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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Audition du Vérificateur général
Séance du jeudi 4 décembre 1975
(Neuf heures trente-six minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu continuera
ce matin l'étude des trois derniers rapports annuels du
Vérificateur général. Nous allons maintenant passer au
rapport du ministère de l'Education. Le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, comme il est très
tôt, comme je le disais au ministre tantôt, pour les fins du
journal des Débats, nous sommes prêts à commencer
immédiatement. Nous constatons que, physiquement, il y aurait quorum
pour que nous puissions travailler.
Haut-Commissariat Subventions
M. le Président, je voudrais commencer en saluant le
Vérificateur général parce que c'est la première
fois que j'ai l'occasion de le rencontrer. Je voudrais aujourd'hui toucher
certains ministères. Je pense qu'on a prévu les différents
ministères que nous allons toucher aujourd'hui. Je voudrais commencer
par des questions qui pourraient être posées concernant le rapport
1972/73. Je commencerais par la page 3-70, en ce qui touche le domaine du
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. A la page
3-70, vous parlez de subventions octroyées par le Haut-Commissariat
à la jeunesse, aux loisirs et aux sports et vous avez constaté ce
que nous-mêmes nous avions constaté lors de l'étude des
crédits des années précédentes, c'est-à-dire
que les subventions qui étaient accordées par le
haut-commissariat n'avaient pas de critères valables. C'est votre
façon de l'exprimer: "selon des normes financières et des
critères valables"...
M. Berthiaume: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à parler du haut-commissariat, mais si le député de
Lafontaine pouvait prendre ce sujet et en parler un peu plus tard, c'est que
j'attends le responsable du haut-commissariat qui se joindra à nous. Il
pourra nous fournir des renseignements.
M. Léger: C'est du vérificateur que je voulais
avoir...
M. Berthiaume: D'accord, mais, d'un autre côté, je
pense qu'il est normal que l'administration donne les explications qu'elle
a.
M. Léger: Vous l'attendez dans combien de temps?
M. Berthiaume: Incessamment.
M. Bellemare (Johnson): Sine die.
M. Léger: Aussi vite que les réponses viennent au
feuilleton.
M. Bacon: Vous pouvez peut-être poser vos questions et,
s'il y a des...
M. Berthiaume: D'accord, allez-y.
M. Léger: S'il y avait des confirmations ou des...
M. Bacon: S'il y a une suspension...
M. Léger: C'est cela. A ce moment-là, le
vérificateur avait affirmé que les subventions accordées
n'étaient pas faites selon des normes financières et des
critères valables, qu'elles étaient faites selon des
critères variables. Donc, il n'y avait pas de critères de base
permettant d'évaluer si les subventions auraient dû être
accordées ou non et être accordées, du moins, d'une
façon homogène dans tout le Québec, selon des
critères bien établis.
Est-ce que le vérificateur peut nous dire si l'évaluation
actuelle qu'il fait concernant les subventions du haut-commissariat est
satisfaisante? Est-ce qu'il y a eu des corrections, selon lui, et est-ce que
les subventions sont accordées selon des critères bien
précis?
M. Larose: Si vous me permettez, M. Léger, je vais d'abord
vous présenter les gens qui sont avec moi aujourd'hui; il s'agit de M.
Marcel Moffet, à ma gauche, directeur de vérification, M. Maurice
Fradette, directeur adjoint à la vérification et M. Gilles
Chabot, directeur de la vérification. M. Moffet va vous
répondre.
M. Moffet: M. Léger, c'est justement le genre de questions
auxquelles les officiers du ministère pourraient répondre; ce
serait utile qu'ils soient ici. Parce que nous n'avons pas...
M. Léger: II n'a pas de micro.
M. Bellemare (Johnson): Parlez donc un peu plus fort.
M. Moffet: Nous n'avons pas couvert le secteur...
M. Léger: Est-ce que le débat est
enregistré?
Le Président (M. Picard): Le débat est
enregistré, mais il n'y a pas de micro, de haut-parleur dans la salle.
Cela fait seulement 18 mois qu'on le demande, mais on ne l'a pas eu encore.
M. Bellemare (Johnson): Quel gouvernement?
Le Président (M. Picard): Je ne le sais pas; apparemment,
les députés n'ont pas voulu voter les crédits pour...
M. Léger: Vous avez réellement des
députés qui sont impuissants à cent.
M. Bellemare (Johnson): Avez-vous une certaine majorité en
Chambre?
Le Président (M. Picard): Cela prenait un vote
unanime.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas le mien qui a manqué,
ni celui du député de Lafontaine, certain.
Le Président (M. Picard): M. Moffet.
M. Moffet: Comme j'attendais pour le dire, en 1973/74 et en
1974/75, nous n'avons pas couvert ce secteur. Nous procédons par
rotation dans nos vérifications, alors nous ne sommes pas
retournés au haut-commissariat depuis 1972/73 pour vérifier en
profondeur les critères de l'attribution des subventions aux organismes
sportifs. Le ministère pourra peut-être dire si ces choses sont
corrigées, mais, en ce qui me concerne, c'est une constatation qui
remonte à deux ans.
M. Léger: A ce moment-là, quels étaient les
abus en 1972/73 que vous aviez évalués, que vous aviez
notés pour faire ces affirmations dans votre rapport?
M. Moffet: C'est-à-dire qu'il y avait trois services qui
étaient chargés d'étudier et de recommander l'octroi de
subventions. Ces trois services procédaient de façon
différente en ce qui concerne, par exemple, la
rémunération du personnel qui serait affecté à une
association sportive. Il n'y avait pas de critères uniformes pour
étudier ces subventions dans les trois services. Cela pouvait être
uniforme à l'intérieur d'un service, mais, lorsqu'on regardait le
haut-commissariat comme tel, il n'y avait pas de critères d'ensemble qui
s'appliquaient à toutes les subventions accordées pour les
sports. C'est ce qu'on nous disait dans le temps, on va remédier
à cette question et ce sera appliqué en 1974/75.
M. Léger: Pour quelle raison agissez-vous par rotation,
surtout quand vous dénotez des anomalies dans un secteur particulier et
que vous ne retournez pas, par la suite, pour voir s'il y a eu des
corrections?
M. Moffet: C'est une question de planification de bureau.
Peut-être que M. Larose pourrait répondre à cette
question.
M. Larose: Pour quelle raison? Disons que la masse des
transactions que nous avons à vérifier au gouvernement ne nous
permet pas de tout couvrir à l'intérieur d'une même
année. Nous avons organisé notre travail de la façon
suivante: Nous faisons une vérification d'ensemble pour toute la
situation financière, généralement parlant, dans tous les
ministères, à chaque année.
En ce qui regarde des choses plus spécifiques, à
l'intérieur d'une même année, aussi, dans chaque
ministère, nous choisissons un certain nombre de champs
spécifiques que nous vérifions, de façon à couvrir
tout l'ensemble d'un ministère, d'une façon cyclique.
Vous nous demandez si nos recommandations seront suivies dans les
prochaines années.
M. Léger: Vu la nature du haut-commissariat, comme c'est
un ministère important, nous pensons que la question des subventions,
sans aucun critère, spécialement dans le domaine des
équipements municipaux ou scolaires, comme des arénas, des
gymnases ou des centres sportifs, et même, dans le domaine des
subventions de loisirs qui sont laissées entre les mains des
députés, chose que nous déplorons parce qu'il n'y a pas de
critère défini là-dedans, je pense que vous avez dû
noter qu'il y avait, dans la définition des subventions, des domaines
où il y avait certains critères et d'autres domaines où il
n'y avait pas de critère.
Est-ce que vous êtes capable de nous dire les endroits où
il y avait des critères et les endroits où il n'y en avait pas,
dans le domaine du sport, des loisirs et de la jeunesse?
M. Moffet: M. Chabot...
M. Chabot: Des normes financières ou des critères
non formels existaient, comme M. Moffet nous l'a dit tout à l'heure, au
niveau des différents services. Au niveau des subventions de
fonctionnement, les critères variables étaient au niveau des
dépenses salariales, des frais administratifs, des frais de
déplacement.
L'allocation allouée à chaque organisme était
différente d'un service à un autre. C'est dans ce sens qu'on dit
qu'il y a des critères variables, mais il existait des
critères.
Au niveau des arénas, il y avait des critères, la
même chose, de dépenses d'immobilisation; mais les critères
d'arénas étaient au niveau du service des sports. Il avait ses
propres critères.
M. Léger: Quels critères avait-on pour dire que
telle municipalité a droit à une aréna? Est-ce simplement
parce qu'on le demandait qu'on avait droit à une aréna ou si la
demande devait être aussi basée sur des critères bien
définis permettant de l'allouer et non pas simplement de le faire quand
le gouvernement le désire ou quand cela fait son affaire ou quand cela
rapporte politiquement? Est-ce qu'il y avait, au niveau des arénas, des
critères pour la définition de cet octroi de subvention à
telle municipalité?
Je suis sûr que mon voisin, à gauche, le
député de Johnson, sait fort bien que, pendant la campagne
électorale de Johnson, il y a eu une subvention pour une aréna
à Brompton. A ce moment, sur quel critère est-ce que cela a pu
être
basé? Est-ce qu'elle la méritait? Est-ce qu'il y avait
d'autres municipalités qui la méritaient autant? Est-ce qu'il y a
une répartition des montants d'argent au niveau des besoins? Est-ce
qu'il y a un inventaire d'équipements dans tout le Québec pour
dire qu'on donne une subvention précise à telle
municipalité, parce que vous avez inscrit des critères dans ce
sens...
M. Berthiaume: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, si vous me
permettez, je voudrais simplement, puisque mon nom vient d'être
cité, tout simplement ajouter qu'il y a eu, pour construire
l'aréna de Bromptonville, un référendum qui a
été battu. La souscription qui avait été offerte
était de $100,000 à la condition formelle que la
municipalité en fournisse autant. Je pense que, depuis quelque temps,
depuis un an, grâce à votre vérification, le service des
loisirs a publié un cahier vert sur les immobilisations, page 19 et 20,
qui concerne justement tout ce caractère qui y est explicité.
Quand il y a une contribution égale à celle de la subvention
offerte, c'est-à-dire 50-50, le gouvernement procède. Je ne sais
pas si vous êtes au courant de ces derniers critères qui ont
été publiés tout dernièrement, mais, en ce qui
regarde Bromptonville, cela a été annoncé merveilleusement
à une date extraordinaire qui faisait bien plaisir à bien des
gens, juste la veille au soir de l'élection. Mais, malheureusement, cela
n'a pas donné...
M. Berthiaume: Trop tard.
M. Bellemare (Johnson): Trop peu, trop tard. Mais, cette vieille
tactique...
M. Bacon: Vous ne connaissez pas le système D?
M. Bellemare (Johnson): Moi! Que celui qui est sans
péché me jette la première pierre!
M. Bacon: Vous avez dû rester surpris d'entendre une
nouvelle comme cela.
M. Léger: Je ne suis pas en sécurité,
moi...
M. Bellemare (Johnson): Grâce à la bonne intuition
des gens de Bromptonville, le règlement a été battu. Mais,
grâce au député maintenant élu, M. Phaneuf nous a
pertinemment assurés que le ministère donnerait autant d'argent
par année, pendant une période de cinq années, 50-50. Je
comprends que cela va être un cheval, un lapin, mais en tout cas.
M. Léger: Est-ce que le ministre voulait intervenir, parce
que...
M. Berthiaume: Je voulais soulever une question de
règlement, en ce qui concerne le genre de discussions qu'on peut avoir
à une commission parlementaire sur les comptes publics. Il est certain
que la ligne entre l'administration et la politique peut être, à
l'occasion, assez mince. Qu'on discute sur les critères de subvention,
j'en suis, pour autant qu'on se limite à la valeur administrative de ces
critères et non pas à la valeur politique. A savoir si les
critères plaisent ou non au Vérificateur général,
à savoir si les députés interviennent ou non, je ne crois
pas que cela relève du Vérificateur général ou de
la commission parlementaire des comptes publics. Il y a deux commissions
parlementaires: Celle-ci et celle de l'analyse des crédits. Je pense que
le député de Lafontaine pourrait critiquer ou soulever des
objections ou questionner à sa guise, à la commission
parlementaire des crédits, la politique du haut-commissariat. A cette
commission parlementaire, celle des comptes publics, il doit se limiter aux
aspects comptables et aux aspects administratifs qui touchent l'aspect
comptable.
M. Léger: M. le Président, sur le point de
règlement, je voudrais signaler au ministre que les questions que je
pose ne sont pas si les critères plaisent au vérificateur, mais
s'il y en a, puisque cela fait partie de son rapport. Je lui relis encore le
paragraphe: "Nous avons constaté de nouveau que les subventions ont
été accordées selon des normes financières et des
critères variables. On nous fait remarquer, cependant, que les normes
ont actuellement été reconnues et seraient appliquées en
1974-75". C'est ce qui a été dit par le vérificateur. Ce
qui nous importe le plus, c'est que dans un ministère aussi important
que le haut-commissariat, où il y a des sommes à verser à
des organismes de loisirs ou à des organismes municipaux ou à
tous ceux qui s'occupent de sport pour le bien de la population, il est
inconcevable qu'il n'y ait pas de critère permettant de faire une
surveillance comptable après, et même une surveillance politique
avant, par les crédits, pour nous assurer que ces sommes ne sont pas
distribuées de façon arbitraire et uniquement pour faire plaisir
à une clientèle particulière. Il faut que ce soient des
subventions basées sur des critères justes et qui tiennent compte
de la réalité québécoise, et qu'il y ait une
répartition dans tout le Québec de ces subventions selon des
critères de base.
Je pense qu'il est très important c'est la raison pour
laquelle nous le soulevons d'avoir une surveillance, autant de la part
du Vérificateur général, que de notre part, au niveau des
crédits, pour savoir si ces sommes sont bien
dépensées.
Nous avons fait notre débat politique à l'occasion de
l'étude des crédits du haut-commissariat. Nous déplorions
ce manque de critère, et nous voyons, aujourd'hui, que le
vérificateur, lui-même, le déplore.
Je pense qu'il est normal que nous sortions cette question. Je ne sais
pas si les gens du haut-commissariat seront ici pour répondre. Quand ils
viendront, je n'aurai pas d'objection à ce qu'ils m'interrompent pour
donner une réponse à la question, je pense, que le
vérificateur ne peut pas donner.
M. Berthiaume: Sur la question, M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Sur le point de règlement, M. le
Président...
M. Berthiaume: ... le député de Lafontaine...
M. Bellemare (Johnson): L'honorable ministre a déjà
pris la parole. Je ne voudrais pas la lui enlever...
Le Président (M. Picard): Le député de
Johnson...
M. Bellemare (Johnson): ... mais qu'est-ce qu'on fait ici, si on
n'est pas capable de demander ces questions au vérificateur, qui l'a
fait? Ecoutez! Je pense... Un instant!
M. Berthiaume: M. le Président, c'est justement ce que je
voulais expliquer...
M. Bellemare (Johnson): Je parle sur le point de
règlement...
M. Berthiaume: ... le député de Lafontaine a
parlé de la répartition sur le territoire
québécois.
M. Bellemare (Johnson):... M. le Président, ce n'est pas
une assemblée contradictoire. Vous m'avez donné la parole.
M. Berthiaume: C'est un principe...
Le Président (M. Picard): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): Oui, bon!
Le Président (M. Picard): Vous voulez parler sur le point
de règlement.
M. Bellemare (Johnson): Sur le point de règlement, qui a
été soulevé par...
Le Président (M. Picard): Allez, parlez sur le point de
règlement!
M. Berthiaume: Bien, si vous me posez des questions, je vais vous
répondre.
M. Bellemare (Johnson): Voici...
Le Présidert (M. Picvd): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Johnson): Non, je ne vous pose pas de question.
M. Berthiaume: C'est une question de rhétorique.
M. Bellemare (Johnson): Si vous avez la patience de m'attendre,
vous me direz cela tout d'un lot.
M. le Président, qu'est-ce qu'on fait ici, d'ailleurs, si on
n'est pas capable de questionner ces honorables messieurs qui se sont
donné beaucoup de trouble pour faire des recherches et qui nous arrivent
avec une solution, deux années d'affilée, 1972, 1973, avec les
mêmes recommandations qui ont des critères variables. Ils le
déplorent. On leur pose tout simplement la question: Pourquoi avez-vous
écrit, dans vos deux rapports, qu'il y avait des critères
variables? Il va nous répondre. C'est seulement cela, le point de
règlement.
M. Berthiaume: Oui, c'est...
M. Bellemare (Johnson): On leur pose la question. On dit: Vous
autres, qui avez constaté, par les faits, qu'il y avait des subventions
discrétionnaires, chose qui ne devrait jamais se faire... J'ai entendu,
pendant que j'étais au pouvoir, des gens nous sommer d'arrêter
cette discrétion, parce que c'était mauvais.
Dans deux rapports, 1972 et 1973, on a des normes financières et
des critiques variables. Cela veut dire discrétionnaires. On vous
demande, à vous autres, personnellement, voulez-vous nous expliquer
comment cela se produisait? Y en avait-il plus pour un comté au pouvoir
et moins pour un autre comté? Peut-être. Je ne le sais pas. Je
fais des suppositions. Parce que, variables, c'est peut-être cela. Vous
autres, qui avez en main les documents, pourquoi avez-vous écrit... Il
doit y avoir une raison fondamentale pour que vous l'ayiez écrit deux
années... Dans le rapport de 1972, vous dites: "Un examen sommaire des
opérations de cet organisme, nous a révélé que
l'étude des demandes de subventions et l'analyse des comptes rendus
démontrant l'utilisation des sommes octroyées, n'étaient
pas réglementées par des normes financières applicables de
façon uniforme à l'ensemble des organismes... ' En 1973, vous
dites, mon cher: Nous avons constaté, de nouveau, bon! que les
subventions ont été accordées selon des normes
financières et des critères très variables.
Ecoutez! On commence à... Le député de Lafontaine a
parfaitement raison, comme moi, de vous demander de nous l'expliquer.
M. Berthiaume: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le député de Johnson s'adresse-t-il au Vérificateur
général ou s'il s'adresse à vous? C'est une question de
règlement.
Le Président (M. Picard): Sur le point de
règlement, avez-vous terminé votre argumentation0
M, Beilemare (Johnson): Pensez-vous que c'est suffisant?
Le Président (M. Picard): Cela serait suffisant.
M. Bellemare (Johnson): Très bien. J'ai posé la
question au président, pour leur demander de nous dire ce que signifie
le mot "variable" et pourquoi, de nouveau, en 1973. Je vous demande cela, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Avez-vous des commentaires sur
la question...?
M. Berthiaume: Oui, sur la question de règlement.
L'argumentation du député de Johnson, j'en conviens, on peut, on
doit même se poser des questions sur ces choses qui ont été
relevées par le Vérificateur général. Là
où je ne suis pas d'accord, c'est sur les propos du député
de Lafontaine, lorsqu'il dit qu'il veut savoir comment les subventions sont
réparties sur le territoire. A ce moment, c'est une question qui
relève de la politique du haut-commissariat et non pas de
l'administration comme telle.
Il l'a dit lui-même. Dans sa question de règlement, il a
donné des exemples et il a dit aussi qu'il voulait questionner la
variabilité des critères. Cela va. Je pense que c'est dans le
cadre de la commission. Quand il veut savoir comment c'est distribué sur
le territoire et quand il dit qu'il veut en faire une surveillance politique et
une surveillance comptable...
M. Léger:... aux crédits...
M. Berthiaume: Une surveillance comptable, d'accord. Une
surveillance politique, il pourra faire cela lors de l'étude des
crédits.
M. Léger: C'est ce que j'ai dit. Alors, je reprends la
parole puisque la question de règlement est terminée. Je voudrais
poser la question et, en même temps, à la suite de ma question,
dire que, pour moi, partant de vos rapports précédents, je dois
affirmer que je déplore que vous ne puissiez pas aujourd'hui
répondre à des questions précises concernant un sujet sur
lequel vous vous étiez penché dans deux rapports
précédents. Vous avez déploré vous-même qu'il
n'y ait pas de critères, que ce soit variable et vous avez dit que
c'était donc une chose que vous condamniez comme mesure de
fonctionnement.
Alors, aujourd'hui, nous aurions aimé avoir de vous des
réponses nous disant qu'en conséquence vous avez
vérifié, que c'est corrigé ou que ce n'est pas
corrigé et que vous le déplorez encore. Si, pour nous, lorsque
vous faites un rapport, vous déplorez une chose et que, l'année
suivante, vous ne le vérifiez pas à nouveau, je pense que c'est
malheureux, parce que nous ne pouvons pas faire un travail réellement
efficace, si on ne peut pas s'apercevoir que vous avez vérifié
des anomalies, que vous les reprochez une année, pour que,
l'année suivante, cela ne se reproduise pas.
Je pense qu'il est essentiel que vous le fassiez et je pense que si vous
ne l'avez pas fait cette année, vous devriez au moins prendre
l'engagement l'année prochaine de vérifier si ces choses sont
faites, si c'est basé sur des critères sérieux et
efficaces. C'est ma première question. En même temps,
pourriez-vous nous dire quelle est votre évaluation des critères
qui devraient exister de façon que vous puissiez, par la suite,
dire...
Le Président (M. Picard): Cette question est totalement
à l'encontre du règlement.
M. Léger: Pourriez-vous expliquer cela, M. le
Président?
Le Président (M. Picard): Vous n'avez pas à
demander au Vérificateur général de faire une
évaluation de ce que devraient être les critères.
M. Léger: C'est la recommandation. Il n'a pas de
critère.
Le Président (M. Picard): Ce ne serait pas au
Vérificateur général d'établir les
critères.
M. Léger: De la politique, pas les critères.
Le Président (M. Picard): Alors, vous lui demandez une
recommandation.
M. Bellemare (Johnson): Mais, M. le Président, dans le
rapport du Vérificateur général, ce n'est pas nous de
l'Opposition qui l'avons écrit, il écrit bien plus que cela. En
1973, il dit: On n'a pas pu retracer de formule d'analyse des demandes de
subvention. Ce document devrait demeurer toujours au dossier pour permettre
d'examiner les facteurs qui ont retenu l'étude dans chacun des cas. Ce
sont eux qui viennent d'écrire cela, M. le Président. Le
député de Lafontaine a le droit de mentionner qu'au dossier
vérifié, les vérificateurs disent: On n'a pas pu retracer
de formule d'analyse qui a permis de donner ces subventions. Ils vont plus loin
que cela, ils disent: Ce document très important, qui est la formule
d'analyse des demandes de subventions, devrait demeurer dans les dossiers pour
nous permettre de juger si c'est bien ou si c'est mal, si c'est trop loin ou si
ce sont les critères, s'il y en a. C'est écrit. On ne peut pas
effacer cela, autrement on va le déchirer.
Le Président (M. Picard): Dans sa dernière
question, le député de Lafontaine a demandé une opinion au
Vérificateur général.
M. Bellemare (Johnson): II a voulu citer l'article 2.
Le Président (M. Picard): II a demandé une opinion,
à savoir quels devraient être les critères. Ce n'est pas au
Vérificateur général d'établir les
critères.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais quand il dit...
Le Président (M. Picard): Lors de son inspection, le
Vérificateur général peut constater qu'on n'a pas
observé les critères, mais ne demandez pas au Vérificateur
général d'établir quels devraient être les
critères.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'on peut lui...
M. Léger: M. le Président, sur votre point de
règlement, ma question n'est pas de lui demander quelle devrait
être la politique derrière les critères. Ce n'est pas la
question que j'ai posée.
M. Berthiaume: Vous demandez quels critères. Cela revient
pas mal à cela.
M. Léger: J'ai demandé quels sont, pour eux, les
genres de critères qui devraient exister et qui sont vérifiables
au niveau comptable. C'est la question que j'ai posée. On ne
soulèverait pas tout ce débat, M. le Président, si le
ministère responsable du Haut-Commissariat ne pouvait pas faire de haut
patronage. C'est pour cela qu'on soulève cela...
M. Berthiaume: Le règlement, M. le Président.
J'invoque le règlement.
M. Léger: ... de façon qu'on puisse demander au
Vérificateur général pour quelle raison il n'a pas pu,
cette année, corriger ce qu'il déplorait avant. Si ce
n'était pas un ministère de patronage, M. le Président, on
ne ferait pas tout ce débat, mais on n'est pas capable, aujourd'hui,
d'obtenir des renseignements parce qu'on ne l'a pas vérifié cette
année, chose qu'on avait déplorée dans les deux rapports
précédents. S'il n'y avait pas ce ministère de patronage
possible, on dirait: Ecoute donc, il n'a pas vérifié, vous le
vérifierez l'année prochaine. C'est pour cela que cette
année on demande quels seraient, d'après des comptables, les
critères qui devraient être pris, sur quelle sorte de base devrait
se fier un gouvernement. Je ne parle pas de la politique derrière le
critère, mais de quel critère normal, acceptable, ont-ils besoin
comme comptables pour dire: Votre comptabilité est bien faite parce
qu'elle repose sur tel critère. C'est là ma question. Ce n'est
pas pour...
Le Président (M. Picard): M. Larose, voulez-vous
répondre, comme vérificateur des écritures comptables,
à la question que vient de poser le député de Lafontaine,
à l'intérieur de votre mandat comme Vérificateur
général?
M. Larose: Sur la première partie de la question,
lorsqu'on nous demande si on vérifie l'application de nos propres
recommandations, si on se place dans l'optique d'une étude normale du
rapport notre rapport normalement est déposé au
début ou à la fin d'une année s'il était
étudié dans les mois qui suivent immédiatement, nous
serions toujours dans l'impossibilité de répondre à une
telle question puisque, au moment où notre rapport devrait être
normalement étudié, avant même que le rapport
subséquent soit produit, s'il était étudié
immédiatement après sa production, on n'aurait pas eu l'occasion
d'aller dans les ministères de nouveau, après. Alors, on ne
pourra pas s'attendre, dans les années à venir, à tout le
moins, qu'au moment où on examinera notre rapport, qu'on sera capable de
dire, immédiatement à l'étude, que les actions correctives
ont été posées parce que le rapport sera
étudié avant même qu'on y retourne pour une
vérification subséquente. Celui-ci, c'est le rapport de 1972/73.
L'autre raison que j'ai voulu donner tout à l'heure, c'est que nous
fonctionnons sur une base cyclique.
Dans l'intervalle, nous allons retourner vérifier de quelle
façon les subventions s'octroient. Nous l'avons fait deux années
de suite, il est possible que nous le fassions encore de nouveau l'année
prochaine, que nous retournions examiner de quelle façon les subventions
sont accordées. Depuis ce temps, on ne l'a pas fait. Dans l'intervalle,
nous croyons que les officiers du ministère, qui sont les responsables
de l'octroi des subventions, devraient être en mesure de donner des
réponses satisfaisantes à la commission à la suite des
remarques que nous avons faites. Quand on y retournera, on va voir si
réellement cela s'est corrigé dans le sens où ça
devait l'être.
M. Léger: Si vous faites une vérification sur une
base de rotation, c'est donc dire que vous êtes obligé
d'éliminer certaines opérations du gouvernement, parce que vous
n'avez pas le personnel voulu pour faire une vérification
complète, générale, allant même jusqu'à dire
que, pour vérifier si les recommandations que vous faites une
année ou si vous déplorez une année certaines choses, vous
n'êtes pas capable l'année suivante d'aller revérifier,
c'est parce que vous n'avez pas le personnel. Vous avez mentionné
tantôt le manque de personnel. Est-ce que c'est le cas, avez-vous besoin
de plus de personnel pour être plus efficace qu'actuellement?
M. Larose: L'effectif autorisé n'est pas complet, il nous
manque une vingtaine de personnes que nous sommes en voie de recruter à
l'heure actuelle, que nous recrutons graduellement. Depuis 1971, nous sommes
partis d'un effectif d'environ 85 personnes et, graduellement, nous augmentons
pour aller jusqu'à 140 personnes et, possiblement, plus tard,
jusqu'à 150 personnes. Il reste quand même que, devant la masse
des opérations du gouvernement, on ne pourra jamais penser qu'avec 140
ou 150 personnes ou même 200 personnes, on pourra faire une
vérification complète et approfondie de toutes les
opérations effectuées peut-être par 60,000 fonctionnaires.
Je ne pense pas que ce soit pensable.
Nous croyons que la façon de mieux servir les
intérêts, c'est de faire chaque année une
vérification générale de toute la situation
financière et l'application des contrôles généraux
dans tout le gouvernement et ses ministères.
En plus d'une vérification qui est d'ordre général,
il s'agit d'aller dans certains champs spécifiques et sur une base
cyclique. Les champs spécifiques où nous nous adressons, que nous
choisissons, les ministères ne les connaissent pas et ne le savent
jamais avant que nous commencions la vérification. Au moment où
on commence la vérification, l'année est très
avancée et, par conséquent, ils ne peuvent pas savoir dans quel
secteur nous allons vérifier plus en profondeur, une année par
rapport à l'autre. Mais, quand même, nous faisons une
vérification d'ensemble, mais, en profondeur, nous choisissons des
secteurs donnés et nous faisons une vérification qui est plus
suivie.
M. Léger: Est-ce que vous ne trouvez pas qu'il
serait normal que vous retourniez l'année d'après dans les
secteurs où vous avez trouvé des anomalies l'année
d'avant? Si c'est le cas, que c'est normal, c'est sûr que vous ne pouvez
pas vérifier tout le travail de 60,000 fonctionnaires, ça
prendrait beaucoup plus de personnel que les 150 personnes que vous êtes
censé avoir très bientôt. Mais est-ce qu'il ne serait pas
normal que vous retourniez voir les endroits précis où vous avez
trouvé des anomalies l'année suivante? Est-ce que ce n'est pas
normal que vous retourniez voir si on a suivi vos recommandations
là-dessus?
M. Larose: Comme je vous dis, on y retournera sur une base
cyclique, si on nous demande d'y retourner plus rapidement et plus
fréquemment, nous avons toujours pensé que les fonctionnaires du
gouvernement seraient en mesure de vous dire: Prenons ce cas-ci, il y a eu des
critères établis depuis l'année 1974/75 ou il y en aura
pour l'année 1975-76. Cela pourrait être une bonne
réponse.
Si vous faites déposer ces critères et que vous
désirez les examiner, les étudier, à ce moment-là,
cela pourra vous satisfaire de la valeur des critères.
Si on nous demande pour chacune, parce qu'il y a sensiblement de
recommandations dans le volume, s'il faut à chaque année
retourner et vérifier l'application de toutes et chacune des
recommandations, si c'est le voeu de la Chambre, à ce moment-là,
on s'organisera en conséquence. Nous pensions que cela pouvait se faire
autrement.
M. Léger: Mais je pense que les vérificateurs du
gouvernement, dans le domaine de l'impôt ou dans d'autres domaines
particuliers de la taxe de vente, lorsqu'ils s'aperçoivent qu'il y a des
anomalies, ils retournent spécifiquement dans ce domaine-là et on
appelle cela les gens qui sont sur la "black list". Il faut qu'ils soient
revérifiés plus souvent.
Lorsqu'il y a des recommandations, je pense qu'il est normal que ceux
qui vérifient, vérifient une deuxième fois pour voir si ce
qu'on a proposé a été réellement corrigé.
C'est la raison pour laquelle je prends votre parole en disant que vous n'avez
pas assez de personnel pour faire une vérification je ne dis pas
complète, parce que c'est impossible mais ce qu'on appelle, en
anglais des "spot checks", vous les choisissez quand même selon certains
critères. Est-ce que le critère d'une irrégularité
ne justifie pas de revérifier une deuxième année? Combien
de personnel auriez-vous besoin pour faire cela? Est-ce qu'il y a tellement
d'irrégularités que votre personnel actuel de 150 personnes n'est
pas suffisant?
M. Bacon: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Le député de
Trois-Rivières.
M. Bacon: Une question supplémentaire à la question
du député de Lafontaine. Est-ce que M. Larose pourrait nous dire
si dans une situation idéale, un nombre de personnes convenable,
qualification de personnel maximale, par principe même ou par
définition même, ou par l'essence même de la
vérification, vous ne procéderiez pas toujours selon un
échantillonnage, sans être obligé d'aller vérifier
chacune des opérations?
Ce que je veux dire c'est qu'en fait, même si vous aviez 250
personnes des plus qualifiées dans votre personnel, vous seriez toujours
obligé, par principe de vérification, de procéder selon un
échantillonnage?
M. Larose: Sans aucun doute. C'est ce que nous faisons. J'ai eu
l'occasion de le dire déjà à deux ou trois reprises devant
la commission. Notre façon d'aborder la vérification est
basée sur l'analyse des opérations et, par la suite, avec un
échantillonnage statistique, nous déterminons les faiblesses que
nous pouvons trouver dans les systèmes.
A partir de l'échantillonnage statistique, nous décelons
des faiblesses de contrôle, des faiblesses d'opération sur un
certain nombre d'échantillons et nous en concluons qu'il y a des
améliorations à apporter. Les échantillons eux-mêmes
peuvent être relativement restreints en nombre et c'est pour cela que
nous hésitons à mentionner les noms des échantillons.
Parce qu'on se dit à ce moment-là que cela ne donne pas
nécessairement de poids, qu'un nom donné n'ajoute rien à
une réponse.
M. Bacon: M. le Président, est-ce que le
Vérificateur ne pourrait pas nous dire aussi, dans les domaines
où il a constaté vraiment des faiblesses dans une année,
si l'année suivante, il n'a pas un minimum de vérification
à faire vis-à-vis de ces faiblesses?
Si vous arrivez et vous constatez que dans certains contrôles, il
y a des faiblesses, est-ce que l'année suivante, même si votre
échantillonnage est orienté vers d'autres secteurs, il n'y a pas
une autre vérification qui se fait dans ces domaines-là?
M. Larose: Je vous ai mentionné qu'à chaque
année, nous avons ce qu'on appelle un mandat général de
vérification, et cela, à l'intérieur de chaque
ministère et de chaque organisme. Ce mandat général de
vérification a pour but d'établir la situation financière,
c'est-à-dire l'exactitude des données financières, des
actifs, passifs, revenus et dépenses.
L'application des contrôles généraux, par exemple
ceux du Conseil du trésor, ceux du contrôleur des finances, etc.,
l'application de tous ces contrôles, nous faisons tout cela
annuellement.
Il y a des secteurs où nous faisons une vérification plus
en profondeur et ces secteurs sont choisis d'une année à l'autre.
Ce sont ceux sur lesquels on ne revenait pas nécessairement d'une
année à l'autre. D'ailleurs, il faut bien penser qu'il y a des
cas où le rapport a été déposé et dans
la
plupart des cas, les ministères nous demandent toujours une
période pour suivre nos recommandations, pour s'adapter à elles,
les étudier et les mettre en vigueur.
Ces mandats où il y a une étude spécifique, il
arrive qu'on ne les regarde pas nécessairement d'une année
à l'autre.
M. Bacon: En fait, ce que vous nous expliquez, c'est justement ce
que j'espérais vous entendre dire. C'est quand même qu'il y a eu
discussion entre les membres de votre personnel et le ministère
concerné sur certaines recommandations que vous avez faites, de
façon à pouvoir régulariser certaines situations.
M. Larose: Sans doute.
M. Léger: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Le même sujet.
M. Berthiaume: Sur le même sujet, encore avec ce même
genre de décision, M. Larose, pouvez-vous nous expliquer pourquoi
certaines de vos remarques font l'objet de recommandations, par la suite, et
que d'autres remarques n'en font pas l'objet, demeurent simplement des
constatations ou des commentaires? Il serait utile, je pense, pour la
commission parlementaire, de comprendre la différence entre les deux. On
a un cas, ici, par exemple, en ce qui concerne les critères de
subventions. Vous faites la constatation. D'ailleurs, le ministère a,
par la suite, suivi ces constatations, mais, par contre, vous n'avez pas cru
bon, cette année-là, d'en faire une recommandation
spécifique.
A la page 3-75, on a six recommandations. Celle-ci, en particulier, ne
fait pas l'objet d'une recommandation. Il serait utile pour la commission,
d'une façon générale, de comprendre pourquoi, à
l'occasion, vous en faites et pourquoi, à d'autres occasions, vous n'en
faites pas.
M. Larose: La façon dont nous avons vu les choses, au
moment où nous avons écrit notre rapport, est la suivante: C'est
que nous avons fait des constatations et nous avons mentionné toute la
liste de constatations. Par la suite, ce que nous avons incorporé au
niveau des recommandations, c'est ce qui nous a paru le plus important. Il nous
paraissait important d'attirer de nouveau l'attention des gestionnaires et de
la direction des ministères, d'attirer de nouveau l'attention sur
certains points plus particuliers.
M. Berthiaume: Quand vous dites...
M. Larose: Sur certains points, c'est extrait des constatations
sur lesquelles nous voulions attirer l'attention de nouveau .
C'est la deuxième fois, je pense, que cette question est
soulevée devant la commission. Je pense bien que, pour éviter
cette confusion, à compter du prochain rapport, il n'y aura plus cette
distinction de constatations et de recommandations. Il n'y aura que des
commentaires qui pourront à la fois prendre le sens d'une constatation
et d'une recommandation.
M. Berthiaume: Mais, dans le contexte des rapports
antérieurs, pourriez-vous qualifier ce que vous entendez par important?
Vous avez dit que vous choisissiez des points que vous considériez
importants. Comment les qualifiez-vous d'importants? Importants, dans quel
sens?
M. Larose: Evidemment, le qualificatif d'important est toujours
extrêmement relatif. Nous nous plaçons, lorsque nous
étudions, par exemple, un ministère donné... Le
critère d'importance se place en fonction du ministère
lui-même et non pas en fonction de l'ensemble du gouvernement.
Lorsqu'on discute de la section du rapport qui traite des
ministères mêmes, on ne doit pas entendre qu'on parle du budget du
gouvernement pris dans ses $8 milliards, dans son ensemble. On est placé
au niveau, à ce moment, du ministère. Cela peut être un
ministère qui peut avoir un très gros budget et cela peut
être un ministère qui a un très petit budget. Pour un
ministère qui a un très petit budget, l'importance peut
être un montant ou une somme relativement plus faible. Elle peut quand
même être importante pour un budget relativement faible. Tandis
que, dans un budget d'un très gros ministère, lorsqu'on arrive
avec un type de dépenses comme les subventions aux commissions
scolaires, pour une chose, à ce moment, il y a un ensemble
d'opérations qui sont les mêmes et qui mènent à une
dépense très considérable. Par importance relative,
à ce moment, on voudrait dire que, s'il y a une faille dans un
système d'attribution des subventions au niveau des commissions
scolaires, ce serait une chose qui nous paraîtrait extrêmement
importante.
Encore là, dans un gros ministère, il faut donc couper,
diviser les crédits budgétaires. On doit donc conclure que, pour
la question, le critère qui est d'importance, lorsqu'on analyse un
ministère, lorsqu'on fait une vérification d'un ministère,
c'est d'abord l'importance du budget, évidemment, qui nous indique une
chose lorsqu'on est au niveau du mandat général. Lorsqu'on est au
niveau d'un mandat plus particulier, si on a choisi de vérifier de
façon plus spécifique la question des subventions du
haut-commissariat, à ce moment, on se place dans le critère
d'importance par rapport au budget du haut-commissariat.
M. Berthiaume: Cette notion d'importance relative est
elle-même assez importante, parce que, souvent, dans la perception de
l'opinion publique, il faut reconnaître que votre rapport est important
au point de vue de l'opinion publique pour qu'elle se fasse une
évaluation de l'administration gouvernementale, mais qu'à
l'occasion, à cause de ce critère d'importance relative à
l'intérieur d'un ministère, il y a des choses qui peuvent
paraître très graves, alors qu'elles ne le sont pas. Je prends un
exemple dont on a discuté la dernière fois, les
$500,000 que le Bureau des véhicules automobiles aurait pu
récupérer; or, dans le contexte des revenus du Bureau des
véhicules automobiles, c'est moins de 1/2 de 1%. C'est peut-être
un peu arbitraire, mais si on appliquait cela à un véhicule, une
vérification de $30 veut dire $0.15. C'est ce genre d'importance aussi
qui est assujetti à l'interprétation de l'opinion publique. Je
trouve cela un peu malheureux que vous me disiez que, l'an prochain, vous ne
ferez pas la distinction entre constatation et recommandation, parce que, dans
mon esprit, je donnais beaucoup plus d'importance à une recommandation
je pense que les gestionnaires, d'une façon
générale, le faisaient aussi qu'à une constatation.
On retrouve la même chose dans les comptes à recevoir ou les
comptes à payer, où une question de comptabiliser dans une
année ou dans une autre, surtout dans les fins d'année, a une
importance, mais une importance relative qu'il est important que l'opinion
publique comprenne aussi.
M. Larose: Ce que j'ai voulu mentionner tout à l'heure,
évidemment, il y aura d'autres façons probablement de
présenter le rapport qui permettront peut-être de faire d'autres
distinctions, et, il serait prématuré d'aller là-dessus,
mais ce que j'ai voulu mentionner, pour éviter la confusion entre
constatation et recommandation, c'est qu'on essaiera de rédiger le texte
de façon que la constatation et la recommandation soient au même
endroit plutôt que d'être à deux endroits différents.
Ce sera compris que, plutôt que d'y revenir, s'il y a une recommandation,
elle se fera immédiatement. Elle sera incorporée à la
discussion, et non pas à deux endroits différents dans le
texte.
Deuxièmement, sur la question des véhicules automobiles
avec $500,000, je comprends qu'une erreur de $500,000 qui se
répéterait annuellement, nous paraît importante dans le
contexte de la vérification d'un mandat spécifique qui comporte
la vérification d'une opération de masse, comme l'émission
des plaques d'immatriculation. Cela a certainement une importance relative,
parce que cela se répète. C'est une faiblesse qui se
répétait annuellement et sur un grand nombre de cas. Une telle
faiblesse, qui est portée à se répéter
annuellement, a évidemment la même répercussion
l'année suivante. Cela va être la même chose dans deux ans,
cela va être la même chose dans trois ans. Alors, on pense que ce
type d'erreur nous paraît plus important à souligner possiblement
que l'erreur occasionnelle, même si elle était d'un montant
à peu près semblable, parce que l'erreur occasionnelle ne se
répétera peut-être pas, et l'autre va avoir un effet, si on
ne le mentionne pas, pour des années durant. Je pense que, dans ce sens,
elle prend une importance relative, à notre point de vue, suffisante
pour qu'elle soit mentionnée.
M. Berthiaume: C'est bon aussi que ce soit mentionné. Je
n'ai aucune objection à cela, bien au contraire. D'ailleurs, cela a
permis au ministère de corriger au moins sensiblement.
Le Président (M. Picard): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, maintenant que les gens
du haut-commissariat sont arrivés, est-ce qu'ils pourraient me donner
une réponse aux questions que nous avons posées, concernant les
critères? Pour ceux qui n'étaient pas présents, je
résume ma question. Elle portait sur le fait que, dans le rapport du
vérificateur, il était mentionné que les subventions
accordées, soit dans le domaine du loisir, du sport, de la jeunesse,
soit au niveau des équipements sportifs, comme les gymnases,
arénas surtout, n'étaient pas faites selon des critères
réguliers, mais plutôt des critères variables, laissant la
possibilité, comme je le disais tantôt, à l'arbitraire.
Comme c'est un ministère, comme je le disais tantôt,
où c'est un endroit idéal pour faire peut-être plus de
patronage, quels sont les nouveaux critères que le haut-commissariat a
pu établir pour répondre à la préoccupation et
à ce que déplorait le Vérificateur général,
au niveau des subventions?
M. Berthiaume: M. le Président, encore là, je
m'oppose au mot "déplorer", d'abord, parce que ce que je lis, moi, le
Vérificateur général n'a pas déploré. Il a
constaté, et c'est bien le mot: "Nous avons constaté, de nouveau,
que les subventions, etc.".
M. Léger: Bien oui! Quand on constate à nouveau,
c'est parce qu'on déplore que ce n'est pas réglé.
M. Bacon: Voyons donc!
M. Berthiaume: C'est une interprétation.
M. Léger: Voyons donc! De toute façon, les gens du
haut-commissariat sont là pour nous répondre.
M. Berthiaume: Oui, d'accord!
M. Bacon: Ils ne sont pas obligés de vous répondre.
Ils n'ont rien à cacher.
M. Berthiaume: C'est évident que les remarques du
Vérificateur général étaient à point, en
1972/73, parce que le haut-commissariat était justement à mettre
en place des outils de travail qui lui permettent de faire des analyses
sérieuses. Le manque de personnel était en cause, à ce
moment, et cela s'est corrigé depuis ce temps.
Dès 1973/74, des formules ont été mises à
point et distribuées aux organismes, et des critères ont
été établis. Les critères varient,
évidemment, selon l'importance des transactions qui sont en cause. Si on
parle plus spécifiquement, par exemple, de l'implantation de
l'équipement sportif, il y a un cahier, qui est distribué et qui
est disponible, qui parle du programme d'assistance financière aux
équipements. Les critères qui y sont dé-
finis, par ordre d'importance, sont le niveau d'équipements de
loisirs existants dans la municipalité, la présence d'un plan de
développement des équipements de loisirs, les subventions
déjà reçues, dans le passé, pour des fins
d'équipements, la présence des mécanismes de concertation
intermunicipale ou municipale-scolaire, le caractère de polyvalence et
de flexibilité de l'équipement projeté, la capacité
administrative et financière de la municipalité pour la
construction et l'opération de l'équipement projeté et le
degré de précision dans la présentation du projet.
A tout cela viennent s'ajouter des normes, évidemment, et des
formulaires que chaque municipalité ou chaque organisme public doit
compléter pour une présentation et une analyse, selon les
disponibilités et les contraintes budgétaires, ainsi de
suite.
M. Léger: Est-ce que le ministre aurait objection à
ce que ces cahiers soient déposés?
M. Berthiaume: Je pense que tous les députés ont
reçu...
M. Bacon: Tous les députés ont reçu......
les municipalités...
M. Berthiaume: Je croyais que l'intérêt du
député de Lafontaine pour les choses relevant du
Haut-Commissariat était plus grand que cela.
M. Bacon: On est surpris de constater que vous n'avez pas lu
cela.
M. Léger: C'est sûr que ce que le
représentant du Haut-Commissariat vient de donner, c'est une
série de critères généraux, mais qui, de ce que
j'ai entendu jusqu'à maintenant, ne déterminent pas le choix de
telle ou telle région, et le fait qu'on peut être plus ou moins
sévère sur un ou d'autres critères pour ne pas donner
à une région et être beaucoup plus souple pour une autre
région ou pour une autre demande.
La raison pour laquelle je demandais ce dépôt, c'est parce
que je pensais qu'il y avait là-dedans toute une politique, plus que le
cahier qu'on a lu. C'est sûr que nous avons certains documents
là-dessus.
M. Berthiaume: ...
M. Bacon: Vous parlez des critères...
M. Léger: Mais quand on parle de critères, il y a
des décisions qui partent de ces critères, et ces
décisions sont basées sur quoi? Il y a une relativité
là-dedans. Il y a une question de souplesse ou d'intransigeance
concernant chacun des critères. C'est la raison pour laquelle je vous
demandais si vous pouviez déposer tout ce qui permet d'établir le
choix précis.
M. Bacon: Vous les aviez!
M. Léger: C'est uniquement cela. On verra, à ce
moment, au prochain rappport du vérificateur, si, dans la
comptabilité du gouvernement, on a réellement suivi ces
critères et on pourra, à ce moment, les vérifier, tant au
point de vue des crédits qu'au niveau du rapport du
vérificateur.
M. Berthiaume: M. le Président, je suis obligé de
dire à nouveau que, à savoir si c'est dans tel comté ou
tel autre comté...
M. Léger: J'ai parlé de régions.
M. Berthiaume:... ce genre de question relève des
crédits. Cela ne relève pas d'ici.
M. Léger: J'ai parlé de régions.
De toute façon, M. le Président, est-ce que les documents
que vous avez sont des documents qui ont tous été
distribués...
M. Bacon: Oui.
M. Léger: ... ou si vous en avez d'autres?
M. Berthiaume: Ils sont disponibles. Ils sont à la
disposition de tous...
M. Bacon: ... ont distribué...
M. Léger: De toute façon, comme le
député de Trois-Rivières ne peut pas affirmer...
M. Bacon: Oui.
M. Léger: ... sûrement que cela a tout
été distribué...
M. Bacon: Ils ont été distribués.
M. Léger: ... je n'aurais pas objection à ce qu'on
dépose ce qu'ils ont et si on a, à 90%, ce qui est
déposé, tant mieux. Les 10%, on les aura. Tant mieux, aussi.
M. Bacon: Je suis surpris de voir que le député de
Lafontaine ne fait pas mieux ses devoirs que ça.
M. Léger: Je fais mon devoir avec plaisir parce que je
fais toujours mon devoir avant le plaisir.
Je voudrais maintenant retourner au sujet de l'éducation,
particulièrement à la page 3-67 du rapport de 1972/73 dans
laquelle vous dites que...
M. Berthiaume: Je m'excuse auprès du député
de Lafontaine, Puis-je libérer le représentant du
Haut-Commissariat?
M. Léger: Je sais qu'il était bien disposé
à répondre, mais comme on ne peut faire de débat
là-dessus, on nous a dit que les gens du Haut-Commissariat
étaient ici pour nous donner des réponses, mais puisqu'on ne peut
prolonger le débat plus que cela...
M. Berthiaume: Quant à moi, il a répondu aux
questions des membres de la commission et, si le député a
d'autres questions qui regardent cette commission, il me fait plaisir de lui
demander de rester avec nous.
M. Léger: Disons donc qu'au niveau...
M. Berthiaume: Que le député de Lafontaine fasse
son choix! Puis-je libérer...?
M. Léger: C'est ce que je suis en train de vous
répondre. Au niveau du temps, quand même nous avons à
étudier la partie du domaine de l'éducation, le budget du
Haut-Commissariat qui est quand même une partie infime de ce budget
monstre de près de $2 milliards du ministère de l'Education. Nous
avons beaucoup de questions dans le domaine de l'éducation et nous
voudrions les passer. Je ne pense pas que je pourrai éterniser les
questions dans le domaine du Haut-Commissariat. Alors, je remercie les
représentants du Haut-Commissariat, en laissant ses documents à
la disposition...
Education
M. Léger: A la page 3-67, je demandais au
Vérificateur général... Concernant les comptabilisations
et les subventions, vous affirmez que les dépenses de transfert
n'apparaissent aux livres que dans la limite des autorisations
budgétaires. L'excédent, selon vous, n'est pas rapporté
alors que l'Etat est bel et bien engagé. C'est ainsi qu'on
dépasse les autorisations.
En gros, je pense que vous comprenez ce que je veux dire. Le
gouvernement, dans une subvention à une commission scolaire ou autre,
établit un engagement. Je donne l'exemple, supposons de $1 million pour
quelque chose dans un service. Ce montant peut-être parfois
complètement dépensé, mais, par un besoin immédiat,
on peut affecter une subvention dans un autre secteur, au secteur où le
montant a été dépassé.
A ce moment, comme il y a une comptabilité de caisse, les
montants dépassés qui dépassent les sommes engagées
ne sont pas comptabilisés selon votre explication. Vous dites ici: "Les
comptes à payer créés le 31 mars 1973 représentent
des mandats émis et non payés jusqu'à concurrence des
disponibilités budgétaires seulement. Ainsi, les dépenses
de transfert de l'année financière 1972/73 ne comprennent pas
tous les soldes que le gouvernement sera appelé à payer aux
commissions scolaires en vertu de ses politiques de subvention."
A combien estimez-vous le rattrapage qu'on aura à faire à
la suite de ces dépassements d'autorisation?
M. Moffet: Dans cette remarque, on oublie un détail
technique. On parle des subventions versées aux commissions scolaires.
Il ne faut pas interpréter que ce sont des subventions données
dans tout le ministère.
M. Léger: Je vais vous donner un exemple. Dans une
commission scolaire je donne deux chiffres théoriques on a
déterminé, pour le domaine secondaire, on a engagé $1
million et il est tout dépensé parce qu'on a eu plus besoin qu'on
avait prévu.
Mais, dans le domaine de l'élémentaire, il peut y avoir
aussi $1 million d'engagé, mais on a dépensé uniquement
$500,000. Le besoin est beaucoup plus du côté du secondaire et on
peut faire un transfert d'une dépense qui aurait été
autorisée pour le primaire vers le secondaire parce que le besoin est
plus urgent. Mais, comme il y a une comptabilité de caisse, la somme qui
dépasse les engagements n'est pas indiquée dans les livres. C'est
ce à quoi, je pense, vous faisiez allusion. Il y avait un certain
rattrapage à faire au niveau de déterminer réellement si
on a dépassé les engagements et peut-être au niveau du
gouvernement, s'il ne fallait pas qu'il y ait des engagements nouveaux pour
compenser ce dépassement des engagements, vu les besoins qu'il y avait
dans ce secteur.
M. Moffet: Cela me permet une mise au point. Le chevauchement
avec le secondaire et...
M. Léger: Je vous donne un exemple théorique.
M. Moffet: ... l'élémentaire n'est plus permis
depuis deux ans, selon la Loi des subsides parce qu'on prévoit...
M. Léger: Je suis d'accord sur cela. C'est un exemple
théorique que je vous donne.
M. Moffet: Ces subventions sont données en vertu de deux
programmes différents, mais ce que l'on veut indiquer dans cette
remarque, c'est que les subventions aux commissions scolaires sont
comptabilisées sur une base de caisse, c'est-à-dire ce que le
gouvernement sera appelé à payer en vertu de ses politiques de
subvention n'est pas révélé aux états financiers.
L'engagement n'est pas complété selon toutes les formes, mais
l'engagement est réel parce que les déficits sont encourus dans
les commissions scolaires. Alors, je n'ai pas très bien compris ce qu'on
voulait dire par la question de chevauchement.
M. Léger: C'est un exemple que je donnais... M. Moffet:
Oui.
M. Léger: ... du fait que le gouvernement s'était
engagé, les engagements pris ont été complètement
remplis. Mais il y a des besoins supplémentaires que le gouvernement a
comblés parce que cela entre à l'intérieur de toutes les
sommes engagées pour la commission scolaire, mais, pour tel domaine
particulier, les engagements ont été dépassés et
c'est ce que vous semblez dire, que cela ne paraît pas, le total par une
comptabilité de caisse, le total des subventions
dépassées. Je demandais à combien estimez-vous le
rattrapage qu'on aurait à faire à partir de ces
dépassements d'autorisation.
M. Moffet: Ce qu'on a voulu dire, c'est qu'à notre avis,
avant de certifier les états financiers, on devrait connaître et
on devrait révéler d'une façon ou d'une autre aux
états financiers ou en annexe ou peu importe la façon, la
façon est à discuter le montant de retard accumulé
dans le versement des subventions par rapport aux déficits
accumulés dans les commissions scolaires. En 1973/74, on l'a
évalué à $300 millions. Le ministère nous a
informé que ce décalage entre les subventions réellement
versées et comptabilisées au 31 mars 1974 et les subventions
qu'on serait appelé à payer à cette date, serait d'environ
$300 millions. Ce décalage se prouve par les paiements de l'année
1974/75 qui est en cours.
Le plan comptable, évidemment, ne prévoit pas
l'inscription de comptes à payer pour ces subventions. Le plan comptable
prévoit un mode de budgétisation des dépenses de
subventions aux commissions scolaires, il ne prévoit d'aucune
façon la méthode de comptabiliser. Le retard qui serait
accumulé dans les commissions scolaires, c'est une politique
gouvernementale. On ne la critique pas. Ce que l'on critique, c'est la
révélation financière de ces choses.
Le Président (M. Picard): Le ministre d'Etat.
M. Berthiaume: Finalement, sous une forme ou une autre,
peut-être pas dans tous les ministères mais dans plusieurs
ministères c'est une question sur laquelle on ne s'entend pas
avec le Vérificateur général. Par contre, comme il l'a
souligné, le plan comptable ne prévoit pas une opération
comme celle qui est suggérée. Autrement dit, la façon de
comptabiliser ces subventions dues est conforme au plan comptable, qui est
conforme à la Loi de l'administration financière.
Je tiens à souligner qu'aucune des provinces ne procède de
la façon suggérée par le Vérificateur
général suggérée indirectement, parce que
c'est l'object, encore là, d'une constatation et je tiens
à souligner que, mécaniquement j'aimerais expliquer le
processus les commissions scolaires terminent, comme on le sait, leur
année financière en juin alors que l'année
financière du gouvernement finit en mars. Les montants précis
qu'on pourrait devoir à une commission scolaire ou à une autre ne
sont pas connus au 31 mars. D'ailleurs, les états financiers des
commissions scolaires nous arrivent à l'automne, en principe. Même
là , parfois il y a des retards avant de savoir si on pourrait payer
à la commission scolaire de la régionale de Tilly, par exemple,
tel montant. On ne peut le savoir qu'à cette période-ci de
l'année, pour l'année passée.
Il est évident qu'on a des estimations des montants qui seront
éventuellement dus, quand ils seront payables. On peut avoir des
estimations et le Vérificateur général fait allusion, pour
l'année dernière, au montant de $300 millions. C'est exact, c'est
estimé à $300 millions. A cette période-ci de
l'année, on connaît le montant d'une façon plus
précise parce que les états financiers des commissions scolaires
sont entrés et on peut répondre. Mais j'aimerais ajouter que, si
jamais on inscrivait dans le plan comptable cette exigence de montrer ces
comptes dus, éventuellement, il faudrait montrer l'autre
côté de la médaille aussi et les montants qui nous sont dus
mais qui ne sont pas connus d'une façon précise, autrement dit,
les estimations des revenus qui pourraient arriver. Mais ni l'un ni l'autre
n'est montré, parce que ce ne sont pas des chiffres précis. C'est
comme si le député de Lafontaine ne pouvait pas payer un compte,
s'il ne pouvait pas savoir combien il peut devoir à son fournisseur
d'essence. Par exemple, s'il a une carte de crédit pour l'essence, il ne
peut pas le savoir tant qu'il n'a pas reçu son compte tant qu'il ne sait
pas le montant. Quant à lui, ce n'est pas un compte à payer avant
qu'il ait reçu la facture. Par contre, il peut avoir prévu, dans
son compte de banque, une estimation et dire: Habituellement, cela tourne
autour de $70 à $80 par mois. Il va faire son budget en pensant à
cela et à tous les autres articles, c'est évident. Il n'a pas
à payer tant qu'il n'a pas reçu la facture. C'est un peu selon le
même principe. C'est sûr qu'on peut estimer. Mais si on estimait
cela, il faudrait estimer les revenus aussi.
En date du 31 mars 1975, par exemple, globalement, les estimations du
débit sont de $722 millions et celles du crédit, ce qui inclut
les $300 millions dont on parlait tantôt, en fait, sont de $340.5
millions, qu'on connaît un peu plus précisément maintenant,
cela donne un total d'environ $700 millions. On voit que les deux
s'équilibrent. Des choses qui ne sont pas inscrites. C'est purement un
problème comptable.
M. Léger: M. le Président, je demanderais au
ministre, quand il vient d'affirmer...
M. Berthiaume: Je m'excuse...
M. Léger: ... que le gouvernement n'est pas d'accord avec
la façon de faire la comptabilité proposée par le
vérificateur, quand le vérificateur propose une chose et le
gouvernement une autre, qui gagne à la fin? Est-ce le gouvernement ou le
vérificateur qui est là pour vérifier une
comptabilité?
M. Berthiaume: Ce n'est pas une bataille.
M. Léger: Non, mais je veux dire que le
vérificateur est là pour vérifier, il fait ses
recommandations au gouvernement.
M. Berthiaume: Ce n'est pas une recommandation; j'insiste, il ne
s'agit pas d'une recommandation. C'est une constatation. Voilà la
façon dont je l'interprète, c'est une interprétation qui
est mienne. On publie les états financiers, je l'ai dit à une
séance antérieure, les constatations du Vérificateur
général qui viennent par la suite de la pu-
blication des états financiers sont, à mon point de vue,
des renseignements supplémentaires. Ceux qui prêtent au
gouvernement, c'est peut-être le cas le plus frappant, peuvent savoir
effectivement, c'est connu publiquement, la situation décrite par le
vérificateur. Elle est connue publiquement, ce n'est pas dans nos
états financiers. Je ne crois pas que ça devrait l'être non
plus, parce qu'aucune autre province ne la met dans ses états
financiers. Si nous la mettons et que les autres provinces ne la mettent pas,
nous sommes en désavantage au point de vue de la comparaison des
états financiers. A moins d'être obligé de souligner toutes
les particularités, ça rend la publication et l'utilisation des
états financiers, par le prêteur, que plus complexe...
Si un prêteur veut la savoir, il fouille et il regarde le rapport
du Vérificateur général. L'information y est
disponible.
M. Léger: Est-ce que le Vérificateur
général peut me dire quelle est son opinion là-dessus
puisqu'on ne semble pas s'entendre?
M. Berthiaume: Justement, c'est dit dans le plan comptable que ce
n'est pas inclus. Ce ne sont pas des cachettes.
M. Léger: D'accord. Est-ce que le vérificateur peut
nous donner ses commentaires là-dessus?
M. Larose: Nous voyons le problème de la façon
suivante: le gouvernement prépare un plan comptable, nous effectuons
notre vérification tout d'abord en fonction des dispositions du plan
comptable. S'il y a quelque chose dans le plan comptable qui n'est pas
respecté par le gouvernement, soit des dispositions de ce plan
comptable, ou par l'administration, nous devons le mentionner et possiblement
qualifier notre opinion; nous y serions obligés si ces
différences étaient très importantes. A part cette
question, si, par ailleurs, il y a des dispositions du plan comptable avec
lesquelles nous ne sommes pas d'accord comme vérificateur, nous croyons
de notre obligation de mentionner les dispositions du plan comptable avec
lesquelles nous ne sommes pas d'accord et les conséquences qu'elles
pourraient avoir si elles étaient modifiées dans le sens de nos
recommandations ou dans le sens de notre opinion, ou quelles seraient les
conséquences si le plan comptable était modifié dans le
sens des constatations ou des commentaires que nous faisons.
Dans ce cas, nous avons voulu dire, évidemment, que le plan
comptable du gouvernement avait été respecté au moment de
l'inscription au livre; nous voulons dire aussi que, si le plan comptable du
gouvernement était modifié de façon à
prévoir l'inscription de toutes les dettes de subvention aux commissions
scolaires par suite des programmes de financement déjà mis de
l'avant par le gouvernement, la dette additionnelle qu'il faudrait inscrire
serait de $300 millions.
M. Léger: D'accord. M. le Président, à la
page 3-68, il semble que le vérificateur souhaite qu'une
réglementation s'applique aux CEGEP à propos des services
auxiliaires. L'administration de ces services n'est soumise, actuellement,
à aucune règle budgétaire, donc, à aucun
contrôle. Est-ce que vous avec constaté des abus précis et
quelle réglementation recommandez-vous?
M. Chabot: Cette partie du système concernant les
subventions aux collèges d'enseignement général et
professionnel, l'administration par les collèges des services
auxiliaires, tels que des cafétérias ou les frais de
fonctionnement des maisons d'étudiants, pour ceux qui en ont, ont comme
principe général de s'autofinancer. Suivant un sondage que nous
avons effectué à la lecture d'états financiers de certains
CEGEP, nous sommes arrivés à la conclusion qu'ils avaient des
surplus ou des déficits résultant de l'exploitation de ces
services.
La direction générale de l'enseignement collégial
n'avait pas de procédure, nous n'avons pas retracé de
procédure ou de réglementation concernant ces surplus ou ces
déficits. C'est dans cette optique que nous avons fait cette
observation, à savoir que ces activités parascolaires, à
notre sens, devraient avoir une réglementation de la part du
ministère de l'Education pour que ces surplus n'atteignent pas un
montant assez appréciable, réglementation qui leur dirait ce
qu'ils devraient faire avec ces surplus. Deuxièmement, s'il y a des
déficits accumulés, on devrait aussi trouver une autre
façon de financer ces déficits. En 1972/73, lorsqu'on a fait
notre vérification, nous n'avons retrouvé aucune procédure
ou réglementation concernant ces...
M. Léger: Depuis ce temps-là, est-ce que vous avez
pu vérifier si ce problème a été
réglé?
M. Moffet: On nous a indiqué, au ministère, qu'on
est présentement à faire l'inventaire des difficultés que
les collèges éprouvent, etc. On était dans le domaine de
l'exploration et on voulait, avant d'émettre une directive
générale, étudier le problème d'une façon
plus précise. Certains collèges ont besoin, somme toute, d'une
aide du ministère pour ces services auxiliaires tandis que d'autres
collèges, apparemment, auraient des surplus. Le ministère, avant
de décider définitivement de ce qu'il va faire dans ce domaine,
veut étudier la question. Il y a des officiers du ministère ici
qui peuvent peut-être dire s'il y a eu certaines directives qui...
M. Léger: Est-ce que les officiers du ministère
peuvent nous dire s'ils ont fait une réglementation? Est-ce qu'ils ont
l'intention de la faire? Est-ce que c'est réglé?
M. Berthiaume: Je suis satisfait des réponses qui sont
données par le bureau du Vérificateur général.
M. Léger: Vous avez réglé le
problème?
M. Berthiaume: II est en voie de règlement.
M. Léger: Est-ce que le ministère est satisfait de
ce qu'il a réglé, jusqu'à maintenant? Est-ce qu'il a
réellement réglé la situation?
M. Berthiaume: J'imagine, puisque c'est eux autres qui le
disent.
M. Bacon: Vous insistez pour avoir une réponse positive.
Ils se prétendent satisfaits.
M. Berthiaume: Cela me fait penser à la question qu'on
pose. Est-ce que vous avez arrêté de battre votre femme?
M. Léger: II paraît qu'il faut la battre tous les
soirs, même si on ne le sait pas.
Dans le domaine des CEGEP, à la page 3-68, vous dites que les
clientèles déclarées par les CEGEP sont différentes
des clientèles réelles, les collèges gonflant ainsi le
total des per capita. A quel endroit avez-vous vérifié cette
pratique? De plus, on me dit qu'il y a des subventions non autorisées de
plus de $9 millions aux CEGEP.
M. Moffet: Pardon?
M. Léger: On a vu quelque part qu'il y a eu des
subventions non autorisées de près de $9 millions aux CEGEP.
Est-ce que vous avez constaté cette pratique? Quels commentaires
avez-vous à faire sur cette affirmation concernant le contrôle de
la clientèle?
M. Moffet: Ce n'étaient pas des subventions non
autorisées par le ministère; c'étaient des dépenses
encourues par les CEGEP, des subventions que le ministère avait promises
aux CEGEP, qui n'ont pu être imputées au budget. Ce ne sont pas
des dépenses non autorisées par l'Assemblée nationale,
à l'intérieur d'une année donnée.
M. Léger: La clientèle émise et le per
capita...
M. Moffet: Excusez-moi. Il ne faut pas relier les deux
problèmes ensemble. Ce ne sont pas des problèmes qui se touchent.
Il y a certes la question de la clientèle. On avait, en fait, trois
clientèles dans les CEGEP. On ne savait pas exactement quelle
était la clientèle pour chacun des CEGEP. Le ministère
avoue d'ailleurs que les informations qu'il avait au sujet de la
clientèle n'étaient pas satisfaisantes.
M. Léger: Avez-vous maintenant les informations dont vous
avez besoin?
M. Moffet: II a mis sur pied un système qu'il a
appelé "cycle", je crois. Il a amené un système un peu
plus évolué, un peu plus raffiné sur le contrôle de
cette clientèle. Etant donné qu'elle n'a pas d'effet sur le
montant de la subvention annuelle, du moins on n'en a pas vu dans le temps, on
n'a pas vérifié cette année l'application de ce nouveau
système de contrôle de la clientèle des CEGEP.
M. Léger: D'accord. M. le Président, dans le
deuxième rapport, celui terminé le 31 mars 1974, aux pages 468 et
469, dans les comptes à recevoir, au 31 mars 1974...
M. Moffet: Oui.
M. Léger: ... un montant de $30 millions était
encore dû par les commissions scolaires au ministère pour
l'année 1972/73, à titre de remise de celles-ci des
déductions effectuées en vertu de la Loi sur le régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics.
Où en sommes-nous, actuellement, à l'heure où nous en
parlons, d'après votre vérification?
M. Moffet: A toutes fins pratiques, cela a été
versé au fonds consolidé.
M. Léger: Est-ce qu'il y a des personnes, parmi les
officiers du ministère, qui peuvent nous dire si elles ont fait la
correction voulue et que c'est rendu, comme le dit le vérificateur, au
fonds consolidé?
M. Berthiaume: Je vais demander à M. Breton, qui est avec
moi, de répondre à cette question.
En fait, ce montant de $30 millions constituait des arrérages
afférents aux périodes antérieures à
l'entrée en vigueur du régime de retraite des employés du
gouvernement et des organismes publics.
Comme la vérification des états financiers des commissions
scolaires pour les années 1971/72 et 1973/74 n'était pas
complétée, ce montant n'a pu être retenu sur les
subventions à verser tel que prévu par l'article 17 de la loi 68
sur les fonds de retraite des enseignants.
Les contributions au fonds de retraite sont comptabilisées sur la
base de caisse, comme le mentionne le Vérificateur général
d'ailleurs, à la page 402 de son rapport.
Ce montant n'ayant pas été encaissé, on ne pouvait
pas l'inscrire aux revenus, parce qu'on était justement sur une base de
caisse. A toutes fins pratiques, ce montant de $30 millions, si on le retient
ici, viendrait s'appliquer en diminution, je dirais, des $300 millions dont
parlait le vérificateur à un autre endroit, dans son rapport, sur
les subventions d'équilibre budgétaire.
Il pouvait y avoir un manque dans l'encaisse des commissions scolaires,
mais, par ailleurs, elles avaient $30 millions qu'elles n'avaient pas remis. Ce
montant devrait, à toutes fins pratiques, se prendre en déduction
de l'autre.
Enfin aussi, depuis l'entrée en vigueur de la Loi des
régimes de retraite, en juillet 1973, les commissions scolaires
remettent tous les mois, à la commission administrative du régime
de retraite, les déductions effectuées. C'est maintenant conforme
à une modification de la loi.
En fait, au 31 mars 1975, il ne restait qu'à peu près une
somme de l'ordre de $1 million à percevoir sur ces $30 millions,
à retenir, en somme, sur les règlements à intervenir.
M. Léger: D'accord. C'est une question autant au
vérificateur qu'au gouvernement. Concernant les frais de fonctionnement,
à la page 468, le Vérificateur général
déclare que les règles de comptabilité cela revient
un peu à ce qu'on disait tantôt d'exercice ne sont pas
suivies concernant les remboursements des dépenses de fonctionnement des
commissions scolaires et des institutions privées et qu'au 31 mars 1974,
$300 millions avaient ainsi été reportés à
l'année prochaine.
Est-ce que le ministre procède toujours ou est-ce que le
ministère procède toujours de cette façon?
M. Berthiaume: Oui. C'est ce à quoi je faisais allusion
tantôt, quand je parlais des procédures des autres provinces sur
le plan comptable, et le fait que si on devait inscrire cela, il faudrait
inscrire le pendant de l'autre côté, et que, finalement, ce ne
sont pas des comptes qui sont connus d'une façon précise, et ils
s'annulent, de toute façon.
M. Léger: A quel montant est-il reporté cette
année?
M. Berthiaume: J'avais une estimation qui avait été
préparée à bonne heure au printemps, on n'en a pas refait
chez nous récemment, mais l'estimation qui avait été faite
par quelqu'un de notre bureau, s'était chiffrée par $340.5
millions. C'est une estimation qui a été faite au printemps pour
le 31 mars 1975. Remarquez bien que c'est une estimation. On n'avait pas
suffisamment de connaissance sur les coûts réels de l'année
écoulée, de l'arrérage, n'ayant pas en main les rapports
des commissions scolaires.
M. Léger: L'année précédente, celle
que je viens de mentionner, quel montant avait été...
M. Berthiaume: M. Larose faisait état de $300
millions.
M. Léger: Non, l'année d'avant? Je me demande si
cela va toujours en augmentant, ces chiffres, d'une année à
l'autre?
M. Berthiaume: En proportion, non, ils diminuent, en proportion
du budget total de subventions du ministère de l'Education.
M. Léger: En pourcentage, oui.
M. Berthiaume: Le montant est à peu près
stable.
M. Léger: En valeur absolue, cela augmente, mais en
proportion, puisque le budget de la province augmente en pourcentage.
M. Berthiaume: En valeur absolue, il augmente. C'est cela. En
proportion du budget du ministère.
M. Léger: Du ministère, d'accord. Maintenant,
à la page 4-67, le Vérificateur général fait
remarquer, au paragraphe c-2...
M. Berthiaume: Quelle page?
M. Léger: 4-67 du rapport 1973-74, au paragraphe c-2, le
vérificateur fait remarquer qu'un montant de $2,805,997 sur une
subvention de $6,003,064 a été imputé au mauvais programme
et que s'il avait été au bon programme, soit celui de
construction d'écoles secondaires publiques, il en aurait
résulté un dépassement budgétaire. Est-ce que la
situation a été corrigée? Je ne sais pas si c'est le
vérificateur qui peut me répondre là-dessus ou si c'est le
gouvernement.
M. Moffet: Non, lorsqu'on vérifie comme cela une situation
budgétaire après que l'année fiscale est terminée,
c'est cuit, on ne peut pas revenir.
M. Léger: L'année suivante, vous ne pouvez pas
vérifier si cela a été imputé au bon programme par
la suite? Si ce dépassement...
M. Moffet: Ce dépassement a été payé
sur un programme voté l'année précédente. Alors, il
n'est pas question de régulariser dans l'année suivante à
même des crédits qui sont prévus pour d'autres fins.
M. Berthiaume: II y a M. Bertrand Croteau qui pourrait vous
donner des explications additionnelles là-dessus.
En fait, une procédure a été mise en place pour
faire que le problème identifié ne se répète plus.
Nous vérifions mensuellement l'affectation des crédits par
programme.
M. Léger: D'accord. Les intentions sont bonnes.
M. Berthiaume: C'est une erreur isolée.
M. Moffet: Cela tient un peu à la définition des
programmes comme tels aussi, parce qu'en fait, il y a des commissions scolaires
qui donnent l'éducation aux deux niveaux, les commissions
unifiées, et il y a une répartition comptable qui, parfois, est
difficile à faire pour ces commissions scolaires.
Remboursement des prêts
M. Léger: M. le Président, à la page 4-70,
dans provisions pour pertes, cela touche les prêts et bourses, le
vérificateur déclare que la provision pour pertes sur les
prêts à recouvrer des étudiants au 31 mars 1974, qui
était de $4,520,000, était largement insuffisante. Quelle
est-elle maintenant? Pourquoi a-t-elle été fixée à
un chiffre si bas par le représentant du contrôleur des finances
et les officiers du service des prêts et bourses?
M. Moffet: Au 31 mars 1975, elle a été
diminuée à peine de $10,000 environ. Ce qui nous sur-
prend un peu dans l'évaluation de cette provision, c'est qu'elle
est partie de $7.5 millions au 31 mars 1971 et qu'elle est maintenant à
$4.5 millions. Le rythme d'encaissement ou le rythme de perception des bourses
ne justifiait pas d'après nous un tel optimisme. Alors, on
déplore ce fait ici. On trouve qu'il n'y a pas lieu de diminuer la
provision d'année en année. On devrait laisser la provision telle
qu'elle est au moins...
M. Léger: Même l'augmenter.
M. Moffet: ... même l'augmenter plutôt que ce qu'on a
rêvé un peu trop tôt.
M. Léger: Est-ce que le représentant du
gouvernement peut nous répondre là-dessus?
M. Berthiaume: M. Lemay, du ministère de l'Education.
Ce qui est arrivé, c'est que, l'année où elle a
été diminuée de $7 millions à $4 millions, cela
faisait d'abord suite à une étude d'un groupe
interministériel qui comprenait un représentant du
vérificateur, qui comprenait quelqu'un du ministère des Finances,
quelqu'un du service des réclamations du ministère de la Justice,
des gens de la gestion de notre ministère. Donc, il y avait toute une
équipe qui a travaillé là-dessus et qui, compte tenu des
nouveaux mécanismes de recouvrement qu'ils voulaient mettre en place
à ce moment et qui ont été mis en place depuis...
C'est-à-dire qu'au lieu de se contenter d'envoyer des lettres aux
individus, maintenant, on a pris des mécanismes d'appels
téléphoniques aux individus, de poursuites des individus de
façon plus tenace, tout en demeurant dans les limites de
l'administration normale et en tenant compte des situations très
particulières des individus. Ces nouveaux mécanismes ont
amené le groupe concerné à identifier que, s'ils
étaient mis en place, contrairement aux autres années où
il n'y avait pas de tels mécanismes, on pouvait diminuer la provision
pour mauvaises créances. D'autant plus qu'à ce moment, le solde
se situait à environ $18 millions. Croire qu'on perdrait $7 millions sur
ce solde ne semblait pas adéquat.
Il y a deux phénomènes là-dedans. D'une part, on
continue à recouvrer les dettes antérieures à 1966, et il
y a maintenant des comptes qui se créent, année après
année, en provenance des banques. Pour les comptes antérieurs
à 1966, ce solde diminue constamment et, à l'heure actuelle,
d'après les expériences qu'on a avec cette équipe de
personnes qui entrent en contact avec les individus, il y a très peu de
dettes qui s'annulent. Donc, on n'est pas capable de croire que les mauvaises
créances doivent s'accumuler. D'autre part, chaque année, depuis
ce temps, il y a aussi eu des écritures de fermeture de comptes dans des
cas de décès. Chaque année, il y a une part qui se ferme,
qui s'écrit contre la mauvaise créance de l'année
antérieure, mais, quand on crée la nouvelle mauvaise
créance, ces mauvais comptes sont déjà disparus. Donc,
c'est à l'égard des comptes qui restent qu'on établit
cette créance et, compte tenu que le solde de ces comptes diminue depuis
quelques années en tout cas, sur les anciens comptes.de
façon tout à fait régulière on croit qu'au
cours des trois prochaines années, avec l'équipe qu'on a, on va
entrer en contact avec tous les étudiants et amener à peu
près tout le monde à engager son remboursement.
Il y a un effort assez extraordinaire qui a été consenti
par le gouvernement, à la suite, d'ailleurs, du rapport du
vérificateur d'il y a quelques années. Il a constaté, dans
ses derniers rapports, que, déjà, la situation dans le
recouvrement avait changé.
M. Moffet: M. le Président, je tiendrais à ajouter
que, d'accord, des efforts additionnels sont déployés. Mais, de
plus en plus, on est rendu dans le fond du baril, à ceux qui n'ont pas
voulu payer depuis des années. Ce qui reste à percevoir, ce n'est
pas nécessairement les plus tendres de gueule.
M. Berthiaume: Là-dessus, c'est un objet de discussion
entre le vérificateur et nous.
M. Moffet: C'est ça.
M. Berthiaume: Notre expérience, depuis un an et demi,
nous a amenés et on le lui a dit à ne pas croire
que les comptes qui étaient là depuis quelques années,
dans certains cas, qui n'avaient pas été touchés, parce
qu'on procédait exclusivement par lettre... Depuis qu'on procède
par le mécanisme actuel, on s'aperçoit, au contraire, que ces
comptes... On n'est pas dans le fond du baril. On recouvre ces comptes de
façon tout à fait normale. On les recouvre même très
rapidement pour les comptes les plus retardés.
Je pense que les commentaires là-dessus, dans le milieu, sont
très évidents à cet effet aussi. Parmi les anciens
boursiers qui avaient obtenu de l'aide et qui avaient tardé à
rembourser, à l'heure actuelle, la communication se transmet et nos
agents ont de plus en plus de facilité dans le recouvrement de ces
dettes.
M. Léger: Ce que je trouve quand même curieux, c'est
que, chaque fois qu'il y a une divergence d'opinions entre le
vérificateur et le gouvernement, le gouvernement semble persister
à dire: Bon, on a la bonne méthode.
Est-ce que, chaque fois que le vérificateur fait
état...
M. Berthiaume: ... qu'il y a divergence...
M. Léger: ... d'une situation de comptabilité et
que le gouvernement dit: Nous ne sommes pas d'accord, est-ce que, chaque fois,
c'est le gouvernement qui doit continuer dans sa direction ou s'il a
engagé un vérificateur pour lui soumettre des façons
différentes de corriger une situation comptable?
Dans toutes les questions que je pose, je
m'aperçois qu'il y a toujours une divergence et, à ce
moment, le gouvernement trouve le moyen de se justifier de le faire.
D'ailleurs, quand on engage un vérificateur, c'est pour être
capable de savoir exactement ce qui devrait être fait, ce qui pourrait
être corrigé et si une situation doit être changée.
Mais, jusqu'à maintenant, on trouve toujours des justifications pour
dire: Non, on l'a, l'affaire.
M. Moffet: Evidemment, nous n'avons pas d'autres recours pour le
dire à l'Assemblée nationale.
M. Berthiaume: En ce qui nous concerne, on a fait une
étude avec le ministère des Finances sur chaque groupe de comptes
parce que, depuis trois ans, on a identifié les comptes de façon
beaucoup plus précise. On a fait des inventaires de comptes, chose qui
ne se faisait pas auparavant dans l'ancienne Loi d'administration de l'aide
financière. On a mesuré une provision pour mauvaises
créances avec des pourcentages probables de mauvais comptes
prévus. On compte vérifier c'est ce qu'on avait dit au
Vérificateur général avec les expériences
actuelles si ces pourcentages s'avèrent véridiques ou non. On est
dans le domaine de la probabilité et des prévisions à ce
niveau parce qu'une provision pour mauvaises créances est tout
simplement une prévision faite sur des expériences passées
et sur des expériences en train de se vivre et, au moment des
discussions avec le Vérificateur général, on a
demandé à combien elle pourrait s'établir, autre que
celle-là et je n'ai pas obtenu de chiffres, ni d'indications du
Vérificateur général concernant une marge d'erreur qu'il y
aurait dans notre estimation, et quel montant il voudrait mettre en
surplus.
M. Léger: Le Vérificateur général
peut-il nous dire quel pourcentage devrait être mis en surplus comme
provision pour mauvaises créances?
M. Moffet: Premièrement, tout à l'heure, M. Lemay a
laissé entendre que nous étions d'accord sur la diminution
progressive par un comité qui avait été formé.
D'abord, il faudrait avoir l'opinion de la personne de notre bureau qui
était sur ce comité. Cela ne veut pas dire que le comité a
décidé cela. C'est un peu comme ce matin, ici. Je ne partirai pas
d'ici en disant: J'ai gagné. Alors, dans un comité, c'est ainsi
que cela se passe. Cela ne veut pas dire que le type de notre bureau qui
était sur un comité était de l'avis de M. Lemay et
partageait ses vues. Il a bien pu lui recommander de laisser la provision telle
qu'elle était. Il faudrait l'entendre. Ce n'est pas moi qui étais
là.
Quant à dire que le Vérificateur général
devrait dire sur quoi il se base pour l'augmenter, je suis réticent
à la baisser suivant l'expérience passée et les propos que
nous tient, ce matin, M. Lemay, cela fait quelques années que je les
entends. Alors, je suis un peu plus imperméable à son ton
convaincant. Je m'en tiens plutôt aux faits et je m'aperçois que
les bourses ne baissent pas, c'est-à-dire que les prêts à
recevoir du ministère ne baissent pas au rythme qu'il laisse entendre
lorsqu'on fait notre rencontre annuelle sur la discussion de la provision.
Alors, pourquoi baisser la provision dans l'année? Il me semble
logique de la laisser au même montant. D'ailleurs, on a demandé au
service sur quoi étaient basés les $4 millions. Les $4 millions
ne sont pas basés, non plus, sur un historique ou des statistiques
d'encaissement. Ce montant a été déterminé
arbitrairement.
M. Léger: D'après vous, quel pourcentage de la
balance de dettes devrait être mis? 10%?
M. Moffet: Je trouve qu'il y a d'abord des études qui
devraient être faites des efforts qui ont été faits sur
certains comptes et "déprovisionner" à 100% dans les causes
où ce sont des bénéficiaires de prêts à qui
on écrit depuis dix ou quinze ans et qui ne répondent pas ou qui
sont partis sans laisser d'adresse.
D'après moi, il devrait être basé sur une
étude plus poussée.
M. Berthiaume: M. Moffet, vous conviendrez avec moi que ce qui
est en litige entre le bureau du Vérificateur général et
le ministère de l'Education, c'est une appréciation du montant
plus que les techniques de recouvrement.
M. Moffet: Oui.
M. Berthiaume: Je voulais que cela soit précis.
M. Léger: C'est cela. On remarque quand même le
manque de relations entre les fonctionnaires et le Vérificateur
général. Ce dernier est quand même là comme une
personne qui se doit de répondre à l'Assemblée nationale
de sa vérification et de l'état du fonctionnement de la
comptabilité du gouvernement.
Alors, quand le Vérificateur général fait des
propositions, on semble dire: Non, on l'a l'affaire et...
M. Berthiaume: Ce n'est pas le cas. Je m'excuse.
M. Léger: C'est le cas.
M. Berthiaume: Je voudrais répondre...
M. Léger: Est-ce que j'ai la parole, M. le
Président? Vous m'avez interrompu.
M. Berthiaume: C'est parce que le député de
Lafontaine m'a posé une question tantôt et je n'ai pas eu
l'occasion de répondre.
Le Président (M. Picard): Un instant. On va laisser
terminer.
M. Léger: J'aimerais bien que vous me répondiez
après que j'aurai fini de m'exprimer. C'est fla-
grant qu'en plusieurs cas, les fonctionnaires d'un ministère en
particulier ont une façon de faire leur comptabilité et le
Vérificateur général propose ou suggère des
corrections à cela.
Il propose même qu'une étude devrait être faite dans
le cas précis de cette balance prévue pour mauvaises
créances qui devrait être augmentée. Il ne dit pas quel
montant, mais il calcule que cela devrait être plus élevé
et au minimum le garder à ce niveau. Au point de vue de la
comptabilité, je ne vois pas que ce soit le ministère qui engage
un vérificateur. Donc, le gouvernement a engagé un
vérificateur, qu'il dise: Non, c'est nous qui avons raison, nous
justifions notre affaire, et le vérificateur était même
quasi d'accord, parce qu'il était présent au comité. Je
pense qu'on doit tenir compte ce n'est pas pour rien qu'on engage un
vérificateur de ses recommandations parce que lui, voit
l'ensemble du fonctionnement du gouvernement au niveau comptable et je ne vois
pas pourquoi on ne prendrait pas bonne note, on ne ferait pas des corrections
selon ce que le vérificateur, qui est impartial, propose sur des sujets
comme ceux-là.
M. Berthiaume: La très grande majorité des
recommandations du Vérificateur général sont suivies. Il
faut d'abord constater cela. On a des listes, en fait, on constate en les
lisant d'une année à l'autre que, effectivement, les
gestionnaires, dans les divers ministères du gouvernement, suivent les
recommandations du Vérificateur général. Ce n'est pas
toujours parce qu'on a été d'accord au début. Il y a eu
des discussions; finalement, le bureau du vérificateur a convaincu nos
gestionnaires qu'il fallait procéder de telle façon plutôt
que de telle autre et on se corrige annuellement. C'est dans ce sens que le
rapport du Vérificateur général et le travail du
Vérificateur général sont extrêmement utiles. Je ne
voudrais jamais diminuer la valeur du rôle du vérificateur; mais
il arrive des cas où une divergence d'opinion est irréductible. A
ce moment-là, c'est au gestionnaire des ministères de prendre ses
responsabilités. Si le gestionnaire du ministère dans le
cas qu'on discute, par exemple est convaincu, est persuadé, dans
son appréciation, que la procédure est juste et
l'évaluation est juste...
M. Léger: ... vous êtes d'accord que le montant est
suffisant.
M. Berthiaume: ... compte tenu de ce qui est possible dans ces
domaines... parce que, quand même, comme l'a souligné M. Lemay, on
travaille dans le domaine des probabilités. Or, c'est extrêmement
difficile à apprécier, mais c'est une question de degré de
pessimisme quand on évalue les mauvaises créances. Il y a des
gens qui sont plus pessimistes que les autres. C'est évident. C'est une
évaluation, il faut être pessimiste, mais il faut être
raisonnable dans ce genre de choses, d'accord; il y a un degré et c'est
sur le degré finalement sur lequel ils ne s'entendent pas. Mais à
la fin, la responsabilité revient au gestionnaire. La
responsabilité du vérificateur, c'est de donner son opinion.
C'est sa responsabilité devant l'Assemblée nationale; mais
à la fin, ce n'est pas le Vérificateur général qui
peut faire la gestion. Il n'est pas équipé pour faire la gestion
des ministères. Alors, il arrive des cas, très peu nombreux,
où, finalement, il y a mésentente. Mais la responsabilité
revient à celui qui administre, finalement.
M. Léger: A la page 3-72 de l'année
précédente, il était dit que le montant global des
prêts accordés étaient de $172 millions et que le
ministère avait établi à $141 millions le solde
approximatif non remboursé. A ce moment-là, je pense qu'il est
arrivé une nouvelle politique si je me trompe, vous me le direz
et qu'on a inclus des organismes comme les caisses populaires pour se
porter garants de prêts à un taux inférieur au taux normal,
courant. Au moment où on se parle, quelles sont les sommes non
remboursées? Tout à l'heure, on a parlé de $18 millions,
je pense que c'est beaucoup plus que cela. Quelles sont les sommes non
remboursées qui sont prêtées aux étudiants et que
vous avez commencé à vouloir récupérer?
M. Berthiaume: Je pense qu'il faut faire une distinction
très nette entre le régime antérieur à 1966,
où il y avait des bourses et des prêts, donc une bourse en partie
remboursable et un prêt qui était émis aux
étudiants. Là-dessus, le solde de ces prêts diminue
constamment et il est, pour l'instant, au 31 mars 1975, de $16 millions sur
au-delà de $48 millions de prêts qui avaient été
émis, mais il y a eu, ajoutés à ces $48 millions, des
intérêts chaque année. Il est donc de $16,420,000 au 31
mars 1975. En ce qui concerne les prêts consentis aux étudiants
depuis 1966 par le biais des établissements de crédit, au lieu
des $172 millions qu'il y avait à ce moment-là, il a, depuis ce
temps-là, été émis $26 millions, deux années
subséquentes. C'est autour de $230 millions, comme montant émis
aux étudiants. Là-dessus, environ $85 millions constituent des
prêts sur lesquels on pourrait vous donner des chiffres plus
précis, sur lesquels le gouvernement paie de l'intérêt
parce que les gens sont encore aux études. Ils ne sont pas encore
obligés de commencer le remboursement et ils ne paient pas
d'intérêt, c'est le gouvernement qui paie l'intérêt.
Sur les autres montants, l'étudiant commence à rembourser et les
réclamations...
M. Léger: Quelles sont les sommes, à ce
moment-là, qui sont dues par les étudiants qui ont terminé
leurs études et qui devraient normalement commencer à rembourser?
Cette dette est de combien?
M. Berthiaume: La somme qui était due au point initial et
la somme qui est due maintenant, c'est là-dessus qu'on a beaucoup de
difficulté à mesurer. On a mis en place, suite aux commentaires
et au travail qu'on a faits avec le ministère des Finances, un
mécanisme qui va nous permettre, au
mois de mars prochain, d'avoir le solde des prêts qu'on qualifie
de classe B; en fait ce sont des prêts en voie de remboursement aux
établissements de crédit. On a estimé à environ
60%, à un moment donné, de cette somme totale d'à peu
près $140 millions, soit à peu près $132 millions au 31
mars 1975, le solde des prêts en voie de remboursement aux
établissements de crédit.
M. Léger: Les $132 millions équivalent à
60%?
M. Berthiaume: A peu près à 60% du solde total
dû par les étudiants qui ont commencé à
rembourser.
M. Léger: Pourquoi 60%?
M. Berthiaume: C'est qu'il y a des étudiants qui terminent
le remboursement, il y en a d'autres qui commencent. Ceux qui commencent, les
derniers qui ont emprunté, ceux de 7, 8, 9 et 10 ans, leur solde de
prêt est un peu plus élevé parce qu'ils
bénéficiaient de ce régime depuis tout le nombre
d'années, alors qu'auparavant, en 1970/71, les gens avaient une ou deux
années d'emprunt selon le nouveau régime ou trois années,
le solde moyen est un peu plus bas. De telle sorte que ça va
s'établir éventuellement à peu près 50% de ce
solde. On va avoir des chiffres beaucoup plus précis au 31 mars prochain
au moment où les banques et les caisses populaires vont nous indiquer le
solde réel de ces prêts au 31 mars.
M. Léger: D'accord. Si je reviens au Vérificateur
général, sur le solde de $132 millions, est-ce qu'il devrait y
avoir, d'après vous, une somme qui serait comprise comme étant
prévue pour mauvaises créances?
M. Larose: II y a un point que M. Lemay n'a peut-être pas
mentionné et qui serait bon dans la discussion. Il y a la partie des
prêts qui ont été retournés et que le
ministère est obligé de percevoir maintenant. Vous avez
parlé de $16 millions de vieux prêts, il y a des prêts qui
sont retournés par les banques ou autres institutions.
M. Berthiaume: Au moment où les étudiants
remboursent, 93% remboursent de façon tout à fait normale aux
établissements de crédit. Pour environ 7% des étudiants,
les banques ou les caisses populaires, parce que l'étudiant retarde pour
un certain temps ou qu'elles l'ont perdu de vue il faut savoir que la
banque ne contacte l'étudiant qu'environ huit mois après la fin
de ses études et qu'il y a des gens dont l'adresse n'est plus la
même nous présentent une réclamation. Dans 80% des
cas, on contacte l'étudiant et il reprend entente avec la banque de
sorte qu'on ne remboursera cette année qu'environ $800,000 ou $900,000
pour les prêts qui sont devenus à la charge des étudiants
au cours des années passées et on estime à environ 1% le
montant total qu'on rembourse véritablement aux établissements de
crédit par rapport à la dette totale des étudiants qui
sont obligés de rembourser. Pour ce 1%, le gouvernement effectue les
démarches de recouvrement habituelles, la situation de certains
exétudiants se rétablit et, là-dessus, c'est là
où notre pourcentage estimé de provisions pour mauvaise
créance est le plus élevé parce qu'il s'agit vraiment des
plus mauvais comptes. On l'a estimé, dans le cas de ces comptes,
à 67% de perte possible sur les plus mauvais comptes. Donc, les 2/3 de
1% de perte sur l'ensemble de toute la dette due par les étudiants.
M. Léger: Est-ce que le vérificateur peut
répondre à ma question sur ces $132 millions, qu'est-ce que vous
jugez, incluant la nuance qui est apportée, comme devant être
suffisant comme prévision pour mauvaise créance?
M. Larose: Quant à la partie garantie dans les banques par
le gouvernement en vertu de la Loi des prêts banques, il n'est pas
d'usage de prévoir une provision pour un emprunt garanti. On n'a pas de
remarque et on trouve complètement régulier que le
ministère ne prévoie pas de provision pour ce qui est dans les
banques et personne ne se plaint.
La banque a ce prêt-là et l'étudiant est aux
études ou rembourse. Il n'y a pas de provision prise sur le montant qui
est dans les banques, dans les caisses ou les institutions financières,
et c'est normal qu'il n'y en ait pas, à mon avis.
Il n'y a pas de provision à prévoir là. La
provision est prise lorsque l'étudiant est qualifié de
récalcitrant, que la banque retourne la dette au ministère et que
le ministère l'assume, à ce moment-là. Là, la
provision s'établit. Tant et aussi longtemps que cette dette est dans
les institutions, il n'y a pas lieu de créer de dette.
M. Léger: Quelle est la somme qui n'est plus entre les
mains des institutions? Est-ce qu'il s'agit de $18 millions? C'est quoi?
M. Berthiaume: A l'heure actuelle, sur ces comptes des banques,
le solde de ces comptes s'établissait, au 31 mars 1975, à
$4,873,000 à recouvrer par le gouvernement. C'est là-dessus que
l'on pense être en mesure d'en recouvrer au moins 30% avec les
mécanismes dont je parlais. Il faut comprendre que, ces comptes en
particulier, ce sont vraiment les plus mauvaises créances,
c'est-à-dire que ce sont les situations les plus défavorables. Il
y a des gens qui sont devenus invalides, il y a toutes sortes de situations qui
sont survenues dans le cours des études et qui, parfois, ont
entraîné la cessation des études. On se retrouve donc avec
un type de comptes qui est égal pour nous à 2/3 de 1%, au maximum
de la dette totale et c'est cela qui constituerait une espèce de
provision pour mauvaises créances, selon nous, un maximum de 2/3. On l'a
mis, nous, selon l'estimation qu'on a faite avec les gens du ministère
des Finances qui ont fait un échantillonnage.
Suite aux remarques du vérificateur, il y a deux ans, avec le
ministère des Finances, on a en-
trepris un échantillonnage des comptes. On a regardé ce
que donnaient les essais de la nouvelle méthode. Comme, dans 75% des
cas, les gens remboursaient même là-dessus, on l'a mis à
66%; on a mis les deux tiers. On l'a mis de façon pessimiste.
Disons qu'on a maintenu quand même des éléments
pessimistes, mais, parfois, cela peut ne pas sembler assez à d'autres
personnes.
M. Léger: Je m'adresse maintenant au Vérificateur
général. Dans toute entreprise, il y a des comptes recevables et,
dans les comptes recevables, il y en a une portion dont on sait que ce sont des
comptes récalcitrants, de mauvais comptes. Mais la provision pour
mauvaises créances ne doit pas inclure uniquement ceux qui sont des
mauvais comptes, parce que ceux qui sont actuellement de bons comptes peuvent
devenir plus tard de mauvais comptes également, et aussi de futurs
récalcitrants. C'est pour cela qu'il y a une proportion normale qui doit
être plus élevée, plutôt qu'uniquement les mauvais
comptes, comme provision de mauvaises créances. C'est une
décision comptable de déterminer que l'on s'attend qu'il pourrait
y avoir telle et telle perte, non pas basée uniquement sur les mauvais
clients, mais aussi sur les bons clients qui peuvent devenir mauvais clients
pour d'autres raisons.
M. Berthiaume: Ecoutez, on l'avait estimée à 75%,
et on l'a réduite à 66%.
M. Léger: 66%, oui. De 20%, de 7%. M. Berthiaume:
C'est en fait...
M. Léger: Ce que je vois, c'est que les réponses
que me donne le spécialiste du gouvernement ne satisfont pas quand
même le Vérificateur général au niveau de cette
balance pour mauvaises créances au point de vue d'augmentation ou de
statu quo, alors que le gouvernement dit qu'elle devrait être
abaissée, cette balance.
M. Berthiaume: Le député de Lafontaine pourra
peut-être consulter son collègue de Maisonneuve et il va se rendre
compte que, comme souvent les avocats ne sont pas toujours d'accord, les
comptables également, cela leur arrive de ne pas être
d'accord.
M. Léger: Le vérificateur et le gouvernement, c'est
deux affaires.
M. Bacon: C'est une opinion personnelle.
M. Léger: II y en a un qui est engagé pour
vérifier l'autre. Voyons donc!
M. Berthiaume: Puis?
M. Léger: Ce n'est pas pareil, écoutez! En tout
cas. Ce que j'aimerais savoir de M. Lemay maintenant, c'est concernant les
institutions financières qui prêtent aux étudiants avec la
garantie gouvernementale, la proportion qui est assumée par les caisses
populaires, comparativement aux autres banques. Quelle est-elle?
M. Berthiaume: Jusqu'à l'an dernier...
M. Léger: Je voudrais bien savoir quelque chose.
Le Président (M. Picard): Ce n'est pas encore pour prouver
le point soulevé par...?
M. Léger: Oui, parce que j'ai des plaintes de la part des
caisses populaires, de mon côté.
M. Berthiaume: II y a 51% des certificats, pour 49% des montants
de prêts, qui ont été négociés l'an
passé par les caisses populaires. Le reste a été
négocié par les banques. Au cours des dernières
années, les caisses ont prêté un peu plus et le solde
actuel s'approche de plus en plus du rapport 50/50 entre les caisses et les
banques.
M. Léger: A la fin de la déclaration du
Vérificateur général, on parle de ce montant. Environ
$500,000 seraient entièrement imputables à la provision. Est-ce
que cela a été réellement imputé à la
provision? Je ne comprends pas tellement l'affirmation à la fin de la
page 4-70, du montant de $500,000.
M. Moffet: Un montant avait été passé au
service des prêts-bourses de M. Lemay comme mauvais comptes et qui, en
réalité, étaient réellement de mauvais comptes que
le service comptable n'avait pas enregistrés. Cette partie affectera
directement les $4.52 millions qu'on critiquait. Il y a une différence
d'inventaire aussi dans les cartes comptables.
M. Larose: C'est le compte de contrôle qui ne balance
pas.
M. Moffet: C'est cela.
M. Larose: Les cartes individuelles de prêts ne balancent
pas avec le compte de contrôle. La différence se situe aux environ
de $850,000. Ce n'est pas cela? C'est pas cela...
M. Berthiaume: Non, cela a été corrigé. Le
vérificateur lui-même procède avec nous, là-dedans,
à l'identification de façon précise.
M. Moffet: C'est la différence entre les deux services, le
service comptable du ministère et le service des prêts-bourses,
qui était de...
M. Berthiaume: Est-ce que le montant de $800,000 est celui
relatif aux réclamations présentées au gouvernement mais
non payées?
M. Moffet: Non.
M. Berthiaume: Non, ce n'est pas celui-là.
M. Moffet: C'est pour qualifier la provision. On jugeait que la
provision, tel que le démontraient les $4.52 millions, était en
réalité de $4.42 millions. C'est encore plus technique et
comptable que tout à l'heure.
M. Berthiaume: Qu'est-ce qu'il dit? C'est encore plus technique
et comptable que tout à l'heure.
M. Léger: M. le Président, il ne s'agit pas de se
perdre dans les méandres de la technicité. C'était une
question que je posais pour savoir ce que cela voulait dire. Le début de
la réponse me satisfait, en ce qui me concerne, au point de vue
général. Pour les détails, j'espère que vous allez
vous rencontrer à nouveau et régler certaines choses.
Concernant toujours les prêts et bourses, le Vérificateur
général, à la page 4-67, constate que le ministère
a perdu $480,000 en revenus additionnels, parce que les intérêts
sur les prêts à recevoir des étudiants n'ont pas
été accrus. Est-ce que les intérêts ont
été accrus depuis la publication de ce rapport?
M. Moffet: Ce n'est certainement pas la façon dont il faut
interpréter ce texte. On dit que...
M. Léger: Ce n'est pas parce que je demande une hausse; je
veux savoir ce qui s'est passé.
M. Moffet: C'est-à-dire que c'est un problème
d'accroissement des revenus sur une base d'exercice. En fin d'année,
évidemment, si vous avez une série de comptes à recevoir
et qu'il y a des intérêts qui courent là-dessus, si vous
avez calculé vos intérêts au mois de janvier, au 31 mars,
vous seriez censé estimer, évaluer ou calculer les
intérêts pour ces trois mois, parce que ce sont des revenus
gagnés dans l'exercice. Il n'y a pas de coulage et de perte
d'intérêt là-dedans. Tout ce qu'il y a, c'est une question
de comptabilisation d'exercice dans les livres du gouvernement.
Au ministère, lorsqu'on regarde "revenus
d'intérêts", pour les bourses, il manque $480,000 dans les
données financières, mais...
M. Léger: De combien est le taux d'intérêt
actuellement?
M. Berthiaume: Si on me permet, la raison pour cela, c'est que
l'intérêt est calculé au mois de juin. Le 31 mars, on n'a
pas les données. Les intérêts qui sont calculés
à la fin de juin sont reportés au 31 mars de l'année
suivante. C'est ceux-là qu'on voit.
M. Léger: D'accord. Quel est le taux
d'intérêt exigé actuellement des étudiants?
M. Berthiaume: C'est corrigé maintenant, on fait
l'ajustement au 31 mars.
M. Léger: Quel est le taux d'intérêt
exigé actuellement des étudiants?
M. Berthiaume: Sur les prêts avant 1966, tel que
stipulé par la loi, il est de 3%. Sur les prêts consentis par le
biais des établissements de crédit, donc les caisses populaires
et les banques, il était de 9% au maximum pour ceux qui ont fini leurs
études au mois de mai dernier, mais ce taux d'intérêt varie
d'année en année. Il est établi sur la base du coût
des obligations du Canada plus 1%. A ce moment, l'an dernier, cela donnait 9%
de taux maximum, légal que les banques ou les caisses pouvaient exiger
de l'étudiant sur la dette totale accumulée pendant le temps des
études.
M. Léger: Cela ne va jamais en haut de 9%?
M. Berthiaume: Cela a été 9%. Cette année,
c'est 8.25% au maximum. Cela varie selon la fluctuation du marché pour
les six mois précédant la fin de l'année scolaire. Du 1er
juillet au 31 décembre, à toutes les semaines, le taux de
rendement des obligations du Canada, de cinq à dix ans, est
calculé et pondéré. Cela fait un taux
pondéré, à la fin de ces six mois, qui est appliqué
sur toutes les dettes à rembourser pendant l'année suivante.
M. Léger: Bon. Quand le prêt est accordé
à l'étudiant pendant qu'il étudie, la caisse populaire ou
la banque se fait payer l'intérêt par le gouvernement. C'est
après, quand l'étudiant a terminé ses études, que
le taux d'intérêt commence à être dû par
l'étudiant à la caisse populaire ou à la banque. Quel est
le taux d'intérêt que le gouvernement paie aux caisses populaires
pendant ce temps? C'est le même taux pour les banques et pour les caisses
populaires?
M. Berthiaume: Jusqu'au mois d'octobre dernier, c'était un
taux qui était déterminé au moment de l'émission du
prêt, c'est-à-dire qu'il y avait des prêts à 5.5%,
à 6 3/4%, 7 1/8%. A chaque année, il y avait un nouveau taux,
encore là, basé sur le taux de rendement des obligations du
Canada de un à cinq ans. Suite à des discussions avec les banques
et les caisses populaires, et à cause du marché monétaire
qui était devenu très variable au cours des dernières
années, une nouvelle méthode a été
élaborée. Au lieu de payer en fonction de la date d'origine du
prêt, maintenant, on va payer sur l'ensemble des prêts à un
taux qui va varier. Cette base de variation, c'est encore les obligations du
Canada de cinq à dix ans, qui a semblé celle qui correspondait le
mieux à la situation du marché. Donc, sur cette base des
obligations du Canada, on va prendre les huit dernières semaines de
chaque trimestre, comme là, les quatre semaines, on est en train,
à l'heure actuelle, de compiler cela. Cela a commencé à
compter depuis deux semaines et pendant les deux prochaines. Le taux de
rendement des obligations du Canada pendant ces quatre semaines va être
utilisé pour établir le taux qui va être payé par le
gouvernement sur l'ensemble des prêts pendant les trois
prochains mois, c'est-à-dire du 1er janvier au 1er mars. C'est
une négociation qui a eu lieu avec les caisses populaires et avec les
banques, et qui a satisfait les trois parties concernées, de même
que le gouvernement. Cela a été la base qui a été
retenue pour rendre plus équitable le paiement d'intérêt
sur un solde de comptes assez important quand même.
M. Léger: De toute façon, le montant
d'intérêt des banques et des caisses que le gouvernement paie,
c'est la même somme. C'est le même taux d'intérêt.
M. Berthiaume: Ce que le gouvernement paie aux caisses ou aux
banques, oui, sur l'ensemble des prêts, oui.
M. Léger: De toute façon, je reviendrai à
l'étude des crédits là-dessus.
M. Berthiaume: Pour le journal des Débats, je tiens
à faire remarquer que ce genre de discussions relève des
crédits.
M. Léger: D'ailleurs, je reviendrai à
l'étude des crédits là-dessus.
Le Président (M. Picard): Le député de
Lafontaine m'a laissé savoir que c'était une toute petite
question. Elle a duré...
M. Berthiaume: Une petite.
M. Léger: Cela préparera les crédits la
prochaine fois, si jamais on revient encore...
Le Président (M. Picard): II m'a promis qu'il ne posera
pas cette question lors de l'étude des crédits du printemps
prochain.
M. Léger: Cela va en ouvrir d'autres. M. Berthiaume:
Cela va aller plus vite.
M. Léger: A combien se chiffre le montant des
réclamations des institutions de crédit à l'égard
des prêts échus et en souffrance?
M. Berthiaume: Au cours de la dernière année, il
s'est chiffré par $3,596,000 à peu près, disons
$3,600,000. Là-dessus, pour $2,800,000, les étudiants ont repris
charge de leurs prêts, parce qu'on les a contactés, on les a
retracés. Pour le restant, le gouvernement a dû rembourser les
$800,000 qui restent sur ce montant.
M. Léger: D'accord. M. le Président, en ce qui nous
concerne, je ne veux pas éterniser les débats, nous serions
satisfaits pour le moment au niveau du domaine de l'Education. Il reste
maintenant, je pense, le domaine du Travail, les Institutions
financières. Je ne sais pas lequel des deux est prêt.
M. Berthiaume: Institutions financières.
M. Léger: Institutions financières. Je remercie le
personnel du domaine de l'Education d'être venu se prêter à
ces questions.
M. le Président, est-ce qu'on peut commencer?
Institutions financières
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons maintenant procéder à l'étude des
rapports concernant les Institutions financières.
M. Léger: M. le Président, à la page 4-116
de votre rapport, concernant la Loi de la protection du consommateur...
M. Berthiaume: De quelle année?
M. Léger: Le dernier rapport. Le vérificateur fait
rapport des reproches sérieux au sujet de l'inaction du service de
l'inspection du ministère, suite à une demande de l'Office de la
protection du consommateur. Cette inaction, qui, selon le rapport du
vérificateur, s'est échelonnée sur une période
allant de septembre 1973 à juillet 1974, et a entraîné des
pertes de revenu.
Ma question s'adresse au Vérificateur général. A
votre avis, de quel ordre ces pertes sont-elles? Ces montants sont-ils
récupérables, selon la loi?
M. Chouinard (Guy): Au moment de notre vérification, on
avait établi qu'il y avait une liste de 1,086 vendeurs de voitures
d'occasion qui n'avaient pas de permis. A ce moment, nous avons fait des
recommandations au ministère pour prendre les dispositions
nécessaires pour régulariser la situation.
En juillet de cette année, nous sommes entrés en
communication avec les autorités intéressées du
ministère, et, à ce moment, il y avait eu des dispositions de
prises.
Tout d'abord, il y avait une liste transmise au service d'inspection, le
20 septembre 1973, suivant l'explication que les autorités du
ministère nous a donnée. Vu que ce service était
débordé, il n'a pas eu le temps de faire diligence dans le
secteur. L'Office de la protection du consommateur a donc retourné la
liste, et, de concert avec le Bureau des véhicules automobiles, il s'est
mis à l'oeuvre, toujours suivant les renseignements obtenus, a
émis une nouvelle liste. Après en avoir fait l'épuration,
il faut bien spécifier que, quand on parlait d'environ 1,100 noms, cela
pouvait avoir une valeur de $100,000. Par contre, cette liste n'était
pas épurée. On ne pouvait pas savoir la valeur exacte.
C'était tout simplement une projection.
A ce moment, cette liste a été épurée, et
toujours d'après les renseignements que nous avons obtenus de M. Lequy,
il y avait 350 noms de non inscrits et d'assujettis. Ils étaient non
inscrits dans le registre, mais assujettis. Il manquait des noms... A la date
du 7 juillet, on nous informait qu'il y avait 148 vendeurs qui avaient
été visités et qu'on
comptait compléter ce travail pour novembre 1975. C'est la
situation dont je peux vous rendre compte.
M. Léger: La somme de $100,000, c'est ce que vous aviez
évalué à peu près?
M. Chouinard: Globalement, pour les 1,100 noms non inscrits au
registre, mais, par suite, de l'épuration qui a été faite
jusqu'à maintenant, suivant la lettre que les officiers du
ministère nous ont soumise, le nombre de noms est de 350, dont 285
étaient déjà inscrits sur la première liste qu'on
avait examinée. Sur ce nombre, 148 personnes ont été vues
à la suite de cette lettre. C'était en juillet 1975. On
considérait qu'on pouvait terminer ce travail en novembre 1975.
M. Léger: Est-ce que ces sommes ont été
récupérées depuis ce temps, d'après vous?
M. Chouinard: Cela ne faisait pas l'objet de notre mandat. Vous
pourriez demander aux autorités du ministère...
M. Léger: Je vais retourner ma question aux
autorités du ministère. Est-ce que ces sommes ont
été récupérées depuis ce temps?
M. Berthiaume: M. le Président, dans certains cas, oui;
dans d'autres cas, non. Je pourrais peut-être ajouter le commentaire
suivant. La liste originale et l'anomalie apparente assez importante qui y
apparaissait provenaient du fait qu'il y avait deux listes, une liste du
ministère des Transports et une liste des gens que nous avions sous
permis, au ministère, à l'Office de la protection du
consommateur.
A la suite de l'épuration des listes, il a été
constaté qu'un grand nombre de noms n'étaient pas ceux de
vendeurs de voitures d'occasions. Il s'agissait de vendeurs de voitures neuves,
d'agences de location de garages.
Alors, comme en faisait part le représentant du
vérificateur, la liste avait été transmise à notre
service d'inspection, qui est indépendant et qui est un service
composé de spécialistes. Evidemment, ils avaient certaines
priorités, les véritables enquêtes où interviennent
les techniques comptables et d'enquête. Alors, ils n'avaient pas pu s'en
occuper. C'est pourquoi nous avons rapatrié cette liste, ici, à
Québec, au niveau de l'Office, et là, il y a eu une enquête
dans chacun des cas.
Alors, la première constatation est que la liste,
d'au-delà de 1,000 noms, devait être réduite à 350.
Ensuite, i, s'agissait de faire une enquête dans chacun des cas pour
déterminer si, effectivement, les personnes et les corporations qui
étaient sur la liste fa saient le commerce de voitures
usagées.
Alors, aujourd'hui, la situation est la suivante au moment où
nous parlons. Tous les noms sur ces listes ont été
vérifiés et le nécessaire a été fait, sauf
dans neuf cas. En d'autres mots, il y a neuf cas où l'enquête doit
se conclure.
Dans le cas de ceux qui, effectivement, étaient des vendeurs de
voitures usagées et qui n'avaient pas de permis, nous en sommes au stade
où on régularisera la situation en prenant un permis. Je ne
pourrais vous répondre, cependant, si nous pouvons retourner en
arrière et exiger le permis pour les années
précédentes. Je n'ai pas la réponse.
En ce qui concerne les autres, ou ils doivent régulariser leur
situation ou des procédures doivent être prises. Alors, sur les
350 noms, la situation se répartit à peu près comme ceci:
Actuellement, d'après les renseignements qu'on me donne, il y aurait
environ 150 dossiers où on examine s'il y a opportunité de
prendre des procédures.
M. Léger: Merci. Maintenant, une deuxième question.
A la page 4-117, concernant les organismes subventionnés par le
ministère. Selon votre rapport, les organismes subventionnés par
le ministère n'ont pas transmis, en fin d'année, de rapports
détaillés de l'utilisation de la subvention.
Pourriez-vous nous dire combien de dossiers vous avez
étudiés et de ce nombre de dossiers étudiés,
combien il y en avait-il qui étaient irréguliers?
M. Chouinard: Dans l'ensemble, pour bien se situer dans le
contexte, pour l'année 1973/74, le ministère des Institutions
financières a octroyé $425,000 en subventions, grosso modo.
De ce montant, le paragraphe qui s'applique surtout aux subventions
accordées par l'Office de la Protection du consommateur, a ce moment,
nous faisons le commentaire suivant: Au cours de notre vérification,
nous avons constaté que plusieurs organismes subventionnés par le
ministère ne se conformaient pas aux exigences de l'article 83 de la Loi
de l'administration financière, quant à la transmission annuelle
d'un rapport financier avec état détaillé de l'utilisation
de subventions.
Cela touchait carrément ceux-là. Il n'y en avait pas eu de
soumis. On a eu une explication des autorités du ministère,
à ce moment. C'est une information qui avait été
échangée entre le service de gestion et l'Office de la Protection
du consommateur il y avait un problème parce que c'était
la première année, dans ce secteur, qu'il y avait des subventions
de cette nature et qui recommandait et qui insistait fortement à
l'effet de prendre les dispositions nécessaires pour que ces
états financiers soient soumis ainsi que le détail de
l'utilisation de la subvention.
Cela a été constaté en 1973/74. C'est pour toutes
ces subventions. A savoir si les directives qui ont été
données à l'intérieur du ministère ont
été suivies et si c'est à jour présentement, les
autorités du ministère vous répondront sur ce point.
Quant à l'autre secteur, si on parle pour le montant globalement,
on a constaté une chose. Pour d'autres dépenses de transfert, les
documents étaient soumis et transmis directement au Conseil du
trésor.
Vous comprendrez que lorsque nous faisons une vérification pour
fins de contrôle, celui qui a
la responsabilité d'émettre la subvention, on doit
retrouver un document dans le secteur responsable. Le document n'y était
pas.
Cependant, dans certains cas, le ministère, par son service des
inspections, a demandé des rapports d'inspection et il y a eu
inspection. Comme je vous dis, ce n'est pas pour toutes les subventions. Dans
les autres sortes de subvention, soit celles des caisses d'économie, les
caisses de retraite, il y a eu des états financiers de soumis, mais
soumis directement au Conseil du trésor. Le ministère ne pouvait
pas nous fournir l'information quant à l'étude de l'utilisation
de la subvention et les états financiers.
M. Léger: Le ministère peut-il nous dire combien de
dossiers de subventions il avait pour cette année?
M. Berthiaume: Je ne pourrais pas vous dire les budgets
n'étaient pas tellement élevés ce que cela peut
représenter. Je dirais quelques douzaines. Je ne crois pas que cela
dépasse, au total, peut-être une cinquantaine d'organismes qui
sont subventionnés. Je dirais une douzaine. Je crois qu'il y a trois
types de subventions au ministère et c'est environ une douzaine chacun.
Alors, voyez-vous, à peu près trois douzaines.
Je crois qu'au point de vue d'association coopérative, tous les
rapports sont faits cela je puis l'assurer cependant les
documents n'étaient peut-être pas disponibles justement parce que
c'était envoyé au Conseil du trésor, parce que
généralement ce sont des subventions à caractère
répétitif. Alors, il est impossible de verser de nouvelles
subventions à moins de justifier que nous ayons des états
financiers, que nous sachions quelle est l'utilisation des subventions.
En matière de caisse d'épargne et de crédit, la
subvention à l'inspection, disons que les mécanismes sont en
place à cause des lois organiques. Nous avons ces états
financiers. Nous avons l'analyse des comptes d'opération, donc nous
pouvons vérifier assez bien l'état des subventions. Ceci est
présenté au Conseil du trésor s'il y a renouvellement de
subvention, ce qui est le cas généralement. Le problème,
je crois, se situait au niveau de la protection du consommateur où il y
avait peut-être moins d'expérience, peut-être aussi pour une
autre cause, où on faisait affaires, souvent, avec des organisations de
consommateurs, qui elles-mêmes, au point de vue d'administration et au
point de vue de comptabilité, n'étaient pas tellement bien
organisées, d'où une nouvelle source de problèmes pour
avoir des états financiers bien présentés. Je crois qu'on
peut dire que, sauf cas d'exception et dans le cas de subventions en bas de
$5,000, tout a été fait. Là où nous ne l'avons pas,
c'est justement à cause des problèmes techniques, à cause
de la faiblesse même ou du manque d'organisation de certains organismes
qui ont des problèmes à préparer des rapports
financiers.
M. Léger: En ce qui me concerne, pour les Institutions
financières, je dois terminer mes ques- tions et je donne la parole
à mon collègue sur d'autres ministères. Je remercie, en ce
qui me concerne, les représentants du Vérificateur
général et le vérificateur lui-même.
Travail
Le Président (M. Picard): Nous allons maintenant
procéder à l'étude des rapports concernant le
ministère du Travail.
Le leader parlementaire de l'Opposition officielle, le
député de Maisonneuve.
M. Burns: Merci, M. le Président. Je veux juste m'attaquer
à deux choses. En fait, ce sont des questions peut-être au
ministère d'abord et, ensuite, peut-être au Vérificateur
général.
Je m'attache en particulier, dans le rapport 1973/74, aux deux
recommandations qui ont été faites par le Vérificateur
général et qui apparaissent à la page 4-192.
De ces deux recommandations, si on prend la première, d'abord,
elle est de procéder à l'étude du système et des
contrôles mis en place pour l'application des règlements relatifs
aux électriciens et aux installations électriques et ce, dans le
but de corriger, entre autre, les lacunes décelées au niveau de
l'enregistrement des revenus. Ces lacunes, on pourrait les résumer de la
façon suivante. Antérieurement, dans son rapport, le
vérificateur avait affirmé que: "Seulement 55% environ des
entrepreneurs électriciens avaient fait leur déclaration de masse
salariale.
Deuxièmement, que le ministère, en estimant les revenus de
ces droits, les avait sous-estimés.
Troisièmement, que l'année 1973/74 fut une année de
rodage pour ce système. Ce que j'aimerais savoir et je ne pense
pas que ce soit le vérificateur qui puisse me donner la réponse,
je pars de sa constatation de la part du ministère, comment
peut-on expliquer qu'on tolère une négligence d'environ 45% des
électriciens qui ne se soumettent pas à cette déclaration
de leur masse salariale?
Deuxièmement, quels ont été les revenus qui ont
été réclamés par le ministère et à
quel montant on pourrait estimer ces revenus réels? Si on a suivi la
recommandation du Vérificateur général, j'imagine qu'on a
revisé cette situation depuis.
Troisièmement, après une année de rodage du
système, parce que le vérificateur nous parle d'une année
de rodage, est-ce que sa recommandation de procéder à
l'étude du système des contrôles équivaut...
d'abord, est-ce que cela a été corrigé? Puis, ce serait
peut-être une question que je devrais poser au vérificateur,
est-ce qu'il ne faut pas penser que ce système, comme tel, s'est
avéré, dès sa première année, inefficace?
Globalement, sur la première recommandation, ce sont les trois questions
auxquelles j'aimerais avoir une réponse, si possible.
M. Berthiaume: En ce qui concerne les comptes à recevoir,
où il y avait environ 55%, il y a une déficience de la loi qui ne
nous donne pas de
mesures coercitives pour forcer l'entrepreneur à fournir ce qu'il
doit. Une des possibilités serait qu'on puisse arrêter les permis,
modifier la loi de façon à pouvoir ne plus émettre de
permis lorsqu'il y a des montants excessifs qui sont dus au ministère.
Mais on a eu beaucoup d'objections de la part des
entrepreneurs-électriciens, parce que si un entrepreneur a certaines
difficultés financières il nous dit: Comment voulez-vous que je
puisse me rattraper si vous m'empêchez de travailler?
On voulait prévoir des mesures incitatives au paiement, un peu
dans le genre d'Hydro-Québec où on prévoirait un escompte
aux paiements qui sont faits à temps. Encore là, la loi ne nous
permet pas de le faire, tel que rédigé actuellement. On
prévoit, dans les prochains amendements à la loi, soit de se
donner une des deux mesures, une mesure coercitive qui va nous permettre
d'empêcher l'entrepreneur d'avoir des permis quand les comptes sont trop
élevés ou prévoir une incitation au paiement avec un
escompte sur les paiements qui sont faits à temps.
M. Burns: Est-ce trop vous demander de nous dire quand ces
amendements pourraient être envisagés?
M. Berthiaume: II y a une proposition de modification à la
Loi des électriciens qui est au conseil consultatif, je pense.
M. Burns: Qui est au conseil consultatif actuellement, ça
veut dire qu'on pourrait s'attendre, normalement, toute chose étant
normale, à l'avoir à la session du printemps.
M. Berthiaume: Ce serait possible, oui.
En ce qui concerne le système, je pense qu'au moment où le
vérificateur est venu, on avait une première année de
fonctionnement. Depuis ce temps, on a essayé de faire des modifications
au système, mais il semble que le système ne peut pas donner le
rendement qu'on veut obtenir.
M. Burns: Sans un amendement à la loi.
M. Berthiaume: Non, sans modifier complètement le
système. Depuis ce temps, on a monté un tout autre système
de cotisation et on doit passer un règlement qui deviendrait applicable
le 1er janvier 1975 pour les électriciens. C'est-à-dire que pour
les paiements des entrepreneurs électriciens, pour l'année de
calendrier 1975, on appliquerait le nouveau système chez nous qui
devrait corriger les déficiences qui ont été notées
il y a quelque temps.
M. Burns: Quelle serait la différence avec le nouveau
système? Quels seraient les avantages des différences du nouveau
système?
M. Berthiaume: On avait un vice assez grand dans le
système qui était en place à ce moment-là, c'est
que l'information qui était entrée dans le système ne nous
permettait pas, à un moment donné, d'étudier l'âge
des comptes. C'était difficile de mettre de la pression, parce qu'un
entrepreneur pouvait avoir monté un compte récent et on
n'était pas capable de le comparer à un compte qui datait
déjà de passablement longtemps. Cela va être une chose qui
va être corrigée et on a rediscuté avec la Corporation des
maîtres électriciens, qui est la corporation directement
impliquée, pour demander leur collaboration parce qu'on n'a pas
tellement de mesures incitatives pour diminuer le montant des comptes
recevables, les délais.
Ce sont les deux amendements majeurs. On voulait essayer d'introduire
l'incitation dans le règlement tout de suite mais, la loi ne nous le
permettant pas, on retient cela.
M. Burns: Mais, de toute façon, le Vérificateur
général ne sera pas en mesure, dans son prochain rapport, de voir
les résultats de ce...
M. Berthiaume: Non, parce que, dans les délais, entre la
vérification du Vérificateur général, on a
tenté de modifier le système actuel. C'est là qu'on a
constaté qu'il fallait complètement monter un nouveau
système et cela a pris de huit à neuf mois. Cela nous mène
dans les délais actuels.
M. Burns: Vous allez avoir une période aveu-gle...
M. Berthiaume: Une remarque peut-être semblable et...
M. Burns: ... et probablement que le vérificateur fera la
même remarque cette année.
M. Berthiaume: Possiblement.
M. Burns: De toute façon, avec les explications qui nous
sont données par le ministère, on saura tenir compte de cela, en
tout cas en ce qui nous concerne.
La deuxième recommandation que j'ai notée de la part du
vérificateur, toujours à la même page, suggérait
d'étudier la possibilité d'émettre une procédure
concernant l'établissement d'un règlement financier annuel avec
chacune des commissions de formation professionnelle bénéficiant
de subventions.
En ce qui nous concerne, on se demande si la recommandation
d'étudier une procédure est suffisante pour régler les
problèmes soulevés dans le rapport 1973/74? C'est peut-être
au Vérificateur général que je devrais poser cette
question.
Je m'attache particulièrement à certaines remarques qui
ont été faites dans ce même rapport et je cite: "Nos
sondages sur les dépenses précitées se sont limités
principalement aux subventions accordées aux commissions de formation
professionnelle. Notre examen a permis de déceler certaines lacunes
vous êtes bien gentil, M. le Vérificateur
général, dans votre rapport, lorsque vous dites des lacunes, des
faiblesses et notamment, vous les citez premièrement, l'article 1
du règlement AF-3 approuvé par l'arrêté en conseil
1043 du 19 mars 1971, on stipule que les paiements de subventions de plus de $1
million on
ne parle pas de "binneries", on parle subventions de plus de $1 million
doivent recevoir au préalable l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil. "Encore cette année, nous avons
remarqué que cette exigence n'a pas toujours été
respectée puisque les montants complémentaires furent
payés à la commission régionale du Montréal
métropolitain, avec la seule autorisation du Conseil du trésor,
alors que les subventions déjà versées dépassaient
$1 million".
J'aimerais, d'abord auprès du ministère, savoir qui est
responsable d'une telle situation au ministère?
Deuxièmement, la question s'adressera au Vérificateur
général. Lorsqu'il utilise l'expression "encore cette
année", je présume que ce n'est peut-être pas le seul cas.
C'est peut-être un cas que vous avez utilisé pour illuster cette
faiblesse ou cette lacune qui est dite de façon si gentille dans le
rapport du vérificateur, mais il me semble que c'est passablement plus
qu'une lacune ou qu'une faiblesse. Je suis prêt à entendre les
réponses du ministère là-dessus ou encore, peut-être
que le Vérificateur général a des commentaires à
faire. Est-ce le seul cas? Puisque vous dites: "encore cette année",
cela se réfère sans doute à des phénomènes
qui se sont passés les années précédentes.
D'accord, mais est-ce qu'il y a eu d'autres cas comme ceux-là, au cours
de l'année de vérification 1973/74?
M. Larose: En dehors des...
M. Burns: C'est-à-dire des subventions qui
dépassaient $1 million sans autorisation du lieutenant-gouverneur en
conseil?
M. Chabot: Concernant l'année 1973/74, pour les
subventions à la formation professionnelle, s'il y a eu des
dépassements de $1 million, cette lacune a été
corrigée.
M. Burns: Par la suite?
M. Chabot: Par la suite. Concernant l'année 1972/73...
M. Burns: Je vous demande s'il y en a eu d'autres.
M. Chabot: ... c'était le seul cas. Le montant
complémentaire était d'environ $80,000.
M. Burns: Oui dépassait le million.
M. Chabot: Par contre, sur le million, il y avait eu un
arrêté en conseil, comme c'est expliqué dans le texte, mais
c'est le supplément qui avait été passé par le
Conseil du trésor. Cette situation est corrigée.
M. Burns: Est-ce que le ministère a des commentaires
à faire sur cette remarque?
M. Berthiaume: J'aimerais situer un peu le problème. Vous
savez qu'on a onze commissions de formation professionnelle qu'on subventionne.
Les subventions qu'on donne, on les donne mensuellement. Je pense que, si cela
a été fait plusieurs années, peut-être plusieurs
années de suite, c'est possiblement parce qu'à un moment
donné, le vérificateur l'a constaté. Nous autres, on le
faisait de bonne foi, en ce sens qu'il y avait une interprétation de la
directive nous disant qu'on devait aller au Conseil exécutif quand il y
avait une subvention au-dessus de $1 million. Pour nous autres, c'était
assez rare. Je pense qu'il n'y avait qu'une seule des onze commissions de
formation professionnelle qui était sujette à avoir des
subventions au-dessus de $1 million, à ce moment.
Comme on le faisait par étapes, le montant d'une subvention
mensuelle n'excédait jamais $1 million. On avait
interprété la directive en croyant que, s'il s'agissait d'une
subvention, même si c'était une partie de la subvention annuelle,
si elle était inférieure à $1 million, elle était
sous la juridiction du Conseil du trésor.
M. Burns: Même si le total, à un moment
donné, équivalait à $1 million.
M. Berthiaume: C'est cela. Là, l'interprétation
s'est clarifiée, à ce moment, quand le problème a
été posé. Maintenant, pour les subventions qu'on
prévoit qui totaliseront $1 million, même si, mensuellement, elles
sont d'un montant inférieur à $1 million, on va au Conseil
exécutif.
M. Burns: Alors, cela sera corrigé.
M. Berthiaume: Si cela a duré, c'est parce que le
problème n'a pas été constaté. Dès qu'il a
été constaté par le vérificateur, on a
demandé l'interprétation au Conseil du trésor et on a
suivi l'interprétation.
M. Burns: Une autre remarque qui relève, à mon
avis, de cette recommandation d'étudier la possibilité
d'émettre une procédure d'établissement d'un
règlement financier annuel avec les commissions de formation et qu'on
retrouve toujours au même rapport. Apparemment, il y aurait plusieurs
articles de la loi de la formation et de la qualification professionnelles de
la main-d'oeuvre, chapitre 51 des lois de 1969, qui n'ont pas été
respectés, praticulièrement les suivants: Les estimations
budgétaires n'ont pas été produites conformément
à l'article 22. Dans certains cas, les états financiers des
commissions ont été produits après le délai
autorisé par l'article 23. L'année financière des
commissions s'est terminée le 31 mars, contrairement aux stipulations de
l'article 24 spécifiant le 31 décembre de chaque année
comme fin de l'année financière. Est-ce qu'on est en mesure de
nous dire qu'encore là, on a tout simplement oublié de mettre en
application les articles 22, 23 et 24?
M. Berthiaume: Non. Il y a eu des corrections. A ma connaissance,
je pense que le seul problème qui demeure, c'est la date de
l'année financière. Il est assez difficile d'établir la
situation des commissions de formation professionnelle au 1er janvier parce
qu'elles sont en pleine activité. Alors, on avait l'intention de
modifier la loi. Pour se conformer, on voulait établir deux budgets,
mais le budget réel représentatif, c'est celui qui se termine le
31 mars, parce que c'est un problème pratique.
M. Burns: Est-ce qu'encore là, il n'y aurait pas lieu de
modifier la loi?
M. Berthiaume: Assurément.
M. Burns: Parce que, si une disposition législative ne
devient pas applicable et qu'on ne peut pas s'y conformer, il me semble que la
logique même, c'est d'ajuster la loi, surtout lorsque c'est une question
technique comme celle-là. Ce n'est pas une question de principe, c'est
une question technique purement et simplement, sauf que c'est le genre de
remarques que le Vérificateur général, à bon droit
d'ailleurs, fait il est placé pour examiner l'administration
financière d'un ministère ou des organismes qui en
relèvent pour coller à l'intérieur du cadre
législatif qu'on a imposé à ces commissions, le respect ou
le non-respect, de soulever ces choses.
M. Berthiaume: Non.
M. Burns: Ce que je blâme, par exemple, c'est que le
ministère tarde autant à ajuster à la
réalité un certain nombre de situations.
M. Berthiaume: Le problème qui existe là-dedans,
c'est une prévision de la loi sur la qualification professionnelle, et
il y a d'autres amendements à apporter, je pense, à la Loi sur la
qualification professionnelle, qui sont tous à l'étude, à
l'heure actuelle.
M. Burns: Sauf que, si vous attendez que toutes les dispositions
soient prêtes pour amender globalement la loi de la qualification
professionnelle, vous risquez de vous faire dire encore, pendant deux ou trois
ans à venir, que vous ne respectez pas la loi... Surtout quand on sait
et qu'on peut pointer du doigt une défaillance législative, eu
égard à une technique qui doit être utilisée,
à ce moment, il me semble qu'on peut aller très rapidement
à un amendement de la loi, même si cela ne veut pas dire une
refonte globale de la loi de la qualification professionnelle. En tout cas,
c'est mon humble opinion. Je vous la laisse pour ce qu'elle vaut.
Finalement, c'est toujours dans ce titre de la deuxième
recommandation. Le Vérificateur général trouve qu'il
n'existerait pas, selon les renseignements obtenus, des dossiers particuliers
à chaque commission, de sorte qu'il nous a été impossible,
nous dit-il, d'évaluer le travail que le mi- nistère aurait pu
effectuer concernant l'analyse des budgets et l'examen des états
financiers produits par les commissions.
Cela aussi, je pense que c'est une lacune très importante, comme
dit gentiment le Vérificateur général. Qu'est-ce qu'on a
fait pour corriger cela?
M. Berthiaume: Actuellement, on a en cours une étude pour
modifier toutes les normes administratives et le système de
vérification des commissions de formation professionnelle, qu'on
désire appliquer au tout début de l'année
financière 1976. On est à réorganiser tout notre service
de vérification, et on doit vérifier toutes les normes
administratives. Cette question va être incluse dans les normes
administratives qu'on va implanter.
M. Burns: D'accord!
C'est la dernière remarque à ce sujet. Le rapport nous
dit, et je cite: "Nous avons noté qu'il n'existait pas de
procédures prévoyant un règlement financier
systématique, à la fin de chaque année, entre le
ministère et chacune des commissions, aux fins de déterminer les
montants qui seraient à payer à ces organismes ou à
récupérer de ceux-ci".
J'adresse ma question au Vérificateur général.
J'aimerais savoir quelle est, puisque je ne suis pas un spécialiste de
ce domaine, la gravité d'un tel état de chose? Pensez-vous que
cela peut avoir des conséquences importantes dans la façon
d'évaluer les états financiers de ces commissions, mis à
part le fait que, déjà, les commissions sont, sur le plan
administratif, un peu cahin-caha, à cause de difficultés
législatives, etc.
M. Chabot: Je crois qu'il faut se rappeler que ces centres de
formation sont financés, à toutes fins pratiques, presque
à 100% par le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Alors, à cet effet, nous croyons qu'il devrait exister des
procédures pour permettre aux officiers du ministère de faire une
vérification sur place des états financiers de chaque institution
de façon à en arriver à un règlement final chaque
année, un règlement final financier, j'entends, qui permettrait
de considérer les surplus budgétaires d'une année. Il y
aurait un règlement qui se ferait. A ce moment, s'il y a un surplus, il
y aura un remboursement et s'il y a un déficit, il y aura une subvention
pour combler les déficits budgétaires. Présentement, il y
a une étude au niveau du budget et les subventions sont données
sur proposition d'un budget annuel, puis l'organisme, avec son enveloppe
budgétaire, compte tenu de la subvention, fonctionne à
l'intérieur de cette enveloppe. Le seul compte rendu qu'il donne, c'est
par voie d'état financier, mais il n'y a pas chaque année de
règlement financier final de ses activités propres.
C'est dans ce sens qu on dit qu'il devrait y avoir une procédure
et une vérification.
M. Burns: Comme conséquence pratique, qu'est-ce que cela
signifie à vos yeux?
M. Larose: Cela peut vouloir dire qu'il s'accumule certains
surplus au niveau des commissions de formation professionnelle à ce
moment, ou il peut s'accumuler des surplus ou des déficits...
M. Burns: ... qui n'apparaissent nulle part.
M. Larose: ... qui n'apparaissent nulle part, qui pourraient
éventuellement, si ce sont des déficits, nécessiter
d'autres subventions; si ce sont des surplus, à ce moment, cela pourrait
logiquement entraîner une baisse de la subvention de l'année
subséquente tandis que s'il y avait un règlement annuel, on
déterminerait: L'année est finie, le ministère a
vérifié toutes les opérations et est satisfait des
opérations qui se sont faites, de l'utilisation qu'on a faite de
l'argent qu'on a donné, on règle: Vous nous devez tant ou on vous
doit tant et cela vient de se régler. On règle notre affaire
chaque année, individuellement au lieu de laisser des sommes s'accumuler
sous forme de surplus ou de déficit à l'intérieur des
livres de la commission.
M. Burns: Bon. J'imagine qu'on en a pris note au ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Berthiaume: On est d'accord avec la proposition du
Vérificateur général, mais il faut bien considérer
que les commissions de formation professionnelle sont subventionnées
à 100% par le ministère et on subventionne leurs dépenses
d'opération et on leur donne certaines avances, on inclut
là-dedans certaines avances pour leur maintenir un fonds de roulement.
L'excédent, à la fin de l'année, constitue, je pense, en
pratique, à peu près leur fonds de roulement. Mais on demeure
d'accord, en principe, qu'il faudrait établir, sur papier, un
règlement.
Commission du salaire minimum
M. Burns: Pour couper au plus court, M. le Président, et
pour vous être agréable, vous qui nous laissiez entendre que vous
vouliez terminer vers midi, je vous demande encore deux minutes. Je voudrais
tout simplement poser deux questions relativement à la Commission du
salaire minimum. Dans le rapport de 1973/74, à la page 5-23, le
Vérificateur général fait état d'un certain nombre
de comptes à recevoir qui se chiffreraient par $96,667 au 31
décembre 1973. Ce qui m'intéresse dans la citation du rapport:
Ils sont la plupart, c'est-à-dire environ $93,000, des comptes en
souffrance qui remontent aux années 1966 à 1972. En outre
continue le rapport suivant les informations obtenues, il faut noter
qu'environ 20,000 entreprises ou établissements ne sont pas
enregistrés au fichier de la commission. Qu'est-ce qu'on a fait? Je sais
que les différents ministres du Travail n'ont jamais été
en amour avec l'actuelle présidente de la Commission du salaire
minimum...
Le Président (M. Picard): Remarque à l'en-contre du
règlement.
M. Burns: C'était, M. le Président, un obiter
dictum, c'était dit en passant. Malgré ce fait, malgré,
également chose que nous avons constatée au niveau des
crédits, le Vérificateur général n'a pas à
le constater, ce n'est pas nécessairement son boulot, mais au niveau de
l'étude des crédits, c'est évident qu'il y a quelque chose
qui ne va pas. Le torchon brûle entre la Commission du salaire minimum et
le ministère du Travail. C'est connu, c'est clair, par les
déclarations de l'ancien ministre, par la déclaration de
l'actuelle présidente, cela est clair, sans jeu de mots. Je veux savoir
s'il n'y a pas quelque chose qui peut être fait. Cela n'a aucun sens,
à mon avis, que vous ayez des comptes en souffrance qui remontent de
1966 à 1972 et je sais gré au Vérificateur
général de nous avoir soumis cette anomalie absolument
incroyable. A moins qu'il n'y ait une très bonne raison pour laquelle
ces comptes en souffrance... Parce que s'il y a eu des entreprises qui ont fait
faillite en cours de route, je pense bien qu'on ne peut pas considérer
cela comme des comptes en souffrance. Ce sont tout simplement des pertes
sèches. Mais si on parle de comptes en souffrance, cela veut dire qu'on
a affaire à des entreprises qui sont encore existantes, chez qui on peut
encore exercer la créance. Qu'est-ce qui se fait pour corriger cette
situation?
M. Berthiaume: Je regrette, je ne pensais pas avoir de questions
sur la Commission du salaire minimum, mais comme pour nous, du
ministère, c'est un organisme autonome qui dépend directement du
ministre, je ne suis pas en mesure de vous fournir des informations.
M. Burns: Vous venez de me donner une belle réponse et je
m'aperçois que le leader du gouvernement est là, je lui fais une
demande tout de suite, à savoir si on ne pourrait pas avoir de
représentants de la Commission du salaire minimum pour venir nous
répondre là-dessus.
M. Berthiaume: M. le Président, si on me permet, j'aurais
été consentant à ce qu'il y ait des gens de la commission
qui viennent ici, mais dans la liste des questions fournies par l'Opposition,
il n'y avait rien sur le ministère du Travail. J'ai été un
peu prévoyant en demandant à M. Bergeron de venir, mais ma
prévoyance n'est pas allée jusqu'à faire venir un
représentant de la commission.
M. Burns: Je ne vous fais pas grief de votre manque de
prévoyance à la suite de notre manquement à vous fournir
un document. Je vous demande, tout simplement, puisque la question se
pose...
M. Levesque: Vous auriez pu choisir la personne que vous vouliez
faire venir.
M. Burns: Je n'ai pas à choisir qui viendra au nom de la
Commission du salaire minimum. Evidemment, je préférerais que la
hiérarchie soit respectée, qu'on nous amène la
présidente elle-même mais je...
M. Berthiaume: A la prochaine réunion de la commission des
comptes publics, je ne sais pas si le député de Maisonneuve va
être présent ou non, mais il s'agit des Affaires
intergouvemementales, Conseil exécutif, Finances et Industrie et
Commerce.
M. Burns: Je ne suis pas directement mêlé aux
dossiers que vous venez de mentionner, mais si vous me dites que...
M. Berthiaume: Je pourrais avoir un représentant pour la
prochaine séance.
M. Burns: ... la représentante sera là la prochaine
fois. J'aurais une série de questions à poser relativement... On
fait d'une pierre deux coups, c'est-à-dire comme nous suggérait
le président, ça nous permettrait de terminer
immédiatement et je réserverais mon droit de poser des questions.
Je ne blâme pas le représentant du ministère de ne pas
avoir toutes les réponses relativement à la Commission du salaire
minimum, mais j'aimerais au moins qu'on puisse avoir des réponses
relativement... ce serait peut-être bon qu'à cette même
occasion, il y ait un représentant du ministère. Parce qu'on ne
peut pas diviser aussi facilement les questions, il y en a qui vont
nécessairement revenir au ministère du Travail.
M. Berthiaume: En partant des commentaires sur la commission.
M. Burns: Des commentaires sur la commission qu'on retrouve aux
pages 5-23, à 5-27 du rapport. Vous êtes d'accord? Je serai
disponible à la prochaine réunion, si vous voulez me faire une
pe- tite place dans les quatre ou cinq sujets que vous voulez discuter.
M. Berthiaume: On peut faire ça au début, si
ça convient.
M. Burns: On peut le faire au début. La prochaine
séance...
M. Berthiaume: Peut-être jeudi, cela dépend un peu
des travaux de la Chambre.
M. Burns: Jeudi prochain? M. Berthiaume: Oui. M. Burns:
D'accord.
M. Levesque: Je ne peux pas m'engager à cela pour des
raisons évidentes.
M. Burns: On pourra se consulter, le leader du gouvernement et
moi-même.
M. Levesque: D'accord.
M. Burns: Cela me fera plaisir de collaborer avec lui
là-dessus.
M. Levesque: D'accord.
Le Président (M. Picard): Pas d'autres questions? Au nom
des membres de la commission, je désire remercier le Vérificateur
général et ses principaux collaborateurs. La commission ajourne
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 11)