Journal des débats de la Commission de l'économie et du travail
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
jeudi 29 mai 2025
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Vol. 47 N° 110
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 101, Loi visant l’amélioration de certaines lois du travail
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11 h (version non révisée)
(Onze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'économie et du travail ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 101, Loi visant l'amélioration de certaines lois du
travail.
Alors, Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a
des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Cadet (Bourassa-Sauvé) est remplacée par Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis); Mme Lakhoyan Olivier (Chomedey) est remplacée par
Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce); M. Fontecilla (Laurier-Dorion) par M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve) et M. Paradis (Jean-Talon) par Mme Gentilcore
(Terrebonne).
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la secrétaire. Alors, l'horaire pour ce matin, bientôt, nous aurons les
remarques préliminaires de l'ensemble des groupes parlementaires et ensuite
nous allons enchaîner avec la Fédération des chambres de commerce du Québec et
la Fraternité des policiers et policières de Montréal.
Alors, on est prêt à commencer, et j'invite
le ministre à procéder à ses remarques préliminaires. M. le ministre, vous
aurez six minutes. La parole est à vous.
M. Boulet : Six minutes?
Le Président (M. Allaire) : Six
minutes.
M. Boulet : O.K., je vais y
aller rapidement. Merci, M. le Président. Chers collègues, vraiment content de
débuter...
M. Boulet : ...les
consultations particulières sur le projet de loi n° 101, qui vise à
améliorer certaines lois, en fait, du travail dont on a constaté, dans
l'application, qu'il y avait des irritants. Ces lois-là ne peuvent pas être
figées dans le temps, on l'a vu en santé et sécurité. Puis il y a des
collègues, autour de la table, qui ont travaillé avec nous. Parfois, on
légifère de façon globale, mais il faut s'intéresser à ce qui est adopté, de la
manière dont c'est appliqué, et apporter les correctifs qui s'imposent.
Donc, il y a une vingtaine de mesures dans
le projet de loi n° 101. C'est des ajustements, c'est des correctifs dans
différentes sphères, en matière de prévention, d'indemnisation, d'efficacité
des recours, certains articles de déjudiciarisation, de transparence syndicale,
de mécanismes de prévention et de participation des travailleurs et des
travailleuses. Quand on parle d'amélioration puis de déjudiciarisation, je
pense aussi à la mise en place d'un processus de négociation de certaines
décisions. J'y crois beaucoup, des alternatives de résolution de litiges dans
tous les dossiers où il y a des enjeux, des conflits, un désaccord sur des
motifs ou sur des réclamations. C'est important d'accompagner les parties, les
laisser être maîtres de leurs procédures et, éventuellement, de la décision
que... qui leur appartient ultimement.
• (11 h 30) •
En arbitrage, ils ont fait des avancées
majeures, puis on s'inspire beaucoup d'un consensus du Comité consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre : c'est long, long et long. La Cour suprême
s'est déjà exprimée sur le caractère fondamentalement expéditif des procédures
d'arbitrage. On a vu encore ici, dans la pratique, à quel point la réalité
n'était pas le reflet de la volonté, non plus, des parties, et je salue le
travail des centrales syndicales et des associations patronales, qui, par le
corridor du comité consultatif, nous ont fait un certain nombre de
recommandations. Sauf une, elles sont toutes intégrées dans le projet de loi
n° 101.
Transparence financière. Écoutez, pour
moi, c'est une pratique de saine gouvernance, les états financiers annuels vérifiés
selon les normes comptables reconnues. On a vu, parfois, les abus, les
pratiques qui sont un peu déconnectées de ce qui est normalement attendu de la
part des syndiqués, qui paient des cotisations syndicales. Donc, on souhaite
aussi qu'il y ait une présentation à une assemblée générale annuelle, pour que
les travailleurs syndiqués puissent poser des questions, parce que, dans des
états financiers vérifiés, évidemment, il y a des états de revenus et dépenses,
il y a des notes complémentaires, il y a suffisamment d'informations pour
informer adéquatement. On parle de transparence, mais c'est, d'abord et avant
tout, un principe de saine gouvernance.
Je vois que le temps file. Ce qui est
important pour nous, lors des consultations particulières, c'est d'écouter,
d'écouter et d'écouter. C'est quand on écoute qu'on a les meilleures idées, de
façon générale, mais dans le contexte d'un projet de loi qu'on dit omnibus
c'est encore plus important. Donc, je remercie d'avance tous les groupes qui
seront présents pour partager leurs connaissances, leur vécu et nous inspirer,
chacun et chacune, autour de la table. Et j'anticipe des échanges
enrichissants, respectueux, constructifs et au bénéfice de nos milieux de
travail au Québec, qu'on soit sains, sécuritaires, modernes et prospères, mais
surtout et avant tout, respectueux des travailleurs, travailleuses, des
syndicats — parce qu'il y a quand même près de 40 % des milieux
de travail qui sont syndiqués — ainsi que des employeurs, que tout le
monde puisse se prendre en charge. Et je vous invite à nous inspirer. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, M. le ministre. On enchaîne avec l'opposition officielle. Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis, vous avez 3 min 36 s. La parole
est à vous.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Un plaisir d'être en commission avec vous, chers collègues,
accompagnée par ma collègue la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Comme vous le
savez, nous sommes ici, évidemment, en renfort de notre collègue de
Bourassa-Sauvé.
Une voix : ...
Mme Maccarone : Bien, on
attend toujours une bonne nouvelle. Ça fait que... Voilà.Mais,
évidemment, on...
M. Boulet : ...quelqu'un qui
doit m'appeler, Élisabeth doit m'appeler. Mais, en tout cas, ça peut être vous
autres aussi.
Mme Maccarone : Parfait. Bon,
bien, tout le monde, on attend un appel, un petit... un petit texto pour savoir
quand est-ce qu'on va avoir la bonne nouvelle de la naissance de son... de son
bébé, de sa fille, entre autres. Mais toujours un plaisir de participer...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Maccarone : ...en
commission parlementaire, puis, oui, c'est vrai, ce que le ministre a dit, il n'y
a aucun projet de loi que j'ai vu à date, dans mes sept ans comme député, qui n'est
pas perfectible, qui n'a pas besoin d'être bonifié, et cela est fait de main en
main avec les membres de la communauté, avec les parties prenantes, avec tous nos
partenaires. C'est tellement une étape essentielle. Je le dis tout le temps, chaque
projet de loi dont j'ai le plaisir et l'opportunité d'en débattre et d'assister...
quand un projet de loi est déposé, puis ça, j'ai appris de Lise Thériault, au
moment qu'un projet de loi est déposé, ça n'appartient plus au gouvernement, ça
n'appartient pas aux oppositions, ça appartient à la communauté. Alors, c'est important
d'être à l'écoute de la communauté, à l'écoute de tous les citoyens et
citoyennes pour s'assurer que les lois que nous adoptons sont une réflexion de
notre société et répondent au besoin.
Alors, je comprends le but du ministre à
modifier plusieurs lois du Québec dans le but de maintenir l'efficacité, l'équité
et la cohérence de certains aspects de ces lois, mais sache que nous aurons une
écoute attentive en ce qui concerne les préoccupations ou aussi ceux qui sont
en faveur des avancées pour s'assurer qu'on a un travail qui est fait en
collaboration, mais aussi fait de main en main avec nos partenaires. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On enchaîne avec la députée de Terrebonne. Vous avez une 1 min...
1 min 12 s, pardon.
Mme Gentilcore : Merci
beaucoup, ravie d'être ici. Je suis ici également en renfort de mon collègue,
Pascal Paradis, qui ne peut pas être partout. Donc...
Des voix : ...
Mme Gentilcore : Oui,
exactement. Donc, très heureuse d'être ici aujourd'hui. Je suis ici avec mon
chapeau de députée, évidemment, mon chapeau de citoyenne, mais aussi avec mon
chapeau de femme. Certaines dispositions du projet de loi qui vont m'intéresser
particulièrement, notamment en ce qui a trait aux délais qu'on va imposer sur
les dispositions du p.l. n° 59 par rapport aux
secteurs de la santé et de l'éducation. Donc, m'assurer que nos femmes qui
travaillent dans notre système public aient leur part aussi, que ce soient des
dispositions égalitaires pour elles qui sont décidées dans le cadre de ce
projet de loi là. Donc, ça me fait très plaisir de partager ce temps-là avec
vous et très hâte d'entendre de tous nos intervenants.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée de Terrebonne. J'ai besoin de votre consentement pour permettre
au député de Saint-Jérôme de faire des remarques préliminaires. Est-ce que j'ai
votre consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Allaire) : Parfait.
Allez-y, M. le député. Une minute.
M. Chassin :Merci, M. le Président. Merci à tous. Ça me fait plaisir de me
joindre à vous. N'étant pas membre d'aucune commission, je papillonne un peu.
Mais, ceci étant dit, c'est un sujet important, c'est une occasion rêvée d'avoir
un omnibus qui touche à autant de projets de loi à l'heure où tout le monde est
un peu à droite ou de centre droit à tout le moins, hein? Merci à Arthabaska.
Je pense qu'il y a là une occasion de se démarquer, puis de réviser... d'aller
plus loin, en fait, de réviser un peu plus en profondeur certains mécanismes. C'est
ce que je vais essayer de voir avec tout le monde ici. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député de Saint-Jérôme. Alors, on commence? On accueille notre premier
groupe, la Fédération des chambres de commerce du Québec. Bonjour et bienvenue,
messieurs. Je vous laisse le soin de vous présenter à tour de rôle. Ensuite,
vous pouvez commencer votre 10 minutes pour nous présenter votre mémoire,
et ensuite va s'ensuivre une période d'échange. Donc, la parole est à vous.
M. Gagnon (Alexandre) :Oui, bonjour. Bien, tout d'abord, M. le Président, M. le
ministre, Mmes et MM. les députés, merci de nous accueillir aujourd'hui afin de
commenter le projet de loi n° 101. Mon nom est
Alexandre Gagnon, vice-président, Travail et capital humain, pour la Fédération
des chambres de commerce du Québec, accompagné de mon collègue.
M. Pageau (Stéphane) : Bonjour
à tous. Mon nom est Stéphane Pageau, conseiller principal en Main-d'oeuvre et
Affaires publiques à la Fédération des chambres de commerce. Très heureux d'être
avec vous aujourd'hui.
M. Gagnon (Alexandre) :Donc, vous connaissez probablement la fédération, mais il
est tout de même utile de rappeler que nous sommes à la fois une chambre de
commerce provinciale qui représente les entreprises de partout au Québec, près
de 1 000 employeurs de l'ensemble des secteurs d'activités de toutes
tailles, mais également le regroupement officiel de plus de 120 chambres
de commerce locales sur l'ensemble du territoire québécois. La FCCQ a également
le privilège de participer activement au dialogue social quant à l'encadrement
et l'évolution du droit du travail des relations de travail au Québec. On le
fait notamment à la Commission des normes, de l'équité et de la santé et
sécurité du travail. On le fait également au sein du Comité consultatif du
travail de la main-d'œuvre, dont il sera discuté éventuellement plus tard.
Le projet de loi n° 101
arrive à un moment où l'actualité économique et politique nous oblige à tendre
davantage l'oreille à la réalité des entreprises québécoises, à leurs succès, à
leur productivité. Il y a un constat partagé par la vaste majorité des acteurs
sociaux sur l'urgence de trouver des moyens de hausser notre productivité et de
hausser notre compétitivité face à nos compétiteurs internationaux. Nos
finances publiques nous obligent cependant à la créativité car elles ne
permettent plus de soutenir exclusivement...
M. Gagnon
(Alexandre) :...notre chantier de
productivité par de généreux incitatifs financiers. La simplification des
exigences législatives et réglementaires ainsi que l'allègement du fardeau
administratif de nos entreprises peuvent être de puissants outils à notre
disposition sans mettre en péril certaines protections de nos travailleurs.
Nous le rappellerons : notre objectif aujourd'hui n'est pas de diminuer
les protections ni les privilèges et les façons de faire actuellement au
Québec, et notre objectif est de les améliorer, de les simplifier.
Nous comprenons que le projet de loi
n° 101 a comme objectif de réparer des incohérences, des anachronismes et
des articles improductifs de notre législation et afin de corriger des
problèmes existants par des solutions faisant largement consensus dans la
société civile. C'est avec cette vision en tête que nous avons analysé le
projet de loi.
• (11 h 40) •
Nous soutenons d'abord les objectifs
poursuivis de régler l'enjeu des «Chauffeurs inc.» dans l'industrie du
camionnage. Attaquer ce problème fait largement consensus. Cependant, la
solution proposée vise très large. Il y aurait des impacts importants pour de
nombreux travailleurs exerçant des professions libérales et ayant fait le choix
de s'incorporer. Tel que libellé, cela changerait considérablement le modèle
d'affaires de nombreux comptables, spécialistes en technologies de
l'information et autres consultants, mais également de nombreux professionnels
de la santé tels que nos médecins.
Tant l'analyse d'impact réglementaire que
le mémoire déposé au Conseil des ministres sont muets quant aux impacts
importants sur ces professions. Et nous vous encourageons à spécifier que cette
mesure ne concerne uniquement l'industrie de camionnage, l'industrie à
laquelle, comme de fait, il y a un consensus existant. D'ailleurs, attaquer ce
phénomène du «Chauffeur inc.» sans éliminer l'une des causes ayant favorisé son
émergence nous semble un exercice incomplet. La vaste majorité des travailleurs
de l'industrie du camionnage sont couverts par le Code canadien du travail
quant à leur horaire de travail. Ce dernier, comme de nombreuses autres
juridictions au Canada, prévoit que la semaine normale de travail via... va
au-delà de la semaine de travail de 40 heures, comme au Québec. Pour de
nombreuses entreprises, cela engendre une course à la reconnaissance de leur
juridiction fédérale ou, à défaut, à l'incorporation des travailleurs afin de
pouvoir jouer à armes égales avec les plus grands joueurs ou les entreprises
situées ailleurs au Canada. Et il y a une belle occasion d'harmoniser notre
législation avec celle des autres provinces et s'insérer dans les démarches de
collaboration avec les provinces voisines actuelles.
Le projet de loi vient également proposer
l'instauration d'un nouveau pouvoir de transaction entre un employeur et un
travailleur ou son syndicat lorsqu'il y a un litige quant à un dossier
d'indemnisation d'accident de travail. Ce mécanisme s'insérerait avant... avant
que ce dernier ne soit entendu par la direction de la révision administrative à
la Commission des normes, de l'équité et de la santé et sécurité du travail.
Nous saluons l'intention de favoriser la conciliation et la déjudiciarisation,
une intention évidemment très louable et très positive à laquelle nous
encourageons à aller au-delà, mais on tombe à nouveau à court. Le processus
proposé existe déjà et connaît beaucoup de succès, mais après la révision
administrative. Rappelons l'existence d'un consensus intervenu et réitéré à
plusieurs occasions au cours des dernières années entre les associations
patronales et syndicales quant à l'absence de bénéfice de l'existence de la
révision administrative au sein de la CNESST. Nous recommandons tout simplement
son abolition afin de bénéficier des mêmes processus de conciliation et d'entente
qui existent déjà au niveau du Tribunal administratif du travail. Cette étape
prend de nombreux mois et ne permet pratiquement jamais de régler un litige à
la satisfaction des parties.
Nous soutenons l'intention et le besoin
d'accélérer les arbitrages de griefs. D'ailleurs, en 2022-2023, un grief
prenait en moyenne 974 jours avant d'être réglé. C'est une situation,
évidemment, vous comprenez, intenable. Et l'imposition de délais de rigueur est
importante et obligerait les parties à évaluer plus convenablement la
pertinence de déposer un grief si elles ne pensent pas qu'il nécessite d'être
éventuellement porté devant un arbitre. Comme l'ensemble de notre législation
du travail, il faut cependant laisser une certaine flexibilité à nos joueurs
afin de s'assurer de leur donner l'opportunité de s'entendre. Et notamment nous
croyons, dans cette obligation... dans cette nouvelle provision législative, il
y aurait l'opportunité de ramener cette possibilité aux acteurs patronaux et
syndicaux afin de notamment suspendre ou reporter la nomination d'un arbitre.
Nous avons également souligné notre
profond désaccord quant à l'article 20 du projet de loi prévoyant
l'obligation de transmettre tout élément de preuve 30 jours avant une
audience à moins de directives contraires en conférence préparatoire. En
précisant que cet élément doit être discuté en conférence préparatoire et en le
rendant plus systématique, comme le projet de loi le fait, l'imposition d'un
délai statutaire de 30 jours...
M. Gagnon (Alexandre) :...elle nous semble complètement superflue.
Le projet de loi vient également ajouter
des membres au conseil d'administration de la CNESST. Du fait, cela nous semble
convenable et adéquat. Il nous semble cependant... nous sommes parfois
préoccupés quant à la liberté dont jouirait, là, un administrateur provenant
d'une organisation publique ou parapublique. Nous convenons que sa
participation serait très bénéfique afin de comprendre et de bien prendre en
compte leurs préoccupations et leur réalité. Cependant, une telle action
devrait inévitablement venir avec une protection, afin d'éviter qu'il y ait
l'apparence d'une orientation politique du gouvernement et ainsi, venir
complètement chambouler le mince équilibre du paritarisme donnant toute la
légitimité à la gouvernance de la CNESST. Nous demandons qu'il soit
expressément précisé dans la loi qu'un administrateur le fait à titre
personnel, que son devoir de loyauté envers la commission prime à celui envers
son employeur, le gouvernement, lorsqu'il agit en tant qu'administrateur.
Nous sommes également inquiets du deuxième
alinéa de l'article 53 du projet de loi, venant donner au gouvernement le
pouvoir de modifier et faire adopter un règlement sans repasser par
l'approbation du conseil d'administration de la commission. Une telle mesure
viendrait, dans les faits, remplacer le pouvoir réglementaire de la commission
par un rôle-conseil auprès du gouvernement, engendrant, par le fait même, une
diminution potentielle de l'adhésion des acteurs envers l'évolution de la
réglementation en matière de santé et sécurité du travail, et ouvrant la porte
à certaines crises sociales. Le paritarisme se manifestant par la préséance du
pouvoir d'entente entre employeurs et syndicats est à la base de nos régimes de
santé et sécurité du travail et de relations de travail. Nous considérons que
cet article doit être retiré.
Ensuite, nous devons mentionner que le
présent projet de loi serait une bonne occasion afin d'éliminer la Loi sur les
décrets de convention collective au Québec, un régime ayant été créé en 1934,
avant l'adoption de la Loi sur les normes du travail et du Code du travail. Ce
régime n'a plus lieu d'être et mériterait d'être tout simplement aboli,
considérant... son existence pouvant être remplacée par les lois l'ayant suivi.
Finalement, nous rappelons à votre mémoire
une recommandation que nous avions apportée lors de l'étude du projet de loi
n° 42, visant à prévenir les cas de harcèlement et de... de harcèlement et
de violence à caractère sexuel en milieu de travail. Le projet de loi n° 42 était venu créer une copie quasi intégrale, au sein
de la Loi sur la santé et sécurité du travail, des droits et obligations et
recours prévus à la Loi sur les normes du travail. Le projet de loi n° 42
avait notamment comme objectifs de simplifier les recours en matière de
harcèlement et de violence à caractère sexuel, éliminer les nombreux
dédoublements et compléter les transferts à la... à la Loi sur la santé et
sécurité du travail des derniers éléments distincts prévus à la Loi sur les
normes du travail. Il simplifierait les recours juridiques, éliminerait les
incohérences juridiques et faciliterait la compréhension des droits et des
obligations de tous, sans enlever la moindre protection aux travailleuses et
travailleurs du Québec.
Il nous fera maintenant plaisir
d'approfondir ces éléments avec vous ou de discuter des recommandations dont
nous n'avons pas eu l'occasion d'élaborer davantage dans l'allocution. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous, 10 minutes pile. Alors, on débute la période d'échange. M. le ministre,
la parole est à vous...
M. Boulet : 10 minutes?
Le Président (M. Allaire) :
...pour 13 min 30 s.
M. Boulet : O.K., et, si j'en
fais moins, ce n'est pas... O.K., c'est bon. Merci à vous deux, de la
Fédération des chambres de commerce du Québec. On vous connaît bien,
évidemment, puis on apprécie votre expertise, et aussi, on apprécie l'analyse
que vous avez faite, manifestement, de votre mémoire, ça reflète votre
compréhension puis votre connaissance. Évidemment, il y a une vingtaine de
mesures. Malheureusement, on ne pourra pas discuter de tout, vous avez quand
même un certain nombre de recommandations, mais ce n'est pas la fin des
discussions, on va se reparler, éventuellement, puis, si on a besoin de
compléments, on va communiquer avec vous, vous le savez très bien.
Peut-être juste quelques éléments, puis là
je m'adresse à vous, Alexandre. Négo avant révision administrative. Bon, là, on
est dans un contexte où, par exemple, il y a une réclamation qui est refusée,
ou le calcul de l'indemnité de remplacement de revenu, il y a une demande de
révision, puis là on dit, une personne de la CNESST qui ne sera pas l'agent
d'indemnisation décideur, qui ne sera, évidemment pas, le réviseur ou la
réviseure, le cas échéant, que les parties aient la possibilité de discuter, de
négocier, de faire une entente. Vous dites... oui, je sais que ça existe après
la direction... après la révision administrative, puis ça existe avant l'audience
au Tribunal administratif du travail, mais...
M. Boulet : ...vous
dites : Ça existe après la direction de la révision administrative. Puis
je veux juste mieux comprendre, Alexandre : Pourquoi ne pas le permettre
avant aussi? Parce que j'ai toujours pensé, moi, que les alternatives de
résolution de litige, plus rapidement elles étaient appliquées... Tu sais, le
temps... tu sais, quand on traîne, ça rempire la situation, puis ça raffermit
des positions qui ne sont pas bénéfiques à un processus de recherche de
solution. Je pense que vous me comprenez superbien. Je veux juste comprendre.
Pourquoi pas avant la révision administrative?
• (11 h 50) •
M. Gagnon
(Alexandre) :On est d'accord avec vous
que le temps est la solution à beaucoup de maux dans la résolution d'un litige,
et qu'il faut que les parties s'entendent le plus rapidement possible. Ce qu'on
dit, c'est qu'actuellement l'endroit où on perd le plus de temps inutilement,
c'est par l'existence de la révision administrative. Il n'y a aucun changement
dans les décisions... dans plus de 95 % des cas, il n'y a aucun changement
dans la décision de la commission suite à la révision administrative. Donc, si,
immédiatement après la décision de l'agent, on peut immédiatement, dans les
semaines suivantes, commencer les... la conciliation existant dans les pouvoirs
du Tribunal administratif du travail, on va atteindre les mêmes résultats que
ce que vous visez par là, en épargnant près de 192 jours du temps moyen,
actuellement, pour une demande de révision administrative. Donc, le temps est
la source de toutes les solutions. C'est ce qu'on vous offre aujourd'hui, comme
proposition.
M. Boulet : O.K. Donc, ce
n'est pas tant de permettre la négo avant, c'est de dire, c'est une étape qui
n'est pas utile, qui n'est pas nécessaire, généralement, le réviseur
administratif, il confirme la décision de première instance, ça fait que ça ne
donne rien, ça fait qu'aussi bien la tasser. Puis, Alexandre, vous étiez là, à
l'origine, en 2021 pour le p.l. n° 59, on en avait
tellement discuté, de façon abondante, puis on avait trouvé comme un compromis,
la possibilité d'opter, dans certains cas, pour aller directement au tribunal
administratif. J'aimerais ça vous entendre là-dessus, vous l'avez vécu ou
observé.
M. Gagnon
(Alexandre) : Oui, bien, il y avait certaines circonstances où
ce n'était pas possible...
M. Boulet : Exact.
M. Gagnon
(Alexandre) : ...et ce qu'on s'est rendu compte c'est que les
délais n'ont pas réduit, suite à cette occasion, ni le nombre de litiges qui
ont... qui allaient au-delà de la révision administrative. Donc, c'était bien
intentionné, il y avait un consensus potentiel.
M. Boulet : Ah! oui, vous
étiez d'accord.
M. Gagnon
(Alexandre) : On est là aujourd'hui pour raffiner ce qui... ce
qui ne fonctionnait pas.
M. Boulet : Bien oui.
M. Gagnon
(Alexandre) : Malheureusement, on constate que ce n'était pas
suffisant.
M. Boulet : Ça prend plus que
ça, il faut éliminer...
M. Gagnon
(Alexandre) :Ça prend davantage. On
revient à l'avis du CCTM de 2017, de mémoire, là, sur la modernisation du
régime de santé et sécurité, autant patronal que syndical, que je sais qu'ils
vont vous, probablement... je vous invite à les requestionner sur le sujet...
qui sont également, toujours, aujourd'hui, d'accord à l'élimination de la
révision administrative.
M. Boulet : On ne refera pas
la modernisation, mais souvenez-vous, les délais, à quel point c'était
important, puis l'impact des délais sur les coûts. Le taux de cotisation, on a
réussi à le réduire. C'est important de le rappeler. Les cotisations en CNESST,
c'est 100 % les employeurs. Et le taux a baissé, 1,85 $ du 100 $
de masse salariale assurable en 2020. Puis en 2025, il est baissé à 1,48 $,
il monte à 1,54 $ en 2026. Mais c'est quand même des économies de
685 millions de dollars. Ça fait que les délais, s'ils n'ont pas
baissé, il faut mettre des efforts additionnels. Est-ce que ça passe par
l'élimination de la direction de la révision administrative. Moi, je ne ferme
jamais de porte, là, mais il faut réduire les coûts parce que les coûts
engendrent une chronicisation des lésions et c'est ça qui coûte cher à notre
régime. À chaque fois qu'on comparait, c'était ça qui était le pire. Puis
souvenez-vous, Alexandre, on n'avait même pas possibilité avant l'atteinte
permanente ou le rapport final de faire une… tu sais, une réattribution d'un
travail, là. Il n'y avait pas possibilité de le faire rapidement. Ça fait que
c'est… Au moins ça, la porte est ouverte. Ça, est-ce que ça donne des
résultats?
M. Gagnon
(Alexandre) :Oui. Oui, oui ça atteint les
résultats. Il y a un règlement qui va passer pour permettre la… davantage de
services en amont, là, dans les… De ce qu'on comprend, qui était prévu dans la
loi. Donc on va aller encore davantage, encore mieux, pour réduire la
chronicité. Il y a une amélioration constante. On le voit. Maintenant, il y a
une opportunité aujourd'hui de donner un grand coup.
M. Boulet : Je comprends,
mais ça me donne l'occasion de redire à quel point la réadaptation, tous les
services réadaptation physique, sociale, professionnelle sont accessibles dès
le départ, là. O.K. Les délais arbitrage, bon, vous êtes au CCTM, vous êtes au
C.A. de la…
M. Boulet : …Alexandre. Vous
dites, important de donner de la flexibilité à nos joueurs, de suspendre ou de
reporter une nomination. Est-ce que c'est... est-ce que j'ai bien compris et
est-ce que c'est partie du consensus à la CCTM… au CCTM?
M. Gagnon
(Alexandre) : Oui. Je ne voudrais pas vous... Disons, un avis
qui n'est pas rendu public, qui vous appartient, M. le ministre, là.
M. Boulet : Non, mais je pose
la question.
M. Gagnon
(Alexandre) : O.K. Oui, d'accord, si vous me permettez, ça vous
appartient. Non, sur ce point-là précisément, les… oui. Il y avait un consensus
à l'effet de… que les délais rentraient en fonction lorsque toutes les
dispositions de la convention collective qui régissaient la gestion d'un grief
entraient en… étaient échues. Actuellement, dans le projet de loi, on n'en fait
pas mention de potentiels processus distincts, là, de… qui prend… des
différentes conventions collectives. Donc, c'est un petit peu, là, notre
recommandation, c'est de ramener la possibilité que le dépôt d'un grief n'enclenche
pas nécessairement le départ du calendrier, là, des délais statutaires.
M. Boulet : O.K. C'était mon
souvenir. 53, bon, le règlement du C.A. de la CNESST, ce n'est pas notre
intention, Alexandre, de le modifier. Dans le projet de loi n° 101, notre
intention, c'est… puis là c'est le gouvernement qui va adopter un règlement qui
entérine celui qui a été adopté au C.A. de la CNESST, et après un consensus qui
n'a pas été évident, auquel vous avez participé, puis je vous félicite. En
santé puis en éducation, c'est en raison des capacités organisationnelles. Le
contexte n'est pas le même, l'application du multiétablissement, mais vous ne
l'avez vu dans le projet de loi n° 101, c'est un régime intérimaire
raffermi et bonifié, là, mais ce n'est pas de notre intention. Si je peux vous
rassurer, là, ce n'est pas notre… dans notre intention, là, de venir dire aux
associations patronales puis aux syndicats, ce que vous avez adopté par
consensus, on… c'est… Oui, allez-y, Alexandre.
M. Gagnon
(Alexandre) : Ce que... ce que vous proposez, on le comprend.
Maintenant, on va toujours défendre le consensus intervenu. Mais cela dit, vous
venez le régler dans le projet de loi en le prévoyant exclusivement pour la
santé, l'éducation. Si c'est ça, votre intention, pourquoi vous donnez un
véhicule supplémentaire qui vous permet de le faire dans n'importe quel
règlement qui viendrait subséquemment? Donc, c'est là qui vient qu'on a une
préoccupation qui pourrait venir changer la dynamique d'adoption réglementaire.
M. Boulet : En fait, on
reporte jusqu'à une année maximum l'adoption du règlement qui entérine celui
adopté par les partis au C.A. de la CNESST, ainsi que, parallèlement, le régime
intérimaire bonifié, tel que prévu dans le projet de loi n° 101, avec les
mécanismes de prévention puis de participation des travailleurs, travailleuses
pour les secteurs de la santé, éducation. C'est cette compréhension-là que vous
avez?
M. Gagnon
(Alexandre) : Oui. Oui, oui, c'est ce qu'on en comprend. Sur
l'extension du délai, c'est une mesure qui est imposée par la loi que vous avez
adoptée.
M. Boulet : Absolument.
M. Gagnon
(Alexandre) : Donc, ce n'était pas l'esprit du consensus sur
lequel on est lié aujourd'hui avec vous aujourd'hui. C'était une demande qu'on
faisait à l'époque de donner davantage de temps aux milieux de travail pour
s'adapter. On y adhère parfaitement.
M. Boulet : Tout à fait. Puis
l'objectif, c'est simplement de s'assurer d'une mise en application efficace.
Puis ça, vous le savez plus que moi, ça prend de la formation et de
l'accompagnement par la CNESST. Donc, le temps est plus un atout qu'un
désavantage. Puis, tu sais, je rappellerai, Alexandre, souvenez-vous, avant
2021, il n'y avait que 25 % des travailleurs, travailleuses qui étaient
couverts par de la prévention, participation. On est à 100 %. On a fait
des avancées majeures, mais là, je ne vais pas trop faire de politique.
J'aimerais ça vous entendre sur la loi… on ne s'y intéresse pas dans le projet
de loi, mais la loi sur les décrets de conventions collectives. J'aimerais
juste que vous reprécisiez ce que vous avez expliqué. Je n'ai pas eu le temps,
Alexandre, de lire la mémoire, là, à cause de la… les délais puis la bousculade
parlementaire.
M. Gagnon
(Alexandre) : On comprend bien qu'il y a eu une grève dans
l'industrie de la construction qui peut vous occuper également actuellement.
M. Boulet : Mais sur la loi
sur les décrets de conventions collectives, puis je sais que ça va intéresser
mon collègue aussi de Saint-Jérôme.
M. Gagnon
(Alexandre) : On espère que ça vous intéressera tous…
M. Gagnon
(Alexandre) :...évident, je...
M. Boulet : Bien non, mais
j'aimerais...Je comprends, là, c'est que... Stéphane ou M. Pageau, là, mais
c'est quoi, en deux mots, votre motif? Parce que c'est la première fois que,
spécifiquement, on vous l'a demandé. C'était beaucoup la... un autre groupe
qu'on connaît, là, sans l'identifier, là.
M. Pageau (Stéphane) : Nous,
évidemment, bien, en fait, selon le mémoire qu'on vous a déposé, c'est
l'abolition de la loi complète, qui nous apparaît complètement désuète. En
fait, la loi a été votée il y a vraiment très, très longtemps, en 1934. Mais,
après, les lois sur les normes du travail puis les autres lois qui régissent le
droit du travail rendent la loi désuète, en fait, dans la mesure où les normes
du travail appliquent grosso modo des conditions minimales de travail pour les
secteurs. Donc, ce qu'on croit, c'est que la loi sur les décrets de conventions
collectives permet à des gros joueurs de limiter l'entrée des nouveaux, des
nouveaux joueurs dans une certaine industrie, donc ça limite la compétitivité,
mais ça limite aussi l'innovation. Donc, à notre sens... nous, notre demande,
c'est de l'abolir.
• (12 heures) •
M. Boulet : Qu'est ce qu'on
répond aux plus gros joueurs et aux syndicats, en deux mots, Stéphane, parce
qu'il me reste moins qu'une minute.
M. Pageau (Stéphane) : Ah
bien, il existe des mécanismes à travers les normes du travail, comme on vous dit
que... où tous... où les enjeux de conventions collectives qui sont adressés
peuvent...
M. Gagnon
(Alexandre) :Il est de leur loisir de se
lier par une convention collective. On respectera leur choix, on respectera
leurs intentions. Maintenant, il ne faut pas nécessairement obliger ce choix-là
à l'ensemble d'une industrie, peu importe la taille, peu importe la réalité des
organisations.
M. Boulet : Merci énormément.
Moi, j'apprécie votre présence, le temps que vous avez préparé, votre énergie
puis votre... encore une fois, votre expertise qui vous provient de vos
membres, notamment les chambres de commerce et les membres des chambres de
commerce. Merci, et on se revoit bientôt.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
On poursuit la période d'échange avec Mme la députée de Westmount–Saint-Louis
10min 5s. La parole est à vous.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup. Merci et bienvenue. Contente d'échanger avec vous ce matin. Si je
comprends bien l'échange et votre mémoire puis ce que vous avez dit, dans le
fond, vous craignez que nous aurons un système à deux vitesses, est-ce que...
c'est ça que je comprends, parce qu'on aura quand même un régime pour, mettons,
le réseau scolaire, mais ce ne serait pas nécessairement appliqué ailleurs.
Est-ce que c'est ça, la préoccupation?
M. Gagnon
(Alexandre) :Non, ce n'est pas notre
préoccupation aujourd'hui. Évidemment, si... on pourrait soulever que si c'est
trop lourd pour l'entreprise publique, ça pourrait aussi l'être pour plusieurs
entreprises privées. Maintenant, non, ce n'est pas... on n'est pas là pour
défendre ce point-là aujourd'hui, là.
Mme Maccarone : O.K.,
parfait. Moi, je souhaite mieux comprendre. Vous dénoncez l'article 53, le
premier alinéa, vous avez dit qu'il permettrait, dans le fond, au gouvernement
de modifier un règlement de la CNESST sans l'approbation du C.A. Ce que moi, je
souhaite comprendre, c'est, concrètement, quels types de règlements sont
cruciaux, d'abord, pour les employeurs, qui pourraient, selon vous, être adoptés
ou modifiés par le gouvernement s'ils décident de poursuivre. Est-ce qu'il y a
autres éléments dont vous avez des préoccupations, puis vous proposez quoi pour
le remplacer?
M. Gagnon
(Alexandre) :Bien, l'ensemble des
règlements de la législation, puis des règlements, puis de l'encadrement du
milieu de travail sont basés sur le paritarisme et sur le fait que la
législation entre en fonction lorsqu'il n'y a pas d'entente entre les parties.
C'est là que la législation doit entrer en fonction. Donc, lorsqu'on permet au
gouvernement de... on dit, à toutes fins pratiques, que malgré le consensus qui
a été déposé par les parties, qu'il y a eu une entente, on veut corriger
certains éléments, on vient dire que le consensus n'a pas été suffisant, il n'a
pas été adéquat. Et donc ça vient remettre en question l'esprit même de ce qui
est derrière le paritarisme puis la recherche de consensus.
Donc, imaginons qu'il y aurait un
règlement qui vient encadrer comment est-ce qu'on gère la prévention dans le
milieu de travail, d'une façon ou d'une autre. Je ne parle pas des règlements
sur le mécanisme, là, mais disons sur la façon qu'un équipement est installé
dans un milieu de travail. Les deux parties s'entendent, et ensuite le
gouvernement le change au bénéfice de l'une ou l'autre des parties. Bien, la
partie qui a été lésée dans son consensus aurait tout le bon vouloir de sortir
sur la place publique pour dire que c'est un règlement qui ne fait pas de bon
sens, qui ne convient pas à l'esprit des parties. Donc c'est là qu'on a, c'est
là, spécifiquement, notre enjeu, c'est de dire que les parties ne seront plus
tenues par le consensus obtenu, puis à le faire vivre, puis à le faire adopter
dans les milieux de travail.
Mme Maccarone : O.K., je
comprends. Puis, en ce qui concerne la transparence financière des syndicats,
vous demandez un élargissement de...
12 h (version non révisée)
Mme Maccarone : ...de l'obligation
de vérification. Ça fait que peut-être vous pourriez aller un peu... juste pour
vous qu'on comprenne bien revendication.
M. Pageau (Stéphane) : En
fait, ce qu'on demanderait sans plus, qu'à peu près ce qu'il y a dans le projet
de loi, à quelques modifications, selon notre compréhension. Mais on recommande
l'adoption puisqu'on pense que c'est dans les bonnes pratiques, que les grandes
organisations, là... même quand on connaît que les plus petites organisations,
là, par exemple les organisations communautaires, font vérifier. Alors, on
pense que c'est une question de bonnes pratiques, surtout dans un contexte de
cotisation obligatoire.
Mme Maccarone : O.K. Et,
quand vous parlez aussi, vous vous opposez à l'obligation de divulgation des
preuves de 30 jours avant l'audience. Ça aussi, est-ce que vous pouvez
expliquer la nuance puis l'implication si ça reste tel quel, un exemple?
M. Gagnon
(Alexandre) :Oui, certainement. En fait,
souvent, il y a cette nécessité de déclarer, de démontrer la preuve, à quel
moment on la fait, de quelle façon elle est faite. Elle est systématiquement
faite lors des conférences préparatoires, dont où l'arbitre en question
rencontre les parties, il dit : Voici comment on va procéder? Qu'est-ce qu'on
peut faire comme concessions? Sur quoi on s'entend? Quel calendrier qu'on fait?
Quelles preuves? Comment on... Quand est-ce qu'on rend publique la preuve?
Donc, on donne déjà le mécanisme pour s'entendre de quand est-ce que c'est fait,
comment c'est fait, en disant : Dans la loi, bien, le 30 jours, il ne
s'applique pas quand il y a une entente, quand il y a une conférence
préparatoire, alors qu'il y en a une. Rendons la conférence préparatoire
obligatoire. Rendons le moment de dire que c'est à l'endroit où qu'on définisse
quand est-ce que ça devrait être soumis, cette preuve-là. On n'a pas besoin de
se donner un encadrement, un carcan plus serré que ça aujourd'hui. Dans les
tactiques, évidemment, parfois on veut mettre un témoin ou une personne devant
une certaine contradiction, on veut parfois de façon à... tout à fait
convenable, là, on n'est pas dans des positions agressives, mais tout de même,
ça fait partie de l'exercice de la négociation, ça fait partie de l'exercice de
la discussion puis de l'arbitrage général.
Mme Maccarone : O.K. Vous
proposez aussi l'ajout de deux sièges ou CCTM.
M. Gagnon
(Alexandre) :Oui. C'est simplement un
usage. Le CCTM a... touche un éventail très, très important de dossiers très,
très larges. On veut à la fois changer des aspects très techniques, très précis
de notre encadrement du droit du travail et, de l'autre côté, engager l'ensemble
des réseaux, l'ensemble des partenaires du marché du travail à leur adoption
puis à leur application sur le terrain. Donc, on a besoin d'acteurs tant
politiques que plus techniques à la fois autour de la table. Actuellement, ce n'est
pas tout à fait possible dans l'ensemble des organisations représentées parce
qu'il manque... il manque un siège de chaque côté.
Mme Maccarone : O.K. C'est
clair. J'ai peut-être une dernière question pour vous avant que ma collègue
prenne la parole, parce que je sais qu'elle a plein de questions pour vous
aussi. Vous savez sans doute que je porte aussi le dossier de famille. Alors,
on vient tout justement de terminer l'étude détaillée du projet de loi n° 95
où le gouvernement a proposé, entre autres, de mettre fin aux priorisations des
places en services de garde pour nos employeurs qui ont des ententes avec le
gouvernement. Et là, hier, la ministre est venue avec une proposition, dans le
fond, pour sauver les meubles, une clause grand-père. Alors, on va garder ce
qui était en place. Mais j'ai compris que vous avez également des
préoccupations pour tout ce qui est futur en termes de développement de places
puis aussi mesures économiques pour vos membres, mais je voulais juste vous
entendre là-dessus.
M. Pageau (Stéphane) : Oui,
tout à fait. Vous avez raison, on pense que c'est une bonne pratique. On pense
que c'est au service des entreprises, on pense que c'est au service des
employés qui peuvent avoir accès à des services de garderie à proximité. On
pense même que le gouvernement encourage cette pratique-là. Il y a un projet
pilote qu'ils ont mis de l'avant pour encourager ça. Et nous, de ce qu'on...
Nos membres, ce qu'ils nous disent, c'est que ça fonctionne bien jusqu'à
maintenant, ce qu'ils ont. Puis il y a beaucoup d'investissements qui ont été
faits par les entreprises à ce propos-là. Ça fait qu'on ne comprend pas... En
fait, on pense qu'on devrait continuer dans cette voie-là, ne pas limiter à
50 %, pour permettre des investissements futurs qui sont des
investissements que le contribuable ou l'État n'a pas à... n'a pas à, lui-même,
injecter dans le réseau. Donc, c'est sûr que le maintien pour les ententes qui
ont déjà été faites, c'est une bonne chose, mais ce n'est pas suffisant dans la
mesure où on devrait aller de l'avant avec une pratique qui fonctionne très
bien.
Mme Maccarone : Ça fait que
vous pensez que ce serait un frein, dans le fond, pour le développement...
M. Pageau (Stéphane) : C'est
sûr. C'est sûr, c'est un frein. C'est un... c'est un désincitatifs à l'investissement,
c'est certain.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, il vous reste 2 min 15 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et merci à vous d'être avec nous aujourd'hui pour le mémoire et
votre présentation. Beaucoup de questions, mais je vais me limiter à une
couple. Donc...
Mme McGraw : ...il y a
présentement une disparité entre les normes du travail pour les camionneurs
québécois et les normes au fédéral, et vous proposez effectivement une
harmonisation. Quel est l'impact, présentement, de la disparité entre les
normes et le fédéral?
M. Pageau (Stéphane) : Bien,
en fait, c'est clairement une question de compétitivité pour les entreprises
qui sont sous juridiction provinciale puis ça crée le problème des chauffeurs
inc., à ce moment-là qu'on essaie de régler dans le projet de loi aujourd'hui,
qui est discuté aujourd'hui. Mais, essentiellement, puis je ne sais pas si
Alexandre veut rajouter quelque chose, mais c'est vraiment un enjeu de
compétitivité. Ça fait que d'harmoniser ça avec la juridiction fédérale...
l'industrie est majoritairement sous juridiction fédérale, également, donc on
vient... o vient... L'harmonisation serait une bonne chose, on vient régler un
problème.
• (12 h 10) •
Mme McGraw : L'idée de
l'impact économique du fait qu'il y a des disparités, est-ce que vous avez pu
calculer?
M. Gagnon
(Alexandre) :L'impact économique est
limité par l'existence des chauffeurs inc., donc, en enlevant les chauffeurs
inc., là... On adhère, là, il faut l'enlever, là, on comprend là, mais ça va
créer une disparité. Donc, les entreprises auront le choix, maintenant, de se
tourner vers... de se tourner pour essayer d'aller chercher leur juridiction
fédérale ou d'engager des entreprises de d'autres provinces pour offrir les
services, parce que c'est ce qui va être le plus avantageux pour eux. C'est ce
qu'on ne veut pas, évidemment.
Le Président (M. Allaire) : 40 secondes.
Mme McGraw : J'ai le temps.
Vous avez 11 recommandations. Selon vous, c'est laquelle qui est
prioritaire?
M. Gagnon
(Alexandre) :Je pense qu'on en a plus que
11, mais, tu sais, un omnibus... de venir prioriser un omnibus, c'est très difficile.
Honnêtement, on... abolition de la... et la révision administrative est
probablement le plus simple, le plus efficace, qui aura l'impact le plus
important demain matin, là.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? 14 secondes.
Mme McGraw : Merci à vous.
Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter?
M. Gagnon
(Alexandre) :Merci à vous.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
On poursuit avec la députée de Terrebonne. Vous avez 3min 21s.
Mme Gentilcore : Merci
beaucoup. Merci, messieurs. J'aimerais revenir, là, sur le régime de protection
intérimaire bonifié, donc, de la loi no 59. Tout à l'heure, vous avez
dit : On pourrait questionner si le gouvernement n'a peu eu le temps...
doit repousser un peu, on pourrait se questionner par rapport aux
entreprises : est-ce qu'elles ont eu le temps de se préparer? J'aimerais
savoir qu'est-ce que ça représente pour les entreprises, justement, cette
adaptation-là?
M. Gagnon
(Alexandre) :Bien, actuellement, depuis
l'adoption du projet de loi no 59, il y a un régime intérimaire qui est
mis en place. Donc, on a déjà des représentants dans les milieux de travail, on
a déjà des comités de santé-sécurité qui sont créés. Maintenant, il y a
certaines heures qui sont allouées à ça. Il y a des rôles un petit peu... un
peu moins... un peu plus limités de responsabilités à ces gens-là, notamment,
parce que les obligations en lien avec la formation de tous ces gens-là vont
venir avec l'adoption du Règlement sur les mécanismes de prévention et de participation
des travailleurs. C'est ce que ce règlement-là, qui est repoussé parce
qu'actuellement il n'y a pas d'organisme de formation qui est prêt à former...
On entend de former des centaines de milliers de travailleurs dans les... tu
sais, rapidement. Et là on est au mois de fin mai. Il aurait fallu le faire
d'ici le mois d'octobre. C'est impossible, c'est irréalisable, il faut donner
plus de temps.
Mme Gentilcore : Excellent.
Très clair pour ça. Votre recommandation numéro six, quand vous dites que pour
les dossiers... non, ce n'est pas celle-là, attendez un petit peu, vous parliez
de... Oui, votre recommandation 17, donc, «intégrer l'ensemble des droits
et obligations relatives au harcèlement psychologique et à la violence à
caractère sexuel de la LNT qui ne se retrouvent pas déjà dans la Loi sur la
santé et la sécurité du travail pour éliminer les multiples redondances.»
Qu'est-ce que vous entendez par là et où sont... où est-ce que ça accroche?
M. Gagnon
(Alexandre) :Aujourd'hui, une personne
qui veut déposer une plainte en lien avec... parce qu'elle subit du harcèlement
peut... doit et peut déposer des plaintes aux normes du travail, à la
santé-sécurité, à la Commission des droits de la personne... désolé de...
l'acronyme, je sais que c'est plus large que ça. Et donc ce qui fait que
lorsqu'on tente de l'aider, de l'appuyer, c'est beaucoup plus complexe parce
qu'elle doit ne maîtriser pas une loi, elle doit en maîtriser trois. Et
l'employeur, la même chose lorsqu'il est obligé d'accompagner son travailleur,
parce que c'est parfois avec des clients ou des personnes externes. C'est
impossible pour lui de voir comment faire tout ça, de connaître trois
législations différentes, notamment la Loi sur les normes de travail, la loi
santé et sécurité, qui sont aujourd'hui quasi identiques. Donc, quant à l'avoir
à deux endroits, interprétées différemment, avec des arbitres, des juges
différents, souvent, ramenons ça tout à un même endroit, ça va être plus clair,
plus facile, plus simple de compréhension pour tout le monde.
Mme Gentilcore : Moins de
paperasse, moins d'administration, plus de clarté.
Une voix : Et les mêmes
droits.
Mme Gentilcore : Puis aussi
moins de découragement pour les personnes qui portent plainte, d'aller jusqu'au
bout du processus, j'imagine, parce que ça devient très lourd et fastidieux
quand on a plusieurs canaux en même temps à mettre de l'avant. Très clair pour
ça. Merci aussi...
Mme Gentilcore :
20 secondes. Est-ce que vous avez autre chose à rajouter?
M. Pageau (Stéphane) : Veux-tu
y aller?
M. Gagnon
(Alexandre) : Bien non, en 20 secondes…
Mme Gentilcore : Bien, merci
beaucoup.
M. Gagnon
(Alexandre) : On aime ce genre de projet de loi là. Allez-y.
Mme Gentilcore : Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, Mme la députée de Terrebonne. On poursuit avec la députée de
Saint-Jérôme, deux minutes 4 secondes.
M. Chassin :
Ça va passer vite, mais merci d'être là. Et puis, évidemment, sur les décrets
de conventions collectives, est-ce que vous pouvez nous rappeler, on a aboli,
et si je ne m'abuse, c'est ce gouvernement-ci, mais je… les coiffeurs de
l'Outaouais.
Une voix : On a aboli les
coiffeurs, mais le décret, oui.
M. Chassin :
Exact. Alors maintenant, ils peuvent charger différents prix. Est-ce que c'est…
Je veux dire, est-ce que c'est la jungle en Outaouais?
M. Gagnon
(Alexandre) : Je ne pense pas, comme partout ailleurs au
Québec. Là, il n'y a pas eu... En tout cas, on n'a pas cru que soudainement,
les gens de l'Outaouais n'avaient plus d'endroit où se coiffer, là.
M. Chassin :
Pour connaître un coiffeur de l'Outaouais, puis on pourrait en parler au député
de Chapleau, entre autres, mais ça va très bien. Puis ça se passe très bien. Ça
fait que je pense que c'est un bon exemple. Ça varie aussi d'une région à
l'autre. Dans les Laurentides, par exemple, pour l'automobile, on en a un,
comité paritaire avec un décret, mais ce n'est pas dans toutes les régions,
c'est bien ça?
M. Gagnon
(Alexandre) : Pas dans toutes les régions. Il y en a d'ailleurs
au Saguenay, il y en a en Outaouais. Il y en a dans plusieurs régions, avec des
règles différentes.
M. Chassin :
D'autres n'en ont pas.
M. Gagnon
(Alexandre) : Et d'autres qui n'en ont pas. Il n'y a pas…
encore une fois, il n'y a rien nulle part qui nous dit que ça ne fonctionne pas
ailleurs.
M. Chassin :
C'est ça, ce n'est pas la jungle. Puis là, un autre truc, mais sur les comités
santé-sécurité et les observateurs sur le terrain, là, les responsables, c'est
un peu la ceinture et les bretelles qui ont été choisies avec le 59, alors
qu'au départ ce n'était pas ça, c'était par amendement. Est-ce que c'est
vraiment utile d'avoir les ceintures… la ceinture et les bretelles.
M. Gagnon
(Alexandre) : Ah! On est un des seuls endroits dans le monde
qui a les deux. Effectivement, nous on a toujours considéré qu'une fois qu'on
avait davantage d'acteurs au sein d'une table pour parler de santé-sécurité,
c'était plus bénéfique que d'avoir une personne unique qui partait de son côté
sans aucune imputabilité.
M. Chassin :
Puis qui n'a pas vraiment de pouvoir non plus.
M. Gagnon
(Alexandre) : Ah! qui a beaucoup de pouvoir malheureusement,
mais pas nécessairement de partager ces responsabilités-là avec ses collègues
de travail.
M. Chassin :
Je comprends. Bien…
Le Président (M. Allaire) :
Merci, ça met fin à l'ensemble des échanges. Merci pour votre excellente
contribution à cette commission. Nous allons suspendre les travaux pour
permettre à l'autre groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 17)
(Reprise à 12 h 21)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. On accueille maintenant la Fraternité des
policiers et policières de Montréal. Bienvenue, messieurs. Je vous laisse le
soin de vous présenter, et vous pouvez déjà débuter votre allocution de
10 minutes. Allez-y.
M. Francoeur (Yves) : D'accord.
Merci, M. le Président. Bonjour, M. le Président, M. le ministre, membres de la
commission. Je m'appelle Yves Francoeur, je suis président de la Fraternité des
policiers et policières de Montréal. À ma droite, j'ai Me Jean-François
Raymond, conseiller juridique principal à la Fraternité. À ma gauche, j'ai
Jean-François Potvin, vice-président aux relations de travail à la Fraternité.
Et, à l'extrême gauche, Me Guillaume Rioux, conseiller juridique à la
Fraternité, et que je tiens à remercier devant tout le monde, mais a travaillé
très fort, particulièrement en fin de semaine, à la rédaction de notre mémoire.
Donc, nous vous remercions de nous
donner... N'essayez pas de suivre avec notre mémoire parce que j'ai fait un
condensé, ce serait... ce serait trop long. Mais on reprend les points
essentiels et on s'est concentré sur les articles 14 et suivants du projet
de loi, c'est-à-dire les modifications au Code du travail en matière
d'arbitrage de griefs. Donc, nous vous remercions de l'occasion de nous... de
vous présenter les grandes lignes du mémoire de la Fraternité.
La Fraternité regroupe les
4 700 policiers actifs de la ville de Montréal, soit près du tiers de
l'effectif policier au Québec, ainsi que 5 000 membres retraités et
est un acteur majeur dans le domaine des relations de travail en milieu
policier. Nous intervenons aujourd'hui pour faire valoir notre perspective sur
un projet de loi porteur mais qui, dans sa forme actuelle, soulève plusieurs
enjeux pratiques et juridiques importants.
D'entrée de jeu, la Fraternité accueille
très favorablement l'objectif général du projet de loi qui est de rendre le
processus d'arbitrage des griefs plus efficient. Elle salue notamment
l'introduction de la médiation comme étape préalable à l'arbitrage, la
possibilité d'une médiation arbitrage sur consentement mutuel, les conférences
préparatoires et l'encadrement plus rigoureux de la communication de la preuve,
qui est un très gros point, j'y reviendrai plus loin. Ce sont des avancées qui
permettent une meilleure planification, une transparence accrue et un climat de
collaboration plus propice à la résolution rapide et équitable des différends.
Toutefois, la fraternité soulève quelques
préoccupations, notamment quant à l'article 16 du projet de loi qui
introduit des délais impératifs pour la nomination d'un arbitre et la tenue de
l'audience. En effet, si un arbitre n'est pas désigné dans les six mois
suivants le dépôt du grief, la partie requérante est réputée s'être désistée.
Un grief doit également faire l'objet d'une première audience dans l'année,
sous peine de caducité.
Cette disposition, bien que motivée par un
souci de célérité, entre en conflit avec les pratiques négociées dans plusieurs
conventions collectives, notamment la nôtre. Cette convention prévoit une
procédure interne complexe de gestion des griefs, incluant des délais
flexibles, une liste prédéterminée d'arbitres ainsi qu'un calendrier
d'audiences établi conjointement plus d'un an à l'avance. L'imposition rigide de
nouveaux délais vient non seulement restreindre l'autonomie des parties, mais
pourrait aussi entraîner des effets indésirables, c'est-à-dire une surcharge
des rôles d'arbitrage, des frais inutiles et des pertes d'occasions de
règlement à l'amiable.
La Fraternité rappelle que les griefs
déposés en milieu syndical dans le contexte policier ne sont pas toujours...
M. Francoeur (Yves) : ...à se
rendre à l'arbitrage. Il peut jouer un rôle conservatoire ou s'inscrire dans un
processus de règlement progressif en fonction des nombreuses réalités
organisationnelles, juridiques ou humaines.
Nous soulignons par ailleurs que la notion
d'impossibilité d'agir introduite dans le projet de loi pour justifier une
dérogation aux délais est trop restrictive et difficilement applicable aux
dynamiques syndicales policières. Nous recommandons plutôt d'introduire la
notion de motif raisonnable, déjà reconnue dans d'autres domaines du droit du
travail comme étant plus souple et mieux adaptée. Et je vais donner
immédiatement un exemple concret. Il arrive assez fréquemment, nous... Bien,
première des choses, les relations de travail avec la ville de Montréal, et
particulièrement le service de police, disons qu'on est dans une phase très
mature, en termes de climat de relations de travail. Les cinq dernières années,
la fraternité ou l'employeur ont déposé entre 22 et 31 griefs par année
pour une vingtaine de journées d'auditions. Et là je le répète, mais on parle
de 4700 policiers, 1 million d'interventions. Donc, on est fiers du
très... du très petit nombre de griefs, mais il arrive quand même fréquemment
que les parties décident de ne pas procéder en grief parce qu'il y a des... le
même dossier est pendant en déontologie policière ou dans une enquête
criminelle. Donc, si nous n'avons plus cette latitude-là, ça nous pose... ça
nous met dans une situation difficile où l'enquête sur... l'enquête qui
surviendrait pendant l'audition du grief, le témoignage des témoins pourrait
être admissible en déontologie policière ou dans le cadre d'une procédure
criminelle, ce qui contreviendrait aux droits fondamentaux des policiers que
nous représentons... des policiers et des policières, 37 % de policières,
à Montréal.
En conclusion, tout en réaffirmant notre
soutien aux objectifs poursuivis par le projet de loi, la fraternité formule
quelques recommandations, c'est-à-dire : permettre la suspension de la
désignation d'un arbitre ou d'une audience initiale pour respecter les
procédures internes convenues entre les parties, introduire des dispositions
transitoires pour permettre une adaptation graduelle aux nouvelles règles. La
fraternité a cinq arbitres conventionnés dans sa convention, et, comme je l'ai
dit, les dates d'audition sont déterminées plus d'un an à l'avance, donc ça
prendrait des dispositions transitoires. On demande de remplacer la notion
d'impossibilité d'agir par celle de motif raisonnable, comme j'ai dit, et,
enfin, reconnaître la valeur des ententes conventionnelles en matière
d'arbitrage de griefs. La fraternité vous remercie donc de votre attention et
espère que nos propositions contribueront à bonifier le projet de loi. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
On débute la période d'échange avec la partie gouvernementale. M. le ministre,
vous avez 15 min 30 s. La parole est à vous.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. D'abord, vous remercier sincèrement pour votre présence, M.
Francoeur et vos collègues, pour la préparation de votre mémoire, l'analyse que
vous avez faite du projet de loi. Puis on s'est rencontrés récemment, dans le
cadre d'un autre projet de loi concernant l'arbitrage de différends, et on
apprécie beaucoup votre collaboration et surtout que votre présence confirme
votre appui, ce que vous dites très favorablement aux objectifs du projet de loi
n° 101. On veut toutes et tous diminuer les irritants dans l'application
de nos lois du travail, que ce soit le Code du travail, la loi sur normes, la
santé-sécurité, les accidents de travail. Il faut que cet encadrement
législatif réponde bien aux besoins des milieux de travail et que les lois
s'adaptent et respectent les milieux de travail plutôt que l'inverse. J'ai
toujours pensé qu'en politique il fallait être là, présent, pour que nos lois
soient les plus modernes possibles.
C'est ce qu'on a fait en santé et
sécurité, mais je vais simplement m'attarder à l'arbitrage parce que votre
mémoire porte essentiellement là-dessus, c'est ce qui vous préoccupe beaucoup.
Vous êtes d'accord... d'abord, sur ce envers quoi vous êtes d'accord, vous êtes
d'accord avec la médiation?
M. Francoeur (Yves) : Oui,
nous...
M. Francoeur (Yves) : ...nous,
on en fait une, médiation, même souvent à plusieurs reprises, mais elle n'est
pas formelle. Donc, que ça devienne formalisé dans le projet de loi, on voit ça
d'un très bon œil parce que, présentement, c'est tributaire de notre
vis-à-vis...
M. Boulet : De la... oui,
oui.
M. Francoeur (Yves) : ...de
nos vis-à-vis. Donc, instituer de façon formelle la médiation, on voit ça d'un
très bon œil.
• (12 h 30) •
M. Boulet : Merveilleux! Puis
d'ailleurs vous ne m'avez pas entendu, mais, avec le premier groupe, vous le
savez, je suis vraiment et nous sommes des partisans des alternatives de
résolution de litiges ou de différends. On en a parlé dans le contexte d'un
autre projet de loi. Puis la médiation, c'est au cœur de ce qui est une
alternative pour permettre une certaine déjudiciarisation et un
désencombrement. Et, quand on parle des arbitres, là, bon, la FCCQ, qui était
là avant vous, nous référant à une statistique, là, je pense, c'est
974 jours que ça prend avant une première journée d'audience. Et la Cour
suprême puis les tribunaux ont toujours dit que l'arbitrage de grief, ça devait
être une procédure expéditive. Et ça l'est de moins en moins, c'est devenu des
procès. Vous êtes d'accord avec ça, sur l'interprétation ou l'application d'une
clause X, Y ou Z de la convention ou même en matière de congédiement, il y a
des témoins puis il y a des expertises, puis ça prend une éternité. Puis moi,
j'ai toujours considéré que les trop longs délais équivalaient à une négation
de droit. Et ça, c'est vraiment important. Donc, médiation, ça va. Vous êtes
aussi favorable à la conférence préparatoire. Est-ce que c'est...
M. Francoeur (Yves) : Oui,
tout à fait, ainsi que la communication de la preuve. Nous, on pense que la
communication de la preuve fera en sorte de raccourcir probablement, de façon
importante, la durée des auditions. Je parlais à une arbitre récemment qui me
disait : C'est-tu normal qu'un juge de la Cour supérieure se présente en
cour le matin et sache de quoi il va parler, de quoi la question retourne,
c'est quoi, la problématique, et nous, souvent, on a besoin des deux premières
heures pour cerner la problématique parce qu'il n'y a pas eu de communication
de la preuve auparavant?
M. Boulet : On est tellement
sur la même longueur d'onde, puis j'apprécie. Bien, la conférence préparatoire,
ça permet d'amener les parties dans un entonnoir et de déterminer une
chronologie, l'identité des témoins, les rapports d'expertises, puis la
divulgation de la preuve vient compléter. Puis, 30 jours avant la première
journée d'audience, c'est, à mon avis, sain. Puis, vous le savez, Yves, les
demandes de remises d'audience, c'est tout le temps à cause de ça, parce qu'on
ne le sait pas, on n'a pas eu la preuve, il y a un expert de l'autre côté, on
n'a pas pu obtenir une contre-expertise, et c'est ça qui fait en sorte que
c'est constamment reporté. Puis c'est de la faute parfois des syndicats,
parfois des employeurs, mais... O.K. Donc : médiation, conférence
préparatoire, divulgation de la preuve. Ce avec quoi vous êtes moins à l'aise,
c'est que ce soient des délais impératifs parce que vous dites que ça, ça nuit
à l'autonomie des parties. Dans quel sens ça nuit à l'autonomie des parties?
M. Francoeur (Yves) : Comme
j'ai dit tantôt, lorsque mon policier ou ma policière...
M. Boulet : En déontologie.
M. Francoeur (Yves) : ...aurait
en même temps qu'un grief le même dossier qui est en attente de traitement en
déontologie policière ou dans une enquête criminelle. Et on avait... Jusqu'à
récemment, on avait entre 20 et 30 policiers, policières en mission
internationale, mais là le climat... le climat international fait en sorte que
ce n'est plus des missions policières qui sont nécessaires, mais des missions
militaires, donc on n'en a plus. Mais, dans des cas de missions où il y aurait
une certaine paix qui revient... Nous, on a eu régulièrement des policiers en
Haïti. Présentement, la situation en Haïti ne se prête pas, mais on faisait
face à des situations comme ça, où on n'aurait pas été capable de respecter les
délais pour des situations particulières. Donc, c'est pourquoi on demande de
changer le terme d'un point de vue juridique, puis je vais laisser
Jean-François...
M. Boulet : Oui, c'est...
Impossibilité d'agir, vous dites, ça devrait être «motif raisonnable» plutôt
qu'«impossibilité d'agir».
M. Francoeur (Yves) : C'est
ça.
M. Boulet : Mais le concept
de motif raisonnable, c'est une grande boîte qui permet à peu près à tout le
monde pour à peu près n'importe quel motif, dès que c'est raisonnable.
L'impossibilité d'agir, le seuil est plus élevé, et ça, ça nous permet d'avoir
un impact positif sur les délais. Et, si je vous disais, M. Francoeur...
12 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...le délai
impératif, c'est toujours possible pour un arbitre d'accepter une demande de
remise, une demande de report pour un motif qui sera considéré et soumis à l'arbitre,
là. On est conscient que même si c'est impératif, faute d'impossibilité d'agir,
il y a quand même la possibilité de demander un report. Particulièrement, et
vous le dites bien, s'il y a un processus qui concerne la déontologie
policière, qui est parallèle et qui fait en sorte qu'on ne peut pas, pour des
raisons éthiques ou pour des raisons de conflit, procéder les deux en même
temps, ça, je pense que c'est important de respecter ça. Je suis d'accord avec
vous.
Puis je reviens sur un concept que vous
avez soulevé. Souvent, on respecte les délais pour des raisons de conservation
de nos droits. Vous avez dit conservatoire, puis c'est vrai. Mais les délais
qui sont là, qui font l'objet d'un consensus, vont permettre, nous le croyons, puis
beaucoup d'acteurs le croient, réduire les délais. Puis même si c'est pour conserver
des droits, ça permet d'éviter qu'après ça, mettons, les... le processus de
déontologie policière est complété, qu'on recommence. Et c'est pour ça que je
dis : Est-ce que vous ne pensez pas que les délais pourraient rester tel
quel et qu'avec une demande de remise présentée pour les motifs associés à la
déontologie policière, ça vient combler le vide plutôt que motif raisonnable puis
motif raisonnable? Et là on se retrouve avec un an, un an et demi, puis là c'est
rendu à trois ans et quelques, là.
M. Francoeur (Yves) : Je veux
juste faire un commentaire avant de laisser la parole à Me Raymond. Mais quand
je disais au début que l'objectif est louable et même souhaité, parce qu'autant
un syndicat qu'un employeur responsable, quand un... dans notre cas, quand un
policier ou une policière se retrouve en grief pour une omission ou un
comportement, peu importe, que cette personne-là à cinq ans, 10 ans ou 15 ans
d'ancienneté, il faut que l'employeur puis le syndicat se disent que cette
personne-là va être encore à l'emploi pour cinq ans, 10 ans ou 15 ans,
donc c'est important que c'est... que la personne concernée ait confiance et que
le processus soit assez rapide pour qu'on puisse passer à autre chose et tenter
de faire en sorte que cette personne-là demeure un élément positif pour l'organisation.
M. Boulet : Très bien
compris.
M. Francoeur (Yves) : Jean-François.
M. Raymond (Jean-François) : Oui.
Si vous me permettez. En fait, je comprends tout à fait, puis on est vraiment là-dedans,
là, la célérité des arbitrages, et je pense qu'on va faire des gains avec la
communication de la preuve, je pense qu'on va faire des gains avec la
conférence de gestion et je pense qu'on va faire des gains avec les médiations,
mais je pense également qu'on va perdre tous ces gains-là avec le délai d'un
an. Pourquoi? Parce que la fixation obligatoire, dans le monde policier, c'est
particulier, mais on en a beaucoup de ces griefs conservatoires là, puis je
vais te donner un exemple où, par exemple, un policier est congédié parce qu'il
a commis un acte criminel, congédié automatiquement en vertu de l'article 119.
Dans le monde policier, vous avez des enquêtes de déontologie, des BEI, de la
déontologie, donc il y a des paramètres particuliers. Ce policier-là veut faire
un appel de sa condamnation criminelle, on va déposer un grief, mais un appel, peut-être
que ça va être dans deux ans. La lecture qu'on fait de l'article 16, c'est
que je dois demander une prolongation parce que je ne veux pas commencer l'audience
dans l'année, mais je dois avoir un nombre de jours spécifique qui est demandé,
tel qu'il est écrit, là, à l'article 16. Je ne le sais pas, moi, à quel
moment la Cour d'appel va prendre sa décision qui va déterminer... Si la
décision de la Cour d'appel, c'est maintenir la condamnation, il n'y a pas de grief.
Le gars est congédié en vertu de l'article 119. Si, par contre, il est
acquitté en appel, la question, là, devient pertinente.
Alors, nous on va... Ce qu'est ce que ça
va avoir comme phénomène, c'est que... je comprends, vous parliez de la demande
de remise, mais, dans les faits, pratico-pratiques, on va venir bloquer des
dates aux arbitres. Et les dates des arbitres, c'est un enjeu. Actuellement, là,
c'est un des enjeux. Je pense que là, on va aller bloquer des dates d'arbitrage,
et je pense qu'on va aller bloquer des dates et que là, on ne sera plus
capable. Donc, ce qui va arriver, malheureusement, c'est que, et je le dis
souvent, on focusse beaucoup sur la première date, on veut commencer l'arbitrage
rapidement, mais ce qui est important pour le justiciable, ce n'est pas la
première, c'est la dernière, parce que c'est là que son dossier est régularisé.
Si la première date est là, parce que là, les arbitres, ce qui va arriver, ils
vont nous donner des dates pour préserver les droits, pour respecter la loi, mais
la deuxième date, ils n'auront pas de disponibilité, ça fait que je vais me
retrouver avec une date au mois de février, puis ils vont me dire...
M. Raymond (Jean-François) :
…ma prochaine disponibilité, c'est janvier 2026. Ça, c'est le phénomène qui va
se produire. Donc, je pense que… puis je dis ça très respectueux, parce qu'on
aime beaucoup l'idée, là, d'accélérer. Mais je pense que ce qui va arriver,
c'est qu'on va obtenir des premières dates très séparées de la deuxième, compte
tenu des disponibilités réelles des arbitres. Et ça, c'est pratico-pratique.
Donc, j'ai une inquiétude là-dessus.
M. Boulet : C'est bon. Alors,
je résume, favorable à la médiation, favorable à la conférence préparatoire,
favorable à la divulgation de la preuve. Et vous avez des réserves en fonction
de la spécificité policière pour le caractère impératif des délais. Je finirais
en vous félicitant, 4 700 policiers, policières, 22 à 31, Yves,
que j'ai entendu, griefs par année. C'est vraiment exceptionnellement bon et
c'est certainement une démonstration que vous avez un bon climat de relations
de travail. Si je peux m'avancer, Yves.
• (12 h 40) •
M. Francoeur (Yves) : Tout à
fait.
M. Boulet : Puis c'est
attribuable à votre super collaboration puis bravo pour ce que vous faites puis
merci encore de votre présence. Merci de votre collaboration puis j'aime ça que
vous soyez présents à nos consultations particulières. Merci beaucoup.
M. Francoeur (Yves) : Ça me
fait plaisir. Merci.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le ministre. On poursuit avec l'opposition officielle, Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis, huit minutes, quatre secondes.
Mme Maccarone : Merci. Moi
aussi, je suis contente que vous êtes ici. Je dis que mon cœur vient de rentrer
dans la pièce, alors très contente de poursuivre avec vous.
Une voix : …
Mme Maccarone : Non, c'est…
Non, mon cœur vient de rentrer dans la pièce. Voilà. Le ministre parlait de...
C'est vrai, c'est quand même extraordinaire. Moi aussi, j'ai noté le 21 30, si
le projet de loi est adopté dans sa mouture actuelle, est-ce que ça reste le
même? Est-ce que vous serez en mesure de garder le nombre de griefs bas ou
est-ce que vous prévoyez que ça va aller en augmentation?
M. Francoeur (Yves) : C'est…
je pourrais dire : C'est aléatoire. Je ne pense pas que le nombre… puis
Jean-François Raymond, mon vice-président aux relations de travail, est celui
qui entretient justement des liens quasi quotidiens avec la partie patronale,
il me rajoutait qu'entre les 22 et 31 griefs déposés, on en règle une
dizaine sans audition, là. Donc, il en reste 11 à… 11 à 21. Puis ça,
c'est, comme j'ai dit, en maintenant un dialogue quasi quotidien avec la partie
patronale. Nous, ce qu'on voit, c'est que, comme je l'ai dit plus tôt… c'est
que la communication de la preuve devrait faire en sorte que certaines
audiences qui sont plus longues que d'autres devraient être plus courtes. Je ne
sais pas si tu veux rajouter là-dessus.
M. Raymond (Jean-François) :
Bien, en fait… Puis peut-être, si vous me permettez pour la question,
probablement que ça va avoir un effet d'augmentation un peu. Pourquoi? Parce
que les processus actuellement à la fraternité sont très, je vais dire,
raffinés, les processus de discussion. Donc, il y a des comités de griefs. En
compressant le temps puis en obligeant de mettre sur le rôle, évidemment, on va
avoir moins de temps pour les négocier. Puis des fois, si vous avez… dans une
organisation comme ça, des fois vous avez 28 cas pareils, mais vous voulez
essayer de créer une structure pour dire : on ne fera pas
28 audiences de griefs, là, on va régler le cas, puis ça va être ça à la
base, puis on va continuer là-dessus. Alors, ça, des fois, ça peut prendre un
certain temps. Sauf que si on est compressé par le… nos mécanismes internes qui
ont été très raffinés avec le temps, vont être moins efficaces et provoqueront
probablement plus de mises au rôle et de frais d'arbitrage et de début
d'arbitrage. Puis des fois, moi, je pense que ce n'est pas bon de commencer
l'arbitrage quand on est en négociation, parce que des fois ça va cristalliser
des positions. Alors, je vois… je ne dis pas que ça va être… que ce seul volet
là va être une catastrophe, mais j'y vois un effet négatif.
Mme Maccarone : O.K. Vous avez
vraiment bien fait soit votre mémoire puis aussi dans les réponses puis vos
remarques, à partager la spécificité du régime policière. Puis chaque fois
qu'on propose un changement, peut-être on ne prend pas nécessairement en
considération l'impact. J'étais curieuse de voir… parce que vous avez dit que
vous êtes favorable à la médiation, mais vous proposez quand même des
modifications, 100.0.1.1. Vous souhaitez qu'on ajoute : « Considérer »,
« les parties doivent considérer », pour… je présume, c'est pour
avoir une mesure de flexibilité. Puis aussi dans le 100.0.1.3, « à moins
que les parties n'y consentent ». Pouvez-vous expliquer pourquoi c'est
essentiel que nous abordions ces amendements dans le projet de loi?
M. Francoeur (Yves) :
Donnez-moi juste une petite seconde…
Mme Maccarone : C'est
sous-section deux, la médiation de votre mémoire où on parle de la médiation…
Mme Maccarone : ...dans votre
section de recommandations.
M. Raymond (Jean-François) :
Excusez-moi, juste.
Mme Maccarone : Moi, ma
lecture de ça... c'est parce que si, mettons, on garde l'article une tel quel,
les parties doivent...
M. Raymond (Jean-François) : Considérer...
En fait... je ne voulais pas vous interrompre, si on prend 100.0.1.1,
c'est : les parties doivent considérer le recours, donc je pense qu'on a
repris : les parties doivent considérer le recours, on l'a souligné parce
qu'on... ce n'est pas un ajout, c'est... dans le fond, on voulait souligner que
nous, on... ça va tout à fait dans l'esprit qu'on souhaite obtenir, c'est-à-dire
qu'il faut l'obligation de considérer la médiation. Donc, je pense que c'est
peut-être... c'est un élément moral, mais je pense que là où je que je suis, je
reprends le passage, je pense que c'est tel que libellé, là.
Mme Maccarone : Oui, mais
vous proposez de modifier par l'insertion après l'article 100.0.1. Moi,
j'écoute attentivement, j'ai l'intention de venir avec des amendements. Alors,
je voulais juste m'assurer que je peux bien défendre l'amendement en question.
Alors, moi, ma lecture de ça, c'est... je voulais juste m'assurer que j'étais à
la bonne place parce que, ce que vous proposez de faire... moi, je pensais que
c'est parce que vous souhaitez toujours avoir une certaine flexibilité au lieu
de l'obligation, mais vous êtes favorables à la médiation, et c'était ça que...
je voulais juste comprendre la nuance.
M. Raymond (Jean-François) : Je
prends l'article 17... et peut-être que je saisis mal, puis je m'en excuse, si
je prends l'article 17 du projet de loi, la modification qui est proposée par
le projet de loi à l'article 100.0.1.1, ça dit : Les parties doivent
considérer le recours à la médiation pour tenter de régler le grief avant de
recourir à l'arbitrage, et donc ce que vous m'avez... donc à la page 11, dans
le haut, nous avons reproduit, sauf erreur de ma part... on a reproduit le
projet de loi est textuellement. Donc, pour nous... puis c'est pour ça... ça
fait que je ne voyais pas de changement à cet égard-là, à moins que... Il n'y a
pas de changement pour...
Mme Maccarone : Bien, moi,
j'ai compris qu'il a travaillé très fort la fin de semaine, ça fait qu'il est
pardonné. Ça fait qu'il y a vraiment...
M. Francoeur (Yves) : Disons
que l'aspect en caractère gras et souligné n'aurait pas dû y être, là, c'est la
reproduction intégrale du...
M. Raymond (Jean-François) : Oui,
c'est la reproduction. On l'a mis en caractère gras parce qu'on voulait
souligner ces éléments là de considération et de consentement qui sont très
importants dans le... je veux dire, l'aspect que nous, on voit... puis ça va un
petit peu avec les commentaires qu'on faisait tantôt sur la question de
l'imposition du délai. On aime beaucoup avoir une espèce de latitude, que ce
soit dans l'ensemble des éléments, on aime avoir une latitude parce qu'on a une
industrie, une particularité et si on ne nous laisse pas... mais je comprends
tout à fait le projet de loi parce que, je veux dire, les parties ont été
laissées puis ça ne va pas bien, l'arbitrage, là, mais là, je pense que...
Nous, on est d'accord avec ça puis c'est un processus qu'on fait et qu'on... on
pousse la médiation, on a même poussé dans un autre projet de loi pour la
médiation arbitrage parce qu'on veut ces méthodes alternatives là. L'objectif
ultime, c'est de réduire. C'est pour ça que, quand on vous dit l'article 16, on
a une particularité avec ceui-là, c'est vraiment parce qu'on pense que ça
n'atteint pas le but, ça ne marchera pas. Avec grand respect, là, ça ne
marchera pas puis ça va même nuire à l'ensemble des autres mesures qui sont
mises en place, à mon avis. Alors, je ne sais pas si je réponds, mais on est
très favorables à ça et, dans ce contexte-là, je pense que ça va grandement
aider.
Mme Maccarone : Parfait. Une
minute, bon. Est-ce qu'il y a des éléments qu'on n'a pas soulevés dans vos
remarques que vous souhaitez amener à l'attention des membres de la commission?
M. Francoeur (Yves) : Non,
non. Disons que, comme les chiffres que je donnais tantôt au ministre et à tout
le monde, je sais qu'on est un petit peu dans une classe à part. Je ne nommerai
pas les syndicats, mais il y a des... je ne nommerai pas de syndicats en
particulier, mais il y a au moins un syndicat à Montréal où il y a 800 griefs
en cours, là, puis, en tout cas, nous, dans notre philosophie, ce n'est pas
une... ce n'est pas une façon de travailler puis d'entretenir un climat de
relations de travail sain.
Mme Maccarone : Parfait.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On enchaîne avec la deuxième opposition (panne de son)... 2 min 41 s.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous quatre, content de voir ici. Dans son projet de loi,
le ministre vient modifier l'article 47.1 du Code du travail, qui est celui...
l'article qui oblige les associations syndicales à remettre une copie de leurs
états financiers aux membres qui le requierent. Puis là, il rajoute une
référence dans son nouveau 47.1. Il dit que ça doit être des états financiers
vérifiés selon les principes comptables généralement reconnus. Ça coûte quand
même beaucoup de sous. Vous, vous êtes un gros syndicat de, si j'ai bien
compris, 4 000, 5 000 membres.
M. Francoeur (Yves) : Oui.
M. Leduc : Est-ce que vous
faites vérifier? Avez-vous des cas financiers actuellement?
M. Francoeur (Yves) : Écoutez,
honnêtement, je ne comprends pas qu'on soit obligé de mettre ça dans un projet
de loi aujourd'hui, là. Nous, ça fait 50 ou 60 ans qu'on fait ça, là...
M. Francoeur (Yves) : ...on
s'est ajustés. Avant, on envoyait des copies papier à tout le monde, maintenant
on envoie, nous, ce qu'on appelle une infolettre, avec un lien, un code barre.
Les gens peuvent le consulter. Mais je ne peux pas comprendre, moi,
qu'aujourd'hui en 2025, en termes de reddition de comptes, ce ne soit pas
pratique usuelle partout.
M. Leduc : J'ai l'impression
que... quand même déjà une certaine pratique. Ici, l'enjeu, c'est beaucoup le
montant qui va devoir être investi pour faire une vérification selon les normes
comptables. Ça coûte très cher. Vous, vous êtes donc un gros syndicat, mais je
ne sais pas si vous avez des liens avec des petits syndicats de police.
M. Francoeur (Yves) : Je ne
veux pas dire n'importe quoi, là, mais, très cher, c'est relatif, là. Disons...
• (12 h 50) •
M. Leduc : Mais ce que j'ai
vérifié, ça montait à 10 000 $, 15 000 $ parfois. Puis,
pour un syndicat d'une cinquantaine, centaine de membres, ça peut être un gros
budget, là.
M. Francoeur (Yves) : Oui.
Oui. Parce que, j'allais dire, nous, de mémoire, c'est à peu près
22 000 $, là, sur un...
M. Leduc : 22 000 $
pour 4 500, 4 000 membres, à peu près. O.K.
M. Francoeur (Yves) : C'est
ça, sur un budget de 7.2 millions de cotisations syndicales. Mais ça
dépend toujours, là. C'est particulier, parce qu'avec un vérificateur, ou
maintenant on appelle ça des auditeurs, dépendamment du travail qui est déjà
fait à l'interne et qui leur est présenté, ça peut influer beaucoup sur le
coût. Mais, en tout cas, c'est une façon responsable de faire, là, nonobstant
le coût. C'est... C'est l'argent des membres et donc...
M. Leduc : Moi, je me
préoccupe seulement des petits syndicats, des petites accréditations qui
peuvent avoir des fois 20, 30, 40 membres. Le prix plancher pour un état
financier, ça peut être déjà, de base, un 2 000 $, 3 000 $,
4 000 $. C'est une grosse proportion pour un petit syndicat. Je comprends
que, pour des gros comme vous, il y a... ce n'est pas un gros enjeu. Mais
est-ce que vous connaissez, vous, peut-être, des petits syndicats de police,
dans des petites municipalités, de quelques membres à peine, qui pourraient
avoir des défis à ce niveau-là?
M. Francoeur (Yves) : Non,
honnêtement, je ne peux pas... je ne peux pas vous répondre.
M. Leduc : Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
On poursuit avec la députée de Terrebonne. Vous avez deux minutes 41 s.
Mme Gentilcore : Très bien.
Je vais continuer avec l'article 16. Donc, évidemment, bon, une obligation
qui serait lourde de conséquences pour les associations syndicales, si on en
venait à adopter ça. Si l'article 16 était adopté tel quel en ce moment,
concrètement, là, ce serait quoi, les impacts sur le terrain de ça, s'il n'y
avait aucune modification à l'article 16?
M. Raymond (Jean-François) : Bon.
Excusez-moi. J'essaie de... Je ne sais pas si vous m'entendez. Oui.
Alors, immédiatement, là, ce qui va
arriver, c'est qu'il va y avoir une course... dans la pratique, là, il va y
avoir une course à la fixation des dates. Parce que là, il y a des choses qui
sont déjà fixées, qui sont à l'extérieur de l'année. Il n'y a pas de mesures
transitoires, là. Ça fait que là, ça tombe immédiatement.
Là, les arbitres vont se mettre à appeler
puis ils vont se faire booker toutes les dates disponibles. Il n'y en aura
plus, il n'y en aura plus, de dates. Là, qu'est-ce qui va arriver, on va...
pour préserver les droits, je m'attends à ce que les gens, ils vont changer les
griefs de place, là. C'est-à-dire que là, c'était... il faut que tu sois dans
ton année, etc. C'est pour ça que je dis que c'est un phénomène de domino qui
va arriver. Et puis le final est plus important que le départ. Si on veut que
ce soit efficace, et le justiciable, il veut savoir quand est-ce que ça prend
de temps, à partir du moment où il dépose son grief puis qu'il y a une
décision. C'est ce temps-là qui est important.
Là, on focusse sur... avec
l'article 16, sur la première journée d'audience, qui est anecdotique pour
moi dans l'histoire. Je dis ça respectueusement. Mais ce n'est pas ça,
l'objectif. Alors, ce qui va arriver, c'est que les rôles vont être
complètement bourrés. Et là, ce qu'il va faire, c'est que l'arbitre va
dire : Moi, pour préserver vos droits, j'ai eu votre première journée dans
l'année, ma deuxième journée est dans deux ans.
Moi, j'ai déjà eu... Puis là, dans le
système actuel, là, j'ai déjà eu des écarts entre deux dates, là, de
14 mois. C'est inacceptable. Mais, ça, c'est la réalité. Ce phénomène-là,
de bourrer les rôles, il va arriver avec l'article 16. Alors, je pense
juste... Puis je pense que là... c'est pour ça que je disais : Je pense
que là, tous les trois autres éléments vont être des gains qu'ils vont sauver,
mais ils vont être annulés par ce phénomène-là. Puis tout le monde va à la
course, pas dans l'objectif de célérité, mais dans un objectif de préserver les
droits. Parce qu'on a une année, à défaut de quoi, il y a une déchéance. Ça,
c'est... c'est ça que je trouve qui est contre-productif. C'est... C'est ça,
vraiment.
Puis je dis ça... Comme je dis, tu sais,
je ne veux pas avoir l'air de... parce que je suis vraiment content qu'on
prenne ce dossier-là, de la difficulté, de l'arbitrage, mais ça, ça va nuire,
ça va annuler tout ce qu'on est... vous êtes en train de faire.
Mme Gentilcore : Quel
amendement on devrait faire avant?
M. Raymond (Jean-François) : Bien,
actuellement, là, si on veut conserver les gains qu'on va faire sur les trois
autres éléments... Nous, on dit : On a essayé des tentatives de
sauvegarder cet élément-là. Mais, la vérité, c'est que 16, on pourrait ne pas
l'avoir. On pourrait ne pas l'avoir du tout. Parce que là, on pourrait
vérifier, puis je dis ça respectueusement pour toutes les institutions, mais
dans les...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci. Malheureusement, ça met fin à ce bloc d'échange avec la députée de
Terrebonne. On enchaîne avec le député de Saint-Jérôme. Deux minutes quatre
secondes. Allez-y.
M. Chassin :Évidemment, c'est ça, on a un temps pour nos questions et
les réponses qui viennent avec.
Mais, sans être directement sur le même
sujet dans la...
M. Chassin :...en fait, la présentation précédente, il y avait cette
réflexion de dire, puis peut-être que ça vous concerne moins, vous, mais, par
exemple, que le délai de 30 jours pour envoyer de la preuve, bien, dans
certains milieux, peut-être que c'est moins intéressant de le fixer. Vous, au
contraire, vous dites : C'est vraiment quelque chose qui va permettre de
maximiser le temps de l'avoir à l'avance, de le transmettre à l'avance, d'être
préparé. Pour vous, ça, c'est justement une réduction de délai. Est-ce que...
est-ce que vous pensez que c'est votre cas particulier qui fait que c'est
vraiment un gain ou est-ce que ça devrait l'être pour tout le monde, d'après
vous? Là, je profite de votre...
M. Francoeur (Yves) : Je
reviens à l'exemple que je vous ai donné, là, d'une arbitre qui me
disait : Comment ça se fait qu'un juge de la Cour supérieure arrive puis
il a toute la preuve devant lui, puis nous autres, on ne l'a pas, on perd du
temps? Ça fait que... Puis autant pour la partie syndicale que pour la partie
patronale, tu prends connaissance de la preuve, puis tu sais qu'est-ce qui va
servir à laquelle des parties. Et moi, je pense que... nous pensons que ça peut
favoriser, justement, le dialogue pour en arriver à un règlement.
M. Chassin :Puis, bien, possiblement, effectivement, quand on a
l'information, on voit aussi la solidité de l'autre côté, là...
M. Francoeur (Yves) : Ah! tu
sais, puis même syndicalement parlant, de façon responsable, on... ça peut nous
permettre d'évaluer aussi la qualité de notre dossier, là, puis de dire :
Effectivement, on est peut-être mieux de passer à d'autres choses, là.
M. Chassin :Puis... Bien, en fait, je vais arrêter là, M. le Président.
Je vois le temps qui va vite.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député de Saint-Jérôme. Alors, messieurs Raymond, Francoeur, Potvin et
Rioux, merci pour votre excellente contribution à cette commission.
Compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre les travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 01)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du travail reprend
ses travaux. Nous poursuivons les consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 101, Loi visant l'amélioration de
certaines lois du travail.
Alors, l'horaire pour ce bloc d'après-midi
est le suivant : donc, on commence avec la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec; on enchaîne avec Mme Geneviève Baril-Gingras; ensuite,
les Manufacturiers et exportateurs du Québec; l'avant-dernier groupe, le
Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail; et on termine avec l'Association
du camionnage du Québec.
Donc, on est prêts à débuter avec le
premier groupe, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.
Donc, je vous laisse le soin de vous présenter, peut-être, ensuite...
Mme Picard (Magali) : ...on
fait ça.
Le Président (M. Allaire) : ...puis
ensuite, vous pourrez commencer avec votre exposé de 10 minutes. La parole est
à vous.
Mme Picard (Magali) : Excellent,
merci. D'abord, merci pour l'invitation. Je suis Magali Picard, présidente de
la FTQ. Je suis accompagnée de Mme Annie Landry, directrice de la SST à la FTQ.
À ma droite, Guillaume Lavoie, avocat à la FTQ, et Mme Lucie Enel, conseillère
à la recherche à la FTQ.
Alors, je débute. C'est une journée
extrêmement sombre au Québec aujourd'hui, le p.l. n° 89
a été adopté ce matin, et là on vient vous présenter notre mémoire, où,
vraiment, le p.l. n° 101, bien, pour nous, c'est
clair, c'est un projet de loi qui est sexiste, discriminatoire envers les
femmes, un projet de loi n° 101 qui est la plus récente manifestation de
notre ministre du Travail par rapport au dialogue social. On le sait, le dialogue
social au Québec, c'est un pilier du modèle québécois en relations de travail.
Le ministre a récemment démontré son mépris envers le dialogue social avec le p.l.
n° 89, dont on vient de nommer, et qui a été, d'ailleurs,
je le disais, adopté ce matin. On en ajoute une couche avec le projet de loi n° 101.
Le ministre renie sa parole et jette aux
poubelles le consensus syndical et patronal pour appliquer les mécanismes de
prévention dans tous les milieux de travail. Il ignore le consensus patronal-syndical
au C.A. de la CSST, qui avait écarté le mécanisme de négociation. En plus, ce
mécanisme est un risque particulier pour les travailleurs non syndiqués, et les
organisations qui représentent... n'ont pas été avisées, invitées à témoigner
en commission parlementaire. Il ne remet pas entièrement en œuvre... il ne met
pas entièrement en œuvre les recommandations du CCTM quant à la procédure d'arbitrage
de griefs. Moi, je peux vous dire, pour participer à toutes ces instances-là de...au
niveau paritaire, c'est extrêmement important, puis quand on atteint des
consensus, on s'attend à ce qu'ils soient mis en application.
Donc, l'héritage de notre ministre Jean
Boulet, lorsqu'il cessera d'être le ministre, sera celui, avec le p.l. n° 89, du pire recul en droit du travail depuis les 40
dernières années au Québec, puis, avec le p.l. n° 101,
bien, le ministre va ajouter à ces distinctions celui d'être responsable de la
plus grande déception en santé des femmes au travail. Alors, c'est drôle, hein,
parce que notre même ministre a dit, le 1er avril 2021, alors qu'on... vous
étiez à faire l'étude détaillée du p.l. n° 59, et là
je le cite, là : «On va être beaucoup plus équipés au Québec pour prévenir
les accidents de travail, les maladies professionnelles, améliorer notre
régime, qui est, selon nous, complètement déficient, notamment à l'égard des
femmes.» Ça, c'est vous, notre ministre Boulet, qui nous avait dit ça le 1er avril
2021. Qu'est-ce qui s'est passé depuis quatre ans?
Alors, le cœur de notre inquiétude réside
dans l'introduction du chapitre 16.1 à la Loi sur la santé et sécurité du
travail, qui instaure un régime discriminatoire distinct pour les secteurs de
la santé et de l'éducation et des services sociaux. Ça, c'est les secteurs qui
emploient le tiers des femmes au Québec et représentent tout près de 80 %
de la main-d'œuvre. Ce sont des femmes dans ces secteurs-là. Ça contredit les
engagements du gouvernement dans la LMRSST afin de tenir compte des réalités
genrées. Et le projet de loi institutionnalise une forme de discrimination...
14 h (version non révisée)
Mme Picard (Magali) : ...discrimination
systémique envers les travailleuses, et ça, ça perdure depuis les années 79,
puisqu'à ce jour aucun secteur d'activité à prédominance féminine n'a eu accès
à l'ensemble des mécanismes de prévention prévus par la LSST. On ignore le
règlement, hein, du RMPPE adopté à l'unanimité par le conseil d'administration
de la CNESST. D'ailleurs il y avait une publication là-dessus. Donc, si vous
pensez que je vous donne des informations privilégiées, ce n'est pas le cas,
là, ça avait été publié dans la Gazette officielle. On contourne bien sûr le
processus paritaire, où le Conseil du trésor avait un représentant. Ça
affaiblit le rôle des comités des représentants en santé et sécurité.
Alors, en plus de reprendre les heures de
libération du p.l. 59, qui se situent à des niveaux insuffisants pour une
réelle prise en charge de la prévention dans ces milieux, bien, le p.l. 101 va
encore plus loin, retire des fonctions essentielles aux comités de santé et
sécurité et à la personne représentante en santé et sécurité, qui rend ces
outils de prévention inopérants. Ça va aussi à l'encontre de la Charte des
droits et libertés et des conventions de l'OIT. Alors, vous savez ce que ça
veut dire? Là, on parle de recours par la suite.
Alors, bien sûr, quand on parle de la
Charte québécoise des droits et libertés, ça vient à l'encontre pourquoi, parce
que... par son aspect discriminatoire. Et, pour l'OIT, bien, c'est par l'absence
d'une prise en charge paritaire. Alors, c'est clair, la FTQ va prendre toutes
les mesures qui s'imposent, advenant le cas où on va de l'avant de cette
façon-là.
Donc, notre demande, elle est claire. La
FTQ demande le retrait des dispositions créant un régime distinct et d'appliquer
les mécanismes de prévention à tous les secteurs sans exception, comme ça avait
été entendu de façon paritaire à plusieurs instances.
Maintenant, parlons du processus de
négociation préalable et l'impact sur les travailleurs non syndiqués. Bien oui,
hein, la FTQ représente tout le monde au Québec, on est très pragmatiques, donc
on va se permettre de parler de ce que fera le projet de loi pour les
non-syndiqués. Le projet crée un processus de négociation entre le CNESST et la
personne lésée lors de la contestation d'une décision. Dans ce processus-là, la
CNESST devient juge et partie.
Cette mesure est particulièrement
inquiétante pour les travailleurs non syndiqués qui représentent plus de
60 % des travailleurs et travailleuses au Québec. Le Québec est la
dernière province canadienne à ne pas fournir des services d'accompagnement et
de représentation des travailleurs accidentés sous une forme ou sous une autre.
C'est assez gênant, je peux vous dire ça.
Dans ce contexte, il est odieux de
demander aux travailleurs accidentés qui sont dans un moment particulièrement
vulnérable de leur vie de se plier à une négociation sans aucun accompagnement
d'un médiateur neutre et impartial. Quand la contestation des travailleurs va
jusqu'au bout, ce qui n'est pas toujours le cas parce qu'effectivement les
travailleurs accidentés n'ont pas cette énergie-là ou encore même cette
compétence-là, il faut savoir que près de 44 % des décisions de la CNESST
sont renversées par le tribunal. Alors, les travailleurs ont souvent raison de
contester les décisions de la CNESST.
Donc, plutôt que de mettre en place, là,
des processus bâclés pour mettre de la pression sur les travailleurs, la CNESST
devrait plutôt se concentrer à rendre des décisions conformes à la loi. La FTQ
est d'accord avec l'objectif de la réduction des délais de contestation, mais
ça ne peut pas passer par un processus dans lequel les travailleurs sont
laissés à eux-mêmes. Le Tribunal administratif du travail a déjà un service de
conciliation qui fonctionne, il suffirait de financer adéquatement, hein, ce
tribunal-là, et on serait capables d'offrir un service et un accompagnement qui
seraient à la hauteur des attentes. Alors, pourquoi la CAQ veut encore créer
une structure qui est complètement inutile?
Alors, en ce qui a trait au processus de
négociation préalable, la FTQ réclame l'abolition de la révision administrative
de la... voyons, CNESST ou, à défaut, le retrait du p.l. 101 du processus de
négociation au stade de la demande de révision. Et je sais d'ailleurs que la
FCCQ, hein, la Fédération des chambres de commerce du Québec, est du même avis
que nous, et je pense que vous les avez reçus ce matin, je ne suis pas
convaincue, mais je crois...
Une voix : ...
Mme Picard (Magali) : Oui.
Merci. Le financement adéquat des services de conciliation du TAT pour réduire
les délais et favoriser la déjudiciarisation. La création d'un bureau de
représentation de travail accidenté, comme je le disais, comme il existe
partout dans les autres provinces au Canada.
En terminant, le point trois, transparence
financière. Vous allez être étonnés, mais la FTQ est très à l'aise avec ça
parce qu'on le fait déjà. Alors, ce qu'on dit toutefois, c'est qu'on ne peut
pas le faire de façon... demander dans le projet de loi. Pourquoi? Et, M. le
ministre, vous vous étiez ouvertement confié à moi à l'effet que vous n'étiez
pas au courant qu'il y avait des sections locales de deux, trois membres, qui
ont souvent comme revenus 2 000 $, 3 000 $ par année. De
demander des états financiers vérifiés qui coûtent à peu près 10 000 $
mettrait...
Mme Picard (Magali) : ...ces
sections locales là. Vous m'aviez suggéré de faire des recommandations. C'est
ce que je fais présentement.
Alors, on dit oui à la transparence, parce
que c'est déjà dans nos pratiques, nos comptes... les syndicats, c'est... ont
déjà des livres ouverts et les comptes accessibles à tous leurs membres, mais
le projet de loi va vite, et on a besoin de vous faire des suggestions.
• (14 h 10) •
Alors, ce qu'on dit, c'est que vous avez,
la CAQ, mis en place un processus de transparence pour les OBNL en 2024, c'est
tout récent, et on pense que ce que vous avez mis en place pourrait très bien
répondre aux syndicats. Donc, ce que vous dites dans cette charte-là, pour les
OBNL, c'est que les entreprises qui font moins de 250 000 $, c'est un
rapport interne, de 250 000 à 500 000, c'est une mission d'examen
selon les normes professionnelles reconnues, et pour les OBNL qui gagnent plus
de 500 000 de revenus par année, un audit externe selon les normes
professionnelles reconnues. Et ça, je vous le dis, on le fait déjà. La FTQ a
des états financiers vérifiés, les grands syndicats l'ont. Là, vous demandez
que ce soit toutes les sections locales. Ce qu'on dit, c'est que on n'en a pas,
de problème avec ça, on n'a absolument rien à cacher, c'est très bien fait, et
nos gens sont très bien... très fiers de les tenir adéquatement, mais il ne
faudrait pas les mettre dans des situations de faillite, advenant le cas où
c'est appliqué tel quel. Et ça, bien, sinon, à moins que vous disiez, le
gouvernement : Pour les petites organisations, on est prêt à payer l'état
financier vérifié, bien, on sera d'accord pour en parler avec vous.
Alors, sinon, bien, en même temps, je
termine là-dessus, c'est bien ça, puis je vous dis, là, on a aucun problème
avec la transparence, mais on espère que les associations patronales vont avoir
la même demande de transparence. Voilà.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à cette allocution. Donc, on débute la période d'échange. M. le
ministre, vous avez 15min 30s.
M. Boulet : Oui. D'abord,
merci à Magali Picard... Magali ou Mme Picard?
Mme Picard (Magali) : Non,
non. Magalie.
M. Boulet : Merci.
Mme Picard (Magali) : J'aime
bien qu'on soit authentique. Donc, habituellement, vous m'appelez Magali, ça
va.
M. Boulet : Oui, tout à fait.
Bon. Annie, Guillaume et Lucie, merci de votre mémoire, merci de votre présence
et de votre engagement à la défense des travailleurs, travailleuses, syndiqués
et non syndiqués. Puis j'apprécie ce commentaire-là, Magalie, je suis vraiment
sincère.
Je voulais commencer à l'ordre inverse,
mais je vais commencer en premier. Le règlement sur les mécanismes de
prévention-participation... on ne pourra pas aller dans tous les détails, mais
souvenez-vous, les lois en matière de prévention puis d'indemnisation sont
entrées en vigueur en 1979 et 1985. Pendant 40 ans, zéro, on est d'accord,
Magali?
Mme Picard (Magali) : On est
d'accord.
M. Boulet : Les secteurs
prioritaires, c'étaient juste des secteurs masculins, la métallurgie, la
foresterie, où, là, il y avait des comités paritaires puis il y avait des
représentants à la prévention, on les appelait représentants à la prévention...
pour la première fois en 40 ans. Je ne vais pas lancer la pierre à nos
prédécesseurs libéraux et péquistes, mais il n'y a personne qui a osé toucher à
ça. Alors que l'économie se tertiarisait, qu'il y avait des emplois à
prépondérance... des milieux de travail à prépondérance féminine qui
florissaient un peu partout au Québec. Et on est passé, en 2021, de 25 %
des milieux de travail où il y avait de la prévention puis de la participation
à 100 %.
Ce n'est pas parfait, ce qu'on a dans 101,
puis moi, je vais vouloir qu'on s'en reparle, tous les deux, bien, avec nos
équipes, parce que... Puis je vous en avais déjà parlé, aux quatre leaders des
centrales, on va respecter le règlement du C.A. de la CNESST, puis je vous
félicite, vous avez fait un travail remarquable. De faire un consensus, ce
n'était pas simple. Puis l'intention de notre gouvernement, c'est d'adopter ce
règlement-là tel quel. Puis, oui, un régime pour la santé puis l'éducation,
puis, Magali, je l'ai souvent expliqué, les capacités... ça n'a aucun rapport
avec le sexe, tu sais. Il y a plein de femmes avec moi. On travaille en raison
des contingences qu'on a en santé puis en éducation, les capacités
organisationnelles, la pénurie aiguë de main-d'œuvre, parce que, s'il y a trop
d'heures de libération syndicale, ça va engendrer des ruptures de services.
Et c'est une avancée phénoménale, que ce
régime intérimaire là. Puis là tu peux me dire, Magali, puis je vais être
d'accord, que ce n'est pas appliqué de manière symétrique, mais le 6 avril
2022 est entré en vigueur un régime intérimaire dans les secteurs notamment
aussi de santé, éducation. Et là, avec le projet de loi no 101, on se
donne un régime intérimaire plus, plus, plus. Notamment, depuis 2021, qui nous
parlait de risques...
M. Boulet : …physique, puis
biologique, puis chimique avant 2021. Oui. Qui nous parlait de risques
psychosociaux? Puis mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve a contribué à ça parce
qu'on a travaillé beaucoup en équipe. Et les risques psychosociaux, là, il y a
plein d'éléments qui vont permettre non seulement de les identifier, mais de
mettre en place des mécanismes de contrôle pour les éliminer, les risques
psychosociaux.
C'est une avancée, parce que Magali, tu as
utilisé le mot « sans précédent en santé puis en éducation ». Et mes
collègues qui sont à la santé et à l'éducation, ils sont véritablement
conscients de l'effort colossal que la mise en application du régime
intérimaire bonifié va conférer aux travailleurs, travailleuses. Le but qu'on a
tous, Magali. Ça, on ne pourra jamais se chicaner là-dessus, on veut réduire la
fréquence puis la gravité des accidents de travail. Puis et à certains égards,
on a atteint énormément nos objectifs parce qu'il faut que les milieux se
prennent en charge et ils le font. Puis la culture de prévention durable, elle
intègre tous les milieux de travail sans égard au sexe, sans égard à quelque
motif que ce soit prévu dans la Charte.
Puis je vais le dire à d'autres de vos
collègues qui vont venir ici, on n'a jamais, mais jamais été guidés par ça.
Puis on respecte le principe du multiétablissement. Il y a des spécificités en
santé puis en éducation. Puis moi, je demeure convaincu… puis, Magali, je te le
dis, là, on va se rencontrer puis on va voir tout ce que ça implique, parce que
ce n'est pas… ce n'est pas discriminatoire, c'est respectueux des capacités
organisationnelles et du contexte particulier en santé puis en éducation.
La négo, Magali, là, je veux t'entendre
là-dessus. Tu me dis : ça, c'est la négo avant la révision administrative.
Quand tu me dis : 44 % des décisions sont renversées, c'est au TAT,
ce n'est pas en révision administrative. La plupart des décisions en révision
administrative, ça me tanne de le dire, là, Magali, là, parce que votre
recommandation… puis j'apprécie… parce que vous avez beaucoup de bonnes
recommandations, d'éliminer la direction de la révision administrative. On
avait… on en a beaucoup parlé, et je pense que c'est important d'y revenir, là,
parce que c'est… la négo qui se fait après la révision administrative, elle se
fait déjà. Mais là, dans le projet de loi n° 101, on parle de négo avant.
Puis il y a un accompagnement des parties par une personne neutre de la CNESST.
Oui, mais je le comprends, Guillaume, tu vas me dire : Il y a un conflit
d'intérêts. Oui, mais en fait ce n'est pas la même personne qui agirait comme
réviseur, ni comme agent d'indemnisation pour rendre la décision de première
instance. C'est purement volontaire, Magali. C'est un processus qui est
purement volontaire. Je suis le travailleur, tu es mon employeur puis on
convient tous les deux. On va rencontrer quelqu'un qui travaille à la CNESST.
On va poser des questions. Une réclamation refusée, une méthode de calcul
d'indemnité de remplacement de revenu, on va discuter. Il n'y a rien qui nous
oblige à s'entendre. Des fois, et Magali, tu le sais, le dialogue social, ce
n'est pas toujours des d'accord.
Mme Picard (Magali) : Je n'ai
pas de problème avec ça, moi, M. le ministre.
M. Boulet : Mais le dialogue
social, ce n'est pas un monologue social. Il y a des désaccords quand tu
dialogues. Puis je sais, Magali, on dialogue tous avec des personnes autour de
nous puis on ne s'entend pas tout le temps, on se respecte pareil. Et c'est une
de tes grandes qualités, d'ailleurs, je l'ai souligné au début. Ça fait que,
Guillaume, je sais, votre point, ce serait, Magali, d'éliminer la DRA, puis
parce que cette personne-là, de toute façon, serait en situation conflictuelle.
Guillaume ou Magalie?
M. Lavoie
(Guillaume) : Bien oui, absolument, M. le ministre, vous êtes
souvent intervenu devant les tribunaux, vous savez très bien que… je fais… je
dresse un parallèle avec ce qui se passe au stade du tribunal administratif.
Lorsqu'il y a une contestation d'une décision de la CNESST, la commission a le
loisir d'intervenir devant un tribunal pour défendre sa position, alors il est
clair que la Commission agit à titre de partie, c'est une partie au même titre
que le travailleur, au même titre que l'employeur. Alors, pourquoi est-ce que
ce serait différent au stade de la révision administrative?
Ce qu'on reproche beaucoup dans notre
mémoire au projet de loi, c'est que ce processus de négociation là se fait sans
aucune intervention d'un tiers qui serait neutre et impartial, qui serait à
même d'accompagner le travailleur, qui est, dans la plupart des cas, non
représenté, particulièrement en milieux non syndiqués. Donc, on comprend
vraiment mal la prétention qui est faite dans le projet de loi, votre prétention
à l'effet que ce négociateur-là est neutre, c'est manifestement une partie au
litige. C'est la partie même qui a rendu la décision contestée.
Mme Picard (Magali) : Si je
peux me permettre, M. le ministre, là, moi, j'ai eu la chance d'avoir une
présentée… une… une présentation par les Counselor Workers à travers…
Mme Picard (Magali) : ...là,
il y a une association, ils travaillent tous pour les gouvernements
provinciaux. Ils sont là pour accompagner les travailleurs, ils ne sont pas du
tout sous ce que nous on appelle la CNESST, ils sont comme des genres de... je
vais vous dire des ombudsmans, appelez ça comme vous voudrez, mais ils sont là
pour les travailleurs, et ils sont complètement en œuvre, et ils n'ont aucun
conflit d'intérêts avec les ministères ou... la personne qui est le payeur
là-dedans. Donc, c'est ce qu'on souhaite avoir. Puis on devrait... C'est rare
qu'on se compare aux autres, là, puis qu'on pense qu'on est en arrière, mais je
pense que le Québec a tout à gagner de se munir de ce type de conseillers là
pour tous les travailleurs et travailleuses du Québec.
• (14 h 20) •
M. Boulet : Super! Magali, je
reviens avec un autre point que tu as traité : l'arbitrage. Bon, il y a
une vingtaine de mesures dans le projet de loi. Il y en a là-dedans qui sont
des avancées intéressantes pour les travailleurs et travailleuses. J'aimerais
que tu me le confirmes.
Mme Picard (Magali) : Ah,
absolument.
M. Boulet : O.K. Parfait.
Mme Picard (Magali) : Là,
vous parlez de ce qu'on s'est entendu au CCTM.
M. Boulet : Vous l'avez...
Alexandre, tu as compris la réponse? Il y a des avancées dans... La vingtaine
de mesures, il y a des avancées intéressantes pour les travailleurs,
travailleuses. Non, mais je voulais m'assurer que...
Mme Picard (Magali) : Il y en
a.
M. Boulet : Magali... Au cas
où, Alexandre, au cas où. Magali, dans l'arbitrage, ce que je comprends, on a
le même objectif, de réduire les délais puis d'éviter la judiciarisation, puis
les tribunaux ont toujours dit «il faut que ce soit une procédure expéditive».
Vous en avez parlé au CCTM. Je pense que tu es d'accord avec la médiation. Je
pense que tu es d'accord avec la conférence préparatoire. La divulgation de la
preuve, j'ai toujours pensé que les employeurs étaient moins à l'aise puis
que... J'aimerais t'entendre là-dessus. C'est quoi, la réserve?
Mme Picard (Magali) : Bien,
écoutez, ça fait très longtemps, ça fait très longtemps qu'on demande d'avoir
une pleine divulgation, et ça, c'est une bonne nouvelle, là, donc...
M. Boulet : O.K. Donc, les
trois : médiations, conférence préparatoire puis divulgation de la preuve,
ça va?
Mme Picard (Magali) : Absolument.
M. Boulet : O.K. Parfait.
Excellent. Magali, peut-être, dernier point, là : transparence financière.
Bon, je vous félicite là-dessus, l'objectif qu'on avait en tête, c'est une
règle de saine gouvernance, qu'il y ait des états financiers vérifiés puis
qu'ils soient présentés en assemblée générale annuelle. Vous le faites, puis tu
me l'avais déjà dit, de toute façon, ça fait que, tu sais, ce n'est pas...
Mme Picard (Magali) : Il n'y
a rien pour écrire à sa mère là-dedans.
M. Boulet : Ce n'est pas une
exigence qui est disproportionnée. Peut-être que d'autres en voudront plus,
moi, ça me convient. Puis ça permet à des travailleurs syndiqués de voir l'état
des revenus et dépenses, puis de poser des questions, puis moi, ça me va.
La recommandation pour les deux, trois
membres, les unités syndicales de deux, trois membres. Puis la référence que
vous faites aux OBNL, moi, je trouve que c'est une... bon, je trouve que c'est
une saine recommandation, et on va travailler ensemble. Il y a certainement
quelqu'un qui va me proposer un amendement, peut-être que l'amendement viendra
de nous, mais je suis d'accord avec toi, là, fondamentalement, là, tu sais.
Mme Picard (Magali) : Je
pense que là, on parle vraiment du gros bon sens, là. Sincèrement, on ne veut
pas mettre personne... aucune section locale en déficit, puis on veut une
transparence, puis on est d'accord avec ça à la FTQ, donc il n'y a pas d'enjeu
de notre côté. Puis j'étais en conseil général de la FTQ, hier, à Alma,
d'ailleurs on est sur le chemin du retour, et on a amené ça, puis il y a zéro
problème avec ça. Mais ce qui est important pour les dirigeants de la FTQ,
c'était que vous sachiez que c'est déjà une pratique chez nous. On ajoute, là,
les états financiers ou la lettre détaillée d'un comptable, mais c'est déjà la
pratique. Et entre zéro et 250 000, ça, c'est ce qui est fait partout dans
les plus petites sections locales. Donc, il n'y en a pas d'enjeu à ce
niveau-là.
M. Boulet : C'est super. Mais
c'est tout à votre honneur parce que, Magali, ce n'est pas systématiquement
comme ça.
Mme Picard (Magali) : Ce
n'est pas la croyance populaire, mais c'est la vérité. Donc là, on ne pourra
plus s'obstiner sur l'absence de transparence syndicale.
M. Boulet : En ce qui
concerne la FTQ. Tout à fait.
Mme Picard (Magali) : Je ne
peux pas parler pour les autres.
M. Boulet : Aïe, merci
beaucoup. Merci de votre présence à tous les quatre. Puis on va se resaluer
puis on va se reparler. Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On enchaîne avec l'opposition officielle. Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, vous avez 8 min 4 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Alors, merci beaucoup, Mme Picard, pour cette présentation, ce
tour de force, effectivement. On ne se cache pas qu'on n'est pas... on ne va
pas être en accord avec toutes les recommandations, mais la présentation, en
tout cas, très impressionnante.
Plusieurs questions. Vous avez décrit ce
projet de loi comme étant discriminatoire, même en termes de sexisme, sexiste,
mais il y a peut-être quelques bons points. Par exemple, est-ce que vous êtes
favorable à l'instauration des 10 jours d'absence rénumérés pour les
victimes de violences conjugales?
Mme Picard (Magali) : Ah,
vas-y Annie. Oui, absolument. La réponse est oui.
Mme McGraw : ...impeccable.
Vous avez aussi... bon, il y a eu... Évidemment, le gouvernement va modifier
certains règlements dans l'aval... sans l'aval du C.A. de la CNESST. Là, vous
avez des craintes, évidemment. Est-ce qu'on peut vous entendre un peu plus
là-dessus?
Mme Landry (Annie) : Donc, en
fait, c'est ça, c'est que le règlement, le règlement sur le mécanisme de
participation de la CNESST pour les établissements sans règlement, qui avait
été demandé lors du p.l. n° 59 qui prévoit l'application, entre autres,
principalement, pour le comité de santé et sécurité, le représentant en santé
et sécurité... le règlement prévoyait que le secteur de la santé était au
niveau le plus élevé des risques en milieu de travail et par conséquent, avec
l'application du régime particulier prévu dans le p.l. n° 101, ça ne
respecte pas ce constat-là, même chose pour le milieu de l'éducation, qui était
à un niveau modéré des risques. Et les études subséquentes qui sont parues par
la suite démontrent des gros enjeux de risques psychosociaux dans ces milieux-là.
Donc, le projet de loi ne respecte pas l'entente qu'il y a eue au C.A. de la
CNESST parce qu'il exclut l'application du règlement à ces secteurs-là,
d'autant plus qu'il diminue les fonctions qui sont prévues originellement à la
Loi sur la santé et la sécurité pour le représentant en santé et sécurité et
pour le comité de santé et sécurité, ce qui va... ne permettra pas aux
personnes dans les milieux de travail de prendre en charge la santé et sécurité
parce que... L'objectif du régime en santé et sécurité, c'est que les
travailleurs et travailleuses connaissent les risques dans leur milieu de
travail. Ils sont mieux à même de le partager à leur employeur, à les faire
connaître, à proposer des moyens pour corriger la situation. Et là l'abolition,
l'accès restreint à ces fonctions-là fait que les personnes ne seront plus
capables, dans le secteur de la santé, de l'éducation et des services sociaux,
de faire connaître les risques dans leur milieu de travail et de demander les
correctifs nécessaires pour améliorer la situation parce que... Bien qu'on
comprend la préoccupation pour la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur de la
santé et de l'éducation, c'est parce que, justement, c'est les conditions de
travail qui sont intolérables qui ont un lien avec la santé et sécurité. Il
faut avoir les moyens de...
Mme Picard (Magali) : J'aimerais
ça, Annie, que tu partages le nombre de réclamations dans les dernières années
ou... en tout cas, les chiffres, là, sont... parlent d'eux-mêmes, là. Il y a
une augmentation des réclamations d'une façon extraordinaire au niveau
scolaire, là, dans nos établissements scolaires et de santé. Puis on ne peut
pas continuer à dire : Il n'y aura jamais. Hein, on aura toujours une
pénurie de main-d'oeuvre tant qu'on ne prendra pas soin de notre monde.
Alors, tu sais, c'est l'oeuf ou la poule.
À un moment donné, est-ce qu'on investit pour vrai, est-ce qu'on fait de la
prévention puis on garde notre monde en santé au travail ou on continue de ne
pas faire de la santé et sécurité puis de la prévention puis on accepte que les
gens tombent malades puis qui quittent? C'est ça, la question devant nous, là.
Donc là, le gouvernement a aussi décidé de
gérer avec de l'austérité, de geler l'embauche. Mais ça, on ne peut pas, par
ces mesures-là, d'une façon consciente, laisser nos gens devenir malades, se
blesser, consciemment, pour une question d'austérité ou encore parce qu'on
manque de main-d'œuvre. C'est un investissement, la prévention. Donc, on veut
avoir des établissements, on veut avoir des fonctionnaires dans nos
établissements qui offrent des services de qualité. Pour ça, il faut les garder
en santé.
Mme McGraw : Bien, vous avez
dit que c'est un investissement. Souvent, la prévention, ça coûte moins cher
qu'un mode réaction. Est-ce que vous avez des données là-dessus...
Mme Picard (Magali) : Dix
fois, hein?
Mme McGraw : C'est
10 fois.
Mme Picard (Magali) : Je
pense que 1 $ investi... Vas-y, excuse-moi. J'ai des spécialistes ici,
hein? C'est très, très important à la FTQ, la SST. Donc, j'ai promis que je les
laissais aller avec... avec les experts.
Mme Landry (Annie) : Bien, en
fait, la donnée la plus connue sort de la Vérificatrice générale du Québec, qui
mentionnait que 1 $ investi en prévention, c'était 10 $... jusqu'à
10 $ d'économisé.
Mme McGraw : Ça fait qu'on
parle vraiment d'investissements, pas juste de dépenses, mais vraiment des
investissements.
Juste pour revenir au C.A. de la CNESST.
L'idée qui a été mise de l'avant par Force Jeunesse d'avoir une personne de
50... 35 ans ou moins pour, effectivement, le renouvellement
générationnel, est-ce que ça vous... qu'est-ce... Comment vous réagissez à cette...
Mme Picard (Magali) : Je vais
être honnête, ça, ça... je n'ai pas... je n'ai pas d'opinion comme telle
là-dessus. À partir du moment où le comité demeure paritaire, c'est ce qu'il y
a de plus important. Donc, est-ce que ce sera une personne qui provient des
syndicats, dont... on a plein de comités de jeunes, et, du côté patronal, la
même chose, une relève patronale? Si c'est l'enjeu... Vous savez, là, on est
des grands démocrates. Donc, que toutes les parties intéressées soient
représentées, on n'a pas de problème avec ça, mais je vous le dis, ce qui est
important, c'est de demeurer paritaire.
Mme McGraw : Merci. Bon, vous
avez plusieurs recommandations, je pense que c'est 28... c'est ça, 28 en total.
J'aimerais vous entendre, vous laisser le temps d'élaborer sur les
recommandations qui sont les plus importantes. Et, si vous avez... il
fallait... s'il faut prioriser des amendements majeurs, selon vous, quels
seraient les amendements majeurs pour retenir, pour effectivement corriger,
selon vous, ce projet de loi?
Mme Picard (Magali) : Je
vais...
Mme Picard (Magali) : …avec
Annie puis ensuite Guillaume.
Mme Landry (Annie) : Bien, en
fait, l'amendement majeur, c'est évidemment le retrait du régime particulier
pour les secteurs de la santé, et de l'éducation, et des services sociaux. Puis
peut-être juste rajouter… Il faut savoir que la LSST, tel qu'amendée par le
p.l. n° 59, prévoit qu'il peut y avoir entente entre
les parties pour l'application des mécanismes de prévention. Et, avant le p.l. n° 101, il y avait déjà des ententes qui avaient lieu dans
des milieux de la santé et de l'éducation entre les syndicats présents et… l'ensemble
des syndicats présents. Donc, les quatre syndicats dans le secteur de la santé
s'entendaient pour appliquer les mécanismes de prévention. Donc, même… et on
est conscients des enjeux dans les milieux de travail, et ça s'applique quand
on permet la discussion et l'application à l'ensemble du régime.
Mme Picard (Magali) : Guillaume.
• (14 h 30) •
M. Lavoie
(Guillaume) : On va revenir sur la proposition qui est faite,
de créer un bureau de représentation pour les travailleurs accidentés. Encore
une fois, ce n'est pas une question de dépenser. On pense que ça va, au
contraire, favoriser la déjudiciarisation, un bon accompagnement, des bons
conseils au niveau des travailleurs accidentés. Ça peut favoriser un
accompagnement qui va faire en sorte de libérer les tribunaux. Et, encore une
fois, on est la dernière province canadienne qui ne donnons pas ce service-là
aux travailleurs accidentés, qui sont souvent laissés à eux-mêmes.
Mme Picard (Magali) : Moi,
j'ai envie de terminer en vous disant que c'est cette attente-là qu'on a depuis
tellement longtemps, et cet engagement-là, de la part de notre ministre du
Travail. Écoutez, partout, pendant plus d'une année, je vous ai entendus. J'ai
entendu la ministre Boulet nous dire même au grand rendez-vous de la CNESST :
Je vais être le premier ministre… pas le premier ministre du Québec, le premier
ministre au Québec, après 40 ans, qui amènera de la prévention en santé et
sécurité dans tous les milieux de travail. Bien, je comprends quand vous dites
ça, mais, pour nous, là, pourquoi faire une distinction à ce moment-là? C'est
qu'ici il y a deux étapes, il y a deux régimes, il y a deux niveaux, il y a
deux catégories d'emplois, puis ça adonne que c'est 80 % de femmes. Ça ne
passe pas. C'est un mauvais message. Je pense même que notre ministre du
Travail a essayé de le faire adopter, mais qu'on a eu deux ministres
responsables de d'autres ministères qui n'ont pas collaboré là-dedans. Alors,
j'en suis extrêmement déçue. C'est décevant. Les attentes ne sont pas rencontrées,
puis on a l'impression qu'on a été abandonnés et que notre dialogue social,
finalement, n'a pas été respecté.
Mme McGraw : Merci.
Le Président (M. Allaire) : Ça
va? Merci. On enchaîne avec le deuxième groupe de l'opposition, M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, 2 m 41 s.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous quatre. Toujours un plaisir de vous voir. Mon Dieu,
je voudrais poser une question sur chacune de vos 27 ou 28 recommandations tellement
c'est tout pertinent. Il faut choisir.
D'abord, peut-être plus méta. On s'est-tu
fait avoir avec le projet de loi n° 59 puis le régime intérimaire?
Mme Picard (Magali) : Ah! la
question qui tue. Vas-y donc, Annie, tu l'as traité longtemps, le p.l. n° 59, avant même que j'arrive.
M. Leduc : Oui, 190 heures,
si je me rappelle bien.
Mme Landry (Annie) : En fait,
pour être bien franche, après trois ans de travaux sur le RMPPE, c'est
évidemment issu d'une discussion paritaire. On a laissé des choses sur la
table. Ça a été… Ce n'est pas un régime qui serait parfait, loin de là, mais
c'était quelque chose issu du dialogue social qui aurait permis de faire
avancer, en effet, quelque chose que ça fait 40 ans qu'on attendait. Mais là,
avec le projet de loi n° 101, c'est quatre ans de négociations qui tombent à
l'eau, puis, on sait, quand on négocie… On savait que le secteur de la santé,
c'était un enjeu. Il y a des choses qui sont dites à cette table-là en
considérant ces secteurs-là en particulier, et là on s'est fait jouer.
M. Leduc : Est-ce que l'État
employeur donne un bon exemple en santé et en éducation?
Mme Picard (Magali) : Bien,
je pense que c'est une catastrophe. En 2025, on peut s'attendre à mieux que ça.
C'est… Pour moi, c'est inconcevable, puis on le fait dans plusieurs secteurs
présentement, là. Je ne parlerai pas du p.l. n° 89
même si je me mords les lèvres, mais c'est comme si on peut exiger, imposer aux
entreprises privées des pratiques, des mesures, en se disant : Il n'y a
pas de raison, puis là on agit, là, comme chef d'État, puis vous allez vous
conformer, puis il y a un arbitre qui va pouvoir décréter des conditions
d'emploi, et on va être capables, là, dans… dans le projet de loi, vous allez
faire de la prévention, mais nous, là, on a des bonnes raisons, nous, on ne
peut pas. Moi, pour moi, c'est deux poids, deux mesures, c'est irresponsable,
c'est un mauvais message qu'on envoie, puis honnêtement il faut que ça cesse.
Puis on le voit dans plusieurs projets de loi et on peut s'attendre à mieux que
ça. Donc, c'est inacceptable.
M. Leduc : Sur la section des
états financiers vérifiés, c'est déjà dans le Code du travail, c'est-à-dire le
rendre public, là, c'est l'aspect vérifié qui change, ça coûte très cher. On a
évalué… Vous avez une proposition intéressante. Moi, je jonglais avec l'idée de
peut-être mettre une exemption sur l'aspect vérifié, donc, pour les 100 membres
et moins, par exemple. Est-ce que c'est quelque chose qui pourrait s'appliquer
aussi?
Mme Picard (Magali) : Lucie.
Mme Enel (Lucie) : C'est-à-dire
que la donnée la plus… Un audit, ça coûte minimum… le plancher est entre
8 000 $ et 10 000 $. Donc, quand on prend cette donnée de
base, la donnée la plus logique serait d'y aller avec les revenus.
M. Leduc : Les revenus du
syndicat.
Mme Enel (Lucie) : …des
syndicats. Et, effectivement, pour les petites sections locales qui comptent
moins de 10 membres, qui ont parfois seulement quelques milliers de dollars de
revenus annuels, bien là on comprend qu'il est totalement irréaliste de leur
demander…
14 h 30 (version non révisée)
Une voix : ...irréaliste de
leur demander de payer un audit qui...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, je dois vous couper, malheureusement. On enchaîne avec la députée de
Terrebonne. 2min 41s, également. Allez-y.
Mme Gentilcore : Merci. Merci
d'être là. Je vous écoute avec énormément d'attention. Je suis ici, bon, comme
députée de Terrebonne, mais je suis ici avant tout comme citoyenne et comme
femme. Et je suis très, très, très inquiète, moi aussi, des enjeux que vous
avez soulevés, entre autres, par rapport au fait, là, qu'on repousse l'échéance
pour les domaines de l'éducation et de la santé, notamment, ce qui va encore
plus fragiliser nos travailleuses. Et je me demande, d'ailleurs, quel message
on leur envoie avec de telles dispositions.
Vous semblez dire que le ministre Boulet
est de bonne intention, là-dedans, donc, d'où ça vient?
Mme Picard (Magali) : Bien,
écoutez, je vais être très, très franche, là, comme à mon habitude, on s'est
entendu, à la CNESST, le comité paritaire s'est entendu. Alors, ça a été, bien
sûr, acheminé au bureau du ministre. On nous est revenu alors qu'il y avait eu
un consensus, en nous disant : Écoutez, il n'y avait pas de représentant
du ministère de la Santé et de l'Éducation, donc c'est pour ça que vous avez eu
un consensus. On vous demande d'aller renégocier. On ne fait jamais ça, hein,
se rasseoir pour renégocier un consensus, mais on est tellement de bonne foi,
on veut tellement que ça fonctionne qu'on a accepté, avec deux personnes qui
ont été nommées de ces deux ministères-là. Et après on nous dit : Bien ce
n'étaient peut-être pas les meilleures personnes à envoyer là.
Donc, on a eu deux consensus qui ont été
jetés aux poubelles les deux fois. Alors, ça, là, je vous dis que c'est tout un
coup. On démontre notre bonne foi là-dedans. Quand on parle de transparence,
Lucie vous parle, là, on a pris un exemple qui a été mis en place par le
gouvernement. On n'est pas de mauvaise foi, là-dedans, on veut travailler avec
le gouvernement. Malheureusement, dans les derniers mois... ce n'était pas
comme ça il y a deux ans, mais, dans les derniers mois, on dirait qu'il y a une
volonté de ne plus travailler dans le dialogue social, puis ça, bien, c'est
extrêmement désolant. Tout le monde paie au Québec, actuellement.
Mme Gentilcore : Comment vous
expliquez qu'un principe qui émane du gouvernement doive être appliqué au
domaine privé mais ne doit pas être appliqué au domaine public? Comment on
explique ça à la population?
Mme Picard (Magali) : Moi, je
ne suis pas capable de l'expliquer. Pour être honnête avec vous, je ne suis pas
capable d'expliquer ça. Je ne serais pas capable de faire ça, tu sais, je veux
dire, de dire : C'est bon pour vous tous, mais pas pour moi, là, c'est
assez invraisemblable. Puis c'est carrément ça, là, je n'ai pas d'autres choses
à vous dire que : Moi, je n'ai pas... je manque de main-d'œuvre, moi, je n'ai
pas les capacités financières, moi, je mets un gel d'embauche, alors que nos
entreprises au Québec font affaire avec des travailleurs étrangers parce qu'ils
ne sont pas capables d'avoir assez de main-d'oeuvre, ils vivent exactement la
même réalité.
Mais ce qu'on est d'accord, c'est de dire
que la prévention, c'est partout. On ne peut pas continuer à laisser nos gens
se blesser puis se retrouver dans tous les dédales administratifs. Ça, on est d'accord
avec ça puis on veut travailler avec le gouvernement là-dessus, mais pas deux
poids, deux mesures. Ça, on ne peut pas... je ne peux pas l'expliquer.
Mme Gentilcore : Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Simple petit... sympathique rappel, Mme la députée de Terrebonne, on doit
identifier les collègues par leurs titres, n'oubliez pas. M. le député de
Saint-Jérôme, la parole est à vous. 2min 4s.
M. Chassin :Bien, moi aussi, je suis là aussi à titre de citoyen, je ne
sais pas si c'est un titre. Mais aussi, évidemment, peut-être un petit peu
différemment du projet de loi no 89, on est moins d'accord, je pense,
parce que je trouve que le ministre manque une belle occasion d'aller beaucoup
plus loin dans la réforme du régime du Code du travail, et même R-20, tout le
milieu de la construction.
Ceci étant, vous avez parlé de la
transparence financière, puis, évidemment, par exemple, une entreprise cotée en
Bourse a des responsabilités aussi en termes de transparence financière. Les
syndicats ont le pouvoir, dans le fond, de prélever, à travers l'employeur,
évidemment, là, mais de se faire verser les cotisations syndicales de façon
automatique. Est-ce que ce grand pouvoir ne vient pas avec des grandes
responsabilités, notamment la transparence financière auprès du grand public?
Mme Picard (Magali) : Envers
le grand public? Donc, ce que vous nous demandez, c'est de rendre public le
nombre d'argent qu'on a dans le fond de grève, qui va dire à tous les
employeurs au Québec on a... combien de temps qu'on est capable de sortir notre
monde. Là, vous savez, vous allez sur un terrain très glissant, parce que notre
transparence, là, comme n'importe quelle autre entreprise, va directement aux
membres, aux membres qui sont des cotisants, et ça, on le fait, puis on le fait
déjà, c'est déjà notre pratique.
Ensuite, de venir affaiblir le mouvement
syndical pour donner des arguments au reste de la population, qui inclut, bien
sûr, les patrons, les gouvernements, je ne vois pas pourquoi on amènerait ce
déséquilibre-là.
M. Chassin :...fond de grève, c'est vraiment l'enjeu, là, dans ce
cas-ci.
Mme Picard (Magali) : Il n'y
a pas juste le fond de grève, je veux dire, il y a des décisions qui se
prennent, là. Les cotisants sont, eux, les propriétaires de leurs syndicats, c'est
eux qui viennent et qui votent sur chacune des lignes où on met de l'argent,
quelle campagne on fait. Tout ça se fait de façon démocratique, comme très peu
d'entreprises cotées en Bourse font.
M. Chassin :Évidemment.
Mme Picard (Magali) : Alors,
on s'entend, là. Donc, on est beaucoup plus démocratiques, on travaille
davantage en communauté. Il n'y a pas une organisation qui a...
M. Chassin :Là, je manque de temps, mais...
Mme Picard (Magali) : Je suis
désolée.
M. Chassin :Puisque vous êtes très démocratique, l'accréditation au
vote secret, est-ce que ça ne devrait pas être automatique?
Mme Picard (Magali) : Vous
savez qu'il y a encore des gens qui doivent se cacher parce qu'ils ont peur.
Ils se font faire des menaces de la part de leurs employeurs. Est-ce que
vraiment, là, il faudrait vous expliquer...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Désolé, vous pourrez continuer votre discussion hors micro. Donc, ça met fin à
l'ensemble des blocs d'échange. Merci à la Fédération des travailleurs et
travailleuses du Québec pour votre belle contribution à cette commission.
Donc, je suspends...
Le Président (M. Allaire) : ...les
travaux pour permettre au prochain groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 14 h 40)
(Reprise à 14 h 45)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. Nous sommes prêts à accueillir notre
prochain groupe. En fait, c'est... c'est une intervenante, une chercheuse de
l'université, de ce que j'ai compris, Mme Geneviève Baril-Gingras, qui est
accompagnée par M.... Maître Lampron. Bienvenue à cette commission. Je vous
laisse quand même le soin de vous présenter. Et vous pouvez commencer votre
exposé de 10 minutes. La parole est à vous.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Merci.
M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, Mesdames et Messieurs
les membres du public de la société civile, bonjour. Je suis professeure
titulaire au Département des relations industrielles de l'Université Laval
depuis 2002. J'ai dirigé le MBA en gestion de la santé et de la sécurité du
travail et la maîtrise en ergonomie, c'est le dernier programme, pendant sept
ans. J'ai aussi été conseillère en prévention pendant une dizaine d'années dans
les réseaux de la santé et dans le secteur de l'administration provinciale. Je
suis membre de l'équipe de recherche interdisciplinaire sur le travail, santé,
genre, égalité, et du Centre de recherche interuniversitaire sur la
mondialisation et du travail... et le travail. Je suis accompagnée de mon
collègue Louis-Philippe Lampron, qui va se présenter lui-même. Merci.
M. Lampron
(Louis-Philippe) :Alors, bonjour.
Louis-Philippe Lampron. Je suis avocat membre du Barreau du Québec qui est
professeur titulaire en droits et libertés de la personne à l'Université Laval
depuis 2007. Je me spécialise sur les questions de libertés fondamentales et de
droit à l'égalité et interdiction à la discrimination.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Alors,
je dois commencer par vous remercier de cette opportunité, mais surtout par
regretter que l'Union des travailleurs et travailleuses accidentées et malades
n'ait pas eu ce privilège, alors qu'elle représente un groupe de travailleurs
non syndiqués qui... pour qui il y a beaucoup d'enjeux dans le projet de loi
n° 101.
Alors, notre mémoire, c'est le résultat du
travail collectif auquel ont contribué neuf chercheuses et chercheurs de trois
universités québécoises. On traite de trois mesures proposées par le projet de
loi n° 101 : premièrement, l'exclusion, qui nous semble injustifiée,
de larges pans des groupes d'activités de la santé et de l'éducation par la
couverture du futur régime permanent de prévention en santé et sécurité,
deuxièmement, le report d'une année tout aussi injustifié de la date d'entrée
en vigueur de ce régime permanent pour tous les autres établissements, ce qui
affecte en particulier les femmes également, et la modification qui nous semble
inappropriée au processus d'adoption réglementaire.
Donc, l'enjeu derrière tout ça, c'est
celui des ressources dont vont pouvoir disposer les comités de santé et
sécurité du travail, donc en termes de nombre de réunions par année, nombre de
membres et les représentants en santé et sécurité du travail, en particulier en
termes de nombre d'heures de libération par mois, mais aussi les fonctions qui
vont leur être attribuées légalement puis les informations dont ils vont
pouvoir disposer pour être efficaces.
Donc, ces deux mécanismes que, moi,
j'appelle la poudre à pâte dans le gâteau. Qu'est-ce qui arrive quand il n'y a
pas de poudre à pâte? Le gâteau ne lève pas, ne fonctionne pas, c'est presque
un gaspillage à la... en fait. Et, la poudre à pâte ici, en termes d'heures de
libération, là, c'est 0,12 % du temps de travail global, là. Si on
regarde, là, qu'est-ce que ça veut dire, les heures de libération, là, ce n'est
pas plus que ça. Puis là, on veut le... on veut diviser ça par quatre, là. On
ne veut pas accorder les heures de libération au niveau qui était prévu par une
évaluation qui était basée sur des critères objectifs.
Donc, premièrement, le gouvernement
propose l'exclusion de larges pans, donc, des secteurs de la santé et de
l'éducation qui semblent en fait viser tout ce qui est financièrement, là,
dépendant du financement du gouvernement. Ça maintiendrait ces établissements-là
dans une situation où les moyens dévolus à la prévention sont inférieurs à ce
qui devrait être investi pour que ça corresponde au niveau de risque tel qu'il
avait été évalué dans le Règlement sur les mécanismes de prévention et de
participation adopté par la CNESST en septembre 2024.
Alors, les secteurs des services
d'enseignement étaient placés au niveau de risque deux, c'est-à-dire,
faible-moyen plutôt que faible, et les services de santé, soins de santé
ambulatoires, hôpitaux, établissements de soins infirmiers et de soins pour
bénéficiaires internes étaient classés au niveau de risque quatre. Et, ça, ça
veut dire qu'ils sont au même niveau que l'extraction minière, la foresterie et
la fabrication de matériel de transport, des secteurs majoritairement masculins
où on ne discute pas du fait qu'effectivement ce soient des secteurs très à
risque. Alors, ce calcul-là, il a été fait sur la base des lésions indemnisées
en termes de fréquence et de durée, et aussi en fonction de résultats de l'enquête...
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : ...de...
sur la santé de la population, qui est faite par l'Institut de la statistique
du Québec, et donc, sur la base des indicateurs sur les risques de... les
risques psychosociaux et les risques de troubles musculo-squelettiques. Donc,
cette exclusion-là, ça affecterait de manière disproportionnée les femmes, qui
représentent, dans les quatre groupes, là, exclus, de 68 % à 79 % de
la main-d'œuvre. Alors, nous pensons que c'est une exclusion qui est
discriminatoire. C'est ce que je vais demander à mon collègue d'expliquer.
• (14 h 50) •
M. Lampron
(Louis-Philippe) :Alors, très rapidement,
effectivement, en plus des arguments de légitimité, hein, qui sont présentés
dans le mémoire, et qui ont été mis de l'avant, notamment, par l'intervenant
qui nous a précédés, là, on croit que les mesures et l'exclusion des secteurs à
majorité féminine heurtent de plein fouet le droit à l'égalité, protégé par la
charte québécoise et la charte canadienne, qui est quelque chose d'un peu
ironique avec l'adoption récente de la Loi sur l'intégration nationale, qui
fait de l'égalité entre les hommes et les femmes une des nombreuses valeurs
québécoises, là, qui sont au cœur du fameux modèle québécois, qui est à être
définie, là, par le projet de loi n° 84, et aux dispositions, article
50.1, de la charte québécoise, et l'article 28 de la charte canadienne, là.
L'égalité entre les hommes et les femmes, ce n'est pas un motif comme les
autres, en fait, à l'intérieur des dispositions qui protègent le droit à
l'égalité.
Alors, le point de départ, très
rapidement, là — je vous réfère à l'analyse qui est décrite dans le
mémoire — c'est qu'on est face à des dispositions renforcées de la
Loi sur la santé et sécurité au travail concernant la prévention des risques
psychosociaux. Ça, c'est le point de départ. Et là on est... le projet de loi
n° 101, c'est une proposition qui vise à exclure certains secteurs
importants d'activité de l'application de ces dispositions renforcées, avec un
impact majeur sur des travailleuses, plutôt que des travailleurs, et dans un
contexte où on se trouve à aggraver la situation d'un groupe qui est
particulièrement à risque, en fait, là, tel que ça vient d'être énoncé.
Alors, c'est un cas clair de
discrimination indirecte. Faire de la discrimination, ce n'est pas relatif à
l'intention de discriminer. Donc, il est de jurisprudence constante qu'une
norme neutre peut être contraire au droit à l'égalité, à partir du moment où la
preuve démontre qu'elle cause des effets négatifs sur un groupe protégé par le
droit à l'égalité. En l'occurrence, là, 68 % à 79 %, là, la preuve
est très facile à faire sur l'atteinte, à mon sens, là, du droit à l'égalité.
Et sur la question de la justification, parce
qu'il n'y a pas un droit fondamental qui est absolu, donc, les arguments que
j'entends qui sont mis de l'avant pour justifier cette exclusion-là, ce sont,
essentiellement, des motifs pragmatiques, donc administratifs et financiers, on
n'a pas les ressources, on n'a pas la main-d'œuvre, en fait. Et ça, dans la
jurisprudence en matière de protection des droits et libertés de la personne,
là, c'est très, très, très rare, en fait, sauf une crise financière
exceptionnelle, là, que ce soit jugé être un motif suffisant pour justifier une
atteinte aux droits et libertés fondamentaux, qui plus est, lorsqu'il est
question d'un droit, je dirais, à valeur prioritaire, là, comme l'égalité entre
les hommes et les femmes, et dans un contexte où, en plus, le choix qui est
fait par le législateur, là, n'a pas été fait en tenant compte des
caractéristiques du réel, de l'univers des personnes susceptibles d'être
affectées par l'exclusion des secteurs de la santé et de l'éducation.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Merci,
Louis-Philippe. En fait, donc, on parle ici non seulement du fait que ce sont
des femmes, en grande majorité, mais aussi que c'est un secteur qui est
vulnérable, au sens où il est particulièrement touché par les risques.
L'enquête québécoise sur la santé de la population, donc, qui vient de
l'Institut de la statistique du Québec, avec un échantillon représentatif,
montre que le secteur soins de santé et assistance sociale est, de tous les
secteurs, le plus exposé aux risques psychosociaux, qui ont des effets sur la
détresse psychologique, sur les absences, sur toute une série d'indicateurs de
santé physique et mentale, et il est suivi par le secteur des services
d'enseignement, qui est celui où la détresse psychologique élevée est la plus
présente, soit chez 30,7 % des répondants et répondantes.
Dans les deux secteurs, les taux de
détresse psychologique élevés sont significativement plus hauts que la moyenne,
et les deux secteurs sont particulièrement touchés par la violence au travail
et par les lésions qui en découlent. En 2023, on parle de 2 115 lésions
indemnisées attribuables à la violence dans le secteur soins de santé et
assistance sociale, soit 47,8 % de l'ensemble de ces types de lésions là
dans tous les secteurs d'activités, et... pardon, 982 dans le secteur des services
d'enseignement, pour 22,2 % du total.
Donc, le projet de loi n° 101
n'indique aucune date de fin pour mettre fin à cette exclusion. Autrement dit,
on risque de voir l'histoire se répéter. En 1985, pourquoi le régime a cessé de
s'appliquer progressivement? C'était prévu que ça s'applique partout. C'est
parce que le gouvernement en était rendu au... l'application en était rendue au
secteur de l'administration publique, et le gouvernement n'a pas voulu
s'appliquer à lui-même...
Mme Baril-Gingras (Geneviève) :
…régime de la LSST, donc a paralysé l'ensemble des autres secteurs. Il a fallu
35 ans pour que la paralysie cesse. Est-ce qu'il faut encore attendre tout
ce temps-là pour que la situation débloque? Alors donc, on recommande que
l'article 54 soit retiré.
En annonçant la modernisation du régime...
Oui, merci, je vais... je vais terminer. Donc, on… vous, M. le ministre, vous
nous informiez du fait que vous souhaitiez faire cesser cette discrimination.
Donc, pour cela, il faudrait que ce soit… que les données sur la base
desquelles vous vous appuyez pour exclure les secteurs de la santé soient
rendus explicites, ce qui n'était pas du tout le cas dans l'analyse d'impact
réglementaire. On demande que ce soit rendu public et on demande aussi que…
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Merci. Malheureusement, ça met fin.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) :
Oui, je vais juste mentionner, là, que...
Le Président (M. Allaire) :
Juste simplement, peut-être que M. le ministre pourra…
Mme Baril-Gingras (Geneviève) :
Ça pourrait revenir dans les questions. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Allaire) :
Exactement. Voilà. On poursuit, on débute la période d'échange. M. le ministre,
la parole est à vous.
M. Boulet : Oui. Merci à Mme
Baril-Gingras, Geneviève, merci. C'est Louis-Philippe, hein? Lampron, O.K., de
votre présence, de votre engagement puis manifestement votre maîtrise des
enjeux en santé-sécurité, évidemment, c'est un projet de loi qui comporte
20 mesures. Plusieurs sont salués tant par les associations patronales que
les syndicats, que les travailleurs, travailleuses, syndiqués ou non syndiqués.
Évidemment, vous mettez l'accent sur les
mécanismes de prévention, participation. Je comprends cette réalité-là. Puis,
tu sais, j'ai envie de crier : On était où au Québec pendant 35 ans?
On était où au Québec pendant 40 ans? Qui a manqué autant d'audace pour
dénoncer les atteintes alléguées au droit à l'égalité? Qui était absent?
Je vous rappelle en 1979, puis vous le
savez autant que moi, loi santé-sécurité qui s'intéresse à la prévention, Loi
sur les accidents de travail, maladies professionnelles qui s'intéresse à
l'indemnisation, en 1985, on a fait une vaste modernisation du régime de
santé-sécurité, j'en parlais à Guillaume puis Magali Picard tout à l'heure. Il
y a à peu près 75 %, 80 % des mesures de cette modernisation qui sont
entrées en vigueur. Des mesures extrêmement intéressantes pour atteindre quoi?
L'objectif de diminution de la fréquence et de la gravité des lésions
professionnelles. Il faut aussi en parler. Il faut parler de la possibilité de
la réadaptation avant l'atteinte permanente, il faut parler de ce qui a été
fait en matière de violence conjugale, familiale ou à caractère sexuel. On a
travaillé avec Mme Cox, on a travaillé avec des experts puis des expertes.
C'est extrêmement vaste.
Ceci dit, là où on se rejoint, c'est qu'un
des piliers de cette modernisation-là, c'était la prévention. Pourquoi la
prévention? Parce que si tu ne préviens pas, tu ne diminues pas les risques.
Puis il y a plus d'accidents. Puis la prévention, ça se fait comment? En
faisant des comités paritaires, en ayant des représentants. Avant, on appelait
ça des représentants à la prévention, maintenant c'est des représentants en
santé-sécurité du travail. Puis c'est en identifiant des risques. Pendant
35 ans, 40 ans, Geneviève puis Louis-Philippe, on s'intéressait aux
risques physiques, parfois chimiques, parfois biologiques, jamais aux risques
psychosociaux. Il n'y avait même pas, je pense, le chiffre précis, 23 %
des milieux de travail qui étaient protégés par ces mécanismes-là, on est à
100 %. Là où je vous rejoins aussi, c'est que c'est… Geneviève, je vous
vois, là, c'est très asymétrique, mais ça s'applique partout.
Et le régime intérimaire depuis le
6 avril 2022, qui était un grand compromis patronal-syndical à l'époque,
bien non, je dis « un grand compromis », en fait une voie de passage
parce que mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve a ses réserves, bien sûr, mais
c'était d'avoir un régime intérimaire pour la développer graduellement. Mais de
la prévention quand on est assis, même, moi, dans mon bureau, c'est facile à
imaginer. C'est beaucoup moins facile à appliquer, les mécanismes de prévention
avec des personnes comme nous autres qui sont dans des milieux de travail…
M. Boulet : ...sont dans
l'effervescence quotidienne, c'est plus facile à dire qu'à faire, si je veux
l'exprimer simplement. Ça se fait cependant de façon graduelle. Mais ça prend
de la formation et aussi de l'accompagnement. Puis, si on veut que ce soit fait
de manière efficace, il faut respecter les organisations. Et, notre objectif,
c'est toujours de respecter la mise en place de ces mécanismes-là partout.
• (15 heures) •
Et, ce qu'on fait dans le projet de loi
n° 101, on ne fait que reporter jusqu'à un an, un, pour permettre au
gouvernement d'adopter le règlement qui a été entériné par le conseil
d'administration de la CNESST, et, oui, vous avez raison, là où on se rejoint
aussi, on procède à l'exclusion des deux secteurs, santé puis éducation. Pas
parce que c'est à prépondérance féminine. Absolument pas. Parce que c'est
justifié par les capacités organisationnelles, par la pénurie de main-d'œuvre
puis par la capacité de le faire de manière pratique pour éviter des ruptures
de service. Parce que c'est facile aussi dans nos bureaux de parler d'heures de
libération syndicale. Mais, transformer un milieu de travail, puis permet des
libérations syndicales, puis risquer d'engendrer des ruptures de services en
santé, puis en éducation, on pense que c'est justifié, on pense que c'est
justifiable. Puis, le règlement adopté par le C.A. qui fait l'objet d'un
consensus entre tous les représentants, qu'ils étaient... qui étaient sur le
comité, qui s'occupaient d'établir un consensus, sont d'accord. Ça a été un
consensus extrêmement difficile à obtenir.
Le régime intérimaire, rien ne tombe à
l'eau depuis le 6 avril 2022. Mais je reconnais que c'est graduel en santé puis
en éducation. Mais il y a des écoles, il y a des établissements de santé où
vous seriez étonnés de voir à quel point ils ont pris en charge la santé et
sécurité, puis à quel point ils ont mis en place des comités. Et je serais
probablement, vous me diriez, étonné de constater à quel point d'autres ont peu
fait. Mais on peut-tu se donner... puis j'en ai aussi discuté avec les experts
de la CNESST, se donner encore un peu de temps pour le faire de manière
harmonieuse, de façon respectueuse des ressources humaines, des personnes qui
sont dans nos hôpitaux puis nos écoles? On veut réduire le nombre de lésions
particulièrement psychologiques. Parce que là où il y a une prépondérance
féminine, c'est vrai que les risques psychosociaux sont extrêmement importants
et identifiés pour mieux les contrôler et les éliminer. Mais, dans les milieux
à prépondérance masculine, les risques psychosociaux sont aussi importants. On
n'est pas guidés par : il y a plus de femmes, donc on va donner... Voyons!
Il n'y a pas de volonté de faire de la discrimination. Il y a une volonté
d'être pratique, puis de respecter le monde, puis d'écouter le monde, puis de
déterminer il est où le niveau non seulement d'adhésion, parce que l'adhésion,
on l'a, mais le niveau de capacité de mettre en application.
Il y aura aussi un rapport, vous l'avez vu
dans le projet de loi n° 101, un rapport d'évaluation de mise en
application au fur et à mesure, mais ultimement, en 2029. Je pense qu'au
Québec, là, les 40 ans, là, on paie pour. Les 40 ans d'inaction nous
imposent de prendre notre temps puis de respecter ce qui est facile à dire mais
difficile à appliquer. Puis je le dis de mon cru, là, puis je vous dis ce que
je pense véritablement, parce que, la prévention, j'y crois. Puis je disais
tout à ma sous-ministre, tout à l'heure : J'ai souvent dit qu'en santé et
sécurité il ne fallait pas faire de compromis. Il faut en faire le moins
possible. Mais il faut quand même se respecter et respecter ceux qui sont avec
nous.
Donc, ça, pour l'exclusion pendant
40 ans, là, puis peut-être même un peu plus, il ne faut pas la perpétuer.
Il faut l'éliminer. Mais, tout ce que je vous dis, le faire graduellement. Puis
je n'entrerai pas dans la sémantique puis dans les débats légaux et juridiques
en rapport avec le droit à l'égalité de la Charte des droits et libertés de la
personne. Ce n'est pas mon rôle de débattre des risques constitutionnels de ce
que nous avons. Moi, je sais cependant qu'on est capables de justifier puis de
s'appuyer...
15 h (version non révisée)
M. Boulet : ...sur des
éléments justifiables. Puis je l'ai dit à Magali Picard, tout à l'heure, de la
FTQ, il y a, dans le régime intérimaire bonifié, pour la santé, l'éducation,
énormément de nouveautés qui vont faire de ce nouveau régime intérimaire là un
régime plus, plus, plus en matière de comités paritaires, d'identification des
risques psychosociaux, mécanismes de contrôle, représentants en santé-sécurité.
Puis n'oubliez pas, là... Puis il y a santé puis éducation, mais il y a... dans
le privé, là, n'oubliez pas qu'à 20 et moins, en bas de 20, c'est un plan d'action
puis un agent de liaison. Ce n'est pas simple non plus, là, à développer, une
culture de prévention dans des plus petits établissements. Donc, c'étaient les
commentaires que je voulais partager avec vous.
L'adoption... Deux autres éléments. L'UTAM,
on a reçu le mémoire, je pense qu'il y a au-delà de 100 pages. Moi, je n'ai
sincèrement pas eu le temps d'en prendre connaissance, mais on va l'analyser
avec énormément de considération, là. Il y a 60 % des travailleurs et
travailleuses qui ne sont pas syndiqués au Québec. Puis je connais bien Félix,
de l'UTAM, puis mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve m'a demandé à plusieurs
reprises de les recevoir en commission parlementaire sur le harcèlement puis
les violences à caractère sexuel, sur la protection des stagiaires, sur
plusieurs projets de loi. L'UTAM est venu, mais il y a beaucoup, beaucoup,
Geneviève, Louis-Philippe, de groupes qui veulent venir. Ce n'est pas que la
présence qui génère des résultats, c'est le potentiel de faire des
recommandations qui sont intéressantes.
Puis là votre mémoire, je sais que ça
concerne essentiellement la prévention puis la participation, mais il y avait
un autre point que vous souleviez, là, la possibilité de modifier un règlement.
C'est simple, là, ça, on a fait ça parce que ça existe dans la plupart... pour
la plupart des autres organismes gouvernementaux, et on ne l'avait pas à la
CNESST, donc on l'a ajouté dans le projet de loi no 101, qui vise à
corriger des irritants ou des problèmes d'application de différentes lois du
travail. Mais le reste, vous allez m'excuser, là, mais je n'entrerai pas dans
un débat sur le droit à l'égalité. On croit véritablement à ce qu'on fait, puis
c'est soucieux du secteur et de sa composition à prépondérance féminine. Ça
fait que merci beaucoup de votre présence.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On enchaîne avec l'opposition officielle. Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Écoutez, Pr Baril-Gingras et Me Lampron, merci d'être là. Merci pour
cette excellente présentation et mémoire.
On est en consultations particulières pour
vous écouter, alors j'aimerais commencer par vous inviter de compléter votre
réflexion, et ensuite on a plusieurs questions, ma collègue et moi.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Je
vais simplement reprendre la dernière de nos recommandations, qui concerne la
possibilité pour le gouvernement d'adopter, avec ou sans modification, un
règlement qui aurait été voté par la CNESST.
Pendant... depuis que LSST existe, le
gouvernement a toujours eu la possibilité de voter lui-même un règlement sur l'un
des sujets qui est inscrit à l'article 223 de la loi si la CNESST ne le
faisait pas dans un délai qui était jugé adéquat, là, par le gouvernement. Il
ne l'a jamais fait, malgré la paralysie, depuis 1985. Alors, vous demandiez, M.
le ministre, où était-on? Bien, je pense qu'aucun des partis n'a eu le courage
politique de faire cette adoption réglementaire.
Maintenant, nous, ce qu'on pense, c'est
que le gouvernement peut avoir la légitimité de revenir sur un consensus qui ne
protègerait pas adéquatement les travailleurs. Je vais donner un exemple qui
est douloureux pour le Québec, l'amiante, hein? On aurait pu imaginer que, du
côté syndical, pour protéger les emplois, puis du côté patronal, pour protéger
les emplois et l'économie, on s'entende sur quelque chose qui ne protège pas
suffisamment les travailleurs. Le gouvernement, ça aurait été bien qu'il dise :
Non, non, non, votre règlement, là, que vous venez de voter, là, moi, je n'accepte
pas parce que je veux protéger adéquatement la santé des travailleurs.
Donc, ce que nous, on propose, c'est que l'article 224
de la LSST soit modifié, non pas simplement pour que le gouvernement puisse
adopter avec ou sans modification...
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : ...un
règlement qui aurait été proposé par la CNESST, adopté dûment par la CNESST,
mais ajouté, à la fin de cet article, dans la mesure où cela ne réduit pas la
protection dont bénéficieraient les travailleuses et les travailleurs selon le
règlement dûment adopté par la commission. Donc, oui, le gouvernement a la
légitimité de modifier les lois, mais il ne devrait pas le faire pour faire
reculer la protection dont bénéficient les travailleurs et les travailleuses.
Donc, c'est essentiellement.
• (15 h 10) •
J'aurais voulu revenir, mais peut-être ça
viendra autrement, sur les pénuries de main-d'œuvre comme argument pour
justifier l'exclusion. Alors, si c'était un travail, là, qui m'était remis dans
le cadre d'un de mes cours au bac en relations industrielles ou quand
j'enseignais au MBA en gestion de la santé-sécurité, programme que j'ai dirigé,
ça n'aurait pas eu une bonne note, là, parce que... je m'excuse, parce que,
bien, les pénuries de main-d'œuvre sont en bonne partie associées aux
conditions de santé et de sécurité du travail qui, je le rappelle, sont d'un
niveau de risque qui est équivalent à celui des mines, de l'industrie lourde,
etc. Alors, si une minière vous disait : Non, non, nous, on ne peut pas,
là, libérer des travailleurs, là, pour 500 travailleurs, 91 heures
par mois pour un des travailleurs, là, on ne peut pas faire ça. Vous lui
diriez : Bien non, ça ne marche pas, là. Donc, les pénuries de
main-d'œuvre sont associées aux mauvaises conditions de santé-sécurité, à la
surcharge de travail, à l'importance des risques psychosociaux, à la violence.
Puis c'est reconnu par les études au plan international que pour que la
prévention soit efficace en matière de santé et sécurité, ça ne marche pas si
c'est l'employeur tout seul qui s'en occupe, il faut qu'il y ait la
participation des travailleurs. Le principe, c'est la décentralisation en
profondeur, c'est ça qui fonctionne dans toutes les études sur le plan
international. Donc, passer à côté des mécanismes de participation
représentative, c'est... je ne dirais pas c'est jeter de l'argent par les
fenêtres, mais disons que c'est comme démobiliser des gens, parce qu'on les
fait s'asseoir en réunion de comité, mais après ça ils ont très peu de moyens
pour faire changer des choses. Puis les représentants santé-sécurité, ce n'est
pas des fauteurs de troubles, c'est des gens qui voient des problèmes, mais
proposent des solutions. Donc, c'est se priver de ça.
Mme McGraw : Et justement,
professeur, vous... là, vous parlez d'une approche... bien, d'ailleurs, est-ce
qu'on peut parler, avec ce projet de loi, d'un... en effet, d'un modèle... un
retour à un modèle plus hiérarchique et bureaucratique en matière de SST plutôt
qu'un modèle participatif, que justement on est... c'est une tendance de ce
gouvernement de centraliser, d'ajouter des couches de bureaucratie pas très...
pratiquement parlant pas très efficace?
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Oui,
je pense que vous avez mis le doigt, là, sur... Quand on regarde les fonctions
des comités de santé-sécurité dont seraient privés les comités de
santé-sécurité dans les établissements du réseau de la santé puis du réseau de
l'éducation, ce sont des fonctions... certaines de ces fonctions sont
décisionnelles, mais pour qu'il y ait une décision, il faut qu'il y ait un
accord entre la partie qui représente l'employeur puis la partie qui représente
les travailleurs. S'il n'y a pas d'accord, il n'y a pas de décision. Ça fait
que c'est comme si, en haut, là, on veut absolument se protéger d'un consensus
qu'il y aurait, au niveau local, pour ce qui est de quelle formation on va
donner aux travailleurs pour se protéger des risques, sur quels types
d'équipements de protection individuelle est le plus approprié en fonction des
risques puis des caractéristiques des travailleurs dans l'établissement. Là, on
revit quelque chose qui s'est passé dans la pandémie, hein, où les... il a
fallu que les travailleurs et travailleuses se battent jusqu'en cour pour
obtenir des masques N95, dont ils avaient finalement besoin, là, pour être
bien protégés. Donc, on sent, là, que c'est... on veut que ce soit top down et
puis surtout pas que ça remonte. Pas de décentralisation. Puis ça, mais ça va à
l'encontre complètement de toute la littérature scientifique.
Puis là je voudrais juste revenir sur le
fait que c'est facile de dire des choses, mais c'est plus facile... difficile de
les faire. Je parle d'expérience, j'ai une dizaine d'années de pratique, je
suis en contact avec les milieux de travail, puis avec des... récemment avec
1 500 personnes dans un sommet de la santé et sécurité intersyndical
avec des associations de travailleurs non syndiqués. Une forte mobilisation,
beaucoup d'espoir par rapport au futur régime permanent. Mais là on est en
train de risquer de démobiliser ces gens-là, parce que, bien, c'est comme si on
leur disait que ce qu'ils font, ce n'est pas si important que ça. Mais moi, je
pense que c'est perçu comme ça. Ce n'est pas ce que vous avez en tête,
peut-être, mais la perception qui est donnée aux gens qui sont dans... qui se
sont engagés en prévention dans le réseau de la santé, c'est différent...
Mme McGraw : ...peut-être une
dernière question avant que ma collègue... aurait des questions aussi. Lampron,
vous avez parlé, vous avez expliqué la différence entre l'intention et
l'impact, le pratico, pour reprendre les propos du ministre. On est dans la
pratique, mais pratiquement parlant, c'est l'impact qui compte lorsqu'on parle
de discrimination, d'exclusion. Est-ce qu'on peut vous entendre là-dessus
aussi? Parce qu'on… vous soulignez le fait, professeur, que ces changements ne
s'appuient sur aucune évaluation rigoureuse quelles seraient les meilleures
pratiques qui pourraient nous guider?
Le Président (M. Allaire) : En
20 secondes.
M. Lampron
(Louis-Philippe) : En 20 secondes? Ma foi! Écoutez,
l'intention de discriminer pour établir une violation au droit à l'égalité n'a
aucune pertinence. En fait, à partir du moment où on réalise qu'une mesure,
qu'un choix gouvernemental a pour effet de désavantager un groupe protégé par
le droit à l'égalité, c'est suffisant pour établir une discrimination indirecte
ou par effet préjudiciable.
Le Président (M. Allaire) :
Défi réussi. On enchaîne avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, deux minutes
41, allez-y.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. D'abord, j'aimerais m'excuser, au nom de la commission, que le
ministre ne vous ait pas donné l'occasion de répondre dans son bloc d'échange.
Il lui restait du temps, en plus, c'est une mauvaise pratique qu'il a commencé
au p.l. 89, qui malheureusement se perpétue aujourd'hui.
Le Président (M. Allaire) :
Là, je me sens obligé d'intervenir à ce stade-ci. Vous savez, c'était une
attente qui était dûment négociée entre les leaders pour la
43e législature. Quand le temps des oppositions n'est pas utilisé, il est
redistribué automatiquement. Quand la partie gouvernementale n'utilise pas tout
son temps, elle a le droit de le faire, par consentement, vous pouvez demander
de reprendre ce temps-là. Si le consentement n'est pas donné, la partie… le
temps de la partie gouvernementale est considéré comme perdu, mais c'est son
droit de le faire.
M. Leduc : En tout respect, M.
le Président, on invite des gens ici, tout le monde est d'accord pour les
inviter. Le but c'est d'échanger, pas de faire des monologues. C'est une
mauvaise pratique que le ministre a, je l'ai seulement soulignée.
Le Président (M. Allaire) :
Moi, ce que je vous dis, M. le député, vous allez me permettre puis on va clore
là-dessus, moi, mon rôle, c'est de faire respecter les règles… si elles ont été
dûment négociées lors de la 43e législature. C'est le cas ici. Ça fait que
je vous demande de poursuivre. Merci.
M. Leduc : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Allaire) :
Oui, Mme la députée.
Mme Mallette : J'aimerais
qu'on évite aussi de prêter des intentions. 35.6, j'aimerais ça qu'on retire
les mots, s'il vous plaît.
Le Président (M. Allaire) :
Oui, je vous demande de faire attention. Donc, allez-y, vous pouvez poursuivre.
Merci.
M. Leduc : M. Lampron, vous
avez commencé sur les atteintes minimales. À quels risques s'expose le
gouvernement avec son projet de loi n° 101?
M. Lampron
(Louis-Philippe) : À une invalidation. Moi, j'avoue être très,
très, très étonné. Je n'ai pas eu l'occasion de répondre à une question, mais
sur le fait que ce n'est pas la responsabilité du ministre de se pencher sur
des enjeux d'égalité alors que dans les faits, c'est dans la charte québécoise
et dans la charte canadienne, et c'est un enjeu de constitutionnalité dont il
est question. Alors, il y a plein d'arguments de légitimité. Puis là on peut
débattre effectivement de la validité des arguments pragmatiques, mais il est
clair qu'il est de la responsabilité du législateur de respecter la
constitution.
Bon, à partir du moment où il y a des enjeux
de droit à l'égalité, dans la jurisprudence récente, en fait, l'évolution qui
est venue alléger le fardeau de preuve des plaignants pour faire la preuve
d'une atteinte au droit à l'égalité, le gouvernement se met à risque d'une
invalidation de cette décision-là de retirer des secteurs de la santé et de
l'éducation de dispositions renforcées qui avaient justement pour objectif de
mettre fin à une discrimination à l'égard des femmes, en fait. Alors, tout ça
doit être pris en considération. Et moi personnellement, mais peut-être que je
me trompe, il faudrait que je refasse mon cours de droit constitutionnel, il me
semble que ça tombe directement dans les responsabilités des ministres avant de
déposer un projet de loi.
M. Leduc : Merci. Mme
Baril-Gingras, à quoi ça sert un RSS, un représentant de santé-sécurité?
Pourquoi c'est important, des heures de libération en santé, en éducation?
Mme Baril-Gingras (Geneviève) :
Au niveau de risque faible auquel sont actuellement tous les établissements qui
n'étaient pas dans les groupes un et deux, là, historiquement, qui avaient eu
la pleine mesure de la LSST, on parle de pour un groupe de 20 à
50 travailleurs… de 3 h par mois de libération, O.K. pendant ces
3 heures-là, il est supposé être les yeux et les oreilles des travailleurs
qu'ils représentent pour identifier quels sont les risques et pour proposer des
solutions quand il revient au comité de santé-sécurité.
Là, je veux revenir à une question qui a
été posée : Est-ce qu'il y a un dédoublement entre un représentant puis un
comité? Pas du tout, un comité, là, les membres de comités, ils viennent
s'asseoir en réunion, puis là ils utilisent leur expérience de tous les jours
comme travailleurs. Mais quand c'est terminé, ils retournent faire leur
travail, là, leur travail d'infirmière, de soudeur, etc. Le représentant ou la
représentante, c'est quelqu'un qui a un peu de temps pour aller faire le tour
des postes de travail, inspecter, faire des enquêtes quand il y a des accidents
pour ne pas que ce même accident là se reproduise. C'est quelque chose
d'universellement reconnu et pour lequel il y a des dispositions dans des
législations européennes. S'il n'y en a pas aux États-Unis ou ailleurs au
Canada…
Le Président (M. Allaire) :
Merci…
Mme Baril-Gingras (Geneviève) :
…bien, ce n'est pas des bons exemples parce qu'ils ont des taux d'accidents
mortels. C'est l'indicateur qu'on utilise pour les comparer.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, ça met fin… ça met fin… Merci, merci beaucoup, ça met fin à ce bloc
d'échange. On…
Le Président (M. Allaire) : ...députée
de Terrebonne. La parole est à vous.
Mme Gentilcore : Merci, M. le
Président. J'aimerais revenir sur la notion d'égalité. Maître Lampron, quel
message on envoie aux femmes du Québec, à nos travailleuses de nos systèmes...
notre système public? Quel message on envoie avec ce projet de loi là?
• (15 h 20) •
M. Lampron
(Louis-Philippe) :Bien, au mieux,
contradictoire, hein? Parce que j'entendais le ministre faire un appel vibrant
en demandant : Où étions-nous pendant les 40 dernières années? Mais
là, à ce que je sache, nous sommes là, et donc, et là, tout est... il est tout
à fait possible, en fait, de mettre fin à cette discrimination-là, dans un
contexte où les données le démontrent, hein? Le groupe... Les deux groupes qui
sont exclus font partie des groupes parmi les plus à risque en matière de
prévention des risques psychosociaux. L'objectif, derrière l'adoption de ces
mesures-là, était justement de mettre fin aux lésions professionnelles et de
les diminuer, en fait, surtout dans les secteurs à prévalence féminine. Alors,
dans ce contexte-là, à l'étape de la justification des atteintes aux droits,
c'est toujours une approche en deux temps. Une fois qu'on a démontré l'atteinte
au droit à l'égalité, après ça, le gouvernement a la latitude d'essayer de
justifier l'atteinte aux droits fondamentaux.
Et, moi, le principal argument que
j'entends, c'est : on a une pénurie de main-d'œuvre. Et, comme on a une
pénurie de main-d'œuvre, on n'est pas capables de faire en sorte qu'on va avoir
moins de pénurie de main-d'oeuvre, essentiellement. Donc, c'est un argument en
«catch 22», essentiellement, qui ne sera pas... en tout cas dans l'état
actuel de la jurisprudence, ce n'est pas un argument qui est jugé comme étant
suffisant.
Mme Gentilcore : Donc,
coupures budgétaires, gel d'embauche, pénurie de main-d'œuvre.
M. Lampron
(Louis-Philippe) :C'est un cercle
vicieux, en fait, essentiellement, qui va...
Mme Gentilcore : Ce ne sont
pas des arguments qui, pour vous, justifient ce deux poids, deux mesures là?
M. Lampron
(Louis-Philippe) :Pas dans un contexte
où... Le gouvernement peut bien faire un choix, notamment pour des ressources
financières limitées, en disant : Je vais choisir le groupe A et pas le
groupe B. Mais, là où il va s'affaiblir constitutionnellement, c'est si la
preuve démontre que le groupe exclu est plus vulnérable que le groupe qu'on a conservé,
en fait, dans l'application des dispositions renforcées par exemple de la Loi
sur la santé et sécurité au travail. Alors, il y a vraiment un risque sérieux,
là, d'invalidation de ces dispositions-là, là, du retrait de ces deux secteurs
là, en raison de l'impact majeur sur les femmes qui vient avec cette
décision-là gouvernementale.
Mme Gentilcore : Puis, Mme,
vous, la même chose. Vous avez parlé de la pénurie de main-d'oeuvre, mais même
chose pour le gel d'embauche, pour aussi les coupures budgétaires, ce ne sont
pas des arguments qui, pour vous, sont suffisants.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Bien,
en fait, si l'argument valait... vaut pour le gouvernement, bien, il devrait
aussi valoir pour...
Mme Gentilcore : Pour le
secteur privé.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Bon.
Vous verrez le tableau six dans notre mémoire, là, on fait état des postes
vacants, c'est un indicateur de pénurie de main-d'œuvre, là, dans le total de
l'industrie puis dans les secteurs qui sont visés. Dans le total de
l'industrie, ça a diminué après la pandémie, donc ils ont pris les moyens pour
récupérer, alors que dans les services d'enseignement, les services de santé,
tout ça, ça n'a pas diminué. Puis, en fait, dans les services d'enseignement,
c'est un taux qui est bien en dessous de la moyenne des taux de toutes les
industries. On est en 2024 avec un taux de postes vacants de 1,28.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Peut-être
que dans certains groupes il y a des plus grandes pénuries, mais la moyenne...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met... Merci. Ça met fin à cet échange. On enchaîne avec le député de
Saint-Jérôme. La parole est à vous.
M. Chassin :Pour deux minutes. Prêts? Donc, ça va très vite. Vous avez
parlé... puis je trouve ça intéressant comme discussion parce que vous avez
parlé du principe de décentralisation en profondeur. Moi, je vous avoue que je
regarde, dans le fond, le projet de loi qui touche au Code du travail, à la
construction, à... c'est un omnibus, je trouve que ça ne va pas assez loin. Je
pense qu'on pourrait moderniser notre régime beaucoup plus.
Puis, en même temps, je trouve que
c'est... puis là, je ne suis pas... je ne suis pas un expert, hein, mais c'est
un échafaudage où il y a des éléments dans la loi, des éléments dans des
règlements, il y a des règlements qui ne sont comme pas adoptés ou pas encore,
puis... Mais, la décentralisation, en fait, est-ce que ce n'est pas l'idée de
mettre des normes, des processus puis de laisser l'application le plus possible
de manière... avec le principe de la subsidiarité, le plus proche du terrain?
Est-ce que c'est... Est-ce que c'est comme ça que je dois le comprendre?
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Bien,
ça, ça veut dire que, ce qui s'applique, c'est la loi du marché. Puis, ça, ce
n'est pas bon pour la santé et la sécurité du travail. Je suis désolée, là,
c'est des démonstrations.
M. Chassin :Ça fait que la décentralisation...
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Alors,
ce qui, au...
M. Chassin :Ça fait que, la décentralisation en profondeur, c'est la
loi du marché ou non?
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Oui.
Mais elle est accompagnée du... elle est accompagnée de la nécessité d'assurer
une orientation commune en plus d'une décentralisation en profondeur, donc un
leadership clair de la direction et une orientation légale très claire qui
montre que la prévention, c'est un objectif.
Et puis, l'idée, là, de... Si on n'établit
pas des règles précises sur la manière d'organiser la représentation, puis le
nombre d'heures, puis, etc., bien, ce que ça fait, c'est que là, les
travailleurs des petites entreprises ou des faibles salariés ne vont pas oser
négocier ce genre de choses là parce qu'ils vont se dire que ce qu'ils ont là,
ils ne l'auront pas en salaire.
M. Chassin :Les plus vulnérables. C'est ça.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Donc,
ça prend une réglementation précise.
M. Chassin :Ça fait que qu'est-ce qui... qu'est-ce qui est
décentralisé? Si ce n'est pas nécessairement l'application, c'est?
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : Le
fait qu'il faut que les superviseurs au premier niveau soient impliqués en
santé et sécurité, que les travailleurs aient... puissent être représentés,
qu'il y ait des comités de santé et sécurité au niveau local...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : ...puis,
éventuellement, à un niveau plus...
Mme Baril-Gingras (Geneviève) : ...plus
globale.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, merci beaucoup. Ça met fin à l'ensemble du bloc d'échange. Désolé, je
suis le gardien du temps, malheureusement. Merci, donc, à Mme Geneviève
Baril-Gingras et Me Lampron pour votre belle contribution à cette commission.
Donc, je suspends les travaux pour
permettre à l'autre groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 15 h 25)
(Reprise à 15 h 32)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. On accueille notre prochain groupe, la
représentante des Manufacturiers et exportateurs du Québec, Mme White.
Bienvenue. Vous êtes habituée. Donc, je vous laisse le soin de vous présenter
peut-être de façon plus complète et je vous laisse la parole pour votre 10 minutes.
Allez-y.
Mme White (Julie) : Merci
beaucoup. Donc, Julie White, P.D.G. de Manufacturiers et exportateurs du
Québec. M. le Président, M. le ministre, mesdames messieurs les députés, ça me
fait plaisir d'être avec vous pour parler du projet de loi n° 101, Loi
visant l'amélioration de certaines lois du travail.
D'entrée de jeu, je veux saluer
l'enthousiaste du ministre à déposer beaucoup de projets de loi et
l'enthousiasme aussi du leader du gouvernement à les appeler très rapidement.
Donc, on a fait une analyse quand même rapide du projet de loi. Donc, je vais
aborder quelques thèmes dans cette allocution-là, mais il y a... il y aurait
peut-être des thèmes à creuser là, aussi, plus en détail avec des membres un
peu plus tard, quand vous arriverez à l'étude détaillée.
Donc, Manufacturiers et exportateurs du
Québec est une association dont la mission est d'améliorer l'environnement
d'affaires et d'aider les entreprises manufacturières et exportatrices à être
plus compétitives sur les marchés locaux et internationaux. Le secteur
manufacturier, c'est l'un des piliers de notre économie, particulièrement en
région, plus de 500 000 travailleurs, 12,8 % du PIB, et plus de
13 700 entreprises. On peut considérer que c'est un secteur essentiel,
particulièrement dans un contexte d'incertitude économique comme nous vivons
actuellement.
Pour Manufacturiers et exportateurs, mais
que... dans le cadre des dossiers de relations de travail et dans le cadre de
toutes les discussions entourant son cadre législatif, c'est important qu'on
respecte certains principes, qui sont les suivants : premièrement,
l'équilibre entre les droits des employeurs et ceux des travailleurs;
deuxièmement, l'efficacité des processus pour éviter d'ajouter un poids
supplémentaire sur les deux parties; et la nécessité de prendre en
considération les dynamiques particulières des négociations et des relations de
travail. Nous ne sommes pas dans le même cadre juridique que d'autres types de
litiges, et c'est important de l'avoir en tête. En ce sens, le projet de loi
n° 101 s'inscrit dans la vision que nous avons et nous le recevons
positivement.
Nous souhaitons tout de même exprimer
certains commentaires sur cinq volets du projet de loi. Premièrement,
l'arbitrage des griefs. Quand on va sur le site Internet du ministère du
Travail, là, on décrit l'arbitrage de griefs comme une manière souple et rapide
pour régler les mésententes portant sur l'interprétation...
15 h 30 (version non révisée)
Mme White (Julie) : ...l'application
d'une convention collective.
C'est un choix que nous avons fait
collectivement d'avoir un régime particulier pour traiter les différends en
matière de relations de travail. On voulait aller de façon... plus vite, plus
simple pour être capable de régler les choses rapidement.
Maintenant, quand on regarde l'analyse d'impact
réglementaire qui accompagne ce projet de loi, on le voit clairement, que les
délais en matière d'arbitrage sont beaucoup trop longs, 381 jours en
moyenne pour la nomination d'un arbitre, 720 jours pour la première
journée d'auditions. Disons qu'on passe un peu à côté de l'objectif initial d'avoir
un système d'arbitrage de grief efficace.
Évidemment... que siège au Comité
consultatif du travail et de la main-d'œuvre, le CCTM, dont vous avez entendu
parler un peu plus tôt, qui s'est penché sur la question de façon intensive, au
cours des dernières années... Il y a eu plusieurs rapports, entre 2002 et 2024,
qui ont été faits sur le sujet afin de présenter des pistes de solution pour
accélérer les processus.
Je note aujourd'hui que le ministre du
Travail donne suite, dans ce projet de loi, à plusieurs recommandations du CCTM :
l'obligation de tenir une conférence préparatoire à la demande d'une partie, l'incitation
à recourir à la médiation préalable, l'instauration de délais maximums pour
nommer un arbitre et tenir une première journée d'audition.
Sur ce dernier point, je veux quand même
vous souligner que, dans l'avis du CCTM, on avait quand même une disposition,
là, pour que les parties puissent, de consentement, allonger un peu le délai
pour la nomination d'un arbitre sans dépasser le délai maximal pour la tenue d'une
première journée d'audience. Pour nous, c'était quand même quelque chose d'intéressant,
compte tenu de la nature des relations de travail. Ça permettait un peu plus de
flexibilité et de discussion entre les parties qu'il serait peut-être important
de tenir en compte pour la suite des choses.
Maintenant, bien qu'on partage l'objectif
visé et qu'on est très contents que le ministre aille de l'avant avec ces trois
mesures-là, c'est important aussi de rappeler qu'il faut que ça fonctionne.
Au-delà de la loi, il faut que ce soit applicable. Et il y a des enjeux
importants en ce moment en matière d'arbitres sur... dans l'ensemble du
territoire. On avait compilé certaines données, certains chiffres. C'est à peu
près la moitié des 70... la... d'arbitres, là, qui étaient sur les listes qui
sont des nouveaux arbitres. En date du 8 novembre 2024, la liste avait
fondu à environ 61 arbitres, une dizaine ayant annoncé leur départ en
2025.
Il y a des régions pour lesquelles c'est
encore plus difficile. Il y a cinq régions qui sont... qui étaient dépourvues,
là, puis là c'est dans les dernières analyses du CCTM, donc il peut y avoir eu
des évolutions, évidemment, parce qu'il y a eu certaines nominations, mais il y
a eu des régions... il y a des régions qui étaient dépourvues d'arbitres,
certaines avec un seul arbitre.
Donc, évidemment, si on veut que ait
pleinement son effet il faut qu'on continue à s'attaquer à cette question-là,
qu'on continue à accélérer la nomination d'arbitres. Il y a différentes choses
qui ont été... différents gestes qui ont été posés à cet effet-là dans les
dernières années. C'est positif, mais il faut continuer à l'accélérer.
Il y a aussi différentes choses qu'on
pourrait regarder pour faciliter l'accélération des délais, notamment la tenue
de certaines audiences d'arbitrage virtuellement. Évidemment, il y a des
dossiers particuliers qui nécessitent des présences physiques, ou la
constitution d'équipes volantes, ça fait partie des choses qui pourraient être
regardées par le gouvernement pour faciliter le tout.
Mon dernier point sur l'arbitrage des
griefs serait sur la divulgation de la preuve. Je vous en ai entendu parler un
peu plus tôt, M. le ministre. Il n'y a pas eu de consensus au CTM sur la
divulgation de la preuve. Le 30 jours prévu au projet de loi semble un
peu... un peu, je vais dire, rigide, dans les faits. On comprend l'objectif de
transparence, mais vous le savez, les avocats qui font de l'arbitrage de
griefs, c'est souvent beaucoup de volume. Il y a des défis aussi logistiques à
avoir cette façon-là. On accueille positivement d'avoir de la transparence sur
la preuve. Peut-être qu'il y aurait d'autres façons un peu plus souples de le
proposer, comme c'est le cas dans d'autres juridictions, là, et qu'on voit dans
la partie accessible de votre mémoire au Conseil des ministres. Ça nous amène
aussi dans une dynamique qui est plus civile du traitement des arbitrages de
griefs, quand on entre dans une procédure très, très, très carrée.
Maintenant, sur les décisions en santé et
en sécurité du travail, on tient à souligner que l'instauration d'un processus
de négociation avant la révision administrative pour certains types de
décisions, c'est une chose qui est positive. Ça fait partie des objectifs
globaux d'éviter de la judiciarisation et d'éviter des délais. Vous le savez,
en matière de lésions de travail, on essaie souvent de...
Mme White (Julie) : ...rapidement
les gens. Il y a des délais. Plus il y a des délais, plus c'est difficile.
Donc, le fait de pouvoir limiter ce temps-là, c'est vu positivement.
Ensuite, sur la question de la
transparence financière des syndicats, c'est un point aussi que nous
accueillons positivement, et qui s'inscrit dans la foulée de ce qui se passe dans
d'autres provinces canadiennes. Puisque les cotisations syndicales sont
obligatoires, il faut s'assurer que les redditions de comptes soient
suffisantes. Le fait de diffuser globalement les états financiers et d'inclure
l'obligation de les faire vérifier est une bonne... est une bonne façon
d'atteindre cet objectif. On l'entendait un peu plus tôt, il y a déjà plusieurs
syndicats qui sont déjà en ligne droite avec ces objectifs-là, donc de venir le
confirmer, pour nous, c'est normal.
• (15 h 40) •
Ensuite, sur la question du programme Pour
une maternité sans danger, on... je... C'est un programme de la CNESST qui
permet la réaffectation des travailleuses enceintes ou qui allaitent à
d'autres... d'autres tâches que leurs tâches habituelles, notamment pour éviter
un retrait préventif. C'est un programme qui est positif, qui est pertinent
dans certains milieux de travail. On peut penser que, dans les milieux
manufacturiers notamment, il y a des emplois qui ne peuvent pas être occupés
par des travailleuses. Donc, de voir la concrétisation de ce programme-là dans
la loi pour lui donner une assise légale et s'assurer qu'il y ait le respect
notamment, de certains délais, de certains paramètres, pour nous, évidemment
qu'on le voit positivement et qu'on va continuer à appuyer ce programme-là qui
était... qui est, somme toute, très apprécié et qui donne des bons résultats.
En terminant, je voulais faire un point
sur la composition du conseil d'administration de la CNESST. Le projet de loi
prévoit... Bien, le C.A. est actuellement composé de 14 personnes, sept
provenant d'associations patronales, sept, d'associations représentant les
travailleurs, auxquels s'ajoute la présidence, évidemment, du conseil
d'administration, qui est nommée par le gouvernement. La P.D.G. y assiste
aussi, sans droit de vote, tout comme un observateur du ministère du Travail.
Le C.A. de la CNESST est basé sur le principe du paritarisme, et c'est souhaité
et souhaitable pour tous. Maintenant, l'ajout d'un membre représentant les
employeurs des secteurs public et parapublic pourrait soulever un petit
questionnement, parce que, nécessairement, ça va être un représentant
gouvernemental qui va être assis à cette table-là, donc c'est sûr qu'il faut
s'assurer d'avoir les mécanismes pour que cette personne-là soit exempte de
toute ingérence politique dans son rôle au C.A. de la CNESST, sans quoi, le
paritarisme va être un peu remis en cause.
Le Président (M. Allaire) :
Merci.
Mme White (Julie) : Mais je
pense qu'il y a des moyens d'y arriver. Merci. Excusez.
Le Président (M. Allaire) :
Merci beaucoup. Ça met fin à votre allocution. Donc, M. le ministre, on débute
la période d'échange. Vous avez 15 min 30 s.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Effectivement, vous commencez à être une habituée, hein, Mme White.
«Mme White», est-ce que c'est mieux comme ça, John? O.K. Alors, «madame».
Écoutez, merci de votre présence, merci de votre engagement. Puis je profite toujours
de l'occasion pour vous féliciter pour vos interventions sur la place publique,
dans le contexte où l'environnement socioéconomique et tarifaire est
particulièrement complexe et changeant. Hier, on a même vu des décisions
judiciaires annulant certains tarifs. On va voir comment ça va avoir un impact,
mais on se doute pas mal de la trajectoire que ça va suivre. Mais bravo pour ce
que vous faites pour les manufacturiers et exportateurs du Québec, puis merci
de votre intérêt.
Il y a 20 mesures. Évidemment, on sait que
les groupes qui viennent ne s'intéressent pas nécessairement aux 20 mesures. Il
y en a qui s'intéressent à une mesure, à deux mesures. Bon, vous parlez de cinq
éléments. J'aimerais ça en traiter... les traiter avec vous. D'abord,
l'arbitrage. C'est vrai que les délais sont devenus excessifs, puis que l'arbitrage,
c'est, d'abord et avant tout, une procédure qui se veut expéditive. Les délais,
là, de 720 jours, là, puis d'autres ont référé à des délais encore plus
importants, c'est... c'est plus que deux ans, là, avant d'avoir une première
journée d'audience pour un cas d'interprétation ou d'application d'une
convention collective. Des fois, c'est une terminaison d'emploi, là, c'est le
châtiment ultime, puis ça prend énormément de temps.
Donc, le consensus, au CCTM, conférence
préparatoire, je pense que ça s'impose, je ne sais pas si vous m'avez entendu
dire... On s'en va dans un entonnoir, puis on fait de l'élagage, puis on
détermine ce qui va faire l'objet du dialogue ou de la discussion devant
l'arbitre. Donc, ça, ça va. La médiation, on le sait, les alternatives...
M. Boulet : ...de résolution
de litiges ont été plaidée d'ailleurs par les MEC, là, dans des conflits de
travail, particulièrement de juridiction fédérale. Les délais, vous dites, pour
la nomination de l'arbitre, O.K. Pour la première journée, vous dites «sauf
consentement». J'aimerais ça, juste que vous précisiez donc de pouvoir ne pas
respecter le délai impératif qui est dans le projet de loi, s'il y a
consentement des deux parties, est-ce que c'est ça?
Mme White (Julie) : Exactement.
Ce qui avait été mis un peu de l'avant, c'était qu'on pouvait avoir des
exceptions où le délai de consentement des parties, là... que le délai pour la
nomination de l'arbitre soit repoussé dans le temps, mais tout en gardant le
délai de 365 jours pour la première date d'audience.
M. Boulet : Ah! je comprends.
Mme White (Julie) : Donc,
d'avoir une certaine flexibilité advenant... Tu sais, des fois, vous le savez,
vous avez fait des dossiers de droit du travail, des fois, il y a des... des
«crunchs», excusez-moi, de négos. Il y a des choses qui se passent. De nommer
l'arbitre, est-ce que ça peut venir enflammer un timing particulier de
négociations? Donc, juste avoir cette flexibilité-là mais sans allonger au
total le délai, je pense que c'est pertinent, ça serait quelque chose à
regarder. Puis, je vous dis, ce qui avait été mis de l'avant, est-ce que ça
pourrait être une autre formule? Il faut le voir, mais il ne faut pas qu'on
abandonne l'objectif final avec cette... avec une certaine souplesse.
L'objectif final, c'est qu'on soit rapides, et les 720 jours qui étaient
plus... il y a un an, là, en passant, je pense que autour de 900 quelques, là,
un en avant, ça ne fait pas sens. Il y a eu un effort quand même important qui
a été fait. Vous avez nommé des arbitres aussi. Il y a des il y a des choses
qui ont été faites, puis on ne renie pas. Mais 720 jours, quand on est dans un
cas de relation de travail, par exemple, pour un congédiement, des choses comme
ça, ça ne fait pas de sens. Et ce n'est pas positif, ni pour les travailleurs
ni pour les employeurs.
M. Boulet : Tellement. O.K.
On est sur la même longueur d'onde. La divulgation de la preuve, ça,
particulièrement du côté des employeurs, il y avait... C'est parce que, dans le
projet de loi, on demande que la preuve soit divulguée au moins 30 jours avant
l'audience. Ça évite, Julie, comme vous savez, qu'on invoque une expertise de
dernière minute ou un témoin non anticipé, puis une demande de remise de
dernière minute, c'est quand même assez fréquent, avec les coûts que ça
engendre et l'importance des délais qui... Est-ce qu'il y a... si vous aviez à
identifier la raison pratique prépondérante qui justifie les manufacturiers
exportateurs de ne pas aller dans cette direction-là, d'une divulgation
obligatoire de la preuve au moins 30 jours avant, qu'est-ce que vous diriez?
Mme White (Julie) : Écoutez,
c'est clair que, le principe de transparence, on n'est pas opposés à ça. La
question, c'est : Est-ce que le 30 jours, c'est la bonne formule pour le
faire? Vous l'avez mis... Puis la question, c'est plus une question
d'applicabilité de façon de faire. C'est beaucoup des avocats qui font du grand
volume. Vous en connaissez, là, qui font de l'arbitrage de griefs. Il y a des
choses qui arrivent comme ça. Il y a aussi des discussions qui se poursuivent.
Maintenant, quand on regarde... puis là je
me référer à votre document, Conseil des ministres, là, la partie accessible au
public, si on regarde ce qui se passe ailleurs au Canada, on parle de délais
raisonnables. En Ontario, par exemple, on parle d'au plus tard 10 jours avant
l'audience, ce qui amène une certaine nuance qui permettrait peut-être sûr de
se rapprocher de quelque chose qui peut-être plus faisable dans les faits
applicables sur le... sur le terrain pour tenir compte de la réalité des
procureurs des deux parties. En passant, là, il y a... il y a plein de choses
qui se passent pour tout ce monde-là. Donc, nous, on veut juste s'assurer que,
si on adopte une disposition qui nous met dans un cadre très... de 30 jours
puis que ce soit difficile d'application, que ça prenne beaucoup de temps de
préparer les éléments en avance, peut-être pour des choses qui vont se négocier
puis qu'on n'arrivera pas là, bien, qu'on ait c'est cette souplesse-là.
Maintenant, la question de la
transparence, je ne vais pas m'opposer à de la transparence dans ces
procédures-là. On veut que ça se règle, évidemment. Donc, ça pourrait peut-être
être une avenue de regarder les délais, là, de ce qui se passe du côté de
l'Ontario, par exemple.
M. Boulet : Oui, c'est
intéressant. Mais, moi, ma thèse, c'est qu'il faut intégrer une culture de
diligence, particulièrement des procureurs, oui, tant patronaux que syndicaux.
Ça prend toute une discipline pour divulguer la preuve au moins 30 jours avant
l'audience. Mais ça s'est fait avec le Code de procédure civile pour la Cour
supérieure, il y a des rapports de mise en état où c'est beaucoup plus
détaillé, et les parties ont graduellement appris à le respecter, à défaut de
quoi ils n'étaient pas mis au rôle, et les délais en Cour supérieure pouvaient
être hyperexorbitants...
M. Boulet : ...exorbitants,
déjà qui sont assez longs. Ça fait que c'est sûr, que moi, je suis pas mal un
partisan de, comme vous dites, transparence et donc divulguer la preuve, là.
Mais je sais que ça, ce n'était pas un aspect consensuel, comme la conférence
préparatoire, la médiation puis les délais, là. Les arbitres, est-ce que vous
savez qu'il y a eu cinq nouveaux arbitres qui viennent d'être nommés?
Mme White (Julie) : Oui.
M. Boulet : Est-ce que vous
savez qu'on a fait un appel de candidatures?
• (15 h 50) •
Mme White (Julie) : Oui, puis
je le souligne ici, parce que c'est important de le dire, que c'est un défi, la
question des arbitres, puis particulièrement des arbitres en région. Mais il y
a, effectivement, des pas dans la bonne direction qui sont faits et il faut les
souligner aussi. Maintenant... Tu sais, c'est un processus, hein, l'appel de
candidatures. On n'aura pas des arbitres demain matin non plus, là, si la loi
était adoptée très rapidement. C'est qu'il faut juste le prendre en
considération. Moi, ma préoccupation est beaucoup aussi, au-delà du chiffre
global, la répartition régionale. Vous savez, on a des membres dans l'ensemble
des régions. Il faut s'assurer que tout le monde puisse, peu importe la région
où qu'il soit, avoir accès rapidement à ces arbitres-là. Et c'est pour ça que
je dis : Oui, on continue, continuez dans cette direction-là à en identifier,
des supplémentaires, mais il faut peut-être aussi regarder différentes façons
de faire pour s'assurer qu'on ne se retrouve pas avec des régions qui n'ont pas
accès à des arbitres.
M. Boulet : En Mauricie, il
n'y en avait pas pendant... Là, je ne le sais pas, ça fait un petit bout de
temps que j'ai regardé la liste des membres du CCTM, là, mais il n'y en avait
pas, puis il y en a eu à un moment donné à Sainte-Anne-de-la-Pérade, qui était
à l'est, qui était dans un autre comté que Trois-Rivières. Mais, vous avez
tellement raison, il y a une iniquité dans la répartition géographique des
arbitres.
Mme White (Julie) : Puis en
plus, en Mauricie, vous êtes dans le Centre-du-Québec. Tu sais, c'est assez
particulier de voir ce défi-là dans une région qui est quand même... qui a une
université, qui a des gens, qui a une population active. Donc, c'est sûr qu'il
y a des régions plus éloignées pour qui ça peut encore être un défi
supplémentaire. Donc, si vous le vivez là, les défis sont importants ailleurs
aussi.
M. Boulet : Tout à fait, tout
à fait. Il faudrait aussi, Julie, faire la promotion que, sauf trois, tous les
arbitres font du télétravail. Évidemment, il y a des cas... vous l'avez bien
mentionné, il y a des cas qui ne se prêtent pas à une audience virtuelle, mais
je pense qu'il faut constamment en faire la promotion. Puis il y a des gens
probablement qui nous écoutent qui ne sont pas avec nous qui vont être
sensibles à cet aspect-là.
Le dernier élément. Sur le volume... Bien
là, on en a trois. Il y en a trois en Mauricie. Ça fait que bravo.
Mme White (Julie) : Ça va
mieux.
M. Boulet : Ça démontre le
dynamisme de la Mauricie. Mais l'autre problème qu'on a, c'est qu'évidemment
les arbitres, c'est... Les parties disent : C'est nous qui les
choisissions. Puis le volume se concentre auprès d'une minorité d'arbitres sur
la liste des membres du CCTM. Il y en a peut-être 10 % qui ont la majorité
des griefs puis d'autres, bien... Mais donc ça, l'offre et la demande, joue son
rôle, mais c'est un enjeu quand même qu'il faut...
Mme White (Julie) : Mais, en
réduisant les délais, on risque de forcer les parties plus rapidement à
s'entendre aussi pour trouver des propos sur les arbitres plutôt que de
dire : On va attendre que celui-là qu'on souhaite soit libéré, là. Puis ce
n'est pas... Je ne blâme pas les gens qui font ça, là, c'est naturel. Là, je
veux dire, on est tous comme ça, on aime ça travailler avec certaines
personnes, ça va, là. Mais, si on vient réduire les délais, bien, peut-être
qu'il y aura une meilleure utilisation aussi de certaines ressources. Mais la
répartition régionale demeure quand même une préoccupation de mon côté.
M. Boulet : On m'indique, de
quelqu'un que vous connaissez, je peux le dire, on lance un... François... M.
Lamoureux, on lance un nouvel appel de candidatures lundi pour recruter
10 nouveaux arbitres avec un calendrier du 2 juin au 8 août.
Puis on travaille, actuellement, à un projet pilote axé sur la problématique
des arbitres en région, la conférence des arbitres. Le projet sera présenté en
septembre avec la conférence. Donc, s'il me l'écrit, c'est qu'il permet que je
le dise.
Mme White (Julie) : Bien,
c'est parfait. Puis je salue M. Lamoureux. Me Lamoureux nous écoute. Très... Je
suis surveillée, hein? Mais ça fait partie des choses qu'il faut continuer à
encourager, puis je pense que c'est un défi qu'on a, il faut juste continuer de
s'y attaquer. Donc, voilà.
M. Boulet : ...Il me reste...
Le Président (M. Allaire) : Cinq
minutes.
M. Boulet : Cinq minutes.
O.K. Négos avant révision administrative, vous êtes d'accord avec ça?
Mme White (Julie) : Oui.
M. Boulet : C'est une
alternative de résolution. Puis plus vite on peut discuter, plus vite on a
cette opportunité-là avec un forum à la CNESST. C'est bénéfique, donc.
Mme White (Julie) : 100 %
d'accord avec ça. Je pense qu'il faut trouver des moyens de ne pas judiciariser
tous les processus. Hein, c'était un peu ça, l'objectif de tout ça, puis
d'aller plus vite. Et vous le savez aussi, dans les relations de travail,
souvent on réussit... Tu sais, on est capables de s'entendre dans la...
Mme White (Julie) : ... des
cas. Ça fait que, de donner cette opportunité-là de s'entendre, je suis
convaincue qu'il y a des parties qui vont être très… qui vont préférer faire ça
que de se rendre jusqu'à la révision. Ça entraîne des coûts, aller en révision,
que ce soit pour les employeurs, que les travailleurs, c'est du temps aussi.
Donc, si on est capables de le négocier puis de trouver des solutions, bien,
tant mieux.
M. Boulet : Puis, dans à peu
près 82 % des cas en révision administrative, la décision initiale est
confirmée. Donc, profitons-en, profitons de cet espace.
La transparence syndicale, cotisation,
reddition de comptes, je pense que votre opinion a été clairement exprimée,
c'est de la saine gouvernance. L'assemblée générale annuelle, il ne faut pas la
sous-estimer, c'est aussi une occasion, pour les… ceux qui paient les
cotisations, de poser des questions, de regarder les informations
complémentaires. Vous connaissez ce qu'est un état financier vérifié, avec les
revenus et dépenses.
PMSD, c'est important de se le redire, le
programme de maternité sans danger, à partir du moment où la personne ne peut
plus travailler parce qu'il y a un risque, on appelle ça comme un retrait
préventif, c'est comme une demande de réaffectation à l'employeur. Et parfois,
durant la réaffectation, où il n'y a pas le même salaire, pas la même
rémunération, il y a des écarts qui étaient compensés par les employeurs et
remboursés par la CNESST. Donc, on vient confirmer une pratique établie qui va
être bénéfique, là, pour l'application du programme de maternité sans danger.
Le conseil d'administration, donc, vous
êtes à l'aise avec le paritarisme 7-7, et, sur la fonction publique,
parapublique, c'était quoi, votre commentaire? Excusez-moi.
Mme White (Julie) : La
crainte, c'est que… Tu sais, puis on comprend l'objectif que vous voulez faire.
Il y a des enjeux importants en matière… dans les domaines, notamment, de la
santé et l'éducation. La préoccupation, c'est que la personne qui va
représenter les secteurs que sont la santé et l'éducation sera nécessairement
un employé gouvernemental. Il faut s'assurer de bien encadrer ce travail-là, la
façon dont elle peut s'exprimer, pour éviter de l'ingérence, pour s'assurer
qu'on ait vraiment la bonne personne qui s'exprime. Vous avez déjà la
présidente du C.A. qui est nommée par le gouvernement. Il y a des observateurs.
C'est bien puis c'est correct. Je ne veux pas exclure les secteurs public et
parapublic, là, entendez-moi bien, mais je pense qu'il faut être clair sur les
lignes de conduite par rapport à ce rôle-là dans le C.A. de la CNESST.
M. Boulet : O.K. On sera
évidemment sensibles à ça, mais j'en profite, là, parce que vous êtes la
première qui nous parlez de ça. Au C.A. de la CNESST, la CSQ, par la voix de
son président, me demandait, depuis un certain nombre d'années, d'avoir un
siège au C.A.. Évidemment, il représente… lui aussi, c'est un secteur à
prépondérance féminine, et c'est dans des secteurs spécifiques, là, notamment
l'éducation puis les services sociaux. Ce que nous avons fait, avec la
collaboration de la FTQ, parce que la FTQ a deux ou trois… deux sièges et elle
cédait temporairement un siège pour permettre au président de la CSQ de siéger.
Et donc, dans le projet de loi n° 101, pour des raisons de paritarisme, on
prévoit la nomination d'un membre, du côté patronal, issu de la fonction
publique, parapublique, et la FTQ récupère son siège. Est-ce que c'est deux ou
trois, la FTQ? C'est pardon?
Une voix : …
M. Boulet : O.K. Ça fait que
c'est pour des raisons de paritarisme complet et s'assurer de la
représentativité d'un secteur qui ne l'avait pas été… Puis M. Gingras avait
totalement raison, vous faites bien de le souligner.
O.K., bien, merci beaucoup, Julie. Merci
encore une fois puis au plaisir de se revoir bientôt. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le ministre. On enchaîne avec la position officielle. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
vous avez 9 min 54 s.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bonjour, Mme White, un plaisir de vous accueillir avec nous
aujourd'hui. L'échange avec le ministre en ce qui concerne les mesures
d'arbitrage, si j'ai bien compris, dans votre mémoire, vous, vous proposez des
mesures de souplesse où nous pouvons avoir la tenue, dans le fond, des
audiences d'arbitrage virtuellement. C'est possible?
Mme White (Julie) : Bien, je
pense, il y a des façons… il y a différentes façons de s'assurer que
l'arbitrage se fasse de façon rapide. On a déjà des arbitres qui… Oui, M. le
ministre a dit : Il y a déjà des arbitres qui sont capables de faire du
télétravail. Il y a des façons de tenir certains éléments d'audience aussi à
distance. On le fait dans… On le fait en commission parlementaire. On le fait
dans plein de circonstances. Il y a des négociations qui se font aussi à
distance. Est-ce que c'est toujours la bonne façon? La réponse est non. Il y a quand
même des dossiers sensibles pour lesquels on comprend, mais, si on pouvait
intégrer peut-être un petit peu plus ça du côté des arbitres…
Mme White (Julie) : ...des
arbitres, du côté des parties aussi, hein, qui... la souplesse de le faire. Je
pense que ça serait quelque chose d'intéressant pour s'assurer de respecter les
délais. Parce que passer de 720 jours à 365 jours avant la première journée
d'auditions, ça va demander, au-delà de ressources supplémentaires, de l'aménagement
aussi de la façon de travailler. Et on ne peut pas juste appliquer un délai
sans s'adapter et sans trouver les solutions. Donc, ça fait partie des choses
qui devraient être regardées. C'est sûr qu'on ne peut pas nécessairement
l'imposer compte tenu de la nature de certains dossiers, mais je pense qu'on
peut prévoir notamment aussi des équipes volantes qui pourraient aller
rapidement pour certains types de cas dans certaines régions. Ça fait partie
des solutions qui pourraient être mises de l'avant pour répondre à cette
problématique-là.
Mme Maccarone : Puis qui fera
la détermination que nous pourrons poursuivre avec des telles options?
• (16 heures) •
Mme White (Julie) : Dans le
fond, c'est sûr qu'il y a... tu sais, dans le processus d'arbitrage, il faut
que les parties s'entendent sur certains... sur certaines choses, les arbitres
aussi peuvent déterminer certains éléments, mais la liste, elle est déterminée
par le gouvernement sous consultation du CCTM. Ça fait aussi partie des choses
qu'on fait, hein, on...
Mme Maccarone : Oui, mais
moi, je veux dire, les mesures que vous proposez de souplesse, si on dit que...
parce que c'est complexe, c'est moins complexe, c'est qui qui prendrait cette
décision de dire : Nous pouvons poursuivre, mettons, à distance?
Mme White (Julie) : C'est...Bien, ce n'est pas... ça fait partie des discussions à avoir avec les
arbitres et les parties. Je pense que la conférence des arbitres aussi doit
être impliquée dans cette discussion-là, s'assurer qu'il y ait des... aussi
peut-être... puis là je ne sais pas c'est quoi, le meilleur moyen, je vais être
claire, mais, tu sais, d'avoir certaines lignes directrices peuvent... pourrait
aussi aider à... les parties à être plus ouvertes à des situations dans tel
type de procédure, dans tel type d'élément. Mais il y a... il y a cette
possibilité-là, ça fait partie des choses qui ont été aussi explorées.
Maintenant, juste être claire, la... il y a quand même des dossiers qui doivent
se faire en personne, puis je ne veux pas le... je ne veux pas le minimiser, il
y a des dossiers sensibles en arbitrage de grief qui nécessitent qu'on soit en
personne, là. Il ne faut pas penser aussi qu'on va tout transférer en termes
de... virtuel.
Mme Maccarone : Tout à fait.
Je comprends très bien. J'ai compris. Encore une fois, vous avez discuté avec
le ministre que vous êtes en accord avec la médiation. Mais moi, je souhaite
savoir : Est-ce que toutes les entreprises, les PME sont prêtes pour ce
changement? Puis aussi, on a beaucoup de changements techniques à venir,
qu'est-ce que nous devons faire pour assurer le déploiement ou la mise en œuvre
de ce projet de loi... serait un succès?
Mme White (Julie) : Et c'est
un excellent point. On a tendance, quand on est... puis ce n'est pas une
critique, là, c'est juste un fait...
Mme Maccarone : Dans la
poutine, quand on est dans la poutine.
Mme White (Julie) : ...dans
la poutine, de penser que les gens à l'extérieur voient qu'est-ce qui se passe,
mais les gens sur le terrain, avant que ça se rende aux entreprises, de voir
les changements... C'est sûr qu'on ne peut pas penser, par exemple, qu'on
finirait l'adoption de ce projet de loi là avant la fin de la session, qu'on...
que ça soit en application tout de suite, là. Il y a quand même de
l'information à partager. Il y a des... Il y a de la sensibilisation, il y a
des... il y a des campagnes, probablement, de part et d'autre, avec les
entreprises, les groupes comme moi aussi pour faire paraître l'information,
mais c'est sûr qu'il y a un changement à faire.
Je vous dirais que, pour les PME, les PME
qui ont déjà eu à faire avec des arbitrages de grief, qui ont déjà été dans ce
processus-là... je pense que la majorité vont être prêtes parce que ça vient
quand même faciliter. Ça leur empêche quand même de se rendre à d'autres
étapes, d'aller plus vite. Ils vont voir un avantage.
Maintenant, il y a quand même un
changement de culture à faire aussi au niveau de l'ensemble des parties sur
l'importance de régler rapidement les choses. Il faut que tout le monde soit de
bonne foi là-dedans, hein, il n'y a pas une seule partie qui a raison tout le
temps. Donc, il faut que tout... qu'il y ait cet équilibre-là. Je parlais
d'équilibre des droits des travailleurs, des employeurs, mais il faut que tout
le monde là-dedans soit de bonne foi aussi puis trouve les solutions. Mais, en
mettant... Vu qu'il y a un consensus au CCTM sur le fait qu'il faut diminuer
les délais, qu'on est des associations à la fois patronales et syndicales
représentatives de la grande entreprise jusqu'à la PME, qu'on a eu des
discussions pendant quand même des années, je pense que ça va atterrir.
Maintenant, il faut s'assurer d'avoir des bons canaux de communication pour
faire descendre l'information sur le terrain, sensibiliser les arbitres, les
avocats, l'ensemble des personnes impliquées dans ce type de litige là pour y
arriver.
Mme Maccarone : Y a-t-il un
délai raisonnable... un délai raisonnable à...
Mme White (Julie) : Pour
arriver... Exactement.
Mme Maccarone : Mais ça serait
quoi?
Mme White (Julie) : Lequel?
Bien, c'est une bonne question. Je n'ai pas analysé en détail les dispositions
d'entrée en vigueur, mais ça va prendre quand même quelques semaines, quelques
mois avant qu'on soit capable de faire descendre l'information comme il faut
sur le terrain, si on veut que ça fonctionne, hein? L'objectif, ce n'est pas
qu'on se ramasse avec des entreprises puis des employés qui sont délinquants
sur les délais, là. Il n'y a personnes qui veut se...
16 h (version non révisée)
Mme White (Julie) : ...passer là-dedans,
là, ce ne serait pas souhaitable, là, on veut que les gens soient capables de
les respecter, là. Ce n'est pas l'inverse, je pense. Donc, il faut quand même
laisser le temps. Puis là il y aura les 10 arbitres, là, qui vont être...
l'appel de candidatures pour les 10 arbitres, ça va aussi donner un coup
de main, mais il faut quand même compter qu'il y a quelques semaines minimums,
puis on arrive à l'été, hein, vous n'êtes pas sans savoir que c'est plus
difficile de communiquer pendant l'été.
Mme Maccarone : Merci. Il me
reste du temps pour une dernière question. Vous le savez que je suis aussi la
porte-parole en matière de famille, puis que nous venons de terminer l'étape d'étude
détaillée du projet de loi n° 95 qui va avoir un impact majeur dans le réseau d'entreprises
PME qui souhaitent poursuivre, pas ceux qui sont garantis, parce qu'il y a une
clause grand-père qui a été adoptée hier, mais pour tout le développement d'affaires,
recrutement, rétention, puis ça s'applique, oui, je parle de milieux d'affaires
parce que c'est votre métier, mais dans le réseau de santé, dans le milieu
universitaire, il va y avoir un impact majeur, parce qu'il va y avoir une
priorisation, un maximum de 50 %. Ça fait que je souhaite savoir de vous l'impact
dans le réseau dont vous représentez puis vous êtes la porte-parole. Est-ce qu'on
va poursuivre le développement? Est-ce qu'on va continuer à avoir ces ententes?
Ce serait quoi, la réalité sur le terrain?
Mme White (Julie) : C'est un
excellent point. Et on a eu l'occasion de faire valoir notre position là-dessus.
Pour nous, de limiter le nombre de places dans les CPE qui sont... qui ont été
financées, qui sont sur des milieux de travail, ça ne fait pas de sens, là, ce
n'est pas logique. Le gouvernement... les gouvernements ont encouragé dans les
dernières années les entreprises à créer ces milieux-là. Il y a beaucoup, moi, de
mes membres, en région notamment, qui ont donné un terrain, construit, payé des
centaines, voire des millions de milliers, voire des millions de dollars pour
bâtir des CPE auxquels ils travaillent de façon importante. On est dans une
pénurie de main-d'œuvre dans le secteur manufacturier, on l'oublie souvent, là,
c'est moins pire que c'était, mais on est quand même autour de 12 000 postes
vacants. C'est des éléments attractifs pour trouver des travailleurs et les
garder. De jouer là-dessus, évidemment, pour nous on ne comprend pas ça sort
vraiment d'où, puis les explications ne nous ont pas particulièrement rassurés.
Évidemment que la clause Grand-Père vient aider certains de mes membres qui
avaient déjà... qui ont déjà eu des ententes, qui ont déjà ces ententes-là, mais
c'est clair, et je parlais avec certains d'entre eux que de ne pas avoir la
possibilité d'avoir... tu sais, d'avoir ce cap de 50 % là ne va pas les
encourager à en développer un peu plus. C'est de l'argent qu'ils mettaient
aussi pour investir dans leur main-d'œuvre, donc ils risquent d'avoir beaucoup
moins de projets dans les prochaines années et c'est dommage, honnêtement.
Mme Maccarone : ...de places.
Ça fait que là, si je comprends bien, on va avoir des freins, parce qu'il y a
plus d'incitatifs de poursuivre avec ce type de projets.
Mme White (Julie) : Exact. Et
le 50 % vient simplement de déplacer un problème.
Mme Maccarone : Tout à fait. Exactement.
Mme White (Julie) : Donc, il
faut miser plus sur l'ajout de places et quand les entreprises peuvent
participer, mais c'est tant mieux. On ne les aide pas participer, disons.
Mme Maccarone : Oui, je suis
d'accord. Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On enchaîne avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, 3 min 18 s.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour. Bonjour. Bienvenue. Sur le dossier des états financiers vérifiés.
Vous êtes ouverte à la modification du Code du travail du gouvernement, de la
part du gouvernement. Moi, je veux juste voir si vous comme association on
pourrait dire de type patronal, est-ce que vous faites aussi vérifier vos états
financiers puis est-ce qu'ils sont accessibles aux membres de votre
organisation?
Mme White (Julie) : Nos états
financiers sont accessibles aux membres. Je dirais qu'il y a une nuance très
importante dans ce débat-là puis j'ai entendu notamment la FTQ en parler, on n'est
pas une association à adhésion obligatoire. Nous, les gens qui viennent chez
nous, ils viennent chez nous parce ça les intéresse d'avoir de la
représentation politique, d'avoir des services de formation, de venir... ils
choisissent d'adhérer à Manufacturiers et exportateurs du Québec, ils
choisissent de payer la cotisation qui vient avec. On est dans une situation
quand même qui est très différente de celle des syndicats. Les travailleurs
doivent adhérer au syndicat, ils ont la formule Rand. Vous le savez, c'est
différent. Est-ce qu'on travaille avec nos membres qui ont... qui auraient des
préoccupations? La réponse est oui. Je peux vous dire, moi, je suis en poste
depuis le 20 janvier, hein, ça fait que je peux vous dire, ceci dit, que je
n'ai eu aucune demande de ce type-là depuis que je suis en poste.
M. Leduc : Ah, bien, j'ai été
longtemps dans un syndicat puis je n'ai pas reçu bien, bien des demandes non
plus pour avoir des copies d'états financiers. Ceci étant dit, là, on a un
article de loi qui le demande. Est-ce que vous seriez ouverte, par exemple, qu'on
rajoute une référence, surtout dans le deuxième paragraphe, quand on parle tous
des fédérations, des confédérations, on pourrait parler aussi des organisations
patronales comme la vôtre?
Mme White (Julie) : Encore
une fois, on n'est vraiment pas dans le même cas de figure. Nous sommes une
association à adhésion volontaire.
M. Leduc : Mais les
fédérations syndicales aussi.
Mme White (Julie) : Les
fédérations... les employés doivent adhérer au syndicat quand ils...
M. Leduc : Oui, mais pas à la
fédération nécessairement...
Mme White (Julie) : ...bien,
ça revient aussi à leur argent de... leur contribution qui se rend jusque-là,
en tout respect.
Donc, nous sommes dans une situation qui
est très différente. Je vous dirais que, s'il y avait une adhésion obligatoire
à Manufacturiers exportateurs du Québec, on serait beaucoup plus d'employés,
puis ça me ferait plaisir, puis ça me ferait plaisir aussi de... à ce
moment-là, d'avoir ce même type de situation là, mais on est dans un cas de
figure qui est totalement différent et ça ne s'applique pas.
M. Leduc : Je comprends. Sur
l'enjeu des griefs, il y a beaucoup de gens qui s'inquiètent, bon, qu'il y ait
un nouveau système, on peut être d'accord ou pas, mais que son application
immédiate pourrait avoir un gros problème. Il y en a qui plaident qu'on devrait
avoir un report d'un an de son application pour laisser le temps, notamment, de
vider les banques de griefs, puis aux conférences des arbitres de se parler.
Est-ce que c'est une demande raisonnable, ça, de dire : Délai d'un an
d'application pour que le nouveau système embarque?
• (16 h 10) •
Mme White (Julie) : C'est sûr
que j'ai de la misère à établir, personnellement, le bon moment, mais il faut
un délai. Si ça s'applique trop rapidement, compte tenu de l'accumulation de
dossiers qu'il y a, c'est vrai qu'on risque d'arriver avec... dans l'entonnoir
puis que ça ne passe plus. Puis notre objectif, je pense, commun, ici, ce n'est
pas que les gens ne soient pas capables de respecter la loi, c'est qu'ils
soient capables de la respecter. Donc, si on prend le temps, notamment, qui est
la nomination d'arbitres supplémentaires, qu'on travaille avec les conférences
des arbitres pour trouver des moyens peut-être un petit peu plus agiles pour
certains types d'audiences, bien... puis qu'on communique aussi l'information
de façon appropriée aux entreprises et aux syndicats sur le terrain pour qu'ils
voient les nouveaux... bien, la médiation ou la conciliation, ces éléments-là.
M. Leduc : Donc, il faut un
délai. Il en faut un, donc, ce n'est pas...
Mme White (Julie) : Je pense
qu'il faut qu'on ait un délai intéressant.
M. Leduc : Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme la députée de Terrebonne, 3min 45s.
Mme Gentilcore : Merci. Merci
beaucoup. Quant au sujet de l'ajout, là, des deux sièges au conseil
d'administration qui viennent des secteurs public-parapublic, vous parlez de
l'importance d'avoir des lignes directrices claires. Je suis tout à fait
d'accord avec vous. À quoi vous pensez, comme lignes directrices? Qu'est-ce que
vous avez en tête? Qu'est-ce qui vous rassurererait à cet égard-là?
Mme White (Julie) : Bien,
c'est sûr que la personne du secteur public ou parapublic employée du
gouvernement qui siégera au C.A. de la CNESST... D'ailleurs, je ne siège pas au
C.A. de la CNESST, mais j'ai quand même cette préoccupation-là parce qu'il y a
quand même plusieurs associations, là, patronales qui y sont... c'est de
s'assurer qu'elle puisse exprimer clairement la vision de son organisation sans
avoir une ligne directrice, par exemple, de son ministre responsable pour...
dans le cadre de ces discussions-là. On parle d'un conseil d'administration.
C'est le rôle même d'un conseil d'administration. Quand on est sur un conseil
d'administration, on le fait généralement d'une façon qui est transparente. Il
faudrait éviter ces problématiques-là. Donc, c'est la question de l'ingérence
gouvernementale, politique, puis je ne veux pas dire qu'il y en a qui le
feraient nécessairement, mais il faut quand même qu'on s'en prémunisse pour
éviter des problèmes.
Mme Gentilcore : Question un
peu champ gauche. Il y a plusieurs organisations qui demandent, en fait,
10 jours d'absence rémunérée pour les personnes qui sont victimes de
violence conjugale. Ce projet de loi là serait sans doute un bon véhicule,
peut-être, pour y penser puis l'intégrer, cette idée-là. Qu'est-ce que vous en
pensez, de ça?
Mme White (Julie) : Bien,
écoutez, évidemment que les victimes de violence conjugale vivent des choses
qui sont très particulières, et il faut le prendre en considération. Moi, je
suis ouverte à cette situation-là. Je pense qu'il faut qu'on le regarde comme
il faut et je trouve que c'est quelque chose qui peut faire du sens. Il faut
juste voir comment l'appliquer aussi.
Donc, ça pourrait effectivement être dans
ce projet de loi là, c'est un omnibus, il pourrait aussi y avoir plein d'autres
choses. J'ai des collègues qui demandent les décrets de conventions
collectives, ces éléments-là. Donc, je pense qu'il y a des choix à faire.
Des voix : ...
Mme White (Julie) : J'ai dit
«des collègues», hein, je n'ai pas dit «moi».
Mme Gentilcore : Puis,
finalement, au sujet du manque d'arbitres, donc, on a parlé du
Centre-du-Québec, mais dites-moi donc un peu quel portrait vous avez fait de
ça, puis qu'est-ce que vous entendez comme échos du terrain par rapport à cet
enjeu-là précisément, puis comment ça pourrait être encore plus amélioré.
Mme White (Julie) : Bien,
évidemment, là, les chiffres que j'avais étaient un peu dérégionalisés, là,
c'était dans des documents du CCTM, mais ce que ça amène, c'est qu'il y a des
régions... tu sais, quand on parle, là, des délais de 720 jours, là, tu
sais, ça amène quand même une disparité à certains endroits. Il y a des
endroits où qu'on est capable d'avoir rapidement accès, il y a des régions que
les... que ce ce n'est pas le cas juste à cause du nombre d'arbitres. Si on a
cinq... On avait, à ce moment-là, lors de l'écriture du rapport, cinq régions
qui n'avaient pas d'arbitre. Bien, cinq régions qui n'avaient pas d'arbitre,
c'est sûr, ça complique les choses. Oui, il y a des gens qui vont se déplacer.
Oui, on va finir par en avoir un, mais quand on parle de délai de
720 jours, on s'entend que ces régions-là, ça les pousse vers le haut. Ce
n'est pas pertinent pour personne d'avoir des délais de ce type-là dans ce
genre de dossiers là.
Mme Gentilcore : Donc, on en
a ajouté, mais on continue d'en ajouter.
Mme White (Julie) : Il faut
continuer à en ajouter puis il faut être vigilant pour s'assurer aussi de la
répartition régionale. Je pense que c'est important.
Mme Gentilcore : Excellent.
C'est tout pour moi. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée de Terrebonne. Donc, Mme White, la représentante officielle des
Manufacturiers exportateurs du Québec, merci pour votre contribution à cette...
Le Président (M. Allaire) : ...cette
commission.
Nous allons suspendre les travaux quelques
instants pour permettre à l'autre groupe de se préparer. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 24)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
nous allons reprendre les travaux. On accueille notre prochain groupe, le
Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail. Bienvenue, mesdames!
Je vous laisse le soin de vous présenter et vous pourrez tout de suite débuter,
là, votre allocation... votre «allocation»... votre allocution, pardon, de
10 minutes. La parole est à vous.
Mme Cummings (Colette) : Alors,
merci, M. le Président. Je suis Colette Cummings, du CIAFT. Je suis ici en
compagnie de Marianne Lapointe et de Maître Sabrina Courchesne...
Vigneau-Courchesne, pardon.
Nous sommes ici pour vous interpeler sur
les projets de loi du...
Mme Cummings (Colette) : ...du
101 afin de vous commenter nos recommandations et aussi souligner ce que ça
représente pour nous, pour les femmes du Québec. Alors, je laisse la place à
mes collègues. Merci.
Mme Lapointe (Marianne) : Donc,
je saute à pieds joints. Notre première recommandation est de conduire un
processus d'analyse différenciée selon les sexes plus. Le PL 101 touche
particulièrement les secteurs d'activité où les femmes sont surreprésentées
dans des postes prenant soin du bien-être de la population. Cette démarche est
essentielle pour assurer le respect des droits fondamentaux et favoriser
l'égalité au Québec.
Notre deuxième sujet de préoccupation
concerne les protections de la LSST pour les femmes enceintes ou qui allaitent.
Donc, à ce sujet, nous avons quatre points distincts. Premièrement, nous
apprécions un incitatif financier pour les employeurs qui réaffectent la
travailleuse à un poste sécuritaire. C'est une bonne idée, à condition que ce
soit bien encadré. Malheureusement, rien n'est inclus pour encadrer le respect
des compétences de la travailleuse.
Le CIAFT recommande donc l'ajout de
balises afin de garantir que les affectations ne dévalorisent pas les
compétences des travailleuses ou ne compromettent pas leur développement
professionnel. Aussi, nous recommandons d'inclure le développement d'outils
pour soutenir les employeurs dans l'adaptation des postes de travail ou la
réaffectation.
Deuxièmement, nous apprécions
l'intégration de dispositions afin que la travailleuse conserve ses avantages.
Cette mesure pourrait contribuer à réduire pour les femmes visées les écarts de
revenus liés à la maternité, mais seulement si tous les avantages de l'emploi
régulier sont maintenus sans exception. À l'heure actuelle, les baisses de revenus
pour les femmes débutent avant la naissance de l'enfant en nuisant aux revenus
immédiats et à long terme pour ces femmes.
Considérant la jurisprudence controversée
sur l'interprétation des notions d'avantages, nous recommandons de conserver
l'article en y ajoutant des précisions sur ce qui devrait être inclus,
notamment les avantages salariaux, les avantages sociaux, les conditions
d'emploi, dans une politique de rémunération globale.
Pour le troisième point, nous parlons
d'universalité. Présentement, plusieurs travailleuses ne bénéficient pas
pleinement du droit au retrait préventif ou à une réaffectation convenable.
Nous recommandons donc la mise en place de
mesures qui permettraient de consolider le caractère universel du programme
Maternité sans danger.
En quatrième point, nous proposons une
autre mesure qui n'est pas dans le p.l. n° 101. Dans une logique de prévention
des risques de discrimination ou de stigmatisation des femmes enceintes ou qui
allaitent, problématique documentée, nous recommandons d'alléger le fardeau
financier des entreprises pour la rémunération des cinq premiers jours suivant
la demande de retrait préventif, qui est assumé présentement par l'employeur.
Nous recommandons également un investissement dans des activités de
sensibilisation des employeurs.
Notre troisième sujet de préoccupation
concerne l'article 54, qui modifie aussi la LSST, pour incorporer de
nouveaux... le nouveau chapitre seize qui prévoit des règles particulières pour
des secteurs majoritairement féminins. Tel que libellé, c'est un retour en
arrière qui viendrait fragiliser la situation des travailleuses et créer des
classes différentes de protection.
Le CIAFT réitère que l'obligation d'un
employeur de mettre en place un programme de prévention est une base
essentielle pour la santé et la sécurité. Aussi, les représentants en santé et
sécurité devraient disposer de ressources, formations et temps nécessaire pour
leurs fonctions. Nous croyons qu'il faut une vision globale de la prévention,
d'autant que les secteurs visés par ce régime tronqué impliquent des risques
physiques et psychosociaux spécifiques élevés.
Nous proposons donc que l'article 54 soit
abrogé et nous énonçons des principes directeurs pour une suite législative.
Nous recommandons que le p.l. n° 101 prévoit une implication des travailleuses
dans l'identification des risques et dans la recherche de solutions, l'adoption
d'une perspective féministe pour tenir compte des dynamiques liées au sexe et
au genre dans l'analyse des risques physiques et psychosociaux spécifiques aux
métiers majoritairement féminins. Et, troisièmement, que la loi précise
formellement la définition de risques psychosociaux afin de refléter ceux
reconnus par la communauté scientifique.
Mme Vigneau-Courchesne (Sabrina) :
Bonjour. Eu égard à la Loi sur les normes du travail, nous tenons à saluer
l'intention...
Mme Vigneau-Courchesne (Sabrina) :
…législateur de faciliter la réalité de certaines personnes salariées
derrière l'introduction de dispositions, tel que l'article 35 du projet de loi n° 101, visant à introduire de nouveaux congés pour les
réservistes des Forces armées canadiennes. Nous croyons qu'il y a cependant
lieu d'élargir la démarche.
D'emblée, encore aujourd'hui, au Québec,
très peu de mesures concrètes favorisant une meilleure conciliation
famille-travail-études et proches aidantes, la CFTPA, ont été mises en place
par le gouvernement pour soutenir les personnes salariées. Pourtant, déjà, en
2020, la coalition… la coalition, pardon, pour la conciliation
famille-travail-études, dont le CIAFT fait partie, révélait que les personnes
salariées se sentaient surchargées en l'absence de mesures collectives
concernant la conciliation. C'est le bébé qui pleurait qui m'a… Nous sommes
d'avis qu'il est crucial que… plus que jamais, que le législateur entreprenne
des actions pour favoriser une meilleure CFTPA.
• (16 h 30) •
Dans un idéal, nous recommandons d'adopter
une loi-cadre en cette matière, à la lumière des principales revendications de
la coalition, en vue de se doter de normes équitables et communes pour toutes
et tous. Cette loi-cadre devrait s'appliquer tant au secteur privé qu'aux
secteurs public et parapublic pour ainsi couvrir l'ensemble des acteurs visés.
Dans l'attente de cette loi-cadre, nous recommandons d'apporter cinq
modifications à la Loi sur les normes du travail.
Premièrement, modifier l'article 79.7 afin
d'assurer la rémunération des 10 jours de congé pour obligation parentale,
familiale ou proches aidantes plutôt que deux et préciser que ces jours de
congé sont distincts de tout autre congé déjà octroyé par une loi ou convention
collective.
Toujours à son article 79.7, retirer
intégralement le troisième alinéa qui, à l'heure actuelle, permet à l'employeur
de demander de fournir un document attestant des motifs de l'absence de la
personne salariée, à l'exception d'un certificat médical. Nous saluons
d'ailleurs le fait que les certificats médicaux ne peuvent plus être exigés
depuis le 1ᵉʳ janvier 2025 pour les congés liés à la CFTPA en vertu de la Loi
visant principalement à réduire la charge administrative des médecins.
Nous recommandons également de modifier
l'article 79.2 afin d'y inclure cinq jours de congé maladie et élargir la
restriction aux employeurs d'exiger un billet médical pour une telle absence.
Nous avons émis deux autres recommandations, lesquelles sont détaillées à notre
mémoire à la page 12.
Dans un deuxième temps, les modifications
récemment apportées par le législateur québécois visant à assurer la protection
des travailleuses et travailleurs exposés sur les lieux de travail à une
situation de violence physique ou psychologique, incluant la violence
conjugale, constituent un gain important en matière de droits des femmes au
travail.
Toutefois, nous nous rallions à la
recommandation que plusieurs de nos partenaires revendiquent depuis maintenant
quelques années, à savoir que 10 jours de congé devraient être rémunérés pour
toute victime ou survivante de violence conjugale ou à caractère sexuel en
vertu de la Loi sur les normes du travail. Nous croyons que le projet de loi n°
101 est une occasion pour le Québec d'apporter encore une fois son support aux
victimes et survivantes et d'emboîter le pas pour rattraper le retard à ce
sujet comparativement aux autres juridictions du pays, lesquelles sont toutes
plus généreuses. En complémentarité, et toujours afin de contrer les
problématiques entourant la violence conjugale, nous avons soumis trois autres
recommandations concrètes, lesquelles sont détaillées à la page 14 de notre
mémoire.
Finalement, nous constatons, au passage,
une avancée, en vertu de l'article 39 du p.l. n° 101,
qui viendrait consacrer le droit des salariés de s'absenter sans salaire et
sans risque de perte du lien d'emploi lorsqu'ils se conforment à une recommandation
émise en vertu de différentes lois visant à protéger la santé publique.
Toutefois, nous recommandons de retirer la troisième alinéa de cet article,
lequel permet encore une fois à l'employeur de demander à la personne salariée
de lui fournir un document attestant des motifs de cette absence.
En conclusion, bien que nous reconnaissons
certaines avancées édictées par le projet de loi n° 101
qui visent à améliorer divers aspects de la vie des personnes salariées au
Québec, nous croyons que certains éléments devraient être modifiés, bonifiés,
et nous sommes préoccupés par le manque d'uniformité de certaines protections.
Nous demeurons à votre disposition pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On débute la période d'échange avec la partie gouvernementale. M. le
ministre, vous avez 16 min 30 s. La parole est à vous. M. le
ministre.
M. Boulet : D'abord, merci au
CIAFT. Merci de m'avoir remis aussi votre plateforme de recommandations pour
valoriser les métiers majoritairement féminins. Je sais que le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
était présent lors de la présentation des recommandations et…
16 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...sachez tout le
respect qu'on a pour votre conseil d'intervention pour l'accès des femmes au
travail et il y a plusieurs points qui sont intéressants puis beaucoup de
recommandations qui sont aussi intéressantes. Le PMSD, d'abord, puis on en a
parlé tout à l'heure, ça fait que vous en avez discuté aussi d'emblée, la
réaffectation, c'est ce qu'on souhaite. Puis, vous savez, je ne sais pas
laquelle des deux en a parlé entre Marianne et Sabrina, là, Marianne, donc l'employeur
réaffecte, il respecte les conditions de travail, puis vous faites référence
aux avantages qui ne sont pas toujours respectés. Parce qu'on sait que dans la
pratique, la réaffectation pouvait être un poste différent pour respecter l'état
de la femme et l'écart salarial était compensé par la CNESST, et là on vient
confirmer cette pratique-là et la CNESST va l'assumer systématiquement. Mais
vous dites : Il faut s'assurer de respecter les compétences de la
travailleuse, puis ça prend... bien, il y a trois points, là, puis j'aimerais
ça un petit peu plus de détails là-dessus.
Mme Lapointe (Marianne) : Je
vais vous détailler ça, certainement, aucun problème. En fait, ce qu'on observe
sur le terrain, c'est : Oui, c'est une très bonne idée d'avoir une
compensation pour l'employeur pour combler la différence de salaire entre les
deux, mais je sais très bien que vous appréciez en fait l'arrivée des femmes
dans l'industrie de la construction. Vous étiez présent récemment à un
événement où j'étais aussi présente pour valoriser, en fait, cet état de
choses.
Sachez, M. le ministre, qu'il y a beaucoup
de femmes dans cette industrie-là et dans d'autres postes de travail... là, je
ne veux pas être exclusive, je veux être plus inclusive, mais je vais vous
donner un exemple concret auquel vous pouvez vous référer. En fait, il y a
beaucoup de femmes qui vivent de la stigmatisation et des grands préjugés à la
minute où elles énoncent qu'elles sont enceintes et qu'elles, potentiellement,
nécessiteraient une réaffectation ou un retrait préventif. Alors, la tendance
est à faire passer le balai à Mme qui était probablement plombière, ou
électricienne, ou autre chose. Donc, c'est cette dévalorisation-là qu'on veut
éviter. On veut que la femme soit relocalisée dans un poste sécuritaire, mais
pour lequel elle a des compétences et où ses compétences seraient valorisées.
Et ça, ça serait enchâssé dans des balises claires.
M. Boulet : C'est intéressant
parce que si on fait l'analogie, puis ce n'est pas la même chose, mais avec l'assignation
temporaire en vertu de l'article 179, on dit que ça doit même être
favorable à sa réadaptation. Ce n'est pas la même affaire, là, mais...
Mme Lapointe (Marianne) : Tout
à fait. C'est pour ça qu'une autre de nos recommandations, c'est d'adjoindre
aussi... puis ça, je n'en ai pas parlé parce qu'on a juste 10 minutes de
présentation, mais, dans notre mémoire, on le mentionne, que, si jamais la
travailleuse est positionnée dans un nouveau poste, par exemple estimatrice,
qui serait, dans le fond, bien intéressant pour sa carrière de plombière, donc ce
serait une progression, bien, qu'il y aurait des obligations pour l'employeur
de fournir de la formation pour s'intégrer dans ce nouveau poste-là. Donc,
voilà.
M. Boulet : Puis c'est
bénéfique pour les deux, c'est bénéfique pour l'employeur aussi.
Mme Lapointe (Marianne) : C'est
bénéfique pour les deux, l'employeur en retire quelque chose.
M. Boulet : Il y a la
prestation de travail et il forme quelqu'un qui peut lui rendre des services
intéressants à un autre poste, je le comprends.
Mme Lapointe (Marianne) : Tout
à fait.
M. Boulet : Donc, les outils
d'adaptation, ça référait à ça. Puis les avantages à préciser, Marianne, avez-vous
une idée d'avantages qui n'auraient pas été consentis par des employeurs? Juste
un exemple, là.
Mme Vigneau-Courchesne (Sabrina) :
Bien, en fait...
Mme Lapointe (Marianne) : On
peut toutes les deux répondre, oui, vas-y.
Mme Vigneau-Courchesne (Sabrina) :
Oui, si je peux me permettre. Dans le fond, quand on a lu le projet de loi n° 101, le premier réflexe était aussi d'aller lire la Loi
sur les normes du travail, puis il semblait y avoir effectivement une confusion
dans la jurisprudence sur l'interprétation des expressions «avantages liés à l'emploi».
Donc, certaines femmes en retrait préventif, par exemple, auraient dû se battre
pour avoir une prime de bonus qu'ils avaient à l'époque, puis là on dit :
Ah! bien non, ce n'est pas un avantage lié à l'emploi, tout ça. Donc, d'éclaircir
ça, ce serait gagnant pour tous.
M. Boulet : Oui, parce qu'il
y a des débats en jurisprudence là-dessus, là, à savoir si les primes...
Mme Lapointe (Marianne) : Oui,
puis on voulait vraiment s'assurer que les assurances collectives, les REER, l'ancienneté,
etc., tout ça, ce serait vraiment respecté, puis on donne des détails dans le
mémoire.
M. Boulet : Le régime, O.K.,
le régime. J'apprécie, c'est intéressant, et...
Mme Lapointe (Marianne) : Notre
préoccupation, c'est d'assurer que les femmes n'arrivent pas à la retraite
pauvres. Voilà, c'est dit.
M. Boulet : Oui, c'est dit,
hein?...
M. Boulet : ...ça va rester.
Puis vous dites que l'absence...
Une voix : C'est enregistré.
M. Boulet : ...qu'il y a un
risque que vous dites lié à la problématique, parce qu'on sait que l'indemnité
pour les cinq premiers jours, en fait, c'est l'employeur qui assume.
Mme Lapointe (Marianne) : Oui.
M. Boulet : Et ça, ce serait
un obstacle.
Mme Lapointe (Marianne) : Oui.
C'est, en fait, un processus qui fait en sorte que les femmes sont souvent
mises dans une situation où l'employeur est choqué d'avoir à payer ça. Et c'est
surtout pour favoriser, en fait, l'aide aux petites entreprises qui peuvent
avoir quand même un enjeu à payer ces cinq journées-là. On s'entend que c'est
des... c'est des journées payées non travaillées. Donc, pour les petites
entreprises, ça a quand même un impact.
• (16 h 40) •
M. Boulet : Donc, ça...
Mme Lapointe (Marianne) : Et
ça vient jouer sur toute la charge émotive, en fait, pour la femme d'annoncer à
son employeur qu'elle est enceinte et qu'elle doit soit se retirer, soit avoir
une réaffectation.
M. Boulet : Ça incite à
réflexion. Puis je fais une comparaison avec l'avis, tu sais, pour les 14
premiers jours dans un cas d'accident de travail ou maladie professionnelle.
L'employeur fait une demande de remboursement pour les 14 premiers jours parce
que c'est lui qui assume l'IRR, mais il la paie, mais il se fait rembourser,
alors que les cinq premiers jours, dans le contexte...
Mme Lapointe (Marianne) : Il
ne se fait pas rembourser.
M. Boulet : ...il ne se fait
pas rembourser. Ça fait que c'est sûr que c'est, comme un peu vous soulignez,
deux poids deux mesures. Je le comprends super bien. Puis j'ai...
Mme Lapointe (Marianne) : Oui,
tout à fait. Puis ça vient contribuer au climat négatif que les femmes vivent
dans certaines industries où les employeurs sont moins familiarisés. Il y a
même des employeurs... parce que j'ai travaillé longtemps sur le terrain, il y
a même des employeurs qui vont dire... en fait, qui ont des craintes que la
réclamation à la CNESST pour le retrait préventif fasse hausser leurs primes.
Donc, ça, ça vient... Tu sais, on peut constater à quel point il y a des
préjugés...
M. Boulet : Il y a des
perceptions...
Mme Lapointe (Marianne) : Il
y a des perceptions qui sont fausses chez les employeurs. C'est pour ça qu'on a
une recommandation sur la sensibilisation des employeurs, sur c'est quoi, la
maternité, c'est quoi, les droits des travailleuses autour de ça, et comment
l'employeur devrait réagir.
M. Boulet : O.K. Juste finir,
ça, c'est mon commentaire, dans l'industrie de la construction, comme vous
savez, il n'y a pas de sécurité d'emploi puis il y a une mobilité des
travailleuses d'un chantier à l'autre. Et c'est sûr qu'une femme en
situation... tu sais, qui est dans un état de grossesse a de la misère à...
puis, tu sais, même bénéficier du programme de maternité sans danger. Ça me
préoccupe, puis j'essaie de trouver les meilleures solutions, là, mais il y a
une spécificité au secteur qui fait que ça crée un obstacle additionnel aux
femmes. Et vous savez, Marianne, que 10 % des nouvelles personnes qui ont
intégré l'industrie de la construction en 2024 sont des femmes. Tu sais, ça
fait qu'on est en ascension, mais il faut s'assurer d'éliminer les barrières qui
forcent...
Mme Lapointe (Marianne) : Je
tiens à souligner par contre, M. le ministre, si vous permettez, que les femmes
qui ont de la difficulté à avoir accès à la maternité... au programme de
maternité sans danger, ce n'est pas juste les filles qui travaillent dans les
métiers majoritairement masculins, il y a aussi les travailleuses autonomes,
les travailleuses de statut précaire informel, comme par exemple les
travailleuses domestiques qui sont présentes dans nos services à domicile.
Donc, c'est à regarder, oui, avec la lunette femmes métiers majoritairement
masculins, mais c'est aussi à regarder avec la lunette plus large, là, d'être
vraiment universel et que ce soit accessible à toutes les femmes au Québec.
Voilà!
M. Boulet : Super! Est-ce
que... Ce que je trouve intéressant, puis là c'est dans la Loi sur les normes
du travail, où on... évidemment, la conciliation travail-famille est une... est
un objectif visé par la loi. Vous parlez de mesures collectives pour favoriser
la conciliation travail-famille. Donc, vous pensez à une loi-cadre.
Mme Lapointe (Marianne) : Oui.
M. Boulet : Pouvez-vous
mettre un peu de chair autour de l'idée, Marianne, ou Sabrina, ou Colette, là?
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : Bien, en fait, je peux peut-être prendre la balle au bond.
Mais effectivement les... la coalition... la coalition tantôt dont je parlais a
une plateforme de revendications, justement, qui est directement en ligne.
Donc, je vous invite vraiment à tous la consulter. Il y a des revendications
claires. La loi-cadre est proposée et des mesures concrètes. Dans le mémoire
aussi, on détaille aussi davantage, là, des inclusions qu'on pourrait avoir
dans cette loi-cadre, chose qu'on a aussi énumérée dans le mémoire qu'on a
soumis sur la consultation numérique en janvier 2025 à la commission. Donc, je
ne sais pas si tu voulais compléter, mais déjà d'avoir le 10 jours payés...
Mme Vigneau-Courchesne (Sabrina) :
...dans la Loi sur les normes du travail, c'est une... c'est une solution
concrète qui pourrait être adoptée maintenant, l'article est déjà là. Pourquoi
donner deux journées rémunérées, plutôt que 10, sachant que les enfants sont
toujours malades? Donc, ça, c'est déjà un premier départ. Puis ensuite, la
loi-cadre, là, on y va vraiment dans un travail de profondeur, j'entendais,
tantôt, «une réforme réelle». Marianne, je ne sais pas si tu voulais compléter?
Mme Lapointe (Marianne) : Bien,
je voulais juste vous dire, dans le fond, que, sur le site Web de la plateforme
de la coalition, la loi-cadre est quasiment écrite. Donc, si ça vous tente
d'aller jeter un coup d'œil, ça pourrait être rapide.
M. Boulet : O.K. C'est une
bonne idée, c'est une bonne idée, Marianne. Mais les 10 jours rémunérés, c'est
une demande qui provient aussi de l'intersyndicale d'autres groupes, là. Mais
il faut penser à l'ensemble des congés dont on bénéficie dans notre loi sur les
normes. Non, Sabrina, c'est des normes minimales du travail. Et je suis content
que vous souligniez, parce qu'on a travaillé ensemble, la loi visant à réduire
le fardeau administratif des médecins et permettant jusqu'à trois fois par
année, trois jours consécutifs, au moins, de s'absenter. C'est des proches
aidants, des proches aidantes, des personnes victimes de violence conjugale, ou
familiale, ou à caractère sexuel qui peuvent s'absenter sans avoir à présenter
un certificat médical. Je pense, l'intersyndicale le soulignait aussi, c'est
une avancée intéressante.
Mais les 10 jours rémunérés, Sabrina, je
ne sais pas si vous l'avez déjà documenté en chiffres pour les PME du Québec,
mais c'est quand même des montants particulièrement importants, là, puis dans
la conjoncture actuelle. Je comprends que c'est une idée qui mérite d'être
analysée, mais l'impact est quand même assez important pour les petites et
moyennes entreprises. Il ne faudrait pas mettre à risque, non plus, ces
entreprises-là, là.
Mme Lapointe (Marianne) : C'est
important, dans le fond, de souligner, par contre, que, oui, effectivement,
c'est une demande qui provient aussi de l'intersyndicale, mais il ne faut pas
oublier que le conseil, nous, le CIAFT, nous sommes là, entre autres, pour
défendre les personnes non syndiquées...
M. Boulet : Bien oui.
Mme Lapointe (Marianne) :
...et, en fait, les conditions de la Loi sur les normes du travail sont les
conditions des personnes qui ne sont pas syndiquées. Et, présentement, elles
ont accès, ces personnes là, autant les hommes que les femmes, dans tous les
cas, pour les enfants ou pour... c'est deux jours, donc ça représente, en fait,
une baisse de revenus si tu es obligé de prendre plein de congés dans ton année
parce que tu as des enfants, ou que tu as un parent vieillissant qui est
malade, en fait, hein? Pour la proche aidance aussi, c'est pertinent. Donc,
pour les personnes non syndiquées, cette revendication-là, elle est
superimportante. C'est sûr qu'on met 10, mais, tu sais, vous comprenez qu'il y
a tout un arc-en-ciel entre deux puis 10. Toute amélioration serait bienvenue.
M. Boulet : O.K. Dernier point,
parce qu'après ça, je vais laisser ma collègue de Hull vous poser une question.
Mais merci d'avoir souligné le maintien du lien d'emploi suite à une règle de
la santé publique ou de la sécurité civile. On pense à la pandémie, aux
incendies, et autres. Je pense que c'est un grand bénéfice qui était attendu.
Je laisserais, sur ce, M. le Président...
Le Président (M. Allaire) :
Parfait, merci. Mme la députée de Hull, vous avez 2 min 30 s.
Mme Tremblay : Oui, alors,
bonjour. Moi, ma question, elle est en lien avec la recommandation 7, donc
celle où on dit qu'il faut investir dans des initiatives de sensibilisation
pour les employeurs pour diminuer la stigmatisation autour de la maternité.
Moi, bien, j'ai travaillé dans le milieu, notamment, de l'éducation, où, tu
sais, il y avait tout le programme de maternité sans danger. Il me semble qu'il
y a déjà beaucoup d'efforts puis que, tu sais, on en parle beaucoup,
l'employeur était très collaboratif. Est-ce qu'il y a tant d'enjeux puis que
vous sentez encore la stigmatisation de... au point qu'il faut aller de... dans
cette direction-là?
Mme Lapointe (Marianne) : Comme
on n'a pas beaucoup de temps, je vais être très claire : oui, puis
principalement dans les métiers majoritairement masculins où les femmes sont de
plus en plus présentes. Les employeurs sont peu habitués à cette question-là,
la maternité. Comme je le disais tantôt... je donnais l'exemple... il y a des
employeurs qui pensent que ça va élever leur contribution à la CNESST, donc ils
sont un peu paniqués quand la travailleuse arrive avec cette merveilleuse
nouvelle qu'elle attend un enfant. Mais, oui, il y a beaucoup de stigmatisation
autour de la maternité, et il y a encore des femmes qui se font poser, en
entrevue, la question : Est-ce que vous avez l'intention d'avoir des
enfants?
Mme Tremblay : Ce qui est...
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : Je complémenterais juste la réponse de Marianne, puis on
l'a mis dans le mémoire, mais cette expression, ça va faire une tache au dossier
dans les petites organisations qui ne comprennent pas nécessairement la
mécanique de la CNESST, nécessairement. C'est comme la réticence, justement, de
l'employeur...
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : ...hâte de faire : Ah mon Dieu! Comment je vais gérer
ça, tu sais? Puis : Ah! la CNESST, mais non, ça va m'amener des primes
supplémentaires, tout ça. Donc, c'est en ce sens-là.
Une voix : ...accident du
travail, tu sais.
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : Mais il y en a, effectivement, des employeurs qui sont
très sophistiqués, puis qui comprennent très bien, puis qui ont un département
dédié à ça, puis ce n'est pas un enjeu, peut-être, dans le domaine que vous
étiez.
Mme Tremblay : Bien, je
comprends la nuance. Parce que, moi, je viens du domaine de l'éducation,
majoritairement féminin, mais je peux comprendre qu'une femme qui travaille
dans un milieu où c'est majoritairement un milieu masculin, bien, ça vient...
bien, tu sais, parce qu'on a encore du travail à faire de ce côté-là pour, tu
sais, informer l'employeur et l'employé.
• (16 h 50) •
Une voix : Tout à fait.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. C'est tout? Merci, Mme la députée de Hull. Donc, on enchaîne avec
l'opposition officielle. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez
9 minutes 54 s.
Mme Garceau : Merci, M. le
Président. Et merci à vous d'être avec nous aujourd'hui pour votre mémoire, des
recommandations très détaillées. Il y a beaucoup de pain sur la planche. On va
commencer avec effectivement ce que vous avez évoqué. Une de vos critiques
principales, c'est le fait qu'il y a l'absence d'analyse différenciée sur...
selon les sexes. Dans la rédaction du projet, est-ce que vous estimez que le
ministère a failli à ses obligations à cet égard?
Mme Lapointe (Marianne) : Je
vais me lancer. Effectivement. Bien, en fait, pour nous, une analyse
différenciée selon les sexes devrait être incluse en amont de tout projet de
loi, c'est-à-dire dans les consultations avant l'écriture du projet de loi,
pour être efficace, parce qu'un coup que le projet de loi est écrit, il est un
peu trop tard, il est 0 h 10 et non pas 23 h 55. Donc, une
vraie analyse différenciée selon le sexe, ça se fait de façon sérieuse quand on
veut établir les impacts à la fois pour les hommes et les femmes de toute
mesure. C'est super important. Ça touche tout le monde dans notre société. Et
on espère aussi qu'une analyse différenciée selon les sexes plus pourrait être,
dans le fond... Nous autres, nous, on a une philosophie de plus à intégrer
aussi la question de genre, donc l'analyse différenciée selon le genre avec le
plus, ce qui est quand même important pour être tout à fait inclusif. Donc...
Et c'est quand même un élément qui est dans les propres politiques du gouvernement,
en fait. Donc, le Secrétariat à la condition féminine du Québec a établi un
beau... un beau document qui vient normer tout ça, qui vient expliquer comment
faire, et tout. Donc, je trouve que ce serait vraiment très... très opportun.
J'invite aussi tout le monde dans
l'Assemblée, aujourd'hui, dans la commission, de lire attentivement le mémoire
du conseil du Conseil du statut de la femme qui devrait être déposé bientôt. On
est aussi des partenaires puis on s'est jasé la semaine passée. Donc, on est aussi
très préoccupés par l'ensemble de leurs recommandations.
Mme Garceau : Donc, puisque
l'analyse différenciée sur le genre plus, ADG, on va dire, plus, n'a pas été
fait en amont, est-ce que vous jugez que le projet de loi institutionnalise une
discrimination fondée sur le genre?
Mme Lapointe (Marianne) : Bien,
c'est sûr qu'un projet de loi qui ciblent particulièrement des métiers
majoritairement féminins pour leur enlever leur outil de prévention, ça
n'augure pas très bien au niveau de prendre en considération les besoins des
femmes du Québec. Donc, c'est clair pour nous qu'une ADG n'a pas été conduite
avant d'écrire ce projet de loi.
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : On a eu la chance d'entendre, évidemment... tout juste
avant nous, là. On n'a pas plongé dans une analyse sous une perspective
constitutionnelle du projet de loi. Le temps ne le permettait pas. Mais ce
qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a déjà une stratégie gouvernementale pour
l'égalité entre les femmes et les hommes qui a été adoptée, auquel le
gouvernement s'est engagé de respecter. Et effectivement c'est un projet de
loi, je veux dire, on le voit, a priori, qui touche les femmes, nécessairement
beaucoup les femmes, puis on ne s'explique pas pourquoi cette analyse-là n'a pas
été faite en amont puis, je tiens à souligner aussi, dans une perspective
intersectionnelle. C'est-à-dire qu'il n'y a pas juste... il y a le... oui, il y
a le genre, mais il y a toutes les roches qui s'accumulent. Quand on parlait de
proche aidance tantôt, d'être mère aussi... d'être mère, d'avoir...
Mme Vigneau-Courchesne (Sabrina) :
...les lois du travail, c'est au cœur des foyers québécois, et là on ne
vient pas faire ce travail en amont là. Pour nous, c'est problématique et c'est
aligné aussi avec la recommandation de ne pas aller de l'avant en ce qui
concerne l'article 54, là, du projet de loi, pour le segment, là, sur...
qui touche le secteur public et parapublic et l'enseignement.
Mme McGraw : Vous avez
beaucoup de recommandations sur formation, sensibilisation, perspective
féministe, aussi une recommandation pour définir les risques psychosociaux que
le projet de loi, que la loi vient définir. Est-ce que... J'aimerais vous
entendre plus sur ces recommandations, formation, sensibilisation, mais aussi
celle-là en particulier, d'avoir une définition claire.
Mme Lapointe (Marianne) : Dans
le fond, vous parlez...
Mme McGraw : Numéro 10.
Mme Lapointe (Marianne) : ...de
la proposition pour une suite législative si on enlève l'article 54. En
fait, dans le fond, la perspective féministe, où on la voit, c'est que,
présentement, dans les métiers majoritairement féminins, il y a d'ores et déjà
une sous-évaluation des risques, à la fois psychosociaux et physiques, dont,
par exemple, les risques de... les risques musculosquelettiques, etc. Donc,
dans ces métiers-là, il y a déjà une sous-évaluation des risques, donc, tu
sais, des moyens de prévention qui sont moins là.
Donc l'article 54 vient vraiment
mettre le bâton dans les roues de quelconque avancée, en fait, qu'on essaie de
faire depuis plusieurs années pour améliorer cette situation-là. Et on tient
absolument à ce que les travailleuses soient impliquées au niveau de
l'identification de ces risques-là et, en ce sens, on rejoint un peu les
recommandations de Mme Baril-Gingras et de M. Lampron. Donc, tu sais, on trouve
que la prévention, c'est superimportant. Il faut absolument conserver les
obligations de l'employeur par rapport à la prévention. Il faut que les
travailleuses et les travailleurs soient impliqués dans ces processus de
prévention et qu'ils aient les moyens de passer à l'action et de faire ce
qu'ils ont à faire pour améliorer les choses.
Mme McGraw : Vous avez aussi
parlé, dans vos... Bien, j'aimerais revenir sur la recommandation
numéro 10 que vous proposez, une définition claire de «risques
psychosociaux». Parlez-nous plus de cette recommandation, effectivement.
Mme Lapointe (Marianne) : Oui.
Bien, en fait, c'est que, présentement, les risques psychosociaux qui sont
reconnus pour lésions professionnelles à la CNESST ne sont qu'une seule...
qu'une petite partie, en fait, des risques psychosociaux qui sont reconnus par
la communauté scientifique. Et nous, on prône, en fait, d'étendre le tout parce
que ça vient contribuer à la sous-évaluation des risques. Donc, on est dans le
domaine, en fait... dans les métiers majoritairement féminins, on est beaucoup
dans le domaine du prendre soin. On travaille avec des personnes, pas avec des
planches de 2X4. Donc, il faut, en fait, s'intéresser aux risques psychosociaux
parce qu'ils sont là, et qu'ils font des ravages, et que les demandes de
congés, des gens qui partent en maladie à cause des situations difficiles au
travail, en risque psycho, tu sais, relié au psychosocial, c'est énorme et ça
représente un problème qui n'aide pas à la pénurie de main-d'œuvre. Donc,
s'intéresser à ça contribuerait à régler une partie de la pénurie de
main-d'œuvre.
Mme McGraw : Si j'ai le
temps, peut-être une dernière question. Quelle serait votre recommandation
prioritaire pour que le projet de loi soit plus équitable pour les femmes du
Québec? S'il fallait choisir ou prioriser une ou deux. Allez-y avec le temps
qu'il reste, je pense que...
Mme Lapointe (Marianne) : Bien,
écoutez, c'est un choix vraiment très difficile, mais moi, j'irais avec
l'abrogation de l'article 54, puis si tu me demandes un deuxième truc, je
vais te laisser choisir le deuxième.
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : Bien, c'est sûr que nous, c'est un grand dossier qui est
porté par le... la conciliation travail-famille-études. Donc, il y a eu des
recommandations concrètes vraiment faciles à intégrer au projet de loi, qui est
un projet de loi omnibus. C'est une façon pour le législateur de saisir cette
opportunité-là puis de donner, comment dire, du souffle aux familles
québécoises, aux femmes québécoises qui portent...
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : ...qui porte tout ça à bout de bras. Donc, je choisirais
cette deuxième, mais, honnêtement, je vous... on en a 18, je prendrais la peine
de me pencher sur les 18.
Mme McGraw : Oui, oui, tout à
fait. Mais là je vous donne... je vous cède le reste de mon temps. Est-ce que
vous avez d'autres choses que vous voulez ajouter?
Mme Vigneau-Courchesne (Sabrina) :
On n'a pas mentionné la composition du C.A. parce que le temps ne nous le
permettait pas. On a entendu plus tôt, là, des préoccupations par rapport au
paritarisme. Puis, en fait, notre proposition viendrait régler ce problème en
ce sens qu'on pense que... cinq secondes, on pense qu'il y aurait lieu de
rajouter un siège, créer un nouveau siège pour les travailleuses et
travailleurs non représentés...
• (17 heures) •
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : ...non syndiqués, pardon.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci beaucoup. Malheureusement, ça met fin avec cet échange avec l'opposition
officielle. On poursuit avec la députée d'Hochelaga-Maisonneuve, 3 min 18 s.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous trois. Toujours un plaisir de vous entendre en
commission. Justement, j'allais vous questionner sur le C.A. de la CNESST, donc
on est dans le sujet. Votre proposition, c'est de rajouter un siège pour les
organismes. Ça, c'est très clair, très concret. Bien, dans le fond, le projet
de loi, il propose de rajouter deux sièges déjà, un patronal, un syndical.
Vous, vous dites : Rajoutez-en un troisième, un total de trois nouveaux
sièges.
Mme Lapointe (Marianne) : ...en
fait, les travailleurs et travailleuses non syndiqués ne sont absolument pas
représentés et composent une bonne partie de la main-d'œuvre au Québec. Donc,
c'est beau d'avoir un paritarisme patronat, syndicat, mais les personnes non
syndiquées n'y sont pas et devraient y être.
M. Leduc : On s'entend sur
l'objectif de représentation des non-syndiqués. La question, par contre, du
paritarisme demeure entière. Si on rajoute un autre siège, le paritarisme
patronal, syndical ne tient plus. Il faudrait... Est-ce qu'il faudrait rajouter
aussi un autre siège de type patronal pour faire l'équivalence au vôtre?
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : Non, on peut en mettre deux pour les non-syndiqués, si
c'est ça, le problème, là. Mais, en fait, j'ai pris la balle au bond parce que
tantôt il y avait vraiment un focus sur le siège représenté par le
gouvernement, que... effectivement, qui doit être associé à un chapeau quand
même patronal, là, évidemment, donc je me... j'ai dit «parirtaire». Mais,
nécessairement, nous, notre recommandation, c'est qu'il y ait une voix qui soit
portée au conseil d'administration de la CNESST pour les gens qui ne sont pas
syndiqués. Donc, c'est ça, le point d'orgue, là.
M. Leduc : O.K. Bien, on aura
l'occasion peut-être de s'en reparler. Parce que je trouve que l'objectif est
parfaitement légitime et louable, mais comment on peut le faire conjuguer avec
le paritarisme sans le faire déséquilibré? Ça... en tout cas, on s'en
reparlera. On trouvera une solution.
Mme Lapointe (Marianne) : Puis,
en fait, on a eu l'idée aussi, puis on n'est pas tout seul à l'avoir eue, là,
il y a plein d'organismes communautaires autour de nous quand on... on consulte
régulièrement... en fait, la création d'un bureau pour la... tu sais, un bureau
des non-syndiqués, un peu comme un ombudsman.
M. Leduc : J'allais justement
vous poser la question là-dessus. Visiblement, on est concordants. Parfait.
Mme Lapointe (Marianne) : C'est
ça. Donc, ce truc-là pourrait être l'organisation qui représente les non-syndiqués
sur le C.A. de la CNESST. On ne prêche pas nécessairement pour notre
organisation, bien qu'on serait prête à faire, mais... Tu sais, on n'est pas...
on sait qu'on représente les femmes, donc on n'est pas mixtes, donc, déjà en
partant, on est conscients de ça. Mais un genre de bureau des non-syndiqués, un
ombudsman ou quelque chose dans ce genre-là serait tout à fait approprié.
M. Leduc : Parce que, sauf
erreur, je pense que votre mémoire ne traite pas directement de cet enjeu de la
création d'undit bureau. Est-ce...
Mme Lapointe (Marianne) : Non.
M. Leduc : Mais je comprends
que vous êtes favorable à ça, si vous proposez qu'il y ait un siège
potentiellement au C.A.
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : Oui. Tout à fait, oui. Puis, si je ne m'abuse, c'était une
recommandation qu'on avait émise dans le mémoire en janvier 2025 sur la
consultation numérique. Il faut savoir, on est limités à 10 pages, hein,
lorsqu'on vient pour déposer un mémoire, à moins de...
Mme Lapointe (Marianne) : ...un
résumé.
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : ...tout ça, et le délai ne nous a pas permis, en fait,
d'aller longuement en profondeur sur plein de sujets, mais oui. L'UTTAM,
d'ailleurs, en fait proposition à son mémoire. Et c'est une recommandation
qu'on fait... effectivement, qu'on soutient parce que... au volet Normes du
travail, c'est autre chose, mais, au niveau...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, merci beaucoup. Ça met fin à ce bloc d'échange. Mme la députée de
Terrebonne, vous pouvez enchaîner. La parole est à vous, 3 min 18 s.
Mme Gentilcore : Merci, M. le
Président. Bonjour. Merci pour ces nombreuses propositions que vous avez pour
mieux encadrer le travail des femmes, je trouve ça fascinant. Je vous ai écouté
avec beaucoup d'attention. Je suis quand même surprise que votre mémoire ne
traite pas, là, du recul, justement, du ministre sur son entente avec les
syndicats dans la loi... dans le cadre de la loi 59, pardon, et qui
concerne les secteurs du domaine public à majorité féminine, à prédominance
féminine, donc santé et services sociaux, éducation, parce qu'avec le projet de
loi n° 101 on vient réduire de façon considérable les fonctions des
comités de santé et de sécurité et de représentantes en santé et sécurité dans
ces...
17 h (version non révisée)
Mme Gentilcore : …névralgique
de nos systèmes publics. Quelle analyse vous faites de ça et est-ce que, vous,
l'argument de la pénurie de main-d'œuvre vous convainc à ce niveau-là?
Mme Lapointe (Marianne) : Pas
du tout, puis, en fait, nous, on a opté pour que… de proposer, en fait, que l'article
54, qui touche toutes les questions de diminution, enlever ci, enlever ça,
enlever ça… Donc, nous, on a dit : Bien, dans le fond, l'article 54, pour
nous, il devrait être enlevé du projet de loi au complet.
Mme Gentilcore : Donc, c'est
pour ça qu'il n'y a pas de recommandation, c'est que, carrément, vous suggérez
de l'abolir.
Mme Lapointe (Marianne) : Oui,
c'est ça, on ne s'est pas penchés sur qu'est-ce qu'on pourrait faire pour l'améliorer
parce qu'on trouve qu'il devrait être enlevé au complet, voilà.
Mme Gentilcore : Excellent,
très bien.
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : En fait, c'était en bloc. Peut-être que ce n'était pas
assez clair dans le mémoire, mais on ne recommande pas d'aller de l'avant avec
ce régime qu'on qualifierait de parallèle. Puis on a fait un constat
effectivement qu'il y avait un recul à cet égard-là. Après, ça n'a pas été,
encore une fois, une analyse détaillée parce que le délai ne permet pas,
malheureusement, une analyse détaillée, d'autant que j'aimerais noter pour le
bien commun… Quand on va sur Légis Québec, on n'a pas accès aux modifications
auxquelles font référence le p.l. n° 101. Donc, on
vient dire… on a ratifié l'article… l'alinéa trois de l'article 58 de la loi
sur la santé et sécurité au travail, qui n'est pas disponible sur le Légis Québec.
Il faut donc refaire un travail minutieux. Comme juriste, vous allez repérer
quels sont les projets de loi qui sont venus changer quoi et qui. Donc, pour
répondre à la question, on n'appuie pas. C'est un retrait en bloc qu'on
propose.
Mme Gentilcore : Merci
beaucoup. Je vais revenir sur votre proposition, là, d'instaurer un 10 jours de
congés payés pour les femmes victimes d'un acte de violence conjugale, très
intéressant aussi à mon regard. Qu'est-ce qui arrive en ce moment aux femmes
victimes de violence conjugale? Parce que j'imagine qu'elles s'absentent de
toute façon. Comment vous voyez ça? Quel portrait vous dressez de ça?
Mme Vigneau-Courchesne
(Sabrina) : D'abord, je veux renommer que le Québec a un retard eu
égard aux congés en matière de violence conjugale. Dans les notes de bas de
page, il y a une revue complète des autres provinces canadiennes, qui offrent
toutes des congés pour la violence conjugale. Encore, au fédéral, en 2019, on
offre à tous les fonctionnaires 10 jours payés, pour les fonctionnaires d'Ottawa.
Donc, juste ça, je veux taper sur ce clou. Pour répondre à la question, c'est
une toile d'araignée pour les violences conjugales au Québec. Une femme… Est-ce
que je vais à la police? Est-ce que je fais une demande à l'IVAC? Est-ce que je
vais aller à la CNESST? On est dans une situation post-traumatique où on ne
sait pas à quelle porte cogner, puis là ce 10 jour là leur permettrait de
souffler.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à l'ensemble des blocs d'échange. Merci, mesdames. Vous étiez les
représentantes du Conseil d'intervention pour l'accès des femmes au travail.
Merci pour votre belle contribution à cette commission.
Donc, je suspends les travaux quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 08)
(Reprise à 17 h 14)
Le Président (M. Allaire) : Alors
nous allons reprendre les travaux. Nous sommes avec le dernier groupe de ce
bloc d'après-midi et début de soirée. Nous sommes donc avec l'Association du
camionnage du Québec. Bienvenue à vous trois. Je vais vous laisser le soin de
vous présenter et vous pouvez débuter, là, votre allocution, là, de
10 minutes. La parole est à vous.
M. Cadieux (Marc) : Alors,
merci, M. le Président. Je suis accompagné de Maître Josyanne Pierrat, qui est
directrice conformité Affaires juridiques à l'Association du camionnage du
Québec, Maître Anthony Boilard, avocat au cabinet Cain Lamarre, qui sont nos
conseillers juridiques dans de multiples dossiers.
Merci de nous donner cette opportunité
d'exprimer nos commentaires sur le projet de loi n° 101 auprès des membres
de cette Commission de l'économie, du travail, dans le cadre de vos consultations
sur ce fameux projet de loi.
Permettez-moi, bien...
M. Cadieux (Marc) : ...de
saluer le ministre Jean Boulet, tous les membres de la députation présents
aujourd'hui ainsi que tous les membres du personnel qui vous accompagnent. Puis
je vais ajouter aussi une salutation à Isabelle Merizzi, sous-ministre.
M. Boulet : ...
M. Cadieux (Marc) : Pardon?
M. Boulet : Vous vous
connaissez depuis 25 ans.
M. Cadieux (Marc) : Exactement!
Mais ça ne change rien à nos échanges.
Le 24 avril dernier, M. le ministre,
vous avez déposé le projet de loi n° 101 visant l'amélioration de
certaines lois du travail dans lequel est inclus l'ajout de l'article 2.1
de la Loi sur les accidents du travail et des maladies professionnelles visant,
bien sûr, à renforcer la protection du revenu en cas de lésion professionnelle
pour les travailleurs faussement incorporés, notamment, en réponse à ce
phénomène de «Conducteur incorporé», qui, bien sûr, a investi notre industrie
dans le camionnage et qu'on appelle, nous, chez nous, communément les
«Chauffeurs inc.»
Tout d'abord, permettez-moi de vous
rappeler le rôle de premier plan qu'occupe l'industrie du camionnage dans tous les
pans de notre société. Ce sont des travailleurs et des travailleuses qui
incarnent des pratiques sociales, sécuritaires et de compétitivité saine,
rendant possible, jour comme de nuit, l'approvisionnement des secteurs
industriels stratégiques qui stimulent bien sûr la dynamique économique de
notre tissu industriel et de la disponibilité de ces biens essentiels que vous
voyez tous les jours, qui accompagnent notre vie quotidienne dans les ménages,
et ce, à travers toute notre province.
Notre association représente 80 % des
opérations de transport contre rémunération au Québec pour un chiffre
d'affaires qui dépasse les 2,5 milliards annuellement. Je m'adresse donc à
vous aujourd'hui à titre de premier porte-parole de l'industrie du camionnage
au Québec. Ayant moi-même rejoint les rangs depuis plus de 20 ans, j'ai pu
être le témoin privilégié de la résilience exceptionnelle dont font preuve nos
entreprises en toutes circonstances. Rappelons-nous la pandémie, la COVID-19,
plus récemment les lock-out dans le monde ferroviaire, portuaire et toutes les
épreuves qu'on a connues, les incendies dans le Grand Nord, l'industrie est
rapidement appelée pour être sur vos tables de gestion de la sécurité civile.
L'industrie a toujours été au rendez-vous
de ses responsabilités en préservant l'équilibre de la chaîne logistique. Un
secteur fier et robuste mais ébranlé par un fléau systémique incontrôlable qui
s'est installé durablement dans son écosystème et qui affecte l'image et
l'intégrité de nos entreprises. Je le répète, le stratagème du «Chauffeur inc.»
comme cité précédemment, c'est la raison principale de notre présence
aujourd'hui.
Un «conducteur incorporé», c'est un
conducteur qui n'est pas propriétaire d'un camion, qui n'est pas inscrit au
registre de la Commission des transports du Québec en tant qu'entreprise
propriétaire d'un véhicule lourd, mais qui va tout de même proposer ses
services à une entreprise à titre d'indépendant et de conduite... pour conduire
les camions de cette même entreprise comme s'il était un employé. De plus, il
utilise les outils de travail de l'entreprise, il est intégré à l'entreprise et
il est supervisé par l'employeur. Il va sans dire qu'il n'a... il n'a aucune
expectative de profits et ne peut engendrer de pertes tel qu'un entrepreneur.
Cette simple erreur de classification en
apparence a de lourdes conséquences. D'un côté, nos chefs d'entreprises
honnêtes subissent de plein fouet l'iniquité concurrentielle provoquée par ce
modèle. Leurs conducteurs expérimentés redoutent même de prendre la route en
présence de chauffeurs incorporés, qui sont mal formés et dont les compagnies
ont peu de scrupules pour la formation. De l'autre côté, ceux qui emploient des
chauffeurs incorporés le font, comme je le dis, en toute impunité, s'exonérant
de toutes les responsabilités quant à la formation de leurs conducteurs. Et,
bien sûr, l'état du véhicule en prend aussi pour son coût. Enfin, ils ne paient
pas les redevances auxquelles ils sont légalement tenus vis-à-vis de l'État, je
parle des redevances sociales.
Face à cette situation intenable qui
appelle une réponse urgente, nous saluons les efforts engagés par le ministre
du Travail dans le dossier «Chauffeur inc.» Nous considérons en ce sens que le
projet de loi n° 101... comme un élément de réponse auquel nous souhaitons
apporter des précisions.
Pour nous appuyer dans cette démarche,
nous avons mandaté notre cabinet Cain Lamarre afin d'apporter un éclairage
supplémentaire sur les pistes de solution que nous soumettons bien... que nous
vous soumettons, M. le...
M. Cadieux (Marc) : …et
membres de la députation. Respectueusement, nos commentaires vont directement…
font directement écho aux propositions de modifications législatives que nous
vous avions soumises en 2023 ayant un objectif, que les chauffeurs inc. soient
reconnus comme des travailleurs au sens de la LATMP et, à l'instar du
travailleur autonome, que leur rémunération soit incluse dans la masse
salariale assurable de l'employeur qui retient leur service.
• (17 h 20) •
À la lecture du projet de loi n° 101
déposé le mois dernier, notre grande préoccupation porte désormais sur
plusieurs questions qui sont les suivantes : Qu'est-ce qu'un dirigeant de
travailleur? Tout comme la structure actuelle de la LATMP, le projet de loi
n° 101 ne définit pas cette nouvelle expression. Deuxièmement, est-ce que
les modifications proposées ont seulement pour effet de permettre aux
chauffeurs incorporés d'être reconnus à titre de travailleur afin de recevoir
des prestations offertes par le régime, dont les indemnités de remplacement du
revenu lors de la survenance d'une lésion professionnelle, sans imposer à la
société qui retient ses services l'obligation d'inclure la rémunération dans sa
masse salariale assurable, et donc de supporter l'imputation des coûts associés
à la lésion professionnelle? Troisièmement, enfin, qui supportera l'imputation
de la lésion professionnelle? La question de savoir à quel dossier d'expérience
seront imputés les coûts d'une éventuelle lésion professionnelle est centrale quant
au financement du régime d'assurance. Il est important que l'employeur réel
soit celui qui supporte le fardeau financier.
À ces trois questions, nous nous
permettons la proposition vers une reformulation et ceci évidemment
respectueusement. 2.1 se doit d'être considéré comme un travail… à 2.1, doit
être considéré comme un travailleur au sens de l'article deux, un employé constitué
en société, est un employé constitué en société un actionnaire désigné d'une
société au sens de l'article 21.18 de la Loi sur les impôts, qui serait
assimilé à un employé de la personne ou de la société de personnes qui a… qu'il
a fourni le service S'il n'était… s'il n'était pas de l'existence de la société
selon les critères de… que la Commission détermine.
Nous croyons que cette reformulation donne
l'avantage d'être harmonisé avec un concept juridique qui existe dans la loi
sur les impôts, soit celui d'employé constitué en société, en plus de conférer
une latitude à la Commission afin qu'elle puisse déterminer des critères
additionnels pour identifier l'employeur d'un employé constitué en société et
lui imposer d'ajouter la rémunération versée à cette personne comme faisant
partie de sa masse salariale assurable.
En conclusion, le projet de loi
n° 101 ne peut avoir pour objectif d'indemniser un travailleur ou une
travailleuse sans tenir responsable l'employeur. Cela reviendrait à légitimer
bien sûr le concept de chauffeur incorporé. Une véritable catastrophe si cela
était pour l'industrie du camionnage et bien sûr pour le tissu social et
industriel québécois. On comprend toujours que c'est l'exonération des
obligations aux contributions du panier social de notre société, toutes les
rentes, l'assurance maladie, la CNESST, etc.
Toutefois, si l'objectif est de créer une
présomption du statut d'employé, de cotiser l'employeur à même sa masse
salariale, cet objectif rejoint les prétentions que nous évoquons auprès de
vous. Nous soumettons toutefois qu'il demeure primordial que cette
clarification soit apportée au projet de loi n° 101 afin que cette
interprétation ne souffre d'aucune ambiguïté relativement aux obligations et
aux responsabilités d'un employeur envers son employé. Il nous apparaît donc
essentiel que ce projet de loi soit plus clair sur l'aspect de l'incorporation,
de la rémunération du chauffeur inc. dans la masse salariale du donneur
d'ouvrage. Et cela répondrait à vos trois objectifs.
Le Président (M. Allaire) :
Merci beaucoup. Donc, on débute la période des échanges. M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Boulet : Merci, Maître
Cadieux, Josyanne, Maître Boilard. C'est une belle présentation, Marc, que…
vous y êtes habitué, quand même. Puis l'association du camionnage a été, je
pense, entendue. Je vais essayer de clarifier les objectifs que vous avez et de
m'assurer qu'ils soient considérés comme étant compatibles avec ce que nous
faisons. Donc, dans la loi… parce que l'iniquité, c'est de la formation…
M. Boulet : ...ce à quoi vous
référez, c'est les déductions à la source, c'est les normes et c'est
l'indemnisation en vertu de la Loi sur les accidents de travail, maladies
professionnelles.
Évidemment, la formation, ma collègue des
Transports a travaillé beaucoup avec vous, elle est allée faire une conférence
récemment, et on avait discuté au préalable. Et, en ce qui concerne la
formation, il y a eu des avancées qui sont intéressantes.
Dans ce qu'on disait dans les... dans
l'interprétation et les définitions de la Loi sur les accidents de travail, on
définit ce qu'est un travailleur et, après ça, on dit ce qui n'est pas un
travailleur. Puis le travailleur, c'est la personne physique qui exécute un
travail pour un employeur, moyennant rémunération, en vertu d'un contrat de
travail ou d'apprentissage. Puis là on exclut notamment dirigeant d'une
personne morale, quel que soit le travail qu'il exécute pour cette personne
morale. C'est ça qui faisait en sorte que des chauffeurs inc. pouvaient passer
sous le radar.
En droit, comme vous savez, Me Cadieux, on
pouvait dire : On va faire une preuve, on va soulever, on va lever le
voile corporatif, parce que le chauffeur est incorporé, même s'il n'a aucun...
aucune chance de gain ou aucun risque de perte, puis ce n'est pas son camion,
ce n'est pas ses outils. On comprend le processus ou le procédé. Donc, si on
soulevait le voile corporatif, on pourrait décoder que c'est un véritable
salarié et non un employeur en vertu de son incorporation. Mais là on vient
permettre de ne pas avoir à soulever ce voile corporatif. On dit, à 2.1, à
l'article 1, que «rien ne peut avoir pour effet de qualifier le dirigeant,
donc le chauffeur inc., de travailleur lorsqu'il exécute personnellement un
travail pour une autre personne, etc., et aux fins de déterminer le revenu brut
pour calculer l'indemnité de remplacement de revenu».
Je pense que, techniquement, on règle le
problème, Me Cadieux. Et, votre préoccupation centrale, vous me dites :
Mais, Jean... M. le ministre, s'il est un travailleur au sens de la loi, il
faudrait que la masse salariale de son employeur le reflète et qu'il soit
imputé en cas d'accident de travail et réception d'une indemnité de
remplacement de revenu de la CNESST. C'est bien ça?
M. Cadieux (Marc) : Tout à
fait, mais...
M. Boulet : O.K. Et donc moi,
je vous réponds que, s'il est considéré comme un travailleur au sens de la loi,
forcément l'employeur aura à payer des cotisations, et les coûts d'une lésion
professionnelle vont lui être imputés, selon, évidemment, le régime de
tarification qui lui est applicable. Mais oui, je réponds oui à ce
questionnement-là. Pour moi, c'est clair. Pour moi c'est évident, il reçoit une
indemnité, il fait une réclamation, donc l'employeur est forcément imputé.
Puis, quand vous nous proposez d'utiliser
un autre concept, le vocable d'employé de société, là, j'ai... là, on a un
problème parce que là on ne s'harmonise plus avec les lois du travail. Les lois
du travail au Québec, vous le savez, utilisent le concept «salarié» ou
«travailleur». Ici, dans cette loi-là, c'est «travailleur». Dans la loi sur les
normes ou le Code du travail, c'est la notion de salarié. Il y a travailleur
autonome aussi, là, mais on ne peut pas harmoniser... pour le bénéfice
d'harmoniser avec la loi sur les impôts, utiliser le concept d'employé de
société. Ça ne m'apparaîtrait pas approprié.
Puis ça, évidemment, je reviens... puis je
vais revenir à l'aspect fiscal, mais l'aspect d'indemnisation, vous le savez,
Me Cadieux, on a mis en place une ligne de dénonciation avec la CNESST. Il y a
beaucoup de cas qui nous sont rapportés puis il y a des cas qui sont dénoncés,
et les enquêtes appropriées sont faites pour remédier à la situation. Est-ce
qu'il y en va... a qui vont passer en dessous de la table encore? Certainement.
On n'est pas naïfs. Ceci dit, mon collègue aux Finances, dès qu'il y a de quoi
qui est porté à son attention, Revenu Québec fait ce qui s'impose pour que
l'employeur fasse les DAS. Parce qu'à moi, ce que vous me dites, c'est qu'il
faudrait que ça fasse partie d'une masse salariale et qu'il soit imputé en cas
d'indemnisation suite à une réclamation pour accident de travail ou maladie
professionnelle. Et mon collègue des Finances fait...
M. Boulet : ...forcément le
même raisonnement si c'est un employé de société puis si c'est une société ou
un employeur qui doit faire des DAS, ils font les enquêtes et ils s'assurent
d'envoyer un avis de cotisation le cas échéant. Est-ce qu'on se comprend Marc
ou...
M. Cadieux (Marc) : Oui, on
se comprend sur certaines choses, mais la CNESST et les lignes de dénonciation,
bien sûr, ont leur grande limite. Et beaucoup de nos rencontres avec la
CNESST... le fardeau...
M. Boulet : Ils en demandent beaucoup.
M. Cadieux (Marc) : ...imputé
à... lever le voile corporatif est très... là, je vais... vous allez vous
préparer un ou l'autre à me suivre, là, le fardeau... le fardeau est très
lourd, et on a été confronté à beaucoup de non-succès dans des dénonciations
parce que le fardeau exige une plainte, une apparence de fraude, où là, là, le
fardeau du... pour que la CNESST puisse continuer à faire son enquête est très
lourd et donc les dossiers achoppent.
• (17 h 30) •
M. Boulet : Mais ça, Marc,
ça, ça m'hérite, ça... Normalement, quand tu as un accident de travail puis que
tu sais que tu as un droit, tu fais une réclamation du travailleur puis un
formulaire standard. Puis dans la loi, l'employeur a même un devoir d'assister
le travailleur pour compléter cette réclamation-là. Puis il y a même un casier
où il y a une description de l'événement qui a généré l'accident de travail. Ça
fait que l'employeur est identifié. Et cedit employeur-là, il doit payer
l'indemnité de remplacement de revenu pour les 14 premiers jours. Et
l'employeur fait après ça un avis de l'employeur et demande de remboursement à
la CNESST. Puis je ne pense pas, à moins qu'on me dise le contraire, que la
CNESST, quand ce n'est pas clair, ils envoient ce qui doit être payé au fonds
général. Un employeur, il est soumis à trois régimes de tarification, il y a le
taux de l'unité, il y a les mutuelles de prévention puis il y a un régime
rétrospectif. Pour les grandes entreprises, on n'est pas là. Mais la CNESST, je
ne pense pas qu'elle évacue le dossier puis elle a dit : On va envoyer ça
dans le fonds général, donc on va lui donner de l'indemnité de remplacement de
revenu. Qu'il lui donne les 14 jours. Marc, il faut que quelqu'un lui
paye, s'il y a un accident de travail. S'il n'y a personne qui lui paye, il
faut qu'il siffle.
M. Cadieux (Marc) : Dans le
cas où l'employé est déclaré auprès de son employeur, mais moi, je vous
parle... je parle d'incorporés qui se... qui font le travail d'un employé et
qui ne... qui sont...
M. Boulet : Bien oui, mais il
travaille avec le camion de qui? Il travaille avec les outils de qui? Qui le
supervise?
M. Cadieux (Marc) : De
l'entreprise.
M. Boulet : Mais oui, cette
entreprise-là doit payer.
M. Cadieux (Marc) : Il y a un
lien, le lien d'emploi. Le lien d'emploi, et le lien de subordination, et de
l'entreprise, alors que c'est un incorporé comme un entrepreneur offrant des
services alors qu'il n'est pas un entrepreneur au sens...
M. Boulet : Exactement. Il
n'est pas un dirigeant, c'est ce que nous venons combler par notre définition.
C'est sûr que, dans les lois fiscales qui ne relèvent pas de notre périmètre
d'action, le concept ou le vocable que vous appelez d'employés de société
pourraient avoir une certaine valeur. Puis là je ne veux pas... je n'ai pas
fait d'analyse là-dessus, parce que c'est en harmonie avec les définitions qui
sont dans les lois fiscales, mais dans nos lois du travail, ce que nous avons à
2.1 de l'article 1 de notre projet de loi n° 101, ça répond à votre
problématique. Puis je pense que l'enjeu central, c'était de savoir : Il y
a-tu quelqu'un qui va payer, il y a quelqu'un à qui ça va être imputé? Parce
que les 14 premiers jours, Marc, ce n'est pas payé par la CNESST, c'est
payé par l'employeur. Ça fait qu'il faut que le chauffeur Inc qui en fond...
dans le fond n'est pas un dirigeant, il est un travailleur au sens de la loi,
il fasse une réclamation. Et là il faut qu'il identifie c'est qui qui est
propriétaire du camion. C'est-tu la compagnie x,y ou le monsieur ou la madame a
ou b? C'est qui qui est propriétaire du camion, des outils, qui qui me
supervise, qui me fait travailler sans formation? Qui a pu jouer un rôle dans
la survenance de mon accident de travail? Qui n'a pas fait de prévention? Qui n'a
pas identifié les risques que je conduise sans formation? Ça n'a pas de bon
sens, Me Cadieux. C'est pour ça que je suis d'accord avec vous sur le fond.
M. Cadieux (Marc) : Ce que
vous dites là, M. le ministre, est tout à fait ce qui se passe. Ce sont des
entreprises qui embauchent des chauffeurs incorporés pour se soustraire de
toutes leurs redevances sociales et fiscales...
17 h 30 (version non révisée)
M. Cadieux (Marc) : ...là, je ne
suis même pas dans les 14 jours de se blesser puis d'être payé, là, je
suis dans... complètement dans une... complètement dans une autre limite, là. C'est
un employeur qui compétitionne mon industrie à 30 % et 35 % de moins
que son compétiteur qui, lui, paie ses rentes. C'est la CNESST qui paie son
assurance maladie, qui fait ses retenues et ses DAS à la source, alors que l'autre,
il fait une facture. Là, cette semaine, mon cher ami, tu me factures sur 1-2-3
Québec inc., on va te faire un profil faux travailleur autonome. La semaine
prochaine 2-3-4-5 Québec inc. L'autre semaine d'après, 4-5-6 Québec inc.,
tu me fais une facture pour services rendus puis c'est comme ça que tu vas
conduire mes camions. C'est là où il faut que je ramène l'entonnoir.
M. Boulet : Et c'est ça qui n'est
pas simple. Il faut segmenter les obligations légales et fiscales de cette
entreprise-là. Ici, nous, on s'intéresse aux lois du travail. Les lois fiscales
devraient pouvoir colmater cette brèche-là. Mais je comprends, Marc, que, dans
le fond, il évacue toutes ses obligations financières, fiscales et sociales, il
ne paie aucun prélèvement...
M. Cadieux (Marc) : Pas de
vacances, pas de congés.
M. Boulet : ...il ne paie
aucune déduction à la source, mais les congés et vacances, ça, je ne suis pas d'accord.
Ça, en vertu de la loi...
M. Cadieux (Marc) : Il n'en
paie pas.
M. Boulet : Bien oui, mais il
devrait payer un prélèvement ou il devrait réclamer à la CNESST...
M. Cadieux (Marc) : C'est une
facture, c'est un contractuel.
M. Boulet : Oui, mais il faut
qu'il soit à quelque part, il faut qu'on le sache, Me Cadieux, pour investiguer
puis s'assurer que cette personne-là, qui n'est pas un dirigeant, qui n'est pas
une entreprise, qui n'est pas une corporation, qu'il puisse bénéficier de ses
congés, puis, à la limite, de ses droits, de ses vacances, puis peu importe les
droits qui sont prévus dans la Loi sur les normes du travail, de temps supplémentaire
puis... Le temps supplémentaire, c'est important, là. Puis ce compétiteur-là,
au camionneur régulier, respectueux de nos lois, il ne paie pas de temps
supplémentaire, j'imagine, il ne fait rien.
M. Cadieux (Marc) : Ah! ça fait
son affaire, celui...
M. Boulet : Ça fait qu'il
faut découper ses obligations.
M. Cadieux (Marc) : Mais, M.
le ministre, ça fait son affaire, celui qui embarque dans ce... en fait, ça
fait l'affaire de la compagnie et ça fait l'affaire de l'employé aussi parce
que c'est souvent des gens qui se font dire : Bien, voyons donc, tu n'auras
pas d'impôts à payer autant, tu t'arrangeras avec ton rapport d'impôt à la fin
de l'année.
M. Boulet : Mais, savez-vous
quoi, Me Cadieux? Ça n'existe pas, selon moi, que dans le secteur du camionnage.
M. Cadieux (Marc) : Ah! absolument
pas.
M. Boulet : Il y en a dans
tous les secteurs d'activités économiques.
M. Cadieux (Marc) : Vous avez
tout à fait raison.
M. Boulet : Là, vous êtes un
porte-parole hyper éloquent. L'Association du camionnage du Québec est
structurée, vous êtes bien organisés puis vous êtes vocaux, ça fait qu'on
entend beaucoup parler de vous, mais, je le répète, je pense qu'il faut
segmenter les obligations. Nous, on s'intéresse à ce qui relève de notre
périmètre d'action. Puis ça m'est arrivé d'avoir d'être interpelé au caucus des
députés. Puis j'en parlais avec ma collègue aux Transports, mon collègue aux
Finances et, bon, c'est tout le temps moi qui est en avant de la discussion qui
concerne les Chauffeurs inc., mais je l'explique comme ça, Me Cadieux.
Puis...
M. Cadieux (Marc) : Me
permettez-vous, M. le ministre, de demander à Me Boilard, peut être, un
peu, là, de revenir vers l'identification, là, puis nos trois critères, s'il
nous reste un peu de temps avec vous, là?
M. Boulet : Mais les trois...
O.K., je pense que j'ai répondu aux trois, celui d'imputation ou d'inclusion
dans la masse des salaires aux fins de calcul de l'indemnité de remplacement de
revenu. Ça, c'était un des trois. Puis «employés de société», bien, ça, je ne pouvais
pas, parce que ce n'est pas une harmonisation avec les lois fiscales que nous
faisons, mais avec les lois du travail... Oui, je vous écoute, Me Boilard,
excusez-moi.
M. Boilard (Anthony) : Bien,
effectivement, vous avez raison sur le point de vue de l'harmonisation. Quand
on regarde les expressions qui sont utilisées dans la Loi sur les accidents de
travail et maladies professionnelles, on fait référence aux travailleurs. Dans
la Loi sur les normes du travail, ça peut être la personne salariée. Dans la
Loi sur les normes du travail, un salarié va inclure une personne physique et
une personne morale, alors que, quand on regarde la Loi sur les accidents de
travail et maladies professionnelles actuellement, oui, il y a des définitions
prévues dès le début, «dirigeant», ensuite «travailleur», il y a des
exclusions. On rajoute, avec 2.1... puis on comprend très bien l'objectif puis
on semble être exactement au même endroit en ce qui concerne de viser la
problématique du Chauffeur inc., toutefois, la notion de «dirigeant de
travailleur», c'est une notion qui est nouvelle et qui recoupe... en fait, qui
n'est pas prise dans n'importe quel autre droit du droit du travail. Alors...
M. Boulet : Ceci dit, avec
respect, Me Boilard, dirigeant est aussi défini à l'article 1... à l'article 2
de la Loi sur les accidents de travail, un membre du conseil d'administration
ou d'une personne morale ou une personne qui assume ces pouvoirs si tous les
pouvoirs ont été...
M. Boulet : ...retirés au
C.A. par une convention unanime des membres qui exercent également une fonction
de contrôle et de direction. Donc, celui qui utilise les services du «Chauffeur
inc.» avec son camion, avec ses outils, avec sa supervision, c'est un
dirigeant, celui qui fait de l'argent et qui peut perdre aussi de l'argent,
comme la jurisprudence le confirme. Ça fait qu'elle est définie, la notion. Je
pense qu'on comble un trou, Me Cadieux, puis je pense qu'il faudrait en faire
une promotion. Il faudrait comme faire une campagne de promotion pour les
débusquer, ces «Chauffeurs inc.» là et faire une campagne de sensibilisation.
On n'éliminera pas, du jour au lendemain, tous les compétiteurs pas illégaux,
là, mais qui cherchent des moyens de contourner.
• (17 h 40) •
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Malheureusement, ça met fin à ce bloc d'échange.
M. Boulet : Merci beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : On
poursuit avec l'opposition officielle, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
12 min 23 s.
Mme Maccarone : Merci
beaucoup. Bien évidemment, l'échange est très intéressant. Merci beaucoup pour
votre témoignage ainsi que pour votre mémoire. Moi, je souhaite continuer en ce
qui concerne l'article 2.1, parce que, là, vous dites que... Dans le fond,
ce que je trouve... vous entendre, c'est : Que devons-nous faire pour
corriger les lacunes, que vous avez souhaitées? Je sais que ça fait une grande
partie de votre mémoire. Mais, pratico-pratique, exemple, on va déposer des
amendements pour rejoindre vos besoins, nous devons faire quoi pour s'assurer
que la loi est étoffée pour répondre aux besoins des «Chauffeurs inc.»?
M. Cadieux (Marc) : Je vais
laisser Me Boilard répondre à ça.
M. Boilard (Anthony) : Bien,
le premier ajout, en fait, c'est... ou la première piste d'intervention
concerne la notion de dirigeant de travailleur, qui, pour nous, nous apparaît
une expression qui est nouvelle, qui, je comprends, recoupe la définition de
travailleur... la définition de dirigeant un petit peu plus haut, à l'article
deux. Toutefois, la notion de dirigeant revient à certains autres endroits dans
la loi à part entière.
Mme Maccarone : Exact. Comme
médecin, comptable, est-ce qu'on peut dire que ça s'applique à eux aussi?
Mettons, une définition, est-ce que ça peut être élargi de telle manière?
M. Boilard (Anthony) : Bien,
effectivement. Effectivement, ça dépend vraiment de la constitution du type de
société. Mais, en ce qui concerne ensuite le travailleur autonome, qui, lui,
est visé à l'article 9, qui peut être, lui aussi, dans certaines
circonstances, considéré comme un travailleur d'une entreprise, bien, qu'en
est... lui aussi dispose de certaines exceptions pour s'écarter de
l'application de la Loi sur les accidents de travail et les maladies
professionnelles.
Alors, dans le cas d'un «Chauffeur inc.»
qui travaille pour un seul employeur véritable, il devrait être considéré comme
un travailleur visé par la loi. Mais, à partir du moment où le «Chauffeur
inc.», lui aussi, comme le travailleur autonome, dans d'autres contextes,
travaille pour... simultanément, pour différentes personnes, a ses propres
outils, alors, lui aussi, il doit se... comment dire, ne plus être qualifié de
travailleur au sens de la loi, alors c'est... alors que le dirigeant de
travailleur, une nouvelle notion qu'on introduit avec 2.1, ce qui... qui vise
les mêmes objectifs, mais ne bénéficie pas des mêmes exceptions que le
travailleur autonome à l'article 9.
Alors, il pourrait y avoir un ajout. Bon,
est-ce que la notion d'employé constitué en société est la meilleure pour
simplement l'harmoniser avec la LATMP? On peut se questionner, on peut en
débattre. Toutefois, l'harmonisation avec les lois fiscales rejoignait des
intérêts beaucoup plus larges, qui, pour nous, étaient légitimes. Mais
minimalement, de définir qu'est-ce qu'un dirigeant de travailleur, pour nous,
c'est un des objectifs principaux de notre intervention.
Mme Maccarone : Vous dites
aussi que vous avez envoyé les propositions de modification le 27 novembre
2023. Est-ce que les membres de commissions ont une copie de ces
recommandations?
M. Cadieux (Marc) : Non. En
fait, les recommandations sont principalement pour le volet CNESST Travail,
sont dans le mémoire actuel. Ce sont plusieurs recommandations. Le ministre en
faisait allusion tout à l'heure, que ça interpelle beaucoup plus qu'un
ministère dans ce phénomène, là... ce stratège, les «Chauffeurs inc.». On a
quelque chose aux Finances. On a d'autres choses à la Commission des
transports. On en a la Société d'assurance automobile du Québec. Donc, ça,
c'est un... Ça, c'est un gros mémoire juridique, mais là je... a été extirpée
la portion qui s'adresse, bien sûr, au ministre à l'égard de la modification à
la CNESST.
Mme Maccarone : O.K. Il doit
y avoir évidemment... juste pour la bonne compréhension de tout le monde qui
nous écoute aussi, il doit y avoir des chauffeurs aussi qui ne s'appliquent pas
nécessairement, qui sont des chauffeurs incorporés, mais qui ne souhaitent pas
nécessairement faire ce lien... faire partie de la définition.
M. Cadieux (Marc) : On
pourrait en faire...
Mme Maccarone : ...entre...
autonome, là.
M. Cadieux (Marc) : C'est
certain, Mme la députée, qu'on pourrait en faire une très longue discussion,
avec tout le phénomène de ce qui entoure l'environnement des Chauffeurs inc.
C'est le fruit de stratagèmes très, très sophistiqués, qui sont par... souvent,
le fruit de l'immigration, sous différents volets. Je pense qu'on a... et on en
a vu beaucoup à travers le Canada, et même au Québec, sous tous les... sous
toutes ses coutures, que ce soient des réfugiés qui ont été récupérés par des
stratèges qui les font venir, que ce soient des faux étudiants qui sont arrivés
au Québec. On les récupère parce qu'il y a une stratégie... il y a un stratège
derrière tout ça. Que ce soient des visiteurs touristes qui ne sont jamais
repartis, puis qu'on a perdus dans l'environnement. Bon, il y en a... il y en a
qui sont partis dans de multiples provinces. Mes collègues des autres provinces
vivent les mêmes difficultés avec ce phénomène là.
Mais, c'est certain, il y a... il y a,
évidemment, des gens extrêmement vulnérables dans cette... qui sont... qui sont
embauchés dans cette industrie-là, qui sont mis sur la route. Et, à mon grand
détriment, on est sur un message auquel on parle de sécurité routière.
Croyez-moi, ce n'est pas un message qui me plaît, là. Une industrie qui est
obligée de dire qu'il faut se questionner sur ceux qui conduisent dans les
véhicules à savoir s'ils sont formés ou pas, et pourquoi ils ne sont pas formés
convenablement, parce qu'ils sont entrés via des stratagèmes... Je peux vous
dire que ça prend... ça prend tellement d'années avant de faire une image dans
une industrie, mais ça en prend très peu pour la démolir.
Et, en ce moment, je veux dire, M. et Mme
Tout-le-monde, là, quand vous circulez sur la route, vous ne savez pas si le
chauffeur, il est compétent ou pas. Vous assimilez qu'il y a un danger
potentiel parce qu'il y a évidemment, un phénomène qu'on... qu'on a vu, qu'on a
mis à la... qu'on a mis à la lumière de notre industrie, et qui ne nous plaît
pas, ça, c'est sûr et certain. Mais ces gens sous-formés là sont souvent amenés
par des stratagèmes. Puis le ministre l'a dit tout à l'heure, la ministre des
Transports met... a mis en place une... bien, en fait, ce n'est pas encore en
vigueur, là, ça le sera... ça le sera sous peu... une formation minimale
obligatoire. Mais demeurera encore tous ceux qui viennent des autres... des
autres provinces... puis je comprends qu'on ne peut pas régler les choses des
autres provinces là... qui sont entrés, puis qui viennent circuler sur nos
réseaux routiers, et qui cohabitent sur les réseaux routiers. Je ne veux pas
faire peur à ceux qui nous... qui nous écoutent aujourd'hui, là, mais c'est
sérieux.
Moi, je reviens, là, vraiment à un des
problèmes qu'on a. C'est d'essayer de fermer cette ouverture-là, avec la CNESST
et les entreprises, grands stratèges. Puis je ne suis pas contre la
compétitivité, là, mais je suis sur la saine compétitivité. Quand on... quand
on joue avec des 25 % puis 35 % de différentiels dans une
compétitivité, ce n'est plus de la saine compétitivité. Notre industrie
fonctionne sur les bases de 3 %, 4 % puis 5 % de compétitivité
et de profitabilité. Ça fait que c'est sûr que, quand un client dit à son
transporteur : Untel me le fait à 15 % de moins, bien, écoute, il y a
quelque chose qui ne fonctionne pas dans ton... dans l'équation, là. Et
c'est... et c'est... justement, c'est ça qui ne fonctionne pas. C'est d'être
capables d'engager des gens puis de n'avoir aucuns bénéfices marginaux à payer,
pas de vacances, pas de congés de maladie, pas de CNESST, pas de rentes du
Québec, pas d'assurance maladie, etc.
Mme Maccarone : Par
curiosité... je suis en remplacement de ma collègue qui porte ce dossier... il
y a-tu une province qui le fait comme il faut, dont nous pouvons s'inspirer
pour dire : Eux, là, ils l'ont, l'affaire, puis nous, on devrait
s'inspirer de ce modèle?
M. Cadieux (Marc) : On a tous
le même problème, on a tous le même problème, à différents niveaux. La province
la plus... en fait, la province qui a la palme, c'est l'Ontario, et la
capitale, c'est Brampton. Puis je n'ai pas besoin de vous expliquer pourquoi je
dis «Brampton». C'est parce qu'il y a beaucoup de compagnies de transport qui
sont là et qui sont dans des stratégies faisant venir beaucoup de travailleurs de
l'extérieur, sous toutes sortes de vocables, qui les embrigadent. Il y a de
l'ignorance, il y a de l'aveuglement volontaire, puis il y a une forme, là,
de... d'embrigadement, là, de dire : Si tu veux faire de l'argent, puis
envoyer de l'argent à tes parents, c'est comme ça que ça fonctionne. Si tu veux
que je... que le reste de ta famille puisse venir nous rejoindre... te
rejoindre, c'est comme ça que ça fonctionne. Alors, ça, c'est... c'est ce avec
quoi on doit vivre, avec lequel on doit... Donc, ce n'est pas de la
compétitivité, ça, ce n'est plus de la compétitivité.
Mme Maccarone : Mais vous
proposez... dans le fond, on s'inspire un peu de l'Ontario... vous avez dit,
dans votre mémoire : L'instauration d'un questionnaire de...
Mme Maccarone : ...du statut
de travailleur qu'on fait en Ontario? Comment ça fonctionnerait concrètement?
Comment... La mise en œuvre de ça, ce serait de quelle manière, le suivi?
M. Cadieux (Marc) : On a Me
Pierrat. On en parlait tout à l'heure, en attendant, puis elle va... elle va
vous en parler.
• (17 h 50) •
Mme Pierrat (Josyanne) : Mme
la députée, évidemment, on ne peut pas répondre si la CNESST peut le mettre en
place ou comment ça fonctionnerait dans l'organisme. Mais c'est sûr qu'on peut
s'inspirer d'un questionnaire comme celui du WSIB de l'Ontario, qui pose... qui
pose certaines questions sur les sociétés comptant seulement un employé... une
personne, qui doivent... Ils doivent déposer une demande visant la
détermination du statut d'exploitant indépendant, donc un formulaire qui
permettrait aussi une certaine traçabilité, traçabilité qui peut être... qui
peut être comparée avec des informations provenant de d'autres ministères. On
évalue qu'il y a entre 8 000 et 10 000 «chauffeurs inc.» au
Québec, au Québec seulement. On évalue qu'il y en a 100 000 au Canada,
mais au Québec, c'est entre 8 000 et 10 000. On sait qu'il y a quand
même eu une grande augmentation d'inscriptions d'entreprises de services de
prestations de personnel... de prestations personnelles à Revenu Québec avec le
code SCIAN ou le code économique Transport. En comparant cette information-là
avec les voituriers remorqueurs, qui sont de vrais travailleurs autonomes, qui
ont leurs véhicules qui sont déclarés à la Commission des transports du Québec,
bien, on peut... on arrive à ce chiffre-là. Donc, on serait en mesure, avec ces
informations-là, un formulaire, les informations de Revenu Québec, d'aller...
d'aller creuser un petit peu plus loin.
Mme Maccarone : Puis Revenu
Québec sont en mesure d'accompagner ce processus?
M. Cadieux (Marc) : C'est
difficile pour nous... C'est difficile pour nous de répondre à ça. Je ne peux
pas... Je ne peux pas... Je ne suis pas dans la machine, ça fait que je ne peux
pas vous répondre. Mais ce que... Est-ce que le questionnaire répond à tout? Je
ne sais pas. Je ne pense pas non plus. Parce qu'en Ontario ils en ont... ils
ont le problème aussi. Est-ce qu'on doit s'inspirer de ce qui pourrait
fonctionner puis de le modifier? Peut-être, peut-être, oui, effectivement.
Mme Maccarone : O.K. Pour
revenir, quand on parle encore de la définition, bien, dans le fond, c'est
votre point trois. Vous avez posé beaucoup de questions dans votre mémoire que
j'ai trouvais intéressantes. Habituellement, c'est vous qui nous... qui nous
proposez vos suggestions. Mais, cette fois-ci, vous avez proposé des questions.
Ça fait que j'ai une question pour vous parce que j'ai trouvé intéressante la
question numéro trois : Qui supportera l'imputation de l'adhésion
professionnelle? Vous, vous pensez, ça devrait être qui?
Le Président (M. Allaire) : 30 secondes.
Mme Maccarone : Oh! mon Dieu!
Mme Pierrat (Josyanne) : L'employeur.
L'employeur réel. Absolument. Absolument. Puis, ce qu'on dit, c'est qu'il
faudrait que ce soit clarifié dans le projet de loi pour ne pas qu'il y ait de
la jurisprudence qui parte d'un côté et de l'autre, et que ce ne soit pas
l'employeur réel qui soit... qui soit cotisé.
M. Cadieux (Marc) : Le projet
de loi, il est bon, là. C'est juste qu'il faut... C'est juste qu'il faut un
petit peu plus lui donner de balises, et que le ministre me suive un peu sur
ça, là.
Mme Maccarone : Bien, on
va... on va... le ministre...
Le Président (M. Allaire) : Merci.
M. Cadieux (Marc) : Et que
vous l'ameniez, tous ensemble, à m'écouter.
Mme Maccarone : À suivre.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci. Ça met... Ça met fin à ce bloc d'échange avec l'opposition officielle.
On poursuit avec le deuxième groupe d'opposition. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. Quatre minutes huit secondes.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous trois.
Bien, on a comme un imbroglio, je pense,
là, sur la lecture de l'article un. J'entendais échanger tantôt avec le
ministre notamment. Puis, dans votre mémoire, à la page 13, vous ouvrez en
disant : Qu'est-ce qu'un dirigeant de travailleur? Mais, moi, la façon
dont j'ai lu... J'avoue que la première fois que j'ai lu cet article-là, j'ai
comme aussi un peu... je me suis s'enfargé sur ça. Mais ça me semble juste être
un peu... en fait, peut-être mal écrit. Moi, ce que je comprends, dans le fond,
c'est que, quand on dit «dans l'article 2.1 introduit par l'article un du
projet de loi, que le paragraphe quatre de la définition de
"travailleur"...
Des voix : ...
M. Leduc : Excusez. C'est
juste un peu bruyant. C'est difficile de se concentrer.
Le Président (M. Allaire) : Effectivement.
Mais, merci, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, pour le rappel. Je vous
demande de faire attention. C'est le dernier groupe. Je me suis retenu jusqu'à
maintenant, mais essayez de chuchoter beaucoup, beaucoup moins fort, si vous
avez à discuter entre vous. Merci de votre collaboration. M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve, allez-y.
M. Leduc : Merci. Alors,
quand...
M. Cadieux (Marc) : ...pour
rédiger, là, je n'ai pas de problème!
M. Leduc : Alors, je disais
donc, 2.1 dit : «Le paragraphe quatre de la définition de
"travailleur" de l'article deux ne peut avoir pour effet d'empêcher
de qualifier le dirigeant de "travailleur" lorsqu'il exécute
personnellement un travail», etc., etc. Mais vous dites : On introduit une
notion de dirigeant de travailleurs. Moi, ce n'est pas ça que je comprends. On
introduit... On dit... C'est comme on aurait dû écrire «ne peut pour effet
d'empêcher de qualifier le dirigeant comme étant un travailleur»...
M. Leduc : …il n'y a pas de…
On n'introduit pas une notion de dirigeant de travailleurs parce qu'en effet,
si c'était le cas, on pourrait se poser une drôle de question, de qu'est-ce que
c'est qu'un dirigeant de travailleur, parce qu'on n'y réfère plus à la suite de
l'autre, mais le ministre me confirme que c'est ma lecture qui… en tout cas,
qui est bonne avec la… avec son interprétation de l'intention de législateur.
Ça fait que moi, je tends à vous rassurer que moi, je n'ai pas lu une nouvelle
introduction d'un concept de dirigeant de travailleur là-dedans. On veut
justement faire ce que vous souhaitez, de qualifier un dirigeant, sous-entendu,
d'une entreprise de travailleurs, de qualifié, donc, de travailleurs.
M. Cadieux (Marc) : Anthony?
M. Boilard (Anthony) : Bien,
en fait, l'exclusion qui est prévue à 2.1, qui est proposée, effectivement, si
l'intention est de prévoir qu'on veut éviter de ne pas qualifier… donc, on veut
éviter que le dirigeant qui travaille simplement pour une seule personne, comme
un chauffeur inc., soit qualifié de travailleur, nous pourrions… pourrions
respecter l'intention du législateur pour ce… et rejoindre les objectifs
louables qui… que l'Association du camionnage du Québec met de l'avant, mais…
M. Leduc : Mais je conviens
avec vous que c'est mal écrit, là, ça peut porter à interprétation, puis qu'il
y aura lieu de le réécrire potentiellement, là, pour que ça soit clair pour
tout le monde…
M. Boilard (Anthony) : Bien, effectivement,
puis il existe…
M. Leduc : Il faut que la loi
soit claire pour tout le monde, puis là, visiblement, ce ne l'était pas.
M. Boilard (Anthony) : Dirigeant
de travailleurs, c'est pour ça… En fait, à partir du moment où le dirigeant est
un travailleur, ça, dans notre contexte, ça convient.
M. Leduc :O.K., merci.
M.
Cadieux (Marc) : L'importance, c'est qu'il n'y ait pas d'ambiguïté
dans la volonté actuelle du législateur, puis, quand on sait puis… qu'en droit
on peut dire une chose le matin et son contraire en après-midi et dire au
juge : Bien, ce matin, je me suis trompé, puis, cet après-midi, j'ai
raison, on ne veut pas ça.
M. Leduc : Êtes-vous en train
de me dire qu'il y a des avocats malhonnêtes, monsieur?
M. Cadieux (Marc) : Non. Il y
a des façons de voir les choses différentes.
M. Leduc : C'était une blague,
bien sûr.
M. Cadieux (Marc) : C'est des
interprétations. C'est justement où… C'est là où je ne veux pas qu'on aille,
ailleurs que d'interpréter quelque chose qui n'est pas assez clair, pour en
arriver, un jour, à une tendance, puis, un autre jour, à une autre tendance.
M. Leduc : Si je résume, là,
les échanges aujourd'hui puis votre mémoire, vous dites que le ministre est
parti dans la bonne direction, qu'il y a un bon bout de chemin fait puis qu'il
y a peut-être trois, quatre affaires à attacher pour que ce soit bien parfait.
M. Cadieux (Marc) : On garde
le bébé et on garde l'eau du bain. On fait juste mettre un peu plus d'eau.
M. Leduc : Un peu plus de
savon, un peu plus d'eau.
M. Cadieux (Marc) : Un peu
plus, c'est tout.
M. Leduc : Merci beaucoup.
M. Cadieux (Marc) : Je suis
tout à fait aligné avec le ministre. Je sais qu'il m'entend puis qu'il va
m'écouter.
Mme Pierrat (Josyanne) : Je
voudrais juste rajouter, là… Il faut s'assurer… C'est un stratagème qui est…
qui se raffine puis qui se complexifie. Et, comme Marc le disait, bien, cette
semaine, vous travaillez… vous travaillez pour moi, mais sous la compagnie ABC,
la semaine prochaine, vous travaillez pour moi, mais sous la compagnie DEF, bien,
au final, c'est le même employé et probablement les mêmes camions, là.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci beaucoup. Ça met fin à l'ensemble des blocs d'échange pour cet
après-midi. Donc, merci aux trois représentants de l'Association du camionnage
du Québec.
Alors, compte tenu de l'heure, je suspends
les travaux. Merci et bon souper, tout le monde.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
19 h (version non révisée)
(Reprise à 19 h 01)
Le Président (M. Allaire) : Alors,
à l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'économie et du travail reprend
ses travaux. Nous poursuivons les consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi no 101, Loi visant l'amélioration de
certaines lois du travail.
Pour ce soir, nous avons deux groupes. On
débute avec la Centrale des syndicats du Québec et on enchaîne ensuite avec la
Centrale des syndicats démocratiques. Alors, bonjour, messieurs de la Centrale
des syndicats du Québec. Je vous laisse le soin de vous présenter, et la parole
est à vous, là, pour votre 10 minutes. Alors, allez-y.
M. Gingras (Éric) : Merci.
Donc, Éric Gingras, président de la CSQ, accompagné de Marc Gagnon et
Jean-François Piché, qui sont tous les deux conseillers à la centrale. Donc,
merci de nous recevoir. La CSQ, là, comme vous le savez probablement, là, c'est
11 fédérations, l'association des retraités aussi, donc 225 000 membres,
240 syndicats, dont plus de 125 000 membres issus de l'éducation.
Bien sûr, il y a des éléments positifs
dans le projet de loi. On l'a nommé dans notre mémoire, mais on est allé
certaines recommandations, puis ce soir, à cause du temps qui nous est réparti,
on va mettre l'accent sur deux éléments, donc, soit le volet SST en éducation
et en santé et le volet de la transparence financière des syndicats, avec...
volets sur lesquels on va débuter immédiatement.
Donc, il est à noter qu'on n'a pas de
problème, sur le fond, de rendre nos états financiers disponibles aux membres.
C'est déjà le cas chez nous, et on le présente déjà en assemblée ou en
instance. Cette notion-là aussi, là, risque d'être intéressante à développer,
mais l'enjeu, pour nous, porte davantage sur les coûts, parce que, pour bon nombre
de petites organisations, de petits syndicats, bien, si on demande une mission
d'examen... si on demande, pardon, un audit, c'est très dispendieux. Et lorsqu'on
sait que des coûts peuvent engendrer entre 10 et 20 % du coût de
fonctionnement, bien, il faudrait avoir un plancher. C'est pour ça qu'on
demande un plancher de 250 000. Donc, en dessous de ça, ce serait, à ce
moment-là, signé par des représentants de l'organisation. Puis on sait, en
plus, que même... On a parlé à des comptables, puis ils se disent : Bien,
si tout le monde se met à avoir des audits, un moment donné, ils vont manquer
de comptables aussi. Et on veut quand même préserver le fait que l'argent doit
être pour défendre les membres et non pas simplement pour produire des états
financiers, bien qu'on comprenne la situation. Donc, je vais laisser mon
collègue Jean-François, là, élaborer un peu plus là-dessus.
M. Piché (Jean-François) : Alors,
bien, le code canadien, d'ailleurs, le prévoit déjà, le Code canadien du
travail a des dispositions qui sont moins contraignantes que ce qu'offre le
p.l. no 101. Comme Éric le disait, pas d'objection sur le fond, là, c'est
une question de coûts. Alors donc, pour le plancher qu'on vise, de
250 000 $ de cotisation... Parce que si on prend, mettons, une simple
mission d'examen, on ne parle pas d'un audit, là, une mission d'examen, là, on
est dans des coûts à 5000 $, 6000 $, 7000 $, là. Donc, c'est
pour ça qu'on a un plancher de cotisation minimum de 250 000. En deçà de ça, ce
qu'on demande, c'est que ce soit le Code canadien du travail qui s'applique.
Et, à ce moment-là, ça veut dire que serait autorisée la signature du président
ou de la présidente du syndicat et ainsi que le trésorier, trésorière.
Et on en profite aussi pour parler du Code
canadien du travail et donc de dire que ce serait peut-être une excellente idée
que les associations patronales soient soumises aux mêmes obligations, ce que
prévoit d'ailleurs le Code canadien du travail, également. Donc, on aimerait qu'on
aille également en ce sens.
Éric parlait des termes utilisés. Le
projet de loi parle de...
M. Piché (Jean-François) :
...présenter les états financiers en assemblée générale. Juste vous dire que,
dépendamment des organisations syndicales, les termes sont très différents.
Alors, dans une organisation, ça va être conseil général, ça va être conseil de
délégués, ça va être... donc peu importe. Ce qu'il faut juste venir changer
comme terme, c'est de prévoir que, par exemple, les états financiers soient
présentés annuellement lors d'une instance syndicale à laquelle tous les
membres sont conviés. Voilà. Je pense que ça, ça pourrait... ça pourrait faire
le travail.
Ça, j'en ai parlé, associations patronales,
donc, et la question de l'assemblée... voilà. Puis évidemment, là, le prêt...
le projet de loi ne précise pas, mais, quand le projet de loi vient dire qu'il
faut que les états financiers soient soit vérifiés, cela implique une
vérification faite par un comptable membre de l'ordre professionnel, donc une
mission d'examen ou un audit. L'audit n'est pas possible à cause d'une certaine
forme de pénurie, ça ne serait pas possible, et les coûts seraient beaucoup
trop élevés. Donc, il faudrait vraiment que ça se limite à une mission
d'examen, donc mission d'examen et en incluant aussi le plancher de cotisation
minimum à laquelle ça sera imposé, pour nous, là, ce serait jouable. Je termine
là-dessus ici.
M. Gingras (Éric) : On ne
pense pas que le but du projet de loi, c'est de réduire la capacité
d'intervention des organisations syndicales. Pour petit rappel, on a des
organisations que leur syndicat est formé, des fois, de cinq membres, de 10
membres. Si on oblige ça, bien, c'est plus que 10 %, 20 %, 30 %
des frais qui seront donnés à la vérification des états financiers. Donc, on
pense que ce n'est pas ça, le but. Donc, vraiment avoir ces deux partis là.
Voilà pour ça.
Maintenant, dans un second temps, comme je
le mentionnais, bien sûr aborder la question du volet santé-sécurité. Vous le
savez, je l'ai mentionné dès le départ en introduction, à la CSQ, on est très,
très présents dans le secteur public, notamment en éducation, aussi en santé,
bien sûr, avec nos infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes,
mais... très présents, donc, dans le secteur public, très présents aussi avec
un membership, donc, de plus de 80 % de femmes. Donc, ça, c'est une
particularité. Et je dois vous dire notre déception avec ce qui est proposé en
lien avec le régime qu'on qualifie à deux vitesses, c'est-à-dire quelque chose
pour les autres, un règlement pour les autres, et pour la santé et l'éducation,
bien qu'on dise qu'on vient bonifier ce qui existe déjà, ça reste qu'on vient
amener quelque chose de différent des autres. Bien conscients que la culture de
la prévention est moins présente dans nos réseaux de l'éducation et de la santé
pour des raisons historiques parce que... participait pas, ce n'était pas
quelque chose qui était inclus. Mais, si on veut le faire, bien, à ce
moment-là, il faut être en mesure... être en mesure de le proposer.
Malheureusement, ce n'est pas ce qui est le cas. On sent que les réseaux ont
été réfractaires. Et je rappelle qu'il y avait eu consensus au C.A. de la
CNESST, et malheureusement on sent que les réseaux ont tenu tête. Pour une
question peut-être de pénurie d'argent ou autre, on a préféré sacrifier la
prévention.
M. Gagnon (Marc) : Et on se
rappelle que c'est des milieux de travail où il y a énormément de risques
psychosociaux qui sont présents. L'enquête de l'INSPQ dans le milieu scolaire
qui est parue dernièrement, qui a été faite en 2022, nous démontrait que
57 % des personnes qui ont répondu, c'est plus de 22 000 personnes
membres du réseau de l'éducation, de toutes les catégories de personnel, y
compris les gestionnaires. Bien, c'est... le niveau de détresse psychologique
était de 57 %, et on considère que c'est probablement plus élevé
aujourd'hui.
D'autres statistiques. La perte de sens au
travail, le goût de continuer, le goût d'être intéressé, d'être professionnel,
bien 65 % des personnes répondants, répondantes ont un sens au travail qui
est faible ou modéré. C'est très inquiétant. Et finalement, quitter dans les 12
mois, bien, c'est une personne sur six qui pense quitter pour une autre raison
que la retraite. Donc, une personne sur six, ça peut affecter énormément le
réseau de l'éducation. Et on ne parle pas de la violence qu'on entend parler
quotidiennement dans ces milieux-là. Ça, c'est l'enquête sur la santé
psychologique en milieu de... en éducation, mais l'enquête sur la santé
publique de 2020-2021 confirme pas mal ces chiffres-là.
Quand on voit ce qui est proposé, c'est
amputer la qualité de ces secteurs-là. Au niveau du comité santé et sécurité,
on rejette les postulats de la Loi sur la santé et sécurité du travail, qui
sont... les personnes qui connaissent le plus les milieux de travail, ce sont
les travailleuses et les travailleurs qui y sont. Et, sans ces personnes-là,
les mesures de prévention, les mesures de correction ont moins de chances de
réussir...
M. Gagnon (Marc) : …bien
évidemment, si on ne donne pas aux comités santé-sécurité la responsabilité de
la formation et de l'information de la santé-sécurité dans le milieu de
travail, bien, on ne respecte pas le postulat. Même chose au niveau des
équipements de protection individuelle, la personne qui est la mieux placée
pour connaître les bouts qu'elle doit… qu'elle devrait porter, bien, c'est la
personne qui les porte. Quelque chose qui est amputé de façon importante et qui
est un outil primordial pour identifier les risques pour un comité
santé-sécurité, c'est le maintien d'un registre des accidents de travail et des
événements qui auraient pu en causer. Ne pas avoir de registre… Et là ce qu'on
voit dans le projet de loi c'est qu'il n'existerait pas, il n'y aurait pas
d'obligation, même pas pour l'employeur. Bien, c'est se priver d'une
information extrêmement importante, au même titre que d'enlever la… Le droit
d'enquêter à ces personnes-là. Bien, c'est quelque chose qui va limiter
beaucoup le niveau de compréhension de ce qui se passe dans les milieux de
travail.
• (19 h 10) •
M. Gingras (Éric) : Merci. Et
en conclusion, j'aimerais terminer sur deux éléments. Premièrement, on
mentionne aussi dans notre mémoire une recommandation. On ne retrouve pas un
élément important, élément qui a été aussi proposé par d'autres organisations
syndicales et des groupes de femmes. Donc, d'ajouter 10 journées
rémunérées d'absence en cas de violence conjugale. Donc, c'est un élément qui
est important, comme j'ai dit, pour les femmes. Et bien sûr, en terminant sur
une note positive, j'aimerais tout de même saluer l'ajout de deux sièges à la
CNESS qui a permis l'entrée de la CSQ au conseil d'administration.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. On débute la période d'échange avec la partie gouvernementale. M. le
ministre, vous avez 16 minutes, 30 secondes.
M. Boulet : Oui, merci, M. le
Président. Sur la transparence, c'est quand même intéressant. Les états
financiers, je comprends qu'il y a des honoraires à payer. Il y a une pénurie
de comptables professionnels agréés puis qui… si on veut que ce soient des
états financiers vérifiés, ça prend l'intervention d'un CPA. Et en même temps,
je comprends la réalité des petites accréditations syndicales. Il ne faut pas
que ça engendre un fardeau excessif qui est disproportionné par rapport à la
capacité d'assumer les coûts des honoraires. Et je trouve que le seuil à
250 000, il est intéressant. D'ailleurs, il a été établi pour les organismes à
but non lucratif. Et vous dites, cependant, en haut de 250 000… Est-ce que ma
compréhension c'est : une mission d'examen plutôt que des états financiers
vérifiés? Est-ce que c'est ce que j'ai compris de vous, Jean-François ou…
M. Piché (Jean-François) :
…mission d'examen, pas l'audit, là.
M. Boulet : Pas d'états
financiers vérifiés. Mais Éric, je comprenais que vous le faisiez déjà.
M. Gingras (Éric) : Ça dépend
des organisations, ça dépend des organisations. Des fois, il y a des tests
aussi d'audit, là, qui testent différents services. Il y a plusieurs façons de
faire en fonction de différentes organisations, tout dépendant de la grosseur
de l'organisation. Parce qu'on sait que lorsqu'on demande un audit en bonne et
due forme, là on est rendu avec des coûts bien souvent qui avoisinent les
25 000 $, 30 000 $, 35 000 $. Donc, on revient
toujours avec l'aspect… Le but, c'est que les cotisations, bien sûr, servent à
intervenir, à représenter les membres. Puis ce qu'on ne veut pas, c'est que ça
serve finalement justement à cette idée-là, on est d'accord avec la
transparence, mais encore faut-il… Les premiers membres qui veulent la
transparence ne voudront pas plus que l'argent serve à des frais comme ça. On
pense qu'une mission d'examen fait le travail. C'est quand même quelque chose
qui est… qui est reconnu. Et donc c'est pour cette raison-là que c'est ce qu'on
propose.
M. Boulet : Bien, moi, je suis
assez ouvert à ça. En fait, le but visé, c'est transparence et saine gouvernance.
On se comprend bien. Puis, Éric, on s'en était parlé, puis vous adhériez à ces
deux objectifs-là, être transparent, parce que vous avez des membres qui paient
des cotisations puis ils ont le droit de savoir, de connaître. Et l'état
financier leur permet de réaliser qu'il y a des revenus, des dépenses, il y a
des annexes, il y a des informations complémentaires. Donc, c'est vraiment
important. Maintenant, qu'il y ait un seuil à 250 000, on verra comment
l'établir. Mais moi, j'ai une ouverture à ça. Et quand vous parlez des missions
d'examen, ça, ça peut être signé par des membres de l'exécutif syndical, est-ce
que c'est ce que j'ai compris?
M. Gingras (Éric) : Des
missions d'examen, c'est fait par des comptables, c'est juste que le...
M. Boulet : Que ce n'est pas
vérifié, ils ne vont pas sur place pour vérifier les livres.
M. Gingras (Éric) : Oui, mais
le niveau n'est pas le même. Le niveau d'intervention entre un audit, une
mission d'examen n'est pas le même, mais le comptable se déplace, il regarde…
M. Gingras (Éric) : ...les
chiffres, il rend, il propose, il fait des éléments comme ça. Mais le niveau de
test, c'est souvent ce qui est utilisé...
M. Boulet : Oui, je le
comprends, oui.
M. Gingras (Éric) : ...le
niveau de test n'est pas le même qu'un audit. Donc, la transparence est là.
Donc, il y a des éléments, il y a un document qui est remis par le bureau de
comptable, il y a des... la transparence est présente, on nomme s'il y a des
problèmes, tout ça, c'est là. Donc, dans ce sens-là, je pense, c'est ça, le but
recherché. Vous l'avez dit, le but recherché, c'est la transparence et donner
l'information aux membres.
M. Boulet : Puis la nature
des informations est à peu près similaire, parce que la mission d'examen, elle
ne respecte pas nécessairement toutes les normes comptables reconnues, là, dans
le manuel de l'Institut canadien des comptables agréés, mais c'est souvent des
procédures additionnelles, alors que la mission d'examen confère la même
transparence et accrédite une saine gouvernance sans générer des coûts aussi
élevés.
M. Gingras (Éric) : Voilà.
M. Boulet : Oui, ça me va.
Santé et sécurité. Bon, je ne sais pas si vous m'avez entendu un peu plus tôt,
là, mais on était où au Québec pendant 40 ans? En 1979, on adopte une loi
santé-sécurité du travail qui s'intéresse à la prévention. On adopte, en 1985,
une loi qui s'intéresse à l'indemnisation des travailleurs, travailleuses, qui
s'appelle la Loi sur les accidents de travail et maladies professionnelles.
Dans la loi santé-sécurité, Marc, vous connaissez les mécanismes de prévention
qui étaient prévus dans la loi santé-sécurité, c'était dans des annexes, il y
avait six groupes, six secteurs, puis, dans les secteurs un et deux, il y avait
tous les mécanismes de prévention puis de participation, on le sait, en
métallurgie, en foresterie, mais des secteurs d'activité à prépondérance
masculine. Je le dis parce que ça me préoccupe constamment. Pendant 40 ans, on
a laissé les groupes trois, quatre, cinq, six puis en santé, éducation, si je
ne m'abuse, c'était dans les groupes quatre et cinq, il n'y avait rien, il n'y
avait rien d'obligatoire. Puis, quand on parle de prévention puis de
participation, ce n'est pas compliqué, c'est des comités paritaires, c'est des
programmes de prévention puis c'est des représentants en santé-sécurité. Quand
c'est des plus petites organisations, en bas de 20, c'est des plans d'action
puis des agents de liaison. Pendant 40 ans, on a laissé s'appliquer des comités
paritaires avec des programmes de prévention puis des identifications de
risques, on ne parlait pas non plus de risques psychosociaux, alors qu'en santé
puis en éducation : rien.
Donc, c'est sûr que je suis préoccupée par
l'aspect que vous soulevez, que c'est comme un régime à deux vitesses, mais le
moins possible il faut faire de compromis. Avant 2021, il n'y avait que
25 % des milieux de travail qui étaient protégés par de la prévention puis
de la participation. Aujourd'hui, c'est 100 %. Il y en a, une culture de
prévention qui s'intègre graduellement. Mais, comme je disais à des
professeurs, c'est plus facile à dire qu'à faire, parce que, dans les plus
petites organisations, dans les organisations plus sophistiquées comme en santé
puis en éducation, ça ne se fait pas en claquant des doigts, un programme de
prévention. Ça prend énormément... puis Marc l'a souligné, beaucoup de
formation puis d'accompagnement, mais ça s'intègre de façon progressive.
Puis, en 2021, mon collègue d'Hochelaga-Maisonneuve
était avec moi, on avait un régime permanent et finalement on a décidé d'y
aller de manière intérimaire pendant trois ans. Mais le régime intérimaire en
santé puis en éducation, il est entré en vigueur le 6 avril 2022. Évidemment,
vous allez me dire : Ça s'intègre de façon asymétrique. Il y en a qui sont
superbons dans des écoles, dans des établissements de santé puis il y en a
d'autres où ça n'évolue pas beaucoup, où ça évolue lentement. Mais c'est deux
secteurs où les capacités organisationnelles sont plus limitées, où la pénurie
est aiguë au point de, si on ajoute des heures de libération, il y a un risque
de rupture de service. Et ça, il faut se contraindre à être pratique puis
efficace.
Le C.A. de la CNESST, puis, Éric, vous
avez fait une job impeccable, il y a eu un consensus. C'était ce qui était
souhaité, d'ailleurs, dans la loi... dans le p.l...
M. Boulet : ...39 qui est
devenu la loi no 17. On se donnait trois ans. Il y a eu un règlement du
C.A. de la CNESST, et c'est toujours l'intention du gouvernement, puis je vous
l'ai expliqué, aux quatre chefs des centrales syndicales, d'adopter ce
gouvernement... ce règlement-là qui a été convenu après un consensus pas simple
à faire. Mais, souvenez-vous, Éric, il n'y avait pas personne de santé puis
éducation au sous-comité. Il y avait quelqu'un du Trésor, mais le consensus
n'était pas complet avec santé puis éducation.
Et donc ce qu'on a décidé de faire, ce
n'est pas véritablement à deux vitesses, c'est un régime parallèle qui est
intérimaire mais bonifié. L'intérimaire, il s'applique tout le temps, là, tu
sais, il y en a qui disaient : On a... Là, il se fait... il n'y a plus
rien d'obligatoire, mais le régime intérimaire, il s'applique tout le temps. À
l'adoption du projet de loi no 101, le gouvernement adaptera, selon mon
intention, le règlement qui a été adopté par le C.A. de la CNESST, puis,
parallèlement, il va y avoir un intérimaire bonifié, il va y avoir une
évaluation au plus tard en 2029. Puis, quand on a reporté... du 6 octobre
2025, on a dit : Jusqu'au 6 octobre 2026. Pourquoi? Parce que ce
n'est pas simple, c'est compliqué, puis, dans les PME, c'est doublement
compliqué, puis même dans les organisations où il y a des départements de
ressources humaines sophistiqués, ce n'est pas simple, un programme de
prévention. On a fait une avancée majeure, en santé puis en éducation, avec le
régime intérimaire.
• (19 h 20) •
À l'adoption du projet de loi no 101,
on va faire une autre avancée majeure. Il y en a beaucoup, de bonifications qui
sont intéressantes. Et on a... Évidemment, il y avait 400 articles dans ce
projet de loi là, si je ne m'abuse, à peu près. Il y a beaucoup d'avancées dans
beaucoup d'aspects. On ne parle pas souvent de la réadaptation avant atteint,
puis des travailleuses domestiques, puis de d'autres moyens qui permettent un
accès simplifié à l'indemnisation.
Et la prévention, c'est un travail qui se
fait, qui doit continuer de se faire, mais dans le respect des capacités
organisationnelles, dans le respect du capital humain que nous avons dans les
écoles et les établissements de santé.
Et il n'y a aucune abdication de quoi que
ce soit dans l'objectif suprême que nous avons tous : diminuer la
fréquence puis la gravité des lésions professionnelles. Puis le taux de
cotisation, Éric, vous le savez, il est passé de 1,85 $, en 2020, par
tranche de 100 $ de masse salariale assurable, à 1,48 $, en 2024. Il
est monté à 1,54 $ en 2026, mais c'est quand même des économies de près de
700 millions de dollars. Ça fait que c'est quand même assez majeur.
Il faut continuer. Puis ce n'est pas en raison de la prépondérance féminine en
santé et éducation, absolument pas. D'ailleurs, pendant 40 ans, on n'a pas
touché à rien. Puis les risques psychosociaux, vous m'avez souvent entendu
parler... pendant ces décennies-là, il y avait une tertiarisation de l'économie
puis il y avait de plus en plus de femmes, heureusement, dans notre marché du
travail. Et il n'était pas protégé, par aucun mécanisme de prévention puis de
participation. Et là on a fait quand même un immense pas en avant. Et je pense
qu'il faut tous être fiers de ça, mais le faire de manière efficace. À défaut
de ça, on va se planter partout.
Puis je sais qu'il y a un écart, mais...
Marc, je ne sais pas si vous avez toutes les informations, mais, les nouvelles
obligations du régime particulier ou du régime intérimaire bonifié en
comparaison avec les fonctions prévues actuellement par le régime intérimaire,
il y a beaucoup de nouvelles obligations pour les mécanismes de prévention,
pour les fonctions du RSS et pour les fonctions du comité paritaire en santé et
sécurité du travail. Je pourrais vous faire la liste. Mais, encore une fois, je
pense que, si on réussit dans notre mission, on va se donner d'excellents
outils pour lutter, notamment, contre les lésions psychologiques. Et on était
où pendant 40 ans à parler de risques physiques, chimiques ou biologiques
puis ne pas s'intéresser aux risques psychosociaux? Les RPS, Éric, là, on ne
parlait pas de ça en 2002, en 2012 puis...
M. Boulet : ...avant 2021, il
n'y a jamais personne. Là, maintenant, c'est intégrer les risques
psychosociaux. Oui, Éric, je sais que vous voulez parler. Allez-y.
M. Gingras (Éric) : Bien, ça
pourrait être ça, là. Je pourrais en avoir le goût, effectivement. Je veux
juste ajouter. On ne remet pas en question la route qui a été faite, le chemin
qui a été fait. On le reconnaît, ça. Par contre, on met... on remet en question
le chemin qui ne sera pas fait. Et ça, on était ouverts, même, à se dire qu'on
aurait pu se donner quelques années, justement de dire : Là, ça va être un
intérimaire plus, puis après ça, bien, ce sera dans trois ans, question de
donner aux organisations, aux différents réseaux la possibilité de s'adapter,
puis la pénurie ne sera plus la même dans trois ou quatre ans. On était ouverts
à ça. Moi, je fais juste vous dire, là, que ça... Des fois, le hasard est bien
fait. On est en conseil général, la CSQ, aujourd'hui, et j'ai été avec les
collègues de toutes les organisations qui représentent, plus de 300 personnes
dans la salle, on a présenté le projet de loi n° 101, et le murmure
engendré par le fait qu'il y aura maintenant deux régimes... Parce
qu'effectivement le rôle est bonifié. Vous l'avez dit, il y a des éléments qui
sont bonifiés, mais ça reste que c'est moins que l'autre. Et c'est ça, le
message que les femmes, les hommes qui travaillent en santé, en éducation
reçoivent.
Et, quand on dit... puis je vais terminer
avec ça, peut-être Marc voudra ajouter quelque chose, mais, quand on dit qu'il
y a pénurie puis il pourrait y avoir coupure de services, bien, de ne pas faire
de prévention comme ça devrait être fait amène ça. Le fait de ne pas avoir la
prévention nécessaire dans nos milieux amène cette grande pénurie là, avec le
nombre de personnes qui sont soit en invalidité ou qui quittent le réseau. Puis
c'est ça, ce message-là, qu'on voulait vous donner aujourd'hui.
M. Gagnon (Marc) : Et les
troubles psychologiques dans nos milieux de travail à la CSQ sont extrêmement
importants. Quand on regarde les chiffres, qu'on est capables d'avoir, nous, on
a les chiffres de notre compagnie d'assurance Beneva, quand on demande le
pourcentage de troubles psychologiques dans les invalidités, nous, c'est après
deux ans, bien, on est rendus à 45,3 %. 45,3 % des gens qui sont
absents depuis plus de deux ans, c'est pour des troubles psychologiques. Ça
fait que, si on parle de rupture de service, bien, ces gens-là, s'ils n'avaient
pas de troubles psychologiques, on les ramènerait dans le milieu de travail. Et
ça, c'est une chose qui permettrait de réduire la pénurie.
M. Boulet : Oui, puis vous
avez raison. Donnons-nous le mandat de le faire progressivement. On se donne de
meilleures chances de réussir. Il va avoir un rapport en 2029. Moi, je veux
juste vous remercier parce que vous avez le ton, vous avez des très bonnes
recommandations. On va débuter l'étude détaillée après nos consultations. On va
tenir compte de vos commentaires, soyez en assurés. Merci beaucoup à vous trois
puis merci pour la préparation puis votre engagement pour la santé et sécurité
en santé puis en éducation. Merci beaucoup. Puis, Éric, on est supercontents
que vous soyez membre du C.A. de la CNESST.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Merci, M. le ministre. Ça met fin à la... cette série d'échanges avec la partie
gouvernementale. On enchaîne avec l'opposition officielle. Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce, vous avez 10 min 24 s. Allez-y.
Mme McGraw : Parfait. Merci,
M. le Président. D'ailleurs, j'aimerais commencer avec cette question-là :
Est-ce que 2029, c'est trop tard?
M. Gingras (Éric) : Bien, ce
qu'il se passe, c'est que 2029, c'est un... c'est une analyse, c'est un
rapport. Ce n'est pas la mise en place du règlement, ce n'est pas un report de
ça. Donc, le problème, c'est là : Où est-ce qu'on va être? M. le ministre
l'a mentionné très bien, ça a pris 40 ans. Hein, pendant des décennies, on
n'y a pas touché. Et la question... Puis on l'a déjà mentionnée lors de
rencontres avec M. le ministre, là, la question, c'est : Faudra-t-il
attendre un autre 40 ans pour faire ce dernier pas? Et c'est ça qui, pour
nous, ne devrait pas. Il devrait être déjà inclus que, suite à 2029, bien, on y
va. Et ça, on est... Ce n'est pas ça qu'on veut, là. On s'entend, on veut aujourd'hui.
Mais, bon, on est capable quand même de se dire que, si on avait ce dernier pas
là pour que les... Parce que ce qu'il va se passer présentement, là, puis nos
collègues nous l'ont dit, j'ai dit qu'on était en conseil général, déjà, on va
chercher à se désengager dans les milieux. On va minimiser les RSS, on va... On
va changer parce que ce n'est pas une culture qui existait en éducation puis en
santé. On vient de prendre deux ans à essayer de la mettre en place, et là on
envoie le message que, bien, finalement, c'est moins important que dans
d'autres secteurs.
• (19 h 30) •
Mme McGraw : Puis vous avez
parlé du fait... vous avez dit que ça... C'est un régime à deux vitesses. Ça
crée deux classes de travailleurs et de travailleuses. Et c'est...
19 h 30 (version non révisée)
Mme McGraw : ...le message qu'on
reçoit, le message, c'est quoi, on est dévalorisé et on se désengage, on se...
vous avez parlé de la démobilisation. Qu'est-ce que ça signifie concrètement
pour vos membres?
M. Gingras (Éric) : Mais vous
l'avez dit, c'est un sentiment de dévalorisation mais aussi que la décision a
été faite par un réseau qui manque de monde, par un réseau où il y a une
pénurie. Ça ne peut pas être ça qui nous amène à prendre une décision. Parce
que ce qu'on dit, c'est qu'une des raisons ou la lourdeur des conditions de
travail nous amène, justement, à avoir des troubles psychosociaux, bien, il
faut prévenir. Donc, c'est certain que le message qu'on envoie n'est pas le
bon. Et c'est pour cette raison-là qu'on répète que, quand même, on a une belle
opportunité puis on... puis je tiens à le répéter, là, on ne remet pas en
question tout le travail qui a été fait depuis, on ne remet pas en question le
fait qu'il y a des éléments. Et, on s'entend, le consensus qui a été fait, là, sur
le règlement, il y avait des éléments sur lesquels on aurait aimé ça travailler
davantage, on aurait aimé ça que ce soit différent, mais pour arriver à un
consensus, des fois, tu mets de l'eau dans ton vin. C'est ça, le but. Et c'est
ce qu'on a fait aussi au niveau syndical, c'est ce qu'on fait à la CSQ. Par
contre, là, maintenant, bien, il manque encore ce dernier bout. Et le dernier
bout le plus important, c'est le message qu'on envoie aux travailleuses, aux
travailleurs de ces deux secteurs-là.
Mme McGraw : Donc, si vous
aviez une recommandation principale à formuler au ministre, ce serait laquelle?
Je sais que vous en avez plusieurs, vous en avez 16, mais, vraiment, un message
clair, fort, ce serait quoi?
M. Gagnon (Marc) : Évidemment,
on pourrait demander de ne pas mettre en place un régime à deux vitesses, mais
il y a peut-être des solutions qui peuvent être mises en place. Si ce qu'on en
parle, c'est des ruptures de services, bien, c'est sûr que mettre ce régime-là...
on va avoir des problématiques, c'est certain, parce qu'il va y avoir un
désengagement. On l'a vu au niveau de nos représentants en santé-sécurité à la
CSQ, au niveau de nos responsables en santé-sécurité. Depuis avril 2022, on
avait à l'époque dans notre... dans nos réseaux, 75 personnes qui se
présentaient. Maintenant, on est rendu à 175. Ça fait qu'il y a un engouement
pour la santé-sécurité. On a des gens qui veulent s'en occuper. Bien, ça, ce
n'est pas tous des gens qui avaient des connaissances. Ils ont appris, ils connaissent
le milieu. Il y en a qui connaissent maintenant la santé-sécurité. Ça s'apprend.
Bien, est-ce qu'une solution serait d'aller chercher des gens ailleurs? Là, le
régime nous dit qu'on doit prendre des travailleuses et des travailleurs, mais
est-ce qu'il y a une solution qui me sort de la tête présentement? On va aller
chercher des gens à l'extérieur qui vont être choisis par les associations
accréditées, par les travailleuses et travailleurs qui pourraient avoir le rôle
de RSS. À ce moment-là, on n'aurait pas de rupture de service, mais on pourrait
s'assurer qu'on aurait de la santé-sécurité, de la prévention dans les milieux
de travail.
Au niveau des coûts, bien, on a de la
misère à imaginer qu'il y ait un coût particulier à faire du dialogue social au
niveau des fonctions ou des premières fonctions, un et deux, formation, information,
choix des EPI. C'est du dialogue social. Il n'y a pas de coût à choisir
ensemble. Le laisser libre choix de l'employeur, où on fait des économies là-dessus?
Puis au niveau d'un registre, bien, c'est
nécessaire, c'est nécessaire d'avoir cette information-là. Il n'y a pas
nécessairement de coût, c'est de déclarer. Et dans bien des milieux, ça se fait
déjà bien, mais on n'aura plus l'obligation de le faire. Là, maintenant, on a
une obligation morale. Beaucoup de centres de services scolaires, on en parlait
justement avec un ce matin, ils ont un registre informatisé, ça va super bien,
mais là l'employeur dit : bien, ce sera plus nécessaire, on n'aura plus
besoin d'information, on n'a plus d'obligations en information.
Et, dernière chose, bien, au niveau des
centres de services scolaires, au niveau de l'éducation, on travaille en
collaboration, la CSQ, l'ensemble des associations accréditées, les
associations de centres de services scolaires, de commissions scolaires
anglophones, et on essaie de... que le secteur de l'éducation fasse partie d'une
ASP. Ça va coûter à peu près 5 millions, ce qui n'est pas énorme dans le
budget de l'éducation. Mais le partenaire qui refuse présentement, c'est le
ministère de l'Éducation, mais alors que tout le monde est prêt, puis on sait
le travail que font les ASP. Déjà, ça permettrait une énorme économie dans les
milieux de travail, de pouvoir profiter des services, parce qu'au niveau des
employeurs, bien, la formation est accessible. Nous, on a la CSQ, depuis deux
ans, on a triplé le nombre de formations qu'on donne en santé-sécurité, ça n'arrête
pas. On a énormément de besoins. Mais si on regarde pour...
M. Gagnon (Marc) : ...RSS,
bien, on regarde les obligations du régime sur les mécanismes de prévention et
participation en établissement, bien, on parle de... pour les RSS, de 7 h
par deux ans. Bien, dans notre cas, dans les deux premières années, 2022, 2023,
on a donné 24 jours de formation à nos RSS.
M. Gingras (Éric) : Mais le
message qu'on souhaite qui ressorte de ça, c'est que ça prend un horizon pour
que ce soit pareil partout. Et c'est ça qui manque présentement. On peut être
ouverts sur ce moment-là, mais là, présentement, ce que ça dit, c'est : On
va être à deux vitesses puis on va évaluer tout ça en 2029. Il n'y a rien pour
la suite.
Mme McGraw : Vous parlez d'un
effet de démobilisation chez le personnel. Est-ce que vous avez des témoignages
ou des données juste pour nous alimenter là-dessus, partager? Il y en a
beaucoup, j'imagine.
M. Gingras (Éric) : Bien, ce
que je vous dis, là, je donne un exemple, là, d'intervention. Ce matin, au
micro, en conseil général, qui dit : Mon employeur a commencé en regardant
le projet de loi qui s'en vient à nous dire que l'an prochain, bien, il va
diminuer, l'an prochain, ce sera fini, les heures de RSS dans tel ou tel
milieu, parce que l'obligation devient différente à ce moment-là, décide de
faire des choix avec le registre, déjà, là. Parce qu'on ne va pas se le cacher,
là, on parle de pénurie. Alors, il dit : Bien, voilà, je vais mettre
l'accent sur autre chose. De courte vue... Ce sont des décisions de courte vue
parce que le projet de loi, malheureusement, nous amène là.
Et c'est malheureux parce que, M. le
ministre l'a mentionné, on a fait quand même des pas importants. La dernière
chose qu'il faut faire, c'est reculer. Alors, ayons un horizon. À la place
d'avoir, par exemple, en 2029, un rapport, il pourrait y avoir un rapport, mais
avec la mise en place du règlement officiel à ce moment-là.
M. Gagnon (Marc) : Et un
témoignage que nous avons reçu en novembre dernier lors d'un réseau de nos
réseaux des responsables en santé et sécurité. Lors d'une intervention qu'était
venu faire le ministre à d'autres instances, la vice-présidente du syndicat en
enseignement de la région de Vaudreuil nous a lu une lettre d'une enseignante
qui vivait des problématiques avec les risques psychosociaux. Et c'était en fin
de compte sa lettre de démission, sa lettre d'adieu à la profession. Ça fait
que, ça, c'est... des lettres comme ça, on en voit maintenant régulièrement. Et
on doit s'attaquer sérieusement aux risques psychosociaux dans ces milieux-là.
Mme McGraw : Donc, en conclusion,
parce que je pense qu'il ne reste pas beaucoup de temps, quels risques
voyez-vous à long terme, si ce projet de loi est adopté tel quel?
M. Gingras (Éric) : Un
désengagement, une dévalorisation de deux secteurs hautement importants au
Québec, soit l'éducation et la santé, un secteur majoritairement féminin, un
secteur qui, pendant trop longtemps, a été mis de côté, dont on n'a pas parlé,
dont on ne s'est pas occupé justement parce que, oui, on parlait de d'autres
secteurs tout aussi importants, là, mais de d'autres secteurs où on était sur
des aspects physiques de santé et sécurité. Là, on est sur des risques
psychosociaux, on est sur de la santé mentale. Il faut s'en occuper. Puis on le
sait, là, en 2025, c'est quelque chose qui est reconnu. Et là, maintenant, ce
qu'on veut, c'est que ce soit reconnu aussi dans le projet de loi.
Malheureusement, il manque ce dernier pas là.
Mme McGraw : ...ça a été
reconnu dans le projet de loi n° 71, le psychosocial. Donc, très
récemment, ce gouvernement a reconnu le psychosocial. On espère que ça va être
adopté au sein de ce projet de loi. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
Mme la députée. On enchaîne avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Trois
minutes 28 secondes.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonsoir à vous trois. Toujours un plaisir de voir ici.
Ça fait quand même un petit bout qu'on
entend des rumeurs que ça bloque au Conseil des ministres, le règlement de la
CNESST sur les seuils de prévention puis que ça bloque comme... l'employeur,
l'État employeur bloque, là, hein, santé, éducation. Ça fait un petit bout
qu'on entend ça. Puis c'est d'autant plus dommage que, dans sa première...
mouture, vous vous en rappellerez, du projet de loi n° 59, il y avait déjà
des seuils de libération syndicale puis de prévention beaucoup plus faibles
pour santé et éducation. Puis ils s'étaient fait accuser, le ministre et le
gouvernement, d'avoir un projet de loi sexiste par plusieurs organisations. Il
a été obligé de reculer, pelleter ça dans le cours de la CNESST, avec une date
limite. Le C.A. accouche d'un règlement intéressant. Ça traîne sur le bureau du
ministre. Combien de fois j'ai posé des questions en étude de crédits
là-dessus? Est-ce que, fin des courses, la montagne a accouché d'une souris
finalement? C'était-tu un peu ça qu'on constate?
• (19 h 40) •
M. Gingras (Éric) : Bien, une
chose est certaine, c'est que les réseaux n'ont pas pensé plus loin que...
M. Gingras (Éric) : ...demain,
c'est-à-dire qu'on va regarder l'état, et c'est vrai, là, l'état des réseaux,
puis on en parle abondamment pour d'autres raisons, l'état de nos deux réseaux,
c'est difficile présentement, sauf que la prévention, bien, nous permettrait de
l'améliorer et le réseau a préféré regarder avec l'argent, a regardé avec le
fait que ce n'est pas quelque chose qui est utilisé, qui est vraiment reconnu
présentement, la prévention, et a préféré baser ses décisions là-dessus.
Ce qu'on aurait souhaité, c'est que le
ministre tienne tête à ces deux réseaux-là qui n'ont pas priorisé la
prévention. M. le ministre l'a toujours dit, il voulait prioriser la
prévention, il a mentionné même tantôt, autant que faire se peut, c'était ça
qui était le but. Mais là deux réseaux ont préféré miser sur... bien, à court
terme, on ne peut pas le faire. Ça, on peut remettre ça en question en plus,
là, parce que, si on ne le fait pas, bien, ça amène, après ça, d'autres enjeux.
Puis, vous savez, on peut parler de conditions de travail n'importe quand, mais
lorsque les membres parlent, lorsque les collègues qui travaillent au quotidien
parlent de leurs conditions, ils parlent de leur santé au travail. Ça, c'est
important. Puis ça, c'est une belle occasion de le faire à ce moment-là. Puis,
malheureusement, bien, on a accouché de ça.
M. Leduc : Et chez vos
membres, si vous permettez, êtes-vous donc déçus que le ministre n'ait pas pu
tenir tête davantage à ses collègues de la Santé et de l'Éducation?
M. Gingras (Éric) : Absolument,
c'est une déception. Puis est-ce que c'est les ministres ou les réseaux? Ça,
là-dessus, moi, je vous dis, là, je ne suis pas...
M. Leduc : Un peu des deux,
forcément.
M. Gingras (Éric) : Oui, c'est
un peu des deux, mais on pense que les réseaux... parce que les réseaux, c'est
de gros réseaux qui ne sont pas habitués de vivre cette prévention-là. Vous
savez, dans d'autres milieux, là, dans le secteur privé, dans le milieu
industriel, ça fait partie du travail, c'est dans des contrats de travail,
c'est inclus, c'est dans la culture, parce qu'on veut que ça fonctionne puis on
met l'énergie pour le faire. En éducation puis en santé, bien, on préfère, bien
souvent, ne pas se rendre là parce qu'il faut agir tout de suite puis il y a
une pénurie.
Le Président (M. Allaire) : 10 secondes.
M. Leduc : Une infirmière,
une enseignante, on devrait s'occuper autant de leur prévention qu'un
métallurgiste ou un mineur?
M. Gingras (Éric) : Absolument.
M. Leduc : Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci,
M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. On enchaîne avec le député de
Saint-Jérôme, 2 min 38 s.
M. Chassin :Merci. Alors, ça va vite, c'est 2 min 38 s
pour les questions et les réponses, mais je vous ai écouté parler... en fait,
faire votre présentation avant les échanges puis vous avez parlé de
transparence financière. Puis je pense que, comme centrale syndicale...
justement montre de... vous êtes un exemple, là, mais je voulais quand même
avoir cette question peut-être litigieuse, mais quand un syndicat affilié, FSE,
CSQ, pour ne pas le nommer syndicat Champlain, a de la difficulté à donner des
états financiers à une déléguée syndicale, est-ce que vous, ça vous inquiète en
termes de transparence?
M. Gingras (Éric) : Bien, je
pense que, ce qui a été prouvé par le syndicat dont vous parlez, c'est que,
bon, oui, il y a eu grand fait de ça au niveau médiatique, mais tant au niveau
du TAT qu'au niveau de ce qui a été fait, ça a été prouvé que tout a été
respecté et je pense que, si on applique ça tel quel, c'est sûr qu'on espère
qu'il y ait le plateau du 250 000 qui ne toucherait pas ce syndicat-là
parce que c'est une plus grosse organisation, avec certaines modifications
qu'on demande simplement pour le rendre correct, bien, un syndicat comme
celui-là le respecte automatiquement avec ce qui est prévu... ce qui serait
prévu. Donc, aucun problème, ni avec celui-là ni avec l'ensemble de nos
syndicats sur la transparence.
M. Chassin :Donc, transmettre des états financiers, ça devrait se faire
déjà. Ce que vous me dites, c'est que ça s'est réglé, là, puis qu'on...
M. Gingras (Éric) : Et ça se
faisait, puis là, après ça, je vais laisser ce qu'il s'est passé de ce côté-là.
Mais effectivement, on est pour la transparence puis on l'a mentionné.
M. Chassin :Puis l'accréditation au vote secret plutôt que par
signature de carte, parce qu'on vote au scrutin secret pour plein de questions
dans la vie d'un syndicat, la vie démocratique dans un syndicat, est-ce que ça
peut être une avenue intéressante?
M. Gingras (Éric) : Ce
n'était pas dans le projet de loi?
M. Chassin :
Non, moi, j'aimerais ça que...
M. Gingras (Éric) : Je ne
l'ai pas lu. Je ne l'ai pas lu, ça fait que je n'ai pas...
M. Chassin :
Moi, j'aimerais que le ministre aille plus loin, mais...
M. Gingras (Éric) : J'ai
malheureusement... j'ai malheureusement... comme je n'ai pas étudié la
question, je n'ai malheureusement rien à dire là-dessus parce que ce n'était
pas dans le projet de loi, puis moi... moi, on m'a juste informé sur ce qui
était dans le projet de loi. Vous savez, quand on est président... puis, au
nombre de commissions parlementaires qu'on a...
M. Chassin :
Vous en avez...
M. Gingras (Éric) : ...depuis
maintenant quelques semaines, bien, ça m'oblige à étudier au fur et à mesure
tout ça, vous savez. Puis je suis en conseil général en plus.
M. Chassin :En plus, vous venez nous voir, ça fait qu'on vous remercie
beaucoup.
Le Président (M. Allaire) : Merci.
Ça met fin à l'ensemble des blocs d'échange. MM. Gagnon, Gingras et Piché,
merci pour votre contribution à cette commission de la CSQ. Alors, nous allons
suspendre les travaux quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 19 h 45)
(Reprise à 19 h 49)
Le Président (M. Allaire) :
Alors, nous allons reprendre les travaux. Nous sommes avec le dernier groupe de
la journée, le neuvième. Nous sommes avec la Centrale des syndicats
démocratiques. Bonsoir, messieurs. Je vais vous laisser le soin de vous
présenter. Vous pouvez commencer votre 10 minutes, là, suite aux présentations.
Merci.
M. Vachon (Luc) :
Oui. Alors, bonsoir. Bonsoir. Merci. Je suis Luc Vachon, le président de la
Centrale des syndicats démocratiques. Je suis accompagné de mon collègue
Francis Fortier, qui est conseillé à la recherche à la CSD. Alors, bien, oui,
neuvième groupe. On va tenter de vous garder en alerte tout de même. Ceci dit,
merci...
M. Vachon (Luc) :…merci beaucoup de nous accueillir. Merci beaucoup de nous
permettre de donner notre point de vue sur le projet de loi n° 101.
Je qualifierais peut-être le titre de ma présentation de projet de loi n° 101 et de dialogue social 101. Alors, bien, merci, tout
le monde. Bonsoir, mesdames, messieurs, M. le Président.
Alors, je vais débuter ma présentation par
un survol assez rapide sur une partie du contenu du projet de loi n° 101 afin, comme je le disais, de conserver du temps pour
discuter de l'ambiance entourant les différents projets de loi qui sont déposés
depuis quelque temps et sur le contexte de détérioration du dialogue social qui
prévaut actuellement.
Concernant le projet de loi n° 101,
loi visant à améliorer certaines lois du travail, comme il est nommé,
évidemment, il y a quelques éléments qui sont plus positifs, mais, dans son
ensemble, il est assez difficile de considérer que l'on vient ici grandement
améliorer certaines lois du travail. Dans ses lignes les plus fortes, ce projet
de loi vient plutôt affaiblir certaines lois ou règlements pris à ce jour et
introduire des dispositions qui constituent un affaiblissement de la capacité
des syndicats à accomplir leur mandat et leur rôle.
Certes, les modalités corrigeant les
calculs de revenu brut afin de déterminer les IRR, leur revalorisation, sont
positifs, de même que l'actualisation des amendes, qui peut aussi, c'est à
souhaiter, avoir un certain effet dissuasif sur le comportement de certains
employeurs. Nous pouvons ajouter à ça la protection d'emploi pour des raisons
de santé publique ou de sécurité prenant en compte les nouvelles réalités comme
les pandémies, les événements climatiques, qui seront introduites à la loi des
normes… sur les normes du travail.
Il y a des avancées intéressantes en
regard du processus d'arbitrage, qui proviennent, d'ailleurs, en grande partie
d'un avis du comité consultatif travail et main-d'œuvre, et émanant d'un
consensus entre les organisations patronales et syndicales qui le composent,
mais, encore là, pourquoi ne pas être allé jusqu'au bout dans le respect de cet
avis afin de reconnaître le travail accompli par cet exercice?
Mais, voilà, le volet positif s'arrête à
peu près là. Pour le reste, il est difficile de qualifier d'amélioration de
reporter d'une année l'entrée en vigueur du nouveau règlement sur les
mécanismes de prévention et de participation en établissement, règlement qui a
pourtant fait consensus au sein du C.A. de la CNESST, reporter encore la
prévention après 40 ans d'attente, et avec les résultats, en termes d'adhésion
professionnelle et de décès dans les milieux de travail, qui sont aussi terribles
année après année. On ne saurait pas non plus qualifier d'amélioration la
création de toutes pièces d'un régime distinct pour les réseaux de la santé et
de l'éducation, avec les risques collatéraux que cela peut apporter.
De même, l'introduction d'un processus de
négociation conduit par la CNESST elle-même suite à une demande de révision
administrative d'une décision qui a été rendue par la CNESST a de quoi
provoquer des inquiétudes, d'autant plus que cela a déjà fait l'objet de
discussions au C.A. de la CNESST, qui avait alors décidé de ne pas retenir ce
processus, ayant lui-même des doutes quant à son fonctionnement. Disons que de
voir revenir cette proposition par une voie détournée est plus de nature à
inquiéter qu'à rassurer.
Puis, finalement, l'introduction
d'obligations pour tous les syndicats de produire des états financiers
vérifiés, dans le langage audité, c'est ni plus ni moins qu'une onde de choc
majeure pour la quasi-totalité des syndicats du Québec. Pas que nous soyons
contre la notion de transparence, loin de là. Pour la CSD elle-même, c'est déjà
le cas. La production d'états financiers, de même que la présentation en
assemblée générale annuelle, ainsi qu'un comité interne de vérification font
partie des statuts et règlements de tous les syndicats et associations
affiliées à la CSD, mais le fardeau financier qui serait imposé par les
dispositions proposées serait totalement disproportionné par rapport à leur
capacité financière. Il faut aussi retenir que ce fardeau financier retomberait,
au final, sur les travailleuses et travailleurs eux-mêmes.
Nous ne voyons donc pas en quoi cela est
une amélioration pour qui que ce soit, sauf peut-être pour ceux qui aiment
casser du sucre sur le dos des syndicats et qui peuvent tirer profit de cet affaiblissement.
Nous soumettons des propositions qui sont inspirées de ce qu'applique le
gouvernement lui-même dans le traitement des différentes subventions ou
soutiens financiers. Vous remarquerez que, dans notre mémoire, nous avons, bien
que nous recommandons le retrait de certaines dispositions, ajouté tout de même
des propositions.
Lors des audiences pour le projet de loi
n° 89, l'ensemble des syndicats entendus ont été un peu taxés qu'ils
étaient en désaccord. Ils n'avaient pas formulé aucune proposition
d'amendement. Nous avons choisi de prendre au mot et de le faire cette fois-ci.
Nous souhaitons donc que cela ait une incidence dans le résultat final de ce
projet de loi. Nous avons aussi proposé certains ajouts que nous considérons
pertinents, notamment un resserrement visant…
M. Vachon (Luc) :
...visant les articles 76, 81, 97 et 227 de la Loi sur la santé et
sécurité au travail protégeant les actions des personnes agissant en santé et
sécurité dans les milieux de travail.
Maintenant, je traiterai de tout le climat
actuel, qui semble être la trame de fond des différents projets de loi depuis
un certain temps. La CSD est grandement préoccupée par la détérioration du
dialogue social entre les organisations patronales et syndicales, de même que
par le comportement politique. Le dialogue social, c'est un outil précieux de
régulation des relations de travail, mais comme tout objet précieux, il est
fragile et il doit être traité avec soin. Il est d'autant plus fragile que,
souvent, ses résultats, bien qu'évidents pour les personnes qui gravitent, sont
plutôt invisibles ou imperceptibles par la population en général.
C'est d'autant plus difficile d'y voir les
effets réels pour la population, alors que, dans le discours ambiant, tout ce
qu'ils voient et entendent, ce sont des critiques, des tensions, des
accusations, et ce, tant entre les acteurs du dialogue social que sont les
associations d'employeurs, les syndicats, que du discours politique. Pour nous,
ce contexte est extrêmement néfaste et contreproductif, pour ne pas dire
carrément malsain. Le dialogue social doit être protégé, promu, encouragé. Il
n'y aura pas de progrès social durable sans un dialogue social fort, mais, pour
ça, ces acteurs doivent être incités à un véritable exercice du dialogue social
qui doit produire ses véritables résultats forts, tangibles, perceptibles par
la société. Ils doivent, d'une certaine façon, être contraints à trouver
ensemble les meilleures solutions, pas contourner le dialogue social pour aller
faire sa liste de demandes.
À court terme les conséquences de
l'affaiblissement du dialogue social ne seront peut-être pas très perceptibles,
même, certains s'en réjouiront, mais, à moyen terme et long terme, c'est
inévitablement faire place aux tensions, aux conflits, à une détérioration des
relations de travail, tout ça avec des conséquences sociales pour l'ensemble du
Québec qui ne sont absolument pas souhaitables. Il faut que ça cesse
rapidement, que la situation se rétablisse, que le niveau des acteurs s'élève afin
de reprendre les discussions avec maturité, que le débat sorte des attaques
répétées.
Le véritable exercice du dialogue social
commande une impulsion forte. M. le ministre, vous deviez être le gardien de
tout ça, et ce à quoi nous assistons ne va pas dans le bon sens. Il est urgent
de redresser la situation avant que les dommages causés ne soient trop
importants et les blessures trop profondes. Merci.
Le Président (M. Allaire) : Merci
à vous. On débute la période d'échange. M. le ministre, vous avez 16min 30s.
M. Boulet : Oui. Merci, M. le
Président. Merci de votre présentation, M. le Président de la CSD, Luc, et
votre collègue. Merci d'être présents à cette heure puis merci pour la
préparation de votre mémoire puis les recommandations. Je vous assure,
connaissant la rigueur de la CSD, qu'il y a des recommandations qui vont
certainement retenir notre attention.
Évidemment, dans le temps qui nous est
imparti, on ne peut pas aller dans tous les détails, puis il y avait des
aspects un petit peu philosophiques, reliés au dialogue social et à sa
détérioration. Je veux d'abord souligner que vous avez mis l'accent sur les
avancées intéressantes. Il y en a plusieurs. Il y a la protection du lien
d'emploi, quand il y a une pandémie, quand il y a un sinistre, un incendie,
soit en vertu d'une règle de santé publique ou de la sécurité civile, les
congés non rémunérés aux salariés réservistes. La méthode de calcul, vous
l'avez souligné, de l'indemnité de remplacement de revenu, les chauffeurs inc.,
la déjudiciarisation et le raccourcissement des délais d'arbitrage, aussi, issu
d'un consensus, pour les délais maximaux, pour la conférence préparatoire pour
la médiation, pour la divulgation de la preuve, malgré l'objection, notamment,
des associations patronales.
• (20 heures) •
J'ai entendu vos réserves sur le processus
de négociation à la CNESST, mais il y a beaucoup, quand même, d'avancées
intéressantes. La transparence financière, ce n'est pas une offensive contre
les syndicats, c'est une mesure de gouvernance et de transparence élémentaire.
Puis tous les groupes syndicaux qui sont venus l'ont même mentionné : On
est prêts et on s'assujettit déjà à produire des états financiers audités ou...
on verra jusqu'à quel seuil. Moi, je suis ouvert...
20 h (version non révisée)
M. Boulet : ...à ce que ce
soit appliqué de façon pratique puis raisonnée pour atteindre les véritables
objectifs.
Il y a aussi le soutien financier en cas d'affectation,
dans le contexte du programme de maternité sans danger, qui est la confirmation
d'une pratique déjà établie. Il y en a d'autres, là, mais... les amendes...
puis les amendes plus élevées en cas de violence à caractère sexuel, découlant
de l'adoption, à l'époque, de notre p.l. n° 42. Mais
je trouve que c'est une belle main tendue de faire... de mettre l'accent sur
les avancées. Pour le régime de participation des travailleurs et les
mécanismes de prévention, vous m'avez entendu, je n'ai pas l'intention de
répéter, mais il y a beaucoup de bonifications qui ont été faites au régime intérimaire,
pour s'assurer que ça puisse s'appliquer de façon efficace et pragmatique dans
deux secteurs, pas parce qu'il y a une prépondérance féminine, mais parce qu'il
y a des contraintes organisationnelles qu'on n'a pas nécessairement dans d'autres
secteurs.
Je veux revenir, là, sur le dialogue
social. Je pense que... Vous êtes là depuis... Depuis quelle année vous êtes
président de la CSD?
M. Vachon (Luc) :2017.
M. Boulet : O.K. Donc, quand
je suis arrivé, vous étiez là. On travaille ensemble, c'est notre 14e projet
de loi. Je pense qu'on a toujours été guidés par l'intérêt des citoyens puis
des citoyennes. Il y a des projets de loi qui ont déplu aux associations
patronales, il y a des projets de loi qui ont déplu aux associations
syndicales, mais jamais, jamais on n'a voulu impacter négativement la qualité
du dialogue social au Québec. Le dialogue social est à la base de certains
progrès sociaux, mais il n'y a pas que le dialogue social qui fait progresser
la société. La société civile est impliquée, les organismes communautaires, les
entreprises, les employeurs, les syndicats, qui ne sont pas au Comité
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Il y a plusieurs partenaires,
dans la société civile, qui font en sorte que la société progresse. Il ne faut
pas limiter le progrès social au dialogue social. Il ne faut pas non plus, M.
le président, Luc, faire en sorte que le dialogue social ne puisse jamais
provoquer des désaccords.
Est-ce que le dialogue, c'est toujours le
consensus? Non. Je l'ai souvent répété depuis 2018, quand il n'y a pas de
consensus, c'est l'État. On est élus pour décider, on fait des arbitrages, et
il faut prendre des orientations dans le respect de la population. Puis je
pense que, quand vous parlez de détérioration du dialogue social, vous pensez
au projet de loi n° 89, mais c'est un autre projet de loi, qui est en
quête incessante d'un équilibre entre l'exercice d'un droit de grève, reconnu
comme faisant partie intégrante du droit d'association, reconnu par la Cour
suprême du Canada comme étant un droit important, faisant partie d'un droit
enchâssé dans nos chartes canadienne et québécoise des droits et libertés de la
personne... Mais quand on cherche un équilibre avec le respect de la
population, la capacité de la population de rencontrer ses besoins, et, parfois
fondamentaux, est-ce que ça, c'est vouloir détériorer le dialogue social? Non. C'est
s'intéresser aux personnes qui sont vulnérabilisées, parfois, impuissantes,
marginalisées par des conflits.
Le dialogue social n'impose pas le
statisme, n'impose pas le statu quo. Il faut se permettre d'avancer, parfois,
malgré nos désaccords. M. le président. Je le dis, là, parce que vous avez tenu
un discours sur le dialogue social et le progrès social. Ce n'est pas moi qui ai
inventé le nombre de conflits de travail en 2024. Ce n'est pas moi qui ai
inventé les impacts que ça pouvait avoir sur les enfants à besoins particuliers,
sur les familles endeuillées, sur des travailleurs, sur des parents, dans le
secteur de l'éducation, du transport, et autres. Je ne ferai pas l'apologie du projet
de loi n° 89, mais le projet de loi n° 101, je pense qu'il répond à
des irritants dans l'application de lois du travail au Québec, qu'il répond aux
besoins de plusieurs segments des milieux de travail du Québec.
Puis ne négligez pas, Luc, les projets de
loi qu'on a avancés ensemble, qu'on a adoptés ensemble. Puis la...
M. Boulet : ...sécurité, la
protection des stagiaires, l'encadrement du travail des enfants, l'industrie de
la construction, le harcèlement, les violences à caractère sexuel en milieu de
travail. Souvenez-vous des 82 recommandations du comité d'expertes. On en a fait
beaucoup pour les milieux de travail au Québec, pour leur permettre de
progresser, pas toujours dans la direction souhaitée par les centrales
syndicales, pas toujours dans la direction souhaitée par les associations
patronales, mais on trouve une voie. Puis, je le répète, puis je vais finir
avec ça pour le projet de loi n° 89, c'est un projet de loi qui va s'appliquer
de manière exceptionnelle, avec beaucoup de parcimonie. Il faut se faire
confiance. Le régime québécois d'assurance parentale, bien, on en a 14 avec
celui-ci. Le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve, de même que son recherchiste qui
est là, je pense, à peu près depuis le début, on en a fait beaucoup ensemble.
On a eu des débats, mais ça se fait toujours dans le respect puis dans une
certaine affection. Ça fait qu'il faut continuer. Pour moi, le dialogue social,
sa valeur réside autant dans les qualités humaines que les résultats aussi. La
façon d'accéder à ces résultats-là, elle est vraiment importante.
Donc, c'est les commentaires que je
voulais partager avec vous. Puis je sais que j'ai encore du temps, Simon?
Le Président (M. Allaire) :
Sept minutes 47.
M. Boulet : Sept minutes.
Allons-y, puis je pourrai... Allez-y, Luc. Je vous écoute.
M. Vachon (Luc) :Soyons... Soyons clairs, je n'étais pas ici pour venir
faire un débat sur le projet de loi n° 89, comprenons-nous. Je ne remets pas en
question, dans mes propos, ce qui s'est fait avant. Ce que je soulevais, c'est
ce qu'on a dans le débat actuellement. C'est pour la continuité. Ce qui
m'inquiète, ce n'est pas ce qu'on a fait, c'est ce qui est à venir, de la façon
dont le discours s'entend, dans la façon dont les discours dans l'espace public
se font dans les... dans la façon dont les interventions des différents
partenaires du dialogue social se font sur l'espace public, qui va affecter la
possibilité de poursuivre puis de faire autant d'avancées dans le futur que ce
qu'on a pu en faire, que vous avez nommé dans le passé.
Donc, je tiens à le dire, là, le projet de
loi n° 89, on est venus faire nos représentations, ça va, ce n'est pas ça.
Le dialogue social... Aujourd'hui, ce que je lis à tous les jours, honnêtement,
ça m'inquiète beaucoup pour la continuité.
Alors, ce que je dis, c'est que vous êtes
normalement le promoteur. Vous êtes celui qui doit donner l'impulsion. Vous
devez renverser cette tendance-là qui est en train de se faire. Puis
effectivement le dialogue social n'implique pas qu'il y a toujours un accord à
100 % sur tout, mais, même dans les situations de désaccord, avec
l'argumentaire qui se donne, lorsque les réflexions se font, il émerge des
pistes qui peuvent servir au législateur, qui peuvent servir au gouvernement
pour trouver des voies. Ils peuvent le faire. Puis, quand... quand on sait,
parce que l'exercice du dialogue a été fait, qu'il y a cette éventualité-là,
que, si on ne trouve pas les bonnes solutions entre nous... qu'il y a quelqu'un
à un moment donné qui va... qui va faire l'arbitrage, comme vous appelez
souvent, ça aussi, ça aide à trouver les zones de compromis. Parce qu'un
dialogue, ce n'est pas : on s'entend sur tout, partout, tout le temps,
mais on cherche les zones de compromis ensemble, lorsqu'on est capable de les
trouver, puis dégager des pistes.
Puis d'ailleurs, souvent, vous avez vu des
avis du CCTM qui disaient : Il y a une... Il y a un consensus sur ça, il
n'y a pas consensus sur ça, et voici les positions de chacune... chacune des
parties. Et maintenant le législateur a les indications, a l'alimentation pour
ses réflexions, et ça, c'est important que ça se fasse. Si on brise ça, si on
brise ça, moi, je considère qu'on a des risques énormes pour les années à venir
sur... pour provoquer des tensions ou générer des conflits, et ce n'est pas ce
qui est souhaité, souhaitable. Puis, quand... moi, j'ai les membres, quand on a
des rencontres puis qu'on parle de dialogue social, de plus en plus les gens se
demandent ce qu'on va faire là, de plus en plus les gens ont de la misère être
convaincus que ça donne des résultats, parce que ce qu'ils voient, ce qu'ils
entendent, ça n'a pas l'air à marcher. Bien, il ne faut pas qu'on laisse ça se
passer puis se produire sans réagir. Voilà.
• (20 h 10) •
M. Boulet : O.K., je
comprends. Puis c'est très sage comme propos. Puis moi, je l'accepte, parce que
vous savez mon affection pour le dialogue social, puis vous vous préoccupez de
ce qui s'en vient puis de la détérioration des propos, probablement, sur la
place publique. J'espère ne pas en être trop responsable. J'essaie d'être le
plus...
M. Boulet : ...dans mes
entrevues, dans mes communications. Peut-être que vous pensez ou vous référez à
d'autres personnes, là, mais je ne veux surtout pas être un élément contributif
à ce que vous appelez la détérioration du dialogue social.
Depuis sept ans, ou presque sept ans,
j'alimente, j'essaie d'alimenter le dialogue social avec des projets de loi,
des mesures puis des programmes souvent qualifiés de progressistes, la plupart
des projets de loi avec une entente avec mes collègues du Parti libéral, de Québec
solidaire, du Parti québécois. Et je suis toujours animé de la même intention,
M. Vachon, de travailler en équipe. Je veux simplement qu'on apprenne à...
que le dialogue social, il a une histoire. Puis le dialogue social, il peut
être brassé. Est-ce qu'il a besoin d'être redéfini? Il a probablement besoin de
l'être, mais je pense qu'il y a une valeur qui est incontournable tout le
temps, c'est le respect. Moi, j'ai... je ne veux pas répéter trop souvent ça,
là, mais j'ai des collègues, puis il y en a un qui est ici avec qui on a des
écarts idéologiques importants, puis on est capables de se parler. Si on
n'avait pas été capables de se parler, on n'aurait pas fait la moitié de ce
qu'on a pu accomplir.
Puis vous avez, là-dessus, totalement
raison. Il faut, malgré les désaccords, avancer pour le bénéfice du Québec. Il
faut continuer de le faire. Donc, dans l'avenir, on va continuer de travailler.
Et sachez qu'il n'est nullement dans notre intention... puis je ne la sens pas
autour de moi, avec mes collègues gouvernementaux ni au sein du gouvernement,
de volonté de faire en sorte que ça se détériore. Puis on va... Puis ce qui est
important, Luc, c'est de se dire les choses. Et ce que j'apprécie de vous,
depuis qu'on se connaît, vous avez toujours été franc puis sincère. Vous dites
ce que vous pensez. C'est une des raisons pour laquelle on peut se dire ce
qu'on se dit ce soir.
Ça fait que merci de votre présence. Puis,
je le dis, on va analyser votre mémoire avec attention puis considération, puis
on va continuer de se parler. Merci beaucoup.
M. Vachon (Luc) :
Ça va.
Le Président (M. Allaire) :
Merci, M. le ministre. Alors, on poursuit avec l'opposition officielle. Vous
avez 10 min 24 s. Qui va poursuivre? La députée de Westmount—Saint-Louis?
Allez-y.
Mme Maccarone : Merci. C'était
beau de voir vos échanges. Est-ce que je peux vous poser des questions par
rapport à vos positions puis le mémoire?
M. Vachon (Luc) :
Ah! bien oui. On est là pour ça.
Mme Maccarone : O.K. Je
voulais juste m'assurer...
M. Boulet : Il m'a ouvert la
porte.
Mme Maccarone : Écoute,
c'était presque romantique. C'est philosophique. C'était vraiment beau.
Parfait.
Mais merci beaucoup. Merci beaucoup pour
votre témoignage ainsi que pour votre mémoire. Beaucoup de recommandations. On
apprécie grandement. Je comprends vos orientations. Je sais que vous vous
opposez fermement à... le report du régime permanent d'un an. Moi, je souhaite
savoir spécifiquement pour les travailleurs des secteurs... pas santé, pas
éducation, l'impact sur eux, parce que, je comprends, c'est une autre question.
Mais l'impact sur la balance des membres, ce serait quoi?
M. Vachon (Luc) :Oui. Bien, en fait, j'ai écouté, j'ai écouté l'autre
présentation, celle d'avant, puis tout ça, puis on fait beaucoup référence à il
y a comme 40 ans. Puis c'est vrai, là, il y avait les groupes prioritaires, les
six groupes, puis un, deux, puis là l'intention était supposé que ça entre
progressivement, chacun des groupes devienne prioritaire pour que les
mécanismes s'appliquent partout. Puis, pour les besoins de la cause,
aujourd'hui, j'ai, ici, amené une mallette qui avait été faite, qui est Priorité
prévention partout. Ça, c'est une campagne intersyndicale de l'année 2000.
En 2000, on réclamait, les organisations syndicales, l'application des
mécanismes de prévention prévus à tous les secteurs d'activité. Et on peut dire
ce qu'on veut, là, mais ça l'a arrêté au groupe où c'était l'État employeur qui
devenait touché. C'est là que ça l'a arrêté. Puis c'est pour ça que ça n'a
jamais franchi ce cap-là.
Là, maintenant, pour répondre à votre
question, on reporte encore d'une année, donc pour les autres groupes aussi, on
parle beaucoup de la présence des femmes dans ces secteurs-là, c'est vrai, ils
sont à grande prédominance féminine, mais, dans les secteurs non syndiqués, là,
c'est aussi en grande partie des femmes dans...
M. Vachon (Luc) :...dans les secteurs non syndiqués, qui sont hors du
secteur public. Ils n'ont jamais eu de mécanisme, ils n'en ont jamais eu. Ça
fait 40 ans presque qu'ils attendent, malgré toutes les revendications, et
là on leur dit : Attends donc une année.
Puis ce qui est notre inquiétude, encore
une fois, que d'attendre une année... Puis là, M. le ministre a dit que j'étais
franc, je vais l'être encore. Il y a deux nouveaux membres au C.A. de la CNESST
qui arrivent, la CSQ, qui siégeait avant, et Santé Québec. On donne un espace
additionnel. Une des inquiétudes que j'ai, c'est qu'on veut rebrasser les cartes
à nouveau, sur le consensus qui avait été fait au niveau des mécanismes,
puis... et, si je regarde les autres employeurs des secteurs privés, quand ils
vont regarder que l'État cherche encore à avoir un mécanisme allégé, ils vont
recommencer à poser les mêmes questions qui posaient avant, de dire :
Pourquoi, nous, les employeurs des autres secteurs, on est touchés puis que le
gouvernement, lui, il s'exclue des mécanismes? Pourquoi, nous, on n'a pas le
droit? Et on va recommencer ce discours-là.
Alors, ça crée cette zone-là de débat qui
va recommencer encore une fois. On a fini par trouver une piste d'atterrissage.
On l'a eue, là, à l'arraché. Ils se sont entendus. Pourquoi, pourquoi on
procède... on attend encore? Pourquoi on va laisser ces milieux-là encore sans
mesures pendant une année additionnelle et avec les risques? Quand je disais,
dans mon message, les risques collatéraux, c'est : Qu'est-ce qui va se
passer encore pendant cette période-là? C'est ça qui m'inquiète aussi.
Mme Maccarone : O.K. Merci. À
moins que je n'aie pas bien compris, vous jugez que le processus de négociation
qui est proposé dans le cadre de révision risque d'augmenter les délais et
manque d'impartialité. Pouvez-vous expliquer un peu votre point de vue?
M. Vachon (Luc) :Bien, écoutez, on... La décision... la direction de la
révision administrative dans l'avis du CCTM, qui avait été produite à l'époque,
consensus patronal, syndical, demandait l'abolition... en 2017, demandait
l'abolition de ça parce qu'ils disaient : Ça ne sert à rien puis ça ne
fait rien que rallonger le délai. Là, aujourd'hui, on va réintroduire un autre
mécanisme de négociation entre ça, puis là le délai de 80 jours va
commencer rien qu'après. On voulait l'abolir parce qu'on disait qu'il ne servait
à rien. Puis un des commentaires qu'on entendait souvent, c'est que la personne
à la CNESST qui décide, qui prend la décision initiale vient d'ici, le bureau
d'à côté, à droite, va prendre la décision de la révision administrative, mais
là la négociation, ça ne sera pas le bureau de droite, ça va être le bureau de
gauche qui va faire la négociation. On est rassurés, on est rassurés. Ça fait
que... Puis au C.A. de la CNESST, ils ont fait ce débat-là, ils sont arrivés à
la conclusion que ce processus-là n'offrait pas la zone d'impartialité puis de
neutralité. Ils ont décidé de ne pas y aller, et là on revient avec ça par la
voie de contournement. Pas plus rassuré que tantôt.
Mme Maccarone : O.K. Je
souhaite parler avec vous par rapport à votre recommandation numéro trois
et 3.1. Là, vous parlez de retirer les articles 5 à 10 pour explorer des
voies de déjudiciariser le processus d'appel. Puis vous allez plus loin, vous
recommandez d'abolir la révision administrative et passer directement au
processus de médiation au TAL.
M. Vachon (Luc) :Oui.
Mme Maccarone : Pourquoi?
Comment ce serait une amélioration?
M. Vachon (Luc) :Bien, en fait, dans 95 % des cas, ça se ramasse là de
toute façon. Il y a... La révision administrative ne change pas le cours de
l'histoire. Ça fait que, de toute façon, ça se ramasse au TAT. Et là il y a le
processus de médiation, lui, qui est balisé, avec le code déontologique, tu
sais, avec toute la zone d'impartialité. Puis là on dit : Si on est pour
rajouter des jours... L'objectif, il est de déjudiciariser puis de raccourcir
les délais. Là, on rallonge les délais puis, à notre avis, on ne
déjudiciarisera pas. Sérieusement, là, si nous, là, dans les groupes syndiqués,
on a un conseil à dire à notre monde, là, c'est : N'allez pas là. N'allez
pas là, à la négociation, n'allez pas là. Puis le danger, c'est dans les
non-syndiqués qui vont se retrouver dans une place où ils ne sont pas
accompagnés, qui ne connaissent pas le processus puis qui vont se retrouver en pensant
qu'il y a un bon deal, alors qu'ils se font avoir.
• (20 h 20) •
Mme Maccarone : Puis si le
processus de négociation est maintenu?
M. Vachon (Luc) :Bien, ça, c'est l'autre proposition d'après. Si, en bout de
ligne, malgré tous les arguments qu'on dit, c'était maintenu, ce qu'on dit,
c'est que les critères de qui ne va pas faire la négociation, tous les
paramètres devraient être retournés à la CNESST pour que le C.A....
M. Vachon
(Luc) : ...C'est quoi les caractéristiques? C'est quoi le code
déontologique qui va s'appliquer? Qui va faire ça? Pas nommé par la présidence
ou la P.D.G. de la CNESST qui va décider qui elle nomme pour faire ça? C'est un
processus encadré. Et puis il y a tout un processus de révision des décisions
qui se fait au TAT, puis il n'y aura pas de processus de révision des décisions
à ce processus de négociation là. Tu sais, c'est comme si on fait une espèce de
médiation à rabais en espérant qu'on va être capable de faire un deal en
catimini pour éviter des piastres, là. C'est ça? C'est ça que ça a l'air. Alors
si ce n'est pas ça, il faudrait faire autre chose avec parce que c'est de ça
que ça a l'air.
Mme Maccarone : Dans le
gouvernement, ils parlent beaucoup, ils évoquent les enjeux de flexibilité pour
les employeurs. Est-ce que vous croyez que cette justification est valide?
Parce que souvent c'est ça qui est évoqué. C'est ça le besoin, dans le fond,
qui...
M. Vachon
(Luc) : Les enjeux de quoi?
Mme Maccarone : De
flexibilité pour nos employeurs.
M. Vachon
(Luc) : Dans le processus de négociation?
Mme Maccarone : Oui.
M. Vachon
(Luc) : Bien, écoutez, moi je vu dans mon ancienne vie, quand
j'étais conseiller syndical, des employeurs offrir de payer les frais à la
place qu'ils aillent en réclamation. J'ai vu des... En masse, là, j'ai vu ça en
masse, là, des... qui m'appelaient : L'employeur m'offre, là, écoute, pour
ne pas que je fasse ma réclamation, il va me payer frais ou il va me payer ci,
ou si je retire, il va faire... Il est prêt à couvrir mes frais médicaux puis
mes traitements pour éviter d'avoir des réclamations. Alors, si vous demandez
si ça peut ressembler à ça, la flexibilité, probable, probable. Donc, est-ce
que je peux alléger mon dossier en faisant un deal, puis que ça disparaisse,
que ça ne laisse pas de traces puis qu'à la fin, je réduis ma facture? Ça se
peut-tu? Probable. Si c'est ça, de la flexibilité, alors, oui, ils en veulent.
Mme Maccarone : O.K. Et
vous, vous proposez aussi d'inverser le fardeau de la preuve en cas de
fermeture d'entreprise...
M. Vachon
(Luc) : Oui.
Mme Maccarone : ...lors
d'une syndicalisation. Pourquoi c'est important pour vous cette mesure?
M. Vachon
(Luc) : En fait, ça, on va... On va prendre une situation où on
a... Même, prenons dans des cas, peu importe, des conflits de travail, il y a
des briseurs de grève, tout ça. Le fardeau est toujours du côté du syndicat de
prouver que ça se produit ou que c'est à cause d'une manœuvre syndicale. Mais
c'est dur à relever, un fardeau comme ça. C'est dur à relever. Souvent, dans
plusieurs situations, c'est dur à relever. Alors on dit... Nous, ce qu'on dit,
c'est que dans des situations où ça se produit, c'est l'employeur qui devrait
se dégager du fardeau de la preuve, de démontrer que ça ne l'est pas. Ça
rajoute une couche additionnelle parce que, tu sais, quand on arrive à une
fermeture d'entreprise, quand on arrive à l'utilisation de briseurs de grève,
quand on arrive... Puis là on aurait pu rajouter des affaires dans ce projet de
loi là, là, au niveau, justement, des dispositions antibriseurs de grève ou des
processus d'enquête qui sont... qui sont complètement. Tu sais, j'ai vu
récemment.
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Merci. Désolé, ça met fin à ce bloc d'échange. Désolé. On enchaîne avec
le deuxième groupe d'opposition. M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, la
parole est à vous. 3 min 28 s.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous deux. Toujours un plaisir de vous voir en commission.
Sauf erreur de ma part, la CSD n'a pas de membre dans le secteur de la santé ou
de l'éducation. Aucun. Mais je veux souligner qu'à votre recommandation 2,
vous vous mettez en solidarité avec le réseau de la santé et l'éducation puis
vous plaidez de retirer l'article 54 du projet de loi n° 101 qui crée
le régime parallèle. C'est par pure solidarité que vous faites ça.
M. Vachon
(Luc) : Pas seulement, uniquement. Pas par pure solidarité
uniquement. Le plus gros employeur au Québec, l'État, le gouvernement doit être
exemplaire dans le fonctionnement pour donner, faire la démonstration de
l'exemple à tous les autres employeurs. Ce n'est pas le cas.
M. Leduc : Puis, en se
faisant son propre régime à rabais, il n'en va pas le signal aux employeurs du
privé, qui sont vos vis-à-vis, que c'est important, la santé et sécurité, que
ça doit être une coche plus supérieure que ce que c'était avant.
M. Vachon
(Luc) : Voilà!
M. Leduc : Intéressant.
Sur le régime plus général où, là, l'on reporte d'un an son application,
contrairement à ce qui avait été entendu dans le projet de loi n° 59,
vous, vous dites que ça n'a pas lieu d'être. Puis vous émettez quelques
arguments en disant, d'abord, la construction avait un délai serré, mais elle
l'a fait. Puis vous aviez déjà consenti, dans les négociations avec le C.A. de
la CNESST à des mises en application par étapes. Ça fait qu'il n'y avait pas
lieu d'être, de reporter d'un an.
M. Vachon
(Luc) : Tout est supposé de fonctionner. N'eût été, là, du
blocus qui est arrivé avec santé et éducation, tout le reste, la CNESST est
prête, elle est supposée être prête. Tout le monde est prêt et tout le monde
s'attend à ce...
M. Vachon (Luc) :
…que ça partait en octobre.
M. Leduc : Mais qui… Là, on
comprend que le propre régime, là, santé, éducation, pour le… mais qui a poussé
le ministre à reporter d'un an l'application du régime général? Si les
associations patronales au sein de la CNESST sont prêtes, comme vous le dites.
M. Vachon (Luc) :
Je ne sais pas. Bien là, là, je ne pourrai pas répondre là-dessus, là. Je ne
peux pas répondre qui lui a demandé ou qui l'a poussé, là, je pourrais avoir
des doutes, mais…
M. Leduc : Des Hypothèses.
M. Vachon (Luc) :
Des hypothèses. Mais, tu sais, si je disais ça, ce ne serait que mon opinion,
là.
M. Leduc : O.K., mais il n'y a
pas eu de moment où vous avez entendu une association patronale x ou y dire
publiquement : Il faut reporter d'un an.
M. Vachon (Luc) :
Pas du tout, ça… pas du tout.
M. Leduc : Ça fait qu'on ne le
sait pas, ça sort d'où.
M. Vachon (Luc) :
Pas du tout.
M. Leduc : Quelle boîte de
Cracker Jack a sorti…
M. Vachon (Luc) :
Je n'ai aucune information. Jamais entendu parler que du côté des associations
patronales au C.A. la CNESST, ils ont fait une demande que ce qui avait été
convenu ne… soit reporté d'une année.
M. Leduc : On attendra l'étude
détaillée pour en savoir plus. Vous avez toute une section sur les griefs. On
n'a pas eu le temps d'en parler beaucoup avec vos prédécesseurs de la CSQ.
Pouvez-vous nous parler un peu de ce que vous voyez dans le changement, dans la
gestion des griefs, qui est proposé par le ministre dans le p.l. no 101?
M. Vachon (Luc) :
Bien, il y a des choses intéressantes là-dessus que d'ailleurs on souhaitait
depuis longtemps. Là, tu sais, la question de la conférence préparatoire, c'est
vraiment une bonne chose, la divulgation de la preuve aussi. On a proposé
certains aménagements par rapport au projet de loi sur la conférence
préparatoire, dans les délais, là, surtout dans les délais. L'idée est de
permettre d'abord… l'idée, c'est : plus la conférence préparatoire va
avoir lieu rapidement après la désignation de l'arbitre…
Le Président (M. Allaire) : Désolé,
désolé, je dois vous couper. Malheureusement, ça met fin à ce bloc d'échange
avec le deuxième groupe de l'opposition. M. le député de Saint-Jérôme, la
parole est à vous. Deux minutes, 38 secondes.
M. Chassin :
C'est les dernières deux minutes. Eh oui, exact, en fait, je vous pose la
question parce que je trouve qu'on ne va pas très loin en matière de
transparence. Moi, j'aimerais qu'en fait le ministre aille beaucoup plus loin,
notamment en termes de transparence, mais évidemment, ma perspective étant que,
comme on a, du côté syndical, une espèce de pouvoir de taxation délégué, là,
avec la… puis la… le prélèvement des cotisations par l'employeur à même les
paies, bien, avec ce pouvoir-là vient une grande responsabilité. Et donc, moi,
il me semble que puisque c'est un pouvoir quasi public, là, qui vous est
octroyé, puis… central, ça va plutôt bien, mais pour les syndicats, est-ce que
ça ne devrait pas être aussi les états financiers non seulement vérifiés, ou…
mais aussi publics, rendus publics pour l'ensemble de la population?
M. Vachon (Luc) :
Bien, non, bien, public, non parce qu'en fait, tu sais, je veux dire, n'importe
quelle association, les… je vais le nommer le CPQ ou les autres, ils ne nous
diffuseront pas publiquement les affaires, puis, s'ils organisent un cocktail
ou un gala, ils ne nous demandent pas si on considère qu'on est d'accord avec
ça, là.
M. Chassin :
Leur Financement est volontaire, par contre.
M. Vachon (Luc) :
Oui, mais… bien, oui… mais ceci dit, ce qui est important dans la transparence,
c'est que les membres sachent qu'est-ce qu'on fait avec l'argent. Donc, je le
disais dans l'introduction, à la CSD, là, dans les syndicats, dans les statuts
et règlements de chacun des syndicats, états financiers annuels présentés en
assemblée générale, l'assemblée générale annuelle, les états financiers sont
là. On a un comité de vérification interne qui est nommé. Ce sont des membres
qui ne sont pas sur le comité syndical qui vont aller faire la vérification et
qui... Et ça donne plus que ce qui serait vérifié par l'audité parce qu'ils
vont revérifier si ce qui a été payé est conforme au barème qui est déterminé
par l'Assemblée générale, l'application.
M. Chassin :
L'encadrement est déterminé déjà.
M. Vachon (Luc) :
Ce n'est pas des comptables, ce n'est pas ça. Mais ils vont regarder :
Vous avez payé ça. Exemple, le repas, si c'est 24 $, tu as-tu payé
24 $? Alors, en fonction du barème, la réponse, c'est oui, parfait. Ils
font rapport de leur vérification à l'assemblée générale.
M. Chassin :
Aux membres… à l'interne.
M. Vachon (Luc) :
Aux membres, qu'ils confirment que les états financiers qui sont présentés par
le syndicat sont conformes, puis qu'ils ont fait des vérifications puis qu'ils
peuvent attester que ça respecte.
M. Chassin :
Mais donc le public en général n'en a pas idée.
M. Vachon (Luc) :
Non.
M. Chassin :
D'accord. Ça… vous ne voyez pas là…
Le Président (M. Allaire) :
Merci. Merci. Désolé, M. le député de Saint-Jérôme. Alors, Messieurs Fortier et
M. Vachon de la CSD, merci pour votre contribution à cette commission.
Alors, la commission ajourne ses travaux
au vendredi 30 mai 2025, après les avis touchant les travaux des
commissions, où elle poursuivra son mandat. Merci, tout le monde, bonne fin de
soirée.
(Fin de la séance à 20 h 30)