(Douze heures trente minutes)
Le
Président (M. Allaire) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté
le quorum, je déclare la séance de la Commission de l'économie et du
travail ouverte.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Emploi des crédits budgétaires du portefeuille Emploi et Solidarité sociale pour l'exercice
financier 2025‑2026. Une enveloppe de trois heures a été allouée pour
l'étude de ces crédits. Merci de prendre le temps d'éteindre la sonnerie
de vos appareils électroniques, s'il vous plaît.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve).
Emploi
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le secrétaire. Vous connaissez la façon de fonctionner habituelle. Nous
allons procéder par blocs. Ce matin, nous avons 30 minutes, donc les blocs vont
être un peu plus petits qu'à l'habitude, mais cet après-midi, nous allons
retrouver des blocs d'à peu près 20 minutes.
Discussion générale
Je suis donc prêt à commencer et je reconnais
Mme la députée de Bourassa-Sauvé. Je vous laisse la parole. Vous avez
14 min 30 s.
Mme Cadet : Oh! c'est très court.
Merci, M. le Président. Bonjour, Mme la ministre. Bonjour, les membres du
cabinet, chers collègues élus, chers membres du ministère de l'Emploi, ainsi
que chers invités qui sont, donc, des intervenants, donc, du milieu de
l'emploi.
Mme la ministre, donc, c'est notre troisième
échange à l'occasion de l'étude des crédits budgétaires. Je me souviens que,
lors de notre première expérience à toutes deux, il y a deux ans déjà, donc, la
première question que je vous avais posée portait sur vos priorités. Je vous
demandais, donc, quelles étaient, donc, vos priorités, vous, comme nouvelle ministre de l'Emploi, et, dès le départ,
vous nous aviez répondu qu'il s'agissait... que l'une de vos priorités était
les clientèles éloignées du marché du travail, une priorité que nous partageons
d'ailleurs.
Aujourd'hui, en fait, vous êtes très consciente
que cesdites clientèles, donc, cesdites personnes éloignées du marché du travail sont desservies par plusieurs
organismes en employabilité, donc, qui offrent des services spécialisés
en employabilité. Ils sont parfois aussi desservis par d'autres types de... d'autres
types d'instances, donc, partenaires du ministère de l'Emploi, de Services
Québec, comme les entreprises d'insertion. Et, le 3 mars dernier,
plusieurs de ces organismes, plusieurs de
ces entités ont reçu une communication, disons, troublante, selon leurs dires,
de la part de Services Québec, leur
disant que leurs ententes, qui, pour certaines d'entre elles, étaient... donc,
qui étaient en vigueur depuis de très
nombreuses années, n'étaient... se retrouvaient, en fait, donc, devant rien,
donc, que ces ententes-là ne seraient pas renouvelées, pas pour l'année
prochaine.
Mais là on le
sait, les ententes avec Services Québec, ce sont des ententes qui sont du
1er avril... du 1er juillet,
pardon, au 30 juin, donc, qu'à l'échéance du 30 juin, à partir du
3 mars, pas de négociation, pas de temps de transition, pas de relève, rien. Donc, ces ententes-là ne seraient pas
renouvelées. Mme la ministre, plusieurs de ces groupes sont ici
présents, en commission parlementaire. Il y en a d'autres aussi qui nous écoutent.
Ils ont hâte de comprendre pourquoi ces
ententes n'ont pas été renouvelées. Et comment est-ce que vous justifiez que
ces groupes, que ces clientèles qui sont dites éloignées du marché du
travail, qui sont vos priorités, qui font partie de vos priorités, que vous
avez vous-même nommées, ne se retrouvent pas prioritairement budgétisées par la
ministre de l'Emploi?
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup. Merci pour la question. Je veux remercier d'abord toutes les équipes, là, qui nous permettent d'être ici. Je
sais que, de votre côté, c'est exigeant aussi. Vous avez plusieurs études de
crédits à faire. Je veux remercier toutes les équipes du côté du ministère de
l'Emploi, de nos cabinets aussi, qui nous permettent
de pouvoir faire cet exercice-là, qui est exhaustif, d'amener les meilleures
réponses possibles pour pouvoir répondre d'abord à vos questions, mais
aussi aux questions des Québécois et des Québécoises.
Alors, vous commencez avec un sujet,
effectivement, qui est très important, qui est celui des services, là,
d'employabilité aux clientèles les plus éloignées du marché du travail. Il est
vrai que ça fait partie des trois priorités que
j'ai présentées au premier ministre à mon arrivée. C'est toujours une priorité
que de pouvoir faire en sorte que les clientèles
qui sont éloignées du marché du travail puissent intégrer le marché du travail,
puissent avoir les compétences nécessaires pour le faire,
l'accompagnement aussi requis pour pouvoir le faire.
On
a eu la chance d'en parler souvent, quand je suis arrivée en poste en 2022, on
était... on discutait, dans le fond, de la reconduction des bonifications de
145 millions de dollars par année, des bonifications qui ont été
mises en place en 2016‑2017, en fait, avant la COVID, et qui se sont
terminées l'année dernière. Donc, à mon arrivée, j'ai eu beaucoup d'échanges. J'ai eu plusieurs échanges avec mon
homologue au fédéral. J'ai eu trois homologues depuis... en fait, total,
depuis le début de mon arrivée. Ça a toujours fait partie des priorités dans
mes échanges que j'ai eus avec eux.
Ceci étant
dit, est arrivé les coupures fatales, que je dirais, là, du fédéral, coupures
unilatérales du gouvernement fédéral au niveau de l'emploi, entre
autres. On parle de 145 millions de dollars en moins par année, et ce sont
des coupures qui ont un impact dans l'ensemble des provinces et territoires.
Donc, le Québec n'est pas seul à subir cet impact-là, et ce n'est pas faute
d'avoir... d'avoir fait valoir l'importance de l'investissement en services
d'emplois... en services d'emplois, et ces
coupures-là, bien, évidemment, il faut faire avec, et ça va être la trame de
fond de plusieurs de nos échanges aujourd'hui. Malheureusement, je le
dis bien, malheureusement, ça a pour impact de nous obliger à faire des choix qui sont difficiles. Je n'ai pas
de plaisir à être assise ici puis à vous dire que j'ai des choix difficiles à
faire en fonction du budget qui est amoindri de
145 millions de dollars par année.
Ceci étant
dit, je me suis donné comme mission, et c'est l'orientation que j'ai donnée
aussi au ministère, qui a découlé jusque dans les directions régionales aussi,
de faire en sorte que, malgré ces coupures fédérales là de 145 millions
par année, il y ait le moins d'impact
possible, qu'on soit en mode solution, qu'on puisse s'assurer de ne perdre
aucune place, de ne laisser personne derrière nous, qu'on puisse répondre aux
besoins, et surtout, surtout, parce que c'est ma mission à titre de ministre de l'Emploi, qu'on s'assure, dans les choix
qu'on a à faire en fonction des régions, en fonction des secteurs, que
le bon service soit rendu à la bonne personne au bon moment.
Mme Cadet : Merci, Mme la ministre.
Vous parlez, donc, du moins d'impact possible. Je vous l'ai dit, donc, plusieurs de ces organismes-là, de ces entités,
donc, ont reçu une communication de Services
Québec, le 3 mars dernier,
pour fin... pour non-renouvellement de leurs ententes au 30 juin de la
même année. Donc, on parle, donc, d'une très, très courte échéance. Je vous
entends, là, quand vous dites, donc, le moins d'impact possible, mais, sur le
terrain, ce n'est pas le son de cloche que nous, on reçoit.
Je vous donne
quelques exemples. Donc, vous voyez, donc, présent parmi nous, nous avons
Jean-François Lapointe, qui est
directeur général de Boulot vers. Je vous ai posé une question là-dessus, là.
On a été plusieurs à vous poser des questions là-dessus en période des
questions au cours des deux dernières semaines. Il y a eu des articles de
journaux aussi sur cette situation-là, qui
nous dit... Là, on fait face à une entreprise d'insertion, et là je veux
vraiment... On le sait, donc, on a des modèles distincts, là. On a nos
organismes spécialisés en employabilité puis, ici, on a une entreprise d'insertion où les jeunes sont des salariés, où
les jeunes, donc, reviennent tranquillement, partent de très loin. On a eu des
témoignages extrêmement édifiants. Moi, j'en ai reçus à titre personnel. C'est
un organisme que j'ai moi-même visité dans
une autre vie, et ce qu'on comprend, là, c'est que ces jeunes-là, donc, qui
sont passés à travers des parcours difficiles, s'accrochent.
Et je vous entends, parce que, là, vous avez
répondu dès le départ : O.K., on va s'assurer, là, que les jeunes soient repris. Puis on aura besoin d'explications
à cet égard parce que, sur le terrain, on ne vous comprend pas, Mme la
ministre, quand vous dites : Ah! bien oui, on va s'assurer que ces... que
les jeunes, donc, reçoivent des services. L'entité dans laquelle ces
services-là sont livrés sont tout aussi... En fait, l'entité est tout aussi
importante que les parcours d'insertion eux-mêmes, qui, eux, doivent être
financés.
Donc, vous, comment est-ce que vous expliquez à
M. Lapointe, comment vous expliquez à Boulot vers puis à l'ensemble des membres du Collectif des entreprises d'insertion du
Québec, dirigé par M. Richard Gravel, que, pour vous, donc, ces
entités-là n'ont pas une aussi grande valeur sur le terrain que ce qui est reçu
par les jeunes?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup. Merci. J'ai hâte de répondre, hein?
Tout d'abord,
bien, je veux dire que je n'ai jamais dit que ces entités-là n'avaient pas une
aussi grande valeur. Je n'ai jamais
dit ça, ce n'est pas le cas, mais, vous savez, avec 145 millions de
dollars en moins, on se doit de faire des choix. On le voyait venir. On
n'avait aucun son de cloche du fédéral. On a espéré quand même parce que,
jusqu'à la toute fin, on a lutté, puis on va
continuer de le faire, pour aller chercher la juste part. Vous savez, ce
financement-là en moins ramène le
financement... les transferts fédéraux en emploi à l'état du financement en
1997. Ça n'a pas de bon sens, là. Tu sais, il faut continuer de faire ce
travail-là.
• (12 h 40) •
Ceci étant
dit, ça nous a amenés, je l'ai dit tout à l'heure, à faire des choix
difficiles. Et je suis actuellement, quand même, en discussion avec
M. Lapointe parce que je suis... j'ai une ouverture. J'ai une ouverture à
ce qu'on trouve des solutions. Et, quand on voyait ça venir, vous savez,
on s'est dit : Qu'est-ce qu'on peut faire pour mieux soutenir les
organismes spécialisés en employabilité, essayer de conserver le plus grand
nombre de ces organismes-là? J'en ai... Il y
en a 400 au Québec, plus d'une centaine sur l'île, seulement, de Montréal, et
on en avait 400 à la fin des années 90, quand on avait 1 million de
chômeurs au Québec environ, et on a toujours le même nombre d'organismes, 400,
à environ 200 000 chômeurs.
Mais, ceci étant dit, qu'est-ce qu'on peut faire
pour préserver le plus grand nombre de ces organismes-là, qu'on ait le moins
d'impacts possible? Et c'est pour ça que, l'année dernière, j'ai mis à leur
disposition le fonds de 5 millions de dollars pour pouvoir les aider
à mutualiser certains services, à être capables de partager des espaces, être
capables de partager des ressources, être capables de partager des équipements,
tout ça pour les aider à faire des économies aussi de
leur côté, à être plus efficaces dans le contexte financier dans lequel on est
tous, là. Je le partage avec eux, ce contexte financier là, et je n'ai eu
qu'une seule demande.
Ceci étant dit, le fonds de 5 millions que
j'ai mis à leur disposition est toujours disponible, et je suis toujours
ouverte, moi, à regarder des solutions en fonction de celles dont je vous
parle.
Mme Cadet : Bien, si vous n'avez
reçu qu'une seule demande, c'est peut-être parce que ce fonds-là ne répond pas
nécessairement au besoin initial qui est exprimé, Mme la ministre, mais je vous
reviens... parce que, là, vous nous parlez du financement, donc, le
145 millions qui vient du gouvernement fédéral, que nous avons dénoncé,
mais, vous l'avez dit vous-même, là, vous venez de l'indiquer à l'ensemble des
gens qui nous écoutent aujourd'hui, cette somme-là est arrivée en 2016‑2017.
La plupart, donc, de ces organismes-là, la
plupart, donc, de ceux qui offrent des services d'aide à l'emploi, bien, ils recevaient une... en fait, ils avaient
ces ententes-là. Donc, ils avaient, donc, ce soutien financier là qui était
obtenu de la part du ministère de l'Emploi ou de Services Québec, qui
datait... qui prédatait, là, l'enveloppe de 145 millions. Vous l'avez d'ailleurs indiqué par vous-même aussi
que vous vous y attendiez. C'est ce qu'on peut lire dans les plans
d'action des services publics d'emploi des deux, trois dernières années, là. On
voit bien que cette somme-là était relativement, donc, cyclique, là.
Donc, il y avait, donc, ce surplus, donc, qui
nous arrivait, mais ça ne vous empêche pas de continuer de faire des choix pour soutenir la clientèle que,
vous-même, vous désignez comme prioritaire puisque, de toute manière, elle
était soutenue par le ministère de l'Emploi bien avant l'enveloppe de
145 millions. Bien sûr qu'au Québec on a besoin de recevoir notre juste
part, bien sûr que le fédéral doit s'impliquer pour s'assurer que les fonds,
donc, soient transmis, transférés aux
provinces pour pouvoir offrir des services publics d'emploi, mais vous avez une
responsabilité, comme ministre, qui va bien au-delà de cette enveloppe-là.
On va tous se
battre pour s'assurer d'obtenir notre juste part, mais je vous ai parlé, donc,
de Boulot vers, il y a aussi Carrefour Relance, qui est membre du RSSMO,
donc, dont le directeur est présent ici, donc, dont les membres, donc, qui
livrent des services publics d'emploi, risquent de ne plus être en mesure de le
faire, alors qu'ils étaient en mesure de le faire bien avant l'arrivée de
l'enveloppe de 145 millions. Qu'est-ce que vous leur répondez? Qu'est-ce
que vous répondez au RSSMO?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup. D'ailleurs, j'aimerais peut-être apporter une précision. Tout à l'heure, j'ai dit : On s'y attendait. En
fait, c'est plus qu'on s'y préparait. Devant le silence, devant le manque de
signaux de la part du fédéral, on
devait préparer cette éventualité-là. On a travaillé jusqu'à la fin et, je le
dis, on va continuer de le faire pour aller chercher ces justes sommes
là.
Moi, je veux
vous expliquer que, via mon ministère, j'achète des services. Je ne
subventionne pas à la mission des organismes spécialisés, il y a
d'autres ministères qui le font... spécialisés en employabilité. Je gère aussi
des finances publiques et je dois répondre
aux besoins du marché du travail en fonction des régions, en fonction des
secteurs en région, du contexte économique aussi qui peut faire en sorte que le
taux de chômage augmente, qui peut faire en sorte qu'on se retrouve assez
rapidement en pénurie de main-d'oeuvre aussi. Tout ça sont des facteurs qui
viennent... qui sont... dont on tient en compte quand on négocie ces places-là,
cet achat de places là, avec les organismes spécialisés en
employabilité.
D'ailleurs, c'est ce qui se passe à l'heure
actuelle. Tout à l'heure, je vais revenir à une chose que vous avez dite, vous avez dit qu'ils ont reçu dernièrement
cette nouvelle-là. On est dans la période où on négocie, vous savez, pour
le renouvellement des ententes qui va avoir lieu le 1er juillet. Là, à
chaque année, c'est le 1er juillet. On repart avec les nouvelles ententes. Et nous, cette prévisibilité-là, là, qu'on
voudrait bien... que je voudrais bien, à titre de ministre, donner aux
organismes spécialisés en employabilité, je ne l'ai pas du fédéral non plus.
Mme Cadet : ...parce qu'il nous
reste peu de temps.
Le Président (M. Allaire) : 30 secondes.
Mme
Cadet : Vous dites... Vous vous y prépariez, à cette
baisse de financement du gouvernement fédéral, mais, si vous vous y prépariez, pourquoi est-ce que les
organismes ont reçu cette communication au 3 mars pour le 30 juin
2025?
Mme
Champagne Jourdain : Parce qu'on... Nous, ce que je dois vous dire, là,
c'est que c'est cette année... c'est cette année, vraiment, qu'on sent les
effets de ce 145 millions là. On a budgété les autres années en fonction
de...
Le
Président (M. Allaire) : Merci, merci. Ça termine ce premier bloc
d'échange. Je cède la parole au deuxième groupe de l'opposition. M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve, 4 min 50 s. La parole est à vous.
M. Leduc : Merci, M. le Président.
Bonjour, Mme la ministre, et toute l'équipe qui vous accompagne.
Vu que j'ai
juste cinq minutes, je ne plongerai pas dans le vaste débat des fermetures de
groupes. On y reviendra cependant cet après-midi. J'aimerais parler peut-être
de deux sujets pour les cinq minutes que j'ai ce matin. Le premier, c'est le dossier des groupes d'employabilité pour
femmes. On a reçu des communications du CIAFT — je vois Mme Cummings dans la salle ici — un
communiqué qui a été signé, il y a quelques semaines déjà, du CIAFT, là, c'est
le centre... le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail, qui
se plaint de voir les femmes disparaître des clientèles prioritaires du
ministre en disant que ça aura un impact, là, cette...
Je cite un extrait, là : «Cette décision
non seulement compromet l'accès à des milliers de femmes à des services
essentiels, mais menace également l'existence même des organismes spécialisés
en développement de la main-d'oeuvre
féminine, dont l'expertise inégalée en matière d'employabilité des femmes est
essentielle au développement économique du Québec.» Pourquoi avoir
retiré les femmes des clientèles prioritaires, Mme la ministre?
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup. D'abord, d'entrée de jeu, je tiens à dire que les femmes sont une clientèle importante au ministère de l'Emploi.
Les femmes sont éloignées du marché du travail, et, quand on considère qu'elles peuvent être en situation aussi de
vulnérabilité, bien, c'est certain qu'on adresse et qu'on va toujours continuer
d'adresser les besoins des femmes.
Maintenant, on a... Vous savez, quand on dresse
une liste comme on l'a fait, autrefois, ça a été une liste qui dictait nos
interventions, en fait, aujourd'hui, c'est plus une liste qui donne des
exemples. Alors, le mot «femme» ne fait pas
partie de cette liste-là, mais ce n'est pas pour cette raison-là que les
services rendus aux femmes ne sont pas donnés. Vous savez, moi, je...
bien, on considère, en fait, puis c'est la manière de pouvoir aligner les
services, que ce qui est important, c'est que
ce soit la situation de vulnérabilité de la personne qui soit adressée. Alors,
on conjugue ça au fait que ce soit une femme parce que c'est une femme
judiciarisée. Voilà, on adresse la situation en fonction de ça.
On m'a fait signe de raccourcir, mais ça
n'empêche en rien, là, le...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Vous comprenez que j'essaie d'être équitable.
Mme Champagne Jourdain : ...la
priorisation. Oui.
Le Président (M. Allaire) : Allez-y,
M. le député.
M. Leduc : Bien
sûr, bien sûr.Donc, il n'y
aura aucune conséquence financière, sur les groupes en employabilité des
femmes, de ce retrait-là?
Mme Champagne Jourdain : Non. Ce que
je veux... Non. Vous savez, les groupes de... les groupes qui offrent des services aux... spécialisés en
employabilité aux femmes, là, sont là, vont continuer d'exister. Je veux dire,
le fait que le nom ne soit plus sur
la liste d'exemples qui est donnée, le mot «femme» ne soit plus sur la liste
d'exemples qui est donnée, n'a pas
d'impact sur la viabilité, l'existence de ces groupes-là. On va continuer de
soutenir les femmes dans la recherche d'emplois puis dans les services
qu'ils ont besoin de recevoir.
M. Leduc : Merci beaucoup. Prochain
sujet, licenciement collectif à Amazon, gros, gros licenciement collectif, un des plus gros de l'histoire du
Québec. La loi des normes du travail oblige la constitution d'un... sans délai,
d'un comité d'aide au reclassement, un CAR, lorsqu'il y a un licenciement
collectif, mais la ministre de l'Emploi a toujours le pouvoir de soustraire une
entreprise à ces obligations-là si elle démontre qu'elle offrira des services
équivalents ou supérieurs à ceux prévus dans le cadre d'un comité de ce
genre-là. Puis Amazon a demandé et obtenu cette
dispense-là, puis semble-t-il que les services offerts par l'entreprise LHH,
qui n'a même pas de bureau au Québec, sont extrêmement déficients, ça ne
fait pas du tout l'affaire, même que c'est les services ne sont pas toujours
faits en français. Pourquoi vous avez donné une dispense à Amazon pour cette
chose-là?
Le Président (M. Allaire) : Une
minute.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
merci. Dans un premier temps... une minute?
Le Président (M. Allaire) : Oui.
Mme Champagne Jourdain : Dans un
premier temps, ce que je veux vous dire, c'est que c'est... la loi prévoit... c'est prévu dans la loi qu'une
entreprise, là, qui décide, lors d'un licenciement collectif, de donner des
services via l'embauche d'une firme...
c'est possible de le faire, et, au ministère de l'Emploi, on s'assure que la
firme... que les standards des services qui vont être offerts par la
firme correspondent aux standards des services qui seraient offerts par le
ministère. C'est ce qui a été fait dans ce cas-ci.
Vous savez,
cette firme-là, elle a 111 employés, je crois, qui travaillent au Québec.
Elle a aussi une place d'affaires au
Québec. C'est important pour pouvoir donner des entrevues. C'est aussi une
firme qui offre des services en 11 langues, si mon souvenir est
bon, parce que, tristement, malheureusement, beaucoup d'employés d'Amazon ne
parlaient ni français ni anglais. Moi, ce
que je peux vous dire, c'est qu'on s'assure de faire un suivi très serré avec
la firme LHH, et, encore la semaine
dernière, je demandais une rencontre, qui s'est tenue la semaine dernière, de
suivi pour s'assurer que...
Le
Président (M. Allaire) : Merci. Ça termine ce deuxième bloc d'échange. On
poursuit avec le troisième groupe de l'opposition. M. le député de Jean-Talon,
4 min 50 s.
• (12 h 50) •
M.
Paradis : Bonjour, tout le monde. Je vais continuer sur le même thème,
d'Amazon, parce que c'est quand même un
autre échec de la stratégie de votre gouvernement d'attirer des grandes
multinationales étrangères à qui vous avez
concédé beaucoup de cadeaux. Dans ce cas-ci, 100 millions de contrats
octroyés à Amazon depuis 2018, 2,2 millions de
dollars d'achats, de vos différents ministères, sur les cartes de crédit, des
rabais d'électricité, et Hydro-Québec qui a assuré les 2 millions
de coûts de branchement des usines d'Amazon, dont celle qui a été fermée.
Vous avez indiqué
vous-même, le 31 janvier, Mme la ministre, que ça avait coûté près de
4 700 emplois, comprenant ceux
d'Amazon, mais ceux des cocontractants d'Amazon. Le premier ministre François
Legault a assuré que le gouvernement allait voir, je le cite, «tout
ce qu'on peut faire pour aider les employés à trouver un autre emploi». Il a fait allusion au secteur de la construction
où les besoins de main-d'oeuvre sont importants. C'est lui qui a affirmé ça le
22 janvier. Voulez-vous nous parler de ces programmes de requalification
en construction? Combien de personnes sont allées dans ces programmes-là? Où
sont-ils? Est-ce qu'ils sont en emploi dans la construction actuellement?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Merci. Là, est-ce que vous me parlez des programmes qu'on a
faits pour la construction...
M. Paradis :
Non, je vous parle...
Mme Champagne
Jourdain : ...ou vous voulez savoir si des gens d'Amazon sont allés en
construction?
M. Paradis : Oui,
je vous parle... Le premier ministre du Québec a promis, le 22 janvier,
qu'il allait aider les employés d'Amazon à trouver un nouvel emploi. Je veux
savoir quels programmes vous avez mis en place. Il y a ceux dont a été exempté Amazon, comme mon collègue l'indiquait. Puis je
veux savoir s'il y en a qui ont été requalifiés dans le secteur de la
construction. C'est le premier ministre lui-même qui a dit ça le
22 janvier.
Mme Champagne
Jourdain : Parfait, merci. Tout d'abord, bien, je pense que c'est
important de mettre en contexte le fait que la requalification, la
redirection... le fait qu'on redirige des gens ou qu'on les aide à se replacer
dans un autre emploi est toujours en cours,
vous savez. Puis, dans les services qui sont offerts par la firme LHH, bien,
on s'assure, là, de pouvoir les aider, par
exemple, avec les C.V., pouvoir... bien, en fait, que des services
d'employabilité... qu'ils puissent pouvoir faire leur C.V., qu'ils
puissent être accompagnés en préparation dans la recherche d'emploi, tout ça. C'est ce genre d'affaires là, et je vous
dirais que... Je ne peux pas vous dire, actuellement, si des gens sont dans
un parcours de formation en construction. Je n'ai pas cette donnée-là. On est
en train de replacer... d'aider les gens à se replacer sur le marché du travail
en fonction de leurs qualifications.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. M. le député.
M. Paradis : Ma
question est la suivante. En date d'aujourd'hui, y a-t-il des programmes
spécifiques qui ont été mis en place pour
l'employabilité des gens licenciés par Amazon? Un, et deuxièmement, combien de
personnes sont requalifiées actuellement ou sont en cours de
requalification pour travailler dans le secteur de la construction?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci beaucoup. Quand il
y a un licenciement collectif, il y a soit un comité d'aide au
reclassement qui est fait, qui est mis sur place par le ministère, ou, dans ce
cas-ci, soit une firme est embauchée pour
donner ces services-là. Ce qui se passe, c'est qu'on accompagne des gens dans
la rédaction de leur C.V., qu'on les accompagne dans la recherche
d'emploi, qu'on peut même donner du soutien... jusqu'à du soutien
psychologique. Actuellement, il y a... puis ce
que j'ai comme chiffre, c'est qu'il y a environ 80 % des anciens employés
d'Amazon qui ont choisi de s'inscrire à ces services-là, et il y a des
rencontres individuelles avec des coachs qui se sont déroulées avec environ 800 travailleurs. Les gens sont satisfaits
des services. Je ne peux pas vous dire, à l'heure actuelle, s'ils sont en
redirection vers le marché de la construction.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Ça va. M. le député de Jean-Talon, vous pouvez
poursuivre.
M. Paradis : Bon, je pense qu'on a compris qu'il n'y a pas de
données sur ces questions-là. Vous avez refusé, de même que votre collègue
ministre du Travail, de parler de représailles parce qu'il y avait un syndicat
chez Amazon. Est-ce que vous êtes
toujours de l'avis que tout ce qui s'est passé chez Amazon, ça n'a rien à voir
avec le fait qu'il y avait une accréditation syndicale? Est-ce que c'est
toujours votre position?
Mme Champagne Jourdain : C'est votre question? Je
vais revenir sur, peut-être, la question d'avant. Vous savez, quand le premier
ministre a dit ça, ça faisait partie des options qui s'offraient aux gens. Il a
donné ça comme exemple.
Maintenant,
sur la question de la construction, peut-être que des gens sont allés
là-dedans. En date d'aujourd'hui, je n'ai pas cette donnée-là, mais ça
faisait partie des exemples qui étaient donnés.
Le
Président (M. Allaire) : Merci. Cinq secondes.
M. Paradis : On va continuer cet
après-midi.
Mme Champagne Jourdain : Avec
plaisir.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
On enchaîne avec la partie gouvernementale. Mme la députée d'Anjou—Louis-Riel,
vous avez 4 min 50 s.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme la ministre. Bonne période de crédits à vous.
Alors, vous vous
souviendrez que vous-même, et moi, et le ministre Ian Lafrenière, nous sommes
allés dans le Nord-du-Québec en octobre dernier pour y effectuer une
annonce. Alors, plusieurs rencontres pertinentes ont eu lieu à ce moment-là, notamment la rencontre avec le
comité régional des partenaires du marché du travail de la Jamésie, donc,
à Chibougamau, également avec le Centre d'amitié Eenou à Chibougamau, et
ensuite, du côté de Kuujjuaq, avec la Fédération des coopératives du
Nouveau-Québec et l'administration régionale de Kativik, et on conviendra que
nous avons été bien reçus dans l'ensemble de l'oeuvre, de notre séjour là-bas.
Ça nous a aussi permis de nous... bien, nous intégrer des réalités locales,
auxquelles l'annonce est venue, d'ailleurs, en partie, répondre.
Maintenant, j'aurais une question pour vous
relativement à l'annonce. Je vais quand même mettre quelques éléments de
contexte sur le Nord-du-Québec, en commençant avec le navettage. Donc, il y a
beaucoup de navettage dans le
Nord-du-Québec. Près d'un poste sur quatre est comblé de cette manière dans la
région en raison de manque de main-d'oeuvre sur le terrain. C'est
particulièrement vrai dans les communautés les plus éloignées. Ça augmente les
coûts de production des entreprises et le coût de la vie pour les résidents de
la région. D'ailleurs, le gouvernement du Québec subventionne certaines denrées
de Nunavik pour aider à pallier à ce phénomène.
Maintenant, deuxième mise en contexte, au niveau
de la formation. L'écosystème de la région est complexe par la grandeur du
territoire, mais également par la présence de plusieurs pôles de populations
éloignées les unes des autres et aussi
particulièrement avec des difficultés d'accès. L'offre de programmes
postsecondaires est limitée, et certains jeunes doivent quitter la
région pour aller étudier dans ces programmes plus spécialisés ailleurs, et
aussi l'offre de formation continue est
aussi très complexe. Il y a notamment des enjeux de démarrage de petites
cohortes et de langue d'enseignement. Il y a aussi des enjeux pour la
rétention des étudiants pendant et après les cours.
Et, de
manière générale, Mme la ministre, pour ce qui est du territoire du Nunavik, le
manque de la main-d'oeuvre est un problème important dans la région,
notamment pour les ouvertures de magasins. Les réalités des communautés diffèrent grandement entre Kuujjuaq, la plaque
tournante de la région, et les autres communautés plus petites. Et enfin, entre
2013 et 2030, vous vous souviendrez qu'on s'est fait dire qu'on attendait une
croissance de 4 000 personnes au Nunavik, soit près de 30 %,
et environ 90 % des personnes résidant sur le territoire parlent
l'inuktitut.
Alors, ma
question pour vous, avec cette table mise, Mme la Présidente... Mme la
ministre, pardon, pouvez-vous nous donner davantage de détails sur
l'annonce que nous avons faite à l'automne dernier et également sa pertinence
dans le contexte?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Champagne Jourdain : Merci beaucoup. Tout d'abord, je tiens à dire que
je suis très contente de ce qui se passe... Je suis très contente qu'on
parle de ce qui se passe au Nord. On parle souvent de ce qui se passe au sud du
Québec. Je suis contente qu'on puisse avoir la chance de parler de ce qui se
passe au nord.
Effectivement,
le 24 octobre dernier, on était à Kuujjuaq pour annoncer, dans le fond... pour
annoncer le service Nunavik... pardon, vous l'avez trop dit dans votre
introduction, pour annoncer les services Nunavik, et je suis particulièrement fière de ce pas-là qu'on a
fait, et ça se traduit par le fait que l'administration régionale de Kativik va
déployer prochainement, justement, ce qui sera Services Nunavik. C'est un
guichet multiservices, là, d'accès aux services
gouvernementaux qui est inspiré de Services Québec, de Service Canada aussi,
mais qui est adapté aux réalités du Nunavik puis de sa population.
Vous savez,
si on a été capables de faire cette annonce-là, c'est parce qu'il y a eu une
modification de l'Entente Sivunirmut,
et cette modification-là vient bonifier l'offre de Services Québec au Nunavik
pour s'assurer que ça corresponde plus aux besoins des gens sur le
territoire là-bas. Ça va confier aussi plus de responsabilités à l'ARK en
matière de formation, de développement de
main-d'oeuvre, de services du Régime
québécois d'assurance parentale et de développement
de l'offre de services d'emploi.
Vous savez, il
y a déjà du personnel local de Services Nunavik qui sont présents physiquement
sur le territoire, qui sont installés dans les 14 villages du Nunavik.
Alors, ça va nous permettre d'être partout, de pouvoir mieux soutenir, là, les
gens, là, du Nunavik, et l'objectif avec cette nouvelle façon de faire...
Le
Président (M. Allaire) : Merci, merci. Malheureusement, ça met fin à ce
dernier bloc d'échange pour l'avant-midi.
Alors, compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 14 heures. Bon dîner à tous. On se revoit
tantôt.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise
à 13 h 59)
Le Président (M.
Allaire) : Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons reprendre
les travaux.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude du volet Emploi des crédits budgétaires du
portefeuille Emploi et Solidarité sociale pour l'exercice financier 2025‑2026.
Encore
une fois, merci de prendre quelques secondes pour éteindre la sonnerie de vos
appareils électroniques.
Alors,
je cède déjà la parole à la députée de Bourassa-Sauvé pour son bloc de 18 min 2 s. La
parole est à vous.
• (14 heures) •
Mme Cadet : Merci, M. le Président. Rebonjour, Mme la
ministre. Donc, je vais repartir sur la même thématique que celle de mes
collègues un peu plus tôt parce qu'on était... je pense qu'on était bien partis
puis je pense que les Québécois veulent obtenir, donc, certaines réponses.
Donc, Mme la
ministre, Amazon. Donc, on le sait, donc, l'article 84.0.9 de la Loi sur les
normes du travail nous indique : «À la
demande du ministre, l'employeur et les représentants choisis par les personnes
salariées visées par les licenciements collectifs doivent participer sans délai
à la constitution d'un comité d'aide au reclassement et collaborer à la
réalisation de la mission de ce comité.»
Nous en parlions un
peu plus tôt, vous, vous avez choisi de dispenser Amazon de cette obligation en
vertu de l'article 84.0.12, qui fait en sorte que, «sur demande, le ministre
peut exempter de l'application de tout ou partie des dispositions de ces articles un employeur qui, dans l'établissement visé
par un licenciement collectif, offre aux personnes salariées visées par ce licenciement des mesures
d'aide au reclassement qui sont équivalentes ou supérieures à celles prévues
par la présente section.» Donc, vous avez
choisi, Mme la ministre, d'exempter, sur demande d'Amazon... de l'exempter,
donc, des obligations en vertu de la Loi sur les normes du travail.
Deux
questions pour vous. Moi, j'ai été un peu surprise d'apprendre ça dans les
nouvelles, parce que, la journée même où cette nouvelle est sortie, en
janvier dernier, vous avez dit que vous demanderez à Amazon, donc, de
constituer un comité d'aide au reclassement, comme le prévoit la loi. Donc,
vous avez annoncé aux Québécois que vous
souhaitiez utiliser, donc, la... vous prévaloir de l'article 84.0.9. Donc,
pourquoi vous avez choisi d'exempter Amazon de cette obligation, alors
que vous aviez donné le ton à la population que vous alliez les assujettir à
cet article-là?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci beaucoup. Merci
beaucoup. Je pense que, quand c'est arrivé... ça venait d'arriver, en fait, hein, vous savez, et ce qui
était important pour moi, à ce moment-là, c'était évidemment que les gens
reçoivent les services qui sont offerts dans un comité d'aide au reclassement
ou dans toute solution équivalente.
Alors,
vous l'avez exprimé, là, et je tiens à le ramener, c'est la loi qui prévoit que
c'est possible pour une entreprise de
mettre en place des services de reclassement, s'il y a une offre qui est
équivalente ou supérieure aux services de base d'un CAR.
Alors, au moment où
on l'a... j'ai eu une entrevue sur le sujet, j'étais dans un autre lieu, dans
une autre rencontre. La nouvelle arrivait.
Ce qui importait pour moi, c'est qu'il y ait au moins un comité d'aide au
reclassement ou une solution qui est équivalente. C'est ce qui est
arrivé. Amazon a déposé une offre au ministère, une offre qui a été analysée.
Il y a des vérifications qui ont été faites par le ministère pour s'assurer de
la conformité de l'offre. Je le répétais tout à l'heure, l'entreprise LHH,
c'est une entreprise qui a 100 employés au Québec, c'est une entreprise
qui a une place d'affaires ici. L'entreprise
offre aussi une plateforme pour que les travailleurs puissent afficher leur
C.V., être recrutés directement par les entreprises. Et surtout, elle
offre des services en 11 langues parce que, malheureusement, je tiens à le
répéter, les employés ne parlaient ni français ni anglais, pour la plupart.
Mme Cadet : ...en fait, je n'ai pas dit que c'était illégal,
là, qu'est-ce qui est arrivé. Je viens de le mentionner, je vous ai lu les articles de la loi sur les
normes. C'est très clair qu'il y a cette possibilité là de leur octroyer
l'exemption. Mais moi, je nous remets
dans le contexte d'Amazon, une entreprise qui a décidé de quitter le Québec de
façon cavalière, et ça, l'ensemble
des parlementaires, on l'a reconnu. Je pense qu'on a adopté une motion ou deux
à ce sujet. Même le gouvernement fédéral, à l'époque, donc, l'avait reconnu
aussi, en disant : Non, non, ça n'a pas de bon sens, la manière dont cette entreprise-là a décidé de quitter le
Québec. Mais vous, comme ministre, vous dites : Ah! bien, c'est correct,
plutôt que de dire : Moi, je vais vous tenir par la main, là, Amazon, là.
Voici comment, nous, on fait des affaires au Québec. Bien, vous leur
dites : Bien oui, vous pouvez tout à fait bénéficier de cette
exemption-là.
Je
vous entends, là, sur l'analyse que vous avez faite ici, mais moi, ce que je
veux savoir, là, c'est que... comment vous avez décidé de, tu sais, en toute
connaissance de cause, là, sachant ce qui s'était passé, sachant la manière
dont Amazon a traité les travailleurs québécois, a traité le gouvernement du
Québec... parce qu'ils ne vous ont pas avertie avant de quitter. Ils ne vous
ont pas envoyé un avis de licenciement collectif avant. Ils ont le droit de le
faire après, mais on s'entend que ça aurait
été la chose la plus harmonieuse à faire, de vous avertir, vous, comme
ministre, avant de prendre cette décision-là, plutôt que de vous prendre par
surprise. Comme vous l'avez dit, ous étiez dans une rencontre, ça venait d'arriver. Vous n'étiez pas au courant,
puis vous avez lancé un comité d'aide au reclassement, parce qu'ils ne vous
ont pas avertie avant de quitter.
Est-ce que vous
trouvez que c'était... est-ce que c'était comme une espèce de : oui, vous
pouvez faire tout ce que vous voulez, on va
vous exempter de votre obligation, parce que vous êtes Amazon? C'est un peu
comme ça que les Québécois l'ont pris.
Le Président (M. Allaire) : Mme
la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Merci beaucoup.
D'abord, en effet, là, ce qui s'est passé du côté d'Amazon, on l'a tous
dénoncé. Ce n'est pas les manières dont on... ce n'est pas la manière dont on
veut que les employés, les travailleurs du Québec soient traités chez nous.
Ceci étant
dit, il y a une loi qui prévoit que c'est possible, pour une entreprise, de
mettre en place un service de reclassement qui soit équivalent ou
supérieur. Et c'est un droit, c'est la loi qui le prévoit aussi. On fait une
analyse approfondie, et, dans le cas
particulier d'Amazon, on a tenu un suivi serré, et c'est toujours le cas, des
services qui sont offerts par la firme qui a été retenue. Alors, c'est
important pour moi de suivre ce dossier-là de très près. C'est ce qui se passe. Les services qui sont offerts sont...
répondent aux critères équivalents ou supérieurs aux services de base offerts
par un comité d'aide au reclassement.
Mme Cadet : ...que vous leur accordiez cette exemption,
est-ce que vous aviez demandé à Amazon de participer sans délai à la
constitution d'un comité d'aide au reclassement?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, vous savez,
il y a eu des échanges avec Amazon, et Amazon a déposé une offre, qu'on
a analysée.
Mme Cadet : Bien, vous n'avez pas répondu à ma question.
L'article initial, ça dit : «À la demande du ministre», donc,
«l'employeur et les représentants choisis doivent participer sans délai à la
constitution d'un comité d'aide au reclassement.» Est-ce que vous leur avez
formulé cette demande-là?
Le Président (M. Allaire) : Mme
la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Merci. Je le
rappelle, la loi prévoit que, si l'offre est équivalente ou supérieure,
on peut procéder de cette manière-là aussi.
Mme Cadet : Donc, vous ne leur
avez...
Mme Champagne Jourdain : C'est ce
qu'on a choisi dans ce cas-ci.
Mme Cadet : Donc, contrairement à ce que vous aviez affirmé
en janvier dernier, vous ne leur avez pas demandé de participer sans
délai à la constitution d'un comité d'aide au reclassement.
Mme Champagne
Jourdain : Écoutez, il y a
deux possibilités quand il y a un licenciement collectif, un comité d'aide au
reclassement, ou c'est possible, pour une entreprise, de mettre en place, et,
c'est important de le dire, à ses frais aussi, un service de reclassement qui offre des services
équivalents ou supérieurs à ce qui serait offert dans un comité d'aide
au reclassement. Moi, ce qui m'importe, ultimement, c'est que les travailleurs
aient l'accompagnement nécessaire dont ils
ont besoin pour se retrouver un emploi, pour pouvoir voir quelles sont leurs
options. Alors, c'est ce qui se passe dans le cas actuel. On suit ça de
très près, et je m'assure que ça va demeurer le cas.
Mme Cadet : L'article dont vous
vous êtes prévalue dit que le ministre peut, aux conditions qu'il détermine,
exempter de l'application l'employeur. C'est quoi, les conditions que vous avez
déterminées à Amazon?
Mme Champagne Jourdain : Pouvez-vous
répéter? Je m'excuse.
Mme Cadet : L'article, là, 84.0.12
indique que le ministre peut, aux conditions qu'il détermine, exempter de
l'application des dispositions précédentes un employeur, comme c'est le cas
pour Amazon. Donc, quelles sont les conditions que vous avez imposées à Amazon?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez, il y a une offre qui a été présentée au ministère, et nous, on a analysé cette offre de services là. Les
vérifications en bonne et due forme ont été faites par le ministère pour
s'assurer de la conformité de l'offre et des services. Je le rappelle,
c'est une entreprise qui a 100 employés ici. On s'est assurés qu'elle avait un contrat de location pour qu'elle
puisse tenir des rencontres avec... en présentiel, si c'était demandé par
les travailleurs, que l'entreprise puisse offrir les services équivalents ou
supérieurs à ce qui serait fait par un comité d'aide au reclassement. Vous
savez, le comité d'aide au reclassement est aussi... on le fait aussi en
collaboration avec l'employeur, là. Et, je le répète, l'entreprise avait aussi
la possibilité d'offrir des services en 11 langues.
Le Président (M. Allaire) : ...Mme
la députée.
Mme Cadet : Tantôt, il y a une
question qui vous a été posée. Je la... je vous relance : Est-ce que vous
êtes en accord avec l'analyse qui a été faite, dans l'espace public, qu'il
s'agissait d'une mesure... on vous a nommé tantôt, donc... de représailles, mais que la raison pour laquelle Amazon a
décidé de quitter le Québec, c'est parce qu'il y a un syndicat qui
voulait se constituer dans l'une de ses usines à Laval?
Mme Champagne Jourdain : Écoutez,
vous savez, ce qui s'est passé dans le dossier d'Amazon, c'est déplorable.
Je l'ai dit tout à l'heure, ce n'est pas comme ça qu'on veut que nos
travailleurs soient traités dans... sur notre marché du travail ni au Québec,
par aucune entreprise, écoutez. Puis je ne suis pas dans la tête non plus de...
ni dans l'équipe exécutive de M. Bezos pour voir quel était le prétexte de
cette décision-là. Mais moi, ma responsabilité, en ce qui me concerne, à titre de ministre de l'Emploi, quand
arrive un licenciement collectif, c'est de m'assurer que les travailleurs
aient le bon accompagnement, et qu'on puisse les aider à se trouver un emploi,
un autre emploi, ou à prendre la voie de la formation, si c'est ce qu'ils
désirent.
Mme Cadet : Est-ce que vous avez fait part à Amazon de votre
mécontentement de la manière dont ça s'est fait?
• (14 h 10) •
Mme Champagne Jourdain :
Écoutez, moi, je... mes énergies sont concentrées à m'assurer qu'on puisse
accompagner convenablement dans les meilleurs délais et qu'on puisse aider les
travailleurs à se retrouver un emploi ou à choisir d'aller en formation. C'est
ma responsabilité.
Mme Cadet : Donc,
Amazon n'a jamais eu de message qui lui a été transmis que ce n'était pas
correct de la manière dont ils ont décidé de quitter le Québec. Vous n'avez
jamais transmis votre mécontentement à l'entreprise?
Mme Champagne
Jourdain : Moi, je m'assure que, quand il y a un licenciement
collectif, je puisse être là, et que nos services sont d'une qualité
irréprochable pour pouvoir soutenir puis accompagner les travailleurs, là, dans
la recherche d'un nouvel emploi ou dans une solution, là, qui correspond à
leurs besoins.
Mme Cadet : O.K.
Donc, la réponse est non. Autre question là-dessus : Combien le ministère
de l'Emploi achète sur Amazon? Quels sont les achats qui ont été faits dans la
dernière année financière?
Mme Champagne Jourdain : Au niveau des contrats,
je peux peut-être céder la... des achats qui ont été faits sur Amazon,
je vais céder la parole à ma sous-ministre.
Le Président (M. Allaire) : J'ai
besoin du consentement des membres de cette commission. Est-ce que j'ai votre
consentement?
Une voix :
Consentement.
Le
Président (M. Allaire) :
Consentement. Madame, je vous laisse le soin de vous présenter, avec votre
titre, et la parole est à vous.
Mme
Laberge (Annick) : Oui. Bonjour, membres de la commission, M.
le Président. Annick Laberge.
Alors,
d'abord, pour dire qu'on a des services avec Amazon, entre autres, pour de
l'hébergement de données, avec Amazon Web Services. Sinon, il y a des
achats qui ont été faits, certains achats qui ont été faits par les employés,
du côté de cartes de crédit, qui ont été
faits, je dirais, avant le dossier chaud dont on parle en ce moment, le dossier
Amazon. Depuis ce temps-là, ce que je confirme, c'est qu'il y a des
mesures qui ont été prises de façon à ce que l'achat local soit priorisé et que les plateformes en ligne
étrangères, en fait, particulièrement les plateformes américaines, ne soient
pas utilisées.
Mme Cadet : Donc,
je reviens à vous, Mme la ministre. Donc, merci beaucoup, Mme Laberge. Amazon
Web Services, donc services infonuagiques, et des achats par carte de crédit de la
part des employés... donc, vous dites, donc,
il n'y a aucun achat qui a été fait par les employés, par carte de crédit, sur
la plateforme d'Amazon depuis janvier 2025.
Le Président (M.
Allaire) : Juste un instant. Mme la ministre, allez-y.
Mme Champagne
Jourdain : Si vous voulez, je vais laisser la parole à ma
sous-ministre.
Le Président (M.
Allaire) : Juste... Oui, j'ai votre...
Mme Cadet :
...
Le Président (M.
Allaire) : Le consentement n'est pas pour nécessairement toutes les
interventions. Donc, je comprends que, là,
on n'a pas le consentement pour que quelqu'un
d'autre intervienne. Donc, Mme la ministre, à vous de répondre.
Mme Cadet : Exactement.
Le Président (M.
Allaire) : Merci.
Mme Champagne Jourdain : On
vous a expliqué, là, ce qu'était la situation depuis la crise. En 2023, on parle
de 9 001,49 $ et, en 2024, les achats étaient de
6 727,23 $.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Mme la députée.
Mme Cadet : Et est-ce que vous continuez de bénéficier des
services d'infonuagique d'Amazon Web Services?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : C'est un contrat qui est
avec le MCN, pour ce qui est de l'infonuagique et Amazon.
Mme Cadet : O.K. Donc, le contrat est avec le ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Est-ce que ce contrat a toujours cours,
est toujours en vigueur?
Mme Champagne
Jourdain : Vous pourrez le demander au MCN.
Mme Cadet : Donc, vous, vous n'êtes pas au courant, vous
n'avez pas demandé... Est-ce que vous avez fait des représentations pour
qu'ils puissent... vous puissiez y mettre fin?
Mme Champagne
Jourdain : Le contrat est encore en cours avec le MCN.
Mme Cadet : Tantôt,
vous n'aviez pas l'air de connaître la réponse au niveau, donc, des achats sur
Amazon. Est-ce que ça veut dire que vous n'avez pas émis de directive à votre
ministère pour que les achats cessent?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez, vous savez, on a pris des dispositions,
comme gouvernement, pour s'assurer que les achats seraient faits au Québec,
dans nos ministères, tant que faire se peut. Et le Conseil du trésor a
émis des directives à l'effet que les hauts dirigeants pouvaient, dans le fond,
là, donner leur autorisation pour ça.
Mme Cadet : Donner
leur autorisation, qu'est-ce que vous voulez dire?
Mme Champagne
Jourdain : Pour les... En fait, donner leur autorisation pour les
achats.
Des voix : ...
Mme Champagne Jourdain : Je validais, là, juste ce
que j'allais vous dire. Il y a une directive qui a été donnée, par le MCN, de
favoriser l'achat québécois, dans le fond, puis, quand ce n'était pas possible
de le faire, qu'il fallait aller peut-être
sur des plateformes comme Amazon. Les hauts dirigeants pouvaient donner leur
autorisation. Naturellement, on fait les efforts nécessaires pour
s'assurer d'acheter ici, au Québec. Voilà.
Mme Cadet : Peut-être
que... Je reformule la question que j'ai posée. Est-ce que vous, vous avez,
après, là, janvier 2025, là, après l'épisode
qui s'est passé, qui a été fâcheux, pour lequel l'ensemble des Québécois ont
été choqués, donc, pour lequel
l'ensemble des partis politiques ont été choqués, est-ce que vous, vous avez...
vous vous êtes assurée de réitérer, auprès de votre ministère, qu'une entreprise
qui décide de quitter le Québec de façon cavalière, qui ne vous transmet pas au
préalable, un avis de licenciement, qu'il fallait certainement, donc, cesser de
faire des achats par carte de crédit sur la plateforme? Est-ce que vous,
vous avez transmis cette missive-là à votre ministère?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, le Conseil du trésor l'a fait. Naturellement qu'on
est en accord, à titre de ministre puis de
ministre qui siège au Conseil des
ministres, avec cette directive-là.
Mais la directive a été donnée, et, quand
on devait procéder à des achats, puis si on ne trouvait pas d'autre matériel
ailleurs que là, bien, les hauts dirigeants pouvaient procéder à cet
accord-là.
Moi,
je vous rappelle que, dans toute la saga, je vais le dire comme ça, d'Amazon,
ma responsabilité, mes efforts... mon
focus est mis, c'est sûr, à m'assurer que les travailleurs reçoivent... d'abord
et avant tout, les travailleurs, c'est ma priorité, moi, m'assurer qu'on puisse leur donner les bons services,
m'assurer qu'on puisse les accompagner là-dedans. Alors, c'est ça. Puis j'ai répondu clairement, je
pense, au niveau, là, de la directive qui avait donné... qui avait été donnée
au niveau du Conseil du trésor. Merci.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. 1 min 30 s.
Mme Cadet : Merci.
Donc, il reste peu de temps. Je vais revenir sur un sujet que j'avais abordé au
départ. Dans l'une de vos réponses, Mme la ministre, vous m'avez parlé du
nombre de chômeurs, hein, en disant, donc : On a 400 organismes
spécialisés en employabilité, on a le même nombre qu'au moment où est-ce qu'on
avait un taux de chômage qui était plus
élevé. Est-ce que vous reconnaissez le besoin, en fait, des personnes qui
bénéficient aujourd'hui des services spécialisés en employabilité, même
s'ils ne sont pas des chômeurs?
Le
Président (M. Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Bien, absolument. Tout à l'heure, d'entrée de jeu, vous me
parliez des... entre autres, des gens qui sont éloignés du marché du travail. Ça
fait partie de mes priorités. Alors, c'est certain que c'est important, ces
services-là, et ce qui est offert au niveau des organismes spécialisés en
employabilité, bien, c'est le continuum des services qu'on offre aussi à Services
Québec. Alors, oui, ce sont des services qui sont importants. C'est pour ça aussi que j'ai réclamé, à plusieurs
reprises, et que je vais continuer de le faire, le juste financement, la juste
part du fédéral dans les services publics...
dans les services d'emplois, puisque c'est aussi, rappelons-le, une compétence
provinciale.
Mme Cadet : Merci.
Si chaque personne qui bénéficie, en ce moment, des services, donc, pour vous,
le fait à juste titre, qu'est-ce qui va arriver de ces individus-là, si leur
organisme ferme, selon vous?
Le Président (M.
Allaire) : 10 secondes.
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez, j'ai eu la chance de vous le répondre en
période de questions. Moi, je m'assure qu'il n'y a aucune place de perdue, que
les places soient transférées. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Parfait,
merci. Ça fait... met fin à ce bloc d'échange. On enchaîne avec le deuxième
groupe de l'opposition. M. le député de Hochelaga-Maisonneuve,
12 min 1 s.
M. Leduc : Merci,
M. le Président. Rebonjour, tout le monde. Rebonjour, Mme la ministre. On parle
d'employabilité depuis plusieurs semaines maintenant, depuis la nouvelle
fatidique de début mars, en pleine semaine de relâche. Je veux saluer...
derrière vous, il y a plein de gens du milieu de l'employabilité, mais deux
personnes en particulier, là, M. François
Dallaire, de Carrefour Relance, puis M. Jean-François Lapointe, de Boulot vers,
deux organismes qui sont susceptibles de disparaître dans les prochains
mois, dans les prochaines semaines. Ça se compte en semaines maintenant, parce
que la fin de la subvention, c'est en juin, puis juin, bien, c'est demain
matin.
Je
veux juste souligner une chose. Tu sais, on avait un échange hier, en fait, à
la période des questions, Mme la ministre et moi, puis l'échange aussi avait
commencé la semaine dernière, avec ma collègue de l'opposition officielle.
On disait : Oui, mais là il y a trop
d'organismes. Il y a trop d'organismes, il y a deux millions de chômeurs.
Vous aviez l'échange, à l'instant,
avec ma collègue. Sauf que tous ces groupes-là ont des listes d'attente, hein?
Je suis allé demander aux groupes qui
sont coupés : Avez-vous des groupes... des listes d'attente en ce moment?
Ils ont dit oui. Carrefour Relance, ils
ont plus de 20 personnes dans leur liste d'attente, ils en ont à peu près,
là, une douzaine de personnes aux six mois. Boulot vers, une dizaine de personnes sur la liste d'attente, ils ont,
grosso modo, 20 réguliers, là, qui rentrent et qui sortent à différents moments de l'année. Ça fait que, même
s'il y a beaucoup d'organismes à Montréal, personne ne se tourne les
pouces. Est-ce que vous reconnaissez cet état de fait là?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez, c'est...
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Oh! pardon.
Le Président (M.
Allaire) : Non, non, allez-y, ça va.
Mme Champagne Jourdain : Merci. Effectivement,
vous savez, on dispense des services, que ce soit à Services Québec ou
que ce soit dans le continuum, à travers les organismes spécialisés en
employabilité, des services qui sont importants, des services qui permettent
d'intégrer ou d'aider des gens à intégrer le marché de l'emploi.
Alors,
moi, ce que je veux vous dire, c'est que... puis je l'ai dit d'entrée de jeu,
tout à l'heure, on est dans un contexte financier qui est difficile pour le
secteur de l'emploi. Moi, je fonctionne avec 145 millions de moins par
année, je fonctionne avec une réalité
qui m'amène à prendre des décisions qui sont difficiles. Je n'ai pas de plaisir
à prendre ces décisions-là.
• (14 h 20) •
Je
suis allée les rencontrer, les gens, tout à l'heure. On est en échange pour
trouver une solution dans le contexte. Je ne suis pas fermée aux solutions,
mais, une fois que j'ai dit ça, ça ne me ramène pas le 145 millions que je
n'ai plus. Alors, il faut... je dois prendre des décisions qui ne sont
pas faciles à prendre, mais qui doivent être prises, puis on doit s'assurer,
là-dedans, de faire en sorte que les personnes qui ont besoin des services
soient priorisées selon leur situation de
vulnérabilité, selon les services qu'ils ont. Il faut que... Je dois aussi
m'assurer, à travers toute la reddition de comptes, qu'on n'offre pas
deux, trois fois le même plan, la même solution à la personne qui est en
recherche d'emploi. Merci.
Le Président (M.
Allaire) : M. le député.
M. Leduc : C'est vrai que vous êtes
allée les voir tantôt. C'était hors caméra, bien sûr, mais je l'ai vu, alors je
le confirme, puis c'est tout à votre honneur. J'aimerais vous inviter,
peut-être, à aller retourner les voir et prendre rendez-vous
avec eux pour une rencontre à plus longue échéance que les quelques minutes,
bien sûr, que permettent la présentation avant un tel exercice. Est-ce que
c'est quelque chose qui serait possible, que vous pourriez prendre rendez-vous
avec M. Lapointe, M. Dallaire et d'autres groupes qui seraient intéressés à
vous parler directement?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Absolument. On échange... mon cabinet échange souvent avec
les organismes spécialisés en employabilité ou leurs représentants aussi.
Alors, ce sera possible, certainement.
M. Leduc : Puis on comprend que ce n'est pas un rendez-vous
en juillet, parce que ça se peut qu'ils ne soient plus là en juillet, on
a bien compris ça. Donc, on imagine que ça va être un rendez-vous bientôt?
Mme Champagne
Jourdain : On est en mode solution.
M. Leduc : On
est en mode solution?
Mme Champagne Jourdain : Vous savez, on a proposé
des solutions, on attend un retour. On échange là-dessus.
M. Leduc : Parfait. Parce que là, plus le temps avance, plus
on apprend aussi qu'il y a des nouvelles coupures. Parce que ce n'est pas tout le monde, pas tous les
groupes qui sont réseautés à travers un organisme plus large, tu sais.
Il y en avait 11 au début de l'exercice, on est rendus à 13. Il y en a
peut-être d'autres qu'on va découvrir. Je voudrais quand même qu'on les nomme, parce qu'on parle beaucoup du groupe, mais
il faut qu'on leur donne une visibilité, une existence. Il y a Intégration
Jeunesse du Québec, Emploi Jeunesse, Carrefour Relance, Travail Sans
Frontières, Centre Génération Emploi, YES, Fringues & Cie, Buffets
Insère-Jeunes, Le Boulot vers, Cuisine-Atout, Héberjeune. Puis il en manque
là-dedans, il y en a d'autres qui se sont rajoutés.
Moi, ce que
j'entends, c'est que c'est des groupes qui rencontraient leurs objectifs. Ils
n'étaient pas en train d'être audités, puis que là, il n'y avait plus...
personne qui va chez eux. Ils rencontrent des objectifs. Ils s'attendaient à
des rehaussements, même, de financement de votre part. Est-ce que, si vous
aviez eu plus d'argent, peut-être, vous auriez pu procéder à un rehaussement,
par exemple?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez... Merci. On est... puis c'est bien que vous
apportiez ça, le rehaussement, vous savez, parce que... J'ai parlé tout à
l'heure du contexte dans lequel on navigue, celui, là, où on a des coupures de 145 millions. On doit faire
avec, dans le budget, de manière annuelle. Et c'était aussi un engagement que j'ai pris auprès des organismes spécialisés en
employabilité, celui de moderniser les services, là... les services d'emploi,
et de procéder à un allègement aussi,
là, administratif pour les organismes spécialisés en employabilité, mais aussi
d'actualiser le coût client. Alors,
ça, ça rentre en ligne de compte aussi, dans le fait que j'ai 145 millions
en moins. On doit prendre des décisions difficiles. J'ai pris des
engagements, aussi, d'actualiser le coût client avec les organismes spécialisés
en employabilité. Alors, ça, ça fait partie
de la réalité dans laquelle, là, on navigue, actuellement, à l'emploi. Alors,
c'est ça.
Là, je vous parlais
de l'actualisation. Ramenez-moi sur le premier objet de votre...
M. Leduc : Bien, dans le fond, je peux reformuler aussi ma
question, mais vous n'étiez pas à des années-lumière de la question, je vous rassure. Je vais... pour
reformuler ma question, je vais vous donner un extrait d'une lettre que j'ai
reçue de Magdalena Schweiger — j'espère
que je prononce bien — qui
est la directrice de Cuisine-Atout. Elle dit : «Notre impact est indéniable, nos taux de réussite sont
excellents et nous dépassons régulièrement nos objectifs. En 2024‑2025,
30 personnes ont été placées en emploi, sur une cible de 24 — donc
125 % de performance —
et nous avons atteint 105 % de nos objectifs en 2023‑2024.»
Ma question est très
simple : Est-ce que ces groupes-là, vous leur reconnaissez une efficacité?
Est-ce qu'ils sont performants à vos yeux?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez, ils offrent certainement un service qui est
pertinent et un service qui est nécessaire.
Maintenant, certains organismes spécialisés en employabilité ont de meilleurs
résultats que d'autres. Je veux dire,
c'est à géométrie variable, c'est tout à fait normal. Elles ne sont pas toutes
égales, elles n'offrent pas toutes, non plus, nécessairement avec la
même... la même clientèle, les mêmes enjeux, les... aux mêmes endroits.
Tout à l'heure, vous
nous disiez aussi : Si j'avais le... Si on avait le 145 millions,
est-ce qu'on augmenterait? Alors, on va procéder à l'augmentation des coûts...
du coût client, à une majoration à partir du 1er juillet. On aura sûrement la chance d'en parler tout à l'heure, un
peu plus tard. Alors, ça, c'est une chose. Mais les décisions que je prends,
qu'on doit prendre comme ministère, en fonction du contexte économique ou du
contexte budgétaire n'impliquent pas que certains organismes ne soient
pas performants. C'est sûr qu'on évalue quand on prend des décisions, on fait
une évaluation, mais elles rendent un service, c'est sûr, qui est utile à une
clientèle.
M. Leduc : Mais
donc... Je veux juste vraiment bien comprendre, là. On s'entend que, si un
groupe comme Cuisine-Atout rencontre 125 % de ses objectifs, on peut
s'entendre, c'est un groupe performant, qui rencontre ses cibles, en tout cas?
Le
Président (M. Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez, moi, je ne peux pas parler des cas précis, là. Je veux dire, peut-être
qu'on peut rentrer dedans tout à l'heure, là. Mais ce que je veux vous dire,
c'est que je me retrouve quand même, organismes performants,
hyperperformants, moins performants, à devoir faire des choix. Des fois, c'est
une question aussi de présence sur le territoire. Sur l'île de Montréal, ça
arrive, des fois, qu'il y a quatre organismes spécialisés en employabilité,
qu'il y a des services d'employabilité sur le même coin de rue. Alors là, on
essaie aussi d'équilibrer l'offre pour que, présents sur tout le territoire, on
ait des services qui permettent de desservir les citoyens.
M. Leduc : Bien,
vous avez raison de le dire, parce que, par exemple, Carrefour Relance, qui se
concentre dans une clientèle un peu plus âgée, plus... vraiment extérieure au
marché de l'emploi, plus difficile à réintégrer dans le marché de l'emploi,
bien, ce n'est pas la même chose qu'un centre jeunesse... ou qu'un carrefour
jeunesse, pardon, juste à côté. C'est des missions
distinctes. Mais là, de dire : Sur le même coin de rue, dans
Hochelaga-Maisonneuve, par exemple,
il y a les mêmes services d'employabilité, bien, ce n'est pas les mêmes
services d'employabilité, on s'entend là-dessus.
Raccrocher un jeune ou raccrocher une personne de plus de 30 ans qui a
décroché déjà du travail deux fois, ce n'est pas le même travail.
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez, je pense qu'avec l'expérience que le
ministère a, que les directions régionales ont, aussi, avec les marchés de
l'emploi, avec les besoins, avec les organismes spécialisés en employabilité, ils sont à même de faire une
évaluation qui est rigide... pas rigide, mais une évaluation qui est, dans le
fond, sérieuse et qu'ils sont
capables, là, de rediriger certaines places dans les organismes dans lesquels
c'est pertinent de le faire.
Moi,
je veux vous rappeler qu'à travers les choix financiers que j'ai à faire ma
responsabilité, c'est de m'assurer que les citoyens et les citoyennes
qui ont besoin de services d'emplois les reçoivent. Malgré les choix difficiles
que j'ai à faire, il n'y a pas de bris de
services, on va conserver les places. Et ce n'est pas une question... le choix
de mettre fin à une entente avec un organisme, ce n'est pas une question
de performance...
M. Leduc : Bien,
ça, c'est clair.
Mme Champagne Jourdain : ...c'est une question de
choix difficile à faire, des choix financiers. J'ai 145 millions de
moins pour fonctionner, pour offrir des services à la population, et, malgré
tout, malgré ça, il n'y aura pas de bris de services.
M. Leduc : Bien, je suis content de vous l'entendre dire,
puis pas que vous aviez dit l'inverse, mais, quand un organisme ferme,
des fois, on peut se demander... il perd sa subvention... la perception
publique, ça peut être ça, c'est qu'ils auraient eu l'impression que c'étaient
des... ils n'étaient pas bons ou ils ne rencontraient pas leurs objectifs. Mais vous confirmez que ces groupes-là, bien, ils
étaient performants, ils rencontraient leurs objectifs. Ce n'est pas pantoute
ça qui est à l'ordre du jour. Bien, il y a au moins ça qui est clair, c'est
qu'ils faisaient un bon travail, et qu'ils font un bon travail, puis qu'on
souhaite qu'ils vont continuer à faire un bon travail parce que la partie n'est
pas terminée.
Parlons de la suite,
justement. Vous nous dites : Les places vont être sauvegardées. Mais la
question que je vous posais au salon rouge hier, c'est que vous demandez de
faire ça à coût nul, vous demandez aux autres groupes de ramasser des places,
mais à coût nul. Je me trompe?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci. Vous savez, moi,
j'ai offert la possibilité... parce qu'on devait se préparer. Vous savez, on n'avait pas de signal du fédéral
sur la reconduction de ces sommes-là. Donc, on a pensé à comment on
pouvait soutenir, comment on pouvait maintenir en vie ces organismes
spécialisés en employabilité là. Alors, moi, j'ai
offert... j'ai mis... j'ai libéré un fonds de 5 millions pour qu'on puisse
les soutenir, pour qu'ils puissent mutualiser certains services,
certains postes parfois, certains lieux où on donne des services. Et ce
fonds-là, il est toujours disponible,
toujours là. C'est toujours possible de pouvoir amener une solution qui nous
permettrait de pérenniser une organisation ou ses services. Alors, ça,
c'est pour vous traduire encore, une fois de plus, à quel point on est en mode
solution pour pouvoir les soutenir.
Maintenant, quand on
transfère des places dans d'autres organismes spécialisés, c'est sûr qu'on en
paie le coût mais on fait des économies,
c'est sûr, au niveau de... Il y a déjà là, en place... On transfère dans un
organisme qui est déjà installé, qui est déjà...
• (14 h 30) •
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Malheureusement, ça met fin à ce bloc d'échange.
J'enchaîne avec la députée de Vaudreuil, qui
a seulement 2 min 15 s. Mme la ministre, je m'attends à des
réponses courtes, s'il vous plaît. Mme la députée, allez-y.
Mme Nichols : Oui, merci, M. le
Président. Salutations rapides à tout le monde. Je continue un peu sur la même voie que le collègue de
Hochelaga-Maisonneuve, là, qui a commencé un peu plus tôt. Moi, j'ai reçu deux
lettres. Le comté de Vaudreuil, c'est
un comté en explosion démographique. Donc, on est souvent sollicités par,
évidemment, nos
citoyens, mais par nos organismes aussi. J'ai Sophie Boucher, du carrefour
jeunesse-emploi, et j'ai Réseaux Employabilité,
aussi, qui nous ont envoyé des lettres. C'est des lettres pas mal similaires.
L'objet de la lettre, c'est : Demande de rencontre urgente.
Ça fait que ma première question, c'est :
Est-ce que vous avez rencontré, de façon urgente, les organismes du comté de
Vaudreuil, soit carrefour jeunesse...
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Si j'ai
rencontré les organismes de votre comté?
Mme Nichols : Oui. Ils vous ont
envoyé des lettres, puis c'était écrit : Demande de rencontre urgente.
C'était l'objet de la lettre.
Mme Champagne Jourdain : J'ai
effectivement, vous comprendrez, beaucoup de demandes, puis c'est tout à fait normal, de rencontres dans le
contexte actuel, et mon équipe s'assure de rencontrer et d'avoir des échanges
avec les organismes spécialisés en
employabilité. Je dois vous dire que, dans le contexte de négociation aussi, à
chaque année, on reçoit des demandes de rencontres qui sont urgentes,
là, tu sais...
Mme
Nichols : Oui. Non, mais là c'est dans le... c'est deux
lettres, là, où l'objet, c'est : Demande de rencontre urgente.
C'est des regroupements, évidemment, là, carrefour jeunesse-emploi... Est-ce
que...
Mme Champagne Jourdain : Oui, mais
ce n'est pas les deux seules lettres que je reçois.
Mme
Nichols : Non, je comprends que les ministres sont
sollicités puis ils doivent recevoir d'autres lettres. Donc, je comprends qu'il n'y a pas eu de rencontre...
Peut-être, quelqu'un de votre équipe a rencontré les carrefours jeunesse, mais
je comprends que vous ne les avez pas rencontrés. Est-ce qu'il y a eu des
accusés de réception?
Mme
Champagne Jourdain : Bien, il faudrait que je voie les lettres, là,
auxquelles vous faites référence, là. On peut peut-être le prendre, là,
puis vous revenir avec un suivi.
Mme Nichols : Parfait.
Mme
Champagne Jourdain : Si vous voulez un suivi précis sur ces lettres-là,
vous pouvez me les déposer, puis on vous reviendra là-dessus.
Le Président (M. Allaire) : 30
secondes.
Mme
Champagne Jourdain : Moi, je vous assure qu'on fait des accusés de
réception aux demandes qu'on a puis on s'assure de faire un suivi aussi.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme la députée, une dernière question, peut-être? 20 secondes.
Mme
Nichols : Oui. Bien, en fait... bien, non, je vais donner la
réponse. C'est qu'il n'y a pas eu de rencontre puis il n'y a pas eu
de... ni d'accusé de réception, puis je pense que c'est des organismes importants
dans pas mal tous nos comtés, toutes nos régions.
Mme Champagne Jourdain : ...suis en
lien avec AXTRA, les représentants aussi des carrefours jeunesse-emploi. Vous
pourrez me laisser vos lettres, on va faire les vérifications.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à ce bloc d'échange.
Mme Nichols : ...
Le Président (M. Allaire) : Pardon?
Mme Nichols : Je vais déposer les
lettres à la commission.
Le
Président (M. Allaire) : Parfait. Il n'y a pas de problème, simplement
l'envoyer à l'adresse du secrétariat, elles seront déposées. Merci.
Mme Nichols : Parfait. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Allaire) : On
enchaîne avec l'opposition officielle. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, la parole est à vous. 18 min 1 s.
Mme Cadet : Merci,
M. le Président. Mme la ministre, vous venez de reconnaître que plusieurs des
organismes visés, sinon la totalité,
rencontrent leurs objectifs. On a parlé d'excès... d'organismes, donc, qui les
excèdent de 122 %. Je pense
aussi à Emploi Jeunesse, qui... en fait, et la D.G. d'Emploi Jeunesse était
présente parmi nous, et organisme pour lequel on constitue... on
constate un dépassement notable de ses cibles d'accompagnement de 133 % en
2023‑2024.
Donc,
la question que j'ai pour vous, donc : Si, pour vous, vous êtes d'accord
avec le fait que ces organismes-là sont
performants, rencontrent des objectifs, parfois les excèdent, c'est quoi, les
critères pour décider de ne pas renouveler les ententes avec ces
organismes-là?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Je m'excuse, je n'ai pas compris le dernier bout de
votre...
Mme Cadet : Mais,
si vous reconnaissez que ces organismes-là sont performants, rencontrent leurs
objectifs, parfois excèdent même leurs objectifs, c'est quoi, les critères pour
décider de ne pas renouveler les ententes avec ces organismes?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez, c'est sûr que, quand on a des choix à faire
et que le contexte économique nous impose de
faire ces choix-là, il y a une analyse qui est faite. Il y a une analyse qui
est faite, et, dans le cas actuel,
bien, on s'est assurés de pouvoir transférer les places dans des organismes qui
avaient une meilleure performance, un plus haut taux de réussite.
Et je veux revenir
sur l'offre de services à Montréal. Ça fait un bout de temps qu'on est
là-dessus, là, ça fait une heure qu'on est pratiquement sur ce sujet-là.
L'offre de services à Montréal, il répond à la demande. On parle de quatre organismes d'insertion... quatre
entreprises d'insertion. Il y en a 19 seulement sur l'île de Montréal et plus d'une centaine, au
total, d'organismes spécialisés en employabilité. Alors, l'offre, il répond à
la demande, et je rajouterais aussi que notre gouvernement a investi
comme jamais, là, au niveau des services d'emploi.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Mme la députée.
Mme Cadet : Vous
avez dit tantôt... on a terminé notre échange, puis vous m'avez répondu que
tous les parcours allaient être redirigés, ce que vous avez dit : Oui,
oui, donc, les personnes qui bénéficient de ces services-là, c'est important, on reconnaît, même si le taux de
chômage n'est plus le même, qu'ils ont besoin des services. Quand ils cognent à
la porte des organismes, ce n'est pas pour rien.
Maintenant,
est-ce que... quand vous avez décidé de rediriger ces organismes-là vers
d'autres que vous jugez plus performants, est-ce que vous avez consulté
ces autres organismes là?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Merci. Alors, on est actuellement dans le contexte de
négociation. Donc, vous savez, nous, on est
en train d'échanger avec les entreprises, tout ça est en train de se placer, et
ça va se confirmer dans les prochaines semaines. Et on... moi, je suis
confiante que tout va continuer de bien aller dans ces négociations-là. C'est le cas actuellement. On a trouvé une place
qui peut accueillir les 37 places, entre autres, pour Boulot vers...
Et tout ça va se concrétiser au
renouvellement des ententes, qui va prendre lieu... qui va prendre forme, dans
le fond, le 1er juillet 2025 cette année.
Le Président (M. Allaire) :
Merci.
Mme Cadet : Je
vous nommais Emploi Jeunesse plus tôt. Donc, je vous l'ai dit, donc, Justine
Damord est présente avec nous dans la salle. Il y a YES Employment and
Entrepreneurship aussi, qui est un organisme qui touche la... bien, en fait, les jeunes issus des communautés
anglophones, les jeunes anglo-québécois. Donc, ces jeunes-là, donc, ils vont être redirigés où, Mme la ministre,
ceux qui bénéficient, donc, de ces... des services de ces organismes-là qui
rencontrent leurs objectifs? Je l'ai dit, Emploi Jeunesse, c'est 133 % de
surpassement des cibles. YES, il y a une augmentation de 12 % des demandes
de services d'emploi en ce moment. Leurs jeunes, ils vont aller où?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci. Merci beaucoup.
Bien, écoutez, je vous ai dit que l'offre, dans le fond, à Montréal, là, répondait à la demande, et
nous, on est confiants qu'au total — pour
les quatre organismes, c'est 137 places — les
11 autres organismes vont pouvoir accueillir ces places-là. Je vous l'ai dit,
actuellement, on est en processus... Je vous l'ai dit, actuellement, on
est en processus de négociation. Tout va se confirmer, puis on va pouvoir vous en faire part quand ce sera le cas.
Mme Cadet : Bien, par exemple, ici, on parle de services
jeunesse. Ce qu'on comprend, c'est que c'est... et vous l'avez mentionné un peu en filigrane, c'est que
ces jeunes-là pourraient être redirigés vers les carrefours jeunesse-emploi. Est-ce que vous avez consulté le Réseau des
carrefours jeunesse-emploi avant de leur dire : O.K., vous allez
accueillir une clientèle supplémentaire, alors que leur liste d'attente
déborde déjà?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Moi, je
vous l'ai dit, on va être capables... Là, on parle au niveau, là, des... Moi, je fais référence aux organismes... aux
entreprises, pardon, d'insertion. On va être capables d'absorber, à travers
les 11 autres organismes, les places. Et
ultimement, ma responsabilité, c'est de m'assurer que les personnes reçoivent
le bon service.
Et, dans le contexte actuel, je le répète, de
coupures de 145 millions, on est en mode solution, et c'est ce qui... Moi, je veux m'assurer qu'il n'y ait pas de
rupture de service, qu'on ne laisse personne derrière, et c'est à ça qu'on est affairés
actuellement. Et on est dans la période de négociation. Les choses vont se
confirmer dans les prochaines semaines, prochains mois. Dans certains endroits,
c'est le cas, c'est confirmé, mais on travaille à pouvoir conserver... bien, à
faire en sorte qu'il n'y ait pas de bris de service.
Mme Cadet : Est-ce que, pour vous,
il n'y aura pas de bris de service, si les jeunes anglo-québécois qui
bénéficient des services de YES Employment... dont la directrice générale est
Mme Marina Boulos-Winton. Donc, si ces jeunes-là, qui sont dans un organisme
qui comprend... dont les intervenants comprennent leur réalité, dont les interventions, donc, sont spécifiques à leurs
besoins, sont redirigés ailleurs, est-ce que, pour vous, ça signifie de rendre
le bon service à la bonne personne et au bon moment?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup. Écoutez, je pense que les CJE ont une excellente expertise dans les services qui peuvent être dispensés aux
jeunes. Moi, je suis convaincue qu'ils vont recevoir d'excellents services,
comme c'est le cas avec... dans les CJE.
Puis je veux vous rappeler que, si on se
retrouve à parler de ça, ce n'est pas parce que moi, à titre de ministre, j'en ai envie, c'est parce qu'on a des coupures de
145 millions, et qu'on doit faire avec, et qu'on doit prendre des décisions
qui sont difficiles. Je n'ai aucun plaisir à faire ça, je l'ai dit plusieurs fois,
ça n'a pas changé aujourd'hui. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Mme la
députée.
Mme
Cadet : Je comprends que ça ne vous fait pas plaisir, Mme
la ministre, mais ce sont quand même vos choix, à ce stade-ci.
Mais bon, je reviens sur mes questions sur les
bris de service. Et oui, tout à fait, le Réseau des carrefours jeunesse-emploi
offre des services extraordinaires. Encore faut-il qu'ils soient financés pour
pouvoir les offrir et surtout si vous leur
demandez de les offrir à une population excédentaire. Donc, je salue Rudy
Humbert, qui nous écoute, D.G. du Réseau des carrefours jeunesse-emploi.
Mais je reviens, donc, sur cette redirection de
services. Donc, vous nous dites... Essentiellement, ce que j'ai compris, c'est que vous n'avez pas consulté avant
de vous dire : O.K. Bien, ils vont être capables de recevoir de la
clientèle excédentaire. Mais je
reviens, donc, sur la question, donc, du coût : Est-ce que ces
organismes-là, qui vont recevoir une clientèle additionnelle, est-ce
qu'ils vont être financés pour pouvoir le faire?
• (14 h 40) •
Mme
Champagne Jourdain : Je vous le dis, là, je vous le répète,
actuellement, on est en période de négociation avec les organismes spécialisés
en employabilité. Alors, tout ça est en train de se discuter avec les
organismes. Pour certains cas, c'est réglé, c'est défini. Il y a des
organismes spécialisés en employabilité ou d'autres entreprises, si on parle des entreprises d'insertion, qui vont
pouvoir recevoir les places, là, des organismes qui... avec qui on ne
reconduirait pas nos ententes. La demande en termes de places jeunes sur
l'île de Montréal, on y répond avec les organismes qui... avec qui on échange actuellement. Je veux dire, on va être
capables de couvrir la demande à ce niveau-là. Et ce que je veux... ce que je peux vous dire, c'est
qu'actuellement on est en négociation avec les organismes qui vont recevoir ces
places-là, qui vont accueillir ces places-là.
Mme Cadet : Vous dites que vous êtes
en négociation avec ces organismes-là. Ce qu'on... J'aimerais savoir : Est-ce que c'est aussi... vous êtes aussi en négociation avec ces
organismes-là en ce qui a trait aux ententes du programme préparatoire à l'emploi?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Bien, en
fait, oui. Oui, la réponse, c'est oui. Actuellement, on renégocie les ententes pour le... qui vont... les ententes
d'achats de places, dans le fond, disons-le comme ça, et, oui, ça concerne
aussi, là, tout ce qui est préparation à l'emploi.
Mme
Cadet : Alors, si vous appelez ça une négociation, Mme la
ministre, donc, pourquoi est-ce que la demande, donc, qui a été faite aux autres organismes était de connaître leur
capacité à ajouter, au sein de leurs organisations, des places sans
augmentation du financement de leur entente? C'est ça qui a été transmis par Services
Québec aux organismes, au réseau des
organismes, en disant : Bien, écoutez, on veut que vous preniez... On
reconnaît le besoin... parce que c'est ce que vous nous avez dit,
vous reconnaissez le besoin, que vous ne voulez pas de bris de service. On veut
que les jeunes
continuent à être accompagnés, mais ce que vous dites aux organismes
excédentaires, c'est : Bien, on va l'ajouter, on va vous... on va s'assurer que vous puissiez prendre ces
places-là, mais on vous... on ne vous accordera pas de financement
supplémentaire durant l'entente. Est-ce que c'est ça que vous appelez une
négociation?
Mme Champagne
Jourdain : Je vais faire une vérification, si vous me permettez.
Des voix :
...
Le Président
(M. Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez... Merci. Écoutez, quand on lance la
négociation, on établit certaines attentes que nous avons, puis, au fil du
temps, les organismes spécialisés en employabilité reviennent. C'est une
négociation. Alors, c'est des critères qui avaient été lancés. La négociation
suit son cours.
Mme Cadet :
Donc, vous êtes en train de dire que ça, ce n'est pas final, là, qu'à ce
stade-ci, alors que vous demandez la
capacité des organismes d'ajouter au sein de leur organisation des places sans
augmentation du financement de leur entente, que ça, c'est appelé à
bouger.
Mme Champagne
Jourdain : Ça pourrait être appelé à bouger, effectivement. Ce n'est
pas final.
Mme Cadet : O.K. Un peu plus tôt, donc, on regardait, donc, on se
disait... En fait, je vous ai demandé, donc, si vous aviez, donc, consulté,
donc, le réseau. Plusieurs des organismes, donc, en ce moment même, nous disent
qu'ils n'ont pas tout à fait été
consultés. Qu'est-ce que vous leur répondez? Parce que tantôt vous nous
dites : On les a consultés. Et
même à ma collègue, vous disiez : Bien, s'il y a des demandes de
rencontre, on les prend. Mais ce qu'on comprend, là, de certains groupes
qui nous écrivent en ce moment même, c'est qu'il y a des rencontres qui ont été
refusées et qu'il y a des groupes qui ont
reçu plusieurs... qui reçoivent, en fait, ce que vous nous dites, là, avec cet
air... surprise, là, quand vous dites qu'ils ont été consultés.
Qu'est-ce que vous leur répondez?
Mme Champagne
Jourdain : Mais ce qu'on demande actuellement aux organismes, là, aux
OSE, là, c'est de poursuivre le processus de négociation. On est dans le
processus de négociation, et, chaque année, c'est la même chose, là. C'est sûr qu'au départ, une fois que
les... Au départ, quand les, je dirais, les attentes ou les critères de base
sont mis en place pour la négociation, c'est rarement là que ça se
signe. C'est une négociation. Il y a des échanges avec... Il y a des échanges d'allers et de retours entre
les directions régionales et les organismes spécialisés en employabilité. Et, à
travers de ça, ça se peut qu'il arrive des demandes de rencontre qui sont
refusées, parce que ce qu'on demande aux organismes spécialisés, c'est
de poursuivre la négociation.
Mme Cadet :
Je vous dirais qu'il y a plusieurs qui n'ont pas l'impression que c'est une
négociation, que c'est plutôt une fin en soi, parce qu'on parlait de la
transmission d'une lettre au 3 mars pour fin des ententes au 30 juin,
mais, dans les faits, il y a comme une espèce de deux mois de préparation.
Donc, c'est presque aux trois... un moment où est-ce que les gens, donc,
doivent livrer un peu, donc, la partie paperasse. Donc, il y en a plusieurs qui
le reçoivent... Bien, en fait, on a à peu
près 30 jours pour nous revirer de bord, mais bon, votre interprétation,
c'est qu'il s'agit d'une négociation.
Avec
le temps qu'il me reste aussi, tantôt, je vous posais la question sur les
critères. Vous voulez... Vous pouvez répondre. Il me reste encore assez
de temps. Vous pouvez répondre.
Le Président
(M. Allaire) : Allez-y.
Mme Champagne
Jourdain : Bien, on prend des décisions. Il y a des décisions
difficiles qui ont été prises, effectivement,
de ne pas reconduire certaines ententes. Maintenant, les négociations se
poursuivent avec celles avec qui on
continue les ententes. Mais, malgré tout, moi, je suis une personne qui est
très ouverte, en mode solution, malgré tout. Même s'il y a une décision
qui a été rendue, par exemple, dans le dossier Boulot vers..., bien, on est en
échange pour trouver une solution puisque,
là, il y a peut-être une piste de solution qui est identifiée. On est
là-dessus. On est là-dessus.
Mme Cadet :
Est-ce que la solution, ça pourrait être un moratoire d'un an, le temps,
justement, de négocier, de s'asseoir, de faire en sorte que les organismes
n'aient pas l'impression d'être en situation de crise avant de rendre une
décision? Parce que vous comprenez bien que l'échéance qui est offerte aux
organismes était très courte, là. Ça fait que est-ce qu'être en mode solution,
ça veut aussi dire continuer le financement pour une année supplémentaire?
Est-ce que ça, c'est une voie de passage, Mme la ministre?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez, moi, je n'ai pas de moratoire du fédéral.
C'est ce qu'on a demandé. Alors, moi, je me
retrouve quand même avec 145 millions de dollars en moins dans mon budget.
Je n'ai pas la capacité de donner un moratoire d'un an supplémentaire.
Vous reviendriez ici me dire que je ne fais pas une bonne gestion des fonds à
l'emploi, l'année prochaine, si je faisais ça. C'est ce qui arriverait.
Mme Cadet : Donc, vous êtes en
train de fermer la porte.
Mme Champagne Jourdain : Alors, moi, je n'en ai pas, de moratoire. Et,
malgré les coupures auxquelles on fait
face, à chaque année, on continue d'investir 250 millions au niveau des
organismes spécialisés pour le continuum de services.
Mme Cadet :
Donc, vous avez fermé la porte complètement à l'idée d'un moratoire comme voie
de passage d'un an pour permettre de
négocier, de vous asseoir avec les organismes spécialisés en employabilité et
les entreprises d'insertion. C'est ce que vous êtes en train de nous
dire?
Mme Champagne
Jourdain : Écoutez, je
fonctionne avec 145 millions en moins. C'est une réalité. Actuellement, on est en négociation avec les organismes
spécialisés en employabilité. Les directions régionales sont en constant
contact avec ces organismes-là dans
les régions. Alors, moi, ce que je vous dis, c'est qu'il faut laisser le
processus de négociation suivre son
cours. À chaque année, on arrive à régler 95 % des situations. Si jamais
un organisme spécialisé en employabilité n'est pas satisfait de
l'entente au 1er juillet, il y a un processus de rappel de la décision qui
est en place. Merci.
Mme Cadet : Bien,
je comprends que, chaque année, il y a des négociations, mais on en est rendus
au 1er mai, et là on ne parle pas des
organismes qui seraient insatisfaits de l'entente, on parle d'organismes pour
lesquels il y a un non-renouvellement d'entente. Donc, on ne peut pas...
Il n'y en a aucun qui va être satisfait de l'absence d'une entente pour la
prochaine année à partir du 1er juillet, là, on s'entend.
Je reviens sur ma
question sur les critères. Je reviens à ma question sur les critères, parce que
tantôt vous avez dit : Ceux qui
atteignent leur cible, ça, ce n'est pas vraiment un critère, ils peuvent les
atteindre, mais, selon vous, il y en a d'autres qui les atteignent
encore plus que 122 %, que 133 %, comme Emploi Jeunesse. Est-ce que
l'aspect historique d'un organisme, ça, ça fait partie des critères?
Boulot vers...,
par exemple, comme entreprise d'insertion, c'est un peu le berceau, hein, des
entreprises d'insertion. Ça a été le modèle sur lequel les
gouvernements, donc, se sont basés pour être capables de bâtir ce que ça
signifie, être une entreprise d'insertion qui réussit... qui offre des services
à la population. Ça, c'est un aspect historique.
Le
Centre N A Rive, comme organisme spécialisé en employabilité,
dont l'entente aussi a été non renouvelée, donc le
Centre N A Rive, à Montréal, dirigé par Mme Ninette Piou, bien,
cette entente-là aussi a été non renouvelée. On parle d'un organisme qui est
présent depuis plus de 50 ans. L'année passée, il célébrait son
50e anniversaire.
Donc, est-ce que
l'aspect historique d'un organisme, de la confiance qui a été établie avec les
personnes qui bénéficient des services, l'unicité de l'organisme, est-ce que,
pour vous, ça, ça fait partie des critères pour ne pas renouveler leur entente?
Le Président (M.
Allaire) : 1 min 15 s.
Mme Champagne
Jourdain : Parfait. Merci. Bien, écoutez, je tiens à vous rappeler que
moi, je ne finance pas des organismes, je
finance des services. Le marché du travail, le marché de l'emploi évolue au fil
des ans, change. On s'adapte à ça. On adapte aussi notre achat de
services en fonction de ça, et, je le répète, si on doit faire ces choix difficiles là, c'est le contexte financier, c'est
les coupures unilatérales fédérales qui nous y obligent, malheureusement.
Merci.
• (14 h 50) •
Mme Cadet : Quand
vous dites : Un organisme comme le Centre N A Rive, qui
existe depuis plus de 50 ans, qui offre
des services, notamment d'alphabétisation, qui a des ententes avec Services Québec, donc l'achat de services, personne
n'a dit que c'était du financement à la mission, donc vous leur dites :
Même si vous êtes là depuis très longtemps et qu'on risque de vous
déstabiliser au point que vous fermiez complètement, que, pour nous, votre
aspect historique, la confiance qui a été établie avec les usagers, pour nous,
ça, ce n'est pas un critère. C'est ce que vous leur dites?
Le Président (M.
Allaire) : 20 secondes.
Mme Champagne Jourdain : Moi, ce que je vous dis,
c'est qu'on achète des services. On achète des services en fonction des besoins des régions, en fonction
des réalités du marché de l'emploi d'une région, en fonction du contexte
dans lequel on est, que ce soit le contexte économique, que ce soit...
Mme Cadet : Est-ce
que vous allez les rencontrer, le Centre N A Rive?
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Malheureusement, ça met fin à ce bloc d'échange. M. le député de Jean-Talon,
on enchaîne avec vous. 12 min 1 s.
M. Paradis : Merci.
Je sais que, tout à l'heure, ma collègue de Bourassa-Sauvé est revenue aussi
sur l'affaire Amazon. J'aimerais continuer
l'échange qu'on avait commencé, vous et moi, là-dessus, parce que, ce matin, il
y avait des travailleurs licenciés par Amazon qui étaient ici, à
l'Assemblée nationale, devant la porte 6. Est-ce que vous êtes allée les
rencontrer?
Mme Champagne
Jourdain : Oui, je les ai salués. J'ai passé. Oui, je les ai vus.
M.
Paradis : Nous aussi, on est allés les voir et on leur a dit qu'on
ferait un exercice de reddition de comptes avec vous. Alors, c'est ce que je
voudrais faire avec vous aujourd'hui en continuant notre échange là-dessus.
Donc,
le gouvernement a dit : Le premier ministre du Québec a promis aux
travailleurs licenciés, aux travailleurs affectés qu'il allait créer un programme spécial. J'ai bien réécouté vos
réponses de tout à l'heure et j'ai... puis je ne suis pas sûr que j'ai
encore une réponse. Est-ce que vous avez créé un programme? Est-ce que vous
avez des mesures spécifiques pour les travailleurs licenciés d'Amazon? Parce
que c'est ce que votre premier ministre, notre premier ministre leur a promis.
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Merci beaucoup. Merci.
M. Paradis : Puis
la réponse, c'est oui ou non, en premier. Est-ce qu'il y a un programme
spécial? Est-ce qu'il y a des mesures spécifiques pour les employés d'Amazon
qui ont été licenciés?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, la réponse, c'est oui, c'est qu'il y a un service de
reclassement qui a été mis en place pour les
travailleurs d'Amazon. Et vous n'étiez pas là tout à l'heure, mais je tiens à
le dire que ce qui s'est passé avec le licenciement, là, des gens, là, des
employés d'Amazon, on l'a tous dénoncé. Ce n'est pas comme ça qu'on veut
que nos travailleurs soient traités au Québec. Ce n'est pas comme ça qu'on veut
que les choses se passent.
Alors, la loi prévoit
que c'est possible pour une entreprise de mettre en place des services de
reclassement. Ça peut être aussi le
gouvernement qui le fait via Services
Québec au niveau d'un comité d'aide
au reclassement. Alors, c'est ce qui
s'est passé dans ce cas-ci. Et Amazon a choisi... a pu se prévaloir, là, de
cette possibilité-là de mettre en place des services de reclassement. Et
nous, on encadre, on...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, Mme la députée. J'essaie de rendre ça équivalent, le temps de parole.
Mme Champagne
Jourdain : Parfait.
Le Président (M.
Allaire) : Donc, M. le député de Jean-Talon, allez-y.
M. Paradis : J'aimerais une réponse spécifique à une question
spécifique, parce que, là, vous me parlez encore : On peut faire ceci, la loi prévoit ceci. Le
collègue d'Hochelaga-Maisonneuve l'a allégué tout à l'heure, vous avez exempté
l'entreprise de certaines de ses obligations.
Je veux savoir :
Est-ce que vous avez créé un programme spécifique ou est-ce que vous avez mis
en oeuvre des mesures spécifiques pour les
employés d'Amazon qui ont été licenciés? Parce que c'est ce que le premier
ministre du Québec lui-même leur a
promis. Oui ou non? Un programme spécifique pour les employés ou des mesures
spécifiques pour les employés d'Amazon, oui ou non?
Mme Champagne
Jourdain : Merci. J'étais en train de vous expliquer que la loi
prévoit que c'est possible de mettre en place des services de reclassement.
C'est ce qui s'est fait. Les vérifications ont été faites en bonne et due forme pour s'assurer que ces services-là sont
soit équivalents ou supérieurs à ce qui serait offert par le ministère. Et, vous
savez, parmi ces services-là, là, il y a de l'orientation qui est faite aussi.
On accompagne les gens pour se trouver un emploi ou pour intégrer une des
mesures ou un des programmes de formation qui sont offerts, que ce soit via
notre ministère ou... pour les orienter vers
le marché du travail. On les accompagne dans ce qui est rédaction du C.V. Et
c'est ce que la firme qui a été embauchée a fait.
Maintenant,
si vous me parlez des possibilités qui s'offrent à ces gens-là, elles sont
multiples. Puis, tu sais, faire un
seul programme, je veux dire, on travaille avec des humains qui ont des
aptitudes, qui ont des intérêts différents, là.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : Je
pense que tout le monde va comprendre que la réponse facile qu'on devrait
entendre aujourd'hui, le premier ministre
l'a promis. Si on est un gouvernement qui satisfait à nos promesses, on fait ce
qu'on a dit, on dit : Oui, on a mis en place un programme
spécifique pour les employés d'Amazon, voici ce que nous avons fait. Vous
référez à la loi, puis aux possibilités, puis à l'aide pour le C.V., donc je
pense que les Québécois sont à même de tirer des conclusions.
Je vais revenir
maintenant sur vos déclarations puis je sais que vous avez continué aussi la
discussion avec la collègue de Bourassa-Sauvé. Vous avez dit... vous avez refusé de dire que c'étaient des actions
antisyndicales, que ce qui s'est
passé, c'est en raison du fait qu'il y avait une accréditation syndicale.
Est-ce que vous refusez toujours de le dire? Est-ce que vous admettez
que ce qui s'est passé, c'est en raison du fait qu'Amazon ne tolérait pas qu'il
y ait une accréditation syndicale dans une de ces usines? Êtes-vous capable de
nous dire ça aujourd'hui?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci. Je
vais vous répéter ma réponse. Vous savez, moi, une fois qu'on se retrouve
devant une situation comme ça, ma responsabilité à titre de ministre de
l'Emploi, c'est de m'assurer qu'on aide les travailleurs
le plus rapidement possible et qu'on les aide à intégrer le marché du travail,
qu'on les aide à se réorienter et qu'on leur donne les bons services.
Moi, je ne
suis pas dans la tête de Jeff Bezos pour voir ce qui a... pour connaître ce qui
a mené à sa décision. Je vous le dis : Est-ce que je trouve que c'est
acceptable, la manière dont ça s'est passé? Non. Mais une fois ce constat-là
fait, l'urgence, mon urgence à moi, c'est de m'assurer qu'on accompagne les
travailleurs, et c'est ce que je fais.
Le Président (M. Allaire) : M. le
député.
M. Paradis : Bon, c'est quand même
paradoxal parce que je vous pose des questions sur l'accompagnement
spécifique... Je vous donne l'occasion, là. Ça fait deux, trois fois que je
vous repose la question.
Mme Champagne Jourdain : ...je vous
ai répondu.
M.
Paradis : Vous me répondez
sur des généralités, puis on n'est pas capables de mettre le doigt sur les
mesures spécifiques que vous avez adoptées puis sur les résultats.
Le premier
ministre a dit : On va les envoyer à un secteur de la construction. Je
vous ai aussi posé cette question-là : Il y en a combien?
Mme Champagne Jourdain : Vous faites
des raccourcis.
M. Paradis : Mais, cela étant dit,
sur l'aide...
Le
Président (M. Allaire) : Juste un instant. Juste un instant. Faites
attention. Mme la ministre, la parole est au député de Jean-Talon.
Laissez-le terminer.
M.
Paradis : Bon, alors, sur la question de l'aide, je pense
que les gens sont capables de tirer des conclusions sur la nature de vos
réponses.
Maintenant,
sur les commentaires, sur l'évaluation, vous avez donné des millions de dollars
de contrats à Amazon. Ils ont eu un
branchement gratuit d'Hydro-Québec. Ils ont eu des réductions de tarif d'Hydro-Québec. Le rôle de votre gouvernement, aussi, c'est d'être capable de
se tenir debout devant les partenaires. On est en pleine guerre tarifaire avec les États-Unis.
Donald Trump mène une guerre
tarifaire contre le Québec. Votre premier ministre, notre premier
ministre a promis qu'il allait se tenir debout.
Pourquoi vous protégez Amazon? Pourquoi vous
n'êtes pas capable de dire dans le blanc des yeux à ces grandes entreprises étrangères, quand ils font des choses comme ça, de
venir bénéficier des cadeaux que vous leur avez donnés, les dizaines de
millions en contrats puis en cadeaux que vous leur avez donnés... puis après
ça, quand ils licencient sauvagement
des personnes, quand ils ferment une usine parce qu'il y a eu une accréditation
syndicale, on n'est pas capables de se tenir debout puis de leur dire les
vraies choses?
Le Président (M. Allaire) : M. le
député, faire attention pour ne pas prêter des intentions, s'il vous plaît. Je
m'excuse. Je suis en train de perdre la voix. Mme la ministre, la parole est à
vous.
Mme Champagne Jourdain : Bien, il
n'y avait pas de question, là, dans ce qu'il m'a... un plaidoyer, là. Il
m'exprime sa vision, mais je n'ai pas saisi de question, là.
M.
Paradis : Je vous demande... bien, il y a une question,
c'est : Est-ce que ce n'est pas votre rôle? Puis pourquoi vous
n'êtes pas capable de dire les choses telles qu'elles sont?
Mme
Champagne Jourdain : Bien, je vous l'ai expliqué, mon rôle, moi, c'est
de m'assurer, dans un licenciement collectif comme ça, qu'on s'occupe
des travailleurs, que les solutions qui sont mises en place soient les bonnes.
Et je le répète, là, la loi prévoit que
l'organisation peut mettre en place un service de reclassement ou que ce soit
un comité d'aide au reclassement qui est pris en charge par le
ministère.
Dans le cas actuel, Amazon a proposé des
services. On a fait les vérifications diligentes pour s'assurer que ces
services-là, d'aide, d'accompagnement aux travailleurs qui étaient licenciés,
soient soit équivalents ou supérieurs à ce qu'on offrirait, à nos critères,
dans le fond, et c'est ce qui a été fait.
Et moi, ce
que je peux vous dire jusqu'à maintenant, c'est qu'il y a environ 80 % des
anciens employés d'Amazon qui ont choisi de s'inscrire à ces services-là. Il y
a eu des rencontres individuelles avec des coachs, et c'est
800 personnes qui ont reçu des
services. Et le taux de satisfaction des travailleurs jusqu'à maintenant sur la
solution qu'on a proposée, là... mais l'accompagnement qui leur est
donné et qu'on encadre au ministère de l'Emploi, le taux de satisfaction, là,
de ceux qui ont terminé leur participation est de plus de 85 %.
Je pense
qu'on s'en occupe, des gens, puis on va continuer parce que les parcours ne
sont pas terminés au complet. On va continuer de s'assurer que ce soit
le cas puis que les... ils reçoivent des services de qualité.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. le député.
• (15 heures) •
M. Paradis : Les
trois partis d'opposition ont eu la même réaction quand il y a eu la fermeture
vraiment sauvage de l'usine d'Amazon. Puis
on a tous des... bon, on a des orientations politiques qui parfois convergent,
parfois divergent, mais on a tous conclu la même chose : Ils ont
fait ça parce qu'il y a eu une accréditation syndicale. J'ai une revue de presse longue de même de
commentateurs, d'experts de tous les horizons qui disent la même chose. Il y a
juste notre gouvernement qui n'est pas capable d'admettre ça.
Pourquoi vous
n'êtes pas capable de dire ça? Qu'est-ce qui vous empêche de dire les choses
telles qu'elles sont? Amazon, là, ils l'ont déjà, leur... ils l'ont déjà
fait, leur mauvais coup, là, ils ont déjà fermé sauvagement l'usine. C'est
quoi... Pourquoi vous les protégez? Est-ce que notre gouvernement a peur de
dire les choses telles qu'elles sont à Amazon?
Le
Président (M. Allaire) : Je répète, M. le député de Jean-Talon,
faites attention de ne pas prêter des intentions. Mme la ministre.
M. Paradis : Je ne prête pas des
intentions. Je pose la question, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Faites
attention de ne pas prêter des intentions. Allez-y.
Mme
Champagne Jourdain : Merci beaucoup. Vous savez, ma responsabilité à
titre de ministre de l'Emploi, c'est
de m'assurer que, quand il y a des licenciements collectifs — il
n'y a pas juste Amazon, là, ça n'arrive pas juste chez Amazon, ça, là, là — quand il y a des licenciements collectifs, qu'on
s'occupe des travailleurs qui perdent leur emploi. C'est ma
responsabilité à titre de ministre de l'Emploi.
Maintenant, si vous voulez avoir des échanges
sur le droit du travail, vous le savez, c'est avec mon collègue Jean Boulet que vous allez avoir ces échanges-là.
Et je vous invite à le questionner, si vous avez... si vous voulez poursuivre
votre échange au niveau des syndicats avec lui. Moi, ma responsabilité, c'est
de m'occuper des travailleurs. On s'est...
L'organisme a déposé une offre. On suit ça de très près. 800 travailleurs qui
ont complété un parcours, et taux de satisfaction de 85 % sur les
services qu'ils ont reçus. Merci.
Le
Président (M. Allaire) : Merci. N'oubliez pas, Mme la ministre, on doit
appeler nos collègues par leur titre. M. le député de Jean-Talon.
M. Paradis : On ne parle pas de
parler de droit du travail ou syndical, on parle de se tenir debout face à une
entreprise à qui vous avez donné 100 millions de contrats, un branchement
au réseau électrique de 2 millions gratuit, 2,2 millions d'achats sur
carte de crédit, des rabais sur les tarifs électriques. C'est ça dont on parle.
C'est de faire une évaluation franche des résultats des investissements que
moi, j'appelle des cadeaux que vous avez décidé de faire à une grande multinationale étrangère. Il faut être
capable de faire un bilan franc. C'est ça dont on parle, puis je ne comprends
pas pourquoi vous n'êtes pas capable de dire les choses telles qu'elles sont.
C'est tout, là. On ne parle pas de droit du travail,
on parle de dire c'est quoi, le bilan de ce qu'on a fait avec cette
entreprise-là. C'est ça, le bilan. C'était supposé pour être des emplois
payants. C'est le premier ministre du Québec qui dit ça. Puis là les emplois,
ils sont disparus.
Alors, moi,
j'espère... Vous dites qu'il y a le taux de satisfaction. Est-ce que vous avez des
chiffres sur ceux qui se sont
requalifiés actuellement, sur ceux qui sont replacés? Est-ce qu'on sait combien
ont retrouvé un emploi ailleurs et combien sont dans le domaine de la
construction?
Le Président (M. Allaire) : Malheureusement,
on n'aura pas le temps d'y répondre dans ce bloc. Je cède maintenant la parole
à la partie gouvernementale. Mme la députée de Hull, la parole est à vous pour
12 min 15 s.
Mme
Tremblay : Alors, bonjour. Merci, M. le Président. Alors,
moi, je vais parler d'un... de quelque chose qui... je sais, qui vous
préoccupe, Mme la ministre, en tout cas, dans lequel on a posé des actions,
mais malheureusement on a dû poser ces
actions-là alors qu'avant on avait été dans l'inaction, avant l'entrée de notre
gouvernement, puis là je vous parle
de la pénurie de main-d'oeuvre. Parce que, je veux dire, ce n'est pas d'hier
qu'on sait qu'au Québec on va connaître une pénurie de main-d'oeuvre.
Moi, vous savez, je viens du milieu de
l'éducation puis je ne suis pas une spécialiste, là, mais, dans le milieu de l'éducation, on anticipait déjà cette pénurie
de main-d'oeuvre là. On était inquiets parce qu'on savait qu'il allait y avoir
des départs à la retraite de façon massive
puis, au même moment aussi, parce que les gens ont été beaucoup embauchés dans
la même période dans le milieu de l'éducation. Donc, on avait, dans le milieu
de l'éducation, vraiment une préoccupation
importante, puis, tu vois, on va l'avoir encore dans plusieurs années parce
qu'on va presque tous sortir au même moment aussi.
Donc, c'est
une situation qui nous a... qui est préoccupante puis, bon, évidemment, causée
par le vieillissement de la population. Et vous dire qu'évidemment ça
met une pression, ça met une grande pression sur notre système, évidemment, sur
les services en santé. Je viens de parler d'éducation parce que je viens du
milieu de l'éducation. On le voit en santé.
On connaît une pénurie importante au niveau du personnel, notamment dans ma
région à moi, la région de l'Outaouais, où elle se fait bel et bien
sentir, cette pénurie-là, dans... bon, sur le marché du travail, bref, dans
tous les domaines. Les personnes qui sont en
âge de travailler, bref, bien, ils ne peuvent pas remplacer tous les départs à
la retraite que l'on connaît puis tous les nouveaux emplois qui sont
créés. Donc, c'est sûr que ça a un impact direct dans notre économie.
Cette crise démographique là, elle
était connue depuis longtemps, puis c'est ce que je veux vous parler
aujourd'hui, démontrer à quel point
on était au courant de ça. Depuis le début des années 2000, l'entrée en
poste des... du Parti libéral, ils ont eu des avertissements. Les cloches
étaient là, les alarmes étaient là, tout était là, mais on a attendu puis
aujourd'hui on a les effets que l'on connaît de ce résultat-là, de ce
résultat d'inaction, évidemment.
Juste vous dire, là,
puis je vais vous parler de quelques faits, là, en lien avec ça, en 2003,
O.K., on a les économistes d'Emploi-Québec qui écrivaient : «Le marché du
travail s'apprête à éclore un chapitre pour en écrire un nouveau.» Ça veut dire
quoi concrètement? Qu'est-ce qu'ils sont venus nous dire ici? Bien, ils sont
venus... C'est un rapport qui soulignait que bien que le marché du travail ait
connu une croissance continue, des facteurs tels que le vieillissement de la population et l'évolution des compétences requises
allaient transformer la dynamique de l'emploi. Ils mettaient en évidence la nécessité d'adapter les
politiques d'emploi et de formation pour répondre aux défis émergents.
Là,
ici, là, on est en 2003 quand ce rapport-là entre, puis il sonne les
premières cloches, puis déjà, auparavant, il y en avait qui avaient été
sonnées, mais là c'est l'entrée aussi au même moment, hein, au pouvoir des
libéraux. Donc, il est déjà clair que
certaines régions, dans ce rapport-là, vont vivre des problématiques puis que
les secteurs... plusieurs secteurs économiques en subiront les impacts.
Là, on continue puis,
après ça, on est un petit peu plus loin dans le temps avec M. Jacques Légaré,
qui est un démographe. Puis je l'ai dit
tantôt, hein, moi, je ne suis pas démographe, je ne suis pas une spécialiste,
mais déjà j'étais préoccupée par ce fait-là dans le monde de l'éducation,
parce qu'on commençait à voir tranquillement, pas vite que... Il est venu un
moment où, dans le monde de l'éducation, là, il y avait tellement de monde sur
les listes d'attente qu'il n'y avait pas de
préoccupation. Tu sais, il y avait des remplaçants, des remplaçants, puis il y
a des gens qui ne travaillaient pratiquement
pas. Mais là, rapidement... Puis moi, je suis d'une région où il y avait
beaucoup d'emplois, en région de l'Outaouais,
et là on a vu que les listes se sont vidées. Puis ça a été les premières, pour
moi... les premiers symptômes de cette crise-là qu'on allait connaître
puis qui s'est toujours amplifiée.
Et là ce monsieur-là,
là, M. Légaré — je
reviens, là, je me... j'ai beaucoup de choses à dire — démographe
à l'Université de Montréal, lui aussi nous donnait un avertissement important.
Alors, ce monsieur-là allait venir nous dire
ici, dans un article intitulé Les fondements démocratiques de la main-d'oeuvre
québécoise de demain qui a été
publié... soulignait l'urgence
d'établir des mécanismes de planification des ressources humaines pour gérer la
main-d'oeuvre québécoise de
manière équitable pour les générations futures. Il est venu dire : Il
faut... Il nous mettait en garde contre le
vieillissement de la population active et la croissance de la population des
retraités, donc, et il... c'est une tendance qui allait entraîner un déficit de main-d'oeuvre important, si on
n'allait pas mettre des actions concrètes. Là, on est en 2004.
Puis là on continue
dans le temps, évidemment, M. le Président, et on arrive maintenant, là, un
petit peu plus loin, 2007. Un économiste
démographe, c'est un M. Sylvain Dufresne, il a soulevé, lui aussi, des
préoccupations. Ça fait que, là, on est toujours, là, dans le règne du
Parti libéral. Les effets du vieillissement de la population se feront sentir
rapidement et de façon sensible sur le marché du travail. Les bassins de
chercheurs d'emploi seront loin d'être suffisants.
On va manquer de gens pour combler les postes sur le marché du travail. Donc,
encore une fois, on sonne l'alarme.
Puis
ça se poursuit dans le temps. Il y a maintenant une autre... une géographe
cette fois-ci, Mme Cynthia Bond, d'ailleurs géographe et artiste aussi, je
tiens à le souligner, incroyable, elle fait des tableaux aussi... fait
le portrait aussi de la main-d'oeuvre
de l'ensemble des régions du Québec et, elle aussi, elle vient dire : On
s'en va dans un mur. Donc, on est en 2010. Puis elle a travaillé,
là, sur cela, là, à de nombreuses reprises. Donc, il faut s'en occuper, il faut
mettre en place des stratégies. C'est très important, et, malheureusement, on
n'est pas dans cette situation-là.
Puis
là on continue, tout le monde se préoccupe de... tu sais, on voit, hein, que la
population vieillit, puis là il y a les
baby-boomers puis... bon. 2014, on a un journaliste économique, Rudy Le Cours,
puis là... Je vais reprendre ici, là, ce
qu'il vient dire en ligne : Le vieillissement des baby-boomers... hein, on
est... on est bien au fait, là, les... C'est connu, hein, les baby-boomers sont rentrés pratiquement
tous en même temps sur le marché du travail puis évidemment, après avoir
contribué à la société québécoise, bien, un jour, eux autres aussi, ont
tranquillement pensé à leur retraite.
Donc, ici, on est
en 2014 : Le vieillissement des baby-boomers commence à se faire
sentir sur le marché du travail, d'un océan
à l'autre, donc... mais ce qu'il vient ajouter : en particulier au Québec.
Et là, un petit peu plus loin dans l'article, il dit : «Lentement,
mais sûrement, le taux d'activité des Québécois de 15 ans et plus diminue,
reflétant une croissance plus rapide de la
population qui quitte le marché du travail que celle qui y entre.» Et, à ce
moment-là, il est préoccupé plus
particulièrement au Québec que partout ailleurs. Une autre sonnette d'alarme
qui nous est amenée ici, là, dans ces... toujours dans ces mêmes années
là.
• (15 h 10) •
Donc,
l'inquiétude est bien présente par rapport aux démographes, à tous ceux qui
touchent, de près ou de loin, le marché de l'emploi. Alors, le
vieillissement de la population, bien, je pense qu'on a fermé les yeux.
Et quand nous, on
arrive au pouvoir en 2018, on est... puis, tu sais, là, on va connaître ce
qu'on va connaître aussi, hein, la pandémie qui va un peu accentuer tous ces
effets-là. Et moi, Mme la ministre, j'aimerais ça... parce qu'il y a tellement d'actions que notre
gouvernement... nous, on s'est ramassé avec cette situation-là, puis il y a
tellement de choses qu'on est venus
mettre en place parce qu'on savait qu'il fallait se préoccuper de ça. On a même
fait des annonces ensemble, vous puis moi, là, le... faire de la
formation professionnelle, mais il y en a d'autres aussi, parce qu'il fallait trouver des moyens d'amener des gens sur le marché
de l'emploi, de requalifier, de former, d'automatiser nos processus.
Alors, je vous lance la question : Qu'est-ce qu'on a fait?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme
Champagne Jourdain : Merci beaucoup. Je vous remercie pour votre
question. Moi, je me rappelle de mes
années de cégep. Au début 2000, j'étais sur les bancs dans les cours
d'économie, dans les... bref, j'étais en sciences humaines, et on parlait beaucoup de la pyramide
inversée, du défi démographique qu'on aurait dans les années futures,
effectivement, et que ce serait un enjeu au
niveau de l'emploi. Donc, les démographes le savaient, nos professeurs aussi
au cégep le savaient. Il y a d'autres gens qui le savaient aussi parce que...
J'aimerais
vous lire une citation, là, une citation qui va comme suit, c'est quelqu'un qui
a dit ça, je vais vous dire qui a dit ça tout à l'heure : «Cette
crise n'est pas sortie comme un lapin d'un chapeau. Je me souviens, moi, dans
les années 2000, lorsque j'étais au gouvernement, on parlait déjà de cette
pénurie de main-d'oeuvre qui allait frapper notre
société parce que notre société était plus vieillissante ici qu'ailleurs.
Alors, on aurait dû prévoir cette réalité dans laquelle on se trouve.»
Et qui a dit ça? C'est M. Karl Blackburn, qui est actuellement, là, à la course
à la chefferie du Parti libéral du Québec. Il le savait à ce moment-là.
Je le répète, on aurait dû prévoir cette réalité
dans laquelle on se trouve.
Maintenant, une fois que je dis ça, on est
dedans et on a tout déployé, nous, de notre côté, pour pouvoir répondre à cet
enjeu-là de pénurie de main-d'oeuvre. À l'automne 2021, notre gouvernement
a lancé l'Opération main-d'oeuvre qu'on a
commencé à déployer au début 2022. On s'est dotés d'une enveloppe de
3,9 milliards pour le faire, dont
2,9 milliards de crédits additionnels sur cinq ans. Et cette
Opération main-d'oeuvre là, elle s'attaque à l'ensemble des initiatives ciblées, là, au manque de
main-d'oeuvre dans les services publics essentiels, dans les domaines
stratégiques pour l'économie aussi,
alors, j'ai eu la chance d'en parler à plusieurs reprises, là, technologies de
l'information, génie, construction, santé, éducation. Bref, on couvre
six secteurs, là, stratégiques pour notre économie et nos services
publics.
En octobre 2023, précisément le
30 octobre, notre gouvernement a aussi lancé... en plus de ce qui était
fait dans l'Opération main-d'oeuvre, a lancé l'offensive de formation en
construction qui visait à former entre 4 000 et 5 000 personnes
additionnelles pour qu'elles occupent des métiers, là, en forte demande sur les
chantiers. C'est une initiative, comme je le
disais, complémentaire à l'Opération main-d'oeuvre, dont le but était d'amener
des gens formés, avec une bonne base de formation autonome, sur les
marchés... sur nos chantiers de construction, rapidement, pour pouvoir, là, augmenter entre autres la
productivité, répondre aux besoins de main-d'oeuvre mais augmenter la
productivité sur nos chantiers de construction.
On a tous... les derniers budgets, que ce soit
2023, 2024... 2022‑2023, 2023‑2024, 2024‑2025, notre gouvernement a poursuivi
sa lutte contre la pénurie de main-d'oeuvre en déployant différentes
initiatives, là, qui s'ajoutent aux actions
de l'Opération main-d'oeuvre. Si je reviens au budget de mars 2022, on a
prévu, à ce moment-là, 78 millions pour des programmes... pour les
programmes du MESS ou de la CPMT. Et on avait, à ce moment-là, 65 millions pour l'intégration
socioprofessionnelle des jeunes de 16 à 35 ans, en bonifiant le
financement des carrefours jeunesse-emploi,
13,2 millions pour favoriser la formation de la relève dans les métiers de
la gestion de l'eau. Et ça va comme ça d'année en année.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Ça met fin à ce bloc d'échange. On enchaîne avec l'opposition
officielle. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, vous avez 18 minutes. La
parole est à vous.
Mme Cadet : Oui. Merci, M. le
Président. Avant de revenir, là, je ne peux pas m'empêcher de commenter l'échange
entre la ministre et la députée de Hull. Dans notre demande de renseignements
particuliers, dans le cadre de cette étude
de crédits, nous avions demandé la liste, donc, des programmes visant à pallier
la pénurie de main-d'oeuvre, par
secteurs, pour 2024‑2025, et on nous a répondu en 2024‑2025,
donc, le ministère de l'Emploi nous a répondu sur papier : «Le ministère de l'Emploi et de la Solidarité
sociale, en 2024‑2025, n'a pas mis en place de nouveaux programmes visant
à pallier la pénurie de main-d'oeuvre.»
Je reviens au
sujet que je souhaitais aborder avec vous avant cet échange. Vous avez
mentionné, Mme la ministre, la
question du coût client. Vous sembliez fière, donc, d'établir, donc, un nouveau
coût client. Donc, j'aimerais, donc, vous amener là-dessus. Ce que je comprends, c'est que ce qui a été proposé et
négocié, hein, avec les organismes spécialisés en employabilité, c'est
un tarif unique de 76,90 $. C'est bien le cas, Mme la ministre?
Le Président (M. Allaire) : Mme
la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup. Bien, c'est sûr que je vais revenir sur la première portion de votre question. Vous savez, je l'ai expliqué tout
à l'heure, là, on a déployé une opération main-d'oeuvre qui s'étalait sur cinq ans,
donc, qui va se terminer en 2026. J'espère qu'on va avoir la chance de
pouvoir parler des résultats, pouvoir parler
de son déploiement un peu plus tard. Et c'est une opération dont on va
continuer de mesurer, après 2026, l'ampleur, les impacts et les impacts positifs, alors... parce qu'il y a des
formations qui sont... qui durent trois ou quatre ans, quand on
est, entre autres, à l'université.
Oui, au
niveau du coût client, je suis... Oui, je suis contente, parce que c'était un
de mes engagements de pouvoir rehausser
le coût client. Et ce que je veux vous montrer ici, là, c'est qu'en 2012‑2013
on était à 66 $ par... au niveau du coût client, et on va être
capables de rehausser ça à 88,94 $, là, au 1er juillet qui s'en
vient.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Mme la députée.
Mme Cadet : Vous avez commandé un rapport de la firme Optima,
je pense bien, donc, Optima Management. D'abord, est-ce que c'est un
rapport que vous pouvez déposer à la commission?
Mme Champagne Jourdain : Qu'est-ce
que vous... je m'excuse.
Mme
Cadet : Le rapport Optima, Optima Management, que vous
avez commandé, que le ministère de l'Emploi a commandé, est-ce qu'il
peut être déposé à la commission?
Mme Champagne Jourdain : On va le
déposer. Oui. Merci.
Mme Cadet : Merci beaucoup.
Maintenant, ce que je comprends, il y a... En fait, avant de poser cette question-là... En fait, combien ça a coûté, le
rapport, la production, donc, du rapport d'Optima, donc, de dépêcher, donc,
des spécialistes pour pouvoir analyser quel serait le coût client idéal? Donc,
ça a coûté combien, le rapport Optima?
Mme
Champagne Jourdain : On va vérifier. On n'a pas cette information-là,
là, sur le bout de ma page. Je n'ai pas ça. On peut la vérifier puis
revenir avec cette information-là.
Mme Cadet : O.K. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Juste
pour être bien... pour avoir bien compris tantôt, là, Mme la ministre, vous
vous êtes engagée à déposer le document. C'est ce que j'ai compris?
Mme Champagne Jourdain : Oui,
absolument.
Le Président (M. Allaire) : Excellent.
Parfait. Vous pouvez poursuivre.
Mme Champagne Jourdain : On m'a
donné, là, le coût du rapport Optima, c'est 318 000 $.
Mme Cadet : Et donc
318 000 $, donc, le rapport Optima, de ce que je comprends, vous,
donc, comme firme externe, donc, engagée par
le ministère pour évaluer et réviser le coût, donc, des services des organismes
spécialisés en employabilité, le rapport a établi le juste coût de
ceux-ci à une moyenne de 125,39 $ de l'heure. C'est bien ça?
Mme
Champagne Jourdain : C'est ce qu'il y a dans le rapport, là. Oui,
c'était autour de ça, de ma mémoire, là, oui.
Mme Cadet : Oui.Donc, vous
comprenez qu'entre le montant... et là vous avez donné, donc, un autre montant
qui n'est pas nécessairement celui de 76,90 $, là, mais vous avez quand
même donné un montant qui est de loin inférieur à ce que recommandait le
rapport, qui a coûté plus de 300 000 $, que vous avez commandé pour
établir quel serait le coût client.
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez, vous savez, dans un monde idéal, on mettrait en application toutes les
recommandations dans ce rapport-là. Là, je vous ramène à la trame de fond,
145 millions de fonds qui ont été... au
niveau des transferts fédéraux, qui ont été coupés, des coupures fédérales.
Alors, on est dans un contexte budgétaire qui est difficile.
Mais, vous
savez, moi, je tenais quand même à faire un pas, un pas majeur. Je vous l'ai
montré tout à l'heure, là, pendant toutes ces années-là, là, ça n'a pas
beaucoup bougé ici, là. On va procéder à une majoration qui correspond à environ 25 % du coût client. Alors, on va
augmenter ça d'environ 25 %. Et c'est sûr que, pour moi, c'est un progrès,
là. C'est quelque chose qui n'avait pas été fait. C'est quelque chose
qui a été demandé par les organismes spécialisés en employabilité quand je les
ai rencontrés, et c'est quelque chose que j'adresse.
Et, dans le futur, est-ce qu'on va être en
mesure de pouvoir continuer à augmenter le coût? Je le souhaite. Je le souhaite. Moi, je vais faire mon travail au
niveau du fédéral pour pouvoir aller chercher le financement qui nous a été
coupé, les sommes qui nous ont été coupées. J'espère que je vais être...
• (15 h 20) •
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme
Cadet : Oui. Vous dites, donc, c'est quelque chose qui
vous a été demandé. Ce qui vous a aussi été demandé par les organismes spécialisés en employabilité,
donc, notamment, donc, les membres d'AXTRA, c'est de ne pas tabletter le
rapport d'Optima Management. Ce qu'eux disent, bien, d'une part, donc : On
a un coût client moyen de 125,39 $, mais
ce qu'on a aussi, c'est un coût qui... c'est un juste coût qui diffère d'un
groupe de services à l'autre et qui indique que, selon le rapport... que l'offre de services, donc, devrait refléter
cette distinction-là. Donc, plus on a quelqu'un, plus on a, donc, de la clientèle qui est éloignée du
marché du travail, qui bénéficie des différents services, plus le taux horaire,
donc, varierait, donc, en fonction de ça.
Ce à quoi vous vous attelez, c'est non
seulement, donc, un coût client, donc, qui est inférieur au juste coût qui a été analysé par le rapport Optima, mais
c'est un... c'est aussi un coût client qui est à tarif unique. Donc, au-delà,
là, du montant, là, donc, on
s'entend... puis on vous l'a clairement dit la dernière fois, quand on s'est vu
en interpellation. Vous m'avez dit à quel point vous étiez contente de
me voir dénoncer les coupures de 145 millions. Mais ce que les organismes, donc, se demandent aujourd'hui, c'est
pourquoi aussi, donc, au-delà du montant qui est inférieur au rapport
qui a été commandé, pourquoi est-ce que vous établissez un tarif unique.
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Champagne Jourdain : Merci beaucoup. D'abord, je tiens à préciser, je
ne suis pas contente de dénoncer des coupures, absolument pas. Ce n'est
pas ça que...
Mme Cadet : ...de me voir dénoncer
les coupures.
Mme Champagne Jourdain : O.K.
J'avais mal compris, là. Je voulais préciser les choses.
En fait, de
manière générale, ce que je veux vous dire, c'est qu'on donne suite à plusieurs
des recommandations du... contenues dans le rapport. Alors, c'est important de
le dire, là, et il y a bon nombre d'entre elles qui ont été acceptées puis qui ont été intégrées à la nouvelle
grille tarifaire 2025‑2026. Je tenais à le spécifier. C'est important, puis
je veux aussi apporter à votre attention que c'est un taux horaire moyen que je
vous présente, ce n'est pas un coût unique, là.
Le Président (M. Allaire) : Mme la
députée.
Mme
Cadet : Ce que les... Vous comprenez que les organismes,
en ce moment, qui passent à 12 h 40 à Laval, je pense à
Impulsion-travail dans ma propre circonscription, donc, qui sont, donc, pour
leur part, donc, des partenaires d'AXTRA, nous disent... C'est qu'en ce
moment, donc, l'application du rapport, l'application, donc, de ce que vous faites, bien, c'est quelque chose qui fragilise
grandement le renouvellement des ententes de cette année entre les ministères
puis les organismes spécialisés en employabilité, entre Services Québec et les
organismes.
Donc, est-ce que... qu'est-ce que vous leur
répondez quand ils nous disent... puis que là vous dites : C'est un tarif
moyen, ce n'est pas un tarif unique? Qu'est-ce que vous leur répondez quand
ceux-ci, bien, nous disent, mais vous ont dit aussi, là, parce que je sais que
vous avez reçu 45 lettres de ces organismes-là qui vous ont demandé une
rencontre puis qu'ils ont... qui ont dénoncé, dont vous êtes parfaitement au
courant, du fait que le tarif unique que vous, vous avez établi ou le tarif
moyen, comme vous l'indiquez, que vous avez établi ne les satisfait pas? Parce
que vous avez reçu 45 lettres à cet effet. Qu'est-ce que vous leur
répondez quand ils vous disent : Bien, nous, ça nous fragilise, on comprend que, ouf, on est
renouvelés, mais ce n'est pas... ce n'est pas une tape dans le dos, là, ce
n'est pas : Mon Dieu! vous avez
survécu à la grande coupe. On est quand même fragilisé dans ces circonstances,
puis après ça, bien, le ministère
vient nous dire : Bon, est-ce que vous êtes capables de venir aller
chercher les clientèles des organismes pour lesquels on ne renouvelle pas les ententes sans financement
supplémentaire, alors que le coût client qui nous est imposé est
insuffisant pour répondre à la demande des services qu'on offre déjà?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Écoutez...
Oui, merci beaucoup. Mais d'abord, ce que je veux vous dire, c'est qu'on est actuellement en négociation, puis ce
contexte-là, il est extrêmement important. On est dans des discussions pour les
ententes avec les organismes spécialisés en employabilité. D'ailleurs, la
semaine prochaine, il y a une rencontre de
prévue avec AXTRA en ce sens-là pour continuer le dialogue. Nous, on a procédé
à l'actualisation du coût client. Vous l'avez
bien expliqué tout à l'heure, là, on recommandait d'amener ça à 125 $. Ce
n'est pas possible dans le contexte actuel.
Alors, on a évalué ce qu'il était possible de
faire, jusqu'où on pouvait aller le plus loin possible, jusqu'où on pouvait augmenter ce coût client là pour faire un
bon rattrapage quand même. On avance, là, hein, on ne le diminue pas, on l'augmente. Dans le contexte actuel, c'était un
de mes engagements. Et je vous ramène encore à... aux négociations et au contact constant qu'on a via les directions
régionales, via aussi les gens de mon cabinet, les gens du ministère aussi, avec
les organismes spécialisés en employabilité.
Mme Cadet : Vous nous dites que
c'est un coût moyen. Pouvez-vous nous donner un petit peu plus de jeu autour de ça? Parce que ce que... et je réitère,
là, mon point, là, c'est que, vraiment, là, ce que je comprends des groupes,
c'est que c'est vraiment un coût unique sur le terrain, là. Par exemple, avec
un taux de 76,90 $, celui que je vous ai mentionné, pour les CJE, les carrefours
jeunesse-emploi, notamment de région, c'est moins que l'année précédente. Ça
implique donc des fermetures de points de service en région, comme ceux de
Jamésie ou de Charlevoix. Donc, les jeunes
nous disent... Bien, si ce point de service là, il ferme, ils devront parcourir
des dizaines de kilomètres pour recevoir des services.
Qu'est-ce que
vous leur répondez, là? Parce que, là, ils vous entendent puis ils nous
disent : Non, non, non, ce n'est pas un tarif moyen, c'est véritablement
un tarif unique qui ne tient pas compte de la différenciation régionale.
Ce qu'on nous dit : Est-ce que les loyers à Sept-Îles, à Sherbrooke, à
Québec, à Montréal sont les mêmes? Non, pour ces organismes-là. Est-ce que les
salaires à Sept-Îles, à Sherbrooke, à Québec, à Montréal sont les mêmes? La
réponse, c'est évidemment non. Est-ce que,
donc, les tarifs pour quelqu'un qui travaille avec un groupe b, tandis que
quelqu'un qui travaille avec un
groupe d, est-ce que ça devrait être le même? Manifestement, est-ce que c'est
correct? La réponse, manifestement,
c'est non. Donc, qu'est-ce que vous leur répondez quand vous dites : Non,
non, non, c'est un tarif moyen? Puis
ils vous écoutent en ce moment puis ils vous disent : Mme la ministre,
nous, on est convaincus que c'est un tarif unique.
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Champagne Jourdain : Merci. Pour vous donner un peu de précision, vous
savez, c'est un taux moyen. Alors, on
part une négociation avec un chiffre, tu sais, puis on amène un paquet de
facteurs, on amène un paquet de variantes qui vont teinter les négociations. C'est pour ça qu'actuellement on est
dans la période de négociation. Vous pouvez avoir été
contacté pour une certaine situation ou une
certaine offre qui a été faite à un organisme spécialisé en employabilité,
mais, au 1er juillet, la situation ou l'entente avec la direction
régionale pourrait amener des données différentes.
Donc,
vous savez, le coût moyen, il peut varier en fonction d'un paquet de facteurs.
On tient compte de la région, on tient compte des... vous parliez, tout
à l'heure, là, des coûts de logement dans une région, et tout ça. Alors, on
part de ce montant-là puis on regarde en fonction des besoins de services qu'on
a... qu'il faut dispenser dans une région puis des réalités, là, économiques
régionales, tout ce qui doit être pris en considération.
Mme Cadet : O.K.Donc, ce que vous leur répondez, c'est que la négociation, elle continue,
puis qu'en date du 1er juillet ça se peut que non seulement il y ait un
ajustement à la hausse du tarif... du coût client qui a été évalué, mais qu'en
plus de ça ce ne sera pas nécessairement un tarif unique, il y aura une
différenciation... il pourrait y avoir une
différenciation, comme c'est mentionné dans le rapport Optimum Management, qui
a coûté plus de 300 000 $, que vous avez commandé?
Mme Champagne
Jourdain : Je le répète pour que ce soit très clair, ce n'est pas un
tarif unique, hein? C'est un coût moyen. Ça
dépend de la nature du service, ça dépend où il est dispensé. Il y a un paquet
de facteurs qui vont venir influencer
la nature de l'entente qu'on aura avec un organisme dans une... un
organisme x, dans une région x, pour des services x.
Mme Cadet : O.K.
Vous avez dit tantôt, quand on parlait du non-renouvellement des ententes avec
Services Québec, qu'il n'y aurait pas de
bris de service. Ici, le plaidoyer, donc, des organismes qui, eux, donc, voient
leur coût client baisser, bien, nous
disent textuellement : «Cette situation entraînerait des bris et des
ruptures de service importants pour la population. Elle nous forcerait à
réduire drastiquement la taille de nos équipes d'intervention et,
conséquemment, de fermer nos portes.»
Qu'est-ce que vous
leur répondez quand ils vous disent, bien, avec ce coût client là, que nous, on
ne sera pas capables d'offrir les...
continuer d'offrir les services qu'on offre, et ça se peut qu'on ferme parce
que ça ne répond pas à notre réalité? Donc, il risque d'y avoir des bris
de service, contrairement à ce que vous avez affirmé un peu plus tôt.
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
• (15 h 30) •
Mme Champagne
Jourdain : Merci. Merci beaucoup. Écoutez, moi, ce que je veux vous
dire, c'est que... On parle du coût moyen de
88,94 $. On est en négociation actuellement, puis, oui, vous le disiez
tout à l'heure, là, il faut poursuivre le processus. Vous savez, elles
connaissent bien aussi les organismes spécialisés en employabilité, leurs
clientèles, leurs milieux. Elles vont défendre aussi leurs demandes, là. Et, je
le répète, à la fin de ce processus-là, dans
95 % des cas, les ententes conviennent aux deux parties. Quand ce
n'est pas le cas, elles peuvent revenir en appel, pour pouvoir,
justement, appeler de la décision et qu'il y ait une revérification qui est
faite.
Mais je veux encore
le... je veux encore démontrer... Le rehaussement du coût client auquel on va
procéder à partir du 1er juillet,
c'est... ça représente 25 % d'augmentation. C'était un engagement que j'ai
pris, je suis contente de pouvoir livrer cette hausse-là. Et, je vous
l'ai dit, on doit aussi quand même naviguer au travers l'engagement que j'ai pris, les coupures de 145 millions, qui
nous enlèvent de la marge de manoeuvre, et les besoins, parce qu'ultimement
c'est à eux que je réponds, les chercheurs
et les gens qui veulent intégrer le marché du travail, à répondre à leurs
besoins, à m'assurer qu'ils aient les bons services. Merci.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Mme la députée.
Mme Cadet : Lourdeur
administrative. Est-ce que vous vous engagez à poursuivre la réduction de la
charge administrative des organismes? Vous savez que c'est une grande demande.
On en a déjà parlé l'année passée, même en crédits, les deux dernières années,
en fait.
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : J'ai manqué le début, je m'excuse. Rapidement?
Mme Cadet : Oui, pardon. Donc, en ce qui a trait à la charge
administrative, donc, c'est une demande répétée des organismes spécialisés en
employabilité, qui nous disent : Bien, nous, on est venus pour donner des
services à la population, on a été formés pour ça, et pas pour faire de
la paperasse. Les organismes vous demandent : Est-ce que vous vous engagez à poursuivre le travail pour
réduire la charge administrative des organismes spécialisés en employabilité?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Absolument. Merci
beaucoup. Tout à fait, puis je partage ce point-là. Je les visite, les organismes spécialisés en employabilité, les
CJE. Je l'ai saisi dès mon arrivée, ces gens-là veulent travailler avec les
gens, les accompagner, faire en sorte qu'on... ils puissent aider les gens à
intégrer le marché du travail, développer leurs
connaissances... leurs compétences, pardon. Ce qu'ils veulent faire, c'est de
l'intervention. Puis on me l'a dit, là : 30 % à 40 % — vous
le disiez tout à l'heure — de
notre temps peut servir à faire de la reddition de comptes. Puis 30 % à 40 % de reddition de comptes, là,
bien, pendant ce temps-là, on n'offre pas des services, non plus, aux citoyens.
Alors,
moi, je me suis engagée à faire en sorte, là, qu'il y ait une simplification
pour les organismes spécialisés en employabilité, les CJE aussi. Et je
peux peut-être vous parler un peu de ce qu'on a fait. On s'y est engagés puis
on est dans cette... ce processus-là. Il y a
une réduction, là, du nombre de groupes de service, de la mesure Service d'aide
à l'emploi, qui va passer de 14 à huit. On
diminue comme ça la reddition de comptes, parce que les suivis administratifs, là, étaient requis pour chacun de ces groupes-là.
Alors, on vient agir là-dessus. On met à jour aussi le guide des utilisateurs
de l'application Service...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Désolé. Mme la députée, allez-y. 30 secondes.
Mme Cadet : ...en 30 secondes.
En fait, Mme la ministre, donc, je vois que vous avez transmis, donc, une communication, le 23 avril dernier, aux
organismes, leur disant : Bien, voici ce qu'on a fait en matière, donc, de
lourdeur administrative. Vous semblez en être fière, mais leur réponse,
c'est que, pour eux, ça demeure, malheureusement, timide et cosmétique, et que l'essoufflement administratif au quotidien
se fait toujours sentir sur le terrain, et que vous devez poursuivre les travaux sur la lourdeur
administrative et accepter les propositions des réseaux d'organismes dans
ce dossier, Mme la ministre. Il reste combien de temps?
Le Président (M. Allaire) : Trois
secondes.
Mme Cadet : Trois secondes...
Mme Champagne Jourdain : On va
travailler ça avec eux.
Le
Président (M. Allaire) : Merci. On enchaîne avec le deuxième groupe de
l'opposition. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, vous avez
12 min 6 s. La parole est à vous.
M.
Leduc : Merci, M. le Président. Dernière ronde pour moi,
parce qu'il nous en reste d'autres après, encore, Mme la ministre. Ça
s'achève. Avant de retourner sur l'employabilité, vous avez dit qu'on en
parlait beaucoup, mais il y a quand même des
affaires qui se passent, n'est-ce pas... avant de retourner là-dessus, je veux
aller faire un petit détour sur la question de la transition juste.
Un peu avant votre arrivée ici, à l'Assemblée,
le 6 octobre 2021, il y a eu une motion d'adoptée ici qui disait, j'en lis un extrait : «Qu'elle demande au
gouvernement de mettre sur pied sans délai un groupe de travail interministériel
sur la transition juste auquel participeront
également, en nombre paritaire, des représentants des associations de
travailleurs et [...] associations d'employeurs, permettant
d'accompagner les secteurs économiques et de la main-d'oeuvre afin qu'ils puissent saisir les occasions favorables
qui émergent de la transition climatique et, au besoin, en limiter les impacts
sur la compétitivité et l'emploi.»
Peu de temps
après, le 9 décembre 2021, une autre motion qui reprend une partie... Je
vous lis encore : «Qu'elle rappelle la motion adoptée le
6 octobre 2021 demandant au gouvernement de mettre sur pied sans délai un
groupe de travail interministériel et paritaire entre travailleurs et
employeurs sur la transition juste;
«Qu'elle
demande au gouvernement de produire une étude prospective des impacts du
changement climatique sur l'emploi et identifier des sources de
financement de la transition juste.»
Ça a été envoyé à la CPMT, la Commission des
partenaires du marché du travail, sous votre prédécesseur, le ministre Jean
Boulet, mais, à ma connaissance, il n'y a absolument rien qui s'est fait
là-dessus. Pouvez-vous m'en... m'expliquer pourquoi ça n'a pas avancé?
Le Président (M. Allaire) : Juste un
petit rappel, on doit appeler nos collègues par leurs titres.
M. Leduc : L'ancien ministre du
Travail, bien sûr.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
monsieur.
Mme
Champagne Jourdain : Merci beaucoup. Si vous me le permettez, pour vous
donner des détails, juste où on en est avec ça, je passerais la parole
au président de la CPMT, là, qui pilote tout ça, M. Jean Lortie.
Le
Président (M. Allaire) :
Donc, je comprends qu'on a le consentement? Donc, simplement prendre le temps de
vous présenter, avec votre titre, et la parole est à vous.
M. Lortie
(Jean) : Oui. Alors, Jean Lortie, président de la
Commission des partenaires du marché du travail et président du Conseil
emploi métropole.
Alors, depuis
le mandat de M. Boulet, en 2022, la commission a travaillé à plusieurs niveaux.
D'abord, on a créé des pôles
d'expertise en environnement pour mandater les 29 comités sectoriels de la
commission, donc, qui rejoignent tous les secteurs de l'activité
économique, de mettre sur pied des propositions pour la question de la
transition verte, notamment les enjeux de main-d'oeuvre. C'est notre
préoccupation.
Également, on
a demandé au comité sectoriel EnviroCompétences d'animer un forum, qui a eu
lieu en janvier dernier, avec TechnoCompétence, pour illustrer et
déposer un grand diagnostic vert pour les enjeux main-d'oeuvre. On a bâti également une
cartographie et un répertoire, un référentiel des compétences de la
main-d'oeuvre en questions environnementales,
donc, et on se donne comme horizon, comme commission, en plus des enjeux
technos et démographiques, la
question de la transition verte, de travailler constamment avec les
partenaires. Donc, à travers le réseau de
la commission, on irrigue, avec les réflexions qu'on mène dans nos différents
pôles, notamment celui environnement, pour être capables de répondre, et
tous les comités sectoriels travaillent.
Je donne un exemple
très concret, si vous me permettez, M. le Président, dans le secteur de
l'automobile, comment on fait en sorte...
une transition, pour les mécaniciens d'automobiles, et à gaz et à diésel,
comment les transférer vers des technologies électriques. Alors, les
moyens... on finance beaucoup, beaucoup d'activités, notamment avec le comité
sectoriel Innoviste, dans l'automobile, pour faire en sorte d'une transition
juste pour les travailleurs, donc, concrètement,
sur le terrain. Et on finance, évidemment, des programmes à travers le fonds du
1 % pour répondre à cette question de la transition verte sur les
prochaines années.
M. Leduc : Ma compréhension, c'était que c'étaient des choses
qui étaient déjà en cours, mais qu'il y avait des attentes alentour de
nouvelles réflexions sur cette motion-là de 2021 puis qu'à part d'avoir
travaillé sur le concept de la transition
verte, qui n'est pas tout à fait encore défini, si ma compréhension est bonne,
il n'y a pas eu tant de matière que ça, là. Je comprends que vous dites qu'il y a plein de choses qui se
passent, mais qui ne découlent pas directement de la motion.
M. Lortie
(Jean) : Absolument. Tout ça...
Le Président (M.
Allaire) : M. Lortie.
M. Lortie
(Jean) : Oups! excusez-moi.
Le Président (M.
Allaire) : Allez-y, allez-y.
M. Lortie
(Jean) : Alors, oui, effectivement, tout découle de cet... de ce
mandat qu'on avait eu à travers la création
d'un espace concertation environnement. La commission a repris, en assemblée
délibérante, les enjeux, on s'est donné
un mandat, et c'est là que toutes les informations que je vous ai données, tous
les mandats qui ont été exécutés, découlent du travail qui avait été
initialement demandé au gouvernement du Québec, là, de réfléchir sur les enjeux
main-d'oeuvre, marché du travail. Alors, on est en action actuellement.
M. Leduc : Est-ce
que ce serait possible de déposer un résumé de ces travaux-là à la présente
commission?
M. Lortie
(Jean) : Si vous le souhaitez, M. le député, nous le ferons.
M. Leduc : Je
ne suis pas encore ministre. Vous avez failli vous échapper. Vous avez failli
vous échapper, je l'ai senti. Je ne sais pas si c'était un souhait ou... en tout
cas, on verra. On verra.
Le Président (M. Allaire) : Donc,
juste avant de poursuivre, j'ai besoin d'entendre la ministre. Mme la ministre,
j'ai compris que... vous aviez votre consentement...
Mme Champagne
Jourdain : Oui, absolument.
Le Président (M.
Allaire) : ...parfait, pour déposer le document, excellent. On peut
poursuivre.
M. Leduc : Merci
pour les réponses, là, j'apprécie. Revenons sur le dossier de l'employabilité.
Dans la question que je vous ai posée en
Chambre hier, je vous ai dit, là, tu sais, les groupes... On a parlé à
Carrefour Relance, plus de
50 ans d'expérience, Boulot vers..., plus de 40 ans, puis c'est des
groupes qui sont plus vieux que moi — moi,
j'ai 40 ans — et
là ils vont disparaître. C'est quand même d'une grande tristesse. J'essaie de
comprendre. Le 145 millions du
fédéral, vous y faites souvent référence, puis je comprends qu'il est
important, il a commencé en 2017, est-ce que je me trompe? Il y avait
un...
Mme Champagne
Jourdain : ...
M. Leduc : Pardon?
Mme Champagne
Jourdain : 2016, 2016‑2017, oui.
M. Leduc : 2016,
finalement? O.K., 2016. Il y avait un certain nombre de groupes qui existaient
en 2016...
Mme Champagne
Jourdain : 2017‑2018, je m'excuse.
M.
Leduc : C'est 2017, finalement? Merveilleux. Il y avait un
certain nombre de groupes qui existaient, en 2017. Le 145 millions
est arrivé. Est-ce que ce nombre de groupes a changé? Est-ce qu'il a agrandi,
rapetissé, le nombre de groupes, entre avant et après l'arrivée du
145 millions?
Mme
Champagne Jourdain : Pour
répondre à votre question, on est au même nombre, environ, d'organismes
spécialisés en employabilité, autour de 400, là, dans la province.
M.
Leduc : S'il y avait... parfait, aux alentours de 400.
S'il y avait autant de groupes, avant l'arrivée de 145 millions,
qu'il y en a eu autant pendant 45 millions, pourquoi diable devraient-ils
en faire disparaître une douzaine après la disparition du 145 millions?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, je vous ai montré, entre autres, là, ce qu'on
va faire au niveau de l'augmentation du coût client, qui est aussi un de
mes engagements. Puis, avec le temps, vous comprendrez que tout coûte plus
cher. Ces services-là ont aussi coûté plus cher... voilà, avec le temps. Donc,
on a eu des coupures, on augmente le coût
client, mais aussi il y a... le coût de la vie, en général, a augmenté, ça a eu
un impact, là, au niveau, là, du
budget, donc ça a pris une plus grande proportion, là, dans le budget. Puis
moi, je me retrouve avec un 145 millions de moins, avec des engagements de rehausser le coût client avec ce même
nombre. Les salaires ont augmenté, les salaires pour les gens qui travaillent dans ces organismes-là, le salaire minimum... aujourd'hui,
c'est l'augmentation du salaire minimum. Alors,
ça, ça apparaît dans nos programmes, aussi, dans nos... dans les différents
programmes, dans nos budgets. Alors, c'est sûr que ça a eu un impact.
• (15 h 40) •
M. Leduc : Donc là, vous dites que
c'est le fait qu'on rehausse le montant qu'on donne par place qu'on achète, là. Je ne sais pas c'est quoi, le critère
exact, qui fait en sorte que, là, finalement, même si on avait le même nombre
de groupes, là, il faut en faire baisser?
Mme Champagne Jourdain : C'est le
145 millions qui nous amène à prendre ces décisions-là. Ce que je vous ai expliqué, c'est qu'au fil du temps les
coûts ont augmenté, que ce soient... que ce soient les coûts au niveau des organismes
spécialisés, que ce soient les montants qu'on donne aussi aux participants des
programmes, le coût des programmes. Et puis moi, j'ai pris un engagement en
arrivant, aussi, qui fait en sorte qu'on va devoir rémunérer à la juste valeur
le coût client à payer, la juste valeur du coût client. En fait, on y arrive,
on procède à une augmentation de 25 %.
Ça aussi, ça a un impact, puis c'est une demande que les organismes spécialisés
en employabilité nous ont faite et que j'adresse.
M. Leduc : ...euune
discussion avec les différents regroupements pour évaluer la possibilité de
suspendre ou reporter d'un an la fameuse
augmentation du coût client, que je suis certain qu'ils souhaitent, mais en
disant : Peut-être qu'on est
mieux de garder nos organismes puis attendre un an ou deux d'augmenter le coût
client. Est-ce que c'est un genre d'hypothèse que vous avez travaillée
avec les regroupements?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Champagne Jourdain : Tout à l'heure, là, la collègue de Bourassa-Sauvé
nous parlait... nous proposait un
moratoire aussi, là, pour pouvoir conserver la situation telle qu'elle est, là,
puis reporter à un an la décision. Ça, je lui ai répondu que ce n'était
pas possible. On est dans un contexte où j'ai 145 millions de moins pour
adresser les services en employabilité. Vous me demandiez, vous, si on était...
M. Leduc : Dans le fond, ce que je
comprends, c'est qu'il y a deux sources de problèmes financiers : les
145 millions puis le fait que vous allez remonter le coût client.
Mme
Champagne Jourdain : Bien, en fait, ce n'est pas un problème financier,
pour moi, de remonter le coût. C'est une demande qui nous a été faite par les
organismes spécialisés en employabilité, puis il faut arriver là aussi, là.
Tu sais, vous l'avez vu, là, il y a une longue ligne où on n'avait pas touché,
nécessairement, et les gouvernements précédents
n'avaient pas touché non plus, au coût client. Il fallait adresser ça. Donner
un service aujourd'hui coûte plus cher que ça coûtait en 2012.
M. Leduc : Je comprends, mais, si
vous n'aviez pas eu la coupure de 145 millions, vous auriez quand même procédé au rehaussement du coût client avec la
même enveloppe fixe? Ça ne peut pas se faire à coût nul, ça, augmenter
le coût client.
Mme Champagne Jourdain : Je ne suis
pas sûre d'où est-ce que vous voulez aller, là.
M. Leduc : L'augmentation du coût
client, là, ça va coûter combien? Ça vous coûte combien?
Mme Champagne Jourdain : Bien, on
augmente de 25 %, on augmente de 25 % le coût client. On va payer maintenant, en moyenne... Et là je l'ai expliqué,
le concept, tantôt, on part d'un coût moyen, 88 $... 90 $. On est
partis de coûts environ autour de 75 $... 70 $, là, je pense
que je vois, là, 70 $, là.
M.
Leduc : On s'entend. Donc là, vous dites : Je perds
125 millions... 145 millions puis, en plus, avec la même tarte, je la
redivise avec des plus grosses pointes. On se comprend là-dessus? Alors, moi,
je vous dis : Avez-vous évalué la possibilité de suspendre d'un an ou deux la
redivision des pointes pour peut-être préserver les organismes qui sont... qui vont disparaître dans quelques semaines?
Avez-vous... puis je ne sais même pas si c'est ça que souhaitent les groupes,
mais avez-vous peut-être posé cette question-là aux groupes?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
écoutez, moi, je me suis engagée. C'était une demande des organismes
spécialisés en employabilité, d'ajuster le coût client, puis, dans un rapport,
on nous disait d'aller jusqu'à 125 $, là. Ce qu'il est possible de faire pour nous, c'est d'aller à près de
90 $, là, un coût moyen de 88,94 $. Puis je vous le rappelle, là,
durant la COVID, là, on a acheté des places
dans les organismes spécialisés en employabilité pour lesquels les gens ne recevaient
pas de service, parce qu'on voulait préserver ces organismes-là en vie. On
voulait qu'à la sortie de la COVID... on
anticipait qu'il y aurait un besoin de services, de requalifier des gens, de
les aider à s'intégrer sur le marché du travail. On anticipait qu'on
devait avoir ce nombre... qu'on devait maintenir en vie les organismes
spécialisés en employabilité, mais, à un moment donné, c'est une question de
gestion de fonds publics.
Le Président (M. Allaire) : Merci. Merci,
Mme la ministre.
M. Leduc : Avez-vous déposé... Le
temps file. Avez-vous déposé une motion à l'Assemblée nationale pour réclamer
le 145 millions?
Mme
Champagne Jourdain : On n'a pas déposé de motion en ce sens-là. Par
contre, moi, j'ai une liste d'actions que j'ai faites, que j'ai
posées...
M.
Leduc : Je comprends, mais ça aurait pu être quelque chose
d'intéressant à faire, dans le passé, puis ça pourrait être quelque chose à faire maintenant. On siège la
semaine prochaine, je vous soumets l'idée. Pourquoi vous, la ministre, ne déposeriez pas une motion sans préavis pour que
l'Assemblée nationale parle d'une seule voix sur le 145 millions? Puis là ça tombe bien, il y a différents députés
qui ont des nouveaux députés libéraux, c'est le cas dans ma circonscription,
libéraux fédéraux. J'ai bien l'intention d'aller lui poser la question. Si on a
une motion de l'Assemblée nationale qui dit : On veut le
145 millions, M. le premier ministre du Canada, peut-être que ça pourrait
avoir un effet, parce que...
Mme
Champagne Jourdain : C'est le moment pour le faire, à l'heure actuelle,
on attend le nouveau ministre...
M. Leduc : C'est vous la générale du
dossier, on attend du leadership de votre part.
Mme
Champagne Jourdain : Absolument, absolument. Puis je vous assure que
moi, j'ai fait tous... toutes les actions que je peux poser et je vais
continuer de le faire. J'adore les propositions de QS, quand elles sont
constructives. On va travailler ça, on va travailler ça ensemble et...
M. Leduc : Elles sont toujours
constructives.
Mme Champagne Jourdain : ...je suis
convaincue qu'on va pouvoir le faire. C'est une bonne idée.
M. Leduc : Merci beaucoup.
Le
Président (M. Allaire) : Parfait. Merci, M. la député
d'Hochelaga-Maisonneuve. On enchaîne avec le député de Jean-Talon. Vous
avez 12 min 6 s. La parole est à vous.
M. Paradis : Merci. Rebonjour. On
parlait tout à l'heure, donc, d'Amazon, grande compagnie américaine. J'aimerais
continuer sur le thème américain. Au plus fort des craintes de guerre
commerciale, le premier ministre du Québec a affirmé qu'en fonction du
pourcentage des tarifs douaniers qui pourraient être imposés par le président Donald Trump il pourrait se perdre entre
100 000 et 160 000 emplois au Québec. Est-ce que vous pourriez
me dire quelles études appuient ces chiffres?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Champagne Jourdain : Merci beaucoup. Bien, vous savez, on a une
excellente connaissance du marché du travail, au ministère de l'Emploi.
Alors, on a des directions régionales dans toutes les régions, plusieurs
bureaux. On a aussi... on travaille avec la Commission des partenaires du marché du travail, qui est un outil qui est envié par toutes
les... tous mes collègues, mes homologues des provinces et territoires. Alors,
au Québec, on a la chance d'avoir une connaissance
fine et pointue de notre marché du travail, alors on a, bien sûr, pu évaluer,
avec les outils en place... faire une évaluation des pertes d'emploi
potentielles, surtout quand on...
M. Paradis : Est-ce que vous
pourriez nous dire... Excusez-moi, c'est parce qu'on a peu de temps, là, puis
ça fait une minute que vous prenez pour
répondre à la question. Est-ce que vous avez une étude précise sur laquelle le
premier ministre s'est basé pour
faire ces déclarations-là? Je veux savoir s'il y a une étude précise que vous
pouvez déposer ici, parce que ces
chiffres-là ont fait beaucoup de bruit et ont causé beaucoup de préoccupation
dans la population québécoise. Je veux savoir... je veux avoir l'étude qui est à la base de
ces chiffres-là qui ont été énoncés avec beaucoup de force par le
premier ministre.
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre, allez-y.
Mme Champagne
Jourdain : Merci beaucoup. Bien, vous étiez là au budget aussi, vous
avez vu que le ministre des Finances avait
annoncé aussi différents scénarios. Nous, on l'a fait en fonction de nos
données, au ministère de l'Emploi. On a aussi pris des données au niveau
du MEIE pour pouvoir évaluer ces pertes d'emploi là. On le sait que les
secteurs qui seront les plus touchés par la pénurie... excusez-moi, là, je suis
retournée dans la pénurie de main-d'oeuvre, par la crise tarifaire, c'est le
secteur primaire, celui des ressources naturelles, le secteur du transport
logistique aussi, et le secteur manufacturier.
M. Paradis : Non, les déclarations du premier ministre, ça
précédait le budget. Je vous pose une question simple. C'est un chiffre
très important et très significatif que le premier ministre a énoncé. Sur
quelle étude s'est-il basé? Il devait bien avoir un document, vous lui avez
remis ça : premier ministre, voici l'étude qui démontre les chiffres que
vous pouvez donner publiquement. Est-ce que vous avez cette étude-là?
Pouvez-vous nous la donner?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Merci. On travaille avec les données, aussi, du ministère
des Finances. On suit les données de
l'Emploi aussi. Le Conference Board nous alimente aussi au niveau de ces
données-là. Alors, ce sont nos estimations à nous, du gouvernement du
Québec, via l'Emploi, via le ministère des Finances et du MEIE.
M. Paradis : D'où vient le chiffre de 100 000 à
160 000 emplois perdus en fonction du montant des tarifs? D'où vient
ce chiffre-là?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci. De nos estimations
en fonction des secteurs qui pourraient être touchés. Nos chiffres sont aussi alignés avec ceux du
gouvernement du Canada. Puis je veux vous rappeler aussi que, le
13 février dernier, on avait un forum de l'emploi, j'ai rassemblé, en
fait, 200 personnes, là, reliées aux partenaires du marché du travail, et ce sont des chiffres avec
lesquels on travaille. Ce sont des chiffres qui proviennent de nos ministères.
• (15 h 50) •
M. Paradis : Le premier ministre, là, s'est prononcé
publiquement, puis c'est votre ministère qui a ces données-là dont vous
parlez, là. Puis là je vois que vous consultez vos...
Mme Champagne
Jourdain : Finances, ministère de l'Emploi...
M. Paradis :
...les membres de votre équipe. Est-ce que vous pouvez nous dire... Est-ce que
vous pouvez nous donner accès au document?
Il doit y avoir une étude, il doit y avoir une note qui a été transmise au
premier ministre, qui dit : Voici comment on a basé nos chiffres.
Parce que lui, il ne l'a pas dit. Est-ce que vous pouvez nous donner accès à cette étude, ce document qui est à la base
de ce commentaire extrêmement important du premier ministre dans le
cadre de la guerre tarifaire?
Mme Champagne
Jourdain : Ce sont des chiffres qui partent de nos données en fonction
des secteurs qui seraient les plus touchés,
mais on travaille... Tu sais, nous, au ministère de l'Emploi, on ne part pas...
on ne travaille pas du vide, là, on a une connaissance de notre marché
du travail.
M. Paradis : Pouvez-vous
nous communiquer ce calcul?
Le Président (M.
Allaire) : Juste... M. le député de Jean-Talon, laissez la ministre
répondre. Merci.
Mme Champagne
Jourdain : Vous avez les scénarios dans le budget, donc vous pouvez
vous y référer.
Une voix :
...
Mme
Champagne Jourdain : À la
page 13. Je vais vous donner la page, à la page 13 du budget, vous
avez ces données-là noir sur blanc.
M. Paradis : Le
commentaire du premier ministre précède le budget. Pouvez-vous me confirmer ce
que le budget... ce que le premier ministre avait
dans ses mains, l'étude, l'analyse qu'il avait en ses mains quand il a dit ça?
Ce n'est pas compliqué, là, si vous
dites que vous avez des analyses, dites-moi : Oui, il y a un document, on
lui a donné ça le matin, puis voici...
Mme Champagne Jourdain :
Ce sont les données des Finances. Ce n'est pas compliqué, je vous réponds. Ça fait trois, quatre fois que je vous réponds. Ce
sont les données du ministère des Finances. Et nous aussi, on connaît notre marché de l'emploi, on croise ces données-là,
on travaille aussi avec le ministère de l'Emploi, avec le MEIE. On a une
connaissance, quand même, de notre marché du travail, on est capables d'évaluer
l'impact.
Le
Président (M. Allaire) : Chers collègues, je vous rappelle que vous devez
vous adresser à la présidence. Donc, je vous ramène vers moi, là. Je ne suis
pas dans votre champ de vision, mais là c'est important. O.K.?
Allez-y, M. le député.
M. Paradis : Mais quand même, vous
savez, M. le Président, qu'on est là pour avoir des échanges ensemble. Vous
avez...
Le Président (M. Allaire) : Oui, je
comprends, mais, quand vous parlez un par-dessus l'autre, là, ça ne peut pas
fonctionner, ça, c'est sûr.
M. Paradis : Oui, parce que j'ai de
très longues réponses à des questions qui sont très précises. Et je le redis,
vos premières réponses...
Mme Champagne Jourdain : Ça fait
plusieurs fois que je vous réponds, là.
M.
Paradis : Vos premières
réponses, justement, étaient que ce sont vos chiffres, vos analyses de votre
ministère. Là, soudainement, vous me référez au ministère des Finances.
J'aimerais savoir, vous, c'est vous la responsable de l'Emploi, quel document vous avez donné au premier ministre, la journée
où il a fait cette déclaration-là. Est-ce que vous pouvez nous donner
accès à ce document? Le calcul, il ne doit pas être secret, il n'y a rien de
confidentiel, c'est des données publiques. Pouvez-vous nous donner le calcul
que vous avez donné au premier ministre au moment de sa déclaration?, pas le budget
qui est venu des semaines après.
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Champagne Jourdain : Merci beaucoup. Vous savez, un gouvernement,
comment ça fonctionne, c'est plusieurs
ministères, on travaille tous ensemble. Je sais que vous venez d'arriver, là,
mais c'est comme ça, là, je veux dire... Moi, à l'Emploi, on a une connaissance de notre marché du travail, O.K.,
les Finances font aussi des estimations au niveau de l'emploi, là,
notamment. Dans le cas qui nous intéresse, c'est l'impact, là, de la crise
tarifaire sur les potentielles pertes d'emploi, et c'est ça qui a alimenté, là,
notre estimation, les chiffres dont le premier ministre a fait état.
M.
Paradis : Est-ce que vous avez remis, au moment où le
premier ministre a fait sa déclaration, lui avez-vous remis, oui ou non,
un document avec une analyse sur ces chiffres-là? Oui ou non?
Mme Champagne Jourdain : On lui a
transféré le résultat de nos analyses.
M. Paradis : Est-ce qu'on peut avoir
accès à ce document? Pouvez-vous nous le transmettre?
Mme
Champagne Jourdain : Laissez-moi regarder. Laissez-moi juste regarder,
là. On va regarder ça puis on va voir. On vous revient là-dessus.
M.
Paradis : Est-ce vous pouvez prendre un engagement à nous
communiquer le document qui a été transmis au premier ministre, de votre
ministère, le jour où il a fait sa déclaration sur les pertes d'emploi de
100 000 à 160 000 relativement aux tarifs douaniers américains?
Mme Champagne Jourdain : Je prends
l'engagement de revenir à la commission sur ce point-là. Merci.
Le
Président (M. Allaire) : Parfait. C'est bien entendu. M. le député de
Jean-Talon, vous pouvez poursuivre.
M. Paradis : Très bien. Passons
maintenant aux données générales. Le taux de chômage est passé de 3,9 %, en mai 2022, à 5,7 % en mars 2025. Le nombre
de postes vacants est passé de 254 590, au deuxième trimestre de 2022, à
121 275 au quatrième trimestre de 2024. Ce sont les derniers chiffres dont
moi, je dispose. Est-ce que, selon vous, on est toujours en pénurie de
main-d'oeuvre au Québec?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Champagne Jourdain : Merci beaucoup. C'est sûr qu'on a un marché de
l'emploi qui est toujours dynamique
dans le contexte actuel. Je tiens à dire que, malgré le contexte difficile, là,
dans lequel on est, avec la menace tarifaire, avec l'incertitude qui
plane, notre marché de l'emploi est somme toute, dans les conditions, demeuré
stable au Québec. Je tiens à dire qu'on a le
taux de chômage, quand même... le deuxième taux de chômage, en fait, le plus
bas au Canada, à 5,7 %. Pour le
Canada, c'est 6,7 %, 7,5 % en Ontario. Puis je dois en plus vous dire
que, depuis mars 2024, il s'est créé 88 000 emplois au Québec, dont plus de
65 000 à temps plein. Alors, on a un marché qui est résilient face
aux incertitudes économiques. On a eu une augmentation du...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça va. M. le député de Jean-Talon.
M.
Paradis : Là, vous parlez de stabilité. Quand même, on est
passé de 3,9 % à 5,7 %, puis il y a la moitié moins de postes vacants. Vous êtes la ministre de
l'Emploi, je vous... là, je ne vous demande pas une longue réponse. Est-ce que
nous sommes toujours en pénurie de main-d'oeuvre au Québec, oui ou non?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Champagne Jourdain : On est en rareté de main-d'oeuvre de manière
générale puis, dans certains secteurs, oui, on est encore en pénurie de
main-d'oeuvre.
M. Paradis : Est-ce que votre
analyse est spécifique à certains secteurs? Vous dites : Il y a une rareté
de main-d'oeuvre dans certains secteurs. Ça, est-ce que vous avez des chiffres
plus raffinés par secteurs? Est-ce que vous êtes...
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez, on peut... Je peux peut-être vous
revenir, si vous voulez, là, des chiffres
par secteurs, là, parce que, là, la liste pourrait être longue, si on commence
à faire le tour des secteurs et des secteurs d'emploi aussi, là.
M. Paradis : Bien oui, moi, je
serais intéressé à voir votre analyse la plus à jour là-dessus. Parce que le
thème de la pénurie de main-d'oeuvre, il est essentiel à toutes les politiques
publiques au Québec. Puis là ce qu'on a entendu,
c'est que pendant des années on était en pénurie de main-d'oeuvre. Donc, la
question que je vous pose, elle est vraiment importante pour nos
politiques publiques. À l'inverse, est-ce que vous pensez, maintenant, qu'il
existe un problème de chômage au Québec?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup. Bien, vous savez, on est... on a un taux de chômage qui est... En fait, la situation de... Ça dépend des groupes.
On observe une augmentation du taux de chômage chez les jeunes, on le voit, ça devient un petit peu plus difficile de
se trouver un emploi, un emploi d'été. Alors, on a une remontée, dans... pour
certains groupes, du taux de chômage. Et avec un taux, là, de chômage de
5,7 %, on considère quand même que, dans le contexte, la situation,
elle est stable au Québec.
M. Paradis : L'économiste principal
de Desjardins, lui, est préoccupé, en disant que le taux de chômage pourrait
atteindre 7 % d'ici la fin de cette année. Des évaluations équivalentes de
RMS Canada puis de l'économiste principal de
la RBC qui parlent, elles, de faiblesse de l'emploi qui pourrait se poursuivre.
Est-ce que vous êtes d'accord avec ces analyses? Est-ce que vous pensez
que le taux de chômage pourrait aller jusqu'à 7 % cette année?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci.
Effectivement, on est dans un contexte de menace tarifaire. Justement, sur l'autre question, tout à l'heure, on parlait
jusqu'à un potentiel de perte d'emploi de 160 000 emplois au Québec.
Alors, c'est certain que cet
impact-là, s'il se fait sentir de manière plus grande... parce que je dois dire
que le taux de licenciements collectifs des mois de février et de mars
2024, comparativement à cette année, n'est pas significatif...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à ce bloc d'échange avec le troisième groupe de l'opposition. On enchaîne avec le dernier bloc de l'opposition
officielle. Mme la députée de Bourassa-Sauvé, vous avez
18 min 14 s.
Mme Cadet : Merci, M. le Président.
Dernier bloc, Mme la ministre, alors, en rafale. Un peu plus tôt, nous parlions, donc, du tarif, vous parliez, donc, d'un
tarif qui était moyen. On m'a réitéré, donc, dans l'intervalle, qu'il s'agit
bel et bien, donc, d'un tarif unique... en
fait, les directions générales de Services Québec l'appliquent comme un tarif
unique, sans possibilité de négociation.
Est-ce que vous vous engagez à vous asseoir avec
Services Québec pour préciser les orientations que vous venez de donner, en leur disant : Non, non, non, là, ce n'est pas
un tarif unique, c'est un tarif moyen, puis on peut encore négocier? Est-ce que
vous allez vous asseoir avec Services Québec pour qu'ils l'appliquent, comme
vous venez d'en parler en commission parlementaire?
Mme Champagne Jourdain : Bien,
peut-être que vous pourriez nous dire, nous faire parvenir où vous avez entendu ça, où vous avez lu ça, dans quel échange,
puis on va vous revenir là-dessus. Parce que je l'ai faite, l'explication,
tout à l'heure, je vous ai expliqué que
c'est un tarif moyen, qu'en fonction d'une panoplie de critères, en fonction
des régions dans lesquelles étaient achetés ces services-là...
Mme
Cadet : Je vous ai entendue...
Mme Champagne Jourdain : ...ça pouvait varier. Ça
fait que moi, je veux dire, je... Vous m'arrivez avec ça. Peut-être que si, de
manière plus précise, vous nous faites parvenir cette information-là, où vous
l'avez eue, on pourra mieux l'adresser, parce que c'est... nous, ce
n'est pas la réalité, ce que vous nous traduisez, là.
Mme Cadet : Parfait.
Bien, de toute façon...
Mme Champagne
Jourdain : Ça fait que je voudrais bien comprendre ça, là.
Mme Cadet : ...vous savez que les groupes, on l'a dit, les
groupes spécialisés en employabilité, donc, sont en communication avec vous ou cherchent à l'être.
Vous avez mentionné que, la semaine prochaine, il y aura des rencontres.
Il y a d'autres demandes qui vous ont été formulées à cet effet. Moi, je pense
qu'il y en a bien, des groupes, qui souhaiteraient vous rencontrer pour
s'assurer que ce que vous êtes en train de dire en commission parlementaire,
que ce soit bien ça qui soit appliqué par le
terrain, parce qu'encore une fois, donc, en ce moment, donc, on me confirme que
ce qui est imposé, ce n'est pas une négociation, mais c'est bel et bien
une application du rapport Optima à travers un tarif unique et non pas par
rapport à un tarif moyen.
• (16 heures) •
Mme Champagne
Jourdain : Peut-être ajouter à ce... si vous me permettez, à cet
effet.
Le Président (M.
Allaire) : Oui, allez-y.
Mme Champagne Jourdain : On va s'en assurer. Puis
d'ailleurs j'ai une équipe avec moi ici qui, à différents niveaux, que
ce soit au niveau du cabinet, que ce soit au niveau du ministère, que ce soit
au niveau des directions régionales... on s'assure que ce soit le cas.C'est
sans équivoque, pour nous, ici.
Mme Cadet : Parfait.
Mme Champagne
Jourdain : Alors, on va faire les vérifications. Merci.
Mme Cadet : Merci. Coût client, tantôt, bien, vous le disiez,
là, vous disiez, donc, que les coûts, ils ont augmenté. Absolument. Maintenant, qu'on me dise : Bien,
les coûts, donc, pour eux, pour offrir le service, donc, ont aussi augmenté. Donc, le taux, donc, le taux qui a été présenté,
de 76,90 $, bien, ça les ramène à des années-lumière, donc ça équivaut
à une baisse de financement. Par exemple, le
CJE de Longueuil, ce taux de 76,90 $ qui lui est imposé, bien, ça lui
ramène au coût client de 2005, là. Ça
fait que comprenez bien que pour eux, c'est vraiment, donc, une baisse.
Qu'est-ce que vous leur répondez?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, écoutez, je ne suis pas sûre de saisir le sens de
votre question, là. Je...
Mme Cadet : C'est que, là, vous dites, on... Évidemment, donc,
vous avez dit... bien, le montant, là, que vous négociez au niveau du coût client, donc, vous dites : Bon, bien,
ça, bon, ça augmente. Mais, dans les faits, les groupes, donc, le taux unique qui leur est imposé ici, là,
ça équivaut à une baisse pour bien de ces groupes-là, parce que l'offre de
service coûte plus cher. Puis vous l'avez vous-même dit, je veux dire, le loyer
coûte plus cher, les salaires coûtent plus
cher, donc d'avoir un montant, ici, qui ne répond pas à ce qui a été présenté
dans le rapport Optima, bien, ça équivaut à une baisse de financement,
là, entre guillemets. Je sais que c'est de l'achat de services, là, mais ça
équivaut, donc, à une baisse des sommes qui
leur sont allouées pour être capable de rendre les services à la population.
Donc, c'est pour ça que, tantôt, ils nous disaient : Bien, c'est
comme des bris de service.
Alors, qu'est-ce que
vous leur répondez, alors que vous leur dites : Non, non, non, ça
augmente? Qu'est-ce que vous leur répondez,
quand ils nous disent : Bien, pour nous, ça équivaut à une baisse, puis
dans certains cas, comme le CJE de Longueuil, bien, c'est comme le coût
client de 2005 pour nous, ça, 76,90 $?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Bien, je pense que... Merci. Il faut considérer certaines
choses. Vous savez, le rapport Optima, c'est le monde idéal. Mais moi, je ne
suis pas contre le monde idéal, c'est juste que j'ai des moyens et je dois
faire avec les moyens que j'ai. Le monde idéal, c'est quelque chose qu'on veut
atteindre. J'aimerais ça, je serais la première à pouvoir... à vous dire que je
serais heureuse de pouvoir leur donner 125 $.
Mme Cadet : Mais
vous reconnaissez que ça se peut que ça occasionne des bris de service, alors?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, ce n'est pas seulement ça. J'ai commencé à...
Mme Cadet : Mais
c'est aussi ça.
Mme
Champagne Jourdain : J'ai commencé à l'expliquer tout à l'heure, vous
savez, en ajustant le coût client, on
va aussi ajuster notre achat de places. Durant la pandémie, on a acheté
plusieurs places, et même après la pandémie. Par exemple, si, dans un organisme, durant la pandémie, on achetait
100 C.V., 100 créations de C.V., puis qu'il s'en faisait juste 30,
40, on payait quand même 100 C.V., parce qu'on voulait soutenir les
organismes. On les a soutenus, on les a aidés à passer au travers, on
l'a fait, ce travail-là.
Maintenant,
moi, quand je suis arrivée en poste, ils m'ont demandé : Est-ce qu'on peut
procéder à l'actualisation du coût
client? J'ai dit : Oui, effectivement, on va se pencher à ça, on va le
faire dans la mesure du possible, mais je ne peux plus continuer à acheter plus de places pour des services. Alors,
il y a ça aussi. On va acheter le nombre de services dont on a
réellement besoin.
Mme
Cadet : Dont on a réellement
besoin. Est-ce que, par exemple, pour les carrefours jeunesse emploi, ça va vouloir
dire que la... que vous êtes capable de les rassurer que la hausse de coûts ne
se fera pas au détriment de l'admissibilité des participants? Parce qu'en ce
moment, vous le savez puis on en a déjà parlé en commission parlementaire ici, l'année passée, l'année
précédente, il y a beaucoup d'exclusions, donc des jeunes qui n'ont pas accès à
leur CJE. Juste l'année passée, c'étaient 10 000 jeunes, donc, en un
an, qui n'ont pas eu accès à leur CJE parce qu'ils sont exclus de ces
services-là.
Est-ce que,
puisque ça coûte plus cher, bien, vous leur dites : Ah! bien, on va en
exclure encore plus, des jeunes? Est-ce que vous allez les rassurer que
ce ne sera pas le cas?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Champagne Jourdain : Merci.
Je vous ramène encore aux négociations. Là, on est assis en négociation
avec les directions régionales sur les ententes, quel nombre de places on va
acheter en fonction des besoins du milieu.
95 % du temps, on réussit à trouver une solution qui répond, qui convient
aux deux parties parce qu'elle répond au milieu. Je suis convaincue
que cette année, encore une fois, on va arriver à trouver les bonnes solutions.
Maintenant, pour le 5 %, je l'ai dit tout à
l'heure, il y a un processus d'appel qui peut être utilisé par les organismes
spécialisés, là, en employabilité.
Mme Cadet : O.K., vous l'avez déjà
dit. Ma question ici : Est-ce que vous pouvez les rassurer qu'il n'y aura pas... que ça ne se fera pas au détriment de
l'admissibilité des participants? On sait que le taux de chômage des jeunes,
là, il a augmenté, là. Il n'y a que... tous
les articles vont dans ce sens-là. Est-ce que vous les rassurez qu'il n'y aura
pas plus d'exclusions en raison de la hausse des coûts?
Mme
Champagne Jourdain : Écoutez, on va y aller en fonction... Puis là,
vous savez, on a un gros débat, là... bien, pas un débat, mais on a un
échange, vous et moi, sur des ententes qui sont actuellement en négociation.
Alors, je ne veux pas non plus qu'on nuise à ces ententes-là. Il faut laisser
le processus aller. C'est le cas, c'est ce qui s'est fait les années précédentes, et on trouve toujours un terrain d'entente.
Moi, ultimement, je veux qu'on s'assure, et c'est le mot d'ordre, c'est la consigne qui est donnée,
c'est comme ça qu'on travaille, que la bonne personne, au bon moment,
reçoive...
Mme Cadet : Le bon service.
Mme
Champagne Jourdain : ...le bon service. Puis, je le rappelle, c'est la
trame de fond, tout ça, là, je dois le faire avec
145 millions de dollars de moins par année. Merci.
Mme Cadet : Le 21 mars dernier,
vous avez reçu une lettre du CIAFT. Nous en avions parlé, vous aviez une
interpellation le même jour, la même journée, là, puis je pense qu'à ce
moment-là... en fait, à ce moment-là, vous ne m'avez pas répondu.
Mme Colette Cummings, elle est là. Un peu plus tôt, donc, vous avez livré,
donc, une réponse sur l'admissibilité des femmes... en fait, par rapport au
retrait des femmes des listes de clientèles prioritaires du gouvernement. Vous comprenez que ça a suscité
beaucoup d'inquiétude. Donc, vous nous avez répondu : Ici, il n'y a pas...
bien, en fait, que les groupes, donc,
peuvent être rassurés, que ce n'est qu'une liste qui est indicative, mais vous
comprenez que, d'une part, ça envoie
le mauvais message au même moment où le Y des femmes fait partie des
13 organismes dont l'entente n'est pas renouvelée avec Services
Québec?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci
beaucoup. Je l'ai précisé tout à l'heure, à une époque, là, cette liste-là, c'était une liste qui établissait les clientèles,
là, jugées, là, vulnérables. Maintenant cette liste-là représente des exemples.
On est moins pris dans cette liste-là, je vous dirais, au niveau des situations
vulnérables.
Moi, ce que je vous ai dit, c'est que, malgré
tout, malgré le fait que le mot «femme» ne soit plus dans cette liste-là, ça
demeure une priorité. Et ultimement, on s'assure que les femmes qui ont besoin
de recevoir des services d'emplois, selon leur situation de vulnérabilité,
soient... bien, reçoivent ces services-là.
Mme Cadet : Donc, l'entente...
Mme Champagne Jourdain : Et on considère qu'il est mieux d'être accompagné
par le service ou l'organisme spécialisé en employabilité qui adresse la
nature de l'obstacle à l'emploi.
Mme Cadet : Alors,
pour ce qui est du Y des femmes, dont l'entente est non renouvelée, c'est quoi,
le bon service au bon moment, la bonne
personne qui va permettre à ces femmes-là d'être accompagnées, alors que leur
entente n'est pas renouvelée avec Services Québec?
Mme Champagne Jourdain : Bien, vous savez, la
nature de leur obstacle diffère. Ça peut être des femmes qui sont judiciarisées, ça peut être des femmes qui
sont en situation de handicap. Et il y a plus d'une centaine d'organismes
spécialisés en employabilité sur l'île de Montréal qui pourront leur dispenser
des services.
Mme Cadet : Mais qui n'ont pas encore été consultés pour
pouvoir le faire, mais qui voient leurs co-clients...
Mme Champagne
Jourdain : On est en négociation.
Mme Cadet : O.K.
Le 1er mars, vous avez reçu une lettre ouverte conjointe de la part de
différents groupes, donc signée par Nicolas
Bourgois, l'ancien directeur du Collectif autonome des CJE; Richard Gravel, le
directeur général du Collectif des
entreprises d'insertion du Québec; Rudy Humbert, le directeur général du Réseau
des CJE; Steeve Juteau, directeur
général du Réseau canadien des entreprises d'entraînement; Laurence Marin,
directrice générale du ROSEPH; et Valérie Roy, directrice d'AXTRA, qui
disaient : M. le premier ministre — je ne peux pas le nommer — le
Québec est-il prêt à affronter la prochaine crise de l'emploi? Vous avez aussi
été alerté par le RSSMO, le Réseau des services spécialisés de main-d'oeuvre, dontMme Nisrin Al Yahya est ici présente,
qui nous disait, donc : Le gouvernement impose des sacrifices aux
organismes d'aide à l'emploi en pleine crise des tarifs.
Les organismes vous
ont demandé... Nous, on le comprend, on fait face à une crise tarifaire. On
lève la main, on est là, nous sommes prêts à vous aider. Vous n'avez jamais
vraiment répondu aux organismes. Je vous ai posé la question le 21 mars dernier. Qu'est-ce que vous leur répondez alors
qu'on a passé les deux... les trois dernières heures, là, à comprendre que leur
financement était baissé, qu'il y avait des négociations, qu'il y avait des
organismes qui voyaient leur entente être non renouvelée, alors qu'on
prévoit une hausse du nombre de chômeurs de 160 000 personnes,
160 000 pertes
d'emploi anticipées par votre premier ministre? Qu'est-ce que vous leur
répondez dans ce contexte tarifaire ci?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Merci beaucoup. Il y a plusieurs éléments de réponse, là.
Je vais peut-être... j'aimerais peut-être
revenir sur ce qu'on disait tout à l'heure par rapport aux femmes. Moi, là, je
veux dire, je ne suis pas fermée non
plus à ramener le mot «femme» dans la liste d'exemple, là, si ça peut rassurer
les gens. Tu sais, je veux dire, on va livrer les mêmes bons services,
on va s'occuper de la situation des femmes puis on va s'assurer surtout,
surtout que la nature de leur obstacle au
marché du travail soit adressée. Si c'est un enjeu de mot, là... parce que ça
demeure une priorité, je tiens absolument à le dire.
• (16 h 10) •
Bon,
au niveau de la crise tarifaire, on est effectivement, là, dans des hypothèses
de perte d'emploi de 160 000 emplois,
dépendamment de l'application de ces tarifs-là, si c'était le cas. Maintenant,
on a mis plusieurs mesures de l'avant
pour pouvoir répondre. En fait, on a un plan en trois étapes — je
vais peut-être commencer par ça — un
plan qui nous permet de répondre, là, aux menaces de la crise tarifaire.
La première étape de ce plan-là, c'est de s'assurer qu'on protège nos emplois,
qu'on puisse accompagner les entreprises dans la protection de nos emplois. On
veut qu'il y ait le moins de pertes d'emploi possible. Est-ce qu'on peut
continuer?
Le Président (M.
Allaire) : Oui, oui, juste un petit peu de temps, puis on va
enchaîner...
Mme Champagne
Jourdain : Parfait. Je vais juste finir la première étape. Je
reviendrai sur les autres étapes. Alors, nous, ce qu'on a fait, au niveau de
l'emploi, à ce niveau-là, c'est de... on a annoncé la mesure force, qui est un 20 millions, qui permet aux entreprises de pouvoir
former leur main-d'oeuvre pour s'assurer qu'on augmente leur... non,
leurs compétences pour augmenter la productivité aussi des entreprises. Je
continuerai.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Allez-y.
Mme Cadet : Merci. Bien, en fait, vous n'avez pas besoin de
continuer là-dessus, Mme la ministre, parce que, bien, d'une part, donc, vous l'avez déjà, donc, étalé, donc, en période
de questions, quand je vous ai posé cette question-là. Mais mon point,
c'était surtout sur les services publics d'emploi. Et d'ailleurs, dans la
lettre du RSSMO que vous avez reçu, dans le communiqué du RSSMO que vous avez
reçu, bien, ça le disait. Donc, la ministre a annoncé, il y a quelques jours,
un investissement de 20 millions de dollars destiné à soutenir les
entreprises québécoises face aux menaces de
tarifs. Toutefois, rien n'a été annoncé pour les services publics... dans le
secteur public d'emploi. Donc, ça, c'est
la demande qui vous a été formulée, tant par le RSSMO le 20 mars que par
les autres organismes qui ont signé la lettre ouverte le 1er mars.
Mais je continue
sur une autre tangente parce qu'on n'a pas beaucoup de temps, Mme la ministre.
L'Association hôtellerie du Québec,
vous les avez rencontrés, ils sont venus nous voir à l'Assemblée nationale.
L'industrie hôtelière demande des mesures simples,
pragmatiques, pour conserver les travailleurs étrangers temporaires qui sont
déjà en poste, donc ceux qui sont sur le
territoire, qui les aident justement à pallier la pénurie de main-d'oeuvre dans
plusieurs régions, dont la vôtre.
Qu'est-ce que vous comptez faire concrètement pour appuyer cette main-d'oeuvre
essentielle puis éviter que la
pénurie ne paralyse cette industrie qui est vitale, qui vient faire des
représentations puis qui nous écoute?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Merci beaucoup. C'est sûr
qu'on est en vigie constante. Tu sais, d'ailleurs, j'ai donné un
mandat... Le 13 février dernier, j'ai rassemblé 200... en collaboration,
bien sûr, avec la Commission des partenaires
du marché du travail, j'ai rassemblé
plus de 200 acteurs du marché de l'emploi, que ce soit au niveau... des gens qui représentent les travailleurs, qui
représentent le secteur de l'enseignement, qui représentent le milieu communautaire,
je le rappelle, ils sont présents à cette table-là, et l'autre qui m'échappe...
Une voix : ...
Mme Champagne
Jourdain : ...merci beaucoup, le patronat. Alors, on s'est rencontrés.
Ça a été un échange qui a permis de confirmer que les mesures qu'on a
développées répondaient, dans le fond, aux besoins.
Mme Cadet : Est-ce
que vous allez les appuyer dans leur demande? Eux, ils demandent à ce que les
travailleurs étrangers temporaires qui sont déjà en poste, qui aident les
entreprises à composer avec leurs pénuries de main-d'oeuvre, demeurent en
poste. Est-ce que vous allez les appuyer dans leur demande?
Mme Champagne
Jourdain : Bien, vous savez, je pense qu'on peut... il faut regarder
ça en fonction des secteurs, en fonction des
régions, en fonction des besoins. Puis on l'a dit, là, on a un enjeu, ici,
d'accueil. Ça répond... puis l'immigration, ça fait partie... c'est une des
solutions, là, je l'ai souvent dit, par laquelle on va venir répondre à nos
besoins pour notre marché de l'emploi.
Ceci étant dit, vous
le savez comme moi que ça a un impact, cette immigration temporaire là, là, je
parle des travailleurs étrangers
temporaires, parce qu'on a de la difficulté à les loger, à leur donner les
services nécessaires. Il faut aussi conjuguer avec ça.
Alors,
il n'y a pas de... Moi, ce que je veux vous dire, c'est qu'il n'y a pas de
réponse mur à mur. Vous savez, on
a... nous, on a mis en place une solution... on a mis en place un moratoire sur
l'île de Montréal, merci, pour adresser la situation là-bas. On a
protégé certains secteurs. C'est comme ça qu'il faut regarder cette
question-là.
Mme Cadet : Merci. Ma question, elle était sectorielle, parce
que vous avez dit : Ce n'est pas mur à mur. Je parlais à l'industrie hôtelière, puis on comprend que
c'était vraiment à l'extérieur de Montréal, pour des travailleurs qui sont déjà
présents sur le territoire, et donc déjà nourris et logés, qui
travaillent.
Intelligence
artificielle. L'ancien premier ministre Pierre Marc Johnson dit qu'il est
urgent de requalifier 800 000 travailleurs
pour les métiers d'avenir. Qu'est-ce que vous avez fait pour préparer le marché
du travail à l'arrivée de l'intelligence artificielle?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Merci beaucoup. Tout à l'heure, j'ai laissé la parole à
M. Lortie. Je veux peut-être lui permettre de revenir à ce sujet-là.
Mme Cadet : On
n'aura pas le temps, malheureusement...
Mme Champagne Jourdain : O.K. On a un pôle... On a
lancé trois pôles d'expertise, et il y en a un qui est... pour pouvoir nous
alimenter, pour pouvoir voir comment on adresse cette question-là. Ça évolue
très rapidement. Il y a des enjeux aussi de formation, formateurs, pour
pouvoir bien accompagner les entreprises dans l'évolution. Et, pour répondre à ça puis nous aider à trouver les
meilleures solutions, on a lancé un pôle d'expertise, justement, sur les technologies et tout ce qui est les défis
numériques, dans le fond, pour adresser la question de l'intelligence
artificielle. C'est quelque chose, là, pour lequel j'ai beaucoup
d'intérêt et qu'il faut aussi adresser.
Mme Cadet : Merci.
C'est particulier parce que, dans notre demande de renseignements particuliers,
on a demandé, pour les cinq dernières
années, les crédits dédiés ainsi que les copies des études, analyses,
recherches, sondages, scénarios ou projections concernant les
conséquences de l'intelligence artificielle sur le marché de l'emploi. Le ministère nous a répondu : «Le ministère n'a
pas produit d'étude, analyse, recherche, scénario ou projection concernant
les conséquences de l'intelligence artificielle sur le marché de l'emploi.
Aucun crédit n'a été dédié à cet effet.»
En cinq secondes, Mme
la ministre, Outaouais, la fusion des services publics d'emploi Outaouais,
Abitibi, qu'est-ce que vous avez à leur répondre?
Le Président (M.
Allaire) : 10 secondes.
Mme Champagne Jourdain : Là,
vous êtes sur l'intelligence... Est-ce que vous êtes encore sur l'intelligence
artificielle ou...
Mme Cadet : Non.
J'ai posé la question sur les services publics d'emploi en Outaouais qui sont
fusionnés avec... les directions de Services Québec fusionnées entre Abitibi
et... Abitibi-Témiscamingue et Outaouais.
Mme Champagne
Jourdain : Bien oui...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Désolé, ça met fin à ce bloc d'échange. Donc, on enchaîne avec le dernier bloc
d'échange de la journée. Donc, je cède la parole à la députée d'Anjou—Louis-Riel.
La parole est à vous, 12 min 15 s.
Mme Boivin
Roy : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, Mme la ministre,
j'aimerais qu'on revienne sur l'annonce de Services Nunavik, dont on n'a pas eu
le temps de compléter tout à l'heure. Vous vous souvenez, les éléments de mise en contexte, à savoir qu'il y
avait beaucoup de navettage dans le Nord-du-Québec, près d'un poste sur quatre est comblé de cette manière dans la région
en raison d'un manque de main-d'oeuvre sur le terrain. C'est particulièrement
vrai pour les communautés les plus éloignées. Également, on avait parlé de
formation.
L'écosystème de la
région est complexe par la grandeur du territoire, d'une part, mais aussi par
la présence de plusieurs pôles de
populations éloignées les unes des autres et que tout cela, finalement, rend le
tout difficile d'accès. Il y avait aussi la question de la formation
continue qui est complexe, avec les enjeux de démarrage de petites cohortes et de langue d'enseignement puis, bien sûr, aussi
la rétention des employés, que ce soit pendant et après les cohortes. On
avait aussi parlé de manière générale du
territoire du Nunavik, à savoir le manque de main-d'oeuvre qui est un problème
important dans la région, notamment pour
l'ouverture de magasins, et le fait que les réalités des communautés diffèrent
grandement entre Kuujjuaq, qui est la plaque tournante de la région et les
autres communautés plus petites.
Enfin, dernier
commentaire, entre 2013 et 2030, vous vous souvenez qu'on s'est fait dire
là-bas qu'on s'attendait à une croissance de
4 000 personnes au Nunavik, soit près de 30 %, et que, dans la
population actuelle, 90 % des résidents sur le territoire parlent
l'inuktitut. Alors, en se rafraîchissant la mémoire sur cette mise en situation,
vous aviez commencé à nous donner plus de détails sur l'annonce et sa
pertinence sur le terrain.
Le Président
(M. Allaire) : Mme la ministre.
Mme Champagne
Jourdain : Merci beaucoup. Si ma collègue le permet, je vais revenir
sur la question de la collègue de Bourassa-Sauvé. Je vais revenir sur sa
question pour lui donner une réponse pour ce qui est des services, là, dans la
région, là, de l'Outaouais et l'Abitibi. Je vous ai entendu dire qu'il y avait
une fusion. Il n'est aucunement question
d'une fusion entre les bureaux de Services Québec de l'Outaouais puis de
l'Abitibi... Témiscamingue, pardon.
C'est extrêmement important pour moi d'apporter cette précision-là. Ce sont
deux régions distinctes, évidemment, puis
elles vont demeurer distinctes, puis il y a plusieurs faits qui démontrent que
ce sont deux régions distinctes. Je pense entre autres aux deux conseils régionaux, là, des partenaires du marché
du travail, qui sont toujours bel et bien là, qui vont demeurer là, et
aussi aux deux forums, là, de ressources externes en employabilité.
Aussi, les deux
régions vont conserver également leurs propres budgets respectifs puis les deux
régions vont réaliser aussi leurs activités
respectives régulières en poursuivant leur collaboration, parce qu'il y avait
une collaboration. Et les employés,
là, il y en aura toujours qui vont travailler dans les deux régions, puis ils
vont continuer à effectuer, là, leurs tâches régulières dans leur port
d'attache habituel.
Ce que je veux aussi
amener, parce que ça fait quelques fois qu'on en parle, c'est que tous les
bureaux de Services Québec, de l'Outaouais
puis de l'Abitibi-Témiscamingue, vont continuer à exister puis à rendre des
services de proximité, là, aux citoyens, et ces citoyens-là de la région vont
pouvoir continuer d'aller dans les bureaux de Services Québec les plus près de chez eux pour recevoir des
services, rencontrer des agents qui vont les aider dans leurs démarches.
Ce n'est pas propre à la région de
l'Abitibi-Témiscamingue et de l'Outaouais, il y a d'autres régions où on a,
dans le fond... où on a une direction qui fait les deux régions, si vous
me permettez de le dire ainsi.
• (16 h 20) •
Maintenant, je vais
revenir, là, au dossier de l'ARK, dans le fond, de Services Nunavik.
Effectivement, je suis contente de pouvoir
terminer ma réponse là-dessus parce que ça aura un impact important au niveau,
là, des services qui sont rendus,
mais au niveau de la population inuite, qui vont pouvoir se rendre dans des
bureaux de Services Nunavik qui
sont... qui seront situés dans leur village, pour rencontrer un agent. Recevoir
des services aussi en inuktitut, ça peut faire la différence,
absolument, puisque les gens — puis j'en ai rencontrés en formation à
Montréal, j'ai eu la chance d'en rencontrer,
des agentes — vont
pouvoir leur offrir aussi des services dans leur langue, en inuktitut. Et les
services qui vont être offerts, ce sont des services de renseignements
généraux sur les programmes et les mesures de divers ministères et des organismes gouvernementaux. Ils vont aussi offrir du
soutien direct aux personnes en matière d'assistance sociale, de
développement des compétences, d'employabilité.
Vous l'avez souligné,
il y a des défis, là, de recrutement de main-d'oeuvre là-bas, mais les citoyens
ont tout autant besoin, là, de services, là,
à ce niveau-là. Ils vont pouvoir accompagner aussi les personnes dans leurs
démarches administratives, hein, auprès des gouvernements, canadien mais
aussi québécois. Je fais entre autres référence à tout ce qui est Directeur de l'état
civil, Retraite Québec ou encore la Régie de l'assurance maladie du Québec. C'est important qu'ils puissent avoir
accès, là, et faire des démarches à ce niveau-là.
Le
déploiement de Services Nunavik va aussi... bien, en fait, ça va se faire par
l'ARK, vous l'avez dit, là, tout à l'heure,
l'Association régionale de Kativik, sur une période de cinq ans. Pour ce faire,
on va investir... bien, il y a 13 millions de dollars qui vont être
octroyés à l'ARK pour la bonification des mandats de l'Entente Sivunirmut et le
déploiement des services, là, de Services Nunavik. Ils vont recevoir
2,5 millions de dollars, l'ARK, annuellement pour ces bonifications-là. Et concrètement, cette nouvelle manière de
faire, ce que ça va apporter pour les résidents, là, de cette région-là, bien, ça va venir améliorer
les services qui sont offerts, là, à la population, aux résidents. Ça va
apporter aussi un accès, qui est, lui
aussi, amélioré. Aux services gouvernementaux, ça pouvait être complexe. On va
souhaiter, puis c'est ce qui va arriver, que ce le soit moins pour les
gens de la région. Et ça, ça va se faire, nécessairement parce que les agents locaux vont être spécialement
formés pour offrir ces services-là, ce qui n'était pas nécessairement le cas...
ce qui n'était pas le cas, en fait, c'était très complexe.
On
va aussi venir bonifier la prestation de services, parce qu'en plus de
développer des nouveaux outils — c'est
ce qui va se passer — pour
accompagner les Inuits, bien, les agents vont être en mesure d'avoir un lien
direct avec certains partenaires gouvernementaux pour répondre à leurs
clientèles et permettre aussi une plus grande proximité de la population du
Nunavik avec l'État, c'est ce qu'on veut, en plus d'entretenir des relations
avec l'Administration régionale Kativik, grâce à ce soutien puis à
l'amélioration des services gouvernementaux au Nunavik.
Alors, moi, je suis
convaincue qu'on va être en mesure d'apporter des changements significatifs aux
services que les gens reçoivent dans le Nord-du-Québec et je suis très fière
qu'on ait pu procéder, là, à cette annonce-là, puis qu'on entrevoie ces
changements-là dans les prochains mois, prochaines années.
Mme Boivin Roy : Merci beaucoup, Mme la
ministre. J'aimerais vous amener sur un autre sujet complètement, les
certificats de décès, qui... dans les dernières années, on sait que les délais
ont augmenté considérablement, pour différentes raisons. Je vous en énumère
quelques-unes : la lourdeur bureaucratique dans la direction de l'état
civil, le vieillissement de la population,
le nombre de décès en forte hausse au Québec, hein? On parle quand même d'une
hausse de 15 000 personnes, ce qui représente environ 25 % entre
2015 et 2022. L'immigration, aussi, dans les dernières années, qui apporte son lot de décès de personnes pour
lesquelles le Directeur de l'état
civil a peu ou pas d'informations, ce
qui nécessite des recherches complexes, soit à cause de la question de la
langue ou encore des procédures différentes dans d'autres pays, également, les départs à la retraite au Directeur de l'état civil et le temps requis pour former les employés.
Alors,
on le sait, Mme la ministre, le certificat de décès est un document officiel
essentiel pour régler les affaires administratives,
juridiques et successorales d'une personne décédée. C'est un document qui
permet également d'établir des
données statistiques fiables sur la mortalité, qui sont indispensables,
finalement, à l'élaboration des politiques publiques de la santé de la population. Lorsqu'une personne
décède, bien, évidemment, c'est essentiel d'informer le gouvernement du décès. C'est une démarche, généralement, qui va
être effectuée par l'entreprise de services funéraires, qui aide à obtenir,
remplir et transmettre les documents nécessaires au Directeur de l'état civil,
notamment le constat de décès.
Mme la ministre, je
vous épargne le petit... les détails juridiques que je pourrais vous faire sur
l'inscription au registre de l'état civil,
sur le fonctionnement du liquidateur de la succession, puisque ma collègue veut
aussi s'entretenir avec vous sur la
question de la jeunesse. Je vais y aller, à ce moment-là, directement sur ma
question. Au niveau des délais, donc, qui
sont maintenant revenus à la normale depuis les changements structurels qui ont
été apportés, alors, de quelle manière
on s'y est pris pour y arriver, et, plus précisément, comment avons-nous
attaqué les différents défis, les différentes causes de ce délai
d'émission? Merci.
Mme Champagne Jourdain : Merci beaucoup. Je pense
qu'on a un bon exemple avec le Directeur
de l'état civil et les changements qui ont été apportés, d'amélioration
au niveau de l'efficacité de l'État, et je suis particulièrement fière de ce
qu'on a réussi à faire à ce niveau-là. Dans les dernières années, le Directeur
de l'état civil a rencontré plusieurs défis qui pouvaient... qui ont affecté,
en fait, les délais de traitement, qui s'expliquent par plusieurs raisons, entre autres le vieillissement de la population et
le nombre de décès qui est en hausse au Québec. On a connu aussi des retards
liés à la COVID. Alors, tout ça a fait en sorte qu'on accumulait des délais
importants et qu'on devait adresser ça pour offrir les services pour
lesquels sont en droit de s'attendre les Québécois, mais aussi revenir à des
délais qui sont respectables.
Alors, à
l'été 2024, on a posé des actions concrètes pour mettre en place des...
l'atteinte des objectifs et revenir... et on
a... moi, je suis allée visiter sur place aussi, m'assurer de bien comprendre
la situation, pour qu'on prenne les bonnes décisions. On a travaillé sur
les compétences, on a travaillé sur l'optimisation du processus d'analyse des
dossiers, ce qui permettait une inscription, là, dans un plus court délai. On a
mis en place des nouvelles stratégies. On a travaillé sur la polyvalence des
employés aussi pour faire en sorte que, quand ils faisaient du certificat de
mariage... ils faisaient juste ça avant, là,
on est allés travailler sur leur polyvalence pour être capables d'adresser des
forts débits de demandes qu'on aurait pu avoir. Et je peux vous dire
qu'en date du 3 avril le délai moyen d'inscription des dossiers, pour ce qui est des naissances, c'est de
10,1 jours ouvrables quand les dossiers sont conformes. Au niveau des
dossiers de mariage et d'union civile, c'est de 16,8 jours. Et, au
niveau des dossiers de décès complets et conformes, c'est 16,6 jours, et
je veux vous dire qu'on a travaillé sur des solutions qui nous permettaient de
pérenniser ces gains-là.
Adoption des crédits
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Ça met fin à l'ensemble des blocs d'échange. Restez
assis, on va devoir voter.
Alors, le temps alloué à
l'étude du volet Emploi des crédits budgétaires du portefeuille Emploi et
Solidarité sociale pour l'exercice financier 2025‑2026 étant presque
écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Donc, est-ce que le programme 3, intitulé
Emploi... est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Des voix : Sur division.
Le Président (M. Allaire) : Adopté
sur division.
Donc, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au mardi 6 mai 2025, à 10 h 15, où elle
entreprendra l'étude du volet Solidarité
sociale et Action communautaire autonome des crédits budgétaires du portefeuille
Emploi et Solidarité sociale. Merci, tout le monde. Bonne fin de journée.
(Fin de la séance à 16 h 29)