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Commission permanente des Finances,
des Comptes publics et du Revenu
Etude des crédits du ministère
des Finances, du Conseil du trésor
et du Service de la dette
Séance du mardi 30 mai 1972
(Dix heures trois minutes)
M. CROISETIERE (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Je souhaite la bienvenue à tous les membres de cette commission.
J'aimerais savoir s'il y a une procédure particulière que vous
aimeriez observer ou si le ministre veut commencer par nous expliquer la
politique de son ministère.
Procédure
M. GARNEAU: Ce que j'aurais l'intention de faire, M. le
Président, serait de suggérer j'en avais parlé au
député de Montmagny de même qu'au député de
Beauce et au député de Gouin, ces deux derniers étant
absents s'il était possible de faire comme l'an dernier et de
commencer par la curatelle publique étant donné que les gens
viennent de Montréal et qu'autrement il leur faudrait rester ici deux ou
trois jours sans savoir à quel moment ils passeront.
La deuxième raison c'est que le ministre d'Etat aux Finances qui
a été chargé par le premier ministre de s'occuper de la
curatelle publique et du régime de retraite des enseignants et des
fonctionnaires attendait depuis déjà longtemps son acceptation
à l'hôpital pour un examen général et il y va
demain. S'il était possible d'étudier ces deux articles, nous
entreprendrons après cela la discussion générale du
ministère. J'aurai à ce moment-là un exposé sur les
principales préoccupations au cours de l'année qui vient de se
terminer et les objectifs pour l'année à venir. On pourrait,
à ce moment-là, entreprendre la discussion générale
qui a l'habitude de se tenir concernant le financement, les politiques du
ministères etc., immédiatement après l'adoption de ces
deux articles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un commentaire, M. le Président. C'est
exact ce que vient de dire le ministre des Finances. Nous avions convenu de
commencer par l'étude de la curatelle publique comme nous l'avions fait
l'an dernier au début des crédits. Cette année, le
ministre désire ajouter un autre article, le régime de retraite
des fonctionnaires et des enseignants. D'autre part, j'ai noté
également l'observation qu'il a faite au sujet du ministre d'Etat aux
Finances. Comme nous voulons collaborer le plus possible à son
rétablissement, même s'il nous semble en excellente santé,
ce matin, nous allons agréer cette suggestion.
Je retiens également la façon dont le ministre des
Finances nous annonce ça. C'est que le ministre d'Etat aux Finances va
aller à l'hôpital subir un examen général. Comme
ex-ministre des Finances je m'oppose à cette formule qu'on emploie
étant donné que l'ancien ministre, l'ex-ministre et le ministre
actuel tentent de faire la preuve que le centre hospitalier n'est qu'un endroit
de traitement et non un endroit de vérification.
M. PARENT: C'est de la médecine préventive.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, je n'insiste pas. Je
sais que la médecine préventive est importante.
Je sais qu'avec la qualité de notre réseau hospitalier,
qualité qui n'a cessé de s'accroître avec les
années, le ministre d'Etat aux Finances pourra continuer d'assister le
ministre des Finances dans l'accomplissement de ses fonctions.
M. RUSSELL: M. le Président, je voudrais simplement appuyer les
propos de mon collègue de Montmagny en ce qui concerne la
vérification du ministre d'Etat aux Finances. Etant donné qu'il
est au Conseil du trésor, qu'il vérifie tous les autres, il se
rend compte qu'à un moment donné lui aussi est obligé de
se faire vérifier. Donc, nous allons procéder aussi rapidement
que possible afin de lui donner la liberté d'aller se faire
vérifier pour revenir à son travail qu'il accomplit, je crois,
assez bien.
M. LE PRESIDENT: Avant de procéder à l'étude des
crédits du ministère des Finances, je demanderais au
député de Laurier s'il voudrait bien accepter le poste de
rapporteur de cette commission.
M. MARCHAND: Très bien.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais souligner ici, pour le journal des
Débats, que M. Houde, député de Limoilou, remplace le
député de Beauharnois et que le député de Duplessis
remplace le député de Rouville, ce matin.
Sans plus de préambule, nous passerons à l'article 19 :
Curatelle publique.
Curatelle publique
M. GARNEAU: J'aimerais vous présenter M. Desjardins, de la
Curatelle publique; M. Lussier étant en vacances, M. Desjardins pourra
assister le ministre d'Etat aux Finances, M. Parent, dans la discussion de ses
crédits.
M. RUSSELL: M. le Président, je me demande si vous me permettriez
de poser une question au député de Duplessis, à savoir
s'il a passé la fin de semaine dans son comté.
M. CO1TEUX: Oui. Et pour l'information du
public, lorsque le gentil monsieur qui s'appelle Louis Laberge a cru
prétendre, par les journaux, que j'avais peur d'y aller, j'ai
passé quatre jours dans mon comté. Je lui ai même offert
â venir tenir une assemblée contradictoire qui apparemment
était...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ça peut avoir un lien avec la
Curatelle publique?
M. COITEUX: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, comme première
question, tenant compte des observations qui ont été faites l'an
dernier, après l'adoption de la Loi de la curatelle publique, le
ministre nous avait dit que les effectifs seraient augmentés de
façon assez considérable, même qu'ils pourraient
doubler.
Les budgets auraient accusé une augmentation. Je demanderais au
ministre quelle est la situation de l'organisation de ce service de la
Curatelle publique, quel est l'état du dossier quant au recrutement des
fonctionnaires et au budget qui est demandé cette année, pour
72/73.
M. PARENT: Il faudrait d'abord comprendre que le bill 32 a
été autorisé par la Législature à la session
de 1971. La loi n'est pas entrée en vigueur encore. Elle sera
proclamée pour entrer en vigueur le 1er juin. Entre-temps, la Curatelle
publique a été autorisée par le Conseil du trésor
à augmenter ses effectifs provisoires de 16 postes qui ont
déjà été comblés pour permettre la mise en
application de la nouvelle loi. Il y a des changements qui se sont produits
à la curatelle dans l'administration, c'est-à-dire que nous
aurons dès le 1er juin la mécanographie des opérations qui
ont été faites par le centre de traitement de données du
ministère des Finances. Ceci a nécessité des changements
majeurs dans l'organisation puis-qu'auparavant les écritures aux livres
se faisaient, comme on dit communément, à la mitaine. Maintenant,
elles seront mécanisées à compter du 1er juin.
L'entrée en vigueur de la nouvelle loi étant fixée au 1er
juin, c'est à compter de ce moment-là que la curatelle aura
juridiction sur les curateurs et les tuteurs privés, c'est-à-dire
que le nombre de dossiers sera porté de 22,000 à environ 60,000
pour couvrir les curateurs privés et les tuteurs privés.
Dans le cas des curateurs privés et des tuteurs privés, il
s'agit tout simplement d'une opération de vérification,
c'est-à-dire qu'au moment où le tuteur ou le curateur est
désigné par le conseil de famille ou par la cour
Supérieure, à compter de ce moment-là le curateur
privé est dans l'obligation de faire et de produire l'inventaire au
curateur public. Par la suite, il y a un rapport annuel. On verra dans les
règlements qui seront publiés dans la Gazette officielle du
deuxième samedi de juin les règlements qui seront en vigueur et
les formulaires qui devront être complétés par les
curateurs privés.
A compter de ce moment, ce sera une vérification pour les
employés de la curatelle publique, suivre ces dossiers pour s'assurer
que ces inventaires ont bien été effectués et que
l'administration annuelle se fait selon la bonne direction des affaires.
Pour ce qui est de la curatelle même, dans son secteur, les
opérations comme telles ne seront pas tellement modifiées puisque
le bill 32 avait pour mission d'augmenter la surveillance au niveau des
curateurs privés sur lesquels la Curatelle publique n'avait pas
juridiction. Pour l'instant, avec la mécanisation des entrées aux
livres, le Conseil du trésor ayant accordé les seize nouveaux
emplois, ceci porte nos effectifs à 109. Nous sommes donc en mesure
d'assumer nos obligations. Par l'entrée en vigueur de la loi, il est
évident qu'il faudra recourir à du nouveau personnel pour assurer
la vérification des curateurs privés et des tuteurs
privés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, les seize personnes, le ministre dit
seize, mais c'est quinze si on se base sur les chiffres inscrits dans les
livres des prévisions budgétaires, c'est de 93 à 108. On
ne fera pas de débat sur l'addition d'un poste, mais ce personnel, si je
comprends bien, c'est le personnel de vérification surtout qui a
été ajouté et il s'en ajoutera en cours d'exercice pour
tenir compte des 38,000 dossiers additionnels dans le secteur privé?
M. PARENT: Il y a une nouvelle responsabilité, c'est cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est le personnel de cadre à la
Curatelle publique? Vous avez M. Lussier, vous avez M. Desjardins qui est ici
ce matin, qui remplace M. Lussier.
M. PARENT: Il y a M. Rémi Lussier qui est curateur, il y a M.
Forgues, M. Jean-Paul Forest, il y a M. Yvon Desjardins qui est
trésorier, qui constituent actuellement les cadres de la Curatelle
publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le siège social est à
Montréal. Etant donné l'ampleur du programme d'expansion des
responsabilités de la curatelle, est-ce que vous allez avoir aussi
à Québec une décentralisation de la curatelle ou si cela
va être centralisé au ministère des Finances?
M. PARENT: Il est possible que nous ayons un bureau à
Québec, un bureau secondaire, parce que je pense que dans les
circonstances il s'agit, en réalité, à la Curatelle
publique, d'une fiducie: ce sont des comptes de personnes qui sont tenus par la
curatelle et c'est assez difficile de décentraliser.
Il s'agit d'avoir un contrôle central pour les biens appartenant
aux personnes pour lesquelles on administre. Il y aura un bureau secondaire
à Québec pour la cueillette des données et des
renseignements nécessaires à l'administration de
la curatelle, mais l'administration se continuera à
Montréal.
M. CLOUTIER (Montmagny): De quelle nature spécifique pourra
être la vérification dans les dossiers privés?
M. PARENT: J'ai expliqué la procédure tout à
l'heure; au moment de la prise en main par un curateur privé des biens,
il y a l'exigence d'effectuer l'inventaire immédiatement. De
l'inventaire, il y a le rapport annuel, pour les opérations, les revenus
et les dépenses encourues dans l'exercice de la fonction du curateur
privé. C'est une vérification. Le règlement va exiger du
curateur de produire un bilan, un état de profits et pertes et, selon
les données, comme on le fait dans les rapports d'impôt, on
vérifiera.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, c'est simplement une vérification
comptable?
M. PARENT: Une vérification d'usage, mais si on s'aperçoit
qu'il y a dilapidation ou malversation dans l'administration, à ce
moment-là, il y aura lieu d'intervenir. Cela va nécessiter au
départ, pour la mise en place, des vérifications plus
fréquentes et, au moment où la machine va recommencer à
être rodée, je pense que ce seront des vérifications si on
veut par échantillonnage que nous ferions dans certains dossiers, pour
s'assurer que les revenus correspondent à la valeur du fonds de la
succession.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il s'agit d'additionner 38,000 dossiers
de 22,000 à 60,000, si je prends les chiffres du ministre
dans une seule opération qui se fait assez rapidement, je conçois
difficilement qu'on aille au-delà d'une vérification comptable.
Même au début, je pense bien qu'on ne pourra pas examiner la
nature, la façon d'administrer un portefeuille-placement, comme vous le
faites par la Curatelle publique. Quand vous le faites pour la Curatelle
publique, il y a aussi le placement. La curatelle s'occupe directement du
placement, de gérer le portefeuille...
M. PARENT: Il y a un placement collectif sur la Curatelle publique, qui
ne peut pas exister chez les curateurs privés.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord, ce sont des dossiers individuels,
mais quand même ça fait partie d'une saine gestion, le placement
sécuritaire et au meilleur rendement possible des fonds
administrés.
M. PARENT: Dans la plupart des cas, même à la Curatelle
publique, nous essayons de conserver les valeurs qui étaient
détenues par les personnes; le fonds collectif est constitué des
sommes liquides que possédaient les personnes dont nous administrons les
biens. C'est de là que nous avons un rendement qui est réparti
par la suite, selon la valeur du portefeuille de chacun. Mais quand nous avons,
par exemple, dans une curatelle publique, des obligations, des actions, il est
impossible pour le moment de déterminer la nature de l'opération
elle-même que nous pourrions exécuter, c'est-à-dire que
nous ne connaissons pas, dans la plupart des cas, le coût d'acquisition,
s'il s'agit d'actions.
Nous ne connaissons pas le coût d'acquisition des obligations; il
devient assez pénible pour la curatelle d'être dans l'obligation,
à un moment donné, de dire qu'elle va liquider pour avoir un
meilleur rendement, de la curatelle à l'individu, sur ces placements,
quand on ne connaît pas le prix de l'acquisition, le prix de base.
C'est la raison pour laquelle, actuellement, le fonds collectif n'est
constitué que de l'argent liquide ou des valeurs qui sont
arrivées à l'échéance, qui doivent être
échangées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre pourrait nous donner des
détails sur le placement du portefeuille de la curatelle et le volume
des fonds administrés?
M. PARENT: Au dernier bilan, l'actif de la curatelle était de $19
millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il était de $8 millions l'année
dernière.
M. PARENT: L'année dernière, il était d'environ $13
millions ou $15 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): On nous avait donné $8 millions l'an
dernier.
M. PARENT: C'est compréhensible. Les $19 millions, c'est l'actif
total comprenant le portefeuille collectif.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ah bon! Mais le portefeuille des placements et
obligations?
M. PARENT $14 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): $14 millions â comparer avec $8 millions
l'année dernière. C'est ça?
M. PARENT: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'an dernier, on nous avait dit qu'il y avait
certaines difficultés à résoudre avant de confier le
portefeuille, le placement, à la Caisse de dépôt et
placement. Etant donné qu'il y avait un fonds assez considérable,
que c'étaient des placements à court terme, le ministre des
Finances nous avait répondu qu'il étudierait la
possibilité de confier à la Caisse de dépôt et
placement la gérance du
portefeuille. Effectivement, cette étude a-t-elle
été faite et quelles sont les conclusions auxquelles on en est
arrivé?
M. PARENT: C'est la loi qui nous empêche de confier à la
Caisse de dépôt et placement l'administration de ce fonds
collectif puisqu'en vertu de la loi, nous sommes régis par le code
civil, article 981 o)...
M. CLOUTIER (Montmagny): 981 o); oui. M. PARENT: ... qui nous demande
de...
M. CLOUTIER (Montmagny): Notre champ d'action permet 5 p.c. de
placements en actions aussi. Est-ce exact?
M. PARENT: Non, je ne pense pas que nous ayons cette possibilité;
c'est-à-dire que nous ne le faisons pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais, vous avez la possibilité...
M. PARENT: Nous avons la possibilité.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... 5 p.c. du portefeuille en actions.
M. PARENT: A cause, justement, du changement rapide qui se produit,
où un individu est déclaré capable d'administrer ses
biens, nous sommes dans l'obligation de lui remettre les valeurs liquides qu'il
avait. Parce que le fonds collectif est constitué de sommes liquides.
Or, au moment où la personne n'est plus soumise à la Curatelle
publique, nous sommes dans l'obligation de lui remettre le comptant qu'elle
avait plus les intérêts accumulés sur ces sommes, en plus
des propriétés qui lui appartiennent ou des autres biens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les $14 millions que vous avez sont
constitués d'obligations seulement?
M. PARENT: Des obligations, oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quel est le rendement moyen des placements
à la curatelle?
M. PARENT: Le rendement est de 8 1/2 p.c. par année et les
paiements aux administrés de 10 p.c. C'est à cause du jeu du
portefeuille que nous pouvons réaliser une opération comptable de
cette nature. Les bénéfices...
M. CLOUTIER (Montmagny): Les bénéfices sur la vente des
titres ou...?
M. PARENT: Non, pas sur la vente; le rendement d'intérêt
est de 8 1/2 p.c. Mais, nous versons aux administrés 10 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le ministre veut être un peu plus
explicite.
M. PARENT: Les caisses d'entraide économique donnent plus,
à cause du solde minimal au début du semestre. Il y a un jeu,
à ce moment-là, qui se produit. C'est ce qui nous permet de
verser aux administrés 10 p.c, alors que le rendement effectif de nos
placements est de 8 1/2 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la majorité des $14 millions
est placée en obligations du Québec?
M. PARENT: Ce sont toutes des obligations, pas de la province de
Québec, mais du Québec et d'institutions du Québec,
garanties par le gouvernement du Québec, comme l'Hydro, les
municipalités, les commissions scolaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous prévoyez une
augmentation, pour l'année en cours, aussi considérable que celle
de l'an dernier dans le portefeuille des placements?
Il y a, de $8 millions à $14 millions, une augmentation de
presque 100 p.c.
M. PARENT: Tout dépend du nombre de personnes qui seront
déclarées incapables.
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez tout de même certaines
statistiques. Si vous n'en avez pas, le ministère des Affaires sociales
en a.
M. PARENT: Nous avons versé à compter du 1er avril, au
ministère des Affaires sociales, $105 par personne pour
l'hospitalisation; ce que nous ne faisions pas auparavant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Hospitalisation en institution
psychiatrique.
M. PARENT: Hospitalisation en institution psychiatrique, ce qui peut
amener une variation assez considérable au cours de l'année.
C'est un montant de $200,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, à ce niveau-là, $105,
quelles sont vos prévisions de déboursés pour les
institutions psychiatriques?
M. PARENT: Environ $200,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): $200,000.
M. PARENT: $200,000 par mois.
M. RUSSELL: M. le Président, je voudrais savoir quelle est la
description que donne le ministre, d'un curateur privé. Qui
reconnaît-on comme curateur privé?
M. PARENT: Un curateur privé est désigné
de deux façons: l'une, par un conseil de famille, l'autre par la
cour Supérieure pour administrer les biens d'un incapable. Alors,
ça peut se faire de deux façons. S'il n'y a pas de
décision de rendue, si le conseil de famille refuse, cela doit
être confirmé par jugement, après qu'il y a eu conseil de
famille.
M. RUSSELL: Pour le cas du conseil de famille, si ce n'est pas
déclaré par jugement, ce ne peut pas être un curateur
privé.
M. PARENT: Cela devient une curatelle publique.
M. RUSSELL: Cela devient une curatelle publique. Maintenant, s'il y a
refus...
M. PARENT: Par le conseil de famille de signer la
responsabilité.
M. RUSSELL: Même s'il assume la responsabilité, il faut
quand même qu'il y ait jugement.
M. PARENT: Oui, absolument, dans tous les cas.
M. RUSSELL: ... pour que devienne acceptable ou accepté un
curateur privé.
M. PARENT: Exécutoire.
M. RUSSELL: Exécutoire. Maintenant, le ministre a dit tout
à l'heure qu'il paierait aux hospitalisés un montant de $105 par
mois pour celui qui a seulement des biens meubles, celui qui n'a pas d'argent
liquide, comme on peut dire. Est-ce que nous allons procéder
immédiatement à liquider ses biens, pour lui permettre d'honorer
ses obligations?
M. PARENT: Non. Nous ne liquidons pas. Le fonds commun nous permet de
faire des financements ou des avances, si on veut, dans certains cas. Il y a
aussi l'autre possibilité: pour celui qui est incapable de payer, par la
nature de ses biens, qui est éligible à l'assistance sociale, une
demande est faite à ce moment-là. Parce que, même s'il est
incapable, il reste qu'il a le droit aux services que lui procure l'Etat. Il y
a des demandes de transmises, à ce moment-là, au ministère
des Affaires sociales, pour obtenir l'assistance financière pour combler
la différence à laquelle il a droit.
M. RUSSELL: Est-ce que nous continuons à procéder de la
même façon que nous avions l'habitude de le faire. Lorsque
quelqu'un est déclaré sous la Curatelle publique ou sujet
à la Curatelle publique et qu'il est hospitalisé, qu'il avait des
biens meubles, est-ce qu'on laisse se détériorer ses biens
meubles tant qu'il n'est pas décédé ou si on les vend au
meilleur prix possible immédiatement et mettre en caisse...?
M. PARENT: Nous ne les vendons pas. Nous les conservons et nous
entretenons la propriété. Nous entretenons, si vous voulez
les...
M. RUSSELL: Vous entretenez la propriété et vous...
M. PARENT: On ne peut vendre ni liquider pour la personne vivante les
biens qu'elle possède au moment de son incapacité. La loi impose
à la curatelle de conserver les biens et de les entretenir, mais nous
n'avons pas le droit d'en disposer.
M. RUSSELL: Est-ce que l'expérience vécue par le ministre
et les fonctionnaires ne voit pas là une lacune qui est un
préjudice à celui qui est incapable d'administrer ses biens et
qu'il laisse souvent administrer par la curatelle, le mieux possible, laisse
détériorer graduellement ou hypothéquer graduellement ses
biens à un point qu'ils deviennent presque nuls et que cela devient
automatiquement une charge pour l'Etat?
M. PARENT: Ce n'est pas une charge de l'Etat. S'il y a une
propriété, c'est un patrimoine et nous n'avons pas le droit
d'hypothéquer, de dilapider, ou de laisser aller le patrimoine qui
appartient à l'individu parce qu'il est incapable. La loi oblige alors
la curatelle à prendre soin du patrimoine de l'individu comme si
c'était le sien. A ce moment-là, il est impossible à la
curatelle de ne pas l'entretenir, comme il est impossible de liquider à
moins que la personne incapable décède. Alors il revient soit aux
héritiers, ou devient une succession vacante qui est laissée
à la curatelle.
M. RUSSELL: C'est quand même une charge à l'Etat. Je vais
vous donner un exemple très simple. Le ministre va comprendre rapidement
ce à quoi je veux en venir. Une dame âgée et incapable de
s'administrer est hospitalisée et tombe sous les soins de la Curatelle
publique. Elle occupe un logement à Montréal, ou ailleurs, et
automatiquement elle ne continue pas à payer le loyer. On va aller
chercher le ménage qu'elle possède et on va l'entreposer. On a
des entrepôts immenses, je les ai déjà visités. On
laisse alors ses meubles en entrepôt. Là, ce n'est pas tellement
joli. J'ai visité l'entrepôt et j'ai été
désagréablement surpris de voir la façon dont les meubles
sont maintenus pendant des années. Les meubles, graduellement, se
détériorent.
Je pense qu'il y a là une lacune assez importante à
laquelle on devrait s'intéresser au point d'apporter un amendement si
possible pour s'assurer que, dans ces cas, lorsqu'on peut prouver qu'il y a
détérioration de la marchandise, il y ait immédiatement
liquidation et que les sommes soient placées en fiducie pour la personne
qui est hospitalisée.
M. PARENT: Ce sont des choses que nous faisons dans le cas des meubles.
Nous entreposons pour un maximum d'un an. Si à la fin de
l'année nous jugeons qu'il y a perte de la valeur, nous faisons
une demande à l'hôpital psychiatrique où au médecin
psychiatre traitant à savoir quelle serait la durée environ de la
maladie.
A compter de ce moment-là, nous liquidons. Si on nous avise que
la période de traitement de la personne va durer encore six mois ou un
an, nous liquidons donc les meubles. Nous avions l'an dernier $140,000 de
meubles en entrepôt et actuellement il nous en reste pour $70,000. Il y a
intérêt à ce moment-là pour le patrimoine de
l'individu à ce que nous convertissions ses biens en argent liquide.
Cela se fait simplement dans des cas comme celui-là, où il y a
une période d'attente d'un an. Au bout d'un an, si on s'aperçoit
que la période d'hospitalisation ou de traitement va durer encore assez
longtemps, nous procédons à la liquidation des biens meubles.
M. RUSSELL: La loi autorise le ministre à le faire?
M. PARENT: Oui. Dans ces cas-là.
M. RUSSELL: Les chiffres que nous donne le ministre en ce qui concerne
la liquidation m'impressionnent beaucoup mais ça ne veut pas dire que ce
que j'ai avancé est complètement appliqué à la
lettre. Parce que, selon les informations que j'ai reçues au moment de
la visite de la curatelle cela ne s'est pas fait dernièrement, je
n'accuse pas le ministre, c'est le système qui le veut à
ce moment-là, on avait des meubles qui étaient là depuis
cinq, six, sept, huit, neuf ou dix ans. Je trouvais que c'était
peut-être à cause de la négligence ou peut-être d'un
surcroît de travail de la part des fonctionnaires responsables...
M. PARENT: On a commencé le ménage.
M. RUSSELL: Vous avez commencé à déménager.
Quel est l'espace occupé par la Curatelle publique pour l'emmagasinage
de ces meubles maintenant?
M. PARENT: C'est 60,000 pieds cubes.
M. RUSSELL: Pas carrés, cubes. De quelle façon
procède-t-on pour la vente? Est-ce qu'on procède par
enchère publique?
M. PARENT: Il y a un avis dans la Gazette officielle pour indiquer qu'il
y a encan public.
M. RUSSELL: Est-ce que cela se fait périodiquement, une, deux ou
trois fois par année?
M. PARENT: Cela se faisait périodiquement tous les mois, comme la
quantité qui nous reste est minime, il y a actuellement un ralenti.
M. RUSSELL: La décision du nombre d'encans publics est toujours
laissée à la discrétion du ministre?
M. PARENT: Selon les possibilités qu'il y a et selon aussi le
besoin. Actuellement, pour $70,000, je n'ai pas l'impression que nous pouvons
faire des encans tous les mois puisque le montant est assez peu
élevé pour le nombre d'administrés que nous avons.
M. RUSSELL: Je pense bien qu'il ne s'agit pas à ce
moment-là du nombre de dollars qu'on peut recueillir en meubles. C'est
le coût pour la province pour garder des meubles qui sont inutiles
souvent ou qui n'ont presque aucune valeur, qui appartiennent à
quelqu'un qui est malade...
M. PARENT: Ce n'est pas seulement un coût pour la province. Nous
chargeons à l'administré également pour ces
frais-là. Pour chacun des dossiers, il y a des frais
d'administration.
M. RUSSELL : Même si les frais montent, disons à $500, et
que vous vendez pour $100 de meubles, vous avez quand même un
déficit actuellement au sujet de cet individu.
M. PARENT: Il peut arriver qu'il y ait des cas comme celui-là,
des cas d'exception. Mais dans l'ensemble, les biens ne sont pas
constitués seulement de meubles. C'est pour ça qu'il n'y a pas de
frais pour l'Etat actuellement, à l'exception de quelques cas. Dans
l'ensemble, chaque administré fait à l'acquit de la province les
honoraires qui sont dus.
En d'autres cas, on me dit qu'on demande aux familles de garder les
meubles aussi durant un certain temps.
M. RUSSELL: M. le Président, je suis satisfait, je prends la
parole du ministre, qui me dit ici qu'il a commencé à faire le
ménage dans l'entrepôt des meubles pour liquider les
antiquités qui existaient là et baisser le coût de location
pour la province, même s'il y a des frais qu'il fait à ceux qui
ont des biens; je présume que souvent le montant recueilli de ces biens,
ne représente pas l'entreposage que ceux-ci coûtent à la
province.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, en ce qui a trait au
système de curatelle publique, on a parlé tout à l'heure
de l'entreposage et de la vente des biens; il doit certainement y avoir
plusieurs cas où les biens ne sont pas réclamés, lorsque
la personne décède, il peut y avoir un certain montant d'argent
en caisse, certains actifs que le gouvernement le service de la
Curatelle publique peut récupérer à ce
moment-là.
M. PARENT: Cela arrive, quand une succession est déclarée
vacante; nous avons actuellement des actifs de $2,400,000 où il n'y a
pas d'héritiers.
M. ROY (Beauce): $2,400,000 de biens.
M. PARENT: De biens qui ne sont pas réclamés.
M. ROY (Beauce): Et ces biens-là actuellement sont...
M. PARENT: Après une certaine période, c'est après
15 ans, les biens sont retournés à la province.
M. ROY (Beauce): Après quinze ans seulement. Est-ce qu'ils sont
placés?
M. PARENT: Avec intérêts, oui.
M. ROY (Beauce): On reviendra là-dessus tout à l'heure. Ce
que je voudrais dire à l'heure actuelle, est-ce que ces biens-là
sont placés ou non, la succession de telle ou telle personne, ou si
c'est administré dans un fonds commun?
M. PARENT: Tout dépend des biens. Si c'est de l'argent liquide,
c'est dans le fonds collectif, mais c'est à l'acquit, dans chaque fiche,
de la succession vacante ou de l'administré. En somme, la curatelle est
une société de fiducie, il y a un compte à l'acquit de
chacun des administrés.
M. ROY (Beauce): Maintenant, ces droits-là sont retournés
à la province, vous le dites, après quinze ans, compte tenu de
chaque cas individuel, combien y en a-t-il eu de retournés à la
province au cours de la dernière année, l'année
présente?
M. PARENT: Il n'y en a pas eu cette année.
M. ROY (Beauce): L'année dernière ou au cours des cinq
dernières années?
M. PARENT: Le dépôt judiciaire était responsable des
successions vacantes antérieurement. C'est un organisme du
ministère des Finances qui était responsable de ces successions
antérieurement.
M. ROY (Beauce): Vous ne pouvez pas nous dire au cours des cinq
dernières années quel est à peu près le montant qui
a pu être transféré à la province.
M. PARENT: Nous n'avons pas le renseignement. Nous pouvons, pour
l'intérêt du député de Beauce, prendre la question
pour déposer le renseignement.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'il faudrait inscrire un avis dès le
retour de la Chambre?
M. PARENT: Non.
M. ROY (Beauce): Pour le bénéfice de tous les membres de
la commission, une curatelle publique, étant donné que c'est un
organisme qui n'est pas paragouvernemental mais qui est très près
du gouvernement, c'est un service un peu spécial qui touche
énormément de gens, je me demande s'il n'y aurait pas lieu de
suggérer au ministère des Finances que ce service prépare
un rapport annuel, comme toute autre institution ou tout autre organisme qui
publie un rapport annuel et dans lequel on a tous les renseignements. Parce que
les gens, vous savez...
M. PARENT: Vous n'avez pas vos comptes publics? Dans le livre des
comptes publics c'est publié annuellement.
M. ROY (Beauce): Dans le livre des comptes publics...
M. PARENT: En annexe.
M. ROY (Beauce): En annexe, d'abord.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, ça prend du
temps, les comptes publics arrivent en dernier.
M. ROY (Beauce): C'est une brique qui arrive en dernier, ce n'est pas
tellement facile à consulter. Je pense qu'il y aurait lieu que la
Curatelle publique, comme d'autres organismes, j'en fait le voeu
d'autant plus que les comptes publics c'est assez difficile d'en discuter,
parce que la commission des comptes publics ne siège jamais.
M. PARENT: Je pense que le député de Beauce va être
heureux d'apprendre qu'en vertu du bill 32 adopté l'an dernier, et qui
sera en vigueur à compter du 1er juin, nous avons un dépôt
du rapport annuel, après le 30 juin de chaque année.
M. ROY (Beauce): Qui sera fait par la Curatelle publique. Ce que je veux
savoir surtout, c'est si les sommes que vous collectez sont remises
effectivement à la province, lorsqu'il y a vente à
l'enchère de certains meubles.
M. PARENT: Non.
M. ROY (Beauce): Elles sont déposées...
M. PARENT: Cela retourne à l'administré.
M. ROY (Beauce): Cela retourne à l'administré.
M. PARENT: Cela retourne à la province après 15 ans.
M. ROY (Beauce): Après 15 ans, c'est ce que j'allais dire.
M. PARENT: Quand les biens n'ont pas été
réclamés, ça retourne à la province,
après
quinze ans, dans chacun des cas, même si c'est une succession
vacante, qui a dix ans d'existence. S'il y a encore un compte à la
Curatelle publique, au nom de cette succession vacante, ce n'est
qu'après le délai de quinze ans que le montant sera versé
à la province.
M. ROY (Beauce): Le montant est versé à la province.
Maintenant, cet argent-là est actuellement en fiducie dans une
banque?
M. PARENT: Il est incorporé au bilan.
M. ROY (Beauce): Il est incorporé dans le fonds consolidé
des revenus de la province.
M. PARENT: Non. Il peut-être intégré au fonds
consolidé, mais il y a un rapport séparé pour la Curatelle
publique, son état qui apparaît aux comptes publics, son
état d'actif, de passif, de revenus et dépenses.
M. ROY (Beauce): Pour préciser davantage ma question, est-ce que
cet argent est déposé dans un compte séparé, soit
dans une société de fiducie ou dans une banque?
M. PARENT: Il fait partie du portefeuille collectif et est
déposé dans des institutions bancaires ou des placements
d'obligations.
M. ROY (Beauce): Au nom de qui? M. PARENT: De la Curatelle publique.
M. ROY (Beauce): C'est la Curatelle publique elle-même qui ouvre
les comptes. Autrement dit, il y a la gestion d'un portefeuille assez complet
pour les $2,400,000 que vous avez en main.
M. PARENT: Pas seulement pour les $2,400,000, tous les biens des
administrés.
M. ROY (Beauce): Tous les biens des administrés?
M. PARENT: Absolument.
M. ROY (Beauce): Proportionnellement, les revenus de ce fonds
collectif... Supposons qu'une personne a une vingtaine de mille dollars, ceci
est administré par la Curatelle publique, cet argent est
déposé dans le fonds collectif. Le fonds collectif administre un
portefeuille global qui peut être des comptes de banque, des comptes en
fiducie ou des placements, des titres sur quelque chose. Comment fait-on la
répartition des revenus du fonds collectif vis-à-vis de
l'administré?
M. PARENT: Chacun a son portefeuille constitué de ses valeurs, au
moment où nous avons assumé la responsabilité de
l'administration. Les fonds se constituent normalement de proprié-
tés, d'actions, d'obligations et c'est conservé au nom de
l'administré dans son portefeuille.
M. ROY (Beauce): Est-ce que pour le fonds de l'administré, vous
achetez les obligations ou si vous placez l'argent de l'administré dans
un placement individuel ou si vous faites ça par un placement
global?
M. PARENT: Si le député de Beauce veut me laisser
continuer je vais lui dire comment on procède.
M. ROY (Beauce): Parfait. Je vous suis très bien d'ailleurs.
M. PARENT: Les biens constitués d'obligations au moment où
nous assumons une responsabilité, immeubles, meubles, obligations,
actions, sont conservés intégralement au nom de
l'administré. L'argent liquide est dans son compte, mais
géré d'une façon collective. Les intérêts que
nous recevons de ce fonds collectif sont répartis à chacun des
administrés sur le solde semestriel, au début du semestre. Pour
l'argent liquide seulement, il y a un fonds collectif. Tout le reste des avoirs
de l'administré constitue son fonds individuel.
L'argent liquide seulement qui constitue le portefeuille de placement de
la Curatelle publique est placé dans des obligations que la curatelle
achète pour constituer le fonds et qui, à ce moment-là,
donne un rendement, comme je l'ai dit tout à l'heure, de 8.5 p.c; mais
les administrés reçoivent 10 p.c. semestriellement, pour leur
argent liquide.
M. ROY (Beauce): Pour ce fonds collectif qui est administré, si
je comprends bien, vous prenez tous les revenus que le fonds collectif peut
disposer d'intérêts, que ce soient intérêts
banquaires, intérêts sur obligations ou autres titres et vous
prenez le solde semestriel...
M. PARENT: Le solde au début du semestre sur le calcul
d'intérêts dans le compte individuel.
M. ROY (Beauce): Comme il se fait dans une banque, dans une caisse
populaire ou dans des institutions financières.
M. PARENT: C'est le même principe.
M. ROY (Beauce): Et à ce moment-là, la répartition
se fait, compte tenu du montant global perçu.
M. PARENT: Oui.
M. ROY (Beauce): Autrement dit, il n'y a pas de différence entre
le montant perçu et le montant que vous versez au nom de chacun des
administrés.
M. PARENT: Oui, il y a une différence. Le rendement est de 8.5
p.c. à la curatelle et le montant que nous versons aux
administrés est de 10 p.c.
M. ROY (Beauce): Où prenez-vous le 1.5 p.c.
M. PARENT: C'est le jeu du calcul des intérêts. Quand on
parle du solde au début du semestre, si un administré a
été confié â la curatelle le 15 mars et que
l'intérêt commence à courir le 1er mars, ça veut
dire que, pour une période de trois mois, il n'a pas
d'intérêts sur son compte. Nous avons quand même le
rendement parce que nous avons fait le placement.
M. ROY (Beauce): Sur ce fonds-là, est-ce que vous avez des frais
qui s'y rattachent directement, autres que ceux des frais de banque,
naturellement, qui sont déductibles des revenus de banque? Est-ce que
vous avez des frais d'administration?
M. PARENT: Il y a des frais d'administration qui sont exigés
à chacun des administrés selon un tableau qui apparaît dans
les règlements publiés dans la Gazette officielle. Les nouveaux
taux seront publiés le deuxième samedi de juin, avec
l'entrée en vigueur de la nouvelle loi.
M. ROY (Beauce): Ces frais d'administration peuvent représenter
combien environ sur...?
M. PARENT: Il y a une variante selon les biens. C'est environ un demi de
un pour cent.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'il y a des salaires qui sont payés
à certaines personnes dont l'argent serait pris?
M. PARENT: Non, ils sont au budget de la province.
M. ROY (Beauce): Oui, je sais qu'il y en a ici. Mais je veux savoir s'il
y a d'autres personnes qui sont attitrées spécialement à
la gestion du fonds et qui en dépendent directement. C'est ça que
je voudrais savoir.
M. PARENT: Non, il n'y a aucun frais. M. ROY (Beauce): Il n'y a aucun
frais.
M. PARENT: Il n'y a aucun frais, à part le demi de un pour cent
en moyenne qui est exigé pour l'administration.
M. LE PRESIDENT: Terminé?
M. ROY (Beauce): Alors, pour la publication du rapport, ça veut
dire que l'an prochain, au moment où nous allons étudier les
crédits, il y aura lieu d'espérer que...
M. PARENT: A la session de l'automne, nous déposerons le premier
rapport parce que la nouvelle loi entre en vigueur le 1er juin. Il y a
obligation, le 30 juin de chaque année, de déposer un
rapport.
M. ROY (Beauce): Maintenant, j'aurais peut-être seulement un point
à souligner à l'attention du ministre peut-être que
le député de Shefford l'a souligné tout à l'heure
à savoir qu'il y a des gens, à un moment donné, qui
sont mis sous la Curatelle publique pour des périodes relativement
courtes. Le processus d'intégration à la Curatelle publique est
extrêmement rapide; ça va vite. Mais pour en sortir, c'est
beaucoup plus difficile, beaucoup plus long. Est-ce qu'il y a des
améliorations qu'on entend apporter au cours de l'année?
M. PARENT: Il faut sept jours après la réception du
certificat pour faire la reddition.
M. ROY (Beauce): Oui, pour le certificat, mais qui émet le
certificat?
M. PARENT: Le psychiatre.
M. ROY (Beauce): Et ça prend seulement sept jours?
M. PARENT: Sept jours pour la reddition maintenant.
M. ROY (Beauce): C'est nouveau, ça? M. PARENT: Depuis environ un
an.
M. ROY (Beauce): Oui, parce qu'il y a un an et un an et demi, j'aurais
pu parler des cas de six et dix mois.
M. PARENT: Il y a au moins amélioration.
M. ROY (Beauce): Disons que c'est peut-être un autre point...
M. PARENT: On m'a déjà rapporté, avant que j'assume
la responsabilité de la curatelle, que ça prenait deux ou trois
mois pour la reddition. Nous avons réduit cela au minimum. Depuis
près d'un an, cela prend sept jours pour faire la reddition.
M. ROY (Beauce): Je veux être honnête; je n'ai pas eu de
plaintes récentes mais, au cours de l'année 1970, j'ai eu
plusieurs plaintes de ce côté-là et, franchement,
c'était une situation assez déplorable. Il y avait des familles
qui se trouvaient prises dans des situations extrêmement
pénibles.
Lorsqu'il n'y avait pas de testament de fait, qu'il n'y avait pas de
papier, et qu'une personne était hospitalisée dans une
institution psychiatrique, à ce moment-là, les biens devenaient
immédiatement sous la Curatelle publique. Il y
avait des familles qui se trouvaient sérieusement en
difficulté. C'était très long avant de pouvoir en
sortir.
M. PARENT: On peut le souligner: depuis que j'assume la
responsabilité de la curatelle, je n'ai jamais reçu de
plainte.
M. ROY (Beauce): Vous n'avez jamais reçu de plainte?
Peut-être les gens sont-ils gênés! De toute façon, si
nous en avons, nous vous les transmettrons.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a deux façons d'interpréter
le manque de plainte. Le ministre peut soit se réjouir, soit être
inquiet. Cela peut s'accumuler et, à un moment donné, le ministre
peut avoir des surprises. Mais je ne crois pas, je pense bien que le
ministre...
M. PARENT: L'administration de la curatelle est très efficace.
C'est une des raisons pour lesquelles nous avons demandé au Centre de
traitement des données de nous fournir l'équipement
nécessaire pour avoir le traitement mécanographique. Nous avons
fait l'installation du nouveau système et, actuellement, cela a
nécessité des changements majeurs dans l'administration mais nous
pouvons dire maintenant que nous procédons presque parallèlement
comme les sociétés de fiducie procèdent dans
l'exécution de leurs fonctions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que, dans la loi no 8 qui est devant
l'Assemblée nationale, il y a quelques dispositions sur lesquelles la
Curatelle publique ne serait pas totalement d'accord ou s'il y a des
dispositions qui pourraient causer certains problèmes à la
Curatelle publique?
M. PARENT: Non, disons que la curatelle a été en constante
relation avec le ministère des Affaires sociales dans la
préparation du texte de loi...
M. CLOUTIER (Montmagny): Je l'avais demandé l'an dernier, les
communications...
M. PARENT: Oui, ç'a été fait; ça
nécessitera probablement à l'automne, après l'adoption du
bill 8, certaines modifications à la curatelle mais des modifications
mineures. Mais il y a eu accord entre les deux ministères sur la
présentation du bill 8 et sur les modalités d'application
pertinentes.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, c'est un domaine
où le fédéral n'a pas essayé de s'ingérer.
Vous êtes tout près, M. le ministre, vous pourriez surveiller pour
qu'il n'y ait pas d'ingérence dans ce domaine-là. Nous tenons
à garder ce secteur bien particulier au Québec étant
donné que ça suit les caractéristiques.
M. PARENT: Je pense que ce n'est pas l'endroit approprié pour
faire un débat sur les relations
fédérales-provinciales.
M. LE PRESIDENT: Le député de Shefford.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est-à-dire qu'on aura peut-être
l'occasion au cours des crédits de faire allusion aux relations
fédérales-provinciales.
M. RUSSELL: M. le Président, le ministre a avancé
tantôt qu'il y avait une charge qui se faisait aux administrés.
Quel a été le revenu total qui a été retiré
de ces charges qui ont été faites aux administrés l'an
dernier?
M. PARENT: L'année 71/72, $400,000.
M. RUSSELL: Et ces fonds-là sont utilisés...
M. PARENT: Es sont versés à la province, au ministre des
Finances.
M. RUSSELL: Au ministre des Finances.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut passer aux catégories?
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis d'accord pour les
généralités.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1: Traitements, salaires et
allocations.
M. CLOUTIER (Montmagny): S'il n'y a pas d'autres questions, on pourrait
adopter toutes les...
M. ROY (Beauce): J'avais justement quelques questions à
poser.
Est-ce que c'est en vertu de la nouvelle loi que le personnel est
augmenté de 93 à 108? Je remarque tout de même qu'il y a
quelque $170,000 de plus à la catégorie des traitements.
M. PARENT: C'est un début, il y a eu seize nouveaux postes et un
poste aboli par le Conseil du trésor pour permettre la mise en
application de la nouvelle loi qui demande à la curatelle maintenant
d'exercer une surveillance et une vérification sur les curateurs
privés et les tuteurs privés. Ceci va augmenter le nombre de
dossiers d'environ 38,000 et ceci nécessite, de la part de la curatelle,
non pas une administration, mais une surveillance et une vérification
des curatelles privées et des tuteurs privés.
M. ROY (Beauce): Services de transport et de communication... à
moins qu'il n'y ait quelqu'un d'autre.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté. Catégorie
3.
M.ROY (Beauce): Catégorie 3: Servides de transport et de
communication. C'est la même chose, c'est parce que les dépenses
de ceux qui auront à faire les enquêtes ou les inspections seront
accrues. Est-ce que c'est le principal facteur qui justifie cette
augmentation?
M. PARENT: Ce sont les frais de déplacement des fonctionnaires
qui sont dans l'obligation d'aller faire les vérifications, soit pour
les inventaires au moment de la prise en main d'un administré, soit pour
la vérification qui sera requise dans le cas des curateurs privés
qui doivent exercer leur fonction.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 3. Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: La
catégorie 4.
M. RUSSELL : A cette catégorie, je remarque qu'il y a une
augmentation effarante, presque inacceptable, une augmentation de 1000 p.c. Je
pense que le ministre doit nous donner une explication très
précise de tous ces détails et la façon dont il a
l'intention de disposer de tout cet argent.
M. PARENT: C'est assez simple. L'augmentation provient justement de
l'explication que j'ai fournie tout à l'heure. Le traitement des
données coûtera $40,000. Le traitement des données pour les
services mécanographiques de la Curatelle publique ne sera plus fait
manuellement. Cela donnera de l'efficacité administrative à la
curatelle pour fournir un plus grand service à la clientèle.
M. ROY (Beauce): Vous justifiez réellement tout ce service
mécanographique au service de la Curatelle publique parce que nous
parlons de revenus de $400,000 que cela peut rapporter. Si nous comparons
à cela les $40,000 du service mécanographique, cela
représente tout de même 10 p.c.
M. PARENT: Il y a $300,000 de revenus additionnels ici qui proviendront
des curateurs privés. Je ne l'ai pas souligné tout à
l'heure.
M. ROY (Beauce): Les curateurs privés?
M. PARENT: Les curateurs privés, puisque nous avons la
surveillance et la vérification de ces derniers et également des
tuteurs privés.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'à ce moment-là cela signifie
que les curateurs privés seront tenus de faire parvenir au curateur
public un pourcentage des biens qu'ils administrent?
M. PARENT: C'est un honoraire de vérification.
M. ROY (Beauce): Un honoraire de vérification fixe ou qui est
fixé arbitrairement, compte tenu du travail que cela peut demander?
M. PARENT: Non. Les règlements seront publiés le
deuxième samedi de juin dans la Gazette officielle. Il y a un honoraire
de $10 pour remise du rapport de l'inventaire et il y a également $5
annuellement pour la production du rapport.
M. ROY (Beauce): Je prends l'exemple d'une personne qui a
été nommée tuteur de ses enfants à la suite d'une
réclamation suivant un accident d'automobile. Cette personne aurait
retiré un montant d'argent pour ses deux enfants mineurs. La personne se
fait nommer tuteur de ses enfants pour gérer l'argent qui est
déposé dans un compte spécial au nom de chacun des
enfants. Cela signifie qu'à ce moment-là cette personne sera
tenue de payer au gouvernement une somme d'argent chaque année. Qui la
paiera? Est-ce que c'est le tuteur qui le donnera ou si cette somme pourra
être déduite de la masse des biens administrés?
M. PARENT: Le montant de $5 annuel sera déduit.
M. ROY (Beauce): Ce montant sera déduit des biens des personnes
qui seront sous administration. Et de quoi seront déduits les $10 pour
les frais de vérification?
M. PARENT: Non, non. Le montant de $10 c'est au moment de la prise en
main, au moment de la prise d'inventaire. Au moment où l'individu est
nommé tuteur, il fait un inventaire des biens des personnes dont il a la
charge, et, annuellement, quand il produira son rapport, il aura à
verser $5.
M. ROY (Beauce): Si les biens qu'il a à sa disposition peuvent
être réduits à des sommes de $200 ou $250, comme cela
arrive dans certains cas, après un certain temps, les montants ont
été considérablement réduits, est-ce que cela
signifie qu'il sera obligé de payer quand même ce montant
d'argent?
M. PARENT: C'est un cas hypothétique.
M. ROY (Beauce): C'est un cas hypothétique mais vous savez, M. le
ministre, que des cas hypothétiques de ce genre, vous en trouverez
à la douzaine.
M. PARENT: Nous avons le droit de renoncer à nos honoraires. Je
pense que nous parlons, en la circonstance, de curatelles privées et de
tuteurs privés d'une valeur de $5,000. Nous tenons pour acquis que ce
n'est pas en bas de $5,000.
M. ROY (Beauce): Est-ce que c'est mentionné dans vos
règlements?
M. PARENT: Non. Mais il y a un article qui prévoit dans un des
règlements que nous pouvons renoncer à nos honoraires.
M. ROY (Beauce): Ou que vous pouvez le faire. C'est
discrétionnaire à ce moment-là.
Alors, pourquoi ne pas prévoir dans vos règlements
pour éviter de l'interprétation à la lettre, une
interprétation à la ligne comme on dit, très stricte
l'obligation pour ces gens à faible revenu, qui n'ont pas de
revenu et qui sont aux prises avec des circonstances un peu exceptionnelles, de
ne pas payer encore une taxe, parce que je considère ça, qu'on le
veuille ou non, une nouvelle taxe pour ces gens-là? Le gouvernement leur
offre un service. On dit que le gouvernement leur offre un service de
vérification, un service d'inspection pour voir à ce que les
biens soient administrés sagement parce qu'il y a eu des abus dans le
passé à bien des endroits, mais aujourd'hui ils sont
obligés de payer en plus. Or, il y a des gens à l'heure actuelle
et je ne l'apprends pas au ministre qui relèvent de
l'assistance sociale et qui sont tuteurs d'un ou de deux de leurs enfants, il y
en a. Or, à ce moment-là, on va encore les obliger à payer
un nouveau montant d'argent au gouvernement. Pour quelle raison, à ce
moment-là, pour protéger les petits, pour protéger les
petits comptes, n'y aurait-il pas un minimum de biens inscrits dans vos
règlements de façon à éviter, comme je viens de
vous le dire, une interprétation très stricte du règlement
et pour éviter aussi à ces personnes toute une série de
problèmes et de complications qui, en somme, sont loin de leur
aider?
M. PARENT: Le député de Beauce peut prétendre qu'il
s'agit d'une taxe...
M. ROY (Beauce): Vous changez le nom, mais c'est une taxe quand
même.
M. PARENT: ... à mon avis, il s'agit plutôt d'une mesure de
protection du patrimoine de l'individu...
M. ROY (Beauce): Taxée.
M. PARENT: On a été témoin assez souvent d'abus de
pouvoir de la part de curateurs privés et de tuteurs qui ont
dilapidé les biens qui appartenaient à des enfants mineurs. Ce
que nous en exigeons actuellement les $5 par année n'est
qu'une mesure de protection pour s'assurer que le patrimoine de l'individu est
bien protégé et non dilapidé. Or, les frais de $5 sont
minimes. Le député parle d'un montant de $250, je pense qu'il ne
faut pas aller à l'extrême. J'ai souligné que nous, dans
nos prérogatives, nous entrevoyons que, dans le cas où nous
allons réclamer nos honoraires, ce sera dans des cas d'environ $5,000 et
plus. Ils sont assez rares les jugements, comme l'a souligné le
député de Beauce, de $250; à ce moment-là, je n'ai
pas l'impression que c'est un large patrimoine à surveiller, $250. Mais
il peut arriver des cas d'administration où nous allons retrouver non
pas du liquide dans un patrimoine de l'individu, mais des valeurs qui sont des
obligations, qui sont des propriétés, qui sont des biens meubles,
qu'il faut protéger également. Or, si nous laissons une latitude,
disons pour une valeur de $250, je n'aurais pas objection à ce que, dans
la mesure où nous allons vivre l'expérience, nous changions
à un moment donné nos données pour dire que ça
s'applique simplement aux curateurs privés qui ont des valeurs qui
dépassent $1,000, $2,000 ou $3,000. Mais qui nous dit que le patrimoine
de l'individu ne sera pas élargi? Qui nous dit au moment où nous
prenons le cas en main qu'il doit être exempté? C'est l'individu
qui aura à faire la distinction alors qu'actuellement celui qui
prétend qu'il n'a pas d'impôt à payer doit quand même
produire sa déclaration pour prouver qu'il n'a pas d'impôt
à payer. Ce que nous voulons dans le règlement actuel, c'est tout
simplement l'application universelle d'une mesure préventive de
protection du patrimoine de l'individu. Par la suite, l'expérience que
nous vivrons pourra peut-être nous permettre de dire que nous pouvons
faire des exceptions dans tel cas, dans tel cas où nous aurons
vécu les expériences. Mais actuellement, tenant pour acquis que
nous allons recevoir environ 38,000 dossiers additionnels, je pense qu'il
serait assez complexe pour nous de convenir immédiatement qu'il doit y
en avoir qui vont être soustraits à l'application de la loi. Nous
allons vivre l'expérience et déterminer par la suite s'il y a des
modifications à apporter. Il s'agit dans ce cas-ci simplement d'un
règlement, la loi est déjà votée, il s'agit de
l'application de la loi par un règlement; s'il y a lieu de modifier le
règlement, c'est une affaire assez simple. Nous pourrons avec
l'expérience que nous vivrons considérer s'il y a lieu de faire
des exemptions.
M. ROY (Beauce): Tout à l'heure, lorsque j'ai parlé des
biens administrés, autrement dit des valeurs de moins de $5,000, je n'ai
demandé en aucun temps que ces biens ou même les montants de $250
où il y a un dossier d'ouvert, soient soustraits à une
surveillance.
La surveillance est une chose. Pour la taxe ou encore les honoraires
si vous aimez mieux le terme honoraires, parce que c'est moins
disgracieux pour le gouvernement, peu importe le montant reste le
même. Je vais demander que, pour les biens des familles
défavorisées, lorsque ces cas se présentent, on ne les
oblige pas en plus d'avoir encore à payer quelque chose. Parce que je
sais que le ministre aura des problèmes de ce
côté-là, je sais que chaque député aura
certainement des visites à son bureau, des plaintes de gens. Lorsque le
service de la Curatelle publique a fait parvenir des lettres, l'automne
dernier, à tous ceux qui étaient enregistrés comme
tuteurs... Parce qu'à
ce moment-là, on a pris les listes dans toutes les cours
judiciaires de la province je pense, on a relevé toutes les listes dans
tous les districts judiciaires de la province de Québec et on a
envoyé les lettres circulaires à tout le monde. Comme je fais du
bureau tous les lundis dans mon comté, mon bureau est ouvert à
toutes les personnes de mon comté qui ont différentes choses
je suis disponible de ce côté-là il y a
plusieurs personnes...
M. HARVEY (Jonquière): C'est comme nous, vous avez votre bureau
comme les autres.
M. ROY (Beauce): C'est bien! Je vous félicite et je vous
encourage à conseiller à vos collègues de faire la
même chose.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le député de
Beauce me permettrait une question? Je vois qu'il évite d'employer le
mot taxe. Est-ce qu'il sait que le mot taxe est un des plus grands mots qu'on
doit utiliser, parce que c'est le prix que doit payer une société
civilisée pour son évolution? Alors, ne vous gênez pas,
parlez-en des taxes. Ceux qui n'en paient pas, ces peuples-là mangent
dans les arbres ce que les singes ont laissé; ce ne sont pas des cocos,
ce sont des cocottes.
M. ROY (Beauce): Je pourrais peut-être, si le ministre du Revenu
veut mettre son grain de sel là-dedans, parler des taxes.
M. HARVEY (Jonquière): Je ne mets pas mon grain de sel, mais il
faut arrêter d'être démagogue, voyons donc.
M. ROY (Beauce): C'est un nom qui est tellement long, il n'est pas
question de démagogie là-dedans. Je n'ai pas peur des mots et des
termes; c'est le ministre responsable de la Curatelle publique qui n'aimait pas
le mot taxe, parce que c'est le premier que j'ai employé. Il a dit que
ce n'était pas une taxe. J'ai dit: Très bien, puisque le ministre
n'aime pas le mot taxe.
M. HARVEY (Jonquière): Quand ce sont des frais de
vérification.
M. ROY (Beauce): Moi, j'ai employé le mot taxe.
M. HARVEY (Jonquière): Quand ce sont des frais de
vérification, il dit que ce sont des frais de vérification. Quand
ce sont des honoraires, ce sont des honoraires. Souvent, ça permet de
payer une partie des honoraires permettant de vérifier certaines choses.
Vous autres, vous voyez des taxes partout. Ce ne serait pas drôle de vous
voir diriger une province.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je serais tenté de demander au ministre
du Revenu de quelle année date sa définition.
M. HARVEY (Jonquière): Elle date de 19-70.
M. ROY (Beauce): C'est pour ça, c'est une jeune
définition. Mais, le mot taxe, il a raison...
M. HARVEY (Jonquière): Elle ne bat pas les théories
créditistes.
M. ROY (Beauce): C'est peut-être le mot le plus long qu'il peut y
avoir dans le dictionnaire, parce que c'est certainement celui qui coûte
le plus cher.
M. HARVEY (Jonquière): Cette instruction, pour votre information,
vous la voyez sur une magnifique pierre en face du bureau du ministère
du Revenu à Washington. Si jamais vous y allez, allez voir ça;
vous allez voir que cela vous fera réfléchir. Vous allez revenir
aux normes, que deux et deux font quatre. Quand un Etat redistribue deux
dollars à une population, il les perçoit, et souvent plus, pour
payer son administration, dans les goussets de ceux qui les ont.
M. ROY (Beauce): Je suis heureux d'entendre le ministre du Revenu dire
que deux plus deux égalent quatre. Je lui suggérerais justement
d'expliquer sa théorie à l'honorable ministre des Finances et au
premier ministre, parce que j'ai l'impression que, par bouts, ils calculent que
deux plus deux égalent cinq.
M. HARVEY (Jonquière): C'est parce que vous leur faites perdre
une heure; alors, on l'additionne et on la soustrait à nouveau.
M. ROY (Beauce): On est loin de la Curatelle publique, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Nous étions à la catégorie 4:
Services professionnels. Est-ce qu'il y a d'autres questions? Catégorie
5: Entretien et réparations.
M. RUSSELL: Adopté, quant à moi.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 6: Loyers.
M. RUSSELL: Loyers, M. le Président, $3,500, il y a une
augmentation. Est-ce que c'est pour du service mécanographique?
M. PARENT: Il y a le Telex $500 et une machine Xerox $3,000.
M. RUSSELL: Ah, c'est la Xérox! Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6. Adopté. Catégorie 7:
Fournitures et approvisionnements.
M. ROY (Beauce): Le montant est de $21,500 comparativement à
$13,700 l'année
dernière. Premièrement, est-ce que le montant de $13,700 a
été entièrement dépensé l'année
dernière?
M. PARENT: Ce sont les formules de curateurs privés et de tuteurs
qu'il nous faut envoyer aux 38,000 dossiers.
M. LE PRESIDENT: Adopté? M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. ROY (Beauce): Alors, il y a $3,000 à $9,000; c'est la
même chose.
M. PARENT: Oui, nous allons engager du personnel. Il faut acheter des
meubles.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11: Autres dépenses.
Adopté.
Alors, tout l'article 19 est adopté. C'est fini. Quel article
préférez-vous?
M. CLOUTIER (Montmagny): S15.
M. LE PRESIDENT: Statutaire 15: Régime de retraite des
fonctionnaires.
Régime de retraite des fonctionnaires
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre a des commentaires
à faire sur cet article important qui représente $18 millions et
dont les contributions sont à peu près égales,
c'est-à-dire qu'il reste une somme de $375,000? Est-ce que le ministre
peut nous faire des commentaires sur l'analyse actuarielle, sur son
désir de voir transférer sur une base actuarielle le
régime de retraite des fonctionnaires et de débourser $1
milliard?
M. PARENT: Je pense qu'une telle définition de ma part ne serait
pas sage. Il s'agit d'une politique financière du gouvernement; je pense
que c'est le ministre des Finances qui serait le mieux en mesure d'y
répondre. En ce qui me concerne, je ne vois que l'administration du
service de régime de retraite des fonctionnaires et des enseignants.
Pour ce qui est de la politique gouvernementale en matière de
régime de retraite, je pense que l'endroit approprié,
actuellement, c'est à la table centrale du front commun. Il s'agit de
s'entendre sur les formulations d'un régime de retraite.
Personnellement, je pense qu'il ne serait pas à propos que je puisse
faire des commentaires, à ce stade, sur les politiques
éventuelles.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre sait qu'actuellement on
poursuit des études dans différents ministères du
gouvernement, les ministères les plus directement impliqués,
à savoir le ministère des Affaires sociales, le ministère
de l'Education, le ministère de la Justice, pour savoir quelles sont les
possibilités d'abaisser l'âge de la retraite, graduellement, de 65
ans à 60 ans?
M. PARENT: Oui, il y a comme dans toute administration, je pense bien,
des points de repère, des études continuelles qui se poursuivent
pour permettre une certaine évolution. Le gouvernement n'est
arrivé à aucune décision là-dessus, parce que je
pense qu'il est évident qu'une question semblable devra se discuter
autour d'une table de négociation entre les employés et l'Etat.
Ce n'est que par mesure de précaution et de prudence. Et dans une sage
administration, c'est ce qu'il faut prévoir, les différentes
options qui seraient possibles ou envisagées à l'occasion des
discussions et qui nous permettent d'avoir les données
nécessaires au moment où ces discussions peuvent être
amorcées.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne voudrais pas faire un très long
exposé. Mais, étant donné les événements
récents dans le domaine de la sécurité de la vieillesse,
les décisions qui ont été prises unilatéralement
d'augmenter les pensions de sécurité de vieillesse et,
qu'à toutes fins pratiques, le Québec sous ce régime de
sécurité de vieillesse n'a à peu près rien à
dire, sauf d'encaisser les conséquences sur les autres régimes
d'allocations sociales, j'ai suggéré au ministre des Affaires
sociales, il y a quelques jours, d'étudier sérieusement la
possibilité, conjointement avec la Régie des rentes du
Québec, d'accélérer les études pour voir la
possibilité d'avoir un régime de sécurité de
vieillesse qui pourrait être abaissé de 65 à 60 ans
graduellement. Je comprends qu'il y ait des implications considérables
au niveau de... On le voit à l'article des fonctionnaires,
l'article des enseignants.
On n'a qu'à prendre les articles au ministère des Affaires
sociales ou dans certains ministères importants et les
répercussions que ça pourrait avoir sur les plans privés,
dans le secteur privé, parce que tous les plans privés sont
conçus, actuellement, en vue d'une retraite à 65 ans. D'autre
part, on sait qu'il y a des pressions très considérables qui se
font pour que l'âge de la retraite soit abaissé graduellement
jusqu'à 60 ans et on va y venir. Je ne sais pas dans combien
d'années, mais on y viendra. Alors, il y avait deux aspects. Il y avait
d'abord l'aspect de la retraite en elle-même, d'abaisser l'âge de
la retraite à 60 ans et d'autre part, il y avait aussi cet aspect
d'initiative que pourrait prendre le gouvernement du Québec dans ce
secteur de 60 à 65 ans. Etant donné que c'est nous actuellement
qui avons sous nos charges, par le ministè-
re des Affaires sociales cette clientèle, une partie du moins des
gens âgés de 60 à 65 ans qui sont dans le besoin, nous les
avons â l'aide sociale et il me semble qu'il y aurait peut-être
lieu de prendre certaines initiatives dans ce secteur, de pousser les
études, de voir quelles seront les implications financières, et
les répercussions sur les régimes privés. Quelles seront
les répercussions sur le budget du Québec d'un tel programme?
C'est pour ça que j'ai demandé, tantôt, au ministre d'Etat
aux Finances peut-être que le ministre des Finances pourrait
ajouter ses propres commentaires s'il y a des études actuellement
qui se poursuivent. Si oui, le ministre nous a répondu qu'effectivement
ces choses-là font continuellement l'objet d'études, dans
différents ministères, je voudrais savoir quel est l'état
de ce dossier. Si on peut espérer, dans ce domaine-là, pouvoir
avoir des chiffres à un certain moment?
M. GARNEAU: Le député de Montmagny pourrait
peut-être distinguer le sens de sa question ou le contenu de sa question.
Si on se réfère au régime de retraite des enseignants et
des fonctionnaires, si je comprends bien, vous demandez s'il y a des
études qui ont été faites pour ramener l'âge de la
retraite des fonctionnaires et des enseignants de 65 â 60 ans.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'une façon générale dans
la province, actuellement, les régimes privés et les
régimes publics sont conçus en fonction de 65 ans. La
Régie des rentes elle aussi, la loi de la Régie des rentes, c'est
65 ans. Mais ce que j'ai mentionné au ministre des Affaires sociales,
c'est que la Régie des rentes est une loi provinciale de laquelle a
découlé aussi la Caisse de dépôt et placement. Il y
a des analyses actuarielles qui sont faites, la Régie des rentes en a
fait et on s'aperçoit, par les analyses actuarielles, selon qu'on prend
le coût bas, le coût élevé ou le coût
intermédiaire, que si on prend le coût intermédiaire, en
l'an 2000 ou vers l'an 2000, le fonds de la Régie des rentes sera
d'environ $9 milliards, $10 milliards, je ne l'ai pas ici, oui, j'ai le
document. Je vais le vérifier pour donner des chiffres plus exacts
possible.
M. GARNEAU: En 1995.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, en l'an 2000, si on prend la
prévision de coût bas, en l'an 2000, ce serait $9 milliards et, si
on prend le coût élevé du régime, en l'an 2000, il
n'y aurait plus de provisions. Si on prend le coût bas du régime,
en l'an 2015, c'est là où les provisions disparaîtraient,
mais en l'an 2000, par exemple, il y aurait $16 milliards d'accumulés au
fonds. Pour fins de discussions, prenons la ligne du coût
intermédiaire, ça voudra dire $10 milliards vers l'an 2000. J'ai
mentionné également que les taux de contribution au Régime
de rentes ont été établis en 1966. Ils n'ont pas
varié. Cette année ce sera la sixième année
où le taux de contribution est le même, c'est-à-dire 3.6
p.c. du revenu. Le maximum du revenu admissible au Régime de rentes n'a
pas varié lui non plus, c'est encore $5,400 moins l'exemption de $600,
ce qui fait $4,800, mais les revenus grimpent. Je ne sais pas comment on peut
comparer la moyenne de revenu en 1972, ici au Québec, par rapport
à la moyenne de revenu en 1966. Il y a certainement une augmentation
importante. Il y aurait peut-être lieu, et d'envisager l'augmentation
peut-être du taux de contribution pour tenir compte des réserves
du fonds des rentes et aussi le niveau de revenu admissible. Je pense que
ça pourrait faire l'objet d'un examen.
De toute façon, je veux qu'on retienne de mes observations que le
Québec, que les différents ministères concernés
accélèrent l'étude du dossier de la sécurité
de vieillesse ou de la mise à la retraite à 60 ans, alors
qu'actuellement, tous les régimes sont conçus en prévision
de l'âge de la retraite qui est 65 ans. Peut-être que, de ce
côté-là, le Québec devrait faire preuve d'initiative
et pousser l'étude du dossier, voir quels seraient les mécanismes
à mettre en place, non seulement dans le secteur public mais aussi d'en
examiner les répercussions sur le secteur privé. Je voudrais
entendre le ministre des Finances là-dessus.
M. GARNEAU: Evidemment, ce serait, dans le cadre du partage des
juridictions actuelles, une bonne façon de transporter au
fédéral une partie de l'aide sociale qui tomberait sous le
chapitre de la sécurité de la vieillesse. Mais actuellement, si
on se réfère au Régime de rentes, non pas au régime
de retraite des enseignants mais au Régime de rentes global, nos
préoccupations s'orientent beaucoup plus vers l'élargissement du
nombre de bénéficiaires qui n'ont pas contribué au
Régime de rentes du Québec parce que, à ce
moment-là, lorsqu'ils étaient sur le marché du travail, ce
régime n'existait pas.
Des études se font actuellement surtout de ce côté
pour savoir combien il en coûterait au Régime pour élargir,
faire bénéficier des veuves dont le mari est
décédé avant que le Régime de rentes n'existe et
les faire bénéficier des avantages auxquels elles auraient droit
si leur mari avait contribué au Régime de rentes. C'est une
clientèle qui est assez facile à saisir, à limiter et
c'est une clientèle qui va s'évanouir avec le temps, qui va
disparaître, étant donné que, maintenant que le
régime existe, si un mari a contribué et qu'il
décède, il y a une rente de veuves, une rente d'orphelins.
Du côté du ministère des Affaires sociales, les
études se poursuivent beaucoup plus de ce côté-là
dans le sens d'élargir et de faire bénéficier une partie
de la population québécoise aux avantages du Régime de
rentes, ce qui aurait aussi une influence sur le montant de l'aide sociale
parce que des veuves ou des orphelins
qui doivent retirer de l'argent de l'aide sociale, bien souvent
pourraient ne pas en retirer s'ils émargeaient au Régime des
rentes général et universel. C'est là une question qui
fera l'objet d'une prise de décision dans un avenir assez
rapproché.
Pour ce qui est de l'autre aspect de la question, de diminuer de 65 ans
à 60 ans l'âge de la retraite, je suis d'accord avec le
député de Montmagny que c'est une direction vers laquelle on va,
non seulement au Québec mais dans tout le Canada. On parle de la semaine
de travail de quatre jours; il m'apparaît assez normal qu'on s'oriente
vers cette...
M. MARCHAND: Le monde n'est pas assez paresseux comme ça?
M. GARNEAU: On me dit que certaines grandes sociétés
canadiennes négocient actuellement des conventions collectives,
augmentent le nombre d'heures de travail par jour qui passeraient à neuf
heures par jour et on travaillerait quatre jours par semaines; ce qui voudrait
dire quand même 36 heures d'ouvrage par semaine au lieu de...
M. HARVEY (Jonquière): Au lieu de 32 heures et demie ou 33.
M. GARNEAU: Je ne veux pas nommer de sociétés parce que je
ne sais pas si c'est public ou non, mais j'ai été mis au courant
de ça. On ramènerait la semaine de travail à quatre jours
tout en mettant le même nombre d'heures de travail. Mais pour ce qui est
de baisser de 65 ans à 60 ans, si on appliquait par exemple cette
dimension au régime de retraite des enseignants et des fonctionnaires
tel qu'on le connaît présentement, on augmenterait et d'une
façon très substantielle le déficit actuariel sur lequel
nous travaillons présentement dans le cadre de la négociation
collective.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'année dernière, vous avez
donné des chiffres, je pense que c'était un déficit de $1
milliard.
M. GARNEAU: Je ne sais pas si j'ai donné des chiffres...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous avez donné un milliard l'an
dernier.
M. GARNEAU: Je n'ai pas relu le journal des Débats...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre s'accoutume aux milliards avec les
années. Il est rendu à $5 milliards de budget.
M. GARNEAU: Disons que, lorsque la Commission de la fonction publique a
siégé, le ministre des Affaires sociales qui, par sa profession
comme actuaire, était plus en mesure d'expliquer tous les détails
techniques, l'a fait à la Commission de la fonction publique et a
indiqué que les régimes actuels représentaient des
coûts de 18 p.c. ou 19 p.c. alors que la contribution de l'employé
n'est que 5 p.c, y compris le Régime de rentes. C'est pourquoi nous
avons inclus cette option, cette question dans la négociation collective
parce que ça dépasse ce qui se fait partout ailleurs et nous
sommes d'avis qu'il devrait y avoir une augmentation dans la participation de
l'employé. Nous avons suggéré qu'il y ait une augmentation
de 2 p.c. répartie sur quatre ans; 0.5 p.c. par année et on
s'imagine ce que nécessiterait comme augmentation de taux, l'abaissement
de l'âge de la retraite de 65 ans à 60 ans.
La suggestion du député de Montmagny d'avoir des
études plus poussées est certainement bonne. Disons que le
ministère des Finances comme tel n'a pas fait de telles études
mais s'est plutôt attardé à essayer de régler le
problème du régime actuel tel qu'il existe, mais c'est
certainement là une orientation vers laquelle on s'en va d'ici X
années et ça va nécessiter assurément des analyses
que nous n'avons pas entreprises encore, en tout cas à notre niveau, au
niveau du ministère des Finances.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je remarque ici que le
régime de retraite des fonctionnaires, c'est le même
phénomène que nous retrouvons dans le régime de retraite
des enseignants. Ce régime de retraite est financé uniquement par
les salariés, c'est-à-dire par les fonctionnaires et uniquement
de déboursés annuels.
M. GARNEAU: Il faut faire une distinction entre le
déboursé annuel et le coût du régime.
M. ROY (Beauce): A ce moment-là, le coût du régime,
disons qu'il n'y a pas de réserve mathématique...
M. GARNEAU: Non.
M. ROY (Beauce): ... à l'intérieur, il n'y a pas de calcul
actuariel de fait. Cela veut dire que, compte tenu de la croissance des
salaires, compte tenu de l'augmentation du personnel, c'est que les deux
contribuent à équilibrer les déboursés,
c'est-à-dire contribuent à équilibrer par les recettes les
déboursés de ces deux fonds de pension dans ces deux
régimes.
Si on prend le même principe pour la Régie des rentes du
Québec dont on vient de parler, parce qu'on fait un calcul actuariel
à l'intérieur de ça, il y aurait lieu d'économiser
pour la province entre $200 millions et $250 millions annuellement. C'est
à l'heure actuelle. On n'a pas souvent l'occasion de parler du
système de la Régie des rentes du Québec, et nous aurions
assurément, nous aussi, un bon mot à dire là-dedans.
Actuellement, on fait des réserves mathéma-
tiques qui sont calculées selon les calculs actuariels pour payer
une pension de X dans tant d'années. Et on va se retrouver, au moment
où ces pensions seront données, avec le même
problème, le même phénomène, compte tenu du taux
d'inflation que nous avons actuellement, lorsque la personne retirera la rente,
elle va retirer une pension très minime, à un tel point qu'elle
n'assumera pas ses obligations du moment.
C'est ce que nous devons envisager actuellement avec le régime de
retraite, la Régie des rentes du Québec et c'est toujours cela
que nous devrons envisager parce que le taux d'inflation se situe entre 3 1/2
p.c. et 5 p.c. annuellement, si on regarde les cinq dernières
années...
M. GARNEAU: Au Québec.
M. ROY (Beauce): ... au Québec, cela veut dire qu'au cours des
vingt prochaines années, dix-huit à vingt ans... je parle des
moyennes, je n'ai pas les chiffres précis pour chacune des années
mais le taux moyen des quatre ou cinq dernières années se situe
environ à ce niveau-là, minimum de 3 1/2 p.c. comme taux
d'inflation...
M. GARNEAU: Cela dépend de quoi vous parlez. En tout cas,
allez-y.
M. ROY (Beauce): Du taux moyen des cinq dernières années.
Il y a des années qui ont été inférieures, il y a
des années qui ont été supérieures parce qu'il y a
eu des années de 4. 8 p.c. et je pense que c'est 1970...
M. GARNEAU: Cela dépend si vous parlez du taux d'inflation de
l'ensemble des prix ou si vous parlez...
M. ROY (Beauce): L'ensemble des prix.
M. GARNEAU: D'accord, je ne parle pas seulement du coût des
denrées, le vêtement, le logement, etc. Si vous parlez de
l'ensemble des prix, d'accord.
M. ROY (Beauce): L'ensemble des prix, mais qu'on le veuille ou non, et
qu'on aime ça ou non, l'ensemble des prix se reflète toujours au
niveau de la consommation à un moment donné. Peu importent les
statistiques et les chiffres qu'on prend à ce moment-là.
Alors si aujourd'hui la Loi de la Régie des rentes était
amendée de façon à pouvoir comme disait le
député de Montmangy tout à l'heure, je continue sur les
mêmes propos qu'il a tenus mais je vais aller plus loin que lui
prendre certaines catégories de personnes, les veuves, les mères
nécessiteuses et les invalides, les malades chroniques, donc les
incurables, qui ont 50, 52, 54, 55 ans, qui sont actuellement
bénéficiaires de la Loi de l'aide sociale et que ces personnes
soient transférées à la Régie des rentes du
Québec pour avoir une pension statutaire, une pension fixe, je dis
qu'à ce moment-là on éliminerait énormément
de gaspillage. Je dis bien de gaspillage de deniers, énormément
de complications et ça contribuerait à améliorer le sort
des individus et, en même temps et ça devient
intéressant pour l'honorable ministre des Finances à ce
moment-là il y aurait lieu pour lui de récupérer de
$200 à $250 millions chaque année par des sommes qu'il aurait
à débourser en moins au niveau de l'aide sociale et au niveau des
différentes...
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le député de
Beauce...
M. GARNEAU: Je pense que les $250 millions, si on pouvait...
M. ROY (Beauce): La somme de $200 millions, je pense...
M. GARNEAU: ... l'ensemble de l'aide sociale est évalué
à $340 millions cette année.
Si vous prenez uniquement les veuves et les invalides, les personnes qui
auraient droit au Régime des rentes, s'il y avait eu possibilité
pour ces personnes d'y avoir droit, ce ne sont certainement pas les deux tiers
de l'aide sociale qui est versée.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais faire la remarque suivante au
député de Beauce. Actuellement, pour ceux qui reçoivent
des allocations en vertu de la Loi de l'aide sociale, le bill 26, le coût
en est partageable à 50-50 avec le...
M. ROY (Beauce): ... Ottawa.
M. CLOUTIER (Montmagny) ... gouvernement central, tandis que si ces
personnes étaient transférées à la Régie des
rentes, cela serait assumé à 100 p.c. par la province,
c'est-à-dire par le Régime des rentes lui-même, donc, par
les Québécois. Même si la pension est fixée,
je comprends l'idée du député de Beauce, c'est pour
transférer ces personnes, pour éliminer...
M. ROY (Beauce): Il y a autre chose aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... toutes les complications administratives et
améliorer le taux de prestation il faudrait que cela continue
d'être payé en vertu de la Loi de l'aide sociale mais que, par
l'administration et par les taux de prestation, cela ressemble au Régime
de rentes.
M. GARNEAU: C'est exactement dans ce sens-là que nous
travaillons. Tout à l'heure, je ne l'ai pas indiqué, mais c'est
dans le sens d'une application comme l'indique le député de
Mont-
magny que les travaux se font actuellement, parce que nous ne voulons
certainement pas perdre 50 p.c. des contributions qui viennent en vertu du
régime canadien d'assistance publique. Je pense que nous pourrions en
arriver à des conclusions peut-être avant l'automne prochain.
M. ROY (Beauce): Je pense que cela serait avantageux pour la province et
également pour les citoyens. Et il y aurait lieu de prévoir un
mécanisme, quitte à en discuter avec les autorités du
gouvernement fédéral, en discuter de façon très
ferme, faire des suggestions, discuter de façon sérieuse.
M. GARNEAU: Je pense que les propos du député de Beauce ne
sont pas tout à fait fondés, étant donné que le
Régime de rentes est un régime provincial. D'ailleurs, même
là, si nous voulions en discuter sur le plan canadien, c'est un objectif
vers lequel tendent d'autres provinces et le gouvernement canadien
également. Mais il ne faut pas penser, d'un autre côté, que
c'est nécessairement un gain net. Tout à l'heure, le
député de Montmagny se référait à l'option
de coût moyen et il indiquait que, suivant cette option, cette
étude actuarielle du coût moyen, on atteindrait un maximum vers
l'an 2000 et qu'on viderait la caisse vers l'an 2008, suivant l'option du
coût moyen. C'est donc dire que si nous appliquons de nouvelles charges
aux réserves actuelles de la Caisse de dépôt que celle-ci
administre pour le Régime de rentes, et qu'on ne change pas les
contributions, l'élimination ou la disparition de la réserve
à la Caisse de dépôt sera plus rapide. Ce qui peut
être un gain devra être compensé, d'autre part, soit par des
augmentations de contribution ou des élargissements du champ de
salaires, de revenu auquel s'applique la perception de la Régie des
rentes. Actuellement, comme l'indiquait le député de Montmagny,
c'est sur le revenu du $5,400 moins $600, c'est-à-dire, $4,800. Il
faudrait peut-être songer, dans cette éventualité, à
élargir ce champ-là et que la contribution soit portée
à $6,000 moins $600. Alors, vous augmentez de $600 et, à ce
moment-là, on irait chercher un montant de revenu additionnel parce que,
évidemment, ce qu'on paye, il faut aller le chercher, parce que nous
n'imprimons pas l'argent.
M. ROY (Beauce): Si nous prenons le même argument qui est
employé pour le régime de retraite des fonctionnaires, des
enseignants, et si on l'appliquait au Régime des rentes du
Québec, il est évident, à ce moment-là, que nous ne
sommes pas sur la même longueur d'ondes, que nous ne parlons pas de la
même chose tout à fait. L'an dernier, à l'occasion de
l'étude des crédits du ministère des Finances, nous avions
discuté de ce sujet. A ce moment-là, le ministre nous avait dit
que, si on prenait une formule actuarielle pour le régime de retraite
des fonctionnaires et le régime de retraite des ensei- gnants, la
province n'aurait pas les moyens de payer.
M. GARNEAU: Le mettre dans le fonds? M. ROY (Beauce): Le mettre dans le
fonds.
M. GARNEAU: Toutes les réserves qui seraient nécessaires
pour avoir un fonds actuariel couvrant...
M. ROY (Beauce): C'est cela, un fonds actuariel. A l'heure actuelle,
toutes les contributions du Régime de rentes sont incluses dans les
coûts, contribution des employeurs, et la contribution de
l'employé est retenue sur son salaire.
M. GARNEAU: Oui.
M. ROY (Beauce): Et on accumule les fonds. Je regarde ici la gestion de
la Régie des rentes du Québec. Intérêts de
dépôt, seulement à cet article: $104 millions. Rentes et
prestations versées: $42 millions, alors que les contributions
perçues étaient de l'ordre de $282 millions. Cela
représente à peu près 40 p.c. ou 41 p.c. uniquement de
l'intérêt perçu en ce qui concerne le régime des
rentes.
Or, du fait que, dans le Régime de rentes, à l'heure
actuelle, les prestations sont très basses pour les personnes qui les
perçoivent, le ministère des Affaires sociales est obligé
de suppléer à la différence selon les normes
déjà très basses du ministère des Affaires
sociales, et c'est le budget de la province qui se trouve grevé. Ces
sommes sont placées à l'heure actuelle à la Caisse de
dépôt et placement et nous aurions également quelques
observations à faire en ce qui a trait aux différents placements
de la Caisse de dépôt, surtout quand on regarde certains
rendements, à quoi ça sert et à qui ça sert. Je me
demande et je pose la question.
M. GARNEAU: Avant que le député passe à un autre
aspect de son observation, c'est qu'il vient de donner des chiffres qui sont
vrais oui, oui, je ne dis pas qu'ils ne sont pas vrais mais il
faut placer en contrepoids les observations du président de la Caisse de
dépôt. Il va lire dans les premières pages du document
déposé par la Caisse de dépôt que les sommes qui
sont confiées à la Caisse de dépôt et placement vont
passer par trois phases. Première phase, les intérêts sur
les placements dépassent les prestations versées. Deuxième
phase, les intérêts et les contributions annuelles vont juste
couvrir les prestations versées. Troisième phase, les deux
ensemble ne suffiront pas pour payer les contributions, les prestations et
c'est là la période de déclin de la caisse. Alors, il ne
faut pas dire que, par le fait qu'il y a un fonds actuariel que cela assure,
dans l'état actuel des choses, la permanence totale et que si on
appliquait les mêmes principes à notre régime
de retraite, ce serait, mutatis mutandis, la même chose,
c'est-à-dire selon le taux qui sera payé.
M. ROY (Beauce): Il s'agit du fonctionnement actuel de la Caisse de
dépôt et des prévisions qui y sont faites en vertu des
calculs actuariels qui sont faits.
M. GARNEAU: Ce que je ne voulais pas c'est que le député
tire des conclusions autres...
M. ROY (Beauce): Pour ça, je suis d'accord! Je suis d'accord que
la Régie des rentes fonctionne. Je sais comment elle fonctionne. Ce que
je veux dire à l'honorable ministre est ceci: A l'heure actuelle, je me
demande si on ne fait pas double ou triple emploi de certains de nos capitaux
au Québec, surtout de notre fiscalité. Pendant que nous
accumulons des milliards je dis bien des milliards à la
Régie des rentes du Québec, le gouvernement, en même temps,
accuse un déficit je ne veux pas avancer de chiffres pour ne pas
faire sursauter le ministre des Finances que je prévois cette
année entre $400 millions et $500 millions dans les finances de la
province, pendant le même temps. Si les arguments qu'on a
énoncés l'année dernière concernant le
régime de retraite des fonctionnaires, concernant le régime de
retraite des enseignants valent, parce que la province devrait normalement
payer sa quote-part comme employeur, comme tout régime de retraite
privé dans toutes les institutions et dans toutes les entreprises, il y
a une partie qui est payée par les employés et il y a une partie
qui est payée par l'employeur. Or, ici, nous retrouvons une situation
où il y a uniquement les employés qui alimentent le fonds, qui le
subventionnent ou qui paient leurs contributions, la totalité des
déboursés ou la. quasi-totalité des
déboursés de leur fonds de pension. C'est là le point.
M. GARNEAU: Ce que dit le député de Beauce n'est pas tout
à fait vrai.
M. ROY (Beauce): Bien oui!
M. GARNEAU: C'est vrai sur une base annuelle, si vous regardez les
encaissements et les déboursés, mais ce n'est pas vrai si vous
parlez en termes de coûts, parce que le gouvernement assume le coût
du régime de retraite des enseignants et des fonctionnaires. Il n'assume
pas la mise de côté d'un fonds spécial, mais, de par la
loi, il y a 250,000 fonctionnaires qui sont actuellement en place. Si on
fermait boutique et qu'on disait qu'on n'engage plus personne d'ici l'an 2,050
et qu'on laissait vieillir les gens du fonctionnarisme actuel et que ces
gens-là prendraient leur retraite au fur et à mesure qu'ils ont
atteint l'âge de la retraite le gouvernement assumerait le coût du
régime. Il y a une différence avec assumer le coût du
régime, parce que le député de Beauce semble
suggérer ou semble soumettre que le gouvernement n'assume pas le
coût du régime, il assume le coût du régime en ce qui
regarde l'état actuel des encaissements et des déboursés
annuels au régime de retraite des enseignants et des fonctionnaires;
c'est vrai que ça s'équilibre et qu'on commence à avoir
des déficits, il y a quelques années, il y avait des surplus.
Maintenant il y a des déficits et ce sont ces déficits qui se
multiplient et qui grossissent avec une rapidité effarante.
M. ROY (Beauce): J'aimerais revenir sur la question parce que je n'aime
pas beaucoup que le ministre des Finances dise que le gouvernement assume le
coût du régime de retraite des fonctionnaires. Il assume le
risque. Mais le risque à l'heure actuelle ne lui coûte rien.
M. GARNEAU: Bien oui, il nous coûte quelque chose.
M. ROY (Beauce): Il vous coûte $375,000 à un endroit et
$1,000 à un autre endroit.
M. GARNEAU: Le coût ne se calcule pas uniquement sur la base d'un
an. Il se calcule sur l'espérance de vie des fonctionnaires qui sont en
place.
M. ROY (Beauce): C'est le troisième budget que nous avons
à étudier depuis 1970. A chaque année, cela a
été des chiffres identiques. Je me base, à l'heure
actuelle, sur trois années d'expérience que nous avons
vécues au gouvernement mais la tendance semble vouloir se maintenir.
Lorsqu'on dit que le gouvernement assume le risque du fonds de pension des deux
catégories, les enseignants et les fonctionnaires, le ministre des
Finances a entièrement raison. Ce que je veux lui dire, ce que j'ai dit
tout à l'heure, c'est que ce risque, à l'heure actuelle, ne lui
coûte rien.
M. GARNEAU: Je ne veux pas faire une querelle de mots avec le
député de Beauce parce qu'il ne semble pas comprendre.
M. ROY (Beauce): C'est un fait, les chiffres sont là, alors que
dans la question du Régime de rentes, le gouvernement est obligé
de prévoir des provisions pour payer sa part d'employeur pour permettre
l'alimentation du fonds de Régimes de rentes du Québec.
M. PARENT: C'est complètement différent de l'autre. C'est
que le Régime de rentes vient d'entrer en vigueur. Les contribuables
paient une cotisation et le gouvernement en paie une. Les prestations ne sont
pas disponibles pour une quantité de gens. Il est normal que le fonds,
actuellement, s'accumule. Le jour où on arrivera à
l'échéance, où les personnes qui sont couvertes par le
régime commenceront à recevoir des prestations, à ce
moment-là, le fonds commencera à décliner. Dans le
système actuel
du régime de retraite du Québec, pour les enseignants et
les fonctionnaires, c'est un régime qui est en place depuis vingt,
trente, quarante ans, depuis 1886, qu'on me dit, il est inévitable que
le gouvernement, n'ayant pas contribué au même rythme que. les
employés, que les salaires de celui qui est entré en fonction en
1930 et qui prend sa retraite, le salaire sur lequel il a payé au fonds
de pension et la pension qu'il va recevoir ne sont pas les mêmes puisque
c'est son salaire des cinq dernières années qui constitue sa mise
à la retraite son fonds pour la mise à la retraite. Il y a une
grande différence, si on parle de fonds actuariel, parce que le
gouvernement n'y contribue pas et le système lui-même dans lequel
on fonctionne... Vous avez les enseignants qui prennent leur retraite
aujourd'hui, et qui, il y a vingt ans, gagnaient $1,200 par année et qui
aujourd'hui en gagnent $10,000; la retraite n'est pas basée sur la
contribution de 5 p.c. qu'ils ont faite au fonds sur $1,200, mais sur les cinq
meilleures années de service durant leur période d'emploi, soit
35 ans.
M. RUSSELL: Ce ne sont pas nécessairement les cinq
dernières années, mais les cinq meilleures.
M. PARENT: Cela provoque un déficit.
M. GARNEAU: Je pense qu'on confond un régime universel de rentes
et un régime supplémentaire de rentes. Le régime des
enseignants dont on étudie les crédits actuellement et celui des
fonctionnaires sont des régimes supplémentaires de rentes.
L'autre est un régime universel.
M. ROY (Beauce): Je ne confonds absolument rien. J'ai voulu...
M. GARNEAU: "Ce qu'on conçoit bien s'énonce clairement et
les mots pour le dire arrivent aisément", comme dit quelqu'un.
M. JORON : Qui a dit ça? UNE VOIX: Boileau.
M. ROY (Beauce): Pour la question du fonds de retraite pour les
enseignants, est-ce qu'il est question à l'heure actuelle de
réviser la pension des anciens enseignants, surtout les femmes, je
pense? L'année dernière, il en avait été question
lors de la séance de la commission parlementaire pour ce qui a trait aux
personnes...
M. GARNEAU: Les anciens religieux.
M. ROY (Beauce): ...les anciennes religieuses, oui. Est-ce qu'il est
question de modifications à ce sujet? Est-ce qu'il est question de
changer la base?
M. PARENT: Dans le régime universel qui sera mis en place, les
anciens religieux pourront racheter leurs années antérieures.
M. ROY (Beauce): Ils pourront racheter leur fonds mais est-ce qu'ils
pourront laisser leur fonds et espérer avoir une rente plus
élevée que celle qu'ils reçoivent à l'heure
actuelle?
M. PARENT: Laisser quel fonds?
M. ROY (Beauce): Ils ont tout de même des valeurs
accumulées dans leur fonds? S'ils peuvent le racheter, je présume
qu'ils ont des valeurs...
M. PARENT: Ils n'ont jamais contribué.
M. ROY (Beauce): Les anciens religieux et les anciennes religieuses non
plus n'ont jamais contribué, c'est ça. En vertu des conventions
collectives...
M. PARENT: Pas avant 1965.
M. ROY (Beauce): ...en vertu de leurs engagements, ce à quoi ils
avaient droit...
M. PARENT: Depuis 1965, les religieux et religieuses contribuent. Avant
1965, il n'y avait aucune contribution.
M. GARNEAU: C'est le problème. Parmi ces gens-là, il y en
a qui sont à la retraite maintenant ou ont atteint l'âge de la
retraite et, comme ils n'ont pas contribué à un régime, il
n'y ont pas droit. Ce n'est pas un régime universel que le régime
des enseignants et des fonctionnaires, c'est un régime contributoire. Et
comme ils n'étaient pas participants au régime, on ne peut pas
les payer en vertu de la loi telle qu'elle existe. Je comprends les
difficultés que cela peut créer à ces personnes mais, d'un
autre côté, les études qui ont été faites
l'an dernier, qui avaient été commandées par l'ancien
gouvernement et qui nous ont été livrées quand nous sommes
arrivés, si ma mémoire est bonne, c'est un coût de $400
millions au gouvernement pour les couvrir, je dis cela de mémoire.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre avait précisé,
l'année passée, que 10,000 religieux étaient
impliqués, et cela représentait un coût de $400 millions.
Il y avait 22,000 enseignants religieux au total qui avaient enseigné
avant 1965, ceux qui sont retournés à l'enseignement pouvaient
exercer leur possibilité de rachat mais les autres ne le pouvaient pas.
Ce sont les statistiques qui ont été données l'an
dernier.
M. ROY (Beauce): Sur la question du montant perçu au cours de
l'année dernière, dans le régime de retraite des
fonctionnaires, est-ce que vous avez les chiffres? Est-ce que vous pouvez
nous dire quelles ont été les sommes perçues au
cours de l'année? Il y a des sommes effectivement qui ont
été déboursées au cours de l'année parce que
c'est toujours une question de prévision.
M. PARENT: La somme de $15 millions de contributions perçues pour
les fonctionnaires: $15,325,000.
M. ROY (Beauce): Et quel montant? On a demandé $15,325,000 dans
les crédits mais, effectivement, c'est une prévision, ce ne sont
pas les chiffres exacts. Quels montants, effectivement, ont été
perçus durant l'année?
M. PARENT: Une contribution de $15,030,000 a été
perçue.
M. ROY (Beauce): Quels sont les montants qui ont été
payés?
M. PARENT: Le chiffre approximatif, qui n'a pas été
vérifié encore, $15,794,000.
M. ROY (Beauce): Alors, on nous avait demandé l'année
dernière un crédit de $1,000 mais effectivement cela a
coûté $793,000 au gouvernement.
M. PARENT: $763,000.
M. ROY (Beauce): Dans le cas du régime de retraite des
enseignants, quels sont les chiffres, sur les mêmes articles?
M. PARENT: Contributions perçues: $27,895,000; les pensions et
remises de contributions: $26,028,000.
M. ROY (Beauce): C'est-à-dire que là vous avez un revenu
de $867 millions.
M. PARENT: Une grande disparité avec le montant qui était
prévu au budget, qui était de $23 millions, les contributions en
surplus, environ $4,500,000, se répartissent comme suit:
L'Université du Québec: $800,000; divers CEGEP: $1 million; la
Commission des écoles catholiques de Montréal: $2,700,000. C'est
l'écart qu'il y avait dans les contributions prévues au budget de
l'an dernier et la réalité.
M. ROY (Beauce): Est-ce que ces montants-là tiennent compte
uniquement des montants perçus effectivement ou s'ils tiennent compte
aussi des montants à recevoir?
M. PARENT: Perçus.
M. ROY (Beauce): Les montants qui vous sont dus actuellement par les
commissions scolaires régionales, dans les institutions d'enseignement
ne sont pas calculés dans les chiffres que vous venez de nous
mentionner.
M. PARENT: Aux commissions scolaires c'est à jour; de divers
CEGEP, il reste environ $4 millions à percevoir.
M. ROY (Beauce): Dans les commissions scolaires régionales,
est-ce que c'est à jour?
M. PARENT: C'est à jour.
M. ROY (Beauce): Parce que l'année dernière, vous aviez
des commissions scolaires régionales qui n'avaient pas fait leur remise
depuis un an.
M. PARENT: C'est déduit à même les subventions
maintenant.
M. ROY (Beauce): C'est déduit à même les subventions
du gouvernement. Autrement dit, vous vous payez à la source.
M. PARENT: Un an en retard, par exemple. M. LE PRESIDENT: Article
15.
M. CLOUTIER (Montmagny): Sur les articles 15 et 16, c'est-à-dire
sur l'article 15 surtout, le ministre a fait allusion à la
négociation qui se poursuit actuellement et à la contribution
additionnelle qui pourrait être négociée; c'est exact?
M. GARNEAU:Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est bien le sens des paroles du ministre?
Quelle serait la répercussion sur les budgets des trois ou cinq
années à venir si la proposition était
acceptée?
M. GARNEAU: Si la proposition était acceptée, cela
voudrait dire qu'on augmenterait la contribution de l'employé de 1 demi
de 1 p.c.
M. CLOUTIER (Montmagny): La proposition, c'est quatre ans; c'est 2 p.c.
sur quatre ans.
M. GARNEAU: ... c'est sur la masse salariale, c'est 2 p.c. sur quatre
ans. Alors, la première année, ce serait un demi pour cent de la
masse salariale; pour les fonctionnaires, c'est à peu près $400
millions. Dans le cas des commissions scolaires pour les enseignants, il
faudrait séparer la masse salariale des enseignants du reste des autres
fonctionnaires qui ne sont pas couverts par le régime. C'est pourquoi on
proposait d'avoir une régime universel pour couvrir ces
personnes-là. La masse salariale précise pour les enseignants, je
ne l'ai pas en mémoire. Je ne sais pas si monsieur Moffet l'a. C'est
$500 millions; alors, ce serait un demi pour cent de $500 millions
également qui affecterait le budget de la province en termes de revenu
et qui équilibrerait davantage le coût du régime de
retraitre des enseignants et des fonctionnaires.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si cette proposition n'était pas faite
à la table et s'il n'y avait pas d'augmentation, est-ce qu'il y a des
projections qui sont faites pour les trois ans à venir pour le
coût à la province, coût du régime des fonctionnaires
et coût du régime de retraite?
M. GARNEAU: Les études ont été faites pour le
coût du régime jusqu'en l'an 2005, je crois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Les chiffres réels sont
différents des chiffres prévus à chacune des
années. Parce que l'an dernier au régime de retraitre des
fonctionnaires, on avait prévu une contribution de $1,000, mais en fait,
ça s'est traduit par une contribution de $763,000. A l'autre article, on
avait prévu $2,923,000, mais ça se traduit par $1,867,000. Les
chiffres réels sont de $1,867,000 de contribution au régime de
retraite des enseignants. Est-ce exact?
M. GARNEAU: C'est un million huit cent quelques mille. C'est exact.
M. CLOUTIER (Montmagny): On connaît les prévisions de cette
année, $375,000 d'une part et $1,000 d'autre part. Quelles seront les
prévisions pour les deux ou trois années subséquentes?
M. GARNEAU: Je n'ai pas les chiffres ici.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre a, depuis la reprise des
négociations, des nouvelles?
M. GARNEAU: Je pense que cela a été rendu public. La
question du régime de retraite a été
déférée à un comité technique. Je sais qu'il
y a eu une séance de travail hier, du côté de la partie
patronale du moins. Vous dire maintenant quelle sera la conclusion des
discussions, ce serait un peu trop tôt, je pense bien. Il m'apparaft que
c'est une question extrêmement importante qu'on peut analyser en termes
d'équité autant que d'autres façons. D'ailleurs, quand
nous avons fait nos propositions salariales, je pense que le
député de Shefford était ici lors de l'étude de la
Commission de la fonction publique, lorsque le ministre des Affaires sociales a
exposé le contenu des propositions gouvernementales, dans le nouveau
régime de retraite. Il avait indiqué, à ce
moment-là, que, dans les propositions salariales, nous tenions compte du
fait qu'il y avait une augmentation dans la contribution de l'employé.
C'est une question d'équité.
Si on regarde le coût des régimes, il arrive que les gens
qui ne sont pas fonctionnaires contribuent par leurs impôts, font un
transfert en vertu des fonctionnaires dans une proportion qui nous
apparaît plus forte que dans n'importe quel autre régime,
étant donné que le coût du régime se situe à
18 p.c. et que la contribution est de 5 p.c. y compris le Régime de
rentes. Cela voudrait dire que le coût au gouvernement se situe entre 12
p.c. et 13 p.c. et que les contribuables du Québec font des transferts
nets vers les fonctionnaires, dans des proportions équivalentes.
Cela nous apparaîtrait comme une question d'équité
que les contributions d'employés augmentent. D'ailleurs, si on regarde
à d'autres niveaux, d'autres gouvernements, les contributions
d'employés sont plus élevées et les
bénéfices qui sont accordés en vertu des lois du
régime de retraite des enseignants et des fonctionnaires sont
supérieurs à ce qui se verse ailleurs. Cela nous
apparaîtrait comme étant une mesure d'équité de
rétablir un peu un équilibre qui est nécessaire pour les
bonnes finances publiques, tout autant que pour assurer une protection aux
personnes qui sont couvertes par les deux régimes.
Compte tenu du fait qu'il y a des droits acquis pour les personnes qui
sont en place, nous suggérons dans notre proposition qu'il y ait un
autre régime complètement nouveau qui soit mis en vigueur avec
des options qui seraient laissées au choix des nouveaux fonctionnaires,
des nouveaux enseignants et qui seraient également offertes à
tous les employés du secteur parapublic, comme le personnel de soutien
scolaire et le personnel de soutien des CEGEP.
On m'a informé qu'il y a environ 135,000 employés dans le
secteur parapublic qui n'ont aucun régime de retraite. On leur donnerait
la possibilité de souscrire à l'une ou l'autre des propositions
du nouveau régime de retraite. Evidemment, selon le désir de
l'employé de contribuer plus ou moins, il aurait droit à un
régime supplémentaire de retraite plus ou moins
élevé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y avait une réponse à une
question que j'avais posée tantôt; si...
M. GARNEAU: Est-ce que vous avez des chiffres M...
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on n'en a pas...
M. PARENT: $6 millions, $9 millions, $13 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pour les trois prochaines années de
contribution.
M. GARNEAU: Les déficits des trois.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, les déficits des trois prochaines
années.
M. GARNEAU: Vous pouvez multiplier ça parce que, à
intérêts composés, ça grimpe.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, c'est pour ça qu'il est
intéressant de l'avoir pour les prochaines années parce que le
ministre des Finances devra en tenir compte dans la préparation de son
budget.
M. LE PRESIDENT: Article 15, catégorie 2. Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 14. Adopté? L'article
statutaire 15 est adopté en son entier.
Régime de retraite des enseignants
M. LE PRESIDENT: Article statutaire 16, catégorie 2: Pensions et
remises de contributions; régime de retraite des enseignants.
Adopté?
M. GARNEAU: Evidemment, on ne peut pas adopter ou refuser des
statutaires mais d'habitude...
M. LE PRESIDENT: Pour fins de contrôle, contributions;
adopté.
M. GARNEAU: Alors, tel qu'il avait été convenu au
départ, nous reprendrons la discussion générale concernant
le ministère des Finances.
M. LE PRESIDENT: Article 1: Administration.
M. PARENT: M. le Président, on me permettra peut-être de
remercier les membres de la commission pour leur diligence; je vais continuer
à assister à la séance puisque je ne dois partir que
demain soir. Je suis très heureux de constater les liens amicaux qui
unissent les membres d'une commission parlementaire et...
M. LE PRESIDENT: Le climat serein.
M. PARENT: ... de me donner l'occasion de pouvoir partir demain soir
pour suivre mes traitements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne comprends pas que...
M. GARNEAU: Est-ce que le député de Montmagny aurait une
observation?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui. Je ne comprends pas que les ministres de
la Santé actuels ne se préoccupent pas plus de la santé de
leurs collègues de cabinet.
M. GARNEAU: A quelle heure doit-on suspendre? A une heure? Alors, j'ai
le temps de faire mon exposé...
M. LE PRESIDENT: A midi et trente.
Observations générales
M. GARNEAU: La première partie de mon exposé ne durera pas
tout ce temps; je ne pense pas. Ce que je voudrais faire, M. le
Président, c'est indiquer très brièvement quelles ont
été les préoccupations du ministère des Finances au
cours de l'année qui s'est terminée et par le fait même, en
projetant un peu sur ce qui s'en vient, au cours de l'année 72/73,
quelles seront ces mêmes préoccupations. Je dois d'abord dire que
la nouvelle loi d'administration financière a apporté un certain
nombre de changements dans l'organisation des différents services du
ministère des Finances.
Ainsi, lors de la discussion de cette loi à l'Assemblée
nationale, j'avais précisé les effets de la nouvelle Loi de
l'administration financière sur les responsabilités, par exemple,
du Conseil du trésor et du vérificateur et du contrôleur
des finances.
Pour ce qui est du Conseil du trésor, je comprends que les
crédits de ce poste vont être étudiés à la
suite de ceux du ministère des Finances étant donné qu'ils
apparaissent à deux pages, dans des articles différents au livre
du budget, et nous pourrons, à ce moment-là, étudier ou
répondre aux questions des membres de la commission concernant les
préoccupations de cette partie de la Loi de l'administration
financière.
Pour ce qui est du vérificateur général, ses
crédits font maintenant partie de ceux de l'Assemblée nationale
et les questions pourront être posées directement au
vérificateur général à cette occasion. C'est
pourquoi, au cours de mes remarques, je voudrais surtout toucher à trois
secteurs; le contrôleur des Finances, le centre de traitement
électronique des données et la nouvelle division des
études économiques et fiscales. Pour conclure, peut-être,
je ferai quelques remarques sur l'administration du service de la dette.
Contrôleur des finances
M. GARNEAU: Le bureau du contrôleur des finances est une direction
du ministère des Finances qui représente à lui seul
approximativement la moitié des effectifs globaux du ministère.
Le ministère avait, au 1er février 1972, 1,266 fonctionnaires
à son emploi, qui sont en place, je ne parle pas en termes
d'effectif, je parle en termes de postes occupés et le
contrôleur des finances, à lui seul, retient à peu
près la moitié de ce nombre de fonctionnaires.
La responsabilité de la vérification avant paiement, qui
était auparavant attribuée au bureau de l'auditeur, relève
maintenant du bureau du contrôleur des finances. Ceci a
nécessité le transfert d'un certain nombre d'employés
entre ces deux organismes. D'autre part, la fonction d'analyse des demandes
à l'ancien conseil de la trésorerie a également
nécessité des transferts vers le secrétariat du Conseil du
trésor
puisque les gens qui remplissaient certaines des fonctions de l'ancien
secrétariat du conseil de la trésorerie ont été
mutés dans ce nouvel organisme.
Enfin, certains pouvoirs de probation, qui étaient auparavant
dévolus au contrôleur, ont été
transférés soit au nouveau Conseil du trésor, soit au
gestionnaire des ministères eux-mêmes. Ceci a amené la
mutation d'un certain nombre d'employés d'un bureau à l'autre.
Tous ces changements ont amené des problèmes de restructuration
au sein du bureau du contrôleur; il s'agit d'un travail qui a
été amorcé au cours de l'année et qui se poursuivra
au cours des prochains mois en collaboration avec le ministère de la
Fonction publique.
Par ailleurs, afin d'assurer la continuation de la bonne
exécution des travaux, une coopération étroite et
constante existe entre le bureau du contrôleur, le secrétariat du
Conseil du trésor et le bureau du vérificateur
général afin que l'action de ces trois secteurs soit bien
coordonnée.
Dans le champ de la vérification avant paiement, le
contrôleur a maintenant deux équipes dont l'une s'occupe surtout
de ce que l'on pourrait appeler la vérification interne,
c'est-à-dire la vérification au bureau des transactions
d'administration courante du gouvernement, telles que le paiement de frais
divers et le paiement aux fournisseurs et entrepreneurs dans les cas qui ne
représentent pas de complexité particulière et
également le remboursement des frais de voyage pour les
différents fonctionnaires.
Une autre équipe s'occupe de ce que l'on pourrait qualifier de
vérification externe; elle fait des vérifications sur place,
auprès d'entrepreneurs ou professionnels exécutant des contrats
à coût plus pourcentage, ou des contrats honoraires pour le compte
du gouvernement; des enquêtes également spéciales dans des
cas où on pourrait soupçonner de la fraude ou des erreurs. Le
tout, évidemment, se fait sous l'autorité du contrôleur des
finances qui a les pouvoirs d'enquêteur en vertu de la Loi de
l'administration financière.
Le bureau du contrôleur fournit les services de
comptabilité, tient un registre des engagements des ministères et
vérifie la régularité des paiements. De plus, il s'est vu
confier par le ministre des Finances la responsabilité de la
préparation des comptes publics. Encore là, le contrôleur
doit travailler en étroite liaison avec le bureau du vérificateur
général. Enfin, le contrôleur tient la comptabilité
consolidée ou centrale du gouvernement et prépare
régulièrement des rapports financiers à l'intention des
autorités gouvernementales. Ces rapports permettent au ministre des
Finances de suivre l'évolution des comptes budgétaires et
extrabudgétaires et lui fournissent les renseignements
nécessaires à la gestion du plan de financement du gouvernement.
Cette fonction découle, comme je l'ai mentionné tout à
l'heure, des disposi- tions de la Loi de l'administration financière,
laquelle se situe dans le contexte de la réforme administrative
entreprise par le gouvernement.
J'ai déposé récemment, à l'Assemblée
nationale, un document traitant de la nouvelle procédure
budgétaire qui sera mise en application à partir du prochain
exercice financier, c'est-à-dire la présentation du budget par
programme. Devant le volume et la complexité des transactions, et pour
aller de pair avec le projet de rationalisation des choix budgétaires,
il a paru indispensable de mécaniser le plus possible les
opérations budgétaires et comptables du gouvernement et c'est ce
qu'on appelle le projet MOBEC.
Le projet MOBEC est sous la direction également du bureau du
contrôleur des finances qui est responsable de la comptabilité
gouvernementale.
Diverses étapes ont été franchies afin de
réaliser l'objectif fixé qui est de mettre à la
disposition des organismes centraux et des ministères un outil de
gestion leur permettant de s'acquitter adéquatement de leurs
responsabilités dans les domaines de la gestion budgétaire, de la
comptabilité et de l'information financière. De nombreuses
rencontres ont eu lieu entre les responsables du projet MOBEC et les
ministères et organismes du gouvernement afin d'effectuer un
relevé de leurs opérations et de s'assurer, au cours du
développement des systèmes, que ces derniers répondent
bien au exigences générales et particulières de
chacun.
On a également inventorié les divers systèmes
similaires existant dans d'autres gouvernements afin de tirer profit de
l'expérience acquise ailleurs. Ce projet MOBEC a été
l'occasion de revoir les principes comptables en usage. Une étude
intensive dans ce domaine a conduit à l'adoption de nouveaux principes
comptables qui ont été mis en vigueur à compter de
l'exercice financier 70/71.
Par ailleurs, les services du gouvernement ont profité de la
présence de l'équipe de spécialistes du projet MOBEC pour
améliorer certains systèmes existants. Je mentionnerai à
ce propos, la mécanisation du contrôle budgétaire des
immobilisations au ministère des Travaux publics et celle du
contrôle de prêts à l'Office du crédit agricole. Ces
deux projets sont maintenant terminés et opérationnels. MOBEC est
constitué d'un ensemble de systèmes dont le principal but est de
favoriser l'accès rapide aux données relatives aux revenus et
dépenses du gouvernement. Il est avant tout un outil de gestion pour les
ministères et organismes du gouvernement qui pourront y emmagasiner et
obtenir de l'information au niveau de détails désirés afin
d'assister les responsables de leurs diverses unités administratives
dans leur gestion. Il servira également aux organismes centraux mais
à un niveau de regroupement plus élevé.
De façon très sommaire, l'opération des
systèmes MOBEC pourrait se définir comme suit:
Premièrement, les budgets alloués à cha-
que ministère et organisme sont emmagasinés centralement
pour fins d'opération. Aussitôt qu'un gestionnaire décide
de faire une dépense, l'engagement financier ainsi contracté est
enregistré. C'est à ce moment que s'effectue le contrôle de
la disponibilité des crédits budgétaires. Par la suite,
lorsque la dépense est réalisée et que toutes les
vérifications d'usage sont complétées, le montant à
payer est inscrit et contrôlé afin qu'il n'excède pas
l'engagement financier approuvé. La suite est automatique: dès
que les conditions de paiement enregistrées se réalisent, un
chèque est émis et comptabilisé à condition qu'il y
ait suffisamment de crédits de votés par l'Assemblée
nationale. Pour toutes ces opérations qui se faisaient autrefois
à la mitaine, l'objectif est de les avoir mécanisées.
Les revenus sont comptabilisés sur une base d'exercice,
c'est-à-dire, dès l'envoi de la facture au contribuable ou au
client ou s'il n'y a pas de facturation lors de l'encaissement du revenu. Les
revenus établis selon la facturation des ministères et
organismes, c'est-à-dire les comptes à recevoir sont
contrôlés par le système. Il y aura aussi contrôle
des différentes transactions affectant les comptes de banque du
ministère des Finances.
Différents rapports et listes de contrôle seront produits
régulièrement ou sur demande afin de fournir aux usagers les
informations indispensables à la gestion. De la sorte, on obtiendra dans
un délai relativement court un état consolidé de la
situation financière du gouvernement à une date
donnée.
L'implantation elle-même de ces systèmes est entreprise
depuis la fin de 1971 et a nécessité la création d'une
direction des systèmes au bureau du contrôleur des finances. Les
travaux avancent à un rythme normal, ce qui nous permet de croire qu'au
1er avril prochain, la grande majorité des systèmes seront
opérationnels. Enfin, on prévoit que d'ici un an MOBEC utilisera
la télécommunication. Dans la gestion quotidienne, les usagers du
système obtiendront ainsi, de façon instantanée, les
données nécessaires à une prise de décision
éclairée. Ces données pourront être transmises, soit
au moyen d'écran de télévision, soit encore par un
tabulateur qui répondra immédiatement à la question que
pourra poser le gestionnaire du ministère qui veut affecter un
crédit pour savoir si tous les crédits sont engagés ou
non.
Etudes économiques et fiscales
M. GARNEAU: Deuxième préoccupation du ministère,
c'est l'organisation de la direction des études économiques et
fiscales. L'article 2 a) de la Loi de l'administration financière
mentionne que le ministre des Finances a pour fonction d'effectuer des
recherches et de conseiller le gouvernement en matière de politiques
économiques, fiscales et budgétaires.
Dans mon intervention en deuxième lecture sur le projet de loi
55, je précisais que l'analyse économique, l'appréciation
et la prévision de la conjoncture économique, l'examen approfondi
de notre structure fiscale, la suggestion de mesures destinées à
améliorer la fiscalité et l'évaluation des
répercussions que des modifications fiscales peuvent avoir sur les
recettes du gouvernement, étaient des activités qui devraient
préoccuper un véritable ministère des Finances. Pour
réaliser ces tâches, le ministère des Finances a
prévu la création d'une direction des études
économiques et fiscales. Nous avons procédé par
étapes, en regroupant d'abord le personnel qui oeuvrait
déjà plus ou moins directement dans ce secteur. C'est ainsi que
le service de recherches fiscales qui était auparavant rattaché
au service du budget du ministère des Finances a été
intégré dans cette direction pour former la division de l'analyse
et des prévisions de revenus.
Par ailleurs, les agents de recherche et de planification qui formaient
le service des recherches au ministère des Affaires
intergouvernementales ont été mutés à cette
direction pour former la division qui s'occupe des études
financières et fiscales en particulier, les études reliées
aux négociations fédérales-provinciales.
Enfin, la direction comporte une division des études
économiques dont l'activité est axée sur les avis
économiques et financiers auprès du ministre et du sous-ministre
des Finances, ainsi que sur des suggestions concernant l'orientation de la
politique budgétaire du gouvernement. Maintenant que cette
première étape est terminée, nous examinons la
possibilité du tansfert du service d'analyse et de prévision de
la conjoncture du ministère de l'Industrie et du Commerce. La plus
grande partie des travaux de ces services est en effet reliée à
la politique budgétaire et financière du gouvernement.
Déjà, cependant il existe un échange systématique
d'informations entre les deux ministères. C'est ainsi que les
indicateurs économiques et les analyses de la situation de l'emploi sont
fournis mensuellement à la direction des études
économiques et fiscales pour les fins de prévision de revenus et
d'avis économiques et financiers. Nous n'avons pas voulu
dédoubler le travail qui se faisait au ministère de l'Industrie
et du Commerce et les données sont transmises dès qu'elles sont
disponibles à la section d'études économiques et
fiscales.
Afin de mieux servir le ministère, nous avons centralisé,
sous une seule autorité, les services administratifs comprenant les
services communément appelés services auxiliaires et le service
de personnel. Les analystes du ministère, conjointement avec la Fonction
publique, font l'étude de l'effectif en vue de la préparation
d'un plan d'organisation qui sera terminé au cours de
l'été.
Traitement des données
M. GARNEAU: Concernant le centre de
traitement électronique des données, au mois d'avril 1971,
considérant la charge de travail, son matériel, les
développements de la technologie des ordinateurs et l'évolution
au niveau des coûts des ensembles électroniques modernes, le
centre de traitement électronique des données a pensé se
doter d'un instrument capable d'évaluer les matériels disponibles
sur le marché, afin de remplacer ce qu'on pourrait appeler le parc de
machines pour un ensemble qui était un ensemble plus ou moins disparate.
En fait, renouveler tout l'équipement du centre de traitement
électronique des données et le rendre un peu plus conforme aux
nouvelles machines qu'il y avait sur le marché. Nous avons formé
à cet effet un comité de travail qui avait pour objectif
d'étudier toute la situation et de faire rapport concernant les
meilleures possibilités qui s'offraient au centre. Le groupe de travail
qui a été formé représentait des personnes venant
des différents secteurs, des différents centres des
ministères, afin de bien marier les besoins de chacun des
ministères et aussi d'avoir une vue plus générale quant
à l'orientation éventuelle du centre de traitement
électronique des données. Alors, ce comité de travail qui
comprenait une trentaine de personnes a fait rapport et a suggéré
un changement d'équipement. Ils ont préparé toutes les
données qui doivent être compilées pour la
préparation d'un cahier des charges. Nous avons procédé
ensuite à l'appel de soumissions publiques et les soumissions ont
été évaluées par le même comité, en
tenant compte des critères qui avaient été inclus dans le
cahier des charges. Ensuite, lorsque les appels d'offres ont été
rendus publics, cette analyse a été faite; le comité a
recommandé, au Conseil du trésor et au service des achats, un
équipement. Et c'est la société Univac qui a
été jugée, tant au point de vue du prix qu'au point de vue
de la qualité de l'équipement fourni, comme étant la plus
conforme aux besoins du centre de traitement électronique des
données. Je ne sais pas si c'est venu à la commission des
engagements financiers. Parce que la décision a été...
M. RUSSELL: Cela a passé à la dernière commission
des engagements financiers.
M. GARNEAU: Ah bon!
M. RUSSELL: Maintenant, je corrige le ministre, c'est une location.
Gestion de la dette
M. GARNEAU: C'est une location, oui. En terminant, je voudrais dire
quelques mots quant à la gestion de la dette. Nous avons souligné
un certain nombre de modifications survenues au cours de la dernière
année. Ainsi depuis la fin d'avril 1971, notre nouvelle direction de la
gestion de la dette est chargée de la coordination et de la mise en
marché des emprunts faits par les universités, les CEGEP et les
hôpitaux. Ces emprunts sont effectués par voie de soumissions
publiques et je crois que ce système s'est avéré efficace
pour ce genre d'emprunts. Il s'agit d'emprunts qui totalisent des sommes
variant entre $1, $3 ou $4 millions. A cause du volume de ces emprunts, il
était possible de procéder par soumissions publiques et c'est ce
que nous faisons depuis le mois d'avril 1971. Quant aux emprunts de la province
et de l'Hydro-Québec, nous avons apporté quelques modifications
au début de 1972 dans le fonctionnement du groupe des courtiers et des
banques chargés de la distribution de nos titres au public canadien.
En premier lieu, nous avons suggéré une répartition
différente de la distribution parmi les membres du groupe bancaire.
Deuxièmement, nous avons élargi le groupe avec qui nous
négocions les conditions des emprunts en y ajoutant quatre maisons, il y
en a deux qui ont été enlevées et quatre qui ont
été ajoutées. De plus, les négociations d'emprunts
se font maintenant avec ce groupe de direction élargi de 16 courtiers et
banques plutôt qu'avec seulement les huit gérants comme cela se
faisait auparavant et ce groupe de seize achète ferme l'émission
au nom de tout l'ensemble du syndicat qui est de 49.
Troisièmement, nous avons éliminé également
les commissions payables sur les ventes d'obligations qui sont achetées
par la Caisse de dépôt à l'occasion des emprunts de la
province ou de l'Hydro. En juin 1971, nous avons recommencé à
émettre des obligations d'épargne, ce qui n'avait pas
été fait depuis quelques années. Cette année
encore, une émission d'obligations d'épargne est en cours, elle
doit se terminer vers la mi-juin. Nous croyons que c'est là une
méthode de financement qui est utile et qui répond
également à un besoin, étant donné que beaucoup de
contribuables québécois qui n'achètent pas des titres
d'une durée, d'une longueur de vie de dix ans ou de vingt ans peuvent se
permettre d'acheter des titres de la province qui sont plus facilement
encaissables, dépendamment du besoin et des liquidités des
contribuables qui font de tels investissements. Enfin, il y a lieu de souligner
que la reconnaissance du crédit de la province de Québec sur les
divers marchés des capitaux internationaux s'est
concrétisée encore davantage. Hier après-midi, nous avons
complété un emprunt en eurofrancs que j'annoncerai tout à
l'heure à la reprise des travaux de l'Assemblée nationale, un
emprunt de 125 millions de francs français. C'est la première
fois, je pense, que le gouvernement du Québec faisait un emprunt en
francs français. Il s'agit de ce qu'on appelle des eurofrancs, des
francs français qui sont détenus en dehors de la France dans des
banques soit par des citoyens français ou d'autres citoyens. C'est sur
ce marché que nous avons réalisé cet emprunt.
Ce sont là les remarques générales que je voulais
faire concernant ce qui avait constitué
les principales préoccupations du ministère des Finances
au cours de l'année. Par projection, ce sont les mêmes articles
qui retiendront notre attention au cours de 72/73, étant donné
qu'en ce qui regarde le projet MOBEC, il faudra certainement encore un certain
nombre de mois avant que tous les six ou sept systèmes soient en
fonction. Du côté de la direction des études
économiques et fiscales, la loi qui est entrée en vigueur le 1er
avril 1971 a permis de constituer une équipe de travail.
Nous allons accentuer nos efforts de ce côté-là.
Pour ce qui est du centre de traitement électronique des données,
évidemment le nouvel équipement qui a été
loué devra être mis en place et poursuivre les objectifs qui
avaient été établis lorsque nous avons
décidé de changer cet équipement. Maintenant,
peut-être y aurait-il des questions qui nous permettront d'être
plus précis sur certains des points que j'ai soulevés dans mes
remarques générales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, M. le Président, je ne sais pas
si cela vaut la peine que nous entamions la discussion. Il est 12 h 20; si on
soulève un point d'ordre général, pour les minutes qui
restent, il va falloir l'interrompre.
M. GARNEAU: Alors, on reprendra après la période des
questions?
M. LE PRESIDENT: Après la période des questions nous
reviendrons à la même salle.
M. GARNEAU: J'imagine que cela va être à la même
salle.
M. LE PRESIDENT: A moins que le leader du gouvernement n'annonce que
c'est à un autre endroit.
M. GARNEAU: D'accord. Alors, je propose la suspension des travaux
après la période des questions cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 19)
Reprise de la séance à 16 h 13
M. CROISETIERE (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Nous allons continuer l'étude des crédits du
ministère des Finances. Je demanderais à l'honorable
député de Montmagny de continuer son exposé.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, avant la suspension des
travaux, le ministre nous a fait un exposé des principaux points, des
principales politiques du ministère qui lui sont apparus susceptibles de
faire l'objet de commentaires devant la commission parlementaire. Il a
parlé d'abord du contrôleur, des nouvelles responsabilités
du contrôleur des finances qui devient une des directions importantes du
ministère. Il a parlé du projet MOBEC. Ils nous a parlé
également de l'organisation du centre des données, l'organisation
de la direction des études économiques et fiscales et
également de la politique des emprunts sous l'article: Gestion de la
dette. Je n'ai pas l'intention de reprendre chacun des points. Il y en a qui
sont très peu contentieux, il y a des parties qui sont très
techniques, comme le projet MOBEC qui vise à mécaniser les
opérations et par voie de conséquence exercer un contrôle
beaucoup plus facile et beaucoup plus adéquat sur l'autorisation de la
dépense elle-même, afin qu'elle reste dans les cadres du budget
qui a été tracé.
Je voudrais m'arrêter particulièrement à la
direction des études et recherches, des études économiques
et fiscales. Il est exact que, quand on avait discuté la loi 55,
à l'article 2 a), le ministre s'en souvient, il y avait eu un
débat assez long.
M. GARNEAU: Un long débat.
M. CLOUTIER (Montmagny): Un long débat, un débat assez
prolongé, très intéressant. Le ministre avait
écouté avec grande attention et nous ne l'avions pas convaincu,
bien qu'à un certain moment, nous l'avions senti fléchir,
tellement nos arguments tenaient compte, s'inspiraient d'une expérience
de l'administration publique et évidemment étaient marqués
au coin du bon sens et du raisonnable. De toute façon, le ministre
n'avait pas changé le texte de la législation. J'ai cru
déceler dans les propos qu'il nous a livrés ce matin une certaine
hésitation à transférer du ministère de l'Industrie
et du Commerce toute cette section qui fait l'étude de la conjoncture.
C'est ce que nous avions représenté dans le temps. Nous n'avions
pas d'objection à ce que le ministre des Finances et le Conseil du
trésor comme tels, mais surtout le ministère des Finances,
fassent certaines recherches au point de vue économique.
Nous n'avions jamais nié le rôle de leadership du
ministère des Finances dans le secteur qui le
concerne particulièrement, à l'occasion surtout de
l'établissement du budget, de son rôle dans l'établissement
d'une politique fiscale.
C'est lui qui, en fait, autorise les ministères à
poursuivre certains programmes et certaines politiques. Si le ministre des
Finances dit au ministère de l'Education, ou au ministère des
Affaires sociales, ou aux ministères à vocation
économique: Nous n'avons pas les moyens de poursuivre tel programme ou
telle politique, ou nous n'avons pas les moyens de donner telle ampleur
à tel programme, il est impossible, pour ces
ministères-là, d'y donner suite.
Le ministre voulait s'équiper. Il voulait d'abord regrouper,
à l'intérieur de son ministère, les différents
services qui s'occupaient de recherche, d'étude, de planification. Cela
a été fait. De là à aller chercher dans les autres
ministères des services équivalents et, notamment au
ministère de l'Industrie et du Commerce, toute cette section très
bien structurée, qui a de longues années de travaux dans le
domaine de la planification économique, nous avions exprimé
certaines réserves à ce moment-là, à l'effet que le
ministère des Finances s'approrie, rapatrie à l'intérieur
de son ministère autant de pouvoirs. Le ministre me dira si je me
trompe. Nous sommes maintenant rendus à prendre une décision de
ce côté-là et il y a une certaine hésitation. Le
ministre insiste, dans ce qu'il nous a dit ce matin, dans ses propos, sur
l'étroite coordination et l'étroite collaboration qui existe
entre cette division du ministère de l'Industrie et du Commerce, qui
prépare les études de la conjoncture, mais, notamment à
l'occasion du budget, il y a des documents extrêmement fouillés et
élaborés qui sont livrés par le ministre des Finances en
annexe au discours du budget. Et le ministre parle de cette étroite
collaboration.
Est-ce que le ministre des Finances peut nous dire si sa décision
sera de rapatrier, à l'intérieur de son ministère, cette
direction extrêmement importante du ministère de l'Industrie et du
Commerce?
M. GARNEAU: En ce qui regarde la fonction, je répondrais dans
l'affirmative. C'est notre intention et j'avais eu l'occasion d'en discuter
avec l'ancien ministre de l'Industrie et du Commerce, le député
de Bonaventure, lorsqu'il occupait cette fonction. Nous étions d'accord.
Je n'ai pas repris la discussion avec le nouveau ministre par la suite. Mais,
en ce qui regarde la fonction de l'analyse conjoncturelle, je répondrai
dans l'affirmative.
Si nous n'avons pas effectué le transfert depuis le 1er avril
1971, la raison en est double. D'abord, il s'agissait de rapatrier les services
qui étaient diversifiés un peu partout au ministère des
Affaires intergouvernementales, surtout une partie qui était à
l'OPDQ et qui faisait des recherches qui, en définitive, étaient
utilisées presque exclusivement par le ministère des Finances.
Nous avons été au plus urgent.
Ce qui nous a empêchés de réaliser
l'intégration de la fonction de l'analyse conjoncturelle au
ministère des Finances c'est un problème d'individus en ce sens
que le ministère de l'Industrie et du Commerce doit conserver, pour ses
propres fins, un service de recherche, disons dans le domaine de la prospection
industrielle, d'analyse de rentabilité de certains types d'industries,
etc. La fonction de l'analyse conjoncturelle est faite par des personnes qui
ont d'autres responsabilités à l'intérieur du même
service de recherche. Si ce n'était que de prendre la
responsabilité de l'analyse conjoncturelle, il n'y aurait aucune
difficulté. Le problème qui se pose est d'avoir les personnes qui
la font. Comme il n'y avait pas urgence de procéder
immédiatement, étant donné que nous avions
déjà à faire l'intégration des autres services,
nous avons remis cette intégration à un peu plus tard. Je pense
bien que l'année 72/73 devrait voir cette intégration se faire.
D'autant plus que l'analyse conjoncturelle, faite au ministère de
l'Industrie et du Commerce en termes des principaux indicateurs
économiques, sert, je dirais, à 90 p.c. au ministère des
Finances comparativement aux autres ministères.
Ce sont des données utilisées à l'occasion de la
préparation du budget pour faire l'évaluation, les
prévisions de revenus, pour voir quelles sont les tendances que l'on
peut mesurer ou évaluer du côté du comportement du revenu
du produit national brut, du revenu personnel, de la propension à
consommer, etc. Ces indicateurs sont utilisés à 90 p.c. par le
ministère des Finances. Cela devrait se compléter au cours de
cette année. Il n'y a pas de difficulté autre que celle de
savoir, si on a rapatrié à la fonction, les hommes qui pourront
être détachés du ministère de l'Industrie et du
Commerce pour venir au ministère des Finances faire à peu
près la même chose chez nous. Ainsi cela assurerait une plus
grande coordination dans le travail qui se fait.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce que j'avais interprété comme
étant une hésitation, en fait, ce n'était pas de
l'hésitation.
M. GARNEAU: Il n'y a pas d'hésitation sur le principe, mais
plutôt sur l'aspect technique. Si on rapatrie l'analyse conjoncturelle,
qui est-ce qu'on devrait avoir? Si on doit avoir M. Barbeau, M. Vézina,
ça pourrait se faire maintenant. Comme M. Vézina, en particulier,
qui est directeur de la recherche là-bas, a d'autres
responsabilités, il ne faut pas vider nécessairement un service
même si une des fonctions qui le préoccupent sert presque
exclusivement au ministère des Finances.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au moment du débat, nous avions
également exprimé certaines craintes à l'effet que le
ministre prenne goût de rapatrier des services de recherche d'autres
ministères. Evidemment, le ministère des Finances, par sa
fonction, doit avoir une vue d'ensem-
ble sur la politique gouvernementale. Nous avions dit au ministre : Le
ministre va y prendre goût. On avait même traduit ça. On
avait accollé des épithètes, non pas péjoratives,
au ministre, mais on avait dit que c'était une certaine forme
d'impérialisme, de tzarisme.
On avait dit que le ministre des Finances pouvait même tenter de
chercher des services d'étude, de recherche du ministère de
l'Education à un certain moment ou du ministère des Affaires
sociales. Le ministre s'apercevra que dans l'analyse de la politique d'ensemble
du ministère, dans la discussion de l'établissement des
priorités gouvernementales parce qu'il y aura des choix
budgétaires à faire, surtout en vertu du nouveau programme
l'étude sera beaucoup plus poussée. J'ai participé en
1970, aux comités de travail que l'ex-ministre des Finances avait mis
sur pied, avec des gens de l'extérieur pour étudier les
critères de choix des politiques, des priorités du gouvernement.
C'est la crainte qu'on avait exprimée à ce moment. Si le ministre
me dit qu'il n'est pas question d'aller chercher ailleurs, que cela sera
suffisant une fois cette opération complétée. J'imagine
que, dans toutes ces équipes, il y aura aussi des hommes capables
d'apprécier non seulement la dimension fiscale et économique des
problèmes mais aussi les autres dimensions. Lorsque le ministre propose
une politique en matière fiscale, il y a d'autres secteurs du
gouvernement impliqués. Le ministère des Affaires sociales est
drôlement impliqué parce que les politiques fiscales ont une
répercussion directement sur les individus, la famille. Les choix
budgétaires que le ministre fera, les priorités
économiques qu'il établira, cela aura une répercussion sur
le développement de l'économie et également sur certains
secteurs.
C'est la raison pour laquelle il faut introduire à
l'intérieur des équipes, dont le ministre dispose, un certain
équilibre entre les différentes disciplines, afin que le ministre
ne soit pas tenté d'aller chercher justement des sections
complètes qui lui manquent.
M. GARNEAU: Ce n'est absolument pas l'objectif que l'on vise. Au
contraire. Il s'agissait d'avoir une équipe qui puisse non seulement
effectuer elle-même des recherches sur le plan économique et
fiscal et aussi une équipe qui soit suffisamment multi-disciplinaire
pour être en mesure d'apprécier les travaux qui se font dans
chacun des ministères. Il est essentiel que nous conservions sur le plan
sectoriel... Vous parliez du ministère des Affaires sociales et il y a
également le ministère de l'Industrie et du Commerce qui a besoin
également d'avoir des recherches plus poussées, soit dans le
domaine du secteur industriel, soit dans le domaine de l'industrie et des
services. Le ministère des Richesses naturelles a également des
équipes de recherche. Ce qui est important, c'est qu'au ministère
des Finances nous ayons un noyau suffisamment cohérent qui puisse non
seule- ment effectuer des recherches pour le ministère des Finances, en
vue de l'aider à prendre des décisions en termes d'orientation
politique, budgétaire et fiscale, mais encore une équipe qui
puisse être suffisamment ouverte pour discuter avec les centres de
recherche des autres ministères, évaluer les rapports soumis et
faire des commentaires sur ces rapports également.
M. CLOUTIER (Montmagny): Donc toute cette direction des études
économiques et fiscales va travailler en étroite collaboration
aussi avec les autres services du gouvernement. On prend comme exemple le
ministère du Revenu. Le ministre du Revenu nous a parlé, durant
l'étude de ses crédits, de l'étroite communication qui
existait entre son ministère, quand il s'agit d'étudier la
réforme fiscale. C'est un exemple. Quand il s'agit d'établir,
dans le budget, les prévisions de revenus, le ministre du Revenu nous a
même dit que les données établies au ministère du
Revenu, quant aux prévisions de revenus pour l'exercice 72/73, ont
été retenues intégralement par le ministre des Finances.
Est-ce que le mot intégralement est trop fort ou si on...
M. GARNEAU: Le ministère du Revenu, je ne sais pas si je vais
contredire le ministre du Revenu dans ses explications, mais je vais courir ce
risque.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est pas mon intention de faire contredire
les ministres.
M. GARNEAU: Non, non. Ce que fait le ministère du Revenu
je pense bien que M. Harvey sera d'accord avec moi c'est qu'il a
l'expérience des entrées fiscales au cours de l'année qui
se termine et l'expérience de l'évolution des entrées
fiscales des cinq dernières années. C'est là un indicateur
extrêmement précieux pour essayer d'évaluer quels seront
les revenus pour l'année à venir. Mais il y a également
une autre dimension dont le ministère des Finances tient compte. Ce sont
les indicateurs économiques. Par exemple, si au cours de l'année
70/71 je n'ai pas les chiffres précis devant moi disons
que le taux de croissance du revenu personnel avait été de 8 p.c.
et que les prévisions pour l'année 71/72 était de 9 p.c,
il faut tenir compte de ces prévisions et non pas uniquement de
l'expérience accumulée au cours des années
antérieures. Il faut donc évaluer les revenus de l'année
à venir en se basant sur les indicateurs économiques et en y
appliquant des coefficients d'élasticité qui se sont
vérifiés au cours des années antérieures. Ce qui
veut dire qu'on a une double vérification, l'expérience
réelle du ministère du Revenu à laquelle s'ajoutent les
données économiques, les indicateurs économiques
établis et auxquels on applique des coefficients
d'élasticité surtout lorsqu'on calcule l'impôt sur le
revenu des particuliers. C'est ce que le ministre avait dit.
M. HARVEY (Jonquière): C'est exactement ce que j'ai dit. On
était parfaitement d'accord après l'addition des indices à
caractère économique du ministère des Finances sur les
prévisions de revenus identifiés ou déclarés lors
du discours du budget.
M. CLOUTIER (Montmagny): L'essence des questions que nous avions
à poser au ministre du Revenu était que, à partir du
moment où il nous a dit que les données qu'il avait transmises au
ministre des Finances pour la préparation de son budget avaient
été conservées presque intégralement, cela nous a
convaincu de la qualité des travaux effectués au ministère
du Revenu. C'était ce qu'on voulait vérifier et non pas si le
ministre des Finances nous avait tout dit à l'occasion de son discours
du budget.
M. GARNEAU: Il y a d'excellentes équipes de travail au
ministère du Revenu et on est bien heureux d'avoir leur
collaboration.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un témoignage que le ministre des
Finances devait donner à ce moment-ci. Sur ce sujet, avant d'entamer
d'autres sujets, y aurait-il des remarques à faire?
M. JORON : Pas pour moi.
M. ROY (Beauce): Peut-être concernant d'autres sujets.
M. CLOUTIER (Montmagny): Avant de transférer à d'autres
sujets, je voulais savoir si mes collègues avaient des remarques.
M. ROY (Beauce): J'aurais quelque chose à ajouter mais je pense
que ce n'est pas le domaine le plus important du ministère des Finances,
bien que ce soit important.
Politique d'emprunt
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre a
également parlé ce matin dans son commentaire de la politique
d'emprunt. Cela intéresse tout le monde à cette table. Beaucoup
de choses ont été dites depuis un an au sujet de la politique
d'emprunt du ministère des Finances, la coordination... Le ministre nous
a fait état de trois mesures particulières qui avaient
été prises, soit la nomination de quatre nouvelles maisons
admises en remplacement des deux maisons parties, aussi de
l'élargissement avec le nouveau groupe de direction et
l'élimination des commissions payables sur la vente d'obligations
à la caisse de dépôt. Après que ces mesures eurent
été annoncées, plusieurs analystes en ont
étudié le mérite, tenant compte de toute la tradition dans
ce domaine, tenant compte aussi de certaines contraintes. On a mentionné
dans certains milieux que ce ne devait être qu'une première
étape, que le ministre des Finances et le gouvernement devaient aller
beaucoup plus loin dans leur réforme. Est-ce que le ministre des
Finances a envisagé d'autres possibilités durant le prochain
exercice en plus de ces mesures qui ont été annoncées?
M. GARNEAU: Ce n'est pas notre intention de proposer de nouvelles
modifications tant pour l'année 1972 que pour l'année 1973 sauf
en termes de répartition de la participation de différents
courtiers. Cette répartition pourra être modifiée à
la suite de l'expérience de l'année 1972. D'après
l'efficacité du travail ou le rendement de chacun des courtiers dans la
mise en marché des obligations, des titres du Québec et de
l'Hydro, il pourra y avoir des changements dans la participation au syndicat.
Mais, ce n'est pas notre intention pour le moment, de suggérer de
nouvelles modifications à celles qui ont été
apportées.
Lorsque nous avions discuté la question du paiement de
commissions sur les achats de la Caisse de dépôt, j'avais dit
dès le départ, avant même que cela fasse l'objet de
déclarations soit dans les journaux ou d'analyses dans les pages
financières des journaux, que le ministère des Finances
procédait à la revue de l'ensemble du problème et que nous
proposions d'en arriver à un certain nombre de suggestions.
La question de la commission à la Caisse de dépôt
est un de ces problèmes que nous avons décidé de
régler en procédant à l'élimination. Les
conversations que j'ai eues depuis avec un certain nombre de courtiers
m'indiquent que les groupes peut-être les plus affectés par cette
décision sont les courtiers canadiens-français, surtout ceux qui
vendaient des titres sur le marché des obligations. Ils avaient une
participation dans les revenus proportionnellement et cela leur donnait un
apport financier intéressant. Le fait qu'on ne paie plus cette
commission à la Caisse de dépôt les a affectés. Il
reste qu'il n'était pas normal que le gouvernement paie cette commission
même si cela doit affecter indirectement un certain nombre de courtiers
canadiens-français. C'était à prévoir à ce
moment-là. Ceci n'avait peut-être pas ressorti beaucoup dans les
analyses qui avaient été faites. Ce sont des choses qui sont
confirmées puisque, déjà, j'ai eu un certain nombre de
conversations avec des courtiers canadiens-français qui disent qu'ils se
trouvent affectés proportionnellement plus durement que les autres. Ce
n'est pas notre intention de changer cette politique maintenant établie
et que je trouve, pour ma part, fort équitable.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin.
M. JORON: Pour enchaîner sur la même question, c'est le
sujet que je voulais aborder. Je voulais souligner au départ que nous
sommes satisfaits de voir que le ministère des Finances, pour la
première fois, a publié une ventilation
des principaux acheteurs de titres québécois pour
l'exercice financier 71/72.
M. GARNEAU: A quoi le député se
réfèret-il?
M. JORON: Je me réfère à la lettre du
ministère, à l'article paru dans les journaux qui faisait
état de la lettre adressée aux courtiers.
M. GARNEAU: Si on se réfère aux termes de la lettre, je
suis d'accord. Mais, si on se réfère à l'article du
journal, je pense qu'il y a eu des conclusions qui ont été
tirées qui ne sont pas contenues dans la lettre.
M. JORON: Je ne m'en réfère pas aux conclusions mais
simplement aux statistiques dont fait état le tableau qui est extrait de
la lettre, tout simplement.
M. GARNEAU: D'accord.
M. JORON: Je voudrais souligner que nous l'avions demandé depuis
déjà deux ans. Nous croyions et nous continuons de le croire
essentiel, j'imagine que maintenant c'est une politique établie, que
cette ventilation-là soit publiée une fois par année ou
à la fin de chaque exercice, ainsi de suite, est-ce exact?
M. GARNEAU: Chaque année, lorsque nous déposions le
discours du budget je pense que cela se faisait depuis plusieurs
années nous avions toujours l'habitude de donner un tableau
indiquant les principales émissions. Il allait peut-être faire le
regroupement des données pour être en mesure de les avoir de la
façon qu'elles sont publiées dans la lettre. Mais ces
renseignements étaient déjà donnés dans chacun des
discours du budget.
M. JORON: J'en suis conscient. Mais ce qu'il y a de nouveau, c'est
l'identification des prêteurs, par catégories: institutions
financières québécoises, torontoises, ainsi de suite.
M. GARNEAU: Cela n'a pas été donné. C'est justement
cela. La lettre que j'ai devant moi et qui a été envoyée,
à ma connaissance et à ma demande, par le sous-ministre des
Finances, aux gens ou maisons qui s'intéressent au financement de la
province, disait ceci: Dans le financement de la province, une somme de $71
millions a été prêtée par le gouvernement
fédéral. C'étaient des prêts en vertu de programmes,
soit de l'ODEQ, ARDA, ou encore dans les programmes de travaux d'hiver. Il y
avait des obligations d'épargne du Québec, $144 millions, ce que
la Caisse de dépôt avait acheté, ce que le public en
général avait acheté, le public canadien. On donnait
également les détails concernant les ventes aux Etats-Unis et
dans les autres pays. On n'a pas donné de ventilation à savoir
qui avait acheté ces émissions en détail.
Sont-ce les caisses populaires, le public québécois, le
public à l'extérieur du Canada? Ce sont là des conclusions
qui ont été tirées par l'analyse qu'en a faite M. Cloutier
de la Presse. Il a tiré des conclusions, à partir de ces chiffres
mais celles-ci ne sont pas publiées par le ministère des
Finances.
M. JORON: Ces conclusions, êtes-vous en mesure de les confirmer
peut-être pas à un dollar près, mais par exemple, sur la
partie qui nous intéresse, les $197 millions dans le public en
général, me référant à l'article du journal
en question, où on voit $90 millions aux caisses populaires, $30
millions aux individus, $77 millions aux institutions financières?
Ensuite on fait une distinction entre institutions québécoises ou
torontoises?
M. GARNEAU: Si vous voulez, je vais vous lire le paragraphe suivant de
la lettre. Il disait ceci: "Le montant de $197 millions auquel je viens
de me référer emprunté du public en
général au Canada se répartit en $90 millions
d'obligations à court terme, $30 millions à moyen terme et $77
millions à long terme. Ces obligations ont été
achetées par les caisses populaires, les banques, les institutions
financières et autres acheteurs".
Il est très difficile pour le ministère des Finances de
savoir exactement avec précision qui a acheté quoi. Chacun des
courtiers nous donne des renseignements, ce qui est assez récent. Cela
fait un an seulement qu'on leur demande des indications pour savoir où
ils ont vendu leurs titres. Si l'on fait la compilation des statistiques
calculées en 1971, et que l'on prend les titres disponibles à
l'achat par n'importe qui au Canada, que ce soient des institutions ou des
caisses populaires, des banques, des compagnies d'assurance,
sociétés de fiducie etc. Quand on fait une émission de $50
millions et que la Caisse de dépôt en prend $15 millions, que les
banques et les caisses populaires en prennent $10 millions, ce qui reste de
disponible pour l'achat, dans le public en général, qu'il soit
canadien ou québécois, c'est $25 millions. Si on porte l'analyse
uniquement sur ces montants disponibles, sur le marché, les rapports
nous indiquent qu'il y aurait 24 p.c. des titres disponibles qui auraient
été vendus à l'extérieur du Québec.
C'est un chiffre sur lequel je ne veux pas m'appuyer totalement parce
que, durant la période de trois semaines qu'il y a entre l'achat et la
fermeture, il peut y avoir des institutions québécoises qui
achètent des titres et qui les revendent. Alors, la même chose de
l'extérieur.
Si on fait abstraction de ces transactions qui peuvent avoir lieu, pas
directement sur le marché secondaire, on pourrait peut-être
l'appeler le marché secondaire pour les fins de la discussion...
M. JORON: Oui.
M. GARNEAU: ... c'est 24 p.c. Mais si on enlève, à l'oeil,
ce qui pourrait être des transactions sur le marché secondaire, on
pourrait dire que ça se situe environ entre 12 p.c. et 15 p.c. des
titres disponibles qui sont achetés par des institutions torontoises, de
Vancouver ou de Winnipeg, où sont la plupart des institutions qui
peuvent acheter ces titres.
M. JORON: Quand on en est justement rendu à 10 p.c. ou à
15 p.c. du solde qui reste disponible, solde qui est déjà
passablement restreint, quand on a évidemment exclu la Caisse de
dépôt et les caisses populaires et ainsi de suite on souscrit et
on s'aperçoit finalement c'est là le propos que je veux
tenir que le syndicat financier en question qui continue d'être
largement dominé par des firmes anglo-canadiennes dont plusieurs
torontoises pas toutes; il y a des firmes
anglo-québécoises là-dedans ça ne nous
apparaît pas normal.
Nous sommes en face d'un marché qui, essentiellement, est
alimenté par des Québécois. Ce sont des titres du
Québec achetés très largement par des
Québécois et on passe par un intermédiaire, au niveau de
la gérance, en tout cas, qui reste principalement anglophone. Et
souvent, la langue de travail, je fais état des lettres, par exemple,
qui ont été adressées par certains courtiers francophones
de Montréal au premier ministre et peut-être à vous
également, reste l'anglais.
C'est une situation absolument anormale, quand nous sommes à la
fois l'emprunteur et le prêteur, d'être obligés de passer
par un intermédiaire étranger et de travailler dans une langue
étrangère. Cela m'apparaît absolument inconcevable. Je
serai d'accord avec cette partie de réforme que le ministre a
annoncée, c'est-à-dire la suppression de la commission en ce qui
regarde les achats faits par la Caisse de dépôt; ça allait
de soi. D'accord. Pour le reste, je continue de prétendre qu'il s'agit
simplement d'une réformette et qu'on n'a pas cerné le
problème.
Il y a un deuxième problème très grave
là-dedans aussi, c'est qu'on s'aperçoit, à la lecture et
à l'interprétation de ces chiffres-là, que non seulement
le reste du Canada, les autres provinces ne font pas leur part ou n'aident pas
à financer le Québec, mais que les anglophones du Québec
ne répondent même pas dans la proportion qu'ils sont dans la
population au Québec. Nous en sommes rendus à ce
point-là.
Je comprendrais que, dans un syndicat purement québécois,
il serait justifiable de faire une place quelconque à des firmes
anglo-québécoises. On se rend même compte que là,
ils ne sont même pas à la mesure des 20 p.c. qu'ils
représentent dans la population du Québec. Je pense que nous
sommes complètement rendus dans des proportions qui ne tiennent plus
debout.
M. GARNEAU: J'aimerais demander au député de Gouin sur
quoi il se base premièrement pour tirer de telles conclusions.
Deuxièmement, il a fait des affirmations qui, à mon sens, sont
fausses, que j'ai rectifiées l'autre fois à l'Assemblée
nationale et que j'ai rectifiées également à la suite de
questions qui m'ont été posées par des
courriéristes parlementaires à l'effet que les transactions
effectuées entre la province et l'Hydro-Québec et le groupe de
courtiers avec lesquels nous transigeons, ces transactions et les documents qui
sont signés sont en français.
Tout se fait en français, et quand les courtiers communiquent
entre eux, les informations sont bilingues.
C'est pourquoi je ne peux pas accepter les propos qu'il vient de tenir,
à l'effet que nous devons négocier en anglais et signer les
documents en anglais. Ceci m'apparaît contraire à la
vérité. Maintenant, en ce qui regarde les achats...
M. JORON: Vous m'avez peut-être mal compris. Je ne faisais pas
allusion à la partie qui concernait le ministère des Finances, je
parlais de la langue de travail dans cette industrie, qui n'est pas une
industrie mais un service. Justement parce qu'on maintient au niveau de la
gérance, Ames, Wood, Gundy, Nesbitt, Thompson, Greenshields et tous
ceux-là, on est forcé de transiger avec les gérants, en
langue anglaise. C'est l'ensemble des courtiers plus petits, francophones
travaillant dans ce domaine, qui font finalement, l'effort dedistribution et
non pas les gérants.
Vous ne me ferez pas de dessin, j'ai été assez longtemps
dans ce domaine-là pour parler...
M. GARNEAU: Quand le député de Gouin dit que la langue de
travail dans le milieu financier est davantage l'anglais que le
français, je ne peux pas faire autrement que souscrire à cela. Je
l'ai indiqué à l'Assemblée nationale l'autre jour, nous
venons d'effectuer un emprunt sur le marché français et la
communication que nous avons reçue du Crédit lyonnais, qui est le
gérant du syndicat, est en langue anglaise, et les communications que le
Crédit lyonnais envoyait aux banques qui sont membres du syndicat en
Europe, étaient en langue anglaise. Pourtant, ce n'est pas au
Québec que ça se passait, mais en France.
Je suis bien prêt à faire un long débat sur la
langue de travail dans le milieu financier, mais il faut quand même
admettre des situations telles que...
M. JORON: M. le Président, ce n'est pas nous qui pouvons changer
du jour au lendemain...
M. GARNEAU: Si le Québec se sépare ou ne se sépare
pas, le problème...
M. HARVEY (Jonquière): Quand votre père a
cédé son entreprise, il a dû être obligé de
formuler une demande en anglais?
M. JORON: Quand, quoi?
M. HARVEY (Jonquière): Quand votre père a
cédé son entreprise aux Américains, il a dû leur
parler en anglais un peu !
M. JORON: Quand quelqu'un vend quelque chose, c'est
généralement l'acheteur qui fait une offre, non pas le vendeur.
En tout cas, ç'a relativement peu de choses à voir avec la
discussion. De toute façon...
M. HARVEY (Jonquière): C'est important qu'on le sache.
M. JORON: ... c'est un sujet... et ça excite les gens d'en face.
Il ne faut pas mélanger tout. Vous parlez de la langue de travail, des
syndicats financiers en Europe au niveau international. S'ils ont
décidé ou si c'est commode d'adopter la langue anglaise, c'est
leur problème.
Je vous pose la question dans les termes suivants: Etant donné
qu'on s'aperçoit que l'essentiel de cette partie qui est
empruntée au Canada ce qu'on appelle le marché canadien
basé sur le Québec, à toutes fins pratiques,
à 95 p.c., ce sont encore des institutions et des citoyens très
majoritairement francophones qui font cet effort, qui sont les prêteurs
de la somme totale. A partir de là, pourquoi l'intermédiaire, le
mécanisme, si vous voulez, dans cette industrie, n'est-il pas
également francophone? Il y aurait lieu, me semble-t-il, dans les
circonstances actuelles, d'établir un syndicat exclusivement
québécois et très majoritairement francophone, et
peut-être de subdiviser à l'avenir en deux catégories les
emprunts sur le marché canadien: former un syndicat exclusivement pour
les ventes devant se faire sur le territoire du Québec et
celui-là composé très majoritairement de courtiers
francophones et former un deuxième syndicat qui pourrait être
formé à Toronto, avec justement Gundy, Ames, DS et puis toutes
les autres maisons.
On aurait, pour la première fois, l'occasion de leur lancer un
défi, de voir s'ils sont capables, s'ils peuvent être utiles
à quelque chose et être capables de vendre des titres du
Québec en dehors des frontières de la province de Québec
et à d'autres gens que des Québécois francophones. Ce
serait l'occasion de tester ces gens, de tester leur bonne foi. Parce que nous
commencons à en avoir soupe de nous faire servir les arguments de
solidarité nationale au nom de la grande coopération de ces gens
quand nous nous apercevons, dans les faits, que cela fait six ans, à
toutes fins pratiques, qu'ils boudent complètement le Québec.
C'est en 1967 que des courtiers de Toronto avaient répondu: "We don't
buy foreign bonds". Ils n'en ont pas racheté non plus pendant que les
Japonais, les Allemands, les Français et les Américains
continuent d'en acheter. J'en ai assez. Nous allons leur faire passer un
test.
La suggestion que je fais, ce serait de briser en deux le syndicat
canadien, ce que nous appelons les emprunts canadiens. Qu'on compose un
syndicat exclusivement québécois et qu'on fasse des emprunts
destinés au marché québécois. Et qu'on fasse subir
un test à un syndicat à l'extérieur des frontières
de la province de Québec pour voir s'il reste encore une once de bonne
foi dans la province voisine.
M. GARNEAU: Le député de Gouin est certainement de bonne
foi, mais ses propos sont teintés d'une naïveté. Cela me
surprend de voir qu'un homme qui a été dans ce milieu puisse
faire des suggestions du genre.
M. JORON: Qu'est-ce qu'il y a?
M. GARNEAU: Comment pouvoir diviser quelle est la partie
québécoise des titres achetés par la Banque de
Montréal, par la Banque Royale, par la Banque Impériale de
Commerce, qui sont de gros acheteurs de titres à court terme? Comment
dire, par exemple, que les titres que la Sun Life achète comme titres du
Québec sont achetés en vertu de primes perçues par des
ventes d'assurances en Ontario, en Nouvelle-Ecosse ou au Québec? Comment
pouvoir subdiviser cela? Même pour l'Assurance-Vie Desjardins, qui est
une société on ne peut plus québécoise, ou pour La
Solidarité qui font des ventes à l'extérieur du
Québec de leurs assurances. Comment pouvoir subdiviser cela? C'est
impossible. Je ne dis pas que le député le fait de mauvaise foi,
mais je trouve cela complètement inapplicable comme possibilité.
Et je me dis que, si les courtiers vendent des titres au Québec, que ce
soient des courtiers vous parliez de DS tout à l'heure nous
ne pouvons pas nier une chose, c'est que Dominion Security a une force de vente
qui emploie beaucoup de Québécois qui, évidemment, sont
engagés par cette maison qui a une très grosse force de vente au
Québec.
M. JORON: Si vous donniez la gérance ailleurs et si vous donniez
les vrais montants d'obligations, à titre d'exemple, à Beaubien
ou à Leclerc ou à un autre, les mêmes vendeurs se
transposeraient et...
M. GARNEAU: Le député de Gouin sait fort bien qu'une
maison de courtage ne peut se constituer uniquement avec des titres de la
province de Québec ou de l'Hydro-Québec. Quand nous voyons qu'il
y a eu pour $197 millions de disponibles pour le public en
général et que là-dessus, il y en a un certain nombre
si nous prenons la norme conservatrice que j'ai donnée, entre 12
p.c. et 15 p.c, je serai assez conservateur quand même, je vais prendre
le plus bas; je pourrais peut-être, si je voulais exagérer,
prendre le chiffre de 24 p.c. qui est la constatation que nous avons faite l'an
dernier, mais je le coupe en deux au cas où il y aurait eu des
transactions sur le marché secondaire 12 p.c. de $200 millions,
ce sont $24 millions
qui ont été achetés par l'extérieur. Mais si
nous prenons uniquement ce qui a été vendu à
l'intérieur, pensez-vous qu'il y a des maisons québécoises
qui peuvent se constituer uniquement avec cela? Surtout quand nous savons que
le taux de commission qui est payé est très bas, 1 p.c. Alors, ce
n'est pas possible de penser...
M. JORON: ... qu'on va constituer une industrie
québécoise...
M. GARNEAU: C'est cela que vous dites, les gens vont changer de
place...
M. JORON: Nous allons donner un supplément de vie, un regain de
vie. Je sais très bien que l'industrie du courtage
québécois est fondée principalement sur le scolaire et le
municipal. Je sais tout cela. Et là, en enlevant la Caisse de
dépôt, je sais comme vous qu'on en a enlevé une autre
partie, mais c'est normal.
M. GARNEAU: Les caisses populaires achètent en bloc maintenant
et, évidemment, c'est encore là...
M. JORON: Les caisses populaires achètent en bloc, pas tout d'une
traite, les unions régionales et...
M. GARNEAU: Non, avec la centralisation. Je pense que c'est sain pour
les caisses populaires. Cela permet d'avoir, je pense, peut-être des
meilleurs taux de rendement sur leurs placements et je crois que c'est une
heureuse initiative que les caisses populaires participent de plus en plus,
comme conseillers auprès de leur union régionale. Mais, quand on
regarde ce qu'elles font, dans nos transactions avec les caisses populaires,
elles nous donnent l'indication qu'elles vont acheter un tel montant et je
pense bien que ça enlève peut-être une certaine
répartition qu'il pouvait y avoir. Ce n'est pas un blâme que je
lance; au contraire.
M. JORON: ... il y a la considération devant entretenir un
marché secondaire parce qu'eux autres ont des échéances
à honorer...
M. GARNEAU: Bien oui.
M. JORON: ... ils peuvent être susceptibles de se voir
retirer...
M. GARNEAU: ... du Québec, dans les négociations qui
précèdent, souvent on peut être d'accord avec les caisses
populaires. Elles nous disent : Le véhicule dont on aurait besoin
présentement, ce seraient peut-être des séries de huit ans
ou des séries de dix ans. A ce moment-là, pour le Québec,
quand c'est possible de s'entendre, si on regarde l'échéance
moyenne des titres, et de savoir quel sera le remboursement, pour essayer de
niveler le plus possible les remboursements sur une période
d'années: On répond aux besoins des caisses populaires de cette
façon-là et on collabore avec les caisses populaires. Mais je
pense que la suggestion du député de Gouin d'essayer de morceler
le marché... Supposons, par exemple, qu'on formerait un syndicat
exclusivement torontois, ou regroupant des courtiers de Toronto, de Vancouver
et de Winnipeg; à ce moment-là, comment conclure par là
que les titres qui seraient achetés par la Banque Impériale de
Commerce sont des titres achetés par le nouveau syndicat? Cela pourrait
complètement fausser les données.
M. JORON: Je dis. des institutions principalement
québécoises. Dans le cas de la Banque de Commerce, on sait
qu'elle ne fait pas beaucoup plus de 10 p.c. de ses affaires au Québec.
Alors, quand la Banque de Commerce achète en bloc, au niveau
centralisé, à toutes fins pratiques, c'est l'extérieur du
Québec qui achète. Ce n'est pas la Banque de Commerce du
Québec.
M. GARNEAU: Non, mais tout de même...
M. JORON: Je conçois qu'il y ait des zones grises, mais je mets
en doute que même ces institutions-là en achètent en aussi
grand nombre qu'on le prétend. Parce que, quand on a enlevé les
obligations d'épargne qui s'adressent aux individus et aux
résidants, quand on a enlevé la partie de la Caisse de
dépôt, quand on a enlevé la partie des caisses populaires,
quand on a enlevé la partie de la Banque Canadienne Nationale, de la
Banque Provinciale, de la Laurentienne, de l'Industrielle, enfin de l'Alliance,
de l'Assurance-Vie Desjardins et des autres compagnies d'assurance
québécoises, qu'est-ce qu'il reste finalement? Cela veut dire
qu'il n'en reste pas beaucoup. Il ne doit pas y en avoir beaucoup pour la Sun
Life, même si la Sun Life a son siège social à
Montréal. C'est pour ça que je dis de former un syndicat
québécois. C'est facilement faisable. La zone grise à
laquelle vous faites allusion, elle n'est pas si large que ça. Moi, je
dis que ça vaudrait la peine...
M. GARNEAU: Je me demande ce qu'on va prouver en faisant ça;
ça va nous donner quoi? Si les titres du gouvernement du Québec
et de l'Hydro-Québec qui sont lancés sur le marché
canadien sont achetés en majorité par des
Québécois, bien, moi, je m'en réjouis.
M. JORON: Tant mieux, mais vous aimeriez pouvoir emprunter plus, vous
allez avoir besoin de doubler vos emprunts dans les sept ou huit années
à venir en fonction, en partie, de la baie James ou enfin de quoi que ce
soit, de toute façon. Bon, agrandir son marché, agrandir ses
capacités d'emprunt, ce n'est certainement pas vous qui allez être
contre ça !
M. GARNEAU: Non, mais le député de Beauce va être
contre ça.
M. JORON: Bien, peut-être, mais on le laissera parler
après.
M. ROY (Beauce): Je parlerai après, justement.
M. JORON: Là, vous avez l'occasion de mettre au défi le
marché canadien qui a littéralement boudé le Québec
depuis cinq ans. Il faut trouver une formule. Je peux le reprendre d'une autre
façon. Qu'est-ce que vous entendez faire pour susciter
l'intérêt des acheteurs de titres du Québec dans les autres
provinces du Canada? On le sait qu'ils nous boudent depuis cinq ans.
M. GARNEAU: Oui, ce serait de demander au député de Gouin
de retirer du programme politique de son parti la création d'une
nouvelle monnaie et de retirer de l'échiquier politique la
séparation éventuelle du Canada, puis vous allez avoir,
dès ce moment-là, une amélioration sensible des conditions
sur le marché canadien.
M. JORON: Non, je vous dis justement que les Canadiens anglais
c'est ça la raison font preuve de mauvaise foi et puis,
finalement, ce n'est pas une raison réelle. Pendant le même temps,
l'année dernière, les Américains prêtaient $275
millions puis les autres pays, $55 millions; la France, aujourd'hui, $25
millions. L'autre jour, c'était l'Allemagne et puis demain, ce sera
peut-être le Japon.
M. GARNEAU: Tous ces emprunts-là sont remboursables en dollars
canadiens.
M. JORON: Cela n'énerve donc personne d'autre quand même,
ce fait que le gouvernement du Québec aura à rembourser en
dollars canadiens.
Cela n'énerve personne d'autre que les Anglais de Toronto qui,
par ce biais il ne faut pas se le cacher, il ne faut pas être
naïf poursuivent une intention nettement politique.
M. GARNEAU: S'ils le font, moi je ne peux pas les approuver. Je ne peux
pas aller leur tordre le bras. L'année passée, les statistiques
qu'on a compilées disaient que, parmi les titres disponibles, 24 p.c.
avaient été vendus au Canada à l'extérieur du
Québec. Je fais la correction et je les ramène à 15 p.c.
Ce sont quand même 15 p.c. des titres disponibles et que...
M. JORON: Mais on est en train de parler d'une vingtaine de
millions.
M. GARNEAU: Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
M. JORON : On en a eu trois de plus.
M. GARNEAU: Si on a vendu pour $100 millions et ils ont acheté
$15 millions. Si ma tante avait autre chose, elle s'appellerait mon oncle.
Qu'est-ce que vous voulez, cela n'existe pas. Il n'y en a pas plus. On a
diversifié, on est allé sur le marché américain,
sur le marché européen comme le gouvernement
précédent avait exploité le marché allemend en
particulier, pour avoir un éventail plus grand. Même sur le
marché canadien, ce n'est pas mauvais de dire qu'on a une
possibilité d'emprunter disons quinze ans à
échéance moyenne de onze ans, soit sur le marché allemand
ou sur le marché français, à 7.5 p.c. Cela nous donne
quand même une plus grande force de négociation même sur le
marché canadien. C'est bon même à ce point de
vue-là.
M. JORON: M. le Président, en fait, je ne veux pas poursuivre
inutilement le débat pour en faire une discussion d'ordre politique. Je
me doutais un peu à l'avance que le ministre serait peu réceptif
à mes propos.
M. GARNEAU: Ils n'ont pas de sens. Qu'est-ce que cela
réglerait?
M. JORON : Cela réglerait que vous pourriez peut-être
emprunter davantage. D'autre part, vous pourriez tester la bonne voie des
marchés canadiens.
M. GARNEAU: Je vais dire que je suis d'accord avec le
député de Gouin. Supposons que j'accepte sa suggestion, qu'on
forme deux syndicats et qu'on trouve des techniques quelconques pour essayer de
faire le décompte nécessaire pour savoir ce qui est bien
québécois, ce qui ne l'est pas. Je pense par exemple à la
Banque Royale qui a son siège social à Montréal, la Banque
de Montréal, la même chose. Supposons qu'on règle tous ces
problèmes et qu'on fasse une émission sur le marché
ontarien avec un syndicat spécial et qu'on donne la possibilité
à ce groupe-là d'acheter pour $25 millions. Qu'ils les
achètent ou qu'ils ne les achètent pas, qu'est-ce qu'on prouve?
Cela prouve quoi? Actuellement, disons que, parmi les titres disponibles, on
sait qu'ils en ont acheté quelque part. Je prends un titre pour ne pas
me faire accuser d'exagérer. Je ne prendrai pas 24, je prends 12 et 15.
Si on dit qu'on a ces chiffres et qu'on suit la politique du
député de Gouin, cela prouverait quoi? On arriverait à
quelle conclusion? S'ils en achètent ou s'ils n'en achètent pas,
cela prouve quoi?
M. JORON: Cela prouverait que, pendant ce temps-là, les
portefeuilles québécois qui sont pleins de titres canadiens
d'Ontario, d'Hydro-Ontario et ainsi de suite, essentiellement, financent les
autres provinces et non pas l'inverse, comme bien des gens tentent de nous
faire croire. C'est ce que cela prouverait.
M. GARNEAU: Cela dépend de quoi ou de qui? Je vais vous donner un
exemple qui m'était fourni récemment par un courtier. Des
soumissions sont offertes pour financer une ville en banlieue de Hamilton, je
pense que c'est la ville de Barrie en Ontario. Les courtiers
québécois font une soumission publique, de je ne sais quel
montant, une dizaine de millions. Les courtiers québécois sont
les plus bas soumissionnaires et obtiennent l'émission. A quel endroit
croyez-vous qu'elle va se vendre? Elle va se vendre au Québec, c'est
clair. Ils n'ont pas une organisation de vente à Vancouver et à
Winnipeg. A ce moment-là, allons-nous défendre aux courtiers
québécois de faire souscrire une émission de titres
ailleurs? C'est ça.
M. JORON: Vous pouvez estimer et évaluer inutile la proposition
de former un syndicat séparé pour les deux marchés au
Canada, ce que j'appelle les deux marchés. Pour l'instant, on peut en
revenir aux réalités et aux faits. Ce qu'on a devant nous, c'est
à peu près exclusivement un marché
québécois, à toutes fins pratiques, à plus de 90
p.c.
M. GARNEAU: Entre 80 p.c. et 85 p.c.
M. JORON: Dans ce marché québécois, pourquoi ne pas
constituer un syndicat formé majoritairement, très
majoritairement dans les mêmes proportions. Vous parlez de 80 p.c.
à 85 p.c, je n'argumenterai pas pour un, deux ou trois pour cent.
Pourquoi ne pas constituer un syndicat financier à ce moment-là
qui reflèterait tout simplement ces statistiques et où justement
dans les faits, le français comme langue de travail pourrait
s'installer. Je sais très bien comment cela se passe. Si un acheteur X
veut se procurer des titres à un moment donné et qu'il n'y en a
plus chez Beaubien, il va être obligé d'aller en acheter chez
Ames. Quel est l'effort d'Ames là-dedans? Ce n'est que le fait qu'il a
des titres en surplus, c'est le seul effort qu'il fait à ce
moment-là. Je ne vois pas ce qui justifie de maintenir Ames par exemple
et Gundy, Dominion Securities à la tête du syndicat.
Vous y avez même ajouté de nouvelles maisons cette
année, entre autres Morgan et Ostiguy et Hudon, et Molson et
Rousseau...
M. GARNEAU: Cliche et associés et...
M. JORON: Oui, et les autres. Mais ces deux-là, je les mentionne
parce qu'on pense à tort que ce sont des maisons
québécoises. N'oubliez pas que Morgan et Ostiguy est en train de
se fusionner avec Crang de Toronto dans une proportion...
M. GARNEAU: Il l'achète. C'est un Québécois qui
achète.
M. JORON: Oui, mais c'est le cas du plus petit qui achète le plus
gros. Crang est à peu près le double de Morgan, Ostiguy et Hudon,
je ne sais pas comment se fera le partage des intérêts dans la
nouvelle société mais déjà Morgan et Ostiguy, je
vous le signale, n'est pas une maison majoritairement francophone, elle va
l'être encore moins après sa fusion avec une maison de Toronto.
Quant au cas de Molson et Rousseau, quand j'était là, il n'y a
pas tellement longtemps, c'était Molson & Co. et c'était une
maison anglophone pure laine. Il y avait Louis Rousseau qui était
là, qui était un des seniors et, éventuellement, on a
changé le nom de la compagnie pour l'appeler Molson et Rousseau, je ne
sais pas exactement comment le partage des intérêts s'est fait
chez Molson et Rousseau, mais c'est pour sauver la face que des maisons
anglophones se donnent une petite allure francophone.
Il reste que, même avec ce que moi j'appelle des
réformettes, ce syndicat-là n'a pas été
modifié et les courtiers québécois ont raison de se
plaindre de ce fait-là.
M. GARNEAU: Justement, je ne sais pas quels courtiers
québécois le député de Gouin rencontre,
peut-être qu'il ne rencontre pas les mêmes que je rencontre mais le
changement qu'on a apporté dans la participation a été
très bien accueilli par les courtiers québécois et...
M. JORON: Vous leur en avez donné plus qu'ils n'en avaient, ils
n'étaient pas pour vous donner des giffles en plein visage !
M. GARNEAU: Il n'y a pas seulement la participation, il y a la
solvabilité financière de l'entreprise, qui est capable de
supporter $3 millions ou $4 millions de titres et c'est quand même une
chose importante à souligner, si on fait une émission de $80
millions et que la Caisse de dépôt en achète $20 millions
ou $25 millions, le reste des titres nous est garanti, il nous est
acheté ferme par le syndicat, chaque maison doit avoir les reins assez
forts pour supporter...
M. JORON: Je comprends tout cela, mais c'est une affaire qui en entrafne
une autre; si vous ne leur donnez pas un marché supplémentaire,
jamais non plus ils n'acquerront la dimension financière suffisante pour
offrir cette garantie-là.
M. GARNEAU: Ce que je disais au député de Gouin, tout
à l'heure, c'est que ce n'est pas avec $100 millions ou $150 millions ou
$200 millions de titres sur le marché à un taux de commission de
1 p.c. qu'on va pouvoir donner aux courtiers québécois la
dimension à laquelle ils aspirent. Je pense que la façon pour les
courtiers québécois d'obtenir cette dimension, c'est justement de
se départir de ce sentiment nationaliste trop poussé qui
peut-être rétrécit les horizons et c'est cela que le
député de Gouin ne veut pas comprendre. Mais je pense que les
courtiers doivent...
M. JORON: ... Un sentiment nationaliste trop poussé, je veux dire
quand ils font l'effort...
M. GARNEAU: ... aller sur le marché canadien, sur le
marché international. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Vous
ne pouvez pas mettre de gros poissons dans un petit bocal, il faut que les
portes s'ouvrent...
M. JORON: J'ai objection à la prétention du ministre, il
appelle cela du nationalisme poussé quand un gorupe qui fait un effort
représentant 85 pc. de ce dont on parle...
M. GARNEAU: Ce n'est pas ce que je dis...
M. JORON: ... s'il n'est pas minoritaire dans un syndicat on appelle
cela du nationalisme poussé...
M. GARNEAU: ... le député de Gouin affirme, et c'est le
début de son argumentation, que la façon de voir pour le
gouvernement, d'avoir des courtiers qui soient plus forts et plus puissants,
c'est de leur donner la totalité des titres du Québec. Je
réponds au député de Gouin que, même si on faisait
cela, c'est loin d'être suffisant pour donner aux courtiers
québécois la dimension qu'ils aimeraient atteindre. Je vous dis
qu'il faudrait ouvrir beaucoup plus large que cela.
M. JORON: Je ne suis pas en train de vous dire que c'est la
panacée...
M. GARNEAU: C'est ce qu'on doit conclure à votre option de
départ; je ne vous ai pas dit que le fait de vouloir donner plus de
participation aux courtiers québécois était du
nationalisme mal placé, ce n'est pas cela que je dis, mais c'est en
termes de l'objectif à atteindre de faire en sorte que des courtiers
soient plus forts, plus puissants et jouent un rôle plus grand dans les
échanges de valeurs mobilières. Je vous dis que pour atteindre
cet objectif, ce n'est pas cela, c'est beaucoup plus par un changement de
mentalité. Et si vous me parlez par exemple de Morgan et Ostiguy, moi,
les informations que j'ai eues c'est que Morgan et Ostiguy a acheté
Crang; c'est Morgan qui avait le capital de réserve suffisant pour
être capable de l'acheter. Moi, je me réjouis que Morgan et
Ostiguy...
M, JORON: On posera la question au ministre des Institutions
financières.
M. GARNEAU: Je me réjouis en tout cas du fait qu'une maison
québécoise sorte et qu'elle puisse agir sur la plan canadien, je
suis bien content de cela.
Si Molson et Rousseau, dites-vous, est une firme anglophone, tous les
contacts que j'ai eus se sont toujours faits avec M. Rousseau. J'ai
l'impression et j'ai déjà causé avec lui dans sa
maison que la majorité des employés sont des francophones.
Ils oeuvrent au Québec d'abord, s'ils peuvent s'étendre ailleurs,
tant mieux. Une autre maison canadienne-française qui a progressé
très rapidement, c'est la maison Tassé. Nous avons tenu compte de
cette progression. Je me réjouis de cela et si, à un certain
moment, chaque courtier québécois avait pignon sur rue et bien
ancré sur Bay Street, je m'en réjouirais encore davantage.
M. JORON: M. le Président, le point que je voulais faire valoir
est de donner un poids correspondant. Je ne suis pas en train de
défendre les courtiers, ce n'est pas mon rôle. S'ils sont
inutiles, ils disparaîtront; on trouvera une autre formule, on financera
en bloc directement avec les institutions financières ou quelque chose
comme ça. Mon rôle n'est pas de défendre les courtiers. Il
m'apparaît normal, par exemple, que tant et aussi longtemps qu'on
conserve ce système-là, les courtiers québécois
qui, finalement, supportent autour de 85 p.c. de l'effort fait en cette
matière-là, aient un poids équivalent dans l'industrie,
dans ce secteur-là. C'est tout le sens de mon propos.
M. GARNEAU: Je réponds au député de Gouin
là-dessus que notre façon d'agir est de donner l'importance dans
la participation, une importance qui correspond à l'effort
véritable qui a été constaté au cours de
l'année précédente. C'est encore récent, ça
fait deux ans que ça marche, on a eu une année
d'expérience puis on a modifié...
M. JORON : Vous avez tout bloqué jusqu'à la fin de
1973.
M. GARNEAU: J'avais compris le sens quand le député
de Montmagny m'a posé la question de sa question, à savoir
est-ce que vous avez l'intention de confier à la Caisse de
dépôt tout le financement de la province ou de procéder
directement par le ministère des Finances? C'est dans ce sens-là
que j'ai dit que nous n'avions pas l'intention de faire de nouvelles
propositions. Mais en termes de rythme de division des répartitions, au
terme de l'année 1972, d'après l'expérience dans la
distribution des titres des émissions de la province et de
l'Hydro-Québec, si des courtiers ont donné une performance
réellement exceptionnelle, on va en tenir compte dans la
répartition. Il y a deux maisons de courtiers qui sont disparues de la
gérance, il y avait des raisons pour ça. Il y a d'autres raisons
aussi qui motivaient le fait que quatre maisons québécoises sont
entrées dans la gérance. Alors, nous allons tenir compte de
ça et, si une maison comme Dominion Security qui a une forte demande au
Québec, je dis qu'on doit en tenir compte, parce qu'elle a une
organisation de vente qui est forte et puis nous devons en tenir compte dans la
répartition. La même chose avec Tassé &
Associés, Cliche &
Associés. C'est là l'objectif qu'on poursuit. On a
commencé à apporter cette modification-là, au début
de 1971, ça nous a permis de faire des changements au terme de
l'année 71/72. Nous allons procéder de la même façon
en donnant une participation aux courtiers, une participation qui corresponde
à leur effort de ventes au cours de l'année
précédente et également à leurs capacités de
porter des titres de $2 millions ou plus.
M. JORON: M. le Président, à cet égard, je ne peux
que souhaiter que, l'année prochaine, le ministre nous fasse part de
modifications plus substantielles encore.
M. GARNEAU: Ce sera dans les taux de participation. J'aimerais
être capable de donner à la commission quelle est la
répartition, disons, sur cent, quel est le pourcentage de participation
de chaque courtier. Malheureusement, je pense que ce ne serait peut-être
pas bien servir la cause des maisons, même avec lesquelles on travaille,
parce qu'il y en a qui pourraient interpréter ça comme
étant un bon point pour telle maison ou un mauvais point, alors qu'une
maison peut avoir seulement un demi de 1 p.c. de participation dans les titres
du Québec et être très valable ailleurs, parce qu'elle ne
veut pas attacher à cela de vendeurs spéciaux, je pense que ce ne
serait peut-être pas correct, étant donné que c'est une
transaction... Mais, le fait qu'il y a eu des maisons qui ont été
ajoutées au groupe avec lequel on négocie, indique quand
même que l'on tient compte des résultats obtenus au cours de
l'année.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Sur ce point de l'endettement nationaliste, si on peut
l'appeler ainsi, je constate évidemment, comme mon collègue,
qu'il y a des problèmes au niveau des courtiers, des syndicats. Lorsque
le gouvernement du Québec émet ses obligations ou vend ses
obligations, on a l'impression qu'il s'agit tout simplement d'un trust et d'un
cartel. A ce moment-là le point sur lequel j'aimerais en venir, est le
suivant : comment se fait-il que le Québec paie beaucoup plus cher
d'intérêt pour ses emprunts que le gouvernement canadien?
Je me demande, à l'heure actuelle, ce qu'il y a au niveau du
syndicat financier ou des syndicats financiers à Montréal, pour
que le Québec soit obligé de payer plus cher pour ses emprunts
que le gouvernement canadien.
Selon un article récent paru dans un journal, l'Ontario
réussit à se financer à des coûts inférieurs
de ceux de la province de Québec.
Disons qu'il y a eu une tendance vers un rapprochement. Je vais prendre
un exemple bien simple et bien pratique: le rapport du 31 décembre 1971
de la Caisse de dépôt et placement. C'est à nous, la Caisse
de dépôt et placement; c'est une institution gouvernementa- le
provinciale. Elle détient pour $60 millions de valeurs du gouvernement
fédéral, soit un rendement pondéré moyen de 6.13
p.c. alors qu'elle détient $912 millions du gouvernement du
Québec à 8.02 p.c. Les statistiques nous démontrent que la
province de Québec est le plus gros acheteur d'obligations du
gouvernement fédéral.
Je m'interroge à ce moment et je me demande quels sont les
facteurs, les problèmes, les points particuliers qui font que nous
sommes dans cette situation.
M. GARNEAU: M. le Président, le député de Beauce me
dit que les Québécois sont plus désireux je n'ai
pas les statistiques auxquelles il se réfère, mais si je me base
sur celles qu'il me donne plus intéressés à acheter
des titres du gouvernement canadien que des titres du gouvernement du
Québec. Il peut y avoir différentes raisons.
Il y a les obligations d'épargne. Il y a aussi le fait que les
Québécois, par nature, achètent plus facilement des titres
à court terme que des titres à long terme. Les titres émis
par le gouvernement canadien sont généralement des titres
à moyen terme, court terme, quatre ou cinq ans, ou encore des
obligations d'épargne. Tout ce que je peux dire, c'est d'encourager
davantage les Québécois à acheter des titres du
Québec au lieu d'acheter des titres du gouvernement canadien. Les gens
sont libres d'acheter les titres qu'ils veulent. Je ne sais pas au juste
à quoi veut en venir le député de Beauce; peut-être
que s'il précisait sa question...
M. ROY (Beauce): Je suis entièrement d'accord sur le fait que les
Québécois sont libres. Je verrais très mal une loi qui
oblige les Québécois à acheter les titres du gouvernement
provincial plutôt que des titres du gouvernement fédéral,
si eux, désirent acheter des titres canadiens. Mail il y a certainement
des causes à cela. Je me demande, à l'heure actuelle, si, au
niveau des emprunts, les syndicats financiers, ont pour fonction
d'émettre ces obligations sur le marché, font un bon marketing,
ou s'ils font connaître davantage les obligations de la province
lorsqu'il s'agit d'épargne, ou si c'est parce que le gouvernement du
Québec n'émet pas assez d'obligations d'épargne.
M. GARNEAU: Il y a une campagne d'obligations d'épargne qui est
en cours. Nous avons dit que nous estimions pouvoir vendre environ $100
millions de titres. Si les Québécois voulaient en acheter pour
$200 millions, je n'arrêterai pas la campagne le 10 juin si on
était rendu à $150 millions ou à $175 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre a des rapports sur la
campagne?
M. GARNEAU: Le départ a été très lent. On a
commencé la vente des obligations d'épargne
au Québec dans un climat social très peu propice. Je dois
dire que c'est parti lentement. Les rapports qui me parviennent depuis quatre
ou cinq jours me démontrent qu'on rattrape le temps perdu. Si on compare
l'émission de 1964 par rapport à celle de 1963 et celle de 1972
par rapport à celle de 1971, on a rattrapé le temps perdu par
rapport à la deuxième émission.
En 1963, il y avait eu $177 millions. En 1964, il y en avait eu un peu
moins. Cela avait baissé parce qu'on avait épongé une
liquidité considérable. Mais si on fait la comparaison de ces
deux années, on a rattrapé le temps perdu. Je profite de
l'occasion pour souligner que c'est un bon placement, à mon sens, pour
les Québécois que ces obligations d'épargne; c'est un
titre qui rapporte 7.5 p.c. et qui est encaissable en n'importe quel temps.
Pour les gens qui veulent épargner, c'est une façon
rentable d'épargner. En même temps, ils contribuent au
développement et au financement de la province de Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si la tendance se maintenait telle qu'on la
connaît depuis quatre ou cinq jours, est-ce que ça pourrait
atteindre $100 millions?
M. GARNEAU: Je pense qu'on atteindrait l'objectif tracé, d'autant
plus que les gens attendent toujours plus vers le début. Les gens qui
achetaient des titres avant aujourd'hui perdaient l'intérêt, parce
qu'ils sont datés du 1er juin. Alors, le gros des achats se fait
normalement à partir du 1er juin et, si je me base sur les rapports, on
devrait atteindre les $100 millions.
Mais pour répondre au député de Beauce, si les gens
ne veulent pas en acheter plus, que voulez-vous que je vous dise? Il n'y a pas
de limite, ça pourrait être $200 millions.
M. ROY (Beauce): Il y a un point là-dedans qui est souvent
soulevé. A l'heure actuelle, si on regarde l'ampleur que prend le
service de la dette dans le budget de la province à chaque année
et qu'on regarde les taux d'intérêt que le Québec est
obligé de payer lorsqu'à un moment donné les taux
d'intérêt du marché canadien, du gouvernement
fédéral et même de certaines industries qui se financent
par des obligations industrielles qui sont à peu près au
même taux que les obligations de la province à l'heure actuelle,
il y a lieu de s'interroger. Qu'est-ce qui se passe? Est-ce que ça veut
dire que la province emprunte trop? Est-ce que ça veut dire que la
province aurait peut-être trop tendance à emprunter à long
terme, comme vient de le dire le ministre? Le ministre nous a souvent
apporté cet argument en Chambre: Nous avons payé plus cher parce
que, évidemment, notre emprunt est à long terme. La Commission
municipale, le ministère des Affaires municipales obligent les
municipalités à vendre leurs obligations pour une période
d'excédant pas dix ans. Il reste toujours une "baloune"
évidemment à la fin et elles sont obligées de les revendre
après pour bénéficier justement des meilleurs taux
d'intérêt sur le marché.
Si le gouvernement fédéral trouve avantageux d'emprunter
à court terme et que, de ce fait, il économise beaucoup d'argent,
pour quelle raison le gouvernement du Québec semble-t-il vouloir
continuer à emprunter à des périodes de vingt, vingt-cinq
et même trente ans?
M. GARNEAU: Le député de Beauce, peut-être
l'ignore-t-il, mais la répartition qui se fait, le gouvernement
fédéral laisse...
M. ROY (Beauce): Je suis habitué à l'argument, on l'entend
souvent.
M. GARNEAU: Vous faites une affirmation et je vous dis qu'il y a des
raisons à cela. Je croyais que le député de Beauce le
savait. Le gouvernement fédéral a l'habitude de laisser le
marché à long terme aux gouvernements des provinces et lui
fonctionne à partir du marché à court terme. C'est une
entente qui existe depuis toujours. Pour les gouvernements des provinces qui
font du financement pour la construction d'hôpitaux, pour la construction
de routes, etc., il est normal que ce soit des emprunts à long terme. Si
on veut l'analyser en termes de coût, j'ai déjà
expliqué au député de Beauce que, lorsqu'on emprunte, par
exemple, à dix ans à 7 1/2 p.c. et qu'on paie 1 p.c. de
commission, si on renouvelle l'emprunt au bout de dix ans pour en faire un de
vingt ans, on va avoir payé un autre 1 p.c. de commission. Alors si on
ajoute les frais d'émission en plus de la commission, les frais
d'émission des titres, émission de prospectus, etc., même
si cela a paru peut-être plus avantageux un taux d'intérêt
à 7 1/2 p.c, dix ans, cela devient plus avantageux d'emprunter
peut-être à 8 p.c. à 22 et 25 ans. C'est la raison pour
laquelle on aime mieux financer à long terme d'autant plus que le
financement a pour objectif de réaliser des travaux dont la durée
dépassera de beaucoup dix ans. De plus, c'est une entente. Le
gouvernement fédéral fonctionne surtout sur les marchés
à court terme.
M. RUSSELL: M. le Président, j'aimerais clarifier une question.
Le député de Beauce vient d'affirmer que les emprunts aux
municipalités sont faits sur des termes de dix ans...
M. GARNEAU: Cela varie.
M. RUSSELL: ... est-ce que c'est une nouvelle réglementation?
Autant que je le sache, c'est toujours vingt ans.
M. GARNEAU: On m'informe qu'il n'y a pas de réglementation qui
limite à dix ans, ça dépend des conditions du
marché.
M. RUSSELL: Il n'y a aucune réglementation et à peu
près aucun prêt qui se fait à dix ans, excepté de
très petits montants.
M. GARNEAU: M. Campeau, peut-être, pourrait répondre.
Lors des demandes de soumissions, les soumissionnaires ou les courtiers
qui vont acheter ont le choix de soumissionner généralement pour
vingt ans ou dix ans. Si le marché est plus favorable à dix ans,
il va nécessairement faire un prix pour une échéance de
dix ans. Voilà la raison pour laquelle on finit par avoir des
échéances de dix ans et que rarement on en a de vingt ans.
M. RUSSELL: C'est une grosse différence avec ce que vient
d'affirmer le député de Beauce. On peut soumissionner sur une
partie des dix premières années. Un autre syndicat peut
soumissionner sur la totalité. D'autres peuvent soumissionner simplement
sur les derniers dix ans. Si les municipalités empruntent $500,000,
l'emprunt normalement est échelonné sur vingt ans de
remboursement.
M. GARNEAU: Le remboursement est échelonné sur vingt ans
généralement. Il faut refinancer...
M. ROY (Beauce): Le député de Shefford a voulu
interpréter mes paroles. Je tiens'à rectifier cela tout
simplement parce que, dans la question des obligations, dans la question des
achats, je sais de quoi je parle quand je parle de ces choses. J'ai
été assez longtemps dans les institutions financières pour
savoir à quoi m'en tenir.
Lorsque nous achetons, dans les institutions financières, des
obligations municipales les obligations s'échelonnent de un à dix
ans. A peu près 10 p.c. ou 20 p.c. des obligations sont
échelonnées sur des périodes de un, deux, trois, quatre,
cinq, six et sept et 80 p.c. à 90 p.c. des obligations deviennent
échues dans dix ans et les obligations sont échues.
Lorsque les municipalités font leurs règlements d'emprunt,
supposons que c'est un emprunt pour un service d'égouts ou d'aqueduc. Le
plan de financement est prévu pour 30 ans ou 35 ans, tout dépend,
mais les obligations sont vendues sur une période de dix ans et,
à ce moment-là, on revend d'autres obligations après dix
ans. C'est exactement cela.
M. GARNEAU: C'est cela. Mais il n'y a pas toujours des
séries...
M. RUSSELL: A moins qu'il n'y ait des changements depuis un an ou
deux...
M. GARNEAU: Non, pas toujours... M. ROY (Beauce): Pas toujours.
M. GARNEAU: On peut dire, dans la majorité des cas.
M. RUSSELL: Vous avez été induit en erreur.
M. GARNEAU: C'est ce que...
M. RUSSELL: Je demande de déposer le tableau sur la façon
dont on procède. Nous demandons la façon dont on procède
et dans aucun cas, on ne procède de cette façon...
M. GARNEAU: Je pense bien que je ne pourrais pas...
M. RUSSELL: ... et les emprunts de 40 ans sont assez rares. Il y en a
quelques-uns de 30 ans mais l'immense majorité, c'est 20 ans et il y a
des tableaux qui montrent un échalonnement de 20 ans.
M. GARNEAU: Cela dépend au juste dans quel sens. Ce que je
voulais dire, c'est que le contrôle du financement des
municipalités, ce n'est pas le ministère des Finances qui
l'exerce, c'est la Commission municipale du Québec. Et je pense bien
qu'on pourrait avoir des tableaux indiquant quel a été au cours
des derniers cinq ou six derniers mois le type d'émission qui a
été vendu. Une chose est certaine, c'est qu'il n'y a certainement
pas uniquement des séries comme a semblé l'indiquer le
député de Beauce qui sont offertes par les municipalités.
Nous n'avons qu'à regarder les annonces qui sont publiées dans
les journaux, annonces qui sont faites par les courtiers dans la vente de leurs
titres, il y a des émissions de dix ans, de quinze ans, qui sont
offertes régulièrement au public, des titres municipaux.
M. ROY (Beauce): Ce que j'ai voulu dire tout à l'heure simplement
pas besoin de faire une tempête dans un verre d'eau c'est
que la majorité des municipalités ou encore dans la grande
majorité des cas, empruntaient pour une période limite de dix ans
et qu'à ce moment-là la Commission municipale, ce n'est pas qu'on
leur imposait un règlement mais on les conseillait dans ce
sens-là, pour être en mesure de se refinancer justement, des taux
d'intérêt inférieurs au cas où le marché
d'intérêt baisserait. Nous avons acheté suffisamment
d'obligations municipales pour savoir que la minorité de ces
dernières datent de plus de dix ans c'est vrai qu'il y en a, je
ne le nie pas mais je dis que la majorité des cas se limitent
à dix ans. C'est ce que j'ai voulu dire.
M. GARNEAU: Quand le député de Shefford a fait ses
remarques, c'est que le député de Beauce n'avait pas
nuancé ses propos comme il vient de le faire et c'est ce qui avait
amené...
M. ROY (Beauce): On ne me l'a pas permis
parce que chaque fois que je prends la parole, il y a toujours quelqu'un
pour me l'enlever.
M. RUSSELL: M. le Président, la seule différence que je
voudrais ajouter pour le député de Beauce...
M. GARNEAU: J'allais faire une remarque...
M. RUSSELL: ... c'est qu'elles n'ont pas le droit de rachat pour dix
ans. Mais la vente est échelonnée normalement sur 20 ans.
M. GARNEAU: Et elles deviennent rachetables à partir de la
dixième année. Le député de Beauce parlait tout
à l'heure des taux d'intérêt. Evidemment, il faut
distinguer les courts termes des longs termes et j'indiquais que le
gouvernement fédéral oeuvrait surtout dans le marché
à court terme alors que les provinces avaient le moyen terme, dix ans,
et le long terme. L'écart entre le taux d'intérêt
payé par le Québec et celui de l'Ontario s'est amenuisé
sensiblement. A chaque jour, on vérifie l'écart des titres et,
pour des échéances comparables, l'écart entre le
Québec et l'Ontario était de 27 p.c. alors qu'il a
déjà été plus élevé que cela. Cela
s'explique par une venue sur le marché financier de la part du
gouvernement ontarien d'une somme beaucoup plus substantielle. Il y a eu
beaucoup d'émissions de l'Ontario. Cette année, son programme
d'emprunt est au-delà de $1,500,000,000 et la fréquence de la
venue sur le marché y est pour quelque chose. Et je dois dire aussi que
le rôle joué par le fonds d'amortissement des émissions des
titres du Québec et de l'Hydro-Québec, de même que la
Caisse de dépôt a contribué à diminuer
l'écart entre les titres du gouvernement du Québec et les titres
du gouvernement de l'Ontario.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, s'il y a d'autres
questions générales, je serais prêt à passer
avant...
Relations fédérales-provinciales
M. JORON: J'aurais une autre question d'ordre général
avant d'aborder les articles. Je voudrais que nous abordions brièvement
le sujet des relations fédérales-provinciales. Je veux demander
au ministre s'il aurait des commentaires nouveaux à nous faire suite aux
questions suivantes:
Dans le partage des ressources fiscales entre le gouvernement central et
le gouvernement de Québec, estime-t-il que le gouvernement du
Québec a les ressources suffisantes pour assumer ses
responsabilités actuelles? Est-ce qu'il estime, d'autre part, que le
gouvernement du Québec a les ressources suffisantes ou la marge de
manoeuvre pour pouvoir assumer de nouvelles responsabilités? Parce qu'il
s'en crée chaque jour, la croissance de l'économie oblige sans
cesse les pouvoirs publics à accroître leurs
responsabilités. En plus des responsabilités traditionnelles, il
y en a de nouvelles qui apparaissent peu à peu chaque jour. Est-ce que,
placé dans la situation actuelle, il n'estime pas cela très
précaire, très dangereux? Et si, finalement, il s'avérait
que le Québec n'a pas cette marge de manoeuvre, cela voudrait dire que
tous les nouveaux secteurs qui s'ouvrent et toutes les responsabilités
nouvelles auxquelles je faisais allusion il y a un moment nécessairement
seront, à ce moment-là et même si ça implique
parfois des violations d'ordre constitutionnel assumées par
l'autre niveau de gouvernement, faute de ressources fiscales suffisantes qui
auraient permis au gouvernement du Québec de faire cette...
M. GARNEAU : Dans les négociations ou les relations
fédérales-provinciales, là où le ministère
des Finances a été imbriqué depuis que j'assume la
direction du ministère, il y a eu un certain nombre de dossiers qui ont
fait l'objet de discussions, entre autres la réforme fiscale. Il y a eu
également certains programmes à frais partagés, par
exemple, la concrétisation d'une façon définitive de
l'option de retrait. Sur le plan de la réforme fiscale, je dois dire que
les discussions que nous avons eues avec le gouvernement fédéral
et les propositions que nous avons faites ont été largement
retenues à la réforme fiscale.
En ce qui regarde le partage des ressources fiscales entre le
Québec et le gouvernement central comme l'ensemble des provinces avec le
gouvernement central, le Québec, pas plus que les autres provinces, n'a
été chanceux, si on peut dire, parce que nous n'avons pas
réussi à faire bouger, à faire modifier sensiblement la
formule de péréquation. Je le déplore beaucoup. Je l'ai
dit aux conférences fédérales-provinciales qu'il nous
apparaissait essentiel, compte tenu des responsabilités qui incombent
aux provinces, que les provinces obtiennent une plus grande part des recettes
fiscales afin de ne pas être obligées de charger davantage le
fardeau fiscal des contribuables. Nous avons fait des propositions en ce qui
regarde l'inclusion de l'impôt foncier scolaire et l'inclusion de
l'impôt foncier municipal dans la formule de péréquation
ajoutée aux seize impôts qui sont déjà retenus, ce
qui aurait permis une redistribution, je pense, inconditionnelle d'argent du
gouvernement d'Ottawa vers les provinces, en particulier les provinces de
l'Atlantique, la province de Québec, le Manitoba et la Saskatchewan. Le
gouvernement fédéral, à ce moment-là, nous a dit
qu'il avait planifié un certain programme, entre autres les allocations
familiales, qui répondait à ce moment-là, dans sa
structure, aux demandes qu'avait faites le Québec, il disait qu'il ne
disposait pas de liquidité de finances pour accorder en même temps
un renouvellement de la formule de péréquation. Sur le coup, nous
avons admis que c'était là un point qui était discutable,
mais nous avons dû constater
quand même lors du dernier budget que le gouvernement
fédéral avait des disponibilités financières qui
auraient pu affecter, à mon sens, la formule de
péréquation et ainsi favoriser l'ensemble des provinces et une
redistribution plus équitable de la richesse à l'intérieur
du pays.
Il est apparu assez clair, si on se reporte aux études qui ont
été faites en 1965 et en 1969 et à l'évolution des
responsabilités provinciales dans le cadre actuel des juridictions
constitutionnelles, que les responsabilités provinciales
s'accroissaient, que le coût de ces responsabilités augmentait
beaucoup plus rapidement que le coût des responsabilités qui
échoit à la juridiction fédérale. Cela a
été le contenu, je pense, cela a été inclus
à peu près dans chacune des déclarations que nous avons
faites, nous, du gouvernement du Québec. Je dois dire que les autres
provinces sont d'accord avec nous là-dessus et nous ne sommes pas
seuls dans la bataille que le gouvernement fédéral ne
semble pas avoir été très sensible à cette
argumentation qui se prouve dans les faits.
On n'a qu'à constater pour ça le déficit que nous
devons accumuler chaque année au Québec et aussi le
déficit du gouvernement de l'Ontario qui va en s'accentuant
également. Cela prouve, hors de tout doute, que les
responsabilités dans le domaine de la santé, de
l'éducation, municipal, pour retenir uniquement ces trois
secteurs-là...
M. JORON: Les salaires de la Fonction publique.
M. GARNEAU: ... sont de juridiction exclusive du gouvernement des
provinces. Les coûts sont tellement croissants qu'il faudra un nouveau
partage. Alors que les déficits des provinces augmentent, les
déficites du gouvernement fédéral diminuent.
Je pense que tout ça est incorporé, relié au
pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral. Cela devra
certainement.faire l'objet d'analyses lors des prochaines discussions, soit des
ministres des Finances ou des premiers ministres, mais cela m'apparaît
être le point essentiel des discussions entre le gouvernement central et
les autres provinces. Je répète que le gouvernement du
Québec n'est pas seul là-dedans. L'Ontario d'une façon
bien spéciale veut également jouer son option de retrait ou
obtenir son équivalence fiscale. Le Québec et d'autres provinces
aussi ont manifesté leur désir d'agir dans le même sens. Il
y a peut-être les provinces les plus pauvres qui ont un peu plus de
réticence parce que, si on leur transférait l'équivalence
fiscale en points d'impôt pour le coût de leur régime
d'assurance-santé et de l'assurance-maladie, il n'y aurait pas assez de
points d'impôt pour tout couvrir. Ce qui veut dire qu'il faudrait trouver
d'autres formules pour ces provinces-là. Cela n'élimine pas le
fait qu'il y a des problèmes bien particuliers dans les provinces et il
faudra que le gouvernement fédéral se rende à cette
évidence. Au lieu de nous embarquer dans des programmes et de nous
laisser tomber par la suite pour changer leurs priorités à eux,
ils devraient plutôt s'orienter vers des partages fiscaux nouveaux qui
donneraient aux provinces, d'une façon inconditionnelle, des sources de
financement accrues.
M. JORON: Vous avez d'ailleurs déjà exprimé votre
insatisfaction à l'égard de ce partage-là. Vous venez de
le répéter. Je tiens seulement à rappeler, avant de vous
poser une dernière question, l'argumentation que vous avez faite
à propos de la croissance des coûts et des responsabilités
découlant des juridictions actuelles. Vous avez évoqué, au
début, le problème qu'allaient causer, à terme, les
responsabilités nouvelles qui se créent et qui sont tout aussi
importantes à long terme, parce que, finalement, des juridictions
entièrement nouvelles seront créées comme ça et le
pouvoir d'orientation d'un gouvernement sur leur développement en sera
restreint d'autant. Ceci est particulièrement grave pour le
Québec, si on considère que le gouvernement de Québec,
même dans le cadre actuel je m'en tiens au raisonnement du Parti
libéral a des responsabilités très
particulières à l'égard de la nation
québécoise.
M. GARNEAU: Je n'ai pas répondu au deuxième aspect de la
question du député de Gouin. C'est que cela m'apparaissait aller
de soi. Si on a des problèmes en vertu des juridictions qui nous
incombent de par la constitution, il va de soi que, si de nouvelles
responsabilités dans des domaines qui sont inconnus pour le moment... Il
y a dix ans, on parlait rarement de pollution; aujourd'hui, on en parle. Le
problème de la pollution intéresse certainement les gouvernements
des provinces et c'est peut-être un domaine de juridiction grise
où il y a une collaboration du gouvernement Central. Peut-être
même qu'elle va s'imposer. Parce que si on parle de pollution de l'air,
cet air se déplace évidemment. De même pour la pollution du
fleuve Saint-Laurent. Même si le Québec dépense des
millions pour essayer de dépolluer la partie entre les frontières
de l'Ontario et les frontières du Nouveau-Brunswick, à cause du
jeu des marées et des courants, c'est un programme qui devient
essentiellement fédéral-provincial. Il y a tout le champ de
nouvelles responsabilités qui pourront ressortir dans dix ans et qu'on
ne connaît pas. C'est toute la question des pouvoirs résiduaires.
Je pense que, si on en arrivait à établir un nouveau partage de
ressources fiscales entre les provinces et le gouvernement central et si on en
arrivait à trouver une solution au problème du pouvoir de
dépenser du gouvernement central, à ce moment-là, on
aurait réglé une grande partie des tensions qui existent au sein
de notre régime fédéral. C'est certainement un des grands
problèmes du régime fédéral actuel et je pense que,
si on pouvait
apporter une solution à ces deux aspects-là, on aurait
franchi un pas énorme et je dirais peut-être beaucoup plus
important que celui qui aurait pu être franchi à Victoria.
M. JORON: La dernière question que je voulais vous poser en
terminant, c'est quel est, à cet égard-là, votre plan
d'action pour les mois à venir? Je comprends qu'il y a une
élection fédérale qui pèse dans l'air...
M. GARNEAU: C'est certainement le sujet qui fera l'objet de la prochaine
rencontre au niveau des ministres des Finances. Cette rencontre n'a pas encore
été fixée parce que j'imagine qu'Ottawa devait attendre
pour savoir s'il y avait des élections fédérales ou pas.
Normalement on devrait avoir un telle rencontre au cours du mois de juillet ou
au tout début de l'automne, indépendamment de la fin de la
session ici et de la fin de la session à Ottawa, peut-être dans
les autres Parlements, je ne sais pas. Mais il devrait y avoir une rencontre.
Ce que nous venons de mentionner fera certainement l'objet de discussions.
Comme d'ailleurs cela a fait l'objet de discussions à toutes ou presque
toutes les conférences des ministres des Finances auxquelles j'ai
assisté. Sans doute que le député de Montmagny, s'il a
assisté à des conférences des ministres des Finances
lorsqu'il était membre du gouvernement, pourrait dire la même
chose. C'est un sujet qui fait l'objet de discussions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a les conférences des premiers
ministres.
M. GARNEAU: Les conférences des premiers ministres. Ce qui me
réconforte, jusqu'à un certain point sur ce plan, c'est que le
Québec n'est pas seul. Si on se reporte aux discussions de 1962, 1963,
1964, lorsqu'on parlait de retrait de programmes à frais
partagés, l'option de retrait, lorsqu'on parlait d'une nouvelle
redistribution des pouvoirs de taxation entre le Québec et le
fédéral, la limitation des pouvoirs de dépenser, le
Québec était complètement seul. Maintenant les
gouvernements des provinces, en particulier l'Ontario, qui, je pense, a un
poids considérable à l'intérieur des conférences
fédérales-provinciales à cause da sa population, comme le
Québec peut en avoir un également à cause de sa
population, cela m'encourage en ce sens que je me dis: Si actuellement le
Québec et l'Ontario sont d'accord, et que d'autres provinces sont sur le
point de partager les mêmes préoccupations, entre autres 1'Alberta
avec le nouveau gouvernement conservateur, M. Lougheed et M. Getty, le ministre
des Affaires intergouvernementales avec qui j'ai eu l'occasion de discuter, qui
ont rencontré le ministre des Affaires intergouvernementales sur
plusieurs aspects de la fiscalité ou du partage des
responsabilités entre Ottawa et les provinces et qui sont d'accord avec
le Québec, alors je me dis que c'est une situation nouvelle. Je pense
que, dans le temps, elle devrait se développer et amener une solution
à ce problème.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si le député me le permet, je
voudrais faire une seule remarque là-dessus. Le ministre des Finances a
raison quand il dit que les autres provinces sont davantage
sensibilisées à cette approche qui, pour le Québec, est
importante à savoir que tel champ de compétence nous est
réservé pour des raisons plus profondes comme des raisons de
culture ou des raisons historiques. Alors, je pense que les provinces
anglaises, comme l'Ontario et les provinces de l'Ouest, sont beaucoup plus
sensibles actuellement à cette approche que le partage des ressources
fiscales. Si on me permet de renforcer la proposition de cette façon,
c'est beaucoup plus évident quand on voit le dernier budget du
gouvernement fédéral, qu'on voit la marge de déficit, qui
tout de même, si on considère l'ampleur du budget quand on est
rendu tout près de $20 milliards, est faible comparativement et qui est
peut-être même encore plus faible que le déficit du
Québec alors que celui du Québec est basé sur un budget de
$5 milliards. A ce moment, le fédéral est obligé
d'intervenir avec d'autres mesures législatives ou administratives pour
justement attribuer, à des secteurs particuliers, des ressources afin de
ne pas entraîner un surplus dans une période où toutes les
provinces ont des déficits assez considérables. On a un exemple
des deux ou trois derniers budgets particulièrement. Cette année
on a décidé de faire une allocation de ressources importante.
L'an dernier, c'était aux allocations familiales; cette année on
a fait une allocation de ressources à la sécurité de la
vieillesse et il y a eu des perspectives. Pardon?
M. GARNEAU: Comme Ottawa n'a pas eu à débourser pour les
allocations familiales parce que le plan n'a pas été mis en
application cette année, s'il n'avait pas fait son programme de pension
de vieillesse, il serait arrivé avec un surplus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a aussi ces programmes qui ont
déjà été acceptés mais auxquels on consacre
davantage de fonds, comme Perspectives-Jeunesse et initiatives locales, et qui
d'un autre côté engagent des fonds plus considérables.
Alors, c'est cette approche qui vaut la peine. Si c'est par ce moyen qu'on
réussit à faire des gains, employons-le au lieu de faire une
approche différente. Il fera peut-être plus plaisir au
Québec de faire une approche différente sur le plan de respect de
la constitution telle que rédigée déjà. Mais enfin,
si les Anglo-Canadiens comprennent mieux l'aspect financier, l'aspect du
partage des ressources fiscales et des déficits...
M. GARNEAU: Ils saisissent cela davantage.
J'ai dû constater aussi que, quand le Québec dit qu'il est
le seul gouvernement francophone en Amérique du Nord et que, de ce
fait-là, il a un certain nombre de responsabilités, je dois dire
que je ne voudrais pas mettre des
noms mais neuf sur dix acceptent cette orientation. Je trouve que
ç'a été particulièrement frappant, en tout cas,
moi, ça m'a permis de le constater, que la nouvelle
génération des premiers ministres des autres provinces a
contribué à ça. Un nouveau premier ministre en
Nouvelle-Ecosse, un nouveau premier ministre au Nouveau-Brunswick, je n'ai pas
eu l'avantage de rencontrer le nouveau premier ministre de Terre-Neuve, mais le
changement en Alberta a amené des modifications. Evidemment, on avait
déjà l'appui du Nouveau-Brunswick avec M. Robichaud, qui est un
francophone, mais M. Hatfield semble très ouvert à ce
fait-là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre des Finances veut dire
qu'il y a des premiers ministres conservateurs qui sont très
libéraux dans leur conception?
M. GARNEAU: Il y a un premier ministre libéral en Nouvelle-Ecosse
il a certainement amené un changement dans l'attitude de cette province
face au fait français au Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est exact. Ce que le ministre des Finances
dit actuellement, je l'ai constaté moi-même. A fur et à
mesure que de nouveaux premiers ministres venaient se joindre à la
conférence des premiers ministres des provinces avec le Canada, on
constatait évidemment que c'était plus facile de poursuivre la
discussion qu'avec ceux qui avaient participé à des
conférences depuis des années et des années, qui avaient
pris une position qu'ils calculaient irrémédiable et il n'y avait
pas possibilité, à ce moment-là, de marquer des points ou
de faire du progrès.
M. GARNEAU: J'ai souvent dit en boutade aux gens de l'Ontario en
particulier que, lorsque le Québec, en 1963 et 1964, jusqu'à ces
dernières années, réclamait un nouveau partage fiscal et
parlait d'option de retrait, l'Ontario ou certaines personnes de l'Ontario
parce que M. Robarts a toujours été assez ouvert au
Québec disaient que le gouvernement du Québec, de 1960
à 1966, et peut-être de 1966 à 1970, était
séparatiste. Mais quand on lit le discours du budget de M. McKew de l'an
dernier, on constate qu'il reprend à peu près les mêmes
termes que le Québec soutenait depuis déjà plusieurs
années, pour des raisons différentes qui rejoignent ce que le
député de Montmagny disait tout à l'heure. On est
peut-être plus pratique du côté anglo-saxon et on s'attarde
plus à des faits, mais, pour des raisons de planification, de finance,
il prenait les mêmes attitudes que le gouvernement du Québec avait
prises depuis plusieurs années, ce qui me permet, moi, d'être
assez confiant dans l'évolution de ces négociations. La vie
politique, le statut politique des Québécois, à mon sens,
on ne peut pas l'analyser en termes d'un an, deux ans, cinq ans. C'est
l'évolution en termes peut-être d'une génération, et
je pense que, à moyen terme, nous aurons apporté les
modifications au pacte fédéral, peut-être en passant par le
biais de la fiscalité, mais qui répondront, je pense, aux
aspirations du Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je voudrais faire une autre remarque, une autre
observation. C'est pour ça qu'il est important, à mon sens, de ne
pas fixer définitivement le sort d'une fédération, d'une
confédération, en se basant sur les hommes en place, sur la
conception que les hommes en place se font de la Confédération.
Parce que vous réunissez dix hommes autour d'une table et ils ont leur
propre conception de leur fédération canadienne, mais les
changements se produisent tellement vite à cette table-là que,
peu de temps après, les conceptions peuvent être
différentes. Il faudrait que la conception que l'on se fait, ou la
décision que l'on prendra au sujet d'une fédération
canadienne soit basée bien plus sur des principes que sur des hommes en
présence. C'est pour cela qu'il faudrait y introduire une certaine dose
de patience, à mon sens.
S'il fallait qu'on ne base cela que sur les hommes en
présence...
Sans trop faire de particularité, je me souviens que suivant les
tandems qui se sont attelés à la tâche Ottawa-Québec
nous avons marqué plus de progrès dans certaines périodes
et moins dans certaines autres. C'est un élément. Je ne dis pas
que c'est le seul mais c'est un élément qu'il est important de
prendre en considération. Il ne faudrait pas décider du sort
d'une fédération, du sort d'une association à cause
seulement des hommes en présence parce que les hommes ne sont là
qu'en passant.
M. ROY (Beauce): Le député de Montmagny a-t-il
terminé?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. ROY (Beauce): Je voudrais demander à l'honorable ministre des
Finances comment il entrevoit les prochaines années au niveau du
financement de la province et au niveau de l'équilibre
budgétaire. Je m'explique. Le budget des dépenses par rapport au
budget des revenus. Cette année, on sait que le Québec aura le
plus gros déficit de son histoire avec les difficultés que nous
connaissons de part et d'autre. Il ne semble pas, à l'heure actuelle, y
avoir une amorce de politique de redressement, ni d'un côté ni de
l'autre. J'aimerais bien que le ministre des Finances nous dise de quelle
façon il pense que nous puissions nous en sortir un jour, si c'est
possible.
M. GARNEAU: Il faut bien comprendre que les deux dernières
années, le déficit assez grand du budget de la province
était un déficit voulu. Nous avions décidé, en tant
que gouvernement, de procéder à une politique expansionniste de
telle sorte que les dépenses gouvernementales contribuent à la
reprise de l'économie, étant
donné qu'évidemment il y avait un ralentissement dans le
secteur privé, qu'il y avait un très haut niveau de
chômage. Ce furent des décisions politiques que d'avoir un
déficit considérable pour pouvoir collaborer, dans les
dépenses publiques, à la reprise de l'activité
économique.
Si on regarde les principaux indicateurs économiques, pour 1971
et si on tient compte de la projection de ces mêmes indicateurs pour 1972
et 1973, on note une reprise de l'activité économique. On le
constate en termes de taux de croissance du produit national brut, en termes du
taux de croissance du revenu personnel, en termes de l'augmentation de la vente
au détail. Si on prend des secteurs assez significatifs comme la vente
d'automobiles par exemple, on note qu'il y a une nette reprise de la vente
d'automobiles. C'est un indicateur qui dénote une reprise de
l'activité.
Normalement, si les choses devaient continuer à évoluer de
la sorte, le gouvernement du Québec, l'an prochain, devrait avoir un
déficit moins considérable. C'est mon objectif. Si la situation
économique évolue comme on peut le prévoir maintenant, si
les indicateurs continuent à se maintenir et à progresser,
normalement le déficit de l'année 73/74 devrait être pas
mal inférieur à celui de 72/73. C'est-à-dire que, s'il
n'en tenait qu'à moi, si ça évolue comme je le pense,
normalement, il devrait certainement y avoir une baisse importante de ce
déficit, ce qui impliquerait une diminution des besoins financiers pour
l'année 73/74.
Si vous parlez maintenant de 74/75, je n'oserais pas faire de
prédictions, c'est un peu loin. Déjà, lorsqu'on a fait des
prévisions 18 mois à l'avance, parfois on se les fait remettre
dans le visage en disant: Vous avez voulu tromper. Disons que je fais un effort
et j'essaie de mettre toutes les nuances possibles en disant que normalement,
l'an prochain, le déficit devrait être moins
considérable.
M. ROY (Beauce): Vous n'avez pas l'impression, à un moment
donné, lorsqu'on parle de taux de croissance et lorsqu'on parle des taux
d'expansion de notre économie, qu'on se base sur certains indicateurs.
Par contre, il y a d'autres indicateurs. Si on regarde les résultats que
nous avons, on constate que, pendant la même période, le taux de
chômage s'accroît. Nous avons l'impression je n'ai pas les
chiffres exacts que notre balance commerciale est de plus en plus
défavorable, et il semble, à l'heure actuelle, que notre
économie s'en va non pas dans une période de croissance mais dans
une période de régression assez considérable.
Je me demande si les indicateurs que nous avons tiennent compte du taux
de l'automatisation et tiennent compte de notre balance commerciale, parce que
dans notre balance commerciale, à l'heure actuelle, il est
évident que les comptes, les paiements internationaux, il faut qu'ils
finissent par s'équilibrer. Si on regarde l'entrée de capitaux
étrangers chez nous, je pense que ce sont tout de même des
indications qui font qu'on peut se demander, si on faisait le bilan de la
province, le 31 mars de chaque année, un bilan complet de ce que nous
possédons, ce que nous avons à notre actif global, l'actif total,
en comparaison avec un actif en tenant compte des mêmes critères,
un an auparavant, si, effectivement, nous avons un taux de croissance
réel ou si ce taux de croissance est tout simplement fictif.
M. GARNEAU: Il faut que le député de Beauce fasse
il l'admettra certainement la distinction entre l'augmentation de la
richesse nationale et les moyens qu'on doit prendre pour assurer une meilleure
redistribution de cette richesse. Il est évident que, si on calcule ou
si on regarde le taux de croissance de la richesse collective on peut
prendre l'indicateur du produit national brut ou du revenu personnel il
y a des taux de croissance qui sont nettement supérieurs à ce
qu'on peut constater ailleurs dans le monde, dans plusieurs pays du monde.
Cette année, on a un taux de croissance prévu de 9 p.c. en
termes réels, 6. 5 p.c, si ma mémoire est bonne j'ai celui
d'il y a deux ans je pense bien que c'est l'ordre de grandeur; c'est
certainement important, et on ne peut pas dire qu'il n'y a pas croissance de la
richesse. Par contre, à cause de l'évolution de la technologie,
il y a un déplacement de la main-d'oeuvre; celle qui est à
l'ouvrage est peut-être plus productive et il s'agit plutôt
d'analyser le problème en termes de redistribution de la richesse. C'est
pourquoi le gouvernement du Québec, comme le gouvernement central
également, englobe toutes sortes de programmes. L'assurance-maladie en
est un, l'assurance-hospitalisation un autre, le régime canadien
d'assistance publique un autre. Il faut essayer de trouver une éducation
accessible beaucoup plus facilement à tout le monde; ce sont là
des mesures de redistribution de la richesse qui ont été mises en
application. C'est plutôt de ce côté-là qu'il faut
peut-être voir la solution des problèmes beaucoup plus que dire
que l'économie ne croît pas réellement.
Si on regarde la croissance des investissements privés, par
exemple, cette année, en 1972, les indications que nous avons, c'est que
les taux seraient nettement supérieurs à ce qu'il y a dans les
autres provinces.
On pourra me rétorquer qu'elles ont été assez
bonnes les années passées et que le taux de croissance peut ne
pas indiquer en termes réels des montants substantiels, mais quand
même, c'est un renversement de la situation. Je ne peux pas faire
autrement que de dire que la reprise économique est non seulement
prévue mais nous la vivons présentement et ce qu'il nous faut
faire, c'est plutôt regarder cela en termes de redistribution de cette
richesse qu'en termes de production et de savoir comment on
pourra éponger la période qu'il y a entre le passage d'une
génération qui n'a pas eu l'avantage d'avoir toute la
préparation technique pour être capable de répondre aux
offres d'emploi des entreprises hautement spécialisées et
évidemment, la génération qui sort des écoles, des
CEGEP, des universités. C'est surtout de ce côté-là,
à mon sens, que le gouvernement doit porter son attention, beaucoup plus
qu'autrement.
M. ROY (Beauce): Je me demande sérieusement si nous ne faisons
pas fausse route. Lorsqu'on parle de redistribution de la richesse, j'en suis,
j'aime beaucoup ce terme. Mais lorsqu'on constate, d'autre part, les multiples
emprunts que nous contractons à l'étranger et le rythme
d'endettement collectif auquel nous avons à faire face au Québec,
je me demande, si en réalité, on redistribue la richesse ou si on
redistribue tout simplement les dettes. Parce qu'il y a tout de même un
facteur dont nous devons tenir compte, c'est que le Québec a
peut-être une situation particulière. Je comprends que,
peut-être, l'analyser, en tenir compte avec certains pays
européens, il y a certaines caractéristiques qui peuvent
être communes mais, par contre, nous avons nos propres
caractéristiques. Nous avons un taux de croissance de main-d'oeuvre qui
est très élevé et nous avons un potentiel de richesse
à développer qui nécessite des investissements
considérables. Or, de ce fait, le Québec est placé devant
un besoin énorme de capitaux pour être capable de
développer ses richesses, d'une part, en employant sa main-d'oeuvre
ensuite.
C'est là que je reviens au rôle du ministère des
Finances, rôle fondamental qui est de financer la province et d'assurer
le développement économique de la province parce qu'en somme le
ministre des Finances agit en quelque sorte comme le ministre de
l'économie. Mais le ministère des Finances a de plus à
voir à l'administration de la province.
Alors, il y a deux secteurs qui sont bien distincts les uns des autres.
Il y a l'administration de la province, d'une part. Vous avez les
dépenses d'administration, les dépenses courantes et vous avez
les besoins d'investissement, les besoins en immobilisation.
Si nous parlons du domaine de la voirie, de l'infrastructure de la
province au niveau des travaux publics, si nous parlons du domaine des
investissements au niveau des écoles, des hôpitaux, des politiques
d'habitation et autres, à un moment donné, ce qui peut se faire
à un niveau avec la collaboration gouvernementale, le gouvernement a
deux sources à ce moment-là: l'emprunt étranger ou encore
en déplaçant l'épargne d'un endroit à un autre pour
se substituer et créer des problèmes au secteur privé.
Quant à la fiscalité, à ce moment-là,
qu'est-ce qui se produit à ce niveau de la fiscalité? Je veux
bien croire ce que nous disions tantôt, que le Québec prenne ses
responsabilités en matière fiscale. Mais est-ce que le
ministère des Finances prévoit faire des études, faire un
certain travail, faire faire des enquêtes, faire des analyses pour
s'orienter vers de nouvelles possibilités de financement pour la
province et trouver des capitaux autres que par le système que nous
connaissons à l'heure actuelle? Parce que, si le crédit de la
province est là et qu'on n'utilise pas le crédit de la province,
et si notre main-d'oeuvre, à l'heure actuelle... Pardon?
M. GARNEAU: Vous trouvez qu'on utilise trop le crédit de la
province.
M. ROY (Beauce): Le crédit de la province, il faut bien
s'entendre sur ce qu'est le crédit de quelqu'un, le crédit d'une
institution ou le crédit d'une société. C'est la
capacité de produire des biens et des services et de les livrer à
une période donnée. C'est ça le crédit de quelqu'un
ou le crédit d'une entreprise. Mais le crédit de la province,
c'est beaucoup plus immense que celui que l'on utilise à l'heure
actuelle.
M. GARNEAU: Est-ce qu'il y a possibilité de rembourser aussi?
M. ROY (Beauce): Oui, il y a possibilité de rembourser. A l'heure
actuelle, toute la population qui n'est pas au travail, qui reçoit du
bien-être social...
M. GARNEAU: Non, mais vous dites que le crédit est basé
sur une capacité de production.
M. ROY (Beauce): Oui, oui, et de rembourser évidemment. Mais,
à l'heure actuelle, au lieu de permettre à des gens d'être
productifs, d'être un actif dans le système dans lequel nous nous
trouvons, ces gens-là sont à la charge de l'Etat et, au lieu de
contribuer à la richesse collective, au développement de
l'économie de la province, ils en vivent et en dépendent.
Evidemment, il y a les autres qui sont obligés de travailler. C'est pour
ça. que je demande à l'honorable ministre des Finances, sur ce
point, s'il prévoit s'orienter dans d'autres directions, d'utiliser par
exemple les possibilités que pourrait offrir la Banque centrale pour
fournir ou acheter des titres émis par la province.
M. GARNEAU: Si le député se réfère à
de nouveaux marchés financiers qu'on pourrait explorer, je lui
répondrai oui. S'il parle en termes de l'application de la
théorie que son parti met de l'avant, je dirai non, parce qu'elle
m'apparaît complètement irréaliste. Personnellement, j'ai
eu l'occasion, lors de mes études, d'analyser cette possibilité,
cette théorie créditiste. Je ne vois pas comment elle pourrait
s'appliquer. D'ailleurs, si on regarde des pays qui ont passé à
travers des révolutions le député de Beauce parle
souvent du système, etc. les pays qui ont connu ces
révolutions ont tout flanqué par-dessus bord.
Ils n'ont pas été en mesure d'utiliser un tel
système. Par contre, on pourrait dire qu'à certaines
époques il y a des personnes qui ont suggéré,
peut-être pas la théorie du crédit social tel que
l'explique le député de Beauce, mais des théories
semblables. Si on regarde, par exemple, en France. A une certaine
époque, en Angleterre, il y a eu des "green back". En France, il y a eu
la fameuse monnaie qui avait été émise sur ce que le
député de Beauce appelle le crédit de la France, à
ce moment-là, qui était les grandes propriétés qui
avaient été expropriées. Evidemment, ces devises-là
n'ont eu aucune valeur à très brève
échéance. Il faut maintenir un équilibre entre le volume
de la masse monétaire et le volume des biens et services en circulation
et il faut être très prudent dans l'accroissement de la masse
monétaire, si, à très brève échéance,
elle ne suit pas l'évolution des biens et services. Parce qu'autrement,
vous avez un même volume de biens et services disponibles à la
population et vous avez une grosse masse monétaire, de telle sorte qu'il
se produit une chose bien facile à prévoir, c'est une
augmentation des prix. La richesse évaluée en dollars, par
exemple, serait peut-être plus grande, mais la richesse réelle ne
serait pas plus grande.
D'ailleurs, le député de Beauce a une motion inscrite au
feuilleton de l'Assemblée nationale. Dès que nous aurons fini
l'étude des crédits, j'imagine qu'elle sera
étudiée. Comme cela fait plusieurs fois que le
député de Beauce soulève cette question, j'ai pris le
temps de bien me préparer. Si l'Assemblée nationale est
disposée à écouter cette réplique que je donnerai
au député de Beauce, j'ai voulu la préparer. Elle est
faite parce que je croyais qu'à un moment donné la motion du
député de Beauce serait appelée. J'ai donc
préparé une réponse au député de Beauce qui
durera peut-être plus de vingt minutes. J'essaierai de la condenser mais
ce sera la revue de l'ensemble de la théorie créditiste. C'est
pourquoi je dis que cela ne donne rien de commencer les études, une
orientation dans les crédits. Absolument pas. Il est six heures cinq, M.
le Président. On pourrait ajourner à huit heures quinze. Je
propose la suspension des travaux de la commission jusqu'à huit heures
quinze.
M. LE PRESIDENT: Jusqu'à huit heures quinze. Est-ce que le
député de Beauce aimerait passer article par article?
M. ROY (Beauce): Le député de Beauce prendra tout le temps
que le règlement lui permet pour discuter des questions qu'il veut
amener à cette table, comme n'importe quel autre député,
n'en déplaise au député de Shefford.
M. JORON: Tu vas nous amener ta motion ce soir?
M. ROY (Beauce): Si le député de Shefford s'ennuie, il n'a
qu'à rester à son bureau.
M. GARNEAU: Je pense que la question du président était
parfaitement logique.
M. RUSSELL: Je soulève une question de privilège.
Je ne voudrais pas ennuyer le député de Beauce. Je ne veux
pas m'ennuyer non plus, mais je pense que, si on veux discuter de choses
sérieuses, on doit prendre les choses telles qu'elles sont et on doit
affirmer les faits tels qu'ils existent et non pas tenter de tirer en l'air
n'importe quel chiffre pour n'importe quel fait basé sur rien. Je suis
prêt à écouter le député de Beauce aussi
longtemps qu'il voudra parler, à condition qu'il s'en tienne aux faits
qui existent, au lieu de tenter de faire croire quoi que ce soit à la
population.
M. GARNEAU: M. le Président, également sur les propos du
député de Beauce, je crois que la question que vous avez
posée ne limitait en rien le droit de parole d'aucun des membres de la
commission. C'est dans l'évolution normale des travaux, vous vouliez
savoir où on en était.
M. ROY (Beauce): Je m'excuse. Je n'ai pas voulu être
désagréable à la présidence, c'est parce que
j'avais entendu le député de Shefford...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut continuer dans les
généralités ou si on peut passer article par article?
M. ROY (Beauce): On reviendra aux généralités.
M. LE PRESIDENT: A 8 h 15.
M. RUSSELL: M. le Président, j'ai dit qu'on était
prêt à rester si vous écoutez durant l'heure du
dîner.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 20
M. CROISETIERE (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Nous allons continuer. Le député de Beauce avait la
parole, lorsque nous avons ajourné à six heures. S'il veut
continuer.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je vous remercie. Tout de suite
avant de commencer, je voudrais rassurer mes collègues, je ne serai pas
tellement long. Ce n'est pas dans mes habitudes de faire de l'obstruction
systématique pour le simple plaisir d'en faire.
A six heures, j'étais à demander au gouvernement s'il
avait l'intention d'étudier, d'examiner la possibilité de trouver
des sources de financement pour la province, autres que celle de la
fiscalité. Si le gouvernement avait l'intention de modifier ses
politiques d'emprunt, relativement à la possibilité
d'étudier et d'utiliser le crédit de la province en utilisant des
organismes de crédit ou des institutions financières provinciales
ou encore canadiennes, également des possibilités de recourir
à la Banque centrale, lorsque le gouvernement provincial le jugera
à propos. Sur le dernier point de la Banque centrale, je dirai
simplement que j'avais inscrit une question au feuilleton de l'Assemblée
nationale, le 11 mars 1971, dans laquelle j'avais demandé quel
était le montant total emprunté par le gouvernement de la
province pendant la période commençant le 1er janvier 1960 et se
terminant le 31 décembre 1970. J'avais demandé également,
pour chacun de ces emprunts, des renseignements concernant les syndicats
financiers, les taux d'intérêt, la date d'échéance,
les montants des honoraires, les commissions payées. A quel endroit et
sur quel marché furent vendues ces obligations et pour chacun de ces
emprunts le montant acheté par la Caisse de dépôt et
placement du Québec et le montant proportionnel des honoraires et
commissions payés sur ces montants? Pour chacun d'eux également,
quels sont les montants qui ont été achetés par les
banques à charte? Cinquième question pour chacun d'eux, la Banque
du Canada a-t-elle été contactée pour agir comme agent
financier, suivant l'article 20, paragraphe 1 des statuts de ladite banque? Une
sixième question, pour chacun d'eux la Banque du Canada a-t-elle
été sollicitée afin d'en acheter une partie comme le
prévoit l'article 18 des statuts de ladite banque? La réponse de
l'honorable ministre des Finances avait été la suivante: Le
montant total emprunté par le gouvernement de la province, pendant la
période commençant le 1er janvier 1960 et se terminant le 31
décembre 1970, est de $2,736,000,000, tel qu'indiqué au tableau
ci-annexé. Le montant total ne comprend que les emprunts obligatoires
conventionnels payables tant en dollars canadiens qu'en dollars
américains, les obligations d'épargne, les emprunts en
euro-dollars ainsi que les emprunts des banques allemandes. Il n'est pas tenu
compte d'un emprunt s'élevant à $96 millions et effectué
auprès du Receveur général du Canada et du régime
de pension du Canada, ni des emprunts sous forme de bons du trésor.
Alors, aux autres questions plus précisément aux questions 4, 5
et 6, on me répondit de la façon suivante: A la question 4, en
plus de leur participation dans le syndicat, les banques à charte
peuvent continuellement intervenir dans le marché secondaire des valeurs
mobilières, tant pour leur compte que pour satisfaire les demandes de
leur clientèle.
Il est, par conséquent, impossible de fournir une réponse
adéquate à cette question.
A ce moment-là, M. le Président, il n'est pas question
pour moi de faire un débat. Je veux tout simplement dire qu'on a
refuté quelques arguments que j'ai tenté d'apporter avant le
souper, du revers de la main, sans se donner la peine sur le plan juridique,
sur le plan constitutionnel, sur le plan légal, d'examiner les
possibilités qu'il y avait de ce côté.
M. le Président, je me permettrai tout simplement de citer
quelques chiffres à l'endroit de mes collègues et du ministre des
Finances en particulier, pour dire qu'il n'y a pas de mystère ni de
miracle dans ces questions. Je m'étonne que le Québec, qui veut
se doter d'un gouvernement moderne, d'un gouvernement dynamique, d'un
gouvernement progressiste, garde encore un système qui n'a pas
évolué depuis 1900; je pourrais peut-être dire avant.
A l'heure actuelle le défi et je dis bien le défi
des sociétés modernes, de nos économies modernes,
est d'être capable de capitaliser et de monnayer le crédit d'une
société en vue d'utiliser son potentiel, développer ses
ressources pour améliorer le bien-être de ses citoyens.
Le ministre m'a répondu à ce sujet que le gouvernement
québécois était comme les autres gouvernements d'Europe et
d'un peu partout, qu'il s'endettait. C'est vrai, le gouvernement du
Québec est exactement comme les gouvernements d'Europe, le gouvernement
américain, le gouvernement d'Angleterre ou différents autres
gouvernements, des démocraties occidentales, il s'endette.
Mais chose curieuse, ils sont tous endettés, mais ils doivent
à qui? C'est une question qu'on ne se donne pas la peine de se poser
souvent. S'il y a des emprunteurs, il y a tout de même des prêteurs
quelque part. Pour vous illustrer jusqu'à quel point ce que nous disons
est vrai je ne donne pas seulement des arguments pour dire, du revers de
la main, que c'est ridicule, que ça n'a pas de bon sens et que ça
n'a pas été essayé je veux tout simplement dire
à l'honorable ministre qu'au cours des derniers mois, j'ai le rapport de
la Banque du Canada du 24 mai 1972, il est très récent;
comparativement au 19 mai 1971, il y a eu une extension monétaire au
Canada, au niveau des banques, de $6,218,000,000. Cette extension
monétaire a été permise par les banques, en
vertu de lois fédérales, j'en suis, votées par le
gouvernement canadien. Et si on veut parler de fédéralisme
rentable, je dis que le gouvernement des provinces a intérêt, a
droit et devrait mettre son nez dans ces choses, préciser ses politiques
et exiger des changements. On dit de plus qu'on parle de la machine à
piastres. La machine à piastres que nous avons puisque c'est
comme cela qu'on l'appelle a tout de même augmenté la masse
de billets de banque en circulation au Canada de $492.8 millions durant la
même période.
Il y aurait lieu d'examiner par quels mécanismes je le
sais par les cours d'économie politique que nous avons suivis, j'en ai
suivi moi-même de quelle façon on nous enseigne.
Mais ce système-là a été bâti par des
lois et des législateurs, il a été bâti tout de
même par des individus et les lois, nous pouvons les changer. Lorsque le
Québec désirera ou exigera à un moment donné que
ces lois soient amendées, ces mêmes lois soient changées au
gouvernement fédéral, à ce moment-là je dis qu'il y
aurait possibilité pour le Québec de sortir de l'impasse dans
laquelle nous sommes présentement.
Si on examine le gouvernement du Québec et qu'on le compare
à une entreprise, n'importe quel genre d'entreprise, on juge toujours de
l'administration d'une entreprise par les résultats. Il n'y a pas une
seule entreprise, soit financière ou autre, qui peut fonctionner de la
façon dont le Québec fonctionne avec des déficits
continuellement par-dessus des déficits et de l'endettement.
Je comprends qu'un gouvernement a des ressources, a des pouvoirs que
l'entreprise n'a pas, parce qu'à ce moment-là on
défère les frais et on les charge sur le dos des contribuables en
passant des lois fiscales et en passant des lois que je dirais arbitraires dans
certains cas. Dans d'autres cas, c'est nécessaire, mais dans certains
cas on va même un peu trop loin. A ce moment-là, ce sont les
contribuables du Québec qui en font les frais.
Pour la question no 5, on dit ceci: "La Banque du Canada n'a pas
été contactée pour agir comme agent financier pour ces
emprunts". Le paragraphe 1 de l'article 20 de la Loi des banques stipule que
"la banque doit remplir gratuitement les fonctions d'agent financier du
gouvernement du Canada" donc aucune banque la Banque du Canada ne
peut agir légalement à titre d'agent financier pour les
provinces.
Dans la loi de la Banque du Canada si on me permet, M. le
Président on dit que la banque peut, si une province en fait la
demande, agir à titre d'agent financier. Je ne sais pas, je n'ai jamais
poussé l'étude assez loin pour être en mesure de savoir
quels seraient les avantages et dans quelle proportion ces avantages pourraient
se mesurer en dollars, pour le Québec, mais si le gouvernement
fédéral réussit à négocier ses emprunts sur
le même marché que le gouvernement de la province de
Québec, c'est- à-dire à l'intérieur de la province
de Québec, à des taux de 1 p.c., 1 1/2 p.c. et 1 3/4 p.c. dans
certaines occasions, mais on peut parler d'un taux de 1 p.c., 1 1/4 p.c., taux
moyen, c'est parce qu'il y a certainement des mécanismes quelque part
qui le permettent.
C'est pour ça que je dis que le ministre des Finances devrait
examiner ces possibilités. Il irait dans l'intérêt de son
gouvernement d'abord et dans l'intérêt de la population du
Québec.
A l'article 6, en réponse à ma question, la Banque du
Canada n'a pas été sollicitée afin d'acheter une partie de
ces emprunts. D'ailleurs, la Banque du Canada ne détient pas de titre
émis ou garanti par quelque province que ce soit.
Dans le rapport hebdomadaire qu'on nous fait parvenir, dans
l'état de l'actif et du passif, à l'article d) du chapitre 6):
Placements Titres émis ou garantis par une province du Canada, il
y a même de l'espace prévu dans les états financiers comme
quoi c'est possible que des provinces puissent s'en prévaloir. A ce
moment-là, je n'accepte pas que le Québec n'ait pas au moins
tenté un effort de ce côté-là pour examiner les
possibilités qui pourraient y exister.
Je termine là-dessus. Nous avons besoin d'une science
économique nouvelle au Québec. Nous n'en sortirons pas, j'en suis
convaincu, on pourra trouver cela drôle, on pourra rire tant qu'on
voudra, mais les bilans et les états financiers du Québec
démontrent dans quelle situation nous sommes placés. Le taux de
chômage est là pour nous le prouver et les emprunts continuels que
le gouvernement doit contracter pour financer son bien-être social, sont
une des caractéristiques qui démontrent que, dans notre
système, il y aurait besoin...
M. GARNEAU: M. le Président, j'ai laissé aller le
député sur bien des points mais je ne peux quand même pas
laisser passer sa dernière affirmation, parce qu'elle sera inscrite au
journal des Débats, lorsqu'il dit que le gouvernement emprunte pour
financer le bien-être social. C'est complètement faux. Les
emprunts de la province n'ont jamais été supérieurs au
montant des immobilisations que nous avons faites. Les emprunts du
gouvernement, comme cela se fait dans l'entreprise, comme cela se fait chez les
individus, ont été faits pour financer des immobilisations
à long terme. Je ne vois pas pourquoi les générations
présentes devraient payer comptant les équipements qui seront
utilisés par trois, quatre ou cinq générations à
venir. Mais une chose est certaine, c'est que je veux réfuter les propos
du député de Beauce lorsqu'il dit que le gouvernement emprunte
pour financer l'aide sociale.
M. ROY (Beauce): Je suis heureux d'entendre le ministre dire que les
générations futures n'auront pas à payer pour nos
dépenses courantes actuelles. C'est toujours le principe que nous avons
soutenu.
Mais le ministre ne me le fera pas croire, parce que les chiffres sont
tout de même là pour démontrer que le Québec
dépasse le montant de ses investissements relativement à ses
emprunts. Il l'a dépassé l'an dernier de quelques dizaines de
milliers de dollars et il le dépassera également cette
année parce qu'au niveau des investissements il y a tout de même
un point, à un certain moment.
M. GARNEAU: L'an dernier, les emprunts ont été de $340
millions environ et les investissements étaient de $380 millions
environ. Il ne faut pas que le député de Beauce mêle le
montant total des emprunts parce que, à ce montant, il y a ce qu'on
appelle les extra-budgétaires, qui servent au remboursement de la dette,
qui servent aux prêts et avances que nous faisons à des
sociétés, prêts et avances qui nous sont remboursés.
Il y a également les investissements que nous faisons dans le
capital-actions de sociétés d'Etat comme Sidbec, Soquem, la
Société de la baie James, et qui ne sont pas comparables. Cela ne
fait pas partie du déficit du gouvernement, mais si nous comparons le
déficit du gouvernement aux immobilisations, le déficit a
toujours été inférieur aux immobilisations. C'est donc
dire que nous payons une partie de nos immobilisations annuelles à
même les revenus des taxes et les revenus courants.
M. ROY (Beauce): Mais vous n'avez pas de dépréciation de
vos immobilisations dans les dépenses courantes. Alors, en quelque
sorte, à partir de ce moment...
M. GARNEAU: Il ne peut pas y avoir de dépréciation dans
les dépenses courantes. Il pourrait y avoir des
dépréciations d'actifs. Ce qui existait à venir
jusqu'à un certain nombre d'années...
M. ROY (Beauce): Une dépréciation d'actifs, une
dépréciation d'investissements.
M. GARNEAU: Oui, mais pas des dépenses courantes. Nous avons
changé les méthodes comptables l'an dernier justement pour tenir
compte de ce qui se faisait ailleurs, soit au gouvernement
fédéral ou dans les autres gouvernements, aux Etats-Unis, dans
les autres provinces, où on ne tient plus compte de cette chose mais
où on considère la dépense d'immobilisation, ce qui est
fait dans une année comme étant fait à cette année.
On n'en tient pas compte au niveau de la dépréciation parce que,
pour déprécier une route, il faudrait également
déprécier d'autres investissements qu'on fait. On ne pouvait pas
trouver de formule pour atteindre cet objectif et dans la plupart des
administrations modernes, il n'y a plus de dépréciation qui est
faite.
M. ROY (Beauce): Mais cette année, quand même, vous
admettrez que, si vous empruntez plus, votre programme d'emprunt va être
supérieur au montant des immobilisations.
M. GARNEAU: Non. Si vous ajoutez des extrabudgétaires, mais si
vous...
M. ROY (Beauce): L'année dernière, vous nous aviez
annoncé un programme d'emprunt et vous l'avez dépassé de
quelque cent millions.
M. GARNEAU: Bien oui.
M. ROY (Beauce): Et cette année vous ferez probablement le
déboursé quand même.
M. GARNEAU: C'est parce qu'il y a eu un changement dans le programme
d'immobilisations à la suite des ententes avec le gouvernement
fédéral pour les travaux d'hiver, surtout essentiellement dans la
voirie. Vous n'avez qu'à prendre les chiffres qui sont dans le discours
du budget et vous allez le voir.
M. ROY (Beauce): Je vais certainement faire un tableau et nous aurons
l'occasion de revenir sur cette question lors de la réplique sur le
budget.
M. GARNEAU: Prenez les bons chiffres.
M. ROY (Beauce): Mais, depuis trois ans, le gouvernement a certainement
dépassé de ce côté.
UNE VOIX: Surtout additionnez bien!
M. ROY (Beauce): Il y a eu des sommes qui ont été
dépassées. J'apporterai les chiffres et je vous le prouverai.
M. GARNEAU: Est-ce que le député distinguerait entre...
critères et les autres.
M. ROY (Beauce): De toute façon, je dis que le gouvernement
semble vouloir continuer dans la ligne de pensée, dans la ligne
commencée. C'est son droit. Il a le droit de le faire. En ce qui nous
concerne, nous ne l'acceptons pas. Nous savons que tôt ou tard le
gouvernement devra réviser ses positions dans ce domaine qu'il devra
s'orienter dans la question économique, dans la question
financière et que le gouvernement devra repenser de nouvelles formules.
Si le gouvernement voulait être dynamique, il pourrait amorcer cette
politique dans les plus brefs délais et amorcer un réel
changement au Québec. Plus on va retarder et plus, évidemment,
nous allons continuer à nous enliser davantage et nous connaîtrons
les problèmes que nous avons à rencontrer.
En ce qui nous concerne, M. le Président, un changement assez
radical, assez prononcé, s'impose si on veut satisfaire justement, nos
municipalités, nos commissions scolaires et les autres qui ont besoin
d'investissements surtout lors-
qu'on regarde la lutte à la pollution qui devrait être
faite et surtout si l'on considère la lutte qui doit être faite
contre la pollution.
Surtout aussi si on regarde, à l'heure actuelle, toutes les
municipalités qui auraient besoin de crédits. Le ministère
des Finances ne peut pas en mettre suffisamment â la disposition des
Affaires municipales pour permettre aux municipalités de se construire
des usines d'épuration et d'amorcer une véritable lutte contre la
pollution de nos rivières dans tout le Québec. Nous avons besoin
de dizaines et même de centaines de millions dans ce domaine. Il est
évident que nous nous retrouvons de plus en plus serrés et
étouffés.
M. le Président, je termine là-dessus mes observations.
Si, par exemple, il y avait lieu de revenir un peu plus tard sur le rapport
financier annuel, les états financiers de la province pour que nous
puissions en discuter, il y aurait tout de même certaines questions que
nous pourrions poser relativement aux états financiers qui nous ont
été remis, parce que la commission des comptes publics n'a pas
siégé. Nous avions espéré, lors d'une séance
de la commission des comptes publics, pouvoir discuter de ces choses. Si vous
nous le permettez, tout à l'heure, vous pourrez nous dire à quel
article ou quand ce sera possible d'en parler.
M. GARNEAU: M. le Président, avant de passer à cette autre
question, je ne veux pas faire un long discours, répliquer au
député de Beauce. La religion qu'il enseigne...
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas parlé de religion et je n'accepterai
pas que le ministre emploie des termes qui déforment mes paroles et me
prêtent des intentions.
M. GARNEAU: Disons vos croyances. Je vais changer de termes.
M. ROY (Beauce): Vous en avez des croyances, vous aussi.
M. GARNEAU: Je vais employer la croyance du député...
M. MARCHAND: Ils étaient douze, ils ne sont que neuf!
M. GARNEAU: ... la seule chose que je retiens de tout l'exposé du
député de Beauce, c'est que, lorsque je rencontrerai les gens de
son comté qui nous demanderont de construire l'autoroute de la Beauce,
je leur dirai que je ne peux pas emprunter pour construire cette autoroute,
même si c'est une immobilisation, parce que le député ne
veut pas qu'on emprunte. Je pense que c'est la réponse qu'il va
peut-être trouver un peu cinglante ou mal à propos. Toutefois, je
pense qu'elle traduit bien l'esprit ou les réflexions que je pourrais
faire qui synthétisent, en quelques mots, la réponse que je
pourrais faire au député de Beauce sur les croyances dont il
vient de nous faire part.
M. ROY (Beauce): Est-ce que c'est le seul argument que vous avez, M. le
ministre?
M. GARNEAU: M. le Président, je ne veux pas engager un
débat inutile.
M. ROY (Beauce): C'est parce que je n'ai pas l'intention de laisser
ça là. Il n'a jamais été question de restreindre
les possibilités d'investissements et de développements du
Québec. Ma question et les remarques que j'ai faites sont exactement
contraires à l'esprit que le ministre vient de mentionner. Je suis
déçu de la réponse du ministre parce que nous avons dit
qu'il y aurait possibilité de faire beaucoup plus au Québec si
nous avions d'autres formules et d'autres méthodes de financement.
Lorsque le ministre m'arrive avec l'argument qu'il vient de m'apporter,
c'est à ce moment-là que je vois ses connaissances en
matière d'économique et je ne suis pas surpris de voir dans
quelle direction nous allons.
M. GARNEAU: Je pense que les gens de la Beauce vont comprendre cela.
M. ROY (Beauce): C'est de la petite politique et du patronage comme il
s'en est toujours fait.
M. LE PRESIDENT: Pour la bonne marche des travaux, est-ce qu'il serait
possible, dans la discussion générale, d'inclure le discours du
budget dans la réponse? Peut-être que cela peut s'intercaller.
M. GARNEAU: Pour ce qui est de la commission des comptes publics, M. le
Président, et du rapport du vérificateur général,
puisque la nouvelle loi de l'administration financière est en vigueur en
ce qui regarde le vérificateur général, pour la
première fois cette année, j'ai déposé à
l'Assemblée nationale une lettre du vérificateur m'indiquant que
son rapport serait retardé de quelques semaines. On m'a informé
qu'il était actuellement sous presse et serait disponible dans quelques
jours. C'est mon intention, dès qu'il sera déposé à
l'Assemblée nationale, d'indiquer que, dans l'état normal des
choses, il devrait être référé à la
présente commission, pour prise en considération, suivant le
nombre de séances qui sera nécessaire pour poser au
vérificateur général les questions qui pourront être
soulevées à la suite des remarques qu'il aura faites sur les
comptes publics, sur l'administration en général, en ce qui
regarde les méthodes comptables, etc. à l'intérieur de son
mandat. C'est mon intention de référer ce document
immédiatement à la commission des finances, comme cela se fait
à Ottawa. Je ne sais pas si M. Larose aura la même méthode
d'approche que M. Anderson mais, de toute façon, son rapport
sera déposé et déféré à la
commission des comptes publics. Ceci se fera, je pense, automatiquement
d'année en année, et qu'il y ait des questions ou qu'il n'y en
ait pas, la commission décidera si elle a des questions ou non à
poser.
M. LE PRESIDENT: Nous pourrons discuter à ce moment-là de
ce programme. Sans plus de préambule, nous allons donc commencer
l'étude des crédits article par article.
L'article 1 : Administration. Catégorie 1 : Traitements,
salaires, allocations. Le député de Montmagny.
Administration
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre aurait-il
des remarques particulières au sujet de cet article
général de l'administration? Il y a le même personnel, le
même budget à peu près que l'an dernier.
M. GARNEAU: Oui, je ne sais pas si vous avez des questions
précises, j'essaie de retracer les papiers que j'avais ici. Je n'ai pas
de remarques particulières. C'est à peu près le même
effectif que l'année passée, il y a eu, comme je l'ai
indiqué, un certain nombre... Non, c'est chez le contrôleur des
finances qu'il y a eu des changements. Je n'ai rien de spécial à
noter en ce qui regarde cet article.
M. CLOUTIER (Montmagny): A la catégorie 4: Services
professionnels, $947,000, je voudrais avoir certaines précisions.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut considérer que la
catégorie 1 est adoptée?
M. RUSSELL: Les catégories 1 et 3, quant à moi, sont
adoptées.
M. LE PRESIDENT: Un. Adopté. Catégorie 3.
M. ROY (Beauce): Trois. Adopté. M. LE PRESIDENT: Catégorie
4. M. ROY (Beauce): Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Aux services professionnels, j'ai
demandé des détails.
M. GARNEAU: Votre question porte sur...
M. CLOUTIER (Montmagny): Les services professionnels, et
administratifs.
M. GARNEAU: Sur la diminution surtout? M. CLOUTIER (Montmagny): Non.
M. GARNEAU: Les services professionnels, c'est le service bancaire sur
les frais pour les chèques. On me donne comme indication la majoration
du solde de nos comptes de banque, à la suite d'une émission
d'obligations d'épargne qui a rapporté $144 millions; cela a
augmenté le solde de nos comptes de banque. Comme les banques acceptent
de payer sans frais un chèque par $50 de solde créditeur, nos
frais bancaires ont diminué d'autant. Cela explique une partie de la
diminution qu'on constate là, c'est le sujet le plus important, $548,000
sur $947,000. Il y a un autre montant de $145,000 pour les frais que le
ministère des Finances paye à un autre article budgétaire
qui est le centre de traitement électronique des données pour les
services de ce centre. Dans les autres montants, il y a $175,000 pour des
honoraires de consultants; ainsi, M. Marcel Bélanger, qui agit comme
conseiller économique et fiscal du gouvernement, émarge à
cette partie du budget; pour les services de traduction et certains
comités d'étude. Il y a certaines études qu'on confie
à l'extérieur pour des sujets particuliers qui peuvent survenir,
soit à l'occasion de conférences
fédérales-provinciales ou des dossiers particuliers, et on garde
une réserve pour de telles études. La dépense de l'an
passé n'a été que de $39,000, mais il faut prévoir
les cas où il se présente des choses spéciales.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la marge d'escompte à la
banque est encore de $100 millions?
M. GARNEAU: Pardon?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que la marge d'escompte du gouvernement
à la banque est encore de $100 millions?
M. GARNEAU: Vous voulez dire la marge d'emprunt?
M. CLOUTIER (Montmagny): La marge de crédit.
M. GARNEAU: La marge de crédit est encore de $100 millions, elle
se renouvelle une fois qu'elle est épuisée. Ce n'est pas une
marge ouverte; c'est un montant; chaque fois, un arrêté en conseil
doit être adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que plusieurs banques font cette marge
de crédit?
M. GARNEAU: Oui, toutes les banques qui sont au Québec.
M. CLOUTIER (Montmagny): Toutes les banques. Pas toutes et chacune
indistinctement?
M. GARNEAU: Chacune en proportion évidemment de sa
capacité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Evidemment selon sa capacité.
M. RUSSELL: Elles se partagent le gâteau.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GARNEAU: Elles se partagent le gâteau, mais c'est nous qui
bénéficions du partage.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT:
Catégorie 6?
M. CLOUTIER (Montmagny): Catégorie 6. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7. Adopté. M. CLOUTIER
(Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Catégorie 8. Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: Catégorie 11.
Adopté. M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 14: Remboursements. Adopté.
M. ROY (Beauce): Comment se fait-il que le montant soit de beaucoup
inférieur à celui de l'année dernière?
M. GARNEAU: Attendez un peu, je vais vous dire ça.
Peut-être que M. Lefebvre pourrait expliquer ce point. Il s'agit
d'ententes entre différents ministères.
C'est le remboursement qui nous vient du ministère du Revenu, qui
perçoit l'argent pour la Régie des rentes et la Régie de
l'assurance-maladie.
Comme le ministère des Finances participe à
l'émission des chèques, le ministère du Revenu nous
rembourse l'argent qui est perçu des deux régies.
En fait, il n'y a pas de diminution, mais une répartition plus
équitable du montant remboursé dans les articles du budget.
M. LE PRESIDENT: Adopté? M. ROY (Beauce): Adopté. Centre
de traitement électronique des données
M. LE PRESIDENT: Article 2: Centre de traitement électronique des
données. Catégorie 1. Traitements, salaires et allocations.
M. ROY (Beauce): Il y a une diminution de personnel dans ce domaine? Une
diminution de près de $300,000.
M. GARNEAU: Je vais vous présenter M.
Saint-Laurent, qui est directeur du Centre de traitement
électronique des données. Au niveau des effectifs, c'est 321
personnes?
M. RUSSELL: 321, l'an dernier?
M. GARNEAU: 321 et 355 l'an passé. La question du
député de Beauce était: Comment expliquez-vous la
diminution?
Nous formons du personnel pour l'envoyer dans d'autres
ministères; nous avons transféré une trentaine de
personnes aux ministères de la Fonction publique, des Terres et
Forêts, de l'Industrie et du Commerce. Les poste étaient
restés dans nos effectifs, cette année, on a annulé ces
postes.
M. ROY (Beauce): Ah bon!
M. GARNEAU: Ce personnel est maintenant dans d'autres
ministères.
M. RUSSELL: Vous aviez 355 et vous descendez à 321?
M. GARNEAU: C'est ça!
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1. Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 2: Contributions de l'employeur.
Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4: Services professionnels.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5: Entretien et
réparations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté . M. LE PRESIDENT:
Catégorie 6: Loyers.
M. ROY (Beauce): Le montant prévu cette année pour les
loyers est sensiblement le même, sinon $15,000 de plus que l'année
dernière. C'est le loyer du Centre de traitement électronique des
données. A quel endroit se trouve-t-il? Dans quel édifice?
M. GARNEAU: A Duberger, rue Saint-Paul.
M. ROY (Beauce): Ah bon! Cela demeure au même endroit. Les
déménagements, les réaménagements que le
gouvernement a faits, ça ne dérange rien du tout.
M. GARNEAU: Le centre demeure là où il est.
M. ROY (Beauce): Parfait.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 6. Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 7: Fournitures et approvisionnements.
Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 8: Matériel et
équipement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 11: Autres dépenses.
Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 14: Remboursements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 15.
M. ROY (Beauce): Les imputations, c'est ce qui est chargé aux
autres ministères?
M. GARNEAU: Les imputations, c'est ce qui est chargé aux autres
ministères qui utilisent le centre, c'est facturé selon le nombre
d'heures où ils ont utilisé la machinerie.
M. ROY (Beauce): Vous prévoyez un déficit beaucoup plus
grand cette année: $293,000 comparativement à $4,100
l'année dernière. L'année dernière, c'était
le chiffre prévu mais quel a été le chiffre
réel?
M. GARNEAU: Les imputations ont été de $3,900,000
l'année dernière.
M. ROY (Beauce): $3,900,000.
M. GARNEAU: $900,000 par rapport à des dépenses de
$3,916,000.
M. ROY (Beauce): Ah bon! Les déficits ont été de
$16,000?
M. GARNEAU: C'est ça.
M. ROY (Beauce): Cela va. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 15. Adopté. Tout l'article 2
est adopté.
Assurance collective de garantie
M. LE PRESIDENT: Article S3. Assurance collective de garantie pour tenir
lieu du cautionnement des fonctionnaires ou employés publics.
M. GARNEAU: $49,000; c'est ça le montant? Oui, c'est la
même compagnie que l'an dernier.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. RUSSELL: Personne n'a été pris en défaut. Pas de
déboursés.
M. GARNEAU: Est-ce qu'il y a eu des poursuites cet été en
vertu de ça? Oui. Il y en a eu beaucoup. C'est-à-dire qu'on a eu
une certaine difficulté, si ma mémoire est bonne, même au
niveau de l'assureur, à couvrir ce risque.
M. RUSSELL: Quelle compagnie est-ce?
M. GARNEAU: C'est Continental Assurance. L'an passé, il y a eu
$89,000 de réclamations et c'est un risque difficile à
couvrir.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
Assurance collective sur la vie des
fonctionnaires
M. LE PRESIDENT: Article S4: Assurance collective sur la vie des
fonctionnaires ou employés publics.
M. GARNEAU: Il s'agit des entreprises de l'assurance-vie Desjardins, la
Solidarité, les Prévoyants, l'Industrielle, la Mutuelle-Vie des
fonctionnaires qui se partagent le risque...
M. RUSSELL: Ils sont administrés par...?
M. GARNEAU: Par l'assurance-vie Desjardins.
M. LE PRESIDENT: Adopté? M. RUSSELL: Adopté.
M. ROY (Beauce): Comment se fait-il qu'il y ait une diminution de
$100,000? Est-ce parce que le montant de $1 million demandé
l'année dernière a été inférieur ou si c'est
une diminution...
M. GARNEAU: C'est basé sur l'expérience; il y a eu une
ristourne, l'an passé, des compagnies, de l'ordre de $150,000. Alors,
cette année, on a négocié de nouveau et convenu avec
l'assurance-vie Desjardins de baisser le taux de $1 million à
$900,000.
M. ROY (Beauce): Très bien. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. ROY (Beauce): C'est une bonne nouvelle. Autres assurances collectives
des fonctionnaires
M. LE PRESIDENT: Article 5: Autres assurances collectives des
fonctionnaires ou employés publics.
M. CLOUTIER (Montmagny): Encore une baisse de moitié.
M. GARNEAU: C'est la participation du gouvernement au régime
d'assurance-maladie et on couvre ce risque par une contribution de l'employeur
au lieu de couvrir l'assurance-maladie au niveau des primes d'assurance.
Autrefois, c'était la police d'assurance; maintenant, c'est le
régime universel et on verra le changement aux contributions
antérieures.
M. ROY (Beauce): C'est parce qu'il y a eu une diminution à cause
de ce transfert.
M. GARNEAU: Oui. Maintenant que c'est un régime universel
d'assurance, le gouvernement comme employeur contribue au régime
d'assurance-maladie du Québec au lieu de couvrir par une police
d'assurance.
Contributions au Régime de rentes
M. LE PRESIDENT: Article 5. Adopté. Article 6: Contributions au
Régime de rentes du Québec par le gouvernement en sa
qualité d'employeur.
M. GARNEAU: C'est la contribution, évidemment, c'est .8 p.c. de
la masse salariale que l'on paie à la Régie des rentes. C'est la
contribution de l'employeur.
M. LE PRESIDENT: Autres questions? Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pas .8 p.c, c'est 1.8 p.c, la moitié de
3.6 p.c.
M. GARNEAU: Oui, 1.8 p.c.
Contributions au Régime de
l'assurance-maladie
M. LE PRESIDENT: Article 6. Adopté. Article 7: Contributions au
Régime de l'assurance-maladie du Québec par le gouvernement en sa
qualité d'employeur.
M. GARNEAU: Même chose, ça correspond à...
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté? M. GARNEAU: C'est 0.8 p.c.
ça.
Indemnités aux fonctionnaires
M. LE PRESIDENT: Article 8: Provision pour payer aux fonctionnaires
régis par la
Commission de la fonction publique du Québec, ainsi qu'aux
membres de la Sûreté du Québec, émargeant au budget
des dépenses, des indemnités pour vacances et des gratifications
en espèces pour congés de maladie, à leur départ,
à leur mise à la retraite ou à leur
décès.
M. GARNEAU: Les employés accumulent un certain nombre de jours de
maladie. Lorsqu'ils ne sont pas utilisés et lorsque ces gens-là
démissionnent comme fonctionnaires, il faut leur rembourser la valeur
des congés de maladie qu'ils n'ont pas pris; c'est une réserve
pour payer ces frais-là. L'an dernier, la dépense a
été de $2,370,000. C'est assez difficile à prévoir
et on a augmenté le montant qu'on avait mis l'an passé.
M. ROY (Beauce): Vous n'avez pas de réserve en dehors de cela
pour ces montants? Ce sont uniquement des réserves que vous pouvez
retenir.
M. GARNEAU: Pour les gens qui démissionnent, qui quittent leur
emploi. Quand ils ne quittent pas leur emploi, ces journées-là
sont remboursées en temps par mise à la retraite. S'ils ont cent
jours de congés de maladie accumulés et si normalement, ils
devraient prendre leur retraite disons le 1er octobre 1980, ils seront en
congé de préretraite et, à ce moment-là, c'est
couvert par les traitements et non pas par cette réserve-ci.
M. RUSSELL: C'est une pointe qui graduellement est appelée
à baisser avec les années.
M. GARNEAU: Si le régime d'assurance-salaire était
accepté dans le cadre des négociations collectives,
évidemment la protection serait beaucoup plus grande. Mais, elle serait
accordée via une assurance-salaire et elle couvrirait les
employés dès, disons, le lendemain de leur entrée dans le
fonctionnarisme. Si un fonctionnaire avait un accident, par exemple, il aurait
plein salaire, 90 p.c. de son salaire.
M. RUSSELL: Il y a quelques années, il n'y avait aucun
contrôle là-dessus. Maintenant, il y a un contrôle qui
s'applique sur les congés qui s'accumulent. Il n'y a pas tellement
d'années, il n'y avait aucun contrôle.
M. GARNEAU: Si on remonte avant 1963, il n'y avait rien du tout et,
graduellement, les services de personnel se sont améliorés et
maintenant il y a un contrôle assez strict là-dessus.
M. RUSSELL: C'est une chose qui, je pense bien, dans deux, trois
ans...
M. ROY (Beauce): A l'heure actuelle, est-ce que le gouvernement a une
idée, a fait une évaluation des montants qui seraient dus
à ce chapitre, en partant du principe que, demain
matin, le gouvernement devrait payer ce qu'il doit dans ce domaine?
M. GARNEAU: Je n'ai pas les chiffres ici, mais je crois que la Fonction
publique les a. C'est une analyse qui a été faite dans le cadre
de la préparation des négociations collectives.
M. ROY (Beauce): Vous n'avez aucune idée du montant que cela
pourrait représenter?
M. GARNEAU: Je n'ai pas idée. Je sais que c'est un montant pas
mal substantiel.
M. ROY (Beauce): Oui...
M. GARNEAU: Mais, s'il y a 50,000 employés qui ne sont pas
uniquement à la Fonction publique et que l'on part de l'hypothèse
que la moyenne serait de 100, cela ferait 50,000 multiplié par 100, avec
un salaire moyen de $30 par jour. Cela serait peut-être la moyenne.
Multipliez et vous verrez que cela fait un montant considérable; mais je
n'ai pas le chiffre précis.
M. LE PRESIDENT: L'article 8. Adopté? M. ROY (Beauce):
Adopté.
Augmentation de crédits
M. LE PRESIDENT: L'article 9? M. RUSSELL: Adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la dépense réelle pour
l'an dernier?
M. GARNEAU: Nous sommes rendus au fonds de secours?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. GARNEAU: Le montant qui n'a pas été utilisé est
de $867. Nous avions l'habitude de rembourser le fonds de secours pour toute
dépense qui dépassait $50,000, mais comme il n'y a pas eu de
budget supplémentaire durant la dernière partie de la session, je
n'ai pas voulu présenter un budget supplémentaire uniquement pour
rembourser le fonds de secours. Il y a un certain nombre d'articles qui se
trouvaient à dépasser...
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a eu des mandats.
M. GARNEAU: Cela a été fait par des virements.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a eu des mandats spéciaux.
M. GARNEAU: Il y a eu un mandat spécial, mais comme il n'y a pas
eu...
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, parce que le ministre des Affaires
sociales aimait mieux un mandat qu'un budget supplémentaire.
M. GARNEAU: Il n'y a pas uniquement cela. Comme les crédits
devaient être engagés antérieurement, à la date
possible où nous aurions pu présenter un budget
supplémentaire, à cause du paiement des allocations sociales du
mois de mars, si nous avions attendu après... Nous n'avons pas pu le
faire avant le débat sur le discours inaugural, nous n'avons pas
été capables d'arriver à temps.
M. CLOUTIER (Montmagny): Mais, le ministre des Affaires sociales aimait
mieux un mandat qu'un budget supplémentaire.
M. GARNEAU: Cela, je n'en doute pas non plus.
M. CLOUTIER (Montmagny): Parce qu'après les $80 millions, il
avait dit qu'il ne reviendrait pas devant l'Assemblée nationale.
M. LE PRESIDENT: Avez-vous d'autres questions? Adopté?
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté. M. LE PRESIDENT: L'article
10.
M. GARNEAU: L'article 10, c'est la provision pour le règlement
des conventions collectives à partir du 1er avril 1971, sur une base de
deux ans. C'est de la réserve globale qui a été inscrite
à l'article 10 et qui sera virée aux articles: Traitements en
vertu du règlement de la convention.
M. CLOUTIER (Montmagny): Si on ne l'approuvait pas...
M. LE PRESIDENT: Cela embêterait le ministre des Finances.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... le ministre des Finances serait
demandé à la table centrale.
M. GARNEAU: Je ne sais pas si, à un certain moment, on ne
pourrait pas s'organiser pour ne pas avoir suffisamment de
députés de ce côté-ci.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Finances l'a placé
là, mais il n'est pas d'accord.
M. GARNEAU: Non, écoutez...
M. CLOUTIER (Montmagny): Le montant est là...
M. GARNEAU: Pardon?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce là qu'est le fond du baril?
M. GARNEAU: C'est là-dedans qu'est le fond du baril.
M. ROY (Beauce): Les 3 p.c. que vous avez...
M. GARNEAU: C'est cela qui est le baril, vous l'avez!
M. ROY (Beauce): Est-ce que les 3 p.c. que vous avez annoncés en
Chambre se trouvent à être inclus dans ce montant de $59
millions?
M. GARNEAU: Oui. Evidemment, cela devient une technicité de
savoir à quel moment nous ferons les virements. Mais, vous avez raison;
il est pris à même les $59 millions.
M. ROY (Beauce): Parce que cet après-midi, il a été
question également en Chambre des occasionnels. Il y a eu des questions
qui ont été posées. Nous en avions posé
nous-mêmes la semaine dernière. C'est toujours pris dans ce
montant-là?
M. GARNEAU: Non, pas pour les occasionnels. J'ai indiqué en
Chambre que pour ce qui est des occasionnels, c'est un contrat, une
entente...
M. ROY (Beauce): Un fonds spécial?
M. GARNEAU: Non. C'est une entente qui est prise. Si, dans un service,
on a besoin d'une secrétaire pour deux mois et que cette dernière
accepte de venir pour une période de deux mois à $20 par jour,
$100 par semaine, elle travaillera pendant deux mois. Mais, il n'y a pas de
réajustement de son traitement parce que ce n'est pas un employé
régulier.
M. ROY (Beauce): Mais les employés qui ne font pas partie de la
négociation?
M. GARNEAU: J'ai répondu en Chambre cet après-midi qu'ils
sont couverts, si ce sont des fonctionnaires dans le sens complet du terme.
S'ils sont régis par une convention collective ou encore s'ils occupent
des fonctions non syndicables, ils sont régis en vertu de
règlements de la Commission de la fonction publique et ils
bénéficient de l'augmentation...
M. CLOUTIER (Montmagny): Avec le 1/6 et le 1/12 que nous avons
votés au ministre, est-ce qu'il est capable de payer la
rétroactivité?
M. GARNEAU: Comme c'est pris à même les articles:
Traitements, et que nous sommes uniquement au début de l'année
financière...
M. CLOUTIER (Montmagny): Vous anticipez sur...
M. GARNEAU: ... nous pouvons anticiper sur des crédits qui
viendront. Il n'y a pas d'urgence pour des virements de crédits. Les 3
p.c. représentent à peu près $12 millions.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le 1/6 et le 1/12, cela fait $15 millions.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'il n'y a pas une certaine économie qui a
été réalisée aussi, du fait qu'il y a eu
non-paiement ou bien c'est l'intention de payer tous les employés qui
n'ont pas été...
M. GARNEAU: Je ne peux pas appeler cela une économie, parce que,
non seulement en tant que ministre des Finances, mais aussi en tant que
citoyen, j'aurais de beaucoup préféré être en mesure
de payer le traitement des gens. Nous ne pouvons pas parler en termes
d'économie. Nous pouvons peut-être parler en termes de sommes non
déboursées, mais il y a aussi la contrepartie. Durant cette
grève, les entrées au niveau fiscal ont été
certainement affectées.
Et il y a eu également des dépenses additionnelles
encourues au niveau du gouvernement. Quel sera le montant net une fois qu'on
aura décompté toutes les dépenses, le montant net qu'on
n'aura pas à débourser cette année? Je ne sais pas si
jamais on pourra le saisir véritablement, parce qu'en termes de revenu,
quand il y a eu une grève générale, il n'y a pas
uniquement la Fonction publique qui a été affectée. On a
des pertes de revenus, d'entrées fiscales qui ne sont pas
compensées par des baisses de déboursés en termes de
salaire ou quoi que soit. Lorsque le secteur de la construction se met en
grève et que les gens perdent deux, trois ou quatre jours de salaire,
cela baisse nos recettes fiscales, mais cela ne modifie pas nos
déboursés.
M. LE PRESIDENT: Article 10. Adopté?
M. RUSSELL: Vous perdez une partie des revenus ptr la fermeture de la
Régie des alcools, des autoroutes à péage...
M. GARNEAU: Les autoroutes. Alors, c'est difficile à
évaluer.
M. MARCHAND: Les gens ayant moins d'argent dépensent moins; il y
a moins de revenus.
M. LE PRESIDENT: Article 10. Adopté. Article 11?
M. GARNEAU: L'article 11, c'est une provision qu'on a mise à
chaque année, soit par des nouvelles lois ou encore par des
modifications à l'effectif. Les catégories de traitements dans
les ministères ont besoin d'être renflouées et, comme on
savait que dans certains ministères, l'analyse de l'effectif
n'était pas complétée d'une façon très
serrée... Cela a été le cas de la Justice en particulier
au moment où on a imprimé le budget, on a
préféré mettre une réserve générale
qui pourrait être affectée aux catégories de traitements
dans les différents ministères, si jamais des modifications
devaient être apportées à l'effectif. Cela n'est pas le
double fond du baril.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, de toute
façon à cet article-là et au fonds de secours, le
ministre des Finances ne fait pas de publicité; c'est à chacun
des ministres à trouver que cela existe.
M. GARNEAU: Non, mais du moment qu'il y en a qui le savent, je vous
assure que cela part vite.
Contribution à la taxe scolaire sur les
fermes
M. LE PRESIDENT: Article 11. Adopté. Article 12: Contribution
à la taxe scolaire.
M. RUSSELL: Combien a été déboursé l'an
dernier?
M. GARNEAU: $6,300,000; c'est la dépense approximative que j'ai
comme information. On a changé la définition du terme agriculteur
pour employer la définition qui est incluse dans la Loi du crédit
agricole, ce qui va éliminer un certain nombre de gentlemen-farmers, je
crois, à qui on n'aura pas à rembourser la taxe. C'est pour cela
qu'on a diminué un peu les prévisions de crédits
pour...
M. RUSSELL: Les $6,300,000 ont été effectivement
déboursés?
M. GARNEAU: Ils ont été dépensés.
M. CLOUTIER (Montmagny): Alors, le ministre nous assure que ce sont des
gentlemen-farmers qui vont disparaître et non pas...
M. GARNEAU: Non. C'est le remboursement.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, d'accord. Mais, c'est à l'endroit
des gentlemen-farmers qu'il va y avoir une réduction.
M. GARNEAU: C'est ce que le ministère de l'Agriculture nous dit.
D'ailleurs, cette modification qui a été apportée dans la
définition du terme agriculteur, ce fut un moyen terme et le
ministère de l'Agriculture poursuit les analyses. Hier ou avant-hier, le
ministre de l'Agriculture communiquait avec moi pour me demander de lui
suggérer le nom d'un représentant du ministère des
Finances pour analyser, au niveau de son comité, toute cette question et
voir quelles sont les modifications, s'il y a lieu d'apporter une aide accrue
aux véritables cultivateurs et peut-être d'éliminer ceux
qui ne sont pas véritablement des cultivateurs.
M. RUSSELL: Cela a du bon sens. M. le Président, il y a
peut-être une remarque à faire. Je pense que l'expression
gentleman-farmer est peut-être mauvaise parce qu'il y a des gens qui ont
des fermes assez importantes, qui ne la cultivent pas eux-mêmes, mais qui
ont un cultivateur, quelqu'un qui travaille là, qui la cultive, qui
naturellement devrait être remboursé comme tous les autres
cultivateurs; il est aussi méritant. Ce qu'on veut, je pense bien,
interpréter par gentleman-farmer, c'est celui qui a une ferme uniquement
pour dire qu'il en a une.
M. GARNEAU: C'est l'utilisation de la définition de celui...
M. RUSSELL: Le nom agriculteur.
M. GARNEAU: ... qui n'est pas un agriculteur. Mais, l'objectif qu'on
voudrait essayer d'atteindre, c'est qu'on rembourse une partie de la taxe
foncière scolaire aux gens qui...
M. RUSSELL: Aux vrais cultivateurs.
M. GARNEAU: Disons que quelqu'un a $50,000 de revenus, en dehors de
l'exploitation de sa ferme et qu'il exploite une ferme, je ne vois pas pourquoi
le gouvernement rembourserait à ce bonhomme-là les 35 p.c. de son
impôt foncier scolaire. Ce n'était pas le but visé lors de
l'application de cette réglementation. La raison pour laquelle, je pense
bien, ce fut maintenu depuis, c'est qu'on n'a jamais été capable
d'arriver à définir plus précisément le terme
agriculteur et à qui cette mesure devrait s'adresser. Mais, en ce qui me
concerne si vous me demandez mon opinion personnelle je vous dis
que je pense qu'on devrait être capable, à moyen terme,
d'appliquer une définition qui éliminerait ces
gens-là.
M. RUSSELL: Ce que je veux faire comprendre au ministre, c'est ceci. Je
suis un industriel, je peux avoir une ferme et avoir une centaine de vaches
à lait et avoir un ou deux employés qui travaillent à la
ferme. A ce moment-là, c'est un investissement et c'est de la culture,
de la grande culture si vous voulez et j'ai droit à un remboursement
comme n'importe quel autre.
M. GARNEAU: Actuellement, oui. M. RUSSELL: J'espère
qu'après aussi.
M. GARNEAU: Cela dépend... vous n'y avez pas droit.
M. RUSSELL: Celui qu'on veut viser est celui qui a une ferme, qui vit
sur la ferme, mais ne fait pas de culture, ne cultive pas sa ferme. C'est ce
qu'on appelle un gentleman-farmer.
M. GARNEAU: Ce que j'appelle un gentleman-farmer, c'est le millionnaire
ou le type qui est très à l'aise financièrement et qui,
pour des questions d'impôt ou de hobby, exploite une ferme; à ce
moment-là, c'est un à-côté pour lui, ce n'est pas sa
principale occupation. Ce sont ces gens-là que j'aimerais pouvoir
éliminer, quitte à avoir des disponibilités.
M. RUSSELL: Dans ce cas, on sera obligé d'éliminer
plusieurs cultivateurs qui ont de bonnes exploitations agricoles, qui cultivent
leur ferme l'été, font des revenus substantiels et vont passer
l'hiver en Floride, il faudra les éliminer.
M. GARNEAU: C'est clair. Notre ami Kevin Drummond n'aura plus droit au
remboursement de la taxe scolaire foncière.
Subventions en guise d'impôt foncier
municinal
M. LE PRESIDENT: L'article 12 est adopté. Article 13: Subventions
en guise d'impôt foncier municipal.
M. ROY (Beauce): En quoi cette subvention consiste-t-elle? Ce n'est pas
le remboursement partiel de la taxe de vente?
M. GARNEAU: Non, c'est la taxe en général. Le
gouvernement, en vertu des lois, n'a pas à payer d'impôt à
un autre gouvernement, au gouvernement municipal; mais, afin d'aider les
municipalités où les immeubles gouvernementaux sont logés,
on donne une subvention en guisse d'impôt foncier et la subvention
équivaut à ce qu'on aurait payé s'il y avait eu une taxe
ou si nos immeubles avaient été taxés conformément
à l'évaluation. Si on prend l'immeuble de l'édifice du
gouvernement, il est évalué par le service municipal et le
ministère des Travaux publics et on paie une subvention qui correspond
à l'impôt foncier qu'on aurait payé.
M. ROY (Beauce): Est-ce que vous avez un taux de taxation uniforme, ou
si c'est le taux de la municipalité?
M. GARNEAU: C'est le taux de la municipalité.
M. ROY (Beauce): Cela prévaut pour toutes les
municipalités où il peut y avoir des édifices
gouvernementaux.
M. GARNEAU: C'est ça, sauf des terrains vacants; ils ne sont pas
couverts.
M. ROY (Beauce): Tout édifice, pas de terrain.
Service des régimes de retraite
M. LE PRESIDENT: Article 13. Adopté. Article 14: Service des
régimes de retraite. Je crois que le sujet a été
effleuré au tout début lorsque nous avons parlé des
articles statutaires 15 et 16. Est-ce qu'il y en a qui auraient des questions
à l'article 14, catégorie 1: Traitements, salaires et
allocations?
M. CLOUTIER (Montmagny): Moi, je ne demanderai des détails que
pour la catégorie 4.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y en a qui ont des questions à la
catégorie 1? Adopté.
M. GARNEAU: Je croyais que cela avait été adopté ce
matin.
M. LE PRESIDENT: Non.
M. GARNEAU: C'est parce que M. Moffet est parti. J'espère
être capable de vous donner les informations,
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1, adopté. Catégorie 3.
Adopté. Catégorie 4.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre veut-il nous donner la
ventilation?
M. GARNEAU: A la catégorie 4, le gros du montant de $185,200 est
une prévision de $125,000 pour le centre de traitement
électronique de données qui effectue la comptabilité
mécanographique du centre. Pour le reste, il y a une prévision de
$50,000 en administration et informatique.
On propose d'engager un consultant afin de moderniser et d'augmenter
l'efficacité du service. C'est une dépense qui serait pour cette
année et qui a pour but d'améliorer l'efficacité du
service. Il y a un nombre considérable de dossiers manipulés, je
ne sais pas combien de milliers. Du côté des enseignants, il y en
a au moins 75,000 et il y a aussi tous ceux qui sont à leur retraite. La
demande des crédits vise à obtenir les conseils de consultants
afin d'améliorer l'efficacité administrative.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4. Adopté. M. CLOUTIER
(Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 5: Entretien et réparations.
Adopté. Catégorie 6: Loyers. Adopté. Catégorie 7:
Fournitures et approvisionnements. Adopté. Catégorie 8:
Matériel et équipements. Adopté. Catégorie 11:
Autres dépenses. Adopté. Tout l'article 14 est adopté.
Article 20...
Pension spéciale
M. ROY (Beauce): Non, il y a l'article 17, si vous permettez.
M. LE PRESIDENT: Pardon, je m'excuse. Article 17 : Pension
spéciale.
M. ROY (Beauce): En quoi consiste cette pension spéciale? C'est
une loi?
M. GARNEAU: C'est au sujet de deux veuves, une loi spéciale. H y
en avait une dont le mari, policier, avait été tué.
M. CLOUTIER (Montmagny): On l'a dans les crédits de l'an
passé. On a les noms.
M. GARNEAU: Mme Desautels et Mme Tau-razas. Il y a une qui s'est
remariée, elle a perdu sa pension et l'autre est couverte par la loi
générale d'indemnisation, la veuve d'un policier tué en
devoir.
M. RUSSELL: C'est un solde.
Contrôleur des finances
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 18: Pensions versées par
la Commission des accidents du travail. Adopté. Article 20:
Contrôleur des finances. Catégorie 1 : Traitements, salaires et
allocations.
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre a des remarques?
M. CLOUTIER (Montmagny): Le montant réel de l'an passé est
pas mal supérieur à $4,900,000.
M. GARNEAU: Du côté du contrôleur des finances, j'ai
indiqué dans mes remarques générales qu'il y avait eu des
mutations de personnel au bureau du contrôleur des finances, au Conseil
du trésor et des transferts de la vérification de l'auditeur avec
le contrôleur. On a essayé de trouver le comparatif pour les
mêmes services qui étaient restés en place. Je voudrais
signaler que les crédits ont été préparés
pour un montant supérieur, un total de 702 postes et non de 682, ce
total de 682 étant le nombre de postes autorisés au 30 septembre
1971. Evidemment, parce qu'on avait cessé comme c'est la coutume de
prendre des effectifs au 30 septembre 1971, ils ont été inscrits
au budget. Par contre, il y a eu un changement en cours de route de 20
personnes, une addition à l'effectif de 20 personnes, les crédits
en tiennent compte, mais il n'y a pas eu de correction aux 682, c'est donc 702
qu'il faudrait lire à la palce de 682.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1: Adopté. Catégorie 3:
Services de transport et de communication. Adopté.
M. RUSSELL: Vous avez seulement à les faire voyager un peu plus,
je suppose.
M. GARNEAU: Est-ce que vous avez des questions particulières?
M. RUSSELL: Services professionnels.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3. Adopté. Catégorie
4.
M. GARNEAU: C'est peut-être le projet MOBEC. M. Chatelain peut
donner des explications précises.
A la catégorie 4, il y a deux sujets qu'on doit distinguer, il y
a les honoraires dans le domaine de l'administration de l'informatique et il y
a d'autre part le traitement des données qui est exécuté
au centre de traitement électronique des données du
ministère des Finances. Concernant les honoraires, il s'agit surtout du
projet MOBEC. Il y a une diminution dans les honoraires de l'an passé
à cette année de $800,000 à $600,000. Quant au traitement
électronique des données, il y a une diminution de $1,371,000
à $855,000. La diminution ici est surtout expliquée par le fait
que l'an passé il y avait beaucoup de travaux d'analyse qui
étaient faits par le centre de traitement des données et qui
seront faits à l'avenir à même nos propres effectifs au
bureau du contrôleur et aussi par la firme de consultants qui travaille
au projet MOBEC.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la firme de consultants qui
travaille à MOBEC?
M. GARNEAU: Dans le moment, il y en a une qui a le contrat principal,
c'est la Société générale d'informatique. Par
contre, nous faisons appel à des analystes d'une autre firme, la firme
Biro.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 4?
M. RUSSELL: Est-ce que c'est une firme de Montréal?
M. GARNEAU: Non, de Québec. Elle a fait beaucoup de travaux
à l'Education.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Catégorie 5: Entretien et
réparations. Adopté. Catégorie 6: Loyers. Adopté.
Catégorie 7 : Fournitures et approvisionnements. Adopté.
Catégorie 8 : Matériel et équipement. Adopté.
Catégorie 11 : Autres dépenses. Adopté. Nous avons
terminé l'étude des crédits du ministère des
Finances.
Conseil du trésor
M. GARNEAU: Je ne savais pas que cela irait si vite que cela. J'avais
indiqué aux gens du Conseil du trésor que je ne voulais pas les
faire attendre inutilement toute la soirée. Je peux peut-être
répondre à plusieurs questions, ce qui nous permettrait de passer
à travers les crédits.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est là qu'on va voir si le ministre
connaît le Conseil du trésor.
M. GARNEAU: Je connais le Conseil du trésor, mais je dois vous
dire que je ne sais pas combien de machines à écrire il a
acheté au cours de l'année.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce n'est pas ce qu'on va vous demander non
plus.
M. GARNEAU: Je ne veux pas le savoir non plus.
M. LE PRESIDENT: Conseil du trésor, page 89, Article 1:
Administration.
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la réaction des
collègues des deux ministres, le ministre des Finances et le ministre
d'Etat aux Finances, devant cet autre organisme de gestion centrale?
M. GARNEAU: Je m'excuse, je n'ai pas...
M. CLOUTIER (Montmagny): Quelle est la réaction des
collègues des deux ministres qui sont avec nous ce soir, devant cet
autre mécanisme de gestion centrale? On n'a pas toujours à
l'endroit des organismes de gestion centrale, qui sont la Fonction publique, le
Conseil du trésor.
M. GARNEAU: On s'aperçoit que vous avez été
ministre.
M. CLOUTIER (Montmagny): Même le conseil des ministres est un
organisme de gestion centrale. Quelle est la réaction de ses
collègues, étant donné qu'il n'y a pas beaucoup de...
M. GARNEAU: Je pense qu'il y a une amélioration en ce sens que la
nouvelle Loi de l'administration financière nous permet de
déléguer au ministère un certain nombre de
responsabilités et également permet au ministre d'avoir une
certaine délégation de pouvoirs, si ce n'est par exemple que le
pouvoir de signature. Le député de Montmagny qui a
été ministre de la Santé et des Affaires sociales se
rappellera le volume presque affolant de documents qu'il a à signer
chaque jour, qu'un ministre a à signer chaque jour. La nouvelle Loi de
l'administration financière permet de déléguer le pouvoir
de signature à certains officiers dont les noms ont été
soumis au Conseil du trésor et approuvés par le Conseil du
trésor de telle sorte que le contrôleur des finances ou le
vérificateur général connaît les personnes
autorisées à signer tel type de documents. Dans le cadre
également de la nouvelle loi de l'administration financière et
des règlements, nous avons pu autoriser les ministères à
agir. Par exemple je parle de mémoire, je n'ai pas le
règlement général sur les soumissions je me
rappelle que si un contrat doit être octroyé par le
ministère de la Voirie et qu'il y a soumissions publiques et que le
contrat est octroyé au plus bas soumissionnaire, il peut prendre la
décision, aller jusqu'à $150,000, sans venir au Conseil du
trésor. Non seulement on élimine le Conseil du trésor,
mais également, on accélère les autres formalités
qui retardaient un certain nombre de prises de décision. C'est
évidemment un début. Notre objectif est d'essayer de
déléguer, le plus possible, dans les ministères, des
pouvoirs de décision dans le cadre de certaines normes administratives.
La vérification pourrait se faire après coup, pour savoir si la
gestion s'est faite à l'intérieur des normes établies
comme politiques administratives générales. Mais si ça se
fait par étapes, et pour répondre plus précisément,
je pense que la réaction est assez favorable.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il y a déjà cinq ministres qui
siègent au conseil?
M. GARNEAU: Il y a cinq ministres qui siègent au conseil.
M. CLOUTIER (Montmagny): Qui sont-ils?
M. GARNEAU: M. Parent, le ministre Pinard, Kevin Drummond et M.
L'Allier. Evidemment, les autres ministres peuvent assister aussi. Le ministre
responsable de l'ODEQ, par exemple, qui a à coordonner l'action de
plusieurs ministères sur le territoire pilote, je l'invite
régulièrement. Il a pris la bonne habitude de venir, je m'en
réjouis. D'autres collègues viennent de temps en temps. Quand ils
trouvent que c'est trop dur, je leur dis: Venez voir comment ça se
passe.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre des Finances évidemment?
M. GARNEAU: Oui. C'est moi qui préside.
M. CLOUTIER (Montmagny): Il préside les séances. Est-ce
que les ministres sont invités plutôt à cause du
ministère dont ils sont titulaires ou si c'est à cause du
ministre personnellement, à cause de sa formation?
M. GARNEAU: A l'exception du ministre de la Fonction publique.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est justement ce qui m'amène à
poser cette question.
M. GARNEAU: Le ministre de la Fonction publique doit presque
automatiquement être membre du Conseil du trésor. Je sais que M.
L'Allier, depuis qu'il a laissé le ministère de la Fonction
publique, a indiqué au premier ministre qu'il serait
préférable que le nouveau ministre de la Fonction publique
siège au Conseil du trésor, mais il est suffisamment
occupé présentement avec les négociations.
C'est commode et même essentiel parce que le Conseil du
trésor, en vertu de la loi, a approuvé des plans d'effectifs et
les organigrammes des ministères. Comme tout ça est fait d'abord
par le ministère de la Fonction publique et ses services, il est normal
que le ministre de la Fonction publique soit là.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le Conseil du trésor a, entre
autres responsabilités, la préparation du budget?
M. GARNEAU: La préparation du budget, les estimations de
dépenses de chaque année,
c'est le Conseil du trésor qui en a la responsabilité et
nous sommes à implanter la nouvelle procédure.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on a commencé?
M. GARNEAU: Pardon?
M. RUSSELL: Il autorise la dépense avant qu'elle ne se fasse.
M. GARNEAU: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'on a déjà mis en place
les mécanismes de préparation pour le prochain budget?
M. GARNEAU: Actuellement, la structure de programmes pour le budget
73/74, excepté pour trois ou quatre ministères, a
été approuvée et, normalement, nous devrions être en
mesure d'envoyer les enveloppes préliminaires par programme d'ici le 15
juin; ces enveloppes seraient basées sur un volume constant de services,
uniquement les programmes existants, tenant compte de l'augmentation des
salaires, l'augmentation des coûts, etc., ou des expansions de programme
qui étaient connues l'an dernier et qui devaient prévoir une
augmentation en 73/74. Le mécanisme est en branle.
Evidemment, le processus budgétaire, en suivant la
rationalisation, le PPBS, devra s'engager beaucoup plus tôt dans
l'année qu'on n'avait l'habitude de le faire. Normalement, on devrait en
arriver à l'envoi des enveloppes préliminaires vers le mois de
mai, je parle de l'idéal. Durant les mois d'été, on
devrait compléter l'analyse des effectifs et des crédits pour les
catégories de traitements et être en mesure de prendre des
décisions en ce qui regarde les nouveaux programmes au début du
mois de septembre, de telle sorte que les ministères sauront exactement
que tel ou tel programme qu'ils ont suggéré sera accepté.
Ces ministères-là peuvent commencer, dès ce
moment-là, à mettre en place les structures administratives pour
accueillir l'implantation de ce nouveau programme.
Ce qui veut dire que le travail du Conseil du trésor devient
presque une travail de douze mois par année en ce qui concerne la
préparation de budget.
M. CLOUTIER (Montmagny): A quel moment de l'année
prévoyez-vous que le conseil des ministres fixera les
priorités?
M. GARNEAU: Si on parle de grandes priorités, à savoir
s'il y a un jeu de $60 millions pour les nouveaux programmes, je pense que ceci
devrait être fait au cours du mois de juin.
M. CLOUTIER (Montmagny): Au cours du mois de...
M. GARNEAU: Au cours du mois de juin de l'année
précédant le budget.
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela veut dire...
M. GARNEAU: Parce que, autrement, si on ne fait pas ça, on peut
annoncer des priorités et on peut même les modifier au cours de
l'année. Est-ce qu'on mettra l'accent sur l'habitation, sur la voirie,
sur les loisirs? Il faut que les ministères sachent très
tôt qu'ils auront des disponibilités budgétaires pour
préparer tel ou tel programme.
Lorsque les décisions se prennent plus tard dans l'année,
disons au mois de décembre ou janvier, bien souvent, à moins que
ce ne soit l'expansion d'un programme existant, les ministères n'ont pas
le temps de mettre en place la structure administrative pour appliquer le
programme, de telle sorte que l'on peut annoncer un nouveau programme dans le
discours du budget mais, effectivement, il est peut-être mis en place six
ou sept mois plus tard.
Dans l'évolution du processus budgétaire, normalement, on
devrait établir ces grandes priorités, du moins les secteurs
sinon les missions, vers le mois de juin et préciser les choix de
programmes vers le mois de septembre ou octobre. Disons que nous voulons
favoriser le secteur de la voirie, comment concrétiser ça dans
tel ou tel programme? Après ça, ça pourrait se faire vers
le mois de septembre ou octobre.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est la première année que
ça se fera en juin?
M. GARNEAU: C'est ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Evidemment, ça comportera certaines
difficultés parce que, en juin, il est tôt pour voir comment les
indicateurs économiques vont se comporter et il est tôt pour
prévoir quels seront les résultats d'exercice en cours de route,
comment va évoluer la conjoncture, l'économie.
M. GARNEAU: Je suis d'accord que c'est...
M. CLOUTIER (Montmagny): Cela prendrait certains correctifs même
si...
M. GARNEAU: Une autre raison pour laquelle on veut être en mesure
ou essayer du moins d'établir ces grandes priorités au
début de l'été, c'est qu'autrement chaque ministère
prépare une foule de projets, ce qu'on appelait autrefois le budget A ou
le budget B. Les ministères, par le service de recherche, leur service
de préparation du budget, préparent toutes sortes de programmes
valables. Mais au terme de l'année, s'il y en a pour $300 millions et
qu'on a $50 millions disponibles pour de nouveaux programmes, il y a $250
millions qui
sont mis de côté uniquement pour des raisons de
financement. Evidemment beaucoup de gens sont frustés d'avoir
travaillé pour rien.
Si on indique les priorités, du moins en termes de mission, sinon
plus précisément en termes de secteur, les ministères
savent qu'ils auront des disponibilités budgétaires pour tel ou
tel type d'activité!"Ils ne travailleront pas pour rien et vont
peut-être pouvoir concentrer davantage les recherches et la
préparation des nouveaux programmes dans les secteurs où
réellement le gouvernement a décidé de mettre
l'accent.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que certaines consultations seront
faites à l'extérieur, dans le cadre de la préparation des
estimations budgétaires...
M. GARNEAU: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): ...c'est-à-dire plutôt dans
l'établissement des priorités?
M. GARNEAU: De l'extérieur, le ministre...
M. CLOUTIER (Montmagny): Il doit y avoir le point de vue des
économistes ou du patronat. On parle du patronat des syndicats. On parle
d'un sujet qui va devenir de plus en plus à la mode, d'une
économie de concertation suivant le terme qui n'est pas ampoulé,
je pense bien qu'il traduit bien ce que ça veut dire. Dans ce sens, je
pose la question au ministre. Il y a trois partenaires dans la discussion des
postulats de base d'une économie de concertation: Il y a le patron, en
dehors, à l'extérieur; l'Etat qui est là, qui
prépare le budget actuellement; il y a les syndicats aussi, on en parle
surtout quand ils sont à négocier une convention collective avec
l'Etat. C'est dans ce sens que ma question est posée. Est-ce que des
consultations de l'extérieur? ...
M. GARNEAU: L'an dernier, quand le Conseil du patronat est venu
déposer son document sur l'évolution de l'économie et ses
suggestions, le premier ministre l'avait reçu. J'ai assisté
à cette rencontre, étant donné que ce document traitait
surtout de questions de finance et de priorités. Nous lui avions
indiqué à ce moment que, s'il voulait que ses suggestions
puissent réellement influencer le gouvernement, il devrait les faire
beaucoup plus tôt. L'an dernier, lorsqu'on a reçu le Conseil du
patronat, les trois quarts de l'ouvrage étaient déjà
faits. Il est arrivé que les objectifs que le Conseil du patronat
suggérait étaient en bonne partie des objectifs que recherchait
le gouvernement. Plusieurs de ses recommandations ont été
retenues indirectement, non pas parce qu'il les avait faites car il
était déjà trop tard c'était fait. Je lui avais
indiqué que, s'il voulait influencer réellement la politique
gouvernementale, il faudrait qu'il dépose son rapport vers le mois de
mai.
Autrement, le cycle budgétaire étant déjà
engagé, s'il arrive au mois de novembre, toutes les décisions
sont prises et il est beaucoup trop tard. Je n'ai pas prévu, pour le
moment, de consultations spéciales avec des corps intermédiaires.
Notre habitude de consulter, dans des séances plénières,
les ministres en leur indiquant d'avance que l'objet de la réunion
était justement là-dessus. Chaque ministre voit cette
séance plénière du conseil des ministres
précédée de consultations dans leur secteur. Ce sont les
services de recherche des différents ministères qui nous aident
également dans l'établissement de ces priorités.
J'ai consulté moi-même un certain groupe de personnes pour
d'autres questions mais pas dans le cadre de la préparation du budget,
que je trouve assez délicat d'ailleurs.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 1 : Traitements, salaires et
allocations. Adopté.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Catégorie 3: Services de transport et de
communication. Adopté.
Catégorie 4: Services professionnels. Adopté.
Catégorie 5: Entretien et réparation. Adopté.
Catégorie 6: Loyers. Adopté. Catégorie 7: Fournitures et
approvisionnements. Adopté.
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 8: Matériel et
équipement. Adopté?
M. ROY (Beauce): Adopté.
M. LE PRESIDENT: La catégorie 11: Autres dépenses.
Adopté? Tout l'article 1: Administration du Conseil du trésor est
adopté.
M. GARNEAU: Et nous donnons l'exemple aux autres ministères.
Quand ils nous demandent des crédits additionnels, nous disons: Regardez
le Conseil du trésor, il est restreint seulement à $795,000.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que vous avez des effectifs du Conseil
du trésor qui sont dans les ministères?
M. GARNEAU: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ils sont tous centralisés.
M. GARNEAU: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Alors, ceci termine les crédits.
M. GARNEAU: Je voudrais, M. le Président, profiter des derniers
instants pour remercier les fonctionnaires qui nous ont aidés. Il y en a
qui
étaient là et qui sont partis. Je remercie
également les membres de la commission de leur collaboration au cours de
l'étude des crédits de ces deux ministères.
M. ROY (Beauce): Je pense qu'il y a un article...
Service de la dette
M. GARNEAU: Le service de la dette, en fait, s'il y a des questions
à poser... Comme ce sont tous des articles statutaires, nous n'avons pas
à les voter.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des membres de la commission qui
auraient des questions à poser? Je les invite à le faire.
M. ROY (Beauce): Nous n'avons pas tellement de questions à poser
comme nous avons des observations à faire.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Je pense que je ne surprendrai pas le ministre des
Finances. Je constate que c'est le service qui à l'heure actuelle a pris
peut-être la plus grosse augmentation, peut-être pas au point de
vue des dollars mais au point de vue du pourcentage, 28 p.c.
d'augmentation,seulement au cours de l'année.
Il est évident qu'à ce rythme-là, le service de la
dette atteindra $300 millions en 1975, sinon il le dépassera, pour
atteindre près de $600 millions en 1980. Vous me permettrez d'inviter
l'honorable ministre des Finances à la réflexion sur ce point,
comme je l'avais d'ailleurs signalé tout à l'heure.
M. GARNEAU: Je répondrai au député de Beauce qui
tout à l'heure, s'est référé également
à l'état financier que nous avons présenté et sur
lequel il pourra poser des questions lors de l'analyse du rapport du
vérificateur général, à la page 42. On fait des
comparaisons par exemple du service de la dette au Québec au cours des
années. Nous nous apercevons, si nous comparons le service de la dette
aux revenus de la province, que la proportion a diminué constamment
depuis 1940. Si nous regardons, par exemple, en termes de revenus, en 1941,
cela prenait quatre ans et sept mois de revenus pour payer le service de la
dette. Or, en 1971, cela aura pris six mois de revenus pour payer le service de
la dette. Alors, quand nous analysons la dette de la province, il faut comparer
cette dette aux revenus et à la capacité de payer et je pense que
ce que le député de Beauce mentionne, c'est uniquement un
côté de la médaille.
M. ROY (Beauce): Prenons l'autre côté de la médaille
que vous venez de mentionner; si nous nous référons à
1940-1941, la situation n'était pas du tout la même. Nous ne
vivions pas les mêmes problèmes à ce moment-là et
nous n'avions pas non plus à subir les taux d'intérêt que
nous avons.
Ce que je veux dire simplement et je le répète, c'est que
je pense que mes chiffres sont très valables. Au même rythme
d'augmentation, nous dépasserons $300 millions en 1975 pour atteindre
plus de $600 millions en 1980. Le ministre pourra peut-être, dans deux ou
trois ans, refaire ces mêmes chiffres. Il constatera peut-être que
l'évolution est beaucoup plus rapide actuellement que celle des autres
ministères. Il est évident que je peux prendre n'importe quels
chiffres pour constater l'évolution du budget du gouvernement de la
province avec les budgets de ces années, alors que les budgets de ces
années étaient de l'ordre de $18 millions à $20 millions.
Il ne faut pas oublier non plus quels étaient les salaires à
cette époque.
M. LE PRESIDENT: Adopté? M. ROY (Beauce): Adopté.
M. GARNEAU: Ce n'est pas nécessaire. C'est statutaire. Merci, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: Nous terminons ce soir l'étude des
crédits du ministère des Finances. Merci beaucoup de votre
collaboration.
M. ROY (Beauce): Je voudrais remercier les collaborateurs de l'honorable
ministre des Finances...
M. CLOUTIER (Montmangy): Le ministre l'a fait...
M. ROY (Beauce): ... au nom de tout le monde.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est la seule fois où on l'autorise
à parler au nom de tout le monde.
M. ROY (Beauce): C'est peut-être la seule fois où nous
pouvons être d'accord.
(Fin de la séance à 21 heures)