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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Etude du projet de loi no 64
Loi concernant les mesures
anti-inflationnistes
Séance du vendredi 5 décembre 1975
(Onze heures trente minutes)
M. Cornellier (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu reprend ce
matin ses travaux pour l'étude, article par article, du projet de loi
64, Loi concernant les mesures anti-inflationnistes. Hier soir, nous en
étions à l'article 16, à un amendement proposé par
le chef de l'Opposition officielle. Cet amendement serait devenu l'article
16.2.
M. Morin: Le deuxième alinéa.
Le Président (M. Cornellier): Ce deuxième
alinéa se lirait comme suit: Les directives doivent, avant leur
entrée en vigueur, faire l'objet d'une étude en commission
parlementaire.
M. Morin: M. le Président, j'avais...
Le Président (M. Cornellier): Un instant, M. le chef de
l'Opposition officielle, si vous me le permettez.
M. Morin: Volontiers.
Le Président (M. Cornellier): J'ai fait un oubli. Il y a
des changements dans la liste des membres de la commission ce matin et
j'aimerais les mentionner immédiatement. M. Bonnier (Taschereau)
remplace M. Boutin (Abitibi-Ouest); M. Faucher (Nicolet-Yamaska) remplace M.
Déom (Laporte); M. Tremblay (Iberville) remplace M. Malépart
(Sainte-Marie); M. Lapointe (Laurentides...
M. Lapointe: Laurentides-Labelle.
Le Président (M. Cornellier): (Laurentides-Labelle)
remplace M. Berthiaume (Laprairie); M. Picotte (Maskinongé) remplace M.
Saindon (Argenteuil). Il était ici il y a une minute. Et M. Quenneville
(Joliette) remplace M. Vallières (Richmond).
M. Bacon: Très bien.
Le Président (M. Cornellier): Je remets la parole à
l'honorable chef de l'Opposition officielle.
Directives gouvernementales (suite)
M. Morin: M. le Président, nous en étions
effectivement à l'article 16 qui autorise le gouvernement à
procéder par règlement à l'adoption de directives
destinées à limiter la rémunération tant dans le
secteur public que dans le secteur privé.
Hier, j'ai déjà décrit les raisons qui militent en
faveur d'une intervention de la commission parlementaire avant que de telles
directives n'entrent en vigueur. En effet, ce que nous avons lieu de craindre,
je l'ai déjà indiqué dans mes interventions
antérieures, c'est que tout le poids du système de contrôle
qu'on s'apprête à mettre sur pied porte sur la
rémunération, sur les salaires beaucoup plus que sur les prix et
les profits. Je voyais justement, dans la Gazette de ce matin, des chiffres qui
sont forts révélateurs à ce sujet. On nous y apprend que,
la Banque de Montréal dans un rapport affirme que de nombreuses
compagnies se sont empressées, voyant venir les contrôles et
même depuis que l'annonce des contrôles a été faite,
d'augmenter leurs prix.
C'est ce qui expliquerait la montée spectaculaire des prix en
octobre. Vous savez que sur une base annuelle, les prix à la
consommation ont augmenté de 16.4% en octobre et on annonce qu'en
novembre, ça va probablement être du même ordre. Je ne sais
pas si mes collègues députés, membres de cette commission,
se rendent compte de ce que ça signifie.
Le même rapport de la banque de Montréal nous dit ce qui
suit: "The November consumer price index may also reflect moves by compagnies
to beat controls, said the bank. The review il s'agit de la revue de la
banque de Montréal which says the pace of the Canadian economy
recovery from recession has slowed, notes that consumer prices advanced 16.4%
on annual basis during October, after failing to around 6% during September."
On continue, je pense qu'il vaut la peine de lire ces extraits qui ne sont
vraiment pas réjouissants, au long. "The higher increase in octobre was
perhaps predictable with all the discussions and speculations on such a program
that appeared in the media and the period immediately prior to the wage and
price control announced on October 13. Clearly, most of those contemplating
price increases moved quickly to avoid any freeze in their prices, the bank
review said."
Voilà la situation. On voit déjà comment, s'il y a
eu un très net ralentissement du côté des salaires, si les
contrôles ont déjà amené, on l'a vu dans le cas de
la négociation avec des enseignants, à la suite des questions qui
ont été posées en Chambre ce matin, du côté
des prix...
M. Garneau: M. le Président, j'invoque le
règlement. Le chef de l'Opposition tire une conclusion de questions qui
ont été posées et pour lesquelles je n'ai pas
répondu. C'est son propre jugement qui s'exerce et non pas
nécessairement la réalité.
M. Morin: Je tire mes conclusions, M. le Président, de ce
que la Fédération des commissions scolaires a pu nous faire
savoir sur la question. Je pense que le ministre, s'il n'est pas au courant,
devrait...
M. Garneau: J'ai négocié moi-même avec la
Fédération des commissions scolaires...
M. Morin: Oui, ce n'est pas moi qui vais tenter de me substituer
au ministre.
Mais je fais observer que, si le contrôle des salaires,
déjà, se montre fort efficace, les contrôles sur les prix
n'ont rien donné. Au contraire, en octobre, la flambée a
été plus spectaculaire qu'au cours des mois
précédents.
Donc, on n'a rien trouvé de mieux pour contrôler
l'inflation que de s'en prendre aux salaires parce que ceux-ci
commençaient effectivement à rattraper la hausse du coût de
la vie. Je tiens à dire au ministre que nous ne saurions, en ce qui nous
concerne, appuyer un système aussi partiel et aussi partial.
Cela étant dit, si...
M. Bonnier: M. le Président, est-ce que le chef de
l'Opposition me permettrait quand même une remarque sur le texte qu'il a
lu?
M. Morin: Je le veux bien.
M. Bonnier: Je pense que le bulletin de la banque en question est
certainement correct, mais il oublie peut-être d'expliciter les raisons.
C'est une réaction non pas souhaitable, mais normale,
peut-être...
M. Morin: Vous alliez dire normale.
M. Bonnier: ... à certaines entreprises qui essaient
évidemment de passer à côté. Si nous examinons cela,
et sans vouloir retourner au discours que nous avons fait en deuxième
lecture comparant contrôle et gel, si on regarde le même
phénomène en longue période, je pense bien que le chef de
l'Opposition va s'apercevoir que, lorsque les mécanismes seront en
place, il peut y avoir un contrôle efficace de certains prix, comme on
l'a dit hier soir. Ce n'étaient pas tous les prix de toutes les
denrées, mais certains prix de produits importants, et c'est
possible.
Je pense que le chef de l'Opposition est assez honnête,
intellectuellement, pour admettre que c'est simplement l'étude d'un
phénomène passager dont il fait allusion dans son article.
M. Morin: M. le Président, je voudrais bien partager
l'optimisme du député de Taschereau. Mais il se pourrait qu'au
cours des mois qui viennent, cet optimisme se transforme, à la vue de
tous, en naïveté.
En ce qui me concerne, je voudrais m'assurer dès maintenant, dans
la loi, que les contrôles de prix vont être efficaces. C'est
pourquoi, en ce qui concerne les salaires, en tout cas, je trouve que les
directives devraient être étudiées devant une commission
parlementaire, les directives sur les prix, sur les dividendes
également.
Mais je profite de cet article 16 pour faire cet amendement, pour mettre
les ministériels devant la nécessité d'un débat
public au moment où ces directives entreront en vigueur, avant que ces
directives n'entrent en vigueur.
C'est la raison pour laquelle j'ai proposé cette motion
d'amendement, M. le Président.
M. Garneau: M. le Président, j'ai eu l'occasion d'indiquer
hier soir, rapidement, les raisons pour lesquelles je m'opposerais à
l'amendement du chef de l'Opposition. Je n'ai pas l'intention de les
répéter, sauf faire quelques commentaires sur des observations
additionnelles qu'il a faites.
Je ne peux pas du tout souscrire à l'opinion du chef de
l'Opposition selon laquelle tout le processus et tout le cheminement que nous
avons entrepris en collaboration avec les autres provinces et le gouvernement
fédéral pour combattre l'inflation n'auront d'effet que sur les
salaires.
Je pense que les mécanismes dont nous voulons nous doter par
cette loi, les directives et les règlements qui seront
édictés en vertu de cette loi couvriront, avec autant de rigueur,
les augmentations de prix qui dépasseraient les augmentations de
coûts autant que ce qui regarde les salaires.
Pour ce qui est des salaires, j'ai indiqué, hier, dans des
remarques ou dans des réponses à des questions en tout
cas, si je ne l'ai pas fait, je profite de l'occasion pour le faire aujourd'hui
que, dans les intentions énoncées, annoncées,
connues au point de vue de la régularisation de l'augmentation des
traitements, ces traitements, d'abord, ne sont pas gelés et si le
montant qui avait été prévu comme augmentation du
coût de la vie n'était pas conforme à la
réalité, l'augmentation de rémunération dans la
deuxième année de la convention collective permet un
réajustement pour couvrir le surplus du montant qui avait
été accordé durant la première année.
Pour donner un exemple, si nous prévoyons actuellement une
augmentation de 8% du coût de la vie et que le coût de la vie
était véritablement expérimenté à 12%, en
P-2, qui est la deuxième année de la convention, au lieu d'avoir
un rythme de croisière de 6%, ce rythme de croisière serait de
8%, de telle sorte...
M. Morin: S'ils n'ont pas de convention collective?
M. Garneau: M. le Président, si on regarde les gens qui
n'ont pas de convention collective, qui sont soumis au décret du salaire
minimum et qui y sont reliés pour d'autres raisons, puis qu'on regarde
l'expérience passée, on peut faire deux observations. D'abord, un
très grand nombre de ces employés font partie d'entreprises de
moins de 500 employés. De toute façon, ils ne seraient pas
couverts par le programme. Deuxièmement, quant aux augmentations du
salaire minimum et les décrets qui y sont reliés, les
augmentations ont été supérieures à l'augmentation
du coût de la vie, et cela, au cours des quatre ou cinq dernières
années. De telle sorte que je ne vois pas de raison de penser qu'il en
serait autrement au cours des années à venir; de toute
façon, l'argument principal étant surtout que ceux qui sont
à ces niveaux de traitement ne sont pas dans des entreprises de 500
employés et ne seraient pas soumis au contrôle. Ils pourraient
avoir des augmentations de traitement de 25%, ce qui ne serait pas directement
contrôlé. Pour les entreprises de plus de 500 employés,
j'en connais peu qui n'ont pas de convention collective.
Pour ce qui est des remarques qu'il faisait en rapport avec un article
paru dans un journal qui commentait des informations transmises par la Banque
de Montréal, je n'ai pas lu le document, mais, à écouter
la lecture que nous en a fait le chef de l'Opposition, tout à l'heure,
j'ai semblé comprendre que cette réaction qu'on donnait
s'était produite dans la période qui précédait
l'annonce du plan de lutte a l'inflation.
De telle sorte que j'essaie de voir le cheminement de nos discussions
depuis le début des travaux de cette commission, plutôt dans une
approche que dans un objectif. Le chef de l'Opposition souhaitait un
décret d'un gel. La démarche maintenant proposée, c'est
plutôt par un contrôle dans les augmentations plutôt qu'un
gel. Si le 14 octobre, au niveau fédéral, et appuyé en
cela par les provinces, le premier ministre du Canada avait
décrété un gel, en ce qui concerne la période qui a
précédé les deux dernières semaines de
septembre et les deux premières semaines d'octobre la
réaction des entreprises aurait été exactement la
même. Le gel n'aurait pas pu être décrété
d'une façon rétroactive. Je crois bien que cela se serait produit
de la même façon.
Quoi qu'il en soit, la lecture du document du chef de l'Opposition,
même si on doit y mettre des nuances, indique la justesse de la
démarche gouvernementale, à l'effet qu'il était
nécessaire d'intervenir pour essayer de combattre l'inflation. Revenant
à l'amendement du chef de l'Opposition, je ne crois pas qu'il serait
pratique d'avoir comme obligation de faire débattre des
règlements par une commission parlementaire avant de les mettre en
application. Cela occasionnera des délais beaucoup trop
considérables et priverait de la possibilité d'agir rapidement,
quoique j'ai indiqué, d'ailleurs, que ces règlements ne seront
pas confidentiels. Evidemment, il faut bien les faire appliquer. Ils seront
connus publiquement. Ils seront transmis. J'ai l'intention de proposer un
amendement tout à l'heure à l'article 115 pour bien indiquer que
les règlements c'était un oubli qui s'était
glissé et que j'ai fait vérifier hier, étant donné
l'amendement du chef de l'Opposition tous ces règlements seront
publiés dans la Gazette officielle, seront connus publiquement et le
débat pourra toujours être possible.
Si les conditions du débat sont telles qu'il militait en faveur
d'amendements à apporter à ces règlements, ils pourront
toujours être apportés, mais pour des raisons d'efficacité
dans l'application du plan, je crois qu'il nous faut nous opposer à
l'amendement proposé par le chef de l'Opposition.
M. Morin: M. le Président, je voudrais simplement faire
deux observations d'ordre général. Tout d'abord, nous
reconnaissons la nécessité d'intervenir. Je ne voudrais pas que
le ministre nous fasse dire que nous sommes contre l'intervention. Cela frisait
cela.
M. Garneau: J'ai dit qu'on différenciait dans la
façon d'agir. C'est cela.
M. Morin: Oui, exactement. C'est dans le comment il faut
intervenir. Nous pensons qu'en ce qui concerne les prix, c'est une autorisation
préalable qu'il faudrait et non pas un contrôle a posteriori qui
risque d'être bien aléatoire. Qu'on ne nous fasse pas non plus
utiliser le mot "gel" dans un sens qui soit la congélation sans
retour.
Il est évident que si une entreprise peut démontrer que
ses coûts ont augmenté, nous reconnaissons que les prix peuvent
augmenter pro tanto, mais avec un contrôle préalable et non pas un
contrôle a posteriori. Ces choses étant dites, ces mises au point
étant faites, nous pouvons peut-être passer au vote sur
l'amendement et sur l'article.
Le Président (M. Cornellier): Si vous êtes
prêts à vous prononcer, je vais relire...
M. Garneau: M. le Président...
Le Président (M. Cornellier): Oui...
M. Garneau: ... seulement...
Le Président (M. Cornellier): L'honorable ministre.
M. Garneau: ... une remarque additionnelle. Pour revenir à
une situation qui aurait pu se produire après le 14 octobre, s'il y a eu
des augmentations de prix qui ne correspondaient pas à des augmentations
de coût, la régie, de par les pouvoirs qu'elle aura et la
réglementation qui sera édictée, peut intervenir
rétroactivement et faire baisser le niveau des prix. De toute
façon, les entreprises devront se soumettre à ces directives de
la même façon, et si elles ont contrevenu à la loi et
qu'elle l'ont fait sciemment, elles auront à répondre aux
différents articles de cette loi en termes de
pénalités.
M. Morin: Est-ce que la régie pourra forcer les
commerçants à rembourser les consommateurs?
M. Garneau: M. le Président, il y aura des situations qui
seront peut-être difficiles, mais...
M. Morin: C'est un euphémisme.
M. Garneau: ... c'est évident qu'elles seront quand
même pénalisées. C'est un risque qu'elles prennent. Si
elles étaient prêtes à prendre ce risque, à payer
des amendes très sévères, évidemment, elles
auraient pu prendre toutes sortes d'autres trucs pour essayer de contourner la
loi.
Le Président (M. Cornellier): Messieurs, la motion
d'amendement du chef de l'Opposition officielle se lit comme suit: "Les
directives doivent, avant leur entrée en vigueur, faire l'objet d'une
étude en commission parlementaire."
M. Bacon?
M. Bacon: Je m'oppose.
Le Président (M. Cornellier): MM. Bédard
(Chicoutimi), Bellemare (Johnson), M. Bonnier?
M. Bonnier: Contre.
Le Président (M. Cornellier): M. Faucher?
M. Faucher: Contre.
Le Président (M. Cornellier): M. Garneau?
M. Garneau: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): M. Tremblay? M. Lapointe? M.
Morin?
M. Tremblay: Contre.
M. Morin: Pour.
Le Président (M. Cornellier): M. Pépin?
M. Pépin: Contre.
Le Président (M. Cornellier): M. Picotte? M.
Quenneville?
M. Quenneville: Contre.
Le Président (M. Cornellier): M. Mercier?
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Cornellier): La motion est rejetée
par un vote de 8 contre; 1 pour. L'article 16 est adopté...
M. Morin: Sur division, M. le Président. M. Garneau:
Tel qu'amendé.
Le Président (M. Cornellier): ... tel qu'amendé,
oui, sur division.
M. Mercier: II y a une autre commission parlementaire. Est-ce que
je peux...
Le Président (M. Cornellier): Certainement. Vous pouvez
disposer.
M. Morin: C'est le rapporteur, M. le Président?
Le Président (M. Cornellier): Oui. Il a
délégué ses pouvoirs. L'article 17?
M. Garneau: II a été adopté hier.
M. Morin: Oui. Parfait. Nous sommes disposés à ce
qu'il soit adopté.
Le Président (M. Cornellier): Article 17. Adopté.
Article 18.
M. Morin: A l'article 18, j'aurais une question à poser
sur l'efficacité réelle de cet article. On nous dit que sont
compris dans la rémunération d'une personne, sous toutes les
formes qu'ils peuvent revêtir, les salaires, les avantages et les
gratifications versés ou accordés, directement ou indirectement.
Cet article permettra-t-il d'empêcher le contournement des règles
par des promotions artificielles, par exemple?
M. Garneau: Evidemment, comme dans toute loi, il y aura
certainement des points difficiles à vérifier et je ne peux tenir
pour acquis que les gens, au départ, iront à l'encontre de la
loi. Une chose est certaine. L'article 18 est assez vaste pour aller chercher
les cas d'exception qui apparaîtraient patents, à savoir le
directeur adjoint d'un service qui est promu directeur, si cela s'est fait par
un détour ou si c'était dans le cours normal des
opérations de l'entreprise. Evidemment, cela sera toujours une zone
d'interprétation, mais je ne crois pas que ce soient des cas qui se
propagent à un nombre tel qu'ils aient un impact sur l'augmentation des
prix que l'on veut contrôler par cette loi.
M. Morin: Le ministre me donne une réponse très
vague. Il me dit que l'article est peut-être assez vaste, assez
étendu dans sa portée pour couvrir une telle situation . Mais je
lui demande quand même une réponse technique, précise.
Pense-t-il que, dans le cas des promotions artificielles, c'est
visé par l'article 18? Je lui donne tout de suite ma réponse. Je
ne le crois pas, parce que cela serait interpréter le texte de
façon bien lâche que de répondre de la sorte. Et cela peut
se faire massivement. Je vous fais observer qu'on peut décider que toute
une catégorie d'employés montent de statut, par exemple.
M. Garneau: Si la preuve peut être faite que la
démarche était une démarche artificielle, ils seront
soumis aux pénalités de la loi.
M. Morin: Vous l'affirmez, même dans le cas de promotions
artificielles.
M. Garneau: Si la preuve peut être faite que c'est une
promotion artificielle pour contourner l'intention et le texte de loi, c'est
évident que cela sera une contravention à la loi. C'est
très vaste comme couverture.
M. Morin: Comment le ministre pense-t-il que la preuve d'un tel
contournement pourrait être faite?
M. Garneau: Elle pourrait être faite par la régie,
par les enquêteurs de la régie.
M. Morin: Je ne demande pas par qui...
M. Garneau: Mais pour en établir la preuve,
évidemment, il faudrait voir des cas précis. On ne peut pas avoir
une règle générale pour dire: Dans tel cas, cela a
été une promotion artificielle.
M. Morin: Je signale au ministre, en tout cas, que cela semble
être une lacune assez importante
de cet article et que ce sera peut-être la porte de sortie pour
bon nombre d'entreprises qui tiennent à augmenter certains
employés, par exemple les employés dont ils ont grand besoin et
que les directives pourraient les empêcher de retenir. C'est sans doute
l'une des portes de sortie qui sera utilisée.
M. Garneau: Mais s'il s'agit d'un personnel qu'on ne pourrait pas
garder à son emploi parce que les conditions de
rémunération, à cause des contrôles, les
amènent à déménager, à s'en aller ailleurs
travailler aux Etats-Unis et que, finalement, il se crée une
pénurie dans un cas donné, la réglementation va
prévoir, pour des problèmes de rétention de personnel, des
exceptions aux normes générales que la régie devra
approuver; mais s'il s'agit d'un cas individuel, cela peut être
interprété par des gens qui vont faire enquête et on ne
peut pas établir de règle générale.
M. Morin: Alors, les règlements vont prévoir ces
cas-là, si je comprends bien.
M. Garneau: C'est une forme de rémunération qui
aura été donnée indirectement pour contourner la
réglementation et l'esprit de la législation.
M. Morin: Si le ministre l'affirme, je vais certainement prendre
sa parole, mais il peut bien s'attendre à ce que, plus tard, on revienne
sur cette question si ce n'était pas le cas ou si cela s'avérait
inefficace.
M. Garneau: Si le chef de l'Opposition constate des cas qui
iraient à l'encontre de la loi, je pense bien que son sens du devoir
l'incitera à les porter à notre connaissance et la régie
pourra enquêter.
M. Morin: C'est tout ce que j'avais à dire sur cet
article, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Article 18
adopté.
M. Morin: Sur division.
Le Président (M. Cornellier): Article 18 adopté sur
division. Article 19.
M. Morin: Aux articles 19 et 20, je n'ai pas d'observation. Si le
ministre n'en a pas, vous pouvez procéder à l'adoption.
Le Président (M. Cornellier): Les articles 19 et 20 sont
adoptés. Article 21.
M. Garneau: A l'article 20, évidemment, il s'agit
d'indiquer, dans la parenthèse, le 14 octobre 1975, pour la
concordance.
Le Président (M. Cornellier): Oui. Si ce fait se produit
le 14 octobre 1975. Alors, l'article 20 est adopté avec cette
modification. Article 21.
M. Morin: J'aurais quelques questions à soulever à
propos de cet article, M. le Président. Il s'agit des directives qui
pourront être adoptées par le lieutenant-gouverneur en conseil
pour limiter les dividendes. Est-ce que je pourrais demander quelques
détails là-dessus au ministre? Il nous a dit que ces directives
étaient en voie de rédaction; est-ce qu'il pourrait au moins nous
éclairer sur la portée générale des directives?
M. Garneau: L'objectif qui est envisagé dans cette
réglementation est de faire en sorte que le niveau des dividendes qui
ont été versés ne soit pas augmenté. Si, l'an
dernier, il y a eu un dividende qui correspondait à 8% ou à $1
l'action, le dividende ne pourrait pas être porté à $1.50,
à moins que la régie ait donné l'autorisation expresse.
C'est le sens général dans lequel on s'oriente pour la
préparation de cette réglementation.
M. Morin: Vous voulez dire qu'il n'y aurait aucune augmentation
par rapport à l'année précédente seulement?
M. Garneau: Par rapport à ce qu'il était
l'année précédente.
M. Morin: Supposons que vous ayez eu, par hasard, dans cette
industrie, l'année précédente, une année de
très mauvaises affaires; il faut quand même tenir compte du fait
qu'il peut y avoir des périodes d'expansion et des périodes de
récession dans une entreprise. Cela va marcher comment? Est-ce que vous
n'auriez pas avantage à prendre des moyennes échelonnées
sur quelques années, plutôt que seulement une année?
M. Garneau: C'est que, si une entreprise était
placée dans la situation à laquelle se réfère le
chef de l'Opposition, c'est évident que la régie
considérerait la possibilité de faire une exception, mais nous
aimons mieux... L'idée générale, sans que le
règlement soit définitivement écrit, c'est que nous
préférons fonctionner par exception, plutôt que par une
règle qui pourrait être plus large dans son application.
M. Morin: En fait, probablement que c'est le contraire qui va se
produire. Les dividendes, ayant été en fonction des profits assez
élevés, même très élevés dans certains
cas, en 1975, quand on va arriver en 1976, la cote de 1975 étant aussi
élevée qu'elle l'a été, comme les affaires se sont
effondrées passablement au cours de 1975 et que 1976 nous annonce
également des perspectives peu brillantes, en fait, je ne dis pas dans
la théorie, mais dans les faits, les dividendes ne seront pas
appelés à diminuer le moindrement puisqu'on va vouloir
réglementer les dividendes d'une année de récession par
rapport à des dividendes d'une année qui était en pleine
expansion. Dans les faits, ça ne donnera à peu près rien.
C'est seulement en 1977 ou 1978 qu'on commencera, dans les faits, à
pouvoir appliquer un tel système.
M. Garneau: L'objectif général est de
procéder par exception, à partir d'une règle qui est assez
stricte. Là où je ne fais pas le tour du cercle dans
l'argumentation du chef de l'Opposition, c'est qu'il soumettait que les profits
allaient pouvoir monter très largement et que les salaires allaient
être contrôlés. Maintenant, il nous dit que la situation
inverse se produirait.
M. Morin: Je parle des dividendes. Les profits et les dividendes,
ce n'est pas la même chose.
M. Garneau: Oui, mais les dividendes sont reliés aux
profits. S'il n'y a pas de profit, il n'y aura pas de dividende. C'est
évident qu'à ce moment-là, on ne pourra pas
interpréter le paiement des dividendes plus élevés comme
étant une cause d'inflation. Parce que l'objectif n'est pas de priver
les gens de revenus, c'est de faire en sorte que ces revenus ne croissent pas
à un rythme qui soit démesuré et qui soit cause
d'inflation. Cela existe du côté des dividendes comme du
côté des rémunérations.
M. Morin: Une autre possibilité...
M. Garneau: Ce n'est pas une absence de revenus, mais
plutôt un contrôle.
M. Morin: Une autre possibilité très réelle,
à mon sens, c'est que, si le système est efficace pour arriver,
c'est une hypothèse, pour contrôler les dividendes, ça
n'empêchera pas nécessairement les compagnies dont les prix
seraient mal contrôlés, surtout contrôlés à
posteriori, d'accumuler des profits avec la possibilité qu'elles aient
des liquidités inattendues et puissent, de la sorte, créer des
problèmes de concentration en voulant acheter leurs concurrents. Je ne
sais pas si c'est un aspect sur lequel le gouvernement s'est penché. Les
dividendes, c'est une chose, les profits, c'en est une autre.
M. Garneau: Mais à ce moment-là, il faudrait que
les compagnies fassent de gros profits. Si elles font de gros profits, la
situation économique sera prospère et n'ira pas en
périclitant, comme le soumettait le chef de l'Opposition, il y a
quelques minutes.
M. Morin: Oh!
M. Garneau: Tout cela, ce sont des hypothèses. Mais au
moment où on décide d'agir, on pourrait dire que tel autre
cheminement aurait peut-être été préférable.
Mais quand on regarde ce qui s'est fait ailleurs, je pense qu'on est bien
informé de tenter cette démarche plutôt qu'utiliser celles
qui ont déjà été utilisées ailleurs et qui
n'ont pas fonctionné.
La preuve devra être faite que la démarche aura
été efficace, mais on va le savoir quand elle aura
été appliquée. Chose certaine, c'est que les gels purs et
simples n'ont pas donné de résultats puisque les gels purs et
simples, s'ils se prolon- gent pour une période de temps trop longue,
d'abord, cela prend un appareil administratif énorme pour tout
contrôler et, s'ils sont véritablement contrôlés et
se poursuivent sur une période trop longue, c'est l'étouffement
de la progression économique, ce que ne recherche pas, je pense bien,
l'Opposition, pas plus que le gouvernement.
De telle sorte que la démarche que l'on prend, on peut
peut-être dire qu'on aurait dû faire ceci, on aurait dû faire
cela, mais on pourrait également critiquer n'importe quelle autre
démarche qu'on aurait utilisée.
Compte tenu des expériences qui ont été
vécues ailleurs, on considère qu'il vaut la peine de tenter ce
type de démarche d'une façon loyale et voir si on aura plus de
succès que d'autres gouvernements, peu importe leur allégeance
politique.
M. Morin: Encore une fois, quand le ministre parle de gel pur et
simple, j'espère qu'il n'est pas en train d'essayer de décrire
nos positions. Nous avons bien dit qu'il n'est pas question de gel pur et
simple, il est question d'un contrôle, a priori, avant, et non pas de
contrôle a posteriori. C'est là, je pense, qu'est la pierre
d'achoppement.
M. Garneau: Dans le cas des dividendes, cela sera un
contrôle a priori s'ils sont supérieurs aux dividendes
payés l'année précédente. Toute exception à
cette règle générale devrait être approuvée,
a priori, par la régie.
M. Morin: Je parlais évidemment du gel pur et simple des
prix. M. le Président, j'ai terminé mes observations sur
l'article 21.
Le Président (M. Cornellier): L'article 21 est
adopté?
M. Morin: Sur division.
Le Président (M. Cornellier): Sur division. Article
22?
M. Morin: A l'article 22, on nous dit que le ministre peut
conclure des ententes avec le gouvernement du Canada ou celui d'une province et
cela, dans deux buts distincts.
Tout d'abord "pour confier à cet autre gouvernement ou à
un organisme ou fonctionnaire en dépendant, l'administration de toute
partie de la présente loi ou des directives gouvernementales".
Deuxièmement, "pour faire administrer en tout ou en partie par la
régie ou le commissaire, suivant leur compétence respective, les
dispositions de toute directive émise par un tel autre gouvernement en
vertu d'une loi similaire à la présente loi".
Il s'agit donc, si j'ai bien compris la portée de cet article,
d'organiser la coopération, la compénétration des
organismes fédéraux et des organismes provinciaux qui seront
appelés à se partager la tâche, soi-disant de lutter contre
l'inflation.
Est-ce que je pourrais demander tout d'abord au ministre de nous
éclairer et nous dire, dans
l'état actuel de sa réflexion ou des travaux de son
ministère, quels sont les secteurs qui vont faire l'objet d'un transfert
à la commission fédérale?
M. Garneau: M. le Président, l'objectif que nous visons et
que j'ai indiqué dans mon intervention de deuxième lecture, c'est
d'en arriver à une entente administrative pour le secteur privé
de 500 employés et plus, en ce qui regarde la
rémunération, les prix, les profits et dividendes, de telle sorte
que les grandes entreprises, celles qui ont 500 employés et plus,
seraient soumises à des directives administrées par la
régie fédérale. C'est l'objectif visé, si nous
pouvons en arriver à une entente, comme je crois que ce sera possible,
dans l'état des discussions que nous avons eues depuis l'annonce de ce
programme et des tractations qui ont eu lieu entre les gouvernements.
D'ailleurs, l'amendement que le gouvernement fédéral a
apporté à sa législation en commission indique que c'est
là également l'intention du gouvernement fédéral de
pouvoir se donner l'autorité juridique pour signer de telles
ententes.
M. Morin: Est-ce que la réponse du ministre vaut
également pour les entreprises de la construction qui ont 20
employés et plus?
M. Garneau: Dans le domaine des entreprises de la construction,
M. le Président, nous n'avons pas l'intention à ce stade-ci de
laisser ou de confier au point de vue administratif l'application de la loi
à la régie fédérale. La raison principale est qu'il
y a déjà une loi provinciale qui permet d'intervenir dans la
fixation de la rémunération des employés du secteur de la
construction. Ce serait difficile, je crois, sur le plan pratique et sur le
plan juridique, de voir une intervention ou une décision gouvernementale
québécoise être soumise à une décision d'une
régie fédérale. C'est le premier point.
Le deuxième point: Nous avons l'intention également
d'utiliser les possibilités que la loi nous offre pour couvrir, si c'est
nécessaire, les entreprises de moins de 25 employés, à
cause du contexte particulier au Québec où un très grand
nombre d'employés de la construction sont à l'emploi
d'entreprises qui ont moins de 25 employés; de telle sorte qu'on
pourrait tenter de contourner la loi en morcelant en deux un certain nombre
d'entreprises qui ont plus de 25 employés, qui ont environ 40
employés, pour en faire deux entreprises de 20 employés afin de
contourner la loi. Comme le décret, de toute façon, s'applique
à tout le monde, ce serait difficile de faire ce morcellement. Dans
l'état actuel de la situation, on couvrirait l'industrie de la
construction par la régie québécoise.
M. Morin: C'est 20, je crois, le critère? M. Garneau:
C'est 20, excusez-moi.
M. Morin: II me semble. Les entreprises qui ont moins de 500
employés tomberaient-elles sous la compétence des organismes
provinciaux?
M. Garneau: Elles ne sont pas couvertes du tout par la loi.
M. Morin: Mais...
M. Garneau: L'objectif qui a été établi ou
la façon d'atteindre l'objectif, c'est de faire l'hypothèse que
si on réussit à régulariser à des taux acceptables
les augmentations de prix et de rémunération dans les gandes
entreprises, le ton va être donné, de telle sorte que, par l'effet
de la concurrence, les plus petites ne pourront pas marquer le marché au
point où elles indiqueraient les augmentations de prix
déraisonnables, parce que, si ces augmentations sont trop grandes, les
consommateurs vont avoir le choix d'aller acheter d'un autre fabricant.
De toute façon, s'il y avait des entreprises de moins de 500
employés qui s'avéraient, à l'analyse de la régie,
avoir un effet important sur l'évolution du coût de la vie, la loi
permettrait de le découvrir, de toute façon, en vertu de la
plupart des...
M. Morin: Vous voulez dire que c'est prévu à
l'article 11, paragraphe e)?
M. Garneau: C'est cela, suivant le rapport qui peut être
fait par la régie, à l'article 40, je crois.
M. Morin: C'est cela. Enfin, c'est une gageure. On verra bien ce
qui va se produire. A notre avis, c'est aussi une autre lacune.
M. Garneau: Est-ce que le chef de l'Opposition suggère
qu'on aurait dû couvrir toutes les entreprises?
M. Morin: II me semble que le nombre d'entreprises qui
dépassent 500... Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien il y
en a au Québec? J'ai vu des chiffres mentionnés dans les
journaux, mais...
Une Voix: II y en a 380. M. Morin: Environ 300, 380.
M. Garneau: Evidemment, c'est pour les entreprises...
M. Morin: Est-ce qu'on sait quel pourcentage de la main-d'oeuvre
cela représente?
M. Garneau: Evidemment, les statistiques existent
peut-être, mais je ne les ai pas. Les gens qui m'entourent ne les ont pas
de mémoire.
M. Morin: J'ai vu des chiffres là-dessus aussi. Ce
n'était pas très convaincant.
M. Garneau: II faudrait dire que l'application de ce programme va
amener des coûts pour les entreprises. Evidemment, une grande entreprise
qui a un personnel spécialisé, etc., peut absorber plus
facilement cette surcharge qu'une petite entreprise qui n'aurait que 50 ou 75
employés, où la direction est souvent ramenée à sa
plus simple
expression et où le gérant est en même temps
comptable, président de l'entreprise, secrétaire et il s'occupe
de tout, de telle sorte que cela aurait amené certainement des charges
aux petites et moyennes entreprises.
Evidemment, l'hypothèse qui est faite, c'est que ce ne sont pas
tellement les petites entreprises qui sont le plus responsables du niveau des
prix et des rémunérations.
M. Morin: Pourriez-vous me préciser, M. le ministre, quel
organisme, soit fédéral, soit provincial, va contrôler le
transport en commun?
M. Garneau: Le transport en commun l'est par la commission des
transports, pour ce qui est du transport provincial. A ce moment, en vertu de
cette loi, on pourra établir des règlements qui obligeraient la
commission des transports à appliquer les directives qui seraient
émises en vertu de cette loi.
M. Morin: L'électricité de même?
M. Garneau: Vous parlez de l'Hydro-Québec?
M. Morin: Je pense à l'Hydro, mais aussi à d'autres
sociétés. Il en reste quand même quelques-unes, de petites
sociétés.
M. Garneau: Pour autant qu'elles vendent de
l'électricité à d'autres consommateurs que pour leur
propre usage?
M. Morin: Oui, bien sûr. Je ne pense pas à
Shipshaw.
M. Garneau: Evidemment, c'est la régie
d'électricité et du gaz qui pourrait être soumise
également à la même réglementation, en vertu de
l'article 130.
M. Morin: La régie de l'électricité et du
gaz s'occupe, je crois, du gaz...
M. Garneau: Pour autant qu'il y a de l'électricité
qui est vendue à d'autres consommateurs que l'Hydro-Québec ou, je
ne sais pas s'il en existe... La plupart des entreprises qui sont
indépendantes fonctionnent uniquement pour leurs propres besoins.
M. Morin: Est-ce qu'il est prévu que le gouvernement
fédéral pourra aussi confier à des organismes provinciaux,
à des organismes québécois, en particulier,
l'administration d'une partie de la loi fédérale ou des
directives gouvernementales, ou bien si c'est une sorte de
délégation à sens unique?
M. Garneau: Evidemment, je ne peux pas parler au nom du
gouvernement fédéral. A ma connaissance, il n'y a pas de telles
démarches présentement. On n'aurait pas d'objection de principe
si une telle chose pouvait se faire, même si cela devait
nécessiter des changements dans notre attitude.
M. Morin: Est-ce qu'il ne serait pas opportun que vous ajoutiez
justement un paragraphe qui dirait que non seulement le ministre peut confier
à cet autre gouvernement, mais le ministre peut accepter d'appliquer
pour un autre gouvernement l'administration de la loi adoptée par cet
autre gouvernement ou les directives émanant dudit gouvernement? Je n'ai
pas de texte formel à proposer. Je pourrais peut-être en
rédiger un, mais il me semble que cela serait utile de prévoir
cela également.
M. Bonnier: M. le Président, est-ce que le paragraphe b)
ne prévoit pas cela non plus?
M. Morin: Ce n'est pas très clair.
M. Bonnier: Faire administrer en tout ou en partie par la
régie ou le commissaire, suivant leur compétence respective, les
dispositions de toute directive émise par un tel autre gouvernement.
M. Morin: Oui, mais je pensais à l'administration, non
seulement des directives, mais de la loi fédérale, parce que dans
le premier paragraphe, le parallélisme entre a) et b) n'est pas complet.
On dit bien dans le premier paragraphe: L'administration de toute partie de la
présente loi ou des directives. Je pense qu'on devrait trouver,
normalement, la même solution dans le paragraphe b), c'est-à-dire
qu'on devrait dire: Pour faire administrer en tout ou en partie les
dispositions de toute loi émanant d'un autre gouvernement ou de toute
directive émise par celui-ci. Quelque chose à cet effet, parce
qu'on voit que cela risque d'être à sens unique. Dans le
paragraphe a), les institutions québécoises peuvent être
appelées à appliquer la loi fédérale. Ce n'est pas
le cas dans le paragraphe b). Au paragraphe b), on accepte d'administrer les
directives émanant d'Ottawa, et non pas la loi.
M. Garneau: Je n'ai pas d'objection de principe à
l'ajouter. D'ailleurs, je vais demander aux conseillers juridiques d'essayer de
le rédiger. Je croyais que l'inverse était déjà
couvert.
M. Morin: Pas clairement, M. le Président.
M. Garneau: On me suggère que, pour préciser
l'objectif qui était, de toute façon, visé à b), on
pourrait, à la quatrième ligne, retrancher les mots "directives
émises par un tel autre gouvernement, en vertu d'une"...
M. Morin: Oui.
M. Garneau:... et le texte se lirait: "Les dispositions de toute
loi similaire à la présente loi ou de toute directive
émise par un tel autre gouvernement, en vertu d'une telle loi."
M. Morin: Oui, le mot "similaire"... Oui, je pense que le
conseiller juridique a tout à fait compris ce que j'avais dans l'esprit.
Mais par le mot "similaire", on veut dire similaire dans ses ob-
jectifs, et non pas similaire dans son texte. C'est pour cela que je
trouve que le mot est peut-être un petit peu ambigu. Comment
décrire l'idée qu'elle aurait des objectifs similaires? Toute loi
ayant des objectifs similaires... Ou des objectifs semblables. Ce serait
peut-être . plus français. De toute loi ayant des objectifs
semblables ou de toute directive, etc.
M. Garneau: Est-ce que le chef de l'Opposition accepterait qu'on
suspende l'alinéa b)? on ne terminera probablement pas aujourd'hui, de
toute façon il est midi et quart; on doit ajourner à 1
heure pour être bien certain... M. Rioux, le conseiller juridique,
pourrait vérifier et s'assurer des mots précis, parce que cela
peut avoir une importance dans la...
M. Morin: Ah oui!
M. Garneau:... signature d'une telle entente...
M. Morin: J'en suis tout à fait conscient.
M. Garneau: ... quoique je ne voie pas de difficulté
à prime abord. Si on n'avait pas d'objection, j'aimerais garder cet
amendement pour être sûr qu'il puisse y réfléchir et
en mesurer tout l'impact. On pourrait le reprendre lors d'une prochaine
séance de la commission.
M. Morin: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Nous allons suspendre
l'article 22.
M. Morin: M. le Président, je vois que le ministre a fait
preuve de beaucoup d'ouverture là-dessus. Je suis prêt à
lui faire confiance, ainsi qu'à ses conseillers. Si, à une
séance subséquente, il me dit la solution qu'ils ont
adoptée, cela me donnera satisfaction. Je suis prêt à
laisser adopter l'article dès maintenant.
M. Garneau: Est-ce que c'est parce qu'il faudrait y revenir?
C'est ce que vous voulez dire?
M. Morin: Bien oui, mais je pense qu'on peut considérer
que la commission l'a adopté, et vous me ferez part de la solution qui a
été rédigée...
M. Garneau: C'est que...
M. Morin: ... parce que je me rends compte qu'on n'a pas de
différence de fond sur l'idée...
M. Garneau: Mais, c'est justement...
M. Morin: ... la formulation m'apparaît accessoire. Du
moment qu'on s'entend sur l'idée...
M. Garneau: ... dans la formulation que je veux être
sûr. Même s'il fallait revenir uniquement pour cela, je
préférerais, étant donné l'importance que cela peut
avoir, même s'il fallait revenir quelques minutes en commission
éventuellement, uniquement pour cela, qu'on ait bien pesé le sens
de tous les mots.
M. Morin: Parfaitement, M. le Président!
Le Président (M. Cornellier): L'article 22 est suspendu
pour une nouvelle rédaction du paragraphe b).
Article 23?
M. Morin: Je n'ai pas d'observation sur cet article.
Le Président (M. Cornellier): Article 23, adopté.
Article 24?
M. Morin: Vous pouvez l'adopter, M. le Président.
Le Président (M. Cornellier): Article 24, adopté.
Article 25?
M. Morin: De même.
Régie des mesures anti-inflationnistes
Le Président (M. Cornellier): Article 25, adopté.
Article 26?
M. Morin: A l'article 26... En fait, cela peut porter un peu sur
les articles 25 et 26. Je voulais demander un ou deux renseignements au
ministre au sujet des membres de la régie.
Outre le président, M. De Coster, quels sont les membres
actuellement, les membres dont le gouvernement pense qu'il pourrait retenir les
services?
M. Garneau: II y a M. Emilien Cliche, un homme d'affaires de la
Beauce et il y aura certainement un autre membre. Comme je l'ai dit, dans mon
intervention de deuxième lecture, nous voulons essayer de trouver
quelqu'un qui serait plutôt dans le domaine des relations de travail, un
juriste ou un spécialiste en relations industrielles qui formerait la
régie. Eventuellement, si le besoin se fait sentir, surtout pour que la
régie ait suffisamment de membres pour que les jugements qu'elle rendra
puissent s'appuyer sur un groupe un peu plus large de personnes, et puisse
avoir des régisseurs qui ne soient pas à temps plein, mais qui
soient ad hoc pour compléter le tribunal, si on peut lui donner ce nom,
pour les décisions importantes, mais l'objectif, jusqu'à
maintenant, était d'avoir trois membres à temps plein.
M. Morin: Trois membres à temps plein. M. Garneau:
Oui.
M. Morin: L'un des objectifs du gouvernement ne devrait-il pas
être qu'il y ait au moins un syndicaliste connu comme membre de cette
régie? Si tant est qu'on veuille vraiment obtenir l'appui de larges
secteurs de la population, cela serait tout de même bizarre qu'il n'y ait
que des hommes d'affaires ou des fonctionnaires sur cette régie.
M. Garneau: C'est ce à quoi je me référais
tout à l'heure lorsque je parlais d'un spécialiste en relations
industrielles. Ma préférence irait pour un de ces
spécialistes qui a négocié plutôt pour la partie
syndicale que pour la partie patronale. Il s'agit d'être capable d'en
trouver. Ce n'est pas une tâche facile et je m'aperçois que les
gens, dans ce secteur, ont des rémunérations assez importantes
également.
M. Morin: Mais justement, à quel genre de
rémunération songez-vous? Dans le cas du président, par
exemple, de quelle rémunération s'agit-il?
M. Garneau: Dans le cas du président, il a la
rémunération comme sous-chef de ministère et
évidemment, il recevra cette rémunération. Pour ce qui est
des autres, il est difficile de le mentionner. Tout dépendra du genre de
bonhomme, de ce qu'il doit laisser pour prendre cette responsabilité et,
réellement, je ne le sais pas. Même pour M. Cliche, le montant de
son traitement n'a pas encore été déterminé.
J'attendais que la loi soit adoptée.
M. Morin: Quel est, à l'heure actuelle, dans le concret,
le salaire d'un sous-ministre, comme M. De Coster, par exemple?
M. Garneau: Pour parler plus directement.
M. Morin: Non. C'est à vous que je pose la question. Je ne
veux pas mettre M. De Coster mal à l'aise.
M. Garneau: C'est parce que je ne le sais pas. Je crois que les
salaires des sous-ministres sont entre $40,000 et $45,000.
M. Morin: Alors, on peut prévoir que les autres seront,
certainement, entre $35,000 et $40,000, quelque chose de cet ordre.
M. Garneau: Cela sera de cet ordre de grandeur, je crois
bien.
M. Morin: Vous ne devriez pas avoir de difficultés
à trouver un syndicaliste avec cela! Je ne vois pas où va
être la difficulté. Ce que je veux dire est que le ministre
devrait faire un effort réel pour obtenir que l'un des trois
régisseurs auxquels il pense, soit un syndicaliste. Autrement, sa
régie va, rapidement, donner... D'abord, elle va souffrir d'une
déformation à l'intérieur même de la régie.
Le point de vue des salariés ne sera pas représenté et
cela peut influencer des décisions à la longue, tandis que, si le
point de vue des salariés en tout cas des syndiqués
l'est, j'ai l'impression qu'il y aurait un meilleur équilibre au sein de
cette régie.
M. Garneau: Mais je ne voudrais pas quand même en arriver
à une régie qui serait représentative de groupes
d'intérêts quoique les gens qui doivent siéger à la
régie doivent exercer leur ju- gement à l'intérieur de la
loi et des règlements qui seront édictés en vertu de cette
loi et c'est la tâche qu'on leur demande. Leur responsabilité
n'est pas de représenter le groupe des entreprises ou des
syndiqués ou du gouvernement. C'est d'exercer leur jugement et la
première qualification des personnes qui doivent être commissaires
est d'avoir un bon jugement et d'avoir une intégrité personnelle
qui les amène à porter un jugement de valeur à
l'intérieur de la loi et des règlements et non pas de
représenter un groupe d'intérêts.
M. Morin: Je ne doute pas, par exemple, de
l'intégrité de M. De Coster. Ce n'est pas ce qui est en cause. Je
suis sûr qu'il y a des gens qui, tout en étant parfaitement
intègres, peuvent subir l'influence de leur milieu. C'est tout
naturel.
Puis-je vous demander, en passant, si M. De Coster venait du milieu des
affaires avant ou de quel milieu il était originaire?
M. Garneau: M. De Coster est comptable agréé de
profession. Il occupait depuis 1965 le poste de président de la
Régie des rentes du Québec jusqu'à 1971.
M. Morin: Oui, il a des états de service au sein du
gouvernement.
M. Garneau: Par la suite, il a agi comme sous-ministre au
ministère de l'Industrie et du Commerce et il était, depuis le
début de septembre, dans un programme d'échanges à
Kingston. Il occupait aussi, dans ses loisirs, en même temps, le poste de
président du conseil de l'industrie qui agit dans le
développement industriel comme conseiller du ministère de
l'Industrie et du Commerce et de la promotion, également, au niveau
économique.
M. Morin: Je connais un peu les états de service de M. De
Coster dans la fonction publique québécoise. Je pense que tout le
monde les connaît d'ailleurs. Mais avant d'entrer dans la fonction
publique, comme comptable agréé, à l'emploi de quelle
société était-il?
M. Garneau: J'ai pratiqué ma profession pendant 10 ans et
je suis allé après dans l'industrie, la distribution et les
finances.
M. Morin: Je vous remercie, M. De Coster. D'autre part, M. Cliche
est un homme d'affaires. Cela m'amène à insister je ne
veux pas en faire une histoire, parce que c'est délicat, bien sûr
cela m'amène à penser...
M. Garneau: Je discute avec...
M. Morin: ... qu'il faudrait vraiment quelqu'un qui ne soit pas
originaire du milieu des affaires ou de la finance pour représenter le
secteur des salariés.
M. Garneau: D'ailleurs, je l'ai indiqué claire-
ment en deuxième lecture que c'était notre intention
d'essayer de trouver quelqu'un qui venait de ce milieu. Si je l'avais
trouvé, je serais heureux de dire qui il est, mais il y a des
consultations qui se poursuivent, des approches ont été faites.
Evidemment, ce n'est pas une sinécure que cette fonction et il faut
aller chercher plutôt que d'attendre qu'on s'offre.
M. Morin: C'est ce que je pensais, aller chercher; parce que
c'est dans l'intérêt même bien que le ministre sache
que j'ai des réserves à l'égard du système, des
réserves même expresses, profondes du fonctionnement qu'il
envisage. J'estime indispensable que l'image qui se dégage de cette
régie n'en soit pas une de, par exemple, trois hommes d'affaires ou qui
viennent essentiellement de ces milieux, parce que cela partirait sur un
mauvais pied, je crois. Je ne veux pas insister plus que cela. C'est une simple
observation que je fais au ministre en passant. Il en fera ce qu'il voudra.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 26,
adopté?
M. Morin: Vous pouvez procéder à l'adoption des
articles 26 à 46, M. le Président, si vous le voulez.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, article
27...
M. Garneau: A l'article 33, j'aurai un amendement.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 27
adopté. Article 28 adopté. Article 29, adopté. Article 30,
adopté. Article 31, adopté. Article 32, adopté. Article
33, amendement.
M. Morin: Oui, il y a un amendement.
M. Garneau: M. le Président, je ne sais pas si vous avez
une copie...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. Garneau: II suggère de remplacer l'article 33 par le
suivant: Le secrétaire et les autres membres du personnel de la
régie sont nommés et rémunérés suivant les
normes et barèmes déterminés par le lieutenant-gouverneur
en conseil. Le président de la régie exerce, à cet
égard, les pouvoirs que la Loi de la fonction publique (1965,
première session, chapitre 14) attribue au sous-chef de
ministère.
M. le Président, la raison du changement, c'est qu'après
consultation avec avis de la Commission de la fonction publique, compte tenu du
fait que c'est un organisme qui aura une longueur de vie limitée dans le
temps d'une part et que, d'autre part, nous allons tenter au niveau du
personnel technique de faire appel à des fonctionnaires plutôt que
de faire appel uniquement à des gens de l'extérieur, la
Commission de la fonction publique a suggéré elle-même cet
amendement, compte tenu des conditions particulières dans lesquelles
devra oeuvrer la régie et des courts délais qu'elle aura pour se
mettre sur pied et faire le recrutement du personnel qu'elle aura à
l'extérieur. Cet amendement me paraît raisonnable. D'ailleurs,
c'est ce qui avait été fait lors de la mise en place d'un certain
nombre de régies gouvernementales dans le passé.
M. Morin: Dois-je comprendre que c'est pour mieux contourner les
normes anti-inflationnistes, M. le Président?
M. Garneau: Non, c'est pour accélérer, je crois,
les processus, d'autant plus qu'il ne s'agit pas de fonctions de
caractère... Les gens qu'on ira chercher à l'extérieur ne
seront pas fonctionnaires pour le reste de leurs jours. Ce seront plutôt
des gens qui vont être retenus pour une période de temps
limitée.
La durée de la loi est prévue pour trois ans et il est
possible qu'elle se termine avant, de telle sorte que, lorsqu'il y aura appel
à des gens de l'extérieur par nécessité, ce seront
des ententes particulières avec ces personnes.
M. Morin: Dans le cas de la fonction publique, qui pourraient
être détachés pour faire partie de la régie,
est-ce...
M. Garneau: Ils vont garder leur statut de fonctionnaires,
oui.
M. Morin: Ils vont garder leur statut de fonctionnaires, mais
est-ce qu'ils vont garder leur salaire?
M. Garneau: Ils vont garder leur salaire également.
M. Morin: Le même salaire. M. Garneau: Oui.
M. Morin: Les mêmes fonctions. Alors, cet amendement vise
essentiellement les gens de l'extérieur.
M. Garneau: Les gens qui, s'ils ont besoin d'un
spécialiste, je ne sais pas, un juriste pour une période de six
mois ou un an, pour un travail particulier, alors, ils pourront l'engager sous
forme contractuelle pour la période de temps qu'ils en auront besoin.
Cela va être plus efficace, plus rapide pour l'administration de la
régie.
M. Morin: Est-ce que les membres de la régie vont
être soumis au règlement portant sur la lutte
anti-inflationniste?
M. Garneau: En termes d'augmentation de traitement, il s'agira de
voir si c'est une promotion déguisée.
M. Morin: C'est la question que je me posais justement.
M. Garneau: Est-ce qu'il y a du personnel de votre bureau qui
serait disponible?
M. Morin: Je ne pense pas, non, je ne pense pas.
M. Garneau: Parce que celui qui est à côté de
vous semble bien connaître la loi.
M. Morin: II la connaît très bien, excellent
personnel, mais de là à s'engager dans un cul-de-sac comme
celui-là, je pense qu'il y aurait de quoi hésiter. En tout cas,
ce n'est pas moi qui vais leur recommander de le faire.
M. Garneau: C'est encore curieux, ce serait peut-être une
bonne expérience.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le nouvel article 33
est adopté?
M. Morin: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Sur division. Article
34 à article 38, inclusivement, adopté? Article 39, il y a un
amendement.
M. Garneau: II s'agit d'un amendement qui va subdiviser l'article
39 en deux paragraphes. Il s'agirait d'avoir l'article 39.1, la régie,
premier paragraphe et je vais suggérer d'ajouter... Il va y avoir les
articles 39.1, a), b), c), d), e) et 39.2. Cela va, M. le Président?
Donc, il y aura l'article 39.1 et le premier amendement touche le paragraphe
d).
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 39.1, "la
Régie" et insérer dans La dernière ligne du paragraphe d),
après le mot "échec", ce qui suit: "et où elle est
convaincue que les circonstances particulières du cas ne justifient pas
ces mouvements".
M. Garneau: C'est ça.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté?
M. Morin: Pas d'observation, M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté tel
qu'amendé.
M. Garneau: Ajouter le paragraphe 2. Aux termes de l'article 39
actuel, il se lirait: La régie "peut exercer un pouvoir prévu aux
sous-paragraphes c) et d) du paragraphe 1, quel que soit son avis sur
l'importance des conséquences pour l'économie des mouvements
réels ou envisagées, a), d'un prix ou d'une marge
bénéficiaire d'un fournisseur ou d'une personne visée aux
paragraphes c) ou d) de l'article 11; b), d'un prix ou d'une marge
bénéficiaire d'un fournisseur déclaré par un
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil adopté en vertu du
paragraphe e) de l'article 11, est d'une importance fondamentale pour la lutte
contre l'inflation; ou c), de la rémunération d'une personne
visée au paragraphe c) de l'article 13, d'une personne qui exploite dans
l'industrie de la construction une entreprise dont le nombre d'employés
au Canada atteint au moins 20 ou d'un fournisseur visé au paragraphe
b)".
M. Morin: M. le Président, je me pose une question
à propos du paragraphe 2, selon lequel la régie peut exercer un
pouvoir prévu au paragraphe I), sous-paragraphe c) et d), "quel que soit
son avis sur l'importance des conséquences pour l'économie des
mouvements réels ou envisagés, a) d'un prix ou d'une marge
bénéficiaire d'un fournisseur d'une personne visée aux
paragraphes c) et d) de l'article 11".
Pourquoi seulement les paragraphes c) et d) de l'article 11,
c'est-à-dire les services professionnels et la construction? Pourquoi
pas l'ensemble des biens et des services?
M. Garneau: Dans le cas des fournisseurs de services
professionnels à l'article 11c), il serait difficile de faire la preuve
que le fait qu'un professionnel augmente ses honoraires de 100% contribuerait
à accroître l'inflation, étant donné le nombre
restreint de ces personnes, mais pour assurer une plus grande
équité dans l'application de la loi, étant donné
qu'il y a des professionnels qui sont à salaire et à commission
pour un autre professionnel, on voulait également les couvrir de la
même façon et éviter qu'il y ait des iniquités dans
l'application de cette partie de la rémunération.
Prenons un bureau d'avocats. Vous avez un avocat senior qui est soumis
à la réglementation; son personnel de bureau, etc., n'est pas
couvert. Mais le personnel professionnel, disons les avocats qui seraient au
service de cet avocat senior et qui seraient à commission ou à
pourcentage sur les dossiers, tel que la loi a été faite,
auraient pu être exclus de la couverture. On veut les couvrir
également. Autrement, cela pourrait être une façon
détournée d'avoir des rémunérations
supérieures dans ces cas-là. On pense qu'il y aurait eu
possibilité d'une certaine iniquité dans l'application ou le
contrôle de ces rémunérations.
M. Morin: Est-ce que vous faites le même raisonnement pour
ce qui est du paragraphe d) de l'article 11, puisqu'on se réfère
également au paragraphe d)? Il s'agit de la construction...
M. Garneau: C'est le même raisonnement, s'il y avait de
petites entreprises. C'est ce que j'ai mentionné dans mes remarques,
j'ai dit qu'on pourrait les couvrir d'autre façon si on décidait
de le faire. Là aussi, il y aurait peut-être possibilité de
morcellement et on pourrait les ramasser, parce que ce serait difficile de
faire la preuve qu'une entreprise de construction de cinq ou dix
employés a un impact sur l'inflation. Evidemment, la preuve serait
très difficile à faire.
Par contre, elle pourrait être placée dans une situation
différente par rapport aux autres; l'objectif visé serait de
pouvoir les couvrir également si c'est nécessaire de le
faire.
M. Morin: M. le Président, vous pouvez procéder
à l'adoption de cet article.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'article 39
adopté tel qu'amendé. Article 40, adopté. Article 41,
adopté. Article 42, adopté. A l'article 43, il y a un
amendement.
M. Garneau: II s'agit d'insérer dans la troisième
ligne du deuxième alinéa, après le mot "demandés",
ce qui suit: "la manière dont ils doivent être
présentés". C'est une précision nécessaire.
M. Morin: Pas d'observation.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 43
adopté tel qu'amendé. Article 44?
M. Morin: Vous pouvez l'adopter.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
45?
M. Morin: Les articles 45 et 46, si vous voulez.
Administration
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
46, adopté. Article 47?
M. Morin: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a des
candidats pour ce poste de commissaire ou pour les postes de commissaires
adjoints?
M. Garneau: Non, M. le Président. Là aussi, il y a
des consultations mais il n'y a personne dont je serais en mesure de donner le
nom présentement. Ce sera plus facile, une fois la loi votée, les
gens auront le texte précis de la loi qu'ils auront à administrer
et je crois que ce sera probablement plus facile à ce
moment-là.
M. Morin: Vous pouvez procéder, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 47
adopté. Article 48?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
49, adopté. Article 50, adopté. Articles 51, 52, amendements.
M. Morin: II y a les amendements du ministre.
M. Garneau: Remplacer ces articles par les deux articles que l'on
retrouve au document que je vous ai remis, M. le Président. Je ne sais
pas s'il faut les lire. L'article 51 est remplacé par le suivant: "Le
commissaire fait ou fait faire enquête dans tous les cas où la
régie ou le lieutenant-gouverneur en conseil l'informe, au moyen d'un
avis écrit, qu'ils ont lieu de croire que les directives
gouvernementales n'ont pas été ou ne sont pas respectées.
"Si l'avis émane de la régie, celle-ci en communique copie au
lieutenant-gouverneur en conseil et au ministre. "Le ministre dépose
sans délai une copie de tous les avis reçus par le
lieutenant-gouverneur en conseil ou émanant de ce dernier devant
l'Assemblée nationale, si elle est en session ou, si elle ne l'est pas,
dans les quinze jours de l'ouverture de la session suivante."
M. Morin: M. le Président, à l'article 51, je pense
qu'il faudrait ajouter, à côté du lieutenant-gouverneur en
conseil, c'est-à-dire à côté du gouvernement,
"l'Assemblée nationale".
Constamment, en Chambre, nous sommes appelés à poser des
questions sur l'augmentation des coûts. Je pense, par exemple, à
l'assurance-automobile qui a connu des augmentations vraiment spectaculaires
depuis quelque temps. On n'arrive jamais à obtenir que le gouvernement
se saisisse de ces cas.
Je trouve que le système est déjà assez
débalancé comme cela, avec l'accent qu'on met sur le
contrôle des salaires, plutôt que sur vraiment un contrôle, a
priori, également des prix, des profits. Je trouve que le système
est déjà suffisamment mal équilibré, sans qu'on
prive l'Assemblée nationale de pouvoir s'adresser au commissaire pour
lui demander de faire enquête.
Je proposerais donc qu'on ajoute, après "lieutenant-gouverneur en
conseil", avant pardon "lieutenant-gouverneur en conseil parce que
l'Assemblée nationale vient certainement avant l'expression
"l'Assemblée nationale".
L'article 51 se lirait comme ceci: "Le commissaire fait ou fait faire
enquête dans tous les cas où la régie ou encore
l'Assemblée nationale ou le lieutenant-gouverneur en conseil l'informe,
au moyen d'un avis écrit, qu'ils ont lieu de croire que les directives
gouvernementales n'ont pas été respectées."
Je pense que ce serait utile, étant donné le nombre de cas
d'abus qui ont été soulignés à l'Assemblée
nationale, que celle-ci puisse référer un cas d'abus au
commissaire. Je le propose.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Immédiatement
après le mot "régie", vous insérez "ou l'Assemblée
nationale"?
M. Morin: C'est cela.
Le Président (M. Houde, Limoilou): "... ou le
lieutenant-gouverneur en conseil".
M. Morin: Exactement.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Sur l'amendement du
ministre des Finances.
M. Garneau: Ce n'est pas mon amendement, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Non, sur
l'amendement.
M. Garneau: C'est parce que vous pensez que je vais parler.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Oui.
M. Garneau: M. le Président, je comprends l'objectif du
chef de l'Opposition, mais, malgré toute la bonne volonté qu'il
semble mettre dans son amendement, je ne suis pas disposé à en
recommander l'acceptation, parce que cela va alourdir considérablement
tout le mécanisme. Il faudrait déterminer la façon dont
l'avis serait donné.
On pourrait être soumis à toute une procédure qui
allongerait l'analyse de la situation. Je pense que, si des cas sont
soulevés par des députés en Chambre, des cas qui
méritent enquête, de toute façon, le
commissaire-enquêteur pourrait faire de telles enquêtes à la
demande du lieutenant-gouverneur. Si les questions ou les problèmes
soulevés par des députés de l'Assemblée nationale
sont suffisamment étoffés, on peut le voir par les questions qui
seront posées, par les documents qui pourraient les accompagner,
à ce moment, le lieutenant-gouverneur en conseil pourra ordonner cette
enquête et sans que cela nécessite une décision de
l'Assemblée nationale. Pour moi, ce serait un geste qui alourdirait
inutilement et dont l'objectif sera atteint de toute façon par le fait
que des problèmes pourront être soulevés par des
députés à l'Assemblée nationale sans qu'il y ait
une directive nécessaire de l'Assemblée nationale pour atteindre
cet objectif.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres commentaires sur
l'amendement?
M. Garneau: De toute façon, si le lieutenant-gouverneur en
conseil ne donnait pas action ou ne demandait pas l'enquête
suggérée, la régie pourrait le faire proprio motu et
l'objectif serait également atteint.
M. Morin: M. le Président, je maintiens cet amendement.
J'estime qu'il serait opportun, même nécessaire, que
l'Assemblée nationale puisse s'adresser directement au commissaire.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce qu'on peut dire
qu'il est adopté sur division?
M. Garneau: II est défait sur division.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Refusé sur
division.
M. Morin: J'aurais été heureux, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Refusé sur
division.
M. Garneau: Article 51, adopté sur division.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté sur
division.
M. Garneau: J'imagine.
Le Président (M. Houde, Limoilou): C'est cela.
M. Morin: Votre imagination, pour une fois, vous fait tirer des
conclusions correctes.
M. Garneau: M'a bien servi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 52,
amendement.
M. Garneau: II s'agit de remplacer l'article 52 par le suivant:
"Le commissaire doit faire rapport au ministre sur chaque enquête qu'il
fait en vertu de l'article 51 ; il fait aussi rapport au ministre sur
l'exercice des fonctions et pouvoirs que lui confère la présente
loi, conformément aux directives qu'il reçoit de lui. "Le
ministre doit déposer sans délai une copie de tous les rapports
qu'il reçoit en vertu du présent article devant
l'Assemblée nationale si elle est en session ou, si elle ne l'est pas,
dans les quinze jours de l'ouverture de la session suivante."
M. Morin: M. le Président, je m'aperçois que
j'avais une question sur le second paragraphe de l'article 51. Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu d'ajouter la régie également? On nous dit: Le
ministre dépose sans délai copie de tous les avis reçus
par le lieutenant-gouverneur en conseil ou émanant de ce dernier. Est-ce
que ce ne serait pas plus complet de dire: Emanant de ce dernier ou de la
régie devant l'Assemblée nationale? Autrement, je pense à
toutes les opérations de camouflage qui resteraient possibles.
M. Garneau: D'ailleurs, M. le Président, dans la section
précédente que l'on vient de voir, à l'article 41, il est
déjà indiqué que les rapports visés au paragraphe
a) qui constituent les rapports de l'article 40 doivent
être déposés à l'Assemblée nationale, si elle
siège, ou dans les quinze jours qui suivent l'ouverture, si elle ne
siège pas. On a déjà couvert ce genre de rapports par la
section précédente. Là, on est dans la section qui couvre
l'administration. C'est ça?
M. Morin: Oui.
M. Garneau: Les articles 47 et suivants, section V, et il s'agit
des rapports, à ce moment-ci, du commissaire, alors que dans le cas
précédent, il s'agissait des rapports de la régie.
M. Morin: Là, il s'agit des avis cette fois, à
l'article 51. C'est plus important, pour le fond des problèmes.
M. Garneau: A l'article 51, deuxième paragraphe, qu'on
vient d'adopter... Si l'avis émane de la régie, celle-ci en
communique copie au lieutenant-gouverneur en conseil et au ministre. Le
ministre dépose, sans délai, une copie de tous les avis
reçus...
M. Morin: Bon!
M. Garneau: ... par le lieutenant-gouverneur".
M. Morin: Très bien!
Le Président (M. Houde, Limoilou): Cela a
déjà été adopté.
M. Garneau: Oui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 52?
M. Garneau: Adopté tel qu'amendé?
M. Morin: Vous pouvez y procéder, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté tel
qu'amendé.
M. Morin: Ce sont des articles pour lesquels je ne prends pas de
responsabilité.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 53?
M. Garneau: M. le Président, j'ai un amendement, à
savoir: Remplacer, dans les deuxième et troisième lignes, ainsi
que dans les huitième et neuvième lignes du deuxième
alinéa, les mots "convention salariale" par les mots "accord de
rémunération".
M. Morin: Pas d'observation.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 53,
adopté tel qu'amendé. Article 54?
M. Morin: Nous n'avons pas d'observation. M. Garneau:
Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
55?
M. Morin: De même.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
56?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
57?
M. Garneau: Adopté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Article
58, adopté. Article 59, adopté. Article 60, adopté.
Article 61, adopté. Article 62, adopté. Article 63,
adopté.
M. Morin: Un instant, M. le Président! Je vous aurais
demandé d'arrêter à l'article 62, avec votre
permission.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, article 62.
M. Morin: Vous alliez un peu vite.
A l'article 62, on nous dit: "Le commissaire peut, dans les cas
où il est convaincu qu'une personne contreviendra vraisemblablement aux
directives gouvernementales et que les circonstances particulières du
cas ne la justifieront vraisemblablement pas, rendre l'ordonnance qu'il juge
indiquée pour lui interdire de contrevenir aux directives, soit d'une
manière générale, soit de la manière que
précise l'ordonnance."
J'aimerais que le ministre nous éclaire sur la nature et
l'efficacité d'ordonnance de ce genre, en matière de prix, de
salaire ou de profit. C'est bien beau d'ordonner de ne pas augmenter les
profits, mais quelle va être la portée de cela?
Je vois mal l'impact que cela peut avoir sur une affaire de lui ordonner
de ne pas augmenter ses profits. Quel effet pratique cela a-t-il?
M. Garneau: Le sens de l'article est de... Prenons une entreprise
qui aurait 500 employés et plus et qui indiquerait d'une façon
claire qu'elle entend augmenter le prix de ses produits de 50%. Le commissaire
sait, par les informations qu'il a, qu'elle se propose véritablement de
le faire. Il pourrait émettre l'ordonnance, pour l'empêcher de le
faire, agir antérieurement au geste plutôt que d'attendre que le
geste ait été posé.
Et si le contrevenant ne se soumet pas à l'ordonnance, il est
soumis aux pénalités de la loi et aux amendes qui peuvent
être reliées à un refus de se conformer à une
ordonnance.
M. Morin: C'est plus une sorte d'avertissement.
M. Garneau: Quand on sait que le geste sera posé parce
qu'on veut défier la loi ou des choses comme cela, cela permettrait aux
commissaires d'agir avant le fait pour mieux le prévenir.
M. Morin: Cela aurait-il autant de vigueur, de force, ce genre
d'avertissement, qu'un avis de cotisation d'impôt, par exemple?
M. Garneau: II sera soumis aux amendes prévues aux
articles 71 et 72, qu'on verra tout à l'heure, où il y a des
amendes de prévues ou l'effet
de l'article 62. J'imagine que cela va avoir à peu près le
même effet. Cela va être dur.
M. Morin: Bien. Vous pouvez procéder.
Le Président (M. Cornellier): Article 62. Adopté.
Article 63.
M. Morin: Au paragraphe b), on peut interdire au contrevenant de
continuer de contrevenir aux directives, soit d'une manière
générale, soit de la manière que précise
l'ordonnance. La question que je me pose est la portée pratique de cela.
Lorsque, par exemple, un contrevenant a déjà contrevenu depuis
déjà quelque temps, qu'il a augmenté ses prix, soit
subrepticement, soit ouvertement, mais de façon marginale, sur des
milliers de produits vendus, puisque c'est de cela dont il s'agit, est-ce que
c'est efficace, ce qui nous est proposé là? Est-ce que, par
exemple, cela aura pour effet de rendre aux consommateurs l'argent qui leur a
été pris, contrairement aux directives?
M. Garneau: C'est le paragraphe b) qui va le couvrir, dans la
mesure du possible. Evidemment, si vous avez acheté des carottes pendant
deux semaines et qu'il y en a 500 qui vont acheter des carottes à toutes
les semaines, cela va être difficile de savoir à quel
acheteur...
Une Voix: Des petits pois!
M. Garneau: Des petits pois... Evidemment, si des cas semblables
se produisaient, cela va être par les amendes qu'on va pouvoir
intervenir, parce qu'il sera difficile, dans certains cas, de remettre le
trop-perçu. Alors, le trop-perçu va être remis à
l'ensemble des citoyens plutôt qu'à ceux même qui ont
peut-être... Mais chose certaine, c'est que le contrevenant ne pourra pas
le garder lui-même.
M. Morin: Mais, par rapport au consommateur, qu'il s'agisse du
paragraphe a) ou du paragraphe b) de l'article 63, cela ne lui permettra
guère de rentrer dans son argent.
M. Garneau: A moins que le nombre de ces consommateurs soit
très bien identifié. Je ne sais pas, mais, dans le cas
d'automobiles, s'il y en a eu dix de vendues dans un mois à des prix
plus élevés qu'il avait été autorisé par le
commissaire, c'est possible d'obliger l'entreprise à rembourser, mais,
lorsqu'il s'agit des petits pois, comme l'indique le député de
Joliette, c'est plus difficile.
M. Morin: Ou du savon ou d'à peu près n'importe
quoi.
M. Garneau: Tous les menus articles, mais oui. Mais si le
contrevenant, qui a été avisé, est soumis à des
sanctions sévères, à moins que pour des raisons que
j'ignore totalement, je ne vois pas pourquoi il y aurait intérêt
à charger des prix plus élevés s'il ne
bénéficie pas, d'aucune façon, de l'augmentation excessive
de son prix qui lui serait confisqué à toutes fins utiles.
M. Morin: Est-ce que vous croyez que, si on combine cet article
63 avec l'article 67, qui est celui où on a prévu une amende
égale à 25% du surcroit estimé par le commissaire, en
vertu du paragraphe b) de l'article 63, de l'article 64 ou du paragraphe b) de
l'article 66, cela va être efficace? A supposer qu'on choisisse une
entreprise parmi des milliers, parce que c'est de cette taille-là qu'il
s'agit, si vous ne pouvez pas faire rendre au consommateur ce qui aurait
dû lui rester et si, d'autre part, l'amende n'atteint que 25% du
surplus...
M. Garneau: C'est-à-dire que, si le montant perçu
en trop est de $100, cela va lui coûter $125.
M. Morin: Oui.
M. Garneau: Alors, je trouve que la pénalité est
forte.
M. Morin: Quand même, quand il s'agit de milliers
d'entreprises qui vendent des milliers de produits, la chance est au
coureur.
M. Garneau: Evidemment, il faudra que la preuve en soit faite.
C'est évident. Mais on agit dans le cas où la preuve a
été faite et où le montant a été
identifié. Non seulement l'entreprise ne bénéficiera pas
du trop-perçu dans les prix, mais elle va être obligée, en
plus de payer une amende.
Evidemment, si on fait l'hypothèse qu'on agit tous de bonne foi
et que le fonctionnement de tout le mécanisme de contrôle
réussira à atteindre l'objectif recherché, je pense que
les amendes sont suffisamment pénibles et fortes pour avoir les effets
recherchés.
M. Morin: C'est beaucoup présumer que de dire que tout le
monde va agir de bonne foi dans ce cadre-là.
M. Garneau: C'est-à-dire de bonne foi, dans le sens
où le commissaire, la régie a fait son travail comme il devait
être fait. Les preuves étant accumulées, les gens ainsi
pénalisés, évidemment, vont devoir se conformer.
Autrement, ils vont perdre des sommes d'argent considérables et c'est
là qu'est la plus grande pénalité qui est, en fait,
l'épée de Damoclès au-dessus de la tête des gens qui
ne veulent pas se soumettre à la loi.
M. Morin: M. le Président, il est passé treize
heures, est-ce que je pourrais suggérer que nous remettions l'adoption
de cet article 63 que j'aimerais continuer à débattre avec le
ministre de façon plus approfondie, est-ce que je pourrais
suggérer que nous remettions ça à la prochaine
séance?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Article 63, suspendu.
La commission...
M. Garneau: Sine die.
Le Président (M. Houde, Limoilou): ... ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 13 heures)