Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
42e législature, 1re session
(27 novembre 2018 au 13 octobre 2021)
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Le
jeudi 24 octobre 2019
-
Vol. 45 N° 39
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 37, Loi visant principalement à instituer le Centre d’acquisitions gouvernementales et Infrastructures technologiques Québec
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11 h 30 (version non révisée)
(Onze heures trente-huit minutes)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers amis, à l'ordre, s'il vous plaît! Je constate que...
Des voix
: ...
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à tous. Je constate que nous avons quorum. La commission est
réunie afin de procéder aux consultations particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 37, Loi visant principalement à instituer le
Centre d'acquisitions gouvernementales et Infrastructures technologiques Québec.
Mme la secrétaire, il y aurait-il des remplacements?
La Secrétaire
: Oui, M.
le Président. Alors, M. Leitão (Robert-Baldwin) est remplacé par Mme Nichols
(Vaudreuil).
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Donc, ce midi, nous entendrons Medtech Canada ainsi que le CEFRIO.
Je souhaite donc la bienvenue à nos
invités. Auriez-vous l'amabilité de vous présenter au début de votre, bien sûr,
de votre exposé et nous vous entendrons pour une période de 10 minutes.
M. Larose (Benoit) : Oui, merci,
M. le Président. Donc, mesdames et messieurs membres de la commission, mon nom
est Benoit Larose. Je suis le vice-président de Medtech Canada. Je suis
accompagné aujourd'hui de M. Shane Russell, qui est notre président de notre
comité d'affaires publiques, et Mme Catherine Ladrière, qui est présidente du
comité approvisionnement.
Merci de nous recevoir aujourd'hui, afin
de nous permettre de présenter nos recommandations dans le cadre des auditions
publiques sur le projet de loi n° 37. Depuis plus de 40 ans, Medtech
Canada collabore avec les gouvernements, les hôpitaux, les médecins et les
patients afin de contribuer à la pérennité du système de santé. Les membres de
Medtech Canada offrent des dispositifs, des instruments, des équipements, des
fournitures, des applications et un grand nombre d'innovations, qui, chaque
jour, servent à diagnostiquer, traiter et à rehausser la qualité de vie des
patients.
• (11 h 40) •
Medtech Canada se veut donc l'allié du
réseau de la santé, dans la fin de sa mission de maintenir, d'améliorer et de
restaurer la santé et le bien-être des Québécoises et des Québécois. Le secteur
des technologies médicales est majeur pour l'économie québécoise. Il
représente plus de 12 000 emplois. L'industrie compte 320 entreprises,
dont près des trois quarts sont des PME. Son essor dépend surtout de sa
capacité à innover, à fabriquer et à distribuer efficacement des produits qui
font appel à des technologies complexes et variées, et le domaine des
technologies médicales fait d'ailleurs partie des secteurs stratégiques qui
sont...
M. Larose (Benoit) : ...120
entreprises dont près des trois quarts sont des PME. Son essor dépend surtout
de sa capacité à innover, à fabriquer et à distribuer efficacement des produits
qui font appel à des technologies complexes et variées, et le domaine des
technologies médicales fait d'ailleurs partie des secteurs stratégiques qui
sont ciblés par le gouvernement du Québec.
À l'heure actuelle, le gouvernement achète
pour près de 12 milliards de dollars annuellement, dont 4,2 milliards
en santé et en services sociaux. Nos projections évaluent qu'en 2030, les
dépenses publiques en santé au Québec atteindront plus de 60 milliards,
soit près de 70 % des revenus totaux du gouvernement. Or, les dépenses en
technologie médicale au Québec et au Canada ne représentent actuellement que
3,4 % de ces dépenses et sont en recul sur une base par habitant. Cette
faible intensité du recours aux technologies de la santé place le Canada au 34e
rang sur 66 pays membres de l'OCDE. Ce portrait de l'utilisation des ressources
en matière des technologies médicales démontre que la réduction des dépenses
qui y sont associées n'est en rien une piste de solution au défi financier du
système de santé. La clé pour résoudre cet enjeu récurrent est très
simple : Le gouvernement doit apprendre à mieux acheter les technologies
médicales.
Nous nous présentons donc aujourd'hui
devant vous afin de discuter d'un projet de loi majeur qui aura un impact
considérable sur l'approvisionnement au Québec. Mais, avant d'aller plus loin,
nous tenons à soulever respectueusement le fait que nous trouvons que les
consultations du projet de loi sont trop brèves considérant l'ampleur des
changements qui seront engendrés par la réorganisation des structures
d'approvisionnement au Québec, d'autant plus que ce projet de loi couvre aussi
Infrastructures technologiques Québec, un vaste chantier.
Ceci étant dit, Medtech Canada appuie
globalement le principe du projet de loi n° 37. Cependant, nous voulons
profiter de l'occasion pour proposer à la commission des constats essentiels
pour assurer le succès de cette réorganisation des approvisionnements. À cet
effet, nous réitérons tel que démontré précédemment que les dépenses dans le
secteur de la santé et services sociaux sont déterminantes pour l'État
québécois et ses citoyens, c'est pourquoi il est impératif que le domaine de la
santé fasse l'objet d'une considération distincte au sein du Centre
d'acquisitions gouvernementales. Les propositions et mises en garde que nous
soumettons aux membres de la commission visent précisément à assurer cette
distinction.
D'abord, Medtech Canada déplore le fait
que la fonction approvisionnement au sein du gouvernement est actuellement
essentiellement considérée comme purement administrative alors qu'elle doit
jouer un rôle stratégique pour assurer la qualité et l'efficacité des soins
tout en respectant, bien sûr, les capacités financières de l'État.
De plus, il nous apparaît important de
rappeler que les politiques entourant l'approvisionnement dans notre domaine en
disent long sur la capacité de notre système de santé à intégrer l'innovation.
Un marché qui paraît fermé à l'innovation n'est pas un marché attrayant ni pour
les investisseurs d'étranger ou les PME innovantes du Québec qui ne trouvent
généralement pas ici leurs premiers clients. Afin d'arriver à faire de la
fonction approvisionnement un vecteur économique et d'efficience du système de
santé, il est essentiel que la notion de valeur soit centrale. Pour ce faire,
les organismes responsables des approvisionnements doivent non seulement être dotés
des ressources nécessaires et suffisantes, mais ils doivent également être
évalués en fonction de la valeur qu'ils génèrent. En 2019, nous ne pouvons pas
nous permettre, comme société, de rester à la traîne des avancées de la science
et de la médecine parce que notre vision, les approvisionnements dans le
domaine, se limitent à rechercher les prix les plus bas conformes.
Qui plus est, nous croyons fermement que
le regroupement d'achats au Québec a atteint son plein potentiel dans le
domaine de la santé. En technologie médicale, dans des catégories qui nous
concernent, on est à 77 % déjà regroupés. Autrement dit, il n'y a plus de
gains à faire en consolidant davantage les achats. Nous ne pouvons passer sous
silence la tendance qui favorise la consolidation de la demande. La stratégie
est simple : Négocier avec les fournisseurs qui sont prêts à consentir des
rabais en échange de volumes plus élevés. Or, cette façon de faire a des
limites. Les volumes de nos contrats, au Québec, sont non garantis, sont souvent
incertains. Les termes et conditions rendent souvent l'exécution des contrats
coûteux, et la segmentation des besoins d'un grand nombre d'établissements
regroupés au sein du même contrat diminue du même coup l'effet de
consolidation. Ces contrats ne sont pas toujours attrayants pour les
fournisseurs.
Comprenons-nous bien, il ne fait aucun
doute que les regroupements des achats fait baisser les prix. La vraie question
est à savoir si ces baisses de prix génèrent de véritables économies et à quel
coût, et si ces baisses sont uniquement en lien avec les regroupements ou si
d'autres facteurs jouent un rôle important. De même, les critères de conformité
qu'on voit dans nos contrats quotidiennement permettent un minimum de qualité.
Il est temps qu'au Québec on aborde le marché en se posant d'abord les vraies
questions : Comment pouvons-nous améliorer l'accès, la qualité des soins
et les résultats cliniques des patients, et comment pouvons-nous faire des
gains en efficience opérationnelle pour le système de santé...
M. Larose (Benoit) :
....quotidiennement permettent un minimum de qualité. Il est temps qu'au Québec
on aborde le marché en se posant d'abord les vraies questions : Comment
pouvons-nous améliorer l'accès, la qualité des soins et les résultats cliniques
des patients? Et comment pouvons-nous faire des gains en efficience
opérationnelle pour le système de santé?
Medtech Canada réitère que nous allons
appuyer toute mesure qui vise à augmenter l'efficience et l'efficacité des
services publics. Nous sommes tous des contribuables. Toutefois, il est
important d'être réaliste en ce qui concerne la consolidation des volumes à
l'échelle provinciale, du moins dans le secteur de la santé. Il est loin d'être
certain que la création du Centre d'acquisitions gouvernementales permette de
réaliser les économies d'échelle significatives espérées, on devrait dire les économies
d'échelle additionnelles. L'analyse d'impact réglementaire du gouvernement ne
spécifie pas la part de la santé sur les économies de 835 millions sur
quatre ans qu'on attend du Centre d'acquisitions gouvernementales N'oublions
pas que les groupes d'approvisionnement en commun ont apparemment permis
d'économiser 240 millions depuis 2015. Est-ce que c'est vraiment réaliste
d'espérer générer toujours plus d'économies tout en assurant un service
efficient de qualité?
Nous prenons la peine de soulever ces
questionnements, car Medtech Canada croit qu'il est essentiel que la
performance du Centre d'acquisitions gouvernementales soit évaluée de manière
beaucoup plus rigoureuse que ce qui est actuellement prévu. Des critères plus
robustes doivent être également intégrés au projet de loi n° 37
afin d'assurer la protection de l'intérêt public et la primauté de la qualité
des soins de santé au Québec. Afin de parvenir à l'atteinte de ces objectifs,
nous avons quelques recommandations à formuler.
D'abord, il nous semble impératif que la
structure du Centre d'acquisitions gouvernementales conserve l'expertise des
équipes sectorielles, particulièrement en ce qui a trait au secteur de la
santé. Aussi, il est incontournable d'intégrer au sein des pratiques
d'approvisionnement et des acquisitions la notion de valeur. Par le fait même,
nous croyons qu'il va de soi que le Centre d'acquisitions gouvernementales soit
soumis aux mêmes normes et exigences de transparence et d'imputabilité que les
autres organismes gouvernementaux. Dans le même sens, nous recommandons que son
financement provienne exclusivement des crédits budgétaires du gouvernement du
Québec, abolissant ainsi de manière définitive la pratique déplorable des
ristournes obligatoires ou autres contributions au partenariat.
Il faut aussi profiter de la mise sur pied
du Centre d'acquisitions gouvernementales pour entreprendre un chantier de
révision de la Loi sur les contrats des organismes publics et introduire un
règlement sur les contrats des approvisionnements en santé qui proposera
notamment des modes d'adjudication fondés sur la valeur et même des appels aux
solutions. Nous estimons nécessaire que ce nouveau règlement s'inspire de la
publication récente des balises santé et favorise l'innovation, la qualité et
l'efficience des soins offerts à la population. Le nouveau cadre normatif
devrait également réitérer que les patients seront toujours priorisés vis-à-vis
les considérations financières.
Sans plus attendre, voici nos principales
recommandations dans le cadre du projet de loi n° 37 :
que le principe de celui-ci soit adopté; que les améliorations de la
gouvernance des groupes d'approvisionnement en commun réalisées lors de
l'adoption du projet de loi n° 130, porté par le
député de La Pinière avec brio, soient maintenues au sein du projet de loi
n° 37, soit la qualité des soins, la valeur des
approvisionnements, l'innovation et la compatibilité des actifs
informationnels; que la notion d'approvisionnements fondés sur la valeur soit
intégrée dans les processus d'acquisition; que la gouvernance et la structure
de direction du Centre d'acquisitions gouvernementales prévoient des équipes
sectorielles et spécialisées, notamment en santé; que le CAG soit soumis aux
mêmes principes de transparence que les autres organismes gouvernementaux, dont
une évaluation de performance plus complète que sur la base des cibles
d'acquisition et la présentation d'un rapport annuel détaillé et public; que le
CAG soit intégré au cadre budgétaire du gouvernement, donc qu'on interdise
ainsi la pratique des ristournes obligatoires pour les fournisseurs; que le CAG
soit assujetti aux lois sur l'accès à l'information, le lobbying et le
Vérificateur général; que le projet de loi énonce dans la mission du Centre
d'acquisitions gouvernementales la nécessité de travailler en collaboration
avec les fournisseurs de l'État; et enfin, que le cadre normatif et les
pratiques associées soient organisés et gérés de manière à favoriser la saine
concurrence, l'accès des PME québécoises aux contrats public, notamment en
évitant des regroupements d'approvisionnement à outrance...
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Larose.
M. Larose (Benoit) : ...qui
peuvent mener à des monopoles d'offre ou de demande.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup, M. Larose. Malheureusement, nous n'avons que 10 minutes. Alors, je
cède maintenant la parole à M. le ministre pour une période de 16 minutes.
M. Dubé : Alors, merci, M. le
Président, et merci beaucoup, M. Larose, à votre équipe. Vous l'avez presque
réussi par quelques secondes. Alors, bravo.
M. Larose, premièrement, j'apprécie beaucoup
votre présentation, puis, comme je le fais... Je sais que vous aviez déposé
quelques mémoires ou des présentations qui avaient rapport à des projets de loi
précédents. Si vous n'avez pas d'objection, j'aimerais ça que vous fassiez
parvenir au secrétariat votre présentation, votre 10 minutes, parce que je
pense qu'il y a des points très... J'essayais de prendre des notes, là, mais je
pense que ce serait mieux si j'avais une copie de votre document. Ça serait
apprécié.
• (11 h 50) •
J'aimerais tout d'abord vous dire... puis
je reviendrai sur certains points spécifiques, mais, à l'écoute de ce que vous
avez présenté, je peux vous dire que je souscris à pas mal des points que...
M. Dubé : ...j'essayais de
prendre des notes, là, mais, je pense, ça serait mieux si j'avais une copie de
votre document. Ça serait apprécié.
J'aimerais tout d'abord vous dire... puis
je reviendrai sur certains points spécifiques. Mais, à l'écoute de ce que vous
avez présenté, je peux vous dire que je souscris à pas mal des points que vous
avez dits. Je veux faire attention, là, mais... parce qu'il y a peut-être des
choses que j'aimerais préciser, mais l'essentiel de ce que vous avez mentionné,
je peux vous dire que je n'ai pas vraiment de... Je n'ai pas vraiment
d'allergie à quoi que ce soit qui a été mentionné, là.
Ce qui va être notre défi, puis je sais
que je vais avoir à en discuter souvent avec le député de La Pinière puis
des membres de l'opposition, c'est de faire bien attention qu'on ne veut pas
dénaturer le projet de loi. On veut travailler, comme première étape, une
première phase sur les structures parce que déjà ça, c'est beaucoup de travail.
Puis, à l'intérieur de ce qu'on aura accompli avec des nouvelles structures qui
nous permettront d'aller chercher une meilleure gouvernance, qui nous
permettront d'aller chercher de la place pour faire les investissements, de
l'expertise spécialisée, donc tout ce que le regroupement des structures va
apporter, on sera capables de rapidement avoir accès à des meilleures
pratiques, et c'est ce dont... plusieurs des meilleures pratiques que vous avez
parlé aujourd'hui.
Donc, je veux juste vous dire que je
souscris à cette combinaison-là de... est-ce que le regroupement est la bonne
chose à faire, c'est ce que je comprends de votre... de l'essentiel de votre
propos. Mais, en même, lorsqu'on va arriver dans la méthodologie, sans vouloir
dénaturer le projet de loi, je pense qu'il est important de bien comprendre
qu'est-ce qu'on va accomplir avec le projet de loi, puis qu'est-ce qu'il nous
restera à faire pour aller chercher justement les meilleures pratiques.
Ceci étant dit, mon premier point... Puis
j'aimerais ça vous entendre parce que... Je ne les prends pas en ordre de
priorité, mais il y en a un qui m'a fait un peu titiller, c'est la question des
ristournes. Vous avez été assez clairs sur les ristournes. Alors, supposons
qu'on est demain matin, et que la question des structures est réglée, puis
qu'on est avec le nouveau groupe. Expliquez-moi un peu qu'est-ce qui vous donne
l'allergie concernant les ristournes, s'il vous plaît.
Une voix
: En fait...
M. Dubé : Puis peut-être
de l'expliquer parce qu'il y a peut-être des gens ici qui nous écoutent qui
seraient intéressés de savoir comment ça fonctionne, puis quel est votre enjeu
par rapport à ces ristournes-là.
Le Président (M. Simard) :
Merci. M. Larose.
M. Larose (Benoit) :
Oui. Merci. Donc, oui, la question des ristournes est très importante. Notre
association, ça fait plusieurs années, en fait, qu'on lutte pour faire cesser
la pratique.
Essentiellement, il y a deux catégories de
ristournes. Il y a des ristournes qui sont payables par les fournisseurs... En
fait, ce sont des ristournes obligatoires. En fait, notre problème, c'est le
fait que, dans les appels d'offres, on a des clauses qui obligent les fournisseurs
à verser un pourcentage de leurs ventes à partir du premier dollar de ventes.
Donc, ce n'est pas un rabais volume, là, c'est vraiment un pourcentage fixe à
partir du premier dollar de vente. C'est comme une taxe, en fait, d'une part,
pour certains... pour payer des... en fait, des fonds qui sont retournés aux
groupes d'approvisionnement en commun probablement pour assurer leur
financement, ça fait qu'on ne sait pas vraiment à quoi les fonds sont utilisés.
Et d'autres ristournes, qu'on appelle des
contributions en partenariat, qui sont, encore là, imposées aux fournisseurs,
qui sont... en fait, de l'ordre de 10 % à 12 %, c'est quand même
assez matériel, dans certains contrats, et qui sont en fait probablement
utilisés pour inciter certains établissements à adhérer à des contrats
d'approvisionnement regroupés.
Et notre problème, c'est que c'est
obligatoire, ce n'est pas transparent, on ne sait pas à quoi les fonds sont
utilisés. Puis les entreprises sont très hésitations, là, à faire des chèques
sans savoir à quoi les fonds vont être utilisés. Mais les ristournes
obligatoires, c'est ça, le problème, c'est le fait qu'il n'y a pas de... On
oblige les fournisseurs à adhérer à ce système-là, alors que, comme c'est une
taxe, bien, on peut imaginer que c'est inclus dans les prix, en quelque part,
donc c'est de l'argent qui est public. Et nous, ça nous pose un problème... des
problèmes, même sur le plan de l'éthique, là. On a des entreprises qui se sont
plaintes que ce n'était pas acceptable pour nos... comme fournisseurs, de payer
ce genre de fonds là.
M. Dubé : En fait, pour
être capables d'avoir d'autres sujets, là, parce qu'on est toujours, comme vous
savez, limités dans le temps, je comprends qu'on ne discutera pas de ça
uniquement aujourd'hui, mais j'aimerais bien... Parce que vous savez qu'un des
objectifs très clé du regroupement puis d'avoir des... ce que je disais tout à
l'heure, c'est d'avoir des synergies de la masse critique, une des questions
que je me pose par rapport aux ristournes : Est-ce que vous avez une
perception que ce système de ristournes là peut avoir un impact sur le prix des
produits?
M. Larose (Benoit) : En
fait, on... Écoutez, on peut le penser, là. Dans les catégories de produits
spécialisés, je veux dire, on... Comme tout le monde doit payer le même taux de
taxe, les taux de ristourne, la façon que les prix sont faits, c'est en
fonction de combien ça va servir... combien ça va coûter, servir ce contrat-là.
Puis, en bout de ligne, on fait un prix en fonction de ce qu'on a besoin de
générer comme profit. Donc, on peut très bien imaginer... En fait, tout le
monde soumissionne taxes incluses, c'est ça que ça veut...
M. Larose (Benoit) : ...je veux
dire, on... comme tout le monde doit payer le même taux de taxe, les taux de
ristourne... La façon que les prix sont faits, c'est en fonction de combien ça
va servir... combien ça va coûter, servir ce contrat-là, puis en bout de ligne,
on fait un prix en fonction de ce qu'on a besoin de générer comme profits.
Donc, on peut très bien imaginer... En fait, tout le monde soumissionne taxes
incluses, c'est ça que ça veut dire. Bien, notre perception, c'est que c'est
reflété dans les prix.
M. Dubé : Et est-ce que vous
pensez, lorsque... parce que j'ai bien lu vos documents, puis de l'importance
aussi pour les différentes entreprises que vous représentez, à savoir, est-ce
que ça peut avoir aussi un impact sur des plus petites entreprises, qui
pourraient être limitées à compétitionner avec d'autres justement à cause du
système de ristournes?
M. Larose (Benoit) : C'est sûr
qu'à partir du moment où on demande à des entreprises de, disons, payer des
sommes qui s'ajoutent à tous les coûts pour faire affaire avec le système de
santé, bien, les gros joueurs n'ont pas la même réalité financière que les
petits. Alors, oui, il y a une sensibilité autour de ça. Ceci dit, ce n'est pas
une pratique qui est dans tous les contrats, mais dans les contrats où ça
apparaît, c'est souvent, en fait, des catégories de produits où on sent le
besoin de donner un incitatif additionnel aux établissements pour qu'ils
respectent le contrat, puis malheureusement, ça ne donne pas les résultats
escomptés. Nous, on a beaucoup de plaintes à ce sujet-là. La ristourne n'est
pas utile.
M. Dubé : Très bien. Alors,
c'est sûrement un sujet sur lequel on va revenir.
M. Larose (Benoit) : J'espère.
M. Dubé : Mais je pense que
vous insistez beaucoup, puis quand on reviendra, au bon moment, sur les
meilleures pratiques, je pense qu'on pourra en discuter. Je veux aussi
profiter... mentionner à mes collègues, là, que, si... qu'ils peuvent
m'interrompre à n'importe quel moment pour poser d'autres questions. Moi, ma
deuxième question, en attendant... ma deuxième question vient surtout des
autres pratiques.
J'essaie de rester concentré, mais des
fois, c'est plus difficile un peu, mais...
Une voix
: ...
M. Dubé : Non, non, je ne le
sais pas, moi non plus, pourquoi j'ai de la difficulté à me concentrer.
J'aimerais... En faisant l'hypothèse, comme j'ai dit tout à l'heure, que la
question des structures a été réglée, puis, etc., on est au jour un de l'an un
avec cette nouvelle organisation là... Vous avez parlé des meilleures
pratiques. Votre conclusion... Vous en avez quelques-unes. Quelle serait la
deuxième, en ordre d'importance, là? Quand on se dit, O.K., on veut être
certain qu'on va chercher les meilleures économies, qu'est-ce que serait votre
deuxième, là, en ordre d'importance une fois qu'on a réglé les ristournes?
M. Larose (Benoit) : Oui.
Bien, c'est d'introduire véritablement des notions de qualité puis de valeur
dans les approvisionnements. Puis ça, ça passe par des modes d'adjudication qui
ne sont pas basés sur le prix plus bas conforme.
M. Dubé : Alors, je ne
suis pas surpris de cette réponse-là, parce que vous l'avez mentionné dans
plusieurs de vos documents. Pouvez-vous... Encore une fois, je sais que ce
n'est peut-être pas toujours le bon format, ici, là, mais essayez de
l'expliquer en même temps. Profitez de ces quelques minutes pour cette notion
de qualité là en lien avec les meilleures pratiques, plus bas soumissionnaire
conforme de qualité. Pouvez-vous peut-être expliquer qu'est-ce que vous
aimeriez qui soit ajouté en tant que meilleures pratiques?
M. Russell (Shane) : En
fait, ce qu'on voit un peu, la tendance dans les meilleures pratiques
mondialement, mais aussi dans plusieurs rapports d'experts, c'est qu'on parle
de plus en plus de deux aspects. Un aspect, c'est la place que peut occuper la
qualité à l'intérieur de l'équation totale de la prise de décision. Donc, on
peut bonifier. On le sait qu'au Québec, le maximum qu'on peut attribuer à la
qualité est de 30 % à l'intérieur d'un appel d'offres. Donc, on voit
d'autres juridictions qui vont permettre d'aller au-delà du 30 %. Donc,
c'est un aspect. Le deuxième aspect, c'est qu'on parle de plus en plus des
appels aux solutions. Le principe des appels aux solutions, c'est d'identifier
des problématiques précises qu'on cherche à adresser dans le réseau. Vous
voulez réduire les infections, vous voulez réduire les listes d'attente,
réduire les réhospitalisations. Donc, on identifie des problématiques puis, au
lieu d'aller en appel d'offres en demandant des prix pour des technologies, on
demande des solutions à des problématiques. Donc, c'est peut-être les deux
exemples. Puis on a plusieurs rapports d'experts, là, qu'on peut vous acheminer
aussi. Entre autres au Québec il y a eu beaucoup de travail fait là-dessus. Et
on arrive toujours à peu près à ces deux mêmes conclusions-là.
M. Dubé : Et si je vous
demandais, avant de passer la parole à un de mes collègues, là, si je vous
demandais de me donner un ou deux exemples, là, dans lesquelles, dans les cas,
soit de... qui sont proches. Parce qu'hier on a entendu les gens du GACEQ qui
ont... Je pense qu'ils ont... Ils ont certaines méthodologies qu'ils ont
beaucoup améliorées au cours des dernières années, mais donnez-moi deux... un
ou deux exemples où cette pratique-là pourrait être intéressante avec un
produit spécifique ou avec un service spécifique? Si vous pouvez m'en...
• (12 heures) •
M. Russell (Shane) :
Bien, sans rentrer trop dans le spécifique, parce qu'il y a des stratégies de
mise en marché, puis c'est public, mais disons qu'on a vu ailleurs au Canada un
centre qui a adressé spécifiquement leur appel aux solutions pour aller
chercher des gains sur les... les «outcome» cliniques, les résultats cliniques
des patients, donc, comment vous pouvez nous aider à réduire nos listes
d'attente, comment vous pouvez nous aider à réduire nos infections...
12 h (version non révisée)
M. Russell (Shane) : ...c'est
public, mais disons qu'on a vu, ailleurs au Canada, un centre qui a adressé
spécifiquement leur appel aux solutions pour aller chercher des gains sur les
«outcome clinic», les résultats cliniques des patients, donc comment vous
pouvez nous aider à réduire nos listes d'attentes, comment vous pouvez nous
aider à réduire nos infections, etc.
M. Dubé : Donc, des solutions
intégrées plutôt que...
M. Russell (Shane) : Exact.
Puis l'autre composante, c'était aussi de demander comment on peut aller faire
des gains en efficience opérationnelle. Donc, ils ont commencé, au début du
processus, à se poser ces deux questions-là, puis, après ça, ils ont fait un peu
la démarche inverse. Ils ont reculé pour créer. Et puis...
M. Dubé : O.K. Ce qu'on dit en
bon français, là, du «reverse engineering», en fait, là. C'est ça, O.K.
M. Russell (Shane) : Exact.
«Start with the end in mind», là. Et puis, malheureusement, les résultats sont
sous embargo, mais je sais qu'ils vont publier prochainement, puis...
M. Dubé : Et dans quelle
juridiction ça s'est fait, ça?
M. Russell (Shane) :
L'Ontario.
M. Dubé : En Ontario.
M. Russell (Shane) : Oui. Cet exemple-là
pris...
M. Dubé : C'est récemment?
M. Russell (Shane) : Oui, tout
à fait.
M. Dubé : O.K. Alors, on
pourra...
M. Russell (Shane) : Là, c'est
il y a peu près deux ans, donc ils sont à l'étape de dévoiler les résultats
d'une démarche comme celle-là.
M. Dubé : O.K. Alors, si jamais
vous avez un petit peu de documentation, vous pourriez nous faire parvenir encore
une fois, ça serait intéressant de l'envoyer au secrétariat pour qu'elle puisse
être partagée avec tous les collègues. Alors. Non, mais c'est ça que je voulais
avoir, des exemples concrets de... Très bien.
M. le Président, s'il nous reste... Oui,
il nous reste encore du temps...
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait, quatre minutes.
M. Dubé : ... je demanderais peut-être
à certains de mes collègues...
Le Président (M. Simard) : Un
peu plus de quatre minutes.
M. Dubé : O.K.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Rousseau.
M. Thouin : Merci, M. le
Président. Quand on parle des principes de saine gestion, on arrive rapidement
à la notion d'imputabilité. À la lecture de votre mémoire à la page 18, plus
précisément à partir du paragraphe 6, et je vous cite : «Nous souhaitons
confirmer par ailleurs que le CAG sera soumis aux mêmes normes et exigences de
transparence et d'imputabilité que les autres organismes du gouvernement», et
ainsi de suite.Vous abordez donc la notion d'imputabilité. Est-ce que ça serait
possible, pour vous, d'élaborer davantage sur cet aspect puisque c'est une
notion sur laquelle nous avons aussi eu des réflexions?
M. Larose (Benoit) : En fait,
on... puisque le Centre d'acquisitions gouvernementales va être responsable, quand
même, de sommes considérables de fonds, publics, on veut simplement s'assurer
qu'il va être soumis aux mêmes règles que les autres organismes publics, à
savoir transparence, etc., mais aussi, on insiste pour que sa performance soit vraiment
évaluée en fonction d'autre chose que strictement les cibles d'acquisition
qu'on lui fixe en début de période. C'est les économies réelles, en fait, qu'il
faut mesurer, c'est sa capacité à intégrer... bien, à aller chercher des
solutions innovantes pour le compte de ses membres, de ses partenaires. Donc,
nous, on pense que c'est important de se... que le projet de loi, disons,
confirme qu'ils vont... que le Centre d'acquisitions gouvernementales va être
évalué correctement.
M. Thouin : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Oui, M. le député de Richelieu.
M. Émond : Merci beaucoup. M.
le Président, M. Larose, M. Russell, Mme Ladrière, merci pour votre
présentation très éclairante. Vous avez utilisé le terme «brio», j'aurais un
terme alternatif à vous proposer, mais ça ne sera pas la tribune pour le faire aujourd'hui.
Plus sérieusement, M. le ministre a parlé beaucoup
des ristournes. Dans votre mémoire, à la page 22, il y a quand même un terme
fort qui... lorsque vous dites que les ristournes obligatoires minent la
réputation du Québec. Est-ce que vous pouvez m'en dire davantage? Est-ce que,
dans vos échanges avec vos partenaires ou avec vous, est-ce que certains vous
ont fait état d'un déficit réputationnel pour le Québec à cause de ces
ristournes obligatoires?
M. Larose (Benoit) :
Malheureusement, oui. Moi, j'ai... On a des membres, quand même, qui
proviennent de plusieurs pays dans le monde, là, des... aux États-Unis, en
Europe, et dès qu'une entreprise est obligée de faire un chèque à un tiers, en
fait, pour obtenir des affaires... On sait qu'ici c'est encadré puis c'est dans
le cadre normatif, c'est autorité par le Conseil du trésor, mais il reste que
la perception, c'est que c'est comme : Quoi, c'est-u un «kick back»? Moi,
je me suis fait dire ça en conversation. Non, ce n'est pas ça, ce n'est pas ça,
mais c'est perçu comme tel. Alors, moi, je pense que c'est juste... Il faut
faire attention quand on impose des clauses de ce genre-là à des entreprises
qui ne font pas juste affaire au Québec parce que c'est devenu... l'industrie
est soumise à toutes sortes de contraintes éthiques et juridiques importantes,
puis ça soulève des questions qui sont inutiles, à notre avis. Donc, oui, on
considère que c'est un problème de réputation, là. Le Québec est la seule
juridiction qui travaille comme ça, là. Je n'ai pas d'autre exemple, là, de
ristournes obligatoires, là, de ce type-là, là. C'est... Ça ne fonctionne pas
comme ça dans l'industrie.
Une voix
: ...
Mme Ladrière (Catherine) : Si
je peux me permettre? Oui, si je peux me permettre?
Le Président (M. Simard) :
Allez-y.
Mme Ladrière (Catherine) :
Merci. Je vais aller dans le même sens que M. Larose, ici. Il arrive, dans
certaines clauses où les ristournes obligatoires doivent être versées
directement au regroupement d'achats, et il n'y a pas de transparence pour
savoir comment cette ristourne-là va être distribuée par la suite. Donc, il n'y
a pas une pleine transparence, on ne peut pas suivre l'argent, si vous voulez,
et ça, pour certaines compagnies, c'est un problème important. Et...
Mme Ladrière (Catherine) :
...doivent être versés directement au regroupement d'achats, et il n'y a pas de
transparence pour savoir comment cette ristourne-là va être distribuée par la
suite. Donc, il n'y a pas une pleine transparence, on ne peut pas suivre
l'argent, si vous voulez, et ça, pour certaines compagnies, c'est un problème
important et, effectivement, cela entache la situation.
M. Dubé : Il me reste combien
de temps...
Le Président (M. Simard) : En
fait, c'est terminé, M. le ministre.
M. Dubé : ...merci beaucoup,
très apprécié.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le ministre. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Oui. Alors,
merci, M. le Président. Pour 10 min 40 s?
Le Président (M. Simard) :
Oui.
M. Barrette : Alors, on va
clarifier un certain nombre de choses pour le bénéfice de tout le monde. Alors,
évidemment, l'enjeu des ristournes est un enjeu que nous avons eu à traiter,
vous et moi, pendant des années, et c'est sûr que la façon dont vous le
présentez, c'est assez négatif. Et on va donc clarifier ça, là, pour le
bénéfice de tout le monde, parce que vos commentaires pourraient amener à des
décisions intempestives qui seraient délétères pour le réseau de la santé,
puisque vous êtes ici pour le réseau de la santé.
Premièrement, confirmez-moi, là, l'endroit
dans le monde où les achats sont les plus agressifs sont au Québec.
M. Larose (Benoit) : Je ne
sais pas comment définir le terme «agressif» et...
M. Barrette : En termes de
baisses de prix, là.
M. Larose (Benoit) : Oui.
Disons que c'est... Le Québec est un marché qui n'a pas la réputation de faire beaucoup
de place à l'innovation.
M. Barrette : Non, moi, je
parle simplement de la résultante vue de l'entreprise. Disons que les grandes entreprises
font moins d'argent au Québec qui peuvent en faire aux États-Unis.
M. Larose (Benoit) : Disons
que les produits qui sont vendus ici ne sont souvent pas nécessairement des
produits qui répondent au...
M. Barrette : Je vais y
revenir, on n'a pas beaucoup de temps, là, mais pour ceux qu'ils vendent ici,
là, vous savez très bien comme moi, là, qu'il y a plein de places sur la
planète où on vend moins cher qu'au Québec, et juste de même, là. Ça, c'est la
première chose. Je ne vous demande pas d'élaborer là-dessus et je vais revenir
sur votre point dans un instant. Les ristournes... Et ça, je le sais.
Savez-vous pourquoi je le sais? C'est parce que j'ai eu dans ma vie à
rencontrer les présidents mondiaux de toutes ces compagnies-là, là, et j'ai eu
aussi à être confrontée au ministre de la Santé des autres provinces du Canada
où on nous demandait d'arrêter, là, parce que, là, ça nuisait à leurs ententes
qui, elles, étaient plus discutables. Ça, c'est un fait. Et je n'élaborerai
pas, là, mais ça, c'est juste un fait.
Maintenant, sur la question des
ristournes, vous savez très bien qu'il y a un élément, là... vous parlez de la
transparence, je suis d'accord avec vous, je suis parfaitement d'accord avec
vous pour la transparence, je suis même plus que d'accord avec vous, parce que
j'ai toujours souhaité partout la transparence, mais je voulais vous soumettre
une chose, vous ne l'êtes pas aujourd'hui. Parce que vous savez bien que, ce
que vous appelez les ristournes, il y en a un méchant paquet. D'abord, elles
sont rares, les ristournes qui vont dans les établissements, elles sont rares,
ce n'est pas du tout, du tout, du tout le quotidien des appels d'offres,
n'est-ce pas?
M. Larose (Benoit) : Bien, il
y a quand même eu un bon nombre de dossiers.
M. Barrette : Je ne vous dis
pas qu'il n'y en a pas, je vous dis que dans le volume des achats qu'on fait,
il n'y a que quelques appels d'offres qui contiennent des ristournes. Et vous
savez très bien que c'est la réalité et vous savez très bien dans quelles
circonstances. Alors, je vais les... Contestez-moi avec ce que je vais dire,
là, vous savez bien que les ristournes, on les a acceptées dans des
circonstances spécifiques lorsque l'achat regroupé était lié à un historique de
ristournes qui, oui, pouvait être discutable dans le passé, que nous avons
rendu transparent, régularisé, mais qui n'avait qu'un seul objectif : la
recherche, l'innovation, donc la meilleure technologie possible pour les
patients. Nous avons conservé ça parce que, dans certaines institutions du
Québec qui ne sont pas surfinancées, en termes de recherche et de
développement, on les mettait à terre. N'est-ce pas ça, la réalité?
M. Larose (Benoit) : La
réalité, c'est qu'on ne sait pas à quoi les fonds sont utilisés, M. le député.
C'est...
M. Barrette : Si vous dites...
M. Larose (Benoit) : Nous, on
ne le sait pas.
M. Barrette : Vous savez...
mais je comprends.
M. Larose (Benoit) : Puis les
informations que nous avons malheureusement nous laissent croire qu'il y a des
sommes qui ne sont même pas utilisées par les établissements, qui sont dans des
coffres, puis on ne sait pas à quoi c'est utilisé.
M. Barrette : Alors, moi, je
vous soumets simplement... je ne vous le soumets pas, je vous le dis, là, ces
choses-là, elles sont sues. Quand les grandes institutions ont une ristourne
qui doit aller dans une activité de recherche, c'est su, c'est comptabilisé.
Elle n'est pas peut-être pas... La transparence n'est peut-être pas suffisante
pour que ça se rende à vous, mais elle existe. D'ailleurs, le groupe qui était
ici, un des groupes d'approvisionnement, hier, je l'ai mentionné, ils ont une
difficulté à faire le suivi. Ça, je vous l'accorde. Mais c'est parce que,
quelque part, vous insinuez un certain nombre de choses qui m'apparaissent
exagérées, sachant la pratique. Je ne vais pas plus loin.
Deuxièmement, vous avez mentionné
vous-même qu'il y a des éléments dans la loi n° 130,
que j'ai mis en place, qu'il fallait garder. Pouvez-vous élaborer là-dessus?
Parce que, d'abord, vous avez raison, et puis je ne suis pas sûr que tout le
monde comprend ce que ça veut dire.
• (12 h 10) •
M. Larose (Benoit) : En fait,
lorsque le projet de loi n° 130 a été examiné, nous avions insisté pour
que la mission des groupes d'approvisionnement en commun, à l'époque, c'était
sur... le projet de loi portait sur la gouvernance des groupes...
M. Barrette : ...d'abord, vous
avez raison et puis je ne suis pas sûr que tout le monde comprend ce que ça
veut dire.
M. Larose (Benoit) : En fait,
lorsque le projet de loi n° 130 a été examiné, nous avions insisté pour
que la mission des groupes d'approvisionnement en commun à l'époque, c'était
sur... le projet de loi portait sur la gouvernance des groupes
d'approvisionnement en commun. Donc, on avait insisté pour que, dans la mission
des groupes, on obtienne... on garde, en fait, la notion d'améliorer la qualité
des soins, dans leur mission, favoriser l'innovation et aussi de préserver la
valeur des approvisionnements.
Donc, au moins, on se disait : Ça va
être dans la mission des GAC, à l'époque, et c'est très positif qu'on
reconnaisse leur rôle à jouer pour ces éléments-là. Donc, on aimerait bien que
le nouveau Centre d'acquisitions gouvernementales ne perde pas ces notions-là
dans sa mission.
M. Barrette : On est d'accord,
mais vous avez fait aussi référence à la compatibilité...
M. Larose (Benoit) : Oui.
M. Barrette :
...informationnelle. Ça, pour moi, c'est très important...
M. Larose (Benoit) : Oui.
M. Barrette : ...parce
qu'évidemment, la compatibilité informationnelle, si on ne prend que l'élément
du coût de l'objet qu'on veut acheter, si on ne prend pas en compte la
compatibilité dans le devis, ce sont peut-être des économies à l'achat qu'on
peut faire, mais il y a, à la clé, d'immenses dépenses d'installation pour
cause d'incompatibilité informatique.
M. Larose (Benoit) : S'assurer
qu'on maintient l'interopérabilité, là, entre les divers systèmes, c'est de
plus en plus important. Donc, l'idée, c'est s'assurer que quand on prend des
décisions, on tienne compte de ces facteurs-là, puis qu'on recherche
l'interopérabilité plutôt que des solutions qui seraient uniques.
M. Barrette : Qui généreraient
des coûts. Il me reste combien de temps?
Le Président (M. Simard) :
...26 secondes.
M. Barrette : Bon. Nous avons
eu cet échange-là à plusieurs reprises. Il y a eu lieu de l'avoir ici, dans le
cadre de ce projet de loi là. Vous êtes un protagoniste de l'argumentaire de la
valeur.
M. Larose (Benoit) : Oui.
M. Barrette : Mais vous ne la
définissez jamais. Je vous laisse la chance de la définir, parce que dans nos
appels d'offres, il y a un paquet d'éléments qui sont pris en considération. Il
est faux de dire que le critère prépondérant est le prix, puisque vous-même,
vous avez dit, il y a quelques instants, que la qualité, la valeur
intrinsèquement était 30 %. Il y a des expertises et ainsi de suite.
Comment pouvez-vous opposer votre concept
de valeur aux concepts similaires que nous avons dans notre appel... nos appels
d'offres au Québec actuellement, qui sont, à mon sens, bien meilleurs que ce
qui se fait ailleurs dans le monde.
Je vous laisse tout le temps que vous
voulez, qui est, en fait, le temps qu'il reste.
Le Président (M. Simard) :
Trois... oui, 3 min 33 s.
M. Larose (Benoit) : En
fait...
M. Barrette : B s'il y a
consentement, il peut y en avoir plus.
M. Larose (Benoit) : Bien, la
valeur, en fait, c'est tout ce qui n'est pas strictement la question du prix.
Donc, les résultats cliniques, les gains d'efficience qu'on peut réaliser avec
un produit. On regarde ce que ça rapporte, hein? C'est le retour sur
l'investissement, dans le fond, qu'on voudrait que les appels d'offres d'ici
reflètent.
Notre pratique ici, c'est essentiellement
une question de conformité. Donc, on établit un seuil minimal de qualité, puis
j'insiste, c'est minimal. Tout ce qu'on peut demander de plus, pour nous, c'est
de la qualité. Or, on a fait des analyses, là, on a regardé 110 dossiers
d'appels d'offres récents dans notre secteur, là, pour voir c'était quoi, la
règle d'adjudication puis, sur les 110, en fait, 90 % de ces 110
dossiers-là n'avaient aucun critère de qualité. Ce n'était même pas... il n'y
avait même pas de facteur K, le fameux facteur K, qui est le 30 % que le
cadre normatif permet, n'est pas utilisé. C'est uniquement de la conformité qui
est dans nos appels d'offres.
Pour nous, la conformité, là, ce n'est pas
de la qualité. C'est un seuil minimal de qualité. Donc, il faut aller plus loin
que ça, il faut tenir compte d'autres facteurs, il faut être prêt à reconnaître
ces facteurs-là dans les choix qu'on fait, puis malheureusement, on estime
qu'on ne le fait pas suffisamment, puis qu'on passe à côté d'opportunités de
technologies intéressantes, qui peuvent donner des bénéfices pour les patients
et le système de la santé.
Le Président (M. Simard) :
C'est très bien. Monsieur...
M. Barrette : S'il y avait
consentement, M. le Président, de la part gouvernementale, je voudrais prendre
un ou deux, trois minutes de plus pour continuer cet échange-là, vu qu'on se
sent seuls.
M. Dubé : Juste avant de
consentir, là, où on est rendus dans le temps? Parce qu'il nous manque quand
même un des deux partis qui n'est pas là.
Le Président (M. Simard) :
Oui, mais ils peuvent arriver à tout moment...
M. Dubé : Pardon?
Le Président (M. Simard) :
Mais, ceci étant dit, on l'a déjà commencé un peu en retard puis ça prendrait
consentement pour... parce que chaque minute qu'on prend de plus, là, déboule
sur le reste de l'agenda.
M. Dubé : Oui, puis on est en
retard, hein? Bien, moi, je le laisserais terminer, si vous permettez, pour...
M. Barrette : J'aurais voulu
avoir... poser une autre question, là.
M. Dubé : Mais c'est parce que...
Le Président (M. Simard) :
Bien, il vous reste 1 min 45 s.
M. Dubé : 1 min 45 s.
M. Barrette : Très bien.
LLe
contre-argument, votre argument, il est très simple, les appels d'offres du
Québec sont écrits pour avoir la plus haute qualité possible de ce que l'on
achète. Quand on achète un tomodensitomètre, on n'achète jamais un moyen gamme.
Au Québec, qu'on soit aux Îles-de-la-Madeleine ou à Montréal, dans un hôpital
universitaire, on achète le haut de gamme...
M. Barrette : ...le
contre-argument, votre argument, il est très simple, les appels d'offres du Québec
sont écrits pour avoir la plus haute qualité possible de ce que l'on achète.
Quand on achète un tomodensitomètre, on n'achète jamais un moyen gamme. Au Québec,
qu'on soit aux Îles-de-la-Madeleine ou à Montréal, dans un hôpital universitaire,
on achète le haut de gamme. Quand on achète des lentilles cornéennes, on achète
des hauts de gamme. Ce n'est pas vrai que la qualité est minimale, on met le
haut de gamme. Maintenant, il y a des flaflas qui peuvent venir avec, ça, c'est
vrai, ça, c'est très vrai, et ça a de la valeur, mais est-elle essentielle?
Alors, c'est mon contre-argument.
Et, quand vous parlez de valeur, moi,
j'aime ça parler de valeur, mais, à un moment donné, il faut la quantifier, la
valeur, dans un appel d'offres. Et ce que l'industrie a de la difficulté à
faire, c'est quand elle se présente à l'acheteur, c'est de dire : Nous, on
a de la valeur. Parfait. Démontrez-le. Nous, de notre côté, l'acheteur, on a une
qualité que l'on connaît. On écrit un devis pour avoir la qualité maximale qui
est offerte, prouvez-nous, dans l'argumentaire, qu'il y a une valeur
additionnelle, pas des choses accessoires qui sont intéressantes, la valeur
additionnelle. Ne trouvez-vous pas que, de votre côté, il y a là une difficulté
de preuve?
M. Larose (Benoit) : Est-ce
que je peux répondre?
Le Président (M. Simard) :
Veuillez compléter, s'il vous plaît.
M. Larose (Benoit) : C'est
très important de comprendre ça, on parle de seuil minimal de qualité. Vous
dites au fournisseur : Proposez-nous des produits qui vont rencontrer, au
moins, ce seuil-là. On va payer le moins cher, on va payer le prix le plus bas
après. Donc, ça tend vers le seuil minimal, ce n'est pas un seuil maximal.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, sur ce, notre temps est écoulé malheureusement. Je voulais
remercier à vous trois pour la qualité de votre présentation. Nous allons maintenant
suspendre momentanément, le temps de céder donc la place aux prochains
intervenants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 12 h 17)
(Reprise à 12 h 20)
Le Président (M. Simard) :
Nous recevons maintenant le CEFRIO. Messieurs, auriez-vous l'amabilité de vous
présenter, sachant d'avance que vous disposez d'une période de 10 minutes?
M. Langelier (Michel) : 10
minutes.
Le Président (M. Simard) : 10
minutes.
M. Langelier (Michel) : Merci,
M. le Président. Mesdames, messieurs de la commission, mon nom est Michel
Langelier. Je suis P.D.G. du CEFRIO. J'ai le plaisir d'être...
Le Président (M. Simard) :
...messieurs, auriez-vous l'amabilité de vous présenter, sachant d'avance que
vous disposez d'une période de 10 minutes?
Une voix
: ...
Le Président (M. Simard) : 10
minutes.
M. Langelier (Michel) :
Merci, M. le Président. Mesdames messieurs de la commission, mon nom est Michel
Langelier, je suis le P.D.G. du CEFRIO, et j'ai le plaisir d'être accompagné aujourd'hui,
à ma droite, avec M. Vincent Tanguay, qui est ancien vice-président Innovation
et Transfert et aussi témoin, dans l'écosystème, de tous les changements
technologiques dans les dernières années, et aussi j'ai également, à ma gauche,
M. Christian Lévesque, député de Lévis...
Une voix
: Ancien.
M. Langelier (Michel) :
...ancien, excusez, excusez, ancien député de Lévis, qui, essentiellement, nous
accompagne dans nos efforts et activités de relations gouvernementales.
Écoutez, je vais aller rapidement au vif
du sujet. On est très heureux d'être reçus aujourd'hui en commission pour vous
partager nos réflexions par rapport au projet de loi n° 37.
Étant donné que le temps imparti est bref, je vais tout simplement vous donner
un bref aperçu, une synthèse des points principaux. Donc, la première chose est
que je vais vous entretenir sur qu'est-ce que le CEFRIO fait, et ça va mettre
la table par rapport à pourquoi qu'on est intéressés de répondre à l'invitation
qui nous a été faite de réagir sur le projet de loi. Par après, on va vous
expliquer trois dimensions, trois axes importants qu'on suggère que les membres
de la commission regardent sérieusement, qui vont toucher le projet de loi, et,
par après, je vais tout simplement terminer pour couvrir les points principaux.
Donc, le CEFRIO, on est un centre qui
facilite la recherche et l'innovation dans les organisations. On existe depuis
1987. On a 285 membres, universités, privé et du public, et on a 90 chercheurs
associés. On est un... fondamentalement un OSBL. Notre principale mission,
c'est d'accélérer l'adoption de la culture numérique. Notre vision, elle est
très simple, c'est la réussite numérique du Québec dans un contexte d'économie
numérique. On est un organisme qui est neutre, indépendant. On facilite les
meilleures pratiques et, à ce niveau-là, on regarde toute la question de
l'appropriation du numérique.
On a trois vocations clés. La première,
elle est très simple, on pourra vous remettre essentiellement un exemple de
qu'est-ce qu'on fait, on fait des enquêtes, des recherches statistiques qui
nous permettent de comprendre les usages du numérique. On fait ça
essentiellement depuis les 20 dernières années, donc on est capables de voir
l'évolution, et, à ce niveau-là, à tous les mois, il y a 1 000 répondants
qu'on interroge sur différentes questions, que ça soit le commerce
électronique, sur les services gouvernementaux. D'ailleurs, la copie qu'on va
laisser va vous donner des bonnes indications sur comment les gens souhaitent
avoir les services du gouvernement.
Deuxième chose, projets pilotes. On fait
beaucoup de projets pilotes. Un des «success stories» du CEFRIO, ça a été
l'école en réseau, qui est devenu par après, après 12 ans, un projet qu'on a
mis à l'échelle, qui est devenu les cégeps en réseau, et maintenant l'Italie
souhaite acquérir cette façon de fonctionner en télé-éducation. Donc, la mise à
l'échelle, pour nous, elle est très importante parce que c'est ça qui donne le
succès essentiellement de tout l'effort de guerre qu'on fait pour être capable
d'accélérer et de faciliter les adoptions du numérique.
Donc, pourquoi on est intéressés d'être
ici aujourd'hui, de partager nos réflexions? La première donnée intéressante,
c'est : 92 % des Québécois sont connectés, donc il y a énormément de
chemin qui a été fait, et, à partir de ça, il y a 95 % des appareils...des
Québécois qui ont des appareils numériques, que ça soit les ordinateurs, les
tablettes, les portables. Donc, la fracture numérique qui existait, le clivage
qui existait s'amoindrit, et ça, c'est une réalité qui fait que les gens
maintenant sont habitués d'avoir le service dans la sphère du privé et
maintenant ils souhaitent la même chose, un service optimal, du gouvernement au
niveau du numérique. Donc, dans ce sens-là, le citoyen, lui, qu'est-ce qu'il
veut, au-delà du service gouvernemental, c'est aussi la question de regarder
comment on utilise de manière judicieuse tous les deniers publics. Et comme
payeur de taxes moi-même, je suis très sensible par rapport à ça.
Donc, en regardant le projet de loi, nous,
on croit essentiellement qu'il y a des éléments très porteurs qu'on aimerait
certainement partager avec vous, et qu'est-ce qu'on accueille favorablement,
c'est le concept que les approvisionnements ne deviennent plus juste des
achats, mais qu'ils deviennent...
M. Langelier (Michel) :
...en regardant le projet de loi, nous, on croit essentiellement qu'il y a des
éléments très porteurs, qu'on aimerait certainement partager avec vous.
Et qu'est-ce qu'on accueille favorablement,
c'est le concept que les approvisionnements ne deviennent plus juste des
achats, mais qu'ils deviennent des achats stratégiques, et ça, je vais vous
donner quelques exemples pourquoi qu'on accueille ça favorablement, et aussi le
fait que ça va amener une concentration, une concertation d'experts
technologiques en amont pour faire les achats comme tels.
Donc, pour le CEFRIO, nous, ça rejoint
essentiellement notre mission d'aide, qui est de faciliter et d'accélérer la
transformation numérique de l'État. Et, à ce niveau-là, le CEFRIO participe
avec le Conseil du trésor sur l'identification des cibles à atteindre et le
baromètre. Donc, c'est une contribution qu'on souhaite davantage amener comme
experts accompagnateurs avec le projet de loi.
Donc, si on regarde les trois dimensions
de réflexion, la première, c'est toute la question de la gestion de la transformation.
Donc, qui dit nouvelle infrastructure... a un impact direct sur la question
des... comment les gens vont les utiliser, les processus qu'on va amener puis
aussi les systèmes qu'on va mettre en place. Et ça, juste ça, là, ça exige des
nouvelles... de bâtir des nouvelles compétences. Vous avez tous le cas
classique, probablement que, quand vous avez appris à twitter, bien, essentiellement,
là, vous ne saviez pas les... vous ne compreniez pas le système des «hashtags»,
etc. Aujourd'hui, on est en train de former les conseillers, justement, gouvernementaux
à cet effet-là. Pour donner un exemple que l'accompagnement est clé, ce n'est
pas juste important d'aller avec une technologie, mais essentiellement la
dimension, c'est que l'humain doit primer avant tout le choix technologique.
Donc, à ce niveau-là, le deuxième axe,
c'est la question de l'accès des partages des données. On est tous conscients
que la question de l'accessibilité et le partage des données, c'est un point
très sensible. Et, si on prend, exemple, le réseau académique, pour avoir
travaillé dans ce secteur-là moi-même, les professeurs avec qui je travaillais,
bien, essentiellement, étaient très réfractataires à utiliser des technologies,
exemple, comme Dropbox. Pourquoi? Parce que, pour eux autres, c'était de donner
essentiellement accès sur des serveurs américains à des données de projets de
recherche et essentiellement c'est tout à fait normal que ce genre d'achat d'infrastructure
là fait en sorte qu'à un moment donné les gens peuvent être réfractataires.
Mais, en même temps, il faut regarder le
bon côté des choses. C'est en développant... en achetant des technologies
collaboratrices, on peut permettre essentiellement de réduire l'approche silo,
qu'on voit souvent dans des projets collaboratifs.
Donc, la troisième dimension, c'est la question
de l'évolution rapide des technologies aujourd'hui, avec le 5 G, qui va
arriver dans un an, hein, le 5G, là, ça arrive dans un an, les chaînes de
blocs, qui vont changer la façon qu'on va faire tous les contrats. Moi, si
j'étais dans les souliers de l'AMF, là... Je suis très interpelé. D'ailleurs,
ils ont à peu près 100 experts pour regarder cette question-là puis
comment ça va découler dans les transactions immobilières, les gens vont
pouvoir même acheter leurs autos. Pouvez-vous comprendre que ça va être une
nouvelle façon de transiger?
L'intelligence artificielle, vous êtes
tous au courant, mais, en même temps, il y a des technologies qui peuvent être
très porteuses. Regardons toute la question de la sécurité publique. Si on
mutualisait... si le projet de loi permet de mutualiser les technologies dans
les organismes qui évoluent, exemple, dans... que ce soit la Croix-Rouge, que
ça soit les villes, etc., bien, présentement, si on regarde les technologies existent
présentement avec l'intelligence artificielle pour pouvoir gérer le flot des
eaux en amont pour éviter des inondations à tous les printemps. Ces
technologies-là existent, ça peut être... servir le bénéfice du citoyen, mais
il faut se poser les bonnes questions en amont pour faire les bons choix
technologiques. Donc, tout ça, là, bâtir la capacité, ça fait partie de la
culture du numérique. Je ne sais pas qu'est-ce que j'ai en... Une minute?
Donc, j'arrive à la conclusion. Écoutez,
l'adaptation aux technologies va demander un accompagnement sans relâche à tous
les niveaux. Et, à ce niveau-là, il faut se poser la question, comment le
projet de loi met en amont tout l'humain d'abord.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Langelier (Michel) :
Parce que, vous savez, là, la transformation numérique, là...
Le Président (M. Simard) :
Merci.
M. Langelier (Michel) :
...ce n'est pas une question de technologie, c'est une question d'humains.
• (12 h 30) •
M. Simard : Bien, merci
beaucoup, M. Langelier. Pile-poil sur le 10 minutes. M. le ministre,
à vous la parole...
12 h 30 (version non révisée)
M. Langelier (Michel) : ...met
en amont tout l'humain d'abord, parce que...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Langelier (Michel) :
...vous savez, là, la transformation numérique...
Le Président (M. Simard) :
Merci.
M. Langelier (Michel) :
...là, ce n'est pas une question de technologie, c'est une question d'humain.
Le Président (M. Simard) :
Bien, merci beaucoup, M. Langelier. Pile-poil sur le 10 minutes. M. le ministre,
à vous la parole pour 16 minutes.
M. Dubé : Alors, merci, M. le
Président. M. Langelier, et à vos collègues du CEFRIO, merci pour votre
présentation. J'aimerais peut-être mettre en contexte, parce qu'il y a beaucoup
de choses que vous avez dites qui sont... beaucoup de points qui sont très
importants, mais j'aimerais mettre en contexte, un peu, comme je l'ai fait à
des sessions passées, ce qu'on essaie de faire avec le CSPQ versus quelques
points que vous avez soulevés.
Premièrement, il faut bien comprendre que
l'organisme tel qu'on le connaît aujourd'hui, le CSPQ, avait trois
volets : il y avait ce qu'on va appeler le volet principal au niveau
applicatif, infrastructures, technologies; les centres de traitement et les
autres services qui sont faits; et il y a le volet des achats. Alors, plusieurs
de vos questions ont traité des deux, puis j'aimerais juste préciser quelques
éléments, parce que, pour les gens ici qui nous écoutaient parler tantôt des
achats, puis on arrive du côté de la transformation numérique, ça peut être un
petit peu mêlant.
Donc, le principal objectif que nous
avons, c'est de prendre particulièrement les gens qui s'occupent d'infrastructures
technologiques, c'est-à-dire des gens qui opèrent des centres de traitement,
qui font des applications qui ont... qui sont à... Les applications, ça, on va
le dire, c'est des logiciels, des applications qui sont à portée gouvernementale.
Ça, c'est le groupe qu'on veut spécialiser, qu'on sort du CSPQ, puis on
dit : On veut avoir un gain d'expertise, on veut avoir une masse critique,
et ces gens-là vont être dédiés uniquement à ça.
Quand on regarde les achats, on n'a pas
besoin d'en parler longtemps, là, on dit : Il y a un groupe, en plus, qui
était dans le CSPQ qu'on amène puis qu'on veut spécialiser, regrouper. Donc, on
va travailler sur l'infrastructure pour avoir la masse critique, les meilleures
pratiques, etc. Donc, je veux juste préciser ça, parce que des fois ça peut
être un peu difficile pour les gens de voir où est-ce qu'on veut aller avec ça.
Par contre, ce que je trouve très
intéressant de votre point, c'est que, lorsqu'on vous demande votre expertise
pour savoir comment les entreprises vivent — puis là, c'est vraiment
l'expertise du CEFRIO — comment les entreprises vivent le besoin de
la transformation numérique, moi, je vous ferais avec le parallèle avec le
gouvernement, O.K., parce qu'on a décidé qu'on allait regarder l'informatique
de façon générale très différemment au gouvernement, puis j'aimerais vous
entendre sur notre stratégie, parce que c'est ça qu'on vous demande
aujourd'hui.
Je donne l'exemple que notre... le groupe
qui s'occupe en ce moment de l'informatique de façon générale n'a pas
uniquement les infrastructures à s'occuper. Les infrastructures, c'est un des
quatre volets que nous avons, hein? On a décidé dans la dernière année, puis
ça, on a posé des gestes très concrets depuis un an, à avoir un groupe qui
s'occupe de la cybersécurité, parce que la cybersécurité n'avait peut-être pas
le focus qu'on devait lui donner. Donc, ça, c'est le premier groupe. On a créé
un deuxième groupe qui s'appelle le centre d'expertise, le CQEN, et qui,
lui — puis là ça va rejoindre beaucoup des commentaires — c'est
un... le groupe, le CQEN, va regarder comment se passe la transformation
numérique du gouvernement. Et une des choses que je sais que vous avez été
impliqués, mais je vais y aller rapidement, ça a été de nous aider à faire une
espèce de baromètre de la transformation numérique, donc, mais on est dans un
des quatre volets que nous avons regroupés. Ça va? Le troisième volet, bien,
c'est sûr que c'est tout ce qui s'appelle logiciels, infrastructures, tout ça
qu'on a discuté tout à l'heure. Puis le quatrième groupe, bien, c'est des
grandes orientations gouvernementales.
Alors, moi, la question... Je sais que ça
a été long de poser la question. Mais, une fois qu'on a décidé d'avoir un
groupe spécialisé dans les achats qui est très loin de l'informatique, puis j'y
reviendrai, mais qu'on a décidé d'avoir un groupe en informatique qui a quatre
bases, qui a quatre... vraiment quatre piliers, moi, ce que j'aimerais vous
demander, puis je vous retourne la balle : Est-ce qu'on est en train de
prendre la bonne approche? Puis c'est sûr que le CSPQ est important dans cette
reconfiguration-là. Mais vous qui êtes un expert en transformation numérique,
est-ce que le gouvernement prend une bonne approche en ce moment dans cette
spécialité-là qu'on veut faire des quatre groupes, incluant le groupe
d'infrastructures technologiques?
M. Langelier (Michel) :
Parfait.
Le Président (M. Simard) : M.
Langelier.
M. Langelier (Michel) : M. le
Président, est-ce que vous me permettez de répondre en amont et de laisser mon
collègue par après l'achever?
Le Président (M. Simard) :
Très volontiers, monsieur.
M. Langelier (Michel) :
Parfait. Merci. Écoutez, moi, je pense qu'on ne se le cache pas, toute la
question de l'administration publique, avec son virage, ça a été accueilli
extrêmement favorablement avec le CEFRIO. Pourquoi? Parce que c'était attendu,
puis on a fait la démonstration, là, que les gens sont prêts à passer ça...
M. Langelier (Michel) :
...moi, je pense que... on ne se le cache pas, toute la question de l'administration
publique, avec son virage, ça a été accueilli extrêmement favorablement avec le
CEFRIO. Pourquoi? Parce que c'était attendu, puis on a fait la démonstration,
là, que les gens sont prêts à passer ça. Et de cette façon-là, nous, on
l'accueille. En même temps, on comprend le rôle, la vocation du CQEN. Ceci étant dit, le ... doit se mettre en
place. Il y a beaucoup d'embauche, etc. Il y a des groupes, comme le CEFRIO,
qui peuvent accompagner justement le ... pour accélérer et bâtir la capacité.
Parce que qu'est-ce que je comprends, c'est que les mois vont passer, mais on
va vouloir... le Québécois va vouloir avoir accès à ces services comme il le
souhaite présentement. Donc, ça, c'est une partie de la réponse.
Et l'autre partie de la réponse, c'est
avec Infrastructures technologies Québec. Ils vont vouloir s'intéresser
typiquement aux meilleures pratiques, et c'est là que le CEFRIO peut être
d'utilité. C'est là que le ... peut aider dans la transformation numérique. On
ne se le cachera pas, nous, on a aidé, dans... sur le volet manufacturier, 700
PME à faire leur plan de transformation numérique. On a la crédibilité. On a
aussi des taux de succès qui varient entre 92 % et 96 % de succès.
C'est immédiat. Donc, nous, on peut être certainement d'utilité.
Qu'est-ce que le projet de loi mentionne,
c'est... il ne parle pas d'organismes autres que publics. Donc, moi, à ce que
je sache, dans le projet de loi, à l'heure actuelle, là, ça n'inclut pas les
OSBL. Ça parle juste d'organismes publics. Donc, il y a une nuance, puis vous
pouvez peut-être juste faire cette réflexion-là en disant : Peut-être, on
pourrait ouvrir cette porte-là. Puis évidemment, ça va être aux décideurs
essentiellement de décider si l'expertise d'un organisme comme le CEFRIO est
pertinente ou pas.
Merci.
M. Tanguay (Vincent) :
J'aimerais vous positionner le CEFRIO dans cet ensemble-là. Le CEFRIO, c'est un
médiateur. Parce que, quand le président parlait qu'il y a un 150, 175
chercheurs qui travaillent, selon les projets, avec le CEFRIO, c'est que le
CEFRIO n'est pas le dépositaire de la connaissance. La connaissance, c'est dans
les universités. Dans les ministères et les organismes, vous avez des
praticiens. Faire des achats, travailler en cybersécurité, c'est aussi, le plus
possible, de se donner de la vision. Se donner de la vision, il faut être
accompagnés. Il faut être accompagnés de gens qui ont regardé en avant de nous,
qui ont le savoir, et ce sont des universitaires, mais des universitaires qui
travaillent avec le terrain. Il y a une coche qui manque parce que
l'universitaire a un agenda. Un agenda, c'est de... dans sa carrière, c'est de
ramasser des données, c'est de publier. Quand il vient en aide à une
organisation ou à un organisme, l'idée de se faire accompagner par des
praticiens fait en sorte qu'on est capable de gérer le trafic entre l'agenda du
chercheur et la pratique au quotidien, où il est difficile, même, de libérer la
personne qui travaille.
Et le médiateur du CEFRIO, c'est celui
qui, à la fois, fait le lien entre la pratique et le chercheur pour faire en
sorte que les agendas se rejoignent et qu'on puisse définir en collaboration ou
préciser en collaboration c'est quoi, la vision, vers où on doit aller. Et là
que ce soit en sécurité, que ce soit pour des bancs d'expertise, que ce soit
pour l'acquisition des logiciels, bien, l'expert qui est sur le terrain est...
peut s'assurer d'être accompagné dans les propositions qu'il fait sur les... on
dira, dans les contrats gouvernementaux. Ça fait que c'est un peu ça, le rôle
du CEFRIO, de médiateur entre la théorie et l'expert pratique.
M. Dubé : Alors, écoutez,
j'apprécie beaucoup ces précisions-là parce qu'en fait mon collègue le ministre
délégué à la Transformation numérique a commencé ces consultations-là. Puis
encore une fois, comme je l'ai expliqué hier, on vient de déposer le projet de
loi. Il fallait faire attention de le faire dans les bonnes étapes, puis je
pense qu'on va être capables d'accélérer maintenant les consultations. Puis je
veux vous remercier parce que j'ai beaucoup entendu parler justement du
baromètre numérique que vous allez mettre en place. Parce qu'on veut justement
avoir une mesure de comment on va faire cette transformation-là au cours des
prochaines années. Donc, je voulais juste faire cette précision-là puis
j'apprécie votre collaboration.
Mais étant donné que mes collègues sont là
puis qu'ils se meurent de vous poser toutes sortes de questions sur le talent,
etc., donc je leur passe la parole. Puis on verra s'il nous reste un petit peu
de temps peut-être.
• (12 h 40) •
Le Président (M. Simard) :
Alors, j'ai deux demandes d'intervention...
M. Dubé : ...au cours des
prochaines années. Donc, je voulais faire cette précision-là, puis j'apprécie
votre collaboration. Mais étant donné que mes collègues sont là puis qu'ils se
meurent de vous poser toutes sortes de questions sur le talent, etc., donc, je
leur passe la parole. Puis on verra s'il nous reste un petit peu de temps peut-être.
Le Président (M. Simard) :
Alors, j'ai deux demandes d'intervention, celle du député de Saint-Jérôme et
celle du député de Rousseau. M. le député de Saint-Jérôme.
M. Chassin :Merci, M. le Président. Merci de votre présentation. Vous
mentionnez d'ailleurs en ouverture de votre mémoire à quel point les Québécois
qui transigent quotidiennement avec des entreprises par le numérique
s'attendent à pouvoir faire la même chose avec le gouvernement, ce qui est effectivement
une préoccupation, notamment le projet de loi n° 14 qu'on a adopté.
Donc, on voit votre sensibilité du point de vue, dans le fond, du citoyen. Par
ailleurs, vous avez vraiment, au CEFRIO une certaine expertise sur laquelle
j'aimerais miser en vous posant une ou deux questions sur notamment ce que vous
mentionnez au volet III, c'est-à-dire les technologies de rupture qui s'en
viennent, cette évolution rapide de la technologie qui promet beaucoup, parce
qu'il y aura des applications diverses qu'on peut, à la limite, difficilement
anticiper, y compris pour le gouvernement, pour ses approvisionnements, pour
les services internes qu'il devra rendre en termes de technologie et
d'infrastructure technologique.
Alors, évidemment, au CEFRIO, vous avez,
vous en avez parlé, ce rôle, finalement, de médiateur. Vous avez aussi un rôle
de veille en quelque sorte. Est-ce que vous pensez qu'il est envisageable, par
exemple, qu'une structure comme celle qu'on entend créer dans le projet de loi
n° 37 à l'interne du gouvernement fasse aussi ce travail de veille
technologique pour s'assurer qu'on ne manque pas, finalement, des opportunités?
C'est ça, l'expertise qu'on veut créer en concentrant aussi les ressources.
Qu'en pensez-vous?
Une voix
: ...veux-tu
répondre ou bien tu veux que je réponde?
M. Tanguay (Vincent) : Je
peux bien commencer et vous parler des technologies de rupture. Il faut bien se
comprendre, les technologies de rupture, c'est ce qui révolutionne nos façons
de faire. Il y en a des technologies de rupture qui existent dans l'utilisation
des données massives. Mais avant, le Dr Barette est au courant de ça amplement,
avant d'avoir des données massives du côté de la santé et des services sociaux
pour qu'on puisse les réutiliser pour de meilleurs diagnostics, pour de la
prévention, bien, il y a du travail à faire pour plusieurs années. Et pour ça,
je crois que cet accompagnement-là, pour bien comprendre les avantages, les
inconvénients, les dangers en matière de sécurité personnelle, de transparence,
d'établir la confiance, tant auprès de nos employés qu'auprès de la population,
bien, il y a tout un travail de préparation. Il y a un chercheur du MIT, M.
..., qui a toujours... qui disait, là, régulièrement : Quand je mets
1 $ en technologie, il faut que je mette 9 $ en formation. Mais ça,
il a dit ça il y a 10 ans. Aujourd'hui, les technologies sont
exponentielles, de sorte qu'il faut absolument que le gouvernement, dans sa
transformation, donne le temps à ses employés, permette le temps de se former
pour ne pas qu'ils subissent l'ubérisation de l'éducation, de la santé ou du
tourisme.
M. Chassin :
C'est un peu le facteur humain que vous mentionniez.
M. Tanguay (Vincent) :
C'est le facteur humain qu'on présente.
M. Chassin :En termes de veille puis de s'assurer... Parce qu'effectivement
il y a des risques, et il faut en être conscients. En même temps, il y a des
opportunités à saisir, notamment dans les services qu'on peut rendre en termes,
par exemple, de services publics. Est-ce que, là, dans cette fonction-là, il
peut y avoir un avantage à avoir une expertise commune au sein du gouvernement?
C'était peut-être un peu plus ça, ma question.
M. Langelier (Michel) :
Oui. La courte réponse, c'est oui, mais ça ne fait pas de tort d'être capable
de pouvoir utiliser tout l'éventail des connaissances. O.K. Et il y a deux
façons. Quand on veut bâtir... on veut bâtir des connaissances à l'interne, on
peut soit les acheter ou soit on peut les développer. À ce niveau-là, avec le
CQEN, c'est ça qui est en train de se faire. Il y a une transformation. Ils
vont se développer. Il y a des partenariats avec l'ATN, etc. Mais en même
temps, pourquoi prendre le chemin long lorsqu'on peut avoir peut-être d'autres
organisations qui ont ces habiletés-là. Puis il n'y a pas juste le CEFRIO,
hein?
Une voix
: ...
M. Langelier (Michel) :
Il n'y a pas juste le CEFRIO en passant. Il y en a d'autres, là. Ça peut être TechnoCompétences,
etc. Parce que, dans le volet transformation numérique, développer les
compétences, c'est trois choses. C'est être capable de parler... de comprendre
la technologie. O.K. Donc, déjà là, c'est un apprentissage en soi. Deuxième
chose c'est tout... être capable de pouvoir l'utiliser. Donc, c'est le volet
plus cognitif. Et la troisième chose, la plus dure, que probablement le CQEN et
d'autres organismes à l'interne vont avoir de la difficulté, et c'est là que
des organismes...
M. Langelier (Michel) :
...capable de parler, de comprendre la technologie, O.K.? Donc, déjà là, c'est
un apprentissage en soi. Deuxième chose, c'est tout être capable de pouvoir
l'utiliser. Donc, c'est le volet plus cognitif. Et la troisième chose la plus
dure, que probablement le CQEN (/:6271) et d'autres organismes à l'interne
vont avoir de la difficulté, et c'est là que des organismes neutres comme nous
autres, on peut intervenir, c'est de faire collaborer les gens. Et faire
collaborer les gens, là, c'est un des trois piliers de développer ces
compétences-là. Ça fait que oui, vous pouvez amener le côté expertise, vous
pouvez amener la technologie, mais si les gens ne collaborent pas puis ne
partagent pas les données, là, vous ne serez pas capables, essentiellement, de
faire avancer les dossiers, d'où l'importance d'ouvrir ça.
M. Chassin :
Puis cet appel à la collaboration qui... à laquelle je pense qu'on est tout à
fait sensible.
M. Langelier (Michel) : Et
c'est pour ça que nous, là, dans les projets de ma première ligne santé
numérique, etc., on a travaillé... on travaille des projets avec 20 et 30
partenaires, et notre job, là, notre métier, là, c'est de faire travailler le
monde ensemble puis de faire confronter les technologies.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Dubé : Peut-être, si je
peux me permettre, parce que je vois qu'il nous reste... Ce que vous dites sur
les TI, technologies de l'information, s'applique aussi aux achats. Il faut que
les gens collaborent ensemble si on veut le faire, alors j'apprécie énormément
des commentaires que vous avez faits aujourd'hui puis on va en tenir compte
dans nos prochaines étapes. Merci. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, bienvenu à vous tous, là. Je... abréger mes salutations pour
aller directement au point parce qu'on a moins de temps, évidemment, que le gouvernement.
Je vais vous poser une question qui est très générale, là. Quelle est la
condition...pas la condition. Qu'est-ce qui fera en sorte que la transformation
numérique va être un échec?
M. Langelier (Michel) : La
réponse est très courte : Les silos. Moi, je l'ai dit, là, je l'ai dit à plusieurs
reprises à M. Boivin, je l'ai... Je le dis à tout le monde, le gouvernement a
un défi de taille, c'est d'être capable de briser les silos, et là, la réalité,
c'est que tous les gens, tous les ministères, veut, veut pas, il y a toujours
une culture de compétition interne. Et la réalité, là, c'est les gens veulent
driver un agenda, etc. Nous, on arrive... nous et d'autres organismes, là, on
arrive essentiellement où ce qu'on veut faire travailler les gens, on n'a pas nécessairement
ça.
M. Barrette : Là, vous parlez
des silos entre les organisations. Est-ce que vous incluez là-dedans les silos
technologiques?
M. Tanguay (Vincent) : Ah!
Silo technologique. Oui, d'abord, à la première question, j'aimerais compléter
en disant : le rythme de la transformation. Vous savez, on a vu souvent
des technologies arriver dans des secteurs, notamment en éducation, où on n'a
pas pris le temps de préparer les enseignants, et ça a été un échec. Il faut
prendre le temps de préparer le monde. On est... Notre message n'est pas
compliqué, ici, hein, c'est de l'accompagnement. C'est... et nous aussi, se
faire accompagner par des spécialistes d'un domaine de sorte que... C'est la
première chose.
Deuxièmement, il y a encore, dans le...
autant dans chez nos employés, chez des employés de la fonction publique que
dans les réseaux, un problème de... je n'arrête pas de dire le même message...
de littératie numérique, de compétence numérique, et, pour ça, il faut prendre
le temps de le faire si on ne veut pas manquer notre coup. Donc, l'échec, il ne
sera pas du côté technologique, il sera du côté de la compréhension des
capacités et du potentiel. Secteur de l'éducation que je connais, puis que
mon... je dirais, ma très bonne connaissance Mario connaît aussi, c'est que les
enseignants ont tous un... les enseignants, qu'ils soient au collégial,
université, primaire, secondaire, ont peu de temps à consacrer à la mise à
niveau de leurs compétences, et ça, c'est une chose qu'on oublie souvent quand
on... la technologie drive le changement plutôt que ce soit la compréhension
des capacités d'un système, d'un logiciel. Les... Autant les profs que les
élèves n'utilisent pas 10 % du potentiel des outils d'Office, ça fait
qu'il y a du travail à faire pour qu'ils deviennent des citoyens numériques, et
c'est la même chose pour nos, pour les employés de l'État, pour les
spécialistes. Prendre le temps de les former et se faire accompagner pour
savoir par où on commence. Et moi, je défends le point que nous défendons,
comme organisation : Tournez-vous donc vers de ceux qui sont capables de
faire cette médiation-là pour pouvoir réussir ce que vous... vos changements.
• (12 h 50) •
M. Barrette : Vous savez, je
suis tout à fait d'accord avec vous, là, puis je vais même en rajouter. Vous
savez, dans mon domaine, je dis souvent, ce n'est pas les médecins qui gèrent
le coût de la santé, c'est l'industrie parce qu'ils arrivent avec toujours une
nouvelle bébelle, une application, un nouveau médicament. Quand je dis
«bébelle», je ne dis pas ça négativement, là, je dis ça au sens caricatural du
terme. Vous avez tout à fait raison, et ça, je ne pense pas que, dans ce projet
de loi là, on s'adresse à ça d'aucune manière, mais vraiment d'aucune manière.
Et moi, je pense que c'est un facteur d'échec, qu'on ne fasse pas ça. Mais,
dans le même esprit, là, parce que vous avez accompagné, vous, des...
M. Barrette : ...je ne dis pas
ça négativement, là, je dis ça au sens caricatural du terme, vous avez tout à
fait raison, et ça, je ne pense pas que, dans ce projet de loi là, on s'adresse
à ça, d'aucune manière, mais vraiment d'aucune manière et, moi, je pense que
c'est un facteur d'échec qu'on ne fasse pas ça. Mais, dans le même esprit, là,
parce que vous avez accompagné, vous, des gens dans la transformation, vous
êtes dans l'éducation, puis je pense qu'il y a des parallèles à faire avec
n'importe quelle organisation, il y a la formation du personnel, il y a
l'acquisition de données, puis il y a l'utilisation des données. Vous avez
donné des prix, des exemples d'utilisation d'application ou de données, des
applications de suivi de données, ainsi de suite, mais il y a aussi l'espèce...
pas l'espèce, mais la nécessité d'avoir une certaine, et ça, c'est mon point de
vue, je veux vous entendre là-dessus, une certaine uniformité qu'on doit avoir
dans l'acquisition, l'entreposage et la gestion de la donnée.
Est-ce qu'aujourd'hui vous considérez que
c'est encore un élément qui est important, ou vous pensez qu'on est tellement
rendu suffisamment loin dans l'intelligence artificielle, qu'on peut faire ce
qu'on veut?
M. Langelier (Michel) :
J'aimerais peut-être renchérir... puis je vais essayer de faire les liens à
votre réponse, là. Nous, en 2016, on a accompagné 20 ordres pour les aider,
quoi, à améliorer leur usage de la télépratique. Et on a travaillé,
orthopédagogues, etc., à travers le Québec, essentiellement pour les aider à
comprendre ça. Bon. Le choix technologique, il vient après. Quand les groupes
de gens, puis là je pourrais prendre les villes qu'on accompagne aussi, là, eux
autres sont interpellés avec toutes sortes de fournisseurs de Solution Times
Out. O.K. On peut-u avoir la vision? On peut-u avoir justement les cibles, le
baromètre? Est-ce qu'on peut se faire un plan de transformation numérique? Et à
partir de la vision, à partir des besoins, à partir du modèle d'affaires, bien
là, essentiellement, les solutions technologiques vont apparaître, puis là,
bien, c'est là que les experts technologiques rentrent dans l'équation et, par
après, c'est une question de «change management».
Pour revenir par rapport à l'uniformité
des données, moi, je ne pense pas honnêtement, là, puis là je réponds vraiment
plus sur un côté très personnel, je ne pense pas que la réponse est vraiment...
que «one size fits all». Il y a plusieurs contextes, on prend, exemple, tous
ceux qui font de la science, ils ne veulent pas... ils veulent protéger leur
brevet, etc. Donc, ça veut dire que, quelque part, ils vont faire appel à
certaines technologies que d'autres n'utiliseront pas. Et vous allez avoir ça,
hein, vous allez avoir ça au sein du gouvernement. Le fameux laboratoire de
cybersécurité, là, ils vont vouloir utiliser des technologies qui sont propres
à eux autres, là. Ça fait qu'il ne faut pas nécessairement «encarcaner» tout le
monde. Par contre, où est-ce qu'il y a des économies d'échelle, il faut les
encourager puis non seulement, nous, on souhaite les encourager, on dit de
regarder plus large, en données, des possibilités à d'autres organismes que ce
soit les chambres de commerce, que ce soit les villes, que ce soit la
Croix-Rouge, tous les organismes qui aident au succès de la réussite numérique
du Québec, mutualiser les achats. Savez-vous pourquoi? Parce que ces gens-là
cherchent tous à payer moins cher pour le prochain cellulaire.
M. Barrette : Je vous
interromps, là, parce que, moi, il me reste là 3 min 30 s, je
n'en ai pas plus. Alors, M. Tanguay, là... puis ce n'est pas un jugement, ne
prenez pas ça de même, M. Langelier. M. Tanguay, vous avez parlé, là, de façon
assez précise de l'importance que les gens aient une compétence et que, dans
les grands ensembles, là, les grands réseaux d'éducation santé, le gouvernement
qui est lui-même un grand ensemble, là, s'il y a une transformation numérique
qui doit se réussir, elle doit se réussir si tout le monde est capable de
regarder la même donnée, là, ou toutes les données, là. Et là, moi, je ne vois
pas ça, je ne vois pas, dans le projet de loi, qu'on s'en va dans cette direction-là.
J'ai dit à la blague précédemment, pas ici, puis c'est à la blague, c'est
une blague, si la transformation numérique, c'est la création d'interfaces,
mais qu'au-delà de l'interface, il n'y a pas une donnée qui est utilisable, là,
d'une façon fluide, on n'a pas réussi rien, là, dans la transformation
numérique. Qu'en pensez-vous?
M. Tanguay (Vincent) : J'irais
même en amont de ça, en amont de ça, il y va des choix technologiques qui sont
faits. Et, moi, je prierais les membres de la commission des deux côtés d'avoir
une grande écoute de ce qui se passe du côté de l'éducation, en ce qui a trait
à l'acquisition des technologies, pour que, s'il y avait une approche d'une
stratégie d'adhésion, plutôt que d'une stratégie qui oblige tout le monde à rentrer
dans le même moule, je pense que vous seriez beaucoup plus gagnants, à ce
moment-là, à pouvoir, après ça, travailler avec eux. Je pense vraiment que...
je n'ai pas été longtemps au gouvernement, j'ai été cinq ans au gouvernement,
et c'est, à ce moment-là, qu'on a parti le réseau du risque. Le réseau du
risque est le réseau...
M. Tanguay (Vincent) :
...oblige tout le monde à rentrer dans le même moule, je pense que vous seriez beaucoup
plus gagnants à ce moment-là à pouvoir après ça travailler avec eux. Je pense vraiment
que... Je n'ai pas été longtemps au gouvernement, j'ai été cinq ans au gouvernement,
et c'est à ce moment-là qu'on a parti le réseau du RISQ. Le réseau du RISQ est
le réseau interdisciplinaire scientifique québécois, où on a donné aux
universités la possibilité d'être les propriétaires de... justement pour qu'ils
puissent capter, avec le temps... parce qu'on n'était pas là en 1995, 1994,
1995, 1996, mais garder tout ce qui s'appelle la propriété intellectuelle, tout
ce qui s'appelle aussi la compréhension puis la mutualisation des données entre
les universités et les collèges, et faire en sorte aussi que cette expertise-là
se développe de façon très respectueuse de ce que sont des établissements d'enseignement
supérieur, notamment. Et je pense qu'il y va justement... et c'est à la suite
de ça que la question du Dr Barrette prend tout son sens. C'est que si entre
l'enseignement supérieur on s'entend sur des protocoles d'organisation des
données massives, bien, je pense qu'on vient d'enrichir la société québécoise
par le fait même.
M. Barrette : Alors, c'est
exactement le sens de mon propos. Je reprends votre mot, la mutualisation des
données, elle a aussi un sens pratique lorsque les données sont... les bases de
données sont interrogeables par une tierce partie, mais ne serait-ce que l'État
lui-même. Puis je vais aller plus loin, parce que vous avez parlé beaucoup
d'entreprises. Moi, je vois une plus-value même économique au Québec si le
Québec a un ensemble de données qui contrôle correctement. Êtes-vous d'accord
avec ça?
M. Tanguay (Vincent) : Oui,
absolument. Puis on a accompagné, les associations touristiques régionales sur
un projet de mutualisation de données. Pourquoi? Pour essentiellement faire
connaître l'offre touristique. Quand quelqu'un arrive à un congrès à Montréal
ou à Québec, il veut faire de l'écotourisme, bien, il va en Abitibi, etc.,
donc... Mais ça, ça passe par des plateformes communes et de l'échange des
données, avec un protocole de standardisation. Dans ce sens-là, j'avais mal
compris votre question. Désolée, Dr Barrette.
M. Barrette : Excusez-vous
pas, des fois, je pose mal mes questions.
M. Tanguay (Vincent) : Non,
non, mais je... Mais, c'est ça.
Le Président (M. Simard) :
Alors, messieurs Langelier, Lévesque et Tanguay, merci beaucoup pour la très
belle présentation que vous nous avez partagée. Sur ce, j'ai une annonce
importante à vous dire, nous allons suspendre nos travaux jusqu'à
15 heures. Au revoir.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 2)
Le Président (M. Simard) :
Quasiment. Il y a des fois où j'envie la chose. À l'ordre, s'il vous plaît!
Donc, nous poursuivons les consultations particulières et auditions publiques
sur le projet de loi n° 37, Loi visant principalement
à instituer le Centre d'acquisitions gouvernementales et Infrastructures
technologiques Québec.
Cet après-midi, nous entendrons les organismes
suivants : le Groupe d'approvisionnement en commun de l'Est du Québec — bienvenue,
messieurs — le Syndicat de la fonction publique et parapublique du
Québec, le Conseil des entreprises privées en santé et mieux-être et le Conseil
canadien des innovateurs.
Donc, je souhaite la bienvenue à nos
premiers intervenants. Messieurs, auriez-vous l'amabilité de vous présenter? Et
vous savez que vous disposez d'une période de 10 minutes.
M. Gagnon (Sébastien) :
Merci, M. le Président. M. Dubé, ministre responsable de l'Administration
gouvernementale et président du Conseil du trésor, MM. les députés, nous tenons
à remercier les membres de cette commission d'offrir l'opportunité au Groupe
d'approvisionnement en commun de l'Est du Québec, le GACEQ, d'exprimer sa
vision sur le projet de loi n° 37 qui viendra
instituer le Centre d'acquisitions gouvernementales.
Tout d'abord, je me présente. Je m'appelle
Sébastien Gagnon, directeur général par intérim, et je suis accompagné de M.
François St-Cyr, directeur général adjoint intérimaire et responsable des
appels au marché. En plus d'avoir tous deux travaillé en établissement en
approvisionnement, nous sommes issus de deux anciennes corporations d'achats
régionales, respectivement de l'Estrie et du Saguenay—Lac-Saint-Jean, régions
dans lesquelles nous résidons également.
Depuis 2012, nous avons eu le privilège de
partager, de participer à la construction de notre organisation, le GACEQ, dont
nous sommes très fiers. D'entrée de jeu, sachez que l'équipe du GACEQ accueille
favorablement l'initiative de la création du Centre d'acquisitions
gouvernementales. Par ce projet inspiré de modèles à succès, le gouvernement
pourra maximiser des économies d'échelle, que ce soit dans les acquisitions de
biens, services, systèmes d'information ou équipements de toute nature.
Qui sommes-nous? Nous desservons neuf
régions administratives avec une équipe compétente et chevronnée d'une
soixantaine de personnes réparties dans six places d'affaires. Notre territoire
couvre l'Estrie, la Mauricie—Centre-du-Québec, la région de Québec, le
Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, le Saguenay—Lac-Saint-Jean, le Nord-du-Québec
et les Îles-de-la-Madeleine. Ce sont 14 établissements de santé qui sont
desservis par le GACEQ. Ainsi, nous couvrons la plus grande étendue
territoriale et le plus grand nombre de régions administratives.
Notre organisation est issue d'une fusion,
en 2012, de cinq corporations d'achats régionales. Bien avant cet événement,
plusieurs régions s'étaient déjà réunies pour faire de l'achat regroupé à
grande échelle. Elles étaient conscientes des avantages, et c'est pour cela
qu'elles ont fait le choix de collaborer ensemble. Par exemple, à elle seule,
la région, comme la Côte-Nord, disposait qu'un pouvoir d'achat initial
d'environ 5 %. Aujourd'hui, tout comme l'ensemble des membres du GACEQ,
elle dispose d'un pouvoir d'achat de 35 %. Même les plus gros
établissements comme le Centre hospitalier universitaire de Québec...
M. Gagnon (Sébastien) :
...Par exemple, à elle seule, la région comme la Côte-Nord disposait d'un
pouvoir d'achat initial d'environ 5 %. Aujourd'hui, tout comme l'ensemble
des membres du GACEQ, elle dispose d'un pouvoir d'achat de 35 %. Même les
plus gros établissements, comme le Centre hospitalier universitaire de Québec,
ont pu tirer profit de l'augmentation de ce pouvoir d'achat.
Rapidement, les effets bénéfiques de la
fusion des corporations ont été ressentis, au point où la valeur du
portefeuille est passée de... 2012, de 613 millions à, aujourd'hui,
923 millions de dollars, ce qui a représenté une augmentation fulgurante
de 51 % du volume d'affaires et également des économies générées pour
l'ensemble du réseau de 193 millions de dollars.
Le portefeuille du GACEQ est constitué de
plus de 400 dossiers en biens, fournitures, équipements de tout genre.
Notre organisation est détentrice d'une expertise en matière de technologies
d'information et d'équipements médicaux. Ce sont nos deux portefeuilles
provinciaux les plus importants.
Le premier portefeuille est donc relatif
aux technologies de l'information, les TI. Ces dossiers sont essentiels pour la
mise en oeuvre de l'orientation ministérielle du MESS pour des systèmes
d'information unifiés. Il comprend plus de 35 dossiers ayant été attribués
par le ministère de la Santé depuis 2016. Il représente une valeur
contractuelle approximative de 330 millions de dollars. Ces derniers
requièrent un travail colossal de coordination puisque les solutions TI
recherchées doivent permettre à l'ensemble des établissements du réseau et du
ministère de se partager un même système d'information afin d'atteindre des
cibles communes.
Le deuxième portefeuille concerne les
équipements médicaux, par exemple, défibrillateurs, échographes cardiaques,
équipement d'imagerie. Pour l'année 2018‑2019, nous avons réalisé
80 % des dossiers de maintien d'actifs du réseau, ce qui représente une
valeur totale de 205 millions de dollars. Ces dossiers ont généré à eux
seuls 18 millions de dollars d'économies. Au GACEQ, en maintien d'actifs,
trois appels d'offres du quatre sont réalisés avec des critères de qualité, car
nous croyons que les Québécois sont en droit d'obtenir des soins avec les
meilleurs équipements sur le marché.
Nous ne pourrions réussir la réalisation
de tels dossiers d'envergure sans le concours des établissements, des
professionnels de la santé, de la Fédération des médecins spécialistes du
Québec et du ministère de la Santé et des Services sociaux. Nous pouvons
affirmer que notre offre de services est adaptée aux besoins de nos clients, de
la définition du besoin jusqu'à la mise en place du contrat. Les clients
membres sont impliqués dans toutes les grandes étapes du processus. Ce n'est
pas une option, c'est une nécessité.
Dès le démarrage du GACEQ, nous nous
faisions un point d'honneur de travailler avec chacun de nos établissements
pour qu'ils puissent trouver leur compte dans chacun de nos appels d'offres.
Afin de répondre à leurs préoccupations quant aux enjeux locaux, il est
impératif que nos équipes connaissent le marché dans lequel ils évoluent. Que
ce soit dans la région de la Capitale-Nationale ou encore en région nordique,
cette connaissance est essentielle au maintien d'un approvisionnement de
qualité ainsi qu'à une saine concurrence au niveau local, régional ou national.
Le rôle stratégique de nos professionnels
est primordial. Ils doivent tenter d'anticiper les impacts sur la capacité des
PME à répondre aux appels d'offres. Également, ils prennent en compte certains
critères d'analyse au moment d'élaborer leurs stratégies d'appel aux marchés en
lien avec l'article 16 de la Loi sur les contrats des organismes publics,
qui stipule : «Un organisme public ne peut procéder à un appel d'offres
visé à l'article 15 sans prendre en considération l'impact d'un tel
regroupement sur l'économie régionale.»
Voici quelques exemples. Est-ce que les
fournisseurs ont la capacité de répondre à l'appel d'offres en lien avec la
volumétrie estimée? Pouvons-nous favoriser un appel d'offres en lots par territoire
pour stimuler la concurrence? Est-il possible d'inclure également des critères
de développement durable? Depuis 2012, c'est avec fierté que le GACEQ a
réalisé plus de 60 dossiers comportant au moins une spécification liée au
développement durable. Nous nous faisons un point d'honneur d'encourager
également ces initiatives auprès de nos établissements membres à faire de plus
en plus de l'achat responsable.
• (15 h 10) •
Nous aimerions attirer votre attention sur
un volet important de nos activités corporatives, car, outre le réseau de la
santé, le GACEQ répond à 90 autres clients. Depuis 2012‑2013, le GACEQ a
établi un partenariat privilégié lui permettant de desservir le réseau des
universités québécoises en collaborant étroitement avec le Regroupement des
gestionnaires d'approvisionnement des universités québécoises, communément
appelé le RGAUQ. La valeur d'origine de ce portefeuille estimé au départ, 2012‑2013,
à 13 millions, a déjà atteint, en 2017, 36 millions. Et le réseau des
universités a bénéficié de plus de 2,5 millions d'économies potentielles
cumulées depuis le...
M. Gagnon (Sébastien) : ...des
universités québécoises, communément appelé le RGAUQ. La valeur d'origine de ce
portefeuille estimé au départ, 2012‑2013, à 13 millions a déjà atteint, en
2017, 36 millions, et le réseau des universités a bénéficié de plus de 2,5 millions
d'économies potentielles cumulées depuis le début de cette collaboration.
Pour avoir la prétention de conclure un
tel partenariat, nous avons de part et d'autre ajusté nos pratiques d'affaires.
L'engagement du RGAUQ se traduit par sa participation sur plusieurs tables
décisionnelles au GACEQ. Cette collaboration des deux organisations permet
l'atteinte d'objectifs ambitieux et certainement prometteurs pour l'avenir.
En conclusion, M. le Président, nous
croyons que ce projet de loi permettra aux GAC d'aller encore plus loin et de
répondre à certaines limites de notre modèle d'affaires actuel. Nous aurons notamment
la possibilité de créer des pôles d'expertise dans certaines spécialités, par
exemple les affaires pharmaceutiques. La fusion de nos organisations rendra
disponible un grand éventail de ressources humaines spécialisées qui seront
mises à la contribution du nouveau CAG.
Puisque l'information est le nerf de la
guerre, nous croyons également qu'il nous sera possible d'aller encore plus
loin dans le déploiement de systèmes d'information, et qu'ils nous permettront
d'être plus agiles et de développer une intelligence d'affaires en
approvisionnement. Les particularités des différents réseaux devront être
considérées dans une offre de services adaptés aux besoins de ses partenaires.
Quoi qu'il en soit, nous sommes convaincus
que la future organisation saura capitaliser sur l'expertise présente au sein
des équipes des GAC, du CSPQ et de Collecto déjà déployée dans les différentes
régions québécoises. MM. les députés, nous connaissons le marché de proximité
et nous connaissons les centaines de fournisseurs qui approvisionnent
quotidiennement nos clients. Ce sera avec plaisir que nous pourrons les
accompagner dans la mise en oeuvre de ce projet qui, nous en sommes convaincus,
permettra de faire réaliser des économies substantielles aux Québécois. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. Gagnon. Si je ne m'abuse, vous avez déjà été député à la Chambre
des communes...
M. Gagnon (Sébastien) : ...M.
le Président.
Le Président (M. Simard) :
...dans un comté-phare de l'Est du Québec, qui est Jonquière—Alma.
M. Gagnon (Sébastien) : Tout
à fait, M. le Président...
Le Président (M. Simard) :
Bien, heureux de vous retrouver, M. Gagnon.
M. Gagnon (Sébastien) : Mais
aujourd'hui retraité de la politique.
Le Président (M. Simard) : Ah!
mais quand même. À ce que je vois, pas tout à fait, quand même, hein? Alors,
bienvenue parmi nous. M. le ministre, à vous la parole pour une période de 16
minutes.
M. Dubé : Bon, alors, écoutez,
M. Gagnon, maintenant que je connais un peu plus votre passé... bien,
j'apprécie, j'aimerais, avant de commenter sur votre présentation, peut-être
profiter de l'occasion pour remercier vos collègues des GAC qui sont là encore
aujourd'hui. J'ai dit un peu à la blague tout à l'heure que je trouvais intéressant
de revoir des gens qui ont participé soit hier, au niveau de SigmaSanté ou du
GACOQ, ou même du CSPQ, qui sont là aujourd'hui. Puis je pense que c'est...
Vraiment, je suis agréablement surpris de voir cette collaboration-là qui se
répercute jusqu'ici dans cette présentation-là du projet de loi. Ça fait que je
pense que c'est un des facteurs de succès qu'on entend depuis quelques
sessions, c'est comment ces gens-là vont pouvoir travailler ensemble. Alors, de
vous voir tous ici aujourd'hui, je trouve ça très valorisant mais surtout très
encourageant lorsqu'on arrive à un projet de loi qui va emmener des
changements. Puis on le sait, un des éléments importants pour réussir, bien,
c'est de faire cette gestion-là du changement. Donc, je voulais le souligner
que vous soyez tous là aujourd'hui. Il n'y a personne qui vous l'a demandé. En
tout cas, ce n'est pas nous, je veux clarifier ça. Et, quand on m'a fait
remarquer ça, je trouve, c'était un très bon signe. Mais inquiétez-vous pas, ce
n'est pas le pot qui s'en vient, là, c'est...
Écoutez, j'ai plusieurs commentaires, mais
j'aurais voulu écrire une partie de votre discours que je n'aurais pas fait
mieux parce que ce que vous nous dites aujourd'hui, puis probablement forts de
l'expérience des regroupements que vous avez vécus, l'objectif principal du
regroupement qu'on veut faire au niveau du groupement d'achats, c'est
exactement ça. Et je me plais à dire... Puis je vais arrêter de le citer, le
député de La Pinière, parce qu'il va finir par penser que j'aime beaucoup
ce qu'il fait, mais il a fait des bonnes choses. Il a fait des bonnes choses,
et de voir qu'on regarde l'expérience passée, de ce que vous avez vécu et des
résultats, tant au niveau des économies... Puis je vais vous reposer peut-être
quelques questions plus précises sur des préoccupations que j'ai ou que les
gens pourraient avoir, mais je veux vous dire que l'expérience du GACOQ,
l'expérience du GACEQ, que vous venez de nous expliquer, pour moi, m'encourage
énormément à continuer dans la direction qu'on veut faire de ce nouveau
groupement d'achats. Donc, ça, c'est mon premier point.
Il y en a quelques-uns qui préoccupent les
gens puis...
M. Dubé : ...ou que les gens
pourraient avoir, mais je veux vous dire que l'expérience du GACOQ, l'expérience
du GACEQ que vous venez de nous expliquer, pour moi, m'encourage énormément à
continuer dans la direction qu'on veut faire de ce nouveau groupement d'achats.
Donc, ça, c'est mon premier point.
Il y en a quelques-uns qui préoccupent les
gens puis surtout celui de l'Est du Québec, là, qui avait initialement, je
dirais, un regroupement régional, parce que vous avez quand même un bagage qui
est important de ce côté-là. Puis je vais vous poser, juste pour bien vous
préparer, je vais poser la question à deux niveaux. Il y a deux préoccupations
que les gens ont, c'est comment on va respecter l'aspect régional dans nos
achats, puis particulièrement parce qu'on associe souvent le côté régional avec
les PME en région aussi. Alors, je voudrais vous entendre un peu là-dessus
parce que vous avez quand même une expérience, là, on n'est pas le théorique,
là, vous l'avez vécu puis vous avez dû, lorsque vous recevez des demandes de
vos gens pour qui vous agissez, vous avez quand même à trouver cet équilibre-là
de trouver le meilleur produit de qualité au meilleur prix, mais vous avez des
enjeux de région puis vous avez des enjeux de PME qui sont en région, qu'on
veut encourager.
Alors, je vous demanderais d'élaborer un
peu là-dessus parce que, pour moi, on entend beaucoup de choses qui, depuis
qu'on a déposé le projet de loi, que, bon, on va arrêter d'acheter en région
puis on va arrêter d'acheter aux PME, ce qui n'est vraiment pas le cas. Votre
expérience là-dedans, j'aimerais vous entendre là-dessus, s'il vous plaît.
M. Gagnon (Sébastien) : Tout
d'abord, si vous me permettez, M. le Président, il faut comprendre que la
majeure partie des achats locaux sont réalisés en établissement, il y a des
commodités qui ne seront probablement jamais négociées dans les groupes
d'achats. Mais reste qu'il y a des fournitures, des négociations qui se font d'établissement
par établissement. Ceci étant dit, on a développé des mécanismes, mais en collaboration
avec les établissements. Je vais prendre, par exemple, dans la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
la stratégie de négociation fait en sorte qu'à un moment donné on regarde, on
regarde l'opportunité : Est-ce qu'il y a un risque pour les fournisseurs?
Est-ce que ça peut servir l'intérêt? Est-ce qu'on veut générer des économies? Et,
dans certains dossiers, il n'est pas stratégique de le faire en achats
regroupés.
Je sais qu'hier mon collègue avait abordé
la notion, le dossier emblématique des produits laitiers. Il a été conclu, avec
le CIUSSS du Saguenay—Lac-Saint-Jean, qu'ils étaient mieux placés pour réaliser
leur appel d'offres, bien que nous réalisons l'appel d'offres presque
provincial ou, à tout le moins, sur notre territoire. Puis la résultante de
cette stratégie fait en sorte que je dois publiquement mentionner des prix, le
lait est moins cher au Saguenay—Lac-Saint-Jean que dans d'autres régions, tout
simplement parce qu'il y a suffisamment de concurrence locale puis on a
stimulé... puis on fait affaire avec cette concurrence-là. Ça fait que la
stratégie d'affaires de négociation, elle ne se réplique pas dans tous les
dossiers. D'autres éléments, par exemple, qu'on va faire...
M. Dubé : Est-ce que je peux
juste préciser ma question? Donc, dans le cas, par exemple, d'achats régionaux,
vous avez essayé de trouver les bons produits qui vont avoir... que la région a
des caractéristiques qui permettent ce regroupement-là tout en privilégiant les
prix. Alors, ce n'est pas, mur à mur, partout, cette approche-là, c'est ça que
vous me dites?
M. Gagnon (Sébastien) : Exactement.
On a un portefeuille dans lequel on identifie, on regarde : Est-ce qu'il y
a des enjeux? Puis ces enjeux ne sont pas les mêmes d'une région à l'autre. Par
exemple, dans le Bas-Saint-Laurent, c'était d'avoir des dispensaires de
fournitures d'équipement de bureau. Il y avait cette préoccupation-là d'avoir
des services de proximité. Ce qu'on s'est rendu compte par l'achat regroupé,
c'est qu'on a la capacité de négocier avec des manufacturiers importants, mais,
en même temps, on avait aussi la capacité d'exiger d'avoir des points de
service proches de leur clientèle, ça aussi, ça a eu un effet bénéfique, là,
l'achat regroupé.
Or, on n'est pas naïf non plus, il faut
être vigilant toujours et ce pourquoi on reste connecté avec nos différentes
régions. Il faut connaître le territoire, il faut connaître le marché. Puis on
est toujours très sensibles puis très à l'affût, tu sais, des mouvances sur la
compétition. C'est sûr que ce n'est pas nous qui finalisons l'appel d'offres
pour le fournisseur, mais, quand même, on s'assure... je répète un peu
l'exemple de tantôt. Si on se retrouve que le professionnel propose un volume
auquel un fournisseur régional ne pourrait pas soumissionner, bien, il va
segmenter son volume pour permettre au territoire de pouvoir se positionner.
M. Dubé : Et comment, sur
l'aspect plus... je pense que vous répondez très bien au niveau des régions,
mais l'aspect PME là-dedans, est-ce que vous vous retrouvez dans des situations,
des fois, surtout en région, on voudrait acheter au bon prix, mais encourager
certaines PME régionales, comment vous gardez cet équilibre-là avec les PME,
des fois, qui se retrouvent à avoir des enjeux de prix ou des enjeux de coûts
différents? Vous parliez tantôt du domaine de fournitures de bureau, mais je
veux vous entendre un peu sur l'aspect PME face à des grandes entreprises.
• (15 h 20) •
M. Gagnon (Sébastien) : Bien,
il y a des leviers dans la Loi sur les contrats des organismes publics, j'ai, entre
autres, le développement durable. J'ai, en tête, une entreprise, dans la région
métropolitaine, qui s'est lancée en affaires, qui compétitionnait un géant
européen, mais le bon côté, c'est qu'ils récupéraient des produits d'hygiène et
de salubrité, puis... bien, ils nous ont demandé : Écoutez, on a des
pratiques écoresponsables, est-ce que ça peut...
M. Gagnon (Sébastien) : ...le
développement durable. J'ai en tête une entreprise dans la région
métropolitaine qui s'est lancée en affaire qui compétitionnait un géant
européen. Mais, le bon côté, c'est qu'ils récupéraient des produits d'hygiène
et de salubrité, puis, bien, ils nous ont demandé : Écoutez, on a des
pratiques écoresponsables, est-ce que ça peut être apprécié? On a mis des
critères qui ont pu apprécier ces efforts de développement durable, et il a
réussi à positionner son offre de service. Il y a certains leviers et certaines
possibilités qu'on peut regarder qui peuvent aider les PME.
M. Dubé : Est-ce que ça s'est
fait au détriment du coût?
M. Gagnon (Sébastien) : Est-ce
que ça s'est fait au détriment du coût? C'est qu'on est prêt, dans certains...
Dans des dossiers, on est prêt à payer un peu plus cher, justement, pour avoir,
tu sais, des produits qui sont à la fois écoresponsables, qui ont une vision de
développement durable, etc. Ça fait que donc ça ne devient plus juste une
notion de coût, on regarde, bien sûr, le coût, mais on apprécie les efforts de
l'entreprise à cet égard.
M. Dubé : Je va passer la
parole à mes collègues, mais je ne peux pas m'empêcher de vous demander votre expérience.
En tant qu'entité qui a subi... qui a vécu des regroupements avec d'autres,
quel est le principal facteur de succès de ce qu'on veut faire, de regrouper
les gens de... bon, de la santé, les organismes que vous représentez bien avec
les gens de la... par exemple, de Collecto, qui sont d'autres organismes?
Comment vous avez vécu ce regroupement-là, puis quels sont les principaux
facteurs de succès qu'on devrait avoir en tête pour réussir ce regroupement-là?
M. Gagnon (Sébastien) : Bien,
on ne voulait pas, au début. On aurait souhaité rester, on aurait souhaité.
Mais rapidement, rapidement, quand on a vu, je me souviens des... Un, il y
avait déjà une cohésion entre les groupes d'achat. Il y avait déjà une chimie.
Une fois qu'on a passé les barrières administratives puis qu'on s'est rendu
compte des opportunités, je reviens avec mon pouvoir d'achat, là, à peu près
2,5 %, dès que je connectais mes contrats avec d'autres contrats avec la
grande région de Québec avec le même fournisseur, j'avais des gains de
3 %, 4 %. Ça fait que, rapidement... Mais une des préoccupations qui
étaient importantes, c'était de rester connecté avec nos établissements puis à
cette époque, et le projet de loi, tu sais, semble exactement aller dans le même
sens, de rester connecté avec les utilisateurs. Bien, on a enlevé ces
barrières, là, un peu plus régionalistes, puis on s'est mis à travailler en
équipe, puis d'avoir l'efficacité et les gains qu'on connaît aujourd'hui.
M. St-Cyr (François) : Si je peux
ajouter, lorsqu'on fait une fusion comme ça, on va chercher énormément
d'expertise dans les autres milieux qui nous permettent d'être meilleurs, puis
ça, c'est super important. Le GACEQ ne possède pas l'expertise unique. Il y a
de l'expertise ailleurs, et la récupérer et ramener ces gens-là dans un
regroupement et de se partager nos expertises communes, c'est gagnant dans
l'ensemble des dossiers.
M. Dubé : Alors, je vais
passer...
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. St-Cyr. Alors, je cède maintenant la parole au député de
Saint-Jérôme. Cher collègue, il vous reste 5 min 40 s.
M. Chassin :
D'accord. Merci, M. le Président. Merci à vous deux de votre présentation et de
votre présence. Pour insister un peu sur le point qu'on vient d'aborder, dans
le fond, ce que vous nous dites, c'est qu'il y a des gains puisque votre,
permettez-moi l'expression chinoise, votre «core business» est davantage en
santé, vous avez vu, avec des nouvelles organisations qui se sont jointes à
vous, notamment des universités, qu'il y a des gains réalisables en éducation.
Mais là, ce que vous nous dites, si je ne m'abuse, c'est que l'expertise qu'on
peut développer, même dans d'autres domaines, ou qu'on peut acquérir, sert,
finalement, à l'ensemble des opérations et des appels d'offres?
M. St-Cyr (François) : Bien,
en fait, on est spécialisés en appel au marché, et lorsqu'on se regroupe,
exemple, il va avoir des gens du CSPQ, il va avoir des gens de Collecto, eux
autres aussi, ils sont spécialistes en appel au marché. Et eux autres aussi ont
développé des créneaux et des visions qui sont différentes, qui, souvent, nous
amènent à voir plus grand que ce qu'on faisait. Et lorsqu'on l'a vécu en 2012,
on s'est aperçu qu'on pensait qu'on était les meilleurs puis qu'il y en avait
d'autres très bons à côté de nous, et ce partage d'expertise là a été gagnant
pour tout le réseau de la santé.
M. Chassin :
Vous a rendus encore meilleurs, finalement?
M. St-Cyr (François) : Oui.
M. Chassin :
D'accord. Et est-ce que vous pensez qu'il y a une différence fondamentale
entre, par exemple, des universités ou des cégeps et collèges? Votre
appréciation, à vous?
M. Gagnon (Sébastien) : C'est
sûr que c'est sur une base volontaire, ça fait qu'ils choisissent les dossiers
dans lesquels ils s'investissent, mais on a réussi quand même à faire, puis là
il faut comprendre, prend par exemple les appareils mobile, lorsqu'ils se sont
joints à nous puis qu'ils ont vu l'ampleur puis le volume, bien, ça l'a
bénéficié à tous les différents réseaux, que ce soit les universités, les
cégeps. Même qu'on a vu de l'adhésion quand les prix ont été... sont sortis
lors de l'appel d'offres. Ça fait que les gens ont compris les avantages, puis
on a vu, soudainement, un intérêt grandissant.
M. Chassin :
O.K.
M. St-Cyr (François) : Je
voudrais juste ajouter, depuis 1995 que le réseau de la santé vit des fusions
par-dessus fusions, et on s'est organisé et structuré. Et le réseau de la
santé, qui a commencé, voilà quatre, cinq ans, le réseau...
M. Gagnon (Sébastien) : ...l'appel
d'offres. Ça fait que les gens ont compris les avantages, puis on a vu,
soudainement, un intérêt grandissant.
M. Chassin :
O.K.
M. St-Cyr (François) : Je
voudrais juste ajouter, depuis 1995 que le réseau de la santé vit des
fusions par-dessus fusions, et on s'est organisé et structuré. Et le réseau de
la santé, qui a commencé voilà quatre, cinq ans, le réseau de l'éducation qui a
commencé voilà quatre, cinq ans avec nous, bien, ils sont en mode accélérée
pour tout ce que nous autres, on a mûri depuis 20 ans, là. Il y a une
courbe d'apprentissage à se faire en achats regroupés qui est certes là, mais
qu'on est capable de les aider à aller plus rapidement dans l'apprentissage de
toute courbe-là.
M. Chassin :
Mais alors, vous m'amenez peut-être à une autre question. En combien de
temps... disons, les principaux gains de cette courbe d'apprentissage prenaient
un certain temps, en combien de temps on peut estimer avoir un bon impact en
termes d'économies réalisées, dans le sens où, évidemment, on peut l'étaler,
là, sur beaucoup de temps? Mais nous, on a une ambition aussi à travers les
économies d'échelle de réaliser des gains. Est-ce que, finalement, à travers la
formation, à travers les outils, à travers l'expertise partagée, ça se réalise
assez rapidement, ou est-ce que ça prend 10 ans?
M. St-Cyr (François) : Non.
M. Chassin :
Bon, moins. On voit votre réaction très vive et franche.
M. St-Cyr (François) : Ça ne
prend pas 10 ans. Nous, quand on l'a fait, en 2012... en 2014, les
universités sont arrivées. C'est énormément d'investissement de temps, à les
amener vers quelque chose. Il faut rencontrer leurs utilisateurs. Ils ne sont
pas habitués à cette formule-là. Leurs systèmes d'information sont peut-être un
peu moins présents que les nôtres. Nous, on sait exactement c'est quoi qui se
consomme dans le réseau. Ça fait que, ça, il y a une courbe qu'il va falloir
aller chercher, que les universités ont eu de la difficulté. Ça fait qu'il a
fallu voir des approches un peu différentes, mais une fois qu'on a réussi un
dossier, un deuxième dossier, que les succès sont là, ça s'engage assez
rapidement. Mais, d'après moi, ça va prendre un deux, trois ans. On va en
faire, mais avant d'avoir une vitesse de croisière, là, ça...
M. Chassin :
Puis, par ailleurs, vous avez finalement une certaine expertise par rapport à
l'intégration, finalement, d'autres partenaires. Ça fait que peut-être qu'avec cette
expertise déjà acquise, ça ira encore plus rapidement, en tout cas, c'est un
souhait que je formule. Puis permettez-moi d'attirer l'attention sur des
stratégies dont vous avez fait mention dans votre présentation. Vous parliez,
par exemple, d'appels d'offres en lots pour stimuler la concurrence. J'imagine
que différents marchés présentant différentes caractéristiques, vous vous
adaptez. Quand il y a deux ou trois fournisseurs, vous intervenez différemment,
par exemple, que quand on peut avoir un ensemble de fournisseurs régionaux.
Est-ce que je comprends bien que ça fait partie de votre expertise aussi de
lancer, finalement, les appels d'offres des marchés différents... selon
différents marchés, selon différentes configurations de marché?
M. Gagnon (Sébastien) : Le
rôle de l'approvisionneur, c'est de faire cette analyse puis de voir les
opportunités. Dans certains cas, de faire un appel d'offres provincial pourrait
éradiquer un marché. Ça fait que l'idée, c'est peut-être de faire des vagues
d'appels d'offres. C'est pour ça que la cohésion qu'on a avec les autres
groupes d'achats nous permet d'ajuster les stratégies. On voit une résultante,
ah, on corrige, on ajuste, on refait l'appel d'offres. Ça devient de
l'approvisionnement stratégique.
M. Chassin :
D'accord. Merci. Je regarde mes collègues pour voir s'il y a d'autres
questions. Combien de temps il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : À
peine quelques secondes, cher collègue.
M. Chassin :
Ah bon! Alors, à ce moment-là, je prendrai la parole simplement pour vous
remercier.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. St-Cyr, M. Gagnon, nous allons maintenant céder la parole
au porte-parole de l'opposition officielle et député de La Pinière pour
une période de 10 min 40 s.
M. Barrette : Alors, merci, M.
le Président. Alors, bonjour. Et vous... Bon, on se connaît, là, on a
travaillé... Je vais reprendre à mon compte les premiers commentaires du
ministre. Alors, je suis content de vous voir toute la gang, là, l'Est, l'Ouest
et SigmaSanté, ici, aujourd'hui, parce que ça témoigne de quelque chose. Puis
je n'ai aucune question piège, j'ai juste des questions biaisées positivement.
Alors, ça va venir...
Une voix
: C'est la
même chose.
• (15 h 30) •
M. Barrette : Ce n'est pas la
même chose. Alors, comme je l'ai dit il y a un instant, moi, je travaille avec
vous autres, certains d'entres-vous et d'autres sont arrivés par après, depuis
2001. Et je dis ça parce que c'est extraordinaire de vous voir ici, toute la
gang, venir parler avec beaucoup d'enthousiasme de ce que vous faites. Et à la
question du député de Saint-Jérôme, vous avez hésité peut-être à dire une
chose, il y en a une courbe d'apprentissage, puis ça, il faut le dire. Parce
que la question qui vient avec la courbe d'apprentissage, c'est la
suivante : Qu'est-ce qui va faire que le projet de loi va nuire à ce qui
existe aujourd'hui? Vous pouvez répondre, si vous le souhaitez, que de vous
défaire, ce n'est pas une bonne idée. Je ne veux pas que vous répondiez ça,
mais je vous pose quand même la question : Qu'est-ce qui va faire que le
projet de loi va faire reculer cette...
15 h 30 (version non révisée)
M. Barrette : ...qu'est-ce qui
va faire que le projet de loi va nuire à ce qui existe aujourd'hui? Vous pouvez
répondre, si vous le souhaitez, que de vous défaire, ce n'est pas une bonne
idée. Je ne veux pas que vous répondiez ça, mais je vous pose quand même la
question. Qu'est-ce qui va faire que le projet de loi va faire reculer cet état
de fait actuel, qui fait en sorte qu'au Québec... Puis moi, je le dis sans
aucune hésitation parce que, dans mes diverses positions antérieures, j'ai eu à
rencontrer mes homologues des autres provinces, incluant les présidents, des
autres provinces, de leurs Conseils du trésor : On est meilleurs. On a le
droit de le dire, là, on est meilleurs.
M. St-Cyr (François) : Je
vous dirais qu'un des enjeux majeurs, pour moi, de la santé versus les autres
réseaux, c'est vraiment les systèmes d'information, qui, en santé, ont réussi à
avoir des mandats qui précisent exactement ce qu'on veut. Il faut valider, on a
encore à s'améliorer, mais on a quand même une base qui fait du sens et on
connaît notre marché. Par contre, les autres réseaux ont peut-être plus de
difficulté à pouvoir mandater... Tu sais, la définition du besoin,
là — on en a entendu parler depuis deux jours — est
superimportante, et la quantité fait partie du besoin. Et les systèmes
d'information ne sont probablement pas tous à jour dans les autres réseaux pour
permettre de faire des appels d'offres avec la précision qu'on peut connaître
actuellement dans la santé.
M. Barrette : Je veux aborder
un élément, là, puis je veux que vous vous exprimiez très librement là-dessus,
là. Les corporations d'achats ou les regroupements d'achats, à l'époque, là, au
début des années 2000, évidemment, c'était quelques hôpitaux dans une agence.
Après, il y a eu les cinq groupes. Après, il y a eu les trois groupes. Puis on
s'en va vers un groupe. À un moment donné, vous avez pris comme une plus grande
confiance en vous parce que vous étiez appuyés au-dessus de vous autres. Ça a
aidé. Mais tout le long... Puis je dis «tout le long» parce qu'encore,
moi-même, là, aujourd'hui, je reçois des lettres. J'en ai reçu une cette
semaine. Puis là je veux que vous vous exprimiez là-dessus, là, sur la façon de
gérer ça. Nous autres, on est l'université Unetelle, puis on n'est pas comme
les autres.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Barrette : Allez-y. Ça se
gère...
M. Gagnon (Sébastien) : Nos
clients sont tous uniques également.
M. Barrette : Oui. Non, je le sais,
ça. Mais c'est parce que ça se gère, ça, puis j'aimerais ça que vous élaboriez
là-dessus. Nous, on est l'université Unetelle, on a des besoins particuliers.
Les achats de groupe, on veut être retirés de ça.
M. Gagnon (Sébastien) :
Écoutez, effectivement, en 2012, c'était une réalité dans laquelle les centres
voulaient garder une forme d'autonomie. Le défi où... Notre modèle d'affaires
s'est basé en disant : O.K., tu as un besoin, est-ce qu'il est
particulier? Parfait. Comment, maintenant, on peut y répondre, à l'appel
d'offres? Ça fait que là, ils partaient travailler et ils revenaient avec des
éléments. Ça fait que la construction du devis, et l'analyse du besoin, puis le
travail avec des partenariats ont fait en sorte qu'à un moment donné, bien, par
la force des choses on a répondu à une forme de satisfaction. Bien sûr, on a eu
des dossiers importants. On va les appeler des dossiers gagnants. On ne s'est
pas attaqué à tout dans un bloc, mais on a préparé le terrain, chacune des
négociations, chaque succès. Qui sait? Je me souviens encore, en 2014, la
cardiologie. C'est des gains importants et qui ont avoisiné les 47 %,
étaient emblématiques, puis ensuite ont donné le train pour une succession de
dossiers à succès également. Mais, oui, effectivement, il faut penser à la
gestion du changement. Il faut amener ces gens-là... mais rapidement, ils
peuvent saisir le gain qui peut s'ensuivre.
M. St-Cyr (François) :
J'aimerais rajouter peut-être...
M. Barrette : Oui, allez-y.
M. St-Cyr (François) : ...à
ce niveau-là... Dans le fond, ils ont peur, je vais le dire comme ça. On est
dans une gestion de changement. Lorsqu'on a commencé à rentrer dans les
spécialités, on a vécu la même chose. Dès qu'on décide de développer un nouveau
secteur, tout le monde nous amène une société distincte, qu'ils ne seront pas
capables de regrouper leurs besoins, pour finalement, lorsqu'on les assoit
ensemble, s'apercevoir qu'ils ne sont pas si distincts que ça, puis il y a des
choses qui sont regroupables. Et il ne faut pas oublier que l'achat regroupé ne
vise rarement... et pratiquement jamais 100 %, mais 80 % du besoin,
qui va leur permettre d'avoir des gains substantiels.
M. Barrette : Et là je vais
vous avouer que je n'ai pas suivi le dossier pour pouvoir corroborer ce
chiffre-là. Certains de vos prédécesseurs ont mentionné le fait, au sens large
du terme, là, qu'on avait atteint peut-être le maximum de ce qui est faisable.
Ça m'a beaucoup étonné, cette affirmation-là. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Gagnon (Sébastien) : Bien,
écoutez...
M. Barrette : Je parle, en
volumétrie, là.
M. Gagnon (Sébastien) : Ce
qui s'est passé depuis les dernières années, bon, il y a eu encore une
mobilisation de l'ensemble des trois groupes d'achats derrière un seul et même
plan. On a identifié des... à la fois dans les systèmes, mais de nouvelles
opportunités dans lesquelles on croit, là, qu'il y a encore des dossiers puis
encore de la marge de manoeuvre à pouvoir mettre en commun. Maintenant, il y a
un enjeu, toujours, de captation des données. Par exemple, dans les produits de
laboratoire, quand on analyse ce qui est consommé dans les établissements,
bien, émergent de nouvelles opportunités, et ce sur quoi, présentement, on est
en train de s'affairer. Et on croit qu'il y a encore des possibilités.
M. Barrette : Est-ce que vous
trouvez que l'objectif...
M. Gagnon (Sébastien) :
...manoeuvre à pouvoir mettre en commun.
Maintenant, il y a un enjeu, toujours, de
captation des données. Par exemple, dans les produits de laboratoire, quand on
analyse ce qui est consommé dans les établissements, bien, émergent de
nouvelles opportunités, et ce sur quoi présentement on est en train de
s'affairer, et on croit qu'il y a encore des possibilités.
M. Barrette : Est-ce que vous
trouvez que l'objectif qui est exprimé par le ministre — puis ce
n'est pas une critique — est atteignable? C'est un corollaire à ma
question précédente. Parce que jamais personne n'aurait cru en 2001
qu'un — personnellement, je suis embarqué là-dedans — qu'un
jour on ferait des achats regroupés de lentilles et de prothèses de hanche, par
exemple, là, jamais personne, là, qui aurait pensé et accepté ça, il y a
maintenant 18 ans. Là, aujourd'hui, on le fait. Quand je dis qu'on est meilleurs
qu'ailleurs, là, c'est parce que ça ne se fait pas ailleurs, là. Ça, c'est un
événement en soi. Mais là, est-ce qu'il y a encore suffisamment de marge pour
aller chercher... Et combien de millions?
M. Dubé : Plusieurs.
M. Barrette : Non, je le sais,
on est en centaines de plus, là.
Des voix
: ...
M. Barrette : Est-ce qu'il y a
encore... Je vous demande votre opinion. Ce n'est pas une critique, ce n'est
pas une flèche, là.
M. St-Cyr (François) : Bien,
moi, je crois qu'il y a encore une place à aller chercher encore. Dans les
spécialités, il nous reste encore du forage à faire. Ça, je suis convaincu là-dessus.
Et l'avènement du Centre d'acquisitions, un avantage que ça va faire peut-être...
Une expertise qu'on avait moins développée était dans l'entretien des
installations, les matériels, et il y a certains secteurs que probablement que
nos collègues du CSPQ ou des autres réseaux vont pouvoir nous aider, peut-être,
à... par l'expérience, à nous améliorer dans certains secteurs. Par contre,
c'est un objectif ambitieux, là, les centaines de millions.
M. Gagnon (Sébastien) : On a
déjà eu par les deux ministres de la Santé précédemment deux objectifs de 100 millions
qui étaient audacieux auxquels on a réalisé puis on a atteint nos objectifs.
M. Barrette : Bien oui, c'est
normal.
M. Gagnon (Sébastien) : Ça
fait qu'on est prêts pour un nouvel objectif.
M. Barrette : C'est une
excellente réponse.
M. Dubé : Ce n'est pas une
vraie question.
M. Barrette : J'aimerais ça, parce
que là il me reste pas mal moins de temps, là, il me reste à peu près deux
minutes... Il y a deux éléments sur lesquels je voudrais qu'on s'attarde, parce
que, ça, moi, ça me fatigue beaucoup. Il y en a un qui est évident, vous y avez
fait référence vous-mêmes. Il y a bien des gens qui pensent, là, que tout ce
que vous faites, c'est le plus bas prix. Ce n'est pas vrai. Mais vous avez la
capacité d'adapter vos grilles d'analyse d'une telle façon que ça prend en
considération toutes sortes d'éléments, incluant le développement régional.
L'argument qui revient tout le temps de l'industrie, là, puis qui est encore
dans le journal récemment, là, la valeur, la valeur, qu'est-ce que vous pensez
de cet argument-là? Parce que, quand l'industrie dit : la valeur, ça veut
dire que vous n'achetez pas une valeur, et moi, je pense que vous achetez de la
valeur. Moi, quand il est dit — parce que ça a été dit dans cette
commission-ci, là — que la qualité est minimale, moi, je pense que la
qualité est maximale, puis je vous laisse vous exprimer, vous, ceux qui sont
sur le terrain, qu'on accuse de ne pas acheter de la qualité.
M. St-Cyr (François) : Bien,
au niveau de la valeur, ce que je vous dirais, c'est que j'entendais aussi que
le réseau ne faisait pas grand place à la valeur, sauf que l'industrie a de la difficulté
à nous l'expliquer également, la valeur. J'ai énormément de rencontres actuellement
avec eux. Pour moi, de la valeur, c'est de réussir à dire : On va être en
mesure d'acheter un produit qui va coûter plus cher, mais que, exemple, la
durée de séjour du patient, c'est prouvé que ça va diminuer de quatre jours.
Donc, il faut être en mesure de faire ça. Je crois qu'il y a des projets qui
peuvent s'initier dans ce sens-là. Mais, à ce jour, même l'industrie, quand ils
viennent nous présenter des projets, souvent, il y a... — puis c'est
personnel, là, ce que je parle — c'est qu'ils nous amènent des
projets pour promouvoir une ligne de leurs produits, et ce n'est pas
nécessairement la valeur, on a de la difficulté à la retrouver. Ça fait que
c'est sûr que, dans... on voudrait puis on souhaite aller vers ça. Le coût par
cas, qui s'en vient dans le réseau, va nous permettre probablement d'arriver à
ces choses-là. Mais on n'a pas beaucoup de projets porteurs en valeur à l'heure
actuelle.
M. Barrette : Puis ça répond à
ma question. Je pense que je n'ai plus de temps, hein?
Le Président (M. Simard) :
Non, malheureusement, M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Je le savais.
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers amis, merci beaucoup pour votre présence, merci pour la qualité de
votre exposé. Au plaisir de vous revoir. Sur ce, nous allons suspendre quelques
instants nos travaux.
(Suspension de la séance à 15 h 40)
(Reprise à 15 h 42)
Le Président (M. Simard) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais aux gens qui sont derrière de
vouloir, s'il vous plaît, baisser le ton ou sortir si vous voulez continuer à
parler. C'est une salle d'audition. Merci beaucoup pour votre collaboration.
Alors, je souhaite la bienvenue aux représentants du Syndicat de la fonction
publique et parapublique du Québec. Messieurs, auriez-vous l'amabilité, s'il
vous plaît, de vous présenter avant votre exposé. Et vous savez que vous avez
10 minutes devant vous.
M. Daigle
(Christian) : Oui. Alors, mon nom est Christian Daigle,
président général du Syndicat de la fonction publique et parapublique du
Québec. Je suis accompagné à ma gauche de M. Patrick Audy, vice-président
au Service de la recherche, et également du conseiller à la recherche,
M. Gabriel Arruda, à ma droite.
Le Président (M. Simard) :
...bienvenus.
M. Daigle
(Christian) : Merci à vous. Merci de l'invitation. Alors, le
SFPQ est un syndicat indépendant qui regroupe environ 40 000 membres.
Au Centre des services partagés plus particulièrement, nous représentons plus
de 500 personnes salariées occupant des postes variés allant de technicien
en informatique, aux agents de bureau, en passant par les préposés aux
renseignements et les ouvriers. Comme beaucoup d'autres, nous avons appris les
intentions du gouvernement d'abolir le CSPQ en mars dernier lors de la
présentation du budget. Les fonctions et les ressources de cet organisme
devaient être scindées en deux nouvelles entités, le Centre d'acquisitions
gouvernementales, responsable de l'approvisionnement commun du secteur public,
et Infrastructures technologiques Québec, responsable de la gestion des
ressources et des infrastructures informatiques de l'administration québécoise.
À ce moment, beaucoup de questions restaient en suspens. Comment s'intégreront
les organismes d'achats groupés des réseaux de la santé et de l'éducation dans
le nouveau centre? Est-ce que les nouveaux organismes seraient créés dans les
paramètres de la fonction publique? Où seraient transférées les autres fonctions
accomplies par le CSPQ qui ne cadrent pas dans la mission de l'ITQ et du CAG?
Après des mois d'attente, le projet de loi
n° 37 présenté par le gouvernement est donc venu éclaircir certaines
modalités de cette réforme. L'abolition du CSPQ se fera donc par le transfert
de ses activités et de ses ressources vers les deux nouveaux organismes
annoncés, mais aussi au sein d'autres organisations, notamment l'Agence du
revenu du Québec et la BANQ, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Tout d'abord le SFPQ partage les objectifs du projet de loi, c'est-à-dire
d'améliorer les pratiques d'achats groupés dans le secteur public ainsi que le
renforcement de l'expertise gouvernementale en informatique. Nous devons aussi
souligner l'excellente décision de maintenir les deux nouveaux organismes au
sein des paramètres de la Loi sur la fonction publique québécoise, un des
piliers de l'État québécois contemporain.
Cependant nous restons sceptiques sur les
moyens proposés par le projet de loi. En effet, est-ce que les changements
proposés nécessitent véritablement un bouleversement aussi radical des
structures en place? Est-ce que des modifications à la Loi sur le Centre de
services partagés du Québec n'auraient pas été une solution tout aussi efficace
pour atteindre les objectifs de cette réforme? Nous pensons qu'il s'agit de
questions légitimes, surtout...
M. Daigle
(Christian) : ...sur les moyens proposés par le projet de loi.
En effet, est-ce que les changements proposés nécessitent véritablement un
bouleversement aussi radical des structures en place? Est-ce que des
modifications à la Loi sur le Centre de services partagés du Québec n'auraient
pas été une solution tout aussi efficace pour atteindre les objectifs de cette
réforme? Nous pensons qu'il s'agit de questions légitimes, surtout considérant
les promesses et les estimations justifiant la création du CSPQ il y a
maintenant 15 ans. Mais, voilà, la réforme est proposée et nous aimerions
donc vous faire part de nos recommandations.
Le projet de loi traite, tout d'abord, du
fonctionnement du futur Centre d'acquisitions gouvernementales. À notre
compréhension du projet de loi, les achats groupés du centre se distingueront
de ceux effectués par le CSPQ de deux façons, c'est-à-dire par l'intégration
des réseaux publics, de même que la systématisation du recours obligatoire aux
services du centre pour l'achat de certains biens et services. Nous pensons que
la centralisation des achats du secteur public, au sein d'un seul et même
organisme, est logique puisque ces organismes sont assujettis aux mêmes règles
contractuelles. Cependant, il faut se méfier des solutions miracles, il serait
important de penser aux impacts négatifs possibles de cette approche
centralisée.
Ainsi, on peut, sans problème, imaginer un
scénario où un nombre restreint de fournisseurs gouvernementaux établis dans
les régions métropolitaines du Québec, accapareraient la part du lion des
approvisionnements regroupés, mettant en danger certaine PME, vivant en partie
par l'approvisionnement local du secteur public. La création du centre pourrait
ainsi, indirectement, mettre en danger l'économie de certaines régions du
Québec. Le SFPQ pense donc que le projet de loi devrait être amendé afin que la
mission du centre prévoie des visées complémentaires à la recherche d'économies
d'échelle, notamment d'assurer le développement économique de l'ensemble des
régions du Québec.
Le projet de loi aborde la question
d'Infrastructures technologiques Québec. Fonctionnant à partir du personnel
travaillant au CSPQ, cet organisme sera entièrement dédié à la soutenance, le
maintien et le développement des infrastructures technologiques et
informatiques du gouvernement du Québec. Le SFPQ attend toutefois la preuve que
la création d'ITQ permettra de renforcer réellement les capacités
gouvernementales dans ce domaine. Le SFPQ est d'avis que le seul moyen de
consolider et d'accroître l'expertise technique de l'État québécois est un
réinvestissement dans son personnel informatique. Nous ne surprendrons personne
en affirmant que les conditions de travail actuelles dans la fonction publique
québécoise ne sont pas concurrentielles sur le marché du travail,
particulièrement dans ce domaine. Nous espérons donc que la création de cet
organisme s'accompagnera d'une amélioration tangible et importante des
conditions de travail des travailleuses et des travailleurs de ce secteur clef
de la fonction publique.
Un des domaines où l'État québécois
devrait notamment accroître son expertise au cours des prochaines années est
l'infonuagique. Le SFPQ souligne ainsi que le projet de loi prévoit aussi
qu'ITQ agira à titre de courtier en infonuagique pour les ministères et
organismes publics. On ne peut pas faire abstraction de l'annonce faite plut
tôt cette année sur la volonté du gouvernement de confier 80 % des données
numériques de l'administration publique à des services d'hébergement en ligne
privés, voire étrangers, tels qu'Amazon Web Services ou Microsoft. Pour le
SFPQ, ces données devraient rester au sein du secteur public et ITQ devrait
jouer un rôle central dans ce domaine. C'est pourquoi le syndicat propose donc
de modifier l'article 5 de la Loi de l'infrastructure technologique du
Québec afin qu'ITQ développe à l'interne l'offre des services d'infonuagique
pour les ministères et organismes publics. Cette recommandation n'est pas
retenue par la commission. Le SFPQ propose de modifier l'article 5 afin
qu'il prévoie que le catalogue d'offres d'infonuagique ne contienne que des
fournisseurs ayant des serveurs à juridiction québécoise.
Le projet de loi prévoit que l'offre de
services de numérisation, de messagerie, d'entreposage et de courrier,
d'impression, de gestion et de conservation de documents que fournit
actuellement le SFPQ aux autres ministères et organismes publics sera désormais
transférée à Revenu Québec. Ce choix peut être surprenant à première vue, mais
il faut savoir que Revenu Québec possède un centre de traitement massif qui lui
permet de traiter des déclarations de revenus de format papier à l'aide des
appareils technologiques les plus récents, que ce soit pour la numérisation ou
l'impression. Ces mêmes outils pourront servir à fournir les services que je
viens de citer.
Bien que nous reconnaissions l'excellent
travail accompli tous les jours par les travailleuses et les travailleurs de
l'agence, nous devons nous opposer au transfert de ces tâches à l'extérieur de
la fonction publique. La Loi sur la fonction publiqueest selon nous
garante de la responsabilité ministérielle, de même que de l'impartialité des
fonctionnaires. Du côté des travailleuses et des travailleurs, cette loi donne
aux nombreuses personnes ayant dédié leurs compétences et leur travail au sein
de la collectivité la possibilité de faire leur carrière auprès des nombreux
ministères. Afin de maintenir l'expertise du CSPQ au sein du secteur public et
de réduire l'impact de l'incertitude sur nos membres, le projet de loi devrait
étendre aux employés temporaires la protection accordée aux employés
permanents, à l'article 95 du projet de loi.
• (15 h 50) •
Dans la version présentée en septembre
dernier, le SFPQ a noté que le projet de loi ne contenait aucune disposition
spécifique concernant le transfert des activités relevant de la direction
générale des services de communication du CSPQ. Cette direction est notamment
responsable des Publications du Québec, la maison d'édition du gouvernement du
Québec de même que les bibliothèques gouvernementales. Dans notre
interprétation du projet de loi, cette direction aurait dû être rattachée au
Conseil du trésor. Cependant, le SFPQ a été informé par le biais de ses membres
que le ministre prévoyait le dépôt de différents amendements visant plutôt à
confier ces responsabilités à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Sur la forme, nous devons condamner le caractère improvisé de cette décision.
En effet...
M. Daigle
(Christian) : ...cette direction aurait dû être rattachée au Conseil
du trésor. Cependant, le SFPQ a été informé par le biais de ses membres que le ministre
prévoyait le dépôt de différents amendements visant plutôt à confier ces responsabilités
à la Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Sur la forme, nous devons condamner le
caractère improvisé de cette décision. En effet, l'absence de disposition
législative, la création tardive d'un comité de travail afin de faire
l'arrimage entre le CSPQ et la BANQ et l'incapacité des gestionnaires de
répondre aux questions légitimes des fonctionnaires transférés... Cette
décision a soulevé de nombreuses inquiétudes auprès de nos membres.
Sur le fond, le SFPQ doit aussi s'opposer
sur le choix de la bibliothèque pour le transfert des Publications du Québec de
même que celui des bibliothèques gouvernementales.
Du côté des Publications du Québec, il
faut savoir que cette maison d'édition travaille en étroite collaboration avec
les ministères et organismes pour la distribution de différentes publications gouvernementales
telles que des guides, des monographies, des périodiques, etc. Cette maison
agit aussi à titre d'Éditeur officiel du Québec, dont la mission est d'informer
les citoyennes et citoyens des décisions et des orientations du gouvernement.
Il est donc responsable, entre autres, de la publication des lois du Québec, de
la Gazette officielle du Québec, du Recueil des lois et des
règlements du Québec, divers documents produits par l'Assemblée nationale,
etc.
Nous sommes d'avis que cette tâche
stratégique et essentielle au bon fonctionnement démocratique de l'État
québécois ne devrait pas être déléguée à un organisme du secteur parapublic mais
maintenue au sein de l'appareil gouvernemental. De plus, il y a présentement un
sous-financement au niveau de la BANQ. Nous l'avons dénoncé. C'est connu,
médiatisé, et la bibliothèque l'a même reconnu. Si le système demeure le même,
on transfère des effectifs dans un organisme qui ne peut même pas accomplir sa
mission première présentement.
Du côté des bibliothèques
gouvernementales, le syndicat croit aussi que ce transfert vers la BANQ repose
sur une mauvaise analogie entre les deux institutions. Ainsi, la Grande
Bibliothèque a pour mission d'acquérir et de diffuser le patrimoine
documentaire québécois, une mission dédiée essentielle au grand public. De leur
côté, les bibliothèques gouvernementales, notamment la bibliothèque
Cécile-Rouleau, offrent des services aux 21 ministères et organismes publics.
Ces organismes paient pour des services à la bibliothèque Cécile-Rouleau à la
pièce ou bien par crédit, comme c'est le cas dans l'ensemble du CSPQ
actuellement. Considérant ces deux vocations relativement distinctes, nos
membres s'inquiètent que les services transférés soient dilués au sein de la
BANQ et que ce transfert signifie dans quelques années l'abolition pure et
simple des bibliothèques gouvernementales. C'est pourquoi le SFPQ croit que les
bibliothèques gouvernementales et les Publications du Québec devraient relever
du Conseil du trésor. Tout comme c'est le cas pour le transfert vers l'ARQ, il
serait donc important d'inclure les personnes employées temporaires dans les
articles donnant droit au refus de cession et le droit de retour à la fonction
publique généralement accordés aux employés permanents.
En conclusion, nous vous remercions de
votre écoute et sommes tout à vous pour les questions maintenant.
Le Président (M. Simard) :
Chers messieurs, merci pour votre présentation. Je cède d'ores et déjà la
parole à M. le ministre pour une période de 16 minutes.
M. Dubé : Alors, M. Daigle,
bonjour. Je suis content de vous revoir, parce qu'on se voit pas mal souvent
ces temps-ci, alors... sur d'autres sujets intéressants. Est-ce que...
Bien, premièrement, je veux vous remercier
pour la clarté de votre mémoire, puis j'aimerais peut-être mentionner quelques
points, puis pour vous montrer un peu l'ouverture que nous avons, parce qu'on a
discuté quand même certains principes depuis le dépôt du projet de loi. Mais il
y a quand même certains choix sur lesquels on n'est, je dirais, pas arrêtés
définitivement, puis celui de la bibliothèque, je pense que c'en est un bon
exemple, parce qu'on a... Puis là je ne veux pas rentrer dans le nombre de
personnes, mais, pour les gens qui nous écoutent ici, on parle peut-être, je ne
sais pas, moi, d'une trentaine de personnes, on parle de gens pour qui c'est
très important pour eux, puis, un peu comme le dernier groupe nous mentionnait tout
à l'heure, qui disait : Bien, souvent, les gens ont... on appelle ça la
crainte du changement, puis on peut respecter ça puis on va respecter ça. Donc,
c'est à nous à bien expliquer les choses.
Mais, sur le cas spécifique de la bibliothèque
parce qu'on en avait parlé hier avec une autre représentation que nous avons
eue, moi, je voudrais juste vous rassurer aujourd'hui que c'est le genre de
discussion, au cours des prochaines semaines, pendant qu'en parallèle on discute
d'avancement du projet de loi, qu'on serait intéressé à trouver d'autres
solutions puis, en même temps, de vous écouter, en plus que je vous ai dit un
petit peu plus tôt, dans une autre rencontre qu'on a eue, pour être capable de
dire : Écoutez, nous, on a mis le scénario x sur la table, mais, dans le
cas de la bibliothèque, est-ce qu'il y aurait d'autres solutions à faire? Moi,
je suis très ouvert à ça, très, très ouvert à ça, parce que ce qu'on veut
trouver... puis je fais le lien avec d'autres présentations qu'on a eues tout à
l'heure, il faut avoir cette collaboration-là. Puis, si vous pensez qu'avec vos
membres, les suggestions qu'ils peuvent nous faire, je vous dirais que, s'il y
a une meilleure terre d'accueil qui permettrait que ces gens-là se sentent non
seulement mieux, mais où il y aurait de la synergie, de l'expertise un peu
comme... là, j'ai lu rapidement, je vous écoutais, là, mais je lisais...
M. Dubé : ...puis si vous
pensez qu'avec vos membres, des suggestions qu'ils peuvent nous faire, je vous
dirais que... S'il y a une meilleure terre d'accueil qui permettrait que ces
gens-là se sentent non seulement mieux, mais où il y aurait de la synergie, de
l'expertise, un peu comme... Là, j'ai lu rapidement. Je vous écoutais, là, mais
je lisais votre mémoire en même temps, je...
En tout cas, j'en ai parlé avec mes
collègues puis je pense qu'on a le temps de faire ça. Parce que, vous vous
souvenez, on avait une date d'application, on avait dit au début de janvier,
mais, étant donné que le projet de loi a été déposé plus tard, on est toujours
pris qu'on ne pouvait pas discuter. Puis je l'ai expliqué hier à ceux qui nous
écoutent, c'est qu'on ne pouvait pas en discuter ouvertement tant que le projet
de loi n'était pas déposé parce qu'on ne voulait pas aller à l'encontre de l'Assemblée
nationale. Donc, maintenant que le projet de loi a été déposé et qu'on peut en
discuter, puis avec vous principalement, bien, je vous dirais qu'il y a cette
ouverture-là.
Ça fait que ça, je voulais clarifier ce
point-là parce que... Pourquoi c'est si important pour nous? C'est que le
talent, il prend la porte à tous les jours. Et on veut non seulement le garder,
surtout dans des niches aussi spécifiques que les archives, que ce qu'on fait
avec la bibliothèque, ce qu'on fait, le travail pour les projets de loi, c'est tellement
pointu que moi, je veux m'assurer que ces gens-là, s'ils sont replacés ailleurs,
mais qu'il y a même une amélioration de leurs conditions... Là, je comprends
que vous allez me parler monétaires, puis ça, on a un autre dossier ensemble
pour discuter de ça. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il faut... Il y a beaucoup
d'ouverture pour nous de trouver la bonne synergie au bon endroit puis que ces
gens-là soient dans... Alors, c'était mon premier point.
Le deuxième, sur la question du regroupement
des CTI, c'est un peu la même chose. On a... Je ne suis pas certain que c'est
le bon forum ici pour discuter du regroupement des CTI. Là, on est beaucoup
plus ici... Puis je l'ai mentionné à une autre présentation que nous avons eue
hier, puis je le répète. Il y a en ce moment des discussions importantes dans
la réorganisation du CSPQ, c'est de trouver comment nous allons avoir une
meilleure gouvernance sur tout ce qui concerne les infrastructures
technologiques. Mais en fait le groupe qui gère les infrastructures
technologiques, incluant les CTI, ce groupe-là va rester intact, hein? On
s'entend bien, il constitue le coeur même d'Infrastructures technologiques.
Donc, la discussion sur comment on va
procéder pour faire le regroupement de 500 quelques centres de traitement
informatique, pour moi, n'a rien à voir avec le projet de loi lui-même parce
qu'on n'est pas en train de questionner de la façon dont on va faire cette
transformation-là numérique au niveau de nos centres, on est plus en train de
dire quelle va être la gouvernance des infrastructures technologiques.
Mais vous faites bien de le mentionner
parce que, pour nous, et c'est ce que j'ai dit plusieurs fois au cours des
dernières semaines, réglons la question de la structure pour aller chercher les
bénéfices qu'on veut faire, mais on aura amplement le temps de discuter comment
on peut réorganiser nos centres de traitement.
Je vous donne un exemple, puis, pour vous
donner la prudence avec laquelle on agit, même si... Parce qu'on n'a pas eu le
forum encore de discuter ça, parce que ça ne se discute pas dans un projet de
loi, c'est le quotidien de notre travail puis des équipes de M. Rochette,
là, qui est responsable de ça. On prend beaucoup plus de temps à s'assurer que
les données qui vont être mises en disponibilité que ça soit à l'interne au
gouvernement ou que ça soit à l'externe avec des joueurs privés qui vont être
québécois et qui vont regarder tous ces dossiers-là, on est encore en
discussion pour savoir quelle est l'importance des données, la sensibilité des
données.
Alors, je veux juste pour rassurer
là-dessus qu'en parallèle avec le règlement du projet de loi sur le CSPQ le
travail se fait, mais ce n'est pas quelque chose qui vient changer la rigueur à
laquelle on travaille sur les CTI, puis je voulais en profiter parce qu'on n'a
pas toujours le forum pour en discuter. Puis j'apprécie la question que vous
venez de poser.
• (16 heures) •
Bon, maintenant, le dernier point avant
peut-être de passer la parole à mes collègues, je l'ai posée à tous puis je
vais vous la poser à vous parce que je vous dis que vous représentez notre
talent, hein? Alors... Puis c'est votre travail. Est-ce que... S'il y avait...
Puis là, tantôt, je vous ai donné l'exemple bibliothèque, vous n'avez pas le
droit de le reprendre, là, je vous en donne un... je vous en demande un autre.
Est-ce qu'il y a d'autres endroits, d'autres secteurs... Vous dites : Si
on voulait faire un succès de ça, parce que vous avez quand même entendu les
autres présentations puis vous l'avez dit, vous, vous êtes d'accord en
principe. Le regroupement a ses avantages. Ce n'est pas des pertes d'emploi
qu'on veut, c'est qu'on veut faire des économies...
16 h (version non révisée)
M. Dubé : ...bibliothèque,
vous n'avez pas le droit de le reprendre, là. Je vous en demande un autre. Est-ce
qu'il y a d'autres endroits, d'autres secteurs, vous dites, si on voulait faire
un succès de ça? Parce que vous avez quand même, entendu les autres
présentations, puis vous l'avez dit, vous, vous êtes d'accord en principe, le
regroupement a ses avantages. Ce n'est pas des pertes d'emplois, qu'on veut,
c'est qu'on veut faire des économies avec des synergies. Si on avait quelque
chose à retenir aujourd'hui ou à penser au cours des prochaines semaines, dans
les facteurs de succès ou les applications qu'on pourrait faire, y a-t-u
quelque chose qu'on devrait porter notre attention qui... je vous donne le
privilège de pouvoir en parler aujourd'hui ou de laisser quelques exemples.
Est-ce que vous voulez m'en mentionner quelques-uns?
M. Daigle
(Christian) : Bien, moi, je pense que ce qu'on doit faire, un
peu comme on l'a souligné dans notre présentation puis dans notre mémoire,
c'est regarder la mission première de qu'est-ce qui est transféré. Je comprends
présentement qu'en abolissant le CSPQ ce qu'on parle, quand on parle des
bibliothèques gouvernementales ou on parle également des publications du
Québec, qu'on ne se retrouvera pas avec ces deux missions-là à l'intérieur,
soit ITQ, soit CAG. On doit trouver une autre terre d'accueil pour eux ou pour
elles, ces deux entités-là. Mais la BANQ n'est pas la bonne place, selon nous,
pour le faire. Puis il y a peut-être une trentaine de personnes, effectivement,
qui y travaillent. Ces personnes-là ne nous ont pas parlé nécessairement de
leurs conditions de travail, elles ont beaucoup plus parlé de la mission
qu'elles avaient. Elles ont à coeur la mission de l'État qu'elles font et
qu'elles redonnent à chaque jour, et elles ont peur de voir cette mission-là se
diluer au sein de la BANQ, qui n'a pas la même valeur, ou qui n'a pas la même
expertise, je dirais. Qui sont représentés par nous aussi, comme membres, là.
Ce n'est pas une question corporatiste qu'on fait de ça, mais c'est vraiment de
voir la mission première. Et cette dilution-là à travers la BANQ, qui est un
grand réseau à travers le Québec, n'est pas la solution pour ces personnes-là.
Nous, on pense qu'on devrait avoir la
possibilité de regarder, puis, tant mieux, on répondra positivement à
l'invitation que vous nous faites de pouvoir se rencontrer et de pouvoir en
discuter, mais, présentement, il y a déjà des rencontres qui ont eu lieu entre
les gens de la BANQ et qui ont fait des demandes auprès de nous pour regarder
comment s'effectuerait le transfert des employés déjà. Alors, présentement, on
est déjà avancés au niveau de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec
sur le transfert des employés. Je suis content de vous entendre de dire que
rien n'est attaché puis qu'on faire marche arrière sur cet aspect-là parce que,
pour nous, c'est quelque chose de très important de regarder quelle est la
mission première. Puis il y a certainement un autre endroit qui pourrait
vraiment avoir un plus grand impact, je dirais, ou avoir une plus grande
affinité pour ces deux entités-là au sein de l'appareil gouvernemental.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Dubé : ... puis je veux,
sans pousser l'exemple de la bibliothèque, là, parce qu'il y en a d'autres,
mais vous, comme représentant syndical des employés, puis vous en avez déjà vu,
de ce genre de transfert là, vous êtes habitué de... je vous dirais,
d'accompagner des employés dans ce genre... C'est quoi, les facteurs de succès
pour que ça fonctionne? Parce qu'on peut continuer sur la bibliothèque, les
gens savent ce qu'ils font. Alors, je veux vous entendre parce que vous avez
cette expérience-là d'accompagner les employés, alors...
M. Daigle
(Christian) : La première chose, je pense, c'est de mettre le
syndicat à profit puis de ne nous informer rapidement, ce qui n'a pas été fait,
ce cas-ci, qui n'a pas été fait dans d'autres projets de loi précédents
également aussi. Puis on peut être en accord ou ne pas être en accord avec le
transfert; une fois que le transfert est décidé, on se doit d'accompagner nos
membres dans la meilleure façon possible. Si on dit qu'il y a une possibilité
de pouvoir influencer, de pouvoir vous expliquer la situation puis de trouver
la meilleure solution pour les deux parties, bien, tant mieux, puis on
travaillera avec vous en ce sens-là. On est prêt à le faire, on est là à tous
les jours, vous avez juste à nous appeler, on débarque, il n'y a pas de
problème.
Mais c'est vraiment le but, c'est de
travailler ensemble, je dirais, depuis le début, de savoir quel est votre but.
Si votre but, c'est juste de dire : Bien, on ne retrouve pas ces deux
organismes-là dans les deux nouveaux qu'on crée, il faut trouver une autre
façon, ou c'est vraiment une volonté de dire : Bien, c'est la bibliothèque
qui doit gérer ça pour telle et telle raisons, bien, on verra quel est votre
but premier de ça. Puis on verra, après ça, qu'est-ce qu'on peut travailler
ensemble pour y arriver. Mais si votre but est juste de transférer parce qu'ils
ne se retrouvent pas à travers ITQ puis CAG, bien, on verra c'est quoi la
meilleure solution qu'on pourrait faire, peut-être qu'il y a d'autre chose
qu'on n'a pas... que vous n'avez pas pensé qu'on peut vous suggérer à ce
moment-là. Peut-être des gens du milieu même vont pouvoir nous aider là-dedans
parce qu'on a des délégués qui sont très connaissants aussi qui peuvent nous
... à travers l'appareil gouvernemental.
M. Dubé : Oui, tout à fait,
c'est... Mais, le point que je voulais faire, puis je le répète pour les gens
qui nous écoutent, c'est très important de dire qu'on ne pouvait pas faire ces
discussions-là que vous suggérez tant que le projet de loi n'était pas déposé.
Maintenant que c'est fait, je pense qu'on a toute la latitude de pouvoir avoir
ces discussions-là. On ne pouvait pas présupposer... On ne peut pas encore
présupposer d'une acceptation du projet de loi, mais avec l'ouverture que vous
montrez et celle que je me prends plaisir à vous expliquer qu'on a aussi,
alors, on pourra, dans les prochaines semaines, pouvoir en discuter amplement
puis voir s'il y a d'autres solutions qui sont intéressantes.
Je vais laisser le temps, peut-être, à mes
collègues, de poser d'autres questions qui seront sûrement bien répondues de la
même façon.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Saint-Jérôme. Il vous reste une période
de quatre minutes.
M. Chassin :
Merci, M. le Présiden. Merci, messieurs, de votre présence. Je voudrais, dans
le fond, simplement amener une réflexion puis voir, un peu, dans un échange,
là, comment... peut-être, vous amener à préciser un point. Vous mentionnez,
votre recommandation numéro deux est de modifier l'article 5 par rapport à
l'infonuagique puis à l'offre à l'interne. Et là, évidemment, il y a tout un
débat puis une controverse autour...
M. Chassin :
...je voudrais, dans le fond, simplement amener une réflexion puis voir un peu,
dans un échange, là, comment... je voudrais vous amener à préciser un point.
Vous mentionnez... Votre recommandation n° 2 est de
modifier l'article 5 par rapport à l'infonuagique puis à l'offre à l'interne.
Et là évidemment, il y a tout un débat puis une controverse autour de
l'infonuagique à l'interne puis des serveurs en sol québécois, etc. Je ne veux
pas rentrer là-dedans.
Par ailleurs, je voudrais simplement voir
avec vous... Vous comprenez que, dans le cadre, par exemple, d'un projet de loi
qui assure un approvisionnement en biens et en services auprès de fournisseurs,
on souhaite au maximum se servir, finalement, de l'expertise externe, dans ce
cas-ci, puis en faisant des économies aussi. On a eu plusieurs intervenants qui
nous ont parlé de formes, dans le fond, innovantes, des appels à solutions par
exemple, qui permettent de développer finalement des solutions ou de répondre à
des besoins de façon très innovante.
Et évidemment je pense qu'on ne peut pas
opposer expertise interne et contribution de fournisseurs, mais je voulais
simplement m'assurer que, dans la réflexion où on a, par exemple, un centre
d'achats gouvernemental ou qu'on a une expertise externe en approvisionnement,
vous êtes aussi ouverts à des processus, par exemple des appels d'offres, des
formes innovantes pour aller chercher des solutions, pour aller chercher soit
des biens soit des services qui répondent à des besoins nouveaux, qu'on puisse
finalement faire évoluer les façons de faire. Je voudrais vous entendre
là-dessus.
M. Daigle
(Christian) : Au niveau des achats regroupés, ce qu'on dit,
c'est : Au niveau du centre d'achats regroupés, ça, oui, on est favorables
à ça, parce que c'est déjà ce qui se fait à travers le réseau de santé et
services sociaux, le réseau de l'éducation et du gouvernement, de la fonction
publique.
L'autre partie où est-ce qu'on parle plus
d'infonuagique, où est-ce qu'on parle plus également aussi de l'expertise
informatique, la difficulté qu'on a présentement, c'est qu'on n'a pas cette
expertise-là à l'interne. On se doit de l'avoir. Si on veut devenir un chef de
file en termes de recommandations pour différents ministères, organismes, on se
doit de la développer à l'interne, puis ce n'est pas en demandant à l'externe
de nous dire qu'est-ce qu'on a de besoin qu'on va obtenir ça. Trop souvent dans
le passé, on est arrivés avec des projets où est-ce que le privé est arrivé, il
nous a dit : Vous avez besoin de ça, mais c'était une boîte carrée pour
rentrer dans un trou rond. Ça ne marchera pas, ça ne fonctionnera pas, à part
Apollo 13 dans le film, là. Je veux dire, ça va prendre bien des gens... bien
des façons de faire différentes pour y arriver.
Nous, ce qu'on pense, c'est qu'on doit le
développer à l'interne, puis on doit avoir les effectifs pour le faire. Et quoi
de mieux qu'un aussi beau projet que l'infonuagique pour développer le
sentiment d'appartenance de nos employés qu'on embaucherait puis qu'on aurait
déjà à l'interne, qui travailleraient là-dessus? Les gens ont besoin de défis
aussi, pas juste de faire l'entretien de systèmes déjà en place. C'est de
développer cette nouvelle gamme d'expertises là qu'on va attirer des talents,
qu'on va attirer des gens aussi, puis, ça, on doit aller le chercher, ça. On
doit continuer à les garder à l'interne, ces choses-là.
M. Chassin :
Puis je comprends, dans le fond, que l'expertise interne, ce n'est pas
nécessairement tout le temps pour répondre à tous les besoins, mais à tout le
moins pour pouvoir évaluer de façon... avec à propos, là, les représentations,
par exemple de fournisseurs, ou analyser comme il faut les besoins qu'on peut
avoir, par exemple en achats regroupés. Ça fait que ce n'est pas nécessairement
une expertise pour répondre à tout, à 100 % mur à mur, mais à tout le
moins d'avoir une expertise interne sur laquelle on compte pour avoir cette
intelligence, cette réflexion-là sur les besoins.
M. Daigle
(Christian) : Bien, il serait illusoire de penser qu'on peut
tout faire à l'interne. Dans les besoins qu'on peut avoir aujourd'hui, ça peut
être dans tous les domaines également, si on a besoin d'implanter un système x,
bien, on peut aller l'acheter à l'externe, mais ça nous prend des gens, comme
vous le dites, qui vont permettre de pouvoir analyser si c'est le bon projet
qu'on a, si c'est la bonne forme qu'on va acheter puis qui va pouvoir s'adapter
à nos systèmes. Une fois que ça, c'est fait, bien, il faut qu'on garde après ça
à l'interne des gens qui vont pouvoir l'entretenir et pouvoir maintenir, et
quitte à le développer encore plus.
L'expertise, on ne peut pas l'avoir dans
tous les domaines, j'en suis, je vous suis là-dedans. Mais il faut qu'on puisse
au moins, par la suite, ne pas être dépendant du privé pour l'entretien, le
développement de d'autres aspects de cette technologie-là aussi, de cet
achat-là qu'on ferait. Donc, on doit pouvoir le garder à l'interne aussi, la
suite des choses.
M. Chassin :
Merci énormément.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le député de Saint-Jérôme. Je cède maintenant la parole au
député de La Pinière.
M. Barrette : Merci, M. le
Président. Alors, M. Daigle, M. Audy, M. Arruda, bienvenue. C'est toujours
intéressant de vous rencontrer et de vous entendre, évidemment.
• (16 h 10) •
Écoutez, d'entrée de jeu, je vais quand
même dire ce que je ressens face à votre intervention et à l'échange que vous
avez eu avec le ministre. C'est vrai que ce n'est peut-être pas le forum ici
pour traiter de certains éléments, mais on en profite pour en jeter les bases.
C'est bien correct, et je n'ai pas de problème avec ça. Mais je sens... Je n'ai
pas un malaise, j'ai une grande interrogation en moi parce que vous êtes deux
organisations syndicales, à date, qui sont venues, alors vos collègues du SPGQ,
maintenant vous, le SFPQ. Il y a des mots qui sont prononcés dans le couloir
puis qui ne sont pas prononcés aujourd'hui qui m'étonnent. Ce qui m'étonne,
c'est que ça ne soit pas prononcé. Puis peut-être que de votre côté ce n'est
pas la même vision que vous avez. De vos collègues dans le couloir sont
prononcés les mots suivants : Démantèlement de l'État, et vous n'allez
même pas...
M. Barrette : ...il y a des
mots qui sont prononcés dans le couloir puis qui ne sont pas prononcés aujourd'hui,
qui m'étonnent. Ce qui m'étonne, c'est que ce n'est pas prononcé. Puis peut-être
que, de votre côté, ce n'est pas la même vision que vous avez. De vos collègues,
dans le couloir, sont prononcés les mots suivants : «démantèlement de
l'État», et vous n'allez même pas proche de ça. Est-ce que, pour vous, dans
votre groupe, ce qui se passe, ce n'est pas un enjeu significatif parce que
vous restez dans l'État mais vous êtes changé de place? L'inconfort du
changement de place prime sur le reste? Juste vous entendre là-dessus parce
qu'honnêtement là je m'attendais à ce que vous soyez plus raide.
M. Daigle
(Christian) : Le démantèlement de l'État a toujours fait partie
des contestations que nous avons à travers les avis et mémoires que nous avons
déposés au fil des années. Que ce soit moi, ma prédécesseure, Mme Lucie
Martineau, même M. Michel Sawyer à l'époque, nous avons toujours été contre le
démantèlement de l'État, la sortie de paramètres de la fonction publique et la
création d'unités parapubliques. Aujourd'hui, la crainte que nous avions au
départ était qu'ITQ et le CAG soient des entités paragouvernementales. Donc, on
est satisfaits qu'elles restent au sein de l'appareil public. Qu'on ait
une refonte, si vous voulez, du CSPQ, on souligne également notre malaise par
rapport à ça, parce qu'on se dit qu'une réforme seulement de la loi du CSPQ
aurait pu permettre d'assurer la viabilité et de permettre les changements
proposés par le gouvernement en place.
Par contre, à chaque fois que nous perdons
des membres au sein d'organismes parapublics, à chaque fois que nous perdons...
puis nous l'avons dénoté aussi la dernière fois, lorsque nous sommes venus pour
le ministère de l'Économie et de l'Innovation qui transférait Investissement
Québec, nous dénonçons, chaque fois, chacune des sorties de la fonction
publique qui s'effectue au sein du gouvernement du Québec, parce que nous
perdons de l'expertise effectivement, nous perdons de la recevabilité
ministérielle à travers tout ça et, pour nous, c'est inconcevable qu'on ne
garde pas ça à l'intérieur de l'appareil public.
M. Barrette : Donc, pour ce
projet de loi là, de ce côté-là, il y a moins d'inquiétudes, vous avez moins de
commentaires, disons, négatifs.
M. Daigle
(Christian) : Il y a moins d'inquiétudes parce que les deux
organismes restent... la grosse majorité des effectifs reste dans l'appareil
public. Ça n'empêche pas qu'on pense qu'on aurait pu faire les choses
autrement, mais ce n'est pas la première fois que le ministère changerait de
nom ou qu'un ministère accapare une autre partie, un autre ministère ou qu'on
change les fonctionnalités d'un par rapport à l'autre. Je viens du ministère de
l'Emploi et de la Solidarité sociale, le nombre de fois qu'on a changé de nom à
travers les années, je pense que j'aurais assez de 10 minutes pour nommer tout
ça, puis il me manquerait peut-être encore du temps. Ça fait que je peux vous
dire qu'on n'est pas à un changement près, ce n'est pas quelque chose qui est
souhaitable tout le temps non plus pour les employés en poste, mais on peut
vivre avec.
M. Barrette : À mon agréable
surprise, j'ai entendu le ministre vous dire que ce qui était proposé dans le
projet de loi pour tout ce qui s'en va à la BANQ et peut-être même l'Agence du
revenu Québec, peut-être pas là, peut-être que j'exagère la portée du propos du
ministre, il était ouvert à revoir ça. Ça, c'est une bonne nouvelle, ça veut
dire que, là, je vais être méchant, là, ça veut dire que, dans votre mémoire,
vous dites que c'est improvisé, vous avez raison puisqu'il y a une ouverture à
faire peut-être le contraire de ce qui est écrit dans le projet de loi. Alors,
vous avez vu juste, félicitations, et c'est une bonne chose en soi.
Maintenant, est-ce que vous avez eu la
chance d'avoir le temps — je ne sais si vous avez les ressources pour
le faire — pour arriver et de dire au ministre : Voici ce que
vous avez comme objectif, on peut le faire autrement et les économies que vous
pensez pouvoir aller chercher dans tel remaniement? Et là, moi, je n'ai pas
d'objectif d'économie par type de remaniement, là, je n'ai pas vu, dans le
projet de loi, qu'on va aller chercher x millions, là, en transférant du
personnel à BANQ. Est-ce que vous avez eu la chance de pouvoir faire la
démonstration que, un, non seulement on peut le faire autrement, mais
qu'autrement on peut avoir, au moins, la même économie, peut-être plus?
Avez-vous eu la chance de faire ça?
M. Daigle
(Christian) : Pour l'instant, nous n'avons pas regardé
l'économie potentielle qui pouvait être amenée parce qu'on n'avait pas de
chiffre par rapport à ça. Nous, ce qu'on voulait, c'est regarder la mission
première, et-ce que nos gens nous ont dit, c'est que la mission première des
Publications du Québec et des bibliothèques gouvernementales allait être diluée
à travers BANQ et ils pensent même qu'on va le perdre, au fil des années, ce
travail-là qui se fait présentement. Donc, on allait abandonner ça. Donc, ce
n'est pas une économie, c'est une perte nette qu'on aura au sein de l'appareil
gouvernemental.
Alors, pour nous, c'était beaucoup plus
préoccupant que l'économie qui pourrait être faite en bout de ligne, par
rapport à ce qui est donné comme services présentement par nos gens qui sont
dans les services visés.
M. Barrette : Quelqu'un
pourrait vous répliquer, vous rétorquer que l'expertise va revenir avec le
temps et que l'économie en aura valu la chandelle.
M. Daigle
(Christian) : Ce n'est pas l'économie ou l'expertise qui peut
revenir, si on oublie, si on laisse tomber ces missions-là de l'État, c'est le
fonctionnement même de l'appareil gouvernemental, dans certains aspects, qui va
être abandonné, et ça, on ne veut pas que ce soit abandonné, c'est des missions
essentielles qu'on a pour ces deux organismes. Les Publications du Québec,
c'est quelque chose de très essentiel dans le fonctionnement même du
gouvernement, dans la publication également aussi, les bibliothèques, c'est le
même principe également. On ne peut pas se permettre de laisser tomber ça au
fil du temps, même si ça amène des économies. Ce n'est pas des choses qu'on
peut... Moi, je pense qu'à travers tous les organismes qu'on représente puis
qu'on a au gouvernement du Québec, on est pas mal sur le... partout. On se doit
de réinvestir et de maintenir ce qu'on a là. C'est comme la base de ce qu'on a,
au minimum, au niveau de l'appareil gouvernemental québécois, de...
M. Daigle
(Christian) : ...les bibliothèques, c'est le même principe
également. On ne peut pas se permettre de laisser tomber ça au fil du temps,
même si ça amène des économies. Ce n'est pas des choses qu'on peut... Puis moi,
je pense qu'à travers tous les organismes qu'on représente puis qu'on a au
gouvernement du Québec, on est pas mal sur le faire partout. On se doit de
réinvestir et de maintenir ce qu'on a là. C'est comme la base de ce qu'on a, au
minimum, au niveau de l'appareil gouvernemental québécois. De laisser tomber
ces deux entités-là, ou de laisser aller avec le temps ces deux entités-là,
qu'on garde l'expertise à l'interne, mais qu'on ne fasse plus les publications
nécessaires, c'est là qu'on va y perdre, c'est beaucoup plus là qu'on va y
perdre qu'en termes d'économies qu'on pourrait faire en bout de ligne.
M. Barrette : O.K. Dans le
même ordre d'idées, et ce n'est pas la première fois qu'on s'en parle, ce n'est
pas la première fois que vous en parlez, je comprends très bien que vous soyez
contre, que vous soyez contre le transfert de l'hébergement de 80 % des
données à l'extérieur, ça, on est sur la même page, tout comme on est sur la
même page sur le fait que... Et moi, là, ça m'a vraiment étonné, là, si je l'ai
noté, parce que c'est vraiment extraordinaire quand le ministre admet que le...
je cite : Le talent prend la porte à tous les jours, c'était une phrase,
ça, et...
M. Daigle
(Christian) : Il revient le lendemain matin.
M. Barrette : Hein?
M. Daigle
(Christian) : Il revient le lendemain matin.
M. Barrette : Oui, ça dépend
où. D'ailleurs, ils reviennent... c'est vrai que le talent revient le lendemain
matin parce qu'ils reviennent à des conditions différentes, et si les
conditions initiales étaient bonnes, ils ne partiraient pas. N'est-ce pas?
M. Daigle
(Christian) :Effectivement.
M. Barrette : Alors là, moi,
écoutez, je ne sais pas si vous l'avez regardé, je n'ai toujours pas compris
comment qu'on peut vraiment faire ces économies-là en regroupant les centres de
traitement de données. Et je ne pense pas qu'il y en ait 500, là, je pense
qu'il y a certainement 500 places où il y a des serveurs, mais je ne suis
pas sûr que chaque place où il y a un serveur, c'est un centre de traitement de
données. Ça, c'est mon opinion... puis c'est mon opinion.
Alors, ceci étant dit, moi, j'ai bien de
la misère à figurer, là, que, quelque part, là, une compagnie va le faire, à ce
point-là, moins cher ou même moins cher tout court que dans le public. Moi, je
vous appuierai tout le temps là-dedans. Je pense que le fait de le faire à
l'interne... et l'interne serait meilleur s'ils étaient compétitifs en
rémunération, ce qui n'est pas le cas. Mais vous, l'avez-vous, à quelque part,
analysé, ça, essayé de voir, là, avec quelconque analyse de marché, comment on
peut arriver puis dire : O.K., la donnée, là, si on l'envoie à
l'extérieur, ça va vraiment, vraiment nous coûter moins cher?
M. Daigle
(Christian) : On n'a pas fait l'analyse de données. Par contre,
à partir du moment où est-ce qu'on dit qu'on veut devenir... ou que l'ITQ veut
devenir un chef de file pour donner de l'information puis donner de l'expertise
pour les ministères, organismes, pourquoi ne pas le faire pour nous-mêmes à ce
moment-là? Si on est capable de donner l'expertise, de faire l'analyse de ces
choses-là, pourquoi ne pas la garder et de développer nous-mêmes ce qu'on a de
besoin? Oui, on peut aller chercher la base ailleurs, mais qu'on le développe
chez soi, qu'on le développe chez nous à ce moment-là. Puis, oui, on va être
maître de nos informations, maître de notre hébergement également aussi, on ne
sera pas dépendants d'une compagnie externe à ce moment-là. Puis, pour nous,
c'est très important. Puis ça va donner, comme je le disais tantôt, également,
un défi pour les gens qui travaillent à l'interne de développer cette
activité-là, de développer également... d'avoir des formations pour ces
gens-là. Ce qu'on pourrait avoir qui pourrait... puis qui n'est pas monétaire,
qui permettrait à nos gens de garder leur emploi à l'interne, peut-être, c'est
d'avoir des défis, d'avoir de la formation qui permettrait justement, en
continu, pour... de dire : Oui, on m'a au gouvernement du Québec puis on
me développe sur certains aspects, on m'amène des choses, là, pas juste
d'entretenir un système.
Donc, on pense qu'avec de la formation,
avec, également, un changement, peut-être, de fonctions, de temps en temps
d'avoir des nouveaux défis à amener, bien, on pense que les gens vont être
beaucoup plus intéressé à rester que simplement pour faire de l'entretien de
systèmes ou de ne pas aller chercher l'expertise que ces personnes-là ont
développée de par leurs études.
M. Barrette : Moi, je vais
vous dire une chose avec laquelle vous allez certainement être d'accord,
l'expertise, ça se développe quand il y a une masse critique à la base, et là
je ne suis pas sûr que vous l'avez, l'expertise de pointe, pour les raisons
qu'on connaît.
Moi, quand j'entends que le Québec va
devenir un courtier en... le gouvernement du Québec va devenir un courtier en
infonuagique, un courtier en infonuagique. Est-ce qu'on a cette expertise-là
aujourd'hui ou bien on ne l'a pas puis, à la case départ, c'est une autre
affaire qui va partir ailleurs?
M. Daigle
(Christian) : Bien, je ne pense pas que présentement on l'a,
puis qu'est-ce qu'on veut dire quand on dit : Courtier? Ça nous laisse
perplexes un petit peu. On a environ 900 postes, présentement, de
disponibles, et plus au niveau du gouvernement du Québec, en termes de
techniciens en informatique, qui sont disponibles et qui ne sont pas comblés.
On pense qu'on est capable d'aller chercher des gens, oui, mais ça prend plus
de monde à ce moment-là à l'interne pour le faire puis pour travailler ces
dossiers-là.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Daigle.
M. Barrette : Merci.
Le Président (M. Simard) : Je
cède maintenant la parole au député de René-Lévesque.
M. Ouellet : Merci, M. le
Président. Avec votre consentement, j'aimerais utiliser le temps du collègue de
la deuxième opposition en plus du mien.
M. Barrette : Non, non, non.
Le Président (M. Simard) :
Bien, écoutez, ça prendrait un consentement général.
M. Barrette : Il n'y a pas de
consentement.
Le Président (M. Simard) : Il
n'y a pas de consentement. Alors, Monsieur, vous disposez de 2 min 40 s.
• (16 h 20) •
M. Ouellet : D'accord. Merci,
M. le Président. J'aimerais juste avoir un peu vos impressions. Vous faites
beaucoup référence à la partie régionale des achats, qu'il faudrait garder,
vous en faites même une recommandation à l'intérieur de votre mémoire. Alors,
j'aimerais vous entendre un peu plus là-dessus, sur cette nécessité
quasiimportante qu'on devrait maintenir et pourquoi qu'on devrait la
maintenir...
Le Président (M. Simard) :
…2 min 40 s.
M. Ouellet : D'accord. Merci,
M. le Président. J'aimerais juste avoir un peu vos impressions. Vous faites
beaucoup référence à la partie régionale des achats, qu'il faudrait garder.
Vous en faites même une recommandation à l'intérieur de votre mémoire, alors
j'aimerais vous entendre un peu plus un peu plus là-dessus, sur cette nécessité
quasi… importante qu'on devrait maintenir, puis pourquoi on devrait le
maintenir.
M. Daigle
(Christian) : Au niveau de l'appareil gouvernemental, on sait
que le gouvernement du Québec, étant le plus gros employeur, fait vivre
certaines régions également. D'avoir ces centres d'acquisition là dans
certaines régions permet également des achats locaux, qui des fois sont plus
facilitants, qui sont plus proches également de ces endroits-là. De rapatrier
ça vers les grands centres urbains et de centraliser ces achats-là pourrait
amener des petites PME, des petites compagnies, qui fournissaient les… qui
avaient des fournitures ou qui fournissaient à ce moment-là aux différents
réseaux, santé, éducation, de ne plus être possible de soumissionner, pour des
achats, des gros achats.
Donc, il faudrait prévoir, à travers le
projet de loi, une possibilité de continuer ces achats-là régionaux, bien
qu'elle soit peut-être dictée, ou qu'elle soit orientée par le centre, le
central, si vous voulez, le… mais qu'on puisse continuer à s'approvisionner
localement, ce qui permettrait de développer puis de continuer à développer
l'économie régionale également, parce que sinon, on va centraliser le tout puis
on va dénaturer nos régions là-dessus.
M. Ouellet : On a entendu un
autre syndicat nous parler de sa crainte pour les employés dans ce grand
chambourdement… changement, pardon, qui est un… quelque chose qui semble les…
je vous dirais, les chambouler plus que d'autres. Vous, vous ne sentez pas… Je
ne sens pas dans votre mémoire que cette transition-là avec une nouvelle entité
crée préjudice ou interrogation ou dans certains cas insécurité chez vos
membres. Est-ce que je me trompe?
M. Daigle
(Christian) :Présentement, il y a de
l'insécurité, oui. Mais les gens savent un petit peu vers où ils vont s'en
aller. Ils ne savent pas par contre à quoi s'attendre de la nouvelle ou des nouvelles
entités. Ça, c'est plus la crainte que nos membres peuvent avoir. Sur l'aspect
job, la job va être là. Par contre, ce qu'on peut vous donner comme
information, c'est que présentement il y a des gens à l'interne qui ont cette
crainte-là et qui préfèrent peut-être voir ailleurs, dans d'autres ministères,
de transférer d'emploi de peur de ne pas savoir à quel endroit ou quelle chaise
ils vont avoir puis quelle va être leur fonction par la suite. Ça fait qu'ils
préfèrent se magasiner un emploi présentement. N'ayant aucune information sur
le demain, quel sera leur demain ou leur fonction, ils préfèrent regarder des
offres d'emploi ailleurs au gouvernement du Québec et transférer peut-être dans
un autre ministère. Parce qu'en termes de pénurie de main-d'œuvre on est là
présentement, et les ministères ont beaucoup plus de facilité à pouvoir aller
chercher un employé ailleurs.
Donc, pour nous, il y a des gens
effectivement qui ont déjà commencé à regarder puis à transférer de chaise pour
se sécuriser peut-être un petit peu plus. Pour les autres personnes, elles ont
peut-être dit : Bien, on va continuer la même job, c'est ce qui m'a été
dit, mais on n'a pas plus d'information pour l'instant. Ça fait que c'est pour
ça qu'on ne l'a pas trop abordé à ce moment-là.
M. Ouellet : Parfait.
Le Président (M. Simard) :
Voilà le temps dont nous disposions. M. Daigle, M. Audy, M. Arruda, merci
beaucoup d'être venus. Je vais suspendre nos travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 22)
(Reprise à 16 h 26)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers amis, à l'ordre! Je souhaite la bienvenue au Conseil des
entreprises privées en santé et mieux-être. Nous recevons M. Lepage et M.
Clair, si je ne m'abuse, ainsi que M. Labrie. Alors, vous trois, soyez les
bienvenus et nous avons l'honneur d'avoir un ancien parlementaire parmi nous,
d'ailleurs, un ancien député de Drummond, si ma mémoire est bonne.
M. Clair (Michel) : Oui, il y
a longtemps. Il y a longtemps.
Le Président (M. Simard) : Si
peu. Messieurs, à vous la parole pour 10 minutes.
M. Clair (Michel) : Alors, merci.
Merci, M. le Président. Mesdames et messieurs les parlementaires, alors effectivement,
oui, je me présente. Je suis Michel Clair, président du conseil
d'administration du Conseil des entreprises privées en santé et mieux-être,
mieux connu sous l'acronyme, le CEPSEM et je suis accompagné aujourd'hui de M.
Luc Lepage, à ma gauche, qui est président... P.D.G. de notre conseil, et de M.
Yanick Labrie, économiste de la santé et porte-parole du CEPSEM.
Alors, donc, je vous disais que je
représente le CEPSEM, qui est un regroupement, en fait, de chefs d'entreprises
de nature à la fois communautaires ou privées, qui oeuvrent dans le domaine de
la santé et du mieux-être au Québec; en fait, une quarantaine de chefs
d'entreprises.
Ces organisations que nous représentons
collaborent sur une base quotidienne avec le réseau de la santé. Nous
représentons donc aujourd'hui le point de vue de membres issus aussi bien des
services de laboratoire d'analyse, de distribution, fabrication d'équipement
médicaux ou autres et de services technologiques; d'hébergement de diverses
sortes en ressources intermédiaires; en résidences pour personnes âgées; en
CHSLD; d'organisations qui offrent des services aux personnes vulnérables à
domicile; des services de physiothérapie; d'ergothérapie; de psychoéducation;
des cliniques infirmières ou médicales. Donc, un ensemble, là, de membres extrêmement
diversifiés
Nos membres croient, par ailleurs, comme
le président du Conseil du trésor, que le moment est venu de moderniser les
pratiques d'acquisition de l'État québécois. L'approvisionnement public peut
et, selon nous, doit être un important levier de développement économique et de
support à la performance de nos services publics. Mais il peut aussi freiner l'innovation
et miner la création d'emplois si les critères d'appels d'offres se basent sur uniquement
sur la question des prix, sur le plus bas prix, sans égard à la qualité. Ce
serait alors les PME du Québec, comme d'autres l'ont dit au premier chef, qui
en subiraient les conséquences susceptibles d'en ressortir, et même d'être
évincées des marchés publics.
Cela est d'autant plus possible lorsque
les contrats sont regroupés et octroyés en bloc sur des périodes prolongées de
trois à cinq ans. Les conséquences pourraient en être dramatiques, ne seraient
qu'en raison des pertes d'emploi et d'expertise que cela occasionnerait, suivi
de la possible dépendance de joueurs internationaux à grand volume.
C'est pourquoi nous proposons des
changements, des améliorations, croyons-nous, à la mission du Centre
d'acquisitions gouvernementales, tel qu'elle apparaît à l'article 4.
Brièvement, nous pensons que l'objectif devrait être de tenir compte du
meilleur rapport qualité-prix pour les utilisateurs et les usagers finaux, mais
en vue d'obtenir... en vue, pardon, d'optimiser vraiment les ressources
financières de l'État, donc une notion de qualité-prix.
• (16 h 30) •
Deuxièmement, on pense qu'il faut qu'on
encourage, qu'on assure le maintien d'une saine concurrence et la pleine
participation des entreprises québécoises dans tous les processus
d'acquisition, et ce, à long terme. Ensuite, nous proposons qu'une unité
d'expertise ou un institut de la valorisation...
16 h 30 (version non révisée)
M. Clair (Michel) : ...prix.
Deuxièmement, on pense qu'il faut qu'on encourage, qu'on assure le maintien
d'une saine concurrence et la pleine participation des entreprises québécoises
dans tous les processus d'acquisition, et ce, à long terme. Ensuite, nous
proposons qu'une unité d'expertise ou un institut de la valorisation des
acquisitions soit créé, chargé d'établir des règles en vue de réaliser des
appels à solutions et des appels d'offres fondés sur la valeur. Enfin, nous
proposons qu'on encourage le partage de connaissances, les dialogues
compétitifs et toute autre forme d'acquisition ou de débat préalable aux
acquisitions en vue de soutenir les organismes publics souhaitant recourir à
des méthodes alternatives d'approvisionnement.
M. Lepage (Luc) : Le sujet
des approvisionnements publics est devenu une préoccupation constante pour nos
membres, et c'est pourquoi nous nous sommes intéressés aux meilleures pratiques
en matière d'acquisitions, ce qui contribue à l'amélioration de la qualité et
des soins et services.
Favoriser les appels d'offres fondés sur
la valeur. Le Québec devrait emboîter le pas aux pays d'Europe, qui misent
désormais sur les appels d'offres fondés sur la valeur, ce qui guide les
décisions vers la performance du système de santé et des résultats pour les
patients. Selon nous, les acheteurs publics doivent aussi tenir compte de la
valeur créée tout au long du parcours des soins pour les patients, le personnel
soignant, le réseau public de santé dans son ensemble, les entreprises
partenaires et le marché.
Les bénéfices d'une telle approche sont
démontrés. Pensons simplement à l'Imperial College, à Londres, l'un des plus
grands hôpitaux universitaires d'Europe, qui a réaménagé complètement cinq de
ses laboratoires. Avec cette amélioration, les laboratoires sont maintenant
disponibles en tout temps, grâce à des nouveaux équipements qui permettent
dorénavant de fonctionner à pleine capacité sept jours sur sept, 24 heures sur
24. Les gains d'efficacité sont importants : 18 % de plus de cas
traités, et ce, sans pénaliser financièrement l'établissement.
Autre chose, recourir à des appels de
solutions pour favoriser l'innovation. Notamment dans l'approvisionnement des
fournitures médicales et des technologies de la santé, il faut laisser une très
grande marge de manoeuvre aux acteurs sur le terrain pour développer des
solutions innovantes et globalement efficientes. À cet égard, une approche
novatrice qui prend de l'ampleur en Europe est celle de recourir à ce qu'on
nomme des appels de solutions plutôt qu'à des appels d'offres traditionnels. Le
Québec aurait tout intérêt à s'en inspirer, mais qu'est-ce que nous attendons
pour y arriver? Elle consiste à inviter des entreprises ou organisations
diverses à proposer leurs propres solutions à des problèmes ou enjeux réels
rencontrés par une organisation qui cherche à améliorer son service ou à
répondre à une problématique de clientèle. Des règles transparentes et
équitables sont alors définies, et finalement la solution retenue sera ensuite
déployée largement.
Cette façon de faire est contraire aux
appels d'offres traditionnels basés sur le bas prix avec une description... qui
sont souvent avec un descriptif étroit inspiré des spécifications d'un produit
ou d'un service qu'on a trouvé sur Internet et qui est souvent désuet. Très
souvent, l'acheteur public n'est pas en mesure d'identifier le type
d'innovation requis, puisqu'elle n'existe pas encore, afin de répondre à un besoin
particulier. L'appel de solutions favorise donc les innovations, comme l'ont
démontré plusieurs expériences étrangères.
M. Clair (Michel) : Nous
proposons de développer un centre d'expertise sur les meilleures pratiques en
approvisionnement interne ou juste à côté du centre d'acquisitions. Les
acheteurs du réseau de la santé, on le sait, il y a eu beaucoup de progrès dans
les dernières décennies, mais néanmoins ne sont pas toujours au courant des
différentes options disponibles et ne possèdent pas toujours la formation, les
outils pour mettre en oeuvre des appels d'offres majeurs tels des contrats
d'achat, des contrats massifs d'achat de places en soins de longue durée ou
encore des modèles d'appels d'offres basés sur la valeur et les solutions,
l'appel aux solutions.
Il est essentiel, à notre avis, que le
futur centre d'acquisitions soit doté des ressources nécessaires pour gérer
tout type d'appel d'offres et qu'il puisse ainsi promouvoir auprès des établissements
sa valeur ajoutée pour inciter les institutions publiques à confier leur
approvisionnement au CAG afin qu'il soit cohérent avec les soins et services
prodigués à la clientèle du réseau de la santé. Le Québec pourrait à cet égard
suivre l'exemple tracé par d'autres provinces canadiennes.
On le sait, le député de La Pinière a
raison, c'est un enjeu exigeant que d'avoir des appels d'offres basés sur la
valeur, mais la Colombie-Britannique, par exemple, a commencé à bâtir des
équipes d'analyse de la valeur composées de cliniciens et d'administrateurs
pour discuter des priorités, recueillir des éléments probants auprès des
fournisseurs avant de lancer leurs appels d'offres. Un site Web fournit d'ailleurs
en toute transparence une panoplie d'informations à l'intention de la population
et des entreprises...
M. Clair (Michel) : …à bâtir
des équipes d'analyse de la valeur composées de cliniciens et d'administrateurs
pour discuter des priorités, recueillir des éléments probants auprès des
fournisseurs avant de lancer leur appel d'offres. Un site Web fournit d'ailleurs
en toute transparence une panoplie d'informations à l'intention de la population
et des entreprises qui transigent avec le réseau public.
Comme on le disait plus tôt, c'est pour
cette raison que nous recommandons également l'ajout d'une disposition au projet
de loi prévoyant la création d'un institut de valorisation des acquisitions en
santé. Ça pourrait s'appliquer à d'autres domaines. Inspiré des meilleures
pratiques, cet institut viendrait, d'une part, enrichir les connaissances et, d'autre
part, permettrait d'engager un dialogue entre les spécialistes des
approvisionnements, d'une part, les fournisseurs issus du milieu public,
communautaire ou privé, en vue d'améliorer le processus et contribuer du même
coup à l'optimisation visée par cette réorganisation. Ce serait également
l'occasion de consulter des experts, de produire des connaissances au bénéfice
de tous. La mise en place d'un centre d'expertise favorisant les échanges comme
celui-ci serait une façon concrète d'appliquer la disposition de l'article 5
qui prévoit de mettre à contribution les organismes publics et les autres
partenaires.
Nous recommandons également d'instaurer la
mise en place d'octrois de contrats auprès des entreprises québécoises après…
avec un processus dit de banc d'essai qui permet de gérer le risque, d'offrir
la possibilité de produire des preuves de concept ou des livrables par étrape…
par étape, pardon, et de rapprocher les intervenants, utilisateurs, acheteurs,
fournisseurs, usagers, et stimuler les PME du Québec en matière d'innovation.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup, M. Clair. Alors, c'est rare qu'on cède la parole à un président
du Conseil du trésor pour qu'il s'adresse à un ancien président du Conseil du
trésor. J'ai l'honneur de faire cette chose-là en ce moment même. M. le
ministre.
M. Dubé : Alors, M. Clair et
vos collègues, bienvenue. Puis premièrement, merci beaucoup de prendre le temps
… de votre précieux temps, parce que déjà il y a une contribution importante à
notre travail. Notre projet est très important pour nous. Vous… dans vos
anciennes fonctions, vous savez comment les achats du gouvernement sont
importants. Ils le sont probablement encore plus en termes monétaires. Ils
l'étaient, tout aussi importants, dans votre temps, mais… Donc, j'apprécie que
vous ayez pris le temps de faire ce document-là. J'aimerais ça, par exemple,
m'assurer qu'on puisse en avoir une copie, si c'est possible, parce que…
Une voix
: Ça a été
transmis…
M. Dubé : Il a été transmis,
là, le texte que vous avez eu aujourd'hui? Parce que souvent il y a des
différences entre le texte que vous avez… en tout cas, si jamais…
M. Lepage (Luc) : On peut
envoyer les deux, mais…
M. Dubé : J'apprécierais,
parce que ça nous évite pour nous de… On ne voudrait pas manquer quelques
propos, que j'ai notés, là, mais… J'apprécierais de…
Il y a eu beaucoup de discussions, là,
depuis qu'on a commencé les consultations particulières, de votre part, sur la
question des achats avec le facteur de valeur ou facteur de qualité. Et le
point que j'aimerais vous entendre là-dessus, puis je veux juste vous rappeler,
puis j'en profite pour les gens qui nous écoutent, de faire un petit peu le…
là, vous suggérez peut-être un institut ou… Ce que je trouve intéressant de
votre… du sujet quand vous le soulevez, il y a eu de la part du Trésor, et non
du CSPQ dans sa forme actuelle, un document qui a été publié, qui… c'est assez
récent, là, on retourne au mois de septembre, qui est publié par le Trésor,
donc dans son rôle de politique, par opposition à un CSPQ qui est un jour sera
le CAG, donc un groupe qui est plus dans l'action, alors que le Trésor est plus
dans son rôle de contrôle, je n'ai pas besoin de vous expliquer ça.
Le document qui a été publié, puis je le
dis, là, c'est des Balises à l'égard des exigences et des critères
contractuels dans le domaine de la santé. Bon, je ne sais pas comment vous
avez pu en prendre connaissance ou si vous avez pu, mais j'aimerais ça… Il y a
quand même beaucoup de bonnes pratiques qui ont été soulevées dans ça. Puis
est-ce que c'est un peu vers ça que vous tendez à… lorsque vous parlez… puis je
ne veux pas rentrer dans la mécanique d'un institut ou de… mais c'est quoi le
message que vous essayez de passer? Est-ce que c'est ça, des balises qui
devraient être plus claires quant à… qu'est-ce qu'on veut dire par des achats
de valeurs ou de biens? Expliquer qu'est-ce qu'on veut dire lorsqu'on veut
avoir un facteur de qualité… J'aimerais vous entendre sur ce document-là et sur
le lien avec votre institut, si vous me permettez, là.
• (16 h 40) •
M. Clair (Michel) :
Voyez-vous… Merci de la question. C'est au cœur effectivement de nos
préoccupations. On a pris connaissance, sans en être spécialistes, là, des
balises qui ont été publiées par le Conseil du trésor. Maintenant, nous, ce
qu'on observe, c'est quand on regarde, par exemple, la façon très synthétique
de résumer la mission du centre d'acquisitions. On dit : «mission de
fournir aux organismes publics les biens et services dont ils ont besoin dans
l'exercice de leurs fonctions, et ce dans l'objectif d'optimiser les
acquisitions gouvernementales.» Nos membres, on espère à tort, interprètent…
M. Clair (Michel) : ...la
façon très synthétique de résumer la mission du Centre d'acquisitions, on
dit : «Mission de fournir aux organismes publics les biens et services
dont ils ont besoin dans l'exercice de leurs fonctions, et ce, dans l'objectif
d'optimiser les acquisitions gouvernementales». Nos membres, on espère à tort,
interprètent cette optimisation-là comme étant strictement une optimisation
budgétaire financière, donc autrement dit rechercher des escomptes par des
regroupements, des plus grands volumes et des plus grandes standardisations,
diminuer le nombre de... je dirais la variété des produits. Ce qu'on recherche,
c'est que soit traduit dans le projet de loi... Par exemple, la mission du
centre de fournir aux organismes publics, oui, devrait se décliner en
disant : «Appliquer des stratégies d'approvisionnement qui offrent aux
organismes publics ainsi qu'aux utilisateurs et usagers finaux le meilleur
rapport qualité-prix en vue d'optimiser les ressources de l'État». Ça, c'est
tiré directement, en termes de philosophie, des balises qui sont mentionnées.
Mais il y a comme un écart entre la lettre du projet de loi et les
pouvoirs — le centre doit... — les devoirs du centre, qui
n'ont pas l'air de — comment je dirais? — d'appréhender
cette réalité-là, de dire le rapport qualité-prix, l'incidence sur le
développement durable, sur l'environnement, sur la qualité, et même à certains
égards sur la valeur... je veux dire, la valeur sur l'ensemble du cycle de vie
d'un produit.
Donc, ce qu'on a cherché à faire bien
modestement, c'est d'aller puiser un peu dans l'esprit de ces balises-là, et
puiser également dans les préoccupations de nos membres, et finalement dans ce
qu'il se fait par ailleurs dans le monde. Des appels d'offres basés sur la
valeur, là, c'est devenu la règle, selon ceux qui appliquent les... Pour ceux
qui appliquent les directives de l'Union européenne, c'est la règle. Alors
donc, nous, ce qu'on a essayé de traduire, c'est de dire : Dans la mission
du centre, c'est important que la finalité ne soit pas uniquement une
optimisation budgétaire. Je ne sais pas si mon collègue veut ajouter.
M. Lepage (Luc) : Bien, en
fait, on trouve que le... pour répondre à votre question aussi, M. le ministre,
l'opportunité que vous créez par la création est une belle opportunité pour en
même temps non pas, je dirais, critiquer le travail qui se fait déjà, il y a
énormément de travail. Je suis un ancien du réseau de la santé, j'ai siégé sur
des tables de champ commun dans les années 80. Alors, tu sais, je suis vendu à
cette idée-là et je les connais, je connais l'histoire, dans le fond, que le
réseau de la santé a également de l'interne, là, j'entends, a progressé pour
arriver au résultat d'aujourd'hui.
Maintenant, d'aller vers des achats, je
dirais, sur la valeur comme telle va demander de l'expertise, ça va prendre une
équipe dédiée. Il va falloir développer, dans le fond, ce que j'appellerais de
l'intelligence, un jugement qui n'est pas juste basé sur... Parce que,
malheureusement, dans certains cas, j'ai vu à l'interne, le plus bas prix,
c'était bien plus facile de signer en bas, parce que c'était le seul critère
qui restait objectivable, alors que souvent, sur la qualité, bien, ça prenait
des gens un petit peu plus compétents, des gens formés, des gens... ce qui
n'est pas toujours le cas, malheureusement. Et on ne blâme personne, mais c'est
une réalité.
M. Clair (Michel) : Et, si je
peux ajouter une dernière phrase pour dire : La définition de la valeur,
on ne prétend pas qu'elle doit venir des fournisseurs, elle doit venir de
l'acheteur. Or, nous n'avons pas présentement au Québec, en général, dans... Il
y a eu énormément de progrès de fait. Mais, les appels d'offres n'étant pas
basés sur la valeur, la pensée stratégique préalable d'approvisionnement n'en
est pas une basée sur la valeur, mais davantage sur qu'est-ce qui est offert,
meilleur prix.
M. Dubé : Alors, moi,
j'apprécie énormément cette discussion-là. Je voudrais la pousser un peu plus
loin, mais, comme vous savez, on va manquer un petit peu de temps. Mais je
voudrais revenir sur un principe, là, que vous avez soulevé tous les deux que
je trouve excessivement approprié. Il faut se rappeler que l'objectif de notre
projet de loi, premièrement, c'est de travailler sur le regroupement de ces
différentes structures là. Là, lorsqu'on rentre dans les — puis là je
vais à l'autre extrême — dans les meilleures pratiques... Là, vous décrivez...
Puis je ne dis pas qu'elles sont toutes bonnes, je ne les commente pas pour le
moment, parce qu'on n'a pas le temps de le faire aujourd'hui. Mais il y a
sûrement des meilleures pratiques que vous venez de décrire qu'on peut
s'entendre, parce que ces meilleures pratiques là sont appliquées ailleurs,
puis il y a des succès aussi. L'enjeu, c'est qu'on ne peut pas dénaturer le
projet de loi puis de dire qu'on va essayer non seulement de faire les
changements qu'on veut faire à la structure, regrouper les gens, permettre des
synergies puis tout ça puis de dire en même temps : On va mettre dans
notre projet de loi toutes les meilleures pratiques puis on va devenir
tellement pris par ces règles administratives là que ça va prendre un projet de
loi à tous les six mois pour changer les choses.
Alors, moi, ce que je vous dirais
aujourd'hui : j'ai beaucoup d'écoute, de profiter de la discussion sur le
projet de loi pour écouter ces meilleures pratiques là, parce que vous allez...
M. Dubé : ...toutes les
meilleures pratiques, puis on va devenir tellement pris par ces règles administratives
là que ça va prendre un projet de loi à tous les six mois pour changer les
choses. Alors, moi, ce que je vous dirais aujourd'hui — j'ai beaucoup
d'écoute — et profiter de la discussion sur le projet de loi pour
écouter ces meilleures pratiques là, parce que vous allez exactement dans le
sens de ce qu'on veut faire. Lorsqu'on crée... et c'est ça qui est arrivé en
santé, on a créé un groupe beaucoup plus fort de gens qui sont allés chercher
du talent, qui sont allés chercher de l'expertise, qui vont avoir des moyens
plus grands, une masse critique plus grande pour mettre des systèmes en place,
et là ce regroupement-là, permet aujourd'hui d'aller chercher les meilleures
pratiques à l'intérieur de la santé, ce qu'on veut faire dans les autres
réseaux comme l'éducation ou dans certains ministères et organismes.
Donc, moi, je vous dirais de... puis c'est
pour ça que je vous demandais ce que vous pensiez de ces balises-là qui ont été
mises, parce que je crois que c'est là qu'il faut aller, mais il faut avoir une
entité qui a les moyens de le faire. Vous me suivez, là...
M. Clair (Michel) : Tout à
fait.
M. Dubé : ...c'est qu'il faut absolument
que nos gens, on ramène ces experts-là au même endroit, qu'ils puissent avoir
de la synergie puis de continuer à vous écouter. Alors, que ce soit un institut,
là... je ne suis pas là rendu aujourd'hui, mais votre point de continuer
d'avoir... de décrire les meilleures pratiques, pour moi, c'est fondamental
dans ce que vous dites. Ça fait que j'ai beaucoup d'ouverture sur ça, mais il
va falloir faire attention que le projet de loi ne nous met pas dans un carcan
qui ferait que, dans six mois, il y a d'autres choses à faire, puis on doit
revenir au projet de loi. Alors, c'est tout le débat de structures versus
règlements, versus directives, puis je n'apprendrai pas ça à un ancien
président du Conseil du trésor. Je voulais juste vous entendre commenter
là-dessus.
M. Clair (Michel) : C'est
pour ça, M. le ministre, que, nous, on ne remet pas en cause ce qui a été fait
par les groupements d'achats, on dit qu'il faut profiter de l'occasion, vu que
la santé, les services sociaux ont un pas d'avance sur le reste de l'État, en termes
d'achats groupés, pour aller plus loin et être sûr que la création du centre
n'est pas une question de nivellement par le bas, mais qu'au contraire on
s'assure que, vous, comme ministre, vous avez les pouvoirs, par exemple,
habilitants pour dire : C'est quand qu'on va en appel à solution? C'est
quand qu'on va sur des appels basés sur la valeur? De façon à ce que vous ayez
le pouvoir de le faire, ça, c'est une recommandation d'un pouvoir habilitant.
Et que les meilleures pratiques, bien, il faut... comme je vous dis, peut-être
qu'on interprète mal, mais si on veut permettre au Centre d'acquisitions
d'aller plus loin, il faut donc que, dans sa mission, il y ait un petit plus
qui indique qu'on veut qu'il aille plus loin que ce qui a été fait jusqu'à maintenant.
Ce que, dans le fond...
M. Dubé : C'est vraiment intéressant.
M. Clair (Michel) : ...ce
que, dans le fond, les gens qu'on a entendus précédemment, de SigmaSanté, et je
ne me souviens plus du nom des deux autres, de l'Est et de l'Ouest...
M. Dubé : Les GACEQ.
M. Clair (Michel) : ...c'est
ce qu'ils vous recommandent aussi indirectement.
M. Dubé : Oui, oui, tout à
fait. Et non seulement vous n'êtes pas en désaccord avec ça, et c'est pour ça
que je veux profiter de ces discussions-là avec vous pour vous entendre. Je
vous dirais qu'on veut justement que le Trésor se rapproche de ces
décisions-là, et c'est pour ça qu'il va y avoir... il n'y aura plus les
conseils d'administration, ces gens-là vont se rapporter directement. Donc, il
va avoir une proximité qui nous permet d'agir au bon moment pour implanter ces
meilleures pratiques là. Ça fait que je pense que, là-dessus, on se rejoint
très bien, puis... mais là je voudrais en profiter pour peut-être laisser mes
collègues qui doivent se mourir d'envie de poser quelques questions, alors...
Le Président (M. Simard) :
C'est un bien mauvais endroit pour mourir, soit dit en passant, mais, quand
même, M. le député de Saint-Jérôme, à vous la parole.
M. Chassin :
Il reste peu de temps, M. le Président, hein, je pense?
Le Président (M. Simard) : Il
reste quand même 4 min 10 s.
M. Chassin :D'accord, bien, je vais essayer de poser une seule question,
parce que je sais que mon collègue de Beauharnois a aussi une question qu'il
souhaite poser. Donc, je me limiterai, messieurs, d'abord à vous remercier puis
à vous poser une question un peu spécifique peut-être pour insister sur
l'échange que vous venez d'avoir avec M. le ministre sur le centre d'expertise
sur les meilleures pratiques. Ce que je comprends de votre mémoire, c'est que
vous êtes prêts aussi à avoir ce centre d'expertise là un peu comme une unité
d'expertise à l'intérieur de la structure, notamment parce que... puis c'est là
où, moi, je voulais m'assurer qu'on conserve non seulement l'expertise, dans le
fond, à l'intérieur de la structure, mais surtout parce que vous soulignez le
dialogue avec, par exemple, les clients, les experts. Et ce dialogue-là, on se
les fait dire justement par plusieurs regroupements et est essentiel pour tenir
en compte les réalités locales et particulières des différents clients.
Alors, je comprends que vous êtes à l'aise
à le conserver en autant qu'on soit conscient, dans cette transition-là, qu'il
y a une occasion de pousser l'innovation, de pousser sur des moyens
d'acquisition particulièrement intéressants dont vous faites mention.
• (16 h 50) •
M. Lepage (Luc) : Pousser
aussi... on a quand même plusieurs membres qui viennent nous voir puis qui nous
disent : C'est difficile, j'ai un produit unique, j'ai...
M. Chassin :
...dans cette transition-là, qu'il y a une occasion de pousser l'innovation, de
pousser sur des moyens d'acquisition particulièrement intéressants dont vous
faites mention.
M. Lepage (Luc) : Pousser
aussi... On a quand même plusieurs membres qui viennent nous voir puis qui nous
disent : C'est difficile, j'ai un produit unique, j'ai une innovation dans
un domaine particulier, j'ai conçu telle ou telle chose. Donc, d'abord, d'avoir
accès aux officiers, c'est déjà, pour toutes sortes de raisons, plus difficile
qu'avant. Donc, peut-être un danger à éviter dans la centralisation, de faire
attention à cette proximité-là qui est nécessaire, la connaissance, dans le
fond, de ce qui existe dans le marché, mais aussi de ramener, dans le fond, les
établissements publics à bien connaître, bien saisir leurs besoins et de
voir...
Parce que nous, on fait de l'éducation
aussi auprès de nos membres. Puis ce qu'on fait comme éducation, c'est
dire : Si vous voyez qu'il y a une difficulté que l'État rencontre ou
qu'il y a un problème... d'accès, qu'il y a un manque quelque part puis... Dans
le fond, c'est ça, l'idée d'un entrepreneur, c'est de combler, hein, dans le
fond, un besoin ou de saisir une opportunité. Bien, c'est l'idée d'aussi la
présenter comme solution...
M. Chassin :
Autrement dit, de...
M. Lepage (Luc) : ...à
l'État.
M. Chassin :
Sans nécessairement l'inscrire en toutes lettres dans le projet de loi, de
garder cette préoccupation, par exemple, de pouvoir recevoir des suggestions...
M. Lepage (Luc) : Voilà.
M. Chassin :
D'accord. Merci.
M.
Reid
: Il
reste quoi, une minute?
Le Président (M. Simard) : Il
reste 1 min 38 s, cher collègue.
M.
Reid
:
D'accord. On va essayer de faire rapidement. Bien, en fin de compte, c'est...
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. le député de Beauharnois, à vous la parole...
M.
Reid
: Merci,
merci. À la page 7 de votre mémoire, vous parlez... bien, vous parlez de
l'appel de solutions, un concept intéressant, pour ma part. Comme démarche, on
dit, en peu de mots : «Elle consiste à inviter des entreprises ou
organisations diverses à proposer leur propre solution à des problèmes, des
enjeux réels...», et ainsi de suite. Donc, mon image, c'est qu'il y a un groupe
de personnes, donc, il y a des entreprises qui vous présentent des produits, et
ainsi de suite, mais quels sont les pare-feux qui protègent, en fait, une forme
d'influence indue, le jeu qui peut se faire à l'intérieur d'une telle démarche?
M. Clair (Michel) : Une
réponse très brève : Allez consulter, en Angleterre... les sites Internet
sont faciles à visiter...
Une voix
: On n'a pas
de budget.
M. Clair (Michel) : Non, non,
mais je veux dire... Il existe, en Angleterre, ce qu'on appelle les «academic health science networks». Il y en a 15 pour les 15
régions en Angleterre, qui regroupent milieu universitaire, milieu de la
recherche, milieu de la livraison des services, entreprises privées,
l'équivalent de nos RUIS, si vous voulez, mais avec plus de volets. Le... Ça,
ça a été créé en 2013. Mais, bien avant, en 2009, le gouvernement de
l'Angleterre, le gouvernement de Londres, pour le NHS anglais, et non pas les
autres, a créé le Small Business Research Initiative. Depuis 2009, ils tiennent
au moins trois fois par année des appels à solutions, et les règles sont bien
établies. Ça tourne... Allez voir SBRI, UK, et puis «academic health science
networks»...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Clair (Michel) : C'est un
modèle intéressant pour s'inspirer.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Clair. Je cède maintenant la parole au député de La Pinière.
M. Barrette : Oui. Merci, M.
le Président. Il y a beaucoup de choses qui ont été... bien, M. Clair, M.
Labrie et M. Lepage. Bienvenue. À mon tour de vous souhaiter la bienvenue.
Toujours un plaisir de vous revoir, M. Clair. Il y a beaucoup de choses qui ont
été dites, là. Alors, je vais faire quelques commentaires. Je fais ces
commentaires-là pour l'ensemble des parlementaires.
Il ne faut pas mélanger les choses, là.
Bon, premièrement, là, ce n'est pas vrai qu'on n'est pas capable d'avoir de la
qualité avec un prix, là, puis ce n'est pas vrai, là, qu'actuellement c'est le
plus bas soumissionnaire qui gagne tout, là. Ce n'est pas comme ça que ça
fonctionne, puis vous le savez, là.
Et il ne faut pas mélanger non plus les
choses unitaires qu'on est obligé d'acheter en groupe et ce que vous appelez
des appels de solutions. Alors, ce que vous appelez des appels de solutions,
là, bien, ça, c'est le voeu de l'industrie, et, quand vous nous dites qu'en
Europe ça se fait comme ça, bien, c'est des appels de solutions et, en
Angleterre, dans des cas particuliers. Un appel de solutions, là, ce n'est pas
la même chose que d'acheter un appareil d'hémodialyse. Rien à voir. Non...
M. Clair (Michel) : Tout à
fait d'accord.
M. Barrette : Non, mais c'est
important parce que là on donne l'impression que la procédure que l'on suit
pour acheter de l'équipement unitaire multiplié par 1 000, mettons, là,
c'est comme un univers qu'il faut abolir parce que là maintenant c'est l'appel
de solutions. Non. Bien, c'est vraiment non, la réponse.
Une voix
: Ce n'est pas
ce qu'on propose.
M. Barrette : Maintenant,
est-ce qu'il y a une utilité dans les appels de solutions? Bien oui, ça existe,
mais l'achat de groupe va rester. Il n'y a aucune raison, là, de dire que ça,
ce n'est pas bon. C'est bon. Les appels à solutions, c'est ponctuel dans
d'autres secteurs.
Je vais aller plus loin. Vous avez
vous-même, M. Clair, là... parce que vous avez fait référence à moi, puis c'est
correct. Alors, je vous cite... Oui, oui, tantôt, vous avez dit : La
valeur... quand vous avez dit : Le député de La Pinière, la valeur.
Bon. Bien, c'est parce que la valeur... Je vais prendre l'exemple type qui...
M. Barrette : ...solution,
c'est ponctuel dans d'autres secteurs. Je vais aller plus loin : vous avez
vous-même, M. Clair, là, parce que vous avez fait référence à moi, puis c'est
correct. Je vous cite... Oui, oui, tantôt, vous avez dit : La valeur,
quand vous avez dit le député de La Pinière, la valeur, bon. Mais c'est parce
que la valeur, je vais prendre l'exemple type, qui est celui de la valeur.
L'industrie vient nous avoir avec le médicament a, et aujourd'hui, on achète le
médicament b, parce qu'il est moins cher, et la science montre que les
médicaments a et b ont le même effet, pas de différence. La différence entre
les deux : le médicament a, puis ça a été dit ce matin, diminue la durée
de séjour de quatre jours, puis on sait que la durée moyenne de séjour, c'est
sept jours, un petit peu moins.
Bien oui, mais je veux bien, là, c'est
parce que nous hôpitaux fonctionnent à 100 % tout le temps. L'économie qui
vient par la diminution de la durée de séjour n'est pas là, parce que le
patient, il va être remplacé par un autre, qui va générer le même coût. Ça,
c'est la vie quotidienne du Québec, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas
le faire. C'est juste que la valeur n'est pas toujours réalisable sur notre
terrain. Tu appelles les solutions, je vais vous en donner deux exemples. Vous
pensez qu'on ne fait pas ça. Certainement qu'on le fait. Je ne le nommerai pas,
je ne le nommerai pas, mais il y a un hôpital au Québec, là, qui est allé
justement dans cette direction-là et qui a sous-traité sa dialyse. Elle n'est
plus dans l'hôpital, vous le connaissez, vous savez de qui je parle, je le vois
dans votre hochement de tête.
Qu'est-ce que ça a comme conséquences, ça?
Exactement ce que vous voulez éviter, parce que la compagnie qui a gagné a fait
rentrer ses produits. C'est terminé, là, pour cette compagnie-là, là, dans cet
hôpital-là, la dialyse est sous-traitée, payée publiquement et toutes les
fournitures qui rentrent dans cette, entre guillemets, «clinique de dialyse-là»
sont celles de la compagnie. L'appel de solutions est une mécanique qui permet
à un fournisseur, par sa solution, de finir faire rentrer son matériel, qui,
autrement, ne rentrait peut-être pas. Je vais aller plus loin; ça a marché,
leur affaire, puis c'est bon, ils donnent un excellent service, O.K.? Alors, je
ne vous dis pas que c'est mauvais. Je vous qu'à un moment donné, il faut nommer
les choses. Nommer les choses, c'est ce que je viens de dire.
Je ne vous dis pas que c'est mauvais, je
vais vous donner un autre exemple. Quand moi, j'ai fait les projets pilotes de
chirurgie extrahospitalière, là, ça, c'est un appel à solutions. La qualité est
là, l'équipement est là, et ainsi de suite, et ça coûte entre 10 % et
15 % moins cher qu'à l'hôpital. Donc, ça existe, vous êtes d'accord. Mais
moi, dans le modèle que j'ai mis en place, là, dans l'exemple de la chirurgie,
là, il n'y a pas d'obligation à prendre un seul fournisseur et on leur a
offert, à l'époque, l'équipement au... On leur a offert le résultat de nos
appels d'offres pour les lentilles, par exemple.
Alors, moi, je dis simplement, là, qu'il
faut nommer les choses correctement. Appel de solutions, oui, mais il y a un
billet à ça. Il y a un billet qui est clair et ça ne protège pas le marché, pas
nécessairement. Dans le cas de la dialyse, qui est un exemple extraordinaire,
là, on pourrait faire ça dans chacun des hôpitaux du Québec; à la fin, il
resterait probablement un seul fournisseur en dialyse, ce qui, vous allez
convenir avec moi, n'est pas une bonne idée.
Alors, je dis simplement ça,
qu'aujourd'hui, là, la valeur, il faut la définir puis ce n'est pas si simple
que ça. Un appel de solutions n'est pas en opposition avec ce que l'on fait au
Québec et, quand on arrive au rapport qualité-prix, bien regardez bien, là, ça,
on peut en parler bien, bien longtemps.
Dernier commentaire, dernier commentaire.
Le Imperial College, lorsqu'il a fait ses optilabs, hein, ils ont optimisé, en
termes d'équipement, leurs laboratoires, qui produisent à la vitesse grand V,
24 heures par jour. C'est exactement ce qu'on a fait au Québec et, en passant,
ça m'a valu toutes les critiques de la planète. À un moment donné, il faut
prendre l'environnement en considération, dans lequel on est. Mais les autres
n'ont rien inventé, là, un. Deux, on le fait nous aussi et je dis simplement,
puis là, je le dis pour le bénéfice des collègues, parce que les collègues, ils
aiment ça. Quand vous dites ça, je vous le dis, là, l'autre bord, là, il y a
des gens qui sont excités, là. Appel de solutions, voici la réponse à tout.
Non, non, non, ça ne marche pas de même là. Ce n'est pas vrai, ça.
Maintenant, je vous laisse me répondre,
puis ça m'intéresse, parce que... surtout vous, M. Clair, parce que vous, vous
êtes... vous avez été dans des secteurs très particuliers, très particuliers.
Et, dans les secteurs où vous avez été, hein, il y a eu un enjeu de... puis je
n'insinue rien, là, c'est difficile pour vous, dans les secteurs où vous avez
été, d'en arriver à un environnement de production de services où le rapport de
qualité/prix était à son maximum, pour des raisons qui vous étaient
extrinsèques, hein? Si on ne vous finance pas, c'est assez difficile d'arriver
avec des maisons des aînés, hein? Mais ça, c'est la faute du gouvernement, puis
vous pouvez le dire, vous avez raison, bon.
• (17 heures) •
Mais pas vous autres, tous les
gouvernements, peu importe le parti. Alors, moi, je dis simplement ça et je
vous laisse commenter...
17 h (version non révisée)
M. Barrette : ...des raisons
qui vous étaient extrinsèques, hein? Si on ne vous finance pas, c'est assez
difficile d'arriver avec des maisons des aînés, hein? Mais ça, c'est la faute
du gouvernement, puis vous pouvez le dire, vous avez raison, bon, mais pas vous
autres, tous les gouvernements, c'est... peu importe le parti.
Alors, moi, je dis simplement ça et vous
laisse commenter, parce que, là, je fais exprès de recentrer la patente, là,
parce qu'elle a besoin d'être recentrée.
M. Clair (Michel) : Alors,
j'ai combien de temps?
M. Barrette : Vous êtes
content de venir, hein?
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste... M. Clair.
M. Clair (Michel) : Alors,
j'aurais besoin d'un bon dîner avec le député pour faire le tour de tous les
éléments qu'il soulève, mais écoutez, d'abord...
M. Barrette : Bien, quand vous
voulez.
M. Clair (Michel) : ...d'entrée
de jeu, une chose est certaine, c'est que loin de nous l'idée de penser que les
appels à solution devraient devenir la règle et qu'il n'y a plus d'appels
groupés sur des produits standardisés. Non, non, ce n'est pas ça qu'on dit.
Nous, on dit simplement que là où... dans le domaine de la santé, grâce à une
évolution, on est rendu à une étape où est-ce qu'on peut être un peu plus
sophistiqués encore qu'on l'est, et à l'occasion. C'est pour ça que je
dis : Nous, on n'aurait aucune objection à ce que ça soit dans un pouvoir
de directive du ministre de la Santé, dans le secteur de la santé, ou
d'éducation ou du président du Conseil du trésor, de déterminer les
circonstances et les balises dans lesquelles il doit y avoir des appels à la
solution... à solutions, ou encore des analyses basées sur la valeur. Je vais
vous donner un exemple sur la valeur, quelque chose qui mériterait... puis qui
est vraiment de la grosse valeur financière : l'approvisionnement sur le
plan immobilier pour les soins de longue durée. Moi, j'ai créé un petit
observatoire personnel, l'observatoire Michel Clair. Alors, l'observatoire
Michel Clair, qu'est-ce qu'il a fait dans les cinq dernières années? J'ai
observé les coûts de construction publiés par le ministre et le ministère de la
Santé sur les immeubles, les CHSLD publics neufs ou reconstruits. Je les ai
tous. J'ai pris simplement les informations publiques. J'arrive à un coût
moyen, un coût unitaire moyen de places en CHSLD, le volet immobilier, à
399 703 $ sur trois ans.
M. Barrette : M. Clair...
M. Clair (Michel) :
Laissez-moi terminer, s'il vous plaît.
M. Barrette : ...permettez-moi
de vous interrompre, parce qu'il ne me reste même pas 45 secondes. Je veux
vous dire que vous avez raison, O.K.?
M. Clair (Michel) : Mais vous
ne savez pas encore quelle est mon opinion.
M. Barrette : Non, mais quand
vous arrivez aux coûts dans l'immobilier, ce que vous venez de donner...
M. Dubé : ...continuer, par
exemple, j'aurais aimé ça, j'aurais aimé ça.
M. Barrette : Ce que vous
venez de donner comme exemple, c'est vrai et c'est scandaleux, mais c'est...
Là, là, on est dans un environnement qui est assez particulier, alors je vous
laisse du temps pour nous donner la réponse à ça, parce que moi, je me suis
battu contre ça. Je peux même vous dire qu'il y a des coûts de CHSLD qui sont
jusqu'à 400 000 $ par unité.
M. Clair (Michel) : On les a.
Une voix
: On les a.
M. Clair (Michel) : Je les ai
tous. Et...
M. Barrette : Bon. Alors,
donnez-nous la solution, je vais être content après aux autres.
M. Clair (Michel) : Bien, je
fais juste... Donc, l'observation, c'est sur une dizaine de cas, là, je ne les
ai pas comptés. Le prix observé par unité, c'est autour... c'est voisin de
400 000 $, 389 000 $. Je sais d'expérience... j'ai quitté
la direction d'un groupe privé il y a maintenant plus de quatre ans, mais je
sais d'expérience les coûts de construction. Et les appels d'offres d'achat de
places que vous avez conduits, à l'époque où vous étiez ministre, avaient comme
prix immobiliers induits environ 180 000 $, 170 000 $,
180 000 $ l'unité. Vous avez eu des très beaux produits, vous avez eu
de la concurrence, etc. Alors, quand on constate qu'aujourd'hui, si on continue
à faire de l'approvisionnement traditionnel pour des soins de longue durée,
avec les besoins qu'on a devant nous...
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Clair.
M. Clair (Michel) : ...les
économies potentielles sont énormes.
M. Barrette : ...vous avez
remarqué ça.
Le Président (M. Simard) : Ah!
c'est noté, c'est noté au procès-verbal.
M. Barrette : ...je le sais.
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. Clair, M. Labrie, M. Lepage, merci beaucoup pour votre
présence. Et, sur ce, nous allons suspendre quelques instants nos travaux.
(Suspension de la séance à 17 h 4)
(Reprise à 17 h 7)
Le Président (M. Simard) :
Bien. À l'ordre, s'il vous plaît! Nous recevons maintenant le Conseil canadien
des innovateurs. Messieurs, bienvenue parmi nous. Auriez-vous l'amabilité de
vous présenter? Vous savez que vous allez disposer d'une période d'intervention
de 10 minutes.
M. Lortie (Pierre-Philippe) :
Merci. Pierre-Philippe Lortie, Conseil canadien des innovateurs.
M. Gilbert (Patrice) :
Patrice Gilbert, président-directeur général de PetalMD.
Le Président (M. Simard) :
Nous vous écoutons.
M. Lortie (Pierre-Philippe) :
Merci. Aux membres de la Commission des finances publiques, M. le ministre, M.
le Président, mesdames et messieurs, au nom du Conseil canadien des
innovateurs, nous tenons à vous remercier de nous recevoir à ces consultations
particulières sur le projet de loi n° 37. Mon nom est Pierre-Philippe
Lortie. Je suis directeur, Gouvernement et Affaires publiques, pour le Conseil
canadien des innovateurs au Québec. Je suis accompagné par un de nos 20
membres, M. Patrice Gilbert, fondateur et P.D.G. de PetalMD, qui prendra la
parole à titre d'expert sur les enjeux reliés au projet de loi, à savoir les appels
d'offres et les infrastructures technologiques.
Qu'est-ce que le Conseil canadien des
innovateurs? Nous sommes un conseil d'affaires fondé en 2015 qui réunit plus de
100 P.D.G. à travers le Canada, dont 20 au Québec, à la tête d'entreprises
technologiques en expansion dans le secteur des technologies propres, de la
cybersécurité, des technologies financières, des technologies en santé et des technologies
de l'information et des communications. La mission du CCI est de faire entendre
la voix de ces entrepreneurs dans le cadre du processus d'élaboration des
politiques publiques. Tous nos membres sont des créateurs d'emplois, des
investisseurs et des philanthropes implantés au Canada. Les 20 membres du CCI
au Québec, c'est un groupe dynamique de dirigeants qui gèrent des sociétés
prospères dont le siège est établi au Québec. Ce sont des créateurs de richesse
importants pour l'économie provinciale. Ensemble, ils maintiennent près de
6 000 emplois bien rémunérés, et tous s'associent à l'objectif de bâtir
ici au Québec une industrie des technologies qui soit durable et locale, mais
également concurrentielle à l'échelle internationale. La mission des
entrepreneurs du CCI-Québec est de faire avancer les recommandations en matière
d'orientations politiques de la province, permettant ainsi aux entreprises
d'innovation de renforcer leur accès aux talents, accès aux capitaux et aux
clients de manière à solidifier leur présence et leur croissance au Québec,
mais également à prendre de l'expansion sur le plan international. Ils
souhaitent établir un dialogue constructif avec le gouvernement pour faire en
sorte que les politiques publiques québécoises en matière d'innovation ne ralentissent
pas la croissance économique solide que vit le secteur des technologies au
niveau provincial.
Maintenant, sur le projet de loi, le
CCI-Québec salue l'initiative du gouvernement de proposer le projet de loi n° 37, qui jette les bases d'une gestion plus efficace des
dépenses publiques tout en reconnaissant l'importance des acquisitions
gouvernementales et des infrastructures technologiques dans le développement
économique du Québec. Nous appuyons la création, donc, des deux entités
mentionnées dans le projet de loi, à savoir le Centre d'acquisitions
gouvernementales et Infrastructures technologiques.
• (17 h 10) •
Permettez-nous de présenter quelques
observations sur le projet de loi. Nous saluons l'initiative de regrouper
l'ensemble de l'expertise en acquisitions gouvernementales au sein d'une même
entité en favorisant la proximité avec la clientèle pour mieux comprendre ses
besoins en rendant obligatoire l'adhésion aux achats regroupés. Nous nous
réjouissons donc de lire que le Centre d'acquisitions gouvernementales devienne
le seul centre d'offre de services, le seul point d'accès afin de rendre le
processus d'appel d'offres plus efficace et rapide tant pour les fournisseurs
que pour le gouvernement. Nous proposons également que le gouvernement modernise
le processus d'appel d'offres en créant des appels à solutions dans le but
d'encourager plus d'entreprises québécoises à collaborer avec le gouvernement.
En développant un processus...
M. Lortie (Pierre-Philippe) :
...d'offre de service, le seul point d'accès afin de rendre le processus
d'appel d'offres plus efficace et rapide tant pour les fournisseurs que pour le
gouvernement.
Nous proposons également que le gouvernement
modernise le processus d'appel d'offres en créant des appels à solutions dans
le but d'encourager plus d'entreprises québécoises à collaborer avec le gouvernement.
En développant un processus d'appel à solutions en collaboration avec
l'ensemble des parties prenantes de l'industrie, le gouvernement pourra mieux
choisir les solutions les plus adéquates qui répondent à ses besoins et ainsi
permettre à d'autres joueurs de l'industrie d'offrir des solutions innovantes.
Dans la course à l'innovation, comme vous
le savez, les entreprises qui réussissent à fournir des services au gouvernement
de leur juridiction ont plus de chances d'obtenir des contrats auprès d'autres gouvernements
à l'international, ce qui accélère leur croissance et accélère aussi le
potentiel d'exportation de l'innovation du Québec. Nous souhaitons donc que le gouvernement
collabore plus étroitement avec les leaders de cet écosystème en innovation, particulièrement
celui des solutions infonuagiques, pour faciliter le développement d'appels à
solutions qui répondent aux besoins du gouvernement et qui utilisent l'expertise
locale pour le bénéfice de tout le Québec.
Nous suggérons que le gouvernement
collecte et mesure l'ensemble des données des contrats octroyés à tous les
fournisseurs d'infrastructures technologiques pour mieux connaître le nom et le
type d'entreprises qui sont régulièrement choisies comme fournisseurs auprès du
gouvernement et ainsi assurer la transparence et l'équité auprès de celles qui
répondent aux critères d'appels à solutions et qui n'ont pas encore été
choisies. La collecte et l'analyse de ces données permettront de développer de
meilleures pratiques dans les appels à solutions et de rendre le fonctionnement
de l'appareil gouvernemental plus efficace.
Nous proposons également que le
gouvernement détermine des cibles précises sur les contrats octroyés à
entreprises en expansion québécoises versus ceux octroyés à des grandes
entreprises, souvent étrangères, qui ne possèdent pas de siège social au
Québec. Ces données importantes permettraient au gouvernement de mieux
connaître et de mieux utiliser l'expertise des entreprises locales.
Maintenant, pour Infrastructures
technologiques Québec. Avant de définir sa mission, telle que présentée à
l'article 3, en page 19, le CCI propose de définir clairement les paramètres de
la gouvernance de l'information, qui détermineront les besoins de sécurité en
fonction de leurs risques et de leur résilience requise. Puisque le
gouvernement veut s'assurer que tous les organismes connaissent une
transformation numérique optimale, les enjeux reliés à la catégorisation et à
la traçabilité des données sont cruciaux. Il est donc très important de bien
définir le cadre qui facilitera le développement et la gestion de la
cybersécurité des plateformes infonuagiques gouvernementales.
Enfin, sur une note positive, nous nous
réjouissons que ce projet de loi propose de modifier la Loi sur
l'administration publique afin, et j'ouvre les guillemets, «de s'assurer que
les organismes publics mettent en place les meilleures pratiques en matière de
cybersécurité, notamment par la mise en place de stratégies».
Merci de votre attention. Je cède
maintenant la parole à un de nos membres et non le moindre, Patrice Gilbert,
P.D.G. de PetalMD.
M. Gilbert (Patrice) :
Bonjour, M. le Président, M. le ministre. C'est bien humblement aujourd'hui que
je me présente devant vous comme un des 20 membres du CCI avec une certaine
expérience, et ça me fera plaisir de répondre à vos questions. Donc, mon
parcours professionnel est le suivant : je suis un produit de l'ingénierie
québécoise, donc j'ai étudié en ingénierie après avoir eu la chance d'avoir
participé à des succès d'entreprise. À 35 ans, j'ai décidé de fonder la mienne
avec mes propres capitaux, et ensuite des anges financiers québécois ont
investi dans l'aventure.
Donc, aujourd'hui, PetalMD
emploie 125 personnes. On a déployé nos solutions de Vancouver jusqu'au
Nouveau-Brunswick et on exporte notre propriété intellectuelle en Belgique, en
Suisse et en France. Il y a plusieurs médecins et professionnels de la santé au
Canada, tout près de 50 000 personnes, qui utilisent à chaque jour notre
propriété intellectuelle sur une base infonuagique. Nos clients sont des
médecins, des cliniques médicales, des hôpitaux et des gouvernements.
Donc, aujourd'hui, j'ai certaines
expériences dans l'accès de projets pilotes, donc, qui peuvent aider des
petites entreprises à accéder aux grands donneurs d'ordres. On a eu aussi
beaucoup d'expériences dans travailler par rapport aux appels à solutions,
contrairement à avoir des devis qui sont extrêmement détaillés, pour les mettre
en relation avec la vitesse à laquelle se développe la technologie, et ensuite,
finalement, de développer des stratégies différentes de celles d'acquérir une
propriété intellectuelle de la part du gouvernement pour se protéger. Donc, il
existe d'autres moyens de se protéger que de vouloir acquérir une propriété
intellectuelle en ces jours d'infonuagique.
Donc, je serai ouvert à répondre à vos
questions et, bien humblement, à vous exposer un peu quelle a été notre
expérience et quelles sont nos recommandations par rapport au nouveau projet de
loi.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour une période
maximale de 16 minutes.
M. Dubé : Bien, écoutez, je
trouve intéressant... Premièrement, je veux vous féliciter parce que les gens
qui partent leur entreprise et qui réussissent aujourd'hui à avoir plus d'une
centaine d'employés dans un domaine aussi compétitif à l'échelle nationale...
Je dois vous dire que je suis toujours impressionné de rencontrer des
entrepreneurs. Alors...
M. Dubé : …intéressant. Premièrement,
je veux vous féliciter, parce que des gens qui partent leur entreprise et qui
réussissent aujourd'hui à avoir plus d'une centaine d'employés dans un domaine
aussi compétitif à l'échelle nationale, je dois vous dire que je suis toujours
impressionné de rencontrer des entrepreneurs, alors je pense que c'est intéressant
de vous entendre sur nos projets de loi et particulièrement dans la partie que
je dirais de la spécialisation de nos services, soit du côté des achats, mais particulièrement
aussi, avec les infrastructures technologiques, parce que ça se recoupe un peu.
J'aimerais peut-être préciser par la présentation
aussi de votre collègue, parce que, d'un côté, on dit qu'on veut avoir de plus
en plus une masse critique au niveau de nos achats pour avoir des catégories de
spécialités, hein? On peut passer… on a eu plusieurs personnes qui sont venues
nous parler d'achats médicaux. On veut regrouper les gens de Collecto pour
aller chercher… puis aussi une masse critique au niveau de l'Éducation. Là,
vous nous parlez du côté, par exemple, des TI, c'est un autre domaine. Alors,
c'est… je vous dirais qu'en termes philosophiques, si je regarde notre
groupement d'achats que l'on veut faire, il y a vraiment une catégorisation
d'expertises qu'on veut avoir. Et plus on aura une masse critique, plus on va
être capables d'avoir les bons experts dans ces catégories d'achat là. Ça va?
Bon, ça c'est du côté des achats.
Lorsqu'on parle de l'infrastructure
technologique, là, je voudrais vous entendre un peu, parce que j'ai dit que, et
je veux bien que les gens comprennent un peu la dichotomie de ce que j'ai dit
tout à l'heure dans une autre présentation, d'un côté, on est en train de voir
comment on peut avoir cette structure-là la plus efficace, avec des
spécialités, donc ça s'applique aussi à l'infrastructure technologique, mais en
même temps, on n'est pas ici aujourd'hui pour discuter de l'infonuagique par
rapport à nos 500 quelques centres. Par contre, j'aimerais profiter de votre
présence pour en entendre parler, parce que c'est toujours la même chose.
On sait ce qu'est l'objectif du projet de
loi, mais en même temps, vous avez une expertise en infonuagique. Et
j'aimerais… si vous étiez à notre place et que vous avez ces choix-là à faire
au cours des prochaines années, puis on veut vraiment devenir un groupe qui est
dans les bonnes technologies et qui le fait de la bonne façon, j'aimerais vous
entendre un peu avec votre expérience. À quoi on devrait réfléchir sur la
question de l'infonuagique, pour un fournisseur comme vous qui avez une base
québécoise, etc.? Alors, je… profiter de cette occasion-là, puis je pense que
c'est un peu le forum que vous vouliez avoir aujourd'hui, ça fait que je veux
vous donner le maximum de temps pour peut-être plus vous concentrer sur
l'infonuagique ou sur un autre sujet, mais j'aimerais vous entendre sur
celui-là en premier.
M. Gilbert (Patrice) : Bien,
merci beaucoup, M. le ministre, pour cette occasion. Donc, l'infonuagique,
qu'est-ce que ça représente dans les sociétés modernes? C'est la capacité de
développer de l'innovation à moindre coût. Donc, les coûts ont vraiment
diminué. Mon grand-père n'aurait pas eu l'opportunité de démarrer une
entreprise avec les coûts financiers que ça représentait et les
investissements. Aujourd'hui, un développeur bien formé n'a pas besoin de
grand-chose, parce que les coûts de l'infonuagique ont vraiment, vraiment
diminué, ce qui fait que les gens dans notre société ont l'opportunité de créer
beaucoup de propriété intellectuelle et beaucoup d'innovation de manière
beaucoup plus rapide. Dans les 20 dernières années, les coûts de développement
logiciel ont beaucoup diminué.
Cependant, il y a beaucoup de changements,
donc on ne peut pas s'asseoir sur une propriété intellectuelle qui resterait
longtemps. Donc, il faut constamment investir, et c'est pourquoi l'industrie a
arrêté de vendre du logiciel, et maintenant, on vend des services à nos
clients. On ne vend plus de la ligne de code. La ligne de code, le fournisseur,
il va la maintenir lui-même, basé sur les niveaux de service qui sont vendus.
Donc, on appelle du «software as a service». C'est un concept qui existe dans
l'industrie depuis une vingtaine d'années.
Donc, ce… pour nous, ce qui est offert
présentement, c'est d'avoir accès à des services infonuagiques à moindre coût,
ce qui nous permet de nous concentrer sur la mince couche d'innovation très,
très proche de nos clients. Dans notre cas, nous, ça a été de comprendre comme
il faut les problèmes des médecins pour apporter une valeur ajoutée très
rapide. Donc, on n'a pas eu à investir des sommes importantes dans le
développement d'infrastructures qui deviennent caduques très rapidement et de
se concentrer sur l'étage d'innovation. Quand on arrive pour travailler avec le
gouvernement, il y a un blocage à ce moment-là, parce qu'on a développé une
certaine propriété intellectuelle, qui roule déjà en infonuagique, et là, on a
de la misère à voir comment on pourrait s'arrimer pour apporter cette
innovation-là à un gouvernement.
M. Dubé : Je ne veux pas vous
interrompre, mais je veux que vous donniez, si vous pouvez, parce qu'on a le
forum pour ça, là, prendre le temps, l'exemple que vous avez fait par exemple
avec les médecins, juste pour nous… que les gens puissent comprendre,
pratico-pratique, là, ce que vous avez fait avec eux.
• (17 h 20) •
M. Gilbert (Patrice) : Donc,
bien, au début, en 2010, on s'est attaqué au problème de génération des
horaires des médecins. Donc, quand on a fait des entrevues en tant que
fondateurs et… création de valeur, bien, les médecins nous ont dit : On a
vraiment des problèmes avec nos horaires. Donc,…
M. Dubé : ...pour que les gens
puissent comprendre pratico-pratique, là, ce que vous avez fait avec eux.
M. Gilbert (Patrice) : Bien,
au début, en 2010, on s'est attaqué au problème de génération des horaires des
médecins. Donc, quand on a fait des entrevues en tant que fondateur et création
de valeur, mais les médecins nous ont dit : On a vraiment des problèmes
avec nos horaires. Donc, notre réaction, ça a été : Bien, prenez Outlook.
Ils nous ont dit : Non, non, ça ne marche pas comme ça. Quand, moi, je
suis de garde, mon collègue n'est pas de garde et là qu'est-ce qui va être au
bloc opératoire? Donc, les médecins, dans leur création de disponibilité
hospitalière ou en clinique médicale, avaient un problème. Donc, on a inventé
de l'intelligence artificielle pour permettre aux médecins de sauver du temps
sur la création de son horaire.
Donc, c'est un petit problème, on l'a
réglé. Donc, pour une vingtaine de médecins, bien, ils passent beaucoup moins
de temps et, à ce moment-là, les horaires restent tout le temps à jour. Donc,
on a déployé ça environ à 5 000, 6 000 médecins, et là les hôpitaux
nous ont appelés puis ils nous ont dit : O.K. D'accord. Vous, vous avez
dans vos bases de données, l'horaire de mes médecins à jour, tandis que, moi,
j'utilise une dactylo, un fax pour savoir si mes médecins sont présents ou non.
Donc, est-ce qu'on pourrait travailler avec vous? Donc là, on s'est attaqué à
un problème plus important, là, le problème de l'hôpital où on a agrégé ce qui
était dans nos bases de données en infonuagique. Donc là, présentement, on
travaille avec les hôpitaux, mais parce qu'on avait la donnée en infonuagique,
à travers le Canada, de tous les médecins, mais même si le médecin travaille à
une clinique l'autre côté de la rue, même s'il travaille dans deux
établissements, étant donné que c'est en infonuagique, on est capables d'amener
ça rapidement et à un coût moindre, l'information à l'hôpital. donc, à mesure
qu'on avance, étant donné qu'on a une base de données centralisées, on est
capable d'offrir ces services-là avancés. Je vous fais le parallèle. Si notre
logiciel avait été déployé unitairement dans chaque hôpital ou dans chaque
clinique, il n'y a pas de base de données commune, puis on ne sait pas les
médecins travaillent où, ou tout ça. Donc, c'est vraiment l'avantage d'avoir
amené ça.
Puis il y a une multitude de solutions
qu'on peut imaginer pour un fournisseur comme le vôtre pour vous donner les
sécurités contractuelles et pour pouvoir utiliser ces leviers-là. C'est ça qui
m'anime, en tant que citoyen puis en tant qu'entrepreneur, de voir comment,
ensemble, on peut vous fournir les protections contractuelles, les protections
nécessaires que le gouvernement va requérir en termes de protection des
données, de synchronisation de l'information, mais de quand même avoir les
leviers de l'infonuagique qui vont nous permettre d'obtenir ces objectifs à moindre
coût.
M. Dubé : On entend, puis là
je ne veux pas aller soit dans la compétition, parce que je préfère être très
prudent de ce qui se passe en ce moment, sur les marchés, entre autres, là,
dans la protection de données, vous êtes au courant des expériences de hacking
qui est arrivé récemment, parlez-moi un peu de ça, cette sécurité des données
dans un contexte d'infonuagique, là.
M. Gilbert (Patrice) : Donc,
nous, en tant que fournisseurs, évidemment, ça reste toujours quelque chose qui
est très important. Donc, ce qu'on fait, c'est qu'on recherche toujours à aller
vers les fournisseurs d'infrastructures matérielles qui vont nous offrir la
plus grande protection. Donc là, depuis que, nous, on distribue en Europe, donc
il y a toutes les règles de protection de la vie personnelle, il y a des
données qui sont très, très difficiles. Don, en Europe...
M. Dubé : Les exigences sont
plus...
M. Gilbert (Patrice) :
...c'est la norme GDPR. Donc là, à ce moment-là, on est toujours obligés de
fournir des preuves de notre «stack» logiciel qui permet à nos clients
justement d'avoir ces vérifications-là. Donc, il y a des fournisseurs qui sont
sur le marché, qui sont Amazon, Google ou Azure. Et, nous, on a décidé de
suivre le gouvernement du Québec qui a octroyé à un fournisseur la gestion de
ses courriels dans le ministère de la Santé. Donc, nous, on s'est mis en
arrière d'eux, puis on bénéficie des mêmes normes que le gouvernement
bénéficie. Donc, on fait la même chose en France, on regarde beaucoup ce que
les gouvernements choisissent en infonuagique pour protéger leurs données. Et,
nous, on tend à choisir les mêmes fournisseurs pour bénéficier des mêmes
protections.
M. Dubé : Et, si je vous
demandais, maintenant, je me remets du côté des achats, dans... puis, encore
une fois, on n'est pas dans les pratiques d'achat, mais si on avait, dans un
deuxième temps, une fois qu'on aura réglé les structures, quelles sont les
meilleures pratiques qu'on pourrait avoir qui sont un peu particulières avec
des achats de services, soit en SAS ou en autre chose, dites-nous comment on
pourrait peut-être commencer à penser à acheter différemment ou correctement
pour aller chercher les meilleurs services?
M. Gilbert (Patrice) : Ce que
j'ai aimé beaucoup dans le projet de loi, c'est de rassembler et d'unifier
l'expertise. Les technologies avancent à vitesse grand V, et ce qui guette
comme challenge entre l'État et beaucoup de projets innovateurs qui démarrent,
c'est justement cette distance-là de compréhension. Donc là, mais finalement
les gens ne demandent pas ce qui est disponible au meilleur coût. C'est la même
chose dans notre secteur, on doit continuellement garder les pratiques, engager
des jeunes qui nous amènent des nouvelles manières de faire. Donc, je crois
qu'on doit avoir la même compréhension pour se retrouver sur un même langage, à
savoir qu'est-ce qui est un risque, qu'est-ce qui n'est pas un risque,
qu'est-ce qui est une bonne pratique. Et ce fait-là, d'avoir une expertise qui
est à hauteur, je crois, va nous amener un dialogue qui va être propice...
M. Gilbert (Patrice) :
...manière de faire. Donc, je crois qu'on doit avoir la même compréhension,
pour se retrouver sur un même langage, à savoir qu'est-ce qui est un risque?
Qu'est-ce qui n'est pas un risque? Qu'est-ce qui est une bonne pratique? Et, ce
fait-là, d'avoir une expertise qui est à hauteur, je crois, qui va nous amener
un dialogue qui va être... qui va être propice à avoir une situation
gagnante-gagnante entre le secteur privé et le secteur public.
M. Dubé : O.K. Je vais passer peut-être
la parole à mes collègues pour continuer. Moi, je vous écouterais, en tout cas,
je vous poserais encore plusieurs questions, mais je vais peut-être donner la
chance à mes collègues de continuer.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré et bientôt aussi île
d'Orléans.
Mme Foster : Merci, M. le
Président. Merci, messieurs, pour votre présentation, qui est très éclairante
et très intéressante. C'est un peu différent de ce qu'on a vu jusqu'ici.
Vous avez parlé de quelque chose, tout à
l'heure, dans votre présentation, qui a piqué ma curiosité et puisque le ministre
l'a si bien dit, nous avons la tribune pour prendre un peu de temps, j'aimerais
que vous m'en parliez davantage. Vous avez parlé de solutions pour les petites
entreprises face aux grands donneurs d'ordres et de projets pilotes.
J'aimerais vous entendre davantage là-dessus.
M. Gilbert (Patrice) : Donc,
l'avantage qu'on... en tant que Québécois et entrepreneurs québécois, c'est si
on a la chance de faire des preuves de concept et des projets pilotes avec les
grands donneurs d'ordres, qui sont réputés aussi à l'international, comme des hôpitaux
réputés ou d'autres donneurs d'ordres, ça nous amène un avantage concurrentiel
indéniable quand va faire des représentations à l'extérieur de notre province,
pour dire : Bien oui, on a eu un projet chez nous, puis on a été capables
de le tester, et d'itérer. Donc, les frais de déploiement, et d'itération, et
de validation de retour sur l'investissement, quand ça, on a eu la possibilité
de faire ça chez nous, bien ça nous amène des chances d'exporter notre
savoir-faire et de créer de la richesse chez nous, qui... C'est un avantage
indéniable.
Quand on n'a pas ça, bien on se fait
dire : O.K., ça fait que finalement, toi, tu viens nous voir, un hôpital
en Ontario ou en Europe, mais toi, chez toi, il n'y a personne qui te veut. Ça
fait que là, bien, c'est ça.
Mme Foster : O.K. Je
comprends, c'est bon. Moi, c'est tout.
M. Dubé : Est-ce que j'ai le
droit de revenir? Parce que ça...
Le Président (M. Simard) : Bien
sûr. Bien sûr. Bien sûr, il vous reste 3 min 50 s, monsieur.
M. Dubé : Écoutez, vous avez
été... Vous avez été capables de convaincre des clients qui sont assez
exigeants. Vous donniez l'exemple des médecins. Alors, j'aimerais ça savoir
quelles sont les conditions gagnantes pour cette transformation numérique qu'on
veut faire avec l'ensemble de la fonction publique. Tu sais, la résistance au
changement, elle est normale, on la comprend. Vous avez été capables de
convaincre des gens, des fois de changer soit leur processus d'affaires. J'aimerais
vous entendre sur des... quelques petits éléments de recette pour ce qu'on est
en train de faire, en termes de transformation numérique.
M. Gilbert (Patrice) : Bien,
pour moi, c'est le contrôle. Donc, la gestion du changement ne doit pas apporter
une perte de contrôle de l'État. Et souvent, les mécanismes de contrôle
changent avec les technologies.
Donc, il faut être en...
M. Dubé : Donnez-moi un
exemple, pour que je saisisse bien votre propos.
M. Gilbert (Patrice) : Par
exemple, un exemple de propriété intellectuelle. Donc, si, dans un appel
d'offres, on me demande de laisser ma propriété intellectuelle, bien c'est
juste impossible. Je veux dire, chez PetalMD, il y a 150 «laptops» puis 125
employés, puis toute notre valeur d'entreprise est dans notre propriété
intellectuelle. Donc, mon conseil d'administration, des gens qui ont investi
leur argent après avoir payé leurs impôts chez nous à grand risque pour qu'on
développe un savoir-faire, ne vont jamais accepter qu'on laisse...
M. Dubé : Mais ça, c'est pour
votre perspective à vous...
M. Gilbert (Patrice) : Oui,
mais...
M. Dubé : ...en tant que
fournisseur.
M. Gilbert (Patrice) : Exact.
M. Dubé : O.K.
M. Gilbert (Patrice) : Exact.
Donc, là, cependant, il y a un paquet de moyens aujourd'hui qui existent pour
que l'État puisse se protéger en cas qu'on fasse faillite.
M. Dubé : O.K.
M. Gilbert (Patrice) : Donc,
mettre le code en «escrow» d'avoir une synchronisation des données, par exemple;
d'avoir un paquet de mécanismes qui vous protègent.
M. Dubé : D'où votre point
initialement que ce n'est pas la propriété qui la plus importante. C'est le
contrôle de cette propriété-là. C'est ce que vous disiez au début de votre
présentation.
M. Gilbert (Patrice) : Oui,
exact. Donc, là, bien, mon exemple avec vous, c'est que dans cette transformation-là,
ça ne veut pas dire que l'État laisse aller un contrôle. Je dis qu'il y a des
moyens différents aujourd'hui de bénéficier des technologies qui sont plus
rapides et plus agiles. Cependant, il y a des moyens de contrôle qui sont plus
rapides et plus différents.
M. Dubé : Mais ma question
était plus... bien, ça, est un autre point important que vous venez de
soulever, mais comment convaincre les gens, des utilisateurs... Moi, je suis
plus, parce que je disais, on le sait, des médecins, c'est des clients faciles.
M. Gilbert (Patrice) : Oui.
M. Dubé : Alors, donc, si vous
pensez que vous avez pu les convaincre à changer des processus, comme... C'est
quoi, les petits trucs qu'on va avoir avec nos gens de la... à qui on veut
donner un des meilleurs outils, mais d'être ouvert à la transformation
numérique dont on parle?
M. Gilbert (Patrice) : Mais,
encore une fois, c'est le contrôle. Quand nous, on va voir les médecins puis on
leur dit : Vous aller changer un mode papier qu'ils connaissent, que ce
soit en facturation médicale, en gestion des rendez-vous ou en gestion des
horaires, on passe d'un processus papier qu'ils contrôlent à un processus
numérique, bien, c'est encore une fois de redéfinir avec eux : Non, vous
restez en contrôle, ce n'est pas la machine qui va prendre le contrôle.
• (17 h 30) •
Donc, il y a une transformation, voici les
avantages, mais l'humain en arrière ne se fera pas dicter rien par une machine.
Ça vous aide à aller, ça vous aide à améliorer. Ça fait que pour moi encore, la
gestion du changement, c'est une question de garder...
17 h 30 (version non révisée)
M. Gilbert (Patrice) :
...qu'ils contrôlent à un processus numérique, bien, c'est encore une fois de
redéfinir avec eux : Non, vous restez en contrôle, ce n'est pas la machine
qui va prendre le contrôle. Donc, il y a une transformation, voici les
avantages, mais l'humain en arrière ne se fera pas dicter rien par une machine,
ça vous aide à aller, ça vous aide à améliorer. Ça fait que pour moi encore, la
gestion du changement, c'est une question de garder le contrôle avec un angle
différent. Que ce soit un utilisateur qui change ses pratiques ou que ce soit justement
un gouvernement qui veut profiter d'un nouvel angle, ça reste dans une question
de contrôle, puis ça, je pense que c'est important.
M. Dubé : O.K. Bon. Alors,
écoutez, moi, je n'ai... il ne me restera plus de temps avec mes collègues,
mais je veux trouver... vous dire que la présentation a été très intéressante
et à propos. Alors, merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. M. le député de La Pinière, à moins que la députée de Vaudreuil...
Non. M. le député de La Pinière.
M. Barrette : Alors, bien, je
vais être relativement bref, là, on s'est déjà rencontrés...
M. Gilbert (Patrice) : Oui,
M. Barrette, oui.
M. Barrette : ...dans
différents dossiers. D'ailleurs, vous y avez fait référence il y a quelques
instants, et je vais y revenir.
Les médecins, ce n'est pas des clients si
difficiles, et les médecins sont toujours à la recherche de quelque chose qui
simplifie leur vie, comme tout le monde dans la vie. Alors, quand la solution
simplifie la vie... Puis ce n'est pas des clients difficiles, au contraire,
c'est d'excellents clients qui sont en moyens en plus, ça fait qu'ils ne
regardent pas à la dépense. Alors, c'est comme ça que ça arrive, là...
M. Dubé : Et c'est vous qui le
dites, c'est vous qui le dites.
M. Barrette : Je le sais. Mais
là je ne pratique plus, ça fait que ça ne me concerne pas vraiment.
Ceci étant dit, vous avez parlé... vous
avez fait référence à deux, trois éléments, puis, pour le bénéfice de tout le
monde, là, on va juste apporter quelques éclaircissements.
Quand vous parlez de contrôle, vous parlez
du contrôle de votre propriété intellectuelle.
M. Gilbert (Patrice) : C'est
un exemple.
M. Barrette : Bon. Parce que
vous êtes dans un univers essentiellement où vos revenus et vos bénéfices nets
viennent des redevances.
M. Gilbert (Patrice) : On
loue des services et on est rémunérés pour les services qu'on rend.
M. Barrette : Donc... Et c'est
parce que ce sont des applications. Moi, je la connais, votre application, évidemment,
mais ce n'est pas tout le monde qui la connaît autour de la table, là. Mais
vous donnez un service qui est excellent, tout le monde le sait, c'est
excellent. Mais vous êtes dans un univers qui fait en sorte que le moteur,
c'est la redevance. Parce que, ça, ça amène à la question : Comment...
Quelles sont les conditions raisonnablement gagnantes qui vont faire en sorte
qu'une entreprise comme la vôtre va réussir à faire affaire avec le gouvernement
dans une situation contractuelle où le gouvernement va y trouver son compte? Et
je reprends l'exemple que je vous ai déjà donné dans le passé. C'est sûr que
dans un univers où l'entreprise a un modèle où, principalement, les revenus et
les profits viennent de la redevance, on se trouve dans le modèle Microsoft — puis
là, je ne dis pas ça méchamment pour Microsoft, maintenant il y en a d'autres — où
chaque ordinateur paie une redevance ad vitam aeternam, même s'il n'y a pas
nécessairement de grands changements du logiciel. Puis là j'exagère pour
Microsoft, mais pour certaines applications, puis je ne fais pas référence à la
vôtre, il y a des applications qui ne bougeront pas, là, essentiellement,
pendant 15 ans, là, certainement 10, même si l'environnement technologique a
changé, puis on paie encore la redevance.
Alors, comme dans le passé ça ne s'est pas
réalisé, ce dont je parle, aujourd'hui, après l'expérience que vous avez...
Parce que vous avez dit une affaire, vous aussi, là, vous avez dit : Nous,
on aimerait ça... On va ailleurs pour leur dire : Vendez-vous chez vous,
mais, si on ne vend pas chez nous, ça paraît mal. C'est correct. Moi, j'ai
toujours été d'avis qu'on devait mettre en place des mécaniques contractuelles
qui faisaient en sorte que notre innovation pouvait entrer, que le Québec
pouvait être une vitrine, mais qu'on pouvait, comme gouvernement, se prémunir
contre la redevance éternelle d'un produit qui ne va pas toujours évoluer, donc
condition gagnante-gagnante entre une entreprise qui va avoir une vitrine au
Québec et qui va croître et aller à l'international et probablement avoir plus
de revenus nets dans ses poches par l'international, l'international étant hors
gouvernement du Québec, tu sais, on va juste dire ça comme ça, qu'au
gouvernement du Québec. Pour moi, l'enjeu, il est là. Alors, vous avez
expérimenté le Québec, là, puis ça... on ne s'est pas entendus, là. Alors,
depuis le temps, là, est-ce qu'aujourd'hui vous vous... Puis là, ce n'est pas
une critique que je fais, là, puis je ne veux pas revenir sur le passé. Mais,
depuis le temps, est-ce que vous voyez des modèles qui feraient en sorte que ce
serait gagnant-gagnant dans le sens où je l'ai exprimé? Puis c'est sûr que dans
la vraie vie, là, ça signifie, là, que de rentrer dans une relation avec
l'État, ce n'est peut-être pas aussi profitable que ça pourrait l'être, mais ce
n'est pas à perte, mais ça donne une opportunité de croître, quitte à quitter
après, là.
M. Gilbert (Patrice) : Donc,
mes réactions à vos commentaires sont les suivantes. Donc, il ne faut pas
oublier...
M. Barrette : ...signifie, là,
que de rentrer dans une relation avec l'État, ce n'est peut-être pas aussi
profitable que ça pourrait l'être, mais ce n'est pas à perte. Mais ça donne une
opportunité de croître, qui est acquittée après, là.
M. Gilbert (Patrice) : Donc,
mes réactions à vos commentaires sont les suivants. Donc, il ne faut oublier
que la pérennité du logiciel, elle n'existe pas. Donc, même si vous faites
l'acquisition de lignes de code sur un DVD aujourd'hui, après cinq ans, c'est
terminé, là, ça ne communique plus avec les téléphones intelligents, ça ne
communique plus avec rien, et les coûts de recoder, bien, il n'y en a plus de
valeur. Donc, la valeur de la ligne de code se déprécie grandement. C'est pour
ça que la planète entière est passée en mode de souscription. Ça veut dire
quoi? Ça veut dire qu'on me demande de livrer un service, puis, peu importe les
moyens que je prends pour livrer ce service-là, en termes de technologies,
c'est ma responsabilité, face à mon client, de les livrer. Donc, là, il y a un
prix que ça vaut, de ça. On peut déterminer le prix, est-ce que le prix est
satisfaisant ou pas, mais je crois que la pérennité du logiciel aujourd'hui,
pour des grandes organisations et même des grandes compagnies, on s'en va tous
vers un modèle comme ça. La majorité des logiciels que nous achetons pour
développer les nôtres sont faits dans un modèle de souscription.
Donc, ce qu'on a aussi, c'est que par les
manques d'évolution, je comprends, mais il faut se donner des mécanismes. Quand
nous, on consomme des logiciels à souscription chez PetalMD, bien, on
s'organise pour ne pas être esclave de juste une compagnie et de ne pas
pouvoir, après cinq ans, si on trouve qu'il y a eu un manque d'évolution puis
qu'ils ont perdu leur avantage concurrentiel, bien, ça va nous permettre de
changer à ce moment-là. Et c'est ces mécanismes-là qu'il faut développer pour
pas que le gouvernement se retrouve dans une situation prison d'un fournisseur
en tant que tel. Mais je pense qu'il y a des moyens pour corriger ça, mais pas
de se retrouver d'un propriétaire étatique de ligne de code.
M. Barrette : Moi, ma réplique
à ça, là, parce qu'on échange, puis je trouve ça très intéressant et très
constructif, vous savez, là, dans le système de santé, par exemple, et dans le
gouvernement en général, là, moi, je l'utilise encore à tous les jours, mais on
fonctionne encore avec Excel 2013, là, pas 2013, c'est-à-dire 2003, 2013, ça
serait déjà beau, là, 2003. On est encore là puis ça fait la job qu'on a à
faire. Le point que je veux faire ici, là, c'est qu'il y a des services dont
on... pour lesquels on est très satisfaits puis qui sont très, très utiles et
il y a des services qui ne se déprécient pas tant que ça, là. Je comprends tout
votre point puis je suis d'accord avec ce que vous dites, mais il arrive à un
moment donné des situations mitoyennes. D'où ma question : Il y a-tu moyen
de moyenner, vu de votre angle avec l'État, pour faire en sorte qu'on puisse en
arriver à quelque chose qui est mutuellement gagnant?
M. Gilbert (Patrice) : Je
crois que oui, et puis, ça, je crois que l'ensemble des membres du CCI vont
vous répondre la même chose. On est là pour faire des affaires, il y a toujours
moyen de moyenner. Cependant, il y a des fois des choses technologiques qu'on
ne peut pas faire. Par exemple, si on me dit : Prends un morceau de ton
code technologique et viens le porter sur un ordinateur à quelque part dans...
bien là, ça ne marche pas, je ne suis pas capable de faire ça. Donc, il y a des
choses qu'on est capable de faire pour s'entendre sur la génération de valeurs
communes, sur le «win-win», sur un contrat de protection, sur des mécanismes de
contrôle, absolument, mais il y a là où il y a une expertise technologique où
il faut être en mesure de discuter ensemble sur ce qu'on est capable de faire
ensemble sans nécessairement ne pas profiter de l'infonuagique qui nous permet
d'être très agiles. Mais absolument.
M. Barrette : Puis ça va être
sans doute ma dernière question, là, parce que vous y avez fait référence, vous
aussi, le ministre aussi, avec justesse. Je comprends que vous vous enlignez sur
un fournisseur de services qui a ses normes, parce que, vous, votre
application, là, il y a une grande partie qui est du courriel là-dedans ou du
transfert de ce genre de données là. Maintenant, quand on arrive avec du...
M. Gilbert (Patrice) : Non,
il n'y a pas de courriel.
M. Barrette : Je m'exprime
mal.
M. Gilbert (Patrice) :
Excusez, je veux juste être sûr qu'on dise les bonnes affaires. Il n'y a pas de
courriel parce que, ça, ce n'est pas sécure.
M. Barrette : Non, non, non.
Quand vous vous enlignez sur Microsoft, c'est pour être derrière ce bouclier de
sécurité là, là, quand vous faites affaire avec les gouvernements.
M. Gilbert (Patrice) : Donc,
nous, ce qu'on fait, c'est qu'on analyse nos fournisseurs de machines
physiques.
M. Barrette : C'est ça.
M. Gilbert (Patrice) : Donc,
les bases de données, les infrastructures physiques d'accès à Internet, et tout
ça. Donc, on analyse les... donc toutes les règles gouvernementales dans tous
les pays et on prend les meilleurs fournisseurs qui nous assurent le respect de
ces règles-là.
M. Barrette : C'est ça. Bien,
en fait, je me suis mal exprimé, mais c'est ça que je voulais dire.
M. Gilbert (Patrice) : Oui,
parfait.
M. Barrette : Vous faites
toujours ça.
M. Gilbert (Patrice) : Oui.
M. Barrette : Ça fait qu'il
n'y a pas de possibilité pour vous de vous faire... pas prendre en défaut, ce
n'est pas vraiment l'expression que je cherche, là, vous allez toujours être
compatible en termes de normes de sécurité parce que votre fournisseur est
compatible.
• (17 h 40) •
M. Gilbert (Patrice) : Oui.
Puis là, ce qu'on fait, c'est qu'on se garde une agilité pour ne pas se faire
prendre, pour être seulement compatible avec un fournisseur. Donc, on garde le
contrôle pour pouvoir déménager notre application...
M. Barrette : …vous faire… pour
prendre rendez-vous, ce n'est pas vraiment l'expression que je cherche, là,
vous allez toujours être compatible, en termes de normes de sécurité, parce que
votre fournisseur est compatible.
M. Gilbert (Patrice) : Oui.
Puis là, ce qu'on fait, c'est qu'on se garde une agilité pour ne pas se faire
prendre, pour être seulement compatible avec un fournisseur. Donc, on garde le
contrôle pour pouvoir déménager notre application si jamais le fournisseur se
fait dépasser. Puis on va être capables d'amener le logiciel PelalMD vers un
autre fournisseur qui pourrait être plus avantageux, ou moins cher, ou avoir
des meilleures normes de sécurité.
M. Barrette : O.K. J'avais dit
que ça serait ma dernière question, mais ça ne l'est pas, ce n'était pas vrai.
J'en avais oublié une. Mais ce n'est pas une question. J'aimerais juste que
vous insistiez, là, pour le bénéfice de tout le monde, là… Un de mes chevaux de
bataille, c'est la force de la donnée qui soit uniforme et centralisée. Vous
avez dit vous-même, là… ce n'est pas simplement l'infonuagique, votre force.
C'est le fait que par ça, mais ça ne serait pas… l'infonuagique, ça marcherait
pareil, là, vous seriez sur un serveur à distance, ça marcherait pareil, mais
la force de votre infonuagique, c'est que vous avez une donnée très détaillée,
peu importe le site, peu importe la circonstance, peu importent les
utilisateurs, et elle est centrale…
M. Gilbert (Patrice) : Exact.
M. Barrette : …ce qui signifie
que votre application, à tout moment, peut interroger votre réseau de clients
et sortir une réponse.
M. Gilbert (Patrice) :
Absolument.
M. Barrette : Ça, ça veut dire
que vous pouvez faire des analyses statistiques, vous pouvez faire des analyses
de ci, vous pouvez faire des analyses de ça. C'est infini, ce que vous pouvez
faire.
M. Gilbert (Patrice) : Oui,
absolument. Très bien.
M. Barrette : Et la condition
est que c'est centralisé. N'est-ce pas?
M. Gilbert (Patrice) :
Absolument.
M. Barrette : Retenez ça, M.
le président du Conseil du trésor.
Le Président (M. Simard) :
Alors, MM. Lortie et Gilbert, merci beaucoup pour votre présence parmi nous.
Cela clôt nos travaux pour aujourd'hui. J'ajourne donc notre session jusqu'au
mardi 29 octobre prochain.
(Fin de la séance à 17 h 42)