Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
jeudi 20 février 2025
-
Vol. 47 N° 68
Étude détaillée du projet de loi n° 82, Loi concernant l’identité numérique nationale et modifiant d’autres dispositions
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11 h (version non révisée)
(Onze heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Simard) : ...collègues,
à l'ordre, s'il vous plaît! Nous allons entreprendre nos travaux. Je constate
que nous avons quorum. Conséquemment, la Commission des finances publiques peut
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 82, Loi portant sur l'identité
numérique nationale.
Au moment de suspendre nos... D'abord, M.
le secrétaire, bonjour. Y aurait-il des remplacements ce matin?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Bélanger (Orford) est remplacé par Mme Gendron
(Châteauguay); M. Lemay (Masson), par Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel);
M. Beauchemin (Marguerite-Bourgeoys), par Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont); M. Morin (Acadie), par Mme Caron
(La Pinière).
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Donc, au moment d'ajourner nos travaux hier soir, nous en étions rendus à
l'étude de l'article 10.4, pour lequel la députée de La Pinière avait
soumis un amendement. Donc, nous étions dans ce débat sur l'amendement. Et, au
moment de clore, Me Drolet avait la parole. Je crois comprendre qu'elle avait
donné une réponse satisfaisante aux yeux des collègues. Alors, je vous laisse
la parole, Mme la députée de La Pinière, si vous souhaitez poursuivre
concernant votre amendement.
Mme Caron : Oui, M. le
Président, merci. Alors, juste pour se remettre dedans, là, c'est ça, l'amendement
sur l'article 10.4, c'est... constituait à ajouter, après le paragraphe
numéro 2, «mettre en place des processus pour vérifier la cohérence et...
11 h 30 (version non révisée)
Mme Caron : ...de ces
renseignements, les renseignements étant ceux énoncés au paragraphe numéro 1.
Alors, ce qui était proposé dans l'amendement,
c'était au paragraphe numéro 3, de mettre en place un mécanisme permettant
au citoyen de rectifier ses données, puis en 4, de mettre en place un mécanisme
permettant au soutien... au citoyen de consulter la journalisation des accès à
son dossier. Et je crois que, si je ne m'abuse, là, mais je ne veux pas mettre
de mots dans la bouche du ministre, que le ministre considérait que c'était
inclus en 10.7, mais que, moi, je trouvais que c'était... effectivement, c'est...
c'est... c'est large, en 10.7. Et je n'étais pas tout à fait rassurée sur le
fait que l'accès aux données signifiait qu'il allait effectivement y avoir un
mécanisme qui allait permettre au citoyen de rectifier ses données, oui, de les
lire, de les consulter, mais de les rectifier ou de demander d'en retirer
certaines. Alors, on s'était... on s'était laissés sur ce point-là. Mais en
même temps, 10.7, on pourra faire le débat sur 10.7 quand on y sera arrivés. Si
on précisait 10.7, c'est sûr que ça me satisferait, plutôt que de laisser
trop... trop la généralité. C'est une... C'est une inquiétude que j'ai, mais
qui nous a été... qui nous a été énoncée par des groupes en consultations. On
veut s'assurer qu'une fois qu'on commence à utiliser l'identité numérique
nationale, que, du point de vue citoyen, on ne met pas le doigt dans un
engrenage où il y a des données qu'on ne peut plus corriger ou qu'il faut faire
toute une démarche pour le faire, que ce n'est pas... que ce ne serait pas
nécessairement facilement accessible.
Puis, une fois que... une fois qu'on a
commencé, est-ce qu'on peut fermer son compte ou on a dit qu'on pouvait
avoir... qu'il y aurait une fermeture de compte? Par exemple, on a eu la
discussion sur le cas où une personne décède. Bien, c'est sûr que le compte
sera... sera fermé, les données ne vont pas toujours rester là. Mais, est-ce
que... est-ce que quelqu'un peut décider : Bien, moi, je ne me servirai
plus de cela, je vais retourner au moyen d'identité traditionnel et recevoir
les services de façon traditionnelle?
Ce qui nous a amenés aussi dans le débat
de... pas nécessairement dans le libellé de cet article-là, mais du précédent,
je crois, où on a... on a un certain souci quant à la disponibilité des... et à
l'accessibilité des services traditionnels dans le mode traditionnel. On ne
veut pas que les cibles qui pourraient être... non seulement qui pourraient,
mais qui seront fixées pour utiliser les services, là, c'est... c'est dans un
autre article où on parle de cibles, que ça ne vienne pas à faire en sorte que,
dans l'appareil public, on facilite tellement le service qui requiert l'identité
numérique qu'on délaisse le service traditionnel et qu'une grande partie des
citoyens soient laissés de côté parce qu'ils ne peuvent pas ou ne veulent pas
utiliser l'identité numérique. Alors, ça, ça demeure... ça demeure vraiment une
préoccupation qu'on n'a pas... sur laquelle on n'a pas été rassurés jusqu'ici.
Donc, c'est inquiétant et préoccupant, M. le... M. le Président.
Alors, ça fait le tour de ce que je
voulais dire sur cet amendement puis cet article. Merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le ministre, souhaitez-vous réagir, à ce stade-ci?
M. Caire : Non, je pense que
c'est un bon résumé d'où est-ce qu'on en était, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Y
aurait-il d'autres remarques sur l'amendement déposé par la députée de la
Pinière? Sans quoi, nous allons mettre cet amendement aux voix.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Par
appel nominal, sans aucun problème, chère collègue. M. le secrétaire, veuillez
procéder, je vous prie.
Le Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Caron (La Pinière)?
Mme Caron : Pour.
Le Secrétaire : Mme Setlakwe
(Mont-Royal—Outremont)?
Mme Setlakwe : Pour.
Le Secrétaire : M. Caire
(La Peltrie)?
M. Caire : Contre.
Le Secrétaire : Mme Abou-Khalil
(Fabre)?
Mme Abou-Khalil : Contre.
Le Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
Le Secrétaire : M. Poulin
(Beauce-Sud)?
M. Poulin : Contre.
Le Secrétaire : M. Simard
(Montmorency)?
Le Président (M. Simard) : Abstention.
Conséquemment, cet amendement est rejeté. Et nous revenons à l'étude de l'article 10.4,
à moins que vous ne souhaitiez passer à 10 .5?
Mme Setlakwe : ...j'aimerais...
j'aimerais prendre la parole.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie. Mme la députée de Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Bon matin, tout le monde.
Le Président (M. Simard) : Bon
matin.
Mme Setlakwe : Donc, écoutez,
j'aimerais entendre...
Mme Setlakwe : ...le
ministre, j'aimerais entendre sa réaction par rapport au rapport de la
Vérificatrice générale qui a été dévoilé ce matin. Plus spécifiquement, je me
demande : Est-ce qu'il y a, selon lui, des leçons à tirer de ce rapport en
lien avec les travaux, nos travaux qui concernent l'identité numérique
nationale et le projet de loi n° 82?
• (11 h 40) •
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Caire : Bien, écoutez, si
le président juge que la question est pertinente au projet de loi n° 82,
je vais y répondre. J'aurais espéré que la collègue se lève à période de
questions puis me pose cette question-là, mais, bon, ce n'est pas arrivé.
Est-ce qu'il y a des leçons à retenir?
Bien, écoutez, le leader de l'opposition vient de déposer une motion de
violation de droits ou de privilèges contre la SAAQ alléguant que la SAAQ a
menti à la commission. Alors, est-ce qu'il y a des leçons à retenir? Je pense
que ma collègue... puis je pense que le ministre de la Sécurité publique
aujourd'hui a bien répondu. Je pense qu'il faut qu'on soit très solidaire face
à une situation qui est exceptionnelle, où, de toute évidence, un projet qui...
de longue date, hein? Parce que moi, j'ai... Le rapport fait état de
problématiques qu'à partir de 2015, là, puis même de 2014. Il faut bien prendre
ça en compte. On parle, en 2015, d'un appel d'offres où le fournisseur de
services a rédigé l'appel d'offres, à toutes fins utiles, ça, c'est arrivé en
2015, il faut le comprendre, et donc s'est vu octroyé le contrat. On parle
d'une procédure bâclée sur l'appel d'offres. En 2017, on parle d'une mauvaise
évaluation des besoins qui a amené à beaucoup de personnalisation.
Puis ça, ça me permet d'expliquer quand...
puis parce que c'est quelque chose... pour répondre plus précisément à la
collègue, SAGIR avait les mêmes problèmes. Le dérapage de SAGIR, il est bien
connu, vient du fait qu'il y avait eu une très mauvaise planification et qu'il
y avait beaucoup de personnalisation. Puis on est en lien avec le courtier
informatique quand on va... quand on installe un PGI. Alors, CASA, c'est SAP,
SAGIR, c'est Oracle. Normalement, on l'implante et, s'il y a des spécificités,
on va faire...
Mme Setlakwe : ...juste
préciser, je ne veux pas vous interrompre, je suis désolée. Vous aviez
mentionné que vous avez parlé d'un progiciel, vous aviez mentionné deux termes
techniques, juste les répétez, s'il vous plaît.
M. Caire : Un PGI, progiciel
de gestion intégré, ça, c'est ce qu'on a vu au courtier...
Mme Setlakwe : Oui. Oui, oui,
oui, c'est prévu dans le projet de loi.
M. Caire : C'est ça.
Mme Setlakwe : Mais vous avez
dit qu'il y en avait deux, je n'ai... donc, il y avait...
M. Caire : Il y a Oracle.
Oracle.
Mme Setlakwe : Oui, c'est ça.
M. Caire : En fait, SAGIR,
c'est le produit d'Oracle et CASA, c'est le produit de SAP.
Mme Setlakwe : Merci. C'est
juste que je voulais… c'est juste que...
M. Caire : Non, non, non,
c'est correct, je… Puis n'hésitez pas à m'interrompre si vous avez besoin de
précisions, Mme la députée, ça va me faire plaisir. Donc, quand on… Ça, c'est
la façon usuelle de faire, c'est qu'on ne va pas jouer, à moins que ce soit
absolument inévitable, on ne va pas jouer dans le PGI, on ne va pas changer le
code, ce qu'on appelle des personnalisations. Ça peut arriver. Pour vous donner
une idée, dans SAGIR, il y en avait deux mille. Quand je suis arrivé, j'ai
dit : Non, non, là, vous sortez ça de là. C'est ça qui rend la solution
instable, c'est ça qui fait qu'on n'est pas capable de faire évoluer la
solution parce que... Par exemple, vous avez la version 11 Oracle, vous
avez personnalisé ça, deux mille personnalisations. Vous allez chercher la
version 12, vous écrasez l'ancienne version, vous écrasez vos
personnalisations par la même occasion, donc vous êtes obligé de tout
recommencer. Ça, c'est sans compter, comme je disais, le danger de déstabiliser
la solution, parce que vous allez jouer dans le code, ça se peut que ça arrive.
Donc, ça, ça a été le gros problème de SAGIR. Et déjà, moi, j'avais interdit
cette pratique-là.
Maintenant, ce qu'on a appris avec la
Vérificatrice générale, c'est que… puis je ne sais pas dans quelle proportion,
c'est que SAP, CASA a fait l'objet de nombreuses personnalisations. Donc, on
peut penser que l'évaluation des besoins, encore là, n'a pas été faite
correctement. Donc, ça, c'est des choses qu'il faudra modifier avec le
temps : demander à ce qu'il n'y ait pas de personnalisation ou alors que
ne soient gardées que celles qui sont absolument nécessaires, parce que ça
arrive, que c'est absolument nécessaire.
Alors, je vous dirais que c'est des choses
qui sont connues. Il faut aller plus loin dans le pourquoi ça s'est passé comme
ça. Mais, si vous voulez savoir pourquoi, en 2020, ils ont revu la situation,
bien, c'est parce qu'entre 2015 et 2017 les mauvaises décisions ont été prises
par la SAAQ, et là c'est un effet domino. Puis là vous avez une livraison en
2018-2019, je pense. À partir de là, vous comprenez que c'est un PGI, un PGI,
vous intégrez les différents blocs successivement, là, vous êtes pris avec...
M. Caire : ...le choix,
c'est d'essayer de réparer ça puis de continuer, là. Alors, je dirais que ce
que nous... Puis aussi il faut comprendre que la SAAQ, elle avait été exemptée
par un décret de 2014 des processus d'autorisation prévus par la LGGRI. Alors,
ça, s'il y a quelque chose qu'il ne faudrait pas refaire, c'est ça, ce qui n'a
jamais été refait depuis, d'ailleurs, s'assurer que les mécanismes de contrôle
qui sont mis en place, on n'exempte personne de les suivre. Nous, de notre
côté, on a mis en place différentes... Par exemple, le Programme de prime aux
bogues, il y a une obligation avant de mettre en production un produit, ça a
été le cas avec le service d'authentification gouvernementale, qui a été six
semaines à l'intérieur du Programme de prime aux bogues. Il faut maintenant,
par arrêté ministériel, recevoir l'aval du chef gouvernemental de la sécurité
de l'information pour s'assurer que les tests ont été faits. Il y a la
plateforme de signalement des vulnérabilités aussi qui a été mise en place.
Donc, déjà, nous, on avait mis en place des mesures de contrôle. Mais ultimement,
Mme la députée, ce qu'il faut retenir, là, c'est que la SAAQ a trompé les
dirigeants, son conseil d'administration, le ministre des Transports. Alors,
c'est ça.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. On va resserrer la discussion. Madame.
Mme Setlakwe : Merci, M.
le Président. La discussion, elle est importante. À la lumière du rapport
troublant, je vous demande ici, en commission parlementaire... Moi, j'ai les
yeux tournés vers le futur. On sait très bien que la transformation numérique
du gouvernement est loin d'être terminée. Au contraire, on en amorce d'autres
étapes très importantes. On a un chantier important devant nous. Nous aussi, on
reconnaît l'importance du chantier et l'importance de réaliser ce chantier. La
Vérificatrice générale vient nous dire que les processus de reddition de
comptes ne sont pas adéquats. Elle a parlé essentiellement d'un grave manque de
transparence. Elle est venue ici en commission parlementaire et elle a dit...
Évidemment, elle n'avait pas encore livré le rapport suite à son audit sur
SAAQclic, mais elle a quand même... Elle nous a quand même incités à évaluer
d'autres rapports, à prendre acte de rapports précédents. Et nous, en regardant
vers le futur, en parlant aujourd'hui d'identité numérique nationale, qui est
un gros chantier, là, un chantier important, je vous demande quelle est votre
réaction et quelles leçons tirez-vous de son rapport, de la Vérificatrice
générale? Et vous me parlez de... Vous me parlez en termes techniques. Ou, en
fait, vous parlez à la population en termes techniques. Donc, je vous
demanderais de façon plus générale, étant donné qu'on est en train d'examiner
un gros chantier avec l'identité numérique nationale, vous êtes à la tête d'un
ministère important, pour les projets futurs, pour s'assurer que l'information
se rende, l'information fiable, l'information juste, se rende aux décideurs.
Étant donné que ces projets-là vont impliquer des parties prenantes externes
également, comment pouvez-vous rassurer la population que l'information fiable
va se rendre aux bonnes personnes?
M. Caire : M. le
Président, je vais accepter brièvement de répondre à la question, mais
honnêtement, là, je pense qu'au niveau de la pertinence, on n'est plus là, là.
Je serais très heureux, lors d'une interpellation ou des études de crédit, de
répondre à ces questions-là qui sont tout à fait pertinentes, puis le débat est
pertinent, j'en conviens. Je dis juste que le projet de loi n'est pas en lien
avec ça. Mais je vais quand même, M. le Président, par bonne volonté donner une
brève réponse à ma collègue. Je vais lui dire ce qui a été fait, puis qu'est-ce
qui ne serait pas arrivé si ces choses-là avaient été en place. Par exemple,
l'AMP. L'AMP aurait pu vérifier le processus d'octroi du contrat en 2015, si
l'AMP avait été en place, et aurait pu annuler ce processus-là parce que, de
toute évidence, ce n'était pas conforme.
• (11 h 50) •
Aujourd'hui, on a ce mécanisme-là qui a
été mis en place par le ministre de l'époque, qui était Robert Poëti. C'est un
mécanisme sur la conformité des contrats qui existe maintenant, qui n'existait
pas à l'époque. Aujourd'hui, il y a des obligations au niveau des tests. Puis
ça, ça découle du fait qu'il y a maintenant un ministère de la Cybersécurité et
du Numérique qui n'est pas la même chose que le Conseil du trésor. Le Conseil
du trésor, c'est un... c'est un organisme...
M. Caire : ...le ministère de
la Cybersécurité et du Numérique, et à travers les lois que vous et moi avons
adoptées depuis quelque temps, est un... est un ministère qui a plus de pouvoir
maintenant sur la reddition de comptes des ministères et organismes. Et par
exemple, le pouvoir de mettre en place le Programme de prime aux bogues, le
pouvoir de mettre en place la plateforme de signalement des vulnérabilités, le
pouvoir par arrêté ministériel d'obliger, au niveau des tests, de faire des
tests, puis on le sait, là, c'est les tests unis. Bien, je ne veux pas avoir un
terme technique, mais les tests intégrés, donc les tests qui nous assurent que,
dans un environnement de production, ça fonctionne, n'ont pas bien été faits.
Un gestionnaire de projet ne devrait pas faire une affaire de même, surtout de
dire : «Ah! Oui, oui, tous mes tests ont été faits puis tout est beau.» Il
y a ça aussi, là, qu'il faut mettre dans l'équation. Si je vous pose la
question «Avez-vous testé?». Vous me dites «Ah! oui, tout est beau.» Ça aussi,
c'est un autre problème et à un autre niveau qu'il faudra... qu'il faudra
régler, et j'imagine que la Commission de l'administration publique va se
pencher là-dessus. Mais on peut amener une certaine norme au niveau des tests,
ce que nous avons fait. La collègue, d'ailleurs, on a collaboré, elle et moi,
là-dessus, sur le portefeuille de projets prioritaire, donc d'amener un pouvoir
supplémentaire de vérification, de mettre en place des mesures lorsqu'il y a
des situations qui sont problématiques, parce qu'il ne faut pas se tromper, Mme
la députée, là, puis je vous le dis, je le dis à tous les Québécois, au nombre
de projets qu'on a, c'est sûr qu'il y a des projets qui vont moins bien aller.
C'est sûr, c'est inévitable. C'était vrai et c'est vrai dans le privé, c'est
vrai dans le public, c'est vrai dans le parapublic. Dire que tous les projets
vont bien aller dans le meilleur des mondes, c'est impossible. Par contre, ce
qu'on peut faire, c'est s'assurer qu'il y a cette possibilité-là de faire le
redressement de ces projets-là au moment opportun avec une bonne reddition de
comptes.
Le Président (M. Simard) : Madame.
Mme Setlakwe : Mais merci
de... de toucher justement au point le plus important, la question de la
reddition de comptes. Comment ça fonctionne avec le Dirigeant principal de
l'information qui relève du ministère de la Cybersécurité et du Numérique?
M. Caire : Le sous-ministre
en titre, en fait.
Mme Setlakwe : Quelle est sa
responsabilité, lui, par rapport à des... à des projets qui impliquent des...
des...
M. Caire : Elle est dans
la... elle est définie dans la LGGRI. Je n'ai pas l'article sous les yeux, là,
mais en fait, ses responsabilités sont définies à la LGGRI. Et les
responsabilités, le devoir de responsabilité des dirigeants de l'information
aussi qui... qui... qui lui sont redevables opérationnellement, pas administrativement,
mais opérationnellement.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous en voyez des liens avec le projet de loi n° 82, des liens entre le
rapport de la Vérificatrice générale et le projet de loi n° 82?
M. Caire : Non.
Mme Gendron : Excusez-moi, M.
le Président.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie, Mme.
Mme Gendron : M. le ministre
a bien dit, là, qu'il a pris le temps de bien répondre, mais je pense qu'on est
hors sujet. J'aimerais ça, si c'est possible, de revenir au projet de loi
présent.
Le Président (M. Simard) : Vous
soulevez un point intéressant. Je vous rappelle que le libellé de
l'article 10.4 commence par l'alinéa suivant : «Le ministre assume la
responsabilité et la gouvernance et de la gestion centralisée de l'identité
numérique». Conséquemment, la Vérificatrice est venue nous voir en audition
particulière, et il n'est pas inhabituel, à mon sens, de faire référence à
l'actualité pour faire des liens avec un projet de loi qui est à l'étude. Donc,
la jurisprudence tend à confirmer une certaine largesse dans nos débats. Ceci
étant dit, je nous invite néanmoins à se recentrer le plus possible sur
l'article 104 tel qu'il est libellé. Veuillez poursuivre, je vous prie.
M. Caire : Non, mais je peux
répondre, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie.
M. Caire : Compte tenu de
votre décision que je respecte, M. le Président, puis je vais répondre au
mieux. Ma collègue me demande : Est-ce qu'il y a un lien avec le projet de
loi n° 82? Je dirais, une bonne question parce qu'il y a différents
volets. Donc, au niveau de l'identité numérique, je vous dirais non, je ne vois
pas de lien avec ce que la vérificatrice générale souligne. Puis il faut dire
aussi que, dans son rapport, il y a différents éléments qui sont... qui sont
touchés. Donc, il y a l'élément de la mauvaise planification, on en a parlé,
des choix qui ont été conditionnés par un processus d'appel d'offres qui était
vicié à sa face même, on en a parlé. Une sous-évaluation des travaux à faire...
M. Caire : ...qui était vicié
à sa face même, on en a parlé, une sous-évaluation des travaux à faire. Je vous
dirais qu'on ne peut pas légiférer pour interdire à quelqu'un de se tromper
dans ses évaluations, donc, non, je ne ferais pas de lien. Une information
erronée, incomplète et qui ne traduit pas la réalité... Moi, je le dis
ouvertement, la SAAQ... j'estime que la SAAQ a trompé les différents ministres
qui, au fil des années, ont été soit ministres des Transports, soit président,
présidente du Conseil du trésor, à la genèse de ce projet-là, c'est ce que j'en
conclus. Donc, ça non plus, je ne pense pas qu'on... Tu sais, je veux dire,
c'est déjà interdit de faire quelque chose... tu n'as pas le droit de mentir à
tes supérieurs. Alors, quand on te pose une question puis on dit : Comment
ça va, puis que tu dis : Ça va bien, si ce n'est pas la réalité, bien, tu
manques à ton devoir. Donc, je ne pense pas qu'on peut légiférer pour interdire
l'interdiction de manquer à son devoir.
Ça fait que c'est pour ça, Mme la députée,
vous me demandez est-ce que je vois des liens avec le rapport de la
Vérificatrice générale directement impactant le projet de loi no 82? Je dirais
que non.
Mme Setlakwe : Moi, je vois
des liens directs entre le rapport de la Vérificatrice générale et le projet de
loi no 82. Et moi, ma compréhension de la présentation de la Vérificatrice
générale – d'ailleurs, j'étais présente ce matin – c'est que, bien sûr, son
regard était tourné sur CASA, sur SAAQclic et sur tout ce que vous avez
mentionné, mais je pense qu'elle nous implore d'étudier les recommandations et
elle nous implore de tirer des leçons afin que les erreurs qui ont été
commises... je ne suis pas ici pour pointer du doigt, mais pour s'assurer que
les erreurs, les défaillances, les lacunes au niveau de la transparence, de la
reddition de compte ne soient pas répétées dans le cadre des nombreux chantiers
importants qu'on va amorcer dans le cadre de la transformation numérique, incluant
celui qu'on discute, l'identité numérique nationale. Alors, si vous me
permettez, M. le Président, je vais faire référence au rapport de la
Vérificatrice générale. Pour les fins de la discussion, je pense que c'est
extrêmement pertinent.
Le Président (M. Simard) : En
autant que, bien sûr, on soit centré sur l'avancement de l'étude 10.4, parce
que c'est ce dont il s'agit ici.
Mme Setlakwe : Moi, je pense
que ce qui a été mentionné ce matin puis ce qui est contenu dans le rapport de
la Vérificatrice générale, c'est très important qu'on en traite, qu'on évacue
tout ça puis qu'on ait ces discussions-là approfondies afin de comprendre quels
sont les mécanismes en place, quelle est la structure de gouvernance en place,
pour s'assurer qu'on s'en aille dans la bonne direction puis que la population
ne paie plus les frais de projets bâclés.
Alors, je ne sais pas si je suis en lien
spécifiquement avec 10.4, mais en ce qui me concerne, c'est extrêmement
important qu'on ait cette discussion-là à ce stade-ci de l'étude détaillée du
projet de loi no 82.
Le Président (M. Simard) : Je
ne peux pas présumer de ce que vous allez dire à l'avance...
Mme Setlakwe : Alors,
permettez-moi de continuer.
Le Président (M. Simard) : ...mais
vous avez bien compris ce que je vous ai dit.
Mme Setlakwe : Absolument.
Le Président (M. Simard) : Nous
sommes sur l'article 10.4, et je vous remercie d'en tenir compte. Veuillez
poursuivre.
Mme Setlakwe : Donc, M. le
ministre, on a parlé, dans le projet de loi no 82, vous l'avez mentionné, de
progiciel de gestion intégrée. Est-ce que le projet de loi no 82, d'ailleurs,
on n'a pas prévu qu'on élargissait les pouvoirs du ministre à l'égard des
technologies de ce genre?
M. Caire : Courtier en...
Oui. Courtier en infonuagique qui deviendrait courtier en technologies
spécialisées.
Mme Setlakwe : Exactement.
M. Caire : Ce qui inclut les
PGI, tout à fait.
Mme Setlakwe : Oui, oui, oui,
c'était mon souvenir. Et donc, des PGI, on va en utiliser d'autres dans le
futur.
M. Caire : C'est sûr.
Mme Setlakwe : C'est sûr.
C'est à ma compréhension. Et des PGI, corrigez-moi si j'ai tort, même, j'ai
compris que c'était, donc, des logiciels standards mais qui doivent être
adaptés, intégrés à la réalité de chaque organisme public. Est-ce que je me
trompe?
M. Caire : Bien ce n'est pas
qu'ils doivent... Je vous dirais, un PGI qui va répondre à 100 % à vos besoins,
ça... je ne dis pas que c'est impossible, là, ça peut arriver, si vous avez des
besoins très standards, mais, si vous avez des besoins plus particuliers, c'est
possible qu'il y ait des volets de vos opérations qui ne soient pas couverts
par le PGI.
Mme Setlakwe : Est-ce que
quand on...
M. Caire : Bien, je vais vous
donner un exemple, Mme la députée, là. Qu'on parle de SAP ou qu'on parle
d'ORACLE, tout ce qui est gestion des ressources humaines, comptabilité, grands
livres, qui sont des opérations standards, le PGI va faire ça, va répondre à
tous vos besoins parce que c'est normé. Il y a des normes comptables, puis on
répond à... alors il n'y a pas de problème là-dessus. Au niveau de la gestion
des ressources humaines, par contre, si vous avez l'application d'une
convention collective, bien, ça, il y a des spécificités. Le PGI ne peut pas
prévoir tout ce qu'il y a dans une convention collective, parce que c'est en
évolution, c'est négocié, ce n'est pas standard. Donc, ça, ces volets-là,
généralement, il faut avoir...
M. Caire : ...des applications
complémentaires. Bien, la personnalisation, puis si j'ai bien compris... puis
c'est un bon point, Mme la députée de La Pinière, là, la personnalisation, ça
veut dire que vous allez ouvrir le code du PGI. On vous vend un logiciel, vous
allez jouer dans le code, puis vous allez... les fonctionnalités
supplémentaires que vous souhaitez avoir, vous allez les mettre directement
dans le code du PGI, ce qui amène deux problèmes. Le premier problème, c'est
que vous risquez, ce faisant, de déstabiliser le PGI. Lui, il a été conçu, il a
été testé, il fonctionne, il fonctionne tel que livré. Quand vous le modifiez,
il est possible, je ne dis pas que c'est une certitude, mais il est possible
que, ce faisant, vous déstabilisiez la solution. Deuxième problème, c'est,
quand vous faites une mise à jour, vous écrasez votre personnalisation parce
que l'éditeur de logiciel, lui, il n'a pas intégré vos personnalisations dans
son application. Donc là vous êtes obligé de recommencer vos personnalisations.
• (12 heures) •
Ce que l'on fait, généralement, ce qui est
de bonne pratique, c'est que la spécificité... vous allez soit acheter une
application qui répond à votre besoin, puis là, avec un programme d'interfaçage
qu'on appelle un API vous allez permettre aux deux systèmes de se parler,
d'être interopérables. De cette façon-là, si vous avez une mise à jour à faire
du programme du PGI, vous pouvez faire la mise à jour, puis, après ça, vous
faites les ajustements ou vous pouvez développer un programme maison,
évidemment. Ça, c'est les pratiques, ça, c'est les bonnes façons de faire.
Il peut arriver, dans certaines
circonstances exceptionnelles, que vous puissiez aller directement dans le PGI
et qu'à ce moment-là il n'y ait pas de... il n'y ait pas de... mais ça devrait
être... je dirais, ça devrait être l'exception et jamais la règle.
Mme Setlakwe : Donc, un PGI,
ça intègre plusieurs systèmes. Et est-ce que ça implique toujours des firmes...
M. Caire : Plusieurs
fonctionnalités, je dirais.
Mme Setlakwe : D'accord.
Est-ce qu'il est courant d'avoir recours à des firmes externes pour
l'utilisation d'un PGI?
M. Caire : Oui. Oui, parce
que les... Surtout au niveau des intégrateurs. Donc, vous avez des firmes qui
vont se spécialiser dans l'intégration de tel ou tel PGI, par exemple, Epic. Il
y a des firmes qui sont spécialisées dans l'intégration d'Epic. Puis c'est...
comme c'est... Puis ça revient à ce qu'on se disait sur la consultation, si le
besoin est ponctuel, bien oui, vous allez vous tourner vers une firme externe
parce que... Est-ce qu'on veut, à l'interne, que nos gens fassent leurs
premières armes sur l'intégration de systèmes? Puis un PGI, normalement, comme
je vous disais, vous allez vraiment dans les opérations, vous êtes au cœur des
opérations. Alors, est-ce qu'on veut vraiment que nos internes fassent leurs
premières armes sur une intégration d'un projet aussi important? Non.
Généralement, on souhaite avoir des gens qui l'ont déjà fait, qui l'ont déjà
réussi, qui ont du bagage puis qui savent exactement où aller. Ce qui n'exclut
pas, évidemment, que nos internes travaillent sur le projet, mais avoir recours
à des firmes d'intégrateurs, c'est généralement une bonne pratique.
Mme Caron : Je peux poser une
question?
Le Président (M. Simard) : ...
chère collègue.
Mme Caron : Quand vous parlez
d'internes qui font leurs premières armes, est-ce que c'est parce que ce sont
des techniciens juniors ou c'est parce qu'ils ne connaissent pas la solution?
M. Caire : Non, c'est juste
qu'ils ne connaissent pas la solution. Ils n'ont pas une connaissance aussi
fine de la solution. Je vous dirais qu'aujourd'hui, nous, à l'interne, au
ministère, c'est nous qui opérons Sagir puis on a développé cette expertise-là.
Donc, on a vraiment des gens qui connaissent très, très bien les produits
d'ORACLE. Donc, ça se développe avec le temps, mais la première fois que vous
l'implantez, vous n'avez pas une connaissance fine de ces produits-là, donc
c'est une bonne pratique d'avoir recours à une firme, notamment dans un cas
comme celui-là.
Mme Caron : O.K., je
comprends, merci. Est-ce que... puis, tout à l'heure, quand vous parliez de...
c'est moi qui ai utilisé le mot «personnalisation», que vous aviez utilisé
avant, parce que je pensais que ça correspondait exactement au concept qui
était discuté.
M. Caire : C'est dans le
rapport de la Vérificatrice générale si je ne me trompe pas.
Mme Caron : Oui, c'est ça. Le
terme est là, puis vous l'avez utilisé. C'est parfait, mais je voulais
comprendre ce que c'était, puis vous avez dit... bien, c'est ça, c'est d'aller
dans le code, de faire des modifications pour, dans mes mots, là, personnaliser
aux fonctionnalités ou y ajouter les fonctionnalités dont on a besoin...
M. Caire : C'est ça, adapter
à ses besoins particuliers.
Mme Caron : ...parce qu'un
ministère ou organisme ne fonctionne pas, peut avoir... dans sa prestation de
services, il y a des choses qui ne se font pas, comme vous avez dit, de manière
standard, comme la comptabilité, par exemple, qui... pour laquelle le processus
va répondre aux besoins sans modification, nécessairement. Mais vous avez aussi
dit, je trouvais ça intéressant, qu'il peut y avoir une application maison ou
une application d'un autre fournisseur, et, à ce moment-là, il faut la rendre
interopérable avec le progiciel...
12 h (version non révisée)
Mme Caron : ...tel qu'on
utilise. Quand on était dans l'article 4 pour élargir, là, le courtier en
infonuagique et en technologies spécialisées, on a dit qu'on était dans l'acquisition
dans cet article-là, dans les acquisitions. Alors, ce que j'essaie de
comprendre, c'est si on établit que c'est préférable d'aller chercher d'autres
logiciels ou des logiciels maison, applications maison, pour répondre, offrir
les fonctionnalités nécessaires à une prestation de service d'un ministère ou d'un
organisme, que c'est préférable à ouvrir le code puis aller jouer dedans pour
utiliser vos mots, est-ce que c'est quelque chose qui vous est possible de
faire, comme dans le cadre de vos fonctions, de marquer cette préférence-là? Parce
que ce que j'ai compris de nos discussions cette semaine, c'est que chaque
ministère et organisme a la responsabilité de faire son plan pour mettre en
œuvre l'identité numérique nationale et que ce n'est pas de... ça ne relève pas
de votre ressort d'aller dans chaque ministère puis leur dire quoi faire, mais
ils ont... ils vont quand même aller vers la solution du courtier, puis voir qu'est-ce
qu'ils peuvent utiliser dans ça, puis faire affaire avec des fournisseurs qui
auront été préqualifiés, qui sont dans le catalogue du courtier. Donc, mais
est-ce que, dans tout cet univers-là, dans l'univers du projet de loi, est-ce qu'il
y a un moyen, par exemple, pour qu'une... ce qui me semble être une bonne
pratique que vous préconisez d'aller plutôt vers une application qui serait... qu'on
rendrait interopérable ou bien une application maison? Est-ce que c'est quelque
chose qui peut être mis de l'avant par le ministère de la... Oui?
M. Caire : Oui, avec l'avènement
du ministère de la Cybersécurité et du Numérique, effectivement, je peux
établir des règles, des normes, des standards qui, à ce moment-là, devront être
appliqués par les dirigeants de l'information de chaque ministère et organisme.
Mme Caron : ...est-ce que ça
se trouve quelque part dans le projet de loi qui est devant nous ou bien c'est
dans la...
M. Caire : Non, non, c'est
déjà dans la loi, c'est déjà dans la... ce pouvoir-là est déjà dans la LGGRI. Oui,
c'est l'article 21 de la loi actuelle.
Mme Caron : O.K. Puis cette
loi-là a été... c'est une date... une date, une loi qui date de combien d'années,
la LGGRI?
M. Caire : La LGGRI? Bien, écoutez,
je ne saurais pas vous le dire, mais en 2014, je le sais à cause du décret qu'elle
existait déjà. Nous, on l'a amendé deux fois avec la loi...
Des voix : ...
M.
Caire
: O.K. 95,
c'est clair, parce que là, on a créé différents officiers qui vont répondre à
la question de Mme la députée de Mont-Royal—Outremont,
notamment le chef gouvernemental de la transformation numérique qui a un mandat
justement au niveau... justement, au niveau de la transformation numérique, le
chef gouvernemental de la sécurité de l'information, donc qui a un mandat en
cybersécurité au niveau du gouvernement du Québec, la gestionnaire de la donnée
numérique gouvernementale, donc au niveau de tout ce qui est gestion, comment
on va gérer les années, qu'on va organiser ça. Donc, c'est des officiers qui
ont été créés avec la loi n° 95 et les pouvoirs... Le comité de
gouvernance en ressources informationnelles aussi qui a été... qui a trouvé un
statut légal dans cette modification-là. Donc, maintenant, les dirigeants de l'information,
puis ça répond un peu, Mme la députée de Mont-Royal—Outremont,
à votre question, les dirigeants de l'information maintenant travaillent en comité
de gouvernance, en collégialité, justement, pour briser les silos, puis ce n'est
pas chacun de son bord. Et donc il y a des sous-comités puis il y a différents
sujets qui sont traités, qui sont analysés pour lesquels... Puis aussi, c'est
un forum qui permet cette diffusion-là de s'assurer que les normes, les règles,
les standards qui sont appliqués, déterminés par le ministre, mais qui doivent
être appliqués par le DPI et ses DI, bien, qui sont connus et qui sont mis en
application.
Mme Caron : Est-ce que toutes
ces personnes-là qui composent le comité relèvent du ministre de la Cybersécurité
et du Numérique?
M. Caire : Bien, comme je
disais, il y a un lien fonctionnel parce que de par la loi, le dirigeant de l'information
est tenu de faire appliquer, justement, les normes, les standards, les règles.
Il y a un pouvoir aussi qui appartient au dirigeant principal de l'information,
qui est de prendre des indications d'application, ce qui relève... ce qui
revient à dire qu'il peut donner un ordre dans ce qui est son champ de
compétence, évidemment. Et, à ce moment-là, le DI se doit de l'exécuter au sein
de son organisation. Donc, opérationnellement, le dirigeant et le DI doivent
être nommés sur recommandation du DPI. Donc, ça prend la recommandation du DPI
pour...
M. Caire : ...les gens de
l'information puissent être nommés. C'est le ministre de l'organisme qui le
nomme, mais ça prend la recommandation du DPI. Donc, ça lui donne aussi un
certain ascendant. Et alors... mais le lien hiérarchique, il est fonctionnel,
il n'est pas administratif. Le DI demeure un employé de son ministère... du
ministère où il est déployé.
• (12 h 10) •
Mme Caron : D'accord. Donc,
alors là, toutes ces personnes-là sont en fonction. Et, pour ce qui nous
préoccupe dans le projet de loi no 82, l'identité numérique, tous ces
gens-là sont en fonction. Puis est-ce que... est-ce qu'ils étaient aussi tous
en fonction sur le projet CASA ou bien c'est... c'est plus nouveau?
M. Caire : Bien non, c'est
des dispositions récentes, c'est des dispositions récentes. En fait, le...
cette disposition-là est arrivée avec 95, donc adoptée en juin 2021, bon, le
temps de mettre en application la loi. Puis la structure officielle est arrivée
avec le ministère de la Cybersécurité, donc en janvier 2022.
Mme Caron : O.K., merci.
Le Président (M. Simard) : D'autres
commentaires? Mme la députée de Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Donc,
pouvez-vous nous donner des exemples de progiciels qui sont en cours de
planification?
M. Caire : De planification?
Épique.
Mme Setlakwe : Oui, et est-ce
qu'il y en a d'autres?
M. Caire : Il faudrait que je
vérifie. Honnêtement, je n'ai pas la réponse à votre question. Puis tant
qu'à... j'aimerais mieux vérifier avant de vous répondre, si vous me permettez.
Mme Setlakwe : Oui, parfait. Et
puis dont on a... on a...
M. Caire : Mais vous voulez
dire : Qui sont en processus de déploiement? Parce que SAGIR, comme je
vous l'ai dit, SAGIR et CASA, ça, bien... SAAQclic, ce sont des progiciels de
gestion intégrée.
Mme Setlakwe : Oui, je
comprends. Oui, je comprends. Moi, je regarde vers le futur, là...
M. Caire : Mais c'est ça,
vous voulez dire : Dans... en préparation. O.K. Bien, il y a Épique, ça,
j'en suis... j'en suis... Je le sais. Je vérifierai s'il y en a d'autres.
Mme Setlakwe : Et puis...
mais prenons l'exemple, donc, d'Épique, parce que la Vérificatrice générale,
elle a mentionné spécifiquement que, pour elle, c'est un sujet de préoccupation
quand il y a ce genre de PGI et des... un recours à des firmes externes. Donc,
on peut présumer que, dans le cas d'Épique, il n'y aura pas juste cette firme
externe, il y en aura d'autres qui seront impliquées de façon accessoire.
M. Caire : Possiblement. Là,
comme je vous dis, je peux poser la question puis aller vous chercher
l'information. Parce qu'il faut comprendre que la... la maîtrise d'oeuvre d'un
projet demeure au ministère d'origine lorsqu'on parle d'un système de mission.
Ce que je veux dire par un système de mission, c'est que, bon, le ministère de
la Santé, sa mission, évidemment, c'est s'assurer sur le territoire québécois
qu'on puisse soigner les gens. Ce progiciel-là n'a que cette fonction-là, aider
son... Contrairement, par exemple, à l'identité numérique. Alors, tout le monde
a besoin d'identité numérique. À ce moment-là, c'est un système commun. Là, mon
ministère va s'en occuper. Mais, dans le cas d'épique, c'est le ministère de...
bien, en fait, maintenant, Santé Québec, là, qui a le mandat, la maîtrise
d'oeuvre du projet.
Mme Setlakwe : Merci. Et puis
la Vérificatrice générale nous recommande de mieux structurer, encadrer
l'utilisation des firmes externes. Parce que... êtes-vous d'accord avec moi, à
la lumière du rapport, que l'information n'a pas bien... n'a pas bien été
communiquée, là, auprès des différents acteurs, incluant les firmes externes
qui agissaient comme éditeurs et comme intégrateurs? Comment on va s'assurer,
par exemple, dans le contexte du projet Épique, qui va impliquer des sommes...
un investissement de sommes importantes et qui va... ça concerne ici les
données sensibles, là, les données médicales des Québécois. Expliquez-nous, là,
comment... comment on va mieux encadrer, comment on va mieux structurer la
gouvernance, comment on va s'assurer que l'information, à chaque étape de
réalisation... une information fiable soit communiquée aux bonnes instances,
incluant à vous, parce que je pense qu'ultimement vous êtes responsable de
coordonner ce projet-là.
M. Caire : Bon, pour répondre
à votre question, je vous dirais que... Puis, dans son rapport, compte tenu de
la durée du projet, parce qu'on... comme je disais, CASA, c'est un projet qui
trouve sa source en 2014. Bon, puis... et suivants, il y a quand même des
choses. Puis, souvenez-vous, Mme la députée, c'est un petit peu le commentaire
que j'ai fait à la vérificatrice générale, qui était d'accord avec moi, il y a
beaucoup de rapports qui ont été déposés. Puis là, évidemment, je fais
exclusion du rapport de ce matin, mais il y a beaucoup de rapports qui ont été
déposés. Puis c'est vrai qu'elle nous invite à une plus grande reddition de
comptes, des mesures de contrôle. Mais je porte à votre attention, les... quand
même les mesures qui ont déjà été mises en place et dont on... dont la
Vérificatrice générale ne pouvait pas mesurer les effets, puisque ces
mesures-là n'étaient pas en place au moment où le projet s'est déroulé. Donc...
puis je prends l'exemple de l'AMP. Moi, je suis... Je veux dire, je ne suis
pas...
M. Caire : ...devin, là, mais
je suis convaincu que l'AMP est en place en 2015, le contrat n'est pas signé,
là, le contrat est... cette firme-là n'a pas le contrat, là, parce qu'à sa face
même on n'est pas en conformité avec un processus d'appel d'offres standard.
Donc, il y a déjà des mesures qui sont en place.
Maintenant, pour répondre à votre
question, bien, oui, vous avez raison, puis je l'assume. Effectivement, le
ministère de la Cybersécurité et du Numérique a un rôle à jouer dans la
réussite des projets. Je n'en ai pas la maîtrise d'oeuvre, c'est vrai, mais,
comme je disais, il y a des expertises qui peuvent être faites. J'ai
aujourd'hui le pouvoir d'auditer un projet, ce que je n'avais pas, évidemment,
puis ce que les... mes prédécesseurs, si je pense à Robert Poéti, qui a occupé
plus ou moins mes fonctions comme ministre délégué au Conseil du trésor,
n'avaient pas ce pouvoir-là.
Mme Setlakwe : ...là, on
parle d'un pouvoir d'audit. Moi, je parle de votre implication aujourd'hui
dans...
M. Caire : Non, mais... Mais
c'est parce que c'est important dans ma réponse, parce que les moyens qu'on
s'est donnés, les moyens de contrôle qu'on s'est donnés ne peuvent pas être
mesurés dans le rapport de la Vérificatrice générale, parce que ces moyens-là
sont trop récents dans le temps par rapport aux projets qui sont en cours.
Alors... Puis c'est important que les Québécois le sachent, puis cette
discussion-là est intéressante, j'en suis conscient, parce que justement ça
permet de dire aux Québécois : Mais il y a des choses qui ont changé.
Je faisais référence à l'AMP. En
2016-2017, ça a été mis en place. Bon, bien... d'autres mesures comme ça qui
ont été mises en place qui aujourd'hui... Alors, évaluons la situation
actuelle, mais à l'aune des moyens qu'on a mis actuellement en place.
Mme Setlakwe : Mais c'est ça,
il faut en parler des moyens, oui.
M. Caire : Bien, c'est...
Oui, oui, je... Bien, je vais laisser Me Bacon... Vu que c'est une question
plus juridique, je vais laisser Me Bacon, avec le consentement de la
commission...
Le Président (M. Simard) : Oui.
Il y aurait consentement? Consentement?
Des voix : Consentement.
M. Caire : ...faire l'état
des modifications législatives que j'ai apportées.
Le Président (M. Simard) : Alors,
Me Bacon, pourriez-vous d'abord, s'il vous plaît, vous représenter?
Mme Bacon (Nathalie) : Oui,
M. le Président. Nathalie Bacon, légiste au ministère de la Justice pour le
client MCN.
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons.
Mme Bacon (Nathalie) : Je
vais vous faire une petite liste, là, j'ai essayé de faire ça de façon digeste.
D'abord, vous avez, comme le ministre a parlé, le dirigeant principal de
l'information, qui a un travail à portée horizontale gouvernemental, vous avez
ses pouvoirs à l'article 7, GGRI, dont le paragraphe 4°, qu'il a comme
responsabilité de «coordonner la mise en œuvre des initiatives en ressources
informationnelles des organismes publics». Les initiatives, c'est les projets.
Vous avez le dirigeant de l'information de chacun des organismes publics, puis
là, si vous lisez la loi, vous comprendrez qu'il y a un dirigeant de
l'information par portefeuille ministériel. Ce n'est pas 360... 304, 305...
M. Caire : 305.
Mme Bacon (Nathalie) : ...DI,
c'est... j'en ai à peu près 27, là...
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Donc, il y en
a un au sein du MSSS?
M. Caire : Oui.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
M. Caire : Oui. Et, si je
peux préciser...
Mme Setlakwe : Et ensuite,
comment il va faire le lien avec le dirigeant principal de l'information?
M. Caire : Mme la députée, si
je peux préciser, il y en a un au sein du MSSS, et Santé Québec peut demander à
avoir son propre DI. Même si c'est un organisme qui relève du ministre de la
Santé, c'est permis d'avoir dans ces situations-là un DI particulier pour Santé
Québec, par exemple.
Mme Bacon (Nathalie) : En
réalité, pour les dérogations... c'est une dérogation, là, c'est l'article 8
qui prévoit les nominations des dirigeants de l'information. Alors, normalement,
c'est un DI par portefeuille. Mais, pour toutes sortes de raisons, le ministre
responsable d'un portefeuille peut autoriser, avec la recommandation du DPI,
une nomination spécifique.
Alors, je vous référais à 10.1 pour le DI,
le dirigeant de l'information, qui lui, doit... J'ai une série de
responsabilités à cet article-là, dont le paragraphe 3°, qui est de rendre
compte au dirigeant principal de l'information de l'état d'avancement de ses
projets. Ça fait que ça, c'est une chaîne de commandement organisationnelle,
opérationnelle, donc le... c'est pour le fonctionnement administratif.
Le DPI, il a une vision à portée
gouvernementale, les DI se rapportent à lui, et les DI siègent sur différents
comités avec le DPI. Vous avez ce que le ministre a parlé, le... comment on
l'appelle, donc, le... le CGRI, le comité de gestion des ressources
informationnelles...
Mme Bacon (Nathalie) : ...sur
différents comités, avec le DPI. Vous avez ce que le ministre a parlé...
comment on l'appelle, donc, le CGRI, le Comité de gestion des ressources
informationnelles, qui, eux autres... lui se trouve un petit peu plus loin, là,
dans la LGGRI, je cherche l'article. 12.1. Donc, le CGRI, c'est un organe
administratif qui a des fonctions et qui a aussi un travail de conseiller les
DI et les DPI, et... pour parvenir à avoir une vision commune, un front, on
pourrait appeler ça un front unifié, en matière de ressources
informationnelles.
• (12 h 20) •
Vous avez ensuite différents pouvoirs,
notamment les différents leviers. Ça fait que ça varie d'un chapitre à l'autre.
Vous avez le chapitre sur la sécurité de l'information, qui, lui, prévoit une
certaine chaîne de commandement en sécurité de l'information, vous avez aussi
la même chose en transformation numérique. Vous avez tout le contexte des
données numériques gouvernementales. Et nous arrivons à... pour focusser sur
les projets en ressources informationnelles, à l'article 16.2, où vous avez un
pouvoir, à la fois du gouvernement, de prendre des règles concernant la gestion
des ressources... des projets en ressources informationnelles. Je vous en ai
parlé hier ou avant-hier, là, qui est les autorisations pour faire les projets,
autorisation soit du dirigeant de l'organisme, du Conseil du trésor ou du
gouvernement, selon les seuils des projets. Et vous avez aussi, cet article-là,
le pouvoir du ministre de prendre un arrêté ministériel pour prévoir des règles
en ce qui a trait aux ressources informationnelles, ce qui comprend les
projets. Et c'est en vertu de ces règles-là, que vous retrouvez sur Internet,
notamment, parce qu'il y a beaucoup d'outils, là, le tableau de bord des
projets en ressources, qui est disponible sur Internet.
Et vous avez, à 12.8.1, qui a été adopté,
là, en vertu du p.l. no 38, un autre mécanisme, je dirais, de bonne gouvernance
et de bonne gestion des projets en ressources informationnelles. C'est ce qu'on
appelle le 3PGTN, c'est-à-dire le portefeuille de projets prioritaires...
M. Caire : Projet de loi no
38.
Mme Bacon (Nathalie) :
...dont on vous a donné le lien Internet, là, ces derniers jours, là, c'est
quoi, les projets des organismes publics que le gouvernement considère
prioritaires. Vous avez la liste, là, disponible sur Internet.
Alors là... Et après ça, vous allez un
petit peu plus loin dans la LGGRI, où vous avez ce qu'on appelle la reddition
de comptes, la même chose qu'on retrouve au niveau des organismes publics, ce
qu'on appelle la Loi sur l'administration publique, là. Pour la bonne
administration de chacun des organismes publics, vous avez des contrôles par le
Conseil du trésor au niveau de ce qu'on appelle la gouvernance d'un organisme
public. On vous référait le bulletin des organismes publics, ça vous dit
quelque chose?, puis les rapports annuels de gestion, mais vous avez le pendant
en ressources informationnelles à la section... on arrive aux articles 16.2 et
suivants, et vous avez ce qu'on appelle la possibilité du dirigeant principal
de l'information à l'article 16.6... excusez-moi, à l'article 16.4, la
possibilité... pas la possibilité, mais l'obligation pour un organisme public
de rencontre au DPI sur demande. Et vous avez également une série de
vérifications et d'audits, de pouvoirs d'audits, soit la possibilité d'imposer
des mesures d'accompagnement. Et ça va jusqu'à la vérification, avec l'article
22.2 et suivants de la LGGRI. Ça fait que ça vous dresse le portrait.
Mme Setlakwe : Merci
beaucoup, Me Bacon. Moi, j'aimerais revenir aux recommandations de la VG.
J'imagine que le ministre les a sous les yeux.
M. Caire : Non, en fait.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous en voulez une copie, de ces cinq recommandations, pour qu'on puisse les
suivre ensemble?
M. Caire : ...copie papier.
O.K., je vais prendre la copie numérique.
Mme Setlakwe : Merci. Donc,
lesquelles des recommandations? Moi, en les lisant, j'en vois certaines qui
s'appliquent aux futurs projets puis à ceux qu'on est en train d'étudier, dont
l'identité numérique.
M. Caire : Par exemple?
Mme Setlakwe : Et le projet
du DSN, etc. Puis ce que Me Bacon a décrit, ça existe dans les lois. Je
comprends puis j'apprécie beaucoup qu'on nous fasse un rappel des rôles de tous
et chacun, les directeurs d'information et le dirigeant... excusez-moi, le
dirigeant principal de l'information, mais donc la VG, elle a tous ces
mécanismes-là en tête. Est-ce que vous pensez, donc, que vous avez actuellement
des mécanismes assez serrés pour éviter ce qui est arrivé dans le projet CASA,
pour éviter...
Mme Setlakwe : ...que, dans la
chaîne de communication, l'information fiable ne se rende pas comme ça a été le
cas dans CASA. Donc, aujourd'hui, est-ce que vous avez les bons mécanismes en
place?
M. Caire : Bien, dans ce qui
est réaliste, je pense que oui. Et là je m'explique. On comprend que, dans la
reddition de comptes, il y a des gens qui n'ont pas donné la vraie information.
Et je me risquerai à dire qu'ils ont menti sciemment. Il y a des gens, dans la
reddition de comptes, qui, par rapport à la situation, par rapport aux retards,
par rapport à la qualité des livrables, par rapport à l'état des tests, n'ont
pas donné l'information exacte. Et, ça, si j'ai bien compris, là, c'est ce que
la vérificatrice... puis je... il faudrait que je le lise, là, mais ce que j'en
comprends, c'est, c'est ça qui est arrivé.
Est-ce que... Est-ce que je peux mettre en
place des mécanismes qui vont me prémunir par rapport à un DI qui nous
mentirait? Vite de même, je ne vois pas lesquels. Et, dans la suite des
opérations... Je vous donne un exemple. Nous, on a 2 145 projets
informatiques, je pense, qui roulent en même temps. Moi, j'ai... j'ai... j'ai
moins d'employés que ça au ministère. Donc, si, demain matin, je disais à tous
mes employés, là : Arrêtez ce que vous faites, arrêtez de travailler sur
SAGIR, arrêtez la paie, arrêtez les télécommunications, arrêtez RENIR, arrêtez
tout puis allez vous poster dans les différents bureaux de projets, je n'aurais
pas assez de monde pour faire ça.
Mme Setlakwe : Non. Là...
M. Caire : Non, mais je veux
juste finir, M. le Président. Donc, je dois prendre pour acquis que les gens
qui nous montent de l'information nous montent une information qui est exacte.
Mme Setlakwe : Ça,
honnêtement, sur l'élément de sciemment cacher de l'information, je ne suis pas
là-dessus.
M. Caire : O.K.
Mme Setlakwe : Moi, ce que...
M. Caire : Bien, je ne
comprends pas, d'abord.
Mme Setlakwe : Moi, je vous
demande aujourd'hui... Bien, j'ai deux choses, là. Je vais revenir sur la
question que j'ai posée : Est-ce qu'aujourd'hui, à la lumière du rapport,
vous allez bonifier les mécanismes? Est-ce que vous allez changer les processus
en place avant d'entamer... là, je ne parle pas des 2 000 projets,
là, puis je ne parle pas de les mettre... d'entamer les projets les plus
stratégiques?
M. Caire : Bien, moi, je suis
ouvert aux suggestions. Si...
Mme Setlakwe : Non, non,
vous, là, vous?
M. Caire : Non, mais moi...
moi, honnêtement...
Mme Setlakwe : Quelle est
votre vision? Quel est votre plan?
M. Caire : Je vais revenir à
votre question initiale. Est-ce que la structure de gouvernance qu'on a mise en
place me rend confiant d'être capable de livrer des projets, des projets
d'envergure? La réponse à votre question, c'est oui. On a livré le Service
d'authentification gouvernementale en 2022, qui est un énorme projet, qui a
passé à travers le processus que j'ai mis en place par rapport notamment aux
tests, au Programme de prime aux bogues. Et ce programme-là a été déployé sans
la moindre anicroche. Alors, au moment où on se parle, on parle de quoi,
2,1 millions de comptes, on parle de plus de 22 millions de demandes
de connexion gérées par le système, zéro, zéro incident de sécurité, zéro vol de
données, zéro fuite de données. Je parle d'un projet qui a été en nomination
aux Octares. C'est comme un des quatre meilleurs services numériques qui a été
mis... qui a été mis en production au Québec en 2023.
Mme Setlakwe : ...sur les
mécanismes.
M. Caire : Non, mais je veux
juste... je veux juste finir ma question parce que c'est important. Parce qu'on
parle beaucoup de... on parle beaucoup de SAAQclic, de CASA, mais on oublie
qu'on a livré, 2022-2023, 2023-2024, 594 projets qui ont été livrés, qui
ont respecté les délais, qui ont respecté les budgets, qui ont respecté la
portée. On n'en parle pas. Pourquoi? Parce que ça fonctionne. On ne parlera pas
de ce qui va bien. Pourquoi on ferait ça? Alors, moi, je veux bien, là, mais la
réponse à votre question, Mme la députée, là, c'est oui, je pense que nous
avons en place des mécanismes de gouvernance qui font le travail. Est-ce
qu'on... Est-ce que c'est parfait? Non. Est-ce que ça peut être amélioré? Sans
doute. Est-ce que moi, je suis à me dire : Qu'est-ce que je fais au niveau
de la gouvernance? Je suis avec le projet de loi n° 82, c'est ça, les
améliorations que je demande à l'Assemblée nationale.
Mme Setlakwe : Alors, je
pense qu'on a un excellent lien avec le rapport de la VG. On vient de
l'établir, là. Si on peut continuer. Moi, j'aimerais savoir, il y a deux ans,
en février 2023, quand il y a eu le déploiement de SAAQclic, est-ce que les
mécanismes que vous avez décrits étaient en place?
M. Caire : Les mécanismes que
j'ai décrits étaient en place depuis janvier 2022 et...
Mme Setlakwe : Donc, tout ça
était en place, et malgré tout...
M. Caire : D'une part. Si je
peux finir... Si je peux finir ma... Les mécanismes étaient en place. Et nous
avons convenu, vous et moi, qu'on ne...
M. Caire :
...alors, si, vous et moi, on convient que
c'est difficile de se prémunir contre ce genre de comportement hautement
répréhensible, si on est d'accord avec ça, bien, moi, je vous dis : Dans
la mesure où les gens font leur travail avec bonne foi, éthique et
professionnalisme, oui, les mécanismes, je pense qu'ils vont faire le travail.
• (12 h 30) •
Mme Setlakwe : Mais ça va
au-delà de ça, là. On a... on avait, dans la chaîne de communication, des
manquements, il y avait... il y a eu un sévère manque de transparence, il y a
eu, même, une mise à zéro, un «reset» en 2022, et tout ça, ce n'était pas... ce
n'était pas l'oeuvre d'une personne malveillante, là. On avait vraiment un système
en place qui a fait en sorte qu'il y a eu plusieurs... en tout cas...
M. Caire : Bien, vous en
savez plus que moi, là. Moi, je me fie à ce que j'entends du rapport de la VG.
Peut-être, vous l'avez lu, peut-être qu'il y a des... il y a des éléments qui
m'échappent.
Mme Setlakwe : Mais ça me
surprend que vous ne l'avez pas lu, puis que vous n'avez pas les
recommandations. C'est normal qu'on ait cet échange. Elle dit, dans sa
recommandation 2 : «documenter les processus et leur fonctionnement
avant de planifier de nouveaux travaux de développement informatique».
M. Caire : Bien, Mme la
députée, le rapport est déposé à 10 heures à l'Assemblée nationale. Vous
et moi, on était où, à l'Assemblée nationale, à 10 heures?
Mme Setlakwe : Oui, vous avez
des collègues... C'est toujours comme ça, là, à la CAP. Il y a des collègues
qui étaient...
M. Caire : Oui... Non, non,
mais...
Le Président (M. Simard) : Oui,
non, mais d'abord, s'il vous plaît, à l'ordre, là. Je vous ai demandé à
l'ordre, M. le ministre. Merci. Alors, un, s'il vous plaît, pour le bénéfice de
ceux qui nous écoutent, pour le bénéfice de ceux qui retranscrivent nos
travaux, je vais vous demander d'arrêter de vous couper. Étant donné la
tournure des événements, à partir de maintenant, vous allez vous adresser à la
présidence directement. Je vous demanderai d'être scrupuleux sur ce règlement.
Et, troisièmement, je comprends qu'on peut faire un certain nombre de
parallèles avec le rapport de la Vérificatrice ce matin, mais, je vous en prie,
revenons à l'étude de l'article 10.4, le plus possible, parce que je
trouve que là, vraiment, on commence à s'en éloigner. Veuillez poursuivre.
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Donc, les recommandations de la VG demandent de documenter les
processus et leur fonctionnement avant de planifier de nouveaux travaux de
développement informatique. Bon, il y a des problèmes à régler au niveau de la
livraison 2 du programme CASA. Mais, à la fin de sa recommandation 3,
elle dit : S'assurer que les contrôles nécessaires à la production d'une
information financière fiable sont en place. À sa recommandation 4, M. le
Président, elle demande de réaliser un diagnostic complet, donc, du programme
CASA, notamment de la stratégie de tests et de bénéfices prévus et réalisés,
afin d'en tirer des enseignements utiles pour les travaux de développement
informatique futurs, je vois ça comme très large, incluant les
livraisons 2.5 et 3 du programme CASA. Et puis, sa cinquième et dernière recommandation :
réviser la méthode utilisée pour la reddition de compte liée aux travaux de
développement informatique, dont les indicateurs, afin de fournir une
information fiable, suffisante et pertinente aux instances de gouvernance, aux
organismes externes et à la population. Ça, ça inclut les parlementaires.
Alors, ma question, M. le Président, depuis qu'on a commencé nos travaux ce
matin, c'est... à la lecture de ces recommandations-là, on demande au
ministre : Est-ce qu'il sent le besoin de modifier des processus, des
modes de fonctionnement, une structure de gouvernance? Est-ce qu'il sent le
besoin de resserrer certaines choses avant d'entamer des projets informatiques
futurs?
M. Caire : M. le Président,
comme j'ai dit à ma collègue, je pense que les mesures qui sont en place... Il
serait injuste, par rapport aux mesures qui ont été mises en place et qui
n'étaient pas en place au moment des faits, il serait injuste de ne pas mesurer
la pertinence de ce qui a été fait. Donc, pour moi, il y a beaucoup de choses,
M. le Président, qui ont été faites dans les dernières années, qui auraient
sans doute pour effet de corriger la situation. Ceci étant dit, je le dis, je
le répète, est-ce que c'est parfait? Ce n'est pas parfait. Est-ce qu'on est
ouverts aux suggestions? Bien sûr. Mais, moi, les mesures, les modifications
que je souhaite apporter...
12 h 30 (version non révisée)
M. Caire : ...sont dans le
p.l. no 82. Si d'aventure, dans les prochaines semaines ou mois, on en arrive à
la conclusion que d'autres modifications législatives sont nécessaires, je n'ai
pas d'a priori à légiférer puis à modifier la loi, mais, pour l'instant...
Puis, en même temps, là, on s'entend que le rapport de la Vérificatrice
générale est sorti ce matin, on peut prendre le temps de l'analyser puis d'en
mesurer les impacts et les conséquences, mais il y a des mécanismes qui ont été
mis en place qui ne sont pas mesurés dans le rapport de la Vérificatrice
générale parce qu'ils ne s'appliquaient pas au moment des faits.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée de La Pinière. Non? Mme la députée de...
Mme Setlakwe : Je vais poursuivre.
Le Président (M. Simard) : Oui,
je vous en prie.
Mme Setlakwe : Donc, ce que j'entends,
c'est que vous n'avez pas un plan, aujourd'hui, de bonifier les processus en
place. Vous n'êtes pas fermé, vous croyez que le projet de loi no 82 va vous
permettre d'atteindre les objectifs.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Est-ce que...
est-ce que vous... En tout cas, je vais poursuivre, brièvement, M. le
Président, là, sur le rapport. Ou on pourra y arriver, en fait, je pense qu'il
y a un article du projet de loi sur le dirigeant principal de l'information.
J'ai... Il y a un des constats que j'ai lu
qui m'a fait penser à la discussion qu'on avait justement sur 10.3, bien, sur l'article
sous étude, puis je suis certaine que ma collègue va vouloir... va être
intéressée par les réponses. Il y avait un retard dans la réalisation des
bénéfices. On est dans CASA, mais on a... elle note, la Vérificatrice générale,
que «les bénéfices ne se réalisent pas comme prévu et que, plus spécifiquement,
la prestation de services au comptoir prend plus de temps qu'auparavant», et
deuxièmement que «le nombre de personnes ayant utilisé les services en ligne au
moins une fois dans l'année a diminué de plus du tiers depuis la mise en
service».
Alors, j'aimerais, honnêtement, qu'on
réconcilie ces constats avec toutes les discussions qu'on a eues hier et avant-hier
sur vos attentes par rapport à l'identité numérique, par rapport à l'obligation
de maintenir les services en personne. Puis vous parlez beaucoup du... vous en
avez parlé dans les derniers instants, et à quel point c'est une grande
réussite, puis qu'il y a plus de 2 millions d'utilisateurs, etc., mais ce
constat, il ne vous... il ne vient pas vous... susciter en vous une
frustration?
M. Caire : Absolument. Non,
mais M. le Président, soyons clairs, là, ce que j'entends, puis comme je dis,
je me réserve le droit, là, de faire une lecture exhaustive du rapport, parce
qu'il y a... souvent, il y a des détails, là, qui ne sont pas si tant des détails
que ça, mais ce que j'en entends, il n'y a personne qui peut se réjouir ce
matin. Comme ministre, je ne peux pas me réjouir. Comme parlementaire, je suis
en colère, c'est clair. On ne peut pas être trompé comme on l'a été puis se
réjouir de ça, là, c'est sûr et certain.
Mme Setlakwe : ...on ne parle
pas de tromperie.
M. Caire : Non, mais je vais
y arriver, parce que, bien, pour moi, ça fait partie. La trame de fond, c'est
qu'on a été trompé sur la vérité de ce qui se passait sur ce projet-là. Ça, c'est
la trame de fond. Maintenant, sur les bénéfices, il y a un travail qui a été
fait au ministère, en collaboration avec l'ENAP, qui nous a permis de
développer des critères mesurables de gestion des bénéfices. Ce cadre de
gestion des bénéfices là a été... je l'ai adopté, par arrêté ministériel en
2022 ou 2023... 2022, printemps 2022? En tout cas, printemps, au printemps
2022, j'ai adopté par arrêté ministériel le cadre de gestion des bénéfices, et,
à partir de ça, l'ensemble de l'évaluation des projets au niveau des bénéfices
attendus doivent être évalués à l'aune de ce cadre-là.
Donc, c'est pour ça, Mme la députée, je
vous dis, il y a des mesures qui sont mises en place, mais c'est sûr que le
cadre de gestion des bénéfices n'était pas là en 2015, donc ça ne peut pas nous
permettre d'avoir une mesure, je dirais, objective et une mesure précise de
quels sont les bénéfices attendus. Ça, c'est un premier élément.
Mme Setlakwe : ...M. le
Président, juste demander une question. Pourquoi vous parlez de 2015?
M. Caire : Parce que...
M. Caire : Pourquoi? Parce que
l'évaluation... O.K..
Mme Setlakwe : Ici, on... je
pense que ce sont des données beaucoup plus récentes, là, dans le rapport de la
Vérificatrice générale.
• (12 h 40) •
M. Caire : Je comprends,
madame la... bien, madame, M. le Président, pardon, mais, je veux dire, on ne
peut pas faire une coupure comme ça. On ne peut pas dire : Ah! mais 2022,
mais tout ce qui s'est passé avant n'a pas d'impact sur 2022. Bien non, tout ce
qui est arrivé en 2022 commence en 2014, se précise en 2015, se concrétise en
2017 et se finalise en 2023. On ne peut pas dire : Ah! mais, avant 2022,
ce n'est pas important. Le choix technologique est important. Les analyses qui
ont été faites sont importantes. Les évaluations de besoins qui ont été faites
sont importantes. Le choix technologique qui a été fait en fonction de ça est
important. La planification budgétaire est importante. Les efforts et les
besoins en ressources humaines sont importants. C'est vital, c'est crucial.
Tout part de là. Et si ça, ça part tout... Je veux dire, je vais paraphraser
mon collègue ministre responsable des Services sociaux : Tout se joue
entre zéro et 6 ans. Je veux dire, un projet informatique, si vous partez
ça tout croche, vous ne pouvez pas vous attendre, à l'autre bout, que ça
devienne un succès flamboyant. C'est sûr que c'est lié. C'est sûr et certain
que c'est lié. La dispense qui a été donnée à la SAAQ, des autorisations en vertu
de la LGGRI par décret en 2014 qui ont fait que la SAAQ était totalement
autonome, la VG en parle. La VG en parle. C'est dans le rapport puis c'est
indiqué. Alors, c'est un... Mme la députée, en tout respect, c'est un tout, là.
On ne peut pas prendre juste les segments qui font notre affaire puis faire
abstraction du reste, là. C'est...
Alors, pour revenir aux bénéfices, ce que
je disais, c'est que le déploiement du cadre de gestion des bénéfices fait
obligation au ministère et organismes d'évaluer les bénéfices de leur projet de
loi à l'aune d'un cadre qui est standardisé et dont les critères sont
objectifs. Et le ministère, mon ministère, après ça, a la possibilité de faire
le suivi des bénéfices attendus et de voir à ce qu'ils se réalisent. Alors, ça,
c'est quelque chose qui est en place maintenant, mais qui ne l'était pas à
l'époque. Donc, ça aussi, c'est une mesure de contrôle que le ministère peut
mettre en place au niveau des bénéfices attendus.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, est-ce que ça veut dire que ce nouveau cadre d'évaluation des
bénéfices attendus qui a été adopté, vous avez dit en 2022 ou 2023 ou...
M. Caire : Je pensais 2023,
mais Me Bacon me dit que c'était en 2022.
Une voix : ...
M. Caire : Puis
Mme Bacon a toujours raison, ça fait que je ne m'obstinerai pas.
Une voix : ...
M. Caire : Mai 2022.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : ...pour
qu'on puisse vous entendre au micro, parce que je ne vous vois pas avec
l'écran.
Mme Bacon (Nathalie) : Donnez-moi
deux petites secondes.
Le Président (M. Simard) : Non,
non, il n'y a pas de quoi.
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
l'arrêté ministériel 2022-01, en date du 27 mai 2022.
Mme Caron : Merci.
Mme Bacon (Nathalie) : Dans
la Gazette officielle du 15 juin 2022.
Mme Caron : Merci, madame...
Me Bacon. Alors, donc... est-ce que je comprends bien que cette nouvelle façon
de faire vous... permet d'évaluer, avant de commencer, si les bénéfices seront
là pour chacun des projets, avant que les projets commencent? Donc, est-ce que
c'est... ma question : Est-ce que c'est un exercice qui a été fait pour la
mise en œuvre de l'identité numérique nationale, ce cadre pour évaluer les
bénéfices?
M. Caire : Oui. Tous les
dossiers d'affaires de projets en ressources informationnelles, d'organismes
assujettis à la LGGRI doivent effectivement appliquer le cadre de gestion des
bénéfices. Donc, les bénéfices sont de divers ordres. Là, vous comprendrez que,
par exemple, simplifier un système fait partie des bénéfices. Rendre accessible
un service sur une plus grande durée, ça fait partie des bénéfices. Donc, il y
a différents types de bénéfices, tangibles et intangibles. Mais, oui, la
réponse à votre question, Mme la députée, c'est oui.
Mme Caron : Alors, M. le
Président, ce que je comprends de la réponse, c'est que oui, c'est utilisé,
cette évaluation-là des bénéfices futurs des projets, surtout les projets qu'on
met en œuvre. Donc, est-ce que ça veut dire, je répète ma question, que ça a
été utilisé pour lancer le projet d'identité numérique nationale...
Mme Caron : ...qui fait
l'objet du projet de loi devant nous.
M. Caire : Oui, les... en
fait, les différents blocs du Service québécois d'identité numérique, quand on
monte le dossier d'affaires, la réponse à votre question, c'est : oui, il
faut que ces dossiers d'affaires-là, de ces différents blocs-là, soient
évalués, les bénéfices soient évalués selon le cadre de gestion des bénéfices.
Donc, oui.
Mme Caron : Alors, M. le
Président... alors ce cadre d'évaluation des bénéfices est utilisé pour chaque
partie d'un tout, si je peux dire, m'exprimer ainsi.
M. Caire : Oui. Oui.
Mme Caron : Alors, ce n'est
pas… Parce que ma question... puis peut-être que la réponse, c' est non, à ça,
c'est que... est-ce que c'est même possible d'utiliser ce cadre d'évaluation
des bénéfices pour le projet transversal qu'est l'identité numérique ou bien,
est-ce que... peut-être que ce n'est pas possible de le faire pour le projet
dans son ensemble mais que ça se fera au fur et à mesure dans chaque… pour
chaque projet, au sein de chaque ministère et organisme qui utilisera, par exemple,
le catalogue de services offerts par le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique?
M. Caire : En fait, ce n'est
pas possible parce que le cadre de gestion des bénéfices, on l'applique dans
l'optique de la constitution du dossier d'affaires. Donc, le dossier qui nous
amène vers la réalisation, c'est là où on a les éléments plus précis. Quand on
est aux étapes en amont, on n'a pas suffisamment d'information pour être
capable de faire cette évaluation-là. Donc, le dossier d'affaires vise justement
à aller chercher toutes ces évaluations-là, évaluations budgétaires dont
parlait Mme la députée de Mont-Royal-Outremont. Effectivement, on fait ces
évaluations-là, les évaluations en effort en ressources humaines, en
investissement matériel, etc., etc., et à l'aune de ça, là, on peut faire
l'évaluation des bénéfices qui sont attendus par ce projet-là. Donc, compte
tenu qu'il y a des développements futurs, bien, c'est difficile, sans avoir
suffisamment d'information. On ne ferait pas une analyse pertinente, il y
aurait trop d'inconnu, il y aurait trop de variables pour faire une évaluation
correcte, si on le faisait de façon très globale, là.
Mme Caron : Et, M. le
Président, est-ce que je dois comprendre que, dans les solutions qui sont
offertes, dans... les solutions, les services, les acquisitions qui sont
offertes dans le catalogue du courtier numérique, qu'on ne peut pas non plus
faire l'évaluation, à ce moment-là, c'est-à-dire que cette évaluation ne va pas
servir à présélectionner, préqualifier les fournisseurs?
M. Caire : Les fournisseurs
vont se qualifier en fonction de critères de qualification. Là, ce dont on
parle, c'est quels sont les bénéfices qu'un projet en ressources
informationnelles va apporter. C'est ça qu'on mesure. Donc, on est vraiment
dans deux choses différentes.
Mme Caron : Ce cadre-là,
donc, M. le Président, s'applique à l'ensemble du projet et non pas aux outils…
M. Caire : Et/ou à chacune de
ses composantes, dans le cas où le projet se fait en différents blocs, comme je
vous disais. Ça peut arriver qu'on le fasse pour chacune des composantes.
Mme Caron : D'accord. Donc,
chacune des composantes d'un projet, disons, sous-projet dans... au sein de
chaque projet, mais pas pour préqualifier les fournisseurs, ou les services, ou
les biens.
M. Caire : Non. Là, on y va
au niveau de critères.
Des voix : ...
Mme Caron : Effectivement. On
a entendu Me Bacon dire que les...
Le Président (M. Simard) : ...marqué
au procès-verbal.
Mme Bacon (Nathalie) : Seulement
pour préciser que le catalogue offre un choix de prestataires de services,
fournisseurs de biens, mais ça, ce n'est pas un projet… Alors, vous avez des
projets en ressources informationnelles. Dans le cadre de votre projet, vous
allez peut-être faire des contrats, soit à l'interne en régie... faire la
solution technologique en régie interne, ou faire appel à un fournisseur, ou
acquérir des biens qui sont dans le catalogue.
Mme Caron : Merci, Me Bacon.
Est-ce que les solutions internes ou qui sont faites en régie vont aussi être
évaluées avec ce cadre-là, de la même manière qu'une application externe?
M. Caire : Oui. Oui. Le
SAG... le service québécois d'identité numérique, est un produit interne. C'est
développé à l'interne, par et pour le gouvernement, et il est tenu aux mêmes
obligations que n'importe quel autre projet en ressources informationnelles.
Mme Caron : Alors, le SAG a
fait partie de... a été évalué, ses bénéfices, bénéfices...
Mme Caron : ...qui ont été
évalués de cette manière-là, alors si... Est-ce que j'ai... Je ne vais pas me
tromper dans la technologie, mais l'identité numérique nationale... Parce que
le SAG va être remplacé, ce ne sera plus le...
• (12 h 50) •
M. Caire : Non.
Mme Caron : Non, le SAG va
rester.
M. Caire : Oui.
Mme Caron : Le SAG va rester.
M. Caire : Le SAG, le
portefeuille. En fait, l'identité numérique nationale va être constituée des
différents éléments du service québécois d'identité numérique qui sont en... en
production, en réalisation ou en planification.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Puis est-ce...
M. Caire : Mais l'identité
numérique nationale, Mme la députée, là, c'est vraiment... c'est le cadre
juridique qu'on est en train d'instituer avec la loi n° 82. L'applicatif,
l'opérationnel, on a déjà des livrables avec le service d'authentification
gouvernementale, le portefeuille numérique s'en vient avec les attestations et
les autres composantes seront à être développées. Donc, on parle de la même
chose, mais quand on... Tout ce projet-là et son cadre législatif deviennent
l'identité numérique nationale.
Mme Caron : Merci. Merci
pour... de me le rappeler, pour préciser le tout. Est-ce que ce cadre
d'évaluation des bénéfices escomptés, est-ce qu'il y a une contrepartie a
posteriori du projet? C'est-à-dire qu'une fois que le projet est réalisé, mis
en oeuvre, est-ce que, je ne sais pas moi, au bout de... bien, soit après la
période de test ou peut-être plus... ce serait peut-être plus pertinent, au
bout de six mois du projet qui roule ou au bout d'un an, est-ce qu'il y a une
autre évaluation qui est faite pour soit confirmer que les bénéfices escomptés
sont au rendez-vous ou poursuivre, dire, bien, à ce moment-ci, au bout de
12 mois, les bénéfices a, b, c, on peut voir clairement qu'ils sont
réalisés, mais les e, f, g sont rendus à 50 % et qu'est-ce qu'il faudrait faire
pour se rendre aux pourcentages qui étaient escomptés?
M. Caire : Vous décrivez bien
la situation. C'est exactement ça.
Mme Caron : Et comment ça
s'appelle, ce projet-là?
M. Caire : Mais ça, c'est le
suivi, c'est le suivi qui est fait par le ministère sur les projets, là. Donc,
on s'assure, par le suivi, que les bénéfices attendus sont bien livrés. Puis,
s'ils ne sont pas livrés, qu'est-ce qui se passe exactement et pourquoi ces
bénéfices-là ne sont pas livrés?
Mme Caron : Et puis est-ce
que ce suivi-là se fait par chaque ministère et organisme sur les projets qu'il
a réalisés ou par le ministère de la Cybersécurité?
M. Caire : Non, il se fait
par le ministère qui a la maîtrise d'oeuvre du projet. Mais la reddition de
compte se fait au MCM.
Mme Caron : Donc, sur chaque
projet... Est-ce que ça veut dire que... Parce que vous avez mentionné, en ce
moment, là, il y a 2 145 projets qui roulent, là. Alors, est-ce que
ça veut dire qu'à la fin de chacun de ces projets-là, il y a un suivi qui
remonte...
M. Caire : Et sur les années
subséquentes, il y a un suivi : Est-ce que les bénéfices attendus ont été
livrés? Il y a une évaluation qui est faite puis il y a une reddition de compte
qui se fait.
Mme Caron : Alors, sur chacun
des projets, vraiment, donc, on peut s'attendre à ce que, dans les années qui
viennent, sur les 2 145 projets, il y aura une reddition de compte
qui va remonter au sein du ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Puis
après cet... est-ce qu'il y a le... le ministre a le pouvoir, à ce moment-là,
une fois la reddition de compte qui est présentée... bon, peut-être pas chacun
présenté au ministre en personne, mais, je veux dire, qu'il remonte dans la
hiérarchie. Est-ce qu'à un moment donné il y a une... un pouvoir d'intervenir,
si, admettons, le ministère reçoit une reddition de compte qui vient de
l'organisme public x et que vraiment les bénéfices ne sont vraiment pas là ou
il y a un problème, est-ce qu'à ce moment-là le ministre de la Cybersécurité et
du Numérique peut intervenir pour aider l'organisme en question ou ce n'est pas
dans ses pouvoirs?
M. Caire : Oui, oui. Oui,
effectivement, il y a une possibilité, au niveau de la reddition de compte, de
faire l'évaluation, trouver les causes puis éventuellement demander des
correctifs lorsque les causes peuvent être corrigées, parce que ça va arriver
des projets où on a pensé que... puis on s'est trompé, puis ça, ça arrive, là,
ce n'est pas une science exacte. Mais si c'est des causes qui peuvent être
corrigées, d'exiger que ce soit le cas.
Mme Caron : Et ça, c'est dans
la... ces pouvoirs-là sont dans la LGGRI ou dans...
M.
Caire
: Oui.
Mme Caron : D'accord. Donc,
parfait. Alors, le ministre, donc, n'a pas le pouvoir d'intervenir dans chacun
des projets, mais, à la fin, s'il y a un problème qui remonte vers lui... Oui?
M. Caire : On peut intervenir
pendant... En fait, on va autoriser, on va...
M. Caire : ...pas autoriser,
mais on va donner une recommandation sur un dossier d'affaires, parce que c'est
le Conseil du trésor qui va autoriser la réalisation, parce qu'il y a un volet
financier, et ça, ça relève de la compétence du Conseil du trésor, mais nous,
on va faire une recommandation favorable ou défavorable par rapport à un
projet, et c'est là où le cadre de gestion des bénéfices va entrer en ligne de
compte... Si, par rapport à l'investissement, ressources humaines, financières,
etc., et par rapport aux besoins, on pense que la solution n'amène pas les
bénéfices attendus, ou n'amène pas des bénéfices suffisants, ou ce n'est pas
les bonnes solutions, on peut faire une recommandation négative. Si on pense
que la solution est la bonne, c'est le bon projet, les bénéfices sont intéressants,
on peut faire une recommandation positive.
Et une fois que le projet est en
réalisation, comme l'expliquait Me Bacon, oui, moi, j'ai la possibilité de
prendre des mesures particulières. Si un projet, par exemple, et c'est là où
c'est important d'avoir la vraie information... mais si, au tableau de bord, on
voit qu'un projet, les indicateurs nous disent qu'il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas, on peut aller voir, on peut aller discuter avec le ministère et
organisme, on peut proposer de l'aide, on peut prendre des mesures de
gouvernance spécifiques pour corriger le projet. On peut lancer un audit si on
pense qu'on n'a pas, effectivement, le vrai portrait, et, ultimement,
conjointement avec le ministre responsable de l'organisme, on peut exiger
l'arrêt du projet.
Mme Caron : Et cette
recommandation-là, M. le Président, ça se fait de la part du ministre de la
Cybersécurité et du Numérique à la présidente du Conseil du trésor, donc, ça
fonctionne comme ça?
M. Caire : Oui, c'est ça.
Mme Caron : Alors, est-ce que
je comprends que c'est ce pouvoir-là qui est enchâssé dans la LGGRI et cette
possibilité, donc, de recommander, oui ou non, pour le projet, on va de
l'avant, ou il y a un problème, on va vous offrir de l'aide, ou il faut arrêter
parce qu'il faut arrêter... il faut arrêter la saignée, admettons, à ce
moment-là...
M. Caire : Oui, oui, oui.
Mme Caron : ...que ça, c'est
uniquement dans la réalisation d'un projet, et non pas... Parce que je me
rappelle de la conversation qu'on a eue sur, par exemple, la gestion des accès,
où, là, M. le ministre disait : Ah! je ne peux pas rentrer là-dedans parce
que ça appartient à chacun des ministères et organismes. Mais dans le cas de
réalisation d'un projet, le ministre de la Cybersécurité et du Numérique a le
pouvoir déjà établi d'intervenir si quelque chose remonte à lui, que ça ne
fonctionne pas, que les bénéfices ne sont pas au rendez-vous, et de dire :
Bien là, on arrête de mettre de l'argent là-dedans parce que ça ne fonctionne
pas, il faut se tourner vers une autre solution. Bien, en recommandation, il va
recommander, là, tu sais.
M. Caire : Oui. Oui, si vous
parlez d'un système qui est en production, que les bénéfices attendus ne soient
pas tous rencontrés, je ne verrais pas que ce soit un motif d'arrêter le
projet, parce que, si vous vous rendez en production, là, vous êtes rendu loin,
là. Arrêter un projet en production, là, il faut vraiment que ce soit
extrêmement catastrophique. Puis juste pour vous donner une idée, on n'a pas
arrêté SAAQclic en production, ça fait que ça vous donne une idée. On parle
peut-être plus de Phoenix, là, pour en arriver à cette étape-là, mais,
idéalement, puis c'est la discussion qu'on a eue avec Mme la députée de
Mont-Royal-Outremont, bien, c'est d'avoir des mécanismes de contrôle en amont,
donc c'est plus en réalisation, où, là, on va essayer de s'assurer que, tu
sais, on est conforme. Comme je disais, il y a des obligations de test,
maintenant, il y a des obligations, pour certains projets, de passer par le
programme de... qui est une phase de test assez sévère, là. Je vous garantis
que SAAQclic ne passait pas le test du programme de... mais bon, donc, il y a
des mécanismes qui sont mis en place, maintenant, qui vont faire en sorte que
des projets en production, arrêtez ça, là. Je ne dis pas que c'est impossible,
là, mais ça prendrait un exemple assez marquant, là.
Mme Caron : Oui, je
comprends, M. le Président. Peut-être que je n'ai pas été claire, je ne voulais
pas... Quand j'ai dit : On arrête ça ou on arrête la saignée, ça pouvait
avoir l'air de dire qu'on arrête en pleine production, mais non, ce n'est pas
tout à fait ça que je voulais dire. Parce que les bénéfices après coup, il faut
toujours bien que ça fonctionne pour savoir si on arrive, on atteint les
bénéfices, mais ce que je voulais dire, c'était que, disons qu'il y a un projet
qui est en cours, qui a été réalisé, qui fonctionne... bien, c'est-à-dire, qui
est opéré puis que... mais ça va couci-couça, puis là on veut en rajouter une
couche, disons, faire une autre composante, c'est là que je veux dire, bien là,
peut-être qu'on dit : On arrête ça, là, avant... pour corriger avant de
continuer.
M. Caire : Oui, tout à fait.
Oui. À ce niveau-là, oui.
Mme Caron : O.K. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : D'autres
commentaires? Mme la députée de Mont-Royal.
Mme Setlakwe : Oui, on
aura... je propose de soumettre un amendement à l'article 10.4.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, si ça ne vous dérange pas, compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre nos travaux et on se retrouve...
Le Président (M. Simard) :
...on
se retrouve à 15 heures, dans la même salle, où on pourra, bien sûr,
étudier l'amendement de notre collègue. À plus tard.
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 02)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes de retour. Je constate que nous avons quorum. Nous
sommes en mesure de pouvoir reprendre nos travaux, qui portent, bien entendu,
sur le projet de loi no 82, Loi portant sur l'identité numérique nationale.
Au moment de suspendre, notre collègue de
Mont-Royal-Outremont nous avait avisés de son intention de nous proposer un
amendement qui portait sur le sous-article 10.4. Alors, Mme, cet amendement se
retrouve sur notre Greffier. Pourriez-vous d'abord nous en faire lecture, s'il
vous plaît?
Mme Setlakwe : Oui. Merci, M.
le Président. Donc, on soumet un amendement à l'article 6. On propose de
modifier l'article 10.4 de la Loi sur le ministère de la Cybersécurité et du
Numérique, tel que proposé par l'article 6 du projet de loi, par l'insertion, à
la fin de l'article, du paragraphe suivant :
«Déterminer les modalités de la reddition
de comptes liée au développement de l'identité numérique ainsi que les
indicateurs applicables.»
Oui, donc, M. le Président, la discussion
que nous avons eue ce matin sur l'importance d'avoir une reddition de comptes
adéquate, de l'importance de suivre les indicateurs, s'assurer que les informations
fiables dans le cadre d'un grand projet de développement informatique se
rendent aux bonnes personnes, tout ça afin d'éviter que les failles qui ont été
mises en lumière dans le cadre du rapport de la Vérificatrice générale puissent
être évitées dans les projets futurs.
On se rappelle que la Vérificatrice
générale, dans ses recommandations, dans son rapport, elle parle beaucoup de
reddition de comptes. Et, à sa recommandation 5, elle recommande de réviser la
méthode utilisée pour la reddition de comptes liée aux travaux de développement
informatique, dont les indicateurs, afin de fournir une information fiable,
suffisante et pertinente aux instances de gouvernance, aux organismes externes
et à la population. Écoutez, on est en plein dans le sujet, là, on parle de
gouvernance, on parle d'un projet informatique majeur.
Et donc le ministre, plus tôt ce matin,
disait qu'il était ouvert à des propositions, à des suggestions pour bonifier
les processus en cours. Alors, voilà, c'est une proposition. Elle n'est peut-être
pas parfaite, en termes de... au niveau du libellé, mais c'est certainement une
proposition constructive pour s'assurer qu'on puisse viser une reddition de
comptes optimale.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M.
Caire
: Brièvement,
M. le Président, je ne pourrai pas donner l'appui à l'amendement parce que l'article
16.2...
14 h (version non révisée)
M.
Caire
: ...de
la LGGRI me donne déjà les pouvoirs qui sont suggérés par l'amendement. Et, en
vertu de cet article-là, j'ai déjà pris un décret qui va paramétrer la
reddition de comptes. On parle de... On a-tu le numéro du décret?
Une voix : ...
M.
Caire
:
Arrêté ministériel 2022, du 23 juin 2022, l'article 25 et 26, de l'article...
sont sur les bilans de projet, ceux dont l'arrêté ministériel.
Mme Setlakwe : Oui, donc, la
date, déjà, c'était?
M.
Caire
: 23 juin
2022. C'est pour ça que je vous disais, Mme la députée...
Mme Setlakwe : Mais c'était
avant le déploiement de SAAQcliq, hein, au début 2023?
M.
Caire
: Oui,
oui, bien oui...
Mme Setlakwe : Donc, tout ça
était en vigueur.
M.
Caire
: ...le
23 juin 2022. Oui, mais c'est pour ça que je vous dis, il y a des mesures
de contrôle. Je comprends que la population ne peut pas être au fait de tout ce
qui a été fait par le gouvernement en mesure de mécanisme de contrôle, de
surveillance, etc., mais il y a déjà des mesures de contrôle qui ont été mises
en place.
Donc, tantôt, quand vous me disiez :
Est-ce que vous pensez que vous avez tous les outils? Je pense que j'ai tous
les outils. Je pense que je dois rester ouvert à des suggestions, si tant est
que, par la pratique de ce qu'on a mis en place, on se rend compte qu'il y
aurait plus à faire. Donc, c'est un processus-je ne suis pas fermé- puis c'est
un processus qui peut être évolutif. Mais dans le cas de l'amendement
spécifiquement, j'ai déjà ce pouvoir-là, l'article 16.2 de la LGGRI, et il
y a déjà un arrêté ministériel qui va paramétrer ou définir les obligations de
reddition de comptes.
Mme Setlakwe : O.K. Mais vous
dites qu'à l'article de la... C'est 16 de la LGGRI?
M.
Caire
: 16.2.
Mme Setlakwe : 16.2, c'est un
pouvoir que vous avez?
M.
Caire
: Oui.
Mme Setlakwe : Et vous dites
que le pouvoir a été utilisé?
M.
Caire
: Oui.
Mme Setlakwe : Et qu'un arrêté
ministériel a été émis?
M.
Caire
: Oui,
en date du 23 juin 2022.
Mme Setlakwe : Mais tout ça,
quand même, est en amont du fiasco SAAQclic et ces mécanismes dont vous aviez
le pouvoir de mettre de l'avant n'ont pas servi à éviter le...
M.
Caire
: Bien,
en amont... On n'est pas d'accord. On n'est pas du tout d'accord. Le fiasco
SAAQclic débute en 2014, je vous parle du 23 juin 2022.
Mme Setlakwe : Le fiasco
SAAQclic, dans votre esprit, a commencé en 2014.
M. Caire : Non, non, non. Ce
n'est pas... Ce n'est pas une vue de l'esprit, là, c'est factuel. Là, j'ai
commencé à lire le rapport de la Vérificatrice générale. C'est factuel.
Factuellement, la Vérificatrice générale indique que de dédouaner la SAAQ des
obligations de reddition de comptes prévues à la LGGRI, ce que le gouvernement
a fait par décret... pas de reddition de comptes, pardon, d'autorisation a...
est un élément qui nous a conduits pas. Ce n'est pas le seul, ça a conduit à
ça.
Alors oui, je considère que le fiasco
SAAQclic, l'architecture du fiasco de SAAQclic a débuté 2014-2015, c'est très
clair. Le processus d'appel d'offres qui a été suivi pour attribuer... c'est-à-dire
attribuer le contrat puis donner la solution, la Vérificatrice générale l'a
décrit. Mme la députée, vous ne pouvez pas ne pas avoir vu ça. Elle dit :
L'entreprise qui a gagné l'appel d'offres a participé à la rédaction de l'appel
d'offres. Mme la députée, vous ne pouvez pas...
Le Président (M. Simard) : On
s'adresse à a la présidence. Merci beaucoup.
M. Caire : M. le Président, Mme
la députée ne peut pas ne pas voir là-dedans les prémisses de ce qui s'est
passé, c'est... Et on le dit, là, les évaluations qui ont été faites des
travaux, des affaires qui datent de 2017, ces évaluations-là étaient mauvaises,
elles sous-estimaient l'ampleur des travaux.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Toujours sur l'amendement de notre collègue, Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui. Je vais
quand même me permettre, M. le Président, de répondre au ministre. Il y a
différentes phases au programme CASA, évidemment, entre 2017 et 2027, et puis
la Vérificatrice générale a dit... j'étais là, je l'écoutais ce matin, elle a
dit que la phase... la livraison...
Le Président (M. Simard) : Bon.
Écoutez, chère collègue, très honnêtement...
Mme Setlakwe : ...était
correcte. C'était la livraison 2 où les...
Le Président (M. Simard) : Non,
je vais vous arrêter. Parce que, là, là, on va trop loin, sérieusement. Je
comprends qu'il est important de se nourrir de l'actualité pour pouvoir
alimenter nos débats. Je comprends et je vous le répète, qu'il y a des
parallèles à établir qui peuvent enrichir notre réflexion collective, mais, s'il
vous plaît, de grâce, on ne fait pas de débat sur un rapport d'une
Vérificatrice générale déposé ce matin alors que l'amendement ne porte pas
là-dessus, c'est vous qui venez de déposer un amendement... et dans les
réponses également. Alors, je vous demande de vous référer à l'amendement
déposé, s'il vous plaît. Veuillez poursuivre.
Mme Setlakwe : Oui. Donc,
vous ne voyez pas... Vous ne voyez pas qu'en lien avec la recommandation cinq
de la Vérificatrice générale, qui parle quand même de reddition...
Mme Setlakwe : ...reddition de
comptes liée à des travaux de développement informatique. Est-ce qu'on parle
ici, M. le Président, de travaux de développement informatique au niveau...
dans le projet de loi n° 82?
• (14 h 10) •
M. Caire : Non, non, non. Sur
l'amendement, ce que je dis, c'est que de déterminer les modalités de reddition
de comptes, j'ai déjà... je peux déjà faire ça et je l'ai déjà exercé, ce
pouvoir, c'est ça que je dis.
Mme Setlakwe : Très bien.
M. Caire : Sur votre
amendement, ce que je dis, c'est : On n'a pas besoin de l'adopter parce
que c'est déjà prévu, et j'ai déjà exercé ce pouvoir-là par un arrêté
ministériel en date du 23 juin 2022.
Mme Setlakwe : Très bien.
Alors, ce que vous dites, c'est qu'il n'est pas nécessaire de le prévoir, c'est
prévu ailleurs.
M. Caire : C'est ça, c'est
ça.
Mme Setlakwe : Très bien. Si
on prend un exemple... Moi, je... La raison pour laquelle je regarde le rapport
qui a été émis ce matin, ce n'est pas... en fait, puis vous aviez raison, M. le
Président, ce n'est pas pour en faire... ce n'est pas pour le déconstruire au
complet et de revenir sur les événements passés, c'est vraiment de lire les
recommandations à la lumière des futurs travaux et de se demander, étant donné
qu'on étudie une pièce législative qui traite de travaux de développement
informatique : Est-ce qu'on peut... on devrait, je pense, selon moi... on
se demande : Est-ce qu'on peut bonifier le projet de loi ou les règlements
à venir? Je pense que la discussion doit avoir lieu à savoir est-ce qu'on
devrait bonifier le texte législatif, ou autres, ou, en tout cas, s'interroger
à savoir si tous les outils sont prévus dans la législation existante, afin de
répondre à la recommandation. On me répond, suite à notre proposition, que l'obligation
existe déjà.
M. Caire : Les travaux...
L'étude détaillée sert à bonifier le projet de loi, donc la réponse à votre
question, c'est clairement oui. Maintenant, cet amendement-là n'a pas pour
effet de bonifier le projet de loi du fait, comme je vous l'explique, Mme la
députée, que ces pouvoirs-là sont déjà prévus dans la loi et ont déjà été
exercés.
Mme Setlakwe : Très bien. Et
j'aimerais simplement... Pour la reddition de comptes, je pense que ça va. Pour
la question des indicateurs, comment ça fonctionne pour des projets importants?
Je comprends qu'il y a plus de 2 000 projets en cours, mais est-ce
que la notion d'indicateur puis de suivi des indicateurs, c'est quelque chose
qui remonte à votre bureau, M. le ministre?
M. Caire : Bien, on les... on
parle de ça un petit peu plus loin, M. le Président, donc je vais réserver mes
commentaires, parce qu'il est question de ça un petit peu plus loin. Donc, je
réserverais mes commentaires pour quand on sera rendus à cet article-là, M. le Président.
Mais la question est tout à fait légitime, ceci étant dit, là.
Mme Setlakwe : Donc, on parle
d'indicateurs précisément dans le projet de loi plus loin?
M. Caire : Bien, de cibles.
Vous avez parlé de cibles, pas d'indicateurs.
Mme Setlakwe : Bien, j'ai...
Non, on a utilisé dans notre amendement «indicateurs».
Des voix : ...
M. Caire : Bien, sur les
indicateurs, j'aimerais ça peut-être que vous précisiez ce que vous entendez
par des indicateurs, Mme la députée... M. le Président, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Absolument.
M. Caire : Bien oui.
Mme Setlakwe : Bien, encore
une fois, je lis les recommandations de la Vérificatrice générale, qui portent
non seulement sur ce qui est arrivé dans le passé, mais fait aussi des
recommandations pour des travaux de développement informatique futurs. Et je me
demande si, dans le cadre du suivi de certains projets, on établit des
indicateurs, des cibles à atteindre et est-ce qu'on associe une reddition de
comptes assez serrée pour... vis-à-vis l'accomplissement de ces indicateurs-là
pour vous permettre justement de suivre l'évolution d'un projet. J'ai en tête
des projets importants, comme celui du dossier santé numérique, par exemple.
M. Caire : Parce que je veux
être sûr que je comprends votre question.
Mme Setlakwe : Des
indicateurs de performance ou des cibles à atteindre.
M. Caire : Mais des
indicateurs au moment du développement du projet ou au moment où le projet est déployé
puis qu'il est mis en production?
Mme Setlakwe : Des
indicateurs... Bien, écoutez, c'est assez large, là, ce que la vérificatrice
générale propose.
M. Caire : O.K. Parce que,
dans le développement du projet, au niveau du dossier d'affaires... puis ça
fait partie de la reddition de comptes. Donc, effectivement, je pense que cette
question est pertinente, M. le Président. Je plaide la pertinence en votre
faveur, Mme la députée. C'est fou, hein?
Mme Setlakwe : Moi, je le
vois dans le sens large, le développement et...
M. Caire : Non, non, mais je
faisais... je détendais l'atmosphère.
Mme Setlakwe : Oui. Ah!
oui...
M. Caire : C'est vraiment...
Là, c'est les échéanciers qui sont les indicateurs, donc les échéanciers, les
budgets et la portée du projet, puis ça, c'est important parce que, la portée
du projet, la Vérificatrice générale, dans son rapport, le libelle autrement.
Elle va dire : Bon, le développement n'était pas de qualité, ce qui veut
dire que ça ne fonctionnait pas, ou on n'a pas respecté la portée du projet,
ou... La portée du projet, c'est qu'est-ce que ça...
M. Caire : ...faire, et
est-ce que ça fait ce que c'est censé faire? Bon. Ça, c'est les trois
indicateurs qu'on a dans l'analyse, le développement et le déploiement d'un
projet. Une fois que le projet est déployé, nous, il n'y a pas... il y a des
indicateurs sur les bénéfices attendus par le projet de loi, ça oui, mais des
indicateurs de performance, nous, il n'y a pas de normes, il n'y a pas de... il
n'y a pas de standards qui sont établis à cet effet-là, tant de volume de
clientèle, parce que j'imagine que c'est à ça que vous faites référence, vous
devez avoir tant de volume de clientèle, vous devez... Il n'y a pas maintenant
des indicateurs de performance dans la déclaration de service aux citoyens. Ça,
il peut en avoir, mais là on est dans la loi sur l'administration publique,
Me Bacon, si je ne m'abuse. Voilà. Mais au niveau du projet informatique
lui-même, moi, je n'ai pas... Il n'y a pas de standards, il n'y a pas de
normes, il n'y a pas de demandes à cet effet-là de mon ministère.
Le Président (M. Simard) :
...
Mme Setlakwe : O.K. Mais si on
se ramène à l'identité numérique et ses différentes phases, vous n'avez pas une
série d'indicateurs à suivre?
M.
Caire
:
Encore là, la question est très, très large, c'est difficile d'y répondre parce
que, comme je vous dis, au niveau des échéanciers, on a un indicateur, si tant
est que vous considériez le... Est-ce que l'échéancier, vous considérez ça
comme un indicateur?
Mme Setlakwe : Bien oui.
Bien sûr.
M.
Caire
: Parce
qu'on compare... Alors, oui.
Mme Setlakwe : Bien, en
fait, je vous demande de nous expliquer le déploiement de votre projet d'identité
numérique, puis on verra si on doit proposer un libellé qui permette d'en
suivre les indicateurs que vous, vous allez mettre de l'avant. Parce que c'est
un projet qui relève de votre ministère.
M.
Caire
:
Bien, en fait... Bien oui, sauf que... Puis sur l'amendement à proprement
parler, je vais vous dire ce que j'ai déjà dit, ce n'est pas une question de
libellé, c'est une question que ce pouvoir-là, je l'ai déjà. Et il y a déjà,
par arrêté ministériel, une reddition de comptes qui est prévue. Alors, il est
déjà prévu que, s'il y a des indicateurs, il y a un suivi qui se fait, bien
évidemment. Il est prévu que les projets sont inscrits sur le SIGRI, le service
intégré de gestion en ressources informationnelles, qui nous permet de faire le
suivi des différents projets quant à l'état d'avancement, le suivi des budgets,
le suivi des échéanciers, le suivi de la portée du projet. Il y a une
obligation pour chaque ministère et organisme de le mettre à jour
ponctuellement et de le mettre à jour si une modification est apportée à l'état
d'avancement des travaux. Par exemple, si un indicateur passe du... Parce qu'il
y a, je pense, c'est c'est deux fois par année qu'on le met, ou trois mois, là.
Je vous dis ça de mémoire, Mme la députée, là, M. le Président, mais s'il y a
un changement significatif à la portée ou au niveau du budget, là, il faut le
mettre à jour, ce que la SAAQ a omis à faire, soit dit en passant. Ça aussi,
c'est dans le rapport de la Vérificatrice générale. Donc, à partir de ce
tableau de bord là, nous, on a la capacité, quand tout le monde fait son
travail conformément aux directives qui leur sont données, on a la capacité de
voir s'il y a des projets qui ont besoin d'une attention particulière, s'ils
ont besoin d'une mesure de redressement, ou si tout va bien, puis à ce
moment-là, on continue, puis on fait confiance aux équipes pour continuer le
travail. Donc... Mais ça répond-tu à votre question?
Mme Setlakwe : Oui. Bien,
en tout cas, je pense qu'on est sur le sujet. Oui. Ce procédé-là, ce
processus-là, il est prévu où? Je comprends que c'est... Vous décrivez ce qui
se passe dans les faits.
M.
Caire
:
C'est... Bien, d'une part, c'est le pouvoir que j'ai de définir des modalités
de reddition de comptes.
Mme Setlakwe : C'est le
16.1 de la reddition de comptes.
M.
Caire
:
Le 16.2.
Mme Setlakwe : Le 16.2,
pardon.
M.
Caire
:
Puis il y en a un autre aussi pour le portefeuille de projet... 12.8 pour le
portefeuille de projets prioritaires. Et c'est... Quand je fais référence à
l'arrêté ministériel, bien, j'exerce ce pouvoir-là pour dire : Voici
comment vous devez faire les choses. Et, soit dit en passant, le SIGRI, le
service intégré de gestion en ressources informationnelles, c'est un tableau de
bord qui est public. Donc, tous les citoyens du Québec et de la planète peuvent
y avoir accès, mais du Québec, donc, vous comprenez.
Mme Setlakwe :
Rappelez-moi. Est-ce que le PIN, le programme d'identité numérique, dans lequel
s'inscrit l'identité numérique nationale, est-ce que c'est un projet
prioritaire?
M.
Caire
:
Oui.
Mme Setlakwe : Donc, sur
le fond, l'objectif qui est visé par l'amendement est déjà atteint...
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Merci.
• (14 h 20) •
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques? Mme la députée de Lapinière.
Mme Caron : Sur
l'amendement, non, mais merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Conséquemment, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que cet amendement
est adopté?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) :
Rejeté. Nous poursuivons l'étude de l'article 10.4. Y aurait-il d'autres
commentaires? Mme la députée de Lapinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Je voudrais simplement revenir au paragraphe no° 2°, où on dit
que le ministre peut mettre en place des processus pour vérifier la cohérence
et la qualité de ces renseignements. La question que j'avais, en fait, c'est
une question qui m'est soufflée, disons, à partir du mémoire de l'Association
québécoise des technologies qui est venue en commission durant les
consultations. Et l'une des recommandations que faisait l'AQT, c'était qu'il y
a un délégué à la protection des données, désigné pour assurer la conformité
aux réglementations en fonction des traitements réalisés. Et je me demandais si
ça existait déjà. Peut-être devrais-je répéter ma question. M. le Président.
M.
Caire
:
...me concentrer, s'il vous plaît. Je vous jure d'être plus discipliné.
Mme Caron : Je vous
remercie, M. le...
M.
Caire
:
Président ministre.
Mme Caron : Oui,
président ministre. Voilà! Alors, la question que j'avais, c'est à propos du
paragraphe no° 2°...
M.
Caire
: Excusez-moi.
Mme Caron : ...qui dit
mettre en place des processus pour vérifier la cohérence et la qualité de ces
renseignements.
M.
Caire
:
Oui. Tout à fait.
Mme Caron : Donc, c'est
sur les renseignements, là. C'est une question, je disais, qui m'est soufflée
par le mémoire de l'Association québécoise des technologues... technologies,
plutôt, l'AQT, où il était recommandé d'avoir... de désigner un délégué à la
protection des données pour assurer la conformité aux réglementations en
fonction des traitements réalisés. Je me demandais si on avait déjà ce
poste-là.
M.
Caire
:
Oui. Oui. Alors, dans la loi n° 95 adoptée en juin 2021, on crée le poste
gestionnaire de la donnée numérique gouvernementale, donc qui a exactement pour
mandat de s'assurer de la gestion, de la cohérence, de la bonne utilisation des
données à l'échelle gouvernementale, et là je vous dirais surtout de la
restructuration en fonction de passer de l'État actuel vers l'État des sources
officielles de données que je vous expliquais hier, il me semble.
Mme Caron : D'accord.
Alors, est-ce que ce gestionnaire de la donnée numérique gouvernementale est
rattaché au ministère de la Cybersécurité et du Numérique?
M.
Caire
:
Oui.
Mme Caron : Il n'y en a
pas un dans chacun des organismes...
M.
Caire
:
Non. C'est-à-dire qu'il y a le gestionnaire de la donnée numérique
gouvernementale et il y a des gestionnaires délégués dans les ministères et
organismes, mais qui relèvent du, ou dans ce cas-ci, de la gestionnaire de la
donnée numérique gouvernementale qui se trouve à être mon ministère la
sous-ministre adjointe au dirigeant principal de l'information et à la
gouvernance.
Mme Caron : Merci. Alors,
M. le Président, toujours dans la recommandation de l'AQT.
Une voix : ...
M.
Caire
:
Bien, en fait, c'est par défaut, là... Je vais peut-être préciser parce que
Me Bacon disait que les DI sont, par défaut, DI, chefs délégués de la
sécurité de l'information et gestionnaires délégués de la donnée numérique
gouvernementale, mais il est loisible pour le ministère, le ministre, de nommer
spécifiquement quelqu'un à ces différentes tâches là.
Mme Caron : Alors, si je
comprends, le DI, dans chaque organisme, peut jouer tous ces rôles-là...
M.
Caire
:
Par défaut.
Mme Caron : ...y compris
celui de gestionnaire de la...
Une voix : ...
Mme Caron : ...y compris
le rôle de la donnée numérique gouvernementale au sein de son organisme public.
M.
Caire
:
C'est bien ça.
Mme Caron : Mais
l'organisme peut décider de nommer une personne à chacun des rôles.
M.
Caire
:
Oui, de déléguer la fonction à quelqu'un d'autre.
Mme Caron : D'accord. Et
toujours dans le mémoire de l'AQT, on recommandait des principes de sécurité
tels que le chiffrement et la limitation des accès qui doivent s'appliquer à
toutes les données traitées. Alors, la limitation des accès, je pense qu'on en
a discuté déjà dans la gestion des accès, et vous avez bien dit que ça se passe
dans chacun des ministères, mais tout en respectant un, j'essaie de me rappeler
de la terminologie exacte qui a été utilisée, tout en respectant la
classification des données.
M.
Caire
:
C'est ça. Voilà.
Mme Caron : Mais qu'en
est-il du chiffrement? Est-ce que le chiffrement des accès, est-ce que c'est la
même...
M.
Caire
:
Oui. Bien, c'est ce que je vous expliquais aussi quand on parlait de la source
officielle de données sur les renseignements d'identité, je vous parlais de...
On dit... On l'appelle le SAG ID, là, mais l'identifiant du service d'authentification...
M. Caire : ...d'authentification
gouvernementale. C'est chiffré, évidemment, les communications. Là, on pourrait
rentrer dans des concepts plus techniques, mais le volet du Service québécois
d'identité numérique qui touche la transmission sécuritaire des données vise
justement à s'assurer qu'entre les entités du gouvernement, la transmission de
données se fera de façon sécuritaire, ce qui implique son chiffrement.
Mme Caron : D'accord. Alors,
M. le Président, si je me souviens, là, c'était comme... on avait dit que
c'était comme les données entre, mais c'est... disons, pour le dire de façon
imagée, sont mélangées et puis ressortent... Tu sais, c'est imagé, là, disons,
mais...
M. Caire : Oui, bien c'est
ça. Mon Dieu! Mais vous avez... M. le Président, Mme la députée a... elle
écoutait bien. C'est exactement ça.
Mme Caron : M. le Président,
j'essaie de toujours être concentrée et de prendre des notes pour m'en
rappeler, mais...
M. Caire : Vous êtes très
bonne, Mme.
Mme Caron : Comme j'ai dit
déjà, parfois, il faut répéter parce que c'est beaucoup... beaucoup
d'informations techniques.
M. Caire : Oui, puis c'est
des concepts qui ne sont pas nécessairement supersimples non plus, j'en suis
conscient.
Mme Caron : Absolument. Et
donc, M. le Président, dans la dernière recommandation à laquelle je voulais
faire référence, c'était que, pour ce qui est des données sensibles comme les
données biométriques, là, ça prend une protection renforcée. Est-ce que c'est
traité dans un article plus loin? Parce que je sais qu'on parle des données
biométriques...
M. Caire : Ce n'est pas
traité dans un article plus loin. Par contre, deux choses. Premièrement, dans
la loi 25, il y a des éléments spécifiques pour les renseignements
sensibles. Donc, on fait une distinction par rapport aux différents
renseignements personnels. Puis le renseignement... le niveau de sensibilité
est pris en compte dans la loi. Et, dans la politique de cybersécurité du gouvernement,
il y a un principe qui dit que le niveau de sécurité qui entoure une donnée
doit être proportionnel à sa valeur. Donc, ça, c'est un principe de la
politique que, par exemple, une donnée qui est une donnée ouverte ne sera pas
sécurisée de la même façon qu'une donnée qui est, par exemple, protégée,
confidentielle, classifiée. Ce ne sera pas le même niveau de protection. Donc,
c'est dans la politique de cybersécurité du gouvernement, adoptée par le
gouvernement. Donc, c'est un document qui est approuvé par le Conseil des
ministres, donc qui est transversal à l'ensemble des ministères et organismes.
Mme Caron : Merci beaucoup.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques concernant l'article introduit à 10.4?
Mme Setlakwe : Une dernière
question sur...
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie.
Mme Setlakwe : Qu'est-ce
qu'on a... C'est quoi, la différence? Dans le deuxième paragraphe, on parle de
vérifier la cohérence et la qualité. Bien, en fait, je comprends que c'est deux
expressions différentes, mais pourquoi on a choisi d'employer ces deux
expressions là? Puis donnez un exemple de chacun, vérifier la cohérence puis
vérifier la qualité.
M. Caire : Oui. La cohérence,
c'est... Vous avez Stéphan Tremblay à l'agence du revenu, Stéphan, pas de e,
vous avez Stéphane Tremblay à la RAMQ, Stéphane avec un e, c'est la même
personne, mais le nom est orthographié différemment. Donc, au niveau de la
validation de la donnée, ce n'est pas cohérent. Ça devient incohérent parce que
c'est une même donnée qui concerne une même personne, mais, à cause de ça,
c'est... Et, au niveau de... bien, de la qualité de la donnée, bien, c'est de
s'assurer, par exemple, que vous avez dans... un ministère a sur vous une
adresse où vous n'habitez plus depuis 10 ans, mais le ministère a encore
cette adresse-là dans ses banques d'information, on peut penser que la donnée
n'est pas de qualité.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques sur 10.4?
Mme Caron : Est-ce que je
peux poser une question?
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée.
Mme Caron : M. le Président,
l'exemple du ministre vient de m'allumer quelque chose. Le Directeur général
des élections, est-ce qu'il va être soumis à cette loi sur... bien,
c'est-à-dire...
M. Caire : Non, il n'est pas
dans la LGGRI.
Mme Caron : Non, hein?
M. Caire : Non, il n'est pas
dans la... C'est un organisme indépendant. Il n'est absolument pas sous mon
autorité. Il est totalement indépendant, comme l'Assemblée nationale.
Mme Caron : D'accord. Parce
que je me disais... Tu sais, c'est un cas, ça, où... Parfois, sur les listes
électorales, le fait qu'un nom est orthographié différemment, ça peut causer
des problèmes, alors.
M. Caire : Mais il pourrait,
s'il le désire, requérir à nos services, et je pourrais, effectivement, lui
offrir les services. Mais c'est sa décision, il est totalement indépendant, et
je n'ai aucune autorité sur le DGEQ.
Mme Caron : Oui, je
comprends. Donc, s'il...
M. Caire : Pour des raisons
évidentes, là.
Mme Caron : Absolument.
Absolument, je suis d'accord avec vous. Donc, si le DGEQ...
Mme Caron : ...fait la demande
trouve que ce serait...
• (14 h 30) •
M. Caire : Ça pourrait être
pratique pour lui. À ce moment-là, par entente, je peux lui offrir les services
de mon ministère.
Mme Caron : C'est ça. S'il
évalue les bénéfices de l'utilisation de l'identité numérique, il pourrait... pourrait
vouloir aller de l'avant.
M. Caire : Absolument.
Mme Caron : Faire affaire
avec le ministère... bien, prendre les services que le ministère pourrait
mettre à sa disposition. Et puis ce qui serait... Parce que j'aime bien cette
idée de cohérence des données, puis particulièrement dans ce contexte-là, parce
que c'est... le DGEQ, c'est quand même... chapeaute quand même notre exercice
démocratique le plus important et...
M. Caire : Ça pose des
problèmes, des erreurs comme celles-là. Malheureusement, quand on a créé le
registre des attributs d'identité, là, dans 7 % des cas, il y avait ce
genre de problème là entre les différentes banques, donc... Ça fait que
c'est... Tant qu'on travaille en silo, c'est tel que tel. Parce que tel organisme
est habitué, il dit : Bon, bien, c'est correct, la personne dit :
Bon, ils ne savent pas écrire mon nom, mais ce n'est pas grave, ça n'en fait
pas de cas. Mais, quand on fait cette fusion-là des informations, là, c'est sûr
que ça devient incohérent puis ça ne fonctionne plus.
Mme Caron : Et comment...
comment on peut s'assurer... Parce que vous avez... M. le Président, M. le
ministre a bien dit que, dans un tel ministère, ça peut être correct, on
dit : O.K., ça va, on sait que c'est cette personne-là, dans un autre, le
nom est orthographié, on met ça semble, ce n'est plus cohérent techniquement,
technologiquement. Alors, comment on décide de faire la correction? Parce qu'à
un moment donné il faut que ça... il faut que la situation se résorbe.
M. Caire : Bien, c'est... il
faut... il faut valider avec le citoyen. Puis c'est ce qui, dans certains cas,
amène des délais de traitement. C'est que là, on n'a pas le choix, il faut
qu'il y ait une enquête, parce que là, vous ne savez pas, est-ce que c'est une
erreur de bonne foi, est-ce que c'est une fausse identité, est-ce que c'est un
faudeur. Je veux dire, vous ne pouvez pas présumer de rien, là. Ça fait qu'il y
a une enquête à faire pour s'assurer que, si c'est une erreur de bonne foi,
bon, bien, quelle est l'erreur, on la corrige, on vous rentre dans le système.
Mais, si c'est... c'est une fausse identité, là il faut investiguer plus, il
faut... il faut... il faut qu'il y ait des démarches qui soient... qui soient
prises pour aller un petit peu plus loin.
Mme Caron : Et, M. le
ministre, vous avez dit qu'il y avait 7 %... dans 7 % des cas...
Est-ce que c'est ce que j'ai compris, qu'il y avait un manque de cohérence dans
les...
M. Caire : Dans... Oui, oui,
oui. Dans la création du registre d'attribut d'identité du gouvernement, dans
7 % des cas, on avait des erreurs qui étaient pratiquement exclusivement
des erreurs de bonne foi, là.
Mme Caron : Mais est-ce qu'on
parle de 7 % de 9 millions d'identités?
M. Caire : Non, non, non. On
parle de... Là, je n'ai pas les derniers chiffres, là. À ce moment-là, on avait
1 million de comptes. Ça fait que c'est 7 % de ça.
Mme Caron : D'accord. Donc,
ça veut dire qu'il faut... il faut procéder à une enquête chaque fois, communiquer
avec le citoyen, pour vérifier son identité. Mais ça peut prendre combien de
temps, une enquête comme ça?
M. Caire : Je ne saurais pas
vous dire.
Mme Caron : O.K. Puis là,
est-ce que ça a été fait pour les 7 % de cas?
M.
Caire
: Oui,
oui, oui.
Mme Caron : Ça a été fait
pour ceux-là?
M. Caire : Oui. C'est pour
ça, je dis : Je n'ai pas les derniers chiffres, mais je pense que plus on
avance, moins on rencontre de cas.
Mme Caron : D'accord. Alors,
très intéressant. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous poursuivons par l'étude de l'article 10.5, M. le ministre.
M. Caire : Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : On
en avait déjà fait lecture, peut-être simplement les commentaires,
éventuellement.
M. Caire : Parfait, M. le
Président. Donc, le premier alinéa de l'article 10.5... proposé, pardon,
donne au ministre de la Cybersécurité et du Numérique la responsabilité de
fournir aux organismes publics les services relatifs à l'identité numérique
nationale que ce dernier détermine dans son offre de services en ressources
informationnelles conformément au troisième alinéa de l'article 4 de la
Loi sur le ministère de la Cybersécurité et du Numérique
(chapitre M-17.1.1).
Le deuxième alinéa de l'article 10.5
proposé prévoit l'obligation pour un organisme public de recourir aux services
relatifs à l'identité numérique nationale que fournit le ministre et autorise
le gouvernement à soustraire un tel organisme de cette obligation advenant à
une situation particulière.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : Oui, merci, M.
le Président. Donc, ici, c'est un peu le même principe que ce qui existe à
l'article 4, mais qui modifiait à l'article 6, disons. C'est les...
C'est les services qui sont fournis par le ministre. Non, en fait, c'est...
Oui, c'est à l'article 4, je pense bien, effectivement, on fait référence
à l'article 4.
M. Caire : Sur le courtier?
Mme Setlakwe : Oui, sur le
courtier. Ça ressemble à ça. C'est l'offre de services. Donc vous allez offrir
des services aux organismes publics.
M. Caire : C'est ça. Mais là,
en fait, c'est là où on rend l'utilisation de l'identité numérique nationale
obligatoire, au deuxième alinéa, là. C'est... C'est...
14 h 30 (version non révisée)
M. Caire : ...obligation
maintenant qui est légale, là.
Une voix : ...
M. Caire : Pour les... Oui,
oui, oui, toujours pour les organismes publics du gouvernement du Québec...
Mme Setlakwe : Oui. Donc,
vous...
M. Caire : ...soumis à la
LGGRI. Non, mais c'est important parce que, par exemple, Hydro-Québec n'est pas
soumise à la LGGRI. Donc, Hydro-Québec n'aurait pas l'obligation de recourir au
service.
Mme Setlakwe : Et pourquoi
vous avez prévu que le gouvernement peut... «le gouvernement peut toutefois
soustraire un organisme public à cette obligation»? Vous devez avoir des
exemples en tête.
M. Caire : Oui, absolument.
Parce que, dans certains cas, puis là ça fait référence à une discussion qu'on
a eue, vous et moi, M. le Président, il y a des... il y a des systèmes, il y a
des services, par exemple... je donne un exemple, ça peut être d'autre chose,
là, mais ça, c'est un exemple plus concret, où le service d'authentification et
d'identification est tellement intégré à la prestation de service que c'est
impossible de débrancher les deux. La seule solution dans ce cas-là, c'est d'attendre
la fin de la vie utile du service en question. Or, là, on dit : Bien, de
par la loi, tu n'as pas le choix, tu dois utiliser l'identité numérique
nationale, sauf que, techniquement, c'est impossible. Donc, dans un cas comme
celui-là, on pourrait soustraire l'organisme de cette obligation-là.
Mme Setlakwe : Donc, les deux
sont... l'identité numérique et la prestation de service électronique, ils
peuvent... ils sont indissociables?
M. Caire : Bien oui, oui,
parce que ça prend... il faut... vous devez vous identifier ou vous
authentifier avant de recevoir une prestation électronique de service.
Mme Setlakwe : Et, dans ce
cas, l'organisme en question n'est pas tenu de recourir au service que vous,
vous fournissez?
M. Caire : Pas s'il a l'exemption.
Mme Setlakwe : Est-ce que
vous avez un exemple en tête?
M. Caire : Oui. Bien, je n'ai
pas le système, mais, dans un cas, ce qu'on m'a rapporté... vous comprendrez
que je n'ai pas une connaissance fine du système en question, ce qu'on m'a
rapporté, c'est que le service d'authentification fournit ce qu'on appelle la
clé primaire, ce qui veut dire que, lorsque vous vous identifiez, c'est un
petit peu ce que je vous expliquais avec le numéro d'identité du... Ça, c'est
ce qui nous permet de retrouver les informations qui vous concernent à travers
différents... différents endroits sur une banque de données. Dans ce cas-ci, c'est
le service d'authentification qui le fournit, ce qui veut dire que toutes les
informations relatives à ce système-là sont rattachées à cette clé-là qui émane
du service d'authentification. Alors, vous comprendrez qu'on ne peut plus les
déconnecter, là, ils sont trop intrinsèquement liés, là. Technologiquement, là,
c'est...
Mme Setlakwe : Et ça demeure
exceptionnel?
M. Caire : Ça demeure
exceptionnel.
Mme Setlakwe : Et quel sera
le... Comment le gouvernement va faire... va rendre compte de ces
exceptions-là, de ces dispenses-là?
M. Caire : Bien, en fait, c'est :
les ministères et organismes vont nous faire une demande d'exemption. Cette
demande-là devra être, évidemment, argumentée, devra être documentée, pourquoi
l'exemption. Puis après ça, bien, on pourra décider si on donne l'exemption ou
non.
Des voix : ...
Mme Setlakwe : La procédure,
elle est prévue?
M. Caire : Oui, oui, bien, ce
maître... Bien, vas-y, là.
Le Président (M. Simard) : ...Bacon.
Mme Bacon (Nathalie) : M. le
Président, pour soustraire un organisme public, ça va prendre un décret, parce
que le... quand on dit : «Le gouvernement peut toutefois soustraire un
organisme public», ça veut dire qu'il doit y avoir un décret, et nécessairement
vous retrouverez un mémoire. Ils sont disponibles, là, sur quebec.ca.
Mme Setlakwe : Merci. Ça va
pour moi pour l'instant.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Est-ce que ça veut dire que... Parce que M. le ministre a dit que l'organisme
public en question devrait demander une exemption. Alors, est-ce que ça veut
dire qu'il y a comme une date limite qui est prévue pour que les ministères et
organismes se soumettent ou non?
M. Caire : Non. Bien, c'est-à-dire
qu'il y a... le... il n'y a pas de date prévue légalement. Donc, nous, dans la
planification du projet, on planifie que, d'ici 2028, nous aurons fait l'ensemble
des changements qui sont... qui sont requis pour instaurer l'identité numérique
nationale. Et donc on peut penser que, s'il y a des exemptions...
M. Caire : ...à y avoir, ça va
dépasser la date de 2028.
• (14 h 40) •
Mme Caron : D'accord. Donc,
les...
M. Caire : Mais ce n'est
pas... Légalement, il n'y a pas de point de rupture, là, c'est vraiment...
Administrativement, dans notre planification, nous, on est là.
Mme Caron : D'accord. Donc,
les organismes publics, ceux qui vont vouloir aller de l'avant, comme on a dit
déjà cette semaine, chacun va déterminer son propre... sa propre feuille de
route, disons, son...
M. Caire : C'est ça.
Mme Caron : ...sa
planification, va s'adresser au ministère pour avoir accès ou être conseillé
peut-être sur les produits offerts dans... par le courtier, là, dans le
catalogue, réaliser son projet et tout ça. Mais il y en a qui, à un moment
donné... Il va falloir qu'à un moment donné... que ce soit à... Je ne sais pas
si le ministère de la Cybersécurité et du Numérique va aller les voir puis leur
dire : Bien, est-ce que tu vas faire quelque chose bientôt ou pas du
tout?, puis...
M. Caire : Bien, oui, oui,
oui, parce que tous les ministères ont l'obligation de déposer un plan de
transformation numérique. Donc, ça, c'est aussi prévu dans la LGGRI. Donc,
cette planification-là, nous, on la reçoit, et donc effectivement on peut avoir
une idée, là, de comment l'organisme va gérer les... ces situations-là.
Mme Caron : Et est-ce qu'à
l'heure... À l'heure actuelle, est-ce que chacun des ministères et organismes
soumis à la LGGRI a déposé un plan de transformation numérique?
M. Caire : Excusez-moi...
Mme Caron : Est-ce que chacun
des organismes publics qui est soumis à la LGGRI...
M. Caire : Oui.
Mme Caron : ...a soumis son
plan de transformation numérique?
M. Caire : Oui. Bien, en
fait, chaque ministère, là, parce que ce n'est pas nécessairement... c'est
vraiment un plan au niveau du ministère.
Mme Caron : Donc...
M. Caire : C'est un petit peu
comme les plans stratégiques des ministères qu'on dépose au Conseil du trésor,
bon, on a la même chose puis on a le pendant numérique, mais qui est déposé au
ministère de la Cybersécurité et du Numérique.
Mme Caron : D'accord. Alors,
est-ce que ça veut dire que c'est comme environ 23 plans?
M. Caire : Oui, ça... 24, 25,
là, parce qu'il y a des ministères qui sont comme... C'est Emploi et Solidarité
Sociale, j'ai deux collègues, mais c'est...
Mme Caron : Un même plan?
M. Caire : Oui, c'est ça, c'est
un même plan, oui.
Mme Caron : C'est ça, un même
plan. Oui, je comprends, O.K., disons une vingtaine de plans. Alors... Donc,
s'ils sont déjà déposés, je comprends que ça vous permet un peu de viser 2028
pour une mise en oeuvre.
M. Caire : Oui. Oui, puis je
vous dirais que, si on ne retrouve pas maintenant des éléments dans le plan qui
concernent ces situations particulières là, bien, dans les prochaines éditions,
ça nous permet de dire : Un instant, là, tu n'as pas planifié ça, il faudrait
que tu commences à le planifier. Donc ça, ça nous permet aussi de faire...
d'anticiper les planifications puis dire : Y a-tu pensé?, puis ça nous
permet aussi... dans un cas comme celui-là, ça pourrait nous permettre de
dire : Bien, n'oublie pas de demander une dérogation, parce que, comme le
rappelait Me Bacon, il y a un décret de service obligatoire au niveau du SAG,
et là, maintenant, il va y avoir une obligation légale sur l'identité numérique
nationale, donc il faut que les ministères et organismes se gouvernent en
conséquence.
Mme Caron : C'est ça. Donc,
on comprend que normalement les ministères et organismes devraient prendre
l'initiative de demander cette dérogation, mais ça n'empêcherait pas, dans le
cas d'une omission volontaire ou involontaire, ce qui pourrait être étonnant,
là, mais admettons, dans le cas d'une omission, ça n'empêcherait pas le
ministre de la Cybersécurité et du Numérique d'être proactif à leur endroit...
M. Caire : Tout à fait, tout
à fait.
Mme Caron : ...et de
dire : On ne voit pas, dans le plan... comme vous avez dit tout à l'heure.
Alors, quand est-ce que vous pensez que ça va venir dans le plan?
M. Caire : Commencer à y
penser, exact.
Mme Caron : Est-ce que ces
plans-là sont sur trois ans, les plans de transformation numérique?
M. Caire : C'est-tu
quinquennal, mais avec une révision aux trois ans? Quelque chose comme ça. Je
vais vous... Je vais le... C'est dans la loi, Mme la députée, on va vous le
trouver.
C'est calme, hein?
Mme Bacon (Nathalie) : Je
pense que c'est annuel.
M. Caire : Oui. Bien, il est
mis... il y a une mise à jour annuelle, mais il me semble que le plan est
quinquennal. Mais je vais fouiller…
Mme Caron : Ça va. Merci, M.
le Président, ça va. Il y a un suivi de ces plans-là, et...
M. Caire : Oui.
Mme Caron : ...donc, est-ce
qu'on retrouve le niveau d'avancement du plan dans le rapport de gestion?
M. Caire : Oui. Et ça, c'est
soumis au chef gouvernemental de la transformation numérique. Donc, c'est lui
qui reçoit les plans, c'est lui qui les évalue, qui les approuve et qui
s'assure du suivi qui est fait de ces plans-là.
Mme Caron : De la même
manière que le Conseil du trésor va approuver les plans stratégiques des
ministères?
M. Caire : C'est ça. Mais
c'est qu'il y a un officier qui a été institué par la loi n° 95 en 2021, il y a
un officier au sein du ministère dont c'est la responsabilité.
Mme Caron : D'accord, je
comprends. Merci.
Alors, quand on dit que dans... toujours
sur l'article 10.5, que le ministre fournit aux organismes publics...
M. Caire : ...la
responsabilité.
Mme Caron : D'accord, je
comprends. Merci. Alors, quand on dit que, dans... toujours sur l'article 10.5,
que «le ministre fournit aux organismes publics les services relatifs à
l'identité numérique nationale qu'il détermine dans son offre de services...»,
donc ce qu'il détermine, c'est que le ministre détermine, «...dans son offre de
services en ressources informationnelles». Alors, si je me fie à la définition
de «ressources informationnelles», dont on a parlé il y a quelques jours,
c'est-à-dire que c'est l'ensemble des ressources matérielles, informatiques,
etc., cette offre de services comprend à la fois les acquisitions, dont il est
question à l'article 4 du projet de loi, et aussi l'expertise ou les
services que le ministère... que les experts du ministère peuvent offrir aux
ministères et aux organismes.
M. Caire : Oui.
Mme Caron : Parfait. Ensuite,
on dit qu'«un organisme public est tenu de recourir aux services visés au
premier alinéa — donc les mêmes dont on avait parlé — aux conditions
déterminées par le ministre.» Les conditions déterminées par le ministre, ça
fait référence à quoi?
M. Caire : Bien, c'est un
petit peu ce qu'on disait, par exemple, avec Me Bacon. Dans l'utilisation de
l'identité numérique nationale, par exemple, si je vous transmets des
renseignements sur la personne qui s'est identifiée, authentifiée, bien,
comment vous traitez ça? Est-ce que je vais vous les transmettre ou est-ce que
je vais tout simplement valider, ce que je disais hier, par l'envoi d'un jeton
qui vient confirmer que... Par exemple, je dis : Moi, la personne que tu
me demandes d'identifier, puis je ne t'en dis pas... Chez nous, là, c'est
valide, c'est correct. Donc, je peux dire : Bien, moi, je ne te donnerai
pas plus que ça. Par contre, dans certains cas, on pourrait dire : Bien,
O.K., dans ton cas à toi, je pourrais peut-être te transmettre le nom, le
prénom, par exemple, parce que, dans une session de travail, ce sont des
éléments qui sont utiles et ce sont des éléments qui visent à donner des
services aux citoyens. Donc, dans l'offre de services, les conditions
pourraient être : O.K., toi, je peux faire ça, toi, je ne ferai pas ça.
Mme Caron : D'accord. Donc,
quand on parle de conditions déterminées par le ministre, ça n'a rien à voir
avec les modalités selon lesquelles les services sont offerts ou les biens sont
acquis, selon l'article 4, là?
M. Caire : Non, c'est
vraiment strictement sur l'identité numérique nationale.
Mme Caron : D'accord. Et
puis... Bon, on a déjà parlé avec ma collègue de la phrase suivante : «Le
gouvernement peut toutefois soustraire un organisme public à cette obligation.»
M. Caire : Mme la députée, la
stratégie, c'est aux quatre ans. J'avais dit cinq, mais c'est quatre ans. Et la
mise à jour se fait annuellement. C'est l'article 4... Ah! c'est... Non,
c'est le décret, ça?
Des voix : ...
Mme Caron : ...manqué un
petit bout. Donc, la stratégie aux quatre ans puis le plan est mis à jour
annuellement.
M. Caire : Puis le plan, il
est annuel. Oui.
Mme Caron : C'est ça,
annuellement, ce qui permet de suivre ça plus rapidement...
M. Caire : Plus serré.
Mme Caron : ...plus
fréquemment que... d'accord. Maintenant, l'autre point que je voulais apporter
à notre attention, toujours dans le mémoire de l'AQT, sur l'article 10.5,
M. le Président, on nous dit... on nous demande comment le projet de loi
garantit que les ministères et organismes publics disposeront des ressources
nécessaires pour respecter les nouvelles obligations en matière d'identité
numérique et de cybersécurité. Alors, si je fais... si je fais le lien avec
leur stratégie ou leur plan annuel puis leur utilisation du courtier numérique
et des services, et tout ça, c'est sûr que ça va coûter quelque chose aux
ministères. Alors, est-ce que le ministère de la Cybersécurité et du Numérique
a le pouvoir ou le désir de s'assurer que les ministères vont avoir les
ressources nécessaires pour procéder ou si c'est à chaque ministère de faire sa
planification financière et de ressources humaines, tout ça en fonction...
M. Caire : Tout à fait. Chaque
ministère fait sa planification financière et va faire ses demandes au
ministère des Finances. Puis c'est le... L'octroi des budgets est une
responsabilité exclusive du ministre des Finances.
Mme Caron : Oui, tout à fait.
Donc, admettons qu'il y a un ministère qui n'a pas produit…
Mme Caron : ...qui n'a... qui
n'a pas... qui n'a pas été de l'avant encore, on a dit : Bon, bien là, on
peut toujours lui demander. Admettons que le ministère dit : Bien, c'est
parce que je veux bien aller de l'avant avec l'identité numérique, mais je
manque de ressources ou je n'ai pas... il est arrivé telle chose ou un imprévu,
en tout cas, puis j'ai dû utiliser mon budget pour... et puis là, rendu... je
suis rendu en 2028, mais je ne peux toujours pas le faire. Est-ce qu'à ce
moment-là le ministre de la Cybersécurité et Numérique peut faire quelque chose
ou...
• (14 h 50) •
M. Caire : Écoutez, je
dirais, de façon générale, non, de façon générale, non. Chaque ministère et
organisme est responsable de la planification, de la gestion de l'ensemble de
ses projets. C'est... C'est... C'est vrai pour les projets en ressources
informationnelles, mais c'est vrai aussi pour sa prestation de services, etc.
Dans certains cas... puis là, je ne devrais pas dire ça parce que je vais
recevoir plein de demandes, là, mais dans certains cas très précis, il y a
effectivement un fonds d'urgence qui peut nous permettre, dans des situations
extrêmement particulières où là, il faut... il faut... il faut intervenir, il y
a un fonds d'urgence qui va nous permettre de faire ça. Mais ce n'est pas... ce
n'est pas dans le cas où un ministère... Bon, bien, tu sais, je me suis trompé
dans ma planification, ou bien, finalement, je ne vais pas prioriser tel
projet, je vais plutôt prioriser tel autre projet, ça fait que je vais mettre
les sous là, puis là, bien là, je ne pourrai pas faire ce projet-là. On n'est
pas là-dedans, là, on n'est pas là-dedans. S'il arrivait, par exemple,
inondation dans un centre de stockage, comme on a vécu au ministère des
Transports il y a une dizaine d'années, il faut remonter ça, là. On n'est
pas... On ne peut pas laisser ça comme ça, là, je veux dire, c'est... c'est...
c'est catastrophique. Donc, dans des situations comme celle-là, on pourrait
intervenir.
Mme Caron : Et, ça, il s'agit
de fonds d'urgence au ministère de la Cybersécurité et du Numérique?
M. Caire : Oui, oui, oui.
Mme Caron : D'accord. Mon
autre question en lien avec l'article 10.5 posée par l'AQT. Bien, on a
déjà parlé de systèmes informatiques, là, qui existent, qui sont... qui sont
hétérogènes, là, où il n'y a pas d'interopérabilité entre les systèmes d'un
ministère et d'un autre. Et ce que... En fait, la question qu'on... qui était
posée, c'est : Quel mécanisme doit être mis en place pour assurer cette
interopérabilité qui est nécessaire? Est-ce que c'est par l'utilisation de
l'authentification de l'identité numérique qu'on va…
M. Caire : Bien, dans le cas
que vous apportez ou que l'AQT apporte, non. L'identité numérique, oui, c'est
une standardisation des systèmes d'authentification, mais là, on est plus dans
la plateforme de développement moderne dont je vous parlais quand on a parlé du
courtier en infonuagique, de s'assurer justement que l'environnement de
développement est le même pour tout le monde, avec les mêmes outils. Et donc ça
va être beaucoup plus facile de faire appliquer les normes, les standards de
développement qui vont rendre effectivement les systèmes interopérables.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Et je pense que ça faisait le tour pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Mme la députée de Mont-Royal-Outremont.
Mme Setlakwe : J'aurais
peut-être une dernière question sur le 10.5 avant de soumettre un amendement.
Là, on comprend que les services vont faire partie du catalogue. On a... On a
parlé du fait qu'on a un lien avec le troisième alinéa de l'article 4. Ma
question, c'est : Est-ce que tout le régime de l'article 5 s'applique
aussi à l'offre de services aux organismes publics dans le cadre de 10.5?
Une voix : ...
M. Caire : Oui. Je...
Mme Setlakwe : L'article 5.
M. Caire : Peut-être préciser
votre question, s'il vous plaît.
Mme Setlakwe : Bien, c'est
parce que le régime général, aux articles 4 et 5, qui traitent du
catalogue et des services qui sont offerts aux organismes publics, est-ce qu'il
s'applique dans... entièrement? Comme l'article 5, est-ce qu'il s'applique
aux services qui sont fournis en vertu de l'article 10.5?
M. Caire : Bien...
Une voix : ...
M. Caire : Oui, vas-y, vas-y.
Mme Bacon (Nathalie) : L'article...
Quand vous dites l'article 5, c'est... c'est... c'est...
Mme Setlakwe : L'article 5
actuel qui a été modifié légèrement par l'article 2. Il y avait une
modification de concordance.
M. Caire : Il y avait une
concordance. Oui.
Mme Setlakwe : Mais qui
est... qui est vraiment en lien avec l'article 4.
Mme Bacon (Nathalie) : Excusez-moi,
je suis mêlée, je suis vraiment mêlée. Je pense que vous parlez de
l'article 6, qui est le courtier, alors l'article 5 du projet de loi
n° 82, qui modifie l'article 6 de la LMCN. C'est-tu ça?
M. Caire : L'article 4,
c'est sur le courtier.
Mme Setlakwe : Non, je
m'excuse, on n'est pas dans le courtier. On est à l'article 4. D'ailleurs,
10.5, au premier alinéa, fait référence à l'article 4.
M. Caire : L'article 5,
c'est sur... Puis, l'article 4, c'est d'ajouter «le ministre peut fournir
des services».
Mme Bacon (Nathalie) : Oui...
M. Caire : ...visés aux
articles», puis là on rajoute 10.5. Donc, la réponse à votre question, Mme la
députée, c'est oui, puisqu'on a rajouté 10.5 dans la nomenclature des... de
l'offre de service.
Mme Bacon (Nathalie) : Mais
ce n'est pas en lien avec le courtier, c'est en lien avec...
M. Caire : Non, c'est en lien
avec l'offre de service.
Mme Bacon (Nathalie) : ...l'offre
de service, c'est-à-dire la clientèle privée du ministre...
M. Caire : Qui est définie à
5.
Mme Bacon (Nathalie) : ...qui
est définie à l'article 7 de sa loi constitutive, modifié par 5 du p.l.
82, où qu'on vient prévoir à cette clientèle privée là l'ajout des services en
identité qui est prévu à 10.5.
Mme Setlakwe : Je suis
désolée si j'ai parlé de l'article 6. Je ne voulais pas vous induire en
erreur en parlant du courtier.
M. Caire : C'est parce que,
des fois, on se mélange entre l'article du projet de loi puis l'article de la
loi qu'on modifie.
Mme Setlakwe : Oui... Non...
Effectivement. Non...
M. Caire : Ça fait que c'est
correct, Mme la députée, nous autres aussi, on fait le...
Mme Setlakwe : On parle des
articles 4 et 5 ici.
M. Caire : De la loi 82.
Donc, l'article 4 de la loi qui modifie le courtier, l'article 5 qui
intègre... intègre 10.5 à la nomenclature des services fournis par le ministre.
Mme Setlakwe : Mais je pense
que, quand on réfère à l'article 4 dans l'article 10.5, c'est bien
l'article 4 qui a été modifié par l'article 1.
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
l'article 4. Là, nous sommes l'article 10.5, là. Il faut vous
imaginer qu'il est à la LMCN, dans la loi constitutive du ministère.
Mme Setlakwe : Absolument.
Mme Bacon (Nathalie) : Donc,
c'est au troisième alinéa de l'article 4 du chapitre M-17.1.1, non 4
de p.l. 82.
Mme Setlakwe : Je pensais que
le 4 du... le 4 qui a été modifié par l'article 1, c'est le 4 dont on...
auquel on fait référence à 10.5. Je me trompe complètement? Parce que,
pourtant, le troisième alinéa de l'article 4 parle d'une offre de service.
Non?
Mme Bacon (Nathalie) : À
l'article 4…
Le Président (M. Simard) : Alors,
maître, si ça ne vous dérange pas, on va suspendre momentanément afin de
pouvoir clarifier les choses.
(Suspension de la séance à 14 h 57)
(Reprise à 15 heures)
Le Président (M. Simard) : Alors,
voilà, nous sommes en mesure de pouvoir reprendre nos travaux, en espérant que
cette petite pause nous permettra d'éclairer au mieux la poursuite de nos
échanges. Maître Bacon.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Donc, nous sommes à l'étude de l'article 10.5...
15 h (version non révisée)
Mme Bacon (Nathalie) : ...qu'on
introduit à la loi sont le... du ministère par l'article 6. Alors, l'article 4,
dont il est question, premier alinéa de 10 .5, c'est l'article 4 de la loi
sur le ministère. Donc, on fait référence effectivement à l'offre de services
du ministre.
Mme Setlakwe : Tout à fait.
Oui. Non, effectivement, et moi, ma question, c'était... Donc, on fait
référence à un régime qui existe déjà, qui est prévu à l'article 4, dont
le troisième alinéa... on dit : «Le ministre détermine par écrit son offre
de services.» Son offre de service va inclure aussi les services qui sont visés
à 10.5, nouvellement introduit.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Mme Setlakwe : Très bien. Et
là on dit que le ministre va en faire la description, il va en fixer la nature,
l'étendue, les conditions d'utilisation, incluant ce qui a trait aux
responsabilités du ministre et des utilisateurs, ainsi que les autres
modalités, etc. Tout ça s'applique aux services qui sont rendus en vertu de...
du premier alinéa de 10.5.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui,
exactement.
Mme Setlakwe : Et ma
question, c'était : Est -ce que les dispositions de l'article 5, qui
vient tout de suite après l'article 4, s'appliquent également ?
Mme Bacon (Nathalie) : Les
dispositions de l'article...
Mme Setlakwe : Loi sur le
MCN.
Mme Bacon (Nathalie) : De l'article 5...
Mme Setlakwe : ...qu'on a
modifié légèrement dans le projet de loi via l'article 2.
Des voix : ...
M. Caire : Puis là tu disais :
Le troisième alinéa... vous disiez, Mme la députée, le troisième alinéa?
Mme Setlakwe : Le texte de l'article 5
dit : «Pour l'application de l'article 4, le ministre doit plus
particulièrement...», et là il y a six paragraphes qui énoncent ce que doit
faire le ministre. Assurer l'accessibilité des services en infrastructures
technologiques, assurer l'adéquation des services avec les besoins des
organismes, optimiser les coûts, mettre en place les processus de gestion,
veiller au respect, au maintien des normes, contribuer à l'émergence de
pratiques de gestion, les technologies exemplaires, etc. Est -ce que ce régime,
qui est prévu à l'article 5, s'applique aux services qui sont rendus en
vertu de l'article 10.5 ?
Mme Bacon (Nathalie) : La...
tout ce qui est énuméré à l'article 5 de la loi constitutive du ministère,
ce sont des grandes responsabilités du ministre qui s'appliquent dans tous ces
contextes, y compris dans le contexte de services.
Mme Setlakwe : C'est juste
que le début dit : Pour l'application de l'article 4, voici ce que
doit faire le ministre de façon plus particulière.
Mme Bacon (Nathalie) : Dans
le contexte de sa mission de fourniture de services, effectivement.
Mme Setlakwe : Donc, ça s'applique
?
Mme Bacon (Nathalie) : Oui,
ça s'applique. Excuse, j'ai été lente.
Mme Setlakwe : Non, non, pas
du tout, parce que c'est vrai que le… mais donc dans... le ministre qui rend
des services aux organismes publics relativement à l'identité numérique
nationale, on doit se référer aux articles 4 et 5, entre autres.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui,
oui.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques? Je croyais comprendre, chère collègue, que vous auriez
éventuellement un amendement. Est-ce que ce serait tout de suite?
Mme Setlakwe : Oui, mais
donc, juste pour compléter à l'article 5...
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie.
Mme Setlakwe : ...ce sont
des... c'est l'étendue des services qui vont être rendus par le ministre aux
organismes publics aux fins de l'identité numérique nationale.
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
des responsabilités du ministre qui viennent bonifier son offre de services,
dans le contexte de son offre de services. Donc, beaucoup de soucis que vous
aviez au niveau des... que ce soit efficace, que ce soit facile, simple pour
les citoyens, se retrouvent à l'article 5.
Mme Setlakwe : Bien, c'est
ça, je voyais que, dans l'article 5, il y avait quand même plusieurs
obligations, oui, qui semblent être évolutives.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Mme Setlakwe : Je pense que c'est
une bonne chose que l'article 5 s'applique, oui. Bon, bien, l'article 5
s'applique. J'ai réponse à ma question. Merci. Donc, il resterait simplement à
discuter d'un amendement, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie, madame. Alors, il est déjà déposé sur Greffier. Je vous propose d'en
faire la lecture. Après quoi, nous suspendrons momentanément nos travaux.
Mme Setlakwe : Oui, donc on
propose de : Modifier l'article 10.5 de la Loi sur le ministère de la
Cybersécurité et du Numérique, tel que proposé par l'article 6 du projet
de loi, par l'ajout, à la fin du deuxième alinéa, de «et le ministre en fait
rapport à l'Assemblée nationale».
L'idée, bon, M. le Président, le... on a
bien compris dans le cadre de nos échanges relatifs à l'alinéa 2 qu'il y
avait un pouvoir exceptionnel du gouvernement de dispenser ou de soustraire un
organisme public à l'obligation de recourir aux services prévus au premier
alinéa de l'article 10.5. On nous a expliqué que, dans certains cas, les
systèmes sont indissociables et qu'on a... et que, donc, on... il est opportun
de soustraire l'organisme public de l'obligation de recourir aux services.
Donc, on demande simplement qu'il y ait une reddition de comptes.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. J'entends très bien ça. On pourra poursuivre le débat. Peut -être
simplement suspendre momentanément le temps de permettre au ministre...
Le Président (M. Simard) : ...Ça
va? Vous êtes prête à prendre tout de suite... prendre la parole? Bon, bien,
alors on va laisser notre collègue quand même d'Outremont peut-être poursuivre
son intervention.
Mme Setlakwe : Oui. Donc,
l'objectif visé est de... on a compris que c'était exceptionnel de... de
soustraire un organisme public de cette obligation, parce qu'on a compris
aussi, dans le cadre des discussions plus larges, que là... que le ministre
cherche à assurer une uniformité de... une uniformité au niveau de
l'application des meilleures pratiques, au niveau de l'application des
différents services pour des fins de sécurité et autres. Et là, on a compris
que, de façon exceptionnelle, le gouvernement peut soustraire un organisme
public à l'obligation de recourir aux services qui sont offerts par le MCN.
C'est exceptionnel. On a compris que ça se ferait par décret. Et notre ajout
vise à obliger le ministre à en faire rapport à l'Assemblée nationale.
Simplement, c'est une question de reddition de comptes et de... et que ce soit
noté à quelque part, que ce soit en fait rapporté à l'Assemblée nationale qu'on
a utilisé ce pouvoir exceptionnel.
M. Caire : Bien, d'abord,
soustraire un organisme à des obligations par décret, ce n'est pas un pouvoir
exceptionnel, ça existe dans d'autres lois. Je... je vous faisais référence
justement au décret de 2014 qui a soustrait la SAAQ à ses obligations
d'autorisation en vertu de la LGGRI. Donc, c'est quelque chose qui... qui est
déjà dans des dispositions. Maintenant, comme Me Bacon vous le disait, un
organisme qui demanderait une telle... une telle... bien, d'être soustrait à
cette obligation-là devra présenter un mémoire. Ça fera l'objet d'un décret.
Ces deux documents-là sont déjà publics. Et le ministère de la Cybersécurité et
du Numérique est déjà tenu de déposer son rapport annuel de gestion. Pour être
tout à fait honnête avec vous, Mme la députée, je pense, puis je comprends
votre point, mais je pense que ça fait déjà beaucoup de redditions de comptes
pour un... pour un événement exceptionnel, là.
Mme Setlakwe : Donc, ce que
vous dites, c'est que pour... pour qu'un organisme soit dispensé ou soit
soustrait à l'obligation, il doit déposer un mémoire écrit.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Et ensuite il
y a un décret qui...
M. Caire : Du gouvernement.
Mme Setlakwe : Oui, du
gouvernement qui est émis.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Et que ces
deux documents-là...
M. Caire : Sont publics.
Mme Setlakwe : ...sont
publics.
M. Caire : Oui.
Mme Setlakwe : Et que les
deux documents sont... ou en tout cas, de quelle façon est-ce que l'information
se retrouve dans le rapport annuel de gestion?
M. Caire : Bien, nous, on a
une obligation à la fin de l'année. Alors, ce que je veux dire, c'est que...
parce que vous m'amenez sur le principe de la reddition de compte. Sur le grand
principe de la reddition de compte, je vous dis, il y a déjà le rapport annuel
de gestion que le ministère doit déposer annuellement. Sur cet élément-là
spécifique, il y a l'obligation pour un organisme qui demande une telle… en
fait, qui demande d'être soustrait à cette obligation-là, il y a le mémoire qui
va vraiment expliquer le pourquoi de la démarche. Et ensuite, il y a le décret
si le gouvernement, évidemment, donne cette... cette soustraction-là. Comment
on dit ça?
Une voix : Soustraction.
M. Caire : Cette
soustraction-là...
Une voix : Dérogation.
M. Caire : C'est dérogation.
Merci. Donc, si le gouvernement accorde cette dérogation-là, le décret, il est
publié à la Gazette officielle, donc il est public, puis le mémoire aussi.
Donc, vous avez déjà une reddition de comptes publique qui se fait dans un cas
très spécifique. Donc, rajouter un élément particulier de reddition de compte,
je pense qu'on a déjà les... les outils nécessaires en place.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Une voix : Les services, à ce
moment-là, c'est parce que vous dites qu'ils sont... que l'identité numérique
puis le... la prestation de services... la prestration électronique de services
sont indissociables. Mais vous n'avez pas l'intention d'octroyer cette… de...
mais ce n'est pas vous, en fait, c'est le gouvernement, là. Mais ce genre de...
de dérogation va demeurer exceptionnel, c'est ce qu'on a compris.
M. Caire : Tout à... bien
oui, absolument, parce que mon intention, c'est de rendre l'identité numérique
nationale unique, le seul service. Alors, comme je vous disais, Mme la députée,
on a déjà un décret du gouvernement qui rend le SAG obligatoire, le Service
d'authentification gouvernementale. Donc, on manifeste clairement envers nos
ministères et organismes notre intention de dire : À terme, ce sera la
seule façon pour le citoyen de s'identifier et de s'authentifier pour accéder à
une prestation électronique de services. Et là, on vient faire une obligation
légale au niveau de l'identité numérique nationale. Donc, oui, vous êtes...
vous avez une bonne lecture, en disant que notre intention, c'est de.... C'est
juste qu'on sait que ces situations vont se présenter...
M. Caire : ...vous avez une
bonne lecture en disant que notre intention, c'est de... C'est juste qu'on sait
que ces situations-là vont se présenter. Ce faisant, on sait qu'il y a des
ministères ou des organismes qui vont se retrouver dans une illégalité pour des
raisons techniques, donc il faut prévoir de les soustraire à cette illégalité
potentielle là, mais pas de les soustraire de l'obligation d'utiliser
l'identité numérique nationale.
• (15 h 10) •
Mme Setlakwe : Très bien.
Merci.
Le Président (M. Simard) : Y
aurait-il d'autres commentaires concernant l'amendement apporté à
l'article 10.5? Sans quoi nous allons procéder à sa mise aux voix. Cet
amendement est-il accepté?
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Il
est donc rejeté. Et nous poursuivons notre étude. Nous en sommes toujours à
l'article 10.5. Y aurait-il d'autres remarques? Bien. Alors, nous
poursuivons et nous serions rendus au sous-article, en fait, 10.6.
M. Caire : Je ne refais pas
la lecture, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Le
commentaire. Je vous invite à faire le commentaire seulement.
M. Caire : Parfait. Parfait.
L'article 10.6 proposé attribue au ministre la fonction d'agir comme
source officielle de données numériques gouvernementales pour les besoins de
l'identité numérique nationale dans le respect des dispositions applicables à
une source officielle de données numériques gouvernementales désignées par
décret pris conformément à l'article 12.14 de la Loi sur la gouvernance et
la gestion des ressources informationnelles et des organismes publics et des
entreprises du gouvernement (chapitre G-1.03).
Le Président (M. Simard) : Bien.
Des remarques? Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : C'est un long
article, M. le Président, alors je suis en train de regarder si ma collègue...
Peut-être pour ne pas perdre de temps si ma collègue...
Le Président (M. Simard) :
Avec plaisir. Je vous en prie, chère collègue.
Mme Setlakwe : Bien, moi
aussi, je prenais quelques instants pour...
M. Caire : ...M. le
Président, moi aussi, je prenais quelques instants pour le relire.
Le Président (M. Simard) : Alors,
si vous voulez en faire une lecture exhaustive...
M. Caire : Est-ce que les
collègues souhaitent ça ou...
Une voix : ...
M.
Caire
:
Parfait.
Le Président (M. Simard) : Allez-y,
M. le ministre.
M. Caire : Parfait, M. le
Président. Donc, l'article 10.6 se lit comme suit : Le ministre agit
d'office comme source officielle de données numériques gouvernementales aux
fins prévues au présent chapitre. Dans l'exercice de cette fonction, le
ministre recueille, utilise ou communique des données numériques
gouvernementales ou recueille auprès de toute personne des renseignements,
incluant des renseignements personnels, lorsque cela est nécessaire. Le
gouvernement précise les organismes publics qui doivent recueillir ces données
auprès du ministre agissant comme source officielle de données numériques gouvernementales
et les utiliser ou qui doivent les communiquer à ce dernier. Pardon. Il peut, à
ces mêmes fins, confier à un organisme public toute fonction ou transférer une
partie d'une fonction d'un organisme public à un autre. Les articles 12.16
et... 12.16, 12.19 de la Loi sur la gouvernance et la gestion des ressources
informationnelles des organismes publics et des entreprises du gouvernement
(chapitre G-1.03) s'appliquent au ministre agissant comme source
officielle de données numériques gouvernementales avec les adaptations
nécessaires. Au sens du présent chapitre, les données numériques
gouvernementales sont le nom et les dates et lieux de naissance d'une personne
physique ainsi que le nom de ses parents, le nom est les coordonnées d'une
personne morale ou d'une société de personnes, tout autre renseignement que
détermine le gouvernement.
Alors, voilà, M. le Président. Vous
m'excusez pour les petites erreurs, là, il commence à être tard.
Mme Setlakwe : ...vraiment au
cœur, là, du... de l'identité numérique nationale. Peut-être, M. le ministre,
nous... juste nous vulgariser le processus. Puis c'est ici qu'on définit ce
qu'on entend par données numériques gouvernementales, qui touchent non
seulement une personne physique mais également une personne morale, ça, on en
avait déjà parlé et... Mais revenons au premier alinéa, donc le fait que vous
agissiez d'office comme source officielle de données numériques
gouvernementales, ça, ce n'est pas un nouveau concept, là, il faut qu'on ait
une source officielle de données numériques.
M. Caire : C'est-à-dire que
le concept n'est pas nouveau, mais le fait que ce soit enchâssé dans la loi est
nouveau. Parce qu'avec la loi n° 95 les sources officielles de données
étaient nommées par décret, par le Conseil des ministres. Maintenant, cette
fonction-là est attribuée au ministère par la loi. Donc, c'est vraiment une
responsabilité légale du ministère.
Mme Setlakwe : O.K. Il n'y a
pas d'enjeux. Donc, juste nous expliquer le processus par lequel les données
vont être recueillies... c'est ça qu'on...
Mme Setlakwe : ...vous
faites dans un premier temps. Donc, vous les recueillez vous-même ou vous les
recueillez auprès de toute personne, c'est très large.
M.
Caire
:
Oui, parce que ça revient un peu à ce qu'on disait initialement. Il peut
arriver, puis dans un... Il peut... Excusez. Bien, il peut arriver dans
l'utilisation des services qu'on va demander... Par exemple, le ministère de la
Santé fait affaire avec un citoyen qui a une identité numérique. Le citoyen,
pour des raisons x, il a... ne corrobore pas les données qui sont affichées sur
le système. La personne qui donne la présentation de services dit : Ah
non! Ça, tu n'as pas le bon numéro de téléphone, par exemple. Bon, O.K., est-ce
que je vais modifier... Donc, nous... Puis ça, ça revient à la discussion qu'on
avait avec Mme la députée de La Pinière sur la gestion des accès. Nous, il va
falloir déterminer, est-ce que ces gens-là vont pouvoir modifier ces
informations-là? Si oui, de quelle façon? Alors, il faut qu'on dise : Bon,
bien, dans certains cas, est-ce que je peux autoriser... est-ce que je peux
autoriser un organisme à collecter des informations en mon nom? Si oui, comment
je gère ça? Alors, selon quelle norme, quelle priorité? Parce que si je suis le
seul organisme à collecter de la donnée, bien, peut-être qu'à un moment donné
ça va impacter sur la qualité du service au citoyen.
Mme Setlakwe : O.K. Et
c'est là, pour revenir à la discussion qu'on avait plus tôt cette semaine, je
pense que c'était peut-être hier, bon, les renseignements vont comprendre des
renseignements personnels. Lorsque cela est nécessaire, et ça, c'est tout à
fait conforme à ce qu'on a ailleurs dans le corpus législatif, là, sur...
M.
Caire
: ...
Mme Setlakwe : Oui,
exact. Et là, c'est le gouvernement ensuite qui précise les organismes publics
qui doivent recueillir ces données.
M.
Caire
:
Oui. Ça se fait par décret du gouvernement. Donc, dans les faits, nous, on va
faire une suggestion au gouvernement. Mais c'est justement... Ce n'est pas le
ministère de la Cybersécurité tout seul dans son coin qui va prendre cette
décision-là. Ça devra... Compte tenu que les organismes sont potentiellement
sous la responsabilité d'un collègue, bien, il faut minimalement que le
collègue en question approuve la décision. Puis la meilleure façon de s'en
assurer, c'est de l'amener au conseil des ministres.
Mme Setlakwe : Et à quel
moment dans le déploiement pensez-vous que vous allez pouvoir émettre un
premier décret qui va lister les organismes publics qui vont pouvoir recueillir
les données?
Une voix : ...
M.
Caire
:
Oui. Parce que le décret... Le décret a été pris parce que le MCN est déjà
source officielle de données, mais il est source officielle de données par
décret. Donc, cette disposition-là existait déjà. Donc, le décret avait déjà
été pris en fonction du fait que le MCN était source officielle de données par
décret. Maintenant, on le fait par voie législative. Donc, il y a une
disposition transitoire qui va faire en sorte que le décret va maintenant être
pris en vertu de la loi, de la LGGRI, plutôt qu'en vertu de... du... Bien, en
fait, de la LGGRI toujours, parce que c'est la même loi qu'on modifie, là.
Une voix : ...
M.
Caire
:
Non, c'est la LLCN. C'est ça. Donc, il était pris en vertu de la LGGRI. Il sera
pris maintenant en vertu de la LLCN.
Mme Setlakwe : Ça va être
un transféré...
M.
Caire
:
C'est ça. Ça va être un...
Mme Setlakwe : Et il y a
combien d'organismes qui figurent à cette liste-là?
Une voix : Tous les
organismes.
Mme Setlakwe : C'est
tout.
M.
Caire
:
Tous ceux qui sont soumis à la LGGRI. C'est à la LGGRI.
Mme Setlakwe : D'accord.
M.
Caire
:
C'est tous ceux qui sont soumis à la LGGRI parce qu'il y a des organismes
publics qui ne le sont pas. Les ordres professionnels ne sont pas soumis à la
LGGRI?
Une voix : ...
M.
Caire
:
Oui, c'est ça.
Mme Setlakwe : Oui.
J'aurais une dernière question.
Le Président (M. Simard) :
Je vous en prie.
Mme Setlakwe : En fait,
là, on a prévu aussi que le gouvernement peut confier à un organisme public
toute fonction ou transférer une partie d'une fonction d'un organisme public à
un autre. O.K., mais il faut quand même qu'on reste toujours dans la famille
des organismes publics soumis à la LGGRI. O.K. Bon. Puis là, au niveau de la
définition de données numériques gouvernementales, un et deux, nom, date et
lieu de naissance d'une personne physique...
Mme Setlakwe : ...ainsi que le
nom de ses parents. Ça, c'est les informations qui figurent à notre carte
d'assurance-maladie? Bien, les noms des parents.
• (15 h 20) •
M. Caire : Sauf le nom des
parents, oui.
Mme Setlakwe : Non, mais
les... ces informations-là, les noms des parents, bien, ils sont en lien avec
la RAMQ, non?
M. Caire : Ils ne sont pas
sur la carte d'assurance-maladie, le nom des parents?
Une voix : Non, sur la carte
d'hôpital.
Mme Setlakwe : Oui, c'est ça.
M. Caire : Oui, c'est quand
vous faites cette sympathique carte d'hôpital...
Mme Setlakwe : Ah! c'est ça.
M. Caire : ...mais pas sur la
carte d'assurance-maladie.
Mme Setlakwe : Alors,
pourquoi on a prévu le nom des parents?
M. Caire : Bien, c'est parce
que...
Mme Setlakwe : Ah! le
certificat de naissance.
M. Caire : Oui, bien, c'est
parce que... oui, c'est ça, c'est qu'éventuellement, si vous voulez la carte
d'assurance-maladie de vos enfants, si vous voulez le certificat de naissance
de vos enfants, il faut qu'on soit capables... puis là, c'est technique, mais
il faut que le registre soit capable de se consulter lui-même pour savoir il y
a cet enfant-là qui est son parent, puis ce parent-là a-t-il des enfants?
Mme Setlakwe : Non, tout à
fait. Et là, expliquez -nous le troisième paragraphe qui est très large, tout
autre renseignement.
M. Caire : Bien, ça vient...
Je suis... D'abord, vous dire qu'il faut toujours interpréter la LGGRI ou la
LMCN en fonction de la loi n° 25. Donc, je ne peux
pas collecter des renseignements à d'autres fins que ce pour quoi je les
collecte. Donc, ce n'est pas... Il ne faut pas le voir comme un bar ouvert.
Puis il y a même d'autres dispositions dans la loi au niveau de la façon de
traiter les données puis de les utiliser.
Maintenant, pourquoi tout autre
renseignement? Bien, parce que, dans un premier temps, aux fins de
l'identification, il y a un potentiel que peut-être d'autres renseignements
pourraient être essentiels pour identifier, authentifier le citoyen, d'une
part.
Mme Setlakwe : ...pour rendre
des services.
M. Caire : Et,
éventuellement, pour rendre des services. Parce que l'idée, puis Me Bacon le
disait, l'idée, c'est : Dites-le-nous une fois. Donc, ce qu'on souhaite,
c'est de faire en sorte que le citoyen n'ait pas à répondre à des questions
pour lesquelles on possède déjà la réponse. Donc, dans une perspective, par
exemple, de compléter un formulaire en ligne, bien, est-ce qu'il serait
possible de dire : Bon, bien, tel, et tel, et tel renseignement, avec le
consentement de la personne, en expliquant ce que je veux faire avec et en les
utilisant à cette fin-là et à cette fin-là seulement, bien, je pourrais compléter
mon registre, transférer les informations en fonction de la gestion des accès
et des privilèges dans une perspective de facilité le service. Donc, c'est pour
ça qu'on met cette disposition-là. Ça va dans le sens un peu, là, de ce que
j'expliquais.
Mme Setlakwe : O.K., mais...
Oui, merci. Et vous avez dit qu'on doit interpréter cette disposition-là à la
lumière ou, en fait, que la loi n° 25 s'applique, et
donc incluant le critère de nécessité?
M. Caire : Incluant le
critère de nécessité, absolument. Et, comme je disais, incluant aussi
l'obligation, parce que c'est une discussion... Mme la députée de la Pinière,
je pense que c'est avec vous qu'on avait cette discussion-là quand je disais ce
que la loi prévoit, c'est que vous devez détruire un renseignement lorsque la
finalité pour laquelle le renseignement a été collecté est complétée. C'est une
obligation que vous avez de supprimer, de détruire le renseignement.
Mme Setlakwe : ...cette
obligation-là?
M. Caire : C'est dans la loi n° 25, mais je ne pourrais pas vous dire quel article. Mais
c'est dans la loi n° 25, c'est prévu dans la loi n° 25.
Mme Setlakwe : ...le cycle de
vie.
M. Caire : C'est ça,
exactement.
Mme Setlakwe : Ça ne sert à
rien de le reproduire.
M. Caire : Voilà.
Mme Setlakwe : O.K., merci.
Moi, ça va.
Mme Caron : ...M. le
Président. Donc, la question que j'aurais, c'est au premier paragraphe, donc,
de 10.6 : «Le ministre agit d'office comme source officielle de données
numériques gouvernementales aux fins prévues au présent chapitre. Dans
l'exercice de cette fonction, le ministre recueille, utilise ou communique des
données numériques gouvernementales ou recueille auprès de toute personne des
renseignements, incluant des renseignements personnels lorsque cela est
nécessaire.» Alors, dans la deuxième phrase, quand on dit : «Dans
l'exercice de cette fonction, le ministre recueille, utilise ou communique des
données numériques gouvernementales», est-ce qu'on doit comprendre que cette
cueillette utilisation et communication de données numériques se fait à
l'intérieur du système entre les... à partir des sources officielles de
données, et non pas le ministre...
M. Caire : Bien, à
l'intérieur des organismes publics qui utilisent l'identité numérique
nationale, oui.
Mme Caron : D'accord.
Parfait. Et ensuite, on dit, bon : «ou recueille, auprès de toute
personne, des renseignements, incluant des renseignements...
Mme Caron : ...des
renseignements personnels, lorsque cela est nécessaire». Donc, on doit
comprendre... Ici aussi, j'imagine, comme dans les autres articles où on parle
de personnes, ça peut être une personne morale ou une personne physique.
M. Caire : Tout à fait.
D'ailleurs, vous l'avez dans la définition des paragraphes... paragraphe
2° : nom et coordonnés d'une personne morale ou d'une société de
personnes.
Mme Caron : Effectivement. Et
ça m'amène à la question parce que…
M. Caire : ...paragraphe?
Mme Caron : Bien, oui, un
numéro, où il y a un numéro...
M. Caire : Non, mais je ne me
suis pas… Bien, il y a un numéro, donc c'est un paragraphe.
Mme Caron : Non, c'est ça,
oui
M. Caire : Non, mais je finis
par me démêler.
Mme Caron : Mais je n'allais
pas… je n'allais pas questionner, M. le ministre, sur le fait que ce soit un
paragraphe ou un alinéa.
M. Caire : Merci, Mme la
députée.
Mme Caron : J'allais
simplement dire, effectivement, c'est prévu, donc, au numéro 2, paragraphe
numéro 2, le nom et les coordonnées d'une personne morale ou d'une société de
personnes. Pourquoi c'est nécessaire, là, de préciser morale... bien, physique
ou morale, parce que… Non, excusez-moi. Je viens de répondre à ma propre question.
En un, c'est les personnes physiques et puis, en deux, c'est la personne morale
ou société...
M. Caire : C'est les
entreprises, c'est ça.
Mme Caron : D'accord,
d'accord. Parce que j'allais dire pourquoi là on le précise, alors qu'ailleurs
on disait que «toute personne» voulait dire... Mais j'ai répondu à ma propre
question en relisant, donc.
Mais l'autre question que j'ai à propos de
«toute personne», puis probablement que j'aurais dû la poser en 10.2, mais on
peut pas revenir en arrière. M. le ministre a mentionné que l'identité était
une fonction régalienne de l'État, donc, d'accorder l'identité à un citoyen.
Qu'est-ce qui arrive dans... pour l'utilisation numérique, pour l'identité,
admettons, d'une personne qui réside sur le territoire du Québec, peut-être,
depuis 10 ans, mais qui n'est pas citoyen canadien? Est-ce que ça vient faire
une différence? Et la question suivante, dans le cas, par exemple, de
personnes, de travailleurs saisonniers ou de personnes qui ont un permis de travail
pour un an, deux ans, est-ce qu'on se dit : Bien, ces personnes-là, on ne
peut pas leur accorder une identité, puisqu'ils ne sont pas des citoyens?
Alors, ils ne vont pas... Pour ces
personnes-là, bien, ce sera les moyens d'identification habituels, ordinaires,
qui existent depuis longtemps et qu'ils auront... qu'ils n'utiliseront pas
l'identité numérique, parce que, comme non-citoyens canadiens et non résidents
du Québec, ils utiliseront d'autres moyens pour s'identifier.
M. Caire : Bien, il n'y a pas
d'obstacles légaux à leur donner une identité numérique nationale. L'obstacle
serait... est la capacité à les identifier et les authentifier. Je vous donne
un exemple. Une famille de réfugiés, je n'ai pas, dans un certain segment, je
n'ai pas la capacité de vérifier leur identité, parce qu'il n'y a pas de
papier, il n'y a pas de document. Bon, le gouvernement d'origine n'est
peut-être pas nécessairement un tiers de confiance, c'est le moins qu'on puisse
dire. Alors, je n'ai pas la capacité de les identifier et de les authentifier.
Donc, à ce moment-là, c'est sûr que je suis dans l'impossibilité de leur
procurer une identité numérique nationale, mais parce que je n'ai pas... je
suis dans l'impossibilité de les identifier et de les authentifier.
Mais dans la mesure où, par exemple,
quelqu'un vient ici, il a un permis de travail, bon, il travaille, paie des
impôts, va faire une déclaration de revenus, même s'il n'est pas citoyen
canadien, oui, je peux tout à fait lui fournir une identité numérique nationale.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Ça répond à ma question. Le deuxième alinéa : «Le gouvernement précise les
organismes publics qui doivent recueillir ces données auprès du ministre
agissant comme source officielle de données numériques gouvernementales et les
utiliser ou qui doivent les communiquer à ce dernier. Il peut, à cette même
fin, confier à un organisme public toute fonction ou transférer une partie
d'une fonction d'un organisme public à un autre.»
Est-ce que, sur cette dernière phrase,
quel genre de fonction pourrait être transféré à un organisme public... Dans la
deuxième phrase du deuxième alinéa, où on dit «il peut, à ces mêmes fins,
confier à un organisme public toute fonction ou transférer une partie d'une
fonction d'un organisme public à un autre», qu'est-ce que ça englobe?
• (15 h 30) •
M. Caire : Fonction de
recueillir des données, fonction de...
15 h 30 (version non révisée)
M. Caire : ...de... Hein?
Une voix : ...
M. Caire : Oui, ou fonction
de valider la donnée, on parlait d'assurer la qualité et la cohérence de la
donnée. Ça peut faire partie. Par exemple, je vous donnais l'exemple d'un
citoyen dont le nom pourrait être orthographié différemment dans deux banques
de données. Bon, bien, je peux lui demander : Peux-tu faire cette
vérification-là, cette validation-là pour nous, s'il vous plaît? C'est des
éléments comme ça, là.
Mme Caron : D'accord. Donc,
il n'est pas... il n'est pas question que les pouvoirs ou les fonctions du
ministre, qui agit comme source officielle de données numériques
gouvernementales, soient en partie transférés à un organisme?
M. Caire : Non, non, non. C'est
des fonctions. Ce n'est pas... Ce n'est pas les responsabilités. Pas du tout.
Non, non, non.
Mme Caron : Parfait. Dans
le... Si je retourne encore au mémoire de l'AQT, pour le point 10.6, bien,
c'était en référence, en fait, au premier paragraphe. La question qui était
posée, c'était : Quelles mesures concrètes seront instaurées pour prévenir
tout accès non autorisé ou usage détourné des données?
M. Caire : Oui.
Mme Caron : Est-ce que, ça,
ça relève de la gestion des accès ou il y a d'autres moyens?
M. Caire : Oui. Bien, en
fait, oui, oui, mais pas que. C'est-à-dire qu'au niveau du service d'authentification,
il y a quand même des obligations quant au niveau de confiance. Vous savez, on
a eu cette discussion-là, sur les niveaux de confiance.
Mme Caron : Oui.
M. Caire : Bon. Donc, en lien
avec une prestation électronique de service, on a besoin d'un niveau de
confiance qui est variable. Par exemple, certains mandataires de la SAAQ, le
niveau de confiance est à 1. Donc, il n'y a pas une grande validation de l'identité
qui est faite parce qu'il n'y a pas de renseignements sensibles qui sont
disponibles. C'est simplement pour des fins statistiques, dire qui s'est
connecté, pourquoi, puis ça s'arrête là. Par contre, si vous voulez être
transactionnel, on dit : Bien, ça nous prend, dans certains cas, un niveau
de confiance qui est à 2, dans certains cas, un niveau de confiance qui est à
3. Donc, en suivant ce barème-là, ça, c'est un... c'est un premier élément de
réponse. Donc, il faut que le service d'authentification vous donne un niveau
de confiance qui est en relation avec la sensibilité de l'information. Et, oui,
après ça, c'est... c'est les accès. Mais, si j'ai déjà bien identifié,
authentifié la personne, bien, après ça, définir son profil de permission puis
ses accès, ça fait partie aussi de l'équation.
Mme Caron : D'accord. Et
quand vous dites : Pour identifier, bien, toute personne qui... pour voir
qui s'est connecté et pourquoi, on parle toujours des personnes, disons, dans l'appareil
public, qui vont avoir accès à la fonction de leur profil?
M. Caire : Accès.
Mme Caron : On ne parle
jamais du citoyen?
M. Caire : Jamais.
Mme Caron : O.K. Parfait. Et
puis, bon, je pense que vous avez... vous avez répondu tout à l'heure à ma
collègue à propos du paragraphe 3 sur «tout autre renseignement que
détermine le gouvernement». Parce que, ça, c'est une inquiétude qui est revenue
dans plusieurs mémoires, où on nous disait que «tout autre renseignement que
détermine le gouvernement», c'est très large. Donc, mais en fin de compte, c'est
balisé par la loi 25?
M. Caire : Essentiellement.
Oui.
Mme Caron : Là, je vais vous
poser une question : Si, à tout hasard, je ne penserais pas que ça se
produise, là, mais que la loi 25 était... était annulée, là il y aurait
des choses à venir mettre dans cette loi-là?
M. Caire : Oui. Oui.
Mme Caron : Parce que, là,
les protections qu'on tient pour acquises dans ce projet de loi là n'existeraient
plus.
M. Caire : Oui, mais on a un
bel exemple. Puis justement, avec la députée de Mont-Royale-Outremont, quand on
a fait la loi 3, dans les faits, on a soustrait les renseignements de
santé à la loi 25. On a créé un régime particulier, mais on a fait un
calque de la loi 25 factuellement avec des dispositions particulières.
Donc, ça, ça pourrait arriver. Mais, dans ce cas précis là, qui est tout à fait
pertinent, Mme la députée, il y a quand même un régime qui vient remplacer
le... celui prévu par la loi 25. Et les renseignements de santé sont
soumis à ce régime-là, qui, lui aussi, là, va faire en sorte que les... tous
les renseignements de santé sont soumis à ce régime de protection là. Donc, ce
n'est pas la loi 25, là, c'est la loi 3, mais comme c'est un régime
similaire avec des spécificités propres aux renseignements de santé.
Mme Caron : O.K. Donc, alors,
est-ce qu'on peut dire que, quand on dit ici : «Tout autre renseignement
que détermine le gouvernement», bien, notre rempart ou nos... notre protection,
c'est la loi 25, mais dans le cas des renseignements de santé, c'est la
loi 3?
M. Caire : Oui. Exact, exact.
Mme Caron : Oui. D'accord.
Merci...
Mme Caron : ...ça va, j'ai
terminé.
La Présidente (Mme Mallette) : S'il
n'y a plus d'intervention...
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, j'ai...
La Présidente (Mme Mallette) : Vous
avez une intervention, Mme la députée?
Mme Setlakwe : Oui, s'il vous
plaît.
M. Caire : Je sens que j'ai
une ébullition de ma collègue de Mont-Royal—Outremont.
La Présidente (Mme Mallette) : La
parole est à vous.
Mme Setlakwe : Moi, ça me
faisait réfléchir... je rebondis sur le dernier échange avec ma collègue. Quand
on dit : «Tout autre enseignement que détermine le gouvernement», pourquoi
on ne sent pas le besoin d'ajouter «lorsque cela est nécessaire», comme on l'a
fait un peu plus haut?
M. Caire : Parce qu'on l'a
déjà mis dans l'article, il me semble.
Mme Setlakwe : C'est-à-dire
que, «lorsque cela est nécessaire», c'est dans le premier alinéa à la fin.
M. Caire : Oui, parce que,
là... Oui, c'est ça, incluant des personnes... lorsque cela est nécessaire.
Donc, la collecte, la communication ou l'utilisation se fait lorsque cela est
nécessaire. Donc, le paragraphe 3° dans l'article est donc soumis à la même
disposition de nécessité.
Mme Setlakwe : Je ne sais
pas. On peut peut-être en parler. L'alinéa 1...
M. Caire : Bien, je vais
laisser... je vais laisser Me Bacon...
Mme Setlakwe : Oui, la
légiste.
M. Caire : Oui, oui.
Mme Bacon (Nathalie) : En
vertu de la loi sur l'accès, le critère de nécessité s'applique. La loi sur
l'accès s'applique dans le cadre de la LMCN, et là on répète «lorsque cela...»
c'est vraiment une répétition, «lorsque cela est nécessaire». Donc, on a deux
lois qui prévoient l'application du critère de nécessité. Première chose.
M. Caire : Qui s'applique au
paragraphe 3°.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Deuxième chose, le premier alinéa est une généralité, puis les alinéas qui
suivent complètent le premier. Donc, «lorsque nécessaire» s'applique à tout le
contexte de l'article, dans la globalité de l'article.
Mme Setlakwe : Oui. Merci, je
comprends. Oui, parce qu'effectivement, dans le premier alinéa, on dit que dans
l'exercice de sa fonction de sources officielles de données, données numériques
et gouvernementales, terme défini, le ministre recueille, utilise ou communique
des données numériques et gouvernementales ou recueille auprès de toute
personne des renseignements, incluant des renseignements personnels. O.K., mais
les derniers mots : «lorsque cela est nécessaire»...
Mme Bacon (Nathalie) : Il est
à la fin de la phrase.
Mme Setlakwe : Oui, mais ça
ne s'applique pas juste aux... ça ne s'applique pas juste aux renseignements,
ça s'applique aux données numériques et gouvernementales.
M. Caire : Oui.
Mme Bacon (Nathalie) : Ça
s'applique à tout ce qui se passe avec les données numériques gouvernementales,
c'est-à-dire lorsqu'on les recueille, lorsqu'on les utilise ou lorsqu'on les...
Pour les recueillir, les utiliser ou les communiquer, il faut que ce soit
nécessaire, donc l'application du critère de nécessité. Puis, le dernier alinéa
vient dire, au sens du présent article, qu'est-ce qui constitue des données
numériques gouvernementales, puis on a le paragraphe 3° qui vient dire :
tout autre renseignement. Donc, tout ça, le critère de nécessité, s'applique à
la définition au sens de l'article de données numériques gouvernementales.
Mme Setlakwe : Oui, je vous
suis, mais je suis encore dans le premier alinéa.
Mme Bacon (Nathalie) : Et, ce
qui est intéressant, dans le cas de l'identité numérique nationale, si vous me
permettez de préciser, c'est que la fin, lorsque la Loi sur l'accès dit
«lorsque c'est nécessaire», on ne sait pas c'est quoi la fin quand la loi sur
l'accès oblige au critère de nécessité, on dit : «lorsque c'est
nécessaire», tandis qu'ici, on est vraiment dans le contexte où la fin est
connue, ça fait que c'est comme une... la ceinture et les bretelles, c'est pour
les fins de l'identité numérique et lorsque nécessaire. Ça fait que vous avez
déjà une assurance en ayant les fins d'identité numérique, alors que, dans le
cas de la loi sur l'accès, lorsqu'on prévoit le critère de nécessité, on ne
sait pas quelle sera la fin finalement pour laquelle il va y avoir une
utilisation, communication ou collecte.
Mme Setlakwe : Je vous
entends. Je suis en train de me demander pourquoi dans l'alinéa 1 on a
senti le besoin de dire : «incluant des renseignements personnels», dans
ce cas-là, quand les renseignements personnels sont déjà... Il y a déjà des
renseignements personnels dans la définition de données numériques
gouvernementales.
• (15 h 40) •
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
sémantique. Si vous me permettez, M. le Président, c'est sémantique, parce
«données numériques gouvernementales», c'est le grand générique, puis là, en
faisant l'incise...
Mme Bacon (Nathalie) : ...virgule,
incluant des renseignements personnels, on vient mettre un... si vous voulez,
la réalité des renseignements personnels pour rappeler l'existence, tu sais,
parce que, dans les données, il y a des renseignements non personnels, des
renseignements personnels. Et c'est une façon de refaire la même chose que ce
qu'on a fait à l'article, je vais vous le dire, 12.15 de la LGGRI, parce que le
chapitre 2.4, les articles 10... 12.10 et suivants de la LGGRI, on
parle des données numériques gouvernementales. Puis on parle toujours de
données numériques gouvernementales et, à un moment donné, à 12 .15, on met une
lumière, si vous voulez, je ne veux pas dire un spot, là, mais sur les
renseignements personnels, puis là on vient dire : Lorsqu'une donnée
numérique gouvernementale est un renseignement personnel, il arrive telle
chose. Ça fait que là, c'est juste ça, c'est comme un rappel, là, qu'une donnée
peut être à la fois un renseignement, ou tout renseignement, ou y compris un
renseignement personnel.
Mme Setlakwe : O.K. Donc,
«dans l'exercice de cette fonction de source officielle, le ministre recueille,
utilise ou communique des données numériques gouvernementales ou recueille
auprès de toute personne des renseignements, incluant des renseignements
personnels». C'est ce deuxième bout-là, «ou recueille auprès de toute
personne», moi, la façon dont je le lisais, c'est «dans l'exercice de cette
fonction, le ministre recueille, ou utilise, ou communique des données
numériques gouvernementales, incluant des renseignements». Dans le fond,
recueillir auprès de toute personne, c'est des renseignements?
Mme Bacon (Nathalie) : Oui,
des renseignements au sens générique, donc des données ou des renseignements.
Les renseignements peuvent ne pas être en données numériques. Puis après
renseignement qui est le générique, on vient faire l'incise, incluant des
renseignements personnels.
Mme Setlakwe : O.K.. Mais ce
qu'on recueille auprès d'une autre... ou ce qui est autorisé à recueillir
auprès d'une autre personne?
Mme Bacon (Nathalie) : Ce qui
me concerne, moi, comme personne physique qui va avoir l'identité numérique
nationale, ce qu'on va me demander, on va me demander des renseignements au
sens large, incluant des renseignements personnels. Puis ça, ça va devenir des
données numériques. C'est un petit peu ça, là, la petite pirouette de mots, de
syntaxe.
Mme Setlakwe : Et donc ce
n'est jamais nécessaire de reporter ou de dupliquer des principes qui existent
dans d'autres lois qui s'appliquent, mais à l'alinéa, donc, 3, à
l'alinéa 3 de 10.6, là, on a spécifiquement prévu qu'il y a des articles
de la LGGRI qui s'appliquent au ministre avec les adaptations nécessaires. Là,
ici, j'imagine que si on ne le prévoit pas explicitement, ces articles-là ne
s'appliquent pas au ministre?
Mme Bacon (Nathalie) : Non,
parce que les articles 16... 12.16 à 12.19 s'appliquent dans... à la
source officielle de données numériques visée à l'article 12.14. Donc,
dans le contexte de l'application, qu'il y ait un décret qui a été pris en
vertu de 12.14, alors que... et LGGRI, un, plus un décret en vertu de 12.14. Ça
fait que lorsqu'il y a un décret 12.14, 12.16 à 12.19 s'appliquent. Tandis
que là, si on est dans le contexte de source, que le ministre agit comme source
à 10.6, ces articles-là ne reçoivent plus application, ça fait que là, on fait
une fiction pour qu'ils s'appliquent. Puis là c'est des obligations très
précises. C'est des obligations pour protéger le public aussi. Alors, on fait
référence à l'obligation de faire une évaluation de facteurs à la vie privée, à
établir des règles de gouvernance, à faire un rapport annuel. Vous parliez
tantôt, là, de reddition de compte, mais là, nous, on utilise les termes
«rapport annuel», qui est à l'article 12.17 de la LGGRI. Donc, un rapport
annuel sur l'état de l'identité numérique nationale. Et vous avez aussi des
informations qui doivent être publiées sur Internet. Et 12.19, des règles qui
s'appliquent aux prestataires et fournisseurs. Ça fait que, dans le fond, c'est
des règles de protection.
Mme Setlakwe : Oui. Il était
nécessaire de les importer et de faire en sorte qu'elles soient appliquées au
ministre dans le cadre de ses fonctions de source officielle.
Mme Bacon (Nathalie) : Pour
faire la même chose qu'on fait pour la source, qui est nommée en
vertu 12.14 par décret.
Mme Setlakwe : Incluant une
évaluation des facteurs relatifs à la vie privée.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Mme Setlakwe : L'obligation
de faire un rapport annuel. Donc, c'est toutes des... En fait, ce sont toutes
des mesures de protection.
Mme Bacon (Nathalie) : Exactement.
M.
Caire
: Et de
reddition de compte.
Mme Bacon (Nathalie) : Par le
fait même...
Mme Bacon (Nathalie) : ...par
le fait même.
Mme Setlakwe : On va juste
élaborer un peu plus sur ces éléments-là, donc de reddition de compte. Puis, le
dernier élément, je pense que c'était 12.19, prévoit qu'il y a des obligations
qui s'appliquent aux prestataires de services.
Mme Bacon (Nathalie) : Moi,
je peux vous lire l'article, si vous voulez?
Mme Setlakwe : Oui.
Mme Bacon (Nathalie) :
Voulez-vous que je... parce que, là, juste
le dire par cœur, là, je ne suis pas...
Mme Setlakwe : Non, je
comprends.
Mme Bacon (Nathalie) : Je
suis désolée.
Mme Setlakwe : Mais non, c'est
impossible.
Mme Bacon (Nathalie) : Alors,
12.19 prévoit — je vais vous sauter des petits bouts, là — que
toute personne ou tout organisme qui se voit communiquer des renseignements
personnels par un organisme qui est désigné source officielle ou un organisme
qui est visé par un décret pris en vertu de 12.14, tatata, dans le cadre d'un
mandat... dans le cadre d'un mandat qui lui est confié — donc on fait
référence vraiment aux prestataires de services, aux fournisseurs — doivent
se soumettre à un audit externe.
Alors, c'est vraiment une grande mesure de
reddition de compte visant le respect des plus hautes normes et des meilleures
pratiques en matière de sécurité de l'information et de protection de
renseignements personnels, et cet article-là est inspiré d'un article qui
existe à la Loi sur le... favorisant de la transformation numérique, la...
M. Caire : Le p. l. 14.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui,
le p. l. 14, où assistait votre collègue de la Pinière, Dr Barrette. Donc,
c'est un de ses amendements.
Mme Setlakwe : Que c'est
rassurant!
Des voix : Ha, ha, ha!
Mme Setlakwe : Et cet
audit....
Une voix : ...
Mme Setlakwe : Oui. Merci. On
a parlé d'un audit. Donc, ils sont soumis à... à un audit externe, puis ces
audits-là se font annuellement, se font...
Mme Bacon (Nathalie) : Le
deuxième alinéa prévoit de... le deuxième alinéa de 12.19 prévoit... le
ministre peut prévoir les cas et les circonstances où le premier alinéa ne
s'applique pas et rend public les critères menant à sa décision. Alors, il
fallait éviter d'avoir un mécanisme automatique qui nous met dans une situation
de paralysie et de non-fonctionnement. Ça fait que, quelquefois, c'est nécessaire,
quelquefois, ça ne l'est pas. Ça dépend c'est quoi les fournisseurs, le
prestataire, le contexte. Alors, encore faut-il qu'il y ait un arrêté
ministériel qui prévoie ces choses-là, le 12.19.
Mme Setlakwe : Merci.
Le Président (M. Simard) : D'autres
remarques sur 10.6? Sans quoi nous allons procéder à l'étude de l'article 10.7.
M. le ministre, à vous de juger s'il est pertinent de refaire lecture de
l'article.
M. Caire : Alors, est-ce que
les collègues souhaitent que je le relise?
Mme Setlakwe : Oui, s'il vous
plaît.
M. Caire : O.K. Alors, M. le
Président : «10.7. Est institué le registre de l'identité numérique
nationale sous la responsabilité du ministre. Ce registre constitue un système
de dépôt et de communication des données numériques gouvernementales.
«Ce registre doit notamment permettre
de :
«1° la conservation sécuritaire pour le
compte d'un organisme public de tout ou partie de ces données;
«2° la communication entre organismes
publics de ces données;.
«3° l'accès à ces données;
«4° la traçabilité de tout accès au
registre par une personne, que ce soit pour y déposer ces données, les
utiliser ou en recevoir la communication.
«5° toute autre fonctionnalité déterminée
par règlement du ministre.
«Le ministre ne peut utiliser ces données
à des fins de profilage des personnes.
«Le profilage sentant de la collecte, de
l'utilisation de renseignements personnels afin d'évaluer certaines
caractéristiques d'une personne physique, notamment... notamment, pardon, à des
fins d'analyse du rendement au travail, de la situation économique, de la
santé, des préférences personnelles, des intérêts ou du comportement de cette
personne.».
Alors, M. le Président, l'article 10.7
proposé institue le registre de l'identité numérique nationale, qui est un
système de dépôt et de communication des données numériques gouvernementales
sous la charge du ministre de la Cybersécurité et du Numérique. Il prévoit
l'interdiction pour le ministre d'utiliser les données relatives à cette
identité pour des fins de profilage des personnes.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée.
Mme Setlakwe : Oui, merci, M.
le Président... je... Ici aussi, on est dans une disposition, selon moi,
centrale au... à l'identité numérique. On doit instituer un registre.
M. Caire : Si je peux me
permettre?
Mme Setlakwe : Oui, oui, je
pense que vous devriez expliquer l'objectif.
M. Caire : Bon. Le registre
des attributs d'identité gouvernementale existe déjà. Donc, c'est là-dessus que
se base le service d'authentification gouvernementale pour être capable de
fournir un compte de niveau 2. Donc, maintenant, ce registre-là des attributs
d'identité va devenir le registre de l'identité nationale parce qu'évidemment
son... son utilisation, effectivement, va... va contribuer à l'ensemble du
service québécois ...
M. Caire : ...son utilisation,
effectivement, va contribuer à l'ensemble du service québécois d'identité
nationale... d'identité numérique, pardon. Donc, le registre, il est constitué,
il est basé, je vous dirais, pour l'essentiel, sur le FIPA, qui est le fichier
des personnes assurées, auquel on ajoute, si je ne m'abuse, le numéro
d'assurance sociale.
• (15 h 50) •
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Puis d'assurance maladie.
M. Caire : Puis le numéro
d'assurance maladie. Voilà.
Mme Setlakwe : O.K. Très
bien. Là, on... ce que le registre doit permettre de faire, c'est
non-limitatif.
M. Caire : Non,
effectivement.
Mme Setlakwe : Mais on
veut... on veut que les organismes se parlent entre eux, on veut que ce soit
efficient et efficace pour...
M. Caire : Bien, c'est...
Mme Setlakwe : ...ou
convivial pour les utilisateurs.
M. Caire : ...c'est la base
de ce que je vous disais, c'est qu'il faut constituer ce registre-là pour être
capable... bien, constituer, il faut le pérenniser pour être capable,
éventuellement, de commencer à soustraire les renseignements des autres banques
de données.
Mme Setlakwe : Et donc on... O.K.
Mais ce n'est pas là qu'on prévoit la possibilité d'y recueillir, on permet
donc... parce que le... Ce qui permet d'y recueillir, on l'a vu précédemment,
là.
M. Caire : Mais, par contre,
ce qui permet d'y recueillir va venir nourrir...
Mme Setlakwe : Nourrir le
registre.
M. Caire : ...le registre
d'identité, oui.
Mme Setlakwe : Et là on parle
de la... J'imagine qu'on s'est inspiré d'un libellé qui existe ailleurs pour
cet article-là.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui.
Le p.l. éducation. Je peux vous donner la référence.
Mme Setlakwe : Le projet de
loi qui a été adopté l'an dernier, c'était le 39 ou...
Mme Bacon (Nathalie) : Le 23.
Mme Setlakwe : Le 23? Pas du
tout. Non, le 23, oui, oui, qui créait un registre.
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
l'article actuellement sur le site de Légis Québec, la N15, donc la Loi sur le
ministère de l'Éducation. C'est l'article 6 .1, que vous devriez voir
apparaître, là, sur... ou si vous voulez que je vous sorte l'article de loi du
projet de loi n° 23.
Mme Setlakwe : Ah! non, on va
le sortir. C'est correct. Merci.
Mme Bacon (Nathalie) : Oui?
O.K. C'est beau.
Mme Setlakwe : Donc, on s'en
est inspiré ou il est essentiellement calqué?
Mme Bacon (Nathalie) : Il est
calqué saveur du jour, puisqu'à chaque fois qu'on réécrit on se réinterroge sur
l'utilisation des mots. Comme vous allez voir, eux autres, ils parlent
d'hébergement, des renseignements, tandis que nous on parle de conservation
parce que, dans notre réalité, c'est de bien les conserver. Puis, en bien les
conservant, ça inclut l'hébergement. Vous allez voir aussi qu'on parle de
traçabilité au lieu de journalisation parce que la journalisation est comprise
dans la traçabilité. C'est les deux différences que je vous dirais, là, à part
l'adaptation de contexte, là.
Mme Setlakwe : Parce que,
moi, à la... à ma... à la première lecture, je me disais pourquoi on n'a pas
prévu... Mais c'est sûr qu'on s'est laissé une porte à autre chose. «Toute
autre fonctionnalité déterminée par règlement du ministre», ça on le retrouve
aussi dans le système de dépôt pour des fins d'éducation. Je me suis demandé
pourquoi on ne parle pas de destruction puis de rectification.
M. Caire : Parce que vous
allez l'avoir à la loi n° 25.
Mme Setlakwe : C'est ça.
M. Caire : Comme
j'expliquais, quand vous collectez des renseignements personnels, un, vous
devez les collecter et faire connaître la raison pour laquelle vous collectez.
Et lorsque la raison... vous ne pouvez les utiliser pour d'autres raisons que
les fins pour lesquelles ces données-là ont été collectées. Et, comme
j'expliquais à Mme la députée de La Pinière, lorsque les finalités sont
rencontrées, vous avez l'obligation de les détruire ou de les anonymiser à des
fins de recherche.
Mme Setlakwe : Exact. Mais la
question de conservation versus hébergement et indexation, mais indexation, ça
sous-entend une modification? Hébergement et indexation, je veux juste de
comprendre la distinction entre hébergement et indexation versus conservation
sécuritaire. On a compris que conservation, c'est plus large et ça inclut
l'hébergement.
Mme Bacon (Nathalie) : Exact.
Pour l'hébergement, la...
Mme Bacon (Nathalie) : ...exactement.
Pour l'indexation, là, il faudrait que je m'informe. Il y a peut--être une
raison, tu sais, des fois on est dans une autre réalité, là.
M. Caire : L'indexation, ça,
c'est dans la loi sur... la loi 23?
Mme Bacon (Nathalie) : Émilie,
elle a une réponse pour l'indexation.
M. Caire : Oui, parce que, si
c'est que... si c'est ce que je pense, l'indexation, c'est une façon...
Le Président (M. Simard) : Alors,
Me Drolet... alors, on va laisser le temps à la caméra de pouvoir rejoindre
maître Drolet.
Mme Drolet (Émilie) : Oui,
merci. Donc, Émilie Drolet...
Le Président (M. Simard) : Attendez
un petit peu, Me Drolet. On vous cherche encore. Ah! Ça y est, on vous a
trouvée.
Mme Drolet (Émilie) : Alors,
merci. Émilie Drolet, avocate, juriste pour le ministère de la Justice, pour le
MCN. Donc, si je ne me trompe pas, dans le projet de loi n° 23, en
éducation, c'est un système qui a été institué aussi pour qu'il y ait des
communications entre organismes publics. Donc, il y a beaucoup d'informations.
Ça fait que, si je ne me trompe pas, dans ce cas-ci, le terme «indexation»,
c'est un peu pour retrouver, un peu comme dans un moteur de recherche, ce qui
n'est pas le contexte particulier du registre, là, pour l'identité numérique
nationale.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup.
Mme Setlakwe : Merci. Donc,
ça, ça n'applique pas.
M. Caire : ...non, mais c'est
ça, c'est parce que, là, je ne savais pas, mais, si c'est de l'indexation au
sens informatique du terme, c'est une façon de taguer l'information pour être
capable de la retrouver. Alors que, là, bien, on est dans un dépôt. Donc, la
gestion du dépôt et la conservation va faire en sorte que ce n'est pas
nécessaire.
Mme Setlakwe : Est-ce que...
est-ce que... si on héberge des données... est-ce que... si on héberge des
données sur un nuage qui n'est pas le nuage gouvernemental et qu'il est géré
par une entreprise étrangère américaine, on sait que c'est beaucoup... est-ce qu'on
considère que c'est tout de même une conservation sécuritaire?
M. Caire : Je vous dirais que
les critères pourraient changer. Effectivement, vous avez un bon point. On
pourrait effectivement considérer que, compte tenu de l'hypothèse d'une divulgation
à un gouvernement étranger, ça pourrait ne pas être une conservation
sécuritaire. De la même façon que l'utilisation d'un équipement qui présente un
risque de cybersécurité pour toutes sortes de raisons pourrait effectivement
être un critère qui serait en contradiction et qui ferait en sorte qu'on
pourrait éliminer cet équipement-là. Je donne l'exemple des caméras... là, pour
lesquelles on a déjà... on les a déjà bannies de nos... de nos systèmes selon
certains critères. Oui, effectivement, ça représente un risque de sécurité,
donc ça ne correspond pas à une conservation sécuritaire.
Mme Setlakwe : Donc, tu sais,
je vous ramène à votre... Puis je sais que vous avez un chantier à... sur
lequel vous devez travailler. On en a déjà parlé, mais forcément, il faut
réfléchir à l'idée de migrer des données numériques gouvernementales qui sont
plus sensibles, plus critiques ou qui seront reclassifiées selon le nouveau...
le nouvel arrêté ministériel et s'assurer que celles qui sont classées,
j'imagine... en tout cas, ce sera à vous de nous le dire, mais ceux qui
tomberont dans certaines catégories plus critiques, on pourra en reparler. Moi,
j'aurais aimé qu'on en parle davantage, là, de cette nouvelle classification,
mais c'est peut-être le moment de le faire. Je pense qu'on... il va falloir
qu'on songe sérieusement à les migrer vers un nuage qui est... pour lequel on
est...
M. Caire : Sécuritaire.
Mme Setlakwe : Sécuritaire.
M. Caire : Sur lequel nous
avons le contrôle. Je ne peux pas être plus d'accord avec vous que ça.
Mme Setlakwe : En fait, on se
demande si le libellé est réaliste, en fait.
M. Caire : Oui. Oui, il... de
«la conservation sécuritaire»? Bien oui. Bien oui.
Mme Setlakwe : Je me demande,
moi, s'il est... il est...
M. Caire : Ça devient une
obligation légale.
Mme Setlakwe : S'il est réaliste
eu égard aux contrats auxquels sont soumis le gouvernement actuellement pour
l'hébergement des données.
• (16 heures) •
M. Caire : Il faut faire
attention, parce que, là, on parle des données qui vont constituer le registre
de l'identité numérique nationale. Je comprends que nous avons eu une
discussion plus large...
16 h (version non révisée)
M.
Caire
:
...plus large, par exemple, sans présumer de ce que vous voulez dire, mais des
échanges sur Teams, ces informations-là étaient conservées sur un serveur
Azure, par exemple. Mais là on ne parle pas des données qui vont constituer le
registre de l'identité numérique nationale.
Mme Setlakwe : Je suis d'accord,
mais par... Oui, je suis d'accord.
M. Caire : O.K. Mais, ceci
étant, vous avez raison de dire que le critère légal d'avoir une conservation
sécuritaire fait en sorte que la question doit se poser : Est-ce que la
conservation sur un système qui pourrait éventuellement tomber sous le contrôle
d'un autre pays, est-ce que ce critère-là rencontre l'obligation de
conservation sécuritaire et donc pourrait forcer le gouvernement pour
rencontrer son obligation de conservation sécuritaire à dire : Bien, le
registre d'identité numérique nationale devrait être conservé dans les services
infonuagiques et/ou, et/ou les services de stockage du gouvernement. Parce que,
comme je vous expliquais, ça peut être en infonuagique, mais ça peut aussi être
un service sur site dépendamment de la technologie avec laquelle on travaille.
Mais, ceci étant, dans un principe de
souveraineté numérique, votre point est excellent.
Mme Setlakwe : Moi, je me
demande juste si, dans les faits, on va y arriver à assurer une conservation sécuritaire.
M. Caire : Oui, oui. Oui, ça,
je peux vous regarder dans les yeux, vous dire : Absolument, mais toujours
dans la perspective où on parle, là on parle bien du registre d'identité
numérique nationale qu'on est en train de définir avec l'article 10.7
Mme Setlakwe : Oui, bien sûr.
Mais les données numériques gouvernementales, qui est un terme très général,
qui comprend des renseignements, dont des renseignements personnels, sont
assujettis à la classification de sécurité des données prévues par le nouvel
arrêté ministériel.
M. Caire : Oui. Oui, mais
toujours, Mme la députée... toujours, M. le Président, toujours dans la
perspective où la discussion se fait autour du registre d'identité numérique
nationale, je vais être clair, parce que, quand même, n'est pas inclus, dans
mon commentaire, les discussions qu'on a pu avoir sur d'autres informations.
Par exemple, on parlait des conversations qu'on pourrait avoir sur Teams, mon
commentaire n'inclut pas cette situation-là, qui, sans dire qu'elle ne doit pas
être regardée de près et corrigée, ne met pas en péril le fait que je peux vous
dire que, oui, le registre d'identité numérique nationale, nous pourrons en
assurer une conservation sécuritaire au sens de l'article 10.7.
Mme Setlakwe : Entendu. Mais
si on revient vraiment aux données numériques gouvernementales qui seront
versées dans le registre, est-ce que, selon vous, il y en aurait qui
tomberaient dans la catégorie... dans les catégories modérées, élevées, très
élevées, selon la nouvelle classification?
M. Caire : Je vous dirais,
essentiellement, on est dans le renseignement personnel, donc, on peut
raisonnablement penser là, je n'ai pas fait l'analyse, donc je ne veux pas vous
donner une réponse formelle, mais on peut raisonnablement penser que les
données qui seraient collectées aux fins d'identifier et d'authentifier un
citoyen sont des renseignements personnels et que ce serait des renseignements
protégés.
Mme Setlakwe : Moi, j'essaie
de me rattacher au nouveau régime de classification.
M. Caire : À la
classification, oui, oui, tout à fait, tout à fait.
Mme Setlakwe : Est-ce que là
vous souhaiteriez nous en parler un peu de cette nouvelle classification?
Est-ce que vous jugeriez que ce serait pertinent?
M. Caire : Oui, oui,
succinctement, mais, en fait... Puis c'est un peu en lien aussi... Mme la
députée de La Pinière me posait des questions sur l'obligation d'assurer la
sécurité, parce qu'il n'y avait pas nécessairement de disposition dans la loi
là-dessus, puis je faisais référence à la politique de cybersécurité qui a été
adaptée qui dit que le niveau de protection doit être proportionnel à la valeur
de la donnée. Ça, c'est un principe qui s'applique à l'ensemble. Et la valeur
de la donnée, bien, évidemment, elle est déterminée par la classification qu'on
en fait. Donc, dans la perspective...
M. Caire : ... de notre
discussion, les... des renseignements personnels, puis sans présumer, là, parce
que je ne veux pas embarquer dans l'exercice de dire : Cette donnée-là a
telle catégorie, classification ou telle classification, parce que c'est un
exercice quand même qui doit être fait de façon... de façon rigoureuse, mais ce
qu'on peut penser, c'est que des données qui servent à identifier... Puis on
peut les prendre individuellement, mais on peut les prendre aussi
collectivement. Donc, si je prends, par exemple, votre nom, votre prénom, ce
n'est pas quelque chose qui est protégé, c'est... je veux dire, c'est du
domaine public, tout le monde le connaît, donc il n'y a pas... il n'y a pas de
nécessité de le protéger. Donc, dans ce contexte-là, c'est une chose, mais, si
je prends votre nom, votre prénom, votre numéro d'assurance maladie, votre
numéro d'assurance sociale, votre numéro d'avis de cotisation, que je fais,
l'agglomération de ces... des informations-là, bien là, je viens de changer de
catégorie, là, on n'est plus…
Mme Setlakwe : ...poser une
question.
M. Caire : Oui, bien sûr,
excusez.
Mme Setlakwe : J'aimerais
vraiment que le ministre poursuive, mais je me demandais si, dans la discussion
que vous venez de faire, de renseignements qui sont pris isolément ou… je ne
souviens plus quel terme vous avez employé, mais si on les... si on les
prend... on les prend ensemble…
M. Caire : Oui, ensemble.
Mme Setlakwe : Est-ce que…
j'essaie de me ramener à l'arrêté ministériel. On... dans cet arrêté-là, on
parle d'une donnée structurée, non structurée. On ne parle pas de ça, là, ça,
c'est autre chose?
M. Caire : Non. En fait, on
va parler essentiellement, dans le cas du registre d'identité numérique
nationale... on va parler de donnée structurée...
Mme Setlakwe : Je vous laisse
continuer, oui.
M. Caire : Parce qu'une
donnée non structurée ce serait un courriel, par exemple. Ça, c'est de la
donnée non structurée, un texte x, y. Le budget, c'est de la donnée non
structurée. Ce ne serait pas pertinent. On parle… là, dans le cas… puis, si on
se limite vraiment à la donnée conservée dans le registre d'identité numérique
nationale, là, on parle de donnée structurée, donc votre nom, votre prénom, le
nom de vos parents, éventuellement la date de naissance. On pourrait
dire : Je vais ajouter l'adresse, numéro de téléphone, etc.
Mme Setlakwe : Et donc, vous
avez dit que ces informations-là, prises ensemble...
M. Caire : ...devraient être
protégées.
Mme Setlakwe : Devraient être
protégées.
M. Caire : Oui. Oui, parce
que…
Mme Setlakwe : Mais
tomberaient sous quelle catégorie et avec quelles conséquences en vertu de
l'arrêté ministériel?
M. Caire : Alors, tomberaient
sur la catégorie «protégé», et avec la conséquence que les mesures de sécurité
entourant... et les accès, parce que c'est… oui, c'est la protection, mais
c'est les accès, on revient à la discussion qu'on avait eue sur les accès,
seraient requises à des fins de prestation de services uniquement, par exemple,
ou seraient requises à des fins de validation de votre identité uniquement, par
exemple. Et ça, c'est là où on va définir l'utilisation... pardon.
Mme Setlakwe : Mais quand vous
dites que ce sont des données protégées, encore une fois, j'essaie de me... de
rattacher au... à l'arrêté ministériel, à ce que l'arrêté ministériel prescrit.
M. Caire : Oui. Donc, vous
allez avoir des…
Mme Setlakwe : Je ne vois pas
nécessairement le... ou je l'ai peut-être manqué, le concept de données
protégées.
M. Caire : C'est la
classification.
Mme Setlakwe : Oui, c'est
la...
M. Caire : …protégé A,
protégé B, protégé C, vous avez des...
Mme Setlakwe : Mais très
faible, faible, modéré, élevé?
M. Caire : Vous avez... vous
avez après ça classifié, qui sont des catégories... Bien là, vous n'avez
peut-être pas... Mme la députée, vous n'avez peut-être pas le document comme
tel, le document de travail avec lequel les ministères et organismes
travaillent. Là, je ne sais pas, je ne vois pas le document que vous avez.
Mme Setlakwe : Non, non, je
n'ai pas un document de travail. J'ai... j'ai l'arrêté ministériel.
M. Caire : Oui, O.K., qui
doit faire référence au document…
Mme Bacon (Nathalie) : C'est
la même chose.
M. Caire : Mais... bien,
c'est parce que je ne le vois pas, ça fait que je ne sais pas si les catégories
sont dedans, là.
• (16 h 10) •
Mme Bacon (Nathalie) : Si
vous me permettez, pour vous aider, là, la... parce que le... il y a ce qu'on
appelle le format magazine, là. Alors, le... il y a un document que le
ministère a fait en format… c'est l'arrêté ministériel, mais en format… tu
sais, marketing, magazine. Alors... mais, si vous prenez l'arrêté ministériel,
parce que vous êtes quand même une juriste, là, vous pouvez aller aux figures.
Dans les figures, vous avez des figures, ça va vous donner de façon visuelle,
rapidement, les catégories, là. Parce que vous avez des… si on va à la
figure 1, c'est l'ensemble du processus, là, de classification. Je vais
tout de suite vous faire sauter à la figure 2. Vous avez les catégories
d'appartenance, vous pouvez avoir… vous avez des objectifs, soit de
confidentialité, d'intégrité ou de disponibilité. Puis, après ça...
Mme Bacon (Nathalie) : ...après
ça, dépendamment de leur enseignement, c'est quoi, on va faire des
catégorisations. Puis là, bien, ce n'est quand même, pas très... ce n'est quand
même pas simple. Et si ma collègue est d'accord, je lui passerais la parole
puisque nous avons travaillé ensemble ce modèle.
Le Président (M. Simard) : Alors,
Me Drolet, nous sommes à votre écoute, et puis, savez-vous quoi, vous êtes
dans l'angle de la caméra.
Mme Drolet (Émilie) : C'est
parfait. Donc, si je peux me permettre, là, pour continuer sur ce que ma
collègue disait, les évaluations se font en fonction des trois propriétés de
l'information, que sont la disponibilité, l'intégrité et la confidentialité.
Là, depuis tout à l'heure, on parle beaucoup de confidentialité parce qu'on
parle de renseignements personnels. Donc, on va devoir quantifier par rapport
au niveau de préjudice qui pourrait y avoir, s'il y a un bris de
confidentialité, on est où dans la grille de préjudice, il y a plusieurs
grilles dans ce document-là, puis on va finir par le classifier. Finalement,
comme le ministre disait, c'est clairement dans la colonne des données
protégées, mais reste à savoir si c'est du protégé A, B ou C.
Comme vous voyez dans l'image, c'est soit
du modéré... pardon, faible, modéré ou élevé. Donc, si on se trouve, par
exemple, dans un exemple où on est dans des renseignements à caractère public,
des renseignements personnels mais à caractère public, par exemple, moi, je
suis un employé de l'État, mon nom, ma fonction, c'est des renseignements
personnels à caractère public, donc on va tirer vers le faible ou peut-être
même le très faible. Puis, plus on est dans un contexte, par exemple, de
renseignements sensibles ou dans des renseignements, disons, dans un contexte
d'enquête, il y avait aussi dans des contextes particuliers par rapport à la
police ou à la sécurité publique...
M. Caire : ...
Mme Drolet (Émilie) : ...exactement,
on va se diriger plus vers le niveau protégé C, donc le niveau élevé. Puis,
comme le ministre le disait tout à l'heure, par rapport à ça, il va y avoir des
mesures qui vont venir, qui ne sont pas dans ce document-là, mais qui vont être
obligatoires pour les organismes publics en fonction du niveau de préjudice.
Donc, plus on va se retrouver dans des préjudices qui sont élevés, puis à un
niveau, par exemple, de protégé C, bien, c'est possible qu'une personne ait
besoin d'une habilitation sécuritaire, par exemple, pour y avoir accès. C'est
un exemple.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. D'autres questions? Alors, Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, le fameux article 10.7 auquel on s'est référé tout à
l'heure, je veux juste m'assurer que je le comprends bien. On dit
d'abord : «Est institué le registre de l'identité numérique nationale — ça,
c'est le RINN, le R-I-N-N, O.K. — Sous la responsabilité du ministre,
ce registre constitue un système de dépôt et de communication des données
numériques gouvernementales.» Donc, c'est ce dont on parlait quand on
disait : Les données, elles sont déposées, puis les différents registres
peuvent se parler et donner accès... une fois que l'authentification est faite,
on a accès à telle donnée de tel registre ou telle donnée de tel autre
registre, selon le profil de l'utilisateur salarié d'État. On a dit aussi tout
à l'heure que ce registre de l'identité numérique nationale, donc le RINN, en
fait, c'est le... à la base, c'est le registre des attributs d'identité qui
existe déjà, qui va devenir le RINN, mais qu'il faut quand même nourrir. Donc,
dans le RINN, il va y avoir plus que ce qu'il y a dans le registre des
attributs qui existe déjà. C'est bien ça?
M. Caire : Oui.
Mme Caron : O.K. Maintenant,
on dit que, bon, ce registre doit notamment permettre, bon, 1° la conservation
sécuritaire pour le compte d'un organisme public de tout ou partie de ces
données. Alors, la conservation sécuritaire, c'est comme… c'est en fonction de
ce qu'on vient d'expliquer, les différents types de protection…
M. Caire : C'est ça, la
classification.
Mme Caron : ...la
classification, puis le niveau de protection en fonction du…
M. Caire : Est proportionnel
à la valeur de la donnée.
Mme Caron : Laquelle est
déterminée en fonction de…
M. Caire : La valeur de la
donnée par la classification.
Mme Caron : C'est ça. Et que
s'il y a un haut niveau de préjudice en cas de manque d'intégrité, c'est-à-dire
que la donnée, je vais dire comme ça, sort, est connue, alors qu'elle ne
devrait pas….
M. Caire : Le préjudice est
important, donc les mesures de sécurité entourant cette donnée-là devront être
proportionnelles.
Mme Caron : O.K. Ensuite, 2°
la communication entre organismes publics de ces données.
M. Caire : Puis... aussi de
la protection, Mme la députée, les accès.
Mme Caron : Dans la
conservation sécuritaire, on comprend les accès.
M. Caire : Bien, quand on
parle de protection, parce que vous et moi, on a eu plusieurs discussions sur
les accès, bien, vous comprendrez que plus une donnée est sensible, plus le
préjudice est grand à sa communication, plus...
M. Caire : ...les permissions
d'y accéder vont être restreintes ou vont être limitées à certains profils de
prestataires de services.
Mme Caron : D'accord. Donc,
ça, c'est l'accès... au 3, là, au paragraphe 3 où on parle des... de
l'accès à ces données. O.K.
Maintenant, pour la communication entre
les organismes publics, donc c'est le fait de pouvoir, pour tout prestataire de
services publics gouvernementaux, de pouvoir accéder à telles données, à tel
endroit qui est dans des registres différents.
M.
Caire
:
Nécessaires à sa prestation de service.
Mme Caron : Oui. Et qui
sont... qui sont peut-être dans des registres différents, mais dans le dépôt
que constitue le RIN.
M.
Caire
: C'est
ça.
Mme Caron : C'est ça? O.K.
Est-ce qu'une... on... Parce qu'on a bien dit, là, qu'on a accès, la personne
aura accès juste aux données nécessaires. Mais est-ce que dans ces données, on
peut faire des liens entre deux personnes? Par exemple, est-ce qu'on verrait
que telle personne qui... Moi, comme, je m'identifie, et tout ça,
l'authenticité de mon identité est validée, est-ce qu'on pourrait aussi se
servir de l'identité numérique pour valider que ma fille est effectivement ma
fille, ou que mon conjoint est effectivement mon conjoint, ou ma mère
effectivement ma mère? Est-ce que...
M. Caire : Ça va... oui. La
réponse à votre question, c'est oui. Maintenant, encore là, c'est une question
d'accès et donc d'une question de : Est-ce que cette information-là, vous
êtes tenu de la donner aux prestataires de services? Et est-ce que vous
consentez à lui donner cette information-là? Mais oui, le registre pourrait
permettre de faire le lien entre vous et vos enfants, vous et vos parents, par
exemple.
Mme Caron : O.K. Donc, si je
prends, par exemple, actuellement, à l'État civil, si on a notre acte de
naissance, on a les noms des parents, et tout ça.
M. Caire : C'est ça, oui.
Oui.
Mme Caron : Donc, ça, c'est...
Évidemment, c'est une prestation de services de...
M. Caire : Du Directeur de
l'État civil. Donc, dans ce cas -là...
Mme Caron : C'est sûr. C'est
clair, là, que...
M. Caire : C'est ça. Dans ce
cas-là, je peux lui transmettre cette information-là parce qu'elle est
nécessaire à la production du document qui est le certificat de naissance.
Mme Caron : D'accord. Bon.
M. Caire : Et il faut
comprendre aussi que les renseignements qu'on donne à un ministère ou à un
organisme, souvent, sont prévus par la loi. Donc, je ne sais si vous vous
souvenez, Mme la députée, on avait... Quand on a étudié le p.l. n° 3, là,
on avait cette notion-là aussi, de... ou c'est le... dans le 25, là, je ne me
souviens plus, mais... Dans le 25, je suis sûr. Mais lorsqu'une loi le prévoit,
mais, ça, c'est un critère d'accès aussi. Lorsqu'une loi prévoit que vous
pouvez accéder à une information, c'est un critère d'accès.
Mme Caron : Et puis ça rentre
dans 3, l'accès à ces données?
M.
Caire
: Oui.
C'est ça.
Mme Caron : Tout à l'heure, ma
collègue... À une réponse à ma collègue, vous avez dit que, oui, tout à fait,
un critère, la sécurité ou le niveau de sécurité d'une information, d'une
donnée pourrait changer si, effectivement, il entrait en jeu un gouvernement
étranger ou un pays... un fournisseur d'un pays étranger. C'est bien ce que
j'ai compris?
M. Caire : Oui, il y a une...
Bien, quand on parle d'évaluation des facteurs relatifs à la vie privée, Me
Bacon le disait, là, il y a une obligation de faire ça avant d'établir une
source officielle de données. Donc, c'est les évaluations des facteurs relatifs
à la vie privée, qui ont été amenées par la loi n° 14 initialement, qu'on
a reconduit... cette disposition-là, on l'a reconduite dans la loi n° 95,
fait en sorte qu'il faut être capable... par la constitution d'une source
officielle de données, il faut être capable d'évaluer quels seraient les
impacts sur les facteurs relatifs à la vie privée d'une divulgation pas
frauduleuse, là, je cherche un autre terme, une divulgation non autorisée,
voilà, merci, une divulgation non autorisée, une fuite de données, etc. Et
donc, oui, tout à fait, dans les facteurs relatifs à la vie privée, de
dire : Bon, bien, si cette donnée-là est conservée sur tel ou tel type de
support, est-ce que ce support-là amène une menace? Si cette menace-là se
réalise, quel est l'impact sur les facteurs relatifs à la vie privée? Donc, ça
fait partie de l'évaluation à faire.
• (16 h 20) •
Mme Caron : D'accord. Et puis
si on analyse, on en détermine qu'effectivement la... disons, la menace
pourrait... le préjudice pourrait être grand...
Mme Caron : ...en raison de la
plateforme de stockage ou du fournisseur du nuage, est-ce que... Parce qu'on comprend
qu'il y a des contrats qui sont signés et qu'on ne peut pas résilier du jour au
lendemain. Est-ce qu'il y aurait moyen de… Tu sais, autrement dit, comment je
vais dire ça, est-ce qu'il faudra comme endurer ce risque-là jusqu'à tant que
le contrat puisse être résilié ou arrive à sa fin?
M. Caire : Là, je vous dirais
que c'est du cas par cas. Mais il faut comprendre qu'une évaluation relative
aux facteurs à la vie privée est communiquée à la CAI. Donc, la CAI, elle, a
aussi son pouvoir d'intervention et tous les autres pouvoirs qui sont inhérents
à la CAI, notamment celui de prendre une injonction. Donc, à la limite la, CAI,
suite à une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée, pourrait, par
injonction, nous dire : Vous sortez ces renseignements-là de là et vous
les stockez ailleurs.
Mme Caron : Maintenant, il y
avait une... un des experts, je ne me rappelle plus lequel, c'était peut-être
M. Waterhouse, peut-être un autre, qui parlait de portabilité des données.
M. Caire : Oui. Oui.
Mme Caron : Alors que...
Alors, est-ce que dans les contrats actuels, il y a cette clause-là qui est
déjà prévue?
M. Caire : Non.
Mme Caron : Non. Parce que ce
n'était pas un enjeu?
M. Caire : Non. Parce que je
vous dirais que la grande majorité des fournisseurs de services infonuagiques
n'offre pas ça. C'est la portabilité. Il y a quelques fournisseurs qui le font,
Micrologic le fait, OVH le fait, mais les Azure, Google, AWS n'offrent pas ce
service-là. Donc, dans les faits, on peut... on peut sortir de là, mais c'est
plus compliqué.
Mme Caron : Bien, justement,
on ne peut pas... on ne peut pas faire ça du jour au lendemain, là. Par
exemple, tu sais, on pourrait... on pourrait dire qu'à partir de maintenant,
disons, les prochains contrats qui sont... les prochains contrats qui seront
signés, on s'assurera d'avoir une clause de portabilité des données pour se
faciliter la vie, si jamais l'entreprise est vendue. Parce qu'on a évoqué ce
que cas-là. Une entreprise, mettons, 100 % québécoise, mais qui serait
vendue, qu'on ne peut rien faire contre, on ne peut pas empêcher la vente à
des...
M. Caire : Mais il faut... il
faut faire attention, Mme la députée, parce qu'un tel critère... puis là, je...
encore une fois, je ne veux pas faire... exercer une pratique illégale du
droit, mais un critère comme celui-là pourrait à la limite être invalidé par
l'AMP du fait qu'il va éliminer plusieurs fournisseurs de services et donc
réduire la concurrence. Et donc, on pourrait... l'AMP pourrait, puis là, je
présume, là, on est dans... pourrait déterminer qu'on a orienté l'appel
d'offres pour favoriser des fournisseurs.
Mme Caron : Je comprends ça.
Et dans le contexte actuel... c'est-à-dire dans le contexte jusqu'à tout
récemment, ça ne causait pas problème. Est-ce que... parce que l'AMP va
déterminer ça en fonction... est-ce que c'est en fonction des lois qu'on a sur
les marchés publics?
M. Caire : La LCOP, la LCOP,
oui.
Mme Caron : Est-ce que c'est
aussi en fonction des accords commerciaux internationaux?
M. Caire : Non. Là, on est
vraiment dans la LCOP.
Mme Caron : O.K. Mais, si la
LCOP était modifiée un jour en raison d'un contexte géopolitique, admettons,
qui s'installerait et qu'on voit à demeure, la LCOP, à ce moment-là, si elle
était modifiée de façon à ce que l'exigence d'un critère, d'une clause de
portabilité dans un contrat soit considérée... bien, soit légale, à ce
moment-là, l'AMP pourrait faire une analyse différente d'un contrat qui aurait
cette clause-là?
M. Caire : En théorie, oui.
Mme Caron : On parle en
théorie, évidemment, là.
M. Caire : Oui, tout à fait.
Mme Caron : Parce qu'on n'est
pas... on n'est pas à ce stade-là.
M. Caire : Non.
Mme Caron : Mais... C'est ça.
Alors, si je reviens à l'expression que j'utilisais tantôt, on est un... je
pense qu'on est un peu pris à endurer ce risque-là à l'heure actuelle, et on ne
sait pas pour combien de temps.
M. Caire : Bien, oui et non.
Dans le sens où, à travers le courtier en infonuagique, éventuellement courtier
en infonuagique et en technologies spécialisées, on pourrait... toujours en
théorie, on pourrait favoriser un fournisseur de services sans en faire un
critère d'entrée. Mais, une fois intégré au courtier en infonuagique, on
pourrait favoriser, dans certaines circonstances, la portabilité.
Mme Caron : Donc, les...
M. Caire : En fait, ça
pourrait... ça pourrait...
M. Caire : ...puis là on a une
discussion très, très théorique, là, je veux être bien clair, là... ceux qui
nous écoutent ne commencent pas à paniquer en disant : C'est une directive
du gouvernement, là. On a une discussion franche et honnête. Mais ça
pourrait... dans une perspective de souveraineté numérique, ça pourrait...
Parce que je disais : La seule façon d'atteindre la souveraineté
numérique, c'est que ce soit le gouvernement qui soit l'opérateur, le
propriétaire, l'opérateur de ces systèmes, parce que, comme ça, on est sûrs que
ça ne serait pas vendu à des entreprises étrangères. Alors, dans une
perspective de souveraineté numérique, on pourrait dire : Bien, s'il y a
cette possibilité-là de portabilité, en cas de vente de l'entreprise, on
résilie le contrat puis on part avec nos... Mais là on est en théorie,
évidemment.
Mme Caron : Oui, absolument,
M. le Président, on est en théorie. On essaie d'envisager les scénarios qui
pourraient être possibles, pas pour faire de la politique fiction ou de la
législation fiction, mais pour voir s'il y a des moyens de... Parce que ce
projet de loi là comme... est quand même un projet de loi d'envergure, qui va
avoir une portée importante sur les renseignements. Et les renseignements,
c'est... Avoir les renseignements, avoir l'information, c'est avoir le pouvoir
aujourd'hui. Donc, on veut... on veut protéger nos renseignements. La loi 25 en
est... en est une preuve. Donc, c'est pour ça qu'on a cette discussion-là de
voir qu'est-ce qui serait possible.
Et puis ce que je comprends, c'est que,
dans le courtier où les fournisseurs sont préqualifiés par le MCN, ce serait
peut-être une possibilité, à un moment donné, de... sans... comme vous l'avez
dit, sans obliger à l'entrée les fournisseurs à offrir la portabilité des
données, ceux qui le feraient d'eux-mêmes, qui auraient la... seraient
proactifs en ce sens-là, disons, bien, pourraient peut-être avoir... tu sais,
la pondération qui pourrait leur être accordée dans la préqualification
pourrait être assez importante. Sans venir contrevenir aux lois existantes ou
bien à des accords commerciaux, ça pourrait être une... disons, une porte de
sortie, là...
M. Caire : Tout à fait.
Mme Caron : ...je vais
utiliser cette expression-là, pour tenter de protéger vraiment nos données contre
des intérêts étrangers qui n'auraient peut-être pas nos intérêts à cœur...
M. Caire : Pas toujours, non.
Mme Caron : ...ça serait une
possibilité. D'accord.
Maintenant, si je retourne dans le texte
de loi, on dit, au paragraphe numéro 4 : «la traçabilité de tout accès au
registre par une personne, que ce soit pour y déposer ses données, les utiliser
ou en recevoir la communication». Alors là, on parle toujours des données qui
vont être dans le registre de l'identité numérique nationale.
M. Caire : C'est ça, oui,
oui.
Mme Caron : Et, quand on
dit : «la traçabilité de tout accès au registre par une personne», c'est
une personne physique ou morale, oui, c'est ça, dans ce cas-ci, ou...
M. Caire : J'aurais tendance
à dire les deux, effectivement. De ne pas le préciser, ça inclut les deux.
Est-ce que je suis dans l'erreur, Me Bacon?
Une voix : ...
M. Caire : C'est les deux.
Mme Caron : Et est-ce que...
est-ce que c'est une... est-ce que la personne en question est une personne
autre que le citoyen?
M. Caire : Oui. Oui, c'est ce
qu'on se disait. Si quelqu'un d'autre que vous veut accéder à vos
renseignements contenus dans le registre d'identité nationale, on garde une
traçabilité. Si vous vous servez de votre identité nationale, bien non, il n'y
a pas de... on n'a pas à retracer ça.
Mme Caron : Alors, c'est ce
qu'on... c'est ce qu'on souhaite.
M. Caire : Oui.
Mme Caron : Mais, puisqu'on
dit... ça dit juste «par une personne», on... ça n'exclut pas le citoyen,
d'après moi. Dans le libellé actuel : «la traçabilité de tout accès au
registre par une personne, que ce soit pour y déposer ses données, les utiliser
ou en recevoir la communication», recevoir...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Malheureusement, chère collègue...
Mme Caron : J'ai fini...
Le Président (M. Simard) : ...c'est
très ingrat, mais je dois vous arrêter parce que le temps qui nous est dévolu
est maintenant complété.
Et donc, compte tenu de l'heure...
16 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Simard) : ...je
vais ajourner mes... nos travaux sine die. Mais avant, je vous remercie à
nouveau pour votre précieuse collaboration. Au plaisir.
(Fin de la séance à 16 h 30
)