(Quatorze heures trente minutes)
Le Président (M. Allaire) :
Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte. Merci de prendre quelques
secondes pour éteindre la sonnerie de vos appareils électroniques. Merci.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Investissement Québec des crédits budgétaires du portefeuille
Économie, Innovation et Énergie pour l'exercice financier 2025‑2026. Une
enveloppe de deux heures a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Dufour (Abitibi-Est) est remplacé par M. Reid
(Beauharnois); Mme Mallette (Huntingdon) est remplacée par M. Poulin
(Beauce-Sud); Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par M. Beauchemin
(Marguerite-Bourgeoys); M. Fontecilla (Laurier-Dorion) est remplacé par Mme Zaga
Mendez (Verdun); M. Paradis (Jean-Talon) est remplacé par Mme Gentilcore
(Terrebonne).
Investissement Québec
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la secrétaire. Alors, on commence. On commence avec le dernier bloc de
l'ensemble de ces deux semaines de crédits budgétaires.
Discussion générale
On débute avec l'opposition officielle. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, je vous laisse la parole pour 19 min
37 s.
M.
Beauchemin : Merci beaucoup, M. le Président. Merci à tous
d'être ici aujourd'hui. Merci, Mme Ngo pour votre présence parmi nous.
Bien, on va rentrer tout de suite dans le vif du sujet. La performance d'Investissement Québec pour l'exercice 2023‑2024,6 %,
j'aimerais ça, peut-être, qu'on... peut-être vous pourriez nous donner,
madame... Si on peut demander à
Mme la ministre de nous expliquer ou si vous voulez passer la parole,
c'est comme vous voulez.
Le Président (M. Allaire) : Comme
toujours, il faut que la ministre soit d'accord, naturellement. Il faut que
j'aie son consentement.
M. Beauchemin : Exact.
Le Président (M. Allaire) : Donc,
j'ai son consentement? Ça va. Parfait.
M.
Beauchemin : Donc, peut-être nous donner un peu de contexte,
là, sur votre interprétation, là, de la performance.
Le Président (M. Allaire) : Simplement
prendre le temps de vous présenter avec votre titre.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Je ne sais
pas si je suis «on».
Le Président (M. Allaire) : Oui. Ça
va.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Bicha Ngo,
P.D.G. d'Investissement Québec.
Donc, merci pour votre question. Le
rendement 2,6 % pour l'année fiscale 2023‑2024, il faut remettre
dans le contexte la mission d'Investissement Québec. Notre mission, c'est
vraiment soutenir le développement économique des
entreprises du Québec, et donc, du coup, Investissement Québec va
prendre des positions qui sont parfois plus risquées que le marché pour
justement faire arriver les projets, pour faire démarrer les projets.
L'autre
point, quand vous parliez du 2,6 %, il faut regarder notre portefeuille
aujourd'hui : moitié du portefeuille, c'est fonds propres et c'est ça
qu'on regarde, l'autre moitié, qui est mandataire, un mandataire où la décision est prise par le gouvernement, fonds
propres, c'est vraiment une décision d'Investissement
Québec. Donc, quand vous
parlez du rendement de 2,6 %, c'est vraiment le rendement sur le
portefeuille fonds propres d'Investissement Québec. Dans son rôle, également, Investissement
Québec, comme je vous disais, développement économique, on va prendre plus de
risques. C'est pour ça d'ailleurs que, si on regarde dans le capital de risque,
on est le joueur le plus actif en capital de risque.
Le Président (M.
Allaire) : M. le député.
M. Beauchemin : Merci. Merci
beaucoup. Donc, la distinction entre fonds propres et?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Mandataire.
M. Beauchemin : Mandataire. La
performance de 2,6 % s'explique majoritairement, donc, par?
Mme Ngo (Bich-Trang) : La performance,
c'est vraiment basé sur le portefeuille fonds propres...
M. Beauchemin : Donc, mandataire?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Notre
portefeuille est composé à peu près de 40 % en équité. Donc, il y a
volatilité marché en équité. L'autre
point, aussi, on prend des positions, des dossiers comme Stornoway, Chimie
ParaChem, qui sont des dossiers beaucoup plus risqués. Par exemple, Stornoway,
c'est la mine de diamants en Abitibi. Ça a permis de maintenir plus de 500 emplois bien rémunérés
en Abitibi. Mais c'est une position qu'on a prise sur laquelle on a fait une
perte. Il faut par contre reprendre la façon
dont on évalue Investissement Québec. On l'évalue sur un rendement moyen cinq
ans. Le rendement moyen cinq ans d'Investissement Québec, c'est
5,1 %.
M. Beauchemin : O.K. C'est un...
Le Président (M. Allaire) : Je dois
gérer le temps. J'essaie debalancer.
M. Beauchemin : Ça veut dire que
c'est un signe...
Le Président (M. Allaire) : Oui. Ça
fait qu'il faut raccourcir, idéalement, parce qu'on essaie de balancer la
question, le temps de la question avec la réponse.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Je vous
entends.
Le Président (M. Allaire) : Allez-y,
M. le député.
M.
Beauchemin : Donc, juste
pour les gens qui nous écoutent, qui ne sont pas habitués, donc, il y a deux
grandes catégories, là, de mandats à l'intérieur d'Investissement
Québec. Est-ce que... Juste pour que les gens comprennent, la catégorie dans laquelle... la grande raison
pour laquelle les rendements n'ont été que de 2,6 %, ils se trouvaient à
être dans la catégorie où... les
placements privés, placements marchés publics? Pour juste que les gens
comprennent exactement où est-ce que ça se trouve à être, la raison du
pourquoi, là.
Mme Ngo (Bich-Trang) : C'est une
combinaison de ça. Mais, vous me parlez beaucoup du rendement pour l'année 2023‑2024, nous, on est
évalués sur un rendement moyen, cinq ans. Notre objectif : de s'assurer
qu'au minimum on couvre le coût des fonds du gouvernement du Québec, qui
est, sur cette période-là, de 2 %. Donc, à 5,1 %, on est nettement en
deçà de l'objectif d'Investissement Québec. Deuxièmement, si on se compare à
d'autres joueurs qui n'ont pas le mandat de
développement économique comme Investissement Québec, je pense, par exemple, à
la caisse, FSTQ, Fondaction et
autres, leur rendement moyen sur cinq ans est à peu près de 5 % à
6 %, en fait, entre 5,4 % et 6,5 %.
M. Beauchemin : O.K. Je... Oui,
c'est correct, c'est beau, j'essaie juste de voir si... Parce que, bon, nous,
on regarde l'année, nous, notre mandat,
c'est l'année, puis l'année, elle est de 2,6 %. Donc, dans ce contexte-là,
la dernière fois que je vous pose la question, vraiment, le rendement
est plus attribuable à quel côté du mandat? Est-ce que c'est vraiment plus du côté où est-ce qu'il y a des
placements privés ou c'est les marchés publics? Comment vous le divisez, là?
Mme Ngo (Bich-Trang) : C'est une
combinaison. Donc, le marché public a été très volatil, est encore plus volatil
cette année, mais également des positions qu'on a prises au niveau de la dette,
par exemple dans des dossiers comme
Stornoway et autres, qui ont été durement affectées. Comme vous savez,
Stornoway a déposé pour une protection à l'abri des créanciers, l'année
dernière, donc ça, c'était une perte sur notre portefeuille. Des dossiers comme
Chimie ParaChem également nous ont affectés.
Le Président (M. Allaire) : ...
M. Beauchemin : Mais, dans les
marchés publics — merci,
M. le Président — dans
les marchés publics comme... listés sur les
cours de la bourse, en général, l'année 2023‑2024 a été quand même une
bonne année. Donc, c'est vraiment un plus haut niveau de... dans cette
sous-catégorie, c'est vraiment dans la catégorie des placements privés?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Bien, les placements privés incluent également de
la dette et les dossiers que je vous ai
nommés, qui est quand même des financements majeurs, en fait, des interventions
majeures pour Investissement Québec. Dans le cas de Stornoway, on parle d'une
intervention de près de 100 millions de dollars, donc c'est sûr que,
quand il y a une perte de cette
ampleur-là, ça affecte notre bénéfice net de façon importante. Cela étant dit,
encore là, c'est un projet d'une mine de diamants en Abitibi, avec les
emplois et les retombées économiques.
M.
Beauchemin : Merci. Peut-être une question plus spécifique pour la
ministre. Le rendement de la société est
approximativement 43 % moins élevé que prévoyait le ministère des
Finances, là, dans le budget de mars, là, 2023. Vous qui, donc, êtes
responsable de ce portefeuille, comment, selon vous, vous pouvez expliquer
des... comment commentez-vous, par rapport aux attentes du gouvernement, ce
rendement-là?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme
Fréchette : Bien, écoutez, le rendement annuel d'Investissement Québec
suit la tendance de... la même tendance que
ses pairs sur un horizon de cinq ans. L'ensemble des sociétés ont enregistré
des rendements, lors de l'exercice 2021, venant rehausser
considérablement leur moyenne sur cinq ans. Investissement Québec affiche un ratio de frais de gestion plus avantageux que ses
pairs, et le rendement global d'Investissement Québec inclut les services
d'accompagnement à l'innovation, comme le coût des activités. Donc, le rôle
d'IQ, il faut voir que c'est aussi un rôle qui
vise à soutenir les entreprises dans leur croissance. Le rôle premier, ce n'est
pas nécessairement de faire du rendement, c'est de soutenir les
entreprises, soutenir le développement économique aussi. Et je vous dirais que,
dans le contexte actuel, c'est plus important que jamais, avec le
ralentissement qui pourrait survenir du fait de... du contexte.
M. Beauchemin :
Merci, M. le Président. Dans le
contexte, là, à titre comparatif, la Banque de développement du Canada, qui, évidemment, est le pendant, là,
fédéral d'Investissement Québec, à une certaine certaine mesure, ont eu un rendement de 4 %, qui n'est pas
fantastique non plus, je dois avouer. Et puis sur cinq ans, bien, le rendement
annualisé est plus de l'ordre de 9,9 %. Ça fait que ma question
reste. Il y a une différence entre les mandats, ça, je le sais, elle n'est pas
identique en termes de spécificité, il y a des classes d'actifs qui sont
relativement différentes, mais sur un horizon
de temps d'une période de 20 ans, historiquement, c'est représentatif du
genre d'intervention gouvernementale fédérale,
ce que la BDC peut faire puis ce qu'Investissement Québec peut faire. Donc,
basé là-dessus, j'entends la ministre, je me pose juste la
question : Comment on fait pour mesurer le succès?
Parce
que là, actuellement, ce qu'on a, c'est un genre de «slush fund» dans lequel on
dépense, on investit, on fait des
investissements ici et là puis on essaie de stimuler l'économie du Québec.
Soit. Puis ça, c'est... c'est le mandat, puis le mandat est le mandat. Mais il y a aucune mesure quantitative
spécifique, on ne définit pas le succès. On a parlé de faire un rendement qui allait être de 43 % plus
élevé que ce qui est attendu comme minimum pour l'année 2023‑2024,
on ne l'atteint pas, mais là on donne
les autres raisons, les autres excuses pour dire que le rendement n'est pas au
rendez-vous. Donc, j'essaie juste
de... pour les payeurs de taxes au Québec, là, qui veulent quand même, oui,
stimuler l'économie du Québec, mais
ils veulent quand même qu'on ne le fasse pas... qu'on ne le fasse pas en ne
faisant qu'investir dans des trucs qui ne donnent pas l'argent aux
Québécois.
• (14 h 40) •
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme
Fréchette : J'inviterais Mme Ngo, si c'est possible.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Puis, je comprends, vous
revenez souvent sur le rendement de 2,6 %, mais comme je vous
expliquais, on parle de développement économique, il faut regarder sur une
moyenne de cinq ans.
Si on regarde
l'initiative Productive innovation qu'on a lancée en 2020, 2020 à 2024, on
s'est donné comme cible de déployer
2,4 milliards pour soutenir les projets en productivité. On a déployé plus
de 3,6 milliards. Et là vous allez
me dire : O.K., vous avez déployé de l'argent, c'est beau, ça, mais
qu'est-ce que ça veut dire concrètement? On a donné à Statistique Canada
de faire une analyse pour nous pour voir, les entreprises qu'Investissement
Québec ont soutenues, comment leur productivité s'est comparée au secteur
manufacturier québécois. Et les entreprises qu'on a soutenues avec l'initiative Productivité Innovation, de 2020 à 2023, ont
vu leur productivité augmenter de plus de 44 %. Et ça, ça se
compare à 3,5 % pour le secteur manufacturier du Québec. C'est là où on a
l'impact. Oui, on fait des investissements,
oui, on veut chercher un rendement, mais avec notre volet de développement
économique, c'est vraiment comment est-ce qu'on fait pour aider nos
entreprises à être plus productives et donc, du coup, plus compétitives.
M. Beauchemin :
O.K. Je comprends. Donc, maintenant, comment on peut, pour la suite des
choses, traduire tout ça de façon plus
simpliste pour les gens qui paient des impôts au Québec, là, puis qui regardent
aller la performance du gouvernement dans son ensemble, là, évidemment,
là, mais qui regardent aussi la performance d'Investissement Québec puis ils se
disent : O.K., ce moteur-là d'investissement dans notre économie, comment
peut-on mesurer s'il fait la bonne chose, de
façon mathématique? À part dire : On a réussi à faire ci, on a réussi à
faire ça, comment on fait pour dire : Bon, bien, le rendement sur
le capital investi est important? Comment on peut répondre à ça?
Mme
Fréchette : Je vais commencer puis...
Le Président (M.
Allaire) : Allez-y, Mme la ministre.
Mme Fréchette :
...la parole. Bien, je pense qu'une façon très simple de le calculer, c'est
qu'on veut que ça offre un rendement plus
élevé que le coût des fonds. Donc, ça, c'est une règle de base. La Loi sur
Investissement Québec prévoit qu'il y
a un objectif de rendement, de moyen à long terme, au moins équivalent au coût
des fonds du gouvernement. Donc, ça,
c'est une première manière d'évaluer la chose. Ensuite, c'est sûr qu'il y a des
secteurs qui sont plus stratégiques que les autres, et on veut que ça
crée des emplois dans des secteurs d'avenir, les investissements qui sont
déployés, développés. Et, bien sûr, les
retombées fiscales, ensuite les salaires qui sont générés par les
investissements qui sont faits, est-ce
qu'il y a un rehaussement de la productivité, tout ça, ça fait partie des
éléments qui sont à considérer. Mais, au moins, un rendement au-delà du
coût des fonds, c'est une première étape importante. Et Mme Ngo pourrait
compléter.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Oui, bien sûr. Bien, écoutez, évidemment, encore
une fois, nous, on focusse vraiment sur
du moyen terme, donc on veut s'assurer que, sur cinq ans en moyenne, on couvre
le coût des fonds du gouvernement du
Québec. À 5,1 %, on est en deçà de là. Et, quand vous regardez les autres
institutions financières, au Québec, qui n'ont pas le mandat de développement économique comme nous, qui ont un mandat
vraiment plus de rendement et beaucoup plus
diversifié avec des investissements hors Québec également, ils ont réalisé un
rendement aux alentours de 6 %. Donc, à 5,1 %, je trouve que
c'était de très bons résultats.
M.
Beauchemin : Merci. M. le Président, quand on regarde juste...
Si on voit, par exemple, le coût de la dette moyenne au Québec, là, sur ChatGPT, là, on va arriver à 4,31 %. Ça
fait que je ne sais pas quel est exactement le coût des fonds que vous utilisez pour justifier, là, le
benchmark, là, mais le benchmark qu'on a quand on regarde l'ensemble de la dette, donc quand Québec emprunte, il y a du
marché monétaire, il y a du marché étranger, il y a tout ça swapé en dollar
canadien, il y a du marché obligataire canadien, il y a du marché obligataire
US, tout ça traduit, là, en un coût des fonds pour l'ensemble des échéances,
là, O.K., qui est une durée moyenne de 7,1 années, donc un peu plus long que cinq ans, là, 4... — qu'est-ce
que c'est j'ai dit tantôt? — 4,3 %.
Donc, c'est quand même beaucoup, de loin supérieur à 2,6 %. Ça fait qu'on n'a pas vraiment
atteint l'objectif. Ça fait que quelle est... quelle est votre source de coûts
des fonds?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : En fait, nous, on regarde le coût des fonds moyen
sur cinq ans. Comme vous savez, au
cours des 18 derniers mois, le... les taux d'intérêt ont augmenté et,
c'est pour ça, le coût d'emprunt a augmenté. Mais, si on regarde la
moyenne cinq ans, c'était 2 %. C'étaient les chiffres qu'on avait.
M.
Beauchemin : Donc, la dette du Québec est dans les alentours
de... Bien là, ça va finir à 270 milliards bientôt, quand la CAQ va
terminer, là. Mais, grosso modo, O.K., l'ensemble du portefeuille obligataire
et marché monétaire du Québec roule à
l'ordre d'entre 30 à 60 milliards, dépendamment du programme
d'investissement. Donc, à chaque année, O.K., on tourne la dette du Québec, peut-être, l'équivalent de... ça
prend quatre ans à peu près pour tourner toute la dette du Québec, en moyenne. Quand on a un coût moyen de
4,3 %, ça veut dire qu'actuellement, là, on a tourné, depuis les quatre dernières années, puis c'est ça que ça nous
donne. Ça fait que, pour moi, puis c'est malheureusement l'industrie dans
laquelle j'étais avant, O.K., donc, quand je vois ça, je me pose juste la
question, puis c'est peut-être un benchmark qu'on vous donne, au ministère, mais je laisserai peut-être la question
à la ministre : Ça vient d'où, ce coût des fonds là qui est
inférieur au coût de la dette?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Bien, comme ça a été
dit, ça vient de l'évaluation du coût, le coût des fonds sur cinq ans. Donc, c'est la règle, la barre, le seuil que l'on
s'est fixé. Puisque le gouvernement engage les coûts, il faut s'assurer au
moins de couvrir ces coûts-là et,
idéalement, d'aller au-delà. Je pense que ça a été le cas, si on s'en remet à
l'évaluation du coût des fonds des derniers cinq ans.
M.
Beauchemin : Je comprends le principe, Mme la ministre, il n'y
a pas d'enjeu. La logique de vouloir battre le coût des fonds, c'est, il me semble, la base, ça, c'est certain.
Cependant, moi, la question que j'ai, c'est que ce n'est pas le coût des fonds, là. 4,31 %, ça, c'est
juste aujourd'hui, c'est ça, là. Dans un mois, ça va être à peu près
4,31 %, puis, il y a un mois,
c'était peut-être 4,30 %. Ça fait que, tu sais, ça bouge, mais ça ne bouge
pas... un mouvement de plaques tectoniques à ce point. Ce n'est pas
grave. Je pense que, pour le moment, vous ne l'avez peut-être pas, puis c'est
correct. Revenez-moi éventuellement, là, pour me préciser ce chiffre-là, parce
que je pense que, pour l'ensemble des Québécois,
on veut quand même être capables de savoir qu'on performe au minimum au coût
des fonds. Ça fait que ça, c'est important.
Je veux juste rapidement aller sur les dépenses
d'Investissement Québec. Elles ont augmenté de 17 % en 2023‑2024. Le
nombre d'employés, si je me fie aux chiffres, là, ont augmenté de 6,2 %
pour atteindre près de 1 300 employés,
avec une rémunération moyenne qui a augmenté de 18 % sur les deux... deux
années. Comment, dans le contexte
actuel où est-ce qu'on est en déficit structurel significatif, comment se
fait-il qu'on a été capable de quand même augmenter les dépenses
quotidiennes? Il n'y a pas moyen d'avoir... en tenir... en obtenir plus avec
les moyens qu'on a déjà? Parce que je pense que d'autres entités
gouvernementales ont eu le message d'ou bien augmenter les rendements, ce qui
n'était pas le cas, ou de couper dans les dépenses. Donc, juste peut-être
comprendre un peu, là, comment...
Mme Ngo (Bich-Trang) : Bien sûr.
Le Président (M.
Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Oui, bien sûr. Premièrement, quand je suis arrivée
en poste, je suis arrivée en poste février
l'année dernière, on a travaillé sur un plan d'optimisation. Comme vous savez,
depuis 2019, Investissement Québec a crû
de façon importante. On est passés de moins de 500 employés à plus de
1 300, comme vous mentionnez. On a ajouté beaucoup d'offres de services, à Investissement Québec. Pour moi,
c'était important, quand je suis arrivée en poste, de revoir l'offre de
services d'Investissement Québec, de voir où on était vraiment le plus
pertinents, où on avait le plus d'impact.
S'il y avait des services qui sont offerts par d'autres partenaires sur le
marché, on délaissait ces services-là au marché. Et donc, du coup, on a annoncé un plan d'optimisation à
l'automne. C'est 170 postes, au cours de la dernière année, qui ont
été abolis. On a vraiment essayé de le faire par attrition en premier,
c'est-à-dire des départs, des départs à la retraite
ou autres, qu'on a décidé de ne pas remplacer, des postes vacants qu'on n'a pas
remplacés. Et il y a eu 60 mises à
pied à l'automne également. Et également toutes les lignes d'affaires, tous les
services de soutien corporatif ont revu leurs budgets pour réduire les
coûts, que ce soient les coûts de marketing, de déplacement, d'honoraires qu'on
utilise pour des consultants et autres, et
tout ça va s'afficher. En fait, à terme, on va... ça va réduire les coûts
d'Investissement Québec d'à peu près 15 millions par année.
M.
Beauchemin : O.K. Là, ce n'est pas un ballon de plage que je
vais vous envoyer, mais je veux quand même avoir la bonne réponse à la question, parce qu'elle est relativement
intéressante. Donc, plus une croissance d'entreprise, du nombre que c'était
avant, à 1 300, il y a une structure, il y a une bureaucratie qui
s'installe. Comment agile trouvez-vous maintenant,
aujourd'hui, Investissement Québec dans le contexte comparatif nord-américain,
par exemple, dans des fonds qui peuvent faire un peu ce que vous faites,
là?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Bien sûr. On
est... C'est sûr que, dans tout l'exercice d'optimisation qu'on a fait, on voulait revoir aussi et on continue à revoir
nos processus, qu'on a revus, par exemple, au niveau du réseau régional.
Les demandes de financement, au niveau du
réseau, ça prenait 100 jours; aujourd'hui, on est rendus à 40 jours.
Donc, on améliore, on optimise nos
processus, mais c'est un travail en continu, je vous dirais. On a fait un
travail très... en fait, très
détaillé, au cours des derniers mois, quand je suis arrivée en poste, pour
vraiment regarder, ligne d'affaires par ligne d'affaires, là où on pouvait optimiser nos coûts. Mais on continue cet
exercice continu, également, pour voir comment est-ce qu'on peut
s'améliorer et continuer à s'améliorer.
• (14 h 50) •
M.
Beauchemin : Est-ce qu'il y a l'utilisation de l'intelligence
artificielle de plus en plus utilisée dans le processus de décision
d'investissement qui se fait?
Mme Ngo (Bich-Trang) : On
est en train, on... Au niveau de tout ce qui est technologie, on est en train
de revoir, même de... En fait, c'est récent qu'on a un GRC, une gestion
de relation client qu'on a mise en place, qu'on a lancée au mois de janvier et qu'on travaille par
itération. On travaille sur une solution de financement, justement, pour
vraiment faire de bout à bout, vraiment, tout le processus. Donc, il y a
vraiment des investissements qui sont faits pour essayer d'optimiser nos façons
de faire, mais on partait quand même de...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci. Ça met fin à ce premier bloc d'échange. On enchaîne avec le deuxième
groupe de l'opposition. Mme la députée de Verdun, vous avez
19 min 37 s.
Mme Zaga
Mendez : Merci. Merci, M. le Président. À mon tour de
saluer Mme Ngo pour sa présence. Bonjour, Mme la ministre.
Hier, j'ai eu
un échange assez intéressant avec Mme la ministre de l'Économie concernant
l'investissement dans l'industrie de l'armement puis la défense. Quand
je lis la mission d'Investissement Québec, on voit que c'est plus qu'un simple bailleur de fonds, c'est un levier
stratégique du développement économique du Québec. Donc, les choix qu'Investissement
Québec font ont un poids structurant, ils influencent la décision
d'investisseurs, de partenaires institutionnels et même d'entrepreneurs. Et
c'est aussi une des raisons pour laquelle d'inclure cette nouvelle décision de... d'avoir désormais l'industrie de l'armement
dans les cibles d'investissement, bien, nous inquiète, et ça marque un
véritable virage, un changement qui peut avoir plusieurs répercussions. Entre
autres, ça envoie des signaux aux autres institutions financières et
fonds d'investissement.
J'aimerais...
En fait, quand on a fait nos demandes de crédits, on avait demandé une question
concernant l'esprit de l'investissement pour Hydro... pardon, pour
Investissement Québec, et, dans les cahiers des crédits qu'on a reçus sur les investissements dans la conception, la
production et la distribution d'armements — je vais les lire pour, par la suite, poser
des questions plus précises — on parle qu'Investissement Québec
«poursuit l'atteinte de ses objectifs dans une optique de développement durable. Elle s'appuie pour ce faire sur sa
politique d'investissement responsable et de finances durables», IRFD. On nous parle que «la société
tient en compte des facteurs environnementaux, sociaux et gouvernance — ESG — et
la société favorise des pratiques de gestion écoresponsables, des comportements
socialement responsables. Elle pourra
exclure certaines entreprises ne respectant pas les exigences» et, à ce
moment-là, on écrivait «la production ou distribution d'armes».
On voit que les choses ont changé, depuis une
semaine, il y a eu un changement. Et, en s'appuyant sur cette réponse, moi, je
vois mal comment ce changement-là vient à être conséquent avec des engagements
en termes de développement durable et de responsabilité sociale des
investissements.
Le Président (M.
Allaire) : Mme Ngo, allez-y... Non, non, c'est correct, allez-y.
Mme Ngo (Bich-Trang) : En fait, la
politique dont vous faites référence, nous... d'investissement durable et finance responsable ne nous permettait pas
d'investir dans des sociétés, dans des secteurs qui pouvaient produire... ou
des armes non controversées. Nous avons
récemment revu notre politique pour inclure le fait de soutenir des entreprises
qui seraient dans le secteur d'armes non
controversées, surtout quand c'est... principalement, en fait, quand c'est relié
à des entreprises alliées du Canada, dans un
contexte où on a plusieurs entreprises, dans le secteur de l'aéronautique, qui
sont bien positionnées, et la défense, de travailler avec nos partenaires... et
surtout qu'il y a une demande aussi en Europe,
de travailler avec le Canada, d'aider nos entreprises québécoises à se
positionner dans ce contexte-là. Cela étant dit, on a déposé cette politique-là, on est en train... Et ce que vous
demandez, c'est une question assez complexe, en fait, parce qu'on est en train de le décliner davantage
pour voir qu'est-ce que ça veut dire exactement, concrètement, sur le marché, avec les entreprises. Et ça va être du cas
par cas. Mais effectivement on a élargi ce qu'on pouvait faire pour pouvoir
aider nos entreprises québécoises à se positionner.
Mme Zaga Mendez : Merci. Est-ce que
cette nouvelle politique, elle est disponible?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : C'est une politique qu'on a fait approuver par
notre conseil d'administration. On est en train de rentrer dans les
directives, comme je dis, de la décliner de façon un peu plus détaillée.
Mme Zaga
Mendez : Merci. Est-ce que la décision qui a été prise ou
qui a été entérinée par le conseil d'administration... est-ce qu'on
pourrait avoir le libellé? Est-ce que ceci peut être déposé ici, à la
commission?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : D'habitude, des trucs de conseil d'administration,
c'est confidentiel, là. Notre politique est publique par contre.
Mme Zaga Mendez : Pardon?
Mme Ngo (Bich-Trang) : La politique
est publique.
Mme Zaga
Mendez : La politique... La nouvelle politique est
publique? Parce que là vous dites qu'il y a un changement. Nous, on aimerait
comparer, je pense, pour informer les Québécois, entre... qu'est-ce qui a été
changé, là, en termes de
terminologie. Vous dites qu'il y a un changement dans ce qu'on définit dans le
développement durable, donc, est-ce que, ce changement-là, on pourrait
le voir?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : On a fait approuver par notre C.A. ce concept-là.
On est en train de réécrire de façon un peu plus détaillée la politique.
Éventuellement, quand elle sera finalisée, elle pourra devenir publique.
Mme Zaga
Mendez : Donc, elle va être déclinée, puis, par la suite,
on va avoir la publication. Juste pour se donner une idée, quels sont
les délais, quel est l'horizon dans lequel vous travaillez pour cette...
Mme Ngo (Bich-Trang) : On travaille
là-dessus, mais tout arrive en même temps, en ce moment, là, dans le contexte
actuel. Donc, on fait le plus rapidement possible pour se positionner sur ce
marché-là, et, dès que ça va être disponible, on pourra le rendre public.
Mme Zaga Mendez : Parfait. Parce que
j'avais cru comprendre, Mme la ministre, vous nous avez parlé d'un décret, hier, ou peut-être j'ai mal compris, mais
là ce que je comprends, c'est un changement dans la politique. Est-ce
qu'il y a un décret qui suit ou non? J'ai peut-être mal compris.
Mme Fréchette : Non, il n'y a pas de
décret. On s'est mal comprises, si c'est ce que vous aviez perçu.
Mme Zaga
Mendez : On s'est mal
comprises. C'est correct. L'objectif
pour nous, aujourd'hui, c'est vraiment d'aller chercher les bonnes informations
puis bien comprendre. Parce que nous, on a une grande, grande inquiétude, là, avec ces changements de cap là. Mme la ministre
nous parlait hier de près de 450 entreprises dans le secteur de la
défense. De ce que j'ai cru
comprendre en lisant les revues de presse, ces entreprises vont plutôt bien. Et
là qu'est-ce qui justifie qu'Investissement Québec se tourne vers ces
entreprises-là, vu que ces filières-là vont plutôt bien? D'habitude, Investissement Québec, c'est aussi pour relancer
des filières qui ont stratégiquement besoin d'aide, parce que, sans cet
argent-là, elles ne peuvent pas se développer. Mais que je sache, Mme la
ministre, hier, nous a amené plusieurs exemples
d'industries qui sont déjà, là, en train de... qui sont déjà des parts de
marché importantes. Donc j'aimerais ça vous entendre, la raison pour
laquelle on vient aider ces entreprises, si elles sont déjà en bonne position.
Le Président (M. Allaire) : Mme Ngo,
allez-y.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Oui. Alors,
premièrement, comme vous pouvez apprécier, avec les incertitudes du marché, en
ce moment, sur le marché américain, avec les tarifs potentiels qui nous
menacent, plusieurs entreprises se trouvent dans des situations où elles doivent se
réajuster à ce marché-là. Aujourd'hui, plus de 70 % de nos exportations à l'international vont aux États-Unis, et donc les
entreprises sont en train de se repositionner. Investissement Québec est là, oui, pour aider des entreprises qui sont dans des
situations plus précaires, mais également pour créer des champions. Et pour
créer des champions, on aide ces entreprises-là à croître, à augmenter leur
productivité, à être plus compétitives et aller sur des marchés, d'être un
leader, oui, au Québec, mais à l'échelle internationale également. Quand il y a
une opportunité sur le marché qui se
présente aujourd'hui, où l'Europe est prête à travailler avec le Canada, les
entreprises ici, dans un secteur, on va aider ces entreprises-là à se
positionner dans ce secteur-là.
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre souhaite bonifier. Allez-y.
Mme Fréchette : Oui,
j'aimerais simplement ajouter quelques éléments de... compléments
d'information. Bien, d'une part,
l'industrie de la défense, là, ça a contribué pour 9,6 milliards au PIB du
Canada, et il s'avère que le Canada voudra augmenter sa contribution au
financement de l'OTAN. Et considérant l'expertise que l'on a au Québec, on
pense qu'il y a une part de marché qu'on doit aller chercher, un positionnement
qu'on doit occuper, mais il va probablement
faire... il faudra probablement peser sur l'accélérateur à une vitesse plus
grande que ce qui avait été initialement
prévu. Et donc l'aide d'Investissement Québec peut être importante dans ce
contexte-là. Et puis également c'est 81 200 emplois au Canada,
donc je pense qu'il y a une part d'emplois à être créés qui pourront être au
Québec.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme la députée.
Mme Zaga Mendez : Merci. Bien, je
veux juste... cet apport au PIB là puis ces emplois-là existent déjà, n'est-ce
pas? Vous dites... C'est des emplois qu'on va créer ou c'est des emplois qui
existent?
Mme
Fréchette : Bien, c'est sûr que, s'il y a un phénomène
d'expansion qui caractérise les entreprises du secteur... Parce qu'il y a une nouvelle demande à laquelle on
répond, soit en lien avec la contribution du Canada à l'OTAN soit en lien avec l'Union européenne qui veut investir
jusqu'à 800 milliards d'euros dans la défense, donc, c'est sûr qu'il
y a un phénomène d'expansion qui est à prévoir pour plusieurs de ces
entreprises.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Vous avez dit, Mme Ngo, de... que le changement, c'était dans la politique
pour la production d'armes non controversées puis qui seraient vendues à des
alliés du Canada, en tout cas, ou qui seraient dans cette
orientation-là. Il y a un cas qui, pour nous, bien, nous préoccupe, là, c'est
le cas d'Israël. Est-ce qu'Israël serait
considéré comme un allié du Canada? Puis est-ce que, dans le fond, des
entreprises qui reçoivent du financement public de la part
d'Investissement Québec pourraient vendre des armes non controversées à l'État
d'Israël?
• (15 heures) •
Mme Ngo (Bich-Trang) : Je n'irai pas
dans des spécificités comme vous le demandez. Comme je dis, nous, on a vraiment mis une politique qui a été
approuvée par notre conseil d'administration. On est en train de travailler,
comme je vous explique, sur une directive qui va aller beaucoup plus en
détail, parce que c'est quand même un domaine qui est complexe avec toutes les
subtilités dont vous mentionnez, et pour nous ça va être important de le
décliner dans la directive qu'on est en
train de développer en ce moment pour mieux guider les équipes terrain quand
elles regardent des opportunités.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Mme
Fréchette : Et j'aimerais ajouter, en fait, que c'est le ministre
des... le ministère des Affaires extérieures du Canada qui doit approuver toutes les exportations de matériel militaire.
C'est donc le fédéral qui décide de qui sont les alliés ou pas parmi les
différents pays.
Mme Zaga Mendez : O.K. Merci. Autres
que les déclinaisons qu'ils vont avoir à cette politique-là, est-ce qu'il y a
d'autres mandats qui sont confiés par le ministère envers Investissement
Québec, autres que juste décliner la politique?
Je pense que, Mme la ministre, vous parliez hier de soit une étude de marché ou
des possibilités... Est-ce que vous
pouvez juste nous donner plus de détails? Est-ce que c'est à Investissement
Québec ou c'est à l'intérieur du ministère?
Mme Fréchette : L'analyse de
positionnement du Québec, de nos forces, nos caractéristiques, de ce qu'il est
possible d'envisager, ça, ça va être fait par le ministère, le MEIE, à
l'interne.
Mme Zaga
Mendez : O.K. Merci. Dans la déclinaison de cette
politique, est-ce que vous pouvez aujourd'hui nous dire comment cette décision, cette nouvelle politique est
compatible avec les critères de la Politique sur l'investissement responsable
et la finance durable, adoptée... En fait, c'est le même... les
critères 2021, c'est ça qui a été mis à jour? Parce que moi, j'ai ici qu'il y a une politique sur les investissements
responsables et la finance durable, adoptée en 2021 par Investissement Québec. Est-ce que c'est cette
politique-là ou est-ce que c'est une politique qui est existante, et donc
il faut aller voir? Ma question,
c'est : Les changements dans les critères de développement durable
sont-ils compatibles avec cette autre politique adoptée en 2021?
Le Président (M. Allaire) : Mme Ngo.
Mme
Ngo (Bich-Trang) : ...clarifier.
Le Président (M.
Allaire) : Non, c'est correct, allez-y.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Juste pour clarifier, on
a vraiment... Donc, la politique dont vous faites référence, c'est cette
politique-là qu'on a modifiée pour déposer à notre C.A. Une fois que la
politique a été déposée, on doit travailler
sur une directive pour les équipes d'Investissement Québec, pour mieux
comprendre comment cette politique, qui est très haut niveau... comment
est-ce qu'elle va vraiment se décliner dans le travail des entreprises quand
elles démarchent, quand elles accompagnent
les entreprises, quand elles soutiennent les entreprises. Et c'est cette
directive-là qu'on doit finaliser et qu'on pourra mettre à jour,
éventuellement, en ligne.
Mme Zaga Mendez : Merci. Est-ce qu'il y a
une évaluation, de la part d'Investissement Québec, sur l'impact de
cette décision sur l'ensemble du secteur financier québécois?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Sur l'ensemble du secteur financier, non. Chaque
opportunité est évaluée sur le mérite de
cette opportunité-là. Ce qu'on regarde... Cette politique-là permet aux gens
d'Investissement Québec qui sont sur
le terrain de regarder ces opportunités-là. Mais chaque opportunité est
vraiment évaluée sur différents critères. Donc, ce n'est vraiment pas de
comment ça rentre dans le secteur financier au Québec.
Le Président (M.
Allaire) : Mme la députée.
Mme Zaga
Mendez : Mais ma question fait référence au fait que les compagnies
d'armement... Puis je cite ici, là, une compagnie qui dit : «Je comprends,
parfois, je ne peux pas me financer car il y a un risque réputationnel. On pourrait s'aligner sur les valeurs
canadiennes.» Il y a des éléments contradictoires dans tout ça. Il y a des
gens, il y a des entreprises qui nous disent qu'ils ont de la misère à
chercher du financement. Et là, désormais, Investissement Québec va leur offrir
de l'argent public parce que peut-être d'autres joueurs privés ne le font pas
parce qu'ils ont des critères, des ESG à
appliquer. Donc, ma question, c'est : Le fait que, là, on change les
critères au niveau de notre institution publique et qu'Investissement
Québec va jouer un rôle, bien, ça va créer une pression sur les autres
institutions financières que peut-être elles
vont vouloir se dire : Le Québec est en train de le faire, pourquoi, moi,
je vais garder les mêmes règles? Est-ce que vous voyez ça? Est-ce que
vous avez évalué ces risques-là?
Le Président
(M. Allaire) : Mme Ngo, allez-y.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Bien, en fait, quand on regarde la façon dont,
d'ailleurs, on a défini les... En fait, ce n'est même pas Investissement Québec qui a défini les armes non controversées, c'est
vraiment une définition selon les Nations unies. Donc, on est partis de
cela pour ventiler ce qu'on fait.
Mais là vous rentrez
dans beaucoup de détails pour dire qu'est-ce que ça veut dire exactement dans
telle ou telle situation, alors que nous
sommes dans le processus de revoir notre directive de façon beaucoup plus
détaillée. Et, comme je vous dis, encore une fois, chaque dossier va
être évalué sur les mérites de ce dossier, spécifiquement.
Mme Zaga
Mendez : Merci. Je vais
aller sur un autre sujet avec les quelques minutes qu'il me reste. Je pense que je veux juste conclure en
disant qu'on s'attend, oui, de voir cette politique, de voir les détails puis
la plus grande transparence possible, parce que, vous comprenez, là, en ce
moment, les gens savent qu'il manque de l'argent un peu partout dans nos
services publics. Puis apprendre qu'il va y avoir des centaines de millions de
dollars qui vont être donnés pour l'armement
des pays, qu'ils soient alliés ou pas, c'est de l'armement pareil qui va aller
profiter à des guerres dans le monde, bien, ça va chercher les Québécois
et Québécoises.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Si je peux me permettre... Est-ce que j'ai le droit?
Le Président
(M. Allaire) : Allez-y, allez-y.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Quand vous dites qu'on donne de l'argent, on finance
des projets.
Mme Zaga
Mendez : C'est sûr.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : On finance des projets. Puis, quand on parle... puis
j'avais expliqué au député de Beauchemin
plus tôt, notre portefeuille, la moitié, c'est mandataire. Donc, c'est une
décision du gouvernement. L'autre moitié,
c'est fonds propres. C'est vraiment une décision d'Investissement Québec. Et
vraiment, quand on regarde ces dossiers-là, c'est sur les mérites de
chaque dossier. On rentre avec des partenaires. Plus de 70 % de nos
interventions sont avec des partenaires également sur le marché, d'autres
institutions financières. Donc, on est vraiment... on joue... Oui, allez-y.
Mme Zaga
Mendez : J'entends. Bien, j'entends puis je pense... On comprend la
mécanique.
Ceci étant dit, la
racine de tout ça, c'est de l'argent public, c'est des fonds publics. Il y a eu
des pertes. Ça fait que c'est ça aussi, de comprendre où est-ce qu'on
va mettre notre argent. Vous nous dites : C'est extrêmement profitable,
mais... une question éthique puis une question d'être conséquent avec des
traités et des accords internationaux.
Je
me permets d'aller sur un autre sujet. Concernant la transition énergétique,
dans le plan... la stratégie 2023‑2027, la
transition énergétique est clairement une priorité. Il y a un programme,
Compétivert. J'aimerais ça, vous entendre sur qu'est-ce qui se passe
avec ce programme.
Mme Ngo (Bich-Trang) : C'est un
programme qu'on avait lancé en 2021 jusqu'en 2024, où on s'était donné comme
cible de déployer 1 milliard dans des projets pour soutenir des
entreprises à adopter des technologies propres, à adopter des processus plus écoresponsables et autres. On a terminé à
avoir déployé 1,3 milliard pour plus de 1 000 projets,
pour des projets d'une valeur de plus de 4,6 milliards, donc vraiment un
effet de levier de près de quatre fois.
Aujourd'hui, cette initiative-là, en fait, on
l'a combinée avec grand V, qui a été lancée à l'automne, donc automne 2024. On dit... Parce
qu'on avait deux initiatives à l'époque : on avait une initiative au
niveau de la productivité et une au
niveau de Compétivert, dont vous faites référence. Aujourd'hui, on combine ces
deux initiatives ensemble en disant :
On veut soutenir des entreprises à investir en productivité dans un
environnement, mais toujours dans une perspective...
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Merci. Merci, ça va. Mme la députée, allez-y.
Mme Zaga Mendez : ...une minute
ou deux?
Le Président (M. Allaire) : Il
vous reste 2 min 40 s.
Mme Zaga Mendez : Merci. En ce
qui concerne soit Compétivert ou soit le jumelage de ces initiatives-là, est-ce que vous avez évalué combien de gaz à effet
de serre, de GES, sont attribuables à vos activités d'investissement?
Avez-vous une cible pour ces résultats-là?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Vous
savez, 95 % de nos interventions, ce sont dans des entreprises qui ont
moins de 200 employés. 80 %, c'est dans des entreprises en bas de
100 employés. Ces entreprises-là ne sont parfois pas structurées pour
qu'on puisse évaluer. Ce qu'on fait, par contre, depuis presque trois ans
maintenant, toutes nos interventions financières, toutes les entreprises
doivent remplir un questionnaire ESG, et elles sont évaluées sur ce
questionnaire-là avant qu'on fasse une intervention. Donc, c'est comme ça qu'on
suit notre portefeuille.
Mais, quand même, il faut qu'on s'adapte. C'est
quelque chose qui nous préoccupe, mais il faut qu'on s'adapte à la réalité des
entreprises, de nos entreprises, du portefeuille, de la petite entreprise qui
n'a pas, peut-être, les moyens. En revanche,
on a une équipe qui est IQ Innovation, 100 ingénieurs, techniciens qui
«track» les entreprises, qui marchent
les lignes de production avec les entreprises pour voir comment est-ce qu'on
peut augmenter la productivité, mais comment est-ce qu'on peut aussi
être plus efficaces au niveau de l'énergie, comment est-ce qu'on peut recycler
certains matériaux. Donc, il y a tout un volet d'accompagnement pour aider ces
entreprises-là.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Allez-y.
Mme Zaga Mendez : Merci. Rapidement,
j'aimerais ça, vous entendre sur la part des fonds de capital de risque
d'investie ou allouée à des entreprises ici, au... des entreprises québécoises
pour l'exercice 2024‑2025, la part investie
dans les entreprises du Québec pour les fonds de capital à risque. On parle de
100 % du fonds propre programme Impulsion
PME... Bien, je vais aller direct à ma question : Est-ce que vous avez des
cibles d'investissement du capital de risque dans les entreprises du
Québec pour 2025‑2026?
Mme Ngo (Bich-Trang) : On a des
cibles, mais, vous savez, la dernière année, là, si vous regardez 2024, Investissement
Québec a été le joueur le plus actif en capital de risque au Québec, et on est
le deuxième au Canada. Donc, on est très
actifs en capital de risque. Pour nous, c'est important de continuer à
promouvoir et à propulser de jeunes pousses qui sont innovantes, qui ont
une technologie, leur donner le potentiel de croître.
• (15 h 10) •
Mme Zaga
Mendez : Merci. Dernière question : Avez-vous réduit
la part d'investissement de capital de risque chez nos voisins depuis...
depuis, bon, tout le contexte qu'on connaît avec les États-Unis?
Mme Ngo (Bich-Trang) : On investit seulement
dans des entreprises établies au Québec, directement.
Mme
Zaga Mendez : Mais il peut y avoir des entreprises américaines
établies au Québec qui reçoivent ce capital-là?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : En capital de risque, je vous dirais, c'est
principalement des entreprises québécoises parce que c'est des start-up,
en fait, beaucoup.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci. Ça met fin à ce bloc d'échange.
Alors, on revient avec l'opposition officielle.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, 19 min 37 s. Allez-y.
M. Beauchemin : Combien exactement?
Le Président (M.
Allaire) : 19 min 37 s.
M.
Beauchemin : 19 min
37 s. Super! Merci, M. le Président. C'est-tu hier ou avant-hier, je ne
m'en souviens plus, là, mais j'ai posé une question à votre homologue à
la Caisse de dépôt à propos, là, de l'investissement dans la débenture convertible de Northvolt
et j'ai appris qu'il y avait une clause à l'intérieur de la débenture
spécifique pour la Caisse de dépôt qui était que l'argent allait être utilisé
par la maison mère mais transféré au Québec seulement. Donc, on va s'entendre que, le chiffre, nous, on pensait
que c'était dans les alentours de 200 millions US. Ça semble avoir
été légèrement en bas de ça, là. Mais, ceci étant, la débenture
convertible dans laquelle vous, vous avez investi, elle était similaire à celle
de BlackRock puis de Goldman Sachs, j'assume, donc, avec l'argent qui allait à
la maison mère.
Mme Ngo (Bich-Trang) : ...pour Investissement
Québec, l'argent... bien, Investissement Québec, le Fonds de développement
économique, l'argent qui a été mis dans la maison mère également devait être
ramené au Québec et dépensé au Québec également.
M.
Beauchemin : D'accord. Donc, combien en dollars US que ça
représentait, l'achat de la débenture convertible?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Investissement Québec, à travers le mandataire, a investi
200 millions de dollars US dans la société mère et
240 millions de dollars canadiens dans...
M. Beauchemin : Le terrain.
Mme Ngo (Bich-Trang) : ...pour le
terrain au Québec.
M.
Beauchemin : Donc, juste pour revenir un petit peu au graphique
qu'on avait vu avec vous, Mme la ministre, il y avait 240 millions de dollars US qui étaient pour le
terrain, il y avait 200 millions US qui a été investi en Suède, mais
qui devaient revenir au Québec. La caisse a
fait la même chose. On est rendus à 340 quelques millions de dollars US.
Puis, quand vous aviez montré votre
tableau, ce qui était... le chiffre était plus de l'ordre de
200 millions, 220 millions de dollars, puis j'y vais de
mémoire, là, O.K., qui avait été investi, donc, par la compagnie suédoise au
Québec. Et j'assumais, à ce moment-là, que
le terrain ne faisait pas partie du capital que la Suède avait, donc que Northvolt
Suède avait investi. Donc, on voit
bien, ici, qu'autant le capital qui a été donné par Investissement Québec que par la Caisse de dépôt, qui totalise au-delà de 350 millions US, clairement,
il y a encore des... il y a au moins une centaine de millions, sinon plus, qui
est encore en Suède, en fait, qui a été flaubé en Suède, là, dans tout
ça.
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Fréchette : Est-ce que vous permettez que le sous-ministre
puisse apporter des précisions sur ces chiffres?
M. Beauchemin : Oui.
Le Président (M. Allaire) : Donc,
j'ai votre consentement? Ça va?
M. Beauchemin : Consentement.
Le Président
(M. Allaire) : M. le
sous-ministre, prenez le temps de vous présenter avec votre titre. La parole
est à vous.
M. Gignac (Jonathan) : Jonathan
Gignac, sous-ministre Économie, Innovation et Énergie.
On vous confirme qu'au moment où le prêt de 240 millions de
dollars canadiens a été fait à la filiale, c'était conditionnel à une injection
de 400 millions de dollars US de la maison mère dans la filiale.
M. Beauchemin : Ici, au Québec?
M. Gignac (Jonathan) : Ici, au
Québec.
M. Beauchemin : D'accord. Donc, par
rapport à ce que la compagnie, elle, a donc fait, elle a sous-performé par
rapport à votre demande à vous, par rapport à... le total de votre demande plus
la demande de la Caisse de dépôt. Parce que
la Caisse de dépôt aussi avait... conditionnel à ce qu'on vous donne l'argent. Northvolt
Suède, c'est qu'ils vous ramenaient le cash au Québec, là, puis ils ne
l'ont pas fait. Bien, en fait, ils l'ont peut-être fait, mais ils l'ont... mais
ils n'ont pas totalisé le montant que Mme la
ministre a démontré, que la compagnie, la maison mère, a investi au Québec.
M. Gignac
(Jonathan) : Il y a 400 millions de dollars US
qui ont été descendus de la mère vers la fille au Québec au même moment
que le prêt pour le terrain a été fait.
M. Beauchemin : Ça contredit un
petit peu le graphique que vous nous avez montré hier, Mme la ministre.
M. Gignac (Jonathan) : Non.
Le gouvernement du Québec a injecté
200 millions de dollars US dans la mère conditionnellement
à ce qu'il y ait 400 millions qui descendent de la mère.
M.
Beauchemin : Oui, mais, par rapport au graphique qu'on a vu de la
ministre hier, ce n'était pas... le tableau,
le chiffre qu'on a vu, ce n'était pas ça. Donc, juste pour qu'on clarifie les
choses, peut-être que vous pourriez nous ressortir le tableau que vous
nous avez montré?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Je me demande justement de quel
graphique auquel... à quel graphique vous faites référence.
M. Beauchemin :
Bien, il y avait un tableau qui disait combien que vous aviez investi dans
la maison mère. Il y avait un graphique qui démontrait un montant de 240
quelques millions de dollars. Mais ce n'est pas grave, on va
continuer, parce que le temps est malheureusement limité.
Donc,
quand est-ce que vous, Mme Ngo, vous avez commencé à voir des voyants
rouges sur cet investissement-là?
Le Président (M.
Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : C'est sûr que le contexte économique a changé beaucoup
depuis qu'on a fait l'intervention il y a plus d'un an. Bien, on le voit à
travers le monde, là, avec le ralentissement de la demande... ou la croissance
des véhicules électriques. On le voit aussi au niveau des commodités, que ce
soient le lithium et autres qui sont en baisse.
C'est sûr que c'est
un projet qui avait de grandes ambitions. Quand la Suède n'a pas été capable de
livrer et augmenter sa... et réduire les
coûts, c'est sûr que ça amène des questions, ça apporte des questions sur...
Parce qu'il faut que le projet de la
Suède fonctionne quand même pour pouvoir amener ça au Québec. Donc, c'est à ce
moment-là qu'on s'est posé des questions, là.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. M. le député.
M. Beauchemin :
Peut-être nous donner une période
de l'année dans les 12 derniers mois, grosso modo? Est-ce que c'est à peu
près dans le même timing que les Goldman Sachs, BlackRock de ce monde, qui,
eux, ont décidé de radier en
décembre 2023, que vous, vous aviez, à ce moment-là, commencé à voir les
drapeaux rouges de la situation ou c'est préalablement à ça?
Le Président (M.
Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Il faudrait que je revoie
les dates, là, mais ça a été... on a vraiment regardé ce qui se passait
en Suède pour voir comment le projet allait évoluer ici, au Québec. C'est sûr
que nous, on focussait beaucoup plus sur le
projet au Québec et qu'est-ce qui allait être fait ici. Mais, comme vous savez,
c'est un projet en démarrage, avec tous les risques qui viennent avec,
donc, du coup, pour nous, c'était vraiment de suivre ça de près, là.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Allez-y.
M.
Beauchemin : J'essaie d'arriver spécifiquement à quand est-ce que vous
avez commencé à voir des drapeaux rouges, que, la maison mère, ça n'allait pas
bien, puis que, là, à un moment donné, il allait peut-être y avoir un
«write-off» à se faire sur cet investissement-là. Ça fait que quand est-ce que
ça a commencé à s'allumer, là, les voyants un peu partout, là, oups! ça ne va
pas bien, là? Nous, on sait que BlackRock, Goldman Sachs, la Caisse de dépôt, décembre 2023, ont radié
l'investissement. Ma question à vous, ce n'est pas de savoir quand vous l'avez
radié. J'ai... Je vais vous reposer la question là-dessus plus tard. Ma
question, c'est plutôt : Quand est-ce que vous, vous avez commencé à voir
des voyants rouges, que ça n'allait pas bien, que... Évidemment, avant décembre 2023,
il y a des moments, je pourrais peut-être,
tu sais, en mentionner quelques-uns. Mais, avant décembre 2023, quand
est-ce que ça a commencé à... mal perçu, disons?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Bien, c'est sûr que, durant
l'année 2024, on voyait des... une tendance, là, de ralentissement,
et tout, mais, comme tout projet, moi, j'explique, de capital de risque, il
peut y avoir des situations qui sont plus
risquées, mais qui peuvent aussi prendre une autre tournure, et donc, du coup,
nous, on continue à travailler de façon rapprochée avec les équipes
basées au Québec pour voir comment est-ce que le projet pouvait démarrer au
Québec et continuer à poursuivre ce projet au Québec.
M. Beauchemin :
Bien, je veux dire, c'est certain
que votre prédécesseur avait mentionné l'intention d'investir un
300 millions additionnels en septembre 2024. Je me suis peut-être
mélangé tantôt. J'ai dit décembre 2023, là, c'est décembre 2024. Il avait
décidé... ou il allait aller de l'avant pour investir un 300 millions additionnels.
Donc, on parle de... il y a... septembre, là, il n'y a pas si longtemps, O.K.?
À partir d'entre ce moment-là puis décembre 2024, est-ce qu'il y a eu des
voyants rouges qui ont allumé chez Investissement Québec à propos de votre
placement en débenture convertible chez Northvolt?
Le Président (M.
Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Comme je vous
ai expliqué, oui, effectivement, le contexte avait changé de façon dramatique.
Il y avait un ralentissement au niveau de la croissance. Il y avait des enjeux
au niveau de la productivité de l'usine, le
«ramp-up» de l'usine. Donc, dans ce contexte-là, on se pose des questions.
Mais, en même temps, on est là-dedans aussi avec des partenaires, des
partenaires qui... autant stratégiques que des financiers aguerris qui sont proches de la mère... de la société mère, avec qui
on travaille. Puis aussi, nous, le focus a été beaucoup de voir comment
est-ce qu'on pouvait ramener ce projet ici pour faire arriver le projet au
Québec.
M. Beauchemin : Mais, tout à
l'heure, dans votre première réponse à ma question, vous aviez dit : Bien
là, en voyant que, un, la technologie... pas
la technologie, mais la... le processus de fabrication, de toute évidence, ne
fonctionne pas, ils n'ont pas
l'habileté de faire ce que leur technologie était supposée... comment
commercialiser leur technologie, vous aviez dit, tout à l'heure, que...
comme quoi, bien, si ça ne marche pas là-bas, ça ne marchera pas plus ici.
Donc, un peu... Ma question, c'est : À
ce moment-là, ça a dû être comme un peu évident que de penser ramener ça au
Québec n'allait pas fonctionner, non?
• (15 h 20) •
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Mais, en même temps, comme c'est une technologie
qui est quand même émergente, vous
savez, parfois on découvre qu'elle n'est pas au niveau où on voudrait, mais on
s'ajuste, de la même façon qu'il y a plusieurs projets qu'on regarde où
le projet a démarré, il a ralenti, parce qu'on est en train de repenser à la
chimie de notre produit pour le redémarrer,
je pense, de dire que parce qu'à ce moment-là ça ne fonctionnait pas
exactement, qu'on arrête tout et
qu'on radie tout cet investissement-là... je pense que c'est important de
regarder : Est-ce qu'il y a un potentiel de changer le tir, de
réajuster ça pour le faire arriver?
M. Beauchemin : Donc, de votre point
de vue à vous, si je comprends bien ce que vous me dites, là, en décembre 2024, quand Goldman Sachs, BlackRock,
Caisse de dépôt et l'autre investisseur institutionnel canadien ont mis
un gros x sur cet investissement-là, de la débenture convertible dans la maison
mère, vous, à ce moment-là, vous considériez que c'était encore quelque chose
qui était viable?
Mme Ngo (Bich-Trang) : On regardait
c'était quoi, le potentiel de ça. Donc, nous, on est vraiment sur un... au
niveau du mandataire. On regarde vraiment sur c'est quoi, la valeur durable de
cet investissement-là. Est-ce qu'il y a un
potentiel qu'il puisse se repositionner? Alors que, quand on regarde le marché
privé et autres, c'est vraiment la valeur marchande à ce moment-là,
alors que, pour le gouvernement, c'est de regarder vraiment c'est quoi, la valeur
durable d'un investissement. Est-ce qu'il y
a un potentiel? Mais c'est sûr que, quand des situations comme ça arrivent,
on se pose des questions.
M. Beauchemin : Désolé. Je ne veux
pas faire de petits bruits, là, pour envoyer le signal au...
Une voix : ...
M. Beauchemin : Oui, c'est ça. Mais
c'est correct. C'est beau. Je comprends l'enthousiasme. Mais je veux revenir sur une chose. Là, on a donc
réalisation... Et, j'imagine, ça a dû quand même envoyer des cloches à
l'intérieur d'Investissement Québec quand la caisse, quand Goldman
Sachs, quand BlackRock, qui a été très public sur le sujet, ont décidé de
radier l'investissement. J'imagine qu'à ce moment-là on se dit : O.K.,
correct, il y a peut-être d'autres alternatives. Mais, le placement, vous
l'évaluiez à combien à ce moment-là? Parce que j'imagine que l'exercice a dû
être fait. Si tout le monde le met à zéro, puis vous, c'est encore «mark to
market» 200 millions, à un moment donné, il
y a peut-être quelque chose qu'il faudrait opérationnaliser, là. Est-ce que,
vous, à ce moment-là, il y a eu une évaluation qui a été faite de la
valeur de la débenture convertible, combien elle valait, à vos livres à vous,
avec vos lentilles, de : Peut-être que je peux faire de quoi de meilleur avec
ça plus tard?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : En termes de... notre année fiscale, bon, c'est le
31 mars. Il y a un travail qui est fait de façon continue. Puis c'est sûr que, dans le contexte où plusieurs
joueurs, comme vous dites, plusieurs financiers ont fait... ont pris une
provision dessus à 100 %, ont radié cet investissement-là, ça rentre dans
notre évaluation également. Mais, encore une fois, comme j'ai dit, au
niveau du mandataire, c'est vraiment sur un investissement durable :
Est-ce qu'il y a une chance qu'on récupère ou pas une partie de cet
investissement-là?
M. Beauchemin : Puis là, maintenant,
la réponse à ça, c'est quoi?
Une voix : ...
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Excusez-moi. Bien, écoutez, là, c'est... on va
sortir nos chiffres sous peu, au niveau du mandataire, et...
M. Beauchemin : D'accord. Quand vous
regardez la méthodologie, qui, de toute évidence, a été la raison principale pour laquelle les liquidités ont
commencé à rapidement disparaître en Suède, quand le gouvernement suédois
a dit... il tirait la
plug sur le dossier dans son ensemble, quand les commandes ont commencé à être
annulées, à partir de ce moment-là, là, quand vous regardiez tout ça,
clairement, vous vous êtes... la conclusion a dû être que la façon de produire
la batterie n'est clairement pas au rendez-vous. J'assume que c'était ça, votre
conclusion.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : En fait, la façon... Je ne suis pas du tout une
personne technique. Cela étant dit, le projet n'a pas été capable de lever au
niveau de la productivité, au niveau d'augmenter la cadence pour pouvoir
produire.
Mais, encore une fois, c'est des technologies
qui sont innovantes. Parfois, on fait... on avance puis on recule pour avancer
encore. Donc, je pense qu'il faut considérer ça aussi. C'est très difficile de
dire : Les commandes, il y a un ralentissement, ou on n'a pas été capables
de livrer un certain jalon, que c'est complètement terminé. Donc, c'est sûr que tout ça allume, comme vous dites, des
lumières. Et, pour nous, c'est important de suivre ce projet-là de près avec
l'entreprise au Québec.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme la ministre.
Mme Fréchette : Oui. Il faut voir
que, tout au long de l'automne aussi, il y avait eu une amélioration, hein, dans le niveau de production de l'entreprise.
Donc, à chaque fois, il y avait une amélioration qui pointait, qui n'était pas,
bien sûr, à la hauteur des ambitions et des objectifs que l'entreprise s'était
fixés, mais, tout de même, qui montraient une amélioration. Alors, pour nous,
ça laissait poindre que ça... c'était en changement, c'était en train de se
bonifier. Est-ce que ça allait être suffisant? Bon, on a la réponse plus tard.
Mais, en cours d'automne, ça s'améliorait.
Le Président (M. Allaire) : Merci. M.
le député.
M.
Beauchemin : Moi, je n'essaie pas de pointer de doigt nulle
part, là. J'essaie juste de comprendre le mécanisme pour dire : À
un moment donné, on tire la plug. Parce que ce qui est arrivé, puis peut-être
que vous êtes au courant, la batterie en
tant que telle était instable. La production a dû être arrêtée parce qu'il y a
eu des feux. Je veux dire, il y a plein de raisons pour lesquelles il y a eu
des retards, puis ils n'étaient pas capables de produire ladite batterie. Donc,
à ce moment-là, on a dû poser des
questions sur : Un, la technologie est-elle vraiment bonne? Est-elle
vraiment au rendez-vous?
Parce qu'on
s'entend, là, Northvolt avait une technologie différente, même si le
produit était similaire à d'autres. Leur technologie, elle est, comme,
probablement la quatrième au monde, là, O.K., mais elle est instable. Puis,
en plus, c'est une technologie qui est sujette à l'environnement, si... peut-on
dire ainsi. Comme, quand il fait trop chaud, elle a tendance à brûler, puis, quand il fait trop froid, bien, elle a
tendance à geler. Ça fait que c'est comme un concept difficile de
batterie en tant que tel.
Ça fait que,
j'imagine, tous ces voyants-là, là, la technologie qui n'était peut-être pas
optimale, la productivité, dans le sens production de ces batteries-là,
qui, clairement, ont amené à des... à des enjeux, là, opérationnels pour
l'entreprise, tout ça, ça a dû être : O.K., correct, on doit réinventer la
technologie, puis on doit clairement, à partir de ce moment-là, penser à un autre
processus de fabrication. Parce que ça... ça va être différent. On n'aura même
pas le même produit. Ça fait qu'on scrape le tout puis on recommence à zéro. Il
n'y a même pas eu cette conversation-là, à un moment donné, à l'intérieur de...
ou le ministère ou d'Investissement Québec?
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme Fréchette : Bien, comme je
l'indiquais, la production était en amélioration, en bonification au niveau de sa production, puis le projet Amérique du Nord n'est toujours pas démarré en termes de production. Donc, c'est sûr
que le projet Amérique du Nord allait être
engagé, alors que des bonifications additionnelles allaient être mises en place
au niveau de la technologie, au niveau de la
production, de la capacité de production. Donc, c'est sûr qu'on regardait ça.
M. Beauchemin : Je comprends.
Mme Fréchette : Mais, en même temps,
le projet Amérique du Nord allait survenir plus tard.
M.
Beauchemin : Je comprends,
je comprends, mais on est loin de la coupe aux lèvres en titi pour une
batterie. Parce qu'honnêtement, quand la... quand le produit lui-même ne
tient pas, il est instable, on a vraiment un enjeu, là, technologique. Puis, de
faire de cet enjeu-là, technologique, de le faire «mass produced», ça, c'est
comme... c'était un enjeu majeur. Tout le
concept en tant que tel ne tenait pas la route. Il y a plusieurs gens qui
l'ont critiqué. Je ne suis pas le
seul, là, qui... Je suis certain que ce n'est pas la première fois que vous
l'entendez, cette critique-là, là. Ça a été écrit dans les journaux
scientifiques, ça a été écrit par plusieurs personnes.
Donc, ma question, je pense que j'ai de la
misère à obtenir la réponse, à savoir quand est-ce qu'on a mis un «write-off» dessus, parce qu'on avait espoir que
ça puisse revenir. Mais, en bout de piste, il y a quand même eu des voyants,
puis là on a essayé de le garder vivant, le
temps qu'on en arrive à la conclusion, en mars dernier, que c'est un «write-off»,
la débenture. C'est ça, si je comprends bien?
Mme
Fréchette : Bien, comme je vous mentionnais hier... C'était
hier? Oui. Alors, quand on a discuté du sujet, bien, il y a deux moments
clés dans le courant de l'année, auxquels on fait le constat, soit la mise à
jour économique, en
cours d'automne, l'automne dernier, donc on n'était pas suffisamment avancés
dans le développement de la situation, et
également au budget. Donc, en ce qui nous concerne, ça a été, donc, reconnu
lors du budget en mars... en mars dernier.
M.
Beauchemin : Ma question est pour vous, Mme la ministre, ici,
là : Avec la débâcle, avec tout ce que je viens de vous dire, avec les
coûts que ça a engagés, est-ce qu'on va faire une autopsie transparente puis
être clairs avec les payeurs de taxes pour dire : Voici ce qui est arrivé?
Voici, là, ça a commencé ici, c'est ça qui est arrivé, la technologie n'était
pas bonne. Ils n'ont pas été capables de faire des batteries stables. La Suède
a tiré la plug. Les financiers se sont retirés. Une espèce de compte rendu pour
tous ceux qui s'attendent à avoir cette transparence-là du gouvernement, est-ce
que c'est dans vos cartons de faire quelque chose comme ça?
Mme
Fréchette : Oui, bien, je pense que c'est important de faire des
comptes rendus sur l'ensemble de nos investissements.
Et, oui, Northvolt en fait partie. Et ce n'est pas un des projets
qui a atteint la cible qui était souhaitée, mais on a beaucoup d'autres projets qui, eux, ont le vent dans les
voiles et prennent racine, ils nous tirent de l'avant, nous permettent de nous positionner dans un créneau
d'avenir. Alors, oui, il y a des bilans qui sont à faire, et ils vont devoir
inclure l'ensemble des projets pour lesquels on a généré des investissements.
` Et
j'évoquais hier que, seulement dans le parc industriel de Bécancour, il y en a
de très nombreux, projets, qui sont
en train de prendre place : Nemaska Lithium, Mirae, Nouveau Monde
Graphite, Ultium CAM, Air Liquide. Alors, ça fait partie des projets,
bref, qui devront faire l'objet aussi du bilan.
• (15 h 30) •
Le Président (M.
Allaire) : Merci. 12 secondes.
M. Beauchemin :
On va revenir sur le sujet de mon
troisième bloc, mais vous comprenez d'où je viens. Parce qu'il y a eu quand même eu annonce en gros
marketing pour dire comme quoi que c'était la meilleure chose depuis le
pain tranché, ça fait que vous comprenez.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Merci. Ça met fin à ce bloc d'échange.
On
enchaîne avec le troisième groupe de l'opposition. Mme la députée de
Terrebonne, vous avez 19 min 37 s. La parole est à vous.
Mme
Gentilcore : Merci, M. le Président. Chers collègues, Mme la ministre,
Mme Ngo, bonjour.
Mme
la ministre, d'abord, j'aimerais parler des rendements d'Investissement Québec depuis la réforme de votre prédécesseur, l'ancien ministre de l'Économie,
M. Pierre Fitzgibbon. Quand on regarde concrètement les chiffres, c'est réellement
décevant, surtout considérant qu'on était dans une période où les rendements un
peu partout étaient quand même très
intéressants. Sur cinq ans, Investissement
Québec a un rendement annuel de
4,6 %. À titre de comparaison, quand on regarde la Banque de développement
du Canada, pour la même période, elle a atteint un rendement de 9,9 %, donc c'est le double, carrément, donc deux fois
plus performante qu'Investissement
Québec. Juste les obligations
d'épargne de Placements Québec ont eu un rendement annuel sur cinq ans
de 6,34 %.
C'est
donc dire que la réforme Fitzgibbon, au mieux, n'a eu, pour ainsi dire, aucun
effet sur Investissement Québec. Les cinq années qui ont précédé la
réforme, le rendement était plus haut. Qu'est-ce que vous avez à dire
là-dessus, Mme la ministre?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
Écoutez, au 31 mars 2024...
Mais, tout d'abord, bienvenue à la députée et à son équipe. Alors, au 31 mars 2024, Investissement Québec a enregistré un rendement des capitaux propres
cinq ans de 5,1 %. 5,1 %, ça, ça surpasse la cible établie de 2 %.
Le 2 %, en fait, correspond aux coûts d'emprunt fixés par le gouvernement
du Québec, donc aux coûts des fonds. Alors,
on est au-delà du taux... ce qui avait été ciblé. Il faut rappeler également
que ce n'est pas le premier objectif d'Investissement Québec d'enregistrer du rendement bien au-delà du coût
des fonds. On veut couvrir le coût
des fonds, bien sûr, mais ce n'est pas l'objectif d'aller chercher le plus haut
possible. Notre rôle... en fait, à
IQ, le rôle à IQ, c'est d'abord et avant tout de soutenir les entreprises, de
soutenir le développement économique et de prendre des risques
complémentaires aux établissements financiers.
Mme Gentilcore : Bon, juste pour nous
rappeler, là : C'étaient quoi, les grands objectifs, donc, de cette réforme-là?
Puis est-ce que ces objectifs-là ont été remplis, alors?
Mme Fréchette :
Alors, on voulait davantage
d'efficacité, bien sûr, on voulait regrouper l'ensemble des compétences,
des expertises et avoir une bonne performance globale, positionner le Québec et
des entreprises dans des secteurs forces.
Alors, tout ça, ça faisait partie des objectifs. Et je pense qu'il y a une
réforme également qui a été mise en place par Mme Ngo qui a
amélioré et rehaussé le niveau d'efficacité, d'efficience de l'organisation en
ciblant, d'abord et avant tout, des
activités qui étaient au coeur de la mission d'Investissement Québec.
Peut-être, Mme Ngo pourrait rajouter quelques points?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Juste rajouter peut-être...
Le Président (M. Allaire) : ...
Mme
Ngo (Bich-Trang) : Comment?
Le Président (M.
Allaire) : ...oui.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Oui, bien sûr. En fait,
la moyenne de cinq ans, comme la ministre disait, 5,1 %, si on se
compare à d'autres joueurs, à d'autres institutions québécoises qui n'ont pas
le même mandat de développement économique que nous, que ce soit la caisse,
FSTQ ou Fondaction, leur rendement moyen sur cinq ans, sur la même période, c'est à peu près 6 % à 6,5 %.
Donc, oui, on est en deçà du marché, donc de certaines institutions, mais
elles, elles ont un mandat complètement différent du nôtre. Nous, on a
un service d'accompagnement, que ce soit au niveau de IQ Innovation,
accompagnement technologique, et autres, pour soutenir les entreprises.
Mme
Gentilcore : Merci. Donc, Mme la ministre, vous auriez fait la même
réforme et vous pensez que cette réforme-là est un succès?
Mme
Fréchette : Bien, je pense que c'était la chose à faire. Donc, je pense
qu'on est bien positionné avec l'institution
que l'on a. Puis je peux vous dire que cette institution-là, elle fait l'envie
des autres provinces et territoires. M. Legault le constate. À
chaque réunion qu'il a avec ses homologues, les autres se disent : Oh!
O.K., la situation serait fort différente si
on avait une institution comme la vôtre. Parce que ça nous crée un levier, un
levier d'intervention. Et, dans le contexte économique que l'on connaît actuellement,
c'est vraiment salutaire que d'avoir ce levier-là.
Le Président (M.
Allaire) :
...par leur titre, s'il vous plaît, M. le premier
ministre, bien entendu.
Mme
Fréchette : Ah! pardon.
Le Président (M.
Allaire) : Non, c'est correct, ça arrive à tout le monde. Allez-y, Mme
la députée.
Mme Fréchette :
Je n'ai même pas réalisé. Il faut
voir le nombre de projets qu'on a réussi à attirer. Il y a 82 projets
d'investissements étrangers qui ont été attirés au Québec pour un total de
6,5 milliards de dollars, c'est considérable, et 4,3 milliards
de ventes internationales...
Le Président (M.
Allaire) : Merci.
Mme
Fréchette : ...qui ont été réalisées par les entreprises.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Mme la députée, allez-y.
Mme Gentilcore : Donc, je vais continuer
un peu là-dessus. J'aimerais qu'on parle des frais d'administration chez Investissement
Québec. Pour l'exercice qui vient de
prendre fin, on parle de 263 millions de frais d'administration
pour Investissement Québec, c'est une hausse annuelle de 12 %, selon les
chiffres qu'on a. Donc, c'est énorme, c'est assez colossal.
Chez
Investissement Québec, vous venez de licencier, je pense,
60 personnes. Donc, nous, on voit ça un peu comme un aveu, là, qu'il y avait une certaine perte de
contrôle sur le total de vos effectifs au niveau des ressources humaines.
De la fin mars 2021 à la fin mars 2024, le nombre
d'employés d'Investissement Québec est passé de 1 022 à 1 296, une hausse
de près de 27 %. À quoi vous attribuez cette hausse-là de 27 %?
Le Président (M.
Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Bien, en fait, depuis
2019, depuis que je me suis jointe à Investissement
Québec, on est passé de moins de 500 employés à plus de
1 300, on a racheté plusieurs services à Investissement Québec, et,
dans ce contexte-là, c'est là où vous
voyez vraiment l'augmentation au niveau du nombre d'employés et des frais
d'administration. Quand je suis
arrivée en poste au mois de février cette année... en fait, cette année,
l'année dernière, vraiment, on a revu vraiment
l'offre de services d'Investissement
Québec, de revoir chaque ligne
d'affaires, les services de soutien corporatif et voir comment on pouvait optimiser notre structure. Et c'est ça dont
vous parliez. On a annoncé un plan d'optimisation, c'est oui,
60 mises à pied, mais en fait c'est 170 postes qu'on a abolis. On a
vraiment essayé de le faire en premier par
attrition, c'est-à-dire des départs, des postes vacants qu'on a tout simplement
abolis. On a revu nos façons de faire. S'il y avait des services qui
sont offerts par d'autres joueurs sur le marché, on allait sortir de ces
services-là. On a revu nos frais de dépenses,
que ce soient marketing, les honoraires qu'on paie à des consultants, tous les
frais de déplacement, et autres. Pour
nous, c'était très important de revoir et de réduire nos frais pour être... On
demande souvent aux entreprises, aux entrepreneurs d'être plus productifs, pour
nous, c'était très important, au cours de la dernière année, de voir
comment nous, on pouvait être plus productifs.
Le Président (M.
Allaire) : Merci.
Mme Gentilcore : Donc,
170 postes abolis, est-ce que ça s'arrête là ou quels sont vos objectifs,
là, quel est le plan, peut-être, un peu plus moyen terme, là?
Mme
Ngo (Bich-Trang) : Je pense qu'on a fait un travail très rigoureux
pour réduire et abolir ces postes-là au
cours de la dernière année. En même temps, c'est un processus continu. Est-ce
qu'on va trouver des places, des sections, des... ou des services qu'on devrait optimiser davantage au fil des
années? Probablement, certainement, et c'est un service en continu, en
fait, un exercice en continu.
Mme Gentilcore : O.K.. Donc, pas vraiment
d'objectifs fixés, mais vous continuez d'optimiser en temps réel.
Mme Ngo (Bich-Trang) :
Exactement.
Mme
Gentilcore : Pour l'instant, c'étaient 170 postes abolis, vous
continuez de regarder ça, mais il n'y a pas d'autres objectifs de réduction des
coûts... ou de la masse salariale ou de réduction de personnel?
Mme Ngo (Bich-Trang) : En fait, à chaque fois
qu'il y a un départ, à chaque fois qu'il y a un départ à la retraite ou un
départ, et autre, on se questionne à savoir si on le remplace, on se questionne
à savoir si quelqu'un d'autre peut faire
ce travail-là. Donc, il y a certains postes qu'on a élargi leurs fonctions,
justement, pour prendre des fonctions de certains postes qu'on a abolis,
encore une fois, dans un processus d'optimisation.
Mme Gentilcore : Puis ces postes-là que
vous avez abolis, c'étaient des postes qui étaient en relation directe avec
les entreprises ou... C'est quel type de poste que vous avez aboli?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Vraiment, à tous les niveaux, on a demandé de le faire.
En fait, sur les 170, c'est 13 % de ces
postes-là, ce sont des gestionnaires. On a vraiment essayé de voir leur ligne
d'affaires. C'est sûr que si on... S'il
y a des professionnels qui quittent, comment est-ce qu'on faisait au niveau des
gestionnaires? Donc, on a tout revu, vraiment, ça a été un exercice
assez rigoureux, je vous dirais.
Mme
Gentilcore : Merci. J'aimerais parler un peu maintenant de l'avenir de
la filière batterie. J'imagine que mes
collègues vous en ont parlé également, on les écoutait en haut sur l'écran.
Dans un article de Radio-Canada qui est paru le 21 mars dernier, le
professeur en économie de l'Université
du Québec à Trois-Rivières, Frédéric
Laurin, exprime un peu ce que nous
disons, là, au Parti québécois et dans l'opposition depuis longtemps par rapport
à tout ça, il déclare, et je cite :
«Je pense qu'on a frappé un mur parce qu'on n'a pas compris que le
développement économique, ce n'est pas magique. Ce n'est pas parce
qu'une grande multinationale débarque, comme une espèce de vaisseau spatial sur
un territoire, que tout d'un coup, parce que
c'est des milliards de dollars qui sont investis, c'est du développement
économique». On peut lire dans l'article que, pour M. Laurin, la
filière signifie le retour à une ancienne vision du développement économique qui passe nécessairement par les grandes
entreprises. Il croit, lui, qu'il faut éviter de mettre tous les oeufs dans le même panier, comme l'a fait le
gouvernement à l'époque avec les grandes entreprises, exactement ce qu'on décrit
aussi depuis maintenant plusieurs mois, plusieurs années.
En septembre 2024,
Pierre Fitzgibbon disait que dans le choix d'investir massivement dans la
filière batterie, il y avait eu, et je cite,
«un peu d'instinct» et que, et je cite de nouveau : «rapidement Investissement Québec a donné un mandat à la firme McKinsey pour
confirmer cet instinct». Fin de la citation.
Ce
que j'aimerais savoir, Mme Ngo, c'est est-ce que vous trouvez ça
normal qu'on investisse des millions de dollars d'argent des Québécoises
et des Québécois avec comme critère l'instinct puis des conseils de la firme
McKinsey.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Premièrement, à chaque fois qu'on fait un
investissement, ce n'est pas juste basé sur l'instinct. Il y a quand même un
travail rigoureux qui est fait avec des critères qu'on regarde.
Vous parliez beaucoup
d'argents qui sont déployés à des sociétés, des grandes entreprises étrangères.
Si vous regardez le portefeuille d'Investissement Québec, aujourd'hui, 2 % de nos interventions, ce
sont des sociétés étrangères établies au Québec en termes de... donc d'interventions.
En termes de dollars, c'est 15 % qui sont déployés à des entreprises
étrangères. Il faut comprendre que ces entreprises étrangères, ces filiales
étrangères, ça représente 1 % des entreprises
au Québec, c'est quand même 10 % du... des emplois, 20 % du PIB.
Donc, il y a quand même un impact majeur. Mais on est très présent avec les entreprises du Québec à soutenir les
entreprises, la petite, la moyenne. 95 % de nos interventions sont dans des entreprises en bas de
200 employés, plus de 50 % de nos interventions ce sont dans des MRC non
urbaines. Donc, on est vraiment présents.
Puis l'autre chose
aussi... Ah! dernier point, dernier point.
• (15 h 40) •
Le Président (M.
Allaire) : Non, non, allez-y. Allez-y, allez-y rapidement. Mme la ministre
ensuite.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Au niveau de la filière batterie, je vous entends, là,
et je comprends tout à fait ce commentaire.
Cela étant dit, que ce soit les Ultium
CAM, que ce soit EcoPro, Nemaska,
c'est quand même 2,5 milliards de
retombées économiques pour la petite, la moyenne et la grande entreprise au
Québec. 80 % de leurs approvisionnements, ce sont avec des
entreprises québécoises. Et Investissement Québec joue le rôle de mettre les
entreprises québécoises vraiment avec les grands... dans la filière... de la
batterie.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Juste un instant. Mme la ministre, vous souhaitez
bonifier? Allez- y.
Mme
Fréchette : ...on est allés sonder, en fait, les entreprises de la
filière batterie qui se déploient, parce que, quand on lit les nouvelles, on a
l'impression qu'il n'y a rien qui se déploie dans la filière batterie, mais
bien au contraire : Ultium CAM, Nemaska Lithium, EcoPro, Mirae, Air
liquide, tout ça, c'est des entreprises qui croissent. Et quand on leur demande quel est l'impact que ça a généré, leur
présence dans le parc industriel de Bécancour, il faut voir qu'il y en a
plusieurs autres ailleurs, eh bien, c'est... dans les retombées économiques
régionales, on parle de 824 000 $
de contrats qui ont été donnés à des PME de la région et
2,5 milliards de dollars qui ont été donnés à des PME du
Québec.
Le Président (M.
Allaire) : Merci.
Mme
Fréchette : C'est majeur pour ces entreprises-là.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Merci, Mme la ministre. Mme la députée, allez-y.
Mme Gentilcore : Oui. Donc, bon,
l'instinct n'est pas le seul critère, vous avez dit qu'il y a d'autres
critères, ce serait quoi, les trois
ou quatre principaux critères, là, que vous prenez en compte quand vient le
moment de choisir un investissement?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Un investissement...
Évidemment, l'équipe de direction, c'est... La force de l'équipe de direction, on travaille avec des gens qui ont
une vision, qui ont vraiment un plan, le plan d'affaires, le marché, c'est
quoi, le potentiel de ce marché-là.
Donc, c'est vraiment des... les critères d'investissement, là, c'est quoi, le
plan d'affaires tant financier que stratégique de l'entreprise, là,
c'est quoi, le potentiel de cette entreprise de croître et de se positionner.
Mais c'est sûr que, quand on investit dans une entreprise, l'équipe de
direction, c'est un facteur clé pour nous.
Mme Gentilcore : Puis est-ce que les
études qui ont été produites par McKinsey sont disponibles, publiques? Sinon,
est-ce que ce serait possible de les déposer pour qu'on puisse y avoir accès?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Non, elles ne sont pas publiques.
Mme Gentilcore :
Non, ce n'est pas public? On ne peut pas y avoir... On ne peut pas les
consulter?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Bien, je pense que c'est
un mandat qui a été fait confidentiellement, là. Bien, en fait, on a
un... Je ne pense pas que ces fournisseurs-là publient leurs...
Mme
Gentilcore : Bien, c'est d'intérêt public puisque c'est l'argent des
Québécois qui est investi dans ce projet-là,
donc je pense que... En tout cas, si vous pouviez regarder ça, ce serait bien
qu'on puisse déposer ces études-là pour qu'on puisse les consulter.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : D'accord.
Mme Gentilcore : Maintenant, Recyclage
Carbone Varennes. Rappelons que par l'entremise d'Investissement Québec, le gouvernement du Québec détient près
du quart des actions de Recyclage Carbone Varennes, soit 23,7 %,
c'est-à-dire environ 116,5 millions de dollars, des sommes qui, on le
sait, sont désormais compromises parce que l'entreprise
s'est placée à l'abri de ses créanciers en mars dernier. On rappelle qu'en 2022
M. Fitzgibbon, qui était alors ministre
de l'Économie, avait volé au secours de l'entreprise qui faisait face à des
dépassements de coûts de 400 millions de dollars en y réinjectant 285 millions de
dollars. Donc, au total, le gouvernement du Québec a perdu 365 millions
dans Recyclage Carbone Varennes, une entreprise qui est détenue par les
pétrolières Shell et Suncor. Mme Ngo, vous êtes entrée en fonction en
février 2024, donc, évidemment, cet investissement-là n'était pas le vôtre,
mais celui de votre prédécesseur. À sa place, est-ce que vous auriez fait le
même investissement, là, selon les critères, là, dont on s'est parlé tout à
l'heure?
Le Président (M.
Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Mais c'est sûr, on... Là,
aujourd'hui, on parle de la situation qui se passe aujourd'hui. Je pense
que, quand on fait un investissement, ces critères-là, on les évalue au moment,
avec les informations qu'on a à ce
moment-là. Dans ce cas-ci, est-ce qu'on aurait fait cet investissement? Il
faudrait que je... C'est difficile pour moi de... Il faudrait vraiment qu'on revoie le contexte au moment où la
décision avait été prise puis avec les informations qui étaient
disponibles à ce moment-là.
Mme
Gentilcore : Bien, vous êtes maintenant P.D.G., là, c'est en mars de
cette année que l'entreprise s'est mise à l'abri de ses créanciers. Pour le
bénéfice de tout le monde, des Québécoises, des Québécois qui ont financé ce fiasco-là, est-ce que vous pouvez déposer, ou vous
engager à le faire, toutes les études, les analyses internes qu'Investissement
Québeca effectuées avant d'investir
dans Recyclage Carbone Varennes, toutes les vérifications qui ont été
faites au préalable par l'entreprise ou sur l'entreprise, notamment au niveau
du risque, la liste des critères qui ont été retenus pour faire cet
investissement-là et les gens qui ont été impliqués dans la décision d'y
investir?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Oui. C'est un dossier qui est 100 % mandataire, en
fait. Comme j'expliquais plus tôt à certains
de vos collègues, le portefeuille d'Investissement
Québec, la moitié est mandataire, où
la décision est prise par le gouvernement et, l'autre moitié, c'est vraiment
nos fonds propres. Le 5.1 % de rendement, dont on parlait,
c'étaient vraiment les fonds propres. À savoir si le gouvernement est prêt à
déposer ses analyses, je ne peux pas...
Le Président (M. Allaire) : Mme la
ministre.
Mme
Fréchette : Oui. Bien, je constate en fait qu'il y a un grand
intérêt, là, pour les échecs associés à la filière. Moi, j'aimerais mentionner qu'un échec en matière
de filière batterie, le PQ en a eu. En fait, le PQ a essayé de développer une
nouvelle filière industrielle à Bécancour en 2023‑2024. Il avait fait une
grande annonce, il promettait un deux tiers de financement avec des fonds publics, ça a été un échec total. Six mois
plus tard, on apprenait que le dirigeant de l'entreprise était accusé de corruption et que l'entreprise
avait fait faillite. Donc, en matière d'échec, le PQ, d'une part, a des
précédents.
Mais par ailleurs j'ai trouvé étonnante la
déclaration tout à l'heure en citant le professeur, tout à l'heure, comme quoi on ne pouvait pas créer une entreprise.
Parce que j'aimerais ça la ramener à ce qu'a fait Bernard Landry alors qu'il était ministre de l'Économie en lien avec
les jeux vidéo. Il y avait là une décision claire et nette gouvernementale de
miser sur un secteur qui, par ailleurs, s'est avéré florissant.
Le Président (M. Allaire) : ...Mme
la ministre. Mme la députée.
Mme Gentilcore : Vous étiez
d'ailleurs cheffe de cabinet dans le gouvernement...
Mme Fréchette : Ah! puis ça, c'est
bien après, bien après. On parle de 15 ans plus tard.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Mme Gentilcore : C'est vous qui êtes
au gouvernement maintenant.
Mme Fréchette : Il faudrait
réajuster l'histoire.
Mme Gentilcore : C'est vous qui êtes
au gouvernement. Donc, j'aimerais maintenant parler des activités de formation chez Investissement Québec. Pendant
la période du 1er avril 2024 au 31 janvier 2025, donc sur une période
de huit mois, les différents employés d'Investissement Québec ont
suivi 717 formations, selon les cahiers de crédits qui nous ont été fournis, ça équivaut à près de
90 formations par mois, donc plus d'une formation par jour. Est-ce qu'on
peut juste savoir quelles sont ces formations? C'est beaucoup de formations.
Le Président (M. Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Il y a des formations qui sont à l'interne, des
formations qu'on est obligés de suivre. Il y a des formations qu'on a
données à certains gestionnaires. On a vraiment un budget alloué à chaque année
pour vraiment aider nos employés à s'améliorer, à se développer. Et, dans ce
cadre-là, il y a plusieurs activités qui sont organisées, de formation, que ce
soient des formations de groupe et autres.
Mme Gentilcore : Merci beaucoup.
Parlons maintenant de mini carottes, un drôle d'investissement de 5 millions de
dollars pour remplacer des mini carottes américaines par des mini carottes
québécoises. C'est mignon quand même, il
faut le dire. C'est Investissement
Québec qui finance ça, mais on
comprend que la volonté vient du premier ministre du Québec dans le cadre de notre guerre commerciale, là, avec
les Américains. Nous, on considère que, bon, ça manque un peu de sérieux
puis que ça a l'air d'être un symbole plus que d'autre chose. Est-ce que vous
pouvez nous dire si c'était l'idée d'Investissement Québec ou l'idée de notre
premier ministre que de ce projet de mini carottes?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Encore une fois, ça, c'est un dossier qui est
mandataire. Je vous ai expliqué un peu le portefeuille, moitié
mandataire, moitié fonds propres. Donc, c'est une décision du gouvernement.
Mme
Gentilcore : Bon. Donc, c'est vraiment une décision du
gouvernement. Pour le bénéfice, encore une fois, des Québécoises et des Québécois, pouvez-vous vous engager à déposer
toutes les études et les analyses internes qu'Investissement Québec a effectuées avant d'investir dans Produits frais
FMS, notamment sur le risque? Et, si c'est des études qui ont été produites à la demande du gouvernement, si on vous
fait déposer ces études-là pour qu'on puisse les consulter.
Le Président (M. Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo (Bich-Trang) : En fait, il
faudrait... C'est un dossier encore mandataire, là, il faudrait voir avec le
gouvernement ce que je peux partager.
Mme Fréchette : Oui. Si c'était
possible de laisser le droit de parole au sous-ministre.
Le
Président (M. Allaire) : ...
M. Gignac (Jonathan) : Oui. Les études qui sont
faites sont des études qui sont confidentielles parce qu'elles
contiennent beaucoup d'informations de l'entreprise et les entreprises
souhaitent protéger ces informations-là.
Mme
Fréchette : M. le Président.
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme Fréchette :
M. le Président, j'aimerais
ajouter un commentaire encore là de mon étonnement, parce que, pour un parti souverainiste, de questionner un
projet de souveraineté alimentaire, je trouve ça particulier. Dans le contexte
actuel, on veut faire en sorte de reposer
sur des entreprises québécoises dans la plus grande partie de notre
alimentation, et cet investissement-là s'inscrit dans cet objectif qui
est fondamental.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Mme la députée.
Mme Gentilcore : On veut seulement avoir
les documents pour pouvoir les consulter et voir comment la décision a
été prise, tout simplement.
Lion électrique. La semaine dernière, vous avez
déclaré que le gouvernement ne réinvestira pas dans Lion électrique. Je salue cette décision, d'ailleurs. On peut convenir
que le dossier de Lion électrique ne peut pas faire la fierté de votre gouvernement en ce moment. Le 2 mai dernier, La
Presse indiquait que les pertes risquent de s'élever à 143 millions
pour l'État québécois. En plus de ces
pertes-là, l'industrie québécoise du transport scolaire est placée dans
l'incertitude puisque les transporteurs craignent de se retrouver avec
des véhicules pour lesquels il n'y aura plus d'entretien. En janvier, Thomas Gerbet a publié une enquête sur
l'exagération du carnet de commandes de Lion électrique. Reconnaissez-vous
que le gouvernement aurait dû procéder à
davantage de vérifications avant d'accorder une aide financière aussi importante
à Lion électrique?
Le Président (M.
Allaire) : Mme la ministre.
Mme
Fréchette : Je vais commencer puis...
Le Président (M.
Allaire) : Allez-y.
Mme
Fréchette : Bien, comme je l'indiquais hier, à mon sens, il y a eu une
trop grande diversification des activités de l'entreprise en trop peu de temps.
Pour moi, je pense qu'il aurait été important que l'entreprise fasse sa niche et réussisse dans ce qui était au coeur de
ses activités, mais on a senti une volonté d'aller de l'avant tout de suite
avec des camions électriques en plus des
autobus. Il y avait aussi cette idée d'un centre d'innovation qui est venue
assez rapidement. Donc, moi, je pense
qu'il y a eu une sorte d'emballement de la machine et du moteur, si on peut
dire, et, par conséquent, a créé la situation qu'on a là. Et
Mme Ngo pourrait compléter.
• (15 h 50) •
Le Président (M. Allaire) : ...désolé,
ça met fin à ce bloc d'échange avec le troisième groupe de l'opposition. On
enchaîne avec le dernier... le dernier bloc, pardon, de l'opposition
officielle. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, 19 m 30 s.
M. Beauchemin :
Merci, M. le Président. Il y a eu
quand même beaucoup d'information, là, qui a été échangé. Peut-être, deux
secondes, revenir, là, sur les mini carottes. Je vais être sincère avec vous,
moi, j'ai personnellement trouvé ça particulier que le premier ministre
ne soit pas à l'Assemblée nationale dans la semaine suivant la décote. J'aurais
pris plus ça au sérieux, là, au lieu d'aller faire l'annonce, mais que
voulez-vous, c'est un choix politique. Je pense qu'il y avait quand même le besoin de pouvoir démontrer qu'on est
capables de faire des mini carottes, donc tant mieux.
Puis je ne vais pas
revenir sur la raison du pourquoi, puis qu'est-ce qui a été fait dans les
gouvernements antérieur, puis qu'est-ce qui
a fait sous la CAQ, etc., mais chaque gouvernement, à un moment donné, a ce
moment-là où est-ce qu'ils
disent : Moi, je suis en train de réinventer la roue, là. Puis,
aujourd'hui, là, on a vraiment, là, réinventé le pain tranché. Puis ça, c'était la filière batterie. La filière batterie
a un principe qui est bon parce qu'on fait face à une crise climatique.
On doit donc s'adapter. Puis ça, il n'y aucun enjeu avec ça. Mais c'est
l'annonce de Northvolt puis tout ce qui est
arrivé alentour de ça, qui a fait en sorte qu'énormément de crédibilité du
gouvernement a été détruite à cause de cette histoire-là. Ça fait que
moi, je vous le dis sincèrement, il y aurait eu plus d'analyses de faites, il y
aurait plus de temps passé à comprendre la raison du pourquoi... Puis je suis
vraiment déçu qu'il n'y ait pas eu plus de recherche qui a été faite sur la
technologie parce que ça se parlait déjà, à l'époque, que la technologie était
instable. Puis j'ai été extrêmement surpris, extrêmement déçu, mais on en est
rendu où est-ce qu'on en est rendu. Et ça, ça fait partie d'un ensemble
d'investissement que le Fonds de développement économique a fait au cours des
dernières années, puis je vais y aller de
façon chronologique : 2020 à... 2019 à 2020, une perte de 1,8 milliards,
2020 à 2021, une perte de 475 milliards,
195 milliards... millions, pardon, l'année suivante, 475 millions, l'année
suivante et 660 millions, 2023‑2024. C'est quand même 3,6 milliards au
total, là, qui a été perdu de l'argent des Québécois.
J'ai posé la question à la ministre de
l'Économie hier, je vous la pose à vous, Mme Ngo, c'est important, je
pense, pour ceux qui paient des impôts, comment... quelles sont les leçons qui
ont été retirées de cette expérience coûteuse là? Puis, maintenant qu'on a ces drapeaux
rouges qu'on est capables de peut-être mieux identifier, comment
appliquez-vous ça dans vos décisions d'investissement pour la suite des choses?
Le Président (M. Allaire) :
Mme Ngo.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Oui. Premièrement, dans la filière batterie, on
parle beaucoup des échecs, des dossiers qui ne sont... qui ne vont pas
bien, qui ne vont pas bien, il y a quand même plusieurs dossiers qui
continuent, que ce soit Ultium CAM,
que ce soit EcoPro, que ce soit Nemaska, et autres. C'est quand même des
retombées économiques pour la région.
Quand j'expliquais plus tôt 2,5 milliards de retombées économiques pour la
petite, la moyenne et la grande entreprise, c'est le rôle d'Investissement
Québec de vraiment mettre en relation les grands donneurs d'ordres de cette filière avec la PME québécoise, les aider à se
positionner, je pense qu'il faut tenir compte de ça, je pense, c'est important.
Et à chaque
fois qu'on a investi, on a toujours investi avec des joueurs où il y avait un
investisseur stratégique, où il y
avait des financiers aguerris. Le gouvernement joue son rôle pour essayer de
faire arriver cette stratégie-là, de partir vraiment de l'extraction des minéraux, de le transformer, d'avancer dans
la chaîne de valeur. Et le fondamental de cette stratégie demeure.
Aujourd'hui, on est dans un contexte économique
qui est beaucoup plus difficile, comme vous savez, avec le ralentissement de la croissance des véhicules
électriques, le marché de la Chine qui, il y a un an et demi, avait un surplus de volume qu'ils ont vraiment envoyé sur le
marché. Il y a plusieurs facteurs. Et on était aussi dans un contexte où
plusieurs de ces entreprises-là étaient à la course pour accélérer la
croissance, accélérer la production. Est-ce qu'aujourd'hui... à refaire, je
pense que c'est important de revoir ce qu'on savait au moment où
l'investissement a été fait également. Tu sais, c'est très facile de...
M.
Beauchemin : Bien, en fait, vous l'aviez mentionné plus tôt,
j'ai entendu la ministre hier nous dire quelque chose qui était similaire, avec des mots différents, on parle
d'amélioration continue. Je comprends, là, que c'est plate de se faire rentrer dedans par les oppositions qui vous
questionnent sur les échecs, là, mais l'objectif ici, c'est qu'on s'améliore
dans la vie. Puis, pour moi, c'est important de questionner, justement, sur les
échecs pour qu'on puisse rehausser la game, la rehausser, la game du
Québec dans son ensemble. Ça fait qu'en ce qui me concerne c'est prioritaire
qu'on parle, justement, des échecs, pas
parce qu'on a besoin de se flatter dans le dos puis dire : On était bons,
on a réussi. Au contraire, ce que je veux... ce que je veux empêcher,
c'est que ça continue à être des échecs.
Donc, ma question reste, 3,6 milliards de
pertes dans ce que je vous ai écrit tout à l'heure, pour ne pas répéter encore
ces mêmes erreurs-là. Je comprends qu'on peut mettre des lentilles temporaires
puis dire : En 2021, c'était ça, les
conditions, ça a changé, tout ça. Mais maintenant, là, de façon très générique,
là, comment peut-on apprendre de ces pertes-là pour ne pas continuer à
faire ces pertes-là à l'avenir? Quels sont les KPI qu'on a retenus?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Bien, c'est ça, les... nos critères
d'investissement ne changent pas. On a vraiment des critères d'investissement
qui sont rigoureux, qu'on va continuer à suivre.
Tu sais, vous
parlez de la perte dans la filière batterie. Quand la filière de l'aéronautique
a été bâtie au Québec, aussi, ça a pris du temps. Il y a eu beaucoup d'argents
qui ont été déployés. Aujourd'hui, le Québec, c'est parmi le top trois des hubs de l'aéronautique à travers le
monde, mais ça a pris du temps, ça a pris de l'argent à investir là-dedans pour
créer des champions.
Aujourd'hui, on... comme je vous dis, les
fondamentaux de cette stratégie demeurent, et ce qu'on fait, c'est essayer de
faire lever les projets qui sont au Québec en ce moment, les Nemaska de ce
monde, les EcoPro et Ultium CAM, et autres.
M. Beauchemin : Je comprends, mais
je n'ai pas encore entendu ma réponse. C'est quoi, les KPI qu'on a retenus, là? Comme, qu'est-ce qui... c'est quoi,
les drapeaux rouges qui s'allument automatiquement, là, quand on fait une analyse d'investissement? Ah! ça, on a appris
ça, là, avec Northvolt, il ne faut pas faire ça, O.K.? Ça, quelles sont,
dans la grille d'analyse maintenant, les
nouvelles lignes, là, qu'il faut absolument... Vous avez parlé d'un
questionnaire à remplir tantôt, là.
Bon, bien, quelle est la question additionnelle ou les questions additionnelles
maintenant qui font partie du processus de décision?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Mais c'est
sûr que le... Là, vous parlez encore de Northvolt, il y avait des... un projet qui était très ambitieux, de croissance, de
partir de la suite, de bâtir quelque chose en Allemagne, de bâtir quelque chose
au Québec, mais, à ce moment-là, il y avait comme une urgence dans le temps qui
faisait qu'ils devaient accélérer ce
processus-là parce que la demande était... et c'était une question de qui
allait être le premier sur le marché. C'est
certain que dans le contexte où une compagnie croît de façon aussi accélérée,
avec des ambitions de croissance aussi accélérée, il faut revoir un peu
son plan, dire : Est-ce qu'on est mieux de tester à plus petite échelle
puis d'aller par étapes? J'arrête.
M.
Beauchemin : Mais je suis content que vous le disiez, parce que
c'était ça qui était mon objectif ultime, là, O.K.? C'était l'urgence d'agir qui a fait en sorte qu'on a pris des
mauvaises décisions. On a été pressé, il y avait une course, Biden est
sorti avec son IRA, je ne sais pas combien de centaines de milliards de dollars
garrochés dans la nouvelle économie
américaine, puis là on a sauté à pieds joints là-dedans, nous autres, et on était
en retard. Donc, on a décidé de poursuivre ce processus-là. 180 et
quelques celluliers se sont installés aux États-Unis, quatre, cinq au Canada.
On a pris ce qui
restait, là. Mais c'est pour ça que je posais la question. Maintenant, là,
qu'on sait que, quand on est à la course puis qu'il y en a d'autres qui
sont comme de loin plus développés et avancés dans le processus, ce n'est pas
un... ce n'est pas un drapeau rouge, ça,
qu'un instant on devrait peut-être refaire nos devoirs? C'est-tu le temps
vraiment, nous autres, d'arriver en queue de peloton, là, pour embarquer
là-dedans?
Mme
Fréchette : Oui. Bien, en fait, j'entends le député de Marguerite-Bourgeoys
parler de la filière batterie au passé, mais c'est l'avenir, la filière
batterie, c'est la transition énergétique, c'est l'avenir, hein? On n'a pas
tourné le dos à cette filière-là. Il y a
encore beaucoup qu'on peut aller prendre comme positionnement dans ce
secteur-là. On a fait le choix de participer, oui, à une course mondiale
à l'électrification, qui était à une vitesse effrénée il y a à peine un an et demi, deux ans, qui, certes, a ralenti,
mais qui est encore en croissance. Alors, c'est un changement de vitesse,
je dirais, qui s'est mis en place, là, dans le secteur, mais ça reste que c'est
un secteur qui a le vent dans les voiles, qui est
la trame de fond qui va caractériser notre développement économique,
énergétique et même au niveau des minerais pour les prochaines décennies. Et c'est là-dedans qu'on est en train de
se positionner. Donc, quand vous dites : On est arrivé, il était
tard, on était en retard, l'essentiel du développement de ce secteur-là, il est
dans l'avenir.
M. Beauchemin :
Mais ce n'est pas une lumière qui
s'allume dans votre tête quand vous pensez à ça, le fait que, justement, on a couru pour rattraper un peu ce qui
se passait déjà, puis que ça a fait en sorte qu'on a eu quelques mauvaises
décisions, puis de là on en retire des conclusions?
Moi, ce que je veux,
là, c'est que le gouvernement du Québec aille bien, là, puis qu'il la sorte à
l'extérieur du «ballpark» tous les jours,
O.K.? Mais là on a fait des erreurs, puis c'est plate d'en parler, mais il faut
le faire pour apprendre, pour ne pas recommencer les mêmes erreurs.
Donc, ma question reste entière : Qu'est-ce qu'on a appris?
Là,
le facteur, là, que tout le monde allait vite dans cette direction-là, puis on
était comme en mode rattrapage, ce n'est pas un indicatif, là, ce n'est
pas quelque chose qui vous fait comme : O.K. Peut-être que ça, ce n'est
pas des conditions gagnantes, là, on devrait vraiment y penser avant d'aller de
l'avant?
• (16 heures) •
Mme Ngo (Bich-Trang) : ...commentaire. Quand
vous dites que c'est nous qui courons en quatrième vitesse, en fait, ce qu'on a essayé de faire... c'est les
entreprises qui étaient en quatrième vitesse pour... justement, il y avait
tellement une effervescence dans ce secteur-là, les entreprises, que ce
soit, dans ce cas-ci, de Northvolt et autres, ont vraiment essayé d'augmenter
leur cadence le plus rapidement possible pour répondre aux besoins du marché,
pour vraiment se positionner en amont de la Chine et autres. Et Investissement
Québec et le gouvernement du Québec, on s'est positionné
pour aider ces entreprises-là à faire arriver ces projets-là. Mais je ne pense
pas que c'est qu'on a couru pour essayer de rattraper ce qui s'est fait aux
États-Unis, on a essayé d'aider des entreprises qui, elles, étaient en
croissance pour essayer de répondre aux besoins du marché.
M.
Beauchemin : Je ne parle pas de la filière batterie dans son concept,
là, je parle spécifiquement du dossier de Northvolt. Je pense que... Je
comprends que Northvolt, le concept, c'était que ça allait alimenter, donner le
donneur d'ordres dans la région, dans la
filière batterie pour tous. Ça, je comprends le concept. Mais on est allé
chercher une technologie... puis c'est un peu ça que je disais tout à
l'heure, quand j'avais d'autres questions, la technologie, elle était instable.
Ça fait qu'il y a eu plein de trucs qu'on a faits, on n'a pas fait le BAPE, on
n'a pas fait l'analyse au niveau de la technologie. Il y a un paquet de trucs
qu'on n'a comme, malheureusement, pas faits parce qu'on était peut-être un peu
à la presse. C'est ça, ma question.
Ça fait que, de là,
qu'est-ce qu'on a appris? Parce que, bon, peut-être qu'on va réinventer le
bouton à quatre trous, encore une autre
fois, avec quelque chose d'autre, puis tant mieux si on est capable de réussir,
là. Mais mon objectif ici, c'est qu'on ne refasse pas les mêmes erreurs,
qu'on ne dépense pas 3,6 milliards de taxes que les Québécois paient à tous les jours à la sueur de leur front,
puis que cet argent-là puisse avoir un rendement éventuellement. Ça fait que, tu sais... Supposons qu'on passe de 3,6 à
1 milliard de pertes, là, je vais trouver qu'il y a une amélioration. Moi,
c'est ça, mon objectif. Je veux qu'on soit capables de dire qu'on est moins
dépensiers, on fait moins de gaspillage, là, c'est ça, mon objectif.
Ça fait que, par
rapport à ça, dernière fois que je pose la question : Qu'est-ce qu'on a
appris? C'est quoi, les drapeaux rouges, là,
maintenant qu'on est capables d'identifier, dans le processus décisionnel
spécifique, des questions additionnelles dans le formulaire, là? Combien
de questions additionnelles ont... Puis, quand on regarde tout ça, là,
qu'est-ce que ça a de l'air dans le portefeuille actuel?
Le Président (M.
Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo (Bich-Trang) : Écoutez, vous commentez
sur la technologie, sur ce qu'on a lu, ce que vous avez lu, et tout, puis je... En revanche, nous, on est
rentrés aussi avec des... dans Northvolt, alors qu'il y avait des stratégiques en arrière.
Volkswagen était en arrière, c'est des gens qui ont quand même une expertise,
qui connaissent ça beaucoup plus que vous et moi, et qui ont «vetté» en
investissant dans Northvolt. Donc, je pense qu'il faut tenir compte de ça
également. Aujourd'hui, c'est facile «in hindsight»... excuse de l'anglicisme,
de... après-coup, après-coup, de revenir là-dessus,
mais c'est sûr qu'au moment où l'investissement a été fait, il y avait
plusieurs partenaires qui étaient là avec nous, qui, quand même,
confirment le travail qui a été fait pour faire cet investissement-là.
M. Beauchemin : Donc, c'est
peut-être, ça aussi, un autre facteur additionnel qu'il faut avoir le réflexe
de se poser la question quand ça arrive. Quand on a une caisse de résonance,
puis que tout le monde dit la même chose, ce n'est
peut-être pas une question à se poser, à savoir, bon, O.K. tout le monde a la
même stratégie, woups! je suis le dernier à
acheter, puis, après ça, ça plante. Il faut vraiment se poser ces questions-là.
Il faut avoir les réflexes des marchés, là. Il faut comprendre que,
quand tout le monde se dit cette histoire-là en même temps, à un moment donné,
on embarque-tu dans une bulle? On paie-tu trop cher? C'est juste ça que je veux
en arriver.
Parce que la question, en fait, la deuxième qui
suit, c'est quand on regarde la balance du portefeuille, tous les vecteurs, là, que j'essaie de vous identifier pour
regarder le portefeuille, voir qu'est-ce qui est à risque, pour ne pas faire des erreurs, pour ne pas perdre
3,6 milliards, O.K., qu'est-ce qu'on regarde maintenant dans le
portefeuille, aujourd'hui? Qu'est-ce que vous... L'an prochain, quand on va se
revoir, qu'est-ce qu'on va dire dans le portefeuille : Ah! ça a floppé
puis ça aussi ça a floppé, woups? Mais il y en a-tu qui sont à risque? Est-ce
qu'ils sont identifiés? Est-ce que vous en avez
déjà identifié dans le portefeuille, des placements ou des investissements qui
sont sur la limite, disons, par rapport à l'apprentissage que vous avez
fait avec le 3,6 milliards?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Moi, je vais
peut-être vous parler du portefeuille de fonds propres puisque c'est le
portefeuille où les décisions sont prises par Investissement Québec. Si on
regarde, au moment de la pandémie, en mars
2020, notre provision sur pertes était à peu près de 9 %, alors qu'en
moyenne elle est aux alentours de 4,5 %, 5 % max. Aujourd'hui,
dans le contexte actuel, avec beaucoup d'incertitude, on suit notre
portefeuille, on a un «watch list», vraiment,
qu'on suit de près pour soutenir et aider ces entreprises-là. La provision est
à peu près de 5,7 % dans le contexte actuel.
Donc, oui, on
est capables d'identifier puis on sait exactement quelle entreprise est
beaucoup plus à risque, et ce qu'on fait, c'est essayer de soutenir les
entreprises qui ont du potentiel puis les aider, de donner un peu plus de
flexibilité pour qu'elles puissent naviguer à travers toute l'incertitude du
marché en ce moment, et, ça, on le fait de façon rigoureuse, parce qu'on a notre rôle de développement
économique, pour s'assurer que ces entreprises puissent passer à travers ça.
M. Beauchemin : ...pas pour rentrer
dans le détail, puis je ne veux pas un nom spécifique, mais, quand vous en avez un qui est sur le bord de tomber, est-ce
que vous laissez les autres financiers, comme une banque, par exemple, arriver puis mettre ça en faillite ou vous
attendez? Vous êtes supporteur et vous endurez la faillite avec
l'investissement? Comment ça fonctionne?
Mme Ngo (Bich-Trang) : C'est du cas
par cas. Est-ce que, dans une situation, on pourrait trouver un acheteur de cette entreprise-là? Est-ce qu'on est
capables de travailler avec la banque? Est-ce qu'on est capables... C'est
sûr, les banques sont... ont les sûretés en haut. Donc, c'est elles qui ont
quand même leur mot à dire. Nous, on est souvent plus...
M. Beauchemin : Subordonnés.
Mme Ngo (Bich-Trang) : ...sans
sûreté ou on a parfois, dans des... On est parfois dans des positions de... avec des sûretés, et tout, mais c'est pour ça que
je vous dis : C'est du cas par cas, dépendamment du potentiel de cette
entreprise, c'est quoi... dans quel secteur
elle est, on va s'ajuster puis on va essayer de travailler avec les banques pour
essayer trouver des solutions.
M. Beauchemin : Ça arrive-tu des
fois chez Investissement Québec que vous avez la gâchette pour fermer une
business parce que, là, ça ne marche pas, puis on tire la plug?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Comme je le
dis souvent, ce n'est pas nous qui avons les sûretés en haut. C'est souvent les
banques, les institutions financières qui sont en haut avec les sûretés. Nous,
on va essayer de trouver des solutions. On va travailler avec les banques. On
travaille avec les entrepreneurs, que ce soit pour...
M.
Beauchemin : Mais sonner la cloche, là, que c'est... excusez,
je ne veux pas interrompre, sonner la cloche que c'est comme... la récréation
est terminée, parler aux banques, dire : O.K., nous autres, on pense que
ça devrait être fermé, est-ce que ça, c'est quelque chose qui a déjà été
fait, à Investissement Québec?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : On essaie souvent de trouver des solutions. On
essaie de trouver... surtout si on pense que l'entreprise a un potentiel
de se recadrer.
M. Beauchemin : Il nous reste quoi,
2 min 30 s à peu près?
Le Président (M. Allaire) :
2 min 40 s.
M.
Beauchemin : Parfait. Question au niveau de l'intelligence
artificielle. Selon vous, quand vous regardez votre portefeuille qui
est, de loin ou de proche, relié à ce secteur-là de l'économie, il va comment?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : De un, je le mets beaucoup plus large. Là, en
fait, si vous regardez notre... Comme j'ai expliqué plus tôt, on est un des
joueurs les plus actifs en capital de risque au Québec et deuxième au Canada.
Donc, pour nous, c'est important d'aider les
entreprises à croître, tu sais, des entreprises qui ont des technologies
innovantes, à croître
et à devenir potentiellement des fleurons dans leur industrie. C'est sûr que,
dans des phases d'amorçage, qui sont vraiment beaucoup plus tôt dans le
processus, on travaille beaucoup. On a développé le fonds... bien, en fait, on
gère pour le gouvernement du Québec le fonds
Eurêka, donc, partir vraiment de la recherche à l'université pour transformer
ça, et amener ça en recherche appliquée en
entreprise, et essayer de commercialiser ça. Donc, on est vraiment présents
à tous les stades puis, vraiment, surtout
dans le stade «early»... stade de démarrage, amorçage, et autres, pour aider à
faire propulser ces technologies-là.
M.
Beauchemin : Puis vous disiez qu'au niveau canadien vous étiez les
deuxièmes en capital de risque, le premier étant qui au niveau canadien?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Le premier étant... Je
n'ai pas la liste avec moi, mais, il me semble, c'était BDC, je pense.
M.
Beauchemin : Qui?
Mme Ngo
(Bich-Trang) : BDC.
M.
Beauchemin : BDC, O.K., d'accord. Est-ce que le mandat de la BDC est
pas mal similaire au mandat d'Investissement Québec, mais à l'échelle
canadienne, comme on disait tantôt, en entrée de jeu, dans le premier bloc, je
pense?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Ce qui est très différent
avec Investissement Québec, on a tout le volet accompagnement, que ce soit l'accompagnement à l'exportation,
l'attraction d'investissements étrangers, que ce soit l'accompagnement
technologique. Comme j'expliquais plus tôt, on a une centaine d'ingénieurs, de
techniciens qui accompagnent les entreprises.
D'ailleurs, qu'on a lancé, à l'automne, l'initiative grand V pour propulser les
investissements en recherche et développement, en innovation et en productivité,
il y a un volet financement, mais un volet aussi accompagnement, donc,
pour aider les entreprises et stimuler davantage les entreprises à investir en
recherche et développement, innovation.
Comme vous savez, le Québec, même si on rétrécit l'écart de productivité par
heure travaillée avec l'Ontario, on est encore en retard, et c'est
important de continuer à aider les entreprises à investir davantage là-dedans.
Je parle très vite.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. 13 secondes.
M.
Beauchemin : Merci.
J'apprécie beaucoup le bonbon, là, que vous venez de me donner, qu'on a un
retard de productivité par rapport à l'Ontario. Je n'arrête pas de le répéter, mais, bon, de toute
façon, au niveau du gouvernement, on...
Mme Ngo (Bich-Trang) :
Là, bien, attendez, cet écart se rétrécit, il y a...
Mme
Fréchette : ...et, voilà, voyez la descente.
M.
Beauchemin : Oui, non, je le sais. Je suis content que vous le
sortiez, votre graphique, là.
Le
Président (M. Allaire) :
Excellent, merci, merci. Sur ce, merci, ça met fin à ce bloc d'échange avec l'opposition
officielle. On enchaîne avec la partie gouvernementale. M. le député de
Nicolet-Bécancour, vous avez 19 min 35 s.
• (16 h 10) •
M.
Martel : Merci, M.
le Président. Bonjour, M. le Président. Bonjour, Mme la ministre, Mme Ngo,
chers collègues de la partie gouvernementale, de l'opposition.
Je
ne voulais pas vous parler de la filière batterie puis du parc industriel de
Bécancour, mais je vais vous parler de la filière batterie puis du parc
industriel de Bécancour parce qu'il y a beaucoup de choses qui ont été
mentionnées, puis plus... ça fait plusieurs
fois que je rencontre le collègue de Marguerite-Bourgeoys, puis je sens
vraiment son intérêt de plus en plus
grand et enthousiaste par rapport à ce qui se passe dans le parc industriel de
Bécancour, puis tantôt j'ai vraiment
été surpris, puis, pour moi, je le sens vraiment favorable à ça, mais tantôt
j'ai vraiment été surpris de la collègue du Parti québécois qui s'est
affichée vraiment contre le développement de la filière batterie. C'est bon à
retenir.
Je ne recommencerai
pas tout ce que je vous ai mentionné hier. Mme Ngo, vous n'étiez pas là, mais
je mentionnais qu'il y a deux joueurs
majeurs, Ultium CAM, EcoPro, qui ont parti la démarche. Ensuite de ça, il y a
des entreprises qui sont venues se greffer, comme Mirae, Nemaska. Il y a
des entreprises déjà dans le parc industriel, comme
Air liquide, qui ont fait des investissements. Il y a des potentiels avec Olin,
entre autres, Arkema, même Ferroglobe. Puis là je ne parle pas des
entreprises qui sont à l'extérieur du parc industriel. Je pense aussi à des
projets potentiels comme Vale, comme
l'expansion, entre autres, d'Ultium CAM. J'aimerais ça que vous nous parliez
de... sans nous dévoiler des secrets, là, mais du potentiel d'expansion
qu'il y a actuellement soit dans le pipeline, dans les entreprises du parc
industriel ou les entreprises près de la filière batterie.
Le Président (M.
Allaire) : Mme Ngo.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Bien, écoutez, vous avez parlé des projets qui sont
déjà établis au Québec. Il y a plusieurs projets. On parle d'une première
phase. Il y a des projets qui sont en discussion pour une deuxième phase. Je regarde, par exemple,
le projet de... Vous avez parlé de Nemaska, donc, l'extraction du lithium pour
le transformer en hydroxyde de
lithium, donc, l'usine de transformation qui est à Bécancour. Comme vous savez,
maintenant, Nemaska est détenue à
50 % également par Rio Tinto. Ils ont également une autre mine de lithium.
Est-ce qu'il y a un moyen aussi de consolider tout ce travail-là?
Donc,
il y a vraiment plusieurs projets qui avancent bien au niveau de la
phase I, avec potentiellement développer une deuxième phase. C'est pour ça qu'aujourd'hui, quand on dit... On
regarde la filière batterie et on parle beaucoup de certains dossiers
qui vont moins bien, mais on oublie les dossiers qui avancent bien, comme ceux
que vous avez mentionnés. Puis vous n'avez
pas parlé non plus de certains dossiers, par exemple, comment
ça s'appelle, là, Solus, qui est à Granby, pour la feuille de cuivre.
C'est d'autres dossiers, dans la filière batterie, qui continuent à avancer.
Aujourd'hui, on parle
quand même d'une filière de plus de 16 milliards de dollars de
projets. On dit que le gouvernement du
Québec est très présent, qu'il subventionne ces projets-là, mais, la réalité,
c'est seulement 4 %, un peu plus
que 4 %, que c'est des prêts avec une partie qui est pardonnable. Le
reste, là, il y a un 14 % que c'est vraiment des financements en
dette et en équité dans ces projets-là.
M.
Martel : Merci.
Une dernière petite question, parce qu'on a assisté à la transformation
d'Investissement Québec, et, avant
d'être député, j'étais directeur général d'un CLD, et, sincèrement, il y avait...
je parle jusqu'en 2012, là, Investissement
Québec, on ne faisait pas appel à eux pratiquement parce que c'était une
banque. On a beaucoup modifié le
mandat d'Investissement Québec, entre autres, avec l'arrimage avec le ministère
de l'Économie. J'aimerais ça, là... Mettons,
on est quatre, cinq ans plus tard, puis là vous avez été là depuis un certain
moment, c'est quoi, le bilan que vous faites
de cette transition-là? Parce que, comme député, j'entends beaucoup, là, des interventions
d'Investissement Québec, comment qu'ils sont près des MRC, des entreprises,
tout l'arrimage qu'il y a entre eux. Pour moi, c'est un très, très beau succès,
mais j'aimerais ça vous entendre à ce niveau-là.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Oui, bien sûr. Écoutez, plus de 50 % de nos
interventions sont dans des MRC non urbaines.
On est très présents dans les régions. Comme je vous ai expliqué plus tôt,
95 % de nos interventions, c'est dans des entreprises où il y a
moins de 200 employés. Donc, on aide la petite, la moyenne, la grande.
Notre portefeuille, aujourd'hui, vraiment,
2 % des interventions seulement, c'est vraiment des filiales étrangères,
le reste, c'est des entreprises, des PME québécoises qu'on soutient.
Aujourd'hui, si on
regarde Investissement Québec avec le volet... finalement, le financement dont
vous parlez, donc, des prêts, des garanties sur prêts en région, qui étaient le
coeur d'Investissement Québec, ça demeure. On est dans 23 emplacements,
17 régions administratives. D'ailleurs, quand je suis rentrée en poste
l'année dernière, j'ai commencé une tournée régionale. J'ai visité neuf des
17 régions administratives et je continue. Quand je suis sur le terrain,
oui, je rencontre les employés, mais beaucoup d'entrepreneurs.
Et l'écho que j'entends
aussi, que notre présence au niveau des équipes de l'international... Donc, les
équipes d'exportation parlent beaucoup des
enjeux de tarifs aujourd'hui. On a 60 experts en exportation qui
travaillent avec les délégués du Québec à l'étranger, au Canada pour
accompagner les entreprises à l'international. C'est vraiment que ce soit de l'intelligence d'affaires que ce soit
des mises en relation. J'étais en Estrie avec une dizaine d'entrepreneurs.
La moitié était accompagnée par Investissement Québec, que ce soit pour ouvrir
un bureau à l'étranger, pour être mis en relation avec un grand donneur
d'ordres au Mexique, dans quel cas ils ont gagné le mandat. Ils ont même
regardé d'ouvrir une usine au Mexique.
C'est
vraiment le genre d'impact d'Investissement Québec que... où on a un impact.
Tout le volet accompagnement technologique, c'est plus de
1 000 accompagnements technologiques par année pour aider... Donc, on
a une centaine d'ingénieurs, de techniciens
qui marchent les lignes de production pour voir comment est-ce qu'on peut
optimiser la ligne de production,
comment est-ce qu'on peut réduire nos coûts d'énergie, comment est-ce qu'on
peut recycler certains produits.
D'ailleurs, au niveau
de la productivité, on est très, très actifs, comme vous le savez. On a lancé, 2020‑2024,
l'initiative Productivité innovation. On s'était donné comme cible de déployer
2,4 milliards de dollars. On a déployé plus de 3,6 milliards de dollars. Et ce qui est d'autant plus
intéressant quand on regarde c'est quoi, l'impact qu'on a eu sur les
entreprises qu'on a aidées, quand on regarde la cohorte 2020, 2021, 2022,
parce que les résultats, ça prend quelque
temps quand on investit avant d'avoir l'impact de notre investissement, sur les
1 100 entreprises qu'on a aidées à travers cette initiative,
les trois premières cohortes représentent 670, et elles ont vu leur
productivité augmenter de plus de 44 %.
Ça se compare à 3,5 % pour le secteur manufacturier du Québec. Ça, c'est
l'impact d'Investissement Québec, comment
est-ce qu'on fait pour aider les entreprises à être plus compétitives, donc,
augmenter leur productivité pour être plus compétitives.
Après
ça, il y a tout le volet investissement. Aujourd'hui, 40 % de notre
portefeuille, c'est vraiment en équité, alors qu'avant on était
principalement au niveau de la dette et des garanties sur prêts. Donc, d'être
partenaire avec les entreprises...
Par exemple, une
entreprise comme Novatech, qui est un fleuron québécois dans les portes et
fenêtres, l'entrepreneur avait un certain âge. Il n'avait pas de relève. Il
avait une bonne équipe de direction, excellente équipe de direction, mais il n'avait pas de relève, et on s'est mis avec la
famille Gendreau, qui sont propriétaires de Garaga, pour racheter
Novatech. Encore là, on met deux belles sociétés ensemble pour les aider à
croître. C'est ça, le genre d'intervention qu'on fait pour aider ces
entreprises-là.
Lasarex,
une entreprise de Québec, en capital de risque, qu'on a soutenue, en 2018, la
première fois, au tout début, aujourd'hui, ils viennent de compléter une
ronde de 45 millions. Évidemment, on a été au rendez-vous pour soutenir l'entreprise. Elle a ouvert un bureau en
Allemagne. Elle est vraiment... Elle vient de faire une acquisition en
Californie pour vraiment mitiger le risque. On leur donne les moyens de
croître.
Donc,
pour nous, le rôle, c'est d'identifier les entreprises qui ont le potentiel
pour les aider à croître. Là, je ne vous vois pas faire ça, mais je...
Le Président (M.
Allaire) : Ça va très bien.
Mme Ngo (Bich-Trang) :
Merci. Donc, voilà.
Le Président (M.
Allaire) : Je sens bien l'enthousiaste du député de Beauce-Sud. Alors,
la parole est à vous. Il vous reste 10 min 15 s.
M. Poulin : Merci
beaucoup, M. le Président. Salutations à Mme la ministre, à Mme Ngo, aux
gens qui les accompagnent, aux professionnels, effectivement, d'Investissement
Québec, avec qui nous travaillons, quand même, depuis déjà plusieurs années
pour nos entreprises en Beauce, notamment pour automatiser, robotiser. Ça ne
s'est jamais vu, là. Nos parcs industriels ont complètement changé. On a
accompagné, nous, on l'a fait comme députés, évidemment,
mais avec nos équipes, des entreprises à s'automatiser, à se robotiser, puis on
a vraiment vu un changement pour contrer notamment la rareté de
main-d'oeuvre.
Et, vous savez, dans
la circonscription de Beauce-Sud, c'est le paradis des petites et moyennes
entreprises, vous étiez chez Manac il n'y a
pas tellement longtemps, d'ailleurs, Mme Ngo, mais c'est aussi Canam,
c'est aussi Garaga, vous l'avez cité tout à l'heure, avec l'entente avec
Novatech, c'est Mirage, c'est Comact, c'est le Groupe Pomerleau, c'est
Beaubois, tout ça dans la même circonscription de Beauce-Sud, il faut le faire,
quand même, et non seulement parce qu'on a des
entrepreneurs extrêmement valeureux, créatifs, des équipes de travail aussi,
dans le manufacturier, qui font un
travail assez exceptionnel, mais qui a fait qu'historiquement nos pères et nos
grands-pères, lorsqu'ils ont fondé des entreprises, étaient près des
États-Unis, et ça, il faut le noter, il faut le citer.
Et on n'est plus à
une étape d'une menace tarifaire. C'est important de le dire. On pense que le
temps s'est estompé, et qu'il n'y a pas eu
de tarifs. Il y a des tarifs, présentement, au Québec, dans l'acier, dans
l'aluminium, et il y a aussi une liste de contre-tarifs du gouvernement
fédéral, qui fait extrêmement mal à nos entreprises non seulement pour l'approvisionnement des matières premières... et
ça force des entreprises, par moments, non seulement à devoir réviser des contrats qui ont été octroyés... à mettre aussi de
nombreux employés en temps partagé. C'est un programme du gouvernement fédéral.
Chez nous, j'ai une dizaine d'entreprises qui sont à temps partagé
présentement, et, sans ce programme-là, le nombre de mises à pied que nous
vivons déjà serait encore plus élevé.
• (16 h 20) •
Alors, il n'en
demeure pas moins qu'on se retrousse les manches. On s'entraide. On accepte des
nouveaux contrats. On diversifie nos marchés et on fait face à cette
situation-là, extrêmement difficile, avec les États-Unis, qui est évolutive, qui peut encore changer malgré
tout. Il n'en demeure pas moins que nous avons lancé des programmes au
cours des derniers mois, programme FRONTIERE, programme Panorama, notamment, et
je veux vous entendre sur ces programmes-là, sur l'efficacité, tout d'abord, au
même moment, sur nos petites, moyennes entreprises, parce qu'il y a aussi la deuxième ligne, dans une crise
comme celle-là, qu'on ne parle pas suffisamment. Ça va des sous-traitants,
évidemment, de nos grandes entreprises manufacturières, j'en ai beaucoup, qui,
eux aussi, par moments, se font contre-tarifer...
Alors, ce ne sont pas des exportateurs qui vont directement vers les
États-Unis, mais qui vont chercher de la matière première aux États-Unis
et qui la vendent au Québec, ou dans d'autres provinces canadiennes, ou
ailleurs dans le monde.
Alors, comment on va
réussir à être malléables au fil de ces événements-là? Je sais
qu'Investissement Québec répertorie également les codes, les fameux codes de
contre-tarifs, qui font actuellement le plus mal à nos entreprises. Alors,
quels sont les échanges que nous avons que le gouvernement fédéral? Comment on
se positionne également comme institution
qui vise à protéger notre tissu économique? On travaille très bien avec vos
équipes, mais, somme toute, je souhaite vous entendre sur ces sujets.
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Oui, bien sûr, merci. Donc, premièrement, au niveau des
tarifs, il y a trois volets.
Le premier volet de
l'impact des tarifs, c'est au niveau des liquidités des entreprises. Donc, les
entreprises qui sont affectées par les
tarifs, comment est-ce qu'elles font pour naviguer à travers ça? Et c'est là où
le gouvernement a annoncé et lancé
FRONTIERE, donc, vraiment pour aider à stabiliser le fonds de roulement des
entreprises, avec des prêts, avec un moratoire, pour vraiment donner cette
flexibilité aux entreprises alors qu'elles sont en train de passer à travers
des moments difficiles puis voir comment est-ce qu'elles peuvent se
recadrer, se réorienter. Ça, c'est la première chose.
Deuxième
chose, c'est sur le moyen... à moyen terme, c'est vraiment de diversifier nos
marchés hors États-Unis. En revanche,
70 % de nos exportations à l'international, c'est aux États-Unis. C'est
des chaînes d'approvisionnement, des relations, vraiment, qui sont
établies, de 15, 20 ans, qui sont difficiles à changer. Ça prend du temps,
mais le rôle d'Investissement Québec... On accompagne les entreprises à
l'international. Deux tiers du temps des équipes d'accompagnement à
l'international, c'est vraiment dans des marchés hors États-Unis, et ça prend
du temps à bâtir, ces relations-là. On a
plus de 60 experts en exportation qui... les délégués du Québec au Canada
et à l'étranger, pour aider à accompagner les entreprises à
l'international.
Ce
qu'on a lancé avec Panorama... C'est que, pour ces entreprises-là, il y a un
coût, aller à l'international. Oui, il faut vouloir le faire. Il faut avoir
l'expérience. Il faut avoir un produit qui est intéressant pour le marché
international, mais ça gruge sur le
fonds de roulement de faire... par exemple, aller recruter quelqu'un à
l'étranger, alors qu'on n'a pas encore des ventes pour soutenir ce
coût-là. Donc, Panorama, c'est vraiment des prêts de 250 000 $ à
1 million, justement, pour soutenir le fonds de roulement des entreprises
alors qu'elles essaient de se diversifier.
Au-dessus
de 1 million, Investissement Québec a toutes les solutions financières
pour aider. On a également annoncé une collaboration accrue avec EDC pour
travailler avec EDC à aider les entreprises à aller à l'international que ce
soit à établir une usine, à ouvrir une usine, à faire une acquisition à
l'international. Donc, vraiment à tous les niveaux, on va être présents. On travaille
également avec les ORPEX, donc, vraiment pour des plus petits mandats, des
jeunes entreprises. Quand on va parler de la petite entreprise en région qui
essaie de... c'est vraiment d'aider et de travailler en partenariat avec les
ORPEX. Ça, c'est au niveau de l'exportation.
Le
troisième volet, c'est vraiment la productivité. En fait, pour que les
entreprises demeurent plus compétitives et puissent aller à
l'international, il faut qu'elles investissent en recherche et développement,
en innovation puis en productivité. Quand on a lancé grand V à l'automne, donc,
vraiment, une initiative où on s'est donné comme objectif de déployer
4,5 milliards de dollars sur trois ans... Ça a été lancé au mois
d'octobre l'année dernière. On est rendus... On
a déjà fait autoriser et accepter par le client plus de 1 milliard
d'interventions pour des projets de plus de 3 milliards. On parle d'au-dessus de 225 entreprises au
Québec qu'on soutient pour qu'elles investissent en recherche et développement,
et en innovation, et en productivité.
Avec grand V, ce
qu'on a rajouté qui était nouveau par rapport à nos différentes initiatives
dans le passé, c'est le volet recherche et
développement. Et, encore là, j'étais justement avec des entrepreneurs en
Beauce qui me disaient : Tu sais,
c'est super, ce que vous faites au niveau des immobilisations, vous nous aidez
à financer ça, mais moi, je prends un risque énorme quand j'investis au
niveau de la recherche et développement parce qu'avant que je puisse avoir les
retombées, le retour sur investissement, ça prend du temps.
Et donc, avec grand
V, ce qu'on a voulu, c'est donner un coup de pouce aux entreprises pour
qu'elles investissent en recherche et développement parce que plus on investit
en recherche et développement, plus il y a des opportunités en innovation, plus les entreprises ont des technologies
qu'elles peuvent adopter pour être plus productives. Si on regarde au
cours des 20 dernières années au Canada...
M.
Poulin :
Non, mais je vous relance sur un élément hyperimportant
que vous venez de mettre de l'avant, parce qu'au bout du compte la recherche et développement et les nouveaux
partenariats, c'est des emplois actuels qu'on préserve aussi dans le cadre
d'une guerre tarifaire, c'est des emplois qu'on réussit à préserver parce qu'on
a des contrats également qui sont... qui viennent en place.
Maintenant, ce qui
est assez particulier, et ça dépend évidemment de chaque entreprise, mais on
peut aller en Europe développer un nouveau
marché, mais il y a un entrepôt aux États-Unis pour entreposer, et là on se
fait contre-tarifer sur la matière
première. Et je vous amène beaucoup là-dessus parce que, même si beaucoup
d'entreprises, présentement, cherchent des nouveaux marchés... Puis,
vous avez raison, ça prend énormément de temps avant de voir des résultats, et
heureusement qu'on est là avec nos programmes pour aider et pour appuyer. Il
n'en demeure pas moins que, si on doit transiter par les États-Unis
présentement, et c'est le cas pour plusieurs parce que leur matière première
n'est pas disponible ailleurs, je vous donne
l'exemple du chêne rouge qui est disponible du côté des États-Unis, et là,
bien, on se fait contre-tarifer.
Comment
Investissement Québec voit la durée des contre-tarifs dans le temps? Parce
qu'évidemment il y a des enjeux de
liquidités avec les contre-tarifs. Ce sont des tarifs qui sont imposés sur des
factures d'entreprises québécoises par
le gouvernement canadien, dont le fameux fonds, et toujours pas de retour,
parce que le principe de contre-tarifs, c'est de le retourner dans l'entreprise, et là, présentement, on n'est pas
capables d'avoir ces réponses-là du gouvernement fédéral. Alors, comment
vous voyez les choses?
Mme Ngo (Bich-Trang) : Ce serait plus difficile
pour moi d'avoir les réponses du gouvernement fédéral que vous.
M. Poulin : Oui,
exact, exact. Alors, ça devient difficile un peu pour tout le monde, mais...
Mme Ngo
(Bich-Trang) : Et c'est là où, je pense, les entreprises doivent
trouver des moyens de développer d'autres sources. Donc, c'est pour ça que les
dépenses en recherche et développement deviennent importantes. Est-ce qu'on
est... Puis on ne sera pas capables d'éliminer complètement ces risques-là,
mais est-ce qu'on peut pallier à ces risques-là? Et je pense que le risque des
tarifs aujourd'hui, la menace qui est très présente, si ça, ça pouvait devenir un catalyseur pour que les entreprises
investissent davantage en recherche et développement, en innovation, ça va les
aider pour la pérennité de ces entreprises-là, et, je pense, c'est
important.
Tu sais, on parlait
de recherche et développement dans tout... Au Canada, si on regarde au cours
des 20 dernières années, les dépenses en recherche et développement, en
pourcentage du PIB, ont baissé de 3 %, aux États-Unis, ça a augmenté de
37 %. Je veux dire, le gap est énorme, et il faut continuer à encourager
nos entreprises à investir davantage, et
c'est là où le gouvernement, avec des programmes, des initiatives comme
Impulsion PME, qui est vraiment pour
soutenir des sociétés en technologie aux phases... à la phase de démarrage,
pour les aider, leur donner un coup
de main pour amener à la prochaine étape, c'est important. Le fonds Eurêka, qui
est vraiment un fonds en amorçage, c'est important. Ça permet aux
entreprises de partir vraiment de la recherche universitaire, de l'amener en
recherche appliquée, en un produit qu'on peut commercialiser. Et c'est tout ça,
donc, toute cette chaîne-là, et c'est là où le rôle d'Investissement Québec, de prendre un peu plus de risques que le marché
pour soutenir l'économie et les entreprises québécoises, est important.
M. Poulin :
Merci beaucoup.
Le Président (M.
Allaire) : Merci. Malheureusement, ça met fin à l'ensemble des blocs
d'échange pour cet après-midi, mais ça met fin aussi aux crédits.
Adoption des crédits
Donc, le
temps alloué à l'étude du volet Investissement Québec des crédits budgétaires
du portefeuille Économie, Innovation et Énergie pour l'exercice
financier 2025‑2026 étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder
à la mise aux voix.
Donc, le programme 1, intitulé Direction et
administration, est-il adopté?
• (16 h 30) •
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Adopté
sur division. Le programme 3, intitulé Développement de la science, de la
recherche et de l'innovation, est-il adopté?
Des voix : ...
Le
Président (M. Allaire) : Adopté sur division. Le programme 4, intitulé
Interventions relatives au Fonds de développement économique, est-il
adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Adopté
sur division. Le programme 5, intitulé Organismes dédiés à la recherche et
l'innovation, est-il adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Adopté
sur division.
Adoption de l'ensemble
des crédits
Finalement,
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Économie, Innovation et
Énergie pour l'exercice financier 2025‑2026 est-il adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Allaire) : Adopté
sur division.
Document déposé
En terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Compte tenu
de l'heure, la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine
die. Merci, tout le monde. Bon retour!
(Fin de la séance à 16 h 31)