Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
mercredi 8 février 2023
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Vol. 47 N° 6
Consultations particulières et auditions publiques sur le document de consultation sur le Régime de rentes du Québec intitulé Un régime adapté aux défis du 21e siècle
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Beauchemin, Frédéric
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Ghazal, Ruba
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Mallette, Carole
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Montigny, Yves
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Beauchemin, Frédéric
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Caron, Linda
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Ghazal, Ruba
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Beauchemin, Frédéric
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Caron, Linda
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Ghazal, Ruba
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Bélanger, Gilles
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Mallette, Carole
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Beauchemin, Frédéric
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Beauchemin, Frédéric
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Simard, Jean-François
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Ghazal, Ruba
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Beauchemin, Frédéric
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Simard, Jean-François
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Beauchemin, Frédéric
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Ghazal, Ruba
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Mallette, Carole
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Girard, Eric
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Allaire, Simon
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Bélanger, Gilles
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Mallette, Carole
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Montigny, Yves
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Beauchemin, Frédéric
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Caron, Linda
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Ghazal, Ruba
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Mallette, Carole
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Girard, Eric
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Montigny, Yves
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Bélanger, Gilles
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Beauchemin, Frédéric
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Beauchemin, Frédéric
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Mallette, Carole
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Cadet, Madwa-Nika
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Ghazal, Ruba
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, bonjour. Bienvenue à tous. Je constate que nous avons quorum.
Conséquemment, nous sommes en mesure de débuter nos travaux.
Mais avant, bien entendu, toutes nos
pensées accompagnent les familles, les parents, les enfants, les employés de
Laval, du quartier de Sainte-Rose, lourdement éprouvés cet avant-midi par les
événements que vous connaissez. Et d'où nous sommes, ici, au Parlement, nous
sommes en complète solidarité avec tous ceux qui sont touchés.
Chers amis, j'aurais besoin, avant de
poursuivre nos travaux, d'un petit consentement pour que nous puissions aller
au-delà du temps prévu, afin de vous conserver l'entièreté de vos temps de
parole. Il y a consentement? Consentement. Alors, comme vous le savez, notre
commission est réunie afin de procéder aux consultations <particulières...
Le Président (M. Simard) :
...commission
est réunie afin de procéder aux consultations >particulières et aux
auditions publiques sur le document de consultation sur la Régie de rentes du
Québec intitulé Un régime adapté aux défis du 21e siècle.
Alors, Mme la secrétaire, bonjour. Y
aurait-il des remplacements ce matin?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Rizqy (Saint-Laurent) est remplacée par Mme Caron (La Pinière),
et M. Bouazzi (Maurice-Richard), par Mme Ghazal (Mercier).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Et avant d'entreprendre notre première consultation, j'aurais besoin de
votre consentement afin que le député de Camille-Laurin puisse effectuer une
remarque préliminaire. Y aurait-il consentement?Consentement. Alors, M.
le ministre, la parole vous appartient.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Merci.
Je me joins, évidemment, à vous pour ces pensées dans ces circonstances
difficiles.
La loi nous oblige à une consultation
publique sur le Régime de rentes du Québec à tous les six ans, et c'est un
exercice extrêmement important. Et j'aimerais souligner le travail de Retraite
Québec et du ministère des Finances. J'ai plusieurs personnes qui
m'accompagnent, de Retraite Québec, je vais les nommer, ces experts seront
appelés à intervenir plusieurs fois dans nos discussions. Alors, je vous les
présente : Mme Sonia Potvin, vice-présidente aux politiques et aux
programmes; M. Jean-François Therrien, directeur général du régime public
de rentes et actuaire en chef du Régime de rentes du Québec; M. François
Boulanger, expert du dossier; M. Philippe Guèvremont, expert du dossier; Mme
Anne Hudon, directrice générale des communications; M. Philippe Bériault,
directeur des revenus de retraite et du soutien aux aînés.
Alors, le Régime de rentes du Québec
constitue le pilier central du système de retraite québécois, et nous
proposons, dans le cadre de ces consultations publiques, des pistes de solution
pour améliorer le régime, qui, je le rappelle, fournit aux Québécois une rente
viagère indexée.
Alors, nous souhaitons consulter la
population sur les âges minimal et maximal d'admissibilité à la rente de
retraite, dont le report permettrait d'améliorer la rente durant toute la
retraite; le maintien en emploi des personnes de plus de 65 ans en regard
de l'obligation de cotiser au RRQ au-delà de 65 ans et de la protection de
la rente de retraite des personnes de 65 ans ou plus qui voient une
diminution de leurs revenus de travail; les facteurs d'ajustement pour le
versement anticipé de la rente de retraite, dont la révision permettrait
d'apporter des changements bénéfiques tout en diminuant les coûts pour le
régime; la reconnaissance des périodes de diminution de revenus de travail qui
pourraient être améliorées pour mieux prendre en compte certains éléments de
vie des travailleuses et travailleurs, notamment pour le régime supplémentaire.
• (11 h 40) •
Je le répète, depuis près de 60 ans,
le Régime de rentes du Québec offre une protection financière de base,
notamment en cas de retraite ou d'invalidité. Durant cette période, le régime a
continuellement évolué en fonction des besoins de la population. L'évaluation
actuarielle au 31 décembre montre que le régime de retraite est en bonne
situation financière. C'est cette situation financière qui permet d'envisager
des changements dans l'intérêt supérieur des Québécois.
Le contexte a énormément changé, les
Québécois étudient plus longtemps et vivent plus longtemps. Dans les 40 dernières
années, l'espérance de vie a augmenté de sept ans — c'est plus pour
les femmes, un peu moins pour les hommes — et, d'ici 2030, ce sept
ans se transformera en neuf années. Les Québécois étudient aussi en moyenne
trois ans de plus qu'il y a 40 ans, et donc la période où on accumule des
revenus de retraite est comprimée par rapport à la longévité des Québécois.
C'est ce qu'on appelle le risque de longévité.
Donc, la consultation n'a qu'un seul
objectif, l'intérêt supérieur du Québec, et vise à assurer la sécurité
financière des <Québécois...
M. Girard (Groulx) : ...objectif,
l'intérêt supérieur du Québec, et vise à assurer la sécurité financière des >Québécois
à long terme. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Frédéric Beauchemin
M. Beauchemin : Je supporte
effectivement vos commentaires à propos des événements de Laval. C'est
tragique.
Il s'agit d'une obligation pour le
gouvernement, une fois aux six ans, de faire une consultation et de s'assurer
de la viabilité de notre Régime des rentes du Québec. Le document de
consultation remis par le ministère, qui comporte l'étude actuarielle ainsi que
certaines recommandations afin d'adapter le régime, est très bien réalisé, et
je tiens à remercier les équipes qui y ont travaillé.
D'emblée, nous pouvons constater que le
régime, dans sa forme actuelle, est en bonne santé financière, ce qui est une
bonne nouvelle. Mais, comme plusieurs acteurs de la société civile l'ont
recommandé, le document préparé par Retraite Québec met en évidence plusieurs
éléments préoccupants pour l'avenir : les Québécois ont une période de
temps d'épargne plus courte, comme le ministre vient juste de le mentionner, en
moyenne; la durée de la retraite s'est allongée; le marché du travail est en
évolution constante et, l'épargne des Québécois étant plus faible qu'ailleurs,
il existe un risque financier beaucoup plus grand.
Nous partageons ces grandes lignes quant
aux défis qui s'en viennent pour la Régie des rentes du Québec, mais ces
consultations nous permettront de statuer sur les solutions à apporter pour
assurer la pérennité de notre régime mais surtout pour assurer que tous les
Québécois qui y ont droit puissent avoir une retraite sereine.
Les grandes recommandations contenues dans
le rapport doivent être explorées et bonifiées pour s'assurer qu'aucun
travailleur ne sera laissé pour compte. En proposant de hausser les âges
minimal et maximal d'admissibilité à la rente de retraite du RRQ, de donner la
possibilité aux bénéficiaires de la rente du RRQ qui travaillent encore et de
cesser de cotiser à celui-ci après 65 ans, ceci aussi sert à assurer un
plus grand bassin de travailleurs, protéger le montant de la rente après
65 ans, augmenter les facteurs d'ajustement pour les versements anticipés
de la rente, améliorer la reconnaissance des périodes d'invalidité ou de
périodes où un enfant est à charge, reconnaître les périodes d'aide offerte par
des personnes proches aidants.
En voyant ces recommandations, nous ne
pouvons que constater que le gouvernement cherche ainsi à maintenir plus
longtemps des travailleurs sur le marché de l'emploi, objectif auquel nous
souscrivons, mais nous croyons que l'évolution du régime doit se faire avec
suffisamment de flexibilité pour satisfaire l'ensemble des parties prenantes
dans cette révision du régime. Nous chercherons ainsi à nous assurer que le
régime permettra une flexibilité nécessaire pour que les personnes désirant
rester en emploi plus longtemps ne soient pas pénalisées, mais sans non plus
pénaliser les personnes qui, elles, ne sont pas en mesure de prolonger leur
carrière. Le tout doit se faire dans le respect de l'équité
intergénérationnelle pour assurer la pérennité du régime et s'assurer que les
plus jeunes pourront bénéficier de ce régime.
Pour y arriver, je veux mettre en garde le
ministre des risques contenus dans le document de consultation, celui du
mécanisme d'ajustement automatique, dont plusieurs groupes mentionnent une
brèche potentielle dans les fondements mêmes du régime. Nous resterons
vigilants pour que le gouvernement ne vienne pas changer la nature. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Je cède maintenant la parole à notre collègue de
Mercier, qui dispose de 1 min 30 s.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Oui. Bien,
merci, M. le Président. Bonjour, chers collègues. Écoutez, moi aussi je suis de
tout cœur avec le cauchemar que les familles sont en train de vivre à Laval,
là. C'était vraiment un drame national, là, qu'on vit en ce moment.
Pour venir à nos consultations, on est ici
pour des consultations qui sont très, très importantes. Comme l'a dit le
ministre, c'est pour l'intérêt supérieur du Québec et aussi pour la santé
financière des Québécois. Mais moi, je veux le dire d'emblée, je suis très,
très inquiète, parce que le gouvernement vient de voter contre une motion que
Québec solidaire vient de déposer pour ne pas hausser l'âge minimal, qui est à
60 ans, de la retraite. Ça, c'est inquiétant. Il n'y a pas de raison de le
faire, je vais pouvoir y revenir, que ce soit parce que les gens, de toute
façon, prennent leur retraite déjà un peu plus tard, et la caisse, en ce moment...
le régime est en bonne santé financière.
Je suis inquiète pour certaines personnes
comme les femmes. Le gouvernement refuse de faire des analyses différenciées
selon les sexes, donc c'est dans son angle mort, et ça a un impact plus
important sur les femmes. On va pouvoir en parler.
Donc j'ai très, très hâte d'entendre les
groupes qui vont venir ici, à cette consultation. Je pense que je ne suis pas
la seule à avoir hâte de les entendre. Tous les Québécois ont hâte parce que
c'est très, très, très important <pour notre...
Mme Ghazal :
...entendre,
tous les Québécois ont hâte parce que c'est très, très, très important >pour
notre avenir. Et je salue le groupe qui vient de rentrer. Merci.
Le Président (M. Simard) : Bien,
c'est très bien, chère collègue, vous lisez dans mes pensées. De quelle école
êtes-vous?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Séminaire
Saint-Joseph. Parce que les gens qui ne nous voient pas à l'écran doivent savoir
qu'un imposant groupe de jeunes du secondaire vient de faire son entrée, et ils
sont du comté de Maskinongé...
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : ...notamment.
Alors, je vous remercie d'être là, vous mettez de l'énergie dans notre salle.
Je...
Mme Ghazal : ...
Le Président (M. Simard) : Pardon?
Mme Ghazal : ...c'est
important pour les jeunes.
Le Président (M. Simard) : Oui,
bien, c'est ça. C'est ça, tout à fait, tout à fait. Alors, sur cette belle
note, je cède la parole au député de Camille-Laurin.
M. Paul St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup. Remarque préliminaire qui est courte. Combien de temps...
Le Président (M. Simard) : ...cher
collègue.
M. St-Pierre Plamondon : Une
minute. Donc, en une minute, essentiellement, voici la situation. On a un
régime qui est bien financé puis on a un intérêt légitime à augmenter la
participation dans le marché du travail chez les aînés. Maintenant, il y a des
mesures incitatives qui sont possibles et qui n'ont pas été essayées, notamment,
congé de RRQ à partir de 65 ans, du côté du travailleur, baisse d'impôts,
autres incitatifs.
Donc, je vois difficilement comment le
gouvernement va imposer des mesures mur à mur qui sont intenables pour
certaines catégories de travailleurs qui n'ont pas le choix de prendre leur
retraite à 60 ans, alors qu'il n'a pas essayé ces mesures incitatives. Et
donc le Parti québécois propose de miser d'abord sur les mesures incitatives en
ce qui a trait au financement du régime, augmenter de 66 000 $ à 75 000 $
les gains admissibles, de sorte qu'on bonifie la proportion, là, du revenu
cotisé qui est versée. On vise, à moyen terme, 40 % du revenu cotisé. Ça
devrait être les orientations qu'on adopte.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, collègue.
M. St-Pierre Plamondon : Ce
sont mes conclusions.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Et, du reste, j'ai compris, du consentement que nous avons accordé au
député de Camille-Laurin tout à l'heure pour qu'il fasse des remarques
préliminaires, que ce consentement comprenait aussi qu'il puisse s'adresser,
bien sûr, aux invités lors de nos consultations. Très bien. Merci beaucoup.
Auditions
Alors, parlant de début de consultations,
nous avons l'honneur de recevoir parmi nous des représentants de l'Association
québécoise des retraité‑e‑s des secteurs public et parapublic. Madame,
messieurs, bonjour. Bienvenue parmi nous. Auriez-vous, d'abord, l'amabilité de
vous présenter s'il vous plaît?
Association québécoise des retraité‑e‑s des
secteurs public et parapublic (AQRP)
M. Roy (Paul-René) : D'accord.
Moi, je suis Paul-René Roy, je suis le président de l'association. Je suis
accompagné de la directrice générale, Mme Véronique Guay, et de notre
conseiller aux relations publiques et aux communications, M. Marc-William
Gagné.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. Roy, vous savez que vous disposez de 10 minutes pour faire votre
présentation. Et nous sommes à votre écoute.
M. Roy (Paul-René) : D'accord.
Alors, mesdames, messieurs, membres de la Commission des finances publiques, M.
le ministre des Finances, je vais demander, dans un premier temps, à notre directrice
générale de vous présenter brièvement notre association et je reviendrai après,
par la suite, pour vous présenter nos principales recommandations.
• (11 h 50) •
Mme Guay (Véronique) : Donc,
bonjour. L'Association québécoise des retraité‑e‑s des secteurs public et
parapublic, plus connue sous l'acronyme AQRP, a pour mission de promouvoir et
de défendre les droits et les intérêts économiques, financiers, culturels,
intellectuels et sociaux de ses membres mais également de toutes les personnes
aînées du Québec. L'AQRP se démarque notamment par son implication citoyenne soutenue
en faveur d'enjeux d'intérêt public qui concernent les personnes aînées et
retraitées du Québec.
Fondée en 1968, l'AQRP est composée de
près de 35 000 membres ayant adhéré directement et volontairement à
l'association. Elle accueille des personnes retraitées provenant du
gouvernement du Québec, du Canada, des municipalités, des sociétés d'État du
Québec ainsi que des réseaux québécois de la santé et de l'éducation et,
finalement, les personnes préretraitées des secteurs public et parapublic.
L'AQRP est fortement impliquée dans
l'ensemble des régions du Québec. Nos membres et nos bénévoles sont très actifs
sur le plan local. L'AQRP est donc l'association québécoise la plus
représentative des intérêts de l'ensemble des retraités et préretraités des secteurs
public et parapublic, tous critères confondus. Enfin, c'est un partenaire
incontournable pour les enjeux touchant les millions de personnes aînées et
retraitées du Québec, en particulier dans leurs relations avec le gouvernement
du Québec.
Au nom de l'AQRP, je vous remercie... je
tiens à vous remercier très chaleureusement pour l'invitation à votre
consultation publique sur le Régime des rentes du Québec. Comme nous le savons
toutes et tous, la consultation d'aujourd'hui se veut une réflexion collective
visant à accroître, à long terme, la sécurité financière de tous les
Québécoises et Québécois. Participer à cette consultation est un privilège pour
l'AQRP puisque défendre les droits et les intérêts des personnes préretraitées
et retraitées du secteur public et parapublic fait partie de notre mission.
Le mémoire que nous avons déposé vise
essentiellement à vous présenter des constats et des pistes de solutions pour
accroître la sécurité financière des <personnes...
Mme Guay (Véronique) :
...constats
et des pistes de solutions pour accroître la sécurité financière des >personnes
préretraitées et retraitées, notamment les retraités de la fonction publique et
parapublique québécoise. Ce document présente la particularité de trouver des
moyens concrets pour ajuster le Régime des rentes du Québec au contexte de la
retraite, qui est appelé à changer au cours des prochaines années.
Donc, je laisse la parole à notre
président, M. Paul-René Roy, pour vous présenter certaines pistes de solution
qui sont dans le mémoire.
M. Roy (Paul-René) : Et vous
allez comprendre que la première piste que nous mettons de l'avant concerne
directement les retraités du secteur public et parapublic, que nous
représentons. Nous demandons au gouvernement du Québec de corriger l'une des
plus grandes failles du régime, l'absence d'indexation pleine et entière des
prestations pour les retraités du secteur public ayant pris leur retraite entre
1982 et 1999.
Vous n'êtes pas sans savoir que l'année 1982
est une année importante dans l'histoire des revendications des travailleurs et
des retraités du secteur public. Le Québec, comme ailleurs dans les États
occidentaux, était alors affecté par une récession économique qui a commencé en
juillet 1981, qui s'est étirée au cours de 15 mois. C'est à ce moment que
des modifications à la formule d'indexation ont été apportées, pour diminuer
les coûts du régime, au Régime de retraite des employés du gouvernement et des
organismes publics, mieux connu sous l'acronyme RREGOP. Ainsi, la partie de la
rente qui correspondait aux années de service accomplies à compter du
1er juillet 1982 jusqu'au 31 décembre 1999, soit une
période de 17 ans, allait être indexée selon le taux d'augmentation de
l'indice des rentes, connu sous l'acronyme TAIR, moins 3 % d'indexation.
Si le Régime des rentes du Québec a besoin
d'être renouvelé et que son financement doit été renforcé, l'AQRP demande à ce
que cela doive être fait à condition de maintenir la pleine indexation au coût
de la vie à toutes les rentes versées et à verser en vertu du régime, pour
protéger le niveau de vie et le pouvoir d'achat des bénéficiaires actuels et
futurs. Comme en fait état notre mémoire, plus l'inflation est élevée, moins
les rentes non indexées ou partiellement indexées permettent aux rentiers
d'acheter des biens ou des services.
Pour ne nommer que quelques statistiques
concernant l'indexation du RREGOP, dans un contexte où la Banque du Canada
cherche à maîtriser l'inflation dans une fourchette s'étalant entre 1 % et
3 % sur une période de 10 ans couvrant les années 2002 à 2022,
une rente fixe ferait perdre environ 34 % de pouvoir d'achat pour une
personne retraitée du secteur public. Donc, l'enjeu de la pleine indexation des
rentes est primordial pour pérenniser le pouvoir d'achat des retraités actuels
et futurs.
Deuxième axe. Ensuite, l'AQRP demande au
gouvernement du Québec de mettre en place des initiatives afin de favoriser le
maintien au travail des travailleurs d'expérience âgés entre 60 et 65 ans
et qui, par le fait même, sont sur le point de prendre leur retraite. Les
travailleurs d'expérience participent de plus en plus au marché de l'emploi et
le quittent de plus en plus tard. Ceux qui sont contraints à prolonger leur
présence en emploi ou à y retourner, à cause de revenus de retraite
insuffisants, font face à d'importantes difficultés. Les discriminations dont
sont victimes les travailleurs âgés les confortent dans leur décision de
quitter l'entreprise et donc influencent leur désir de vouloir rester.
Notre association soutient qu'il est
nécessaire qu'une meilleure communication, par des campagnes de sensibilisation
qui visent à amorcer un changement dans les attitudes générales envers le
travail dans les groupes d'âge plus avancés, soit mise en branle, mais surtout,
elle souhaite une meilleure gestion des ressources humaines de la part de
Retraite Québec. Nous croyons que Retraite Québec doit prévoir une continuité
de formation, quel que soit l'âge de leurs bénéficiaires. Conjointement, comme
le mentionne votre document de consultation, une réforme du système de retraite
en un système incitatif doit être envisagée afin que le salarié puisse choisir
lui-même le moment où il souhaite partir.
Par ailleurs, dans un contexte de
vieillissement de la population où, selon la déclaration commune des états
généraux sur les conditions de vie des aînés, le désir exprimé par la majorité
des personnes âgées est le maintien à domicile, les situations dans lesquelles
des personnes proches aidantes auront à charge un parent âgé à domicile, qu'il
soit d'autonomie ou handicapé, augmenteront dans les prochaines décennies. De
ce fait, les personnes aidantes doivent pouvoir bénéficier du Régime de rentes
du Québec sans travailler ou travailler à temps partiel, c'est-à-dire sans
cotiser ou en cotisant très peu.
C'est dans cette perspective que nous
demandons au gouvernement du Québec de créer un dispositif qui prendra la forme
d'une assurance vieillesse des parents au foyer. Cette assurance serait
affiliée au Régime de rentes du Québec. C'est la caisse de retraite du Québec
qui verserait les cotisations aux bénéficiaires proches aidants. Cela
garantirait une continuité dans la constitution des droits à la retraite des
personnes cessant ou réduisant leur activité professionnelle pour s'occuper
d'un parent âgé à domicile. Les conditions pour <bénéficier de...
M. Roy (Paul-René) :
...professionnelle
pour s'occuper d'un parent âgé à domicile. Les conditions pour >bénéficier
de cette affiliation gratuite varient selon la situation du proche aidant. Ces
dernières seraient à la discrétion du gouvernement, suite à des consultations
avec des experts, j'imagine. Les personnes proches aidantes ont besoin d'une
gamme complète de services de soutien pour prévenir les problèmes de santé.
L'AQRP juge donc que Retraite Québec doit avoir la responsabilité d'offrir plus
de répit financier aux personnes proches aidants dans sa constitution des
droits à la retraite.
Finalement, vous savez comme nous que
notre âge et notre processus de vieillissement restent toujours hors de notre
portée. Le début de la fin de la vie demeure imprévisible. Au regard de notre
propre vie, nous ne savons ni quand vient la mort ni comment elle vient. La
mort en elle-même reste essentiellement... et existentiellement imprévisible.
Au Québec, selon les dernières données de
la Corporation des thanatologues du Québec, le coût moyen d'une commémoration
avec hommage au défunt et disposition d'un corps est d'environ
7 500 $ en 2023, sans oublier que près de 35 % des ménages
misent essentiellement sur la prestation de décès afin de payer leurs frais
funéraires. Nous sommes au fait que Retraite Québec octroie déjà une somme de
2 500 $ au décès de chaque travailleur qui a cotisé au régime pendant
au moins cinq ans. Toutefois, le montant de la prestation de 2 500 $
n'est pas indexé, et n'a pas été revu depuis 20 ans, et est imposable à la
succession.
La capacité des gens à réagir à
l'augmentation du coût de la vie est, évidemment, limitée quand on est plus âgé
et lorsqu'on n'a plus nécessairement d'emploi rémunéré. L'AQRP demande donc
très respectueusement au gouvernement du Québec d'interroger son attitude face
à la mortalité, d'un point de vue administratif. C'est dans cet esprit que nous
vous invitons à indexer les prestations de décès en fonction de l'inflation et
que ces prestations soient non imposables pour les personnes retraitées, au
même titre que les indemnités de décès offertes par la Société de l'assurance
automobile du Québec et la Commission des normes, de l'équité, de la santé et
de la sécurité du travail.
Et je laisse la conclusion à notre directrice
générale, puisque ça rejoint notre mission.
Mme Guay (Véronique) : Donc,
en conclusion, le contexte de la retraite est appelé à changer, au cours des
prochaines années, et le Régime des rentes du Québec doit évoluer selon les
nouvelles réalités. Réagir aux aléas du régime en y réfléchissant et en y
répondant tous ensemble semble être, en revanche, une stratégie beaucoup plus
prometteuse.
Nous vous réitérons nos plus sincères
remerciements pour votre invitation à cette consultation. Sachez que nous
sommes heureux de discuter avec vous aujourd'hui du défi des régimes de
retraite du Québec au XXIe siècle. Donc, voilà.
Le Président (M. Simard) : Bien,
madame, c'est nous qui vous remercions. Sur ce, je cède la parole à M. le
ministre, qui dispose de 16 min 30 s.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que, pour le bénéfice de tous, vous nous expliqueriez les règles, le temps
puis... 16 minutes pour la partie...
Le Président (M. Simard) : Alors,
votre bloc parlementaire dispose de 16 min 30 s, qui peut être
réparti comme vous le souhaitez, entre vos collègues ou...
M. Girard (Groulx) : D'accord,
et ensuite?
Le Président (M. Simard) : Et
ensuite nos collègues de l'opposition disposent de 10 minutes, de manière
respective, pour le Parti libéral, de trois minutes... je n'ai pas mes
lunettes — 3 min 28 s pour Québec solidaire et de
2 min 30 s pour le Parti québécois.
M. Girard (Groulx) : OK. Et
on n'est pas à une seconde près, là, évidemment, dans votre grandeur...
Le Président (M. Simard) : Je
serai, par contre, très strict dans le temps.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Le Président (M. Simard) : Surtout
si c'est vous. Non, non, non!
• (12 heures) •
M. Girard (Groulx) : Mais
moi, j'ai 16 minutes, alors nous avons 16 minutes.
Le Président (M. Simard) : Oui,
c'est ça.
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est certain que, si les interventions allaient à 2 min 31 s,
on va être accommodants.
Le Président (M. Simard) : Bon,
bien, bravo!
M. Girard (Groulx) : OK.
Merci beaucoup pour votre intervention. Évidemment, nous sommes très sensibles
à la situation financière de nos retraités. Et quant à ce qui a été discuté en
ce qui concerne le régime du personnel d'encadrement, évidemment, je ne... ce
n'est pas l'objet de la consultation, alors je ne commenterai pas, d'autant
plus qu'il y a des enjeux légaux. Mais je vous ai entendus et je vous remercie
pour l'intervention.
Je vais partager mon temps avec mes
collègues, mais je m'en voudrais de ne pas poser une question très précise, là,
parce que... On a quand même des propositions qui sont précises. Alors, est-ce
que j'ai bien compris que, quant au report des âges minimals, vous vous opposez
à cette proposition et qu'en regard à l'obligation de cotiser au RRQ au-delà de
65 ans vous êtes favorables à cette proposition?
M. Roy (Paul-René) : Je vais <commencer
par la dernière. Oui, on serait favorables parce que c'est une mesure
incitative positive...
>
12 h (version révisée)
< M. Roy (Paul-René) :
Je
vais >commencer par la dernière. Oui, on serait favorables parce que c'est
une mesure incitative positive, OK, pour permettre à des gens de revenir sur le
marché du travail, des travailleurs expérimentés. Ce qu'on cherche à éviter, c'est
des mesures à caractère négatif qui semblent être punitives, si on ne passe...
si on n'accomplit pas le geste que le gouvernement voudrait qu'on accomplisse,
c'est-à-dire de rester sur le marché du travail.
En ce qui concerne l'âge, on n'a pas de
balise, nous, qu'on veut mettre sur l'âge minimum, l'âge maximum. On pense que
ça relève de chacune des personnes qui est appelée à prendre sa retraite compte
tenu de sa situation particulière, à la fois familiale, économique, financière,
et santé physique aussi, parce qu'on le sait, c'est... il y a des types d'emploi
qui sont plus difficiles que d'autres, puis le corps en prend moins bien avec l'âge.
Donc, nous, on préférerait de beaucoup que ce soit laissé à l'initiative de
chacune des personnes concernées. On peut mettre un certain nombre de balises,
on peut mettre un certain nombre d'incitatifs, mais, comme je le disais tantôt,
nous, on voudrait que ce soient des incitatifs à caractère positif et non pas à
caractère qui semble punitif.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. le Président, c'est un point qui est intéressant parce qu'on va souvent, je
pense, entendre cet argument-là. Je l'ai entendu, d'ailleurs, ce matin, là, c'est
à peu près la première question qu'on m'a posée, la question de la liberté
individuelle, de choisir le moment où on prend sa retraite. Ma responsabilité
est envers l'ensemble des citoyens québécois, et c'est certain que, lorsqu'on
fait... on maximise sous contrainte et incertitude, on ne peut pas plaire à
tout le monde. Alors, on vise vraiment l'optimalité collective, et, en ce sens,
ce qui est proposé vise avant tout la sécurité financière des Québécois.
Bien, je m'arrête ici. Je laisserais mes
collègues, qui ont certainement des questions sur ce sujet, intervenir.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, monsieur... aviez-vous une question de règlement, M. le député de
Camille-Laurin?
M. St-Pierre Plamondon : ...l'option
de répartir le temps non utilisé avec chacune des oppositions?
Le Président (M. Simard) : En
vertu de la dernière entente, là, la plus récente, c'est que le temps
gouvernemental qui n'est pas pris n'est pas réparti à l'opposition. Toutefois,
si un des groupes parlementaires de l'opposition ne prend pas tout son temps,
il est, de notoriété, conclu qu'il est réparti aux autres formations.
M. St-Pierre Plamondon : Je
pensais qu'on pouvait faire une requête pour répartir le temps du gouvernement
auprès des oppositions.
Le Président (M. Simard) : Bien,
avec consentement, tout est possible, M. le député de Camille-Laurin, mais je
crois comprendre qu'il n'y aura pas de consentement.
M. St-Pierre Plamondon : Très
bien.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous pouvons poursuivre. Il reste 12 minutes approximativement au groupe
parlementaire. Je vois que le député d'Orford souhaitait peut-être intervenir à
ce stade-ci. Non? Très bien. Mme la députée d'Huntingdon, à vous la parole.
Mme Mallette : ...si vous
êtes d'accord avec un mécanisme d'ajustement automatique qui pourrait suspendre
temporairement l'indexation des prestations de régimes supplémentaires du RRQ
advenant une insuffisance du financement.
M. Roy (Paul-René) : Bien,
encore une fois, on va faire porter sur les retraités le poids d'une situation
financière d'un régime en particulier, OK, donc, le régime des rentes du
Québec. On devrait, je pense, examiner d'autres possibilités pour faire en
sorte que le poids ne soit pas uniquement mis sur les retraités. Ils peuvent
contribuer, oui, d'une certaine façon, mais il faudrait que ce soit réparti sur
l'ensemble de la population aussi, pas juste sur un seul groupe.
Le Président (M. Simard) : Chère
collègue, auriez-vous une autre question? Bien oui, allez-y, chère collègue.
Mme Mallette : Selon vous,
comment on devrait définir les périodes pendant lesquelles une personne est
reconnue comme proche aidante?
M. Roy (Paul-René) : Oh! vous
savez, les situations varient de beaucoup, hein, par rapport aux proches
aidants. Ça peut commencer très jeune, quand on a un... quand quelqu'un a un
enfant handicapé, puis ça peut devenir très lourd aussi, parce que, si on a un
enfant handicapé puis, en plus, on a un parent âgé qui, lui aussi, a besoin d'aide...
Donc, c'est très variable, tracer une
ligne mur à mur, c'est très difficile. Moi, je pense qu'il y a des experts qui
peuvent, à cet égard-là, être consultés puis éventuellement émettre un certain
nombre de recommandations, mais ce qui est dangereux dans toutes ces
affaires-là, c'est véritablement l'approche mur à mur. Donc, il faut essayer de
faire en sorte que les proches aidants soient aidés, quitte à ce qu'il y ait
des catégories différentes, compte tenu que les situations peuvent être
différentes.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée, vous <pouvez poursuivre, si vous le souhaitez.
Le Président (M. Simard) :
...Mme
la députée, vous >pouvez poursuivre, si vous le souhaitez.
Mme Mallette : ...votre avis
sur les coûts et l'iniquité générationnelle qui seront engendrés par une
bonification de la prestation de décès, là, comme vous le proposez, là.
Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Roy (Paul-René) : Bien, je
pense que toutes les générations vont avoir à y passer à un moment donné. C'est
inévitable. Donc, qu'on soit jeune, ou qu'on soit en milieu de vie, ou qu'on
soit plus âgé, un jour ou l'autre, on va y arriver là, et, au fur et à mesure
que les coûts funéraires augmentent... puis, vous le voyez, ce n'est pas pour
reculer dans le temps, je pense qu'à ce moment-là la répartition devrait être
faite sur l'ensemble de la société. C'est tout de même du monde qui ont
contribué au régime des rentes, c'est du monde qui ont contribué à l'avancement
de la société. Donc, il y a aussi un caractère sociologique important, à cet
égard-là, dont on devrait tenir compte.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme Mallette : ...pour mes
questions, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Oui, M. le député de René-Lévesque.
M. Montigny : Peut-être développer
davantage... d'enjeux d'assurance, là, que vous avez parlé tout à l'heure, peut-être
développer un peu davantage là-dessus.
M. Roy (Paul-René) : On n'est
pas nécessairement des experts, hein? On n'est pas des actuaires, on n'est pas
des experts là-dedans, sauf qu'on pense que, comme on a mis sur pied
l'assurance maladie, comme on a mis sur pied l'assurance automobile, on est
peut-être rendus à une période de réflexion compte tenu du vieillissement de la
population puis aussi de la longévité de ce vieillissement-là parce qu'on vit
beaucoup plus longtemps qu'auparavant. On pourrait probablement examiner la
possibilité de...
Quelle forme ça pourrait prendre
exactement, je ne peux pas vous détailler ça aujourd'hui, là. Je ne suis pas un
expert dans le domaine. C'est une avenue qu'on souhaiterait voir explorée pour
tenir compte qu'il y a des gens qui sont plus vulnérables que d'autres, qui
auront moins la capacité financière d'être proches aidants à un moment donné
ou... et, dans ce cadre-là, on pense que ça serait une avenue intéressante à
explorer, mais on n'est pas en mesure de vous arriver avec une proposition, là,
précise, détaillée, là, c'est sûr et certain, non.
Le Président (M. Simard) : Une
complémentaire, M. le député de René-Lévesque? Pour l'instant, ça va?
M. Montigny : ...M. le
ministre ou à d'autres.
Le Président (M. Simard) : Sans
quoi je vais laisser la parole au député de Marguerite-Bourgeoys. Cher
collègue, à vous la parole.
M. Beauchemin : Bonjour.
Merci pour votre présentation. L'évaluation actuarielle... Vous disiez que le fonds
est en bonne santé. On a vu le rapport, je pense, récemment, là, que le surplus
était de 3 milliards à la fin 2021. L'année 2022 n'a pas été
aussi facile, j'en suis certain. J'assume que le chiffre, quand il sera rendu
public, si c'est possible, devrait être légèrement inférieur à ça. Avec une
indexation complète, là, quel effet que ça pourrait avoir sur ce fameux coussin
là, selon vous? Est-ce que vous avez été capables de chiffrer, selon vous,
l'effet que vous demandez, d'indexation, qu'est-ce que ça donnerait sur le
coussin?
• (12 h 10) •
M. Roy (Paul-René) : Bien,
sur le coussin, je ne pourrais pas vous dire. Ce qu'on a mesuré, c'est l'effet
inverse, c'est-à-dire l'effet négatif qu'ont subi les gens avec cette forme de
désindexation là. On a fait faire une étude par l'Observatoire de la retraite,
où on a pris des gens à différents stades de leur carrière, qui sont partis à
différentes époques différentes, pour essayer de voir un peu l'impact qu'a eu
et que continue à avoir cette désindexation-là, parce que c'est pérenne dans le
temps, et ça se chiffre par un certain nombre de milliers de dollars dans la
plupart des cas. C'est ça qu'on est en mesure de mettre sur la table.
L'influence que ça aurait sur le coussin,
je ne saurais pas vous le dire. Ce qu'on sait, par contre, c'est que la
capitalisation du RREGOP, au 31 décembre 2021, était très bonne, était
rendue à 115 %, comparativement à 110 % quatre ans auparavant. Donc,
il y aurait possibilité, là, d'avoir une action qui puisse être faite sans que
ça prenne nécessairement une compensation totale et entière de la désindexation
qui a été faite à cette époque-là parce qu'on sait que ça représente un coût
important pour les finances publiques.
M. Beauchemin : J'essaie
juste de me faire une tête sur... Vous, vous l'avez regardé... d'une lentille,
en disant : Bon, OK, qu'est-ce que ça fait pour les retraités, puis vous
en êtes arrivés à un chiffre, et j'imagine que, si on prenait... parce que
c'est des vases communicants. Si on prenait l'autre côté, donc, quel est
l'impact sur le régime, ça devrait <être proche du même chiffre...
M. Beauchemin :
...le
régime, ça devrait >être proche du même chiffre. Ça fait que, donc,
peut-être une indication de votre part, à savoir quel était ce montant?
M. Roy (Paul-René) : Bien, le
montant est variable selon les individus, hein? On ne peut pas le chiffrer, c'est
excessivement difficile.
Moi, je vais vous donner mon cas
personnel. Moi, je suis rentré dans la fonction publique en 1970, je l'ai
quittée en 2005, OK? J'ai donc... de 1982 à 1999, j'ai 17 ans, à toutes
fins utiles, la moitié de ma pension, qui n'est pas indexée, OK? Même dans le
contexte actuel, où l'inflation est très élevée, à 6,5 %, le TAIR , 6,5 %
moins 3 %, ça donne 3,5 %, donc, je ne couvre même pas l'inflation
avec ça.
C'est à peu près cette perspective-là
qu'on a, et on ne demande pas que le gouvernement pige dans la poche des
contribuables pour payer ça. On demande de regarder, à même le financement du
RREGOP, avec sa capitalisation, la capacité qu'il pourrait y avoir de donner
une forme de compensation pour cette désindexation-là qui est intervenue,
surtout que, dans le contexte actuel de l'inflation, c'est de plus en plus
pesant pour ces retraités-là.
M. Beauchemin : OK, merci. Je
vais juste vous lire une petite phrase avant puis, après ça, je vais poser ma
question Aujourd'hui, il y a un mécanisme d'ajustement automatique des
cotisations qui est en place pour le régime régulier, mais le document en
consultation, sans l'écrire clairement, laisse entendre que des modifications
pourraient être apportées à ce mécanisme. Donc, si le gouvernement... Voici ma
question : Si le gouvernement met en place un mécanisme qui modifierait
automatiquement les prestations, est-ce qu'on peut alors parler... encore
appeler ça un régime à prestations déterminées ou est-ce que ce serait, selon
vous, un régime à prestations cibles?
M. Roy (Paul-René) : Oh là là!
Sur les mots, là, je ne m'en irais pas sur ce terrain-là. Je vais vous répéter
ce que j'ai dit à la députée, je pense, c'est d'Huntingdon, tantôt, à cet
effet-là, il faut faire bien attention et être prudent dans ces situations-là.
M. Beauchemin : D'accord.
Nous, on avait proposé, au Parti libéral, une exemption de cotisation pour les
travailleurs de 62 ans et plus. Vous, vous proposez 65 ans et plus.
Je suis juste curieux d'entendre le rationnel en arrière du pourquoi.
M. Roy (Paul-René) : Écoutez,
là, ça serait 60 ans, 62 ans, 65 ans, l'important, c'est qu'il y
en ait une, mesure, pour tenir compte des travailleurs expérimentés. La
barrière doit être fixée où? Je ne suis pas capable de vous le dire parce qu'il
faudrait regarder l'ensemble des statistiques pour être capable d'arriver à
dire : C'est véritablement 62 ou c'est véritablement 65. L'important,
c'est que ce soit sur la table, que ce soit examiné, puis qu'on soit capables
de déterminer à partir de quel moment ça peut s'appliquer.
M. Beauchemin : Vous vous
êtes basés sur le chiffre de 65 ans de façon... l'âge de la retraite...
M. Roy (Paul-René) : Bien, actuellement,
on dit que les retraités... bien, la sécurité de la pension de vieillesse,
c'est 65 ans puis, habituellement, c'est le chiffre qu'on utilise pour
parler des retraités ou des aînés, mais ces paramètres-là peuvent varier aussi
un peu, là.
M. Beauchemin : Je comprends,
je comprends. Merci. Juste... M. le Président, on est rendus à combien de temps
dans notre...
Le Président (M. Simard) : Il
reste 4 min 38 s, cher collègue.
M. Beauchemin : D'accord. Je
vais y aller vite avec une question éclair, puis ma collègue prendra le pôle
par la suite.
On parlait des services funéraires,
augmenter ça à 7500 $.
Je voulais juste vous poser une question parce que ça m'a vraiment un petit peu
surpris. Je sais que, si quelqu'un meurt d'un accident de la route, c'est la Société
de l'assurance automobile du Québec qui prend soin de ça. Donc, dans votre
demande, est-ce que... puis pas que je souhaite que tout le monde au Québec
meure d'un accident de la route, là, mais, dans votre demande, est-ce que vous
avez donc considéré les autres programmes alentour du gouvernement, privés, et
tout, qui pourraient donc réduire cette augmentation de la prestation pour les
services funéraires?
M. Roy (Paul-René) : Bien là,
on vous a donné deux exemples d'organismes gouvernementaux qui défraient... On
ne fixe pas de montant. On n'a pas dit : Là, il faudrait mettre... On dit
simplement que les frais funéraires, c'est rendu de l'ordre de... et que la
prestation, actuellement, c'est 2 500 $ imposable. Quand on dit 2 500 $
imposable, ça veut dire qu'à toutes fins utiles c'est 1250 $ que les gens vont avoir, hein,
parce qu'ils vont devoir en payer à peu près 50 % de retour à l'impôt.
Donc, on demande que ce soit regardé puis
qu'on actualise, dans le monde d'aujourd'hui, ce que c'est. Est-ce que c'est 5000 $? Est-ce que c'est
7 500 $? Ça peut être une combinaison, dire : On augmente un peu.
Mais, par contre, pour les personnes aînées et retraitées, bien, on dit :
Ça va être non imposable. Donc, ça donne un montant plus élevé que le montant <réel
quand c'est non imposable...
M. Roy (Paul-René) :
...ça
donne un montant plus élevé que le montant >réel quand c'est non
imposable. C'est des perspectives de ce genre-là qu'on voudrait qui soient
examinées. On n'arrive pas avec une solution précise pour dire : Ça
devrait être ce chiffre-là, mais on pense que ça mériterait d'être regardé et
actualisé.
M. Beauchemin : Merci. Je
passe la parole à...
Le Président (M. Simard) : Alors,
Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci. Alors, merci
pour votre présentation. Vous avez mentionné les emplois où ça peut être plus
difficile physiquement, que la personne peut ne pas être en mesure de prendre
sa retraite même à 60 ans. Est-ce que vous seriez d'accord avec un cadre qui
pourrait déterminer l'indice de pénibilité de certains emplois, justement, pour
peut-être permettre à ces personnes-là de prendre leur retraite plus tôt?
M. Roy (Paul-René) : Si,
éventuellement, on est capables d'en arriver avec un registre comme celui-là,
qui pourrait déterminer de façon... mais flexible, hein, parce que, pour une
personne donnée qui a travaillé dans le milieu de la construction, ça peut être
55 ans où là c'est rendu pénible, puis, pour une autre, ça va peut-être être 62
ans. Ça peut être variable d'un individu à l'autre.
Donc, je pense que, dans ça aussi, ce qui
est à éviter, c'est le mur-à-mur, mais ce que vous dites, oui, c'est une
possibilité à regarder. Mais je pense que, puis ça, on va vous le répéter
souvent, ce qu'on cherche à éviter, c'est le mur-à-mur pour être capables
d'être flexibles et de s'ajuster aux conditions des personnes.
Mme Caron : Parfait. Et vous
avez aussi mentionné les proches aidants puis les personnes qui ont des enfants
à charge. Par exemple, est-ce que, dans votre vision, vous considéreriez qu'un
père ou une mère de famille qui prend un congé parental pour s'occuper d'un
enfant, qui veut retourner travailler, mais qui n'a pas de place en service de
garde et qui doit rester six mois, même 12 mois de plus... est-ce que, pour
vous, ça fait partie des cas où on tiendrait compte du fait que la personne ne
cotise pas pour ne pas la pénaliser au moment de la retraite?
M. Roy (Paul-René) : Bien, moi,
quant à moi, ça pourrait faire partie des considérations à regarder et voir
quelles mesures pourraient être adaptées à des situations comme celles-là.
Mme Caron : D'accord. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Ça
va, Mme la députée de La Pinière?
Mme Caron : Oui.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Marguerite-Bourgeoys, il vous resterait 50 secondes.
M. Beauchemin : Dans le
contexte... dans le futur, et avec le départ à la retraite d'une forte quantité
de travailleurs, les boomers, est-ce que la bonne tenue, selon vous, du régime,
étant donné l'arbre... pas l'arbre, mais la courbe démographique étant ce
qu'elle est, est-ce que vous croyez, vous, que cette durée de la bonne santé du
régime actuariel va pouvoir continuer?
M. Roy (Paul-René) : Je pense
que ça doit être une préoccupation. Puis M. Girard a raison là-dessus, le
gouvernement, ça doit être une préoccupation, pour lui, de s'assurer de la
viabilité financière du régime, mais, en faisant ça, il faut aussi tenir compte
du fait que c'est des retraités qui reçoivent ces rentes-là et que, la plupart
du temps, ces rentes-là sont fixes, chanceux si c'est indexé, mais, si ce n'est
pas indexé...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, M. Roy.
M. Roy (Paul-René) : Alors,
c'est tout ça un peu qu'il faut qui soit regardé dans son ensemble, pas regardé
de façon parcellaire, mais globale.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Je cède maintenant la parole à la... voyons, à la députée de Mercier,
voilà.
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup, madame, messieurs, pour votre présentation. Vous ne
vous êtes pas prononcés, en tout cas, je n'ai pas l'impression, sur le fameux
âge, là, de la retraite. Est-ce qu'il devrait être maintenu ou pas? Est-ce que
vous avez une opinion là-dessus?
• (12 h 20) •
M. Roy (Paul-René) : Bien,
notre opinion là-dessus, c'est que ça ne peut pas être une approche mur à mur.
C'est variable d'une personne à l'autre puis ça dépend des différentes
considérations, familiales, économiques, financières, santé physique aussi, qui
déterminent à quel âge on peut prendre sa retraite. On peut mettre des balises
pour inciter le monde à aller un peu plus loin, mais, comme on a... j'ai dit
plus tôt, ces balises-là devraient être positives et non pas pénalisantes.
Mme Ghazal : Vous en proposez
quelques-unes, là, des mesures incitatives, là, mais, pour aider le ministre à
prendre une décision, est-ce qu'il augmente, il n'augmente pas, etc., c'est
quoi... Je veux dire, à un moment donné, l'âge... On ne va pas faire un âge en
fonction de chaque personne puis de sa situation personnelle. Je comprends que
vous êtes contre le mur-à-mur, mais...
Tiens, je vais poser la question
différemment. Est-ce que vous trouvez que ce serait une bonne idée d'augmenter
l'âge auquel les prestations... la personne n'a pas le droit à des prestations,
là, n'a pas le droit de prendre sa retraite? C'est-à-dire que, là, il est à 60,
de l'augmenter à 61, admettons, vous n'êtes pas contre ou vous êtes...
M. Roy (Paul-René) : Bien, je
vais répéter ce que j'ai dit tantôt. C'est sûr que, là, on ne peut pas faire le
débat d'experts, nous autres, par rapport à ça, les chiffres, etc., non. Ce <qu'on
cherche...
M. Roy (Paul-René) :
...le
d'experts, nous autres, par rapport à ça, les chiffres, etc., non. Ce >qu'on
cherche, c'est véritablement d'éviter le mur-à-mur. On comprend qu'il faut
assurer la viabilité financière, mais on comprend en même temps qu'il ne faut
pas que les retraités soient les seuls à payer le prix de ça.
Mme Ghazal : C'est ça. Nous,
on est pour le débat, mais moi, je vous dis qu'il ne faut pas... En tout cas,
ça, c'est notre opinion, mais je comprends que vous ne voulez pas vous
prononcer, de dire : On ne va pas l'augmenter à cause de la situation
actuelle.
J'ai une autre question, par rapport aux
prestations de CNESST. Quand il y a des travailleurs qui ont des accidents, en
ce moment, ils reçoivent des prestations, puis c'est comme s'ils n'ont pas
travaillé, puis c'est des années qui ne seront pas comptées pour le RRQ. Qu'est-ce
que vous pensez de ça?
M. Roy (Paul-René) : Ça, par
exemple, là, vous m'amenez sur un terrain que je ne suis pas très, très
connaissant, là, sur le régime existant à la CNESST. Donc là, je pourrais dire
des choses qui ne sont pas appropriées, nécessairement, donc...
Mme Ghazal : OK, je
comprends, mais ce n'est pas quelque chose où il y a eu... Peut-être que, là,
vous n'avez pas la réponse maintenant. Ce n'est pas quelque chose où vous
voulez... les gens, là, qui... les membres, là, ont posé comme question.
M. Roy (Paul-René) : Non, ce
n'est pas quelque chose qu'on a spécifiquement regardé.
Mme Ghazal : OK. Puis par
rapport à... Puis, par rapport à l'âge maximal, il y a... dans le document de
consultation, on pose la question de l'âge maximal d'admissibilité au RRQ, qui
est actuellement à 70. On ne touche pas à ça?
M. Roy (Paul-René) : Ça, on
ne s'est pas interrogés là-dessus, là. On ne s'est pas interrogés là-dessus.
Mme Ghazal : OK, ce n'est pas
un problème?
M. Roy (Paul-René) : Non.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît.
Mme Ghazal : Oui, OK. Bien, j'avais
une question par rapport au 2 500 $, là, qu'on devrait augmenter.
Est-ce qu'on devrait... Vous n'aimez pas le mur-à-mur. On devrait l'augmenter
pour tout le monde, même ceux qui ont des millions en compte en banque, ou
peut-être plus ceux qui ont le supplément?
M. Roy (Paul-René) : Nos
régimes, au Québec, sont à caractère universel, hein? C'est ce qu'on a décidé
dès le départ et, à partir de ce moment-là, bien, on n'a pas bien, bien, le
choix, c'est le régime universel. Sinon, on va s'interroger sur l'ensemble des
régimes qu'on a puis on va devoir remettre en question le principe
d'universalité. Je pense, c'est une question beaucoup plus générale, là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien, merci. D'accord. Je cède la parole au député de Camille-Laurin.
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup. Donc, on dispose seulement de 2 min 30 s. Merci pour
votre présentation. Je vais aller sur certains points spécifiques. Donc, je
vous entends, vous dites : Nous, on n'aimerait pas avoir des mesures
punitives mur à mur. J'entends la réponse du ministre qui dit : Bien, moi,
je ne suis pas en charge de considérer chaque situation, mais plutôt
d'optimiser le régime.
Donc, la question que j'ai pour vous,
c'est : Est-ce qu'à votre avis il est nécessaire de faire du mur-à-mur
pour optimiser le régime? Et est-ce qu'à votre avis, en ce moment, à 60 ans,
pour ce qui est du régime du RRQ, le régime est structuré de sorte à créer un
incitatif à prendre sa retraite tôt ou est-ce qu'au contraire, en fait, il n'y
a aucun incitatif dans le régime actuel à prendre une retraite anticipée et ce
serait, à ce moment-là, à ceux qui en ont vraiment besoin?
M. Roy (Paul-René) : Ouf! C'est
un peu embêtant, par rapport à ça, parce que la situation a beaucoup évolué
dans le temps, hein? Moi, quand j'ai pris ma retraite, puis je ne vous ferai
pas de cachette, là, je l'ai prise à 58 ans, après 35 ans de service
dans la fonction publique, OK, puis ça fait déjà un certain nombre d'années, j'ai
76 ans aujourd'hui, et, à cette époque-là, bien, le régime des rentes, on
pouvait y avoir accès plus rapidement que d'attendre à 65 ans. On pouvait
l'avoir à 60 ans. Aujourd'hui, il y a une certaine forme de pénalité qui est
incluse dans ça. Je ne suis pas capable de l'évaluer totalement, mais je pense
que ça devrait faire partie des réflexions sur la pérennité du régime, puis, je
le répète encore une fois, la pérennité du régime, c'est important, mais la
pérennité du régime, elle doit se voir de façon globale, une perspective de
société, mais aussi de tenir compte des individus.
M. St-Pierre Plamondon : Est-ce
que, dans les retraités du secteur public et parapublic, vous avez des cas de
figure de gens qui ont intérêt à prendre... ils sont dans une situation qu'ils
ont plus ou moins le choix, de prendre leur retraite à 60 ans, quitte à être
moins rémunérés puis à prendre une pénalité, finalement, là, sur les rentes?
Avez-vous des exemples en tête?
M. Roy (Paul-René) : Bien, on
n'a pas de... on n'a pas, comme tel, de données par rapport à ça. On pourrait
vous dire qu'on fait à l'occasion des sondages auprès de nos membres, mais ce
n'est pas des sondages à caractère scientifique. Donc, on n'a pas de données,
là, factuelles qu'on pourrait mettre sur la table. Ce qu'on peut constater, par
contre, c'est qu'il y a différents facteurs qui amènent les gens à vouloir
réfléchir à prendre leur retraite plus tôt. Dans certains cas, ce n'est pas
nécessairement la situation financière, c'est peut-être la situation au
travail...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Roy (Paul-René) : ...la
façon dont le climat de travail est organisé là où ils sont puis les <possibilités
d'avenir qu'ils ont...
M. Roy (Paul-René) :
...
dont le climat de travail est organisé là où ils sont puis les >possibilités
d'avenir qu'ils ont devant eux.
Le Président (M. Simard) : Bien,
alors, voilà le temps qui nous était dévolu pour cette période d'échange. Mme
Guay, M. Gagné, M. Roy, merci beaucoup pour votre présence parmi nous
ce matin, et la qualité de votre intervention, et au plaisir de se revoir sous
peu, j'espère.
Alors, sur ce, nous allons suspendre
momentanément nos travaux, le temps de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 12 h 26)
12 h 30 (version révisée)
(Reprise à 12 h 34)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, cette commission peut s'enorgueillir de recevoir aujourd'hui
des membres du Comité d'experts sur l'avenir du système de retraite québécois.
Alors, messieurs, soyez les bienvenus. Vous êtes des habitués de cette
commission, mais auriez-vous d'abord l'amabilité, s'il vous plaît, bien que
vous soyez très connus du grand public, néanmoins, de vous présenter?
Comité d'experts sur l'avenir du système de
retraite québécois
M. D'Amours (Alban) : Alors, M.
le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, je me présente, Alban D'Amours,
président du Comité d'experts sur l'avenir du système de retraite québécois. Je
suis accompagné de MM. Bernard Morency, René Beaudry et Luc Godbout, trois
membres du comité d'experts. Bien sûr, nous vous remercions de votre invitation
à venir témoigner à nouveau devant vous et nous partagerons notre temps durant
cette présentation.
En introduction, nous tenons à rappeler
que le mandat de notre comité visait à incarner, dans le système de retraite
québécois, une vision globale de la sécurité financière à la retraite. Celle-ci
nous anime toujours. À nos yeux, elle était tributaire de plus de flexibilité.
Nous pensons que la plage d'âges de 60 à 75 ans offre tout l'espace
souhaité pour permettre au Régime de rentes du Québec, le socle du système, d'y
inscrire la flexibilité requise pour réaliser cette vision et protéger en toute
équité l'intérêt des travailleuses et travailleurs québécois dans la mouvance
démographique et observer... et devant les défis de financement du régime.
Nous insistons sur le fait que les
travailleurs doivent pouvoir identifier les avantages de cette flexibilité, qu'ils
puissent aborder la retraite en toute connaissance. Mes collègues préciseront
les recommandations de notre mémoire, lequel ramène à la mémoire certaines
formulées en 2013 déjà, visant à inscrire plus de flexibilité dans le système.
Elles n'ont pas encore été mises en œuvre et elles sont toujours pertinentes.
Nous tenons d'ailleurs à souligner
l'excellence... l'excellente gouvernance du RRQ, une gouvernance qui inclut des
<consultations...
M. D'Amours (Alban) :
...souligner l'excellence... l'excellente gouvernance du RRQ, une gouvernance
qui inclut des >consultations publiques tous les six ans. C'est
l'occasion de réfléchir et d'agir de sorte que l'équité intergénérationnelle
soit maintenue et que l'intérêt des participants soit toujours prédominant. Ces
deux principes, ainsi que l'importance d'une vision à long terme et notre
conviction que le Québec doit demeurer un leader dans le monde de la retraite,
ont guidé nos réactions et propositions relatives aux éléments soulevés dans le
document de consultation.
Alors, je passe la parole maintenant à
M. Morency.
M. Morency (Bernard) : Alors,
tel qu'il est souligné dans le document de consultation, la retraite n'est plus
synonyme de retrait définitif du marché du travail. De plus en plus de Québécois
choisissent de prendre leur retraite de façon progressive sur quelques mois et
parfois même sur quelques années. Certains débutent cette transition à
60 ans, mais d'autres, de plus en plus nombreux, la débutent beaucoup plus
tard. Ils peuvent ainsi continuer de combiner un revenu d'emploi, leur épargne
personnelle et des rentes de retraite afin d'assurer leur sécurité financière.
Le document de consultation propose une
réflexion sur l'à-propos d'augmenter l'âge minimal de 60 à 62 ou 65 ans.
C'est un sujet sensible sur lequel nous avons beaucoup réfléchi.
En premier lieu, il convient de souligner
que l'âge normal pour bénéficier de la pleine rente du Régime de rentes du
Québec ne change pas, il demeure 65 ans. Nous ne sommes absolument pas
dans la dynamique où on se retrouve dans plusieurs pays. Ce qui est proposé n'a
pas pour effet de diminuer le régime existant ou de forcer les cotisants à
travailler plus longtemps, mais vise plutôt à améliorer la situation financière
des Québécois.
Deuxièmement, le document de consultation
montre de façon probante que, pour une grande majorité de Québécois, il est
désavantageux d'un point de vue financier de demander sa rente à 60 ans.
Ce sera encore plus vrai si l'inflation demeure au-dessus de la cible de
1 % à 3 % de la Banque du Canada.
Heureusement, la proportion des
travailleurs qui demandent leur rente du Régime de rentes du Québec à
60 ans a diminué de façon importante. Elle est passée d'environ 60 %
en 2016 à environ 33 % en 2021. Certes, un trop grand nombre de
bénéficiaires demandent encore le début de leur prestation dès 60 ans,
mais l'amélioration est notable.
Nous croyons que ceci reflète les
changements observés tant sur le marché du travail que dans l'approche des
Québécois face à la retraite. Elle reflète également la qualité des
informations reçues, entre autres... excusez, des informations fournies entre
autres par les conseillers financiers quant à l'espérance de vie et aux
avantages financiers de retarder le début de la rente du Régime de rentes du
Québec.
• (12 h 40) •
Or, si l'âge du début de la rente est
actuellement de 65 ans, comme c'était le cas au début du régime ou comme
ce l'est pour la pension de la Sécurité de la vieillesse, personne ne songerait
à le diminuer. Ceci étant dit, doit-on restreindre le droit de devancer le
début du versement de la rente, même avec un facteur de réduction, sous
prétexte qu'il s'agit d'un mauvais choix et qu'on doit protéger les
travailleurs contre eux-mêmes? À nos yeux, il apparaît plus utile de continuer
les mesures d'éducation et de promouvoir auprès des travailleurs et des
employeurs l'idée d'une transition du travail à temps plein vers la retraite à
temps plein entre les âges de 60 et 75 ans, une transition que chacun
débutera et complétera aux âges qui lui conviennent.
Nous croyons que ceci, combiné à nos
autres propositions, aidera à diminuer davantage la proportion des travailleurs
qui demandent leur rente avant 62 et même avant 65 ans. Si ce n'est pas le
cas, il sera toujours possible d'augmenter l'âge minimal lors de la prochaine
consultation publique, dans six ans.
Je passe la parole maintenant à Luc.
M. Godbout (Luc) :Alors, concernant la recommandation de rendre facultatives
les cotisations au RRQ pour les gens qui travaillent après 65 ans, sans
surprise, nous sommes favorables à cette proposition-là. Il faut bien souligner
par contre à grands traits le mot «facultatif». Cette option éliminera un
irritant pour certains, tout en maintenant le droit de cotiser pour ceux qui
jugent, pour diverses raisons, que c'est encore avantageux pour eux de le
faire.
Cela dit, nous croyons que cette option
devrait être offerte à tous les travailleurs qui atteignent 65 ans et non
pas seulement à ceux qui ont demandé leur rente de la RRQ. Sinon,
indirectement, vous allez forcer les cotisants qui souhaitent continuer à
travailler après 65 ans, mais qui ne souhaitent pas continuer de cotiser,
à demander leur rente pour pouvoir continuer de travailler sans y cotiser.
Donc, à nos yeux, c'est malavisé.
Nous sommes également d'accord, comme
c'est le cas <ailleurs...
M. Godbout (Luc) :
...sans y cotiser. Donc, à nos yeux, c'est malavisé.
Nous sommes également d'accord, comme
c'est le cas >ailleurs dans le reste du Canada, avec la modification des
règles de calcul de la rente afin d'éviter aux personnes qui reportent le début
de leur rente après 65 ans d'être négativement affectées par des gains
plus modestes qui viendraient affecter la moyenne des gains utilisée dans le
calcul de la détermination de la rente. Nous sommes d'avis que ces deux
propositions-là devraient être mises en œuvre le plus rapidement possible, donc
au 1er janvier 2024.
Je dois attirer également votre attention
sur la manière dont Retraite Québec communique avec les cotisants à l'approche
de leur 60e anniversaire et pourquoi cette manière de communiquer devrait
être revue. La lettre que les gens reçoivent lorsqu'ils ont 59 ans
s'intitule Cap sur la retraite, Cap sur la retraite. Le prix
Nobel d'économie Richard Thaler a clairement exposé que la manière de
présenter un choix aux cotisants crée des biais cognitifs qui vont
nécessairement influencer leur décision. Si, au lieu de titrer la lettre Cap
sur la retraite, la lettre s'intitulait Des choix éclairés en matière de
rentes, si, au lieu de mettre l'emphase, dans la première phrase... Il y a
une section dans la lettre, ça s'appelle À votre retraite, la première
phrase commence ainsi : «Il est maintenant possible de recevoir votre
rente dès 60 ans, même si vous travaillez encore.» Au lieu de mettre
l'emphase sur ça, si on mettait l'emphase sur quelle rente vous allez avoir à
65 ans, sur la possibilité de la reporter avec bonification, sur la
reporter... de la devancer avec facteur de réduction, le choix se positionnerait
de manière différente dans l'esprit des gens.
Sachant que plus de 1 million de
personnes auront 60 ans dans les 10 prochaines années, ça fait
beaucoup de lettres à émettre. Il apparaît prioritaire d'investir dans la
manière de communiquer. Tout le monde y sera gagnant, les retraités en premier
lieu.
Je cède la parole à René.
M. Beaudry (René) : Maintenant,
je vais traiter de la nécessité d'encourager les options de début de rente
entre 65 et 75 ans. Il y a seulement 10 % des travailleurs du secteur
privé qui bénéficient d'un régime de retraite à prestations déterminées dans la
province. Les régimes d'épargne sont donc devenus l'avenue privilégiée pour se
bâtir une sécurité financière à la retraite. Au Québec, au moment où on se
parle, au Québec seulement, il y a environ 400 milliards de dollars dans
des REER. La moitié de ces argents-là seraient détenus par des gens au-dessus
de 55 ans. Entre 55 et 65, on a 1,2 million de personnes à l'aube de
la retraite au Québec.
Alors, c'est quoi, le défi ici? Bien, le
défi, c'est comment on va convertir, permettre aux gens de convertir cette
épargne qui est accumulée en revenus de retraite, parce que c'est une tâche qui
est très complexe, mais surtout bien stressante pour les gens. Et l'expérience
démontre clairement que les solutions qui existent actuellement en termes de
décaissement ne répondent pas aux besoins. Les gens ne sortent pas suffisamment
d'argent de leur REER, parce qu'ils ont peur d'en manquer, ils ont peur de
survivre à leurs épargnes.
Donc, ce dont je vous parle, ce n'est pas
à propos de l'âge de retraite, ce n'est pas à propos de retarder la retraite,
ça n'a rien à voir. C'est à propos de faciliter la conversion de sommes
détenues en épargne en revenus pour contribuer à la sécurité financière puis
émotionnelle de nombreuses personnes. Parce que le risque de survivre à ses
épargnes, ce que nous, on appelle le «risque de longévité», bien, ça devient
rapidement très difficile à gérer, passé 70 ans.
Puis dans notre document, vous allez voir,
à l'annexe 1, toutes les différentes rentes qui sont disponibles à ce
moment-ci. Débuter sa rente à 70 ans, ça se traduit par une rente du RRQ
de 22 000 $. Quand vous ajoutez ça à celle de la pension de sécurité
de vieillesse, on remplace 50 % du salaire maximum qu'on peut cotiser au
Régime de rentes du Québec, payable à vie, indexé, garanti. Puis un début à 75 ans,
ça permettrait de doubler la rente qui est disponible à 65 ans. On parle
d'un remplacement de deux tiers du salaire, 67 %, puis ça, ça n'inclut
même pas les améliorations qui ont été faites en 2019 pour les plus jeunes
générations.
L'annexe 2, ce qu'il montre, c'est
que reporter les débuts de rente, ça va permettre à des travailleurs qui n'ont
pas de régime de retraite de se doter de rentes garanties suffisantes pour leur
longue retraite. Puis l'épargne-retraite, quand vous regarderez les graphiques,
ça fait partie des initiatives privées. Ça va servir à procurer des revenus
pour une période qui est clairement déterminée, ça va laisser amplement de
place à la pension de sécurité de vieillesse puis au Régime de rentes du Québec
pour la longue retraite. Ça, ça va énormément faciliter la planification
financière puis ça va surtout donner pas mal de paix d'esprit à la retraite à
bien des gens qui en ont besoin.
Donc, permettre de reporter sa rente plus
tard que 70 ans, c'est la deuxième de trois améliorations-phares. La
première, ça a été l'amélioration du Régime de rentes du Québec en 2019. Vous
en voyez l'effet, vous regarderez dans les annexes, pour des jeunes
générations, quand le régime va être à plein rythme de croisière, pour des
salaires qui approchent 80 000 $ en dollars d'aujourd'hui, les
régimes gouvernementaux vont remplacer plus que 70 % des <revenus...
M. Beaudry (René) :
...en
dollars d'aujourd'hui, les régimes gouvernementaux vont remplacer plus que
70 % des >revenus. On a réglé un paquet de choses. Pour des
salaires inférieurs, c'est encore mieux.
La troisième amélioration fait partie d'un
projet de loi qui a été déposé la semaine passée, le projet de loi n° 7, qui ouvre la voie à une flexibilité qui est
nécessaire à la retraite, c'est-à-dire de permettre de sortir des sommes qui
sont immobilisées dans des régimes de retraite. Ça aussi, ça pourra dorénavant
être décaissé plus rapidement.
En conclusion, tout ça, ça positionne le
Québec à l'avant-garde au Canada dans la protection financière de ses
travailleurs retraités. C'est le fruit de 10 ans de discussions. Bravo et
merci pour l'écoute de ces dernières années.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous. Et je cède la parole au ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, merci beaucoup pour votre présentation. Merci pour le... excusez-moi,
là, parce que je voudrais bien vous regarder, mais d'abord je dois parler au
président. Deuxièmement, je suis orienté par là. Alors, je vais vous regarder
de temps en temps, là, mais... et c'est ma façon polie de dire que ce n'est pas
ma salle favorite, M. le Président, mais bon...
Le Président (M. Simard) : Rassurez-vous,
c'est partagé, cher collègue.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Alors, voilà, on va passer quatre ans ensemble à la Commission des finances
publiques, en tout cas, c'est mon souhait. On pourra changer de salle.
Je vous remercie et, si j'ai une promesse
à vous faire, c'est que je vais lire votre mémoire en détail la fin de semaine
prochaine. Je pense, ce ne sera pas possible cette semaine, la fin de semaine
prochaine, je vais vous lire ça.
Avant, j'ai des questions pour M. Morency,
puis j'ai des questions pour M. Godbout, et j'apprécie énormément la
présentation de M. Beaudry et de M. D'Amours. Puis merci à tous pour
votre carrière qui a vraiment, c'est... qui a été... votre intérêt envers les
questions de retraite a été constant, et c'est apprécié. C'est au bénéfice des
Québécois.
Peut-être je demanderais à Retraite Québec
deux précisions, parce que je pense qu'il y a une confusion, lorsqu'on parle de
cotisation facultative après 65 ans. J'aimerais que vous précisiez si
l'employeur va continuer à cotiser ou non. Si vous pouvez simplement clarifier
ça pour nos auditeurs, là, parce qu'on parle beaucoup... Est-ce qu'il y a
consentement pour que Retraite Québec intervienne?
Le Président (M. Simard) : Bien
oui, consentement, oui.
M. Therrien (Jean-François) : Oui,
bonjour. Donc, la précision sur la cotisation facultative... Donc, après
65 ans, lorsqu'on est bénéficiaire de la rente de retraite, ce qui est la
piste de réflexion qui est dans le document de consultation, c'est d'avoir la
possibilité de cesser sa cotisation, auquel cas l'employeur va aussi cesser sa
cotisation. Et, si le retraité choisit de continuer à cotiser, bien, à ce
moment-là, l'employeur cotise, et le retraité bénéficie d'un supplément à la
rente, d'un supplément viager à sa rente.
Le Président (M. Simard) : Alors,
monsieur, pour les fins de nos travaux, auriez-vous l'amabilité de vous
présenter, s'il vous plaît?
M. Therrien (Jean-François) : Oui.
Jean-François Therrien, actuaire en chef du RRQ.
Le Président (M. Simard) : Merci,
monsieur. Alors, nous pouvons poursuivre, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui, je
poursuis. Et on sait que cette proposition-là de cotisation facultative, M. Therrien,
elle a un coût. Est-ce que la proposition supplémentaire qui a été faite par M. Godbout,
c'est-à-dire que les cotisations soient facultatives, même pour ceux qui ne
reçoivent pas le régime des rentes, est-ce que le coût de cette proposition a
été étudié?
M. Therrien (Jean-François) : Le
coût a été regardé, a été estimé. On peut penser à un coût maximal de huit
points de base sur le taux de cotisation.
M. Girard (Groulx) : Huit
points de base supplémentaires?
• (12 h 50) •
M. Therrien (Jean-François) : Supplémentaires,
par-dessus le 11 points de base actuel.
M. Girard (Groulx) : OK,
parce que c'est important pour tous d'être conscient que notre marge financière
est de 26 points de base, qu'il n'est pas nécessairement optimal... puis
je m'excuse de réutiliser ce terme-là, mais je suis un économiste, OK, de
consommer l'entièreté de la marge de manœuvre parce que le Régime de pensions
du Canada a aussi des propositions qui sont extrêmement dispendieuses. Et donc,
la marge de manœuvre, ce n'est pas parce qu'elle est là qu'on devrait la
prendre. Mais ce qui est proposé, facultative à 65 ans, sous la forme que
c'est proposé, 11 points de base, à ça s'ajouterait un autre sept points
de base?
M. Therrien (Jean-François) : Huit.
M. Girard (Groulx) : Huit.
Donc, essentiellement, c'est tout ce qu'on ferait. Il n'y aurait pas d'autres
mesures. C'est extrêmement important. On n'a pas ici, là, le loisir de faire
des modifications sans la considération pour la marge de manœuvre. Alors, je
continue?
Le Président (M. Simard) : Si
vous le souhaitez, puis des collègues voudront intervenir.
M. Girard (Groulx) : Non,
non, je le <souhaite...
M. Girard (Groulx) :
Non,
non, je le >souhaite.
Le Président (M. Simard) : Allez-y.
M. Girard (Groulx) : Merci,
M. le Président. Mais je trouvais que votre regard... parce que je me demandais
si je m'égarais, à voir votre regard. Ça va?
Le Président (M. Simard) : Pas
du tout, pas du tout, pas du tout.
M. Girard
(Groulx) :
OK. Alors,
pour M. Beaudry, s'il vous plaît. Parce que je suis un peu surpris, vous
dites : Le 62 ans, ce serait bon de s'en parler à la prochaine
consultation. Vous dites : Si on était resté là où... Non, ce n'est pas M. Beaudry...
Une voix : Morency.
M. Girard (Groulx) : C'est
M. Morency, voilà, excusez-moi. Vous dites : Bien là, avant, c'était
65 ans, mais on a changé ça, mais, si on n'avait pas changé, je ne vous le
recommanderais pas non plus. Et vous dites : Ce n'est vraiment pas une
bonne idée de prendre sa retraite à 60 ans. Finalement, votre opposition
au report de l'âge d'admissibilité à 62 ans, il est fragile, là.
M. Morency (Bernard) : C'est-à-dire
qu'on ne supporte pas d'augmenter l'âge minimal à 62 ans.
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est ça, mais vous nous dites qu'on pourrait le supporter à la prochaine
consultation, que, si on était déjà à 65 ans, vous ne proposeriez pas de
l'abaisser à 62 ans. Puis vous dites que ce n'est pas une bonne chose de
prendre sa retraite à 60 ans.
M. Morency (Bernard) : Je
n'ai pas dit que ce n'était pas une bonne chose de prendre sa retraite à
60 ans. J'ai dit que d'un point de vue financier, ce n'est pas une bonne
chose de demander sa rente du Régime de rentes du Québec. Et, comme le dit le
document, demander sa rente, ce n'est pas nécessairement synonyme de prendre sa
retraite, ça. D'ailleurs, la preuve est que, dans le document de consultation,
on démontre que plusieurs des prestataires continuent de travailler. Donc, il
faut distinguer prendre sa... demander sa rente du Régime de rentes du Québec
et demeurer ou non actif sur le marché du travail. Ce sont deux décisions
indépendantes une de l'autre.
M. Girard (Groulx) : Mais
dans la mesure où la pénalité est de 36 % par rapport à 65 ans, c'est
de ça, là, dont on parle.
M. Morency (Bernard) : Absolument.
M. Girard (Groulx) : Si
vous prenez votre retraite à 60 ans, votre rente, pour le reste de votre
vie, va être inférieure de 36 %.
M. Morency (Bernard) : Absolument.
M. Girard (Groulx) : OK.
Alors, vous dites que néanmoins on doit garder cette flexibilité-là.
M. Morency (Bernard) : Ce
qu'on dit, c'est que financièrement, ce n'est pas une bonne décision. Mais
doit-on enlever cette option-là et l'enlever pour tout le monde? Pour la grande
majorité des gens, ce n'est pas une bonne décision, et ils ne la prennent pas
non plus, ils attendent après 60 ans. Les chiffres du document de
consultation démontrent que deux tiers des gens attendent, il y en a un tiers
qui le demande. Ce pourcentage-là a diminué.
On pense, avec certaines des propositions
qu'on fait, dont celle que Luc... dont Luc parlait, de la communication qui est
faite aux gens qui atteignent 60 ans, qu'en modifiant ça on peut diminuer
ça encore davantage. Et il y a un pourcentage de la population pour qui c'est
la bonne décision. Eux continueront de le faire. Ce qu'on veut, c'est chercher
à ce que ceux pour qui ce n'est pas une bonne décision financière, il y en ait
de moins en moins qui le fassent, et on pense qu'il y a d'autres façons d'y
arriver que de tout simplement enlever le droit aux gens.
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce que vous militez que c'est la bonne décision ou si vous militez pour
qu'on leur laisse le choix de faire une mauvaise décision?
M. Morency (Bernard) : Non.
En fait, ce qu'on dit, M. le ministre, c'est que le document de consultation
s'intitule Un Régime de rentes du Québec adapté aux défis du 21e siècle.
Ce qu'on dit, c'est que l'élément central d'atteindre cet objectif-là, ce n'est
pas de changer l'âge minimal de 60 à 62 ou à 65. L'élément central, c'est de
mettre une flexibilité dans le régime que les Québécois recherchent. Les gens
recherchent une flexibilité parce que la réalité, elle est celle-là, les gens
partent d'une retraite... d'un emploi à la retraite. Ça ne se fait plus comme ça
se faisait il y a 20 ans : le vendredi, j'étais à l'emploi à temps
plein, puis, le lundi, j'étais à la retraite à temps plein. Ce n'est plus comme
ça que ça se passe pour la grande majorité des Québécois. Il y a une transition
qui se passe.
Et ce qu'on dit, c'est que le Régime de
rentes du Québec doit s'adapter au marché du travail, doit s'adapter à ce que
les Québécois demandent et maintenir une flexibilité. Et on a toutes sortes de
recommandations à cet effet-là, une d'entre elles étant ne pas changer le
60 ans.
M. Girard
(Groulx) :
OK. Juste
pour que ce soit clair, M. le Président, là, pour la santé financière du
régime, là, c'est avantageux que les gens prennent leur retraite à 60 ans.
La raison que c'est avantageux pour le régime, c'est que ce n'est pas
avantageux pour les Québécois financièrement de prendre sa retraite à
60 ans. Alors, cette proposition-là consommerait 12 points de base de
la marge de manœuvre de 26 points de base. Et je rappelle à tous que les
choix qu'on va faire ici doivent être <contenus...
M. Girard (Groulx) :
...de
26 points de base. Et je rappelle à tous que les choix qu'on va faire ici
doivent être >contenus à l'intérieur de ce 26 points de base, tout
en étant conscients qu'il y a d'autres changements qui vont être faits au Régime
de pensions du Canada et que les changements qui sont considérés... qui seront
considérés sont extrêmement dispendieux. Ça fait que, là, il va falloir faire
les bons choix. C'est primordial. On ne pourra pas prendre tout ce qui a
apparence d'être avantageux, et cumuler, et dépasser la marge de manœuvre.
Alors, ça, c'est extrêmement important, et la proposition d'augmenter l'âge
minimal, c'est dans l'intérêt de la sécurité financière des Québécois.
33 %, c'est 33 % de trop, là.
M. Morency (Bernard) : Bien,
c'est-à-dire que... D'abord, deux points. Il y a un point sur lequel on est
très d'accord avec vous, il faut y aller prudemment dans l'utilisation de la marge
de manœuvre. Donc, en gardant le 60 ans, vous venez de vous donner 12 points
centésimaux de marge de plus...
M. Girard (Groulx) : Exactement.
M. Morency (Bernard) : ...que
vous n'utiliserez pas, là. Nous, on pense que c'est une meilleure façon de
l'utiliser pour rendre les cotisations facultatives après 65 ans pour tous
les Québécois, et non pas seulement ceux qui ont demandé leur rente. On pense
que c'est une meilleure utilisation de la marge de manœuvre, tout simplement.
Alors, sur le fond de la question, il y a
des arguments des deux côtés, là, on s'entend, là, OK, là. D'un point de vue
strictement... tu sais, René et moi, on est des actuaires, d'un point de vue
strictement actuariel, OK, si on regarde l'ensemble de l'affaire, on va dire :
Bien, 90 % des gens ne devraient pas la prendre à 60 ans, on enlève
tout ça puis on va trouver une façon de régler le problème des autres
10 %, parce qu'il y a certaines personnes pour qui c'est la bonne
décision, pour toutes sortes de raisons, parce qu'ils ont... leur santé n'est
pas aussi bonne. Ça peut être parce que, pour eux, ils n'ont pas la possibilité
d'avoir un revenu de travail, ils doivent aller chercher cette rente-là. C'est
une minorité de gens, mais elle existe. Elle existe, cette minorité-là.
Donc, comme on dit, nous, on préfère
mettre l'emphase sur mettre une grande flexibilité dans le régime, mettre... Un
des autres arguments qui est amené dans votre document de consultation, M. le
ministre, c'est toute la question de la pénurie de main-d'œuvre sur le marché
du travail, un point extrêmement important. Nous, on pense que la pénurie,
c'est une inadéquation entre l'offre et la demande. Alors, si on veut qu'il y
ait une adéquation, on doit travailler à la fois sur l'offre et sur la demande.
Alors, une mesure pour l'offre, bien sûr, c'est d'avoir de plus en plus de
Québécois qui continuent à être actifs. Une mesure pour la demande, c'est de
travailler avec les employeurs puis de voir comment on peut rendre ça attractif
pour les plus âgés, pour les gens de 61, 62, 64, 65 et j'irais jusqu'à dire 69
et 70. Je vous rappelle, quand on a déposé le rapport, mon ami Alban ici, il
avait 73 ans, hein? Alors donc, il y a des gens qui peuvent avoir une
contribution très utile à la société bien après 62 et 63 ans.
M. Girard (Groulx) : OK. Il
me reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 1 min 54 s.
M. Girard (Groulx) : Très
bien.
M. Beaudry (René) : Peut-être...
M. Girard (Groulx) : Oui,
allez-y.
M. Beaudry (René) : Est-ce
que vous me permettez un complémentaire?
M. Girard (Groulx) : Certainement.
M. Beaudry (René) : On a
réussi, sans faire de changement, de passer de 60 % à 33 % juste par...
communications, conférences, interventions auprès de l'Institut québécois de
planification financière. Alors, ces choses-là, ils vont continuer. Donnez-nous
une chance de le faire. Sur les 33 % qui le prennent à 60 ans,
probablement qu'il y en a certains qui doivent et peuvent le faire, mais il y en
a probablement un taux minimum. Est-ce qu'on va être capable de redescendre,
comme dans le reste du Canada, à 25 % ou en bas de 20 %? Moi, je
pense que ça peut se faire en termes de bonne communication.
En passant, sur les coûts du 0,12 %
de l'amener à 62 ans, ce n'est pas nécessairement de l'amener à 62 ans
qui va faire que ce coût-là va être là, c'est que les gens le prennent
effectivement à 62 ans. Ça fait que, si vous ne passez pas la mesure puis
qu'on a un succès, il va y avoir un certain coût quand même, de la même façon
que, pour l'autre mesure par rapport aux cotisations, bien, dans l'absolu, si
tout le monde prennent pas de cotisation après 65 ans, ça va coûter ça,
mais il n'y aura pas... ce n'est pas tout le monde qui ne cotiseront pas, parce
qu'il y a des gens qui vont continuer à cotiser pour accumuler dans le nouveau Régime
de rentes du Québec.
Ça fait qu'il n'y a rien qui est, dans
l'absolu, dans les extrêmes, puis je pense qu'il faut en tenir compte quand on
évalue les coûts des mesures qui vont être implantées.
• (13 heures) •
M. Girard (Groulx) : Mais
vous reconnaissez, là, que cette évolution-là, de 60 % à 33 %, elle
ne s'est pas faite toute seule, là. On a ajusté les facteurs d'ajustement
aussi, là.
M. Beaudry (René) : Non, du
tout.
M. Girard (Groulx) : En 2013,
oui.
M. Beaudry (René) : Du tout, juste
de la communication. Ça n'avait aucun bon sens que 60 % des gens prennent
leur rente à 60 ans. C'est de la mésinformation, là.
M. Girard (Groulx) : Je ne
suis pas d'accord avec vous.
M. Beaudry (René) : Ah! OK.
M. Girard (Groulx) : Il y a eu
des ajustements aux facteurs d'ajustement.
Une voix : En 2014.
M. Beaudry (René) : Bien, on
est passés à 36 %.
M. Girard (Groulx) : En 2014.
Une voix : ...1er janvier
2016.
Le Président (M. Simard) :
Alors, en conclusion, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Bien, en
conclusion, merci <énormément pour vos... l'ensemble de
votre carrière, votre contribution...
>
13 h (version révisée)
<17929
M.
Girard (Groulx) :
Bien, en conclusion, merci >énormément
pour vos... l'ensemble de votre carrière, votre contribution à la retraite... à
la réflexion sur la retraite, et soyez certains que votre mémoire va être lu, analysé
et pris en considération.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.Merci. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Écoutez, en tant que nouvel élu, je suis impressionné par le débat
qu'on peut avoir, les conversations qu'on peut avoir. J'apprécie beaucoup. J'apprécie
énormément la qualité de nos invités, en ce moment. C'est des légendes dans...
dans le Régime des rentes du Québec, et donc pour moi, ça m'impressionne
beaucoup. Je vous remercie beaucoup de votre présence puis de vos états, c'est
vraiment apprécié.
Le ministre faisait état de huit points de
base du coût de... pour permettre aux travailleurs de 65 ans la
possibilité d'arrêter de cotiser, là, au Régime des rentes. Moi, je me pose la
question... Puis je comprends le concept de flexibilité, d'arrêter de
travailler à 60 ans parce qu'on est pris des genoux, puis peu importe,
puis tout ça, puis ça, je le comprends. Mais, dans le contexte où est-ce qu'à
65 ans... On parle du huit «basis points», là... points de base, excusez. Dans
le contexte où est-ce que quelqu'un veut travailler à 65 ans, mais pas
cotiser au Régime des rentes du Québec, bien, l'employeur pourrait-il, lui,
continuer à faire son 50 % de la contribution, et donc, à ce moment-là, le
huit «basis points» serait-il... excusez, huit points de base serait-il réduit
à quatre, si tout le monde faisait ça? Est-ce que vous l'avez fait, l'estimé
de... Je ne sais pas si vous comprenez ma question. M. Godbout, peut-être,
ou...
M. Morency (Bernard) : Bien,
en fait, il y a deux points ici. Je devrais, un, demander à Luc de bien
expliquer le point où on faisait que... Ça, c'est une option, ce n'est pas une
obligation d'arrêter de cotiser.
M. Beauchemin : Exact, exact,
exact.
M. Morency (Bernard) : Puis,
après ça, je pourrai revenir sur la partie plus monétaire.
M. Beauchemin : D'accord, oui.
M. Godbout (Luc) :Bien, c'est ça, tu sais, nous, c'était vraiment... qu'est-ce
qui est proposé, c'est, passé 65 ans, que les cotisations soient facultatives,
qu'on ait demandé la rente ou non. Là, l'équipe du Régime des rentes a
mentionné qu'il y avait... ça coûtait huit points de base. Il faudrait voir, si
c'est l'option, ce huit points-là, comment a-t-il été calculé. Est-ce qu'il a
été calculé que 100 % des gens de 65 ans et plus demandaient de
cesser de calculer ou 50 % des gens le demandaient, 40 % des gens le
demandaient? C'est sûr que ça va affecter le coût, et ça, on est un peu dans l'inconnu.
Qui va continuer de vouloir cotiser? Il y en a pour qui c'est rentable, là.
Nous, on tient à le dire, là, ce n'est pas une obligation, c'est un choix
facultatif. Est-ce qu'on peut laisser l'employeur continuer de cotiser
seulement? Moi, je ne peux pas m'aventurer jusque-là.
M. Morency (Bernard) : Là-dessus,
là, j'aimerais faire deux commentaires. Le premier, c'est qu'il y a plusieurs
personnes, au Québec, qui sont des travailleurs autonomes, OK, alors ils sont
leurs propres employeurs. Le Régime de rentes du Québec, c'est une de ses
grandes forces. Plusieurs pays dans le monde, leur régime d'État, c'est juste
les gens qui travaillent pour un employeur qui cotisent. Chez nous, en 1966, on
a dit : Non, les travailleurs autonomes vont aussi participer au Régime de
rentes du Québec.
Quelle décision sage on a prise. Ça a
permis aux travailleurs autonomes d'avoir une rente, mais ça veut dire... parce
qu'il y en a de plus en plus, de travailleurs autonomes, après 65 ans. Ça
veut dire que, quand je travaille après 65 ans, je suis un travailleur
autonome, je paie ma cotisation et je paie aussi celle de l'employeur. Alors,
je vous rappelle, la cotisation, c'est 10,8 % pour le régime de base, 2 %
pour le régime supplémentaire. On parle de 12,8 % fois deux. Ça commence à
faire de l'argent, ça, là, là, OK?
Donc, ce qu'on dit, c'est que, pour les
travailleurs autonomes qui font un calcul, bien, ce n'est pas évident que c'est
une bonne décision de continuer de cotiser. Alors, ce qu'on dit, c'est que...
définitivement, définitivement qu'il faut leur permettre. Pourquoi on les
obligerait à demander leur rente pour avoir ce droit-là? Pourquoi on ferait ça?
On ne voit pas de raison de les obliger. En plus, on fait toutes sortes de
changements au régime pour inciter les gens à reporter leur demande de rentes
et là on va faire un changement qui va les inciter à faire exactement l'inverse.
Alors, ce qu'on dit, c'est : Offrons cette option-là, peu importe que la
personne ait demandé sa rente ou non.
Pour certaines personnes, c'est une bonne
chose de cotiser. Selon les recherches qu'on a faites au Régime de pensions du
Canada, qui offre déjà cette option-là, il y a à peu près 40 % des gens
qui ne cotisent pas puis 60 % des gens qui décident de cotiser quand ils
ont le choix. Donc, il y a des gens qui font le calcul, qui disent : Ah!
moi, ça vaut la peine pour moi, je vais aller chercher la cotisation de l'employeur,
ou etc. Il y en a d'autres qui décident que ce n'est pas la bonne chose à
faire. <Alors, ce qu'on...
M. Morency (Bernard) :
Il
y en a d'autres qui décident que ce n'est pas la bonne chose à faire. >Alors,
ce qu'on dit, c'est : Oui, offrons ça, mais ne mettons pas l'obligation de
demander leur rente pour avoir cette option-là.
Une voix : J'ai fait ce
choix.
M. Beauchemin : J'ai...
Pardon?
Des voix : ...
M. Beauchemin : Je n'ai
peut-être pas bien posé la question, c'est peut-être pour ça. Mais, juste pour
qu'on soit clair, qu'un travailleur autonome décide de continuer à travailler
après 65 ans, en parlant d'optionalité gratuite, là, si on lui dit :
Bien, écoute, tu as, donc, le choix maintenant, si tu veux ne plus, perso,
contribuer au régime des rentes, mais ta business, elle va continuer à
contribuer. On lui coupe sa facture de 24 %, en deux. Donc, c'est quand
même avantageux de ce point de vue là.
M. Morency (Bernard) : Vous
pourriez envisager cette option-là. Ça complique un petit peu les systèmes de
paie, et tout, là, mais est-ce que ça peut être fait? Bien sûr que ça peut être
fait. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne, au Régime de pensions du Canada.
Ce n'est pas comme ça qu'on avait compris la proposition qui est dans le
document de consultation. On avait compris que c'était à la fois la cotisation
de l'employeur et de l'employé. Est-ce que vous pourriez couper la poire en
deux puis dire : On va rendre la cotisation de l'employé optionnelle, mais
pas celle de l'employeur?
M. Beauchemin : Bien, c'est
une idée de même, histoire de...
M. Morency (Bernard) : Bien
sûr. Bien sûr.
M. Beauchemin : C'est une idée
de même, histoire d'aller chercher les «basis points», là...
M. Morency (Bernard) : Bien
sûr, bien sûr. Bien sûr, bien sûr, ça se réfléchit.
M. Beauchemin : Excusez, les
points de base.Vous m'excuserez, j'ai travaillé une trentaine d'années
dans les marchés des capitaux en marché obligataire, pour moi, on parle de
«basis points» tout le temps. Ça fait que je suis désolé des anglicismes.
M. Beaudry (René) : Il y a
juste une chose, c'est que, ce faisant, ça n'existe pas, dans le régime, des demi-rentes
pour des crédits, là. Tu sais, on... Je pense qu'on parle, comme... C'est un
peu comme un «brainstorm», mais le régime n'est pas conçu pour avoir des
demi-accumulations. Ça fait que, tu sais, il y a un coût, il y a un crédit de
rente qui s'accumule; s'il n'y a pas de crédit de rente qui s'accumule, il n'y
a pas de cotisation. Mais, tu sais, ces demi-cotisations-là n'apparaissent dans
aucun régime à prestations déterminées de quelque sorte. Ça fait qu'il y aurait
des modifications quand même sensibles si on le faisait, là, tu sais.
M. Beauchemin : Intéressant.
J'imagine qu'il y aurait probablement un fichier qui pourrait les mettre en
considération, là, mais, au moins, il y a ça.
J'ai une question, parce que vous êtes des
experts puis je veux vraiment avoir votre opinion là-dessus. Par fourchette
annuelle, si on peut les diviser comme ça, donc, on parle de l'impact actuariel,
si... Supposons qu'on avait décidé que ce soit à 65 ans, si on tombait à
64 ans, l'impact, est-ce que vous l'avez calculé, ce que ça représenterait
pour le régime, si on y allait par tranches de un an, l'impact annuel... Je
ne sais pas si je peux le dire, le terme «annuel»...
M. Morency (Bernard) : Bien,
c'est-à-dire, vous voulez dire si l'âge minimal était 64 ans ou... C'est
ce que vous voulez dire?
M. Beauchemin : Oui, genre.
Oui, par année, disons, si on avait comme... si on avait calculé ça de façon...
par année de retraite.
M. Morency (Bernard) : Oui,
bien, j'y vais de mémoire, mais je pense que le coût pour augmenter l'âge
minimal de 60 à 62 est pas mal le même que de 60 à 65. Il n'y a pas une grande
différence entre les deux coûts, là. J'y vais de mémoire, là, je n'ai pas les
chiffres frais, là, tu sais, mais je pense que... Donc, je pense que de passer
l'âge minimal de 62 à 65, ça n'a pas un énorme impact sur le coût. L'impact sur
le coût, il est entre 60 et 62, pas entre 62 et 65.
M. Beauchemin : OK. Je
voulais avoir aussi votre opinion, parce que je pense qu'en début vous aviez
mentionné comme quoi que la courbe... les générations futures sont amenées...
sont bien protégées dans la modélisation actuelle, là, du régime. Donc, la
courbe démographique actuelle, qui est quand même vraiment pénible pour les
plus jeunes générations, de leur point de vue à eux, dans vos estimés,
croyez-vous que, dans, je ne sais pas, moi, 20 ans, 15 ans,
30 ans, le régime actuel va être aussi permissif, pour vous, par exemple?
• (13 h 10) •
M. Morency (Bernard) : En
fait, il va même être un petit peu meilleur, parce que le régime de base, il
est là, il est le même pour celui qui a... qui atteint 65 ans aujourd'hui
puis celui qui atteint 65 ans en 2041, là. Mais le régime supplémentaire,
lui, il se bâtit une année à la fois, débutant en 2019. Donc, celui qui quitte
aujourd'hui, il n'a que trois ans depuis 2019. Celui qui va quitter en 2042, bien,
il va avoir 23 ans.
Donc, en fait, le régime, il se bonifie, et
c'est pour ça qu'on a salué, avec... cette amélioration-là qui a été faite au
Régime de rentes du Québec, qui se fait de façon progressive, qui se fait avec
un énorme souci d'équité intergénérationnelle, ce qui est un point très
important dans toute cette étude-là, là. L'équité intergénérationnelle, elle
est très importante, là. Donc, le régime, il se bonifie, M. le député.
M. Beauchemin : OK. Combien
de temps qu'il me reste encore?
Le Président (M. Simard) : Une
minute.
M. Beauchemin : Tu as-tu une
question? Linda va continuer.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci beaucoup.
Alors, je comprends que vous ne prônez pas de changer <l'âge de 60 à
62...
Mme Caron :
Alors,
je comprends que vous ne prônez pas de changer >l'âge de 60 à 62 ans.
Dans le projet du gouvernement, l'un des arguments en faveur de ça était de
dire que les retraités recevront plus d'argent s'ils prennent leur retraite
plus tard. Est-ce que, dans vos travaux, vous avez calculé l'impact de la
mesure fédérale du supplément de revenu garanti, justement, si les gens
prennent leur retraite à 62 ans plutôt qu'à 60 ans? Est-ce que vous
avez analysé cet aspect-là pour voir si le gain qu'on pense que les gens vont
faire sera toujours vrai?
M. Godbout (Luc) :Bien, le gain sera toujours vrai. C'est vrai qu'il y a des
interactions entre ce qu'on reçoit au Régime des rentes et ce qu'on a droit au
supplément de revenu garanti.
Nous, notre angle, là, ça a été comment
avoir les meilleurs revenus de retraite de 65 ans à notre décès. Et, si on
repousse le moment où on demande notre régime des rentes, c'est vrai qu'on va
avoir une rente plus élevée. Les bénéficiaires moins nantis qui ont droit au
supplément de revenu garanti vont être diminués, mais, au net, ils vont avoir
plus, ils vont avoir plus jusqu'à leur décès. Puis nous, on pense que c'est la
ligne de conduite qu'on doit avoir, parce que, sinon, si on se met à faire
ces... Je le sais que, dans les officines, quand ça a été le temps, même, de
bonifier le Régime des rentes du Québec puis de faire le régime supplémentaire,
on hésitait en disant : Il y a beaucoup de Québécois qui vont perdre le supplément
de revenu garanti. Mais, dans cette logique-là, là, on ne voudrait pas
développer le Québec parce qu'on va perdre de la péréquation... Tu sais, il
faut quand même garder à l'esprit qu'il faut... les gens vont être plus riches,
ils vont avoir plus de revenus et que ça reste la bonne décision malgré tout.
Mme Caron : Parfait. Merci.
Est-ce que j'ai encore du temps? Oui?
Le Président (M. Simard) : Désolé,
non, madame.
Mme Caron : Non? OK.
Le Président (M. Simard) : Je
cède la parole à la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, messieurs, pour votre présentation. C'est vraiment très, très
éclairant, vous rendez ça passionnant, pour vrai.
Moi, je sens beaucoup le ministre très,
très inquiet, là, pour la santé du régime. Il regarde les chiffres, il
dit : ça va coûter très, très cher, et tout ça. Ce que je comprends de ce
que vous dites, c'est qu'on n'a pas besoin de forcer les gens maintenant, là,
d'avancer. De toute façon, en ce moment, ce n'est pas le cas. C'est une
minorité des gens, là, le tiers à peu près, qui continuent à le prendre, pour
toutes sortes de raisons. Puis vous, ce que vous dites, c'est par les mesures
de sensibilisation qu'on y est arrivés, alors que le ministre dit : Non,
non, il y a une autre raison pour ça. Ça, peut-être, ça m'a échappé, cet
aspect-là.
M. Beaudry (René) : En 2015,
ils ont raison, il y a eu des modifications au taux de réduction. Alors, au
lieu de 30 %, c'est 36 % pour les personnes qui ont des plus hautes
rentes, mais ça a demeuré 30 % pour les gens qui ont des rentes plus
petites, donc ça n'a pas changé. Le Québec, dans le Régime de rentes du Québec,
on a une différenciation, qui est une mesure sociale qu'on salue, où les gens
qui ont des moins hautes rentes ont la même réduction qu'ils avaient, ou
ajustement actuariel, si on peut l'appeler comme ça.
Mme Ghazal : Puis les raisons
pour lesquelles les gens décident de plus en plus, vous le dites, là, de façon
naturelle, sans même qu'on les force, ils continuent à la prendre plus tard,
vous l'avez évoqué un peu, est-ce que c'est parce que les gens, ils ont moins
d'épargne ou leur situation financière n'est pas bonne, et tout ça?
M. Beaudry (René) : Non, c'est
tout à propos d'un narratif, alors, les gens qui vont voir leur beau-frère,
leur conseiller... puis tout le monde disait : Prends ta rente à
60 ans, tu perds de l'argent. Il n'y a aucun intérêt de prendre sa rente à
60 ans, à moins de savoir... si tu es certain que tu vas mourir dans les 11 prochaines
années, puis je pourrais le démontrer.
Mais la rente du Régime de rentes du
Québec, c'est simple, là, c'est 10 000 $ à 60 ans, c'est 15 000 $
à 65 ans, ça augmente de 1 000 $ à chaque année. Ça fait que, si
tu prends ta rente à 60 ans, à 10 000 $, là, après 11 ans,
tu en as eu 110 000 $. Si tu la prends à 61, à 11 000 $,
après 10 ans, tu en as eu 110 000 $. Ça fait que si tu es sûr de
mourir avant 71, tu la prends. Sinon, bien, peut-être qu'il y a des gens qui
disent : Bien, je n'en ai pas assez, puis tout ça. Il faut vraiment que
les gens n'aient pas 10 000 $ dans leur REER, il faut vraiment que
les gens n'aient pas un revenu de salaire de 10 000 $ pour la prendre
à 60.
Et ce que Retraite Québec pousse et met de
l'avant puis le ministère aussi, c'est de dire : Ces gens-là, après ça,
pendant 30 ans, il faut qu'ils vivent sur un certain niveau. Ça fait que
c'est là que l'importance... Ce n'est pas de reporter, c'est de ne pas la
prendre. Il n'y a pas de décision de reporter sa rente, tu sais, il y a
décision de... La seule décision inéluctable, c'est de la prendre. Tu peux la
prendre à chaque mois, si tu veux.
Mme Ghazal : Oui, oui. Puis
la différence, c'est aussi, j'en ai parlé dans l'introduction, entre les hommes
et les femmes. Les hommes sont quand même... Il y a, quoi, peut-être un
5 %, là, de plus d'hommes qui prennent leur retraite à 60 ans versus
les femmes... c'est-à-dire les hommes, il y en a plus, tu sais. Je pense que,
les femmes, c'est 36 % qui la prennent à 60 ans, alors que les
hommes, c'est 31 %. C'est quand même un écart, parce qu'elles ont peur,
parce qu'elles ne le savent pas, à cause de leurs revenus moindres?
M. Beaudry (René) : Bien, je
vais vous retourner ça sur une base de question. Sur le long terme, avec
l'augmentation rapide, au cours des dernières décennies, de la place des femmes
sur le marché du travail, au Québec, on est à égalité; probablement que ça,
c'est en train de <s'autocorriger aussi...
M. Beaudry (René) :
...
Québec, on est à égalité; probablement que, ça, c'est en train de >s'autocorriger
aussi. C'était une question de... si les gens avaient peu d'années dans le
régime et des petites rentes, peut-être qu'ils ne le prenaient pas à la même
date, tu sais.
Mme Ghazal : Donc,
naturellement, vous dites que ça va se résorber?
M. Beaudry (René) : Bien, je
pense que oui.
M. Godbout (Luc) :...pour ajouter.Les femmes le prennent en plus
grand nombre à 60 ans, mais c'est pour eux que c'est la moins bonne
décision de la prendre à 60 ans, parce que l'espérance de vie est plus
grande, des femmes, et ils vont avoir une rente diminuée plus longtemps.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. M. le député de Camille-Laurin.
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup. Bonjour. Excellente présentation. Je ne dispose que de 2 min 30 s,
donc, si vous pouvez répondre par oui ou non avec des phrases courtes, ça va
m'aider.
Donc, je comprends que le régime est bien
financé, avantageusement, par rapport à d'autres nations dans le monde. Vous
nous dites que, pour la personne qui veut bénéficier du RRQ à 60 ans, il
n'y a aucune raison ou d'incitatif financier, mais il y a bel et bien une
pénalité à faire cela par rapport à le prendre plus tard. On entend M. le
ministre qui dit : C'est une mauvaise décision de le prendre à
60 ans, donc il faut intervenir puis monter cet âge-là. Est-ce que je
comprends que, même si on augmente l'âge, le régime ne se trouve pas mieux
financé? Donc, on ne ferait pas ça pour assurer la pérennité du régime, si
jamais on augmentait l'âge pour bénéficier du RRQ? Il n'y a aucun lien.
M. Morency (Bernard) : C'est
l'inverse. Même c'est pire...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
ça, ça pénalise.
M. Morency (Bernard) : ...ça
pénalise.
M. St-Pierre Plamondon : Bon,
dans lequel cas, est-ce que je comprends que votre divergence de point de vue
avec le ministre, c'est que, bien que sur le plan financier, ce soit pénalisant
de prendre le RRQ à 60 ans, vous, vous considérez que les considérations
actuarielles ne sont pas le seul facteur qui amène une personne, un citoyen à
prendre une décision éclairée sur son intérêt, quant à l'âge de retraite?
M. Morency (Bernard) : Exactement.
M. St-Pierre Plamondon : Bon,
est-ce qu'on pourrait considérer, c'est une proposition du parti... parce que
le Parti québécois est d'accord... a déjà proposé, durant la campagne,
plusieurs des éléments que vous apportez.
Il y a une chose où je veux tester notre
idée. Dans la mesure où on aimerait se donner, justement, plus de marge de
manœuvre dans le régime et peut-être qu'on voudrait être plus généreux en
termes de pourcentage, là, du revenu qui est versé en versements RRQ, est-ce
que d'augmenter les gains... les revenus admissibles de 66 000 $ à 75 000 $,
donc élargir l'assiette sur laquelle on est obligé de cotiser pour le RRQ,
est-ce qu'à votre avis ce serait une bonne mesure, dans la perspective de se
donner une marge de manœuvre, mais également, peut-être, de bonifier, pour
vaincre la pauvreté chez les aînés... bonifier les versements RRQ?
M. Godbout (Luc) :Bien, j'ai un élément de réponse. J'ai fait ma revue de
presse, ce week-end... mais je ne peux pas juste répondre par oui puis par non,
malheureusement. Ça va bouffer un petit peu de temps. Alors, le 66 000 $,
cette année, de maximum des gains admissibles, c'est déjà prévu, l'année
prochaine, qu'il va être indexé comme il est indexé chaque année.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais il a été indexé en bas de l'inflation.
M. Godbout (Luc) :Mais, dans les 10 dernières années, il a été indexé de
plus que l'inflation...
Le Président (M. Simard) : ...conclusion.
M. Godbout (Luc) :
...puis dans les 20 dernières aussi. Mais, si on regarde le 66 600 $,
l'année prochaine, il va être non seulement indexé, on va le déplacer de
7 %. Et, dans l'année suivante, en 2025, il va non seulement être indexé
encore, mais il va être déplacé d'un autre 7 %, si bien que votre 66 600 $
risque d'être autour de 81 000 $, en 2025. Pour ceux qui cotisent...
Ça va bonifier les rentes pour ceux qui cotisent...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Godbout (Luc) :...actuellement jusqu'à ce maximum-là. C'est déjà prévu,
c'est le changement dans le régime des rentes supplémentaire qui a été annoncé
en 2019.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci, messieurs, ceci met fin à notre période d'échange. Alors, M.
D'Amours, M. Godbout, MM. Beaudry et Morency, merci beaucoup pour votre
contribution à nos travaux. On espère vous retrouver sous peu. Merci à vous.
Sur ce, je suspends nos travaux. On se
retrouve cet après-midi. Au revoir.
(Suspension de la séance à 13 h 20)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 02)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, bon retour. Je constate que nous avons quorum. Conséquemment, nous
sommes prêts à reprendre nos travaux, mais, avant de débuter, bien sûr, nos
pensées accompagnent toutes les familles qui vivent un drame horrible aujourd'hui
à Laval. Donc, nos pensées les accompagnent. Dans ce contexte, vous comprendrez
le départ précipité de notre collègue de Fabre, qui s'est dirigée... qui a dû
quitter la commission pour se diriger là-bas.
Alors, nous avons l'honneur de recevoir
des représentants de la Confédération des syndicats nationaux. Madame, messieurs,
bonjour, soyez les bienvenus. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous
présenter?
Mme Senneville (Caroline) : Bonjour.
Alors, je suis Caroline Senneville. Je suis la présidente de la CSN, et, pour m'accompagner...
M. Jean (Pascal) : Bonjour, Pascal
Jean, conseiller politique à la CSN, évidemment.
M. Routhier (Sébastien) : Bonjour,
Sébastien Routhier, actuaire à la CSN.
Mme Senneville (Caroline) : Alors,
jamais sans mon actuaire. Puis oui, effectivement, c'est quand même bouleversés
par les événements de ce matin, là, qu'on se présente devant vous. On va se
concentrer sur le régime.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous vous écoutons, et vous disposez de 10 minutes.
Confédération des
syndicats nationaux (CSN)
Mme Senneville (Caroline) : Merci.
Alors donc, merci de nous recevoir à cette consultation qui est prévue à tous
les six ans sur le régime de retraite du Québec... le régime des rentes du
Québec, pardon. C'est un régime qui a, pour nous, une connotation de filet
social pour les retraités, parce qu'une partie importante des revenus des
retraités sont dans le RRQ, et c'est un revenu... c'est un des rares revenus, à
la retraite, qui est à la fois garanti et indexé, et je pense qu'on peut voir
que la retraite, c'est un enjeu qui est socialement sensible ici ou ailleurs. Ce
régime, c'est un régime qui va bien. Les entrées de fonds sont suffisantes pour
les 50 prochaines années. Ce n'est pas nous, c'est vous qui le dites. Alors, à
notre avis, rien ne justifie les propositions de réduction du régime. En fait,
on aurait même de l'espace pour l'améliorer légèrement.
Alors, vous comprendrez que, d'entrée de
jeu, on s'inscrit contre l'obligation de reporter éventuellement notre demande
de la RRQ de 60 à 62 ans. Je vous dirais que, déjà, depuis 2016, entre
2016 et 2021, il y a à peu près moitié moins de gens qui demandent leur rente à
60 ans. Alors, de façon naturelle, c'est quelque chose qui se produit. On était
autour de 60 % en 2016. On est plus autour de 30 % en 2021. Vous me
direz que l'espérance de vie augmente. Je vous répondrai que ça dépend pour
qui. L'espérance de vie n'est jamais la même en haut de la côte. Que ça soit à
Montréal, Westmount, Saint-Henri ou haute-ville, basse-ville à Québec, ce n'est
jamais la même en haut de la côte qu'en bas de la côte, et il y a des
différences qui peuvent être significatives.
Il y a aussi le fait que beaucoup de travails
sont très pénibles. Quand on monte des briques, des murs de brique, pendant des
décennies, ça use le corps de la même façon que quand on travaille dans l'humidité,
le froid, dans des cadences infernales, dans des abattoirs, de la même façon
que quand on est debout derrière une caisse, parce que, malgré le fait que la
CSN demande des bancs de caissières, il n'y a aucun grand détaillant qui offre
des bancs pour les caissières. Alors, quand on est debout derrière notre caisse
depuis des décennies ou quand on travaille dans le milieu scolaire puis qu'on
revient chez soi couvert de bleus parce que les enfants en difficulté sont
parfois violents, bien, la pénibilité du travail, c'est quelque chose qui
existe.
De plus, vous savez, 40 % de la
population bénéficie, à partir de 65 ans, du supplément de revenu garanti
qui est prévu dans le... pour le fédéral. Bien, en reportant l'âge de 60 à 62 ans,
ça fait en sorte que l'augmentation de la rente que les <personnes
recevraient serait coupée de...
Mme Senneville (Caroline) :
...sorte
que l'augmentation de la rente que les >personnes recevraient serait
coupée de moitié par une baisse équivalente du SRG, du supplément de revenu
garanti. Et évidemment on voit, par tout ça, que l'effet de ce report-là, il
est vraiment plus grand sur les gagne-petit, ceux qui ont des métiers
difficiles et sur les femmes, parce que, quand on parle de gagne-petit, on
parle aussi des femmes. Les femmes sont très majoritaires au salaire minimum, et
le salaire des femmes, malgré toutes les lois qui existent, sont encore plus
bas que celui des hommes.
Il y a plus de 2 millions de
Québécois et de Québécoises qui n'ont ni épargne personnelle ni régime de
retraite et qui dépendent, donc, du RRQ à partir de 60 ans. Et ce n'est
pas tout le monde qui a soit les moyens financiers ou les moyens physiques, on
l'a vu avec la pénibilité du travail, de reporter sa retraite. Alors, repousser
de 60 à 62 ans serait, pour une partie importante de la population, les
amener à la pauvreté.
On croit aussi que cette idée, ce n'est
pas une réponse à la pénurie de main-d'oeuvre. On devrait aller plus sur des
allègements fiscaux pour les travailleurs expérimentés. On pense même que ça
pourrait avoir un effet délétère sur la mobilisation des gens qu'on obligerait
à rester au travail, et donc sur la productivité, et j'ajouterais que,
peut-être, côté souplesse et flexibilité, du côté des employeurs, pour
faciliter le maintien en emploi.
Il y a d'autres choses aussi qui existent,
qui peuvent faire en sorte que, naturellement, les gens puissent reporter leur
demande de rente à la RRQ... au RRQ, pardon, c'est... Vous savez, si vous
demandez à n'importe quel conseiller financier, il va vous dire : Comme la
rente, elle est garantie et indexée, c'est toujours payant de la reporter, si
vous avez des économies. On a une partie de nos membres qui ont des économies,
mais qui sont immobilisés soit dans des fonds de revenus viagers ou dans des
régimes de retraite à cotisations déterminées, et les règles de décaissement
sont très strictes. Retraite Québec travaille, depuis 2018, à assouplir ces
règles-là. À la CSN, on propose que les décaissements soient plus flexibles,
plus rapides, et, ce faisant, on permet aux gens d'utiliser leurs épargnes
personnelles et de pouvoir prendre la décision éclairée de reporter, s'ils le
veulent, leur rente du RRQ.
Et je vais noter un point crucial pour
nous, l'information. Ici, on est entre initiés, voire expert pour ce qui est de
monsieur. Ce n'est pas le cas des travailleurs et des travailleuses qu'on
représente. La différence entre un CD et un PD, tu sais, le report... Il faut
absolument que les communications du RRQ soient... d'avance, soit claires,
soient vulgarisées, et que les gens prennent des décisions éclairées. Ça peut
avoir l'air aussi simple que de dire... Quand on envoie une communication qui
dit : Aïe! Vous pouvez prendre votre retraite ou vous demandez votre rente
à 60 ans, il y a des gens qui disent : Ah! bien, je peux, donc je
dois. Il faut vraiment améliorer la communication.
• (15 h 10) •
On n'est pas non plus, à la CSN, en faveur
de hausser les facteurs d'ajustement pour la rente avant 65 ans. Encore
une fois, la bonne santé financière du régime lui permet amplement de faire
face à ses obligations. On parle de répartir... reporter, pardon,
progressivement la limite actuelle, qui est de 70 ans, pour demander... c'est
la limite maximale pour demander notre rente. On nous demande : Est-ce que
vous seriez d'accord à ce que ce soit reporté éventuellement à 72 ou
75 ans? Oui, je vous dirais, on est d'accord, dans la mesure que ça n'a
pas d'impact sur les coûts dans le régime. Puis on est vraiment d'accord
surtout avec le mot «progressivement», essayer 72 ans avant de se rendre à
75 ans, et, encore une fois, c'est crucial que les personnes qui font ce
choix-là fassent un choix éclairé et que la communication aille dans ce
sens-là.
On nous demande aussi : Est-ce que
vous êtes favorables au fait que la cotisation devienne facultative à partir de
65 ans? Je vous dirais, on n'est pas en désaccord, mais il faudrait faire
attention à ce qu'il n'y ait pas de pression, je dirais, de l'autre partie qui
paie la rente de retraite, c'est-à-dire l'employeur, pour qui c'est pur
bénéfice d'arrêter. Ça n'a pas d'impact sur lui, hein, d'arrêter, mais ça peut
avoir un impact sur la personne qui a plus de 65 ans. Donc, il faut
vraiment faire attention à ça, et je ne saurais trop insister encore sur le
fait que, si c'est possible, et que si c'est une décision qu'on puisse prendre,
que ce soit la décision la mieux informée possible. Alors, je pense, vous avez
noté, le département des coms, Retraite Québec, voilà.
Plus pointu, on nous parle de modifier les
règles de calcul de la rente de retraite afin d'éviter que les gains de travail
d'une personne qui demande sa rente après 65 ans réduisent la moyenne de
ses gains utilisés. On nous parle aussi de crédit de gains pour reconnaître des
périodes de perte de revenus lorsqu'une personne doit s'occuper d'un enfant à
charge ou en cas d'invalidité de la personne. On nous parle aussi de mesures
visant à soutenir les personnes <proches aidantes...
Mme Senneville (Caroline) :
...nous
parle aussi de mesures visant à soutenir les personnes >proches
aidantes. C'est toutes des mesures avec lesquelles on est d'accord en principe,
le diable étant dans les détails. Il faudrait voir comment ça s'appliquerait,
puis toujours, on garde un oeil, je vous dirais, sur le coût du régime.
Il y a quelque chose qui n'était pas dans
les documents de consultation puis sur lesquels on aimerait apporter votre
attention, c'est la prestation de décès. La prestation de décès est à 2 500 $
depuis 1997. Pas besoin d'être actuaire pour savoir que ça fait 25 ans,
que beaucoup de choses ont augmenté depuis ce temps-là, et, encore une fois,
c'est quelque chose qui fait la différence pour les familles qui sont à très
faibles revenus, et on pense que c'est quelque chose qui pourrait... On a la
marge financière, on pourrait regarder ça, et ça n'a pas un impact financier
très important sur le régime.
En conclusion, ce qui est important pour
nous de dire, puis je l'ai dit, je vais faire le lien avec ce que j'ai dit en
introduction, le RRQ, c'est un régime à prestations déterminées. À la CSN, on a
toujours été d'ardents défenseurs de ces régimes-là, qu'ils soient publics ou
privés, parce que c'est la meilleure façon d'avoir des revenus stables à la
retraite. Alors, si on ne veut pas vieillir dans la pauvreté ou dans l'incertitude,
il faut avoir des régimes de ce type-là, et vraiment, on veut que cet aspect du
RRQ soit maintenu, que ça demeure un régime à prestations déterminées qui
assure, donc, une vraie sécurité pour les personnes qui en ont besoin. Ça fait
que je pense que je rentre dans mon 10 minutes.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre, à vous la parole.
M. Girard (Groulx) : Bien,
merci beaucoup pour cette présentation. Merci aussi à M. Routhier et M. Jean,
M. Routhier étant l'actuaire, c'est ça? Bon, il y a beaucoup d'actuaires
ici, ça fait que j'imagine qu'il y a de vos anciens collègues de classe ou... OK,
bon.
Merci pour votre présentation. Je pense
que c'est intéressant, peut-être, pour les gens qui vont suivre les travaux de
la commission, de constater qu'on s'entend sur beaucoup de choses. On s'entend
sur la nécessité que les Québécois soient mieux informés quant aux défis
auxquels ils font face pour la retraite, le risque de longévité, et la
nécessité, pour Retraite Québec, qui est notre mandataire, évidemment, de
continuer à améliorer la vulgarisation des enjeux de la retraite puis aider les
Québécois à faire les meilleurs choix.
Alors, Retraite Québec, le ministre et la
CSN vous suggèrent de poursuivre le processus d'amélioration continue visant à
offrir une information de qualité aux Québécois. On s'entend sur le 72, 75
modulé dans le temps. Je pense que, de toute façon, il n'y a aucun changement
qui va être précipité. On parle ici du Régime de rentes du Québec. Il n'y a pas
de changements, là, qui vont être faits de manière législative, qui vont être
immédiatement... Tous les changements qui sont considérés auraient une période
de transition adéquate.
Protection du niveau de la rente, je pense
que c'est important. On parle de situation où les revenus, après 65 ans,
sont en bas de la moyenne puis on veut permettre aux gens de travailler. Alors,
on s'entend là-dessus, c'est intéressant. L'entente est un peu plus fragile sur
les cotisations facultatives à 65 ans, mais presque un endossement ou
sujet à la modulation. Je tiens à dire aussi qu'on ne propose pas que ceux qui
ne reçoivent pas le RRQ déjà aient cette option-là parce qu'à ce moment-là
l'option est beaucoup plus chère pour le régime.
Alors, ça laisse le fameux report de
l'admissibilité de 60 à 62 ans ou de 60 à 65 ans. Je rappelle
qu'autrefois c'était 65 ans, puis qu'il y a eu une décision collective
pour encourager les gens à quitter plus tôt lorsque le Québec faisait face à
des taux de chômage, une <situation complètement différente...
M. Girard (Groulx) :
...plus
tôt lorsque le Québec faisait face à des taux de chômage, une >situation
complètement différente, dans le fond, où le taux de chômage, je vais risquer un
chiffre, là, avoisinait les 10 %, puis on voulait que les gens quittent
pour la retraite, alors qu'aujourd'hui on est au plein emploi.
Mais je pense que vous le savez, puis je
vais même risquer de dire que, l'actuaire, je suis sûr qu'il le sait, lui, là,
je veux juste donner une précision que le fait que le régime est en santé nous
permet de considérer cette option, parce que ce n'est pas à l'avantage des
Québécois de prendre leur retraite à 60 ans et à 61 ans. Et donc
c'est à l'avantage du régime lorsque les... Les gens qui prennent leur retraite
à 60 ans auront, pour l'entièreté de leur vie, 36 % de moins de rentes
que ceux qui la prennent à 65 ans.
Et donc, pour le régime, au strict point
financier, c'est à l'avantage du régime, mais c'est pour ça que, si on amenait
l'âge à 62 ans, des décisions ne sont pas prises, on a un document de
consultation, on écoute, bien, ça coûterait presque la moitié de notre marge de
manœuvre du régime, là, d'amener l'admissibilité... Alors, au lieu d'avoir un
régime 60, 65, 70, par exemple, si nous avions un régime 62, 65, 72,
on prend la moitié de la marge de manœuvre du régime parce que les... ceux qui
prennent leur retraite à 60 et 61 ans sont désavantagés, et le régime est
avantagé. Alors, je veux juste clarifier ça. Je ne pense pas que cette
clarification-là vous fait changer d'avis, là, je suis pas mal certain que... et
je ne suis pas surpris non plus que vous n'êtes pas en faveur de ce point-là.
Je peux revenir sur la... un mot qu'on
a... en tout cas, que moi, je n'utilisais pas, mais que j'ai appris dans le
débat qui se passe en France, là, la pénibilité des emplois, parce que, là,
c'est vraiment un des enjeux importants, puis, en France, l'enjeu, c'est la
capitalisation du régime. Alors, ce qui est proposé vise à recapitaliser le
régime. Ici, ce qui est proposé vise à améliorer la sécurité financière des
Québécois. Après ça, on peut discuter si ce qui est proposé, c'est la meilleure
façon d'assurer la sécurité, mais est-ce que la pénibilité des emplois, c'est
la responsabilité du RRQ ou c'est la responsabilité des régimes à prestations
déterminées que vous négociez avec les employeurs de ces employés-là?
• (16 h 20) •
Mme Senneville (Caroline) : ...Québécois,
Québécoises n'ont pas de régime de retraite. Négocier un régime de retraite... Vous
savez, négocier, ce n'est pas comme dans la Bible, là, demandez et vous
recevrez, ça ne marche pas comme ça. Puis, quand il y a des régimes de
retraite, il y a eu des batailles sérieuses. Il y a très peu de régimes à
prestations déterminées qui ont survécu à la dernière crise financière. Donc,
il y a des régimes mixtes variables. Il y a beaucoup de régimes à cotisations
déterminées où il n'y a pas de sécurité. Puis je vous rappelle que nous, on a
une solution, de dire : Aïe! Permettez le décaissement plus rapidement des
économies.
Nous, ce qu'on... Je vous entends, là,
quand vous dites que c'est pour améliorer puis que... le sort des retraités
puis que c'est avantageux, mais c'est améliorer après 62 ans, puis c'est
avantageux, peut-être, financièrement, mais, si tu n'es plus capable
physiquement, c'est ça qui risque... là, c'est ces gens-là qu'on va toucher. Et
nous, on pense, puis c'est décrit comme ça dans notre mémoire... on croit plus
à la carotte qu'au bâton, puis la carotte a quand même porté ses fruits ces
dernières années, on l'a vu, et il faut absolument que le régime... En ce
moment, il permet une protection minimale, puis c'est vrai qu'il y a des
connaissances, puis c'est pour ça qu'il faut qu'il y ait des efforts de
communication, mais, pour les gens qui sont au bout du rouleau, qu'ils puissent
avoir ce choix-là, il ne faudrait pas que ça soit le choix : Je suis
carrément invalide et c'est la seule façon que j'ai d'échapper à un travail
pénible. Il y a des gens qui ont commencé à travailler à 17, 18, 19 ans. Ça
fait 40 ans qu'ils travaillent dans des conditions pénibles. Il faut
qu'ils aient quelque chose parce que le fédéral, ça arrive juste à 65 ans.
M. Routhier (Sébastien) : Si
je peux rajouter...
M. Girard (Groulx) : Allez-y.
M. Routhier (Sébastien) : Effectivement,
une des choses qui est importante, c'est avoir le choix. On a 4,8 millions
de travailleurs présentement et on ne peut pas deviner... et je vais parler des
moins nantis après, mais, même pour ceux qui <ont des sommes...
M. Routhier (Sébastien) :
...deviner...
et je vais parler des moins nantis, mais, même pour ceux qui >ont des
sommes, on ne peut pas deviner quelle est leur situation particulière exacte, et,
avec le choix, il y en a, des travailleurs, que, pour eux, oui, ce serait le
bon choix de prendre à 60 ans... est-ce que c'est à cause d'une question
de santé ou autre? Ça, c'est un premier point.
Un deuxième, pour les moins nantis, vous
parlez de 36 % de réduction. Ça, c'est pour la majorité des Québécois,
Québécoises, mais il y en a pour qui les bénéfices du SRG... que la réduction a
été moins pire, elle est de 30 %. Et donc on a fait des choix sociaux de
ce côté-là. Donc, effectivement, en éliminant ce choix, les membres les moins
nantis, si on veut, actuariellement, il y a un certain avantage de prendre la
rente à 60 ans, vis-à-vis de M. et Mme Tout-le-monde, avec la réduction de
36 %, que, là, effectivement, on s'entend qu'actuariellement parlant c'est
avantageux d'attendre.
Donc, effectivement, ici, à la toute fin,
sur le débat du 60 à 62, c'est une mesure qui aiderait les mieux nantis, mais,
ceci étant dit, vous parliez tantôt d'optimisation. Le régime, en tant que tel,
a tous les outils pour permettre des choix, de faire le meilleur choix, et que,
collectivement, ce soit également le choix le plus optimal, mais, ceci étant
dit, en bougeant de 60 à 62, ça irait dans la mauvaise direction et... pénaliser
les moins bien nantis, et, en bonifiant la communication et les
immobilisations, bien, ce choix serait encore mieux, et donc on aurait encore
moins que le 30 % de travailleurs qui le demanderaient à 60 ans.
M. Girard (Groulx) : OK. Il
nous reste combien de temps?
Le Président (M. Simard) : 6 min
40 s.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
qu'on peut suspendre 30 secondes? J'aimerais parler à Retraite Québec.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous allons suspendre quelques moments.
(Suspension de la séance à 15 h 23)
(Reprise à 15 h 24)
Le Président (M. Simard) : Alors,
voilà, nous reprenons nos travaux. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien, je voulais donner la parole, s'il y a consentement, bien sûr, à notre
actuaire en chef de Retraite Québec, et, pour le bénéfice de tous, j'aimerais
qu'il nous parle de comment Retraite Québec voit le traitement de cette
pénibilité à 60 ans, 61 ans, parce que ce n'est pas blanc ou noir, de
toute façon. Tout le monde le reconnaît, puis on a un expert ici. Alors,
j'aimerais l'entendre.
Le Président (M. Simard) : Est-ce
qu'il y a un consentement, collègues? Consentement. Alors, monsieur, pour les
fins de nos travaux, auriez-vous l'amabilité de vous présenter, s'il vous
plaît?
M. Therrien (Jean-François) : Jean-François Therrien,
actuaire en chef du RRQ.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Nous vous écoutons.
M. Therrien (Jean-François) : Donc,
bien, en fait, depuis 1966, depuis la création du RRQ, le système de retraite
est basé sur un système à trois étages. Donc, on a le premier étage qui est la
pension de la sécurité de la vieillesse, qui est l'étage de l'assistance
sociale. On a le deuxième étage, qui est l'étage de l'assurance sociale, qui
est le Régime de rentes du Québec, et on a un troisième étage qui comprend
toutes les initiatives personnelles et privées. Donc, on a les régimes
collectifs offerts par des employeurs, donc, à prestations déterminées ou à
cotisations déterminées. On a l'épargne enregistrée, donc, des REER. On a aussi
maintenant, depuis quelques années, des CELI, etc.
Donc, le système est construit pour donner
un espace à toutes les initiatives privées, et la pénibilité des emplois, à
travers les différents secteurs, c'est au niveau du troisième étage que ça se
traite. Ce n'est pas la même chose que le système de retraite en France, où on
entend, en France, les enjeux de pénibilité. En France, c'est que c'est un gros
régime, donc, qui doit tenir compte des trois étages au complet. Et, au niveau
de la France, le système général des salariés, donc, c'est un gros régime qui
couvre à peu près l'ensemble des besoins à la retraite des Français, ce qui
n'est pas le système ici, au Canada, qui est vraiment un système à trois étages,
pour une diversité de sources de sources de revenus à la retraite et aussi pour
pouvoir adapter... Selon chaque projet individuel, là, on peut adapter, au
niveau du troisième étage, nos projets de retraite.
Le Président (M. Simard) : Mme
la présidente.
Mme Senneville (Caroline) :
Un des privilèges que j'ai, en occupant le poste <de présidente de la
CSN...
Mme Senneville (Caroline) :
Un
des privilèges que j'ai, en occupant le poste >de présidente de la CSN,
c'est de parler à mes membres sur le terrain. J'ai visité des usines, des
hôpitaux, j'étais au Parc olympique la semaine dernière. Vous savez que j'ai
des membres qui me disent que, maintenant, ils n'achètent plus ni yogourt ni
beurre parce qu'ils n'ont pas les moyens. Ils ne sont pas les seuls. Il y a 2 millions
de Québécois qui n'ont ni épargne personnelle ni régime de retraite.
Donc, moi... Puis je vous entends, M.
Girard, quand vous dites : C'est avantageux. Moi aussi, je regarde les
chiffres. J'ai étudié en littérature, mais je comprends un petit peu les
chiffres, puis, tu sais... puis tu fais le calcul, puis c'est vrai que c'est
plus avantageux, mais il ne faut pas oublier, entre nous, ici, là, qu'il y a du
monde qui sont mal pris, puis que la situation actuelle du régime, elle
n'oblige pas à... parce que c'est vrai que, des fois, on est devant des choix
difficiles, puis, ça aussi, on peut le comprendre, on en fait nous-mêmes en
négo, mais telle n'est pas la situation dans laquelle on est en ce moment.
M. Girard (Groulx) : Et c'est
justement ces personnes-là, qui n'ont pas d'épargne, qui ne doivent pas avoir
une pénalité de 36 %, parce que le RRQ est tellement important dans leurs
revenus futurs que c'est très important qu'ils aient la rente complète, mais ce
n'est pas blanc ou noir. Je suis très content d'entendre votre point de vue.
J'aimerais passer la parole à ma collègue qui a d'autres questions.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le député d'Orford.
M. Girard (Groulx) : Non, j'avais
pointé vers une autre collègue.
M. Bélanger : Ah! OK. OK, vas-y.
Le Président (M. Simard) : Désolé.
Mme la députée d'Huntingdon.
Mme Mallette : Une question
par rapport au mémoire. Vous aviez indiqué que vous aviez une inquiétude
pour... qu'il y aurait une pression de la part des employeurs sur les employés
si jamais, bon, on leur donnait le choix, là, après 65 ans, d'avoir... de
cotiser ou pas à la RRQ. J'aimerais ça vous entendre là-dessus puis j'aurais
une sous-question suite à vos propos.
Mme Senneville (Caroline) : C'est
assez simple, hein, la cotisation au régime des rentes du Québec, c'est moitié
employeur, moitié salarié. Si, à 65 ans, tu as le choix... bien,
l'employeur, là, s'il disait au salarié : Bien, regarde, tu as 65 ans,
tu n'es plus obligé de cotiser, puis, «by the way», moi aussi, je ne cotiserai
pas, puis, lui, ça n'a aucun impact sur sa retraite, le choix qu'il fait, c'est
tout de suite, purs bénéfices, coûts en moins, alors quelqu'un qui ne comprend
pas trop ou quelqu'un qui n'est pas syndiqué puis pour qui les pressions de
l'employeur pourraient être plus difficiles, bien, est-ce que c'est vraiment...
et là je reviens au choix éclairé.
Mme Mallette : Admettons, je
proposerais, admettons, là, je suis dans l'hypothèse que la RRQ, employeur...
peu importe le choix de l'employé, l'employeur doit la cotiser. Est-ce qu'à ce
moment-là cette inquiétude, cette pression-là, l'inquiétude par rapport à la
pression de l'employeur serait... s'enlèverait parce que c'est vraiment dû au
fait, justement, du choix qui impacte la cotisation de l'employeur?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
ce qu'on dit aussi, c'est : Il ne faut pas qu'il y ait de coût pour le
régime. Donc, ça aussi, il faudrait voir.
M. Routhier (Sébastien) : Je
vais juste rajouter un point, puis on dirait qu'on se répète, mais c'est sur la
communication. Effectivement, il faudrait que le membre comprenne son choix. Il
faudrait que ça soit un choix qui serait avec ses données à lui pour savoir... bien,
à lui ou à elle, évidemment, pour s'assurer que la personne, si elle voit que,
finalement, elle va juste cotiser dans le beurre, en bon français... qu'elle ne
le fasse pas. Donc, il y a un grand volet communication qui est très important
là aussi.
Sur la question... si c'est juste
l'employeur qui cotise, et pas l'employé, bien, c'est un... ça, c'est quelque
chose qui a été discuté ce matin, qu'on n'a pas analysé en détail. C'est
certain que nous, de notre côté, ce qui nous inquiète, c'est avoir un
travailleur qui se fait, si on peut dire, forcer d'arrêter sa cotisation parce
que le gain est uniquement côté employeur, que lui, il ne gagne rien qu'une
cotisation qui continue passé 65 ans.
Mme Mallette : Merci.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Simard) : M.
le député d'Orford, il vous reste 20 secondes.
M. Bélanger : 20 secondes? Bon,
bien, d'abord, 20 secondes... Est-ce qu'il y a un impact pour la CSN d'avoir la
retraite à 62 versus 60 ans? Est-ce qu'il y a un impact au niveau de vos
membres?
M. Routhier (Sébastien) : Au
fait, ici, pour nos membres, comme ce qui a été expliqué tantôt par les quatre
experts du rapport D'Amours, RRQ et la retraite, c'est deux choses différentes.
Donc, avoir... maintenir un choix de 60 à 65 pour nos membres, c'est important,
et ça convient, de l'autre côté, que le membre peut choisir sa retraite à l'âge
qu'il veut par la suite.
Mme Senneville (Caroline) : Aucun
impact sur nos négos. Ça ne nous fera pas négocier autrement les régimes de
retraite.
M. Bélanger : OK, ni
financier.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Ça a le mérite d'être clair. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Bonjour.
Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui. J'apprécie votre présence,
j'apprécie vos commentaires puis votre mémoire.
Ça fait que moi, ce que <j'entends,
en fait, c'est que ce que vous désirez, vous souhaitez le plus...
>
15 h 30 (version révisée)
<19307
M.
Beauchemin :
...votre mémoire. Ça fait que moi, ce que >j'entends,
en fait, c'est que ce que vous désirez ou vous souhaitez le plus, c'est la
flexibilité. Si je comprends bien, pour vous, l'élément le plus important dans
cette revisite du RRQ, c'est qu'on garde une certaine flexibilité.
Puis je vais prendre l'exemple, 60 ans,
62 ans, qu'on discute depuis tantôt. Donc, dans un cas où, par exemple, OK,
les gens qui veulent retarder le choix, là, de tirer sur leur rente à l'âge de
62 ans, eux pourraient le faire, et donc il y aurait bonification, là,
naturelle, actuarielle, là, qui se ferait de 60, là, à 62 ans. Mais que...
pour les gens pour qui, là, ils n'ont plus de genoux, plus d'épaules, plus de
bras, là, ils sont maganés, là, OK, eux autres, ils ne peuvent même plus
travailler puis ils ont besoin de l'argent maintenant, là, ce que vous voulez,
c'est finalement que ce soit disponible aussi pour eux à 62... à 60 ans,
excusez.
Mme Senneville (Caroline) : ...c'est
le cas actuellement, oui.
M. Beauchemin : OK. Donc, ce
n'est pas une question de... vous ne voulez pas du tout que l'âge soit constant
à 60, là. C'est... vous voulez que pour... la flexibilité que pour ceux à qui c'est
important d'avoir ces revenus-là, même s'ils sont escomptés, là, à 36 %, ils
peuvent y avoir accès quand même.
Mme Senneville (Caroline) : Absolument.
Puis, vous savez, on accompagne nos membres, hein? Puis, quand il y a des
comités de retraite, quand il y a des gens... puis on leur dit, on donne des
cours de formation sur la retraite puis on dit : Bien, vous savez, si vous
le demandez à 60 ans, vous allez être pénalisés. Chaque mois où vous
pouvez attendre, bien, votre rente va être plus grande puis... Alors, mais malheureusement,
puis c'est ça, le cas, vous savez, quand on est pauvre, c'est une des tragédies
qu'on vit, quand on est moins nantis, c'est que les besoins présents sont
tellement urgents qu'on n'est pas capable de se placer... ou on a beaucoup de
difficultés à se placer dans la prévisibilité, se projeter dans l'avenir puis
qu'est-ce qui... On est souvent en mode survie.
M. Beauchemin : Absolument.
Je comprends. Donc, c'est juste pour clarifier le point que vous aviez
mentionné tantôt, donc, pour vous, là, vraiment, c'est flexibilité, avoir l'option
de pouvoir... OK. Donc, ça, c'est un point vraiment important.
Ce matin, effectivement, on avait discuté,
avec le groupe qui vous précédait, de, justement, voir quelle serait l'ouverture.
Puis je veux parler vraiment actuariel avec M. Routhier. J'aimerais ça
avoir de votre part votre opinion sur la suggestion qu'on a faite ce matin, que
vous avez dit, vous n'avez pas regardée, mais juste, conceptuellement parlant,
il semblait y avoir des réticences un petit peu, ce matin, sur la faisabilité
de peut-être introduire ces idées-là dans le régime. Donc, si quelqu'un veut
continuer à travailler après l'âge de 65 ans, mais qu'on veut attirer les
travailleurs expérimentés, donc, de la paye du travailleur expérimenté, on
enlèverait sa contribution, là, de 12 point quelques pour cent, mais qu'on
continue à demander à l'employeur de continuer à faire la contribution, si l'employé
n'est pas un employé... bien, en fait, qu'il soit autonome ou pas, là, on a
déterminé ça ce matin, c'était quand même pas pire. Est-ce que, de votre point
de vue à vous, est-ce que vous voyez ça comme un élément constructif pour
justement attirer des travailleurs expérimentés?
Puis je veux juste peut-être passer une
autre petite seconde pour expliquer que je ne suis pas un actuaire, mais je
suis un gars de finances, là. Ça fait que moi, je me dis : Bien, OK, le
paquet a été ramassé jusqu'à 65 ans du côté de l'employé, ça, ça va
continuer à faire sa croissance, ça va être augmenté avec le temps. La
contribution de l'employeur va s'ajouter. Ce ne sera peut-être plus la même...
Tu sais, si tout le régime croît à... on va donner un chiffre, là, 4 % par
année, bien, à partir de 65 ans, pour ce travailleur-là, sa partie
additionnelle va, elle, seulement croître à 2 % parce que, maintenant, il
n'y a plus la contribution de l'employé.
Est-ce que vous, de votre point de vue à
vous, quand vous regardez tout ça, comme on a discuté ce matin, considérez-vous
ça potentiellement comme un outil qui... «zero-sum game», là, en bout de piste,
là, ça ne coûte rien de plus à personne, vraiment, puis, en bout de piste, ça
va attirer des travailleurs expérimentés sur le marché?
Mme Senneville (Caroline) : Je
vais te laisser répondre sur le bout actuariel, je connais mes limites, mais
moi, je vais vous répondre sur un autre aspect. Si on veut maintenir en emploi
des gens passé l'âge de 60 ans, c'est vrai que ça... puis on en a parlé,
des incitatifs fiscaux. C'est vrai que l'argent qu'il nous reste dans nos
poches, c'est intéressant, mais c'est juste une partie de l'équation. L'autre <partie...
Mme Senneville (Caroline) :
L'autre
>partie de l'équation, c'est : Est-ce que je peux travailler moins
d'heures dans ma semaine? Est-ce que je peux passer deux mois sous des cieux
plus cléments côté météo? Et ça, ça prend des employeurs qui sont prêts à être
flexibles et souples de ce côté-là.
Quand on était à fort taux de chômage, les
employeurs demandaient aux salariés beaucoup de flexibilité et souplesse.
D'ailleurs, ça reste encore dans le discours. Mais là, en ce temps de pénurie
de main-d'oeuvre, il faut que ça aussi, ça fasse partie de l'équation. Il y a
des gens pour qui, à un moment donné, ce n'est plus une question d'argent,
c'est une question de bien-être. Puis je n'ai rien qu'à vous parler de temps
supplémentaire obligatoire, hein, puis vous voyez tout de suite que l'argent,
ce n'est pas tout. C'est aussi la qualité de vie au travail. Mais je vous
laisse... Sébastien, sur le bout financier.
M. Beauchemin : Bien, je vais
vous revenir là-dessus, parce que ça... c'est intéressant, ça.
M. Routhier (Sébastien) : Dans
les considérants pour une demi-cotisation... cotisation de l'employeur, au
fait, il y a plein de choses qu'il faut regarder pour être capable d'en jaser.
Le régime, comme ce que M. Beaudry parlait ce matin, a été fait... n'a pas
été fait pour un demi-crédit de cotisation. Donc, supposons qu'on a une
personne, passé 65 ans, qui a un salaire de 40 000 $, vu qu'il y
a juste une demi-cotisation, est-ce qu'on fait passer son salaire à 20 000 $?
Si c'est le cas, ça va-tu rentrer dans les années de cotisation... de salaire
qui sont déjà enlevées? Et donc est-ce que potentiellement ce qu'on pense qui
est une bonne idée va empirer la situation? Je pourrais continuer, il y a aussi
d'autres aspects, d'autres points de vue qu'il faut faire attention. Donc,
c'est juste de ce côté-là, étant donné que le régime a été fait... pleine
cotisation, faire une demi-cotisation, peut-être que ça empirerait le problème
qu'on veut... que le document voulait régler.
L'autre partie aussi importante, c'est
qu'il y a un fort pourcentage de travailleurs autonomes. On en a de plus en
plus, et là, bien, ces travailleurs autonomes, bien, ils ont les deux bords,
autant employeur qu'employé, et, de ce côté-là, ça réglerait leur problème de
cotisation de travailleur à la moitié seulement. Donc... mais ceci étant dit,
c'est une question intéressante mais qu'il faut vraiment regarder en long et en
large pour s'assurer qu'avec cette solution-là on n'empire pas les problèmes. Et
je n'ai pas la réponse parfaite là-dessus.
M. Beauchemin : Je comprends,
puis j'essaierais de donner un exemple mathématique simple pour vraiment
illustrer, puis ce serait peut-être plus facile à ce moment-là. Ça fait que je
vais essayer de m'aventurer, là. Disons que quelqu'un se serait ramassé
100 $, chiffre hypothétique, là, puis que, rendu à 65 ans... puis
qu'il aurait travaillé un certain nombre d'années, il aurait eu, disons... j'ai
besoin d'une calculatrice. Disons que la personne a 60 $, OK, elle a
travaillé pendant 30 ans, il y a eu 1 $ de sa poche qui a été ajouté
au régime, puis 1 $ de l'employeur, rendu... Puis là, ça, ça va avoir des
bénéfices puis ça continue à croître. Rendu à 65 ans, il n'y a plus
1 $ de lui et elle, et il y a seulement 1 $ qui rentre, ce n'est
pas... ça ne change pas son salaire, son salaire reste le même. En fait, il y a
juste plus de contributions à mettre au régime.
Moi, je perds le calcul. C'est peut-être
parce que, justement, je ne suis pas un actuaire, là, je ne le vois pas, M. Routhier,
mais je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas encore plus avantageux d'avoir
tout l'effet composé, si on peut dire, là, qui continuerait à jouer en faveur,
là.
• (15 h 40) •
M. Routhier (Sébastien) : Bien,
je vais expliquer un peu plus large. Le RRQ, au fait, c'est un régime carrière
indexé de... une quarantaine d'années, c'était 35 auparavant. Et donc le
calcul, en tant que tel, on permet un certain pourcentage d'années qu'on va
exclure du calcul, des années de moins de revenus. Donc, c'est la mécanique
qu'on a un régime carrière indexé ici qui fait que pour la portion qu'on jase
présentement, passé 65 ans, il pourrait y avoir des situations que... si
la personne a déjà topé le 15 % d'années avec des salaires plus bas, qu'il
n'y ait plus de marge de manœuvre et que cette demi-cotisation, bien, empirerait
son régime carrière indexé complètement.
Donc, c'est ça, la complexité avec le RRQ
en tant que tel, étant donné que c'est un régime carrière indexé, le
fonctionnement fonctionne différemment de qu'est-ce qu'on est habitués, régime
salaires finaux ou des régimes d'accumulation.
M. Beauchemin : OK, je
comprends. Ça fait que c'est le carcan dans lequel on est qui fait que ça ne
pourrait pas fonctionner, là.
M. Routhier (Sébastien) : Puis,
comme je vous dis, je ne dis pas que ça ne marcherait pas, c'est juste qu'on
vient d'en parler ce matin, et donc il faudrait regarder...
M. Beauchemin : Oui, oui, ça
m'arrive, des fois, d'avoir des idées de même, là.
M. Routhier (Sébastien) : C'est
parfait. J'adore ça, des nouvelles idées. Mais, avant de pouvoir se prononcer,
il faut toujours regarder les différents détails. Et là je ne sais pas si ça va
être une solution qui serait une solution pérenne à cet enjeu-là.
M. Beauchemin : Pour ce qui
est de passer deux mois au <soleil...
M. Beauchemin :
Pour
ce qui est de passer deux mois au >soleil l'hiver, je suis d'accord avec
tout le monde, on devrait tous le faire. Nonobstant la contribution au régime,
un paquet d'autres avantages, évidemment, pourraient être à tirer, mais je ne
suis pas sûr, ça, ça peut rentrer dans le contexte de l'analyse du régime en
tant que tel, parce que le régime, lui, c'est vraiment plus pour le côté
retrait de la chose, mais je trouve, effectivement, pour stimuler, ça nous
prend... le retour des travailleurs expérimentés, ça nous prend des conditions
très, très gagnantes, là, pour les ramener.
Là, je me fais dire qu'il me reste une
minute, donc je vais y aller avec celle-ci. Avez-vous adressé la question
des...
Une voix : ...
M. Beauchemin : Ah! c'est à
moi, ça, excuse...
Une voix : ...
M. Beauchemin : OK. Les
services funéraires, on en a discuté un petit peu ce matin. Quelle serait,
selon vous, la façon de faire?
Mme Senneville (Caroline) : Bien,
comme je disais que c'était une mesure qui touchait surtout les moins bien
nantis, est-ce qu'on pourrait, par exemple, la réserver à des personnes qui
sont prestataires de l'aide de dernier recours? Est-ce qu'on pourrait la
réserver à des personnes qui sont obligées de faire appel au supplément de
revenu garanti, puis de l'augmenter, cette somme-là, mettons, tu sais, pour que
ça paraisse, là, autour de 4 000 $? Parce que, c'est ça, à
2 500 $, il n'y a rien qui peut se faire de ce côté-là. Quand il y a
un décès, là, 2 500 $, il n'y a rien qui peut se faire à ce prix-là.
M. Beauchemin : OK. Moi, je
pense qu'on pourrait tout de même en prendre note. Je pense qu'il y avait aussi
d'autres... je ne sais pas s'il me reste quelques secondes. Il y avait d'autres
mécanismes gouvernementaux aussi qui aidaient à aider, justement, les gens dans
le cas de services funéraires, là, si jamais c'était sur la route, un accident
de la route ou quelque chose comme ça, là, mais...
Mme Senneville (Caroline) : Oui,
il y a la SAAQ puis la CNESST. La CNESST, c'est beaucoup, c'est même...
parfois, c'est plus que le double que le 2 500 $, puis c'est un des
seuls aspects du régime qui n'a pas du tout été revu depuis 1997, là. Il y a
quand même eu d'autres ajustements, mais celui-là...
M. Beauchemin : Ça fait que,
si on pouvait y aller de façon à intégrer tout ça pour ne pas qu'il y ait du
dédoublement d'argent, ce serait peut-être une idée qui serait...
M. Routhier (Sébastien) : Le
seul point, je veux rajouter, que c'est important, c'est que c'est...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, très rapidement.
M. Routhier (Sébastien) : ...c'est
un volet assurance vie dans un régime de retraite, donc il faut que ce soit
très ciblé pour ne pas prendre trop de place dans les réserves existantes.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Oui, merci, M.
le Président. Merci beaucoup pour votre présentation. Je veux quand même
commencer par souligner que je suis très, très heureuse d'avoir ici, dans cette
salle, deux femmes à la tête de syndicats importants, Mme Senneville,
Mme Picard qu'on va avoir tantôt. C'était quand même à souligner, puis je
ne sais pas pourquoi, je n'ai rien à voir là-dedans, mais ça me rend fière
quand même.
Donc, par rapport... pour reprendre ce que
monsieur disait sur les trois étages, est-ce que, tu sais, puis là on
brainstorme, là, je vous pose une question générale, est-ce que notre régime de
retraite devrait être revu de façon à ce que tout le monde, tous les Québécois,
même, tu sais, les plus bas salariés, mais tout le monde, n'ait plus besoin du
troisième étage qui est... bien, le troisième étage dont parlait monsieur,
c'est le privé, mais aussi les REER, que les gens soient obligés de cotiser
eux-mêmes pour s'assurer de ne pas en manquer et de ne pas pouvoir compter,
dans le fonds, dans les deux premiers étages, qui est le fédéral, et la pension
de vieillesse, et le RRQ?
M. Routhier (Sébastien) : Ici,
c'est quand même un choix de société qui s'est fait depuis belle lurette, les trois
étages que M. Therrien parlait, mais nous, notre étage, c'est un étage
volontaire. Ailleurs, dans le monde, quand on se compare avec des pays de
l'OCDE, le troisième étage est un étage obligatoire. On est dans un étage
volontaire à cause surtout de nos voisins, aux États-Unis, ailleurs au Canada. C'est
des étages... un étage privé qui est un étage volontaire. Donc, effectivement,
l'augmentation du RRQ de 25 % à 33 %, qui était due à la dernière...
Une voix : ...
M. Routhier (Sébastien) : ...révision,
merci beaucoup, et aussi que le MGA a été augmenté de 14 %, c'est toutes
des choses qui enlèvent de la pression, parce que, comme on mentionnait tantôt,
il y a quand même 2 millions de travailleurs présentement qui n'ont rien,
ni REER, ni régime CD, ni régime PD. Donc, effectivement, avoir augmenté ça
puis que ce soit dans les arguments, c'est une bonne chose pour les
travailleurs.
Mme Ghazal : Est-ce qu'il
faudrait continuer à le faire ou...
M. Routhier (Sébastien) : Ceci
étant dit, à la base, notre mémoire était d'avoir un pourcentage qui était plus
gros dans toutes les instances syndicales, mais, ceci étant dit, ce n'est pas
le sujet de l'heure aujourd'hui.
Mme Ghazal : Non, c'est ça.
M. Routhier (Sébastien) : Le
sujet de l'heure...
Mme Ghazal : Ça, c'est le
monde idéal.
M. Routhier (Sébastien) : C'est
ça. Et donc... et vous devinez qu'à la CSN, notre job, c'est défendre tous les
régimes qui existent, surtout les régimes PD qu'on défend bec et ongles,
évidemment.
Mme Senneville (Caroline) : Et
je l'ai dit, c'est un régime à prestations déterminées, garanti, indexé. Oui,
s'il peut être amélioré, ça va améliorer le sort de beaucoup de personnes.
Mme Ghazal : OK. J'avais posé
la question tout à l'heure à l'Association québécoise des retraité-e-s du
secteur public, j'imagine la réponse, là, mais, par rapport aux cotisations
CNESST, est-ce que c'est une demande que vous avez? Ce n'est pas non plus le
sujet de cette fois-là. C'est-à-dire que, quand quelqu'un a des prestations à
la suite d'un accident de <travail...
Mme Ghazal :
...ce
n'est pas non plus le sujet de cette fois-là. C
'est-à-dire que, quand
quelqu'un
a des prestations à la suite d'un accident de >travail, bien, c'est
comme s'il n'y avait... il n'y a pas de contribution, il n'y a pas rien, ce
n'est pas compté, là, dans... pour le RRQ.
Mme Senneville (Caroline) : En
fait, quand quelqu'un qui est invalide prend sa rente à 65 ans, on calcule
que c'est comme s'il avait pris sa rente au moment de son invalidité, alors que
ce n'est pas un choix. Quand tu tombes invalide puis que tu as une rente... Alors,
effectivement, la pénalité a été réduite de 36 % à 24 %, elle... pour
moi, c'est un non-sens. D'ailleurs, c'est devant les tribunaux, là, on verra ce
qui va en sortir. Mais effectivement, agir avec quelqu'un qui passe d'une rente
d'invalidité à une rente de retraite à 65 ans, comme si c'était quelqu'un
qui avait choisi de prendre sa retraite entre 60 et 65 ans...
Mme Ghazal : Mais, si j'ai l'accident
quelques années... mais je suis jeune, là, après ça, je retourne travailler, là,
si j'ai un accident puis j'ai des prestations de CNESST... quand on reçoit des
prestations de CNESST et non pas de revenu, ce n'est pas comptabilisé, là, comme...
dans l'expérience, pour le RRQ, pas quand je suis arrivé à la retraite, là, ça
m'est arrivé dans la trentaine. Est-ce que ça... Bien, je ne sais pas s'il y a
une position de la CSN.
M. Routhier (Sébastien) : Mais
au fait, de ma compréhension, puis c'est une des positions qu'on a dit qu'on
était pour, il y avait une position qui disait des crédits ou des gains lors d'invalidité.
Pour moi, ça incluait également aussi la période de CNESST.
Mme Ghazal : OK. Il faut que ce
soit comptabilisé.
M. Routhier (Sébastien) : CNESST,
c'est une invalidité, sauf rattachée avec le travail. Donc, pour moi, le mot
«invalidité» incluait aussi CNESST.
Mme Ghazal : OK. Puis tout à
l'heure... Je n'ai plus de temps? OK, bien...
Le Président (M. Simard) : Rapidement.
Mme Ghazal : Oui, bien, c'est
juste parce que tout à l'heure, le ministre disait : Ah! mais les gens les
plus pénalisés, quand ils prennent leur retraite vite, c'est les gens à plus
bas revenus parce que, justement, ils la prennent à 60 ans, donc ils ont
la ponction, là, de... je ne me rappelle plus combien, 30 %, 35 %.
Donc, ces gens-là, dans le fond, on devrait leur donner leur pleine retraite.
Peut-être qu'il faudrait, les gens les plus bas revenus... Bon.
Le Président (M. Simard) : Rapidement.
Oui, allez-y, rapidement.
Mme Ghazal : Je ne sais pas
si vous avez compris ma question, je suis allée trop vite.
Mme Senneville (Caroline) : Mais...
puis tu ne peux pas dire à quelqu'un : Arrête de manger pendant deux ans
parce que, dans deux ans, ta rente de retraite va être plus grosse.
Mme Ghazal : C'est ça.
Le Président (M. Simard) : Alors,
Mme la présidente, messieurs, merci beaucoup pour votre présence parmi nous aujourd'hui.
Et je voulais faire un peu de pouce sur ce que nous a dit préalablement la
députée de Mercier à l'effet de voir deux femmes présidentes de deux très
grandes centrales syndicales dans la même salle au même moment, au Parlement. Bien,
cette fierté-là, elle est partagée par nous tous. Alors, au plaisir de vous
retrouver.
(Suspension de la séance à 15 h 49)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Simard) : Chers
collègues, nous sommes en mesure de reprendre nos travaux. Et nous voilà en
présence de représentantes de la Fédération des travailleurs et travailleuses
du Québec. Mesdames, soyez les <bienvenues...
Le Président (M. Simard) :
...en présence de
représentantes de la
Fédération des
travailleurs et travailleuses du Québec. Mesdames, soyez les >bienvenues.
Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
Mme Picard (Magali) : Absolument.
Magali Picard, nouvelle présidente de la FTQ.
Mme Naud (Marie-Josée) : Marie-Josée
Naud, conseillère syndicale, responsable du dossier retraite.
Le Président (M. Simard) : Bienvenue
à vous deux, et vous savez que vous disposez de 10 minutes pour faire
votre présentation.
Fédération des travailleurs et travailleuses du
Québec (FTQ)
Mme Picard (Magali) : ...faire
ça à l'intérieur de 10 minutes. Alors, merci de nous donner l'occasion
d'exprimer notre opinion sur cette consultation. En tant que plus grande
centrale syndicale au Québec, qui représente plus de
600 000 travailleuses et travailleurs, autant du secteur public que
du secteur privé, on s'intéresse de près à l'évolution du système de retraite,
et nous ne manquons jamais... on ne manque jamais une occasion de nous exprimer
à ce sujet-là.
Alors, la FTQ revendique depuis fort
longtemps une couverture du régime public de retraite plus élevée afin que
chaque Québécois et chaque Québécoise puisse vivre dans la dignité une fois à
la retraite. Le Régime de rentes du Québec, RRQ, est aussi un outil efficace
pour réduire les inégalités sociales qui sont grandissantes au Québec comme
partout en Occident.
Nous avons lu le document de consultation
avec intérêt et nous partageons avec le ministre des Finances l'objectif
d'améliorer le revenu de retraite des Québécoises et des Québécois.
Dès le départ, il convient de mentionner
que la FTQ s'oppose à toute mesure qui aurait pour effet de rendre le RRQ moins
généreux qu'il ne l'est actuellement, notamment en ce qui concerne le report de
l'âge minimal d'accessibilité à la retraite qui, contrairement à ce que laisse
entendre le document de consultation, n'est pas une bonification, mais bien un
recul. En plus de cette... en plus, cette proposition risque de mettre nos
régimes privés sous pression, particulièrement ceux qui sont coordonnés.
Alors là, je vais commencer avec une note
positive. C'est le temps des fleurs, profitons-en. Profitons-en. Tout d'abord,
on est heureux de constater que le régime se porte bien, qu'il a une excellente
situation financière. C'est une excellente nouvelle.
Deuxièmement, même en situation de
surplus, le gouvernement n'a pas songé à diminuer le taux de cotisation au
régime. Alors, ça aurait pu être tentant, hein, pour satisfaire les employeurs.
Ça ne fait pas partie des propositions. Donc, bravo pour cette orientation-là,
on en est très fiers.
Troisièmement, plusieurs des propositions
contenues dans ce document de consultation sont fort intéressantes. On est
d'accord, on ne passera pas beaucoup de temps là-dessus, mais quand même, je
trouvais ça important qu'on en parle brièvement.
Donc, voici trois propositions qui ont
attiré notre attention. La première, protéger la rente de retraite des
personnes de 65 ans et plus. C'est une aberration, dans la législation
actuelle, qu'une personne puisse être pénalisée parce qu'elle continue de travailler
après 65 ans sans avoir demandé sa rente et que son niveau de revenu
baisse, comme c'est souvent le cas. Donc, premièrement, le coût de cette
mesure-là est négligeable et, deuxièmement, cette mesure pourrait favoriser le
report du début de la rente après 65 ans.
Deuxième proposition avec laquelle on est
plutôt satisfait, reconnaître des droits, dans le régime supplémentaire, liés à
des périodes d'invalidité et les périodes où on s'est occupé d'un enfant à
charge. Alors, en ce moment, les mesures en place dans le régime de base du RRQ
permettent de retirer du calcul du montant de la rente certaines périodes
d'invalidité et celles nécessaires pour s'occuper d'un enfant à charge. Ainsi,
ces périodes de faibles revenus ne nuisent ni à la moyenne de gains de carrière
ni à la détermination de l'admissibilité aux prestations. Donc, ces situations
ne sont toutefois pas reconnues dans le régime supplémentaire, et ça devrait
l'être.
Troisième, troisième proposition, et
celle-ci me touche personnellement, réflexion sur la reconnaissance d'aide
offerte pour les personnes proches aidantes. Alors, bravo d'amorcer cette
réflexion-là. Vous savez, j'ai été personnellement touchée, moi, dans ma vie.
Ayant eu un conjoint qui a eu un accident bête en jouant au hockey, qui s'est
retrouvé paraplégique du jour au lendemain, j'ai dû prendre un congé. Et
effectivement, je suis pénalisée parce qu'actuellement il n'y a pas de mesures
pour faire en sorte que le revenu manqué à ce moment-là n'ait pas d'impact sur
ma régie... mon régime de rentes.
Donc, je suis très heureuse. La FTQ est
fière de voir qu'on amorce ces discussions-là. Donc, il faut trouver des
modalités permettant de commencer... compenser, pardonnez-moi, les périodes de
travail non rémunérées. Et c'est un premier jalon de plusieurs mesures qui sont
nécessaires pour rapidement soulager les proches aidants qui sont à bout de <souffle...
Mme Picard (Magali) :
...jalon de
plusieurs mesures qui sont
nécessaires pour
rapidement
soulager les
proches aidants qui sont à bout de >souffle. Donc,
bravo pour cette initiative-là.
Là, on va passer aux choses sérieuses,
hein? Vous savez qu'on a des préoccupations sérieuses avec ce qui est proposé.
Il y a également trois points sur lesquels j'aimerais intervenir avec plus
d'insistance. On va parler d'abord de l'âge minimal d'accessibilité à la rente
de retraite. Ensuite, on va parler de la pénalité, et, en troisième lieu, nous
allons parler du mécanisme automatique.
Alors, le document de consultation avance
l'idée que l'âge minimal d'admissibilité à la rente du RRQ soit repoussé à
62 ans sur sept ans ou à 65 ans d'ici 2045, afin de permettre aux
Québécoises et Québécois d'améliorer leurs revenus provenant du RRQ, contrer la
pénurie de main-d'oeuvre, réduire l'écart entre l'Ontario, où les travailleurs
retirent leur rente plus tard.
Alors, il y a deux statistiques
intéressantes du document de consultation. Un, l'âge moyen de départ à la
retraite des travailleurs et travailleuses du Québec a augmenté de 5,3 ans
entre 1998 et 2021. On voit, là, que ça s'est fait de façon naturelle. Deuxième
point, alors que 60 % des participants et participantes du régime avaient
demandé leur rente en 2016, donc 60 % des gens éligibles, des participants
avaient demandé leur rente, bien, en 2021, 36 % des femmes ont fait cette
demande-là à 60 ans et 31 % des hommes... 31 % des hommes en ont
fait la demande en 2021. Donc, une réduction naturelle d'environ 50 % des
travailleurs éligibles qui, de façon naturelle, ont décidé de ne pas se
prévaloir de ce droit-là de demander leur Régie des rentes à l'âge de
60 ans. Donc, une mesure qui se fait... en tout cas, une progression dans
le marché de l'emploi qui est très, très significative.
Donc, les choses changent sans mesures
coercitives autres que celles mises en place déjà. Chaque cohorte de
travailleurs et travailleuses prend sa retraite dans le contexte social et du
marché du travail de son époque. Le paradigme, là, de la liberté 55, c'est
de moins en moins présent.
Ce n'est donc pas tout le monde qui a le
luxe de retarder le paiement de sa retraite du RRQ, comme ce n'est pas tout le
monde pour qui c'est avantageux de le faire. Pour retarder le début de la rente
du RRQ, ça prend deux conditions : ça prend de l'argent, hein, ça prend de
l'argent qu'on peut décaisser et/ou ça prend... il faut avoir un emploi qui
offre un revenu adéquat pour vivre. Ça, c'est les deux conditions.
Le choix de demeurer sur le marché du
travail, ce n'est pas possible pour tous et toutes. Il y a la pénibilité du
travail, il y a le manque de flexibilité dans les horaires, il y a le manque
d'accès à la formation, il y a de l'âgisme en milieu de travail. Souvent, à
60 ans, la perte d'un emploi signe l'arrêt de mort de la vie active, et
ce, malgré la pénurie de main-d'œuvre actuelle.
• (16 heures) •
Important de noter que le taux de pauvreté
chez les 60-64 ans est le plus élevé... est plus élevé que celui des
autres groupes d'âge. Donc, actuellement, là, c'est vraiment nos 60-64 ans
qui ont le taux de pauvreté le plus élevé au Québec. Bon nombre de personnes
qui composent ce groupe ont dû quitter le marché du travail, et elles n'ont pas
encore accès au programme de la Sécurité de vieillesse, qui est disponible
seulement à partir de 65 ans.
Un autre argument important, c'est que
retirer son RRQ plus tard, ce n'est pas intéressant pour tout le monde. Le
document de consultation affirme que lorsqu'une personne atteint 73 ans,
le revenu cumulatif tiré d'une rente de retraite versée à compter de
65 ans dépasse celui qu'elle aurait tiré d'une rente réduite vers l'âge de
60 ans. Ça, c'est ce qu'on retrouve dans le guide de consultation.
Bien que, de prime abord, ce constat
semble intéressant, la situation est bien différente si l'on prend compte... si
on prend en compte l'ensemble des autres programmes du soutien de revenu, dont
les versements de supplément de revenu garanti, le SRG. Les rentes du RRQ,
comme les autres sources de revenus, viennent diminuer les prestations du supplément
de revenu garanti.
Au Québec, environ 40 % de la
population des 65 ans et plus touchent en tout ou en partie à des
prestations du RRG. Là, je suis en train de parler de l'aide sociale de nos
aînés. C'est ça qui se passe, là, quatre personnes sur 10, de 65 ans, ont
droit au supplément de revenu garanti, donc ils ne sont vraiment pas bien
nantis. De les pousser à prendre le RRQ plus tard, bien, ça fait en sorte
qu'ils perdent, à 65 ans, une partie de leur supplément de revenu garanti du
fédéral. Donc, le fédéral devrait en être content, ça va coûter moins cher au <gouvernement
du Canada...
>
16 h (version révisée)
Mme Picard (Magali) : ...à 65 ans,
une partie de leur supplément de revenu garanti du fédéral. Donc, le fédéral
devrait en être content, ça va coûter moins cher au gouvernement du Canada,
mais ça aura un impact complètement contraire au Québec. Recevoir les rentes à
l'âge de 60 ans représente souvent la meilleure option, compte tenu de
leur espérance de vie, de leur niveau de vie et du cadre fiscal. Ça va?
Le Président (M. Simard) : Veuillez
poursuivre, je vous prie, madame. Veuillez poursuivre.
M. Girard (Groulx) : Vous
avez écoulé votre temps, mais...
Mme Picard (Magali) : Êtes-vous
sérieux? Je suis déjà rendue à 10 minutes?
M. Girard (Groulx) : Non,
non, mais je vous donne de mon temps. Allez-y.
Mme Picard (Magali) : Ah!
vous êtes gentil. J'apprécie beaucoup. Merci, M. le ministre. Alors... Mon
Dieu, est-ce que j'achève? J'espère que oui, hein? Je lis donc bien lentement.
Alors, je vais essayer de...
Bon, retarder le début du versement de la
RRQ, je le dis, ce n'est pas toujours bénéfique pour tout le monde. Les
statistiques indiquent que les Québécois de 60 ans et plus affichent des
taux d'emploi inférieurs à l'Ontario. Cependant, elles cachent des réalités
contrastées. Les Québécois commencent à travailler plus tôt, les statistiques
le prouvent. Arrivé à 60 ans, le nombre d'années passées sur le marché du
travail est déjà plus grand que la population ontarienne et la moyenne de celle
du Canada. Qui peut expliquer la décision de se retirer plus tôt? Donc, le
nombre d'années travaillées est très important. La proposition de reporter l'âge
de la retraite pour retenir des travailleurs expérimentés arrive trop peu, trop
tard. Nos boomers ont déjà... sont déjà partis à la retraite.
Alors, les travailleurs expérimentés vont
demeurer à l'emploi si on lutte contre l'âgisme. Et là je ne les répéterai pas
tous parce que ça a déjà été dit, mais, si on pouvait améliorer les incitatifs
pour que les travailleurs demeurent à l'emploi, ça serait une avenue
extrêmement intéressante. Assouplir le temps de travail, le passage du travail
à la retraite, là, adapter l'organisation du travail, tout ça, ce sont des
mesures qui, selon nous, seraient extrêmement profitables. Actuellement, le
coût réel du financement du régime est à 12... de 12,39 %. Advenant une
augmentation de l'âge minimal d'admissibilité de 60 à 62 ans, le coût
augmenterait à 12,55 %.
Pour contrer ça, ce qui est proposé, c'est
d'augmenter la pénalité, hein? L'idée du gouvernement, c'est vraiment d'augmenter
cette pénalité-là. Donc, la hausse de la pénalité en 2014 avait eu comme
objectif de favoriser le maintien en emploi en pénalisant plus que nécessaire
sur la valeur de la rente.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît.
Mme Picard (Magali) : OK, bien,
écoutez, je pense que... j'ai un point, merci, parce que j'ai un point que je
voulais absolument nommer, pour la FTQ, là, la pénalité, lorsqu'on parle de...
on veut bonifier le régime des rentes pour les travailleurs à la retraite en
augmentant à 62 ans. Mais, en augmentant à 62 ans, ce qu'on comprend,
c'est qu'il y aura une pénalité qui sera encore davantage plus grande pour les
gens qui vont partir que celle qu'on connaît déjà, qui est à 36 %. Donc,
pour nous, là, c'est un double affront. Ce que ça fait, c'est que le
gouvernement hausse l'âge à 62 ans, mais, en même temps...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Picard (Magali) : ...augmente
la pénalité.
Le Président (M. Simard) : Merci,
Mme la présidente.
Mme Picard (Magali) : Merci.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Avez-vous
fini?
Mme Picard (Magali) : Je
pense que j'ai déjà abusé, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Non,
non, mais... parce que c'est beaucoup plus intéressant quand vous, vous parlez,
là. Moi, ça fait depuis le début de la journée. Est-ce que vous avez eu...
Mme Picard (Magali) : Non, écoutez,
tout est à l'intérieur de notre mémoire.
M. Girard (Groulx) : Tout a
été dit? Parfait.
Mme Picard (Magali) : Donc,
tout a été dit? Non. La prochaine fois, je peux vous garantir que je vais
prendre le temps davantage... je vais le relire plusieurs fois. Je pensais
faire ça à l'intérieur du 10 minutes, mais bon.
M. Girard (Groulx) :
OK. D'abord... Et moi, j'ai
combien de temps suite à cette nouvelle allocation de temps?
Le Président (M. Simard) : Treize
minutes d'échanges.
M. Girard (Groulx) : 13 minutes
d'échanges. OK. Je veux revenir sur les incitatifs fiscaux, OK, parce qu'au
Québec on offre, pour les gens de plus de 60 ans qui restent au travail,
on offre un crédit d'impôt pour les travailleurs d'expérience. Ça avait été
initié par mon prédécesseur, et nous, on les a... C'était à 65 ans. Nous,
on les a bonifiés puis on a ramené ça jusqu'à 60 ans. Il y a beaucoup de
gens qui me disent : Pouvez-vous augmenter ça? Puis, vous allez voir, ça
va nous encourager à travailler. Je veux juste qu'on soit tous conscients que
ces crédits d'impôt là sont extrêmement dispendieux, parce que, par exemple, si
bonifier ces crédits d'impôt là amenait 10 000 travailleurs de plus,
je vais dire un chiffre, il faut donner le crédit d'impôt à tous les
travailleurs. Donc, on a le coût sur l'ensemble des travailleurs, mais l'effet
marginal est un faible nombre de travailleurs. Et donc ce sont des mesures
fiscales extrêmement dispendieuses. Et, comme on a des besoins importants au
niveau des missions de l'État, santé, éducation, bien, ce n'est pas des bons
choix fiscaux ou de finances publiques d'optimalité. Ça, c'est la première
chose.
La deuxième chose, il y a une <perception...
M. Girard (Groulx) :
...
la première chose.
La deuxième chose, il y a une >perception
qu'il n'est pas payant de continuer à travailler à la retraite parce qu'on dit
que Revenu Québec et l'Agence de revenu du Canada prennent tous vos revenus. Bien,
je veux que ce soit clair avec tous les gens qui sont ici puis les gens qui
nous écoutent : c'est faux. Les travailleurs de plus de 65 ans qui
demeurent sur le marché du travail conservent entre 58 % et 73 % de
leurs revenus. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la Chaire en fiscalité et en
finances publiques. Et, oui, si vous changez de tranche de revenus, bien, on a
un impôt progressif, vous allez payer plus d'impôts, mais c'est comme ça que ça
fonctionne dans la société que nous avons.
Et finalement, si vous ne faites pas de
déductions à la source parce que vous êtes à la retraite, mais vous décidez de
retourner travailler et vous retournez travailler à temps partiel, mais vous ne
faites pas de déductions à la source, oui, lorsque vous allez faire votre
rapport d'impôt en fin d'année, vous allez avoir une facture d'impôt. Ça, ce
n'est pas la même chose que de dire que ce n'est pas payant de travailler.
Alors, ça, c'est des points qui sont extrêmement
importants. Mais, si on a une chose à retenir, oui, il est intéressant,
fiscalement, de travailler à la retraite, pour ceux qui le peuvent. OK? Alors,
ça, c'est un autre point sur lequel on s'entend?
Mme Picard (Magali) : Absolument.
C'est ce que j'allais vous dire. Moi, c'est de la musique à mes oreilles parce
que c'est ce qu'on dit dans nos formations. On incite nos gens à demeurer sur
le marché de l'emploi. On ne parle nullement, dans le mémoire que vous avez
devant vous, de crédits, d'ajout de crédits fiscaux. Il y a bien d'autres
mesures, beaucoup d'autres incitatifs qui peuvent être mis en place qui n'ont
aucun impact au niveau fiscal.
M. Girard (Groulx) : Et
moi, je suis d'accord avec vous qu'il y a un changement de culture à avoir, là,
parce qu'on doit... les employeurs doivent considérer que c'est peut-être deux
travailleurs d'expérience qui vont occuper le poste d'un travailleur plus
jeune. Et à ce moment-là il faut être ouvert au temps partiel, aux emplois
partagés ou... et... bon. Alors, ça, là-dessus, on s'entend. Puis il y a toute
la question de la protection du niveau de rentes, réflexion sur les proches
aidants, l'objectif de la sécurité financière, bref, il y a plusieurs choses
sur lesquelles on s'entend.
Les pénalités pour... ce qu'on appelle les
facteurs d'ajustement, là...
Mme. Picard (Magali) : Les
pénalités.
M. Girard (Groulx) : ...oui,
les facteurs d'ajustement, lorsque vous prenez... je tiens à vous dire que nos
facteurs d'ajustement sont inférieurs au Régime de pensions du Canada. Et le
Régime des rentes du Québec est harmonisé sur plusieurs points avec le Régime
de pensions du Canada. Et donc c'est nos... nos facteurs d'ajustement, que vous,
vous appelez des pénalités, qui sont des facteurs d'ajustement qui ressemblent
étrangement à des pénalités, c'est... la question qu'on se pose, c'est : Est-ce
qu'on doit les augmenter pour s'harmoniser avec le Régime de pensions du Canada?
Et ça, ça aide la santé financière du régime. Donc, c'est seulement si on consomme
la marge de manœuvre du régime qu'on va avoir besoin de faire ça. Ça fait que
c'est un choix collectif. Dépendamment de ce qu'on va choisir, ici, on aura
peut-être besoin de ça, peut-être pas. Alors, il faut... Tout le monde doit
être conscient qu'on a une marge de manœuvre de 26 points de base,
0,26 %, et puis c'est à l'intérieur de ça qu'on travaille puisqu'on a fait
le choix, une autre chose sur laquelle on s'entend, de ne pas réduire les
cotisations, bon.
• (16 h 10) •
Mme. Picard (Magali) : Est-ce
que je peux réagir?
M. Girard (Groulx) : Oui,
allez-y.
Mme. Picard (Magali) : Deux
choses. Je comprends que vous compariez le Régime des rentes du Québec avec le
régime du Canada, mais j'aimerais ça, qu'on se compare davantage avec les
autres régimes de l'OCDE. Notre régime est beaucoup moins, beaucoup moins
profitable, beaucoup moins avantageux pour les travailleurs que pour les pays
faisant partie de l'OCDE.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais le problème, c'est qu'on a la mobilité de la main-d'oeuvre au Canada, là,
la mobilité des citoyens. Puis on doit s'assurer que les travailleurs puissent
se promener d'un régime à l'autre. Puis, si on laisse trop les régimes
diverger, on va avoir des problèmes avec ça. Alors, on... Ça, c'est un... Mais...
Mme Picard (Magali) : ...on
est bons, au Québec, pour influencer le fédéral et non se faire influencer par
le fédéral, vous savez.
M. Girard (Groulx) : Je
vous dirais qu'au niveau du Régime de pensions du Canada, comme on est le seul
à avoir notre propre régime, on a 12 autres personnes à convaincre. C'est
difficile. On a 12 autres provinces et territoires plus le fédéral.
Mme Naud (Marie-Josée) : J'aimerais
réagir, moi <aussi...
M. Girard (Groulx) : ...12 autres
provinces et territoires plus le fédéral.
Mme Naud (Marie-Josée) :
J'aimerais
réagir, moi >aussi, parce les modalités, quand même, à l'intérieur du Régime
de pensions du Canada ne sont pas 100 % similaires à ceux du Québec non
plus, là, il y a quand même des petites différences, comme le nombre de mois ou
d'années qui sont soustraits, là, du calcul les plus élevés dans le Régime de
pensions du Canada. Il y a quand même des nuances, là, entre les deux régimes.
Je pense que c'est important de le dire aussi.
M. Girard (Groulx) : Je suis
d'accord avec cette affirmation, M. le Président.
Bon, bref, vous avez dit que vous vous
opposiez au mécanisme automatique. Ça, c'était quoi exactement?
Mme Picard (Magali) : Ah! ça,
c'est... je vais être bien honnête avec vous, M. le ministre. Puis j'avais...
Après que je vous aie dit : Non, non, ça va, je n'empiéterai plus sur
votre temps, là j'ai commencé à avoir un grand regret parce que je regardais
mes notes... Une de nos plus grandes préoccupations, là, à la FTQ, et celle
qui, je peux vous dire actuellement, là, résonne déjà, c'est effectivement ce
mécanisme-là. Ce qu'on comprend entre les lignes, c'est qu'on ouvre la
possibilité à faire du régime de la Régie des rentes du Québec... du régime des
rentes du Québec, d'un régime qui est à prestations déterminées, à un régime
qui pourrait ressembler à un régime à prestations cibles. Et, ça, je vous le
dis, là, chez nous, c'est inimaginable. Jamais la FTQ ne pourra soutenir cette
idée-là. Vous allez me dire : Ce n'est pas écrit comme ça. Toutefois,
lorsqu'on regarde certains passages, là, du document de consultation, la façon
dont ça résonne pour nous, ça dit qu'advenant le cas... Là, ce n'est pas le cas.
Ça va bien. Le régime est en santé. Mais advenant le cas où le régime n'était
pas en santé, bien, l'impact de l'inflation, on pourrait décider de ne pas
verser l'inflation... l'indexation, et le fardeau qui est actuellement sur les
employeurs et les employés, les travailleurs deviendrait sur les retraités.
Moi, je regarde une période où l'inflation
est aussi forte qu'actuellement au Québec, là, où nos retraités reçoivent
6,3 % d'augmentation. S'il avait fallu que le régime ne soit pas en santé,
bien, nos gens, nos retraités, qui sont déjà la catégorie plus pauvre, là, nos
60, 64 ans, n'auraient pas reçu en plus l'indexation de 6,3 %. Ça, je
peux vous dire, là, que j'espère que notre lecture, elle est erronée, j'espère
que ce n'est pas ce qu'on laisse entendre. Mais, si c'est le cas, je dois vous
dire qu'il y aurait une lutte extraordinaire avec la FTQ là-dessus. Parce qu'il
n'est pas question qu'on recule davantage. Je vous dis, là, 60, 62 ans, déjà,
la grogne est prise. Je vous le dis, là, on sort d'un congrès où il y a eu deux
résolutions d'amenées, où il y a eu de l'unanimité des 1 200 personnes
au Palais des congrès à Montréal sur : Il n'est pas question que la FTQ
reste silencieuse. On est prêts à se mobiliser. Puis je vous jure que ce n'est
pas une tempête en février qui va empêcher les travailleurs, au Québec, de se
mobiliser. On est prêts à aller de l'avant, là, si vraiment la décision était de...
de modifier l'âge à 62 ans. Et, si en plus on avançait l'idée d'en faire
un régime de type à prestations cibles, je peux vous dire que ce serait... j'aime
mieux vous le dire et être honnête avec vous, là, ce serait une catastrophe.
Et, dans la population actuellement, oui, on représente 600 000 travailleurs,
travailleuses, mais on se promène partout, là, et cette pression-là est
immense, actuellement, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bon, premièrement,
je rappelle à tout le monde que ce qui est proposé, d'augmenter l'âge à
62 ans, c'est pour la sécurité financière des travailleurs, et ça va
coûter de l'argent au régime parce que c'est au bénéfice des travailleurs. Ça,
c'est mon premier point.
Mme Picard (Magali) : Vous
n'êtes pas d'accord avec moi, que c'est les moins bien nantis qui vont être
davantage pénalisés, les travailleurs qui aujourd'hui, là, ont de la misère?
M. Girard (Groulx) : Les
travailleurs qui sont moins bien nantis, c'est précisément ceux qui ne peuvent
pas se permettre d'avoir une pénalité de 36 % sur leurs rentes.
Mme Picard (Magali) : M. le
ministre, les femmes qui travaillent comme femmes de chambre depuis qu'elles
ont 15, 16 ans, qui arrivent à 60 ans de peine et misère et qui ont
besoin d'avoir leur régime des rentes, qui partent... pensez-vous, qu'elles
partent actuellement avec une pénalité de 36 %, ce n'est pas par choix, c'est
parce que leurs corps ne suivent plus.
Je parle avec des travailleurs de la
construction qui ont travaillé à -40 sur des toits, là, parce qu'il n'y avait
plus de chauffage dans des entreprises, ils ne sont pas capables de travailler
plus longtemps. Ce n'est pas un choix. Ils aimeraient ça, être capables de
continuer puis avoir leur pleine pension, mais leurs conditions physiques ne
leur permettent plus.
Donc, ce qu'on dit, c'est : Pourquoi
imposer? Pourquoi ne pas avoir des mesures incitatives? Comme vous le disiez
tantôt, on se rejoint à ce niveau-là. On ne parle pas d'impôts. Pourquoi ne pas
aller vers des mesures positives au lieu, encore une fois, d'avoir des mesures
contraignantes, punitives et de mettre la population en colère contre le
gouvernement? On ne veut pas aller là parce que ce n'est pas une option pour
tout le monde. Ce n'est pas vrai que c'est tout le monde qui peuvent, même
s'ils le désiraient, rester à l'emploi plus longtemps. C'est ces gens-là qu'on <représente...
Mme Picard (Magali) :
...qui
peuvent, même s'ils le désiraient, rester à l'emploi plus longtemps. C'est ces
gens-là qu'on >représente, c'est ces gens-là qu'on veut défendre. Désolée.
Je parle trop, là. J'ai déjà pris de votre temps, donc je vous écoute.
M. Girard (Groulx) : Non,
non, mais...
Le Président (M. Simard) : C'est
très bien comme ça, Mme la présidente.
Mme Picard (Magali) : Merci.
M. Girard (Groulx) : Oui,
c'est... Puis c'est pour ça qu'on vous invite. On veut vous entendre.
Si vous permettez, s'il y a consentement,
je demanderais... D'abord, il n'y a aucune intention de transformer le Régime
de rentes du Québec en régime à prestations cibles.
Mme Picard (Magali) : Vous
venez d'enlever une grande pression.
M. Girard (Groulx) : Alors, vous
pouvez mettre un septième point sur lequel on s'entend. Je...
Mme Picard (Magali) : Oui. Ce
n'est pas rien quand même, là. Vous pouvez partager ça avec le confrère
ministre. Il va être surpris.
M. Girard (Groulx) : Je les
prends en note. Est-ce que vous permettez que mon...
Le Président (M. Simard) : Alors,
ce coup-ci, M. le ministre, avez-vous une préférence pour la députée
d'Huntingdon ou le député d'Orford?
M. Girard (Groulx) : Non.
J'aimerais que l'actuaire en chef nous parle...
Le Président (M. Simard) : Oh!
l'actuaire en chef. Bon.
M. Girard (Groulx) : ...des
mécanismes automatiques, qu'il les explique, ce qui est proposé dans le
document, parce que cet aspect-là semblait déplaire à nos invités. Je confirme
que ce n'est pas notre intention de convertir en régime à prestations cibles.
Mais peut-être que vous pourriez mieux expliquer ce qui dans le document pour
qu'on sache tous de quoi on parle et qu'on pense que vous n'aimez pas
là-dedans.
Le Président (M. Simard) : M.
Therrien.
M. Therrien (Jean-François) : Oui.
Donc, le mécanisme d'ajustement... un mécanisme d'ajustement automatique, c'est
de décider à l'avance, quand le régime va bien financièrement, qu'est-ce qu'on
ferait s'il y avait déséquilibre financier dans 15 ans, dans 20 ans,
dans 30 ans. On sait que le régime est en bonne situation financière. Ce
n'est pas pour appliquer immédiatement, là.
Alors, le mécanisme d'ajustement
automatique qui est prévu au niveau du RRQ de base, c'est lorsque le taux de
cotisation qui est calculé dans l'évaluation actuarielle excède... Disons qu'il
est de 10,9 % et donc il excède le taux de cotisation de 10,8 % qui
est présentement en vigueur. Donc, dès qu'il excède 0,1 %, on augmente
automatiquement le taux de cotisation. Ce que ça fait, c'est que c'est les
cotisants qui vont payer pour un déséquilibre financier. Donc, les cotisants,
ce sont les travailleurs et les employeurs à parts égales.
Au niveau du régime, au niveau du RRQ
supplémentaire, ce qui est... ce qui est prévu... En fait, il n'y a pas de
mécanisme de prévu...
Le Président (M. Simard) :
Très bien. En conclusion.
M. Therrien (Jean-François) :
Parfait.
M. Beauchemin : ...une minute.
Oui, je te donne une minute.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, vous avez le temps du Parti libéral. C'est très bien. Puis
veuillez poursuivre.
M. Therrien (Jean-François) : OK.
Donc, au niveau du RRQ supplémentaire, il n'y a pas de mécanisme qui est prévu.
Les paramètres ne sont pas prévus. Mais la loi qui a été adoptée pour
l'implantation au 1er janvier 2019, c'est de permettre que et les
cotisations soient ajustées et les prestations aussi soient ajustées.
Ce qui se passe au niveau du régime du
Canada, du Régime de pensions du Canada, c'est que la... il y a une
contribution qui est demandée en cas de déséquilibre financier par les
cotisants et aussi par les retraités via une indexation partielle pendant la
période de rééquilibre financier. Ça fait le tour.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci. Merci
d'être ici. Félicitations pour votre nouvel emploi.
Une voix : Merci.
M. Beauchemin : Écoutez,
c'est comme la troisième fois, je pense, qu'on en entend parler à date
aujourd'hui, donc je veux juste réitérer encore la clarification pour être
certain qu'on a bien compris, de votre point de vue à vous. Donc, vous n'êtes
pas contre la flexibilité ou l'optionnalité. Donc, si ce n'est pas une
obligation d'attendre et de retirer la Régie des rentes à 62 ans, mais
qu'on peut le faire à 60 ans, donc, toute cette flexibilité-là, vous, vous
êtes pour ça?
• (16 h 20) •
Mme Picard (Magali) : Absolument.
On l'encourage, d'ailleurs. C'est vraiment l'imposition à 60 ans.
Merci d'avoir laissé une partie de votre
temps à l'actuaire, mais je veux... je veux quand même profiter de ça pour dire
que, votre dernière définition, pour moi, c'est ce que j'appelle un régime à
prestations cibles. Donc, je voulais juste quand même porter à votre attention
que ce n'est pas... c'est comme ça qu'on le voit pour nous, à partir du moment
où c'est le retraité qui va être pénalisé, advenant le cas où le régime ne
serait pas en santé financière.
M. Beauchemin : Bien,
c'était... Non, c'est intéressant parce que c'était un petit peu la deuxième question
où est-ce que j'allais... La raison pour laquelle je voulais un petit peu plus
entendre l'actuaire, c'est que ma lecture à moi aussi, c'était de... d'introduire
ces éléments-là pouvait donc permettre, justement, de peut-être catégoriser ça
comme... c'est... Peut-être, ce n'est pas la bonne terminologie, mais, je veux
dire, les conséquences me semblent être les mêmes. C'est pour ça que je voulais
avoir une clarification. Merci de votre temps, bien, de mon temps que je vous
ai donné.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Beauchemin : <
Donc...
M. Beauchemin :
...de
mon temps que je vous ai donné.
Des voix :
Ha, ha,
ha!
M. Beauchemin : >
Donc,
si on parle maintenant de l'âge de 65 ans, là, pour être clair, au niveau
des contributions, vous, de votre point de vue à vous, que ce soit un
travailleur autonome ou quelqu'un qui est à l'emploi d'une compagnie autre,
d'éliminer les contributions pour l'employé au régime des rentes, ça, vous ne
vous ne voyez pas ça positivement, selon vous.
Mme Picard (Magali) : Non,
non. Pour être très, très honnête avec vous, on n'a pas évalué cette option-là.
De notre côté, il y a eu de longues discussions, à savoir : Est-ce qu'on
est d'accord pour qu'il y ait le choix du travailleur de dire oui ou non?
L'inquiétude qui a été partagée par ma collègue de la centrale de la CSN, c'est
la mienne également. Donc, c'est pour ça que vous allez retrouver, à
l'intérieur de notre mémoire, qu'on dit, à l'intérieur de ça, qu'on voudrait
que la cotisation demeure après 65 ans, toutefois en étant bonifiée. Parce
que, souvent, après 65 ans, si on revient sur le marché de l'emploi ou si
on veut demeurer, on veut justement des horaires flexibles, on ne veut
peut-être plus travailler 40 heures, semaine. Donc, pour ne pas que ça ait
un impact négatif pour cette personne-là, de rester à l'emploi sur sa
moyenne... vous savez que ça fonctionne avec la moyenne du salaire gagné, là,
des dernières années, donc, ça, il faudrait que ça soit ajusté.
Mais, de notre côté, ce que vous allez
retrouver dans le mémoire, c'est qu'on... la continuité de la perception des
prestations, autant pour l'employeur que pour l'employé, pour toutes les
raisons qui ont été nommées, là, je ne veux pas les répéter, mais un employeur
qui dirait : Écoute, si tu veux rester à l'emploi, je suis prêt à te
garder ou, si tu veux, je t'embauche, mais je ne contribue pas à ta RRQ, puis,
par le fait même, tu n'y contribues pas non plus. L'offre qui est... bien, pas
l'offre, mais la proposition qui est sur la table, très honnêtement, de dire
que l'employeur serait forcé de contribuer et que ça serait une option pour le
travailleur, on ne l'a pas envisagé. Mais c'est clair qu'il ne faudrait pas,
encore une fois, que... si le salaire était réduit de moitié de contribution,
que ça ait un impact négatif sur les prestations par la suite. Donc, je ne peux
pas, présentement, vous donner une position officielle de la FTQ parce qu'on ne
l'a pas envisagé.
M. Beauchemin : Encore une
fois, des fois, j'ai des idées qui arrivent de même, au fur et à mesure, puis
je me demandais, tu sais, dans le fond : Est-ce que les unités de mesure
pour faire les calculs pour l'exemple d'après 65 ans, si on veut donner un
horaire flexible, tu sais, au lieu de travailler 250 jours par année, la
personne travaillerait 200 jours par année, l'idée serait-elle plutôt d'avoir
un cumul du nombre de jours travaillés, et, de cette façon-là, on pourrait par
la suite avoir un équivalent d'un an, qui a pris un an et demi à faire ou...
etc.? Je fais juste des... Je lance des idées comme ça, dans l'air, là, pour...
Mme Picard (Magali) : Pour
poursuivre votre réflexion, ça semble très intéressant, ce que vous amenez, là,
mais on n'a pas, comme je vous disais, on n'a pas fait d'études là-dessus.
Mais, oui, ça pourrait être envisageable, effectivement, qu'on serait capables
de développer notre réflexion. Et ça semble être une avenue extrêmement
intéressante, où on enlève le fardeau sur le travailleur de se battre avec un
employeur qui ne voudrait pas contribuer. Il y a vraiment quelque chose qui
semble intéressant à l'intérieur de ça.
Mais, encore une fois, de notre côté,
l'impact, là, dont... ce que vous venez de décrire en disant qu'il faudrait
s'assurer qu'il n'y ait pas une réduction de la rente par la suite ou de la
pension due au fait que le travailleur n'aurait pas pleinement contribué ou
qu'il n'aurait pas travaillé l'équivalent de temps complet dans l'année.
M. Beauchemin : D'ac.
Mme Naud (Marie-Josée) : Il y
a toute la question de la possibilité d'administrer un programme comme
celui-là.
M. Beauchemin : Oui, bien, ça,
c'est...
Mme Naud (Marie-Josée) :
J'imagine que ça doit complexifier le régime sommairement.
M. Beauchemin : Ça, on va
laisser ça à d'autre monde. Moi, je ne suis pas l'expert là-dedans.
Mme Naud (Marie-Josée) : Je
pense que les gens de Retraite Québec ne doivent pas vous aimer, là,
présentement.
M. Beauchemin : Non, non, mais
je fais juste mentionner des idées comme ça, parce que, sait-on jamais, des
fois, ça peut peut-être...
Mme Picard (Magali) : Mais il
y a d'excellents travailleurs à l'État québécois. Je peux vous dire ça.
M. Beauchemin : Absolument. Je
n'en ai aucun doute, d'ailleurs.
Des voix : ...
M. Beauchemin : Donc, la
flexibilité de... l'autre comité paritaire à la retraite... Est-ce que vous
avez abordé le sujet du comité paritaire à la retraite dans votre approche et
si c'était, pour vous, quelque chose que vous aviez considéré d'un bon oeil?
Mme Picard (Magali) : De
notre côté, ce qu'on... vous allez retrouver à l'intérieur de notre mémoire,
c'est d'avoir un comité consultatif. Vraiment, d'amener toutes les parties
intéressées, les syndicats, les employeurs, les retraités, les jeunes, à avoir
un comité consultatif qui ferait ce travail-là, puis pas juste pour le RRQ, où
on parlerait de retraite au Québec, serait extrêmement intéressant.
Vous savez, on voit ça au niveau du statut
de la femme, du Conseil du statut de la femme, ça existe. On pense que le <dossier...
Mme Picard (Magali) :
...on
voit ça au niveau du statut de la femme, du
Conseil du statut de la
femme, ça existe. On pense que le >dossier retraite est suffisamment
important pour avoir un comité consultatif qui travaillerait en amont. Donc, on
le sait, là, la loi nous impose... impose au gouvernement une consultation
comme on fait actuellement aux six ans, on a entendu le ministre Girard en
parler plusieurs fois. Alors, avoir un comité consultatif aurait fait en sorte
que, ce travail-là, là, et le travail que l'on fait à la dernière minute, là,
avec une proposition, bien, on aurait des statistiques, on aurait fait vraiment
un travail en amont, ce qui ferait qu'on aurait peut-être des propositions
encore plus intéressantes à venir partager aujourd'hui.
Donc, un comité consultatif, pour nous, ça
s'impose. Il y a la FADOQ, il y a un paquet de parties intéressées qui
pourraient y contribuer, y participer, et ce serait extrêmement sain et
transversal de le faire. Donc, c'est ce que... c'est ce qu'on... ce que vous
allez retrouver à l'intérieur du mémoire, c'est ce qu'on demande au
gouvernement actuellement.
M. Beauchemin : OK. Dans le
contexte de justement essayer de faire en sorte que, du point de vue du régime,
ce régime-là continue et reste donc en santé... on parlait de 26 points de base
de surplus actuellement, ça peut disparaître relativement rapidement.
Mme Picard (Magali) : C'est
pour ça qu'il ne faut pas baisser les impôts.
M. Beauchemin : Bien, il ne
faut pas baisser les impôts, peut-être. Il ne faut pas... Je ne sais pas
exactement tout... qui peut être mis en place...
Mme Picard (Magali) : Il faut
mettre de l'argent en banque.
M. Beauchemin : Nous, on a
quand même proposé la même chose, à une certaine rigueur. Mais, ceci étant dit,
je pense que ce qui est important, c'est de juste simplement s'assurer qu'on
puisse avoir une certaine équité intergénérationnelle.
Mme Picard (Magali) : Absolument.
M. Beauchemin : Puis, de mon
point de vue, personnellement, pour moi, là, ce qui est le plus important, c'est...
si on met en place de nouvelles mesures, je veux m'assurer que, pas moi, là,
mais nos enfants, plus tard, vont pouvoir, eux autres aussi, pouvoir participer
dans ce même régime-là, puis que ça ne sera pas... Lorsqu'on parle,
actuellement, d'un surplus de 3 milliards, approximativement, en décembre
2021... puis j'aimerais ça, voir qu'est-ce que ça avait de l'air à la fin de
l'année 2022, parce que les marchés ont dû varloper un petit peu la
performance, là, mais il n'y a quand même pas tant de marge de manœuvre que ça.
Ça fait que je comprends certaines des initiatives qui sont offertes, là, par
le gouvernement, histoire de vouloir pérenniser, là, le système, mais, par
souci d'équité intergénérationnelle, est-ce que, vous, vos mesures que vous
proposez, vous avez eu quand même un son de cloche qui venait des gens les plus
jeunes de votre... de votre syndicat?
Mme Picard (Magali) : Absolument.
Puis, vous savez, on parle beaucoup que, bon, les Québécois, de plus en plus
scolarisés, sortent des universités plus tard, veulent rester sur le marché de
l'emploi plus longtemps. Ça, c'est vrai, il y a cette réalité-là. Mais les
statistiques nous prouvent encore... on aura toujours besoin de nos
travailleurs de métiers, ils vont rester. Et ce n'est pas nous, ici, là, dans
la salle, qui allons... qui avons besoin de quitter à 60 ans. Ce n'est pas pour
nous, cette... ce régime-là, à 60 ans, avec une pénalité de 36 %. Il n'y a
pas grand monde ici qui allons se prévaloir de ça. Toutefois, nos travailleurs
de métiers, je le disais plus tôt — et c'est à eux... c'est pour eux...
dont je vous interpelle aujourd'hui — ne pas les laisser tomber. Ces
gens-là, on en a besoin dans la société. Ils sont essentiels à l'économie du
Québec, sont essentiels pour que le Québec reste ce qu'il est aujourd'hui, que,
ces services-là, on en a besoin.
• (16 h 30) •
Mais, ces gens-là, de leur demander un
deux ans de travail supplémentaire en les pénalisant davantage s'ils décident
de partir à 62 ans, je vous le dis, là, ce n'est pas sain. Ce n'est pas ce
qu'on veut. Ce n'est pas ce que les Québécois veulent. Et, je vous le dis, on
s'en... si la décision du gouvernement... malgré cette consultation-là,
décidait d'aller de l'avant, malheureusement, les discussions avec le
gouvernement vont être difficiles pour l'avenir parce que c'est généralisé. Je...
Les travailleurs, je vous le dis, même ceux qui ne veulent pas... Présentement,
ils prennent leur retraite. On est en congrès, là, c'est le meilleur moment
pour nous de parler au nom de nos membres. Même ceux qui ne vont pas se
prévaloir de la RRQ à 60 ans, dans un an ou dans deux ans, nous disent :
Il ne faut pas commencer à ouvrir la porte, il ne faut pas toucher à ça. Ils
connaissent tous dans leur famille des gens qui ont besoin du régime de
retraite de la... de leur RRQ à 60 ans.
Puis n'oubliez pas que les gens qui
commencent à travailler plus jeunes, qui ont des emplois de métiers sont aussi
les gens — et ça, c'est prouvé, là, c'est factuel — qui
vivent le moins longtemps. Donc, leur demander de travailler davantage ou
encore de les pénaliser s'ils quittent à 62 ans, bien, c'est... on vient de les
pénaliser trois fois, ces gens-là. On leur demande deux ans de plus, on les
pénalise au niveau de leurs prestations, en plus qu'on... Sachant qu'ils vont
profiter le moins longtemps de la retraite, il y a une injustice, pour nous,
qui est évidente, puis c'est pour ça qu'on demande au gouvernement de ne pas
aller de l'avant avec l'imposition. Mais, oui, la FTQ sera partenaire pour
travailler avec nos gens pour faire en sorte qu'on améliore les conditions
d'emploi. Améliorons les incitatifs pour que nos gens restent sur le marché
l'emploi le plus longtemps pour qu'ils aient...
16 h 30 (version révisée)
Mme Picard (Magali) : ...améliorons
les incitatifs pour que nos gens restent sur le marché de l'emploi le plus
longtemps, pour qu'ils aient une retraite la plus digne possible, la mieux
financée possible, c'est absolument dans nos valeurs et c'est ce qu'on
souhaite, mais pas en ayant une imposition puis en s'attaquant encore aux moins
bien nantis.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Beauchemin : Il me reste
combien de temps?
Le Président (M. Simard) : Vous
aviez écoulé un peu votre temps.
M. Beauchemin : Ah oui?
Le Président (M. Simard) : Oui,
malheureusement. On va le prendre sur le temps de QS. Mme la députée de
Mercier, à vous la parole.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup. Moi, j'en aurais donné comme tout le monde, mais je ne peux pas en
donner, j'en ai tellement peu, même pas quatre minutes.
Bien, merci beaucoup. J'étais présente au
Palais des congrès. Je n'ai pas pu vous saluer, mais j'ai parlé à plein, plein
de vos membres. Merci pour votre franc-parler, hein? On sait où est-ce qu'on s'en
va quand vous ouvrez la bouche. Dites-moi, par rapport à... Bien, justement, je
trouve ça très, très intéressant quand vous dites : Les gens qui sont
pénalisés, les gens qui font des métiers plus éreintants... puis ça me fait
penser... Le ministre de l'Éducation, parmi ses sept priorités, il nous dit qu'il
veut soutenir la formation professionnelle. Ce sont souvent des gens de métier,
des travailleurs comme ça. Donc, il veut soutenir ça. Donc, il faut que les jeunes,
oui... mais qu'au bout ils puissent avoir une retraite, donc, d'autant plus
important que vous en... ce que vous mentionnez.
Deux points dont je voulais vous parler.
Le Conseil des partenaires, est-ce que vous êtes... parce que c'est la première
fois que j'en entends parler. Est-ce que c'est la première fois... Vous êtes la
seule à en parler? Est-ce qu'il y en a d'autres aussi qui soutiennent ça? Oui?
Mme Naud (Marie-Josée) : Il y
a plusieurs organisations qui vont vous en parler dans les prochains jours. Le
conseil consultatif sur la retraite, ça existe en France, c'est un lieu de
concertation, de discussion, d'échange, un lieu qui pourrait avoir les moyens
de faire des études, conseiller le gouvernement, etc. Donc, ça, c'est... Pour
nous, la retraite, c'est une question qui est très transversale. Ça n'appartient
pas juste au ministre des Finances, c'est vraiment... Ça touche aux CHSLD.
Mme Ghazal : C'est un enjeu
de société.
Mme Naud (Marie-Josée) : Ça
touche à plein d'aspects. Ça touche au logement. Ça touche à l'hébergement. Ça
touche à un paquet d'affaires, puis on trouve que peut-être qu'il y aurait de
la place au Québec pour avoir un lieu de concertation, de dialogue social, sur
la question de la retraite puis du vieillissement de la population.
Mme Ghazal : Puis il y aurait
tout le monde, là, toutes sortes d'organisations, même patronales, là?
Mme Naud (Marie-Josée) : Oui,
oui, tout à fait.
Mme Picard (Magali) : Elles
sont inscrites. Vous allez les voir à l'intérieur du mémoire, là. On ne les
oublie pas. On en a besoin.
Mme Ghazal : Il y avait un
point dont on n'a pas parlé, maintenant, mais vous en parlez dans votre
mémoire, c'est les immigrants, les travailleurs immigrants. Dans le fond, ce
que j'ai pu voir, là, lire rapidement dans votre mémoire, vous en parlez, de
façon générale, c'est qu'eux, c'est des gens qui travaillent, qui font des
métiers, souvent, là, pas la majorité, évidemment, mais beaucoup, des métiers
moins payés. Ils sont ici, au Québec, pas assez longtemps. Donc, ils n'ont pas accumulé
suffisamment d'années de travail, donc, pour pouvoir en bénéficier. Est-ce que
vous avez un élément, peut-être, à ajouter, une réflexion là-dessus, ou si, juste,
il faut y réfléchir? Puis il y a les immigrants permanents, ceux qui savent qu'ils
peuvent en bénéficier, puis ils vont avoir le temps de comprendre toute notre
façon de fonctionner, mais les immigrants temporaires qui viennent ici, de plus
en plus nombreux, contribuent au RRQ. Donc, ils y ont droit. Je ne sais pas si
vous avez une réflexion un peu plus à... de nous l'amener.
Mme Naud (Marie-Josée) : Non.
Je sais que les groupes communautaires, les groupes de femmes, vont en parler
plus spécifiquement de ce groupe-là, là. On n'a pas... Ça ne faisait pas partie
du document de consultation. On trouvait ça important d'aborder cette
question-là parce qu'on demande beaucoup aux personnes immigrantes, qui
viennent au Québec, souvent, pour s'occuper de nos aînés, notamment dans les
CHSLD. Moi, ma mère est en CHSLD. J'en ai vu, des personnes immigrantes arriver,
commencer à travailler dans les CHSLD puis s'occuper, bien, de tout le monde
qui était un peu malade, là, pendant la pandémie. On a vu ça, notamment. Ces
gens-là n'ont pas accès à leur pension de vieillesse au complet. Il faut avoir
cotisé 40 ans pour avoir complètement droit à ces sommes-là. On considère
qu'il y a beaucoup de gens qui sont laissés sur le carreau, rendus à la
retraite, là, parmi les personnes immigrantes, et il y a vraiment un dossier
ici... je dirais que c'est peut-être un peu l'enfant pauvre, là.
Mme Ghazal : Oui, c'est ça, c'est
dans l'angle mort, là. Ça ne fait pas partie de nos discussions, mais comme...
Mme Naud (Marie-Josée) : C'est
dans l'angle mort, c'est ça, c'était... On trouve que, dans le document de
consultation, justement, il y avait quelques angles morts, notamment, on en a
parlé avant avec la CSN, bien, l'analyse différenciée selon le sexe, qui n'est
pas vraiment présente non plus dans le document, mais un des chantiers qui
devrait être abordé par le gouvernement, c'est la question de la retraite des
personnes immigrantes, là, très clairement, mais on n'a pas de proposition
précise à faire. Est-ce qu'on devrait leur donner du Régime de rentes du Québec?
On n'était pas là.
Mme Ghazal : Je comprends. C'est
peut-être une réflexion au Conseil des partenaires de la retraite, s'il y en a
un...
Mme Naud (Marie-Josée) : Exactement,
c'est le genre de question... le conseil consultatif sur la retraite...
Mme Ghazal : Oui, le comité
consultatif.
Mme Naud (Marie-Josée) : ...qui
pourrait lever le flag sur ce genre de problématique là.
Mme Picard (Magali) : Bien, en
tout cas, ce qui est clair pour nous, c'est que le gouvernement devrait avoir
un engagement moral envers les travailleurs immigrants, étant donné ce qu'on
leur demande. Je crois que ça fait partie effectivement de la réflexion.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Ghazal : Oui, puis, pour
l'ADS, ça, c'est un point sur lequel... sur lequel je frappe plusieurs fois.
Bien, merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Alors, Mme Picard, Mme Naud, merci beaucoup pour <votre présence
parmi nous...
Le Président (M. Simard) :
...alors,
Mme Picard, Mme Naud, merci beaucoup pour >votre présence parmi nous
aujourd'hui. Ce fut fort apprécié et fort instructif.
Ceci étant dit, nous allons suspendre
momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains invités. Au
revoir.
(Suspension de la séance à 16 h 37)
(Reprise à 16 h 44)
La Présidente (Mme Mallette) : Bon,
je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants du réseau de la FADOQ. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, puis nous
procéderons à une période d'échange avec les membres de la commission. Je vous
invite donc à vous présenter, tout d'abord, et ensuite à commencer votre
exposé. Merci.
Mme Tassé-Goodman (Gisèle) : Merci.
Monsieur... Mme la Présidente, je vous remercie. M. le ministre, Mmes et MM. les
parlementaires, je me nomme Gisèle Tassé-Goodman, présidente du Réseau FADOQ.
Je suis accompagnée de M. Philippe Poirier-Monette, conseiller aux relations
gouvernementales à la FADOQ. Le Réseau FADOQ est un regroupement de personnes
de 50 ans et plus, qui compte près de 525 000 membres. Dans chacune
de nos représentations politiques, nous souhaitons contribuer à l'amélioration
de la qualité de vie des aînés d'aujourd'hui et de demain. J'aimerais remercier
les membres de la commission pour cette invitation à nous exprimer dans le
cadre des consultations entourant le Régime de rentes du Québec.
Les documents élaborés dans le cadre de
ces consultations font état d'un régime en bonne santé financière. Cette
situation permet au gouvernement du Québec de présenter des propositions avec
lesquelles nous sommes en faveur. Notamment, le document de consultation évoque
la possibilité de reconnaître les périodes d'aide offertes par les personnes
proches aidantes, une demande de longue date du Réseau FADOQ. Dans le régime de
base et le régime supplémentaire du Régime de rentes du Québec, il est
également proposé de mieux compenser certaines périodes de faibles gains, par
exemple, lors de périodes d'invalidité. Pour les travailleurs d'expérience, la
possibilité de rendre facultative la cotisation au Régime de rentes du Québec
des bénéficiaires de la rente de retraite à compter de 65 ans est bien
accueillie.
La FADOQ est également en faveur d'une
bonification de la rente du Régime de rentes du Québec jusqu'à l'âge de
75 ans pour les personnes qui choisissent de reporter son versement. Le
document de consultation du gouvernement du Québec propose d'introduire un
mécanisme de protection de la moyenne de gains réalisés après 65 ans. Ce
mécanisme permettrait d'éviter que les gains de travail réalisés après cet âge
affectent à la base... à la baisse le calcul de la rente. Notre organisation
est en faveur de cette proposition. Nous suggérons toutefois que ce mécanisme
s'applique dès 60 ans. De nombreuses personnes choisissent de ralentir la
cadence de travail dès 60 ans, notamment en raison d'une fatigue
professionnelle ou encore en raison de leur implication bénévole.
Le document de consultation du
gouvernement met <également sur la table certaines propositions...
Mme Tassé-Goodman (Gisèle) :
...le
document de consultation du gouvernement met >également sur la table
certaines propositions avec lesquelles nous sommes en opposition. Notre
organisation recommande de maintenir le statu quo quant à l'âge d'admissibilité
aux rentes anticipées du Régime de rentes du Québec.
Par ailleurs, il importe de ne pas
rehausser le facteur d'ajustement pour la rente anticipée de la rente... pour
le versement anticipé de la rente. Augmenter l'âge d'admissibilité ou les
pénalités de la rente anticipée constituent deux mesures qui affecteront de
manière disproportionnée les personnes qui ne peuvent pas se maintenir sur le
marché du travail. Nous pensons notamment aux individus ayant eu des ennuis de
santé, un accident ou encore aux gens ayant œuvré dans un milieu de travail
pénible, dont les tâches usaient prématurément leurs capacités. Certaines
personnes sont contraintes de retirer leur rente du Régime de rentes du Québec
de manière précoce malgré une pénalité qu'ils devront subir le reste de leurs
jours. En augmentant les pénalités, le gouvernement du Québec ne fera que
rehausser la précarité financière de ces individus. En rehaussant l'âge
d'admissibilité aux rentes anticipées, certains individus qui ne sont plus en
mesure de travailler se tourneront vers des programmes gouvernementaux ou
devront gruger leur épargne.
Nous souhaitons maintenant aborder la
réflexion qui est lancée dans le document de consultation à propos des
mécanismes d'ajustement automatique du Régime de rentes du Québec. Sans avancer
de proposition concrète, le document présente les mécanismes en vigueur dans
d'autres régimes. Il est question, par exemple, du gel de l'indexation des
rentes, de l'augmentation de l'âge de la retraite ou de la diminution des
prestations. Il s'agit de mécanismes qui touchent exclusivement les
bénéficiaires. Pour le Réseau FADOQ, il est clair que le gouvernement du Québec
doit éviter d'introduire de tels mécanismes. En faisant reposer tous les
risques financiers sur les travailleurs, il y a un réel danger de
déresponsabiliser les employeurs quant au régime de retraite. De telles
modifications risquent de briser le lien de confiance entre les travailleurs et
le Régime de rentes du Québec.
Le Réseau FADOQ estime que l'actuel
mécanisme d'ajustement automatique du financement, prévoyant une modification
des cotisations, est adéquat. À ce sujet, il est déplorable de constater que,
dans le régime supplémentaire du Régime de rentes du Québec, la loi permet au
gouvernement de modifier les prestations en cas de déséquilibre financier.
Notre organisation estime qu'il s'agit d'une brèche importante. Il importe que
seules les cotisations puissent être modifiées afin de rétablir la situation
financière du régime supplémentaire du Régime de rentes du Québec.
Nous souhaitons maintenant présenter
quelques aspects qui ne sont pas abordés dans le document de consultation. La
prestation de décès du Régime de rentes du Québec est un paiement unique d'un
montant maximal de 2 500 $. Instaurée en 1998, cette prestation n'a
jamais été augmentée, ni ajustée, ni indexée. Le gouvernement du Québec doit
minimalement doubler cette prestation et l'indexer annuellement en fonction de
l'indice des prix à la consommation. À titre de comparaison, la CNESST verse
jusqu'à 6 052 $ pour les frais funéraires.
• (16 h 50) •
Notre organisation souhaite également
souligner une aberration toujours en vigueur en lien avec la rente d'invalidité.
Le bénéficiaire d'une rente d'invalidité entre 60 et 64 ans subira une
pénalité sur sa rente de retraite pouvant atteindre jusqu'à 24 %. Ces
personnes n'ont pas choisi de se retrouver dans cette situation. Elles sont
nombreuses à ne pas disposer de ressources financières suffisantes afin de
reporter leur retraite à 65 ans. Ainsi, notre organisation recommande au
gouvernement d'abolir cette pénalité.
Finalement, le Réseau FADOQ propose au
gouvernement de créer un conseil des partenaires de la retraite. Il importe que
la population puisse s'approprier les enjeux de la retraite au-delà des
consultations obligatoires aux six ans. Une telle instance rassemblerait des
acteurs sociaux comme le gouvernement, les employeurs, les travailleurs ainsi
que les aînés. Il s'agirait d'une organisation intéressante pour repenser les
sources de revenus disponibles pour les retraités.
J'aimerais remercier les membres de la
commission de nous avoir écoutés. M. Monette répondra à vos questions.
La Présidente (Mme Mallette) : Bien,
je vous remercie beaucoup pour votre exposé. Vous avez encore quelques minutes.
Est-ce qu'il y a autre chose... On passe directement, à ce moment-là, à la
période d'échange? Parfait. M. le ministre, la <parole est à vous...
La Présidente (Mme Mallette) :
...à la période d'échange. Parfait. M. le ministre, la >parole
est à vous.
M. Girard (Groulx) : Merci,
Mme Tassé-Goodman. Vous êtes une habituée de ces consultations. Alors, c'est un
plaisir de vous revoir. M. Poirier-Monette, bienvenue.
En fait, c'est intéressant parce qu'il y
a... je dirais qu'il y a quand même une certaine convergence dans tout ce qu'on
entend aujourd'hui. Il y a plusieurs éléments sur lesquels on s'entend, et
l'élément du report de l'admissibilité ne fait pas consensus, bien qu'il... Tous
les spécialistes le reconnaissent, que c'est dans l'intérêt des travailleurs,
au niveau de leur sécurité financière, de ne pas prendre leur rente à 60 et
61 ans. En fait, pour ce qui est de ce qui a été dit aujourd'hui par Mme
Tassé-Goodman, je n'ai pas de question spécifique. Je veux vraiment vous
remercier. Merci pour le mémoire. Et je serais prêt à passer la parole à mes
collègues.
La Présidente (Mme Mallette) :
La parole est au député de Maskinongé.
M. Allaire : Merci, Mme
la Présidente. D'abord, bonjour. Merci pour... d'avoir pris le temps avec nous...
Merci pour votre mémoire. En fait, ma question est par rapport à la dernière
portion de votre exposé de 10 minutes. Vous avez parlé d'un comité que vous
aimeriez mettre en place, un comité des partenaires. J'aimerais que... vous
entendre un peu plus là-dessus parce que, quand on veut mettre ça en place, on
doit se donner un objectif ou une mission pour ce comité-là que vous voulez
mettre en place, et, naturellement, mettre en place aussi des modalités. Ça
fait que je veux voir un peu plus, là, comment vous voyez ça.
M. Poirier-Monette (Philippe) :
Bien, merci beaucoup pour la question, c'est très apprécié. Bien, on pense
que c'est peut-être une bonne idée pour aller au-delà des consultations
obligatoires aux six ans. Donc, tu sais, l'importance de maintenir un dialogue
constant entre les différentes parties qui sont des parties prenantes au niveau
de la retraite, donc, autant le gouvernement, les employeurs, les employés, les
aînés, la société civile, les experts, on parle autant d'actuaires, de
démographes que... Nous, on voit ça comme un organisme indépendant qui pourrait
fournir au gouvernement des avis sur des sujets qui sont importants au niveau
de la retraite, mais aussi, plus largement, au niveau du marché du travail puis
la vie active après le marché du travail.
Donc, ça pourrait être autant pour des
réflexions sur les incitatifs au maintien à l'emploi, le transfert d'expertise,
l'adaptation du travail, l'âgisme en milieu de travail, l'adaptation des tâches
dans le cadre où on a une main-d'oeuvre qui est vieillissante. Puis on peut
aller encore plus largement, là, déborder puis parler de l'hébergement aux
aînés, puis quel impact pourrait... quel rôle pourraient avoir des fonds
d'actions, des fonds de travailleurs, dans le financement de tels services.
Donc, nous, on pense que ça pourrait être une bonne opportunité pour maintenir
un dialogue sur la retraite.
M. Allaire : En fait,
c'est un peu ce qu'on fait actuellement, mais de façon permanente?
M. Poirier-Monette (Philippe) :
Exactement, puis il y a... Retraite Québec a des comités d'experts, il y a...
employeurs-travailleurs, mais, bien souvent, là, on ne le dit pas assez
souvent, les retraités sont souvent mis de côté. On pense que les jeunes aussi...
Vous allez avoir Force Jeunesse, là, après nous, là, qui va passer en
commission, puis on pense que les jeunes aussi ont beaucoup de perspectives, de
points de vue qu'ils pourraient soumettre, qui pourraient faire, je pense,
évoluer les réflexions. Donc, je pense que ce serait une opportunité de
maintenir un dialogue sur la retraite, sur un enjeu, on estime, en tout cas,
qui n'est pas assez pris en considération parce qu'on le voit, là, c'est... il
y a quoi, 43 % des gens qui ne disposent pas d'un régime de retraite
complémentaire ou n'épargnent pas dans des REER. Donc, il y a très certainement
des efforts à faire à ce niveau-là.
M. Allaire : Merci. Je
vais changer de sujet un petit peu. Ça va être ma dernière question. On a vu, à
travers les différents groupes, que l'élément communicationnel est un enjeu
quand on s'approche de la retraite. Est-ce que vous identifiez aussi comme
étant un enjeu important la façon qu'on communique avec les futurs retraités,
puis qu'on leur expose vraiment les différentes options qu'ils peuvent avoir, et
s'ils comprennent vraiment, entre autres, les différentes pénalités auxquelles
ils peuvent être assujettis, dépendamment de l'âge qu'ils prennent leur
retraite?
M. Poirier-Monette (Philippe) :
Tout à fait. J'écoutais M. René Beaudry, là, qui était là aujourd'hui,
puis on est d'accord avec ça, là, le fait que... C'est un problème, le fait que
Retraite Québec <envoie un document...
M. Poirier-Monette (Philippe) :
...c'est un problème, le fait que Retraite Québec >envoie un
document, Cap sur la retraite, comme un incitatif pour prendre une
retraite dès 60 ans. En effet, là, je pense qu'on ne peut pas faire
l'économie d'une meilleure vulgarisation, de travailler sur la littératie
financière puis de faire comprendre aux gens quels pourraient être leurs impacts
s'ils prennent une rente anticipée. Tu sais, on pense que, comme on dit dans
notre mémoire... qu'il y a des gens qui ne peuvent pas reporter leur retraite
pour différentes raisons, incapacité de travailler, problèmes de santé,
pénibilité de la tâche ou autres, mais c'est un problème lorsque certaines
personnes décident de continuer à travailler et retirer leur rente malgré tout,
puis il faut... Le ministre a raison de le dire, il l'a répété souvent en
commission, une pénalité de 36 %, c'est important, mais il faut garder
quand même une flexibilité pour ceux qui ne peuvent pas... mais, pour ceux qui
peuvent continuer à travailler, il faut peut-être mieux l'expliquer. Il faut
expliquer que c'est une pénalité à vie, évidemment.
M. Allaire : Parfait, merci.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Mallette) : Merci.
Je vais maintenant passer la parole au député d'Orford.
M. Bélanger : Merci, Mme la
Présidente. Moi, je considère que la FADOQ a un avantage parce qu'elle rejoint
les aînés quand même assez tôt dans le processus. Est-ce que vous connaissez
bien les besoins de vos membres, parce que c'est quoi, c'est plus d'un
demi-million de membres que vous avez? Est-ce qu'ils soulignent qu'ils ont un
manque de connaissances ou ils ont un besoin d'assistance au niveau de la
transition, assistance en termes de... financiers, voir quelles sont leurs
options? Parce qu'on a entendu ça aujourd'hui, là, il y a quand même... Moi, je
considère que c'est une problématique, là, voir quelles sont les options.
Ça fait que j'aimerais ça vous entendre à
ce niveau-là puis j'aimerais ça savoir qu'est-ce que vous leur offrez, si c'est
quelque chose que vous avez en termes de services. Moi, j'ai déjà reçu votre
carte de membre, là. J'ai participé à quelques rencontres, là, puis ce n'est
pas juste un 10 % chez McDo, ou je ne sais pas quoi, là, sur des cafés, ou
des cafés gratuits, dans le temps, là, c'est beaucoup plus que ça. Il y a eu
des rencontres en Estrie qui étaient vraiment intéressantes, mais ce que j'ai
remarqué, c'était quand même beaucoup orienté pour l'après-retraite, donc, pour
les rendre actifs, parler un peu affaires, etc., placements, et non sur les
besoins au niveau de la société, qui est de peut-être continuer au niveau du
travail et... Quels sont les enjeux de transition? Ça fait que j'aimerais ça
vous entendre là-dessus.
M. Poirier-Monette (Philippe) : De
notre côté, on essaie le plus possible de diffuser de l'information. Notamment,
là, crédits d'impôt, on en parle fréquemment, les mesures fiscales qui
s'adressent aux aînés. Je sais que... Bien, tu sais, on est plus de 525 000
membres dans 16 régions, 700 clubs de loisirs. Donc, chaque entité
organise des activités, des fois, pour vulgariser. Il y a très certainement des
assemblées qui se font, des fois, avec des conseillers financiers qui parlent,
grosso modo, de comment on peut envisager la retraite, et tout ça. Évidemment,
on n'a pas les capacités ni les connaissances pour faire, je dirais, des
évaluations individuelles, parce que la retraite, c'est quelque chose quand
même très individuel. Bon, il y a un régime collectif, puis, après ça, quel est
votre niveau d'épargne, c'est quoi, vos objectifs, ci et ça, donc, il y a
beaucoup d'aspects à ce sujet-là qu'on ne peut pas nécessairement expliquer aux
membres.
Par contre, nous, au Réseau FADOQ, on
dispose quand même de plateformes par lesquelles on peut, notamment, expliquer
aux gens... diffuser un message, puis, si Retraite Québec nous approchait pour
faire ce genre de diffusion d'information, c'est sûr qu'il y aurait
probablement moyen de s'entendre pour faciliter le message, passer le message,
parce que je pense qu'on peut... Comme je le disais, il ne faut pas faire
l'économie de la vulgarisation puis des efforts pour améliorer la littératie
financière.
• (17 heures) •
M. Bélanger : Mais est-ce ça
serait un bénéfice pour vous membres, justement, s'il y avait plus de
sensibilisation au niveau de quels sont les avantages de travailler plus
longtemps ou d'avoir une transition progressive entre le travail à temps plein
et et la retraite complète?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Moi,
je peux vous dire que nos membres sont très contents de recevoir de
l'information supplémentaire sur, notamment, les mesures fiscales. Ça, je vous
dirais que... La publication, là, à chaque année, qu'on fait, c'est une espèce
d'aide-mémoire fiscale sur l'ensemble des crédits d'impôt, autant fédéraux
qu'au Québec, puis c'est une des publications qui, je vous dirais, score
fortement dans nos plateformes. Donc, les gens sont intéressés. Donc, très
certainement, il y aurait avantage à communiquer avec eux pour peut-être
faciliter la compréhension de ce qu'ils peuvent subir comme pénalités,
qu'est-ce qu'ils peuvent avoir comme montant supplémentaire, c'est quoi, leur
solution, qu'est-ce qu'ils pourraient... vers quoi ils pourraient se retourner
pour leur situation...
17 h (version révisée)
M. Poirier-Monette (Philippe) : ...qu'ils
pourraient... vers quoi ils pourraient se retourner pour leur situation
financière post-emploi. Donc, très certainement, là, c'est des mesures qui
pourraient être implémentées, là.
La Présidente (Mme Mallette) : La
parole est maintenant au député de René-Lévesque.
M. Montigny : Alors, bonjour.
Je vous avoue que je peux maintenant être membre, parce que j'ai passé 50 ans.
Mais je veux vous entendre sur quelque chose que j'ai entendu de votre part
tout à l'heure. Vous avez dit : Des gens pourraient... Vous voulez
maintenir à 60 ans parce que, c'est important pour vous, en tout cas, vous
l'avez mentionné tout à l'heure, que des gens pourraient faire du bénévolat, s'ils
le souhaitaient, d'être capables aussi de prendre leur retraite pour faire du
bénévolat comme ça. Puis c'est pour ça que vous aviez l'air, tout à l'heure, à
défendre le maintien à 60 ans.
Mais tout à l'heure, on le disait, puis M.
le ministre le disait aussi, tu sais, la proposition, elle vise à améliorer la
situation financière des Québécois. Tu sais, je comprends le grand cœur de
plusieurs. Moi, j'ai été bénévole, j'ai reçu, même, un prix de bénévolat, puis
il y en a plein, des citoyens, dans toutes les circonscriptions, qui sont des
bénévoles de cœur. Mais tu sais, en même temps, je me demande comment vous
voyez ça, si, pour prendre une retraite, pour devenir bénévole, puis si, au
niveau de notre situation financière, bien, ce n'est pas avantageux. Parce que
ce serait avantageux de prendre notre retraite un peu plus tard, en tout cas,
au moins, de demander sa rente plus tardivement, c'est plus avantageux,
financièrement, pour le citoyen. Alors, plus il demande sa rente plus tôt,
moins c'est avantageux pour lui.
Alors, je ne veux pas dire que... À
quelque part, il ne faut pas payer pour être bénévole, tu sais, on le fait
gratuitement, donner notre temps, mais de s'impacter financièrement si on
demande notre rente plus tôt, bien... J'aimerais ça vous entendre là-dessus,
parce qu'à quelque part je me dis : Oui, il y a des gens qui ont des
grands cœurs puis qui veulent être bénévoles puis commencer à être bénévoles à
temps plein, en tout cas, puis réclamer sa rente pour être capables de donner à
la communauté, mais quand même, c'est un sacrifice, parce que ça nous impacte
parce qu'on va avoir moins au niveau de la rente, au total, si on la réclame
trop tôt. Alors, j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
M. Poirier-Monette (Philippe) : Oui.
Bien, merci beaucoup pour la question. Je crois que Mme Goodman avait abordé l'aspect
du bénévolat dans le cadre du mécanisme de protection de la rente. Donc, la
proposition du gouvernement, c'est de mettre un mécanisme de protection de la
rente dès 65 ans pour éviter que les gains plus faibles impactent sur la
rente future. Donc, nous, ce qu'on propose, c'est de le mettre de l'avant dès
60 ans, parce que la retraite, des fois, fréquemment, se prend de manière
progressive, il y a passation de l'entreprise à ses jeunes enfants ou volonté
de diffuser son expertise, mais, quand même, de diminuer les heures de travail.
Donc, nous, on disait, comme exemple, bien : Il y a des gens qui font ça
puis il y a aussi des gens qui font du bénévolat ou s'impliquent différemment.
Nous, on ne dit pas que le report de l'âge
de la retraite anticipée de 60 à 62 ans ne doit pas être mis de l'avant à
cause du bénévolat. Nous, ce qu'on dit dans notre mémoire, c'est que le report
ne doit pas être possible, gardez une flexibilité au régime puis gardez en tête
qu'il y a des gens qui ne sont pas en mesure de continuer au-delà de 60 ans.
Il y a des gens qui sont... qui ont de peine et misère à se rendre à cet âge-là
à cause de la pénibilité de leurs tâches. Il y a des gens qui ont...
musculosquelettique, ont travaillé debout toute leur vie, tâches répétitives, c'est
des gens qui ont eu des accidents, c'est des gens qui ont eu des problèmes de
santé. Donc, on dit simplement que ces gens-là, bien, ils ne peuvent pas
attendre, puis le fait de reporter l'âge, rehausser l'âge va faire en sorte que
ces gens-là soit vont aller chercher... aller piger dans les programmes
gouvernementaux, notamment la rente d'invalidité, ou vont gruger leurs
épargnes. Donc, nous, c'est le problème qu'on voit là-dedans.
Puis en plus de ça, tu sais, le
gouvernement l'a inscrit dans son document de consultation, non seulement ça va
coûter de l'argent au gouvernement, mais pour essayer de renflouer les coffres,
bien, on va augmenter les pénalités qui sont subies de 62 à... bien, 62, 63, 64 ans.
Donc, c'est un peu l'insulte à l'injure : on repousse l'âge d'admissibilité
à la rente anticipée puis, en plus de ça, on va être obligé d'augmenter les
pénalités pour financer ce rehaussement de l'âge là.
M. Montigny : Je comprends.
Peut-être une dernière question. Je ne suis pas sûr du temps qui me reste, là...
La Présidente (Mme Mallette) : Un
peu moins de deux minutes.
M. Montigny : Parfait, bon,
ça va être correct. Moi, je veux revenir exactement sur le même enjeu que mon collègue
mentionnait tout à l'heure, le Conseil des partenaires à la retraite. Pour l'avoir
vécu dans mon ancienne vie, là, j'étais maire de Baie-Comeau, je faisais partie
du conseil des partenaires du Plan Nord, qui a <écrit différents...
M. Montigny :
...
Baie-Comeau, je faisais partie du conseil des partenaires du Plan Nord, qui a
>écrit différents avis. Par contre, dans le cas, ici, avec, si je
comprends bien, Retraite Québec qui est le porteur un peu de tout ça, a mis en
place certains mécanismes de consultation pour qu'on soit connectés quand même
avec le réseau, alors j'essaie de voir avec les différents partenaires,
j'essaie de voir vraiment à... qu'est-ce que ça pourrait donner de plus de
faire ça. Parce que, là, ici, on est dans un processus de consultation,
évidemment, qui était prévu par la loi, mais on ne fait pas de changement, là,
dans... à chaque année, là, de tout ça, on ne brasse pas cette sauce-là, là,
régulièrement.
Alors, j'aimerais ça vraiment vous
entendre, là, deux éléments majeurs que vous auriez pu amener en discussion
dans un conseil de partenaires, deux exemples très concrets, à dire : Ça,
j'aurais amené ça dans un conseil de partenaires pour être capable d'aller plus
loin.
La Présidente (Mme Mallette) : On
a un 30 secondes pour conclure.
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
brièvement, là, je pense que ça peut réfléchir aux tâches, aux emplois. Donc,
nous, on parle, dans notre mémoire, de l'indice de pénibilité de la tâche, qui
est utilisé dans d'autres juridictions. Donc, ça pourrait peut-être améliorer
la sécurité et les normes du travail, donc la CNESST. Il y a peut-être moyen de
prévenir les dommages au travailleur, plutôt que de constater les dommages puis
être obligé de soit tomber dans une rente d'invalidité ou cesser carrément de
travailler. Donc, ça, ça peut être un aspect. Puis il y a toutes des réflexions
plus globales, je crois, qu'on peut avoir, notamment, sur les aînés...
La Présidente (Mme Mallette) :
Je vous remercie...
M. Poirier-Monette (Philippe) :
...l'hébergement aux soins aux aînés. Donc, voilà.
La Présidente (Mme Mallette) : Je
vous remercie. C'est malheureusement tout le temps qu'on avait pour cet
échange. Je voudrais juste faire un petit rappel, avant de poursuivre, de
fermer les sonneries des appareils électroniques. Donc, juste prendre peut-être
une petite seconde pour s'assurer que la sonnerie, elle est bien en mode
silence. Merci. Donc, merci beaucoup. Je vais poursuivre avec le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : D'accord.
Merci beaucoup. Fort intéressant. Je vais, en fait, donner la parole à ma
collègue la députée de La Pinière pour qu'elle puisse vous poser des questions
en premier. Puis moi, je vais revenir un peu plus tard.
La Présidente (Mme Mallette) : La
parole est à vous.
Mme Caron : Merci. À la page 13
de votre document, de votre mémoire, vous faites référence au... vous semblez
avoir calculé l'impact du supplément de revenu garanti sur le fait de passer à
l'âge de 62 ans, et ça montrerait que le RRQ n'augmenterait pas,
finalement, dans ce cas-là. Est-ce que vous pouvez nous en parler davantage,
s'il vous plaît?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Oui.
Bien, le supplément de revenu garanti, là, c'est une trappe fiscale, hein?
Donc, tout dollar remporté en dehors de la Sécurité de la vieillesse ou du SRG
a un impact direct sur le montant qui est reçu du supplément de revenu garanti.
Donc, on calcule à peu près, c'est une réduction de 0,50 $ à 0,75 $
dans le dollar supplémentaire qui est donné à quelqu'un. Donc, nécessairement,
la bonification du Régime des rentes du Québec va avoir un impact sur le
montant qui va être reçu en supplément de revenu garanti.
Puis le calcul qui est fait, puis je ne
veux pas dire que... je n'ai pas la paternité du calcul, c'est l'Observatoire
de la retraite qui l'a fait, d'ailleurs, à ce sujet-là — on est
membres de l'Observatoire de la retraite — c'est un calcul qui
démontre que, pour quelqu'un, là, qui prend sa rente à 60 ans puis qui est
bénéficiaire du supplément de revenu garanti, sur la base d'une rente moyenne,
au Québec, bien, il y a à peu près une différence de 600 $ supplémentaires
par année. Donc, tout ça pour faire en sorte que la personne travaille un deux
ans supplémentaire, donc deux ans ou cinq ans supplémentaires.
Donc, ce qu'on dit puis ce que d'autres
groupes ont dit, c'est que, pour certains individus, ce n'est pas avantageux
fiscalement, c'est plutôt optimal, en fait, de prendre la rente dès
60 ans. Puis, on le rappelle, là, l'espérance de vie est plus faible chez
les moins nantis, donc c'est un autre avantage à prendre sa rente de retraite
de manière précoce.
• (17 h 10) •
Mme Caron : Merci. Aussi,
vous parlez, à la page 16 de votre mémoire, du mécanisme d'ajustement
automatique. Donc, je comprends bien que le fardeau repose sur ceux qui
cotisent au régime, les travailleurs et non les employeurs, dans le cas d'un
ajustement automatique. Est-ce que je comprends bien votre propos là-dessus ou
est-ce qu'il y a des...
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
ce qu'on dit simplement, là, c'est qu'on trouve particulier, là, qu'il y ait
des réflexions à ce sujet-là qui sont lancées. Donc, on compare le Régime des
rentes du Québec avec d'autres régimes ou les possibilités de geler
l'indexation, de réduire les prestations, puis nous, on dit simplement que
c'est des mesures, des mécanismes d'ajustement qui portent... qui font porter
le fardeau de difficultés financières <exclusivement...
M. Poirier-Monette (Philippe) :
... qui portent... qui font porter le fardeau de difficultés
financières >exclusivement sur les bénéficiaires. Donc, au Québec, on
a... le seul facteur d'ajustement, le seul mécanisme d'ajustement, c'est la
modification des cotisations, donc c'est partagé employeur-employé. On trouve
que c'est un mécanisme adéquat, puis je pense qu'il ne faut pas y déroger, je
pense qu'il faut continuer avec ce mécanisme-là.
Puis, on le souligne, on pense que ça
devrait être exactement la même mécanique aussi pour le régime supplémentaire
du Régime des rentes du Québec, parce qu'on le souligne, puis c'est indiqué, je
pense, à la page 40 du document du gouvernement, il est possible pour le
gouvernement de modifier les prestations, advenant un déséquilibre financier, puis,
pour nous, ça nous apparaît une brèche.
Mme Caron : Merci. Vous... À
la page 8 de votre mémoire, vous parlez des personnes qui touchent une
invalidité... des prestations d'invalidité et, au moment de la retraite,
cessent de toucher ces prestations-là et reçoivent la rente du RRQ. Est-ce que
vous pouvez nous dire, annuellement, ça représente un manque à gagner de
combien, quand ils passent automatiquement de la rente d'invalidité à celle du
RRQ?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
la pénalité, autrefois, a été, on doit dire... a été réduite par le
gouvernement, est passée de 36 % à 24 %. Donc, pour quelqu'un qui a
sa rente d'invalidité, là, de 60 à 64 ans, c'est un facteur de réduction
de sa rente de retraite de 24 %. Donc, ça dépend vraiment de... C'est du
cas par cas, là. Mais on pense que, tu sais, ces gens-là n'ont pas choisi de
devenir invalides. Puis, malgré le fait que Retraite Québec communique avec eux
pour leur dire que : Aïe! Dès 60 ans, tu sais, si vous recevez votre
rente d'invalidité à 60, 61, 62, 63, 64 ans, bien, vous allez avoir une
pénalité, bien, il y a très peu de personnes, dans ce lot-là, qui seront en
mesure de disposer de ressources financières pour se dire : OK, je vais me
retirer, je vais cesser de recevoir ma rente d'invalidité pour attendre à
65 ans, très peu de gens. La rente d'invalidité, là, ça permet de survivre
plus que de vivre, là, pleinement.
Mme Caron : Merci. Ma
dernière question, avant de passer la parole à mon collègue. Aux pages 5 et
6, vous parlez des personnes proches aidantes, et puis il existe une définition,
dans la loi sur les personnes proches aidantes, mais qui n'est pas la même
définition qu'à Revenu Québec. Est-ce que ce serait facilitant, pour vos
membres, qu'il y ait une harmonisation de la définition de «proche aidant»?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
il y a l'observatoire de la proche aidance qui a été créé, dans le précédent
mandat, par la ministre Blais, je pense que c'est des personnes toutes
désignées pour regarder comment on pourrait définir une personne proche
aidante. Moi, je laisserais à ces gens-là qui sont beaucoup plus spécialistes
que moi-même de statuer sur une définition de ce qu'est la proche aidance puis
à quel moment on peut considérer que quelqu'un a effectué un rôle comme proche
aidant.
La Présidente (Mme Mallette) : La
parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Donc, j'ai entendu, encore une fois, je pense que ça... c'est
des... une trame narrative, là, qui semble se répéter un peu... Mais donc,
juste pour être clair, de votre point de vue à vous, le report à 62 ans,
si c'était accompagné, par exemple, d'une flexibilité ou de l'optionalité de
pouvoir dire : Seulement et seulement si c'est un choix... Et donc, en
d'autres mots, à 60 ans, si ce n'est plus un choix, si on n'a plus de
genoux, plus de bras, puis que c'est le temps de tirer les régimes... le Régime
des rentes du Québec, à ce moment-là, pour vous, vous seriez indifférents,
donc, à ça?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
comme on le dit, il y a des gens qui ne peuvent tout simplement pas la
reporter, leur retraite, là. Donc, nous, on pense qu'il y a... c'est un régime,
déjà, qui ne favorise pas la prise de retraite précoce, il y a des pénalités importantes,
donc les gens ne le font pas de coeur, ceux qui ne peuvent plus continuer à
travailler. Donc, c'est pour ça que nous, on a pris une position pour éviter de
reporter l'accès à la rente anticipée du Régime des rentes du Québec.
M. Beauchemin : D'accord.
Juste pour être clair sur un point, vous avez mentionné dans votre mémoire,
pour les travailleurs qui ont 65 ans et plus et qui sont aussi
bénéficiaires, vous voudriez, donc, qu'ils puissent arrêter de cotiser à la
RRQ. Est-ce que c'est bien ce que j'ai compris?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Oui,
tout à fait, ça, on est d'accord avec la position du gouvernement à ce sujet-là,
on pense que c'est important. Je pense, c'est un incitatif intéressant, c'est
un peu <plus de 3 700 $, là...
M. Poirier-Monette (Philippe) :
.... Je pense, c'est un incitatif intéressant, c'est un peu >plus
de 3 700 $, là je crois, là, par année, qu'un travailleur doit verser en
cotisations, le double si on est travailleur autonome. Puis je vous dirais que
c'est une proposition dont nos membres parlent fréquemment.
M. Beauchemin : Pour les gens
qui sont travailleurs et bénéficiaires, donc, ils reçoivent déjà, donc...
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
écoutez, si quelqu'un décide... quelqu'un décidait, sans être bénéficiaire, de cesser
les cotisations puis qu'on allait de l'avant avec cette proposition-là, on ne
s'opposerait pas non plus. Mais évidemment, tu sais, le ministre Girard a parlé
fréquemment, au cours de la consultation, qu'il faut évaluer les coûts,
l'impact sur le système, donc c'est sûr qu'élargir ça plus largement va avoir
un autre... (panne de son) ...sur le fonds de réserve, je dirais, du Régime des
rentes. Donc, il faut peut-être voir, mais très certainement, nous, on ne
serait pas en défaveur, là.
M. Beauchemin : D'accord.
Combien de temps qu'il nous reste encore?
La Présidente (Mme Mallette) : 3
min 30 s.
M. Beauchemin : D'accord. On
a brièvement parlé, là, du mécanisme d'ajustement automatique. De votre point
de vue à vous, que l'ajustement, si besoin il y avait, pour le maintien, là, du
régime, soit fait dans les prestations, autant par l'employeur que par
l'employé, pour vous, ça, c'est l'approche la plus optimale versus modifier ce
que les paiements du régime donneraient, donc, aux prestataires?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Oui,
tout à fait. Tu sais, c'est ce qu'on... Nous, ce qu'on dit fréquemment, là,
c'est que Retraite Québec en fait la promotion, de son régime, de sorte à ce
qu'on explique que c'est des rentes garanties puis c'est des rentes qui sont à
l'abri de la hausse du coût de la vie. Puis là, quand on voit ce genre de
réflexion là, bien, on vient tout jeter, je dirais, le «branding» du RRQ, là.
Puis on pense que ça peut ébranler la confiance des gens envers ce régime de
retraite là qui est important au Québec, là. On le répète, là, c'est... le
Régime des rentes, là, ça remplace, là... combiné avec la Sécurité de la
vieillesse, ça remplace à peu près 40 % du revenu préretraite, les gens ne
peuvent pas s'en passer. Donc, il ne faut pas pousser les gens à avoir moins de
confiance en leur régime de retraite, là.
M. Beauchemin : D'accord.
Puis le dernier point que je voudrais discuter avec vous, c'est au niveau des
services funéraires, que vous avez mentionnés dans votre mémoire. On en a parlé
à quelques reprises encore, déjà aujourd'hui, avec les autres groupes qui vous
ont précédés. Pourquoi vous avez établi ça à 5 000 $?
M. Poirier-Monette (Philippe) : C'est
une demande qu'on avait formulée en 2018, c'était issu de la... dans le cadre
de la campagne précédente, campagne électorale, on était avec d'autres
associations d'aînés, de regroupements de syndicats, de retraités et puis on
avait fixé ça à 5 000 $. Mais je vous dirais, là, que, tu sais, toute
bonification ou indexation serait appréciée. Puis, nous, ce qu'on dit dans
notre mémoire, là, on fait le comparatif avec ce que donne notamment la CNESST
ou la SAAQ, on parle là plutôt d'un montant qui varie entre 6 000 $
et pratiquement 8 000 $, en matière de frais funéraires, donc on
pense qu'il doit y avoir un coup de barre qui est donné pour la prestation de
décès du RRQ.
La Présidente (Mme Mallette) : 30 secondes
pour conclure.
M. Poirier-Monette (Philippe) : Donc,
voilà.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, pour vous, là... Donc, il nous restait 30 secondes?
La Présidente (Mme Mallette) : 30 secondes.
M. Beauchemin : OK. D'accord.
Donc, pour vous, le calcul du 5 000 $, c'est, grosso modo, un estimé
qui a été fait pour dire que, dans ce que les autres organismes semblent
vouloir offrir, évidemment, de passer de 2 500 $ à 5 700 $,
ça semble être suffisant?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
écoutez, c'est... je pense, ce serait un bon coup de barre à donner, ce serait
important. Ce serait le minimum. Les frais funéraires, la moyenne des frais
funéraires tourne plutôt autour de 7 000 $, là, donc je pense que ce
serait important de bonifier la prestation de décès du Régie des... du RRQ.
• (17 h 20) •
La Présidente (Mme Mallette) : Merci.
Aïe! C'est un bon bon timing. Je vais maintenant céder la parole à Mme la
députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup, madame, monsieur, pour votre présentation, très intéressant. J'avais
une question par rapport à la pénalité pour l'invalidité. Vous en avez parlé un
petit peu tantôt, dans le fond, il y a des gens qui reçoivent ça puis, après
ça, après 65 ans, ils sont pénalisés sur leur RRQ, alors que, comme vous
l'avez dit, ce n'est pas de leur faute, puis c'est une injustice qui est là
puis qui n'a pas de raison d'être. Est-ce que vous avez déjà entendu parler
pour quelle <raison ça existe...
Mme Ghazal :
... de
raison d'être. Est-ce que vous avez déjà entendu parler pour quelle >raison
ça existe? Est-ce que c'est vraiment simplement un oubli, ou il y a... Est-ce
qu'on vous a déjà donné la raison pourquoi cette situation-là existe?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Non,
je ne pourrais pas dire pourquoi le législateur de l'époque avait mis ça en
fonction. Chose certaine, moelle épinière Québec, ce qu'on... se bat pour
l'annulation de cette pénalité-là depuis un certain nombre d'années, puis je
sais qu'il y a, je crois, un recours qui a été intenté envers le gouvernement
du Québec à ce sujet-là. Donc, on a hâte de voir qu'est-ce qui va ressortir de tout
ça.
Mme Ghazal : OK. OK. Puis il
y a plusieurs personnes qui ont parlé des communications, qu'elles doivent être
claires, et tout ça, des agents. Concrètement, ça veut dire quoi? Est-ce que
c'est plus de campagnes de publicité? Tu sais, je sais que la... Revenu Québec,
des fois, on... ou la Régie des rentes, là, je vois sur leurs réseaux sociaux,
ils essaient de faire des communications, et tout ça. Ça, c'est plus pour les
jeunes. Mais concrètement ça veut dire quoi? Plus d'agents? Qu'ils répondent?
C'est quoi que vous avez, comme plaintes par rapport aux communications puis la
vulgarisation, de la part de vos membres, concrètement?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
je crois que l'exemple que René Beaudry donnait, c'est très illustrateur, là,
ça démontre bien, là, à quel point, quand les gens reçoivent une lettre, là,
qui dit : Cap sur la retraite, au lieu de réfléchir à peut-être reporter
leur retraite, là, c'est comme si on levait un drapeau pour dire :
Écoutez, vous êtes déjà admissible, là, pourquoi vous ne la prenez pas? Donc,
ça, ce serait déjà, je pense, un premier point, à changer cette
correspondance-là. Pour le reste, je pense qu'on ne peut pas faire l'économie
de toute forme de campagne d'information, que ce soit publicitaire ou plus
ciblé, envers la population qui s'approche de l'heure de la retraite, là.
Mme Ghazal : OK. Ça fait que
c'est plus des campagnes publiques, moins, par exemple, quand les gens
appellent, puis ils se font expliquer tout, là, par les agents de... je disais
Revenu Québec, mais c'est la RRQ...
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
on n'a pas...
Mme Ghazal : C'est moins ça?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Oui.
Bien, on n'a pas nécessairement de plaintes ou de commentaires sur le fait que
les services, à Retraite Québec, ne sont pas efficaces ou pas accessibles. Ça,
je ne pourrais pas vous le dire.
Mme Ghazal : Parfait. Dans
votre recommandation n° 10, «développer un cadre d'application de la
pénibilité de la tâche à l'intérieur des politiques publiques afin de prendre
en considération les réalités distinctes et multiples des travailleurs», je
n'ai pas lu, là... je n'ai pas eu le temps de lire tout le détail, mais est-ce que
vous pouvez expliquer ça veut dire quoi, concrètement, par rapport aux
modifications qu'on veut faire, là, pour le régime de retraite?
M. Poirier-Monette (Philippe) : Bien,
l'indice de pénibilité, là, c'est utilisé dans à peu près neuf juridictions,
là, donc il y a plusieurs manières d'instrumentaliser cet indice-là. Nous, ce
qu'on dit, c'est que ça peut bien faire... mieux faire évoluer les normes du
travail, notamment, ça peut être aussi un cadre d'analyse sur l'impact que
pourraient avoir les modifications au Régime des rentes du Québec, notamment.
Mais il y a, dans d'autres... dans certaines juridictions, ça fait en sorte que
les travailleurs reçoivent des crédits de pénibilité qui peuvent être convertis
en heures de formation, en réduction de...
La Présidente (Mme Mallette) : Un
30 secondes pour conclure.
M. Poirier-Monette (Philippe) : ...en
réduction de temps de travail ou en trimestre de retraite, donc, pour partir
plus tôt, selon ce qui est considéré. Donc, l'exemple le plus flagrant, le plus
concret, qui a été le plus loin, là, c'est ce qui se fait en France. En France,
là, il y a reconnaissance officielle de la pénibilité du travail et au travail.
La Présidente (Mme Mallette) : Je
vous remercie. Merci. Je vous remercie beaucoup pour votre contribution aux
travaux de la commission.
Je vais maintenant suspendre les travaux
brièvement afin de permettre au prochain groupe de s'installer. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 25)
(Reprise à 17 h 31)
La Présidente (Mme Mallette) : Bon,
je vais demander un consentement pour aller au-delà de l'heure prévue, environ
une minute. Est-ce que j'ai consentement?
Des voix
: Consentement.
La Présidente (Mme Mallette) :
Merci. Bien, je souhaite maintenant la bienvenue aux...
Des voix : ...
La Présidente (Mme Mallette) : Bon,
je souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de Force Jeunesse. Je
vous rappelle que vous avez 10 minutes pour faire votre exposé. Nous
procéderons ensuite à l'échange...
17 h 30 (version révisée)
La Présidente (Mme Mallette) : ...je
vous rappelle que vous avez 10 minutes pour faire votre exposé. Nous
procéderons ensuite à l'échange... à la période d'échange avec les membres de
la commission. Je vous invite donc à vous présenter, à premier abord, puis
ensuite à commencer votre exposé.
M. Telles (Simon) : Merci
beaucoup Mme la Présidente. Merci à l'ensemble des membres de la commission de
prendre le temps de nous écouter aujourd'hui. On est très heureux de vous
parler de retraite. Ce n'est pas toujours qu'on entend parler les jeunes de
retraite. Je pense qu'on saura vous démontrer que c'est une question qui
préoccupe les jeunes et qui est très importante pour notre société.
Alors, d'abord, se présenter brièvement. Mon
nom est Simon Telles, président de Force Jeunesse. Dans la vie de tous les
jours, je fais autre chose. Je travaille à l'association des ressources
intermédiaires en hébergement du Québec, comme conseiller stratégique et comme
avocat. Ça fait six ans que je m'implique, à Force Jeunesse, sur le conseil d'administration,
troisième année à la présidence, et c'est vraiment en m'impliquant à Force
Jeunesse que j'ai appris à m'intéresser à l'enjeu des retraites, que j'ai
compris à quel point c'est une institution de solidarité sociale importante
dans notre société. Et donc on est très heureux d'être ici avec vous aujourd'hui.
Je vais laisser mes collègues se présenter également.
Mme Déry (Lauriane) : Donc,
bonjour, Lauriane Déry, vice-présidente exécutive chez Force Jeunesse. Moi, ça
fait trois ans que je m'implique bénévolement chez Force Jeunesse et, dans la
vie de tous les jours, je suis conseillère principale, affaires publiques et
gouvernementales, chez Boralex.
Mme Racine (Éliane) : Bonjour,
Éliane Racine, vice-présidente au contenu chez Force Jeunesse. C'est ma
troisième année en poste. Dans la vie de tous les jours, je fais un doctorat en
relations industrielles à l'Université de Montréal, et, dans mon cas, le sujet
des rentes puis du RRQ m'intéressait tellement que j'en ai fait une maîtrise à
l'université.
M. Telles (Simon) : Pour que
vous situiez bien notre propos aujourd'hui, la mission de Force Jeunesse, c'est
vraiment de défendre les droits et les intérêts de la jeunesse en matière de
politiques publiques. Donc, c'est pour ça que la question des retraites nous
préoccupe tout particulièrement. C'est la deuxième fois en peu de temps qu'on a
la chance de s'adresser à la commission sur la question des retraites. On avait
aussi présenté un mémoire, là, dans le cadre du projet sur les régimes à
prestations cibles. On avait notamment émis des préoccupations au niveau des
clauses de disparité de traitement puis on remercie le gouvernement pour le
travail qui a été fait sur ce dossier-là. Il y a une démarche assez claire qui
a été annoncée, avec l'ensemble des parties prenantes, pour les éliminer. C'est
un enjeu sur lequel Force Jeunesse, là, a été mobilisé historiquement.
Maintenant, j'aimerais commencer par vous
parler un peu des jeunes et de la réalité de la retraite. On a, je vous l'ai
dit un peu en introduction, la conception que la retraite, c'est quelque chose
qui est éloigné des jeunes. Bien, je vous confirme que ce n'est pas le cas.
Vous verrez, dans notre mémoire, on fait référence à quelques statistiques. On
voit que les jeunes demandent, parmi leurs conditions de travail, auprès de
leurs employeurs, d'avoir accès à des régimes complémentaires de retraite en
très grande partie. Pour eux, c'est une condition qui est importante. Et on
voit aussi, dans leurs pratiques d'épargne, que la plupart d'entre eux ont
commencé, enfin, bon nombre d'entre eux, à cotiser à des régimes enregistrés d'épargne
retraite. Alors, c'est un enjeu qui les préoccupe, même si l'échéance de la
retraite peut sembler parfois un peu loin.
Par contre, ils n'ont pas toujours tous
les outils pour s'engager pleinement dans la gestion des régimes de retraite.
On aura des recommandations à vous faire à cet effet. Dans cette
perspective-là, notre mémoire va s'intéresser principalement ou tenir compte
plutôt de deux grands principes, le premier, celui de vieillir dans la dignité,
et le deuxième, qui guide l'ensemble de nos interventions chez Force Jeunesse,
l'équité intergénérationnelle.
Je vais donc laisser ma collègue Éliane
vous présenter les réponses aux questions très précises de la consultation.
Mme Racine (Éliane) : Merci,
Simon. D'entrée de jeu, je vous dirais qu'on ne passera pas l'ensemble des
recommandations dans le cadre de notre présentation, mais ça va nous faire
plaisir de répondre à toutes vos questions par rapport à ce qui est présenté
dans notre mémoire.
Présentement, avec les données qui nous
ont été fournies, là, dans le document de Retraite Québec, nous ne sommes pas
convaincus de la nécessité d'augmenter l'âge de la retraite dans le régime des
rentes pour assurer l'équité intergénérationnelle. On tient d'abord à rappeler
que le régime des rentes est en bonne santé financière, là, si on se fie aux
informations qui nous ont été données, et c'est en grande partie grâce aux décisions
qui ont été prises par les générations qui nous précèdent.
Dans un deuxième temps, on peut voir, dans
le document de Retraite Québec, que les retombées pour la marge financière
résiduelle du régime de base sont d'au plus 0,08 %, alors que, pour les
régimes supplémentaires, on parle de 0,14 %, là, en fonction des
scénarios. L'analyse qui nous a été présentée ne comprend pas non plus les
coûts qui sont associés ou les bénéfices à... les pistes de réflexion
concernant la bonification, par exemple, là, au niveau des prestations ou à la
reconnaissance de certaines périodes, ce qui fait en sorte qu'on n'est pas en
mesure, aujourd'hui, de vous dire quel impact potentiel ça pourrait avoir sur
le financement du régime, de mettre en place ces mesures-là, bien qu'on soit en
faveur, là, d'une bonification.
Le régime des rentes s'inscrit dans un
tout, mais ce n'est pas le seul facteur qui va déterminer l'âge à laquelle on
prend notre retraite. Les conditions sur le <marché du travail, dont
l'âgisme...
Mme Racine (Éliane) :
...âge
à laquelle on prend notre retraite. Les conditions sur le >marché du
travail, dont l'âgisme envers les personnes âgées, les interactions avec les
autres programmes sociaux, la réalité familiale, l'accès à un régime
complémentaire de retraite, la trajectoire de vie professionnelle et les
caractéristiques socioéconomiques, sont tous des facteurs qui peuvent
influencer la décision et la capacité de prendre sa retraite.
C'est donc dans cette perspective qu'on
croit que l'augmentation de l'âge de la retraite ne mènera pas nécessairement à
une augmentation de la participation au marché du travail chez les personnes de
plus de 60 ans. Dans cette perspective, nous sommes d'avis que l'âge
minimal de la retraite devrait être maintenu à 60 ans, mais que l'âge
maximal de la retraite pourrait être augmenté à 72 ans afin de permettre
aux personnes qui désirent travailler plus longtemps de le faire.
Je vais maintenant céder la parole à ma
collègue Lauriane.
Mme Déry (Lauriane) : Donc,
le document de consultation s'intitule Un régime adapté aux défis du XXIe siècle,
et on vous prend au mot. Donc, on a identifié trois grands défis qui, pour
nous, sont importants à prendre en considération dans la réflexion.
Le premier défi, c'est le vieillissement
de la population. C'est une réalité qui nous préoccupe beaucoup chez Force
Jeunesse car le vieillissement de la population met une pression sur les
finances publiques, sur le marché du travail, sur tous les autres membres de la
société et sur l'ensemble des générations. On le disait tantôt, les conditions
de retraite dépendent de l'ensemble de nos conditions de travail et de vie.
Donc, on ne peut pas limiter les discussions uniquement sur les régimes de
retraite et sur... avec une seule génération. C'est pour cette raison qu'on
propose de créer un espace de concertation, qui pourrait prendre la forme d'un
conseil des partenaires, pour réunir autour d'une même table des acteurs de
différents secteurs et de différentes générations pour aborder l'enjeu de la retraite
de manière intersectorielle.
Le deuxième défi qu'on a identifié, c'est
celui de la crise climatique. C'est un des enjeux majeurs d'équité
intergénérationnelle, et le gouvernement a le devoir de saisir toute
opportunité pour faire une différence dans notre lutte collective contre les
changements climatiques. Nos décisions d'investissement sont de réels leviers
qui peuvent faire la différence, et c'est pour cette raison qu'on souhaite
qu'il y ait une évaluation du risque environnemental associé au régime.
Notre troisième défi identifié, et non le
moindre, c'est celui de la sécurité financière à la retraite. Nous avons
étudié... identifié, pardon, deux moyens pour renforcer la sécurité financière
des individus.
Le premier, ce serait de mettre en place
un régime... soit des régimes sectoriels ou un régime de retraite québécois
volontaire, qui serait géré par Retraite Québec. Aujourd'hui, le risque repose
beaucoup plus sur les épaules des individus qui n'ont pas nécessairement les
connaissances pour investir adéquatement dans leur retraite. Ça permettrait
notamment de pallier aux difficultés liées au changement d'employeur, de
réduire l'individualisation des risques et d'assurer une plus grande sécurité
financière à la retraite.
Le deuxième moyen serait d'augmenter la
littératie financière. À cet effet, les défis sont doubles. Tout d'abord, on
réalise qu'il y a un manquement en matière d'éducation sur la retraite, et,
deuxièmement, il est difficile d'accéder à l'information, ce qui limite notre
capacité d'émettre des recommandations basées sur des données probantes. Il est
donc essentiel de fournir les outils nécessaires pour permettre aux gens de
comprendre le système de retraite et de prendre des décisions individuelles et
collectives éclairées.
Je repasse la parole à mon collègue Simon
Telles.
M. Telles (Simon) : Donc, en
terminant, on voit que les décisions qui sont prises en matière de retraite
n'influencent pas seulement les personnes à la retraite ou les personnes à
l'aube de l'être. Elles ont un impact sur l'ensemble des parties prenantes de
la société, et c'est important, dans les propositions qu'on formule, dans les
solutions qu'on trouve, de se questionner sur l'impact des mesures, justement,
sur l'ensemble de la société, et, si on veut renforcer la sécurité financière à
la retraite, c'est important d'agir dès maintenant, parce qu'après tout les
jeunes d'aujourd'hui sont les retraités de demain.
Alors, on est prêts, Mme la Présidente, à
accueillir les questions de la commission. Merci pour votre écoute.
La Présidente (Mme Mallette) : Bien,
je vous remercie pour votre exposé. Nous allons maintenant commencer la période
d'échange. Donc, M. le ministre, la parole est à vous.
• (17 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Merci,
Mme la Présidente. Alors, juste une question de terminologie, là, parce que
vous avez parlé qu'on proposait de modifier l'âge de la retraite, là, juste
pour être précis, parce que ça aurait pu être une proposition, mais nous ne
proposons pas de modifier l'âge de la retraite, là. L'âge de la retraite pour
obtenir la pleine rente du régime des rentes demeure à 65 ans. Tout le
monde s'entend là-dessus?
Mme Racine (Éliane) : Oui,
oui, puis on parle vraiment de l'âge minimal puis de l'âge maximal.
M. Girard (Groulx) : OK,
parfait, d'accord. Ce que nous proposons de modifier, c'est l'âge minimal, oui,
et maximal pour avoir droit au régime des rentes, et notre objectif,
évidemment, c'est la sécurité financière des Québécois. Et, selon les
mécanismes d'ajustement actuels, que d'autres <appellent des pénalités,
la rente...
M. Girard (Groulx) :
...et,
selon les mécanismes d'ajustement actuels, que d'autres >appellent des
pénalités, la rente est de 36 % inférieure lorsque vous prenez votre
retraite à 60 ans versus 65 ans. Donc, c'est probablement l'élément qui a
suscité le plus de discussions aujourd'hui. On aura des intervenants demain, je
crois, qui vont appuyer... mais, je dois être honnête avec les membres de cette
commission, on n'en a pas entendu beaucoup aujourd'hui. Alors, j'en prends acte,
et c'est pour ça qu'on fait des consultations. Peut-être que vous pourriez,
puisque c'est l'élément central, celui qui a suscité le plus de discussions
aujourd'hui, nous réexpliquer pourquoi vous n'êtes pas en faveur de cette
proposition?
Mme Racine (Éliane) : Oui, bien,
d'abord, je pense qu'il faut reconnaître qu'on n'est pas tous et toutes égaux
face à notre capacité à prendre la retraite à un certain âge. J'entendais les
personnes qui étaient là avant nous parler de la pénibilité du travail. Donc,
c'est certain que l'emploi qu'on occupe peut influencer notre capacité à
pouvoir rester plus longtemps sur le marché du travail, puis le coût individuel
de demander à cette personne-là de rester plus longtemps sur le marché du
travail peut être important.
Ensuite, je pense que, quand on parle
d'augmentation de l'espérance de vie, il faut être conscient aussi qu'il y a
l'espérance de vie et l'espérance de vie en santé, puis, à ce niveau-là, encore
une fois, il y a des inégalités qui ne commencent pas nécessairement à la
retraite, mais qui vont perdurer à la retraite, ce qui veut donc dire que, par
exemple, les personnes qui sont dans des quintiles plus élevés ou les personnes
qui ont un niveau d'éducation supérieure, bien, vont généralement être
favorisées par rapport à des personnes qui sont dans les quintiles inférieurs.
On sait qu'en matière de retraite les
conditions de travail auxquelles on va avoir accès, l'accès à un régime
complémentaire de retraite, sont souvent liées à des conditions d'emploi, pour
des emplois qu'on va appeler de meilleure qualité, et donc qui sont liés, là,
entre autres, à l'éducation, ce qui veut donc dire que, pour les personnes qui
sont dans les quintiles inférieurs, bien, augmenter les pénalités, le facteur
d'ajustement, là, comme vous voulez l'appeler, bien, ça peut avoir un impact
réel, là, sur les revenus de ces individus-là.
Puis, après, je pense que la question
aussi qu'on doit se poser, c'est... Dans une perspective où augmenter l'âge de
la retraite ne dépend pas uniquement du régime des rentes du Québec, bien, je
pense qu'on peut se demander, pour les personnes qui n'ont pas nécessairement
des difficultés financières : Est-ce que le fait d'augmenter la pénalité
va faire en sorte que ces personnes-là ne prendront pas leur retraite ou ça va
plutôt faire en sorte qu'ils vont prendre leur retraite, mais demander leur
régime des rentes à 65 ans? Puis, si c'est le cas, bien, ça veut dire qu'encore
une fois les personnes qui vont être davantage affectées par cette mesure-là,
ce sont les personnes qui occupent des emplois, là, qui peuvent être plus
pénibles ou qui n'ont pas nécessairement la capacité, là, de pouvoir prendre
leur retraite, donc qui vont rester plus longtemps sur le marché du travail,
mais pas nécessairement vivre plus longtemps par après.
M. Girard (Groulx) : Je veux
préciser qu'au niveau des facteurs d'ajustement la raison que cette proposition-là
est dans le cahier de consultation, c'est que les autres propositions vont
toutes consommer la marge de manœuvre du régime, et, en fait, si on prenait
tout ce qui est proposé, il n'y aura plus de marge de manœuvre... Et là on en a
rajouté aujourd'hui, prestations au décès, puis etc., etc. Bien, prestations au
décès, en passant, c'est extrêmement dispendieux. Ce n'est pas le document de
consultation, mais il y en a qui en ont parlé. Ça fait que, si on prend tout ce
qui nous intéresse et qu'on consomme la marge de manœuvre, bien, il va falloir
rétablir une marge de manœuvre, et donc l'harmonisation des facteurs
d'ajustement avec le Régime de pensions du Canada pourrait permettre de
redonner une marge de manœuvre.
Alors, c'est... bien, je veux dire, je
n'ai pas besoin d'une consultation pour savoir si, augmenter les facteurs
d'ajustement, ce serait apprécié. Je pense que non, mais c'est parce qu'on est
dans un régime qui est financé par les travailleurs puis les employeurs, et
puis, si on consomme toute la marge de manœuvre du régime, bien, il va falloir
rétablir une marge de manœuvre du régime, et on a proposé ce facteur-là parce <qu'on
n'est pas harmonisé avec le Régime...
M. Girard (Groulx) :
...et
on a proposé ce facteur-là parce >qu'on n'est pas harmonisés avec le Régime
de pensions du Canada, c'est-à-dire que les pénalités sont plus élevées dans le
régime, et qu'on a la mobilité de main-d'œuvre au Canada, et qu'on veut que les
gens puissent se promener d'un régime à l'autre. Ça, c'est le premier point.
Le deuxième point, c'est qu'on a beaucoup
parlé de la pénibilité des emplois, puis c'est un terme qui est très présent
dans le débat en France. C'est important de clarifier que le régime des rentes
n'a pas été conçu pour cet aspect-là du travail. C'est le troisième palier de
notre régime de retraite à trois paliers, au Canada, qui est supposé de tenir
en compte ça. Donc, on vient demander au régime des rentes de faire face à la
pénibilité des emplois. Or, il n'a pas été conçu pour ça.
Or, il est indéniable, je n'ai pas entendu
personne, aujourd'hui, dire qu'il est, d'un point de vue financier, une bonne
idée de prendre sa... son régime des rentes à 60 ans au lieu de
62 ans. C'est indéniable que vous êtes pénalisé, financièrement, à long
terme, à moins que votre espérance de vie soit inférieure à 10 ans, parce que,
là, je concéderais... mais, comme on regarde l'intérêt général du régime, je
serais prêt à dire que ces cas particuliers là, d'espérance de vie plus courte,
puisque, dans la plupart des cas, on ne sait pas que notre espérance de vie est
plus courte... Il n'est pas optimal, financièrement, dans à peu près tous les
cas, de prendre sa retraite à 60 ans parce qu'on va vivre...
Et là c'est important aussi de dire que la
proposition de passer de 60 à 62 ans, ce n'est pas à la fin des audiences
de la commission, là, c'est en 2030, et, en 2030, l'espérance de vie sera neuf
années plus longue, puis, pour les femmes, c'est encore plus, que... neuf
années, c'est la moyenne, que lorsque le régime a été conçu. Alors, on aurait...
on aurait neuf années d'espérance de vie de plus, et, à ça, il faut ajouter le
fait que les gens étudient en moyenne trois ans de plus que... donc 12 années
de plus sans accumuler des revenus, et on ne toucherait pas à l'âge
d'admissibilité.
Ça fait que ça... Bref, le statu quo,
c'est une option. Moi, je n'ai rien contre le statu quo, mais, lorsqu'on
choisit le statu quo, puis que le temps passe, bien, il est possible qu'on
recule parce que l'espérance de vie s'est allongée de neuf ans puis la période
d'études s'est allongée de trois ans. Ça fait qu'il y a beaucoup de gens qui
sont venus ici aujourd'hui pour favoriser le statu quo, mais le statu quo,
lorsqu'on regarde l'évolution du régime, les conditions autour du régime, elles
ont évolué, mais j'ai bien compris. Vous êtes contre le report à 62 ans en
vertu de la pénibilité... la possibilité que certains emplois aient une pénibilité
telle qu'il ne soit pas possible de travailler entre 60 et 62 ans.
• (17 h 50) •
Mme Racine (Éliane) : ...peut-être
réagir à certaines des choses que vous avez mentionnées.
D'abord, comme je l'ai mentionné dans
notre introduction, on est extrêmement conscients que des bonifications de
régime, ça implique qu'en quelque part il faut de l'argent pour financer ces
bonifications-là, mais, comme on vous l'a mentionné, malheureusement, dans le
document de Retraite Québec, on a uniquement les impacts ou les retombées
potentielles pour les mesures qui touchaient l'âge de la retraite ou les
facteurs d'ajustement. Donc, c'est difficile, pour nous, aujourd'hui, de vous
dire : Bien, les facteurs d'ajustement, c'est la réponse à la solution
pour financer les autres programmes, parce que, les données, on ne les a pas
pour prendre cette décision-là.
Ensuite de ça, concernant le troisième
palier, on l'a mentionné, il y a de moins en moins de personnes qui ont accès à
un régime complémentaire de retraite. Donc, à moins de rendre obligatoires les
régimes complémentaires de retraite dans les entreprises au Québec, ce qui je
ne pense pas va faire le bonheur de tous les patrons, il faut qu'on trouve une
façon de pouvoir pallier au risque qui est créé pour ces travailleurs-là.
Ensuite, concernant l'entrée tardive des
jeunes sur le marché du travail, j'aimerais juste amener à votre attention qu'il
y a plus de la moitié des jeunes qui travaillent pendant leurs études, puis, à
partir de 18 ans, qu'on soit dans un emploi à temps partiel ou à temps
plein, on cotise au régime des rentes, ce qui veut dire que ces périodes-là,
pendant nos études, risquent fort probablement de se retrouver dans les
périodes, là, qui vont être enlevées parce que ça va être des périodes où on <a
moins cotisé...
Mme Racine (Éliane) :
...être enlevées, parce que ça va être des périodes où on >a moins
cotisé.
Puis donc, quand on prend pour acquis
qu'on rentre à 18 ans puis qu'on travaille durant nos études, ça veut dire
qu'à 25 ans, à peu près, là, il faut commencer à faire les salaires qui
vont compter pour notre régime des rentes puis que, si je prends ma retraite à
65 ans, bien, ces années-là, je ne dois pas avoir de périodes où je tombe
au chômage ou des périodes où je suis en retrait complet du marché du travail
parce que j'ai une réorientation professionnelle, parce qu'encore une fois
c'est une période où je vais avoir des cotisations, là, qui vont avoir été
moins élevées, don qui vont avoir un impact sur mon revenu de retraite.
Alors, je pense que, quand on prend en
considération ces différents facteurs là, c'est vrai que de ne pas augmenter
l'âge minimal de la retraite peut avoir un facteur décisionnel pour les
individus, mais je pense que les autres aspects de la vie de l'individu, comme
sa trajectoire de vie sur le marché du travail, le fait qu'on rentre plus
tardivement, ce sont des facteurs qui vont probablement nous pousser à prendre
notre retraite plus tard. Je ne pense pas qu'on peut baser l'âge de la retraite
actuel comme source de confiance pour dire : Bien, les jeunes vont prendre
leur retraite à l'âge de la retraite qui est aujourd'hui. Il y a plusieurs
facteurs qui peuvent rentrer en ligne de compte, qui vont faire en sorte que
peut-être qu'on ne prendra pas la même décision que nos parents en matière de
retraite.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Est-ce que vous... En fait, je ne vous ai pas entendu vous prononcer sur les
cotisations facultatives à 65 ans. Est-ce que vous avez une opinion
là-dessus?
Mme Racine (Éliane) : Bien,
là-dessus, on est ouverts à la proposition, là, d'avoir des cotisations
facultatives. Nous, on proposait de le rendre facultatif, du côté du
travailleur, pour éviter, là, de créer des disparités de traitement d'un point
de vue des employeurs, dans le sens où il serait plus avantageux d'embaucher
quelqu'un de plus de 65 ans parce que les charges sociales seraient
moindres, mais on est ouverts, là, à l'idée que les cotisations puissent être
facultatives à plus de 65 ans.
M. Girard (Groulx) : En fait,
Mme la Présidente, il y a plusieurs personnes qui ont suggéré, là, que ce soit
facultatif seulement pour le travailleur. J'aimerais, si vous permettez, avec
le consentement des oppositions, que l'actuaire de Retraite Québec nous parle,
là, des implications pour le régime puis pourquoi ce serait difficile de faire
ça.
La Présidente (Mme Mallette) : Est-ce
qu'on a consentement? Merci. M. Therrien.
M. Therrien (Jean-François) : En
fait, lorsqu'un retraité de plus de 65 ans travaille, il va cotiser, son
employeur cotise. Il va recevoir, par la suite, l'année qui suit, un supplément
viager de rente. Bon, le supplément, il est basé sur les deux cotisations, les
deux parts. Donc, c'est sûr que ça impliquerait du développement si on
enlevait... on permettait que la part du travailleur soit facultative, mais que
la part de l'employeur soit toujours obligatoire. Ceci étant dit, il y a
probablement une solution, quand même, qui est possible, là, mais il y a un
enjeu évident.
M. Girard (Groulx) : Définissez-nous
un peu plus l'enjeu parce que ça fait plusieurs personnes qui suggèrent ça
aujourd'hui, là.
M. Therrien (Jean-François) : Bien,
l'enjeu, je crois, c'est que ça n'existe pas pour l'instant, là. Pour
l'instant, on a une cotisation salariale, on a une cotisation employeur et on
verse un supplément. Donc, il faudrait développer...
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce que c'est un enjeu technologique ou un enjeu d'équité, retraités et
travailleurs?
M. Therrien (Jean-François) : Non,
je ne pense pas que c'est un enjeu d'équité.
M. Girard (Groulx) : OK.
Donc, c'est une question que le régime n'a pas été conçu pour ça?
M. Therrien (Jean-François) : Le
régime, présentement, ne le fait pas, mais c'est probablement possible de
développer une telle mesure.
M. Girard (Groulx) : Quand
vous dites «le développer», ça veut dire l'analyser, estimer le coût puis faire
le tour des parties prenantes, consulter tous nos grands talents qui étudient
en actuariat à l'Université Laval, faire tourner ça dans l'institut des
actuaires canadiens puis revenir avec un estimé du coût, et de la praticabilité
puis la compatibilité avec le Régime de pensions du Canada?
M. Therrien (Jean-François) : Oui,
exact.
M. Girard (Groulx) :
OK, bon, on a du travail. Merci,
Mme la Présidente. Je pourrais passer la parole à mes collègues.
La Présidente (Mme Mallette) : Je
cède la parole au député de René-Lévesque, une minute.
M. Montigny : ...rapidement parce
que je veux laisser du temps à mon collègue. Comment il nous reste de temps?
La Présidente (Mme Mallette) : Une
minute. Bien, 52 secondes.
M. Montigny : Ouf! Je te
laisse... vas-y, go.
La Présidente (Mme Mallette) : Bon,
bien, on passe la parole au député d'Orford.
M. Bélanger : Merci, cher
collègue. Moi, j'avais une question. Vous avez mentionné tantôt que ça... selon
vous, ça ne créerait pas d'impact au niveau de la main-d'oeuvre, au niveau de
l'emploi, de <passer de 60 à 62...
M. Bélanger :
...au
niveau de l'emploi, de >passer de 60 à 62, puis il faut bien considérer qu'il
y a un 36 %... il y a un écart. J'avais tendance, sans catégoriser, bien, à
penser que ça peut avoir un impact sur le marché noir, sur ce qui n'est pas... parce
qu'au niveau... quand même, une différence, là. Expliquez-moi ça, pourquoi ça
n'a pas d'impact au niveau de l'emploi, selon vous?
Mme Racine (Éliane) : Bien,
je ne pense pas que ça n'aura pas du tout d'impact, mais je pense que l'impact
ne va probablement pas être aussi grand que ce qu'on s'attend, notamment parce
que, quand on regarde les données, puis il était écrit dans le document de
consultation de Retraite Québec, il y a de plus en plus de personnes qui sont
encore en emploi qui demandent leur rente.
La Présidente (Mme Mallette) : ...à
conclure.
Mme Racine (Éliane) : Oui,
bien...
La Présidente (Mme Mallette) : Je
vais maintenant céder la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, Mme la
Présidente. Merci, Force Jeunesse, d'être ici parmi nous aujourd'hui. Je trouve
ça fort intéressant. J'ai pris quelques points, là, sur ce que vous avez
mentionné. Je voulais juste parler du risque environnemental dans le placement
du régime des rentes, donc la gestion, en fait, de la caisse, là, du... Donc,
vous, vous aimeriez avoir une... vous aimeriez qu'il y ait une influence sur
les politiques de placement qui... la Caisse de dépôt, qui gère le régime des
rentes. Vous voudriez qu'on soit plus ESG, c'est ça?
Mme Racine (Éliane) : Bien,
en fait, je pense qu'on peut déjà souligner, là, que la Caisse de dépôt et
placement du Québec a quand même une politique de développement durable, là,
qui est bien établie, mais je pense qu'il y a une différence entre évaluer
c'est quoi, l'impact des changements climatiques sur les placements qu'on a, un
peu comme on fait... Quand on fait l'évaluation actuarielle du régime, en ce
moment, on évalue est-ce que le régime va être soutenable sur 50 ans, mais
on sait que les changements climatiques peuvent influencer nos placements puis
peuvent influencer le rendement des placements.
Donc, l'idée, c'est d'évaluer dans quelle
mesure est-ce que notre régime réagit aux changements climatiques. Puis on
n'est pas... On a peut-être l'air nouveaux, là, en faisant cette
proposition-là, mais sachez qu'en Europe, l'année dernière, il s'est fait une
grande évaluation, là. Ils ont fait le «climate stress test», donc, pour
évaluer à quel point est-ce que les régimes vont résister aux politiques. Puis
les changements climatiques, ce n'est pas que les changements, c'est aussi
comment est-ce qu'on réagit aux politiques d'adaptation puis de mitigation des
changements climatiques, qui vont avoir aussi une influence sur les différentes
industries.
• (18 heures) •
M. Beauchemin : Je trouve ça
superintéressant, effectivement, ce qui a été fait dans le passé, les «climate
stress tests». Je ne sais pas si la Caisse de dépôt utilise ce mécanisme pour
faire leurs placements à long terme dans leur politique ESG, mais je sais
cependant que la caisse a une approche définitivement environnementale, mais
de... Ceci étant dit, je trouve ça vraiment intéressant que vous abordez ce
point-là.
On parlait d'équité intergénérationnelle.
Pour moi... bien, pour moi, c'est superimportant dans plusieurs facteurs,
évidemment, pour... La courbe démographique étant ce qu'elle est, vous allez
avoir à prendre soin de plus en plus de vieux plus tard, malheureusement, pour
vous, mais la réalité, c'est que l'idée est de pouvoir avoir une certaine
flexibilité dans le régime des rentes et de, justement, pouvoir vous permettre
de, justement, être capables d'avoir de quoi plus tard, là, qui va être à la
hauteur en vous offrant les...
Donc, je voulais juste vous entendre,
parce qu'éventuellement, à un moment donné, il y a une question de choix.
J'entends le ministre qui dit que, le coussin, il faut qu'on se le garde. Je
suis d'accord avec lui, qu'on se doit d'avoir tout le temps un coussin, parce
qu'on l'a vu, il y a déjà huit ans de ça, en 2014, il y a eu une revisite qui a
été faite sur comment contribuer... Donc, tout le monde a eu à mettre l'épaule
à la roue là-dessus. Ce n'est pas quelque chose qui est souhaitable, de faire
ça.
Donc, j'aimerais ça vous entendre. Supposons
que, par exemple, disons, il y aurait une certaine flexibilité, d'être capable
de pouvoir soutirer l'argent de... en tant que bénéficiaire, là, à partir de
l'âge de 62 ans, que ça, ça soit comme l'objectif, mais que, pour les
personnes qui, pour des raisons physiques, ne peuvent plus travailler à partir
de, disons, 60 ans, ça... si la flexibilité est encore là, pour vous, ça,
c'est satisfaisant.
Mme Racine (Éliane) : Bien, je
pense que ce serait quelque chose qui pourrait être souhaitable. Encore une
fois, c'est un peu dur de se...
18 h (version révisée)
Mme Racine (Éliane) : Bien,
je pense que ce serait quelque chose qui pourrait être souhaitable, là. Encore
une fois, c'est un peu dur de se prononcer, quand on n'a pas vu les chiffres ou
de quoi aurait l'air la proposition en tant que telle, mais, a priori,
oui, on pourrait être favorable à ça. Puis je pense que... Simon l'a mentionné
en introduction, mais, pour nous, le Régime des rentes du Québec, il y a deux
choses qu'il faut tout le temps garder en tête, de un, c'est, on veut s'assurer
qu'on permet aux personnes âgées de vieillir dans la dignité, puis, dans un
deuxième temps, bien, il ne faut pas que ça se fasse ou que les décisions du
régime se fassent en étant une génération qui prend une décision sur le dos de
l'autre, là. Donc, je pense que l'idée, c'est tout le temps de pouvoir faire l'analyse,
là, de quel sera l'impact sur les différentes générations puis sur les
différents groupes, là, dans une même génération.
M. Beauchemin : C'est
intéressant. Un autre point que vous avez mentionné tantôt, j'ai trouvé ça
vraiment, ça... vous m'avez, en fait, très éclairé là-dessus, là, OK, l'âgisme
inversé, si je peux dire, d'une certaine façon, dans le sens que ce que vous
disiez, c'est que, tu sais, si... il faut faire attention, si on enlève les contributions
pour les travailleurs au-dessus de 65 ans, ça va peut-être motiver des
employeurs à ne pas employer des gens de 64 ans, et donc de 55 ans,
et ils vont peut-être aller plutôt chercher des gens de 65 ans parce que
ça leur coûte moins cher. Donc, c'est de l'âgisme inversé, si on peut dire, d'une
certaine façon.
M. Telles (Simon) : En fait,
ça me permet de rebondir sur ce que le ministre a dit, là, c'est, on est ouvert
à l'idée que les travailleurs, à partir de 65 ans... que la cotisation puisse
être optionnelle, mais, s'il n'y a pas de façon de le faire, que ce soit d'un
point de vue technique ou autrement, bien, il faut être conscient que ça crée
un incitatif financier pour des employeurs d'embaucher un travailleur de plus
de 65 ans, par rapport à un travailleur plus jeune, parce qu'ils n'auraient
pas de cotisations à payer. Donc, est-ce que c'est une disparité de traitement?
On peut en débattre, mais ça crée une situation où il y a un risque qu'un
travailleur soit préféré à un autre sur la seule base de son âge à cause d'un
incitatif financier.
Donc, on a une certaine réserve, là, face
à cette mesure-là, si on n'est pas capable de solutionner la portion qui a un
avantage pour l'employeur, mais on est d'accord, là, que le retraité puisse...
que la cotisation puisse être optionnelle. Pour nous, ce n'est pas
problématique.
M. Beauchemin : Mais c'est un
angle que je n'avais comme pas vu, je n'avais pas perçu, mais je trouve ça
superintéressant que vous l'amenez, en espérant que ça ne devienne pas un
arbitrage, là, d'une certaine façon... Combien de temps qu'il nous reste?
La Présidente (Mme Mallette) :
Six minutes environ.
M. Beauchemin : Six minutes, OK.
Donc, OK. Alors, ma collègue va vous parler de prestations cibles, l'âge de 62 ans.
Le comité partenaire ou le... l'espèce de... de votre point de vue à vous, là,
vous voyez ça comment? Parce que si on s'embarquait dans quelque chose comme ça
pour votre génération, là, ce serait quelque chose qui serait un mécanisme
quelconque, est-ce que vous voyez ça de façon comme annuelle? Est-ce que vous
voyez ça... Au lieu de faire une commission comme on fait en ce moment de trois
jours où est-ce qu'on reçoit tout le monde, quel genre de mécanisme auriez-vous
en tête, là, pour, disons, avancer plus rapidement le processus mais de façon
annuelle?
Mme Racine (Éliane) : Mais je
pense que, là, le... quel format devrait prendre le conseil, ça peut prendre
toutes sortes de formes, puis on pourrait être d'accord avec différentes
formes, mais on peut prendre l'exemple de l'Alberta où on a adopté, là, un
cadre pour le vieillissement de la population. Puis un des premiers principes
qui a été mis en place pour adopter ce cadre-là, d'encadrer le vieillissement
de la population, c'est l'équité entre les générations. Donc, d'avoir un cadre
qui permettrait justement d'aller toucher aux différents facteurs qui vont
avoir un impact sur la retraite... puis on l'a mentionné brièvement, mais il y
a beaucoup d'inégalités à la retraite, que c'est un reconduit, si on veut, de
ce qui se passait avant la retraite. Donc, pour nous, agir pour prévenir les
inégalités à la retraite, bien, c'est aussi d'investir en éducation, c'est
aussi d'investir dans la santé des communautés, parce que ça a aussi un impact,
là, sur les inégalités à la retraite.
Donc, je pense que le... un cadre pourrait
nous aider à d'abord structurer qu'est-ce qu'on attend de tous et chacun dans
la société, puis, dans un deuxième temps, là, de nous permettre d'établir une
feuille de route sur comment est-ce qu'on peut assurer, là, une bonne
transition au niveau du vieillissement de la population.
M. Beauchemin : Moi, je
trouve, personnellement, c'est une très bonne idée. Je pense qu'on devrait en prendre
note, honnêtement, c'est une bonne idée, et ça ne coûterait aucun point de base
pour le mettre en place, donc une bonne nouvelle. Donc, je vais passer la
parole à ma collègue.
La Présidente (Mme Mallette) :
...
Mme Cadet : Merci. Merci, cher
collègue. Merci à Force Jeunesse d'être ici avec nous <aujourd'hui...
M. Beauchemin : ...passer
la parole à ma
collègue.
La Présidente (Mme Mallette) :
...
Mme Cadet : Merci. Merci,
cher
collègue. Merci à Force Jeunesse d'être ici avec nous >aujourd'hui.
Merci également pour votre mémoire et les propositions qui ont une portée assez
large, là, qui vont au-delà du document de consultation transmis aux fins de
ces consultations particulières.
De mon côté, au niveau du document de
consultation publique, je me questionne sur la question du mécanisme
d'ajustement automatique en cas de déséquilibre financier. Essentiellement, donc,
le document de consultation, donc, nous indique que, dans des situations de
déséquilibre financier, plutôt que de passer par des modifications législatives
qui pourraient être très longues et laborieuses, qu'un régime d'ajustement
automatique, là, pourrait être mis en place pour que ça aille un peu plus vite.
Mais ce qu'on perçoit avec la proposition,
là, qui est ici, là, l'établissement d'un tel mécanisme, c'est
qu'essentiellement, indirectement, donc, on semblerait passer d'un régime de
prestations déterminées à un régime de prestations cibles. Vous avez mentionné,
là, plus tôt, là, que vous êtes venus, dans la dernière législature, là, nous
parler de votre mémoire sur le régime à prestations cibles. Donc, j'aimerais
vous entendre là-dessus, sur cet élément-ci du document de consultation et sur
l'impact au niveau de l'équité intergénérationnelle.
Mme Racine (Éliane) : Mais je
commencerais en disant qu'il y a une différence, pour nous, entre parler de
créer la possibilité d'avoir des régimes à prestations cibles dans le troisième
palier de la retraite, puis modifier le deuxième palier de la retraite qui,
somme toute, a une portée sociale plus grande à ce niveau-là. Donc, je pense
qu'il faut distinguer les deux. Après, on est tous et toutes conscients que ce
n'est jamais une bonne nouvelle, quand on commence à aller toucher aux
prestations des retraités. Simon l'a mentionné à la fin de son exposé, mais
c'est un peu comme si on jouait contre nous aussi, là, parce qu'on est les
retraités de demain. Donc, je n'ai pas nécessairement envie de couper les
rentes de ma... bien, future moi, là, à ce niveau-là, là. Donc...
Une voix : ...
Mme Racine (Éliane) : Oui,
exactement. Donc, je pense que, sur cet aspect-là, ce n'est jamais la première
décision qui doit être prise. Maintenant, il faut quand même être conscient que
toute décision, en matière de régime de retraite, a des impacts qui peuvent
être différents sur les générations. Puis la question centrale, c'est toujours
de voir comment est-ce qu'on peut évaluer c'est quoi, les impacts des
différentes propositions qu'on peut mettre en place, puis de voir comment
est-ce qu'on peut partager au mieux le risque entre l'ensemble des
participants, là, pour le régime. Mais, à l'heure actuelle, puis comme on l'a
mentionné, on n'est pas d'avis, là, qu'il faut changer le Régime des rentes du
Québec en régime à prestations cibles, là.
Mme Cadet : Merci. Mon autre
question est au niveau, là, de votre proposition...
La Présidente (Mme Mallette) :
...
Mme Cadet : ...30 secondes, OK,
sur les régimes... les régimes sectoriels et les régimes de retraite
volontaire, là, au début, vous parlez des trajectoires de vie active et des iniquités
à ce niveau-là. Donc, j'aimerais vous entendre, cette proposition-ci, comment
ça répond à ça.
M. Telles (Simon) : Rapidement
là-dessus, puis c'est une situation que j'ai personnellement vécue. En fait,
depuis que je suis sur le marché du travail, je n'ai jamais eu accès à un
régime complémentaire de retraite. Et ce genre de mesure là permettrait à des
salariés qui n'ont pas accès au régime de volontairement cotiser à un régime
qui serait géré par des gens qui ont l'expertise de le faire et qui aurait un
rendement supérieur à ce qu'ils pourraient peut-être administrer eux-mêmes.
Donc, c'est un outil de plus qu'on ajoute aux citoyens pour qu'ils puissent
épargner pour leur retraite.
Mme Cadet : Merci.
Certainement, je pense que c'est en phase aussi avec les habitudes des
travailleurs des générations actuelles et futures.
La Présidente (Mme Mallette) : Merci.
Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole à la députée de Mercier.
• (18 h 10) •
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup pour votre présentation. Puis je voulais aller aussi là-dessus, sur ce
que ma collègue parlait, là, les régimes volontaires, là, ou sectoriels.
Qu'est-ce que vous pensez aussi de l'idée, par exemple... Parce que, dans
certaines périodes de notre vie, comme vous le dites, bien, des fois, on ne
cotise pas assez ou on fait de longues études, on fait des arrêts, tu sais, les
jeunes, ce n'est pas tout linéaire, là, donc... Mais, par exemple, un peu plus
tard dans notre vie où on a un bon salaire, on a envie de cotiser pour
compenser, au RRQ. Est-ce que ça, c'est quelque chose qui serait... auquel vous
aurez réfléchi? C'est une idée comme ça que je lance, c'est-à-dire de cotiser
pour rattraper les années auxquelles on n'a pas assez cotisé parce qu'on
n'avait pas de revenu.
Mme Racine (Éliane) : De
faire un peu comme dans les REER, là, où on peut rattraper nos années, là.
Mme Ghazal : Oui, mais pour
le RRQ.
Mme Racine (Éliane) : Bien, a priori,
on ne serait pas contre, là, il faudrait voir avec les actuaires si c'est
quelque chose qui peut se faire. Mais, je veux dire, nous, à proprement parler,
on n'est pas contre cette idée-là. Je pense que par contre, il va falloir être
clair dans les <consignes...
Mme Racine (Éliane) :
...à
proprement parler, on n'est pas contre cette idée-là.
Je pense que
par
contre, il va falloir être clair dans les >consignes qu'on va envoyer
aux citoyens pour qu'ils comprennent l'implication, là, de faire cette
cotisation supplémentaire là, parce que, contrairement à un REER, on ne peut
même pas, avec pénalité, le retirer avant l'âge de la retraite, là. Donc, je
pense qu'il faut juste s'assurer d'avoir toutes les informations qui sont
disponibles, mais, pourquoi pas?
Mme Ghazal : Puis je
voulais... Bien, merci. Je voulais aussi vous remercier d'avoir parlé des
risques environnementaux. Je veux dire, je ne m'attendais pas à moins de la
part d'un organisme jeunesse, c'est très important. Je ne sais pas si d'autres
groupes aussi vont en parler. Ce n'est pas juste intéressant, c'est même
nécessaire, c'est à plus long terme, puis ça ferait partie des choses qui
seraient discutées dans une... dans le conseil des partenaires, là, tu sais, par
exemple, des choses pour le futur.
Tout à l'heure, on avait la présidente de
la FTQ qui, elle, était prête, là, à sortir avec tous les membres dehors, puis
elle nous l'a dit très, très clairement, là, même s'il y avait une grosse
tempête, contre la prestation cible. Là, quand vous répondiez à ma collègue, ce
que j'entendais, c'est qu'évidemment on ne voulait pas que votre futur moi
puisse être pénalisé. Mais, en même temps, est-ce que vous avez comme un non
ferme ou vous êtes ouvert à ça?
M. Telles (Simon) : En fait,
c'est dur de se prononcer sur un scénario hypothétique, mais, avec ce qu'on a
sous les yeux dans le document de consultation, la viabilité financière du
régime, pour nous, il n'y a rien qui justifie, à l'heure actuelle, qu'on
modifie le régime de prestations déterminées à prestations cibles. Par contre,
il faut se dire, disons qu'il y avait une catastrophe, une crise importante, il
faudrait, je pense, analyser les décisions à prendre sur le régime dans le même
cadre d'analyse qu'on vous a présenté, c'est-à-dire en se questionnant sur l'impact
sur l'ensemble des générations. Donc, si de maintenir le niveau de prestations
actuelles avait un impact démesuré sur d'autres générations, je pense que,
comme société, on devrait se permettre au moins d'avoir la réflexion et non pas
d'appliquer un mécanisme automatique. Donc, c'est ce qu'on vous dit
aujourd'hui.
Mme Ghazal : Bien, en
attendant d'avoir le conseil des partenaires, on fait cet exercice-là aux six
ans. Donc, ce serait... c'est ce que vous dites, on pourrait y réfléchir un peu
plus tard.
Puis ce que j'entends aussi, ce qui est
important, il y a des risques, puis je comprends le ministre, il dit : Il
faut qu'on ait un équilibre parce qu'après ça, si on prend les mauvaises
décisions puis que finalement ça a un impact sur la santé financière du régime,
qui est correcte maintenant, plus tard, là, qu'est-ce qu'on va faire, et tout
ça. Sauf qu'en même temps il ne faut pas...
La Présidente (Mme Mallette) : ...de
conclure.
Mme Ghazal : ...puis ce que
je vous entends aussi... ce que j'entends beaucoup, beaucoup de gens dire
aussi, c'est qu'il ne faut pas que ce risque-là soit porté par les individus
qui sont là, tu sais, ils n'ont pas le choix, il faut qu'ils prennent leur
retraite, même s'ils savent que ça les pénalise. Il faut que ce soit quelque
chose de collectif, puis ne pas prendre des décisions maintenant, baisser à
60 ans pour des gens qui, aujourd'hui, souffrent, par exemple, de
l'inflation, et tout ça. Merci.
La Présidente (Mme Mallette) : Je
vous remercie pour votre contribution à nos travaux, sincèrement.
La commission ajourne ses travaux jusqu'à
demain, jeudi 9 février 2023, après les avis touchant les travaux des
commissions, où elle poursuivra son mandat. Merci. Bonne fin de journée.
(Fin de la séance à 18 h 15)