Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
jeudi 9 février 2023
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Vol. 47 N° 7
Consultations particulières et auditions publiques sur le document de consultation sur le Régime de rentes du Québec intitulé Un régime adapté aux défis du 21e siècle
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Beauchemin, Frédéric
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Caron, Linda
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Bélanger, Gilles
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Simard, Jean-François
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Bélanger, Gilles
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Girard, Eric
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Caron, Linda
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Bouazzi, Haroun
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Bélanger, Gilles
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Beauchemin, Frédéric
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Bouazzi, Haroun
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Montigny, Yves
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Beauchemin, Frédéric
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Beauchemin, Frédéric
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Simard, Jean-François
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Bouazzi, Haroun
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Bélanger, Gilles
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Beauchemin, Frédéric
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Bouazzi, Haroun
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Bouazzi, Haroun
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Simard, Jean-François
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, je constate que nous avons quorum. Nous pouvons entreprendre nos <travaux...
Le Président (M. Simard) :
...
constate que nous avons quorum. Nous pouvons entreprendre nos >travaux.
Comme vous le savez, le drapeau national
du Québec est en berne aujourd'hui sur le parlement, en solidarité, bien sûr,
avec les parents, les employés, de ces personnes qui vivent un terrible deuil
aujourd'hui, un terrible drame à Laval. Alors, nous sommes de tout cœur avec
elles et avec eux.
Comme vous le savez, la commission est
réunie afin de poursuivre les consultations particulières et les auditions
publiques sur le document de consultation sur la Régie des rentes du Québec
intitulé Un régime adapté aux défis du XXIᵉ siècle.
M. le secrétaire, bonjour, soyez le
bienvenu parmi nous. Ça faisait longtemps qu'on ne vous avait pas accueilli. Y
a-t-il des remplacements ce matin?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Rizqy (Saint-Laurent) est remplacée par Mme Caron (La Pinière),
et M. Bouazzi (Maurice-Richard) est remplacé par Mme Ghazal (Mercier).
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, étant donné que nous commençons légèrement en retard, compte tenu
des travaux que nous avions au salon bleu, le gouvernement disposera dans des
échanges de six minutes, l'opposition officielle de 4 min 30 s,
et la deuxième proposition de 1 min 30 s. Ça va comme ça?
Chers collègues, nous avons l'honneur de
recevoir aujourd'hui des représentantes du Conseil du statut de la femme.
Louise Cordeau. Madame, soyez la bienvenue.
Mme Cordeau (Louise) :Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Auriez-vous
l'amabilité de présenter la personne qui vous accompagne?
Mme Cordeau (Louise) :Avec plaisir. Je suis accompagnée de Mme Mélanie Julien,
qui est la directrice de la recherche et de l'analyse au Conseil du statut de
la femme.
Le Président (M. Simard) : Soyez
la bienvenue, Mme Julien. Vous êtes des habituées et vous savez que vous
disposez de 10 minutes pour faire votre présentation.
Mme Cordeau (Louise) :Alors, merci. Merci. Bonjour à toutes et à tous. Merci de
nous permettre de contribuer à cette réflexion essentielle pour notre société.
D'entrée de jeu, le conseil reconnaît la
pertinence d'adapter les modalités du Régime de rentes à l'évolution de la
société québécoise afin d'accroître la sécurité financière des personnes à la
retraite et de celles des générations futures. Il lui apparaît tout aussi
fondamental que cette adaptation tienne compte des réalités des femmes, et ce,
dans une perspective d'égalité entre les sexes. À cet égard, vous me permettrez
d'énoncer quelques faits.
Les soins accordés aux enfants et aux
membres de l'entourage incombent encore aujourd'hui davantage aux femmes, ce
qui génère, évidemment, des bénéfices pour toute la société mais aussi des
conséquences sur la situation financière de ces femmes. Il est impératif de
considérer les particularités du parcours des femmes sur le marché du travail
et dont la progression professionnelle est souvent teintée ou même limitée par
les responsabilités familiales. Nous savons aussi que les femmes sont
surreprésentées dans les emplois à bas salaires et à temps partiel. De plus, nous
constatons que les écarts de revenus entre les femmes et les hommes sont
particulièrement marqués dans le groupe des 45 à 64 ans et des 65 ans
et plus. Enfin, près de 20 % des femmes âgées de 65 ans et plus ont
un faible revenu.
C'est donc en cohérence avec sa mission
que le conseil a analysé les pistes de réflexion proposées dans le document de
consultation. Bien que le conseil soit en faveur de plusieurs propositions, il
s'inquiète des conséquences néfastes de certaines d'entre elles sur les personnes
les plus vulnérables de notre société, en particulier des femmes. Permettez-moi
d'attirer votre attention sur certaines d'entre elles.
• (11 h 40) •
D'abord, l'âge de la retraite.
Actuellement, la rente de retraite du Régime des rentes du Québec peut être
demandée entre 60 et 70 ans. Dans le contexte de l'allongement de
l'espérance de vie et de la pénurie de main-d'œuvre, il est notamment proposé
dans le document de consultation d'élever l'âge d'admissibilité à la rente de
retraite. Le conseil craint que ce rehaussement de l'âge minimal pénalise indûment
les femmes qui souhaitent recevoir leur rente de retraite entre 60 et
65 ans. Il rappelle qu'un tel choix, s'il en est un, peut par exemple être
celui... je vais vous proposer trois cas, trois réalités : celui de femmes
en situation de pauvreté pour qui le montant de la rente de retraite représente
un revenu immédiat et dont elles ne peuvent se priver; celui de femmes qui sont
contraintes de se retirer partiellement ou complètement du marché du travail en
raison de la pénibilité de leur emploi; et celui de femmes qui agissent comme
proches aidantes auprès d'un parent vieillissant ou de celles qui gardent leurs
petits-enfants.
Reconnaissons que ce sont des activités
dont la valeur sociale et économique est indéniable. De telles réalités font en
sorte que certaines femmes rencontrent des situations financières qui
justifient qu'elles aient la latitude de demander leur rente de retraite dès
l'âge de 60 ans. C'est pourquoi le conseil recommande de ne pas reporter à
62 ou 65 ans l'âge minimal d'admissibilité à la rente de retraite. C'est
d'ailleurs pour ces mêmes raisons que le conseil n'est pas favorable à une
hausse des facteurs d'ajustement pour une rente de retraite <demandée
avant...
Mme Cordeau (Louise) :
... à une hausse des facteurs d'ajustement pour une
rente de retraite >demandée avant 65 ans, comme il est proposé dans
le document de consultation.
Le conseil est convaincu qu'il est
possible d'encourager le maintien en emploi des travailleuses et des
travailleurs d'expérience grâce à des mesures qui n'ont pas pour effet de
pénaliser les personnes les plus vulnérables. C'est dans cette perspective que
nous nous montrons favorables à trois mesures proposées dans le document de
consultation, soit le report de l'âge maximal d'admissibilité à la rente de
retraite, l'introduction du caractère facultatif de la cotisation au RRQ à
partir de 65 ans, dans la mesure où l'information est transmise sur les
avantages et les inconvénients de cette option, et finalement l'assurance que
les gains de travail d'une personne qui demande sa retraite après 65 ans
ne puissent pas réduire la moyenne des gains utilisés pour le calcul de sa
rente.
Une autre proposition contenue dans le
document de consultation préoccupe particulièrement le conseil, il s'agit de la
manière de reconnaître des périodes de prise en charge d'un enfant de moins de
sept ans. Actuellement, la période pendant laquelle la travailleuse ou le
travailleur reçoit des prestations familiales pour un enfant de moins de sept
ans peut être exclue du calcul du montant du régime de base du Régime de rentes
du Québec. Le document de consultation propose d'introduire dans le régime
supplémentaire une mesure visant à reconnaître la prise en charge d'un enfant.
Le conseil est bien sûr en accord avec cette idée qui vise à prendre en compte
les effets de la maternité sur le revenu des femmes, particulièrement dans les
premières années de vie de leurs enfants. Cette reconnaissance de la période de
prise en charge d'un enfant serait faite non plus en la retranchant du calcul
du montant de la rente, mais en ajoutant des crédits de gain, et ce, selon des
paramètres qui ne sont pas précisés dans le document de consultation. Nous ne
connaissons pas la mécanique ni l'impact des divers scénarios qui pourraient
être utilisés.
Le conseil craint que soit retenu le
mécanisme qui prévaut dans le régime supplémentaire du Régime de pensions du
Canada et donc que la perte salariale causée par la prise en charge d'un enfant
soit estimée sur la base du revenu gagné avant la naissance de l'enfant. Or,
cette manière d'estimer la perte salariale pourrait s'avérer désavantageuse
pour les femmes, particulièrement pour celles qui ont un enfant avant d'établir
leur carrière.
Le conseil recommande donc de soumettre à
la réflexion différents scénarios pour mieux reconnaître, dans les deux régimes,
les périodes de prise en charge d'un enfant, et ce, tant pour les mères que
pour les pères concernés.
De façon plus large, le conseil tient à
souligner l'importance de réaliser de plus amples analyses en vue d'adapter le
Régime des rentes du Québec comme on le souhaite, aux défis du XXIe siècle,
et ce, en tenant compte des réalités des femmes. Ces analyses doivent d'abord
porter sur la manière de soutenir les personnes proches aidantes qui doivent
diminuer de façon importante le temps alloué à leur emploi rémunéré. Certes, le
conseil salue cette proposition soumise dans le document de consultation,
proposition qui rejoint ses propres recommandations vu l'engagement plus
soutenu des femmes dans la proche aidance. Mais comment cette mesure
sera-t-elle conçue? Quels critères permettront d'établir qui pourra en
bénéficier? Ces questions commandent la mise en place d'un chantier auquel le
conseil pourrait contribuer sur la base de ses travaux récents.
Par ailleurs, d'autres volets du Régime de
rentes du Québec que ceux abordés dans le document de consultation méritent
attention. Le mémoire du conseil en cible deux : la rente de conjoint
survivant et la prestation de décès.
Pour ce qui est de la rente de conjoint
survivant, rappelons qu'elle a été conçue pour compenser le travail non
rémunéré effectué au sein de la sphère familiale et qu'elle bénéficie à des
femmes dans 80 % des cas. Or, cette rente permet de moins en moins
d'atteindre son objectif, vu la multiplication des ruptures dans les couples et
la formation de nouvelles unions. Concrètement, la conjointe bénéficiaire de la
rente de conjoint survivant n'est pas forcément la mère des enfants du défunt
ni celle avec qui l'union a été la plus longue. Il apparaît incontournable, aux
yeux du conseil, de revoir les paramètres de la rente de conjoint survivant
pour qu'ils soient en phase avec les nouvelles réalités en matière de
conjugalité et de situations familiales.
Quant à la prestation de décès, elle prend
actuellement la forme d'un montant maximal de 2 500 $. En plus d'être
imposable, ce montant n'a jamais été indexé depuis 1998, ce qui fragilise la
situation financière de plusieurs personnes endeuillées, dont bon nombre de
femmes. Il importe donc, selon le conseil, de réviser les paramètres relatifs à
la <prestation de...
Mme Cordeau (Louise) :
... importe donc, selon le conseil, de réviser les
paramètres relatifs à la >prestation de de décès.
Enfin, l'actuelle consultation publique
fait ressortir l'importance de s'assurer que les citoyennes et les citoyens
sont adéquatement informés, au moment de faire des choix qui ont une incidence
sur leur retraite. Cette information est d'autant plus cruciale pour les femmes
du fait qu'elles sont plus nombreuses à être en situation de précarité
financière et à n'avoir que peu ou pas d'épargne. Je vous remercie.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, Mme la présidente, et je cède la parole à M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup, M. le Président. Et permettez-moi également d'offrir mes sympathies
et mes pensées à toutes les personnes impliquées ou concernées par les
événements tragiques d'hier.
Merci pour votre présentation, très
apprécié. Et disons qu'hier... Les consultations sont très intéressantes. Je
pense qu'on doit reconnaître que l'exercice qu'on fait aux six ans est très
utile. Et hier, on a eu des bonnes discussions et on s'est entendus sur
plusieurs points. Je constate que l'argument contre le report de l'âge de
62 ans, qui revient continuellement, est celui qui concerne la pénibilité
des emplois, et c'est un élément qui a été mentionné aujourd'hui, notamment
pour certaines femmes qui travaillent dans des milieux avec des statuts plus
précaires. J'enregistre toutes ces remarques et je les apprécie, et c'est
certain qu'on va les analyser.
Mais je tiens à souligner que l'aspect de
la pénibilité des emplois, dans la structure des régimes de retraite au Canada,
n'est pas la responsabilité du RRQ, mais bien du troisième palier de revenus à
la retraite. Alors, on a la pension de Sécurité de vieillesse, supplément de
revenu garanti, qui est le premier palier, le RRQ, qui est le deuxième pilier,
et le troisième palier,qui est les régimes complémentaires de retraite ou
l'épargne privée. Et, dans la structure qu'on s'est donnée au Canada, le Régime
de pensions du Canada, le Régime des rentes, la pension de Sécurité de
vieillesse, cette responsabilité n'incombe pas au RRQ. Ça n'empêche pas que
c'est un élément extrêmement important puis qu'on doit en discuter. Mais je
voulais faire cette précision.
On a un actuaire avec nous, de Retraite
Québec. M. Therrien, j'aimerais que vous clarifiiez, parce que le point qui a
été amené sur la situation des femmes qui ont des pertes de revenus associées à...
le fait d'avoir des enfants, l'impact dans leur carrière et l'intervention du
Conseil du statut de la femme... J'aimerais que vous clarifiiez la situation
actuelle, ce qu'on regarde pour faire... Et peut-être même voudriez-vous
commenter sur ce qui a été dit. Alors, avec consentement, M. le Président, je
donnerais la parole à Retraite Québec.
Le Président (M. Simard) : Oui.
Y aurait-il consentement?
Des voix
: Consentement.
Le Président (M. Simard) : Alors,
monsieur, auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il vous plaît?
• (11 h 50) •
M. Therrien (Jean-François) : Jean-François
Therrien, actuaire en chef du RRQ. Oui, donc, pour ce qui est des périodes de
reconnaissance, là, par exemple, pour un enfant de 0 à 7 ans, pour
s'occuper d'un enfant de 0 à 7 ans, lorsqu'on reçoit l'allocation famille,
présentement, au niveau du régime de base, ce qui se produit, c'est qu'on
retire, on retranche ces années-là, donc, pour ne pas venir baisser la moyenne
de carrière.
Au régime supplémentaire, pour le moment,
il n'y a aucune mesure de prévue. Et donc ce qui est proposé dans le document
de consultation, c'est de reconnaître des gains, au cours de cette période-là
de 0 à 7 ans, pour ne pas faire baisser la moyenne lors de la retraite.
Donc, cette façon-là de procéder, c'est une bonification au niveau du régime
supplémentaire pour ces situations-là. La même chose va s'appliquer aussi...
s'appliquerait pour l'invalidité.
Et étant donné que c'est une méthode... ça
devient un peu complexe, là, pour le citoyen de suivre deux méthodologies
différentes, on propose aussi d'avoir cette méthode-là de crédit de gain au
niveau du régime de base, mais à coût nul. Donc, il n'y a pas de... Ce n'est
pas une mesure où il y aurait des retranchements ou des bonifications, donc, ce
serait à coût nul.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
j'aimerais <avoir l'avis...
M. Therrien (Jean-François) :
...ce serait à coût nul.
Le Président (M. Simard) :
M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) :
Bien,
j'aimerais >avoir l'avis du Conseil du statut de la femme ou que vous
précisiez ce que vous aimeriez bonifier ou n'appréciez pas de ce qui est
proposé.
Mme Julien (Mélanie) : En
fait, si je peux me permettre, on est tout à fait favorables au fait que la
reconnaissance de la prise en charge d'un enfant de moins de sept ans, qui est
actuellement en vigueur pour le régime de base, qu'elle soit étendue au régime
supplémentaire, cela va de soi, c'est dans la mécanique.
Ce qu'on comprend, c'est qu'actuellement
la période au cours de laquelle la personne est en charge d'un enfant de moins
de 7 ans est retranchée du calcul de la moyenne des gains. Et là ce qu'on
comprend, c'est que, plutôt que de retrancher cette période-là, on veut avoir
un ajout de crédit de gain. Mais la mécanique, de quelle façon cet ajout-là va
être calculé et reconnu, on n'en connaît pas les paramètres, alors c'est pour
ça qu'on peut difficilement se prononcer.
Et ce qu'on envisage comme possibilité,
c'est que ça puisse être désavantageux pour certaines femmes, tout
particulièrement pour celles qui ont leur enfant tôt avant d'entrer dans la
carrière, si on s'appuie sur la méthode de calcul qui prévaut dans le Régime de
pensions du Canada, qui constitue à estimer la perte de revenus sur la base du
revenu gagné avant la naissance de l'enfant.
M. Therrien (Jean-François) : Excellent
point.
M. Girard (Groulx) : Donc?
M. Therrien (Jean-François) : Donc,
on note ce commentaire-là. Parce que les... Il n'y a pas de paramètres, là, de
définis.
Mme Julien (Mélanie) : Exact.
M. Therrien (Jean-François) : Donc,
on note ce commentaire.
Mme Julien (Mélanie) : Bien,
merci. Et c'est pour ça qu'on... ce qu'on met au jeu, c'est de peut-être
regarder différents paramètres possibles et de voir c'est quoi, l'impact que ça
peut créer sur la situation des femmes qui sont concernées, et des pères aussi,
dans certains cas.
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est moi qui conclus?
Le Président (M. Simard) : Oui,
s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
pense qu'on est en processus d'amélioration continue, parce que cet échange va
nous aider à bonifier peut-être nos propositions. Je vous remercie énormément
pour votre intervention.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous disposez de 4 min 30 s.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Mes sympathies aussi pour l'ensemble des familles touchées par le
drame, là, qu'on a tous vécu hier, malheureusement, puis les gens pour qui ça a
rappelé des mauvais souvenirs.
Donc, je vous ai entendues à propos de
l'âge d'admissibilité et je vous ai aussi entendues à propos de l'âge limite à
75 ans. On a aussi entendu M. Godbout, hier, dire qu'il n'y avait aucune
raison, dans le fond, pour retarder l'application de cette mesure-là. Donc,
moi, je pense que ce serait quelque chose qui devrait être considéré.
Et j'ai une question pour vous en ce qui a
trait, justement, à la pénalité de 37 %, potentiellement, là, si on allait
maintenant avec les nouvelles mesures... si on remonte l'âge à 62 ans pour
l'admissibilité minimum. Donc, est-ce que je pourrais vous entendre là-dessus,
au niveau de qu'est-ce que vous considérez comme ce qui pourrait être, selon
vous, une avenue, un chiffre, un pourcentage de pénalité qui serait
satisfaisant pour le statut de la femme?
Mme Cordeau (Louise) :Malheureusement, on n'a pas l'expertise au niveau actuariel
ou économique. Ma formation est en droit, donc je dois faire confiance à des
personnes qui sont spécialisées dans d'autres domaines. Mais ce que je voudrais
rappeler, c'est qu'au-delà de la pénalité, au-delà du pourcentage, c'est ce
pourquoi on dit qu'il faut laisser la flexibilité de prendre... de permettre de
demander la rente de retraite à 60 ans.
M. le ministre vient de parler de la
pénibilité des emplois, mais j'aimerais ça vous rappeler que c'est un des
facteurs, la précarité financière, par exemple, le choix d'être proche aidant,
et on est dans une société vieillissante, une société où on souhaite que les personnes
demeurent à domicile. Mais, pour que les personnes vieillissantes demeurent à
domicile, elles doivent avoir le soutien de proches qui sont majoritairement
des femmes, et, lorsque les femmes font le choix de diminuer, par exemple,
leurs heures de travail ou de quitter leur emploi pour être proches aidantes,
parfois elles le font sans avoir aucun choix et parfois elles le font peut-être
en réfléchissant aux coûts-bénéfices d'accompagner une personne vieillissante,
d'être avec un parent proche. Ça peut être un choix de vie aussi.
Et, au-delà des statistiques, au-delà des
pourcentages, et je sais que le Régime des rentes doit considérer ces
contraintes et ces réalités financières... mais au-delà de ça, le 60 ans
n'est pas que sur la pénibilité, le 60 ans est sur, on le sait, la
précarité financière, la pénibilité, le fait de <devoir être...
Mme Cordeau (Louise) :
... le 60 ans est sur, on le sait, la précarité
financière, la pénibilité, le fait de >devoir être proche aidant, le
fait de devoir choisir, le fait de pouvoir choisir d'être avec des petits
enfants. Et, au fond de tout ça, je pense que ce qu'il faut retenir, c'est la
flexibilité, mais l'information, et je pense que ça a été évoqué hier en
commission parlementaire, l'importance d'informer, puis on le dit dans notre
mémoire, particulièrement les femmes sur l'impact de leur choix de demander
leur rente de retraite à 60 ans. Et moi, je pense que de plus en plus, si
les femmes sont informées, si l'ensemble de la population est informé, ces personnes-là
pourront prendre, si elles ont le choix, des décisions éclairées. Et je ne peux
pas vous répondre sur un pourcentage, considérant que, nous, ce qu'on prétend
et ce qu'on soutient, c'est la capacité de permettre à toutes les personnes de
pouvoir choisir de prendre leur retraite à 60 ans.
Le Président (M. Simard) : Vous
pouvez poursuivre.
Mme Caron : ...
Le Président (M. Simard) : Oui,
Mme la députée de La Pinière, la parole vous appartient.
Mme Caron : Merci. Alors,
vous avez très bien fait ressortir dans votre mémoire que, finalement, les
femmes peuvent payer trois fois au cours de leur vie, c'est-à-dire qu'elles paient
quand elles prennent soin de leur enfant, elles paient si elles ont à être
proches aidantes puis elles peuvent payer aussi au moment de... si leur
conjoint décède avant. Et puis vous avez fait aussi.... C'est en fait la
question que j'allais vous poser, vous l'avez fait ressortir, sur la
communication, il en a été question hier : Est-ce qu'il y a une
communication spécifique que vous voyez pour les femmes, pour tenir compte de
ces éléments-là pour que, justement, leurs décisions soient plus éclairées?
Mme Cordeau (Louise) :C'est difficile de répondre, de dire une communication
spécifique. On sait que Retraite Québec, quand même, développe des outils, mais
c'est aussi à travers la communication, je dirais, de connaissances financières
que doit... qu'on doit développer auprès des jeunes. Parce que ce n'est pas
nécessairement à 58 ou à 59 ans qu'on doit être outillé pour prendre une
décision. Je pense qu'il faut que cette éducation-là, cette éducation-là
financière soit aussi considérée comme très importante dans notre société pour
arriver à prendre des choix éclairés et non pas attendre 58 ans, là,
d'être devant des faits, là, qu'on ne peut plus transformer.
Mme Caron : Merci. Est ce
qu'il reste encore quelques secondes?
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste une minute, chère collègue, du fait que nos collègues de... Oui.
Mme Caron : Une minute? Ah!
c'est parfait. J'en profiterais peut-être pour vous demander, pour ce qui est
des proches aidants, est-ce que vous aviez... Parce que, les critères, la
mécanique n'est pas déterminée dans le document du RRQ, puis les consultations
servent à ça, je pense. Alors, est-ce que vous aviez des choses que vous
vouliez mettre de l'avant plus précisément pour tenir compte de la proche
aidance?
Mme Julien (Mélanie) : En
fait, ce qui nous préoccupe beaucoup, c'est la manière dont vont être reconnues
les personnes qui vont être soutenues à travers le Régime de rentes du Québec.
On comprend qu'il y a une volonté de soutenir les personnes qui doivent
diminuer de façon importante leur temps de travail, mais il y a différents cas
de figure qui sont possibles. On peut penser à une personne qui doit
complètement se retirer pour une certaine période de temps, peut-être courte,
mais, dans d'autres cas de figure, ça va être plutôt de diminuer son nombre
d'heures par semaine sur une plus longue période. Alors, il y a différents
scénarios comme ceux-là qu'il faut pouvoir considérer.
Mme Caron : D'accord.
Mme Cordeau (Louise) :M. le Président, est-ce que je peux rajouter...
Le Président (M. Simard) : S'il
vous plaît, en conclusion. Ce sera le mot de la conclusion.
Mme Cordeau (Louise) :Oui. Simplement pour offrir toutes nos condoléances et
notre soutien à toutes les personnes qui ont été touchées par le drame d'hier,
au nom du Conseil du statut de la femme.
Le Président (M. Simard) : C'est
un message qui est fort apprécié. Sur ce, mesdames, merci beaucoup d'être venues
parmi nous. Vos propos ont été très instructifs.
Compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre momentanément afin de faire place à nos prochains invités, qui
seront, cette fois-ci, en visioconférence.
(Suspension de la séance à 12 h 00)
12 h (version révisée)
(Reprise à 12 h 05)
Le Président (M. Simard) : ...nous
avions annoncé un remplacement qui se n'est pas manifesté. Donc, conséquemment,
j'aurais besoin à nouveau d'un consentement afin que notre collègue de Maurice-Richard puisse participer à nos travaux.
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Il
y a consentement. Je vous remercie.
Alors, nous avons l'honneur de recevoir
des représentants de la Centrale des syndicats du Québec. Messieurs, bonjour.
M. Beauregard (Luc) : Bonjour.
Le Président (M. Simard) : Auriez-vous
d'abord l'amabilité, s'il vous plaît, de vous présenter?
M. Beauregard (Luc) : Oui. Je
me présente, je suis Luc Beauregard. Je suis le secrétaire-trésorier de la Centrale
des syndicats du Québec. Et là, juste pour vous dire, vu qu'on est dans la même
salle, je vais fermer mon micro pour qu'il ait le temps d'ouvrir son micro pour
se présenter.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Lavergne (Sébastien) : Oui.
Sébastien Lavergne, aussi à la CSQ, donc conseiller sur le dossier retraite et <aussi...
M. Lavergne (Sébastien) :
...Sébastien
Lavergne, aussi à la CSQ, donc conseiller sur le dossier retraite et >aussi
actuaire de formation.
Le Président (M. Simard) : Bon,
messieurs, nous vous écoutons.
M. Beauregard (Luc) :
Bien,
bonjour, hein? Merci de nous accueillir à la consultation sur le Régime des
rentes du Québec. D'entrée de jeu, je vous indique qu'on aurait apprécié être
avec vous à l'Assemblée, mais une instance de la CSQ nous en empêche. Comme les
questions de la retraite sont très importantes pour la CSQ, nous préférons
quand même prendre la parole de cette façon-là, qui n'est pas optimale, mais
c'est un bien quand même comparativement à ce qu'on pouvait vivre avant, hein?
On s'est présentés, donc je me représente,
je suis Luc Beauregard, secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du
Québec. Je suis accompagné par Sébastien Lavergne, actuaire de formation et
conseiller pour la retraite à la CSQ. Nous vous parlons de Laval, et on veut
prendre un petit temps avant de commencer sur le dossier pour exprimer, au nom
de la CSQ, notre soutien à toutes les personnes touchées de près ou de loin par
le terrible drame qui s'est passé hier, là. On voulait le souligner. Pour nous,
c'est important. C'est une situation qui n'est pas facile, et notre soutien est
pour tout le monde touché.
La CSQ est composée à plus de 75 %
par des femmes et représente plus de 215 000 membres dans plusieurs
secteurs : en éducation, petite enfance jusqu'à l'université, en passant
par la santé et le communautaire. On défend aussi les retraités de l'éducation
et des autres services publics du Québec, qui sont représentés par une
association qui est l'AREQ. Donc, au Québec, on a un bon système de retraite,
mais il y a quand même des failles. Principalement, au niveau de la couverture
des régimes privés, ce qu'on appelle les régimes complémentaires, une grande
portion de la population, ils n'en ont tout simplement pas, hein? Ou plusieurs,
c'est des régimes d'accumulation pour lesquels le risque financier, bien, il
repose sur les individus eux-mêmes. Or, j'espère que vous serez d'accord avec
moi, on doit viser la sécurité financière pour tous à la retraite.
L'un des principaux objectifs des régimes
publics est ainsi de réduire les inégalités sociales. Ce qui est clair pour
nous, c'est que le RRQ, c'est la base, c'est le pilier du système public qui
doit assurer une rente garantie et indexée pour tous, mais particulièrement
pour les plus vulnérables de la société. La situation financière du régime est
très bonne, ce qui est une excellente nouvelle pour tout le monde, hein? Nous
soulignons aussi le fait que le gouvernement en profite, de cette situation,
pour proposer des améliorations au régime, ce que nous voyons d'un bon oeil.
Par contre, la CSQ est extrêmement
préoccupée par certaines avenues envisagées par le gouvernement qui ne vont pas
du tout dans le sens d'une amélioration. J'en pointe deux : la hausse de
l'âge minimum pour recevoir la rente de retraite, pour nous, ce n'est pas une
amélioration, et la possibilité d'introduire un mécanisme qui va prévoir
d'avance qu'on va réduire les rentes ou l'indexation des personnes retraitées. Avec
ce que je viens dire, vous comprendrez que la CSQ, bien, s'oppose à ces
propositions.
Je vais laisser Sébastien poursuivre sur
les explications un peu plus techniques sur les deux points et je reviendrai
par la suite pour finaliser les propos.
• (12 h 10) •
M. Lavergne (Sébastien) : La
hausse de l'âge minimum pour recevoir la rente, ça impliquerait une plus grande
précarité financière pour les plus vulnérables de la société. On priverait donc
ces personnes de revenus, donc dans les âges 60, 64 ans, qui... pour donc
une tranche d'âge pour laquelle, la population, le taux de pauvreté est très
élevé, est plus élevé. Alors, on parle de personnes qui n'ont pas encore droit,
tu sais, à la possibilité d'avoir la pension de Sécurité de vieillesse, payable
seulement à 65 ans. Alors, le RRQ, le Régime de rentes du Québec, représente
une part importante des revenus pour ces personnes-là dans ces âges-là : une
santé plus précaire pour certains, la pénibilité de l'emploi pour d'autres, des
situations d'âgisme au travail, toutes des réalités... qui fait en sorte que
les gens, donc, demandent... devraient demander leur rente à 60 ans, ils
n'ont pas le choix. À ce moment-là, donc, on ne peut pas tomber... laisser tomber
ces gens-là. On peut penser, par exemple, à une caissière qui, après plus de
40 ans de service, qui a travaillé durement, donc, et puis qui a... tu
sais, <debout...
M. Lavergne (Sébastien) :
...penser, par exemple, à une caissière qui, après plus de 40 ans de
service, qui a travaillé durement, donc, et puis qui a... tu sais, >debout,
etc., qui a... qui devrait pouvoir prendre sa rente à 60 ans ou réduire
son temps de travail tout en bénéficiant de sa rente. Donc, qu'il y a des gens
qui n'ont pas des économies pour pouvoir reporter la demande de la rente
au-delà de 60 ans.
D'autres considérations fiscales et de
programmes sociaux qu'on ne peut pas mettre de côté, il faut en tenir compte,
notamment le supplément de revenu garanti. Alors, le fait de reporter la rente
après 60 ans augmente notre rente du RRQ, le report augmente la rente du
RRQ, mais cette augmentation-là viendra réduire le supplément de revenu garanti
à 65 ans pour ces gens-là. On parle de 0,50 $ dans chaque dollar. Donc,
de façon très importante, leur supplément de revenu garanti à 65 ans va en
être réduit. Alors, ça devient pas mal moins intéressant pour ces personnes de
reporter l'âge après 65... après 60 ans, c'est-à-dire. Alors, il faut
tenir compte aussi d'une espérance de vie réduite pour ce groupe-là, de
personnes qui ont des revenus moindres. Et puis on parle d'à peu près 40 %
de la population qui bénéficie du supplément de revenu garanti à 65 ans,
donc c'est quand même important.
Donc, enfin, sans obligation, il y a un
changement de comportement dans la population. Les gens demandent la rente RRQ
plus tard. Et puis les prévisions, même, de Retraite Québec sont de l'ordre
que... bientôt, ce sera de l'ordre de 25 % seulement des gens qui... à
60 ans d'âge. Alors, ça se fait naturellement pour les gens qui peuvent se
le permettre, si on veut, de demander leur rente après 60 ans.
Quant au mécanisme qui pourrait prévoir
d'avance de couper les rentes ou l'indexation des personnes retraitées lorsque
le régime est en déséquilibre financier, pour la CSQ, c'est inacceptable pour
le régime public. Donc, cela comporte comme conséquence d'un transfert de
risques financiers assumés actuellement par les cotisants et les employeurs
vers les personnes retraitées qui sont, on peut bien se le dire, des personnes
plus en situation de vulnérabilité. Alors, ces personnes-là, retraitées,
subissent de plein fouet l'effet de la perte de pouvoir d'achat due à
l'inflation, avec leur épargne personnelle, les régimes publics. Donc,
imaginez, si on doit... on devait suspendre en plus l'indexation de leur rente
pendant un certain temps pour le régime public, pour nous, ce n'est pas envisageable.
Donc, on ne doit pas mettre sur le même pied d'égalité une hausse de la
cotisation automatique et une révision de la rente garantie.
Ainsi, pour la CSQ, un mécanisme
automatique pour le régime supplémentaire devrait viser uniquement une hausse de
cotisation, comme c'est le cas pour le régime de base. Le régime public doit
demeurer un régime à prestations déterminées avec indexation garantie pour
tous.
M. Beauregard (Luc) : Donc,
malgré les deux objections majeures, là, qu'on vient de vous formuler, il y a
quand même une mesure-phare que nous saluons très certainement, puis c'est
celle de la reconnaissance des périodes où il est nécessaire de s'occuper d'un
enfant à charge ou celle d'invalidité, qui était jusque-là inexistante au
régime supplémentaire. Cette reconnaissance viendrait réparer une injustice que
nous avons déplorée lors de la dernière consultation. Vous comprendrez qu'elle
vise davantage les personnes en situation de vulnérabilité ainsi que les femmes
qui, encore à ce jour, s'absentent plus souvent pour des raisons familiales.
Comme le niveau de revenus des régimes privés sont souvent fonction des heures
travaillées et du niveau de salaire, et que les femmes travaillent encore, en
général, moins d'heures par semaine et s'absentent plus souvent pour des
raisons familiales que les hommes, et ce... c'est sans compter les inégalités
salariales qui persistent, vous comprenez, elles reçoivent donc moins de
revenus des régimes privés que les hommes. Cette iniquité se doit d'être
contrebalancée en partie, je précise, en partie, par les régimes publics.
De plus, on est d'avis qu'il sera
important de trouver rapidement des moyens de reconnaître la période d'aide
offerte par des personnes proches aidantes. Nous saluons le fait qu'il y ait
une réflexion sur le sujet.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, M. Beauregard.
M. Beauregard (Luc) : Oui,
je vous... je conclus ça. Cette situation va engendrer des réductions rapides.
Je vous réitère que la sécurité financière
à la retraite pour les Québécoises et les Québécois, c'est une <priorité...
M. Beauregard (Luc) :
...vous réitère que la sécurité financière à la retraite pour les Québécoises
et les Québécois, c'est une >priorité. La CSQ est déterminée à continuer
de travailler avec les divers intervenants, et il faut assurément s'assurer que
ce ne soit pas au détriment des personnes les plus démunies de la société. On
vous rappelle...
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous.
M. Beauregard (Luc) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Je
cède maintenant la parole au ministre des Finances, qui dispose de
16 minutes dans le cadre de son échange.
M. Girard (Groulx) : Merci,
M. le Président. Merci à nos invités. Et, vous savez, avec l'élection, M. le
Président, on a changé plusieurs députés, mais je constate une stabilité au
niveau des conseillers de l'opposition. Alors, je les salue puisqu'ils sont de
retour. M. Boivin, je parle de vous, là. Je salue la stabilité des
conseillers, M. White qui m'a amené cette réflexion. Alors, on a des
nouveaux députés, mais les équipes de recherche sont là, et soyez assurés de la
collaboration de Retraite Québec pour tout ce que vous avez besoin au niveau de
la réflexion que cette importante consultation engendre.
Je veux dire, d'entrée de jeu, que vous
avez raison de dire que la sécurité financière pour tous, c'est notre objectif,
et que le RRQ est notre pilier du Québec puisque la pension de sécurité de vieillesse
est évidemment un régime fédéral. Nous avons effectivement une rente viagère et
indexée — et viagère voulant dire qu'elle est versée tout au long de
la vie, donc c'est une rente dont la durée correspond à l'espérance de vie — et
donc c'est un... le RRQ, c'est vraiment le pilier, ce n'est pas juste... ce n'est
pas juste le dire, c'est un fait. Et, là-dessus, on s'entend.
Deux remarques quant au supplément de
revenu garanti, mais je dois dire que je suis en désaccord avec ce qui a été
dit parce qu'au net les gens sont gagnants. Puis c'est certain qu'ils ne sont
pas aussi gagnants s'ils ont le supplément de revenu garanti, mais on ne peut
pas dire que d'augmenter son régime des rentes lorsqu'on a le supplément de
revenu garanti, ce n'est pas une bonne affaire, je pense que de nombreux
actuaires seraient derrière moi pour cette affirmation.
Ensuite, il a été beaucoup dit, depuis
deux jours, que ce n'était pas favorable pour les gens de prendre leur régime
des rentes à 62 ans plutôt que 60 ans, selon certaines considérations.
Je veux juste, encore une fois, clarifier que cette proposition coûte au régime,
ce qui est discuté ici aurait un impact sur le 62 ans de 12 points de
base. C'est donc dire que le régime, présentement, bénéficie du fait que des gens
prennent leur retraite à 60 ans tout simplement parce que ce n'est pas
optimal pour eux, financièrement. Si ce n'est pas optimal pour les
bénéficiaires, c'est le régime qui en bénéficie. Donc, la proposition qu'on
fait vise précisément un objectif sur lequel on s'entend, qui est la sécurité
financière des Québécois.
Ensuite, il est possible que, malgré qu'on
s'entende sur l'objectif, le moyen n'est pas optimal pour tous, on doit
regarder dans l'ensemble, et on est ouverts à d'autres moyens qui seront proposés,
mais l'objectif demeure, c'est augmenter la sécurité financière des Québécois.
• (12 h 20) •
On a parlé du mécanisme de régime
supplémentaire, le mécanisme d'ajustement. Je veux demander... prendre une
minute, encore une fois, pour faire intervenir le Retraite Québec pour bien
clarifier qu'est-ce qui arrive dans le régime de base lorsque le régime est en
déficit, qu'est-ce qui est proposé dans le document de consultation, et, une
fois que vous aurez expliqué la situation actuelle, ce qui est proposé, on
pourra permettre à nos intervenants, peut-être, de commenter et de préciser ce
qu'ils n'apprécient pas dans ce qui est proposé.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous avions déjà eu consentement pour ce faire préalablement. M. Therrien.
M. Therrien (Jean-François) : Oui.
Bonjour. Donc, le mécanisme d'ajustement automatique au niveau du régime de
base, c'est que lorsqu'il y a déséquilibre financier, il est prévu
qu'automatiquement le taux de cotisation est augmenté de 0,1 lorsque le déséquilibre
<est...
M. Therrien (Jean-François) :
...il
est prévu qu'automatiquement le taux de cotisation est augmenté de 0,1 lorsque
le déséquilibre >est et de 0,1 ou plus.
M. Girard (Groulx) : 0,1
étant?
M. Therrien (Jean-François) : 10
points de base.
M. Girard (Groulx) : 10
points de base.
M. Therrien (Jean-François) : 10
points de base. Donc, ce que ça fait comme résultat, ce que ça a comme
conséquence, c'est que c'est les cotisants qui vont contribuer lors d'un
déséquilibre financier éventuel.
Ici, on ne parle pas... il n'y a pas de...
la situation financière est bonne. Ce n'est pas pour tout de suite, là. C'est
si ça arrive dans 15 ans, dans 20 ans, dans 25 ans.
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est important, parce qu'on dit : Ça n'arrivera pas parce qu'on a
26 points de base de marge de manœuvre, le régime est en santé. Mais, si
on prend des décisions ici puis qu'on consomme le 26 points de base, on
augmente la probabilité que ces mécanismes-là entrent en jeu.
M. Therrien (Jean-François) : Oui,
oui, tout à fait.
M. Girard (Groulx) : Continuez.
M. Therrien (Jean-François) : Et,
au niveau du régime supplémentaire, il n'y a pas de paramètres de définis. Et
ce que le document de consultation vient faire, c'est d'expliquer qu'est-ce qui
se passe dans le reste du Canada dans ces situations-là. Et ce qui se passe
dans le reste du Canada, c'est que c'est l'ensemble des parties prenantes, les
trois principales parties prenantes, c'est-à-dire les cotisants, donc
travailleurs, et employeurs, et aussi les retraités, qui contribuent, chacun au
niveau de sa contribution possible, donc qui contribuent au rééquilibre
financier du régime.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
donnerais la parole pour... parce que...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : Maintenant
qu'on a expliqué ce qui est proposé, peut-être que nos intervenants peuvent
bien préciser qu'est-ce qu'ils n'aiment pas dans ce qui est étudié dans le... pour
le mécanisme d'ajustement pour le régime supplémentaire.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. Lavergne ou M. Beauregard.
M. Lavergne (Sébastien) : Sur
le mécanisme, là, en premier?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Lavergne (Sébastien) : Oui.
OK. Bien, c'est ça. Autrement dit, nous, tu sais, on va s'opposer fermement,
là, tu sais, on va être clairs, là, pour que, dans le régime supplémentaire, il
y ait un mécanisme qui touche à la fois des hausses de cotisations et qui
touche la rente du retraité. Ça, on veut être clairs là-dessus, là. Donc, dans
le régime de base, ça a été bien expliqué, tu sais, c'est-à-dire que c'est
seulement des hausses de cotisations qui sont prévues et c'est ce qu'on
privilégie pour le régime supplémentaire, que ce soit seulement des hausses de
cotisations.
À supposer qu'on arriverait à un seuil tel
que la hausse des cotisations ne suffirait pas, on s'assoira puis on verra
qu'est-ce qu'il faut faire à ce moment-là, mais on ne veut pas le prévoir dans
un mécanisme automatique puis on ne veut pas mettre sur le même pied d'égalité
des hausses de cotisations et la révision de la rente de façon automatique.
Pour nous, c'est des hausses de cotisations et, en ce sens-là, pour nous, c'est
là où est l'équité pour tous, c'est-à-dire que tout le monde contribue et que
ça peut... ça peut faire en sorte que certains contribuent plus que d'autres à
certaines époques, mais tout le monde a la rente garantie avec indexation à la
retraite. C'est ça, pour nous, l'équité pour tous. Et, compte tenu que c'est la
base, encore une fois, le pilier, c'est important de maintenir cet aspect-là pour
le régime... du Régime de rentes du Québec, à la fois pour le régime de base et
le régime supplémentaire.
M. Girard (Groulx) :
OK. Merci beaucoup pour ces
précisions. Puis, M. Terrien, juste pour revenir, vous avez bien dit que
ce que nous proposons, c'est une harmonisation avec le Régime de pensions du
Canada.
M. Therrien (Jean-François) : Bien,
il n'y a pas de proposition dans le document de consultation publique. C'est
une discussion au niveau du régime supplémentaire qui n'a pas de paramètres
pour l'instant. Donc, s'il y arrivait un déséquilibre financier, bien, il n'y a
aucune action prévue.
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce qu'il y a des paramètres dans le Régime de pensions du Canada?
M. Therrien (Jean-François) : Oui,
les paramètres étant qu'il y a une hausse du taux de cotisation et il y a aussi
une indexation. On ne touche pas aux rentes des retraités, là. La rente, elle
reste. C'est l'indexation qui est partielle pendant une durée, par exemple, de
trois ans. Et il y a une nouvelle évaluation actuarielle qui détermine... si le
régime est revenu en équilibre financier, bien là on reprend la pleine
indexation.
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce que vous pouvez nous donner la raison historique, puisque le régime
supplémentaire est relativement récent, pour quelle raison le Québec a choisi
de ne pas s'harmoniser avec le régime supplémentaire du Canada?
M. Therrien (Jean-François) : La
loi a été adoptée, là, en 2017-2018, pour le régime supplémentaire, et la loi
prévoit qu'un mécanisme d'ajustement automatique devra être défini. Et les
paramètres, par contre, ne sont pas définis dans la <loi...
M. Therrien (Jean-François) :
...et
la loi prévoit qu'un mécanisme
d'ajustement automatique devra être
défini. Et les paramètres, par contre, ne sont pas définis dans la >loi,
mais il prévoit que les cotisations et les prestations, donc les rentes des
retraités, peuvent être touchées lors d'un déséquilibre financier.
M. Girard (Groulx) : Donc, ça
a été prévu, mais ça n'a pas été dit?
M. Therrien (Jean-François) : Ça
a été prévu, mais là les paramètres n'ont pas été définis.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mais en quoi le Régime de pensions du Canada a... À quel moment le Régime de
pensions du Canada a défini ses paramètres?
M. Therrien (Jean-François) : Au
tout début, à l'entrée en vigueur du régime.
M. Girard (Groulx) : Donc,
nous, on a amené un régime supplémentaire sans prévoir les paramètres?
M. Therrien (Jean-François) : Exact.
M. Girard (Groulx) : OK.
Donc, il va falloir réfléchir à ça.
Bien, c'est très intéressant, cette
discussion, M. le Président. J'en apprends beaucoup. Puis je n'étais pas là en
2017. Peut-être que M. White puis M. Boivin y étaient, là. Je ne le sais pas.
Le Président (M. Simard) : Voulez-vous
poursuivre, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : Non, je
vais passer la parole à mon collègue.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup. Alors, je cède la parole au député d'Orford.
M. Bélanger : Merci, M. le
Président. Merci beaucoup pour la présentation. Moi, j'avais deux questions. La
première question, c'est... Vous parlez de l'importance à 60 ans selon le type
d'emploi. Est-ce que vous voyez une corrélation entre justement pénurie de
main-d'oeuvre et ceux qui veulent prendre leur retraite à 60 ans? Est-ce qu'il
y a une corrélation ou une plus grande proportion de manque de cette
main-d'œuvre-là? Puis deuxième question, c'est : Au niveau de la pénurie
de main-d'oeuvre, quelles seraient vos stratégies ou vos suggestions pour être
capable de contribuer ou, en tout cas, pallier au manque de main-d'oeuvre?
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. Lavergne, on ne vous entend pas, à moins que ce soit volontaire.
M. Girard (Groulx) : Je pense
qu'il négocie le droit de parole.
Le Président (M. Simard) : Ah
oui!
M. Beauregard (Luc) : Bien,
ça va être M. Beauregard qui va y aller, puis M. Lavergne complétera, au
besoin, là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Beauregard (Luc) : Pour ce
qui est de la pénurie de main-d'oeuvre, bien, je dirais, en partant, il y a des
conditions de travail qui sont importantes, quand on parle de retraite
progressive, etc., qui pourraient être des conditions qui pourraient améliorer
en partie le fait que les gens pourraient prolonger le travail.
Ceci étant dit, je reviens un petit peu
sur ce qui a été dit pour le 60 et 62, je ne pense pas que ça va corriger la
pénurie de main-d'oeuvre. Moi, je pense que quelqu'un qui a... Je vais parler
pour les services de garde ou les surveillants dans les écoles. Quelqu'un qui
a... ça fait 40 ans qu'il travaille, qui fait ça à des petits salaires et qui
est rendu, je vais le dire, là... une expression québécoise, au bout du
rouleau, peut-être qu'il est dû pour prendre sa... il veut prendre sa retraite,
il se sent dû à prendre sa retraite. Ça fait que ça, ça peut... Et nonobstant
que ça soit à 60, 62 ans, on en voit quitter plutôt puis se pénaliser pour ça.
M. Bélanger : Au risque
d'avoir un revenu inférieur.
• (12 h 30) •
M. Beauregard (Luc) : Au
risque d'avoir un revenu inférieur. Et c'est là le danger. Et c'est pour ça
que, quand on parlait du 60 à 62 ans, j'étais heureux d'entendre le ministre
dire qu'on avait des convergences, un petit peu moins quand il a dit qu'on
avait quelques divergences, mais ça, ce n'est pas grave, parce que le 60 à 62
ans, pour moi, je suis... Il y a un bout où je suis d'accord avec lui, ce n'est
pas optimal de la prendre à 60 ans. Mais il y a parfois des gens, comme vous
venez de le dire, au risque d'être pénalisés, ils ont besoin de prendre leur
retraite. Ils sont rendus à prendre leur retraite parce qu'ils ne sont plus
capables de travailler ou ils peuvent travailler à temps partiel, et le 60 à 62
ans pourrait leur permettre de travailler à temps partiel et d'avoir leur RRQ.
Moi, je pense qu'il y a une notion qui est
hyperimportante là-dedans, et ça pourrait peut-être aider pour la pénurie,
c'est la littératie pour la retraite. Tout ce qui est l'éducation retraite au
Québec, on n'est pas... je pense qu'on n'est pas optimal. On a tendance à faire
une éducation près de 60 ans. Et je pense qu'il y aurait une éducation à faire
sur le principe de dire : Bien, c'est quoi, les conséquences de la prendre
à 60? C'est quoi, les conséquences monétaires? C'est quoi, les conséquences...
Et tout ça pourrait être fait... Je pense que ça pourrait aider à améliorer la
situation.
Et, de base, ce qu'on s'aperçoit, vous
l'avez vu, on l'a déposé dans notre mémoire, c'est que, naturellement, les gens
qui prennent leur retraite à 60 ans a diminué... le nombre de personnes prenant
leur retraite à 60 ans a naturellement diminué depuis plusieurs années. Donc...
M. Bélanger : Donc, mieux
informés, la tendance serait que la retraite serait repoussée?
M. Beauregard (Luc) : Mieux
informés, on pense qu'il pourrait y avoir une tendance à repousser, mais sans
l'obliger à 62, la date... à 62, la laisser à 60. Les gens, je pense, sont
assez intelligents, lorsqu'ils sont informés, sont assez intelligents...
12 h 30 (version révisée)
M. Beauregard (Luc) : ...62, la
laisser à 60. Les gens, je pense, sont assez intelligents, lorsqu'ils sont
informés, sont assez intelligents pour prendre des décisions, pour avancer dans
ça. Donc, c'est des gens qui ont travaillé toute leur vie et qui connaissent
plus leurs dossiers que nous le connaissons, et ils seraient plus aptes à
prendre des décisions là-dessus.
Pour ce qui est du mécanisme, je veux
juste faire un petit bout... je sais que ce n'est pas vous qui avez posé la
question, mais je vais juste, si vous me permettez, sur le mécanisme qui est...
où on dit qu'on en aurait peut-être besoin pour compenser, si le régime
devenait un peu plus déficitaire, etc., et on a le ministre qui nous dit :
Bien, si on passe à 62 ans, on paie. Bien, je... une petite boutade, je
dirais : Bien, en restant à 60 ans, on a moins de chances d'avoir
besoin d'un mécanisme pour ajuster le régime dans le coût. Donc, ça fait partie
de ça. Donc, voilà.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Alors, il reste 20 secondes à la partie gouvernementale.
M. Bélanger : S'il reste 20 secondes,
donc on va passer la parole...
M. Girard (Groulx) : Bien, je
vais juste conclure.
Le Président (M. Simard) : Oui,
rapidement, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : Mais c'est
vraiment intéressant, ce débat, parce que cette réflexion-là, on la fait pour
les Québécois, là, c'est... puis on réfère souvent aux gens à faibles revenus,
mais, justement, ces gens-là à faibles revenus n'ont pas les moyens de prendre
une rente qui est amputée de 36 % pour l'entièreté de leur vie. Merci, M.
le Président, et merci à nos invités.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de La Pinière, vous disposez de 12 minutes.
Mme Caron : Merci beaucoup.
Alors, merci pour votre mémoire et votre présentation ce matin. Je pense qu'il
y a un consensus qui se fait : ce n'est pas une bonne idée pour personne
de prendre sa retraite à 60 ans. Si on regarde les chiffres, ça, je pense
qu'on en est tous conscients. Là où le bât blesse, c'est pour les personnes qui
n'ont pas le choix, dont c'est le seul revenu qui... auquel ils ont accès, là.
Quand on... autant le CSF, tantôt, nous le disait : Si une femme est
obligée d'arrêter de travailler parce qu'elle doit prendre soin de son conjoint
ou d'un parent, proche aidant, si le seul revenu qu'elle a, c'est la rente du
RRQ à 60 ans, bien, elle va la prendre parce qu'après ça elle ne... puis
elle le sait peut-être qu'après elle va gagner moins, mais je pense que c'est...
en tout cas, corrigez-moi si j'ai tort, mais je pense que là où le bât blesse,
c'est justement pour un petit groupe peut-être de Québécois qui prennent leur
retraite à 60 ans parce qu'ils n'ont pas le choix ou parce qu'ils font le
choix d'aider un proche qui en a vraiment besoin et qu'ils sont les seuls à le
faire.
Alors, si j'ai bien compris, c'est aussi
ce que... c'est aussi ce que vous pensez, à la CSQ. Mais une question dans ce
sens-là : Est-ce que si ça passe, de passer de 60 à 62 ans, est-ce
que vous craignez que ça ouvre une brèche et que d'autres régimes publics et
privés se mettent à restreindre les moments où les gens peuvent prendre leur
retraite aussi ou, tu sais, côté pénalité, ce serait plus... plus grand, ou
tout ça? Est-ce que c'est une crainte pour vous?
M. Beauregard (Luc) : Donc,
je comprends que je peux y aller, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait, M. Beauregard.
M. Beauregard (Luc) : Donc,
il y a toujours une possibilité, il y a toujours une possibilité que des
groupes décident de jouer avec l'âge de retraite si jamais le gouvernement du
Québec, qui est en exemple, hein, le gouvernement du Québec, qui est en
exemple, augmentait ça à 62 ans. Pour nous, c'est sûr qu'il y a une
crainte. On ne peut pas garantir que ça arriverait, mais il y a une
possibilité.
L'autre partie où vous parlez, où on est
en... on est en commun accord là-dessus, c'est vraiment... c'est vrai que ce n'est
pas la majorité des gens qui en auront besoin. Mais, quand on voit que dans les
deux premiers... dans les 40 % des plus démunis au Québec, ça représente
plus de 20 % de leurs revenus à la retraite, c'est important.
L'autre chose, tantôt, je parlais d'éducation.
On a eu des annonces à la télévision sur liberté 55. Il y en a plein que
ce n'est pas atteignable. Et là il y a un rêve aussi, peut-être, des fois, de
dire : Retraite à 60 ans. Mais nous, ce qu'on vous dit, c'est peut-être
que de faire de l'information, de l'éducation tôt dans la carrière des gens
amènerait les gens à prendre conscience de ce qu'il y a à faire, et c'est quoi,
les conséquences de la prendre à 60 ans. Et ça deviendrait une décision
réfléchie par la personne et non une impulsion ou non une... je suis à bout
puis je quitte. Donc, parce qu'il y a des gens que c'est : je suis à bout,
je quitte, je ne suis plus <capable...
M. Beauregard (Luc) :
...ou
non une... je suis à bout puis je quitte. Donc, parce qu'il y a des gens que
c'est : je suis à bout, je quitte, je ne suis plus >capable,
physiquement ou mentalement. Il y a des gens, vous l'avez dit, ça peut être
proche aidant, etc. Mais il y a des gens, c'est... depuis qu'ils ont
20 ans, leur «target», excusez l'expression, c'est 60 ans, mais ce
n'est peut-être pas bon, puis peut-être qu'ils n'en auraient pas besoin, mais
ils ne le savent pas nécessairement. Et c'est là l'éducation, c'est là qu'on...
qu'on pense.
Mme Caron : Merci. Vous avez
aussi indiqué dans votre mémoire qu'il y a... le nombre de personnes qui
prennent leur retraite à 60 ans baisse, et vous vous attendez à ce que ça
continue de baisser. Est-ce qu'on a... Est-ce que vous avez, dans vos analyses,
vos études, est-ce que vous avez les raisons qui ont motivé cette baisse,
c'est-à-dire qu'il y a de moins en moins de gens qui prennent leur retraite à
60 ans, pour savoir, dans la discussion, dans la réflexion, s'il y a des
chances que ça continue naturellement de baisser?
M. Lavergne (Sébastien) : En
fait... excusez-moi, je peux vous référer aussi à une étude de l'Institut de la
recherche en politiques publiques... excusez-moi, j'ai de la misère à... donc,
qui était Hausser l'âge d'admissibilité aux prestations du Régime de rentes
du Québec? — point d'interrogation — qui se penchait
spécifiquement sur cette question-là. Parce qu'autrement dit c'est l'ICA qui
avait amené à l'époque, là, la réflexion, qui voulait amener... de reporter à
62 ans.
Alors, l'étude apporte différentes
possibilités, là, pourquoi les gens, par exemple, au Québec, la demandaient
plus tôt. Puis, à ma souvenance, là, dans ma lecture, là, il n'y avait pas une
réponse claire, là, pourquoi. Mais, une chose est certaine, c'est que la
tendance se renverse, et puis on arrive vers un même taux de demandes de la
rente RRQ à 60 ans que les autres provinces.
Alors, tu sais, on est partis à des taux,
là, très, très élevés, là, à peu près... autour de 60 %, là. Et puis là on
va arriver, là, très rapidement à des taux en bas de 30 %, là, de l'ordre
de peut-être 27 % pour les femmes, 25 % pour les hommes. Ça fait que
ça, c'est les projections de Retraite Québec qui sont dans leur... dans
l'évaluation actuarielle du régime. Ça, vous l'avez, là, dans cette
évaluation-là.
Mme Caron : Merci.
M. Lavergne (Sébastien) : Alors,
tu sais, peut-être, je peux compléter aussi, si vous permettez ou...
Mme Caron : ...
M. Lavergne (Sébastien) : Tu
sais, par exemple, Retraite Québec avait comme pratique, là, d'envoyer un
formulaire juste un peu avant les 60 ans d'âge pour les personnes, les
avisant qu'ils ont droit à la rente du Régime de rentes du Québec. On peut
penser que ça influence les gens de dire : Bien, je vais demander ma rente,
on m'avise que j'y ai droit. Tu sais, alors, nous, ce qu'on suggère, c'est de,
oui, peut-être continuer à l'envoyer, ce formulaire-là, mais de mettre des
informations dans le formulaire qui vont dire : Bien, peut-être que... tu
sais, oui, vous êtes éligible, mais peut-être que ce n'est pas à votre avantage,
voici pourquoi, donc, de donner de l'information, là, supplémentaire.
• (12 h 40) •
Mme Caron : Merci. Est-ce que
je comprends dans votre... à propos du mécanisme d'ajustement automatique,
est-ce que je comprends que c'est que vous voyez que les prestations ne
seraient plus nécessairement garanties et que... alors que c'est un... on a...
le RRQ est un régime à prestations déterminées, et que ce ne serait plus le cas
s'il y avait un mécanisme d'ajustement automatique qui toucherait non seulement
les cotisations, mais aussi les prestations ou la hausse des... l'indexation
des prestations?
M. Lavergne (Sébastien) : Bien,
oui, tout à fait. Puis c'est, pour nous, un dangereux précédent. Alors, oui,
effectivement, à partir du moment où on dit dans la loi que, pour le régime
supplémentaire, tu sais, qu'il y a une possibilité que, si le régime est en
moins bonne situation financière, qu'on vient, par exemple, suspendre
l'indexation, bien, cette indexation-là, elle n'est plus garantie.
Donc, c'est un peu jouer à la roulette
russe. Autrement dit, là, si on est dans une mauvaise cohorte, on est à la
retraite pendant que ça se passe, et puis que... donc, là, on peut se voir, tu
sais, suspendre son indexation. Puis comme on le dit, bien, les personnes
retraitées, ce n'est pas les personnes avisées, là, c'est les personnes qui
sont en situation plus précaire financièrement. Ils ont... ils le subissent
déjà, la perte de pouvoir d'achat, avec leurs épargnes personnelles, les
épargnes privées. Donc, on pense que c'est vraiment, là, très important de maintenir
cette garantie-là pour le régime public.
Mme Caron : Merci. Et puis
mon autre question <serait...
M. Lavergne (Sébastien) :
...maintenir
cette garantie-là pour le régime public.
Mme Caron :
Merci.
Et puis mon autre question >serait à propos du supplément de revenu
garanti, dont vous avez fait une étude, des calculs. Et je pense qu'il y avait
une divergence d'opinions, disons, sur ce point-là. Est-ce que vous pouvez nous
expliquer comment vous voyez le supplément de revenu garanti, l'impact du supplément
de revenu garanti et le fait de modifier, par exemple, l'âge de la retraite de
60 à 62 ans?
M. Lavergne (Sébastien) : Mais
oui, parce que, tu sais, autrement dit, pour quelqu'un qui... tu sais, pour
plein de gens, ils n'ont pas accès au supplément de revenu garanti. Tant mieux,
parce qu'autrement dit c'est vraiment pour les très bas revenus, tu sais, à
partir de 65 ans. Alors, autrement dit, on reporte l'âge de paiement et
puis ça bonifie sa rente, puis ça finit là, c'est avantageux pour nous. Mais
pour ceux qui ont des plus bas revenus, il y a une composante additionnelle
qui, on pense, on n'a pas le choix d'en tenir compte. C'est-à-dire que, comme
tout le monde, on reporte l'âge, notre rente est bonifiée, mais ça a un impact
après sur le supplément de revenu garanti, qui vient diminuer le supplément de
revenu garanti auquel on a droit.
Et puis le taux de récupération est très
élevé pour ce programme social là, on parle, tu sais, de 50 sous pour
chaque dollar qu'on obtient de plus. Alors, c'est là qu'on vient… tu sais,
c'est une composante pour laquelle on pense qu'on n'a pas le choix d'en tenir
compte. D'ailleurs, l'étude à laquelle je référais tout à l'heure, tu sais,
conclut que, justement, tu sais, pour ces personnes-là, les plus bas salariés,
bien, au final, l'âge, si on veut, optimal, ce serait 60 ans, au final,
pour ces personnes-là. Alors, ils ont aussi une espérance de vie, ça a déjà été
dit, là, qui est quand même... c'est documenté, les gens qui ont des revenus
moindres ont une espérance de vie, ce qui peut être quand même non négligeable,
là, moins élevée. Ça fait que ça entre aussi en compte parce qu'évidemment
quand on reporte le paiement de sa rente, c'est qu'on pense récupérer l'argent
plus tard en vivant plus longtemps, mais, si ce n'est pas le cas, tu sais, à ce
moment-là, ça devient moins avantageux pour ces personnes-là de reporter, là.
Mme Caron : Merci. Et puis ma
dernière question, à propos de la hausse de l'âge maximal d'admissibilité à la
rente de retraite, 72 ans ou 75 ans, alors vous disiez que vous étiez
d'accord avec l'augmentation de l'âge maximal à 72 ans. Est-ce que, pour
vous, c'est préférable d'étaler une telle mesure dans le temps ou c'est quelque
chose qui pourrait être fait immédiatement?
Le Président (M. Simard) : M. Beauregard...
On ne vous entend pas.
M. Lavergne (Sébastien) : Bien,
tu sais, ça, là-dessus, je pense qu'on... tu sais, ça pourrait être fait
relativement rapidement, là, tu sais, on était, effectivement, en accord avec
la possibilité de le prendre, tu sais, jusqu'à 72 ans. On trouvait que
75 ans, c'était trop. Parce qu'aussi il faut penser qu'il y a des gens qui
n'atteindront même pas 75 ans, tu sais, qui n'auront rien retiré, là, du
Régime de rentes du Québec, là, c'est quand même une probabilité non
négligeable, là. Alors, ça nous paraît trop lointain de, si on veut, l'âge
optimal de quand demander sa rente, là, RRQ, là. Alors, tu sais, 72 ans,
ça nous apparaît... c'est une option intéressante, notamment, possiblement, tu
sais, pour les personnes qui ont immigré au Québec. Alors, c'est quand même
complexe, là, tu sais, la situation des personnes qui ont immigré, mais ça
pourrait être avantageux pour certains groupes, là.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Je cède la parole au député de Maurice-Richard,
qui dispose de quatre minutes.
M. Bouazzi : Excellent, merci
beaucoup. Merci beaucoup pour cet exposé. Je vais peut-être d'abord revenir...
Alors, j'ai quatre minutes, on va essayer d'aller vite, je vais peut-être
d'abord revenir sur ce dont parlait le ministre tout à l'heure, donc la
manière, les mécanismes qui permettent de remplir la caisse, si je peux
m'exprimer comme ça, en fonction de comment on arrive à avoir l'équilibre ou
pas dans... Et donc il y a deux mécanismes, essentiellement, il y en a un qui
est d'avoir plus de contributions et l'autre qui est d'avoir moins de
contributions. Donc, je vous poserais des questions, en fait, rapides, parce
que je pense qu'on connaît tous la réponse. La première, c'est : Est-ce
que, quand on contribue, et l'employeur et l'employé contribuent à la caisse en
question? Si vous pouvez garder votre micro ouvert.
M. Lavergne (Sébastien) : Oui.
Alors, oui, effectivement, c'est un régime qui... à financement partagé, tu
sais, entre l'employeur et l'employé, mis à part les travailleurs autonomes,
évidemment, oui.
M. Bouazzi : Évidemment.
Donc, la <réponse...
M. Lavergne (Sébastien) :
...travailleurs
autonomes, évidemment, oui.
M. Bouazzi :
Évidemment.
Donc, la >réponse, c'est oui. Donc, la deuxième partie, c'est que, si on
diminue les prestations, est-ce qu'en fin de compte ce n'est que le travailleur
qui va participer dans ce mécanisme-là, cette partie-là du mécanisme à
renflouer ou, en tout cas, s'assurer qu'il y ait un équilibre dans cette...
dans cette équation?
M. Lavergne (Sébastien) : Alors,
oui, c'est-à-dire que, tu sais... Évidemment, là, ce qui pourrait être...
M. Bouazzi : Je vais le
prendre, le oui, je m'excuse, parce que j'ai une autre question importante.
M. Lavergne (Sébastien) : Oui,
oui, allez-y. Excusez-moi.
M. Bouazzi : Mais l'idée,
c'est dire qu'il y a un mécanisme qui pénalise les travailleurs et donc qui est
un cadeau aux employeurs ou au capital, à la fructification du capital et, de
l'autre côté, il y a un mécanisme où les deux participent évidemment à remplir
la caisse. Donc, c'est un choix qui n'est pas...
M. Lavergne (Sébastien) : On
s'entend là-dessus, oui.
M. Bouazzi : ...seulement
pour les Québécoises et les Québécois, mais aussi pour les conséquences de
qu'est-ce qu'on fait payer au capital et aux employeurs. Et, je pense, c'est
important de se rappeler ce choix-là. Et nous, évidemment, c'est pour les
Québécoises et les Québécois qu'on pense que ce choix-là devrait être fait,
s'il y en a un à privilégier.
Ma deuxième question, et pour faire très
vite, vous avez parlé des questions d'inégalité de genre, rapidement, sur les
questions des femmes qui cotisent moins, qui gagnent moins, etc. Vous avez
aussi parlé un peu des inégalités de classe sur l'espérance de vie. Mais
j'étais curieux de savoir, sur les questions des personnes qui ont eu un
accident de travail et puis qui ont des lésions, et donc qui ont été sur la
CNESST une partie de leur carrière, est-ce que vous avez des idées par rapport
à ça. Est-ce qu'il y a des choses que vous voudriez corriger ou...
M. Lavergne (Sébastien) : C'est
un aspect qu'on n'a peut-être pas suffisamment regardé parce que ça ne couvre
pas tout, là, loin de là. Donc, tu sais, ce serait un aspect, je pense, qu'il
faudrait regarder, les situations d'invalidité. Est-ce que la situation
actuelle couvre bien? Tu sais, les... je pense qu'on l'a déploré un peu, là,
les consultations se font rapidement. On est avisés, dernière minute, tu sais.
Il a été question aussi, là, dans... tu sais, d'un conseil des partenaires pour
pouvoir en discuter en amont. Donc, tu sais, ce serait... ce serait intéressant
aussi, oui.
M. Bouazzi : Il n'y a pas de
problème. Est-ce qu'il me reste quelques secondes?
Le Président (M. Simard) : ...cher
collègue, 40 secondes environ. Allez-y.
M. Bouazzi : Ah! 40 secondes.
Alors, à ce moment-là, j'irai sur la question des immigrants, parce que c'est
un sujet dont pratiquement personne ne parle, et qui, pour beaucoup d'entre
eux, commencent à cotiser très tard ici, au Québec. Est-ce que vous avez un
avis sur la situation qui les touche?
M. Lavergne (Sébastien) : Bien,
autrement dit, c'en est un autre, je pense, angle mort qu'il faudrait regarder
davantage. Tu sais, il y a des ententes, tu sais, avec des pays pour... que le
RRQ fait. Mais est-ce que ça couvre bien? Est-ce que ça sert bien les
immigrants? Est-ce que c'est équitable? Je pense qu'il y a une réflexion à y
avoir qui n'a peut-être pas été assez... tu sais, dans les dernières
consultations.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Lavergne (Sébastien) : Je
pense qu'on est rendus là, effectivement.
Le Président (M. Simard) : Alors,
messieurs, merci beaucoup pour votre précieuse collaboration à notre commission
cet avant-midi.
Compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre nos travaux. Et on est de retour en après-midi, en fait, presque dans
une heure. N'allez pas trop loin, on vous attend à l'heure. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 50)
14 h (version révisée)
(Reprise à 14 h 07)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, je constate que nous avons quorum. Conséquemment, nous pouvons
reprendre nos travaux, mais, avant d'aller plus loin, j'aurais besoin de votre
consentement afin que nous puissions terminer nos travaux au-delà de l'heure
prévue. Y aurait-il consentement? Ça veut dire... On a combien de minutes de
retour?
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : À
environ 16 h 32, me glisse à l'oreille notre secrétaire de commission.
M. Girard (Groulx) : Au
lieu de 16 h 30?
Le Président (M. Simard) : Au
lieu de 16 h 25.
M. Girard (Groulx) : On
ne peut pas aménager ça à travers les temps de questions?
Le Président (M. Simard) : Tout
est possible. Tout est possible, mais il faudrait réduire le temps de chacun au
prorata.
M. Girard (Groulx) : OK,
bon, moi, 32, ça me convient. Est-ce que ça vous convient?
Le Président (M. Simard) : Consentement?
Très bien. Alors, nous poursuivons notre mandat de consultations particulières
et d'auditions publiques sur le document de consultation sur le Régime de
rentes du Québec intitulé Un régime adapté aux défis du XXIe siècle. Et,
pour reprendre nos travaux, nous recevons aujourd'hui un groupe d'actuaires
émérites. Messieurs, bienvenue parmi nous.
M. Ménard (Jean-Claude) : Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Auriez-vous
d'abord, s'il vous plaît, l'amabilité de vous présenter?
M. Ménard (Jean-Claude) : Oui,
bien sûr. Alors, je suis Jean-Claude Ménard. J'ai été l'actuaire en chef du RRQ
de 1995 à 1999. Je suis accompagné de deux anciens actuaires en chef du régime,
tout comme moi, soit M. Denis Latulippe, qui l'a été de 1999 à 2005, et M.
Pierre Plamondon, qui l'a été de 2005 à 2011. C'est d'abord à ce titre que nous
comparaissons aujourd'hui devant vous. Nos propos n'engagent donc aucunement l'Institut
canadien des actuaires ni nos employeurs actuels.
Alors, chers membres de la commission, il
nous fait plaisir de participer à ces consultations particulières qui portent
sur des pistes de solution pour améliorer le Régime de rentes du Québec. Nous
vous remercions sincèrement de l'invitation qui nous a été faite de vous
adresser la parole aujourd'hui. Nous nous sentons privilégiés d'être avec vous
cet après-midi.
• (14 h 10) •
Je désire d'abord souligner que nous
supportons entièrement les objectifs visés par les propositions du document de
consultation, soit d'encourager le maintien en emploi des personnes de 60 ans
et plus, d'envoyer un message clair à l'effet qu'il est avantageux de reporter
le moment du début de sa rente de retraite du RRQ, et, trois, d'éliminer
certains irritants pour ceux qui décident de travailler au-delà de 65 ans.
Avant d'aborder les propositions soumises,
nous voulons mentionner qu'il faut être prudent dans l'utilisation de la notion
de marge de manœuvre utilisée dans le document de consultation pour qualifier
la différence entre le taux de cotisation d'équilibre du RRQ de base, c'est-à-dire
10,54 %, et le taux de cotisation payé par les travailleurs et les
employeurs, de 10,8 %. Donc, il y a un écart de 26 points de base. L'estimation
du taux d'équilibre du RRQ est basée sur un ensemble d'hypothèses
démographiques et économiques. Alors, des différences entre ces hypothèses et
la réalité vont nécessairement survenir dans le futur et faire en sorte que le
taux d'équilibre va varier au fil du temps. Le rapport actuariel présente une
analyse détaillée des risques futurs liés au financement du régime.
En ce qui concerne les pistes de solution
avancées, nous considérons prioritaire, premièrement, de repousser l'âge
minimal d'admissibilité à la rente de retraite à 62 ans, deuxièmement, de
rendre facultative la cotisation au RRQ après 65 ans, et, troisièmement,
d'éviter que les gains de travail après 65 ans aient l'effet indésirable <de
réduire le montant...
M. Ménard (Jean-Claude) :
...et, troisièmement, d'éviter que les gains de travail après
65 ans aient l'effet indésirable >de réduire le montant de la rente
d'une personne qui la demande après cet âge.
Sur la question plus spécifique du report
à 62 ans de l'admissibilité de la rente de retraite, nous croyons que cela
s'inscrit dans la logique évolutive du RRQ. En effet, l'âge unique de retraite,
qui avait été fixé à 65 ans en 1966, a été rendu flexible, de 60 à
70 ans, en 1984, et j'étais, d'ailleurs, un employé de la Régie des
rentes, maintenant Retraite Québec, à ce moment-là, puis des mesures de
retraite progressive et la cessation de l'obligation de cesser de travailler
pour recevoir sa rente de retraite ont été introduites au tournant des
années 2000. Il est donc naturel d'adapter les conditions de retraite du
RRQ en fonction de l'évolution de la société québécoise.
Le report à 62 ans représenterait un
avantage financier pour plus de 90 % des personnes visées. L'espérance de
vie ne cesse de progresser au Québec, de sorte que nous passons une période de
plus en plus longue à la retraite. Une rente plus élevée, payable à vie et pleinement
indexée, vaut donc son pesant d'or. De plus, en 2030 ou 2035, la précarité sera
d'abord et avant tout le fait d'un niveau de revenus inadéquats pour une
période aussi longue. Cela rend souhaitable un report à 62 ans de l'âge
minimal et une plus grande flexibilité dans la transition du travail à la
retraite pour permettre à tous les Québécois et toutes les Québécoises une
transition à la retraite réussie. La décision doit être prise maintenant pour
être effective en 2030 et implantée dans un contexte favorable de rareté de
main-d'œuvre.
Nous considérons, par ailleurs, qu'il
serait prématuré de hausser l'âge minimal à 65 ans, comme proposé dans le document
de consultation. Nous suggérons plutôt de pousser plus loin la réflexion, d'ici
2030, sur la pertinence de hausser l'âge d'admissibilité à la rente de retraite
au-delà de 62 ans. Il est important d'en évaluer les tenants et
aboutissants et de conserver une certaine flexibilité quant à l'âge de retraite
du RRQ et, évidemment, de bâtir un consensus autour de cette question.
Concernant les pistes de réflexion portant
sur la reconnaissance des situations particulières, nous croyons opportun de
considérer l'octroi de crédits de gains pour reconnaître des périodes de
diminution de revenus lorsqu'une personne doit s'occuper d'un enfant à charge
ou en cas d'invalidité. De même, des mesures visant à reconnaître au sein du
RRQ des périodes durant lesquelles une personne a agi à titre de proche aidante
seraient souhaitables. Toutefois, nous nous interrogeons sur la capacité
d'administrer efficacement et équitablement une telle mesure. Cela existe
ailleurs dans le monde, comme en Allemagne, par exemple, mais il apparaît que
cela amène des défis administratifs.
Bien que les impacts économiques de
maintenir plus longtemps en emploi les travailleurs âgés dépassent très
largement les coûts pour le RRQ, nous considérons souhaitable de ne pas hausser
les coûts du régime de base au-delà du taux de cotisation actuel de
10,8 %. Il existe déjà un écart avec le Régime de pensions du Canada, qui
ne doit pas être accentué. À plusieurs endroits de notre mémoire, nous
indiquons que toute mesure permettant d'harmoniser le RRQ et le RPC, le Régime
de pensions du Canada, est souhaitable. Évidemment, une mesure simple serait
d'annoncer une réduction du taux de cotisation du RRQ plutôt que d'envisager
des mesures qui augmentent le coût du régime, ce qui rapprocherait le coût du
RRQ de celui du RPC, dont le taux de cotisation est de 9,9 %.
Certains pourraient avancer que cela
améliorerait la compétitivité des entreprises québécoises. Pourtant, nous ne
sommes pas en faveur d'une telle réduction du taux de cotisation. D'abord, la
démographie du Québec est moins favorable que celle du reste du Canada. On ne
peut donc pas espérer que le taux de cotisation du RRQ redescende au niveau du
RPC dans un avenir prévisible. Deuxièmement, la marge de manœuvre financière du
régime, dont nous avons déjà parlé, n'est que théorique. Il faut donc être
prudent avant d'envisager une baisse du taux de cotisation.
Finalement, nous considérons qu'il est
préférable d'instaurer des mesures peu coûteuses, pouvant être absorbées par la
marge de manœuvre actuelle, et avoir un impact positif, et je le répète, un
impact positif, sur la sécurité financière à la retraite des Québécois et
Québécoises, et, deux, un impact positif sur la participation au marché du
travail des personnes de 60 ans et plus. Ce deuxième élément peut
notamment contribuer à améliorer les conditions économiques <du Québec...
M. Ménard (Jean-Claude) :
...ce
deuxième élément peut notamment contribuer à améliorer les conditions
économiques >du Québec et, par conséquent, la situation financière du
RRQ.
Le document de consultation décrit les
mécanismes existants au RRQ et au RPC pour ajuster les paramètres des régimes
en cas de déséquilibre financier. Toutefois, il ne suggère pas de piste de
réflexion sur cet enjeu. Les consultations publiques, comme celle
d'aujourd'hui, constituent une voie privilégiée pour ajuster le RRQ en cas de
déséquilibre financier ou encore pour l'adapter à de nouvelles réalités. La
question demeure à savoir s'il faut simplement ajuster les taux de cotisation
en cas de déséquilibre financier ou s'il faut également considérer des
ajustements aux prestations. Nous pourrons en discuter plus longuement avec
vous durant la période de questions.
Alors, merci beaucoup de votre attention.
Mes collègues et moi sommes maintenant prêts à répondre à vos questions.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. Ménard. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, merci pour la présentation, et merci pour vos années de service
public, là. Je pense que le poste d'actuaire en chef, c'est un poste important.
Alors, merci, puis merci de partager avec nous vos réflexions. Rien de ce que
vous avez dit n'est controversé, à part peut-être l'opportunité de baisser les
cotisations, mais vous avez dit que c'était... c'est... si on les baissait, ce
serait motivé par le différentiel avec le RPC, mais vous ne le favorisez pas.
Donc, j'aimerais revenir au 62 ans,
et j'ai bien entendu que vous ne favorisiez pas le 65 ans. On parle d'un
avantage financier pour 90 % des cas. C'est excellent, c'est ce qu'on dit
depuis le début, qu'on... la raison qu'on étudie ça, c'est pour améliorer la
sécurité financière des Québécois. Est-ce qu'il serait possible de connaître
d'avance qui est le 10 %? Et est-ce que des aménagements pourraient être
faits pour s'assurer que ce 10 %, à tout le moins, statistiquement, ne
soit pas pénalisé par l'imposition d'une mesure qui, dans l'ensemble, va
favoriser le 90 %?
• (14 h 20) •
M. Ménard (Jean-Claude) : Alors,
je vais débuter sur l'angle de la longévité. Si vous êtes dans une salle et
qu'il y a 100 personnes de 60 ans, dans deux ans, lorsqu'elles auront
toutes 62 ans, combien seront encore vivantes? 99. Donc, vous voyez que le
taux de mortalité est très faible à ces âges. Vous prenez les mêmes groupes de personnes
de 60 ans, vous les amenez à 70 ans, il en reste 93. Stéphanie
Grammond a parlé de...
Alors, je vais revenir au 90 % des
personnes visées, c'est combien de monde. Les personnes visées, c'est ceux qui
demandent à 60 et 61 ans. Donc, si on y va simplement, en disant : Il
y a à peu près 100 000 Québécois et Québécoises qui demandent leur rente
par année, il y en a donc un 67 % qui n'est pas affecté du tout parce
qu'ils la demandent après 62 ans. Dans le 33 % qui reste, nous, on
pense qu'il y en a facilement... donc, 33 %, c'est 33 000, il y en a
90 %, juste par le principe de la longévité, qui sont avantagés, et de
beaucoup avantagés, d'attendre à 62 ans.
Dans les 3 000 perdants, et, je
dirais, perdants théoriques, on a un certain nombre qu'on n'est pas capables
d'identifier, mais on a un certain nombre qui a déjà la rente d'invalidité, alors,
et, dans le fond, ceux qui sont... seraient les plus désavantagés par cette
proposition, c'est ceux qui meurent tôt. Il n'y en a pas beaucoup, il y en a
très peu, mais il y en a. Est-ce qu'on peut faire quelque chose pour eux?
Peut-être.
M. Latulippe (Denis) : Juste,
peut-être, pour compléter, un autre débat que vous avez eu, c'est la question
de la prestation de décès. On ne vous recommande pas ça, là, mais, si vous
vouliez vraiment être aussi étanche que possible par rapport à d'éventuels
perdants... Comme Jean-Claude l'a mentionné, les plus grands perdants, c'est
ceux qui vont décéder tôt après 62 ans puis qui vont avoir été privés de
deux ans de retraite entre 60 et 62. À la limite, puis je dis «à la limite»,
vous pourriez bonifier la prestation de décès pour ces gens-là pour faire en
sorte qu'ils ont une prestation de décès plus élevée qui compense le fait
qu'ils ont eu leurs prestations de retraite moins longtemps parce qu'ils ont <dû
attendre à 62 ans, mais est-ce que...
M. Latulippe (Denis) :
...longtemps
parce qu'ils ont >dû attendre à 62 ans, mais est-ce que c'est
souhaitable? On vous laisse en débattre, là, mais le principal facteur qui fait
des perdants, c'est la mortalité précoce après la retraite.
M. Girard (Groulx) : On
est... Ces 3 000 là, là, je vais parler comme un économiste, là, mais
c'est ex ante, là, ce n'est pas ex post, là, c'est-à-dire, on ne peut pas les
identifier ex ante, là, c'est juste ex post qu'on dit : Ces 3 000 là,
ils n'auraient pas dû prendre leur... ils auraient dû prendre leur rente à 60
ou 61 ans.
M. Ménard (Jean-Claude) : Vous
avez tout à fait raison, M. le ministre, et je suis le premier à dire que
j'aimerais bien savoir — bien, peut-être pas savoir — quand
est-ce que je vais mourir. Alors là, je pourrais peut-être prendre une décision
plus éclairée. Donc, on ne sait pas à quel moment, sauf...
M. Girard (Groulx) : On ne
sait pas c'est qui, ces 3 000 là qui seraient désavantagés à pousser à 62
ans...
M. Ménard (Jean-Claude) : Pas
précisément, non.
M. Girard (Groulx) : Puis là
on parle exclusivement financièrement?
M. Ménard (Jean-Claude) : Tout
à fait.
M. Girard (Groulx) : Parce
qu'on a eu des arguments au niveau de ceux qui ont... par exemple, qui sont
proches aidants et puis qui, finalement... Qu'est-ce que vous répondez à ça...
Bon, là, on a 33 000 Québécois qui la prennent à 60, 61 ans. Là, nous, on
dit : C'est maximum 3 000 perdants, mais, dans ces 33 000 là, on
s'est fait servir l'argument qu'il y en a qui n'avaient pas le choix d'être des
perdants. Est-ce que vous êtes d'accord avec ces facteurs qualitatifs là ou
vous dites : Si vous êtes perdant qualitativement, mais vous êtes gagnant
financièrement, vous devriez quand même rester dans le camp des 90 % qui
sont gagnants?
M. Plamondon (Pierre) : En
fait, oui, il y a certaines personnes qui... Si on prend... Par exemple, vous
évoquiez les proches aidants, oui, effectivement, il y a des personnes qui
peuvent vouloir le demander très tôt. Par contre, il faut penser qu'il y a des
clientèles... On pense aux clientèles de l'aide sociale. On a parlé des
clientèles de la rente d'invalidité. Dans certains cas, ce n'est pas
nécessairement que ces personnes-là sont perdantes, c'est parce que ça peut
avoir un effet neutre pour ces personnes-là, le fait de retarder à 62 ans.
Par exemple, la personne qui est à l'aide
sociale, on exige qu'elle demande sa rente RRQ dès 60 ans, et sa prestation
d'aide sociale va être ajustée en conséquence. Donc, on ne peut pas dire que
cette personne-là est une personne perdante. De même, la personne qui n'est
plus en mesure d'occuper son dernier emploi et qui répond à la définition
d'invalidité du Régime de rentes du Québec, cette personne-là va avoir une
rente d'invalidité jusqu'à l'âge de 65 ans et ne doit pas être considérée non
plus comme une personne perdante. Donc, on a, à l'intérieur de ça, une
clientèle qui, même si, à prime abord, pourrait être vue dans le camp des
perdants... en fait, ça va être assez neutre pour eux, ce changement-là.
M. Girard (Groulx) : Ces
personnes-là qu'on ne doit pas voir comme des perdants, dans vos 3 000,
est-ce qu'on les met dans les perdants?
M. Ménard (Jean-Claude) : Actuellement,
oui, parce que, sur le principe de la longévité, oui, on les met dans les
perdants.
M. Girard (Groulx) : OK.
Alors là, on est...
M. Ménard (Jean-Claude) : Alors,
c'est pour ça que c'est des perdants théoriques.
M. Girard (Groulx) : Théoriques,
c'est un calcul...
M. Ménard (Jean-Claude) : Théoriques.
Les autres, c'est des gagnants certains.
M. Girard (Groulx) : Oui,
financièrement.
M. Ménard (Jean-Claude) :
Financièrement.
M. Girard (Groulx) : Parce
qu'il peut y avoir des situations qualitatives où, même si on est gagnant
financièrement, on veut néanmoins exercer son droit de prendre la rente. On va
être dans des petits pourcentages, mais ça existe.
M. Latulippe (Denis) : Oui,
bien, je pense que c'est intéressant, si on veut pousser plus loin la
réflexion, de venir avec des cas concrets, là. En général, de reporter la rente
à 62 ans, c'est... ça favorise les gens puis ça défavorise le régime. Si on
allait de l'avant, puis des gens voulaient quitter avant 62 ans... Tu sais, il
y en a qui vont continuer de quitter à 60, comme il y en a qui quittent à 55,
57, 58. De plus en plus, il est reconnu que les gens doivent d'abord utiliser
des épargnes ou une partie des épargnes privées qu'ils ont constituées puis
retarder la demande de la rente.
Donc, si une personne, par exemple, fait
le choix d'être proche aidante, bien, nécessairement qu'elle est perdante, en
termes de revenus, si elle quitte un emploi pour s'occuper d'une personne
proche, mais, si on vient lui créditer des gains au niveau du Régime de rentes,
elle n'est pas nécessairement perdante au niveau du Régime de rentes. Puis ça,
ça soulève aussi, puis on pourra y venir plus tard, toute la question des gens
qui ont des emplois pénibles, qui ont des santés précaires, etc. On pense que,
pour ces gens-là, de reporter à 62 ans, ce n'est <pas un... là, ce n'est
pas un désavantage...
M. Latulippe (Denis) :
...on
pense que, pour ces gens-là, de reporter à 62 ans, ce n'est >pas un...
là, ce n'est pas un désavantage.
M. Girard (Groulx) : Bien là,
attendez, là, parce que, là, pour l'aide sociale... Ce n'est pas avantageux si
vous êtes à l'aide sociale. Ce n'est pas avantageux si vous êtes bénéficiaire
de la rente d'invalidité. Puis là vous venez de me dire que, si vous occupez un
emploi pénible... Puis on s'est fait donner des exemples, là, par nos... les
gens qui sont venus nous visiter. On a parlé de la caissière qui a travaillé
debout pendant 40 ans, tout ça. Allez-y donc sur la pénibilité.
M. Latulippe (Denis) : Bien,
écoutez, une personne arrive... là, une personne à gagné... a été au salaire
minimum, n'a pas été en mesure d'accumuler un patrimoine en vue de la retraite,
elle a un emploi pénible, elle est rendue à 60 ans, nous, on pense qu'il y
a deux options qui sont à considérer, la première, ce qui serait favorable,
dans bon nombre de cas, pour les personnes qui ont des emplois pénibles, c'est
une réduction du temps de travail. Tu sais, avoir un emploi pénible, quand on
le fait cinq jours par semaine, c'est déjà moins pire si on le fait trois
jours. Au-delà de ça, prenez une personne qui n'a pas de patrimoine de retraite,
si elle prend sa retraite à 60 ans du fait de son emploi pénible, elle va
avoir 400 $ par mois. 400 $, là, c'est la rente moyenne qui a été
mise en paiement à 60 ans en 2022. Si on pense à des gens qui sont au
salaire minimum, vraisemblablement qu'ils ont des rentes encore plus faibles
que ça. Dans le fond, elle ne prendra pas... bien, pour elle, ça ne sera pas
important, la rente à 400 $ ou à 350 $. Elle est mieux d'être sur
l'aide sociale. Elle va avoir 800 $ par mois.
Tout ce que ça va changer du point de vue
du Régime de rentes, c'est que l'agent de l'aide sociale va appeler la personne,
puis en disant : Fais ta demande au RRQ de telle sorte que ta prestation
d'aide sociale va être payée à moitié par le fonds du Régime de rentes plutôt
que d'être payée en totalité par le fonds consolidé. Ce que je veux dire, c'est
que, rendu là, c'est plus payant d'être sur l'aide sociale que de demander sa
rente à 60, mais, au-delà de ça, ce qui nous apparaît le principal défi par
rapport à ces employés-là, c'est la flexibilité dans l'organisation du travail.
On pense que le contexte de la rareté de main-d'oeuvre est propice à ça pour
faire en sorte que les gens qui ont travaillé dur toute leur vie, qui sont
fatigués de travailler... une solution à envisager, qui, peut-être, ne sera pas
la solution pour tout le monde, mais qui, on pense, est une solution à
envisager, c'est de permettre une flexibilité dans l'organisation du travail
puis les horaires de travail.
M. Girard (Groulx) : Et
avez-vous dit que l'aide sociale est automatique, là? J'ai mélangé...
M. Latulippe (Denis) : En
fait, si on prend les normes de l'aide sociale, là, le revenu minimum qu'on
garantit à une personne entre 60 et 64 ans, au Québec, c'est
1 200 $ par mois. Je fais des chiffres ronds, OK? C'est
1 200 $ par mois, mais ça, c'est payable à une personne qui est
incapable de travailler pour des raisons de santé, puis la prestation que vous
touchez au titre de la rente d'invalidité du Régime de rentes est sensiblement
du même montant. Par contre, si vous avez entre 60 et 64 ans, mais vous
êtes, du moins, en théorie, capable de travailler, l'aide sociale ne vous
donnera pas 1 200 $. Elle va vous donner 800 $ parce qu'on veut
maintenir un incitatif au retour sur le marché du travail, donc, mais, si vous
dites : Moi, là, je suis fatigué, je ne suis plus capable de travailler,
mon employeur me demande de travailler cinq jours, je ne suis plus capable, vous
allez toucher 800 $, OK?
À côté de ça, ce dont on discute, puis ce
que les gens ont fait valoir hier, c'est de demander leur rente de retraite à
60 ans dans le Régime de rentes du Québec. Comme je l'ai mentionné, la
rente moyenne qui est payée à 60 ans dans le Régime de rentes du Québec,
c'est 400 $. Pour les travailleurs à faibles revenus, c'est possiblement
moins. Donc, vous avez 350 $ qui vient du Régime de rentes, vous avez
800 $ qui provient de l'aide sociale. Qu'est-ce que vous feriez? Vous
allez recourir à l'aide sociale, puis l'aide sociale va vous demander de
demander votre rente du Régime de rentes simplement pour financer la
prestation.
C'est un peu ça, la situation. Du moins,
c'est de la façon dont on la voit, là, puis, dans ce sens-là, il ne faut pas
penser que la rente de retraite à 60 du Régime de rentes, c'est la panacée pour
des gens qui ont un emploi pénible.
• (14 h 30) •
M. Girard (Groulx) : OK, mais
c'est très important, là, ce que vous dites là, parce que c'est l'argument
qu'on s'est fait servir depuis le début, là.
M. Latulippe (Denis) : Mais, tu
sais, les emplois pénibles, les santés précaires, là... Tu sais, il ne faut pas
que vous pensiez qu'on est, je dirais, des nerds insensibles puis sans
lunettes, là. On a passé une partie ou la totalité de notre carrière dans le
service public. On croit dans des régimes publics forts, on croit dans un Régime
de rentes fort, mais on vient vous dire que, contrairement à ce qu'on pourrait
penser intuitivement, là, de laisser la rente à 60, ce n'est pas nécessairement
la panacée, en particulier pour des gens qui ont des emplois pénibles ou qui
ont une santé précaire.
M. Girard (Groulx) : Bien,
moi, je suis un économiste et je regarde ça autrement. Si ça coûte
13 points de base au régime, faire ça, là, c'est parce que ceux qui font
ça, ce n'est pas bon pour eux.
M. Latulippe (Denis) : Ceux
qui prenne leur rente à 60, à moins de décéder prématurément...
M. Girard (Groulx) : À moins
d'être dans le 10 %, qu'il ne sait pas d'avance qu'il est dans le
10 %.
M. Latulippe (Denis) : C'est
ça.
M. Girard (Groulx) : C'est
juste que tu perds à la loterie...
14 h 30 (version révisée)
M. Girard (Groulx) : ...qui ne
le sait pas d'avance qu'il est dans le 10 %. C'est juste que tu perds à la
loterie, hein, entre 60 et 62 ans. Dans certains cas, peut-être qu'ils le
savent.
M. Ménard (Jean-Claude) : Et
pourquoi c'est si coûteux au régime?
Une voix : ...
M. Ménard (Jean-Claude) : Pardon.
Et pourquoi c'est si coûteux pour le régime? Si vous prenez la rente à 60 ans
versus la rente à 62 ans, c'est une augmentation de 23 % payable à
vie. Et j'aurais pu citer d'autres données sur la longévité, il y a beaucoup de
gens qui vont se rendre entre 85 et 90 ans, alors ça fait pendant une
trentaine d'années à recevoir un montant, à 62, de 23 % plus élevé que s'il
l'avait demandée à 60 ans. À 60 ans, c'est un mauvais choix de
demander sa rente à cet âge-là.
M. Girard (Groulx) : Je pense
que mon collègue d'Orford aimerait intervenir.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Cher collègue, il vous reste 1 min 30 s.
M. Bélanger : Merci, M. le
Président. Donc, en conclusion, c'est une problématique pédagogique, c'est une
problématique de... C'est comme celui qui gagne à la loterie, qui préfère avoir
la plus grosse somme versus des sommes à chaque mois, même si la banque
pourrait lui passer à un taux vraiment avantageux, puis finalement il aurait
plus de capital, là. C'est un principe... c'est un principe comptable, c'est un
principe...
M. Latulippe (Denis) : Tu
sais, il est un fait puis il est souhaitable que, quand on parle de priver des
gens d'un droit, ça suscite des réactions négatives ou d'opposition, puis c'est
d'autant plus vrai que... si ça touche des gens qui ont des emplois pénibles ou
une santé précaire. Mais nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut aller au-delà de
ce principe-là.
On est tous d'accord qu'on ne veut pas
faire cette réforme-là sur le dos des travailleurs à faibles revenus puis des
gens qui ont une santé précaire, OK? Puis d'abord il y a un autre élément qu'il
ne faut pas perdre de vue, on ne l'a pas abordé, là, c'est qu'on la fait pour
la prochaine génération. Ce n'est pas applicable demain matin, on parle de
2035. Donc, on pourrait même se parler de liberté 55, si vous voulez, là.
Donc, c'est pour la prochaine génération qu'on fait ça.
Donc, sur le principe, on se dit :
Wow! Il ne faut pas faire ça, là, on prive des gens qui sont dans une situation
pénible, puis c'est eux autres qui vont être les perdants. On s'est dit :
Les grands perdants, c'est une question de mortalité, parce que c'est un régime
collectif, pas un régime d'accumulation de capital où tu mets tes cotisations
dans ton pot à toi. C'est un régime collectif où tu mets les cotisations dans
un pot collectif, puis celui qui vit à 90 ans, il en a plus que celui qui
décède à 65 ans, mais...
Le Président (M. Simard) : Merci...
M. Latulippe (Denis) : ...ce
qui est visé, c'est la sécurité financière des gens.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. Latulippe...
M. Latulippe (Denis) : Puis,
quand tu vis plus longtemps, tu en as besoin plus longtemps, puis c'est la justice
biologique qui est derrière ça.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. Latulippe. Nous poursuivons. Et je cède maintenant la parole au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Bien, beaucoup de matière intéressante. Je pense... j'aimerais juste
peut-être qu'on change le terme de «loterie» parce que les «odds», là, de 10
pour un, là, c'est... En tout cas, la 6/49, ce n'est pas ça, là. C'est
vraiment, vraiment, vraiment minoritaire. Donc, c'est beaucoup plus élevé que
gagner à la loterie quand c'est un sur 100, là, c'est vraiment beaucoup de
citoyens.
Ça fait que vous avez parlé de santé
précaire, de métiers pénibles. Ce n'est pas un problème, parce qu'il y a l'aide
sociale en arrière, si on décale l'âge d'admissibilité au RRQ à 62 ans. Tu
sais, du point de vue de l'État, en grande partie, là, ce n'est pas des vases
communicants, un peu, tout ça?
M. Latulippe (Denis) : Oui,
ce sont des vases communicants, là. Mais votre collègue qui est ministre des
Finances va sûrement être sensible à ça. Évidemment qu'il y a le fonds
consolidé d'un côté puis il y a le fonds du Régime de rentes de l'autre côté, OK,
dans la mesure... À une époque où la question des déficits budgétaires puis des
dépenses gouvernementales consolidées, là, était un enjeu, peut-être que c'était
intéressant d'avoir une partie du chèque qui provenait du fonds du Régime de
rentes. Mais, ceci étant, c'est le même montant qui est payé puis c'est les
mêmes personnes qui paient. Qu'on le paie à travers notre cotisation au RRQ ou
à travers nos taxes et impôts, là, on s'entend pour dire que c'est le même
argent qui circule, là.
M. Beauchemin : Oui, je
comprends. Je comprends de cette façon-là. Mais, tu sais, si, par défaut, on
envoie tout le monde sur... bien, ceux qui ne peuvent pas, qui ont un métier
pénible, là, OK, sur l'aide sociale pendant deux ans, ça, ça coûte donc, si je
comprends bien ce que vous me dites, plus cher à l'État, «over all»?
M. Latulippe (Denis) : Bien,
en fait, moi, ce que je voulais faire valoir, là, ce n'est pas de savoir si c'est
l'État qui paie ou si c'est le gouvernement qui paie. Ce que je voulais faire
valoir, c'est que <penser que...
M. Latulippe (Denis) :
...
si c'est le gouvernement qui paie. Ce que je voulais faire valoir, c'est que
>penser que le régime de rente avec une rente à 60 ans couvre les
besoins des gens à faibles revenus qui ont des emplois pénibles, c'est un
mirage. C'est un mirage parce que la prestation que cette personne-là peut en
toucher est nettement inférieure à ce qu'elle aurait sur l'aide sociale. Ceci
étant dit, je ne souhaite pas que le nombre de personnes sur l'aide sociale
augmente au Québec, là, ce n'est pas ce que je dis, mais je dis simplement que...
(panne de son) ...n'est pas une bonne affaire, à 60 ans, pour quelqu'un
qui a un emploi pénible. Je ne sais pas si...
M. Beauchemin : Oui, je
vous ai entendu. Puisqu'on parle d'invalidité, les gens qui ne sont pas
invalides, mais qui n'ont plus de genoux, vraiment, pour faire le métier qu'ils
faisaient avant, sans avoir à toucher la prime d'invalidité, ceux-là, dans vos
calculs, vous les placez où exactement s'ils ont, par exemple, 60 ans?
M. Latulippe (Denis) : Bien,
en fait, il y a une chose qu'il faut noter, c'est que la définition d'«invalidité»
est beaucoup plus englobante, beaucoup plus large, plus généreuse, d'une
certaine façon, à compter de 60 ans. Ça fait que, dans les faits, puis
Jean-François pourrait fournir plus de détails, même en termes de nombre de
personnes, là, il y a beaucoup de gens qui ont 55, 56, 57, 58 ans, puis
qui ne sont pas reconnus invalides par le Régime de rentes, puis qui se disent :
Merde! ils ne me reconnaissent pas invalide, mais je ne suis pas capable
d'aller travailler. Puis ces gens-là, il y en a une partie, non la totalité,
mais il y en a une partie qui, rendus à 60 ans, vont se faire reconnaître
invalides par le Régime de rentes, parce que, sans être trop légaliste, avant
60 ans, la définition qui est applicable pour toucher une rente d'un
régime de rentes, c'est d'être incapable d'occuper tout emploi, OK, alors qu'à
compter de 60 c'est d'être incapable d'occuper son emploi. Donc, si je dis :
Moi, je ne suis plus capable de faire mon emploi, là, on va te reconnaître.
Ceci étant, il y a des situations tristes, puis on ne veut pas passer pour des
technocrates, là, qui sont insensibles à ça, là, il y a des situations tristes.
Mais ce qu'on vous dit, c'est que la rente de retraite du régime n'est pas... à
60 ans n'est pas l'outil à privilégier pour ces situations-là.
M. Beauchemin : D'accord.
Puis tout à l'heure, quand vous parliez, là, vous avez mentionné mécanismes
automatiques, cotisations, prestations, est-ce que vous pourriez juste me réexpliquer
un peu votre approche là-dessus?
Le Président (M. Simard) :
...
M. Ménard (Jean-Claude) : Alors,
dans le document de consultation, on présente les mécanismes d'ajustement. Et
je profite de votre question pour dire que le Régime de pensions du Canada,
c'est un régime à prestations cibles depuis 1999, bientôt 25 ans, et il
s'en porte très bien. Et quand je dis que c'est un régime à prestations cibles,
c'est qu'il y a un mécanisme qui prévoit, dans le régime de base, que, si le
taux de cotisation ou le taux d'équilibre est supérieur à 9,9 %, la moitié
du... mettons que ce serait 10,1 %, la moitié va tout de suite dans une
augmentation du taux de cotisation, à 10 %, et l'autre moitié par des
ajustements aux prestations. Je dis «ajustement», mais, en fait, si les
provinces ne s'entendent pas, c'est une indexation partielle au régime. On n'a
jamais eu à l'appliquer.
• (14 h 40) •
Maintenant, je reviens pour le RRQ. Dans
le RRQ, il y a des mécanismes semblables pour le régime supplémentaire. C'est
pas mal plus, je dirais, problématique pour le régime de base. Et, si on allait
dans ce sens-là, et un élément, quand on regarde comment ajuster les
prestations, on devrait éviter que, s'il y a des mesures qui sont nécessaires,
que les droits acquis ne soient pas affectés. Alors, il y a des mesures
d'ajustement de prestations qui ne toucheront pas les retraités, en paiements.
Alors, ce qu'on dit, c'est que, si on veut
rapprocher le Régime de rentes du Québec du Régime de pensions du Canada sur
des mécanismes d'ajustement, en passant, qui ont été appliqués... au RPC, n'ont
jamais été appliqués. Alors, ce n'est pas... Ça ne veut pas dire
automatiquement qu'il y aura des ajustements aux prestations, sauf qu'ici il
faut se poser la question : Est-ce que... actuellement, le mécanisme, il
manque d'argent, on augmente le taux de cotisation?
Dans un régime de retraite, en fait, il y
a trois parties, il y a les employeurs, il y a les travailleurs et les <retraités.
Et le...
M. Ménard (Jean-Claude) :
...
fait, il y a trois parties, il y a les employeurs, il y a les travailleurs et
les >retraités. Et le partage de risque se fait différemment au Régime
de pensions du Canada qu'au Régime de rentes du Québec, pour le régime de base.
Est-ce que... Votre question, c'est : Est-ce qu'on est ouverts à un
ajustement des prestations? Oui.
M. Beauchemin : OK. Donc, ma
question, c'est : Pourquoi? Est-ce que c'est parce qu'on veut plus
ressembler à ce qu'Ottawa donne ou...
M. Ménard (Jean-Claude) : Non.
Non, c'est une question de partage de risque. Et à un moment donné, il y a une
limite à la capacité de payer des travailleurs. Et, s'il y a des... surtout,
s'il y a des soubresauts sur les marchés financiers, nous, on pense que c'est
plus juste de partager le risque entre les cotisants et les bénéficiaires.
M. Beauchemin : Mais tantôt
vous parliez de mécanisme d'ajustement des prestations, sans modifier les
prestations. Vous avez dit ça il y a, comme, une minute à peu près, là. Est-ce
que j'ai mal compris? C'est ça, vous vouliez dire ou...
M. Plamondon (Pierre) : Oui.
Ce que ça signifiait, en fait, c'est que... Une façon d'ajuster le côté
prestation, là, en cas de déséquilibre, c'est de cesser, par exemple
l'indexation des pensions en paiements. Et nous, on pense que la population des
pensionnés ou des retraités est plus vulnérable que d'autres groupes.
Donc, ce qu'il faudrait envisager... si on
décide de modifier le côté prestations, il faudrait peut-être envisager
davantage les prestations futures, comment changer les droits, peut-être, à
l'avenir. On peut penser... pas nécessairement à la rente de retraite, ça peut
être une révision des rentes de conjoint survivant. On sait que les rentes de
conjoint survivant sont versées à vie à un conjoint qui n'était pas celui,
nécessairement, qui a passé la plus grande partie de sa vie avec la personne
qui est décédée. Donc, il y a un document de consultation antérieur qui
regardait cette option-là de revoir les rentes de conjoint survivant.
Donc, il y a une panoplie d'aménagements
possibles qui peuvent être faits aux prestations, sans nécessairement limiter
l'indexation des rentes des retraités. Au Régime de pensions du Canada, ils ont
cette mesure-là de limiter possiblement l'indexation aux retraités, mais, comme
l'a dit Jean-Claude, ça ne s'est pas encore appliqué. Et, avant que ça
s'applique, il faudrait que tous les... qu'il y ait eu non-entente, en fait,
entre les premiers ministres des provinces pour que la mesure s'applique. Donc,
c'est pour ça qu'en pratique il n'y a jamais eu de modification à cet égard-là.
M. Beauchemin : Oui, ce qui
ne serait peut-être pas tout à fait notre situation à nous autres, parce qu'au
Québec, on avait juste à s'entendre entre nous là-dessus, là. Ça évite une
conversation de sourds, j'imagine.
M. Plamondon (Pierre) : C'est-à-dire
que la loi mentionne que le gouvernement, par décret, peut bloquer tout
mécanisme automatique. Donc, c'est le mécanisme qui a été choisi ici, là, parce
que l'environnement est différent, effectivement.
M. Beauchemin : OK.
Intéressant. Mais, tu sais, ceci étant dit, je pense que vous l'aviez
mentionné, il n'a pas eu à être utilisé au fédéral tant que ça, parce qu'ils ne
se sont pas entendus, mais, je veux dire, en termes de conséquences, en termes
de points de base, si on peut dire, d'une certaine façon, ça ne semblait pas
être si significatif de par le passé, quand la situation s'est présentée.
Est-ce que je me trompe quand je dis ça?
M. Plamondon (Pierre) : En
fait, au Régime de pensions du Canada, la situation ne s'est pas présentée en
pratique.
M. Beauchemin : En pratique.
M. Plamondon (Pierre) : Donc,
ils ont été capables de maintenir le taux de cotisation de 9,9 % sans
jamais avoir à toucher les prestations, parce que la situation financière est
saine, là.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, dans un contexte où est-ce que... Il me reste une minute, là, c'est ça?
Dans un contexte où est-ce que les balbutiements du marché sont similaires pour
le portefeuille canadien que pour le portefeuille de la RRQ, on peut s'attendre
à ce que les probabilités de ce même scénario pourraient être similaires, donc?
M. Plamondon (Pierre) : Oui,
c'est-à-dire que, s'il y a, effectivement, volatilité des marchés financiers,
les deux régimes vont être affectés de la même façon. Il reste à voir quelle
est la marge de manœuvre de chacun des régimes, au fil du temps, et de quelle
façon... est-ce que ce soubresaut va être suffisant pour déclencher le
mécanisme. La réalité peut être différente dans les deux régimes, là.
M. Beauchemin : C'est parce
que vous avez mentionné un point, tantôt, puis ça me touche un peu parce que
les personnes qui sont les plus vulnérables, dans toute l'équation des trois
amigos, des trois partenaires, OK, c'est les retraités, qui eux sont avec des
revenus qu'ils ne peuvent plus modifier, ils peuvent avoir une indexation,
mais, je veux dire, ils ne peuvent plus modifier en tant que tel. Tandis qu'un
employé, c'est plus difficile, mais l'employeur aussi, c'est plus difficile,
mais pas autant que ce l'est pour le retraité d'ajuster, par exemple, sa
cotisation, au fond. Ça fait qu'est-ce qu'il y a une pondération de facteurs de
risque, si on peut dire, dans votre équation, pour les trois partenaires?
Le Président (M. Simard) : ...s'il
vous plaît.
M. Beauchemin : Désolé.
M. Plamondon (Pierre) : En
fait, <on ne l'a pas...
M. Beauchemin :
pour
les trois partenaires?
Le Président (M. Simard) :
...s'il
vous plaît.
M. Beauchemin :
Désolé.
M. Plamondon (Pierre) :
En
fait, >on ne l'a pas pondéré ou on ne l'a pas évalué.
M. Latulippe (Denis) : Moi,
j'aurais le goût de vous dire... On s'entend tous, je pense, pour dire que les
retraités qui touchent des prestations, actuellement, comme vous le dites,
c'est une catégorie plus vulnérable, d'une part, mais, d'autre part, le régime
de base est la base de leur sécurité financière, donc il faut être extrêmement
prudent. Puis on pense que limiter...
Le Président (M. Simard) : Très
bien...
M. Latulippe (Denis) : ...l'indexation
de ces prestations-là, ce n'est pas souhaitable. Ceci étant...
Le Président (M. Simard) : Très
rapidement, s'il vous plaît, on a dépassé le temps.
M. Latulippe (Denis) : ...tous
les changements qu'on considère ne doivent pas se traduire uniquement par des
hausses de cotisations. C'est la quatrième consultation. Moi, j'ai piloté...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. On poursuivra plus tard, monsieur...
M. Latulippe (Denis) : ...la
première avec Claude Béchard, à l'époque, puis, en tout cas...
Le Président (M. Simard) : M.
Latulippe, on poursuivra...
M. Latulippe (Denis) : ...moi,
ce que je me disais, c'est qu'il faut ...(panne de son) ...prestations. Ce
n'est pas des prestations...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Je m'excuse de vous interrompre, mais j'ai un temps à gérer. Alors, vous
pourrez poursuivre, je vous sais assez habile pour ça, là. Je cède la parole au
député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci beaucoup, chers messieurs. Peut-être une question de
clarification. Vous avez parlé des questions d'aide sociale de manière assez,
je dirais... presque automatique. Mais, si on prend l'équation de... Effectivement,
une caissière qui a quand même peut-être acheté une maison, il y a un certain
temps, du temps que c'était encore possible, il y a 35 ans, et qui
maintenant se retrouve avec une maison qui a pris beaucoup de valeur, ou qui,
même, a accumulé un petit peu d'argent, on se retrouve dans une situation où,
en fin de compte, elle n'y a pas droit, là. Ça fait qu'on fait comment dans ces
cas-là? On lui demande de dilapider le peu qu'elle a?
M. Latulippe (Denis) : ...le
mentionnais, on ne souhaite pas que les gens, là, se ramassent sur l'aide
sociale. Dans le cas, là, que vous soulevez, si elle a accumulé des avoirs
liquides, en tout cas, en général, les gens recommandent, les conseillers
financiers, et de plus en plus... c'est d'abord utiliser une partie de cet
avoir-là pour se procurer un revenu dans les premières années de retraite puis,
par la suite, demander sa rente.
Le cas extrême... C'est sûr que, si la
personne a une résidence, puis on lui souhaite, là, il n'y a rien de déplacé
dans ça... elle a une résidence qui a pris une certaine valeur, mais qui
n'apporte aucun revenu courant, puis elle n'a pas d'autres actifs, bien là, si
elle prend sa retraite, elle va avoir sa résidence puis elle va avoir
350 $ par mois du Régime de rentes. Là, il y a un problème, hein, il y a
un problème, parce que le seul actif qu'elle a, c'est sa résidence, qui ne lui procure
pas un revenu courant. Ça fait que, tu sais, on est dans l'hypothétique, là,
mais il est fort possible qu'elle mettrait sa résidence en vente pour se loger
ailleurs. Ce n'est pas du tout une situation envisageable, là... qui n'est pas
une situation souhaitable.
M. Bouazzi : Surtout étant
donné les loyers actuellement. Je vais vous emmener ailleurs, peut-être. Vous
avez parlé du nombre d'hypothèses qui entourent, justement, la santé
financière, etc. J'aurais une double question et je sais que je n'ai pas
beaucoup de temps. La première, c'est : Qu'est-ce qui est arrivé, donc,
dans le cas de la crise financière de 2008? Et, comme on parle
d'investissements sur le temps long, en fait, à quel point est-ce que, de votre
connaissance, l'aspect de la crise climatique et les hypothèses qui entourent
la crise climatique, sur le fond lui-même, ont été pris en compte?
M. Plamondon (Pierre) : Bien,
en fait, on sait que la crise financière de 2008-2009 a affecté le rendement de
la Caisse de dépôt à cette époque. Ce qu'on sait, c'est que, par la suite, les
rendements de la Caisse de dépôt ont été intéressants, ce qui fait qu'il y a un
rattrapage important, sinon complet, qui s'est fait de ces pertes. Donc, au
niveau du Régime de rentes du Québec, on peut dire qu'on est comme retombés sur
nos pattes, suite à ça.
M. Bouazzi : Donc, il n'y a
pas eu d'ajustement nécessaire, à l'époque?
M. Plamondon (Pierre) : Pardon?
M. Bouazzi : Donc, il n'y a
pas eu d'ajustement nécessaire, à l'époque?
• (14 h 50) •
M. Plamondon (Pierre) : Non,
à cause du rebond, oui, effectivement, des rendements. Sur la situation des
rendements à plus long terme, bien, effectivement, il y a beaucoup
d'incertitude liée aux changements climatiques. On peut s'attendre peut-être à
davantage de volatilité au cours des prochaines années et décennies.
L'avantage du Régime de rentes du Québec,
c'est que c'est un régime qui a un horizon de long terme. Donc, il peut
accepter une certaine volatilité des rendements au fil du temps, et ça
n'affecte pas les droits et les prestations que les personnes vont recevoir. Et
on l'a vu, justement, dans le cadre de la crise financière de 2008-2009, malgré
ce soubresaut important, on voit que tout a continué à être versé aux
prestataires et que la situation du régime est enviable aujourd'hui.
M. Bouazzi : Excellent. Et
vous avez parlé des questions des proches aidants, vous avez aussi parlé des
personnes qui ont des... un certain nombre de handicaps ou... Si vous avez à
classer les trois, peut-être, injustices ou...
Le Président (M. Simard) : ...
M. Bouazzi : ...ou <corrections,
un top trois...
M. Bouazzi :
...
peut-être, injustices ou...
Le Président (M. Simard) :
...
M. Bouazzi :
...ou >corrections,
un top trois de choses que vous pensez qu'on devrait adresser dans cette...
dans l'injustice qui existe?
Le Président (M. Simard) : Succinctement,
s'il vous plaît, collègue...
M. Plamondon (Pierre) : En
fait, la première, on l'a indiqué, c'est l'augmentation de 60 à 62 ans de
l'âge d'admissibilité à la rente de retraite et aussi enlever deux irritants,
en fait, sur les personnes qui sont au-delà de 65 ans et qu'on veut garder
sur le marché du travail.
M. Bouazzi : Je parlais plus
d'injustice de genre ou par rapport aux personnes qui ont un handicap, etc. Je
comprends que, là, on met tout le monde ensemble.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, MM. Ménard, Latulippe... M. Latulippe, souhaitiez-vous dire un
petit dernier mot? Comme on dit, pas de regrets, vous êtes sûr?
M. Latulippe (Denis) : Non,
ça va, ça va.
Le Président (M. Simard) : La
porte était ouverte.
M. Latulippe (Denis) : On va
respecter l'horaire.
Le Président (M. Simard) : À
charge de revanche. Alors, MM. Ménard, Latulippe, et Plamondon, on avait le
sentiment, du moins je parle pour ma part, d'avoir trois géants de l'État
québécois devant nous. Alors, merci beaucoup pour votre contribution à nos
travaux, et au plaisir de vous recevoir.
(Panne de son) ...le temps de faire place
à nos prochains...
(Suspension de la séance à 14 h 52)
(Reprise à 14 h 58)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes de retour. Merci pour votre habituelle
ponctualité.
Nous avons l'honneur de recevoir des
représentants du Conseil du patronat du Québec, qui sont des habitués à cette
commission. Nous vous souhaitons la bienvenue. Alors, auriez-vous néanmoins,
pour les bénéfices de nos travaux, l'amabilité, d'abord, de vous représenter?
M. Blackburn (Karl) : Karl
Blackburn, président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.
Le Président (M. Simard) : Soyez
le bienvenu.
Mme Kozhaya (Norma) :Norma Kozhaya, vice-présidente à la recherche et économiste
en chef au CPQ.
Le Président (M. Simard) : Heureux
de vous recevoir. Et, comme vous le savez, vous disposez de 10 minutes
pour faire votre présentation.
M. Blackburn (Karl) : Tout
d'abord, bien, merci beaucoup. Et j'aimerais profiter de l'occasion, au nom du
Conseil du patronat du Québec, de remercier la Commission des finances
publiques pour cette invitation à partager nos commentaires sur la consultation
du Régime des rentes du Québec... de la Régie des rentes du Québec. Sachez par
contre que notre position, que nous allons vous présenter aujourd'hui, elle est
aussi similaire à certaines propositions qui vous ont été faites par des
experts hier. Et elle est empreinte, bien évidemment, de l'analyse de la
situation, et des perspectives, et des données que nous avons.
En guise de rappel, le Conseil du patronat
du Québec représente les intérêts de plus de 70 000 employeurs de
toutes tailles et de toutes les régions du Québec, même de la
Capitale-Nationale, issus du secteur privé ou parapublic, directement ou par
l'intermédiaire des associations sectorielles que nous représentons.
Au CPQ, on s'intéresse depuis longtemps à
toutes les questions qui touchent aux enjeux de retraite. Nous avons maintes
fois participé à différentes instances en lien avec cet important enjeu. La
consultation menée par la RRQ aujourd'hui est importante parce que le contexte
économique et démographique a beaucoup évolué, notamment avec la prolongation
de l'espérance de vie et de la pénurie de main-d'oeuvre.
Vous le savez déjà, le Québec vit une
importante transformation démographique liée aux populations ou à la population
vieillissante. À titre d'exemple, en 2011, environ une personne sur six était
âgée de 65 ans et plus, alors que ce groupe d'âge représente une personne
sur cinq aujourd'hui et qu'il atteindra une personne sur quatre en 2031. Cette
proportion, elle n'était que de 6 % ou l'équivalent d'une personne sur 17
à l'instauration du régime, en 1966. Cela pose de nombreux défis et crée
diverses pressions économiques et sociales, notamment un taux de croissance
économique plus faible, des besoins en santé et des services de soins de longue
durée et aussi un risque d'insuffisance de l'épargne-retraite.
• (15 heures) •
De toute évidence, les questions posées
par la RRQ, duquel le financement dépend des employeurs et des employés à parts
égales, méritent une réflexion de société. À notre avis, il revient au citoyen
de trancher sur le moment qui lui convient pour toucher sa rente. Il faut que la
RRQ demeure flexible car la situation de chacun est différente. C'est pourquoi
le Conseil du patronat du Québec privilégie, de façon générale, les mesures
incitatives plutôt qu'un report de l'âge d'admissibilité pour toucher des
prestations.
Toute modification doit, bien sûr,
respecter la santé financière du régime et l'équité intergénérationnelle. Nous
croyons que le meilleur levier est de proposer des incitatifs financiers et
fiscaux. Il faut favoriser un environnement et des conditions où il est toujours
payant et intéressant de rester ou retourner sur le marché du travail. Nous
encourageons les gouvernements, autant fédéral que provincial, à emprunter
cette voie qui pourrait, en plus de pallier en partie à la pénurie de
main-d'oeuvre...
Le Conseil du patronat du Québec appuie
trois propositions parmi celles qui sont présentées dans le document de
consultation. J'y reviendrai...
15 h (version révisée)
M. Blackburn (Karl) : ...du
patronat du Québec appuie trois propositions parmi celles qui sont présentées
dans le document de consultation. J'y reviendrai.
Pour ce qui est de la première
proposition, soit celle de reporter progressivement l'âge minimal d'admissibilité
à la rente de retraite du régime, de 60 à 62 ans ou à 65, le CPQ est
partagé. C'est qu'il y a plusieurs arguments en faveur de cette suggestion.
Nous comprenons que l'objectif principal est d'améliorer les prestations de
retraite et donc d'améliorer la sécurité financière des retraités. Retarder la
prise de sa rente du régime est en effet généralement payant pour les individus,
parce qu'on est mieux préparé à différents risques, comme la longévité. Une
personne admissible à la rente de retraite maximale toucherait 2 166 $
de plus en reportant de 60 à 62 ans la prise de sa rente, soit 22 %
de plus.
Rappelons que l'âge minimal d'admissibilité
à la rente de retraite du régime a été fixé de 65 jusqu'au milieu des années 80.
Cet âge a été réduit de 65 à 66... à 60, pardon, car on souhaitait aider les
jeunes à accéder au marché du travail à l'époque. À ce moment, l'espérance de
vie était de seulement 76 ans, comparativement à 83 aujourd'hui.
Malgré les avantages que je viens de vous
mentionner, le CPQ a quand même certains bémols et est sensible à certaines
réalités en lien avec cette proposition. Certaines personnes peuvent avoir
besoin de prendre leur retraite à 60 ans, probablement des travailleurs ou
des travailleuses qui ont commencé à cotiser tôt et/ou qui occupent des emplois
pénibles physiquement. Certaines personnes peuvent avoir... aussi avoir des
préférences fortes... fort différentes ou d'autres raisons qui font qu'elles
prennent leur rente dès 60 ans. Le report de l'âge minimum de 60 à 62 peut
ainsi les pénaliser.
Il peut aussi être avantageux
financièrement pour certaines personnes, surtout des personnes seules ou ayant
de faibles gains en carrière, de commencer la rente à 60 ans. C'est
pourquoi nous sommes réticents sur l'âge, sur le report de l'âge minimal d'admissibilité
à la rente... à la rente de retraite.
Il est à noter par ailleurs que le pourcentage
de personnes qui prennent leur rente à 60 ans a diminué. Cette tendance
naturelle à la baisse risque de se poursuivre avec l'amélioration, d'une part,
du niveau d'éducation et à la participation plus active des travailleurs
expérimentés sur le marché du travail.
De ce fait, nous pensons qu'au lieu d'adopter
des mesures d'interdiction, il y aurait d'autres façons de décourager la prise
de la rente à 60 ans et d'encourager son report. On pense notamment à l'information,
la communication et la sensibilisation, sur lesquelles il est possible de miser
davantage. On peut penser aussi à des mesures de flexibilité pour une
utilisation de l'épargne privée ou d'autres sources de revenus plutôt qu'à la
rente du régime et des mesures de flexibilité et d'incitatifs pour le
prolongement de la vie active. La situation pourrait être réévaluée, bien
évidemment, lors du prochain examen du régime.
Pour ce qui est de la proposition de
reporter progressivement la limite actuelle pour commencer à recevoir sa rente
de retraite du régime de 70 à 72 ou même à 75 ans, le CPQ l'appuie. Une
telle modification pourrait apporter plus d'incitatifs pour prolonger sa vie
active et permettrait de mieux planifier et bonifier sa retraite. Le CPQ estime
par ailleurs que ce changement peut être fait indépendamment de la proposition
de report de l'âge minimal d'admissibilité et qu'il pourrait être fait
relativement rapidement.
Quant à la proposition de rendre
facultative la cotisation du régime des bénéficiaires de la rente de retraite à
compter du 31 décembre de l'année de leur 65e anniversaire, le CPQ l'appuie
aussi. C'est d'ailleurs une proposition qu'il a déjà faite par le passé. Par
ailleurs, offrir cette option également à toutes les personnes qui continuent
de travailler au-delà de 65 ans, et non uniquement aux bénéficiaires d'une
rente, devrait être évalué et peut-être mis de l'avant selon les coûts
potentiels, par exemple. Pour le CPQ, il faudrait continuer de travailler en
parallèle sur les mesures de flexibilité et les incitatifs fiscaux pour rendre
le prolongement de la vie active toujours plus payant et intéressant pour les
travailleurs.
Pour ce qui est de la proposition de
modifier les règles de calcul de la rente afin d'éviter que les gains de
travail d'une personne qui demande sa rente après 65 ans réduisent la
moyenne de gains utilisés pour le calcul de sa rente, le CPQ est également en
faveur. Une telle proposition, entre autres, permet une harmonisation entre
autres avec le Régime de pensions du Canada et ne pénalise pas la poursuite de
la vie active qui peut se faire à un rythme moins soutenu. On sait qu'une
charge de travail plus <faible...
M. Blackburn (Karl) :
...pas
la poursuite de la vie active qui peut se faire à un rythme moins soutenu. On
sait qu'une charge de travail plus >faible fait partie des facteurs qui
rendent la poursuite de la vie active plus attrayante. Par ailleurs, il serait
intéressant d'évaluer la faisabilité et l'impact potentiel d'étendre cette
modification aux personnes de 60 ans et plus. Une telle modification
pourrait représenter un incitatif majeur pour la poursuite du travail,
notamment à temps partiel pendant un certain nombre d'années avant la retraite.
Pour résumer, le Conseil du patronat du
Québec juge que le Régime des rentes du Québec se pose les bonnes questions
avec une situation démographique qui change le visage du Québec. En revanche,
dans l'état actuel des choses, il propose d'adopter une approche souple avec
des leviers incitatifs plutôt que coercitifs. Misons sur l'information, la
sensibilisation et la communication.
Alors, merci de nous avoir permis de se
joindre à vous cet après-midi, et ça va nous faire un grand plaisir de répondre
à vos questions.
Le Président (M. Simard) : Le
plaisir est pour nous, M. Blackburn. Je cède maintenant la parole au
ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien là, je suis un peu surpris, là, parce que, si j'ai bien compris, vous êtes
pour et contre la proposition. Et là nous, on n'a pas ce choix-là, là. Nous,
c'est l'intérêt supérieur du Québec, on maximise sous contrainte et
incertitude, puis là on doit prendre des décisions dans l'intérêt du Québec.
Ça fait que, là, il y a une proposition
sur la table, il y a des arguments pour, il y a des arguments contre... sont valides
de tous les côtés. Puis, dans certains cas, il y a de l'interprétation puis il
y a des nuances, hein, ce n'est pas blanc, ce n'est pas noir, là, puis on a le
droit de changer d'avis. Mais là je ne comprends pas, vous supportez, mais vous
êtes contre, ça fait que je suis... je suis surpris.
Ça fait qu'à la proposition... Parce que,
là, quand vous dites : Nous, on aime les incitatifs fiscaux, vous les
aimez parce que ce n'est pas vous qui les payez, parce que ces incitatifs
fiscaux là, là, ils vont venir du fonds consolidé, là. Ça fait qu'encore là ce
n'est pas dans l'intérêt supérieur du Québec de dépenser des centaines et des
centaines... des centaines de millions pour inciter des gens à travailler. Mettons
qu'on parle de 10 000 personnes, ce n'est pas optimal fiscalement de
dépenser des centaines et des centaines de millions pour inciter 5 000 personnes
à travailler, de plus.
Donc, ma question, c'est : Sur le 60
à 62 ans, là, est-ce que vous ne voulez pas vous prononcer parce qu'il y a
des membres qui sont pour puis il y a des membres qui sont contre, il n'y a pas
de consensus, vous avez besoin de plus d'information? Parce que, moi, ça ne me
dérange pas que vous soyez contre. Il y a des gens qui sont venus hier, ils
nous ont expliqué : On est contre, ils ont expliqué leurs arguments, je
les ai entendus, je les prends en considération. Mais là, pour et contre, là,
vous me surprenez.
M. Blackburn (Karl) : Si vous
me permettez, M. le ministre, d'abord, je pensais que notre position était
claire, mais je vais la clarifier davantage, parce que force est d'admettre
qu'elle n'est pas si claire que ça.
D'abord, sur l'ensemble des propositions
que vous faites, il y en a plusieurs sur lesquelles nous sommes d'accord. Mais
celle de reporter de 60 à 62 ans la possibilité de prendre sa rente, nous
préférons garder la possibilité à 60 ans. C'est un choix individuel basé
sur les données auxquelles nous avons eu accès, surtout dans un contexte où les
gens de Retraite Québec sont venus nous faire les perspectives pour les
50 prochaines années en nous démontrant que la santé financière du régime,
elle était solide.
Alors, financièrement, il n'y a pas de
raison de vouloir reporter l'âge de 60 à 62 ans, parce que la santé du
régime, elle est bonne, elle est solide. Alors, nous, ce qu'on se dit, c'est
que c'est un choix individuel qui peut varier en fonction de la réalité des
individus. Une personne pourrait décider de prendre sa retraite parce qu'elle le
souhaite, parce que sa santé est plus fragile, parce que le travail, pour elle,
a été plus difficile dans les années de sa contribution au régime, comme une
personne pourrait décider de la retarder.
• (15 h 10) •
Alors, ce qu'on essaie de proposer, dans
notre position, c'est que ça devrait être un choix personnel, ça devrait être
un choix individuel, en fonction des paramètres financiers auxquels nous avons
accès, de reporter ou non l'âge de prendre la rente. Ça, c'est un fait et c'est
la position que nous défendons.
Encore une fois, ultimement, c'est le
gouvernement qui prend la décision. Ultimement, vous allez devoir prendre une
décision qui va aller dans un sens ou dans un autre. Nous, la position qu'on
est venu vous présenter, bien humblement, c'est celle où on pense que ça
devrait être laissé à un choix individuel.
Vous avez parlé d'avantages <fiscaux...
M. Blackburn (Karl) :
...on
pense que ça devrait être laissé à un choix individuel.
Vous avez parlé d'avantages >fiscaux,
vous avez parlé d'un nombre plus ou moins important de travailleurs
potentiellement intéressés à rester sur le marché du travail. Les données que
nous avons, de notre côté, font à l'effet... parce qu'on aime souvent se
comparer à l'Ontario, si nous avions le même taux d'activité des travailleurs
de 60 à 69 ans que celui de l'Ontario, bien, c'est probablement plus de
quelques milliers de travailleurs, on parle de 75 000 à
90 000 travailleurs qui pourraient, demain matin, bien évidemment, si
l'organisation du travail le permet, si la cédule du travail le permet... Mais,
si le panier fiscal permettant à ce groupe de travailleurs de rester ou de
revenir sur le marché du travail le permettait, bien, ça m'apparaît être un
nombre important, surtout dans le contexte de la pénurie de main-d'oeuvre dans
lequel on se retrouve où il y a encore environ près de 250 000 postes
qui sont disponibles.
Alors, vous avez raison, tout n'est pas
blanc, tout n'est pas noir, mais il y a des éléments qui ont mené notre
réflexion basée sur les données auxquelles nous avons eu accès. Et à la fin de
l'exercice, bien, selon ces données, on considère que le choix personnel de
l'individu devrait être priorisé au lieu d'y aller d'une façon coercitive concernant
ce choix.
M. Girard (Groulx) : OK. Bien,
d'abord, je vais clarifier quelque chose, vous dites : Puisque le régime
est en bonne santé, on n'a pas besoin de faire ça. Mais c'est le contraire,
parce que c'est à l'avantage des retraités de ne pas prendre sa rente à
60 ans, c'est le contraire, c'est puisque le régime est en santé que nous
avons les moyens de faire ça et qu'on se pose la question, parce que, si on
n'avait pas les moyens, on laisserait ça à 60 ans. Ceux qui prennent leur
régime des rentes à 60 ans, c'est mauvais pour eux, donc bon pour le
régime.
M. Blackburn (Karl) : Vous
avez raison de le dire, M. le ministre, puis je vais laisser la parole à ma
collègue Norma. Mais, entre vous et moi, qui est le mieux placé pour déterminer
si c'est bon pour lui ou non? Alors, si le régime en santé financière est bon,
pourquoi l'État déciderait quel devrait être le régime financier des citoyens?
Pourquoi l'État déciderait à la place du citoyen ce qui est bon pour lui, alors
que la situation peut tellement être variée d'un citoyen à un autre par rapport
à une situation qui est différente d'un à l'autre? Ce qu'on pense, c'est que le
choix devrait revenir au citoyen en fonction de sa réalité à lui.
Et Norma, je vais te laisser la parole,
parce qu'il y a certainement d'autres données que tu peux apporter pour
renforcer le positionnement qu'on présente.
Le Président (M. Simard) : Mme Kozhaya.
Mme Kozhaya (Norma) :Merci, M. le Président. Si je peux rajouter, effectivement,
on a regardé la question sous deux angles, d'un côté, effectivement, dans la
majorité des cas, c'est dans l'intérêt des participants de retarder la prise de
la rente, et on l'a reconnu d'ailleurs dans notre mémoire. Toutefois, il peut y
avoir des considérations... Un, il y a des cas, c'est peut-être un très petit pourcentage,
où ça peut être intéressant de prendre à 60 ans. Il y a un rapport de la
chaire... de l'Institut sur la retraite de HEC, donc, ce n'est pas tout le
monde, hein, peut-être, c'est 90 % qui ont intérêt à reporter, mais il y a
quand même un pourcentage qui peut-être c'est dans son intérêt de prendre tout
de suite. Et on s'est dit : Pourquoi ne pas y aller davantage par
l'information et la communication? Et on a vu que ça donnait des résultats.
L'autre angle qu'on a regardé,
effectivement, en ce moment, la principale préoccupation du milieu des
affaires, comme vous le savez très bien, c'est la pénurie de main-d'oeuvre, on
s'est dit : Est-ce que ce changement-là va aider à la pénurie de
main-d'oeuvre? Et puis notre constat, c'est que probablement pas beaucoup, un
peu, mais c'est relativement marginal.
Donc, étant donné les bémols qu'on voyait,
la réticence, effectivement, de certains de nos membres, il y en a qui :
Oui, bon, allons-y. D'autres : Est-ce qu'on a vraiment besoin de ça tout
de suite dans le contexte actuel ou peut-être on donne davantage la chance à ce
que ce mouvement naturel vers une prise de rente qui est plus tardive continue,
quitte à réévaluer? On n'est pas fermé à double tour de réévaluer la question,
mais on se dit : En ce moment, ça va... la tendance va dans la bonne
direction et peut-être... peut-être qu'il faut penser à des mesures spécifiques
pour un certain groupe de travailleurs pour lesquels on n'a pas de proposition.
C'est pour cela qu'on se dit : En ce moment, c'est... peut-être on n'est
pas mûr pour ça. Informons davantage les gens, faisons le débat, c'est sain,
c'est souhaitable, mais peut-être qu'on n'est pas mûr pour faire ce changement
en ce moment.
M. Girard (Groulx) : OK.
Alors, on s'entend sur certains points, c'est certain que l'information... on a
une responsabilité de mieux informer, de vulgariser, puis, je pense, c'est un
objectif que Retraite Québec a toujours en tête. Mais soyons honnêtes, on peut
faire mieux, notamment, on a... on a eu des critiques sur la lettre qui est
envoyée à l'âge de 60 ans, qui semble avoir des effets <néfastes...
M. Girard (Groulx) :
...on
a eu des critiques sur la lettre qui est envoyée à l'âge de 60 ans, qui
semble avoir des effets >néfastes. On aurait aussi probablement besoin
de sondages sur ceux qui l'ont pris à 60 ans. Si on les sondait à 70 ans,
combien de ceux qui l'ont pris à 60 ans sont satisfaits de l'avoir pris, puisqu'il
est indéniable que, d'un point de vue financier, ce n'est pas une bonne
décision? Il peut y avoir des raisons qualitatives où vous... par choix, vous
voulez le faire. Mais d'un point de vue financier, d'avoir 23 ou 22, vous avez
dit 22, les actuaires ont dit 23... 22, 23 % moins de rente, c'est
difficile de se convaincre que, d'un point de vue financier, ça va être
avantageux.
Donc, si je résume, vous êtes d'accord
avec la plupart des propositions, mais sur la principale, vous êtes contre,
parce que vous croyez au droit de pouvoir prendre une mauvaise décision
financière.
M. Blackburn (Karl) : On
croit au droit des individus de prendre des décisions qui leur sont propres à
eux. Et vous avez raison, parce que je pense que l'élément que vous faites est
extrêmement important, et c'est d'ailleurs ce qu'on mentionne, vous avez raison
de dire que les gens sont pénalisés en prenant leur rente plus tôt, puis c'est
mathématique. On dit souvent que les chiffres sont têtus, c'est vrai, mais,
dans un contexte tout à fait particulier, la décision leur revient. S'ils ont
les bonnes informations, s'ils connaissent exactement la situation dans
laquelle ils s'embarquent en fonction de leur rente, bien, ce sera leur propre
décision.
Et à 70 ans, si on faisait un
sondage, probablement qu'une partie importante de ceux-ci diraient :
J'aurais dû attendre. Mais qui de mieux placé qu'eux-mêmes pour prendre cette
décision, mais avec l'ensemble des éléments d'information? Mais vous avez tout
à fait raison, ce n'est pas blanc, ce n'est pas noir, mais ultimement, c'est
aux citoyens de prendre cette décision qui leur appartient.
M. Girard (Groulx) : Je vous
remercie beaucoup et j'apprécie énormément votre présentation. Puis je pense
que le collègue d'Orford va intervenir.
Le Président (M. Simard) : De
René-Lévesque.
M. Girard (Groulx) : René-Lévesque.
Le Président (M. Simard) : Oui.
Merci.
M. Montigny : Bonjour.
Heureux de vous reparler à nouveau dans un nouveau contexte. Merci. Simplement
pour revenir sur ce que M. le ministre amenait, moi aussi, ça me titille, cet
élément-là, de laisser le choix. Je vous explique. Alors, on est ici pour
penser collectivement pour le Québec, collectivement pour l'ensemble des
citoyens québécois, ce qui est le mieux, dans la réflexion qu'on fait pour les
générations à venir. Dans ce contexte de réflexion collectif, est-ce que... si
vous reconnaissez qu'il y a un avantage sérieux, vous avez dit 22 %, à
retarder à 62, pourquoi... de façon collective, avec un regard collectif, vous
êtes d'accord, mais que vous dites... un à la fois, là, si on les additionne,
un plus un, plus un, plus un, ça fait quand même une collectivité, vous dites
pareil : Bien, laissons les uns faire comme ils veulent, même si vous
dites dans votre exposé, dans votre mémoire que ce n'est pas un bon choix? Alors
là, j'ai besoin que vous me disiez autre chose. À moins qu'on communique mal,
nous autres. Peut-être que, je ne sais pas, peut-être qu'on ne les renseigne
pas assez bien, puis qu'ils ont besoin d'être mieux renseignés sur le fait que
ce n'est pas un bon choix de prendre sa rente à 60. En tout cas, je vous donne
une piste pour vous sortir de là, là, mais je vous écoute.
• (15 h 20) •
M. Blackburn (Karl) : Alors,
M. le député, c'est un plaisir, d'abord, de vous revoir, hein? Ça a été, pour
moi, des bons moments de vous rencontrer à Baie-Comeau, lorsque vous étiez
maire de Baie-Comeau. On a fait une campagne ensemble, alors... rappelez-vous,
alors je suis extrêmement content d'avoir l'occasion de vous revoir à
l'Assemblée nationale. Je savais que vous feriez un excellent député. Et
rappelez-vous les entrepreneurs et les entreprises qu'on a rencontrés,
plusieurs souffraient de la pénurie de main-d'oeuvre. Et on a apporté, puis on
a discuté ensemble sur plusieurs solutions à mettre de l'avant, dont une
contribution importante des employeurs, des syndicats pour rendre
l'environnement de travail un peu plus intéressant, mais il y avait également
plusieurs incitatifs fiscaux qui pouvaient permettre de régler la situation. Et
je vous inviterais à profiter de l'occasion que vous avez d'être proche du ministre
des Finances, de le sensibiliser à ces incitatifs fiscaux qui peuvent faire la
différence, en bout de piste.
Mais à la question que vous posez, M. le
député, elle est extrêmement importante, parce que vous avez raison, la mise en
contexte que vous avez faite, elle est excellente. Oui, fiscalement, une
personne qui prend sa rente plus tôt, ce n'est pas bon pour elle, fiscalement,
parce qu'elle va avoir moins d'argent que si elle attendait. Mais je peux bien
additionner l'ensemble de ces raisons, mais, ultimement, c'est un choix <personnel...
M. Blackburn (Karl) :
...je
peux bien additionner l'ensemble de ces raisons, mais, ultimement, c'est un
choix >personnel. Lorsque, par exemple, on a décidé collectivement de
dire que la cigarette, ce n'était pas bon, on a mis des taxes, on a mis un
paquet d'éléments en place, on a fait des campagnes publicitaires importantes,
et, à un moment donné, les gens ont fait des choix qui étaient très, très, très
guidés, mais ils ont fait des choix en fonction de leur réalité à eux.
Alors, dans le contexte de la rente,
sincèrement, je me vois mal me placer... Surtout dans le contexte de la
situation du régime, quand vous me dites que, collectivement, on a intérêt à le
faire, bien, collectivement, avec les données qui nous ont été présentées, la
santé du régime n'est pas en question, donc ça revient à un choix individuel.
Donc, si ce choix est individuel en fonction de la réalité de l'individu, bien,
je pense qu'il faut respecter ce choix-là.
Mme Kozhaya (Norma) :Je peux me permettre de rajouter, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie, madame.
Mme Kozhaya (Norma) :Si je peux me permettre de rajouter, je préciserai deux
éléments. Le premier, c'est peut-être le 10 % que ce n'est pas vraiment financièrement
intéressant pour eux, selon, encore une fois, l'étude de l'Institut sur la
retraite. Ça, c'est un élément.
L'autre élément, le report suppose
qu'entre 60 et 62 ans, les gens soit ont accumulé de l'épargne, soit
peuvent travailler pour survivre pendant ces deux ans-là. Je sais que mon
discours va rejoindre le discours des syndicats, mais c'est ça pareil. Et puis,
chez nos membres, il y en a qui me disent que ce n'est pas vrai que moi, mes
employés peuvent encore travailler, dans certains cas, c'est... Évidemment,
c'est des cas très précis, ce n'est pas généralisé, au contraire, il y en a qui
disent : Moi, ce n'est pas une question pour moi, de toute façon, les gens
ne partent pas, ne pensent même pas avant 65 ans. Mais c'est cette
catégorie-là, et c'est pour ça que je dis : Peut-être que, si on peut
arriver à trouver des mesures pour ces clientèles-là, on vous appuierait à
100 %.
Le Président (M. Simard) : Collègue,
il vous reste 40 secondes.
M. Montigny : Merci beaucoup.
C'est assez pour dire ça, parce que... En réalité, j'avais d'autres questions,
mais ce n'est pas grave, en 40 secondes... Bien, peut-être... je pourrais
peut-être juste dire...
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Montigny : ...que je suis
un peu surpris parce que je vous voyais dire, tout à l'heure, qu'il y avait des
personnes, tu sais, qui avaient des emplois, là, que c'était difficile pour eux
autres, physiquement, tout ça, mais j'aurais aimé ça vous entendre là-dessus.
Bien, il est peut-être un peu trop tard, des fois que vous puissiez continuer,
parce que c'est surprenant que vous ayez la même vision que les syndicats.
C'est correct, là, c'est parfait, mais c'est quand même surprenant.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
la vision...
Le Président (M. Simard) : Oui,
rapidement, s'il vous plaît.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
la vision qu'on partage, c'est celle de plusieurs experts qui sont venus vous
présenter fiscalement des données factuelles avec des données financières et
statistiques et économiques.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Blackburn (Karl) : Alors,
la priorité des employeurs actuellement...
Le Président (M. Simard) : Malheureusement,
M. Blackburn, je dois vous arrêter là-dessus. C'est très impoli, je m'en
excuse, c'est pour céder la parole à mon collègue le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Blackburn (Karl) : Il n'y
a pas de souci.
M. Beauchemin : Bonjour. Écoutez,
je vous entends, flexibilité, le choix individuel pour que les gens puissent
prendre les prestations quand ça leur apparaît le plus optimal pour chacun. Le
fonds, vous dites, est en bonne santé. C'est sûr que, bon, il y a tous ces
éléments-là. Mais vous, vous aviez aussi considéré, puis, en fait, c'est une
des choses que je voulais avoir comme conversation plus spécifique avec vous,
l'influence que ça pourrait avoir sur le bassin de main-d'oeuvre de passer de
60 à 62 ans l'admissibilité, là, au RRQ. Avec vos lentilles à vous, là,
qui représentez des gens qui mettent du monde au travail, là, d'une certaine
façon, là, qu'est-ce que... comment vous le percevez, ça? Parce que j'ai comme
lu votre document, ça semble sous-entendre que c'est marginal, mais j'aimerais
ça que vous me l'expliquiez, parce que je crois que le but ultime du
gouvernement, c'est de justement retarder... voyons, qu'il y ait plus de gens
qui puissent travailler sur le marché du travail, retarder la sortie du marché
du travail, etc. Donc, ça semble être contradictoire, un peu, là, selon ce que
j'ai lu de votre mémoire.
Mme Kozhaya (Norma) :Notre position rejoint celle du gouvernement à retarder la
sortie du marché du travail et prolonger la vie active le plus longtemps
possible. Il y a différents éléments pourquoi on pense que l'impact d'un tel
changement sera marginal. Il y aura un impact positif, fort probablement, mais
ce n'est pas ça, la solution.
Tout d'abord, depuis 2014, les gens
peuvent travailler et toucher leur rente, donc ce n'est pas comme un ou
l'autre, et c'est ce qu'on voit de plus en plus, on voit que le nombre de
personnes qui en même temps travaillent et touchent une rente va en augmentant.
Je n'ai pas le chiffre exact, mais ça a dû au moins doubler depuis que c'est <permis...
Mme Kozhaya
(Norma) :
...va en augmentant. Je
n'ai pas le chiffre exact, mais ça a dû au moins doubler depuis que c'est >permis.
Donc, pour ça... Et aussi, l'autre élément, c'est qu'on voit que le taux
d'activité et le taux d'emploi des personnes de 55 ans et plus ou de
60 ans et plus a augmenté de façon importante au cours des dernières
années, parce que justement, bien, d'un côté, c'est peut-être le niveau
d'éducation et la participation des femmes, qui avait commencé un peu plus tard
que les hommes au Québec, qui est maintenant à des niveaux records. Donc, ces
cohortes-là qui arrivent à l'âge de 55 et de 60, on voit qu'elles continuent de
travailler.
Troisième élément. Si ce report, tel que
proposé, est mis de l'avant, c'est prévu que ça arrive pleinement en 2030, et
c'est correct, on ne remet pas en question parce que c'est normal que ça arrive
de façon graduelle, on ne peut pas changer les règles du jeu d'un jour au
lendemain, les besoins de la main-d'oeuvre sont tout de suite, et ça va rester
pour quelques années, mais ce n'est pas en 2030 non plus, les besoins.
Donc, tous ces éléments-là ensemble nous
poussent à dire que oui, il risque d'y avoir un effet positif, et on ne le nie
pas, mais c'est somme toute relativement marginal pour toutes les raisons que
je viens de présenter.
M. Blackburn (Karl) : Et
si je peux me permettre...
Mme Kozhaya (Norma) :Et il y a d'autres éléments, oui.
M. Blackburn (Karl) : Et
si je peux me permettre d'ajouter un complément à l'explication de Norma, quand...
tantôt, je mentionnais que lorsqu'on se compare, par exemple, au taux
d'activité de l'Ontario, qui est autour de 42 %, alors que nous, il est
autour de 36 %, j'évite les virgules, là, les décimales, bien, c'est entre
75 000 et 90 000 travailleurs que ça pourrait affecter. Ça, ce
serait vraiment un impact significatif pour les besoins du marché du travail.
Et systématiquement, et je serais surpris d'entendre le contraire, là, mais
systématiquement les gens, ce qu'ils nous mentionnent, tant du côté des
employeurs que du côté des travailleurs, c'est que, financièrement, ils sont,
en quelque sorte, soit pénalisés de rester ou de revenir sur le marché du
travail par rapport à leur régime de retraite. Et les entreprises, en fonction
de la réalité du marché du travail, n'ont pas nécessairement les éléments
financiers entre les mains pour être capables de façonner le marché de leur
environnement de travail à la réalité d'accueillir davantage de travailleurs
expérimentés. D'où l'importance, nous croyons, que les incitatifs fiscaux ont
davantage de potentiel d'impacts positifs que des moyens coercitifs, surtout
que dans le contexte, par exemple, de l'évaluation et les perspectives du
régime, bien, ça devient... ça devient à revenir à des décisions individuelles.
Alors, ces éléments-là mis ensemble, bien,
nous forcent à penser que, oui, l'objectif du gouvernement de renforcer la
sécurité financière des retraités ou des gens qui prennent leur régime des
rentes, il a raison de le mentionner de cette façon-là, mais ça devrait revenir
aux individus de prendre cette décision.
19 307
M. Beauchemin :
Merci. À la page 6 de votre mémoire, vous dites au début de la page :
«Il peut aussi être avantageux financièrement pour certaines personnes, surtout
des personnes seules ou ayant des faibles gains en carrière, de commencer la
rente à 60 ans. Ceci est d'autant plus vrai que... lorsqu'on tient compte
de l'interaction avec la fiscalité, avec d'autres prestations, comme le
supplément de revenu garanti notamment.» Pouvez-vous expliquer plus en détail
ce que vous dites exactement quand vous dites cette phrase-là?
• (15 h 30) •
Mme Kozhaya (Norma) :Au fait, cette phrase, ce n'est pas moi qui a fait les
calculs, encore une fois, c'est l'Institut sur la retraite, qui est à HEC, le
Pr Michaud, Pierre-Carl Michaud et puis ses collègues qui ont fait le
calcul et qui arrivent à la conclusion que, dans certains cas, parce qu'il y a
des éléments de fiscalité, d'allocations, de crédits d'impôt qui peuvent
toucher les individus, qui sont, des fois, plus généreux pour les familles que
pour les personnes seules étant donné leur... Donc, la personne, effectivement,
en retardant sa retraite, en supposant qu'elle puisse le faire, va accumuler
une rente qui est plus importante. Elle va, en contrepartie, perdre en termes
de supplément de revenu garanti. Et donc, tout compte fait, ce n'est pas
nécessairement plus payant pour certaines catégories, c'est peut-être un petit pourcentage,
ce n'est vraiment pas la majorité, mais il y a des cas où c'est ça qui... que,
lorsqu'on tient compte de toutes ces... de tous ces facteurs, c'est le calcul
auquel le rapport... le résultat auquel le rapport arrive.
19 307
M. Beauchemin :
Donc, ces personnes-là, il y a un impact marginal sur le bassin de
travailleurs. Donc, c'est deux de vos raisons principales, j'imagine, là, qui
soutiennent votre position, que ça ne devrait pas être obligatoirement à
62 ans, l'âge pour avoir les bénéfices du RRQ.
J'aimerais vous amener sur le terrain des
mécanismes automatiques. Je n'ai pas vu vraiment, dans votre document, une
opinion émise là-dessus. Je suis juste curieux, prestations cibles ou pas,
mécanisme...
15 h 30 (version révisée)
M. Beauchemin : ...sur le
terrain des mécanismes automatiques, je n'ai pas vu vraiment, dans votre
document, une opinion émise là-dessus, juste curieux, prestations cibles ou
pas, mécanismes, etc., êtes-vous au courant de ce sujet-là? Quelle est votre
opinion là-dessus?
Mme Kozhaya (Norma) :On n'a pas dit... On ne s'est pas adressés, effectivement,
à cette question-là. Tout d'abord, hier, on a entendu un peu la... Bien, je
crois que qualifier le régime de prestations cibles parce que, mettons, le Régime
de pensions du Canada réduit l'indexation pendant trois ans, ce n'est pas
encore arrivé. Il faudrait qu'on regarde davantage c'est quoi, les
implications. Il y a des principes... Effectivement, quand on parle d'équité
intergénérationnelle, ça implique parfois que tout le monde doit faire sa part,
incluant peut-être, à la limite, des fois, des personnes retraitées, de façon
vraiment très limitée et très temporaire, mais on n'a pas pris position sur
cette question-là.
On constate, pour le Régime de pensions du
Canada, que ça fonctionne différemment et qu'en ce moment... et que, comme vous
avez dit également, c'est que ce n'est pas un mécanisme qui a été utilisé. C'est
sûr qu'il y a, en général, certains avantages à avoir des mécanismes qui sont
déjà planifiés. Ça enlève de l'incertitude et puis ça facilite la prise de
décision en cas de crise majeure, en cas de déficit majeur. On n'est pas à l'abri...
On se rappelle qu'il y a quelques années on a dû augmenter les taux de
cotisation pour renflouer le... je veux dire, pour rééquilibrer le régime.
Aujourd'hui, on a une marge de manœuvre, mais on ne sait pas, dans 10 ans,
ça va être quoi, la situation. Donc, on n'a pas de position ferme, mais on est
ouverts à ce genre de discussion là.
M. Beauchemin : Bien, je vais
vous poser une question, d'abord. Est-ce que vous êtes d'accord avec la
perspective que, des trois composantes du régime, c'est-à-dire l'employé, l'employeur
et les retraités, qui reçoivent les prestations, les gens les plus vulnérables
là-dedans, d'une certaine façon, sont ceux qui reçoivent les prestations?
Mme Kozhaya (Norma) :Tout le monde qui reçoit la prestation n'est pas égal, je
crois. Il y a beaucoup de gens, d'ailleurs, parmi... Dans les choses que j'ai
constatées en faisant la recherche pour le mémoire, il y a des gens qui
reçoivent à 60 ans... qui ont... une des raisons, c'est qu'ils ont d'autres
sources de revenus de régimes complémentaires de retraite. Donc, tout le monde
qui reçoit des prestations, il y en a sûrement un bon pourcentage, on peut dire,
qui est vulnérable, mais ce n'est pas tout le monde qui reçoit des prestations
qui est vulnérable.
M. Beauchemin : D'accord.
Vous parliez tout à l'heure de l'âge maximum, passer de 70 à 75, je suis d'accord
avec vous. J'ai de la misère à saisir pourquoi qu'il faudrait qu'on attende
puis pourquoi qu'on ne le fait pas tout simplement immédiatement, mais j'aimerais
vous entendre là-dessus, comme... pourquoi vous voyez ça ainsi, vous, de votre
côté.
Mme Kozhaya (Norma) :Ainsi, étant... Bien, tout d'abord, comme M. Blackburn l'a
mentionné, tout ce qui ajoute à la flexibilité dans la prise de rente et de
retraite, c'est des éléments qu'on appuie, et, en ce moment, on sait que les
personnes doivent comme arrêter quasiment à 70 ans, et ce n'est pas un
choix de continuer, alors qu'on voit de plus en plus, avec le vieillissement,
avec le prolongement de l'espérance de vie, qu'il y a des gens qui seraient
intéressés à demeurer actifs plus longtemps et à retarder... donc, à lisser
davantage, aussi, peut-être utiliser encore davantage leur épargne privée avant
et puis retirer leur rente plus tard. Donc, ce sont des raisons pour,
peut-être, continuer aussi à travailler plus longtemps, accumuler une rente
plus longtemps. Je crois que c'est... Donc, c'est positif pour l'économie en
général et pour ces individus-là, également, en particulier. Donc, c'est pour
ça qu'on pense que c'est une bonne idée et qu'effectivement on n'a pas statué
sur le degré, mais on pensait que ça pouvait se faire plus rapidement, comme c'est
des éléments de flexibilité et d'incitation et non pas des éléments d'interdiction.
M. Beauchemin : Bien, parce
qu'effectivement je pense que, du point de vue du gouvernement, ce n'est pas un
négatif, du point de vue du régime, ce n'est pas un négatif non plus. Ça fait
que je vous entends là-dessus. M. le Président, est-ce qu'il me reste...
Le Président (M. Simard) : Tout
à fait, cher collègue, une minute.
M. Beauchemin : Une minute? D'accord.
Donc, on a parlé brièvement sur les mécanismes de prestations cibles tout à l'heure,
et puis vous avez donné votre opinion là-dessus. Dans un contexte où, par
exemple, on a vu que, pour le régime canadien, ça n'a été même pas... Bien, ce
n'est pas considéré, dans le sens que l'exemple s'est présenté, mais ça n'a pas
été quelque chose de considéré, de <par le mécanisme...
M. Beauchemin :
...c'est
présenté, mais ça n'a pas été quelque chose de considéré de >par le
mécanisme... d'avoir l'entente entre les 12 niveaux... les autres provinces, en
fait, là, plusieurs personnes... les parties prenantes. En ce qui nous concerne,
cependant, on serait seuls à prendre cette décision-là, seuls étant évidemment
à l'intérieur de la province du Québec, là. De votre point de vue à vous,
est-ce que vous ne croyez pas plutôt que de jouer avec les contributions autant
de l'employé et de l'employeur serait un phénomène plus rapide?
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Beauchemin : En conclusion,
est-ce que ne vous trouveriez pas que ça serait une façon plus équitable d'agir
ainsi?
Mme Kozhaya (Norma) :Je ne peux pas me prononcer parce qu'on n'a pas regardé la
question comme il faut, à 100 %.
M. Beauchemin : OK.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci. Je cède maintenant la parole au député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup.
Je dois dire que j'ai beaucoup apprécié l'échange avec le ministre en... bien,
ce que vous avez eu avec le ministre. C'est toujours intéressant de voir, quand
il y a des concepts qui s'entrechoquent entre les libertés individuelles, voire
des visions libertariennes, voire même le ministre qui n'est pas... qui
souligne, effectivement, que les crédits, les incitatifs fiscaux sont
spécialement agréables, étant donné... pour vous, étant donné que ce n'est pas
vous qui les payez. Ça fait que ma question, en fait, irait dans le sens de M.
le ministre. En fait, je vais faire une complémentaire, et peut-être qu'on va
trouver quelque chose d'intéressant. À partir... la question qui s'est posée
dans les différents mémoires, c'est : À partir de 65 ans, est-ce que
les contributions deviennent... restent... enfin, deviennent facultatives, et,
ça, est-ce que vous avez un avis là-dessus?
M. Blackburn (Karl) : Tout à
fait, vas-y, Norma.
Mme Kozhaya (Norma) :Oui, tout à fait. Un, on appuie tout à fait la proposition
qui est dans le document de consultation et on pense qu'on pourrait même
élargir à toutes les personnes de 65 ans et plus qui continuent de
travailler, donc, qu'elles aient l'option de ne plus cotiser au régime.
M. Bouazzi : Donc, moi, j'ai
une proposition qui va pouvoir alléger justement le coût que ça coûterait à la
société d'avoir des incitatifs fiscaux... serait que non seulement,
effectivement, l'employé ne cotise plus, donc, techniquement, ça fait plus
d'argent dans sa poche s'il garde le même salaire, mais qu'en plus l'employeur
continue tout simplement à cotiser la même quantité, qui irait aussi dans la
poche de l'employé plutôt que dans le gros panier du RRQ. Ça permettrait
d'avoir un incitatif qui ne coûte rien à l'État et qui, pour vous, serait une
continuité dans ce que vous payez jusqu'à maintenant. Qu'est-ce que vous en
pensez?
M. Blackburn (Karl) : Alors,
probablement que ma réponse ne vous surprendra pas, mais on fait des
recommandations pour que l'employeur et l'employé, à partir d'un certain niveau,
n'aient plus à cotiser parce que, fiscalement, ça a été démontré que,
malheureusement, ça prenait un certain temps à pouvoir rentabiliser ou à
rentrer dans son argent, en quelque sorte, mais le...
M. Bouazzi : L'argent de qui?
M. Blackburn (Karl) : Et du
travailleur et de l'employeur. Et ne perdons pas de vue, parce que c'est
intéressant, la façon dont vous amenez... fiscalement, le budget, ça ne part
pas de vos poches, etc., mais l'argent, là, qui est...
M. Bouazzi : Ce n'est pas
moi, c'est le ministre.
M. Blackburn (Karl) : Oui, je
comprends, mais vous le reprenez à votre sens.
M. Bouazzi : Oui, on est
d'accord.
M. Blackburn (Karl) : Mais
l'argent ne pousse pas dans les arbres. L'argent, en grande partie, est
engendré par les employeurs, par les travailleurs, par les taxes, par les
impôts que les gens contribuent de façon... en fonction de leur réalité et de
leur capacité. Je pense que, ça, il ne faut pas le perdre de vue. Et,
finalement, peut-être pour répondre à un élément, on sait qu'au Québec,
malheureusement, fiscalement, les entreprises québécoises, par rapport à
plusieurs autres États de l'OCDE, entre autres, on est pénalisés fiscalement. Donc,
on est moins compétitifs.
• (15 h 40) •
M. Bouazzi : Je constate que
vous, personnellement, vous êtes encore là avec vos membres. Ça fait qu'on va
parler à ceux qui restent ici. Je pense qu'il en reste beaucoup, et ils
profitent, effectivement, de travailleurs, parce qu'une société sans
travailleurs ne produit absolument rien... en bonne santé parce qu'il y a un
service de santé, etc. Vous connaissez tous les arguments qui font que les
services que l'État offre facilitent aussi la vie des... que ce soit par
rapport à l'éducation aussi. Mais donc, si je reviens, vous, vous voulez qu'on
incite les gens de plus de 65 ans à participer et à continuer à
travailler, entre autres, pour régler une partie du manque de travailleurs sur
le marché de l'emploi, mais que, par ailleurs, en plus, pour vous, faire
travailler quelqu'un de 65 ans, ça vous coûterait, en fin de compte, moins
cher à vous aussi à ce moment-là. C'est bien ça?
M. Blackburn (Karl) : Là, je
ne veux pas mal interpréter les propos que vous tentez de nous mettre dans la
bouche, mais ce qu'on vous dit, c'est que la position qu'on...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, s'il vous plaît.
M. Blackburn (Karl) : Ce
qu'on a mis en proposition, c'est un choix individuel pour prendre sa rente.
M. Bouazzi : Ça, on est
d'accord.
M. Blackburn (Karl) : Donc,
s'il y avait des avantages financiers ou fiscaux, autant pour les travailleurs
que <pour les employeurs, ça reviendrait à eux de prendre...
M. Blackburn (Karl) :
...autant
pour les travailleurs que >pour les employeurs, ça reviendrait à eux de prendre
la décision de continuer de travailler au-delà de 65 ans, et ce n'est pas
tout à fait la même façon dont vous le présentez. Donc, laissons le choix... Avec
les outils qu'on peut mettre à la disposition des travailleurs et des
employeurs, laissons-leur le choix de prendre les décisions qui sont bonnes
pour ces personnes en fonction de leur réalité économique et de la réalité
individuelle de chacun d'eux.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, M. Blackburn. Merci beaucoup pour votre précieuse
contribution à nos travaux. Mme Kozhaya, nous vous saluons également.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux
quelques instants, le temps de faire place à nos prochains invités. À nouveau,
merci à vous deux.
(Suspension de la séance à 15 h 42)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, nous sommes de retour, et, à nouveau, merci pour votre ponctualité.
Nous avons la chance de terminer cette journée en recevant deux professeures
d'université, l'une basée à Halifax, l'autre basée à Vancouver. Pour des fins
de communication, nous serons en traduction simultanée. Donc, j'invite mes
collègues à pouvoir prendre au besoin leur micro. Alors, mesdames, soyez les
bienvenues. Vous disposez d'une période de 10 minutes pour faire votre
présentation. Nous vous écoutons.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : Thank you very much, Mr.
President, for this opportunity to participate in the <consultation on
the Québec pension plans...
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
...for this opportunity to participate in the >consultation on the Québec pension plan. It's really an honour and
it's a privilege to be sharing some of the research and findings that I've been
studying for the past number of years among such distinguished policymakers and
experts, and I really do look forward to helping you in any way that I can.
By way of background, I
am an actuary and academic. I am the director of Financial Security Research at
the National Institute on Ageing at Toronto Metropolitan University, in Toronto.
And I'm here with my colleague Barbara Sanders, who is also an actuary. She's
an associate professor of actuarial science at Simon Fraser University, as well
as an associate fellow at the National Institute on Ageing.
So, the National Institute
on Ageing, we are a nonpartisan think tank…
Le Président (M.
Simard) :
Bienvenue
à vous deux.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
Merci beaucoup. So, we are a nonpartisan think tank with the unique
mandate to address the challenges and opportunities presented by our ageing
population. We do this from a holistic perspective. We bring together the
wealth and the health sides of ageing from also a… looking also at the social
environment. So, what we're trying to do is we combine what we learned from the
academic research world with insights from government and industry, locally and around the world, and we put it together
to really come up with better solutions that will effectively help our ageing
population. So, I'll begin today by laying out the broader context of
retirement financial security, within which the current proposals in question
are being considered.
So, to begin, retiring
workers today are, unfortunately, and unknowingly, facing a perfect storm when
it comes to long-term financial security in retirement, and that is because the
trend away from workplace pension plans and a poor economic environment will
result in reduced retirement income for many. Now, while income in retirement
is actually going down, the retirement costs are actually going up, and that's
because, along with being the largest generation in history and having the longest
life expectancy, baby boomers are also the first generation to have relatively
few children, and adult children have traditionally been and continue to be the
backbone of long-term care.
So, it's really necessary
to appreciate that it's adult children, and not pensions, or retirement
savings, or governments, who
have, traditionally, really taken care of the elderly, and, in fact, research
by the NIA… there we found that 75% of all care hours is actually being done
informally by close family members. So, you can imagine that, without that
support which is currently being given for free by adult children, retiring
workers, today, basically are going to have to finance a longer retirement time
horizon with less money, but higher expenses.
Now, added to this is we
have severely underfunded public home care and long-term care support programs,
and also, as we all know, our ageing population is going to squeeze the public
purse even further, and these programs are even going to be under more
distress. So, if we put this all together, we really are facing a perfect storm
over the next three decades as a growing proportion of our population becomes
increasingly frail and vulnerable. So, what I believe today's retirees really
do need most of all is more affordable lifetime pension income. Otherwise,
there is widespread concern that there will be an increasingly financial
insecure elderly populations in the future.
Fortunately, good
solutions do exist. In the course of my research over the last number of years,
I have found that delaying QPP is a severely misunderstood and underused
decumulation solution, yet there really is no better way currently to get
financial security. Quebeckers
do not have to take their QPP right away. As you all know, they can wait to age
70, and, by doing that, what they're effectively doing is more than doubling
their lifetime worry-free pension, yet, 95% of all retirees are taking their
benefits by the age of 65 and, in fact, fewer than 1% of retirees are actually
waiting to age 70.
And, in fact, over the
past decade, as already's been discussed, Quebeckers have actually most often… out of all the ages, they're taking it as
soon as they're eligible, at age 60, and oftentimes without really considering
the far-reaching financial effects of this decision. In doing so, they are
unknowingly giving up substantial lifetime income. They're giving up protection
against financial market risks, the possibility of high inflation, living
longer than anticipated and the anxiety of potentially running out of money in
retirement.
So, to give an idea of
what that means, the average retiree is losing approximately $100,000 in
lifetime income by taking benefits at age of 60 instead of age 70. So, this
type of money could really make a substantial difference for someone in their
80s or 90s who do not have children to care for them and they need that help <owing
to health-related…
Mme
MacDonald (Bonnie-Jeanne) :
...
care for
them and they need that help >owing to health-related
costs. So, in my research, I found that most retirees in
reasonable health who can afford to defer their QPP benefits should do so. The
financial advantages are material, and, for that reason, I do commend Québec
for tackling this solution clearly and effectively and recognising the
substantial value that it holds for improving retirement financial security.
So, as for the specific
proposals, in the interest of time, we will comment predominantly on the most
controversial point, and that's the mandated change in the age of the... the
mandating of a change of the minimum age. Before I do that, I will touch on two
points quickly.
For the third-reviewed
question, which is making contributions to QPP optional for retirement pension
beneficiaries, I would also add to that, that policymakers may consider going
beyond this and make contributions optional not just for those people who
continue to work, but... sorry, not just for those people who have begun
receiving the benefits, but also for those people who are deciding to delay pensions.
This actually has come up a number of times on the CPP side, and that's because
what's happening is people, they decide to take their benefits early. Because
they're continuing to work, they've already hit the maximum, so they're basically
contributing to a pension that's actually not changing at all. So, it doesn't
make a lot of sense in their minds to be paying into it if the benefits don't
actually increase, and this becomes quite punitive for people who are
self-employed, which we see more and more seniors becoming, because, in that
way, they're actually paying both the employer and the employee side of the
contributions.
Also, I'll note that, for
the seventh-reviewed question, which is the support caregivers who have
significantly reduced their work time, I will note that senior caregivers is an
area that I have substantial background and expertise, and this is something we
both actually wholeheartedly
support, and we could talk more about that during the Q&A.
Now, returning to the
proposal to mandate a change in the minimum age, so mandating a change in the
minimum age, so, although it has international precedents and it would be
absolutely effective in moving the population away from a largely harmful age 60 claiming behavior, on the other
hand, a mandated change could be perceived as defaulting on the social contract
on QPP, between the QPP and the public, and this could possibly lead to population resistance, and it could
exasperate the already existing potential mistrust against the QPP program, and
I would add that this mistrust, what I found in my research, is likely already
fueling some of the observed irrational early claiming behavior. Basically,
people don't trust the program and, therefore, they want to kind of grab the
money sooner than later.
Moreover, I'll also add
that such a policy… could promote a kind of a stampede of early QPP claiming
once it is known that it will take effect, thereby it could actually reverse some of the positive trends
away from that age 60 claiming that we have, fortunately, and successfully,
achieved in recent years.
Now, last but most
important, I believe that a mandated minimum age change will not actually solve the problem of encouraging
later claiming ages, especially 66, 67, 68, 69 and 70, which is ideal for many
in Québec and would make a
substantial improvement to their long-term retirement financial security.
• (16 heures) •
So, what I found in my
current research, which has been a multi-year study and will be published this
year, is that there's actually
many ways to shift this paradigm away from early claiming behavior. The reality
is that the when and the why people are claiming QPP is largely being driven by
psychological and social biases, particularly how the information is framed by
those advising them. I have found that there are a lot of conflicts of
interests that are exploiting these psychological biases and there's a lot of
forces that are not working in the financial self-interest of the retirees
themselves.
So, in this upcoming
publication, I have outlined the challenges that are obstructing informed QPP
claiming decisions. I have proposed a wide range of evidence-based and
pragmatic adjustments to the current policies and practices that stakeholders
like yourselves, as well as human resource leaders and the financial service
industry, could really realistically adopt, that would support retirees to make
more informed QPP claiming decisions, with the goal to protect their financial
self-interest today as well as their more vulnerable selves in the future.
So, for these reasons, I
do strongly urge QPP policymakers to look beyond the legislative approach and
really appreciate the powerful role that other improvements to policy and
practices can have in improving claiming decisions. By doing so, you will
achieve a much stronger, positive and...
16 h (version révisée)
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
...improvements to policy and practices can have in improving
claiming decisions. By doing so, you will achieve a much stronger, positive and
long-lasting impact on… behaviour, and thereby… really better help Québécois to
make the most out of the QPP so that they have a steady income at later ages
when they need it the most.
So, to close, I think
everyone here recognizes that time is ticking. Baby boomers are retiring now,
and, with each coming year, large numbers of people in Québec are reaching that
critical age of eligibility of age 60, and therefore more and more are going to
be struggling with this critically important financial decision that really
will affect them for the rest of their lives. Thank you very much.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère professeure. Et je cède maintenant la parole au ministre des
Finances.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous pouvez préciser? C'est sans équivoque, vous êtes contre le report à 62 ans?
Est-ce que c'est unanime? Ou il y a des pros, il y a des raisons pour puis il y
a des raisons contre, et, en raison de biais... je ne sais pas si vous les avez
appelés des biais cognitifs ou des biais de... Vous avez parlé de «stampede of
early retirement». Est-ce que c'est sans équivoque, vous ne supportez pas le
report à l'âge de 62 ans?
Le Président (M. Simard) : Madame,
à vous la parole.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
I can begin. So, yes, I wouldn't say that I am totally against it,
but I also believe that there is a lot of other measures that could be taken
that will be effective, and they just will not create the potential mistrust
and resistance by the public. I think other speakers have pointed to the fact
that people retire for a variety of reasons, they retire because they don't
have a job, they retire because they're caring for a loved one, and so long as
there are programs in place to catch those vulnerable individuals, no matter
what age they are, then there could be an argument made to move the age away as
retirement pension.
However, I would say that
before those types of mandated measures are taken, especially because I do
believe it could create a lot of public resistance, if we look at the reaction
of other countries, it would make more sense to begin with the lower-hanging
fruit, which is changing the way the information is being framed, not just by
policy-makers but also the way it's being done within the retail financial
service industry community.
M. Girard (Groulx) : Mais c'est
certain que le gouvernement, Retraite Québec, l'industrie financière doivent
faire mieux au niveau de l'information. Ça, c'est, je dirais, unanime. Mais,
une fois qu'on va avoir fait ça, est-ce que... est-ce qu'une... finalement,
est-ce que ce ne serait pas mieux de faire les deux, de fournir une bonne
information et de rendre l'âge minimum à 62 ans? Parce
que c'est... «It's a given we need to inform better», et «We will do that». Est-ce
qu'étant donné qu'on va faire cette information puis qu'on prend la critique qu'on
doit mieux informer, est-ce qu'en plus de mieux informer on ne devrait pas
pousser l'âge de la retraite à 62 ans?
Mme Sanders
(Barbara) :
I
think the difference is… if you allow me to comment, is the difference between
the sledge... you know, using a sledgehammer and using strategically placed
carrots, right? And a sledgehammer is going to destroy other things as well,
right? So, it's going to help you solve a problem, but it's going to also cause
other things that are unpleasant and not great. So, to avoid those, it's better
to start with not using that hammer right away.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous suggérez de ne pas le faire tout de suite, mais de le faire plus tard?
Parce que vous dites : «not right away». Quand?
Mme Sanders (Barbara) :
So, it's only in the recent… in the
recent past that the entire idea of delaying social security claiming has been
part of the educations of certified financial planners. This has <not...
Mme Sanders
(Barbara) :
...of delaying social security claiming has been part of the
educations of certified financial planners. This has >not been part of the syllabus of the training of financial planners
at all, in the past, and it's only in the last year that this has been added.
So, the gains that we've had in changing claiming behavior haven't even... you
know, there's going to be a bigger impact in the coming years. So, I think it
would be better to see what the impact of that is going to be, how that shifts
the entire claiming behavior, and then, if there is still a need, then it could
be considered. But we're both expecting a change, a significant change coming
from the advice side.
M. Girard (Groulx) : Alors,
présentement, c'est 33 % des gens qui prennent leur rente à 60 ans.
Alors, il est possible que la tendance se poursuive et que, dans six ans, on
est à 25 %. Mais, pour ces 25 % là, c'est toujours une mauvaise
décision financière. Alors, il reste que...
Est-ce que vous... Dans le fond, votre
argument, c'est que ce serait bon de le faire, mais, comme il va y avoir de la
résistance sociale, il ne faudrait pas le faire? La
traduction...
Mme Sanders (Barbara) :
That is not the only reason. I mean,
there is a... there are people for whom it is the right decision.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous pouvez répéter?
Mme Sanders
(Barbara) :
There
are people, there are people for whom it is the right decision to take it
early, for a variety of reasons.
M. Girard
(Groulx) : Mais pas financière. «It is the right
decision, but not for... it could be the right decision, but not for financial
reasons.»
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
Right. So, I mean, the challenge here is that people don't actually
know whether it's the right decision until they die, in terms of kind of the
risk... So, it's too late by then. So, when people are, you know, moving into
retirement, they're basically… they need to balance their short-term finances
with their long-term finances. My greatest concern is that people pay much more
attention to their short-term financials… finances because, psychologically,
the human brain is just not equipped to think of that long-term financial self.
We actually know now, from the research, people look at that future person as
someone different, they don't think ahead. So, I do emphasize quite a bit about
thinking of that future financial person.
• (16 h 10) •
And in terms of the value
of delaying your QPP, it's a very good financial investment when you compare it
to, say, going to buy an annuity in the retail market. You actually get twice
the amount of pension income from the QPP than were you to take that same money
and went to buy an annuity. So, it's a great… there's a lot of reward there for
the level of risk.
However, still, people
have individual circumstances, and everybody, you know, needs to bounce their own risks and rewards. So, as an academic, I
can give the pros and cons of different solutions. But to say with absolute
certainty, I mean, that's why I'm not the decision maker, to say : Yes,
this is the right way to go because there is just a lot more to consider,
especially when it's such a large political decision that people have been
making their retirement plans based on the expectation that they could take
their QPP at age 60, so making those changes is that… you
know, earning that trust with the public and also
considering the people who are more financially vulnerable, and they do need
that money sooner than later, and how to take care of those folks is also a
question that would have to be examined, either, you
know, in a separate analysis or as part of this.
M. Girard
(Groulx) : Mais la proposition, c'est de faire le changement en 2030.
Est-ce que vous seriez plus favorables à la position, par exemple, si on
faisait le changement en 2035, si on donnait plus de temps pour... si on
implantait le changement de 60 à 62, mais qu'on donnait plus de temps pour la
transition?
Mme MacDonald (Bonnie-Jeanne) : Right. So, by 2035, the baby boomers have already made this
transition, so I think… I think the solution to helping to make the baby
boomers more retirement… financially resilient should be done sooner. And this
is why I believe a more powerful effect of a long-lasting effect will be to
focus more on these kinds of nudges and the way this is being framed within the
financial service community as well as by policy <makers…
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
...
and the way this
is being framed within the financial service community as well as by policy >makers.
M. Girard (Groulx) : OK.
Donc, il faut mieux informer dès maintenant et... Parce que les gens ont de la
difficulté à mesurer leur sécurité financière à long terme, ils vont résister
au changement, et donc ce serait mieux de ne pas faire le changement. C'est mon
résumé.
Le Président (M. Simard) : Alors,
mon collègue le député d'Orford souhaite poser une question.
M. Bélanger : I'm following with what the minister is saying. Really, it's a
sequence of actions. And the buffer that we have, the years that we have before
we apply that, is not long enough because... question of awareness and
information. But, having six years to do it, you believe that it's not enough
time?
Le Président (M. Simard) : Madame.
M. Bélanger : It's probably
translating in French, no?
Mme MacDonald (Bonnie-Jeanne) : I'm translating in my brain.
Again, my fear is that,
having a mandated approach, that there will be people who fall through the
cracks. And it's hard to anticipate the ramifications on people who are more vulnerable,
although, you know, for the people who would benefit from delaying CPP, and
they're not doing so because there are bad practices that are encouraging
short-term financial thinking, then, for those people, yes, it would be better
for them to have that higher income.
However, I do believe we
are going to get there, people are going to delay beyond 62, 63, 64 through
other measures. And then, by doing it that way, you do not require this
mandated approach.
Le Président (M. Simard) : M.
le député d'Orford.
M. Bélanger : How much time
do we have left?
Le Président (M. Simard) : En
fait, presque quatre minutes.
M. Bélanger : I'm OK. No more
questions.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui. Je
reviens à nos propositions. Ma question va être pour l'actuaire en chef de Retraite
Québec. La possibilité de mettre les cotisations facultatives à 65 ans, même
pour ceux qui n'ont pas déclenché leur régime des rentes, ça va coûter combien?
Le Président (M. Simard) : M.
Therrien.
M. Therrien (Jean-François) : On
évalue le coût maximal, là, au maximum, à huit points de base de plus que le 11
points de base qui est dans le document de consultation.
M. Girard (Groulx) : Alors,
c'est un point extrêmement important pour tous. C'est que 11 plus 18, 19/26 de
la marge de manœuvre, on ferait pratiquement juste ça. Et donc il faut être
conscient que c'est potentiellement intéressant, mais c'est... il y a un coût à
ça.
Alors, peut-être que vous pouvez traduire
pour... Je ne sais pas si cette partie-là a été traduite. Oui? Bon. Parfait. Je
m'arrête ici.
Et j'ai une question supplémentaire pour
nos invitées qui concernerait... les facteurs d'ajustement du Canada Pension
Plan. Entre 60 et 65 ans, les pénalités pour ceux qui prennent leurs rentes
avant 65 ans sont plus élevées dans le Régime de pensions du Canada que dans le
Régime des rentes du Québec. Est-ce que c'est une bonne chose? Est-ce qu'on
devrait augmenter nos pénalités? Est-ce qu'on devrait laisser le droit de
prendre sa retraite à 60 ans et augmenter les pénalités entre 60 et 65 ans?
Mme MacDonald (Bonnie-Jeanne) : So,
the way that those adjustments are... supposedly, they're... and neutral. So, I
think that would be really at the discretion of the Chief Actuary. I actually
wouldn't know what would be fair because the idea there is what is... neutral
if there is a difference between... There is a difference between CPP and QPP,
then, of course, to reconcile why those differences exist would make sense to
me in <terms...
Mme
MacDonald (Bonnie-Jeanne) :
...a
difference between CPP and QPP, then, of course, to reconcile why those
differences exist would make sense to me in >terms
of, you know, creating kind of more financial disincentive to take it early.
Definitely, when you carry out the math, you see it is very advantageous. As
Jean-Claude Ménard mentioned, you're going to raise your benefits already by
23% by moving from 60 to 62. So, the adjustments are already quite substantial,
but to make them more align with the CPP, that would be really a question of
actuarial prevalence.
M.
Girard (Groulx) : Alors, je vais demander à l'actuaire en chef si nos
ajustements sont neutres...
Le Président (M. Simard) : Peut-être
en conclusion.
M. Girard (Groulx) : ...d'un
point de vue actuariel.
Le Président (M. Simard) : Succintement,
s'il vous plaît.
M. Therrien (Jean-François) : Étant
donné qu'on augmente le coût du régime de 12 points de base, de 60 à 62, en
passant notre rente de retraite de 60 à 62, c'est évident que les facteurs ne
sont pas neutres actuariellement.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Bonjour, mesdames. Vous aviez mentionné, en début de votre temps de
parole, «retirement costs» augmenteraient dans l'ensemble de l'approche qui est
suggérée. Est-ce que vous pourriez plus élaborer? Selon vous, quels sont
l'ensemble des «retirement costs» que vous considérez dans ce que vous dites?
Mme
MacDonald (Bonnie-Jeanne)
:
Right. So, what I was really stressing
was that, as people… Traditionally, financial planners and actually people who
have designed pension plans, they believe that your expenses in retirement go
down over time, because people become more frail, they don't spend as much
money.
However, the point that I
have been emphasising is that what's actually happened in reality is that, as
people get older and more frail, their families would step in and take care of
them free of cost. Most of the time, that work was done by adult females,
currently though a majority of women are in the workforce. And also baby
boomers, again, were the first generation to have relatively few children. So,
they will no longer receive free care as they have in the past. And this is why
retirees are facing a very different future than what has been traditionally
viewed as what people need in retirement.
So, as they get older and
they become in their eighties and their nineties, what we're going to begin seeing
is a much higher dependence on paid care, and who's going to pay for that is
the real question. Currently, between OAS, GIS and the QPP, people would get
about $20,000 in pension income, and that's not nearly sufficient when you
actually have to pay for home care. Home care supports are very, very limited.
Usually, we see this… in
the news, we saw it… during the pandemic, people end up going to the hospitals
to get transfer… care facilities. There are tens of thousands of people on
long-term care waiting list. There are hundreds of thousands of people who are
needing care at home. And this is already. And the oldest baby boomer is
actually only age 76. So, we can… Most people in their seventies are usually
healthy.
So, as the baby boomers
get older in ages and they do not have adult children to care for them, we're
going to witness a lot of people who just will not have the money to pay for
the care that they need because their family will simply not be available to
provide that care. And I do not know how that's going to…
• (16 h 20) •
M.
Beauchemin : C'est intéressant. Je voulais juste contrebalancer ça en
question, en fait, parce que j'étais tellement d'accord avec vous,
qu'effectivement c'est une réalité, là, qui s'en vient. Cependant, est-ce qu'il
y a donc des dépenses? Est-ce qu'il y a des «before retirement costs» qui vont,
eux, donc, disparaître? Est-ce qu'il y a une légère compensation, selon vous,
qui peut être effectuée grâce à ça?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
So, there's retirement costs that will disappear. So, voluntary
costs may disappear, such as travel, but I think most people have anecdotal
evidence of really the time and the money involved when an elderly family
member needs care. It takes a lot of money and time, and I think those costs will
really overshadow any cost that may potentially disappear as people get older.
M.
Beauchemin : D'accord. Merci. Vous parliez, tout à l'heure, de contrat
<social...
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
...
may potentially
disappear as people get older.
M.
Beauchemin :
D'accord. Merci. Vous parliez, tout à l'heure, de
contrat >social, je pense que vous avez aussi utilisé le terme
«reputational risk», si j'ai bien compris, à propos, là, de la réputation du
Régime des rentes du Québec, et ce, dans un contexte où est-ce qu'on forcerait
l'âge pour commencer à retirer sur le régime des rentes à 62 ans.
Est-ce que vous avez des, nonobstant ce
qui se passe potentiellement, ici, au Québec, comme expériences passées, est-ce
que vous avez des exemples de ce qui s'est passé ailleurs, par exemple, comme,
en France, on en voit récemment, là, mais est-ce que vous avez d'autres
exemples que vous pourriez nous mentionner?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : Yes. I believe… I don't… So,
I believe there is, even in Russia, there was protest in the streets, things
like that. This is what I… I have not studied this well. However, I do
understand that, in other countries, there was quite a bit of resistance. I
think, actually, a good example would have been the resistance to the change in
the old age security age, from 65 to 67, which was a major political factor
certainly… you know. Again, this is not… politics is not my expertise, but it
did play quite a bit into the politics. So, yes, there is quite a bit of
resistance.
What I can speak more
confidently too is that when I… I've been reading a lot about people commenting
on why they're not delaying their benefits, and it's quite surprizing that a
lot of people simply do not trust these programs. They see them as another
government program that can be changed on a whim. And, what I've been doing… in
using my time and my expertise, is to really push back on that and say :
No, these programs are prefunded, they're very safe, they're probably one of
the safest programs in the country when it comes to retirement financial
security. So, again, you know, making changes to the rules just may undermine
that a little bit.
M. Beauchemin : Merci. J'apprécie.
Je fais le suivi sur la conclusion que le ministre a mentionnée tout à l'heure.
On semble être un peu tous d'accord que... même M. Godbout, hier, en
parlait, le besoin d'avoir une meilleure information. Vous parliez de la
réputation, vous parliez de, justement, le fait qu'il y a peut-être une
mauvaise information ou une mauvaise perception des potentiels futurs prestataires
du fonds par rapport à la RRQ. Est-ce que vous avez des exemples de campagnes
de sensibilisation, si je peux utiliser le terme, qui ont été faites, là, par
d'autres entités qui pourraient peut-être être... nous être utiles à mieux
comprendre?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
Yes, I did see down… Actually, I can give you one example of lack of
awareness. I do know that Service Canada with the CPP did a survey that showed
that the majority of people who had taken their CPP didn't even know they had
the option to delay their benefits. So, there's a real lack, just a basic
education, and beyond that there is, you know, the fears around «the Government is taking my money», «take your
money now before the Government
takes it back», like there's these types of ideas out there. And to counteract
that, I did see in the US the Social Security. They did do quite a bit of
campaigns, you know, videos and things like that just to really help inform the
public. And the irony there, of course, is that Social Security in the US is
not nearly as safe as the Québec Pension Plan. So, I think the Québec Pension Plan would have a lot more to say on its security and
its… than the Social Security would.
M. Beauchemin : Intéressant.
Combien de temps qu'il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 4 min 30 s,
cher collègue.
M. Beauchemin : Merci. Vous
aviez donc parlé, là, potentiellement, qu'il y avait d'autres mesures, vous en
avez mentionné quelques-unes, dont histoire de faire en sorte que l'âge puisse
être naturellement retardé au lieu d'être forcé de façon coercitive. Vous en
avez mentionné quelques-unes. Je sentais, de par la façon que vous vous exprimiez,
qu'il y en avait peut-être d'autres que vous auriez aimé mentionner. Est-ce que
je me suis trompé dans ma perception de votre air d'aller au moment de
l'explication?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
Right. So, there's a lot of different… there's a lot of ways to
address this. I think one of the previous experts did mention just the
communications. One, the information is given to people. For example, <if…
Mme MacDonald (Bonnie-Jeanne) :
…one of the previous experts did
mention just the communications. One, the information is given to people. For
example, >if people get information about their
QPP, say, a number of years before they attempt to make better decisions
because they will threat their future self better than they sometimes will when
they're in the moment of receiving that information. So, there is kind of a
number of things that could be done that really have quite a bit of evidence in
terms of helping to improve decision making and help people not to fall prey to
their own kind of short-term myopic thinking, especially when it comes to
finances. It's really just the grown-up version of the marshmallow test : Have
a marshmallow now or two later. And there's been a lot of good research on ways
to mitigate this and just help people to really consider their full financial
future, and not just over the next five years.
M. Beauchemin : Je n'ai
jamais fait le test du marshmallow, mais ça peut être plus un «s'mores» pour
moi.
J'aimerais ça, vous entendre sur un sujet
qui a été un petit peu touché, là, par plusieurs intervenants à date à propos,
là, du mécanisme automatique. Votre vision, peut-être, à l'extérieur du Québec
pourrait peut-être nous éclairer, nonobstant ce qui se passe juste, là, à
Ottawa. Qu'est-ce que vous considérez comme des... pour le mécanisme
automatique de prestations cibles ou... donc votre opinion là-dessus, si c'était
possible de l'avoir.
Mme
MacDonald (Bonnie-Jeanne) : Sorry, I don't understand the question.
M. Beauchemin : Bon, le mécanisme
de prestations cibles au Québec, bien, pas au Québec, mais... le gouvernement
met en place un mécanisme qui pourrait modifier les prestations. Est-ce qu'on peut
appeler ça... Est-ce qu'on pourrait considérer, donc, qu'au lieu d'avoir des
prestations garanties et indexées on pourrait les avoir de façon ciblée? Est-ce
que ça... dans un «range», avec dans un objectif, que ce soit dans un... dans
un cadre, d'une certaine façon? Est-ce que vous, vous avez une opinion sur les
régimes à prestations variables, disons? Non?
Mme Sanders (Barbara) :
Sorry. Are we talking about Social Security? Yes? Automatic
adjustments mechanism for social security?
M. Girard (Groulx) : Du régime supplémentaire.
M. Beauchemin : Du régime
supplémentaire.
I can ask the question in
English. Target benefits, in English. I believe that's the terminology.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : Barbara is an expert on
target benefits.
Mme Sanders (Barbara) : But I'm still trying to… I'm sorry. Something is getting lost in
translation here. Are you asking in relation to these QPP changes? How it
relates to that?
M. Beauchemin : Well, if your perception of what some of the modifications that are
being proposed… are you perceiving them to be as such? Are you perceiving them
to be potentially as target… C'est quoi, le terme,
exactement?
Une voix : …
Mme Sanders (Barbara) : Target benefit?
M. Beauchemin : Target benefit, yes.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : So, I think what you're
saying… So, I think the QPP, it seems more as a defined benefit pension than as
a target benefit plan. Even tough there are adjustments in place, the
adjustments seem to make sense to me, the way that they've been setup. And I
think even any DB plan will still have some adjustments… there in case of lack
of fundings. So, I don't think it looks… I would not classify it as a target
benefit plan as much as DB plan, which is what people understand to be.
• (16 h 30) •
Le Président (M. Simard) :
Merci. Merci beaucoup. Nous poursuivons. Et je cède la parole au député de...
M. Bouazzi :Maurice-Richard.
Le Président (M. Simard) : ...Maurice-Richard. J'y vais lentement pour la traduction.
M. Bouazzi : Merci beaucoup, M.
le Président.
I don't have a lot of
time, so I'm going to go in English. I'll do my best for the technical terms,
and we'll actually save the translation time. So, you actually said that… I
understand that, basically, because of the perception, etc., you don't think
it's a good idea to go to 62 years. But you said, at some point, that various
things that could be fixed so that it would be OK, right? Can you list the
things, the top things that you think there is some kind of injustice,
inequality or even just problems related to the fact that it would be OK to
push it to 62?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : Right. No, I think what we
said was… the things that should be fixed, it's not to then lead to that change
of 60 to 62, it's just what things could actually be changed to achieve the
same results or close to the same…
16 h 30 (version révisée)
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
...62, it's just what things could actually be changed to achieve
the same results or close to the same results. But again, my focus is not just
to move it to 62, but to get people to start taking advantage of the later
delay ages as well, because age 60 to 62 it's arguably… although, you know,
it's disproportionally high for those ages. So, not all those people are necessarily
financially vulnerable, and the fact that we know that people are still
working, there are probably many people there…
M. Bouazzi :
So… so sorry, yes, I'm going to cut
you, because I don't have a lot of time. But what are the other means,
actually, that you would actually put in place?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
So, the other means, Barbara mentioned this already, is that… to
help to change the way the financial planning community has been operating. So,
the last research I've done, it has now been added to their syllabus, so now
financial planners are actually being told the value of delaying the Québec
pension plan over other options like buying a retail annuity. So, you know,
better educate the financial planners, better educate the retail financial
service industry, change the way the information is being framed and just change
the policies and practices and also just change the way that it's being
communicated by QPP.
M. Bouazzi :
So, when you say change… So, I hear
you, obviously, communication and to work on literacy about financial, etc., is
important, but are you saying that we should actually make it mandatory, so… and…
to these financial advisors, so that it's actually illegal to not explain all
these things, like we actually have for other risk-taking things for our
investments, or retirement investments, or things like that?
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) :
I would not know how much regulations should be done with financial
planners, I know it's been a very hot topic because there is a major conflict
of interests in the way they provide advice, especially when it's… they're
receiving trailer fees from the products that they're selling. However, that
would be not something I could speak to with complete clarity. What I do know
is that the way that… it's beyond financial literacy when it comes to when
people take their QPP.
Financial literacy, it's
the… basically, what I've seen in… is that the advice being given to people,
it's not that they don't understand, they're being actually… the language, the
framing of the information is actually powerfully influencing early take-up behaviour.
And this is actually what is carried up by a very good study in the US, they
did the same thing… for social security, they compared 10 ways to explain
early take-up, and they found that the way that was being done in the US, and
also was being done across the Nation here, is that by explaining it this
particular way everybody is going to take the benefits early. This particular
way that's being done in the country, it still predominates. So, my goal as a researcher
is really to change some of these practices…
Le Président (M.
Simard) : En conclusion.
Mme MacDonald
(Bonnie-Jeanne) : …just so that people can
make more informed decisions.
M. Bouazzi :
Thank you very much.
Le Président (M. Simard) : Alors,
mesdames, voilà qui termine notre échange. Merci beaucoup pour votre présence,
l'une à Halifax, l'autre à Vancouver. Ce fut fort agréable que de vous
recevoir. Au plaisir de vous revoir.
Sur ce, chers amis, nous terminons notre
journée, mais nous n'avons pas fini notre mandat, n'oubliez pas qu'on se
retrouve mardi prochain. Je vous souhaite un bon week-end.
J'ajourne donc nos travaux. À bientôt.
(Fin de la séance à 16 h 35)