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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Etude des crédits du ministère du
Revenu
Séance du jeudi 24 avril 1975
(Dix heures vingt-cinq minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics etdu revenu reprend ce
matin ses travaux pour l'étude des crédits du ministère du
Revenu. M. Har-vey, député de Jonquière et ministre du
Revenu, remplace M. Garneau, ministre des Finances; M. Denis (Berthier)
remplace M.Vallières (Richmond).
A l'ajournement de la dernière séance, nous en
étions toujours aux discussions générales et le chef de
l'Opposition officielle avait la parole.
Cas de fraude fiscale (suite)
M. Morin: Merci, M. le Président. Je voudrais revenir
brièvement sur l'affaire dont nous discutions au moment de
l'ajournement. Il s'agissait de l'affaire Jobin Automobiles, peut-être
connue sous le nom de Automobiles Incorporé. A la suite des fraudes
commises à l'endroit du fisc fédéral, lesquelles fraudes
ont entraîné pour M. Marcel Jobin et Automobiles Incorporé
l'obligation de payer une amende de quelque $25,000 à la couronne
fédérale, je voulais savoir si cette société, si ce
vendeur d'automobiles devait quelque chose au fisc québécois. Je
ne lui demande pas le montant, mais on peut présumer qu'il y a eu fraude
également à l'endroit du fisc québécois. J'aimerais
demander au ministre s'il peut nous dire quelles dispositions ont
été prises par son ministère dans cette affaire.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, de nouveau
ce matin, le chef de l'Opposition, par sa question précise à
l'endroit d'un dossier spécifique, va obtenir probablement le même
résultat qu'il a obtenu avant-hier. J'arrive de ma région et j'ai
rencontré des gens qui avaient des questions à se poser et,
à ma grande surprise, le résultat que le chef de l'Opposition a
obtenu, c'est de créer des doutes sur l'intégrité des
hauts fonctionnaires du ministère du Revenu.
Je m'explique: A la suite d'une entente formelle entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement provincial, sur des cas de fraude,
l'un s'abstient quand l'autre agit en premier lieu. De plus il y a toute la
série de hauts fonctionnaires impliqués dans l'obligation de
faire leur devoir, de percevoir les sommes dues au fisc
québécois; comment voulez-vous que ces choses ne se fassent pas,
à moins qu'on puisse mettre en doute l'intégrité de ces
gens? M. le Président, je dis que la question du chef de l'Opposition
est antiréglementaire puisqu'elle concerne un dossier spécifique.
S'il me posait la question concernant les nombreux cas, y compris celui qu'il a
à l'esprit, qui nous ont été transmis par le gouvernement
fédéral, pour donner suite à l'échange de
renseignements que nous avons depuis quelques années, ma réponse
serait que, dans tous les cas, le processus est fait pour
récupérer le plus rapidement possible l'argent dû à
l'Etat québécois. Cela se fait à l'inverse par le
gouvernement fédéral dans des délais relativement
très courts.
M. Morin: M. le Président, je regrette que les questions
que nous sommes dans l'obligation de poser et auxquelles nous avons tellement
de difficultés à obtenir des réponses puissent jeter le
moindre discrédit sur qui que ce soit. Mais c'est notre devoir de poser
ces questions lorsque nous nous interrogeons sur la gestion du ministre. Et
c'est l'endroit...
M. Harvey (Jonquière): M. le Président... M.
Morin:... pour poser ces questions.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement. Je vous dirai que, justement hier, j'ai fait la
description et donné toutes les informations relativement à un
article qui avait paru dans le Journal de Québec, non signé,
titré: "Un ministre avare de commentaires sur des cadeaux aux compagnies
de savon".
Quand on sait fort bien que la question du chef de l'Opposition
relativement à l'ensemble des compagnies, il a parlé d'un
dossier en particulier est une question "juvénile" en droit
fiscal. On saitqu'il s'agissait de régler un problème qui
traînait depuis quelques années au sujet de primes incluses dans
une boîte contenant un produit non taxable, par le manufacturier. On
obtient des résultats semblables à ceux-là, mais on met en
doute l'intégrité de tous les fonctionnaires qui agissent dans
des dossiers majeurs...
M. Morin: Si vous répondiez aux questions, vous n'auriez
pas ces difficultés-là.
M. Harvey (Jonquière): Je pense, M. le Président,
qu'il est temps que le chef de l'Opposition se conduise comme un gentleman, ce
qu'il est j'en suis sûr, et commence à discuter les crédits
du ministère du Revenu pour l'application des lois fiscales.
M. Morin: M. le Président, je tiens à rassurer le
ministre, je n'ai pas l'intention de me conduire autrement. Toutefois, nous
avons de nombreuses questions à poser et nous allons les poser.
M. Harvey (Jonquière): Posez-les.
M. Morin: Et si le ministre veut éviter les avatars comme
ceux qui se trouvent dans les journaux, il n'a qu'à répondre aux
questions, ce sera beaucoup plus simple.
M. Harvey (Jonquière): Celles auxquelles j'ai le droit de
répondre, avec plaisir.
M. Morin: M. le Président, je reviens sur cette question
d'Automobile Inc., ou encore Jobin Automobile. Je veux bien convenir qu'il
existe des ententes entre le fisc fédéral et le fisc
québécois pour que, lorsque l'un des deux entreprend des
poursuites, l'autre attende que ce soit terminé avant de procéder
à son tour. Je l'admets, je veux bien. Mais, en l'occurence, le fisc
fédéral a obtenu ces condamnations en janvier 1974. Cela fait
donc seize mois. Donc, le fisc québécois a eu plus que le temps
de se mettre en branle contre cette société si elle était
délinquante.
Ce que je veux savoir et le ministre sait très bien ce que
je tente de savoir c'est si le ministère a fait son devoir dans
cette affaire-là comme le fisc fédéral a fait le sien?
C'est ce que je veux savoir.
M. Harvey (Jonquière): Je répondrai au chef de
l'Opposition que la période pour encaisser ce qui nous était
dû se situe peut-être entre un jour et quinze mois, vingt-huit
jours et deux heures et trente secondes, sur un dossier précis. Je
n'avouerai jamais au chef de l'Opposition les étapes ou les transactions
qui ont été effectuées dans un dossier précis.
J'affirme, comme ministre du Revenu, que dans l'ensemble des dossiers
que peut comporter une année fiscale, qu'elle soit antérieure ou
surtout impliquée dans l'étude de nos crédits, les
fonctionnaires que je dirige au ministère du Revenu ont accompli leur
devoir comme ils devaient le faire dans tous les dossiers sans exception.
M. Morin: M. le Président, je n'ai pas demandé au
ministre s'il était intervenu des ententes entre son ministère et
la société Jobin ou Automobile Inc..
M. Harvey (Jonquière): Non, non, c'est avec le
fédéral.
M. Morin: Je lui ai demandé s'il y avait eu...
M. Harvey (Jonquière): Avec le fédéral, avec
le fédéral. J'ai parlé d'ententes avec le
fédéral, échange de renseignements.
Vous, vous dites que celui-là est compris dedans, puisque vous
nous avez cité un jugement de cour pour fraude fiscale à la suite
d'une procédure du ministère du Revenu national.
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): C'est donc un dossier qu'on relie
immédiatement à l'intérieur de l'entente liant les
ministères du Revenu du Québec avec celui du gouvernement
fédéral pour ce genre de dossiers.
M. Morin: Voulez-vous dire, M. le ministre...
M. Harvey (Jonquière): Alors, on conclut que nous n'avons
pas agi devant les tribunaux contre ce contribuable puisque le
fédéral avait agi en premier lieu.
Et dès que le jugement est sorti, je suis per- suadé que
les officiers de mon ministère ont fait leur travail parce qu'on voit
tous les jours des documents, le processus régulier de nos étapes
de procédure...
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): ...avoir lieu.
M. Morin: Mais j'imagine, M. le Président, que, lorsque le
fisc fédéral intente une poursuite contre un contribuable
délinquant il la prend au nom du ministère du Revenu
québécois, en même temps. Le fisc fédéral,
j'imagine, agit pour son propre compte, et c'est à vous d'agir pour
votre propre compte devant les tribunaux, le cas échéant,
n'est-ce-pas?
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire qu'il y a des
contacts entre les deux services pour éviter qu'on se pile sur les
pieds.
M. Morin: Oui, ça je comprends.
M. Harvey (Jonquière): Au ministère du Revenu, on
n'est pas au bureau du chef de l'Opposition, il se fait au-delà de 25
millions de transactions par année.
M. Morin: M. le ministre, je m'attendrais que vous soyez
sérieux. Je vous pose des questions sérieuses. Si vous me
répondez avec des propos qui prêtent à débat, je
veux bien embarquer dans un débat, mais ce ne sera agréable ni
pour vous ni pour moi.
M. le Président, je veux demander au ministre si, lorsque le fisc
fédéral prend des poursuites contre un contribuable
délinquant, il les prend en son propre nom seulement ou au nom du fisc
québécois en même temps?
M. Harvey (Jonquière): En son propre nom.
M. Morin: En son propre nom. Donc si un contribuable est
délinquant, par rapport au fisc québécois, c'est à
vous qu'il appartient, par la suite, en vertu de l'entente que vous avez avec
le pouvoir fédéral, ou avant, dans certains autres cas, puisque
j'imagine que l'entente joue dans les deux sens, de prendre l'initiative. Dans
ce cas-ci, les poursuites fédérales ont abouti en janvier I974.
J'imagine que, si ce contribuable avait été délinquant,
vous auriez entamé des poursuites à votre tour,
séparément.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'ai
déjà répondu à cette question. Je vais me
répéter, pour le bénéfice du chef de l'Opposition.
Dans le cas qu'il a cité, immédiatement après la prise de
procédures par le gouvernement fédéral et ce serait
le même cas si c'était nous qui la prenions au départ
nos officiers du service concerné dans le cas qu'il cite
c'est le service des enquêtes spéciales sont avisés
que le fédéral procède, pour éviter de bâdrer
le même contribuable, sur le dossier qui a été
préparé par un gouvernement, soit le fédéral. Nous
suivons constamment l'évolution de ce dossier pourêtre en
mesure de commencer immédiatement la procédure de
récupération dès que l'examen du dossier complet qui nous
a été transmis correspond bien également aux dispositions
de nos lois fiscales, qui peuvent différer dans certains cas. Elles
peuvent être différentes, dans certains cas.
M. Morin: Cela va de soi.
M. Harvey (Jonquière): Si cela va de soi, c'est ce que je
vous ai dit trois fois, comprenez le.
M. Morin: Mais vous évitez, de la sorte, de
répondre à ma question. Je vais essayer de reposer la question
autrement. Dans cette affaire, Me Jean Le-sage représentait-il
l'entreprise Jobin, ou Automobiles Inc.?
M. Harvey (Jonquière): C'est possible.
M. Morin: Sans rien révéler sur la
comptabilité de l'entreprise, ce n'est pas ce que je vous demande, je
vous demande s'il y a eu cotisation, dans ce cas, pour taxes non
payées?
M. Harvey (Jonquière): L'entente fonctionne ipso facto.
S'il a été facturé au fédéral, ipso facto il
est facturé au provincial.
M. Morin: Là, il s'agissait de taxe de vente.
M. Harvey (Jonquière): Je ne sais pas ce que le chef de
l'Opposition a lu. Je ne sais pas quel document il avait devant lui. Est-ce lui
qui affirmait cela? Est-ce que c'était un article de journal? Je ne sais
pas ce que le chef de l'Opposition a devant lui.
C'est comme dans le cas des dossiers majeurs d'entreprises, des gros
cas. Je ne sais pas ce que le chef de l'Opposition avait devant lui, mais il
adonné l'impression d'avoir un document.
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): II sait fort bien qu'il existe,
dans tous les dossiers majeurs, des projets de cotisation qui ne sont jamais
transmis. En relisant les épreuves du journal des Débats, je vois
que le chef de l'Opposition est allé loin, en disant, dans certains cas:
Le ministère a transmis des avis de cotisation. Il a peut-être des
petits amis qui lui donnent des renseignements, mais un projet d'avis de
cotisation et un avis transmis, ce sont deux choses.
M. Morin: Je vous posais des questions. Je ne veux pas affirmer,
je ne peux pas le savoir à moins que vous ne me le disiez.
M. Harvey (Jonquière): On sait que le chef de l'Opposition
a des petits amis qui ont été pris les doigts dans le sac, dans
certains secteurs de notre ministère. Ils ne sont pas heureux. Ils
cherchent des poux aux hommes intègres qui restent en place.
M. Morin: Le ministre voudrait-il être précis?
Voudrait-il donner des précisions, M. le Président?
M. Harvey (Jonquière): Non, je n'en donnerai pas, je suis
aussi "insinueux" ce matin que le chef de l'Opposition.
M. Morin: Je pensais que vous alliez dire insignifiant.
M. Harvey (Jonquière): Non, je ne suis pas encore rendu
là; vous, cela fait longtemps.
M. Morin: M. le Président, je demande au ministre
s'il n'est pas insinueux, il doit être sinueux s'il voudrait... Si
le ministre veut partir dans ce genre de ligne, cela peut aller loin. Moi,
j'essaie d'obtenir des renseignements sérieux. Je lui pose des questions
sérieuses et on part constamment en campagne.
M. Harvey (Jonquière): Je vous donne ceux que j'ai droit
de vous donner en vertu de la loi que j'ai la responsabilité et le
devoir d'administrer.
M. Morin: Bon, je vais essayer de poser la question de
façon plus générale. Lorsque, à la suite d'une
condamnation au niveau fédéral, vous appliquez l'entente
intervenue entre le fisc québécois et le niveau
fédéral, comment est-ce que cela fonctionne pour
récupérer les sommes qui pourraient être dues au fisc
québécois?
Expliquez-moi comment cela fonctionne sur le plan administratif.
M. Harvey (Jonquière): Sur le plan administratif,
dès la remise du dossier aux officiers de notre ministère, il y a
examen complet du dossier de l'entreprise et de son implication avec les
différentes lois auxquelles il est assujetti. De là de nouveaux
avis de cotisation sont expédiés à l'impliqué et
les services de recouvrement entrent immédiatement en action pour
récupérer toutes les sommes dues à l'Etat.
M. Morin: Au moment de cette procédure...
M. Harvey (Jonquière): On me dit également que le
contribuable est convoqué pour éviter qu'il reçoive cela
par la poste. On lui remet ses avis de cotisation et le service de recouvrement
tente immédiatement de récupérer la totalité, si
c'est possible, ou, le plus rapidement possible, ce qu'il doit au fisc
québécois.
M. Morin: J'imagine que, dans certains cas, il y a
négociation, il y a confrontation avec le contribuable,
négociation éventuellement, même, avec son avocat.
M. Harvey (Jonquière): II y a un jugement de cour. Il a
déjà été condamné dans le dossier.
M. Morin: II a été condamné au niveau
fédéral.
M. Harvey (Jonquière): II n'y a pas rien que... C'est la
même preuve qu'on a contre lui. On a le même dossier dans les
mains, si on l'a accepté. C'est la Loi de la preuve du Canada qui
s'applique.
M. Morin: Oui, d'accord. Mais l'amende payée au fisc
fédéral n'est pas partagée avec le fisc
québécois.
M. Harvey (Jonquière): En fonction de nos propres droits,
on impose des amendes aussi.
M. Morin: Oui, c'est ce que je pensais. M. Harvey
(Jonquière): C'est cela.
M. Morin: Et, dans ce cas, vous ne pouvez pas me dire si, oui ou
non, le fisc québécois s'est mis en branle et a pu
récupérer ce qui lui était dû?
M. Harvey (Jonquière): Quant au cas particulier que vous
mentionnez, je ne réponds à aucun cas particulier d'individu, de
corporation ou...
M. Morin: Alors, ce que j'aimerais savoir du ministre, là,
c'est à quoi peuvent servir des séances comme celles-ci.
M. Harvey (Jonquière): Je vous réponds que cela
doit servir. Prenez votre livre à la page 17.4 et 17.5 et on va vous
montrer à quoi cela doit servir. Prenez les programmes et les
éléments de programme et vous allez voir les sommes requises pour
administrer les lois fiscales.
M. Morin: Le ministre sait très bien qu'à
l'occasion de ses crédits, l'Opposition a toujours posé des
questions sur l'administration du ministère. Avant de vous voter des
sommes pour administrer votre ministère, nous voulons savoir s'il est
administré convenablement.
M. Harvey (Jonquière): Très bien. Cela fait quinze
ans que le ministre du Revenu actuel est parlementaire. Cela fait quinze ans
que j'assiste aux débats qui ont lieu à l'occasion de la demande
des crédits pour administrer le ministère du Revenu. Avant qu'il
soit créé officiellement, c'était le département du
contrôleur du revenu. C'est curieux, c'est la première fois que le
critique officiel de l'Opposition, qui est un homme considéré
comme un de nos savantsquébécois, qui a des connaissances en
droit fiscal...
M. Morin: Pas particulièrement.
M. Harvey (Jonquière): ...c'est la première fois,
dis-je, que je vois un homme qui connaît sa loi insister au point de me
faire déroger à l'article fondamental de notre loi, touchant la
confidentialité, et pousser ses questions aussi loin que de semer un
doute dans la population concernant l'intégrité des hommes
indispensables pour, dans un Etat moderne, percevoir les revenus requis
à l'Etat pour dispenser des services, soit de santé, de
bien-être ou autre.
M. Morin: M. le ministre, je ne vous ai interrogé ni sur
la comptabilité interne de Lever Brothers ni sur la comptabilité
interne d'Automobiles Inc.
M. Harvey (Jonquière): Si mes officiers ont fait leur
devoir, c'est pire.
M. Morin: Je vous ai demandé tout simplement si vous aviez
donné suite à des procédures qui ont eu lieu à un
autre niveau, ou si, dans le cas de Lever Brothers, vous aviez insisté
pour obtenir le remboursement de cotisations qui avaient été
fixées dans le passé par votre ministère.
M. Harvey (Jonquière): Vous ne questionnez pas sur
l'administration. Sur l'administration, je dis que, dans tous les cas, on agit
immédiatement et dans des délais relativement courts. Sur les cas
spécifiques, on vous dit qu'il est impossible de vous donner des dates
précises, parce qu'on serait en contravention avec l'article 69.
M. Morin: Non, vous vous servez de l'article 69 de façon
un peu trop extensive, M. le ministre. Cela couvre les renseignements que vous
auriez pu obtenir.
M. Harvey (Jonquière): C'est une question d'opinion.
M. Morin: A mon avis, la façon dont vous
l'interprétez empêche l'Opposition de faire son travail. Je vais
expliquer au ministre.
M. Harvey (Jonquière): Je voudrais faire remarquer au chef
de l'Opposition...
M. Morin: Supposons que le ministre...
M. Harvey (Jonquière): Un instant, un instant. Je dis au
chef de l'Opposition que c'est une question d'opinion. Les avis que j'ai, et
provenant de sources assez multiples, de l'extérieur du pays
également, disent que ce que je réponds au chef de l'Opposition
est l'unique et la seule réponse que je dois lui donner. Par ailleurs,
je dois respecter l'opinion du chef de l'Opposition, qui pense que
j'interprète l'article 69 un peu trop rigidement.
M. Morin: Un peu trop extensivement. Maintenant, M. le
Président, je voudrais poser au ministre une question bien simple.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le député
de Mercier voudrait aller me chercher le Littré? J'en aurais besoin
à ma droite.
M. Morin: Le ministre nous dit qu'il fait confiance à ses
fonctionnaires et jusqu'à nouvel ordre, nous aussi. Seulement, notre
devoir c'est de nous en assurer, de nous assurer que l'administration de son
ministère est conduite de façon impeccable. Or comment le
ministre pense-t-il que nous pouvons nous assurer de cela si, chaque fois que
nous lui posons des questions précises sur le comportement de son
ministère à l'égard d'un contribuable, il se
réfugie derrière l'article 69? Si, chaque fois que je lui
demande, par exemple, s'il y a eu des poursuites dans tel cas, il me dit
l'article 69
s'applique alors qu'il ne s'applique visiblement pas? Comment
pouvons-nous vérifier la conduite...
M. Harvey (Jonquière): Au lieu... M. Morin:
Laissez-moi terminer.
M. Harvey (Jonquière): Oui, mais au lieu de dire: Dans tel
cas, dites: Dans les cas de... puis prenez la cause de ce cas, puis je vais
vous répondre: Oui. Pas un cas spécifique, on ne peut pas.
M. Morin: Oui, mais voilà le problème. C'est qu'il
peut y avoir un ensemble de cas où vous avez des sommes d'argent
à récupérer, et sur certains dossiers peuvent intervenir
des personnes influentes. Je veux m'assurer je pense que le ministre
commence à me comprendre qu'il n'y a pas d'influence indue qui
joue dans son ministère, pour certains cotisants. Je vais être
précis, parce qu'il n'est pas normal qu'un ancien premier ministre
occupe dans des dossiers auprès du ministère du Revenu. Il n'est
pas normal...
M. Harvey (Jonquière): Un instant, un instant. Le
Président (M. Cornellier): A Tordre!
M. Bacon: A l'ordre, M. le Président! Autrement dit, il
n'a pas le droit de pratiquer.
M. Harvey (Jonquière): Comment le chef de l'Opposition
peut-il prétendre que le ministre du Revenu ou quelque parlementaire que
ce soit, ici à l'Assemblée nationale, puisse empêcher un
groupe de compagnies agissant dans le même secteur puisqu'il l'a
identifié, avant-hier, le secteur des savons d'engager un
procureur pour être capable de s'asseoir avec les nôtres?
Comment...
M. Morin: Vous ne pensez pas justement qu'elles auraient
intérêt à engager un procureur comme celui-là?
M. Harvey (Jonquière): Non, on n'aurait pas
intérêt, nous autres, à défendre, à donner
des privilèges. La loi s'applique dans son cas à lui comme
à d'autres. Dans l'autre cas, le cas spécifique que vous avez
mentionné ce matin...
M. Morin: Ce dont je veux m'assurer.
M. Harvey (Jonquière): Dans le cas spécifique que
vous mentionnez, ce matin, moi je sais car depuis 1960 je vis à
Québec que ce monsieur est un ami personnel de M. Lesage, Marcel
Jobin. Il est normal, moi demain, si je suis aux prises avec un problème
juridique, que j'aie recours, si j'ai un de mes amis, en qui j'ai confiance, et
que je lui demande d'être...
M. Morin: Ce que vous me dites là ne me rassure pas.
M. Harvey (Jonquière): ...mon procureur. Le chef de
l'Opposition a un problème actuellement. Il a demandé à un
de ses amis d'agir pour lui comme procureur, malgré qu'il est avocat.
Cela est normal.
M. Morin: M. le Président, qu'est-ce qu'il dit?
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député...
M. Mercier: M. le Président... M. Morin: Je n'ai
pas eu affaire...
M. Mercier: Est-ce que j'ai la parole, M. le
Président?
M. Morin: ...à ce que je sache, avec le fisc.
Le Président (M. Cornellier): Un instant, s'il vous
plaît! L'honorable député de Bellechasse a demandé
la parole.
M. Morin: Sur un point de privilège, M. le
Président, je regrette.
Le Président (M. Cornellier): Oui, très bien, sur
un point de privilège.
M. Morin: Est-ce que le ministre voudrait préciser sa
pensée?
M. Harvey (Jonquière): Vous n'avez jamais eu besoin dans
votre vie d'avoir recours à un procureur?
M. Morin: Bien non, non.
M. Harvey (Jonquière): Récemment?
M. Morin: Etant avocat, je me suis toujours défendu
moi-même, quand j'avais à me défendre.
M. Harvey (Jonquière): Mais j'ai assisté...
M. Marchand: On a vu ça lorsque vous avez comparu.
M. Harvey (Jonquière): ...à une réunion
récemment.
M. Morin: II n'était pas là à titre de
procureur; il était là à titre de collègue de
l'Assemblée.
Des Voix: Ah!
M. Morin: Cela n'a rien à voir avec le fisc, M. le
Président.
M. Bacon: Bien non!
M. Morin: Encore des manoeuvres destinées à faire
dérailler la question.
M. Harvey (Jonquière): Ah non, absolument pas!
M. Mercier: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
M. Morin: M. le Président, est-ce sur la même
question?
M. Bacon: II n'y avait pas de question de privilège
là-dedans.
Le Président (M. Cornellier): J'accorde la parole au chef
de l'Opposition officielle sur cette question de règlement.
M. Morin: Merci.
Le Président (M. Cornellier): Mais il faudrait revenir le
plus tôt possible...
M. Morin: M. le Président, la question de
règlement...
Le Président (M. Cornellier): ...à l'objetde notre
réunion.
M. Morin: ...que je posais est celle-ci: Est-ce que les questions
que s'apprête à poser mon collègue, à ma gauche,
portent sur la même question, parce que je n'ai pas terminé cette
question encore?
M. Mercier: M. le Président, mes questions portent
justement sur l'administration du ministère du Revenu.
M. Morin: Mais est-ce sur cette question-là? M.
Mercier: Sur ce que nous sommes...
M. Morin: Parce que je n'ai pas terminé et je pense
avoir...
M. Mercier: ...censés discuter ici ce matin. M. Morin:
le loisir de terminer avant.
M.Mercier: M. le Président, j'aimerais savoir du
ministre...
M. Morin: Est-ce sur cette question-là?
M. Mercier: Sur des questions d'administration du
ministère du Revenu, sur des aspects de l'administration du
ministère du Revenu.
M. Morin: Parce que, M. le Président, si on me coupe
constamment comme ça, cela n'ira pas bien vite.
M. Mercier: On ne vous a pas coupé depuis le début
de la séance, ce matin.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable... M.
Mercier: Vous avez eu la parole depuis...
Le Président (M. Cornellier): Un instant. L'honorable chef
de l'Opposition officielle...
M. Bacon: On veut nous imposer le bâillon, M. le
Président.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bacon: Les députés libéraux n'ont pas le
droit de parler.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable chef de
l'Opposition officielle réalisera que tous les membres de la commission
ont le droit de s'adresser...
M. Bacon: Entendre des insignifiances à la journée
longue sans pouvoir parler.
Le Président (M. Cornellier): ...à la
commission...
M. Morin: Oui, oui. A leur tour, certainement.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Bellechasse nous annonce qu'il veut parler dans le
même domaine que nous discutions précédemment, soit
l'administration...
M. Mercier: Exactement.
Le Président (M. Cornellier): ...du ministère du
Revenu.
M. Bacon: Ce serait donc de la grande démocratie, M. le
Président, s'il fallait qu'ils soient au pouvoir!
Postes à combler
M. Mercier: M. le Président, j'aimerais connaître du
ministre du Revenu...
M. Marchand: Cela n'arrivera pas.
M. Mercier: II a fait état dans ses commentaires...
M. Bacon: II faut voir à ce que cela n'arrive pas.
M. Mercier: ...d'ordre général, à la
première séance de la commission, au niveau des effectifs du
ministère, d'une quantité de quelque 100 postes à combler
au cours du présent exercice financier. Il a parlé
également des postes qui sont restés non comblés à
la fermeture du dernier exercice financier.
De quelle façon le ministre peut-il nous expliquer cette
quantité de postes qu'il y a à combler actuellement au
ministère du Revenu? Est-ce dû à une réorganisation
au niveau administratif ou si c'est dû à l'addition de nouvelles
directions générales au sein de son ministère?
M. Harvey (Jonquière): La raison majeure, la raison
principale, dis-je, c'est le recrutement. On n'a pas pu recruter, malgré
que les gens du personnel ont visité les universités
québécoises, les finissants, les CEGEP. Nous avons eu un
succès assez bon dans le secteur des CEGEP, des finissants de techniques
administratives, cours terminal.
Maintenant, on espère que la moisson de 1975 nous apportera
d'autres bons résultats. Il y a eu également le gouvernement
fédéral qui, pour des postes à peu près
équivalents, a obtenu pas mal de mutations. Il y a des agents
vérificateurs qui ont préféré aller travailler pour
le gouvernement fédéral. Alors, il était difficile de les
empêcher de faire leur choix en raison du salaire qu'ils obtenaient au
niveau du gouvememnt fédéral.
Mon sous-ministre a préparé un plan de carrière
amélioré pour les agents, les techniciens en vérification
fiscale, pour les agents de recouvrement également. Tout est en
discussion avec le ministère et la Commission de la fonction publique,
pour essayer d'améliorer le salaire à l'embauche et, dans les
premières années, pour les conserver parce qu'il faut
éviter de perdre de bons hommes dans un secteur considéré
comme vital pour le gouvernement du Québec.
M. Mercier: Est-ce que le ministre...
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que cela répond?
M. Mercier: ...veut dire, par là, qu'il y a une variante
assez forte entre les salaires versés au ministère
fédéral, comparativement à ceux versés au
ministère du Revenu provincial?
M. Harvey (Jonquière): On a eu certains cas de $3,000,
$4,000 et nous en avons même un, entre autres, de $5,000.
M. Mercier: Et la quantité des quelque 100 postes dont il
a fait état lors de la première séance, est-ce que ce sont
tous des postes au niveau des professionnels?
M. Harvey (Jonquière): En partie. Il y a des agents
vérificateurs; dans les autres postes, agents de bureaux, auxiliaires de
bureaux, c'est plus facile, la Fonction publique réussit à nous
fournir ce dont on abesoin. Mais ce sont surtout les postes d'agents
vérificateurs en dehors de la classe des professionnels et au niveau des
professionnels.
M. Mercier: Lors de l'étude des crédits, l'an
dernier, M. le Président, le ministre avait dit que son ministère
avait entrepris, au cours des deux dernières années, une action
en profondeur pour récupérer des sommes dues au ministère
du Revenu provincial.
Le ministre pourrait-il faire état des résultats de
l'opération qui a dû se poursuivre, j'imagine, au cours du dernier
exercice?
M. Harvey (Jonquière): C'est un travail permanent. C'est
un programme permanent qui nous permet, par la vérification interne, de
sélectionner un plus grand nombre de dossiers à fournir à
ceux qui font le travail sur la route, afin d'avoir une meilleure
couverture.
A ce jour, les résultats sont assez bons. Identifier le nombre de
dossiers qui sont assujettis à ces cas-là serait très
difficile puisqu'il ne s'agit pas d'enquêtes spéciales, il s'agit
tout simplement d'améliorations de nos systèmes de
vérifications régulières.
Un chiffre précis, d'avril à décembre 1974, nous
avons récupéré $63,469,100.
Une Voix: En recouvrements?
M. Harvey (Jonquière): En recouvrements.
Le Président (M. Cornellier): Le député
de...
M. Harvey (Jonquière): Revenu additionnel sur
années antérieures.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Trois-Rivières.
M. Bacon: M. le Président, justement là-dessus,
dans le cas des agents vérificateurs, des agents de recouvrement, ce
sont des diplômés en sciences administratives, en règle
générale. Je ne comprends pas comment il se fait que la Fonction
publique ne se met pas dans la tête, à un moment donné, de
vérifier les échelles.
Quand on a invité le Vérificateur général
ici, à un moment donné, il s'est plaint qu'il ne pouvait pas
garder ces agents parce qu'ils s'en vont dans l'entreprise privée ou au
fédéral. Moi, je ne peux pas comprendre. A part cela, c'est un
secteur où les gars, vis-à-vis de l'entreprise privée, ont
quand même des salaires alléchants. Je ne comprends pas que la
Fonction publique, compte tenu des chiffres que vous mentionniez... Si vous
aviez plus de personnel, cela voudrait dire que vous pourriez peut-être
recouvrer davantage ou donner encore plus de service aux contribuables.
M. Harvey (Jonquière): Le député de
Trois-Rivières a tellement raison, parce qu'au moment où on a mis
tout le monde...
M. Bacon: Oui, tout le monde a l'air d'avoir raison mais personne
ne fait rien.
M. Harvey (Jonquière): On a fait des
représentations. Nous n'avons pas encore eu gain de cause mais je pense
que, cette fois-là, nous l'aurons. En mettant dans la même
boîte les agents vérificateurs, qu'ils soient au service, disons,
d'un ministère comme le ministère de l'Education, le
ministère des Affaires sociales, ou la CAT, ces gens-là vont
vérifier des livres publics, font un travail relativement plus facile
qu'un agent vérificateur aux taxes à la consommation ou à
des gens qui sont leur propre patron sur le territoire québécois.
En plus, ces agents vérificateurs, dans les autres ministères,
peuvent faire du travail à l'extérieur, tandis que les
nôtres sont assujettis à la directive SM-1 et doivent demander la
permission chaque fois qu'ils ont l'occasion de faire du travail à
l'extérieur, pour éviter d'être en conflit...
Une Voix: D'intérêts.
M. Harvey (Jonquière): ...d'intérêts.
Alors, il est bien sûr que toutes ces
représentations-là sont faites non seulement par moi mais par mon
sous-ministre, par la direction générale du personnel. Notre
désappointement a été grand, de même que celui de
nos agents vérificateurs qui persistent avec nous dans l'espoir de
gagner leur point. Eh bien, nous avons trouvé une nouvelle classe
d'employés qui seraient des techniciens en vérification fiscale,
avec un plan spécial collé à leur travail, pour permettre
non seulement de les conserver mais d'améliorer le recrutement.
M. Bacon: Je sais, connaissant la compétence du directeur
du personnel, qu'il fait sûrement les représentations
appropriées. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Abitibi-Ouest.
Droits successoraux
M. Boutin: M. le Président, on remarque, d'année en
année, que le ministère du Revenu réduit graduellement
l'impôt sur les successions. Est-ce la politique du ministère de
sortir complètement du champ des droits successoraux dans un avenir
rapproché?
M. Harvey (Jonquière): Je ne voudrais pas empiéter
sur la juridiction de mon collègue des Finances, mais, dans le dernier
discours du budget, une troisième tranche de 20% a été
additionnée à celle qui était déjà exclue,
pour actuellement percevoir 40% de ce qu'étaient les charges de
l'impôt sur les successions, avant que nous commencions à
éliminer, de façon graduelle, les montants de l'impôt sur
les successions.
Maintenant, il est bien sûr que le ministre des Finances, en temps
et lieu, annoncera de nouveau si, oui ou non, nous en sortons. Mais, à
long terme, c'est l'objectif que vise le gouvernement; c'est oui, la
réponse. Dans combien d'années? C'est le ministre des Finances
qui, d'après ses responsabilités, l'annoncera dans les futurs
discours du budget.
M. Boutin: M. le Président, pour aller dans la même
ligne de pensée que le député de Bellechasse, je voudrais
savoir combien il y a de personnel affecté actuellement, au
ministère du Revenu, justement aux droits successoraux.
M. Harvey (Jonquière): Cent pour les deux bureaux
régionaux, Québec et Montréal. Ledirecteurà
Montréal est M. Ethier. Alors, le total est 60. A Montréal, M.
Ethier a près de 40 employés et le reste, soit une vingtaine sont
ici sous la direction de M. Gabriel Cayer.
M. Boutin: Alors, moi j'aimerais savoir, pour continuer encore
dans la même ligne de pensée, combien il en coûte
actuellement au ministère, pour récupérer ces sommes des
droits successoraux et combien il en coûte pour l'administration de ce
secteur d'activité.
M. Harvey (Jonquière): N'étant pas une
entité administrative, je n'ai pas le coût
séparé.
M. Boutin: C'est parce que j'essaie de faire comprendre que,
même si on fait une réduction des droits successoraux, ceci
n'entraîne pas, au point de vue du travail, une réduction de
tâches pour le personnel. On conserve exactement les mêmes choses.
Ce sont les entrées de fonds qui sont moindres, mais c'est exactement le
même travail.
M. Harvey (Jonquière): Ils administrent également
la loi de l'impôt sur les dons.
M. Boutin: Oui, oui, d'accord.
M. Harvey (Jonquière): Entre-temps.
M. Boutin: Eventuellement, j'imagine que ce personnel, lorsque
vous allez sortir de ce champ d'activité, sera probablement
affecté justement à l'impôt sur le revenu directement?
M. Harvey (Jonquière): II sera certainement affecté
à d'autres tâches, parce que tout ce personnel est très
expérimenté, avec une connaissance générale de
toutes les lois administrées par le ministère. Ce sera
relativement facile, au fur et à mesure que les besoins le
nécessiteront, de les assigner à d'autres fonctions.
M. Boutin: Merci, M. le Président.
M. Mercier: Je ne veux pas, évidemment, brimer les droits
du chef de l'Opposition.
M. Morin: Moi, M. le Président, je reviendrai sur
l'affaire que nous avons laissée en plan tout à l'heure, n'est-ce
pas.
Le Président (M. Cornellier): C'est votre
privilège.
Contribuables travaillant à
l'étranger
M. Mercier: Représentant une circonscription qui est
bornée par l'Etat du Maine, plusieurs cas m'ont été
mentionnés par mes électeurs, particulièrement ceux qui
travaillent dans le domaine forestier, c'est-à-dire dans les entreprises
qui font de l'exploitation forestière dans l'Etat du Maine. Il s'agit
des sommes qui sont perçues par le ministère du Revenu
provincial, alors que les individus travaillant dans l'Etat du Maine, dans les
exploitations forestières, gagnent évidemment leur traitement aux
Etats-Unis, payent des sommes aux Etats-Unis. Ce serait pour demander au
ministre quels sont les points sur lesquels le ministère se base pour
percevoir certaines sommes à des Québécois travaillant aux
Etats-Unis ou certaines déductions qui sont faites chez ces
travailleurs. Y a-t-il entente également avec l'Etat du Maine?
M. Harvey (Jonquière): Etant résidant du
Québec, il doit déclarer la totalité de ses revenus,
de
toute provenance. Il obtient un crédit pour les impôts
étrangers. Naturellement, il se trouve à payer un peu plus
d'impôt, c'est sûr, mais il doit considérer que, sa famille
résidant au Québec, lui-même, sa femme et ses enfants
bénéficient des régimes contributifs. Ils
bénéficient également de la gratuité scolaire.
C'est en fonction des principes de résidence et des services qu'obtient
sa famille en totalité, qu'il a un impôt un peu plus
élevé, malgré que ses revenus soient gagnés
à l'extérieur. Mais il obtient son crédit pour impôt
étranger.
M. Mercier: Merci.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: Je voudrais revenir sur l'affaire qui nous
intéressait au moment où j'ai été interrompu, M. le
Président. Je voudrais dire au ministre et à ceux qui
l'accompagnent, pour que ce soit bien clair, que leur intégrité
n'est pas en cause s'ils ont fait pleinement leur devoir dans l'administration
de leurs fonctions.
En ce qui me concerne, jusqu'à ce que je puisse obtenir une
réponse à mes questions, je ne mets pas en doute
l'intégrité des fonctionnaires, mais je veux m'en assurer, parce
que c'est ma tâche. Si je ne m'en assure pas, qui va s'en assurer? Il ne
suffit pas que le ministre dise qu'il est satisfait de la chose, que lui m'en
assure verbalement. Ma tâche est de m'en assurer dans les faits. Dans le
présent cas, voici un contribuable condamné à la suite de
poursuites du fisc fédéral. Les indications sont qu'il y a
également eu défaut de contribuer au fisc
québécois. Ce même contribuable se fait représenter,
ce que j'ignorais, le ministre me l'a appris par quelqu'un qui est un ami
intime. Je ne le savais pas, mais le ministre me dit que M. Lesage est un ami
intime de M. Jobin, ou vice versa. Or, ma tâche, en tant que chef et
membre de l'Opposition, est de m'assurer que cette situation ne soumet pas les
fonctionnaires à des pressions indues. J'espère que le ministre
me comprend. Je veux m'en assurer. Je n'ai qu'une façon de m'en assurer,
c'est de poser des questions précises. Si le ministre refuse de me
répondre, naturellement, personne ne pourra jamais s'assurer de quoi que
de soit sur l'administration de son ministère.
M. Harvey (Jonquière): Dans la première partie de
sa question, c'est une présomption du chef de l'Opposition.
M. Morin: Laquelle?
M. Harvey (Jonquière): Qu'il n'a pas payé ses
impôts au provincial, et qu'il en avait à payer.
M.Morin: J'ai posé la question. Vous ne m'avez pas
répondu.
M. Harvey (Jonquière): Tout de même, c'est une
présomption.
M. Morin: Elle est juris tantum.
M. Harvey (Jonquière): Quant à la deuxième
partie ecce homo... Ici est mort un Jésuite, travaillons vite!
Pour répondre au chef de l'Opposition, je vais lui dire...
M. Morin: Le ministre ne m'a pas compris...
M. Harvey (Jonquière): Je vais dire au chef de
l'Opposition, bien honnêtement, que je l'assure et affirme que les
fonctionnaires de mon ministère font, de façon intègre, et
régulière, leur devoir, spécialement dans les dossiers
impliqués dans l'entente d'échange de renseignements. Je vais
aller plus loin que cela. Il sait qu'en fiscalité c'est souvent un
travail de moine que de bâtir un dossier pour être capable, avec
des éléments de preuve, de soutenir un avis de cotisation.
Souvent, un nombre considérable de projets d'avis de cotisation sont
montés pour être capable d'en arriver avec ce que la preuve
contient.
Ces deux services fonctionnent à merveille aux deux niveaux. On
retrouve fréquemment des gens qui ont oeuvré aux deux paliers de
gouvernement, parce que l'expérience de ces gens fait qu'ils sont
très recherchés par tous les niveaux de gouvernement, que ce soit
le gouvernement fédéral ou les gouvernements provinciaux. .
Ce sont des gens très compétents qui travaillent de
façon régulière ensemble pour ne jamais échapper
une maille dans un dossier, parce qu'ils travaillent à des cas
difficiles.
M. Morin: M. le Président, c'est très
intéressant ce que vient de dire le ministre, mais cela ne répond
pas à l'anxiété dont je lui faisais part. Etant
donné qu'il jette un voile, le voile pudique de l'article 69, chaque
fois que je lui pose une question, comment l'Opposition peut-elle
s'assurer...
M. Harvey (Jonquière): C'est parce que je ne veux pas vous
la montrer.
M. Morin: J'ai bien compris cela, M. le Président, mais
c'est ma tâche d'être sûr que tout ce qu'il y a à
montrer soit montré. M. le Président, j'aimerais que le ministre
me dise comment on doit procéder pours'assurerque l'administration de
son ministère est parfaite.
Une Voix: Prendre le pouvoir.
M. Morin: Cela c'est une autre affaire; le jour où on
prendra le pouvoir, on pourra s'en assurer directement, en ouvrant les
dossiers.
M. Mercier: Ce n'est pas pour demain.
M. Morin: Mais je ne voudrais pas que cela s'entasse au point
qu'il y ait un immense nettoyage à faire à ce moment-là.
J'aimerais mieux qu'on le sache, chemin faisant. Je ne doute pas que le
ministre lui-même soit intéressé à ce que
l'administration de son ministère soit impeccable, puis au-dessus de
tout soupçon, non seulement après la prise du pouvoir par le
Parti québécois, mais maintenant.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, le chef de
l'Opposition sait fort bien qu'un "fiscaliste", au départ, serait
très malheureux, qu'un "fiscaliste" de renom ne demeurerait pas dans un
secteur où il ne pourrait pas, non seulement à sa façon,
mais d'une façon adéquate poursuivre son travail et devrait subir
des influences politiques, spécialement dans une opération qui,
de plus en plus, est mécanisée et nous fait voir d'une
façon beaucoup plus rapide les délinquances dans les
différents secteurs, dans les différents programmes impliquant
différentes lois que nous avons le devoir d'administrer. Alors, je suis
convaincu que le chef de l'Opposition, avec son expérience, sera
d'accord avec moi que toute intervention politique indue qui s'érigerait
en espèce de système serait rapidement démasquée
par le titulaire du ministère, qui ne pourrait pas vivre avec cela.
Mais il faut s'entendre sur des interventions politiques. Je
reçois régulièrement de la part de collègues,
autant de l'Opposition officielle que des autres oppositions et des membres du
gouvernement, des lettres que des contribuables ont adressées à
leur député. Ces lettres demandent, dans des cas surtout
d'impôt sur les particuliers, certains petits délais pour
être capables de payer des arrérages ou certaines sommes
oubliées qu'ils ont omis de déclarer comme revenu. On peut
direqu'à ce jour aucune intervention qu'on pourrait qualifier
d'intempestive n'a été faite par quelque député que
ce soit. Le député ayant un mandat du contribuable de s'occuper
de son cas, quand il s'agit de cas où le contribuable ne lui a pas dit
toute la vérité, généralement le
député impliqué, qu'il soit dans l'Opposition ou non, est
le premier à dire: Faites votre devoir, et c'est normal, il le
comprend.
Je pense que ma tâche a été rendue beaucoup plus
facile depuis quelques années grâce à la collaboration que
j'ai reçue de tous mes collègues de l'Assemblée
nationale.
M. Morin: Je ne doute pas, M. le Président, que ce soit
même le rôle, à l'occasion, d'un député de
faire valoir auprès du ministère les droits de ses commettants.
Cela ne pose pas de difficultés particulières. Encore qu'il
faudrait, à l'occasion, s'en assurer pour être bien sûr que
ce que le ministre nous dit, nous demande de croire est l'exacte
vérité.
Et dans le cas qui nous occupe, c'est un peu différent. Je ne
peux pas, en tant que membre de l'Opposition, ne pas m'inquiéter de ce
qu'un ancien premier ministre fasse affaires avec plusieurs ministères
du gouvernement. J'espère que le ministre comprend cela. Ce n'est pas
normal qu'il en soit ainsi. Je ne dis pas que ce n'est pas permis.
M. Mercier: M. le Président, j'ai une question de
règlement.
M. Morin: Je ne dis pas que ce n'est pas permis. C'est permis par
le système actuel, mais ce n'est pas normal et le ministre devrait
convenir avec moi que cette situation devrait être corrigée.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Bellechasse, sur une question de règlement.
M. Mercier: Je ne comprends pas les commentaires, ce matin, du
chef de l'Opposition.
M. Morin: Vous avez l'esprit plutôt étroit, je
pense, pour ne pas les comprendre.
M. Mercier: J'ai l'esprit ouvert. Je ne comprends pas les
commentaires ou les propos que tient, ce matin, le chef de l'Opposition.
Justement, il vient de déclarer qu'un ancien premier ministre, qui est
retourné à la vie privée et dans la pratique du droit,
n'aurait pas le droit de gagner sa vie, si vous voulez, ou d'exercer la
profession qu'il exerçait antérieurement à son
entrée en politique. C'est tout comme le chef de l'Opposition en 1978,
lorsqu'il sera défait, il faudra tout de même qu'il retourne
à l'entreprise privée ou à ses anciennes
activités.
A tout événement, sur ma question de règlement, M.
le Président, je pense que ça fait déjà un certain
temps que le débat se situe autour de cette question-là. Le
ministre a été clair, net et précis sur les pouvoirs qu'il
a et les possibilités qu'il a de transmettre ou de donner des
informations sur des questions d'ordre général du
ministère. Je souhaiterais qu'on puisse immédiatement amorcer
vraiment, comme on a tenté de le faire tout à l'heure, les
discussions pertinentes à l'administration générale du
ministère.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Bellechasse comprendra qu'à l'étude des crédits le
débat doit ou peut être le plus large possible. Il est difficile
de vouloir appliquer des règles très strictes de
débat.
Le chef de l'Opposition, depuis le début des réunions de
la commission, a apporté des cas particuliers auxquels le ministre dit
qu'il ne peut pas répondre. Je sais très bien qu'on peut
prolonger le débat indéfiniment. Le ministre, pendant deux jours,
a toujours donné la même réponse, disant qu'il pouvait
répondre à des questions générales, mais qu'il
n'avait pas le droit, en vertu de l'interprétation qu'il donne et que
ses fonctionnaires donnent à l'article 69, de divulguer quoi que ce soit
des dossiers particuliers des individus ou des corporations.
Cependant, étant donné que nous sommes à
l'étude des crédits et que le débat doit être le
plus large possible, c'est seulement grâce à la collaboration des
membres de la commission que le travail pourra procéder et avancer.
Maintenant, ceci étant dit, le député
d'Abitibi-Ouest m'avait demandé la parole.
M. Boutin: Alors, M. le Président, je constate aussi que
le chef de l'Opposition emploie la pratique du Kremlin, en essayant, en posant
toujours la même question, de faire un lavage de cerveau pour passer un
message donné.
M. Morin: Vos cerveaux sont-ils lavables? Produits
imposables
M. Boutin: Pour revenir à un point plus précis, je
voudrais poser au ministre une question un peu pratique et technique. Dans le
système de récupéra-
tion ou de perception de la taxe de vente dans les épiceries, on
voit qu'il y a des produits Imposables et des produits non imposables. Si on va
dans la mercerie pour hommes ou pour darnes, il y ades articles non imposables
pour les enfants en bas âge, et il y a des articles imposables.
Comment fait-on pour évaluer dans une certaine mesure, lorsqu'il
n'y a pas de système de caisse mécanique ou électronique
employé, la part qui va à chacune des activités de ce
commerce?
M. Harvey (Jonquière): A partir des achats, nous
déterminons les articles imposables et les articles non imposables. Il y
a également, dans le secteur de l'exemption pour les vêtements
d'enfants, la pointure; aucun autre système n'a pu être
trouvé, bien qu'il y ait des cas marginaux où de jeunes enfants,
parfois, prennent des points d'adultes. Mais c'est le système que nous
avons et aucun autre système n'a pu être imaginé qui
s'avérerait meilleur.
Pour répondre de façon précise à la question
du député, c'est à partir des achats que nous
établissons les montants de ventes imposables et non imposables. Ils
sont reconvertis, par la suite, en ventes; nous nous référons aux
livres comptables des ventes pour voir si les montants qui nous ont
été remis correspondent bien à ce qu'ils devaient
être, en fonction également de la marge de profit.
M. Boutin: Ce qui veut dire que, dans la technique
employée, on sait, suivant les bilans d'affaires, la marge de profit
brut sur les différents articles et on fait la reconstitution pour le
détail,.
M. Harvey (Jonquière): Tout le temps, tout le temps par
article.
M. Boutin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Cornelller): Le chef de l'Opposition
officielle.
Sociétés pétrolières et
minières
M. Morin: M. le Président, je vais simplement tirer une
conclusion de l'échange que nous avons eu jusqu'ici, ce matin, avant de
passer à autre chose, parce qu'effectivement il y a d'autres questions
importantes et il y en a même énormément.
Ce qui vraiment me chagrine à la façon dont les choses
tournent, c'est qu'il est impossible, de fait, pour l'Opposition de s'assurer
de manière certaine que l'administration du ministère du Revenu
est au-dessus de toute pression. C'est ce dont j'aurais voulu m'assurer.
Je ne veux pas douter de l'intégrité et de la
compétence des fonctionnaires, seulement c'est ma tâche de m'en
assurer et je constate, avec la façon dont le ministre me répond,
que je ne peux pas m'en assurer. C'est, il faut l'avouer, une carence dans
l'administration publique. Mais je ne veux pas pousser plus loin, je
m'aperçois de toute façon que cela ne sert pas, à
grand-chose, il serait peut-être temps d'aborder la question fort
importante des sociétés pétrolières et
minières.
Le ministre se souviendra que, l'année dernière,
après un échange qui avait duré également
longtemps, il avait fin par me donner des chiffres cette fois-là.
M. Harvey (Jonquière): Oui, mais on se souviendra que le
chef de l'Opposition avait été raisonnable et avait compris
l'article 69 pour accepter une statistique globale.
M. Morin: Le ministre avait fini...
M. Harvey (Jonquière): Ce qu'il ne demandait pas au
début de la discussion.
M. Morin: Si. Le ministre se souviendra que, dès le
début de la discussion, je pourrais même le référer
aux pages, je vais lui donner les pages, c'est aux pages 345 et 346 des
crédits, je lui avais donné des chiffres globaux. C'est ce qu'il
m'a donné le lendemain. Ce que je voudrais faire, aujourd'hui, c'est
d'examiner les chiffres pour l'année 1973 et si, par hasard, les
chiffres de 1974 pouvaient être obtenus, ce serait encore mieux.
Pour l'année I972, sept compagnies pétrolières sur
douze avaient versé des impôts sur leurs profits de l'ordre de
$3,200,678 et l'année précédente, en 1971, les taxes sur
les profits, par un nombre indéterminé de compagnies, parce que
ce chiffre ne nous avait pasété donné, le chiffre avait
été de $4,042,560. Je laisse de côté pour l'instant
les taxes sur le capital. Je ne veux entretenir le ministre que de
l'impôt sur les profits.
Pour l'année I973, combien de compagnies sur combien ont
déclaré des profits et quel est le montant de l'impôt
qu'elles ont versé, le total, le montant global, je ne demande pas pour
chaque compagnie en particulier, quel est le montant qu'elles ont versé
sur leurs profits?
M. Harvey (Jonquière): Je réfère le chef de
l'Opposition à une déclaration ministérielle faite le 18
décembre Par mon collègue des Finances...
M. Morin: Mais je la connais.
M. Harvey (Jonquière): Si vous la connaissez, prenez le
texte et regardez le deuxième paragraphe : "Par ailleurs, le
gouvernement a décidé de modifier la Loi de l'impôt sur les
profits des sociétés pétrolières et gazières
afin qu'elles contribuent davantage à la fiscalité
québécoise. De plus, des mesures intérimaires accroissent
substantiellement les redevances payées par les compagnies
minières au trésor provincial." En ce qui a trait aux autres,
cela ne concerne plus le même secteur.
M. Morin: Bon.
M. Harvey (Jonquière): Alors, c'est évident que
cela va augmenter les revenus du fisc québécois.
M. Morin: Alors, la question que je vous posais était
très précise. Pour l'année I973, qu'est-ce que cela
représente?
M. Harvey (Jonquière): Qu'est-ce que cela va vous donner
de plus...
M. Morin: Qu'est-ce que cela va me donner de plus?
M. Harvey (Jonquière):... qu'on vous ferait un tableau, en
fonction de l'obligation que nous avons depuis le 18 décembre pour
l'année 1974/75? L'exercice financier de ces compagnies, qui peuvent
varier à partir du 1er janvier jusqu'au... pendant les douze mois qui
courent, les années financières ne sont pas nécessairement
à la même date pour chacune des compagnies. Le chef de
l'Opposition devrait, logiquement, se contenter du fait que la politique
financière du gouvernement au 18 décembre, la politique fiscale a
été modifiée pour que la Loi de l'impôt sur les
profits des sociétés pétrolières et gazières
fasse contribuer davantage ces sociétés à la
fiscalité québécoise. Et des mesures intérimaires,
accroissant substantiellement les redevances payées par les compagnies
minières au trésor provincial, ont été
établies.
M. Morin: Bon, je regrette, mais cela ne me satisfait pas.
M. Harvey (Jonquière): On verra à la fin...
M. Morin: Je veux savoir pour les années I972, I973 et
I974.
M. Harvey (Jonquière): Laissez-moi finir, s'il vous
plaît. Que le chef de l'Opposition ne monte pas dans les rideaux pour
rien. Il a mal dormi cette nuit, c'est certain.
M. Morin: M. le ministre, répondez donc
sérieusement aux questions.
M. Harvey (Jonquière): Vous avez fait votre argumentation
l'an dernier, on vous a fourni les chiffres disponibles qu'il nous était
possible de vous fournir d'après notre loi et, par la suite, dans la
même année financière, le ministre des Finances a
modifié la politique financière du gouvernement en ce qui a trait
aux sociétés pétrolières et gazières ainsi
que les sociétés minières.
M. Morin: Je reviens à ma question, parce qu'encore une
fois, je regrette, mais c'est mon métier de poser ces questions. Je veux
savoir quels sont les chiffres pour I973. Vous me dites que ça ne
m'intéresse pas, moi, je vous dis que ça m'intéresse.
M. Harvey (Jonquière): Je ne les ai pas ici ce matin.
Croyez-vous que je vais amener le ministère du Revenu ici? Je
n'amènerai pas le rôle du ministère de Montréal et
de Québec, pour faire plaisir au chef de l'Opposition.
M. Morin: Non, non, mais, l'année dernière, le
ministre a fini par répondre à mes questions et il nous a appris
les chiffres pour I972, ça m'intéresse d'avoir ceux de I973. S'il
ne les a pas ce matin, qu'il les ait pour la prochaine séance.
M. Harvey (Jonquière): Je ne les aurai pas pour la
prochaine séance, je n'assigne pas des gens à compiler des
statistiques, à faire des recherches qui peuvent nécessiter des
jours et des jours de travail. Je ne m'oppose pas...
M. Morin: Ah, voyons!
M. Harvey (Jonquière): II y a des dossiers en
enquête là-dedans, il y a des dossiers en processus...
M. Morin: Cela ne se trouverait pas dans Safari II, par hasard,
ces chiffres-là?
M. Harvey (Jonquière): Non, puisque Safari II n'existe
pas
M. Morin: Ah, Safari II n'existe pas ou plus.
M. Harvey (Jonquière): Officiellement. Il n'est pas
commencé. Safari I existe.
M. Morin: Safari I, oui, mais vous aviez annoncé Safari II
également.
M. Harvey (Jonquière): II s'en venait, on était en
train de le faire, avant de dire qu'il existe, il est en projet, comme
certaines affirmations du chef de l'Opposition disant que ce sont des avis de
cotisation. Peut-êtreque ce sont des projetsd ans la
réalité.
M. Morin: Ce que je voudrais savoir, je regrette, mais je vais
insister, je les ai eus l'année dernière, les chiffres, je les
veux pour cette année, aussi. Ce n'est pas au ministre de dire ce qui
est important, ce qui n'est pas important, c'est à nous de le juger.
Nous voulons avoir les chiffres pour I973. Nous voulons savoir combien de
compagnies ont contribué sur le total et nous voulons savoir combien
elles ont payé d'impôt sur leurs profits. Et que le ministre ne
vienne pas dire: Ce n'est pas une question importante.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je n'ai pas
dit que ce n'était pas une question importante, j'ai dit au chef de
l'Opposition que je n'avais pas le rôle de Montréal et de
Québec derrière moi ici, q uand on considère le nombre de
dossiers que nous avons, et des dossiers susceptibles d'être ouverts
actuellement et non terminés. Je dis au chef de l'Opposition que pour le
document qu'il m'avait demandé de produire à l'occasion de
l'étude de mes crédits l'an dernier, il m'avait été
possible de lui donner le renseignement, je m'engage à le déposer
au cours de la session, le même document, pour l'année I973. C'est
aussi simple que ça. Je le déposerai, mais que le chef de
l'Opposition n'attende pas ça demain matin, parce que je n'aurai pas le
personnel requis pour lui donner un document officiel au cours des prochains
jours. Je le déposerai en Chambre avant l'ajournement de la
période d'été.
M. Morin: M. le Président, je regrette de dire au ministre
que ça ne nous satisfait pas, c'est aux crédits que je veux
prendre le renseignement.
M. Harvey (Jonquière): Je le sais, mais il n'y a
personne pour vous satisfaire. Les enfants de vos enfants vont...
M. Morin: L'année dernière...
M. Harvey (Jonquière):... s'ils étaient capables de
pleurer, ils pleureraient après le lait de leur mère.
M. Morin: Cela n'a rien à voir avec le pétrole,
à moins que...
M. Harvey (Jonquière) : C'est de l'énergie quand
même.
M. Morin:... le ministre fasse de la transposition dans son
subconscient.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le chef de l'Opposition
admet que c'est de l'énergie quand même?
M. Morin: Le ministre en aurait bien besoin dans ce cas. Bon.
Trêve de plaisanterie, si je comprends bien, le ministre refuse de me
donner aujourd'hui, ou pendant l'étude des crédits, les chiffres
relatifs aux profits des compagnies pétrolières.
M. Harvey (Jonquière): Le document...
M. Morin: ... il veut dire qu'il ne sait pas ça.
M. Harvey (Jonquière): Le document n'existe pas comme tel,
tel que produit l'an dernier, le ministre ne refuse pas de le donner, il le
donnera le plus rapidement possible avant l'ajournement pour la période
d'été, il sera déposé en Chambre.
M. Morin: M. le Président, je voudrais demander si le
rapport du comité interministériel, qui devait étudier ces
questions va être rendu public.
M. Harvey (Jonquière): Le chef de l'Opposition est
conscient que nous serons dans l'obligation d'amender notre loi, par la
déclaration ministérielle faite en Chambre le 18 décembre,
parle ministre des Finances.
Je pense que si le chef de l'Opposition était un homme
raisonnable, au moment de la présentation des modifications à la
loi, je pourrais très bien, à ce moment-là, puisqu'il
discutera de nouveau de cette question, lui remettre les tableaux les plus
récents au moment de la présentation des amendements à la
loi, pour se conformer à la politiq ue fiscale établie dans ce
domaine par le gouvernement du Québec et son mandataire sur la politique
fiscale qui est le ministre des Finances.
Je pense que le chef de l'Opposition ferait preuve de jugement.
M. Morin: M. le Président, dois-je comprendre, de la
réponsed u ministre, que le comité interministériel n'a
pas eu sous les yeux, les chiffres que je demande avant de faire son
rapport?
M. Harvey (Jonquière): Pour son information, le
comité interministériel était présidé par
mon sous-ministre...
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): II est sûr et certain que mon
sous-ministre, les chiffres dont il avait besoin, il était capable de
les avoir.
M. Morin: Oui, mais au point de vue spécifique?
M. Harvey (Jonquière): Au point de vue spécifique,
ils n'ont pas été communiqués aux autres membres des
comités, qui étaient assujettis, comme le chef de l'Opposition,
ou d'autres individus; c'était une statistique.
M.Morin: Je n'ai jamais demandé quels impôts sur les
profits ont été payés parTexaco ou par Shell.
M. Harvey (Jonquière ): On parle d'une statistique.
M. Morin: Nous parlons d'un montant global.
M. Harvey (Jonquière): On parle d'une statistique.
M. Morin:... comme l'an dernier, comme ceux que vous ne m'avez
fournis l'an dernier, payables par toutes les compagnies, par les douze, ou par
celles qui avaient des profits à déclarer pour l'année
courante.
Ce que je demande au ministre, de façon plus précise,
c'est si le comité interministériel que présidait son
sous-ministre n'avait pas sous les yeux, les chiffres que je viens de lui
demander, notamment les profits déclarés parl es compagnies
pétrolières, pour l'année I973, et le montant
d'impôt qu'elles ont eu à payer dans l'ensemble, non pas
spécifiquement, mais dans l'ensemble, pour l'année I973.
M. Harvey (Jonquière): Au moment où il a fait son
travail, il avait certaines données qu'il a pu extrapoler pour les
convertir en statistiques, pour le bénéfice de ses adjoints, des
membres du comité. On va regarder cela et on va vous le remettre. J'ai
offert au chef de l'Opposition de les présenter au moment des
modifications à la loi. Si on peut les présenter avant je
reviens à ma première suggestion de déposer le
document similaire, pour l'année I973, dès qu'il me sera possible
de le faire en Chambre, je le ferai.
Je pensequ'àce moment-là, le chef de l'Opposition a aussi
le choix d'attendre au moment de la présentation de la loi, cela peut
aller à l'automne. Je pense que la première suggestion que j'ai
faite au chef de l'Opposition serait meilleure, parce qu'il pourrait avoir le
document d'ici quelque temps, à l'Assemblée nationale, comme
dépôt de document.
M. Morin: Le meilleur, ce serait que le ministre le dépose
ces jours-ci devant la commission, pour que nous puissions en discuter à
fond. Il sait très bien que s'il dépose le document devant la
Chambre...
M. Harvey (Jonquière): Toute discussion sur la politique
fiscale, sur le fond de la question, le chef de l'Opposition sait fort bien
qu'il devrait l'entreprendre lors de l'étude des créditsdu
ministère des Finances. Tout ce qu'il peut discuter avec moi, c'est la
façon dont la loi est appliquée, non pas sur des cas individuels,
comme il l'a fait avant-hier et au début de la séance de ce
matin, mais sur un secteur donné et discuter des montants requis, s'ils
sont exorbitants, s'ilssont trop faibles, ou l'utilisation, tout cedont on a
besoin pour être capable de fonctionner. Le chef de l'Opposition est le
bienvenu sur n'importe quelle question relative à l'application des lois
fiscales.
Quant à la politique fiscale, même en ayant le tableau ce
matin, sur le fond de laquestion, pour être logique avec lui-même,
et il le sait fort bien, il devrait attendre et faire son débat au
moment de l'étude des crédits du ministère des
Finances.
M. Morin: Sur les aspects qui relèvent de ce
ministère, je ne manquerai certainement pas de le faire. Il y a des
choses qui relèvent du ministère du Revenu, au moins tout autant,
et là-dessus, je regrette, mais mon devoir est de faire la
lumière le mieux possible.
Est-ce que le rapport du comité interministériel va
être rendu public?
M. Harvey (Jonquière): Vous le demanderez au ministre des
Finances.
M. Morin: C'est votre sous-ministre qui en était le
président.
M. Harvey (Jonquière): III 'a remis au cabinet, tel qu'il
devait le faire, au ministre des Finances, qui, lui, en a fait prendre
connaissance aux membres du cabinet. Le ministre des Finances est celui qui
peut vous répondre à cette question. Je n'ai pas à
répondre aux questions relevant de sa compétence.
M. Morin: Le malheur, c'est que le ministre des
Finances va me dire: Allez demander cela au ministre du Revenu.
M. Harvey (Jonquière): Non. A ce moment...
M. Morin: Vous savez que c'est arrivé dans le
passé.
M. Harvey (Jonquière): C'est arrivé, ça?
M. Morin: Oui. Je me suis fait renvoyé au Revenu...
M. Harvey (Jonquière): Quelle heure, quelle date?
M. Morin: Voyons...
M. Harvey (Jonquière): C'est parce que vous êtes
mêlé. Vous me posez des questions qui doivent être
posées au ministre des Finances, C'est sûr. Vous vous mêlez
dès le départ.
M. Morin: Je dirais plutôt que vous tentez de mêler
l'Opposition en la renvoyant d'un ministère à l'autre. Alors, il
n'y a pas moyen de savoir si ce rapport a été rendu public, si je
comprends bien.
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire, on ne tente
pas de vous démêler. Vous êtes tellement
mêlé...
M. Morin: Bah.
M. Harvey (Jonquière): ... qu'on vous remêle
davantage.
M. Morin: Vous n'aidez certainement pas les contribuables
à s'y retrouver, en tout cas, l'opinion publique à comprendre ce
qui se passe dans votre ministère. Je constate qu'il n'y a vraiment pas
grand-chose à tirer du ministre depuis le début de l'étude
des crédits, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable...
M. Morin: Vous avez dit, à la page... Je suis toujours sur
la même question, si ça ne vous fait rien; si vous voulez encore
permettre qu'on m'interrompe, je reviendrai patiemment après, mais
j'aimerais mieux finir cette question.
Le Président (M. Cornellier): Je vais permettre à
l'honorable chef de l'Opposition de compléter son argumentation.
M. Morin: Le ministre peut-il nous dire, à tout le moins,
si le rapport est terminé et a été déposé?
Peut-il nous assurer de cela?
M. Harvey (Jonquière): Terminé et
déposé. M. Morin: Bon! Est-ce que le ministre
pourrait...
M. Harvey (Jonquière): On me ditque le rapport qui a
été déposé, puisque cela pressait, est
considéré comme un rapport intérimaire et que le rapport
final devrait suivre au cours des prochains mois.
M. Morin: Bien!
M. le Président, j'aimerais demander au ministre,
également, si le système en vigueur pour les frais d'exploration
qui, vous le savez, permet à une société
pétrolière de déduire de ses revenus les frais
'exploration encourus dans tout le Canada et non pas seulement au
Québec, si ce système-là est toujours en vigueur et
quelles sont les recommandations contenues dans le rapport à ce
sujet?
M. Harvey (Jonquière): Quant à l'assiette fiscale
actuelle, elle n'est pas changée.Quant au contenu du rapport, c'est un
document confidentiel pour le moment, ça constitue le rapport
préliminaire entre les mains, présentement, du ministre des
Finances.
M. Morin: A la page...
M. Harvey (Jonquière): Sa politique est annoncée
depuis le 18 décembre.
M. Morin: Oui, je vois justement, à ce sujet,
qu'à
la page 3766 des Débats, le ministre déclarait que la
définition des dépenses admissibles sera la même et
celles-ci donneront droit à $l d'allocation pour chaque $3 de
dépenses admissibles. Il ajoute: Les frais d'exploration canadiens,
engagés par une entreprise principale, demeureront amortissables au taux
de 100%, alors que le taux sera de 30% pour le solde dégressif pour ce
qui est des frais d'aménagement canadiens non engagés au
Québec. Si je comprends bien, le système...
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le chef de l'Opposition
pourrait lire, également, les dispositions particulières
suivantes qui seront introduites dans la loi québécoise?
Continuez: La part des dépenses admissibles...
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière):... engagées au Québec
par les compagnies, à partir du 1er janvier 1975, donneront droit
à $1 d'allocation d'épuisement gagné pour chaque $2 de
dépenses...
M. Morin: Est-ce que c'est en plus ou à la place de?
M. Harvey (Jonquière):... les frais d'aménagement
engagés au Québec par des entreprises principales continueront
d'être amortis au taux de 100% comme antérieurement.
M. Morin: C'est ça...
M. Harvey (Jonquière): Je demanderais au chef de
l'Opposition... C'est un sujet très intéressant, sur lequel on
pourrait discuter pendant des heures et des heures, mais c'est la politique
fiscale du gouvernement. Encore là, je l'invite à avoir un bon
petit calepin à côté de lui, et à aller faire un
tour aux crédits du ministère des Fi nances. Vous poserez ces
questions au ministre des Finances. C'est lui qui est responsable de la
politique financière du gouvernement du Québec.
M. Morin: Est-ce que le ministre pourrait me dire, du moins,
étant donné qu'il est spécialiste du revenu, que c'est sa
tâche d'assurer les rentrées fiscales du gouvernement, comment le
gouvernement, à la lumière de ce qu ivient d'être
annoncé, compte récupérer les $25 millions de plus qui ont
été annoncés le 19 décembre 1974?
M. Harvey (Jonquière): C'est parce qu'on ne permet plus
les redevances.
M. Morin: Est-ce que vous pourriez être un petit peu plus
spécifique et expliquer le mécanisme?
M. Harvey (Jonquière): Les redevancces ne seront plus une
dépenses d'exploitation. Par le passé, elles
l'étaient.
M. Morin: Dans le domaine des mines, justement, puisque vous
parlez des redevances.
M. Harvey (Jonquière): Même principe. Vous
discuterez de cela avec le ministre des Finances. Vous allez voir qu'il a un
excellent dossier là-dessus. Quellesque soient les modifications qu'on
apportera à la loi, quand viend ra le temps de l'appliquer, cela va
faire comme dans d'autres secteurs. On verra à l'appliquer pour
récupérer les fonds, a faire les vérifications voulues,
pour les entrées de fonds, pour permettre au gouvernement
d'opérer.
M. Morin: Oui, mais le ministre admettra tout de même que,
sans entrer dans les détails des impôts payés par chaque
société, il peut être intéressant de savoir ce que
paie en impôt un secteur donné.
Je voudrais prendre, dans le cas des mines, peut-être l'entreprise
la plus typiquement québécoise qui est celle de l'amiante.
J'aimerais demander au ministre, parce qu'il est certainement en mesure de me
répondre, quels ont été les profits bruts de l'ensemble
des compagnies d'amiante pour l'année 1973, commençons par
1973?
M. Harvey (Jonquière): Nous n'avons pas, ici, ce que
demande le chef de l'Opposition. Nous aurions ça dans nos dossiers.
M. Morin: Vous n'avez pas ça ici? Combien de temps cela
prendrait-il pour nous fournir les renseignements...
M. Harvey (Jonquière): Le chef de l'Opposition...
M. Morin: Le ministre doit s'attendre, quand les crédits
de son ministère viennent, d'avoir à répondre à des
questions de cet ordre.
M. Harvey (Jonquière): II faut récupérer
tous les dossiers impliqués. Le chef de l'Opposition a assez de
maturité pour savoir qu'on n'a pas besoin, à l'occasion de
l'étude des crédits, de transporter les rôles de
Montréal et de Québec ici, à l'Assemblée nationale.
Ce que le chef de l'Opposition demande, si, préalablement, il y tenait
tant, il avait seulement, lors du dépôt des estimations
budgétaires, à dire, en homme intelligent: J'aurai besoin d'un
document semblable à celui que j'ai demandé l'an dernier pour les
prod uits pétroliers. J'ai l'intention, également, de demander
des statistiques non pas sur des compagnies spécifiques, mais des
statistiques dans tel secteur. On aurait demandé à certains de
nos fonctionnaires déjà surchargés de travail de faire un
spécial pour être capables de vous répondre,
questions-réponses. Le chef de l'Opposition n'est pas raisonnable.
M. Morin: Vous voulez dire, M. le ministre, que vous êtes
incapable de me dire, pour l'ensemble d'une industrie, vous, qui êtes
responsable du Revenu et qui êtes conseiller du ministre des Finances en
matière de revenu, vous êtes incapable de me dire, pour une
entreprise, pour un secteur industriel comme celui de l'amiante, quels ont
été les profits bruts de ce secteur pendant l'année 1973,
quels sont les profits nets imposables, et quels sont...
M. Harvey (Jonquière): J'arrête le chef de
l'Opposition. Nous, comme conseillers du ministre des Finances en
matière de revenu, on travaille avec des dossiers et on ne fait pas
d'erreurs aussi folichonnes que cellesque les conseil lersd u chef de
l'Opposition ont faites pour estimer la diminution de l'impôt foncier,
par exemple, lors du dernier budget.
M. Morin: Voulez-vous qu'on entre dans ce débat? On va le
faire, éventuellement.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président...
M. Morin: C'est une autre affaire. Je vous interroge sur
l'amiante.
M. Harvey (Jonquière): Le chef de l'Opposition met en
doute la connaissance que nous avons des chiffres. On ne cite pas de chiffres
à l'aveuglette. Au ministèredu Revenu, quand on discute avec le
ministère des Finances ou qu'on leur donne un conseil en fonction des
revenus possibles ou des revenus réels, on travaille avec des dossiers
spécifiques, pour être capable de bien déterminer, le plus
près possible, l'entrée des revenus.
M. Morin: C'est ça que je vous demande.
M. Harvey (Jonquière): Ce que le chef de l'Opposition nous
demande ce matin, ce serait certainement possible de l'obtenir rapidement, mais
on a tellement de secteurs et c'est une opération gigantesque.
Croyez-vous qu'on a ça à côté de nous?
M. Boutin: M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député d'Abitibi-Ouest, sur le même sujet.
M. Harvey (Jonquière): On ne peut pas prévoir
toutes les questions...
M. Boutin: M. le Président, est-ce que cette chose ne
pourrait pas être réglée facilement simplement en allant au
bureau provincial de la statistique du ministère de l'Industrie et du
Commerce? C'est publié chaque année? On n'aurait qu'à
regarder ces chiffres là. Ce sont des pourcentages de production, de
profits...
M. Morin: Le meilleur endroit, c'est ici, M. le Président,
et c'est maintenant.
M. Boutin : Je pense que cela n'est pas de ressort du
ministère du Revenu.
M. Morin: N'essayez pas de nous envoyer faire des courses.
M. Harvey (Jonquière): Budget de l'an II.
M. Morin: C'est ici que ces questionsdoivent être
débattues.
M. Harvey (Jonquière): Est-ce que le chef de l'Opposition
est en train de monter sa statistique pour le budget III?
M. Morin: Je le ferai si cela nous paraît utile, mais le
ministre avouera qu'avec ses réticences à répondre depuis
le début des crédits, que nous aurions quelques
difficultés à bâtir le moindre budget. S'il veut
répond re aux questions de l'Opposition comme il répond à
celle du ministre, ce sera autre chose.
M. Harvey (Jonquière): Vous arriveriez encore plus
près de la réalité parce qu'il y aurait moins de
rêve et moins de nuage.
M. Morin: M. le Président, le ministre ne s'en tirera pas
avec des entourloupettes comme celles-là. Dès que je lui pose des
questions techniques serieuses, pouréviterd'avoirà
répondre, il tombe dans des débats politiques. Je lui repose la
question: Est-ce vrai, M. le ministre, que vous êtes incapable de me
dire, au moins de façon globale, quels sont les profits bruts de
l'industrie de l'amiante pour l'année I973?
M. Harvey (Jonquière): On serait capable de le faire si
l'adjuré de ce comité s'éternise comme semble
vouloir...
M. Morin: Si vous répondez aux questions de cette
façon, cela peut durer effectivement quelque temps.
M. Harvey (Jonquière): ... le chef de l'Opposition, j'y
répondrai au cours d'une séance subséquente...
M. Morin: Bon.
M. Harvey (Jonquière):... mais après avoir pris
connaissance des chiffres les plus récents et ne pas "placoter" comme
fait le chef de l'Opposition depuis le début des travaux de cette
commission, du "placotage". Dès le départ, des dossiers
personnels, identification de corporations personnelles, au lieu de poser des
questions comme il vient de poser. Si le chef de l'Opposition avait posé
unequestion de cette nature à la première séance,
croyez-vous qu'il ne serait pas en mesure d'avoir une réponse
adéquate aujourd'hui? Il l'aurait. Mais non, lechef de l'Opposition y
joue au chat et à la souris. Il veut jouer au grand savant en essayant
de partir une discussion.
M. Morin: Cessez donc ces blagues!
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas une blague. Entreprend
re une discussion sur le fond, sur la politique fiscale du gouvernement
québécois, alors qu'il sait fort bien que l'unique travail de
cette commission consiste dans la demande des montants requis pour
l'administration des lois fiscales.
M. Morin: M. le Président, en fait de "placotage", je
pourrais recevoir des leçons du ministre.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Abitibi-Ouest n'avait pas...
M. Harvey (Jonquière): Vous allez en avoir prochainement,
parce que j'ai su que vous étiez un beau "placoteux" quand vous
êtes venu au Saguenay-Lac Saint-Jean. J'ai hâte que vous mettiez
vos petites menaces à exécution.
M. Morin: M. le Président, question de
privilège...
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député d'Abitibi-Ouest.
M. Harvey (Jonquière): Sachez que le chantage... Je
voudrais que le chef de l'Opposition...
M. Morin: Est-ce que le ministre pourrait discuter. Est-ce qu'il
veut faire de la politique alors qu'on essaie...
M. Harvey (Jonquière):... sache que les petites
commissions qu'il me fait faire, que le chantage et l'intimidation m'ont
toujours laissé très indifférent.
M. Morin: Est-ce que le ministre pourrait être
spécifique?
M. Harvey (Jonquière): Ceux qui me connaissent, savent que
ce n'est pas de cette façon qu'on traite avec moi.
M. Morin: Est-ce que le ministre pourrait être
spécifique?
M. Harvey (Jonquière): Vous avez très bien
compris.
M. Morin: Non, je regrette, mais je n'ai pas compris. Si le
ministre a quelque chose à dire, qu'il le dise ouvertement et qu'il le
dise carrément.
M. Harvey (Jonquière): Je répète ce que je
viens de vous dire et vous avez compris.
M. Morin: M. le Président, sur une question de
privilège.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Abitibi-Ouest pour compléter ces questions.
M. Boutin: Une autre question...
M. Morin: Sur une question de privilège, je m'excuse. Le
ministre a des façons d'insinuer je ne sais trop quoi pour essayer de
faire dévier les questions. Je tiens à lui dire que, si quelqu'un
"placote" depuis le début de ces séances, c'est bien lui, pour ne
pas répondre à nos questions. Je lui dis d'avance que je vais
essayer d'avoir des réponses aux questions que l'Opposition se doit de
poser. S'il veut "placoter" et continuer à nous renvoyer de Charybde en
Scylla et nous faire perdre notre temps, il fera durer. Ce n'est pas nous qui
ne répondons pas aux questions, j'ai posé des questions
précises au ministre. Il est impossible d'avoir des réponses.
M. Harvey (Jonquière): J'ai répondu à toutes
les questions qu'il m'était logique de répondre en fonction du
mandat qui...
M. Morin: C'est cela.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Abitibi-Ouest.
Fichier central des compagnies
M. Boutin : M. le Président, en fait, c'est une autre
question technique. J'aimerais savoir du ministre du Revenu s'il existe
unecertaine coordination entre les ordinateursdu ministère des
Institutions financières et les ordinateurs du ministère du
Revenu pour avoir un genre de banque intégrée et de dossiers pour
les informations sur les compagnies, sociétésou
coopératives pour savoir celles qui sont faillies, celles qui cessent de
fonctionner, d'autres qui changent de nom, d'autres qui changent d'adresse,
afin de garder une perception à jour sur les paiements par anticipation
des profits en cours de chacune des années.
M. Harvey (Jonquière): Le fichier central est chez nous.
Nous le maintenons dans nos systèmes mécanographiques pour les
fins des Institutions financières et les autres ministères.
M. Boutin: C'est intégré.
M. Harvey (Jonquière): Tout en préservant ce qu'on
doit préserver comme confidentialité. C'est seulement
l'identification.
M. Boutin: Est-ce que vous prévoyez, à court et
à moyen terme, un système de perception parordina-teur au niveau
régional et local, soit par les banques, soit par d'autres organismes
quelconques?
M. Harvey (Jonquière): C'est à l'étude
présentement. Nous avons un bureau régional a Sherbrooke
où nous les avons assignés à d'autres fonctions. Il se
fait même des avis de cotisation. Maintenant, à partir de
Sherbrooke, c'est le troisième bureau régional que nous avons.
Nous avons l'intention de continuer nos études et d'accentuer le travail
dans ce sens. Maintenant, quant au temps que cela prendra, c'est bien difficile
à établir. ll faut d'abord être sûr de nos propres
systèmes au siège social et dans nos bureaux régionaux, y
compris le bureau de Sherbrooke, avant de continuer à aller plus
loin.
M. Boutin: M. le Président, est-ce que le ministère
du Revenu a des bureaux...
M. Harvey (Jonquière): Quant à la perception dans
les banques, c'est à l'étude.
M. Boutin:... de perception dans toutes les régions du
Québec?
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Boutin: Est-ce que le ministère du Revenu...
M. Harvey (Jonquière): Québec, Montréal,
Sherbrooke.
M. Boutin:... prévoit, à court ou à moyen
terme, l'établissement de ces bureaux régionaux, soit dans le
Nord-Ouest, Abitibi, Témiscamingue?
M. Harvey (Jonquière): Nous avons établi un bureau
un peu spécial dans le Nord-Ouest québécois. C'est un
bureau, pour le moment, d'information en collaboration avec le ministère
des Communications. Les résultats jusqu'à maintenant sont
très positifs en fonction des besoins de la population. Pour le moment,
il répond assez bien aux besoins de la population. Quant aux autres
bureaux dans les régions, nous avons l'intention, au cours du
présent exercice financier, d'établir un bureau dans la
région de Hull et un autre dans la région du Saguenay-Lac
Saint-Jean, au centre administratif.
M. Boutin: Merci.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: Merci. M. le Président, je voudrais revenir sur
la question que nous avons laissée en plan il y a quelques instants. Le
ministre m'a donc dit qu'il serait possible, au cours de séances
subséquentes, d'avoir les chiffres sur le secteur de l'amiante. C'est
bien cela? S'il peut me fournir ces chiffres...
M. Harvey (Jonquière): Dans le domaine de l'am iante, en
raison du nombre limité de compagnies impliquées...
M. Morin: II y en a sept.
M. Harvey (Jonquière): Un instant, il yen asept. Cela
dépend. Est-ce que les sept font les deux ou font simplement une
exploitation du produit de l'amiante?
M. Morin: II yen a qui font les deux, il yen a qui font...
M. Harvey (Jonquière): II yen a qui font les deux, mais
s'il n'y en avait que deux, par exemple, qui feraient uniquement ce que le chef
de l'Opposition chercherait, je pécherais contre l'article 69.
M. Morin: Non, je lui demande, pour l'ensemble du secteur et pour
pouvoir...
M. Harvey (Jonquière): Vous savez, la robe de l'article 69
n'est pas tellement épaisse et les lunettes du chef de l'Opposition
m'inquiètent. Il a les yeux brillants.
M. Morin: M. le Président, pour ce qui est du secteur de
l'amiante, j'aimerais bien, effectivement, voir les choses de façon
complète. Dans le domaine économique, je pense que c'est dans
l'intérêt des Québécois de voir ce secteur dans
toute sa nudité. C'est pour cela q ue je demande au ministre s'il
pourrait me fournir, pour l'ensemble des compagnies et au besoin, si
cela le gêne, sans faire de distinction entre les diverses
opérations qui tou- chent à l'am iante au Québec.
J'aimerais savoir, puisque tout à l'heure, il faisait preuve de bonne
volonté en me disant qu'il pourrait me fournir les chiffres au cours des
séances subséquentes, j'aimerais lui demander qu'il me fournisse
les profits brutsdu secteur pour les sept compagnies ensemble, les profits nets
imposables, l'impôt qui a été payé par ce secteur
industriel. Qu'il me dise aussi, en gros toujours, si les impôts ont
été payés pour l'année I973.
M. Harvey (Jonquière): Je regarderai cela et je verrai si
je le déposerai en Chambre comme le document pour les compagnies.
M. Morin: II y a un instant, vous avez offert de le faire durant
une séance subséquente.
M. Harvey (Jonquière): Oui, mais le chef de l'Opposition
est tellement coopérateur que je n'ai pas envie de faire travailler
personne, ni ce soir, ni demain soir, ni durant la fin de semaine. Je
déposerai cela en Chambre...
M. Morin: Je regrette, mais...
M. Harvey (Jonquière):... au cours des semaines qui
viendront. Que le chef de l'Opposition se croise les deux doigts pour que cela
arrive avant l'étude des crédits du ministère des
Finances.
M. Morin: J'ai bien compris que le ministre, au lieu de se
montrer objectif...
M. Harvey (Jonquière): Je me montre très
objectif.
M. Morin:... essaie de faire du chantage auprès de
l'Opposition pour qu'elle pose moins de questions.
M. Harvey (Jonquière): Non, ce n'est pas du chantage.
M. Morin: C'est ce que vous venez de faire. Parce que
l'Opposition, on le prétend, ne coopère pas. Cela veut dire quoi,
coopérer, pour vous? Cela veut dire essayer de ne pas poser de
questions.
M. Harvey (Jonquière): Non, cela veut dire être dans
l'ordre, être pertinent au débat.
M. Morin: Ce n'est pas pertinent de savoir combien un secteur
industriel fournit d'impôts au Québec?
M. Harvey (Jonquière): Là, vous l'êtes, mais
vous ne l'étiez pas depuis avant-hier.
M. Morin: M. le Président, ce n'est pas au ministre de
juger ce qui est pertinent et ce qui est important, c'est à la
commission et nous faisons, nous de l'Opposition, partie de cette
commission.
M. Harvey (Jonquière): Voulez-vous qu'on demande aux
membres de la commission s'ils vous trouvent pertinent?
M. Morin: J'ai l'impression que je connais la réponse
d'avance.
M. Harvey (Jonquière): Alors, ne posez pas la
question.
M. Morin: Parce ue je ne compte pas beaucoup, étant
isolé devant le reste de la commission, l'Opposition n'ayant qu'un
membre ici aujourd'hui, sur l'objectivité de la majorité, pour ne
rien vous cacher.
M. Harvey (Jonquière): On pourrait vous surprendre.
M. Mercier: On est frappé d'amiantose.
M. Morin: Si j'étais le député, je ne ferais
pas de blague avec l'amiantose à l'heure actuelle. Cela tombe mal.
M. Mercier: Je vois que le chef de l'Opposition n'a pas saisi
l'astuce
Une Voix: Vous ne savez même pas ce q ue c'est.
M. Morin: M. le Président, on en parle justement dans une
autre commission en ce moment et je bénis leciel qu'aucun des membres de
la commission ici ne sache ce que c'est, pas plus le député qui
vient de parler que moi-même. Si nous le savions, nous ne serions pas
ici. M. le Président, je reviens sur ma demande, avant de quitter ce
secteur. Est-ce que le ministre ne veut pas faire un effort tout de même,
parce que...
M. Harvey (Jonquière): On déposera le document le
plus rapidement possible.
M. Morin: Et, si possible, ici, en commission?
M. Harvey (Jonquière): Je le répète, je ne
voudrais pas que le chef de l'Opposition pense que je lui joue un tour. En ce
qui concerne le document pour les produits pétroliers, tel que je
l'avais fourni, le document contenant la plus récente statistique sera
déposé le plus rapidement possible en Chambre.
En ce qui concerne le deuxième document qu'il a demandé,
en fonction de l'article 69, pour éviter d'identifier...
M. Morin: Oui, c'est clair.
M. Harvey (Jonquière):... je le déposerai le plus
rapidement possible afin qu'il soit en mesure, lors de la discussion des
crédits du ministère des Finances, de discuter le fond de la
question, soit la politique financière du gouvernement
québécois. Est-ce que cela répond bien à la
question de l'honorable chef de l'Opposition?
M. Morin: Le ministre s'est laissé aller tout à
l'heure à me promettre ce document pour les crédits de son
ministère. J'aurais souhaité qu'il s'en tienne à cela.
M. Harvey (Jonquière): II aurait fallu que vous nous
donniez un peu d'indices.
M. Morin: Vous l'avez, le temps, parce qu'au rythme où
vont les choses, on va être dans les crédits du ministère
pour quelque temps.
M. Harvey (Jonquière): Voulez-vous, je vais être
franc avec vous? Chez vous, dans votre parti et d'après les
tableaux...
M. Morin: Encore de la politique.
M. Harvey (Jonquière): Un instant, je vais revenir aux
faits précis de la commission. On a remis au secrétaire
chargé de faire l'ordre du jour des séances, le nom du
responsable de l'Opposition, on ne voyait même pas le nom du chef de
l'Opposition. C'était censé être le député de
Chicoutimi.
M. Morin: Non.
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Morin: Dans le passé, qui a siégé
à cette commission?
M. Harvey (Jonquière): Pas dans le passé. Dans le
document déposé par le secrétaire du leader parlementaire,
c'est le député de Chicoutimi.
M. Morin: Qui a siégé à cette commission
dans le passé?
M. Harvey (Jonquière): Comme d'habitude, il n'y est pas,
c'est un autre.
M. Morin: Le ministre sait très bien que, dans
l'Opposition, celui qui est responsable de l'étude des crédits de
son ministère, c'est le chef de l'Opposition. C'était comme cela
l'année dernière et cela continuera vraisemblablement comme
cela.
M. Harvey (Jonquière): Si le chef de l'Opposition jugeait
ce matin, à moins qu'il ne dirige pas son parti, que sa présence
est plus utile dans une autre commission, il irait et il enverrait un de ses
députés ici.
M. Morin: J'estime que c'est mon devoir d'être ici, que
cela me plaise ou que cela ne me plaise pas, commec'est le vôtre, que
cela vous plaise ou que cela ne vous plaise pas.
M. Harvey (Jonquière): Vous avez marqué sur les
papiers le député de Chicoutimi. Cela ne me fait rien de vous
avoir parce que les électeurs, chez moi, dans le parti, vous
n'êtes pas le plus populaire. Ils trouvent que vous avez le menton pas
mal haut.
M. Morin:Cela, M. le Président, n'a rien àvoir
à ce que nousétudions dans le moment et je regrette que le
ministre se laisse aller à manquer de dignité constamment.
M. Harvey (Jonquière): Vous en manquez quand vous venez
dans la région en insinuant n'importe quoi.
M. Morin: Encore une fois, je voudrais bien savoir à quoi
le ministre se réfère.
M. Harvey (Jonquière): Je fais allusion à vos
déclarations publiques à la télévision.
M. Morin: Alors, dites donc à laquelle vous en voulez.
M. Harvey (Jonquière): Dans laquelle vous parlez de coup
monté contre vous.
M. Morin:C'est une autre affaire. M. le Président.
Effectivement, mais voulez-vous q u'on en discute de cela?
M. Harvey (Jonquière): On en discutera lorsque vous me
convoquerez dans la boîte.
M. Morin: Oui.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre s'il vous
plaît!
M. Morin: Pour examiner vos déclarations. Le
Président (M. Comellier): Revenons...
M. Harvey (Jonquière): C'est ce que vous
prétendez.
Le Président (M. Cornellier): A l'ordre, messieurs!
M. Harvey (Jonquière): C'est cela qui choque...
M. Morin: Lorsqu'on convoquera les témoins aussi.
M. Harvey (Jonquière): Si vous êtes rendu capable
d'organiser des témoins, c'est grave.
Le Président (M. Comellier): A l'ordre, messieurs!
Revenons à l'étude des crédits du Revenu.
Administration
M. Morin: M. le Président, nous allons passer, si vous le
voulez bien, maintenant, à l'étude de certains commentaires du
Vérificateur général sur l'administration du
ministère du Revenu. Je réfère le ministre à la
page 4-134 du rapport du Vérificateur général où il
est dit: Le montant total des comptes à recevoir au 31 mars 1974, $371
millions, en gros, excèdent de $32 millions, en gros, le solde
correspondant au 31 mars 1973. Je n'entre pas dans tous les détails,
parce que ce n'est peut-être pas utile. J'aimerais demander au ministre .
Pourquoi cette haussede 10% descomptes à recevoir? Le total est donc
porté, maintenant, à $371 millions.
M. Harvey (Jonquière): C'est simple. Si on a perçu
$63 millions de plus pour des impôts additionnels cotisés
d'années antérieures, nécessairement, les avis de
cotisation étant émis, cela augmente les montants des comptes
à recevoir et c'est la raison principale de l'augmentation du montant
total des comptes à recevoir. Parce que je vous ai donné tout
à l'heure $63 millions. Le travail intensif, pour
récupérer des sommes dues, nous a amenés, entre avril et
décembre 1974, à un montant de $63 millions. Il a fallu,
nécessairement, émettre de nouveaux avis de cotisation. Donc, il
est normal que cet argent n'ait pas été encaissé au moment
de la fin de l'exercice financier.
M. Morin: Est-ce que vous prévoyez que ce...
M. Harvey (Jonquière): Un instant. Egalement, les rem ises
de taxe de vente d u mois de mars qui sont comptabilisées pour avril
comme comptes à recevoir.
M. Morin: Est-ce que le ministre peut me dire s'il compte
résorber, à plus ou moins brève échéance, ce
montant additionnel de $32 millions de comptes à recevoir?
M. Harvey (Jonquière): Ensuite, cette période de
fin d'année fiscale nous amène souvent, surtout quand on
comptabilise les revenus de mars dans l'autre année financière,
la période de Pâques, surtout pour les taxes à la
consommation, affecte beaucoup le montant total des comptes à recevoir,
si les montants reçus avant le 23 avril pour des montants dus en mars,
pour les ventes effectuées en mars, sont comptabilisés comme
argent reçu dans l'année financière qui suit.
M. Morin: D'accord, mais alors...
M. Harvey (Jonquière): II faut continuer la note du
vérificateur quand il dit que cette augmentation nette découle
d'une hausse de $16,508,210 des comptes à recevoir inscrits aux livres
au 31 mars 1974, cornparativement à ceux d u 31 mars 1973, et de
l'excédent de $15,961,153 des remises provenant des mandataires et
agents en avril 1974 sur celles d'avril 1973.
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Les secteurs où il y a
augmentation sont principalement les suivants: impôt des particuliers,
$13,566,000;. secteur employeurs, déd uction à la source,
$5,538,000; taxe à la consommation, $11,000,000.
M. Morin: Compte tenu de toutes ces raisons que le ministre me
donne, est-ce qu'il peut me donner une idée du montant total des comptes
à recevoir après qu'un délai suffisant sera expiré,
ce qui aura permis au ministère de redresser cette situation?
M. Harvey (Jonquière): Je n'ai pas compris la
question.
M. Morin: Je tiens compte du fait qu'il y a des comptes à
recevoir qui sont inscrits aux livres au 31
mars 1974 qui peuvent être récupérés les mois
suivants, si j'ai bien compris.
M. Harvey (Jonquière): Bien sûr.
M. Morin: Alors, je demande au ministre de combien va être
le montant total des comptes à recevoir, disons, par rapport à
l'année 1974, en juin ou en juillet 1974.
M. Harvey (Jonquière): C'est évident qu'il va y
avoir une augmentation parce qu'il y a l'entrée des rapports
d'impôt. il y ades contribuables qui préfèrent
payerlespénalitésa u lieu de payer uneseule fois dans
l'année, pour ne pas avoir besoin de faire des paiements trimestriels.
L'entrée des revenus est souvent supérieure à celle qu'on
peut prévoir dans un mois spécifique qui voisine la date limite
de la production des rapports d'impôt pour l'année
précédente, surtout pour l'impôt des particuliers.
Cela dépend également du nombre d'enquêtes, souvent
dans des secteurs où la taxe est très forte, par exemple, quand
nous avions une série d'enquêtes dans le domaine de l'huile
colorée, il s'agissait de gros dossiers et l'entrée de certains
revenus pouvait modifier beaucoup nos prévisions pour un mois qui
commençait l'année financière.
M. Morin: Est-ce que je pourrais vous demander ce que vous
comptez faire de façon précise pour arriver à
récupérer ces $371 millions de dollars de comptes à
recevoir? Je tiens compte du fait qu'une partie de ces $371 millions porte sur
l'impôt sur le revenu, $51 millions, en gros, pour les particuliers, $134
millions pour les employeurs, les déductions à la source, $17
millions pour les corporations, $8 millions pour les successions, $153 millions
pour les taxes à la consommation et ainsi de suite. Que
comptez-vousfaire pour récupérer ces $371 millions et est-ce que
je pourrais demander au ministre de me donner une idée de ce qu'il pense
pouvoir être récupéré sur un montant comme
celui-là?
M. Harvey (Jonquière): Prenez le même volume
à la page 4-148, "le ministère, conscient des lacunes
mentionnées précédemment", il parle de l'an dernier au
momentoù il avaitterminé ses visites, "aentrepris l'étude
systématique du fonctionnement du service du recouvrement et a
élaboré des projets visant à modifier profondément
ce secteur aux fins d'obtenir toute l'efficacité à laquelle on
est en droit de s'attendre dans un tel service. Les efforts présentement
déployés pour en améliorer le rendement, ajoutés
aux nombreux systèmes informatiquesen opération, MIDAS, et ou en
voie de l'être, IFI, DECOR, permettraient éventuellement de
pallier en grande partie les difficultés de perception
rencontrées au Service du recouvrement et de traiter avec diligence le
cas des contribuables délinquants. De plus, nous n'avons pas en nombre
suffisant les ressources humaines avec la compétence requise." Nous
avons des compétences, mais non en nombre suffisant pour pouvoir
récupérer à un rythme assez appréciable ces
montants. Nous avons une demande spécifique améliorant la
qualité ou les connaissances des gens, le calibre des gens que nous
ajouterons au secteur du recouvrement de Montréal et de Québec
pour pouvoir poursuivre la récupération, comme le dit si bien le
Vérificateur général, parce que nous sommes conscients des
lacunes mentionnées et nous voulons apporter toute l'efficacité
possible à la récupération.
Nous avons obtenu 70 nouveaux postes d'agent de recouvrement fiscal.
M. Morin: Oui, remarquez bien que ce n'est pas moi qui ai
parlé des lacunes. Ma question n'était pas celle-là, c'est
le Vérificateur général qui parle des lacunes dans votre
service de recouvrement.
M. Harvey (Jonquière): Je voudrais corriger le chef de
l'Opposition, à la page 434: les comptes à recevoir sont de
$149,287,647 à la fin de mars 1974 et non de $371,808,613.
M. Morin: Si on ajoute les remises d'avril I974...
M. Harvey (Jonquière): Pour les remises d'avril qui sont
entrées, les comptes à recevoir ne sont pi us là.
M. Morin: A l'heure actuelle, si l'on tient compte des com ptes
inscrits aux livres au 31 mars I974, et des remises d'avril, où en
êtes-vous? Quel est le chiffre actuel? Est-ce que vous l'avez, par
hasard? Approximativement.
M. Harvey (Jonquière): Si vous voulez attendre un
instant.
M. Morin: Oui, nous avons le temps.
M. Harvey (Jonquière): C'est évident qu'ils ont
dû augmenter. On continue notre action de récupérer les
vieux comptes. On émet de nouveaux avis. $189 millions, au 28
février 1975, alors qu'il était de $149 millions.
M. Morin: Cela comprend les remises...
M. Harvey (Jonquière): On n'a pas les remises de mars. On
vous donne le chiffre au 28 février 1975.
M. Morin: C'est bien, cela me suffit.
M. Harvey (Jonquière): On sait que les remises de mars
sont toujours assez élevées.
M. Morin: Alors $189 millions, à l'heure actuelle, au lieu
de $371 millions.
M. Harvey (Jonquière): Au 28 février.
M. Morin: Au 28 février, oui. C'est cela que je veux dire.
Donc, il y a eu une amélioration assez sensible?
M. Harvey (Jonquière): Comme le dit le Vérificateur
général...
M. Morin: Le vérificateur ne dit pas qu'il y a eu
amélioration, il dit: Vous êtes en train de mettre en
route un système qui va vous permettre d'apporter des
améliorations. C'est tant mieux. On y reviendra d'ailleurs
l'année prochaine, pour voir si, vraiment, l'étude
systématique du fonctionnement du système de recouvrement que
vous avez entreprise est efficace.
M. Harvey (Jonquière): D'accord. M. Morin: Augmente
votre efficacité.
M. Harvey (Jonquière): J'espère être en
mesure de recruter, pour les 70 nouveaux postes accordés, du personnel
qualifié qui nous permettrait de récupérer davantage. Le
Vérificateur général serait heureux, le ministre du Revenu
et ses officiers également.
M. Morin: Bien. Est-ce que je pourrais maintenant parler avec
vous de la provision pour pertes éventuelles, sur les cotisations
émises? A la page 4-I34 et à la suivante...
M. Harvey (Jonquière): Je voudrais dire au chef de
l'Opposition que c'est le ministère des Finances qui fixe cela.
M. Morin: C'est le contrôleur.
M. Harvey (Jonquière) : Le contrôleur des
finances.
M. Morin : Est-ce q ue je pourrais vous demander votre avis sur
la question, en tant que ministre du Revenu? La provision, pour pertes
éventuelles, cela relève quand même également du
ministère du Revenu.
M. Harvey (Jonquière): C'est une question
d'appréciation. Nous donnons notre version sur les montants
impliqués lors de la transmission du rapport au ministère des
Finances.
M. Morin: Je reviens très brièvement. Cela peut
être très rapide, comme l'autre question que j'ai posée,
parce que le ministre m'a donné une réponse, cette
fois-là. Le vérificateur nous dit: Une provision d'environ $43
millions pour pertes sur comptes à recevoir fut établie par le
contrôleur des finances, au 31 mars 1974, soit un montant d'environ $2
millions inférieur à notre estimation.
Cependant, le contrôleur des finances n'a considéré
aucune provision au chapitre d'une diminution éventuelle des revenus
à l'égard des crédits possibles sur les cotisations
émises.
Selon les données obtenues à la suite de notre analyse,
nous avons estimé cette dernière provision à $21 millions,
en gros.
Est-ce que vous pourriez nous dire si vous estimez que le
vérificateur a raison d'établir la provision à $21
millions, à votre avis? Le vérificateur insiste beaucoup
là-dessus.
M. Harvey (Jonquière): La comptabilité
gouvernementale sur le cas spécifique que mentionne le chef de
l'Opposition, étant tenue par le contrôleur des finances, il est
possible qu'il y ait une question d'appréciation entre l'opinion du
ministère du Revenu et sa propre opinion.
Ne la connaissant pas, n'étant pas responsable de cette
comptabilité, je pense qu'à ce moment-là le chef de
l'Opposition devrait plutôt obtenir l'opinion de celui qui accompagnera
le ministre des Finances et qui tient la comptabilité spécifique
du montant mentionné.
M. Morin: Est-ce que je peux faire remarquer au ministre,
cependant, M. le Président, que ces commentaires du Vérificateur
général se trouvent dans le chapitre consacré au
ministère du Revenu.
M. Harvey (Jonquière): C'est pour cela qu'il le mentionne
également et nous maintenons toujours l'opinion, malgré son
désaccord, en page 4135...
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): ... "le contenu de nos rapports se
rapportant aux années financières I97I/72 et 1972/73, a fait
état de la politique du contrôleur des finances de ne pas pourvoir
de provisions pour les crédits à venir sur cotisations
émises;" que cette provision devra être considérée
afin de refléter les comptes à recevoir estimés
réalisables et portant l'inscription fidèle de la valeur de ces
comptes aux états financiers du ministère et de la province.
M. Morin: Je vous demandais votre sentiment là-dessus.
M. Harvey (Jonquière): Nous n'établissons pas de
processus pour les charges additionnelles que nous émettrons durant
l'année. C'est une question d'appréciation. Je pense que la
question du chef de l'Opposition est pertinente, mais vous devriez obtenir
l'opinion du ministre des Finances, qui vous donnerait celle de son
contrôleur des finances.
M. Morin: Mais vous, vous n'en avez pas, M. le ministre?
M. Harvey (Jonquière): C'est sûr, on ne peut pas
admettre, nous autres, que, quand on a un compte à percevoir, on ne le
percevra pas. Comment admettrait-on cela? On émet un compte.
M. Morin: Le ministre sait bien qu'il fait... Naturellement,
c'est son devoir de faire tous ses efforts pour récupérer les
comptes en souffrance, mais il sait bien que...
M. Harvey (Jonquière): Mais, quand on a un compte, on ne
peut pas admettre qu'on ne le récupérera pas.
M. Morin:... il sait, comme moi, qu'il y a toujours une provision
pour perte dans ce genre d'entreprise.
M. Harvey (Jonquière): On émet un compte. On
ne peut pas admettre, au départ, en émettant un compte,
qu'on ne le percevra pas.
M. Morin: Non, mais vous pouvez très bien admettre que,
sur la masse, il y en a un certain pourcentage qui ne sera pas
perçu.
M. Harvey (Jonquière): II s'agirait pour nous d'une
statistique qu'on établirait. Ce ne serait pas une question de principe.
Au départ, en émettant un compte, on est convaincu qu'on doit le
récupérer.
M. Morin: Non, ce que j'essaie de savoir, c'est qu'il y a
visiblement là une question hautement technique qui fait l'objet d'un
débat entre le vérificateur et le contrôleur. J'aurais
aimé connaître la position du ministère du Revenu sur cette
question. Cela m'aurait éclairé et cela m'aurait permis
peut-être d'intervenir plus intelligemment dans ce débat.
M. Harvey (Jonquière): C'est une question
d'appréciation, comme cela se retrouve dans le secteur privé,
dans le domaine de la comptabilité publique.
M. Morin: Mais je vous demandais votre appréciation,
justement.
M. Harvey (Jonquière): Je viens de vous la donner. Les
"taxmen", leur appréciation, c'est que la minute où ils
émettent un compte, ils sont convaincus de le percevoir.
M. Morin: Cela ne semble pas être l'avis du
vérificateur.
M. Harvey (Jonquière): C'est une opinion.
M. Morin: Bon, sur ce point, je crois qu'on n'ira pas plus avant.
On va essayer de passer à autre chose peut-être. Jusqu'à
quelle heure comptiez-vous continuer, M. le Président?
Le Président (M. Cornellier): Midi trente.
M. Morin: Jusqu'à midi trente. Je pense que j'ai
peut-être le temps d'aborder une autre question, soulevée
d'ailleurs par le Vérificateur général à la page
I37 de son rapport consacré au ministère du Revenu.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition me
permettra de signaler la visite d'un ancien collègue de
l'Assemblée nationale, l'ancien député
Croisetière.
M. Morin: S'il veut venir s'ajouter au quorum, M. le
Président.
M. Harvey (Jonquière): En autant qu'il ne s'en va pas de
l'autre côté, je n'ai pas d'objection.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: Merci, M. le Président. Il s'agit des cas de
faillites. A la page I37 à laquelle je réfère le ministre,
le vérificateur nous parle des délais trop lents dans le
cheminement des procédures de traitement de la délinquance ou
même tout simplement l'absence de gestes administratifs appropriés
dans certains cas qui, selon lui, ont contribué à la perte de
revenus. Il ajoute plus loin: "L'examen des dossiers de faillite nous a
démontré, de façon probante, que les recommandations
formulées à notre dernier rapport sur l'administration des
diverses lois fiscales, au 31 mars I973, sont toujours pertinentes."
Autrement dit, il se croit obligé de vous les rappeler, parce
que, semble-t-il, on n'y a pas donné suite dans la mesure où il
l'aurait souhaité. Est-ce que je pourrais vous demander, comme
première question, de me décrire le processus suivi par le
ministère lorsqu'il s'agit de récupérer des impôts
qui sont dus au ministère, au gouvernement, auprès d'entreprises
qui ont déclaré faillite?
M. Harvey (Jonquière): Le processus suivi, le processus
ordinaire, c'est que la minute où, une entreprise déclare fail
lite, immédiatement, notre ministère regarde dans tous les
secteurs où cette compagnie peut être impliquée pour
déterminer au syndic les sommes qui nous sont dues afin de les
récupérer.
M. Morin : Est-ce q ue vous avez fait cela à tem
ps, dans la plupart des cas, parce que ce que le vérificateur...
M. Harvey (Jonquière): Dans tous les cas...
M. Morin:... semble dire, c'est que vous n'avez pas
été très efficace?
M. Harvey (Jonquière): Ce que le vérificateur veut
di re, encore là je vous réfère à la page 4148,
cela fait partie des lacunes que nous pourrons corriger, c'est-à-dire en
ajoutant au nouveau système informatique un personnel plus fort pour
détecter les délinquants plus rapidement et avoir un processus de
recouvrement, ce qu'on discutait tout à l'heure. Cela éviterait,
malgré que nos réclamations au syndic sont toujours
présentées dans les délais relativement courts, que les
montants ne soient peut-être moindres. C'est ce que le personnel du
Vérificateur général nous indiquait, lors de sa visite,
dans les rapports sectoriels qui nous ont été
présentés ou expédiés au cours de l'année,
avant de faire une synthèsedans son rapport officiel qui a
été remis aux membres de l'Assemblée nationale, parce que,
dans les rapports individuels, les petits rapports sectoriels faits par le
Vérificateur général à notre ministère
concernant chacune des taxes, je voudrais bien citer certaines louanges ou
certaines améliorations mentionnéesqu'on ne peut pas retrouver
dans son grand rapport. Et je le comprends, il n'est pas obligé de faire
le croisé pour vanter certains ministères qui améliorent
certaines choses. On ne peut pas le blâmer là-dessus.
M. Morin: A l'occasion, il le fait tout de même. A
l'occasion, il constate qu'on a donné suite à ses
recommandations.
M. Harvey (Jonquière): Mais, à l'occasion, il
oublie de le faire. Je pourrais amener de petits rapports concernant certaines
lois spécifiques, appliquées par notre ministère
où, dans le rapport général, les remarques sont beaucoup
plus dure et ne ressemblent pas à celles faites sur le rapport
sectoriel.
M. Morin: Oui, mais c'est évident.
M. Harvey (Jonquière): Mon sous-ministre aurait un mot
à ajouter.
M. Morin: Oui, très bien.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, il faut se
rendre compte que, dans un ministère comme le ministère du
Revenu, qui traite avec toute la population et toutes les couches de la
population, il peut y avoir des lois dont l'assiette diffère. Or,
à cause, naturellement, de tout le grand nombre de transactions que nous
avons, il n'est pas humainement possible de corriger un petit problème
ou un problème sans regarder tout l'ensemble du système. C'est la
raison pour laquelle, depuis trois ans, le Vérificateur
général a répété la même chose, mais,
d'un autre côté, nous sommes engagés dans un processus pour
améliorer le service au public et, en même temps, pour nous donner
les outils pour pouvoir aller chercher l'argent qui nous est dû.
Sur ceci, on pourrait bien dire, de façon idéaliste, qu'il
faudrait une personne pour cinq contribuables, au ministère,
peut-être une personne par trois contribuables, mais ce n'est pas le cas.
C'est que nous avons trois millions de contribuables comme individus; nous
avons 115,000 employeurs; nous avons 120,000 mandataires; nous avons 80,000
corporations. Ce n'est pas possible que tous et chacun aient
systématiquement le même traitement et au moment opportun.
Ce qui arrive, c'est que, bien souvent, on se fait prendre, nous autres
aussi, par surprise. Il y a des contribuables qui sont dans des états
financiers très précaires et sur lesquels, une journée, on
reçoit un avis pour dire qu'ils sont enfaillite. Déjà, on
découvre que cela fait deux mois qu'ils ne nous ont pas fait de
remise... Si on pouvait agir aussi vite que cela pour dire: Tu deviens
délinquant un certain mois. Immédiatement on saisit les comptes
de banque, on fait des tiers saisis, etc., il nous faut du monde pour cela. Or,
on n'a pas le monde qu'il nous faut.
Il est évident que ce ne serait pas logique non plus qu'on engage
une armée de personnes simplement poursuivre cinq ou six contribuables
dans tous leurs faits et gestes. Alors, on est obligé, naturellement, de
faire, jusqu'à un certain point, une sélection, de faire une
surveillance contrôlée, et, en fonction de l'effectif que nous
avons, nous essayons de faire le mieux possible. Je dis "effectifs que nous
avons" souvent, c'est que nous n'avons pas suffisamment de personnes, en nombre
ou en qualité, pour pouvoir exactement faire face aux problèmes,
aux difficultés qu'on envisage aujourd'hui vis-à-vis du
recouvrement des dettes. L'argent est rare.
Ce n'est pas facile.
Remarquez bien une chose, c'est que nous dépistons
également certaines pratiques déplorables et, aussitôt
qu'on s'en aperçoit, on y met fin. Mais, encore là, quelques-unes
nous échappent.
M. Morin: M. le Président, le sous-ministre devrait
répondre plus souvent aux questions. Il est beaucoup plus complet que le
ministre.
M. Harvey (Jonquière): Arrêtez de les attaquer.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Morin: Je n'avais pas tout à fait terminé.
Est-ce sur le même sujet?
M. Boutin (Abitibi-Ouest): Les faillites. M. le Président,
si je comprends bien, l'administration des faillites est une loi
fédérale, n'est-ce pas? Est-ce que le gouvernement, le
ministère du Revenu a déjà pensé à prendre
en main à la place de la nomination de syndics l'administration des
faillites? Je vais préciser.
M. Harvey (Jonquière): Dans quel contexte?
M. Boutin (Abitibi-Ouest): Je vais vous le préciser de
cette façon-ci. Dans le domaine des faillites, les créanciers se
font "fourrer".
Le Président (M. Cornellier): Entre guillemets.
M. Boutin (Abitibi-Ouest): Oui, entre guillemets. Il est un fait
établi...
M. Harvey (Jonquière): Est-ce qu'on s'entend pour faire
marquer dans le journal des Débats: "arranger"?
M. Boutin (Abitibi-Ouest): Oui. Excusez! On voit, aujourd'hui,
les syndics traîner sciemment des libérations de faillites, du
failli, en fait; on voit les syndics prendre la grosse proportion de l'actif
qui peut rester une fois que les créances privilégiées
sont payées. On remarque aussi que, dans bien des cas, des poursuites ne
sont pas engagées vis-à-vis des faillis pour les
récupérations dans l'actif afin de rembourser certains
créanciers privilégiés ou non privilégiés.
Si on remarque tout le processus de l'organisation des syndics dans les
faillites, je ne suis pas emballé du tout. C'est pour cela que je
pensais: Si le gouvernement, le ministère du Revenu, afin d'aider, la
première des choses, les faillis à se libérer devant les
tribunaux... Une deuxième façon serait de récupérer
au maximum les créances privilégiées du gouvernement
lesquelles sont, aujourd'hui, prises en grosse partie par des syndics.
M. Harvey (Jonquière): Nous, naturellement, nous agissons
dans le cadre de la loi actuelle qui, pour autant que les faillites sont
concernées, est de juridiction fédérale. Quand il s'agit
de fraude, cela
reièvedu ministère de la Justice et nous avons, nous,
notre parti, l'obligation de procéder pour récupérer les
montants qui nous sont dus. C'est tellement bête que le chef de
l'Opposition aété témoin, comme moi, il y a quelque temps,
que, quand on agit rapidement pour protéger une créance, on se
fait demander, par le biais de mon collègue des Institutions
financières, de qui dépend l'Office de la protection du
consommateur, de retirer la réclamation que nous avons
présentée. Cela fait un non-sens. Dans un cas spéci-fique,
nous avons agi très rapidement. On se fait blâmer d'avoir agi trop
vite. C'est extrêmement délicat dans le cas des faillites. Il faut
agir dans le contexte de la loi qui est juridiction fédérale.
Quand il s'agit de fraude, cependant, cela relève d u min istère
de la Justice. Mais, pour nous, pour autant que les montants dus au
ministère du Revenu sont impliqués, nous agissons très
rapidement et ce, dans tous les cas, pour récupérer, selon les
actifs qui peuvent rester, les montants qui nous sont dus à titre de
créancier privilégié.
M. Boutin (Abitibi-Ouest): Ce qui m'amène à poser
de nouveau ma première question. Est-ce que le ministre du Revenu, ou le
ministère, dans une politique générale, peut-être, a
pensé, éventuellement, à remplacer les syndics?
M. Harvey(Jonquière): La loi étant de juridiction
fédérale, on serait malvenu de vouloir, à partir de chez
nous, étant impliqué quelquefois dans les cas de faillites, mais
non pas dans toutes les faillites, être l'initiateur d'une réforme
concernant la Loi desfaillites de juridiction fédérale.
M. Boutin (Abitibi-Ouest): D'accord.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: M. le Président, dois-je signaler qu'il est la
demie? Je n'avais pas tout à fait terminé cette question.
M. Harvey (Jonquière): Terminez, on va vous
écouter.
M. Morin: J'allais demander au ministre s'il n'estimait pasque,
par delà l'amélioration du processus administratif de
recouvrement en cas de faillites,il serait souhaitable d'apporter des
modifications à la loi existante, ce qui lui permettrait d'être
plus efficace ou de mieux garantir les créances du ministère dans
les cas de faillites?
M. Harvey (Jonquière): II est sûr que l'addition des
nouveaux systèmes que nous développons, permettant de
détecter les délinquances plus rapidement, va nous permettre
d'améliorer considérablement... Nous allons prendre les moyens
nécessaires, avec ces systèmes pour stimuler
M. Morin: C'est seulement une question de procédure
administrative.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
M. Morin: A votre avis, la législation est suffisamment
étoffée comme elle l'est.
M. Harvey (Jonquière): Si on se réfère
à ce que j'ai déjà lu, on parle même, dans certains
coins, d'enlever les créanciers privilégiés. Ce serait
terrible, à ce moment-là. J'ai entendu des gens émettre
des opinions semblables. Je pense que la plus belle réforme que nous
pouvons faire à la loi, qui est de juridiction fédérale
consiste à améliorer nos systèmes nous permettant le
contrôle sur les délinquances, pour pouvoir agir en temps
opportun, pour diminuer les montants susceptibles de devenir des pertes
à la suite de faillites.
M. Morin: J'imagine que vous êtes prévenu
instantanément, comme vous avez semblé le dire, mais je vais m'en
assurer, en cas de faillites.
M. Harvey (Jonquière): Nous avons un service au
ministère qui suit constamment ce qui se produit devant toutes les cours
de justice.
M. Morin: Les cas de faillites, les dépôts de
bilans. Vous suivez tout cela.
M. Harvey (Jonquière): Tous les syndics nous les envoient
très rapidement quand nous sommes créanciers et dans tous les
cas.
M. Morin: Oui, mais il y a une différence entre attendre
le syndic et s'en informer soi-même ou être averti
instantanément. Cela peut faire la différence. D'après ce
que j'ai lu dans le rapport du Vérificateur général, cela
peut faire la différence entre percevoir et ne pas percevoir,
quelquefois.
M. Harvey (Jonquière): Mais, dans tous les cas, nous
sommes avertis immédiatement.
M. Morin: Nous reviendrons l'année prochaine, pour voir
s'il y a eu amélioration, selon les conseils du Vérificateur
général.
M. le Président, sur la question des faillites, j'ai
terminé.
M. Harvey (Jonquière): Nous reviendrons à 4 heures,
après la période des questions.
Le Président (M. Cornellier): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 4 heures, ou immédiatement après la
période des questions en Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
Reprise de la séance à 16 h 30
M. Cornellier (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu reprend ses
séances pour l'étude des crédits du ministère du
Revenu. Au moment de la suspension, à l'heure du lunch, la parole
était au chef de l'Opposition officielle.
Surveillance spéciale
M. Morin: M. le Président, il yaquelque temps on faisait
état dans les journaux, plus précisément à la fin
du mois de janvier, de l'existence d'une liste de 187,000 contribuables faisant
l'objet d'une attention particulière, pour parler par euphémisme,
de la part du ministère du Revenu. Le ministre pourrait-il nous
expliquer en quoi consiste cette liste un peu spéciale? Comment a-t-elle
été établie?
M. Harvey (Jonquière): D'abord, au sujet de l'article du
journal auquel se réfère le chef de l'Opposition je dirai que
dans la même journée où a paru cet article j'ai eu un appel
téléphonique d'un journaliste de Québec. Je lui ai dit que
je ne me surprendrais aucunement si ce chiffre atteignait 200,000 dans la
deuxième édition du même journal.
M. Morin: Et c'est devenu effectivement 200,000.
M. Harvey (Jonquière): Et c'est devenu 200,000 dans la
même journée. Je lui ai même ajouté que, dans ma
propre région, cela peut atteindre des proportions beaucoup plus
grandes. Cela a été 225,000 le lendemain, pour la presse
parlée, et dans les heb-dos de ma région c'est devenu
250,000.
Tout cela pour vous dire qu'il y a trois millions de dossiers individus
au ministère qui sont ouverts d'une façon continuelle, par les
lois, pour une période de quatre ans. Comme je l'ai expliqué ce
matin, à l'intérieur de nos programmes, nous avons, dans le cours
normal de nos opérations, des programmes qui suivent leur cours sans
qu'on puisse les baptiser de façon spécifique: opération
187,000 ou opération 200,000. C'est la lutte continuelle pour trouver
des cas de fraude ou d'évasion fiscale, pour y mettre fin.
C'est la seule réponse que je peux donner au chef de
l'Opposition. D'ailleurs c'est celle que j'avais donnée au journaliste
qui m'avait appelé à ce moment-là.
M. Morin: Le ministre avait apporté une distinction entre
les cas qui relèvent du code criminel et ceux qui relèvent de la
Loi de l'impôt. C'est une première distinction.
M. Harvey (Jonquière): Bien sûr. Il y en a une. Il y
a des poursuites devant les tribunaux pour non-production. C'est monnaie
courante. A un moment donné, il y a des condamnations pour défaut
de comparaître, pour une non-production. Il y en a d'autres, cependant,
qui sont beaucoup plus graves: il y a des fraudes fiscales. Il y a des
poursuites qui sont prises pour nous au pénal par le ministère de
la Justice.
M. Morin: Alors, c'était une nouvelle totalement mal
fondée. Il n'y avait pas de liste spéciale de
Québécois qui faisaient l'objet d'une surveillance
particulière.
M. Harvey (Jonquière): Dans le cadre de nos programmes, il
y en a qui font l'objet d'une surveillance particulière. Par exemple,
j'ai à l'esprit le travail continuel que fait le service des
enquêtes spéciales, soit de Montréal ou de
Québec.
M. Morin: Combien peut-il y avoir de contribuables qui font
l'objet...
M. Harvey (Jonquière): C'est difficile à
évaluer. M. Morin: Oui, mais en gros?
M. Harvey (Jonquière): C'est difficile à
évaluer. Les services de vérification, soit de Québec ou
de Montréal, transmettent, au fur et à mesure qu'ils
détectent dans un dossier de vérification des
éléments pour lesquels il leur paraît absolument
nécessaire d'aller plus loin, les dossiers au service des enquêtes
spéciales qui fait son travail régulièrement. Un instant,
je vais vous dire combien on peut traiter de cas dans une année. On me
dit que nous avons 250 dossiers en banque, assez régulièrement,
à nos bureaux régionaux de Montréal et de Québec,
aux enquêtes spéciales.
M. Morin: II y en a 250 de façon courante.
M. Harvey (Jonquière): D'une façon courante,
à peu près 250 en banque régulièrement, au bureau
de Québec. Quelquefois, au bureau de Montréal, cela peut
atteindre 300.
M. Morin: Combien cela peut-ll représenter par
année?
M. Harvey (Jonquière): On me dit que cela peut amener une
production à peu près de 125 par année de chacun des
bureaux, à part les cas connexes.
M. Morin: 125 par année.
M. Harvey (Jonquière): Oui. Par bureau. D'enquêtes
spéciales. Des cas de fraude.
M. Marchand: Sur la même question, M. le Président,
si le chef de l'Opposition me permet...
M. Morin: Oui, si c'est sur la même question, cela va.
M. Marchand: Vous dites qu'il y a seulement un bureau
d'enquête à Montréal et un à Québec qui
couvrent les régions de Montréal et de Québec. Est-ce que
cela veut dire qu'il n'y a qu'à Montréal et à
Québec qu'on fraude le fisc? C'est sérieux.
M. Harvey (Jonquière): Non, quand on parle
des bureaux régionaux de Montréal et de Québec, le
bureau régional de Québec dessert tout le territoire du
Québec, à la hauteur de Trois-Rivières, du Nord-Ouest
québécois...
M. Marchand: II va jusqu'au Bas-du-Fleuve? M. Morin:
Jusqu'à Blanc-Sablon.
M. Harvey (Jonquière): Tandis que celui de Montréal
part des limites du comté de Drummondville, je crois, et l'ouest.
M. Marchand: Je suis heureux de vous l'avoir fait
spécifier, M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): Et nous avons maintenant, pour le
secteur de l'Estrie, le bureau régional de Sherbrooke. Dans les
vérifications, le sommaire des activités du service de la
vérification, je vois ici le nombre de vérifications: le total
net, l'an dernier, 131,045, en 1974/75. Les vérifications fiscales.
D'avril à décembre, le sommaire des activités couvre la
période, pour 1974/75, d'avril à décembre, et il totalise
131,045.
M. Morin: 131,045.
M. Harvey (Jonquière): De cela, il y a eu 96 poursuites.
Quand on vous disait, tout à l'heure, à peu près 125 cas
de poursuite, il y en a eu 96 entre avril et décembre.
M. Morin: Je ne parlais pas des cas de poursuite, je parlais des
cas surveillés; le ministre fait bien la distinction entre...
M. Harvey (Jonquière): Ah oui! Oui, je fais bien la
distinction. Dans le cas des vérifications, c'est 131,045 d'avril
à décembre 1973, y compris les cas de poursuite et
d'enquête spéciale; c'est le total des vérifications.
M. Morin: 131,045.
M. Harvey (Jonquière): 131,000.
M. Morin: Alors, peut-être que cet article qui faisait
état d'une surveillance spéciale est-il fondé, en fait,
sur des données qui sont partiellement vraies. Vous exercez une
surveillance dans le cours normal des choses, quoi. Autrement dit, il semble
bien que cet article aurait exagéré la portée de la
surveillance ou...
M. Harvey (Jonquière): Possiblement. On s'est
demandé également... Il y a eu d'autres articles dans les
journaux, suite à des conférences données par certaines
personnes, sans les nommer, pour ne pas faire de personnalités,
concernant la fraude fiscale.
M. Morin: On pourra peut-être en nommer une couple tout
à l'heure.
M. Harvey (Jonquière): Concernant la fraude fiscale. Vous
savez, on marie des déclarations de l'un et de l'autre, deux, trois
conférences de gens qui, parlant de la fraude fiscale, sortent des
montants, font de l'extrapolation, sortent des montants. On peut lire dans un
journal, par exemple, $800 millions de fraude fiscale au Québec par
année. Cela, monsieur, comment voulez-vous vous en sortir? Comment
voulez-vous infirmer ou confirmer une nouvelle semblable? Au départ,
c'est faux.
M. Morin: C'est-à-dire, vous ne pouvez pas l'infirmer ni
la confirmer effectivement. C'est-à-dire que, par définition, la
fraude est cachée; donc, vous ne le savez pas.
M. Harvey (Jonquière): Cela dépend. Cela
dépend. Si un individu fait un hold-up dans une banque de $500,000, il
n'a pas deTP-4. Il ne m'avertit pas que c'est lui pour que je le taxe. C'est un
peu cela...
M. Morin: Votre ministère n'est pas efficace.
M. Harvey (Jonquière): C'est un peu cela, le revenu du
crime organisé.
M. Morin: M. le Président, puisque nous sommes au chapitre
de la vérification, je voudrais me tourner vers les contribuables qui
travaillent à leur propre compte, c'est un problème dont on a
déjà parlé dans le passé, et
particulièrement de ceux que l'on appelle les professionnels. Est-ce que
le ministre pourrait me dire quel genre de vérification s'est
effectué cette année dans ce domaine-là? Est-ce que vous
avez pu effectuer vos procédures de vérification à
l'endroit, notamment, des professionnels?
Je pense au cas des médecins qui vous est sûrement
très bien connu. Avant le moment où ils ont été
payés par la castonguette, le revenu imposable moyen, je prends
l'année 1970 par exemple, était de $23,948. En 1971,
l'année suivante, il avait déjà fait un bond à
$37,145 de moyenne, je parle d'une moyenne bien sûr.
Donc, on voit qu'en une année déjà, les revenus
imposables moyens avaient fait un bond tout à fait extraordinaire. Et je
pourrais aussi attirer votre attention et le ministre pourra corriger les
chiffres si je me trompe, mais l'impôt moyen payé en 1970 par les
médecins était de $4,941 et l'année suivante il
était de $8,058. Il avait doublé en une année, à
cause de l'intervention évidemment du système du RAMQ.
Je voudrais demander au ministre comment il a procédé
cette année, dans le cas des travailleurs à leur propre compte,
et qu'il nous dise s'il a pu améliorer la perception, s'il y a encore
des lacunes dans le système.
M. Harvey (Jonquière): Sans s'attaquer à une classe
particulière de professionnels, pour l'ensemble des contribuables, nous
avons des programmes pour vérifier par secteur d'activités, pour
avoir une couverture adéquate, moyennant des informations qu'on peut
obtenir beaucoup plus facilement qu'il y a quelques années. Vous avez
vous-même identifié tout à l'heure une catégorie de
professionnels qui, par l'évolution des lois, n'ont plus
besoin d'avoir de comptes à recevoir, des comptes à
recouvrer. A ce moment-là, par les informations qu'on peut obtenir d'un
ministère à l'autre, dans cette catégorie, c'est sûr
que cela aide pour le pourcentage de couverture, qui n'est pas plus
élevé que dans les autres classes de professionnels, parce que
nos programmes couvrent l'ensemble des contribuables, par secteur
d'activité, pour avoir chez les professionnels une couverture
adéquate pour nos vérifications fiscales, en fonction toujours du
personnel disponible.
M. Morin: De 1970 à 1971 et depuis lors, est-ce que vous
avez pu améliorer sensiblement les chiffres du revenu imposable moyen,
pour d'autres catégories de professionnels que les médecins?
M. Harvey (Jonquière): Je répondrai oui à
cela, parce que les revenus des contribuables dans toutes les classes de la
société, dans tous les secteurs, se sont améliorés
et les revenus également. Au fur et à mesure qu'on fait des
enquêtes également, cela stimule, cela donne des exemples et puis
il y a des poursuites qui sont prises à l'occasion, dans un secteur,
dans un autre.
M. Morin: Est-ce que vous avez des chiffres là-dessus qui
pourraient nous montrer l'augmentation du revenu imposable moyen pour certaines
catégories de professionnels?
M. Harvey (Jonquière): Pour les médecins, ce sont
les Affai res sociales q ui avaient fait ce tableau i I y a quelques
années, il y a deux ans, je pense pour le tableau que le chef de
l'Opposition...
M. Morin: Oui, il y a deux ans.
M. Harvey (Jonquière):... citait. Nous, on ne le fait pas,
pour éviter de cataloguer des secteurs d'activité
professionnelle. Dans Safari, éventuellement, d'une année
à l'autre, vous aurez des groupes.
Safari II.
M. Morin: Dans Safari II.
M. Harvey (Jonquière): Dans Safari I, les individus.
Safari II, ce sont les corporations.
M. Morin: Je voudrais maintenant peut-être me tourner vers
une sous-question. Il y a eu récemment de la part du directeur de la
police de la CUM, M. Daigneault, des déclarations, disant que le
ministère du Revenu refusait de collaborer aux enquêtes qu'il est
chargé de mener à bien. Est-ce que le ministre pourrait expliquer
la position de son ministère devant ces accusations, parce que cela
prenait véritablement l'allure d'accusations?
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire que M.
Daigneault, quand il fait des déclarations, les fait en fonction des
lois que lui connaît bien, des lois de la justice, tandis que nous, en
fonction de nos propres lois, nos officiers procèdent dans tous les cas,
vont jusqu'au bout, en fonction de nos lois, exclusivement.
Le ministère du Revenu n'est pas là pour appliquer les
lois autres que les siennes. Bien sûr que certains officiers de police,
parfois, sont déçus de voir que nos gens appliquent avec
rigidité dans certains cas, les lois qu'ils sont obligés
d'appliquer. On n'est pas là pour faire le travail de la police. Toutes
les fois que nous avons des dénonciations ou du matériel en
provenance des services de police, matériel examiné avec soin,
qui nous permet d'aller aussi loin qu'on doit aller dans les cas de fraude
fiscale, dans tous les cas c'est avec le moins de délai possible qu'on
procède.
M. Morin: Est-ce que je dois comprendre, par exemple, que...
M. Harvey (Jonquière): J'ajoute avant de terminer...
Excusez-moi, M. le Président, je m'excuse auprès du chef de
l'Opposition. Nous avons des personnes assignées qui suivent
attentivement le déroulement de certaines enquêtes. J'ai à
l'esprit l'enquête de la commission Cliche où nous avons eu des
représentants du ministère du Revenu qui ont été
là constamment, de même qu'à l'enquête CECO. Et,
toutes les fois que nous avons des informations permettant à nos
officiers, les responsables du secteur des enquêtes spéciales,
d'aller aussi loin qu'on peut le faire en fonction de nos lois exclusivement,
on le fait.
M. Morin: Vous voulez dire que dans bien des cas, vous en
êtes réduits à envoyer certains agents du ministère
comme spectateurs lors des enquêtes sur le crime organisé ou lors
de l'enquête Cliche et que c'est le seul moyen que vous ayez à
votre disposition pour coincer...
M. Harvey (Jonquière): On lit les journaux, nos gars
écoutent la télévision aussi. Il y en a qui se vendent qui
ne rapportent pas tout, mais il y a de nos gars qui écoutent cela.
En fait de services, nos services sont organisés pour être
à la fine pointe de l'information pour être en mesure, dans tous
les dossiers possibles, d'ap-pliq uer nos lois exclusivement; pas celles des
autres ministères, mais les nôtres.
M. Morin: Je comprends, mais M. le ministre, je pense qu'il ne
faut pas non plus jouer sur les mots. En être réduit à lire
les journaux pour savoir ce qui se passe, ce n'est pas être à la
fine pointe de l'information. Ce sont les journaux qui sont à la fine
pointe de l'information. A ce moment-là, vous êtes plutôt
à la remorque des journaux.
M. Harvey (Jonquière): On peut partir de certaines
informations qui nous sont données pour poursuivre et par la suite,
aller plus loin. Cela arrive fréquemment que nos services de
vérification, de façon régulière, s'informent
où en sont rendus certains dossiers dans une vérification
ordinaire et on se fait répondre: Le dossier a été
transféré au service des enquêtes spéciales. Alors,
c'est donc dire que c'est par de la vérification interne qu'on aboutit
là, par de l'information par voie de dénonciation de certains
contribuables. Il y a pas mal plus de contri-
buables qu'on pense qui s'acquittent bien de leur devoir de payer leurs
impôts et nous donnent de l'information et on protège nos sources
qui nous conduisent, parfois, à faire de jolies trouvailles. Mais il
arrive parfois aussi que les dénonciations constituent du "placotage" ou
simplement un geste de jalousie à l'endroit d'un contribuable. On
protège notre source et on ne va pas plus loin, on ferme le dossier
parce que les éléments de preuve qui nous sont amenés ou
qu'on peut trouver ne sont pas suffisants ou ne tiennent pas debout.
M. Marchand : Est-ce que vous faites des enq uê-tes sur les
dénonciateurs, sur leur propre impôt? Ce serait peut-être
sage.
M. Harvey (Jonquière): Quand c'est anonyme, c'est
difficile. Quand c'est anonyme on regarde si cela pe ut être vrai. Cela
est arrivé dans certains cas, que des dénonciations anonymes
étaient vraies et très sérieuses.
M. Malouin: M. le ministre, votre principal but n'est pas
peut-être aussi l'étude de dossiers qui peuvent conduire à
des révélations sur d'autres dossiers?
M. Harvey (Jonquière): Oui, bien sûr.
M. Bacon: Moi, ce n'était pas tout à fait cela,
mais comme question supplément à cela, est-ce qu'il y a un nombre
de délateurs ou de gens qui... Cela doit quand même être
minime?
M. Harvey (Jonquière): C'est très minime.
M. Bacon: A part les gars qui peuvent se vanter...
M. Harvey (Jonquière): C'est très minime. Une
centaine par année aux deux bureaux, Montréal et Québec.
C'est marginal.
M. Morin: M. le Président, quand le ministre, tout
à l'heure, me parlait de la difficulté de répondre
à certaines demandes du directeur de la police de la CUM, par exemple,
il me disait: Eux appliquent la loi, notamment le code pénal, et vous,
vous appliquez votre propre loi, la Loi de l'impôt du Québec.
Est-ce que le ministre faisait allusion en particulier aux limites que lui
impose l'article 69? Est-ce que l'article 69 constitue pour lui un obstacle
dans la coopération que lui demandent les services de police?
M. Harvey (Jonquière): Certainement, parce qu'il leur
appartient à eux de nous donner tout ce qu'ils ont concernant un
individu et on ne peut pas leur permettre à eux ce qu'ils
souhaiteraient. C'est un peu pourquoi il y a une différence. C'est une
question d'interprétation de l'article 69. Si on les écoutait, on
ne violerait pas l'article 69 de notre loi en oubliant un dossier devant eux
pendant qu'ils le consulteraient et qu'on se promènerait dans le
corridor. Il ne faut pas jouer avec les mots comme cela.
M. Morin: Non. La loi est ainsi faite que vous ne pouvez
pas...
M. Harvey (Jonquière): On leur dit : Tout ce que vous
possédez concernant quelque individu ou corporation que ce soit
ils n'ont pas besoin de le faire très longtemps donnez-le nous.
On sait que vous travaillez pour la police. Donnez-le nous verbalement et nos
propres services vont développer le dossier à partir de
l'information que vous nous donnez. D'après nos services spéciaux
d'enquête nous allons développer le dossier, poursuivre le
dossier, pour en arriver à bâtir un élément de
preuve nous permettant de frapper. Toutes les fois qu'ils l'ont fait et que
cela se tenait debout, cela a abouti.
M. Morin: Est-ce que...
M. Harvey (Jonquière): C'est difficile, comme dit mon
sous-ministre, d'empêcher les gens de dire n'importe quoi ou de charrier
un peu. C'est très populaire. "Shoot the bull, pass the buck and make
seven copies of everything".
M. Morin: Je vois que le ministre est bilingue, M. le
Président.
M. Harvey (Jonquière): Trilingue, parce que... Mon
collègue de Drummond peut vous parler en latin.
M. Morin: J'ai remarqué cela tout à l'heure, sauf
que c'était plus élégant.
M. Harvey (Jonquière): Avez-vous vu, j'ai des bons
seconds? Je vais vous prêter...
Une Voix: Cela va être dangereux tout à l'heure.
M. Morin: M. le Président, est-ce que, de l'avis du
ministre, il n'y aurait pas des cas où, si l'article 69 n'était
pas aussi strict, il serait en mesure de rendre des services à la police
dans des cas bien définis, des cas de fraude organisée, de crime
organisé comme la police lui en signale?
M. Harvey (Jonquière): J'en ai un à l'esprit. A la
commission Cliche, nous avons été convoqués, ainsi que nos
officiers, et si le juge l'avait exigé, avait ordonné qu'il
était d'intérêt public de déposer les dossiers, nous
n'avions pas le choix. Mais le juge a demandé au procureur de l'individu
concerné s'il était d'accord pour qu'on dépose le dossier.
Je n'ai pas besoin de vous dire que le procureur adit non. Il avait seulement
à ordonner que c'était d'intérêt public. Il y a une
jurisprudence de créée là-dessus.
M. Morin: II aurait pu l'ordonner même en dépit de
l'objection du procureur.
M. Harvey (Jonquière): Oui. Et, toutes les fois, on est
obligé de refuser en vertu de l'article 69, mais si le juge
déclare d'intérêt public le dépôt des
dos-siers, nonobstant l'article 69 de notre loi, on se conforme au jugement du
tribunal, en vertu du code de procédure.
M. Morin: Autrement dit, vous estimez qu'il reste
nécessaire qu'il y ait l'intervention d'un magis-
trat avant que vous puissiez révéler le contenu d'un
dossier.
M. Harvey (Jonquière): On me dit que c'est à cause
des punitions. L'article 69 est punitif.
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): II y a des pénalités
attachées aux officiers ou aux personnes qui dévoileraient le
contenu du dossier.
M. Morin: Oui, cela, je le sais. Je me demandais si...
M. Harvey (Jonquière): C'est à cause de
ça...
M. Morin:... dans des cas qui ne sont pas devant une
enquête publique, comme la CECO ou comme la commission Cliche, des cas,
vraiment, de crime organisé, il n'y aurait pas lieu de nuancer l'article
69 pour autoriser le ministère à coopérer avec les
services policiers, lorsqu'ils sont sur une piste sérieuse, lorsqu'on a
affaire à du crime organisé, par exemple. Est-ce qu'il n'y aurait
pas intérêt à ce que le ministre puisse coopérer
avant que cela aboutisse devant les commissions d'enquête même? Je
pose la question au ministre. C'est une question d'intérêt public.
J'avoue qu'elle est théorique, rnais je la pose à ce niveau.
M. Harvey (Jonquière): II y a beaucoup de
coopération qui se fait dans ce secteur, mais l'information qu'ils sont
censés posséder, eux... Ils présument que tel individu a
pu être mêlé à telle activité. S'ils nous
donnent l'information, on peut rapidement faire de la vérification sans
rien dévoiler du dossier de l'individu, et on peut prendre des
poursuites contre lui qui vont les aider considérablement dans la
poursuite de leurs objectifs.
M. Morin: L'avez-vous fait, cela, au cours de l'année
dernière?
M. Harvey (Jonquière): Quand on nous a foumi le
matériel, oui.
M. Morin: Est-ce que le ministre pourrait me donner une
idée du nombre de cas où cela a pu se produire?
M. Harvey (Jonquière): Les journaux ont rapporté,
à plusieurs reprises, des cas d'individus condamnés devant les
tribunaux, à la suite de nos poursuites, mais ils ne mentionnaient pas
d'où cela provenait, mais cela provenait d'informations fournies par les
forces policières.
M. Morin: Je me réserve peut-être de revenir sur un
ou deux aspects mineurs de cette question plus tard, M. le Président,
parce que je voudrais relire certaines choses que j'ai en tête.
Peut-être pouvons-nous passer à un autre point, à moins que
mes collègues aient d'autres questions sur le même sujet? S'ils
n'ont pas de questions, je vais procéder sur la politique d'achat.
Dans le discours inaugural, M.le Président, on nous dit que
"l'accroissement des responsabilités de l'Etat fait qu'un nombre de plus
en plus considérable d'entreprises et d'individus sont appelés
à lui fournir des biens et des services nécessaires à son
action. Cette réalité politique moderne soulève deux
ordres de questions très importantes qui feront l'objet des travaux de
cette Assemblée". "Le premier réfère j'imagine
qu'on voulait dire "se réfère" à une donnée
proprement économique, celle de la définition d'une politique
d'achat vigoureuse et susceptible d'avoir des retombées
économiques significatives".
Il est difficile de savoir si le discours inaugural promettait, de
façon certaine, une politique d'achat vigoureuse, mais au moins, il en
parlait.
J'aimerais que le ministre nous dise où en est rendue cette
politique. Nous en avons parlé le ministre s'en souviendra
déjà, à bâtons rompus, l'année
dernière. J'aimerais savoirs'il y a eu progrès depuis cette
époque.
M. Harvey (Jonquière): Pour autant qu'on est
concerné, on procède régulièrement par le service
général des achats, y compris dans les services fournis pour la
location des ordinateurs. On passe par le service général des
achats, à toutes les fois qu'il est possible de le faire.
M. Morin: Autrement dit, ce n'est pas vous qui prenez la
décision sur le fournisseur ou quoi?
M. Harvey (Jonquière): Non, c'est le service des achats,
et on nous fait rapport que des soumissions ont été
demandées. On a la liste des soumissionnaires. On s'assure d'être
bien servi et que le fournisseur dans plusieurs cas, spécialement pour
les formulaires, par exemple, a une installation adéquate pour
être capable de fournir, dans les délais précis et des
dates précises, le matériel dont on a besoin, surtout dans le
domaine des impressions, soit du guide, du formulaire ou des différentes
formules.
M. Morin: Le principal fournisseur du ministère du Revenu
pour les contrats de services, c'est une société qui s'appelle
"Consolidated Computer Incorporated".
M. Harvey (Jonquière): Maintenant, c'est changé en
IBM.
M. Morin: Je ne pense pas...
M. Harvey (Jonquière): C'est correct.
M. Morin: Cela reste "Consolidated Computer".
M. Harvey (Jonquière): C'est la saisie des
données.
M. Morin: Comment?
M. Harvey (Jonquière): C'est le système qu'on
appelle le "Key Edith".
M. Morin: "Key Edith 100-D".
M. Harvey (Jonquière): C'est cela. C'est pour prendre la
saisie des données.
M. Morin: Oui, je comprends.
M. Harvey (Jonquière): Pour avoir des "key punchs",
etc.
M. Morin: Je comprends.
Est-ce que ce fournisseur, à votre connaissance, est un
fournisseur québécois? Est-ce que ce sont des équipements
qui sont fabriqués au Québec?
M. Harvey (Jonquière): C'est localisé à
Ottawa. C'est la location d'équipements "Key Edith" pour la saisie des
données, pour les rapports d'impôt TP-1, général et
abrégé.
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): L'opération, le service de
la saisie des données. En 1973/74, le coût a été de
$367,133.
M. Morin: C'est $367.133. En provenance de Consolidated Computer
seulement?
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas le fournisseur le plus
important. Quand je disais, tout à l'heure, que le plus important,
c'étaient les ordinateurs, c'est encore cela, Univac, pour $930,284,
pour les ordinateurs et l'équipement périphérique.
M. Morin: Oui, et l'équipement qui va avec cela,
d'accord!
Maintenant, dans le cas d'Univac, est-ce que ce sont des unités,
des systèmes qui sont fabriqués au Québec?
M. Harvey (Jonquière): Nous passons d'Univac à IBM,
parce qu'Univac n'était pas capable de nous donner une garantie, dans le
temps, n'était pas capable de répondre à nos besoins du
fait qu'il discontinuait l'évolution du système que nous avions
chez nous, et que IBM était en mesure de reconvertir les programmes que
nous avions à l'intérieur de l'équipement Univac à
un coût relativement bas, soit, je pense, pour environ $10,000. Tous les
programmes, environ 140, pouvaient se convertir, et nous avons signé
avec la firme IBM, qui a d'ailleurs commencé à entrer un de ses
ordinateurs, et au fur et à mesure que notre contrat...
M. Morin: Ce sont des ordinateurs fabriqués ici, au
Québec, dans ce cas?
M. Harvey (Jonquière): II ne s'en fabrique pas, je
pense.
M. Morin: II se fabrique au moins des...
M. Harvey (Jonquière): II se fabrique des
pièces.
M. Morin: ... pièces d'ordinateurs.
M. Harvey (Jonquière): IBM fabrique des pièces,
mais les ordinateurs comme tels ne sont pas fabriqués au
Québec.
M. Morin: Autrement dit, dans ce secteur des ordinateurs, une
politique d'achat vigoureuse reste à venir.
M. Harvey (Jonquière): II ne s'en fabrique pas au
Québec. Cela crée un besoin quand même.
M. Morin: Oui, le besoin peut être là, mais si on va
chercher tout à l'extérieur constamment, y compris les services,
les contrats de services...
M. Harvey (Jonquière): Oui, mais si on recule il y a
quelques années, il y a eu des partisans de la théorie de
diversifier les sources d'approvisionnement pour éviter d'avoirdes
montées de prix. On sait que RCA est allé sur le marché
des ordinateurs, en est sorti rapidement, aété acheté par
Univac. Univac lui-même dit que la sorte d'ordinateurs que nous avions,
nous et la Régie de l'assurance-maladie, non seulement ne progresserait
plus, mais qu'on n'avait aucune garantie pour continuer à fournir les
pièces nécessaires à les faire fonctionner au rythme de
production qu'il nous donnait. On n'était plus capable d'avoir des
garanties pour nos propres besoins, tandis qu'IBM était capable de le
faire. En plus de cela, IBM exploite non seulement une entreprise au
Québec, mais de plus en plus, y prend de l'ampleur.
Achat des remboursements
M. Morin: Bon! Cette politique vigoureuse des achats est
freinée, dans le cas dé votre ministère, en ce qui
concerne les ordinateurs, par le fait que la production
québécoise reste fort limitée dans ce domaine. Si j'ai
bien compris le ministre, c'est ça l'essentiel de sa réponse.
Peut-être pouvons-nous passer à un autre problème?
Je ne sais pas si nous avons déjà attiré l'attention du
ministre là-dessus dans le passé; pour ma part, c'est la
première fois que j'en traite. Il s'agit de l'achat des remboursements.
Le ministre a rappelé aux contribuables qu'il est défendu de
vendre leur remboursement à des agents spécialisés dans la
préparation des rapports d'impôt. Est-ce que ce rappel, cet
avertissement du ministre faisait suite à une pratique très
généalisée, quel est l'ampleur de ce
phénomène exactement?
M. Harvey (Jonquière): Quand nous en découvrons,
nous rappelons toujours, par voie de communiqué, aux contribuables qu'il
leur est défendu de vendre ou d'acheter des remboursements
d'impôt. La loi provinciale le défend.
C'est pour éviter, vous savez, ce n'est jamais bon d'ignorer la
loi, que certains individus, étant donné que la loi
fédérale ne le défend pas, se fient qu'ils vont recevoir
des chèques qu'ils auraient achetés. Chez nous, c'est bien de
valeur, mais ils sont envoyés directement aux contribuables, quand bien
même c'est marqué de les envoyer aux soins de M. Untel.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Trois-Rivières sur la même question.
Rapports d'impôt
M. Bacon: Sur la même question, ce n'est pas tout à
fait sur ça, c'est sur la question des agences. Je voudrais savoir s'il
y a des exigences, je ne suis peut-être pas au bon ministère, pour
ces agences qui font des rapports d'impôt, au point de vue de
l'enregistrement, la qualification du personnel et au point de vue de la
qualité du service.
Je sais que ça ne relève pas de votre ministère,
mais est-ce que ça vous préoccupe ou est-ce que vous faites des
tentatives avec votre collègue des Institutions financières de
façon à pouvoir contrôler? On parle de la protection du
consommateur. Je pense que c'est un domaine où, à un moment
donné il me semble que n'importe qui fait des rapports d'impôt,
n'importe qui règle ces problèmes, donne des conseils de
n'importe quoi. Je me demande si c'est bien contrôlé.
M. Harvey (Jonquière): Nos services vérifient le
genre d'individus qui s'introduisent d'année en année dans ce
genre d'opérations afin d'être en mesure de...
M. Bacon: Je pense strictement au rachat...
M. Harvey (Jonquière): Non, non. Dans la
préparation...
M. Bacon: Je parle de la qualification du personnel, on a tous
à l'esprit le même cas.
M. Harvey (Jonquière): C'est sûr, il y a même
des régions, cette année, c'était le cas dans la
rég ion de Trois-Rivières, dans celle du Saguenay et je pense
aussi dans la région de l'Outaouais, où dans certaines
institutions, comme des CEGEP, des étudiants en technique
administrative, sous la direction de leur professeur se sont fait expliquer
comme il faut le formulaire, avec le guide, pour être en mesure de rendre
service à certains contribuables; et l'ont fait. Nos services ont
vérifié à certains endroits et ça se faisait assez
bien parce que le guide était assez bien fait et leur permettait de
faire un travail efficace.
M. Bacon: Sans vouloir présumer de tout le problème
que soulève le chef de l'Opposition, il reste quand même que c'est
un peu relié, toute cette affaire. Je sais bien qu'ils excèdent
de beaucoup les conseillers au point de vue de l'impôt, il se fait des
choses... Naturellement, le contribuable qui vient nous voir, quand il est mal
pris, nous raconte toutes ces choses, et il est souvent pas mal tard. Je me
demandais, connaissant le souci du ministre du Revenu, s'il n'y aurait pas lieu
d'insister auprès de son collègue des Institutions
financières, de faire tout en son pouvoir, qu'il y ait un
contrôle; je trouve que c'est une base importante pour la protection du
consommateur, surtout au point de vue de l'impôt; s'il y a une chose qui
est délicate, c'est bien celle-là.
Est-ce que le ministre pourrait me promettre qu'il va faire des
démarches en ce sens?
M. Harvey (Jonquière): La seule chose à exiger,
c'est une réglementation du ministère des Insitu-tions
financières, Compagnies et Coopératives pour qu'un individu ou un
groupe d'individus remplissant des rapports d'impôt pour les autres,
c'est embarquer dans un domaine, je pense, au moment où on se parle, qui
ne serait pas tellement urgent. Je m'explique.
La majorité des gens qui travaillent dans un endroit ont souvent
quelqu'un qu'ils connaissent bien, qui est compétent, qui leur rend le
service de les aider dans la préparation de leur rapport
d'impôt...
M. Bacon: Les COC.
M. Harvey (Jonquière): ... de le leur faire.
M. Bacon: Les COC.
M. Harvey (Jonquière): Par contre, si on établit
que, nécessairement, un contribuable doit aller chez un professionnel de
la comptabilité, encore là, on va exiger de lui certains
coûts qui peuvent être assez élevés dans certains cas
pour des formules pas tellement compliquées à remplir.
M. Bacon: Vous dites le nombre de gens, mais quand je parle du
souci du ministre, je pense qu'il y a eu nette amélioration des bureaux
pour certaines périodes, au cours de l'impôt, dans
différentes régions. Je ne sais pas si vous avez des
statistiques, mais je sais que dans mon comté, j'ai senti beaucoup
d'amélioration au fur et à mesure que vous avez prolongé
les périodes. Compte tenu du souci du ministre de voir ces choses, une
accessibilité du contribuable à un service gratuit, si ma
mémoire est fidèle, chez nous, le fédéral a,
à peu près durant la même période, un
représentant du ministère. Mais dans la sacrée agence, je
comprends, le gars travaille, demande conseil à son "chum", c'est un
COC, il fait son rapport et on en a de ça.
Les problèmes avec lesquels on est pris au ministère du
Revenu, bien souvent, c'est du COC aussi... Que le ministre... oui, oui...
M. Harvey (Jonquière): C'est marginal.
M. Bacon: Non, je sais ce que le ministre... il défend sa
position antérieure, mais il reste quand même que j'aimerais que
le ministre pense sérieusement à cette affaire.
M. Harvey (Jonquière): L'expérience qu'on a au
ministère, c'est que dans chacune des régions, pour éviter
d'identifier des individus, parce que chaque région fournit son monde,
il se trouve des individus, pas trop consciencieux, qui se déclarent
eux-mêmes des spécialistes et des Ti-Jos connaissants qui
règlent tout. Ceux-là sont rapidement mis au pas et on constate
que certains contribuables sont victimes de ces gens. Il y a eu des
enquêtes spéciales, des poursuites contre ces individus.
Règle générale, c'est marginal, quand un compagnon de
travail, que vous le qualifiez de COC, si vous voulez, j'ai connu, parce que je
suis un praticien...
M. Bacon: Je ne voulais pas vous viser, mais je savais que
c'était pour venir.
M. Harvey (Jonquière): J'en ai connu qui
démêlaient des CA, parce que...
M. Bacon: Non, non.
M. Harvey (Jonquière): J'en ai connu qui les
démêlaient.
M. Bacon: M. le ministre, voyons donc!
M. Harvey (Jonquière): Ecoutez un peu, l'intelligence, la
débrouillardise, la façon de comprendre des choses...
M. Bacon: Vous ne parlez pas d'un avocat, vous parlez d'un
CA.
M. Harvey (Jonquière): Je comprends.
M. Bacon: Un avocat peut être mêlé, mais un
CA, c'est mêlé vite.
M. Harvey (Jonquière): Je ne veux pas
défendre...
M. Bacon: Je ne vise pas le chef de l'Opposition.
M. Harvey (Jonquière): ...la profession du chef de
l'Opposition, mais je dirais au député de Trois-Rivières
que si c'était seulement le problème qu'il soulève qu'on
aurait au ministère du Revenu, on pourrait dire qu'on n'en a pas du
tout. Si cela se fait dans la région de Trois-Rivières, on
jettera un coup d'oeil particulier.
M. Marchand: M. le Président, je voudrais demander au
député de Trois-Rivières l'explication de COC.
M. Bacon: Le ministre l'aurait dit, il m'a bien compris. Je veux
insister auprès des membres de la commission pour dire que jamais je ne
voulais attaquer le ministre dans ses antécédents.
M. Harvey (Jonquière): Je ne regrette rien de ce que j'ai
fait dans le passé, j'ai peur de ce que je vais faire dans le futur.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: Je voudrais revenir sur cette question, bien sûr,
je ne visais pas, dans ma question, le ministre l'aura compris, tous ces
services volontaires qui s'organisent à ce temps-ci de l'année
pour aider un certain nombre de contribuables qui ne se retrouvent pas dans
leur formulaire d'impôt. Je pense que, dans bien des cas, le travail est
bien fait et le travail représente un service social pour un certain
nombre d'individus. Ce à quoi je pense, c'est à ces gens moins
scrupuleux qui font ce travail dans le but d'acheter la créance. Je
pense à un cas qui m'a été signalé sous forme de
lettre, où la per- sonne avait droit à un remboursement possible
de $350 environ et la personne qui a acheté la créance lui a
remis $100 comptant en lui disant: Lorsque le chèque de remboursement
arrivera, je le prends en entier.
Comme beaucoup de ces gens ont besoin d'argent, qu'ils sont souvent les
plus démunis d'ailleurs, en général, les
remboursements d'impôt, ce n'est pas aux gens qui paient beaucoup
il se produit que cela devient une sorte de "racket", si je peux m'exprimer
ainsi et que des contribuables sont systématiquement victimes... Je lis
un paragraphe de la part d'un contribuable: "Si nous n'avons pas le droit de
vendre notre remboursement, eux ne devraient pas les acheter et même
faire de la sollicitation par téléphone, chaque année. Si
nous les vendons, c'est que nous sommes de pauvres diables ne travaillant pas
toute l'année et, au printemps, on a besoin d'argent."
C'est un problème social sur lequel je veux attirer l'attention
du ministre. Je sais que l'article 33 de la loi interdit les créances
incessibles, etc.
M. Harvey (Jonquière): C'est la raison.
M. Morin: Mais, quelles sont les sanctions que vous pouvez
appliquer dans un cas comme celui-là?
M. Harvey (Jonquière): Premièrement, à
l'examen visuel, à l'entrée des déclarations. A l'examen
visuel toutes les déclarations qui sont faites à être
envoyées"au soin de..." sont notées pour que nos services
puissent bâtir des listes, faire rapidement des enquêtes sur ceux
qui font du travail de ce genre.
M. Morin: ... dans la déclaration d'impôt.
M. Harvey (Jonquière): Nous en avons 87 dans la province,
jusqu'ici, 87 qu'on me dit qu'on surveille, qui ont fait des
déclarations demandant d'expédier à M. tel, à leurs
soins. On ne peut pas présumer immédiatement qu'ils ont
acheté le remboursement de l'individu, mais le chèque est
expédié à l'individu.
M. Morin: Vous refusez, autrement dit, de le faire payable
à un tiers.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela, on refuse en vertu de
notre loi.
M. Morin: Maintenant, ce que vous ne pouvez pas empêcher,
évidemment, c'est que le contribuable qui reçoit le chèque
le remette au un tiers. Evidemment, c'est une façon
détournée d'arriver au même but.
M. Harvey (Jonquière): S'il le fait.
M. Morin: Si vous le découvrez, avez-vous le moyen
d'imposer des sanctions?
M. Harvey (Jonquière): Nous en avons poursuivi. J'ai des
cas à l'esprit de gens qui ont été poursuivis au point de
vue de l'intérêt, parce qu'ils
avaient faussé les revenus des individus pour lesquels ils
avaient rempli des formulaires.
M. Morin: D'accord, mais je ne parle pas de cela.
M. Harvey (Jonquière): Leur propre revenu.
M. Morin: Mettons que la déclaration est parfaitement dans
l'ordre, qu'elle a été bien faite?
M. Harvey (Jonquière): Si le rapport était fait en
bonne et due forme, il n'y a pas de poursuites dans des cas comme cela. Le
chèque va à la personne concernée, mais non à
l'individu. Il n'y a pas de sanction quand le rapport est correct.
M. Morin: Est-ce que, du moins, vous êtes en mesure de
faire une enquête auprès des gens qui ont confié leur
déclaration d'impôt à des tiers comme cela, sur lesquels
vous avez des soupçons?
M. Harvey (Jonquière): On peut les questionner.
M. Morin: Avez-vous fait des enquêtes.
M. Harvey (Jonquière): Oui, on a fait des enquêtes,
on a eu même des poursuites. Il yen a qui ont été en
prison.
M. Morin: Sous l'empire de quel article de la loi?
M. Harvey (Jonquière): La Loi de l'impôt, parce
qu'on pouvait les accrocher pour avoir caché des revenus, parce qu'ils
avaient fait des déclarations fausses.
M. Morin: Oui, sur cela, j'ai compris, mais je dis à
côté de...
M. Harvey (Jonquière): II n'y a pas de sanction au sujet
de l'incessibilité.
M. Morin: II n'y a pas de sanction?
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Morin: Mais, c'est à cela que je voulais en venir.
M. Harvey (Jonquière): Aucune sanction dans...
M. Morin: Je le sais bien qu'il n'y en a pas de sanction, parce
que l'article 33 dit qu'elle est incessible et insaisissable. Mais, s'il n'y a
pas de sanction, cela ne vous mène pas bien loin.
M. Harvey (Jonquière): II n'y a pas de sanction.
Administrativement, par exemple, automatiquement, nous arrêtons le
service qu'il désire avoir. Déjà, il est puni par le fait
qu'il ne peut pas entrer dans son argent.
M.Morin: Asupposerque le contribuable ne lui remette pas le
chèque?
M. Harvey (Jonquière): C'est cela. D'ailleurs, il ne le
fait pas. Cela arrive souvent à part cela. C'est justement pourquoi on
lui demandait si le chèque devait lui être expédié.
C'était pour être en mesure de le tenir par les deux bouts en
disant "signe", pour obtenir la signature du gars. Quand il a le chèque,
il ne voit plus la couleur du montant qu'il voulait lui charger.
M. Morin: Je comprends très bien la position juridique du
ministère. Je sais que, dans l'état actuel de la loi, il vous est
difficile de faire plus que ce que vous faites, je comprends cela. Seulement,
le problème social, il reste quand même. Il peut y avoir souvent,
vous le savez, des moyens de pression quasi physique sur des individus pour
qu'ils remettent leur chèque. Vous allez me dire: On s'en lave les
mains, nous autres. On a fait le chèque payable à la bonne
personne, ce ne sont pas vos affaires.
Je me demande si vous ne devriez pas avoir une disposition dans la loi
qui vous donnerait la possibilité d'imposer une sanction, de rechercher
une sanction devant les tribunaux, contre des gens qui feraient des cessions de
créances sur le dos des contribuables.
M. Harvey (Jonquière): Comme nous aurons à amender
nos lois d'ici la fin de l'année 1975, ce sera à
considérer, parce que nous aurons également le résultat
concret par l'examen visuel et nos listes... On dit qu'on est rendu à 87
individus actuellement. Comme on va amender, comme on sera dans l'obligation
d'amender notre Loi de l'impôt sur le revenu d'ici la fin de
l'année, on prendra en considération les remarques du chef de
l'Opposition.
M. Morin: Pourrais-je vous faire une suggestion, peut-être,
juste pour lancer la discussion là-dessus? Est-ce qu'on pourrait
imaginer, par exemple, comme ça existe dans d'autres lois, dans d'autres
domaines, que tout paiement fait par un contribuable, en contravention de
l'incessibilité d'un chèque de remboursement, soit nul, non
avenu, et que le contribuable puisse récupérer le montant en tout
état de cause? Vous saisissez la sanction? Ce n'est même pas une
sanction d'ordre pénal, c'est une sanction... Bien, elle a un aspect
pénal, bien sûr, mais...
M. Harvey (Jonquière): Autrement dit, vous voulez qu'on
confirme dans la loi ce qu'on fait administrativement.
M. Morin: Oui, pour que, lorsque vous avez envoyé le
chèque à la bonne personne et que celle-ci est forcée,
peut-être même physiquement, de remettre son chèque, pour
que la loi autorise cette personne à porter plainte par la suite et
à rentrer dans son argent. Là, vous serreriez la vis solidement
aux gens qui fraudent les contribuables.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Viau.
M. Picard: Est-ce que le ministre...
M. Harvey (Jonquière): On me dit qu'on avait à
l'esprit, et même un texte a été
préparé dans le sens que le chef de l'Opposition vient de nous
signaler au moment de la réforme fiscale et, après une recherche
par les membres du comité de législation, parce que toute
législation passe par là, dans les différentes provinces
du pays ou les différents Etats, on ne l'a pas retenu, on n'a pas
été aussi loin que ça et le chef de l'Opposition m'apprend
que la loi fédérale n'empêche pas actuellement la vente
d'un remboursement d'impôt. Le ministre de...
M. Morin: Cela leur cause des problèmes aussi.
M. Harvey (Jonquière): ... la Consommation a même
annoncé qu'il réglementerait, assujettirait à un permis
fédéral la vente des remboursements d'impôt. Donc, ils
n'ont pas l'intention d'aller aussi loin que nous sommes allés, que
notre loi.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Viau.
M. Picard: Sur la même question, avez-vous songé
à la possibilité, en ce qui concerne ces chèques de
remboursement, de mettre les chèques non négociables? A ce
moment-là, il n'y aura que le bénéficiaire qui aura le
droit de l'endosser. Si vos chèques étaient libellés non
négociables, il n'y aurait qu'un endosseur. A ce moment-là, si le
type arrive à la banque, le deuxième endosseur, avec son
chèque, le paiement sera refusé, non négociable.
M. Harvey (Jonquière): Ce serait peut-être une
solution, je prends note de la suggestion du député. Comme on
aura à revoir tout le texte de notre Loi d'impôt, parce qu'on y
apporte des amendements, on a même notre propre service de
législation au ministère qui y travaille actuellement, on attend
le budget fédéral également qui va certainement apporter
certains changements, nous aurons à revoir toute notre loi. Il y a le
budget Garneau, sa déclaration du 18 décembre également.
Alors, dans ce contexte-là, la révision, ça va prendre
tous les mois de l'été jusqu'à l'automne et c'est dans la
deuxième partie de la session qu'on amendera la loi. Les suggestions du
chef de l'Opposition et du député de Viau seront prises en
considération pour voir si on doit aller plus loin que le texte actuel
de la loi concernant la possibilité d'éviter l'achat de
remboursements.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Drummond.
M. Malouin: M. le Président, dans le même ordre
d'idées, serait-il possible, advenant le cas d'une industrie qui aurait
absolument besoin d'argent, qu'elle puisse emprunter sur un remboursement
possible et que le chèque puisse être émis conjointement au
nom de la banque et de l'individu? Est-ce que ça pourrait être
considéré?
M. Bacon: Sur le même sujet, justement, s'il y avait des
ententes entre le ministère et celui des Institutions
financières, on parle de problème social, moi, je ne suis pas
prêt... Je suis bien d'accord sur les problèmes que soulève
le chef de l'Opposition, il a raison, ce n'est pas si facile à prouver,
à cerner, à accrocher, à un moment donné, que
ça semble l'être.
Je ne sais pas, j'allais la faire tantôt, je trouve la suggestion
du député de Drummond excellente, s'il y avait une espèce
d'entente, à un moment donné, disons, avec les caisses
populaires, si un gars, en gardant une marge de manoeuvre quand même,
sans aller au plein montant...
M. Malouin: La banque va le faire elle-même aussi.
M. Bacon: On pourrait garder une marge de manoeuvre à un
moment donné pour ne pas arriver à ce qu'on doive $350 à
un gars, qu'il y ait des erreurs et qu'on ne lui en doive plus que $100. Parce
qu'on pourrait s'amuser à un moment donné et il faut quand
même... Encore là, ce n'est pas facile ce n'est pas une suggestion
plus facile que les autres.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, je voudrais
faire remarquer une chose à mes collègues. De plus en plus, on
améliore considérablement nos systèmes pour diminuer en
nombre de jours les délais de remboursements.
Imaginez, au point de vue administratif quels problèmes on
introduirait, quel volume de travail on pourrait introduire quand on pense que,
cette année, nous rembourserons près de deux millions de
contribuables qui, dans la majorité des cas, ont
préféré d'eux-mêmes être déduits un peu
plus pour ne pas en devoir. On travaillerait pour une petite minorité
qui vend ses remboursements. On a été obligé, dans notre
loi d'impôt, de couvrir cela par un texte pour empêcher les gens de
les vendre et pour empêcher des individus de les acheter. Je pense
à ce que suggérais le député de
Trois-Rivières. Si une institution financière localisée
à peu près dans toutes les villes, tous les villages du
Québec, comme il vient de le dire, prenait l'initiative de poser un
geste social de ce genre, de son propre chef, ce n'est pas nous qui l'en
empêcherions. Mais, à ce moment-là, l'individu, ce n'est
pas son chèque de remboursement d'impôt qui garantirait sa
créance, ce serait sa bonne foi d'obtenir un prêt pour le
rembourser lorsqu'il aurait lui-même le chèque.
M. Bacon: Ce n'est pas facile.
M. Malouin: Mais c'est administrativement difficile,
peut-être, d'écrire deux noms sur quelque 2,000 chèques,
sur 2 millions, pour vous?
M. Harvey (Jonquière): Oui, c'est parce que vous avez des
fichiers mécanographiques.
M. Malouin: Ce serait difficile.
M. Morin: Administrativement, c'est quasiment impossible.
M. Bacon: Ne vous lancez pas dans les ordinateurs, vous!
M. Harvey (Jonquière): Non, parce que pour nos fichiers,
ça serait un joli volume de travail.
M. Malouin: Pouvez-vous quand même permettre que les
institutions reconnues, banques ou caisses populaires, puissent prêter
sur...
M. Bacon: On le fait sur la bonne foi de l'individu.
M. Harvey (Jonquière): On le fait sur la bonne foi de
l'individu.
M. Morin: Oui, bien sûr, on peut toujours donner ce qu'on
veut en garantie, il n'y a pas de problème. Si un gérant de
banque veut traiter un remboursement qui demeure, de toute façon,
aléatoire, c'est sa responsabilité, il peut le faire. Oui, il
peut le faire sur la base de la bonne foi, mais moi, si j'étais
gérant de banque, j'hésiterais quelque peu.
M. Harvey (Jonquière): Moi également.
M. Morin: Comme le premier ministre, au temps des
événements d'octobre, un gérant de banque, un
gérant de caisse populaire, j'hésiterais.
Bien, M. le Président, à moins que mes collègues
aient des questions, je voudrais parler de la question des remboursements. J'ai
cru voir à gauche et à droite dans les journaux qu'on se plaint
quelquefois que les remboursements sont plus lents au Québec qu'ils ne
le sont ailleurs et en particulier qu'ils sont plus lents au Québec
qu'au niveau fédéral. Est-ce qu'il y a une raison pour ça?
Est-ce que...
M. Malouin: Est-ce que c'est vrai?
M. Morin: Est-ce que c'est vrai, oui, on pourrait le demander,
mais ç'a été affirmé tant et tant de fois que
peut-être le ministre pourrait faire le point?
M. Harvey (Jonquière): Vous savez, ce qu'on oublie de
dire, c'est que la date limite pour la production des déclarations
d'impôt est le 30 avril. Mais il faut bien tenir pour acquis que nous en
recevons pendant tout le mois d'avril, tout le mois de mai, tout le mois de
juin, tout le mois de juillet, tout le mois d'août, de septembre,
d'octobre et même en décembre. Il est physiquement difficile
d'expédier les remboursements d'impôts au mois d'avril pour ceux
qu'on reçoit au mois de septembre.
Jusqu'à aujourd'hui, nous avons des avis de cotisation
émis, le volume de déclarations reçues sera
supérieur à cela. Nous avons 802,324 avis de cotisation
déjà émis sur un total de déclarations
reçues de 2,544,085. Nos projections sont d'à peu près de
2.9 millions, 3 millions. C'est donc dire que plus de 50% des
déclarations sont entrées et plus de 60% de celles qui sont
entrées chez nous, les avis de cotisation ont été
émis, c'est donc dire que les chèques, dans le processus, sont au
moment où je vous parle, émis ou seront émis au cours des
prochains jours. Nous avons sur 802,324 avis de cotisation émis, 711,234
remboursements.
M. Morin: 711,234...
M. Harvey (Jonquière): 711,234 remboursements sur 802,324
avis de cotisation.
M. Morin: Bien.
M. Harvey (Jonquière): Cela donne la réponse que je
vous donnais tout à l'heure, que ceux qui ont besoin de leur argent
n'ont pas attendu ou n'attendront pas tellement longtemps parce que, quand on
pense que le 28 février, d'après les rapports qui nous
étaient fournis à peu près 80% des employeurs avaient
réussi à se conformer, à expédier lesTP4...
M. Morin: Les TP4.
M. Harvey (Jonquière):... et lesT-4 requis par le
contribuable pour faire ses déclarations d'impôt. On trouve que
nos systèmes et même nos pourparlers dans nos tractations avec le
gouvernement fédéral actuellement... Le gouvernement
fédéral est conscient que l'évolution de nos programmes
est même plus avancée que les siennes parce qu'on fait beaucoup
moins de cotisations immédiates, ce qui peut appeler des débits
additionnels, des cotisations additionnelles qui peuvent venir par la suite, un
an, quinze mois, seize mois plus tard. Je connais des individus qui ont
reçu leur remboursement d'impôt fédéral l'an dernier
et étaient tous heureux de montrer qu'ils l'avaient eu 23 ou 30 jours
avant celui du gouvernement du Québec. Cette année, ils sont
moins heureux, parce qu'ils viennent d'avoir un débit nouveau, parce
qu'il y a eu un examen plus approfondi. C'était de la cotisation
immédiate telle que produite. Alors, un examen minutieux a amené
un avis de cotisation additionnelle, tandis que chez nous, il est assez rare,
à moins qu'à la suite de l'opération qu'on appelle
"matching", il peut en découler de nouveaux avis de cotisations. C'est
assez rare. Ce sont des cas marginaux.
M. Morin: Qu'est-ce que vous appelez l'opération
"matching"? Je m'excuse, vous avez un jargon administratif que je ne comprends
pas.
M. Harvey (Jonquière): Ce sont les TP5 émis en
fonction de revenus d'intérêts, qui existaient avant...
C'était une opération extrêmement volumineuse, parce que
vous aviez une production de TP5 par toutes les institutions qui avaient de
l'argent des contribuables, rapportant des revenus d'intérêts. On
sait bien que, maintenant, avec les $1,000, on produit également le TP5.
Comme il y a une exemption de $1,000, le contribuable est plus porté
à le mettre, parce que, pour en avoir l'exemption, il faut qu'il l'ait
inclus. Avant, il y en avait qui étaient portés à ne pas
déclarer un de ces TP5. Dans l'opération qui amenait tous les TP5
au numéro d'assurance sociale, on découvrait des revenus
additionnels. Ce n'était pas de la fraude fiscale, c'était un
petit oubli et cela nécessitait un nouvel avis de cotisations.
M. Morin: Je comprends le reste. Tournons-nous justement vers cet
autre aspect...
M. Harvey (Jonquière): On me dit une autre statistique que
j'obtiens. Sur 1,544,085 déclarations
entrées à ce jour, il y en a seulement 184,000 qui ne sont
pas encore entrées dans le processus de traitement.
La banque pour traitement est de 184,000 seulement. C'est donc dire
qu'au cours des prochains jours, il n'en restera plus de ces 184,000. Il y aura
ceux qu'on ramassera, ceux que le ministère des Transports ramasse
chaque jour dans les bureaux du gouvernement du Québec dans toutes les
localités pour nous les amener, en raison des difficultés
présentées par la situation des postes.
M. Morin: Qu'est-ce que vous allez faire pour les
déclarations qui sont mises à la poste?
M. Harvey (Jonquière): Depuis hier matin, le
ministère des Transports nous a offert un service que nous avons
accepté. Nous avons demandé aux contribuables de toutes les
régions du Québec de déposer dans un bureau du
gouvernement du Québec leurs déclarations. Ce service du
ministère des Transports apporte les déclarations au siège
social ici à Québec et à Montréal, et nous serons
en mesure de faire le point mardi après-midi ou mercredi matin. Nous
espérons qu'on connaîtra un peu la possibilité de
règlement du problème de la poste pour être en mesure de
donner ou de ne pas donner de délai.
M. Morin: D'accord. C'était la question que j'allais
poser, s'il y avait lieu d'accorder un délai ou non. C'est à
étude. Je voudrais vous poser une question maintenant, qui se situe aux
antipodes de celle d'il y a un instant, sur les remboursements, c'est celle des
amendes. Je voudrais peut-être d'abord faire un peu de
mathématique fiscale, comme le faisait le Devoir il y a quelques
semaines. Dans une province voisine, les condamnations pour fraude fiscale ont
fait encourir des amendes de $968,000. Ici, au Québec, pour la
même période, soit d'octobre 1973 à la fin de septembre
1974, les montants acquittés en amendes étaient de $235,248 pour
fraude fiscale, en vertu de l'article 239 de la Loi de l'impôt sur le
revenu. Est-ce que je pourrais demander au ministre de confirmer le chiffre
québécois, du moins, puisque j'imagine que le chiffre de
l'Ontario, il ne l'a peut-être pas sous les yeux? Est-ce qu'il pourrait
au. moins nous dire ce qu'il en est au Québec? Est-ce qu'il sait
peut-être une explication, des raisons pour lesquelles les montants sont
si disproportionnés entre le Québec et l'Ontario?
M. Harvey (Jonquière): On me dit que ce que le chef de
l'Opposition cite est un article du journal Le Devoir.
M. Morin: C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): Et c'est pour l'impôt
fédéral. C'est moindre au Québec qu'en Ontario, mais c'est
l'application de la Loi de l'impôt du fédéral, et non pas
de nos lois.
M. Morin: Dans le cas du fisc québécois, avez-vous
des chiffres sur les amendes qui sont imposées pour la fraude
fiscale?
M. Harvey (Jonquière): Pour la fraude fiscale, notre loi
est plus forte dans les pénalités que les autres lois, c'est 125%
de l'impôt éludé.
M. Morin: C'est 125%.
M. Harvey (Jonquière): C'est 125% de l'impôt
éludé.
M. Morin: D'accord, c'est la règle, mais je voulais avoir
une...
M. Harvey (Jonquière): Le juge n'a pas le choix.
M. Morin: Oui, mais qu'est-ce que cela rapporte au fisc
québécois? Le montant global?
M. Harvey (Jonquière): Nous n'avons pas le montant ici.
Tout ce que nous pouvons dire au chef de l'Opposition, c'est que cela fait
joliment mal d'être obligé de payer 125% en
pénalité. Toutes les fois que l'article est appliqué, nous
avons des pressions pour le faire diminuer, mais cela décourage la
fraude fiscale et nous n'avons pas l'intention, pour le moment, de diminuer le
pourcentage de la pénalité, qui est de 125%.
Nous faisons l'envie de certaines autres juridictions qui voudraient
bien avoir ce pourcentage que contient notre loi, parce qu'elles ne sont pas
capables de l'obtenir, soit de leurs collaborateurs ou de leurs
confrères députés ayant la responsabilité de
l'administration.
M. Picard: Pourriez-vous donner un exemple sur vos 125%? Si vous
avez, par exemple, quelqu'un qui a eu...
M. Harvey (Jonquière): Je donne un exemple. Un individu
qui aurait fait de la fraude fiscale pour $10,000 serait condamné
à payer $22,500; $12,500 plus ses $10,000.
M. Picard: C'est cela. Il paierait ses $10,000, plus $12,500.
M. Harvey (Jonquière): II paierait $22,500 au lieu de
$10,000, soit $12,500.
M. Harvey (Jonquière): C'est sûr que cela
n'encourage pas la fraude fiscale. Il est rare que, lorsque l'article est
appliqué, il le soit deux fois contre le même individu, tant qu'il
travaille.
M. Morin: M. le Président, puis-je revenir? Le
Président (M. Cornellier): Oui.
M. Morin: Le ministre a fait allusion, il y a un instant, au fait
qu'avec la nouvelle exemption sur les revenus d'intérêts, il va y
avoir sans doute des gens qui vont être enclins à sortir leur TP-5
beaucoup plus.
M. Harvey (Jonquière): Beaucoup plus.
M. Morin: N'y avait-il pas déjà, en 1974, une
exemption sur les premiers $1,000 d'intérêt? Il y avait
déjà cette exemption?
M. Harvey (Jonquière): Oui, mais on fait la
déclaration actuellement pour l'année 1974 en 1975.
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Alors, cela existe depuis 1974.
M. Morin: Oui, je comprends.
M. Harvey (Jonquière): Pour 1973, elle n'existait pas. Ce
que je veux dire au chef de l'Opposition c'est un peu normal qu'un individu qui
est pris avec une liasse de papiers se dise: Ils en reçoivent tellement,
ils ne s'en apercevront pas pour un petit $100 ou $50! C'est dans
l'opération, qu'on appelait "matching" qu'on découvrait ces
montants et cela faisait du travail additionnel.
M. Morin: Oui, je comprends.
M. Harvey (Jonquière): Le fait d'avoir une exemption de
$1,000 pour les revenus d'intérêt, il faut qu'il les
déclare quand même. Cela l'incite à se garder une marge de
manoeuvre, parce qu'il est un épargnant voulant bénéficier
des $1,000. Cela l'incite à le produire. On pense diminuer
considérablement le travail administratif que cela nous a
occasionné.
M. Morin: Bien. M. le Président, je voudrais demander au
ministre, parmi les déclarations qu'il a reçues, $1,544,085, avec
cette exemption des premiers $1,000 d'intérêt, est-ce qu'il a
remarqué une différence dans la production des TP-5? Est-ce que,
cette année, il y a eu une amélioration à cause justement
de cette exemption de $1,000?
M. Harvey (Jonquière): II est trop tôt encore pour
pouvoir vous le dire. Il n'y a pas de doute que, si je m'informais à
certaines personnes qui sont assignées à l'examen visuel des
déclarations, avant de leur faire prendre le processus de traitement,
j'aurais une réponse rapide. Mais on considère que c'est trop
tôt. C'est surtout trop tôt avant d'avoir atteint le pourcentage
d'à peu près 50% des déclarations pour en être
sûr. Mais je pourrai très facilement le dire au chef de
l'Opposition vers la fin du mois de mai, parce que, à ce moment, la
majorité des déclarations seront entrées.
M. Morin: M. le ministre, est-ce que je pourrais vous demander,
à propos de remboursements, quel est le taux actuel de
l'intérêt sur les remboursements?
M. Harvey (Jonquière): 8% sur les sommes dues, 8% pour les
remboursements, au ministère, à compter du 30 avril, du 1er
mai.
M. Morin: D'accord, 8%. Cela représente quel montant
global pour le fisc québécois pour l'année
dernière?
M. Harvey (Jonquière): Un instant, je vais vous le dire.
Pour l'ensemble des lois fiscales, qui comprend les taxes à la
consommation, toutes les taxes que nous avons la responsabilité
d'administrer, nous avons perçu $18,136,000 et payé,
$3,326,000.
M. Morin: $3,326,000.
M. Harvey (Jonquière): Un écart d'environ $14
millions. C'est la raison pour laquelle, plus on va expédier rapidement
les remboursements...
M. Morin: Moins ça coûte cher.
M. Harvey (Jonquière): Moins ça coûte
cher.
M. Morin: Oui, d'accord.
M. Harvey (Jonquière): Et d'autre part, les
pénalités cascades pour les délinquants augmentent
également les charges d'intérêt pour ceux qui retardent de
nous payer ce qu'ils nous doivent.
M. Picard: Le ministre pourrait-il nous dire s'il
considère que c'est juste, leur façon de procéder? Le
compte d'impôt est payable le 30 avril. Si le contribuable paie en
retard, il paie un intérêt de 8% au gouvernement à partir
du 30 avril. Le remboursement des montants payés en trop par le
contribuable, ce sont des montants payés en trop sur le revenu de
l'année précédente. Les quatre premiers mois de
l'année, vous les ignorez complètement. Alors que si vous
remboursez au cours du mois de mai par exemple, ça fait
déjà cinq mois que vous avez de l'argent d'un contribuable qu'il
a payé en trop. Je pense que vous devriez payer à compter du 1er
janvier les montants que vous avez reçus.
Si l'impôt sur le revenu n'était pas déduit à
la source, là je comprendrais votre raisonnement. Mais étant
donné que vous percevez ces montants tous les mois, je pense que vous
devriez rembourser le contribuable à partir du 1er janvier de
l'année.
M. Harvey (Jonquière): Mais je ferai remarquer au
député que la somme perçue tous les mois n'est pas
perçue par nous, elle l'est par l'employeur en fonction d'une
déclaration TPD1 fournie par l'employé. Et je reviens, si...
M. Pinard: Mais l'employeur vous rembourse le 15 de chaque
mois.
M. Harvey (Jonquière): Un instant. Votre employeur ne peut
pas refuser à un employé qui veut corriger son TPD1 en fonction
de ses exemptions et ses revenus qu'il évalue au début de
l'année... Naturellement, il ne peut pas sous-évaluer ses
revenus. Mais il y en a qui préfèrent se faire déduire des
montants en trop et il y en a également qui au cours de l'année
décident d'être généreux à l'endroit de
certaines institutions de charité, diminuant d'ainsi
les sommes d'impôt qu'ils auraient à payer. Nous ne pouvons
pas présumer dans nos tables de déduction que monsieur aura la
générosité de donner jusqu'à 6%, 7% ou 8% de son
salaire à des oeuvres de charité.
C'est uniquement sur cette marge de manoeuvre que résident les
remboursements aux contribuables à moins qu'une catégorie de gens
préfèrent eux-mêmes être imposés un peu plus
qu'un peu moins pour ne pas en devoir.
Huile à chauffage
M. Morin: Pour ce qui est des tenants de l'huile à
chauffage, lors de l'étude...
M. Harvey (Jonquière): Pour compléter la question,
le Québec a été le premier à admettre et à
accorder de l'intérêt à compter de la date limite de
production dans tous les pays du monde, il y a une date limite pour la
production des rapports d'impôt le premier à
reconnaître le principe, à partir de la première heure qui
suit la date limite, d'accorder de l'intérêt pour de l'argent
payé en trop, au même taux que nous exigions.
Il faut considérer également que les employeurs n'ont que
du 1er janvier et c'est le Jour de l'An, on sait ce que comporte la
période des Fêtes jusqu'au 28 février pour se
conformer à la loi, pour fournir toutes les pièces
nécessaires au contribuable. Et il n'y a rien qui empêche le
contribuable, à partir du 1er mars, de faire sa déclaration
d'impôt. D'ailleurs, nous en avons une preuve, nous en avons 1,544,000 et
la date limite n'est pas encore arrivée, c'est la semaine prochaine.
Nous serions joliment mal pris si nous en avions 3 millions qui nous envoyaient
ça la même journée.
C'est la seule explication que nous pouvons vous donner. Système
d'autocotisation.
M. Picard: Si au moins on calculait l'intérêt que le
gouvernement paierait sur les remboursements dus aux contribuables à
compter de la date de la réception de la déclaration
d'impôt, ce serait un demi-mal.
M. Harvey (Jonquière): Ce ne serait quasiment pas
administrable. Dans une opération.
M. Picard: Ce serait trop compliqué? M. Marchand: Source
d'abus.
M. Harvey (Jonquière): ...où vous faites
au-delà de 22 millions de transactions par année, il faut que
vous essayiez d'éliminer toute complexité administrative qui vous
amènerait souvent à avoir des délais plus
considérables et coûterait très cher à l'Etat en
raison des délais.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable chef de
l'Opposition officielle.
M. Morin: Je voudrais revenir sur une question que nous avons
évoquée déjà l'an dernier, mais cette année
peut-être un peu plus brièvement et demander au ministre quelles
mesures ont été prises pour améliorer les recettes dans le
domaine du mazout de chauffage qu'on substituait un peu trop volontiers il y a
quelques années à l'essence diezel. Le système a
déjà été décrit l'année
dernière. J'aimerais savoir s'il y a eu du progrès cette
année et étudier un ou deux détails qui ont
été portés à mon attention.
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous donner les
statistiques de la dernière année fiscale. Je vais vous dire au
départ que les résultats ont été très
positifs.
M. Morin: C'est ce que j'ai cru lire, mais je voulais vous les
entendre chiffrer. Je pense que c'est passé à $61 millions.
M. Harvey (Jonquière): L'augmentation est passée de
$45.9 millions à $61.6 millions pour une augmentation nette de $15.7
millions.
M. Morin: Ce qui représente un pourcentage d'augmentation
de quel ordre?
M. Harvey (Jonquière): De 34.3%.
M. Morin: II y a eu une erreur dans les journées à
ce sujet.
M. Harvey (Jonquière): II faut quasiment leur
écrire nos textes. Quand c'est positif, il faut écrire nos textes
et quand nous avons le malheur de mettre notre carte, il y a des fois que
ça prend le panier. Dans les journaux régionaux en tout cas.
Cela ne nous fait rien, l'important c'est le résultat, c'est
qu'il y a une augmentation de 34.3%.
M. Morin: Le ministre semble en avoir gros sur la patate au sujet
des journaux régionaux.
M. Harvey (Jonquière): Absolument pas!
M. Morin: Est-ce qu'il pensait aux journaux de sa région
en particulier?
M. Harvey (Jonquière): Je me réjouis du fait qu'ils
sont contre moi, parce que ça fait cinq fois que je me fais élire
en les ayant contre moi. Je m'inquiéterai de l'instant qu'ils
commenceront à me louange r.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député d'Abitibi-Ouest sur le même sujet.
M. Boutin: Je m'excuse, M. le Président, je suis en
retard, j'étais pris dans un autre comité en dehors, pour me
situer est-ce que je pourrais savoir à quel programme et quel
élément nous sommes?
M. Harvey (Jonquière): Nous sommes encore à la
discussion générale, programme I. Apparemment, on va adopter
ça très rapidement vers huit heures et vingt ou vingt-cinq ce
soir.
M. Boutin: Ah bon!
M. Morin: Je n'ai pas fait de promesse au ministre.
M. Bacon: Ne sortez pas trop du sujet, ça allait bien
là. Vous me faites peur, surtout quand je vois le chef de l'Opposition
sourire comme ça, j'ai peur.
M. Marchand: A ce moment, M. le Président, je
suggérerais qu'on continue jusqu'à six heures et vingt.
M. Morin: II reste encore dix minutes, nous allons en profiter.
Je voudrais demander au ministre de faire le point sur la question des effets
du colorant. Je sais que l'année dernière, il a tenu longuement
à nous rassurer là-dessus, mais il avait également dit
qu'il continuerait à surveiller les effets possibles du colorant dans le
carburant.
Certains contribuables ont continué à évoquer la
possibilité de carbonisation des moteurs. Est-ce que le ministre
pourrait faire le point une fois de plus?
M. Harvey (Jonquière): Je l'ai rassuré
là-dessus, parce qu'une analyse en laboratoire nous a permis
d'émettre un communiqué selon lequel il n'y a aucun danger
possible vu le très faible volume qui nous permettait de colorer sur la
base de 1,000 gallons à la fois.
Et de plus, pour rassurer le chef de l'Opposition, nous avions...
M. Morin: Et les contribuables, parce que je n'utilise pas
l'essence en question.
M. Harvey (Jonquière): ...et les contribuables des
inspecteurs en carburant qui ont travaillé dans les premiers mois en
collaboration avec les inspecteurs du service routier du ministère des
Transports. Mais on s'est aperçu que le travail de nos inspecteurs, leur
programme d'inspection correspondait souvent mal avec les tâches de
l'autre, de sorte qu'on a procuré des automobiles à nos propres
inspecteurs et les services de vérification ont été
améliorés. Ils étaient bons au début, mais ils ont
été améliorés quand même et leurs
performances s'avèrent à peu près dans les
prévisions que nous avions faites pour l'augmentation du volume de
taxes.
Il y a une goutte de colorant par cinq gallons d'huile.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député de Viau.
M. Picard: Vous me permettez?
Le Président (M. Cornellier): Sur le même sujet?
M. Morin: Sur le même sujet, ça va.
M. Picard: M. le Président, c'est un problème dont
j'ai déjà parlé au ministre, d'ailleurs, il y a un an ou
deux, et j'en ai même parlé au ministre des Fi- nances. Les
employeurs manufacturiers qui ont des remises à faire, tant au
fédéral qu'au provincial, ont une date limite à respecter
qui est le 15 du mois. Dans le cas du fédéral, c'est la taxe
d'accise de 12% et l'assurance-chômage. Dans le cas du provincial, il
s'agit de la taxe de 8%, le régime des rentes et l'assurance-maladie.
Comment expliquez-vous de ça j'ai eu des exemples à la
douzaine que les comptables de ces entreprises mettent toujours à
la poste ces deux chèq ues à la même date, le même
jour? Je n'ai pas vu un seul exemple où un manufacturier va adresser ses
remises au provincial deux jours avant celles du fédéral.
Lorsqu'ils font ces calculs de remise de taxes c'est le même jour.
Comment expliquez-vous que, dans le cas de l'encaissement de ces chèques
par les deux niveaux de gouvernement, le provincial soit toujours au moins une
semaine en retard?
M. Harvey (Jonquière): C'est dû au fait que le
fédéral a le droit de déposer dans les banques. Il y a
certains employeurs également qui jouent sur la tolérance
administrative. La date officielle est le 15. Pour faire l'entrée aux
ordinateurs et éviter l'identification de la délinquance, il y a
une certaine tolérance administrative. Il y en a qui se collent le plus
près de la date...
M. Picard: Je regrette, M. le ministre, cela n'a rien à
voir.
M. Harvey (Jonquière): Les deux chèques sont mis
à la poste la même journée. Un à Québec,
l'autre à Ottawa. Dans les comptes de banque, il y a une semaine de
différence dans l'encaissement du chèque. Pourquoi y a-t-il une
semaine de différence dans l'encaissement du chèque?
M. Harvey (Jonquière): Mon sous-ministre me dit
qu'à prime abord c'est le fait qu'au fédéral le
dépôt de banque est consenti, ce qui n'est pas le cas dans nos
lois. C'est ce qu'il me disait en premier lieu, ce serait donc la
réponse.
Je peux vous assurer que, dans nos statistiq ues journalières,
durant tout le cours de l'année, les chèques sont
encaissés la même journée.
M. Picard: Où est le chèque?
M. Harvey (Jonquière): Ce que nous recevons,
écoutez-moi, ce qu'on reçoit au bureau, mais s'il y a eu des
délais avant d'arriver au bureau, ce qui n'est pas sous notre
contrôle, ce n'est pas notre problème... Mais nous, nous suivons
cela constamment tous les jours pour que chaq ue jour porte sa peine.
M. Picard: Franchement, j'ai eu mon cas personnel et j'en ai
parlé à d'autres manufacturiers et ils m'ont dit que, dans le cas
de Québec, on peut attendre une semaine avant que le chèque passe
dans notre compte de banque, une semaine après Ottawa.
M. Harvey (Jonquière): Cela peut aussi être dû
à l'identification.
M. Picard: Je peux vous apporter les chèques. Je vais vous
apporter les deux.
M. Harvey (Jonquière): Vous avez des employeurs qui vont
envoyer un chèque libellé comme suit: Ministredu Revenu,$510.
Est-ce sur ses impôts personnels? Est-ce pour la Régie des rentes?
Est-ce que ce sont des taxes "place d'affaires"? Souvent il y a des
chèques qui sont retenus quelques jours pour permettre à une
personne de communiquer pour faire l'identification appropriée
pour...
M. Picard: Avez-vous au ministère du Revenu un
système de photocopie des chèques que vous recevez?
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas nécessaire.
M. Picard: Ottawa l'a.
M. Harvey (Jonquière): Ottawa l'a mais n'a pas de taxe
à la consommation.
M. Picard: Non, excepté qu'on y fait une photocopie du
chèque. Je ne peux pas comprendre qu'un fonctionnaire du
ministère du Revenu, s'il reçoit un chèque de $2,403
à titre de remboursement pour la taxe de vente de 8%, qu'il a le rapport
qui dit $2,403, soit le même montant que le chèque, doive
vérifier le rapport avant d'encaisser le chèque.
M. Harvey (Jonquière): Ces chèques ne se rendent
même pas au fédéral, c'est une traite de banque qui est
transférée à l'endroit de la banque.
M. Picard: II y a quelque chose qui cloche. Il y a une semaine,
et cela, je vais vous parier n'importe quoi, je vais vous les apporter les
chèques, une semaine de délai en...
M. Harvey (Jonquière): Le chèque reste à
Montréal. Il ne va même pas au fédéral. C'est une
traite.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Trois-Rivières.
M. Bacon: Non, mon Dieu, non! Cela allait tellement bien comme
cela.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: M. le Président...
M. Boutin: Sur le même sujet. M. le Président,
est-ce qu'en régionalisant les bureaux, cela va activer cette chose?
M. Harvey (Jonquière): Eventuellement, nous envisageons
d'aller dans les banques et d'adopter le système fédéral.
A partir de la réception du dépôt de banque, il est bien
sûr que le chèque reste localement. C'est une traite.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: M. le Président, je m'aperçois qu'il
reste deux minutes. J'allais aborder la question des coopératives, la
question des impôts qu'elles paient et ensuite la question de SAFARI I et
tout cela. Peut-être qu'on fait mieux de remettre cela à 8 h 15 ce
soir, plutôt que d'aborder une question un peu complexe tout de suite. Je
crois qu'il vaut mieux attendre.
Le Président (M. Cornellier): On peut le faire, parce que
ma montre indique 6 h I. La commission suspend ses travaux jusqu'à 8 h
15.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 30
M. Cornellier (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu reprend ses
travaux, suite à la suspension de 18 heures ce soir, pour l'étude
des crédits du ministère du Revenu. Au moment de la suspension,
la parole était à l'honorable chef de l'Opposition
officielle.
SAFARI I et II
M. Morin: Merci, M. le Président. Je voudrais commencer
cette soirée qui, j'espère, ne sera pas trop longue, par quelques
questions sur les projets SAFARI I et SAFARI II. L'année
dernière, lors de l'étude des crédits, à laquelle
le ministre et moi-même, de même que quelques collègues
participaient, le ministre m'avait dit que le projet SAFARI I, qui porte sur
les particuliers, serait prêt pour la fin de 1974. Ma question, tout
naturellement, est de savoir s'il compte rendre public ce document à
l'instar de la façon dont procède le gouvernement
fédéral.
M. Harvey (Jonquière): Effectivement, nous avons une
première publication, une première statistique de sortie chez
nous pour notre propre usage. Je vais demander à mon sous-ministre de
vous donner exactement la situation jusqu'à maintenant relativement
à SAFARI I et également nos pronostics pour SAFARI II. Je vais
demander à mon sous-ministre de vous donner les détails
complets.
M. Morin: Fort bien.
M. Harvey (Jonquière): Nous avons sorti les statistiques
fiscales des individus pour 1973. Cela a été distribué sur
une base tout à fait restrictive pour la bonne raison que nous
anticipions une vérification de la fiabilité des statistiques
avec la deuxième année de publication. Alors, la deuxième
année est en train d'être accumulée. Nous étudions
présentement la fiabilité des statistiques qui y sont
mentionnées avec nos propres statistiques, avec celles du
fédéral, avec celles également où on peut avoir des
points communs avec d'autres statistiques. Une fois que nous serons satisfaits
de la fiabilité des statistiques, nous espérons que cette
année, pour l'année 1973, nous pourrons publier pour le grand
public les statistiques fiscales 1973 des individus.
M. Morin: Dans le courant de 1975?
M. Harvey (Jonquière): Dans le courant de 1975. C'est en
train d'être fait. Nous avons énormément de points qui sont
fiables. Il reste quelques points mineurs à vérifier. Nous
espérons que nous allons pouvoir publier de façon publique,
officielle, les statistiques fiscales 1973 du ministère du Revenu des
contribuables québécois. Maintenant, quand il s'agit de
statistiques SAFARI II, cela va comporter plutôt les corporations. Alors
SAFARI II va être le résultat des statistiques que nous pour- rons
accumuler dans le système des corporations, DECOR, qui sera
imbriqué dans le système SMILE. Ces statistiques fiscales des
corporations sont en train d'être développées et nous
espérons les compléter d'ici à la fin de 1975, en y
ajoutant toutes sortes d'informations statistiques pour les fins publiques
aussi bien que pour les fins internes, dans le sens que nous voulons nous
servir des statistiques accumulées dans l'informatique pour nos propres
fins, pour les fins, par exemple, de recherche opérationnelle, etc.
On ne veut pas que cela soit simplement pour les fins on est un
peu égocentrique dans ce sens de publication pour la
publicité, mais, d'un autre côté, on veut s'en servir pour
nos propres fins, de façon à pouvoir diriger nos activités
un peu plus dans le sens où nos activités devraient être di
rigées. Donc, on ne peut pas prétendre que les statistiques
fiscales SAFARI II pourront être publiées dès la
première année, disons en 1976, parce qu'encore là, il y
aura un test de fiabilité qui nous faudra faire.
Je ne crois pas qu'on puisse publier, dans le grand public, ces
statistiques tant qu'on n'aura pas un point de comparaison d'une année
précédente. Il y a aussi les statistiques relativement aux taxes
à la consommation qui sont présentement à l'étude.
On espère pouvoir, dans un avenir assez rapproché, donner des
statistiques relativement aux taxes à la consommation, dans des secteurs
particuliers d'activités; ce serait plutôt sectoriel, mais, d'un
autre côté, on pourrait donner des statistiques relativement aux
activités sectorielles, industrielles, commerciales ou autres dans la
province de Québec relativement à la consommation.
C'est sur le métier présentement. La commande est faite.
Les dates d'échéancier sont prédéterminées.
Maintenant, il s'agit d'avoir, naturellement, tous les effectifs qu'il nous
faut pour pouvoir atteindre nos objectifs.
Est-ce que le chef de l'Opposition est satisfait?
M. Morin: Oui, il y a une petite précision. SAFARI II, ce
serait donc pour 1976?
M. Harvey (Jonquière): Je dis que SAFARI II, pour les fins
internes, devrait normalement, après que le système DECOR sera
instauré, avoir un an d'expérience pour pouvoir, naturellement,
garnir le fichier; ensuite, nous aurons des données à l'interne.
Une fois que nous aurons les données à l'interne, à partir
de là, l'année suivante, nous pourrons greffer aux données
internes les données de l'année subséquente pour pouvoir
nous donner quelque chose qui peut se confirmer sur un point de
comparaison.
M. Morin: Je comprends.
M. Harvey (Jonquière): En un mot, nos prévisions
sont SAFARI l,1976,d'ici la fin de 1976. Si tout va bien, SAFARI II, en 1977,
d'ici la fin de 1977.
M. Morin: Bien.
M. Harvey (Jonquière): SAFARI II, on le veut
égoïstement quand même parce qu'on en a besoin pour nos
recherches opérationnelles.
M. Morin: Je comprends. Oui, c'est une réponse qui est
très complète. Est-ce que, même si ces statistiques ne sont
pas encore publiées, je pourrais vous poser une question qui
apparaîtrait peut-être dans ces rapports si nous les avions? Je
voudrais vous demander combien de contribuables ont réapparu sur les
rôles d'imposition sans que le revenu réel ait augmenté
depuis 1973, en raison, parexemple.de la non-indexation? Est-ce que c'est
possible de nous donner un chiffre là-dessus?
M. Harvey (Jonquière): Ecoutez, ce sont des statistiques.
Des statistiques, c'est fait pour être interprété.
Vous pouvez les interpréter de la façon que vous le
désirez ou encore de la façon que quelqu'un qui regardera les
statistiques pourra les interpréter.
Il y a les nouveaux arrivés sur le marché du travail aussi
qui sont difficiles à identifier.
Maintenant, il faut, pour pouvoir faire des jugements ou encore des
énoncés de principe, avoir un point de comparaison. On n'en a
pas. Le point de comparaison est en fonction de ce que nous avons pour 1972 en
fonction de 1973. Plus on ira dans le temps, naturellement, plus les points de
comparaison seront de meilleure qualité.
M. Morin: Plus ils seront un peu plus fixes. M. Harvey
(Jonquière): Plus fiables.
M. Morin: Plus fiables. Pour l'instant, vous n'avez pas
suffisamment de points de repère pour être capable de
répondre à ma question?
M. Harvey (Jonquière): Vous savez, c'est comme toute autre
chose, avec les années, comme les bons vins.
M. Morin: Oui, je comprends. Par rapport à...
M. Harvey (Jonquière): C'est comme en politique, on attend
une couple de termes avant de dire qu'il est bon ou pas bon.
M. Morin: Oui. Même si c'est sujet à
interprétation, je me rends compte que toute statistique est sujette
à interprétation. On a dit bien des choses sur la statistique. Je
n'en disconviens pas. Je demandais quand même si vous aviez un ordre de
grandeur, un chiffre approximatif à nous donner sur les contribuables
qui auraient été rayés des rôles d'imposition.
M. Harvey: A cause de quoi?
M. Morin: Je parie dans le contexte de l'indexation ou de la non
indexation.
M. Harvey (Jonquière): L'indexation n'a jamais
été une préoccupation, dans le sens des lois fiscales.
M. Morin: Vous voulez dire que vous n'avez jamais fait
d'études sur les effets qu'aurait, par exemple, l'indexation des
impôts, des exemptions au coût de la vie.
M. Harvey (Jonquière): Nous ne sommes pas sur ce sujet.
Nous sommes sur les statistiques.
M. Morin: Oui, je comprends. Oui, j'ai bien compris, mois, si
vous avez fait des études, vous auriez peut-être pu établir
qu'en appliquant l'indexation, cela produirait tel effet, il y aurait tel
nombre...
M. Harvey (Jonquière): Ce sont des études
théoriques. Ce ne sont pas des statistiques.
M. Morin: Oui, je comprends ce que vous voulez dire.
M. Harvey (Jonquière): On remet ces études
théoriques régulièrement à notre collège, le
ministre des Finances, qui, lui, partant des résultats de ces
études théoriques, décide de la politique fiscale du
gouvernement du Québec. En plus de cela, nous sommes en train de
développer des simulations fiscales.
M. Morin: Vous voulez dire, des hypothèses?
M. Harvey (Jonquière): Des hypothèses,
c'est-à-dire, un système de simulations fiscales, par lequel on
pourrait dire: Par hypothèse, ce qui arriverait si on faisait telle ou
telle chose...
M. Morin: J'imagine que vous faites cela sur ordinateur.
M. Harvey (Jonquière): Absolument. M. Morin: Oui,
je comprends.
M. Harvey (Jonquière): Nous sommes en train
d'étudier également, tout à fait théoriquement
encore, le manque à gagner, relativement aux taxes. Mais cela, c'est
purement théorique, parce que le chiffre absolu, je pense bien qu'on ne
le connaîtra jamais.
M. Morin: Je pense que le ministre du Revenu me transformerait
volontiers en carte perforée, M. le Président...
M. Harvey (Jonquière): Ah non! Mais on avait un
spécialiste...
M. Morin:... pour me faire passer dans l'ordinateur.
M. Harvey (Jonquière): ... qui nous était... On n'a
pas de cartes perforées au ministère du Revenu, mais on avait un
spécialiste qui faisait de l'évaluation des ressources humaines
que nous avions. J'aurais embarqué avec plaisir le chef de l'Opposition
dans l'ordinateur, dans son programme, pour voir le résultat comme
valeur. J'aurais été peut-être agréablement
surpris.
M. Morin: Je ne sais pas. Malgré tout ce que le
ministre...
M. Harvey (Jonquière): Vous seriez peut-être sorti
ministre d'Etat dans un futur gouvernement péquiste en l'an 2098.
M. Morin: Mon Dieu! Vous nous donnez longue vie.
M. Harvey (Jonquière): Comme Mathusalem.
M. Morin: Je ne sais pas depuis combien de temps on sera au
pouvoir à ce moment, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Revenons, si vous voulez
bien, à des hypothèses beaucoup plus près des
études que nous devons poursuivre ce soir.
M. Harvey (Jonquière): Moins dans les nuages,
d'accord!
M. Morin: Bon! M. le Président, laissant de
côté SAFARI I et II et en souhaitant que nous puissions,
l'année prochaine, à la suite des vérifications qui auront
lieu, avoir cet instrument de travail précieux sous la main...
M. Harvey (Jonquière): II est sur le point d'enfanter.
M. Morin: Bien! Je voudrais passer, peut-être, à une
ou deux autres questions.
L'année dernière, lors de l'étude des
crédits, j'avais déjà demandé au ministre quels
étaient les revenus escomptés par son ministère pour les
nouvelles taxes imposées aux caisses populaires au Québec. Le
ministre m'avait fait des promesses sur l'obtention de ces chiffres. Est-ce que
ces chiffres sont désormais disponibles?
M. Harvey (Jonquière): Non. Après consultation, on
a décidé de ne pas donner le renseignement, parce qu'on jugeait
que ce n'était pas utile.
M. Morin: Que ce n'était?
M. Harvey (Jonquière): Ce n'était pas utile de le
donner.
Une Voix: Pas dans l'intérêt public.
M. Morn: Mais je voudraisque le ministre serait un peu plus
explicite, parce que si, chaque fois que nous abordons une question comme
celle-là, chaque fois que des chiffres ne font peut-être pas son
affaire, il décide que ce n'est pas utile ou que ce n'est pas dans
l'intérêt public, je me demande comment on peut faire notre
métier et éclairer l'opinion publique.
M. Harvey (Jonquière): Non, mais vous savez, quand on
regarde les revenus du gouvernement du Québec, pour les montants que
cela peut rapporter, je vous garanti que... On avait des tâches,
immédiatement après l'étude des crédits, l'an
dernier, qui nous amenaient à nous préoccuper beaucoup plus de la
législation que nous avons dû amener avant la fin de
l'année fiscale et, spécialement, dans la réglementation
qui touchait, par la Loi de l'application des impôts, toute la
réglementation du secteur manufacturier.
Nous avons travaillé sur les règlements que nous avons
adoptés dans les derniers jours ou vers le milieu du mois de
décembre, et quand même nous aurions voulu, faute de ressources,
je n'ai pas été capable d'assigner des personnes pour bâtir
le document que m'avait demandé le chef de l'Opposition.
M. Morin: Mais ce n'est pas seulement moi qui vous l'ai
demandé, M. le ministre.
M. Harvey (Jonquière): C'est qui?
M. Morin: Vous aviez déjà promis, vous avez pris
l'engagement de fournir ces chiffres, le 8 mai 1973. Cela fait deux ans que
vous nous dites: Oui, je vais les avoir pour l'année prochaine. Si vous
nous faites courir deux ans de suite pour ensuite nous dire: Bien non, on a
décidé que ce n'était pas utile, sur quoi peut-on compter
de votre part? Il faut établir un minimum de confiance.
M. Harvey (Jonquière): II faut que le chef de l'Opposition
réalise bien qu'autant de paroisses il peut y avoir dans la province de
Québec, qu'on soit à "Saint-Pouce-Pouce"et
à"Saint-Confortable", parfois, il y a dix coopératives.
C'était un travail gigantesque. Quand j'en ai parlé avec mon
sous-ministre et ses adjoints, ils m'ont dit tout simplement:
Réalisez-vous le travail que vous nous demandez? On a fait
l'évaluation des priorités que nous devions assumer
nous-mêmes pour faire notre travail. On a décidé
qu'étant donné que ce serait dans le document SAFARI II, non pas
distribué de façon officielle...
M. Morin: Ce sera dans ce...
M. Harvey (Jonquière): ...ce sera dans SAFARI II. J'ai
dit: J'aime bien le chef de l'Opposition, mais je serai un peu en retard avec
lui. De toute façon, II ne peut pas me punir, lui.
M. Morin: De ne pas produire...
M. Harvey (Jonquière): Je veux dire: Si vous aviez
été mon chef, j'aurais peut-être eu une grosse punition,
mais le chef de l'Opposition, il va me "ba-bouner" un peu plus. Il l'aura dans
SAFARI II.
M. Morin: C'est ça. Cela n'a pas d'importance, au
fond.
M. Harvey Jonquière): Non, cela a de l'importance...
M. Morin: Tous ces exercices, l'approbation des crédits,
c'est une farce.
M. Harvey (Jonquière): ...mais cela en avait
moins que la réglementation touchant tout le secteur minier et le
secteur des compagnies extractives. Cela en avait moins que la loi que je
devais amender avant la fin de l'année financière, et cela en
avait beaucoup moins que le dossier très important du regroupement
municipal dans ma propre région. Vous allez passer à un
quatrièmement, et je vous ai inclus dans SAFARI II. Cela vous fait rire,
mais c'est dans SAFARI.
M. Morin: Cela ne me fait pas rire, cela me ferait plutôt
pleurer. Vous avez pris...
M. Harvey (Jonquière): Vous allez être plus beau si
vous pleurez.
M. Morin: Non. Le ministre, pour écarter nos questions une
année, nous dit: Je vous donnerai la réponse l'année
prochaine, l'année suivante, il nous dit encore: Oui, l'année
prochaine. La troisième année...
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Morin: C'est un peu comme les ponts. On les promet avant la
première élection. On pose la pierre angulaire avant la
deuxième et, à la troisième, on dit qu'il n'y a plus de
fonds publics pour le construire. C'est un peu...
M. Bacon: Non, on creuse la rivière. M. Harvey
(Jonquière): J'espère...
M. Bacon: Le chef de l'Opposition s'exerce réellement au
lancer du poids. Il ne rejette que...
M. Harvey (Jonquière): Pour être sérieux, le
chef de l'Opposition réalisera que et je l'avoue bien
honnêtement je lui ai répondu: Oui, on fournira le
renseignement, et, par la suite, en évaluant la somme de travail que
j'aurais eu à confier à mes principaux collaborateurs, vu que
nous n'étions même pas... Si nous avions eu ce secteur sous
l'informatique, mais c'était encore...
M. Morin: A la main...
M. Harvey (Jonquière): ...à la main...
M. Morin: Bon! D'accord!
M. Harvey (Jonquière): C'est encore manuel, alors...
M. Morin: Vous dites que ce sera dans SAFARI. M. Harvey
(Jonquière): Ce sera dans SAFARI. M. Morin: Bon! Passons
à autre chose. M. Harvey (Jonquière): D'accord!
M. Morin: Si c'est dans SAFARI II, on ne va pas insister,
à condition que SAFARI II ne vienne pas dans trois, quatre ans,
ça ira toujours.
M. Harvey (Jonquière): On n'a pas intérêt
à cela. On en a tellement besoin qu'on a intérêt à
le sortir le plus vite possible.
M. Morin: Oui, je comprends, mais le rendre public, c'est aussi
important.
Bien! Nous pouvons passer, peut-être, à une autre question
dans...
M. Harvey (Jonquière): Programme 1, adopté.
Impôt des retraités
M. Morin: ...tout cet ensemble.
Je voudrais vous parler de l'exonération des déductions
à la source pour les retraités. Cela a fait l'objet d'une
correspondance...
M. Harvey (Jonquière): Cela n'existe plus. Cela a
été changé dans le discours du budget. Vous en discuterez
avec M. Garneau, si vous n'avez pas aimé cela. Cela a été
changé dans le discours du budget.
M. Morin: Entendons-nous bien. Je ne sais pas si on parle de la
même chose.
Vous savez que les gens pensionnés se voient imposer des
déductions à la source, même si, au bout du terme, le
montant qu'ils touchent au titre de leur pension, et des revenus additionnels
qui viennent s'ajouter à cette pension, les classes parmi les personnes
qui sont exemptées. Je pense que le sous-ministre connaît le
problème. C'est pour cela que c'est à lui que je vais poser la
question, peut-être plutôt qu'à vous, et même...
M. Harvey (Jonquière): S'il est poli, c'est vous et, s'il
n'est pas poli, c'est moi.
M. Morin: ...s'ils restent en deçà des seuils
d'imposition; donc, on doit percevoir leur cotisation à la source. Nous
avons fait remarquer que, souvent, c'est injuste pour des retraités et
que d'autres personnes, d'autres groupes à l'intérieur de la
société, comme, par exemple, les salariés à faible
revenu et les étudiants, pour le travail temporaire d'été,
peuvent, en souscrivant ce qui s'appelle, je crois, une demande
d'exonération de déduction à la source je l'ai sur
le TPD-1, le dernier de 1974 et cela permet à ces personnes
d'être exemptées de ces déductions à la source.
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de faire bénéficier les
pensionnés, les retraités d'un dispositif semblable? Est-ce que
ce serait vraiment compliqué?
M. Harvey (Jonquière): Je demande à mon
sous-ministre de vous répondre.
Je crois bien que nous étions tous conscients de cela, mais en
fonction du principe d'exonération, il n'était pas possible, pour
une personne, un contribuable, de savoir exactement ce que le
récipiendaire du paiement pouvait avoir comme dette fiscale à la
fin de l'année. Donc, ce principe est révolu par le discours du
budget de M. Garneau.
M. Morin: Expliquez-moi, voulez-vous?
M. Harvey (Jonquière): Ce qui arrive, c'est qu'il n'y a
plus d'exonération, les taux sont changés, les tables
d'impôt sont changées, les exemptions personnelles viennent faire
la différence. Donc...
M. Morin: Ce qui veut dire que toutes les mesures prises
cumulativement règlent le problème.
M. Harvey (Jonquière): Absolument. Le TPD-1 qui sera
rempli par le récipiendaire d'une pension qui sera soumise au
contribuable, devra déterminer le seuil qui sera le facteur
déterminateur de la déduction ou de la non-déduction.
Alors, le système qu'on avait au préalable dans l'optique de
l'exonération n'existe plus. Donc, toute personne qui est maintenant
assujettie à la taxe en fonction de ses exemptions personnelles le sera
correctement.
M. Morin: Je veux être bien sûr que je comprends le
sous-ministre.
M. Harvey (Jonquière): C'est dans le discours du
budget.
M. Morin: Oui, mais il faut faire appel à plusieurs
dispositions du budget, si je vous comprends bien, pour arriver à...
M. Harvey (Jonquière): Non, c'est... Je comprends que
c'est plus facile pour moi de juger...
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): ...parce que je suis conscient...
Je connais ces problèmes.
M. Morin: J'imagine que vous avez eu quelque chose à voir
dans la rédaction de cette partie du discours du budget.
M. Harvey (Jonquière): J'ai lu le discours du budget.
M. Morin: Oui, j'ai bien compris.
M. Harvey (Jonquière): Ce problème n'existe plus.
Il va exister pour autant que l'individu est imposable.
M. Morin: Pour autant, par exemple, qu'il a des revenus
additionnels.
M. Harvey (Jonquière): Ou encore que sa pension
dépasse ses exemptions personnelles.
M. Morin: Oui, sa pension, bien sûr. Ou le cumul des
diverses pensions qu'il touche.
M. Harvey (Jonquière): Ou encore dépasse les
premiers $2,000 d'exemption personnelle qui sont taxés à
zéro.
M. Morin: Autrement dit, ce que vous me dites, c'est que la
demande d'exonération de déduction à la source ne sera
plus nécessaire parce que vous avez réglé le
problème autrement.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela. Absolument. C'est
l'addition des mesures.
M. Morin: M. le Président, sur ce point, je vais m'en
remettre au sous-ministreet je vais examiner la chose plus avant.
L'année prochaine, on sera en mesure, peut-être, d'examiner si
l'effet est tel que vous le dites, parce que j'avoue bien franchement que je ne
l'ai pas regardée de très près.
M. Harvey (Jonquière): Je prends la commande du ministre
des Finances.
Exemption sur intérêts et
dividendes
M. Morin: M. le Président, on peut peut-être passer
à une autre question, qui est celle de l'exemption de $1,000 sur les
revenus d'intérêt et dividendes. Est-ce que le ministre a fait
étudier les aspects de cette exemption qui pourraient être
régressifs, qui pourraient rendre le système régressif? Je
vous rappelle, vous en êtes certainement conscient, que cette exemption
va coûter quelque $50 millions au Québécois en manque
à gagner.
M. Harvey (Jonquière): Vous dites que cette exemption va
priver...
M. Morin: Non, en manque à gagner.
M. Harvey (Jonquière): Cela réduit les revenus.
D'après ce qu'affirme le chef de l'Opposition, cette exemption
réduirait les revenus de $50 millions.
M. Morin: Oui, c'est ce que j'ai compris en tout cas.
M. Harvey (Jonquière): C'est la prévision. C'est
exactement cela. C'est pour encourager l'épargne, c'est une
mesure...
M. Morin: D'accord, mais je ne sais pas si vous avez compris le
sens de ma question. Je vous demande si ce système va avoir des effets
régressifs.
M. Harvey (Jonquière): Dans quel sens?
M. Morin: Je veux dire que, pour qu'il y ait exemption de $1,000
sur les revenus d'intérêt et dividendes, cela suppose qu'il y a un
revenu assez considérable.
M. Harvey (Jonquière): Mais c'est le maximum. C'est
$1,000.
M. Morin: Cela suppose des investissements beaucoup plus
considérables. Parce que j'imagine que, pour avoir $1,000 sur des
revenus d'intérêts et dividendes, il faut avoir des placements
assez considérables, au moins autour de $10,000.
M. Harvey (Jonquière): Si vous permettez, les $1,000
d'exemption qui sont permis, c'est un maximum.
M. Morin: Oui, d'accord.
M. Harvey (Jonquière): Donc, une personne qui a des
revenus d'intérêts jusqu'à un montant de $1,000 est
exemptée des impôts sur ce montant. De ce genre de revenu.
Si son revenu d'intérêts est seulement de $200, il
bénéficie d'une exemption de $200.
Et si son revenu est de $10,000, il y en a seulement $1,000 non
imposables. Il en reste $9,000 imposables, comme un autre revenu.
Et s'il a $1,500 d'intérêts, il est imposable sur $500.
M. Morin: D'accord, mais le sens de ma question, quand je parle
d'un système régressif, je veux dire qu'il avantage beaucoup plus
ceux qui ont des revenus, donc des placements considérables.
M. Harvey (Jonquière): Je prétends que non, parce
que le petit épargnant était rendu qu'il se sentait... La
première tentative d'imposer ce genre de revenu a été pour
découvrir, faute de TP-5, certains revenus de placement. Il est bien
sûr que ceux qui payaient de petits montants additionnels d'impôt
nous ont permis de détecter ceux qui en avaient des gros. Mais, ayant
atteint l'objectif, il fallait, rapidement, revenir a la normale et permettre
d'encourager l'épargne et la masse se situe dans des contribuables qui
font un peu d'épargne et qui vont récolter une exemption pour des
revenus d'intérêts de l'ordre comme le soulignait mon
sous-ministre de $200, $250, $300. Ceux qui vont en
bénéficier pour $1,000 et qui font partie de la catégorie
des gros qu'identifie le chef de l'Opposition, je vous garantie que, dans la
marge où ils se trouvent, ils y goûtent pour le solde qu'ils
paient en impôt. C'est une mesure favorable à la masse et au petit
épargnant.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député d'Abitibi-Ouest sur le même sujet.
M. Boutin: M. le Président, j'ai un avis contraire. C'est
un moyen progressif pour l'économie du Québec. Parce que, si on
regarde le budget de la province, c'est rendu à plus de 66% dans des
mesures non productives, non génératrices d'emplois, non
génératrices de facteurséconomiques. Il faut quand
même favoriser l'épargne d'une certaine façon pour que les
gens puissent investir dans les actions des compagnies ou achètent des
parts sociales de coopératives. Si tout l'argent est drainé pour
payer l'éducation, les affaires sociales, tout à l'heure il n'y
aura plus rien dans le secteur productif. Comment allons-nous faire pour payer
les salaires? Comment allons-nous faire pour concurrencer avec les pays
étrangers?
M. Harvey (Jonquière): C'est une mesure...
M. Boutin: II y aurait aussi un autre aspect à ça.
On dit depuis longtemps, depuis toujours qu'on est déficitaire qu'on va
toujours vendre nos emprunts à l'étranger. Si Hydro-Québec
ou le gouvernement du
Québec s'en va sur le marché des obligations de la
province, si on favorise les intérêts de cette façon, c'est
pour encourager les Québécois à acheter des obligations
d'épargne du Québec et à acheter les obligations
d'Hydro-Québec.
M. Harvey (Jonquière): Cela fait sortir un peu de fric du
bas de laine.
M. Boutin: ...l'argent dans les caisses populaires...
M. Morin: M. le ministre...
M. Harvey (Jonquière): Cela favorise l'épargne,
surtout chez les gens à leur retraite ou...
M. Morin: M. le Ministre, l'exonération
d'intérêt a commencé à s'appliquer en 1974 et celle
applicable aux dividendes n'entre en vigueur qu'à compter de 1975.
Pourriez-vous me donner une indication de ce que ça représente en
manque à gagner pour le fisc pour, d'une part, les intérêts
et ensuite, pour les dividendes? Cela représente quoi?
M. Harvey (Jonquière): Je pense que c'est publié
dans le discours du budget, si mon souvenir est bon, où le chef de
l'Opposition pourra obtenir ces renseignements...
M. Morin: Non, je vous pose la question... je vo ud rais f ai re
confirmer certains chiffres, c'est tout.
M. Harvey (Jonquière): Je ne l'ai pas à la
mémoire.
M. Morin: C'était $2 millions, peut-être, pour les
dividendes?
M. Harvey (Jonquière): La provision de revenus, nous
n'avions aucune source de base pour la faire; ce sont les Finances qui l'ont
faite, vous pourrez l'obtenir au moment de la discussion des crédits des
Finances.
M. Morin: Je croyais que le sous-ministre était sur le
point d'aller chercher le chiffre.
M. Harvey (Jonquière): Non, il allait dans sa serviette
pour autre chose. Je lui demande bien des choses, à mon
sous-ministre.
M. Morin: Pour les dividendes, vous ne savez pas trop. Pour les
intérêts, est-ce que vous êtes en mesure de donner un
chiffre? Est-ce que celui que j'ai donné tout à l'heure
était exact?
M. Harvey (Jonquière): C'est le ministère des
Finances qui avait publié ces chiffres.
M. Morin: $50 millions pour les intérêts.
M. Harvey (Jonquière): Cela doit être ça.
Vous aurez certainement l'occasion d'avoir les chiffres précis du
ministre des Finances...
M. Morin: Oui. C'est parce que ça m'intéressait de
les avoir du point de vue du ministre du Revenu. Il a certainement son mot
à dire là-dedans.
M. Harvey (Jonquière): Pour ces provisions de revenus, sur
quoi se serait-on basé? Probablement sur les mêmes indices que le
ministère des Finances s'est basé pour les faire, mais c'est lui
qui avait la responsabilité de les faire. C'est ce qui lui a permis de
prendre les dispositions appropriées pour l'inclure dans le discours du
budget.
Protecteur du citoyen
M. Morin: M. le Président, on pourrait passer à
diverses questions soulevées par le rapport du Protecteur du citoyen.
J'imagine que le ministre s'est préparé...
M. Harvey (Jonquière): Quelle année? Le
récent?
M. Morin: Le rapport de 1973 portant sur l'année 1973.
M. Harvey (Jonquière): II est bien servi chez nous, le
Protecteur du citoyen.
M. Morin: Si je me réfère à la
plainte...
M. Harvey (Jonquière): II trouve qu'on est humain.
M. Morin : ...160, qui a été déclarée
fondée par le Protecteur du citoyen, j'aimerais avoir le point de vue du
ministère là-dessus. La plainte S-160, c'est un plaignant qui
reprochait au ministère son retard à lui rembourser comme il
était tenu de le faire le montant de taxe de vente qu'il avait
payé en trop neuf mois plus tôt, au moment de l'achat d'une
voiture d'occasion.
M. Harvey (Jonquière): Je suis bien prêt à
parler de la plainte S-160, je serais porté à répondre au
chef de l'Opposition que dans toutes les plaintes qui se sont
révélées non fondées, parce que c'était
tellement évident que l'ensemble des plaintes formulées à
notre endroit étaient non fondées et que, par erreur, un de mes
secrétaires expédiait la copie du résultat obtenu de
l'enquête du Protecteur du citoyen à la personne. Le Protecteur du
citoyen en a eu vent, il m'a écrit pour me demander: Qu'est-ce qui se
passe? On écrit à votre ministère que la plainte
n'était pas fondée. J'ai fait discontinuer cette pratique. Quant
à S-160, je vous avoue honnêtement que c'est vrai, c'est une
plainte fondée. Si le chef de l'Opposition veut regarder...
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): ...il dit également à
160, au dernier paragraphe de la dernière phrase, "la situation fut sans
délai régularisée".
M. Morin: Voulez-vous m'expliquer un peu, pourquoi le Protecteur
du citoyen fait remarquer que plusieurs contribuables étaient dans la
même situation, les administrateurs de leur région ayant
décidé de suspendre les paiements pour forcer l'adoption d'une
nouvelle procédure interne qu'ils réclamaient apparemment en vain
depuis longtemps? Voulez-vous dire que vous avez régularisé la
situation pour l'ensemble de ces contribuables?
M. Harvey (Jonquière): On me dit qu'il y a eu des retards
indus à cause de la procédure chez nous et nous avons
changé complètement la procédure pour être en mesure
d'accélérer les paiements et ce cas en est un spécifique.
Le chef de l'Opposition n'a rien compris.
M. Morin: Je m'excuse.
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous répéter.
On me dit que, pour les contribuables mentionnés, il s'agissait d'une
procédure chez nous qui demandait à être
améliorée; nous avons décidé d'améliorer la
procédure et il nous a fallu suspendre une série de cas et dans
ce cas, entre autres, on s'est plaint au protecteur du citoyen. Les autres cas
se sont réglés et au moment où cette plainte est
arrivée là-bas, la situation fut sans délai
régularisée, en même temps que toutes les autres, à
la suite d'une procédure que nous avons dû changer.
M. Morin: Je voudrais passer à la plainte S-162 où
le Protecteur du citoyen a déclaré que la plainte n'était
pas fondée et j'aimerais l'examiner un peu avec le ministre et le
sous-ministre.
Un citoyen s'est plaint d'avoir payé une taxe de vente
calculée sur le prix intégral de la voiture qu'il venait
d'acheter en remplacement d'une autre qu'il avait vendue à un tiers en
vertu d'un contrat qui avait lui-même été taxé,
soulignant, à bon droit, que s'il avait fait les deux opérations
dans une même transaction avec un vendeur d'automobile, il n'aurait,
quant à lui, payé la taxe que sur la différence de valeur
entre les deux voitures. Le protecteur du citoyen déclare que la plainte
n'est pas fondée parce que la taxe était indiscutablement payable
sur le prix total de l'achat.
Est-ce que vous ne croyez pas qu'il y aurait lieu de remédier
à une situation comme celle-là? Est-ce que cet avis ne vous
paraît pas un peu légaliste, et est-ce que vous n'estimez pas que,
d'un point de vue d'équité, il y aurait lieu de repenser la
solution qui est imposée ici?
M. Harvey (Jonquière): Le Protecteur du citoyen termine
encore là, de toute façon: Le plaignant a été
traité conformément à la loi.
M. Morin: Oui, il dit que la plainte n'est pas fondée
parce que...
M. Harvey (Jonquière): Au fait, dans le domaine des
automobiles, c'est la transaction. Une taxe est payable sur la valeur du
véhicule et surtout dans le domaine de l'automobile, le livre rouge
donne le prix de la vieille automobile.
M. Morin: Non, là, il l'avait vendue à un tiers.
Autrement dit, M. le ministre...
M. Harvey (Jonquière): Toutes les fois qu'il y a une
transaction, quand même le même individu fait une transaction, il
est assujetti à la différence du prix de la vieille et du prix de
la nouvelle pour payer ses 8%.
M. Morin: D'accord. Autrement dit, s'il fait un échange,
il est taxé seulement sur la différence entre le prix de vente
moins l'échange, d'accord?
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Morin: Dans le cas qui nous intéresse, si j'ai bien
compris, il a acheté une voiture neuve, mais il a vendu sa voiture
à un tiers, il ne l'a pas remise au vendeur d'automobiles.
M. Harvey (Jonquière): Ce sont deux transactions
différentes.
M. Morin: Oui, j'ai bien compris, mais est-ce que, en toute
équité il n'y aurait pas lieu de repenser la solution qui
s'applique à l'heure actuelle? Je sais bien que c'est conforme à
la loi, parce q ue le Protecteur le reconnaît lui-même.
M. Harvey (Jonquière): Je ne vois pas cornment on pourrait
considérer qu'il s'agit d'une seule transaction, puisqu'il y a bel et
bien deux transactions. Mon sous-ministre pourrait peut-être aller plus
au fond au sujet de l'assiette, sur quoi ça repose. D'après moi,
c'est sur la transaction, et il y en a deux, donc imposables dans le cas
spécifié par le chef de l'Opposition.
M. Morin: Oui. Si on prend une attitude légaliste,
strictement conforme à la loi, je reconnais qu'il y a eu deux
transactions parallèles.
M. Harvey (Jonquière): Dans la fiscalité, c'est
rare qu'on puisse déborder le côté légal.
M. Harvey (Jonquière): Dans l'administration de la loi, on
ne prend pas le côté légaliste, dans le sens.
M. Boutin: M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Abitibi-Ouest aimerait poser une question, je crois, avant que le
sous-ministre donne la réponse.
M.Morin: Justement, le ministre était en train de
répondre.
M. Boutin: C'est justement dans le même sens que le chef de
l'Opposition. Si j'ai compris la question du chef de l'Opposition, cela
voudrait dire qu'il voudrait l'abolition de la taxe sur toutes les ventes
d'articles ou de marchandise usagés?
M. Harvey (Jonquière): A des tiers.
M. Morin: Ce n'est pas un échange. En l'occu-rence, mais
l'effet, sur le plan du dollar, pour celui qui...
M. Harvey (Jonquière): Vous voudriez qu'on exempte la
vente à un tiers.
M. Morin: De la même façon, ou du moins, qu'on
calcule la taxe de la même façon que s'il y avait eu
échange.
M. Harvey (Jonquière): Ce serait difficile.
M. Morin: Encore une fois, je comprends l'attitude du
sous-ministre. Il me dit que ce n'est pas conforme à la loi. Je lui dis
que je suis d'accord. Je comprends cela. Mais je me demandais s'il n'y avait
pas moyen, sur le plan de l'équité, d'arriver à une
solution qui soit la même dans les deux cas.
M. Harvey (Jonquière): II n'est pas rendu là. Dans
le domaine de l'automobile, par exemple, vous savez fort bien qu'on avait deux
catégories de vendeurs d'automobiles. On s'est
dépêché de faire disparaître une catégorie,
qui était les FB, pour avoir un meilleur contrôle, pour percevoir
la taxe de vente sur les transactions faites dans le domaine de
l'automobile.
Cela ne serait sûrement pas une façon d'éviter... On
encouragerait des vendeurs du genre de ceux qu'on avait autrefois, si on
acceptait que des ventes à un tiers constituent une seule et même
transaction que s'il y avait réellement échange dans le cas
d'échange d'une automobile.
M. Morin: Mais quelle est l'objection? Est-ce que c'est une
question de difficulté de contrôler la chose ou...
M. Harvey (Jonquière): II faut regarder,
premièrement, l'assiette de la loi. Mais disons que, pour
répondre à la première partie de votre question, à
savoir que l'échange, dans une transaction d'automobile... Vous dites
que nous sommes légalistes. Je ne le crois pas, pour la bonne raison que
nous ne sommes pas légalistes. Je vais vous le prouver, dans le sens
que, lorsqu'un individu achète quelque chose et donne en retour une
valeur, cette valeur est, en partie, un paiement...
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): ...de la chose qu'il achète.
Cela ne change pas la valeur de la chose qu'il a achetée. Donc, la taxe
devrait normalement s'imposer sur la valeur de l'automobile qu'il
achète.
L'automobile usagée qu'il donne en paiement devrait être un
crédit contre le prix de l'automobile qu'il a achetée. Si on
était légaliste, on dirait que...
M. Morin: Oui, mais il a déjà payé une taxe
sur la première automobile.
M. Harvey (Jonquière): Si on était
légalistes, on dirait que 8% s'appliquent sur le prix de vente de
l'automobile qu'il a achetée et que l'automobile qu'il a
donnée en échange, c'est simplement comme s'il avait donné
un chèque comptant, pour la valeur de l'automobile qu'il a donnée
en échange. Cela n'affecterait pas le montant de la taxe.
M. Morin: Alors là, vous n'avez pas été
légaliste.
M. Harvey (Jonquière): Alors, vu que nous ne sommes pas
légalistes, nous disons que l'automobile donnée en échange
réduit le prix de vente de l'automobile achetée. D'accord? On
s'entend?
M. Morin: Oui. Mais écoutez, je voudrais que vous me
compreniez. Quand j'ai dit que vous étiez légaliste, ce n'est pas
sur la première hypothèse, mais sur la deuxième.
M. Harvey (Jonquière): D'accord. Je vous ramène sur
le plan de l'assiette fiscale.
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Toute transaction, toute personne
qui vend au Québec, si elle n'est pas autorisée à vendre
au Québec, elle ne doit pas percevoir des impôts. Elle n'est pas
autorisée de percevoir les impôts, mais le consommateur ou
l'usager du bien acheté au Québec doit payer l'impôt. C'est
là qu'est la différence.
M. Morin: Je pense que je commence à comprendre.
M. Picard: M. le Président, je me permettrais
peut-être une question.
M. Morin: Allez-y.
M. Picard: M. le ministre, sur le plan pratique, vous parlez des
théories à l'intérieur de votre ministère.
M. Harvey (Jonquière): Je trouve que la théorie,
c'est l'assiette.
M. Picard : Mais, sur le plan pratique, le type part et va
s'acheter une voiture usagée de $1,000; le vendeur lui montre
différentes voitures sur le terrain et il lui dit: C'est celle-là
que je prendrais, c'est combien? Il lui avait demandé $1,100 et il
baisse le prix à $1,000.
Ensuite, il s'en va au bureau et le vendeur lui dit: Ecoute, mon vieux.
C'est $1,000, combien vas-tu donner en acompte? $500? D'accord. C'est $80 de
taxe.
Ecoute un instant. Tu m'as dit $1,000. Je ne paie pas $80 de taxe, un
instant.
Que pensez-vous, sur le plan pratique, que le vendeur fait? Il dit: Je
vais t'organiser cela. Donne-moi $500 comptant, je vais faire ta vente à
$500, tu vas payer le 8% sur $500.
M. Harvey (Jonquière): Monsieur, c'est de la fraude.
M. Picard: Cela se fait couramment.
M. Harvey (Jonquière): Vous devez le déclarer. Vous
devez le dénoncer.
M. Picard: Si le gouvernement...
M. Bacon: C'est votre devoir, M. le député.
M. Picard: ...exigeait que cette taxe soit payée au bureau
des licences du gouvernement, sur le boulevard Crémazie, à
Montréal, par exemple, le vendeur n'a pas peur de perdre sa vente,
à ce moment-là. Il a vendu l'automobile $1,000 et dit au client:
Va au bureau du gouvernement et paye ta taxe.
M. Harvey (Jonquière): J'aimerais dire d'accord au
député, mais notre expérience est au contraire. Si, de
plus en plus, nous avons changé des permis FB pour des permis FA, c'est
à partir d'études concrètes nous prouvant exactement le
contraire de ce que le député de Viau pense. Peut-être que
lui, dans les cas qu'il connaît, il a raison, mais il serait de son
devoir, comme le disait mon sous-ministre, de nous donner l'information, parce
qu'il s'agit de fraude.
M. Picard: C'est entendu; de la fraude, il y en a partout.
M. Harvey (Jonquière): Les études bien faites par
le secteur de la vérification, année après année,
sur une période de plus de cinq ans, nous ont amenés dans un
processus accéléré, absolument contraire à celui
que vous souhaiteriez.
M. Picard: Cela m'amènerait à vous demander si vous
êtes en mesure de nous dire combien le gouvernement a perdu de taxes avec
les vendeurs d'automobiles, avec le FA, et qui ont fait faillite.
Simplement sur une rue, à Montréal, sur la rue Lajeunesse,
combien en avez-vous perdu? Ce sont des gens qui percevaient la taxe.
M. Harvey (Jonquière): C'étaient des FB, ce
n'étaient pas des FA. Les FA sont mandataires pour nous,
l'évaluation est faite et, au moindre risque, nous utilisons une
disposition de notre loi qui permet d'exiger une sécurité, nous
empêchant de perdre de l'argent avec des mandataires douteux, ce que le
FB ne nous permettait pas de faire, puisqu'ils n'étaient pas
mandataires.
M. Picard: Oui, mais le FB ne percevait pas la taxe.
M. Harvey (Jonquière): Non, ce n'était pas son
devoir.
M. Picard: II ne la percevait pas.
M. Harvey (Jonquière): Ce n'était pas son devoir.
Il n'avait pas à le faire, il n'était pas mandataire, c'est pour
cela qu'on a fait disparaître les FB.
M. Picard: Le FB ne perçoit pas la taxe.
M. Harvey (Jonquière): C'est pour cela qu'on les fait
disparaître.
M. Picard: II envoyait la personne au bureau du gouvernement et
là, il percevait la taxe.
M. Harvey (Jonquière): II n'en reste pratiquement plus,
des FB.
M. Picard: Non, je le sais.
M. Harvey (Jonquière): Dès l'instant où cela
se termine, on ne le renouvelle pas.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député d'Iberville.
M. Tremblay: C'est une question relative à la location
d'automobiles. L'autre jour, je m'en vais chez le garagiste et on me propose un
contrat de location de deux ans, pour telle marque d'automobile. On me dit:
C'est $275 par mois, mais, en plus, je dois payer 8% de taxe chaque mois. Je ne
l'achète pas, l'auto, je la loue?
M. Harvey (Jonquière): D'accord, $20 de taxe, parce que
c'est la taxe sur la location d'équipement, la taxe de service.
M. Harvey (Jonquière): La loi dit qu'une vente, c'est un
achat et de la location.
M. Harvey (Jonquière): La location, c'est un achat, au
sens de la loi. Tu loues une telle mécanique, c'est 8% sur le prix de
location.
M. Tremblay: Sur quel principe?
M. Harvey (Jonquière): On a défini dans la loi
qu'une location était une vente et un achat.
M. Tremblay: Mais quel est le critère profondément
humain que vous avez utilisé pour...
M. Harvey (Jonquière): Je vais vous le dire. Prenez le
domaine de la construction, par exemple. La formule s'est
développée de plus en plusd'ache-ter sur une base de location, au
début.
Un entrepreneur achète une pièce d'équipement assez
dispendieuse, s'en sert pendant plusieurs mois, afin d'être bien
sûr que ce n'est pas c'est un terme utilisé souvent par
ceux qui utilisent la machinerie lourde un citron. Tout le montant
payé en location s'applique sur le prix d'achat, s'il achète dans
une période de X mois.
M. Tremblay: D'accord, s'il décide de l'acheter par la
suite.
M. Harvey (Jonquière): Le but, au départ,
c'était d'éviter que le prix de vente d'une machine, devenue
usagée après une période de location, diminue les revenus
tels qu'ils auraient été si l'équi- pement avait
été d'abord acheté. Prenez le cas que vous nous signalez.
Normalement, un type qui occupe votre position a besoin d'une automobile. Mais,
il se peut fort bien qu'il décide, de son chef, d'en louer une. Il paie
sa taxe, au lieu de la payer sur l'achat de son véhicule dans un temps,
il la paie à $20 par mois, option que vous prenez. C'est
l'équité de considérer une location comme un achat.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: Pour compléter, M. le Président, est-ce
que, en même temps, ce ne serait pas une façon de
récupérer ce qu'on perd d'une main et ce qu'on perd de l'autre?
Parce qu'on fait la location d'équipement, les montants sont tous
déductibles au point de vue de l'impôt, comme loyer. Ce que vous
perdez sur le facteur de dépréciation à long terme, vous
le gagner immédiatement avec la taxe de vente.
M. Harvey (Jonquière): Cela touche un autre principe,
parce que, pour une corporation qui fait une déduction semblable, elle
est assujettie en plus à une taxe sur ses profits de 12%. Dans la taxe
de vente...
M. Bacon: ...vous ne perdez rien.
M. Harvey (Jonquière): Dans le deuxième point...
Mon sous-ministre va vous donner un cours sur l'assiette ou sur le principe.
Non pas un cours, mais, ce qui arrive, c'est qu'une personne qui achète
un bien pour le revendre n'est pas imposable quand elle l'achète. Quand
elle achète un bien pour le louer, elle n'est pas imposable quand elle
l'achète. Mais, d'un autre côté, celui qui consomme ou use
du bien, c'est celui qui est imposable.
Donc, l'individu qui achète au détail doit payer la taxe
et celui qui loue paie la taxe, parce que c'est lui qui, en fait, devient le
consommateur, le consommateur du bien, mais jamais le manufacturier.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Abitibi-Ouest avait une...
M. Boutin: C'était la même question, tantôt,
que je voulais poser.
M. Harvey (Jonquière): C'est un autre volet.
M. Boutin: Ce n'est pas un autre volet, parce que je reviens un
peu en arrière sur l'affaire du bien usagé. Mais, M. le
Président, je voulais demander au ministre: Quand on parle de l'achat
d'un bien usagé vendu à un tiers, à un moment
donné, est-ce que ce n'est pas, justement, parce que cela devenait
quasiment impensable de pouvoir percevoir la taxe de vente dans la vente du
bien usagé qu'on l'a établie tout l'ensemble sur l'échelle
"neuf et usagé", ensemble, parce que, à un moment donné,
ce qui arrivait, j'imagine, c'est qu'on prenait des automobiles ou n'importe
quelle marchandise, de meubles ou
autres, et on en faisait des démonstrateurs? Ils devenaient des
usagés, il n'y avait plus de taxe de vente. C'est une autre forme aussi
d'éviter la taxe.
M. Tremblay: Sur les démonstrateurs, il n'y a pas de taxe
de vente?
M. Boutin: Ils sont usagés.
M. Bacon: II s'agit d'aller le trouver.
M. Tremblay: Si, au terme de mon contrat de deux ans, je
décide d'acheter mon automobile pour la différence du prix,
l'argent que j'ai déboursé moins le prix initial de l'automobile,
supposons qu'il reste $5,000...
M. Harvey (Jonquière): Cela dépend du contrat que
vous avez. Ce sera une autre transaction.
M. Tremblay: Supposons que j'ai une option d'achat sur mon
automobile, que je décide finalement de l'acheter, qu'il reste $3,000
à payer, par exemple, est-ce que j'ai une taxe de vente à
payer?
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire, on livre votre
automobile. Elle a une valeur, à un moment donné, au livre rouge.
Ils appellent cela le livre rouge.
M. Tremblay: C'est le prix du marché.
M. Harvey (Jonquière): C'est le prix du marché, ce
sera une autre transaction.
M. M. Tremblay: Une autre question vitement, M. le
Président, sur l'achat ou la vente des propriétés, biens
immeubles, il n'y a pas de taxe de vente là-dessus?
M. Harvey (Jonquière): Non, cela n'existe pas ici. En
Ontario.
M. Tremblay: Vous devriez en mettre une. Vous feriez de
l'argent.
M. Harvey (Jonquière): Je conseille au
député d'Iberville de faire la suggestion au ministre des
Finances.
M. Tremblay: II se perd énormément d'argent au
Québec et ailleurs je ne vous annonce rien avec les ventes
en dessous de la table.
M. Harvey (Jonquière): Oui. Racontez cela au ministre des
Finances.
M. Tremblay: Vous le savez, je ne vous annonce rien. Il se perd
énormément d'argent.
M. Morin: Je pense que le sous-ministre a l'air
intéressé.
M. Tremblay: L'année prochaine, une bonne source de
revenus additionnels pour payer nos chemins dans les campagnes.
M. Harvey (Jonquière): Vous savez pourquoi je dis cela. Je
n'aimerais pas être obligé d'engager des agents
vérificateurs pour les faire travailler en dessous des tables.
M.Morin: Non, mais il y a des députés qui
pourraient le faire, à ce que je vois.
M. Harvey (Jonquière): C'est parce que j'imagine
l'assignation. Je comprends qu'on a des gars polyvalents, mais travailler en
dessous des tables...
M. Tremblay: A chaque fois que j'ai eu l'idée de m'acheter
une maison, on m'a toujours offert de l'argent en dessous de la table.
Ce sont des agents d'immeubles avec des licences du gouvernement pour
travailler, à part cela...
M. Harvey (Jonquière): Je sais qu'il y a des dames...
M. Tremblay: Je n'ai jamais voulu la vendre à cause de
cela.
M. Bacon (Trois-Rivières): Je pense que ce sont les
notaires, à un moment donné, qui ont suggéré
cela.
M. Harvey (Jonquière): J'espère que le
député ne devrait pas nous traiter comme de grands
méchants.
M. Tremblay: Non, je vous donne une suggestion, M. le
ministre.
M. Harvey (Jonquière): Quand on sévit contre...
M. Tremblay: Pour nos chemins de campagne dans votre
comté aussi nos chemins de paroisses, on a besoin d'argent, on
quête après cela. Cela serait une bonne source de revenus.
M. Saindon: Arrêtez donc de travailler pour vos
électeurs.
M. Tremblay: Ils vont être contents, mes électeurs.
Ils aimeraient peut-être mieux donner 8% de taxe au gouvernement que de
payer de l'argent en dessous de la table à des...
M. Harvey (Jonquière): Ils sont assez rares ceux qui
aiment payer des taxes. Avec notre expérience, je n'ai pas encore eu
trop de lettres de félicitations de ceux qui sont obligés de
payer des impôts.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Iberville a donné de bons indices au ministre.
M. Harvey (Jonquière): On en a pris bonne note. On a des
agents vérificateurs, mais on aimerait mieux des noms.
M. Morin: J'aurais pu lancer la célèbre
interjection qu'on entend en Chambre constamment. Nommez-les!
M. Tremblay: Je me suis nommé, M. le Président.
M. Harvey (Jonquière): Nommez-les, soyez discret. Par
lettre, on va protéger la source.
Le Président (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: M. le Président, je reviens une dernière
fois sur la question de la vente parallèle comparée à
l'échange. Je n'en fais pas plus qu'une suggestion. Supposons que la
vente parallèle ait lieu le même jour que l'achat de la voiture
neuve, le même jour, que les trois intéressés, puisque nous
sommes devant un triangle, se présentent devant le même
fonctionnaire, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, dans ce cas, de prévoir
que, pour les fins de la taxe, le prix de vente pourrait être
diminué du prix auquel l'acheteur a vendu son ancienne bagnole? Je vais
peut-être ajouter simplement ceci: J'ai mis des conditions expresses.
Cela se passerait devant le même fonctionnaire; cela aurait lieu le
même jour et je pense que le contribuable y trouverait son avantage parce
que, vous savez comme moi que, s'il vend sa voiture, grâce aux petites
annonces, par exemple, il risque d'avoir un meilleur prix que s'il la donne en
échange. Ce serait peut-être plus équitable à son
endroit de prévoir une formule comme celle-là.
M. Harvey (Jonquière): Mais, comme le ministre l'a dit,
nous administrons des lois fiscales. Donc, il faut absolument prévoir
exactement les situations telles qu'elles sont et appliquer, naturellement, les
taux sur les faits qu'on connaît en continuant la transaction.
Il ne faudrait pas non plus qu'on amende des lois pour créer des
échappatoires fiscales. Je me demande jusqu'où cela nous
mènerait si parfois on permettait de telles transactions, parce que je
vous dis qu'il y en a qui en bénéficiaient royalement d'une
façon très justificative. Cela leur permettrait également
d'économiser énormément de choses.
Il y en a qui développent des trucs, ce n'est pas long.
M. Morin: Je n'en doute pas, mais ce n'est pas un truc que
j'essayais de vous suggérer, c'est...
M. Harvey (Jonquière): C'est découvrir une porte.
Non, d'accord. Quand on veut être équitable parfois, vous savez,
cela ouvre la porte à bien d'autres choses qui sont moins
équitables.
M. Morin: J'ai compris cela, mais est-ce que ce n'est pas un
problème que le ministre devrait regarder d'un peu plus près pour
voir s'il n'y aurait pas lieu d'avantager le consommateur dans un cas comme
cela?
M. Harvey (Jonquière): On les vit ces problèmes
constamment.
M. Morin: Oui, je vous comprends. Je le vois bien par le rapport
du Protecteur du citoyen. Je me demandais si, en toute équité, il
n'y aurait pas lieu de modifier la loi, parce que, en fait, c'est cela que je
suis en train de vous suggérer. Je le sais bien que la loi l'interdit
dans l'état actuel.
M. Harvey (Jonquière): Dans certains cas, ce serait
très équitable, mais, dans d'autres cas, ce serait une
échappatoire systématique.
Le Président (M. Cornellier): Le député
d'Iberville.
M. Tremblay: M. le Président, M. le ministre, quel est le
dernier chiffre de contrôle que vous possédez à votre
ministère?
M. Harvey (Jonquière): Pardon?
M. Tremblay: Quel est le dernier chiffre de contrôle que
vous possédez à votre ministère sur le solde d'impôt
qu'il reste à payer de contribuables de tout le Québec, des
arrérages d'impôts?
M. Harvey (Jonquière): On a établi...
M. Tremblay: Comment y en a-t-il de gelés, dans la
population, que vous percevez de toutes sortes de façons, par poursuites
judiciaires, les arrérages de taxes?
M. Harvey (Jonquière): Toutes les taxes possibles et
imaginables nous sont dues au 31 décembre, toutes les taxes possibles et
imaginables ont été établies à $189 millions, je
dis bien au 31 décembre dernier.
M. Tremblay: Habituellement, l'année qui suit... M.
Harvey (Jonquière): On l'a baissé...
M. Tremblay: Cela s'amenuise de combien en douze mois?
M. Harvey (Jonquière): Nous avons baissé les
comptes recevables d'avril à décembre 1974 de $63.5 millions.
M. Tremblay: De $63.5 millions. M. Harvey (Jonquière):
Oui.
M. Tremblay: Et vous prétendez que, pour les autres six
mois de l'année, ce sera à peu près autant.
M. Harvey (Jonquière): Dans les programmes que nous
développons nous permettant d'améliorer notre...
M. Tremblay: Performance.
M. Harvey (Jonquière): ...service de recouvrement, et dans
nos visites régulières, éducatives ou autres, on pense
pouvoir continuer la récupération à un pourcentage aussi
élevé, sinon plus.
M. Tremblay: Quel est, dans l'esprit du ministre, l'objectif
idéal à atteindre, par exemple, comme arrérages de taxes
globalement, au Québec?
M. Harvey (Jonquière): L'idéal, ce serait... M.
Tremblay: II faut en avoir.
M. Harvey (Jonquière): Ce serait rêver que de
prétendre...
M. Tremblay: Sans rêver, justement, de façon
réaliste. L'objectif idéal réaliste, l'objectif vers
lequel vous tendez.
M. Harvey (Jonquière): Au départ, il faut que nos
gens soient motivés dans tous les secteurs à poursuivre
l'objectif idéal de 100% de récupération.
M. Tremblay: Bon.
M. Harvey (Jonquière): On sait que ce n'est pas possible
en raison des pertes possibles dans des cas de faillite, des pertes possibles
dans des cas également de fraude, de personnes
décédées, mais c'est à 100% de tout ce qu'on peut
logiquement récupérer.
Je pourrais ajouter que, par hypothèse, on pourrait dans un mois,
en dedans d'un mois, percevoir $200 millions d'impôts et ne pas
être capable de les percevoir avant le mois suivant, pour arriver au 31
mars, par exemple à partir du 1er mars, à percevoir $200 millions
d'impôts et ne pas pouvoir les percevoir avant le 31 mars, et on aurait
alors $200 millions de comptes à recevoir.
M. Tremblay: Eh bien!
M. Harvey (Jonquière): On pourrait également...
M. Tremblay: C'est aussi volatile q ue cela, quoi.
M. Harvey (Jonquière): En tordant le citron, on pourrait
faire virer la capacité de payer de certains citoyens, telle
qu'évaluée non pas uniquement par eux, mais par notre propre
service de recouvrement, ceci nous amène parfois au lieu de mettre une
entreprise à l'envers, à prendre une entente logique qui demeure,
si, en fonction de la capacité de payer, les conditions sont
respectées à la lettre.
M. Tremblay: C'est un témoignage que le...
M. Harvey (Jonquière): L'entente devient caduque, à
défaut d'un seul mois sans se conformer aux conditions de l'entente.
M. Tremblay: Généralement, on peut vous
témoigner, M. le ministre, que vous avez certainement la façon
idéale d'agir pour le contribuable, parce que vous ne refusez aucun
arrangement raisonnable. C'est tout à l'honneur du ministère, je
pense bien.
M. Harvey (Jonquière): C'est du personnel hu- main qui m'a
convaincu que je devais dire que nous avions un peu humanisé notre
système.
M. Tremblay: On entend souvent dire cela. Je vous rends ce
témoignage, d'abord au nom des contribuables de mon comté. Je
suis convaincu qu'il y en a là qui vous aiment bien, même si vous
êtes le percepteur.
Le Président (M. Cornellier): Le programme 1 est
adopté. Le programme 2?
M. Boutin: Au programme 2, j'aurais une question.
M. Harvey (Jonquière): Non. Nous allons demander au chef
de l'Opposition, avant, sur le programme 1, s'il a encore des commentaires.
M. Morin: II me reste encore une question; ensuite, nous pourrons
passer aux programmes eux-mêmes.
M. Harvey (Jonquière): D'accord. Comité
consultatif
M. Morin: J'ai l'impression qu'au rythme actuel, nous allons
finir ce soir. Je pense que tout le monde va en être content.
Je reviens à une question que j'ai posée au ministre
l'année dernière. Là encore, il m'avait un peu remis
à l'année prochaine, j'entends à cette année. Il
s'agit du comité consultatif du ministère. J'avais soulevé
quelques questions sur la représentativité, vous vous en
souviendrez, et vous m'aviez dit, si ma mémoire est bonne, que votre
sous-ministre s'apprêtait à vous faire rapport, à vous
faire des suggestions pour améliorer la représentativité
de ce comité consultatif qui avait été créé,
si ma mémoire est bonne, par votre prédécesseur,
M.Kie-rans, vers 1965.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
M. Morin: Est-ce que votre sous-ministre vous a fait le rapport
attendu, est-ce que vous comptez y donner suite? Combien y a-t-il de membres
à l'heure actuelle? Est-ce que ce sont les mêmes que
l'année dernière, M. Bélair, Me Décary, M. Amyot,
M. Cousi-neau, M. McLaughlin, M. Pelletier, de même que MM. Albert
Poissant et Stikeman?
M. Harvey (Jonquière): Effectivement, mon sous-ministre
m'a fait rapport il y a quelques mois. J'ai pris connaissance de son rapport et
j'ai décidé ceci, parce que c'est un changement assez radical,
les suggestions qu'il me faisait. Je réponds d'abord à la
deuxième partie de la question, que les membres sont les mêmes au
comité consultatif actuel. Mais les suggestions de mon sous-ministre
contenues dans son rapport, qui date de quelques mois, sont un changement
radical. J'ai jugé à propos de l'inscrire, après avoir
réfléchi comme il faut, au programme du conseil des ministres
pour obtenir l'accord du cabinet. Pour ce problème du comité
consultatif, j'ai reçu moi-même, en plus de mon
sous-ministre, plusieurs suggestions; j'optais personnellement pour les
suggestions faites par mon sous-ministre. Ce n'est qu'il y a quelques semaines
que j'ai pu le soumettre, parce qu'on était dans le cycle
budgétaire; je n'ai pas besoin de vous dire que les programmes
étaient considérablement chargés. J'ai l'intention de
donner suite, au cours des prochains mois, aux suggestions contenues dans le
mémoire que m'écrivait mon sous-ministre. Je rendrai public, dans
un communiqué, les principaux changements apportés, de même
que les nominations, telles qu'elles sont suggérées. Je dirai les
améliorations destinées à faciliter l'application des lois
fiscales. Le mandat sera d'examiner objectivement les politiques, les
programmes et les procédures du ministère, en faire une critique
constructive, de nous suggérer les améliorations destinées
à faciliter l'application de notre législation fiscale et
d'étudier les conséquences de l'adoption de nouvelles mesures et
politiques.
Je pense qu'un mandat comme ça répondrait, dans ses
grandes lignes, aux objectifs que nous poursuivons. Je serai en mesure
d'annoncer officiellement, au cours des prochains mois, les modifications
apportées au comité consultatif actuel.
M. Morin: C'est un document interne dont vous faites
état.
M. Harvey (Jonquière): Oui, parce que nous l'avons remis
à deux ou trois reprises au cabinet pour permettre à mes
collègues d'en prendre connaissance. J'ai dû apporter, dans un
deuxième temps, une copie pour chacun de mes col lègues des
suggestions que j'avais reçues sur la base individuelle des lettres qui
m'avaient été soumises, comme ministre du Revenu, par certains
professionnels, soit comptables, avocats spécialistes en droit fiscal.
Plusieurs de ces suggestions rejoignaient les suggestions faites par mon
sous-ministre et ses adjoints.
M. Morin: Le ministre ne peut-il pas nous donner la moindre
idée des groupes sociaux auxquels on asongé,
àtitred'exemple? Je ne lui demande pas de nous donner tout le rapport,
le ministre sait que nous avons mentionné certains groupes qui
pourraient utilement faire partie de ce comité consultatif du
ministère.
M. Harvey (Jonquière): C'est-à-dire que le document
traite de la procédure qu'il faudrait suivre pour remplacer l'ancien
comité par le nouveau. Etant donné que l'acceptation officielle
du cabinet, je ne l'ai pas encore, j'aimerais beaucoup mieux, avant de discuter
les détails du changement assez radical soumis par mon sous-ministre,
être en mesure de ne pas avoir à dire: Je n'ai pas agi pour telle
ou telle raison.
M. Morin: Le changement radical, pour que ce soit bien clair,
porte sur les membres du comité consultatif.
M. Harvey (Jonquière): Sur l'ensemble du travail du
comité, parce qu'on...
M. Morin: Bon mandat.
M. Harvey (Jonquière): ...est conscients que nous avons
absolument besoin d'un tel comité. L'expérience du premier
comité et le mandat qu'il détenait à ce moment-là
non pas la valeur des hommes qui ont bénévolement servi au
sein du comité, on ne met pas ça en doute, mais il y aura des
changements assez radicaux que j'annoncerai d'ici quelques mois.
M. Morin: Est-ce que je pourrais demander à combien de
reprises le comité a siégé en 1974?
M. Harvey (Jonquière): II n'a passiégé au
cours de la dernière année financière.
M. Morin: Pas du tout?
M. Harvey (Jonquière): Non.
M. Morin: Est-ce qu'il y a une raison particulière pour
ça?
M. Harvey (Jonquière): Nous avons rencontré
certains membres du comité à l'occasion, mais à
l'intérieur d'autres groupes, l'Institut de comptables
agréés, mais le comité comme tel n'a pas
siégé au cours de la dernière année fiscale.
M. Morin: Je sais que l'année dernière, une des
raisons que vous m'aviez donnée, c'était que certains de ces
membres étaient consultés à titre d'experts dans le cadre
d'autres projets de votre ministère. C'était la raison que vous
m'aviez donnée pour expliquer qu'il y avait eu très peu de
réunions.
M. Harvey (Jonquière): Nous avons des membres qui ont
même agi pour le gouvernement fédéral à titre
d'experts. Il y en a qui sont juges. En fait, le document est en
préparation, depuis le moment où j'ai commandé à
mon sous-ministre son rapport. Quand il me l'a remis, j'aurais
été capable d'agir en vitesse, mais j'aimais beaucoup mieux
procéder d'une façon beaucoup plus démocratique,
c'est-à-dire permettre à mes collègues d'être
conscients d'abord que c'était une nécessité que d'avoir
un comité consultatif et pas uniquement changer des noms, remplacer ceux
qui avaient eu une nomination sur le banc ou engagés à titre
d'experts par le gouvernement fédéral, mais bien en changer le
mandat, préciser son mandat et également faire une suggestion
quant à la procédure de nomination. Le document est complet. Je
partage entièrement l'opinion de mon sous-ministre sur les changements
à être apportés.
M. Morin: L'année dernière, vous m'aviez
mentionné le fait que vous comptiez faire siéger le comité
une, deux ou trois fois, si c'est possible. Je vous cite.
M. Harvey (Jonquière): C'est une question de temps. Mon
rapport date de quelques mois et justement au début du cycle
budgétaire. Les raisons sont tout simplement que j'ai dit: Après
l'adoption du discours du budget. Effectivement, je l'ai réinscrit
à l'ordre du jour du conseil immédiatement après que le
discours du budget eut été en voied e préparation.
M. Morin: Bon. Si je vous ai bien compris, cela va aboutir au
cours de l'année qui vient.
M. Harvey (Jonquière): Au cours des prochains mois.
Le Président (M. Cornellier): Le député de
Trois-Rivières.
M. Bacon: En supplémentaire de ce que disait le chef de
l'Opposition officielle, il était préoccupé surtout par
les groupes socio-économiques. Personnellement, je me permettrais de
suggérer au ministre d'avoir une représentation aussi dans les
différentes régions du Québec. Ce ne sont pas tous des
imbéciles qui restent en dehors de Québec ou de Montréal.
Ce n'est pas un reproche que je veux faire au ministre. Je pourrais faire la
même suggestion à tous les ministres qui ont des nominations
à faire. Je ne comprends pas qu'en dehors de Québec et de
Montréal, il ne peut pas y avoir du monde intelligent pour siéger
à des commissions.
M. Morin: D'après vos collègues, ils devraient tous
être ingénieurs, de toute façon.
M. Bacon: Non, je ne blague pas là-dessus. M. le
Président, je dois admettre qu'à un moment donné, un
fiscaliste, à Montréal, est probablement appelé à
avoir plus de cas ou de plus grandes spécialités qu'un comptable
ou un bonhomme qui peut faire un travail semblable dans une ville comme
Trois-Rivières. Je dois l'admettre au départ. Sauf que vous avez
des pratiques qui sont différentes, vous avez des contacts
différents avec les gens. Dans toutes les commissions ou les
comités, je pense que la majorité, en faisant le tour de la
table, serait probablement d'accord pour vous dire qu'il y a d'autres gens
à l'extérieur de Montréal et de Québec qui peuvent
avoir une aussi grande compétence. Cela me fâche de voir que
lorsqu'on forme des comités consultatifs ou des commissions, il n'y a
pas personne, en dehors de Montréal et de Québec, d'autres
villes.
M. Marchand: M. le Président, je suis parfaitement
d'accord. Trois-Rivières a déjà fourni un premier ministre
à la province de Québec, qui a été là deux
ou trois ans!
M. Harvey (Jonquière): Je veux dire, d'abord et avant
tout, qu'en changeant le mandat du comité consultatif, on peut
très bien rejoindre l'objectif visé par le député
de Trois-Rivières. Au départ, comme membre du comité
consultatif, les deux critères qui doivent prévaloir sont: 1-
connaissances du bonhomme qui en fait partie c'est assez rare qu'on
puisse retrouver cela dans une très petite localité ; 2-
les conseils qu'il peut nous donner.
Maintenant, il est sûr que le comité consultatif, dans son
mandat de rencontrer des praticiens venant de toutes les régions de la
province, peut l'éclairer sur la façon de faire au comité
des suggestions. C'est assez rare, il faut l'admettre. C'est peut-être
possible à Trois-Rivières, mais j'ai à l'esprit une
région économique 0-2. En droit fiscal, elles sont assez rares
les bonnes...
M. Bacon: Je vous ferai des suggestions en temps et lieu et vous
pourrez vérifier.
M. Harvey (Jonquière): C'est cela.
M. Saindon: Ne te fatigue pas pour rien.
M. Bacon: Je suis député, c'est pour cela que je
m'en occupe.
M.Morin: M. le Président, nous sommes prêts à
passer à l'examen du...
M. Bacon: Je remercie le chef de l'Opposition de m'avoir
laissé parler.
M. Morin: Non seulement cela, mais je vous ai appuyé.
M. Marchand: D'ailleurs, le chef de l'Opposition est d'une
gentillesse extraordinaire.
M. Morin: Oui, passons.
M. Harvey (Jonquière): C'est un créditiste de
ville.
M. Morin: Si vous vous mettez à parler de
crédi-tistes, je pourrais en nommer d'autres.
Le Président (M. Cornellier): Le programme I:
Administration fiscale.
Administration fiscale
M. Morin: M. le Président, effectivement, j'ai peu de
questions sur le programme I. Je voudrais simplement jeter un coup d'oeil sur
la ventilation des divers éléments. A l'élément 6,
loyers, quand je compare la colonne 1974/75 avec 1975/76, je constate qu'il y a
une augmentation considérable. Est-ce que je pourrais demander au
ministre de m'expliquer ladite augmentation d'un peu moins de $700,000?
M. Harvey (Jonquière): Sont groupées dans cette
catégorie, les principales dépenses suivantes: la location
d'équipement d'informatique, location de machines de bureau et locations
diverses, pour un grand total de $2,512,000, comparativement à
$1,832,000.
M. Morin: C'est cela.
M. Harvey (Jonquière): Ce sont surtout les or-
dinateurs que nous avons grossis pour répondre aux besoins du
ministère. Les prévisions budgétaires de 1975/76 accusent
une augmentation de $680,000, à cause principalement de la conversion
des ordinateurs du ministère, pour le 1er septembre 1975. De fait,
l'équipement actuel, UNIVAC, ne peut répondre aux projets
d'expansion du ministère, car il n'est plus fabriqué.
En conséquence, le service des achats, en vertu de
l'arrêté en conseil 3124-74, du 28 août dernier, a
été autorisé et a dûment signé avec la firme
IBM, un contrat destiné à remplacer l'équipement actuel
par celui qui répondra le mieux aux exigences du ministère.
La quasi-totalité des crédits prévus, soit 98%,
relève de la Direction générale des opérations.
M. Morin: Très bien. Je vois que vous avez là un
cahier qui contient probablement...
M. Harvey (Jonquière): Le cahier du maître. Il n'est
pas comparable au cahier du maître de la CEQ.
M. Morin: Non, ni au cahier de l'élève, je crois.
C'est extrêmement pratique.
M. Harvey (Jonquière): Le cahier de l'élève,
il est là. Je le conserve vierge.
M. Morin: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
les mêmes explications au ministre, qu'il peut prendre dans son cahier
vierge ou dans celui qui ne l'est pas, à propos de
l'élément 7, les fournitures?
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Morin: Là, on passe de $3,307,000 à $4,088,000.
C'est également une augmentation assez radicale.
M. Harvey (Jonquière): L'augmentation principale, c'est
surtout sur le papier. Sont groupées dans cette catégorie les
principales dépenses suivantes: matières fabriquées non
comestibles, achat d'accessoires se rattachant à un équipement
spécifique, coût d'impression du formulaire et achat de
fourniture: $2,689,000, en 1974/75, comparativement à, cette
année, $3,197,900. Achat de fournitures de bureau destinées
à l'approvisionnement de l'entrepôt du ministère; ces
achats sont faits naturellement par les Travaux publics: $168.6; autres
fournitures, $57.2.
L'augmentation de $781,100 par rapport aux prévisions
budgétaires de l'an dernier provient principalement de l'achat du
colorant dont les quantités augmentent de 6.7% et les prix de 15%,
représentant une majoration du coût de $168,000, alors que le
coût d'impression du formulaire augmente de $508,800. La
quasi-totalité des crédits est destinée à l'achat
de colorant pour satisfaire aux exigences de l'article 18 de la Loi des
carburants, qui prévoit la coloration du mazout. Cette dépense
relève de la Direction générale de la vérification.
Accessoires se rattachant à un équipement spécifique; il
s'agit de l'achat de films, de rubans d'imprimante, de rubans
magnétiques, de fournitures pour microfilms, etc.
M. Marchand: Est-ce que les quantités ont
été augmentées énormément?
M. Harvey (Jonquière): Pas tellement. C'est le coût
du papier.
M. Marchand: C'est tout simplement le pourcentage.
M. Harvey (Jonquière): Le prix du papier.
M. Marchand: Le pourcentage représente quoi comme
augmentation?
M. Harvey (Jonquière): On l'a par pourcentage ici. 35%
d'augmentation, uniquement sur le coût du papier.
M. Marchand: Ce qui représente les trois augmentations que
l'imprimerie a eues dans la même année, c'est cela, au point de
vue du coût du papier?
M. Harvey (Jonquière): A peu près.
M. Marchand: Je peux dire que vous avez raison.
M. Harvey (Jonquière): On l'a payé et on n'a pas le
choix.
M. Marchand: Vous l'avez payé et nous aussi, on le paie et
on le refait payer.
M. Harvey (Jonquière): On voit cela.
M. Morin: Je voudrais maintenant, M. le Président, si j'ai
la parole, demander également une explication pour
l'élément 8 qui passe, pour l'équipement, de $197,000
à $296,000, une augmentation de $100,000. Pouvez-vous nous donner les
raisons pour cela?
M. Harvey (Jonquière): C'est d'abord à un article.
J'ai dit cet après-midi que nous fournissons maintenant les
véhicules automobiles à nos inspecteurs de carburant. Il y a
achat d'automobiles pour $60,000. Achat d'équipement d'informatique,
soit les disques magnétiques et séparateurs de formules: $54,000.
Achat de machines de bureau, quelques machines à additionner,
calculateurs, dactylographes, lecteurs, imprimeurs, $164,600. Matériel
divers, $18,100, pour un total de $296,700.
M. Morin: Où est l'augmentation exactement? Où se
situe l'augmentation majeure?
M. Harvey (Jonquière): Surtout les automobiles pour les
inspecteurs de carburant, qui travaillaient en collaboration avec ceux du
transport l'an dernier, comme je l'ai expliqué cet après-midi. Il
y a
aussi une augmentation de $44,000 au niveau du changement des
ordinateurs, disques magnétiques et séparateurs de formules. Nous
avons une augmentation également de $29,000 sur l'achat de machines de
bureau, machines à additionner, calculateurs, dactylographes.
M. Marchand: Cela veut dire que ça coûte moins cher
que l'an dernier. Vous avez à peu près $125,000
d'augmentation.
M. Harvey (Jonquière): Non, cela coûte plus cher. On
a quelque chose de neuf qui va durer plus longtemps. On remplace
l'équipement désuet qui ne répond plus...
M. Morin: A la suite de ces explications, M. le Président,
nous sommes prêts à adopter le programme 1.
Le Président (M. Cornellier): Le programme 1 est
adopté. Programme 2, redistribution aux municipalités d'une
partie du produit de certaines taxes à la consommation.
Redistribution de la taxe aux
municipalités
M. Boutin: J'aimerais savoir, dans la redistribution de la taxe
de vente au détail, quelle est la portion des 8% qui provient du local,
du régional et du provincial; la même chose en ce qui concerne la
taxe sur les repas et l'hôtellerie. Il y a une partie qui est
basée sur le local...
M. Harvey (Jonquière): Local, 50%; régional, 40%;
provincial, 10%.
M. Boutin: Dans les 5%?
M. Harvey (Jonquière): Deux du huit...
M. Boutin: Les deux de la même façon.
M. Harvey (Jonquière): 50% de 2% sur la base municipale;
40% de 2% sur la base régionale; 10% de 2% sur la base provinciale.
M. Boutin: Puis sur la taxe sur les repas, c'est sur combien, 2%
aussi?
M. Harvey (Jonquière): Non, repas et hôtellerie,
seules les villes de 150,000 âmes et plus, soit Laval, Québec et
Montréal, retirent 50% du produit de cette taxe perçue dans leur
territoire.
M. Marchand: Cette année, c'est environ $24 millions.
M. Boutin: Comme deuxième question, M. le
Président...
M. Marchand: Ce qui représente quoi pour Montréal,
par exemple? A peu près $18 millions?
M. Harvey (Jonquière): Ce n'est pas bête un chiffre
comme cela.
M. Bacon: Un ordre de grandeur. C'est ça.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable
député d'Abitibi-Ouest, pour sa deuxième question.
M. Harvey (Jonquière): Cela représente à peu
près le quart du produit total de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie. Le produit total des trois villes représente
à peu près 50% du total perçu. Cela représente
grosso modo 25% du produit de cette taxe, mais c'est 50% du produit de la taxe
perçue dans leur territoire respectif.
Le Président (M. Cornellier): J'ai donné la parole
à l'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. Harvey (Jonquière): D'accord.
M. Boutin: La taxe sur les corporations qui ont des succursales
dans d'autres villes que les municipalités concernées, avec une
comptabilité centralisée, comment se fait la redistribution de la
taxe de vente? Si vous voulez que je vous donne un exemple.
M. Harvey (Jonquière): On redistribue la taxe en fonction
des succursales situées dans les localités.
M. Boutin: Est-ce que c'est calculé à votre
ministère?
M. Harvey (Jonquière): Oui.
M. Boutin: Est-ce qu'il peut y avoir des erreurs?
M. Harvey (Jonquière): Des erreurs sont toujours possibles
mais, lorsqu'on nous signale qu'il semble y avoir erreur, on revérifie
et, quand il y a erreur, les corrections sont apportées.
M. Boutin: Si je comprends bien, cela veut dire que le chiffre de
vente de chacune des succursales de chacune des villes ou municipalités
est un montant différent du total complet des bilans ou des rapports
d'impôt qu'elle fait ou des productions de rapport de taxe de vente.
M. Harvey (Jonquière): Elles nous font cette ventilation
pour nous permettre de vérifier si l'argent provenant de chacune des
succursales est bien redistribué pour rejoindre les objectifs de notre
programme 2.
M. Boutin: Merci.
Le Président (M. Cornellier): L'honorable chef de
l'Opposition officielle.
M. Morin: Si ma mémoire est bonne, M. le Président,
l'année dernière, lors de l'étude des crédits, nous
nous étions entretenu de la possibilité de modifier la formule
qui est applicable depuis quelques années.
M. Harvey (Jonquière): Si on en trouvait une
meilleure.
M. Morin: Si on en trouvait une meilleure, j'imagine. Et, n'y
avait-il pas un comité qui devait étudier la question? Et est-ce
que ce comité en est venu à des conclusions définitives?
Est-ce qu'il a fait des suggestions pour la modification de la formule? Est-ce
que vous pensez être en mesure d'annoncer des modifications à
l'occasion de la prochaine conférence provinciale-municipale qui est
prévue pour l'avenir, d'ici quelques mois?
M. Harvey (Jonquière): Nous avons, au ministère,
effectivement à partir de suggestions faites, soit par l'Union des
conseils de comté ou d'autres organismes, fait des essais d'application
d'une nouvelle formule parmi plusieurs formules suggérées. Toutes
celles qui nous ont été suggérées.
M. Morin: Vous avez traité cela sur ordinateur?
M. Harvey (Jonquière): Sur ordinateur, d'accord. Et le
résultat qui m'a été donné nous prouvait qu'on
favorisait quelques municipalités aux dépens d'un très
grand nombre qui devenaient défavorisées.
On déséquilibrait leur revenu, ce qu'ils pouvaient
escompter comme revenu assuré, puisque la taxe de vente, ce revenu pour
les municipalités, à tendance à augmenter d'année
en année, à part des très petites, mais encore là,
avec la garantie qu'elles ont... On se rend compte que les nouvelles formules
suggérées sont toujours à l'avantage de ceux qui les
suggèrent.
M. Morin: Oui, cela ne m'a pas étonné outre
mesure.
M. Harvey (Jonquière): On imagine que le principe:
charité bien ordonnée commence par soi-même, cela
s'applique au départ.
M. Morin: Parmi les nombreuses suggestions qui vous ont
été faites, M. le ministre, il y en a qui émanaient, je
crois, de la ville de Montréal, qui ne devaient certainement pas lui
être défavorables, mais j'aimerais avoir les commentaires du
ministre.
M. Harvey (Jonquière): Ce n'était pas pour la
répartition de la taxe de vente.
M. Morin: Non, c'étaient de nouvelles sources de
revenu.
M. Harvey (Jonquière): C'était une exemption pour
l'achat de...
M. Morin: Non, c'était pi us que cela. Je sais qu' il a
été question de $0.05 le gallon d'essence, par exemple. Une taxe
nouvelle remise aux municipalités, de $0.05 sur le gallon d'essence.
M. Harvey (Jonquière): D'ailleurs, j'ai dit au chef de
l'Opposition que dès que les tableaux ont été prêts,
en fonction des formules suggérées, je l'ai transmis
immédiatement à mon collègue des Finances, pour qu'il soit
en mesure d'apprécier ces tableaux pour établir la politique
financière du gouvernement. Aussi, dans le discours du budget, nous
avons vu avec quel souci il s'est préoccupé de trouver de
nouvelles sources de revenu, pour le secteur de la ville de Montréal, de
la ville de Québec et des autres municipalités, en diminuant
même les contraintes qu'il y avait dans l'adjudication d'une subvention
statutaire pour certaines municipalités, en baissant de 25,000 à
15,000 le nombre de la population.
C'est le ministre des Finances qui a établi la politique du
gouvernement, à partir de nos tableaux statistiques qui lui indiquaient
de ne pas élargir les injustices.
M. Morin: Ce dont je vous parle est un peu différent. Je
crois que la ville de Montréal avait dans l'idée des sources
autonomes de revenu pour les municipalités. Votre ministère
a-t-il une pensée là-dessus? Je donne des exemples: Ils avaient
suggéré $0.05 sur le gallon d'essence ou encore...
M. Harvey (Jonquière): Lediscoursdu budget a
clarifié la situation, de sorte que tout ce que la ville de
Montréal a suggéré, le ministre des Finances a
clarifié la situation en annonçant d'autres mesures amenant des
sources de revenu additionnelles à la ville de Montréal.
M. Morin: Oui, mais pas autonomes.
M. Harvey (Jonquière): Qu'entendons-nous par
autonomes?
M. Morin: Par autonomes, je veux dire ce que plusieurs villes ont
fait valoir, c'est-à-dire qu'elles aient...
M. Harvey (Jonquière): Avec aucune garantie que M. Drapeau
ne reviendrait pas, à l'occasion, toutes les fois qu'il a besoin
d'argent.
M. Morin: C'est une autre question.
M. Harvey (Jonquière): II est bien sûr que la
préoccupation du maire de Montréal et des maires de certaines
villes sont fondées, mais il n'appartient pas et cela, je suis
sûr que le chef de l'Opposition l'admettra avec mo i au
ministère du Revenu de déterminersi leurs suggestions sont bien
fondées. Il appartient au ministre des Finances, à partir des
suggestions faites, soit par la ville de Montréal ou d'autres villes,
d'évaluer les suggestions et de déterminer sa politique d'aide
financière gouvernementale à l'endroit de ces
municipalités.
M. Morin: Je pense que nous pouvons sans doute adopter le
programme 2, M. le Président.
Régime de rentes
Le Président (M. Cornellier): Le programme 2 est
adopté. Le programme 3: Remboursements à certains travailleurs
autonomes d'une partie de leurs contributions au régime de rentes du
Québec.
M. Harvey (Jonquière): Ce programme vise à
alléger la contribution des travailleurs autonomes au régime de
rentes du Québec. Ce sont les moins favorisés. C'est la partie
qu'on doit défrayer pour eux les exempter de 50% de la contribution.
M. Morin: J'ai très peu de questions. Je voudrais demander
au ministre s'il est au courant des multiples retards du ministère du
Revenu à remettre à la Régie des rentes les données
relatives aux dossiers des contribuables, quant à leurs gains, leurs
cotisations, etc.
Je vois que le sous-ministre est au courant de cette question. Cela a
même fait l'objet, si je ne m'abuse, d'une correspondance,
adressée à vous, M. le ministre. Cela a fait l'objet d'un
échange en Chambre, également, entre le député de
Saint-Jacques et le ministre des Affaires sociales.
M. Harvey (Jonquière): Des Affaires sociales.
M. Morin: Le ministre des Affaires sociales disait ceci: "Le
ministère du Revenu perçoit les contributions, il reçoit
les formules TP-4 des employeurs. C'est à partir des formules TP-4 que
se bâtit le registre des gains. La régie, dans son registre des
gains, a les informations qui lui sont transmises par le ministère du
Revenu". Et il ajoute: "II y a un problème. La raison pour laquelle les
gains ne sont pas inscrits dans ce cas, c'est fort probablement parce que le
ministère du Revenu ne nous avait pas transmis les renseignements pour
les employés de la ville de Montréal pour l'année 1972".
Bon, cela visait, cette fois, les em ployés de la ville de
Montréal.
M. Harvey (Jonquière): De Montréal.
M. Morin: Bon. Est-ce que le ministre peut nous faire part de
l'attitude de son ministère devant ces plaintes?
M. Harvey (Jonquière): Mon sous-ministre, M. André
Saint-Charles, qui est parfaitement au courant du problème, va vous
donner tous les détails...
M. Morin: Volontiers, volontiers.
M. Harvey (Jonquière): ...pour la ville de
Montréal. Il est Montréalais lui-même, il connaît
bien le problème.
D'après la procédure qu'on employait auparavant, on
faisait parvenir à la Régie des rentes tous les détails
concernant les contribuables seulement dans les cas où le TP-4 avait
été concilié. Cela veut dire qu'on avait concilié
les remises que l'employeur nous avait faites à tous les mois, avec ce
qu'il déclarait sur chacun des feuillets TP-4
supplémentaires.
M. Morin: Ah oui!
M. Harvey (Jonquière): On faisait cette conciliation.
Permettez-moi de vous dire que, dans certaines grosses patentes, comme la
province de Québec, la ville de Montréal ou le gouvernement
fédéral, les conciliations sont terriblement difficiles,
même si on reçoit parfois des bobines magnétiques au lieu
de recevoir seulement les feuillets. N'empêche que cela nous occasionne
toujours de très grosses difficultés de conciliation parce qu'il
y a tellement de personnes impliquées là-dedans, et tout
ça. Alors, ce n'est pas facile.
Cela occasionnait justement des retards quand il s'agissait d'aller
porter au registre des gains des particuliers les sommes qu'ils avaient
gagnées dans l'année. Depuis à peu près un mois ou
un mois et demi, nous avons changé la procédure et nous envoyons
maintenant l'information à la Régie des rentes même si le
TP-4 n'a pas été concilié. Nous lui envoyons une
première information afin de permettre d'inscrire au registre des gains
de chacune de ces personnes son montant de gains pour l'année, pour
éviter que la régie soit obligée de communiquer avec nous
pour obtenir l'information.
M. Morin: Je m'excuse. Puis-je vous interrompre? Vous l'avez fait
pour l'année 1972, déjà?
M. Harvey (Jonquière): On l'a fait jusqu'à
présent. Tout ce qu'on avait jusqu'à présent...
M. Morin: Jusqu'à présent?
M. Harvey (Jonquière): ...a été
envoyé.
M. Morin: Ah bon! Le retard a été substantiellement
rattrapé, alors, si je comprends bien.
M. Harvey (Jonquière): A 90% ou 95%...
M. Morin: Ah bon!
M. Harvey (Jonquière): ...au minimum.
M. Morin: Ah bon!
M. Harvey (Jonquière): Ces retards ont été
rattrapés.
M. Morin: Bon. Parce que c'était quand même une
situation qui...
M. Harvey (Jonquière): Maintenant, permettez-moi de vous
dire, M. Morin, que jamais cela n'aaffecté le contribuable, parce que
lorsque la Régie des rentes n'avait pas le montant inscrit au registre
et qu'elle devait payer une rente, elle nous demandait, au ministère du
Revenu, les informations et on les lui fournissait pour un individu en
particulier.
M. Morin: Oui. Cela au moment de payer la rente.
M. Harvey (Jonquière): C'est ça, oui.
M. Morin: Cela, je le comprends. Cela est possible. Mais je pense
que les employés s'inquiétaient parce qu'ils n'avaient aucun gain
d'inscrit à leur compte. Dans certains cas...
M. Harvey (Jonquière): Ils avaient raison.
M. Morin: ...on était en 1975 et c'était depuis
1972 qu'il n'y avait aucun gain.
M. Harvey (Jonquière): 1974.
M. Morin: Oui.
M. Harvey (Jonquière): Ils avaient raison.
M. Morin: Alors, c'est corrigé.
M. Harvey (Jonquière): Ils avaient raison.
M. Morin: Bon, M. le Président, on va adopter le programme
no 3.
Le Président (M. Cornellier): Le programme 3 est
adopté. Ceci complète l'étude des crédits du
ministère du Revenu.
Vous me permettrez de remercier les membres de la commission de leur
collaboration, de l'intérêt qu'ils ont montré aux travaux
de la commission. Au nom des membres de la commission, j'aimerais aussi
remercier les fonctionnaires du ministère du Revenu pour leur
dévouement et leur collabo ration.
M. Harvey (Jonquière): M. le Président,
naturellement, il est de mon devoir de remercier mes collaborateurs de m'avoir
si bien fourni tout ce dont j'avais besoin pour être capable de
répondre adéquatement à toutes les questions auxquelles il
m'est permis de répondre en vertu de la Loi du ministère du
Revenu.
Une Voix: Article 69.
M. Harvey (Jonquière): Je remercie tous mes
collègues qui ont fait en sorte de respecter un prérequis
qu'avait établi le chef de l'Opposition, avec raison,
c'est-à-dire d'avoir un quorum à notre commission pour pouvoir
scruter du mieux que l'on pouvait les sommes demandées pour administrer
les lois fiscales.
Je remercie également le chef de l'Opposition qui est un
excellent stratège. J'ai vu avec quelle habileté il a
essayé de me faire tomber dans le panneau d'entrer dans des dossiers de
particuliers ou de corporations, ce qui lui aurait permis de me rentrer dedans
un peu plus. Mais il admettra avec moi qu'il est extrêmement difficile
dans le contexte actuel de ne pas déroger à l'article 69 si on
veut répondre à un cas particulier quand il s'agit du
ministère du Revenu. Je le remercie de sa collaboration, de même
que celui qu'on voit régulièrement avec lui et qui semble
également lui fournir d'excellents conseils comme moi j'en
reçois.
Merci à vous également, M. le Président, pour
avoirété patient à l'endroit d'un ministre du Revenu assez
grippé, merci.
M. Morin: Je m'en serais voulu de soulever ce qu'on appelle
quelquefois publiquement en droit commercial le voile corporatif qui
protège les particuliers et les sociétés des regards
indiscrets des tiers. Ce n'était certainement pas mon intention. Je
pense que le ministre l'avait compris.
Il aura compris que, dans le long interrogatoire que je lui ai fait
subir au début de cette commission et qui, je l'espère, n'a pas
indisposé indûment qui que ce soit, ce que nous visions,
c'était un intérêt public, c'était un objet
d'intérêt public, c'est-à-dire de nous assurer que
certaines démarches auprès des ministères, que nous
considérons comme étant illégitimes et pas
seulement auprès du ministère du Revenu, je vous prie de me
croireprennent fin. Je prie encore une fois tout le monde de croire que
nous l'avons fait dans l'intérêt public et que nous ne
poursuivions pas d'autre but. J'espère que cela a été
clair.
Je remercie les collègues et messieurs les membres de la fonction
publique qui onteu la gentillesse de se déplacer.
Le Président (M. Cornellier): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 13)