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Commission permanente des finances, des comptes
publics et du revenu
Audition du Vérificateur général
Séance du jeudi 11 décembre 1975
(Neuf heures vingt minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission permanente des finances, des comptes publics et du revenu
poursuivra ce matin l'étude des trois derniers rapports annuels du
Vérificateur général.
Pour la séance d'aujourd'hui, M. Faucher (Nicolet-Yamaska)
remplace M. Boutin (Abitibi-Ouest); M. Brown (Brome-Missisquoi) remplace M.
Déom (Laporte); M. Lafrance (Rivière-du-Loup) remplace M. Garneau
(Jean-Talon); M. Pilote... Est-il parti? ... (Lac-Saint-Jean) remplace M.
Malépart (Sainte-Marie); M. Burns (Maisonneuve) remplace M. Morin
(Sauvé); M. Caron (Verdun) remplace M. Saindon (Argenteuil).
Il a été convenu à l'Assemblée nationale que
nous siégerons, sans interruption, jusqu'à 13 heures ou
jusqu'à la fin de nos travaux, et que nous ne serons pas appelés
à nous rendre à l'Assemblée nationale à 10 heures,
à moins qu'il y ait un vote.
M. Berthiaume: M. le Président, je ne sais pas si le
leader parlementaire de l'Opposition conviendrait... Je n'étais pas en
Chambre hier quand le président a interprété que cela
devait finir à 13 heures. Quant à moi, cela me poserait des
problèmes assez importants que de finir à 13 heures. On avait
convenu que nos séances seraient de 9 heures à midi et de 4
heures à 6 heures. Si on pouvait finir à midi...
M. Burns: Pas de problème là-dessus. M.
Berthiaume: Pas de problème? M. Burns: II va y avoir
consentement.
Le Président (M. Picard): Et recommencer après 4
heures.
M. Berthiaume: Oui.
Le Président (M. Picard): S'il y a lieu, recommencer
à 4 heures.
Nous allons commencer ce matin par les rapports de la Commission du
salaire minimum.
Le député de Maisonneuve.
Commission du salaire minimum
M. Burns: M. le Président, le vérificateur, dans
son rapport de 1972/73, à la page 3-163, nous dit ceci: La Commission du
salaire minimum a continué, au cours de l'exercice 1972/73, quoique pour
un montant, à nouveau, moins considérable que celui de
l'année précédente, à assumer certains frais devant
incomber au ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre.
J'aimerais savoir si, d'une part, à la commission, on a eu
connaissance des recommandations du Vérificateur général
et, entre autres, je m'attache aux mots "... a continué au cours de
l'exercice 1972/73, quoique pour un montant à nouveau moins
considérable."
Y avait-il déjà une recommandation qui avait
été faite? La Commission du salaire minimum avait-elle pris
connaissance de cette recommandation et qu'avait-elle fait pour changer la
situation?
C'est peut-être au Vérificateur général que
je devrais d'abord poser la question. Ce n'est pas la première fois que
vous faites une telle recommandation.
M. Vien (Jacques): A ma connaissance, cela avait
été fait au moins pendant deux années antérieures
à 1973. Le montant est allé, sans cesse, en diminuant,
d'année en année.
M. Burns: II a continué d'exister. C'étaient des
dépenses qui, normalement, devaient émarger au budget du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et qui, effectivement,
étaient attachées à la Commission du salaire minimum.
M. Vien (Jacques): C'est cela.
M. Burns: Le représentant de la Commission du salaire
minimum est-il en mesure de nous dire si cette situation a été
corrigée?
M. Berthiaume: Peut-on avoir des précisions sur cette
nature des dépenses émargeant au...
M. Burns: C'est-à-dire que c'était, entre autres,
si j'ai bien compris le rapport, des salaires et des dépenses qui
devaient être payés par le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et qu'on chargeait à la Commission du salaire minimum.
M. Berthiaume: Présentement, je suis en mesure d'affirmer
que, compte tenu des dispositions de la Loi du salaire minimum, il n'y a pas,
à ma connaissance, de dépenses que nous payons et qui devraient
émarger...
M. Burns: Actuellement.
M. Berthiaume: ... au budget du ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre.
M. Burns: Actuellement. Il y a eu le rapport de 1972/73 où
M. Carrière dit: "II s'agit de dépenses qui, normalement,
auraient dû être défrayées à même les
crédits votés par l'Assemblée nationale pour le
ministère concerné, conformément aux articles 38 et 39 de
la Loi de l'administration financière."
J'aimerais savoir qui autorisait ces dépenses pour la Commission
du salaire minimum? Qui au-
torisait les dépenses pour le ministère? C'est la raison
pour laquelle j'ai demandé qu'il y ait quelqu'un du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre qui soit présent, ce matin, parce qu'il y
a des questions qui chevauchent les deux juridictions. Je ne blâme pas le
ministre d'Etat aux Transports de ne pas avoir, immédiatement... Aux
Transports...
M. Berthiaume: Oui.
M. Burns: ... et aux Finances? Vous voulez avoir tous vos
titres?
Le Président (M. Picard): Ce matin, c'est plutôt
comme ministre d'Etat aux Finances.
M. Berthiaume: Je n'y tiens pas.
M. Burns: Je ne blâme pas le ministre de ne pas avoir
toutes ces réponses parce qu'il s'agit quand même de questions de
détails c'est bien sûr que seul le ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre ou un de ses représentants pourrait nous
donner. Evidemment, je comprends que M. Carrière est ici au nom de la
Commission du salaire minimum et il peut nous répondre, sous l'angle de
la Commission du salaire minimum.
M. Berthiaume: A moins qu'on se soit mal compris à la
dernière séance. Mais, en ce qui concerne les employés en
question, il est vrai qu'à un moment donné, il y avait plusieurs
employés du ministère du Travail qui, effectivement,
étaient à la commission. Graduellement, cette situation a
été corrigée. On me dit que cela a été
assez, je ne dirais pas laborieux, mais assez lent à cause de la
difficulté d'effectuer des mutations. Présentement, on me dit
qu'il n'y a qu'une personne du ministère, il s'agit du directeur du
personnel, qui travaille à la commission, au moment où on se
parle. C'est le contraire, je m'excuse.
C'est le directeur du personnel qui est attaché au
ministère du Travail dans le moment. Nous continuons à le payer
pour des questions de recrutement, de réglementation. Parce qu'il
s'agit, M. Burns, simplement de traitement...
M. Burns: Oui, d'ailleurs, on dit que la majeure partie de ces
dépenses sont des salaires totalisant quand même $300,000 à
l'époque de 1972/73.
M. Berthiaume: Actuellement, je suis en mesure de dire que c'est
le seul qui nous reste. Les procédures de mutation sont sur le point
d'être complétées et cette personne en question, sa
mutation...
M. Burns: Etes-vous en mesure de me dire, M. Carrière, qui
autorisait, pour la CSM, ces dépenses?
M. Berthiaume: En 1972/73?
M. Burns: En 1972/73, oui. On parle d'une somme de $300,000.
M. Berthiaume: C'étaient des fonctionnaires nommés
par arrêté en conseil.
M. Burns: Qui autorisait les dépenses? C'est parce que la
Commission du salaire minimum, si on se comprend bien, c'est une commission
parallèle au ministère, qui relève du ministère du
Travail, mais qui, en principe, je ne sais pas si c'est exact, s'autofinance,
comme la Commission des accidents du travail. Il y a quand même une
espèce d'administration indépendante, à toutes fins
pratiques. Donc, il y a quelqu'un qui autorise des paiements quelque part.
Donc, à ce moment-là, il y a un certain nombre
d'irrégularités qui sont, je pense, à bon droit,
soulignées par le Vérificateur général dans cette
affaire. C'est tout le problème de savoir: Est-ce que,
véritablement, comme disent les Anglais, "It boils down to that"? C'est
de savoir, tout simplement: Est-ce que, quand je suis d'accord sur le budget du
ministère du Travail, je ne suis pas en train de me faire passer un
sapin, parce que, de toute façon, il y a des dépenses qui passent
ailleurs? Dans le fond, c'est le problème qui se pose et je pense que
c'est peut-être le principal relativement à la Commission du
salaire minimum.
M. Berthiaume: Pour 1972/73, M. le Président, je ne suis
pas en mesure de répondre adéquatement à la question, mais
pour l'année en cours, 1974/75, il en reste un qui est en voie de
mutation.
M. Burns: Vous allez avoir la même remarque de la part du
Vérificateur général l'année prochaine, remarquez,
même pour celui-là. Il a parfaitement raison de faire cette
remarque, je reviens à ce que je disais tout à l'heure. Si,
à un moment donné, le ministère du Travail coûte
tant de millions par année et je dis: D'accord, et on a eu le temps
d'examiner ces millions, puis une bonne journée, je m'aperçois
que j'ai voté pour quelque chose qui n'est pas tout à fait exact
parce qu'il y a d'autres dépenses qui sont passées par
l'entremise d'une commission qui, en principe, doit s'autofinancer et ces
dépenses devraient normalement émarger au budget du
ministère du Travail... c'est le problème.
Remarquez, M. Carrière, que c'est peut-être plutôt au
ministre que je devrais poser cette question. Est-ce que vous trouvez normal
que ça fonctionne ainsi, qu'on continue à nous dire, après
des remarques, apparemment en 1972/73, que ce n'était pas la
première fois que cette remarque était faite? Est-ce qu'on trouve
normal qu'on continue à faire ça et que ça prenne des
années avant de corriger la situation?
C'est important pour moi de savoir, lorsque les crédits sont
déposés à l'Assemblée nationale que quand on dit,
$37 millions, $50 millions ou $90 millions pour un ministère, c'est
véritablement ce sur quoi je m'apprête à voter. C'est la
question de fond.
M. Berthiaume: M. le Président, j'ai demandé
à un de nos fonctionnaires de s'enquérir auprès du
ministère du Travail afin d'obtenir des explications plus
adéquates pour le député de Maisonneuve. Tout ce que je
suis en mesure de souligner à ce moment-ci, c'est que progressivement,
depuis les remarques du Vérificateur général, les deux
parties ont tenté de régulariser la situation. On est d'accord
que cela a été un processus assez long, de toute évidence,
on s'en rend compte. On parle à un moment donné de $300,000 et
plus, c'est rendu à un employé et la procédure est en
cours pour régulariser cette situation également. J'ai
connaissance personnellement de la difficulté de muter des gens d'un
ministère à l'autre; on se rend compte présentement, dans
notre gel des effectifs, qu'il y a intérêt que des gens soient
mutés d'un ministère à l'autre. Cela semble être une
procédure extrêmement complexe. Il y a toujours la situation de
l'individu, c'est goût personnel. Il y a toutes sortes de
problèmes.
M. Burns: On ne parle pas de ça.
M. Berthiaume: Non, mais c'est pour expliquer combien c'est
difficile...
M. Burns: On parle de l'administration de fonds publics. C'est
cela que je veux dire.
M. Berthiaume: D'accord. Je ne nie pas cela non plus. Je ne veux
pas... Je tente tout simplement d'expliquer pourquoi c'est tellement long.
M. Burns: Je peux peut-être souligner au ministre que, dans
le rapport de l'année suivante, on retrouve encore, pour une somme
encore moindre, c'est évident, à la page 5-25, paragraphe 7, le
fait qu'il y a quand même $59,675 qui sont attachés au budget de
la CSM et qui devraient être simplement placés au budget du
ministère.
Vous me dites qu'on aura ce même phénomène encore
cette année. Je trouve absolument incroyable qu'on prenne autant de
temps pour se conformer à la recommandation du Vérificateur
général alors que tout le monde admet que c'est anormal que cela
se fasse comme cela, y compris le gouvernement. J'ai compris tout à
l'heure que le ministre admettait, à toutes fins pratiques, que ce
n'était pas normal que cela se fasse comme cela.
Mais je n'ai pas encore eu de réponse à ma première
question. Qui autorisait ces...
M. Berthiaume: C'est le renseignement que j'essaie d'obtenir.
M. le Président, on m'informe que c'est le président du
temps.
M. Burns: Mais il y avait sans doute quelqu'un au niveau du
ministère du Travail, soit le ministre du temps ou quelqu'un d'autre,
qui voulait que cela se fasse comme cela. La Commission du salaire minimum n'a
pas pris la décision de faire cela tout simplement parce qu'elle
désirait le faire. En tout cas, je le présume.
Je voudrais savoir s'il y a une responsabilité au
ministère du Travail là-dessus.
M. Berthiaume: Est-ce que je pourrais demander au
Vérificateur général de quelle nature était ce
personnel?
M. Vien: II y en avait à peu près de tous les
niveaux. Il y avait même d'anciens commissaires. Il y avait des
enquêteurs. Il y avait des employés de bureau. A la fin, il y
avait des étudiants aussi qui travaillaient au ministère du
Travail, en 1973 du moins.
M. Burns: Dans le fond, il y avait bien des tablettes
là-dessus. Il y avait beaucoup de gens qui étaient sur les
tablettes.
M. Vien: II y en avait sûrement. Il y avait des
étudiants principalement et des gens sur les tablettes, comme vous le
dites.
M. Burns: Si vous parliez des anciens commissaires.
C'étaient des gens qu'on ne voulait pas voir au ministère du
Travail. C'est cela?
M. Vien: Je ne peux pas vous dire si on ne voulait pas les
voir.
M. Burns: Vous n'avez pas fait cette vérification?
M. Vien: Non.
M. Burns: Je ne vous blâme pas de ne pas l'avoir fait;
mais, remarquez qu'il y a une consonance politique à ce que je viens de
dire. Je suis en mesure d'affirmer cependant et je sais fort bien qu'il y a
d'anciens commissaires de la Commission des relations de travail et de la
Commission du salaire minimum qu'on ne voulait plus voir nulle part. On les
avait placés sur des espèces de tablettes, comme on dit dans la
fonction publique. Je me demande s'il ne s'agit pas... Est-ce que,
peut-être M. Carrière, vous êtes en mesure de
répondre à cette question ou le vérificateur?
M. Berthiaume: Je vais essayer d'apporter un certain
éclairage sur l'ensemble de la situation dans le temps. Suite à
l'abolition de la CRT, le 30 août 1969, il y a eu un nombre X de
fonctionnaires, tant au niveau de fonctionnaires proprement dits que de membres
de commissions qui ont dû être recyclés, si vous voulez, ou
encore reclassés à l'intérieur du ministère.
M. Burns: Vous êtes bien gentil quand vous dites
"recyclés", M. Carrière.
M. Berthiaume: A l'intérieur soit du ministère du
Travail ou d'autres ministères. Or, il ne s'agissait pas là
évidemment de cas faciles à régler. A ma propre
connaissance, cela a pu prendre un an, deux ans, trois ans et, dans certains
cas, même quatre ans avant qu'on réussisse, si vous voulez,
à
intégrer, dans un ministère ou dans un autre, le personnel
qui, suite à la création du nouveau droit d'association, n'avait
pas été retenu comme devant faire partie de ce nouveau service
qui s'appelle le droit d'association.
A ce niveau, si ma mémoire est bonne, il y avait plusieurs
enquêteurs du temps. Il y avait des membres de commissions et
peut-être un peu de personnel de soutien, mais pas tellement.
C'était surtout au niveau des enquêteurs et des membres de
commissions.
Je pense que le point que vous avez soulevé, M. le
député, touche particulièrement, à ma connaissance,
ces différentes classes, si vous voulez, qui...
M. Burns: Est-ce qu'on peut, effectivement je le demande
soit à M. Carrière ou au vérificateur nous dire, je
parle du rapport de 1972/73, dans ces $300,000, est-ce qu'on peut faire une
espèce de portrait de ce que voulaient dire ces salaires, à qui
ils s'appliquaient, dans combien de cas, etc.? Est-ce qu'il y a moyen de nous
dire cela, soit du côté de la commission ou du côté
du vérificateur?
M. Vien: Pour l'année de calendrier 1972, je peux vous le
dire. J'ai une liste ici des employés concernés.
M. Burns: Pouvez-vous nous donner cette liste?
M. Vien: Jean-Baptiste Bellemare, enquêteur; Claude Bender,
conciliateur; Marie Bertrand, dactylographe; Paul Comtois, analyste en
informatique; Georges Côté, commissaire; Louis Couture, directeur
adjoint du placement étudiant; Louis-Philippe Deroy, enquêteur;
Louis Deniers, agent de bureau; Hélène Dubé-Milette,
dactylographe; Camilien Gagnon, enquêteur; Michel Gauthier, agent de
bureau; Gérald Higgins, agent de bureau; Laval Jobin, agent de bureau;
Mme veuve Aurore Landry, commis de bureau; Roger Leclerc, conciliateur; Charles
Lemelin, enquêteur; William Jack Lewis, enquêteur; Léo
Massicotte, agent de bureau; Pierre Montambeault, agent de bureau; Guy
Pagé, agent vérificateur; Raymond Paquet, commis de bureau,
Michel Poirier, agent de bureau; Lucien Beauchemin, enquêteur; Pierre
Bégin, agent de bureau principal; Mme Madeleine Bergeron, agent de
bureau; Pierre-André Bou-liane, agent de bureau; Mme Rita
Bussières, agent de bureau; Prisco Cardillo, agent de planification
sociale économique; Mme Nicole Champagne, secrétaire;
J.-Eugène Corbeil, commissaire; Léo Côté,
commissaire; René Gosselin, commissaire-enquêteur; Mme Juliette
Gros-Louis, agent de bureau; Georges Hardy, agent de bureau;
Thérèse Lafrance, secrétaire; Jean-Paul Lemarier, agent de
bureau principal; Jean-Jacques Milot, enquêteur; Daniel Richard, agent de
la main-d'oeuvre; Jean Rivard, agent de bureau principal; Jacques Va-chon,
agent de bureau.
J'ai toute une série d'étudiants, ici, certainement une
cinquantaine.
M. Burns: C'est correct... Ce qui m'a frappé, par exemple,
ce sont des noms comme M. Michel Corbeil et M. Côté, qui sont des
anciens commissaires de la CRT, la Commission des relations de travail, la
défunte commission.
Je vous avoue que je trouve cela absolument aberrant. C'est incroyable
qu'on ait utilisé une technique comme celle-là, tout simplement,
parce que, disons-le, M. Corbeil et les autres qui ont été
nommés, M. Gosselin, qui est maintenant recyclé, je pense, comme
commissaire enquêteur, mais qui a été longtemps à se
demander ce qu'il faisait à l'emploi du ministère... Ces gens se
sont demandés cela. D'abord, je trouve cela aberrant, sur le plan
individuel, pour ces personnes, qui ont eu quand même suffisamment de
valeur pour être commissaires à la Commission des relations de
travail pendant des années, et à qui on a dit, à un moment
donné: On veut tout changer. On veut du sang neuf. On n'a pas
réussi à trouver une utilisation à ces compétences
pendant une période de temps. On les a littéralement
cachés au budget du ministère, en les insérant... Je ne
connais pas tous les autres individus que vous nous avez nommés, mais
quand je vois des conciliateurs, des agents de bureau, même des
secrétaires et des dactylographes qu'on cache tout simplement au budget
du ministère, je trouve cela absolument aberrant. Remarquez que ce n'est
pas à vous que je dis cela, M. Carrière, c'est au
ministère du Travail du temps, qui nous a littéralement
trompés dans la présentation de son budget.
M. Berthiaume: Oui, quand même, M. le Président,
j'aimerais revenir un peu, si vous voulez, à la pensée que j'ai
exprimée au début. Dans la liste qui m'a été lue,
j'ai reconnu environ 80% à 90% de mon personnel du temps.
M. Burns: Vous étiez à la Commission des relations
de travail dans le temps.
M. Berthiaume: Oui. Evidemment, il y a des noms qui peuvent
m'échapper. Je ne peux pas me souvenir. On en avait au-delà de
300. J'avoue que...
M. Burns: M. Carrière, puis-je vous poser une question
personnelle?
M. Berthiaume: Oui.
M. Burns: Vous n'avez pas à répondre si vous ne
voulez pas.
Quand vous êtes passé du ministère du Travail
à la Commission du salaire minimum, vous étiez
chef-enquêteur, je pense...
M. Berthiaume: Vous voulez dire...
M. Burns: ... au niveau de l'accréditation au
ministère...
M. Berthiaume: ... quand la commission a été
abolie?
M. Burns: Oui.
M. Berthiaume: Non, j'étais l'administrateur de la
commission.
M. Burns: Vous étiez l'administrateur de la
commission.
M. Berthiaume: C'est ça.
M. Burns: Et vous, quand on vous a passé d'un budget
à l'autre...
M. Berthiaume: Oui.
M. Burns: ... est-ce qu'effectivement, vous êtes devenu
à l'emploi de la Commission du salaire minimum, ou si vous avez
continué, pendant un bout de temps, à être, à toutes
fins pratiques, quelqu'un qui relevait de l'ancienne Commission des relations
de travail?
M. Berthiaume: Non, disons que je suis passé au
ministère du Travail, ou j'ai formé un nouveau service,
jusqu'à ce que la commission me demande de revenir dans son sein. En
somme, dans l'intérim, si vous voulez, j'ai créé un
service au ministère, et justement, j'avais
récupéré environ une douzaine de mes enquêteurs qui,
à ce moment, faisaient partie du groupe qu'a nommé le
Vérificateur général...
M. Burns: Ils sont maintenant à la Commission du salaire
minimum.
M. Berthiaume: Non, ils ont été incorporés
au ministère, parce que le service que j'ai créé
était au ministère du Travail.
M. Burns: Ah bon!
M. Berthiaume: J'ai pu, à ce moment, recueillir, pour fins
de reclassification, au moins une douzaine des anciens enquêteurs que
j'avais.
Comme je le disais tantôt, pour reprendre ma pensée du
début, ce n'était évidemment pas facile, non plus, pour le
ministère, pas davantage facile pour la commission, de recycler, de
replacer tous ces gens dans le ministère.
Alors, c'était normal qu'il y ait eu certaines ententes entre le
ministère, à ce moment, et la commission. Je ne prête
d'intention à personne, mais il ne fallait quand même pas, tant
que les cas n'étaient pas réglés, laisser ces gens sans
traitement. Cela aurait été encore plus odieux, je pense, que de
les laisser aller à gauche et à droite. Mais on peut
peut-être se consoler en disant qu'aujourd'hui le problème est
réglé. Il faut vous dire qu'il nous en reste un.
M. Burns: Presque réglé. Il y a encore quand
même un salaire ou deux...
M. Berthiaume: Peut-être qu'au moment où je vous
parle, la mutation est faite. Je sais que, la semaine dernière, les
dernières transactions étaient en état d'être...
M. Burns: Remarquez que je suis content que le problème
soit réglé, mais je trouve étonnant que cela ait pris
autant de temps pour le régler. Je trouve tout simplement inadmissible
qu'à un certain moment, pour des raisons politiques, disons-le, et je
connais assez bien l'ancien ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
et j'aurais aimé pouvoir déterminer, effectivement, sa
responsabilité là-dedans je le connais assez pour savoir
qu'au point de vue de la manipulation des budgets je ne parle pas de
malhonnêteté quand vous êtes rendu capable d'avoir en
poste un sous-ministre, à toutes fins pratiques, qui est le conseiller
spécial, qui s'appelle Gilles Laporte, qui est maintenant sous-ministre
et qui, à l'époque, était un conseiller spécial
payé comme pigiste à l'extérieur parce que, tout
simplement, le ministre avait jugé que le salaire qu'on payait à
un sous-ministre était insuffisant pour les compétences de cet
individu, ce qui est fort possible que cela soit exactje ne parle pas du
tout de la compétence de M. Laporte mais quand vous voyez qu'on
est capable de faire cela au ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre, qu'on est capable de manipuler des budgets à un point tel
qu'on en est rendu à faire payer une partie de ses dépenses par
la Commission du salaire minimum, j'ai le droit d'être
complètement outré par cette situation. En tout cas...
M. Berthiaume: II y a peut-être eu tantôt... Il y a
un deuxième cas, en fait, qui n'est pas terminé, parce qu'il nous
est arrivé assez récemment.
M. Burns: Actuellement, à la Commission du salaire
minimum?
M. Berthiaume: Je viens d'y penser subito presto. C'est un ancien
membre de la Commission du salaire minimum qui a déjà fait un
stage au ministère de la Justice, au ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre et peut-être dans d'autres ministères que
j'ignore et qui, finalement, est présentement à la Commission du
salaire minimum et qui travaille, effectivement, chez nous.
Dans ce cas également, je sais que nous avons tout
récemment demandé l'émission d'une liste
d'admissibilité chez les conseillers juridiques, étant
donné que c'était un avocat.
Compte tenu des dispositions de la loi qui abolissait la CRT et qui
disait qu'un ancien membre d'une commission était versé au
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, évidemment, il est
normal qu'on lui donne un titre de classification conforme à sa
formation professionnelle et à son statut.
Je m'excuse si ce cas m'a échappé. Je vous le signale.
M. Burns: Dans le rapport de 1973/74, tou-
jours relativement à la Commission du salaire minimum, on voit
ceci: "Le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre a
intégré à son budget les crédits nécessaires
aux opérations des services du droit d'association et de conciliation,
lesquels étaient administrés jusqu'au 31 mars 1972 par la
Commission du salaire minimum. Néanmoins, cet organisme acquitte
entièrement les frais d'opération de ces services".
Apparemment, le ministère continue, à toutes fins
pratiques, à se faire financer dans un autre domaine par la Commission
du salaire minimum et pour un montant de $2,071,400. Est-ce exact? Ai-je bien
compris ces remarques qu'on retrouve à la page 4-189 du rapport 1973/74?
Et, si vous voulez, tout simplement pour appuyer l'affirmation que je viens de
faire, dans ce même rapport et à la même page, on lit ceci:
"Le ministère a réclamé, pour l'année
financière terminée le 31 mars 1974, à la commission une
somme de $2,071,400 pour les frais d'opération des services
précités. Au 31 mars 1974, le compte à recevoir relatif
à cette réclamation s'élevait à $354,100."
C'est à la page 4-189.
M. Berthiaume: Une mauvaise année.
M. Burns: Ce que j'aimerais savoir, de la part du
vérificateur, c'est si vous avez jugé qu'il s'agissait là
d'une procédure normale et si vous nous soulignez cela tout simplement
j'en doute comme une question d'intérêt
général, ou si vous nous soulignez cela comme une pratique
absolument pas normale.
M. Vien: Le fait que la Commission du salaire minimum paie ces
dépenses est tout à fait normal, c'est prévu dans les
statuts. Ce qu'on a voulu souligner ici, c'est que cela a été
intégré au ministère; cela a été
intégré dans le budget du ministère du Travail et
facturé par le ministère du Travail à la Commission du
salaire minimum. On a voulu souligner le fait que la Commission du salaire
minimum avait à payer une facture qu'elle ne vérifiait pas, avec
le changement qui est survenu. Autrefois, cela entrait dans le budget de la
Commission du salaire minimum et c'était payé par elle, selon les
factures qu'elle recevait; mais, à partir du changement, c'était
le ministère du Travail qui entrait cela dans son budget; il faisait le
paiement des dépenses et facturait la Commission du salaire minimum,
mais celle-ci ne vérifiait pas suffisamment ce qu'on lui chargeait.
C'est ce point qu'on a voulu souligner.
M. Burns: Vous répondez à une question que je
m'apprêtais à vous poser. La Commission du salaire minimum payait,
à toutes fins pratiques, sans vérifier, sans contrôler
effectivement le compte.
M. Vien: C'est cela.
M. Burns: Et sans s'assurer véritablement qu'il s'agissait
d'un compte à payer.
M. Vien: C'est exact.
M. Burns: C'est cela le phénomène anormal que vous
soulignez, je pense, dans votre rapport.
M. Vien: C'est ce phénomène qu'on a voulu
souligner, exactement.
M. Burns: Actuellement, est-ce que cette pratique continue?
Peut-être que M. Carrière peut me répondre
là-dessus.
M. Berthiaume: Oui, je peux répondre, là-dessus, M.
le Président. Il y a actuellement des pourparlers entre le
ministère et la commission aux fins de prendre les mesures
nécessaires pour que ces facturations soient vérifiées
avant paiement. Je pense bien que, d'ici peut-être un mois ou deux, il y
aura une "finalité" sur cette forme de procédure à prendre
pour que la commission, avant de payer cet argent, ait eu la
possibilité, le temps, et l'ait effectivement vérifiée.
Cela est en voie d'accomplissement.
M. Burns: M. le Président, malheureusement, je devrai
être en Chambre dans quelques secondes.
M. Berthiaume: J'ai quelqu'un du ministère qui s'en
vient.
M. Burns: Malheureusement, je ne serai pas disponible, parce que
je suis obligé de me mêler au débat qui va commencer dans
quelques minutes. J'aurais peut-être eu d'autres questions, si on avait
voulu pousser cela un peu plus loin, mais ce que je souhaite, en tout cas,
c'est que cette situation se régularise. Encore une fois, je le
répète, je n'accuse personne d'être malhonnête
là-dedans, mais il est important, pour nous et pour la population, que
lorsqu'on adopte un budget, que ce soit celui du ministère du Travail ou
d'un autre ministère, on sache véritablement qu'il s'agit bien
des fonds qu'on va consacrer à l'administration de ce ministère
et qu'on n'essaie pas d'aller littéralement grossir le budget de
façon artificielle en tirant des fonds d'une commission qui, à
toutes fins pratiques, est censée s'autofinancer. Si elle ne
s'autofinance pas, c'est une autre affaire. Là, c'est bien normal que le
ministère du Travail vienne nous dire qu'on a besoin d'argent pour
combler le budget de la CSM, mais l'inverse m'apparaît comme absolument
anormal et surtout une pratique ce que le Vérificateur
général a pris la peine de souligner absolument
inacceptable. Ce que je peux souhaiter, c'est que, pour les années qui
viennent, cela soit corrigé de façon complète et que,
même pour les deux salaires qu'on pense encore actuellement pouvoir
charger à la Commission du salaire minimum et qui normalement devraient
relever du ministère du Travail, ce soit corrigé dans les plus
bref délais.
M. Carrière me fait signe que c'est apparemment sur le point de
se terminer.
M. Berthiaume: C'est sur le point de se régler et je
réitère ce que j'ai dit tantôt quand à la
vérification des dépenses ou des comptes que nous re-
cevons du ministère du Travail en regard des statuts. On est en
train d'établir une procédure de vérification entre les
deux, entre l'organisme et entre le ministère en vue de respecter la
recommandation du Vérificateur général.
M. Burns: D'accord. Merci, M. Carrière. Je peux vous
assurer, M. le ministre, qu'en ce qui nous concerne, on va jeter un coup d'oeil
particulier à cet aspect du prochain rapport du Vérificateur
général. Cela rn'apparaît comme quelque chose qu'on devrait
suivre pour s'assurer véritablement que la correction est bien
faite.
M. le Président, en ce qui me concerne, comme je vous le disais
tout à l'heure, j'aurais peut-être encore bien d'autres questions
à poser là-dessus, mais, comme je dois m'en aller en Chambre, je
vais vous laisser aux bons soins du chef de l'Opposition.
Le Président (M. Picard): Merci, messieurs. Nous allons
maintenant procéder à l'étude des rapports des Affaires
intergouvernementales.
Le chef de l'Opposition officielle.
Affaires intergouvernementales
M. Morin: M. le Président, nous n'avons que quelques
heures pour couvrir pas mal de terrain. Je vais donc faire un effort pour
être très concis et ne m'attacher qu'aux questions les plus
importantes soulevées par les rapports du Vérificateur
général à l'égard des Affaires
intergouvernementales, du Conseil exécutif, des Finances et de
l'Industrie et du Commerce.
Le Président (M. Picard): Est-ce que vous avez l'intention
d'étudier les trois rapports conjointement?
M. Morin: Non, pas conjointement, mais à la queue leu leu.
Peut-être que, pour continuer...
Le Président (M. Picard): Pour les fonctionnaires, on va
être obligé de changer...
M. Berthiaume: Non, je pense qu'on se comprend. Je ne sais pas si
votre question se rapporte... Vous voulez dire les rapports 1971/72, 1972/73,
1973/74 ou si ça se rapporte aux trois ministères? Quand vous
dites les trois rapports, vous voulez dire les rapports sur les trois
ministères ou si vous voulez dire les trois années?
Le Président (M. Picard): Je veux dire les trois
différents ministères.
M. Berthiaume: Je n'ai pas compris ça. Un à la
fois.
M. Morin: Un à la fois, à la suite les uns des
autres. J'ai cru comprendre, lorsque nous avons planifié ces
séances il y a quelques semaines, que nous terminions aujourd'hui
l'étude des trois rapports du Vérificateur général
de façon à partir sur un nouveau pied l'année
prochaine.
Le Président (M. Picard): En fait, nous devions terminer
jeudi dernier.
M. Morin: Oui, je sais, mais il y a eu... M. Berthiaume:
Un décalage.
M. Morin:... un décalage, je ne sais trop. Cela
n'était certainement pas votre faute, M. le Président.
Le Président (M. Picard): On est toujours
présent.
M. Morin: Nous pouvons sans doute procéder avec les
Affaires intergouvernementales. Je n'ai que quelques questions à poser.
Le Vérificateur général, d'ailleurs, ne soulève pas
de questions fondamentales, sauf peut-être à l'égard du
contrôle des avances aux chefs de poste de délégation du
Québec à l'étranger. C'est là-dessus que vont
surtout porter mes questions. Le Vérificateur général nous
apprend que les petites caisses du ministère sont constituées
principalement d'avances de fonds de roulement aux chefs de poste des
délégations du Québec à l'étranger et ces
petites caisses varient de $1,500 à $60,000 selon les cas. Ces sommes
servent à défrayer les dépenses inhérentes à
l'administration de leurs bureaux. Le vérificateur a
procédé à des sondages sur ces avances de fonds et il a
constaté que la directive 16-71 émanant du Conseil du
trésor et concernant ces petites caisses n'a pas été
respectée à l'égard de deux points particuliers. Je
souligne au ministre en passant que c'est la deuxième année
consécutive que le vérificateur soulève cette
question.
Tout d'abord, aucun état de reddition de comptes requis des
responsables de ces avances n'a été transmis dans les trente
jours suivant la fin de l'année financière.
Deuxièmement, la vérification des avances exercée
par le service comptable du ministère s'est avérée de
nouveau insuffisante.
J'aimerais demander au ministre, en tout premier lieu, pourquoi le
ministère n'a pas encore amélioré son contrôle sur
ces avances de fonds, et, ce qu'il entend faire pour remédier à
cette situation.
M. Berthiaume: La première chose qu'il faut souligner, on
l'a fait à plusieurs reprises, c'est que les deux rapports, celui de
1972/73 et celui de 1973/74 sont parvenus, à toutes fins pratiques, au
même moment, ce qui explique parfois la répétition d'une
année à l'autre du même commentaire du Vérificateur
général.
On m'assure qu'à l'heure où on se parle, cette situation a
été corrigée. Je pense qu'on peut vous répondre
dans le détail, si vous voulez, sur ce qui a été fait pour
pallier cette situation.
M. Morin: Oui, j'aimerais avoir quelques détails pour bien
vérifier la chose.
M. Berthiaume: Une formule précise de conciliation des
fonds de roulement a été mise au point,
une formule nouvelle qui permet maintenant d'une façon claire de
procéder à ce que le vérificateur appelle l'état de
reddition de comptes, tel que requis. Je pense que c'est complètement...
J'ai des exemples de ces formulaires ici, si cela vous intéresse, si la
commission veut en avoir une copie, mais c'est une nouvelle formule qui est
très claire et très précise.
M. Morin: Oui, j'aimerais beaucoup que vous puissiez nous en
communiquer la preuve. J'imagine que le Vérificateur
général serait intéressé aussi à en prendre
connaissance.
M. Berthiaume: C'est fait mensuellement. M. Morin:
Mensuellement, maintenant?
M. Berthiaume: Nous pouvons vous donner l'exemple de Toronto.
M. Morin: Avez-vous un exemple européen aussi? J'aimerais
un bureau européen, par exemple.
M. Berthiaume: On peut en faire venir un. Vous l'aurez d'ici dix
minutes.
M. Morin: Bien. Dois-je comprendre, donc, que dans les trente
jours suivant la fin de l'année financière, la reddition de
comptes requise sera transmise?
M. Berthiaume: Oui, elle sera facilitée par cette nouvelle
formule.
M. Morin: Alors, c'est mensuellement que cela se fait?
M. Berthiaume: Oui.
M. Morin: Forcément, la reddition de comptes finale, en
quelque sorte, à la fin de l'exercice, va se trouver simplifiée
de beaucoup. Et vous appliquez ce système à toutes les
délégations et à tous les bureaux?
Le vérificateur nous disait déjà également
qu'il avait constaté que certains comptes de banque détenus par
les chèques de poste avaient été portés à
découvert sans l'assentiment des autorités du ministère.
Est-ce que vous pourriez nous expliquer les raisons qui avaient
été invoquées pour se porter à découvert de
la sorte et les remèdes que vous avez apportés à cette
situation?
M. Berthiaume: La raison principale de ces découverts
résulte dans le délai de remboursement des avances qui sont
faites à même ces fonds de roulement pour des dépenses
locales. Parfois il peut s'écouler plus d'un mois et même deux
mois avant que les services de comptabilité puissent effectuer toutes
les opérations requises permettant de renflouer ces petites caisses.
C'est là la raison principale des découverts. Il y a
certaines dépenses qu'on ne peut absolument pas différer, comme
le salaire des employés locaux, par exemple. On ne peut différer
ces dépenses de mois en mois. C'est ainsi qu'il arrive que certains
comptes de banque à l'étranger sont à découvert.
Celui de Paris l'a été d'une façon assez
systématique pendant une certaine période. Des remèdes ont
été apportés cependant et ces remèdes consistent en
une accélération des procédures de remboursement et en un
meilleur contrôle sur l'usage fait des fonds de roulement, de sorte qu'on
évite maintenant les découverts. Je ne m'aventurerai pas à
citer des statistiques précises, mais je n'ai pas vu de
découverts depuis plusieurs mois.
M. Morin: Vous avez fait un effort d'amélioration de cette
situation?
M. Berthiaume: Oui.
M. Morin: Je constate qu'à la page 4-13 du rapport
1973-74, on vous faisait, d'ailleurs, des recommandations très
précises. Nous croyons, dit le Vérificateur
général, que les méthodes et procédés
employés, tant pour la gestion des fonds à l'étranger que
pour les contrôles comptables à exercer au ministère,
pourraient être révisés et améliorés. Il
serait opportun qu'en plus des directives, des procédures très
précises et plus élaborées soient rédigées
et transmises au chef de poste.
Donc, je vois qu'en ce qui concerne tout d'abord la question que je
soulevais au début, celle des redditions de comptes, vous avez
amélioré les procédures. Pour les découverts,
est-ce que vous avez émis des directives ou simplement
amélioré votre façon d'effectuer les remboursements?
M. Berthiaume: Nous avons amélioré la façon
d'effectuer les remboursements de manière à éviter le
problème. Le problème ne se pose plus, mais il n'y a pas
maintenant de découvert possible sans autorisation de toute
façon.
Je peux peut-être ajouter que, pour aider davantage à
l'accélération des remboursements, nous avons
désigné un gestionnaire, à la direction des relations
internationales, qui a pour fonction exclusive maintenant de s'occuper des
questions administratives de ce genre à l'égard des bureaux
à l'étranger. Il y a également un fonctionnaire qui a
reçu pour tâche d'élaborer des directives ou des
procédures nouvelles pour améliorer justement le contrôle
de l'utilisation des fonds à l'étranger. Ce sont deux mesures
précises qui ont été prises à la suite de la
recommandation du Vérificateur général.
M. Morin: Bien. Sur ce point, est-ce que je pourrais demander
à ces messieurs du bureau du Vérificateur général
si, pour l'instant, ils sont satisfaits des explications qui viennent
d'être données?
M. Vien: Cela semble répondre aux recommandations qu'on a
faites ici, à ce qu'on nous dit. On n'a pas pu vérifier si c'est
suffisant comme procédure nouvelle et comme directive.
M. Morin: Vous allez avoir l'occasion de le faire sous peu,
j'imagine, et vous pourrez constater, dans vos prochains rapports, si oui ou
non cela répond à vos exigences.
M. Vien: Oui, on pourra le faire éventuellement.
M. Morin: Enfin, pour l'instant, cela semble, prima facie,
répondre à vos...
M. Vien: A nos remarques et à nos recommandations.
M. Morin: Bon. Vous aviez une autre recommandation à la
page 4-13 du même rapport dans laquelle vous faites allusion à la
diversité des opérations du ministère, plus
particulièrement à l'étranger, à l'importance de la
partie du budget de la coopération internationale affectée aux
dépenses de divers autres ministères.
En conséquence, vous estimiez opportun de désigner un
gestionnaire relevant de l'autorité supérieure du
ministère des Affaires intergouvernementales dont les principales
fonctions consisteraient à établir des directives touchant
à la définition des tâches administratives de chacun.
Est-ce que c'est le fonctionnaire dont vous me parliez il y a un instant, M. le
sous-ministre?
M. Berthiaume: Oui.
M. Morin: Bon, et qui a donc pour tâche de communiquer avec
les gestionnaires intéressés, de définir de meilleures
procédures, de donner de meilleures définitions de tâches.
Donc, vous avez tenté de répondre à cette première
recommandation tout aussi bien.
M. Berthiaume: Exactement.
M. Morin: Bon. Enfin, la troisième recommandation du
Vérificateur général nous dit qu'afin d'assurer un
meilleur contrôle des opérations et une meilleure administration,
on suggère au ministère des Affaires intergouvernementales la
création d'un service de vérification interne dont l'une des
tâches serait d'assister et d'aider les gestionnaires à atteindre
leurs objectifs. Est-ce que ce service de vérification interne a
été créé? Est-ce qu'il entre dans les intentions du
ministère de le créer? Sinon, qu'allez-vous faire pour donner
suite à cette recommandation du vérificateur?
M. Berthiaume: II n'y a pas eu de service de vérification
interne de créé. Cependant, je dois vous souligner que nous avons
procédé à une réorganisation interne de
manière à regrouper, au sein d'une direction
générale de l'administration et, à l'intérieur de
cette direction générale, de certains services, tous ceux qui ont
pour fonction de conseiller les gestionnaires en matière soit de
personnel pour les ressources humaines ou en matière financière
pour les ressources financières.
Est-ce que, après quelques mois d'expérience ou une
année d'expérience, on jugera que cette mesure n'est pas
suffisante et qu'il faut ajouter un service de vérification interne? Je
ne suis pas en mesure de répondre à cette question maintenant.
Nous préférons faire l'expérience de quelques mois avec
cette nouvelle organisation avant de créer un service nouveau. Nos
prévisions sont que cette réorganisation de l'administration au
sein du ministère sera suffisante et ne requerra pas un service nouveau.
C'est une prévision. Nous ne sommes pas fermés à
l'idée...
M. Morin: Est-ce que ce n'est pas, messieurs du bureau du
vérificateur, une de vos recommandations tout à fait
générales à l'ensemble des ministères, celle de se
doter d'un service de vérification interne?
M. Larose (Gérard): C'est certainement une des
recommandations majeures que nous faisons, celle que tous les ministères
se dotent d'un service de vérification interne, du moins tous les
ministères qui sont très importants sur le plan financier. Dans
le cas des ministères qui seraient moins importants sur le plan
financier et qui pourraient avoir comme réponse qu'un service
indépendant serait trop dispendieux, il serait peut-être possible
que le gouvernement, à l'intention de ces ministères, ait un
service de vérification interne centralisé qui pourrait offrir
ses services, à ce moment, aux ministères pour lesquels la
création d'un service indépendant serait moins justifiée
qu'ailleurs. La raison pour laquelle nous insistons sur la création d'un
service de vérification interne, c'est qu'un tel service n'est pas
impliqué directement dans le processus de décision du
ministère et qu'à ce moment, il peut porter des jugements
complètement indépendants, si un tel service relève de
l'autorité supérieure du ministère. C'est ce qui le rend
efficace et rend ses recommandations importantes. Si ce type de
vérification se fait à l'intérieur d'un service qui doit
en même temps prendre des décisions, nous croyons que son
efficacité est amoindrie.
M. Morin: Est-ce que vous estimez que la solution qui est
à l'essai au sein des Affaires intergouvernementales en ce moment
répond vraiment aux objectifs que vous auriez assignés à
un service de vérification interne structuré comme vous l'avez
recommandé?
M. Larose: J'aurais besoin de plus de précisions, mais
j'aurais un peu de doute d'après les explications qui ont
été fournies par M. Brière.
M. Morin: Peut-être pourriez-vous expliciter, M.
Brière, la façon dont vous pensez que le regroupement dont vous
avez parlé pourrait répondre aux objectifs du Vérificateur
général. Moi aussi, j'ai des doutes à première
vue.
M. Berthiaume: Nous estimons qu'en regroupant au sein de services
spécialisés, ce qui n'est pas le cas jusqu'à maintenant,
ce que nous appe-
Ions des directions, les gens qui ont pour fonction de conseiller les
gestionnaires en matière financière, ainsi, en créant,
comme nous l'avons fait, une direction des ressources financières, en
créant une direction des organisations et méthodes et en
procédant, donc, à ces regroupements en leur donnant pour
fonction de faire des recommandations sur les procédures et de
conseiller au jour le jour les gestionnaires sur la mise en application des
divers programmes dont ils ont la responsabilité, nous estimons que nous
enlevons de la matière à vérification, d'une certaine
façon, mais ce n'est pas une fonction de contrôle. Je comprends
que la vérification interne que vous avez à l'esprit, c'est une
fonction de contrôle a posteriori des actes posés. Nous estimons
que la création d'un service serait exagérée par rapport
aux besoins de vérification qui se posent dans un ministère comme
le nôtre, qui a un budget de $20 millions par année; ce serait
difficile à justifier. La solution que vous évoquiez tout
à l'heure, celle d'un service central qui pourrait donner le service aux
divers ministères de la taille du nôtre me plairait assez. Cela
nous est apparu un peu exagéré, compte tenu de la taille du
ministère et des besoins qu'on a constatés, du point de vue
interne, de créer un service nouveau de vérification.
Je dois ajouter, cependant, que nous avons présentement une
personne qui a des qualifications assez remarquables à cet égard
et à qui nous songeons à confier le rôle de
contrôleur interne. Ce ne serait pas un service, mais c'est quelqu'un qui
relèverait directement du sous-ministre et qui aurait une fonction
combinée. Ce n'est pas encore amorcé.
La personne est pressentie et les choses sont en train de s'organiser,
mais ce n'est pas la création d'un service. C'est une personne qui
relèverait directement du sous-ministre et qui aurait pour fonction de
faire des rapports, des constatations, des vérifications, en un sens,
sur la gestion quotidienne des fonds. Ce n'est pas un service.
M. Larose: Lorsqu'on parle d'un service, c'est le service
à rendre principalement. Si cela demande seulement une personne, il faut
qu'elle relève d'une autorité très élevée du
ministère. Il faut qu'elle ait une indépendance vis-à-vis
de l'ensemble des gestionnaires du ministère. Vous dites qu'une telle
personne relèverait, à ce moment, du sous-ministre. Très
bien! Je pense que ça va. Si elle fait, à la suite de cela, les
études de vérification interne à l'intérieur, ou si
elle fait une vérification concernant le fonctionnement de tous les
contrôles administratifs, financiers et autres et aussi des rapports
indépendants, je pense que cela répondrait à notre
voeu.
M. Morin: Vous pensez beaucoup plus en termes de fonction qu'en
termes de structure quand vous nous parlez d'un service de
vérification.
M. Larose: Dans ce cas en particulier, oui. M. Morin: Avec
un budget de cette taille, oui.
Est-ce qu'on peut tout simplement espérer que le ministère
va déployer des efforts dans ce sens? Je pense, M le Président
avec votre permission que nous pouvons attendre le prochain
rapport du vérificateur, alors qu'il aura été à
même de constater si les efforts du ministère ont porté
fruit et rencontrent les diverses recommandations qu'il a faites.
Je n'ai pas d'autre observation, en ce qui me concerne.
M. Larose: Ce sera plutôt le rapport de l'année
1975/76.
M. Morin: Oui, c'est à cela que je pensais, non pas le
rapport qui est, pour ainsi dire, terminé, à l'heure actuelle, et
qui doit paraître d'ici quelques semaines, mais le rapport de
l'année suivante.
M. Berthiaume: J'ai une formule européenne, M. le
Président.
M. Morin: Ah!
M. Berthiaume: M. le Président, compte tenu de la question
relative à la Commission du salaire minimum qui a été
posée tantôt par le député de Maisonneuve,
j'attendais, naturellement, qu'un fonctionnaire du ministère du Travail
et de la Main-d'oeuvre vienne nous donner les explications, en ce qui concerne
cette question quand même importante. Avec la permission de la
commission, je voudrais demander à M. Bergeron de nous fournir une
brève explication, pour ne pas retarder les autres travaux, mais, quand
même, pour le bénéfice des membres de la commission, afin
de savoir ce qui s'est passé dans cette histoire d'employés de la
commission travaillant au ministère.
M. Morin: M. le Président...
Le Président (M. Picard): II faudrait tenir compte du fait
que le leader de l'Opposition à l'Assemblée est absent...
M. Berthiaume: Oui, d'accord!
Le Président (M. Picard): ... peut-être lui
réserver le privilège de leur poser d'autres questions...
M. Berthiaume: Oui, je n'ai pas d'objection à ce qu'il
pose d'autres questions. Il y a aussi les autres membres de la commission qui
peuvent être intéressés, puisqu'on a laissé
sous-entendre des cachotteries.
M. Morin: Est-ce qu'il y aurait moyen, M. le Président,
étant donné que c'est un dossier que je connais beaucoup moins
bien, de remettre cet exposé de quelques minutes et de faire
prévenir le leader de l'Opposition en Chambre qu'on va revenir sur le
dossier. Je souhaiterais, personnellement, sa présence ici...
M. Berthiaume: Moi aussi.
M. Morin: ... parce qu'il connaît le dossier, alors que,
pour ma part, ce n'est pas l'un de ceux qui sont confiés à ma
responsabilité. Peut-être pourrait-on remettre cela d'une
demi-heure et, entre temps, s'assurer de la présence du leader...
M. Berthiaume: Parfaitement d'accord!
M. Morin: ... du député de Maisonneuve,
j'entends.
Le Président (M. Picard): Tout le monde est d'accord?
Nous allons continuer avec l'étude du ministère du Conseil
exécutif-OPDQ.
M. Morin: Du conseil exécutif, c'est ça! Puis-je
commencer, M. le Président?
Le Président (M. Picard): Oui, M. le chef de l'Opposition
officielle.
Conseil exécutif-OPDQ
M. Morin: Pour ce qui est du Conseil exécutif, et, en
particulier, de l'Office de planification et de développement du
Québec, j'aurais quelques observations et quelques questions à
poser au ministre.
On sait, M. le Président, que le gouvernement
fédéral avance des montants chaque année à l'OPDQ
pour couvrir les frais à venir, les frais à encourir sur divers
projets d'investissement découlant de ce qu'on appelle sans doute un peu
pompeusement la planification économique et régionale et
découlant des ententes ARDA, des ententes sur les zones spéciales
ou de l'ODEQ.
Il semble que, de plus en plus, on ait tendance à comptabiliser
ces avances comme étant des revenus alors que ce sont des contributions
en déduction des dépenses. Selon le Vérificateur
général, on ne s'assure même pas au préalable
qu'elles seront toutes versées au maître d'oeuvre au cours de la
période où elles ont été encaissées.
C'est déjà une première question que j'aimerais
soulever. Comment le Conseil exécutif et l'OPDQ ont-ils l'intention de
répondre à cette observation du Vérificateur
général?
De surcroît, le Vérificateur général nous
apprend, à la page 4-62 de son dernier rapport, je crois, que les
directives du Conseil du trésor, plus particulièrement à
la minute 55033, ne sont pas suivies dans la façon de comptabiliser les
contributions fédérales.
Cette directive prévoit que ces contributions doivent être
comptabilisées sur une base d'exercice. Si j'ai bien compris, on veut
dire par là sur une base d'exercice et non pas sur une base de
caisse.
J'imagine que cela signifie également qu'on établit les
comptes à recevoir sur la base des réclamations émises
plutôt que de comptabiliser tout de suite la contribution
fédérale, même si elle n'a pas encore été
réclamée.
J'espère que j'ai bien compris l'exposé passablement
technique du Vérificateur général.
Alors, la question que je me pose est la suivante: Quelles
décisions ont été prises à la suite de ces
observations? Selon ce que nous apprend le Vérificateur
général, il semble que le contrôleur des finances
n'était pas d'accord avec l'opinion du Vérificateur
général.
J'aimerais savoir s'il a l'intention de se ranger désormais
à l'avis du Vérificateur général.
M. Berthiaume: Le chef de l'Opposition s'adressait-il à
moi ou au Vérificateur général? Je croyais qu'il posait
des questions au Vérificateur général.
M. Morin: Oh non! C'est à vous que les questions sont
adressées. Le Vérificateur général a dit ce qu'il
avait à dire.
M. Berthiaume: Je vais être obligé de m'excuser
auprès du député de Sauvé parce que je n'ai pas
compris la question. J'ai compris le début, mais les dernières
minutes, j'étais...
M. Morin: D'accord.
Le Président (M. Picard): La question s'adresse alors au
contrôleur des finances.
M. Morin: C'est-à-dire que je ne serais pas surpris que le
contrôleur des finances veuille intervenir dans le débat, mais la
question s'adressait...
M. Berthiaume: Je pense qu'il n'a pas compris lui non plus, parce
que j'étais en train de lui parler. Ah! Vous l'avez compris?
M. Morin: Je vais le répéter pour le
bénéfice du ministre.
M. Berthiaume: Je pense que j'ai compris l'essentiel de la
question.
M. Morin: Oui? D'ailleurs, le rapport du Vérificateur
général, que je n'ai fait que paraphraser et compléter
pour être bien sûr que je l'ai compris, est très clair.
M. Berthiaume: J'ai compris cette partie. C'est la question comme
telle.
M. Morin: Je demandais quelle décision vous aviez prise
pour répondre à ces observations.
M. Berthiaume: Le plan comptable qui a été
édicté en 1971 est un document pas tellement
élaboré. Alors, en cours d'application, certaines dispositions se
sont répétées très difficiles d'application.
Certaines, entre autres, venaient nettement à rencontre de la loi.
Alors...
M. Morin: Vous parlez de la directive du conseil...
M. Berthiaume: Le CT 55033.
M. Morin: Le CT 55033.
M. Berthiaume: Oui. Certaines, dont, entre autres, la
création des comptes à payer, l'imputation des dépenses en
fin d'année, étant donné que la loi nous permet 30 jours
pour payer une dépense après la fin de l'année et
l'imputer à l'année écoulée. Si une facture, un
compte nous parvient après cette date, on ne peut l'imputer à
l'année écoulée sans venir à rencontre de la
loi.
Alors, même si le CT disait cela, on ne pouvait pas l'appliquer de
façon exhaustive. Alors, on a été obligé encore
d'interpréter ce CT. Quand il s'agit de l'OPDQ, des ententes dont vous
avez fait état tout à l'heure, c'est la même chose. On ne
peut absolument pas aller sur une base courue, exhaustive, parce que, à
un moment donné, même dans le cadre de ces ententes, s'il y a des
factures qui ne nous sont pas parvenues, ce n'est pas possible de le faire.
Alors, nous avons interprété ce qu'on croyait être l'esprit
du plan comptable qui a été édicté par le Conseil
du trésor et nous le donnons dans notre exposé sur le plan
comptable, depuis quelques années.
Cependant, je comprends que ceci ne satisfait pas pleinement le
Vérificateur général. Je le comprends. Nous avons
procédé à l'élaboration d'une directive qui
viendrait modifier celle-ci, laquelle directive aurait pour objet de
préciser davantage le plan comptable de 1971 et, ce point qui devient
très difficile d'application va être corrigé dans ce sens.
On demande au Conseil du trésor, à toutes fins pratiques: nous
avons interprété le plan comptable de 1971, sur ce point
particulier, de telle façon, est-ce vraiment ce que vous vouliez nous
dire, nous communiquer dans le plan comptable que vous nous avez donné
en février 1971?
Ce document, a été préparé, il est rendu au
Conseil du trésor, nous en avons fait parvenir une copie d'ailleurs
à M. Larose, le Vérificateur général. L'application
que nous en faisons à l'heure actuelle, c'est celle que l'on retrouve
dans l'exposé sur le plan comptable, à la page 13 des comptes
publics de l'année 1973/74. On comprend que cela ne correspond pas
à la lettre du CT-55033, mais je pense que c'est vraiment difficile, le
CT est quasi inapplicable à la lettre actuellement.
On est en voie de le corriger, on a vécu avec lui pendant
quelques années, mais on s'est rendu compte dès les
débuts, que sur ce plan, cela créait des difficultés
énormes. Même avec l'application que nous en faisons à
l'heure actuelle, cela nous crée de nombreux problèmes
étant donné qu'il y a, d'une part, le Conseil exécutif qui
est impliqué, il y a les ministères maîtres d'oeuvre qui le
sont par ailleurs. Alors, avant que tout soit concilié, ceci a pour
implication, entre autres, de nous retarder considérablement. S'il
fallait aller encore plus loin, être beaucoup plus sophistiqué,
cela nous retarderait encore davantage et on en sortirait, je ne sais trop
quand.
C'est l'essentiel, en fait, du problème qui se pose. Ceci
n'empêche pas, cependant, de suivre de façon très
précise, de très près, chacune des réclamations,
chacun des comptes. Nous savons, parce que nous nous y intéressons
beaucoup, que cette question est suivie de très près. Cela ne
retarde pas l'entrée des comptes, cela ne retarde pas
l'établissement des réclamations. Tout est fait dans l'ordre.
C'est seulement la question je m'excuse d'utiliser un terme anglais
du "cutoff" de fin d'année qu'on arrive difficilement à
faire sur une base courue exhaustive.
M. Morin: Je pense qu'il faut que je me tourne vers le
Vérificateur général pour lui demander si, à son
avis, il suffit de modifier le plan comptable, le CT-55033, dans le sens
indiqué, pour que la lettre soit conforme à l'esprit ou si ses
observations, dans son rapport, allaient plus loin que cela. Est-ce que votre
critique consiste à dire: On devrait appliquer le plan comptable parce
que le plan comptable est bien fait; ou bien, si votre critique se limite
à dire: Si on ne peut pas appliquer le plan comptable, qu'on le
modifie.
Je ne sais pas si vous comprenez le sens de ma question. Autrement dit,
est-ce que vous préférez qu'on s'en tienne au plan comptable, ou
bien si vous pensez que les modifications envisagées répondraient
à votre critique?
M. Larose: Premièrement, je pense bien qu'il faut dire que
le document actuel qui a force pour engager, c'est vraiment le CT
lui-même qui est passé, puisque l'exposé sur le plan
comptable n'a pas de force en tant que tel.
Il vient préciser cela mais sans avoir été jamais
sanctionné par une autorité, soit l'autorité du Conseil du
trésor ou du conseil des ministres, mais c'est le Conseil du
trésor qui a l'autorité dans ce cas. Cette société
existe depuis 1971; par conséquent, on dit, à son article 5: Les
dépenses, de même que les contributions, les remboursements et les
imputations dans le cas qui nous occupe, c'est une contribution
seront comptabilisés sur la base d'exercice. C'est ce que dit le CT. A
la première partie, il me semble qu'on pourrait l'amender, si cela ne
satisfait pas...
M. Morin: Les exigences.
M. Larose: ... les exigences actuelles. On pourrait
immédiatement l'amender ou, depuis 1971, on aurait pu l'amender.
Deuxièmement, le fond de notre pensée...
M. Morin: C'est ce que je veux.
M. Larose: ... c'est que, lorsqu'il s'agit d'une contribution
à des dépenses qui sont faites par le gouvernement, on pense que,
peu importe la méthode, dès que la dépense est faite ou
que la créance à l'endroit du gouvernement existe, elle devrait
être enregistrée aux livres.
M. Morin: Elle devrait être comptabilisée.
M. Larose: Elle devrait être comptabilisée. Cela,
pour nous, c'est indépendant de la méthode
de l'un ou de l'autre. Si le gouvernement a déboursé de
l'argent ou a inscrit un compte à payer pour une dépense
donnée et qu'il y a une partie de cette dépense qui est
remboursable, c'est à partir de ce déboursé ou de cette
dépense inscrite qu'on devrait établir nos réclamations
à l'endroit de l'autre niveau de gouvernement.
M. Morin: Même si la réclamation n'a pas encore
été farte.
M. Larose: Même si la réclamation n'a pas
été faite, les livres devraient indiquer qu'il y a une somme
réclamable à l'autre niveau.
M. Morin: Autrement dit, vos observations vont plus loin que le
simple plan comptable.
M. Larose: La comptabilité d'exercice correspond à
cette idée. Mais si on était sur la comptabilité de
caisse, on pourrait quand même l'appliquer.
M. Berthiaume: Ceci nous obligerait à faire des
estimations de réclamation, parce qu'on ne connaîtrait pas... il
n'y aurait eu aucune vérification de faite. Il y a des parties qu'on
peut réclamer, d'autres montants qu'on ne peut pas réclamer. Il y
a toute une vérification laborieuse à faire, qui doit être
faite avant d'établir et de déterminer le montant précis.
Or, le montant précis, on ne le connaît pas. Nous avons comme
politique de ne pas...
M. Morin: Vous voulez dire qu'il y a des choses qui sont
remboursables et qu'il y en a d'autres qui ne sont pas remboursables, il faut
trier tout ça.
M. Berthiaume: C'est ça, il faut trier tout ça. On
a comme politique de comptabiliser des montants précis, des choses que
l'on connaît, que l'on peut rapprocher avec un document de base.
Autrement, je trouve qu'on jouerait un jeu très dangereux. Cela
ouvrirait la porte, à mon sens, à de la manipulation, si on
pouvait gonfler des réclamations et qu'après cela, elles
étaient plus basses. Qu'est-ce qu'on pourrait y faire, cela aurait
été une estimation. On ne pourrait pas viser à peu
près personne, les contreparties également. A certains
égards, ça nous est impossible parce qu'on vient à un
moment donné à l'encontre de la loi. Le CT-55033 dit: Base courue
pour les comptes à payer et également pour les dépenses.
Je fais suite à ce que M. Larose a dit tout à l'heure, il est
dit: Base courue pour les comptes à payer, comme je le disais tout
à l'heure, mais ceci vient nettement à l'encontre de la Loi de
l'administration financière. Alors, est-ce qu'on doit respecter le CT ou
est-ce qu'on doit respecter la loi? A notre point de vue, une directive du
Conseil du trésor ne vient pas modifier une loi. La loi a
priorité.
M. Morin: C'est juste. Je pense que, là-dessus, vous
n'avez pas tort, mais il est étonnant que ce CT qui remonte à
1971 n'ait pas été aligné sur la loi depuis le temps qu'il
vous cause des problèmes.
M. Berthiaume: Disons qu'il y a peut-être des termes
là-dedans et il aurait fallu dire: base courue mitigée. On a
vécu avec le CT pendant un certain temps, on se rend compte de ses
faiblesses, de ses côtés forts comme de ses côtés
faibles. On en a parlé, on en a discuté et on en est même
arrivé à un plan qui est rédigé à l'heure
actuelle. Nous avons quelques modifications à y apporter encore, compte
tenu de certaines décisions qui ont été prises et qui
donnaient suite d'ailleurs à des recommandations du Vérificateur
général. Je voudrais incidemment en citer une qui est très
importante, c'est celle concernant la comptabilisation des engagements du
gouvernement à l'égard des régimes de retraite.
Depuis qu'on a soumis ce document au Conseil du trésor, il y a eu
cette modification. A nouveau, nous devrons le modifier pour tenir compte de
cette décision récente qui a été prise par les
autorités gouvernementales.
M. Morin: Vous avez communiqué m'avez-vous dit tout
à l'heure, si j'ai bien compris le contenu des modifications, que
vous aimeriez voir intervenir au CT, au Vérificateur
général.
M. Berthiaume: C'est exact. Elles ont été
transmises par le contrôleur des finances lui-même.
M. Morin: Est-ce que je pourrais maintenant me tourner vers ces
messieurs du bureau du vérificateur pour leur demander quelle est leur
réaction à cette explication selon laquelle il serait dangereux
de procéder de la façon dont on le suggère et qu'est-ce
que vous pensez des modifications qui sont suggérées au plan
comptable?
M. Larose: Nous avons reçu ce projet de modification en
septembre, si ma mémoire est bonne. Il a été
déposé au Conseil du trésor pour étude et,
normalement, le Conseil du trésor doit nous demander notre avis, s'il le
juge à propos, sur les modifications proposées par le
contrôleur des finances.
Nous avons commencé à l'examiner en attendant que le
Conseil du trésor nous pose la question, mais la question ne nous est
pas encore venue du Conseil du trésor, à savoir si le conseil
lui-même a l'intention de modifier et de donner suite. Nous avons
commencé à l'étudier, mais nous n'avons pas d'avis ferme
à formuler encore sur les recommandations formulées par le
contrôleur des finances là-dessus.
L'autre partie, quant à savoir s'il y a un élément
de risque à établir à la formule que nous proposons, elle
peut comporter certainement un élément d'estimation, à
savoir si...
M. Morin: Des montants.
M. Larose: ... telle dépense est admissible ou telle ou
telle autre dépense est admissible ou non. Il reste quand même
que, dans l'interprétation de l'application d'une entente entre les deux
gouver-
nements, il va falloir à un moment donné qu'on porte un
jugement sur la dépense et dire si on la réclame ou si on ne la
réclame pas.
Par conséquent, qu'on porte le jugement à une date ou
à une autre, il s'agit de se dire à ce moment-là: II faut
porter le jugement et le porter, ce jugement, sur la dépense.
En résumé, il nous paraîtrait assez difficile
d'admettre que, lorsque l'on fait un déboursé et que ce
déboursé est sujet ou peut être interprété
comme étant couvert par une entente, on ne donne pas suite
immédiatement aux dispositions de l'entente, par rapport à ce
déboursé.
En fait, si on fait un déboursé qui nous donne droit
à une réclamation, il me semble qu'on devrait viser le plus
possible à dire que si on a fait un déboursé nous donnant
droit à une réclamation, que la réclamation soit
enregistrée immédiatement, dès que le
déboursé est fait ou dans les jours qui suivent le
déboursé, dans la période qui suit de près le
déboursé.
M. Morin: Je ne suis pas en mesure de dire si vous avez raison de
nous dire que cela prend un certain temps pour arriver à trier ce qui
est remboursable, du moins ce qui est sujet à remboursement
fédéral et ce qui ne l'est pas.
Pourriez-vous nous expliquer le mécanisme et nous dire pourquoi
cela prend tellement de temps?
M. Berthiaume: J'ai des gens ici qui sont plus familiers que moi
avec ce sujet. Je pense que M. Fortin, entre autres, pourrait être en
mesure de répondre à une telle question.
L'OPDQ est tributaire des ministères maîtres d'oeuvre pour
procéder aux réclamations. Depuis 1971, il existe un
système que nous appelons le système des imputations par lequel
des ministères maîtres d'oeuvre effectuent les dépenses,
les déboursés et le remboursement se fait par mode d'imputation
à ces ministères maîtres d'oeuvre au fur et à mesure
qu'ils nous produisent leurs factures.
Au départ, le temps d'obtenir les factures des ministères,
cela prend un certain temps. On procède par période. Au
début, on procédait à des remboursements aux
ministères à tous les trois mois. Les chiffres qui étaient
obtenus à ce moment-là pouvaient permettre de présenter
des réclamations, suivant les déboursés, mais non
vérifiés à ce moment-là.
Tout de même, cela nous permettait de procéder à des
réclamations qu'on appelle provisoires.
M. Morin: Auprès du gouvernement
fédéral?
M. Berthiaume: Auprès du gouvernement
fédéral. En général, les réclamations
peuvent être faites, dépendant des ententes, à
différents rythmes. Comme dans le cas de l'Est du Québec, il
pouvait y avoir environ deux ou trois réclamations en bloc par
année, plus des réclamations intérimaires pour certains
projets dont les montants étaient plus élevés.
Dans le cas des zones spéciales, le rythme est plus
fréquent. En général, les réclamations se font
d'abord sur des bases de montants de dépenses estimées qui nous
sont fournis par les responsables de projets. Lorsque les dépenses
véritables, réelles sont connues, à la suite des
vérifications, on procède à des réclamations qu'on
appelle finales ou dites vérifiées.
Comme vous pouvez voir, en particulier avec les ministères pour
lesquels on doit obtenir des renseignements ou des données, si on a des
données par période de trois mois, cela explique un peu pourquoi
on ne fait pas les réclamations au fur et à mesure.
M. Morin: Pour être sûr que je vous comprends bien,
une réclamation, à partir du moment où elle est
formulée par un ministère, au moment où elle vous parvient
et où vous avez réussi à trier ce qui peut faire l'objet
d'un remboursement et ce qui ne peut pas faire l'objet d'un remboursement, cela
peut couvrir combien de temps, à peu près? Est-ce que cela va
être deux mois, trois mois?
M. Berthiaume: Trois mois ou quatre mois, dépendant de ce
qui est dans les ententes particulières.
M. Morin: Jusqu'à quatre mois?
M. Berthiaume: Jusqu'à quatre mois, 120 jours ou 90 jours
dans certains cas.
M. Morin: C'est incompressible?
M. Berthiaume: Entre-temps, nous procédons quand
même, mais c'est un délai maximal.
M. Morin: Des réclamations.
M. Berthiaume: II peut arriver que le délai soit
même insuffisant, dans certains cas, pour certains projets particuliers;
mais, en général, cela se fait à l'intérieur des
périodes de 90 jours ou de 120 jours mentionnées dans les
ententes respectives.
M. Morin: Dans la majorité des cas?
M. Berthiaume: Oui. Vous avez posé une question. Je dois
préciser que des réclamations sont préparées par
l'OPDQ. Les ministères nous donnent leurs chiffres, leurs données
de dépenses et c'est le service des finances de l'OPDQ qui est
chargé de préparer des réclamations.
M. Morin: Qui centralise toutes les réclamations...
M. Berthiaume: Oui.
M. Morin: ... et les fait parvenir au gouvernement
fédéral.
M. Berthiaume: Oui. Dans les ententes,
l'OPDQ est le canal unique de réception des fonds. C'est l'office
qui réclame également.
M. Morin: Compte tenu de ces explications, comment
réagissez-vous?
M. Larose: Quant à nous, nous maintenons notre
recommandation selon laquelle... D'abord, il faut distinguer la question des
réclamations des sommes que le gouvernement va donner, des
réclamations elles-mêmes qui sont produites. Je pense que le
gouvernement fédéral va contribuer aux réclamations
elles-mêmes. Que la réclamation soit faite à tous les trois
mois, à ce moment, en vertu de l'entente ou en vertu d'une
procédure établie, je pense que nous n'avons pas aucune objection
à cela, mais que les livres du gouvernement ou que le système
comptable ou que le système de comptabilité reflète tout
l'ensemble des montants, à la fois ceux qui sont réclamés
et non payés et ceux que l'on peut réclamer, mais qui ne sont pas
encore réclamés, nous calculons que les livres devraient
refléter ces deux montants et que, pour tous les
déboursés, qui ont été faits où il y a une
créance qui s'établit à l'égard du gouvernement
fédéral, la créance soit établie au moment
où le déboursé est fait ou dans les jours qui suivent.
M. Morin: Si je comprends bien, la difficulté ne porte pas
sur les montants qui ont été réclamés. Eux, ils
sont comptabilisés. Il n'y a pas de problème. La
difficulté porte sur les montants qui n'ont pas encore été
réclamés, mais pour lesquels vous avez reçu des
explications des divers ministères maîtres d'oeuvre. C'est bien
là-dessus? C'est là que le bât blesse, en quelque
sorte.
On nous répond que cela prend un certain temps, qu'on ne peut pas
y aller au jugé ou que cela serait dangereux, avant d'avoir trié
ce qui est réclamable de ce qui ne l'est pas, d'évaluer la
réclamation avant de l'avoir émise. C'est bien cela que vous nous
avez dit? J'essaie de trouver un rapprochement entre ces deux points de vue
pour voir s'il y a moyen de trouver un terrain d'entente pour que vous puissiez
faire votre métier proprement et pour qu'ils ne soient pas
affrontés à des difficultés insurmontables.
M. Larose: J'aimerais ajouter, évidemment, que, si ce
qu'on propose était suivi, nous aurions un bien meilleur contrôle
sur les réclamations qui sont faites au niveau du gouvernement d'Ottawa.
Nous serions beaucoup plus en mesure de nous assurer que tous les montants
auxquels nous avions droit ont réellement été
réclamés, parce que cela ferait partie systématiquement ou
cela ferait partie d'un système qui prévoit la réclamation
de tous les montants qui nous sont dus. Cela serait intégré au
système de comptabilité, ce qui n'est pas le cas à l'heure
actuelle.
M. Morin: Autrement dit, c'est que vous devriez être aptes
à vérifier cela aussi, puisque cela entre dans la
comptabilité québécoise.
M. Larose: Oui, parce que c'est notre tâche aussi de
vérifier à la fois les revenus, les contributions aussi bien que
les dépenses. Maintenant, nous comprenons que, lorsqu'un
ministère est maître d'oeuvre, la comptabilisation de la somme
totale récupérable du gouvernement devrait se faire au niveau du
ministère, au départ, là où la dépense se
fait.
M. Morin: Attendez. Une seconde, M. le vérificateur. Je
veux bien vous comprendre. Ce que vous nous dites, c'est que
l'évaluation de ce qui est remboursable et de ce qui ne l'est pas
devrait se faire par le ministère maître d'oeuvre.
M. Larose: Oui, au moment où le ministère fait le
déboursé et qu'il connaît la partie remboursable. Il sait
qu'il a droit d'en réclamer 50%, pour placer des pourcentages, s'il fait
tel déboursé; il sait qu'en vertu des droits d'entente, il a
droit d'en réclamer 50%. Il pourrait immédiatement inscrire comme
remboursable cette partie de 50%, quitte à l'OPDQ de faire ses
réclamations d'après les renseignements fournis par le
ministère deux ou trois mois par la suite, si c'est
préférable de ne les faire qu'à période.
M. Morin: Maintenant, est-ce qu'ils ne le font pas
déjà ou si, à l'heure actuelle, c'est seulement l'OPDQ qui
est chargé et, de fait, effectue l'évaluation de ce qui est
remboursable?
M. Berthiaume: M. le Président, j'aimerais
préciser. Parce que j'ai eu l'impression, tantôt, que le chef de
l'Opposition arrivait justement au fond du problème, si je l'ai bien
compris. J'aimerais aussi donner mon interprétation du fond du
problème qui est en discussion. Il s'agit de savoir si on va
comptabiliser sur des choses qui sont connues ou sur des choses qui sont
estimées. Quand on parle d'estimation, encore là, il faut
distinguer entre les degrés de précision dans les estimations. Il
y a des choses qu'on peut estimer d'une façon très précise
et il y a d'autres choses qu'on peut estimer d'une façon très
imprécise. Les remarques de M. Breton, contrôleur adjoint des
finances, tantôt étaient bien pertinentes quand il a dit que cela
pourra être sujet à tripotage si les estimations sont
imprécises. C'est là le fond de la question. Lorsque nous pouvons
estimer d'une façon très précise, on consent à le
faire, mais, lorsqu'on sent que l'estimation va être plutôt vague
et qu'elle est sujette à interprétation, à ce moment, on
dit que c'est dangereux de l'inscrire comme telle. C'est là le fond du
problème, à savoir si on fait ce qui est connu, par une
manière ou par une autre, mais précisément connu.
M. Morin: Quoique la distinction entre ce qui est connu et ce qui
est estimé peut être bien mince dans certains cas. Si le
ministère sait à quoi il a droit, en vertu de l'entente, comme le
vérificateur vient de nous faire observer...
M. Berthiaume: Là-dessus, si le ministère soutient
qu'à ce moment, il ne le sait pas d'une façon précise. Ce
serait du fait-à-l'oeil.
M. Morin: Une petite question pour que je comprenne bien le
processus, le mécanisme. Quand le ministère maître d'oeuvre
vous envoie l'état de ses dépenses en vertu d'un programme,
est-ce qu'il vous indique, comme le suggérait le vérificateur il
y a un instant, ce à quoi il estime avoir droit comme remboursement en
vertu des ententes; ou bien si c'est l'OPDQ qui évalue cela?
M. Berthiaume: Ce que le ministère nous envoie, ce sont
des chiffres de dépenses qu'il a comptabilisés à tel
projet, pour chacun des projets. Mais le ministère ne nous indique pas
le montant à réclamer.
M. Morin: Est-ce qu'il a les moyens de savoir les montants qui
peuvent faire l'objet de la subvention fédérale?
M. Berthiaume: Oui, parce qu'il a en main... M. Morin:
L'entente?
M. Berthiaume: ... l'entente, les projets impliqués avec
le budget qui a été accordé et le montant qu'il peut
dépenser.
M. Morin: Est-ce que cela simplifierait votre procédure,
est-ce que cela pourrait accélérer votre procédure que le
ministère maître d'oeuvre vous indique, puisqu'il a, comme vous
dites, l'entente et les divers projets en main, le montant auquel il estime
avoir droit à titre de contribution fédérale? Est-ce que
cela vous aiderait? Est-ce que votre rôle, dans ce cas, ne serait plus
qu'un rôle de contrôle de ce qu'a fait le ministère
maître d'oeuvre?
M. Berthiaume: Cela n'aiderait pas, parce que les taux de partage
sont établis d'avance. Que le ministère nous fasse
connaître sa dépense réelle, comptabilisée dans les
livres, ou les estimations de dépenses encourues jusqu'à ce jour,
comptabilisées et non comptabilisées, mais les estimations,
l'OPDQ peut procéder, à condition que le ministère
certifie que les dépenses il doit le faire dans ses rapports
encourues l'ont été pour le projet en cause et que ce
montant comprend toutes les dépenses ou tous les déboursés
effectués jusqu'à ce jour.
M. Larose: Si vous me permettez. Je pense que l'OPDQ rembourse
les ministères maîtres d'oeuvre pour des déboursés
qui ont été faits par les ministères. Même au moment
où il rembourse les ministères, comme il ne fait pas la
réclamation immédiatement, évidemment, l'inscription de la
somme à recevoir d'Ottawa se fera seulement au moment où la
réclamation sera produite par Ottawa. Mais l'OPDQ lui-même aura
déjà remboursé les ministères...
M. Morin:... vous voulez dire auprès d'Ottawa. M.
Larose: Oui.
M. Morin: Oui. Je m'excuse de vous avoir interrompu.
M. Larose: L'OPDQ rembourse les ministères et, à ce
moment, n'inscrit pas nécessairement son compte à recevoir. Il
l'inscrit au moment de la réclamation, plus tard, alors qu'une
vérification a déjà été faite au niveau de
l'OPDQ.
M. Morin: Est-ce que ce serait impossible que vous inscriviez le
montant au moment où vous l'avez estimé, au moment où, si
j'ai bien compris, vous remboursez le ministère, plutôt que
d'attendre, comme vous semblez le faire, que la réclamation ait
effectivement été produite?
M. Berthiaume: Conformément au plan comptable, nous
l'inscrivons au moment où la réclamation est faite. C'est une
facture, en fait. Je dis qu'un compte à recevoir provient d'une facture,
comme dans toute entreprise.
Ce qu'il faut souligner aussi, c'est que la procédure qu'on
pourrait établir à l'OPDQ, il faudrait qu'elle soit
générale pour l'ensemble des contributions
fédérales.
On a parlé du même genre de question lorsque nous avons
discuté des commentaires du Vérificateur général
sur le ministère de l'Immigration. Il a été question,
à ce moment, de $900,000 qui n'étaient pas comptabilisés.
C'est le même genre de problème. Il y a d'autres ententes pour
l'Education et différentes choses. Forcément, il faudrait que la
procédure soit semblable partout. Il y a des choses qui pourraient, dans
certaines ententes, être plus faciles que dans d'autres. Mais, de toute
façon, au point de vue de l'uniformité, il faudrait qu'on
s'entende pour faire la même chose partout.
M. Morin: M. Breton aurait quelque chose à ajouter...
M. Berthiaume: II est peut-être facile, par exemple, dans
une entente au point de vue de la construction de routes, de décortiquer
ce qui est à rembourser et ce qui ne l'est pas que dans une entente
comme celle avec le ministère de l'Immigration dont on parlait la
dernière fois. Mais, à tout événement, nous croyons
que la procédure doit être uniforme pour bien refléter la
réalité.
M. Morin: M. Breton?
M. Berthiaume: M. le Président, je pense que cela
répondrait un peu à la question du député de
Sauvé. Dans le cadre de l'OPDQ, ce serait peut-être plus facile
qu'ailleurs. Il y a peut-être certaines ententes où c'est plus
facile, mais, pour certaines autres, c'est beaucoup plus difficile. Alors, il
nous a fallu en arriver, à moyen terme, à des modalités
d'application qui étaient uniformes, comme vient de le dire M.
Berthiaume, d'un ministère à l'autre. On n'a cependant pas
objection à essayer de trouver un terrain d'entente possible.
On pourrait en discuter avec le Vérificateur
général pour essayer de trouver quelque chose de
plus potable, mais on voudrait en arriver, autant que possible, à
une mesure, à des modalités d'application qui seraient uniformes
pour l'ensemble des ministères, et qui n'arriveraient pas à des
estimations de réclamation, des estimations pures et simples, qui ne
seraient pas basées sur des documents, par un simple calcul sur le coin
d'une feuille et déterminer quel montant il faut inscrire à
l'égard de tel projet, telle entente parce qu'à ce moment, comme
le disait M. Berthiaume tout à l'heure, on s'expose vraiment à,
possiblement à tripotage.
M. Morin: Ecoutez. Je n'ai pas l'impression qu'on peut
régler un litige aussi technique et aussi difficile ici en commission
parlementaire. Il me reste à souhaiter, comme je l'ai fait à
l'occasion d'un autre point, il y a quelques semaines, que vous puissiez vous
mettre d'accord avec le Vérificateur général.
Je pense que si vous avez des rencontres et que vous débattez la
question entre vous, vous trouverez peut-être une possibilité.
Peut-être accepterez-vous la modification du plan comptable, d'ailleurs?
C'est possible.
Alors, on pourrait peut-être revenir sur cette question lors de
votre rapport de l'année prochaine. M. Breton.
M. Berthiaume: Tout ce que j'aurais aimé rajouter à
ceci est que si nous l'avons interprété ainsi, c'est que
personnellement, pour avoir assisté à toutes les discussions
concernant l'étude du plan comptable qui a été
édicté en 1971, je crois que nous avons interprété
en fonction de la philosophie qui a prévalu lors de l'étude du
plan comptable. C'est assez subtil, je suis d'accord.
M. Morin: Oui. C'est un exercice périlleux aussi.
M. Berthiaume: Je comprends, oui. Cela n'a pas été
exprimé de façon claire et précise dans le document, mais
en fait, il y a une certaine philosophie qui se dégage de cela et quand
on la met à l'épreuve, avec toutes les décisions qui ont
été rendues dans ce plan comptable, cette philosophie ressort de
façon très claire et elle passe à travers toutes les
recommandations qui ont été faites à ce moment.
M. Morin: Pourrais-je demander au Vérificateur
général, lorsqu'il reviendra sur ce problème, dans son
prochain rapport, d'être très explicite et de nous donner son
opinion complète, fouillée sur la question, après les
débats et les discussions que, présumément, il aura eus
avec les intéressés de façon qu'on puisse,
peut-être, vider la question une bonne fois pour toutes?
M. Larose: Je vais le prendre en note. Je vais travailler dans ce
sens. J'ajouterai tout simplement, vis-à-vis de la question que M.
Breton vient de souligner, ceci: Pour un Vérificateur
général, pour vérifier, il faut vérifier en
fonction de données assez précises. On ne peut vérifier en
fonction d'une philosophie.
Quant à ce que vous me dites, pour exposer de façon plus
précise la question après consultations avec le contrôleur
des finances, il est certain qu'on le fera.
M. Morin: Et des suggestions vraiment concrètes, soit sur
la modification du plan comptable, soit sur toute autre façon de
procéder qui vous paraîtrait satisfaire aux exigences de la
vérification.
C'était le point majeur, je pense, concernant le Conseil
exécutif. Je ne prétends pas avoir couvert tous les points qui
sont soulevés dans le rapport du Vérificateur
général, mais si on réglait celui-là,
déjà cela serait considérable au cours de l'année
qui vient.
On peut peut-être passer au ministère des Finances.
Le Président (M. Picard): Merci, messieurs. Les trois
derniers rapports du Vérificateur général concernant le
ministère des Finances.
M. Morin: Si d'ici une demi-heure il trouvait un dix minutes pour
venir entendre les explications qu'on nous propose. Peut-on
procéder?
M. Berthiaume: Un instant. M. Morin: M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Le chef de l'Opposition.
M. Morin: J'aimerais demander au Vérificateur
général s'il serait disponible à quatre heures cet
après-midi, après la période des questions. Je viens
d'apprendre que le ministre doit nous quitter à midi alors que je
pensais avoir jusqu'à une heure pour finir l'étude, non seulement
des Finances, mais également du rapport du Vérificateur
général sur l'Industrie et le Commerce et les organismes qui en
dépendent. Je n'ai pas d'objection à ajourner à midi, mais
nous nous étions engagés à terminer tout cela
aujourd'hui.
Est-ce que je peux demander au vérificateur s'il serait
disponible cet après-midi?
M. Larose: Oui.
M. Morin: Dans ce cas, M. le ministre, on peut peut-être
libérer les gens de l'Industrie et du Commerce jusqu'à quatre
heures cet après-midi.
M. Berthiaume: Oui. J'ai mentionné le fait aux gens de
l'Industrie et du Commerce et je pense qu'ils désirent rester pour
assister en curieux aux délibérations de la commission.
Le Président (M. Picard): Prendre de
l'expérience.
M. Berthiaume: Peut-être.
M. Morin: Se mettre dans l'ambiance soupçonneuse.
M. Berthiaume: De toute façon, que l'on siège cet
après-midi ou non, on est soumis à la Chambre. Il est au moins
théoriquement possible que la Chambre ne nous permette pas de
siéger cet après-midi. Je suis consentant à siéger.
Je n'ai aucune objection et je pense que personne ici n'en a; mais, on ne sait
pas ce qui se passe en Chambre.
Le Président (M. Picard): De toute façon, à
midi je devrai ajourner sine die et attendre un ordre de la Chambre pour
revenir ici à quatre heures.
M. Berthiaume: C'est ce qu'on a fait à toutes les
séances d'ailleurs.
M. Morin: Bien sûr, mais à condition qu'il soit
clair qu'on pourra procéder plus tard à l'étude de
l'Industrie et du Commerce. Cela irait, évidemment, à l'encontre
de ce que nous avions décidé, mais si cela fait l'affaire de tout
le monde, je n'ai pas d'objection.
Finances
M. Morin: Pour ce qui est des Finances, M. le Président,
j'aimerais m'attacher à une série de points soulevés par
le Vérificateur général dans chacun de ses deux derniers
rapports. Tout d'abord, si je me reporte à la page 4-75 du rapport de
l'année 1974, le Vérificateur général nous fait
part de ses observations au sujet des intérêts gagnés
déduits des intérêts sur la dette publique. Il nous dit
qu'aux prévisions budgétaires comme aux états financiers,
les revenus d'intérêts gagnés sur des prêts, avances,
placements, etc... sont déduits du coût du programme "Gestion de
la caisse et de la dette publique" au lieu d'être portés
directement aux revenus du ministère des Finances.
Le vérificateur reprend un commentaire qu'il avait
déjà fait l'année précédente en nous disant
qu'il est d'avis que seuls les intérêts gagnés sur les
valeurs détenues au fonds d'amortissement devaient être
déduits du coût du programme. Pourquoi refuser la méthode
proposée par le Vérificateur général et qui me
paraît très logique?
M. Berthiaume: Peut-être que je pourrais vous
répondre. C'est que, depuis cette année, le gouvernement a
adopté dans son nouveau budget la méthode des dépenses
brutes, c'est-à-dire qu'auparavant, on montrait les dépenses
nettes, c'est-à-dire les dépenses brutes moins certains
remboursements comme ceux-ci, moins des contributions du fédéral
à certains autres programmes, alors que, cette année, le budget
est sur une base brute et, par conséquent, automatiquement, il a
été donné effet dans le sens recommandé par le
vérificateur pour ce point-ci comme pour les autres recettes que nous
recevions et qu'on appliquait contre la dépense. Maintenant, les
recettes seront dans les revenus et les déboursés seront dans les
dépenses. Il inclut...
M. Morin: Cela répond à cette suggestion du
Vérificateur général?
M. Berthiaume: Entièrement, parce que les revenus
encaissés et indiqués ici sont maintenant montrés aux
revenus.
M. Morin: Est-ce que cette méthode des dépenses
brutes répond aux exigences du Vérificateur
général?
M. Larose: Seulement pour ce qui regarde les
intérêts gagnés. J'aurais une précision à
demander concernant les intérêts du fonds d'amortissement; je ne
sais pas s'ils seront traités comme revenus.
M. Berthiaume: Non, pas pour les intérêts du fonds
d'amortissement, parce que ces intérêts appartiennent, dans un
certain sens, aux détenteurs des obligations, comme fonds qui
s'accumulent comme protection. Cette partie, vous avez raison, s'accumule aux
bénéfices du fonds d'amortissement qui est un fonds qu'on
conserve pour rembourser les obligations. Dans un certain sens, ce ne sont pas
des revenus du gouvernement, ce sont des revenus qui s'accumulent aux
crédits du fonds d'amortissement.
M. Morin: Du fonds d'amortissement.
M. Larose: Cela correspond à nos vues
là-dessus.
M. Morin: C'est toujours agréable de voir que, d'une
année à l'autre, il se règle quand même quelques
petits problèmes.
M. Berthiaume: On a toute une liste de problèmes
réglés. En fait, cela a été un changement important
de présentation de mettre les dépenses sur une base brute. Cela
n'était pas uniquement pour ce cas-ci, mais pour...
Société des alcools
M. Morin: Oui, je comprends bien. Me tournant maintenant vers la
page 4-78, nous constatons qu'à même le revenu net de $118
millions réalisé par la Société des alcools du
Québec au cours de l'exercice financier 1973/74, les dividendes à
verser au ministre des Finances ont été fixés à
$119 millions sur lesquels il restait à percevoir un montant de $10
millions au 31 mars. Est-ce que vous pourriez nous dire si ces $10 millions ont
été perçus? C'est une observation qu'on trouvait
également au rapport de 1973; je me réfère à la
page 3-85.
M. Berthiaume: Je m'excuse, je crois que ce n'était pas la
même chose, ce que soulevait M. Larose dans le rapport de 1973. Je crois
que ce que M. Larose voulait dire, au rapport de 1973, c'était que le
dividende déclaré était inférieur aux reve-
nus de la société. Tandis qu'ici, le dividende a
été déclaré pour une somme qui est très
près des revenus réels de la société pour
l'exercice, sauf que les derniers $10 millions n'ont pas été
remis.
M. Morin: Et c'était un montant de $6,800,000 en 1973.
M. Berthiaume: Je crois que c'est cela, M. La-rose, le
problème qui a été soulevé? Oui, les $10 millions
dont il est question ici ont été encaissés depuis.
M. Morin: Bon. C'est ce que...
M. Berthiaume: Ce sont les premiers encaissements qui suivent et,
après cela, ce sont ceux-ci.
M. Morin: A quelle date a-t-il été
encaissé?
M. Berthiaume: Je ne pourrais pas dire, mais on pourra obtenir le
renseignement très facilement. Ce n'est certainement pas tellement
longtemps après le 31 mars 1974.
M. Morin: Est-ce que la portée de vos observations, M. le
Vérificateur général, c'est de suggérer que ces $10
millions devraient être encaissés avant le 31 mars? Ce n'est pas
cela?
M. Larose: Pas nécessairement.
M. Morin: Vous constatez simplement qu'il restait $10 millions
à percevoir?
M. Larose: Ordinairement, le dividende est déclaré
par le ministre des Finances. C'est le ministre des Finances qui
détermine le montant du dividende à être payé par la
Société des alcools.
J'imagine que le ministre a pris sa décision dans les derniers
jours de mars et que la société n'a pas émis le
chèque avant le 31 mars, pour le montant de $10 millions. Ces $10
millions sont donc inscrits aux comptes à recevoir du gouvernement en
date de la fin de l'année financière. Cela nous paraît
normal qu'il en soit ainsi.
M. Morin: Sur le plan comptable, c'est normal?
M. Larose: Ce que nous avons voulu souligner, c'est le fait, par
exemple, que le solde des bénéfices laissés à la
société s'élevait à $7,022,000. Il y avait dans la
société des bénéfices au montant de $7,022,000 et
il n'y avait pas eu de dividende déclaré pour ce
montant-là. Selon notre opinion exprimée ailleurs, l'ensemble des
bénéfices réalisés par une entreprise comme la
Société des alcools devraient être considérés
comme revenus du gouvernement dans l'année où ils ont
été réalisés.
M. Morin: Je commence à comprendre. J'avais mal
interprété votre observation. Je pensais qu'elle portait sur le
montant de $10 millions, mais en fait, ce n'est pas cela. Ce n'est pas du tout
le montant qui vous préoccupe, de toute façon, il est
comptabilisé quelque part. Ce qui vous préoccupe, ce sont les
dividendes à verser.
M. Larose: Oui, les dividendes à verser ou la partie du
profit... Nous sommes d'opinion que tous les revenus d'une année d'une
entreprise comme la Société des alcools devraient être
incorporés aux revenus du gouvernement et, par conséquent, qu'il
y ait déclaration de dividendes ou non, la façon la plus simple,
ce serait qu'il y ait un dividende déclaré pour le plein montant
des profits. Cela règlerait le problème. Si ce n'est pas cela, on
devrait quand même l'inscrire à titre de bénéfices
à encaisser dans les prochaines années ou quelque chose comme
cela. On devrait l'inscrire comme étant un revenu acquis au
gouvernement, parce qu'il a été réalisé par la
Société des alcools. Il est donc acquis au gouvernement.
M. Morin: Je comprends. Par définition, tous les
bénéfices de la Société des alcools sont acquis au
gouvernement?
M. Larose: C'est cela. C'est ce fait, les $7 millions, que les
états financiers du gouvernement ne révèlent pas,
même si c'est révélé dans les états
financiers de la Société des alcools. Mais, dans l'état
financier du gouvernement, cela ne révèle pas le fait qu'il y a
$7 millions de bénéfices acquis au gouvernement dans les livres
de la Société des alcools.
M. Morin: J'ai compris. Autrement dit, on aurait dû
comptabiliser également les $7 millions en question.
M. Larose: C'est notre avis.
M. Morin: Est-ce que vous entendez, de votre côté,
procéder de la sorte maintenant?
M. Berthiaume: Non.
M. Morin: Non. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi vous n'avez
pas l'intention d'y donner suite?
M. Berthiaume: C'est le problème plus
général de la comptabilisation dans les livres du gouvernement,
qui ne s'applique pas seulement à la Société des alcools,
mais à toutes les sociétés gouvernementales. C'est qu'il
n'est pas de notre intention de montrer nos livres sur une base
consolidée, en somme, c'est-à-dire d'inclure dans nos livres
gouvernementaux ni les pertes des sociétés gouvernementales, ni
le profit, mais seulement ce qu'on en retire.
M. Breton a examiné cet aspect de la situation, d'une
façon assez sérieuse, parce qu'il y a un problème de
comptabilité gouvernementale très fondamental et sur lequel il
faut avouer qu'on a une divergence de vues avec le Vérificateur
général.
Peut-être que M. Breton pourrait ajouter des commentaires
là-dessus.
Cela revient d'ailleurs à d'autres endroits, ici, au
ministère des Finances.
En pratique, on suit les prescriptions des diverses lois. La Loi de la
Société des alcools dit que ce sont des dividendes. C'est le
ministre qui déclare les dividendes chaque année. Je
considère qu'on irait quasi à rencontre de la loi en
procédant autrement. Dans d'autres organismes, prenons
Loto-Québec, on dit que tous les revenus de Loto-Québec sont les
revenus du gouvernement. On les prend en entier.
Quant au point qu'a soulevé M. Goyette tout à l'heure,
concernant la consolidation, il apparente cela aussi c'est très
près à la consolidation des états financiers dont
M. Larose fait état.
M. Larose en fait état en particulier à la page -4-83.
M. Morin: J'aimerais...
M. Berthiaume: Vous avez probablement un commentaire
semblable.
M. Morin: Oui, effectivement.
M. Berthiaume: En fait, pourquoi ne le retient-on pas et ne
croit-on pas devoir le retenir? C'est parce qu'on croit avoir de bonnes raisons
de ne pas le faire.
Premièrement, si vous voulez que j'explicite, il y a plusieurs
raisons, en fait, qui font que, quand elles sont prises ensemble, cela devient
une raison plus que majeure de ne pas donner suite à cette
recommandation, du moins actuellement.
Le plan comptable des entreprises d'Etat est différent de celui
du gouvernement. Les coûts d'acquisition des biens de nature capitale
sont comptabilisés comme actifs par les entreprises d'Etat, tandis que
le gouvernement les traite comme des dépenses d'opération.
L'année financière de plusieurs des entreprises se termine
à une date différente de celle du gouvernement. Sur ce point, je
dois dire que ce n'est pas nécessairement une difficulté
insurmontable, lorsque l'écart de date n'est pas trop marqué.
Quatrièmement, l'inscription à la valeur aux livres des
placements dans certaines entreprises d'Etat ne représenterait pas
nécessairement mieux la valeur de réalisation de ces actifs que
leur inscription au coût.
On parlait, tout à l'heure de la Société des
Alcools. Il y a $7 millions qui n'ont pas été
déclarés. On a là un placement de $30 millions, c'est dire
alors qu'on a $30 millions de placements et $7 millions de revenus qui n'ont
pas été déclarés, ce qui fait $37 millions. On
croit que, même en indiquant $37 millions, on ne présente pas
nécessairement mieux la valeur de la Société des alcools
qui est un organisme dont les revenus sont de l'ordre de $150 millions
annuellement. Enfin, la valeur réelle des actifs de certaines de ces
entreprises est très difficile à déterminer. Par ailleurs,
pour toutes les autres provinces au Canada et le gouvernement du Canada
également, ces placements sont comptabilisés au coût. On ne
tient pas compte de la plus-value ou de la moins-value du surplus ou du
déficit que les organismes ont encouru au cours des années.
Une étude particulière a été faite
également pour le compte du gouvernement du Canada par une firme
ontarienne je crois qu'ils sont de Toronto Clarkson & Gordon.
La recommandation faite au gouvernement n'est également pas en accord
avec cette approche, cette philosophie. Pour toutes ces raisons, c'est
très difficile d'application. Je dirais même aussi que, dans
d'autres cas, on aurait des difficultés à traiter le surplus
accumulé dans certains organismes d'Etat. Il faudrait faire une
étude vraiment approfondie. Prenons la Caisse de dépôt et
placement, l'Hydro-Québec, la Régie de l'assurance-maladie, la
Régie des rentes et autres organismes. Ceux-ci sont peut-être plus
frappants, mais il y en a d'autres qui présenteraient vraiment des
difficultés. Pour cet ensemble de raisons, nous croyons difficile
l'application de la recommandation qui est faite en ce sens.
M. Morin: Evidemment, n'étant pas comptable, je ne peux
pas évaluer le poids de chacun des arguments de type comptable que vous
avez apportés. L'argument juridique me frappe davantage: le fait que,
dans le cas de la Société des alcools, la loi prévoit
qu'on procède par dividende et non pas, comme dans le cas de
Loto-Québec où, automatiquement, les revenus sont acquis au
gouvernement, si j'ai bien compris. C'est un argument qui me frappe assez, je
vous avoue. Je ne sais pas si le Vérificateur général a un
commentaire là-dessus, sur le fait que c'est la loi qui traite le
montant en question comme un dividende.
M. Larose: La personne qui est habilitée à
déclarer le dividende, c'est le ministre des Finances. Ce n'est pas la
société elle-même qui déclare ses dividendes.
M. Morin: Non, c'est clair.
M. Larose: Alors, c'est le ministre des Finances qui
déclare les dividendes. A ce moment, nous pensons que les dispositions
du plan comptable puisqu'elles sont aussi édictées suivant
des études qui sont faites au ministère des Finances
pourraient, avec le consentement du ministre, comporter cela.
Deuxièmement, à la suite de cela, on pourrait, strictement sur le
plan comptable, inscrire aux livres la valeur des bénéfices
gagnés, sans pour autant que le dividende se paie dans la
réalité sous forme de caisse. Le paiement d'un dividende est un
point. L'inscription des bénéfices réalisés durant
l'année en est un autre. Je pense que cela peut se faire quand
même indépendamment.
M. Morin: Est-ce que je vous comprends bien? Est-ce que vous
suggérez que le ministre des Finances, qui déclare le dividende,
devrait faire en
sorte que le dividende qu'il déclare corresponde aux pleins
bénéfices de la Société des alcools, et non pas
à une partie des bénéfices réalisés?
M. Larose: Dans le cas de la Société des alcools,
cela nous paraît très logique.
M. Morin: Est-ce qu'il ne serait pas opportun de procéder
de la sorte? Qu'est-ce qui empêche le ministre des Finances de
déclarer un dividende qui correspond pleinement aux
bénéfices de la Société des alcools?
M. Berthiaume: La Société des alcools doit
maintenir un certain fonds de roulement pour ses inventaires, par exemple, un
fonds de roulement qui lui permettrait de payer à temps ses achats, et
aussi lui laisser des fonds et donc des revenus pour ses immobilisations,
l'ouverture de ses nouveaux magasins, l'équipement de ses magasins, etc.
Donc, la Société des alcools a un revenu, mais il n'est pas
nécessairement essentiel, et il est même important de ne pas le
retirer en entier, pour lui permettre de continuer ses activités sur une
base commerciale régulière.
Elle s'est plainte, d'ailleurs qu'on ne lui en laisse pas assez.
Elle trouve qu'on lui demande ses fonds trop tôt.
M. Morin: Evidemment, il y a une différence avec
Loto-Québec, c'est que la Société des alcools, elle, ouvre
des magasins, engage du personnel...
M. Berthiaume: Elle a un inventaire...
M. Morin:... elle a un inventaire, et tout ça, ce qui
n'est pas le cas...
M. Larose: Ce serait possible, évidemment, d'en arriver au
même résultat, soit par l'augmentation du capital-actions, soit
encore par la création d'un fonds de roulement. La loi prévoit la
constitution d'un fonds de roulement à l'intérieur de la
Société des alcools. Ce serait possible d'y arriver, ce qui
n'empêcherait pas à ce moment d'inscrire tous les profits au
compte des profits réalisés, et ce qui n'empêcherait pas le
financement, par ailleurs, de la Société des alcools par bien
d'autres techniques que celle de garder les profits à
l'intérieur.
M. Morin: Mais j'aurais cru que la Société des
alcools avait officiellement un fonds de roulement.
M. Berthiaume: En fait, elle a eu à l'origine, une
dotation de $30 millions...
M. Morin: Oui.
M. Berthiaume: ... qui lui permettait à ce moment de
continuer ses activités sur une base régulière.
L'expansion de la société est finalement telle que, les
$30 millions ne sont peut-être pas suffisants.
M. Morin: Mais, comme le suggère le vérificateur,
n'y aurait-il pas lieu tout simplement de prévoir un fonds de roulement?
Sur le plan comptable, cela résoudrait la difficulté à
laquelle vous faites allusion.
M. Berthiaume: La différence majeure entre l'opinion du
vérificateur et la nôtre est illustrée dans le dernier
paragraphe de la page 4-83, où le vérificateur dit que la
méthode qu'il recommande, d'inclure dans les revenus ou dans les
dépenses du gouvernement les profits et pertes des organismes...
M. Morin: Au moment de la réalisation.
M. Berthiaume: ... correspond au principe de comptabilité
de l'exercice adopté par le gouvernement. M. Larose dit: Si elle fait
une perte, il faut inscrire la perte chez nous, ici, au gouvernement. Si
l'entreprise fait une perte, il faut la mettre ici; ce principe prévoit
que l'on comptabilise les bénéfices ou les pertes au moment de
leur réalisation et non au moment de leur encaissement.
M. Breton soulignait que les plans comptables des entreprises ne sont
pas nécessairement semblables aux nôtres. Chez nous, on est sur
une base d'exercice mitigé. On n'est pas complètement sur une
base d'exercice.
M. Larose: Là-dessus, j'aimerais bien répondre, par
exemple, que si les plans comptables peuvent être différents, je
suis d'accord qu'ils soient différents, mais que si on voulait
être logique jusqu'au bout, c'est-à-dire que c'est à cause
du plan comptable qu'on n'appliquerait pas cela, il faudrait, avant la
déclaration d'un dividende, même à la Société
des alcools, enlever des bénéfices réalisés avec
cette société toute la valeur nette des immobilisations et faire
les ajustements des états financiers de la Société des
alcools pour les rendre exactement comparables à ceux du gouvernement.
Or, on ne le fait pas pour la Société des alcools. L'argument de
la variation des plans comptables me semble donc plus ou moins valable.
L'autre raison, c'est qu'il faut tout de même penser que si ces
entreprises fonctionnent sur un plan comptable différent, c'est parce
que le plan comptable différent leur convient et leur est bien
applicable, et s'il leur convient, c'est que les bénéfices
réalisés selon ce plan comptable sont réellement
disponibles pour le gouvernement, selon ce plan comptable
déterminé et qui peut être applicable.
Généralement, le plan comptable est applicable à
des entreprises du même genre dans le secteur privé.
Si c'est vrai pour ces entreprises, il est difficile de croire que cela
ne serait pas applicable au gouvernement, à une entreprise qui est la
propriété du gouvernement.
Par exemple, j'ai vu dans les journaux dernièrement... Je n'ai
pas vu les états financiers, mais on a dit que SIDBEC, qui est
détenue à 100% par le gouvernement, aura une perte de $15
millions pour l'année en cours. Elle a déjà des pertes
accumulées dans les années passées.
M. Morin: J'allais vous en parler justement.
M. Larose: Nous croyons que la perte de $15 millions est une
perte et que les états financiers de SIDBEC vont dire qu'il y a une
perte. Si on veut soutenir que ce n'est pas une perte et que ce sont des frais
d'installation qu'on va récupérer parce que SIDBEC deviendra
rentable, dans quelques années, que ce n'est pas une perte réelle
dans le moment et qu'on ne la montre pas ainsi dans les états financiers
de SIDBEC. Qu'on convainque à la fois les administrateurs de SIDBEC, les
administrateurs du gouvernement et les vérificateurs de SIDBEC que ce
n'est pas une perte réelle, mais, si on la montre partout dans les
états financiers de SIDBEC comme une perte, on ne peut pas concevoir que
le gouvernement qui en est propriétaire à 100% n'a pas subi la
même perte.
M. Morin: Ce que vous nous dites en somme, c'est qu'il serait
fondamental de pouvoir évaluer la valeur aux livres des entreprises
d'Etat comme SIDBEC, comme la SGF qui est un holding à 100% maintenant,
qu'il serait essentiel de pouvoir le faire à chaque année. Est-ce
que je vous comprends bien?
M. Larose: Oui. Cependant, ce n'est pas notre intention de
suggérer que, parce qu'on inscrirait les profits ou les pertes
réalisés par ces entreprises, on voudrait indiquer que c'est la
valeur réelle des entreprises qui seraient montrées aux livres du
gouvernement parce que le gouvernement n'a pas l'intention de vendre ces
entreprises demain matin.
Alors, ce que nous recherchons surtout, c'est que le résultat des
opérations de l'année du gouvernement nous montre le
résultat, à la fois de ses opérations propres et de celles
de ses entreprises majeures.
M. Morin: ... soit complet.
M. Larose: Tandis que la valeur intrinsèque de ces
entreprises, si le gouvernement décidait de les vendre demain matin,
nous ne pouvons pas prétendre que c'est cette valeur que
réflèterait les états financiers à ce moment.
M. Morin: Je le comprends. Le sous-ministre voulait-il ajouter
quelque chose?
M. Berthiaume: Deux commentaires, M. le Président.
Premièrement, si on va dans le sens de la recommandation du
Vérificateur général, que ferait-on avec les revenus nets
que l'HydroQuébec n'appelle pas revenus nets avant
versement aux réserves de l'Hydro-Québec? En autres mots, ces
réserves sont des surplus accumu- lés de l'Hydro-Québec.
C'est au-dessus de $100 millions. Si je me rappelle bien, les revenus nets de
l'année dernière sont de $147 millions en 1974 alors que les
réserves accumulées sont de $1 milliard et plus.
Je pense que cela serait peut-être exagérer d'indiquer dans
les états financiers, en même temps que la perte de SIDBEC,
d'inscrire dans nos livres les revenus de l'Hydro-Québec parce qu'en
définitive, qui est propriétaire de l'Hydro-Québec?
Même si on n'a pas les actions, même si ce n'est pas
organisé sous forme de société par actions comme plusieurs
des sociétés, comme la Société des alcools, SIDBEC,
SGF, qui sont organisées en société par actions,
l'Hydro-Québec est une commission, mais l'équité
appartient à l'Etat. Je pense bien que c'est évident. Ce n'est
pas notre intention de souffler nos revenus par les revenus de
l'Hydro-Québec puisqu'ils ne nous sont pas versés et de ne pas
inscrire non plus, dans nos actifs, l'actif net de l'Hydro-Québec qui
est de $1.5 milliard, je crois.
M. Morin: Ils ne sont pas versés dans le cas.
M. Berthiaume: ils ne sont pas versés. SIDBEC pourrait,
théoriquement, nous verser des dividendes s'il y avait des surplus
accumulés suffisants.
Il y a un autre facteur. Si aucune autre province, ni le gouvernement du
Canada ne procèdent de cette façon, pour avoir une bonne base de
comparaison, je pense bien que ce serait une distorsion que d'inclure ces
choses.
Il y a une chose, c'est qu'on rend ces états publics. Non
seulement les organismes en question publient leur rapport annuel, mais en plus
de cela, en annexe aux comptes publics, on publie la liste de presque toutes
les entreprises, les sociétés gouvernementales, en indiquant
leurs actifs, leur passif, leurs revenus et leurs dépenses et les
surplus ou pertes qui sont là. Ils sont divulgués, non pas dans
les comptes publics du gouvernement, mais en annexe aux comptes publics. Il me
semble qu'au point de vue de la présentation, la divulgation
complète, le "full disclosure" est là. Il n'y a pas de
cachette.
M. Morin: Ce n'est pas là-dessus que porte l'observation
du Vérificateur général.
M. Berthiaume; Non, mais dans le fond...
M. Morin: II ne dit pas qu'il y a des cachettes, ce n'est pas
cela.
M. Berthiaume: ... pourquoi les inclurait-on dans nos revenus et
nos dépenses? On les déclare, on les rend publics, on les
montre.
M. Morin: Là encore, il y a une différence de
philosophie entre le gouvernement et le vérificateur. Je ne sais pas
comment on peut la résoudre. Je n'ai pas la prétention, en tout
cas, M. le Président, de la résoudre. Est-ce que le
vérificateur a quelque chose à ajouter?
M. Larose: Non. Tout ce que je peux ajouter, c'est que comme
beaucoup de monde, je pense, nous souhaitons que les principes comptables
généralement reconnus soient établis pour ce qui regarde
la comptabilité gouvernementale et on pourra se trouver un terrain
d'entente. J'ai l'impression que d'ici ce temps-là, il y a beaucoup de
matière à opinion sur ces choses, je veux bien être
d'accord; mais on ne me convaincra pas que le fait de montrer les états
financiers séparément donne la même image que de les
montrer à l'intérieur d'un même état comme
résultat complet, global. Cela ne donne pas la même image. Je suis
bien d'accord que les états financiers du gouvernement sont là.
Les autres suivent dans un volume séparé pas bien loin; mais pour
l'ensemble des lecteurs, ils ne font certainement pas le rapprochement entre,
par exemple, des profits qui ont pu être réalisés par la
Société des alcools et le montant qui apparaît dans les
livres du gouvernement, ou la perte qui a été faite à
SIDBEC et le fait qu'elle n'apparaît pas dans les livres du gouvernement.
La majorité des lecteurs ne fait certainement pas cette relation.
Personnellement, je pense que les renseignements seraient plus complets en les
montrant. Le gouvernement a une autre opinion. Il faut seulement souhaiter que,
généralement parlant, des principes s'établissent
là-dessus, parce que je pense que c'est ce qui manque principalement
à tout le monde.
M. Morin: II serait peut-être opportun que dans votre
prochain rapport, si le problème n'a pas été
réglé, vous en donniez une description approfondie pour qu'on
puisse tenter, cette fois-là, d'avancer, de faire un pas de plus.
Office des autoroutes
M. le Président, sur ce point, je vois que nous ne parviendrons
pas immédiatement à une entente. Je vais m'en remettre aux
parties pour qu'elles tentent d'applanir leurs difficultés.
Il nous reste à peine vingt minutes, je vais passer à une
autre question suscitée par un commentaire qui se trouve à la
page 4-81. A notre avis, nous dit le Vérificateur général,
cette provision il s'agit de la provision pour perte de $9 millions et
quelques dollars aurait dû être augmentée à
$60,600,341 pour représenter les pertes éventuelles à
encourir sur les prêts et avances.
L'augmentation de $51 millions représente le déficit de
l'Office des autoroutes du Québec apparaissant à ses états
financiers au 31 décembre 1973. Nous sommes encore là
partiellement de retour à un problème semblable à celui
que nous débattions; c'est encore un peu le même problème.
Si on estime que la Régie de l'assurance-récolte ne
déboursera pas les $9 millions pour des raisons de
non-rentabilité, est-ce qu'on ne peut pas croire qu'il est impensable
d'estimer réalisable en totalité la créance de l'Office
des autoroutes? C'est une question que j'adresserais plutôt au
Vérificateur général.
M. Larose: Vous demandez si...
M. Morin: Si on estime que la Régie de
l'assurance-récolte j'espère que j'ai bien
interprété votre long paragraphe ne remboursera pas les $9
millions dont il est question, il est impensable d'estimer réalisable en
totalité la créance de l'Office des autoroutes. Autrement dit,
l'Office des autoroutes n'est pas plus rentable que la Régie de
l'assurance-récolte. C'est l'observation qui me venait à l'esprit
en lisant votre paragraphe.
M. Couture: II faut faire une distinction entre la Régie
de l'assurance-récolte et l'Office des autoroutes. Pour la Régie
de l'assurance-récolte, les $9 millions, qui représentaient la
totalité des avances, c'était son déficit réel et
la créance a été radiée par la loi qui est venue
ensuite. Tandis que l'Office des autoroutes avait une créance envers le
gouvernement d'au-delà de $233 millions à cette date et
puis...
M. Morin: Ah oui.
M. Couture: ... ce qu'on a voulu dire, c'est que, sur les $233
millions, il y en aura certainement une partie de $51 millions qui serait
douteuse et que le gouvernement ne percevra jamais.
M. Morin: C'était le déficit.
M. Couture: Autrement dit, c'est l'évaluation de la
créance à recevoir au 31 mars 1973. C'est toujours...
M. Morin: Oui, vous auriez voulu que la provision soit
portée à $60 millions.
M. Couture: Y compris l'assurance-récolte.
M. Morin: Oui, je comprends l'observation. Qu'est-ce que le
ministre dit en réponse à cette observation du
vérificateur?
M. Berthiaume: M. le Président, il n'y a pas eu de
provision établie à l'égard du déficit
accumulé de l'Office des autoroutes parce que nous ne croyions pas qu'il
y ait eu lieu de provisionner ce compte. Premièrement, parce que la
rentabilité de l'office a été prévue sur une longue
période et, quand on fait l'analyse de l'évolution de la
situation financière au cours des dernières années, on se
rend compte qu'il y a un progrès constant. En 1966, il était
possible à l'office... Vous savez que le gouvernement fait des avances,
des prêts à l'office; c'est de l'ordre de $230 millions ou $250
millions, alors que le déficit accumulé est de l'ordre de $50
millions.
En 1966, l'office était en mesure de payer 5% des
intérêts exigés par le gouvernement sur les avances de
quelque $200 millions qui lui était consenties. Il y a eu une
progression constante des possibilités de l'office de payer les
intérêts, de telle sorte qu'en 1974, l'office était en
mesure de payer au-delà de 53% de tous les intérêts qui
étaient chargés par le ministre des Finances.
Cependant depuis 1971, pour permettre à l'office de mieux joindre
les deux bouts, le ministre
des Finances a réduit de 50% les intérêts
chargés à l'office, avec le résultat qu'en 1971 le
déficit de l'office était de $7,500,000, qu'en 1972, avec la
réduction de 50% des intérêts, le déficit est
passé à $788,000 et que, depuis lors, l'office a un surplus
d'opérations, de $234,000 en 1973 et de $603,000 en 1974.
Enfin, je pense que lorsqu'on évalue les prêts et avances
du gouvernement, on les provisionne généralement lorsqu'il y a
lieu de les provisionner; selon notre opinion, on prend en considération
tous les facteurs qui peuvent constituer un élément positif ou
négatif dans l'appréciation de la provision pour pertes.
Dans ce cas particulier de l'Office des autoroutes, on pense qu'il y a
un facteur très important, celui qui est occasionné par le
phénomène de l'inflation que l'on vit actuellement.
Dans l'optique de ce phénomène de l'inflation, l'office a
beaucoup de valeurs immobilières, des valeurs qui sont ce qu'on appelle
en indexation des valeurs non monétaires, donc des valeurs qui
s'indexent. Nous avons indexé les états financiers de l'Office
des autoroutes et cela a eu comme résultat... Je dois dire
également que selon nos bases d'indexation l'office existe depuis
1957 on a présumé dans notre calcul d'indexation que le
réseau routier aurait une durée de 50 ans.
M. Morin: Vous avez indexé la valeur
immobilière?
M. Berthiaume: C'est cela, parce que les valeurs
monétaires ne s'indexent pas. Elles sont toujours en dollars du
jour.
On a présumé que la durée du réseau serait
de 50 ans. Cette opération a fait passer le déficit, de $51
millions qu'il était dans le temps, lorsque nous avons fait cette
étude, aujourd'hui, il est encore à près de $51 millions,
soit $50.9 millions. C'était avec ces états financiers.
Le déficit de $51 millions est passé, compte tenu de cette
opération, à un surplus de $18 millions, c'est dire qu'il y a,
à toutes fins pratiques, un profit d'inflation sur les immobilisations
de l'ordre de $69 millions. C'est pourquoi on croit qu'il est capital, si l'on
veut que les états financiers du Québec démontrent une
valeur réelle, une valeur qui est près de la
réalité, de tenir compte de cet élément.
M. Morin: Est-ce que je vous comprends bien? Le surplus de $18
millions, est-ce que c'est dans les derniers états financiers ou dans
les états financiers à venir qu'on va le trouver?
M. Berthiaume: C'est pour l'ensemble. On apris toutes les
immobilisations de l'office depuis 1957, nous les avons indexées; d'une
part, on a pris l'indice du dégonflement des prix...
M. Morin: Vous les avez indexées par rapport aux
coûts ou aux valeurs de remplacement?
M. Berthiaume: Par rapport aux coûts réels. M.
Morin: Par rapport aux coûts réels.
M. Berthiaume: Aux coûts réels. Nous les avons
indexées à la valeur de la monnaie d'aujourd'hui par rapport au
temps où les constructions ont été effectuées.
M. Morin: Oui.
M. Berthiaume: Nous avons réduit la valeur indexée
de la dépréciation, soit 2% par année. C'est ce que cela a
donné comme résultat. Selon nous, bien que, dans les livres, on
indique un déficit de $50 millions, on considère que ce
déficit est, à toutes fins pratiques, annulé,
comblé par un profit d'inflation qui n'apparaît pas aux livres.
Mais on considère qu'on doit tenir compte de cette dimension.
D'ailleurs, on a pris comme politique, dans les états financiers,
dans les comptes publics, d'indiquer dorénavant pourquoi on ne
provisionne pas les prêts et avances qui ont été faits par
le gouvernement, si la société à qui le gouvernement a
fait un prêt est en déficit.
M. Morin: C'est astucieux. Ce n'est certainement pas le
président de l'Office des autoroutes qui a découvert cela tout
seul.
M. Berthiaume: Ah! Mais on parle beaucoup d'indexation des
états financiers.
M. Caron: Faites attention; il va peut-être être
candidat aux prochaines élections.
M. Morin: II faudrait qu'il apprenne à mettre des
"springs" dans les sauterelles d'ici là.
M. le Président, est-ce que je pourrais demander au
vérificateur de...
M. Bacon: II n'est pas gentil.
M. Morin: ... nous donner sa réaction? Est-ce que cela
répond à la critique qu'on trouve à la page 4-81 de son
rapport?
M. Larose: Je pense que cela n'y répond pas
complètement, sans aucun doute. En résumé, c'est que,
lorsque nous avons proposé une provision de l'ordre du déficit,
cela correspondait à la même philosophie que celle que nous
exposions tout à l'heure, comme vous l'avez remarqué
vous-même, à l'endroit des placements. C'est-à-dire que
nous sommes d'avis que le déficit de l'Office des autoroutes
auraît dû être inscrit aux livres du gouvernement au fur et
à mesure qu'il a été réalisé. A ce moment,
le placement des avances aurait été provisionné de $50
millions ou de $60 millions de plus.
Quant aux arguments invoqués par M. Breton, le premier voulant
que la proportion des intérêts payés par l'office à
même ses recettes directes
augmente, il a probablement... Je ne l'ai pas vérifié
moi-même directement, mais il y a une chose qui est certaine. C'est que,
depuis l'existence de l'office cela ne remonte pas à
l'année dernière il y a eu, je crois, une seule
année où elle a fait ses frais, sauf pour les deux
dernières années. Les deux dernières années, si
elle a fait ses frais, c'est parce qu'on a réduit les
intérêts de 50%. Si on n'avait pas réduit les
intérêts de 50%, elle aurait continué à manger de
l'argent. Depuis son existence qui remonte, je pense, aux années
cinquante, sous un autre nom, assez loin, elle a fait ses frais, je pense, une
fois.
A ce moment, on dit que, comme expérience, ce n'est pas
nécessairement ce qui pourrait conduire a la meilleure
évaluation. Quant à la question de la réévaluation
des actifs, je pense qu'à ce stade, il faut tout de même raisonner
qu'il s'agit de routes et, comme il s'agit de routes, le gouvernement
lui-même ne les met même pas dans ses propres livres, parce qu'il
considère que, pour un gouvernement, ce n'est pas un actif. La route, en
tant que telle, n'est pas un actif pour le gouvernement. Lorsqu'on vient parler
de réévaluation d'un actif que le gouvernement ne
considère pas lui-même comme un actif lorsqu'il parle de ses
propres biens, il me semble qu'on ne devrait pas au moins
réévaluer quelque chose, parler d'un surplus de
réévaluation, alors qu'on ne le considère même pas
comme un actif au niveau du gouvernement. L'opération dont on parlait
pour arriver avec un surplus de $18 millions, c'est dire qu'aujourd'hui, cela
coûterait $69 millions de plus probablement pour construire ces routes,
compte tenu de l'amortissement qu'on aurait fait. Je pense que c'est un
argument, à notre sens, qui a plus ou moins de valeur, à cause de
la position que le gouvernement adopte lui-même à l'endroit de ses
propres routes. C'est une route qui lui appartient par l'intermédiaire
de l'office.
M. Morin: Le fait d'avoir fait cette réévaluation
ne rend pas l'office automatiquement rentable.
M. Larose: Cela ne lui donnera pas de revenus de plus
l'année prochaine.
M. Morin: Cela ne lui donne pas de revenus de plus, c'est
cela.
M. Berthiaume: Notre optique, notre objectif est d'essayer de
déterminer quelle est la valeur du placement que nous avons
publié. Est-ce que...
L'Office des autoroutes, assez curieusement, a une valeur marchande. Ce
qui existe dans d'autres pays n'existe pas chez nous, mais c'est au moins
théoriquement possible de vendre l'office à des
intérêts quelconques. Cela existe ailleurs. Les autoroutes sont
exploitées par l'entreprise privée.
M. Morin: A supposer que vous trouviez preneur, parce que, comme
ce n'est pas rentable...
M. Berthiaume: Oui. Cela nous permet d'évaluer quand
même l'actif.
M. Morin: Oui. M. le Président, là encore, on se
trouve devant deux attitudes qui ne sont guère conciliables.
M. Larose: Cela rejoint l'autre de tout à l'heure,
d'ailleurs.
M. Morin: C'est le même problème, oui. C'est ce que
je disais au début. Est-ce qu'on peut espérer que vous allez vous
en parler dans le cadre plus général de la question de la
comptabilité d'exercice? Peut-être peut-on passer à autre
chose.
A la même page, en bas, le vérificateur nous apprend que
les intérêts courus à recevoir de la société,
au 31 mars 1974, ont été établis d'un montant en trop de
$167,714, dû à une erreur de calcul. Est-ce que je pourrais
demander au ministre...
M. Berthiaume: Quelle page?
M. Morin: ... la source de cette erreur? C'est à la page
4-81.
M. Berthiaume: C'est au dernier paragraphe?
M. Morin: Oui, tout à fait en bas de la page.
M. Berthiaume: C'est une erreur de calcul.
M. Morin: Mais de la part de qui?
M. Berthiaume: Du ministère des Finances.
M. Morin: Corrigée depuis, j'imagine.
M. Berthiaume: Ah oui!
M. Morin: II n'y a pas d'autre observation là-dessus,
puisqu'elle a été corrigée.
M. Berthiaume: C'est une erreur de calcul dans les
intérêts courus à recevoir, pas dans l'établissement
du compte.
M. Morin: Non, j'ai bien compris ça.
A la page suivante, 4-82, on nous dit: II est à remarquer que si
le gouvernement a l'intention de continuer cette pratique de réduire
l'intérêt de 50%, les intérêts courus à
recevoir en fin d'année devraient être réduits dans la
même proportion.
Ce que je me demandais, à la lecture de ça, c'est
peut-être une question encore beaucoup plus générale que ce
simple cas particulier que cela soulève.
Je me demandais pourquoi on ne procéderait pas par voie de
subvention qui apparaîtrait clairement au budget, plutôt que de
procéder par voie de réduction d'intérêts, sur
lesquels il est très difficile d'apprécier le quantum de l'aide
que cela représente. Je pose la question au ministre.
M. Berthiaume: A première vue, je n'ai pas trop
d'objections pratiques, mais au niveau des principes, si l'Office des
autoroutes est censé être rentable, une subvention est à
l'encontre de ce principe.
M. Morin: Oui, il est censé être rentable, mais il
ne l'est pas.
M. Berthiaume: Une subvention directe.
M. Morin: II l'a été une année, depuis le
début.
M. Berthiaume: La rentabilité de l'Office des autoroutes
est prévue à très long terme. L'Office des autoroutes
existe depuis un peu moins de 20 ans. La rentabilité est prévue
sur une période d'une cinquantaine d'années. Sa performance
s'améliorant d'année en année, on peut espérer que
l'Office des autoroutes devienne rentable.
M. Morin: Allez-vous, du moins, tenir compte de l'observation du
Vérificateur général, à l'effet que les
intérêts courus à recevoir en fin d'année devraient
être réduits dans une proportion de 50%?
M. Berthiaume: Le député de Sauvé souhaite
qu'on se parle. Nous aussi. En fait, on n'a pas de difficulté à
se parler. Le problème n'est pas là. Parfois, on a de la
difficulté à s'entendre.
M. Morin: J'ai cru comprendre cela à quelques
reprises.
M. Berthiaume: Je suis bien mal placé pour assurer le
député de Sauvé qu'on va s'entendre. Pour se parler,
d'accord!
M. Morin: Vous n'avez donc pas donné suite à cette
recommandation encore?
M. Berthiaume: Non.
M. Morin: Tout ce que je peux souhaiter, c'est que vous vous
parliez et que cela aboutisse à quelque chose.
M. Larose: S'il s'agit d'un actif qui est inscrit aux livres par
un arrêté en conseil ou par un CT qui est adopté quelque
temps après, évidemment, l'actif n'est plus réalisable, et
cela dure depuis plusieurs années, au moins depuis deux ans. Si cela a
été fait cette année, cela fait trois ans. Alors, c'est un
actif qui, à toutes fins pratiques, devient un actif fictif par le fait
qu'on prend la décision avec quelques jours de retard.
M. Morin: Quand vous faites porter votre argument sur le fait que
la rentabilité est prévue à long terme, qu'est-ce que vous
entendez exactement? En combien d'années a-t-on prévu
qu'effectivement l'office ferait ses frais chaque année et même
rapporterait quelque chose?
M. Berthiaume: Au niveau des opérations, il commence
à montrer un profit; mais quand je parle de rentabilité de
roulement, l'opération autoroute, en somme, on parle en termes de 50
ans.
M. Morin: En termes de 50 ans. J'aurais encore quelques
questions. Je vois qu'il est midi. Je me demande si je ne vais pas
m'arrêtér là pour ce qui est du ministère des
Finances. Les autres questions, souvent, recoupent celles que nous avons
déjà traitées. Peut-être une dernière, si on
peut prendre trois minutes.
M. Berthiaume: Peut-être que je pourrais reprendre ce que
j'ai dit au début de la séance, ce matin. Je ne suis pas certain
si le député de Sauvé était présent. J'ai
dit, à ce moment, au député de Maisonneuve, que je devais
quitter à midi. Depuis ce temps, les engagements que j'avais pour midi
ont été annulés. Personnellement, je serais disposé
à aller jusqu'à 13 heures si on pouvait terminer l'étude
du ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Morin: Oui, on peut peut-être essayer. J'aurais une
dernière question concernant le ministère des Finances. J'en
aurais d'autres, mais je suis soucieux de m'en tenir au calendrier que nous
nous étions fixé et, quant aux autres questions, on pourrait y
revenir l'année prochaine.
Je me réfère à la page 4-91 où on nous dit
que les valeurs détenues par ce bureau des dépôts et
consignations du ministère des Finances étaient
constituées, en partie, d'obligations déposées en fiducie
au Trust Général du Canada.
En regardant cela, je me suis demandé, puisqu'il s'agit du plus
gros montant de valeurs détenues par le bureau, pourquoi le Trust
général du Canada. Pourquoi pas, par exemple, des institutions
coopératives?
M. Berthiaume: Je pense qu'elles sont simplement
déposées en garde et non pas en fiducie, si je ne m'abuse, des
valeurs en garde. C'est nous, le fiduciaire.
M. Morin: Purement entreposées.
M. Berthiaume: Oui, c'est cela, entreposées.
M. Morin: Parce que, si vous dites: En fiducie, c'est autre
chose.
M. Berthiaume: En fait, je suis pas mal certain que ce sont des
valeurs déposées en garde. On me dit cela.
M. Morin: Confiées.
M. Berthiaume: Confiées. C'est nous, le ministère
des Finances, qui sommes fiduciaires. Dépôts en
fidéicommis, c'est nous le fidéicommissaire. Plutôt que de
garder les valeurs dans nos voûtes, on les dépose ailleurs.
M. Morin: La différence étant que vous payez
simplement pour le service d'entreposage, si je peux m'exprimer ainsi, et que,
dans ce cas, le Trust général ne fait pas un
bénéfice sur la fiducie.
M. Berthiaume: Non.
M. Morin: Ce serait le cas s'il y avait fiducie.
M. Berthiaume: II y a des frais minimes de valeurs en garde, tant
par certificat. Ce n'est pas très élevé. C'est une raison
de sécurité. Pour les titres que les gens nous confient, on pense
que ces voûtes sont peut-être meilleures que les nôtres.
M. Morin: J'aurais encore quelques autres questions pour savoir
si on a régularisé un certain nombre de situations
soulignées par le Vérificateur général, mais, M. le
Président, ce sont des questions qui n'ont pas la même importance
que celles dont nous avons traité. Je vais les renvoyer à
l'année prochaine, mais il est bien certain que, cette fois-là,
nous aimerons nous étendre assez longuement sur un certain nombre de
situations, comme celle qui est soulignée à la page 4-82, au
milieu de la page, où le vérificateur nous dit qu'en fait, les
intérêts sont accumulés depuis le début, dans le
fonds, sans être versés aux commissions scolaires. Cette situation
devrait être régularisée. Ou encore, à la page 4-95,
je me réfère aux observations du Vérificateur
général concernant l'émission des chèques. Il
serait peut-être bon que nous nous penchions là-dessus
l'année prochaine pour savoir si on a amélioré le
processus de vérification des chèques émis. Il y aurait
également lieu, si nous avions le temps, de s'interroger sur les
observations qui se trouvent à la page 4-96, concernant la gestion des
revenus du gouvernement du Canada. Mais, encore une fois, je n'insiste pas
là-dessus. L'année prochaine, on y reviendra plus en
détail si le Vérificateur général constate les
mêmes lacunes.
Donc, je considère que, pour les Finances, M. le
Président, nous avons terminé.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'on peut
procéder maintenant à l'étude des rapports concernant le
ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. Morin: Oui, on pourrait peut-être aller au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Pour simplifier les choses, je
n'ai pas de question au sujet du Conseil du trésor. Je ne sais pas si
cela peut contribuer à libérer certains fonctionnaires. J'aurai
des questions au sujet de la société de développement
immobilier du Québec, la Caisse de dépôt et placement, la
Régie des loteries, quelques questions seulement, de même que pour
SIDBEC et la SGF, de même pour la Société.
Non, je n'aurai aucune question pour la Société de
développement industriel du Québec. C'est un autre chapitre qu'on
peut considérer comme étant déjà fermé.
J'aurai quelques questions...
M. Berthiaume: Vous me parlez dans le contexte de la discussion
sur le ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. Morin: Oui, c'est-à-dire que ce sont des
sociétés qui relèvent du gouvernement et dont on traite
d'habitude comme nous avons convenu de traiter à cette
séance-ci.
M. Berthiaume: Oui.
M. Morin: J'aurai quelques questions sur la Société
du parc industriel du centre du Québec, quelques-unes aussi, s'il y a le
temps, sur le Centre de recherche, sur le CRIC. Je suis prêt à
procéder tout de suite.
M. Berthiaume: La raison pour laquelle je viens de poser la
question que j'ai posée, c'est que j'ai cru comprendre caisse de
dépôt.
M. Morin: Non. Je m'excuse, oui, caisse de dépôt,
mais ça relève davantage des Finances.
M. Berthiaume: Du ministre des Finances, c'est parce que je viens
de dégager tous les fonctionnaires du ministère des Finances.
M. Morin: M. le Président, je vais laisser tomber pour
cette fois-ci également, parce qu'on n'en sortira pas dans les
délais que nous nous sommes impartis. Je reviendrai l'année
prochaine sur la Caisse de dépôt et de placement.
M. Berthiaume: Est-ce que vous avez parlé de la
Société de développement immobilier ou de la
Société de développement industriel?
M. Morin: J'ai parlé de la Société de
développement industriel du Québec, oui, mais pour dire que je
n'avais aucune remarque. Je considère que c'est clos pour cette
année.
Industrie et Commerce
Alors, Industrie et Commerce.
M. Larose: Si vous me permettez...
M. Morin: M. le vérificateur.
M. Larose: Le collègue qui s'occupe du ministère de
l'Industrie et du Commerce ayant entendu dire tout à l'heure que
c'était reporté à 4 heures est reparti au bureau. On lui a
téléphoné, il revient, mais ça peut prendre encore
quelques minutes. En tout cas, je peux commencer avant qu'il vienne. S'il y a
quelque chose...
M. Morin: Est-ce qu'on peut suspendre pour trois minutes?
M. Berthiaume: M. le Président, en même temps,
sachant que vous, personnellement, n'avez pas encore déjeuné,
pris le petit déjeuner?
Le Président (M. Picard): Pas de petit
déjeuner.
M. Berthiaume: Peut-être que l'Opposition accepterait qu'un
autre député prenne la présidence?
Le Président (M. Picard): C'est ce que j'allais
suggérer.
M. Morin: Nous allons le regretter, mais nous l'acceptons
néanmoins dans les circonstances.
Le Président (M. Picard): J'inviterais...
M. Berthiaume: Peut-être que, dans trois minutes, M. le
Président, vous pouvez trouver un autre président.
M. Morin: Le député de Trois-Rivières
peut-il nous assurer qu'il sera totalement impartial?
(Suspension de la séance à 12 h 10)
Reprise de la séance à 12 h 14
M. Morin: M. le Président, pour ce qui est du
ministère de l'Industrie et du Commerce, j'ai quelques questions
seulement.
En ce qui concerne d'abord le rapport de 1973, je me
réfère à la page 3-104 où le vérificateur
nous fait part d'un certain nombre de constatations relatives à
l'application de la Loi de l'aide au développement industriel
régional. On nous dit, au second paragraphe que, lorsqu'un
bénéficiaire reçoit une indemnité d'assurance en
fonction d'un investissement pour lequel il y a une demande de subvention, le
ministère ne tient pas compte de cette indemnité reçue
dans rétablissement du montant de l'investissement admissible pour fins
de calcul de la prime.
Le vérificateur nous dit qu'il a procédé à
un certain nombre de sondages selon ses méthodes habituelles, j'imagine,
et que des cas d'indemnités d'assurance se sont présentés
dans trois dossiers sur quinze, ce qui est une moyenne assez
élevée. J'aimerais savoir si le ministère a une
idée du nombre total de cas où il s'est trouvé des
indemnités d'assurance de la sorte et s'il pourrait nous donner une
idée des montants impliqués.
M. Berthiaume: M. Morin, je voudrais juste mentionner une chose.
Si on voulait nous en donner le temps, nous allons vérifier la
réponse exacte. Malheureusement nous avons compris qu'il s'agissait des
notes sur le rapport du Vérificateur général au 31 mars
1974. Je regrette, nous avons préparé toutes nos réponses
en conséquence, mais je me souviens très bien que, dans ce cas
particulier, nous avions répondu au Vérificateur
général par écrit, l'an passé. Si vous le
permettez, je vais faire sortir la réponse et on pourra, à ce
moment-là, vous fournir des explications additionnelles.
M. Morin: J'ai une seule autre question sur le rapport de 1973.
Autant vous en faire part tout de suite et s'il y a d'autres documents à
faire sortir, vous pourrez y procéder. Vous les avez?
Le vérificateur aussi avait noté un certain manque
d'uniformité dans l'application de la loi relative à certaines
dépenses de nature similaire qui ont fait l'objet d'une double
interprétation. J'aurais demandé au ministre les raisons qui
expliquent cette double interprétation. Je lui aurais demandé ce
qu'il avait l'intention de faire à la suite des remarques du
Vérificateur général. Ce sont à peu près les
seules observations que j'avais sur le rapport de 1973.
M. Berthiaume: Nous avons une réponse dans nos dossiers et
nous pouvons vous envoyer copie de cette réponse. Nous ne l'avons pas
ici malheureusement, mais nous pouvons peut-être la passer
verbalement.
M. Morin: C'est une réponse que vous aviez donné
à l'époque au Vérificateur général?
M. Berthiaume: Exactement.
M. Morin: Peut-être que le Vérificateur
général, de son côté, se souvient de la
réponse et peut-être pourrait-il nous dire ce qu'il en a
pensé?
M. Chouinard: Lors d'une entrevue avec les autorités du
ministère, on a eu des réponses verbales. On a eu une
réponse écrite. J'ai ici la réponse, mais cela ne couvrait
pas le secteur de ce qu'on vient d'appeler la Loi de l'aide au
développement régional. La réponse écrite qu'on a
eue couvre la partie de la direction générale de l'expansion
industrielle... Non, excusez-moi.
M. Chouinard: Je regrette.
M. Berthiaume: Couvre la direction générale des
pêches maritimes.
Je m'excuse, il y avait sûrement une réponse. Je me
souviens, parce que j'avais répondu à toutes les questions du
Vérificateur général.
Dans le cas du fonds de développement industriel, pour donner une
idée, et je voudrais lire, parce que je ne peux pas le résumer en
quelques mots. Dans le cas des indemnités d'assurance auxquelles
référait M. le député, on dit: Dans le cas de A.P.
Furniture, par exemple, ce cas a été le premier du genre et a
servi à établir la démarche qui a été suivie
par la suite. Tout cela était dans le cadre de la loi 23 de l'aide au
développement industriel régional.
D'après les enquêteurs du ministère, le
président de la compagnie menaçait d'aller s'établir en
Ontario si le principe établi par le vérificateur était
suivi à la lettre. Sur l'avis du ministre, il a été
convenu d'accorder une prime sur l'ensemble, y compris le montant payé
par les assurances.
Il faut tout de même reconnaître qu'A.P. Furniture aurait pu
garder l'indemnité reçue de ses assurances et ne pas
réinvestir. De cette façon, nous pouvons dire que la
reconstruction, après l'incendie, devient un nouvel investissement. Ceci
s'est produit au tout début de l'application de la loi et aucun avis
juridique n'a été obtenu.
Je veux aussi vous dire que je me souviens très bien que, au
début de l'application de la loi 23, nous faisions les règlements
et, peu à peu, nous avons créé toutes sortes de
règles et de critères à partir desquels nous
concédions ces subventions. Je me souviens aussi que, de la part du
Vérificateur général, dès la première
année, il y a eu des remarques que nous avons suivies. Enfin, nous avons
amélioré le contrôle de l'application de cette loi. Cela ne
répond probablement pas entièrement aux questions du
député, mais enfin. On peut le déposer, M. le
député.
M. Morin: Si le ministre y consent. C'est un cas
spécifique ou une réponse de principe?
M. Berthiaume: II y a plusieurs cas. Chacun des cas qui avaient
été soulevés par le Vérificateur
général sont analysés d'une façon
particulière. On donne une explication sur chacun de ces cas. Ma seule
hésitation, c'est que, dans les documents que j'ai, j'ai les
réponses à autre chose aussi.
M. Morin: D'autres?
M. Berthiaume: A d'autres questions. Je ne voudrais pas le
déposer tel quel. Il faudrait que j'en fasse le tri et qu'on
réponde. Je n'ai pas objection à répondre à la
question spécifique, mais je ne veux pas donner des réponses
à des questions qui n'ont pas été posées.
M. Morin: De ce point de vue, je comprends que cela fasse
l'affaire du ministre que nous allions vite.
M. Berthiaume: II ne faut pas aller plus vite que le violon.
M. Morin: Non, mais peut-être pourriez-vous faire voiler
les parties qui ne sont pas pertinentes?
M. Berthiaume: Mais je peux en faire un tri. C'est cela.
M. Morin: Pour être précis, est-ce que vous partagez
l'avis du Vérificateur général? Je sais bien que vous avez
donné les explications sur divers cas, mais est-ce que vous partagez son
avis à l'effet que la partie des coûts totaux, pour lesquels il y
a eu compensation par les indemnités d'assurance, ne constitue pas, en
soi, un investissement pour la compagnie concernée? Est-ce que vous
êtes d'avis que, par conséquent, ces coûts ne devraient pas
être sujets au paiement d'une prime?
M. Berthiaume: Je dois vous avouer que je n'ai pas pris
connaissance des circonstances identifiées dans ces documents, mais
à la lecture, ici, il semble que ce sont, en effet, des situations
particulières où une interprétation a été
effectuée. C'est la seule réponse que je peux vous offrir pour
l'instant. Est-ce qu'on est allé à rencontre des contraintes
imposées par la loi ou est-ce qu'on a tout simplement adapté la
loi à la situation à l'intérieur des prescriptions? Je ne
peux pas vous le dire pour l'instant.
M. Morin: Avez-vous quelques observations à faire de votre
côté, monsieur?
M. Larose: Pas beaucoup, sauf que vous avez souligné que,
si une compagnie, à un moment donné, subit, par exemple, un
incendie, si elle reçoit une compensation et reconstruit, il me semble
que, dans le calcul de l'aide, on doit tenir compte du fait qu'il y a eu une
compensation. Cela nous semblait logique; même si on dit qu'il n'en est
pas fait mention spécifique, on trouve que c'est la logique, c'est ce
qu'on trouvait de plus logique.
M. Morin: Moi aussi, cela me paraît logique. C'est pour
cela que je demandais si vous avez, de votre côté, une attitude de
principes.
M. Berthiaume: Je pense que, dans le temps, l'action prise
était faite avec la conviction que c'était la meilleure action
à prendre et c'était fait en fonction des circonstances. Est-ce
que l'interprétation juridique de cette action est pour montrer qu'on
était en dehors des possibilités permises par la loi et les
règlements? Je ne peux pas vous le dire pour l'instant. Notre
impression, assurément, c'est qu'on a fonctionné comme on
attendait du ministère en assurant aux industries
concernées l'aide anticipée.
M. Morin: Dans la correspondance qui a été
échangée, il y a un certain nombre de cas spécifiques
où on vous donne l'explication, la façon dont on a
procédé. Est-ce que les explications vous donnaient
satisfaction?
M. Chouinard: Comme je l'ai fait remarquer tout à l'heure,
dans la réponse écrite que j'ai eue des autorités du
ministère, en date du 22 mai 1974, en marge du rapport du
Vérificateur général de 1972/73, il est question
exclusivement, du point un à neuf, de la direction des pêches
maritimes.
M. Larose: On n'a pas eu de réponse.
M. Chouinard: Sur ce point, je n'ai pas eu de réponse
écrite.
M. Larose: Elle ne nous est pas parvenue.
M. Chouinard: Elle ne nous est pas parvenue J'ai eu une
réponse en ce qui concerne la direction générale des
pêches maritimes, je l'ai ici, en regard du rapport 1972/73. Pour les
points soulevés dans la Loi de l'aide au développement industriel
régional, j'ai eu une réponse à ce moment. L'explication
que M. Bergeron a donnée verbalement tout à l'heure, il nous
l'avait donnée au moment de notre rencontre quand on a discuté
après la vérification. Ce sont les mêmes explications.
M. Berthiaume: Dans le cas, je vous crois et je vous
présente mes excuses. On va sûrement voir à ce que vous
ayez les explications, parce que je retrouve ici le texte de la lettre que nous
vous avions écrite à ce moment. Elle s'est sûrement perdue
à quelque part. Je verrai à rétablir les faits et voir
à
ce que la documentation vous parvienne avec les explications
nécessaires.
M. Morin: Bon. Je pense qu'étant donné le temps
dont nous disposons, nous allons tout simplement nous en remettre au
ministère pour qu'il expédie la lettre en question. Nous
attendrons la réaction du vérificateur dans son prochain rapport
ou, du moins, dans celui de 1976.
Pour ce qui est de l'année 1974 nous allons manquer de
temps, M. le Président je vais me concentrer sur une question en
particulier, qui est évoquée par le vérificateur, à
la page 4-112. "Nous tenons à signaler, nous dit-il, que le solde de
$169,605 dû par une compagnie a été inclus dans la
provision pour le même montant, bien qu'il soit prévu que toutes
les immobilisations ou autres actifs décrits à l'item 3 de
l'arrêté en conseil 2466 et utilisés ou
possédés par cette compagnie, à l'exclusion des navires,
sont rachetés par le gouvernement du Québec, en
considération de l'annulation de ce prêt. "Cette façon de
procéder est irrégulière, étant donné qu'il
s'agit là, à notre avis, d'une dépense budgétaire
qui aurait dû être faite de façon autorisée."
J'aimerais demander quelques explications au ministre sur cette
façon de procéder qualifiée d'ir-régulière.
J'aimerais lui demander de quelle compagnie il s'agit? A-t-on
procédé à racheter certaines immobilisations? A quel prix?
Pourquoi avoir inclus ce montant dans la provision pour pertes?
M. Berthiaume: Je vais demander à M. Breton de vous
répondre.
L'arrêté en conseil 2466 date du 10 juillet...
M. Morin: 1974.
M. Berthiaume: ... 1974, oui. Nous étions à
confectionner les états financiers au 31 mars 1974, et à ce
moment, lorsque l'arrêté en conseil a été
porté à notre connaissance, cette provision était
établie et ce point n'était pas porté à notre
connaissance. Nous l'avons provisionné tout comme si...
M. Morin: S'il n'y avait pas eu d'arrêté en
conseil.
M. Berthiaume: C'est ça. C'est la raison. Cette
année, au 31 mars 1975, ce montant n'est pas provisionné.
M. Morin: Est-ce que cela répond entièrement
à l'observation du Vérificateur général?
M. Moffet: Ce qui m'étonne, c'est qu'on dise qu'au 31 mars
1975, les $169,605 étaient encore en provision.
M. Berthiaume: Oui, parce que, selon les renseignements
très succincts que j'ai eus, les biens en question ne sont pas encore la
propriété du gouvernement. L'arrêté en conseil est
adopté, mais les documents officialisant le tout ne sont pas
approuvés. La transaction n'est pas complétée. Je ne sais
pas si au ministère, on est en mesure de préciser davantage. Ce
sont les renseignements que j'ai eus d'une façon verbale hier. De toute
façon, sachant qu'on est en voie de récupérer des biens au
profit de la province, nous n'avons pas pris de provision au 31 mars 1975. Mais
le montant est encore à recevoir. Nous n'avons aucun document qui nous
indique que nous devrions l'enlever. Le seul document que nous avons, c'est
l'arrêté en conseil du 10 juillet.
M. Moffet: L'irrégularité mentionnée
là, pour la bonne compréhension de tout le monde, c'est que la
provision n'était pas un élément qui apparaissait au
budget de la province. Cette provision pour mauvais comptes est une
évaluation, comme le mot le dit, en fin d'année. Le
contrôleur des finances est d'accord sur ce principe
également.
S'il s'agit réellement d'une acquisition d'immobilisation en
règlement d'un compte à recevoir, qu'on passe par le processus
normal d'un crédit voté par l'Assemblée nationale. C'est
là que l'irrégularité se situe.
M. Morin: Autrement dit, c'est une dépense
budgétaire. Elle aurait dû être approuvée par
l'Assemblée nationale, faire l'objet d'un crédit.
M. Moffet: Oui.
M. Morin: Vous êtes d'accord sur cette observation du
Vérificateur général?
M. Berthiaume: Oui. En fait, il n'y a absolument rien qui
s'oppose à ce moment. Qu'on le fasse ainsi maintenant... En fait, oui.
Je dirais qu'on est généralement d'accord sur cela.
M. Morin: Mais c'est simplement en raison des circonstances que
vous n'avez pas procédé de la sorte.
M. Berthiaume: On ne pouvait pas le faire dans le temps.
M. Morin: Vous ne pouviez pas le faire. M. Berthiaume:
Cela n'était pas...
M. Morin: Et maintenant, vous êtes en voie de
récupérer le montant en question?
M. Berthiaume: Le ministère était en voie de
prendre possession des biens qui comprennent: moulins à farine, camions
et équipement divers, évalués au prix de remplacement,
soit $230,000 actuellement.
M. Morin: Donc, plus que ce qui est dû.
M. Berthiaume: Plus que ce qui est dû qui était
$169,000 et quelques dollars.
M. Morin: II y avait aussi des navires appartenant à cette
société.
M. Berthiaume: Cela excluait les navires.
M. Morin: Mais cela excluait les navires. Peut-on savoir de
quelle compagnie il s'agit...
M. Berthiaume: Oui.
M. Morin: ... puisque maintenant, j'imagine que c'est dans le
domaine public, puisque le gouvernement est en train de récupérer
les immobilisations.
M. Berthiaume: Pêche Prod Limitée. Prod pour
produit.
M. Morin: Oui. Donc, le gouvernement entre dans ses montants
d'argent. Il n'y a pas de problèmes particuliers. Cela règle au
moins ce cas particulier. Il nous reste tout juste une demi-heure pour nous
tenir à l'intérieur du calendrier que nous nous étions
fixé. J'aimerais passer à autre chose. J'ai dit qu'au Conseil du
trésor je n'avais rien.
M. Moffet: M. le Président... M. Morin: Oui.
M. Moffet: On aurait une remarque additionnelle au sujet de la
Loi de l'aide au développement industriel.
M. Morin: C'est toujours à l'intérieur du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Moffet: Oui.
M. Larose: Celle dont on parlait tout à l'heure.
M. Morin: Oui.
M. Moffet: A toutes fins pratiques, lorsqu'on vérifie le
budget du ministère de l'Industrie et du Commerce, aujourd'hui, on
s'aperçoit que l'aide accordée en vertu de cette loi
décroît d'année en année.
M. Berthiaume: La loi est...
M. Moffet:... et nous sommes dans la période des derniers
versements qui s'échelonneront encore sur une période d'un an et
demi ou de deux ans. C'est pour cela que tout à l'heure on demandait si
on pouvait en reparler en 1976. Cela va peut-être arriver comme un cheveu
sur la soupe, étant donné qu'il n'y aura pas de
dépenses...
M. Morin: Etant donné qu'il n'y aura pas de montant
à ce moment. C'était un montant de $9 millions et quelques
dollars pour l'année 1973, je crois.
M. Moffet: C'est cela. Les estimations de 1975-1976 ne
prévoient aucun montant.
M. Berthiaume: Exactement. Je m'excuse. Mon information
était fausse. Nous avons, actuellement, terminé tous les
versements, les paiements, en tenant compte de cette loi.
M. Morin: De sorte que le problème disparaît en
quelque sorte de lui-même.
M. Moffet: II meurt de sa belle mort.
M. Chouinard: C'étaient des problèmes qui
remontaient à quelques années. ... cette vérification en
1972-1973. C'était de 1968, 1969 et 1970.
M. Moffet: C'est quand nous avons commencé l'application
de la loi.
M. Chouinard: Au début de l'application de la loi, avec le
peu d'expérience que j'avais.
M. Moffet: C'est cela. Pour cette mise au point, tenez-vous quand
même à ce qu'on révèle le cas dans notre rapport de
1973?
M. Morin: Je m'en remets à vous là-dessus. Si vous
estimiez avoir encore quelque chose à ajouter, même si de fait la
loi n'a plus d'application pratique, n'hésitez pas à le faire. Je
pense qu'on va essayer de couvrir encore pas mal de terrain en peu de temps, M.
le Président. Pour ce qui est de la Société de
développement immobilier du Québec, est-ce que...
M. Berthiaume: Industriel.
Le Président (M. Bacon): Est-ce que ce n'est pas le
développement pour la recherche industrielle?
M. Morin: Non.
M. Berthiaume: C'est le développement immobilier.
M. Morin: Société de développement
immobilier du Québec. Elle ne relève pas du ministère?
Le Président (M. Bacon): Non, est-ce qu'on ne l'a pas
passée avec le ministère des Travaux publics ou des
Transports.
M. Morin: Cela relève plutôt des Finances.
Le Président (M. Bacon): C'est le ministère des
Transports. Il y a peut-être erreur de la part du chef de l'Opposition.
Lorsqu'on a étudié le ministère des Transports, je me
souviens qu'on avait fait venir le fonctionnaire exprès pour...
M. Berthiaume: Les Travaux publics.
Le Président (M. Bacon):... cela et il n'y a pas eu de
question.
M. Morin: Alors, je le note et nous reviendrons dessus, parce que
j'avais, effectivement, quelques questions. Il y a eu une erreur d'aiguillage
quelque part.
Le Président (M. Bacon): Je me souviens d'un
fonctionnaire, M. Sanche, qui était venu pour cela et il n'y a pas eu de
question.
M. Morin: M. le Président, je ne voudrais pas insister,
mais je ne sais pas si on a quorum.
Le Président (M. Bacon): Oui.
M. Morin: Parce que je voyais que le député allait
nous quitter.
Le Président (M. Bacon): Est-ce que le
député de Richmond pourrait prendre place?
M. Morin: Oui, et vous pourriez continuer à signer des
cartes de Noël, je n'ai pas d'objection, mais soyez présent au
moins qu'on ait quorum.
M. Vallières: Est-ce que cela dérange le
député de Sauvé?
M. Morin: Non, cela ne me dérange pas du tout, au
contraire.
M. Vallières: Vous allez en recevoir une d'ailleurs.
Le Président (M. Bacon): A l'ordre!
M. Morin: Je vous encourage à continuer, mais restez avec
nous parce que cela donne au moins l'impression d'avoir quelques auditeurs.
M. Berthiaume: ... des personnes intéressées.
M. Morin: C'est cela. Cela donne de l'ambiance.
M. Vallières: Cela vous donne de l'importance.
M. Morin: Non, mais cela vous en donne à vous.
M. le Président, peut-être pourrait-on passer à la
Régie des loteries et courses.
M. Berthiaume: Ce sont les Finances. M. Morin: Ce sont les
Finances aussi.
M. Berthiaume: Non, la Régie des loteries et des courses,
c'est la Justice.
SGF-SIDBEC
M. Morin: La Justice. La SGF alors. Le dossier SGF. Ce qui me
frappe dans celui-là, c'est que
SIDBEC ne semble pas être soumise à la surveillance du
Vérificateur général. J'aimerais savoir pour quelle raison
il en est ainsi. D'ailleurs, la même observation vaut pour SIDBEC. La
SIDBEC et la SGF échappent à votre surveillance.
M. Berthiaume: C'est prévu par la loi, M. le
Président.
M. Morin: Je ne doute pas que ce soit prévu par la loi.
J'imagine que c'est prévu par la loi, mais je voudrais savoir pour
quelle raison il en est ainsi.
M. Berthiaume: C'est le désir du législateur.
M. Morin: Que voilà un beau rideau dans lequel
s'envelopper.
M. Berthiaume: C'est parce que je ne considère pas que
c'est le genre de question qui doit être soumise à la commission
parlementaire des comptes publics. Elle pourrait être soumise aux
crédits ou à l'Assemblée nationale elle-même.
M. Morin: C'est parce qu'il s'agit de deux entreprises
gouvernementales qui accusent les plus gros déficits à l'heure
actuelle.
M. Berthiaume: Je m'excuse, M. le Président, parce qu'il y
a également la Société des alcools où le
vérificateur n'est pas le Vérificateur général et
on sait que les profits sont de l'ordre de $140 millions.
M. Morin: Est-ce que je pourrais demander au Vérificateur
général s'il estime qu'il serait utile de procéder
également à la vérification des livres de SIDBEC et de la
SGF?
M. Larose: S'il s'agit de déterminer les résultats
des opérations ou de la situation financière de ces entreprises,
je pense que, pour les bureaux de vérification qui sont responsables de
la vérification, je n'ai aucune raison de croire qu'ils ne font pas un
excellent travail. Je n'ai pas les noms à la mémoire à
l'heure actuelle, mais au moins ce qui regarde la situation financière
et le résultat des opérations. Le point que je porterais
peut-être à l'attention de la commission, c'est qu'il serait
peut-être à propos que les lettres de commentaires qui sont
produites par les vérificateurs aux administrateurs d'une corporation
à la suite d'une vérification soient également mises
à la disposition des parlementaires qui étudient les rapports de
ces entreprises.
Je n'ai aucune raison de croire que mes collègues dans la
profession ne font pas un bon travail.
M. Morin: Cela n'était pas le sens de ma question non
plus, mais je me demandais, étant donné que ce sont deux
entreprises gouvernementales parmi celles qui donnent le plus de soucis, l'une
d'entre elles, parce qu'elle a un déficit d'opération important,
l'autre, parce qu'elle fait toutes sortes de transactions qui ont donné
lieu à des doutes dans le passé, je me demandais si ce ne serait
pas
utile que ce soit le Vérificateur général qui fasse
cette vérification. Evidemment, ce n'est peut-être pas au
vérificateur que je devrais le demander, c'est peut-être une
question d'ordre législatif.
Le Président (M. Bacon): J'ai l'impression que M. le
vérificateur est dans une drôle de situation...
M. Morin: Mais j'aurais aimé avoir le point de vue du
vérificateur, si tant est qu'il en ait un sur la question.
M. Larose: C'est comme...
Le Président (M. Bacon): Au fait, en principe, vous pouvez
dire oui...
M. Morin: M. le Président, ce n'est pas à vous que
je pose la question.
M. Larose: Personnellement, j'ai déjà
exprimé l'avis personnel que, pour de très grosses entreprises du
gouvernement, je ne verrais pas d'un mauvais oeil qu'il y ait une
vérification conjointe du Vérificateur général et
de vérificateurs de bureaux privés. A ce moment-là,
certainement que ça pourrait à la fois servir les
intérêts du gouvernement et de l'Assemblée en
général, en ce sens que notre connaissance des procédures
gouvernementales pourrait aider ceux du secteur privé qui font la
vérification. Par ailleurs, nous, s'il y avait à rassurer des
investisseurs possibles du secteur public en ayant des vérificateurs
privés, la vérification conjointe pourrait être une
réponse dans certains cas. Il y a des cas, je pense bien, où elle
ne serait pas nécessaire du tout. Le minimum, il me semble, qu'on
pourrait avoir, c'est que, dans les cas où la vérification est
faite par le secteur privé, les commentaires des vérificateurs
soient aussi soumis, comme le fait la très grande majorité des
vérificateurs, au même processus que celui par lequel on passe
nous-même. Je pense qu'à ce moment-là, vous pourriez
obtenir le même genre de satisfaction.
M. Morin: Je posais la question pour être
éclairé moi-même sur l'attitude qu'il convenait de prendre
lorsque ces questions viendront devant l'assemblée. Je ne sais pas si le
ministre veut ajouter quelque chose. En ce qui me concerne, je trouve que cette
idée de vérification conjointe serait fort utile.
Je ne sais pas s'il a des observations ou s'il veut laisser porter la
question.
M. Berthiaume: Je n'ai pas d'observation particulière sur
cette question. Evidemment il y a un certain nombre de ces
sociétés qui sont vérifiées par des firmes
privées; dans tous les cas, ce sont des firmes privées de bonne
réputation. Il n'y a pas de problème de ce
côté-là.
Si on prend des exemples comme SIDBEC, la Société des
alcools ou des sociétés de cette nature, ce sont des
sociétés qui fonctionnent sur la même base qu'une
entreprise privée, avec des conseils d'administration et ainsi de suite.
Il semble conforme au législateur que ces sociétés soient
vérifiées par des firmes qui sont habituées à
oeuvrer dans le domaine de l'entreprise privée.
M. Morin: Sûrement qu'on fera...
M. Berthiaume: C'est le seul commentaire. Je ne dis pas que c'est
concluant comme commentaire, mais c'en est un si le chef de l'Opposition
désire en avoir un.
M. Morin: Remarquez que je ne m'attendais pas à une
réponse tellement différente de celle que le ministre me donne.
C'est tout à fait conforme à la philosophie libérale de
procéder de la sorte.
M. Berthiaume: Oui et on n'a pas honte.
M. Morin: Je ne m'attendais pas à ce que vous en ayez
honte non plus, mais, étant donné qu'il s'agit d'entreprises
gouvernementales, je pense qu'il serait souhaitable qu'il y ait, à tout
le moins, une vérification conjointe. Je ne dis pas une
vérification exclusive par le Vérificateur général.
Cela viendra le jour où il y aura des changements de gouvernement, mais,
en attendant, est-ce que cela ne serait pas un progrès qu'il y ait une
vérification conjointe.
M. Berthiaume: Un certain nombre de ces entreprises sont
régies par des lois qui ont été adoptées pendant
que le Parti québécois avait des députés à
la Chambre. Je pense à la Société des alcools, par
exemple, en 1972. Pour ce qui est de SIDBEC, je n'ai pas le chiffre, mais je
pense que les commentaires qu'on pourrait faire sur cette question ont
peut-être été faits à ce moment-là, je ne me
souviens pas.
M. Morin: Je pense qu'ils ont déjà
été faits.
M. Berthiaume: Je pense que, s'il y en avait à faire, ce
serait à l'occasion où on discute de questions semblables.
Lorsqu'on adopte des lois régissant des sociétés...
M. Morin: Nous y reviendrons, M. le Président, parce
que...
M. Berthiaume: Chaque cas peut être un cas particulier en
ce sens qu'il peut y avoir des raisons différentes dans un cas plus que
dans l'autre.
M. Morin: Oui, quoiqu'il y a des questions de principes
généraux aussi. Mais mon but, c'était surtout d'obtenir
l'opinion du vérificateur sur la possibilité d'une
vérification par lui-même dans le cas de la SGF et de SIDBEC.
Comme j'ai eu la réponse, on peut passer peut-être à la
Société du parc industriel du centre du Québec.
La question que j'ai à poser est...
M. Berthiaume: M. le Président, si on me
permet, pour les fins du journal des Débats, je veux transmettre
au député de Sauvé les commentaires du ministère de
l'Industrie et du Commerce sur le fonds de développement industriel.
M. Morin: Oui, très bien. Lesquels commentaires sont
déjà entre les mains du Vérificateur
général?
M. Berthiaume: Oui, d'ailleurs une lettre a été
adressée, je crois que c'est en juin 1974, je l'avais tantôt. Il
est possible que ces messieurs ne l'aient pas en main aujourd'hui, mais, de
toute façon, on peut leur envoyer une copie de ce qui avait
été envoyé en juin 1974.
SPICQ
M. Morin: Bien. M. le Président, je vais vraiment essayer,
au cours du quart d'heure qui nous reste, de couvrir deux dossiers rapidement,
celui de la Société du parc industriel du Centre du Québec
et le dossier du Centre de recherche industrielle. Me référant au
rapport de 1973 du vérificateur, à la page 4-48, à la
remarque particulière qui s'y trouve, j'aimerais poser quelques
questions. Au cours de l'exercice financier sous examen, nous dit le
vérificateur, la société a enfreint les prescriptions de
l'article 22, paragraphe 1), en octroyant à un entrepreneur un contrat
de $113,949 sans demande de soumissions publiques, tel que l'exige la loi, pour
tout contrat comportant une dépense supérieure à
$25,000.
J'aimerais savoir à qui et pour quelles fins a été
accordé ce contrat de $113,000 sans soumissions. J'aimerais aussi savoir
pourquoi on n'a pas respecté la loi. Ensuite, j'aurai peut-être
une ou deux questions au Vérificateur général sur ce
même cas particulier.
M. Berthiaume: Nous regrettons de vous dire encore, dans ce cas,
que nous ne nous sommes pas préparés pour la discussion sur le
rapport de 1972/73. Nous pouvons retourner avec l'information demandée
dans les plus brefs délais.
M. Morin: Bon. Etant donné le temps qui nous reste, je
comprends qu'il y a eu un malentendu, parce que, forcément, la
séance de ce matin devait porter sur tous les rapports du
Vérificateur général. Le ministre convient donc qu'il
pourra me fournir ces renseignements, peut-être pas au cours des heures
qui viennent, mais dans les jours qui viennent. Je ne veux pas bousculer qui
que ce soit. Je veux simplement avoir l'information, les renseignements.
Je ne sais pas si le vérificateur, entre-temps, a obtenu des
explications sur ce cas et s'il est satisfait.
M. Moffet: Oui.
M. Morin: Je lui donne la parole pour qu'il nous dise où
cela en est.
M. Moffet: Pour répondre à la question, j'ai les
renseignements que vous nous demandez présentement ainsi que le
ministère.
M. Morin: Oui, ce sera plus simple.
M. Berthiaume: C'est encore plus simple.
M. Moffet: C'est un contrat de pavage, donné à une
compagnie de pavage, Pavage Nicolet Inc. Voici comment l'erreur est survenue.
Il y a eu l'arrêté en conseil 1041 qui régit l'octroi des
contrats. Cet arrêté en conseil a été émis
à la suite de la Loi de l'administration financière. On
prévoit dans cet arrêté en conseil que pour tout contrat de
pavage et d'entretien inférieur à $150,000, je crois, il n'est
pas nécessaire de demander des soumissions publiques.
La Société du parc industriel du Centre du Québec a
été mise au courant de cet arrêté en conseil et s'en
est prévalue alors que sa loi est restrictive, à l'article 22,
paragraphe"!, qui demande des soumissions dans le cas du parc industriel pour
tout contrat excédant $25,000.
M. Morin: Oui, l'arrêté en conseil n'est pas
conforme à la loi dans ce cas?
M. Moffet: L'arrêté en conseil 1041 est conforme
à la Loi de l'administration financière...
M. Morin: Oui.
M. Moffet: ... qui délègue au lieutenant-gouverneur
en conseil le pouvoir d'émettre des directives relativement aux contrats
et aux subventions du gouvernement payés à même le fonds
consolidé de la province, du gouvernement, les contrats de la Voirie,
les contrats des Travaux publics, etc.
M. Larose: Cela ne lie pas nécessairement les
sociétés d'Etat.
M. Moffet: Cela ne vise pas les sociétés d'Etat.
C'est une prescription de la Loi de l'administration financière.
M. Morin: J'avoue qu'il y a une astuce qui m'échappe.
J'avais l'impression que tout contrat excédant $25,000 devait faire
l'objet d'un appel de soumissions publiques.
M. Moffet: Dans le gouvernement.
M. Morin: Oui, mais pas à l'égard, si je comprends
bien, des sociétés d'Etat. Les sociétés d'Etat,
elles, peuvent donc accorder des contrats sans soumission jusqu'à
concurrence de $150,000. Je ne sais pas si j'ai mal compris.
M. Moffet: Je me suis très mal exprimé,
j'imagine.
M. Morin: Non, je vous en prie.
M. Moffet: L'arrêté en conseil 1041 régit les
contrats du gouvernement.
M. Morin: Oui.
M. Moffet: Alors, les contrats passés par les
ministères. Lorsqu'on arrive à la Société du parc
industriel, elle a sa loi propre. Dans sa loi, on indique, à l'article
22.1, que tout contrat excédentaire à $25,000 doit passer par
soumissions publiques.
M. Morin: Oui.
M. Moffet: Alors, c'est l'article 22.1 qui s'applique et non
l'arrêté en conseil 1041.
M. Morin: J'ai compris.
M. Moffet: Comme explication, la Société du parc
industriel nous dit qu'elle s'est prévalue de l'arrêté en
conseil 1041. Des avis juridiques ont été émis par la
suite et ont donné raison au texte qui est ici; c'est l'article 22.1 qui
s'applique dans son cas. Donc, tout montant excédant $25,000 doit passer
par soumissions publiques.
M. Morin: Evidemment, il est trop tard, une fois la chose faite,
pour y remédier. Est-ce que vous avez des critères qui vous
permettent de juger si le montant adjugé, le montant du contrat,
$113,000, était excessif?
M. Moffet: C'est un contrat qui a été soumis
à des surveillances régulières par des
spécialistes, tout comme dans le gouvernement pour un contrat
inférieur.
M. Morin: Bon. Autrement dit... Serait-ce un vote?
Le Président (M. Bacon): Est-ce qu'on pourrait suspendre,
pour revenir après le vote, parce que, s'il reste quelques questions, ce
serait embêtant...
M. Morin: Un vote, ça prend cinq minutes? Il me reste
peut-être dix minutes de...
M. Berthiaume: C'est fini pour le ministère de l'Industrie
et du Commerce?
M. Morin: Après, c'est fini.
M. Berthiaume: Ah bon! D'accord!
M. Morin: Je me suis arrangé pour rester dans les
délais.
Le Président (M. Bacon): Alors, on revient après le
vote.
La commission suspend ses travaux.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
Reprise de la séance à 13 h 5
M. Morin: Encore là, on peut peut-être continuer
avec l'étude des derniers dossiers.
Pour ce qui est de Pavage Nicolet Inc., on peut donc considérer
que ce cas, qui a fait l'objet d'une remarque particulière du
Vérificateur général, est clos et vous êtes-vous
assuré que la Société du parc industriel va
désormais appliquer l'article 22, alinéa 1 et non pas
l'arrêté en conseil 1041?
M. Moffet: Sûrement. C'est fait.
M. Morin: Elle est consciente du fait qu'elle a à
appliquer l'article 22, paragraphe 1).
M. Moffet: L'avis juridique dont je vous parlais tout à
l'heure, c'est justement elle qui l'a demandé.
CRIQ
M. Morin: Donc, on peut considérer que c'est un incident
clos. On peut passer au Centre de recherche industrielle du Québec.
Je m'en tiendrai au rapport de 1974 puisque, pour 1973, le
ministère ne savait pas qu'il devait se documenter. De toute
façon, ce sont deux ou trois questions extrêmement courtes.
A la page 5-12, le Vérificateur général, parlant
des projets de recherche en participation, nous mentionne un certain nombre de
faiblesses dans les contrats qui lient le centre à des partenaires de
recherche, notamment la majoration pour les frais généraux
devrait être clairement mentionnée au contrat; les conditions de
remboursement, dont les participants bénéficient pour rembourser
les dépenses encourues par le centre, ont semblé, au
Vérificateur général, trop avantageuses étant
fondées sur un faible pourcentage des ventes, etc.
J'aimerais savoir si, au ministère, on s'est assuré que
ces faiblesses seraient corrigées en ce qui concerne les contrats qui
lient le CRIQ à ses partenaires de recherche.
M. Berthiaume: La réponse est affirmative. En effet, le
CRIQ a repris tous les contrats pour les réévaluer. Cela, depuis
le mois de février 1974 je pense que je vous donne l'année
exacte et justement le Vérificateur général a
procédé, en deux étapes, à la vérification
des états financiers du centre dont l'exercice financier se terminant le
31 mars 1974.
En effet, avec un nouveau directeur général pour les deux
derniers mois, un premier rapport a été effectué sur les
dix premiers mois et un deuxième rapport sur les deux derniers mois.
Depuis, nous avons été informés que l'opération
pour l'exercice courant tient compte justement de l'ensemble des points
soulevés par le Vérificateur général pour les dix
premiers mois de l'exercice 1973/74. En effet, je peux répondre plus en
détail pour vous dire qu'en reprenant tous les contrats pour les
réévaluer, deans certains cas, de nouvel-
les clauses ont été négociées, et dans
d'autres cas, d'un commun accord entre les parties, on y a mis un terme. A
noter que, pour l'avenir, il n'y aura que très peu de projets sur cette
base.
M. Morin: Vous voulez dire en participation?
M. Berthiaume: C'est cela. L'ensemble des projets est
actuellement sous la forme de commandite où l'entreprise paie le
coût des services. Il est entendu que des conditions spéciales
peuvent être accordées au niveau du crédit quand il s'agit
de projets intéressants et que l'entreprise n'a pas les moyens
financiers de régler la note immédiatement. On peut continuer si
vous voulez, mais pour ce qui est des projets en commandite, le centre a fait
un nettoyage des comptes en souffrance.
M. Morin: Pour la commandite, laissons-la de côté,
j'aurais une autre question à vous poser. Pour ce qui est de la
participation, des ententes de participation, est-ce que les
éclaircissements ou les redressements assurés par le
ministère répondent à vos observations, M. le
Vérificateur général?
M. Moffet: Oui. Cela répond entièrement à
nos observations. D'ailleurs, on a rencontré le directeur
général à plusieurs reprises.
M. Morin: M. Descôteaux?
M. Moffet: M. Descôteaux, et on s'est entendu sur la
plupart de ces points. Cela relevait de l'administration antérieure
à M. Descôteaux. Cela a pratiquement été
corrigé, ce qui était corrigible, évidemment.
M. Morin: Maintenant, nous nous tournons vers la commandite,
justement. On nous dit qu'au cours de la période du premier avril 1973
au 31 janvier 1974, le centre a dépensé quelque $126,000 pour des
commandites dont $40,000 ont été facturés. J'avoue que
j'ai de la difficulté à comprendre comment on a pu facturer
seulement $40,000 pour des travaux qui ont coûté trois fois plus.
Est-ce qu'il s'agissait de subventions déguisées? Pourquoi une
telle subvention, puisque c'est à cela que l'on a abouti dans les faits
et qu'est-ce que le ministère a fait pour répondre à cette
critique du vérificateur?
M. Berthiaume: Effectivement, les actions prises tombent dans le
même sens. Le centre a fait un nettoyage des comptes en souffrance,
facturation intégrale, recours aux services d'avocats pour les
poursuites de recouvrement, etc. Dans certains cas marginaux, on a convenu de
liquider purement et simplement les comptes en souffrance
irrécupérables.
M. Morin: Donc, on peut considérer qu'il y a eu aussi
remède apporté par le ministère et le CRIQ à cette
observation du vérificateur.
M. Moffet: C'est un domaine où le directeur du centre est
très fier des résultats obtenus et il a donné suite
à cette remarque.
M. Morin: Une dernière question et nous aurons
terminé à la fois le Centre de recherche industrielle et le
rapport du Vérificateur général, sauf pour ce qui est de
la question du salaire minimum. Je me réfère à la page
5-13 de votre rapport 1974, au passage consacré aux immobilisations.
Vous nous dites que la vérification de toutes les acquisitions de
machinerie, etc., pour un montant total de $532,000 et plus, vous a permis de
constater deux, et même davantage, quatre lacunes; la politique de
capitalisation n'a jamais été définie, on n'a jamais fait
de décomptes physiques des immobilisations. Est-ce que le CRIQ ou le
ministère s'est assuré qu'il y aurait un plan comptable ou un
système comptable cohérent pour les immobilisations?
M. Berthiaume: Effectivement, le Vérificateur
général a attiré l'attention sur les quatre points et je
peux vous répondre sur chacun des points. Premièrement, notre
politique de capitalisation est définie actuellement et, je pense,
à la satisfaction du vérificateur.
M. Moffet: C'est un domaine où la réforme
n'était pas complétée lorsqu'on a terminé notre
vérification du 31 mars 1975. On n'avait pas donné suite encore,
faute de temps, qu'on nous a dit, on avait surtout procédé
à la rectification des autres points. On trouvait que
c'était...
M. Berthiaume: En fait, vous étiez satisfait du
progrès effectué par le directeur général dans ce
sens et il nous informe que, depuis, sa politique est définie.
M. Moffet: D'accord.
M. Berthiaume: C'est une information...
M. Moffet: On était satisfait pour la période, pour
l'effort de correction qui avait été fait...
M. Berthiaume: II faut attendre...
M. Moffet: Mais on admet au centre que ce n'était pas
complètement corrigé au 31 mars 1975.
M. Berthiaume: Bon.
M. Moffet: Mais c'était en voie de correction.
M. Berthiaume: Bon.
M. Morin: Nous pouvons attendre votre prochain rapport pour voir
si cette politique a été effectivement définie. Au point
2, portant sur les immobilisations?
M. Berthiaume: L'inventaire, au point no 2, est en voie
d'être terminé. Ce n'est pas terminé en-
core, mais le travail a été amorcé et je ne sais
pas si nous avons un terme concernant ce travail.
La question du registre affecte justement la rapidité à
atteindre pour arriver avec l'inventaire demandé; à cet effet, le
registre a été fourni par les Travaux publics après
l'acquisition de l'immeuble et de l'équipement du 1er mai 1974.
C'est un peu un simple problème technique qui occasionne les
difficultés relatives au registre.
M. Morin: Bon. Alors, ça aussi, c'est en voie de recevoir
une solution?
M. Berthiaume: C'est juste.
M. Morin: Et, au quatrième point, pour ce qui est de la
disposition de certaines catégories d'actifs?
M. Berthiaume: On m'informe que la procédure sur la
liquidation des actifs est en cours de rédaction et serait
présentée au vérificateur lors de sa prochaine visite.
M. Morin: Pour l'instant, nous ne pouvons guère aller plus
loin. Nous attendrons les commentaires du vérificateur dans son prochain
rapport.
Commission du salaire minimum (suite)
M. le Président, j'en ai terminé pour cette année
avec les rapports du vérificateur. Maintenant, on pourrait
peut-être recevoir la réponse concernant le salaire minimum.
Le Président (M. Picard): Est-ce que le ministre d'Etat
aux finances pourrait inviter M. Bergeron à venir donner la
réponse au leader de l'Opposition officielle concernant le salaire
minimum.
M. Berthiaume: M. le Président, peut-être que, pour
la bonne compréhension de M. Bergeron, qui est à ma droite, le
député de Maisonneuve pourrait reformuler sa préoccupation
de ce matin.
M. Burns: Ma préoccupation de ce matin, si on veut la
capsuler le plus rapidement possible, c'étaient, d'une part, des faits
que je notais dans le rapport de 1972/73 et dans celui de 1973/74. Apparemment,
la référence aux rapports que j'avais cités je n'ai
pas le document devant les yeux actuellement nous laissait croire que
c'était une situation de fait qui se perpétuait, en tout cas qui
durait depuis un certain temps. La situation elle-même est tout
simplement que des dépenses qui devaient normalement être
appliquées aux crédits du ministère du Travail
étaient tout simplement passées en vertu du budget de la
Commission du salaire minimum. Dans ce sens, je m'inquiétais très
sérieusement de voir que le Parlement était appelé
à se prononcer, à toutes fins pratiques, sur des crédits
qui ne sont pas exacts.
Là-dessus, je soutenais que le Vérificateur
général avait parfaitement raison de soulever le pro-
blème. Là où je me suis posé des questions qui,
apparemment, n'avaient pas de réponse à la commission,
c'était en vertu de quelle autorité ces paiements étaient
différés à la Commission du salaire minimum plutôt
que de passer à l'intérieur du budget du ministère du
Travail et de la Main-d'Oeuvre. C'est la question, si vous voulez, la plus
"capsulée" possible. Quelle est l'autorité qui fait que ces
dépenses étaient dans bien des cas des salaires? Dans le rapport
de 1972/73, on citait $300,000 qui étaient principalement des salaires
affectés directement à la Commission du salaire minimum, alors
que ce sont des gens qui auraient dû être payés en vertu du
budget du ministère du Travail.
Je vous signale également, en même temps, qu'il s'agit dans
bien des cas j'en ai reconnu par la liste qu'on nous a donnée ce
matin de gens qu'on a mis tout simplement sur la tablette. Autrefois,
c'étaient des commissaires de la Commission des relations de travail ou
des personnes qui, selon ce que nous a confirmé M. Carrière, ce
matin, relevaient directement de la Commission des relations de travail, de la
défunte Commission des relations de travail.
Alors, je trouve que c'est une technique, pour le moins, bizarre. Je
voudrais savoir qui a autorisé cela, comment on en est arrivé
à prendre ces décisions.
M. Berthiaume: Je pense que les remarques du Vérificateur
général s'appliquaient à deux secteurs: Le secteur de la
conciliation et le secteur du droit d'association qui a remplacé
l'ancienne Commission des relations du travail. Les dépenses encourues
par l'ancienne CRT étaient payées par la Commission du salaire
minimum, directement. Le Code du travail qui a instauré, je pense, le
service du droit d'association, prévoyait que ces dépenses
seraient encourues également par la Commission du salaire minimum.
Alors, nous avons eu une situation, à un moment donné...
Egalement, nos services de conciliation, une partie était
payée... Le personnel qui était au service de la conciliation
était payé par la Commission du salaire minimum en vertu de
l'article 12 de la Loi de la Commission du salaire minimum qui dit que: "La
commission doit mettre à la disposition du service de la conciliation du
ministère ses employés dont le ministre requiert le concours". En
vertu de cela, la Commission du salaire minimum payait les employés du
ministère au service de la conciliation.
M. Burns: Ecoutez, ne faites pas de farce avec moi. Vous avez
raison de dire que l'article 12 existe et que cet article permet au
ministère de mettre à la disposition du ministère un
certain nombre d'employés. On sait fort bien, vous et moi, que c'est
habituellement dans des cas de surcharge de travail, en particulier quand un
vote important a lieu. Je ne dis pas le contraire...
M. Berthiaume: Si vous voulez me laisser terminer, vous allez
voir où cela se rattache. C'était il
y a quelques années, alors que la Commission du salaire minimum
payait directement les employés qui étaient là. On
fournissait seulement une partie du support de bureau, très mineur. A un
moment donné, à la suite des remarques du Vérificateur
général, disant: II y a lieu de normaliser la situation, si les
employés travaillent pour le ministère du Travail, ils devraient
se rapporter au ministère du Travail, on a établi les
procédures nécessaires pour l'assignation des effectifs, les
accords de budget. Le budget de la conciliation, comme le budget du droit
d'association, fait partie du budget qui est approuvé par
l'Assemblée nationale. Maintenant, on réclame de la Commission du
salaire minimum les dépenses encourues par ces services, en vertu des
mêmes articles de la loi, soit du Code du travail ou de la Loi de la
Commission du salaire minimum. Il est bien évident que, pour une
période, le temps du réajustement qui coïncidait un peu avec
la création du droit d'association où on a eu des
problèmes particuliers, vous avez dû en entendre parler à
ce moment, en voulant rendre applicable un article de la loi pour pouvoir
préparer l'organisation du service du droit d'association, on a en
même temps aboli la Commission des relations de travail, et on s'est
retrouvé un bon matin sans aucun organisme...
M. Burns: II y a eu un temps où personne ne s'occupait de
cela.
M. Berthiaume: Exactement! Il y avait le problème
d'organiser le droit d'association, il y avait le problème de
régler la relocalisation des gens anciennement à la Commission
des relations de travail. Cela impliquait même l'élaboration de
nouveaux plans de classification qui n'existaient pas avant. Cela a
créé des délais, ce qui a fait que la période
d'ajustement s'est prolongée sur une couple d'années
budgétaires. Mais, à l'heure actuelle, la situation est
rectifiée.
M. Burns: Mais on a eu quand même durant une période
de temps assez longue j'aimerais que vous nous disiez quelle est cette
période d'anciens commissaires de la Commission des relations de
travail qui étaient ni plus ni moins placés sur une tablette. On
pourrait citer le nom de M. Gosselin, le nom de M. Eugène Corbeil, et
possiblement M. Côté, qui étaient d'anciens commissaires de
la Commission des relations de travail et qui ont été
rémunérés purement et simplement par la Commission du
salaire minimum. Ce sont des gens qu'on a mis sur la tablette pour des raisons
que j'ignore encore, je n'ai pas à les juger, mais qui en tout cas,
comme gars du milieu, m'étaient apparus comme des gens qui savaient de
quoi ils parlaient quand ils parlaient de relations de travail. On les a tout
simplement mis sur la tablette et on les a, de façon
déguisée, payés par l'entremise de la Commission du
salaire minimum. Combien de temps a duré cette situation?
M. Berthiaume: Je ne peux pas vous dire exactement, dans chacun
des cas, combien de temps cela a duré, mais je sais qu'à l'heure
actuelle...
M. Burns: La commission a été abolie en 1970.
M. Berthiaume: Au début de 1970.
M. Burns: On s'aperçoit qu'en 1972/73, et possiblement en
1973/74, ces gens sont encore sur la liste.
M. Berthiaume: Je ne pense pas pour 1973/74. Mais il faut bien
comprendre qu'il y avait un problème particulier à relocaliser
ces gens. On aurait pu, du jour au lendemain, leur assigner une fonction et
leur dire: C'est cela que vous devrez faire demain, mais il y a eu des
périodes de négociations, pour déterminer si le travail
plairait aux gens ou parce que c'était... Ils étaient au nombre
de cinq, je pense, des gens qui étaient commissaires d'une commission
autonome. Il demeurait que les gens...
M. Burns: Les autres, qui étaient juges, sont
retournés...
M. Berthiaume: Ils sont retournés sur le banc...
M. Burns:... sur le banc à la Cour provinciale.
M. Berthiaume: Mais cela a été une période
de négociations, et je pense que M. Gosselin, entre autres, est
relativement satisfait. M. Corbeil également, je pense, est satisfait.
M. Côté, je ne le connais pas. Je ne l'ai pas...
M. Burns: Moi, vous savez, ce n'est pas la préoccupation
de savoir si MM. Côté, Corbeil et Gosselin sont contents.
C'est le fait qu'on ait, pendant cette période, à mon
avis, vraiment en étirant les dispositions de la loi, utilisé
cette situation. C'est mon humble opinion. Vous pensez peut-être que j'ai
tort de penser ainsi?
M. Berthiaume: Je pense qu'il y a eu, évidemment, des
délais qui ont été créés parce que... Je
pense qu'on a respecté ces gens. Il n'était pas question de les
envoyer dans des fonctions qui ne leur plaisaient pas parce qu'en fait, ce
n'était pas une décision qui venait d'eux, celle d'abolir la
Commission des relations du travail. Ils se sont trouvés devant une
situation. On s'est senti dans l'obligation d'essayer de trouver, avec eux, un
emploi qui répondrait, dans une certaine mesure, à leurs
aspirations, un emploi dans lequel ils se plairaient, en même temps
qu'ils pourraient nous rendre des services.
Il est évident que cela a créé une période
creuse où ces gens n'ont peut-être pas été
utilisés à leur pleine valeur. Mais je pense que, globalement, la
situation, pour les deux parties, s'est réglée de façon
relativement intéressante.
M. Burns: Actuellement, vous avez encore deux personnes,
apparemment, qui relèvent du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre et qui vont apparaître au budget de la Commission du
salaire minimum. Comment se fait-il que, maintenant, après des avis
répétés de la part du Vérificateur
général, cette situation continue d'exister?
M. Berthiaume: II y a deux personnes qui me disent qu'il y en a
une et il y a une personne qui me dit qu'il y en a deux.
M. Burns: M. Carrière nous a dit une personne...
M. Berthiaume: Après cela, il s'est corrigé et il a
dit: Je pense que c'est peut-être deux...
M. Burns: Peut-être deux. Bon.
M. Berthiaume: L'autre monsieur qui est à ma gauche me dit
qu'il y en a une et M...
M. Burns: Disons qu'il y en a une.
M. Berthiaume: De toute façon, c'est en voie de
règlement.
M. Burns: Disons qu'il y en a une. On ne s'obstinera pas sur une
ou deux. Comment cela se fait-il qu'il y ait encore quelqu'un qui soit
payé par la Commission du salaire minimum alors que les crédits
affectés au ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre ne s'en
chargent pas directement?
M. Berthiaume: II y avait un problème particulier d'un
poste d'adjoint au cadre, je pense, si on parle de la même personne. Il y
a une question de disponibilité pour le poste de cadre. Il faut
retourner au Conseil du trésor et obtenir un poste de cadre additionnel
pour avoir de la place, pour le localiser.
M. Burns: Mais, encore une fois, vous admettrez avec moi que,
lorsque l'Opposition et la partie gouvernementale et ministérielle
adoptent des crédits, il est absolument anormal que ces crédits
soient faux. C'est le fond du problème. Il est faux de dire, à un
certain moment, même si c'était seulement pour $2, que les
crédits et que le nombre de postes autorisés au ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre sont de tant alors que cela n'est pas vrai.
On envoie des gens au budget de la Commission du salaire minimum. C'est cela,
la question de fond.
Cela ne me dérange pas qu'on attende pour recycler les gens et
tout cela. C'est peut-être même très humain comme attitude,
mais, sur le plan de l'étude des crédits et sur la conception
même qu'on se fait de l'étude des crédits
budgétaires de chaque ministère, il me semble qu'on nous raconte
des peurs. Je ne comprends pas que, même après les avis
répétés du Vérificateur général
là-dessus, on continue à garder cette situation, même si
vous me dites que cela ne concerne qu'une seule personne. Cela ne devrait
concerner aucune personne. C'est cela que je dis.
M. Berthiaume: C'est vers cela qu'on s'en va. M. Burns:
Oui.
M. Berthiaume: Je suis d'accord en principe là-dessus,
mais il arrive que des fois la longueur, la lenteur du processus
gouvernemental...
M. Burns: Vous m'inquiétez si vous me dites que vous
êtes d'accord en principe, parce que le ministre du Travail
précédent était souvent d'accord en principe avec moi et
il n'a pas souvent donné suite à un certain nombre de demandes
que nous lui avons faites, là on a un autre exemple. Ce n'est même
pas l'Opposition qui dit cela, c'est un des hauts fonctionnaires, un des plus
hauts fonctionnaires du Québec qui a dit à ce ministre: II est
temps que vous corrigiez une situation. Elle s'est perpétuée et
ce qu'il y a de pire, c'est que, même avec un nouveau ministre, cela
continue apparemment.
M. Berthiaume: Je pense que, si on regarde l'évolution,
vous allez reconnaître qu'il y a eu une nette amélioration.
M. Burns: C'est bien sûr.
M. Berthiaume: Je pense que vous allez reconnaître
également que...
M. Burns: Cela a passé de $300,000 à $59,000 et
là, cela va peut-être être $15,000 ou $20,000, mais cela ne
me satisfait pas comme réponse.
M. Berthiaume: Mais vous allez reconnaître que, pour poser
certains gestes administratif, par exemple, des mutations, des mouvements de
personnel, il y a des délais et il y a un paquet de règles
administratives à suivre.
M. Burns: Cela n'a pas de raison d'exister. Cela n'a pas de
raison d'exister.
M. Berthiaume: C'est le problème...
M. Burns: Je ne peux pas dire autre chose.
M. Berthiaume: ... d'une part, d'avoir des contrôles et,
d'autre part, d'aller vite. C'est sûr qu'il faut avoir un bon
équilibre entre ces choses-là. On a discuté même ici
à la commission des comptes publics de ce genre de question. Il y a des
contrôles, au sujet desquels, des fois, on dit: Si on ajoute ces
contrôles... Je me souviens, on parlait d'une question de signatures,
d'un spécimen de signature. Je ne sais pas si le député de
Maisonneuve était là. On dit: Si on ajoute cela, cela nous
retarde. On essaie d'évaluer la valeur du contrôle par rapport
à l'efficacité des gestes à poser dans un délai
raisonnable. Je suis obligé d'admettre, avec le député de
Maisonneuve, que
cela a pris un grand bout de temps à régler ce
problème. Tout ce qu'on peut dire c'est qu'on aboutit. Le
ministère du Travail aboutit.
M. Burns: En tout cas, aboutissez et vite. Cela n'a pas de bon
sens. Cela n'a aucun sens que ce genre de chose... L'entreprise la plus
efficace au Québec devrait être le gouvernement. C'est une preuve
que vous devriez être capable de fournir à l'ensemble de la
population. L'entreprise la plus efficace et la plus en avance devrait
être le gouvernement.
Cela devrait être le système gouvernemental. Autrement
en tout cas, je ne veux pas déborder là-dessus, M. le
Président, vous me rappelleriez à l'ordre si je vous en parlais
on pourrait déborder sur le système de l'éducation
public par rapport au système de l'éducation privé.
M. Berthiaume: Je pense que le député de
Maisonneuve va reconnaître que la seule chose que je peux répondre
à ça, c'est que c'est un idéal qu'on poursuit tous les
jours. On ne l'admettra jamais.
M. Burns: Ce n'est pas un idéal, c'est une affaire qu'on
doit mettre en application. On doit arrêter, une fois pour toutes, de
passer par toutes sortes de petites patentes comptables. Imaginez-vous, je ne
connais rien à la comptabilité, mais il y en a des gens qui
connaissent ça et qui vous le pointent et vous le disent. C'est pour
ça que je trouve que c'est bien utile qu'on se soit rencontré,
avec le Vérificateur général, pas pour vérifier son
mandat, pas pour le critiquer mais pour qu'ensemble on essaie de trouver une
façon pour en arriver, une fois pour toutes, à ce que
l'entreprise la plus efficace au Québec soit le système
gouvernemental, l'institution gouvernementale québécoise. Je ne
parle pas du parti qui est au pouvoir, ni rien.
Il me semble qu'on est en droit de s'attendre à ça.
Autrement, qu'est-ce que vous voulez, les citoyens se demandent souvent si
leurs taxes ne sont pas mal utilisées, et je mets de côté
toute référence à du patronage ou à tout ce que
vous voulez, il y a d'autres places pour en discuter. Je parle simplement
d'administration. Après les trois rapports qui ont été
faits, plus que trois rapports, mais particulièrement les deux derniers
qu'on a principalement étudiés à cette commission, il me
semble que, si le gouvernement n'est pas convaincu qu'il a besoin de se
rajuster au pur et simple plan de l'administration, on aura perdu notre temps
ici.
J'espère que non.
M. Berthiaume: II faut reconnaître aussi, en toute justice
pour l'appareil gouvernemental, les gestionnaires du gouvernement, et j'admets
avec le député de Maisonneuve que ce n'est peut-être pas
tellement un parti qui est en cause, mais tout l'appareil gouvernemental...
M. Burns: Pas le parti, je parle de...
M. Berthiaume: Je reconnais ça, en toute justice
vis-à-vis des gestionnaires. Quand on regarde le travail qui a
été fait par le Vérificateur général et les
réactions auxquelles cela a donné suite, de la part des
gestionnaires, il y a plusieurs choses qui ont été
améliorées. C'est un hommage qu'on rend à l'institution du
Vérificateur général en même temps, aussi bien
qu'à la personne. Aussi, il faut reconnaître, d'autre part, que
les gestionnaires ont quand même fait des efforts considérables.
Ce n'est pas parfait, ça, c'est sûr, mais on pourrait faire une
liste des choses qui ont été améliorées à
cause des remarques du Vérificateur général.
M. Burns: Mais je voudrais, M. le ministre, qu'on sorte de cette
commission-ci, pas avec un aveu de culpabilité de la part de
l'administration gouvernementale, mais tout au moins une espèce
d'acceptation du fait qu'il y a un tas de choses à changer à
l'intérieur de l'administration gouvernementale. Moi, personnellement,
je respecte la fonction du Vérificateur général, en tout
cas; j'aurais peut-être des remarques à faire sur la façon
dont elle se fait, mais ce n'est pas mon propos.
Mais je voudrais au moins que toutes ces séances que nous avons
tenues n'aient pas été inutiles en ce sens que le gouvernement
dise: On attendra le prochain rapport et, de toute façon, on dira: C'est
corrigé en cours de route.
Il me semble que c'est cela qui ressort de tous nos travaux. Chaque fois
que le Vérificateur général faisait pour la
deuxième et quelquefois la troisième fois la même remarque,
on disait: C'est corrigé. Cela a pris quand même deux ou trois
fois avant que cela se fasse.
Je pense qu'il faudrait qu'on en sorte en se disant qu'il faudrait
quasiment précéder le Vérificateur général.
Je souhaite au Vérificateur général qu'il n'ait pas
à faire de remarques à un moment donné. Cela voudrait dire
qu'au moins sur le plan administratif, cela fonctionne bien.
Je profite de l'occasion pour remercier, au nom de l'Opposition, le
Vérificateur général et ses collaborateurs qui sont venus,
tout au cours de ces séances souvent fastidieuses pour lui et pour tout
le monde, nous donner les éclaircissements dont nous avions besoin. Je
ne peux que souhaiter, comme je le disais tout à l'heure, que vous ayiez
de moins en moins de remarques à faire dans vos rapports futurs. Cela
voudrait dire que votre poste est efficace, est utile, et je le souhaite
très efficace et très utile dans ce sens-là.
Je pense également que vous avez fait des remarques qui nous ont
permis de comprendre un certain nombre de choses et j'espère que, du
côté gouvernemental, on prendra le même message que
l'Opposition, qui s'apprête à prendre éventuellement le
pouvoir. Mais c'est l'avenir de l'Opposition de prendre le pouvoir et c'est
l'avenir du pouvoir de se retrouver dans l'Opposition.
M. Berthiaume: M. le Président...
M. Burns: Soyez-en certain, M. le Vérificateur
général, nous avons pris bonne note de toutes ces remarques. Je
pense que votre travail a été très
utile. Comme je vous le dis, il n'y a aucun travail qui est parfait, je
ne vous donne pas un blanc-seing complet. Il y a des choses, on l'a
mentionné au cours des travaux, avec lesquelles nous ne sommes pas
nécessairement d'accord, mais je pense que, globalement, c'est un
travail très utile, essentiel à l'administration du
Québec.
M. Berthiaume: M. le Président, j'aimerais
également remercier le Vérificateur général et tout
son bureau pour le travail effectué. Je sais que, pour eux, ces
séances de la commission parlementaire, c'est fastidieux non seulement
par le fait qu'ils doivent être présents et que, pendant ce
temps-là, ils ne font pas d'autre travail, mais qu'ils doivent les
préparer de façon à bien répondre aux questions
posées par les membres de la commission. M. Larose m'indiquait
tantôt que, chaque fois qu'on siège une journée, cela
implique une journée et demie additionnelle pour lui comme
préparation. Alors, cela veut dire que la moitié de sa semaine
est consacrée à cette étude.
Il faut l'en remercier, car je suis d'accord avec le
député de Maisonneuve que c'est extrêmement utile non
seulement pour l'Opposition, mais aussi pour l'administration, d'entendre de
vive voix les remarques du Vérificateur général.
D'ailleurs, les gestionnaires passent ici à la commission pour,
en l'occurrence, aider le ministre d'Etat aux Finances dans ce travail, et cela
leur permet aussi de prendre connaissance des problèmes de visu, d'une
certaine façon. Je pense que cela est utile. Les gestionnaires seront
peut-être plus sensibles aux remarques du Vérificateur
général.
Il arrive à l'occasion qu'il y ait des divergences d'opinion
entre le Vérificateur général et les gestionnaires. Je
pense que c'est normal qu'il y ait, entre hommes, des divergences d'opinions.
Je peux assurer le Vérificateur général que, du moins, de
la part des gestionnaires, divergence d'opinions n'implique aucune
animosité ou quoi que ce soit. On a pu s'en rendre compte dans les
discussions. Même si, des fois, la discussion était assez
serrée, il s'agissait purement de divergences d'opinions.
En terminant, encore une fois, j'aimerais remercier toute
l'équipe du Vérificateur général.
Amélioration prévue
M. Burns: Puis-je terminer, M. le ministre, en faisant une
suggestion? Je n'en fais pas une motion ou quoi que ce soit, mais cela
aiderait, je pense, beaucoup à la compréhension du futur rapport
du Vérificateur général que le Vérificateur
général, lorsqu'il est en mesure de le faire il n'est
peut-être pas toujours en mesure de le-faire fasse un peu comme
cela existe à Ottawa. Lorsqu'il fait une suggestion, une recommandation
ou une indication qu'il y a quelque chose à corriger, qu'il nous fasse
part également, même dans son rapport, de la réponse qu'il
a reçue du ministère concerné.
C'est une suggestion que je fais. Si c'est possible, je le souhaiterais.
D'abord, cela aiderait énormément au travail de cette commission
qui, je présume, va reprendre ses travaux l'année prochaine,
à la suite du prochain rapport.
On s'est remis à jour. On n'aura qu'un rapport, j'imagine, la
prochaine fois, à discuter. Cela pourrait...
M. Berthiaume: Ce que demande le député de
Maisonneuve se fait dans beaucoup de pays d'Europe, en France...
M. Burns: Cela se fait à Ottawa.
M. Berthiaume: A Ottawa, je pense que c'est récent?
M. Burns: Oui, c'est très récent à
Ottawa.
M. Berthiaume: C'est récent à Ottawa. Plusieurs
pays font cela. Sûrement qu'une telle façon de procéder
plairait au gouvernement, parce que nous croyons que la publication du rapport
du vérificateur rendrait mieux justice à tous les aspects de la
question. Je ne sais pas ce que le vérificateur a l'intention de faire
pour son prochain rapport, mais, là-dessus, je rejoins le désir
du député de Maisonneuve, en ce qui me concerne.
M. Burns: D'accord.
Le Président (M. Picard): M. Larose.
M. Larose: Si vous me permettez, la suggestion qui vient
d'être faite ici par M. Burns nous avait été aussi faite,
je pense, que M. Garneau, à l'occasion d'une conférence qu'il a
prononcée.
Comme question de fait, cela existe dans certains pays. Jusqu'à
l'an dernier, il y avait une réponse globale fournie par le
secrétariat du Conseil du trésor, à Ottawa, qui
était incorporée au rapport suivant du Vérificateur
général, quant à Ottawa. Cette année, avec la
publication du nouveau rapport, qui comporte une annexe volumineuse sur les
contrôles financiers qui sont en place, dans cette annexe, on donne le
commentaire du ministère en regard de la remarque.
Quant à nous, cette façon d'aborder la question ne nous
répugne pas, loin de là. Comme question de fait, avant d'inscrire
une remarque à notre rapport, nous avons toujours des communications
avec le ministère. Dans le passé, cela a peut-être
été plus souvent le temps que d'autre chose qui nous aurait
empêchés de mettre la réponse écrite des
ministères, parce qu'on n'avait pas le temps de l'attendre, bien
souvent, pressés que nous étions par les circonstances. Si c'est
possible, cette année, nous allons le faire. De toute façon, nous
retenons la suggestion comme étant très valable. Si ce n'est pas
cette année, ce sera certainement dans un bref délai.
En terminant, je vous remercie au nom de mes collègues et en mon
nom personnel de nous avoir donné l'occasion d'expliquer notre
travail.
Le Président (M. Picard): Ceci termine les travaux de la
commission qui avait pour mandat
d'étudier les trois derniers rapports du Vérificateur
général. Je pense qu'il est de mon devoir, au nom de tous les
membres de la commission, de remercier le Vérificateur
général, de même que ses principaux fonctionnaires de leur
bonne collaboration et d'espérer qu'ils continueront leur beau travail,
de façon à réaliser le voeu émis, et par le
ministre d'Etat aux Finances et par le leader de l'Opposition officielle,
à savoir que le gouvernement du Québec devienne le gouvernement
avec le plus d'efficacité qu'il y ait en Amérique du Nord.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 44)