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Étude des crédits du ministère
des Finances et du Conseil du trésor
(Dix-neuf heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, messieurs!
La commission permanente des finances et des comptes publics
étudiera les crédits du ministère des Finances.
Le président, c'est moi, Harry Blank (Saint-Louis). Les membres
de la commission sont: M. Bordeleau (Abitibi-Est), M. Charbonneau
(Verchères), M. Gagnon (Champlain), M. Goulet (Bellechasse), M.
Grégoire (Frontenac), M. Michaud (Laprairie), M. Parizeau
(L'Assomption), M. Raynauld (Outremont), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Guay (Taschereau), M. Jolivet
(Laviolette), M. Martel (Richelieu), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M.
Russell (Brôme-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda).
Qui va-t-on nommer comme rapporteur? Je suggérerais le
député de Laprairie.
M. Michaud: Par la force des choses, M. le Président, avec
plaisir.
Le Président (M. Blank): Par la force des choses.
M. Raynauld: En toute exclusivité. M. Michaud: Par
la force des choses.
Une voix: Par la force des choses, c'est un monopole.
Le Président (M. Blank): Oui, c'est un monopole. Sur ce,
je donne la parole au ministre des Finances.
Remarques générales M. Jacques
Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, justement je vais parler
d'un monopole, c'est-à-dire de Loto-Québec. Nous allons, en vertu
d'une entente que nous avions établie entre les représentants des
partis autour de cette table, M. le Président, commencer par examiner
Loto-Québec et ensuite nous passerons aux crédits des Finances
proprement dits, et enfin, au Conseil du trésor pour finir la
soirée.
Je voudrais simplement dire quelques mots au sujet de Loto-Québec
avant que nous abordions la discussion entre nous. La Loi de
Loto-Québec, comme on le sait, a été modifiée et,
il y a dans cette loi deux modifications majeures dans sa constitution et dans
sa structure.
D'une part, le personnel de Loto-Québec n'ap- partient plus
maintenant à la fonction publique et on reconnaît ainsi le
caractère commercial des activités de Loto-Québec.
D'autre part, Loto-Québec est dotée, pour la
première fois, d'un véritable conseil d'administration qui
comporte le président, M. Lafaille, qui m'accompagne ce soir, MM.
Dugré et Vandry, qui ont été nommés dans certains
cas il y a déjà plusieurs années pour des mandats de dix
ans, comme c'était la coutume, et, des membres qui ne sont pas à
temps plein, qui sont de véritables membres du conseil d'administration
qui ont été ajoutés, pour constituer les sept membres du
nouveau conseil d'administration, par le Conseil des ministres, mercredi
dernier, donc hier.
J'en profite pour donner leurs noms. M. Jacques Desmeules, qui
était autrefois président de la Société des
alcools; M. Messier, qui est président de Métro-Richelieu; M.
André Perreault, qui est le disquaire célèbre de
Saint-Hyacinthe; Mme Jacqueline Vézina, qui est présidente du
Salon de la femme. On notera que les quatre personnes qui ont été
ainsi nommées ont toutes une chose en commun; c'est qu'elles ont
été associées à des opérations de marketing
pour des périodes assez longues de leur vie. Il est évident que,
d'abord et avant tout, Loto-Québec se veut une entreprise commerciale et
de marketing, et qu'il était normal que le conseil d'administration
reflète cette préoccupation.
D'autre part, comme on le sait, Loto-Québec a complètement
transformé son réseau de distribution. Nous nous sommes
débarrassés de l'ancien système des concessionnaires, qui
avait ceci comme caractéristique, qu'un petit nombre de gens, en fait,
disposaient de comtés ou de marquisats de distribution des billets de
Loto-Québec et faisaient des profits considérables sans que leur
utilité soit toujours démontrée quant à la
distribution elle-même.
Nous avions fait des estimations quant aux économies que cela
pourrait représenter sur une année entière, de se
débarrasser de ce système de concessions. Le rapport de
Loto-Québec, qui est actuellement en épreuve, mais qui sera
déposé en Chambre avant la fin de la session, démontre, en
fait, que les estimations de M. Lafaille étaient exactes et que le
remplacement des concessions par le nouveau réseau de distribution aura
permis des économies sur une année entière de $8 500 000.
Compte tenu de la façon dont la plupart des anciens concessionnaires
étaient nommés, nous disposons là d'une estimation rare.
Encore une fois, il est assez rare que l'on puisse chiffrer exactement le
coût du patronage. Nous avons là un bon exemple de la
possibilité de chiffrer exactement combien cela coûte, le
patronage.
Le nouveau système de distribution, certains des anciens
concessionnaires mettaient en doute son efficacité. J'indiquerai qu'au
cours de l'année écoulée, terminée le 31 mars
dernier, les ventes de Loto-Québec se sont accrues de 20%. Les
profits,
d'autre part, se sont accrus de 17,8%, 18%, à toutes fins
utiles.
Vous me direz: Puisque les ventes se sont accrues de 20% et les profits
de 18% et qu'on a épargné $8 500 000 sur la distribution, comment
ces chiffres sont-ils compatibles les uns avec les autres? En fait, il y a eu
trois types d'augmentations de dépenses dont une est inévitable,
la seconde est déplorable et la troisième est utile. La
première cause d'augmentation des coûts a trait à
l'impression des billets. L'impression des billets, effectivement, a
considérablement augmenté, comme d'ailleurs passablement de
travaux d'imprimerie de ce temps-ci. Deuxièmement, il y a eu et
j'y reviendrai tout à l'heure une concurrence, si je peux
m'exprimer ainsi, de tous les diables entre Loto-Québec et Loto Canada
pendant la plus grande partie de l'année. Cela a impliqué,
évidemment, une augmentation des frais de publicité par
Loto-Québec au fur et à mesure que Loto Canada aussi accentuait
sa propre publicité. Troisièmement, nous avons mis en place, au
cours de l'année écoulée, les terminaux d'ordinateurs dans
un bon nombre de tabagies. La Loto-Québec commence à
s'équiper de façon que toute une série de jeux de hasard
qui n'étaient pas possibles autrefois le deviennent; une série de
lotos instantanées, une série d'opérations deviennent
ainsi possibles. Il s'agit évidemment de dépenses
considérables parce qu'il faut rééquiper la plupart des
points de vente au Québec. Cependant, étant donné que les
lotos instantanées représentent le plus gros potentiel de
croissance dans les années à venir, c'est un type de
dépense utile.
La quatrième question que je veux soulever a trait justement
à Loto Canada. Jusqu'au 31 décembre 1979, Loto Canada verse 82,5%
de ses recettes nettes pour le financement des Jeux olympiques. Après
cette date, c'est-à-dire donc dans huit mois, les recettes de Loto
Canada seront réparties entre les provinces, à moins,
évidemment, que le nouveau gouvernement décide d'abolir Loto
Canada, comme il en donnait l'indication. Enfin, de ça, on n'en est pas
encore certain. Si bien que l'intérêt direct qu'avait le
Québec à ce que les recettes de Loto Canada restent à un
niveau relativement important, cet intérêt direct disparaît
au 31 décembre 1979, dans huit mois. Il est donc très important
que Loto-Québec soit en mesure de prendre le maximum de place à
partir du 31 décembre 1979 sur le marché des loteries au
Québec.
Nous avons...
M. Raynauld: ... information, M. le Président, sur Loto
Canada, c'est 82,5%, plus la part des ventes qui se faisaient au
Québec?
M. Parizeau: 82,5%...
M. Raynauld: Plus 12,5% qui étaient versés...
M. Parizeau: Oui, 12,5%, d'accord, oui. Mais sauf que les 12,5%
pourraient demeurer ou non après le 1er janvier, mais une chose est
claire, c'est que l'affectation de 82,5% disparaît.
Il y a donc eu, tout au cours de 1978, comment dire? des tractations et
une concurrence très directe entre les lotos provinciales et Loto
Canada, à partir du moment où il est devenu clair que Loto Canada
ne disparaîtrait pas après le 31 décembre 1979 et
continuerait de fonctionner. Cela s'est manifesté par la concurrence
dont je parlais tout à l'heure, mais cela a abouti à un accord
entre le gouvernement fédéral et les provinces, en vertu duquel
les lotos de $10 et plus sont réservées à Loto Canada et
les loteries de moins de $10 sont réservées aux provinces.
D'autre part, les deux parties s'entendent pour plafonner les
dépenses de publicité, qui commençaient à atteindre
des niveaux relativement importants. Dans ce sens, il est possible que... Je
dis: II est possible, simplement parce que nous n'avons pas encore les chiffres
pour savoir dans quelle mesure cet accord spécifique est
respecté. Mais il est possible que cet accord puisse tenir, advenant
bien sûr que le nouveau gouvernement décide de poursuivre Loto
Canada. Mais il n'en reste pas moins que le problème va se poser,
singulièrement à partir du 1er janvier 1980, de savoir quelle
place Loto-Québec occupe dans le champ des loteries au Québec. Il
est évident que nous nous organisons de façon que ce champ soit
le plus grand possible, par rapport à Loto Canada.
La dernière question que je veux aborder, M. le Président,
les casinos. Parmi les questions dont Loto-Québec s'est occupée
au cours de l'année, il y a un rapport qui a été
déposé à l'Assemblée nationale au sujet des
casinos. Il y a déjà un bon bout de temps que l'on discute de
cette question au Québec et j'ai demandé à
Loto-Québec de nous préparer un rapport aussi exhaustif et aussi
précis que possible, qui a été déposé
à l'Assemblée nationale pas au complet bien sûr, en ce sens
que certaines annexes de police faites par la CUM, par la Sûreté
du Québec avaient des implications telles sur la réputation de
gens ou des choses comme ça que ça pouvait servir à guider
son jugement mais il n'était pas question de rendre ces choses
publiques.
Tel que j'ai eu l'occasion, avec M. Lafaille, de l'exprimer à une
conférence de presse le 5 avril, les conclusions de ce rapport sont
très nettes et très claires, c'est-à-dire que, dans une
grande ville, par exemple, Montréal, si le casino est privé, les
promoteurs privés de ce casino peuvent faire beaucoup d'argent. Mais un
casino, dans une grande ville comme Montréal, implique des coûts
publics sur le plan de la surveillance, du contrôle de la police, qui
sont à peu près aussi élevés que les profits que
les intérêts privés pourraient faire. (19 h 45)
Alors, il est exact de dire que, si le casino est privé, les
promoteurs feront beaucoup d'argent, ils feront beaucoup d'argent uniquement
pour une raison, c'est que la société, les contribuables paieront
les frais afférents à ça et que, si c'est
contrôlé par l'État, il n'y a pas d'argent à faire
là-dedans.
D'autre part, il est très clair aussi que, dans une grande ville,
l'établissement d'un casino implique une augmentation de la
criminalité qui me semble à ce point démontrée que
j'ai annoncé, aussi clairement qu'il était possible, que, dans
mon esprit, les casinos, il ne devait pas y en avoir à Montréal
ou enfin dans les grandes villes du Québec. J'ai demandé à
Loto-Québec de poursuivre son étude, cependant, sur un autre type
d'hypothèse qui ne présente pas, du point de vue de la
criminalité ou de l'ordre public, le même genre de risques ou, en
tout cas, qui présente des risques beaucoup plus contrôlables,
c'est-à-dire l'établissement de casinos dans des régions
touristiques, où la surveillance est infiniment plus facile à
exercer.
Alors, je tiens simplement à conclure, étant donné
l'agitation qu'il y a depuis quelques semaines autour de cette question, que,
quand, par exemple, des gens de groupes d'intérêts de
Montréal me demandent une réponse d'ici le 31 mai, la
réponse est donnée depuis le 5 avril. Pour autant que je suis
concerné, il n'y aura pas de casino à Montréal.
Voilà à peu près, M. le Président, ce que je
voulais dire sur Loto-Québec, ses activités directes et
annexes.
Loteries et casinos
M. Goulet: M. le Président, le ministre nous a
mentionné qu'il y avait une économie de quelque $8 millions dont
le nouveau système de distribution des billets de Loto-Québec
était responsable, c'est-à-dire le système est responsable
de cette économie. Ce que je veux savoir, c'est qu'au niveau des profits
nets, des sommes versées au je ne sais pas si je peux appeler
ça de cette façon pas au trésor public, mais est-ce
que les bénéfices nets de Loto-Québec sont remis à
la province?
M. Parizeau: $86 millions.
M. Goulet: L'an passé, la dernière année
complète, avec l'ancien système?
M. Parizeau: $73 millions.
M. Goulet: C'est pour une année complète?
M. Parizeau: Ce sont les chiffres qui vont être
déposés en Chambre dans le rapport annuel de Loto-Québec.
Il le sera...
M. Goulet: Versés au trésor public?
M. Parizeau: C'est ça.
M. Raynauld: Au 31 mars 1979?
M. Parizeau: Oui.
M. Raynauld: Ce sera de combien?
M. Parizeau: $86 000 151.
M. Raynauld: C'est pour une année complète. La
première année et...
M. Parizeau: $73 000 338.
M. Goulet: Je ne comprends pas pourquoi vous dites...
M. Raynauld: On a $74 millions dans le rapport.
M. Goulet: Oui.
M. Raynauld: ... les revenus nets d'exploitation...
M. Parizeau: Si vous prenez les revenus nets d'exploitation, oui:
$74 000 452.
M. Raynauld: Remises au cours de l'exercice, ce sont les remises
à l'État.
M. Goulet: Les remises à l'État, c'est ça...
Les deux années comparatives, M. le Président. Je veux demander
au ministre...
M. Parizeau: La seule différence, c'est quelques centaines
de milliers de dollars, parce que les remises de Loto-Québec ne sont pas
instanter.
M. Goulet: Mais est-ce qu'on a des chiffres comparatifs? Vous
dites qu'il y a $8 millions de différence entre le nouveau
système et l'ancien système.
M. Parizeau: $8,5 millions.
M. Goulet: $8,5 millions de différence. Mais je veux
savoir, une fois tout payé, ce que ça a coûté, ce
qu'on remet à la province; la différence entre les deux
années, c'est $13 millions?
M. Parizeau: C'est exactement ça, c'est $13 millions. $13
millions de plus. Vous aviez $73 millions ou $74 millions, selon la mode de
calcul ou des remises, à $86 millions.
M. Goulet: C'est-à-dire qu'en plus de l'économie,
votre économie de $8 millions de différence, votre coût de
distribution...
M. Parizeau: Cela entre dans les coûts de production, dans
les dépenses. Or, si on prend leur système de distribution, si la
société vous verrez ça dans le rapport annuel,
encore une fois, ça sera sorti dans quelques jours si le tout
Québec avait conservé l'ancien système de distribution,
les frais d'escompte aux distributeurs auraient été de $14
millions ou même de $15 200 000 si on avait gardé les taux en
vigueur avant décembre 1976.
Le nouveau système de distribution n'a pas coûté $14
millions ou $15,2 millions; il a coûté $4,5 millions. Cela fait
$9,5 millions de différence. Cependant, le nouveau système a
augmenté certains frais d'administration du bureau principal. Cette
augmentation des frais d'administration au bureau principal est d'à peu
près $950 000. Le résultat c'est que l'économie nette
entre l'ancien système et le nouveau système de distribution est
de $8 550 000. Ou si on veut utiliser les taux qui étaient en vigueur
avant décembre 1976, de $9 750 000. Ce système était
basé essentiellement sur le patronage. On a remplacé en somme une
machine qui nous aurait coûté $14 millions par une machine qui
nous coûte $5 500 000.
M. Goulet: Mais au niveau de l'efficacité, même en
comparant cette année avec l'an passé, on a $13 millions de plus
de bénéfices nets.
M. Parizeau: Au niveau de l'efficacité d'un système
de distribution...
M. Goulet: Indépendamment du chiffre de vente, tant mieux
si on a augmenté le chiffre d'affaires, mais dans le
bénéfice net qu'on remet au trésor public, il y a une
différence de $13 millions.
M. Parizeau: $13 millions.
M. Goulet: C'est ce que je veux savoir, ça répond
très bien à ma question. Juste une très courte question au
niveau...
M. Parizeau: Je m'excuse, M. le Président, j'espère
que le député de Bellechasse me permettra ce léger trait
d'ironie. Donc, il y a des sociétés d'État qui,
effectivement, non seulement font de l'argent, mais en font de plus en
plus.
M. Goulet: Celles qui ont l'exclusivité, oui. Celles qui
ont l'exclusivité, la Régie de l'alcool,
Loto-Québec...
M. Parizeau: Le monopole, paraît-il, endort... Ce que
j'essaie de souligner, c'est qu'il y a des monopoles très
éveillés.
M. Goulet: Je comprends, la Régie des alcools... Au niveau
de la publicité de Loto-Québec, il y avait eu des plaintes
à un moment donné, à savoir qu'il y avait peut-être
un peu trop de publicité. On aurait aimé que sur chaque billet de
Loto on puisse mentionner les chances qu'on avait de gagner ou encore, à
l'intérieur des messages télévisés, qu'on puisse...
Est-ce que cette éventualité-là a été
étudiée?
M. Parizeau: M. le Président, ça n'a pas
été seulement été étudié, c'est
maintenant en vigueur. Ainsi, par exemple, si on prend la publicité de
Loto-Tourisme, le dernier né des jeux de Loto-Québec, vous voyez
très clairement: Loto-Tourisme, une chance sur quatre de
découvrir un trésor caché. C'est comme ça que la
publicité est faite. Vous avez ici toutes les échelles, les
chances de gagner sont établies clairement sur une...
M. Goulet: Pour la Mini, l'Inter et la Super, est-ce que cela a
été fait?
M. Parizeau: On me dit que ça se fait au fur et à
mesure que le produit est renouvelé.
M. Goulet: C'est-à-dire les nouveaux billets. M.
Parizeau: Oui.
M. Goulet: Au niveau de la publicité à la
télévision, est-ce qu'à un moment donné il en sera
question ou si c'est encore tout le monde qui gagne... C'est tout le monde qui
gagne encore, au niveau de la publicité?
M. Parizeau: Non, je pense que la question d'une chance sur
quatre a été très répandue.
M. Goulet: Ne changez pas de sujet. Vous parlez de Loto-Tourisme,
je parle de la Mini, de l'Inter et de la Super.
M. Parizeau: Au fur et à mesure où le produit est
modifié, forcément on réintroduit...
M. Goulet: Les gros vendeurs, les très très gros
vendeurs, ce sont encore, je présume, la Mini, l'Inter et la Super?
M. Parizeau: Mini, Inter et Super sont, en termes de marketing,
des produits vieux. La 6/36 monte beaucoup plus rapidement. Les loteries
instantanées, alors là, c'est explosif. Il y a des
réussites absolument phénoménales avec "les gratteux", par
exemple, ou des trucs comme ça. On a eu un succès énorme.
C'est comme dans n'importe quel type de production. Vous avez des produits qui
mûrissent, des produits, parce qu'ils sont relativement jeunes, qui
avancent très rapidement. On me donne le renseignement suivant: d'une
année à l'autre on est passé de $4 millions à $40
millions de vente pour ce qui est des loteries instantanées. Il est
évident que l'avenir est là. C'est d'ailleurs la raison pour
laquelle je n'avais aucune espèce d'objection à pousser aussi
fort que je pouvais sur l'entente que nous avons signée avec Loto
Canada.
Je suis persuadé que Loto Canada se cantonne dans un produit
mûri qui va avoir de moins en moins d'avenir par rapport aux loteries
instantanées. C'est pour ça qu'il était tellement
important qu'on gagne la bataille des tabagies pour les ordinateurs. Loto
Canada a pensé la gagner en sautant par dessus l'étape des
soumissions publiques, nous nous sommes entendus avec l'Ontario, joli exemple
d'association d'ailleurs, nous sommes allés en soumission et on a
néanmoins gagné la bataille des ordinateurs. C'est à
partir du moment où on a gagné la bataille des ordinateurs que le
gouvernement fédéral a accepté de signer.
À cet égard d'ailleurs, je dois rendre hommage à M.
Lafaille et à son personnel qui ont livré une bataille
éclatante.
M. Goulet: J'aurais une autre question sur les casinos, mais je
pense que le député de Laprairie...
M. Michaud: Concernant les billets, si vous vous rappelez, M. le
ministre, en Chambre, le député de Laval vous avait
suggéré de rendre les billets de loterie unilingues
français. Est-ce que vous avez fait une étude à ce
sujet?
M. Parizeau: Oui. Le député de Laval avait
semblé indiquer que, possiblement, il était illégal de
mettre de l'anglais sur les billets de loto. Nous avons vérifié
et, effectivement, il est toujours légal de mettre de l'anglais sur les
billets de loto. Je ne peux donc pas me ranger à la suggestion du
député de Laval.
M. Goulet: Je pense que le président aimerait intervenir.
Est-ce qu'on peut lui permettre, M. le ministre?
M. Parizeau: Je pense que ce serait tout à fait, comme il
le dirait lui-même, "proper".
M. Goulet: Quand ça va dans les poches, pas de
problème, l'anglais, c'est bon.
M. le Président, au niveau des casinos, suite au rapport sur
l'implantation de casinos au Québec, le ministre rejette
carrément l'approche américaine d'exploitation de ces
établissements au Québec. Concernant l'implantation des casinos,
ce qui nous avait été suggéré au niveau du projet
du paquebot France, par exemple, du projet du stade olympique, le RIO et
l'autre projet du groupe français dont je n'ai jamais été
capable de prononcer le nom, est-ce qu'on doit conclure que
définitivement...
M. Parizeau:...
M. Goulet:...
M. Parizeau: Ce sont des Arabes.
M. Goulet: Quel était l'autre groupe français? On
se comprend... Est-ce qu'on doit conclure que ces projets sont
définitivement écartés?
M. Parizeau: Dans mon esprit, oui. Je pense qu'il ne serait pas
responsable, compte tenu de l'expérience observée, aussi bien
dans de vieilles régions de casinos, comme dans des régions
nouvelles comme Atlantic City, sur le plan de l'augmentation de la
criminalité, de faire en sorte que dans une ville de 2 500 000
habitants, on autorise l'implantation d'un grand casino d'exploitation
commerciale. Je pense que les expériences qui ont été
faites ailleurs sont tout à fait probantes à cet
égard.
Il est évident que dans certaines très grandes villes, on
arrive à limiter la criminalité en restreignant certaines
opérations de casinos à une clientèle très riche et
très choisie. Il y a certaines grandes villes qui ont fait cette
expérience, mais ce dont on parle à Montréal à
l'heure actuelle, ce n'est pas ça du tout, c'est un très grand
casino ouvert très largement à tout le monde et, à cet
égard, l'expérience des autres grandes villes, à mon sens,
est tout à fait probante. Je ne vois pas comment, sur la base des
observations qui ont été faites ailleurs, on pourrait laisser
filer le projet du France. Cela me paraît irresponsable.
M. Goulet: D'accord.
M. Raynauld: Si c'est une question de criminalité, il y a
tant de différence entre un casino en région et un autre à
Montréal?
M. Parizeau: Sur le plan de la surveillance policière,
ça fait une très grosse différence. Dans un petit centre
touristique, il y a moyen de surveiller les va-et-vient, de savoir qui passe et
qui ne passe pas, qui entre et qui n'entre pas, qu'on ne peut pas avoir dans
une grande ville. C'est tout à fait différent, sur le plan du
travail de la police.
M. Goulet: Dans le je ne sais pas comment on l'appelle
livre vert, d'après moi, c'est un livre vert...
M. Parizeau: Non, entendons-nous bien, ce n'est ni un livre vert,
ni un livre blanc, ni un livre rose, c'est un rapport demandé par le
ministre des Finances à une société d'État qui
relève de lui. (20 heures)
M. Goulet: Dans ce rapport préparé par un groupe de
Loto-Québec, on parlait d'un certain rapport des officiers de la
Sûreté du Québec. Est-ce que ce rapport sera
déposé incessamment?
M. Parizeau: Non. J'ai indiqué à l'Assemblée
nationale...
M. Goulet: Qu'il ne le sera pas.
M. Parizeau: À la fois pour le rapport de la CUM
j'ai eu deux rapports, un de la CUM et un de la Sûreté du
Québec et pour celui de la Sûreté, il y a des
allusions à ce point spécifique à des situations, à
des circonstances ou à des personnes qui sont telles que ce ne serait
pas pensable qu'on dépose cela publiquement.
D'un autre côté, il est évident qu'il faut avoir ces
rapports de la police, pour savoir à quoi s'en tenir. Je pense que non
seulement ce ne serait pas dans l'intérêt public, mais ce ne
serait pas correct.
M. Goulet: Au niveau des rapports qui ont été
préparés par les organismes tels que Paquebot Groupe qui faisant
la promotion du paquebot France et RIO, et ces choses-là, les rapports
économiques de rendement de ces casinos, est-ce que ces rapports
pourront être déposés éventuellement?
M. Parizeau: Ils l'ont été, attention. M.
Goulet: Ils l'ont été?
M. Parizeau: C'est-à-dire que les études qui ont
été faites... Dans le rapport qui a été
déposé à l'Assemblée nationale, il y a l'examen de
chacune de ces options, l'hypothèse Campeau, l'hypothèse RIO,
l'hypothèse France. Cela se trouve dans le rapport.
M. Goulet: Au niveau du rendement économique comme tel
pour une province, vous l'avez?
M. Parizeau: Oui, je comprends. Et ce à quoi on arrivait
finalement, c'était à ceci, que, dans les meilleures
hypothèses, on pouvait effectivement imaginer qu'un casino
installé dans une grande ville comme Montréal puisse faire un
profit annuel de l'ordre par exemple de $60 millions ou $75 millions, c'est
tout à fait pensable, que les coûts de surveillance, les
coûts sociaux associés à un tel projet augmentaient
à peu près comme les profits. On fait $20 millions de profit dans
certaines circonstances, et on a à peu près $20 millions de
surveillance policière. On arrive au stade ultime, $60 millions ou $75
millions, et on a à peu près les mêmes coûts
sociaux.
Pour un gouvernement, ce n'est absolument pas payant. Il ne faut surtout
pas s'imaginer qu'avec un casino installé sur le France, par exemple,
à Montréal, et possédé par le gouvernement, le
gouvernement va faire de l'argent. Il va entrer de l'argent et il va sortir de
l'argent. Il va payer pour la police et il va recevoir les profits. Evidemment,
si cela appartient à des intérêts privés et qu'ils
font payer par le contribuable tous les frais de surveillance, pour eux, c'est
payant. On me dit que j'exagère en disant de $60 millions à $75
millions. C'était $55 millions, à peu près, ce à
quoi on arrivait, comme possibilité de profits, pour un ensemble de
casinos, basés sur l'hypothèse du France.
M. Goulet: Si je comprends bien, il y a une équipe qui est
chargée de continuer à étudier ce dossier, de façon
à trouver une formule spécifiquement
québécoise.
M. Parizeau: Oui, et applicable entendons-nous bien
au cadre du développement touristique en région. L'étude
se poursuit, mais sur un mandat beaucoup plus étroit.
M. Goulet: Si je me souviens bien, le ministre avait
employé l'expression, sauf erreur, j'espère que je traduirai son
idée, que le rapport devrait nous être soumis à court
terme, ou quelque chose comme cela. C'est un genre de rapport qui
démontrerait quelque chose de spécifique pour le Québec,
que cela devrait nous être proposé... Vous n'avez pas
employé "à court terme"?
M. Parizeau: Non, j'avais même été
spécifique là-dessus, probablement en février ou mars
1980. Je ne me souviens pas si c'était à l'Assemblée
natio- nale ou à la conférence de presse que j'ai dit cela. Il
faudra vérifier à quel endroit je l'ai dit.
M. Goulet: Mais cela ne sera pas avant février ou mars
1980?
M. Parizeau: Février ou mars 1980.
M. Goulet: C'est vraiment ma dernière question, M. le
Président. Le ministre répondra s'il le veut bien. Est-ce que le
ministre préconise une formule qui irait vers l'entreprise
privée, une formule mixte, ou seulement une formule où l'Etat
serait, comme dans le domaine de Loto-Québec comme tel, le seul...
M. Parizeau: Si j'ai un préjugé favorable, c'est
dans le sens de casinos qui sont vraiment gérés par l'Etat. La
recommandation du rapport était à cet effet et, d'autre part,
là encore, beaucoup d'expériences qui ont été
faites ailleurs m'amènent à cette conclusion. S'il y a des
casinos au Québec, ils seront gérés par l'Etat. Ils ne
seront pas privés.
M. Goulet: Une formule mixte, non? Ce n'est pas pensable non
plus? Est-ce qu'il y a eu des études?
M. Parizeau: Oui. Le rapport dont nous parlons fait longuement
allusion à cette question.
M. Goulet: La formule mixte, il n'en est pas question non
plus?
M. Parizeau: La formule mixte, dans le sens où, par
exemple je ne sais pas un restaurant peut être donné
à concession, oui, bien sûr; un restaurant du casino. Si on parle
d'une formule mixte dans le sens de je ne sais pas une salle de
spectacle où il y a un restaurant à côté, oui. Si on
entend par une formule mixte quelque chose comme cela, je ne tiens pas
particulièrement à ce que le gouvernement gère des
restaurants partout, vous savez.
M. Goulet: Oui. Ce n'était pas tellement le sens que je
voulais donner à ma question. Le casino lui-même?
M. Parizeau: Le casino lui-même mixte? Non.
M. Raynauld: Pas des restaurants, mais des casinos.
M. Parizeau: Pardon?
M. Raynauld: Pas des restaurants, mais des casinos.
M. Parizeau: Non, mais parce que cela ne pose pas du tout le
même problème en termes de surveillance.
M. Goulet: Je n'aime pas cela quand vous dites je me
permets, M. le Président je n'aime
pas cela quand un ministre ou quelqu'un nous parle d'un
préjugé. Un préjugé veut dire qu'on ne donne pas la
même objectivité à l'étude d'un dossier qu'on
devrait lui donner.
M. Parizeau: Non, mais parce que...
M. Goulet: Si je pars avec un préjugé, qu'il soit
favorable ou non, je ne donne pas chance égale aux deux.
M. Parizeau: Alors, M. le Président... M. Goulet:
C'est une remarque.
M. Parizeau: ... au lieu de comment dire? faire, de
pratiquer une fausse humilité, quand je parle de préjugé,
j'ai l'impression justement comment dire? de ne pas me claquer
les bretelles. Puisque le député de Bellechasse insiste, je vais
reformuler autrement en me claquant les bretelles. Après avoir
longuement considéré la question, y avoir réfléchi,
y avoir lu pas mal de choses sur la question, j'en suis arrivé à
la conclusion qu'il fallait que ce soit public. Cela va? Cela fait plus
ministériel, si vous y tenez, mais cela revient à la même
chose.
M. Goulet: Cela veut dire que probablement en février, ou
en mars, ou à l'été prochain, on pourra peut-être
aller jouer au premier casino dans le bout de Charlevoix ou dans le bout de
Bellechasse, mais pas dans les grands centres.
M. Parizeau: On ne jouera pas en février et en mars. Le
rapport sera présenté en février ou en mars.
M. Goulet: L'été prochain, j'ai dit.
M. Parizeau: L'été prochain, là. Comme
pourrait dire notre président, on va franchir les ponts l'un
après l'autre?
M. Goulet: M. le Président, on peut dire qu'il y aura
éventuellement des casinos au Québec qui seront
gérés par l'Etat essentiellement. Ils seront situés dans
des régions à faible densité de population. Non?
M. Parizeau: Je n'ai pas dit cela. M. Goulet: Vous n'avez
pas dit cela.
M. Parizeau: II semble dans le rapport général,
dans le rapport principal qui m'a été présenté,
qu'effectivement, comme support d'une industrie touristique régionale,
cela peut être intéressant. J'ai donc demandé un
deuxième rapport qui s'adresse à cela. On va le voir et là
on regardera. Ce que le rapport principal a permis d'enlever du chemin dans une
première étape, c'est Montréal, Québec et les
grands centres. Il reste à voir cet aspect du casino beaucoup plus
petit, mais ser- vant de support, pas pour faire de l'argent encore une
fois, il n'y a pas d'argent, pour l'Etat, à faire là-dedans
mais servant de support additionnel à un centre touristique
existant. C'est à voir, on va attendre le rapport et on passera à
l'étape suivante, un pont après l'autre.
M. Goulet: II y a au moins deux choses qui sont claires. Ce ne
sera pas à Québec, ni à Montréal. S'il y en a, ce
sera à l'Etat à 100%.
M. Parizeau: Sûrement.
M. Goulet: Parfait. Au moins, c'est un ...
M. Parizeau: Cela s'en vient dans l'entonnoir.
M. Michaud: Mais cela pourrait être à
Montréal occasionnellement, si on fait comme on a déjà
fait, pas la série mondiale, mais s'il arrivait ici à l'occasion
de la série mondiale, à l'occasion de la Coupe Grey, à
l'occasion d'une activité comme celle-là, cela pourrait
être un casino forain qu'on pourrait avoir à l'Exposition de
Québec et à l'Exposition de Trois-Rivières.
M. Parizeau: Non. Nous avons eu une expérience de casino
forain. Au Québec, jusqu'à maintenant, cela a été
le casino de la Coupe Grey. Une chose est apparue clairement à la suite
de cela sur la base des rapports de police de la CUM. C'est qu'il s'est
passé à cette occasion des choses qu'on ne voudrait probablement
pas répéter ailleurs. A la suite de cela, j'ai gelé la
vingtaine de demandes qui m'avaient été faites pour des casinos
de même type ailleurs qu'au Québec. Il n'y a pas eu d'autres
permis d'émis depuis ce temps.
Deuxièmement, j'ai demandé à Loto-Québec de
me préparer un rapport sur la rentabilité de casinos forains
administrés par Loto-Québec. Il est apparu clairement que, si on
veut avoir une structure permanente de croupiers, d'installations physiques
mobiles administrées par Loto-Québec et se
déplaçant d'une ville à l'autre, d'un casino forain
à l'autre, ce n'est pas rentable. Non seulement ce n'est pas rentable
pour le gouvernement, mais ce n'est même pas rentable pour la plupart des
organismes qui voudraient s'en servir. Dans ces conditions, je pense qu'il n'y
a pas d'avenir pour les casinos forains. D'une part, on ne peut pas laisser
cela à des initiatives locales aussi bardées de bonnes intentions
qu'elles soient, parce que ceux qui ont de bonnes intentions sont assez
rapidement remplacés par d'autres qui en ont de moins bonnes et, d'autre
part, si on demande à Loto-Québec de se gréer d'un certain
nombre de camions chargés d'équipement et de croupiers permanents
qui circulent d'un casino forain à l'autre, ce n'est manifestement pas
rentable. Lorsque, tout à coup, la moralité et la
rentabilité se trouvent du même côté, la conclusion
est claire.
M. Goulet: Est-ce que l'Association des hôteliers a fait
pression auprès de votre cabinet pour...
M. Parizeau: Par la voie des journaux, oui. Je lis cela avec
intérêt.
M. Goulet: Seulement par la voie des journaux.
M. Parizeau: Je n'ai pas eu d'autre contacts avec ces gens, sauf,
évidemment, qu'ils me demandent...
M. Goulet: C'est comme cela qu'on l'a appris nous aussi.
M. Parizeau: ... une réponse pour le 31 mai que je crois
leur avoir donnée clairement le 5 avril, mais ils n'ont pas eu de
contact.
M. Goulet: Cela va, M. le Président.
M. Raynauld: Concernant Loto-Québec, je ne voudrais pas
revenir sur les mêmes sujets que ceux qui viennent d'être
soulevés. Le rapport de la société est habituellement
vérifié par le vérificateur.
M. Parizeau: Oui.
M. Raynauld: Dans le bilan de l'année 1978, le rapport du
vérificateur n'était pas inclus dans le rapport.
M. Parizeau: Je m'excuse, mais cela avait tout été
expliqué. Dans le rapport de 1977/78, on indique à la
dernière page qu'au moment où le rapport a été
publié, le rapport du Vérificateur général n'avait
pas encore été reçu. C'est indiqué. "Au moment de
confier ce rapport annuel à l'imprimeur, la direction de la
société n'avait pas reçu le rapport officiel du
vérificateur. Ce rapport sera encarté dans ce rapport annuel
dès qu'il sera disponible. On pourra aussi en prendre connaissance en
consultant le rapport annuel du Vérificateur général."
Dans le rapport annuel du Vérificateur général,
effectivement, cela apparaît.
M. Raynauld: M. le Président, si je pose la question,
c'est...
M. Parizeau: Je peux dire que, pour cette année,
cependant, le rapport qui sera déposé dans quelques jours
comporte le certificat du Vérificateur général.
M. Raynauld: C'est parce qu'il me semble qu'il ne faudrait pas
établir la tradition que les rapports annuels ne comportent plus les
rapports du vérificateur, parce que ce sont quand même des choses
qui nous aident. Si on avait celui de 1978/79 quand on étudie les
crédits de 1979/80, ce serait drôlement utile. Tout ce qu'on
pourra faire pour que ces documents soient publiés en même temps
aidera beaucoup.
Pour ce qui concerne ce que j'ai vu dans ce rapport-ci, je suppose
qu'à peu près aucune de ces remarques ne s'applique, étant
donné le changement dans la société l'année
passée.
M. Parizeau: Je vais répondre aux deux aspects de la
question. Mon problème est le suivant, M. le Président: Dans le
cas d'un bon nombre de sociétés d'État, la loi m'impose,
comme ministre responsable, de déposer en Chambre, dans des
délais prescrits, des rapports annuels. (20 h 15)
D'autre part, si le rapport du vérificateur n'est pas prêt
et qu'on attend après pour sortir les rapports annuels, les rapports
annuels peuvent sortir très tard. Exemple: L'an dernier on a sorti le
rapport 1977/78 le 2 novembre. Cela veut dire six mois après la fin de
l'année financière. Le rapport du vérificateur
n'était toujours pas entré. Qu'est-ce que je fais, moi?
Là, c'est vraiment Charybde en Scylla, je dois normalement
déposer cela le plus tôt possible après la fin de
l'année fiscale, enfin, la fin de l'année financière de la
société et, d'autre part, je n'ai pas le rapport du
vérificateur. Remarquez que, cette année, cela va, je pense,
beaucoup mieux. On arrive à sortir les rapports très rapidement
et, d'autre part, on a aussi le rapport du vérificateur. Tant mieux. Et
tout ce que je vais signaler ici, c'est que, comme disait un de mes
collègues, cela en prend deux pour danser le tango. La date de sortie du
rapport des vérificateurs, je n'ai pas de contrôle
là-dessus. Quand on peut avoir les deux... L'idéal,
évidemment, c'est d'avoir le rapport du vérificateur tôt,
le rapport financier tôt et de le présenter à
l'Assemblée nationale le plus tôt possible. Je pense que, cette
année, c'est mieux.
Deuxième question, pour ce qui a trait à des remarques de
l'an dernier du Vérificateur général, évidemment,
les circonstances ont considérablement changé. Je pense ici, par
exemple, aux réflexions qu'il fait sur la destruction des billets de
Loterie instantanée hockey; c'était l'ancienne administration et
cela a été, comment dire, un des aspects les plus discutables de
cette ancienne administration que ce contrat de billets de hockey qui a
dû être annulé parce que le travail était mal fait,
parce que c'est sorti beaucoup trop tard.
M. Raynauld: Par exemple, les engagements personnels. Pour les
paiements aux agences de placement pour les travailleurs occasionnels ou
surnuméraires, est-ce que c'est encore la même règle qui
s'applique ou si c'est changé depuis?
M. Parizeau: Cette question, maintenant, est
réglée, compte tenu du fait que la loi, les articles de la loi
pertinents ont été promulgués en février, que les
règlements de la société ont été
promulgués aussi; c'est ce mois-ci, cela ne fait que quelques semaines;
maintenant, le problème est réglé. Le vérificateur
conseille aussi un conseil d'administration; je viens de l'annoncer.
M. Raynauld: J'ai vu cela.
M. Parizeau: On peut rapporter progrès.
M. Raynauld: Sur le nouveau système de distribution qui
semble être très efficace, est-ce qu'il y a beaucoup de
changements dans les organis-
mes sans but lucratif qui envoient des annonces presque continuellement
pour les postes qui deviennent disponibles, qui sont périodiquement
remplis? Est-ce qu'il y a beaucoup de roulement là-dedans, est-ce qu'il
y a beaucoup de changement?
M. Parizeau: Écoutez, je voudrais ici établir une
distinction entre deux choses. Cela va me donner l'occasion de dire quelques
mots sur le système, sur la liaison entre Loto-Québec et les
organismes à but non lucratif. Loto-Québec a consacré
maintenant, a réservé tout le champ de la Lotomatique aux
organismes sans but lucratif. C'est donc le système d'abonnement aux
jeux de Loto-Québec. Il y a actuellement 178 organismes qui participent
à ce système de Lotomatique. La liste de ces organismes va
apparaître dans le rapport de Loto-Québec dont je parlais tout
à l'heure, la liste complète, tous les noms des organismes sans
but lucratif. Quand on regarde la performance de chacun d'entre eux, il est
évident qu'il y en a qui ont une performance assez faible et d'autres,
une performance brillante, mais, évidemment, il faut s'y attendre, cela
dépend de chacun, chacun doit se grouiller un peu. Il y en a qui sont
allés chercher pas mal d'argent avec cela et d'autres, beaucoup moins.
Il est possible que, parmi ceux qui se rendent compte ou bien que cela ne les
intéresse pas de continuer à poursuivre cela, ou que cela ne les
paie vraiment pas assez, ils lâchent à un moment donné.
Quant aux kiosques, c'est tout à fait autre chose; autrefois les
kiosques étaient répartis, certains d'entre eux sont assez
lucratifs, sur des bases qui dégageaient des profits qu'on peut
considérer comme excessifs puis dans d'autres cas étaient le
résultat de pur favoritisme quant à l'affectation elle-même
des kiosques. La société a procédé graduellement
aux transferts, au fur et à mesure où les baux venaient à
échéance, et c'est pour cette raison qu'on voit tellement
d'annonces. Chaque fois qu'un bail de kiosque vient à
échéance, on transfère le kiosque à un organisme
sans but lucratif. Actuellement, la majorité des kiosques a
déjà fait l'objet d'entente avec des organismes sans but
lucratif, et d'ici quelques mois, cela va être la quasi-totalité.
Encore une fois, dès qu'un bail de kiosque vient à
échéance, on le transfère à un organisme sans but
lucratif.
Chaque fois qu'un bail se dégage, on l'annonce dans les
journaux.
M. Goulet: Pour les kiosques?
M. Parizeau: Pardon?
M. Goulet: Pour les kiosques?
M. Parizeau: Pour les kiosques. Dès qu'un bail vient
à échéance, on annonce dans les journaux s'il y a des
organismes sans but lucratif qui veulent s'en occuper.
M. Raynauld: Ces kiosques sont attribués à des
organismes sans but lucratif après des soumissions, quelle est la
formule?
M. Parizeau: II y a une série d'organismes sans but
lucratif qui se sont mis en position d'attente, qui ont indiqué leur
intention, dès qu'un bail viendrait à échéance.
Est-ce qu'on pourrait demander à M. Lafaille d'expliquer cela?
Alors, lorsque les baux viennent à échéance, nous
avisons toutes les associations qui ont manifesté de
l'intérêt pour administrer des kiosques, nous leur faisons
parvenir les endroits, les locations des kiosques en question et des
informations pertinentes sur les revenus des kiosques en question et nous
demandons aux associations si elles sont intéressées à
administrer ces kiosques. Certaines associations manifestent leur
intérêt parce qu'évidemment un kiosque à Chicoutimi,
les associations de Montréal ne sont pas intéressées,
alors il y a uniquement les associations de Chicoutimi qui vont manifester de
l'intérêt et donc nous dire qu'elles sont
intéressées. Nous rencontrons, à ce moment, toutes les
associations intéressées et, jusqu'à présent, il a
été très facile d'attribuer aux associations les kiosques
qui les intéressaient. Il n'y a pas eu de conflit jusqu'à
présent. Lorsqu'il y avait deux associations intéressées,
on a toujours réussi à donner un kiosque à une association
et un kiosque dans un autre centre commercial voisin à l'autre
association intéressée.
En somme, jusqu'à présent, la distribution des kiosques se
fait à l'amiable entre les associations et Loto-Québec, dans
l'éventualité d'un conflit, par exemple, où il y aurait
deux associations intéressées à un kiosque et qu'il y
aurait impossibilité de satisfaire les deux associations, ce qu'on a
prévu, c'est simplement d'attribuer le kiosque au hasard, de faire un
tirage entre les deux associations et de l'attribuer à l'association
chanceuse.
M. Raynauld: Pour les kiosques dans les endroits
intéressants, comme à Montréal, Place Ville-Marie, Place
Desjardins, la gare centrale, des endroits de ce genre, il n'y a pas eu de
concurrence.
M. Parizeau: Je ne peux pas vous répondre
spécifiquement pour chacun de ces endroits, mais ils ont
été attribués à des associations, peut-être
pas tous, cela dépend de l'échéance des baux. Mais, de
mémoire, je me souviens, par exemple, qu'un des kiosques à la
Place Desjardins est exploité par la Fédération des clubs
de l'âge d'or, je peux dire que certains kiosques également
à la Place Bonaventure ont été attribués à
des associations sans but lucratif. Malheureusement, je ne me souviens pas du
nom des associations, mais nous n'avons reçu aucune plainte
d'associations qui disaient qu'elles se sentaient brimées parce qu'on
avait attribué un kiosque à une association plutôt
qu'à une autre. Nous n'avons reçu aucune plainte.
Maintenant, je voudrais peut-être dire, M. le Président
on vient de me signaler cela, je ne savais pas que mon bureau avait ce
degré d'efficacité que chaque député
reçoit tous les mois
la liste en question et tous les six mois le mode d'attribution. Je veux
dire, si à un moment donné, quelqu'un se sent...
M. Raynauld: Le mode d'attribution, je ne l'ai jamais
reçu, mais j'ai toujours reçu les offres qui sont faites,
c'est-à-dire les kiosques qui deviennent disponibles et avec une liste,
j'ai déjà vu cela.
M. Michaud: Exactement comme celle-ci, on en a eu une cette
semaine.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Raynauld: Mais le mode d'attribution...
M. Parizeau: On me dit que c'est un cartable bleu que vous avez
reçu deux fois déjà.
M. Raynauld: Un cartable bleu. M. Parizeau: Avec toute
l'histoire. M. Goulet: Ah oui!
M. Parizeau: Tiens, la mémoire du député de
Bellechasse se réveille!
M. Goulet: Je n'ai pas dit que je ne l'avais pas reçu; la
liste dont le député de Laprairie vient de faire mention, nous
l'avons eue cette semaine. Il y avait sept ou huit kiosques de disponibles.
Concernant le fameux cartable bleu quand c'est bleu, je jette un coup
d'oeil vous comprendrez qu'avec tous les documents qui sont
déposés... Je suis d'accord, je me souviens de l'avoir
reçu au moins une fois, certainement.
M. Parizeau: Le fond de la question est de faire en sorte que
tout le monde soit au courant. C'est ça.
M. Goulet: Oui.
M. Raynauld: Je n'ai pas reçu de réponse à
ma question. Ce qui m'intéresse, c'est comment on attribue ces kiosques.
Y a-t-il une répartition régionale? Y a-t-il des règles
qui empêchent que beaucoup d'organismes se présentent pour le
meilleur kiosque dans la province? Y a-t-il des exclusions qui sont faites?
Quelles sont les règles d'attribution? Ce n'est pas parce que ce sont
des organismes sans but lucratif que nous allons accepter sûrement
pas en ce qui me concerne de dire que les attributions sont
équitables, sont justes et sont faites sans aucune intervention de qui
que ce soit parce qu'on nous dit que ce sont des organismes sans but lucratif
et qu'on s'arrange. On dit: On rencontre les gens, on leur parle, etc.
Des organismes sans but lucratif regroupent des gens comme tout le
monde. Il me semble qu'il devrait y avoir des règles d'attribution de
ces kios- ques, des règles qui soient semblables à celles qu'on
appliquerait si ce n'étaient pas des organismes sans but lucratif. Je
pense que le gouvernement a fait des efforts pour adopter des règles
à cet égard qui me paraissent bonnes, mais je voudrais savoir
comment ces règles s'appliquent aujourd'hui.
M. Parizeau: Je suggérerais que M. Lafaille continue
d'expliquer ces règles.
De mémoire, il me semble que ces règles ont
été distribuées à l'intérieur du cahier bleu
dont M. Parizeau faisait mention tout à l'heure. Je peux, de
mémoire, essayer de vous les résumer. Ces règles sont
disponibles, elles sont par écrit.
Le processus est le suivant. Premièrement, on avise toutes les
associations qui se sont offertes pour obtenir l'administration d'un kiosque.
On les avise toutes que tel kiosque est disponible et on leur donne des
informations supplémentaires sur l'endroit; on leur donne
également les chiffres de ventes ou une estimation des ventes. Les
associations doivent nous manifester, dans un délai X, leur
intérêt. Nous prenons les responsables des kiosques chez
nous la liste des associations qui ont manifesté un
intérêt et selon des critères précis, qui paraissent
dans le livre bleu si ce n'est pas disponible dans le livre bleu, nous
pouvons vous les faire parvenir nous choisissons une association.
Il peut arriver, comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
que deux ou trois associations rencontrent tous les critères. C'est
évident que dans ces critères il y a une question de
régionalité. On n'accrochera pas au Club de l'âge d'or de
Val-d'Or un kiosque à Montréal. Il y a des critères
d'élimination qui sont relatifs au siège social de l'association
sans but lucratif par rapport à la situation du kiosque. Il y a
différents critères de cette nature qui sont des critères
de gros bon sens.
Ces critères nous permettent, en somme, d'éliminer, une
discrimination dans 90% des cas. Il reste peut-être 10% des cas
où, effectivement, il y a peut-être plus d'une association qui est
admissible. À ce moment-là, cela se fait par de la discussion
entre les employés de Québec qui sont responsables des kiosques
et les associations en question. En somme, on ne rejette pas une association
sous le simple prétexte qu'on préfère telle association
à telle autre.
Lorsqu'il n'est plus possible pour nous de faire une sélection en
fonction des critères qu'on a indiqués, à ce
moment-là, on s'engage à rencontrer ces associations pour,
premièrement, régler à l'amiable le choix du kiosque,
à savoir essayer de satisfaire les deux ou trois associations en
question. Si ce n'est pas possible, on va procéder à un tirage.
Jusqu'à présent, comme je l'ai mentionné, on n'a pas eu
à faire appel à cette dernière extrémité de
procéder par tirage au sort parce que, en somme, les critères
qu'on a déjà énumérés sont, semble-t-il,
suffisants pour nous permettre d'effectuer un choix entre les
différentes associations intéressées. (20 h 30)
M. Raynauld: Les associations politiques de comté, est-ce
que ce sont des organismes sans but lucratif...
M. Parizeau: Non, parce qu'un...
M. Raynauld: ... qui sont admissibles?
M. Parizeau:... des critères, c'est la politique.
Là, M. le Président, je dois dire que je ne marche plus.
Je viens de faire le tour de la documentation. Effectivement, chaque
député a reçu... le dernier envoi du cahier bleu
était le 7 décembre. Là-dedans, dans ce que chaque
député a reçu, il y a les quatorze critères pour
les associations admissibles à l'exploitation d'un kiosque:
premièrement, avoir son siège social au Québec;
deuxièmement, être sans but lucratif; troisièmement,
être apolitique; quatrièmement, être d'envergure
régionale ou nationale; cinquièmement, avoir trois ans
d'expérience ou être le résultat plus récent d'un
regroupement donnant une envergure d'action régionale ou
québécoise; sixièmement, avoir un moyen de communication
permanent; septièmement, avoir une raison sociale enregistrée et
posséder une charte. Il y en a quatorze comme cela et cela a
été distribué il y a longtemps.
Alors, on pose la question maintenant: Est-ce qu'une association
politique peut l'avoir? C'est bien clair qu'elle ne peut pas l'avoir.
M. Raynauld: Je ne me rappelle pas avoir lu cela; c'est pour cela
que je pose la question. Si on ne l'a pas eu, on ne demande pas au ministre de
se rappeler toutes les choses qu'il a eues sur son bureau, pourquoi
l'exigerait-on d'un député de l'Opposition davantage? Ce n'est
pas plus grave que cela!
M. Parizeau: Non, la question que vous posez... Non, mais poser
la question, à savoir si une association politique peut l'avoir, c'est
une question...
M. Raynauld: Vous n'avez pas d'humour. M. Parizeau:
Comment?
M. Raynauld: M. le ministre, vous n'avez pas l'humour que vous
avez d'habitude.
M. Parizeau: Rendu à cette heure-là,
peut-être pas.
M. Raynauld: Vous n'avez pas l'humour que vous avez d'habitude.
Enfin, sur cette question, je voulais simplement m'assurer qu'il y avait des
critères. Je vois qu'il y en a. On me dit aussi en plus que
l'application de ces critères a toujours fait qu'il n'y a jamais eu plus
d'un candidat ou, quand il y en a eu deux, on a été capable de
suggérer autre chose. Dans les cas où il y aurait concurrence, ce
serait le tirage au sort, mais après l'application, évidemment,
des quatorze critères qui font qu'en somme il n'y a pas eu beaucoup de
concurrence pour obtenir les kiosques jusqu'à maintenant. Voilà,
cela suffit pour ce sujet en ce qui me concerne.
M. Goulet: Pour compléter le dossier de la loto, M. le
Président, concernant les quatre nouveaux membres du bureau de
direction, on nous a dit que ces gens avaient été nommés
à cause de leur affinité avec la promotion et le marketing. Ils
ont été choisis par le président, par un comité de
sélection, par...?
M. Parizeau: À la suite de l'examen d'un certain nombre
non pas de candidats mais de personnes qui me paraissaient susceptibles d'avoir
ces caractéristiques, j'ai préparé un choix et je l'ai
soumis au Conseil des ministres, avec explications, avec curriculum vitae de
chacun et explications des raisons pour lesquelles cela me semblait des
personnes qui correspondaient... Avec l'aide d'ailleurs du président de
Loto-Québec, j'ai défini une sorte de profil du genre de gens
qu'on voulait sur le plan du marketing et on a cherché dans le milieu un
certain nombre de gens qui semblaient correspondre à ce profil.
M. Goulet: Quelle sera la fréquence de leur séance
de travail? Une fois par semaine, une fois par six mois?
M. Parizeau: Une dizaine par année. M. Goulet:
Payés à la séance? M. Parizeau: À la
séance, oui.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président. Concernant les
organismes à but non lucratif, est-ce que la liste est fermée? Il
y a quelque temps j'ai demandé par l'intermédiaire de mon bureau
de comté pour voir si on pouvait faire inscrire d'autres groupes et on
m'a dit que la liste était fermée. Peut-être que le
renseignement a été mal pris; de toute façon, quand on
voit dans la liste qu'il y a un organisme qui a un kiosque disponible dans le
comté, est-ce que c'est toujours ouvert?
M. Parizeau: Entendons-nous. La Lotomatic, c'est toujours
ouvert.
M. Michaud: Non, non, pour les kiosques.
M. Parizeau: On parle des kiosques seulement?
M. Michaud: Que des kiosques.
M. Parizeau: Alors, lorsque le bail devient ouvert, c'est bien
sûr. M. Lévesque va répondre, je pense que cela va
être plus simple.
Je pense qu'il faut faire une distinction. Évidemment, nous
avisons uniquement les associations qui nous ont déjà dit
qu'elles étaient intéres-
sées à exploiter des kiosques. Si une nouvelle association
y est intéressée et qu'elle ne nous en a jamais fait part, on ne
peut pas le savoir. Si nous avons déjà attribué le kiosque
en question et qu'une association se réveille et dit: Moi, je n'ai pas
été avisée, elle aurait dû nous manifester son
intérêt avant.
On a déjà largement divulgué le fait qu'on ait
donné les caisses aux associations sans but lucratif pour que ces
associations ne se plaignent pas du fait qu'elles n'ont pas été
avisées. Le fichier est ouvert. Toute association
intéressée, soit à exploiter un kiosque ou Lotomatic,
peuvent le faire; elles n'ont qu'à s'adresser à
Loto-Québec. Loto-Québec va les inscrire au fichier et, en ce qui
concerne les kiosques, elles vont être avisées de toutes les
disponibilités des mois subséquents. En somme, les fichiers sont
ouverts. Le fichier est ouvert d'une façon permanente.
Le Président (M. Blank): Est-ce que les membres de la
commission sont satisfaits des réponses données sur la Loto?
M. Goulet: Personnellement, oui, M. le Président.
Le Président (M. Blank): D'accord. On retourne au
ministère des Finances en tant que tel.
M. Goulet: Cela touchera les $100 millions l'an prochain, en
profits nets?
M. Parizeau: ...
Le Président (M. Blank): Pour commencer, on va discuter
des programmes en général. Est-ce que c'est la façon de
procéder à cette commission ou va-t-on le faire programme par
programme? Il y a des commissions qui agissent d'une façon, et d'autres
d'une autre façon.
M. Parizeau: Je laisserai cela au choix de mes collègues,
M. le Président.
M. Goulet: Ce matin, on a eu nos commentaires
généraux. Ensuite, on a adopté tous les programmes.
Le Président (M. Blank): C'est cela qui arrive dans la
plupart des commissions maintenant, mais c'est contre les règlements,
c'est par exception; cependant, avec le consentement de la commission, on peut
le faire. Est-ce que le député d'Outremont veut procéder
de cette façon?
M. Raynauld: Oui, d'autant plus que le temps étant
limité, il n'est pas du tout certain qu'on puisse se rendre jusqu'au
dernier élément et encore avoir le temps de poser quelques
questions. Forcément, on va être obligé de concentrer notre
attention sur certains sujets plutôt que sur d'autres. Je
préférerais, effectivement, qu'on puisse procéder par
remarques générales qui pourraient chevaucher sur un
élément, un programme ou un autre.
Le Président (M. Blank): D'accord. Je donne la parole au
ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je pense qu'effectivement,
comme il reste relativement peu de temps, je me passerais peut-être d'une
introduction générale à l'égard du ministère
des Finances, s'il n'y a pas eu de virage ou de modification aussi majeure de
ce côté qu'il a pu y en avoir dans le cas de Loto-Québec.
Comme je sais que le député d'Outremont voulait passer
passablement de temps à examiner le ministère des Finances et
que, finalement, ce ne sera pas possible autant qu'il le voulait, en raison de
l'entente entre les parties de limiter les débats à ce soir,
minuit, je suggérerais simplement qu'il amorce ses remarques.
M. Goulet: M. le Président, j'aurais juste une directive
à vous demander qui ne touche pas un programme en particulier. Au niveau
des négociations dans les secteurs public et parapublic, étant
donné que c'est l'honorable ministre qui est responsable, est-ce qu'on
peut les englober également à l'intérieur?
M. Parizeau: Traditionnellement, nous avons à passer,
après le ministère des Finances, au Conseil du trésor.
Tout à l'heure, un autre bataillon va entrer du Conseil du trésor
et on pourra peut-être, à ce moment-là, l'aborder.
M. Goulet: Ce sera le temps des négociations.
M. Parizeau: Au moment où on examinera les crédits
du Conseil du trésor, je pense que ce serait tout à fait
l'endroit d'intervenir.
M. Goulet: Cela va.
Le Président (M. Blank): On va garder un peu de temps de
côté. D'après le consentement, c'est à 22 h 30?
M. Parizeau: C'est cela.
Administration financière et
sociétés d'État
M. Raynauld: Les remarques générales que j'ai sur
les crédits du ministère des Finances se rapportent d'abord,
vraiment, comme questions générales à l'ensemble des
crédits du ministère. Les données que nous avons à
l'heure actuelle indiquent une augmentation assez considérable au titre
de la gestion de la caisse et de la dette publique et également une
augmentation assez considérable au titre du fonds de suppléance.
Ce sont deux articles sur lesquels, je pense, il serait bon que le ministre
apporte quelques éclaircissements, même si nous pouvons
déjà prévoir, dans une certaine mesure, ou dégager,
dans une certaine mesure, la nature de ces augmentations. Mais je crois qu'il
vaudrait la peine que le ministre nous donne des renseignements additionnels,
si possible.
La deuxième remarque générale que je ferai est
à propos du rapport du Vérificateur général, mais
je ne suis pas absolument certain si je peux soulever toutes les questions que
je veux soulever à propos du rapport, puisqu'il y a plusieurs des
remarques, qui sont indiquées dans ce rapport, qui se rapportent aux
entreprises publiques. M. le Président, je crois que, si vous tenez
compte qu'il y a un programme qui porte sur la comptabilité,
peut-être que, sous cet aspect du programme, on pourrait poser justement
les questions qui sont soulevées dans le rapport. Contrairement à
celles qui ont déjà été soulevées, celles-ci
sont importantes à mes yeux. En ce qui concerne en particulier les
entreprises publiques, les remarques qui sont faites indiquent souvent des
anomalies soit dans les modes de comptabilité qui sont retenus, soit
dans les impacts que cela peut avoir sur le budget général du
gouvernement. Je pense en particulier aux pages 136 et 137... Non, ce ne sont
pas celles-là. Ce sont les pages 23 et 33. Par exemple, les valeurs
comptables aux livres c'est à la page 33 des entreprises
qui comportent une assez grande différence d'avec les coûts et qui
sont indiquées aux états financiers du gouvernement à la
même date. En fait, il y a une diminution de $42 millions dans la valeur
du capital-actions qui est enregistrée dans les livres des entreprises
par rapport au coût de l'investissement comme celui-ci est
rapporté dans les états financiers du gouvernement. C'est une
divergence assez considérable qui, je pense, mériterait quelques
réflexions.
Je ne me rappelle plus, je m'excuse, mais on ne m'a pas donné la
copie du livre que j'ai lu lorsque j'ai préparé ces notes. Il y a
une référence quelque part au fait que le déficit
budgétaire de 1977/78 aurait dû être augmenté de $100
millions. Je ne me souviens plus d'où cela vient. Il y a une remarque,
dans le rapport du Vérificateur général, à savoir
que le déficit budgétaire 1977/78 aurait dû être
augmenté de $100 millions, si on avait suivi d'autres méthodes
comptables. Je ne sais pas si cela dit quelque chose à quelqu'un. Je
m'excuse, je ne le retrouve pas à l'heure actuelle.
M. Parizeau: À la page 35.
M. Raynauld: C'est celui-là qui est à la page 35?
(20 h 45)
M. Parizeau: Montant non versé à la commission
administrative du régime de retraite, les obligations du gouvernement
à l'égard de ce régime.
M. Raynauld: Là, il y a $100 millions.
M. Parizeau: On ne tient pas compte de l'insuffisance de la
participation gouvernementale de l'ordre de $100 millions, le 31
décembre 1975, établie à la suite de l'évaluation
actuarielle de ce régime. C'est cela?
M. Raynauld: C'est peut-être cela. Je m'excuse. Il y avait
également, dans le cas de SIDBEC, à la page 23, les primes sur le
capital-actions qui sont versées à SIDBEC, étant
donné que la prime n'est pas traitée de la même
façon non plus dans les comptes publics ou dans le compte du
gouvernement et dans la comptabilité de SIDBEC... Ensuite à la
page merci ...
M. Parizeau: Je vais prendre cela en note aussi, page 23.
M. Raynauld: II y a une remarque générale, je
pense, qui apparaît à plusieurs endroits dans le rapport, à
savoir qu'il serait bon d'essayer de standardiser les modes de comptabilisation
en ce qui concerne le financement des entreprises. J'aimerais, à cet
égard, si c'était possible, relier cette remarque
fréquente de la part du vérificateur avec ce que nous discutons
ces semaines-ci en rapport avec la dotation pour la SDI, qui est un nouveau
concept qui est introduit cette année et qui ne contribuera pas à
la standardisation de la comptabilisation de ces financements des
sociétés. Ensuite, il y a une série de commentaires en ce
qui concerne le suivi des commentaires des années antérieures,
pages 74 et 75. Il y a un certain nombre de remarques qui sont faites. Ici, je
demanderais simplement au ministre de nous dire si ces problèmes se
posent encore. Je ne veux pas les exposer. Comme le rapport est
déjà vieux d'un an, il arrive, la plupart du temps, que cela a
déjà été résolu. Mais des choses, je ne sais
pas, des avances qui ont été faites à certaines
sociétés qui n'ont pas été remboursées ou
des choses semblables, je suppose, encore une fois que... En tout cas, je
préfère laisser le ministre nous faire des observations sur ces
pages 74 et 75 qui se rapportent également encore, cette fois-ci,
à des commentaires de rapports antérieurs.
En ce qui concerne le rapport du vérificateur, c'étaient
les principaux commentaires que je voulais soulever. J'ai remarqué, en
lisant l'ensemble du rapport du vérificateur, qu'il y avait souvent des
problèmes reliés au fait que les dépenses n'étaient
pas inscrites pour l'exercice financier où il aurait fallu les inscrire.
Je ne veux pas attacher d'importance exagérée à ce genre
de commentaires. Je pense que cela peut arriver dans les meilleures familles.
Là aussi il suffira qu'on me dise qu'on essaie d'éliminer autant
que possible ces chevauchements d'un exercice à un autre, comme je suis
sûr que vous le faites autant qu'il est possible, je suppose.
Parmi les autres questions que je voulais soulever à propos du
ministère, dans la mesure où on en aura le temps, j'aurais bien
aimé que le ministre saisisse l'occasion de cette commission pour nous
expliquer un peu mieux parce qu'en ce qui me concerne, je n'ai pas
compris où étaient les $300 millions de priorités
de dépenses qu'il a annoncées dans son discours du budget. Je
vais lui demander également s'il a réfléchi au
problème que pose la décision de l'Ontario de supprimer les
impôts sur les successions et les dons.
Il y a tellement de choses. Il y a une étude, l'année
dernière, qui avait été annoncée sur
l'épargne et, comme cela fait déjà deux ans qu'on en
parle, j'aurais aimé savoir si l'étude est
terminée. On n'a jamais été très clair. On a
posé des questions à l'Assemblée nationale et souvent il
n'a pas été possible de se faire comprendre aussi clairement
qu'on l'aurait voulu. Je ne suis pas sûr qu'on n'ait jamais connu
exactement le mandat de cette étude, ce mandat qui avait
été donné au comité d'étude sur
l'épargne, ni non plus quels sont les auteurs de cette étude, non
plus que la date de publication ou encore lorsqu'elle sera rendue publique.
C'est le Conseil du trésor, il viendra tout à l'heure, je
suppose. Cela va.
M. Parizeau: Quoique, M. le Président, il y ait eu
déjà des choses comme cela qui relevaient du Conseil du
trésor. On pourrait, s'il y a deux ou trois autres choses...
M. Raynauld: C'était simplement une courte question sur le
Conseil du trésor. Je pense qu'on a annoncé une codification de
la politique administrative.
M. Parizeau: On serait peut-être mieux de laisser cela au
Conseil du trésor.
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Blank): M. le ministre.
M. Parizeau: Je vais essayer de suivre aussi fidèlement
que possible l'ordre des questions soulevées par le député
d'Outremont. Bien sûr, il y a une augmentation du service de la dette qui
est due, d'une part, à l'augmentation des taux d'intérêts
sur le marché et, d'autre part, au fait que la dette nette a
augmenté. Une fois qu'on combine ces deux éléments, on
reconstitue le montant sans difficulté particulière. En fait,
c'est de la reconstruction mécanique en tenant compte de ces deux
éléments.
Au contraire, l'augmentation des fonds de suppléance se rapporte
à autre chose. C'est plus malaisé et plus compliqué
à déterminer, ce n'est sûrement pas mécanique. Il y
a deux types de fonds de suppléance: le fonds de suppléance pour
les dépenses de salaires et le fonds de suppléance pour les
dépenses autres que les salaires.
Il y a dans le fonds de suppléance des salaires des provisions
pour des augmentations qui ne sont pas réparties entre les
ministères. Pour ce qui a trait au fonds de suppléance autre que
les salaires, le principal élément ici qui a trait aux
augmentations, et c'est un gros montant, cela représente l'essentiel de
l'augmentation, vient des provisions pour le paiement des taxes de vente qui,
dorénavant, seront payées par le gouvernement et ses
réseaux: les hôpitaux, les CLSC, etc. Comme la décision de
faire payer la taxe de vente par tous les organismes du secteur public a
été prise après la fermeture du livre des crédits,
on a placé dans le fonds de suppléance les montants
nécessaires pour être capable de faire une distribution entre
chacun des ministères de façon que leur budget ou leurs
crédits ne soient pas indûment comprimés par la charge
additionnelle qu'on leur mettait sur le dos. L'essentiel de l'augmentation du
poste "fonds de suppléance autre que les salaires" est due à
cela.
Pour ce qui a trait aux sociétés d'État, il y a
plusieurs des questions du député d'Outremont qui portaient
là-dessus. Je voudrais d'abord dire que je suis bien d'accord avec lui
sur la façon, à la fois de les traiter, pas seulement sur le plan
comptable, mais sur le plan aussi des techniques administratives ou de
certaines règles de comportement.
Il y a historiquement dans ce domaine un désordre tout à
fait malsain. C'est ainsi, par exemple, qu'on aurait beaucoup de
difficultés à expliquer pour des raisons autres qu'historiques
pourquoi certaines sociétés d'État sont
vérifiées par le Vérificateur général et
d'autres non. Qu'on m'explique par exemple pourquoi depuis des années
cela remonte à des années en arrière le
ministère des Transports, comme n'importe quel ministère, va
être vérifié par le Vérificateur
général, mais pas l'Office des autoroutes. Il n'y a aucune
espèce de logique là-dedans. Pourquoi une société
d'État serait-elle astreinte à la vérification du
Vérificateur général, mais pas ses filiales, même
quand elles sont possédées à 100%. Ce n'est pas le moindre
des paradoxes. Voilà pour le premier ordre de préoccupation.
Deuxième ordre de préoccupation: les coutumes, les
habitudes. Comment, pendant des années, l'Office de autoroutes
pouvait-il montrer un profit? Chaque année, il s'amenait l'office
à la fin de l'année voir le ministre des Finances. Le
ministre des Finances acceptait de lui remettre la moitié des
intérêts à payer sur la dette. Contre cette remise de la
moitié des intérêts, l'Office des autoroutes montrait un
petit surplus. C'est charmant et absolument puéril! Pourquoi une telle
avance était-elle faite à une société d'État
au taux d'intérêt du marché, d'autres à des taux de
rabais, d'autres encore parfois sans taux d'intérêt du tout?
M. Raynauld: La dotation à la SDI.
M. Parizeau: Non, je parle de prêt par opposition à
du capital-actions ou à des dotations. Je parle essentiellement de
prêts, ici, enregistrés comme prêts. Puisqu'on parle de
comptabilité, ce sont vraiment des prêts enregistrés comme
prêts; l'un porte intérêt au taux du marché, l'autre
à 6% et le dernier à zéro. Pourquoi? Quand on remonte un
certain nombre d'années en arrière, on ne trouve pas
d'explication autre qu'à un moment donné une décision
s'est prise dans ce sens. Deux ans plus tard, une décision s'est prise
dans un autre sens.
Il est vrai que le ministre des Finances est actionnaire de la plupart
des sociétés d'État. Pas de toutes, d'ailleurs; là
encore, il y a des anomalies assez étonnantes. Pourquoi le ministre des
Finances est-il actionnaire de telle société et pas de telle
autre? Quoi qu'il en soit, même s'il n'est pas le
ministre de tutelle, il est quand même l'actionnaire. Dans ces
conditions, je me suis senti tout à fait autorisé à monter
une nouvelle direction générale au ministère des Finances.
C'est la première fois qu'il y en a une, une direction
générale des sociétés d'État qui est en
mesure non seulement d'examiner les demandes qui sont faites par les
sociétés d'État mais, d'autre part, d'assurer dans les
coutumes, les pratiques, les techniques, pas nécessairement une
standardisation absolue mais au moins des critères à peu
près intelligibles. Cela va prendre un temps considérable, il ne
faut pas se faire d'illusion, parce que dans certains cas cela va demander des
amendements aux lois de certaines sociétés d'État,
d'autres fois, cela peut se faire sur une base strictement administrative. Cela
va prendre un bon bout de temps.
Cette direction des sociétés d'État, qui existe
pour la première fois au ministère des Finances, en tout cas,
commence à nous permettre d'y voir un peu plus clair.
Deuxièmement, il va y avoir, probablement à l'automne, des
amendements importants apportés à la Loi de l'administration
financière. Nous y travaillons depuis assez longtemps, c'est
certainement un des secteurs de législation les plus techniques qui
soit, mais cette loi est mûre pour une révision. Une des sections
de cette Loi de l'administration financière a trait au
Vérificateur général. Assez curieusement, le
Vérificateur général est nommé par
l'Assemblée nationale. Il fait rapport à l'Assemblée
nationale mais, administrativement, il relève du ministre des Finances.
Nous avons l'intention de sortir cette section de la Loi de l'administration
financière pour en faire une loi véritable du Vérificateur
général où, enfin, les pouvoirs du Vérificateur
général, à l'égard de la vérification des
sociétés d'État seraient, alors là,
généralisés et standardisés. (21 heures)
Ce travail est assez important; il faut bien comprendre qu'il s'agit,
sur le plan législatif, d'un travail qui, techniquement, est très
compliqué. J'ai bon espoir que d'ici quelques mois, on puisse en arriver
à une révision générale de la Loi de
l'administration financière et, d'autre part, sortir la section qui
porte sur le vérificateur, en faire une loi du vérificateur et,
enfin, standardiser ses attributions et ses pouvoirs de vérification
pour l'ensemble des sociétés d'État.
Donc, je ne peux pas ici faire autre chose que rapporter les
progrès. Je ne m'imagine surtout pas qu'en l'espace de six mois ou d'un
an, on soit capable de retaper, de réorganiser, de refaire des choses
qui, très souvent, viennent de la nuit des temps. Cela va être un
travail considérable de rendre au moins le traitement des
sociétés d'État intelligible, pas standard,
nécessairement, elles ne seront pas toutes traitées de la
même façon, mais au moins intelligible, qu'on ait d'autres raisons
ou d'autres explications d'un certain comportement que de dire simplement: Cela
s'est toujours fait comme cela.
Pour ce qui a trait au déficit de 1977/78, tel qu'il apparaissait
dans le rapport du Vérificateur général, je rappelle ici
une chose le Vérificateur général en a parlé
en 1977/78, mais j'en avais parlé bien avant dans mon discours du budget
qu'effectivement on a fait, en décembre 1975, une estimation des
déficits actuariels dans chacun des fonds de pension,
c'est-à-dire le vieux fonds de pension des enseignants, le vieux fonds
de pension des fonctionnaires et le RREGOP. Évidemment, les deux vieux
fonds de retraite avaient, à ce moment-là, un déficit
actuariel qui dépassait $4 milliards et qui doublait tous les cinq ans.
Cela se comprend, il n'y a plus personne qui y entre, et l'âge moyen
augmente très vite. Alors, le déficit actuariel de ce
côté est absolument explosif. Mais même dans le RREGOP, qui
est un fonds beaucoup plus récent, il a été
créé en 1973, il y avait déjà, en l'espace de
quelques années seulement, un déficit actuariel de $200 millions
qui s'était manifesté là-dedans.
J'avais annoncé, à l'occasion du discours du budget du
début 1977, qu'une série de mesures seraient prises pour
rectifier cette situation. Comme on l'aura noté, dans les deux
années qui ont suivi, les mesures que j'avais annoncées à
ce moment-là, en 1977, ont été appliquées, ont
été mises en vigueur.
Pour ce qui a trait à la comptabilisation des
intérêts de SIDBEC, effectivement, nous avons fonctionné
quand je dis nous, ce sont les gouvernements qui se sont
succédés, parce que cela fait des années et des
années que ça dure comme cela les contributions au
capital-actions de SIDBEC ont été basées sur une pratique
du gouvernement. Il faut comprendre que la comptabilisation reflétait
une pratique en vertu de laquelle le gouvernement affirmait par une loi: Nous
allons contribuer au capital-actions de SIDBEC pour tel montant, sur une
période de X années. Sur la base de cette loi, SIDBEC allait
chercher tout l'argent à la banque et payait des intérêts
sur la somme. SIDBEC se plaignait amèrement, d'ailleurs, qu'une partie
du capital-actions ainsi fourni par le gouvernement lui était
enlevée par les intérêts qu'elle avait à payer
à la banque, ce qui était, en fait, exact. Vous aurez noté
que dans les derniers amendements à la loi de SIDBEC, on est sorti de
cette formule; c'est maintenant modifié. Donc, à mon sens, le
Vérificateur général avait raison de souligner la
question, mais maintenant on procède autrement.
Pour ce qui a trait au fonds de dotation de la SDI dont le
député d'Outremont parlait tout à l'heure, effectivement,
c'est une technique un peu nouvelle qui est essayée. Une standardisation
dans la comptabilité des sociétés d'État ne veut
pas dire une standardisation dans leur mode de financement. Il ne me
déplaît pas que dans le remplacement des avances du ministre des
Finances, on essaie autre chose que les concepts traditionnels d'avances que,
à mon sens, on a utilisés un peu trop souvent dans le
passé.
Je n'aime pas, par exemple, que le ministère des Finances fasse
des sortes d'avances à fonds perdus, sachant très bien qu'en
pratique ce sont de fausses avances parce que cela va rester indéfi-
niment dans le trésor de la compagnie. Appeler cela avance n'est
pas correct. Remplaçons cela par capital-actions. Remplaçons cela
par dotation. Mais il y a une espèce de clarification à faire ici
quant au mode d'intervention financière de l'État dans les
sociétés d'État. Je ne m'imagine pas un instant que les
formules de financement seront les mêmes. Je pense qu'il est très
important que, selon la nature de la société dont il s'agit, on
puisse en tout temps faire varier les formules. Il est parfaitement acceptable
qu'une société qui ne peut jamais faire de pertes... Je pense ici
à certains des monopoles dont on parlait précédemment.
Leur donner un capital-actions est inutile. Il suffit d'avoir une action de $1.
On sait très bien que, de toute façon, ils peuvent garder un
fonds de réserve et avoir un fonds de roulement à partir de cela
ou pouvoir emprunter à partir de cela.
Au contraire, dans le cas d'une société d'État
industrielle ou commerciale, il peut être très imprudent de
capitaliser cela à 90% de dettes et 10% de capital-actions. On a des
sociétés d'État industrielles ou commerciales qui ont un
rapport équité-dettes qui leur est très
défavorable. On n'aura jamais la même formule de financement selon
la société d'État dont il s'agit, ce qui ne veut pas dire
que sur le plan comptable on ne doit pas quand même standardiser les
pratiques, ce qui est autre chose. On arrive finalement au suivi de la page
74.
M. Raynauld: J'ai trouvé les $100 millions de tout
à l'heure à la page 15. Ce sont les $100 millions qui se
rapportent au transfert relatif à la Régie de l'assurance-maladie
en 1977/78. Le vérificateur dit là-dessus qu'effectivement,
compte tenu du fait que le gouvernement est allé chercher $100 millions
à la Régie de l'assurance-maladie parce qu'il y avait un surplus
dans un compte non budgétaire, cela aurait dû apparaître
comme une augmentation d'un déficit sur les opérations
budgétaires du gouvernement d'une centaine de millions.
M. Parizeau: C'est le paragraphe 4? À la page 15?
M. Raynauld: Le cinquième intitulé 4, oui. Les
trois dernières lignes du premier paragraphe.
M. Parizeau: Entendons-nous. Il faut lire le dernier
alinéa du paragraphe 4. À notre avis, ces faits auraient dû
être expliqués aux comptes publics 1977/78 comme, d'ailleurs, ils
l'ont été dans le discours sur le budget de cette même
année. Effectivement, ce sur quoi le Vérificateur
général met l'accent, c'est l'explication qu'il aurait fallu
donner de l'opération. Elle avait été longuement
expliquée dans le discours du budget et d'ailleurs longuement
commentée en termes divers à l'Assemblée nationale. Il n'y
a rien eu de caché là-dedans.
À la page 74, il y a effectivement un certain nombre
d'observations ici qui n'ont plus cours ou qui ont beaucoup moins cours. Par
exemple, les remarques qui sont faites sur les obligations d'épargne au
premier paragraphe posent de moins en moins de difficultés au fur et
à mesure que le temps passe, simplement parce qu'il s'agit de vieilles
émissions sur lesquelles un suivi n'a pas toujours été
tenu mais cela ne porte plus. Si je comprends bien, maintenant, c'est $200 000.
Cela s'épure au fur et à mesure que les années
passent.
M. Raynauld: II n'y en a pas de nouvelles, il reste une
série.
M. Parizeau: C'est une série d'autrefois dans la
réconciliation.
M. Raynauld: Parfait.
M. Parizeau: L'article 69 est sujet à ce que je disais
tout à l'heure, c'est-à-dire qu'au moment de la
présentation de la refonte de la Loi de l'administration
financière il va falloir envisager ce genre de choses. Mais le
Vérificateur général reconnaît qu'il faut changer de
loi de toute façon là-dessus. On ne peut pas bouger tant que la
loi n'aura pas été modifiée. Le troisième
paragraphe entre dans le nouveau plan comptable.
M. Raynauld: Cela veut dire que, dorénavant, des
intérêts qui proviennent des fonds d'amortissement seront
déduits directement du coût du service de la dette.
M. Parizeau: C'est cela que cela veut dire. C'est maintenant dans
le nouveau plan comptable.
M. Raynauld: Très bien.
M. Parizeau: Le cinquième paragraphe je ne sais
plus où j'en suis enfin, le haut de la page 75, là, il
faudra, pour pouvoir corriger cela, amender la Loi de l'administration
financière. Actuellement, c'est statutaire.
M. Raynauld: Dans le cadre de la révision de la loi que
vous êtes en train de faire.
M. Parizeau: Exactement. L'objectif est tout à fait
normal. Finalement, il y a la question de la Raffinerie de sucre. Comment
présenter cela? Dans les opérations de meilleure connaissance et
d'examen des sociétés d'État, on a effectivement
trouvé des drôles de choses. Par exemple, la Société
Parc Auto, qui administre des terrains de stationnement dans la ville de
Québec et qui doit rendre tous ses profits au fonds consolidé,
s'était construit, au fur et à mesure des années, une
jolie petite réserve de $2 millions aussi que nous avons
récupérés et rentrés dans le fonds
consolidé. La Raffinerie de sucre avait des excédents qui sont
d'ailleurs maintenant plus hauts que cela et qui auraient dû aussi
être ramenés à la maison mère, sauf que, dans
l'intervalle, comme la décision a été prise d'agrandir la
Raffinerie de sucre et qu'il y a eu achat de l'outillage d'une raffinerie
américaine qui est démonté et sera remonté à
Saint-Hilaire, on a préféré leur laisser l'argent qu'ils
avaient déjà en caisse pour assumer une bonne
partie de ces dépenses. C'est la raison pour laquelle les fonds
n'ont pas été rapatriés à la maison mère.
Mais je peux assurer le député d'Outremont que, pour toutes
espèces de raisons qu'il connaît bien, la maison mère est
d'une voracité à l'égard de ces fonds, non pas de ces
fonds cachés, mais de ces réserves utiles qui ont
été laissées dans le système. Chaque fois qu'on en
trouve, on les rapatrie. C'est seulement parce qu'il y a un programme
d'expansion industrielle qui vient. Est-ce que cela va?
M. Goulet: C'est le mot inutile.
M. Parizeau: Non, on ne peut pas dire cela.
M. Raynauld: Avant de passer aux autres sujets que j'ai
mentionnés, est-ce qu'on pourrait revenir un instant sur...
M. Parizeau: Je commençais à avoir fait le
tour.
M. Raynauld: Non, une minute.
M. Parizeau: Non, excusez-moi. J'avais une autre question.
M. Raynauld: J'en avais d'autres, mais, avant de passer à
ces autres-là...
M. Parizeau: Bien sûr.
M. Raynauld:... est-ce que je pourrais revenir sur la question de
la dotation et sur le problème plus général qui est
posé par le fait que le gouvernement, à cause des
différences dans les modes de financement des entreprises, ne suit pas
toujours de règle commune en ce qui concerne le financement qui est
apporté à ces entreprises. Est-ce que cela serait exact de penser
que, dans un cas comme le fonds de dotation, on peut interpréter ce
fonds-là comme étant un avoir propre, donc une espèce de
capital-actions qui, lui, ne porte pas intérêts en tant que tel,
mais qui, jusqu'à maintenant, puisqu'il s'agissait d'avances que l'on va
transformer en dotation, constituait, en fait, de l'argent prêté
à la SDI? Est-ce que le ministre des Finances voit d'un bon oeil qu'on
puisse ainsi perdre le bénéfice d'intérêts qui
étaient payés par la SDI, à peu près au taux du
marché, sur les avances vu que, tout à coup, on transforme cela
en fonds de dotation sur lequel le gouvernement ne percevra plus
d'intérêts. (21 h 15)
Comme une bonne partie de cet argent sert à payer des subventions
par la SDI, donc des opérations non rentables par définition,
quelle est la logique d'avoir transformé le financement de cette
façon? Je comprends que la SDI, ayant un avoir propre, pourra avoir un
peu plus de crédit auprès de sociétés avec
lesquelles elle fait affaires. Peut-être qu'elle pourra obtenir des
termes meilleurs pour certains emprunts que ces clients pourront faire avec
l'appui de la SDI ou d'autres choses du même genre. Ce qui me
préoccupe, c'est le taux de rendement que le gouvernement peut faire
pour les investissements qui sont faits dans ces sociétés. Dans
la mesure où on transforme ces contributions en capital-actions ou en
dotation, il faudra calculer le taux de rendement, probablement plusieurs
années plus tard, en fonction des profits réalisés par les
sociétés respectives. Est-ce que c'est avantageux pour le
gouvernement de fonctionner de cette façon?
Ou est-ce qu'il ne serait pas mieux de faire reconnaître par les
sociétés qu'elles utilisent les fonds publics et que, de toute
façon, elles devraient être soumises à un paiement de ces
fonds publics comme n'importe quelle autre entreprise y serait tenue si elles
étaient dans un cadre juridique différent?
M. Parizeau: Le problème auquel le député
d'Outremont fait allusion est très réel, en ce sens que, parmi
les très nombreux organismes de financement qui sont dans le secteur
public, on peut imaginer un capital-actions relativement très faible
lorsque l'organisme de prêts ne subventionne pas. Cela présente
beaucoup moins d'inconvénients. Il est possible, en principe,
théoriquement, si on faisait comme si rien n'avait existé avant
que les organismes de financement du gouvernement prêteraient ou
financeraient aux conditions du marché, comme la Caisse de
dépôt le fait, et que les subventions, quand le gouvernement veut
payer des subventions à une entreprise, ces subventions, c'est le
ministère concerné qui les paierait. Là on aura quelque
chose de tout à fait intelligible. Un organisme finance aux conditions
du marché et l'organisme ministériel ajoute ou n'ajoute pas
à ce financement une subvention. La subvention serait budgétaire
et le financement de l'organisme public extrabudgétaire. Cela serait
à supposer que toutes les sociétés d'État soient
recréées demain matin. En fait, elles existent depuis
longtemps.
Il y en a qu'on corrige dans le sens de ce que je viens de dire. C'est
cela qui a été fait avec le crédit agricole. Le
crédit agricole, on a sorti l'opération de prêts du secteur
gouvernemental et on l'a placée dans les banques. Les banques à
charte, dans ces conditions, font du prêt agricole exactement comme si
c'était du prêt privé. L'organisme gouvernemental, lui,
fournit à l'organisme financier, caisse populaire ou la banque, la
subvention qui est attachée au prêt agricole. Un rabais
d'intérêts, c'est sous forme de rabais
d'intérêts.
M. Raynauld: C'est cela.
M. Parizeau: C'est quand même une subvention, n'est-ce pas,
et cela vient du secteur public à l'égard d'une institution de
financement qui est la banque ou la caisse populaire. Dans ce cas,
c'était relativement facile à faire. Mais on ne peut pas
démancher à la SDI des façons de procéder, des
contrats de financement qui n'ont pas du tout l'espèce de
caractère systématique et standardisé du crédit
agricole et qui ont été plus ou moins
ajustés à la situation de chaque entreprise. Certains ont
été faits à des conditions voisines du marché et
d'autres, avec des éléments de subvention relativement importants
et où la SDI est en train justement d'étendre le champ de ces
opérations-là.
Étant placée dans la situation d'un organisme qui continue
et qui va continuer de distribuer des subventions, quand même ce ne
serait que sous forme de rabais d'intérêt, il est illusoire de lui
fournir les sommes correspondantes sous forme d'avances qui porteraient
intérêt. Ou alors, ce qui se produira, c'est que jamais on ne
réclamera le paiement des avances. Les intérêts seront
donnés et, finalement, ceux qui examineront les activités de la
SDI trouveront bien plus difficile à interpréter cela selon
l'ancienne formule que selon la nouvelle. Je ne dis pas que la nouvelle est
idéale, mais tout simplement qu'elle est meilleure que l'ancienne, c'est
tout.
M. Raynauld: Mais il reste que la dotation, à toutes fins
pratiques, c'est du capital-actions. Vous versez du capital-actions pour verser
des subventions.
M. Parizeau: Ce sont des fonds sans intérêt. M.
Raynauld: Cela n'a aucun sens.
M. Parizeau: C'est la raison pour laquelle je n'appelle pas cela
des actions.
M. Raynauld: Je comprends, mais cela revient à la
même chose. C'est du capital-actions qui doit servir à payer des
subventions. Il me semble que cela n'a pas de...
M. Parizeau: L'origine de cela vient de ce que la SDI est
habilitée à payer des subventions. Les subventions qu'elle paie,
il faut quand même que cela vienne de quelque part.
M. Raynauld: Jusqu'à maintenant c'étaient des
avances et, à son compte d'exploitation, cela apparaissait comme des
recettes provenant du gouvernement et des subventions du côté des
dépenses. Les deux montants s'annulaient.
M. Parizeau: Oui, mais c'était absurde. Considérer
une avance comme une recette, c'est le bout du monde. Quand même!
M. Raynauld: On en a vu d'autres.
M. Parizeau: Ce que le député d'Outremont est en
train de me dire, c'est qu'on avait quelque chose de totalement illogique et
que maintenant que ce n'est que partiellement illogique, c'est une
détérioration. Encore une fois, on ne part pas de zéro et
de rien; tout ce monde et toutes ces institutions ne sont pas nés hier
matin. Il est évident que ce n'est pas du capital-actions, alors il faut
trouver un synonyme qui implique une sorte de démarcation. Le mot
"dotation" n'est pas si mal.
M. Raynauld: Est-ce que cela veut dire que si le gouvernement ne
donnait plus d'argent à la SDI la dotation diminuerait des $25 millions
ou $30 millions de subventions qu'elle fait par année?
M. Parizeau: C'est évident que si le gouvernement ne
fournissait pas le même montant de dotation, la SDI devrait "rebalancer"
ses opérations financières en faisant davantage de prêts
voisins des conditions du marché puis moins de prêts à des
conditions différentes des conditions du marché. Elle
"rebalancerait" ses activités mais elle serait peut-être moins
utile aux entreprises, par exemple.
M. Raynauld: Non, mais je vais reposer ma question autrement.
Supposons que l'année prochaine, comme il est prévu aux
crédits, le gouvernement verse une avance à la SDI pour qu'elle
puisse continuer à verser des subventions. En plus du montant de la
dotation, est-ce qu'on ne se retrouve pas exactement dans la même
situation qu'avant où on va retrouver encore des avances aux recettes de
la SDI et aux dépenses de la SDI, mais en plus on aura converti les $94
millions ou $98 millions d'avances en fonds de dotation.
M. Parizeau: II est clair que...
M. Raynauld: Donc, on a les deux illogismes dedans, à ce
moment.
M. Parizeau: Non, l'illogisme est simplement réduit un
peu. Ce n'est pas nécessairement l'idéal, mais c'est moins. Il
faut rapporter progrès dans ces choses. C'est rare qu'on puisse dire:
Imaginons qu'on soit tous nés ce matin.
M. Raynauld: En fait, ce sont des fonds prêtés sans
intérêt.
M. Parizeau: Pas prêtés. Une dotation n'est pas un
prêt.
M. Raynauld: C'est donné.
M. Parizeau: Une dotation, comme son nom l'indique, n'est pas un
prêt.
Une voix: ... non remboursable.
M. Parizeau: Bien non, on n'appellerait pas cela une dotation. Si
vous dotez votre fille le jour de son mariage, cela ne veut pas dire que c'est
un compte à recevoir non recouvrable.
M. Raynauld: Ma fille n'aimerait pas recevoir des dotations comme
cela.
M. Goulet: Si vous me permettez, M. le Président, au
niveau du contrôle des sociétés d'État, il a
été suggéré à plusieurs reprises un genre de
commission permanente de surveillance. M. le ministre a dit qu'à
l'intérieur de son ministère, il y avait un genre de direction
exclusivement réservée
à ce chapitre. Concernant la suggestion qui a été
faite à plusieurs reprises relativement à ce comité de
surveillance, le ministre ne voit-il pas là une solution qui pourrait
forcer les sociétés d'État à être au moins
plus efficaces? J'aimerais connaître l'opinion du ministre, savoir s'il a
un préjugé là-dessus.
M. Parizeau: Si j'en ai un, il consiste essentiellement en ceci.
C'est qu'une commission permanente destinée à examiner l'ensemble
des sociétés d'État, je ne peux pas dire que je crois
beaucoup en son efficacité, étant donné le nombre
effarant, incroyable de sociétés d'État et de filiales. La
plupart des gens, quand on discute de sociétés d'État, ne
voient que les têtes de chapeau, ou enfin que les chapeaux ou les
parapluies. Ce qu'ils ne voient pas, c'est que, derrière une
société d'État, il y a une foule de filiales. Ce serait
demander à une commission un travail probablement infaisable sur le plan
simplement de l'efficacité.
Je reste persuadé qu'une des façons les plus efficaces de
regarder les sociétés d'État, c'est justement dans le
cadre de commissions parlementaires spécialisées Finance,
Revenu ou Industrie et Commerce, etc. où, à la fois le
ministre responsable et les députés qui font partie de la
commission finissent par se familiariser suffisamment avec deux ou trois
dossiers pour que sur une Législature de quatre ou cinq ans, le
député de l'Opposition officielle qui suit ces trois ou quatre
dossiers finit par être relativement familier avec la situation.
S'imaginer que, dans une espèce d'assemblée
générale, de commission générale, on puisse faire
passer SOQUIA, Loto-Québec, l'Hydro-Québec et le crédit
agricole l'un après l'autre je vous en souhaite!
M. Goulet: Ce n'est pas mieux à l'intérieur des
commissions, où vous avez souvent un nombre d'heures très
limité.
M. Parizeau: Si on me dit qu'il faut davantage d'heures, bien
sûr. Je n'en suis pas au temps, j'en suis à la formule. C'est
clair, je suis tout à fait d'accord avec vous; qu'on prenne le
ministère des Finances, par exemple, on aura passé six heures,
à peu près. Qu'on me dise que c'est insuffisant, volontiers. Il
est clair que la Caisse de dépôt, normalement, donne lieu à
un examen à la commission des finances une fois par année et
qu'on y passe le plus clair d'une journée, cela n'aurait rien d'abusif.
C'est quand même un des organismes financiers majeurs de la
société où on vit, c'est certainement la plus grosse
institution publique qu'il y a après le gouvernement. Que la commission
des finances passe une journée sur la Caisse de dépôt, je
ne trouverais pas cela ni scandaleux, ni étonnant. Mais qu'on essaie de
mélanger cela avec SOQUIA, le crédit agricole et SODIC, qui fait
courir les chevaux en Floride, cela va faire un "hodge-podge", une
macédoine, un spaghetti absolument incroyablel
M. Goulet: C'est à peu près ce qu'on a
actuellement. Dans un autre ordre d'idées, le Vérificateur
général a fait de remarques quant au transfert inconditionnel de
certaines sommes du fédéral; vous, au ministère, avez
nommé un genre de conrôleur spécial. Il y a quelque chose
comme $2 milliards par année. À la suite de la nomination de ce
vérificateur, de ce contrôleur spécial, vous
êtes-vous aperçu que vous aviez récupéré des
sommes que nous n'avions pas normalement? Est-ce qu'il y avait une marge
d'erreur? Depuis les cinq dernières années, est-ce qu'on s'est
aperçu qu'il y avait une grosse marge d'erreur? Est-ce que cela a valu
la peine de le nommer? Autrement dit, est-ce qu'il a au moins justifié
son salaire? Le fédéral nous en enlevait-il par coup de $10
millions ou $15 millions?
M. Parizeau: Je n'ai pas l'impression, fondamentalement...
M. Goulet: Au niveau des erreurs causées par la
technicité des lois. C'est en 1976, je crois, j'essaie de le trouver. Il
y avait quelque chose comme une vingtaine de millions de différence.
J'essaie de le trouver, je m'excuse. Le gouvernement s'était vu
réduire de $17 200 000 ses revenus provenant de paiements concernant la
garantie des recettes fiscales pour une certaine année, etc. Vous avez
nommé, à la suite de cela, un conrôleur des revenus dont la
tâche principale est de s'assurer de l'exactitude des transferts
conditionnels du gouvernement qui s'élèvent à environ $2
milliards. Il y a une année où il semblerait qu'il y ait eu un
genre d'erreur de $20 millions. Vous allez dire que $20 millions, ce n'est pas
exagéré.
M. Parizeau: C'est beaucoup d'argent!
M. Goulet: C'est beaucoup d'argent, je comprends! Si j'avais cela
dans Bellechasse! Ce n'est pas ce que je voulais dire... À la suite de
la nomination de ce monsieur, est-ce qu'on a récupéré les
sommes qui nous étaient vraiment dues selon les ententes ou si
c'était dans l'ordre... On me donne des chiffres pour 1977, mais
j'aurais aimé en avoir pour 1978, après que ce monsieur a
été nommé.
M. Parizeau: Je vais essayer de répondre à cela
sans être trop long.
M. Goulet: Remarquez que je ne veux pas vous ouvrir une porte
pour foncer dans le fédéral.
M. Parizeau: Non, ce n'est pas pour foncer dans le
fédéral, c'est pour éviter de parler pendant 20 minutes.
Il n'y a certainement rien d'aussi compliqué, sur le plan des relations
fédérales-provinciales, que la question des transferts financiers
et fiscaux. C'est un travail de spécialistes. (21 h 30)
On dit que les gouvernements devraient avoir des règles en vertu
desquelles tous les ministres du cabinet ne montent pas dans le même
avion au cas où il s'écraserait. Je frémis à
l'avance de ce qui se produirait si trois ou quatre prsonnes au
ministère des Finances à Ottawa, trois ou quatre à
buébec qui sont ici un ou deux en Ontario étaient
sur le même avion et que celui-ci s'écrasait. Le
fédéralisme canadien s'arrêterait dret-là. Il n'y
aurait plus personne qui comprendrait. C'est devenu absolument byzantin.
Évidemment, parce que c'est à ce point compliqué et
qu'il y a à ce point de corrections dans les comptes qui roulent d'une
année à l'autre, il y a constamment des corrections ou des
rectifications qui se font à l'intérieur du club dont je viens de
parler. Pourquoi est-ce que cela roule à ce point? Par exemple, dans la
contribution à certains programmes conjoints, le postsecondaire,
récemment, les hôpitaux, le bien-être social; vous avez des
comptes qui vont venir des réseaux longtemps après que
l'année financière à laquelle le transfert devrait
s'appliquer est terminée. Parfois, on ferme les comptes d'une
année deux ans, trois ans après. Sur le plan de certains calculs
de péréquation, cela fait appel à des données
relatives à 22 champs de revenus différents dans chaque province
canadienne. Et vous établissez des moyennes nationales à partir
de cela. Il est évident que vous allez corriger ces chiffres au fur et
à mesure où le temps passe.
Troisième élément de complication. Dans
l'administration d'une loi de transferts fiscaux et les règlements qui
en découlent, on ne s'entend pas sur l'interprétation à
certains moments. Par exemple, un des objets majeurs de débat au
Québec, entre Québec et Ottawa, à l'heure actuelle, c'est
tenez-vous bien! la population du Québec. Cela a une
influence considérable sur les paiements de péréquation,
forcément. On ne s'entend même pas sur le chiffre de la
population, à partir de deux estimations qui viennent du même
bureau, c'est-à-dire de Statistique Canada. Si le gouvernement
fédéral acceptait notre interprétation, nous irions
chercher $75 millions de plus par année de péréquation,
qui vient du fait que Ottawa recevant je simplifie un peu deux
états de la population du Québec, en choisit un plutôt que
l'autre. Évidemment, nous choisissons celui qui nous rapporterait le
plus d'argent et Ottawa celui qui lui en coûte le moins. Bon!
Quand vous mettez tout cela ensemble, il est évident qu'on passe
littéralement année après année à rectifier
et à corriger les données qui viennent des années
antérieures. Le vérificateur a raison de souligner qu'il est
très important qu'il y ait un suivi de cela qui soit fait. Mais je dois
dire en toute franchise là-dessus que le suivi fait au ministère
des Finances quand je suis revenu au ministère des Finances,
j'avais travaillé dans d'autres capacités la
qualité du suivi n'avait aucune commune mesure avec la qualité du
suivi il y a plusieurs années. Dans quelques ministères des
Finances au Canada, il y a un petit nombre d'hommes qui sont les seuls à
connaître cela par coeur et qui font un suivi à longueur
d'année. Dans ce sens, est-ce que cela pourrait être
amélioré? Je ne le sais même pas, compte tenu justement de
la multitude de corrections qui interviennent année après
année.
M. Raynauld: À cet égard, est-ce que les
modifications importantes de 1977 dans les accords fiscaux allègent le
travail ou allégeront le travail?
M. Parizeau: Peut-être en cours, oui.
M. Raynauld: Parce que là il n'y a plus de transfert de
factures et ces choses-là, c'est fini.
M. Parizeau: C'est cela. Sur le plan des vérifications de
comptes venant des réseaux, des choses comme cela, cela a
allégé. Peut-être, ce n'est pas seulement que cela
allège, c'est que cela réduit probablement la période de
correction, en termes de nombre d'années.
M. Goulet: Une dernière question. Concernant les
paiements, le ministre a parlé tout à l'heure des paiements
à 60 jours des comptes des organismes gouvernementaux ou des
ministères. Combien cela coûte-t-il à la province, pour un
an, que vous payiez les intérêts après 60 jours,
comparativement à avant? Qu'est-ce que cela peut représenter?
M. Parizeau: On a sorti une estimation.
M. Goulet: Je ne veux pas avoir de virgules, mais
approximativement.
M. Parizeau: $1 800 000 sur une année entière,
c'est l'estimation qu'on a faite.
M. Goulet: Sur combien de milliards d'achats?
M. Parizeau: Ce ne sont pas tellement des achats, parce qu'il y a
des achats où le problème ne se posera pas. Je ne sais pas quelle
peut être exactement l'assiette possible de cela. Mais, comme cela ne
fait quand même pas très longtemps que ça a
été annoncé, c'est difficile de le savoir. Il faudra
attendre une année entière pour savoir combien, effectivement,
cela a coûté.
M. Raynauld: Le service des achats, c'est environ $250
millions.
M. Parizeau: Oui, mais attention, il n'y a pas seulement le
service des achats, il y a les contrats...
M. Raynauld: II peut y avoir autre chose. M. Parizeau:
Oui, les contrats de service. M. Raynauld: Les contrats de service.
M. Parizeau: Faire construire une route.
M. Goulet: D'accord...
M. Parizeau: Ce ne sont pas seulement les achats de marchandise,
il y a des factures à payer sur les contrats de professionnels,
d'architectes, d'ingénieurs.
M. Goulet: Concernant la taxe de vente payée par les
ministères, vous avez dit qu'il y avait un compte... vous aviez
prévu $70 millions, approximativement. Quand va-t-il être remis
aux ministères? Il n'est pas comptabilité, actuellement, dans les
budgets des ministères. Quand va-t-il être remis?
M. Parizeau: Au fur et à mesure des besoins, il n'y a pas
de problème. On ne remet jamais d'argent aux ministères...
M. Goulet: Non, mais...
M. Parizeau: ... on paie sur facture.
M. Goulet: Je veux dire, par exemple, si un ministère
comme le ministère des Transports, avec le même argent que l'an
passé je ne parle pas de l'augmentation du coût de la vie
est-ce que vous êtes sûr que le ministère des
Transports, en payant sa taxe de vente, va acheter la même chose que l'an
passé?
M. Parizeau: Exactement.
M. Goulet: Les ministres sont convaincus de cela?
M. Parizeau: Ils ne sont pas convaincus. Ce n'est pas tellement
les ministres qu'il est important de convaincre, ce sont les contrôleurs
et la comptabilité de chacun des ministères. En somme, chaque
fois qu'ils ont une taxe de vente à payer à même le fonds
de suppléance où on a laissé l'argent nécessaire,
ces sommes sont payées.
M. Goulet: Ils ne sont absolument pas
pénalisés.
M. Parizeau: Non, ce serait ridicule. Il faut que ce soit une
opération blanche.
M. Goulet: Vous êtes sûr que vos collègues
sont d'accord avec cela? Je vous pose la question.
M. Parizeau: À partir du moment où la
comptabilité fonctionne comme cela...
M. Goulet: Non, mais j'entends par là, quelqu'un
qui...
M. Parizeau: ... on n'a pas à être d'accord ou pas,
on envoie les comptes. On n'aurait jamais vu le gouvernement refuser de payer
des comptes qui ont été dépassés normalement dans
les opérations normales d'un ministère en fonction du budget
reçu.
M. Goulet: Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas possible
qu'un ministre dise: Ecoute, encore cette année, en plus d'avoir le
même budget que l'an passé et de devoir payer ma taxe de vente, je
vais avoir moins. Ce n'est pas possible qu'un ministre de votre gouvernement
puisse dire cela en public.
M. Parizeau: À partir du moment où il sait que
l'argent en question est au fonds de suppléance, il sait qu'il va
être dépensé.
M. Goulet: Je voulais seulement le savoir. Je ne veux pas que le
ministre se fâche. Je voulais savoir s'il n'était pas possible
qu'un de ses collègues ait dit cela, à un moment donné,
pour se sortir d'un...
M. Parizeau: Écoutez, je n'en sais rien. M. Goulet:
Concernant la gestion interne...
M. Parizeau: L'introduction de la phrase, c'est: pour se sortir
de... Dites-moi de quoi il voulait se sortir, on verra bien.
M. Goulet: Au niveau de la gestion interne, on semble diminuer de
tout près de 30%. Qu'est-ce qui se passe? Dans les crédits de...
un instant. On aurait dû y aller programme par programme. Je m'excuse, M.
le Président. Au programme 5, on diminue presque de 30%, comparativement
à l'an passé.
Commission Malouf
M. Parizeau: C'est parce que la commission Malouf ne va pas
siéger éternellement. La grosse année de dépenses
de la commission Malouf, c'était l'an dernier, ce n'est pas cette
année, ils achèvent.
M. Goulet: Est-ce que cela va donner de quoi, la commission
Malouf?
M. Parizeau: Cela dépend comment on définit "de
quoi"?
M. Goulet: Est-ce que je peux changer de côté de
table, M. le Président, pour poser mes questions?
M. Parizeau: Non, effectivement, c'est la réduction des
dépenses de la commission Malouf, parce qu'il y a six mois de
dépenses de prévues.
M. Goulet: II ne faut pas trop taquiner, parce qu'il semble que
le député d'Outremont n'hésite pas à quitter les
commissions quand...
Le Président (M. Blank):...
M. Raynauld: Ce qui me frappe, ce ne sont pas les remarques
qu'ils font là-dessus. C'est qu'il aurait fallu être
drôlement perspicace pour trouver que c'était la commission Malouf
qui était concer-
née; alors, "gestion interne et soutien" au ministère des
Finances, c'est la commission Malouf?
M. Parizeau: Excusez-moi, M. le Président, je cherchais
mon instrument de travail habituel. Non, mais la seule chose c'est qu'il n'y a
pas dans les programmes ou dans les éléments de programmes de
postes où effectivement on pouvait la mettre autre que là. Il
faut comprendre que, sur le plan administratif, la commission Malouf a d'abord
été rattachée au Conseil exécutif et ensuite
déplacée aux Finances. Alors là on l'a placée dans
les programmes et éléments de programmes dont on disposait dans
les crédits.
M. Raynauld: Je me serais attendu à ça.
M. Goulet: Cela va au ministère de la Justice, mais
honnêtement je ne vois pas: "gestion interne: ce programme vise à
planifier, diriger et coordonner les ressources humaines, physiques et
financières essentielles à la gestion des programmes du
ministère des Finances."
M. Parizeau: II y a de l'argent là-dedans qui correspond
à cette définition. Il y a d'autre part une commission Malouf
qu'il faut bien rattacher à un ministère. Remarquez bien que la
rattacher à un ministère n'a aucune espèce de
conséquence particulière, parce qu'étant donné
l'autonomie des commissions d'enquête, que ce soit aux Finances ou
ailleurs, ne justifie d'aucune espèce de façon le ministre
d'intervenir de quelque façon que ce soit dans le fonctionnement de la
commission. C'est essentiellement un endroit d'imputation comptable et rien
d'autre que ça. Je ne peux pas avoir quelque contact que ce soit avec le
juge Malouf; il a des rencontres avec l'administration du ministère et
lui dit: II me faut tant de comptables, tant de recherchistes, etc. et il
établit son budget.
M. Goulet: Oui, mais en 1978/79 est-ce que la commission a
siégé pendant toute l'année?
M. Parizeau: Non, ce ne sont pas ses séances publiques qui
ont coûté cher.
M. Goulet: C'est la préparation?
M. Parizeau: C'est la préparation, ce sont les services.
On ne se rend pas compte des enquêtes comptables qui...
M. Raynauld: Combien la commission Malouf a-t-elle
coûté en 1978/79 et combien coûtera-t-elle en 1979/80?
M. Parizeau: En 1977/78: $309 500. En 1978/79 la grosse
année au Conseil exécutif, pendant le temps où elle
en relevait: $266 000. Dès le début de l'année ça a
été envoyé au ministère des Finances et nous avons
payé $1 878 000. Donc, pour avoir le total de 1978/79, il faut prendre
$266 000 plus $1 878 000. En 1979/80, on calcule $684 000.
M. Goulet: Étant donné que c'est la
responsabilité du ministre des Finances, c'est probablement lui qui...
J'aurais aimé poser la question au ministre de la Justice; mais des $2
millions et plus que ça va coûter, s'attend-on de
récupérer quelque chose ou si c'est simplement pour montrer
quelqu'un du doigt?
M. Parizeau: M. le Président, ça dépend qui
on va récupérer. Moi, je connaissais déjà quelques
portes par où on pouvait récupérer, on a appris qu'il y en
avait de nouvelles.
M. Goulet: Je ne voudrais absolument pas... Mais pour...
M. Parizeau: ...
M. Raynauld: Cela ne me dérange pas du tout, je ne me sens
pas visé du tout.
M. Goulet: Non, je comprends, mais pour investir plus de $2
millions...
M. Raynauld: Je ne suis pas coupable.
M. Goulet: Ma question sera peut-être dure, mais voulait-on
simplement faire une enquête de "salissage" ou si on voulait vraiment
récupérer quelque chose?
M. Parizeau: Écoutez...
M. Goulet: Bien, écoutez, plus de $2 millions!
M. Parizeau: Non, je vais m'expliquer assez longuement
là-dessus, parce que je pense que c'est important qu'on comprenne
bien.
M. Goulet: J'ai dénoncé l'enquête Salvas
moi-même parce que ça avait été du "salissage";
est-ce qu'on voulait faire ça avec cette enquête, sachant
très bien qu'on ne récupérerait absolument rien, sauf
pointer quelqu'un du doigt? (21 h 45)
M. Parizeau: II s'agit de tout à fait autre chose.
D'abord, on n'était pas du tout persuadé, au départ, qu'il
fallait nommer une commission d'enquête, parce qu'on ne savait pas du
tout dans quelles conditions cette espèce d'extraordinaire feu
d'artifice de dépenses s'était produit. On a donc
procédé et vous allez voir à quel point c'est
différent de l'enquête Salvas dans un premier temps, de la
façon suivante. Le Conseil du trésor a choisi trois contrats
relativement simples ce que je veux dire par simple qui
n'impliquaient pas d'originalité particulière sur le plan de
l'architecture. Alors, il y avait un contrat de pose de béton dans un
garage, il y avait un contrat d'électricité, et les bancs, les
chaises du stade, la fabrication des chaises. Trois contrats. Le Conseil du
trésor a donné mandat au Vérificateur du Québec
d'examiner ces trois contrats. Dans aucun des trois contrats on ne pouvait
justifier les dépassements énormes du résultat par rapport
aux budgets ini-
tiaux par, encore une fois, de l'originalité venant de M.
Taillibert ou autre architecte un peu exhubé-rant. On a attendu le
résultat de cela. Ce qui est ressorti, à la fois sur le plan des
marges de profits, sur le plan des révisions de devis, sur le plan des
achats de matériaux, était tellement estomaquant qu'on n'avait
pas le choix. En conscience, il fallait nommer une commission d'enquête
pour alors examiner la façon dont l'ensemble de ces travaux avaient
été réalisé.
Au départ, le problème fondamental n'était pas de
s'imaginer qu'on allait avoir un rendement sur l'argent investi on ne
fonctionnait pas en termes de coûts-bénéfices qu'on
va investir, pour chaque million qu'on investit dans la commission Malouf et il
va y avoir tant de millions de rentrés. Ce n'est pas cela
fondamentalement. Mais, manifestement, une chose s'était produite qui
était inacceptable dans le genre de société où on
pense vivre, et où il était clair que a) il fallait aller au fond
de cette question, b) voir dans quelle mesure des gens pouvaient être
impliqués dans des comportements qui ne sont pas admissibles et c)
s'assurer plus que jamais que dans des travaux comme ceux-là, on ait un
ensemble de règles, et de pratiques, et d'instructions, et de
directives, et de lois au besoin qui font que jamais plus une affaire comme
celle-là ne se reproduise.
La commission Malouf a déjà révélé,
par ses audiences publiques, passablement de choses. Il est évident que
certaines portes de récupération apparaissent déjà,
quand même ce ne seraient que des vérifications d'impôt,
bien sûr. Le ministère du Revenu ne regarde pas ce qui se produit
à la commission Malouf comme une vache regarde passer un train. Il
s'intéresse vivement à ce qui se fait de ce
côté-là. Deuxièmement, il est possible, mais
là c'est trop tôt pour le savoir, que certaines poursuites peuvent
être intentées en récupération, mais là il va
falloir attendre le rapport de la commission pour savoir jusqu'où on
peut aller.
M. Goulet: Le but de ma question était de savoir s'il y a
eu vraiment des bénéfices. Je ne parle pas de ce qui peut avoir
été fait, de ce qu'on a entendu les derniers jours. Ce n'est
vraiment pas le but de ma question, mais si une compagnie a eu un contrat pour
poser des bancs, que cela devait coûter je donne un chiffre comme
cela, je ne sais absolument pas $200 millions et que cela en a
coûté $800 millions, cela veut dire qu'il y a un
bénéfice de $600 millions. Le ministère du Revenu va dire
à telle compagnie: Même si votre contrat était de bonne
foi, vous avez fait des bénéfices d'accord et cela ne
répond pas à vos états financiers et payez-nous au moins
l'impôt là-dessus. C'est ce que je voulais dire.
M. Parizeau: II est très clair que si, entre certains
profits déclarés et certains profits qui apparaissent à la
suite de la commission d'enquête, il y a des écarts, on ne va pas
regarder dans une autre direction. Cela va de soi. Mais cela c'est le premier
plan, c'est le premier volet des récupérations.
Il y a un deuxième volet de récupération qui est
d'un autre ordre, qui peut correspondre à intenter des poursuites, par
exemple, pour fraude. Cela n'a rien à voir avec la question de
l'impôt. Cela peut être seulement frauduleux, mais on ne peut pas
le savoir avant que le rapport de la commission ait été
déposé. Comme je le disais tout à l'heure, il y a une
troisième voie de récupération possible j'allais
dire aléatoire, mais je ne veux pas me prononcer là-dessus
qui s'est ouverte il y a quelques jours et sur laquelle, pour le moment, on n'a
pas de renseignements.
M. Raynauld: En ce qui me concerne, M. le Président,
j'aimerais dire, là-dessus, que je suis très heureux qu'il y ait
eu une commission d'enquête pour les Jeux olympiques. Ce que j'en sais,
à ce jour, me laisse penser qu'à cause de circonstances que
j'ignore on a adopté comme mode habituel de fonctionnement des
pratiques, par exemple, dans des contrats, à cause, apparemment, du
temps très court qui était alloué, qui ne sont pas
acceptables en général, qui sont des espèces de contrat
à "cost plus", comme on dit, sans espoir de fermer la porte ouverte
qu'implique cette formule. Je suis donc très heureux que la commission
d'enquête se penche sur ces problèmes; je suis le dernier à
regretter qu'on puisse découvrir des choses à l'occasion d'une
commission. Si je suis heureux de la commission, je serai également
heureux de ce que cette commission pourra avoir trouvé. Je serai
également heureux si des récupérations de fonds
s'avèrent possibles. J'espère que, contrairement à
beaucoup d'autres commissions du même genre qui ont existé dans le
passé, des conclusions claires en sortiront et que, s'il y a des
poursuites à faire, elles seront intentées par le
ministère de la Justice pour clarifier ces choses une fois pour toutes.
S'il y a eu malversation, je serai parmi ceux qui seront également
heureux que ces malversations soient découvertes et prévenues
pour l'avenir.
M. Parizeau: M. le Président, je veux seulement corriger
une inexactitude que j'ai dite tout à l'heure au sujet des poursuites
dans le cadre de la commission Malouf. Je pense que, normalement, il va falloir
attendre le rapport avant de savoir si certains types de poursuites ou des
poursuites à l'égard de certaines personnes doivent être
intentées. Il est exact que si, en tout temps, d'ici là, le
Procureur général, lui, trouve qu'il y a matière à
poursuites, évidemment, il peut les intenter avant le dépôt
du rapport de la commission. Le Procureur général n'est pas
lié à la fin des travaux pour intenter des poursuites.
C'était seulement une correction que je voulais ajouter, car je n'avais
pas fait cette nuance.
M. Goulet: Ce dont je voulais m'assurer, M. le Président
et je terminerai là-dessus c'est que lorsqu'on a investi
$2 millions...
Une voix: $3 millions.
M. Goulet: ... $3 millions je ne vise pas le ministre des
Finances, M. le Président, mais ceux qui ont pris la décision
ce n'était pas dans le but de salir ou d'investir pour un
référendum éventuel, mais qu'on était
décidé, en partant, à aller jusqu'au bout. S'il y a des
accusations à porter, on en portera; les gens accusés pourront se
défendre et seront jugés en conséquence. Je suppose que ce
n'était pas seulement dans le but de semer le doute et de laisser tomber
cela à un moment donné, comme certaines commissions
d'enquête, comme vient de le dire le député d'Outremont,
où, après avoir semé le doute, cela est mort.
J'espère que pour ces $3 millions investis, s'il y a quelque chose
à faire, on ira jusqu'au bout.
M. Parizeau: M. le Président, je le souhaite aussi.
M. Raynauld: Comme dans le cas de Loto-Québec, par
exemple, où beaucoup d'affirmations ont été faites et il
n'y a jamais eu de suites données à ces affirmations qui
étaient faites en public. Il y a des réputations qui ont
été salies et il n'y a pas eu de poursuites, à ma
connaissance.
M. Parizeau: Attention! Il n'y avait pas de commission
d'enquête nommée.
M. Raynauld: Non, mais c'était du même genre;
c'étaient des accusations avant les enquêtes.
M. Parizeau: II n'y a jamais eu de commission d'enquête
dans ce cas.
M. Raynauld: Mais il y a eu des enquêtes. Le ministre de la
Justice nous a dit qu'il y avait eu des enquêtes. Vous vous rappellerez
qu'au mois de décembre, l'année dernière, le ministre de
la Justice a dit: Jusqu'à maintenant, les enquêtes que nous avons
menées au ministère de la Justice n'ont donné aucun
résultat. C'est de la queue de poisson. Je pense que c'est à cela
que je voulais faire allusion. Je pense que c'est à cela aussi que mon
collègue veut faire allusion.
M. Parizeau: Oui, mais entendons-nous...
M. Raynauld: On espère que cette commission Malouf ne
conduira pas aux mêmes résultats. C'est tout simplement cela,
c'est un espoir et un voeu, qu'on peut exprimer.
M. Parizeau: Que je partage vivement, mais je reviens simplement
sur la question du coût de la commission. Il faut bien s'entendre sur une
chose. Si on croit que quelque chose est inacceptable dans une
société et que cela doit donner lieu à une enquête
sous cette forme-là, c'est-à-dire de nature judiciaire en vertu
de la Loi des commissions d'enquête, là il est évident
surtout si on veut que cela aboutisse, que le travail soit correctement
fait qu'il y a des poursuites comme cela ou des enquêtes dans une
société qui coûtent très cher lorsqu'on croit que
c'est nécessaire. J'imagine, par exemple, que les poursuites pour
collusion et conspiration dans le dragage qui vien- nent d'aboutir à un
jugement en Ontario auront coûté une petite fortune;
d'après ce que j'ai cru comprendre, en frais judiciaires, ce sera pas
mal plus élevé que la commission Malouf. Il y a 43 000 pages de
transcription. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui va soutenir que ces procès
n'étaient pas justifiables? Il y a des dépenses, à
certains moments, qu'il faut encourir pour d'abord constater certains types de
pratique et ensuite prendre les mesures qui s'imposent pour que, autant que
possible, cela ne recommence pas.
M. Goulet: Ce que je voulais dire, M. le Président, c'est
que j'espère que le gouvernement, quel que soit le ministère qui
commande des enquêtes comme celles-là, ne fasse pas comme le
simple contribuable qui n'oserait jamais attaquer son voisin, mais, parce qu'il
a accès à la loi des petites créances et que cela ne lui
coûte pas un cent, il peut taper sur la gueule de son voisin, juste pour
le "fun" de lui taper sur la gueule. C'est ce que je voulais dire.
J'espère que ce n'est pas cela. Non?
M. Parizeau: Je ne vois vraiment pas le rapport.
M. Goulet: Vous ne voyez pas de relation. Non? Parce que ce n'est
pas lui qui paie, à un moment donné, et pour détruire son
voisin, c'est juste pour le "fun" de le détruire, ou si on veut vraiment
avancer dans le dossier.
M. Parizeau: II n'y a rien dans le comportement...
M. Goulet: Vous avez très bien répondu, vous allez
aller jusqu'au bout et si des gens... Je ne voudrais pas qu'on sème des
doutes pour le plaisir de semer des doutes.
M. Parizeau: Mais M. le Président, je suis...
M. Goulet: Salir des Québécois, comme
l'enquête Salvas a fait, avec notre propre argent, se salir entre nous.
Ce n'est pas parce que je me sens visé, M. le Président. Je pense
que je n'ai rien à défendre ici ce soir, mais c'est au niveau des
principes.
M. Parizeau: M. le Président, je réagis ici comme
strict profane en regardant fonctionner la commission Malouf, mais je pense que
tous ceux qui ont vu fonctionner cette commission reconnaissent qu'elle a
été inattaquable dans sa façon de procéder. On a vu
dans le passé d'autres commissions d'enquête être
attaquées sur leur façon de procéder. Moi, je n'ai pas
entendu une seule critique à l'égard du fonctionnement de la
commission Malouf. Je ne sais pas s'il y en a eu, mais là je
réagis seulement comme profane, comme quelqu'un qui lit les journaux
comme tout le monde. Je ne me souviens pas d'avoir vu une attaque sur la
façon de procéder de cette commission.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce qu'on peut passer
à un autre sujet?
Conseil du trésor
M. Parizeau: M. le Président, si on s'était entendu
pour terminer à 10 h 30, je voudrais simplement vous signaler qu'il nous
reste le trésor à faire et que, si on veut discuter des
conventions collectives, il faut se garder un peu de temps. Excusez-moi, on me
signale qu'il y a trois questions du député d'Outremont qui sont
restées sans réponse. Alors, je pourrais peut-être terminer
avec cela.
D'abord, la question des $300 millions de dépenses nouvelles
affectées par le comité des priorités dans le budget. J'en
ai annoncé ou décrit une série à l'occasion du
discours du budget. La mécanique fonctionne de la façon suivante,
elle est toujours la même, chaque année. On projette, d'une
année sur l'autre, les dépenses telles qu'elles existent en les
ajustant simplement pour les clientèles, le nombre d'enfants qu'il y
aura dans le système, dans les écoles, les prix, une
hypothèse d'inflation quant aux coûts, enfin pour
différentes choses qu'on achète, les salaires, les augmentations
prévues par les conventions collectives, par exemple, et on arrive
à une espèce de budget neutre je simplifie un peu
à une sorte de budget neutre: Voici ce que cela coûterait comme
dépenses, si le gouvernement ne faisait que la même chose que
l'année précédente et se contentait, sur le plan de ses
immobilisations, des parachèvements. (22 heures)
On compare cela à une projection des revenus sur la même
base. Si la structure de taxation n'était aucunement changée,
compte tenu des hypothèses qu'on fait quant à l'augmentation de
l'activité économique, qu'est-ce que ça donnerait comme
revenu? On établit la différence entre les deux, ça
dégage une marge de manoeuvre. La marge de manoeuvre peut servir
à deux choses, à supposer qu'on ne change pas le niveau des
emprunts: je reviendrai au sujet des emprunts tout à l'heure
ou bien ouvrir de nouveaux programmes de dépenses, lancer de
nouveaux projets de construction, ouvrir de nouveaux programmes sociaux, etc.,
ou bien réduire les impôts, ou la combinaison des deux.
C'est-à-dire qu'on veut prendre une partie de la marge de manoeuvre et
dire: Une partie servira à de nouvelles dépenses, une autre
partie servira à des réductions d'impôts.
Jusqu'à maintenant, j'ai raisonné comme si le niveau des
emprunts ne changeait pas, comme si les besoins financiers nets du gouvernement
ne changeaient pas. Si on décide d'augmenter les emprunts nets du
gouvernement, on se trouve à ajouter à la marge de manoeuvre dont
je parlais tout à l'heure. Alors, les $300 millions de dépenses
dont le député d'Outremont parlait, plus les réductions
d'impôts qui ont aussi été décrétées
dans le discours du budget, la combinaison des deux donne la marge de manoeuvre
qu'on avait. J'explique tout ça plus pour le journal des Débats
qu'autre chose, parce que j'ai l'impression que le député
d'Outremont doit savoir très précisément ce que je veux
dire.
M. Raynauld: Je suis au courant de cette méthode, mais ce
que j'aurais aimé, ça aurait été d'avoir une liste
de ces priorités de dépenses, pour qu'on puisse les retrouver
quelque part. Je n'ai pas été capable de les retrouver à
partir des indications du discours sur le budget.
M. Parizeau: J'en donnais une série en fait.
M. Raynauld: Oui, mais je suis arrivé à environ $75
millions, parce que ce n'était jamais donné exactement sur la
même base; parfois c'était sur deux ans, une autre fois
c'était pour autre chose, une autre fois on ne savait pas si cela allait
être versé. Est-ce que ces...
M. Parizeau: J'imagine que les commissions parlementaires ont
dû aérer cela considérablement.
M. Raynauld: Non, justement, elles ne sont pas capables
d'aérer ça. Le point de départ aurait été de
l'aérer à partir du ministère des Finances qui aurait pu
nous fournir une liste de ces $300 millions, afin que nous sachions où
ils sont. Il me semble que ça appartiendrait au ministère des
Finances de fournir cette liste, ne serait-ce que comme information
supplémentaire, par exemple.
M. Parizeau: Cela est tout à fait inédit, en ce
sens que, normalement, c'est à la commission parlementaire que le
ministre des Affaires sociales dit: Cette année j'ai $5 millions de plus
pour ceci ou je lance $10 millions là-dessus, par exemple.
M. Raynauld: Non, ce qui est inédit c'est que cette
année, dans le discours du budget ou dans les documents qui accompagnent
le budget, on n'a pas eu cette information, alors que souvent on l'avait. Par
exemple, cette année, dans le discours du budget, on n'a. pas eu non
plus le détail de toutes les variations d'impôts, comme on l'avait
eu en 1977/78. Cela peut être simplement pour des raisons anodines de
présentation ou autres, mais il reste que ces $300 millions de
priorités de dépenses, je n'ai pu les retrouver. Comme je pense
bien que c'est une chose facile à compiler, puisque effectivement, on
doit la retrouver dans les crédits, je me demandais si le ministre des
Finances n'aurait pas pu distribuer aux membres de la commission un document
qui aurait pu aider à l'intelligence du problème.
M. Parizeau: M. le Président, avant de m'engager à
quoi que ce soit, je voudrais d'abord consulter mes collègues, parce que
là, en un certain sens, je me trouve à me substituer
littéralement à chacun d'eux. J'aurais besoin d'une consultation
avant de conclure. Maintenant, on pourrait peut-être s'entendre sur le
fait que le discours du budget pourrait être plus explicite, au moins
dans ses annexes, sur ces choses. Mais plutôt que de changer des
règles de comportement en plein milieu de la course, peut-être que
la chose la plus simple serait que, dans le discours du budget de l'an
prochain, on fasse apparaître en annexe,
plutôt que dans le corps du... quoique les renseignements
supplémentaires aux crédits doivent donner une série de
ces choses-là.
M. Raynauld: Je ne le pense pas. Ceux qui l'ont fait sont
sûrement encore plus au courant.
M. Parizeau: Les renseignements supplémentaires aux
crédits annonçaient toute une série de nouvelles...
M. Raynauld: J'ai glané des choses ici ou là, et
j'avais effectivement beaucoup de difficultés, parce que ce
n'était pas résumé dans un tableau; il fallait donc
prendre cela dans un paragraphe ici, un paragraphe là.
Évidemment, c'était...
M. Parizeau: Cela a toujours été fait comme cela,
on le prenait par ministère...
M. Raynauld: Oui, mais quand on dit: Pour les garderies
par exemple on va dépenser $31 millions je ne me rappelle
plus tellement le chiffre sur une base de deux ans, par exemple. Au
paragraphe suivant, on dit: On a consacré $30 millions là-dessus
depuis un an et demi. Il m'a semblé que c'était une information
qui allait plutôt de soi qu'autre chose. Je ne veux pas embarrasser le
ministre en lui demandant cela.
M. Parizeau: Ce n'est pas tellement une question d'embarras,
c'est simplement une question que ce que le député d'Outremont me
pose je suis peut-être prêt à considérer cela
c'est que, pour les renseignements supplémentaires des
crédits et les renseignements supplémentaires de l'impôt,
il faudrait peut-être être plus systématique dans la
façon d'établir une liste ou, alors, avoir un tableau
synthétique une fois qu'on a passé chacun des ministères
et annoncé chacune des mesures, avoir une espèce de tableau
synthétique au bout. Ce serait peut-être quelque chose... on
pourrait peut-être songer à faire cela.
M. Raynauld: Si on regarde les crédits comme ils sont
présentés, vous admettrez tout de suite, au premier coup d'oeil,
qu'on n'est pas capable de dégager...
M. Parizeau: Non, ce n'est pas de cela que je parlais. Je parlais
des renseignements supplémentaires aux crédits. Il y a un
document qui existe depuis fort longtemps et qui sort chaque année selon
un certain type de présentation. Là, on me dit qu'il faudrait
peut-être en corriger la présentation. Oui, cela s'envisage, bien
sûr. Je suis d'accord avec vous, il n'y a pas moyen de trouver cela
là-dedans, dans les renseignements supplémentaires oui, mais pas
là-dedans.
Pour ce qui a trait à l'impôt sur les successions et sur
les dons, effectivement, l'Ontario a décidé d'abolir ces droits.
Elle était placée, si j'interprète bien ce qu'elle a fait,
dans une situation assez différente de la nôtre, en ce sens que,
là-bas, c'est la succession qui est taxée et que, par rapport
à des provinces de l'Ouest où il n'y avait plus d'impôt sur
les successions, certains glissements se produisaient. Notre formule est
évidemment assez différente de celle de l'Ontario puisqu'on taxe
le bénéficiaire, non pas la succession. Les possibilités
de glissement, dans ces conditions, sont beaucoup plus faibles. C'est le
bénéficiaire, là où il réside, qu'on taxe,
au moment où il reçoit la somme. Ce n'est pas, si vous me passez
l'expression, le "pot", comme ça l'était dans les anciennes lois
de l'impôt sur les successions au Canada et comme ce l'était en
Ontario.
Dans ce sens, j'ai l'impression que les possibilités de
glissement sont moins fortes. Évidemment, on ne peut pas faire autrement
que de toujours examiner ces possibilités de glissement. Pour le moment,
en tout cas, ce n'est pas mon intention de suggérer des modifications
dans la formule, sous réserve, évidemment, que j'examine
périodiquement ce qui se passe.
M. Raynauld: Je suppose que vous n'êtes pas d'accord avec
le jugement que le trésorier de l'Ontario a émis à propos
de l'impôt sur les successions, que cela faisait un tort énorme
à l'économie de l'Ontario.
M. Parizeau: II portait un jugement, encore une fois, sur les
glissements qui se produisaient, parce qu'il taxait la succession. Une
succession, cela se déplace. Lui, au fond, a porté un jugement
quant aux glissements qui se produisaient de successions localisées en
Ontario vers l'Ouest. Nous, ce n'est pas cela, on ne taxe plus les successions,
on appelle cela l'impôt sur les successions, au Québec, mais, en
fait, ce n'est plus cela. On taxe ce que le bénéficiaire
reçoit alors que, par exemple, le montant se déplace; si le
bénéficiaire ne se déplace pas, les possibilités de
glissement ne sont pas du tout du même ordre. Néanmoins, il faut
les regarder, il ne faut quand même pas non plus être
irresponsable, il faut quand même être capable de suivre cela
périodiquement pour savoir où on en est. À l'heure
actuelle, je n'ai pas l'intention de suggérer des modifications à
cela.
Troisièmement, quant à la question de l'étude sur
l'épargne, je vous avouerai que, comme elle ne relève pas de moi
elle se fait chez le ministre du développement économique
nous y avons beaucoup contribué au ministère des Finances,
il y a plusieurs fonctionnaires du ministère des Finances qui ont
travaillé dans le cadre de cette étude, qui ont
préparé certaines études sectorielles pour le
comité qui dirige cette étude mais, de mémoire, je ne me
souviens pas quand M. Landry a annoncé qu'il déposerait cette
enquête sur l'épargne. Je m'excuse, je devrais peut-être le
savoir mais cela m'échappe. Je ne sais à quelle date. Je sais
qu'il a déjà répondu à l'Assemblée nationale
à ce sujet, mais je ne me souviens plus de la date qu'il avait
fixée pour cela.
M. Raynauld: Je n'insisterai pas, parce qu'il ne reste pas
beaucoup de temps.
Le Président (M. Blank): Les crédits du
ministère des Finances sont adoptés. Maintenant, on va
étudier ceux du Conseil du trésor.
M. Parizeau: Là encore, étant donné qu'il
nous reste peu de temps, je vais limiter mes observations simplement à
signaler un changement qui est évidemment très important pour le
Conseil du trésor. C'est cette tâche de coordination des
conventions collectives dans le secteur public et parapublic qui nous
amène à augmenter assez nettement les ressources dont le Conseil
du trésor disposait à cet effet. Alors que le Conseil du
trésor n'a jamais de caractéristiques particulièrement
explosives dans ses budgets, que c'est certainement une des agences
gouvernementales ou un des organismes gouvernementaux qui a le moins de
personnel, à l'occasion de la coordination des négociations
collectives, on a ajouté un groupe de fonctionnaires pour servir,
à la fois, d'analyse, de soutien, de coordination dans ce domaine. Je
vais me limiter à cela et laisser venir les questions.
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je pense qu'il y avait deux questions qui ont
été posées de ce côté-ci. J'en avais
posé une à propos de la codification de la politique
administrative. Je voulais simplement demander où en était rendue
cette codification. L'année dernière, on y avait fait allusion,
on avait dit que cette codification était en cours et qu'on allait
publier une nouvelle codification au cours de l'automne 1978, si mon souvenir
est bon. Je voudrais savoir si c'est un autre document qui m'a
échappé. En tout cas, je n'en ai pas entendu parler. Plus
généralement, comme je ne suis pas très familier avec
cela, je pensais qu'on aurait peut-être un peu le temps de se faire
expliquer plus en détail de quoi il s'agissait. Compte tenu de l'heure,
je me contenterai simplement de remarques un peu générales sur le
sujet. Ensuite, il y avait le sujet de mon collègue que j'aimerais bien
appuyer dans ses efforts pour obtenir des informations également.
M. Parizeau: II y aura deux volumes de la codification
administrative. Le premier volume tout ce qui a trait aux questions
d'approvisionnements et de services est maintenant terminé. Il
est disponible, si je comprends bien. C'est donc dire que c'est un document
qu'on peut se procurer. C'est une brique spectaculaire. Le deuxième
volume serait prêt au début de l'automne. (22 h 15)
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que je peux demander
en quoi cela consiste au juste? Est-ce que c'est un recueil des
règlements? Est-ce que ce sont des pratiques administratives qui vont
au-delà des règlements? Est-ce qu'il s'agit
d'arrêtés en conseil? Qu'est-ce qu'il y a là-dedans?
Qu'est-ce qu'on appelle une codification de la politique administrative, en
gros?
M. Parizeau: C'est l'ensemble des directives qui s'appliquent
littéralement à l'ensemble des opérations du gouvernement
et qui portent tout aussi bien sur les conditions dans lesquelles des achats
vont se faire, des contrats de service vont se donner, du personnel va
être rémunéré, des allocations de voyages seront
permises, etc. Au fond, c'est l'ensemble des directives qui s'appliquent
à l'ensemble des opérations administratives du gouvernement.
M. Raynauld: C'est la bible du chef de l'administration de chaque
ministère. C'est cela?
M. Parizeau: Non, c'est à la fois l'ancien et le nouveau
testament.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Bellechasse.
Négociations avec les secteurs public et
parapublic
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais qu'on prenne
quelques minutes pour parler des négociations dans les secteurs public
et parapublic. On sait que pour négocier avec le front commun, le
Conseil des ministres... Dans le temps de l'ancien gouvernement, c'était
le Conseil des ministres, aujourd'hui on a remplacé le ministre de la
Fonction publique par le Conseil du trésor. Je voudrais savoir comment
cela va dans les négociations du secteur public et parapublic.
M. Parizeau: D'abord, je voudrais simplement corriger une chose
qui vient d'être dite. On n'a pas remplacé le ministre de la
Fonction publique par le Conseil du trésor. Dans l'ancien système
on a donné, à un moment donné, une mission de coordination
à un ministre qui s'adonnait être le ministre de la Fonction
publique, je veux dire que ce n'était pas ex officio qu'il avait cette
mission de coordination. Quant à la coordination, si on prend les
négociations des dix ou quinze dernières années, je n'en
ai jamais connu deux pareilles sur ce plan. Cela a toujours été
différent d'une négociation à l'autre.
M. Goulet: C'est vous qui êtes le maître
d'oeuvre.
M. Parizeau: Comme président du Conseil du trésor
j'ai assumé, en vertu du bill 55, un certain nombre de tâches de
coordination. On me demande comment cela va à l'égard du front
commun...
M. Goulet: Je peux peut-être être plus
précis...
M. Parizeau: Je peux peut-être dire quelques mots, des
commentaires généraux et on pourra entrer davantage dans les
questions.
Le front commun avait d'abord à se constituer. C'était
loin d'être évident au départ qu'il se constituerait comme
il s'est constitué. Il aurait pu se constituer différemment.
Ensuite, on a abordé, une fois qu'on a su comment il se constituait, le
fonctionnement de la table centrale. Il fallait d'abord s'entendre qu'il y ait
une table centrale, cela non plus n'est pas évident.
Troisièmement, qu'est-ce que ferait la table centrale? Dans le
passé, les tables centrales ont eu une fâcheuse tendance à
se faire plus ou moins à la dernière minute et sans
définition trop précise de leur mandat. Ensuite, il fallait
déterminer qui représenterait qui à la table centrale. En
somme, ceux qui sont de chaque côté, à la table centrale,
représenteraient quel groupe. Cela a amené un certain nombre de
discussions.
Finalement, quelle part on donnerait à des séances
publiques où les journalistes, par exemple, pourraient venir se
renseigner sur le déroulement et quelle part on donnerait à la
table centrale à des négociations à huis clos.
Sur tous ces points, l'entente est intervenue. C'est une sorte de
première, que ce soit aussi précis, aussi clair, que le mandat de
la table centrale soit aussi bien défini, on sait exactement ce qu'on va
négocier là, qui va représenter qui et je suis assez
content que cela ait tourné ainsi, parce que finalement on s'est entendu
sur chacun de ces points avec assez peu de...
Le problème consiste, maintenant que la table centrale
c'est tout récent, la table centrale est là, il faut la
faire démarrer et puis accélérer aux tables sectorielles.
Dans le cas de l'Éducation, en tout cas, accélérer aux
tables locales; on travaille à trois niveaux, il y en a qui travaillent
à des tables centrales, il y a des tables sectorielles pour
l'Éducation et les Affaires sociales, qui s'occupent de questions,
disons, d'envergure nationale et, au niveau de l'Éducation, il y a des
tables locales.
Évidemment, beaucoup de choses étaient suspendues à
une entente à la table centrale. Les mandats, aux tables sectorielles,
sont déposés partout... Pas les mandats, les offres, parce que
les offres ne sont pas nécessairement des mandats. Les offres sont
déposées aux tables, les demandes sont déposées aux
tables, la table centrale est maintenant créée; là, il
s'agit de pousser sur les trois niveaux à la fois. Nous, on a
indiqué qu'on était disposé à négocier tout
l'été, quitte à s'entendre, pendant trois semaines, pour
dégager des vacances pour tout le monde, mais notre intention est de
négocier tout l'été et de ne pas suspendre c'est
déjà arrivé qu'on suspende des négociations pendant
l'été et ça, on ne le veut pas là, on va
bien voir. Une des clés majeures du démarrage de cette affaire,
la table centrale, est réglée depuis lundi dernier.
M. Goulet: Concernant la CEQ, le président, M. Gaulin,
vous avait écrit une lettre que j'ai ici où il
n'était pas tendre à votre endroit. Est-ce que, depuis ce temps,
il y a eu amélioration? Il dit, par exemple, au deuxième
paragraphe: Vous avez fait un certain nombre d'affirmations qui ne cor-
respondent pas à la réalité... Ce sont les mots de M.
Gaulin, vous avez certainement reçu cette lettre de deux pages.
J'aimerais savoir si, depuis ce 10 mai, il y a eu de l'amélioration
concernant surtout la CEQ ou si c'est demeuré à peu près
stable. Quant à vous, quant à lui ou quant à...
M. Parizeau: II faut bien saisir que moi, normalement, je n'ai
pas de contacts continus avec les présidents de centrale, ce sont les
ministres sectoriels qui en ont. Par exemple, M. Jacques-Yvan Morin va
normalement être celui qui va rencontrer M. Gaulin, chaque fois que
ça semble être utile. Je ne veux pas dire par là que je
n'ai jamais vu ces chefs de centrale et que je ne les verrai jamais, mais le
canal normal du dialogue entre un chef de centrale et le gouvernement, sur le
plan de ces négociations, c'est avec le ministre sectoriel.
Bien sûr, je pense que la lettre était venue après
la période du vendredi où j'avais indiqué un certain
nombre de choses; M. Gaulin n'était pas très content et il me l'a
écrit; mais ce sont des choses qui arrivent. Je n'ai jamais vu de
négociations où les protagonistes, de part et d'autre, s'envoient
des lettres pour se dire: J'ai eu une profonde admiration pour ce que vous avez
dit la semaine dernière, cher monsieur, et vous êtes assuré
de mes sentiments les plus cordiaux.
M. Goulet: Je le comprends, lorsqu'on négocie, M. le
Président, mais il semblerait que vous auriez dit qu'il y avait eu
entente sur quatorze points. Vous me permettrez de citer; au niveau des
prénégociations, M. Gaulin dit: Je regrette, il n'y a absolument
rien de vrai là-dedans. Il y a une différence; je veux bien
croire qu'on s'obstine comme ça, mais je voudrais savoir qui dit vrai.
Est-ce vous ou M. Gaulin? Je ne doute nullement de la parole du ministre, M. le
Président j'ouvre une parenthèse pour dire ça
mais pourquoi M. Gaulin aurait-il pris la peine de vous écrire
une telle lettre comme président de la CEQ?
M. Parizeau: Parce que, comme toujours, il y a des discussions
quant à l'interprétation des gestes posés.
Il s'agit des négociations aux tables locales; au départ,
du côté de la partie patronale, un certain nombre
d'éléments ne voulaient pas du tout de discussions aux tables
locales, alors que la partie syndicale en voulait beaucoup, et sur un grand
nombre de sujets.
Dans l'hypothèse où aucune espèce d'entente
n'intervient, le ministre de l'Éducation peut décréter des
matières aux tables locales sous forme d'arrêté en conseil.
Sur, effectivement, quatorze points, la CEQ s'est entendue avec la
Fédération des commissions scolaires sur des matières sur
lesquelles il leur paraissait possible de négocier localement. Mais, la
CEQ en voulait davantage et a dit, à un moment donné, si je
comprends bien la lettre de M. Poulin: Tous les quatorze autres points restent
conditionnels au fait que vous acceptiez le quinzième ou le
seizième; vieille technique de négociations bien connue. Il n'en
reste
pas moins que le ministre de l'Éducation devait quand même
déterminer... À un moment donné, il faut trancher. Le
gouvernement est quand même fait pour gouverner. À un moment
donné, il faut trancher ces choses. Ce que le ministre de
l'Éducation a fait, il a présenté au Conseil des ministres
un arrêté en conseil en disant fondamentalement: II y a quatorze
points, donc on va les décréter par arrêté en
conseil comme matière de négociation locale et, advenant que les
deux parties s'entendent sur d'autres points, on laisse la porte ouverte, on
les ajoutera à l'arrêté en conseil. Si vous voulez, une
raison de dire: Moi, mon acceptation des premiers quatorze points, c'est
conditionnel à l'acceptation du quinzième ou du
seizième.
Le gouvernement a parfaitement raison, aussi, de reconnaître que
sur les premiers quatorze points, tout le monde s'entend. Alors, on s'envoie
des lettres, c'est normal.
M. Goulet: M. le Président, c'est malheureux de constater
qu'il est 22 h 30. J'avais donné mon consentement pour qu'on termine
à 22 h 30.
Le Président (M. Blank): Cela veut dire que les
crédits du Conseil du trésor sont adoptés.
M. Goulet: On aurait pu passer la nuit là-dessus,
mais...
Le Président (M. Blank): La commission ajourne ses travaux
sine die.
M. Goulet: Non, il n'est pas tout à fait 22 h 30, il reste
deux minutes.
Le Président (M. Blank): Sur la mienne, il est 22 h
30.
M. Goulet: Ce que je voulais souligner au ministre... Si vous me
permettez, M. le Président, ce que je voulais souligner au ministre des
Finances, c'est que cela ne semble pas aller si bien que lui le laisse
croire.
M. Parizeau: Je n'essaie pas de laisser croire que cela va bien,
je ne suis pas enveloppé d'une béatitude sereine dans ces
choses-là. Tout ce que je note, c'est que les étapes se prennent
une à une, qu'on a, à l'égard des négociations avec
le front commun, une avance qui n'a jamais existé dans le passé,
que sur le fonctionnement de la table centrale, on s'est entendu, qu'il y aura
des pépins. Une fois que j'affirme des choses comme celle-là,
tout le monde pourrait... On me dit immédiatement: Mais, il va y avoir
des pépins. Je sais bien qu'il va y avoir des pépins. On me dit:
II va y avoir des crises. Je n'en doute pas un instant qu'il va y avoir des
crises, mais je dis simplement qu'il faut prendre les ponts un après
l'autre.
Le Président (M. Blank): Ne discutons pas, les
crédits sont adoptés. La commission ajourne ses travaux sine
die.
Fin de la séance à 22 h 29