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Commission permanente des finances,
des comptes publics et du revenu
Etude du projet de loi no 64
Loi concernant les mesures
anti-inflationnistes
Séance du lundi 15 décembre 1975
(Seize heures cinquante-quatre minutes)
M. Kennedy (président de la commission permanente des
finances, des comptes publics et du revenu): A l'ordre, messieurs!
La commission des finances, des comptes publics et du revenu se
réunit pour continuer l'étude du projet de loi no 64, Loi
concernant les mesures anti-inflationnistes. Article 64?
Directives gouvernementales
M. Garneau: M. le Président, si vous me le permettiez,
lors d'une séance précédente, nous avions gardé en
suspens l'article 22 pour demander aux conseillers juridiques de faire une
rédaction nouvelle du paragraphe b) de l'article 22 qui serait en
quelque sorte l'inverse du paragraphe a) de l'article 22. J'ai fait distribuer
aux membres de la commission un projet qui consisterait à remplacer le
paragraphe b) de l'article 22 par le suivant: "b) pour faire administrer par la
régie ou le commissaire, suivant leur compétence respective,
toute partie d'une loi équivalente à la présente loi ou
des directives émises par un tel autre gouvernement en vertu d'une telle
loi. "Pour l'application du présent article, on entend par "loi
équivalente" une loi établissant un régime de mesures
anti-inflationnistes."
M. Morin: Cela répond, M. le Président, à
nos préoccupations. Si je comprends bien la portée de cet
article, cela permettrait éventuellement à la régie ou au
commissaire, selon leur compétence, d'appliquer, puisque c'est de cela
qu'il s'agit, non pas seulement d'administrer, les directives qui pourraient
être adoptées, par le gouvernement fédéral, par
exemple.
Dans ces conditions, nous serions prêts à accepter cet
article.
M. Garneau: L'article 22 b)...
Le Président (M. Kennedy): L'article 22 b) est
remplacé par l'article dont vous venez de faire la lecture.
M. Garneau: C'est cela et dont je vous ai donné copie.
Le Président (M. Kennedy): Très bien.
Administration
M. Garneau: M. le Président, on continuerait à
l'article 64 où nous en étions.
M. Morin: J'aimerais poser une question au ministre au sujet de
cet article, M. le Président, si vous voulez me donner un instant pour
le retrouver. D'après cet article 64, le commissaire peut obliger un
contrevenant à verser au ministre des Finances une somme égale
à la totalité ou à la partie d'une somme qu'il aurait
touchée en contravention à la loi.
J'aimerais demander au ministre à qui les remboursements
exigés du secteur privé iront, puisque c'est de celui-là
dont il s'agit. Est-ce que ces remboursements iront au gouvernement
fédéral? Je dis "remboursements", mais, à vrai dire, ce
n'est pas le mot exact, il s'agit d'une sorte de pénalité, de
peine à verser. Est-ce que c'est le pouvoir fédéral qui
percevra cet argent ou bien le Québec?
M. Garneau: M. le Président, dans le cas d'amende... parce
que, dans le fond, c'est la contrepartie d'une amende dont on parle, s'il
s'agit d'amende de cette nature, il demeurerait, à moins de
précisions contraires dans l'entente à intervenir, au
trésor fédéral, parce que nous escomptons que les sommes
en cause seront relativement minimes et que, pour faire administrer une partie
de la loi 64, suivant l'entente qui pourrait intervenir en vertu de l'article
5.1 de la loi fédérale et de l'article 22 a) de la loi
provinciale, évidemment, nous ne croyons pas devoir débourser de
sommes d'argent pour faire administrer cette partie de la loi par la
régie et l'administrateur fédéral, de telle sorte que nous
croyons que cela peut se balancer en termes de coûts et de
bénéfices.
M. Morin: Si j'ai bien compris le ministre, c'est le gouvernement
fédéral qui toucherait cet argent?
M. Garneau: Oui.
M. Morin: Le ministre semble indiquer que ce seraient des
montants dérisoires, mais, s'il s'agit d'une augmentation de prix
injustifiée ou illégale, il pourrait quand même s'agir de
montants considérables. On peut imaginer que cela puisse se
produire.
M. Garneau: Evidemment, c'est une hypothèse. Ce qu'il nous
faut considérer, c'est le fait qu'en signant une entente, nous n'avons
pas l'intention et je ne crois pas que c'est l'intention non plus des
autorités fédérales de demander de défrayer une
partie des coûts de l'administration de la partie de la loi
québécoise qui serait sous l'autorité de la régie
fédérale ou de la Commission anti-inflationniste
fédérale, de telle sorte que, si nous demandons de partager dans
les amendes qui pourraient être perçues, il faudrait
également être prêts à partager les coûts de
fonctionnement de la commission.
Je crois bien que, dans l'ensemble, on ne sera ni perdant, ni gagnant,
mais les montants qui seront en cause seront quand même à la
marge.
M. Morin: Si...
M. Garneau: Oui, mais si...
M. Morin: Oui. C'est parce que nous parlons dans le cadre d'une
entente...
M. Garneau: D'une entente...
M. Morin:... qui peut intervenir. Je ne sais pas si le
député de Laporte a suivi le débat.
M. Déom: Oui.
M. Morin: Bon! Supposons qu'il s'agisse d'une entente en sens
contraire, que ce soit un commissaire qui administre, en vertu de l'article 22,
les dispositions de la loi fédérale. Est-ce que le montant,
à ce moment, va être confisqué au profit du gouvernement du
Québec?
M. Garneau: S'il y avait une entente en sens inverse, je crois
que mon option, personnellement, ce serait d'avoir le même traitement, si
on peut dire, face à l'administration d'une partie de la loi
fédérale ou d'une autre province, si jamais il était
nécessaire de faire un tel geste et s'il y avait des ententes
séparées. Mais pour ce qui est du fédéral, ce
serait certainement mutatis mutandis, à l'inverse. Parce que je ne
verrais pas... Autrement, il faudrait être prêt à discuter
d'un partage des coûts également et je crois bien que, si on
regarde les plus et les moins, cela va s'équilibrer...
M. Morin: Si je comprends bien le système, si ce sont les
institutions fédérales qui interviennent, même à la
suite d'une entente déléguant un certain nombre de pouvoirs du
Québec à ces institutions fédérales, c'est le
Trésor fédéral qui touche l'amende...
M. Garneau: C'est...
M. Morin: Appelons-la l'amende pour les fins du
débat...
M. Garneau: Oui.
M. Morin: Tandis que, s'il y a eu entente en sens inverse,
c'est-à-dire délégation de pouvoirs j'utilise
l'expression "délégation de pouvoirs" non pas dans son sens
technique, parce que je ne pense pas que cela en soit tout à fait une
mais qu'il y ait entente pour que ce soit le commissaire
québécois qui administre une partie de la loi
fédérale, à ce moment, c'est donc le Trésor
québécois qui perçoit l'amende.
M. Garneau: C'est la façon dont je vois le problème
présentement. Evidemment, les discussions concernant cette entente sont
déjà commencées depuis un temps, mais elles ne sont pas
complétées. Mais c'est la façon dont je le vois et dont
les officiers qui ont travaillé là-dessus le voient
présentement; à moins qu'il y ait des changements dans les
attitudes, c'est la façon dont l'entente sera probablement conclue.
M. Morin: Je n'ai plus d'autre observation sur l'article 64.
Le Président (M. Kennedy): Article 64, adopté,
Article 65?
M. Morin: Je n'ai pas d'observation.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 66?
M. Morin: A l'article 66, j'aurais quelques remarques.
D'après cet article, le gouvernement peut exiger du salarié qu'il
remette au ministre des Finances toute augmentation de salaire qu'il aurait
déjà reçue et, en plus, exiger, en vertu de l'article 67,
si j'ai bien compris, une amende de 25%. Est-ce bien le système
envisagé par ces deux articles, interprétés de la
sorte?
M. Garneau: Oui, s'il s'agit d'une infraction qui a
été faite sciemment, en pleine connaissance de cause. Si on a
accepté la rémunération ou le dividende en connaissance de
cause, à ce moment, il pourrait y avoir la situation qu'a décrite
le chef de l'Opposition; pour celui qui le reçoit, cela serait aller
à l'encontre de la loi avec la connaissance et que c'est prouvé
que la connaissance du récipiendaire était totale.
M. Morin: Dans le cas des postiers, diriez-vous qu'ils avaient
pleine connaissance de cause?
M. Garneau: Vous voulez dire la réception...? Je pense
bien que, de toute façon, cela aurait été du
côté de l'employeur, parce que l'économie de la loi est que
les poursuites se prennent contre les payeurs, d'une façon
générale, contre l'employeur et non contre l'employé,
contre le syndicat et non contre l'employé, d'une façon
générale, mais dans le cas hypothétique, il ne s'applique
pas, étant donné que la cause a été refusée
par le tribunal souverain en cette matière, qui est le gouverneur
général en conseil à Ottawa. Evidemment, je ne pourrais
pas porter un jugement sur l'applicabilité de l'article 66 dans de tels
cas.
M. Morin: Vous réservez votre jugement pour les autres cas
qui pourraient se produire.
Je n'ai pas d'autre observation sur l'article 66.
Le Président (M. Kennedy): Article 66. Adopté.
Article 67.
M. Morin: Je n'ai pas d'observation.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 68.
M. Morin: Non plus.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 69.
M. Garneau: La parenthèse qu'il y a au milieu
de l'article est pour une question de concordance, pour indiquer le 14
octobre 1975.
M. Morin: Comme nous l'avons fait partout ailleurs.
M. Garneau: Comme nous l'avons fait pour les autres articles.
C'est juste.
M. Morin: Bien.
Le Président (M. Kennedy): Adopté?
M.Morin: Je n'ai pas d'autre remarque.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 70.
M. Morin: Pas d'observation.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 71.
M. Morin: Pas d'observation.
Le Président (M. Kennedy): Adopté. Article 72.
M. Morin: A l'article 72, même si le député
de Laporte est très pressé d'en finir avec ce projet de loi,
j'aurais une ou deux observations.
On nous dit que le commissaire doit transmettre, par courrier
recommandé ou par tout autre moyen prescrit par règlement, copie
des ordonnances rendues en vertu des articles 62 à 71, dont nous venons
de parler, à toutes les personnes visées à ces ordonnances
et au greffier du Conseil exécutif.
M. le Président, je pense qu'il serait dans
l'intérêt public que ces ordonnances rendues par le commissaire
soient portées à la connaissance de l'opinion publique. A mon
avis, la meilleure façon de le faire, ce serait encore de les faire
déposer devant l'Assemblée nationale. Il y a un aspect à
ces ordonnances qui paraît fort important, qui est l'aspect exemplaire
des ordonnances, surtout lorsqu'elles comportent une peine à l'endroit
de contrevenants. En raison de ce caractère exemplaire de certaines
ordonnances, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu qu'elles soient portées
à l'attention des députés? Je ne veux pas dire par
là, que l'on me comprenne bien, que ces ordonnances n'entreraient en
vigueur qu'après avoir été portées à
l'attention de l'Assemblée, ou après que l'Assemblée leur
ait accordé son approbation. Ce n'est pas du tout cela que je veux dire.
J'ai à l'esprit un simple dépôt devant l'Assemblée,
soit dans les jours ou les semaines qui suivent, si l'Assemblée
siège, soit en vrac à l'ouverture de la session si, au moment
où l'ordonnance est rendue par le commissaire, l'Assemblée n'est
pas en session.
J'en fais une suggestion. Pour l'instant, je ne ferai pas d'amendement
formel. Peut-être que le ministre peut accepter sans débat une
suggestion comme celle-là. J'ajouterais, à la suite de l'article
72, un second paragraphe qui dirait, par exemple: Ces ordonnances sont
déposées à l'Assemblée nationale si elle est en
session ou, si elle ne l'est pas, dans les quinze jours de l'ouverture de la
session.
M. Garneau: Ce qu'on me souligne, M. le Président, c'est
l'aspect de la confidentialité des renseignements qui peuvent être
contenus dans ces ordonnances ou les explications qui seraient derrière
ces décisions qui pourraient causer, à un moment donné,
préjudice à des entreprises qui sont en concurrence. C'est
ça qui m'embête un peu dans la suggestion du chef de l'Opposition
quand on regarde les articles; il y a quand même l'article 44 qui dit
"sont confidentiels les renseignements obtenus, dans l'exercice de leurs
fonctions, par un membre de la régie, ou par une personne concourant
à l'exercice des fonctions de celle-ci en vertu de la présente
loi, sur une personne, une entreprise, une association de salariés. Sauf
disposition contraire de la loi, nul ne peut sciemment les communiquer ou en
permettre la communication à un tiers ou lui permettre de les examiner
ou d'y avoir accès", etc. Il se peut que certaines de ces ordonnances
soient appuyées sur de tels renseignements confidentiels et ça
pourrait créer des préjudices graves et c'est la raison pour
laquelle nous n'avons pas, dans l'article 72, de prescription pour le
dépôt immédiat.
C'est la raison pour laquelle je suis réticent à accepter
la suggestion du chef de l'Opposition et c'est du moins l'avis qu'on me donne
et l'explication pourquoi, à cet article, il n'y a pas de
dépôt automatique.
M. Morin: Est-ce que je pourrais demander au ministre quel genre
de contrôle la société ou encore, de façon plus
précise, les élus de l'Assemblée nationale peuvent exercer
sur le commissaire en particulier, puisque c'est de lui dont il s'agit à
l'article 72 et non pas de la régie; je souligne que l'article 44 porte
sur la régie, non pas sur le commissaire. Est-ce que le ministre peut
nous expliquer quel genre de contrôle nous pourrions exercer sur les
activités de ces institutions? Comment s'assurer que ces fonctionnaires
accomplissent bien leur besogne? Quel système de contrôle
avez-vous prévu?
M. Garneau: Vous voulez dire que, pour être sûr
qu'une entreprise qui irait à l'encontre de la loi et des directives
émises en vertu de la loi, qui a reçu de la part, disons du
commissaire, une trop grande générosité dans son analyse
et comment faire...
M. Morin: Par exemple.
M. Garneau: ... pour verifier si... Evidemment, on pourrait
demander qu'il y ait des enquêtes faites en vertu de la loi, des
dispositions qu'on a vues depuis le début, qu'on puisse demander au
lieutenant-gouverneur en conseil de déposer des rapports, de donner des
renseignements précis.
Mais si, dans une matière où il y a exercice d'un
jugement, il faudrait mettre en doute la
bonne foi du commissaire. Je voudrais aussi ajouter qu'en vertu de
l'article 116, on va recouper l'article 44 pour la confidentialité, un
peu plus tard, qui s'applique également aux commissaires.
Je pense bien que l'objectif de la loi n'est pas de donner aux
concurrents toutes les informations qui sont retenues et qui sont
portées à la connaissance du commissaire ou de la régie
dans le cas présent, le commissaire ce n'est pas
l'objectif de la loi de limiter ou de venir en contravention avec la
concurrence en fournissant aux concurrents des données précises,
par exemple, sur l'augmentation de ses coûts de production qui pourraient
signifier une augmentation de prix. Disons que si ces coûts de production
augmentent de 10% ou 12% et que le commissaire émet une ordonnance et
que c'est porté à la connaissance des concurrents que lui, a eu
une augmentation de 12% ou 13% dans ses augmentations de coûts,
évidemment, cela place les concurrents dans une situation avantageuse et
même pouvant nuire à cette entreprise sur le strict plan de la
concurrence. C'est la raison pour laquelle on n'est pas allé dans le
dépôt.
Mais pour savoir si le commissaire fera bien son travail, il va y avoir
des plaintes qui vont être portées. Si le commissaire est trop
sévère, le contrevenant peut aller en appel et, à ce
moment-là, il choisit lui-même, devant le public en quelque sorte,
parce que cela va être instruit devant une cour. Le problème
pourrait se poser si ce n'est pas assez sévère et je pense bien
que l'opinion publique pourra être une cause qui va amener le
gouvernement ou la régie à refaire enquête pour voir s'il
n'y a pas eu exagération. Le système va se contrôler un peu
par lui-même s'il y a eu trop de générosité, parce
que beaucoup de gens vont être touchés par ces augmentations de
prix.
M. Morin: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, à tout le
moins, de prévoir que le dispositif des ordonnances... je veux dire la
décision, puisque ce qui semble inquiéter le ministre, c'est que
des renseignements sur l'état financier de ceux qui seront visés
par ces ordonnances ne viennent à tomber sous les yeux de concurrents,
par exemple.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu que les dispositifs, j'entends la
disposition elle-même, soient déposés, de façon que
l'assemblée puisse juger de la marche des choses?
Autrement dit, on laisserait tomber les motifs, les renseignements
d'ordre confidentiel qui pourraient être portés à la
connaissance du commissaire.
M. Garneau: Je comprends le point de vue du chef de l'Opposition.
Ce qui m'inquiète, c'est d'accepter trop rapidement sa suggestion, parce
qu'elle peut avoir des implications que, sur le coup, je ne vois pas. Etre
sûr que je pourrais avoir une période de réflexion un peu
plus longue, peut-être que, demain matin, je pourrais lui dire oui ou
non. Mais cela demanderait un moment de réflexion, parce que je ne
voudrais pas l'amender comme cela trop rapidement et être aux prises,
tout à l'heure, avec une foule de complications dont je n'aurais pas
mesuré toutes les conséquences à cause d'un geste qu'on
aurait posé trop rapidement. C'est ce qui m'embête d'accepter la
suggestion du chef de l'Opposition. C'est pourquoi je ne me sens pas en mesure
de le faire maintenant. Je suis obligé, en quelque sorte, de refuser sa
suggestion.
M. Morin: Est-ce que le ministre pourrait s'engager à
l'examiner à la lumière de l'expérience des premiers mois,
par exemple, de fonctionnement.
M. Garneau: Ce que je pourrais faire, ce serait de l'examiner et,
si nous devions revenir en commission, donner une réponse plus
détaillée; et si nous ne revenions pas en commission parce
que nous aurions terminé ce soir de le faire lors de l'analyse du
rapport, avant la troisième lecture, et donner la réponse
à ce moment ou accepter la suggestion du chef de l'Opposition ou
expliquer plus en détail pourquoi, en y faisant référence,
après y avoir réfléchi, de demander aux conseillers
juridiques de faire cette réflexion avec moi et de dire pourquoi on
pourrait l'accepter et pourquoi on ne pourrait pas l'accepter. Si...
M. Morin: Oui.
M. Garneau: ... on revient en commission, je lui dirai à
ce moment.
M. Morin: Je pense que la suggestion du ministre m'est
acceptable, M. le Président. Si, avant la troisième lecture, il y
avait une opinion raison-née sur la question, je serais très
heureux qu'il me la communique. Je n'ai plus d'observation sur l'article
72.
Le Président (M. Kennedy): L'article 72 est adopté
conditionnellement à une...
M. Garneau: II est adopté maintenant et il y aurait
éventuellement...
Le Président (M. Kennedy): ... information à
être transmise au chef de l'Opposition.
M. Garneau: Pour les fins de la commission, je crois qu'il serait
adopté. Ce serait à l'Assemblée nationale, au moment du
rapport, qu'il y aurait des modifications, s'il y a lieu.
M. Morin: C'est cela.
Le Président (M. Kennedy): D'accord. Article 73?
M. Morin: M. le Président, pour ce qui est des articles 73
à 114, je n'ai pas d'observation particulière, mais je crois
qu'il y a peut-être...
Le Président (M. Kennedy): Est-ce que vous avez tous les
amendements?
M. Morin: ... un amendement à l'article...
Commission d'appel M. Garneau: A l'article 77. M. Morin:
... 77, oui.
M. Garneau: "Le président de la Commission d'appel est
nommé à titre inamovible pour un mandat de trois ans", au lieu de
"quatre", comme c'était indiqué là, compte tenu de la
durée de la loi qui est de trois ans.
M. Morin: Pourquoi "quatre" au lieu de "trois"?
M. Garneau: C'est-à-dire que c'est "trois" au lieu de
"quatre".
M. Morin: Oui, c'est ce que je voulais dire.
M. Garneau: C'est parce que la durée de la loi est de
trois ans. Je ne sais pas si c'est une erreur de frappe qui a été
faite au moment de l'impression. Oui, le "quatre" se retrouve. Il est
remplacé par "trois", à la troisième ligne de l'article 77
et à la cinquième ligne de l'article 77.
M. Morin: Bien.
Le Président (M. Kennedy): Les articles 73 à 114
sont adoptés avec un amendement à l'article 77.
M. Morin: A l'article 115, M. le Président, le projet nous
apprend que le lieutenant-gouverneur en conseil peut, par règlement,
prendre les mesures nécessaires à la mise en oeuvre des objets et
des dispositions de la présente loi, notamment dans les cas où
elle prévoit que des mesures peuvent être prescrites par
règlement. L'usage du pouvoir réglementaire va être
extrêmement étendu dans l'application de cette loi.
Règlements
M. Garneau: M. le Président, je voudrais demander au chef
de l'Opposition s'il a une copie de l'amendement que nous entendons apporter
à l'article 115 pour que tout règlement adopté en vertu de
la présente loi soit publié dans la Gazette officielle. Je ne
sais pas s'il...
M. Morin: Je ne l'ai pas et je serais très heureux de
l'avoir parce que j'allais faire des observations dans ce sens, justement.
C'est déjà une amélioration qu'il y ait publication dans
la Gazette officielle du Québec. Dois-je comprendre, de diverses
interventions du ministre, notamment en deuxième lecture ou en
réponse à des questions que je lui ai posées en Chambre,
que ces règlements ne sont pas prêts à l'heure
actuelle?
M. Garneau: C'est juste, ils ne sont pas complétés.
Beaucoup de travail a été fait, mais ils ne sont pas
complétés; ils ne sont pas prêts pour dépôt
actuellement.
M. Morin: Je me demandais s'il n'y avait pas lieu de
prévoir un délai avant l'entrée en vigueur. Est-ce que
l'intention du ministre est que le règlement entre en vigueur le jour de
sa sanction par le lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Garneau: II y en a même qui vont entrer en vigueur d'une
façon rétroactive par rapport à la loi et dont
l'entrée en vigueur va être au 14 octobre 1975.
M. Morin: Oui, nous avons vu cela à diverses reprises.
M. Garneau: C'est cela. C'est ce qui rendrait difficile un
délai entre l'adoption d'un règlement et son entrée en
vigueur. Ce que nous croyons, c'est que le règlement doit s'appliquer un
peu dans le sens d'une mesure fiscale. Evidemment, l'opinion publique, qu'elle
s'exprime par les gens intéressés ou par les
députés à l'Assemblée nationale, pourra toujours
suggérer des modifications auxdits règlements, de telle sorte
qu'ils pourront éventuellement être amendés, mais, si on
veut donner une certaine efficacité aux mesures, il faut qu'elles
entrent en vigueur au moment de leur adoption ou encore à la date
prescrite par les règlements en vertu de la loi. Je pense que, si on
mettait un délai, on s'exposerait à un "lobby" de la part des
personnes visées lequel, je pense, ne serait pas bénéfique
pour atteindre les objectifs que l'on vise à atteindre par cette loi et
les règlements qui seront émis en vertu de cette loi.
M. Morin: M. le Président, est-ce que ces
règlements, que nous n'avons pas devant nous, malheureusement, bien que,
personnellement, j'eusse souhaité pouvoir en prendre connaissance en
même temps que de la loi pour vraiment mesurer la portée de la loi
il faudrait vraiment pouvoir prendre connaissance des règlements
est-ce que ces règlements québécois vont s'inspirer
des règlements fédéraux?
M. Garneau: Dans le cas du secteur privé, notre objectif,
c'est d'avoir une similitude la plus complète possible, sinon une
exactitude entre les mêmes règlements. Autrement, il serait
difficile de demander à la régie fédérale, à
la commission anti-inflationniste fédérale d'administrer deux ou
trois séries de règlements, parce que cela pourrait être le
cas, évidemment, de certaines autres provinces. Pour le secteur
privé, c'est aussi pour d'autres raisons; comme le fait que vous avez
des entreprises nationales qui font affaire dans plusieurs provinces; une
partie de leurs opérations serait soumise à un type de
règlement et une autre partie de leurs opérations en Ontario ou
en Nouvelle-Ecosse serait soumise à des règlements
différents, même si c'était légèrement
différent.
Je crois que, pour l'objectif visé, il est nécessaire, et
je dirais même essentiel, qu'il y ait concordance entre les
règlements. Pour ce qui est du secteur public, il serait possible, je
crois, étant donné que ce sera soumis à la régie
québécoise,
que les règlements puissent être légèrement
différents, mais, encore là, nous voulons assurer une certaine
similitude entre les règlements fédéraux, ceux des
provinces et les règlements québécois, pour ne pas
être trop généreux ou pénaliser le secteur
québécois par rapport à ce qui existerait ailleurs au
Canada.
M. Morin: Est-ce que le ministre me permettrait une question
d'ordre technique portant sur l'assurance?
M. Garneau: Oui.
M. Morin: C'est une parenthèse que je fais, mais je pense
qu'elle est importante.
L'autre jour, j'ai demandé au ministre d'Etat aux Affaires
sociales je pense que le ministre des Finances était en Chambre,
à ce moment si, à son avis, les augmentations de primes
d'assurance-automobile allaient être assujetties aux normes soit
fédérales, soit québécoises, selon le cas. Est-ce
que les augmentations de primes vont faire l'objet d'une étude, en vertu
des mesures anti-inflationnistes?
M. Garneau: Evidemment, si nous en arrivons à une entente
administrative, comme il s'agit du secteur privé, ce serait la
Commission de contrôle anti-inflationniste fédérale qui
aurait la responsabilité administrative, mais, sous toutes
réserves, sans donner une opinion juridique au chef de l'Opposition, je
serais porté à croire que oui, puisqu'il s'agit du prix d'un
produit, qui est un service, qui constitue une prime d'assurance qui pourrait
être assujettie au contrôle, mais je mets la restriction quand
même et je demande un avis juridique... Je pense qu'un avis juridique
serait beaucoup plus éclairé que l'opinion que je donne
présentement. Mais mon impression actuelle, c'est que ce serait
couvert.
M. Morin: Mais vous avez un excellent conseiller juridique
à côté de vous, M. le ministre. J'apprécierais
beaucoup s'il y avait moyen d'avoir une réponse un peu plus
précise.
M. Garneau: Evidemment, il faudrait que l'entreprise en question
ait au moins un personnel de 500 personnes, parce que c'est le critère
de base. Il y a plusieurs compagnies d'assurance qui l'ont, de toute
façon, la plupart, parce qu'il faudrait évidemment compter toutes
leurs succursales, je crois qu'il y en aurait... Les grandes compagnies
seraient couvertes.
M. Morin: Dans ce cas, il faudrait peut-être compter le
nombre d'assurés plutôt que le nombre d'employés.
M. Garneau: Là, il y en aurait plus que 500.
M. Morin: Parce que c'est un peu ridicule de retenir le nombre
d'employés dans un cas comme celui-là. Cela n'a absolument rien
à faire.
M. Garneau: Sous cette réserve, les gens qui m'entourent
ont la même opinion, à savoir qu'elles seraient assujetties au
contrôle.
M. Morin: Bien! Une petite sous-question. Est-ce qu'elles
seraient assujetties au contrôle préalable? Est-ce que cela entre
dans la catégorie des services ou biens dont l'augmentation ferait
l'objet d'un contrôle préalable ou bien simplement d'un
contrôle postérieur?
M. Garneau: Les renseignements que j'ai jusqu'à maintenant
ne me permettent pas de répondre affirmativement au chef de
l'Opposition. Ce qui était visé au départ,
c'étaient surtout les questions qui étaient beaucoup plus
près du quotidien, la nourriture, le vêtement, des trucs comme
ceux-là. Mais je ne veux pas répondre non plus par la
négative en disant que ce serait exclu, parce que la liste n'est pas
encore approuvée, cette liste de biens et de services essentiels qui
seraient soumis à un contrôle préalable plutôt qu'a
posteriori. Il y a eu des échanges, mais, au cours des derniers jours,
je n'ai pas été en mesure de suivre de près le
débat, qui a eu lieu entre les fonctionnaires des différents
paliers de gouvernement pour répondre affirmativement ou
négativement à la question du chef de l'Opposition.
M. Morin: M. le Président, pour la suite du projet de loi,
je n'ai pas d'observation particulière. Je tiens simplement à
rappeler qu'à notre avis, l'ensemble du projet, qui est calqué de
si près sur les dispositions fédérales, nous permet
encore, même après l'étude article par article, de
favoriser davantage le contrôle des salaires que le contrôle des
prix.
Nous craignons l'avenir dira si nous avons tort ou raison
que ce soit le résultat concret de ce projet de loi.
Mais j'aurai l'occasion de dire cela en troisième lecture de
façon plus élaborée et, pour l'instant, nous n'avons pas
d'objection que vous procédiez à l'adoption des autres
articles.
M. Garneau: M. le Président, me permettriez-vous d'attirer
l'attention des membres de la commission sur un amendement qu'on voudrait
apporter à l'article 130 qui s'ajouterait au texte déjà
inscrit? Il faudrait donc ajouter, à la fin, après le mot
"...gouvernementales." Ce qui suit: "...et retirer à la régie les
pouvoirs que la présente loi lui confère dans la mesure où
le mandataire ou organisme les exerce."
Mandat des organismes gouvernementaux
En fait, l'article 130 permet de confier, par exemple, à la
Commission des transports le soin d'appliquer les directives. Je prends
l'exemple de la Commission des transports. On pourrait prendre l'exemple de la
Régie des services publics ou une autre régie gouvernementale, de
telle sorte que si elle appliquait ces directives, on ne pourrait
avoir deux organismes qui les appliquent et, en les donnant à la
Commission des transports, on les retirerait à l'autre, je crois que
c'est une question de concordance.
M. Morin: C'est logique.
Le Président (M. Kennedy): Alors, les articles 116
à 134 sont adoptés avec l'article 130 tel qu'amendé.
La commission des finances, des comptes publics et du revenu a
terminé l'étude du projet de loi no 64 et ajourne ses travaux
sine die.
M. Garneau: M. le Président, je voudrais remercier mes
collaborateurs ainsi que tous les députés qui ont
participé à l'étude des articles de ce projet de loi.
(Fin de la séance à 17 h 29)