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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Audition du Vérificateur
général
Séance du jeudi 20 novembre 1975
(Neuf heures dix minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Préliminaires
Le Président (M. Picard): La commission des finances, des
comptes publics et du revenu continue ce matin l'étude des trois
rapports annuels du Vérificateur général. Nous allons
procéder dans l'ordre suivant: Les affaires municipales, le Revenu, les
Transports et les Travaux publics.
Pour la séance d'aujourd'hui, M. Goldbloom (d'Arcy McGee)
remplace M. Garneau (Jean-Talon) et M. Charron (Saint-Jacques) remplace M.
Morin (Sauvé).
Article 34.
M. Bellemare (Johnson): Concernant les directives, l'article 34,
M. le Président, je voudrais savoir si l'honorable ministre va assister
à la commission parlementaire des affaires municipales sur le projet de
loi 81 à 10 heures.
M. Goldbloom: Très évidemment.
M. Bellemare (Johnson): Cela veut dire qu'on pourra travailler
à peu près trois quarts d'heure parce que l'autre commission est
prévue pour dix heures. Cela veut dire que les travaux de la commission
seront suspendus à ce moment-là?
Le Président (M. Picard): De cette commission?
M. Goldbloom: Ce n'est pas à moi de le dire, M. le
Président. A vous de décider.
M. Berthiaume: M. le Président, normalement, on a de 9 h
à midi et de 4 h à 6 h, selon ce qui se passe en Chambre, mais,
en principe, disons de 9 h à midi, cela fait trois heures, plus deux
heures cet après-midi, cela fait cinq heures pour quatre
ministères. Cela fait un peu plus d'une heure par ministère; cela
peut être partagé différemment, mais je suis
persuadé qu'aux alentours de dix heures, si le député de
D'Arcy-McGee se retirait, on pourrait continuer avec le sous-ministre qui est
présent.
M. Bellemare (Johnson): J'ai consulté mon caucus ce matin
et mon caucus m'a dit d'aller à la commission des affaires
municipales.
M. Berthiaume: Vous voulez y aller, vous aussi?
M. Bellemare (Johnson): Bien oui. M. Berthiaume: Cela nous fera
plaisir. M. Bacon: On ne vous retiendra pas. M. Berthiaume: On ne vous
retiendra pas.
M. Bellemare (Johnson): Vous allez manquer un
élément bien important.
M. Berthiaume: C'est cela.
M. Goldbloom: Et moi qui pensais vous éviter en allant aux
affaires municipales.
M. Bellemare (Johnson): Non, non. C'est bien ce que vous dites:
éviter. Oui, je vais être invité.
M. Charron: M. le Président, je veux également
accompagner le député de Johnson à la commission des
affaires municipales ce matin pour poursuivre l'étude du projet de loi
81. Je suis donc ici uniquement et c'est la raison pour laquelle je
soulève la question tout de suite pour prendre possession des
documents qui m'ont été promis lors de la dernière
séance que j'ai faite à cette même commission la semaine
dernière ou il y a dix jours. Ce sont les documents attestant d'une part
que le versement du chèque à Décor Construction à
propos de Place Royale je ne resoulève pas le débat, mais
il y a deux documents que j'ai demandés preuve qu'il ne
s'agissait que d'une erreur comptable et preuve également qu'on m'avait
promis que la somme a été effectivement remboursée.
M. Berthiaume: M. Breton me signale qu'il y a une erreur d'un
chiffre dans un des documents. On est en train, M. le Président, de
corriger les copies. Peut-être que M. Larose a aussi des documents.
M. Larose: Oui.
M. Berthiaume: Je pourrais déposer les documents que j'ai,
M. le Président, dans cette affaire de travaux exécutés
à Place Royale. J'inclus, dans le document que je dépose, que je
présente aux membres de la commission une première lettre du 9
mai 1972, du ministre des Finances, Raymond Garneau, adressée à
M. Réal Châtelain, contrôleur des finances qui dit ceci:
"Vous n'ignorez pas que, depuis quelques années, d'importants travaux de
rénovation sont exécutés, sous la responsabilité du
ministère des Affaires culturelles, à Place Royale. Dû
à l'ampleur des travaux et surtout au fait que ceux-ci sont
exécutés au moyen de contrats, à coûts plus
pourcentage, il m'apparaît très important qu'une
vérification en profondeur soit effectuée concernant les
différentes charges des entrepreneurs concernés.
J'apprécierais connaître les résultats de votre
enquête dans les meilleurs délais. Veuillez agréer, etc.."
Signé: Raymond Garneau.
Le 19 juin, M. Châtelain faisait son premier
rapport en ce qui concerne Décor Construction. Il indiquait une
erreur de $15,507 et quelques cents. Le 26 octobre 1972, une autre lettre de M.
Châtelain à M. Garneau indiquait une erreur de $11,470 et quelques
cents. Finalement, le 22 janvier 1973, M. Châtelain écrit toujours
à M. Garneau pour lui indiquer qu'il y avait une erreur de $2,872 et
quelques cents, le tout pour un total de $35,546.18.
J'ai une lettre du directeur général des contrôles
financiers, M. Henri-Paul Veilleux, à M. Marcel Lefaivre,
contrôleur des finances, du 14 novembre 1975, soit à la suite de
la demande faite par la commission parlementaire, la semaine dernière,
qui indique que toutes les surcharges ont été
récupérées par le gouvernement. J'ai, en annexe à
cette dernière lettre, le rapport détaillé qui indique les
dates auxquelles ces montants ont été
récupérés.
Le premier montant couvre la période de août 1970 au 31
mars 1972.
La récupération a été faite le 18
décembre 1972. En ce qui concerne une période subséquente,
je vous épargne les détails, la demande de paiement a
été faite le 25 janvier 1973; finalement, un autre montant, le 16
mars 1973, et une correction mineure a été faite le 11 juin 1973;
en fait, le gouvernement avait récupéré $702.99 en trop,
l'ajustement a été fait par la suite. A la suite d'un
deuxième rapport du bureau du contrôleur des finances, on se rend
compte, en date du 14 mars 1973, qu'un montant de $1,745.50 a été
récupéré en trop par le gouvernement et est dû
à Décor Construction, mais à cause de la situation dans
laquelle se trouve Décor Construction, on ne sait pas, au moment
où on se parle, à qui payer ce montant.
Le Président (M. Picard): Un document à
déposer.
M. Charron: Merci, M. le Président.
M. Berthiaume: Je crois que M. Larose a des commentaires à
faire.
Le Président (M. Picard): M. Larose.
M. Larose: M. le Président, j'ai aussi un document sur le
même sujet donnant les dates auxquelles les montants ont
été déduits des règlements faits à
Décor Construction.
Le Président (M. Picard): Est-ce que cela répond
à vos deux questions?
M. Berthiaume: M. le Président, j'aimerais souligner que
cette question de Place Royale avait été soulevée en
Chambre après les dates que j'ai mentionnées; autrement dit, le
gouvernement a fait son travail bien avant que cela ne soit soulevé par
l'Opposition à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Charron: Autrement dit, ces documents auuraient pu être
déposés depuis bien longtemps, y compris au moment où on a
soulevé la question. Si c'était déjà fait, cela
aurait pu être déposé à ce moment. Je vous remercie,
M. le Président. Je vais prendre connaissance des documents.
Affaires municipales
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, concernant
le ministère des Affaires municipales, dans son rapport, le
vérificateur, à la page 4-19, parlant du contrôle interne,
spécifie ceci: "Nous n'avons pas repris, pour les commenter à
nouveau, toutes les faiblesses mentionnées dans notre rapport de l'an
dernier, soit celui de 1973".
Ceci ne signifie pas pour autant qu'elles ne sont plus pertinentes ou
ont été corrigées.
Est-ce que le vérificateur pourrait nous dire pourquoi cela n'a
pas été corrigé, parce que j'imagine qu'il a dû
s'enquérir, auprès des autorités
intéressées, jusqu'à quel point on avait donné
suite à ses recommandations? Si ces corrections n'ont pas
été faites, selon son opinion, ce serait à la suite de la
négligence de qui?
M. Goldbloom: M. le Président, avant que M. Larose ne
réponde, puis-je, par votre intermédiaire, l'inviter, dans sa
réponse, à faire une distinction entre le ministère comme
tel et la Société d'habitation du Québec?
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministère est
responsable, également, de la Société d'habitation du
Québec.
M. Goldbloom: J'ai demandé qu'une distinction soit faite,
M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord!
M. Larose: En premier lieu, la section du rapport qui
apparaît dans la partie IV touche principalement et quasi exclusivement
le ministère des Affaires municipales.
En ce qui regarde la Société d'habitation du
Québec, les commentaires paraissent plutôt dans la partie V.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais avoir d'autres questions
bien précises, tout à l'heure, sur la Société
d'habitation du Québec.
M. Larose: Pardon?
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais avoir d'autres questions
sur la Société d'habitation du Québec.
M. Larose: Oui.
Je pense que, pour le moment, on doit s'en tenir...
Pour répondre de façon plus directe à la question
de M. Bédard, il faut dire que d'une année à l'autre, nous
ne reprenons pas exactement les
mêmes travaux que l'année précédente. Nous
choisissons d'autres secteurs que ceux que nous avons couverts l'année
précédente.
Alors, il peut arriver que, comme nos rapports sortent quasi au moment
où l'année financière suivante est terminée, les
corrections qu'on aurait pu suggérer ne soient pas encore faites au
moment où on fait notre vérification l'année suivante. On
peut s'en rendre compte, la plupart du temps, deux ans après et parfois,
on ne retourne pas toujours sur exactement les mêmes sujets que
l'année précédente.
Comme le rapport du 31 mars 1973 a été
déposé, si ma mémoire est fidèle, vers le mois de
juin 1974, alors, sur le rapport du 31 mars 1974, on peut difficilement avoir
commenté sur ce qui était dans ce rapport.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que, depuis juin 1974, le
Vérificateur général est en mesure de nous dire si
certains correctifs ont été apportés pour...? Parce que
j'imagine qu'il fait des recommandations et qu'il...
M. Berthiaume: Cela serait dans le rapport 1975.
M. Bédard (Chicoutimi): ... doit suivre...
M. Berthiaume: Cela serait dans le rapport 1975.On n'est pas
rendu là.
M. Bédard (Chicoutimi): Je parle du rapport de 1973. Pour
1974, peut-être qu'on pourra nous référer à 1975,
mais je parle, dans le moment, spécifiquement de certaines
recommandations qui ont été faites dans le rapport de 1973.
M. Berthiaume: Le député de Chicoutimi parle de
l'année budgétaire 1974/75 quand il parle de juin 1974. Alors, le
rapport n'est pas sorti.
M. Bédard (Chicoutimi): En 1973il me semble que
c'est clair, le Vérificateur général a pu le constater
à la page 4-19 de son rapport, en parlant du contrôle
interne, il dit qu'il a repris certains commentaires, qu'il avait
mentionné certaines faiblesses dans son rapport de 1973, que celles-ci
continuent d'exister et que, dans des cas très précis, en fait,
il n'y a pas eu de correctifs apportés. C'est ce que je voudrais
savoir.
M. Larose: C'est ce qu'on vous mentionne. Au moment où
nous avons fait notre vérification pour l'année financière
se terminant le 31 mars 1974, les correctifs n'avaient pas été
apportés.
Notre rapport de 1973 a été déposé
après que l'année financière 1974 a été
terminée.
Vous nous demandez si cela a été corrigé depuis que
cela a été fait. Je ne sais pas si vous avez quelque chose
à préciser, mais notre rapport de 1975 est en voie d'être
complété et, deuxièmement, si vous aviez un sujet
précis sur lequel on pourrait vous répondre, je pense que cela
serait plus facile.
Si vous pouviez nous indiquer le sujet précis et si on l'avait su
auparavant...
M. Berthiaume: M. le Président, je pense que le
Vérificateur général a indiqué que le rapport de
1973 nous est parvenu tard. En fait, le rapport de 1973 et le rapport de 1974
nous sont parvenus à peu près en même temps. C'est
très difficile pour le gouvernement d'agir sur le rapport du
Vérificateur général de 1973 quand il ne l'a pas
reçu. Ce qu'on peut dire, c'est qu'à la suite de la
réception du rapport de 1974, en ce qui concerne la SHQ, en particulier,
la direction générale des finances...
M. Bédard (Chicoutimi): On y reviendra à la SHQ
tout à l'heure.
M. Berthiaume: ... la SHQ a pris des mesures c'est ce que
M. Larose est en train de dire pour corriger cette situation...
M. Bédard (Chicoutimi): On ne parle pas, M. le
Président, de la SHQ. On y reviendra.
M. Berthiaume: ... et le rapport de 1975 n'est pas encore
déposé. Je ne pense pas qu'on puisse parler du rapport de 1975.
Si le député veut savoir si, depuis la réception de ces
deux rapports, 1973 et 1974, action a été prise sur le sujet
mentionné, la réponse est oui, mais vous pourrez le constater
lors du dépôt du rapport de 1975.
M. Goldbloom: M. le Président, je peux ajouter qu'à
la suite de la réception des rapports successifs du Vérificateur
général, j'ai rencontré M. Larose et j'ai exprimé
mon désir de voir corriger tout ce qui était mentionné
dans ce rapport. Nous procédons depuis à effectuer les
améliorations recommandées par le Vérificateur
général.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour en venir à un cas
concret, tel que le vérificateur l'a demandé, peut-être que
le vérificateur ou le ministre est en mesure de nous dire quel correctif
a été apporté, si le vérificateur ne le peut pas,
dans son rapport de 1973 concernant la page 3-12 sur les contrôles
internes et comptables, au numéro 1, paragraphe a), le
vérificateur disait ceci: "Le ministère n'a pas enregistré
les données comptables par sous-catégories de dépenses,
sauf par référence sur les cartes des fournisseurs. Pour une
information plus complète, nous suggérons qu'il comptabilise les
dépenses suivant la classification officielle qui a été
émise par le secrétariat du Conseil du trésor." Est-ce que
le ministre ou le Vérificateur général peut nous dire si
un correctif a été apporté et en quoi cela consistait?
M. Chabot (Gilles): Concernant ce point précis, j'ai
demandé aux membres de l'équipe de s'assurer que, ou cette
faiblesse avait été corrigée, lors de notre
vérification qui est en cours présentement pour l'année
1974/75. On m'a appris que cette lacune n'est pas corrigée encore
à l'heure actuelle. La comptabilisation se fait très bien au
niveau de la catégorie, mais le service comptable n'a pas
jugé à propos de comptabiliser, par sous-catégorie, les
dépenses.
M. Bédard (Chicoutimi): Pouvez-vous donner un exemple de
catégorie, de sous-catégorie, afin de mieux saisir?
M. Chabot: Prenons par exemple la catégorie des
dépenses et des communications. Dans cette catégorie, il entre
toutes sortes d'éléments de dépenses comme au niveau des
dépenses de voyage du ministre, frais de déplacement. Nous avons
aussi la publicité, il peut y avoir d'autres frais, comme ceux du
transport. Alors, c'est à ces niveaux qu'on n'a pas une fiche comptable
nous permettant de dire que la publicité a coûté tant
durant l'année. Par contre, les comptes publics
révèlent... comme c'est mentionné ici, sauf par
référence sur la carte des fournisseurs. A ce moment-là,
on retrace, mais ça ne suit pas la classification officielle qui a
été émise par le secrétariat du Conseil du
trésor, en 1972.
M. Goldbloom: M. le Président, si vous me permettez, en
juillet 1974, ayant demandé que cette question soulevée par le
Vérificateur général soit examinée pour que nous
puissions voir s'il y avait des améliorations nécessaires dans
nos procédures comptables, j'ai reçu un rapport. Il indique que
les données comptables ont bien été enregistrées
par sous-catégorie de dépenses sur les cartes des fournisseurs,
mais qu'il n'a pas été tenu compte de carte contrôle
à la sous-catégorie.
En somme, les données comptables par sous-catégories de
dépenses étaient disponibles, mais elles ne furent pas
groupées par sous-catégories lors de la préparation des
comptes publics. Il nous a semblé, en tout respect pour le
Vérificateur général et ses commentaires, que le point
soulevé est relativement mineur, car le comptable n'est pas tenu
officiellement par la Loi de l'administration financière, de tenir les
livres à la sous-catégorie. Les données sont cependant
là.
M. Bédard (Chicoutimi): Le cas peut paraître mineur
aux yeux du ministre, mais, au niveau du principe, par exemple, cela peut
être plus important, selon l'exemple que vous nous apportez concernant la
publicité, les voyages du ministère, ce sont des budgets qui sont
votés spécifiquement par l'Assemblée nationale à
des postes bien précis.
Je voudrais savoir si ce manque de contrôle, ce manque de
données comptables, tel que vous l'exprimez par sous-catégorie de
dépenses, cela ne permet pas tout simplement au ministère de
jouer avec des budgets qui sont affectés spécifiquement à
des besoins précis, entre autres la publicité, les voyages du
ministre ou du ministère?
M. Chabot: Aucunement, parce que les crédits sont
votés au niveau du programme, de l'élément et de la
catégorie de dépenses. Nous arrivons à un niveau
inférieur, qui est la sous-catégorie. Comme l'indique notre
document, c'est pour information plus complète.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est pour information tout court;
vous ne les aviez pas avant. C'est plus qu'information plus
complète.
M. Larose: Ce qu'on a voulu mentionner, M. le Président,
c'est que nous croyons que si la comptabilisation était faite au niveau
de la sous-catégorie, on aurait une information comptable plus
complète, mais cette information, nous l'admettons avec le ministre,
n'est pas imposée par la loi.
Le Président (M. Picard): Le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Dans cette catégorie des
données comptables par sous-catégorie, il y a aussi, je pense
et l'attitude du ministre devrait sûrement nous fournir des
explications le système de paie intégré dans la
gestion du personnel qui ne porte pas, en bien des circonstances, l'approbation
des officiers.
Cela également, c'est du domaine des contrôles. Je ne sais
pas s'il y a eu amélioration...
M. Berthiaume: Est-ce que le député de Johnson
pourrait nous dire à quelle page et en quelle année?
M. Bellemare (Johnson): Ah! oui. En 1973, page 3-12,
deuxième paragraphe.
M. Berthiaume: II m'impressionne.
M. Bellemare (Johnson): Ah! Ah! Cela fait suite à ce que
disait mon collègue de Chicoutimi. Dans le contrôle interne
comptable, il y a cet aspect quant aux données comptables par
sous-catégorie, mais il y a la remarque très judicieuse que fait
le Vérificateur général que les formules traitées
dans le système de paie intégré, à la gestion
générale du personnel, font que cela ne porte pas les
approbations des officiers responsables. Il doit y avoir une réponse
à cette donnée des vérificateurs qui ont constaté
qu'en bien des circonstances, cela ne portait pas la signature des officiers
responsables du contrôle interne qui doit se faire.
Il doit y avoir là quelque chose, puisque le vérificateur
le note particulièrement dans un paragraphe; j'attire l'attention du
ministre.
M. Goldbloom: Oui. M. le Président, la question est
longue, la réponse sera brève. Nous avons pris bonne note de la
recommandation.
M. Bellemare (Johnson): La question est longue?
M. Goldbloom: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, il faut tou-
jours que je commence par l'expliquer un peu. Le ministre est un homme
suave, mais il a des réponses qui sont longues aussi, vous savez.
Avant, qu'il nous ait dit ce pourquoi il avait, dans ces circonstances
un peu imprévues, décidé que le gouvernement, après
consultation avec les principaux... Il ne nous dira rien.
Il ne faut jamais nous donner de réponse. C'est beau! C'est une
vraie musique de l'entendre! C'est le plus parfait des parfaits! C'est le grand
ambassadeur qui ne nous donne jamais de réponse. Il est suave, monsieur!
Il faut comprendre que, dans les circonstances, le gouvernement... C'est cela,
M. le Président. Le ministre dit que la réponse va être
courte.
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
L'honorable ministre.
M. Bellemare (Johnson): C'est sûr que la réponse va
être courte, parce qu'il ne nous en donne jamais. Mais c'est tellement
bien dit et c'est tellement bien enrobé, monsieur, comme du bon
chocolat, M. le Président!
M. Bacon: Vous commencez de bonne heure ce matin.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Bacon: Vous commencez de bonne heure.
M. Bellemare (Johnson): Je suis dedans, ce matin.
M. Goldbloom: M. le Président, après tout cela, il
y aurait lieu quand même de dire simplement que nous avons pris bonne
note de la remarque du Vérificateur général et que nous
avons vu à corriger la procédure. Donc, maintenant, cette
situation est corrigée.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que les comptables...
M. Goldbloom: Est-ce que c'est assez clair, M. le
Président?
M. Bellemare (Johnson): Non, pas tout à fait, parce que
j'ai une autre question à poser au vérificateur ou au
ministre.
M. Goldbloom: Je regrette, cher collègue.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que cela a été
constaté que c'est vrai?
M. Chabot: Dans la réponse de M. Goldbloom...
M. Bellemare (Johnson): Non, ce n'est pas cela que je vous
demande, je vous demande si cela a été constaté que c'est
vrai.
M. Bédard (Chicoutimi): Si cela a été
corrigé.
M. Bellemare (Johnson): Si cela a été
corrigé.
M. Chabot: Dans son ensemble, sauf sur un point.
M. Bellemare (Johnson): Dans son ensemble, un autre...
M. Chabot: Sauf un point, au niveau des spécimens
dé signatures.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Chabot: Ils devaient être fournis au ministère
des Finances et au ministère de la Fonction publique.
M. Bellemare (Johnson): Cela n'a pas été fait?
M. Chabot: Nous n'avons pas eu l'évidence que c'est
fait.
M. Bellemare (Johnson): Bon! Alors, ce n'est pas clair. C'est
bien beau, mais ce n'est pas clair. Voici la preuve authentique, c'est l'homme
qui vérifie les comptes. Quand bien même, M. le ministre va nous
dire que c'est fait, que cela va bien...
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): II vient de nous dire que ce n'est pas
fait.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Qui va avoir raison?
M. Goldbloom: ... le député de Johnson ne changera
jamais.
M. Bellemare (Johnson): Non. M. Goldbloom: Bon!
M. Bellemare (Johnson): Je pense que je suis...
M. Goldbloom: Le ministre va continuer de témoigner de sa
bonne foi et de son désir de corriger tout ce qui est recommandé
dans la mesure que cela nous semble possible. Dans le cas des choses qui ne
sont pas exigées par la loi, ce qui n'est pas exigé par la loi
n'est pas exigé, point.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je vous redemande
la parole pour dire que le ministre nous a donné une réponse:
Tout est fait. Pour en avoir la preuve, je me retourne du côté du
Vérificateur générai et je lui demande: Est-ce que c'est
fait? Il dit: Oui, c'est pas mal, pas mal, mais les spécimens ne sont
pas encore arrivés. Le ministre dit: On va s'améliorer; on va
vous les fournir.
Voyez-vous, M. le Président, vous avez le ministre tel qu'il est.
Il est suave. Mais, le fond du fond, c'est là qu'on va le trouver, si
c'est fait, oui ou non. Cela ne l'est pas. C'est clair, cela ne l'est
pas...
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): ... même si ce sont des "vieux"
pieux...
M. Goldbloom:... je vous fais remarquer que...
M. Bellemare (Johnson): J'aime autant garder ma nature telle
qu'elle est, M. le Président...
M. Godlbloom: D'accord.
M. Bellemare (Johnson): ... que d'essayer d'en imiter une
autre.
M. Goldbloom: M. le Président, je vous fais remarquer que
le Vérificateur général n'a même pas dit que cela
n'a pas été fait: il a dit qu'il n'a pas encore la preuve que
cela a été fait. Moi, j'ai...
M. Bédard (Chicoutimi): II a dit très
spécifiquement que cela n'avait pas été fait concernant
les spécimens de signatures qui devaient être fournis.
M. Bellemare (Johnson): Voyons donc! Il a dit: On ne les a pas;
on ne les aura pas. Ecoutez...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre comprend...
M. Bellemare (Johnson): On ne voit pas, en Chambre, souvent la
preuve comme cela, mais, à quasiment 99.1%, c'est cela. Les
réponses sont suaves, dans un langage parfait, mais, quand on va aux
preuves on en a une ce matin ce n'est pas fait. Non, je comprends
que le ministre, avec un sourire... Il ne me convaincra pas. Non, c'est parce
que j'ai eu des expériences. Je suis prêt à lui rendre
l'hommage que c'est un homme qui est très charmant, qu'il nous accueille
avec bienveillance, qu'il nous endort avec du chloroforme, mais ce ne sont pas
les réponses qu'on attend.
On n'a jamais eu, dans la province, un ministre des Affaires municipales
qui accuse autant de fois réception des lettres, mais qui ne contiennent
aucune réponse effective.
Le Président (M. Picard): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Cela prend des mois de temps à
avoir une réponse.
Le Président (M. Picard): C'est tout à fait
antiréglementaire, cela.
M. Bellemare (Johnson): II faut intervenir et
réintervenir.
Le Président (M. Picard): C'est tout à fait
antiréglementaire. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bellemare (Johnson): Quel désordre y a-t-il dans cela,
M. le Président? Que je dise au ministre qu'il ne nous donne pas de
réponse? C'est la place pour le lui dire, M. le Président, devant
les vérificateurs.
Le Président (M. Picard): D'accord, dites qu'il ne donne
pas de réponse.
M. Bellemare (Johnson): Qu'est-ce qui est
antiréglementaire dans cela?
Le Président (M. Picard): Si vous commencez à vous
référer au seul ministre des Affaires municipales...
M. Bellemare (Johnson): Je ne me réfère pas, je
parle du ministre. Ce n'est pas bien?
Le Président (M. Picard): ... qui donne autant de
réponses à sa correspondance que cela. C'est un peu...
M. Bellemare (Johnson): II dit qu'il accuse réception de
la réception de la requête. Après?
Le Président (M. Picard): L'honorable ministre a dit qu'on
avait pris bonne note des recommandations du vérificateur.
M. Bédard (Chicoutimi): ... le ministère des
Affaires municipales.
M. Bellemare (Johnson): II est là... S'il n'est pas
là, il n'est pas chez nous.
M. Bacon: ...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, c'est à vous de
répondre aux questions.
M. Bacon: ...
M. Berthiaume: M. le Président, en ce qui concerne cette
histoire de signature, je comprends mal les députés de
l'Opposition qui s'accrochent à des choses qui, je dois le dire, ne sont
pas sérieuses.
M. Bellemare (Johnson): Ah! un instant, M. le
Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Comme cela, le Vérificateur
général n'est pas sérieux quand il fait ses
recommandations.
M. Bellemare (Johnson): Je pense qu'on ne mérite pas
d'être traité de façon si hautaine par le ministre d'Etat.
On est ici pour faire notre ouvrage, mais pas le sien. Il doit nous
répondre devant les fonctionnaires qui sont ici. Je pense qu'il n'a pas
le droit de dire que nos questions sont sottes et qu'elles n'ont pas de... Si
le vérificateur a pris la peine de l'enregistrer deux fois, en 1973
particulièrement, et de noter qu'il n'y avait pas... que les rapports
produits par ce système ne sont pas toujours vérifiés,
à notre avis, écoutez, c'est grave. Ce ne sont pas...
M. Berthiaume: Sur la question des signatures, des
spécimens de signatures, les officiers du ministère des Affaires
municipales et les officiers du bureau du contrôleur des finances se
connaissent assez bien et transigent continuellement ensemble. Ils connaissent
leurs signatures respectives. Le problème que soulève le
Vérificateur général, pour autant que je le comprenne,
c'est pour lui permettre de vérifier que les signatures qu'il voit sur
les documents sont bien celles des personnes concernées. Cela pourrait
aider le vérificateur pour sa vérification. En ce qui concerne le
contrôle lui-même, le contrôle interne, le problème ne
se pose pas. Ce que prétend le ministère, et cela me semble bien
fondé, c'est que si le vérificateur dans son travail a besoin des
spécimens de signatures, il n'a qu'à les obtenir avant de faire
son travail de vérification. Il pourra constater qu'effectivement les
signatures qui ont été apposées sont bien les bonnes,
celles des bonnes personnes, des personnes autorisées à signer
des engagements, des chèques ou quoi que ce soit. C'est dans ce sens que
je dis que c'est un détail relativement peu important dans l'ensemble
des travaux faits par le Vérificateur général.
M. .Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est un
ministre d'Etat qui va donner des ordres pour dire comment procéder dans
la vérification au Vérificateur général alors il ne
vérifiera pas grand-chose...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le
ministre d'Etat...
M. Bellemare (Johnson): ... dans la signature des
spécimens.
M. Berthiaume: Non, j'essaie de mettre les propos des membres de
l'Opposition, des députés de l'Opposition dans un certain
contexte, et peut-être alors qu'on essaie de faire de gros ballons avec
de petites choses...
M. Bellemare (Johnson): Non, non!
M. Berthiaume: ... de montrer quand même devant l'opinion
publique et dans le journal des Débats que c'étaient de gros
ballons, que ce sont des pécadilles, que ce sont de petites
affaires.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le
ministre d'Etat...
M. Berthiaume: Le député de Chicoutimi ne
m'enlèvera pas mon droit de parole. Si j'ai le goût de dire cela,
je vais le dire. Que vous m'empêchiez de le dire...
M. Bédard (Chicoutimi): Qui vous en empêche?
M. Berthiaume: Je viens de le dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon. Alors, voulez-vous le
répéter? Si vous ne voulez pas le répéter, laissez
parler les autres.
M. Berthiaume: Si ça prend cela pour lui faire comprendre,
je peux bien le répéter.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas par de la bravade qu'on
va...
M. Bédard (Chicoutimi): Arrêtez de vous prendre pour
un autre, franchement...
M. Bellemare (Johnson): Voyons. Vous avez mal dormi à
cause du bill d'hier soir, c'est sûr. Cela vous a fait mal. Revenez donc
comme gentilhomme...
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît! Le député de Chicoutimi.
M. Bellemare (Johnson): Acceptez donc nos remarques qui sont
faites dans un bon sens. Elles ne sont pas faites pour vous faire souffrir. On
a d'autres places pour vous faire souffrir.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le
ministre d'Etat a laissé entendre que la question qui était
soulevée tant par le député de Johnson que moi-même
de l'Opposition n'était pas sérieuse concernant cette
recommandation qui a été faite par le ministère en ce qui
a trait aux spécimens de signatures, en ce qui a trait au fait aussi que
certaines formules ne portent pas les approbations des officiers responsables.
Je voudrais savoir de la part du vérificateur si c'est une question
sérieuse.
M. Larose: Voici, tout d'abord, cette remarque ne s'appliquerait
pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Je m'imagine difficilement qu'il
fasse certaines recommandations sur des choses qui ne sont pas
sérieuses.
M. Larose: Cette recommandation ne s'applique pas exclusivement
au ministère des Affaires municipales. Vous allez la retrouver ailleurs
concernant aussi d'autres ministères. Deuxièmement, nous
considérons que la question est importante, parce que les
officiers...
M. Bédard (Chicoutimi): Bon!
M. Bellemare (Johnson): Bon! En voilà une réponse.
Merci, monsieur.
M. Bédard (Chicoutimi): On ne se fiera pas au ministre
d'Etat pour savoir si une question est sérieuse ou pas.
Le Président (M. Picard): A l'ordre! Laissez
répondre le vérificateur, s'il vous plaît!
M. Larose: Les officiers du ministère des Finances, au
bureau central de la paie de ce ministère des Finances, ont la
responsabilité de vérifier la documentation qui leur parvient des
différents ministères en ce qui concerne l'émission des
chèques de paie et la vérification des paies. En plus de cela,
c'est la même chose au ministère de la Fonction publique. Nous
calculons que, pour faire le meilleur travail possible, les officiers qui font
ce type de vérification, tant au ministère des Finances qu'au
ministère de la Fonction publique, devraient avoir un exemplaire de la
signature des personnes qui, dans les différents ministères, sont
autorisées à signer.
M. Bellemare (Johnson): C'est pour cela que je vous dis que c'est
une question importante.
M. Larose: Autrement, nous croyons qu'il manque un
élément important de contrôle.
M. Bellemare (Johnson): Un élément important, vous
l'avez, c'est cela. Ce ne sont pas des "ballounes". Ce n'est pas, mon cher
monsieur, de la démagogie, c'est simplement pour répondre au
ministère des Affaires municipales qui nous dit que tout est simple, que
cela va bien; je vous dis qu'on procède régulièrement dans
tous les domaines avec beaucoup de diligence; nous observons fidèlement
tout ce que l'honorable vérificateur nous dit. On se retourne, on lui
pose la question et il dit: Non...
M. Berthiaume: Je maintiens ce que j'ai dit. M. Bédard
(Chicoutimi): Ce n'est pas sérieux. M. Goldbloom: M. le
Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous maintenez ce que vous avez
dit tout à l'heure, que ce ne sont pas des questions sérieuses,
alors que le Vérificateur général dit que c'est
très important.
M. Berthiaume: Exactement!
M. Bédard (Chicoutimi): Cela montre jusqu'à quel
point vous êtes compétent.
Le Président (M. Picard): ... M. Bellemare (Johnson):
...
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, je demanderais
la parole, s'il vous plaît.
M. Berthiaume: ... on parle de compétence...
Le Président (M. Picard): L'honorable ministre.
M. Bédard (Chicoutimi): J'avais la parole, M. le
Président.
M. Goldbloom: J'avais demandé la parole...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j'avais la
parole.
Le Président (M. Picard): Sur le même point? M.
Goldbloom: Sur le même point.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur le même point
également, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Vous aussi, c'est sur le
même point?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, c'est sur le même
point.
M. Goldbloom: Continuons, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant ces formules dont parle
le Vérificateur général, est-ce qu'il pourrait nous dire
en quoi cela consiste exactement? C'est parce qu'il parle de certaines
formules. Est-ce qu'il pourrait nous dire aussi le nombre de cas que cela a pu
toucher, s'il est en mesure de nous le préciser?
M. Chabot: La remarque qui a été faite est une
remarque générale. Les formules et les changements qui s'y
rapportent doivent être approuvés par les officiers responsables
autorisés.
M. Bellemare (Johnson): C'est là que vous avez le devoir
de nous dire pourquoi c'est important, c'est sûr.
M. Chabot: Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, au
moment où on se parle, le dossier est présentement sur mon bureau
pour vérification pour l'année 1974/75.
On m'a informé que, pour ce cas en particulier, la situation
avait été corrigée.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais les formules
traitées dont vous parlez, c'était sur quel sujet exactement?
J'imagine que, pour faire une recommandation comme celle-là, vous avez
dû constater, dans nombre de cas, qu'une situation anormale se
retrouvait. C'est cela que je voudrais savoir. Pour en arriver à
formuler cette recommandation, pouvez-vous nous expliciter de quel genre de
formules on traitait exactement? Cela pouvait toucher combien de cas?
M. Couture (Roger): De mémoire, je ne peux pas vous dire
combien de cas. C'est plutôt une constatation générale. Par
exemple il pouvait s'agit de modifications au traitement des fonctionnaires,
soit un avancement d'échelon, de formules qui donnent avis de changer le
salaire d'un fonctionnaire. Ces formules de modification au traitement
n'étaient pas signées et devaient être approuvées
par des officiers responsables. C'est une constatation générale,
et on ne peut pas l'assimiler à des cas.
M. Goldbloom: M. le Président, si vous me permettez.
Je voudrais qu'une chose soit claire. Je suis arrivé au
ministère au début de 1973. Le sous-ministre actuel est
arrivé à la fin de cette année. Quand nous sommes
arrivés je vous rappelle que je ne suis pas comptable,
moi-même, M. le Président, je n'ai pas d'expertise dans le domaine
il est vrai qu'il y avait des formules qui ne portaient que la signature
du sous-ministre et, ensuite, celle du ministre, qui ne portaient donc pas la
signature de l'officier responsable.
Nous avons corrigé cette situation et, maintenant, toutes les
formules sont signées par l'officier responsable avant d'être
signées par le sous-ministre et par le ministre. Je voudrais qu'il soit
clair que cela a été corrigé. Je voudrais qu'il soit clair
aussi que le rapport du Vérificateur général est pour moi
un document important. C'est pour cette raison que j'ai rencontré le
Vérificateur général pour pouvoir, n'étant pas
comptable, mieux comprendre la portée de ses recommandations, et pour en
discuter ensuite avec mon sous-ministre, avec le directeur de la planification
budgétaire, avec le responsable de la comptabilité. Dans cet
esprit, j'ai essayé de faire corriger les choses qui étaient
recommandées par le Vérificateur général.
Entre comptables, comme entre médecins, comme entre
ingénieurs, on peut avoir des divergences de vues. Qu'un comptable au
ministère ne soit pas parfaitement d'accord avec les recommandations
détaillées du Vérificateur général, il me
semble que c'est son droit d'exprimer son avis professionnel et de dire: Je
pense que, dans l'administration courante et quotidienne, ce qui est
recommandé nous impose un fardeau additionnel, et d'arriver et de dire
au ministre:
La recommandation, tout en étant justifiée dans les
principes, nous impose un problème administratif additionnel.
Alors, c'est un jugement professionnel qui est porté de part et
d'autre, mais, quant à la volonté du ministre, il y a une
volonté claire que la comptabilité du ministère soit aussi
parfaite que possible et toute insinuation du contraire est malveillante et non
fondée.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, si vous
permettez. L'exposé que vient de nous faire le ministre concerne
certainement les formules de changement qui doivent être
approuvées par les officiers responsables. D'accord. Mais, dans son
rapport, puisqu'il dit qu'il respecte les données qui y sont comprises,
il y a les spécimens de signatures qui devraient être fournis
aussi. C'est cela qu'il demande au ministère des Finances.
Un instant. Et troisièmement, c'est qu'il devrait y avoir une
procédure supplémentaire. Le ministre ne nous a pas dit si cela
avait été établi. Il y a d'abord les spécimens qui
doivent être envoyés au ministère. Cela aussi est
important.
Le ministre d'Etat disait tout à l'heure que le
Vérificateur général devrait prendre lui-même
l'initiative d'aller chercher les spécimens. Ce n'est pas cela que le
Vérificateur général dit. Il dit que les spécimens
des signatures devraient être fournis au ministère des Finances.
Et troisièmement, dans sa remarque sur ces trois cas, il dit qu'une
procédure supplémentaire devrait être instaurée afin
d'être en mesure de vérifier, après paiement. Cela aussi
est important et le ministre ne nous a pas dit cela.
Si le ministre l'a fait, je suis bien prêt à l'entendre,
mais il y a trois sujets qui développent le premier et ceci est
important parce que le Vérificateur général a pris la
peine de l'expliciter d'une manière bien concrète.
M. Goldbloom: II y a deux fonctions administratives qui sont en
jeu ici. Il y a la reconnaissance par le ministre des Finances de la
validité des documents qu'il reçoit. La fourniture de
spécimens de signatures aide le ministre des Finances à
reconnaître la validité des documents.
Le ministère, sur ce point, dit ceci: Nos transactions sont quasi
quotidiennes et les signatures sont connues. Cela ne nous semble pas
créer un problème majeur.
Deuxième aspect administratif: C'est la vérification comme
telle. Le ministère dit que, pour les fins de la vérification, il
y aurait moyen de fournir au Vérificateur général des
spécimens de signatures pour que lui, ne se sentant pas aussi familier
avec les signatures habituelles, puisse vérifier que tout est dans
l'ordre.
Alors, il n'y a pas de mauvaise volonté là-dedans. Je
voulais faire la distinction entre les deux considérations
administratives.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre me répondrait-il
à ces deux questions, les deux suivantes de son rapport 1973, page 3-12,
deuxièmement. Il y a trois sujets. Il a répondu au premier. Les
spécimens de signatures devraient être fournis. Sont-ils fournis?
La procédure supplémentaire a-t-elle été
installée? Je n'ai pas encore eu de réponse sur cela. Simplement
parce que c'est dans le rapport du Vérificateur
général.
Si le ministre me dit: Oui, il y a eu des spécimens, à la
demande du Vérificateur général, qui ont été
fournis au ministère; oui, c'est fait. Eh bien, on va demander si c'est
fait. Et l'autre, y a-t-il eu une politique telle que le recommande... Une
procédure supplémentaire devrait être installée afin
d'être en mesure de vérifier, après paiement. S'il y a une
procédure supplémentaire, que le ministre nous dise oui! Et on va
demander si cela a été fait.
M. Goldbloom: Je vais m'informer.
M. Bellemare (Johnson): Ah! Le Vérificateur
général aurait-il la réponse pour 1974/75? Parce que, si
cela a été fait dans le deuxièmement....
M. Larose: Concernant les spécimens de signatures?
M. Bellemare (Johnson): Avez-vous constaté que c'est fait,
qu'on vous a donné les spécimens
des signatures, tel que recommandé dans le deuxième
paragraphe? Et troisièmement, la procédure supplémentaire
a-t-elle tété établie, instaurée pour
vérifier après paiement?
M. Larose: La première intervention que j'ai faite...
M. Bellemare (Johnson): Ce sont deux questions bien
spécifiques. Avez-vous vérifié?
M. Chabot: C'était au niveau des articles b) 1.2 i), les
spécimens de signatures. C'était seulement ce point qui
n'était pas corrigé.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'était pas corrigé.
M. Chabot: Quant aux deux autres points je l'ai dit
on m'avait fait part que la situation avait été
corrigée.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous avez
constaté qu'elle avait été corrigée ou si on vous a
simplement informé.
M. Chabot: Quand je dis informé, c'est parce que je n'ai
pas révisé le dossier. Ce sont les membres de mon équipe
qui m'ont informé qu'ils ont fait une vérification et ils en sont
venus à la conclusion que la situation avait été
corrigée.
M. Bellemare (Johnson): C'est une procédure
supplémentaire maintenant établie.
M. Chabot: Oui.
M. Bellemare (Johnson): On vous a transmis les spécimens
de signature tels que requis.
M. Chabot: On n'a pas d'évidence que les spécimens
de signature existent.
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez pas d'évidence qu'ils
existent.
M. Chabot: C'est le seul point qu'on n'a pas. Les autres...
M. Goldbloom: M. le Président, c'était la
réponse que je voulais donner. La procédure supplémentaire
a été instaurée selon la recommandation du
vérificateur. Moi non plus je n'ai pas la preuve que tous les
spécimens de signature ont été donnés.
M. Bellemare (Johnson): C'est ce qu'il vient de dire.
M. Berthiaume: Sur cette question de signature, M. le
Président, c'est un des cas où l'on diffère d'avis avec la
Vérificateur général. Différer d'avis avec le
Vérificateur général, ce n'est aucunement diminuer son
importance. Comme l'a expliqué le ministre des Affaires municipales
tantôt, il arrive souvent que des professionnels ne s'entendent pas sur
une question, mais cela n'empêche pas que ces personnes puissent se
respecter. Quand je dis que pour moi, à mon avis, et de l'avis du
contrôleur des finances, la question est relativement mineure; la preuve,
c'est que dans les deux rapports du Vérificateur général
il en fait mention au niveau des constatations. Lorsque quelque chose lui
paraît sérieux, lui paraît relativement important, il en
fait une recommandation spécifique. Ni en 1973, ni en 1974, le
vérificateur n'en fait une recommandation spécifique. C'est bien
au chapitre des constatations. Il constate. Il préférerait qu'on
ait des spécimens de signature. Comme je dis, ces gens qui ont à
transiger ensemble, transigent ensemble quotidiennement. Ils connaissent chaque
signature. Quand bien même au bureau du contrôleur des finances on
aurait un spécimen de signature dans un tiroir, il ne serait fort
probablement pas consulté à cause du fait que les gens se
connaissent et transigent régulièrement. Si le
député de Johnson m'écrit une lettre, sa signature est
assez particulière que je vais la connaître.
M. Bellemare (Johnson): Vous allez la reconnaître,
certainement. Il n'y a que moi qui signe comme cela.
M. Berthiaume: Je n'ai pas besoin de spécimen pour la
reconnaître. C'est la même chose pour la signature de M. Breton et
aussi la signature du ministre des Affaires municipales. Je la connais. Elle
est à peu près inimitable en ce qui me concerne, comme la
signature du député de Johnson. C'est dans ce sens que les gens
qui s'écrivent, qui se voient, qui se parlent quotidiennement ne sentent
pas le besoin d'instaurer ce mécanisme administratif quand même
assez lourd. Il faut, jusqu'à un certain point, porter un jugement et
voir si les coûts additionnels, au point de vue administratif, sont
justifiés par rapport aux bénéfices additionnels qui
pourraient être obtenus. A notre avis, la réponse est non. De
l'avis du Vérificateur général, c'est différent. On
ne s'entend pas sur cette question; mais j'insiste pour dire que c'est au
niveau de ces constatations et, dans ce sens, je lui donne une importance
relativement moindre que s'il nous avait fait une recommandation
spécifique.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je
comprends que le ministre d'Etat trouve plus ou moins importante la
recommandation du ministère...
M. Berthiaume: Ce n'est pas une recommandation, c'est justement
ce que j'essaie d'expliquer au député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, la
recommandation ou la constatation... M. le Président, on a la parole? Je
pense qu'il comprend mal cette constatation, cette recommandation qui a
été faite par le Vérificateur général.
M. Berthiaume: Expliquez-moi cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites que c'est plus ou moins
sérieux parce que les spécimens de signature, c'est aux fins
d'usage interne du ministère et que les employés, les
fonctionnaires se connaissent et connaissent leur signature. Si vous regardez
la recommandation comme il le faut, cette recommandation n'est pas faite au
niveau des spécimens de signatures pour l'usage interne...
M. Berthiaume: Le député de Chicoutimi, M. le
Président...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président (M. Picard): Voulez-vous vous
référer à une constatation et non à une
recommandation. Cela va régler le débat.
M. Bédard (Chicoutimi): La constatation... M.
Berthiaume: J'aime mieux cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Que vous aimiez mieux ou pas, ce
n'est pas cela qui est prioritaire.
M. Berthiaume:... pour rectifier les faits. C'est mon
privilège de député comme le sien et ce n'est pas parce
qu'il est dans l'Opposition qu'il a plus de privilèges que moi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le
ministre d'Etat dit que c'est peu sérieux, la question des
spécimens de signature, parce que c'est pour usage interne, que les
fonctionnaires se connaissent, etc. Mais s'il lit la constatation comme il le
faut: ... les spécimens de signature qui sont demandés... ce
n'est pas: qui doivent être fournis... Ce n'est pas au niveau du
ministère lui-même et des employés du ministère,
mais c'est pour des fonctionnaires d'autres ministères, entre autres le
ministère des Finances et le ministère de la Fonction
publique.
M. Berthiaume: Ce sont eux qui sont...
M. Bédard (Chicoutimi): Les spécimens des
signatures devraient être donnés au ministère des Finances
et au ministère de la Fonction publique.
M. Bellemare (Johnson): Cela ne coûte rien. ... oui, on va
le faire, s'il ne veut pas le faire.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous essayez de diminuer le sens
de la constatation qui a été faite par le Vérificateur
général.
M. Goldbloom: II me semble que nous avons ici une
préoccupation fondamentale. Si nous avons un Vérificateur
général, c'est pour assurer que les deniers publics soient
utilisés à bon escient et selon une procédure qui
évite la possibilité qu'ils soient utilisés à
mauvais escient. J'ai de la difficulté à croire que l'absence
d'un spécimen de signature dans un tiroir permette aux deniers publics
d'être utilisés à mauvais escient.
M. Bellemare (Johnson): C'est pour ça qu'il le demande,
dites donc plutôt que cela va se faire. Si ça prend un mois, si
ça prend deux mois...
M. Goldbloom: Pour la perfection du système de la
comptabilité.
M. Bellemare (Johnson): Alors, ça va être plus
simple.
M. Goldbloom: II n'y aurait pas de tempête dans un verre
d'eau.
M. Bellemare (Johnson): C'est sûr, salut bien!
M. Bédard (Chicoutimi): Dans son rapport, le
Vérificateur général, à la page 417, constatation 1
a...
M. Bellemare (Johnson): Vous allez être content, je m'en
vais.
M. Bédard (Chicoutimi): ... parle de ceci et dit, entre
autres: "Notre analyse des différentes subventions versées en
vertu des programmes établis pour aider financièrement les
municipalités a révélé une certaine
équivoque à l'égard de l'application desdits programmes en
fonction de la classification budgétaire des montants octroyés."
A la recommandation C-4, ce n'est pas à "Constatations", le
Vérificateur général recommande au gouvernement...
Le Président (M. Picard): Quel numéro?
M. Bédard (Chicoutimi): Recommandations, page 420, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Recommandation C, quel
numéro?
M. Bédard (Chicoutimi): 1.
Le Président (M. Picard): Recommandation C-1.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça. Le
Vérificateur général demande au gouvernement d'expliciter
davantage les divers programmes d'aide financière aux
municipalités afin de favoriser une meilleure classification
budgétaire et en conséquence permettre une évaluation plus
juste du coût de chacun des programmes. A la recommandation C-4, il
recommande au gouvernement de: "Prendre les dispositions nécessaires
à l'effet que tous les dossiers d'octroi de subventions comportent les
renseignements pertinents à la prise de décision."
Là-dessus, je voudrais poser la question suivante au
vérificateur, à savoir, dans le sens de ces deux recommandations,
est-ce que le vérificateur
peut nous expliquer comment, actuellement, une subvention municipale
est-elle octroyée? Est-ce qu'il y a des critères très
précis?
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, mais je pense
que la question n'est pas comment les subventions sont octroyées, mais
plutôt comment elles sont comptabilisées.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le
vérificateur...
M. Berthiaume: C'est important, cette distinction, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas comptabilisé
seulement. A la recommandation 4, le vérificateur dit textuellement:
"Prendre les dispositions nécessaires à l'effet que tous les
dossiers d'octroi de subventions comportent les renseignements pertinents
à la prise de décision." C'est d'autant plus important que, quand
on sait qu'il y a déjà des municipalités comme Beaumont
qui ont reçu des subventions alors qu'elles n'en avaient même pas
fait la demande et que, lors de l'étude des crédits, nous avons
essayé, par tous les moyens possibles, d'obtenir du ministre des
Affaires municipales de nous expliciter selon quels critères les
subventions sont données, je pense qu'alors, le
vérificateur...
M. Goldbloom: M. le Président, je regrette... M.
Berthiaume: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Un instant, s'il vous
plaît. Ce n'est pas au Vérificateur général de dire,
dans un rapport, quels sont les critères utilisés pour l'octroi
de subventions.
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'il nous dise quels sont...
Le Président (M. Picard): Qu'il nous dise s'ils ont
été observés, d'accord, mais c'est une question
comptable.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président (M. Picard): Est-ce que je pourrais demander
au Vérificateur général de prendre cette recommandation
C-4 et de nous expliquer exactement dans quel sens vous appliquez cette
réglementation?
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites, entre autres,
qu'il y a certains dossiers d'octrois qui ne comportent pas les renseignements
pertinents à la prise de décision.
M. Berthiaume: Cela...
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez donc répondre le
vérificateur, vous avez bien peur.
M. Berthiaume: Je ne veux pas que le député de
Chicoutimi soit hors d'ordre, j'insiste, parce qu'on ne parle pas de la
politique du ministère des Affaires municipales, mais qu'on parle du
contrôle, de la vérification et de la comptabilité.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais attendre la réponse
du vérificateur.
M. Chabot: Pour répondre d'une façon plus explicite
à une recommandation, il faut se référer à la
constatation 4-19 2b), renseignements consignés au dossier.
Ce qui se dégage de cette recommandation, c'est que, lors de
notre vérification, nous avons fait un sondage de quelques dossiers et
nous en sommes venus à la conclusion qu'au niveau de la direction
générale de l'administration municipale, il y avait des cas
isolés où nous n'avons pas eu l'évidence dans les dossiers
qu'une étude de l'analyse financière de la demande de subvention
avait été faite.
La raison de cette recommandation, c'est qu'on veut que chaque demande
de subvention soit analysée uniformément, en ce sens qu'on
retrouve dans un dossier la preuve qu'il y a eu un travail de fait, au niveau
de la direction générale de l'administration municipale, en ce
qui nous concerne présentement.
S'il s'est fait des analyses à d'autres niveaux ou d'autres
ministères, veuillez prendre note que cette remarque s'applique
uniquement au niveau de la direction générale de l'administration
municipale.
Le Président (M. Picard): L'honorable ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai bien noté que
c'est dans des cas isolés que cette absence de documents a
été remarquée dans le passé. Je voudrais
déclarer qu'aujourd'hui je signe dans chaque cas une feuille d'analyse
et que c'est après cela que la demande est formulée au Conseil du
trésor.
Il y a dans chacun des dossiers des analyses assez précises
maintenant, conformément à ce que demande le Vérificateur
général. C'était dans des cas isolés, dans le
passé, pour des raisons que j'ignore, qu'il y a eu des absences de
documents.
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque le Vérificateur
général parle de cas isolés, pourriez-vous nous dire
combien il y en avait?
M. Chabot: C'est trois. M. Bacon: Trois cas.
M. Chabot: Ce n'est pas trois cas; c'est sur l'ensemble de toutes
les demandes. Il faut se comprendre. C'est trois cas sur neuf sondages, sur le
nombre d'échantillons qu'on a vérifiés.
M. Bédard (Chicoutimi): Trois cas sur le nombre
d'échantillons.
M. Chabot: Et non pas trois cas sur l'ensemble des demandes de
subvention.
M. Bédard (Chicoutimi): Quel était le nombre
d'échantillons? Est-ce que cela veut dire 30%?
Le Président (M. Picard): Question antiparlementaire. Il
ne peut pas nous donner en pourcentage un chiffre absolu à partir d'un
échantillonnage...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, s'il est
capable de nous dire le nombre de cas que représente
l'échantillonnage dont il parle et le nombre de cas où il a
constaté des anomalies, je pense qu'on est capable de tirer nos
conclusions.
Le Président (M. Picard): Je ne fais que
répéter l'affirmation faite par le vérificateur lors d'une
séance précédente.
M. Larose: En ce qui nous concerne, nous procédons
à partir de sondages. Lorsqu'on dit quelques cas isolés, on ne
peut pas conclure que ce sont les seuls cas qui peuvent exister dans l'ensemble
du ministère.
Par ailleurs, je pense qu'à partir d'un sondage ordinairement
orienté sur des échantillonnages statistiques, on ne peut pas non
plus tirer des conclusions financières d'un sondage restreint.
M. Bacon: Dans vos trois cas sur neuf, cela veut dire qu'il y a
30% des dossiers...
M. Chabot: Nous n'avons pas dit trois cas sur neuf.
M. Bacon: Vous n'avez pas dit un échantillonnage de neuf
tantôt?
M. Chabot: Non, non.
M. Larose: On n'a pas le nombre d'échantillons. On ne l'a
pas ici, à notre disposition.
M. Bacon: Vous ne l'avez pas?
M. Larose: Non. Nous ne prévoyions pas être
questionnés spécifiquement là-dessus. On a trois cas, on
sait que c'est trois cas, mais on n'a pas le nombre total...
M. Bacon: M. le Président, permettez-moi d'insister, mais
il me semble que, tantôt, vous avez parlé de votre
échantillonnage de neuf dossiers.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez dit neuf, sur neuf cas,
tout à l'heure.
M. Bacon: Et trois sur neuf, cela faisait conclure, en fait,
qu'il y avait 30% des dossiers qui... Votre échantillonnage, en nombre,
serait d'à peu près combien? Vous ne l'avez pas?
M. Larose: On ne l'a pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que cela peut être
neuf cas?
M. Bacon: Mais trois cas sur combien? Vous n'avez pas en main
l'échantillonnage que vous avez pris, en nombre? Un dossier? Dix
dossiers? Quinze dossiers? Trois dossiers sur combien?
M. Larose: Si nous avions pensé être
questionnés sur ce sujet, nous aurions apporté les dossiers, mais
on ne le savait pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous faites une recommandation
très précise là-dessus.
M. Larose: Oui, mais on étudie 600 pages de dossiers.
M. Bellemare (Johnson): On étudie le rapport, M. le
vérificateur.
M. Larose: On est prêt à vous le donner cet
après-midi, mais donnez-nous le temps d'aller chercher nos dossiers.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous vous êtes
peut-être trompé tout à l'heure, mais je pense que vous
avez spécifié que sur neuf cas, il y avait trois cas.
M. Chabot: Si j'ai dit neuf, il n'est pas question de neuf, parce
que je n'ai pas le chiffre exact qui peut représenter le nombre
d'échantillons. Mais, tout ce que je peux dire, c'est que c'est un
échantillonnage restreint que nous avons fait.
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque vous parlez de la
nécessité d'une analyse, avant l'octroi d'une subvention, par
rapport à certains dossiers que vous avez étudiés,
financière plus élaborée, qu'est-ce que vous entendez par
là?
Tout à l'heure, dans votre réponse, vous avez dit
qu'à un moment donné il y avait certaines subventions qui
étaient données et vous avez constaté, dans certains
dossiers, que l'évaluation financière n'était pas
suffisante. Qu'est-ce que vous entendriez par une anlyse financière
valable avant que des subventions puissent être données?
M. Chabot: Ce qui arrive c'est que le ministère a des
pratiques internes ou des critères, comme vous voulez, qui lui
permettent de porter un jugement sur une demande de subvention. A l'aide de ces
critères ou de ces pratiques internes du ministère, il...
M. Bédard (Chicoutimi): Quels devraient être ces
critères?
M. Chabot: Pardon?
M. Bédard (Chicoutimi): Quels devraient être ces
critères?
M. Chabot: Ce sont des critères internes que
le ministère juge à propos de se dicter, étant
donné qu'il n'y a pas de loi spécifique ou de règlement
régissant l'octroi des subventions.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que...
M. Chabot: II a un pouvoir discrétionnaire. Afin de
décider de son orientation, il a certaines normes internes qu'il essaie
de... C'est justement la direction générale de l'administration
municipale qui étudie chaque demande de subvention. A l'intérieur
du dossier de la municipalité, on retrouve une analyse de la demande.
Dans trois cas isolés qu'on a mentionnés, on n'a pas
retrouvé cette analyse financière. C'est tout simplement
cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous parlez...
M. Berthiaume: Dans le cas de cette procédure, le
ministère nous informe qu'effectivement, maintenant, il a
resserré les contrôles de façon que la documentation soit
disponible. C'est une question de contrôle encore une fois. La raison
antérieure à cela, dans les cas dont on parle, qu'il y en ait
trois ou plus, peu importe ce sont des cas relativement isolés
c'est que la décision n'émanait pas seulement du
ministère des Affaires municipales, mais il pouvait y avoir d'autres
ministères, comme le ministère des Finances ou le conseil
exécutif qui pouvaient être impliqués dans le processus
décisionnel. La documentation n'était pas complète.
Suite aux remarques du Vérificateur général, le
ministère nous informe que les intéressés ont pris les
mesures de façon que la documentation soit complète, supportant
les subventions concernées.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, lorsque le
Vérificateur général spécifie l'octroi de
subventions selon des critères pour employer votre expression
que le ministère juge à propos de se donner, j'imagine
que, dans votre analyse, vous avez été en mesure de voir
très précisément s'il y avait des critères
précis que se donnait le ministère.
M. Berthiaume: M. le Président, question de
règlement. C'est une question de règlement. J'ai entendu la
question. Je demanderais simplement au député de Chicoutimi de
préciser de ce qu'il entend par "critères".
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce que je veux faire
préciser, les critèies, avant d'octroyer certaines subventions ou
encore, pour avoir les renseignements nécessaires, pour employer
plutôt les mots du vérificateur...
M. Berthiaume: Les critères et les renseignements, cela ne
m'apparaît pas comme étant la même chose.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je pense
que le vérificateur va pouvoir répondre, si c'est le cas.
M. Berthiaume: M. le Président, je vais être
obligé de m'opposer sur une question de règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez dit qu'elle était
permise.
Le Président (M. Picard): S'il pose la question à
savoir si le vérificateur a constaté qu'il existait certains
critères, je me dois d'accepter la chose. Mais lorsqu'il a
mentionné tantôt: Quels étaient les critères que le
vérificateur considérait comme importants dans l'octroi des
subventions? Cette question est non recevable, elle devrait aller aux
crédits. Si vous posez la question, comme je l'ai dit tantôt,
à savoir si, lors de l'étude des documents, le
vérificateur a constaté qu'il y avait certains critères
dans l'octroi des subventions, je me dois de le laisser répondre.
M. Berthiaume: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Je veux d'autant la poser que je
dois vous faire remarquer que la question que vous permettez, on l'a
posée maintes et maintes fois à l'étude des crédits
sans avoir de réponse. Alors, peut-être qu'on peut en avoir une de
la part du Vérificateur général. Est-ce que, dans votre
analyse des dossiers, vous avez été en mesure de constater s'il y
avait des critères précis que se donnait le ministère
avant de procéder à l'octroi de subventions?
M. Chabot: Le ministère, effectivement, a des
critères internes qui...
M. Bédard (Chicoutimi): Lesquels? Est-ce que vous pouvez
nous dire lesquels? Pouvez-vous expliciter?
M. Chabot: Ce sont des critères de nature interne. Ils ne
sont pas officiels, ces critères. Comme je vous l'ai dit tout à
l'heure, c'est un outil que le ministère s'est donné pour savoir
si chaque demande est recevable ou non ou dans quel ordre elle est
recevable.
M. Larose: Je crois que la question devrait être
dirigée au ministère. Quant à nous, nous nous assurons de
l'application des critères que le ministère s'est donnés.
Quant au reste, je pense que la question doit être dirigée au
ministère.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, je pourrais peut-être
diriger ma question au ministre d'Etat, qui pourrait répondre. On nous a
demandé de référer la question au ministère,
concernant les critères. Est-ce que vous seriez en mesure de nous
dire...
M. Berthiaume: M. le Président, vraiment...
Le Président (M. Picard): Vous n'êtes pas
obligé de répondre à cela.
M. Berthiaume: Pardon?
Le Président (M. Picard): De la façon que vous est
posée la question...
M. Berthiaume: C'est ce que je pense. Je n'étais pas
présent, remarquez bien, mais le sous-ministre des Affaires municipales
me dit qu'à l'étude des crédits, ce genre de question a
été discuté longuement, pendant plusieurs séances
même. Je vais dire que, sur le plan de la légalité, il
pourrait n'y avoir aucun critère, et ce serait encore légal,
puisque les subventions sont discrétionnaires. Je ne dis pas que, dans
les faits, il n'y a pas de critères...
M. Bédard (Chicoutimi): Des critères
discrétionnaires!
M. Berthiaume: ... et que le ministère ne se base pas sur
une certaine rationalité pour octroyer ces subventions. Cette question
relève de la politique du ministère et ne relève pas de la
comptabilité du ministère ou de la vérification. C'est
dans ce sens que je ne crois pas que ce soit à cette commission
parlementaire qu'il faille poser cette question des critères. A
l'étude des crédits, c'est la place.
M. Bédard (Chicoutimi): On continue à ne pas avoir
de réponse, tout simplement. On peut presque en conclure qu'il n'y a pas
critères précis. Je voudrais quand même savoir une chose
c'est ma dernière question là-dessus du
Vérificateur général, à sa recommandation c), sa
quatrième recommandation, lorsqu'il recommande au gouvernement de
prendre les dispositions nécessaires pour que tous les dossiers d'octroi
de subventions comportent les renseignements pertinents à la prise de
décisions. Pouvez-vous expliciter ce que vous entendez par
renseignements pertinents? Quels sont les renseignements qui vous ont
manqué dans certains dossiers?
M. Chabot: La principale pièce pertinente manquante dans
les trois cas isolés que j'ai mentionnés tout à l'heure,
c'était l'analyse financière qui n'était pas au dossier de
chacun.
M. Bédard (Chicoutimi): L'analyse financière de la
municipalité à qui on donnait une subvention.
M. Chabot: C'est cela.
M. Berthiaume: M. le Président, est-ce que je peux
demander au Vérificateur général s'il est en mesure de
nous dire s'il existe encore des cas comme cela? Autrement dit, est-ce
qu'à son avis les procédures au ministère des Affaires
municipales ont été corrigées ou si cette situation doit
revenir dans son rapport de 1975?
M. Bédard (Chicoutimi): II pourrait lui-même nous
dire si cela a été corrigé.
M. Chabot: Concernant les données financiè- res du
rapport 1975, nous n'avons pas vérifié le programme particulier
qui concerne la remarque faite dans notre rapport de 1973/74.
Toutefois, je peux vous assurer qu'on a vérifié un autre
programme de subventions, et les renseignements étaient consignés
au dossier.
M. Berthiaume: M. le Président, le sous-ministre des
Affaires municipales m'informe qu'effectivement les mesures ont
été prises de façon que la documentation supportant les
subventions soit complète.
M. Bédard (Clicoutimi): Sur le dossier proprement dit,
celui dont on vous parle, vous n'avez pas eu l'occasion de constater encore si
des correctifs ont été apportés.
M. Chabot: On n'a pas fait un travail spécial pour
s'assurer que c'était corrigé; mais comme je vous l'ai dit, on a
vérifié, dans le même sercice qui administre un autre
programme de subventions, et les renseignements pertinents étaient au
dossier.
Société d'habitation du
Québec
M. Bédard (Chicoutimi): La Société
d'habitation du Québec, M. le Président.
Une question générale, concernant la Société
d'habitation du Québec. Dans votre dernier rapport, comme dans le
précédent, d'ailleurs, vous aviez insisté sur
l'inefficacité et l'insuffisance des contrôles administratifs
à la Société d'habitation du Québec. Or, depuis le
précédent rapport, on a dû, tardivement, faire une
enquête quasi policière à la Société
d'habitation du Québec pour certaines causes de tripotage de fonds
publics et de faiblesse administrative.
Aviez-vous remarqué des indices de ce genre, à
l'intérieur de l'analyse que vous avez faite concernant la
Société d'habitation du Québec?
A la page 5-72 de vos recommandations, concernant l'article 6.B, le
contrôle interne et comptable, vous spécifiez: "Dans les rapports
annuels de vérification des comptes de la société pour les
années antérieures, nous avons mis en relief
l'inefficacité et l'insuffisance de certains contrôles
administratifs, financiers et comptables.
M. Larose: Oui. Votre question couvre deux points. En ce qui
regarde... En premier lieu, je pense que depuis les trois dernières
années, à tout le moins, dans tous les rapports que nous avons
produits, nous avons critiqué les systèmes de contrôle
administratif, financier et comptable de la Société d'habitation
du Québec, dans les trois rapports que vous avez devant les yeux.
Il y a e aussi le travail d'enquête qui a été fait
par un autre comité, qui en arrive aussi aux mêmes conclusions.
Lorsque vous parlez, par exemple, de questions de tripotage, quant à
nous, nous n'avons rien vu qui mettait en cause les fonds mêmes de la
Société d'habitation du Québec, et nous n'avons rien dit
à cet égard. Par conséquent, nous ne voulons pas nous
prononcer sur cette question...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'était pas votre
travail.
M. Larose: Nous ne sommes pas en cause sur cette partie de la
question. Nous n'avons rien vu démontrant que les fonds de la
société auraient été tripotés. Nous n'avons
pas fait rapport à cet égard.
Mais sur l'aspect des contrôles financiers, administratifs et
comptables, nous avons constaté des faiblesses et nous les avons
rapportées. Je pense que le comité qui a fait rapport aussi en
est arrivé aux mêmes conclusions par la suite.
M. Bédard (Chicoutimi): A tous les rapports que vous avez
faits, vous avez constaté et vous avez souligné au gouvernement
cette inefficacité concernant les contrôles administratifs,
financiers et comptables. Maintenant, d'année en année, vous
n'avez pas vu de correctifs également.
M. Larose: A notre point de vue, cela ne s'est pas
amélioré beaucoup puisque nous avons eu à
répéter à peu près les mêmes observations
d'une année à l'autre.
M. Berthiaume: Sur cette question, je tiens à souligner,
encore une fois, que les rapports de 1973 et de 1974 nous sont parvenus
à peu près en même temps et que très peu de temps
après la réception de ces rapports, une enquête, à
laquelle on a fait allusion, a été commandée, elle a
été présidée par Me Jacques Gilbert. Dans ce sens,
le ministre des Affaires municipales et de l'environnement a pris ses
responsabilités et j'ai également à mes
côtés, M. Dauphin, membre de la SHQ, qui pourrait peut-être
nous donner un peu l'historique de la situation depuis l'enquête qui a
été faite par Me Jacques Gilbert.
M. Bédard (Chicoutimi): Préalablement aux
explications concernant la Société d'habitation du Québec,
j'aurais peut-être une autre question à poser au
Vérificateur général. A partir de quelle année
avez-vous mentionné au gouvernement l'inefficacité et
l'insuffisance des contrôles administratifs, financiers et comptables? Je
pense que cela se retrouvait également dans votre rapport de 1972.
M. Larose: 1971.
M. Bédard (Chicoutimi): En 1971?
M. Larose: Dans notre rapport de 1972/73, vous pouvez lire
à peu près ce qui suit, à la page 4-43: "Dans le rapport
annuel des vérifications des comptes de la société pour
les années terminées les 31 mars 1972, 1971, 1970, nous avons
fait état de l'inefficacité et de l'insuffisance de certains
contrôles administratifs, financiers et comptables."
M. Bédard (Chicoutimi): Je tenais à le faire
souligner parce que l'excuse que nous apporte le ministre d'Etat, à
chaque reprise, selon laquelle les rapports de 1972 et de 1973 ont
été produits ensemble, ne vaut pas pour cette situation à
la Société d'habitation du Québec puisque c'était
déjà mentionné, comme le dit le Vérificateur
général, d'une façon très précise dans le
rapport de 1972 et peut-être même de 1971.
M. Berthiaume: Si vous me permettez... A la page 5-72 du rapport
de 1974...
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, ce qui veut dire...
M. Berthiaume: ... le Vérificateur général
dit que pour l'année 1973/74, il y a eu amélioration au point de
vue du contrôle financier et comptable à l'intérieur de
certains groupes administratifs de la société.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela fait donc depuis 1972
au-delà de trois ans que des anomalies ont été
très clairement exprimées au gouvernement concernant
l'inefficacité et l'insuffisance de contrôle. D'ailleurs, le
Vérificateur général vient de nous dire, tout à
l'heure, que la situation ne s'était pas améliorée
beaucoup depuis ce temps.
Je pense que cela fait le portrait global de la situation.
M. Berthiaume: En 1974, il dit que cela a été
amélioré.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais cela n'enlève pas
la négligence du gouvernement qui, dès 1972, savait ce qui en
était. Si j'ai tenu à demander à partir de quelle
année le Vérificateur général avait fait ses
remarques au gouvernement, c'est pour qu'on ne nous apporte pas constamment
l'argument selon lequel les rapports de 1973 et 1974 ayant été
produit ensemble... A ce moment, c'était difficile de donner des
recommandations.
Au contraire, je veux mettre en lumière, très
précisément, que ces recommandations avaient été
faites bien avant, soit en 1972 et, comme le dit le Vérificateur
général, peut-être même en 1971 et que, malgré
cela, les correctifs nécessaires n'ont pas été
apportés.
C'est ce qui a fait qu'il y a eu une mauvaise utilisation des fonds
publics et ce qui a apporté comme conséquence, M. le
Président, la nécessité d'un comité d'enquête
qui a accouché d'un rapport, le rapport Gilbert, qui explicite
très bien toutes les anomalies incroyables qui peuvent exister à
l'intérieur de la Société d'habitation du Québec.
Si le gouvernement avait donné suite aux premières
recommandations faites par le Vérificateur général en
1972, et peut-être même en 1971, à ce moment-là, les
correctifs, s'ils avaient été apportés, auraient
peut-être eu comme conséquence que la situation n'aurait pas
empiré et on n'aurait pas été obligé d'en venir
à la formation d'un comité d'enquête, avec comme conclusion
le rapport Gilbert, qui a montré jusqu'à quel point, au niveau de
la Société d'habitation, c'était le bordel qui
régnait.
M. Berthiaume: M. le Président, quant à ce que je
disais tantôt, je me rapportais aux rapports de 1973 et 1974. Si on parle
de celui de 1972, cela va, mais, à ce moment, je suis obligé de
dire qu'en 1973, soit antérieurement à la réception du
rapport de 1972, les structures de la SHQ ont été
modifiées. En 1973, il semble que les structures administratives
étant nouvelles, les gens n'étant pas tous en place, le personnel
qu'il fallait, les effectifs nécessaires n'étant pas en place,
cela peut expliquer, jusqu'à un certain point, le retard à
apporter les correctifs dont on parle. Mais de là à dire qu'en
1972, il y a eu un rapport et que le gouvernement n'a pas agi, je pense que
c'est faux. Effectivement, les structures administratives de la
société ont été changées en 1973 dans
l'espoir, justement, de pallier ces difficultés.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela n'a pas été
changé pour le mieux puisqu'on a abouti au rapport Gilbert. Il n'est pas
question d'en faire état ici, je sais que ce n'est pas la place, M. le
Président, mais s'il fallait se référer à toutes
les anomalies incroyables le nombre est incalculable qui sont
exprimées dans le rapport Gilbert, on pourrait voir que les
transformations qui ont pu être faites n'ont pas été des
plus efficaces.
M. Berthiaume: C'est évident...
M. Bédard (Chicoutimi): Après cela, même s'il
y a des changements de structures, cela ne donne pas ouverture à jouer
avec les fonds publics.
M. Berthiaume:... qu'il y a eu des problèmes à la
SHQ. C'est pour cette raison que le ministre des Affaires municipales a
recommandé l'enquête dont on parle. On ne peut pas nier qu'il y a
eu des problèmes à la SHQ. A cet égard, je pense qu'on a
pris nos responsabilités...
M. Bédard (Chicoutimi): On ne sait pas si vous avez pris
vos responsabilités. D'une façon générale, le
rapport Gilbert dit très précisément qu'il n'y a aucune
politique de l'habitation, qu'il n'y a aucune élaboration d'une
politique d'habitation qui est la responsabilité du ministère et
du ministre des Affaires municipales. Il s'est gardé cette
responsabilité. Il n'y a aucun indice, à l'heure actuelle, qu'une
telle politique existe. Au contraire, la seule image qu'on a, M. le
Président, c'est...
Le Président (M. Picard): Un instant, à l'ordre!
Est-ce qu'il y a d'autres questions sur la Société d'habitation
du Québec? Parce que le temps est déjà...
M. Bédard (Chicoutimi): Seulement pour dire, M. le
Président, que la seule image qu'on a, c'est que la situation confuse
continue et on l'a vu...
M. Berthiaume: Le député de Chicoutimi devrait
être informé. J'ai dit tantôt que j'avais avec moi un des
membres de la société, M. Dauphin, qui était prêt
à faire l'historique de la situation.
M. Bédard (Chicoutimi): Avant de... Dans les
historiques...
M. Berthiaume: Le député de Chicoutimi n'a pas
l'air de vouloir avoir les renseignements...
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends difficilement
l'attitude du ministre d'Etat. Il est prêt à nous faire des
historiques quand on discute d'un sujet précis, à savoir le
Vérificateur général; il est prêt à nous
donner un historique quand il s'agit d'un cas précis comme la
Société d'habitation du Québec et, lorsqu'on essaie de
s'informer sur les critères du gouvernement quand c'est le temps de
donner des subventions aux municipalités, il n'est même pas
capable de nous répondre. Mais quand c'est un sujet chaud comme la
Société d'habitation du Québec, il essaie de nous endormir
avec un historique. Ce n'est pas un historique qu'on veut. Il est là,
l'historique comptable. En 1972, le vérificateur a dit, très
précisément, qu'il y avait insuffisance et inefficacité au
point de vue de certains contrôles administratifs, comptables et
financiers. Il l'a même dit en 1971 et il l'a fait remarquer tout
à l'heure. Il l'a redit encore, on le voit dans ses rapports en 1973 et
en 1974. Il me semble que l'historique est clair de ce côté. Tout
ce qu'on veut savoir... J'aimerais bien mieux le savoir du Vérificateur
général que de le savoir à la suite d'un exposé
théorique sur l'historique de la Société d'habitation du
Québec. Ce que je veux savoir, de la part du Vérificateur
général, c'est s'il y a des améliorations précises
qui ont été faites et en quoi consiste cette inefficacité
et cette insuffisance. C'est ce que je veux savoir. Tout à l'heure, le
vérificateur nous a dit que cela ne s'était pas
amélioré beaucoup. Je ne pense pas que ce soit une bonne note
pour le gouvernement, M. le Président, mais je voudrais savoir...
M. Berthiaume: M. le Président, la partisane-rie du Parti
québécois et du député de Chicoutimi, entre autres,
à qui j'ai offert de dire ce qui avait été fait depuis le
rapport Gilbert, pour pallier ces difficultés, le député
de Chicoutimi ne veut pas les savoir...
Peut-être qu'il y a d'autres députés qui seraient
intéressés à le savoir.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais vous dire bien franchement
que je n'ai aucune confiance dans les offres je les prends avec
réticence que fait le ministre d'Etat. Tout à l'heure, on
posait des questions...
M. Berthiaume: Partisanerie politique, parti-sanerie
politique.
M. Bédard (Chicoutimi): ... au Vérificateur
général sur des sujets très précis...
M. Berthiaume: Aucun sérieux.
M. Bédard (Chicoutimi): ... il se permettait de dire que
ce n'était pas sérieux, alors que le Vérificateur
général disait que c'était très sérieux.
M. Berthiaurne: Aucun sérieux.
M. Bédard (Chicoutimi): On demande des informations sur
les critères d'octroi des subventions, on dit non.
M. Berthiaume: Ce n'est pas la place.
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez-nous tranquille avec votre
historique. Si vous voulez parler de l'historique comptable et des correctifs
qui ont été apportés, d'accord.
M. Berthiaume: C'est bien de ça dont je veux parler depuis
tantôt. Le député ne veut pas le savoir. Il veut faire son
show.
M. Bédard (Chicoutimi): Qu'est-ce que le
vérificateur voulait dire très précisément quand il
nous a affirmé, tout à l'heure, que la situation ne
s'était pas améliorée de beaucoup, pour employer son
expression.
M. Couture: Au rapport du 31 mars 1974, à la page 5-72, au
deuxième paragraphe, de la section B, il est dit: "Pour l'année
1973/74, il y a eu amélioration au point de vue contrôle financier
et comptable à l'intérieur de certains groupes administratifs de
la société. Ceux-ci ont pu préparer, à notre
demande, les relevés des principales données financières.
Par contre, le personnel comptable de la société n'a pas
été en mesure d'introduire un système approprié de
coordination ou d'information administrative et financière, d'apporter
des améliorations requises au système de comptabilité qui
prévaut actuellement et même d'enregistrer toutes les
données financières à la préparation des
états financiers au 31 mars 1974". Cela résume ce qui a
été fait.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une recommandation de
taille, M. le Président: On n'a même pas toutes les données
financières nécessaires à la préparation des
états financiers au 31 mars 1974, depuis 1972.
Si on veut nous donner des explications sur la deuxième partie,
d'une part, le vérificateur dit qu'il y a eu certaines
améliorations, mais, par contre c'est ça qui est important
tel qu'il l'explicite, le personnel comptable de la
société n'a pas été en mesure d'introduire un
système approprié de coordination. Il n'a même pas toutes
les données nécessaires à la préparation des
états financiers au 31 mars 1974. J'espère qu'il va avoir, au
moins, toutes les données nécessaires au 31 mars 1975.
Est-ce qu'il peut nous dire si, là-dessus, il y a eu
amélioration?
M. Berthiaume: Le député de Chicoutimi me parle? Je
pensais qu'il parlait au Vérificateur général. Tout
à l'heure, il n'avait pas l'air de vouloir avoir des renseignements de
ce côté-ci de la table.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous pou- vez nous dire
si, aux points auxquels vous voyez qu'il n'y a pas eu d'amélioration,
des correctifs ont été apportés?
M. Larose: Si vous me permettez, pour l'année
financière de la société, cela a été
changé, c'est maintenant au 31 décembre au lieu d'être au
31 mars. Nous complétons actuellement la vérification au 31
décembre 1974.
M. Bédard (Chicoutimi): Qui a eu l'idée de ce
changement?
M. Larose: La loi a été modifiée l'an
dernier. Je pense bien que le but du changement... nous respectons les lois. On
peut dire que, pour la préparation des états financiers au 31
décembre 1974, nous rencontrons encore beaucoup de difficultés,
sans aucun doute.
M. Bédard (Chicoutimi): Quelles difficultés?
M. Larose: Les livres n'étant pas préparés
et à jour de façon satisfaisante, à notre goût,
évidemment, ils ne sont pas prêts, de façon
définitive, pour qu'on puisse commencer une vérification.
Normalement, lorsque vous faites la vérification d'une entreprise,
l'entreprise doit vous soumettre des états financiers,
préparés par l'entreprise. Nous allons là pour
vérifier l'exactitude de ses états financiers. Evidemment, quant
aux états financiers de l'entreprise, il y a eu des corrections qui ont
été faites encore dernièrement.
Disons que, depuis le 31 décembre 1974, ç'a
été assez long pour préparer les états financiers
de la société par le personnel de la société. Ce
qui entraîne pour nous beaucoup de travail additionnel.
J'aimerais ajouter ceci: Depuis que M. Saul-nier a été
nommé président, il nous a demandé si nous ferions un
travail particulier à la société, celui d'analyser le
fonctionnement du service de la trésorerie de la société,
de lui faire des recommandations à cet effet et, en même temps
d'examiner également le fonctionnement du service de contrôle
interne.
Nous avons commencé ce travail cette semaine, à la demande
du président de la société.
M. Bédard (Chicoutimi): Pas d'autres questions, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Pas d'autres questions?
Nous allons maintenant passer à l'étude des rapports
concernant le ministère du Revenu.
Transports
A l'ordre, s'il vous plaît! Au lieu du ministère du Revenu,
nous allons maintenant étudier les trois derniers rapports annuels pour
le ministère des Transports. Le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 4-178, cer-
taines constatations sont faites par le Vérificateur
général concernant le contrôle interne. Vous avez
noté, entre autres, que les procédures comptables du Bureau des
véhicules automobiles étaient déficientes sur au moins
cinq points qui sont énumé-rés à la page 4-178.
Voici ce que je voudrais savoir. Pour chacun des cinq points, est-ce que
ces procédures comptables auraient pu entraîner des pertes pour le
Bureau des véhicules automobiles du Québec ou encore pour-e
ministère du Revenu? Si c'est le cas, j'aimerais savoir de quel ordre
auraient pu être ces pertes, soit pour le Bureau des véhicules
automobiles ou soit pour le ministère du Revenu.
M. Larose: A quelle page, M. le député?
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 4-178, le contrôle
interne. Vous notez certaines anomalies. Ce que je veux savoir, c'est si, pour
chacun des cinq points que vous mentionnez, ces procédures comptables
qui étaient employées, dans lesquelles vous décelez des
anomalies, auraient pu entraîner des pertes pour le Bureau des
véhicules-automobiles ou encore pour le ministère du Revenu et,
si c'est le cas, de quel ordre auraient pu être ces pertes.
M. Larose: Je dois d'abord vous dire que l'officier qui est
responsable de cette vérification, croyant que c'était le
ministère du Revenu qui devait suivre, est parti. Je dois lui demander
de revenir, parce que l'ordre avait été établi comme
étant le ministère du Revenu. Il est retourné au bureau.
Je préférerais avoir celui qui en était responsable.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce ne sera pas long avant qu'il ne
revienne?
M. Larose: C'est une affaire de cinq à dix minutes, nos
bureaux sont assez près.
M. Bédard (Chicoutimi): On peut suspendre nos travaux pour
cinq minutes, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Un instant! M. Larose, vous
dites que vous avez besoin de l'information du sous-ministre du Revenu.
M. Larose: Non, c'est que l'officier qui est responsable de cette
vérification est retourné au bureau, croyant que c'était
l'étude du ministère du Revenu qui suivait.
Le Président (M. Picard): Ah bon! La commission suspend
ses travaux pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 10 h 48)
Reprise de la séance à 11 h 5
M. Picard (président de la commission parlementaire des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne sais pas si c'est
nécessaire de reprendre la question; peut-être, étant
donné que monsieur n'était pas ici tout à l'heure...
M. Moffet (Marcel): M. Larose m'a expliqué la question.
Vous voulez savoir la portée de cette remarque.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais savoir si les
procédures comptables sur lesquelles vous énonciez des
réserves, étaient de nature à entraîner des pertes
pour le bureau des véhicules automobiles ou encore pour le
ministère du Revenu. Si c'est le cas, de quel ordre auraient pu
être ces pertes?
M. Moffet: M. le Président, c'est le cas de toutes les
faiblesses de contrôle qu'on rencontre. Evidemment, cela pourrait avoir
une incidence sur le montant des revenus.
M. Bédard (Chicoutimi): De quel ordre?
M. Moffet: De quel ordre? On ne l'évalue pas dans le cas
des véhicules, mais dans le cas de la perception comme telle des droits
d'immatriculation. On aurait voulu qu'il y ait un contrôle
systématique de fait entre le système de traitement
électronique des données et la perception comme telle. Le
système de traitement électronique des données est un
système orienté vers l'émission de l'année suivante
et orienté également pour fournir toute l'information voulue aux
agents de la sûreté qui, à l'occasion, font des demandes
sur la route.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites que vous l'avez
évalué dans le cas des plaques d'immatriculation?
M. Moffet: Dans le cas des différences de poids des
véhicules.
M. Bédard (Chicoutimi): Ah bon! Dans ce cas précis
des cinq recommandations, est-ce que cela aurait pu occasionner des pertes de
quelques millions de dollars?
M. Moffet: De quelques millions de dollars?
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends que c'est
approximatif.
M. Moffet: Evidemment, dans tout ce qui n'est pas
contrôlé systématiquement il peut se glisser des erreurs ou
des différences, mais de là à dire que cela peut
représenter quelques millions ou un ordre de grandeur, ce n'est pas cela
qu'on a voulu
viser dans notre rapport. On a voulu viser l'instauration d'un
mécanisme sûr pour que toutes ces choses soient
évitées.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous voulez un mécanisme
sûr, de façon à atteindre un but bien précis,
à savoir qu'il ne se perde pas d'argent.
M. Moffet: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Effectivement. Ce qui aurait pu
arriver avec les anomalies que vous avez constatées. Mais vous
n'êtes pas capable de préciser l'ordre de grandeur des pertes qui
auraient pu être occasionnées. Est-ce que ces procédures
déficientes que vous mentionnez dans votre rapport à la page
4-178 toujours, pouvaient permettre à certains employés du Bureau
des véhicules automobiles de se livrer je ne dis pas que c'est le
cas personnellement à des opérations qui auraient pu
être frauduleuses?
M. Moffet: Cela aurait pu prêter le flanc à cette
chose. Toute chose qui n'est pas contrôlée, évidemment,
laisse la place à une personne qui veut intervenir dans un
système. Alors, on n'est pas en mesure de dire que cela s'est produit,
mais c'est ce qu'on veut éviter, soit de constater cette chose. On veut
mettre plutôt en place des mécanismes sûrs. On aime mieux
prévenir ces choses que de commencer à chercher un cas
particulier dans une vérification. On a trouvé plus constructif
d'analyser cette chose en profondeur... pas nécessairement en
profondeur, mais assez complètement, que de chercher s'il y a eu une
faille précise dans le système à un moment
donné.
M. Bédard (Chicoutimi): D'une façon
particulière, sans affirmer que c'est le cas, est-ce que le paragraphe 5
aurait pu, d'une façon très précise, donner lieu
facilement à des opérations frauduleuses à
l'intérieur du Bureau des véhicules automobiles, lorsque vous
mentionnez, entre autres, la "destruction au lieu d'annulation des certificats
d'immatriculation en rapport avec les plaques retournées au Bureau des
véhicules automobiles ou non émises en raison de défauts
de fabrication ou autres motifs"? J'imagine qu'un élément comme
celui-là, de visu, à première vue, peut facilement donner
ouverture à des opérations frauduleuses?
M. Moffet: C'est une grande faiblesse que nous
déplorions.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'êtes pas en mesure de
nous dire s'il y en a eu.
M. Moffet: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Etes-vous en mesure de nous dire,
étant donné l'importance de ces cinq mesures dont vous avez
parlé, si des correctifs ont été apportés...
M. Moffet: Oui, d'ailleurs, ils ont...
M. Bédard (Chicoutimi):... suite à vos cinq
recommandations?
M. Moffet: Le ministère a réagi
immédiatement à ces remarques et a fait une étude qui
contrôlait, somme toute, nos constatations. Il en est venu, dans tous les
cas, aux mêmes conclusions que nous. Dans le moment, c'est en voie
d'être corrigé.
M. Bédard (Chicoutimi): Pouvez-vous être plus
précis? Quand vous dites: C'est en voie d'être corrigé, je
voudrais savoir ce que vous pouvez, ce matin, nous dire qui est corrigé,
ce qui ne l'est pas, ce qui est en voie de l'être. Parce qu'en voie de
l'être, cela ne nous assure pas que cela le sera pour le prochain
exercice.
Ce que je voudrais savoir, c'est si vous êtes en mesure de nous
dire très précisément quelles sont les mesures, les
correctifs qui ont été apportés, à quelle place la
situation a vraiment été réglée.
M. Moffet: D'abord, on a mis sur pied un service de
vérification de tous les rapports en provenance des bureaux
émetteurs, qui vérifie également les encaissements faits
au siège social, C'est la plus importante mesure qui a été
prise durant l'année. C'est surtout un système de
vérification qui a été mis sur place, qui n'existait
pas.
Au point de vue de la comptabilité également, on
déplore des faiblesses. On a mis sur pied des registres qui
contrôlent plus adéquatement ces revenus avec le
ministère.
Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, si ma réponse ne
nous satisfait pas, on étudie certaines autres questions.
Le système d'informatique est en cause, et c'est un
système qui est assez sophistiqué. Avant de changer quoi que ce
soit dans un système comme celui-là, on aime mieux, au BVA,
étudier complètement la question, et faire les correctifs
nécessaires pour donner suite à ces remarques, que de changer,
à la pièce, un point particulier, par exemple, le poids des
véhicules ou le montant réellement perçu.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous avez des
façons de vérifier jusqu'à quel point, en mettant en place
l'ensemble d'un contrôle, comme vous dites, cela peut apporter un
correctif très précis sur chacun des cinq éléments
que vous avez mentionnés dans votre rapport?
M. Moffet: Absolument! Si on comptabilisait
régulièrement lorsqu'on encaisse les revenus qui viennent
à la Commission des transports, à la Régie des
marchés agricoles, qui reviennent au ministère des Transports, et
si on s'assurait que le droit perçu est réellement celui qui
devait être perçu, suivant le poids des véhicules
établi, au sujet de ce poids des véhicules, il y a une nouvelle
directive du directeur du BVA ou garagiste qui indique que s'il constate une
différence au poids des véhicules, c'est lui-même qui va
payer la différence.
M. Bédard (Chicoutimi): On pourra peut-être revenir
sur la question du poids des véhicules.
Mais sur les cinq éléments que vous m'avez
mentionnés, si vous n'avez pas d'objection, si vous les prenez un par
un, êtes-vous en mesure de nous dire, à l'heure actuelle... Disons
l'élément 1, à savoir: aucun mécanisme fiable qui
aurait permis de contrôler l'argent ou les effets négociables
dès leur réception, aucune mise en sûreté des
encaissements avant qu'ils ne soient déposés. Etes-vous en mesure
de nous dire si cela a été corrigé?
M. Moffet: Ce n'est pas encore fait.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas corrigé?
M. Moffet: Oui, à l'entrée, les documents sont
microfilmés. Cela permet un suivi dans une vérification, pour
voir si tout ce qui a été reçu a été
encaissé et comptabilisé. Ensuite...
M. Bédard (Chicoutimi): Au paragraphe 2: Les
difficultés de retracer les recettes correspondant à certains
reçus émis avec absence de référence.
M. Moffet: A présent, on numérote tous les
reçus, et c'est plus facile de faire référence ou de
retracer une recette dans les livres à l'aide des films.
Absence de contrôle ou de conciliation des données
transmises au service de l'informatique en rapport avec les émissions de
certificats d'immatriculation et de permis de conduire.
Ce qu'on veut, c'est qu'à l'arrivée des enveloppes par la
poste ou des remises des bureaux émetteurs, il y ait ce qu'on appelle
une mise en lot. Alors, on fait des mises en lot et on suit ces mises en lot
durant l'opération. Alors, on est certain qu'il n'y a pas de
transactions qui sont introduites en cours de route ou qui sont perdues en
cours de route.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce qui était le cas
auparavant.
M. Moffet: Cela aurait pu se produire auparavant.
M. Bédard (Chicoutimi): Et les autres...
Pouvez-vous...?
M. Moffet: L'autre, manque d'évidence dans les
contrôles...
M. Bédard (Chicoutimi): Manque d'évidence
dans...
M. Moffet: ... sur la facturation, l'inscription aux livres et
l'ordre séquentiel des factures. Cela rejoint un peu l'autre au sujet
des reçus. C'est pour des services rendus par le BVA relativement
à des renseignements fournis, ces choses. Alors, il y avait un
système de reçus et un système de correspondance et cela
n'était pas uniformisé. Alors, on ne pouvait jamais s'assurer que
toutes les sommes d'argent qui devaient être perçues pour ces
choses étaient réellement perçues d'une façon
uniforme.
Alors, par le nouveau mode de facturation, cela a été
corrigé.
Destruction au lieu d'annulation des certificats d'immatriculation en
rapport avec les plaques retournées au Bureau des véhicules
automobiles et non émises en raison de défaut de fabrication ou
autres motifs.
Cela n'est pas encore corrigé, ces points-là.
M. Bédard (Chicoutimi): Pouvez-vous dire quet est le
délai entre l'arrivée par rapport à la recommandation 3,
entre l'émission des plaques comme telle et la mise sur ordinateur?
M. Moffet: Cela dépend de certains facteurs, comme la
période de l'année et les délais de transmission par les
bureaux émetteurs des renseignements voulus. Cela peut prendre une
quinzaine de jours ou trois semaines, mais cela peut-être plus long que
cela dans une période de pointe ou pour des raisons
particulières.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant le paragraphe iii qui
parle des revenus résultant des écarts de pesanteur des
véhicules immatriculés, selon vos constatations, la
procédure décrite a entraîné en 1973/74 vous
me corrigerez si cela n'est pas le cas des pertes d'environ $500,000.
Avez-vous évalué la perte encourue par le ministère
à ce chapitre depuis votre nomination?
M. Moffet: Depuis ma...? Pardon?
M. Bédard (Chicoutimi): Depuis votre nomination.
M. Moffet: Cela fait deux ans que l'on revient avec la même
remarque, je crois, et les montants sont sensiblement les mêmes.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous voulez dire, depuis deux ans,
une perte de $500,000 par année? Cela fait un million.
M. Moffet: Aux conditions du paragraphe. Si nos constatations
sont projetées, mathématiquement, cela représenterait
$500,000.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est pour 1973. Pour un an,
$500,000, ce qui veut dire que, depuis deux ans, vous faites ces
recommandations, ce qui voudrait dire que vous pouvez approximativement
évaluer à $1 million, depuis deux ans, la perte résultant
de la non-correction de cette recommandation.
M. Moffet: Absolument.
M. Bédard (Chicoutimi): Devant un montant aussi important,
le ministre d'Etat est-il en mesure de nous donner des explications, de nous
dire pourquoi on n'a pas apporté de correctif sur une recommandation qui
entraîne des pertes, à l'heure actuelle, de $1 million?
M. Berthiaume: Les correctifs sont apportés.
Comme je l'ai souligné à d'autres reprises,
antérieurement, le rapport de 1973 et celui de 1974 sont arrivés
à peu près au même moment. Lorsque ces rapports ont
été reçus, les mesures ont été prises pour
rectifier la situation.
En 1972, on ne trouve pas cette remarque dans le rapport du
Vérificateur général. Alors, je suis obligé de dire
qu'aussitôt que le ministère a pu prendre connaissance de cet
état de choses, des mesures ont été prises. Il y a toute
une série de mesures qui ont été prises sur l'ensemble de
ces recommandations qu'il me ferait plaisir d'exposer aux membres de la
commission si cela les intéresse. Je constate que le bureau du
Vérificateur général a souligné un certain nombre
de mesures qui ont été prises, mais nous sommes disposés
à exposer l'ensemble des mesures.
Je tiens à dire qu'aussitôt qu'on a pu agir, on a agi.
Aussitôt qu'on a connu les faits, on a agi.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le vérificateur
est en mesure de nous dire à quelle date il a informé le
ministère de cette anomalie qui peut représenter, sur une
période de deux ans, une perte de $1 million? Je sais que le
vérificateur nous a laissé entendre, à la suite de
questions concernant d'autres ministères, que, lorsqu'il y avait une
anomalie particulière qui était d'importance, et je pense bien
que celle-là l'est, à ce moment-là, on n'attendait pas la
publication du rapport du vérificateur pour informer le
ministère. J'imagine que, dans ce cas, vous avez dû informer le
ministère préalablement à la publication du rapport.
M. Moffet: En ce qui concerne le 31 mars 1974, ces faiblesses ont
été signalées au BVA et au ministère des Transports
à la fin de l'été, au mois d'août, je crois.
M. Bédard (Chicoutimi): Au mois d'août 1974.
M. Moffet: En ce qui concerne 1973, c'est un... En 1973, la
vérification a eu lieu également durant l'été;
alors, cela a pu être fait au cours de l'été 1973.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous aviez également
informé, en 1973, le ministère des Transports.
M. Larose: Probablement vers l'automne 1973. Au moment où
on fait un travail de ce genre, les officiers du ministère en ont aussi
connaissance. De mémoire, le travail, concernant l'année
financière terminée le 31 mars 1973, s'est fait à
l'automne 1973. Alors, il est fort probable qu'au moins des communications
verbales aient pu être faites vers cette période.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre est en
mesure de nous dire si, dès 1973, il a été informé
de cette anomalie?
M. Berthiaume: Je demanderais au sous-ministre adjoint, M. Pierre
Michaud, de répondre à ma place.
A la suite des travaux du vérificateur, nous avons pris action
pour avertir nos...
M. Bédard (Chicoutimi): En quelle année? Il y a
plusieurs vérifications.
M. Berthiaume: En janvier 1975... pour leur dire de
vérifier le poids des véhicules des commerçants, pour
qu'ils soient conformes à la liste fournie par les compagnies. Depuis ce
temps, nous avons obtenu que la plupart des compagnies, des fabricants
d'automobiles, nous fournissent le poids des véhicules et l'ensemble de
ces données a été transmis à chacun de nos bureaux.
Pour l'émission qui a débuté le 17 novembre, pour la
nouvelle émission des plaques, le poids des véhicules devra
être vérifié chaque fois qu'un émetteur va donner un
permis à quelqu'un. .
M. Bédard (Chicoutimi): Tel que l'a dit le
Vérificateur général, vous avez été
informé...
M. Berthiaume: Oui, mais le fait de rassembler toutes les
données venant des commerçants d'automobiles... Ils
n'étaient pas enclins à nous fournir ces informations parce que
c'était fourni, anciennement, par les agences. Dans le "data book"
auquel on se réfère ici, il y avait des chiffres qui
étaient faux. Nous sommes allés à la source, aux
fabricants d'automobiles, et nous pouvons maintenant déterminer
exactement le poids du véhicule.
M. Bédard (Chicoutimi): Cette anomalie vous ayant
été signalée dès l'automne 1973, est-ce que vous ne
trouvez pas, votre lettre étant de janvier 1975, que c'est un
délai quand même assez long qui s'est écoulé entre,
d'une part, la connaissance que vous avez eue du problème et, d'autre
part, le commencement de correctif que vous avez apporté?
M. Berthiaume: D'accord. Pour l'année qui est à
l'intérieur, le "gap" qui est entre les deux, l'année dont vous
parlez, des actions ont été prises dans certains cas. Dans
l'ensemble, étant donné qu'on n'avait pas reçu, de la part
des fabricants d'automobiles, la liste des poids... Encore maintenant, il y a
quelques compagnies qui ne nous ont pas fourni leurs poids. On ne pouvait pas y
aller d'une façon très... Il faut, en fait, avoir l'ensemble des
informations avant de mettre en marche un système, ce qui sera
corrigé par la prochaine émission.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest sur le même sujet.
M. Boutin: Dans les catégories de véhicules
inspectés, est-ce que, en général, on pourrait dire que
les différences de poids arriveraient surtout dans la catégorie
des camions?
M. Moffet: Ce sont les automobiles de promenade seulement.
M. Boutin: Parce que j'imagine que c'est toujours là
qu'arrivent les grosses différences à cause des bascules, des
boîtes différentes qui sont achetées.
M. Moffet: C'est sur les automobiles.
M. Berthiaume: II y a une difficulté réelle qui se
présente... est-ce que j'interrompts quelqu'un?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, d'accord.
M. Berthiaume: II y a une difficulté réelle que je
constate en discutant avec les fonctionnaires, c'est sur les équipements
optionnels qu'il pourrait y avoir sur des véhicules. Je prends l'exemple
de l'air climatisé, c'est assez lourd. Il faudrait quasiment peser
chaque véhicule. Il y a des informations qui sont extrêmement
difficiles à obtenir et à constater aussi sans faire une
inspection individuelle de chacun des véhicules. Le poids qui nous est
fourni par les manufacturiers, on me dit qu'il s'agit du poids brut d'une
voiture qu'on pourrait dire standard.
Dans la directive concernant le poids déclaré pour
l'immatriculation, on dit que "pour éviter d'avoir à prendre des
sanctions c'est le directeur du BVA qui l'écrit je tiens
à prévenir tous et chacun qu'à l'avenir, les formules sur
lesquelles seront découvertes des inexactitudes, feront l'objet d'une
réclamation de la différence des droits d'immatriculation
auprès du commerçant d'automobiles."
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a des correctifs
rétroactifs qui ont été apportés concernant
l'immatriculation des véhicules 1974...
M. Berthiaume: Qui n'auraient pas été
conformes...
M. Bédard (Chicoutimi): ... et 1975 qui n'auraient pas
été faite conformément?
M. Berthiaume: Non. C'est presque impossible à faire.
M. Bédard (Chicoutimi): Je sais que ce n'est pas
impossible à faire, mais...
M. Berthiaume:... il faudrait avoir des véhicules qui
n'existent peut-être plus, accidentés, ce n'est pas possible de
faire ça.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour ceux qui existent, parce que
ça représente... cela vaudrait peut-être la peine de penser
à le faire, parce que...
M. Berthiaume: II faudrait savoir lesquels, il faudrait aller
peser tous les véhicules de la province.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que si vous ne le faites
pas...
M. Berthiaume: Le coût de le peser et les revenus qu'on
pourrait en retirer...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas
de travail à faire pour en arriver à un résultat de ce
côté, mais il reste que ça peut valoir la peine de le faire
puisque si vous ne faites pas le correctif pour les automobiles 1974/75, pour
les fausses informations qui auraient été données,
d'avance vous acceptez presque de perdre pas loin de $1 million. Vous l'avez
perdu, selon le Vérificateur général, pour les
années 1972/73, si vous ne faites pas le correctif pour 1974/75, vous
acceptez de perdre $1 million.
M. Berthiaume: J'essaie de dire que ce n'est pas possible de le
faire. Il y a 3,500,000 véhicules dans le parc automobile au
Québec, s'il fallait aller peser chacun des véhicules à ce
moment-ci, l'été dernier ou le printemps dernier...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous venez de me dire que ce
serait peut-être possible par ordinateur de le faire.
M. Berthiaume: Non, je n'ai pas dit ça. Par ordinateur,
savoir le poids d'un véhicule?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais de faire ce
contrôle, à moins que je vous aie mal compris, mais vous avez dit
que ce serait possible, mais ça compliquerait... ça
amènerait pas mal de complications.
M. Berthiaume: Si j'ai dit ordinateur, je me suis trompé,
je n'ai pas parlé de ça. Ce que j'ai dit, c'est qu'avec les
données qui nous sont fournies par les commerçants, il est
possible de déterminer quel est le poids brut d'un véhicule
standard. Ce que j'ai tenu à souligner pour être le plus complet
possible, c'est qu'il nous est difficile de contrôler plus loin que
ça, avec des choses comme l'air climatisé, ou quelque chose du
genre, ce qui est quand même un poids et pourrait, théoriquement,
être sujet à l'immatriculation ou aux frais d'immatriculation.
Mais le coût de le faire, c'est-à-dire aller peser chacun des
véhicules qui pourraient se présenter pour immatriculation,
serait tellement élevé par rapport à ce qu'on pourrait en
retirer, que ce n'est pas une opération rentable; de la même
façon pour les 3,500,000 véhicules, pour l'immatriculation de
l'année 1975, ce ne serait pas rentable d'aller récupérer
ces sommes en pesant chacun des véhicules. D'autant plus que d'aucuns
pourraient prétexter que son véhicule a été
modifié depuis ce temps d'une façon quelconque. Il faudrait faire
la preuve que ce n'était pas le cas. Finalement, ce n'est pas la peine
de le faire. Mais pour 1976, l'année qui a commencé lundi
dernier, avec les données des fabricants qu'on a, des
commerçants, on est en mesure d'être beaucoup plus strict.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est parce que lors de
l'étude des derniers crédits, le ministre d'Etat,
ou le ministre des Transports nous avait laissé entendre qu'il
pouvait, par ordinateur, dresser la liste des véhicules Ford pour
l'année 1972/73, ou toutes les marques qui peuvent exister.
Il me semble qu'à partir de ces données, il y aurait
peut-être la possibilité d'apporter des correctifs sans que cela
amène toutes les complications que vous dites, en apportant un correctif
moyen par rapport aux nouvelles données qui sont faites par les
manufacturiers.
M. Berthiaume: Je comprends. A la suite de cette question, je
suis obligé de préciser que les données qu'on a des
commerçants sont pour les véhicules neufs; les anciens
véhicules, on ne les a pas.
Je comprends maintenant. Théoriquement, on pourrait le faire, si
on avait toutes ces données.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne les avez pas?
Cela peut être suggéré comme suggestion
constructive. Ne pensez-vous pas qu'il y aurait peut-être lieu d'aller
chercher ces données, étant donné que le fait de ne pas
les avoir représente au bout de la ligne une perte d'environ $1
million?
M. Berthiaume: On peut considérer cette
possibilité, mais, à première vue, je vois certaines
difficultés si on n'applique pas la même chose à tout le
monde ou s'il y a des difficultés d'application. A première vue,
c'est une question de justice, de traiter tout le monde de la même
façon. On peut examiner cette possibilité.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut s'attendre
à avoir, lors de l'étude des crédits du ministère,
une réponse là-dessus?
M. Berthiaume: Une réponse.
M. Bédard (Chicoutimi): Au moins savoir si on a
étudié les possibilités de le faire.
M. Berthiaume: Je suis sûr que M. Michaud en prend
note.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 4-180, concernant le
paragraphe e, "contrôle des stocks", selon vos constatations sur cet
article, les entrepôts de districts du ministère sont relativement
mal administrés et on peut déduire qu'il est fortement possible
que des marchandises puissent disparaître de ces lieux, sans pour autant
qu'elles soient utilisées aux fins du ministère.
A votre avis, et tenant pour acquis cette quatrième constatation
que vous avez faite, serait-il possible que des marchandises soient
volées de ces entrepôts sans que personne ne le constate?
M. Moffet: II y aurait fallu sans doute connivence entre deux ou
trois personnes. Il faut d'abord...
M. Bédard (Chicoutimi): II faut toujours un peu de
connivence dans ces cas-là. Ce que je vous demande: Est-ce que cette
situation aurait été possible?
M. Moffet: Je pense bien que ma réponse de tout à
l'heure pour le BVA s'applique également à cette chose-là,
parce qu'un contrôle n'est pas suffisant. Ces choses pourraient se
produire. On n'a pas constaté de cas particuliers...
M. Bacon: Je m'excuse. Est-ce que le député de
Chicoutimi me permettrait une remarque? De la façon dont vous posez la
question, la réponse que le vérificateur peut donner, c'est oui.
Théoriquement, n'importe quoi peut se voler, à un moment
donné.
A savoir si les contrôles internes sont faits de façon
telle que les gens se mettent à voler, c'est une autre paire de manches.
Avez-vous fait des constatations selon lesquelles beaucoup de matériel
pourrait disparaître? De quoi se compose ces stocks?
M. Moffet: II y a du matériel d'entretien, il y a du
matériel de réparation, etc.
M. Bacon: Du matériel d'entretien, voulez-vous dire du
matériel léger, des pelles et des choses comme cela?
M. Moffet: Ces choses-là. Des outils, des... M.
Berthiaume: Des mitaines.
M. Bédard (Chicoutimi): Avant d'intervenir, le
député de Trois-Rivières, s'il avait connaissance des
autres questions que nous voulons poser, il était nécessaire
quand même de faire préciser par le vérificateur.
M. Bacon: Je ne m'oppose pas à votre question, sauf que je
trouvais que de la façon dont vous la posiez... Si on dit:
Théoriquement, est-ce qu'on peut voler la chaise de l'autre
côté? Je pense qu'on peut dire oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela dépend. Si le
vérificateur nous dit non, c'est une autre affaire. Il y a bien des
questions qu'on peut ne pas poser par après.
M. Moffet: Encore là, nous aurions voulu un système
uniforme d'enregistrement d'inventaire, de requisition de ces inventaires et un
contrôle entre ce qui est sorti des entrepôts et ce qui est
incorporé aux travaux de voirie et ce qui est transféré en
dépôt, dans le district.
Cela nous a semblé qu'il n'y avait pas de
contrevérification, à certains moments, qui aurait pu assurer les
vérificateurs que tout était bien utilisé pour des travaux
du ministère.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans cette constatation voulant
que des marchandises pouvaient disparaître sans que personne ne s'en
aperçoive et qu'elles soient utilisées aux fins autres que
celles
du ministère, est-ce que, sur ce point précis, vous en
avez averti le ministre ou le ministère préalablement à la
publication de votre rapport?
M. Moffet: Oui, à la suite d'entrevues avec les officiers
du ministère...
M. Bédard (Chicoutimi): Vers quelle date? Vous en avez
informé le ministère?
M. Moffet: A l'automne 1974.
M. Bédard (Chicoutimi): A l'automne 1974. Est-ce que vous
pouvez nous dire, à votre connaissance, s'il y a eu des correctifs
apportés, des correctifs précis?
M. Moffet: D'ailleurs, on a répondu et on nous a
indiqué qu'il y aurait régulièrement des
vérifications qui seraient faites dans ces districts et que les services
d'organisation et de méthodes émettraient des procédures
plus étanches sur toute la manipulation de ce matériel. C'est
cela. Dans le moment, on ne peut pas vous dire si cela a été fait
ou si cela n'a pas été fait, mais le ministère nous a
laissé entendre qu'il voulait prendre les mesures
nécessaires.
M. Bédard (Chicoutimi): II vous a fait part de ses
intentions de faire quelque chose, mais vous ne pouvez pas nous dire si,
effectivement...
M. Moffet: Effectivement, lors de la discussion, l'année
dernière...
M. Bédard (Chicoutimi):... il y a une-suite pratique aux
intentions énoncées.
M. Moffet: Immédiatement après une
vérification, c'est toujours des voeux qu'on nous émet.
Evidemment, on ne peut pas dire...
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-être que le
ministère pourrait nous faire état de la situation
là-dessus.
M. Berthiaume: En fait le principal contrôle des stocks est
imputé au ministère. C'est au niveau des équipements de
matériel que nous avons pour l'entretien des routes. Toutes les
pièces de machinerie, des moteurs ou encore des boulons, des
écrous pour remplacer des pièces sur la machinerie, c'est
principalement notre stock. Ce stock a été contrôlé
par le service du matériel, à Québec, qui a établi,
même d'une façon mécanisée, un système de
contrôle des stocks pour que, dans chacun de nos garages, le niveau des
stocks ne soit pas élevé par rapport à un autre et que si
jamais un moteur est requis dans une division on soit au courant qu'il en
existe un autre dans une autre division.
Etant donné qu'est très localisé le travail du
service du matériel, on a plusieurs garages dans les districts, on a
peut-être 30 garages dans nos 47 districts; le magasinier est dans la
même bâtisse que le contremaître et ses équipes
travaillant sur la machinerie et nous avons exigé que l'approbation soit
donnée par le contremaître, comme cela se fait pour les
réparations dans les garages d'automobiles à Québec. Il
faut que quelqu'un signe une réquisition pour obtenir les pièces
du garage pour les mettre dans tel véhicule.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autres questions sur
le Transport.
M. Vallières: M. le Président, certains
entrepôts sont situés à l'extérieur, par exemple,
dans les centres de transport. Est-ce qu'un contrôle quelconque y est
exercé? Parce que j'ai remarqué que, dans plusieurs
régions, il y avait plusieurs districts où il n'y a pas de
clôture attenante aux terrains du ministère. Est-ce qu'on
s'aperçoit, par exemple, qu'il y a des tuyaux de béton ou de
métal...
M. Berthiaume: Dans des nouveaux districts implantés, les
clôtures n'ont pas été posées. Sur 47 districts, je
crois qu'on en a 45 dont une clôture entoure la propriété
du gouvernement. Tous les matériaux sont principalement des poteaux de
clôture ou encore du fil barbelé. Un inventaire constant de ces
matériaux est fait.
M. Vallières: Merci.
Le Président (M. Picard): Pas d'autres questions?
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministère des Travaux
publics.
Travaux publics
Le Président (M. Picard): A l'ordre, messieursl Le
ministère des Travaux publics. Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, concernant
les Travaux publics, à la page 4-199, paragraphe ii) concernant le
matériel usagé, le Vérificateur général fait
remarquer ceci: Les résultats de notre vérification à cet
égard nous indiquent que certains dossiers ne contiennent pas les
documents pertinents, tel que déclarations de surplus, demandes de
cotations, soumissions, etc. Le système en vigueur ne nous permet pas
non plus de nous assurer que des demandes de cotations ont été
adressées à tous les acheteurs intéressés et que
toutes les soumissions reçues ont été versées au
dossier.
Alors, concernant ce paragraphe du matériel usagé, je
voudrais savoir dans un premier temps, pour autant qu'on est en mesure de nous
dire, soit de la part du Vérificateur général ou encore du
ministère, quelle est l'importance pécuniaire des ventes de
matériel usagé annuellement?
M. Vien (Jacques): Cela varie entre $20,000 et $40,000 par
année. C'est ce qui apparaît comme
revenu des Travaux publics. J'imagine que, dans les ministères
aussi, il y a des revenus de cette nature.
M. Bédard (Chicoutimi): Quelle est la valeur portée
aux livres de ce matériel usagé, vendu?
M. Vien: Je ne peux pas répondre à cette
question.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: Je m'excuse, pour ne pas trop couper, c'était
seulement sur le paragraphe, avant... C'est une question peut-être un peu
curieuse...
Le Président (M. Picard): Le paragraphe avant?
M. Boutin: Oui. C'est que...
Le Président (M. Picard): Vous reviendrez tantôt.
C'est le député de Chicoutimi.
M. Boutin: ... avant le matériel usagé.
Le Président (M. Picard): Cela ne fait rien. On peut
revenir.
M. Boutin: Cela n'a pas d'importance.
M. Vien: Je ne crois pas qu'on puisse identifier aux livres la
valeur de chacun de ces articles qui sont vendus. Je ne crois pas que le
ministère soit en mesure d'avoir dans ses livres le coût de chacun
de ces articles qui sont vendus. Il arrive souvent que ce sont des articles qui
ont 20 ans d'âge ou moins, si vous voulez, mais on ne peut pas, dans les
livres du ministère, identifier le coût de chacun de ces
articles.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous êtes en
mesure de nous dire qui sont principalement les acheteurs concernant le
matériel usagé?
Le Président (M. Picard): C'est une question... J'aimerais
faire remarquer au député de Chicoutimi que cela a
déjà été déposé à
l'étude des crédits. Vous voulez savoir si la vente a
été faite selon les normes établies, mais pas selon...
M. Bédard (Chicoutimi): A une question près, M. le
Président, est-ce que le ministère est en mesure de
répondre?
M. Betthiaume: C'est le public, de toute façon. Ce sont
des demandes que nous recevons de gens qui se disent intéressés
à acheter des surplus ou des rebuts, de la même façon que
d'autres fournisseurs nous expriment leur désir d'être inscrits
comme fournisseurs. Nous gardons des listes de gens ou de compagnies qui se
disent intéressés à soumissionner pour l'achat de certains
types du surplus. Or, quand nous avons de ces demandes, nous invitons les
acheteurs intéressés. Nous leur envoyons des demandes de
soumissions.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est à ces personnes ou
compagnies dont vous avez les listes que vous faites parvenir les demandes de
cotation?
M. Berthiaume: C'est ça. Parce que ce sont
généralement des valeurs minimes, comparées aux achats. Ce
que je veux faire surtout ressortir, c'est que la valeur des ventes que nous
faisons annuellement, pour tous les ministères, peut être
d'environ $600,000 ou de cet ordre, alors que nous achetons pour $150 millions
à $200 millions par année.
Le système de vente est beaucoup moins élaboré que
le système que nous avons les procédures et les
règlements pour les achats.
M. Bédard (Chicoutimi): Par rapport à la situation
qui a été signalée par le Vérificateur
général, est-ce que ce dernier est en mesure de nous dire si des
correctifs ont été apportés concernant sa remarque
à propos du matériel usagé?
M. Vien: Je n'ai pas compris votre question.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous êtes en
mesure de nous dire si des correctifs ont été apportés
depuis que vous avez fait vos remarques?
M. Vien: Les remarques que j'ai faites ici sont les remarques de
1973/74. En 1974/75, on n'a pas exécuté de mandat de
vérification dans ce domaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne pouvez pas nous dire si
des correctifs ont été apportés.
M. Vien: Je ne peux pas répondre à votre
question.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministère
serait en mesure de nous dire si quelque chose a été fait dans le
but de suivre les recommandations exprimées?
M. Berthiaume: Selon les renseignements que j'ai,
personnellement, le Conseil du trésor, avec le ministère des
Travaux publics, est à instituer une procédure qui est semblable
à celle du gouvernement de l'Ontario et à celle du gouvernement
fédéral... Je m'excuse. Je suis en train de mêler mes
dossiers.
Au Conseil du trésor, cette question a été
étudiée en coopération avec le ministère, de
façon que, lorsqu'il y a des biens à disposer, les demandes de
soumission soient beaucoup plus larges. Autrement dit, que ce soit
indiqué dans les journaux. Cela l'est habituellement dans les journaux.
Il semble qu'il y a eu certaines critiques selon lesquelles les demandes pour
vendre quelque chose, par rapport à acheter, étaient moins
évidentes
dans les journaux. C'est une question de présentation dans les
journaux, au point de vue des soumissions publiques. Cette procédure est
en train d'être modifiée.
Les renseignements que j'ai ne sont que partiels, parce que je vois le
point de vue du Conseil du trésor. Siégeant au Conseil du
trésor, j'en vois un point de vue. Alors, pour le point de vue du
ministère lui-même, je demanderais peut-être à M.
Careau de détailler.
J'ai quelque chose en marche à l'heure actuelle pour essayer de
rendre plus publiques encore les soumissions publiques.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais savoir
précisément, au niveau des demandes de cotations, de soumissions
en ce qui a trait au matériel usagé, si vous continuez à
fonctionner à partir d'une liste privilégiée, soit de noms
ou de compagnies, ou encore donnez-vous suite, peut-être, à
certaines recommandations...
M. Berthiaume: C'est-à-dire qu'à mon avis, le
Vérificateur général...
M. Bédard (Chicoutimi):... ou avez-vous élargi le
champ des personnes possibles, qui sont admissibles?
M. Berthiaume: Dans le rapport du Vérificateur
général, il n'y a jamais eu, à ma connaissance cela
fait deux ans que je suis au service général des achats de
vérification précise pour faire toutes nos ventes par soumissions
publiques.
Dans les derniers mois, je pourrais dire qu'on a fait deux ventes par
soumissions publiques pour des choses qui nous paraissaient importantes. Entre
autres, on a vendu un ordinateur qui n'était plus utilisé et qui
venait du ministère des Finances, je crois. On l'a offert par
soumissions publiques. En plus, on a informé, par écrit, pour
attirer l'attention sur cet appel d'offres, toutes les compagnies que nous
avions dans nos listes, soit les compagnies qui fournissaient des pièces
d'ordinateur ou de l'équipement. Je pense qu'on a contacté au
moins une centaine de fournisseurs, d'acheteurs possibles, pour les
sensibiliser à l'appel d'offres que nous faisions, qui a
été diffusé le plus largement possible.
Je pense finalement que la vente s'est faite pour $100,000 alors que
l'estimation que les spécialistes nous en faisaient était
à peu près de cet ordre, soit de $90,000 à $95,000. De
mémoire, je crois que nous avions eu cinq ou six soumissions de
compagnies qui étaient intéressées et qui avaient fait des
offres en bonne et due forme.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais vous continuez à
fonctionner à partir d'une liste privilégiée de noms et de
compagnies...
M. Berthiaume: C'est-à-dire une liste
privilégiée, il faut s'entendre.
M. Bédard (Chicoutimi): ... des noms de personnes et de
compagnies.
M. Berthiaume: Qui que ce soit qui se dit intéressé
sera inscrit sur une liste tandis que, pour nos achats, si quelqu'un veut nous
vendre, on a des conditions bien spécifiques. Il faut qu'il ait une
place d'affaires visible par le public et que cela soit bien affiché. Il
faut qu'il soit inscrit au service de la taxe de vente. Il faut qu'il soit
inscrit au ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières. On a un certain nombre de critères que
nous exigeons de la part de fournisseurs.
Maintenant, des acheteurs... N'importe qui peut se dire
intéressé à acheter, à un certain moment, un vieux
tracteur ou un vieux camion. Seulement, la majorité de ces pièces
d'équipement que nous avons à vendre sont à peu
près inutilisables parce que les ministères vont en retirer les
pièces pour de la réparation, vont enlever un moteur ou un
différentiel.
Alors, cela restreint beaucoup le nombre d'acheteurs
intéressés.
Il y a des objets qui ont un marché extrêmement
limité. On me racontait le cas de vieux papiers. Le nombre de personnes
ou d'entreprises qui pourraient être intéressées à
acheter du vieux papier est quand même pas mal limité. Je prend
cela comme exemple. Ce sont des choses parfois très
spécialisées. L'ordinateur, par exemple, ne peut pas
intéresser n'importe qui.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela peut intéresser
différentes compagnies. Mais ce que je voulais savoir, c'est
effectivement si, pour le ministère, sa liste consiste à y placer
tous les noms possibles de compagnies qui pourraient être
intéressées, étant donné le genre d'activité
qu'elles ont, ou encore si c'est à partir d'une liste qui est beaucoup
plus restreinte.
M. Berthiaume: Absolument pas. Tous les fournisseurs, tous les
acheteurs qui se disent intéressés sont nécessairement,
automatiquement inscrits.
Ce n'est pas limitatif.
Ce n'est certainement pas limitatif.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que tous les acheteurs qui
pourraient être intéressés sont informés? C'est ce
que je veux savoir. C'est que tous ceux qui sont...
M. Berthiaume: C'est assez difficile d'informer un individu
quelque part qui serait intéressé à acheter...
M. Bédard (Chicoutimi): Pas un individu, mais prenons au
niveau des compagnies. Au niveau des individus, c'est peut-être plus
difficile, mais, au niveau des compagnies, je pense que cela peut être
plus facile. Est-ce que c'est seulement celles qui s'inscrivent ou s'il y a un
effort d'information qui est fait à toutes les compagnies qui pourraient
être intéressées dans un genre de matériau
usagé.
M. Berthiaume: Tous les gens intéressés dans
la région où un équipement est disponible. Je vais
vous donner un exemple. On va avoir à déclarer une charrue, dans
la région de Joliette, supposons. Or, en plus de regarder dans nos
listes les gens qui pourraient être intéressés à
soumissionner, il y a un certain nombre d'exemplaires d'appels d'offres qui
sont envoyés aux divisionnaires ou au directeur régional du
ministère des Transports dans cette région. Celui-ci les a et
peut donner des formules à qui que ce soit qui se présenterait ou
qu'il connaîtrait qui pourrait être intéressé. Ce
n'est certainement pas restrictif, en aucune façon.
M. Bédard (Chicoutimi): Précisément, quelles
sont les raisons qui vous ont amenés, d'une façon
spéciale, à faire état de cette situation dans votre
rapport? Est-ce que c'est parce que vous avez décelé quelque
chose d'autre ou est-ce que vous aviez des motivations particulières?
Est-ce que vous aviez des cas précis qui valaient la peine d'être
soulignés soit au ministère, soit au ministre?
M. Vien: Est-ce que vous faites allusion à l'absence de
documents?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, c'est cela.
M. Vien: Sur l'absence de documents, nous avions un
échantillonnage de 22 cas et nous avons trouvé 5 cas où il
y avait absence de documents.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez fait aussi des...
M. Berthiaume: Si le député de Chicoutimi a
terminé sur la question du matériel usagé, est-ce qu'on
pourrait ajourner, étant donné qu'il est midi, quitte à
revenir?
M. Bédard (Chicoutimi): Vous me refusez sur la question du
matériel usagé, c'est clair que nous en aurions pour quelques
minutes, il est déjà midi.
M. Berthiaume: Est-ce que vous voulez encore quelques
minutes?
M. Bédard (Chicoutimi): II en reste plus que
ça.
M. Berthiaume: Ah, bon!
Le Président (M. Picard): La commission ajourne sine die
parce que nous devrons attendre l'ordre de la Chambre pour savoir quand nous
siégerons de nouveau.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 35
M. Picard (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Nous continuons ce soir l'étude des trois derniers rapports
annuels du Vérificateur général. Nous en étions
à l'étude des rapports du ministère des Travaux publics et
c'est le député de Chicoutimi qui avait la parole.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, à
la page 4-201, traitant des services professionnels, le vérificateur
exprime certaines remarques concernant les services professionnels en ce qui a
trait aux contrats et à l'exécution des travaux. Entre autres, au
premier paragraphe, on peut lire les remarques suivantes du
vérificateur: "Bien que chacun des contrats contienne une clause de
responsabilité professionnelle et civile de la part des professionnels,
nous avons remarqué que le ministère ne va pas jusqu'à
exiger une copie de la police d'assurance, dûment certifiée
à cette fin. Cependant, on nous a informés que le service des
contrats exigeait cette copie pour tous les nouveaux contrats accordés
depuis mars 1974". Est-ce que le vérificateur pourrait nous dire s'il a
constaté cette anomalie dans plusieurs cas et quels sont les effets
néfastes qui peuvent résulter du fait que certaines polices
d'assurance ne sont pas fournies au bon moment?
M. Vien: D'abord, c'est une exigence de la Loi des Travaux
publics, celle de donner une bonne et suffisante caution. Alors, on a voulu
signaler qu'il y avait un manquement à l'égard de cet article de
la loi. Quant à savoir s'il y a plusieurs cas, nous en avons une dizaine
où on n'avait pas la caution qui était demandée par
l'article 8 ou 9 de la Loi des Travaux publics.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que les cas que vous nous
citez, c'est-à-dire l'absence de cette nécessité requise
par la loi, dans le dossier, a amené des sommes d'argent qui ont
dû être payées par le ministère, faute d'avoir fourni
les polices de responsabilité?
M. Vien: Je n'ai pas de données de cette nature.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre d'Etat
pourrait nous renseigner là-dessus?
M. Berthiaume: Je m'excuse, je n'ai pas compris.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant la remarque du... Vous
pourriez peut-être...
M. Berthiaume: Oui, depuis mars 1974, la situation a
été corrigée de façon que, maintenant, les polices
d'assurance sont exigées partout.
M. Bédard (Chicoutimi): Le vérificateur nous
parle de dix cas, au moins, où il a constaté cette
anomalie. Ce que je voudrais savoir, est-ce que cela a amené des
difficultés à un point tel que le gouvernement a dû payer
dans certains cas?
M. Berthiaume: A ma connaissance, il n'est jamais arrivé
de tels cas où le gouvernement aurait dû payer. En fait, ce sont
des assurances de responsabilité professionnelle, soit de la part des
architectes ou des ingénieurs. Alors, on n'a jamais de cotes...
M. Bédard (Chicoutimi): ... qui sont requises par la
loi.
M. Berthiaume: La Loi des Travaux publics dit que pour tout
contrat, il doit être donné bonne et suffisante caution. On aurait
pu croire, à ce moment-là, qu'il s'agissait de contrats avec des
entrepreneurs. De toute façon, dès que cette chose-là a
été signalée, depuis mars 1974, on exige toujours, de la
part des professionnels, lors de la signature du contrat, de produire des
copies de police d'assurance.
Pour répondre à votre question, à savoir si le
gouvernement a encouru des pertes à cause du fait qu'il ne demandait pas
de police précédemment à cela, à ma connaissance,
il n'est jamais arrivé une perte d'aucune valeur que ce soit, que le
gouvernement aurait dû rembourser ou payer à cause de l'absence
d'une police d'assurance.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut demander au
Vérificateur général de nous fournir les personnes
impliquées dans les dix cas qui ont été
signalés?
Le Président (M. Picard): Vous voulez dire des personnes
qui n'auraient pas fourni ce certificat? Je douterais qu'il ait cette
information en main de toute façon, maintenant.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais on va peut-être nous
les fournir plus tard, comme on nous a fourni certains renseignements ce matin,
suite à des questions qui avaient été posées la
semaine dernière.
M. Larose: Si vous me permettez, M. le Président,
j'aimerais ajouter un mot sur cette question-là. Comme j'ai
déjà eu l'occasion de l'expliquer à plusieurs reprises,
nous procédons par des sondages dans les opérations du
gouvernement.
Nos sondages sont orientés pour voir de quelle façon les
systèmes administratifs, les systèmes financiers et comptables
fonctionnent. Dès que nous constatons que des faiblesses se manifestent
au niveau de l'opération des systèmes, nous en faisons mention
dans le rapport.
Les sondages sont faits, la plupart du temps, grâce à une
méthode d'échantillonnage statistique et je pense que cela ne
présente pas d'intérêt de connaître les noms en cause
parce que, évidemment, il s'agit tout simplement d'un certain nombre
à déterminer, un certain échantillonnage à
dé- couvrir pour établir que des procédures ne sont pas
suffisamment suivies.
Alors, selon notre opinion, ça n'aiderait pas la discussion si de
tels noms étaient divulgués parce qu'ils ont été
choisis complètement au hasard et, en en donnant quelques-uns, on
pourrait en ignorer d'autres à côté qu'il faudrait tout
aussi bien donner. Je ne pense pas que ça ajouterait quoi que ce soit
à l'argument que nous voulons retenir.
M. Bédard (Chicoutimi): Au paragraphe 2, à la
même page 2-101, vous dites que, d'autre part, vous avez constaté
que dans le cas de certains contrats, les travaux avaient débuté
avant que les contrats ne soient signés. Ça doit être quand
même une situation assez exceptionnelle que les travaux puissent
débuter avant même que les contrats ne soient signés,
pourriez-vous expliciter davantage là-dessus?
Pouvez-vous nous dire, par exemple, combien de contrats ont
été examinés, par vos services, où effectivement
les travaux avaient débuté avant même que les contrats ne
soient signés?
M. Vien: Nous avons procédé à un
échantillonnage de quinze cas et nous en avons découvert six sur
les quinze où les travaux avaient débuté avant la
signature du contrat.
Le Président (M. Picard): Le député de
Trois-Rivières.
M. Bacon: Etes-vous sûr qu'il n'y avait pas eu de lettre
d'intention du ministère adressée à l'exécutant
comme quoi il était autorisé à exécuter les
travaux?
Est-ce simplement la signature du contrat ou s'il y a d'autres documents
disant qu'il pouvait exécuter les travaux?
M. Bédard (Chicoutimi): Autrement dit, dans le dossier,
est-ce que...
M. Bacon: Est-ce qu'il pouvait y avoir une lettre d'intention ou
est-ce que...
M. Vien: M. Fradette, qui dirigeait ces travaux-là, dit
qu'il y avait assez souvent des lettres d'intention; mais c'est parce que c'est
un article de la loi, nous voulons signaler un manquement à un article
de la Loi des Travaux publics qui dit qu'aucun travail public ne doit commencer
avant la signature d'un contrat.
M. Berthiaume: Est-ce que ça pouvait se faire avant
l'approbation du Conseil du trésor?
Dans la procédure, il y a une approbation du Conseil du
trésor et, par la suite, possiblement, une lettre du ministère,
une lettre d'intention, comme l'a dit le député de
Trois-Rivières, et finalement, la signature du contrat.
M. Bacon: C'est l'approbation par le Conseil du trésor. En
fait, la signature du contrat, n'est-ce pas seulement de la paperasserie? S'il
y a une ac-
ceptation du Conseil du trésor, dois-je comprendre que vous avez
la loi du ministère? S'il y a acceptation du Conseil du trésor,
il y a une lettre d'intention qui est émise. Est-ce que vous trouvez
votre remarque justifiée en dépit de cela?
M. Vien: C'est beaucoup d'avoir tout cela, mais il reste quand
même un contrat, en fin de compte. On y met des conditions. Il y a des
obligations qui y sont. C'est bon de mettre ces choses par écrit.
M. Bacon: C'est du légalisme de la part des deux
parties.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, c'est l'accord de deux
parties, effectivement. Le vérificateur là-dessus a raison.
M. Bacon: Des affaires d'avocats.... de la vérification,
c'est sérieux.
M. Bédard (Chicoutimi): Le Conseil du trésor et le
gouvernement ont beau s'engager tant qu'ils voudront, il reste quand même
que quand un contrat n'est pas signé et que des travaux sont
commencés, vous laissez, légalement parlant, une certaine
latitude à une des parties qui est celle qui a commencé
les...
M. Bacon: Quelle latitude?
M. Bédard (Chicoutimi): Voyons donc, il n'a pas
signé le contrat.
M. Bacon: Une lettre d'intention.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne commencerai pas à
donner un cours de droit quand même à mon confrère de
Trois-Rivières.
M. Bacon: Vous ne ferez pas avec moi de la vérification.
Il fallait le voir ce matin. Il y a une chose dont je suis sûr à
votre sujet, c'est qu'on ne vous volera certainement pas vos idées.
M. Bédard (Chicoutimi): Explicitez, si vous voulez en dire
davantage, M. le député de Trois-Rivières.
M. Berthiaume: Je ne sais pas si le bureau du Vérificateur
général pourrait me répondre, à savoir si
effectivement les travaux commençaient avant l'approbation du Conseil du
trésor. Je ne nie pas votre remarque subsidiaire, à savoir si
c'est régulier ou irrégulier, mais c'est quand même
important de savoir s'il y avait approbation du Conseil du trésor
lorsque les travaux commençaient.
M. Larose: Bien sûr que l'intention de la remarque
était de souligner que l'une des prescriptions de la loi n'était
pas suivie. Maintenant, si on veut donner au Conseil du trésor
exclusivement le droit d'accorder... on peut modifier la loi. Si on ne modifie
pas la loi...
M. Berthiaume: Excusez-moi, M. Larose. Je suis d'accord avec vous
là-dessus. S'il y a irrégularité du côté de
la loi, il faut que ce soit corrigé. Je ne mets pas cela en cause. Je
veux tenter de mettre cela dans un certain contexte quand même pour bien
préciser la nature de l'irrégularité pour qu'on ne pense
pas plus qu'il en est. Je ne veux pas diminuer pour autant la valeur de vos
remarques. Si c'est irrégulier, si ce n'est pas conforme à la
loi, il faut que ce soit corrigé. Je n'enlève rien à cela,
je suis d'accord sur cela.
M. Vien: Le seul fait qu'on a voulu signaler, c'est le fait que
la loi dit telle chose et cela n'a pas été respecté.
M. Larose: Maintenant, je pense que si on n'a pas
mentionné que l'approbation du Conseil du trésor n'avait pas
été obtenue, c'est que normalement elle a été
obtenue, parce que s'il fallait qu'elle le soit, elle a sans doute
été obtenue.
Autrement, on aurait dit qu'à la fois, la demande au Conseil du
trésor et la loi... que les deux secteurs n'ont pas été
respectés. Si on n'a pas mentionné le Conseil du trésor,
on peut conclure que...
M. Berthiaume: Au moins, de ce côté, c'était
régulier.
M. Larose: C'est ça. Dans les cas examinés... M.
Vien: Dans les cas qui nous concernent ici.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, comme vous le dites, il y a
une loi qui est très claire concernant les Travaux publics et, dans un
sondage, sur quinze cas, vous avez pu constater qu'elle a été
violée, quand même, six fois par...
M. Vien: C'est ça.
M. Bédard (Chicoutimi): ... le gouvernement. Ce n'est pas
le meilleur exemple à donner aux citoyens quand, sur quinze cas, le
gouvernement trouve le moyen, lui-même, de transgresser sa propre
loi...
M. Bacon: S'il y avait un perdant...
M. Bédard (Chicoutimi): Laissez-moi donc finir. Vous
interviendrez quand vous voudrez. On a le droit de passer nos remarques.
Vous n'essayerez pas de me faire croire que c'est le meilleur des
exemples à donner à des citoyens, pour un gouvernement, que de
transgresser, lui-même, ses propres lois six fois sur quinze et, ensuite,
d'essayer de faire des leçons de morale aux citoyens qui ne suivent pas
la loi. Si vous êtes capable de me prouver que c'est le meilleur exemple
à donner, vous, le député de Trois-Rivières, je
vous laisse cinq minutes pour me le prouver.
M. Bacon: Cela me prendrait bien plus de temps que cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, je comprends que cela vous
prendrait plus de temps que cela.
M. Bacon: Vous ne comprenez rien.
M. Bédard (Chicoutimi): Depuis que vous avez fait ces
remarques, avez-vous été à même de constater que des
correctifs ont été apportés? L'aviez-vous
déjà signalé également dans des rapports
antérieurs à celui de 1973/74?
M. Vien: Pour répondre à votre première
question, pour l'année 1974/75, nous n'avons pas travaillé dans
ce secteur. Nous n'avons pas été à même de constater
s'il y avait eu amélioration de ce côté.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon!
M. Vien: Pour l'année antérieure, c'est M.
Moffet...
M. Bédard (Chicoutimi): Aviez-vous
déjà...
M. Moffet: Oui, nous avions signalé la même
déficience dans les années passées.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela n'a pas été
corrigé?
M. Moffet: J'ai laissé le dossier à M. Vien...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est clair que cela n'a pas
été corrigé parce que vous revenez avec les mêmes
remarques en 19731/74.
M. Moffet: ... en 1973/74, cela n'avait pas été
corrigé.
M. Mercier: Pourrait-on connaître, M. le Président,
la nature des contrats qui étaient attribués?
M. Bédard (Chicoutimi): Un bel exemple.
M. Vien: Ici, il s'agit de services professionnels. Il y a des
contrats d'architectes, des contrats d'ingénieurs forestiers,
d'ingénieurs-conseils, de personnel technique.
M. Mercier: Est-ce que les taux varient pour les services
professionnels ou est-ce qu'il y a un taux déterminé d'honoraires
professionnels?
M. Lecours:... les taux de la profession, question...
M. Mercier: Est-ce que les honoraires sont identiques ou si les
taux peuvent varier?
M. Larose: J'aimerais mieux que vous posiez votre question au
ministère.
M. Berthlaume: L'arrêté en conseil 1245, je crois,
détermine les conditions d'engagement des professionnels.
Il y a des parties des travaux, parfois, qui peuvent être
faites... Je pense que ce qu'il est important de souligner là-dedans
n'est peut-être pas la mauvaise volonté du ministère comme
le fait qu'on exige des copies de police d'assurance, qu'on exige
également du professionnel, avant que son contrat ne soit signé,
la liste de son personnel, les salaires de ces gens parce que, dans
l'exécution de leurs travaux, par la suite, ils peuvent faire des
travaux à taux horaire, des travaux spéciaux, par exemple, de
recherche ou je ne sais quoi.
Quand les conditions ne sont pas fixées à l'avance, le
professionnel peut arriver après cela avec des réclamations assez
importantes, c'est-à-dire demander des taux de salaire qui ne sont pas
acceptables au ministère.
Alors, aujourd'hui, avant de signer le contrat, toutes ces conditions
doivent être fixées, déterminées. Alors, cela
prolonge d'autant la période entre l'approbation par le Conseil du
trésor et la signature du contrat.
Maintenant, on sait que souvent il y a des travaux pour lesquels il faut
se presser, il faut aller un peu plus vite. Alors, il y avait une lettre qui
était adressée par le ministre à la société
professionnelle pour dire: Préparez tel document, donnez-nous vos
polices d'assurance. Donnez-nous la liste de votre personnel, les salaires et,
par la suite, vous serez convoquée à signer votre contrat. Assez
fréquemment, on dit dix fois sur quinze, tout en...
M. Bédard (Chicoutimi): Ne trouvez-vous pas que c'est
assez de cas d'urgence, six fois sur quinze?
M. Berthiaume: II en arrive assez souvent.
M. Bédard (Chicoutimi): Ouais. Parmi ces contrats
où les travaux ont débuté avant que les contrats ne soient
signés, pourriez-vous nous dire le nombre de ceux qui étaient de
plus de $25,000?
M. Vien: J'en ai trois.
M. Bédard (Chicoutimi): Quel montant?
M. Vien: J'en ai un de $370,000.
M. Bédard (Chicoutimi): ... où les travaux ont
commencé avant la signature du contrat?
M. Vien: Oui. J'en ai un de $50,000. J'en ai seulement deux. J'ai
confondu un montant ici.
M. Mercier: Quelle période de temps...
M. Bédard (Chicoutimi): Une seconde, M. le
Président.
M. Mercier: ... a pu s'écouler entre l'amorce des travaux
par les professionnels et la signature des contrats?
Le Président (M. Picard): Un instant, s'il vous
plaît.
M. Mercier: J'avais la parole tout à l'heure, vous me
l'avez enlevée. Alors, je la reprends tout simplement. C'est une
question d'échange.
Le Président (M. Picard): Pour le moment, je vais la
donner au député de Chicoutimi.
M. Mercier: Très bien, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Parmi ces contrats, les dix dont
vous nous avez parlé, combien ont été accordés,
effectivement? Les dix ont-ils été accordés? Ont-ils
été accordés à la suite de soumissions
publiques?
M. Vien: Vous parlez encore de dix. On a parlé de
sept...
M. Bédard (Chicoutimi): Parmi les cas dont vous nous avez
parlé, six sur quinze.
M. Vien: C'est cela, six sur quinze. Ce sont tous des contrats
accordés, sauf un où on a eu l'autorisation d'engagement par M.
Trudeau. On a comparé la date d'autorisation d'engagement par M. Trudeau
avec le début des travaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que ces contrats pour la
plupart sont accordés après soumissions publiques?
M. Vien: Ce sont des contrats de services professionnels.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, je comprends.
M. Berthiaume: C'est comme quand on engage des avocats. On ne va
pas par soumissions publiques.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce serait peut-être une
bonne suggestion.
M. Bacon: Par soumissions publiques.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est peut-être pas
à l'avantage des professionnels.
M. Berthiaume: Si on me permet de faire une remarque, il faut
souligner que même si la procédure est irrégulière,
et je ne voudrais pas diminuer cet aspect, mais peut-être simplement le
pondérer, en disant que celui qui risque de perdre du fait que les
travaux commencent sans que le contrat soit signé, c'est bien le
professionnel et non le gouvernement.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne crois pas qu'on puisse tenir
ce raisonnement nécessairement.
M. Bacon: C'est l'élan spontané des gens, des
Québécois, ils se dépêchent et commencent en
même temps.
M. Bédard (Chicoutimi): La question est très
précise. Il y a une loi qui est là pour être
respectée...
M. Berthiaume: Oui, je ne nie pas cela.
M. Bédard (Chicoutimi): ... et dans un sondage on
s'aperçoit, comme le dit le vérificateur, que sur quinze cas, la
loi a été transgressée six fois.
M. Berthiaume: J'ai bien dit que je ne voulais pas diminuer la
valeur des remarques du Vérificateur général, mais
simplement les pondérer par ce fait que c'est le professionnel qui
risque d'y perdre.
Le Président (M. Picard): Le député de
Bellechasse.
M. Mercier: Ma question, M. le Président, était
celle-ci. Est-ce que vous avez évalué la période de temps
de l'amorce des travaux par les services de professionnels à la
signature du contrat? Quelle période de temps s'est
écoulée?
M. Vien: N'importe quel cas? M. Mercier: Oui.
M. Larose: C'est une idée d'ensemble que vous voulez?
M. Mercier: Une idée d'ensemble, oui.
M. Vien: II y aurait à peu près un an, pour le
premier, et ici il y a seulement 18 jours, huit jours, deux mois et demi, 20
jours.
M. Mercier: A entendre les commentaires du vérificateur,
il y a peut-être un contrat où il y a eu une période d'un
an de rodage, mais quant aux autres, huit jours, 18 jours, 20 jours, je pense
que c'est tout de même quelque chose où il n'y a pas de quoi
fouetter un chat. Comme le disait le ministre des Finances tout à
l'heure, c'est un peu normal qu'il y ait...
M. Berthiaume: Une promotion.
M. Mercier: Le ministre d'Etat aux finances, c'est tout de
même une pratique qui était commandée par certaines
circonstances.
Le Président (M. Picard): Pas d'autres questions?
M. Bédard (Chicoutimi): Une seconde, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'on peut passer au
ministère du Revenu? Non?
M. Bédard (Chicoutimi): Au paragraphe 2 de la page 2-102,
toujours concernant les services
professionnels, concernant également l'approbation du travail
exécuté, le Vérificateur général fait
remarquer que les travaux exécutés par les professionnels, tels
que plans et devis, ne font pas l'objet d'une attestation écrite de la
part d'un représentant du ministère que l'exécution du
travail est conforme au mandat confié. Est-ce que vous avez
retrouvé cette anomalie dans plusieurs cas?
M. Vien: Cela n'existe pas de façon
générale. C'est plutôt comme recommandation, nous croyons
que l'intérêt de la province serait mieux servi s'il y avait un
fonctionnaire qui prenait la responsabilité de dire que les travaux ont
été exécutés selon le mandat, c'est le sens de
notre remarque là-dedans.
Cela n'est pas fait actuellement, la loi ne demande pas ça.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, à
la page 2-103, concernant les travaux confiés à des entrepreneurs
par contrat, le vérificateur fait remarquer que "l'article 9 de la Loi
des travaux publics exige que le ministre obtienne une bonne et suffisante
caution pour tous les cas où des travaux publics sont faits à
l'entreprise. Actuellement, le ministère ne demande pas de cautionnement
pour les contrats dont le coût est inférieur à $25,000.
Nous comprenons les difficultés que cause l'application de cette
disposition de la loi, mais nous ne pouvons souscrire au fait qu'il y
déroge."
Pouvez-vous nous dire les motivations de cette remarque? Est-ce que
c'est du point de vue de l'efficacité que vous vous opposez à
cette anomalie ou si c'est tout simplement parce que la loi le prévoit
spécifiquement et que la loi n'est pas appliquée?
M. Vien: C'est simplement parce que la loi le demandait. Cela n'a
pas été fait selon la loi. C'est seulement ce fait qu'on veut
mentionner.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous êtes
à même de nous dire s'il y a des conséquences importantes
qui peuvent découler du fait que la loi n'est pas respectée dans
un cas précis comme celui que vous explicitez?
M. Vien: On n'a pas relevé de cas où il y aurait eu
perte d'argent par le fait qu'on n'avait pas demandé une bonne et
suffisante caution.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, dans votre esprit, il
pourrait se présenter des cas où ça pourrait se solder par
une perte pour le gouvernement, étant donné l'absence...
M. Vien: En théorie, oui, mais je ne peux pas vous dire
jusqu'à quel point il pourrait y en avoir.
M. Boutin: Qu'est-ce qu'on entend par preuve suffisante de
caution, à part d'un bon de garantie? C'est simplement cela?
Une Voix: Simplement cela.
M. Boutin: Pour un contrat de $25,000, c'est la loi? La
solvabilité d'une personne, dans un montant qu'on peut calculer quand
même assez restreint, exige néanmoins une caution par
soumission?
M. Larose: La loi est ainsi faite.
M. Boutin: J'ai de la difficulté à comprendre
cela.
M. Berthiaume: Je ne blâme pas M. Larose, mais est-ce que
la loi peut être interprétée de façon que, dans
certains cas, lorsque le contrat est suffisamment petit, bonne et suffisante
caution ne puisse être zéro?
M. Vien: Je peux vous lire l'article de la loi, je l'ai ici
devant moi. "Le ministre doit, dans tous les cas où des travaux publics
sont faits à l'entreprise, veiller soigneusement à ce qu'il soit
donné bonne et suffisante caution en faveur de Sa Majesté pour
l'exécution régulière de ces travaux, etc."
M. Berthiaume: Je pose la question bien candidement, parce que je
ne connais pas la réponse. Prenons un cas extrême, un contrat de
$200, est-ce que la loi peut être interprétée de
façon à vouloir dire que bonne et suffisante caution, dans le cas
d'un contrat de $200, peut être $0.00?
M. Larose: Je ne le sais pas.
M. Berthiaume: Je pose candidement la question, je ne le sais
pas.
M. Larose: Je ne peux pas vous répondre non plus.
M. Vien: II y a différentes formes à ce
moment-là. Ce n'est pas nécessaire d'avoir une police
d'assurance, j'imagine, s'il s'agit d'un contrat de seulement $200. Cela
pourrait prendre une autre forme, je ne sais pas, un dépôt
d'argent, par exemple. Moi, je ne crois pas que ce serait nécessaire,
pour un cas semblable, surtout si on a affaire à quelqu'un de
solvable.
M*. Mercier: Un petite caution morale peut entrer en ligne de
compte?
M. Vien: Comme on vous l'a dit au début, la loi demande
cela et on a constaté qu'il y avait un écart par rapport à
ce que disait la loi.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais il a dû y avoir des cas
précis où se pose le problème. Je vous soumets un
problème. Disons qu'un entrepreneur qui n'aurait pas fourni la caution
nécessaire commence des travaux, que, à l'intérieur de
l'exécution de ces travaux, un accident se produit et que des poursuites
en dommages-intérêts sont intentées contre l'entrepreneur.
A ce moment-là, s'il n'a pas de caution, s'il n'a pas de contrat
à plus forte raison, mais s'il n'a même pas fourni de caution au
gouvernement à ce moment-là...
M. Berthiaume: Le député de Chicoutimi me surprend
un peu. Je ne sais pas s'il me permettrait une question.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais finir mon
exposé.
M. Berthiaume: Pour éclaircir la question du
député, simplement. Le député étant avocat,
c'est un peu dans ce sens-là que je lui pose la question. Dans un cas
semblable, est-ce que ce ne seraient pas plutôt les assurances qui
couvriraient le risque?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, il peut y avoir cela; mais
s'il n'en a pas? S'il n'en a pas d'assurance? Cela peut arriver.
M. Berthiaume: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Si l'entrepreneur n'a pas
d'assurance, n'a pas fourni de caution...
M. Berthiaume: Je me rends compte que ma question est pertinente,
je ne suis pas avocat.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le cas précis que je
veux poser. Si l'entrepreneur n'a pas d'assurance, n'a pas fourni de caution et
qu'à l'intérieur de l'exécution de ses travaux, un
accident se produit, qu'il est passible d'une importante poursuite en
dommages-intérêts, est-ce que le gouvernement ne peut pas, en fin
de compte, être tenu responsable, étant donné que, dans
l'exercice de l'exécution de ses travaux, il agit quand même comme
agent du gouvernement?
M. Berthiaume: Admettons que c'est un contrat de $1,000, le gars
ne peut pas avoir une caution pour un montant de $50,000. Il peut avoir une
responsabilité pour $50,000 même pour l'exécution d'un
contrat de $1,000. Je ne vois pas comment la caution pourrait aider à
régler le problème que soulève le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Je crois que les lois ne sont pas
faites pour ne rien dire. Si la Loi des travaux publics prévoit
l'obligation d'une caution, c'est pour prévoir justement des cas qui
peuvent s'apparenter à celui que je viens de signaler ou encore d'autres
cas semblables.
M. Berthiaume: Dans ce cas-là, pour un contrat de $1,000,
pour poursuivre l'exemple, est-ce que la solvabilité de l'entrepreneur
ou du contractant ne peut pas être une caution? Sur le plan
légal?
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne commencerai pas à
vous donner des opinions légales. Je pense que nous sommes ici pour
poser des questions. Si je vous en donne une, vous allez opiner dans le sens
contraire, j'en suis convaincu.
M. Berthiaume: Je ne suis pas avocat.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous allez opiner dans le sens
contraire, j'en suis convaincu.
Simplement, que le vérificateur faisant ces remarques, exigeant
la nécessité d'une caution, que cette caution-là, dans
bien des cas, n'est pas fournie par l'entrepreneur, je crois, qu'au bout de la
ligne, il pourrait se présenter, éventuellement, des cas
où la responsabilité du gouvernement pourrait être
engagée.
M. Vien: II pourrait, en théorie, survenir des cas
où il y aurait perte pour le gouvernement si...
Le Président (M. Mercier): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: Dans un cas de poursuite comme ça justement
contre le gouvernement, le gouvernement possède-t-il des assurances
contingentes de non-responsabilité vis-à-vis des tiers?
M. Larose: J'imagine que oui mais seulement, demandez-le...
M. Boutin: C'est parce que ça clorait...
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-être que le ministre
d'Etat pourrait nous répondre? Adressez votre question au ministre
d'Etat.
M. Berthiaume: Je dirai au député d'Abitibi-Ouest
que, dans le cas de l'exécution d'un contrat, c'est l'entrepreneur qui
doit être assuré...
M. Boutin: Oui, d'accord.
M. Berthiaume: ... ou le professionnel. En ce qui concerne les
assurances du gouvernement, d'une façon générale, sauf
exception, le gouvernement s'assure lui-même dans ce sens qu'il calcule
que le risque étant ce qu'il est, ça coûte moins cher de
s'assurer soi-même et de prendre le risque que de s'assurer.
M. Boutin: C'est parce qu'il existe quand même des
assurances justement pour couvrir le fait de l'insolvabilité des tiers
qui exécutent des travaux pour une personne, une corporation ou autres.
C'est normalement la façon de procéder afin de ne pas avoir de
réclamation éventuelle, on assure des personnes au cas où
elles ne seraient pas assurées. C'est une police qui n'est pas tellement
dispendieuse, c'est ce qu'on appelle des responsabilités
contingentes.
C'est ce que je voulais dire par clore l'affaire de la caution.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le deuxième
paragraphe, toujours, en ce qui a trait aux travaux confies à des
entrepreneurs, par contrat, vous faites une remarque similaire à celle
faite concernant les services professionnels selon laquelle, en ce qui regarde
les contrats et l'exécution des travaux, le ministère a
adopté la pratique de ne pas faire signer de contrat à
l'entrepreneur lorsque le coût
prévu est inférieur à $25,000 et vous
spécifiez, encore une fois, avec raison, que cette pratique va à
l'encontre des prescriptions de l'article 9. Pourriez-vous nous dire à
quel échantillonnage vous avez procédé et combien de cas
vous avez pu relever?
M. Vien: Comme contrats de service, c'est-à-dire des
travaux d'entretien, nous avons quinze échantillons et nous avons douze
cas. Dans les contrats de construction, nous avons un cas. Cela
représente...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont tous des contrats en bas
de $25,000.
M. Vien: En bas de $25,000.
M. Bédard (Chicoutimi): A la page 2-104 je n'ai pas
l'intention de lire le paragraphe au complet concernant les travaux
confiés à des entrepreneurs, par commande d'exécution, on
peut voir que vos constatations révèlent des
irrégularités flagrantes dans l'administration des fonds publics.
Pouvez-vous nous dire quelle est la fréquence de ces
irrégularités que vous mentionnez?
M. Vien: A quel endroit mentionnons-nous des
irrégularités flagrantes?
M. Bédard (Chicoutimi): Dès le premier paragraphe,
lorsque vous dites: "Nous croyons qu'il aurait fallu en pareils cas
procéder par demande de soumissions en circuit fermé, comme le
veut la pratique établie, et, conformément aux règlements
AF-1, obtenir une autorisation du Conseil du trésor avant d'attribuer
les contrats dont le coût était supérieur à $5,000".
Cela fait quand même beaucoup de contraventions. Vous dites un peu plus
loin je ne voulais pas citer les paragraphes au complet dans le
haut de la page 205: "Cependant, nous avons remarqué à quelques
reprises que l'ensemble des commandes d'exécution accordées
à un même entrepreneur pour effectuer des travaux à un
endroit donné, sans caractère apparent d'urgence, totalisait plus
de $30,000 lorsqu'on en cumulait les coûts."
M. Vien: Je ne sais pas si vous avez remarqué. Il y avait
deux choses. D'abord, il y avait des contrats de service, puis il y avait des
contrats de construction. Pour les contrats de service, il était
question d'une limite de $5,000. Dans les cas de contrats de construction, il
était question de $25,000. Un peu plus bas, lorsque vous relevez le mot
"cependant", il s'agit de plusieurs commandes de travaux pour lesquelles, si on
les avait groupées, on aurait dépassé la limite de
$25,000. Vous voulez avoir des cas, est-ce que c'est cela?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
M. Vien: Pour ce qui est des contrats de service pour des travaux
non urgents et de plus de $1,000, on a relevé un cas et il est
cité ici. Pour ce qui est des contrats de construction où il y
aurait eu regroupement de commandes et d'exécutions pour dépasser
$25,000, on aurait cinq cas ici.
M. Bédard (Chicoutimi): Cinq cas. M. Vien: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur un échantillonnage de
combien de cas?
M. Vien: Je n'ai pas ici l'étendue de
l'échantillonnage.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous ne trouvez pas,
surtout concernant la remarque à la page 205, lorsque vous dites que
vous avez remarqué à quelques reprises que l'ensemble des
exécutions accordées à un même entrepreneur pour
effectuer des travaux à un endroit donné, sans caractère
apparent d'urgence, totalisait plus de $30,000, est-ce que vous ne trouvez pas
que cela peut être un cas de violation directe de la loi et que cela peut
être une façon détournée de faire du patronage
à l'endroit d'un entrepreneur en particulier?
M. Vien: II s'agit ici d'une dérogation à un
règlement d'administration financière, le règlement AF-1.
Il ne s'agit pas de la loi à ce moment. C'est un règlement du
Conseil du trésor.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'un règlement, ce
n'est pas la loi, un peu?
M. Larose: C'est édicté en vertu de la loi. Cela
n'avait pas...
M. Bédard (Chicoutimi): II ne faudrait pas commencer
à faire des distinctions de raison.
M. Larose: Vous tirez votre conclusion, évidemment, de...
Je ne sais pas. Vous dites que dans le rapport on mentionne justement que
plusieurs... "Cependant nous avons remarqué, à quelques reprises,
que l'ensemble des commandes d'exécution accordées à un
même entrepreneur pour effectuer des travaux dans un endroit donné
sans caractère apparent d'urgence totalisaient plus de $30,000 lorsqu'on
accumulait les coûts".
On ne tire pas plus de conclusion que cela. Je pense qu'on vous
mentionne le fait. Le ministère aurait peut-être des
justifications à donner que nous ne voyons pas. On dit que
d'après notre opinion, il n'y avait pas de caractère apparent
d'urgence dans ce cas.
M. Bédard (Chicoutimi): La loi dit qu'on ne peut pas faire
indirectement ce qu'il n'est pas permis de faire directement. C'est ce que vous
ne corrigez pas...
M. Larose: C'est pourquoi...
M. Bédard (Chicoutimi): ... que c'est une ma-
nière indirecte, pour le gouvernement... Dans les cas
précis que vous avez pu examiner, c'est une manière, du
gouvernement, en divisant certains contrats, de pouvoir les donner, tous, sans
soumissions, alors que si on les avait totalisés, chose qu'il aurait
été fort possible de faire, on aurait été
obligé d'aller à la soumission.
M. La rose: On l'a signalé.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre d'Etat
pourrait nous donner des renseignements là-dessus?
M. Berthiaume: Le genre de chose dont il s'agit est le suivant:
Pendant l'exécution d'un contrat, qui peut être de moins de
$25,000, il peut arriver une commande, sur les mêmes lieux, pour quelque
chose de similaire. Il semble alors plus efficace de demander au même
entrepreneur d'exécuter un deuxième contrat, ce qui fait que le
total des deux peut excéder $25,000. Si la chose se faisait d'une
façon systématique, je dirais, comme le député de
Chicoutimi: Franchement, c'est irrégulier et cela prête à
des abus. Mais c'est vraiment exceptionnel. Un des exemples, les travaux de
maçonnerie qui sont faits autour de la cité parlementaire.
Pendant l'exécution d'un premier contrat, on s'est rendu compte qu'il y
avait d'autres réparations à faire de même nature. Alors
que la limite est de $25,000, on a pu excéder $25,000 si on combine deux
contrats. Mais dans aucun cas, est-ce que l'un ou l'autre des contrats
excédait $25,000? J'attire l'attention de la commission sur le fait que
c'est vraiment exceptionnel. Ce n'est pas systématique. De sorte que
à nos yeux, cela ne nous paraît pas irrégulier, ni
illégal, ni contraire au règlement AF-1.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre d'Etat me dit que
c'est exceptionnel. Je veux bien prendre sa parole, mais pour m'en convaincre,
j'imagine qu'il n'aurait pas objection à nous fournir de plus amples
renseignements, peut-être pas ce soir, mais...
M. Berthiaume: Je n'ai pas d'objection. Je peux même donner
les renseignements immédiatement, parce qu'à notre connaissance,
il ne s'agit que d'un cas. Peut-être y en a-t-il d'autres, mais nous n'en
connaissons qu'un. Il s'agit...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Vérificateur...
M. Berthiaume: ... de l'exemple que j'ai cité, soit les
travaux de maçonnerie autour de la cité parlementaire.
On m'informe qu'en 1974/75, il n'y en a eu aucun. Mais durant
l'année précédente, il y aurait eu cette histoire de
réparations à l'édifice A, par la suite, il y a eu une
exigence de réparer une cheminée, et, finalement, un
troisième contrat concernant l'édifice D. Alors, le
ministère des Travaux publics a dit: C'est trop. On a eu recours
à des soumissions publiques pour l'édifice D. La seule addition a
été pour des réparations de che- minée, des travaux
de maçonnerie. Quand l'édifice D est arrivé, on a dit: II
ne faudrait pas abuser, et suivirent des appels d'offres.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'autres questions, M.
le Président.
Le Président (M. Picard): Merci, messieurs!
Revenu
Nous allons maintenant passer à l'étude des trois rapports
du ministère du Revenu.
(Fin de la séance à 15 h 18)
Reprise de la séance à 21 h 23
M. Picard (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
Le chef de l'Opposition officielle.
M. Morin: Merci, M. le Président. Je voudrais commencer
par adresser des félicitations au Vérificateur
général pour l'élégance de ses observations et de
ses commentaires.
A titre d'exemple, on trouve à plusieurs reprises, dans son
rapport, des phrases qui disent: Mes propos sont encore d'actualité;
alors que ce qu'il veut signifier, c'est évidemment: Le ministère
concerné n'a pas tenu, ou n'a guère tenu compte de nos
observations de l'année précédente.
Je trouve que vous faites preuve là, M. le Vérificateur
général, d'une très grande amabilité et c'est sur
le même ton que je voudrais aborder les quelques questions que j'ai
à vous poser au sujet du ministère du Revenu.
Tout d'abord, la première question j'en ai quatre ou cinq
porte sur le calcul de la provision pour créances douteuses et
crédits à accorder sur cotisations émises.
Je me réfère, en particulier, en premier lieu, à
votre rapport de 1973, page 3-123. On y trouve l'observation suivante: "Te!
qu'expliqué précédemment, nous maintenons
c'est-à-dire dans les rapports précédents, c'est une
question qui est déjà vieille de quelques années
malgré le désaccord du contrôleur des finances à ce
sujet, l'opinion à l'effet que cette provision pour crédits
à accorder... il s'agit des crédits à accorder sur
cotisations déjà émises ... devrait être
établie si les états financiers du ministère et de la
province doivent montrer la réalité en ce qui concerne les
comptes à recevoir inscrits aux livres, c'est-à-dire leur valeur
réalisable estimée."
Il semble que cette observation n'ait pas produit grand effet au
ministère du Revenu puisque l'année suivante, dans votre rapport
pour l'année 1974, à la page 4-135, vous revenez sur la question.
Vous nous dites: "Le contenu de nos rapports se rapportant aux années
financières
1971/72, 1972/73 a fait état de la politique du contrôleur
des finances de ne pas pourvoir de provision pour les crédits à
venir sur cotisations émises et nous maintenons toujours l'opinion,
malgré son désaccord, que cette provision devrait être
considérée afin de refléter les comptes à recevoir
estimés réalisables et partant, l'inscription fidèle de la
valeur de ces comptes aux états financiers du ministère et de la
province."
Est-ce que je pourrais vous demander, comme toute première
question, M. le vérificateur, à quoi tient essentiellement ce
désaccord qui dure maintenant depuis trois ou quatre ans entre
vous-même et le contrôleur des finances?
M. Larose: Je vais vous donner mon point de vue. Je pense qu'il y
a un représentant du contrôleur des finances qui pourrait donner
le sien s'il le désire. Fondamentalement, le ministère du Revenu
inscrit à ses livres et dans ses comptes à recevoir les
cotisations à percevoir des contribuables. Nous sommes d'opinion que,
dans ces comptes à recevoir, deux types de pertes peuvent se produire.
Une première perte attribuable aux pertes pour créances
mauvaises, l'incapacité de payer du contribuable; il y a une perte,
à ce moment-là, qui s'établit et qui est reconnue par le
contrôleur des finances et par nous. A cette phase-là, quant
à la perte pour insolvabilité, nous sommes d'accord tous les
deux. Par ailleurs, il y a une autre partie des comptes à recevoir
où on peut constater, à l'analyse, qu'il y a beaucoup de ces
comptes à recevoir qui sont âgés, qui ont vieilli et pour
lesquels il faudra sans doute aussi, à un moment donné,
émettre des avis de cotisation amendés, des corrections aux
cotisations antérieures, aux cotisations qui ont donné naissance
à l'inscription des comptes à recevoir.
Nous sommes d'opinion, à ce moment-là, comme il y a
possibilité et à l'expérience il y a
possibilité en réalité que la perception
complète de ces comptes ne pourrait pas se faire, il devrait être
pourvu de façon estimative aux crédits de cotisation, aux
crédits qui devront être accordés aux contribuables
à l'endroit des cotisations émises.
Là-dessus, le contrôleur des finances, je parle sous toute
réserve, vous me corrigerez sans aucun doute, le contrôleur des
finances répond que, comme il y a possibilité que de nouvelles
cotisations soient émises à l'endroit d'autres contribuables, par
conséquent, elles pourraient facilement compenser pour les
crédits qui devront être émis sur les cotisations
déjà émises.
Les cotisations à venir pourraient compenser aussi pour les
crédits à venir. Nous répondons là-dessus que
lorsque nous avons à exprimer une opinion sur des états
financiers du gouvernement, nous ne pouvons pas projeter des montants à
venir, il nous faut exprimer une opinion sur ce qui est inscrit aux livres du
gouvernement et non pas sur ce qui est à inscrire. C'est là que
se situe fondamentalement, je pense, la différence d'opinion.
M. Morin: J'avoue que nous en avons déjà
causé au cours d'un entretien antérieur, je ne peux pas faire
autrement que m'étonner de l'attitude du contrôleur des finances.
Là-dedans, je pense que nous sommes d'accord avec votre façon de
voir. Ce qui m'étonne, c'est que le contrôleur tient à
inclure dans les revenus des montants qui, sans doute, ne seront jamais
perçus et c'est une attitude, je ne peux pas vous le cacher, qui nous
surprend beaucoup. Nous nous sommes interrogés sur le pourquoi de cette
attitude. Est-ce que ce serait que le contrôleur des finances voudrait
témoigner par ce moyen qu'il est insatisfait du travail du
ministère du Revenu?
On s'est dit: C'est peut-être ça. Ce serait une
façon d'exprimer son mécontentement. Peut-être que le
ministre aurait une explication à donner, parce que ça fait tout
de même trois ou quatre ans que ça dure, que ce désaccord
persiste. Il me semble que si on veut donner une image fidèle de la
réalité, on doit donner raison au Vérificateur
général.
M. Berthiaume: M. le Président, étant donné
qu'il s'agit d'une matière à opinion, je demanderais à
l'adjoint du contrôleur des finances, M. Breton, de donner le point de
vue du ministère des Finances sur cette question.
M. Morin: A condition que le ministre nous dise ensuite s'il y a
moyen de concilier les deux points de vue et s'il va s'y employer.
M. Berthiaume: M. Larose a donné une bonne partie de notre
version. Là où nous nous situons, c'est que, pour nous, si on
veut que les états financiers présentent une meilleure
réalité, on ne voit pas comment on peut prendre en
considération une partie et ignorer l'autre partie qui est beaucoup plus
considérable que les $20 millions ou $25 millions qui ne sont pas aux
livres. A ce moment, selon nous, ce serait verser dans ce qu'on appelle en
comptabilité le conservatisme. On a fait une petite extrapolation de ce
que pourrait représenter ce qui n'est pas aux livres. On a
peut-être $20 millions ou $25 millions, je ne me rappelle pas exactement
le montant que M. Larose indique dans son rapport, mais il me semble que
c'était cela.
On a estimé, d'une part, quel pourrait être le montant des
revenus gagnés au chapitre de l'impôt sur le revenu des
particuliers, au chapitre de la taxe sur la vente en détail, sur les
carburants, le tabac, les repas, l'hôtellerie. On a tenu compte, d'autre
part, d'une estimation des remboursements à effectuer contre les trop
perçu d'impôt, les comptes devant être remboursés sur
les réclamations qui ont ou qui seront présentées. De tout
cela, le bilan demeure positif pour un montant d'au-delà de $100
millions. On peut difficilement admettre qu'on doive diminuer les
résultats de $20 millions alors qu'on sait sciemment qu'il y a $100
millions qui ne sont pas là. C'est surtout là-dessus que s'appuie
notre point de vue, parce qu'en retenant cette dimension, on considère
que c'est verser dans le conservatisme. Je serais curieux d'avoir l'opinion de
quelque autre personne de l'extérieur.
M. Morin: Si le conservatisme consiste à montrer la
réalité avec fidélité en ce qui concerne les
comptes à recevoir, c'est-à-dire leur valeur réalisable
estimée, nous serions tentés, pour notre part, de donner raison
au Vérificateur général. Qu'est-ce que vous
répondez, M. le vérificateur?
M. Larose: Ce que je vous ai mentionné tout à
l'heure, c'est que l'état de l'actif et du passif du gouvernement
indique des comptes à recevoir de tant de millions de dollars à
une date donnée. C'est appuyé par une liste de comptes, c'est
appuyé par des comptes qui portent un nom. C'est sur ceux-là
qu'on a à exprimer une opinion et non pas sur ceux qui sont pour
l'avenir et qu'on ne peut pas examiner; on ne peut pas savoir.
On a une opinion à exprimer sur les comptes qui nous sont soumis
et non pas sur les autres.
M. Morin: En matière de vérification, ce ne serait
peut-être pas la même chose qu'en matière sociale. En
matière de vérification, je pense que le conservatisme est une
bonne chose.
Est-ce qu'on peut compter que vous allez réussir à vous
mettre d'accord sur ce point-là?
M. Berthlaume: Cela dépend si le Vérificateur
général change d'avis.
M. Larose: J'imagine que le Vérificateur
général pourrait répondre la même chose.
M. Morin: Autrement dit, dans plusieurs années, vous allez
encore nous dire, comme vous le dites toujours avec tant
d'élégance, que vos propos sont encore d'actualité.
M. Berthlaume: M. le Président, je disais cela un peu pour
badiner. Le sous-ministre du Revenu m'informe qu'ailleurs, dans les autres
provinces... On ne croit pas que cela existe ailleurs. Compte tenu de cette
situation, l'opinion du ministre d'Etat des Finances concorde avec celle du
contrôleur des finances plutôt qu'avec celle du
vérificateur.
M. Morin: Je m'excuse, M. le ministre. Voulez-vous dire que, dans
les autres provinces, il n'y a pas de provisions pour les crédits
éventuels sur les cotisations émises?
M. Larose: Au gouvernement du Canada, entre autres, ces comptes
ne sont même pas aux livres. Ils ne sont pas enregistrés à
l'actif. Par conséquent, on n'a pas besoin de les provisionner, parce
qu'on marche sur une base de caisse.
M. Berthlaume: Je rapporte les paroles d'un autre. Je vais
demander à M. Gauvin, le sous-ministre des Finances, d'expliciter ce
renseignement. Le sous-ministre du Revenu, pardon. Je ne sais pas si c'est une
promotion.
A chacun ses problèmes.
A chacun ses problèmes.
Naturellement, lorsqu'une cotisation est prélevée, elle
est due, d'après la loi, et c'est le revenu de l'année.
Maintenant, il y a des comptes à recevoir, comme le Vérificateur
général l'a expliqué tantôt, qui ne
démontrent pas, par exemple, qu'il y a possibilité de les
percevoir en totalité, à cause de conditions
particulières.
C'est tout à fait normal d'avoir une réserve pour
mauvaises créances, comptes douteux. Mais de là à
anticiper toutefois que tous les comptes en suspens ou encore
comptabilisés dans les grands livres subsidiaires aux comptes à
recevoir, que chacun d'eux est entaché d'un doute, je crois que ce
serait pousser la pensée d'une réserve ou d'une provision un peu
loin.
Aussi le fait qu'une cotisation ou encore un compte à recevoir
enregistré dans un grand livre général peut
également être augmenté comme tel, pour le même
contribuable... Mais si on fait une réserve approximative, on ne
considère pas chaque compte individuellement.
Je me demande si le montant estimé des possibilités de
réduction de cotisations dans le temps n'est pas un montant tout
à fait aléatoire qui peut être aussi bien $1 que $100,000
et...
Remarquez bien que je parle dans l'extrême.
M. Morin: En réalité, qu'est-ce qu'il a
été depuis quelques années?
M. Berthlaume: En réalité, cela ne dépend
pas du fait que le compte était douteux. Cela peut dépendre
aussi, tout simplement, que les faits n'étaient pas bien
déterminés.
M. Morin: Ah! oui.
M. Berthlaume: Cela ne veut pas dire que le compte était
douteux. Mais si on traite, par exemple, une possibilité de X, en
millions de dollars pour dire que ce sont des comptes douteux, j'ai certaines
réserves. Personnellement, j'en ai.
M. Morin: Maintenant, M. le Président, je puis m'adresser
directement au sous-ministre. Sans aller jusqu'à penser que tous vos
comptes à recevoir sont entachés d'un doute, même en
admettant que certains vont faire l'objet d'une révision de votre part,
non pas parce qu'ils sont de mauvaises créances, mais parce que vous
aviez fait une erreur, ou vous rajustez votre tir, il n'empêche que,
est-ce que je me trompe en disant que les montants sur lesquels vous comptiez
ou que vous aviez inscrits au grand livre ne s'y trouvent pas, en fin de
compte, de sorte que les revenus réels sont moindres que les montants
que vous aviez inscrits pour les comptes à recevoir?
J'espère que je ne déraisonne pas...
M. Berthiaume: Non.
M. Morin: J'espère que vous me suivez.
M. Berthlaume: Oui.
M. Morin: Donc, il y a un écart quand même,
même si ce n'est pas parce que la créance est
douteuse ou mauvaise. M. le vérificateur viendra à mon
aide, si je fais erreur, j'espère que je raisonne correctement, il reste
un écart entre le compte tel qu'inscrit au grand livre et puis ce que
vous allez percevoir en réalité.
M. Berthiaume: Oui, mais il y a un historique dans ces comptes
à recevoir et dans ces réserves également. Si on maintient
une réserve, on crée une provision pour mauvaises créances
ou comptes douteux dans une année à un montant exorbitant et
qu'on la maintient comme ça et qu'on ne s'assure pas, en
réalité, de combien on a perdu, chaque année, afin
d'ajuster la provision en conséquence, où allons-nous?
C'est bien beau lancer $25 millions ou $50 millions...
M. Morin: C'était $16 millions en 1973.
M. Berthiaume:... mais, d'un autre côté, si les
pertes ne se chiffrent que par un certain montant, par quelques millions,
comparativement à la provision, il y a un historique également
dans une provision pour créances douteuses. Ce n'est pas simplement...
à moins de faire l'analyse de comptes individuels, c'est impossible de
le faire dans un ministère comme le nôtre; mais dire, par exemple,
en règle générale, de tous les comptes à recevoir
d'ailleurs qui ont pu être créés trois jours
auparavant, remarquez bien, trois jours auparavant, parce qu'on parle du 31
mars d'une année que déjà c'est douteux, c'est
aussi bien dire que lorsqu'une personne achète un bien dans une vente
à tempérament, du moment qu'elle passe la porte, elle est
douteuse immédiatement, en tout cas, l'on crée une
réserve.
Notez bien qu'il y en a qui vont traverser la rue et qui vont se faire
tuer. Alors, ça devient un mauvais compte. Mais de là à
dire que l'on va créer une réserve pour ce compte-là, par
exemple...
M. Morin: C'est un peu théorique ça, M. le
Président.
M. Berthiaume: C'est une conception peut-être
différente mais, comme on a dit tantôt, c'est une question sur
laquelle on peut être plus ou moins réservé.
Une Voix: Pessimiste.
M. Larose: Si vous me permettez, l'analyse de la provision que
nous avons faite n'a pas été faite de façon globale, comme
semble le laisser entendre M. Gauvin. Nous avons analysé chacune des
catégories de comptes et tous les comptes de $3,000 et plus, sans
prendre tout simplement une provision globale tout de même, nous avons
fait analyser en profondeur. Maintenant, je pense que le ministère
lui-même a déjà...
M. Chouinard (Guy):... individus... M. Larose: C'est
ça.
M. Chouinard: Les comptes étaient en opposition et appel,
des cas litigieux, la provision a été établie justement
strictement en fonction de ces comptes-là. Quand vous parlez de comptes,
assurément, la cotisation a été établie cette
année ou l'année dernière... ces comptes n'ont pas
été considérés dans cette provision pour ajustement
là.
M. Berthiaume: Vous avez pris tous les comptes au-delà de
$3,000
M. Chouinard: De $3,000 et plus qui étaient soit en
opposition ou en appel dans tous les secteurs de la fiscalité.
M. Berthiaume: Est-ce que, par définition, en opposition
ça veut dire qu'on va céder?
M. Chouinard: Non, pas par définition. Mais
assurément...
M. Berthiaume: Donc, vous avez pris un pourcentage sur ces
comptes là.
M. Chouinard: A ce moment-là, après avoir
rencontré les officiers responsables dans les secteurs donnés,
avoir discuté des possibilités d'aller chercher cette
cotisation-là, d'aller chercher le montant global, cotisé, mis au
livre, que ce soit suite à une interprétation fiscale ou à
une information qui se complétait de la part du contribuable,
assurément, lorsque le vérificateur est allé sur les
lieux, le cotisé, dans bien des cas, le contribuable se sentant
acculé au pied du mur, il en sort de l'information et complète
les renseignements et nous amène des arguments nouveaux... cela
amène le ministère, je ne vous apprends rien, par la suite,
à aller vérifier ces dires-là. Il n'a pas le temps de le
faire le lendemain matin, des fois ça prend un ou deux ans, il y a un
paquet de choses à contrôler. Partant d'une étude de
dossier comme ça, avec les officiers de votre ministère, nous
avons établi une provision pour ajustement de cotisation, pour ces
comptes-là de $3,000 et plus, datant de 30 mois et plus, de $20 millions
en 1973/74.
M. Larose: Maintenant, j'ajouterais aussi que le ministère
a déjà reconnu une telle...
M. Chouinard: Le ministère a reconnu une provision de $10
millions.
M. Larose: ... provision, dans un document qu'il a établi
lui-même, parce qu'il reconnaît une provision moins forte que la
nôtre, mais il reconnaît lui-même la nécessité
d'une provision.
M. Chouinard: La différence qu'il y a entre notre
provision et la leur, c'est qu'ils ont pris, pour établir leurs $10
millions, les comptes de $10,000 et plus, d'après l'étude de la
lettre que j'ai ici.
M. Berthiaume: C'est parce que nous avons aussi notre opinion
là-dessus. Ce n'est pas une
mauvaise créance. C'est une augmentation à cause d'une
diminution de la population. Si l'on prend seulement une partie de la
chose...
M. Morin: Remarquez qu'ils ne l'appellent pas mauvaise
créance.
M. Berthiaume: C'est cela, créance douteuse...
M. Morin: Non, ils font bien la distinction. Ils parlent de
créance douteuse, mais aussi ils spécifient. Je vous lis le
texte. Un instant que je retrouve. Ils parlent de "provision" pour "ajustement
sur cotisation déjà émise". Ce n'est pas
nécessairement créance douteuse, mais si leur sondage
révèle qu'effectivement...
M. Berthiaume: II a pour titre "provision pour perte
estimée".
C'est parce que, voici, là-dessus, on fait...
M. Morin: Je suis d'accord sur cette expression. Cela a l'air que
ça reflète la réalité.
M. Berthiaume: A ce moment, il faudrait prendre l'autre partie de
la médaille, parce que, dans les cotisations qu'on a émises
actuellement, il y en a qu'on va réviser pour augmenter la cotisation.
C'est pour cela qu'on dit qu'on ne peut pas en prendre seulement une partie. Ce
n'est pas comme une provision pour mauvaise créance. C'est un revenu
qu'on va diminuer, et, de l'autre côté, c'est un revenu qu'on va
augmenter. C'est pour cela qu'on diffère d'opinion et cela fait un bout
de temps. C'est ce qui fait qu'on en a discuté souvent, quoique nous ne
soyons pas responsables de la provision.
M. Morin: Est-ce que vous vous servez de cela comme des vases
communicants? Vous dites: C'est parce qu'on va en augmenter certaines, cela va
compenser...
M. Berthiaume: C'est parce qu'on ne peut pas évaluer. Si
on prend une chose, il faut prendre le problème dans son ensemble, ne
pas en prendre seulement la moitié.
M. Morin: Qu'est-ce que vous répondez, messieurs? C'est un
beau débat théorique, cela. Ce n'est pas moi qui vais le
trancher, mais je voudrais bien que vous vous mettiez d'accord, parce qu'il y a
quatre ans que cela dure.
M. Chouinard: Je prétends une chose, c'est qu'en affaires,
un type qui a une possibilité pour faire une vente, ne l'écrit
pas dans ses comptes recevables si la vente n'est pas faite au 31
décembre, si son année financière se termine le 31
décembre. Si on...
M. Berthiaume: L'autre, est-ce qu'il va avoir sa perte de vente?
Tout à coup je donne des crédits, parce que j'ai vendu d'urgence.
Il va enlever des comptes qu'il ne pense pas bons à percevoir, mais il
ne dit pas: Je donne des crédits parce qu'il y a untel, Jos.
Latrimouille, qui me demande une escompte de 10%. Je ne le prévoirai pas
dans mes états financiers. Je vais le prévoir si c'est une
mauvaise créance, et s'il dit à un moment donné que jamais
il ne va me payer.
M. Chouinard: Si son compte a trois ans, il va se poser de
sérieuses questions.
M. Larose: J'ajouterais, M. Saint-Charles, qu'une entreprise qui
n'est pas parfaitement sûre qu'elle va émettre des notes de
crédit à l'endroit de son revenu d'une année va
nécessairement prendre une provision, parce qu'elle ne sera certainement
pas intéressée à payer des impôts par anticipation.
Elle va certainement prendre une provision pour les crédits qu'elle aura
à émettre si elle est sûre, et par expérience,
qu'elle émettra des crédits.
M. Berthiaume: C'est une autre argumentation.
M. Larose: Parce qu'elle ne paiera pas d'impôt par
anticipation.
M. Berthiaume: C'est un autre problème. C'est parce que la
provision des créances douteuses et des mauvais comptes affecte le
profit imposable en faveur du contribuable. Plus il l'augmente, plus cela fait
son affaire. Ce n'est pas le cas d'un gouvernement.
M. Larose: Ce n'est pas le cas d'un gouvernement, mais je vous
dis... On nous dit tout à l'heure que, dans l'entreprise, cela ne se
fait pas. Cela se fait dans l'entreprise. C'est clair, d'après moi, que
cela se fait dans l'entreprise. On est sûr de cela.
M. Berthiaume: M. le Président, est-ce que je pourrais
faire seulement une remarque? Je suis assez content d'avoir laissé
parler les experts, parce que j'en perds le peu de latin que j'ai.
Le Président (M. Picard): M. Breton.
M. Berthiaume: Par rapport à une entreprise privée,
je vois par l'établissement des cotisations le ministère du
Revenu, comme étant sa production, une entreprise privée, par
ailleurs, je comprends que si elle anticipe des diminutions sur les comptes
qu'elle a émis, elle va en tenir compte. Cependant, elle va avoir dans
ses livres ses travaux en cours, son produit fini, ses inventaires, ce que nous
n'avons pas ici au gouvernement. Je pense qu'il faut voir cela comme un cas
vraiment particulier par rapport à l'entreprise privée. Il faut
envisager, je dirais, le principe du conservatisme sous un angle un peu
différent, parce que, comme je le disais tout à l'heure, ces $20
millions ne sont pas dans le bilan à l'état de l'actif et du
passif du gouvernement, mais on a $100 autres millions qui, par ailleurs, n'y
sont pas également et
qui seraient du côté positif. Je pense que c'est important.
Autrement, il me semble, je suis convaincu, selon ma façon de voir les
choses, que ce serait verser dans ce que j'appelle du conservatisme.
M. Larose: Tout simplement une chose, pour ne pas prolonger
inutilement le débat, mais sur la même façon de raisonner,
si on se dit: II manque $100 millions d'actif, nous, à ce moment, c'est
bien difficile pour nous autres, d'arriver et d'exprimer une opinion sur des
actifs qui manquent.
Deuxièmement, par exemple, la même forme d'argument... Je
voudrais bien dire, à ce moment, que, dans le même esprit, il
faudrait peut-être mettre tous les passifs du gouvernement. Pourtant il y
a des passifs comme le fonds de pension et d'autres qui n'y sont pas.
M. Morin: C'est un débat intéressant, M. le
Président, et je ne pense pas que ce soit nécessairement ni au
chef de l'Opposition, ni au ministre de trancher un débat comme cela. Je
me demande seulement comment vous allez arriver à vous mettre d'accord
pour avoir une procédure qui fasse l'unanimité, et qu'on ne
revienne pas, année après année, avec les mêmes
observations.
Je ne vais certainement pas me permettre, étant donné que
je vois la complexité de la chose, de faire une proposition pour
trancher la chose. D'ailleurs, je ne pense pas que cela nous appartienne
vraiment, en tant que commission.
Bien! Nous pourrions peut-être, si on arrivait à se faire
une idée, demander aux deux parties d'adopter telle attitude. Moi, je
préférerais franchement demander aux deux parties d'essayer de se
mettre d'accord. Déjà, le débat est un petit peu plus
aéré ce soir.
Est-ce qu'on pourrait souhaiter que vous arriviez à régler
cela, d'ici le prochain rapport, malgré vos différences de
philosophie?
Moi, je pense plutôt, à vous écouter, que ce n'est
pas tellement une différence de philosophie qu'une différence de
point de vue. Il y a le point de vue du vérificateur, lui, qui,
nécessairement, doit être un peu conservateur, parce qu'il veut
rendre vraiment compte de la réalité.
Moi, je vous avoue que je penche du côté du
vérificateur, mais je reconnais que je ne suis pas la plus haute
compétence technique pour trancher un problème aussi
complexe.
J'aimerais bien, cependant, et le ministre aidant, peut-être, que
vous arriviez à réconcilier vos violons pour jouer le même
air.
M. Berthiaume: Si vous me permettez seulement une petite
observation. Cela ne pourra pas être réglé pour le prochain
rapport du vérificateur, parce que les résultats financiers ont
été déposés. Les revenus, les dépenses sont
publiés dans la Gazette officielle. Cela ne peut pas être
changé.
M. Morin: Oui.
M. Berthiaume: Au mieux, cela pourra être dans le
deuxième rapport. Je suis bien d'accord pour qu'on en vienne a une
entente.
Dans cet esprit justement, il y a eu des cas que j'ai pu discuter, soit
avec M. Lefaivre ou M. Breton, de commentaires du Vérificateur
général qui sont revenus plusieurs années. Finalement,
à force de jaser, justement, on est venu à réconcilier les
idées, c'est-à-dire que finalement le ministère des
Finances a convenu qu'il y a peut-être moyen d'arriver à quelque
chose d'intéressant qui satisfasse le Vérificateur
général, dans d'autres cas.
Dans ce cas, peut-être peut-on espérer arriver à une
entente également. Je n'en sais rien, parce que comme l'a
souligné le chef de l'Opposition officielle, c'est une conversation
extrêmement technique. Je ne me sens pas professionnellement
compétent pour en juger vraiment. C'est pour cela que je disais
tantôt que j'étais heureux d'avoir laissé parler le
sous-ministre du Revenu et l'adjoint du Contrôleur des finances.
Par contre, on peut peut-être faire une remarque utile à
cet égard. Le gouvernement publie ses états financiers et publie
également les comptes publics. L'intérêt de l'ensemble de
ces deux démarches est de montrer, sur le plan comptable, la plus grande
vérité. Le fait que les deux soient connus du public nous
approche de cette vérité. Est-ce que les états financiers,
à eux seuls, donnent toute la vérité? Peut-être
peut-on en discuter. Mais le fait de l'existence des comptes publics nous donne
quand même un autre point de vue. Alors, celui qui peut être
intéressé à la question... Lorsque le gouvernement fait
des emprunts, par exemple, ces documents étant publics, c'est disponible
a ceux qui prêtent au gouvernement, à ce moment, c'est
évalué au mérite de celui qui prête, dans l'esprit
de celui qui prête, pour ne prendre qu'un exemple.
C'est dans ce sens que je crois que finalement la vérité
peut, selon l'interprétation de l'un ou de l'autre, quand même
être disponible.
M. Morin: Oui, mais enfin, il reste que... Vous vouliez dire
quelque chose, M. Larose?
M. Larose: Un dernier commentaire, tout simplement. La loi nous
demande d'exprimer une opinion sur l'état qui nous est soumis. Alors, il
faut se placer dans le contexte où nous avons à dire: Cela, c'est
vrai. On n'a pas le choix de dire que... Nous sommes placés, par la loi,
devant ce contexte, devant cette obligation...
M. Berthiaume: Oui, d'accord, M. Larose! Mais on se rend compte
qu'à l'occasion, la vérité prête à
interprétation, et c'est dans ce sens que je dis que les deux
interprétations sont quand même connues du public. Dans ce sens,
c'est bon. C'est une vérité qui est peut-être plus
complète.
M. Morin: Je pense que malgré les différences
philosophiques, il devrait être possible de réconcilier les deux
points de vue à la satisfaction des parties.
M. Berthiaume: Je l'ai dit tantôt au chef de l'Opposition.
C'est arrivé dans d'autres cas où cela a traîné
longtemps et, finalement, on s'est mis d'accord. C'est peut-être possible
aussi, dans ce cas.
M. Morin: Oui.
M. Berthiaume: II est évident que cela pourrait se faire
dans des discussions privées que je pourrais avoir avec le sous-ministre
du Revenu, soit M. Lefaivre ou M. Breton.
M. Morin: C'est une question de démarche, finalement, plus
que de philosophie et je pense qu'on peut clore le débat pour l'instant.
M. Larose, je m'attends que vous nous parliez, à nouveau, dans votre
prochain rapport, de la même chose. On va attendre le rapport suivant
pour espérer que la question soit réglée.
Je voudrais peut-être passer à une autre question qui est
la perception des montants dus par des compagnies en faillite et la question de
ce qu'on pourrait appeler l'indulgence à l'endroit de certains
mandataires qui font défaut de remettre l'argent.
Le Président (M. Picard): Pouvez-vous indiquer à
quelles pages?
M. Morin: Oui. Je vais faire allusion à deux rapports
successivement. D'abord, le rapport de 1973, à la page 3-128 et ensuite,
je me référerai à des observations similaires qui se
trouvent dans le rapport de 1974 aux pages 4-137 et 4-138.
Dans son rapport de 1973, le Vérificateur général
nous dit qu'il ressort de l'analyse d'un ta-beau détaillé qu'il
nous donne que 520 mandataires sur les 887 analysés ont fermé
leur établissement et cette situation, évidemment, rend les
créances très difficiles à percevoir.
Le Vérificateur général dit et je cite: "Nous avons
pu observer lors de notre examen des comptes à recevoir que le
ministère était beaucoup trop indulgent à l'égard
des mandataires qui produisent des rapports de perception de taxe sans remettre
l'argent perçu ou avec remise partielle et des délinquants
(non-production de rapports mensuels). "Et il ajoute je saute quelques
lignes "Lorsque l'on constate, par exemple, qu'un mandataire peut ainsi
être fautif depuis plus de cinq ans et poursuivre quand même ses
opérations de façon normale, il y a lieu de s'interroger sur
l'efficacité démontrée par la direction dans l'utilisation
à bon escient des contrôles établis."
Devrais-je aussi donner lecture des paragraphes pertinents du rapport
1974? Peut-être puisque, vraiment, on doit constater que le
problème n'a pas été réglé.
On nous dit à la page 4-137: "L'examen des dossiers de faillite
nous a démontré de façon probante que les recommandations
formulées à notre dernier rapport sur l'administration des
diverses lois fiscales au 31 mars 1973 sont toujours pertinentes." Toujours la
même élégance du Vérifica- teur
général pour dire qu'on n'a pas tenu compte de ses
observations.
Et ensuite, suivent un certain nombre d'exemples et le commentaire
suivant à la page 138: "Les faiblesses dans le recouvrement des
créances ont certainement contribué à la perte de revenus
par le ministère, suite à la faillite de plusieurs contribuables
et mandataires. Maintes fois avons-nous constaté l'impossibilité
pour le ministère d'exécuter des jugements vu
l'insolvabilité des débiteurs, alors que si les mêmes
actions avaient été prises en temps opportun, les chances de
recouvrement auraient probablement été meilleures."
Je m'arrête là, mais on pourrait citer au long plusieurs
paragraphes qui suivent.
Il ressort donc clairement de ces commentaires du Vérificateur
général que le ministère du Revenu nous paraît
je vais essayer de dire les choses le plus objectivement possible et
sans vouloir être désagréable pour personne
inefficace et qu'en raison de cette inefficacité, des montants
importants sont perdus.
Le Vérificateur général est revenu à
plusieurs reprises là-dessus dans le passé.
J'aimerais lui demander s'il pourrait nous donner plus de
détails, nous expliquer comment il se fait que 40% des créances
en matière de faillite datent de plus de trois ans et quelles sont les
suggestions qu'il ferait au ministère pour mettre de l'ordre
là-dedans. On va poser la question au Vérificateur
général.
M. Larose: J'aimerais aussi entendre la version du
ministère là-dessus parce que nous constatons des faits qui sont
là et que nous relatons, c'est-à-dire que le ministère
semble avoir énormément de difficultés et ne trouve pas
moyen de percevoir ses comptes à temps. Nous donnons tout ce que nous
avons constaté. Quant à faire des suggestions, je ne sais pas si
on en aurait de façon pratique, à l'heure actuelle. Nous avons
suggéré à un endroit en particulier, de mémoire,
sans lire tout le rapport, qu'il faudrait que le personnel de la section du
recouvrement soit amélioré tant en quantité qu'en
qualité. Cela a été suggéré. Notre
suggestion, en fait, fondamentalement, c'est qu'on apporte, à la
perception des comptes au ministère du Revenu, une plus grande
attention.
Le Président (M. Picard): M. Gauvin.
M. Berthiaume: Avec tout le respect que je dois au
Vérificateur général, je crois que ses remarques
étaient justes, mais, d'un autre côté, cela ne veut pas
dire qu'au ministère, on n'était pas conscient du
problème. Le problème est toujours là, mais ne peut pas
être résolu en un tour de main. Il ne faut pas oublier que le
ministère du Revenu a également un historique. Il vivait dans le
temps, il y a plusieurs années. Il y a des choses qui se sont
également accumulées à cause du fait que les lois du temps
ne donnaient pas tous les pouvoirs nécessaires pour percevoir tous les
impôts. Avant 1967, il y a encore des créances qui sont dues et,
dans le domaine des corporations tout
particulièrement, il fallait poursuivre les contribuables pour se
faire payer. Ceci causait énormément de difficultés. Cela
a été changé pour déplacer le fardeau en donnant le
droit d'opposition. Depuis 1967, on peut percevoir ces comptes, mais, d'un
autre côté, pour les vieux comptes d'avant 1967, il faut continuer
à poursuivre. Nous sommes en voie de tout examiner cela.
Après tout, des $2 milliards, des $3 milliards et des $4
milliards de revenus que nous percevons depuis quatre ans, à toutes fins
pratiques, nos comptes à recevoir s'élèvent à
environ 4%. Si on regarde cela dans son ensemble, cela n'apparaît pas
être hors de comparaison avec d'autres juridictions qui n'ont
peut-être pas les mêmes lois à administrer que celles que
nous avons. Parce que, si on compare le ministère du Revenu
fédéral avec le nôtre plus particulièrement, au
fédéral, on ne perçoit que les impôts sur le revenu
des particuliers et des corporations tandis qu'au ministère du Revenu du
Québec, on perçoit également les taxes à la
consommation. Les taxes à la consommation présentent des
problèmes particuliers. Il n'y a pas de déclaration annuelle
comme pour l'impôt. Nous avons simplement des rapports mensuels. Il
faudrait avoir suffisamment de personnes pour pouvoir suivre ces comptes d'une
façon constante et mensuelle. Là, la question se pose: Combien de
comptes devons-nous donner à chacun des individus que nous avons?
Nous savons très bien actuellement qu'en comparant l'effectif que
nous avons, je crois qu'en fonction du nombre de comptes que nous avons, sans
regarder la complexité de chacun, chaque individu est responsable
d'environ 3,000 comptes. C'est pratiquement une impossibilité à
suivre, malgré le fait qu'il se fait énormément d'efforts
et même que, depuis 1972, depuis la réorganisation du
ministère, nous savons au moins, aujourd'hui, ce qu'un contribuable ou
un mandataire doit dans toute la gamme des impôts et des taxes. Avant
1972, il y avait une direction générale des impôts qui se
préoccupait seulement de percevoir les impôts. Dans le même
ministère, on avait la direction générale des taxes de
vente qui percevait seulement des taxes de vente. Jamais on n'avait une vue
d'ensemble du problème. C'est seulement depuis 1972 qu'on s'est
réorganisé sur une base fonctionnelle de façon à
pouvoir connaître... Quand une personne se présente et nous dit:
Je dois tant d'impôt, on sait pertinemment bien, ipso facto, qu'elle doit
également des taxes de vente. Le problème n'est plus le
même. Cela peut-être $5,000 pour un, mais cela peut-être
$15,000 pour l'autre. Alors, le problème prend une plus grande
envergure.
Le problème de la perception est d'autant plus difficile, surtout
de nos jours, particulièrement où l'argent est rare et cher,
mais, si nous pouvons avoir le personnel requis pour percevoir tous ces
comptes, je vous dis qu'il pourrait se faire énormément de
progrès. Depuis 1972, on a pu accomplir énormément de
progrès dans les méthodes. Nous avons resserré
énormément des mesures, nous avons mis en exécution
beaucoup plus de dispositions législatives qui nous permettent de
percevoir, d'agir d'une façon plus coercitive, plus draconienne, assez
pour aller à l'extrême, fermer des commerces.
Si on se reporte à toutes les plaintes que nous avons et les
lettres que nous recevons pour demander indulgence, une chose que je n'aime pas
tellement comme qualificatif, quand on dit que nous sommes bien indulgents,
parce que je ne crois pas que le contribuable pense que le ministère du
Revenu est si indulgent...
M. Morin: C'est le vérificateur qui a dit ça.
M. Berthlaume: Cela ne fait rien, je m'en tiens au qualificatif.
Il y a des mesures qui se prennent aujourd'hui et qui ne se prenaient pas il y
a quatre ans. Tout ceci... A part ça, on a des instruments aujourd'hui
qu'on n'avait pas. On a aujourd'hui une procédure de perception. On dit
à nos gens quoi faire, mais d'un autre côté, il faut bien
avoir des gens à qui dire quoi faire. Il faut rehausser le calibre de
l'individu, parce que la complexité de perception est d'autant plus
difficile aujourd'hui. Dans certains cas, il faut pratiquement sortir du sang
d'une roche.
M. Morin: Du sang de...
M. Berthlaume:... du sang d'une roche. C'est qu'il y a
également aujourd'hui des moyens à employer pour...
M. Morin: ... comme métaphore, soit dit en passant.
M. Berthlaume: Cela veut dire qu'il y a des cas qui sont
pratiquement impossibles. Il y a des gens qui se rendent également
à l'épreuve de jugements et, si on n'est pas immédiatement
dans le temps, on est devant une difficulté insurmontable dans certains
cas.
M. Morin: C'est pour ça d'ailleurs que le
Vérificateur général nous disait...
M. Berthlaume: Nous sommes conscients de tout ça.
M. Morin:... procéder à des
vérifications.
M. Berthiaume: Nous sommes conscients de tout ça, mais
d'un autre côté, cela ne veut pas dire qu'on ne perçoit pas
les comptes, on les perçoit. Nous avons émis 500,000 avis de
cotisation débiteurs cette année, à l'impôt sur le
revenu seulement, à l'individu. Il faut percevoir ces comptes. Cela va
se percevoir naturellement sur une période de temps, mais là
où nous avons de la difficulté, c'est quand nous faisons de
nouvelles cotisations... L'individu qui fait sa déclaration
d'impôt et qui en doit sait qu'il le doit. Tôt ou tard, il va
être obligé de payer. L'entreprise ou la corporation qui
reçoit un compte, à la suite d'une vérification sur place,
que ce soit comme mandataire ou comme
contribuable elle-même, bien souvent, elle ne s'attend pas
à une telle cotisation additionnelle, elle n'a pas prévu le
paiement et voici que nous arrivons avec un montant substantiel de dette
qu'elle n'a pas prévu, elle est obligée de se resaisir et de
repenser tout son financement.
Tout ceci crée des difficultés. Il nous faut des gens,
avec un bon calibre pour pouvoir apprécier tout ça. D'ailleurs,
le Vérificateur général a été tout à
fait correct en disant qu'il nous faut augmenter en nombre et en qualité
le personnel, si on veut recouvrer davantage, mais de là à
dire... Je pourrais vous dire que les comptes à recevoir en proportion
des revenus baissent depuis quatre ans. Cela ne veut rien dire, ça ne
veut pas dire que ça ne traduit pas nécessairement les
progrès que nous faisons.
J'apprécie les progrès dans la vérification en
fonction des gestes posés, des instruments utilisés et de la
réaction des contribuables, non pas par des chiffres absolus, ou des
pourcentages absolus. Il s'est fait des progrès, on peut en faire
énormément de plus, mais, d'un autre côté, il nous
faut les outils.
C'est la solution que le Vérificateur général a
présentée et c'est la seule que nous envisageons.
M. Chouinard: A la conclusion, à la fin du rapport
1972^74. On mentionne bien: "Le ministère, conscient des lacunes
mentionnées précédemment, a entrepris l'étude
systématique du fonctionnement du service du recouvrement et a
élaboré des projets visant à modifier profondément
ce secteur aux fins d'obtenir toute l'efficacité dont on est en droit de
s'attendre d'un tel service. Les efforts présentement
déployés pour en améliorer le rendement, ajoutés
aux nouveaux systèmes informatiques en usage (MIDAS) et/ou en voie de
l'être (IFI, DECOR), permettraient éventuellement de pallier en
grande partie les difficultés de perception éprouvées au
service du recouvrement et de traiter avec diligence les cas des contribuables
délinquants..." C'est tout le problème.
M. Berthlaume: Nous avons fait une étude, comme le
Vérificateur général vient de le dire, M. le
Président. Nous avons une réorganisation déjà
instaurée, mais, d'un autre côté, il nous faut des meubles,
pour des gens en place, pour pouvoir faire l'ouvrage.
M. Morin: Est-ce que vous avez autre chose à ajouter, M.
le vérificateur? Vous êtes satisfait de cette explication?
M. Larose: J'exprime le souhait, ce que M. Gauvin souhaite
également, qu'il y ait une augmentation du personnel et qu'il y ait une
attention plus grande à la perception. Que cela devienne une
réalité.
M. Morin: On reparlera peut-être un peu plus loin de la
question du personnel, si vous voulez. On peut peut-être la suspendre
pour l'instant.
J'aimerais passer à la question de la perception des droits sur
les machines distributrices.
Je me réfère au rapport le plus récent, 1974,
à la page 4-144. Au bas de la page et au sommet de la page suivante, on
trouve le commentaire que voici: "L'article 140 de la loi des licences stipule
que "Nul ne peut avoir en sa possession ou sous son contrôle, à
quelque titre et dans quelque local que ce soit, qu'il en soit fait usage ou
non, un distributeur automatique sans avoir obtenu une licence annuelle
à cet effet, laquelle est émise sur paiement des droits."
Un peu plus bas, les observations du vérificateur sont les
suivantes: "L'analyse des revenus à l'égard de l'application de
cette loi nous a révélé que les articles relatifs aux
distributeurs automatiques ne sont pas appliqués par le ministère
depuis nombre d'années. Ils devraient l'être ou des dispositions
en vue de leur modification devraient être prises".
Ce n'est pas au Vérificateur général que je vais
demander de faire le commentaire puisque lui, il a été
très net, son opinion est bien claire, mais je voudrais demander au
ministère ce qu'il compte faire.
Est-ce qu'il va appliquer les dispositions de la loi ou est-ce qu'il va
modifier la loi pour la mettre en conformité avec les dures
réalités?
M. Berthlaume: Ceci date de 1950. C'est une disposition qui n'a
jamais été appliquée.
M. Morin: Je m'excuse, mais, à première vue, vous
allez comprendre mon étonnement et ma perplexité.
M. Berthlaume: Ah oui! comme la mienne; comme a été
la mienne lorsque j'ai appris cela.
M. Morin: Alors, expliquez-moi un peu comment cela peut se
faire.
M. Berthlaume: Ce sont des distributeurs automatiques dont la
licence doit se chiffrer par $1,000 l'unité. C'est un
arrêté en conseil qui date du 19 avril 1950. Apparemment, j'ai une
lettre du ministère qui disait de ne pas l'appliquer, qu'il avait
reçu des instructions dans le temps. Je n'ai pas plus d'informations que
cela. Cela n'a jamais été appliqué et, aujourd'hui, il
faut prendre le moyen pour corriger la situation.
M. Morin: Vous voulez dire la corriger en l'appliquant ou la
corriger en modifiant l'arrêté en conseil?
M. Berthlaume: Cela fait partie de la décision du ministre
des Finances du temps. C'est une anomalie, mais ce n'est pas une anomalie
récente.
M. Morin: Du point de vue du ministère du Revenu, est-ce
que vous souhaitez le maintien de l'arrêté en conseil et avoir les
moyens de l'appliquer? Ou bien si vous pensez que c'est quelque chose de
désuet ou d'inapplicable parce que ce n'est pas réaliste?
M. Berthiaume: Le montant m'apparaît exorbitant, $1,000 par
machine distributrice. En plus de cela, il nous faudrait du personnel
additionnel pour surveiller tout cela. Dans tous les établissements, il
y en a, et Dieu sait qu'il peut y en avoir par milliers. Il faudrait surveiller
cela.
M. Morin: Ce serait une source de revenus importante pour le
fisc.
M. Berthiaume: Absolument. Mais, d'un autre côté, je
crois bien qu'il faut que le ministre des Finances regarde la situation et nous
dise quoi faire.
M. Morin: Vous ne pensez pas que ce ne sont pas tellement les
distributrices qu'il faut contrôler que les distributeurs?
M. Berthiaume: Les distributeurs sont contrôlés
d'une façon différente.
M. Morin: Oui, mais, enfin, vous pouvez tout de même
arriver à établir, en vérifiant les opérations d'un
distributeur, combien il a de machines en place.
M. Berthiaume: Absolument. Mais vous regardez ceux qui en auront
600, ça fera des droits...
M. Morin: Alors...
M. Berthiaume: C'est parce que ça n'a jamais
été appliqué, c'est un arrêté en conseil,
ça ne semble pas être une loi et...
M. Morin: Cela émane d'une loi.
M. Berthiaume: Oui, mais c'est un arrêté en conseil
que j'ai ici moi, no 421...
M. Morin: M. le sous-ministre, est-ce que c'est $1,000 par
machine ou jusqu'à $1,000?
M. Berthiaume: C'est $1,000 pour chaque appareil de ladite
catégorie.
M. Morin: Evidemment, quand vous avez affaire à une petite
coopérative étudiante qui a trois machines, si vous allez lui
demander $3,000, il y a des chances que la petite coopérative
étudiante fasse faillite.
M. Berthiaume: Ecoutez, je vais risquer une raison et là
je ne suis pas certain, parce que je n'étais pas là. La raison
pour laquelle ça n'a jamais été appliqué, c'est que
les municipalités appliquent un droit déjà, mais des
droits qui sont inférieurs.
M. Boutin: La taxe d'affaires.
M. Morin: Bon. Alors écoutez. Si c'est votre avis, il
reste à en persuader le ministre des Finances et que ce soit
changé le plus vite possible, parce que ça n'a pas de sens que
ça reste sur les livres.
Techniquement, je suis obligé de vous dire que cela a la
même vigueur qu'un texte de loi, un décret gouvernemental, ce
n'est pas moins applicable qu'une loi.
M. Berthiaume: D'accord. Moi aussi je suis un peu
étonné d'apprendre ces choses. J'avais vu la chose qui est
là, on m'informe qu'on s'apprête justement à faire modifier
l'arrêté en conseil, ce qui semble être la chose la plus
simple.
M. Morin: Pour supprimer complètement le droit ou pour le
rabattre?
M. Berthiaume: Là, ce sera au lieutenant-gouverneur en
conseil à évaluer ou au moins à régulariser la
situation.
M. Morin: Bon, alors je n'insiste pas et j'imagine que,
l'année prochaine ou l'année suivante au plus tard, nous serons
devant une situation régularisée.
Peut-être pourrions-nous dire deux mots, il me reste seulement
deux questions, M. le Président, je pense bien qu'avec un peu de bonne
volonté, d'ici une quinzaine de minutes, nous pourrions avoir
terminé.
Je voudrais revenir sur le problème du personnel auquel on a
déjà fait allusion tout à l'heure. Il est bien certain que
si le ministère n'a pas le personnel requis, il peut difficilement
mettre sa loi en vigueur.
Le ministre se souviendra, en tout cas le sous-ministre, lui, se
souviendra d'un article, pas particulièrement plaisant, publié
dans la Presse, le 1er octobre 1975 où on décrivait un certain
nombre de problèmes du ministère je vois qu'il y en a qui
s'en souviennent et on parlait de 490 postes vacants, d'un roulement
très élevé...
Le Président (M. Picard): A l'ordre! Je ferai remarquer au
chef de l'Opposition que cette question-là je ne sais pas
où vous voulez en venir me semble être une question
à poser lors de l'étude des crédits.
M. Morin: M. le Président, non, je dois constater que
c'est une question qui touche à l'efficacité du ministère,
par rapport au Vérificateur général et c'est dans ce
contexte-là que je veux la poser. Je n'ai pas du tout envie d'aller
discuter les crédits du ministère, ce n'est pas ça du
tout, et si je m'en vais de ce côté-là, vous me rappellerez
à l'ordre.
Le Président (M. Picard): D'accord.
M. Morin: Je constate qu'il y a un roulement très
élevé dans le personnel et je me demande si le ministre ou le
sous-ministre ne pourrait pas nous dire comment il se fait que, depuis cinq
ans, on connaît ce problème-là, qui a des
conséquences pour la bonne administration, qui a des conséquences
du point de vue du Vérificateur général.
Cela fait au moins cinq ans, enfin, à ma connaissance, cela fait
trois ans qu'on en parle. Il semble qu'on n'arrive pas à le
résoudre. C'est peut-être une nouvelle occasion, parce que c'est
vrai qu'on en a parlé à l'étude des crédits, je le
reconnais, mais dans une perspective de crédits du ministère.
Je voudrais que le sous-ministre nous explique s'il y a moyen de sortir
de cette situation et, en même temps, de rassurer le Vérificateur
général.
M. Berthiaume: C'est que dans le domaine particulier du
recouvrement, après avoir fait l'étude de nos besoins et de la
restructuration de ce secteur, on a fait les demandes d'effectif additionnel.
On nous en a donné. Ce ne sont pas avec des postes vacants qu'on fait le
travail, alors il faut recruter. Le recrutement, à ce niveau n'a pas
été très fructueux. Nous avons des postes, mais nous
n'avons pas de personnes pour asseoir à ces postes. C'est un
problème de recrutement. Il ne faut pas oublier que, pour faire le
travail de recouvrement, cela ne demande pas naturellement un comptable
professionnel. Cela demande une personne avec certaines aptitudes et une
certaine attitude. Il n'est pas nécessaire que le candidat soit plein de
théories et de techniques...
M. Morin: Quelqu'un qui peut tirer du sang d'une roche! Cela
prend un gars désagréable.
M. Berthiaume: C'est évident que le marché du
travail n'a pas répondu adéquatement à nos efforts. C'est
la raison pour laquelle nous avons pu obtenir un corps particulier de
fonctionnaires, qu'on appelle les agents de recouvrement du ministère de
la Fonction publique et du Conseil du trésor. D'un autre
côté, tout n'est pas complété. Il reste seulement ce
corps. Tant et aussi longtemps que tout ne sera pas mis au point,
naturellement, je ne crois pas qu'on puisse espérer recruter tout le
personnel qu'il nous faut dans ce secteur. Des postes vacants, il en existe
dans tous les secteurs. Nos demandes ont été comblées en
très grande partie pour des effectifs additionnels, mais c'est encore
toujours le marché du travail qui ne répondait pas à nos
attentes. Alors, c'est la situation du ministère du Revenu qui a
également perdu énormément, je dirais plusieurs de ses
bons éléments à d'autres juridictions, à d'autres
entreprises.
M. Morin: Vous aussi, vous êtes capable
d'élégance, M. le sous-ministre.
M. Berthiaume: Ce sont des faits réels.
M. Morin: Des faits, oui, mais justement, est-ce que cela ne
tient pas au fait que peut-être vos barèmes de salaires ne sont
peut-être pas aussi élevés que ceux de ce que vous appelez
les autres juridictions?
M. Berthiaume: En partie, vous avez parfaitement raison. C'est
sûr, dans le temps, mais les nouveaux barèmes feront
peut-être la différence.
Je ne sais pas, on verra. D'un autre côté, aussi, dans
d'autres secteurs, même des juridictions différentes offrent des
salaires qui sont en dehors du marché également
M. Morin: II y a quand même une différence de $4,000
entre les deux juridictions, pour parler "euphémistiquement". Disons
clairement qu'entre le gouvernement fédéral et le gouvernement
québécois, il y a une différence de $4,000 environ.
M. Berthiaume: Cela dépend des fonctions de l'individu.
Naturellement, lorsqu'ils viennent chercher nos meilleurs
éléments, ils sont prêts à leur donner des salaires
assez substantiels, comparativement aux nôtres dans le moment.
M. Morin: Vous pensez qu'avec les nouvelles échelles, vous
allez pouvoir régler ce problème? Je me pose des questions.
M. Berthiaume: En bonne partie, M. le Président, si on me
permet d'intervenir, parce qu'évidemment, dans ce genre de fonction
comme dans un tas de fonctions, il y a une certaine concurrence avec
l'entreprise privée. Quand on compare les échelles
proposées, par rapport à des fonctions similaires, compte tenu,
évidemment, des avantages sociaux, on s'attend raisonnablement que le
recrutement soit plus facile avec la nouvelle convention collective. Mais cela,
d'une façon générale, pas seulement au ministère du
Revenu, mais d'une façon globale.
Nous avons également des classes de fonctionnaires ou de
professionnels dont le recrutement est très difficile. Par exemple, je
parle des AGF, les agents de la gestion financière, qui ne viennent plus
des universités. Autrefois, on avait des maîtrises en commerce,
etc., mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. On est obligé de recruter
des bacheliers et également des gens qui étudient dans les
facultés d'administration, qui ne sont pas nécessairement
orientés vers la vérification. D'ailleurs, c'est le
problème qu'envisagent les bureaux de comptables en pratique. Je pense
bien que même le bureau du Vérificateur général doit
avoir ses difficultés dans ce domaine également.
Il faut naturellement déployer énormément d'efforts
pour former et développer ces gens, leur démontrer ou encore leur
fournir tous les outils nécessaires pour apprendre la
vérification et se développer dans ce domaine. Ceci crée,
d'autant plus de difficultés, parce que pendant qu'on entraîne ces
gens, naturellement les gens qui sont préoccupés à
l'entraînement ne font pas autre chose, et cela crée des
difficultés et des coûts additionnels.
Nous croyons, en fonction des offres salariales, que nous allons
résoudre énormément de problèmes de recrutement,
mais aussi cela va contribuer à retenir ceux que nous avons. C'est
déjà une chose très importante. Si on pouvait retenir au
moins ceux que nous recrutons, je crois que nous aurions accompli quelque
chose.
M. Morin: Bien! On va souhaiter que ce problème connaisse
un dénouement au moins partiel, au cours de l'année qui
vient.
M. Mercier: Excusez, M. le Président, on m'informe qu'il y
a un vote en Chambre.
M. Morin: J'ai encore une question.
Le Président (M. Picard): Avez-vous encore plusieurs
questions?
M. Morin: Non, une.
Le Président (M. Picard): Une seule?
M. Morin: Une seule. Seulement... Bien...
Le Président (M. Picard): Parce qu'on peut les faire
attendre cinq minutes?
M. Morin: II y a moyen de les faire attendre?
Le Président (M. Picard): Ah oui! SI vous me promettez
cinq minutes.
M. Morin: C'est possible? J'aimerais mieux vider cela et qu'on
aille voter ensuite.
Ce n'est pas une question particulièrement agréable. On
s'en est déjà parlé aux derniers crédits. Le seul
qui puisse vraiment répondre à la question, je pense que c'est le
Vérificateur général.
C'est la question de Lever Brothers. Lors de l'étude des
crédits au printemps 1974 et au printemps 1975, nous avons
tenté... le sous-ministre s'en souviendra, ce ne fut guère
agréable, ni d'un côté, ni de l'autre...
Le Président (M. Picard): A quelle page du rapport du
Vérificateur général?
M. Morin: Ce n'est pas une page du rapport. Le
Vérificateur général peut nous éclairer sur le
recouvrement...
Le Président (M. Picard): N'oubliez pas que le mandat de
cette commission...
M. Morin: Oui.
Le Président (M. Picard): ... est l'étude des trois
derniers rapports annuels.
M. Morin: Oui, j'ai compris, mais je pense que cela fait partie
des compétences du Vérificateur général. En tout
cas, je voudrais lui poser la question rapidement.
Si vous voulez absolument que je l'accroche à une page, je peux
l'accrocher à la question de perception, mais il n'en est pas fait
mention et c'est pour cela que je pose la question.
En tout cas, laissez-moi finir la question et vous jugerez
après.
Nous avons tenté de savoir ce qu'il était ad- venu d'un
avis de cotisation de $183,000 émis par le ministère du Revenu,
à la compagnie de savon, Lever Brothers. Cet avis exigeait le versement
de la taxe de vente sur les primes incluses dans le produit, dans la
boîte de savon, par la compagnie. Or, le raisonnement était le
suivant: Si le savon n'est pas imposable, les primes le sont.
Lorsque cette question est arrivée sur le tapis pour la
première fois en août 1973 je vous fais grâce des
détails qui pourraient rendre la question peut-être un peu
délicate je sais qu'on avait dit à ce moment que le seul
qui puisse vérifier le bien-fondé ou non de l'annulation de telle
taxe est le Vérificateur général, M. Gérard Larose.
C'était une déclaration du sous-ministre adjoint de
l'époque, à ce que je vois, M. P-E. Moreau. Alors, puisque le
Vérificateur général est le seul qui puisse nous
éclairer sur la question, j'aimerais lui demander s'il peut nous dire si
la somme réclamée a été payée ou si l'avis
de cotisation a été annulé, en partie ou en
totalié.
M. Larose: C'est une question qui n'a pas été
touchée dans le rapport lui-même. Je me demande si je peux
répondre, en fait, à une question qui n'a pas été
mentionnée dans le rapport, spécifiquement. J'ai soulevé
cette question l'autre jour à l'occasion d'une autre question qui
m'avait été posée. Car il est possible que des questions
nous soient posées par l'ensemble de la députation sur tous les
sujets imaginables qui ne sont pas traités dans le rapport; alors, je me
demande si c'est réellement ce que la Loi de l'administration
financière attend de nous.
M. Berthiaume: M. le Président, si vous me permettez,
j'ajouterais à cela que si on veut rattacher cela c'est une
question technique à la perception, je pense que même
là c'est un peu difficile de le faire étant donné qu'il
n'y a pas de cotisation qui a été émise; ce n'est pas un
compte à recevoir, alors, il n'est même pas là. C'est un
compte non existant.
M. Morin: II y a eu un avis de cotisation à un moment
donné.
M. Berthiaume: On me dit que non.
M. Morin: Jamais d'avis de cotisation? Est-ce que c'est la
situation?
M. Berthiaume: Je me rappelle vous avoir posé la question:
est-ce que vous avez eu une copie de l'avis de cotisation?
M. Morin: Non, nous n'avons pas eu copie de l'avis de cotisation,
c'est un fait.
Alors, je n'ai qu'une question à poser, M. le Président,
ce sera probablement la dernière. C'est une question théorique,
mais je voudrais savoir à qui m'adresser. C'est cela mon
problème. Supposons que moi, je me pose ou qu'un autre
député se pose des questions sur la perception de telle ou telle
taxe qui n'a pas été payée, dont il a lieu de
croire, peut-être erronément, qu'elle n'a pas
été payée. Le ministère nous répond: Je ne
peux rien dire parce que c'est un compte particulier, ce n'est pas une
catégorie de contribuables, c'est un contribuable en particulier, donc
je ne peux pas répondre. Le Vérificateur général
nous dit: Moi, connais pas. Quel moyen avons-nous de vérifier si une
entreprise, sur laquelle nous avons un doute, encore une fois fondé ou
erroné, peu importe, quel moyen avons-nous de vérifier que cette
entreprise a effectivement payé ses taxes et qu'il n'y a pas eu
d'influence indue exercée sur un ministère, en particulier le
ministère du Revenu, puisqu'il s'agit de perception de taxes, pour
obtenir un report ou une modification ou une annulation de l'avis de
cotisation? C'est cela ma question théorique. Je reconnais qu'elle est
théorique, mais je voudrais savoir à qui m'adresser pour avoir
une réponse.
Le Président (M. Picard): Je pourrais répondre
à cela, si vous le permettez. Premièrement, poser cette question
au Vérificateur général, ce serait lui demander une
réponse. Poser une question au Vérificateur général
en vertu du chapitre 17 des lois de 1970, qui donne les devoirs du
Vérificateur général, et il est bien dit je crois
que c'est à l'article 77, si ma mémoire est fidèle
que seul, le lieutenant-gouverneur en conseil ou le Conseil du trésor
peut demander au Vérificateur général de faire une
enquête.
Dans le cas hypothétique que vous soumettez, il s'agit de
demander au Vérificateur général de faire une
enquête dans un cas précis, ce qui n'est pas permis par la loi.
Seul le lieutenant-gouverneur en conseil ou le conseil du trésor peut
demander au Vérificateur général de faire une
enquête. Est-ce que c'est exact, M... ?
M. Larose: Oui.
M. Morin: Autrement dit, je ne peux pas obtenir de réponse
du Vérificateur général à la question que j'ai
posée. Je ne peux pas en obtenir non plus du ministère, ce qui
nous a été déclaré lors des dernières
études de crédits. C'est une impasse. En fait, un membre de
l'Assemblée ne peut pas savoir, si je vous ai bien compris, M. le
Président...
Le Président (M. Picard): Je vois le dilemme d'ici.
M. Larose:... si une taxe a été payée ou
non, ou s'il y a eu annulation d'un avis de cotisation. Pour quelle raison?
C'est bien la situation? J'aimerais le savoir.
M. Berthiaume: II faudrait peut-être le demander au
cotisé.
M. Morin: Ou à son avocat. Je ne veux pas relancer
l'affaire. Mais est-ce que j'ai bien compris la situation, M. le
Président, c'est qu'un député, membre de
l'Assemblée, ne peut pas savoir, ne peut pas obtenir d'information,
même s'il a un doute sur la perception d'une taxe. Je vous avoue que
ça me laisse très sceptique sur l'administration publique.
C'est le seul commentaire que j'ai à faire pour l'instant.
Le Président (M. Picard): Dans le cas présent,
c'est un cas... Si cela avait été un cas d'impôt sur le
revenu, je pense que la loi ne permet pas de divulguer, mais une taxe...
M. Berthiaume: Pour toutes les lois.
Le Président (M. Picard): Toutes les lois.
M. Berthiaume: Toutes les lois du ministère du Revenu.
Le Président (M. Picard): C'est confidentiel.
M. Larose: Quant à moi, si vous me permettez une seconde,
si à l'occasion de nos vérifications, nous constations qu'une
situation était suffisamment importante et méritait d'être
mentionnée dans notre rapport, qu'elle soit de cette nature ou non, nous
le ferions, parce que la loi nous y oblige.
Le Président (M. Picard): On note le message.
M. Morin: On peut conclure là-dessus, cela me laisse fort
perplexe et j'ai l'impression qu'à un moment donné, il va falloir
se pencher sérieusement sur ce problème et dans un autre endroit
que celui-ci. Merci.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 36)