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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Audition du Vérificateur général
Séance du mardi 11 novembre 1975
(Dix heures quarante-huit minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Préliminaires
La Commission des finances, des comptes publics et du revenu continue ce
matin l'étude des trois derniers rapports annuels du Vérificateur
général.
Il y a eu consultation entre les responsables de cette commission et il
a été décidé de procéder dans l'ordre
suivant: les affaires culturelles, les communications et finalement les
affaires sociales.
On m'a informé de certains changements dans la composition de la
commission: M. Charron (Saint-Jacques) remplace M. Bédard (Chicoutimi),
M. Brisson (Jeanne-Mance) remplace M. Déom (Laporte), M. Massicotte
(Lotbinière) remplace M. Garneau (Jean-Talon) et M. Bonnier (Taschereau)
remplace M. Pepin (Sherbrooke).
Au début de cette séance j'aimerais faire un bref rappel
d'une question que le député de Maisonneuve a soulevée au
cours de la séance du 29 octobre et dont la recevabilité a
été mise en doute, et ce relativement à un
dénommé René Gagnon.
Le député de Maisonneuve avait posé au
Vérificateur général la question suivante: Je me demande
s'il vous est possible, M. le Vérificateur général, de
déceler au sein de la comptabilité du ministère de
l'Immigration les sommes relatives au paiement du salaire d'un
dénommé René Gagnon.
Le député de Maisonneuve a explicité ensuite sa
question dans les termes suivants. Peut-être n'êtes-vous pas en
mesure de répondre tout de suite, mais je veux savoir si vous avez en
main ou si vous avez eu en main un certain nombre de documents qui puissent me
dire quel a été le montant total payé à M. Gagnon
au cours des années de vos rapports que nous examinons, quels sont les
postes qu'il a occupés et les montants correspondants, et si on peut
situer les dates des transferts d'un poste à un autre.
A deux reprises j'ai alors exprimé des doutes sur la
recevabilité de cette question et j'avais émis l'opinion qu'une
telle question devrait être posée au feuilleton ou à
l'occasion de l'étude des crédits du ministère de la
Fonction publique ou du ministère de l'Immigration.
J'avais ajouté ce commentaire: "Je ne rendrai pas de
décision pour la bonne et simple raison que le Vérificateur
général a demandé de regarder les questions avant."
Le Vérificateur général nous avait offert de
réfléchir, voire même de consulter au besoin, et de nous
faire savoir aujourd'hui s'il pouvait oui ou non répondre à une
telle question.
Après mûres réflexions, j'en viens à la
conclusion, aujourd'hui, qu'il n'appartient pas à un témoin ou
à un invité de statuer sur la recevabilité d'une question.
C'est là le privilège et le devoir du président d'une
commission et ce serait laisser apporter un accroc grave à notre
règlement et aux principes les plus fondamentaux de notre droit
parlementaire que de laisser un témoin ou un invité
décider lui-même s'il doit ou non répondre à une
question qui lui est posée par un membre d'une commission parlementaire.
Ce serait là un précédent d'ordre parlementaire qu'il est
impensable de vouloir créer, quelle que soit la qualité ou la
compétence de notre invité.
Ceci dit, je suis prêt maintenant à me prononcer sur la
recevabilité de la question du député de Maisonneuve. Le
mandat de notre commission est clair: étudier les rapports du
Vérificateur général. Le procès-verbal de la
deuxième séance, tenue le 22 octobre 1975 par la sous-commission
des finances, des comptes publics et du revenu, précise le mandat en ces
termes: Cette étude doit se faire sur le plan administratif. Lors de la
première séance de la commission permanente des finances, des
comptes publics et du revenu, tenue le 31 juillet 1974 aux fins
d'étudier le rapport du Vérificateur général,
séance qu'on avait qualifiée d'historique, les membres de la
commission avaient tenu, tout en précisant le mandat de ladite
commission, à délimiter le couloir à l'intérieur
duquel auraient lieu les discussions.
Ainsi, il avait été entendu que le Vérificateur
général répondrait à toutes les questions qui
pourraient être posées en relation avec les rapports produits
suite à la vérification des états financiers et des
opérations financières du gouvernement du Québec. Alors
que le ministre des Finances exprimait l'avis qu'il fallait établir une
distinction entre les travaux de cette commission et ceux d'une commission qui
étudie les crédits d'un ministère, qui a pour objet non
seulement d'étudier les dépenses prévues mais
également d'étudier les politiques des ministères.
Le chef de l'Opposition officielle avait répondu: "L'Opposition
est tout à fait consciente du fait que nous ne sommes pas là pour
étudier les crédits des ministères. Le Vérificateur
général n'a pas à se prononcer sur l'opportunité
des dépenses, mais il a à s'assurer de leur conformité
avec la loi et avec les crédits qui ont été votés
en Chambre. Nous n'avons donc pas l'intention de remplir les fonctions qui nous
sont dévolues au moment de l'étude des crédits. Nous
n'avons pas l'intention, non plus, de procéder à une étude
des engagements financiers. Je voudrais assurer le ministre que l'Opposition
entend s'en tenir à l'étude de la vérification des
dépenses".
Voilà comment le mandat de la commission a été
perçu. Je partage entièrement, à titre de
président, les avis qui ont été alors exprimés
quant aux limites à l'intérieur desquelles doivent avoir lieu les
discussions en cette commission.
Nous connaissons le mandat qui est confié au Vérificateur
général conformément aux dispositions de la Loi de
l'administration financière, chapitre 17 des Lois de 1970.
Nous connaissons également le mandat qui est confié
à notre commission: étudier les rapports du Vérificateur
général. Dans ces rapports, il y a des données
financières, des constatations et des recommandations. On peut
interroger à fond le Vérificateur général sur
chacune des données financières dont il est question, sur chacune
des constatations qu'il a faites et sur chacune des recommandations qu'il
émet. On peut lui demander les motifs plus explicités qui l'ont
amené à écrire telle ou telle observation, mais il faut
toujours accrocher son propos à un sujet mentionné dans un
rapport.
Tout le reste est étranger à nos travaux et je devrai
déclarer irrecevable toute question qui n'est pas pertinente aux
données, aux exposés, aux recommandations précises dont il
est question spécifiquement dans le rapport du Vérificateur
général.
Le 29 octobre dernier le député de Maisonneuve a fait une
dernière intervention au sujet du cas de René Gagnon, en
précisant sa question dans les termes suivants: "Je veux savoir comment
il se fait que ce personnage-là a tripatouillé non seulement avec
les personnages que je mentionnais tout à l'heure mais a continué
pendant un certain temps à faire partie de la fonction publique,
congé sans solde ou pas: c'est cela que je veux savoir
actuellement".
Il est évident que les questions d'ordre politique
dépassent largement les cadres du mandat de notre commission. Il y a
d'autres endroits et d'autres moments pour étudier ce genre de questions
et je ne peux, pour décider de la recevabilité, retenir
l'argument invoqué, à savoir que l'on a de la difficulté
à obtenir ailleurs une réponse satisfaisante à ces
questions. Le fait que le Vérificateur général ait
accès à tous les dossiers ne justifie aucunement les membres de
la commission de lui poser des questions sur tous les dossiers de
l'administration gouvernementale.
Pour les motifs invoqués au cours de cet exposé, je
déclare irrecevable la question du député de Maisonneuve
concernant le cas de René Gagnon.
Nous allons maintenant aborder l'ordre du jour et je cède
immédiatement la parole à l'honorable ministre sur le rapport des
Affaires culturelles. Y a-t-il des commentaires?
M. Berthlaurne: M. le Président, je n'ai pas de
commentaires à faire.
M. Charron: Est-ce que j'ai bien compris, M. le Président,
la proposition du ministre, savoir que nous commencions par les Communications,
parce que la présence du sous-ministre...
M. Berthiaume: Le sous-ministre des Affaires culturelles est
ici.
M. Charron: Aussi. Est-ce que l'on commence par les Affaires
culturelles ou par les Communications?
M. Berthiaume: Par les Affaires culturelles.
Affaires culturelles M. Charron: Vous voyez déjà ma
grande col- laboration, M. le Président. Je vais tout de suite forcer un
tout petit peu les limites que vous venez de fixer à nos travaux par une
question d'ordre général, mais vous comprendrez, lorsque je
l'adresserai à M. Larose, qu'elle est pertinente aux débats, elle
peut même éviter un nombre considérable d'autres questions,
celles-là plus directement rattachées au rapport, comme vous nous
l'avez rappelé. Je vous saurais gré de me permettre de la poser
jusqu'à ce que l'information soit divulguée, non seulement pour
moi mais aussi bien pour des députés membres de la commission qui
en sont peut-être, comme moi, à leur première
expérience en tant que membre de la commission devant étudier les
rapports du Vérificateur général.
M. Larose, j'ai parcouru au cours de la fin de semaine les rapports du
vérificateur pour les ministères qui m'intéressent,
c'est-à-dire ceux que j'ai à couvrir pour l'Opposition ici,
à l'Assemblée nationale, ceux-là mêmes qu'on va
étudier ce matin et aujourd'hui. Entre vous et moi, j'ai
déjà lu quelque chose de plus palpitant que cela, je ne
m'attendais pas à tomber dans Astérix, notez bien, mais je
croyais quand même, à cause du fond du sujet, de l'ensemble de
l'administration publique, obtenir une certaine satisfaction.
Je ne sais pas si les autres membres de la commission qui ont lu le
rapport avant de venir ici ont un tant soit peu ce sera libre à
eux de le dire une espèce d'impression générale qui
nous reste à la suite de la lecture de ce rapport.
Le rapport du Vérificateur général, puisque je
viens de faire une comparaison littéraire, n'est pas non plus, je le
sais bien, un roman policier. Il ne s'agit pas d'aller découvrir les
fautes, les coupables et d'aboutir, à une page quelconque, à une
sentence. Je pense que quelqu'un qui parcourerait le rapport comme cela le
ferait d'une façon maladroite, malhabile et inefficace.
Il reste qu'à l'occasion je me suis mis volontairement à
la place d'un ministre responsable d'un des ministères dont nous
étudierons aujourd'hui l'analyse que vous en avez faite sous votre angle
particulier. Je me suis donc mis à la place d'un administrateur
puisque c'est sous cet angle qu'il faut le faire d'un ministère,
avant toutes les politiques qu'on a à imaginer ou non, la
responsabilité d'administrer, de par la loi et de par la volonté
de l'Assemblée nationale, un certain nombre de crédits et, dans
le cas des Affaires sociales dont on parlera aujourd'hui, le plus important
ministère au point de vue budgétaire, un certain fonds
public.
C'est une grosse affaire, j'en conviens; plus le ministère est
important, plus la tâche doit être difficile, plus donc les gens
devant accompagner le ministre dans la solution de ce problème d'une
administration quotidienne et annuelle doivent être nombreux,
compétents et qualifiés. Il reste que je considère votre
rapport comme un outil essentiel pour un administrateur dans les correctifs
qu'il doit apporter, mois après mois, ou année après
année.
Or, en le lisant, je me suis aperçu que si moi, demain matin,
j'avais à administrer, par exemple, le premier ministère que nous
avons, les Affaires
culturelles, demain matin, à la suite de la lecture de votre
rapport, vous m'auriez fait remarquer, comme ministre responsable de ce
ministère, un certain nombre appelons cela ainsi de
défectuosités dans le roulement administratif du
ministère, mais je pense que même à ce moment-là, je
resterais sur mon appétit, parce que je pense que, j'aurais beau le lire
et le relire, il y a plusieurs endroits, je ne dis pas partout, mais plusieurs
endroits où c'est dénoncé en termes tellement
généraux à l'occasion que, aussi consciencieux que je
voudrais l'être à l'autre bout pour me plier à vos
suggestions, à vos directives, je ne saurais pas par quel bout
commencer.
Il y a des endroits où je ne saurais pas exactement ce que vous
me "reprochez". Encore là, "reprochez" entre guillemets.
Je comprends parfaitement, à certaines occasions, à quel
endroit vous attirez mon attention, mais le degré, l'ampleur de la faute
commise ou de l'erreur répétée n'est pas toujours
précisée, au point que si je devais y apporter un correctif, je
ne sais pas à quelle grandeur de malaise je m'adresse. Je ne sais pas si
je m'adresse à une migraine passagère au point de vue
administratif ou si je m'adresse à une véritable maladie
cérébrale qui, à ce moment-là, m'obligerait
à avoir un médicament différent. Encore une fois, ce n'est
pas à tous les endroits, mais je tenais à le dire parce que vous
allez voir, dans certaines questions, que je vais poser au vérificateur:
Que voulez-vous dire, expressément?
C'est bon, aujourd'hui, qu'on se rencontre et que vous nous disiez
je pense que vous l'avez fait lors de la dernière séance
et vous allez vous prêter de bonne grâce aussi à cela ce
matin exactement ce que vous vouliez dire. Entretemps, que vous nous
disiez à nous, membres de la commission, ce matin ce que vous vouliez
dire de façon très précise, cela nous éclairera et
chacun d'entre nous sera plus vigilant quand viendra l'étude des
crédits des ministères au cours des prochaines années.
Entre-temps, le ministre en question, qui a eu à se soumettre
à certaines de vos recommandations ou qui a vu son attention
attirée sur certains faits que vous lui avez signalés, a-t-il
été bien équipé pour le faire? C'est ce que je me
demande. Si je prends le rapport 1972-73, par exemple, des Affaires
culturelles, il y a des endroits où j'aurais été
obligé de scruter vraiment encore plus que le rapport me permettait de
le faire.
J'en arrive à ma toute première question. Est-ce qu'il y
a, outre ce rapport et ce document public que tous les membres de la commission
et tout le public peuvent parcourir, à l'intention même des
administrateurs proprement dits, c'est-à-dire les titulaires des
ministères, de l'information subséquente, supplémentaire
ou de nature différente qui constituerait, en plus du rapport du
Vérificateur général que nous avons tous ici, vraiment un
guide d'intervention où, pour le titulaire du ministère, ce
serait précisé de façon plus complète, efficace et
souhaitable, je pense, que les recommandations d'ordre général ou
les re- marques d'ordre général que chacun des membres de la
commission a pu trouver dans le rapport?
M. Larose: La question que vient de soulever M. Charron a
déjà été soulevée par ses collègues
auparavant. J'ai déjà eu l'occasion, je pense, d'exposer la
philosophie que nous pouvons avoir de la vérification des
opérations du gouvernement.
La loi nous demande de faire une vérification d'abord de
l'exactitude des données financières. On peut constater cela
à l'article 71 de la loi, si ma mémoire est bonne, qui nous
demande de vérifier l'exactitude des actifs, du passif, des revenus et
des dépenses du gouvernement et des états qui sont
présentés pour les refléter. Nous croyons que nous
remplissons cette tâche en émettant un rapport sur les
états financiers du gouvernement et en faisant, dans un rapport, des
remarques, par exemple, sur des inexactitudes sur le plan comptable et sur le
plan financier.
La loi nous demande, en plus, de nous assurer de la
régularité des opérations, c'est-à-dire si les
opérations du gouvernement, sur les plans financier et comptable, ont
été effectuées conformément aux lois et
règlements en vigueur. Nous croyons que nous remplissons aussi cette
tâche en soulignant dans le rapport les manquements ou les faiblesses de
l'administration concernant le respect des lois et règlements et ceux
qui nous paraissent justifier une mention.
Maintenant, en plus, nous orientons principalement nos travaux sur la
vérification des systèmes en vigueur à l'intérieur,
système comptable et de gestion financière. Nous orientons nos
travaux pour nous assurer que les systèmes que le gouvernement, tant les
organismes centraux au gouvernement que les ministères pris
individuellement ont mis en place pour s'assurer de la
régularité, de l'exactitude des données.
Il est évident qu'à cause de la masse monétaire en
jeu, qu'à cause de la masse de la documentation, il ne nous est pas
possible d'examiner à la pièce toute la documentation. Il nous
faut recourir, à ce moment, à des techniques de
vérification qui ont été scientifiquement
éprouvées et qui consistent, en premier lieu, à analyser
les opérations de chaque ministère. En d'autres termes, nous
prenons telle opération d'un ministère et nous examinons son
cheminement à partir du début de l'opération
jusqu'à sa conclusion. C'est ce que nous appelons la vérification
analytique, selon l'expression consacrée. Nous examinons le cheminement,
soit d'une transaction à travers le ministère ou les organismes,
par rapport à cette transaction, quels devraient être les points
de contrôle nécessaires pour que la transaction se fasse selon la
loi, les règlements et qu'elle soit enregistrée dans les livres
comptables du gouvernement de façon à représenter une
image fidèle de la situation financière.
Alors nous examinons quels devraient être les points de
contrôle, ensuite, nous évaluons ces points de contrôle par
un examen pour nous assurer si réellement les points de contrôle
qui en
théorie devraient être là, sont en fait
exercés par le ministère. Si nous obtenons satisfaction, si nous
voyons que les points de contrôle sont là, nous arrêtons
notre travail.
Si les points de contrôle ne nous semblent pas suffisants, nous
poursuivons notre travail de vérification plus loin. Alors c'est
l'approche de vérification analytique, ce n'est pas une approche de
vérification à la transaction, c'est une approche de
vérification au système de transaction mis en place par les
ministères.
En plus, nous recourons à l'échantillonnage statistique,
un échantillonnage scientifique pour choisir nos échantillons
à cause de la masse de documents, comme je vous l'ai mentionné
tout à l'heure.
Par le fait que nous recourons évidemment à cet
échantillonnage statistique, il est difficile assez fréquemment
de projeter, à partir du résultat de l'échantillonnage, un
résultat monétaire parce que l'échantillonnage statistique
ne nous permet pas de faire, à partir de résultats d'un
échantillon très limité, de déduire la
conséquence monétaire immédiatement à partir de
l'échantillonnage.
S'il fallait procéder à un autre échantillonnage
que ce type d'échantillonnage, cela nous prendrait, à ce moment,
sans aucun doute une armée pour faire le travail.
Nous nous orientons donc dans la direction suivante. Si, à
l'occasion des travaux, nous constatons des faiblesses dans le fonctionnement
des systèmes, nous visons à faire corriger les faiblesses que
nous avons constatées. Nous en établirions la quantité
pécuniaire s'il nous apparaissait absolument essentiel de le faire. Nous
considérons plus essentiel, évidemment, de voir à faire
corriger les situations qui nous paraissent anormales ou mériter
correction.
Si j'en viens maintenant à votre question plus précise,
à savoir si les ministères ont d'autres informations que celles
qui apparaissent au rapport, je vous résumerai notre façon de
procéder là-dessus. Nous avons des équipes de
vérification qui sont formées ordinairement de quatre personnes.
Nous en avons une vingtaine qui travaillent régulièrement dans
les ministères et les régies. Lorsque leur travail est accompli
et complété selon le programme de vérification qui a
été établi sous notre seule responsabilité, sans
consultation avec les autorités du ministère en place, sauf pour
en connaître le fonctionnement et se familiariser avec lui lorsque le
programme de vérification, qui a été préparé
par le chef d'équipe, approuvé par son directeur adjoint et
sanctionné ensuite par le directeur de la vérification, a
été accompli, nous préparons un relevé des
constatations que nous avons faites, un projet de rapport et, après que
le projet de rapport a été préparé, nous
rencontrons les officiers des ministères qui sont en cause, qui 'sont
responsables de l'administration du secteur concerné. Nous leur
soumettons, nous leur mentionnons les constatations que nous avons faites. Nous
obtenons leurs réactions là-dessus. Nous complétons par
des vérifications additionnelles, si nécessaire, ce que nous
avons déjà fait. Ensuite, nous complétons un rapport
définitif. Ce rapport définitif est transmis au ministre et au
sous-ministre du ministère. S'il s'agit d'une régie, nous le
transmettons au président de la régie ou de l'entreprise d'Etat.
Cela, c'est à l'occasion de tous les travaux de vérification que
nous faisons à l'intérieur des ministères.
Lorsque nous en venons ensuite à la préparation du rapport
annuel de vérification, nous extrayons, des rapports que nous avons
préparés durant l'année, les commentaires qui nous
semblent d'intérêt plus général pour
l'Assemblée nationale. C'est de cette façon qu'est
constitué notre rapport, auquel nous ajoutons des faits particuliers que
nous avons pu constater et qui méritent une attention
particulière.
Par la suite, les ministères, à chaque fois que nous
transmettons un rapport, sont invités à le commenter. Plusieurs
le font. Nous sommes toujours ouverts à de nouvelles discussions lorsque
c'est à propos.
M. Charron: Je vous remercie de la précision, M. Larose,
et j'ai quelques sous-questions; vous dites que ce rapport est un rassemblement
d'extraits d'autres rapports particuliers à chacun des ministères
que vous avez fait; c'est la version que vous faites pour l'Assemblée
nationale. Est-elle différente au point de vue quantitatif d'information
et au point de vue qualitatif d'information de celle qui est remise aux mains
de chacun des titulaires du ministère et de leur sous-ministre?
Quelle est la différence entre les deux? Certaines choses,
à votre avis, sont d'entendement, j'allais dire purement administratif,
mais c'est l'objet de notre débat, purement local au ministère,
et vous dites qu'il suffit d'attirer l'attention du ministre et du
sous-ministre sur cette irrégularité et qu'il n'est pas
nécessaire d'en saisir l'Assemblée nationale dans le rapport.
Qu'est-ce qui vous fait faire ce choix? Qu'est-ce qui vous fait choisir
à un certain moment un type d'information qui doit faire partie du
rapport du vérificateur pour l'Assemblée nationale, donc pour le
grand public? Qu'est-ce qui doit demeurer dans le ministère?
M. Larose: C'est ce que nous jugeons. Lorsque vous parlez
d'extraits, ce ne sont pas des extraits mot pour mot; nous nous inspirons des
rapports que nous avons produits aux différents ministères ou que
nous sommes en voie de produire; il arrive, remarquez bien, que nous en
produisions au ministère; pour être plus exact encore, il y a eu
des rapports qui ont été transmis aux ministères, dans
certaines circonstances, après même que le rapport à
l'Assemblée nationale ait été déposé.
Auparavant, par exemple, nous avions eu l'occasion de discuter nos
conclusions ou d'examiner les conclusions avec les représentants du
ministère, même si, officiellement, le rapport n'était pas
encore transmis.
Ce qui nous fait choisir, c'est ce que nous jugeons comme étant
le plus important. C'est l'importance de la question qui nous fait choisir les
choses à inscrire au ministère et pas autre chose.
M. Charron: Je vous donne un exemple...
M. Larose: Maintenant, c'est une importance relative, parce que
l'importance, lorsqu'on parle du ministère des Affaires culturelles en
termes financiers, cela n'a pas le même impact, peut-être, que le
ministère de l'Education ou le ministère des Affaires
sociales.
M. Charron: Je vous donne un exemple, M. Larose; il y a des
endroits, dans le rapport, où j'ai vu et c'est à partir de
ce phénomène que j'ai posé ma toute première
question il y a des endroits où c'est dit, par exemple: "un
certain nombre de cas," etc... et cela continue. Dans le rapport que le
ministre des Affaires sociales c'est dans le cas ces Affaires sociales
je pense le rapport que le ministre des Affaires sociales aura dans les
mains, ce ne sera pas écrit "un certain nombre de cas" mais, au besoin
"115 cas ont été identifiés." Vous verrez, on en parlera
cet après-midi. Quand un certain nombre de compagnies, par exemple,
à notre avis, ont eu telle et telle chose, est-ce que le ministre peut
savoir quelles compagnies? Le nom des compagnies en place et tout cela?
C'est pour cela que je vous disais que le rapport déposé
à l'Assemblée nationale, à plusieurs endroits, me laisse
sur ma faim, parce que je ne sais pas l'ampleur au fond de ce dont on est en
train de parler. Je ne sais pas qui a bénéficié, parce que
quand il y a des irrégularités, qu'elles soient conscientes ou
non, volontaires ou non, c'est une autre chose, j'en conviens, mais quand il y
a une irrégularité, par définition même, il y a
quelqu'un qui en profite au bout de la ligne.
Est-ce qu'on est capable de les identifier? Ou le ministre, en tout cas,
est-il capable de les identifier à partir du rapport?
Deuxième sous-question, vous dites que vous procédez
à une rencontre avec les fonctionnaires des ministères à
qui vous faites part de certaines conclusions où votre
vérification analytique vous a conduit.
Est-il arrivé et arrive-t-il fréquemment je
m'informe que, lors de cette rencontre, les informations provenant des
officiers du ministère vous amènent à changer d'avis sur
une recommandation que vous vous proposiez de faire, que vous étiez en
voie de déposer, et que vous modifiiez votre opinion à la suite
de remarques ou des précisions que ces officiers du ministère
vous apporteraient sur le déroulement de telle ou telle
opération, par exemple?
M. Larose: Votre première question vise à savoir si
le ministre a plus de renseignements. Lorsque vous voyez un chiffre comme celui
que vous mentionnez, de 115 ici, c'est ordinairement que le rapport au
ministère lui-même me mentionnera pas plus de détails que
celui que vous avez en main à l'heure actuelle. Nous avons voulu
souligner au ministère, au moment où nous avons revu cela, la
défectuosité de procédure ou du système qui pouvait
amener, à ce moment-là, soit une inexactitude financière
ou une dépense trop élevée.
Dans le rapport au ministère, en général, je ne
crois pas que normalement on trouve plus de détails de ce
côté-là. Maintenant, nous avons tout de même,
à l'appui des remarques que nous faisons, des dossiers énormes.
Pour la vérification d'un ministère par année, ce sont des
dossiers très considérables. Ce qui nous a servi à faire
la remarque, nous l'avons au dossier; elle est appuyée par des
données précises. Si, au moment de la discussion avec un officier
d'un ministère, on nous demande de le prouver, nous sommes certainement
en mesure de démontrer aux officiers du ministère d'où
proviennent nos constatations et quels sont les noms des dossiers en cause.
Nous ne jugeons pas, dans la majorité des cas, que le nom d'un dossier
en particulier puisse servir un intérêt quelconque à
être publié pour les fins que nous nous proposons. Nous avons le
nom des contribuables ou des personnes concernées dans nos dossiers,
sans aucun doute. Nous nous en servons pour prouver nos données lors des
discussions avec les officiers du ministère.
Vous nous demandez en deuxième lieu: Peut-il arriver que des
représentations d'officiers du ministère nous fassent changer
certaines recommandations à l'origine? Je ne me souviens pas de cas
précis, mais il est absolument clair cependant que, si à
l'occasion de discussions, des officiers nous ont prouvé que notre
recommandation devait être modifiée pour des raisons admissibles,
alors nous n'hésiterons jamais à changer d'opinion pour respecter
la vérité.
M. Charron: Les cas d'illégalité, c'est ma
dernière question.
M. Berthiaume: Juste un rappel. Je n'ai pas objection à ce
genre de discussion; je voudrais simplement rappeler au député de
Saint-Jacques que, lors de la réunion de la sous-commission des
finances, à laquelle participait le chef de l'Opposition, nous avions
convenu d'un certain nombre de choses concernant le déroulement de nos
travaux, entre autres, le partage par ministère du temps que nous avons
à notre disposition.
Je dois présumer que la discussion que nous avons
présentement est sur le temps des Affaires culturelles.
M. Charron: Ou si vous voulez, sur le temps des Communications,
parce que sur les Communications il n'y aura vraiment pas beaucoup de
temps.
M. Berthiaume: Comme vous voulez, en autant...
M. Charron: Cependant, j'ai bien l'intention dans l'ensemble, M.
le Président, de m'en tenir aux limites de temps tel que convenu par la
sous-commission; il me reste une seule sous-question.
M. Berthiaume: Tout cela dans l'espoir de finir avant Noël,
pour l'ensemble des travaux.
M. Charron: Moi, je vais finir avant ce soir.
M. Berthiaume: Oui, mais il y a d'autres ministères.
M. Charron: M. Larose, une dernière sous-question
là-dessus, mais je crois que c'est quand même intéressant
pour la commission. Dans le cas où vous ne faites pas que
découvrir, disons, une irrégularité administrative ou
proprement comptable, mais bel et bien une illégalité, un
versement qui a été fait c'est dans vos
responsabilités contrairement aux dispositions des lois
votées par cette Assemblée.
Est-ce qu'automatiquement, cette découverte d'une
illégalité apparaît dans le rapport général
ou si cela peut être un certain nombre, un type d'information qui va se
rendre strictement aux officiers du ministère et au ministre en place,
mais que vous pouvez à l'occasion ne pas choisir de mettre dans le
rapport général?
M. Larose: Je dirai tout simplement que c'est la question de la
matérialité qui pourrait alors entrer en jeu. S'il y a une
constatation... si, d'après un exemple ridicule, il s'agit d'une
irrégularité qui a pu entraîner $100 de
déboursés, je ne pense pas que ce serait intéressant, pour
l'Assemblée nationale, de retrouver cela là-dedans. Alors,
à ce moment-là, nous allons faire la remarque certainement
généralement aux officiers du ministère et ce sont de ces
cas que vous ne retrouverez certainement pas là-dedans, à
l'occasion; mais seulement, si c'est un système qui voudrait dire que
des $100 se répètent, à ce moment-là vous allez les
retrouver là-dedans.
Mais s'il s'agit de $100 absolument accidentels, je pense qu'à
notre réunion... on trouvera qu'en vertu de la loi, on nous donne le
pouvoir et l'obligation de faire rapport sur les choses qui méritent
d'être signalées et, par conséquent, on nous dit qu'il
s'agit là de choses... Il faut que ce soit nécessairement quelque
chose de matériel pour que nous le fassions.
M. Charron: Je vous remercie, M. Larose. M. le Président,
je suis prêt à entamer l'étude du rapport au sujet des
Affaires culturelles. En fait, j'ai choisi d'isoler, parmi les rapports
successifs que nous avons à étudier, deux cas qui reviennent dans
chacun des rapports à des variantes près et aussi parce qu'ils
ont été d'intérêt public, je pense. Ils ont
déjà fait couler de l'encre et fait gaspiller de la salive
à plus d'un, parce que ces sujets ont été
débattus.
J'ai l'impression que votre opinion professionnelle sur ces sujets qui
ont été lancés dans l'opinion publique peut être
utile pour compléter notre idée sur l'événement. Le
premier événement dont je veux parler, c'est celui qui a
entouré la restauration de la Place Royale, par le ministère des
Affaires culturelles. Dans votre...
M. Berthiaume: ... pourrait citer l'endroit où vous voulez
le faire.
M. Charron: Oui, dans le rapport du Vérifica- teur
général, page 3-6 de l'année 1972/73, on y dit: "Les
contrôles exercés par les officiers gouvernementaux, sur
révolution des travaux et l'application des clauses contractuelles ne
l'ont pas été avec suffisamment de vigilance". C'est la remarque
d'ordre général, je pense, qui met fin à un paragraphe
qui, lui, est un peu plus détaillé et où vous faites
remarquer, nommément, que vous n'avez pas trouvé de
vérification faite comme cela aurait dû se faire sur les
matériaux livrés, sur la qualification du personnel
employé à la restauration de Place Royale et même sur
l'assiduité des employés.
Il s'agit de choses qui, non seulement dans l'entreprise publique mais,
on en conviendra, dans l'entreprise privée également, sont des
"must" dans une administration. Il est effectivement invraisemblable et
vous avez bien fait d'attirer l'attention de l'Assemblée nationale
là-dessus que pour travaux de cette envergure, où une
bonne partie des fonds publics consacrés à la restauration de
l'ensemble du patrimoine historique du Québec se sont, pendant plusieurs
années, littéralement enfouis, ceux de la Place Royale de
Québec, que sur ces chantiers personne ne faisait la vérification
des matériaux livrés, ce qui présuppose non seulement la
quantité des matériaux livrés pour lesquels une facture
devait, tôt ou tard, être déposée sur le bureau de
l'officier du ministère responsable de l'acquittement de cette dette
mais aussi, peut-être, parce qu'on parle de restauration, de la
qualité des matériaux livrés.
Je suis étonné de voir que dans une oeuvre de
précision en architecture comme celle de la restauration de monuments
historiques, on n'ait pas attaché plus d'importance à la
vérification de la qualité du matériel. La qualification
du personnel aussi, cela saute aux yeux. Il me semble et je remercie M.
Larose de l'avoir rapporté, que c'est aussi un
élément indispensable dans une oeuvre de cette nature que le
personnel appelé à restaurer des maisons d'un autre siècle
et à les faire revivre dans nos contingences modernes soit un personnel
qualifié.
Quant à l'assiduité des employés, il s'agit d'une
question de justice. Je pense que tous les employés salariés au
pays, au Québec, ont à prouver leur assiduité au travail
pour toucher leur rémunération. Je ne comprends pas comment il se
fait qu'à la Place Royale le ministère des Affaires culturelles
ait, pendant aussi longtemps, selon votre rapport, souffert que
l'assiduité des employés, donc la légitimité de la
paie qu'ils reçoivent à la fin de la semaine, ne soit pas plus
vérifiée que cela.
Pouvez-vous, en retournant ce rapport, M. Larose, apporter des
précisions aux membres de la commission sur la façon dont vous
avez découvert ces irrégularités et, bien sûr,
question qui vient à l'esprit de tout le monde: Est-ce que vous avez pu
constater, par la suite, que ces irrégularités ont
été corrigées?
M. Moffet: Nous faisons remarquer dans notre rapport, d'ailleurs,
que la surveillance technique
est confiée à des consultants, à des
ingénieurs, à des architectes. Ce que nous aurions voulu
retrouver, dans les documents du ministère, aurait été
l'évidence ou la preuve que les contrôles qui sont indiqués
là sont exercés. On peut laisser entendre qu'ils ont
été exercés mais nous, nous aurions aimé avoir
l'évidence que ces contrôles étaient exercés. En
fait, dans des contrats à honoraires fixes comme cela, l'entrepreneur
devient un mandataire du gouvernement et les employés qui travaillent
pour ce mandataire, à toutes fins pratiques, sont des employés
publics.
Les contrôles exercés sur le personnel affecté aux
travaux devraient être équivalents ou aussi forts que les
contrôles exercés sur les employés de la Fonction publique.
Nous aurions aimé que les officiers du Contrôleur des finances et
particulièrement du ministère des Affaires culturelles nous
donnent l'évidence qu'ils exerçaient ces contrôles. La
même chose sur un bordereau de paie payé au coût réel
plus un pourcentage. Lorsqu'on indique une fonction à un employé,
on aurait aimé que cette fonction soit vérifiée dans les
livres de l'entrepreneur d'une façon régulière et qu'il
soit prouvé que cette compétence attachée à un
employé existait réellement. La compétence, ce n'est
peut-être pas dans le sens où votre question était
dirigée. On ne doute pas que ce soit des employés
qualifiés qui aient travaillé là, on ne pense pas que ce
soit du matériel défectueux qui ait été
incorporé aux travaux: je ne pense pas qu'on puisse interpréter
notre texte dans ce sens-là.
On n'a pas voulu dire qu'on avait incorporé aux travaux du
matériel défectueux ou qu'on avait fait travailler des
employés non qualifiés. Ce qu'on a dit c'est que...
M. Charron: Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.
M. Moffet:... cela aurait dû être
vérifié régulièrement, un peu comme ce qui
prévaut dans la fonction publique.
M. Charron: Ce n'est peut-être pas arrivé,
peut-être que tous les matériaux livrés étaient
d'excellente qualité et ont été livrés à la
quantité et au coût précédemment fixés; il
est fort possible, j'espère, que tout le personnel qui était
là était qualifié. Vous avez fait remarquer que ce
n'était quand même pas vérifié.
M. Moffet: Ce n'était pas vérifié par le
ministère d'une façon systématique.
M. Charron: Vous mentionnez dans le rapport: La surveillance
technique de ces travaux est confiée à des firmes
spécialisées. De quelles firmes s'agissait-il?
M. Moffet: Ce sont des firmes d'architectes et
d'ingénieurs s'il s'agissait des travaux techniques.
M. Charron: Ces firmes, pouvez-vous les mentionner?
M. Moffet: Je n'ai pas les noms à la mémoire, mais
ce sont des firmes d'architectes reconnues.
M. Charron: Savez-vous si ces entreprises fonctionnaient à
"cost plus"?
M. Moffet: Pour la plupart des travaux, il a été
établi qu'à la Place Royale, ces contrats étaient
donnés sur une base d'honoraires.
M. Charron: Avez-vous l'impression qu'il peut y avoir un rapport
entre la nature du contrat des entrepreneurs et le fait qu'on ait manqué
de vigilance je reprends votre expression même quant
à la vérification des matériaux, la qualité,
l'assiduité du personnel?
M. Moffet: Vous dites, excusez-moi, je n'ai pas compris.
M. Charron: Croyez-vous qu'il peut y avoir rapport ou une
relation entre les deux faits, le fait que d'un côté, ces firmes
spécialisées dans la surveillance technique avaient un type de
contrat particulier avec le ministère, et d'autre part, qu'il y ait eu
ce manque de vigilance, encore une fois?
M. Moffet: Si je répondais oui ou non, ce seraient des
prétentions. Je ne pourrais aucunement faire un lien direct de cause
à effet dans ces choses, je ne pense pas.
M. Charron: Je regrette que vous n'ayez pas en main le dossier,
parce que je pense que vous aviez été quand même
prévenu que nous vous poserions des questions.
M. Moffet: Pour le nom de l'architecte?
M. Charron: C'est quand même assez important. Je vais vous
en nommer une entreprise qui était là, vous pourrez
peut-être le confirmer, c'est l'entreprise Décor Construction.
C'en était une des firmes spécialisées qui avait comme
travail... Des noms bien connus dans la région de Québec, qu'on
retrouve dans cette firme. Elle a bénéficié d'un contrat
généreux, cette firme. Je pense que des noms comme Gilles
Paré, Pierre Lortie, Alex Drapeau, Alphonse Roy, Léo Chany,
Gaudiose Rousseau sont des personnages que des militants d'un parti politique
en place, dans un comté en place, d'un ministre en place à
Québec connaissent bien sur la Place Royale. Quand nous vous avions
prévenu de ces questions, ce n'est pas simplement pour que vous nous
donniez Décor Construction comme exemple, parce que je ne l'ai pas
inventé, cela a déjà été publié, mais
c'est de nous intéresser, parce que cette entreprise, à qui on a
reproché un manque de vigilance, dans le rapport même du
Vérificateur général, c'est une compagnie qui a
été largement défendue, ici même à
l'Assemblée, pour sa qualité professionnelle. On s'est
défendu d'avoir fait du favoritisme à son égard en disant
que c'était sa compétence technique qui, de loin,
dépassait toutes les autres
firmes en question, qui lui avait mérité ce titre. Il est
quand même curieux de voir qu'à la première occasion, on la
trouve manquant de vigilance sur la quantité et la qualité des
matériaux livrés, sur la qualification du personnel et sur
l'assiduité des employés.
Est-ce que vous avez en main, au moins, actuellement, le montant total
du contrat qui a été accordé à Décor
Construction pour les travaux de la Place Royale?
M. Moffet: Tout d'abord, ce qu'on reproche ici ce sont des
reproches adressés aux officiers du ministère...
M. Charron: Oui.
M. Moffet:... et aux employés du...
M. Charron: Mais je prends quand même avis d'une partie de
la réponse que vous m'avez fournie précédemment. Quand ces
firmes spécialisées sont à l'embauche du ministère,
elles deviennent des employés du ministère. Il ne faut pas que le
ministère, parce qu'il a employé une firme
spécialisée, remette les fonds publics aux mains de cette firme
spécialisée en disant: Administrez-les comme vous le voulez. Je
suis bien d'accord. Donc, quel est le montant total du contrat accordé
à Décor Construction à l'intérieur des travaux de
Place Royale?
M. Moffet: Je ne peux pas vous répondre pour le moment, je
n'ai pas ce renseignement. Mais ce sont des...
M. Charron: Savez-vous si les contrats ont été
accordés avec ou sans soumission?
M. Moffet: Ce sont des contrats qui ont été
accordés... Cela dépend de la période, il y a eu un
changement...
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je regrette, mais c'est le genre de questions que vous pouvez
poser à l'occasion des crédits. Le montant du contrat, la demande
de soumission c'est aux crédits et non pas ici.
M. Charron: Le montant du contrat est pertinent aux
débats, je pense. Si vous me permettez, laissez-moi vous expliquer. Il y
a eu un manque de vigilance, sur les chantiers de Place Royale, affirmé
carrément dans le rapport du Vérificateur général,
page 3 et 6. Les articles sont inconnus.
On sait qui est coupable de ce manque de vigilance. Je veux savoir
combien cela nous a coûté au total et le
Vérificateur général l'a certainement vu, tous les
chèques lui sont passés dans les mains, c'est son travail
combien cela nous a-t-il coûté d'avoir, comme firme
spécialisée, une firme qui a manqué de vigilance sur les
matériaux livrés, la qualification du personnel et
l'assiduité des employés.
Je pense que j'ai le droit de savoir combien cela nous a
coûté.
M. Berthiaume: Le Vérificateur général ne
voit pas passer tous les chèques, comme le prétend le
député de Saint-Jacques. Le contrôleur des Finances
pourrait peut-être, comme fonction, répondre à la question,
ou le ministère pourrait répondre à la question du
député de Saint-Jacques. Le rôle du Vérificateur
général, comme il l'a expliqué lui-même, c'est la
vérification de la comptabilité gouvernementale. Je ne crois pas
que ce soit au Vérificateur général de connaître
explicitement le montant des contrats qui sont octroyés à des
entreprises.
M. Charron: M. le Président, je prends à
témoin le ministre des Finances lui-même de ce gouvernement.
Lorsque les doutes sur la régularité du fonctionnement des
travaux à Place Royale ont été soulevés je
l'ai dit tout à l'heure, cela a déjà été une
question publique, cela a été amené aussi à
l'Assemblée, je l'ai fait au nom de l'Opposition à l'occasion
nous avions en main le rapport annuel du Vérificateur
général de 1972/73.
Le ministre des Finances m'a alors répondu en Chambre que, dans
le cas de M. Gilles Paré, de Décor Construction, il y avait eu
"des erreurs comptables de $35,546.10, somme que le bénéficiaire
s'est engagé à rembourser. Si cela n'est pas du ressort du
Vérificateur général, je pense que nous sommes aussi bien
de fermer nos claques et nous en aller manger tout de suite.
Il y a eu un $35,000 qui est parti à un des amis de M. Garneau,
M. Gilles Paré, de Décor Construction, qui avait eu un contrat.
Je ne sais pas si c'était avec ou sans soumission, peut-être
n'est-ce pas l'endroit pour le demander.
M. Paré travaillait pour une firme qui manquait de vigilance sur
le chantier, qui ne faisait pas attention à la qualité des
matériaux livrés, qui n'avait pas de vérification de
qualification du personnel et de l'assiduité des employés. Pour
ses services rendus, M. Paré a reçu de l'argent, par erreur
comptable, dit le ministre des Finances, mais je voudrais bien voir si le
Vérificateur général, lui, appelle cela encore une erreur
comptable.
Un politicien en Chambre qui est obligé de défendre ses
amis à Place Royale, c'est une chose. Le Vérificateur
général qui, lui, doit voir sortir un chèque de $35,546.10
de façon irrégulière, par erreur comptable ou n'importe
quand, je pense qu'aujourd'hui on a le droit de le savoir et c'est ici.
Si je le demandais aux crédits des affaires culturelles, on me
dirait d'attendre que le Vérificateur général vienne. Ce
chèque est-il le seul, d'abord, qui a été émis
à des membres ou des para-membres de Décor Construction ou de
n'importe quelle firme spécialisée qui manquait de vigilance sur
le chantier?
Comment ce chèque a-t-il été versé, quelle
erreur possible, à l'origine, peut-on faire pour qu'un chèque de
$35,000 soit versé par erreur à quelqu'un.
Vous l'avez sans doute identifié, vous l'avez sans doute
retrouvé. A-t-il été remboursé comme s'est
engagé à le faire, devant la commission en septembre 1973, le
ministre des Finances parlant au nom de son ami?
M. Moffet: Ce sont des chiffres établis par les
vérifications que vous citez là, j'imagine, qui ont
été faites à la suite de l'exécution de ces
contrats.
M. Charron: Oui, mais ce chèque en particulier,
pouvez-vous nous en raconter l'histoire?
M. Larose: Je crois qu'il n'y a pas eu de chèque au
montant de $35,000.
M. Charron: Le ministre des Finances l'a affirmé.
M. Berthiaume: Je pense que cela a été retenu sur
des paiements subséquents.
M. Larose: II arrive qu'après que des contrats ont
été exécutés par des entrepreneurs une
vérification additionnelle est effectuée par un service de
vérification externe du contrôleur des finances, qui s'appelle le
Service de vérification du contrôleur des finances. Il
vérifie, à ce moment-là, si toutes les clauses du contrat
ont été bien appliquées, etc. Il a fait une
vérification comme celle-là sur un ensemble de paiements qui
avaient été faits à des firmes. Vous me mentionnez
celle-ci. Je vous parle de la façon générale de
procéder. Je ne veux pas parler du cas particulier, parce qu'il faudrait
que je relève nos dossiers. Mais il y a des vérifications qui se
font à ce moment-là par le contrôleur, sur un ensemble de
contrats qui ont été donnés. J'imagine que celle-là
est arrivée à la conclusion qu'il y avait eu un surpaiement de
$35,000, qui a sans doute été retenu par la suite sur les
versements subséquents.
M. Charron: Qui a sans doute. C'est cela que je veux savoir.
Est-ce qu'il l'a été ou est-ce qu'il ne l'a pas
été?
M. Berthiaume: C'est cela qu'on vous dit.
M. Larose: II l'a été sans aucun doute, je pense
bien.
M. Berthiaume: D'ailleurs, je me permets d'ajouter...
M. Charron: L'avez-vous retrouvé, M. Larose, dans votre
vérification?
M. Larose: Je ne peux pas vous dire. Ce cas-là, si vous
voulez que j'aille le vérifier...
M. Charron: Les $35,000 qui étaient sortis
irrégulièrement, avez-vous remarqué si, sur les paiements,
par la suite, par tranches ou n'importe comment, les $35,546.10 sont
effectivement revenus dans les comptes du Québec?
M. Larose: Je crois qu'on peut répondre facilement que,
lorsque le bureau de vérification externe du contrôleur des
finances fait un tel travail, il nous transmet une copie du rapport et des
conclusions de son rapport. Au moment où nous faisons la
vérification, nous examinons pour voir s'il a été
donné suite aux conclusions d'un tel rapport. Alors, si le rapport
concluait au fait qu'il y avait eu $35,000 payés en trop, j'en conclus
qu'au cours de notre vérification nous nous sommes assurés si les
$35,000 avaient été récupérés par le
gouvernement.
M. Charron: Pouvez-vous affirmer devant l'As- semblée
nationale, aujourd'hui, M. Larose, en votre titre de Vérificateur
général, que les $35,546.10 ont été
remboursés au Québec?
M. Larose: Je ne le sais pas. Si vous me demandez de l'affirmer
sur ce cas précisément, je vous dis: Attendez à cet
après-midi, je vais vous le dire, parce que je vous dis que la technique
générale que nous suivons, c'est de nous assurer qu'il a
été donné suite à de tels rapports. Ce cas
particulier, je ne peux pas m'en souvenir. Mais, si vous voulez attendre
à cet après-midi, nous allons nous donner la peine de le
vérifier et je vous le dirai.
Maintenant, je pense que vous avez un représentant du
contrôleur des finances qui est ici, aussi; il peut probablement vous
renseigner là-dessus.
M. Berthiaume: Effectivement, le ministère a donné
suite aux recommandations du Vérificateur général.
D'ailleurs, l'année suivante, pour l'année 1974, quand le
Vérificateur général fait son rapport sur le
ministère des Affaires culturelles, il indique que des
améliorations ont été faites au système.
Ce que le Vérificateur général critiquait en 1973,
c'était un système. C'était le système de contrats
à "cost plus", ce genre de choses. Par la suite, le ministère a
donné suite à toutes les recommandations à cet
égard, en ce qui concerne ce qu'a dit le Vérificateur
général et maintenant tous les contrats, en ce qui concerne Place
Royale, sont donnés par soumissions publiques.
Pour les $35,000 en question, il n'y a pas eu de remboursement comme
tel. Comme je l'ai indiqué tantôt, cela a été
déduit sur des paiements ultérieurs.
En ce qui concerne la compagnie dont on parle, je tiens à
souligner aux membres de la commission, parce que c'est maintenant de
notoriété publique, que ces gens ont tellement fait d'argent
qu'ils sont maintenant en difficultés financières. Je ne pense
pas qu'il y ait eu des abus de ce côté, non plus.
M. Charron: Ils pourront aller devant l'ombudsman! Quand le
patronage ne paie plus! Je veux bien croire que M. Larose a fait une remarque
sur le système général. Sur un chantier de cette
importance, qu'il y ait un manque de vigilance comme celui-là, cela va.
On n'est pas pour noyer un patroneux dans un cas de système
général, non plus. Il y avait un patroneux, là, qui est
allé chercher plus que ce que le contrat lui permettait. Je vous
rappelle la nature du contrat. C'était la formule "cost plus" à
son gré se réservant un pourcentage de 20% pour les frais
d'administration et de profit, et de l'ordre de 10% dans d'autres cas. .
Je veux dire que l'organisation politique de Jean-Talon était
fortement bien récompensée; raison de plus, la graisse entrait
déjà assez sans qu'il y ait $35,546 de plus; je veux dire qu'il y
a patronage et, à un moment donné, il y a vol pur et simple.
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Charron: Que le gouvernement ait négocié
avec ses patroneux des contrats comme cela, c'est une question à
laquelle il aura à répondre à un moment donné, mais
qu'en plus de cela il y ait des erreurs comptables, comme dit le ministre des
Finances, qui permettent au patroneux en chef, j'imagine, de faire $35,546.10
et qu'on ne soit même pas en mesure d'affirmer ce matin que cela a
été remboursé au fonds du Québec, je dis que cela
va aller.
Qu'est-ce qui nous dit que cela a été la seule erreur
comptable qui a été faite? Elle n'est même pas dans le
rapport celle-là! Qui nous dit qu'il n'y en a pas eu d'autres comme
celle-là et qu'on ne soit pas allé les chercher? Est-ce qu'il y a
eu d'autres erreurs comptables?
Est-ce que c'était une erreur comptable? Avez-vous
vérifié...
M. Moffet: Ce n'est pas...
M. Charron: ... d'où cela venait?
M. Moffet: Vous faites allusion à un rapport qui n'a pas
été fait par nous, apparemment.
M. Charron: Non, vous mentionnez dans votre rapport que je cite,
M. le Président: "Les dépenses encourues par le ministère
pour la restauration de la Place Royale à l'intérieur du vieux
Québec sont surtout pour des travaux confiés à des
entrepreneurs antérieurement à l'année financière
examinés. Notre mandat a donc consisté à vérifier
le degré de fiabilité du contrôle exercé par les
officiers du ministère sur révolution de ces travaux et sur
l'application adéquate des clauses contractuelles des conventions
intervenues au cours des années antérieures".
Votre mandat a donc consisté, je recite: "à
vérifier le degré de fiabilité du contrôle
exercé par les officiers du ministère".
M. Moffet: En...
M. Charron: Avez-vous découvert, dans votre examen de la
fiabilité du contrôle exercé, qu'il était plus ou
moins relâché quand il y a une erreur comptable de $35,000 qui
sort? Quelle remarque leur avez-vous faite pour l'explication de ces
$35,000?
M. Moffet: Le fait qu'il y ait des vérifications
ultérieures à l'exécution d'un contrat est pour nous un
contrôle. Si un organisme prévoit faire la vérification
après l'exécution d'un contrat, pour nous c'est
déjà... Le fait que la chose est découverte et que les
sommes payées en trop seraient récupérées,
d'après les officiers du ministère des Finances, pour nous cela
devient un système de vérification interne qui prend la forme
d'un contrôle.
M. Larose: J'ajouterai que si, à la suite de nos
remarques, le bureau du Contrôleur des finances a fait une
vérification valable des transactions qui ont été faites
avec cette firme-là ou avec d'autres, nous allons accepter les travaux
qui ont été faits et je ne vois pas pourquoi...
Nous avons fait des remarques; je ne sais pas si l'enquête en
question a suivi ou a précédé nos remarques. Remarquez
bien qu'une chose qui est certaine, c'est que je ne sais pas à quel
moment les travaux...
M. Charron: Je pense que cela a suivi mon intervention à
moi.
M. Larose: C'est peut-être possible. Ce que je veux vous
mentionner c'est que si, à l'occasion de notre vérification, nous
nous sommes aperçus que le contrôleur des finances a fait un
travail et qu'il a constaté qu'il y avait une réclamation de
$35,000 à l'endroit de la compagnie, nous avons vu ce rapport-là,
nous l'avons examiné nous avons vu que les remarques faites par le
contrôleur sur ces travaux étaient acceptables et, à ce
moment-là, nous l'avons accepté.
Maintenant, il y a un autre point qu'il faut souligner. Le
contrôleur des finances lorsqu'il vérifie cela est aussi
vrai du contrôleur des finances, c'est vrai des autorités des
ministères, remarquez bien qu'ils peuvent le faire des contrats
peut aller jusqu'à vérifier les livres mêmes des
contribuables, à un moment donné. C'est à la suite, bien
souvent, d'une vérification dans les livres mêmes de
l'entrepreneur ou de l'entreprise qu'on s'aperçoit qu'il y a eu des
inscriptions qui n'auraient pas dû être faites ou qu'il peut y
avoir des erreurs de taux, qu'on a payé un employé à tel
taux ou à tel autre taux, il peut y avoir...
Evidemment, notre tâche est plus de voir à ce que le
ministère ou le contrôleur des finances fasse ce travail de
vérification auprès des entrepreneurs sans y aller
nous-mêmes. S'il faut commencer à couvrir tous les entrepreneurs
qui ont des contrats et qui sont sujets à vérification, nous ne
serons jamais capables d'y parvenir. Notre tâche, dans une
vérification axée sur les contrôles, est de nous assurer
que le travail se fait soit à l'intérieur du ministère,
soit par un organisme de contrôle tel que le Contrôleur des
finances. Ce n'est pas notre tâche d'aller vérifier tous les
livres de comptabilité de toutes les entreprises avec lesquelles le
gouvernement fait affaires.
M. Charron: M. Larose, n'allez pas prétendre que c'est ce
que je vous demandais de faire. Je trouve que vous n'avez pas une conception
très rigoureuse de votre rôle, c'est votre affaire. Je pense qu'un
Vérificateur général pourrait avoir une autre conception
plus rigoureuse de son emploi, de ce qu'il a à faire.
Lorsque vous dites que je suis en train de vous demander d'aller
vérifier les comptes des entreprises de Décor Construction, ce
n'est pas vrai. Je vous demande seulement de m'expliquer et ça
c'est votre rôle par quelle erreur possible il y a $35,000 de
partis. Vous l'avez sûrement vu puisque vous avez eu comme mandat de
vérifier la fiabilité du contrôle exercé par les
officiers du ministère. Or, les officiers du ministère, par
erreur comptable, dixit le ministre des Finances, personnage impliqué
dans l'affaire il faut en convenir, affirment que c'est une erreur
comptable.
Vous qui avez vérifié la qualité du contrôle
exercé par les officiers, êtes-vous aussi d'avis que ce ne fut
qu'une seule erreur comptable ou s'il y
avait enchaînement d'irrégularités plus graves? Et
là, je pense bien ne pas vous demander d'aller vérifier les
livres de Décor Construction, je vous demande de vérifier les
livres du ministère des Affaires culturelles qui, lui, a payé,
par erreur comptable, dit M. Garneau, $35,000. Ce sont vos livres à
vous, ce sont les livres que vous avez dans les mains, et je soutiens
même que ce sont les dossiers que vous devriez avoir avec vous,
là, parce que nous vous avions prévenu que nous voulions discuter
de cela. Depuis le début de notre entretien sur ce sujet, je n'ai pas
l'impression d'avoir obtenu de réponse satisfaisante à mes
questions.
Si c'est ce genre de rencontre où l'on doit simplement s'entendre
sur les remarques générales sur le système, c'est inutile.
On ne se rencontre pas assez souvent et on est... Ce gouvernement-là fut
assez scrupuleux pour son administration que, pour les fois où les
règlements nous permettent d'entrer un peu dans une administration
publique... Nous avons une seule autre occasion, c'est avec le ministre de la
Fonction publique, une fois par mois, sur les engagements financiers et ils ne
veulent même pas les enregistrer parce qu'ils ont peur que cela sorte en
public. L'autre occasion que nous avons c'est avec le Vérificateur
général.
Il y a $35,000, il ne s'agit pas d'un petit cas de $100 comme vous le
disiez plus tôt, versés par erreur, par
irrégularité, à un "patroneux" du Parti libéral.
Nous avons le droit de savoir, aujourd'hui, c'est notre rôle. Nous sommes
aussi un peu des vérificateurs généraux, nous aussi, mais
nous ne sommes jamais équipés comme vous l'êtes, sauf que
nous fonctionnons à partir d'affirmations du ministre. Croyez-nous, ce
n'est pas toujours drôle, mais nous sommes obligés de prendre leur
parole, des fois, comme affirmation. Nous devons marcher avec cela, c'est le
règlement qui nous y oblige.
Moi, quand un ministre des Finances me répond: "Mon 'chum' a fait
$35,546 par erreur comptable, mais il va le rembourser", je suis obligé
de me taire en Chambre: le Président m'invite à me taire et je
suis obligé de prendre la parole du ministre.
Aujourd'hui, je veux voir si le ministre en question, qui venait de voir
un de ses "chums" se faire prendre dans un tripotage de patronage, se foutait
de ma gueule en Chambre lorsqu'il me disait que c'était une erreur
comptable. La seule personne capable de me le dire c'est vous. Je voulais
savoir aussi s'il m'a menti, le ministre des Finances, lorsqu'il a dit que ce
serait remboursé par son "chum", son organisateur, M. Paré. C'est
ici, uniquement ici, et il n'y a pas d'autre endroit qu'ici que je le saurai.
Et si vous ne pouvez me fournir la réponse, qui me la donnera?
L'Auditeur général à Ottawa?
Je me demande ce que nous faisons ici, en fin de compte. Qui va me dire
s'il fut remboursé ce $35,000?
M. Berthiaume: Je vous l'ai dit plus tôt.
M. Charron: Vous me l'avez dit? Donnez-moi la preuve, car
lorsqu'il m'avait menti comme un sauvage la dernière fois,
pensez-vous...
M. Berthiaume: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Charron: Déposez la preuve que le remboursement a eu
lieu, car ce patroneux-là a volé la province, et tant que je
n'aurai pas la preuve qu'il y a eu remboursement, je dois croire que le
ministre des Finances a été complice.
M. Berthiaume: M. le Président, je crois bien que,
tantôt, le Vérificateur général a dit qu'il pourrait
fournir ce renseignement précis au député de
Saint-Jacques. Moi, je lui ai dit que la vérification a
été faite et que le réclamé en trop a
été récupéré. Le Vérificateur
général l'a dit, plus tôt, qu'il était en mesure de
répondre spécifiquement à cette question et donner les
documents réclamés par le député de
Saint-Jacques.
J'ai l'impression que le député de Saint-Jacques "prend
les nerfs" sur une affaire, parce qu'il n'est pas capable de commenter le
rapport du Vérificateur général. Il s'embarque dans ses
petites histoires pour essayer de camoufler son incompétence sur les
autres questions.
M. Charron: Une petite histoire de $35,000, une petite histoire
de patroneux! Vous avez probablement des informations que, moi, je n'ai pas.
Cela, c'est la seule erreur comptable qui est venue sur le tapis.
M. Berthiaume: M. le Président, je m'excuse, je n'accepte
pas, non plus, que le député de Saint-Jacques puisse traiter le
député de Jean-Talon, le ministre des Finances, de menteur et
dire qu'il lui a menti dans sa réponse donnée à
l'Assemblée nationale, d'autant plus que...
M. Charron: Je voudrais savoir s'il m'a menti.
M. Berthiaume: ... je confirme moi-même la réponse
qui a été faite par le ministre des Finances à cette
occasion. Effectivement, je le répète, la vérification a
été faite et le montant réclamé en trop a
été récupéré par le gouvernement.
M. Charron: Pouvez-vous déposer des preuves au cours de
cette séance?
M. Berthiaume: Le Vérificateur général a
dit, tantôt, qu'il pouvait le faire à la prochaine occasion. Si
c'est cet après-midi...
M. Charron: Non, je m'excuse. Ah non! là, attendez un peu,
on ne noiera pas le poisson. Le Vérificateur général,
tantôt, m'a dit que, pour ce qui est de découvrir l'erreur
comptable ou non, cela c'est sa "job". Il ne me l'a pas dit comme cela, mais je
pense qu'on s'entend pour dire que c'est sa "job". Pour ce qui est de la
récupération, engagement pris par le ministre des Finances, en
Chambre, au nom de son ami, ce n'est pas lui qui va le savoir, c'est le
contrôleur des finances.
M. Berthiaume: Le député de Saint-Jacques veut
savoir si, oui ou non, et preuves à l'appui, le montant dont on parle a
été récupéré par le gouvernement. Je pense
que c'est cela qu'il veut savoir, si je comprends bien.
M. Charron: Oui, c'est cela.
M. Berthiaume: Le Vérificateur général...
M. Charron: Je veux savoir deux choses...
M. Berthiaume: Le Vérificateur général,
quand il fait son analyse pour l'année suivante celle dont on parle...
On parle de 1973. Pour son rapport de 1974, il a dû aller voir, lui, si
effectivement... C'est ce qu'il a dit tantôt.
M. Charron: Demandez-lui.
M. Berthiaume: C'est ce qu'il a dit tantôt. C'est lui qui
le dit, je répète ce qu'il dit.
M. Charron: M. Larose.
M. Bonnier: En fait, dans une vérification, vous partez
toujours de vos remarques de l'année précédente.
M. Charron: D'accord. M. Larose, au cours de l'année
suivante, 1973/74...
M. Berthiaume: 1974.
M. Charron: ... avez-vous identifié à quel endroit,
comment et si oui, pourriez-vous déposer ces documents cet
après-midi aux membres de la commission de quelle manière
la somme de $35,546.10 a été remboursée au
Québec?
M. Larose: Je pense qu'on pourrait certainement aller
vérifier cela. Je ne suis pas sûr que je l'ai dans mes dossiers
particulièrement, parce que, si on s'est aperçu que toute
l'affaire a été réglée de façon normale, on
n'en reparle plus à ce moment-là; on ne le fait pas. D'ailleurs,
nous, dans le rapport, nous n'avons pas soulevé la question de cet
entrepreneur en particulier. Seulement, pour cet après-midi, c'est
certain qu'on peut faire une vérification. Cela ne devrait pas
être bien long.
M. Charron: Vous pourrez informer les membres de la commission
sur la façon dont M. Paré a remboursé, sur quelle
échéance, est-ce qu'il y avait un taux d'intérêt,
etc., sur le remboursement de l'erreur comptable qu'il y avait ou est-ce que,
comme l'a laissé entendre le ministre d'Etat aux Finances, cela a
été retenu sur les paiements subséquents qui devaient lui
être faits. En fait, on va être informé de tout cet argument
proprement administratif où les Québécois
récupéraient leur argent qui avait, par erreur comptable,
été versé à M. Paré.
J'avais deux questions; cela, c'est la deuxième. Quant à
la première, je n'ai toujours pas reçu d'explication, à
mon avis, suffisante pour me dire comment cela se faisait qu'il y avait eu une
erreur comptable, de quelle nature elle a été, quel officier, par
quel calcul, par quel maladresse avait pu faire une erreur de cette envergure.
Cela, je pense, ça décharge le ministre d'Etat aux Finances, puis
le contrôleur des finances; c'est la "job" du Vérificateur
général, quand vous avez vérifié la
fiabilité du contrôle exercé par les officiers du
ministère. Comment nous expliquer cette erreur comptable? Qu'est-ce qui
est arrivé exactement? On l'a payé pour quelque chose qu'il
n'avait pas fait ou quoi?
M. Moffet: Habituellement, à la suite de ces
vérifications, ce dont on s'assure dans les livres des entrepreneurs,
c'est la classification et la qualification du personnel affecté sur les
chantiers. Il se produit, à l'occasion, des erreurs de classification,
dans la facturation, sont notées.
On ne peut pas qualifier cela d'un autre terme, nous sommes des
comptables. Avant de déclarer que c'est une malversation ou une chose
comme cela, c'est prouvé par des tribunaux. C'est l'expression qu'on
emploie, ce sont des erreurs comptables, des erreurs cléricales dans la
tenue du temps. Ce sont des erreurs de cette nature.
M. Charron: C'est ce qu'a dit M. Garneau. M. Garneau a dit: C'est
une erreur comptable. Vous, avez-vous identifié cette malversation
d'argent public comme étant uniquement une erreur comptable et de quelle
nature était-elle?
M. Larose: Si vous permettez, M. Moffet, on a mentionné
qu'il manquait de contrôle au niveau du ministère, quant au
contrôle exercé sur ces opérations. Le ministère,
ensuite, va faire une vérification dans les livres du contribuable et,
probablement à la suite de cette vérification, arrive à la
conclusion qu'il y avait une surcharge de $35,000. Je ne peux pas vous en dire
plus que cela.
Nous avons vu qu'il y avait un manque de contrôle de la part du
ministère sur les opérations à la Place Royale et on l'a
souligné. Suite à cela, on va faire une vérification dans
les livres du contribuable et on dit qu'il y a une réclamation de
$35,000, qu'il y a des erreurs qui se sont produites au niveau du contribuable,
dans sa comptabilité, dans sa facturation au gouvernement.
Maintenant, qu'est-ce que vous voulez que je découvre de plus
comme Vérificateur général? Il faudrait que je fasse le
même travail que le bureau du contrôleur est allé faire dans
les livres de l'entreprise. Nous avons constaté que le contrôle
exercé par le ministère était insuffisant. Par la suite,
le travail fait a entraîné une récupération d'une
somme de $35,000.
M. Charron: Le contrôle était à ce point
insuffisant, si je vous comprends bien, si je comprends bien votre
réponse, M. Larose, que, comme cela, quelqu'un pouvait verser $35,546.10
sans que quiconque ne s'en aperçoive, jusqu'à ce que quelqu'un,
à un moment donné, dise: Mon Dieu, c'est une erreur! Il y a eu
une erreur, une petite erreur de $35,000.
M. Berthiaume: Je me permets d'informer le député
de Saint-Jacques que ceux qui ont justement constaté, à un moment
donné, que $35,000 devaient revenir au gouvernement, aux fonds publics,
ce sont justement les employés du ministre
des Finances et non pas les employés du Vérificateur
général. Je tiens à souligner cela, surtout en marge des
remarques que le député de Saint-Jacques a faites concernant le
ministre des Finances tantôt.
M. Charron: Je pense que ce sont bien plus les journalistes qui
avaient noté ce fait avant, et o'est à partir de cela que les
officiers du ministère des Finances sont allés
contrôler.
M. Berthiaume: Là, c'est la crédibilité du
député de Saint-Jacques que j'attaque.
M. Charron: Oui.
M. Berthiaume: Non pas les journalistes. Je parle du
député de Saint-Jacques qui ne veut que charrier.
M. Charron: Qu'est-ce que vous reprochez à ce que je suis
en train de faire? Qu'est-ce que vous reprochez de fondamental à ce que
je suis en train de faire? Je suis ici en train de faire la job pour laquelle
j'ai été élu: Scruter l'administration des fonds publics.
C'est une des parties de la job que j'ai à faire. Il y a eu $35,000
dépensés, à un moment donné, par erreur comptable
et j'en parle aujourd'hui. J'en parle parce que c'est le seul exemple...
M. Berthiaume: Et je vous donne les renseignements.
M. Charron: Je vais vous dire une affaire, je n'irai pas plus
loin que cela. J'ai la petite impression je n'irai pas jusqu'à
l'affirmer pour que vous vous mettriez à jouer dans le règlement
pour me faire retirer mes paroles que c'est un chat qui est sorti du
sac, qui s'appelait Place Royale. Ce chat, on a essayé de le noyer comme
on a pu et on a couru vite. Les inspecteurs des finances...
M. Massicotte: Des insinuations.
M. Charron: Ce sont des insinuations, j'en conviens. Je n'affirme
rien, j'insinue.
M. Massicotte: Prouvez vos dires. Quand on insinue, on prouve ses
dires.
M. Charron: Mais celui-là, par exemple, vous ne me le
ferez pas lâcher, ce chat-là. D'accord? Il n'en sort pas assez
souvent du sac, et le sac était assez bien entretenu que quand il y en a
un qui sort et qu'il coûte $35,000 à la province et que c'est un
organisateur libéral qui met cela dans ses poches...
M. Berthiaume: Cela n'a pas coûté $35,000 à
la province. C'est là que le député de Saint-Jacques se
trompe.
M. Charron: Cela coûtait $35,000 à la province tant
que quelqu'un n'a pas parlé.
M. Malépart: II va falloir que le député de
Saint-Jacques soit aussi tenace sur les choses de l'Assemblée nationale,
l'erreur administrative qui est arrivée à l'endroit du
chèque de Jacques-Yvan Morin.
M. Charron: Absolument. Je pense que M. La-rose a eu l'occasion
d'en parler au cours de la semaine dernière. Absolument.
M. Malépart: D'accord.
M. Charron: Si vous soulevez ce débat... M. le
Président, si vous me permettez de faire une parenthèse, je n'ai
jamais compris comment trois ministres responsables du Conseil du trésor
avaient pu signer ce chèque en même temps. Non seulement le chef
de l'Opposition, mais les trois: Gérald Harvey, Gérard-D.
Levesque et le troisième, je ne me rappelle plus lequel.
Trois ministres qui avaient laissé aller un chèque
illégal...
M. Malépart: Si vous me permettez, je n'ai jamais compris
que l'Opposition officielle, qui se fait le défenseur des gagne-petit,
accepte qu'un grand avocat, chef de l'Opposition, ait le droit de garder
l'argent alors qu'une personne qui retire du bien-être social, si elle en
reçoit trop, est obligée de le remettre. C'est une position
fondamentale que vous n'avez jamais attaquée.
M. Charron: C'est une position que votre propre parti, que votre
propre gouvernement a suggérée.
M. Berthiaume: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Vous enfreignez le
règlement.
Si je comprends bien, la question du député de
Saint-Jacques est en deux parties. La première partie est à
savoir s'il y a eu une erreur comptable et quelle est la nature de cette erreur
comptable. Je crois que M. Larose a informé la commission qu'il lui
était possible d'apporter ici ces explications à une
séance subséquente.
Maintenant, il y a la question du remboursement. Je ne sais pas si cela
relève du Vérificateur général ou plutôt du
contrôleur des finances.
M. Berthiaume: On pourrait s'entendre, l'un ou l'autre. Je sais
que nous, nous sommes capables de fournir les documents. Si le
Vérificateur général le fait, je suis d'accord aussi, mais
de toute façon le renseignement est disponible.
Le Président (M. Picard): Est-ce que le
député de Saint-Jacques a d'autres questions.
M. Boutin: M. le Président, je voudrais savoir, si les
renseignements fournis sont valables, si le député de
Saint-Jacques va retirer ses paroles à l'effet que le ministre Garneau
est un menteur.
Le Président (M. Picard): II n'y a aucune obligation de sa
part.
M. Charron: Aux Affaires culturelles encore, j'aimerais que vous
m'expliquiez, M. Larose, comme intermède musical, cette histoire que
j'ai mal comprise peut-être qu'il me suffirait d'une phrase pour
me la faire comprendre qui a entouré le versement de la
subvention à l'Orchestre symphonique de Montréal, dans votre
rapport de 1973/74. C'est à la constatation b), je suis très
heureux de noter que la constatation débute par l'affirmation suivante:
Que le ministère a donné suite à la plupart des remarques
formulées dans nos rapports antérieurs... Cela peut être un
bon son de cloche à l'égard du ministère des Affaires
culturelles; il n'y a donc pas que la Place Royale dans le ministère des
Affaires culturelles. Pouvez-vous expliquer succinctement aux membres de la
commission ce que vous reprochez, je crois, si j'ai bien compris, à la
façon dont on a versé, en termes comptables, la subvention
spéciale de $320,000 qui avait été décidée
par le ministre des Affaires culturelles?
M. Moffet: Cette remarque est venue à la suite de la
vérification de l'utilisation des subventions, qui est d'ailleurs
indiquée comme une obligation dans la Loi de l'administration
financière. On a donc vu, à l'analyse de l'utilisation de la
subvention, que l'Orchestre symphonique de Montréal était parti
d'un déficit de $436,000 et en était arrivé à un
surplus de $403,000 à l'aide de subventions et de souscriptions.
On l'a relaté comme tel, étant donné que, pour
nous, cela semblait être une...
M. Charron: Cela vous a semblé quoi, vous dites?
M. Moffet: Les subventions ont servi en partie à
constituer un surplus aux livres.
M. Charron: Ce que je comprends bien vous dites que vous ne
comprenez pas comment il se fait qu'il y a eu une subvention spéciale
pour fins d'éponger le déficit c'était le but de la
subvention quand vous vous apercevez au fond que non seulement l'argent
a, par deux fois, noyé le déficit, mais a même permis
à la Société de l'Orchestre symphonique de Montréal
de terminer avec un profit net. Est-ce que c'est cela qu'on peut appeler un
versement abondant et surabondant de fonds publics à un endroit
où cela ne devait pas aller?
M. Larose: Je crois que les officiers du ministère
pourraient vous dire s'ils ont d'autres motifs à ajouter au paiement de
la subvention.
Nous, en tout cas, nous avons vu que la subvention devait être
là pour combler un déficit alors qu'en réalité
l'Orchestre symphonique s'est retrouvé avec un surplus dépassant
le montant de la subvention.
Les fonctionnaires du ministère ont peut-être des
justifications additionnelles à proposer. Elle était
accordée pour un déficit, mais nous calculons qu'elle n'a pas
été versée pour les fins pour lesquelles elle avait
été proposée.
M. Charron: Je voudrais m'adresser aux officiers du
ministère, si vous me permettez, M. Larose. Avez-vous remarqué,
dans l'année subséquente, parce qu'il faut toujours penser, comme
disait le député de Taschereau à les
échelonner...
M. Berthiaume: L'année subséquente... M.
Charron: Pardon?
M. Berthiaume: L'année subséquente, c'est cette
année, vous êtes dans le rapport 1974/75.
M. Charron: Dans l'année 1974/75, la situation de
l'Orchestre symphonique de Montréal est revenue à la normale,
c'est-à-dire déficitaire, et que le phénomène que
le ministre a signalé était uniquement passager.
M. Moffet: Probablement que le ministère a les
états financiers de l'orchestre de l'année ultérieure. Il
est possible que durant l'année ultérieure les subventions aient
été versées en moins et que les quelconques surplus se
soient ajustés en conséquence. Notre vérification est en
cours.
C'est une cause momentanée, à cette période la
situation était...
M. Berthiaume: Les états financiers pour l'année en
cours, c'est-à-dire l'année 1974/75 de l'OSM, à ma
connaissance, ne nous sont pas parvenus au moment où nous nous
parlons.
Normalement ils devraient nous parvenir sous peu, étant
donné que le rapport du Vérificateur général pour
l'année 1974/75 devrait être produit, aux dires de M. Larose, au
début de 1975. Mais à ce moment-ci, nous ne pouvons pas juger de
cette chose.
Cependant, j'ai à ma droite le sous-ministre des Affaires
culturelles, M. Barbin, qui pourrait peut-être fournir des explications
sur la question soulevée.
M. Barbin: M. le Président, des explications sur une
situation que je n'ai pas vécue et que je peux vérifier, c'est
que le budget d'un orchestre symphonique est quelque chose d'assez
malléable et ne s'administre pas de la même manière qu'un
budget d'entreprise. Ce qu'on peut appeler un fonds de réserve souvent
est un fonds qui permet un développement ou une continuité. Un
surplus est difficile à prévoir dans un orchestre symphonique.
Quand on l'obtient, j'imagine qu'on essaie de le garder de façon
à assurer un développement. Ce qui est arrivé en cours
d'exercice, et s'est dit dans le rapport du Vérificateur
général, c'est que vous avez eu, à un certain moment, un
don anonyme de $250,000. J'imagine que l'orchestre symphonique, à ce
moment, a demandé au gouvernement de lui verser quand même les
subventions
prévues, de façon à lui assurer un coussin pour le
développement de l'orchestre dans l'année qui suit.
Ce que je ne peux pas vous dire c'est l'état de l'Orchestre
symphonique, comment on a fait le pont entre l'année 1975 et 1974. Tout
ce que je sais, d'après les journaux, c'est que l'Orchestre symphonique
n'a pas de surplus astronomiques et est même menacé de fermeture
en plusieurs circonstances.
M. Charron: M. le Président, qu'on me comprenne bien, je
ne veux vraiment pas "chiquer la guenille" sur l'Orchestre symphonique de
Montréal et sa situation particulière. Ce n'est pas du tout cela.
Il est vrai que le don anonyme de $250,000 a pu tomber comme la manne du ciel
pour un orchestre qui était en difficultés financières et
musicales d'ailleurs, si vous me permettez en passant. Il a donné aussi
l'occasion à l'Orchestre symphonique de se faire un fonds de
réserve, comme vous avez dit, sauf que, comme nous l'a rappelé M.
le Vérificateur général, à propos de la loi de
l'administration financière, la subvention avait, dans
l'arrêté en conseil, une motivation bien précise et bien
écrite. C'était, je pense que vous l'avez? L'avez-vous devant
vous?
M. Berthiaume: C'est un C.T., ce n'est pas un arrêté
en conseil.
M. Charron: Y est-il mention d'éponger le déficit?
C'est-à-dire qu'on s'est bâti un fonds de réserve un peu
illégal, en passant, et cela n'a peut-être pas été
occasionné malhonnêtement par les gens de l'Orchestre symphonique.
Que voulez-vous, il leur est arrivé $250,000.
Ils n'étaient pas pour cracher dessus. Mais, en même temps
que cela arrivait, ici à Québec, on aurait dû, normalement,
s'astreindre à ne pas verser une subvention pour un déficit qui
n'existait plus ou, alors, modifier le CT, comme l'a suggéré le
Vérificateur général.
M. Bacon: M. le Président, si le député de
Saint-Jacques me permet juste une précision; les $250,000 sont-ils
arrivés à peu près en même temps par une
synchronisation que la subvention? En fait, ils sont peut-être
arrivés après aussi. Le vérificateur peut-il
répondre là-dessus? Il n'est pas au courant.
M. Moffet: On n'a pas la chronologie de ces versements.
M. Bacon: Justement, dans la chronologie des versements, je ne
sais pas si le député de Saint-Jacques est au courant, mais, sur
$360,000, après que le CT a été déposé et
que le chèque a été déboursé, émis,
il reste que si les $250,000 sont arrivés à peu près dans
le même temps...
M. Charron: La question du député de
Trois-Rivières est intéressante, M. le Président. Il y a
un début de réponse dans le rapport même du Vérifi-
cateur général. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai
soulevé la question. C'est qu'il y a probablement eu concordance dans le
temps, parce que le rapport dit ceci: "Dans un mémoire du 30 janvier
1974, l'analyste du ministère des Affaires culturelles soulignait
qu'après vérification préliminaire il n'y aurait pas de
déficit, mais un profit estimé à $60,000 cela veut
dire que les $250,000 étaient entrés et que, selon lui, il
n'y avait pas lieu de verser cette première tranche de la subvention
spéciale de $160,000 pour les opérations 1973/74." Or, le
ministère l'a quand même versée. C'est ce que nous signale
le Vérificateur général.
Ce n'est pas une montagne et je n'ai pas d'objection, non plus, à
ce que la subvention spéciale qu'il avait déterminée soit
versée à l'Orchestre symphonique, mais alors le CT qui
l'autorisait aurait dû mentionner que c'était soit pour constituer
un fonds de réserve, soit pour permettre à l'orchestre d'obtenir
une expansion, soit pour soutenir l'Opéra du Québec, en passant,
ou n'importe quoi d'autre, mais pas dire que c'était pour éponger
un déficit quand le déficit n'y était plus et que
l'analyste même du ministère venait de leur signaler qu'il n'y
avait plus de déficit.
En tout cas, espérons, comme disent les ministres, qu'ils en ont
pris bonne note!
M. Berthiaume: De toute façon, je pense que, si on parle
d'irrégularité, c'était au moment du versement de la
subvention. Ce n'était pas irrégulier, puisque le don anonyme
n'était pas connu à ce moment-là ou ne devait pas
être connu. Je présume qu'il n'était pas connu. Sur le plan
de la régularité des choses...
M. Charron: II était connu.
M. Berthiaume: II était connu? Les $250,000?
M. Bacon: Pour $250,000, on peut avoir une
présomption.
M. Charron: Ils partaient de $215,000 et ils montaient à
$60,000 au-dessus.
M. Bacon: Mais j'imagine ce n'est peut-être pas la
meilleure explication que, compte tenu qu'ils ne sont jamais dans une
situation confortable, si, à un moment donné, ils ont
réussi à s'organiser pour passer une année qui avait de
l'allure, on ne peut quasiment pas leur faire de reproche.
M. Berthiaume: Tout le monde accepte que cela a du sens, mais il
s'agirait peut-être de régulariser par une autre autorisation du
Conseil du trésor disant: D'accord, on l'accepte.
M. Bacon: En fait, dans l'année en cours, en ont-ils eu,
vont-ils en avoir?
M. Charron: Encore une fois, M. le Président, je signale
cela pas à l'encontre de l'Orchestre symphonique de Montréal,
mais c'est un cas
d'administration irrégulière. Je suis content que le
nouveau sous-ministre des Affaires culturelles soit là, parce qu'il aura
à y travailler au cours des prochaines années, des prochains mois
en tout cas, de sorte que ce genre d'administration financière, par
ailleurs assez bien cotée, je pense, celle des Affaires culturelles, ne
comporte plus des fautes financières de cette envergure.
Les Grands Ballets canadiens, M. le Président, si vous me
permettez d'enchaîner de la musique à la danse. Le rapport du
Vérificateur général 1973/74 termine ses remarques sur les
Grands Ballets canadiens en nous disant que le ministère a engagé
une somme de $150,000 sur les crédits 1974/75 en faveur des Grands
Ballets canadiens à titre de provision pour le déficit
éventuel que cet organisme pouvait encourir au cours de l'exercice
financier 1973/74." Il a marché sur Chargex pendant un bout de
temps!
M. Bacon: Ils ont une bonne planification!
M. Charron: Comme nous le dit le Vérificateur
général, "ces $150,000 constituent donc un engagement du
ministère au 31 mars 1974, qui n'est pas révélé aux
comptes publics."
Je pense que le texte du vérificateur est clair. Est-ce que du
côté des Affaires culturelles on peut expliquer cette
procédure? Qu'est-ce qui a motivé cette procédure?
M. Berthiaume: M. le Président, pour répondre
à cela, d'après l'information qu'on me donne, ce chiffre aurait
dû apparaître, même s'il a été reporté
en 1974/75, comme dépense, et il n'est pas apparu; effectivement, on me
dit que les $150,000 ont été reportés en 1974/75; le
montant n'a pas été dépensé dans l'année en
cours, mais on aurait dû le faire figurer quand même.
M. Charron: C'est ce que disait le Vérificateur
général.
M. Berthiaume: C'est ce qu'on me dit. C'est ce qu'on devrait
faire.
M. Charron: La Corporation du Musée des Beaux-Arts de
Montréal...
M. Berthiaume: Sur les Grands Ballets, je peux donner un
renseignement supplémentaire...
M. Charron: Allez-y.
M. Berthiaume: ... en ce qui concerne l'applicabilité de
cette mesure par rapport au plan comptable, si vous le permettez, M. le
Président.
M. Charron: Allez-y.
M. Berthiaume: Je vais demander à M. Breton, de
donner...
En fait, ce qu'on indique aux états financiers comme engagements,
ce sont les engagements pour le remboursement d'emprunts à long terme,
pour des dépenses de nature capitale.
Or, dans ce cas-là, il ne s'agissait pas d'un remboursement, d'un
engagement pour des emprunts à long terme; c'est un cas quelque peu
isolé; mais dans le plan comptable, selon l'exposé sur le plan
comptable que nous avons au début des comptes publics, on le dit
textuellement que ceux-là nous n'en tenons pas compte.
Evidemment, si on se met à entrer ces montants-là, il y en
aurait beaucoup d'autres qui sont des choses qui sont pas mal dans le cours
régulier des opérations du ministère. Rien ne s'oppose
à ce qu'on les mette, mais cependant selon la nomenclature du plan
comptable que l'on a arrêté, quant à ceux-là,
étant donné qu'il ne s'agit pas de remboursement d'emprunts
à long terme pour des dépenses de nature capitale, on a comme
habitude de ne pas les inscrire.
Ils viennent aux dépenses au fur et à mesure qu'ils sont
payés.
M. Charron: Ce sont des dépenses contractées
d'avance?
M. Berthiaume: Ce sont des engagements, tout comme on pourrait en
avoir... on pourrait aller passablement loin, on pourrait même aller, je
dirais, au niveau peut-être des loyers; il y a des engagements qui sont
pris pour un certain nombre d'années, mais on n'a pas l'habitude de
mettre ceux-là.
M. Charron: Mettez-vous à notre place quand on fait
l'étude des crédits et qu'on arrive à l'article: Art
d'interprétation, programme d'art d'interprétation du
ministère des Affaires culturelles, subvention aux Grands Ballets
canadiens; il y a un montant comme $200,000 qui peut apparaître
là; si nous ne savons pas quel montant est déjà presque
engagé d'avance à des fins officielles, convenues d'avance avant
l'engagement financier, cela nous donne, je ne dis pas seulement à
l'Opposition, à tout le public, à tous les membres de la
commission, l'impression... on peut faire miroiter $200,000, mais il y a
déjà un montant de $150,000 d'engagé depuis longtemps,
comme on disait, pour éponger un déficit éventuel. En
fait, si on veut mesurer l'effort réel que fera au cours de
l'année le gouvernement du Québec dans tel ou tel domaine, on est
obligé de décortiquer des chiffres pour en arriver à la
taille réelle de la patente.
Maintenant, je ne sais pas si vous...
M. Berthiaume: C'est reporté à l'année
suivante. L'engagement est reporté... c'est simplement une question
d'écriture; le problème de fond que soulève le
député de Saint-Jacques, je pense qu'il n'y a pas lieu de le
souligner. C'est plutôt une question d'écriture, savoir en quelle
année qu'il a été inscrit aux livres.
M. Bacon: C'est un compte à payer. M. Berthiaume:
C'est cela.
M. Bacon: Les $150,000 deviennent compte à payer.
M. Berthiaume: II n'a pas été inscrit, mais il a
été inscrit après le 31 mars. C'est logique de la part du
vérificateur, c'est qu'il n'a pas été inscrit au moment
où, lui, l'aurait voulu.
M. Charron: Cela a-t-il apporté... Ces remarques du
Vérificateur général ont été retenues aux
Affaires culturelles quant à l'administration? J'espère.
Avant-dernière question sur les Affaires culturelles. La
Corporation du Musée des Beaux-Arts de Montréal; je lis, si vous
me permettez, ce n'est pas long, le texte même du Vérificateur
général, encore une fois 1973/74: "L'arrêté en
conseil du 23 janvier 1973 stipule qu'une subvention de $1,500,000 est
accordée au Musée des Beaux-Arts de Montréal pour la
construction d'une annexe et que cette subvention sera répartie sur
trois exercices financiers à compter de celui de 1973-74.
Un montant de $500,000 a été versé à cette
corporation en juin 1973. Encore là, le solde de $1 million
n'apparaît pas comme engagement dans les comptes publics au 31 mars 1974
et on revient avec notre chiquenaude de tantôt.
Dans une lettre datée du 19 juin 1973 au président de la
Corporation du Musée des Beaux-Arts, le sous-ministre du
ministère des Affaires culturelles, M. Frégault, à
l'époque, indique que la première tranche de $500,000 doit servir
au remboursement des dettes du musée, alors que l'arrêté en
conseil précité ne réfère qu'à une
subvention pour fins de construction. Effectivement, à l'analyse des
états financiers du 30 juin 1974, dit toujours le Vérificateur
général, nous avons retracé un transfert total de $732,177
du fonds d'expansion au fonds d'administration. La somme ainsi
transférée provient de la subvention de $500,000 versée en
juin 1973 et d'une partie de celle versée au début de 1974-75. Le
montant total a été appliqué contre le déficit
accumulé. Cette somme a donc été affectée à
des fins autres qu'à celles pour lesquelles elle avait été
prévue par arrêté en conseil.
Je ne sais pas ce qui a motivé les membres de la Corporation du
Musée des Beaux-Arts de Montréal à suggérer
d'eux-même peut-être, pareil transfert de fonds illégal.
Encore une fois, ils n'ont pas mis dans leurs poches de l'argent qu'ils ne
devaient pas y mettre, ce n'est pas cela l'illégalité. Ils n'ont
pas affecté... C'est toute la différence au monde entre
construire et ceux qui connaissent le Musée des Beaux-Arts vont
considérer cela comme une urgence une annexe au Musée des
Beaux-Arts de Montréal... Après beaucoup d'efforts, nous avions
fini par convaincre le gouvernement de faire ce genre d'investissement, cela
valait la peine de construire une annexe au Musée des Beaux-Arts de
Montréal. Bonne nouvelle, tout le monde l'apprend, $1,500,000 sont
donnés à cette fin.
Aujourd'hui, si vous vous rendez au Musée des Beaux-Arts, il a
été restauré, effectivement, mais il n'y a aucune
construction annexe tel qu'il avait été prévu par
arrêté en conseil. Pourtant, l'argent a effectivement
été encaissé mais aux fins d'éponger le
déficit.
Je voudrais savoir encore une fois, je pense que le texte du
Vérificateur général est clair des officiers du
ministère des Affaires culturelles quand ils ont été
prévenus de cela et s'ils ont donné leur accord à pareil
transfert de fonds. Ont-ils accepté que l'argent soit utilisé
à d'autres fins que" celles prévues? Pourquoi? Quand? Comment?
Donc, toute l'information nécessaire là-dessus. D'un autre
côté, si l'on s'est rendu, politiquement, à la suggestion
de la Corporation du Musée des Beaux-Arts, pourquoi a-t-on maintenu
l'illégalité? Pourquoi n'a-t-on pas annulé
l'arrêté en conseil du 23 janvier, émis un nouvel
arrêté en conseil qui, lui, aurait précisé que
c'était aux fins de combler le déficit du musée?
M. Berthiaume: La question devient un peu marginale à la
lumière des faits additionnels qui sont donnés par le
Vérificateur général dans son rapport spécifique au
ministère, où il ajoute une phrase après celle-ci: Cette
somme a donc été affectée à des fins autres, etc.
Il y a une phrase additionnelle dans le rapport spécifique...
M. Charron: Vous voyez, M. Larose, que je ne posais pas mes
questions, au début, pour rien.
M. Berthiaume: ... qui fait état des commentaires
donnés par le ministère lorsque le Vérificateur
général m'a posé le problème. Alors, ce ne sont pas
comme telles des remarques du Vérificateur général mais
plutôt du ministère, mais le Vérificateur
général en fait état.
On nous a fait remarquer, cependant, que la documentation accompagnant
la demande d'approbation de l'arrêté en conseil précisait
que cette subvention serait appliquée en partie contre le déficit
accumulé. Autrement dit, dans le mémoire qui accompagnait
l'arrêté en conseil, on faisait mention de la modification mais
l'arrêté en conseil lui-même ne le mentionnait pas.
C'est pour cela que je dis que cela devient un peu marginal. Autrement
dit, le conseil des ministres a accepté quelque chose en principe, mais
la lettre de l'arrêté en conseil n'était pas
complètement explicite.
M. Charron: Ce n'est pas un petit peu marginal. La Corporation du
Musée des Beaux-Arts, c'est une corporation privée. Elle l'est en
vertu d'une loi qu'on a votée ici à l'Assemblée, il y a,
je ne sais pas, trois ou quatre ans. C'est une corporation privée. Ce
sont des fonds publics qu'on remet donc à une corporation privée
et la somme n'est pas mince, non plus; je pense que personne ne se
départirait de $1,500,000, comme cela, du jour au lendemain.
Je ne sais pas si c'est l'avis du Vérificateur
général, mais le fait que le mémoire accompagnant
l'arrêté en conseil mentionne de façon vague, il me semble,
si je prends le texte même que vient de lire le ministre d'Etat aux
Finances, qu'une partie de cette somme peut effectivement être
consacrée au déficit, est-ce une formule qui normalement devrait
satisfaire le Vérificateur général?
M. Larose: On nous a fait part qu'il y avait une documentation
qui accompagnait l'arrêté en conseil. Evidemment, on ne met pas en
doute ce fait, mais il y a une chose qui est certaine, c'est que
l'arrêté en conseil lui n'en fait pas mention. A ce
moment-là, le document officiel devient tout simplement
l'arrêté en conseil. Au moment où le lieutenant-gouverneur
en conseil avait toute la documentation en main, il aurait pu décider
qu'il y avait tant qui allait pour telles fins, puis tant qui allait pour une
autre. Il ne l'a pas fait.
M. Bacon: II aurait pu en parler dans l'arrêté en
conseil.
M. Larose: Nous on tient cela pour acquis. M. Charron:
Surtout s'il avait le mémoire.
M. Larose: Maintenant, on a mentionné cela dans l'autre
rapport, tout simplement par souci d'équité; les officiers du
ministère nous avaient fait cette remarque, mais cela ne changeait pas
le fait que l'arrêté en conseil ne l'autorisait pas.
M. Bonnier: II va être engagé pourquoi ce
million?
M. Charron: Selon le rapport du Vérificateur
général, les premiers $500,000, plus $232,177 sur le
deuxième avaient été dans le déficit. Au maximum,
ce qui peut rester pour la construction d'une annexe, c'est-à-dire ce
que dit l'arrêté en conseil, c'est $750,000 à peu
près sur la somme originellement prévue de $1,500,000.
M. Bonnier: Qui nous dit que cela va être affecté
à la construction?
M. Charron: On ne le sait pas, non plus. Même le
mémoire accompagnant cela dit: Une partie des sommes peut être
affectée. Alors, on est déjà rendu à 50% de la
somme qui est affectée au déficit, puis on ne sait pas où
cela va s'arrêter. Je pense que le Vérificateur a bien fait
d'attirer l'attention là-dessus; c'est illégal.
M. Berthiaume: Oui, je reconnais cela. M. Charron: Non,
non.
M. Berthiaume: J'ai essayé de donner une explication
additionnelle, en disant que ce n'était pas intentionnellement que les
gens se sont fourvoyés.
M. Charron: M. le Président, si vous me permettez de
clôturer avec cela, je ne veux pas être malhonnête dans ce
que je vais dire, mais c'est une illégalité, vous l'avez reconnu
puis j'en prends note. Il reste que ces subventions, par exemple, sur le plan
politique, sont souvent annoncées à grand renfort de tambours et
de trompettes. Je me rappelle celle-là en particulier, parce que moi, je
suis le critique des Affaires culturelles pour le
Parti québécois depuis six ans. Je me rappelle
celle-là; on en avait parlé aux crédits. On avait eu des
mémoires, des pétitions, "fling flang"; j'ai reçu du monde
au bureau; tout cela. Puis, là, tout d'un coup, l'arrêté en
conseil du 23 janvier 1973 est sorti; le gouvernement du Québec agrandit
le Musée des Beaux-Arts, que tous ceux qui disent que le gouvernement du
Québec ne fait rien pour le Musée des Beaux-Arts se le tiennent
pour dit! Non, mais c'est vrai; l'illégalité...
M. Berthiaume: J'invoque le règlement. J'invoque le
règlement.
M. Charron: Je vais revenir. Allez-y.
M. Berthiaume: D'abord, il est une heure moins vingt; je
proposerais...
M. Charron: II reste vingt minutes.
M. Berthiaume: ... l'ajournement du débat.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité de terminer l'étude du rapport sur les Affaires
culturelles?
M. Berthiaume: Je suis bien d'accord, mais d'après ce que
le député de Saint-Jacques vient de me dire, et c'est là
que j'ai changé ma phrase... il m'annonce que cela va être long.
Alors, c'est pour cela que j'hésitais, M. le Président. Si on
peut finir en cinq ou six minutes, je n'ai pas d'objection. De toute
façon, je ne veux pas revenir, non plus, à ce qu'on avait convenu
entre les parties, lors de la réunion de la sous-commission. Je ne veux
pas être chatouilleux sur ces choses-là, mais, si on m'annonce
qu'on va finir à une heure, moi, ayant d'autres engagements, je ne peux
pas. Alors, je ne sais bien pas si...
M. Charron: Est-ce qu'on n'est pas obligé d'aller à
une heure le mardi, M. le Président, étant donné qu'on
commence à dix heures et demie?
Le Président (M. Picard): De toute façon, sur la
discussion sur les Affaires culturelles, vous avez dépassé
l'heure allouée depuis à peu près une demi-heure. Alors,
est-ce qu'il y aurait possibilité de résumer dans quelques
phrases, de façon à suspendre les travaux de la commission?
M. Charron: Oui, d'accord, M. le Président, mais je vais
quand même terminer la phrase que j'avais commencée. Elle est
importante. On est ici...
M. Berthiaume: Ah bien, là, je vais revenir sur la
question de règlement par exemple, parce que là...
Si on s'en va dans des questions d'ordre politique...
M. Charron: Non, non.
M. Berthiaume: ... qui ne regardent pas le Vérificateur
général ni son rapport...
M. Charron: Non, non.
M. Berthiaume:... je suis obligé de poser mon objection.
Si on parle de la façon dont la subvention a été
annoncée, si on parle de l'impact politique...
M. Charron: Attendez un peu!
M. Berthiaume:... pour ou contre, un ou l'autre, je pense que
cela ne regarde pas cette commission-ci.
M. Charron: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Continuez donc votre
commentaire.
M. Berthiaume: Vous devez être vigilant, M. le
Président.
M. Charron: Le Vérificateur général existe,
pour le public, à une fin bien précise: Chaque contribuable peut
voir comment une partie de son argent est administrée, est
utilisée et peut voir aussi si on argent est utilisé comme on le
dit qu'on le fait. C'est un droit...
M. Larose: Jusque-là, c'est parfait.
M. Charron: ... strict, en démocratie, d'avoir un doute
sur un politicien qui nous affirme utiliser l'argent à telles fins. Il
nous est donné, dans notre démocratie, un outil qui s'appelle le
Vérificateur général qui, lui, modestement,
tranquillement, à travers ses rapports, peut nous dire, et c'est ce
qu'il vient de nous dire: Ceux qui ont pensé, en se fiant au texte d'un
arrêté en conseil illégal, du 23 janvier 1973, que le
gouvernement agrandissait le Musée des Beaux-Arts de Montréal,
ils se sont trompés. Ils se sont fait tromper. Là, je pourrais
donner un exemple en dehors du règlement: une subvention à une
entreprise privée qui est annoncée à grand renfort de
tambours ici mais où, concrètement, au bout de trois ou quatre
ans il n'y a pas un pieu de posé. Ou bien elle est annoncée
quatre fois parce que cela prend quatre ans avant que cela se fasse. Ce sont
des trucs. Ce sont des trucs politiques que vous connaissez, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): N'allez pas plus loin.
M. Charron: Vous avez beaucoup plus d'expérience que
moi.
Le Président (M. Picard): N'allez pas plus loin dans ce
domaine.
M. Charron: Je voulais juste mentionner que dans ce cas
précis on avait été victime d'un truc politique, d'une
part, et aussi d'un geste illégal du gouvernement, c'est-à-dire
la rédaction d'un arrêté en conseil qui ne rejoignait pas
la réalité de l'utilisation de fonds.
Le Président (M. Picard): Merci. Est-ce que le ministre a
le mot de la fin?
M. Berthiaume: Je me pose la question: Comment devrait-on
ajourner? J'ai l'impression qu'on...
Le Président (M. Picard): Sine die.
M. Berthiaume: ... devrait ajourner sine die. D'accord.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 43)
Reprise de la séance à 16 h 30
M. Picard (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu continue,
cet après-midi, l'étude des trois derniers rapports annuels du
Vérificateur général. Nous allons maintenant passer
à l'étude des rapports du ministère des Communications.
L'honorable ministre.
M. Berthiaume: Avant de passer au ministère des
Communications, j'aimerais revenir en ce moment sur une question qu'on a
discuté ce matin, simplement pour démontrer combien il faut
être prudent quand on accuse les gens peut-être non pas de fraude,
mais de mauvaise administration ou de menteurs ou de choses de cette
nature.
En ce qui concerne les $34,000 ou $35,000 dont on discutait ce matin,
j'ai, devant moi j'en ferai faire des photocopies pour la distribution
aux membres de la commission, à sa prochaine séance les
documents qu'on vient de trouver. On prétendait, ce matin, que les
vérifications qui ont été faites par le gouvernement
étaient postérieures au moment où la question a
été soulevée à l'Assemblée nationale.
J'ai expliqué que le contrôleur des finances, avant de
faire les paiements à la compagnie Décor Construction, dans la
procédure normale des opérations, faisait une vérification
des comptes qui étaient soumis par cette compagnie. A trois occasions
différentes, par la vérification avant paiement, le
contrôleur des finances a écrit au ministre des Finances pour lui
souligner les mesures qu'il prenait pour soustraire des comptes soumis par
Décor Construction les montants qui étaient
considérés comme une surcharge.
Cette première note, envoyée à M. Garneau, remonte
au 19 juin 1972 et action a été prise en même temps que la
note a été envoyée par dans le temps M.
Réal Châtelain. La deuxième occasion a été le
26 octobre 1972. Cela s'est fait exactement de la même façon. Les
mesures ont été prises immédiatement. C'était
toujours une lettre de Réal Châtelain à Raymond Garneau. La
troisième fois, c'est le 22 janvier 1973. C'était toujours de
Réal Châtelain à M. Garneau.
A ma connaissance, la question a été soulevée
beaucoup plus tard à l'Assemblée nationale. Toutes les
prétentions selon lesquelles le ministre des Finances n'a pas agi
correctement dans ce dossier sont complètement fausses. Je distribuerai
les documents en question aux membres de la commission pour que les faits soit
rétablis convenablement.
M. Charron: M. le Président, il reste deux explications
additionnelles à obtenir du document qu'on va recevoir de la part du
Vérificateur général. Quelle était la nature exacte
de ce qui était une erreur comptable à l'origine de ce
déboursé illégal ou cette erreur...
M. Berthiaume:... déboursé, M. le
Président.
M. Charron: C'est ce, par exemple... Attends un peu...
M. Berthiaume: Disons que, d'après les documents que j'ai
vus, je corrigerais. D'après le conseil qu'on me donne du
côté du contrôleur des finances, il est peu probable qu'un
versement ait été fait dans ces cas, si on lit les documents que
je viens de voir. Je veux que le dossier soit complet et il sera complet. Il
sera déposé à la prochaine séance, probablement la
semaine prochaine.
Le Président (M. Picard): II reste la première
question. Est-ce que le vérificateur est en mesure de nous dire si les
écritures comptables ont été conformes ou ce qui n'a pas
fonctionné dans cette transaction?
M. Larose: Evidemment, les deux questions qui nous ont
été posées ce matin... La question: Est-ce une erreur
comptable ou n'est-ce pas une erreur comptable? Si je comprends bien, M.
Berthiaume nous dit qu'il va déposer les rapports qui avaient
été préparés. Est-ce que c'est la documentation
supportant les rapports? Si c'est le cas, je pense que la source des erreurs
est sans doute exposée dans les rapports. Par conséquent, on sera
en mesure, les personnes qui liront le rapport seront en mesure de porter les
jugements nécessaires. La source des erreurs, je crois, est
exposée dans ces rapports. Je pense qu'à ce moment, M. Charron
sera en mesure de prononcer son propre jugement sur la question, d'exercer son
propre jugement. Quant à l'autre partie de la question, à savoir
si le remboursement a été effectué, dès la
prochaine séance, nous pourrons vous dire exactement ce qu'il en
est.
M. Charron: II y a une directive dans la deuxième question
qu'il reste à éclaircir. La première ne l'est toujours
pas. Est-ce que les notes que vous avez déposées expliquent les
modalités des remboursements qui ont été faits? Là,
je reviens avec l'affirmation que j'ai faite. Je la tire de la Presse du samedi
15 septembre 1973. Je ne m'engage pas à faire le rapport entre ce que le
ministre des Finances a dit et le journaliste, je prends le propos
écrit. On dit: "L'entrepreneur Gilles Paré, président de
Décor Construction, a reconnu l'exactitude de ces erreurs et a
proposé d'effectuer un remboursement en trois versements pour
régulariser la situation. M. Raymond Garneau a été mis au
courant de ces faits le 19 juin 1972". Ce que vous sortez là
était bien connu.
M. Berthiaume: Exactement!
M. Charron: Ce que j'ai demandé ce matin, c'est si le
remboursement a effectivement eu lieu. L'engagement pris par le ministre des
Finances, face à l'Assemblée, lorsque cela a été
soulevé, je l'ai souligné ce matin même; ce que je voulais
avoir comme preuve, c'est la preuve du remboursement, non pas le fait que M.
Châtelain ait signalé à trois reprises à M. Garneau,
l'irrégularité de la chose. De cela, j'en disposais, et je
pense
que je l'ai dit ce matin. N'importe qui, qui a accès au dossier
de presse, il est là. Ce n'est pas cela la question. Tout le monde sait
que cela a été soulevé, que M. Châtelain a fait son
devoir. Moi, je veux savoir si le remboursement est entré, depuis cette
date.
M. Berthiaume: On peut vérifier cela. M. Larose: Si
vous me permettez...
M. Berthiaume: Si on me permet. Moi, si je comprends bien
je demanderais à M. Larose de me corriger, si je me trompe dans
son rapport de 1973/74, il souligne un manque de vigilance de la part du
ministère des Affaires culturelles... Non, c'est plutôt
1972/73...
M. Charron: C'est 1972/73. C'est exact.
M. Berthiaume: II souligne un manque de vigilance. Il faut noter
que, l'année suivante, le ministère des Affaires culturelles a
pris des mesures pour contrôler de façon plus stricte tous ces
travaux qui se faisaient à Place Royale.
M. Charron: C'est exact.
M. Berthiaume: La faiblesse qu'on pouvait attribuer au
ministère des Affaires culturelles c'est mon point
était compensée par la vigilance manifestée d'autre part
par les comptables qui relèvent du contrôleur des finances, et qui
font une vérification, avant paiement, de ces comptes. Autrement dit,
j'ai l'impression, avec les dossiers que je peux voir dans le moment, qu'il
s'agirait de vérifier s'il y a eu remboursement ou déduction
d'autres comptes ou si, finalement, cela n'a simplement pas été
payé par le gouvernement, c'est un détail à voir...
M. Charron: Un détail important, vous admettrez. Parce que
c'est...
M. Berthiaume: Non, mais la modalité, c'est un
détail. Je suis d'accord avec le député de Saint-Jacques
que l'argent soit resté au gouvernement, soit par remboursement ou
jamais payé. Cela est important.
M. Charron: Oui.
M. Berthiaume: Mais la modalité, d'une façon, la
première façon, la deuxième ou la troisième, je
pense que c'est une modalité. C'est cela que j'appelle un
détail.
M. Charron: Oui. D'accord!
M. Berthiaume: D'après ce que je peux voir dans les
dossiers, la vérification avant paiement a permis de déceler des
surcharges, et, pour autant que je puisse voir, pour le moment, ces montants,
à cause de cela, n'ont pas été payés à
Décor Construction. Mais cela...
M. Charron: Ce n'est pas ce que M.... a dit lui-même.
M. Berthiaume: ... M. Breton me souligne d'être prudent,
que peut-être que cela a été payé et
remboursé par la suite. C'est cela qu'il faut vérifier.
M. Charron: Oui.
M. Berthiaume: Mais le fond de l'histoire je calcule que
c'est cela qui est important c'est que M. Garneau lui-même aurait
demandé à M. Châtelain de vérifier d'une
façon particulière les opérations, en ce qui concerne les
travaux de la Place Royale. C'est que M. Châtelain dit, au début
de sa première lettre du 19 juin 1972: Dans le cadre de la requête
que vous nous faisiez concernant la vérification des contrats
exécutés à la Place Royale, etc. M. Châtelain fait
état d'un montant, à ce moment, de $15,507.35 de surcharge, ce
qui me porte à croire c'est à vérifier que
cela n'a pas été payé.
Autrement dit, les remarques du Vérificateur
général concernant la vigilance des Affaires culturelles... Mais,
par ailleurs, il y avait vigilance du ministère des Finances.
M. Charron: J'admets bien volontiers cette précision.
M. Berthiaume: C'est bien important... M. Charron:
Oui.
M. Berthiaume: ... parce que, ce matin, le député
de Saint-Jacques accusait le ministre des Finances. Alors, je pense que je
viens de démontrer...
M. Charron: Non.
M. Berthiaume: Oui. Il l'a traité de menteur, de
"ratouilleux", de "tripoteux", de "patroneux" et de tous les
péchés d'Israël.
M. Charron: Allez-y. Continuez. Je vais vous répondre.
M. Berthiaume: Mais j'ai les documents qui démontrent que,
au contraire, le ministre des Finances a fait son devoir. Il a demandé
au contrôleur des finances d'être vigilant. C'est ce que je voulais
rétablir.
M. Charron: Je veux savoir si le ministre des Finances a
demandé de contrôler, comme vous le dites, à la
requête de M. Châtelain, les dépenses qui se faisaient pour
Place Royale. M. Garneau a pris un engagement en affirmant deux choses: D'une
part, il ne s'agissait que d'une erreur comptable, ce que l'on ne m'a pas
prouvé encore, et il a dit ensuite que son ami, Gilles Paré,
rembourserait, ce qu'on ne m'a pas prouvé encore. Qu'il ait pris
l'initiative de demander une inspec-
tion là-dessus, c'est à son mérite, j'en conviens.
C'est à son mérite.
M. Berthiaume: Je suis content que le député de
Saint-Jacques le reconnaisse maintenant.
M. Charron: Mais ce que je soutiens encore, comme ce matin, c'est
que les deux affirmations de M. Garneau n'ont pas encore été
prouvées. S'agissait-il uniquement d'une erreur comptable et y a-t-il
effectivement eu remboursement? Je pense que les documents que vous
déposez...
M. Berthiaume: Oui, mais si on parle d'erreur comptable, l'erreur
comptable aurait été chez Décor Construction, comme le
soulignaient les adjoints de M. Larose, ce matin. L'erreur comptable,
d'après ce qu'on peut voir, n'est pas au gouvernement. L'erreur
comptable est chez la compagnie qui se serait mêlée dans les taux
à appliquer à tel genre de personnel par rapport à tel
autre genre. L'erreur comptable est là.
M. Charron: J'aimerais bien que vous déposiez les
documents qui expliquent cette erreur comptable et j'aimerais surtout... Parce
qu'au fond, c'est le litige. Si jamais nous étions capables
d'établir qu'il ne s'agit que d'une erreur, soit, mais il faudrait que
le montant de l'erreur ait été remboursé. Et je pense que
le document le plus important que vous puissiez déposer, non seulement
pour le ministre des Finances, mais pour quiconque est impliqué dans
cette affaire, est la preuve que le remboursement, depuis tout ce temps, a eu
lieu. Et au moment où on se parle, où on aborde le
ministère des Communications, pareille preuve n'a pas encore
été déposée à la commission; ce qui fait que
toutes mes questions de ce matin ont encore tout leur sens.
Communications L'Editeur officiel du
Québec
Le Président (M. Picard): Le ministère des
Communications.
M. Charron:... rapidement, non pas parce que je crois que le
ministère des Communications dispose d'une renommée hors
frontières quant à la qualité de son administration
financière, c'est même tout le contraire. Je pense que les deux
rapports du Vérificateur général n'ont pas
été minces quant à la façon dont on estime dans des
recommandations générales qui terminent par deux fois le rapport
1972/73,1973/74 sur la qualité d'administration du ministère.
Mais, je le ferai rapidement parce que l'appréciation est
générale et j'espère qu'elle a donné lieu au
ministre des Communications et au nouveau ministre des Communications
d'apporter des modifications à l'administration. Les cas précis
peuvent être discutés plus rapidement.
A la page 354 du rapport de 1972/73, il est fait état de
l'existence curieuse de comptes de banque au nom de l'Editeur du Québec,
d'une part, et d'un employé du ministère, d'autre part, lequel
compte de banque privé... Ne serait-ce pas je veux le demander
à M. Larose dans ce compte de banque d'un employé du
ministère c'est vous-même qui le soulignez dans le rapport
de 1972/73 des fonds publics que l'on déposait dans un compte
à signature privée?
M. Couture: Ce sont des produits de ventes effectuées par
les magasins de l'Editeur. Cela se trouve à être des ventes de
volumes.
M. Charron: Donc, c'est une recette publique.
M. Bacon: L'individu déposait cela à son
compte?
M. Couture: Oui. Deux comptes de banque au nom de l'Editeur
officiel et un troisième au nom d'un employé du
ministère.
M. Charron: Cet individu que vous pouvez nommer ou non, peu
importe, celui qui avait à faire sa petite caisse tous les soirs et qui,
pour fins pratiques, déposait quotidiennement ce qu'il avait, est-il un
haut employé du ministère, un éditeur ou si c'est le
caissier?
M. Couture: II y en avait deux au nom de l'Editeur officiel et un
au nom d'un employé.
M. Charron: Cet employé, quelle fonction occupait-il chez
l'Editeur officiel?
M. Couture: Je n'ai pas assez de détails pour cela.
M. Charron: Est-ce que le sous-ministre des Communications peut
répondre à cette question?
M. Berthiaume: C'est le gérant du magasin... M.
Charron: C'est le gérant du magasin. M. Berthiaume:...
responsable.
M. Charron: Comment justifiez-vous cette pratique?
M. Berthiaume: Je ne sais pas. C'est...
M. Vien: Est-ce que je pourrais ajouter une remarque?
M. Charron: Oui, allez-y.
M. Vien: Par après, les transferts étaient
effectués au ministère des Finances.
M. Charron: Par après.
M. Couture: Oui.
M. Charron: J'espère.
M. Bacon: Est-ce que c'était à Québec ou
dans une autre ville où vous avez un magasin?
M. Couture: A Montréal.
M. Bacon: II avait un magasin à Trois-Rivières,
pour des raisons de rapidité difficilement explicables, ça tombe
que c'était à Trois-Rivières, je n'étais pas au
courant...
M. Charron: Est-ce que c'était déposé dans
le compte du député de Trois-Rivières?
M. Bacon: Peut-être pour des raisons de rapidité,
malgré que je m'explique mal pourquoi on dépose ça... En
fait, vous auriez pu avoir un compte de transit, on dépose ça
là-dedans et vous retirez de Québec.
M. Couture: C'était un compte...
M. Bacon: Je m'adresse à vous, je pourrais le demander au
ministre des Finances.
M. Charron: Je réponds à la question du
député de Trois-Rivières, c'est quelle était la
justification administrative d'une pareille situation?
M. Berthiaume: C'était avant l'ouverture d'une librairie
officielle à Trois-Rivières, au moment où le bureau
régional du ministère des Communications vendait des publications
également.
M. Bacon: Quand il était au bureau du ministère de
l'Education sur le boulevard Royal.
M. Berthiaume: C'est ça.
M. Bacon: II avait un peu de livres.
M. Berthiaume: II en vendait, il agissait comme...
M. Bacon: C'était comme une petite caisse.
M. Charron: Aussi petit, minuscule que cela ait été
à l'époque, est-ce que cela justifie le fait que des fonds
publics soient, à l'occasion, déposés dans un fonds
privé?
M. Berthiaume: Personne ne va bénéficier de ces
fonds. C'est un compte en fiducie, pour déposer le revenu des ventes et
il faut dire que sa fonction principale n'était pas de vendre des
livres. C'était le directeur du bureau régional qui, en
même temps, faisait fonction en attendant que la librairie ouvre, mais
maintenant que la librairie est ouverte, la question a été
rapidement corrigée après le rapport du Vérificateur
général.
M. Charron: Combien de temps a duré cette situation?
M. Berthiaume: J'ai l'impression que c'était
jusqu'à ce que le vérificateur le mentionne. Aussi- tôt
qu'il l'a mentionné, les procédures ont été prises
selon le plan comptable. L'objection du Vérificateur
général est que ce n'était pas conforme au plan comptable.
C'est ça qu'il a dit. Comme l'a signalé M. Rompré, le
sous-ministre, l'individu en question, le gérant de magasin ne pouvait
pas en profiter personnellement. Ce n'est pas une question de perte d'argent,
c'est une question de procédure non conforme.
M. Bacon: C'est pour ça que je demandais... Disons
qu'à Québec, je n'aurais certainement pas compris. Dans un
magasin, dans le cas que vous me donnez, je trouve ça absolument
inutile, mais un peu moins pire. C'était pour des raisons... En fait,
cela devait être des montants très minimes. A ce moment-là,
il n'y avait presque rien.
M. Larose: Le compte était ouvert en fiducie, si on peut
dire, mais seulement...
M. Bacon: II pouvait retirer des montants du compte quand
même.
M. Larose: Oui, il pouvait retirer des montants du compte quand
même. Mais...
M. Berthiaume: Je peux retirer des montants de ce compte quand
même.
M. Larose: Oui, vous pouvez retirer des montants de ce compte
quand même. Ce qu'on a voulu souligner, à ce moment-là,
c'est qu'aucun compte ne devrait être ouvert au nom d'un individu en
particulier. Deuxièmement, que c'était certainement contraire
à toutes les instructions qui étaient émises par le
ministère des Finances.
M. Bacon: Premièrement, ça s'est peut-être
commencé de bonne foi et...
M. Charron: M. le Président, l'Editeur officiel fait aussi
l'objet d'une remarque qui revient deux fois, dans celui de 1972/73 et 1973/74,
qui se lit comme suit: "Les autorités du ministère se doivent
d'apporter une attention particulière aux faiblesses qui
prévalent actuellement dans les opérations commerciales de
l'Editeur officiel du Québec". Cela avait été dit à
peu près dans les mêmes mots en 1972/73. Si M. le
Vérificateur général revient à la charge...
M. Berthiaume: Je m'excuse auprès du député
de Saint-Jacques, mais quand il fait des citations, cela m'aiderait s'il
pouvait me dire en quelle année et à quelle page.
M. Charron: A la page 454. Quand je dis trois, c'est 1972/73;
quand je dis quatre, c'est 1973/74. Page 454. M. le Vérificateur
général pagine à partir du dernier chiffre de
l'année, de la dernière partie de l'année
financière. Je ne sais pas si vous comprenez. Quand cela s'appelle
1973/74, tu prends le dernier chiffre, quatre; c'est celui qui commence. Quand
c'est pour 1972-73...
M. Berthiaume: Quatre, c'est pour communications; c'est le
chapitre 4.
M. Charron: Ah! bon. Je pensais que j'avais... C'est trois
partout.
M. Bacon: II dit trois partout. Je ne sais pas si c'est pour le
dernier chiffre de son année financière. Il dit trois dans
celui-là et il dit quatre dans celui-là.
M. Berthiaume: D'accord, on se comprend. M. Bacon: II
n'est pas pire, il a trouvé cela. M. Berthiaume: Ah! Ah! Ah!
M. Bacon: Je l'ai lu, d'ailleurs, en fin de semaine, son
rapport.
M. Charron: La question sera générale, mais en
même temps très précise. Deux pareilles affirmations, parmi
les plus catégoriques que se permet de faire le Vérificateur
général, ont-elles effectivement apporté des modifications
chez l'Editeur officiel?
M. Berthiaume: Oui. Au moment où le rapport du
Vérificateur général de l'année 1973/74, avant
même que le rapport nous parvienne, on avait commandé une
étude pour la mise en place d'un système qui, justement,
remédierait aux lacunes qui étaient dénoncées dans
le rapport de l'Editeur officiel. Le rapport, je l'ai ici, c'est confié
à la firme SGI qui a mis au point des procédures d'inventaire,
des procédures comptables de vérification, etc., un manuel qui
s'appelle "manuel des procédures", qui a été
appliqué depuis et qui permet le contrôle régulier et
complet des ventes, des inventaires, de manière que les lacunes
dénoncées ne se reproduisent plus.
M. Charron: Est-ce que ce réaménagement a
occasionné l'embauche de personnel nouveau et, je dirais bien
volontiers, plus compétent que celui qui était là à
l'origine, ou si cela a donné lieu à des modifications, à
des transferts de personnel?
M. Berthiaume: II y a un groupe de personnes je crois que
c'est cinq personnes affectées à la comptabilité
chez l'Editeur officiel. Ce groupe a été justement formé
pour gérer les opérations commerciales de l'Editeur officiel.
M. Charron: Un groupe récent, qui suit ces
années?
M. Berthiaume: A la suite de ce rapport-ci. Il est responsable de
la comptabilité...
Le Président (M. Picard): Y a-t-il d'autres questions sur
le ministère des Communications?
M. Charron: A proprement parler, non, M. le Président,
mais sur l'Office de radio-télédiffusion du Québec,
oui.
Radio-Québec
De façon générale, Radio-Québec n'est pas
épargnée non plus par la critique générale qui
s'adresse au ministère des Communications. Mais il faut vraiment faire
la distinction entre les responsabilités de chacun, l'Office de
radio-télédiffusion du Québec étant, à
proprement parler, autonome dans sa gestion. Il doit donc supporter
lui-même les difficultés de son administration.
M. Larose dit dans son rapport de 1973/74 qu'au tout début... Mon
affaire ne marche plus parce que c'est rendu 5-29.
M. Bacon: C'est rendu 5-29 dans... M. Charron: Oubliez ma
découverte. M. Berthiaume: C'est le chapitre 5.
M. Charron: Je me suis coulé moi-même. M. le
Président, le 5-29 de 1973/74 débute comme suit: "Les registres
comptables n'étant pas conciliés mensuellement, nous avons
dû attendre qu'ils soient mis à jour et ainsi n'entreprendre notre
mandat de vérification qu'en juillet 1974. Cette négligence
retarde non seulement la vérification annuelle, mais surtout et avant
tout, prive les administrateurs eux-mêmes de renseignements utiles et
nécessaires". Est-ce que le sous-ministre des Communications peut nous
dire si, à son avis, à l'intérieur de Radio-Québec,
on a tenu compte de ces remarques du Vérificateur
général?
M. Berthiaume: Je tiens d'abord à souligner que je ne suis
pas sous-chef à Radio-Québec.
M. Charron: Non.
M. Berthiaume: Comme vous le mentionnez vous-même,
Radio-Québec est un organisme autonome dont l'administration
échappe totalement à mon contrôle.
M. Charron: C'est vrai.
M. Berthiaume: Vous me demandez un avis. Ma réponse est
que je crois que oui. Radio-Québec a pris des mesures pour
améliorer sa gestion interne et...
M. Charron: On aurait dû poser cette question au
sous-ministre des Affairés culturelles pendant qu'il était ici,
ce matin. Il aurait peut-être été mieux placé pour
nous répondre.
M. Berthiaume: En tant qu'ancien président de
Radio-Québec.
M. Charron: Ce qui est plus grave et plus sérieux
je vais poser la question au ministre d'Etat aux Finances c'est que M.
le Vérificateur général fait appel, dans le cas de
Radio-Québec, à la page 5-30, à des notions
d'illégalité des dépenses, et non simplement
d'irrégularités ou d'erreurs comptables, pour reprendre une
expression clas-
sique, véritablement, concernant certaines opérations de
l'Office de radio-télédiffusion du Québec. Quatre contrats
de service au montant de $275,000 auraient été attribués
sans l'approbation du ministre, ce qui est illégal, même
d'après la loi qui constitue Radio-Québec.
Il souligne même, je cite encore une fois, que beaucoup d'actes
administratifs auraient été effectués sans l'approbation
du conseil d'administration et du lieutenant-gouverneur en conseil, ce qui est
aussi illégal en vertu de la loi constituant Radio-Québec.
Quelle a été la réaction du gouvernement et du
ministre des Communications, en particulier, qui s'était vu là
enlever une partie de l'autorité que la loi lui reconnaît quant
à l'autorisation des dépenses publiques? Le sous-ministre des
Communications peut-il nous dire, s'il a souvenance, parce qu'encore une fois,
il est personne à part dans ce dossier, que ces remarques du
Vérificateur général concernant les gestes illégaux
de Radio-Québec ont amené le ministre des Communications à
réagir au cas de Radio-Québec?
M. Berthiaume: Je crois que oui. Je sais, entre autres, qu'il y a
eu toute une série de règlements. Les règlements internes
de Radio-Québec ont été refaits et un contrôle plus
sévère, si je peux dire, exercé par le ministre à
l'égard des différentes dépenses qui relèvent de
son autorité et qui devraient normalement lui être soumises.
M. Charron: Cela a été fait immédiatement
après le dépôt du rapport du vérificateur
général?
M. Berthiaume: Là, j'avoue que je ne pourrais pas vous
situer si c'est concurremment ou après, mais les nouveaux
règlements sont en vigueur, je crois, depuis pas loin d'un an
maintenant.
M. Charron: Les nouveaux règlements ont-ils corrigé
je devrais le savoir, mais je ne le sais pas ce que le
Vérificateur général soulignait comme une contradiction au
niveau de la délégation de pouvoirs? Je vous
réfère, encore une fois, à la page 5-30 du rapport du
Vérificateur général. Je me permets de la citer pour les
membres de la commission. "La directive à cet égard
(approuvée par une résolution du conseil d'administration en date
du 28 août 1970) aurait dû être modifiée puisque les
pouvoirs qu'elle confère vont à l'en-contre des nouveaux
règlements de l'office approuvés par arrêté en
conseil le 1er décembre 1971, notamment en ce qui concerne l'approbation
de documents officiels par le président-directeur général
et ou le directeur général adjoint sans la ratification par le
conseil d'administration et ou le ministre des Communications."Est-ce que les
nouveaux règlements ont permis de clarifier cela?
M. Berthiaume: Cela a été modifié par les
nouveaux règlements.
M. Charron: De quelle façon à peu près?
M. Berthiaume: J'avoue que je ne suis pas au courant des
questions de règlements.
M. Larose: Peut-être me permettrez-vous... M. Charron:
Oui...
M. Larose: En ce qui concerne les quatre contrats dont il est
question à la page 5-30, le membre de mon personnel qui était
responsable de la vérification pour l'année 1975 m'informe que
ces quatre contrats ont été ratifiés par le ministre au
début de l'année 1975 après le dépôt de notre
rapport. En ce qui concerne ce sujet cela a été fait. Quant aux
autres remarques qui apparaissent dans le paragraphe suivant, sauf pour la
question du décalage de la paie, toutes les autres ont aussi
été ratifiées, soit par le conseil d'administration ou par
le ministre lorsque c'était nécessaire. Alors, cela a
été fait. Pour ce qui regarde le décalage de la paie,
à notre point de vue, cela a été ratifié par le
conseil d'administration de l'office. A notre point de vue, cela demanderait
aussi la ratification du lieutenant-gouverneur du conseil, ce qui n'a pas
été fait, mais la direction de l'office ne partage pas
nécessairement notre point de vue sur cette question. Elle croit qu'il
n'y a pas lieu de faire ratifier, mais ce n'est pas absolument
nécessaire que cela soit ratifié par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Charron: La paie?
M. Larose: Nous croyons que cela devrait l'être. La
direction de l'office dit non. C'est encore dans un statut... A ce moment, ce
n'est pas réglé une fois pour toutes. Sauf pour les autres
points, cela le serait dans le moment.
M. Charron: Bien, M. le Président, j'ai
terminé.
Le Président (M. Picard): Pas d'autre question? Nous
allons maintenant passer au ministère des Affaires sociales.
M. Charron: Merci, M. Rompré.
Affaires sociales
M. le Président, M. le sous-ministre-adjoint des Affaires
sociales, je vais d'abord, en voulant procéder rapidement, y aller par
chronologie et remonter au premier rapport, celui de 1971/72, lequel nous
n'avons pas vu depuis le début, parce qu'il y avait là quelque
chose d'intéressant, M. le Président, où on aurait besoin
d'explications.
Quand le gouvernement a été élu en 1970, sa prise
du pouvoir et la gestion des affaires publiques par une nouvelle équipe
l'a entraîné à prendre un certain nombre de
décisions, dont, entre autres, la suspension des travaux de construction
dans le domaine des Affaires sociales, des hôpitaux, des foyers
d'hébergement ou autre chose.
Le Vérificateur général évalue et je lis: La
suspension des travaux de construction de plusieurs établissements a
coûté au gouvernement
$8,033,527, des dépenses qui avaient probablement
déjà été encourues pour achats de terrains,
honoraires professionnels, dépenses encourues par les entrepreneurs
eux-mêmes.
Pourrions-nous obtenir, aujourd'hui, soit du Vérificateur
général, soit du ministre d'Etat, soit du sous-ministre-adjoint,
un détail de ces dépenses et, plus particulièrement, les
frais d'honoraires professionnels qui ont été payés par la
négociation, en règlement hors cour, à des avocats? Je ne
sais pas si ma question est claire. Parce que c'est une dépense
importante, et ce n'est pas loin d'être ce qu'on appelle un
investissement inutile.
M. Berthiaume: M. le Président, je n'ai pas ce
détail avec moi. Je me souviens, à l'époque, que c'est
celui qui est maintenant le ministre des Affaires sociales qui avait pris
charge de ce dossier, conjointement avec le contentieux du ministère de
la Justice. Je me souviens de Me Hutchison, qui est aujourd'hui au
ministère du Travail, je pense, et les services de financement du
ministère. Chaque cas avait fait l'objet d'une étude au
mérite et je sais que les frais d'avocats, de façon
générale, s'il y en a eu, avaient été tenus au
minimum.
Maintenant, je ne sais pas s'il y aurait objection à ce que ces
renseignements soient déposés. Je ne le crois pas. Si on voulait
nous donner le temps voulu.
M. Charron: D'accord!
M. Berthiaume: C'est un dossier qui est déjà
fermé depuis un certain temps pour la plupart des cas.
M. Charron:... j'imagine.
M. Berthiaume: Une question, M. le Président, à
laquelle il faudrait songer un peu quand on parle de ce genre de choses. Encore
que dans ce cas, je n'ai pas d'objection à ce qu'on dépose les
documents et qu'on donne la liste des professionnels, des honoraires et tout
cela. Mais, je me demande jusqu'à quel point on parle d'administration,
dans son sens général, à ce moment, plutôt que de
comptabilité ou de vérification ou ce genre de choses plus
précises. Plus précises, dans le sens que, de la même
façon que cette pièce fait partie de l'édifice du
parlement, la comptabilité fait partie de l'édifice de
l'administration, et parce qu'on parle de comptabilité, de
vérification, d'états financiers, je ne suis pas certain que
cette commission ait le rôle d'étudier toutes les questions qui se
rapportent à l'administration comme telle.
Les questions qui se rapportent à l'administration comme telle,
qu'il s'agisse des politiques du ministère ou des actions du
ministère, dans tel ou tel secteur qui relève de décisions
ministérielles ou sous-ministérielles, et qui, à mon avis,
relèvent beaucoup plus de la commission parlementaire qui étudie
les crédits du ministère.
Autrement, on va s'éterniser sur ce genre de dossiers alors que
ce n'est pas notre rôle.
J'aimerais, M. le Président, que vous puissiez éclairer la
commission sur ce point précis.
Le Président (M. Picard): Je regrette d'avoir à
dire au ministre que le mandat de la commission est d'étudier les trois
rapports annuels du Vérificateur général.
La question soulevée par le député de Saint-Jacques
a fait l'objet d'une remarque dans un des rapports du Vérificateur
général et c'est cela qu'on étudie.
On retrouve cette remarque du Vérificateur général
à la page 2-62 du rapport de 1972. Alors, c'est la remarque qu'on
étudie ici.
M. Bacon: Doit-on étudier dans le détail chaque
transaction qui fait l'objet du rapport ou étudie-t-on la
comptabilisation et les principes comptables qui ont présidé
à l'enregistrement comptable de la transaction comme telle?
Je n'ai pas d'opinion à émettre, à savoir si on
doit déposer, oui ou non, le document, mais je trouve qu'à un
certain moment, on frôle drôlement les crédits. Je vous
rappelle qu'à la dernière séance, on a seulement fait
quelques tentatives, justement un peu dans le genre de celles qu'on fait
des transactions et on nous a dit... On a fait un effort, l'Opposition a
fait un effort pour ne pas revenir aux discussions des crédits. De
grâce, que les ministériels n'entrent pas dans ce domaine. Vous
vous souvenez de cela, M. le Président? Vous y étiez
vous-même.
M. Berthiaume: Permettez-moi de préciser. Comme je l'ai
dit, je n'ai pas d'objection dans ce cas parce qu'en effet, le
Vérificateur général en fait état, mais c'est
seulement pour vous mettre en garde, M. le Président. On risque,
à un certain moment, de déborder dans d'autres choses.
Si l'intérêt du député de Saint-Jacques se
limite à vouloir savoir comment cela a été
comptabilisé, si cela a été bien fait, s'il n'y a pas eu
de "fling-flang", si on veut, là-dedans, pas de problèmes. Cela
va. Mais si on doute de la politique du...
Le Président (M. Picard): Je surveille bien pour qu'il n'y
ait pas de questions, qu'on ne mette pas en question la politique du
gouvernement parce que les devoirs du vérificateur sont tout simplement
de voir à ce que les sommes d'argent soient dépensées
telles qu'elles ont été votées, où elles doivent
être dépensées et qu'il y ait des systèmes
comptables adéquats. On se comprend?
La question posée par le député de Saint-Jacques...
Si vous regardez la fin de la remarque, le vérificateur dit:
"...qu'à l'examen de certains dossiers, nous avons pu constater que les
études préliminaires qui avaient été faites par le
ministère, avant d'autoriser le projet d'investissement, avaient
été insuffisantes."
Alors, de là les $8 millions, à un certain moment. Alors,
je ne peux empêcher le député de Saint-Jacques...
M. Bacon: On peut...
Le Président (M. Picard): ...pour autant qu'il s'en tient
aux remarques du vérificateur.
M. Charron: Si j'ai de M. Houde et il nous l'a offert
un inventaire de ces $8 millions, cela s'arrêtera là, M. le
Président. Mais je pense qu'à partir de la remarque du
Vérificateur général, j'étais autorisé
à soulever cette question parce qu'il en va d'une responsabilité
d'administrateur public.
Un nouveau gouvernement accédant au pouvoir ou un nouveau
ministre arrivant ou simplement titulaire d'un ministère, peut
c'est son droit le plus légitime arrêter certains projets
en cours s'il sent que la volonté populaire qui l'a mené
là... S'il s'est engagé devant ses électeurs à
arrêter telle affaire, il peut le faire, mais il a une
responsabilité devant tout le monde.
C'est comme un gars qui arriverait aujourd'hui et qui dirait: Le stade
à Drapeau, on arrête ça là parce que c'est rendu
à $1 milliard. Cela serait fou de faire cela parce que ce que l'on a mis
là-dedans est...
Or, quand le ministre des Affaires sociales de 1971, c'est-à-dire
M. Castonguay, a pris sur lui la décision d'arrêter un certain
nombre de travaux, il se trouvait à faire encourir, par sa
décision, une dépense de $8,033,527, et voilà toute la
différence avec les crédits. Je le dis pour le
député de Trois-Rivières. On n'est pas en train
d'étudier les dépenses pour l'avenir, mais les dépenses
encourues.
Je veux voir si, en prenant cette décision et on aura cela
dans l'éventail M. Castonguay a pris une bonne décision
d'administrateur public. C'est une décision à prendre et je veux
voir si elle a été bien comptabilisée. Je veux voir si, en
plus d'arrêter des projets qui étaient peut-être socialement
nécessaires dans un coin ou dans un autre cela restera une
question à évaluer il n'y a pas des gens, encore une fois,
qui en ont profité pour aller se tailler des honoraires professionnels
audacieux.
Je pense que c'est notre droit, à la commission... C'est
l'endroit pour le faire. Le vérificateur lui-même a eu un doute
sur ce genre de choses. Il l'exprime... Et je partage son doute, à
première vue, parce que le montant est tout de même
substantiel.
C'est une décision politique importante. On peut voir ce qu'il
arrêtait à ce moment et au profit de qui il l'arrêtait. Cela
est aussi un droit des administrateurs.
J'ai donc posé cette question et, pour la prochaine
séance, j'aimerais que, dans la mesure du possible, on retrace ce
dossier parce que c'est une dépense publique importante qui a eu lieu et
qui mérite les nuances nécessaires.
M. le Président, dans un autre domaine des Affaires sociales,
à la page 4-23 du rapport de 1973/74, le chapitre des constatations des
données financières nous indique que les comptes à
recevoir peuvent totaliser la somme il y en a long de $20
millions: comptes à recevoir non inscrits à la page 4-24,
responsabilité de tiers, frais d'hospitalisation à rembourser par
les tiers responsables et notamment par le fonds d'indemnisation des victimes
d'accidents d'automobile. Tout le monde comprend, ce sont les assurés
victimes d'accidents d'automobile qui doivent être hospitalisés,
lorsque les assurés ont une protection et qu'ils doivent encourir des
frais d'hospitalisation plus élevés que ceux que
l'assurance-hospitalisation offre à tous les citoyens
québécois, c'est évidemment à la compagnie
d'assurance de rembourser le ministère des Affaires sociales. La somme
des réclamations au chapitre de la responsabilité des tiers
totalisait plus de $20 millions, mais, en raison de nombreuses contestations
dont elles font l'objet ce qui est normal aussi un peu le montant
finalement récupéré pourrait être
considérablement moindre que celui réclamé. C'est un
endroit, M. Larose pour reprendre notre discussion du tout début
de la matinée où je trouve que le rapport est beaucoup
trop laconique si je peux dire trop laconique, c'est un
pléonasme. Le rapport n'en dit pas assez long pour un montant
impliqué comme celui-là; surtout, la constatation que vous faites
à la fin qu'il y a effectivement possibilité qu'une bonne partie
de ces sommes ne soit jamais récupérée attache encore plus
d'importance au problème que vous soulevez. J'espère que le
ministre des Affaires sociales qui, lui, a bénéficié d'un
rapport différent de celui-là, on l'a établi ce matin
a pu savoir quelle compagnie d'assurance en particulier est la plus
endettée à l'égard du gouvernement. J'aurais aimé
le savoir. S'agit-il de beaucoup de compagnies d'assurance qui laissent
traîner des dossiers ou s'il y en a qui se spécialisent à
faire traîner le gouvernement parce qu'elles se disent qu'il peut
attendre. Quelle a été la relation du fonds d'indemnisation?
Mène-t-il bien ses opérations par rapport aux remboursements
qu'il doit faire? Ne les mène-t-il pas bien? Je crois que, pour
l'ensemble de la commission, il y aurait intérêt à ce que
vous précisiez ce paragraphe de votre rapport.
M. Vien: Le problème qui se pose là-dedans est que
les compagnies d'assurance et le fonds d'indemnisation aussi invoquent la Loi
de l'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile, principalement
l'article 36. Il y est question d'un délai pour faire les
réclamations et on invoque cet article que je peux vous lire ici: Tout
créancier, en vertu d'un jugement définitif, prononcé dans
la province pour dommages d'au moins $100 résultant de blessures ou
décès et découlant d'un accident d'automobile survenu dans
la province après le 30 septembre 1961, ou pour dommages aux biens
d'autrui en excédant de $200 et découlant d'un tel accident,
peut, dans un délai d'un an, demander au fonds de satisfaire à ce
jugement. On pense que, là-dedans, il y a une prescription au bout d'un
an. Alors, on invoque cette prescription pour refuser de payer.
M. Charron: Est-ce qu'ils réussissent? M. Vien:
Actuellement ils ne paient pas.
M. Charron: Au bout d'un an, ils ne paient pas.
M. Vien: Je veux dire que si la réclamation
n'est pas faite dans un délai d'un an de l'accident, ils
refuseraient de payer.
M. Charron: La réclamation doit être faite par qui?
Par le ministère des Affaires sociales, dans le cas de
remboursement?
M. Vien: C'est cela.
M. Charron: M. le sous-ministre, est-ce que la régie
examine tous les dossiers où il y a possibilité de
réclamation et est-ce qu'elle fait diligence? C'est surtout là la
question. Est-ce que vous pouvez affirmer que le ministère des Affaires
sociales fait diligence pour ne pas permettre, parce que le Vérificateur
général soulignait dans son rapport les clauses
échappatoires, appelons-les des articles échappatoires, dans la
loi, à un moment donné, si la réclamation du
ministère des Affaires sociales n'est pas déposée
suffisamment rapidement sur le bureau de l'assureur, de la compagnie
d'assurance ou du fonds d'indemnisation les deux vont de pair dans les
remarques que vous avez faites à l'un ou à l'autre de ne
jamais rembourser le ministère des Affaires sociales si cela ne s'est
pas fait à l'intérieur d'un an?
Est-ce que cette disposition de la loi a provoqué à
l'intérieur du ministère des Affaires sociales une espèce
de "task force", je ne sais trop, dont la principale fonction serait justement
de déposer la facture à l'intérieur des limites prescrites
par l'article 29...?
M. Vien: L'article 36. Ici, il est question d'un délai
d'un an après le jugement.
M. Charron: Un an après le jugement.
M. Vien: Eux, ils prenaient ça comme un délai d'un
an après l'accident ou après la réclamation.
M. Charron: Les compagnies font une estimation un an après
l'accident?
M. Vien: Oui.
M. Charron: Mais la loi que vous venez de nous lire dit: un an
après le jugement définitif.
M. Vien: Un an après le jugement.
M. Charron: Je vous donne un exemple, M. le vérificateur,
quand une compagnie... Donnons un exemple: Un accident a lieu en janvier 1975.
Cela peut traîner en cour pendant un bout de temps, il y a procès,
tout ce que vous voudrez. Le jugement n'est prononcé qu'en mars 1976. La
compagnie va se dire que, depuis janvier 1976, elle n'a plus à
rembourser, la plainte n'ayant pas été déposée
auparavant, va-t-elle réussir à s'en tirer de cette
façon?
M. Berthiaume: II faudrait distinguer entre les assureurs et le
fonds d'indemnisation. Au niveau des assureurs, pratiquement en
totalité, sauf peut-être un cas, les assureurs n'ont jamais
invoqué vraiment, de façon ferme, ce délai de prescription
d'un an avec le résultat qu'au plan des assureurs, des compagnies
d'assurance, on peut dire que, même s'il était lent, le
recouvrement a été fait de façon régulière
et normale pour le ministère et pour la Régie de
l'assurance-maladie.
Le problème des $20 millions s'est soulevé exclusivement
au niveau du fonds d'indemnisation, parce que ce fonds, comme vous le savez,
est un organisme public qui possède ses propres règlements. Le
problème en a été un de discussion autour du fait que le
fonds alléguait que, pour payer, il lui fallait un règlement dans
chaque cas. Un règlement qui tendait à démontrer une
certitude sous la forme d'une poursuite. D'un côté, il
était...
M. Charron: Un règlement de cour.
M. Berthiaume: Un règlement de cour. D'un
côté, il était évident que la formule ou le style
qu'on adoptait nous conduisait à des frais presque aussi
élevés que ceux qu'on aurait pu récupérer et, de
l'autre, à un conflit entre deux organismes publics. Au bout d'un
très grand nombre de discussions cela a duré presque deux
ans, je pense une entente a été conclue avec l'accord du
lieutenant-gouverneur en conseil qui considérait les réclamations
antérieures éteintes, parce que le fonds invoquait de
façon très ferme la prescription de l'année, qui
réglait pour $150,000 les réclamations de 1973, d'après
les chiffres que j'ai ici et pour $200,000, celles de 1974. Pour éviter
tout conflit ultérieur, on a fixé à un montant forfaitaire
de $450,000 par année, qui sera indexé à compter de 1975,
le montant que le fonds d'indemnisation remboursera dorénavant au
gouvernement pour toutes les réclamations à ce chapitre. De ce
montant, 8% seront considérés aux fins de l'assurance-maladie,
c'est-à-dire, pour les fins de frais médicaux, payés par
la régie, le solde, que le ministère doit assumer, étant,
pour les frais d'hospitalisation beaucoup plus considérable.
M. Charron: D'accord, vous venez de m'en donner beaucoup.
Prenons-les morceau par morceau. D'abord, vous avez fait une distinction entre
le fonds d'indemnisation...
M. Berthiaume: II y a peut-être une inexactitude dans ce
que je viens de dire.
Les $20 millions représentent l'ensemble des cas du fonds
d'indemnisation depuis l'assurance-hospitalisation 1960/61 et, quand on parle
de $5 millions, c'est l'année 1973. Il faut comprendre que les
coûts ont augmenté proportionnellement avec les années.
M. Charron: Ce que vous dites, c'est que les $20 millions, dont
parlait M. Larose dans le rapport, c'est uniquement du fonds d'indemnisation
que c'est dû?
M. Berthiaume: Exact.
M. Charron: Les compagnies d'assurances privées
règlent rapidement?
M. Berthiaume: Elles règlent rapidement. Une fois qu'on
s'est entendu sur le quantum, deux semaines ou un mois au plus tard.
M. Charron: Et l'entente peut prendre combien de temps?
M. Berthiaume: L'entente? Quelle entente?
M. Charron: Avec des assureurs privés. Réglons cela
tout de suite. Dès qu'on s'est entendu...
M. Berthiaume: C'est la discussion du dossier avec les ajusteurs.
Cela peut prendre peut-être une semaine, cela peut prendre trois mois,
dépendant des dossiers.
M. Charron: Mais règle générale,
êtes-vous satisfaits? Est-ce qu'au ministère, comme
administrateurs publics, on peut se dire parce que c'est encore de
l'argent qui court que vous êtes obligés d'avancer de
l'argent en attendant d'être remboursés à un moment ou
à un autre par la compagnie d'assurance? Est-ce que le délai
provoque des frais élevés au ministère des Affaires
municipales?
M. Berthiaume: Le délai ne provoque d'autres frais que
ceux des fonctionnaires affectés au dossier. Il n'y a pas d'autres frais
encourus, quand il n'y a pas de causes de cour.
M. Charron: Oui, mais quand il y a des frais de cour?
M. Berthiaume: Mais, si un accident va jusqu'à la cour,
avant de pouvoir réclamer notre dû, il faut attendre que le
jugement soit rendu. Dans ces cas là, vous pouvez avoir trois ans, si
c'est un cas de cour.
M. Vien: Ce sont des délais que l'on rencontre même
dans les causes civiles ordinaires.
M. Charron: Aujourd'hui, vous diriez combien du côté
des assureurs privés? On prendra la modification qu'a apportée M.
le sous-ministre tout à l'heure. Au moment où on se parle,
combien d'argent est dû actuellement, possiblement par des assureurs
privés, en attendant le règlement de cour ou en attendant le
règlement hors cour qui devrait intervenir et qui mobilise...
M. Berthiaume: Est-ce qu'on a un montant, M. Lavoie?
Disons que si on se situe au 31 mars 1975 qui était une date
donnée, on en avait pour $191,000. Ce n'est pas le même... Disons
environ $200,000 qui était le montant flottant, sur lequel on
s'était entendu avec les compagnies d'assurance. Mais, cela n'implique
pas des montants en discussion sur lesquels on ne s'est pas entendu avec la
compagnie d'assurance.
En fait, on ne peut pas considérer comme compte recevable le
montant total des frais d'hospitalisation encourus, parce que, suite aux
négociations, le départage des responsabilités, on ne
récupère pas nécessairement 100% des coûts
d'hospitalisation encourus.
M. Charron: D'accord. Le fonds d'indemnisation maintenant, c'est
ce qui totalise à peu près les $20 millions dont parle M. Larose
dans...
M. Vien: Nos renseignements sont à l'effet que ce sont $5
millions pour le fonds d'indemnisation et $20 millions pour les
réclamations en rapport avec la responsabilité des tiers. Ce sont
les renseignements qu'on a ici.
M. Berthiaume: C'est pour cela que j'ai parlé d'une
exactitude tout à l'heure et que j'ai demandé à M.
Régimbald qui est le directeur du service...
M. Bacon: Les $15 millions, en fait, sont pour le fonds
d'indemnisation et les $5 millions sont pour les compagnies privées?
M. Berthiaume: II n'y a pas de compagnies privées à
mon point de vue. Je ne sais pas d'où le montant...
Pour plus d'exactitude, on peut vérifier et déposer le
chiffre exact, si vous nous donnez la chance d'aller le chercher.
M. Charron: Mais, vous précisiez quoi? Avant qu'on
enchaîne...
M. Vien: Quand on parle de $20 millions, d'abord ce ne sont pas
$20 millions de créances qui sont définitivement établies.
Il s'agit de réclamations qui peuvent totaliser $20 millions, en rapport
avec la responsabilité des tiers.
M. Charron: D'accord.
M. Vien: C'est à part des $5 millions qui concernent le
fonds d'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile.
M. Charron: II y a donc $5 millions en plus de ces
réclamations?
M. Vien: C'est l'information que j'ai ici. C'est ce que je me
rappelle avoir vu dans l'étude des dossiers.
M. Berthiaume: M. le Président, si le député
de Saint-Jacques l'acceptait, je demanderais au directeur du service, M.
Régimbald, de vérifier les chiffres et d'apporter les chiffres
exacts.
M. Charron: Ce que vous nous avez expliqué tantôt,
M. Houde, l'arrangement auquel vous êtes arrivé avec le fonds
d'indemnisation, tant par année, indexé, tout ce que vous voulez,
c'est pour les $5 millions dont vient de parler M. le vérificateur?
M. Berthiaume: Cet arrangement, en autant
que je sache est pour les $5 millions dont vient de parler le
vérificateur. J'étais sous l'impression qu'une grande partie du
montant qui restait découlait des cas antérieurs à
1973.
C'est sûrement une accumulation pour les années
antérieures. Les $20 millions partent de 1961. C'est une accumulation de
réclamations. Ce n'est pas pour une seule année.
Les précisions que j'ai ici, M. le Président, sont que les
montants de 1961 à 1967 étaient de $2 millions environ; de 1968
à 1972, de $2.5 millions et, en 1973, de $500,000 pour le total de $5
millions dont nous parlions.
M. Charron: $5 millions du fonds d'indemnisation, avec lequel
fonds vous êtes parvenu à une modalité de remboursement
annuel au taux que vous avez énuméré tout à
l'heure. La somme des réclamations au chapitre de la
responsabilité des tiers se totalise à plus de $20 millions. Il
ne faut pas espérer obtenir les $20 millions au total. Une
réclamation est rarement atteinte dans sa totalité, mais ces
réclamations sont faites auprès de qui? Auprès du fonds
d'indemnisation aussi?
M. Vien: Des compagnies d'assurance qui sont responsables des
tiers et de tiers non assurés.
M. Charron: Cela veut dire que, quand M. Régimbald
tantôt me disait environ $180,000 ou $200,000 à entrer...
M. Berthiaume: Au 31 mars 1975. M. Charron: Au 31 mars
1976. M. Berthiaume: Au 31 mars 1975.
M. Charron: Au 31 mars 1975, il y avait, autrement dit, des
réclamations réglées. Il ne restait que... On
s'était entendu sur un chiffre. Vous attendiez que l'argent entre...
Mais, non réglées, actuellement, cela pourrait aller
jusqu'à $20 millions?
M. Berthiaume: J'aimerais mieux vérifier avant de sortir
un chiffre, mais possiblement.
M. Charron: Cela change le portrait.
M. Berthiaume: C'est le total des coûts et non le montant
récupérable.
M. Charron: M. le Vérificateur général, il
n'est donc pas inexact de dire vous me corrigerez si je me trompe
qu'actuellement, le ministère des Affaires sociales pourrait totaliser
en réclamations plus de $20 millions auprès de différentes
compagnies d'assurance?
M. Vien: Oui. Cela ne veut pas dire que ce montant leur est
dû, parce...
M. Charron: Non.
M. Vien:... qu'il peut y avoir des jugements où on coupe
le montant des réclamations.
M. Charron: J'en conviens. Admettons que cela coûterait
50%, cela veut toujours bien dire qu'il y a $10 millions à aller
chercher.
M. Vien: Avec votre hypothèse, oui, cela voudrait dire
cela.
M. Charron: Dans la pratique, M. Régimbald une
dernière question avant que vous n'interveniez avons-nous
habituellement un taux de règlement, par exemple, entre la
réclamation originale du ministère et le taux sur lequel on
s'entend pour régler? Je viens de dire 50%, j'aurais pu dire 30%?
M. Berthiaume: Cela peut varier selon le quantum de la
responsabilité entre 50% et 100%. Si on faisait une statistique de...
C'est possible de la faire. Je ne l'ai pas en main, mais il est possible de la
faire. Mais, pour répondre indirectement à votre question, pour
l'année 1973/74, nous avons récupéré des compagnies
$5.5 millions au titre de l'assurance-hospitalisation. Autrement dit, on a
encaissé $5 millions.
L'année dernière, je crois de mémoire qu'il y avait
environ $4.5 millions ou $4.6 millions. Autrement dit, la
récupération du ministère est d'environ $5 millions.
M. Charron: Mais est-ce que la récupération
annuelle du ministère, sur des dettes antérieures, est à
peu près équivalente aux dettes qui se contractent annuellement?
Vous comprenez ma question?
M. Berthiaume: Compte tenu de la rapidité avec laquelle
les réclamations se font, sur un plan comptable, c'est difficile de dire
que c'est comparable, mais je dirais que les $5 millions sont
l'équivalent d'une récupération annuelle.
M. Charron: M. le Président, si vous me...
M. Berthiaume: M. le Président, pour revenir à une
question qui a été soulevée tantôt, ce genre de
discussion a fait l'objet de longues heures de travail peut-être
pas de longues heures, j'exagère un peu à la
dernière réunion de la commission parlementaire. On a
l'impression ce n'est sûrement pas ce que le député
de Saint-Jacques a à l'idée qu'il y a une mauvaise
administration, par le genre de discussion qu'on peut avoir. Les montants dont
on parle ici sont des estimations très globales du maximum possible de
ce que le gouvernement pourrait récupérer. Le gouvernement ne les
inscrit pas à ses livres, parce qu'il ne connaît pas le montant
à recevoir, il ne peut pas savoir ce qu'est le montant, mais, une chose
certaine, c'est que ces comptes à recevoir sont perçus. Autrement
dit, il n'y a pas une perte de $20 millions. Je parle de cela parce qu'on en a
parlé longuement la dernière fois et que c'est le danger
de parler dans le style de l'administration plutôt que dans le
style comptable. S'il y a quelque chose qui ne va pas ici, je dis bien ici,
c'est bien plus sur le plan comptable qu'au plan de l'administration. Sur le
plan de l'administration, il n'y a pas de "fling-flang" et il n'y a pas de
perte d'argent ou rien de cela.
Sur le plan comptable, peut-être qu'on peut avoir une discussion,
à savoir que cela pourrait être inscrit différemment,
peut-être qu'il pourrait y avoir des estimations plus réalistes
qui seraient faites pour mettre cela dans les comptes à recevoir. Mais,
il faudrait reconnaître, à ce moment, que c'est une estimation.
Dans les procédures comptables que nous avons, qui sont reconnues et qui
sont officielles, quand un compte n'est pas connu d'une façon
précise, on ne l'inscrit pas comme compte à recevoir.
M. Charron: M. le Président, je suis parfaitement d'accord
avec la mise au point que vient de faire le ministre d'Etat aux Finances. Si je
pose ces questions, c'est pour évaluer le plus précisément
possible, je pense qu'on a réussi à le faire assez bien et on le
fera avec des documents qui nous parviendront ici par la suite. Ce qui
s'appelle comptes à recevoir au chapitre de la responsabilité des
tiers, il ne s'agit pas d'une question de mauvaise ou de bonne administration,
j'en conviens. Mais, et j'espère qu'à l'intérieur du
ministère on en est conscient, cet argent pourrait-il entrer plus
rapidement ou pourrait-il être récupéré plus
rapidement soit par des décisions administratives, soit par un personnel
plus nombreux mis à sa disposition qui permettrait aux Affaires sociales
de récupérer un certain nombre de fonds et lui permettrait
peut-être de développer d'autres programmes. Autrement dit, quand
quelqu'un répond à un autre: Je ne peux pas te donner tel
service, parce que je n'ai pas l'argent entre les mains actuellement pour te le
donner, et que, par contre, cette personne laisse traîner des dettes, je
ne dis pas que c'est le cas, mais il y a toujours avantage j'imagine
qu'on fait diligence à l'intérieur du ministère aussi pour
aller récupérer ce qui nous est dû ce qui fait que
quand quelqu'un nous demanderait un service, je pense que, par exemple, assurer
la gratuité des médicaments pour l'ensemble des personnes
âgées de plus de 65 ans impliquerait un coût de $9 millions
de plus par année. Le ministère, par contre, doit rouler sur des
dettes qui lui permettent... C'est dans ce sens que je posais la question. Je
suis soucieux de faire que le ministère récupère le plus
rapidement possible l'argent qui lui est dû. D'autant plus que ces
compagnies privées d'assurance, elles, jouissent de ce capital qu'elles
n'ont pas encore remboursé. N'ayant pas encore payé le
gouvernement, cet argent est probablement investi dans quelques banques ou a
probablement fui le territoire québécois dans quelque autre
entreprise et fait actuellement fructifier peut-être d'autres entreprises
que les nôtres. C'est un détail qui ne doit pas être
ignoré.
M. Berthiaume: A ce propos, pour informer le député
de Saint-Jacques, suite à des changements dans les procédures qui
ont été établies depuis ces rapports du
Vérificateur général, une fois que le compte est
établi vis-à-vis qui que ce soit, le chèque nous parvient
maintenant dans les quinze jours suivants. Pour répondre à la
question: Cela traîne combien de temps, une fois que le compte est
établi? Dans la procédure actuelle, c'est une quinzaine de
jours.
M. Charron: D'accord, M. le Président, la page suivante de
ce rapport, 4-25 m'amène à poser une autre question.
Peut-être devrais-je la diriger à M. Houde, ou d'abord demander
des explications à M. Larose. Encore un endroit où on aurait eu
besoin d'explications supplémentaires, au milieu de la page 4-25, M.
Larose, vous mentionnez que des surpaiements à certains
établissements privés de bien-être, donc des
établissements à but lucratif, doivent figurer dans les comptes
à recevoir non-inscrits pour un montant de $61,695. Quels sont ces
surpaiements? Comment ont-ils été faits? Par erreur comptable ou
autrement?
M. Vien: II s'agit d'abord d'un compte... Pardon?
Le Président (M. Picard): Voulez-vous attendre un instant,
s'il vous plaît? Le député d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin (Abitibi-Ouest): Je voudrais savoir... Il y avait un
montant qui me "chicotait", c'était celui de $478,500, une contribution
du fédéral à la formation professionnelle. Ce montant,
ordinairement, ne serait-il pas plutôt versé au ministère
de l'Education par le fédéral que versé au
ministère des Affaires sociales, vu que c'est le ministère de
l'Education qui donne les cours de formation professionnelle?
M. Charron: C'est une bonne question.
M. Boutin: Ils sont recommandés par le Centre de
main-d'oeuvre du Canada.
M. Charron: C'est une bonne question, M. le Président.
M. Berthiaume: Dans le budget du ministère, il existe un
certain groupe de gens en relations professionnelles dont une partie des
responsabilités concerne la formation professionnelle dans le secteur
parapublic, une bonne partie concerne les professionnels de la santé,
etc., et ce sont des contributions fédérales en regard de ces
programmes.
M. Boutin: Cela veut dire que le fédéral a aussi
des ententes avec le ministère des Affaires sociales?
M. Bacon:... les ministères qui ont des ententes
semblables avec le fédéral...
M. Boutin: Pour la formation professionnelle? M.
Berthiaume:... certains aspects...
M. Charron: Me permettez-vous de revenir à ma
question?
Le Président (M. Picard): M. Vien, s'il vous
plaît.
M. Charron: M. Vien, ces surpaiements à certains
établissements privés, que sont-ils exactement?
M. Vien: Pour les établissements privés, on avait
des normes de financement visant à leur rembourser leurs frais
d'exploitation...
M. Charron: Leur rembourser, pardon?
M. Vien:... leurs frais de fonctionnement, et il y avait
notamment, comme certains frais de fonctionnement, les salaires. On
établissait, supposons, un trop-versé et il devait y avoir un
remboursement de la part des établissements privés. D'ailleurs,
je pense que ce montant a été réglé depuis.
M. Berthiaume: Ces sommes ont été transmises au
contentieux pour perception. Jusqu'à ce jour, il y en a un certain
montant de réglé j'ignore le montant exact et il
semble que... Allez-y, M. Lapointe...
Oui. Il s'agit de surpaiements effectués à trois
établissements privés. Ce sont des établissements qui ont
fermé leurs portes. C'est pour cela qu'on a eu de la difficulté
à percevoir les montants. Le ministère, avec les
établissements privés, procède sur une base d'un budget de
salaires alloués. A la fin de l'année, on s'est aperçu que
les salaires effectivement payés avaient été moindres que
ce qui avait été alloué dans le budget. Donc, on a fait
une réclamation pour ces montants. Mais, entre-temps, les
établissements avaient cessé leurs activités. C'est pour
cela qu'on a eu de la difficulté à percevoir les montants. En
fait, il y a un montant de $5,000... Il y avait trois montants
là-dedans, dont un de $5,000. Celui-là a été
réglé. Mais pour les deux autres, cela va être passablement
difficile de les percevoir, d'après ce que je peux comprendre.
M. Charron: Pouvez-vous nommer ces établissements?
M. Berthiaume: Non, je n'ai pas les noms ici. M. Charron:
Ce serait antiréglementaire.
Le Président (M. Picard): C'est
antiréglementaire.
Une Voix: D'habitude, vous faites pression.
M. Charron: M. le Président...
M. Bacon: Excusez. M. le député de Saint-
Jacques, si vous me permettez. Quelles sont les actions du
ministère pour essayer de récupérer cet argent?
M. Berthiaume: Cela est allé au contentieux. Notre
contentieux s'en est occupé. Je ne sais pas quelles actions ont
été prises, mais, d'après ce que je peux comprendre, il
n'y a pas beaucoup de possibilités de percevoir les $56,000.
M. Bacon: Si je comprends bien, c'était au compte
salaires. C'étaient des déboursés que vous faisiez...
M. Berthiaume: C'est payé à l'avance, au cours de
l'année; c'est basé sur une espèce de budget. Dans ce
budget, il y a tant par jour. Dans le tant par jour, il y a tant pour les
salaires. Là-dedans, on dit: II y a tant de postes, ainsi de suite. Mais
à la fin de l'année, ces salaires sont vérifiés
pour voir... Si, effectivement, il y a eu moins d'employés qu'il y en
avait dans le budget, le ministère va exiger les surpaiements. Dans ces
trois cas, il y a eu plusieurs... Ce sont des établissements qui ont
été fermés. Donc, il n'y avait plus moyen... On a eu de la
misère à...
Ce sont de petits propriétaires...
Oui, ce sont des...
M. Bacon: Je m'excuse, M. le Président, mais quels sont
les rapports, à ce moment, de l'institution concernant les
déboursés du ministère? Fait-elle un rapport mensuel? De
quelle façon...
M. Berthiaume: Non, c'est une fois par année, à la
fin de l'année, que les salaires sont déclarés.
M. Bacon: C'est toujours la même pratique?
M. Berthiaume: C'est un taux négocié avec ce groupe
d'établissements privés.
Cette situation est assez normale, M. le Président. Les
établissements publics sont astreints à certains rapports
mensuels, et ils doivent, enfin, donner, soumettre des états financiers
qui font l'objet d'une vérification par un comptable
indépendant.
M. Bacon: Je m'excuse, monsieur...
M. Berthiaume: Oui. Non, quant aux établissements...
M. Bacon: ... je crois que vous faites un lapsus. Mais on est
dans les choses privées...
M. Berthiaume: Non, d'accord! Je fais la distinction entre les
deux. Quant aux établissements privés, non seulement les montants
sont moindres, mais le nombre est plus grand et ils fonctionnent sur un budget
de prix de journée qui est, en fait, une moyenne et, quand les rapports
financiers sont soumis, en termes d'exercice, une vérification est
faite.
Ces établissements privés sont, par définition.
des établissements administrés par des
propriétaires privés, de sorte que, lorsqu'il y a une fermeture,
les montants dépendent beaucoup, s'il y a des ajustements, de la
solvabilité possible des propriétaires et des individus...
M. Bacon: ... au moment de...
M. Berthiaume: ... ce n'est pas parce que je veux négliger
l'importance d'une somme de $61,000. Il est bien évident que, dans des
dizaines de millions, il est immanquable que, tôt ou tard, à
travers ce que nous finançons, la chose se produise.
M. Charron: La question du député de
Trois-Rivières était fondée. Y a-t-il quand même,
à l'égard de ces personnes... Si elles ont fermé boutique,
c'est donc dire que leur "patente" ne marchait plus très bien, mais je
ne sais pas, elles ont peut-être été une quinzaine
d'années auparavant à faire beaucoup d'argent avec leur affaire.
Elles en ont peut-être beaucoup d'accumulé quelque part. Ces gens
ont peut-être fermé leurs portes parce qu'ils allaient
s'établir pour la fin de leurs jours en Floride avec l'argent qu'ils
avaient fait. C'est une blague, M. le Président.
M. Boutin (Abitibi-Ouest): Est-ce que le mot "privé" ici,
pourrait vouloir dire aussi une corporation privée?
M. Berthiaume: Oui.
M. Boutin (Abitibi-Ouest): La question de solvabilité
vient peut-être de là parce que si c'était un individu, en
particulier, vous pourriez le poursuivre.
M. Berthiaume: Cela dépend dans quelle mesure l'individu
peut être responsable des dettes de la corporation ou dans quelle mesure
il ne l'est pas.
Ce que je peux dire, c'est que, dans chaque cas, c'est le contentieux
qui, après examen de la réclamation, a pris la décision de
nous recommander un règlement.
M. Bacon: Quel est l'ordre de grandeur de ces
déboursés dans tout votre budget de l'année? Parce qu'il
faut admettre que les montants ne sont pas tellement élevés. Je
comprends que c'est l'argent des contribuables.
Une Voix: Les réclamations privées?
M. Bacon: A peu près. Disons que $5 millions par...
M. Berthiaume: II y a plusieurs catégories.
M. Bacon: Je ne veux pas vous embêter avec ma question, non
plus. Ce n'est pas mon but. Si les montants ne sont pas plus
élevés que cela, compte tenu que les déboursés
doivent être assez... $2 millions? $3 millions?
M. Berthiaume: Une vingtaine de millions, environ.
M. Bacon: $60,000? $61,600 sur... Une bonne moyenne!
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: Un autre chapitre. On a exactement l'homme
responsable pour en parler, soit le sous-ministre adjoint. Il y a aussi des
surpaiements qui ont été faits aux assistés sociaux, au
chapitre de l'aide sociale.
Le Vérificateur général a consacré beaucoup
d'espace dans son rapport de 1973/74 à l'aide sociale et aux programmes
budgétaires, de la page 4-29 à 4-35, je pense.
Il est dit à un endroit... Sans minimiser le reste du texte, M.
Larose conviendra que cette affirmation telle que je l'ai lue figure dans tout
le texte...
C'est dans le haut de la page 4-30. Je lis: "Les anomalies nombreuses
décelées à ce chapitre sont dues au fait que les
procédures prescrites ne sont pas suivies." Je vous donne un exemple,
celui qui suit. "Ainsi les erreurs au niveau de l'identification du
bénéficiaire de l'aide sociale consistent particulièrement
en l'absence de certificats de naissance, à leur mauvais enregistrement
au fichier du bénéficiaire. Les procédures de confirmation
des biens meubles ou immeubles et de l'avoir liquide du
bénéficiaire sont plus ou moins suivies..." Je pourrais lire tout
le texte, mais je pense que c'est l'esprit de ce que M. Larose a voulu signaler
dans le rapport.
A l'origine de ce surpaiement d'aide sociale, il existe dans la plupart
des cas une erreur administrative commise par un employé même du
ministère. Dieu sait que les procédures à suivre et
suivies sont rigoureuses. M. Houde a une main de fer dans ce domaine. Ce qui
fait que lorsqu'un fonctionnaire ne se soumet pas ou se soumet en passant par
la bande un peu, à une directive très précise qui a
d'ailleurs pour but d'éviter que des surpaiements ou des frais soient
faits, je pense que lui non pas le fonctionnaire comme individu, mais le
ministère, c'est-à-dire son employeur doit en assumer une
responsabilité.
J'exemplifie ma thèse, M. le Président. Un assisté
social, une personne seule, reçoit encore aujourd'hui, croyez le ou non,
$195 par mois pour vivre. Il peut arriver que demain, par le fait que et
je cite M. Larose les procédures prescrites n'auraient pas
été suivies, cette personne reçoive $205 au lieu de $195.
Elle a donc un surpaiement de $10. On disait tout à l'heure que $61,000
étaient à peu près comme une goutte d'eau dans un budget
de $2,800,000,000, j'en conviens, imaginez-vous $10. Dix dollars pour le gars,
par exemple, qui est à $195 par mois, c'est un vingtième de son
revenu mensuel qui vient d'augmenter. Pour lui, à l'autre bout de
l'échelle, c'est autre chose. Il faut récupérer ce qui a
été versé en surpaiement parce que ce n'est pas juste pour
les autres et que la loi doit s'appliquer, aussi injuste qu'elle soit et
ingrate qu'elle soit, de la
même façon pour tous. Je ne conteste donc pas que l'on
sollicite du côté du ministère un remboursement de ce qui a
été versé en surpaiement. Mais, étant donné
et c'est à partir même du rapport du Vérificateur
général qu'à l'origine du surpaiement il y a
souvent faute de la part du ministère lui-même, d'un de ses
employés, il me semble que le ministère doit faire un peu son mea
culpa et l'exprimer dans la façon qu'il ira récupérer cet
argent.. Autrement dit, M. le Président, ce qu'aucun membre de cette
commission ne serait en mesure d'admettre, ce serait que, ce qui est
probablement dû à une erreur administrative à un endroit ou
à un autre du cheminement du dossier du bénéficiaire de
l'aide sociale, on aille, de façon très rigoureuse le lendemain
matin, comme si la personne était un voleur, lui arracher ce qu'elle
doit, soit sur la paie qui vient ou sur autre chose par la suite.
Je vais donc, M. le Président, demander au sous-ministre adjoint
des Affaires sociales et responsable de l'aide sociale à
l'intérieur du ministère c'est la même question que
je lui ai posée tantôt sur la réclamation et sur les
établissements à but lucratif quelles sont les
méthodes que le ministère des Affaires sociales applique, sur le
plan administratif et comptable également aux besoins de l'explication,
pour récupérer ce qui lui est dû par certains
bénéficiaires de l'aide sociale?
M. Berthiaume: La question du député de
Saint-Jacques, M. le Président, soulève deux aspects, une
question de fond et une question de forme. Je ne voudrais pas entrer ici dans
la question de fond si ce n'est pour ses incidences sur la question de forme.
Je pense qu'il est évident que le laconisme de la loi et des
règlements actuels de l'aide sociale sur cette question des surpaiements
en fait, il n'existe qu'un seul article qui dit à peu près
que les sommes versées sans droit doivent être recouvrées
évidemment entraine les fonctionnaires dans des jugements de
valeur qui, à mon sens, ne sont pas suffisamment cadrés. Cela a
été la politique du ministère, toujours sur cette question
de fond, depuis environ deux ans, deux ans et demi, d'adopter comme principe
qu'il ne réclamait pas le surpaiement dû à une erreur
administrative évidente, démontrée.
Encore là, cette expression laisse place à confusion,
parce qu'une erreur administrative peut être due, soit directement au
bénéficiaire lui-même, soit, ce qui est encore plus souvent
le cas, à une combinaison de facteurs qu'il devient difficile
d'évaluer. Jusqu'ici, au plan de la forme, les procédures ont
été qu'à moins que les bénéficiaires ne
démontrent clairement la charge lui en incombait qu'une
erreur exclusivement imputable au ministère était cause du trop
payé, il devait rembourser. Le remboursement n'a pas été
cadré non plus dans des règles précises et on a
accepté généralement le montant que le
bénéficiaire était en mesure d'offrir. Je dirais
même, de façon générale, que notre attitude
vis-à-vis des remboursements d'aide sociale n'a pas été
suffisamment ferme dans l'ensemble, ce qui n'exclut pas que, du
côté de certains bénéficiaires, on ait subi des
pressions qui étaient peut-être un peu fortes.
De façon générale, on envoie une série
d'avis, comme cela se pratique un peu sur le marché, aux termes desquels
avis une poursuite peut être exercée. L'appréciation du cas
en cours de route se fait au sein d'un comité institué au
ministère qu'on appelle comité des trop-payés, sur
lesquels M. Daviau pourrait élaborer. Je ne sais pas si nous devrions
entrer dans ces détails.
M. Charron: J'ai tout de suite une sous-question, M. qui va
préciser ce que vous venez de dire. Est-ce qu'on fait appel à la
collaboration du bénéficiaire trop payé ou si,
unilatéralement, le ministère des Affaires sociales retient,
puisqu'il est à la fois le payeur, le mois suivant, ou si l'erreur a
été grosse, en l'échelonnant peut-être sur quelques
mois, si l'erreur a été appréciable au point que de se la
faire enlever d'un seul coup consisterait à un geste presque inhumain?
Laquelle des deux, est-ce que, par exemple, un surpayé va être
convoqué par un agent de l'aide sociale qui dira: Vous avez
constaté comme nous que le mois dernier, vous avez eu un
trop-versé, vous devez rembourser cet argent et nous vous proposons des
modalités que nous sommes prêts à discuter avec vous, ou si
ce sera aussi brutal que je l'exprimais tantôt, la somme sera disparue
sur le prochain chèque, point, à la ligne.
M. Berthiaume: On communique certainement avec le
bénéficiaire, on tente de prendre arrangement avec lui. La
question du député de Saint-Jacques était: Est-ce qu'on
fait appel à sa collaboration? Là-dessus, j'ai des
réserves sérieuses quant à certaines choses dont je me
suis moi-même rendu compte, mais à y penser et sans pouvoir
révéler une décision qui devrait venir bientôt, sous
forme de règlement, je me demande si c'est ça qui doit
conditionner la solution finale qu'il faudra apporter. Je m'explique. Un
bénéficiaire qui était sur l'aide sociale et qui quitte
l'aide sociale a généralement un revenu modeste. J'exclus les
fraudes caractérisées qui sont quand même assez rares.
Que le bénéficiaire ait été responsable
à 50%, 60% ou 40% de l'erreur, il n'en demeure pas moins que sa
capacité de rembourser, même après avoir quitté
l'aide sociale, demeure marginale souvent, par rapport à son revenu.
Je me suis demandé, et nous nous sommes interrogés au
ministère, si le mode de remboursement ne devrait pas être
précisé, non pas tellement en fonction du degré de
responsabilité antérieur qui est très relatif, mais en
fonction de sa capacité réelle de rembourser tout en faisant face
à ses charges.
L'Etat lui-même y a intérêt puisque nous ne voulons
pas non plus ramener des bénéficiaires à l'aide sociale.
La formule que nous envisagerions, si nous le pouvions, et je pense que nous
pourrons y venir dans ce sens, aurait, je pense, pour effet de supprimer une
très grande partie de l'arbitraire qui nous implique autrement dans des
dis-
cussions qui sont difficilement cernables ou très difficiles
à cerner.
C'est clair que lorsque vous discutez avec quelqu'un qui gagne $6,000 ou
$7,000 par année, c'est très relatif. Imaginez-vous quand il peut
nous devoir $3,000 ou $4,000, seulement les intérêts emportent ce
qu'il peut rembourser. Alors, il nous doit une somme à vie. Si on veut
être raisonnable, je pense qu'il faut sortir de ce cercle vicieux qui a
accumulé jusqu'ici au-delà de 70,000 comptes, qui fait peser
indéfiniment sur les bénéficiaires une incertitude et qui
rend les communications difficiles. Je pense qu'il faut essayer de trouver une
formule qui, au fond, se justifierait du fait qu'il faut s'attacher à la
capacité réelle de rembourser. Encore une fois, il faudrait
s'attacher aux situations familiales et ainsi de suite. Je pense que c'est cela
qui sera, à très brève échéance, la solution
que nous apporterons et qui changerait radicalement les relations entre les
bénéficiaires et le service de surpaiement.
J'ai été un peu, dans le fond, mais c'est parce que cela
conditionne tellement la forme.
Le Président (M. Picard): Avant d'accorder la parole au
député d'Abitibi-Ouest, j'aimerais faire remarquer aux membres de
la commission que si on s'en tenait aux remarques du vérificateur, le
vérificateur ce n'est pas mon rôle à ce moment-ci de
vous dire cela a dit qu'il y avait inefficacité ou
négligence dans l'application de certaines normes. C'est ni plus ni
moins que de la prévention. Si on appliquait les normes telles que
prescrites, il n'y aura probablement pas de surpaiement ou très peu.
Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas ramener le débat sur toute cette
question?
Le vérificateur fait également mention du système
de dépôt des sommes perçues, sommes qui avaient
été payées en trop et qu'on oublie de mentionner,
d'identifier la personne qui rembourse ce montant. Est-ce qu'on ne pourrait pas
s'en tenir à ce domaine-là?
M. Charron: Volontiers, M. le Président.
Le Président (M. Picard): On s'en va un peu trop dans la
politique de perception des surpaiements, qui est une politique
gouvernementale...
M. Berthiaume: Je suis fier de vous.
Le Président (M. Picard): ... qui est complètement
en dehors du mandat de la commission. Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: Je voulais revenir aux erreurs de 17 dossiers sur 84
ou sur les 20.2% dans les erreurs de calcul. Pouvez-vous évaluer
l'ampleur des erreurs de calcul das les dossiers où l'aide sociale est
versée à cause de l'attente des paiements de
l'assurance-chômage, dans les cas urgents? Je vais en venir à un
point bien précis là-dessus. C'est parce que je serais surpris.
J'aurais aussi aimé savoir quel montant d'aide sociale est versé
simplement parce que les gens attendent un chè- que
d'assurance-chômage pour une période d'un mois ou de deux mois par
la suite. Cette aide sociale est une avance, ordinairement, qui leur est
versée. Cela devient quelque chose d'assez grave parce qu'on a une
période de carence de l'assurance-chômage laquelle, je pense, est
de deux semaines.
M. Berthiaume: Cela me chatouille, parce que je pense que, en
toute honnêteté et en toute franchise, ce que je dis quand le
député de Saint-Jacques s'en va dans les politiques... Si le
député d'Abitibi-Ouest s'en va là, je vais être
obligé de lui dire la même chose.
M. Boutin: Comment peut-il évaluer ces 20%? Où sont
évalués ces 20%? C'est la question que je voulais lui poser.
Le Président (M. Picard): La pertinence du
débat.
M. Boutin: Dans la pertinence du débat, comment
évaluez-vous ces dossiers dans les surpaiements? Combien pensez-vous
qu'il y en a seulement à ce facteur?
Le Président (M. Picard): C'est une question que vous
pourriez poser lors de l'étude des crédits.
M. Berthiaume: Non, là...
M. Boutin: Dans les 20.2% établis par le
vérificateur...
M. Berthiaume: Quelle page?
M. Boutin: Page 4-29. Avec la nouvelle politique de
l'assurance-chômage, avec une période de carence de six semaines,
je suis assez certain qu'on va tomber dans plusieurs millions qui ne seront
jamais remboursés à la province.
Le Président (M. Picard): M. Larose, pourriez-vous
répondre?
M. Larose: J'aimerais que la question soit formulée
à nouveau ou précisée, parce que comment trouver les
20.2%? Je pense que c'est 17 sur 84.
M. Boutin: C'est parce que, dans l'analyse de chacun des
dossiers, vous n'avez mentionné que le surpaiement. Est-ce que vous avez
décelé une forme particulière de surpaiement ou si ce sont
des erreurs qui étaient strictement techniques?
M. Vien: J'ai ici une liste d'erreurs qu'on clas-sifie dans les
erreurs dans le calcul du taux de l'aide. Il y en a de toutes sortes...
M. Boutin (Abitibi-Ouest): C'est simplement dans le calcul?
M. Vien: Oui.
M. Larose: II portait le titre de ce chapitre.
M. Boutin (Abitibi-Ouest): Le reste irait aux crédits,
d'abord.
M. Mercier: M. le Président, il est six heures.
M. Charron: Oui. Me permettez-vous une dernière question
très rapide...
Le Président (M. Picard): Le député de
Saint-Jacques, une dernière question.
M. Charron: ... magie de comptable après.
M. Bacon: C'est bien malheureux.
M. Charron: Vous comprendrez pourquoi j'insiste, à la page
4-35, on parle d'une catégorie de nos concitoyens parmi, je pense, les
plus malheureux, ceux qui doivent être patients de centres
psychiatriques. On signale qu'on a perçu illégalement ce
sont les mots mêmes de M. le Vérificateur général
des montants au chapitre des contributions des patients des centres
psychiatriques. Je veux simplement savoir si l'Etat, le ministère des
Affaires sociales a pris sur lui d'effectuer ces remboursements.
M. Berthiaume: La réponse est affirmative.
En fait, il s'agit effectivement de remboursements qui vont se faire
dans les prochains mois. L'erreur administrative qui s'est glissée, va
être corrigée.
M. Charron: M. le Président, j'ai fini.
Le Président (M. Picard): Pas d'autre question? On
remercie messieurs...
M. Berthiaume: Un instant!
Le Président (M. Picard): Le ministre.
M. Berthiaume: Le député de Saint-Jacques voudrait
vous demander si on peut considérer que les Affaires sociales sont
finies?
M. Charron: Oui, parce qu'à la séance de jeudi
matin, je siégerai à une autre commission parlementaire, donc ce
sera un autre membre de l'Opposition officielle.
M. Berthiaume: Disons que c'est pour l'information. Pour
être honnête le plus possible, jeudi prochain, je ne crois pas que
cette commission puisse siéger. Cela irait plutôt à l'autre
jeudi.
M. Charron: Ah bon! d'accord. Quel est le ministère, pour
que j'en avise mes...
M. Berthiaume: Affaires municipales et environnement, Revenu,
Transports et Travaux publics.
M. Charron: Le député de Chicoutimi.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 heures)