Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
Pour en savoir plus sur le Journal des débats et ses différentes versions
Le
mercredi 31 mai 2023
-
Vol. 47 N° 25
Consultations particulières et auditions publiques sur le rapport sur la mise en œuvre de la Loi facilitant la divulgation d’actes répréhensibles à l’égard des organismes publics
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
-
-
Simard, Jean-François
-
Allaire, Simon
-
Rizqy, Marwah
-
-
Simard, Jean-François
-
Labrie, Christine
-
St-Pierre Plamondon, Paul
-
Allaire, Simon
-
-
Allaire, Simon
-
Simard, Jean-François
-
Rizqy, Marwah
-
Labrie, Christine
-
St-Pierre Plamondon, Paul
11 h (version révisée)
(Onze heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Je constate que nous
avons quorum. Heureux de vous retrouver.
Comme vous le savez, la commission est réunie
afin de procéder aux consultations particulières et aux auditions publiques sur
le rapport sur la mise en œuvre de la Loi facilitant la divulgation d'actes
répréhensibles à l'égard des organismes publics.
Mme la secrétaire, bonjour. Y aurait-il
des remplacements ce matin?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bouazzi (Maurice-Richard) est remplacé par Mme Labrie
(Sherbrooke).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, bienvenue à nos collègues. Alors, comme le veut la tradition, nous
allons débuter ces consultations par nos remarques préliminaires, et, d'entrée
de jeu, je cède la parole au député de Maskinongé, qui dispose de six minutes.
Cher collègue.
M. Simon Allaire
M. Allaire : Merci, M.
le Président. D'abord, vous allez me permettre des salutations parce que c'est souvent
la chose qu'on oublie dans les remarques préliminaires. Mme la ministre, merci
d'être là. Je me demande si vous êtes là pour me checker ou si vous êtes là...
Plutôt, je pense que vous êtes là parce que vous êtes intéressée à entendre le
groupe, effectivement. Merci pour votre présence, c'est très apprécié. Salutations
à l'ensemble des parlementaires aussi, qui sont là pour travailler sur la
bonification, là, de la loi qui a été <adoptée...
M. Allaire :
...la
loi qui a été >adoptée en 2017. On a un rapport pour nous aider à le
faire, donc ça sera une bonne base. On est ici pour entendre les groupes. Donc,
très hâte, d'ailleurs, de vous entendre. Vous allez me permettre, là, comme je
l'ai dit tantôt, de saluer les personnes qui travaillent au secrétariat, là,
pour nous supporter, là, dans tout ce beau dossier. Donc, M. Alexandre
Hubert, secrétaire associé et sous... au Sous-secrétariat, pardon, aux
ressources humaines gouvernementales. Bon matin. Mme Caroline Pelland,
directrice des relations professionnelles et de la négociation. Caroline, bon
matin, merci d'être là. Et M. Philippe Bettez Quessy, coordonnateur
gouvernemental en éthique. Bon matin également, merci d'être là, c'est
superapprécié.
Je suis heureux, je suis heureux, M. le
Président, là, qu'on soit ici ce matin parce que c'est important. C'est
important de prendre le temps d'étudier ce qui a été travaillé en 2017, et qui
a été adopté suite à la sanction du projet de loi, et qui a été mis en place.
On s'est donné un mécanisme pour être sûr d'être capable, là, de s'améliorer, je
vais le dire comme ça. Les lois sont toujours perfectibles, et, dans ce cas-ci,
c'est ce qu'on souhaite. Il y a un rapport qui a été travaillé par le
secrétariat, qui a été fait en partenariat, entre autres, avec les gens qui
sont principalement concernés par la loi dans son application. Et je pense que,
malgré le temps, là, qui a perduré, là, il faut toujours se rappeler, quand
même, que le rapport a été travaillé trois ans après son adoption, tel que le
prévoit la loi, mais, malheureusement, avec la pandémie, les élections, ça a
été retardé un peu. Mais ce matin on est tous ici et bien contents, là, d'y
travailler.
La confiance envers nos institutions, M.
le Président, c'est extrêmement important. Dans ce contexte-ci de la loi, je
pense qu'il faut donner tous les moyens possibles à nos gestionnaires qui
travaillent dans la fonction publique d'être capables de développer une culture
et une éthique sans reproche au niveau de l'intégrité. Et ça, ça y va par notre
travail à nous, entre autres, de législateur, là, qui leur permet de leur
donner les meilleurs outils pour le faire. Aussi, dans ce contexte-là, on
doit aussi protéger les gens qui font des divulgations. Ça aussi, c'est
extrêmement important. Et je pense que, dans le rapport qui a été déposé, on
vient naturellement, là, améliorer cet aspect-là notamment. Le rapport, je l'ai
dit tantôt, là, il a été travaillé avec l'ensemble des gens concernés. Là, on
parle ici, là, du Protecteur du citoyen, le ministère des Affaires municipales
et de l'Habitation — c'était la nomenclature à l'époque, là, on sait
maintenant qu'ils sont scindés — et également le ministère de la
Famille.
Grosso modo, rapidement, le rapport
présente trois recommandations. On se propose de revoir le rôle et
responsabilité des acteurs qui doivent appliquer la loi. On veut également
améliorer son efficience. Et, au final, on veut créer un comité, là, qui va
être capable, là, d'assurer, là, justement, l'amélioration de cette
efficience-là au fil du temps.
Alors, M. le Président, je ne serai pas
tellement plus long, si ce n'est que vous dire que... et vous répétez que la
loi qui a été adoptée en 2017, elle est perfectible, je le répète, mais on est
là pour ça. Ça fait que travaillons en équipe, là, pour faire les... poser les
bons gestes, en fait, pour l'améliorer le plus possible et conserver, là, cette
culture, là, d'éthique et d'intégrité, là, qui est chère à la ministre,
présidente du Conseil du trésor. Merci, M. le Président.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le député de Maskinongé et adjoint parlementaire, merci pour cette
intervention. Je cède maintenant la parole à la porte-parole de l'opposition
officielle et députée de Saint-Laurent.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Merci beaucoup,
M. le Président. Bonjour, chers collègues, Mme la Présidente du Conseil du
trésor ainsi que les députés de la banquette gouvernementale. Ma collègue
députée de Sherbrooke est aussi avec nous. Je tiens à vous dire merci.
J'avais écrit, à l'époque, c'était en
2020... vous étiez déjà, à cette époque-là, M. le Président, le même président
de cette dite commission, et je vous demandais qu'on puisse se réunir pour
justement faire un état des lieux suite à l'adoption de la Loi facilitant la
divulgation d'actes répréhensibles à l'égard des organismes publics. C'est un
état des lieux qui est important parce qu'effectivement on peut voir qu'est-ce
qu'on peut améliorer pour s'assurer que les lanceurs d'alerte sont quand même
protégés mais aussi d'avoir accès à cette information.
Je dois vous dire que maintenant, c'est ma
cinquième année comme élue, que c'est aussi la cinquième année... Permettez-moi
de parler d'un dossier qui me tient particulièrement à cœur, l'éducation. Ça
fait cinq ans que je suis porte-parole en éducation, et, très souvent, les gens
qui nous parlent le font en nous disant : J'ai peur de perdre mon emploi,
et nous parlent dans l'anonymat. Alors, j'aurais une attention très
particulière pour ceux qui œuvrent dans des organismes publics mais aussi
parapublics, particulièrement ceux qui oeuvrent au niveau des écoles. Parce que,
je l'ai déjà dit, pour nous, au Parti libéral du Québec, le devoir de loyauté
est d'abord et avant tout envers ceux qu'on sert — dans le cas des <écoles...
>
11 h 30 (version révisée)
<17883
Mme
Rizqy :
...ceux qu'on sert
— dans le cas des >écoles,
les élèves, c'est là, le devoir de loyauté — et envers la profession,
avant de parler du devoir de loyauté de l'employeur. Alors, j'espère qu'on aura
effectivement l'occasion de s'assurer de donner les coudées franches à ceux qui
veulent nous interpeler, attirer notre attention sur des situations qui sont
délicates, qui sont complexes, sans avoir cette épée de Damoclès, ayant cette
crainte de perdre leur emploi parce qu'ils veulent faire les choses
correctement pour améliorer la situation, non pas pour eux, mais pour soit les
élèves, les patients ou toute autre personne qui... qui sont plus vulnérables.
Alors, merci beaucoup, M. le Président, je
ne serai pas plus longue dans mes remarques préliminaires. Et je souhaite,
évidemment, la bienvenue au Protecteur du citoyen ainsi qu'à toute son équipe
qui... qui l'accompagne aujourd'hui. Merci beaucoup pour votre mémoire que vous
nous avez transmis hier.
Le Président (M. Simard) :
Alors,
merci à vous, chère collègue. Je cède maintenant la parole à la députée de
Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je vais être très brève également, simplement pour dire que je suis
vraiment contente qu'on puisse se réunir aujourd'hui et tenir cette audition
dans la perspective d'améliorer la loi. C'est un enjeu qui est cher à Québec
solidaire depuis très longtemps. Déjà, dans le passé, on avait déposé des
propositions de projets de loi pour renforcer la protection des lanceurs d'alerte.
C'est un enjeu dont j'ai entendu parler dans tous les dossiers que j'ai eu le
privilège de porter depuis mon arrivée ici, à l'Assemblée nationale,
particulièrement en éducation et en services sociaux.
Je vous dirais que les gens, sur le
terrain, vivent des craintes importantes de représailles, ont peur de dénoncer,
se créent des adresses courriel pour communiquer avec nous en cachette, de peur
de se faire réprimander, préfèrent venir en personne, ne pas laisser leur nom,
quasiment, se déguiser pour rentrer dans nos... dans nos bureaux, tellement les
gens ont la crainte, là, vraiment, de subir des représailles, alors que,
pourtant, ils ne veulent que partager les inquiétudes qu'ils ont sur la qualité
des services qui sont offerts. Moi, je suis très préoccupée par ça. Donc, c'est
un travail que je prends vraiment au sérieux. Puis je vous remercie d'être ici
ce matin, ainsi que les autres qu'on va entendre.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous, chère collègue. À ce stade-ci, j'aurais besoin, de votre part, de
deux consentements. Un premier consentement afin de poursuivre au-delà de l'heure
prévue, parce que nous avons commencé légèrement en retard. Y aurait-il
consentement à cet effet?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) : Consentement,
très bien. Et j'aurais besoin d'un second consentement afin que notre collègue
le député de Camille-Laurin puisse participer à nos travaux. Y aurait-il, à cet
effet, consentement?
Mme Labrie : ...de passer par
le cabinet du leader pour ces demandes-là, mais je vais donner mon
consentement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien, très bien. Alors, je constate qu'il y a consentement? Très bien. Et,
conséquemment, cher collègue, puisque nous n'avons pas terminé la période des
remarques préliminaires, si tant est que vous souhaitiez dire quelques mots,
vous auriez une minute pour le faire.
M. St-Pierre Plamondon : Non.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va pour l'instant? Très bien. Alors, vous pourrez poursuivre durant la
période d'échange.
Auditions
Et nous en sommes maintenant rendus à l'étape
de l'audition formelle et nous avons l'honneur de recevoir, ce matin, des
représentants du Protecteur du citoyen. Alors, mesdames, messieurs, bienvenue
parmi nous. Et auriez-vous d'abord, s'il vous plaît, l'amabilité de vous
présenter?
Protecteur du citoyen
M. Dowd (Marc-André) : ...je
suis Marc-André Dowd, Protecteur du citoyen. Je suis accompagné de Me Hélène
Vallières, vice-protectrice, Affaires institutionnelles et prévention, de Me
Caroline Moulin, avocate à la Direction des affaires juridiques et
institutionnelles du Protecteur du citoyen, et de M. Jean-Philippe
Drapeau, directeur des enquêtes en matière d'intégrité publique au Protecteur
du citoyen.
Le Président (M. Simard) : ...vous
remercie de vous joindre à nous. Et, comme vous le savez, vous disposez de 10 minutes.
M. Dowd (Marc-André) : Merci,
M. le Président, Mme la ministre responsable de l'Administration gouvernementale
et présidente du Conseil du trésor, Mmes, MM. les députés membres de la
commission. Je remercie la Commission des finances publiques d'avoir invité le
Protecteur du citoyen à présenter ses commentaires sur le rapport du Secrétariat
du Conseil du trésor sur la mise en œuvre de la Loi facilitant la divulgation d'actes
répréhensibles à l'égard d'organismes publics. Alors, pour simplifier les
choses, pour la suite de ma présentation, vous allez me permettre de désigner
la loi par son acronyme, la LFDAROP.
Donc, pour rappel, je précise que le
Protecteur du citoyen reçoit les plaintes de toute personne insatisfaite des
services d'un ministère, d'un organisme du gouvernement du Québec, d'un
établissement de détention provincial ou d'une instance du réseau de la santé
ou des services sociaux. Il mène aussi des enquêtes, de sa propre initiative,
sur des préjudices à portée collective. Il veille également à l'intégrité des
services publics en traitant des divulgations d'actes répréhensibles. Ce volet
de son travail s'effectue en vertu de la LFDAROP. C'est de cette loi dont il
est question aujourd'hui.
Le 5 décembre 2019, le
Protecteur du citoyen a transmis au secrétaire du Conseil du trésor son bilan
sur la mise en œuvre de la <LFDAROP...
M. Dowd (Marc-André) :
...sur
la mise en œuvre de la >LFDAROP depuis son entrée en vigueur le
1er mai 2017. Ce bilan comptait 21 recommandations. Le
28 mai 2020, le président du Conseil du trésor déposait à l'Assemblée
nationale le rapport sur la mise en œuvre de la LFDAROP, qui fait l'objet des
présentes auditions aujourd'hui.
D'entrée de jeu, le Protecteur du citoyen
souhaite marquer son accord avec les trois grandes recommandations du Secrétariat
du Conseil du trésor. Aujourd'hui, après plus de trois ans, une mise à jour des
recommandations du Protecteur du citoyen s'avérait nécessaire. Le mémoire que
je soumets à cette commission dresse cette mise à jour. Il y est d'abord
question de développements qui ont eu lieu, ces dernières années, en matière
d'intégrité publique, et dont il faut se réjouir. La mise à jour des 21 recommandations
fait ensuite ressortir qu'elles sont généralement encore d'actualité, avec
parfois des nuances, et également, la proposition de nouvelles recommandations.
Enfin, nous dégageons des enjeux prioritaires déjà nommés par le Protecteur du
citoyen ou nouveaux. Les avancées suggérées ont pour but de conférer à la
recherche et au maintien de l'intégrité publique les meilleurs outils et les
meilleures perspectives.
Dès la mise en œuvre de la LFDAROP, la
protection contre les représailles des divulgateurs et des témoins s'est avérée
une préoccupation incontournable. L'efficacité d'un tel mécanisme passe, en
effet, par la confiance qu'il inspire aux potentiels lanceurs d'alertes et aux
collaborateurs aux enquêtes et vérifications du Protecteur du citoyen. Deux
comités ont été mis en place pour améliorer cette protection. L'un d'eux a été
formé par le Forum des partenaires en intégrité publique, soit les six entités
suivantes : l'Autorité des marchés publics, le Commissaire à la lutte
contre la corruption, la Commission municipale du Québec, l'inspecteur général
de la ville de Montréal, le ministère des Affaires municipales et de
l'Habitation et le Protecteur du citoyen. En plus de s'intéresser à la
protection des lanceurs d'alerte, ce comité s'est questionné sur l'opportunité
d'intégrer des sanctions administratives pécuniaires dans les lois des
organismes partenaires.
Un comité multipartite a également été
créé en réponse à l'une des recommandations du rapport sur la mise en œuvre de
la LFDAROP, la recommandation 3. Le comité a terminé ses travaux en 2021. Je
salue aussi le fait que la Commission municipale du Québec soit devenue, le
1er avril 2022, l'organisme compétent pour traiter les divulgations
d'actes répréhensibles à l'égard des organismes municipaux.
Par ailleurs, le Protecteur du citoyen est
soucieux d'agir davantage sous l'angle de la prévention et de la promotion.
Pour ce faire, il a récemment créé un poste de conseiller aux partenariats, à
la coopération et à l'éducation au sein de sa Direction des enquêtes sur les
divulgations en matière d'intégrité publique. Ce poste-là est en dotation
actuellement. Enfin, depuis l'automne 2022, les discussions entre le
Secrétariat du Conseil du trésor et le Protecteur du citoyen ont repris dans le
cadre du bilan de la LFDAROP. Nos recommandations respectives ont donné lieu à
de fructueux échanges.
Tel que je le mentionnais, notre bilan de
2019 comportait 21 recommandations. Notre mémoire en dresse la liste,
assortie de nos brefs commentaires. Globalement, nos recommandations demeurent
d'actualité. Le temps qui m'est alloué ne me permet évidemment pas de toutes
les passer en revue. Je me limiterai à donner quelques exemples.
Il est notamment question de la compétence
des différents acteurs en vertu de la LFDAROP. Ainsi, l'une de nos
recommandations portait plus particulièrement sur les responsables du suivi des
divulgations, un mécanisme au sein des ministères et des organismes. Nous
étions et nous sommes toujours d'avis qu'il est essentiel de convertir le
mandat actuel de ces personnes pour en faire des répondants internes jouant un
rôle de promotion et de prévention en matière d'intégrité publique et agissant
comme des agents de liaison avec le Protecteur du citoyen. Le traitement des
divulgations du personnel des organismes publics devrait relever exclusivement
du Protecteur du citoyen.
• (11 h 40) •
La confidentialité entourant le traitement
des divulgations est une notion phare dont nous sommes tous ici bien
conscients. Je vous parlais des recommandations initiales, qui demeurent
d'actualité, mais que l'expérience du Protecteur du citoyen amène à nuancer.
Ainsi, nous recommandions que le défaut de protéger la confidentialité d'une
personne ayant effectué une divulgation soit considéré comme une infraction
pénale. Le Protecteur du citoyen considère aujourd'hui que cela est toujours
pertinent, mais que d'autres moyens pourraient également être envisagés.
Au moment de traiter une divulgation, un
autre élément central intervient : La divulgation est-elle d'intérêt
public, et comment définit-on l'intérêt public? Propos toujours d'actualité, et
le Protecteur du citoyen recommande que la LFDAROP soit modifiée afin que cette
notion d'intérêt public soit plus précise. L'intérêt public doit être rattaché
à l'objet de la divulgation, plutôt qu'aux intentions du lanceur d'alerte.
Enfin, mon dernier exemple se rapporte à
la promotion et à la... à la promotion de la procédure de divulgation et d'une
culture éthique. En 2019, le Protecteur du citoyen recommandait que les
dirigeants des organismes assujettis à la LFDAROP soient tenus d'informer leur
personnel relativement à cette loi et aux moyens mis à leur <disposition...
M. Dowd (Marc-André) :
...à
la LFDAROP soient tenus d'informer leur personnel relativement à cette loi et
aux moyens mis à leur >disposition pour divulguer un acte répréhensible.
À ce sujet, le Protecteur du citoyen a pris acte de la démarche du Secrétariat
du Conseil du trésor, qui a effectué les rappels nécessaires auprès de ces
dirigeants. À notre avis, l'obligation dont il est question ici doit tout de
même être ajoutée à la LFDAROP.
Le temps file. Je résume en mentionnant
que d'autres recommandations, toujours actuelles, portent, notamment, sur
l'assujettissement des filiales des entreprises du gouvernement à la LFDAROP,
la possibilité de reconnaître, à titre de cas grave de mauvaise gestion, l'action
d'un organisme lié par convention à un organisme public et la protection de
l'identité des divulgateurs et des témoins dans le cadre de procédures devant
un tribunal civil ou administratif.
J'enchaîne maintenant sur certains enjeux
que le Protecteur du citoyen estime prioritaires dans le contexte de l'étude du
rapport sur la mise en œuvre de la LFDAROP. Depuis 2019, certains enjeux ont
évolué, tandis que de nouveaux sont apparus. J'en évoque quelques-uns. Une des
finalités de la LFDAROP est de maintenir et d'accroître la confiance des
citoyens à l'égard des organismes publics. En ce sens, il est d'intérêt public
que le Protecteur du citoyen diffuse certaines informations concernant les
actes répréhensibles constatés. Cela passe généralement par la parution de
conclusions publiques. Toutefois, celles-ci doivent tenir compte de la
nécessaire protection des divulgateurs et des témoins qui collaborent aux
enquêtes.
Du point de vue du Protecteur du citoyen,
le législateur devrait être plus précis quant au niveau de transparence attendu
dans les conclusions d'enquête rendues publiques. Il serait également pertinent
de faire de la LFDAROP une loi autoportante, qui permettrait de ne plus référer
aux dispositions de la Loi sur le Protecteur du citoyen. On en viendrait ainsi
à mieux distinguer le mandat en intégrité publique du mandat traditionnel de
l'ombudsman. Concrètement, cette distinction des mandats pourrait se traduire
par la création d'un vice-protectorat à l'intégrité publique, ce qui
permettrait de mieux marquer et de donner toute sa portée au rôle du Protecteur
du citoyen en matière d'intégrité publique.
J'ai insisté, tout au long de cette
présentation, sur l'aspect de la confidentialité. Pour les lanceurs d'alerte et
les témoins, le fait de pouvoir faire une divulgation de façon anonyme ou
confidentielle représente la meilleure protection contre les représailles. Cela
étant, la LFDAROP devrait prévoir expressément la possibilité, pour le
Protecteur du citoyen, d'émettre des ordonnances de confidentialité. Toujours
en vertu de la même loi, une présomption s'applique lorsque les représailles
alléguées affectent les conditions de travail du divulgateur ou de la personne
qui collabore à une enquête. En pareil cas, la victime bénéficie de différents
recours, notamment auprès de la CNESST. Nous avons constaté que les personnes
souhaitant exercer ce recours éprouvaient des difficultés à effectuer leurs
démarches et qu'elles finissaient souvent par ne plus s'en prévaloir.
Enfin, la protection en cas de représailles
nécessite que la personne concernée connaisse les différentes lois qui
encadrent la divulgation d'actes répréhensibles. La multiplication des
organismes ayant des mandats complémentaires en matière d'intégrité publique
peut créer une certaine confusion. De l'avis du Protecteur du citoyen, la
démarche pour bénéficier de la protection contre les représailles devrait être
simplifiée. En outre, le Protecteur du citoyen pourrait agir en tant que
guichet unique pour les plaintes en matière de représailles. Il jouerait alors
un rôle d'accompagnement des personnes et, le cas échéant, de référence vers
les bons recours, CNESST ou autres.
Je conclus en soulignant tout le travail
accompli, au cours des dernières années, par mon équipe, au Protecteur du
citoyen, pour renforcer l'intégrité publique au Québec. Depuis 2017, l'éthique
et l'intégrité ont nettement fait leur place comme préoccupations collectives.
Les vérifications et les enquêtes du Protecteur du citoyen sur les divulgations
ont amené, au cours des six dernières années, des changements concrets et
durables dans les pratiques de certains organismes publics, renforçant ainsi la
culture d'intégrité publique du secteur public. Je suis heureux d'avoir
l'occasion d'échanger avec vous sur le sujet. Étant donné que je suis
Protecteur du citoyen depuis seulement un an, je précise que mes collaborateurs
et collaboratrices ici présents ont une connaissance fine de l'évolution de
notre mandat en intégrité publique au cours des dernières années. Avec votre
permission, M. le Président, je souhaiterais qu'ils puissent prendre une part
active dans la discussion qui va suivre. Je vous remercie.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député de
Maskinongé, et vous disposez d'une période globale d'environ 16 min 30 s.
M. Allaire : Excellent.
Merci, M. le Président. Merci pour votre présence, merci pour votre allocution.
Je vais y aller avec deux questions, pour
commencer, de façon plus générale, puis, après ça, on ira de façon plus
pointue. Vous avez un rôle à jouer, actuellement, avec la loi qui a été adoptée
en 2017. J'aimerais ça que vous preniez le temps de bien nous le définir, et de
nous définir le rôle que vous souhaiteriez jouer avec une refonte de la loi,
là, qu'on... qu'on va peut-être faire, là, selon les travaux qu'on... qu'on est
en train de faire.
M. Dowd (Marc-André) : ...d'intégrité
<publique...
M. Allaire :
...selon
les travaux qu'on... qu'on est en train de faire.
M. Dowd (Marc-André) :
...d'intégrité
>publique, c'est d'accueillir les divulgations... en fait, là,
premièrement, là, de créer un environnement sécuritaire pour qu'une personne
qui veut faire une divulgation puisse le faire en toute confidentialité. D'effectuer,
avec nos pouvoirs d'enquête, parce qu'on dispose de pouvoirs d'enquête, toutes
les vérifications nécessaires pour évaluer le bien-fondé de la divulgation. Si
nécessaire, aller en enquête formelle, pour aller au fond des choses, dans le
respect de l'équité procédurale. Si la divulgation s'avère fondée après notre
enquête, émettre un rapport d'enquête à la plus haute autorité et des
recommandations qui s'adressent à la plus haute autorité pour mettre fin à
l'acte répréhensible et mettre en place les mesures pour éviter qu'une
situation comme ça ne resurgisse, donc la récurrence des situations. Cela dit,
si, au terme d'une enquête, la divulgation s'avère non fondée, on va quand même
faire un rapport d'enquête, qu'on va remettre à la plus haute autorité visée,
donc souvent, le sous-ministre ou le dirigeant d'organisme, pour exposer la
situation et exposer en quoi notre conclusion nous amène à l'idée que la
divulgation n'est pas fondée.
Donc, actuellement, dans les changements
qu'on propose, c'est important de comprendre qu'il y a... qu'il y a deux rôles
actuellement. Il y a le responsable du suivi des divulgations. Dans chaque
ministère et chaque organisme public, on doit nommer un responsable du suivi
des divulgations. Le rôle de cette personne-là, actuellement, c'est
d'accueillir les divulgations, et, actuellement, cette personne-là peut
effectuer certaines vérifications au sujet de la divulgation. C'est cette
partie-là qu'on souhaite revoir. L'expérience des dernières années nous apprend
que ça place les responsables de suivi de divulgations, cette vérification-là,
dans des situations souvent difficiles dans leur organisation. Et également, il
n'y a pas tant de volume de divulgations, donc l'expertise en vérification ne
se développe pas.
Donc, ce qu'on dit, c'est que le
responsable des suivis de divulgation a toute sa place, mais toute sa place
pour promouvoir une culture de l'intégrité publique au sein de l'organisme
public, accueillir, accompagner, assister la personne qui voudrait faire une divulgation,
faire le lien avec le Protecteur du citoyen, nous laissant le soin de faire les
vérifications et les enquêtes. Et également, l'avantage, c'est que cette
personne-là, le responsable des suivis de divulgation, jouerait un rôle d'agent
de liaison quand on a des vérifications ou des enquêtes à faire au sein de
l'organisme. Donc, c'est, essentiellement, le premier élément. Est-ce qu'il y a
des éléments que vous souhaitez rajouter?
Mme Vallières (Hélène) :Oui, peut-être... peut-être pour ajouter un rôle qu'on joue
au niveau de l'accompagnement des divulgateurs. Alors, une partie importante de
notre travail, c'est de répondre aux craintes, aux demandes d'assistance, donc
les questions que les lanceurs d'alerte ou les divulgateurs pourraient avoir.
On le fait par le biais de la direction des enquêtes, qui va répondre à ces
questions-là. On le fait aussi par le biais des consultations juridiques,
lorsqu'une personne a des inquiétudes, lorsqu'elle est impliquée dans un
processus de divulgation.
On aimerait voir ce rôle-là se développer
davantage, donc, pour renforcer la protection des lanceurs d'alerte. On
aimerait jouer un rôle plus important pour les personnes qui croient subir des
représailles, donc mieux les guider dans le... je dirais, l'interface assez
complexe de ce qui existe comme recours, soit avec la CNESST, avec les autres...
les autres mécanismes existants. On se rend compte qu'il y a... qu'il y a peut-être
un manque au niveau de l'accompagnement des personnes qui se disent victimes de
représailles, donc on trouverait ça important qu'il y ait... qu'on puisse jouer
un rôle additionnel dans cet... dans cet effort-là, de mieux les soutenir, de
mieux les accompagner.
• (11 h 50) •
M. Dowd (Marc-André) : J'ajouterais,
si vous permettez, juste un élément, aussi, sur un rôle de conseil juridique
que la loi nous donne. Donc, une personne qui souhaite faire une divulgation ou
qui est appelée à être témoin dans le cadre de nos enquêtes et qui aurait
besoin de conseils juridiques peut nous faire une demande, on évalue la demande
et, si on estime que c'est approprié, on va convenir d'un nombre d'heures de
conseils juridiques, où la personne peut recueillir les conseils d'un... d'un
avocat de son choix. Donc, c'est... ça permet de donner un conseil juridique
dans l'accompagnement.
M. Allaire : ...là-dessus, je
trouve ça vraiment pertinent. Je vais employer le mot «promotion», mais je ne
sais pas si c'est le bon mot, ça fait drôle de l'employer dans ce contexte-là,
mais vous l'avez dit. Jusqu'à quel point que vous avez les bons outils pour
bien informer nos travailleurs qui travaillent dans la fonction publique pour
qu'ils fassent les bonnes dénonciations? C'est-à-dire que, des fois, vous devez
aussi vous retrouver avec des dénonciations que, woups! là, c'est... ils se sont
fait refuser un congé, là, tu sais, j'y vais à l'extrême, là, puis là, tu sais,
ils ont... ils ont le goût de passer via ce canaux-là pour faire une
dénonciation, puis qui n'est pas le bon canaux. Puis, d'un autre côté, il y a <probablement...
M. Allaire :
...d'un
autre côté, il y a >probablement des fois où ce serait très fondé de le
faire, mais ils ne savent pas trop comment s'y prendre, parce qu'ils n'ont pas
reçu l'information pour toutes sortes de raisons. Ça fait que de quelle façon
que vous voyez ça pour bien informer les travailleurs? Est-ce que c'est,
justement, le responsable de suivi qui doit jouer ce rôle-là? Et quels... quels
outils que cette personne-là doit avoir pour, justement, bien jouer son rôle,
là?
M. Dowd (Marc-André) : On
voit un rôle important du responsable des suivis de divulgations dans chaque
ministère et organisme à cet effet-là. Ce qu'on a constaté, par contre, c'est
que les responsables de suivi de divulgations, actuellement, sont peu appuyés,
ils ne sont pas fédérés, ils ne sont pas... ils ne sont pas mis en réseau, OK?
Alors, justement, le développement... J'annonçais le développement d'un poste
de conseiller aux partenariats à l'éducation et à la coopération. Ça vise,
justement, si je puis dire, à fédérer le réseau, entre autres, là, des
responsables de suivi de divulgations, à développer des outils sur la loi, sur
l'application de la loi, pour qu'il y ait comme une compréhension commune dans
tous les ministères, tous les organismes, à faire de la formation, des
activités de formation, à sensibiliser les hauts dirigeants. Donc, oui.
Et on reconnaît qu'après quelques années
d'application de la loi là, où on a eu à traiter les divulgations, le temps est
venu maintenant d'investir un peu plus d'efforts sur la promotion, notre rôle
de promotion et de communication de la LFDAROP, des... de ce que c'est, faire
une divulgation, du processus, et on veut s'engager là-dedans dans les
prochaines années.
M. Allaire : Cette
personne-là, vous la voyez où, là, dans... dans l'organigramme, je vais le dire
comme ça, là?
M. Dowd (Marc-André) : Cette
personne-là va être rattachée à la direction des enquêtes en matière
d'intégrité publique, donc, et on est en processus de recrutement, là, de cette
personne-là actuellement.
M. Allaire : OK. Parfait,
merci. Un autre élément que je veux aborder avec vous, qui, je pense, est
extrêmement important, c'est : Comment qu'on trouve l'équilibre entre bien
protéger le divulgateur et être aussi, comme... comme gouvernement, comme
instance, transparent avec le public? C'est un équilibre qui est quand même
difficile à trouver. De votre perspective, vous le voyez comment?
M. Dowd (Marc-André) : Oui.
Si on prend le cadre normatif actuel, la loi telle qu'elle est, quand on lit la
loi, ce qu'on voit, ce qu'on comprend c'est que c'est la confidentialité qui
doit primer. Le premier souci, c'est d'assurer, en toutes circonstances, la
protection de l'identité du divulgateur et des témoins qui participent à nos
enquêtes. Et la loi nous dit aussi qu'on doit assurer la protection des droits
des mis en cause... des personnes mises en cause.
Il y a une petite partie possible de
communication publique, mais, dans la logique actuelle, ce qu'on voit c'est que
c'est la confidentialité qui... qui l'emporte, donc ça a mené à une pratique où
la communication publique est l'exception plutôt que la norme. Cela dit, on
voit l'évolution sociale, on voit les débats, on entend bien un appel à plus de
transparence de la part des organismes comme le nôtre qui traitent des
divulgations en matière d'intégrité publique, et ce qu'on se dit c'est qu'on
comprend cet appel à la transparence. En tout temps, ça doit se faire,
cependant, en continuant à respecter la confidentialité du divulgateur et des
témoins, les droits du mis en cause. Donc, il y a un équilibre à trouver. Cet
équilibre-là, j'en appelle au législateur pour nous aider à le trouver.
Et on fait certaines propositions dans le
mémoire qu'on vous soumet aujourd'hui, où on en viendrait, dans le cas de
divulgations fondées... alors là, il faut comprendre qu'on parle des
divulgations où, après enquête, on estime qu'un acte... on a une preuve d'acte
répréhensible... alors, on pourrait ouvrir la... une publication, en nommant
l'instance, ce qui n'est pas fait aujourd'hui, en nommant l'instance, à
certaines conditions. Donc, la publication, dans les dossiers fondés, pourrait
devenir, disons, la norme, mais en gardant un pouvoir discrétionnaire au
Protecteur du citoyen pour décider de ne pas publier un cas. Par exemple, si la
publication du cas exposait nécessairement le divulgateur, je pense que la
protection du divulgateur devrait l'emporter. On donne certains éléments. Par
exemple, on pourrait dire qu'une modalité ça pourrait être de déposer à
l'Assemblée nationale le rapport d'enquête fondé, après... après notre enquête.
Ça, ça pourrait être une... une procédure.
Le fait de relancer la balle au
législateur, c'est que... je pense que c'est un débat social à avoir sur le
niveau de transparence attendu. Moi, comme Protecteur du citoyen qui a appliqué
la loi, je serais beaucoup plus confortable si la loi me précisait les critères,
et ce qui est attendu en termes de transparence, et légalement, puis ça nous
protégerait aussi, parce que là, si la loi me dit que je dois rendre public tel
élément, bien, je m'acquitte de mes obligations légales en le faisant.
M. Allaire : Ce que j'entends
par ce que vous dites, qu'il y a un peu un déséquilibre actuellement ou que, vu
que ce n'est pas clair, ça amène un certain flou, puis vous ne savez pas trop
comment agir dans un contexte comme ça.
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
quand on lit la loi, <actuellement...
M. Allaire :
...contexte
comme ça.
M. Dowd (Marc-André) :
Bien,
quand on lit la loi, >actuellement, il y a un article qui permet de
faire... de rendre publique une conclusion si le Protecteur du citoyen est
insatisfait du suivi des recommandations faites par une instance. Alors, ça
implique qu'on a conclu à un acte répréhensible fondé, on a fait des recommandations,
et là, à notre avis, l'instance ne fait pas un suivi satisfaisant de nos
recommandations, il y a une disposition de la loi qui nous le permet. Ça, c'est
assez bien balisé. Donc, ça, c'est une possibilité aujourd'hui.
Par référence à des articles de la Loi sur
le Protecteur du citoyen, donc, une référence qui est incluse à la LFDAROP, on
pourrait faire un commentaire public lorsque l'intérêt public le justifie.
Alors, ça, ça nous donne une certaine discrétion. Mais ce que je vous dis,
c'est que je pense que ce serait préférable qu'il y ait le débat social avec...
avec le... que le législateur dise : Bien, voici, on la tranche, la ligne,
et c'est dans ces cas-là qu'on va rendre public, et dans ces cas-là, on ne
rendra pas public. Et moi, ça va me faire plaisir d'appliquer la loi dans ces
nouvelles... dans ce nouveau cadre là.
M. Allaire : Avec... avec cet
équilibre-là, est-ce que vous pensez que ça va favoriser la divulgation d'actes
répréhensibles?
Mme Vallières (Hélène) :En fait, ce que je voulais ajouter, là, à la question
précédente, c'était qu'il y a d'autres organismes canadiens, et même au
municipal où c'est plus clair, dans le fond, le fait de déposer, par exemple,
au municipal, le rapport d'enquête au conseil municipal, là, qui est... qui est,
de facto, une instance publique ou, par exemple, au commissaire fédéral, là, à
l'intégrité du secteur public du Canada, où, lui, c'est prévu, dans sa loi,
qu'il dépose le rapport fondé au Parlement. Donc, ce sont des exemples
législatifs qui existent, qui... qui, nous pensons, fonctionnent quand même
bien, là, dans notre mécanique juridique canadienne, et qui pourraient nous
permettre d'avoir plus de marge de manœuvre.
Ce qui est difficile actuellement, c'est
que, comme M. Dowd le soulignait, légalement, on a des obligations qui
sont un peu... qui sont... en fait, nos obligations de confidentialité sont
plus fortes que notre permission de diffuser publiquement des informations.
Donc, nous, on souhaite le faire, comme organisme, parce qu'on pense que c'est
important que le public soit informé sur ces actes répréhensibles là, mais
aussi qu'on définisse mieux la... les contours des actes répréhensibles. Pour
le moment, on l'applique, on l'interprète d'une certaine manière, et on
aimerait ça pouvoir en rendre compte publiquement et, quelque part, se valider,
là, à savoir, auprès des parlementaires, est-ce que notre compréhension des
actes répréhensibles reflète bien l'intention, est-ce qu'on est dans la bonne
zone.
Donc, la communication publique permet
d'avoir, je dirais, un débat autour de cette loi-là, et de comment elle est
appliquée, et de comment elle est interprétée. Donc, je pense que, oui, ça
favoriserait la divulgation, en montrant aussi davantage les résultats de ces
enquêtes-là. Si on est capables d'aller plus loin en disant : Bien,
écoutez, voici ce qu'on a découvert dans un organisme, voici ce qu'on a
recommandé comme mesures d'amélioration, voici ce qui a été changé, bien ça
permet... ça permet de voir l'effet aussi, là, toute l'efficacité, là, de cette...
de cette loi-là.
M. Allaire : Merci. Combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 2 min 40 s.
• (12 heures) •
M. Allaire : Rapidement, on a
parlé tantôt de revoir les rôles et responsabilités. Entre autres, vous pensez
que la CMQ doit avoir davantage de responsabilités à ce niveau-là. Peut-être,
deux minutes, là, rapidement, là, pour un peu... nous dire un peu pourquoi, parce
que, tu sais, on le voit, là, quand même, dans chacune de nos municipalités,
parfois, parfois, là, le contrôle, je dirais, ou la façon de s'approprier les
lois et les règlements, elle peut être difficile, parce que c'est des nouveaux
élus. Ça fait que là, je trouve que, des fois, la ligne est très mince au
niveau de l'interprétation. Ça fait que vous voyez ça comment?
Mme Vallières (Hélène) :Bien... (panne de son) ...en matière municipale,
évidemment, on a vu l'évolution, là, des orientations, parce qu'au moment où la
loi a été adoptée c'est le commissaire à l'intégrité et aux enquêtes de la... du
ministère des Affaires municipales et de l'Habitation qui était responsable et,
depuis les changements législatifs et le nouveau rôle qui a été confié à la commission
municipale, on voit vraiment une intégration du mandat de surveillance de la
déontologie et de l'intégrité, là, au niveau soit des élus et de
l'administration municipale. Il faut comprendre que, dans le milieu municipal,
puis mes collègues de la commission pourraient... pourraient mieux l'expliquer
que moi, il y a souvent une interaction étroite entre les élus puis
l'administration, là. C'est souvent des petits... des petites municipalités au
Québec, là. Donc, d'avoir une vision d'ensemble de la déontologie et de
l'éthique au niveau municipal, on pense que c'est vraiment une bonne
orientation.
L'enjeu qu'on a encore, c'est que,
parfois, en matière municipale, il y a des interactions avec les lois... les
lois provinciales. Donc, la manière dont c'est défini, c'est quand même
assez... assez <complexe...
>
12 h (version révisée)
<
Mme Vallières (Hélène) :
...les
lois provinciales. Donc, la manière dont c'est défini, c'est quand même assez...
assez >complexe, là, le monde municipal, puis les lois provinciales qui
s'appliquent en contexte municipal, donc ce corpus législatif là est... est quand
même compliqué. Donc, la... la commission municipale a, je pense, vraiment l'expertise
actuellement pour bien surveiller les différents rôles que les organisations
municipales vont... vont jouer, même dans l'application de lois... de lois provinciales.
Donc, c'est un peu ça qu'on voulait... qu'on voulait soulever, en... en disant,
dans le fond... en donnant pleine confiance en nos... à nos collègues, là, de
la commission municipale dans le rôle qu'ils jouent actuellement, là, qui...
qui, selon nous, là, est très bien... très bien mené, là.
M. Allaire : Excellent, merci.
Merci, M. le Président. Ça va.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue.
M. Allaire : Merci à vous.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Je cède la parole à la députée de Saint-Laurent, qui dispose de 10 minutes.
Mme Rizqy : Merci beaucoup, M.
le Président. Je vais aller à la page 11, la recommandation 10 :
«Que les dirigeants des organismes publics assujettis à la loi fassent preuve d'ouverture
et de transparence et qu'ils adoptent une directive interne relevant les
avocats et les notaires de leur secret professionnel aux fins des vérifications
et des enquêtes menées en vertu de cette loi.» Je comprends l'objectif. Donc,
par exemple, on ne veut pas qu'un organisme se refuge derrière le secret
professionnel. Par contre, nous, les avocats, on a notre Code des professions,
on a notre code de déonto et on a les règlements afférents. Une directive
interne par rapport à une loi, au niveau de la hiérarchie, là, ce n'est pas... je
vous dirais, moi, comme avocate, je ne me sentirais pas suffisamment blindée
face à mon syndic.
Alors, je vous pose la question suivante :
Est-ce qu'on ne devrait pas plutôt faire un peu ce qui existe déjà lorsqu'il
est question de relever l'avocat? Dès qu'une personne identifiée ou un groupe
de personnes identifiables est en danger imminent, à ce moment-là, nous, on est
immédiatement relevés de notre secret professionnel, on peut communiquer l'information
pour permettre qu'il y ait une intervention. Parce que c'est seulement une
directive interne. Un, la directive interne peut changer au gré du vent, selon
la personne qui siège, et deuxièmement, c'est qu'il peut y avoir une
interprétation, par la suite, de la jurisprudence.
Alors, j'aimerais plus, peut-être, avoir
votre avis, si on ne devrait pas plutôt mettre ici la ceinture et la bretelle
pour protéger vraiment correctement les avocats, pour ne pas qu'eux, de... de leur
côté, se tournent vers leur syndic et se demandent si, oui ou non, ils
respectent les autres dispositions, Code de professions, code de déontologie et
les règlements afférents.
Mme Vallières (Hélène) :Oui. Bien, merci, pour votre question. C'est une excellente
question. En fait, on se retrouve dans une situation où, évidemment, le secret
professionnel liant l'avocat et le notaire à son client bénéficie des
protections constitutionnelles. Donc, même une modification législative à la
loi, pour nous, c'était difficile de la... de la concevoir, là. Donc, nous, on
le voyait plus en termes de... de pratique interne dans les... dans les
ministères et les organismes, comme un peu il s'est fait au niveau municipal, à
la ville de Montréal, où les arrondissements... c'est un peu l'exemple qu'on
prenait, dans le fond. Les arrondissements ont adopté des résolutions pour
adopter le principe que, pour les enquêtes de l'inspecteur général, bien, il y
a une renonciation au secret professionnel pour permettre à l'inspecteur
général de la ville de Montréal de faire toute la lumière sur une situation. Donc,
on partait de là, un peu, cet... cet exemple-là.
Évidemment, si on veut aller plus loin, si
le législateur veut aller plus loin, on n'a pas d'objection. C'est sûr que pour
nous, on voit quand même un intérêt public important pour les dirigeants d'organismes
publics d'avoir un portrait complet d'une situation. Souvent, les... les dirigeants,
tu sais, parfois, ils n'ont pas toute l'information sur ce qui s'est passé, là,
donc ça peut leur permettre d'avoir un... un portrait complet que de renoncer
au secret professionnel. Actuellement, on le fait à la pièce, là. C'est-à-dire
que quand on est en enquête, on va... on va rencontrer les gens, on va
expliquer un peu la portée de... de l'enquête. Puis on va demander, là, au
dirigeant s'il accepte, là, pour nous permettre de... de faire un tour complet
du... de la problématique, de renoncer. Donc, évidemment, bien, ça... c'est
variable, la réponse qu'on peut avoir à ça. Ça dépend... ça dépend du type d'organisme,
ça dépend de la culture interne, ça dépend si les dirigeants sont concernés
directement par l'enquête. C'est un sujet complexe, là, parce que c'est... ça
peut arriver que notre enquête vise les hauts dirigeants aussi, et qu'ils
souhaitent se protéger, là. Donc, évidemment, dans ce contexte-là, le... le conseil
des avocats devient... devient quelque chose qui est important pour eux, là.
Donc, je... je pense qu'on ne voulait pas
faire de mur-à-mur, là, dans cette... dans ce débat-là, mais il y a
certainement quelque chose à renforcer. Il y a des exemples qui existent en
Ontario pour les... comme l'équivalent du Vérificateur général. Puis,
peut-être, Caroline, tu pourras m'aider, mais il y a un article, là, dans une
loi ontarienne qui prévoit que pour les... les vérifications du Vérificateur
général, le... le secret professionnel peut être relevé.
Bon, alors, on peut explorer, là, si on
veut aller plus loin, mais c'est certainement un enjeu. Et, lorsque ça se <présente...
Mme Vallières (Hélène) :
...Et, lorsque ça se >présente dans nos
enquêtes, lorsque l'organisme invoque la protection du secret professionnel, ça
peut nous paralyser pendant des mois, voire des années, parce que la mécanique
qu'on doit mettre en place à ce compte-là, puis je pense que nos... nos
collègues de l'UPAC pourraient en parler aussi, c'est... c'est qu'on doit
désigner un avocat tiers indépendant pour revoir l'ensemble de la documentation
qui pourrait être protégée. Puis là la... le débat, c'est : Quelle est la
portée du secret professionnel? Est-ce qu'on est vraiment dans une... un
conseil juridique ou on est dans un conseil plus stratégique? Quel est le rôle
de l'avocat? Donc, on doit revoir chaque document, un à un, pour déterminer est-ce
qu'il est couvert par le... le secret professionnel ou non. Donc, c'est...
c'est très lourd comme démarche, assez que dans certains dossiers, nous, on a
décidé de simplement de passer à côté, d'avoir d'autres stratégies d'enquête, parce
que ça... ça peut nous paralyser, là, pendant... pendant de longues périodes.
Donc, voilà.
Mme Rizqy : Mais nous... moi,
ce qui me guide, là, comme législateur, c'est vraiment la recherche de vérité,
et en temps utile, hein? Parce qu'un rapport, plus il est contemporain dans le
temps, plus il est pertinent. Et, lorsque vous êtes paralysé pendant des mois
ou, pire, des années, ça peut mettre non seulement un frein à la recherche de
vérité ou même la pertinence d'un futur rapport. Alors, moi, je serais plus
encline, et je vous le dis tout de suite, qu'on envisage peut-être de faire une
recherche pour vérifier qu'est-ce qui se fait, par exemple, avec la loi de
l'Ontario, que vous dites... ou à laquelle vous faites référence. Parce qu'une
directive interne, changement de garde, changement de directive interne... Et,
si, par exemple, un avocat qui était dans un organisme a eu, pour us et
coutume, qu'il était relevé de son secret professionnel et que, tout à coup,
transmet une information parce qu'il pensait qu'il avait encore droit, mais
qu'il y a eu un changement de garde, puis que, là, les us et coutumes changent
à l'interne, il peut se... être en défaut. Et la sanction est assez grave pour
un avocat qui ne respecte pas le secret professionnel. Alors, moi, je... je pense
qu'on pourra réfléchir là-dessus. Merci beaucoup pour votre éclairage.
Je vais passer à une autre question, si
vous permettez. Recommandation 13, vous dites que vous avez... mis à part les
processus pénals, vous auriez d'autres recommandations. Ce serait quoi qui
pourrait être envisagé, mis à part les infractions pénales?
Mme Vallières (Hélène) :Je vais... Je vais passer la réponse à ma collègue, Me
Moulin.
Mme Rizqy : Oui, oui. Bonjour.
Mme Moulin (Caroline) : Bonjour.
Merci pour la question. En fait, on pensait principalement aux ordonnances de
confidentialité. On aimerait que ce soit intégré à la loi, le fait de pouvoir,
là, émettre des ordonnances de confidentialité, ce qui nous permettrait d'avoir,
là, une assise juridique pour ensuite prendre certaines actions, si jamais, là,
la confidentialité n'était pas respectée à ce niveau-là. Donc, ce serait un...
un outil plus administratif, là, qui... qui nous aiderait, nous, dans nos
enquêtes, à pouvoir, là, émettre... émettre... en fait, faire en sorte que la
personne à qui on émet la... l'ordonnance, là, ne puisse pas communiquer la...
l'information qui... qui lui est communiquée, là. Parce qu'on le voit dans nos
enquêtes, là, tu sais, quelqu'un qui est un témoin, par la suite, là, peut en
discuter avec ses collègues. Donc, en émettant une ordonnance, bien, ça
amènerait un certain frein au fait, là, de pouvoir discuter de l'enquête avec
d'autres témoins, ou d'autres collègues, ou même le divulgateur qui pourrait en
parler avec d'autres personnes, là, au sein de son organisation.
Mme Rizqy : Puis est-ce que
ça inclurait, l'ordonnance de non-confidentialité, aussi une ordonnance de non-publication?
• (12 h 10) •
Mme Moulin (Caroline) : Dans...
Dans nos enquêtes, non, on n'a pas nécessairement de besoin d'une ordonnance de
non-publication, là. C'est vraiment une ordonnance de confidentialité pour que
les témoins qu'on rencontre, le divulgateur, par la suite, ne puissent pas en
discuter avec d'autres personnes ou bien publiquement, là. Tu sais, on... on l'a
vu dans certaines de nos enquêtes, là, qu'il y a des commentaires publics qui
sont faits sur nos enquêtes.
Mme Rizqy : OK. D'accord.
Donc, ce serait ça, au fond, en plus de... de pénal, l'ordonnance de non... de
confidentialité. Puis, en cas de non-respect de l'ordonnance de
confidentialité, ce serait quoi, la conséquence?
Mme Moulin (Caroline) : Alors,
on pourrait aller en outrage. C'est certain que ce serait un outrage devant la
Cour supérieure. Parce que ce ne serait pas fait devant nous, donc il faudrait
se référer à la Cour supérieure, là, pour...
Mme Rizqy : OK. Avec les
mêmes dispositions qui existent?
Mme Moulin (Caroline) : Mais
on a également, là, dans notre loi, là, une disposition sur l'entrave. Donc, on
pourrait, là, faire une enquête sur entrave et demander au DPCP, là, de
poursuivre sur l'infraction d'entrave.
Mme Rizqy : OK, parfait. Merci.
La recommandation 15, une protection morcelée, donc : «Que la Loi
sur les normes du travail soit modifiée afin qu'elle prévoie une protection
générale contre les mesures de représailles exercées à l'encontre de tout
membre du personnel d'un organisme public qui dénonce ou divulgue un acte
répréhensible à un supérieur, ou toute personne qui dénonce ou divulgue un acte
répréhensible à une autorité <publique...
Mme Rizqy :
...répréhensible
à une autorité >publique compétente, soit toute entité ou tout organisme
public de surveillance de l'intégrité et de la saine gestion des organismes
publics.»
Ma question, elle est très précise, elle
arrive. Prenons un exemple. Moi, je suis membre, je suis présidente de la CAP.
Nous, c'est comme l'ultime commission pour voir tout ce qui se passe au Québec.
Est-ce que vous avez réfléchi... Parce que souvent, nous, les élus, à titre de
députés, lorsqu'une personne sent qu'elle a épuisé presque tous ses recours,
elle vient dans nos bureaux à nous. Est-ce que ces gens-là pourraient être
protégés aussi lorsqu'ils viennent au bureau d'un député? Parce que c'est très
souvent le cas. On est leur dernier rempart.
Mme Vallières (Hélène) :Bien, écoutez, tout ça, c'est à définir, en fait, là. Nous...
Nous, ce qu'on pense, c'est que, là, actuellement, les canaux dans... avec
lesquels on doit divulguer sont... sont très séparés, là. Donc, si on est dans
un acte criminel, il faut aller à l'UPAC, si on est dans... au sein des ministères
ou réseau... réseau public, il faut aller au Protecteur du citoyen. Donc, tu
sais, les... les canaux sont morcelés. Je pense que ce serait à définir. Puis
c'est un peu la stratégie qui a été...
Mme Rizqy : Vous n'avez pas
d'objection?
Mme Vallières (Hélène) :Non. C'est... C'est vraiment à définir, là, la portée de...
des divulgations qui seraient protégées, à qui on peut s'adresser pour faire
une divulgation. Nous, d'emblée, ce qu'on voyait, c'est au moins d'élargir, à
l'intérieur des organisations, au supérieur... au supérieur immédiat.
Le Président (M. Simard) : ...conclusion.
Mme Vallières (Hélène) :Donc, voilà.
Mme Rizqy : Bien, en
conclusion — si vous permettez, merci — Mme la présidente
du Conseil du trésor, j'aimerais qu'on ait en tête mon dernier élément, pour
qu'on puisse réfléchir à inclure les élus.
Le Président (M. Simard) : Oui,
très bien, très bien. Alors, je cède la parole à la députée de Sherbrooke, qui
dispose de 3 min 30 s.
Mme Labrie : Merci, M. le
Président. Je vais vous amener à un endroit qui n'est pas dans vos
recommandations. Là, on parle de la Loi sur la divulgation de... d'actes
répréhensibles à l'égard des organismes publics. Il y a d'autres pays qui vont
plus loin, notamment, le Royaume-Uni. Depuis 25 ans déjà, eux, dans leur
législation, c'est possible de... bien, en fait, il est question aussi des
dénonciations dans les... dans les organismes privés. D'autres pays s'en sont
inspirés, plusieurs, donc j'aimerais savoir ce que vous en pensez.
Mme Vallières (Hélène) :Bien, écoutez, là encore, c'est un débat social. Dans le
sens que je pense que c'est une tendance lourde en Europe, effectivement. C'est...
C'est vers là qu'on... qu'ils sont allés, là. Donc, il y a plusieurs... Il y a
une directive européenne. Il y a plusieurs... Il y a plusieurs pays qui ont
développé, vraiment, dans leurs lois du travail, parce que c'est vraiment
intégré dans leurs mécanismes de lois du travail, la possibilité de faire des
dénonciations puis de... d'être reconnu comme lanceur d'alerte, si on veut, là.
Ça vient vraiment avec une définition de qu'est-ce qu'un divulgateur, et si on
fait une dénonciation, à ce moment-là, on va être protégé avec les lois du
travail. Donc, bien, c'est un débat qui est ouvert.
Nous, évidemment, là, nous, on... on
applique une loi que le législateur a... a adoptée. Je pense qu'en général,
dans les... dans le milieu privé, puis si on... on regarde, par exemple, dans
le milieu financier ou dans les... les industries à haut niveau, il y a des...
vraiment des pratiques qui se sont développées pour signaler des situations problématiques
qui portent atteinte au... à l'éthique puis aux bonnes pratiques dans
l'administration. Donc, je pense que c'est une tendance qu'on remarque dans le
milieu du privé aussi. Est-ce qu'on veut l'encadrer au Québec? Bien, c'est un...
c'est un débat qui va... qui va vous revenir.
Mme Labrie : Mais est-ce que
je comprends que ça fait partie des bonnes pratiques à travers le monde d'élargir,
là, aux organismes privés?
Mme Vallières (Hélène) :Bien, c'est... En fait, il y a des pratiques... Parce que,
dans le fond, le... d'encourager le signalement de mauvaise gestion ou d'usage
abusif de fonds ou de... de situations contraires à l'éthique, bien, ça
renforce les organismes, ça renforce les organismes privés comme ça renforce
les organismes publics, donc ça participe d'une saine gestion, au global. Donc,
c'est sûr qu'au privé, bien, il y a déjà des pratiques qui sont développées à
l'interne, là. Si on va voir dans les grandes... les grandes entreprises, ils
ont tous des lignes de dénonciation, avec des... des mécanismes internes, des...
des vérifications très, très sérieuses qu'ils vont faire avec des normes ISO
associées à ça, là. Donc, oui, ça fait partie des... des pratiques qui sont en...
qui sont en cours dans le milieu privé.
Mme Labrie : Puis, si... si le
gouvernement décidait d'ouvrir cette voie-là, est-ce que vous pensez que ça
devrait relever du Protecteur du citoyen, d'appliquer cette législation-là, ou
ce serait plutôt de créer un commissaire?
M. Dowd (Marc-André) : Je
pense qu'il faudrait voir la proposition comme telle, qu'est-ce que ça
implique, l'impact que ça peut avoir sur l'exercice de notre rôle général comme
ombudsmans, est-ce que c'est compatible. Donc, ça nous fera plaisir de
participer au débat s'il y a des propositions qui... qui sont avancées.
Mme Labrie : OK. Je vous
remercie.
M. Dowd (Marc-André) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. Je cède maintenant la parole au député de Camille-Laurin,
qui dispose de 2 min 38 s.
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup. Dans votre mémoire, donc, vous faites état, là, des lacunes en
matière de protection contre les représailles, vous identifiez certaines <solutions...
M. St-Pierre Plamondon :
...contre
les représailles, vous identifiez certaines >solutions. Et je note que
ce n'est pas un problème théorique, là, vous êtes au courant comme moi : Congédiements
à Saint-Laurent, Deux présumées lanceuses d'alerte suspendues sans solde,
Chasse aux lanceurs d'alerte dans un CISSS, Négligence dans un centre
de réadaptation. Donc, ce n'est pas théorique, ça, là, dans le cadre actuel,
des gens perdent leur emploi ou sont suspendus pour avoir agi comme lanceurs
d'alerte.
Vous identifiez certaines solutions avec
lesquelles on est d'accord, par exemple, octroyer des pouvoirs de... de réparation,
vous parlez également de promotion à l'interne. Mais on se comprend que, pour
la personne qui se fait congédier, on parle de perte de salaire, et soutenir
les frais juridiques découlant d'une multitude de poursuites, avec en plus
l'incertitude liée au fardeau de la preuve de démontrer que ce n'est pas lié...
que c'est lié, le congédiement, avec la divulgation de lanceur d'alerte. Donc,
nous, en 2021, dans un projet de loi, on avait déposé cette idée d'instituer un
fonds du Protecteur du citoyen pour assurer le financement des frais juridiques
encourus par les divulgateurs qui sont victimes de représailles. Est-ce que
c'est une idée avec laquelle le protecteur est d'accord?
M. Dowd (Marc-André) : Écoutez,
vous avez raison de dire que c'est loin d'être théorique. Le renforcement du
filet de protection contre les représailles, ça doit être prioritaire dans...
dans la réforme législative, dans la modification. Maintenant, il faudrait voir
concrètement, là, la proposition qui a été faite, qu'est-ce que ça implique, de
quelle manière c'est compatible ou non avec.... à notre mandat d'ombudsman.
Certainement, il y a une chose qui est... que je veux insister, c'est qu'on se
voit, on se voit bien jouer un rôle de guichet unique en matière de
représailles, c'est-à-dire d'accueillir toutes les personnes qui s'estiment
victimes...
M. St-Pierre Plamondon : Je
suis... Je suis obligé dans le temps.
M. Dowd (Marc-André) : Oui.
M. St-Pierre Plamondon : Je
suis obligé de vous poser la question très précise : Avez-vous une
position?
M. Dowd (Marc-André) : Non. La...
réponse...
M. St-Pierre Plamondon : Vous
n'avez pas pris de position là-dessus?
M. Dowd (Marc-André) : La... Il
faudrait que je voie la proposition et puis qu'on prenne position, mais je ne
suis pas en mesure de vous répondre aujourd'hui.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
sur cette question précise là, on aimerait un suivi dans la mesure où on vous
soumet que le simple fait de faire de la promotion à l'interne, quand les gens
vont perdre leur job puis ils vont soutenir les frais juridiques, ce n'est
vraiment pas proportionnel si on veut créer un climat qui va mener à d'autres
résultats que ceux-là. Donc, si c'est possible pour vous de prendre position
dans le cadre du processus qu'on va suivre, pour nous, ça nous semble
fondamental.
M. Dowd (Marc-André) : On va
examiner ça avec attention.
M. St-Pierre Plamondon : Merci.
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste quelques secondes...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
parfait.
M. Dowd (Marc-André) : Merci.
Le Président (M. Simard) : Bien.
Merci à tous pour votre précieuse collaboration. Je salue tout particulièrement
toute l'équipe du protecteur, qui... qui était avec nous ce matin. Donc, vos
interventions sont très constructives.
Ceci dit, nous allons donc, compte tenu de
l'heure, ajourner nos travaux au jeudi 8 juin. Alors, à nouveau,
merci.
(Fin de la séance à 12 h 19)