analyse-là
et on est arrivés avec ce résultat-là. On a fait le choix de mettre de
l'argent, plus d'argent, pour accompagner les entreprises dans la crise actuelle :
diversification des marchés, achat local et productivité. Ça fait qu'on a mis
de l'argent là. On a mis le focus là-dessus. Ça veut dire, par contre, qu'il
fallait faire des choix. Ça fait que, dans certaines enveloppes, on a réduit le
montant, comme dans le cas que vous énoncez, mais on n'a pas arrêté le
programme.
M. Paradis : Bien, c'est parce
que, là, on a des entrepreneurs des secteurs visés qui disent... Ils ont de véritables craintes, là. Pour eux, c'est des
coupures réelles, c'est des programmes auxquels ils n'ont plus accès. Puis là
j'essaie de comprendre la réponse. Vous me dites : On a pris l'argent puis
on l'a envoyé, par exemple, dans les fonds qu'on va utiliser pour gérer
les impacts de la guerre commerciale, par exemple. Est-ce que c'est ça?
M. Skeete : C'est... à
30 000 pieds, ça se résume à ça.
M. Paradis : Parce que ça,
c'est pour compenser des pertes, par ailleurs, là.
M. Skeete : Non, pas des
pertes.
M. Paradis : Donc, ce n'est pas
de l'argent qu'on met de plus pour les PME.
M. Skeete : Bien oui. Si
j'accompagne une entreprise québécoise qui fait des exportations aux États-Unis
puis je lui permets... puis je lui donne les outils pour avoir un nouveau marché
en Europe, je pense qu'on aide puis on contribue à l'essor des PME.
M. Paradis : Bon, O.K., je ne
suis pas sûr que c'est très rassurant pour les entreprises visées. Donc, ce que
vous nous dites, vous avez fait des choix. C'est légitime, mais c'est des choix
qui visent les PME, alors qu'on a parlé du fait qu'il y a encore beaucoup
d'argent, notamment pour les entreprises étrangères. Bon, faire face à la
guerre commerciale, j'ai bien regardé, moi, les crédits, j'ai bien regardé le
budget, puis j'écoute votre réponse, puis, en gros, vous nous dites : On
va continuer à faire ce qu'on a fait les dernières années, parce que c'est des
programmes déjà existants qui sont adaptés pour tenir compte de la situation
actuelle, mais, si ça fonctionnait pour la diversification, on le saurait, puis
ce qu'on sait jusqu'à maintenant, c'est que ça n'a pas eu beaucoup d'impact.
Nous, au Parti québécois, on a proposé une
véritable mesure qui peut vraiment lancer un signal important pour les PME
exportatrices, et c'est de rendre non imposables les revenus d'exportation dans
des nouveaux marchés. On dit : Si tu
vas explorer ailleurs, Asie, Amérique latine, Europe, Afrique, tes revenus vont
être non imposables. Est-ce que vous avez analysé cette solution-là plutôt que
de reproduire des programmes qui n'ont pas fait leurs preuves sur l'aide
à la diversification? Puis, ça, je pense que vous allez en convenir avec moi,
là, qu'on n'a pas les... qu'on n'a pas atteint les cibles qu'on avait... qu'on
s'était fixées.
M. Skeete : En fait, les... en fait, les économies qu'on a...
pas les économies, mais la hausse de la diversification, elle est
manifeste. On a augmenté de 12 % ou 15 %, là, j'oublie le chiffre
exact, le commerce qu'on a avec l'Europe. On
a augmenté de 34 % les échanges commerciaux entre les provinces. Donc, les
résultats sont au rendez-vous. C'est la première fois que j'entends
votre suggestion. Ça va me faire plaisir d'en discuter davantage avec vous. Je
ne suis pas au courant exactement de qu'est-ce que ça comporte, mais je peux
vous dire qu'on a fait de la... voyons, de la diversification.
Le problème, c'est que la géographie fait en sorte que c'est plus facile pour
les entrepreneurs d'aller aux États-Unis.
C'est une tendance qu'on tente de renverser.
La Présidente (Mme Mallette) : Il
reste 10 secondes.
M. Skeete : Merci.
M. Paradis : Pour vous saluer, M.
le ministre, et toute votre équipe.
M. Skeete : Merci, toujours un
plaisir, collègue.
La Présidente (Mme Mallette) :
Merci beaucoup.
Le temps
étant réputé écoulé, la commission suspend ses travaux jusqu'à
18 h 40, où elle entreprendra l'étude du volet Économie
sociale, des crédits budgétaires du portefeuille Économie, Innovation et
Énergie. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 34)
(Reprise à 18 h 40)
La
Présidente (Mme Mallette) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie
et du travail ouverte.
La commission est réunie
afin de procéder à l'étude du volet Économie sociale des crédits budgétaires du
portefeuille Économie, Innovation et Énergie
pour l'exercice financier 2025‑2026. Une enveloppe de 45 minutes a été allouée
pour l'étude des crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey) (Chomedey) est remplacée par Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce) et M. Fontecilla (Laurier-Dorion), par Mme Zaga
Mendez (Verdun).
Économie sociale
La
Présidente (Mme Mallette) : Merci. Nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les
questions et les réponses.
Je suis maintenant prête à reconnaître une
première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc
d'échange. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Discussion générale
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, ça me fait plaisir d'être ici aujourd'hui. On va lancer tout
de suite, on comprend... je pense que le
ministre et moi, nous sommes tous d'accord pour dire que l'économie sociale,
c'est... ça représente une économie, une approche hyperimportante, surtout dans
le contexte d'une guerre tarifaire où tout
ce qui est local, tout ce qui est résilience, tout ce qui est impact économique
positif mais aussi social, environnemental, c'est hyperimportant, ça
fait partie des solutions. Ça fait, que j'imagine qu'on est tous sur la même
page là-dessus.
Alors, ceci
étant, une de mes premières questions, c'est que si... On reconnaît que
l'économie sociale, ce n'est pas une économie marginale, c'est... quand même,
ça représente un... ça représente quand même 12 000 entreprises,
un 50 milliards de dollars de chiffre d'affaires, 6 % de la
main-d'oeuvre. Lorsqu'on investit, c'est quatre fois le retour sur l'investissement. En tout cas, ce n'est pas
marginal, ça fait partie des solutions, c'est une force d'innovation. Ceci
étant dit, ma première question, ça concerne les investissements, effectivement :
Le ministre, qui agit en tant que porte-parole transversal de l'économie sociale, est-ce qu'il voit son rôle pour aller
voir ses collègues en Éducation, en Santé, en Énergie, en Habitation,
Environnement, entre autres, pour justement faire valoir l'importance de
l'économie sociale?
M.
Skeete : Bien la réponse...
Puis salutations à la collègue, merci beaucoup pour la question. Puis, il est
vrai, je suis un allié indéfectible à l'économie sociale, j'y crois et
j'y mets mes tripes. D'ailleurs, je suis ravi de l'écoute que j'ai obtenue du ministre des Finances dans le
cadre de l'économie sociale. Ce n'était pas facile, mais c'est... je suis
vraiment fier qu'on ait réussi à aller chercher ces sommes-là.
Dans le contexte, la collègue, elle a raison. Le
plus gros problème de l'économie sociale, ce n'est pas que moi, je trouve ça important ou que le ministère
considère que c'est important, en fait, on est convaincus; l'enjeu, souvent, c'est cette confusion qui peut exister entre les
OBNL et les entreprises d'économie sociale et les règles de financement
qui peuvent exister entre les deux. Des fois, les entreprises d'économie
sociale ne sont pas éligibles à certains programmes,
comme ils devraient l'être, les autres ministères ne reconnaissent pas ou
comprennent mal l'impact que ces gens-là ont dans l'écosystème.
Donc, on a, dans le prochain PAGES, discuté et
mis de l'avant quelque chose qu'on va proposer plus tard, là, parce qu'il n'est
pas public encore, là, mais on parle justement de comment on peut faire pour
construire ces ponts-là avec les autres ministères.
Mme McGraw : Et justement... on va
revenir au PAGES, mais juste pour continuer sur cette ligne de questions, comment le ministre entrevoit le rôle
du gouvernement qu'il veut réellement confier à l'économie sociale pour répondre à la crise tarifaire? C'est quoi, le rôle
que le gouvernement voit, dans ce contexte-là, pour l'économie sociale?
M. Skeete : Bien, l'économie sociale
joue un très gros rôle dans l'économie, tout court. Donc, c'est manifeste, pour
moi, qu'ils ont un rôle à jouer dans l'économie, lorsqu'il y a une crise
économique ou tarifaire. Alors, ce sont des
assises importantes, c'est des alliés précieux, et, en tant qu'entreprises
d'économie sociale, elles sont éligibles à tous les programmes qu'on
peut offrir pour, justement, avoir des projets, des appels de projets ou des
bonnes idées.
Mme McGraw : O.K. Super, merci.
Aussi, vous avez parlé un peu de faire la distinction avec les OBNL et les
coopératives. Est-ce que le ministre est prêt à créer ou élargir les mesures
adaptées aux OBNL, les coopératives, mais
dans le secteur de l'économie sociale? Parce qu'il y a des OBNL qui ne sont pas
de l'ordre de l'économie sociale, mais je... dans le contexte de
l'économie sociale.
M.
Skeete : Je pense que je comprends la question. Je pense
que la collègue me demande si c'est possible de revoir les critères
d'éligibilité pour les entreprises d'économie sociale, pour les OBNL. C'est-tu
ça? Bon, c'est un problème qui est très bien
connu. Malheureusement, la solution n'est pas simple, puis on doit travailler
avec les autres collègues.
Je vais vous
donner un exemple : si un autre ministère a un programme destiné aux OBNL
et il souhaite avoir juste des
entreprises qui sont, bien, des OBNL dans les critères, une entreprise
d'économie sociale n'est pas vue comme un acteur communautaire, fait des revenus et donc
est souvent exclue d'emblée. Or, l'impact qu'ils peuvent avoir dans l'économie et dans le secteur des OBNL ou dans
les... le secteur caricature, bien... Pas caricature. C'est quoi...
qu'est-ce que...
Une voix : ...
M.
Skeete : Caritatif, pardon.
Donc, ces gens-là sont importants, comme acteurs. Le problème, c'est que cette
reconnaissance-là, qui est très bureaucratique, fait en sorte qu'il y a une
barrière. On tente actuellement de les réduire, on a la collaboration de
mes collègues dans les autres ministères pour le faire.
Mme McGraw : Juste une question plus
spécifique là-dessus pour reconnaître les... On nous rapporte que, lorsqu'on
parle d'organismes, dans le registre des entreprises, il y a une case pour
identifier comme coopérative ou OBNL, mais pas... on ne peut pas s'identifier
en tant qu'entreprise en économie sociale. Et, si je comprends bien, le résultat, c'est que l'Institut de la statistique du Québec doit appeler, vraiment appeler les entreprises, leur parler... ou les
associations qui leur présentent... comme le Chantier de l'économie sociale,
pour obtenir des listes de membres. Il me
semble que c'est... en 2025, c'est particulièrement efficace... c'est une
approche inefficace, cléricale. Donc, est-ce que le ministre envisage modifier le registraire pour permettre de
s'identifier comme une entreprise en économie sociale comme aux... à
côté, OBNL, coopérative? Parce que c'est une demande quand même de longue date.
M.
Skeete : Je connais cette demande-là et je la reçois avec
ouverture. C'est quelque chose qu'on va regarder avec sérieux. Donc, je
reçois avec ouverture la suggestion de la collègue.
Mme McGraw : Parfait. Alors, on
s'attend à avoir des bonnes nouvelles là-dessus. Ça va enlever beaucoup de
paperasse et ça va permettre aussi au Québec d'avoir un portrait plus à jour de
c'est quoi, l'économie sociale, justement pour mettre en valeur cette approche,
pas juste un secteur, mais cette approche hyperimportante qui est vraiment
innovante. Et ça fait partie de la solution.
Dans la même veine d'un portrait de l'économie
sociale, il y a un portrait statistique de l'économie sociale. Et, dans le
PAGES, on avait prévu 1 million de dollars pour réaliser le portrait
statistique de l'économie sociale. Ça, c'était en 2022. Là, on est rendus en
2025, six ans plus tard. Si je comprends bien, il n'y a toujours pas de
portrait qui est mis à jour, de l'économie sociale. Pourtant, il y a des fonds
qui ont été dépensés, on nous dit qu'il y a des fonds de... un 90 % qui ont été dépensés, mais on ne voit pas encore le
portrait qui est à jour. Est-ce que... Pourquoi ce délai? Est-ce qu'on
prévoit qu'il va y avoir un portrait à jour, statistique, de l'économie
sociale? Et quand? Quand est-ce que ça va se réaliser?
M. Skeete : On va avoir le portrait
cet été.
Mme McGraw : Cet été. Parfait. Donc,
ça, c'est impeccable. Aussi, au niveau de... Donc là, on a parlé du registre.
On aimerait aussi parler de l'offensive de transition numérique. Si je
comprends bien, c'est un volet... le volet
économie sociale est considéré comme le volet le plus performant de l'OTN, de
l'offensive de transition numérique. Mais pourtant, selon un communiqué
de 2023, on avait à cette date une enveloppe de 10 millions de
dollars, mais il n'y a pas de mise à jour dans le cadre du budget, récemment,
de 2025‑2026. Le gouvernement a annoncé... pardon, 14 millions sur trois
ans pour poursuivre l'OTN et de soutenir les entreprises dans leurs efforts
visant à accroître leur productivité. Et
c'est un... c'est une approche qui est très performante pour l'économie
sociale, pour l'OTN. Par contre, il y a une inquiétude que rien ne sera
attribué aux entreprises collectives. Donc, le 14 millions sur trois ans,
c'est pour l'ensemble des entreprises.
Est-ce qu'il va y avoir des sommes allouées aux entreprises collectives qui
sont reconnues comme étant très performantes dans l'OTN?
• (18 h 50) •
M. Skeete : On vient juste de
renouveler l'OTN. C'est un programme qui a fait ses preuves, qui fonctionne
très bien. Je parlais avec votre collègue tantôt là-dessus, on voit une
amélioration de la rentabilité pour les entreprises qui font de la
transformation numérique. Donc, c'est très important comme levier économique.
On a actuellement un projet avec le CQCM qui travaille avec nous sur,
justement, ces mêmes enjeux-là. On va voir avec le budget qui va sortir pour les prochaines étapes, voir si on va
avoir des programmes spécifiques pour le secteur de l'économie sociale.
Je ne l'exclus pas, mais on n'est pas encore rendus à un point décisionnel.
Mme McGraw : ...ne l'exclut pas, mais on ne va pas
nécessairement l'inclure. Est-ce que je comprends bien?
M. Skeete : Je reçois des couvertures, puis je vais... je ne
vois pas pourquoi ce serait exclu d'emblée. Mais on ne s'est pas encore
penchés sur cette question-là, je ne peux pas répondre dans le définitif.
Mme McGraw : Parce qu'il y a une soixantaine d'entreprises, si
je comprends bien, en attente de refinancement. Il y a 100 autres
entreprises qui doivent accélérer leur virage numérique. C'est très, très
efficace, c'est très porteur, et les
entreprises collectives cherchent d'être rassurés par le ministre qu'ils
vont... qu'ils vont effectivement... que le ministre va... que le ministère va
les soutenir dans le cadre de l'OTN. Donc, il y a une ouverture, on ne l'exclut
pas, mais on ne s'engage pas?
M. Skeete :
Il y a de l'ouverture, il y a définitivement un intérêt. Je répète
qu'actuellement le CQCM a un projet qui va
durer encore une autre année. Donc, on n'est pas encore dans un processus,
actuellement. Donc, moi, je vois d'un
bon oeil la suggestion de la collègue, mais on n'est pas rendus encore à
définir les critères pour la prochaine itération d'OTN.
Mme McGraw : Parfait. Alors, en espérant qu'on va voir d'un bon oeil d'autres
recommandations ou suggestions de la collègue de l'opposition
officielle.
J'aimerais revenir au
PAGES, effectivement, qui... effectivement, qui conclut cette année. On
comprend qu'il y a un financement, dans ce PAGES de 2020‑2025, ça a été financé
à 137 millions de dollars, mais ça a généré quatre fois plus, un
531 millions de dollars. Donc c'est très, très performant. Là, on parle
d'investissements et non de dépenses. On comprend qu'on est dans une crise du
coût de la vie, des situations historiques déficitaires. Mais il y a des
investissements puis il y a des dépenses. Ça, ce sont des investissements.
Alors, dans ce
contexte-là, il y a quand même des acteurs qui retiennent leur souffle quant à
la pérennité des financements pour
l'accompagnement. Le chantier, entre autres, a demandé qu'on indexe pour
l'inflation les sommes. On s'attendait à 160 millions de dollars,
dans ce budget. Mais est-ce que, oui ou non, le ministre va s'engager à
atteindre le 160 millions de dollars qui représente les mêmes sommes que
le 2020‑2025, mais à jour?
M. Skeete :
On va continuer de soutenir l'économie sociale, on va répondre présent pour
l'économie sociale et on va continuer de les
appuyer. Et je n'exclus même pas de rehausser le financement des pôles à
l'intérieur de ça. Mais il est trop tôt, on va attendre l'annonce du
PAGES pour la suite.
Mme McGraw :
Et à quand, l'annonce du PAGES?
M. Skeete :
Cet été.
Mme McGraw : Cet été. Donc, après le Sommet sur l'économie sociale qui aura lieu à
Montréal dans les prochaines semaines, dans deux semaines?
M. Skeete :
Oui.
Mme McGraw :
Donc, ça va être... Pourquoi pas au sommet? Il me semble que c'est le moment
impeccable.
M. Skeete :
Bien, en fait, je tiens le crayon, mais c'est l'écosystème qui écrit le PAGES.
Je n'ai pas la seule responsabilité de
déterminer quand est-ce qu'on va lancer ça. On doit attacher les fils, on doit
s'assurer que l'écosystème est prêt à le recevoir. Ce n'est pas le genre de
chose que je peux précipiter. Le plan d'action était prévu de sortir au mois de
juin. Donc, on anticipe qu'on va le sortir aux alentours du mois de juin cet
été.
Mme McGraw : Mais pas le mois de juin... on ne va pas attendre, comme d'autres
collègues, la fin de semaine de la Saint-Jean. On va être fiers de ce
qu'on va recevoir comme annonce sur le PAGES?
M. Skeete :
Moi, je pense qu'on va être fiers. Je vais vous laisser le soin de réagir
lorsque vous allez le voir.
Mme McGraw : Mais c'est... En tout cas, je souligne le fait que c'est dommage. Le
sommet qui va avoir lieu à Montréal,
c'est toute une fierté pour le Québec, et ça aurait été l'occasion en or pour
annoncer le nouveau PAGES. Déjà que l'écosystème, comme on dit, ils
attendent quand même un petit bout de temps pour ce PAGES.
M. Skeete : Bien, je veux juste clarifier quelque chose pour
la collègue. Le sommet, c'est une initiative du chantier, ce n'est pas quelque
chose qui est contrôlé par le gouvernement. Donc, ce n'est peut-être
pas possible d'arrimer nos efforts avec l'effort individuel du chantier.
Mme McGraw :
C'est dommage, mais on va attendre jusqu'en juin et on espère qu'on va avoir
des bonnes nouvelles. Et la demande, c'est
un 160 millions de dollars qui est indexé à l'inflation, ces cinq
dernières années, depuis le PAGES 2020‑2025. Donc, comme minimum,
compte tenu que c'est quand même, comme je le dis... c'est des investissements
et non des dépenses, c'est très... c'est très efficace.
La Présidente (Mme Mallette) : Merci.
C'est tout le temps que nous avions pour ce premier bloc. Je vais maintenant
céder la parole à la députée de Verdun.
Mme Zaga
Mendez : Merci, Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre et toutes
les équipes qui travaillent sur l'économie
sociale. Je prends la balle au bond pour parler du Sommet sur l'économie
sociale, qui va avoir lieu, vous le savez, les 14 et 15 mai prochains. Des
acteurs de l'économie sociale qui représentent une grande part de notre
économie, là, je ne vais pas répéter les
chiffres, vont proposer des grands projets et des grandes ambitions pour bâtir
une économie plus juste qui travaille pour les Québécois et Québécoises.
Lorsque
le premier ministre a parlé d'une grande corvée économique, devant la menace
des tarifs de Trump, il n'a pas mentionné l'économie sociale, pas une seule
fois, dans cette corvée. Alors, ma question, c'est de savoir : Vous, M. le ministre, ainsi que le gouvernement,
c'est quoi, vos intentions? Avez-vous l'intention de... Qu'est-ce que vous
avez l'intention de faire pour appuyer concrètement les propositions qui vont
être faites lors du sommet?
M. Skeete : Bien,
je vais y être puis je vais écouter avec attention. Les membres de l'équipe du
ministère vont y être également. Je vais... Moi, je ne suis pas là pour dire à
quoi... quoi va sortir de là. Moi, je suis à l'écoute de l'écosystème puis je
suis au service de l'écosystème. Ça fait que j'ai très hâte d'entendre ce
qu'ils vont dire.
Mme Zaga Mendez : Donc, bien, je sens comme
une ouverture, pas seulement d'entendre, mais là, une fois qu'on l'a
entendu, c'est de passer à l'action. Il y a, bien sûr, le PAGES, mais...
M. Skeete : Oui, mais la réalité, collègue, de l'économie
sociale, c'est qu'on se donne dans la loi un programme, un plan d'action gouvernemental aux cinq ans pour
s'assurer que l'écosystème est écouté. Tous les acteurs de l'économie sociale
participent à la construction du PAGES, le plan d'action gouvernemental. Donc,
je vais écouter avec intérêt ce qui se dit
au sommet, mais le véhicule de... les acteurs, incluant le gouvernement, dans
ça, c'est l'exercice du PAGES qu'on a
effectué ensemble. Et, je vous rappelle, ça fait un an qu'on travaille à
coconstruire ensemble le projet PAGES. Donc, le sommet va être certes
intéressant, mais le véhicule privilégié par le gouvernement, c'est celui qui
est prévu dans la loi, le PAGES.
Mme Zaga
Mendez : J'entends. Vous avez répondu une partie d'une question, tout
à l'heure, concernant les pôles en économie
sociale. Quand on parle d'économie sociale, c'est tout l'écosystème, l'accompagnement,
en termes de... le rôle dans la
résilience territoriale pour renforcer la capacité à répondre aux besoins
locaux. Les pôles demandent... sont sous-financés depuis plus de
10 ans. Ce qu'ils demandent, c'est un plan de rattrapage structurel. Vous avez
dit, tout à l'heure, qu'il pourrait y avoir
une bonification, mais ce qu'ils demandent, c'est un plan de rattrapage
structurel. Est-ce que ce plan va se trouver dans le nouveau PAGES.
M. Skeete : Bien,
je ne vais pas dévoiler ce qu'on va retrouver dans le prochain PAGES, ici
aujourd'hui, il n'est pas prêt à être annoncé.
Mme Zaga
Mendez : Bien, est-ce qu'il y a une intention d'augmenter les montants
qui sont destinés aux pôles d'économie sociale?
M. Skeete : Je
ne peux pas commenter le plan d'action tel quel, il n'est pas encore lancé. Je
n'exclus pas augmenter le budget des pôles, mais je ne peux pas confirmer rien.
Mme Zaga
Mendez : Un enjeu qui nous a été mentionné en rencontrant les
différents pôles d'économie sociale qui travaillent dans plusieurs régions,
c'est le fait de garder des ententes régionales avec les 22 pôles, plutôt
qu'avoir une seule entente. J'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Skeete : Nous,
on a fait le choix qu'il serait mieux, avec les équipes du ministère, de gérer
l'écosystème, de travailler avec
l'écosystème, que de gérer des ententes sectorielles. Beaucoup d'énergie du
ministère était utilisée à gérer les ententes sectorielles. On préfère,
nous, avoir une entente sectorielle avec le chantier et de leur laisser le soin
de gérer les ententes sectorielles des 22 pôles.
Ça ne veut dire en
rien, zéro, que les pôles vont perdre leur autonomie, vont être redevables au
chantier. Il n'y a rien de ça. C'est un
outil qui va nous permettre de déployer les ressources du ministère
adéquatement pour être au service de l'économie sociale directement et
pas de gérer des conventions. Donc, c'est un changement administratif, qu'on a fait. Il y a eu certaines réactions des
pôles, mais moi, je tiens à vous rassurer, l'objectif, ce n'est pas du tout de
s'éloigner, c'est de se rapprocher des pôles
et de leur donner un véhicule, de se donner un véhicule unique pour interagir avec
eux.
• (19 heures) •
Mme Zaga
Mendez : Bien, la crainte, en laissant de côté ces 22... Parce que ces
22 ententes régionales, c'est le lien direct avec le gouvernement, puis
aussi les aspects qui sont spécifiques à chaque région et qui permettent de garder ces pôles-là vivants et déployer
l'accompagnement. Donc, est-ce que... Parce que, vous le dites, vous avez
changé... Je les ai rencontrés, les pôles, ils nous disent : C'est
au-delà d'un changement administratif, ça va changer la façon comment on travaille, ça va changer les liens avec
le gouvernement. Eux... pour eux, pour tous les acteurs de l'économie
sociale, c'est la même position que le chantier, que le statu quo permet de
déployer un accompagnement.
M. Skeete : Moi,
je peux juste rassurer la collègue, l'intention n'est pas là. L'intention,
c'est vraiment de libérer les agents du
ministère pour qu'ils soient au service direct des pôles. Moi, je considère que
c'est un changement administratif. Certaines personnes n'aiment pas que
ça va se faire comme ça, mais la Loi de l'économie sociale nous donne comme
interlocuteur le chantier, je trouve que c'est normal qu'il nous aide à gérer
ces ententes-là. Mais ça... d'aucune façon, l'intention, ce n'est de nous
éloigner du terrain et de ces gens-là qui font un travail extraordinaire.
Mme Zaga Mendez : Je
ne partage pas la même vision que le ministre. Je vais continuer à cause du
temps qu'il nous reste. Quand on parle
d'économie sociale, on parle d'innovation sociale également. Donc, j'aimerais
ça entendre le ministre pour voir
comment il voit le rôle et quelle part du financement qui est dédié à
l'innovation est spécifiquement réservée à l'innovation sociale et à
l'expérimentation de nouveaux modèles collectifs sur le terrain.
M. Skeete : Bien, c'est drôle que
vous posiez cette question-là, lors de ma préparation, on en discutait d'ailleurs. Puis moi, je rêve grand pour
l'innovation sociale. Jamais notre société n'a eu besoin d'innovation sociale
comme on en a besoin actuellement. Ça
fait que, moi, je m'attends à ce que ces gens-là nous aident et qu'ils nous
proposent des choses. Et il y a du financement qui va être dédié pour
l'innovation sociale. On va continuer de financer l'innovation sociale. Et j'ai
très hâte de voir les suggestions, pour les enjeux de société qu'on a, qu'ils
peuvent nous apporter.
Mme Zaga
Mendez : Bien, je pense que, sur une chose, on est
d'accord, c'est que l'innovation sociale naît quand on a des besoins criants
sur le terrain. C'est là où ces idées émergent, puis ça se fait beaucoup par la
collectivité.
Une façon de le faire, c'est par le transfert
des entreprises ou l'acquisition des entreprises. Par exemple, on voit les transferts d'entreprises qui augmentent
au Québec. Entre 2015 et 2021, ce sont 25 milliards de dollars d'actifs
qui ont été transférés chaque année en moyenne. Environ 80 % des sociétés
touchées sont des petites entreprises qui comptent moins de 10 employés.
Alors, comment vous voyez votre rôle et comment
le gouvernement peut envisager de soutenir les transferts d'entreprises et les transformer dans des
entreprises d'économie sociale et collective? Et c'est des exemples d'innovation
sociale qui viennent soutenir et garder des emplois là où est-ce qu'on a une
fragilité sur le terrain.
M.
Skeete : Bien, je suis d'accord à 100 % avec la
collègue. Moi, l'économie sociale est en partie une réponse du transfert
d'entreprises ou du repreneuriat qui doit avoir lieu dans les régions. Il y a
des belles... des beaux exemples en région d'entreprises qui normalement
fermeraient, mais, parce que les travailleurs, les employés décident de faire
une coop, on sauve l'entreprise. Il y en a une que j'ai en tête, c'est une
centaine d'employés qui ont acheté puis qui sont
devenus actionnaires dans une coop. Moi, je pense que c'est un modèle qui est
sous-utilisé, notamment en région, pour sauver des entreprises
importantes et stratégiques dans les régions, donc je suis très d'accord avec
la collègue. C'est un modèle qu'on soutient,
et, dans toutes les actions qu'on fait sur le repreneuriat et dans
l'entrepreneurship, on... je fais la promotion, on fait la promotion de
ce modèle-là.
Mme Zaga
Mendez : Puis, dans les actions de repreneuriat, est-ce
qu'on a des subventions spécifiques pour la reprise d'entreprises par
des collectivités?
M. Skeete : C'est un modèle qui est
appuyé comme les autres. C'est un modèle, c'est une solution, c'est un outil, l'économie sociale. C'est donc le bon outil
pour la bonne situation. Des fois, le repreneuriat traditionnel est nécessaire,
des fois, c'est du repreneuriat collectif, mais l'important, c'est de
l'avoir dans ton gabarit d'outils.
Mme Zaga
Mendez : Oui, mais tout à l'heure... puis je ne vais pas
répéter les arguments, on voit les difficultés pour aller chercher le... du
financement par ces OBNL collectives, par ces OBNL sociales. Donc, quand vous
dites que vous les encouragez comme les autres, est-ce que, dans le PAGES ou
dans les mesures à venir, il peut y avoir quelque chose de spécifique,
comme dans les exemples régionaux, pour ça?
M. Skeete : Il ne faut pas...
La Présidente (Mme Mallette) :
En
10 secondes.
M.
Skeete : ...il ne faut pas confondre l'aide qu'on donne à
un OBNL versus les entreprises d'économie sociale, parce que, dans ce cas-ci, ils sont éligibles au
financement chez Investissement Québec, et autres. Donc, ça ne se compare pas.
La Présidente (Mme Mallette) : Merci,
M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce
pour un peu plus de 13 minutes.
Mme McGraw : Merci, Mme la
Présidente. Alors, j'écoute le ministre, puis c'est clair qu'il a une vision
pour l'économie sociale, mais il faut que ça se traduise, cette vision, dans le
concret. Alors, allons dans le concret.
Je retourne sur les bilans des mesures du PAGES 2020‑2025.
Alors, il y a des mesures qui ont été, bon, coupées, effectivement, puis on va
aller dans le détail. Par exemple, le budget de 2024‑2025, c'était de 125...
pardon, 124 millions de dollars, mais on avait prévu le fameux
137 millions de dollars, mais on est rendu dans le 124. Et ça m'inquiète parce que, lorsqu'on demande une
bonification jusqu'à 160 pour la... par année, 160 millions pour les prochaines
années, ça inquiète parce que, là, ça va dans la mauvaise direction, récemment,
avec le 124.
Alors, là-dedans, il y a des mesures qui ont vu
des dépenses équivalentes à des coupures de 30 % à 50 % qui sont projetées. Par exemple, mesure 2, je ne
vais pas nommer tous les types, mais mesure 2, qui sont des projets
pilotes d'émergence d'entreprises d'économie sociale et d'aide technique
aux OBNL en économie sociale, ça, c'est les pôles d'économie sociale et coopérative, justement, du développement régional,
M. le ministre, là, il y a seulement 2,8 millions qui
ont été dépensés, c'est... soit 68 % de ce qui a été prévu. Donc, ça,
c'est une première mesure qui a été sous-dépensée. Est-ce qu'on a une
réponse à cette question?
M. Skeete : Bien,
je répondrais à la collègue qu'on n'a jamais retiré de l'argent. Tu sais, dans
les projets qu'elle a énoncés, il y a des bonnes raisons pour lesquelles ces
argents-là n'étaient pas dépensés, que ce soit une pénurie de main-d'oeuvre ou
manque de partenaires, etc. On n'a jamais retiré l'argent, on attendait que les
projets se concrétisent par le réseau.
Mme McGraw : Donc,
l'argent est encore là, il faut le... lorsqu'on va répondre aux lacunes, on va
pouvoir débourser. Est-ce qu'on s'engage à...
M. Skeete : Je
veux juste être clair, c'est les projets qui sont montés par les partenaires,
ce n'est pas à moi de corriger les lacunes, mais on est définitivement là pour
les accompagner.
Mme McGraw : Est-ce
que ça va être projet dans le... pardon, prolongé dans le PAGES, si ce n'est
pas dépensé, on va le reporter, effectivement?
M. Skeete : Je
ne veux pas trop parler du PAGES qu'on va annoncer prochainement.
Mme McGraw : Une
autre mesure, juste pour souligner, mesure n° 5,
l'accompagnement technique spécialiste, c'est INNOGEC régulier. Dans le cas de
la caisse, seulement 1,1 million, soit 55 % du 2 millions prévus
ont été décaissés, surtout en nous
expliquant c'est quoi, la différence avec le INNOGEC Relance. Donc, encore une
fois, pourquoi on sous-dépense dans ce...
M. Skeete : Il
n'y avait pas de partenaire à l'extérieur de Montréal, donc ce n'est pas parce
que l'argent n'était pas disponible, c'est qu'ils n'ont pas réussi à trouver
des partenaires dans le programme. C'est dommage parce que c'est une bonne
idée.
Mme McGraw : O.K. Une autre mesure, dans le cadre de la
mesure 10, c'est-à-dire la formation des préposés des entreprises
d'économie sociale en aide à domicile, seulement 2,77 millions ont été
dépensés. C'est 59 % de ce qui est... du 4,7 millions qui a été
prévu. Puis on est d'accord pour dire que dans le domaine, justement, dans le domaine
des soins à domicile, c'est hyperimportant.
J'aurai d'autres questions là-dessus, mais pourquoi... comment on explique
cette... le fait qu'on a juste dépensé un 60 %?
M. Skeete : Ça,
ça me brise le coeur, parce que vous avez raison, c'est une priorité
gouvernementale. Puis la raison, elle est
simple, il y a une pénurie de main-d'oeuvre. À cause de la pénurie de
main-d'oeuvre, on n'a pas eu assez de personnes qui se sont montrées
intéressées, donc on n'a pas réussi à atteindre l'objectif.
Mme McGraw : Est-ce
qu'il y a un autre aspect peut-être de formation aussi? Parce que, si je
comprends bien, depuis 2016, le Réseau de coopération des EESAD, c'est-à-dire
en soutien à domicile, ça... on a formé près de 3 500 aides à domicile soutenant des dizaines de milliers
d'aînés vulnérables à travers le Québec. Et, sans ce financement, la
moitié des travailleurs, de ces travailleurs n'auraient pas été formés. Alors,
c'est une question de formation aussi. Est-ce que c'est juste pénurie ou une
question de formation aussi?
M. Skeete : Question
de pénurie.
Mme McGraw : De
pénurie. Bon, bien là, ça s'annonce mal, parce qu'on sait très bien que d'ici
2050 un Québécois sur quatre aura
65 ans ou plus. Le besoin en soins à domicile va seulement croître,
surtout dans les régions éloignées,
mais les délais de renouvellement de la formation pour le 2025‑2027
nuisent à la prévisibilité et compromettent la qualité des services offerts.
C'est ce que nous disent les groupes. Comment répond le ministre à ces groupes
qui...
M. Skeete : La pénurie de main-d'oeuvre demeure un défi
notamment dans le secteur de la santé. Le collègue de Pontiac nous le
rappelle souvent.
Mme McGraw : Mais
ils parlent plutôt de la prévisibilité. C'est qu'ils ont... ils ont les
ressources, ils ont les ressources humaines, mais ils n'ont pas le financement
de... qui est prévisible, si je comprends bien.
M. Skeete : Le
financement est disponible, c'est la pénurie de main-d'oeuvre qu'il y a.
Mme McGraw : Alors,
les EESAD, c'est-à-dire l'économie sociale, les soins à domicile, emploient
plus de 9 000 personnes, puis ça joue un rôle essentiel pour
désengorger notre système de santé fragilisé. Là, ce qu'ils nous rapportent, c'est une coupure dans le financement,
puis ils trouvent que c'est affaiblir. Mais le ministre... le ministre nous
confirme qu'il n'y a aucun... aucune coupure dans le financement ni
présentement ni prévue.
M. Skeete : Il
faut faire la distinction entre le financement de la formation, qui est de
notre ressort, puis les salaires qui ne sont pas de notre ressort.
• (19 h 10) •
Mme McGraw : Actuellement, les
délais de renouvellement — là,
on parle... on revient à la formation, c'était l'exercice 2025‑2027 — empêchent,
encore une fois, c'est ce qu'on nous rapporte, d'avoir cette prévisibilité, et ça crée une interruption depuis le
1er avril, donc c'est très récent. Il n'y a donc plus d'aide à domicile qui
serait formée, qui se fait... qui se fait former actuellement pour
répondre à la demande. Quand est-ce que les formations vont redémarrer? Parce que, si je comprends bien, il y
a des gens qui veulent être formés, qui sont prêts à être formés, mais le
financement pour former ces gens-là... il y a un manque de financement. C'est
ce qu'on me rapporte.
M.
Skeete : Je n'ai pas d'explication. Le PAGES va être
financé sur cinq ans. Et il y a de l'argent de disponible. Il n'y a
aucune raison pour l'énoncer de la collègue. Je ne sais pas pourquoi qu'ils
pensent ça.
Mme McGraw : Parce qu'on... si je
comprends bien, parce qu'on a... on attend le prochain PAGES en juin, il y a
comme une pause, et ça a un impact sur le terrain, justement, c'est ce qu'on
nous rapporte.
M. Skeete : Il n'y a pas de lien
entre le vieux PAGES et le nouveau PAGES. Le vieux PAGES continue jusqu'à tant
qu'on ait un nouveau PAGES. Et donc l'argent disponible pour la formation est
encore là.
Mme McGraw : En tout cas, la
question qu'on nous suggère, c'est justement : Est-ce que le ministre peut
s'engager pour assurer que le financement du programme de formation des aides à
domicile, dans son intégralité et à la hauteur des besoins, va être respecté? C'est
la question.
M. Skeete : Demande à Benoit de
m'appeler, on va l'aider à comprendre.
Mme McGraw : Mais on vous pose, au
nom des Québécois, publiquement.
M. Skeete : Bien, en fait, c'est...
ma réponse ne changera pas, l'argent est là. S'il y a quelque chose qu'ils
n'ont pas compris, qu'ils nous appellent, on va l'expliquer.
Mme
McGraw : Est-ce que ça va être financé dans le prochain...
à la hauteur des attentes puis des besoins dans le prochain PAGES?
M. Skeete : On n'a jamais refusé
quelqu'un pour la formation. L'argent est disponible. Je ne sais pas quoi vous
dire de plus, collègue.
Mme McGraw : Donc, pour le programme
de formation des aides à domicile, ça va être financé dans le prochain PAGES à
la hauteur des attentes et des besoins.
M.
Skeete : On va continuer d'être là comme on l'a été.
L'argent est disponible pour la formation au ministère de l'Économie.
Mme
McGraw : Alors, c'est encourageant pour ce groupe-là qui
répondent à des besoins majeurs et croissants sur le terrain au... sur
l'ensemble du Québec.
M. Skeete : Si vous êtes encouragée,
je suis encouragé, collègue.
Mme McGraw : Mais... O.K. Donc, les
groupes devraient être encouragés et s'attendre qu'il va y avoir ce financement
dans le prochain PAGES.
M. Skeete : Mais là vous me dites
qu'ils sont inquiets.
Mme McGraw : Oui.
M. Skeete : J'imagine qu'ils vont
être encouragés. Mais je ne sais pas pourquoi qu'ils sont inquiets, ça fait que
je ne peux pas présumer qu'ils vont être encouragés.
Mme McGraw : Bien, j'essaie
d'expliquer leurs inquiétudes face aux préoccupations concernant le financement
du programme de formation. Il y a des lacunes, il y a des pauses, et ça a un
impact sur le terrain. Ça fait que c'est ça qu'on nous rapporte.
M. Skeete : La chose à retenir,
collègue, c'est qu'on a été présent financièrement. S'il y a eu des enjeux,
c'est pour des contraintes qui sont hors de notre contrôle et qui répondent...
qui ne sont pas en lien avec notre niveau de désir de participer.
Mme
McGraw : Merci. Alors, je voudrais revenir, le ministre a reconnu au
tout début que, justement, il y a une... il faut reconnaître le rôle essentiel
des entreprises collectives, de l'économie sociale. Il y a des OBNL, il y a des coopératives, et ce n'est pas la même chose.
Et par contre, si on comprend bien, les... beaucoup d'entreprises sociales
sont privées, privées de crédits d'impôt.
Donc, il y a des crédits d'impôt qui vont aller... Ce qu'on réclame,
effectivement, c'est des mesures adaptées parce qu'au sein des
entreprises collectives il y a des OBNL, il y a des coopératives qui n'ont pas accès aux crédits d'impôt parce qu'ils
ne paient pas des taxes, ils n'ont pas d'impôt sur le revenu, donc ils n'ont
pas accès à ces crédits. Est-ce qu'on... Est-ce que le ministre envisage des
mesures adaptées pour favoriser ces entreprises collectives?
M. Skeete : Ces entreprises-là ne paient pas d'impôt, et donc
on ne peut pas faire des crédits d'impôt. Je pense que l'avantage qu'ils
ont, c'est qu'ils ne paient pas d'impôt.
Mme McGraw :
Mais quand même, ils investissent... comme, par exemple, on va dire
Renaissance, par exemple, ils font des
investissements de millions de dollars dans, par exemple, la revalorisation des
textiles, par le défibrage. R2 Énergie
travaille en reconditionnement des vélos à assistance électrique. Ils investissent
dans les minéraux critiques, stratégiques, c'est-à-dire le
reconditionnement, les batteries au lithium, Groupe Coderr... Donc, il y a
beaucoup d'investissements et de retombées pas juste économiques, mais sociales
et environnementales. Donc, il y a quand même un investissement, il y a quand
même une contribution majeure, nette, positive pour la société. Est-ce qu'on
reconnaît... Et justement on ne paie pas des impôts, mais on a beaucoup
d'autres contributions à la société, puis à l'économie, puis à l'environnement.
Donc, ce serait ça pour reconnaître, justement, ce rôle précieux de l'économie
sociale au sein de l'économie québécoise, avec des mesures adaptées.
M. Skeete : Bien,
en fait, le véhicule pour aider les entreprises d'économie sociale, ça ne peut
pas être les crédits d'impôt, puisqu'ils ne paient pas d'impôt, puis ils sont
éligibles à toutes les aides qu'on donne aux entreprises de manière générale.
C'est sûr qu'il y a des... il y a des irritants, là, qu'on ne réussit pas...
notamment, quand ils ne sont pas considérés
comme des OBNL, mais dans l'économie, dans les enjeux que nous, on contrôle au
ministère, l'aide gouvernementale, les programmes gouvernementaux, ils
sont éligibles dans les programmes normal d'entreprises. Donc, ils ont
l'avantage puis pas trop de désavantages, là.
La Présidente (Mme
Mallette) : ...Mme la députée.
Mme McGraw : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Donc, est-ce que le ministre pourrait envisager des
alternatives qui sont appropriées aux entreprises sociales et aussi leur aider
à mettre... de se mettre à l'échelle? Parce qu'on comprend, on est d'accord, je
pense que le ministre, il l'a très bien dit, c'est des entreprises
innovateurs... innovatrices, je devrais dire, ça fait partie de la solution.
Est-ce qu'on a des mécanismes qui pourraient être adaptés, favorisés puis les
mettre à l'échelle pour avoir plus de Renaissance, par exemple, au Québec?
M. Skeete : Bien,
oui, on pourrait toujours être mieux. Moi, j'attends... j'attends de recevoir
de l'écosystème ces suggestions-là. Tu sais, on est très près des entreprises
d'économie sociale, on les consulte souvent, elles sont... on est toujours avec eux, si elles ont des
suggestions, puis on va s'en venir bientôt avec un projet de loi pour
moderniser la Loi sur les coops. Ça fait qu'on leur parle très souvent, ça fait
que, s'il y a des enjeux particuliers sur lesquels on peut les aider et
qu'ils nous arrivent avec ces suggestions-là, ça va me faire plaisir. Mais
honnêtement, dans toutes mes consultations que j'ai eues avec l'économie
sociale, il n'y a pas personne qui m'a parlé de crédit d'impôt ou de mesure fiscale, on me parle de l'enjeu que certaines
entreprises d'économie sociale vont avoir à recevoir des subventions en
tant qu'OBNL, mais on me parle très peu de crédit d'impôt et des affaires
d'affaires parce que, normalement, ce qui a trait, le ministère de l'Économie,
elles sont traitées comme des entreprises, à toutes fins pratiques.
Mme McGraw : ...mais
je respecte la réponse du ministre. Là, le ministre, il a parlé d'un projet de
loi sur les coopératives, est-ce que... à quand on s'attend à ce projet de loi?
M. Skeete : Bientôt.
Avant l'été. Avant l'été.
Mme McGraw : Ah!
donc, cette session, bien, super. Je pense que c'est tout le temps qu'il me
reste. Merci, M. le ministre. Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Mallette) :
Merci. Je cède maintenant la parole à la partie gouvernementale, à la députée
d'Anjou—Louis-Riel.
La parole est à vous.
Mme Boivin Roy : Merci, Mme la Présidente.
Alors, je pense, M. le ministre, on peut s'entendre aujourd'hui que l'économie
sociale occupe une place essentielle dans le tissu économique québécois, je
pense que les collègues de l'opposition le reconnaîtront également, une approche
qui est fondée sur la solidarité, l'ancrage local, la démocratie économique
et la réponse directe aux besoins des organismes et des communautés. Alors, que
ce soit à travers les coopératives, les OBNL
à vocation économique ou des entreprises collectives, c'est un secteur qui
contribue activement à la création d'emplois durables, à la
revitalisation des régions et à l'innovation sociale, comme notre collègue de Notre-Dame-de-Grâce
en a parlé tout à l'heure.
Alors, M. le ministre,
dans vos réponses à nos collègues, également la collègue de Verdun, vous nous
avez parlé du plan d'action sur cinq ans, où l'écosystème est écouté,
l'exercice du PAGES ensemble, donc le véhicule qui est privilégié par le
gouvernement, votre présence dans quelques jours, le 14 et le 15, au Sommet sur
l'économie sociale, alors, j'imagine qu'on
s'y retrouvera avec les collègues, et vous nous dites que vous rêvez grand pour
l'économie sociale. Je pense que vous en avez... vous en avez donné des
exemples aujourd'hui.
La collègue de
Verdun nous parlait des 22 pôles régionaux d'économie sociale. Est-ce
qu'il y a eu des bonifications des services d'accompagnement offerts par
les pôles?
• (19 h 20) •
M. Skeete : Les pôles font un
travail extraordinaire. Puis on apprécie beaucoup nos partenaires, le CQCM, le
chantier, mais les pôles, là, dans les régions, là, moi, j'ai un préjugé
favorable pour tout ce qui est décentralisé vers les régions. Ma posture de départ, c'est toujours : Qu'est-ce que
je peux faire pour donner quelque chose aux régions? Parce que ce n'est pas vrai qu'on connaît toutes
les réponses à Québec, à Montréal, de tous les problèmes qui peuvent
exister sur le terrain. Et les pôles, bien, c'est une autre représentation de
cette force-là, vive, qu'on a dans les régions. Et ils font un travail, ma foi... vraiment le fun de les voir aller.
C'est des gens qui connaissent le monde, qui connaissent leur monde, qui connaissent leur environnement et
qui proposent des solutions innovantes à des problèmes contemporains
réels dans leurs régions.
L'économie sociale, c'est pour moi un vecteur de
développement économique alternatif, mais aussi évident. Parce que c'est normal d'avoir de l'économie
sociale puis ce n'est pas normal de ne pas en avoir. Puis on est un pionnier
au Québec pour l'économie sociale. Puis on ne réalise pas à quel point
l'économie sociale peut devenir une solution à beaucoup de nos problèmes.
Je vais vous
donner un exemple. J'en ai parlé tantôt avec les coops, là, mais imagine une
entreprise qui va fermer en région parce qu'il n'y a pas
d'investissement, parce qu'il y a quelqu'un, à quelque part, qui n'a pas le
goût de mettre l'argent dans cette entreprise-là. Bien, les employés, eux
autres, ils peuvent racheter l'entreprise puis fonder une coop, une coop de gestion ou même une coop d'employés. Tous les
employés deviennent membres, puis on gère ça, puis on se partage les ristournes, puis on garde en vie une entreprise
en région. Moi, j'y vois une opportunité vraiment importante pour le
repreneuriat, mais aussi la survie de certaines entreprises, notamment en
région.
Une autre formule qu'on pense, qu'on sous-estime
beaucoup dans l'économie sociale, c'est l'impact que ça peut avoir dans la
jeunesse. Il y a beaucoup de jeunes aujourd'hui qui voudraient entreprendre ou
qui ne pensent pas entreprendre parce qu'ils ne se voient pas dans le modèle
économique traditionnel. Ils se disent : Moi, là, fonder une entreprise,
faire des profits, ça me tente moins, j'ai plus le goût d'avoir une entreprise
collective où est-ce qu'on redonne les
profits, où est-ce que... je suis peut-être la personne qui a... qui est
entrepreneur, qui a fondé l'entreprise, mais j'ai le goût de redonner puis d'avoir un modèle alternatif. Il y a des
jeunes, je pense, un certain pourcentage non négligeable, qui, si on
leur proposait un modèle d'entrepreneurship novateur comme l'économie sociale,
peut-être on aurait plus d'entrepreneurs qui se lanceraient dans ce modèle-là.
Ça fait que, moi, j'y vois grand, je rêve grand,
puis je pense que c'est une belle solution à beaucoup de nos problèmes. Puis l'innovation sociale, je l'ai dit
tantôt, moi, j'attends avec impatience l'innovation sociale. Parce qu'on en a,
des problèmes, là. L'Occident souffre de grands problèmes de société, que les
politiques, le politique, les politiciens et même les idées qu'on peut
avoir sont souvent excédées par ces problèmes-là. L'innovation sociale, pour
moi aussi, c'est un vecteur de changement
important qu'on sous-estime trop souvent. Ça fait que, oui, vous avez raison, les
pôles, tous ces gens-là sont incontournables dans la suite de l'histoire
québécoise.
Mme Boivin Roy : Merci pour votre
réponse. Vous avez répondu d'ailleurs à ma deuxième question avec ce que vous
nous avez dit : un vecteur de changement important, des retombées pour la
jeunesse, un outil dans notre coffre à outils pour les problèmes qui sont
devant nous. Merci pour ça, M. le ministre.
Alors, je terminerais avec une dernière question
sur les indicateurs qui sont utilisés pour évaluer les retombées économiques et
aussi les retombées sociales des entreprises d'économie sociale de manière
générale.
M.
Skeete : Bien, les impacts, c'est... C'est pour ça qu'on
fait le PAGES à toutes les années. Le PAGES est là parce que c'est un
instrument, un outil qu'on se donne dans la loi pour dire : On va
consulter l'écosystème puis on va se donner
des indicateurs puis des objectifs clairs. Puis ce n'est pas moi qui décide ça,
c'est le réseau. Moi, j'ai participé à une
ou deux rencontres, mais vraiment, c'est le réseau qui est concerté par les
fonctionnaires, par les gens. On les consulte pour savoir quoi va être
inclus dans ce prochain plan d'action là. Et la solution, la vision de l'avenir
vient d'eux.
Moi, je suis maître d'oeuvre, dans le sens que je
déploie l'orientation gouvernementale, mais les solutions, la vision, c'est
tout eux. Et c'est ça qui est le fun de l'économie sociale, parce que tu as la
chance d'être un capitaine d'un bateau qui se gère tout seul, qui s'en va à bon
port tout seul, puis tu ne sais pas c'est quoi, la destination, parce que les gens vont t'amener où est-ce qu'ils ont de
besoin d'aller. Et les solutions, à l'intérieur de ça, sont proposées par
le réseau, et la manière d'y arriver aussi est proposée par le réseau.
Puis moi, ma job, c'est de convaincre mon
collègue le ministre des Finances de bien nous financer pour être sûr qu'on a
les outils pour se rendre à bon port. Et la bonne nouvelle, c'est que malgré le
fait qu'on a un contexte financier difficile, bien, mon collègue a répondu...
notre collègue, en fait, a répondu présent. Et j'en suis ravi qu'on va pouvoir
continuer à faire le bon travail dans le projet PAGES. Ça fait qu'on se donne
des outils, on se donne des objectifs, puis après ça, on les suit sur le plan
d'action au cours des cinq années.
Mme Boivin Roy : Merci. Alors, on se
retrouve le 14 ou le 15?
M. Skeete : Bien
oui, on va être là.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
ministre.
M. Skeete : Sans faute. Merci
beaucoup.
La
Présidente (Mme Mallette) : M. le ministre, il nous reste environ
30 secondes, peut-être que vous voudriez avoir le temps pour
remercier vos équipes.
M. Skeete : Bien là, si vous me le
dites, je n'ai pas l'air du gars qui a pensé de le faire.
Des voix : ...
M. Skeete : Mais, Mme la Présidente,
votre élégance est manifeste. Oui, je veux remercier les collègues de l'opposition, les collègues, la partie
gouvernementale, les gens qui nous accompagnent, qui vous appuient, Mme la Présidente. Ça a de l'air de rien, là, mais... ça
a l'air facile, mais il y a plein de gens derrière vous qui vous... qui vous
aident, puis, bien, tous les gens qui sont derrière nous, qui nous
accompagnent. Moi, je suis choyé, mon équipe est extraordinaire, puis le souci
qu'ils avaient pour être sûr que j'étais correct et appuyé, c'est... je vais
utiliser un mot qui est un peu
condescendant, mais c'était «cute» de voir ça, les gens qui se souciaient de
mon bien-être et d'être sûr que je n'avais pas l'air trop fou devant
vous. Donc, merci beaucoup à toute l'équipe. Merci à la machine gouvernementale
qui est extraordinaire. Merci à tout le monde qui m'accompagne. Mon directeur
de cabinet, qui est un partenaire de crime,
dans tout ça. Alors, merci beaucoup et merci pour l'occasion des
30 secondes, Mme la Présidente, pour le faire.
La Présidente (Mme Mallette) : Merci
à vous. Je remercie Mme la secrétaire, la technique, toute l'équipe. Un grand
merci.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 30 avril 2025, à 11 h 30,
où elle entreprendra l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Tourisme.
(Fin de la séance à 19 h 26)