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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Etude des crédits du ministère du
Revenu
Séance du mardi 22 avril 1975
(Dix heures trente et une minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu se
réunit ce matin pour l'étude des crédits du
ministère du Revenu. Dans la liste officielle des membres de la
commission ce matin, M. Gérald Harvey, ministre du Revenu,
député de Jonquière, remplacera M. Garneau, ministre des
Finances.
M. le ministre.
Remarques préliminaires
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, vous vous
souvenez, que l'an dernier, à l'occasion de l'étude des
crédits, nous avions remis à chacun des membres ou des
députés qui assistaient à l'étude de nos
crédits, une publication de renseignements généraux sur le
ministère, concernant les différentes directions, les personnes
assignées à des postes à chacune de ces directions, de
même que tous les services régionaux de Montréal,
Québec et Sherbrooke, de même que certaines informations
concernant l'information donnée à la population, à
l'occasion des périodes de pointe des impôts. Nous avions
également une section réservée aux systèmes en voie
de développement à nos services d'informatique, et nous avons
remis un document à ce jour, pour être redistribué,
dès le départ, aux membres de la commission. Je demanderais
à M. Plouffe d'en donner des copies aux députés.
Mes remarques seront très brèves, M. le Président.
Tout d'abord, je dois dire que, dans l'ensemble, il y a une augmentation
moyenne de 17.70% dans la demande de crédits pour le fonctionnement du
ministère du Revenu cette année, sur l'année
précédente. Naturellement, si on donne un cas, par exemple,
concernant le tableau comparatif à la ventilation des traitements, on
arrive à une augmentation de 17.11%, uniquement à cet
élément. C'est compréhensible, en raison du fait que nous
devons employer, de plus en plus, du personnel occasionnel à des
fonctions où il est impossible de recruter des employés
permanents malgré toutes les tentatives faites par le service de la
direction du personnel. A titre d'exemple, cette année, nous aurons une
augmentation de 16.14% au niveau des occasionnels.
Il nous en coûtera près d'un demi-million de dollars
uniquement pour le personnel étudiant au cours des prochains mois. Le
coût pour les occasionnels se situera aux alentours de $3,731,000 et,
uniquement à l'article des salaires sur le budget total de $58,926,000,
il en coûtera $42,600,000 pour payer le personnel régulier et, si
on additionne les occa- sionnels et les étudiants, une somme de
près de $47 millions pour l'administration des lois fiscales, sur un
total je l'ai dit de $58,926,000.
M. le Président, nous sommes disposés à
étudier, article par article, les programmes pour lesquels nous
demandons l'adoption des montants requis.
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): Monsieur le
député de Sauvé, si vous me permettez... Avant de
procéder, il y aurait lieu, pour la commission, de désigner un
rapporteur.
M. Bacon: Je proposerais le député de Bellechasse
qui rapporte, habituellement, tellement bien...
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Bellechasse... Cette proposition est-elle agréée? Le chef de
l'Opposition officielle.
Lever Brothers
M. Morin: M. le Président, selon l'habitude qui
prévaut à l'étude des crédits du ministèredu
Revenu depuis quelques années déjà, il conviendrait que
nous commencions l'étude par une discussion
générale...
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas d'objection.
M. Morin: ...sur l'ensemble des trois programmes et des divers
éléments qui constituent le budget de ce ministère. Si le
ministre n'a pas d'objection, comme je viens de l'entendre...
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas d'objection.
M. Morin: ...nous pourrions peut-être commencer par
reprendre les choses là où nous les avions laissées l'an
dernier, alors que, le 4 avril 1974, mon collègue, le
député de Sauvé, interrogeait le ministre sur une ou deux
affaires relatives à la perception des taxes et des
arriérés d'impôt. Le ministre avait dû s'absenter
à la toute fin de l'étude des crédits, laissant en suspens
un certain nombre de questions qui nous paraissent importantes.
Je voudrais donc revenir, en particulier, surdeux affaires. La
première est celle que nous avions laissée en plan l'année
dernière, qui, pourtant, est d'un intérêtcertain, celle de
Lever Brothers. A l'époque où les faits sont devenus connus du
public dans cette affaire, cela avait créé une certaine commotion
pour ne pas dire un certain scandale puisque, le ministre s'en souviendra, il
s'agissait d'une somme d'impôt non payée, de l'ordre de $183,740,
due par la compagnie Lever Brothers au fisc québécois.
Mon collègue, le député de Lafontaine a
tenté de faire la lumière sur l'état de cette question,
mais, malheureusement, il n'a pas réussi à obtenir les
renseignements qu'il recherchait.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invo-
que le règlement. Le chef de l'Opposition qui, tout à
l'heure, a parlé de son collègue, le député de
Sauvé...
M. Morin: Je voulais dire de Lafontaine, sûrement. Je pense
que le ministre m'aura compris.
M. Harvey (Jonquière): D'accord. Je lui rappellerai qu'une
réponse a été donnée et je lui conseille de
regarder d'autres documents ou d'autres exemplaires du journal des
Débats. J'ai répondu au député de Lafontaine que la
loi, que j'ai l'obligation d'administrer, m'empêchait, à moins
qu'on ne détienne un mandat de l'intéressé, de donner tout
renseignement contenu dans son dossier. De plus... Un instant.
M. Morin: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je n'ai pas
fini ma réponse. Et de plus...
M. Morin: Oui, mais c'est une question de règlement sur
votre question de règlement.
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas fini ma
réponse.
M. Morin: Oui, mais j'interviens. Vous connaissez le
règlement, M. le Président. Quand j'interviens sur le
règlement...
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas fini ma réponse,
M. le Président, et quand je l'aurai finie, il fera ses remarques. De
plus, M. le Président, j'indiquais...
M. Morin: M. le Président, j'invoque immédiatement
le règlement.
Le Président (M. Cornellier): En effet, le ministre a
soulevé une question de règlement et le député de
Sauvé, sur la même question de règlement, a demandé
la parole et je dois lui donner la parole.
M.Morin: D'ailleurs, M. le Président, je vous ferai
observer que ce n'est pas unequestion de règlement, c'est une question
d'interprétation de la Ipi que le ministre est en train de nous
soumettre. Or, s'il veut plaider là-dessus, sur l'article 69, je vais
être obligé de lui rappeler le texte exact de cet article, lequel
dit que la confidentialité porte sur les renseignements obtenus dans
l'application d'une loi fiscale. Je ne lui ai rien demandé de tel
encore. Ce que je veux connaître, c'est non pas les renseignements qu'il
a obtenus sur la compagnie Lever Brothers, c'est le comportement du
ministère à l'égard de cette compagnie.
C'est une toute autre affaire et la confidentialité ne couvre pas
cela, à moins que le ministre veuille se servir de ce prétexte
pour couvrir l'affaire.
M. Harvey (Jonquière): Avant de donner une réponse
à la dernière partie qui est vraiment une question du chef de
l'Opposition, j'avais invité le député de Lafontaine
à bien étudier le problème des taxes à la
consommation. Je lui disais que, sans impliquer la compagnie sur laquelle il
posait une question, les taxes à la consommation n'impliquaient pas
légalement les fabricants dans les textes de lois fiscales. Je lui
disais que les taxes à la consommation, telles qu'étaient
rédigées nos lois nous obligeaient à percevoir les taxes
au niveau du consommateur, au niveau du détaillant et que, si certaines
ententes avaient lieu dans certaines catégories de taxes à la
consommation, par voie d'entente entre le ministère et les
intéressés, cela diminuait le coût d'opération et,
d'autre part, cela amélioraitcertains revenus puisque nous avions un
nombre considérable de comptes en moins, de dossiers à examiner
et à revérifier.
Pour répondre à la question du député de
Sauvé, je lui dirai que cette compagnie, comme les autres, a reçu
de la part du ministère du Revenu un traitement uniforme, tel que nous
le donnons à des compagnies dans la même situation ou à des
individus, traitement uniforme, politique pratiquée pa rtous les
officiers du ministère que je dirige.
M. Morin:C'est ce dont je voudrais m'assurer, M. le
Président et, avec votre permission, je ne me satisferai pas
entièrement de la déclaration extrêmement
générale du ministre. Je voudrais entrer dans le détail,
parce que nous n'ayons jamais réussi à obtenir des renseignements
précis sur ce montant qui devrait être perçu et qui porte
sur une période de sept à huit ans. Il était de l'ordre de
$183,000. Je dois souligner au ministre que dans cette affaire, nous avons
attiré plusieurs fois son attention sur le fait que l'avocat de Lever
Brothers est M. Jean Lesage et que cela ne nous rassure pas entièrement.
C'est l'unedes raisons pour lesquelles nous voulons aller au fond de cette
affaire.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
de nouveau le règlement. Comment le chef de l'Opposition peut-il
prétendre que cette compagnie nous devait un montant alors que dans les
textes de loi, aucun fabricant n'est assujetti à une taxe à la
consommation? Si je veux raisonner comme le chef de l'Opposition, cela serait
tous les détaillants qui nous auraient dû des montants parce
qu'ils ont vendu, à l'intérieur des produits que fabriquait cette
compagnie, certaines primes qui étaient du matériel
imposable.
Le chef de l'Opposition est assez intelligent, malgré qu'il soit
pas mal idéaliste, pour savoir que, dans un grand marché, ce
serait difficile de trouver le consommateur qui a acheté la boîte
d'Oxydol avec une débarbouillette à l'intérieur.
Une situation aété corrigée grâce à ce
cas parce qu'elle nous a permis, au ministère du Revenu, de conclure une
entente que les compagnies, les fabricants auraient pu refuser, mais une
entente qui nous permet de prendre, dès la source, toute prime qui est
du matériel imposable pour en constituer un revenu plus sûr,
facile à contrôler pour nos vérificateurs; une situation a
été corrigée.
Mais, quand le chef de l'Opposition prétend que cette compagnie
nous devait de l'argent, malgré que lui-même soit avocat,
j'aimerais qu'un avocat qui s'y connaît en fiscalité nousdise la
même chose. Il nous donne un avis contraire à tous ceux que nous
avons pu recevoir.
M. Morin: M. le Président, d'après ce que nous
savons, c'est le ministère lui-même qui aétabli cette
cotisation, ce montant de $183,700 d'impôt non payé par la
compagnie Lever Brothers. Ce n'est pas nous qui l'avons inventé, ce
montant.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, le chef de
l'Opposition...
M. Morin: Laissez-moi poser les questions. N'est-ce pas
exact?
M. Harvey (Jonquière): Un instant. M. le Président,
je ne laisse pas passer cela, je fais comme vous.
M. Morin: Je veux vous le demander.
M. Harvey (Jonquière): Le chef de l'Opposition sait fort
bien q u'on ne prétend pas avoir le monopole de la vérité
et qu'il y a des avis de cotisation et c'est régulier qui
sont modifiés au ministère. Il y a des avis de cotisation qui
sont faits pourêtre capablesde discuter avec ceux qui ont d'autres
prétentions devant nous. Mais on les ramène à la
réalité avec des pièces comptables et des faits
précis et cela, le chef de l'Opposition le sait fort bien. Ce matin, il
veut soulever une tempête dans un verre d'eau.
M. Morin: Je ne veux pas soulever une tempête dans un lac
ou quoi que ce soit...
M. Harvey (Jonquière): Dans un verre d'eau.
M. Morin: ...ou dans un verre d'eau. Je veux tout simplement que
le ministre, avec nous, aille au fond de cette affaire. Je vais commencer par
le début.
N'est-il pas exact que, dans le passé, votre ministère
avait réclamé à la compagnie Lever Brothers une somme de
$183,740 d'impôt non payé? Est-ce exact ou non?
M. Harvey (Jonquière): Que le chef de l'Opposition
s'informe à l'intéressé. Si ce dernier répond, il
lui appartient de discuter de son dossier. Si je voulais être
méchant, je dirais qu'il y a certains individus dans la province qui
s'informent à moi du dossierdu chef de l'Opposition. Je leur dis qu'il
est aussi sacré pour moi de respecter l'article 69 de mon
ministère, concernant le chef de l'Opposition, que pour la compagnie
qu'il vient de citer.
Le chef de l'Opposition ne me fera pas tomber dans le panneau, parce que
je sais lire et que je suis conscient de mon serment d'office.
M. Morin: Je suis très curieux de ce que le ministre vient
de dire, parce que, justement, je me demande si le whip du Parti libéral
n'a pas eu accès, malgré ce que vous venez de dire, à
certains dossiers confidentiels. Des allusions en Chambre me permettent d'en
douter. En tout cas, nous reviendrons sur cette question.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je vais
rassurer le chef de l'Opposition. Il s'agit d'un de ses partisans
déçus non pas du budget de l'an I, mais du
prébudgetduchefde l'Opposition. C'est récent. Cela date de 24
heures. Je lui ai dit "non".
M. Morin: M. le Président, je ne voudrais pas qu'on
mêle les sauces. Je voudrais que nous parlions de cette affaire. Je ne
doute pas que ce soit le devoir du ministre de refuser de communiquer à
des tiers les dossiers d'impôts de tel individu ou de telle
société. C'est l'article 69 qui lui en fait une obligation. Il ne
fait que respecter son devoir.
Ce que je lui demande maintenant n'a rien à voir avec cela, rien
à voir avec la confidentialité. Il s'agit d'étudier la
comportement du ministère qui, dans le passé, a imposé une
compagnie pour une somme de $183,740 en raison d'impôts non payés
sur une période de sept ou huit ans. Je veux savoir ce que cette
réclamation est devenue. Le ministre peut tout simplement nous dire: II
a été décidé de l'abandonner pour telle ou telle
raison ou bien, on a changé d'idée, que sais-je?
Il nous dit que l'avis de cotisation a été modifié.
J'aimerais savoir pourquoi. Ceci n'est pas couvert par l'article 69, je le
répète au ministre. Je lui pose la question à nouveau.
Est-ce que vous n'avez pas, dans le passé, réclamé
à Lever Brothers $183,740 d'impôts non payés?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, sur le cas
précis de Lever Brothers, je ne réponds pas en vertu de l'article
69, mais je vais répondre au chef de l'Opposition que, quel que soit le
nom du fabricant, si nous avons émis un avis de cotisation qui
totaliserait quelques centaines de milliers de dollars, ce serait le fruit
d'une étude faite par nos services internes et qui nous amènerait
à croire que les primes contenues dans certains produits qui se vendent
à l'étalage auraient pu amener une perception de taxe à la
consommation d'approximativement les montants qu'on déterminerait dans
un avisde cotisation, pour mieux être en mesure de s'asseoir avec eux et
de conclure sur une base d'affaires une entente les amenant à être
mandataires du ministère du Revenu, donc assujettis à nos
systèmes de vérification, pour corriger une situation qui
empirait de jour en jour, de mois en mois.
Il ne s'agit aucunement du nouveau mandataire que mentionne le chef de
l'Opposition dans ma réponse, cela aurait été pour
n'importe quel fabricant puisque les taxes à la consommation
n'impliquent pas le manufacturier. Elles impliquent ceux qui vendent en
détail et sont assujettis à appliquer nos lois fiscales comme
mandataires de notre ministère, excepté à la taxe à
l'achat pour les manufacturiers. Là, le chef de l'Opposition le sait
fort bien.
M. Morin: D'accord. Je répète ma question. Est-ce
qu'il n'est pas exact que, dans le passé, vous avez établi que la
compagnie Lever Brothers devait au gouvernement une somme de $183,740? Est-ce
que c'est exact ou non? Ce n'est pas sorcier, répondre à cette
question. C'est une question d'intérêt public.
M. Harvey (Jonquière): Si on a fait une erreur, il est
sûr et certain que, en règle générale, on corrige
les erreurs qu'on peut commettre. Comment
voulez-vous qu'on réclame, qu'on insiste pour
ré-clamerunesommed'argentdûeparun contribuable quel qu'il soit,
que ce soit une corporation également, qu'on insiste ou qu'on prenne des
poursuites pour réclamer une taxe qui ne nous est pas due d'après
nos lois fiscales sur le plan légal? Maintenant, je répète
que nous corrigeons toute erreur qui peut se glisser. Dans le cas
spécifique que le chef de l'Opposition me soumet, je ne veux pas
embarquer en raison de la confidentialité que doit comporter tout
dossier fiscal, mais je lui dis que dans le domaine des taxes à la
consommation, il y a maintenant des ententes entre les fabricants qui, d'une
part, depuis quelques années, incluent dans leurs produits des primes
qui seraient imposables si elles étaient vendues par article,
individuellement sur les tablettes de ces centres commerciaux ou de ces
magasins. Grâce à cette entente, nous avons bouché ce qu'on
appelle communémen tdans le langage fiscal un "loophole ". Le chef de
l'Opposition sait fort bien qu'un des grands objectifs de notre
ministère dans le domaine administratif, c'est de travailler à
les corriger, à les boucher toutes les fois qu'on s'en aperçoit.
Si cette discussion je vais aller plus loin de l'an dernier a pu
faciliter les pourparlers entre tous les intéressés, y compris la
firme qu'il a mentionnée, tant mieux pour les contribuables du
Québec, parce que cela diminue les coûts d'administration dans ce
domaine spécifique et cela fait en sorte que nos revenus sont
consolidés dans un domaine où il aurait pu y avoir
détérioration dans les primes qui, de plus en plus, sont mises
dans ces produits pour inciter le consommateur à acheter une marque
plutôt que l'autre.
M. Morin: Le ministre a laissé entendre, dans deux de ses
réponses à mes questions, M. le Président, qu'il y avait
eu une erreur dans la cotisation de $183,000 et...
M. Harvey (Jonquière): Sur le plan juridique je
n'ai pas parlé de montant les fabricants, les manufacturiers ne
sont pas assujettis à la taxe de 8%, la taxe de vente. Quand je dis
cela, je parle solide... Excepté sur les achats de leurs propres biens
de consommation. Quand je parle comme cela, je parle solide, avec des avis de
conseillers juridiques en matière fiscale qui s'y connaissent 25 fois
plus que le chef de l'Opposition.
M. Morin: C'est possible, M. le Président. Nous ne sommes
pas là pour évaluer s'ils sont 25 ou 30 fois plus "connaissants"
des diverses lois fiscales, ce serait...
M. Harvey (Jonquière): Je me corrige: 22 fois plus.
M. Morin: Cela doit être une allusion au bill 22.
M. le Président, j'aimerais demander au minisitre quelques
détails sur l'avis de cotisation modifiée. La réclamation
a-t-elle donc été réduite? Si elle a été
réduite, à combien, exactement, l'a-t-elle été? Ou
a-t-elle été annulée complètement?
M. Harvey (Jonquière): Le chef de l'Opposition pourra
obtenir cela rapidement en s'adressant soit à la direction des relations
publiques de Lever Brothers, ou encore à son président, comme mon
interlocuteur hier... Je lui ai dit qu'avec plaisir vous seriez le premier
à lui donner l'information, parce que, d'après moi, vous
étiez un citoyen consciencieux et que, dans une société
civilisée, on doit payer ses impôts.
Je vous donne la même réponse que j'ai donnée
à votre adversaire hier, votre nouvel adversaire. Je n'ai pas le droit
de vous donner cela, et vous ne l'aurez pas.
M. Morin: M. le Président, on confond le publicet le
privé. Je comprends très bien que le ministre invoque
l'article...
M. Harvey (Jonquière): Lever Brothers est une compagnie
dont on va mettre tout le dossier fiscal sur le plancher, et c'est la
théorie du chef de l'Opposition?
M. Morin: Non. Attendez, M. le ministre. Si vous m'aviez
laissé terminer, vous auriez compris la distinction entre le public et
le privé. D'ailleurs, je suis convaincu que vous la saississez
déjà.
L'article 69 porte sur les renseignements obtenus par votre
ministère, aussi bien sur les profits des sociétés
commerciales que sur les revenus des particuliers. Là-dessus, c'est
votre devoir de protéger la confidentialité. Mais, lorsqu'il
s'agit, M. le Président, du comportement du ministère du Revenu,
de sa façon de procéder pour émettre des avis de
cotisation, lorsqu'il s'agit de savoir si le ministère du Revenu a
traité tous les contribuables de la même façon, lorsqu'il
s'agit de savoir comment il atraité, en particulier, une
société ou un individu qui devait de l'argent au gouvernement,
là, c'est du domaine public. Par exemple, si quelqu'un demande au
ministre le contenu de ma déclaration d'impôt, je crois que c'est
le devoir du ministre, même si, en tant qu'individu je n'ai rien à
cacher, de ne pas révéler le contenu de ma déclaration, ni
celle de Lever Brothers. Quant à cela, d'accord! Mais, si quelqu'un, aux
crédits ou ailleurs une personne autorisée à poser
la question, pas un simple particulier demande au ministre s'il a vu
à ce que moi, je paie mes impôts pour l'année
dernière, ou s'il a vu à ce que la compagnie Lever Brothers paie
ses impôts, je pense que le ministre doit répondre.
Par exemple, je pourrais lui demander je pense que cela serait du
domaine public, je suis convaincu que cela serait du domaine public
combien d'individus n'ont pas acquitté leur impôt pour
l'année dernière. Je pourrais même lui demander si
moi-même j'ai acquitté mes impôts pour l'année
dernière. Remarquez que je connais la réponse et le ministre
pourrait répondre à cette question. Ce sur quoi il ne peut
répondre, ce sont les données qu'il a obtenues sur mes revenus ou
sur les revenus d'une société et qui me ment à une
cotisation. Mais savoir si, oui ou non, j'ai acquitté mes impôts
ou que telle société a acquitté ses impôts, je ne
pense pas que cela soit confidentiel et vous devez répondre à ces
questions.
M. Harvey (Jonquière): Oui, d'accord, je vais y
répond re et je vais vous di re que la compagnie Lever Brothers,
comme toute autre compagnie dans le même secteur, a payé à
la province les impôts qu'elle devait au cours de la dernière
année fiscale sur les mêmes principes appliqués pour une ou
les autres dans leur secteur assujetti aux lois des corporations et aux
différentes taxes à la consommation.
Je répéterai au chef de l'Opposition que, depuis la
dernière année fiscale, grâce au travail qui remonte
à plusieurs années, de la part de nos hauts fonctionnaires, de la
part également d'un homme qu'il a mentionné au début de
son intervention, qui agissait comme procureur pour une des compagnies
intéressées, cela a amené les deux parties à
négocier une entente de sorte que nous avons une sécurité
du revenu dans les taxes à la consommation concernant ces articles
imposables qui étaient donnés comme prime dans les produits
fabriqués par ces gens. En définitive, je voudrais bien qu'il me
comprenne, la compagnie qu'il a citée a payé ses redevances comme
les autres. Si quelques-unes d'entre elles, tout comme n'importe quel
contribuable, sont venues voir nos services de perception et ont pu conclure
des ententes très courtes pour s'acquitter de leurs redevances envers
l'Etat, comme cela pourrait arriver à un contribuable, à moi ou
à un autre, ou à d'autres corporations, c'est assez rare que des
corporations de ce genre nous demandent des délais pour s'acquitter de
leurs impôts. Il y a des discussions, bien sûr, de la
vérification avec les services administratifs, mais cela se conclut par
une entente finale de paiement des redevances, soit dans le domaine des
impôts tout court, des impôts sur les corporations ou des taxes de
vente auxquelles elles sont assujetties.
M. Morin: Je vais revenir un instant sur la question de l'entente
qui a été conclue entre le ministère si j'ai bien
compris et les compagnies semblables à Lever Brothers qui
pratiquent ce genre de système de primes sur la vente du savon. Cette
entente a-t-elle été conclue avec toutes ces compagnies? Avec
l'ensemble?
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Morin: Le ministre pourrait-il communiquer le texte de cette
entente, étant donné qu'il s'agit, j'imagine, d'un document
public?
M. Harvey (Jonquière): II s'agit d'un contrat de
mandataire, exactement comme tous ceux qui ont des mandats du ministère.
Ces documents sont conservés à titre confidentiel à
l'intérieur de chacun des dossiers de mandataire.
M. Morin: J'imagine que l'entente est intervenue entre le
ministère d'une part et chacun des mandataires d'autre part. Cette
entente portait-elle également sur les sommes qui étaient
déjà dues pour les exercices passés?
M. Harvey (Jonquière): En principe, tout ce que la
compagnie ou les compagnies devaient au moment de la signature de l'entente, a
été payé et ce qu'elles ne devaient pas été
enlevé de leur compte s'il y avait, à ce moment-là, pour
certaines compagnies, des avis de cotisation arbitraires ou l'effet d'erreurs.
Mais je voudrais signaler au chef de l'Opposition que l'entente conclue avec
ces compagnies n'est pas une entente qui peut être uniforme, comme celle
faite avec une mandataire résidant dans la province de Québec et
vendant au détail, le petit marchand, la majorité de nos
mandataires. On a dit tout à l'heure que dans les textes de loi le
manufacturier n'est pas assujetti à percevoir, comme mandataire, les
taxes à la consommation. Il s'agit de contrats spécifiques,
moyennant des clauses spéciales qui couvrent tout le monde, comme c'est
le cas pour certaines taxes pour le tabac, les carburants. Vous savez que nous
avons un nombre limité de mandataires, contrairement aux autres taxes
à la consommation, taxe de vente de 8%, où on peut avoir des
centaines de milliers de mandataires qui nous font, chaque mois, les remises
perçues pour le mois précédent. Dans ces secteurs, le
carburant, le tabac et maintenant les primes contenues dans leur produit, il
existe une entente et ces ententes font partie intégrante du dossier de
ces compagnies comme secteur spécifique.
M. Morin: Bien. M. le Président, au moment où les
ententes ont été conclues, quel était le montant total
dû par les compagnies de savon offrant des primes? D'après les
dossiers du ministère, d'après vos réclamations, combien
était dû au ministère?
M. Harvey (Jonquière): Au niveau des taxes de
l'impôt sur les corporations, je suis persuadé que les services de
recouvrement nous les auraient signalées. Je n'ai rien à l'esprit
pour me le rappeler, mais je le réfère à ma
réponse. Au moment de la signature de l'entente, toutes sommes dues ont
été payées, concernant toutes les lois auxquelles elles
étaient assujetties et tous les avis de cotisation qui ne les
affectaient pas ou étaient légalement intenables, ont
été réglés à ce moment-là.
M.Morin: Le ministre nous dit que tous les montants dus ont
été payés. Je veux bien le croire, mais je lui demande:
Combien était dû?
M. Harvey (Jonquière): On n'a pas gardé de dossiers
spécifiques pour savoir, au moment précis de la date de
l'entente, quel était le montant du chèque que devait nous
remettre telle ou telle compagnie.
M. Morin: Est-ce que tout a été payé?
M. Harvey (Jonquière): On a demandé, avant de
signer l'entente... Cela ne se signe pas dans deux secondes une entente comme
celle-là. Il y a eu des pourparlers pendant des mois et des mois. On a
demandé à nos services de recouvrement de faire le point de
toutes les compagnies affectées dans ce secteur spécifique pour
faire la mise à jour de ce qu'elles devaient ou ne devaient pas. Je dis
qu'au moment de la signature de l'entente, les compagnies, qui faisaient partie
de l'entente avaient payé les sommes dues à l'Etat, soit en vertu
de la Loi de l'impôt sur les corporations ou les taxes à la
consommation qui les impliquaient. Les manufacturiers sont
impliqués dans les taxes à la consommation pour les articles
qu'ils utilisent eux-mêmes légalement j'entends.
M.Morin: Le ministre nous apprend doncq ue les montants qui
étaient dus au moment de l'entente ont été
acquittés.
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Morin: Bon, mais ma question n'est pas compliquée. S'il
n'est pas capable de me répondre aujourd'hui, je veux bien attendre
à demain ou à un autre jour, quand nous nous réunirons
pour l'étude des crédits du ministère. Vous me dites que
tous les montants dus ont été payés, je vous demande: Mais
combien était dû?
M. Harvey (Jonquière): II s'agirait et je n'ai pas
l'intention de le faire, je vais vous répondre
immédiatement de demander à quelqu'un du service de
ressortir les dossiers à partir de l'entente, d'aller dans les fichiers
pour sortir la fiche de chacune des compagnies impliquées.
Ce serait un travail inutile parce que je réponds comme ministre
du Revenu avec l'assurance de mon sous-ministre, parce qu'il en est
sûrégalement, que les montants dus à l'Etat en vertu des
lois fiscales par les compagnies impliquées, au moment de la signature
de l'entente, ont été soldés, de sorte que tout travail,
que je pourrais demander à ce sujet, constituerait, à cette
période de l'année où tous nos effectifs sont
assignés à des tâches pas mal plus pressées... Ce
serait retarder inutilement du travail urgent au ministère du
Revenu.
M. Morin: M. le Président, nous sommes à
l'étude des crédits du ministère du Revenu et le ministre
conviendra que c'est son devoir de répondre aux questions de
l'Opposition ou des autres députés qui font partie de cette
commission. Il ne peut pas nous dire: Je ne répondrai pas parce que nous
avons beaucoup de travail. Autrement, on ne pourrait jamais aller au fond du
moindre dossier; d'ailleurs, vous voyez...
M. Harvey (Jonquière): Le chef de l'Opposition sait fort
bien que les corporations sont assujetties au paiement de 1/12 de leur
impôt, un paiement mensuel sur les impôts qu'elles prévoient
payer. Le chef de l'Opposition sait fort bien qu'il s'agit de sommes
marginales. Il y aurait toujours moyen, je ne le nie pas, d'arriver avec un
chiffre précis, pour garder la confidentialité, et de le donner
globalement, comme je l'ai fait une fois pour répondre à une de
ses questions dans un autre domaine.
J'invite le chef de l'Opposition à comprendre une situation. Nous
sommes extrêmement limités en ressources humaines au
ministère du Revenu. Nous sommes dans une... '
M. Morin: Nous aurons l'occasion d'en parler.
M. Harvey (Jonquière):... période qui ne nous aide
pas concernant la réception de certains docu- ments essentiels pour le
traitement rapide des données, des rapports des contibuables, des
rapports des mandataires ou des rapports des corporations. Je demande au chef
de l'Opposition de ne pas insister pour recevoir une information qu'on pourrait
très bien lui donner à une autre occasion.
M.Morin: M. le Président, chaque fois que nous posons des
questions de cet ordre, on nous répond d'attendre les crédits.
Les crédits sont l'occasion de poser des questions comme
celles-là. Je regrette, mais il y en a un certain nombre que je dois
poser; je ne vais pas insister pour obtenir des détails inutiles, mais
je veux que nous obtenions l'information à laquelle nous avons droit.
Jusqu'ici, dans cette affaire de primes, nous avons pu établir, à
force de poser des questions, qu'il y a eu erreur dans les montants qu'on
réclamait aux sociétés qui sont impliquées dans
cette histoire. Lorsqu'on a constaté ces erreurs, il semble que des
ententes soient intervenues pour régler le problème de la
perception des montants qui étaient dus par ces sociétés
commerciales.
Si le ministre ne peut pas me donner le montant global sur lequel
portaient ces erreurs et sur lequel portaient les ententes, je vais lui
demander quelque chose de plus précis. Dans le cas de Lever Brothers,
l'erreur représentait quel pourcentage de ce qui était
réclamé à cette société par son
ministère?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je vais
ramener le chef de l'Opposition, encore une fois, les deux pieds bien à
terre pour lui dire que l'entente se résume à ceci. Aux
compagnies impliquées, on a dit : Messieurs, vous n'êtes pas
légalement assujettis à être mandataires du
ministère du Revenu parce que vous êtes manufacturiers. Vous
allez, si vous le voulez bien ça se met rapidement dans une
entente payer au service des achats le matériel ou la prime que
vous mettez dans votre boîte de savon, puisque le savon n'est pas
imposable. Il n'y avait rien de plus simple. Légalement, dès le
départ, elles n'étaient pas assujettis aux taxes à la
consommation. C'est aussi ridicule que si, demain, un de mes
vérificateurs imposait un vieillard de 70 ans et oubliait de lui donner
l'exemption en raison de son âge. Sur la preuve qu'il a tel âge, on
corrigerait l'avis de cotisation, parce que la loi l'exempterait de la charge
additionnelle qui aurait pu lui être faite.
Dans le cas dont discute depuis bientôt une demi-heure le chef de
l'Opposition, légalement, aucune de ces compagnies n'était
assujettie aux taxes à la consommation à l'exception du
matériel imposable que ces compagnies achetaient pour leur propre bien
de consommation.
M. Morin: Si j'ai bien compris le ministre, le montant
réclamé à Lever Brothers, d'environ $183,000, constituait
une erreur. C'était à la suite d'une erreur que vous l'aviez
réclamé.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le chef de l'Opposition
est capable d'affirmer que le montant qu'il vient de citer comprenait
uniquement ces articles ou ne comportait pas certains montants assujettis
à la compagnie qu'il vient d'identifier, sous d'autres lois auxquelles
ils étaient assujettis?
M. Morin: C'est au ministre de le dire.
M. Harvey (Jonquière): Ou sur des biens
achetés?
M. Morin: Ce n'est pas à moi...
M. Harvey (Jonquière): Sur des biens achetés
pourelle. Justement, le chef de l'Opposition ne peut pas affirmer cela et moi,
je lui dis que toutes les sommes dues au ministère du Revenu par les
compagnies impliquées dans l'entente ont été .
payées au ministère du Revenu, mesure équitable pour
toutes et chacune de celles qui sont comprises dans l'entente.
M. Morin: Bon. Alors, nous allons reprendre les choses d'encore
un peu plus loin, puisque je n'arrive pas vraiment à obtenir les
renseignements que je cherche depuis déjà effectivement
près d'une demi-heure.
Ce montant de $183,740 d'impôt non payé portait-il
seulement sur les primes mises dans les boîtes de savon par la compagnie
Lever Brothers ou comportait-il d'autres éléments de
cotisation?
M. Harvey (Jonquère): Si le chef de l'Opposition me
questionne, peut-être connaît-il la réponse. S'il
connaît la réponse et qu'il l'a obtenue par les
intéressés, ou par une personne qui est à l'emploi des
intéressés, qu'il l'affirme, parce qu'il n'a rien à
perdre.
M. Morin: Je veux seulement savoir. Je demande au ministre...
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je
répète pour la dixième fois au chef de l'Opposition qu'il
ne me fera pas donner de renseignements qui sont contenus dans le dossier
fiscal d'une entreprise, pas plus. On traite de renseignements contenus dans le
dossier fiscal. Quand il m'a demandé tout à l'heure si cette
compagnie qui, comme les autres, avait acquitté ses comptes dus au
ministère du Revenu, l'avait fait avant l'entente ou après
l'entente, il était en droit de le demander et je lui ai donné
une réponse.
Sur la question spécifique qu'il pose, le chef de l'Opposition
récidive, M. le Président, rappelez-le à l'ordre.
M. Morin: M. le Président, nous revenons au même
point que tout à l'heure et j'estime que le ministre se cache
indûment derrière l'article 69 pour ne pas répondre
à mes questons.
Je lui répète que la confidentialité qu'il invoque
porte sur les renseignements obtenus par son ministère dans
rétablissement des cotisations dues au gouvernement par les
sociétés ou par les particuliers.
La confidentialité ne porte pas sur les montants qui sont dus au
ministère et qui n'auraient pas été payés.
M. Harvey (Jonquière): C'est faux. La
confidentialité porte également sur la cotisation, parce qu'elle
contient également des renseignements obtenus soit par nos services de
vérification interne ou par nos services de vérification sur
place.
Quand le chef de l'Opposition prétend que cette partie n'est pas
confidentielle, je l'invite à se renseigner auprès de ceux qui
connaissent un peu la portée de l'article 69 de la loi organique du
ministère du Revenu.
M. Morin: M. le Président, je constate, à mon grand
regret...
M. Harvey (Jonquière): Sur le même principe, je
pourrais dire à tout le monde ce qui se passe dans les dossiers
d'impôt concernant n'importe quel contribuable, mon collègue de L'
Islet ou de Mercier, ou de M. Untel qui est journaliste, qui travaille à
la pige. Je serais le grand "placoteux" de l'Assemblée nationale. Ce
n'est pas pour rien que, dans tous les pays du monde, les lois concernant la
perception des impôts sont très larges et contiennent des pouvoirs
très forts. C'est celui qui a le mandat de les administrer qui doit
faire en sorte de les respecter. Les devoirs difficiles que comporte la
tâche d'être ministre du Revenu, incluent l'article 69 qui permet
au chef de l'Opposition de l'accuser de se cacher derrière l'article 69.
Ce serait tellement facile d'être démagogue.
M. Morin: M. le Président, encore une fois, je n'ai pas
demandé au ministre le contenu des déclarations d'impôt de
Lever Brothers ou de quelque autre compagnie que ce soit. Je sais que cela est
couvert par la confidentialité. Mais j'ai le droit de demander au
ministre si les impôts ont été payés. S'ils ne l'ont
pas été, pour quelle raison?
Le ministre nous dit: II y a eu une erreur.
Nous voulons savoir et je pense que c'est une question d'ordre
public, qui intéresse aussi l'interprétation de la
législation si cette somme de $183,740, qui était due
à son ministère, d'après du moins ce qu'il disait à
l'époque, a été payée ou a été
effacée. Ce n'est pourtant pas compliqué.
M. Harvey (Jonquière): Qui a dit cela? Ce n'est pas moi
qui ai dit cela, c'est le chef de l'Opposition qui me fait dire...
M. Morin: Je vous pose la question. Est-ce que cette somme a
été payée ou est-ce qu'elle a été
effacée à la suite de l'entente intervenue?
M. Harvey (Jonquière): Je répète que la
compagnie, elle comme les autres, a payé son impôt et toutes les
sommes dues au ministère du Revenu. Quand le chef de l'Opposition
utilise le mot "erreur", je le ramène, également, aux
explications que je lui ai données antérieurement en lui disant
que nos services du ministère, services de vérification, nous ont
permis, d'après une étude faite de façon la plus
scientifique, de découvrir que non seulement une compagnie, mais toutes
les compagnies qui vendaient des produits non imposables avec des primes
priveraient le trésor public, par cette prime incluse non imposable, de
certains montants qu'on pouvait récupérer à long terme. Un
instant!
Comment le chef de l'Opposition peut-il qualifier d'erreur le...
M. Morin: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Harvey (Jonquière): Un instant! C'est vous qui dites
une erreur, parce que je vais arriver avec la conclusion. Comment peut-il
qualifier d'erreur le travail fait de façon scientifique? Ceci nous
amène dans une discussion sur le plan juridique avec les compagnies.
Nous prétendions, d'une part, qu'il s'agissait de les imposer à
l'achat. Mais pour le consommateur de cette débarbouillette, de ce
produit, de cette prime, est-ce que, devant les tribunaux, notre cause aurait
été assez forte pour prétendre que c'est le
président ou les directeurs ou les actionnaires de l'une ou de l'autre
compagnie... L'entente que nous avons conclue a permis au ministère de
réaliser un des grands objectifs qu'on vise dans la poursuite
d'améliorations constantes de la sécurité de nos revenus
au ministère, celui de boucher ce qu'on appelle un trou, un "loophole".
C'est cela qu'il faut que le chef de l'Opposition comprenne.
Il y a des gens qui s'asseoient à notre table uniquement quand on
agit. La grande majorité de nos avis de cotisation étaient
basés sur des études faites à partir de biens
achetés, de biens non imposables, comme le savon auquel était
attachée une prime à l'intérieur, qui, elle, était
imposable.
M.Morin: M. le Président, j'espère que le ministre
me donne suffisamment de crédit pour comprendre que je suis heureux des
ententes qui ont pu être conclues et qui permettent de boucher des
lacunes dans la législation. Je ne doute pas que ces ententes avaient
été conclues dans l'intérêt public pour l'avenir. Ce
que je veux savoir je n'arrive pas à le savoir c'est dans
quelle mesure les impôts qui étaient dus, pour le passé
il y avait tout de même des montants considérables,
puisque, pour Lever Brothers seulement, c'était $183,740 si vous
aviez commis une erreur, si ces montants ont été effacés
ou bien s'ils ont été payés en tout ou en partie.
M. Harvey (Jonquière): Ma réponse, c'est que tous
les impôts qui n'étaient pas dus n'ont pas eu besoin d'être
payés, tous ceux qui étaient dus ont été
payés pour toutes les compagnies impliquées dans l'entente que
nous avons signée. C'est la réponse. Vous avez votre
réponse.
M. Morin: M. le Président, c'est une réponse
beaucoup trop générale par rapport à la question que je
pose. Le ministre doit comprendre le sens de ma question, parce que, si
j'interprète...
M. Harvey (Jonquière): Je l'ai très bien
compris.
M. Morin:... à la lettre ce qu'il vient de me dire, je
dois donc conclure que Lever Brothers, qui devait, d'après le
ministère, $183,740, a payé ces montants à la suite de
l'entente.
M. Harvey (Jonquière): Si elle les devait, le chef de
l'Opposition raisonne comme un homme.
M. Morin: Ah! Oui, mais le ministre...
M. Harvey (Jonquière): Parce que le chef de l'Opposition
n'est pas en mesure de l'affirmer, je lui demande de le faire, s'il le veut
bien, parce que les sommes réclamées à Lever Brothers,
dans le montant qu'il cite, est-ce que c'était uniquement pour des
primes contenues dans des produits qu'elle avait fabriqués et fait
revendre au Québec par des clients de cette firme?
M. Morin: Je vous pose la question.
M. Harvey (Jonquière): Le chef de l'Opposition sait fort
bien que sa question est une question piège, m'amenant à
dévoiler des renseignements que la loi m'interdit de dévoiler. Je
réponds au chef de l'Opposition que, pour ma part et les officiers de
mon ministère, nous sommes très heureux que ce dossier soit
fermé depuis plusieurs moit déjà et qu'un de nos
objectifs, une de nos préoccupations, dans l'administration saine des
lois fiscales, ait été atteinte par le signature de cette
entente, non seulement pour la compagnie qu'il vient de mentionner, mais pour
tout ce secteur des produits non imposables parmi lesquels se trouvaient des
biens imposables donnés comme prime à des consommateurs que nous
ne pouvions pas rejoindre pour les assujettir à l'application des taxes
à la consommation sur le plan individuel.
M. Roy: M. le Président, maintenant, si on me le permet,
le ministre fait référence à une entente qui est
intervenue avec les compagnies. Est-ce que le ministre pourrait nous faire
parvenir une copie de cette entente?
M. Harvey (Jonquière): Non, parce que, sur le plan
juridique, pour une taxe à la consommation, le mandat régulier
est contenu dans la loi, tandis que cela est une taxe par voie d'entente. On
frise quasiment la taxe indirecte. Sur le plan constitutionnel, nous avons le
droit de conclure des ententes avec certains manufacturiers pour la perception.
On vous l'a dit tout à l'heure, ces compagnies nous paient les montants
à l'achat de ces produits, se déclarant, dans l'entente,
elles-mêmes le consommateur du bien. C'est pour cela que, sur le plan
juridique, si ces compagnies le voulaient, à la fin d'une entente, elles
ne la renouvelleraient pas et on serait pris, nous, pour utiliser d'autres
moyens pour être capables d'aller chercher le produit de ces articles
imposables au niveau du consommateur ou du détaillant.
M. Roy: Sur le plan des ententes, est-ce que ces ententes se font
toujours à partir des mêmes principes avec les diverses compagnies
qui peuvent être concernées? Il y a des dispositions dans la loi,
il y a des normes établies dans la réglementation qui font suite
à la loi, qui sont la continuation de la loi?
M. Harvey (Jonquière): Bien sûr. Cette
administration...
M. Roy: Si ce sont des ententes qui ont lieu selon des termes
très juridiques et comme il n'y a pas seulement une compagnie qui a
pratiqué ce genre d'opérations, est-ce que le ministre pourrait
nous dire si l'entente qui a été signée entre la compagnie
mentionnée par le chef de l'Opposition et le ministère du Revenu
est identique aux ententes qui auraient pu avoir lieu entre le ministère
du Revenu et les autres compagnies qui sont dans le même genre de
commerce?
M. Harvey (Jonquière): Ce sont des ententes
administratives. C'est de l'échange de correspondance. Cela nous amenait
à traiter administrativement ces questions entre le ministère et
les compagnies impliquées. Il ne s'agit pas d'entente formelle, de
mandataires, comme c'est le cas pour les mandataires réguliers qui
agissent pour et au nom du ministère avec toutes les
responsabilités que cela comporte dans les autres taxes à la
consommation. En fait, ce système existe au niveau de la taxe sur le
tabac. Il existe également dans le domaine des carburants, des produits
pétroliers. L'expérience nous a prouvé que ces ententes
ont été à l'avantage du ministère puisque cela
diminuait considérablement le nombre de mandatai res. Cela permet une
vérification beaucoup plus rapide et plus fréquente, des
rentrées de fonds beaucoup plus rapides. Tous ces facteurs sont
analysés au moment de l'entente purement entre échange de
correspondance liant l'un et l'autre.
M. Roy: M. le Président, ce n'est pas cela que j'ai
demandé au ministre. Ce n'est pas cela du tout que j'ai demandé
au ministre. J'ai demandé au ministre s'il existait des ententes
similaires avec les autres compagnies qui sont dans le même genre
d'activités. Un instant...
M. Harvey (Jonquière): D'ailleurs, le chef de
l'Opposition...
M. Mercier: Cela fait trois quarts d'heure qu'on discute de cela.
On ne recommencera certainement pas pour le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Bon, c'est oui la réponse. Alors, on n'a pas
besoin d'intervenir et le député de Bellechasse n'a pas besoin de
monter dans les rideaux. D'ailleurs, je sais qu'il a de l'ouvrage avec le
placement étudiant de mon comté jusqu'à maintenant.
M. Mercier: On va s'en occuper si le député de
Beauce-Sud ne veut pas s'en occuper.
M. Roy: Je sais que vous êtes bon dans le patronage. Si ce
sont les mêmes ententes qui existent avec la compagnie Lever Brothers
qu'avec les autres compagnies, et que ces ententes sont, autrement dit, en
conformité avec la loi, pourquoi le ministre a-t-il objection à
nous faire connaître le contenu de ces ententes?
M. Harvey (Jonquière): C'est parce que je viens de...
M. Roy: Un instant, je n'ai pas terminé, parce que,
lorsqu'on fait référence à un document qui peut être
un document public, soit à une commission parlementaire ou ailleurs, ou
lorsque le ministre fait référence à un document ou
à une entente, on sait qu'en vertu de notre règlement, le
ministre peut être tenu de le déposer si les députés
en font la demande.
M. Harvey (Jonquière): Et si le ministre veut bien le
déposer, considérant qu'il est d'intérêt public.
Moi, je dis que, considérant l'intérêt public de
sauvegarder et de respecter le sens de l'article 69, tant et aussi longtemps
que je serai ministre du Revenu de la province de Québec, les dossiers
fiscaux des individus ou des corporations ne traîneront pas sur la table
du greffier de l'Assemblée nationale. Quand j'ai dit, tout à
l'heure, que les sommes dues par chacune des compagnies impliquées dans
ce qu'on discute depuis près d'une heure ont été
payées au ministère du Revenu, j'implique chacun des dossiers
fiscaux des compagnies intéressées. Et quand je dis, plus tard,
qu'un échange de correspondance sur l'entente administrative lie le
ministère avec la compagnie X, cela fait partie intégrante du
dossier fiscal de l'intéressé. Cela fait partie également
de tout ce qu'il peut dépenser, lui, aux achats concernant ses primes
pour être capable de concurrencer les autres dans le même domaine.
Cela va plus loin. Je dis et je répète que, tant et aussi
longtemps que je serai ministre du Revenu, les dossiers fiscaux des individus
et des entreprises ne traîneront pas sur la table du greffier ou
même dans les bureaux des députés ministériels. Je
réponds aux députés quand vous m'écrivez, parce que
je considère que la personne qui vous a donné le mandat par
lettre, et que vous m'expédiez cette requête me demandant de faire
une vérification, cela me permet, sur le plan juridique
d'interpréter que cette personne a voulu, par son écrit, vous
demander de venir examiner sa situation, et le mémoire qui m'est soumis
à la suite d'une révision me permet de bien vous renseigner.
Vous remarquerez également que, quand je donne un état
détaillé de ses déclarations d'impôt pour les
années antérieures, vous recevez une copie de la lettre que
j'envoie au contribuable, et le tableau explicatif donnant tous les
détails. La copie n'est pas incluse dans la lettre que je vous
transmets, en plus de celle que je transmets au contribuable
intéressé.
L'article 69 de la loi, je l'ai compris, et s'il y a certains
députés qui ont besoin d'une petite leçon d'une quinzaine
de minutes, de la part de ceux qui travaillent constamment sur les textes
fiscaux, sur l'interprétation des lois fiscales, je suis bien prêt
à demander, moi, à de fidèles collaborateurs de le faire.
Vous allez être les premiers à dire qu'ouvrir une porte dans ce
domaine, c'est ouvrir une porte qui ne se refermerait pas.
M. Roy: M. le Président, je ne prolongerai pas le
débat. D'abord, il y a deux choses que je tiens à relever au
niveau de ce que vient de dire le ministre. D'abord, il y a le fait, à
un moment donné, que les
députés peuvent se faire mandater par des individus pour
aller examiner leurs dossiers au ministère du Revenu. Je veux rassurer
le ministre. Si cela se fait, je ne l'ai pas fait et je n'ai pas l'intention de
le faire. C'est clair! Quand j'ai écrit au ministère du Revenu,
ce sont des gens qui ont porté plainte par le fait qu'ils n'avaient pas
eu leur remboursement d'impôt normalement. Je me suis limité
à cela. Si les députés commencent à aller fouiller
dans les dossiers du ministère du Revenu pour leurs commettants, moi, je
vais commencer à me poser des questions.
M. Harvey (Jonquière): On ne fouille pas. On ne
prête pas...
M. Roy: Non, faire relever, au nom de la personne. Viens avec moi
et je vais t'autoriser à aller relever mon dossier que nous avions
discuté au ministère du Revenu. C'est cela que le ministre a
dit.
M. Harvey (Jonquière): On ne lui donne pas le dossier. Il
pose des questions pertinentes s'il est avec le député ou qu'il a
un mandat, des questions pertinentes concernant le dossier de l'individu, mais
c'est le fonctionnaire, bien sûr, responsable du secteur de
vérification qui, lui, dossier en main, répond aux questions
auxquelles il doit répondre, qui lui sont posées.
M. Roy: Alors, vous allez...
M. Harvey (Jonquière): Mais le dossier ne traîne pas
dans les mains de celui qui demande de venir poser des questions. Voyons
donc!
M. Roy: Vous admettez qu'il y a des députés qui
vont avec des commettants au ministère du Revenu?
M. Harvey (Jonquière): Non seulement des
députés, des comptables, des curés, des agents de
bien-être...
M. Morin: Des gérants de banque, des gérants de
caisse populaire...
M. Harvey (Jonquière): Des gérants de banque, bien
sûr, n'importe qui.
M. Morin: ...comme ça lors des événements
d'octobre.
M. Harvey (Jonquière): C'est sûr.
M. Roy: Le ministre vient de l'admettre. J'en prends note.
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire, je
l'admets.
M. Roy: J'en prends note.
M. Harvey (Jonquière): Je vous dis honnêtement ce
qui se passe.
Depuis qu'il existe un ministère du Revenu, moi-même, comme
comptable, je me souviens de m'être présenté à un
bureau régional de l'impôt fédéral à
Québec, il y a une vingtaine d'années en 1955 et
j'avais oublié...
M. Roy: Comme comptable, c'est normal. Cela fait partie de son
travail.
M. Harvey (Jonquière): J'allais discuter mon propre cas
et, en même temps, un de mes copains de travail, au Canadien National,
m'avait demandé, m'avait donné un chèque en blanc pour
vérifier certaines affaires concernant son dossier et de payer son
impôt pour l'année fiscale antérieure. Le gars du
fédéral n'a jamais voulu discuter du dossier de mon
confrère de travail parce que j'avais oublié de me faire donner
un mandat. Je savais cela depuis très longtemps et cela a toujours
été ainsi.
M. Roy: Pour un comptable, c'est normal. Relativement au document
et à l'entente, je comprends, suite à ce que le ministre vient de
di re. Il s'agit d'une entente particulière qui a été
faite avec une compagnie je dis bien, une entente particulière
et jointe au dossier de la compagnie et qui devient, à ce moment,
confidentielle. Le ministre se cache derrière l'article 69 de la
loi.
M. Harvey (Jonquière): Appelons cela "se cacher", si vous
voulez.
M. Roy: II ne s'agit pas d'un document général. Il
s'agit d'un document particulier. C'est ce que je voulais savoir.
M. Morin: M. le Président, résumons-nous sur cette
affaire des fabricants de savon. Le ministère réclamait, dans le
passé, la somme de $183,740 d'impôt non payé à la
société Lever Brothers. Des ententes sont intervenues. Des
erreurs ont pu être commises dans l'évaluation de ce montant qui
était dû au fisc québécois. Ce que nous n'arrivons
pas à savoir, ce matin et ce qui est fort important parce que le
ministre admettra que si, par hasard, il y avait eu des passe-droits, l'opinion
publique a le droit d'être informée de cela ce que je
n'arrive pas à savoir, c'est si, oui ou non, sur ce montant
précis de $183,740 d'impôt non payé, il y a eu des erreurs,
si le montant a été payé partiellement ou non. C'est ce
que nous voulons savoir et le ministre ne pleut pas se cacher derrière
l'article 69 pour refuser de répondre à une telle question parce
que cela ne porte pas sur les renseignements obtenus dans l'application d'une
loi. Cela porte sur le fait que, oui ou non, des impôts ont
été payés au fisc québécois.
M. le Président, s'il n'y a pas moyen d'obtenir une
réponse à cette question, je me demande à quoi servent les
crédits.
M. Harvey (Jonquière): Je comprends que cela ne fait pas
l'affaire du chef de l'Opposition, mais que voulez-vous? Je comprends, mais il
doit l'accepter quand même. Cela ne fait pas son affaire. C'est vous qui
dites que le montant de $183,740 que vous citez constitue des redevances
d'impôt...
M. Morin: C'est votre ministère.
M. Harvey (Jonquière): Un instant! Pouvez-vous affirmer
que notre ministère dit que la compagnie que vous citez devait $183,740
d'impôt alors que toute la discussion que nous avons concerne des taxes
de vente, sur des produits vendus par des détaillants du Québec
comme des produits non imposables, mais qu'à l'intérieur de la
boîte, se trouve une prime qui, elle, si elle était achetée
par un consommateur, serait assujettie au paiement d'une taxe de 8% rendant le
mandataire détaillant dans l'obligation de nous remettre ce montant le
23e jour du mois qui suit sa perception?
Alors, si le chef de l'Opposition prétend que ce sont $183,740
d'impôt, il faut bien se comprendre. Un manufacturier n'est pas assujetti
à une taxe de vente à la consommation et c'est grâce au
travail de recherche que nous avons amené des gens qui ont des commerces
dans le Québec, des manufacturiers, à consentir avec nous,
à considérer que, dorénavant, pour tout ce qu'ils
achètent de prime pour inclure dans les boîtes, ils nous
remettaient les montants d'argent comme taxe à l'achat, comme c'est le
cas puisqu'ils sont assujettis eux-mêmes à payer 8% de taxe pour
les matériaux, pour les achats qu'ils font pour leur propre
consommation. Quand on comprend cela, on ne peut pas affirmer ce que vient
d'affirmer le chef de l'Opposition: Des impôts dus de $183,000. Cela va
être beau dans les journaux, cela! Mais il faut aller au fond des choses
et se dire...
M. Morin: C'est cela que nous voulons faire!
M. Harvey (Jonquière): On y va et on vous dit que les
manufacturiers, qui s'appellent Joseph Ratté ou "Isidore
Malattelé" de Saint-Clin-Clin, s'ils sont manufacturiers, ne sont pas
assujettis aux taxes à la consommation autres que celle pour les achats
qu'ils font pour leurs propres biens qu'ils utilisent eux-mêmes, s'ils ne
vendent pas au détail.
M. Morin: Cela fait trois fois que le ministre me répond
cela.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le chef de l'Opposition
a acheté souvent, dans un magasin quelconque, des biens vendus dans un
kiosque de telle compagnie? Non. Il a acheté des produits
fabriqués par telle compagnie, mais vendus par un détaillant.
M. Morin: M. le Président, cela fait trois fois que le
ministre explique cela et ce n'est pas là qu'est la
difficulté.
M. Harvey (Jonquière): Parce que vous ne comprenez
pas.
M. Morin: Que le ministère ait réussi à
conclure des ententes sur l'avenir pour que désormais il puisse
percevoir sans difficulté les montants qui sont dus sur les primes,
c'est très bien. Il n'y a pas de problème. Ce que nous voulons
savoir, c'est si les sommes qui étaient dues avant les ententes ont
été payées et, en particulier, si elles ont
été réduites par rapport aux estimations initiales du
ministère. Parce que si je ne peux pas avoir une réponse à
cela, M. le Président, il devient impossible de vérifiersi les
interventions qui ont pu avoir lieu dans ces dossiers, de la part d'hommes
politiques, ont eu ou n'ont pas eu d'effets.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, c'est le
chef de l'Opposition qui dit que ces montants étaient dus. Je lui ai
conseillé une façon très facile et souvent très
efficace, parce qu'il y a des compagnies qui consentent à le faire. Je
me souviens, il y a trois ans, qu'une compagnie avait été
attaquée injustement à l'occasion d'une période un peu
spéciale d'élection partielle et cette compagnie nous avait
demandé de la défendre. On a dit: Non, messieurs; parce qu'on
avait puisé certains renseignements pour les défendre dans leur
prospectus et non dans les bilans, dans les états financiers. Alors,
cette compagnie s'est défendue elle-même. Je suis persuadé
que si le chef de l'Opposition voulait poursuivre une recherche plus objective
en s'adressant aux intéressés, eux, pourraient lui donner
certaines assurances et, de plus, le chef de l'Opposition n'affirmerait pas
c'est vous qui le dites qu'elles devaient ces montants. Nous
répétons que toutes les sommes dues par toutes les compagnies
intéressées dans la vente de produits non imposables on
identifie ici le secteur savon avec primes une solution a
été trouvée, les montants dus au ministère ont
été payés. Bien sûr que ceux qui n'étaient
pas dus n'ont pas eu besoin d'être payés.
M. Morin: Alors, je vais essayer d'être plus précis
encore pouressayerd'obtenirenfin une réponse à la question que
j'ai posée. Ce montant de $183,740 était-il dû,
premièrement, d'après vos dernières constatations avant
les ententes? Deuxièmement, s'il n'était pas dû, à
la suite de quelles erreurs avez-vous modifié votre jugement sur la
question? Troisièmement, quel est le pourcentage de ce qui était
dû, d'après votre ministère... au départ, quel est
le pourcentage que vous avez pu récupérer? Autrement dit, quelle
est la somme qui a été payée par Lever Brothers pour les
montants qui étaient considérés comme étant dus par
vous, avant l'intervention des ententes? C'est précis cela.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, la seule
réponse que je peux donner au chef de l'Opposition je pars
à l'inverse 100% des montants dûs au ministère du
Revenu par toutes les compagnies impliquées ont été
payés au ministère du Revenu. En ce qui concerne les compagnies
individuelles, la confidentialité de leur dossier respectif
m'empêche de donner des réponses au chef de l'Opposition; mais
j'ajoute que, sur présentation d'un mandat de leur part, avec plaisir je
me conformerai au deuxième paragraphe du même article de la
loi.
M. Morin: M. le Président, je constate qu'il n'y a pas
moyen de vraiment savoir ce qui en est.
M. Harvey (Jonquière): Pour faire plaisir au chef de
l'Opposition, M. le Président, il faudrait être
"niaiseux" et ne pas connaître la loi qu'on est appelé
à administrer.
M. Morin: Voyons, vous êtes plus sérieux que
cela.
M. Harvey (Jonquière): Ne pas m'y conformer et être
dans l'obligation de dire: Qu'est-ce que vous voulez; l'Opposition a
posé la question tellement longtemps et elle nous a fait "niaiser"
pendant une heure dix, qu'est-ce que vous auriez répondu? Je ferais
partie de cette catégorie d'hommes à l'épine dorsale en
"marsh-mallow".
Tant et aussi longtemps que je serai ministre du Revenu, le chef de
l'Opposition aura beau être comme une mouche à... vous savez, la
sorte de mouche qui aime le miel, jamais il ne me fera dérogera
l'article 69 de la loi pour une corporation, pour un individu, que ce soit un
adversaire politique, tant et aussi longtemps que j'aurai le mandat
d'être ministre du Revenu, c'est sacré pour moi.
M. Morin: Comme je tourne autour du ministre du Revenu,
j'espère qu'il ne s'identifie pas à cette substance qu'il avait
à la bouche il y a un instant.
M. Harvey (Jonquière): Cela dépend, le chef de
l'Opposition a des voisins de gauche et il faudrait qu'il soit poli parce qu'il
s'y trouve le député de Beauce et, encore plus près de
lui, un de ses collaborateurs qui semble indispensable pour lui.
M. Morin: M. le Président, cela n'a rien à voir, en
fin de compte, avec ce que nous tentons de savoir depuis tout à l'heure.
Cela me paraît assez grave, je tiens à le dire au ministre. Je
constate que, sur une question qui est d'intérêt public, à
l'égard d'un montant qui était dû au fisc
québécois, d'après les données mêmes du
ministère, au cours de l'année passée, il est impossible
de savoir si ce montant a été payé ou n'a pas
été payé. Ce qui nous inquiète, c'est que, dans ce
dossier, était intervenu un homme politique et qu'il n'y a donc
absolument pas moyen de savoir quel a été l'effet des
démarches de cet homme politique au nom de la compagnie Lever Brothers,
en l'occurrence.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, un instant,
un instant...
M. Morin: C'est quand même sérieux, cela.
M. Harvey (Jonquière): C'est la première fois que
vous posez une question précise impliquant un ancien homme politique et,
en l'occurrence, vous l'avez nommé au début de la discussion, M.
Jean Lesage. Je peux vous dire que le travail de M. Jean Lesage, dans ce
dossier, au nom de ses clients, dans des rencontres avec les fonctionnaires, a
amené ses clients à comprendre le point de vue des officiers du
ministère du Revenu dans la poursuite d'objectifs et dans l'entente
signée et le paiement de toutes les sommes dues à l'Etat
québécois, en vertu des lois fiscales, les sommes dues, bien
sûr, pas les sommes qui n'étaient pas dues; cela a
été un travail très positif et je serais heureux que tous
les contribuables qui ont des difficultés avec le ministère du
Revenu aient des procureurs aussi compétents, nous amenant des
conclusions et des règlements pour nous permettre de boucher ce qu'on
appelle des "loopholes". Je pense que son attaque à l'endroit de
l'ancien premier ministre du Québec est injuste parce qu'il pratique le
droit comme il l'avait pratiqué avant de venir en politique et il n'est
plus en politique aujourd'hui, ce n'est pas une façon de traiter
quelqu'un, d'inclure son nom dans des débats, en supposant qu'il aurait
pu influencer certains fonctionnaires de mon ministère.
M. Morin: M. le Président, je voudrais bien que le
ministre comprenne que je lui pose des questions dans l'intérêt
public. Il faut que nous connaissions les réponses à ces
questions. Je n'ai rien affirmé, j'ai posé des questions depuis
le début et il n'y a pas moyen d'avoir de réponse à cette
question, en particulier. Je me résume, parce que je m'aperçois
que nous n'irons pas bien loin dans cette affaire. En somme, ce que dit le
ministre, c'est que les ententes prévoient que, pour l'avenir, les
compagnies devront, selon les modalités qui ont été
établies, payer la taxe sur les primes incluses dans les boîtes de
savon. Mais ce que nous demandons depuis tout à l'heure, c'est de savoir
si, oui ou non, ces primes ont été considérées
comme imposables dans le passé et si les impôts qui étaient
dus, d'après le ministère dans le passé, ont
été payés, oui ou non, en particulier par cette compagnie,
Lever Brothers.
Vous nous répondez avec des réponses tellement
générales qu'il est strictement impossible de savoir si, oui ou
non, cette somme qui était due a été payée. De la
façon que le ministre nous répond, tous les montants qui
étaient dus ont été payés, bien sûr, mais les
montants qui étaient dus à la suite de votre nouvelle
évaluation, peut-être. Donc, il se peut très bien qu'aucun
des montants que vous considériez dus auparavant n'a été
payé. Je pense que c'est dans l'intérêt public de le
savoir.
Le ministre disait tout à l'heure qu'il voulait aller au fond des
choses, eh bien, allons-y! Réglons cette question et que le ministre me
donne des réponses claires, nous pourrons passer à autre chose.
Cela fait déjà près d'une heure que nous sommes
là-dessus.
M. Harvey (Jonquière): J'ai répondu, M. le
Président, au chef de l'Opposition en allant plus loin dans ma
réponse que probablement il le désirait. C'est pour ça
que, cette réponse étant dès le départ
satisfaisante, il en a profité pour poser n'importe quelle question
subsidiaire.
On lui dit et on répète que le produit impliqué,
qui est du savon, est un article non-imposable. Comment voulez-vous, comme
mesure de contrôle pour un ministère du Revenu, avoir à
vérifier dans la province de Québec tous les endroits où
il peut se détailler du savon, pour voir s'il n'y aurait pas une prime
à l'intérieur? On corrige un mal...
M. Morin: Le ministre l'a déjà dit. C'est la
quatrième fois...
M. Harvey (Jonquière):... en allant au fond, à la
racine du mal. A la racine du mal, c'était d'amener les manufacturiers
à s'entendre avec nous pour considérer que, sur les achats
auxquels ils étaient assujettis à payer des taxes à la
consommation chez nous, parce qu'ils vendaient certaines choses sur la base de
leurs ventes dans le Québec, on pouvait s'entendre avec eux dans un
arrangement administratif, pour nous permettre, avec des contrôles, de
corriger une situation.
En même temps, j'ai dit au chef de l'Opposition que toutes les
compagnies intéressées ou impliquées ont payé les
sommes dues. Je ne parle pas d'impôt, je ne parle pas de taxe à la
consommation, je dis les sommes dues au ministère. A ce
moment-là, je donne une réponse précise. Quant à
une question plus spécifique sur un dossier individuel d'une des
corporations, j'invite le chef de l'Opposition à faire une tentative
avec l'une d'elles, peut-être celle qu'il a mentionnée ou une
autre. Il pourrait être surpris de voir avec quel souci certains
contribuables et plusieurs corporations font, en raison des mécanismes
plus modernes de vérification, l'application intégrale de
remises, pour éviter des pénalités, éviterdes
intérêts inutiles, éviter des augmentations de coût
d'administration, parce qu'ils savent fort bien qu'un jour ou l'autre, à
la suite de vérification, ils seront assujettis à payer des
montants plus élevés que s'ils avaient payé
régulièrement ce qu'ils doivent à l'Etat.
M. Morin: M. le Président, le ministre me renvoie à
la compagnie pour obtenir les renseignements qu'il possède. S'il fallait
que, chaque fois que nous soulevons une question, il nous renvoie à la
compagnie, nous passerions notre temps à courir à travers tout le
Québec.
Ce que nous examinons, ce n'est pas tellement le comportement des
compagnies que le comportement du ministère. C'est cela qui nous
intéresse lors de l'étude de crédits.
Je vais tout simplement en poser une dernière, pour essayer de
voir s'il n'y a pas moyen, tout de même, d'obtenir plus de
précisions. Le ministre nous dit que toutes les sommes qui
étaient dues au titre des primes qui accompagnaient le savon ont
été payées par les compagnies.
Je lui pose la question suivante, et je n'entrerai pas dans le
détail de chaque compagnie. Avant les ententes intervenues, de combien
étaient ces montants? A combien étaient estimés ces
montants qui vous étaient dus, d'après votre ministère,
par les compagnies, au titre des primes dans le savon? Deuxièmement,
pour combien avez-vous réglé, à la suite de votre
étude et de vos ententes? Combien avez-vous perçu au titre des
primes dans le savon, pour le passé? Je veux un montant global.
M. Harvey (Jonquière): J'ai déjà dit au chef
de l'Opposition que, légalement, ces compagnies, pour les ventes au
détail, n'étaient pas assujetties. Elles étaient
assujetties, naturellement, à l'achat des matériaux qu'elles
utilisaient elles-mêmes.
Je dis au chef de l'Opposition que la préoccupation que nous
avons eue a été de voir à ce que toutes les sommes dues et
dues réellement au ministère soient payées. Elles l'ont
été et je n'ai pas l'intention de reprendre tous les dossiers
pour faire des calculs au moment de la date de l'entente.
Je dis, avec la responsabilité qui est mienne, que toutes les
sommes dues par les compagnies intéressées, y compris celle
mentionnée par le chef de l'Opposition, ont été
payées à l'Etat québécois.
M. Morin: Je vous demande combien, M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): Je réponds que c'est
confidentiel.
M. Morin: Voyons!
M. Harvey (Jonquière): Confidentiel en vertu de la loi que
j'administre; un de ces articles, je vous le répète, s'appelle
l'article 69.
M. Morin: M. le Président, l'article 69, une fois de plus,
est interprété de manière un petit peu lâche par le
ministre du Revenu. Il sait très bien, encore une fois, que je puis lui
poser des questions. Je l'ai fait dans le passé. L'année
dernière, il a d'ailleurs fini par me donner des réponses, dans
le cas des compagnies pétrolières, du moins certaines
réponses, pas toutes celles que nous voulions, mais à
l'égard des chiffres globaux.
Ce que je lui demande en ce moment, c'est le chiffre global pour toutes
les compagnies qui mettaient des primes dans le savon. Combien était
dû et combien a été perçu pour la passé,
avant l'intervention des ententes? C'est un renseignement d'ordre public.
M. Harvey (Jonquière): D'accord. Au mois d'avril 1975,
à quelques jours de la date limite pour les contribuables de se
conformer à la réglementation qui est nôtre, avec la
lenteur que nous connaissons pour recevoir tout ce qui est absolument essentiel
au traitement pour l'administration des lois fiscales, je réponds au
chef de l'Opposition que, dans l'intérêt public, je n'ai pas
actuellement les ressources humaines disponibles pour faire perdre du temps
à des gens importants. Le chef de l'Opposition posera sa question
à n'importe quel moment durant la session; certainement pas durant la
période de pointe que nous vivons, je ne ferai pas perdre du temps
à des gens pour répondre globalement en respectant l'article 69,
dans une foule de documents qui vont permettre encore au chef de l'Opposition
d'affirmer n'importe quoi.
Qu'il continue avec le dossier qu'il a à affirmer n'importe quoi,
à parler d'impôt au lieu de parler de taxe de vente, alors qu'il
parle d'un manufacturier, qu'il se réfère à des
impôts et qu'il s'agit de taxe à la consommation de
détaillants, qu'il continue dans ce domaine à faire du
pathos.
M. Morin: Je ne fais pas de pathos, je pose des questions.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je vous dis
que le chef de l'Opposition...
M. Roy: Je voudrais quand même invoquer le
règlement.
M. Harvey (Jonquière): Un instant! Le chef de
l'Opposition...
M. Roy: J'invoque le règlement. Je trouve que le ministre,
ce matin, ne devrait pas monter dans les rideaux.
M. Harvey (Jonquière): Je ne monte pas dans les
rideaux.
M. Roy: II est normal que le chef de l'Opposition et d'autres
députés... J'espère que les députés, du
côté ministériel, poseront des questions. Mais lorsqu'on
est rendu à interpréter ou à qualifier les questions ou
les propos que des collègues tiennent, je dis que le ministre donne
complètement dans l'irrégularité. M. le Président,
je vous inviterais à inviter le ministre à garder un ton plus
digne que celui qu'il tient.
M. Marchand: Au nom de quel parti?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, ce que le
chef de l'Opposition me demande, c'est de prendre une équipe
d'hommes-ressources, absolument indispensable à un moment de
l'année, où pour tout le monde, les semaines et les
journées sont trop courtes pour satisfaire aux délais qui sont
nôtres en plus de tout ce qui se produit, pour émettre une
statistique tellement globale, pour respecter le contenu de l'article 69,
qu'est-ce que cela donnera exactement? Le résultat qu'il vient de
qualifier, d'une statistique que je lui ai donnée concernant les
compagnies pétrolières qui empêchaient l'identification de
l'une et de l'autre, dans une statistique globale pour être capable de
continuer à faire l'interprétation...
Je lui dis, sans être fâché et sur un ton très
serein je parle fort, ce n'est pas ma faute; j'ai toujours
été comme ça de continuer à faire le dossier
qu'il a là, c'est aussi bon que celui qu'il voudrait avoir. Il va faire
épargner un temps considérable à des gens qui sont pour
moi indispensables à ce temps-ci de l'année. Celui-là est
bon pour faire n'importe quoi. Il nomme une compagnie. Il peut la qualifier de
multinationale, la nouvelle espèce de...
M. Morin: Ce n'est pas exact.
M. Harvey (Jonquière): ...la nouvelle sorte de maladie
inventée. Ensuite de cela, qu'il continue, qu'il parle d'une taxe
à la consommation pour un manufacturier non assujetti dès le
départ. Cela fait bien son affaire. Pourquoi changer de dossier?
M. Morin: M. le Président, je pense que le ministre
dénature systématiquement les renseignements que nous essayons
d'obtenir. Il dénature notre démarche. Il nous renvoie à
l'avenir: Posez votre question en Chambre. Il sait très bien qu'en
Chambre il va nous dire: Posez-la aux crédits! Quand nous arrivons aux
crédits, nous ne pouvons pas obtenir les réponses que nous
voulons obtenir et que nous sommes en droit d'obtenir au nom des contribuables.
Dans ce cas...
M. Harvey (Jonquière): Sur l'information que vous
demandez, je vous dis non, je ne vous la donne pas. Il est
d'intérêt public de ne pas vous la donner et conforme à
l'article 69 de la loi de m'abstenir, au risque d'être obligé de
dire que j'ai dérogé à l'article 69 si je répondais
à votre question. C'est clair, la réponse est non.
M. Morin: Au moins nous sommes devant une réponse claire.
Remarquez que la façon dont le ministre invoque l'article 69 lui permet
finalement d'éluder toutes nos questions, quand il s'agit de savoir si
oui ou non un montant qui était dû au ministère,
aété remis au fisc québécois au titre de ia taxe de
vente ou à n'importe quel titre. Dans le cas présent, il est
impossible je le souligne, M. le Président de savoir,
à la suite des réponses du ministre depuis une heure, si oui ou
non, il y a eu des passe-droits dans le cas précis, qui est celui de
Lever Brothers, et si le montant qui était dû au titre de la taxe
de vente, si ce montant a été payé ou pas, s'il a
été effacé, si le ministère l'a
réclamé ou pas. Il est impossible de tirer quoi que ce soit du
ministre sur ce point.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je ne
réponds pas sur la base individuelle des compagnies, je n'ai pas le
droit de le faire.
Les compagnies impliquées ont payé toutes les sommes dues,
en vertu de toutes les lois fiscales qui les impliquaient, au ministère
du Revenu au moment de la signature de l'entente. Est-ce assez clair? Elles ont
payé...
M. Morin: M. le Président, cela ne l'est pas,
justement.
M. Harvey (Jonquière): ...toutes les sommes dues, elles
ont été traitées de façon uniforme. Il n'y a pas eu
de passe-droit pour les unes ou pour les autres. Si le chef de l'Opposition
considère que je n'ai pas répondu, à très
brève échéance, je vais demander à certains
médecins de me traiter pour les oreilles, parce que j'entends mal.
M. Morin: M. le Président, je vais conclure
là-dessus, parce que je vois qu'il n'y a rien à faire. Je
constate simplement qu'il est impossible, à la suite des réponses
du ministre, de savoir si, oui ou non, les montants qui étaient
considérés dus dans le passé, au titre de la taxe de
vente, ont été acquittés à la suite de cette
entente ou ont été effacés. Le ministre se contente de di
re de façon générale que tout ce qui était dû
aété payé. C'est une pétition de principe parce
qu'il s'agit justement de savoir ce qui était dû d'après le
ministère à ce moment. Là-dessus, il refuse de
répondre. Nous tournons en rond. Il est impossible de connaître,
exactement, la situation.
M. Roy: M. le Président, si on prend les proposdu ministre
et ce qu'il vient de nous dire j'aimerais
qu'on m'éclaire à ce moment le ministre a bien dit
et il l'a répété une fois, dix fois, quinze fois, que les
compagnies ont payé, que ces entreprises ont payé ce qu'elles
devaient légalement. M. le ministre nous aurait dit cela,
premièrement. Deuxièmement, le ministre nous a dit plus loin ou
plus tôt, si vous voulez, que la perception des sommes qui pouvaient
être dues au ministère, relativement à ces primes qui sont
incluses dans les boîtes de savon, n'était pas légale,
qu'on ne pouvait pas percevoir la taxe de façon légale. Le
ministre nous a dit cela aussi. Alors, le ministre nous affirme, en
troisième lieu, que les compagnies ont payé ce qu'elles devaient
légalement. Si j'ai bien compris, cela veut dire que tout ce qui avait
été réclamé parle ministère, avant les
ententes, a été annulé par le fait que cela n'était
pas légal. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, le
député de Beauce-Sud utilise, seulement dans les phrases, le mot
"légal", une fois de trop. J'ai dit que, légalement, on n'aurait
pas pu gagner devant un tribunal, quel que soit le tribunal, à
assujettir une taxe de détaillant à un manufacturier. Les lois
fiscales, telles qu'elles sont conçues, amènent un manufacturier
à payer des taxes à la consommation pour des biens qu'il utilise,
amènent également, un détaillant à exiger du
consommateur un montant de X% de la valeur d'un bien assujetti à la taxe
et à nous le remettre. C'est cela, le côté légal. Je
dis qu'à la suite des études poursuivies par nos employés,
notre service de législation, d'interprétation et de
vérification, on en est venu à la conclusion que, dans la
province, les biens de primes, les primes données dans des articles
vendus, des articles non imposables comme le savon, nous faisaient perdre des
revenus. Quelle était la façon autre de procéder,
s'asseoir ensemble, être capables de signer une entente pour corriger
à la racine le mal de cette espèce de fraude fiscale dans le
domaine d'une taxe à la consommation? C'est exactement le chemin qu'ont
poursuivi, qu'ont parcouru les officiers du ministère du Revenu pour en
arriver à faire accepter une entente entre les intéressés
et amener tous et chacun d'entre eux à payer tout ce qu'ils devaient.
Comprenez-moi et vous relirez ce que j'ai dit avant. Au ministère du
Revenu je n'ai pas à qualifier l'un d'eux il n'y a pas eu de
passe-droit. Cela inquiétait le chef de l'Opposition. Je lui ai dit
qu'il n'y a pas eu de passe-droit.
Je ne veux pas aller plus loin que de vous affirmer avec,
également, mon sous-ministre et les officiers de mon ministère,
que toutes les sommes dues par les intéressés ont
été payées, et, même si nous n'avions pas
signé l'entente, s'il n'y avait pas eu d'entente avec eux, on les aurait
forcés à payer toutes les sommes dues à notre
ministère, même au risque d'être obligés de prendre
des procédures légales contre eux. Prendre des procédures
contre ceux qui ne veulent pas se conformer au paiement de leurs redevances
envers le ministère, nous le faisons régulièrement.
M. Roy: Le ministre joue sur les mots, M. le
Président...
M. Harvey (Jonquière): Non, je ne joue pas sur les
mots.
M. Roy: ...parce qu'il vient de nous dire, au début de sa
dernière intervention, que, s'il avait intenté des
procédures légales contre les compagnies, cela aurait
été mis de côté parce que, légalement, il ne
pouvait pas les taxer. Il nous arrive, en dernière minute, pour dire
que, si les compagnies n'avaient pas payé, il aurait intenté des
procédures légales. Ce que nous pouvons en conclure, M. le
Président...
M. Harvey (Jonquière): Les sommes dues... Un instant, M.
le Président!
M. Roy: Non, un instant! Je n'ai pas interrompu le
ministre...
M. Harvey (Jonquière): J'invite le député de
Beauce-Sud à regarder. Quand on va en cour soit contre des contribuables
ou contre des corporations, il n'a qu'à examiner le dossier global du
ministère du Revenu. Je pense qu'il n'y a pas tellement de causes
perdues. On n'y va pas pour rien quand on va en cour ou devant les tribunaux
contre certains individus ou certaines corporations, on y va avec des dossiers
qui ont fait l'objet d'une vérification qui correspond à l'esprit
et à la lettre de la loi, à son application dans le sens le plus
légal, pour éviter d'être débouté des actions
qu'on prendrait devant les tribunaux. J'invite le député de
Beauce-Sud à être calme et à réaliser que le
ministère du Revenu du Québec, avec tout le sérieux qu'il
a, n'est pas débouté souvent ou ne perd pas tellement souvent de
causes quand il va devant les tribunaux pour des causes sur lesquelles toute
l'attention a été apportée dans le domaine de
l'interprétation fiscale.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse auprès du chef
de l'Opposition, mais je serais tenté, ici, de rappeler une citation du
Vérificateur général, à la page 128...
M. Harvey (Jonquière): Concernant quelle taxe?
M. Roy: ...du 31 mars 1974, concernant la taxe de vente au
détail, repas, hôtellerie, tabac, carburant,
télécommunications, parce qu'il y a une concentration globale,
mais la taxe de vente est incluse. Voici ce que l'on dit: Lorsque l'on
constate, par exemple, qu'un mandataire peut ainsi être fautif depuis
plus de cinq ans et poursuivre quand même ses opérations de
façon normale, il y a lieu de s'interroger sur l'efficacité
démontrée par la direction dans l'utilisation à bon
escient des contrôles établis.
M. le Président, il y aura d'autres moments où on pourra
parler de ces choses, mais j'aimerais bien qu'on cesse de jouer sur les mots,
ce matin, ici, en commission parlementaire, et qu'on nous dise clairement ce
qui en est. Ce que nous voulons savoir, ce
n'est rien de compliqué. Laissons faire le cas de Lever Brothers
comme tel. Parlons des compagnies en général.
M. Harvey (Jonquière): ...de l'Opposition.
M. Roy: Laissons faire l'aspect tout à fait légal.
Ce que nous voulons savoir, c'est: Est-ce que les compagnies ont payé en
totalité c'est bien clair - la réclamation faite par
le ministère du Revenu en ce qui a trait aux primes qui étaient
incluses dans les boîtes de savon? Est-ce qu'elles ont payé en
totalité, oui ou non?
M. Harvey (Jonquière): Elles ont payé les sommes
dues.
M. Roy: Est-ce qu'elles ont payé en totalité ce que
vous avez réclamé, oui ou non?
M. Harvey (Jonquière): Si je réclamais, demain, au
député de Beauce-Sud, une somme, un montant quelconque dans
l'avis de cotisation que je lui enverrais, et qu'il était capable de me
faire une preuve formelle qu'il ne la doit pas, est-ce que je serais assez
stupide pour dire: Légal ou pas légal... Vous m'avez
demandé, avant, de mettre de côté la
légalité. On ne peut pas mettre de côté...
M. Roy: La voilà, la réponse.
M. Harvey (Jonquière): II n'y a pas de "la
voilà!"...
M. Roy: La voilà, la réponse! Les compagnies n'ont
rien payé avant les ententes. Cela va finir parce que c'était une
question légale...
M. Harvey (Jonquière): C'est ce que le
député de Beauce-Sud dit. Les compagnies, à part cela,
pour l'information du député de Beauce-Sud, avant l'entente et
après l'entente, ne font pas de vente au détail dans la province
de Québec. A quelle place y a-t-il un magasin de détail Lever
Brothers ou Proctor & Gamble ou toutes les compagnies de savon? Il y en a
une série, vous voyez des annonces à la télévision
tous les jours...
M. Roy: Le ministre commence à répondre.
M. Harvey (Jonquière): Non, mais les magasins de
détail de ces compagnies, ils sont où dans la province?
M. Morin: II s'est emberlificoté.
M. Harvey (Jonquière): Ils sont où, dans la
province de Québec? C'est du "placotage".
M. Roy: ...la réponse: Elles ne vous ont pas
payé.
M. Morin: Le ministre nous a laissé entrevoir que la
position du ministère a été revue à l'égard
des montants qu'il estimait être dus dans le passé au titre de la
taxe de vente sur ce genre de primes. Il nous a laissé entendre que cela
avait été revu, mais il ne veut pas nous dire si, oui ou non, les
montants qu'il considérait dus dans le passé ont
été annulés ou non. Il n'y a pas moyen de le savoir. Il
n'y a pas moyen de savoir si les $183,740 ont été payés ou
non.
Le ministre nous dit: II n'y a pas eu de passe-droit, je ne demande
qu'à le croire, mais il refuse de répondre à nos
questions, ce qui nous permettrait d'établir qu'il n'y a pas eu de
passe-droit.
M. Harvey Jonquière): M. le Président, je
répète encore une fois, pour la dernière fois, ce qui
suit: Si les sommes n'étaient pas dues, elles n'ont pas
été réclamées, et quant au processus d'avis de
cotisation, le chef de l'Opposition serait surpris, dans une opération
qui nous amène à des millions et des millions de transactions
dans une année concernant les contribuables, les corporations et tous
les assujettis, de voir le nombre considérable de nouveaux avis de
cotisation que nous sommes obligés de faire, et je répète
que toutes les sommes réclamées, réclamées dans le
sens légal et dans tout ce que comporte une réclamation...
M. Morin: Au moment de l'entente ou avant?
M. Harvey Jonquière): ...dues, réclamées
comme dues au ministère du Revenu ont été payées.
Toutes les sommes dues et réclamées par le ministère du
Revenu, avant comme après l'entente, ont été payées
et je ne parle pas des derniers jours ou des derniers mois. On parle "d'autour
" de l'entente. Toutes les sommes dues...
M. Morin: ...réclamées...
M. Harvey (Jonquière): ...réclamées.
M.Morin: Et les sommes qui étaient dues et que vous n'avez
pas réclamées? Je fais du juridisme pour démontrer
à quel point la question est compliquée. Les sommes qui
étaient dues, que vous estimiez dues, dans le passé, et que vous
n'avez pas réclamées à l'occasion de l'entente, qu'en
est-il advenu?
M. Harvey (Jonquière): Si vous voulez que j'aie des
fonctionnaires de cette sorte, je vais en inviter une couple que je n'aime pas
à faire des avis de cotisation pour rien demain matin et les leur faire
annuler après-demain.
M. Morin: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Abitibi-Ouest a demandé la parole depuis déjà un bon
moment.
M. Boutin: Je voudrais laisser de côté un peu la
recherche des scandales ou la politique de salis-sage du Parti
québécois pour commencer à étudier la question des
traitements ou des ventilations des crédits...
M. Roy : Je m'excuse, M. le Président, on n'a pas fini sur
ce point. Je n'aurais qu'une question à poser...
M. Boutin: Laissez-moi donc finir!
M. Roy: ...là-dessus.
M. Boutin: C'est une question d'ordre général.
M. Roy: Non...
M. Boutin: Je voudrais savoir, M. le Président... Le
député de Beauce-Sud va encore me dire que les
députés de l'Opposition n'ont pas le droit de prendre la parole
parce que, tantôt, ils réclamaient le droit de parole. Il veut se
contredire une autre fois.
Je voudrais savoir à quand remonte la loi sur la taxe de vente
sur les primes ou les cadeaux à l'intérieur de la Loi de la vente
au détail.
M. Harvey (Jonquière): Sur les articles
spécifiques, ces articles, à ce que je sache, ont toujours
été imposables sur la base individuelle. Ce sont les compagnies
productrices, manufacturières de produits de savon... Le savon n'est pas
imposable. Vous savez que certains articles ont été
"détaxés", des biens comme le savon, l'huile à chauffage,
autour des années soixante. Alors, ce produit le savon
n'étant pas imposable, les compagnies qui en fabriquent se font
concurrence et ajoutent une prime, laquelle prime, sur une base individuelle,
est imposable si ce bien est acheté comme bien de consommation.
Généralement et de façon plus que générale,
celui qui le vend est mandataire du ministère du Revenu et a
l'obligation de remettre, le 23e jour au plus tard du mois suivant, l'ensemble
des sommes perçues. Le manufacturier, non. Et cela faisait plusieurs
années qu'on travaillait d'arrache-pied pour essayer de partir avec un
dossier solide. C'est bien beau d'arriver et de dire: Vous vendez pour tant,
mais combien de primes, dans quelle boîte y en a-t-il, dans quelle
boîte n'y en a-t-il pas, etc? C'est une étude globale qui a
amené les officiers de notre ministère à s'asseoir avec
les intéressés pour conclure une entente qui, d'après
nous, satisfait à un des grands objectifs que nous visons, corriger des
situations anormales. Ils sont toujours des manufacturiers assujettis, sur le
plan purement légal, au paiement uniquement des biens imposables pour
leur propre consommation. Mais ils ont bien voulu dans la prolongation de cette
interprétation, considérer que, sur les primes qu'ils
achètent pour les inclure dans leurs boîtes de produits non
imposables, ils nous remettent la taxe à l'achat de ces biens.
Je pense que les officiers du ministère qui ont participé
à conclure cette entente méritent des félicitations parce
que cela ne fait qu'améliorer les revenus globaux, fiscaux du
Québec.
M. Boutin: Je voudrais savoir, M. le Président... Je suis
très conscient qu'il est très difficile de réussir
à faire la perception d'une taxe de ce type. Elle peut être
camouflée de certaines façons, parce qu'en dehors des compagnies
de savon, on peut le revoir dans des compagnies de détail de
différents magasins. Est-ce qu'il y a déjà eu des
discussions, ou si le ministre peut savoir du ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives si quelque chose a
été prévu en ce qui concerne l'abolition, vis-à-vis
d u consommateur, de ces primes ou de ces cadeaux à l'achat? En fait,
cela équivaut à un style de promotion qui pourrait être
compensé par un escompte au comptant du prix du produit, j'aimerais
savoir s'il y a eu des discussions en ce sens parce que je vais en arriver
à une troisième question.
M. Harvey (Jonquière): Jusqu'à maintenant, mon
collègue des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives a une équipe qui travaille sur l'ensemble des primes
données. Je ne sais pas si cela comprend celles incluses dans les
produits de toilette qui sont non imposables. Je pourrais m'en informer et vous
le dire; mais de toute façon, chez nous, jusqu'à maintenant, nous
n'avons pas eu, de la part de quelque ministère que ce soit, de demande
de statistiques précises, globales, qu'on pourrait fournir en vertu de
l'article 69, permettant à un ministère comme celui des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives d'aller plus
loin. Peut-être que l'Office de protection du consommateur s'adressera
à nous. Il le fait souvent, dans des domaines autres que ceux que vous
identifiez pour des fins de recherche. Nos officiers collaborent avec lui dans
le respect de la confidentialité des dossiers.
M. Boutin: M. le Président, je voudrais féliciter
quand même le ministre à ce sujet, parce que je comprends la
difficulté de réussir à avoir des ententes pour ces
choses, surtout au niveau du manufacturier. Parce que la perception directement
au détail de cette affaire de primes, surtout dans les magasins
d'alimentation, c'est impossible. Mais il existe encore d'autres secteurs
d'activité où je peux remarquer qu'on peut jouer sur la ligne de
démarcation où certains commerçants, sur la vente
d'articles, vont mettre le mot "escompte" au lieu du mot "prime ' de
façon à éviter cette taxe de primes.
M. Harvey (Jonquière): II ne faut pas oublier qu'on impose
le bien donné.
M. Boutin: Je le sais, c'est pour cela que je ... M. Morin:
Une bonne question.
M. Harvey (Jonquière): Quand il y a un escompte, on
détermine le coût, parce qu'il y a un bien donné.
M. Boutin: Si c'est sous forme de cadeau, le client doit payer
une taxe sur le cadeau donné pour y avoir droit, mais si on le fait
passer sous forme de... il ne paie rien.
M. Harvey (Jonquière): Si c'est un cadeau, cela devient un
bien consommé par celui qui le donne.
M. Boutin: C'est pour cela que je veux dire au ministre du
Revenu...
M. Morin: Si vous avez une débarbouillette dans une
boîte de savon, vous avez moins de savon.
M. Harvey (Jonquière): II n'y a pas d'erreur.
M. Morin: Donc, ce n'est pas un cadeau. Personne n'a l'illusion
qu'il y a un cadeau là-dedans.
M. Boutin: C'était juste pour souligner... M. Roy:
... ne se sacrifie pas. M. Bacon: A l'ordre!
M. Boutin: ... au ministre du Revenu qu'il y a peut-être un
point... Je comprends très bien la difficulté de perception quant
à cet article, que cela devient une chose qui serait peut-être
plus coûteuse à administrer que la percevoir.
M. Harvey (Jonquière): II y avait un autre problème
qui se présentait aussi. Le chef de l'Opposition et les
députés l'admettront. Le détaillant ne connaissait pas la
valeur précise du bien, de la prime. Sa valeur précise, son
coût à l'achat, comment voulez-vous qu'il le connaisse?
M. Boutin: Je veux en venir... M. Morin: ... le
manufacturier.
M. Harvey (Jonquière): II y a le manufacturier, mais
légalement le manufacturier n'était pas assujetti, il
n'était pas détaillant. C'est pour cela qu'il devient
consommateur du bien. Il a accepté de devenir le consommateur du bien,
à nous remettre 8% du montant, comme bien acheté par lui pour sa
propre consommation.
M. Morin: Alors, vous avez abandonné toutes vos
réclamations antérieures?
M. Boutin: M. le Président, comme exemple, au
ministre...
M. Harvey (Jonquière): C'est vous qui dites cela.
M. Morin: Vous refusez de nous le dire.
M. Boutin: Supposons qu'un client entre dans une mercerie pour
hommes, achète un habit et que le propriétaire ou le vendeur, en
guise de rabais, lui donne une cravate. Si, au lieu de mettre sur la facture:
Cadeau, une cravate, pour laquelle le client devra payer une taxe sur la valeur
du cadeau, il écrit escompte, sur la valeur de la cravate, au bout, dans
un problème de cette envergure, on paye la taxe seulement sur la valeur
achetée, moins le cadeau.
M. Harvey (Jonquière): Comme on se base sur les achats
imposables, il aura été consommateur lui-même d'un nombre
considérable de cravates, à la fin de l'année, si on veut
pousser l'interprétation jusqu'au bout.
M. Boutin: Je comprends le problème que cela pose...
M. Harvey (Jonquière): C'est ce qui se produit d'ailleurs,
parce que tout est basé sur les achats imposables.
M. Boutin: C'est pour ça...
M. Harvey (Jonquière): Et c'est pour ça qu'il y en
a qui rouspètent à l'occasion, parce qu'en faisant de la
vérification fiscale, il y a des normes utilisées et des
conversions en vente, cela en surprend plusieurs. Ceux qui utilisent mal, si
vous voulez, ce genre de rabais deviennent consommateurs eux-mêmes de pas
mal d'articles. Cela peut être un gars qui est censé avoir
acheté lui-même 800 cravates durant l'année, si on
l'interprète jusqu'au bout.
Effectifs du ministère
M. Boutin: M. le Président, j'ai une dernière
question. Le ministre a mentionné tout à l'heure une augmentation
de 17.1% dans les salaires. J'aimerais me faire confirmer combien ça
représente d'employés nouveaux dans ce secteur d'activité
et quel est le pourcentage qui est prévu, pour les augmentations de
salaire.
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous le donner cette
année en comparaison avec l'an passé, en fonction le 1er avril,
3,504; les postes vacants au 1er avril, 661, pour un total d'effectifs
autorisés de 4,165 comparativement à l'an dernier, en fonction au
1er avril 1974, 3,390, je vous avais donné 3,504; vacants au 1er avril,
l'an dernier, 576 comparativement à 661 cette année, et un grand
total au 1er avril l'an dernier, 3,966 comparativement à 4,165. Il y a
une augmentation de 17.11% sur la masse des salaires.
M. Boutin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Corneilier): Le député de
Beauce-Sud.
Arrangements fiscaux
M. Roy: M. le Président, j'aurais deux autres questions
à poser relativement aux ententes intervenues entre les compagnies et
dont on a fait mention tout à l'heure, existent-elles toujours?
M. Harvey (Jonquière): C'est un arrangement administratif.
Ce n'est pas une entente comme telle. Vous savez, en taxation, je ne peux pas
arriver et signer une entente qui, sur le plan légal, ne se tiendrait
pas et serait ultra vires, au point de vue constitutionnel également.
Tout est fait en fonction que ça demeure légal pour ne pas
être déclaré ultra vires. Ce sont des arrangements
administratifs qui nous permettent, avec de pleins contrôles, de voir
à ce que les arrangements qu'on a pris sur le plan administratif soient
respectés de part et d'autre.
M. Roy: Est-ce que le ministre pourrait nous
dire s'il songe éventuellement à modifier la loi de
façon à la rendre plus précise, beaucoup plus claire pour
éviter... qu'on appelle ça des ententes ou des arrangements
administratifs, je dis que ce sont des négociations qui ont eu lieu
après consultation de part et d'autre. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire, en premier lieu, pourquoi la loi n'a pas été
amendée?
M. Harvey (Jonquière): Pour commencer...
M. Roy: A ce moment-ci, est-ce que le ministère songe
à apporter des amendements à la loi?
M. Harvey (Jonquière): Pour commencer, ce ne sont pas des
arrangements avec des individus, ce sont des arrangements avec des secteurs
d'entreprises. Toute tentative de modification à nos lois fiscales qui
aurait pu être déclarée ultra vires a été
mise de côté. Dans les amendements que nous proposerons
certainement aux lois des taxes de vente, des taxes à la consommation,
nous allons le faire dans l'esprit de rester à l'intérieur de la
marge de manoeuvre et dans le respect également.
C'est pour respecter des principes dans la loi. Alors, on n'apportera
pas d'amemdements qui seraient déclarés ultra vires, que ce soit
demain ou dans quelques mois.
Les principes qui ont prévalu lors de là
présentation d'amendements aux lois des taxes sur la consommation seront
les mêmes au cours des prochains mois parce qu'on ne peut pas faire
d'ententes qui seraient déclarées ultra vires.
M. Roy: Pour quelle raison un amendement à la loi
concernant la taxe de vente, qui est de juridiction provinciale, pourrait-il
être déclaré ultra vires?
M. Harvey (Jonquière): Je vous ai donné un exemple
tout à l'heure. Une taxe de vente, c'est une taxe à la
consommation. Une taxe à la consommation, la loi nous permet de
déclarer mandataire... Le gars qui ne veut pas être mandataire du
ministère du Revenu et qui vend au détail dans le Québec
ne peut pas. Il ne peut pas faire affaires.
Comment voulez-vous qu'en respectant cela, j'inclurais un amendement
à la loi qui amènerait un manufacturier qui ne fait pas de vente
au détail dans le Québec à être mandataire pour moi?
Pensez-y deux minutes et vous allez voir que des amendements, dans noslois, qui
seraient déclarés ultra vires, nous donneraient un beau texte,
mais cela ne vaudrait rien; cela ne vaudrait pas le millième de l% d'un
arrangement à caractère ad mi nistratif, dans des secteurs
donnés, qui nous permette de corriger de la fraude fiscale dans des
secteurs donnés de produits comme on en a identifiés ce matin,
les savons, par exemple.
M. Roy: Le ministre ne m'a pas convaincu.
M. Harvey (Jonquière): Je ne vous ai pas convaincu. C'est
difficile de vous convaincre. Vous êtes convaincu juste d'une chose, le
Crédit social.
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président...
M. Harvey (Jonquière): Là, c'est plus certain.
M. Roy: Le ministre, ce matin, a le don de vouloir jouer
je ne veux pas employer les termes que je lui reprochais tout à l'heure
mais le ministre devrait s'en tenir au débat et garder un ton
digne. Je pense que les questions que nous lui avons posées sont des
questions pertinentes, des questions que la population se pose.
Quand je dis que je ne suis pas convaincu de la réponse du
ministre j'admets que je ne suis pas un expert en droit fiscal, le
ministre non plus, d'ailleurs il y a un point. Il s'agit d'une taxe
à la consommation, puisqu'on considère ces entreprises comme
étant des entreprises consommatrices. Il y a la question de la taxe
à la consommation, d'une part, et il y a la question du mandat qu'on
confie à une personne de percevoir la taxe de vente. Ce sont deux choses
bien précises.
Quand j'ai parlé, à un moment donné, de l'entente,
si les amendements à la loi c'est là que j'en viens
peuvent être déclarés ultra vires, je me demande comment
les ententes qui peuvent être faites ne peuvent pas être
déclarées ultra vires également, puisqu'il s'agit de la
même chose.
M. Harvey (Jonquière): Je veux dire au
député qu'un commerçant, dans le Québec, quelqu'un
qui vend au détail, dans le Québec, n'a pas le choix d'être
ou ne pas être mandataire; autrement, il n'est pas détaillant.
M. Roy: II n'est pas détaillant.
M. Harvey (Jonquière): Je veux demander au
député de prendre un instant, et il va l'admettre avec moi.
Quelle serait la valeur d'un amendement à notre texte de loi que
rendrait mandataire un manufacturier, souvent ne résidant pas dans le
Québec, et ne faisant pas de vente au détail, le rendant
mandataire?
Je suis d'accord avec lui, je ne suis pas un expert en droit fiscal,
mais il admettra avec moi que, depuis octobre I970, j'ai eu l'occasion un peu
plus que lui d'en rencontrer et de parlerde fiscalité avec ceux qui
connaissent un peu cela.
C'est suret certain que, s'il y avait moyen d'apporter des amendements
qui ne seraient pas déclarés, par la suite, ultra vires, qui
permettraient une entrée plus rapide de tous les fonds susceptibles
d'être des revenus en vertu des lois fiscales, vous seriez surpris de
voir entrer les projets de loi au rythme selon lequel ils entreraient à
l'Assemblée nationale.
Mais il faut être conscient qu'en droit fiscal, tu n'as pas le
droit d'inclure n'importe quoi dans tes textesde loi; il faut que tu surveilles
la légalité pour ne pas être déclaré ultra
vires.
Je suis content q ue le député de Beauce ait posé
laquestion, parce qu'il y a certains contribuables qui nous disent:
Arrêtez donc de taxer à la consommation. Imposez donc le produit,
comme, par exemple, la bière, droits et permis. Imposez donc cela;
incluez la taxe dans le prix, comme au fédéral.
Ils ne comprennent pas le problème constitutionnel de la taxe
directe et de la taxe indirecte. Dans une station-service, vous avez tant de
taxe par gallon d'essence; cela est annoncé. Mais, dans les faits, la
taxe est remise par des grossistes, par voie d'une entente prévue dans
la loi des carburants.
C'est tout cela. L'interprétation et l'application des lois
fiscales, c'est très complexe. Les amendements à nos lois
doivent, au moins, avoir un minimum de sécurité pour ne pas
être déclarés ultra vires.
Je remercie le député d'avoir soulevé la question.
Cela va permettre une plus grande compréhension de la part de
contribuables qui, comme lui ou comme d'autres, ont besoin de savoir, de mieux
connaître.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition
officielle.
Cas de fraude fiscale
M. Morin: M. le Président, je crois que nous sommes
forcés de renoncer à savoir ce qu'il en est exactement des
$183,740 dus autrefois par une compagnie de savon, au titre de la taxe de
vente. Je vais donc passer à autre chose, mais je n'y renonce pas de
façon définitive. Nous finirons bien par savoir ce qui s'est
passé exactement. D'une manière ou d'une autre, nous aurons la
vérité un jour ou l'autre.
Je veux passer à une autre affaire. M. le Président, je
donne connaissance au ministre d'un fait rapporté dans le Soleil du II
janvier 1974. Le juge Paul-Emile Fortin de la cour des poursuites sommaires a
condamné Automobiles Inc. son directeur étant M. Marcel
Jobin à payer un total de $25,000 d'amende, pour avoir
fraudé le fisc fédéral d'une somme de plus de $230,000.
"Jobin et son avocat, Me Jean Lesage, ex-premier ministre du Québec,
brillaient par leur absence, mais l'avocat avait préalablement remis
l'aveu de culpabilité de son client, par procuration, au
représentant de la couronne fédérale, Me Claude
Lacroix."
J'aimerais savoir du ministre si cette même entreprise,
Automobiles Inc., devait quelque chose, quelque montant que ce soit, au fisc
québécois? Il s'agit donc, d'Automobiles Inc. et de son
directeur, M. Marcel Jobin, ou peut-être connu sous le nom de Jobin
Automobiles, c'est possible aussi. Avez-vous intenté des poursuites au
nom du fisc québécois, à la suite des poursuites
intentées par le gouvernement fédéral?
M. Harvey (Jonquière): J'invite le chef de l'Opposition
à regarder le texte de la nouvelle publiée dans le Soleil. Il
s'agissait d'une poursuite du gouvernement fédéral, le
ministère du Revenu fédéral. Nous avons une entente avec
le gouvernement fédéral, quand un ou l'autre entre dans un
dossier, le deuxième s'abstient d'y entrer, également, dans
l'immédiat. Dès que l'argent ou le jugement est rendu, la
condamnation, naturellement, rendue, l'échange de renseignements que
nous avons nous permet, avec le dossier qui nous est transmis, de
procéder à la réclamation des sommes dues en vertu de nos
propres lois fiscales.
M. Morin: C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): II a cité un dossier dont
j'ai compris le nom du procureur, mais d'une firme que je ne connais pas, mais
qui doit être la ville de Québec. Quel nom dites-vous?
M. Morin: Jobin. C'est M. Marcel Jobin, directeur d'Automobiles
Inc.
M. Harvey (Jonquière): Automobiles Inc. Je suis...
M. Morin: Ou encore, de Jobin Automobiles.
M. Harvey (Jonquière): ...persuadé que, dans ce
cas, comme dans tous les autres cas de notre entente avec le gouvernement
fédéral, nous avons procédé, comme à
l'habitude. Je n'ai pas raison de croire que nous n'avons pas
procédé, parce que cela se fait régulièrement. J'ai
à l'esprit plusieurs cas où c'est nous qui avons agi en premier
lieu, où le gouvernement fédéral s'est abstenu d'agir. On
lui a passé l'information dès que notre travail a
été fait. Cela, le chef de l'Opposition l'admettra, c'est dans le
but de ne pas "badrer" inutilement et d'embarrasser inutilement un contribuable
qui a été l'objet d'une vérification fiscale un peu
spéciale.
M. Morin: Dans le cas qui nous occupe, M. le Président, il
s'agissait d'une fraude de $230,000 aux dépens du fisc
fédéral. J'aimerais simplement savoir, étant donné
que cette affaire, maintenant, a fait l'objet d'une condamnation en janvier
1974 cela fait tout de même plusieurs mois quelles ont
été les suites qui ont été données par le
fisc q uébécois à cette affaire?
Le ministre nous aexpliqué très clairement l'entente qui
s'applique entre le fisc fédéral et le fisc
québécois au moment d'une poursuite. Cette poursuite a abouti au
niveau fédéral. Ce que nous aimerions connaître, ce sont
les suites québécoises de l'affaire. Est-ce que des montants vous
étaient dus? Est-ce qu'il y avait eu fraude au niveau
québécois? Quelles suites a eues l'affaire?
M. Harvey (Jonquière): Nous avons un service
spécial pour tous les cas où il y a échange de
renseignements au secteur de la vérification, enquêtes
spéciales, et sans affirmer quoi que ce soit dans le dossier individuel
de la firme que vient de mentionner le chef de l'Opposition, je présume
que si le dossier est entré comme il entre régulièrement
dans des délais assez précis, après que le
fédéral a fini son travail, le ministère a
procédé. Sinon, si le dossier est en voie d'examen pour nos
propres lois parce qu'il faut bien admettre qu'il y a dans nos lois fiscales
certaines différences avec la Loi de l'impôt
fédéral, même au niveau de l'impôt sur les
corporations, je présume que le travail va se faire dans ce cas comme
dans le cas des autres. Je ne crois pas que je rendrais service au chef de
l'Opposition en lui donnant une réponse précise sur un dossier
précis.
M. Morin: Justement, vous me rendriez service, puisque je veux
avoir une réponse. Vous me ren-
driez service et vous rendriez service aux contribuables.
M. Harvey (Jonquière): Le chef de l'Opposition sait fort
bien qu'en vertu de l'entente que nous avons avec le gouvernement
fédéral, la firme qu'il vient de mentionner ne peut pas faire
autrement qu'être cotisée à un moment ou l'autre. Elle l'a
été, et je présume qu'elle le sera si le dossier est
entré au ministère selon le processus...
M. Morin: Je ne veux pas me contenter d'une présomption.
Le ministre me dit: "Je présume que..." Cela peut vouloir dire n'importe
quoi. Ce que je veux savoir, et je vais insister, c'est si, à la suite
de la découverte d'une fraude au niveau fédéral, vous avez
pu établir cela fait seize mois que la condamnation est
intervenue au niveau fédéral il y a eu fraude
également au niveau québécois.
M. Harvey (Jonquière): Je vais répondre au chef de
l'Opposition que, dans tous les cas et je n'ai à l'esprit aucune
exception où nous avons, soit nous, fait le travail en premier
lieu, et que le fédéral s'est abstenu de le faire comme le veut
notre entente ou vice versa, je n'ai à l'esprit aucun cas où on
n'a pas récupéré ou procédé, dans le cas
d'entreprises ou d'individus. Dans le cas précis qu'il me cite, encore
là, je lui dis qu'en raison de la confidentialité qu'on garde
dans l'opération et la manipulation d'un dossier fiscal, je n'irai pas
dire au chef de l'Opposition qu'à telle date on a obtenu le paiement
de... Je dis au chef de l'Opposition que, dans tous les cas, où le
fédéral ou nous agissons en premier lieu quand il s'agit
d'enquête spéciale en vertu de notre entente sur l'échange
de renseignements, nous récupérons les sommes qui sont dues chez
nous et ce, rapidement, quand nous avons un jugement de cour nous ordonnant de
le faire, et quand nous avons affaire àdes entreprises q ui sont
capables de payer.
M. Morin: M. le Président...
M. Harvey (Jonquière): II arrive je vais être
franc avec le chef de l'Opposition que, dans le cas de certains
individus, ou certaines petites entreprises, qui viennent nous dire qu'ils ne
pourraient pas travailler le lendemain matin s'ils n'étaient pas
capables d'avoir une entente à très court terme, bien sûr
que l'évaluation de leur capacité de payer est faite encore par
un secteur spécialisé de nos services, qui nous amène
à récupérer ce qui est dû à l'Etat le plus
rapidement possible. Je ne veux pas embarquer sur un dossier particulier. Le
chef de l'Opposition tente de refaire un peu le même genre de discussion
qu'il a tenté de faire en premier lieu.
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, il est 12 h 33.
La commission va suspendre ses travaux jusqu'à cet après-midi, 4
heures, ou immédiatement après la période de
questions.
M. Morin: M. le Président, je dois, cet après-midi,
donner la réplique au discours du budget. J'aimerais m'assurer que les
travaux de la commission ne reprendront que lorsque j'aurai terminé
cette réplique. Est-ce que vous pouvez m'en donner l'assurance? Je pense
que j'en ai peut-être pour une heure, une heure et demie, cet
après-midi, dans mes commentaires. Comme je n'ai pas terminé,
d'ailleurs, sur cette affaire de Jobin Automobiles, puisque là encore il
y a des faits qui nous inquiètent, et que je veux avoir plus de
détails, j'aimerais que la commission ne se réunisse pas sans que
je sois présent.
M. Harvey (Jonquière): D'abord moi, personnellement, je
comprends que le chef de l'Opposition doit prendre la parole en Chambre cet
après-midi sur le discours du budget. Loin de moi l'idée de ne
pas vouloir coopérer. Je suis même intéressé
à entendre les remarques du chef de l'Opposition. Par ailleurs, je
voudrais lui demander de comprendre également que demain,
moi-même, je devrai être absent, demain après-midi. Si le
chef de l'Opposition me dit que son intervention va durer à peu
près une heure, une heure et demie, on pourrait, dès qu'il aura
fini, revenir travailler pour être en mesure, ce soir, de faire le plus
de travail possible, parce que demain je devrai être absent...
M. Morin: Si le ministre doit être absent demain, nous
n'allons certainement pas demander que la commission se réunisse en son
absence.
M. Harvey (Jonquière): J'ai l'impression qu'on va passer
à travers ce soir. Alors, après la brillante intervention du chef
de l'Opposition, on reviendra ici avant l'heure du lunch et on suspendra pour
l'heure du souper.
Le Président (M. Cornellier): Suspension des travaux de la
commission jusqu'après l'intervention en Chambre, cet après-midi,
du chef de l'Opposition sur le budget.
M. Morin: Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 36)