Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(début : 29 novembre 2022)
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Le
mardi 6 mai 2025
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Vol. 47 N° 77
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances - Revenu Québec
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances - Retraite Québec
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances - Institut de la statistique
Étude des crédits budgétaires du ministère des Finances, volet Finances - Caisse de dépôt et placement du Québec
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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Beauchemin, Frédéric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Beauchemin, Frédéric
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Girard, Eric
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Zaga Mendez, Alejandra
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Beauchemin, Frédéric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Poulin, Samuel
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Poulin, Samuel
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Girard, Eric
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Mallette, Carole
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Chassin, Youri
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Beauchemin, Frédéric
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Simard, Jean-François
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Beauchemin, Frédéric
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Zaga Mendez, Alejandra
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Zaga Mendez, Alejandra
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Chassin, Youri
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Mallette, Carole
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Simard, Jean-François
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Caron, Linda
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Caron, Linda
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Zaga Mendez, Alejandra
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Gentilcore, Catherine
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Girard, Eric
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Caron, Linda
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Simard, Jean-François
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Beauchemin, Frédéric
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Lemay, Mathieu
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Beauchemin, Frédéric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Zaga Mendez, Alejandra
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Gentilcore, Catherine
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Mallette, Carole
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Beauchemin, Frédéric
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Zaga Mendez, Alejandra
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Beauchemin, Frédéric
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Simard, Jean-François
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Zaga Mendez, Alejandra
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Girard, Eric
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Beauchemin, Frédéric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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St-Pierre Plamondon, Paul
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Beauchemin, Frédéric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Thouin, Louis-Charles
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Simard) : Chers
collègues, bienvenue à toutes et à tous. Je constate que nous avons quorum.
Conséquemment, nous pouvons entreprendre nos travaux.
Et, comme vous le savez, la Commission des
finances publiques est aujourd'hui réunie afin de procéder à l'étude du volet
Finances des crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice
financier 2025‑2026. Une enveloppe de 1 h 45 min a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
M. le secrétaire, bonjour.
Le Secrétaire
:
Bonjour.
Le Président (M. Simard) :
Y a-t-il des remplacements ce matin?
Le Secrétaire : Aucun, M. le
Président.
Finances
Discussion générale
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, nous allons procéder, comme le veut notre tradition, par blocs d'échange
d'environ 20 minutes. Et, sans plus tarder, je cède la parole au
porte-parole de l'opposition officielle, le député de Marguerite-Bourgeoys. À
vous la parole.
M. Beauchemin : Merci, M.
le Président. Merci, tout le monde, là, d'être ici ce matin. Merci, M. le
ministre.
On va commencer tout de suite en parlant
de la croissance économique et puis des prévisions, là, qui avaient été
modélisées dans le budget. J'aimerais comprendre pourquoi le ministre semble
vouloir prendre une moyenne versus regarder peut-être un ou un autre économiste
plus spécifiquement.
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Une
moyenne?
M. Beauchemin : Oui. La
moyenne des prévisions qui sont sur... ou quelque chose...
M. Girard (Groulx) : Bien,
on consulte toujours l'ensemble des économistes, là, qui ont une prévision
spécifique pour le Québec. Et puis, comme il y a beaucoup d'incertitude, bien,
il y a beaucoup de volatilité dans la distribution. La distribution est plus
dispersée qu'à l'habitude, mais en général on est proche de la moyenne, de la
médiane, là. Il n'y a pas... On ne donne pas... Tu sais, je peux avoir une
opinion personnelle sur la qualité des économistes d'une institution versus une
autre, mais en général on prend l'ensemble de la distribution, en s'assurant
que les prévisions ont été faites de façon contemporaine, là, parce que ce n'est
pas toujours tout le monde qui met ses prévisions à jour précisément, puis on y
va avec la moyenne ou la médiane. Puis des fois le ministère a des informations
que les gens n'ont pas. Par exemple, si on fait une baisse d'impôt, comme en
2023, bien, il est normal qu'on ait un effet de dépenses gouvernementales puis
qu'on soit un peu plus haut.
M. Beauchemin : O.K. Mais
la raison, en fait, pour laquelle je pose ça, c'est parce que, justement, les
mises à jour au niveau de la croissance économique de toutes les institutions
financières canadiennes, peut-on dire, ne sont pas toutes dans la même
enveloppe-temps, il y en a qui sont un peu plus datées que d'autres, si je peux
le dire aussi. Puis j'ai remarqué, de façon très personnelle, que, évidemment,
Desjardins est de loin le plus contemporain, avec, vraiment, une lecture plus
approfondie de l'ensemble des PME et tout, et je me posais la question :
Est-ce qu'il y a une pondération qui se fait en fonction de la, un,
connaissance sur le terrain puis, deux, évidemment, là, au niveau de la
fraîcheur, peut-on dire, des analyses?
M. Girard (Groulx) : Non.
Et je veux être bien clair, Desjardins a une très bonne connaissance de l'économie
québécoise, mais il y a d'excellents économistes québécois dans des
institutions moins québécoises, comme la Banque de Nouvelle-Écosse, la Banque
Royale, la Banque de Montréal, puis on a Industrielle Alliance, on a la Banque Nationale.
Alors, en général, ce que j'observe — ça
fait sept ans que je suis au pouvoir, sept ans que je suis ministre des
Finances — Desjardins, peut-être a un biais local toujours plus
négatif que la moyenne. C'est-à-dire que, eux, je pense qu'ils prévoient une
récession au Québec depuis 2022, là, ça fait que, là, on est en 2025, puis
probablement qu'ils prévoient une récession au Québec.
• (9 h 50) •
M. Beauchemin : O.K., d'accord.
En tout cas, de toute façon, on le voit, il y a une différence aussi entre, tu
sais, ce qui est prévu puis, en fait, ce qui est réalisé, puis on l'a remarqué,
évidemment, depuis les trois dernières années, en tout cas depuis que moi, je
suis dans mes <fonctions...
M. Beauchemin :
...évidemment,
depuis les trois dernières années, en tout cas depuis que moi, je suis dans mes
>fonctions, qu'il y a quand même un différentiel tout le temps, là, on
n'est pas directement, évidemment, là, sur le chiffre réalisé.
Ceci étant, on va plonger dans la décote,
là, de Standard & Poor's. Le gouvernement devait déposer, selon la loi,
évidemment, là, un plan de retour à l'équilibre budgétaire en 2022-2023, mais
il y a eu une modification, là, de la loi dans laquelle vous vous étiez donné,
là, un an de plus de marge de manoeuvre, donc 2023-2024 plus un an, 2024-2025,
donc trois ans, là, qu'on pourrait dire, qu'un plan aurait dû normalement être
déposé. Est-ce que, dans... Quand vous regardez le rapport de Standard &
Poor's, est-ce que vous y voyez un lien entre le fait que le plan de retour à
l'équilibre budgétaire a pris du temps à être déposé et puis la décote?
M. Girard (Groulx) : Non.
Ce que je vois, c'est que Standard & Poor's aurait aimé que le plan qui a
été déposé aurait... Mais en fait il y a deux choses, hein, dans la décote, il
y a les déficits d'opération puis il y a le niveau des infrastructures, puis la
somme de ces deux choses-là fait qu'on dépasse un ratio, que je pourrai
expliquer plus en détail si vous voulez approfondir la question, là. Mais c'est
certain que l'horizon de S&P, c'est trois ans, O.K.? Alors, si on avait été
il y a un an, bien, ça aurait été trois ans. Puis l'an prochain, ça va être
encore trois ans. Nous, dans la loi, on a un horizon cinq ans.
M. Beauchemin : Est-ce
que c'est écrit quelque part dans le rapport que S&P a émis comme quoi
qu'eux... qu'ils veulent avoir un retour à l'équilibre en trois ans? Est-ce que
c'est écrit quelque part?
M. Girard (Groulx) : Non,
ça, c'est le fruit de discussions. Mais, lorsqu'on a eu des... on a quand même
eu plusieurs rencontres avec eux, et c'est certain que la façon qu'eux, je dirais,
pondèrent leur analyse, c'est que les chiffres, c'est beaucoup les trois
premières années et les aspects plus subjectifs, les années suivantes.
Alors, nous, on présente un cadre
financier cinq ans et les années 4 et 5 sont vues de façon plus
subjective. Alors, par exemple, le fait qu'on continue à s'améliorer à l'année 4
et 5, c'est positif, le fait qu'il y ait des mesures aux revenus, c'est positif,
mais il reste qu'eux, ils se sont concentrés sur 2025‑2026, 2026‑2027, 2027‑2028,
et l'année 2027‑2028 est celle qui a le plus de poids, là.
M. Beauchemin : Est-ce
que vous les avez rencontrés la semaine dernière, quand vous étiez à New York?
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Beauchemin : Il y
avait-tu des appels qui se sont faits, depuis la décote et aujourd'hui, entre
vous et Standard & Poor's?
M. Girard (Groulx) : Depuis
la décote, il y a eu... oui, oui, il y a eu une rencontre, il y a eu un appel
entre le ministère et Standard & Poor's pour bien comprendre... Bien, parce
qu'il y a eu la décote, il y a eu des discussions, plusieurs discussions autour
de la décote, rencontres, tout ça s'est passé, il y a eu une présentation, il y
a eu un appel, il y a eu un autre appel, il y a eu un second appel. Bref,
depuis la décote, il y a eu une rencontre entre le ministère et S&P pour
bien comprendre la distinction entre la perspective négative qui aurait pu nous
être assignée et une décote directement avec perspective positive, et c'est la
seule communication. Puis il y aura... ils viennent dans le cycle régulier,
alors il y aura une autre rencontre dans les prochains mois. Mais, pour... réponse
courte : à New York, non.
M. Beauchemin : Donc,
c'est à travers cette conversation-là ou entre l'équipe du ministère puis
l'équipe de Standard & Poor's que, donc, on peut comprendre la motivation à
réviser le plan, comme vous sembliez avoir indiqué, là, dans les dernières
semaines, pour peut-être raccourcir, rétablir, enligner, démontrer plus un
intérêt vers un retour à l'équilibre, là, budgétaire plus précoce. Est-ce que
c'est de là que vient ce <changement...
M. Beauchemin :
...retour
à l'équilibre, là, budgétaire plus précoce. Est-ce que c'est de là que vient ce
>changement de cap?
M. Girard (Groulx) : Non,
ce n'est pas lié à... il n'y a aucun lien. En fait, ce qu'on... l'appel qui a...
ou les communications qui ont eu lieu visaient à comprendre, là, pourquoi on
n'était pas passé par une perspective négative d'abord.
M. Beauchemin : Est-ce
que ça vous a surpris, la décote de S&P?
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est-à-dire que moi, j'étais conscient qu'il y avait un bris de ratio au niveau 2027-2028.
Alors, peut-être que, si vous permettez, je peux prendre une minute pour
l'expliquer.
M. Beauchemin : Combien
de temps qu'il nous reste?
Le Président (M. Simard) : 11 min 30 s.
M. Beauchemin : Une
minute, oui.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Alors, le ratio qui est important pour S&P, c'est de ne pas dépasser
10 % des revenus en 2027-2028 lorsqu'on additionne le déficit et les
dépenses en infrastructures. Alors, le déficit d'opération, là, avant le Fonds
des générations, était à 4 milliards, 4 milliards, puis les
infrastructures sont autour de 19 milliards, O.K.? Alors, quatre plus 19,
23 sur 170 milliards de revenus, approximativement. Alors, vous comprenez
que... puis il y a des ajustements, là, ils ne prennent pas le 19. Mais je fais
ça simple parce que vous vous posez la question : déficit d'opération,
dépenses en infrastructures, a plus b divisé par les revenus plus grands que
10 %, donc bris de ratio.
Alors, j'étais conscient... lorsqu'on a
pris la décision d'augmenter les infrastructures, parce qu'on a fait un effort
extrêmement important d'augmenter les infrastructures de
11 milliards de dollars dans les trois premières années, j'étais
conscient que ça amenait des difficultés au niveau du ratio S&P 2027‑2028.
M. Beauchemin : D'accord.
Donc, vous étiez conscient, ils ont décoté, puis là, par la suite, bien là,
vous révisez votre plan.
M. Girard (Groulx) : Non,
je n'ai pas dit ça.
M. Beauchemin : Bien,
vous avez laissé entendre comme quoi que vous alliez accélérer le retour à
l'équilibre budgétaire, vous l'aviez dit en Chambre.
M. Girard (Groulx) : Vous
faites référence à quoi, exactement, là? Parce que...
M. Beauchemin : En
Chambre, vous avez mentionné qu'on accélérait le retour à l'équilibre
budgétaire. On va réviser nos affaires pour rentrer dans un horizon de trois
ans, vous l'aviez dit en Chambre, là, il y a deux semaines.
M. Girard (Groulx) : Non, je
n'ai pas dit ça en Chambre, là, il faudrait que vous me fassiez écouter ce que
vous avez... ce que... ce à quoi vous référez ou vous interprétez. Mais je vais
être clair, là, à la mise à jour, là, le contexte va être complètement
différent d'au budget, O.K.? Parce qu'au budget on n'avait pas d'élections
fédérales, on n'avait pas de budget fédéral et on était sous la menace de
25 % sur l'ensemble des biens et services, donc le contexte budgétaire
était sous un grand nuage d'incertitude.
Là, on a eu une élection fédérale, on va
avoir un budget fédéral qui, notamment, pourrait nous aider au niveau des
infrastructures — ce serait bienvenu, puisqu'ils n'ont pas de plan
d'infrastructures depuis 2023 — et on va savoir si on est en
récession, parce que, là... puis c'est ça, alors, on va avoir plus
d'incertitude au niveau de l'économie puis des tarifs. Je m'arrête.
M. Beauchemin : J'ai
plusieurs questions, ça fait que c'est pour ça que je veux enchaîner.
M. Girard (Groulx) : Allez-y,
allez-y. Excusez-moi.
M. Beauchemin : Mais je
veux juste vous revenir sur votre ratio de 10 %. Avant d'aller à
19 milliards, votre déficit opérationnel était toujours de
4 milliards?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : Et le
plan en infrastructures était de 15 milliards.
M. Girard (Groulx) : À
peu près.
M. Beauchemin : Donc,
15 plus quatre, ça fait 19.
M. Girard (Groulx) : Oui,
sur 17, mais ils font des ajustements, là, le 19 est ajusté un peu à la baisse.
Ça fait que tout ça pour dire qu'à 15 milliards ça aurait peut-être passé.
À 19,8 milliards, qui sont le niveau d'infrastructures en 2027-2028, ça ne
passait pas.
M. Beauchemin : Bien,
O.K., je comprends. La seule chose que je me pose, M. le ministre, puis, vous
savez, je comprends l'ampleur de la job qui n'est pas, évidemment, là, facile,
mais, si je peux juste revoir, il y avait un titre qui disait, donc, que le
gouvernement révisait son plan de retour à l'équilibre budgétaire suite, là, à
la décote. Donc, ma question... Puis le titre en tant que tel, c'est,
exactement... un instant : Québec révise son plan après la décote,
puis ça, c'est par La Presse, par Tommy Chouinard. Donc...
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien, M. Chouinard ne m'a pas posé de questions spécifiquement sur le plan
et puis...
M. Beauchemin : Mais il
a conclu la même chose que moi, j'avais conclu.
• (10 heures) •
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais M. Chouinard ne fait pas ses propres titres et M. Chouinard est
un journaliste de qualité qui arpente les couloirs de l'Assemblée nationale,
puis le titreur est à Montréal puis il fait <ce qu'il veut...
>
10 h (version révisée)
<17929
M. Girard
(Groulx) :
...journaliste de qualité qui arpente les couloirs
de l'Assemblée nationale, puis le titreur est à Montréal puis il fait >ce
qu'il veut avec ça.
Le Président (M. Simard) :
Bon. Très bien.
M. Beauchemin : Peut-être,
mais...
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. le ministre, on va laisser à l'opposition le soin de formuler
complètement sa question. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M.
le Président. Mais Tommy Chouinard a reflété, peut-être, ce que... une
perception que lui avait, que plusieurs ont eue, des paroles qui ont été dites
qui le sous-entendaient. On en arrivait tous à la même conclusion que ça avait
quand même été un son de cloche solide, S&P qui décote le Québec. Ça vous a
affecté. Donc, on révise, on revisite, on regarde où est-ce qu'on aurait
peut-être pu être optimal. On était sur le bord de toucher le ratio avec 15
plus quatre. Là, on est à 19 plus quatre, donc c'est sûr qu'on le touche. Puis
vous avez dit, en entrevue à 98.5 : On va peut-être faire des ajustements
à la mise à jour qui pourraient ramener un retour à l'équilibre budgétaire plus
rapide et donc satisfaire les agences.
Ça fait que, dans tout ce contexte-là, ma
question reste quand même. Il y a eu à attendre la décote? Vous avez attendu la
décote pour réagir, pour faire en sorte qu'on puisse revenir vers un plan de
match plus crédible pour les agences?
M. Girard (Groulx) : Je
pense que ce qu'il manque dans votre analyse, c'est que vous faites ça en vase
clos, là. Vous réfléchissez comme si on travaillait pour les agences. On
travaille pour le Québec.
M. Beauchemin : M. le
Président, est-ce qu'on pourrait quand même garder le ton...
M. Girard (Groulx) : Et
on devait... puisqu'il ne se fait pas de dépenses en capital au Québec avec l'incertitude
des tarifs, on a dû prendre une décision sur la taille du plan d'infrastructures.
Alors, on a décidé que la meilleure façon d'aider l'économie était de pousser
les infrastructures puisque ça permet de faire des investissements à court
terme qui aident l'économie, mais avec une perspective long terme, et nous
savions que ça amènerait un problème avec un déficit en fonction des revenus en
2027‑2028.
M. Beauchemin : ...vous
saviez qu'il allait y avoir un grand risque de décote, mais vous êtes allés de
l'avant tout de même.
M. Girard (Groulx) : Oui,
on a choisi l'économie avant le ratio S&P 2027‑2028.
M. Beauchemin : Oui.
Donc, il y a une facture d'intérêt additionnelle pour les générations à venir.
M. Girard (Groulx) : Pas
pour l'instant.
M. Beauchemin : Bien, on
pourra en reparler plus en détail, mais l'avantage compétitif, depuis mars 2024,
qu'on avait par rapport à l'Ontario... je sais que ce n'est pas en absolu, je
sais que ce n'est pas quelque chose qui reste fixe, mais on a perdu cet
avantage compétitif là.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais l'Ontario... On a perdu... on a probablement perdu trois points de base.
M. Beauchemin : Un peu
plus que ça. Mais on va quand même revenir sur...
M. Girard (Groulx) : Mais,
d'accord, attendons le budget de l'Ontario.
Le Président (M. Simard) : S'il
vous plaît, là, collègues, tout va très bien, là. J'apprécierais, d'abord, qu'on
s'adresse à la présidence et qu'on ne se coupe pas mutuellement. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : S&P
critique aussi la diminution de la population active dans son rapport, mais vous
n'en avez pas tenu compte dans votre budget. Pourquoi?
M. Girard (Groulx) : Bien
non, c'est le contraire, S&P prend acte des hypothèses de croissance
démographique dans le budget.
M. Beauchemin : Bien,
O.K., oui, mais critique la diminution de la population dans son rapport.
M. Girard (Groulx) : Il
y a... Bon, écoutez, il n'y a pas de diminution de population. Ce que vous
avez, c'est une prévision de l'Institut de la statistique du Québec et de
Statistique Canada qui prend en compte les énoncés du gouvernement fédéral
quant aux résidents non permanents, l'évolution de passer de 6,5 % de la
population à 5 % de population canadienne, puis là ça amène un scénario de
0,5 % de croissance de la population en 2025 et 0,0 % en 2026. Et ce
que S&P dit, c'est que, selon eux, ce n'est pas suffisant pour combler les
départs à la retraite, par exemple, ou le vieillissement de la population.
M. Beauchemin : D'accord.
On parle du PQI depuis... un peu indirectement, depuis le début. Pourquoi toute
avenue de partenariat public-privé a été discartée de la part du gouvernement?
Ou est-ce que c'est le cas? Parce que ça aurait été une façon de réduire la
facture. Comment se fait-il que ce n'est pas plus considéré dans le programme?
M. Girard (Groulx) : Par
exemple, il y a un partenariat public-public avec le REM puis le tramway de
Québec. Vous, vous suggérez quoi, là, un...
M. Beauchemin : Non,
mais pour les... pour les raisons pour lesquelles on a été décotés, donc, dans
les années à venir, dans les trois fois 19 milliards pour les trois
prochaines années, y a-tu, là-dedans, des plans de partenariats public-privé, y
a-tu plus de partenariats, ou est-ce qu'on est encore à la méthode : On
additionne sur le «balance sheet»?
M. Girard (Groulx) : Bien,
M. le Président, ce sont des infrastructures publiques, là, dont notamment dans
le réseau de la santé, de l'éducation, les routes du Québec. Est-ce que, M. le
Président, on fait référence à un péage ou quelque chose comme ça?
M. Beauchemin : Un partenariat
public-privé, vous <savez c'est quoi...
M. Beauchemin :
...public-privé,
vous >savez c'est quoi, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : Bien,
est-ce que vous pourriez me donner un exemple?
M. Beauchemin : Bien, le
CHUM, le CUSM, c'étaient des PPP. Il y a eu des avancements au niveau du
développement des infrastructures au Québec en PPP. La question que je me pose,
c'est pourquoi est-ce que... Dans le contexte actuel, où est-ce qu'on est
littéralement, là, à la limite puis on l'a dépassée et on a eu une décote,
pourquoi est-ce qu'on n'a pas plus considéré l'avenue des PPP pour la suite des
choses?
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, je ne pense pas que l'expérience du CUSM est une expérience qu'on veut
répéter, collectivement, là, mais je vais laisser ce sujet de côté puis je vais
prendre votre question au sens général. On sait que les... Il y a quand même
une résistance, dans le contexte actuel, des entrepreneurs, en général, à
prendre des travaux en contrat ferme. Par exemple, dans le cas de
Sainte-Justine, là, on sait qu'AtkinsRéalis a perdu beaucoup d'argent dans ce
projet-là. Donc là, on a des nouvelles façons de faire au niveau des
infrastructures, au niveau du partage de risques, mais ce ne sont pas des partenariats
public-privé au sens où vous l'entendez, où, par exemple, il y aurait un péage
et ce serait une entreprise privée qui aurait la dette sur son bilan, là.
Le Président (M. Simard) :
M. le député, il vous reste 50 secondes.
M. Beauchemin : O.K. Bon,
bien, écoutez, M. le ministre, il y avait, évidemment, plusieurs des mesures
dans le budget qui vous ont été même mentionnées, là, par S&P comme quoi que
les mesures pour, par exemple, révision du plan fiscal ou des dépenses
budgétaires étaient après la prochaine élection. Est-ce que ça, c'est
maintenant... choses à considérer qui vont être ramenées plus tôt dans votre
mise à jour économique?
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, en fait, les mesures sont assez équilibrées dans le temps, c'est-à-dire
approximativement 600 millions par année pour un total de 3 milliards
sur les dépenses, même chose sur les revenus. Là où il y a un enjeu, c'est que
le gain de capital donnait beaucoup d'argent au début...
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci beaucoup.
M. Beauchemin : On va
revenir.
M. Girard (Groulx) : ...puis
là on n'a toujours pas de politique claire déposée, fiscale du gouvernement
fédéral.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. le ministre.
Avant de céder la parole à ma collègue de
Verdun, j'aurais besoin de votre consentement pour que nous puissions rattraper
la minute perdue en début de séance. Consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) :
Chère collègue de Verdun, vous disposez de 20 min 55 s.
Mme Zaga Mendez : Merci,
M. le Président. À mon tour de saluer M. le ministre et les collègues présents.
M. Girard (Groulx) :
Bonjour.
Mme Zaga Mendez : Je
voulais rebondir sur le thème... Tout à l'heure, le collègue de Marguerite-Bourgeoys
nous parlait des effets de la décote, puis je vous sentais un peu critique. Puis
sentez-vous à l'aise, là, êtes-vous critique de la méthode qui est adoptée par
l'agence de notation concernant l'analyse de la gouvernance de l'État puis
comment on considère le poids d'investir dans des infrastructures?
M. Girard (Groulx) : Non,
pas du tout, dans le sens que S&P, ils ont une méthodologie qui leur est
propre, qui vise le point de vue des créditeurs, c'est-à-dire qu'on emprunte
sur les marchés et eux évaluent la qualité de notre crédit, tandis que nous,
lorsqu'on gouverne, on a l'ensemble des parties prenantes, par exemple la
société, nos employés, des contraintes intergénérationnelles. Alors, notre
focus, c'est l'intérêt supérieur du Québec; le focus des agences, c'est le
crédit. Alors, ce n'est pas le même... on ne maximise pas la même chose.
Mme Zaga Mendez : Bon. J'aimerais
aussi vous poser une autre question par rapport aux effets que nous, on a lus
aussi sur la décote. Vous étiez... Puis vous l'avez répondu en Chambre, je vous
avais posé la question, vous m'avez dit que c'est lors de la mise à jour
budgétaire, on allait voir d'autres conditions. Moi, j'aimerais ça vous
entendre aujourd'hui. Les Québécois et Québécoises ne veulent plus avoir des
compressions supplémentaires dans les services publics, et avoir des nouvelles
comme la décote du Québec crée une pression, puis ça peut vous amener à
examiner un retour à l'équilibre budgétaire beaucoup plus vite. Moi, j'aimais
ça avoir votre engagement aujourd'hui que, dans la mise à jour budgétaire, il
n'y aura pas des coupes, des compressions supplémentaires dans les budgets de
nos services publics.
• (10
h
10) •
M. Girard
(Groulx) : D'accord. Mais d'abord, ce
qui est le plus important, M. le Président, c'est de rappeler à tous, là, qu'à
la mise à jour il y aura moins d'incertitude, ce qui ne veut pas dire que les
conditions seront meilleures. Mais nous avons eu une élection fédérale, nous
aurons un budget fédéral, on parle du début juin, et on saura, par exemple,
aujourd'hui, avec la rencontre du premier ministre canadien <et du
président...
M. Girard (Groulx) :
...la
rencontre du premier ministre canadien >et du président américain, comment
évolue le renouvellement de... ou les modifications à l'Accord de libre-échange
nord-américain. Donc, on va avoir moins d'incertitude à la mise à jour. Je
pense qu'on a déjà... Au niveau des dépenses, ce qui est précisément la
question de ma collègue, M. le Président, je pense qu'on a déjà un plan de
gestion des dépenses qui est ambitieux. Et, non, pour répondre à votre
question, non, je n'envisage pas d'efforts supplémentaires au niveau des
dépenses à la mise à jour.
Mme Zaga Mendez : Bien,
merci de prendre l'engagement aujourd'hui là-dessus. Lorsqu'on regarde le
budget, on peut parler des dépenses longtemps. Vous savez, moi, j'ai un intérêt
aussi pour regarder dans la colonne des revenus.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mme Zaga Mendez : Nous
avons déjà eu un échange à plusieurs reprises. Avec les coûts de système qu'il
faut rattraper, que ce soit en santé, en éducation, avec les besoins en
infrastructures, le Québec doit chercher des nouveaux revenus tout en épargnant
les travailleurs, les travailleuses, tout en épargnant la classe moyenne, tant
au niveau fiscal, mais aussi en termes des effets des restrictions budgétaires.
La proposition que nous avons mise au jeu,
c'est de s'attaquer à ce qu'on appelle la fortune, à l'accumulation dans la
possession des grandes, grandes fortunes, en visant 0,01 % de la
population québécoise, les plus fortunés de la société, ce qui nous permet de
chercher à peu près 3 milliards de dollars, ce qui est, grosso modo, le
déficit structurel du Québec. Vous avez dit que ça ne vous intéresse pas de
juste viser 4 000 ménages. J'aimerais ça entendre puis mieux
comprendre votre position, M. le ministre. Pourquoi ce refus de s'attaquer aux
plus fortunés — je parle du 0,01 % des plus fortunés — à
un moment où nous avons besoin de revenus supplémentaires, justement, pour ne
pas faire des choix difficiles?
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, effectivement, on a déjà eu cette discussion en Chambre, puis ça me fait
plaisir d'y revenir, M. le Président. Mais il faut... Là, la question porte sur
le 0,01 %. Je vais d'abord parler du 1 % pour rappeler que le Québec
a déjà un régime d'impôt très progressiste et que le 1 % paie près de
19 % de l'impôt sur le revenu au Québec. Après, si on veut parler du
1 % du 1 %, c'est-à-dire les fortunes plus élevées, bien, on a déjà
le gain de capital au Canada, au Québec qui, notamment lors du décès d'un
individu, suppose la disposition, et donc on a déjà un impôt sur le capital qui
a été choisi dans le régime fiscal. Alors, vous aimeriez rajouter une taxe. Et,
comme il y a mobilité de la main-d'oeuvre, des individus dans les sociétés et
pays développés, bien, si on fait ça, puis, par exemple, que l'Ontario puis
l'État de New York ne le font pas, bien, on risque de simplement déplacer notre
0,01 %. Or, l'ensemble des politiques du gouvernement visent à créer de la
richesse au Québec et non la faire fuir.
Mme Zaga Mendez : Vous
avez invoqué trois arguments différents, je vais les prendre un à la fois.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mme Zaga Mendez : Quand
vous parlez de l'impôt, c'est sur le revenu.
M. Girard (Groulx) : Bien
sûr.
Mme Zaga Mendez : Bien
sûr. Nous, on vous parle des fortunes, c'est des choses qui sont différentes.
Le 1 % contribue à un effet... Le 1 % des personnes qui ont un plus
grand revenu, là, c'est différent que d'avoir 0,01 % de personnes qui
détiennent la plus grande fortune. Ça, c'est des personnes qui ont
50 millions et plus en termes d'actifs, des biens, des actions. C'est
différent. Ces personnes-là, quand je regarde, le 1 % le plus fortuné
possède 23 % des actifs. Et sur ces actifs-là, ce n'est pas l'ensemble sur
lequel on va chercher des revenus, là, le gain en capital, c'est partiel. On va
chercher beaucoup plus quand on travaille, c'est 100 % de nos revenus
d'emploi qui sont imposés versus la fortune, M. le ministre. Donc, je veux
comprendre comment d'autres pays — la Suisse, l'Espagne, la France — ils
optent pour ce type de taxe là qui leur permet de chercher des revenus
supplémentaires à un moment aussi critique pour nos finances publiques.
M. Girard (Groulx) : Et
je n'ai pas entendu de question, M. le Président.
Mme Zaga Mendez : Je
vais continuer. Donc, j'ai d'autres questions là-dessus. Vous le savez, il y a
un taux de rendement pour les milliardaires au Québec qui est autour de
7 %. Une taxe de 1 % ou 2 % va juste ralentir un peu la
croissance de leur taux de rendement. Est-ce que vous <trouvez ça juste...
Mme Zaga Mendez :
...de
leurs taux de rendement. Est-ce que vous >trouvez ça juste d'imposer des
1 % ou 2 % à des milliardaires qui ont un taux de croissance de
7 % par année?
M. Girard (Groulx) : Bien,
je pense que... Prenons la perspective de départ. Notre gouvernement, M. le
Président, aimerait qu'il y ait plus de milliardaires parce qu'en général ces
gens-là, ce sont des gens qui ont créé des entreprises, parfois avec leur
famille, et qui... ils ont eu du succès, ils ont payé de l'impôt des
corporations, des taxes sur les masses salariales, ils ont embauché du monde,
des employés, ont payé des gains de capitaux. Et là, eux, lors du décès,
leur... il y a eu du gain de capital lorsqu'ils ont vendu des titres de leurs
compagnies publiques, par exemple, et, lors du décès, il y a, par exemple, une
présumée disposition qui fait qu'il y aura une facture fiscale extrêmement
importante. Alors, c'est comme ça que le régime fiscal canadien, québécois,
ontarien est structuré. Il y a des idées de réforme de fiscalité au Canada. En
général, ces idées-là ne vont pas vers plus de taxation, mais plutôt vers moins.
Et là je comprends de la députée qu'elle, elle propose d'ajouter au gain de
capital un impôt sur le patrimoine qui serait versé annuellement, puis c'est
correct de proposer ça, mais le gouvernement ne supporte pas cette proposition.
Mme Zaga Mendez : Je
vous entends de nous faire la comparaison avec le gain en capital lors du décès
d'une personne, mais ce qui arrive, dans le fond, c'est qu'on fait au décès ce
qu'on ne fait pas du vivant de la personne vivante, c'est-à-dire que, si la
personne décide de liquider ses actifs ou vendre des propriétés, il va être
imposé la même chose que lorsque la personne décède. C'est, bien sûr, les
personnes qui vont hériter, là, auxquelles on va déduire, là, mais c'est la
même mesure. Puis vous souhaitez... Je vais vous poser des questions là-dessus.
Donc, je sens que... parce que, j'imagine, comme ministre des Finances, vous
vous penchez sur ces types d'options là. Est-ce que vous les regardez?
Avez-vous une étude qui regarde vraiment comment on peut aller chercher dans la
fortune des gens? Puis, quitte à ce qu'on puisse peut-être l'homogénéiser avec
le gain en capital, je pense qu'il y a une ouverture là-dessus pour que ce soit
fait sur l'ensemble des fortunes. Est-ce que c'est quelque chose sur laquelle
quelqu'un au sein du ministère des Finances s'est déjà penché?
M. Girard (Groulx) : Bon,
alors, deux points. Le fait qu'il y ait une présumée disposition au décès et
une imposition complète sur l'ensemble du patrimoine ne veut pas dire qu'il n'y
a pas eu de gain de capital durant la vie de la personne qui décède, là. Il y a
eu des gains de capitaux lorsqu'il y a eu des dispositions d'actif, des
acquisitions. Par exemple, quelqu'un qui vend sa compagnie, bien, il va y avoir
un gain de capital, là, c'est certain.
Mme Zaga Mendez : Ça,
c'est compris, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Au
niveau des études, on consulte énormément. Vous savez, on a fait, je vous
dirais... en sept ans, on a fait deux grandes consultations, et c'est... la proposition
que vous avez, que vous mentionnez aujourd'hui n'est pas... n'a pas été étudiée
en détail parce qu'elle n'a pas été proposée spécifiquement lors de ces
consultations.
Mme Zaga Mendez : O.K.
Je vois...
M. Girard (Groulx) : Si
quelqu'un dépose une telle étude, ça nous fera plaisir de la regarder.
Mme Zaga Mendez : Écoutez,
il y a déjà des études publiques, que je vous invite à regarder. Je vais vous
l'envoyer avec plaisir.
M. Girard (Groulx) : Avec
plaisir.
Mme Zaga Mendez :
Commençons par ça, je vais vous l'envoyer avec plaisir. Dans cette étude-là, on
détaille également la différence qu'on peut aller chercher si on taxe les
0,01 %. Vous semblez ne pas être d'accord pour aller chercher
3 milliards, mais allons encore plus petit, allons regarder...
M. Girard (Groulx) : Mais,
M. le Président, je veux juste clarifier, là, je ne suis... parce que la
députée dit que je semble ne pas être d'accord, je veux juste être clair, je ne
suis pas d'accord.
Mme Zaga Mendez : O.K. Je
vais continuer avec ça. Vous n'êtes pas d'accord pour aller imposer les
0,01 % les plus fortunés qui possèdent 50 millions et plus. Mais je
vais aller encore plus petit. Regardons les 0,01 %. Je parle des personnes
qui possèdent 500 millions et plus. C'est juste un demi-milliard, c'est à
peu près 400 ménages au Québec.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mme Zaga Mendez : En
allant taxer ces personnes-là, on va chercher quand même un revenu de plus de
1 milliard. Est-ce que ça, c'est une mesure intéressante pour vous?
• (10 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Bien,
si la mesure n'est pas intéressante pour 4 000 personnes, je ne vois
pas pourquoi elle serait intéressante pour 400 personnes. C'est... On a
déjà le gain de capital <dans le régime fiscal...
M. Girard (Groulx) :
...400 personnes.
C'est... On a déjà le gain de capital >dans le régime fiscal. On veut
créer de la richesse et non faire fuir les capitaux. Alors, par exemple, si
dans ces 400 personnes là, là, il y a... Excusez-moi, là...
Mme Zaga Mendez : M. le
ministre, j'aimerais ça... Vous dites qu'on veut créer de la richesse. Est-ce
que vous savez combien de temps ça prend pour une personne au salaire médian
d'accumuler 50 millions de dollars au Québec? Combien de temps ça
prendrait à un travailleur avec un salaire médian d'accumuler 50 millions
au Québec?
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce que votre aspect temporel justifie une double imposition des gains de
capitaux? Je ne crois pas.
Mme Zaga Mendez : Ça
prend 1 300 ans pour quelqu'un à un revenu médian à accumuler plus de
50 millions de dollars.
M. Girard
(Groulx) :
D'accord.
Mais, si…
Mme Zaga Mendez : Ça
fait que, là, quand vous parlez de mobilité puis attirer ces personnes-là, on
parle de... sur 1 300 ans. Les gens qui ont réussi à accumuler ce
type de richesse là, c'est parce qu'ils sont nés, aussi, avec cette richesse-là,
puis il y a quelques années, pour plusieurs cas, ces personnes-là, peut-être. Puis
je vais aller plus petit encore, parlons des milliardaires, ceux qui possèdent
des milliards de dollars. C'est une dizaine de personnes au Québec.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mme Zaga Mendez : Est-ce
que vous trouvez que c'est trop ambitieux d'aller taxer de 2 % la fortune
des milliardaires au Québec pour aller chercher près de 1 milliard de
dollars et nous aider dans nos finances publiques?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Non,
parce que, si... Qui sont ces personnes-là? Par exemple, les fondateurs de
Couche-Tard, les fondateurs de CGI. Est-ce qu'on doit les pénaliser parce
qu'ils sont partis avec une idée, un concept... je ne veux pas dire de rien,
ils sont partis avec leur capital humain, ils ont créé des multinationales qui
ont embauché des milliers d'employés, qui ont fait rayonner le Québec. Ces
employés-là ont payé des impôts sur le revenu. Eux ont payé de la taxe sur la
masse salariale, des impôts corporatifs. Personnellement, ils ont payé les
gains de capitaux. Alors, je ne crois pas qu'une façon de les récompenser, ce serait
d'amener une double imposition sur le capital.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Zaga Mendez : Merci,
M. le ministre. Ces personnes-là sont déjà très bien récompensées. Les
milliardaires ont augmenté de 46 % leur fortune depuis 2019. Dans les
derniers six ans, il y a eu une augmentation de 46 % de la fortune des
milliardaires au Québec. Une imposition de 2 % ne va pas leur faire mal.
En fait, on va continuer... ils vont continuer à faire de l'argent, ils vont
continuer à faire vivre ce fleuron québécois là, vous ne croyez pas?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que des entreprises comme ça, là, si vous prenez le TSX 60
puis vous regardez l'ensemble des compagnies québécoises, là, ça peut être la Banque
Nationale, Metro, AtkinsRéalis et si vous prenez les... ces compagnies-là sont
mobiles. Alors, par exemple, si... notre fiscalité, qui n'est déjà pas
particulièrement compétitive, si on la resserre avec votre proposition, bien,
on risque de provoquer une fuite de capitaux. Or, on veut créer de la richesse
au Québec et non la faire fuir.
Mme Zaga Mendez : Alors,
moi, j'entends, puis je pourrais vous répondre sur les instances de fuite de
capitaux, là. Quand ça s'est fait en Suisse, les capitaux n'ont pas fui, là. La
Suisse a continué à avoir des milliards de dollars en actifs, là, qui se sont
vendus chaque année dans les bourses en Suisse, là. Ces capitaux-là n'ont pas
fui, et la Suisse impose la fortune. Là, ce que je sens, M. le ministre, c'est
que vous nous parlez de la création de richesse. Quand je dis ça, on n'est pas
contre la création de richesse, ce qu'on va chercher, c'est avoir la part de
cette richesse-là à la société québécoise. Puis ma question, ma dernière
question sur ce thème-là, là, est plus philosophique, parce que je sens que,
pour vous, ce que je comprends, c'est qu'il n'y a pas une limite claire jusqu'à
où un être humain peut être plus riche qu'un autre, jusqu'à où un être humain
peut posséder, accumuler la richesse de façon indécente. Est-ce que c'est ça
que vous souhaitez, avoir des Elon Musk, des Jeff Bezos qui aspirent à être
trillionaires ici, au Québec, et qu'on ne mette pas de limite, et qu'on ne va
pas chercher un revenu supplémentaire en taxant ce type de fortune?
M. Girard (Groulx) : M.
le Président, au risque de me répéter, on a déjà l'impôt sur le gain de capital
dans le système fiscal canadien et québécois, et les fortunes auxquelles vous
référez, qui sont principalement aux États-Unis, ce sont des entreprises de
technologies de l'information qui ont révolutionné le monde, hein, si on prend
les fondateurs <de Google, par exemple...
M. Girard (Groulx) :
...le
monde, hein, si on prend les fondateurs >de Google, par exemple. Alors,
dans les faits, on n'a pas de fortune comme ça au Québec, mais on a des succès
exceptionnels au Québec, puis on aimerait en avoir d'autres.
Mme Zaga Mendez : ...ce
que je comprends de vos réponses, c'est que, un, vous niez d'aller chercher
l'argent là où il s'accumule à 46 % depuis cinq, six ans, aucune
imposition supplémentaire. De ce que je comprends de vos réponses, pour vous,
il n'y a pas de limite pour un être humain pour être plus riche que d'autres
personnes avant que ça devienne indécent, il n'y a pas de limite pour ça.
M. Girard (Groulx) : Bien,
lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, le Québec était 16 % moins riche
par habitant que l'Ontario. On devrait toucher 10 % en 2026, c'est un beau
succès, puis on veut continuer, avec ce qu'on a mis en place, le développement
du capital humain, le développement de nos entreprises, la création
d'entreprises championnes qui sont innovantes, qui investissent au Québec.
Alors, la politique que vous proposez serait contre-productive pour ces
ambitions.
Mme Zaga Mendez : Bon,
les ambitions qu'on cherche, nous autres, c'est de redistribuer mieux la
richesse pour que tout le monde devienne plus riche, en fin de compte. Je pense
que c'est comme ça qu'on mesure la richesse plutôt que celle de quelques
individus, parce que, quand je vous parle des milliardaires, c'est une dizaine
d'individus au Québec qui possèdent ce type de richesse là et que certains
d'entre eux peuvent ne pas travailler et ne pas être imposés sur la totalité de
ces actifs. C'est un peu la prochaine question. Il me reste peut-être une
minute?
Le Président (M. Simard) : ...1 min 35 s.
M. Girard (Groulx) : Bien,
M. le Président, je ne les connais pas tous, mais en général c'est des gens qui
travaillent très fort.
Mme Zaga Mendez : Mais
ils pourraient...
Le Président (M. Simard) : Alors,
Mme la députée.
Mme Zaga Mendez : Ce que
je voulais dire, c'est qu'ils pourraient. Je n'ai pas dit qu'ils ne travaillent
pas, ils pourraient, parce qu'on peut faire de l'argent avec l'argent sans
avoir un revenu d'emploi, n'est-ce pas, M. le ministre? On peut investir à
partir de la maison, sur son cellulaire, puis ne pas aller travailler, puis on
peut faire des millions comme ça, n'est-ce pas?
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais c'est une simplification. Dans les faits, ces gens-là ont créé des
entreprises, fait travailler des milliers de personnes et payé de nombreux
impôts et taxes au Québec.
Mme Zaga Mendez : En
fait, ce n'est pas... Ils ont payé des impôts et des taxes, c'est vrai, mais
ils ne sont pas imposés de la même façon. Une personne travaille au Québec,
elle est imposée sur 100 % de son revenu et, si une personne ne fait que
des gains en capitaux, elle est imposée en plus... avec le recul d'Ottawa, là, elle
est imposée à peu près à 53,3 % de son revenu... de son gain en capital.
Le Président (M. Simard) : Alors,
il reste environ 50 secondes. M. le ministre.
Mme Zaga Mendez : Je
vous le donne.
M. Girard (Groulx) : La
députée a raison, M. le Président, le gain de capital n'est pas imposé au même
niveau que l'impôt sur le revenu au Canada et au Québec.
Mme Zaga Mendez : Donc,
c'est-à-dire que, si... une personne qui décide de ne pas travailler et
seulement avoir des entrées d'argent basées sur ses gains en capitaux, elle
n'est pas imposée de la même façon qu'une personne qui travaille à salaire
minimum pour la personne qui est... cette personne-là, au salaire minimum, est
imposée à 100 %. Vous trouvez ça normal, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : De
la façon que le régime fiscal fonctionne, M. le Président, le revenu, les
dividendes et les gains de capital ont tous des taux d'imposition différents,
et il y a toujours des améliorations qui peuvent être faites à la marge, mais
d'amener une double imposition du capital n'est certainement pas une que nous
supportons.
Mme Zaga Mendez : Je
vous remercie.
Le Président (M. Simard) : Alors,
je vous remercie. Je cède à nouveau la parole au député de Marguerite-Bourgeoys,
qui dispose environ de 20 minutes.
• (10 h 30) •
M. Beauchemin : Merci
beaucoup. Merci beaucoup, M. le Président.
Je vais rester sur... Ça m'interpelait
beaucoup, ce qui a été dit, mais je vais rester sur le sujet qu'on discutait
tout à l'heure. Donc, vous parliez, tout à l'heure, M. le ministre, qu'il y a,
dans les mesures fiscales, à peu près 600 millions par année sur les cinq
prochaines années, là, que, grosso modo, là, vous avez faites. Et donc nous, on
avait quand même fait la critique comme quoi qu'on trouvait, comme Standard and
Poor's, que le plan présenté, il n'avait pas d'impact vraiment significatif,
là, pour les deux premières années. Puis, quand on regarde dans la page... je
m'excuse, je n'ai plus mon livre avec moi, là, mais la page spécifique où
est-ce qu'on parle du remaniement dans les dépenses fiscales d'en moyenne 600 millions
par année, bien, pour les deux prochaines années, il n'y a que 300 millions
qui vont être, donc, faits sur un total de 3 milliards. 3 milliards
divisés par cinq, ça fait 600 millions. Mais pour les deux prochaines
années, il n'y a qu'un total de 300 millions. Donc, on fait 10 % de
l'effort avant la prochaine élection puis 90 % de l'effort après la
prochaine élection. Ça fait que... est-ce que vous considérez ça... M. le
ministre, que ça, ça peut être aussi, donc, un des facteurs qui a fait en sorte
que S&P a décidé de, disons, diluer sa perception du plan de retour à
l'équilibre budgétaire du ministre?
M. Girard (Groulx) : Bon,
la réponse est non. Vraiment, ce qui <a amené la décote...
>
10 h 30 (version révisée)
<17929
M. Girard
(Groulx) :
...bon, la réponse est non. Vraiment, ce qui >a
amené la décote, c'est la somme du déficit et du niveau d'infrastructures en
proportion des revenus pour les années 2025‑2026, 2026‑2027 et 2027‑2028. Si on
prend la page F.63 du budget, là, qui montre l'ensemble des mesures
fiscales qui ont été amenées depuis le budget 2024‑2025 — alors, ça
avait commencé avec les crédits d'impôt pour jeux vidéo, effets spéciaux, et
puis après il y a eu le crédit d'impôt prolongation de carrière, il y a eu le
fameux gain de capital du fédéral — bien, on voit, là, que le 2,6 milliards,
il évolue dans le temps.
Là où... L'enjeu, c'est que le gain de
capital, il était effectif en juin 2024, et c'était, évidemment, un gros
morceau. Alors, il y avait immédiatement une ponction fiscale, dès juin 2024,
qui entrait en vigueur, alors d'où... avec le souci de redistribuer les revenus
dans le temps, mais, puisqu'il y avait une ponction qui se faisait au début, on
a structuré ça comme ça.
M. Beauchemin : M. le
Président...
M. Girard (Groulx) : Et
là le fédéral a dit : C'est suspendu jusqu'en 2026...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Girard (Groulx) : ...et,
maintenant, ont dit qu'ils allaient l'éliminer, mais on attend toujours la
législation.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Beauchemin : Mais, quand
vous parlez des dépenses fiscales, ça, ça en faisait partie?
M. Girard (Groulx) : Oui.
C'est à la page F.63.
M. Beauchemin : Quand
on... On est à la page D.4, nous, puis, quand on regarde à la page D.4,
on en arrive avec les mêmes chiffres, là, O.K.? L'année 2025‑2026, c'est 200
quelques millions de dollars...
Une voix : ...
M. Beauchemin : ...270 millions de
dollars. C'est la moitié de votre 300. Donc, il y a encore, ici, si je
comprends bien ce que vous nous dites, là, un effet taxe sur le gain en capital
dans l'année 2025‑2026?
M. Girard (Groulx) : Attendez,
là. O.K., D.4. C'est que ça, c'est seulement les mesures du budget 2025‑2026. C'est
que, lorsque vous regardez D.4 plutôt que F.63, vous n'avez pas les mesures du
budget 2024‑2025 et de la mise à jour de l'automne 2024. Moi, je regarde l'ensemble
de l'examen des dépenses fiscales qui s'est effectué sur trois énoncés
budgétaires. Alors, ça, c'est ce qui se fait au dernier budget. Alors,
effectivement, ici, bien, on pourrait dire que, puisque ça donne 1 milliard
en 2029‑2030, il aurait fallu que ça donne 250 millions, par exemple, en 2025‑2026.
Or, ça marque 32. Mais il faut savoir qu'en 2025‑2026 il y avait du gain de
capital qui a été retiré, suspendu jusqu'en 2026 pour l'instant.
Le Président (M. Simard) : D'accord.
M. Beauchemin : Bien,
quand on regarde cependant la page F... que vous faites référence...
M. Girard (Groulx) : F.63.
M. Beauchemin : ...F.63,
sur 9 milliards, il n'y a, pour 2024‑2025, 2025‑2026, que 1,3, 1,4 milliard.
Donc, encore une fois, ici, on fait comme, quoi, 15 % de l'effort,
incluant, donc, le...
M. Girard (Groulx) : Non,
mais 9 milliards, c'est une somme, là. Vous devez regarder le niveau de 2029‑2030,
de 2,6 milliards.
M. Beauchemin : Je
comprends, mais c'est parce qu'on parle de sommes. Tantôt, là, je n'ai pas le
droit de regarder des sommes. Là, maintenant, je regarde des sommes, il faut
que je regarde de la façon budgétaire annuelle. Ça fait que je...
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Beauchemin : ...je
reviens... J'essaie juste de comprendre, là, la... de faire la suite, là, O.K.?
Dans l'ensemble, dans les sommes, il y a 15 % qui est fait avant la
prochaine élection, 85 % qui est fait après la prochaine élection.
M. Girard (Groulx) : Bien,
je vois ça un peu différemment, c'est-à-dire que le niveau de revenu qu'il est
allé chercher... que nous sommes allés chercher avec l'ensemble des... de l'examen
des dépenses fiscales, c'est 2,6 milliards par année, lorsque toutes les
mesures sont en vigueur. Et donc, si vous divisez deux... par exemple, si je
peux faire un chiffre rond, là, 2,5 milliards par cinq ans, alors il
faudrait que ce soit 500 millions la première année, 1 milliard la
deuxième, 1,5, 2, 2,5.
M. Beauchemin : La
décote de S&P va affecter comment, en termes de coûts de financement, les
municipalités du Québec?
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
que chaque cas est différent, là. Pour l'instant, au niveau de S&P, il n'y
a pas d'impact pour le gouvernement du Québec, il y a... Vous avez mentionné,
tout à l'heure, qu'avant <le budget...
M. Girard (Groulx) :
...au
niveau de S&P, il n'y a pas d'impact pour le gouvernement du Québec. Il y
a... Vous avez mentionné tout à l'heure qu'avant >le budget 2024‑2025 on
transigeait approximativement deux points de base plus serrés et qu'aujourd'hui
on transige un point de base un peu plus... plus large. Il y aura un budget de
l'Ontario la semaine prochaine, je crois, je n'ai aucune information sur le
contenu de ce budget, mais je sais que l'industrie de l'automobile est en
Ontario, je sais qu'ils ont d'importants efforts à faire en infrastructures et
qu'ils font face à la même possibilité de récession que nous. Mais je n'ai pas
de réponse précise, là, sur votre question pour les municipalités.
M. Beauchemin : Peut-on
quand même conclure que leur coût de financement, si, à la marge... Évidemment,
c'est une partie qui est relative, dans le sens que les taux montent, les taux
descendent, O.K., mais l'avantage compétitif qu'on a perdu, est-ce que les
municipalités vont aussi, elles, avoir, de façon relative, perdu un avantage
compétitif pour se financer? Parce qu'elles sont quand même attachées à où
transige Québec, non?
M. Girard (Groulx) : Mais
je n'ai pas vu de... suite à la décote de S&P, je n'ai pas vu de mouvement
sur les municipalités. J'en ai vu sur les universités, hein? J'ai vu qu'il y
avait... que la cote de l'Université McGill n'était pas modifiée, donc pas
d'impact, puis j'ai vu que l'UQAM, elle, avait été décotée. Alors, on peut
penser que l'UQAM aurait un impact similaire à celui du Québec — l'impact,
pour l'instant, est infime ou même nul — et que l'Université McGill,
elle, n'a pas été impactée.
M. Beauchemin : O.K. La
raison pour laquelle j'allais dans cette direction, puis vous allez comprendre
d'où j'arrive, là, c'est la fameuse taxe sur les services publics que vous avez
mentionnée dans votre budget, là, à la page D.31. Il était question, si je
comprends bien, là, de vouloir rendre la TPS plus équitable... et la taxe
foncière. Donc, ici, ce qu'on essaie de faire, c'est trouver une façon, là,
d'aider... si je comprends bien l'objectif, là, d'aider nos municipalités avec
un revenu, là, additionnel. Est-ce que c'est...
M. Girard (Groulx) : Non,
ce n'est pas pour les municipalités, c'est un revenu pour le gouvernement du
Québec.
M. Beauchemin : O.K.,
mais qui n'est pas orienté pour être redistribué aux municipalités?
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Beauchemin : D'accord,
ce n'est pas ça du tout. Bon. Mais, si on regarde bien, le taux va aller
jusqu'à 1,5 % versus ce qui était 0,2 %, si je comprends bien, là,
pour la TPS... pour la taxe — excusez — de services
publics, la TSP, pour Hydro-Québec, par exemple, est-ce que c'est bien ça?
M. Girard (Groulx) : Pas
sur l'ensemble, là, d'Hydro-Québec, là, seulement sur la production.
M. Beauchemin : Sur la
production, c'est ça. Et puis en termes de dollars absolus, ça représente
combien, ça, pour...
M. Girard (Groulx) : Ah!
il faut aller à la page F.63. Et la TSP, alors optimisée, ça, c'est dans «favoriser
le financement des services publics». Je vais vous trouver ça. Attendez, je
vais vous trouver la page exacte. Excusez-moi...
Des voix : ...
M. Girard (Groulx) : «Rétablir
graduellement l'équilibre entre l'impôt foncier et la taxe sur les services
publics», page D.29, ça donne 128 millions en 2029‑2030. D.29.
M. Beauchemin : D.29. O.K.
Puis, quand on regarde ça, année, là, après année, pour la suite des choses, là,
nous, on a entendu des producteurs privés locaux, là, d'électricité qui...
M. Girard (Groulx) : D'énergie
renouvelable, oui.
M. Beauchemin : ...d'énergie
renouvelable qui...
M. Girard (Groulx) : ...principalement
le secteur des éoliennes.
M. Beauchemin : ...exact,
qui... pour eux, c'est un frein à... dans leur modèle d'affaires. Est-ce que
ça, ça a été considéré de la part du ministre ou, en fait, du gouvernement dans
son ensemble, étant donné notre besoin en énergie?
• (10 h 40) •
M. Girard (Groulx) : Mais,
comme vous le savez, l'examen des dépenses fiscales concernait spécifiquement
120 mesures sur une période d'un an, et puis on a pris des décisions. Par
exemple, au budget 2024‑2025, il y a eu des <resserrements...
M. Girard (Groulx) :
...sur
une période d'un an, et puis on a pris des décisions. Par exemple, au budget 2024-2025,
il y a eu des >resserrements puis, par exemple, l'industrie des effets
spéciaux a fait des revendications après ce budget. Alors, lorsqu'il y a des...
On a écouté puis on a décidé de ne pas faire de changements, O.K.?
Là, dans le cadre de la taxe sur les
services publics, les producteurs d'énergie éolienne se sont tournés vers nous
pour nous communiquer des impacts importants, faire des revendications, nous
expliquer leur point de vue. Alors, on rencontre ces gens-là, on écoute, et on
réfléchit à ça, là. On est sensibles aux impacts des gestes qu'on fait. Et là
les producteurs d'énergie renouvelable ont des revendications, on les écoute
puis on réfléchit à ça.
M. Beauchemin : O.K.
Donc, je comprends la...
M. Girard (Groulx) : Le
processus, là...
M. Beauchemin : Je
comprends. Je comprends la réponse complète, là...
M. Girard (Groulx) : Mais
c'est parce qu'on...
M. Beauchemin : ...mais
c'est un frein, quand même, au développement, d'une certaine façon, parce qu'en
agissant de la sorte on se trouve à réduire le rendement de ces projets-là, si
je comprends bien. Donc, il y a des menaces de manque de production qui vont se
faire?
M. Girard (Groulx) : Bien,
je ne dirais pas que c'est des menaces, là, je pense que l'introduction d'une
taxe sur les services publics a un impact réel sur la rentabilité des projets.
Et là, comme je vous ai parlé, il y a eu plus de 120 mesures qui ont été
étudiées. Là, il y a du... je vais appeler ça du feed-back, sur cette mesure-là
en particulier, il y a des commentaires qui nous qui nous reviennent, puis on
les étudie avec beaucoup d'attention.
M. Beauchemin : Puis,
quand l'impact était considéré jusqu'à la fin 2029‑2030, là, si je comprends
bien, dans votre budget, je parle, de façon isolée, l'impact est calculé
jusqu'à... en 2035, si j'ai bien compris.
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien, c'est une mesure qu'on a voulue... ce qu'on aurait fait sur cinq ans
normalement, on a voulu tenir compte du fait que ce taux-là, il n'avait pas
bougé depuis de nombreuses années, on a fait ça sur 10 ans. Alors, c'est
un désir d'adoucir l'introduction de la taxe sur... la hausse de la taxe sur
les services publics, mais, clairement, ce désir de faire ça doucement sur
10 ans n'est pas suffisant pour les gens dont on parle.
M. Beauchemin : Et puis,
en bout de piste, là, ça va se trouver à être quand même des centaines de
millions de dollars de plus, là. Qui va se trouver à payer la note,
indirectement, quand on parle d'Hydro-Québec, ici, spécifiquement? Parce que
les taux vont rester fixes à 3 %, si on comprend bien les intentions, là,
du premier ministre, donc ça va être nos PME?
M. Girard (Groulx) : Mais,
dans... Là, je n'ai pas participé à toutes les rencontres, là, mais j'ai quand
même eu des bons sommaires des professionnels qui étudient ce dossier, les
actionnaires de ces projets-là semblent être ceux qui verraient leur rendement
sur actif diminuer significativement.
M. Beauchemin : Mais
pas... ça n'affectera pas Hydro-Québec directement?
M. Girard (Groulx) : Il
peut y avoir un impact, mais, comme... mais c'est marginal. Ce n'est pas ça, la
principale revendication que nous recevons. Ce qu'on reçoit comme
revendication, c'est sur la rentabilité des projets d'énergies renouvelables
existants.
M. Beauchemin : O.K.
Hier, après avoir discuté avec Jon Voight, là, le président américain a décidé
de taxer 100 %, là, des films étrangers. En ce qui nous concerne, nous, on
a de l'aide à l'industrie, comme on discutait tout à l'heure, là, pour les
effets spéciaux, etc.
M. Girard (Groulx) : Et,
la production cinématographique étrangère, là, on a un crédit d'impôt qui a été
bonifié au dernier budget.
M. Beauchemin : Exact.
Qu'est-ce que vous pensez que ça va être, la conséquence d'une taxe de
100 % sur les films faits au Québec?
M. Girard (Groulx) : C'est-à-dire
qu'une des difficultés avec la nouvelle administration américaine c'est de
savoir exactement ce qu'ils font, O.K.? Alors là, il y a eu comme une
expression d'intérêt à taxer tout contenu étranger de l'industrie cinématographique.
Et évidemment que Vancouver, Montréal et Toronto seraient grandement <affectés...
M. Girard (Groulx) :
...de
l'industrie cinématographique. Et évidemment que Vancouver, Montréal et Toronto
seraient grandement >affectés. Alors là, il faudra voir l'application de
cette déclaration, parce que, des fois, il y a une déclaration puis, 48 heures
plus tard, il y en a une autre. Alors, nous, on a besoin de législation fiscale
pour... Mais il n'y a rien de positif là-dedans, je suis d'accord avec vous,
mais il n'y a pas eu de politique publique, ou de décret, ou de... qui ont été
mis en place. Il y a eu une intention qu'il y aurait des impacts importants sur
l'industrie, notamment au Canada, mais partout dans le monde.
M. Beauchemin : Question
un peu, peut-être, large, ici, là, mais que vaut, en absolu, en dollars, Hydro-Québec,
selon votre estimé à vous?
M. Girard (Groulx) : Ah!
je n'ai pas d'estimé là-dessus, là, ça fait quand même un bout de temps que je
n'ai pas regardé ça. L'ordre de grandeur, là, c'était en centaines de
milliards. Il faudrait que je regarde, là, brut ou net, là, mais ça fait un
bout de temps que je n'ai pas regardé ça. Quel est le but de votre question?
M. Beauchemin : Bien, de
savoir, évidemment, là, tu sais, si on se trouve à avoir des financements qu'on
va avoir à faire. On a maintenant, autant Hydro-Québec que la province de
Québec, eu à être décotés, là, par S&P. L'avantage compétitif relatif par
rapport à l'Ontario, qui, là... Je le sais, on attend le budget, là, de
l'Ontario, etc., et tout, là, j'essaie juste de me faire une idée sur les
fameux 185 milliards de plus qu'on va financer, en quoi est-ce que ça va
affecter la rentabilité, juste pour... La base de la question, en fait, est un
début d'un cheminement dans ma tête à savoir que vaut, aujourd'hui, là, en
dollars d'aujourd'hui, net, Hydro-Québec. Est-ce que ce serait possible, peut-être,
d'avoir la réponse plus tard?
M. Girard (Groulx) : Bien,
à ma connaissance, il n'y a pas de chiffres publics qui circulent, alors la
réponse, c'est non, mais je peux vous donner une réponse quant aux programmes
de financement. Alors, Hydro-Québec parle d'un programme de financement de
l'ordre de 135 milliards sur 10 ans, hein, puis là il y a différents
chiffres, 12 ans, 10 ans, mais faisons ça simple, disons 150 milliards
sur 10 ans, donc, pourrait faire jusqu'à 15 milliards de financement
par année, M. le Président. Et actuellement ils font cinq, alors il est
possible qu'entre aujourd'hui et dans 10 ans, leur programme de
financement annuel pourrait tripler, passant de cinq à 15. Et je rappelle que
le programme du gouvernement du Québec est de l'ordre de 30.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député, il vous reste 1 min 20 s.
M. Beauchemin : O.K. Je
veux encore revenir sur la question vraiment spécifique de la valorisation de
l'entreprise qu'est Hydro-Québec. Je suis quand même surpris... C'est un actif...
l'actif le plus important, là, que nous détenons tous de façon directe. Je suis
surpris qu'on n'ait même pas une idée approximative de la valeur de
l'entreprise nette, de sa dette. Est-ce que c'est quelque chose qui vous
surprend, peut-être? Je ne sais pas, moi... pour moi, c'est comme... je me dis :
Bien, moi, si je serais gestionnaire, là, du Québec, j'aurais besoin de savoir
combien vaut mes actifs pour avoir une idée de quelle est ma capacité. Il me semble
que je devrais savoir combien vaut Hydro-Québec.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est une question que j'ai déjà regardée dans les sept dernières années, là,
mais, à ce que je sache, ce n'est pas une donnée publique qui est publiée par Hydro-Québec
elle-même ou le ministère de l'Économie. Et Hydro-Québec n'est pas à vendre,
alors il n'y a pas de processus d'évaluation externe.
M. Beauchemin : Ce n'est
pas pour une question de vente, c'est juste pour une question de savoir
qu'est-ce que ça vaut. C'est quand même un joyau des Québécois. La dernière
fois que vous l'aviez regardé, ça valait combien, à peu près?
M. Girard (Groulx) : Mais
je vous ai donné l'ordre de grandeur, là, c'était...
M. Beauchemin : Des
centaines de milliards, mais, comme... deux centaines, trois centaines?
M. Girard (Groulx) : De
souvenir, là, l'ordre de grandeur, c'était une centaine de milliards.
M. Beauchemin : Ah! une
centaine de milliards.
M. Girard (Groulx) : Une.
Une.
M. Beauchemin : O.K.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci beaucoup à vous deux, chers collègues.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est vraiment un souvenir, là, d'ordre de grandeur.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre, le temps est révolu.
Alors, sur ce, suite à une entente entre
les parties, je cède la parole au député de Beauce-Sud, qui dispose de 11 min 39 s.
• (10 h 50) •
M. Poulin : Merci
beaucoup, M. le Président. Salutations aux collègues, évidemment. Salutations
au ministre et aux gens qui vous accompagnent.
Un volet qui est aussi ultra-important, et
nos collègues de Québec solidaire l'ont effleuré il y a quelques minutes, c'est
la fameuse colonne des revenus. Moi, je crois foncièrement que ça en prend, des
gens, au Québec, qui font 100 000 $ et plus et beaucoup plus, parce
qu'ils <collaborent, évidemment...
M. Poulin :
...que
ça en prend, des gens, au Québec, qui font 100 000 $ et plus et
beaucoup plus, parce qu'ils >collaborent, évidemment à payer de l'impôt,
à nos programmes sociaux, ils collaborent à notre économie, ils collaborent à
faire en sorte également qu'on puisse maintenir un tissu social au Québec qui
fait l'envie de bien des gens, notamment aux États-Unis. Alors, on a besoin de
ces gens-là qui gagnent des revenus qui sont considérables.
Il n'en demeure pas moins, M. le ministre,
que la classe moyenne, ce sont des mots qu'on se doit d'être obsédés lorsqu'on
est en politique, notamment chez nous, où on a toujours dit que la classe
moyenne devait être considérée, devait être mise de l'avant. Vous n'êtes pas
sans savoir que le coût de la vie a aussi affecté les Québécois au cours des
dernières années. À l'épicerie, c'est plus difficile. Il y a le prix de
l'essence, pour lequel nous allons abolir le prix plancher pour amener une
compétition dans ce secteur-là. On est venu plafonner à 3 % les hausses de
tarifs d'électricité. Mais il n'en demeure pas moins qu'avec les taux
d'intérêt, avec l'incertitude économique mondiale, il y a eu une pression qui a
été faite sur les ménages.
Il y a un choix qui a été fait dans les
dernières années, c'est de s'assurer de garder le fardeau fiscal des Québécois
le plus bas possible. Le Parti québécois s'oppose à des baisses d'impôt. «Over
my dead body», ils n'en veulent pas. Ils nous ont même ridiculisés à plusieurs
reprises lorsqu'on est venu baisser les impôts. Et, pour les autres formations
politiques, ce n'est pas encore clair s'ils sont en accord avec ces baisses
d'impôt là.
Maintenant, quand on est ministre des
Finances, on n'a pas le choix, à l'intérieur du budget, de regarder cette
colonne des revenus là. Donc, j'aimerais vous entendre sur, un, pourquoi nous
avons tout de même décidé de continuer à garder un fardeau fiscal bas. Ça s'ajoute,
évidemment, au tarif en matière de services de garde, hein, souvenez-vous, qui
était à 20 $ par jour sous le gouvernement du Parti libéral, on l'a ramené
à un tarif à contribution réduite en plus de développer des nouvelles places en
services de garde, en plus de s'assurer qu'on puisse, dans toutes les régions
du Québec, augmenter notre présence en CPE, en milieu familial et avec des
nouveaux types de services de garde. On a réduit les tarifs de stationnement à
l'hôpital, on les a mis gratuits pour les deux premières heures. On est venu
également plafonner le permis de conduire à 25 $, hein? On n'en parle pas
assez, mais, si vous n'avez pas de points d'inaptitude, c'est 25 $, le
permis de conduire. Ce sont des ajouts qui sont importants, comparativement à
ce qu'on voyait avant.
Alors, ma question peut être assez
paradoxale, elle ne traduit pas mon opinion, mais, pour certaines formations
politiques qui voudraient que vous haussiez les impôts, pourquoi ne pas l'avoir
fait?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mais d'abord il faut se rappeler l'élection de 2022, trois partis proposaient
des baisses d'impôt et deux, des hausses. Alors, les Québécois avaient quand
même un éventail de propositions. Et évidemment les gens votent pour toutes
sortes de motivations, là, la fiscalité n'est pas l'unique motivation d'un
voteur ou d'une personne qui vote, mais on peut certainement dire que les
partis qui proposaient des baisses d'impôt ont recueilli 70 % des voix et
ceux qui proposaient des hausses, 30 %. Puis il y avait un parti, qui
n'est pas représenté à l'Assemblée nationale aujourd'hui, qui proposait des
baisses d'impôt extrêmement importantes associées avec des coupures, dans la
taille de l'État, gigantesques. Il y avait l'opposition officielle qui
proposait des baisses d'impôt plus importantes, et puis nous qui avaient une
position modérée, c'est-à-dire que les baisses d'impôt étaient étalées dans le
temps et qu'on voulait baisser le premier taux et le deuxième taux, parce
qu'évidemment, le premier taux, tout le monde le paie, plus de 4,8 millions
de personnes paient ce taux. D'ailleurs, je remarque que les deux principaux
partis fédéraux, qui ont recueilli plus de 80 % des voix, je pense, au
Canada... oui, oui, je crois, plus de 80 % des voix, en fait, 43 %
plus 41 %, 84 %, ces partis-là proposaient de baisser le premier
taux, hein? Alors, c'est... le premier taux, il y a vraiment l'avantage que
tout le monde le paie.
Et donc nous, on a fait plusieurs mesures,
certaines ponctuelles, parce qu'on a vécu une période d'inflation extrêmement
élevée en 2022, l'inflation a touché 8,6 % au Québec au mois d'août 2022,
puis on a fait des mesures ponctuelles, on a aussi plafonné les tarifs, on a
aussi introduit le 2 000 $ pour les aînés, dans notre cas, à faibles
revenus, l'opposition officielle proposait pour tout le monde durant <la
campagne électorale...
M. Girard (Groulx) :
...pour
les aînés, dans notre cas, à faibles revenus, l'opposition officielle proposait
pour tout le monde durant >la campagne électorale. Et, lorsqu'on regarde
l'ensemble de ce qu'on a fait... Parce qu'il faut comprendre notre point de
départ. M. le Président, nous sommes l'endroit en Amérique du Nord où le fardeau
fiscal est le plus élevé. Et là, nous, on a réduit le fardeau fiscal depuis
sept ans pour... notamment pour se rapprocher de l'Ontario. Et, lorsqu'on
regarde une mesure que les économistes utilisent, le revenu réel disponible,
donc le revenu réel après inflation, il a crû, depuis 2018, de 6,6 % au
Québec et, en moyenne, au Canada, c'est 4 %. Donc, en moyenne, pour les
six dernières années — parce que les chiffres s'arrêtent à 2023, on
n'a pas les statistiques fiscales jusqu'à 2024 — le Québec a mieux
protégé le pouvoir d'achat de ses citoyens dans les hauts et les bas de la
pandémie, l'inflation, et c'est en raison de nos politiques.
M. Poulin : Est-ce que
les agences de notation prennent en compte ces éléments-là, dans la mesure où
il y a davantage d'argent en circulation, donc les gens sont moins imposés,
moins taxés par le gouvernement, il leur reste davantage de sommes dans leur
portefeuille? Est-ce que, pour eux, c'est une notion qui est analysée ou pas du
tout, ils se fient seulement aux paramètres budgétaires d'un gouvernement à
long terme?
M. Girard (Groulx) : Bon,
j'ai... C'est intéressant comme question. Les agences de notation, ils ont des
ratios financiers qui visent à informer les détenteurs de dettes. Alors, toute
mesure qui augmente les dépenses ou baisse les revenus est vue avec un certain
scepticisme. Maintenant, une fois qu'il y a des... Il y a aussi des facteurs
généraux, holistiques. C'est certain que, si vous avez plus de croissance
économique, plus d'offre de travail induite par une baisse d'impôt sur le
revenu, bien, ça, c'est positif, mais c'est un effet secondaire. L'effet induit
sur l'économie, c'est un effet secondaire. L'effet primaire ou l'effet
principal, si vous baissez les impôts, vous avez moins de revenus, puis en
général les agences de notation préfèrent avoir plus de revenus que moins.
M. Poulin : D'accord.
Parlons de politique fédérale, on l'a effleuré, le gouvernement qui sera formé
d'ici la fin du mois, nouveau ministre des Finances ou M. Champagne qui
sera reconfirmé dans ses fonctions, quels seront les premiers sujets que nous
allons aborder avec eux? Tout d'abord, évidemment, il y a l'enjeu des
infrastructures qui est ultra, ultra important, ne serait-ce que pour appuyer
le gouvernement du Québec dans son Plan québécois des infrastructures.
J'aimerais qu'on parle de santé aussi.
Quelles sont nos attentes envers eux? Il y a eu des ententes, dans le passé,
qui ont été bonnes pour le Québec. Maintenant, comment on va se gouverner avec
eux dans les prochaines années?
Et puis ça m'amène à parler aussi de la
notion tarifaire. Vous savez, je représente une région qui est fortement
impactée par les tarifs. Nous avons des dizaines et dizaines d'entreprises qui
sont en travail partagé, alors, s'il n'y était pas de ce programme-là du
gouvernement fédéral, nous serions dans des mises à pied importantes partout
dans la région. Il y a également les contre-tarifs du gouvernement fédéral qui
font extrêmement mal à nos entreprises, présentement, sur les
approvisionnements, notamment de matières premières. Alors, pour plusieurs, il
y a des contrats qui sont signés, présentement, et ils se font tarifer des
500 000 $, des 100 000 $ sur des factures, et même des plus
petites, petites et moyennes entreprises, sur des 10 000 $ et 15 000 $.
Alors, moi, je vous le dis, M. le ministre, il sera aussi extrêmement important
de traiter de la liste des contre-tarifs avec le nouveau ministre des Finances,
parce que, présentement, on se fait plus mal qu'on se fait du bien avec cette
liste-là. Et évidemment que, dans les prochaines minutes, on en saura peut-être
davantage sur la relation entre le Canada et les États-Unis, mais, à moyen, long
terme, est-ce que vous comptez également mettre de l'avant cet enjeu des contre-tarifs
en... avec le nouveau ministre des Finances ou avec vos collègues du
gouvernement fédéral?
M. Girard (Groulx) : Le
premier ministre a déjà eu cette discussion avec le nouveau premier ministre du
Canada. Le ministère de l'Économie révise la liste des contre-tarifs produit
par produit, puis c'est certain... puis je pense que le premier ministre Carney
l'a dit assez explicitement, là, l'objectif des contre-tarifs est de maximiser
l'impact sur les Américains et de minimiser l'impact au Canada ou au Québec.
Alors, c'est une considération qui a été soulevée par le premier ministre du
Québec, mais qui est également bien entendue par le premier ministre du Canada
et son équipe.
• (11 heures) •
M. Poulin : Au niveau des
autres sujets, infrastructures, santé, avec le fédéral, c'est les <deux
priorités...
>
11 h (version révisée)
<17929
M. Girard
(Groulx) :
...et son équipe.
M. Poulin :
Au
niveau des autres sujets, infrastructures, santé, avec le fédéral, c'est les >deux
priorités?
M. Girard (Groulx) : Au
niveau des infrastructures, bon... puis c'est extrêmement important, hein, parce
qu'il y a une espèce de contrat social, au Canada, que les infrastructures
publiques sont financées à 40 % par le gouvernement fédéral, 40 % par
le gouvernement du Québec et 20 % par les municipalités ou les sociétés de
transport, Mme la Présidente, alors 40-40-20. Et là, si on regarde deux projets
dans lesquels le fédéral est impliqué... parce que le fédéral ne s'implique pas
dans les infrastructures en santé et les écoles puis le gouvernement précédent
ne voulait pas faire de routes, alors ça réduit le champ d'action. Alors, d'une
part, leur programme est expiré depuis 2023. D'autre part, dans deux projets
qui sont directement dans leurs préoccupations, le transport en commun, la
ligne bleue, ils sont à 26 %, puis le tramway, ils sont à 19 %. Et ce
sont des projets d'approximativement 7 milliards de dollars, alors
vous comprenez que, s'il manque 15 % puis 20 % de 7 milliards de
dollars... on parle de plusieurs milliards de dollars. Et, si seulement ces
deux projets-là...
La Présidente (Mme Mallette) :
Merci, c'est tout...
M. Girard (Groulx) : ...étaient
financés à 40 % par le gouvernement fédéral, on n'aurait même pas été
décotés, M. le Président.
La Présidente (Mme Mallette) :
Merci. C'est tout le temps que nous avons.
Maintenant, la parole est au député de
Saint-Jérôme pour 1 min 18 s.
M. Chassin :Merci. Bonjour. Dans la révision des dépenses fiscales, je
crois que vous n'avez pas touché au crédit d'impôt pour fonds de travailleurs.
Il y a une analyse menée par le Centre sur la productivité et la prospérité des
HEC à la demande du ministère des Finances qui dit que c'est difficilement
justifiable de maintenir ces impôts-là dans l'état. Pourquoi ne pas y avoir
touché?
M. Girard (Groulx) : Dans
les faits, lorsqu'on lit l'étude au complet, Mme la Présidente, on remarque que
la Chaire en fiscalité souligne que les mesures que nous avons... que nous
avions mises en place pour restreindre l'accès aux gens qui ont un revenu
supérieur à la dernière tranche de revenus sont des bonnes mesures, et nous, on
les a suspendues pour trois ans pour accroître l'offre de logement. Mais ces
mesures-là vont entrer en vigueur dans trois ans, il y aura donc un
resserrement.
M. Chassin :...mais ce que Robert Gagné dit, essentiellement, c'est :
On ne récupère pas du tout les recettes fiscales. C'est quand même une somme
importante.
M. Girard (Groulx) : Mme
la Présidente, je pense que ce qu'on propose, ce serait de réduire le crédit d'impôt
pour les fonds de travailleurs. C'est une option qui a été analysée, mais que
nous n'avons pas retenue, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Mallette) :
Merci. C'est tout le temps que nous avions.
Je vais maintenant céder la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys. La parole est à vous pour 20 min 35 s.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Je veux juste vous amener sur la SQDC,
rapidement. Dans le budget de 2024‑2025, le gouvernement avait demandé aux
sociétés d'État d'avoir une stratégie, là, pour réduire les coûts puis
augmenter les revenus. La situation actuelle fait en sorte que la consommation
de cannabis ne passe pas tellement par la consommation conventionnelle, ce que
je me fais dire, mais plutôt par le vapotage et les produits alimentaires. C'est
quoi, la stratégie que la SQDC met en place afin de répondre à la performance
qui lui est demandée par le ministère des Finances?
M. Girard (Groulx) : Bien,
la SQDC, qui, je crois, sera avec nous dans les prochaines heures, a indiqué,
après des travaux avec... bien, pas spécifiquement, mais ils seront ici, si on
avait des questions pour eux, là, ils ont indiqué qu'après des travaux avec la Santé
publique, puisque le cannabis qui est vapoté est la même substance que le
cannabis qui est fumé, on parle donc du même produit avec la même homologation
de Santé Canada... ils ont indiqué que le Québec offrira des produits de
vapotage avec le cannabis, lorsqu'on sera prêt, en succursale, à offrir un
parcours sécuritaire avec l'éducation appropriée. Alors, vous avez raison qu'une
part... vous avez raison qu'il y a une consommation de cannabis qui se fait par
vapotage et qu'on n'offre pas ce produit, mais ce sera modifié. Nous serons, à
ce moment-là, la dernière province à offrir ce produit. Il y a peut-être
Terre-Neuve qui ne l'a pas <encore, là, aussi...
M. Girard (Groulx) :
...dernière province à offrir ce produit. Il y a peut-être Terre-Neuve qui ne
l'a pas >encore, là, aussi.
M. Beauchemin : Puis,
dans nos sociétés d'État, combien prévoit-elle être capable de livrer, en
termes de bénéfices supplémentaires et/ou réduction de coûts? L'exercice que
vous avez fait, là, la conclusion, c'est quoi?
M. Girard (Groulx) :
Bien, excusez-moi, est-ce qu'on parle spécifiquement de la SQDC ou de
l'ensemble?
M. Beauchemin : La SQDC
et l'ensemble, en termes de dollars absolus.
M. Girard (Groulx) :
Alors, l'ensemble, c'est la page F.62, on demande 400 millions en 2029‑2030,
et puis on y va 100, 200, 300, 400 étalés sur cinq ans, la SQDC fait partie de
cela. Et, dans le cas de la SQDC, bien, comme c'est une nouvelle entreprise
extrêmement agile avec... Vous savez, au niveau de la SQDC, ils ne sont pas
propriétaires de l'inventaire tant qu'il n'est pas livré sur les sites, alors
il n'y a pas tant de coupures de coûts possibles. C'est un réseau qui est
nouveau, en expansion. C'est plutôt au niveau des revenus que la SQDC va faire
une contribution, et évidemment de capter une part du marché noir lié au
vapotage du cannabis va augmenter les revenus.
M. Beauchemin : D'accord.
Je veux vous amener sur un autre sujet. En 2017, il y avait un monsieur qui
s'appelait Yan Ouellet qui était sur le radar de l'Autorité des marchés
financiers. Il a publiquement... il a été publiquement nommé pour des activités
liées à PlexCoin, une cryptomonnaie avec laquelle il a été suspect d'avoir
floué environ 15 000 investisseurs. Le Tribunal administratif des
marchés financiers a même émis une ordonnance en 2018 pour bloquer, là, ses
actifs. Il y a eu une enquête de l'AMF sur le sujet. Est-ce que vous seriez
capable de nous faire une petite mise à jour sur qu'est-ce qu'il en était de
cette situation-là?
M. Girard (Groulx) :
Bien, si vous permettez, M. le Président, nous avons le P.D.G. de l'AMF avec
nous, ce sera peut-être plus simple pour lui de répondre. Sinon, moi, je vais
répondre que c'est un dossier pour lequel je n'ai pas d'information. Alors,
libre à vous.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, y aurait-il consentement à cet effet, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys? Il y a consentement.
Alors, monsieur, le temps que vous
puissiez vous joindre à nous, auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter,
s'il vous plaît?
M. Ouellet (Yves)
:
Bonjour. Yves Ouellet, président de l'Autorité des marchés financiers.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous vous écoutons, monsieur.
M. Ouellet (Yves)
:
Alors, le cas auquel le député fait référence, c'est M. Yan Ouellet, qui
était effectivement impliqué dans le dossier de ce qu'on appelait le dossier
PlexCoin, qui avait été un lancement d'une cryptomonnaie. C'est un dossier qui
a été... pardon, qui était judiciarisé, avec des poursuites qui ont été
déposées à l'égard de M. Dominic Lacroix, lequel a été condamné à
42 mois d'emprisonnement et de 150 000 $ d'amende. Pour
M. Yan Ouellet, le 15 avril 2024, la cour a entériné une suggestion
commune des deux parties pour une amende de 400 000 $.
Le Président (M. Simard) :
M. le député.
M. Beauchemin : Merci. Donc,
l'AMF a donné une sanction, là, au monsieur. Le même monsieur, cependant,
semble travailler au ministère de monsieur... du ministre Caire — excusez,
je... je ne sais plus comment qu'on peut le nommer, maintenant — l'ancien
ministre de la Cybersécurité. Est-ce que c'est normal que ce soit ainsi?
Le Président (M. Simard) :
Alors, votre question s'adresse à qui, cher collègue?
M. Beauchemin : Bien, au
ministre, là.
Le Président (M. Simard) :
Au ministre. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) :
Bien, je n'ai pas d'information sur ce dossier. Est-ce que, M. Ouellet,
vous voulez compléter?
Le Président (M. Simard) :
Alors, M. Ouellet.
M. Ouellet (Yves)
:
Bien, ce qu'on peut ajouter, nous, on regarde les faits, puis c'est les faits
qui font l'objet de nos analyses. Puis l'endroit où les individus travaillent,
ce n'est pas pertinent dans le cadre de nos analyses.
M. Beauchemin : Est-ce
que l'AMF a informé, comme, quand le monsieur est allé, comme, postuler pour
travailler puis finalement a été accepté, là, dans le ministère de la
Cybersécurité? Est-ce que l'AMF a eu la responsabilité de mettre à jour les
connaissances du ministère de la Cybersécurité?
M. Ouellet (Yves)
:
Nous, on n'a pas la responsabilité de faire les enquêtes de sécurité lorsqu'il
y a des embauches.
M. Beauchemin : O.K.
M. Ouellet (Yves)
:
Nous, ce qu'on a fait, c'est les procédures devant les tribunaux.
• (11 h 10) •
M. Beauchemin : Est-ce
que c'est normal, selon vous, M. le ministre, qu'une enquête n'aurait pas été
faite à savoir si le monsieur en question avait un <dossier...
M. Beauchemin : ...qu'une
enquête n'aurait pas été faite à savoir si le monsieur en question avait un >dossier?
M. Girard (Groulx) : Bien,
ça m'apparaît anormal, mais je n'ai absolument aucune connaissance du dossier
spécifique auquel vous référez.
M. Beauchemin : O.K.
C'est tout de même intéressant. Je voulais juste pointer sur le fait que c'est
quand même... À l'intérieur du ministère de la Cybersécurité, il y a quand même
eu un... des dépassements de coûts énormes sur le projet qu'on connaît tous,
là, de SAAQclic. Est-ce que je fais le lien? Non, je ne le fais pas. Je ne sais
pas quel dossier, spécifiquement, là, M. Ouellet faisait à l'intérieur. Mais
je trouve ça quand même intéressant que l'AMF, qui avait l'information... Est-ce
que son rôle est de divulguer l'information, ou elle le garde pour elle-même,
au niveau de l'individu? Divulguer à l'intérieur de la machine gouvernementale,
je parle.
M. Girard (Groulx) : La
responsabilité pour l'embauche des hauts fonctionnaires, c'est... revient aux
Emplois supérieurs et non à l'AMF. Puis ensuite...
M. Beauchemin : Mais y
a-tu une conversation entre les Emplois supérieurs puis l'AMF quand quelqu'un
qui est reconnu criminellement responsable, maintenant, fait partie du
ministère de la Cybersécurité? Il y a-tu comme un... il n'y a pas une
responsabilité, là, d'avertir : Voici les personnes que vous ne devriez
pas engager?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, lorsqu'un ministère fait des embauches, il y a des
vérifications quant aux antécédents, puis, lorsque c'est un emploi supérieur,
bien, les Emplois supérieurs sont impliqués. Mais, encore une fois, M. le
Président, je regrette de vous informer que je n'ai absolument aucune
information sur ce dossier.
M. Beauchemin : O.K.
Mais le rôle de l'AMF, lorsque quelqu'un a travaillé pour l'AMF, une fois que
la personne a été rejetée, il y a-tu comme une banque de données quelque part,
où est-ce qu'on dit : Bon, O.K., cet employé-là, c'est criminellement
responsable, on ne devrait pas...
M. Girard (Groulx) : M.
le Président, cette personne-là n'a pas travaillé pour l'AMF, là.
M. Beauchemin : ...excusez,
excusez-moi, oui, il était fiché.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. Ouellet. M. Ouellet.
M. Ouellet
(Yves) :Oui, il a fait l'objet d'amendes
et d'accusations. Il n'a pas travaillé pour l'Autorité des marchés financiers.
M. Beauchemin : Non, non, mais
une fois que ça, c'est établi, il n'y a pas... c'est quoi... Une fois que vous
avez ces informations-là, une fois que c'est fait, vous le gardez, puis «that's
it»?
M. Ouellet
(Yves) :Non. L'information est publique
puis elle est à la disposition de tous les employeurs pour en disposer.
M. Beauchemin : O.K.,
d'accord. C'est beau.
Le Président (M. Simard) : Alors,
M. le député.
M. Beauchemin : Bien, je
voulais faire le lien là-dessus parce que je voulais, comme, quand même qu'on
puisse avoir une idée des processus pour faire avancer de l'information, là,
entre les sociétés d'État et le gouvernement.
Je veux revenir sur le différentiel de
revenus. Est-ce que... Dans la demande que vous aviez faite, M. le ministre,
pour améliorer la performance au niveau des dépenses des sociétés d'État et/ou
les revenus, est-ce que, majoritairement, ça a plus bougé en termes de
réduction des dépenses ou ça a plus bougé en termes d'augmentation des revenus?
M. Girard (Groulx) : Je
dirais que, pour l'ensemble des sociétés d'État, c'est un heureux mélange des
deux. Mais, si on prend, par exemple, la société dont on parlait tout à
l'heure, la Société québécoise du cannabis, bien, c'est certain que, dans ce
cas-là, il y a un marché noir à capter, ça fait partie de la mission de la SQDC
de capter le marché noir de la consommation du cannabis, et, dans ce cas-là,
c'est plus les revenus. Mais, si on prend, par exemple, la SAQ, où il n'y a pas
de croissance de la demande, bien, ça devrait être fait plus au niveau des
coûts. Ça fait que c'est... lorsqu'on fait des demandes comme ça de trouver
400 millions en 2029‑2030, on travaille avec les sociétés d'État,
c'est-à-dire le conseil d'administration, la direction, les plans stratégiques,
et il y a toute une réflexion professionnelle qui est faite autour de cela.
M. Beauchemin : O.K.
Est-ce que... Combien de temps qu'il me reste, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 9 min 15 s.
M. Beauchemin : Parfait.
Est-ce que le processus de vouloir tout le temps optimiser autant les dépenses
puis augmenter les revenus, c'est maintenant... de façon récurrente, ça va être
demandé aux sociétés d'État, année après année, de faire en sorte qu'elles
puissent améliorer leurs performances avec des nouveaux outils?
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : C'est
quoi, le...
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que ça fait sept ans que je suis en poste, alors j'ai le bénéfice
d'une certaine continuité. J'ai 11 organismes sous moi, dont trois
sociétés d'État <à vocation...
M. Girard (Groulx) :
...certaine
continuité. J'ai 11 organismes sous moi, dont trois sociétés d'État >à
vocation commerciale — la SQDC, la SAQ et Loto-Québec — et
c'est certain que, lorsqu'on regarde le plan stratégique, on veut voir une
croissance des revenus qui est supérieure à la croissance des dépenses. Et
nécessairement, lorsqu'on fait face à une situation où il n'y a pas de
croissance des revenus, ça veut dire qu'il doit y avoir une gestion extrêmement
serrée des dépenses.
M. Beauchemin : Est-ce
que les objectifs sont quantifiés pour les années à suivre? Est-ce que c'est...
vraiment, le plan de match, les commandes, si on peut dire, ont été données
pour en arriver à vos objectifs?
M. Girard (Groulx) : Bien,
dans le cas du plan de retour à l'équilibre budgétaire, oui, il y a — «commandes»,
c'est peut-être un mot fort — un objectif d'atteindre 400 millions
en 2028‑2029. Ça, ça inclut Hydro-Québec, qui n'est pas sous ma responsabilité,
mais bien sous la responsabilité de la ministre de l'Économie et de l'Énergie,
mais qui est, notamment, une société d'État à vocation commerciale.
M. Beauchemin : Puis,
dans... Tantôt, on parlait de valorisation d'entreprises. Dans le concept de
valorisation d'entreprises, est-ce que vous en avez attaché une à la SQDC?
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Beauchemin : O.K. Est-ce
que vous en avez attaché une à la Société des alcools?
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Beauchemin : Est-ce
que c'est comme un peu normal de ne pas avoir d'idée de la valorisation des
entreprises qui sont sous votre responsabilité?
M. Girard (Groulx) : Bien,
si on prend, par exemple, la SQDC, ça a été créé en 2017, suite à l'élection du
gouvernement fédéral et du choix de légaliser le cannabis au Canada. C'était
une promesse électorale de 2015 qui a été mise en application en 2017. Et le
Québec — d'ailleurs, c'était le précédent gouvernement — a
fait le choix d'aller avec une société d'État pour développer le réseau, et
d'autres provinces sont allées avec une approche privée. Puis ce qu'on voit,
c'est que, évidemment, il y a beaucoup plus de succursales, en Alberta, en
Ontario et en Colombie-Britannique, par habitant, par kilomètre avec l'approche
privée qu'au Québec. Alors, le développement de l'offre de produits a été
beaucoup plus modéré par le choix d'aller d'une façon publique, mais c'est une
décision qui remonte à 2017. Alors, non, on n'a pas valorisé combien... quelle
serait la valeur de la SQDC aujourd'hui, si on décidait, par exemple, de vendre
la SQDC à Pharmaprix, là.
M. Beauchemin : Bien, ma
question n'était pas de savoir si vous vouliez la vendre à Pharmaprix, ma
question est plus de savoir... C'est un modèle d'affaires, donc on va escompter
des revenus, on va soustraire les dépenses, on va faire un taux de projection,
on met une valorisation, puis c'est comme ça qu'on évalue, normalement. Puis je
résume ça pour la télévision, là, pour que ce soit plus simple, là, mais...
M. Girard (Groulx) : On
capitalise les revenus puis on arrive à une valeur théorique.
M. Beauchemin : On
arrive à une valeur théorique. Je suis surpris que, depuis que vous êtes au
pouvoir, il n'y a pas eu cet exercice-là. Je comprends que les premières
années, il fallait, comme, comprendre comment le modèle fonctionnait, voir les
ventes. Mais là, maintenant, ça roule depuis un bout de temps, la Société des
alcools, ça roule, ça aussi, depuis un certain bout de temps, je suis surpris
que vous n'aviez pas cette donnée-là. Puis je ne vous demande pas une
précision, là, au dollar près, là, mais la valorisation de la Société des
alcools du Québec, c'est surprenant que vous n'ayez pas ça.
M. Girard (Groulx) : Bien,
la Société des alcools du Québec, ça donne un dividende de 1,4 milliard
par année en moyenne, puis c'est assez stable, là, il y a très peu de
croissance parce qu'il n'y a pas de croissance de la demande. Alors, prenez le
taux de capitalisation que vous voulez, divisez le 1,4 par ce taux de
capitalisation, puis voilà votre valeur potentielle.
M. Beauchemin : O.K.,
mais donc le taux de capitalisation que le gouvernement devrait utiliser, c'est
quoi?
M. Girard (Groulx) : Non,
dans notre cas, il y a eu une réflexion, au gouvernement, c'est-à-dire est-ce
que privatiser la SAQ, c'était un objectif. Il y a eu une décision en amont; la
réponse, c'est non. Alors, à partir du moment où il n'y a pas le désir de
privatiser la SAQ... Puis il faut bien comprendre qu'on parle de sociétés à
vocation commerciale dans des domaines où la santé publique est extrêmement
importante, là, parce que ce qu'on voit, par exemple, dans le jeu en ligne, en
Ontario, c'est : dès que vous passez dans un mode privé, bien, il y a plus
de promotion, là, il y a moins de conscience sociale. Alors, il y a une
décision, à la base, que le monopole de la Société des alcools est ce qui sert
le mieux le Québec dans le contexte que l'alcool, ce n'est pas un produit comme
les autres.
• (11 h 20) •
M. Beauchemin : J'entends
tout ce que vous me dites. Je trouve ça juste quand même spécial que, dans le
portefeuille <du gouvernement...
M. Beauchemin :
...tout
ce que vous me dites. Je trouve ça juste quand même spécial que, dans le
portefeuille >du gouvernement, on a une idée, hein, on a une idée qu'on
a une dette, on a une idée qu'on a une dette de 170 milliards,
174 milliards ou 176, on sait combien d'argent qu'on a emprunté, on sait
c'est quoi, nos passifs, mais on n'a aucune espèce d'idée que vaut nos actifs.
C'est quand même assez surprenant, non? Je veux dire, le taux, là, vous ne me
l'avez pas donné, là. Ça fait que moi, je me pose la question : Ça vaut
combien, cette société-là? Combien vaut la SQDC? Combien vaut Hydro-Québec? Combien
vaut nos actifs?
M. Girard (Groulx) : Bien,
tantôt, vous m'avez demandé combien valait Hydro-Québec, je vous ai donné un
ordre de grandeur. Puis je suis accompagné de professionnels exceptionnels, et
puis ils ont trouvé un article de journal où un journaliste de qualité fait des
études notables, et puis, notamment, il parle à des gens au gouvernement,
lorsqu'il... avant de faire ses articles, puis il fait ses calculs, puis il est
arrivé à 121 milliards en 2022 pour Hydro-Québec. Alors, moi, je vous ai
donné un ordre de grandeur. Oui, son nom de famille commence par V, mais ce
n'est pas à moi à faire la publicité pour ses compétences journalistiques, là,
mais... Bien, puisqu'il fait des bons calculs économiques, je pourrais presque
le dire, mais son nom de famille commence par V. Mais là vous, vous voulez savoir
la valeur de la SAQ?
M. Beauchemin : Mais
c'est juste que je suis... Bien, je suis...
M. Girard (Groulx) : Vous
voulez vendre la SAQ? M. le Président, nous...
M. Beauchemin : Mais la
question, M. le Président...
M. Girard (Groulx) : La
SAQ n'est pas à vendre.
M. Beauchemin : Combien
de temps qu'il me reste?
Le Président (M. Simard) : Deux
minutes.
M. Beauchemin : Ma
question est vraiment spécifique, à savoir gestion des actifs de l'État, point.
Donc, je suis quand même surpris qu'un gouvernement responsable, n'est-ce pas — c'est
le marketing qu'on entend du gouvernement de la CAQ — n'a pas d'idée
de la valeur de la Société des alcools, n'a pas d'idée de la valeur de la
société... de la SQDC, n'a pas d'idée de la valeur d'Hydro-Québec, spécifique.
C'est quand même surprenant. Mais on sait, par exemple, qu'on ajoute des
milliards de dette puis qu'on est rendus, là... à la fin du terme, on va
arriver à 270 milliards, si le budget se réalise tel qu'écrit. Je trouve
ça surprenant, je trouve ça vraiment surprenant. En fait, je suis un peu déçu
qu'il n'y ait pas cet exercice-là de rigueur, à savoir la valeur de l'actif,
là.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, M. le Président, faisons une hypothèse, là, supposons qu'on vend la SQDC
à Pharmaprix, ou à Jean Coutu — Jean Coutu, Metro, il y a... c'est un
holding maintenant — ou à une autre personne, une autre entreprise,
bien, on va perdre les revenus. On va faire un gain, là... Supposons qu'on... La
SQDC, ça fait approximativement 200 millions de revenus par année. Supposons
qu'on vend ça... je vais dire un chiffre, là, on vend ça y milliards de
dollars à une entreprise privée, bien, on va réaliser le gain, mais on n'aura
plus le revenu. Puis la valeur...
M. Beauchemin : Mais, M.
le Président, c'est parce que...
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Girard (Groulx) : ...c'est
la valeur capitalisée des revenus. Alors, on perdrait les revenus en vendant la
société d'État.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre.
M. Beauchemin : Bien, il
y a quand même un certain nombre de taxes qui est inclus dans l'instrument en
tant que tel, dans le produit en tant que tel, que ça va continuer à avoir lieu.
Ce n'est pas ça qu'on...
M. Girard (Groulx) : Je
n'ai pas compté les taxes là-dedans.
M. Beauchemin : Ce n'est
pas de ça qu'on parle, là. Moi, je pense que, s'il y a un bénéfice qui est fait
par la Société des alcools, s'il y a un bénéfice qui est fait par la SQDC,
j'assume que, donc, de façon privée, cette entreprise-là va continuer à générer
ces profits-là et peut-être plus, on l'espère, puis, si c'était le cas, bien,
le gouvernement taxerait les profits. Donc, il n'y a pas de perte, là.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, merci à vous, M. le député. Cela met un terme à votre
intervention.
Je cède maintenant la parole au député de
Camille-Laurin, qui dispose d'environ sept minutes.
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup. Bonjour.
Surprise! Je vais vous parler de la décote
du Québec par Standard & Poor's...
M. Girard (Groulx) :
D'accord.
M. St-Pierre Plamondon :
...en lien avec les choix... ce qu'on nous présente comme des choix du
gouvernement, qui nous mènent à un déficit qui... puis je sais qu'on peut faire
des ratios avec la taille de l'économie dans d'autres législatures, là, mais en
total, c'est le plus gros déficit qu'on n'aura jamais vu.
J'ai cru comprendre, avec certaines de mes
interventions, qu'en amont cette firme-là de notation n'avait pas été
rencontrée à des fins de voir si cette décote-là s'en venait ou pas. Vous me
corrigerez si j'ai mal compris. Mais on sait que, par le passé, Lucien
Bouchard, Nicolas Marceau, plusieurs ministres ou premiers ministres, dans des
situations où le gouvernement faisait des choix qui mettaient à risque notre
cote de crédit, avaient pris soin de rencontrer en amont pour, justement,
éviter que notre crédit nous coûte plus cher. Donc, pouvez-vous nous dire à
quelle date sont prévues les rencontres avec les autres agences de crédit, dans
le but que ça ne nous arrive pas <avec les autres agences?
M. Girard (Groulx) :
O.K.
Alors, quelques...
M. St-Pierre Plamondon :
...but que ça ne nous arrive pas >avec les autres agences?
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, quelques précisions. Alors, à chaque budget, on rencontre l'ensemble des
agences. Alors, normalement, un budget, c'est en mars, on rencontre les agences
à la fin mai, elles publient leurs décisions en juin. Dans le cas... Ça, c'est
le processus normal. Et puis on les rencontre formellement au mois de mai. Dans
le cas de S&P, dans le cadre de la guerre tarifaire, ils ont publié une
note générale sur l'économie canadienne, très négative, disant : Le Canada
est dépendant du marché américain, et l'Ontario et le Québec seraient
particulièrement touchés parce que c'est la base manufacturière du Canada.
Ensuite, suite à la publication du cycle budgétaire, il y a approximativement
neuf provinces qui ont publié leur budget; l'Ontario est en élection, ce n'est
pas fait encore; le Canada, ce n'est pas fait encore. S&P a été très rapide
à prendre des actions.
Alors, la différence cette année, c'est
que, tout de suite après la publication de différents budgets provinciaux, la
Colombie-Britannique a été décotée, perspective négative; l'Île-du-Prince-Édouard,
Nouveau-Brunswick ont perdu des perspectives positives; Nouvelle-Écosse,
perspective négative. On a eu, nous, tout de suite après notre budget, une
demande de rencontre. La rencontre a eu lieu. On a fait valoir, on a expliqué
nos choix. Le point d'inflexion, c'est évidemment notre choix de pousser les
infrastructures par 11 milliards de dollars dans les trois premières
années, parce qu'il n'y a pas de dépenses en capital privé qui se fait
présentement, on pousse les infrastructures publiques.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
ma question, c'est : Est-ce que vous pouvez nous dire à quelle date vous
avez prévu des rencontres avec les autres agences sur ce sujet-là?
M. Girard (Groulx) : Je
ne vous donnerai pas la date précise, mais je vous confirme que les autres
agences sont sur le cycle régulier, qu'il y aura des rencontres à la fin mai et
des décisions en juin.
M. St-Pierre Plamondon : Et
est-ce que votre ambition est de redonner au Québec la cote de crédit qu'on
avait avant ce budget-là?
M. Girard (Groulx) : Bon,
c'est-à-dire que, lorsqu'une agence bouge, ça prend un certain temps, O.K.? Par
exemple, récemment, l'Ontario a été rehaussé, la cote de crédit, ça a pris
plusieurs années. L'Ontario avait une perspective positive, avant. Alors, mon
ambition personnelle, là, c'est qu'au rapport préélectoral de 2026, l'ensemble
des partis politiques qui iront en campagne électorale seront sur la base d'un
cadre financier qui est solide, stable, soutenable. Alors, on veut améliorer le
cadre financier, indépendamment de la décision de S&P.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais ce n'est pas ça, ma question. Ma question, c'est : Est-ce que vous
allez... Vous comptez vous présenter aux prochaines élections, comme formation
politique, avec la même décote? Est-ce que vous vous fixez l'objectif de
restaurer notre cote de crédit ou, en fait, vous laissez aller, puis on va se
retrouver en élection, puis tout le monde va assumer qui on va vivre avec cette
nouvelle cote de crédit pour la suite?
M. Girard (Groulx) : Bon,
alors, on a eu une décote, perspective stable; dans le meilleur des cas, nous
pourrions avoir, après le budget 2026‑2027, une perspective positive, O.K.?
Parce qu'il faut bien comprendre qu'il y a un contexte, là : il y a une
guerre tarifaire, il y avait une élection fédérale, il y aura un budget
fédéral. Alors, à la mise à jour puis au budget, le contexte va être différent.
Là, il y a un nuage, il y a une menace de récession liée à la guerre tarifaire.
Alors, dans le meilleur des cas, on pourra avoir une perspective positive au
budget 2026‑2027, puis après l'élection, dépendamment de ce qui a été proposé
en campagne électorale, du premier budget du nouveau gouvernement, il pourrait y
avoir une hausse.
M. St-Pierre Plamondon : Donc,
est-ce que j'entends que vous vous fixez l'objectif, pour le prochain exercice,
dans un an, d'avoir un rehaussement de la cote? Parce que ça amène la
question : Comment on va s'y prendre?
M. Girard (Groulx) : Je
vous dirais, indépendamment de S&P, notre objectif est d'améliorer les
finances publiques du Québec.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
moi, je vous demande pour la cote, pour la cote de crédit.
M. Girard (Groulx) : Non
non, mais...Parce qu'on a quand même un plan de retour à l'équilibre
budgétaire sur cinq ans qui est déjà là, là, et puis S&P aimerait que ce
soit sur trois ans, mais on a déjà un plan sur cinq ans. Alors, ça, c'est
l'objectif. Mais il y a une condition qui est extrêmement importante, parce que,
là, devant nous, il y a quand même une probabilité de récession de l'ordre de
50 % à 60 %. Alors, si nous sommes en récession, par exemple, au
troisième trimestre 2025, ça va être extrêmement difficile d'améliorer le
cadre financier en même temps qu'on doit soutenir les entreprises et les
individus.
M. St-Pierre Plamondon : Mais,
à nouveau, ma question : Est-ce que vous vous fixez l'objectif de
rehausser notre cote de crédit pour le prochain exercice, dans un an, oui ou non?
Et, si c'est oui, quelles sont les actions concrètes? Parce qu'en effet eux,
ils veulent un plan sur trois ans, puis vous, vous maintenez un plan sur cinq
ans. Je veux juste une réponse à savoir est-ce qu'on se fixe cet objectif-là ou
est-ce qu'on laisse aller.
• (11 h 30) •
M. Girard (Groulx) : On
se fixe l'objectif d'améliorer <les finances publiques...
>
11 h 30 (version révisée)
<19289
M. St-Pierre
Plamondon :
...je veux juste une réponse à savoir est-ce qu'on
se fixe cet objectif-là ou est-ce qu'on laisse aller.
M. Girard (Groulx) :
On
se fixe l'objectif d'améliorer >les finances publiques, M. le Président,
qui n'est pas lié directement à la décision de S&P.
Le Président (M. Simard) :
En 20 secondes, s'il vous plaît.
M. St-Pierre Plamondon : En
20 secondes. Donc, j'entends que vous ne vous fixez pas publiquement. Vous
ne voulez pas nous dire que votre objectif, c'est de ramener une cote de crédit
comme on l'avait avant suite à votre budget, parce que... Vous ne me le dites
pas, là, donc je suis obligé de déduire que ce n'est pas ça, votre objectif.
M. Girard (Groulx) : Mon
objectif, nous, c'est l'intérêt supérieur du Québec. On a une responsabilité
envers l'ensemble des citoyens québécois, les employés, les parties prenantes,
la qualité des services. Les agences de notation, eux c'est la qualité du crédit,
donc les investisseurs.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci, M. le ministre.
Alors, sur ce, notre période d'échange est
révolue, et nous allons suspendre momentanément nos travaux afin de faire place
au prochain bloc. On se retrouve dans 15 minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 32)
(Reprise à 11 h 41
)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Chers collègues, ayant à nouveau quorum, nous sommes en mesure de pouvoir
poursuivre nos travaux.
Et, comme vous le savez, la Commission des
finances publiques est maintenant réunie afin de procéder à l'étude du volet Revenu
Québec des crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice 2025‑2026.
Une enveloppe de 30 minutes a été allouée pour l'étude de ces crédits.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président.
Revenu Québec
Discussion générale
Le Président (M. Simard) : Aucun
remplacement.
Alors, nous allons procéder, comme le veut
notre tradition, par blocs d'échange, et je cède immédiatement la parole au
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Combien
de temps que j'ai, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : 17 min
35 s.
M. Beauchemin : 17 min
35 s. Donc, bien, merci d'être parmi nous pour répondre à nos questions.
Évidemment, là, la situation économique et la volatilité, là, sur les marchés,
sur l'économie en général risquent d'avoir des effets, là, néfastes, là, sur
les revenus, là, que le Québec pourrait recevoir cette année. D'entrée de jeu,
est-ce que Revenu Québec a vu un effet sur les revenus, avec l'instabilité
actuelle, dans les récentes semaines?
M. Girard (Groulx) : Oui,
M. le Président. Comme la question s'adresse à Revenu Québec et que nous avons
notre présidente-directrice générale ici, je propose qu'elle réponde à la
question, s'il y a consentement.
M. Beauchemin : Consentement.
Le Président (M. Simard) : Consentement.
Madame, auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
Mme Tremblay
(Christyne) :Oui. Bonjour. Je suis Christyne
Tremblay, je suis la P.D.G. de Revenu Québec. Ça me fait plaisir d'être avec
vous aujourd'hui.
Donc, au niveau des revenus, la performance
de l'agence demeure stable. Donc, de ce côté-là, pas d'enjeu. Au contraire, il
y a une stratégie qui a été appliquée de renforcement des activités de contrôle
fiscal qui a fait en sorte que nous avons rapporté 3,3 milliards de
dollars jusqu'au 31 janvier de cette année. C'est une hausse de
400 millions par rapport à l'année dernière.
M. Beauchemin : Et puis
ça, Mme Tremblay, c'est parce qu'il y a plus de gens qui sont sur des
enquêtes, là, pour aller chercher les gens qui ne paient pas leurs impôts, là.
C'est-tu ça, un petit peu, là, ou...
Mme Tremblay
(Christyne) :Bien, la mission de Revenu
Québec, c'est de faire en sorte que ça soit équitable pour tous. Donc, il y
avait des secteurs où on avait déterminé, avec M. le ministre, que peut-être
qu'on pourrait intensifier les efforts. Par exemple, les contribuables qui ne
déclaraient pas, donc qui ne faisaient pas leur déclaration de revenus, c'est
un secteur dans lequel on est quand même allé chercher 342 millions de
dollars.
M. Beauchemin : O.K.
C'est bien. Combien d'employés de plus avez-vous engagés?
Mme Tremblay
(Christyne) :Aucun. Nous sommes à
effectifs stables.
M. Beauchemin : O.K.
Donc, il y a eu une amélioration du... de la productivité, si on comprend bien
ce que vous nous dites.
Mme Tremblay
(Christyne) :Bien, il y a eu différentes
stratégies qui ont été adoptées, et effectivement, vous avez raison, on a
amélioré la façon dont on a sélectionné les dossiers, puis en plus on a
vraiment ciblé des secteurs où on pensait qu'on pouvait faire des gains.
M. Beauchemin : Est-ce
que vous voyez ce processus d'amélioration en continu? Est-ce que c'est quelque
chose qui... de façon régulière, là, à tous les mois, on va vouloir se
réinventer pour aller de plus en plus mieux, c'est ça?
Mme Tremblay
(Christyne) :Bien, je pense que ça fait
partie des objectifs de Revenu Québec d'être innovant, de contrer l'évasion
fiscale le plus possible. Et puis, oui, c'est une orientation que l'agence
entend prendre, notamment dans d'autres secteurs où on pense qu'il y a plus à
faire.
M. Beauchemin : Donc, ce
que vous nous avez dit à propos des gens qui ne déclaraient pas leurs revenus,
est-ce que ça, c'est ça qui explique le 400 millions de différence, le
362 millions de différence?
Mme Tremblay
(Christyne) :Bien, oui, on a travaillé en
non-production, mais aussi on a travaillé au niveau des planifications fiscales
agressives, où on a fait des gains, 54 millions de dollars. On a
travaillé au niveau du service... pas du... du secteur des transports, si vous
me permettez. C'est un secteur dans lequel on avait observé de... une
observance fiscale. Donc, c'est 33 millions de ce côté-là. On a travaillé
au niveau des cryptoactifs aussi, qui est un secteur très important, en
émergence, et qui a apporté des gains supplémentaires. Alors, l'ensemble de
cette intensification dans des secteurs très ciblés a amené le
400 millions.
M. Beauchemin : O.K.
Puis, peut-être, j'essaie de... moi, j'essaie de quantifier l'effet de la
guerre tarifaire, un peu, dans des <revenus...
M. Beauchemin :
...j'essaie
de... moi, j'essaie de quantifier l'effet de la guerre tarifaire, un peu, dans
des >revenus de Revenu Québec. Donc, nonobstant ces éléments-là que vous
venez juste de nous mentionner, est-ce qu'avec les lentilles qu'on aurait
portées, disons, l'an dernier, avant les modifications, avant les améliorations
de performance, comme vous venez de les énumérer, est-ce que ça, ces revenus-là
ont été affectés positivement ou négativement suite à la guerre tarifaire qui
est à nos portes?
M. Girard (Groulx) : Je
vais... si vous permettez, M. le Président, je vais répondre. Les informations
qu'on a, à ce stade-ci, sont parcellaires, mais dans l'ensemble, puisque 2024 a
fini assez fort économiquement et qu'il y a eu, au début de l'année 2025,
un effort de production, d'exportation prétarifs, dans l'ensemble, ce qu'on
voit aujourd'hui, c'est que les revenus sont un peu meilleurs pour 2024‑2025 et
2025‑2026. Mais le fait qu'ils soient meilleurs avec l'information qu'on a
présentement ne veut pas dire que, par exemple, ils ne seraient pas plus
faibles plus tard. Mais, par rapport aux budgets 2025‑2026, les revenus de 2024‑2025,
et de 2025‑2026, et la récurrence est un peu supérieure à la prévision du
budget 2025‑2026.
M. Beauchemin : Puis
combien de cette surperformance-là pouvez-vous attribuer à ce que... ce qui
semble être, d'un commun accord... d'appeler, là, le «front loading», là, qui a
eu lieu, là?
M. Girard (Groulx) : Ah bien,
il y a certainement une portion de ça qui est liée à ça, c'est pour ça que, à
ce moment-là, toute l'amélioration de 2024 et du 2025‑2026 n'est pas considérée
comme récurrente. Et puis ce ne sera pas avant le mois de juin qu'on va publier
des statistiques sur... complètes pour l'année 2024‑2025. Alors, notre
prochaine réévaluation du solde budgétaire 2024‑2025 et 2025‑2026, ce sera fait
au mois de juin.
M. Beauchemin : O.K.
Est-ce que vous vous attendez à ce que, justement, au niveau des entreprises
qui ont eu, donc, peut-être une effervescence à cause du «preordering», ce qui
s'en vient, là, dans les prochains mois, soit en fait en dessous de la moyenne
historique?
M. Girard (Groulx) :
Bien, c'est-à-dire qu'au budget, là, comme vous le savez, on a fait une
hypothèse, 10 % en moyenne, 1,1 % de croissance en 2025, on va
réviser tout ça. Mais l'information que je vous donne aujourd'hui, qui sera
complétée d'autres informations et publiée au mois de juin — est-ce
qu'on a la date de publication du rapport trimestriel? — ...
Une voix : Vers la fin juin.
M. Girard (Groulx) : ...fin
juin, on me dit, et c'est que les revenus sont supérieurs, et on traite de la
récurrence de ces revenus avec une grande prudence en raison de ce que vous
dites.
M. Beauchemin : Pour les
gens qui ne comprennent pas ou ne connaissent pas exactement, là, les
ramifications à l'intérieur de Revenu Québec, est-ce que vous avez comme un
genre de tableau de bord au quotidien des entrées de revenus à la semaine?
Comment ça fonctionne?
M. Girard (Groulx) :
Bien, on a des flux de trésorerie au quotidien, O.K., comme... des flux de
trésorerie, et puis après on a des statistiques fiscales, et puis... par
exemple, si vous regardiez l'ensemble des revenus, là, on va avoir des données
sur la taxe de vente, des données sur les acomptes provisionnels des
entreprises, on a, évidemment, la saison de l'impôt qui nous amène énormément
de statistiques sur les particuliers. Alors, l'information rentre en continu.
L'information la plus à jour qu'on a, c'est les flux de trésorerie, là.
M. Beauchemin : Puis est-ce
qu'actuellement il y a... Est-ce que ça a vacillé?
• (11 h 50) •
M. Girard (Groulx) :
Présentement, c'est plus fort que prévu pour 2024‑2025 et 2025‑2026, et ce
qu'on doit évaluer, c'est quel est le pourcentage de cette amélioration qui est
permanente. Et donc... puis je vais dire un chiffre, là, mais ce n'est pas ça,
le chiffre, mais, par exemple, si j'avais une amélioration de mes revenus de
400 millions en 2024‑2025 et que je voyais 250 millions en 2025‑2026,
bien là, à partir de cette information-là, je dois <décider...
M. Girard (Groulx) :
...je
voyais 250 millions en
2025‑2026, bien là, à partir de cette
information-là, je dois >décider combien du 250 millions je dois
aussi anticiper en 2026-2027, 2027-2028. Est-ce que c'est une amélioration
permanente, temporaire? Alors, on est prudents.
M. Beauchemin : J'essaie,
moi, de comprendre, puis vous m'excusez si je n'ai pas le terme en français,
mais le «run rate»...
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Beauchemin : O.K.
M. Girard (Groulx) : Les
revenus sont un peu meilleurs que prévu au budget 2025‑2026.
M. Beauchemin : Puis à
chaque semaine, quand vous le mesurez, ce taux-là reste similairement
surperformant? Il n'y a pas un ralentissement dans ce taux-là en ce moment?
M. Girard (Groulx) : Ah!
bien, ce n'est pas à chaque semaine, là, je vous dirais qu'à chaque jour on a
des flux de trésorerie. Les rentrées fiscales, là, par exemple la taxe de
vente, là, on n'a pas ça à chaque jour, là.
Mais là on est dans le... Vous savez, la
prochaine publication officielle est à la fin juin. Alors, vous comprenez que,
là... Le budget était le 25 mars — 26, 25, j'ai déjà oublié — et
on va publier, par exemple, le 25 juin, alors on n'a même pas... on a à peu
près le tiers du chemin de fait. On a à peu près six semaines sur 12
d'information avant notre prochaine publication publique à la fin juin.
M. Beauchemin : Et je
reviens sur ma question. Par exemple, pour les taxes de vente ou pour les
acomptes provisionnels des entreprises, est-ce qu'il y a comme un genre de
tableau de bord pour voir, justement, si le «run rate», il fluctue, il bouge?
Parce que j'assume que ce que vous nous dites, c'est : Oui, effectivement,
il y a eu tout le «preordering» qui s'est fait, puis là ça a comme augmenté les
revenus de l'État. Tant mieux, là, mais là la réalité, c'est : Je commence
à percevoir, et on le voit tous, que ça ralentit. Je me demandais si vous, vous
étiez capable de constater les mêmes choses. Ce que vous me dites, c'est que
c'est non, c'est ça?
M. Girard (Groulx) : On
ne voit pas... L'économique précède les revenus. Vous avez raison qu'il y a des
signes de ralentissement économique. Mais il faut bien dire, là, M. le
Président... puis là on va être dans les nuances, là, mais ce n'est pas les
données économiques qui ralentissent, mais bien les données sur la confiance et
le sentiment ou le positivisme. Alors, les données économiques sont toujours
fortes, à laquelle sont associés des revenus qui sont plus forts que prévu. Et,
non, on ne voit pas de ralentissement, mais, lorsqu'on regarde, par exemple,
l'indice de confiance des consommateurs, l'indice de confiance des entreprises,
ça, ça ralentit, et, si ça indique qu'il y aura un ralentissement des données
économiques, bien, lorsqu'il y aura ralentissement des données économiques, il
y aura ralentissement des revenus.
M. Beauchemin : Là, on
parle de la différence entre le «soft» puis le «hard data». C'est exactement à ça
que vous faites référence. Oui, je comprends ça.
Je veux vous amener sur la taxe sur le
gain en capital qui, donc, a commencé, là, à être perçue, là, par le
gouvernement du Québec, là, en juin 2024. Est-ce que vous avez le nombre de
personnes qui, donc, ont effectué des ventes préventives avant la mise en
application du taux rehaussé d'inclusion sur le taux en capital?
M. Girard (Groulx) : Vous
voudriez dire : Est-ce qu'on a une idée du comportement qui a été induit
par la décision d'augmenter le taux d'inclusion de gain de capital...
M. Beauchemin : Avant le
fameux 25.
M. Girard (Groulx) : ...et
d'indiquer au citoyen que, s'il transigeait avant le mois de juin, il ne serait
pas sujet au nouveau taux?
M. Beauchemin : Exact.
M. Girard (Groulx) : Bien,
on a certainement des hausses de revenus importantes qui n'étaient pas prévues
dans notre cadre financier avant la hausse de taux d'inclusion, là, parce qu'on
se souvient que la... sur... en moyenne, sur les cinq ans, la première année,
c'était la plus forte. Je n'ai pas de statistiques sur le nombre de
particuliers, je ne crois pas qu'on publie ça, mais on peut demander à notre
présidente, qui est avec nous, si elle en a.
M. Beauchemin : Consentement.
Le Président (M. Simard) : Alors,
Mme Tremblay.
Mme Tremblay
(Christyne) :Malheureusement, je n'ai pas
de données à cet effet.
M. Beauchemin : Donc, il
y a eu quand même une augmentation des revenus, on ne sait pas combien de
personnes qui ont été affectées par ça. Est-ce qu'on sait par combien de
dollars, spécifiquement, ça a été remarqué par rapport à la moyenne qu'on
aurait dû s'attendre?
M. Girard (Groulx) : Bien,
si vous voyez, encore une fois, à la page F.63 puis vous regardez «harmoniser
le gain de capital», 2024‑2025, 736 millions de dollars. Au départ, on parlait
de 1 milliard en 2024‑2025. Évidemment, ils ont annoncé après qu'il n'y
avait pas de hausse de taux d'inclusion, on a <révisé à 736...
M. Girard (Groulx) :
...ils
ont annoncé après qu'il n'y avait pas de hausse de taux d'inclusion, on a >révisé
à 736. Alors, la majorité de ce 736 là est associé à des transactions qui
ont... qui se sont faites entre mars et juin.
M. Beauchemin : Qui
n'auraient pas eu lieu s'il n'y avait pas eu l'augmentation du taux.
M. Girard (Groulx) : Une
portion significative de ce montant n'aurait pas eu lieu.
M. Beauchemin : O.K.
Comment vous voyez ça, là, actuellement, pour les gens qui nous écoutent, qui,
eux, ont agi avec ce qui semblait être clairement, là, une ponction
additionnelle dans leur revenu net, là, qui ont décidé d'agir avant le 25 juin?
Si je me rappelle bien, la date, là, c'était le 25 juin. Trouvez-vous que,
pour ces gens-là, ils ont comme subi un certain préjudice pour cette taxation
temporaire, si on peut dire... l'appeler ainsi?
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire qu'eux, en transigeant, ils évitaient une hausse de taxation.
Alors, c'était leur choix, c'est eux qui ont exécuté des transactions pour ne
pas subir la hausse de taux d'inclusion. Je vous dirais que toute... Je vais
être poli, là...
M. Beauchemin : ...reformuler
ma question...
M. Girard (Groulx) : Oui,
allez-y.
M. Beauchemin : ...parce
que je comprends pourquoi vous répondez comme ça. Ce que je veux dire, c'est
que les gens, à partir du 25, qui ont eu, eux, à disposer, ils ont eu, donc,
une taxation additionnelle par rapport à... Est-ce que vous ne croyez pas
qu'eux ont subi un préjudice par rapport à ce qui semble être le cas
maintenant?
M. Girard (Groulx) : Ceux
qui ont transigé après le 25, suite à l'annonce du gouvernement fédéral que
c'était suspendu jusqu'en 2026, ils n'ont pas subi de hausse de taxation.
M. Beauchemin : Mais, au
Québec, ils n'ont pas subi?
M. Girard (Groulx) : Non.
M. Beauchemin : O.K.
M. Girard (Groulx) : C'est
suspendu jusqu'en 2026. Et là, au prochain budget fédéral, on va savoir si
c'est aboli ou suspendu. Normalement, ça devrait être aboli, puis on va
s'harmoniser.
M. Beauchemin : Puis,
pour tous les gens qui, encore une fois, nous écoutent, qui ont transigé de
façon préventive, si on peut dire, avant le 25 juin 2024, qui, pour eux, ont
agi de cette façon-là parce qu'ils ne voulaient pas, justement, avoir le taux
plus élevé puis ils se sont dit : Bien, je vais l'actualiser maintenant
versus attendre un an, deux ans, trois ans, quatre ans, là, pour réaliser mon
gain, que ce soit avec un duplex ou que ce soit avec des placements, ces
gens-là, est-ce que vous considérez qu'ils ont un recours quelconque par
rapport à ce changement de cap là qu'on a imposé dans la fiscalité au Québec?
M. Girard (Groulx) : Bon, c'est
certain que l'incertitude sur la hausse du taux d'inclusion du gain de capital
du gouvernement fédéral, ce n'est pas leur moment le plus illustre, O.K. — alors,
je m'arrête là — parce qu'en politique fiscale il faut donner des
instructions claires, et eux, ils ont donné des instructions, après ça ils ont
vacillé...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Girard (Groulx) : ...après
ça ils ont eu une course au leadership, ils se sont contredits, puis là ils ont
suspendu...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Très bien.
M. Girard (Groulx) : ...puis
là ils vont probablement abolir, puis ce n'est pas clair.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, merci beaucoup.
M. Beauchemin : Mais,
par la bande, mais, par la bande, vous aviez le choix, si vous aviez voulu,
prendre un peu plus de temps avant de mettre cette politique-là en place et/ou
d'attendre plus tard. Vous l'avez fait, puis c'est correct, c'est votre choix,
vous vouliez suivre la tradition d'harmonisation, mais est-ce que vous percevez
quand même que ces gens-là ont peut-être été malmenés?
Le Président (M. Simard) : Malheureusement,
cher collègue, malheureusement, c'est le temps dont nous disposions.
Et je cède maintenant la parole à la
députée de Verdun, qui dispose de 5 min 50 s.
Mme Zaga Mendez : Bien,
merci. Je vais aller rapidement. Tout à l'heure, on a parlé des gains découlant
des cryptoactifs. Moi, j'aimerais savoir peut-être, si vous me donnez un petit
peu plus de détails, comment la conformité fiscale se contrôle-t-elle quant à
ce genre d'actifs et si vous pouvez nous dire quelles sont les recettes
fiscales liées aux cryptoactifs dans le passé.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Si vous permettez, je passerais la parole à notre présidente de Revenu Québec.
• (12 heures) •
Mme Tremblay
(Christyne) :Merci. C'est une excellente
question parce que c'est vraiment un secteur qui est émergent, dans lequel il y
a beaucoup d'avancées qui ont été faites. En fait, depuis l'année d'imposition
2024, celle qu'on vient juste de terminer, les contribuables qui avaient décidé
d'acheter ou d'investir dans les cryptoactifs devaient obligatoirement déclarer
les gains, les pertes réalisées dans leur déclaration de revenus, comme tous
les autres types de revenus. Ça nous a vraiment permis... en tout cas, là on va
pouvoir analyser l'ensemble de ces déclarations de revenus là et de mieux
suivre, hein, les contribuables qui ont ce type d'actifs là dans leurs
portefeuilles.
On a également multiplié puis intensifié nos
actions par rapport <à la vérification...
>
12 h (version révisée)
< Mme Tremblay
(Christyne) :
...on a également
multiplié puis intensifié nos actions par rapport >à la vérification, et
ce qu'on s'aperçoit, c'est que ça donne des résultats. Alors, je vous donne un
exemple, l'année dernière, en vérification, c'est 7 millions de dollars qu'on
avait perçus; cette année, 32,3. Donc, ça nous démontre vraiment que les
actions qui ont été mises en place, elles portent fruit. Puis on s'aperçoit
aussi que les contribuables en détiennent de plus en plus. Je vous donne un
autre chiffre : en 2021, c'est 900 entreprises qui nous disaient
détenir des cryptoactifs; aujourd'hui, c'est 7 000.
Mme Zaga Mendez : O.K.
Ça fait qu'il y a vraiment une augmentation puis un suivi, de votre côté.
Mme Tremblay
(Christyne) :Il y a vraiment une
augmentation, oui.
Mme Zaga Mendez : Je
vais passer à un prochain thème, avec le temps, c'est le remplacement des MEV
physiques. J'ai reçu plusieurs questions, plaintes de la part des commerçants.
Quand c'est le temps de remplacer, c'est... ils ne sont pas contre le nouveau
module d'enregistrement des ventes, mais c'est le fait que, lorsqu'ils vont
voir des entreprises qui offrent les fameux MEV Web, ils offrent tout le temps
des... qu'est-ce qu'on appelle des «package deals», c'est-à-dire ce n'est
jamais le service tout seul, et on... Les entreprises, en ce moment, les offres...
par exemple, on leur demande de prendre une application de suivi des ventes,
sur leur cellulaire, dont ils n'ont pas besoin. Ils peuvent leur demander d'acheter
des imprimantes ou des machines dont ils n'ont pas besoin. Je ne sais pas si,
de votre côté, vous vous penchez sur cette question, puis qu'est-ce que vous
comptez faire.
Le Président (M. Simard) : Oui,
Mme Tremblay.
Mme Tremblay
(Christyne) :Merci. C'est aussi une très
bonne question, puis c'est quelque chose qui nous préoccupe. On a travaillé
extrêmement fort pour... avec les concepteurs pour donner aux restaurateurs et
aux propriétaires de bar le choix d'aller sur le marché et puis de pouvoir
faire exactement ce que vous décrivez, être capables d'aller avec un forfait
plus limité, un forfait plus étendu. Aujourd'hui, au moment où on se parle, on
a 44 produits qui sont certifiés, et qui sont offerts sur le marché, et
qui répondent aux différents besoins, à la fois le casse-croûte et la grande
chaîne, tu sais, de restauration. Et puis c'est une technologie, quand même,
qui fonctionne bien, on a reçu 180 millions, déjà, de transactions et on
a, à chaque semaine, entre 300 et 500 établissements qui se branchent avec
le MEV Web. Donc, ça... on est quand même confiants.
Mme Zaga Mendez : Je
vous sensibilise au fait que les commerçants, les détaillants qu'on a
rencontrés, ils nous disent que c'est rare, voire impossible de trouver
seulement le service tout seul du MEV Web, il est tout le temps accompagné avec
d'autres services. J'aimerais ça juste que... vous sensibiliser au fait que c'est
une pratique courante, malgré... il y a 44, on ne trouve pas le service de base
qui pourrait aider et que ça... sinon, c'est des coûts supplémentaires, vous
comprenez bien.
Je vais aller sur une autre... un autre
enjeu, la déclaration préremplie, c'est une demande depuis très longtemps, de
notre côté. On a été très contents de voir la mise en place d'un projet pilote.
J'aimerais ça savoir comment ça se passe puis quelles sont les prochaines
étapes pour élargir ce type de pratique.
Mme Tremblay
(Christyne) :Merci. J'espérais que vous
me posiez la question parce que c'est vraiment un projet important pour nous.
Donc, vous vous souvenez que, l'année dernière, on avait fait les gens qui
recevaient un revenu de base, donc des clientèles plutôt vulnérables. Cette
année, on élargit, donc on a invité trois fois plus de contribuables et on a
une couverture qui permet d'aller chercher des particuliers dont le revenu est
inférieur à 35 000 $, mais toutes sortes de situations confondues. Et
on va chercher les jeunes, cette année, de 18 à 30 ans, donc, on se dit qu'ils
ont peut-être moins l'habitude de faire leur déclaration de revenus, qu'ils ont
les aptitudes à l'électronique. Donc, tous les jeunes qui ont un revenu
inférieur à 61 500 $ faisaient partie de notre échantillonnage. Donc,
ça nous permet d'avoir une grande couverture, cette année, comme un retraité de
63 ans avec des revenus modestes, un travailleur célibataire de 43 ans,
mais avec un revenu annuel de 30 000 $ ou...
Mme Zaga Mendez : ...l'objectif
de déployer ce projet pilote dans une pratique généralisée? Est-ce que... Cet
objectif-là, sentez-vous que ça peut être atteint pour que ce soit pour tout le
monde? Je trouve ça très bien, déjà, avec les groupes qui sont ciblés, mais c'est
quand qu'on peut avoir cette déclaration préremplie pour tous?
Mme Tremblay
(Christyne) :Mais on y va de façon progressive.
Comme à l'échelle internationale, il y a plusieurs pays qui ont développé ce
type de pratique...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. En conclusion.
Mme Tremblay
(Christyne) :...et c'est comme ça qu'ils
ont fonctionné. Oui. Merci.
Le Président (M. Simard) : Pour
10 secondes.
M. Girard (Groulx) : Juste
une précision, M. le Président, là.
Le Président (M. Simard) : Rapidement.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Les jeunes qui sont aux études ne sont pas dans le projet pilote de la
préremplie.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Alors, le Parti québécois arrive à l'instant, mais je vais céder la parole au
député de Saint-Jérôme. Allez-y, cher collègue, pour seulement 22 secondes.
M. Chassin :Et donc, question rapide — peut-être, c'est Mme Tremblay — on
a souvent, dans nos bureaux de comté, des gens qui ont eu des avis
contradictoires de professionnels de Revenu Québec. Est-ce que, si un
contribuable demande, il peut obtenir <un avis écrit...
M. Chassin :
...de professionnels de
Revenu Québec. Est-ce
que, si un contribuable demande, il peut obtenir >un avis écrit?
Le Président (M. Simard) : Succinctement.
Mme Tremblay
(Christyne) :Honnêtement, je pense qu'il
est possible d'obtenir un avis écrit de Revenu Québec, effectivement.
Le Président (M. Simard) : Je
vous remercie. M. le député de Camille-Laurin.
M. St-Pierre Plamondon : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Vous
disposez d'environ sept minutes.
M. St-Pierre Plamondon : Sept?
Je pense, c'est plus deux quelques.
Le Président (M. Simard) : Pardon,
je me trompais de bloc. J'aurais aimé ça vous l'accorder, mais finalement...
M. St-Pierre Plamondon : C'est
l'intention qui compte.
Le Président (M. Simard) : C'est
l'intention qui compte. Merci beaucoup. 1 min 56 s,
malheureusement. Ne m'en tenez pas rigueur.
M. St-Pierre Plamondon : 1 min 56 s.
Alors, ma...
M. Girard (Groulx) : ...déjà
consentement pour que la P.D.G. réponde. Allez-y.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. St-Pierre Plamondon : Bon.
Mais, de toute façon, c'est une question quand même simple. Revenu Québec
dispose de beaucoup d'information, en fait de la majorité de l'information liée
aux déclarations de revenus parce qu'on présente une déclaration à chaque
année. On voit que, dans d'autres pays, on évite aux contribuables de tout
remplir à nouveau avec une déclaration préremplie basée sur l'historique, ce
qu'on voit aussi dans le domaine privé, là. Donc, simplement, la question :
Plutôt que de toujours tout refaire à zéro, est-ce qu'il y a moyen d'avoir...
d'aller de l'avant avec une déclaration préremplie?
Mme Tremblay
(Christyne) :Merci beaucoup pour la
question. C'est un... C'est vraiment une initiative qu'on est en train de
valider puis de tester sur le terrain avec différentes clientèles. On a un
régime fiscal qui est complexe au Québec, qui ne se compare pas à ce qu'il y a
partout nécessairement ailleurs, donc il faut être capable, lorsqu'on fait
cette déclaration préremplie, de considérer la réalité de chacun des
contribuables. Donc, c'est ce qu'on est en train de tester. Cette année, on a
ajouté trois crédits d'impôt.
M. St-Pierre Plamondon : Avez-vous
un objectif? Avez-vous un objectif dans le temps, c'est-à-dire à quel moment on
pourrait avoir une déclaration préremplie uniforme disponible pour la
population?
Mme Tremblay
(Christyne) :Non, pas encore. On est
seulement à la deuxième année du projet pilote.
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 40 secondes, cher collègue.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
c'est vraiment sur les délais, là, c'est-à-dire ça fait deux ans qu'on le
teste, ça va bien, est-ce qu'on peut espérer ça dans la... dans un horizon de
trois ans, de cinq ans? Juste...
M. Girard (Groulx) : Bien,
je vais répondre en partie.
Le Président (M. Simard) : Succinctement.
M. Girard (Groulx) : Par
exemple, si on prend les jeunes qui font partie du projet pilote présentement,
tous les jeunes qui sont aux études sont exclus parce que leur situation va
être différente pour chacun des étudiants. Alors, la préremplie, c'est vraiment
pour ceux qui ont une situation simple.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, voilà, cela met fin à notre bloc d'échange.
Mais, sans plus attendre, je cède la
parole à la députée de Huntingdon, qui dispose de 3 min 16 s.
Mme Mallette : Merci beaucoup,
M. le Président.
Donc, j'ai beaucoup aimé les questions de
ma collègue de la deuxième opposition puis j'aimerais juste compléter, là, dans
le fond, la réponse que vous avez donnée, j'ai trouvé ça superintéressant. On
parlait, justement, qu'il y a certaines personnes, donc, des populations plus
vulnérables, qui ont de la difficulté à remplir leurs obligations fiscales puis
donc, par conséquent, de bénéficier aux sommes auxquelles ils ont droit. Vous
avez parlé de projet pilote. Est-ce qu'il y avait d'autres mesures, aussi,
qu'on a mises en place pour aider ces populations vulnérables là?
Le Président (M. Simard) : Mme Tremblay.
Mme Tremblay
(Christyne) :Merci beaucoup pour la
question. Je suis contente que vous la posiez, parce que Revenu Québec, dans
son plan stratégique, a une orientation qui est mettre les personnes au coeur
de son action, donc ça veut dire exactement les Québécois et Québécoises, mais
particulièrement les clientèles vulnérables. Puis on sait que, pour certaines
personnes, ça peut faire une grande différence de recevoir les sommes
auxquelles elles ont droit pour l'État. Donc, bon an, mal an, on verse
9,4 milliards de dollars aux bénéficiaires des programmes de
rétribution de richesse. Particulièrement, on a des projets, on va aller
travailler avec les personnes en situation d'itinérance. S'ils reçoivent leurs
montants, ça peut faire une différence entre avoir un toit au-dessus de sa tête
ou pas. Donc, on va participer à des cliniques à la Maison du Père. Les
nouveaux arrivants au Québec, par exemple... on vient tous de faire notre
déclaration de revenus, on avait peut-être tous des questions, donc, si on
arrive au Québec, on ne connaît pas la fiscalité, ça peut être un défi
supplémentaire. Donc, on va faire des mesures d'accompagnement particulières
pour ce type de personnes. Je pense aussi aux autochtones, on va aller dans le
Nord rencontrer les communautés autochtones, s'assurer de les accompagner pour
qu'ils rencontrent leurs obligations financières, mais également qu'ils
reçoivent les sommes auxquelles ils ont droit. On va travailler... M. le
ministre a mentionné les populations étudiantes, par exemple, être sûrs qu'ils
puissent recevoir, minimalement, la portion du crédit relatif à la TVQ,
peut-être le CIS, donner un coup de main. Donc, oui, il y a plusieurs
initiatives.
• (12 h 10) •
Mme Mallette : Donc, on
voit qu'il y a une partie très humaine à Revenu Québec, hein? Des fois, on
pense finances, on voit ça plus froid, mais finalement c'est très humain, ce que
vous <nous dites comme réponse...
Mme Mallette :
...
Revenu
Québec, hein? Des fois, on pense finances, on voit ça plus froid, mais
finalement c'est très humain, ce que vous >nous dites comme réponse.
Puis, en parlant d'humain, j'aimerais ça parler
des aidants naturels. Je pense que, bon, c'est des gens qui sont très
importants pour leur entourage, des gens qui ont besoin d'aide dans leur vie de
tous les jours, donc ces personnes-là vont les aider. Pour reconnaître leur
apport à ces aidants naturels, le gouvernement, il a mis en place un crédit
d'impôt pour ces personnes aidantes là. Est-ce que vous pouvez nous en parler
un petit peu plus, de la mise en oeuvre de ce crédit d'impôt là?
Le Président (M. Simard) : Très
rapidement.
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien, je pense que ce serait plus notre sous-ministre aux Finances qui devrait
répondre à cette question, s'il y a consentement.
Le Président (M. Simard) : Bien,
écoutez, on a déjà dépassé le temps qui nous est alloué, donc nous allons
terminer ici nos échanges, à moins qu'il y ait consentement, là, mais... Je ne
vois pas de consentement, malheureusement.
Documents déposés
Donc, en terminant, je dépose les réponses
aux demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre nos travaux. Et on se retrouve pour traiter de Retraite Québec après
les affaires courantes. À plus tard.
(Suspension de la séance à 12 h 12)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 h 30)
Le Président (M. Simard) : Chers
collègues, nous avons quorum. Conséquemment, la Commission des finances
publiques peut poursuivre ses travaux.
Et, comme vous le savez, nous sommes
réunis cet après-midi afin de procéder à l'étude du volet Retraite Québec des
crédits budgétaires du portefeuille Finances pour l'exercice 2025‑2026.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Morin (Acadie) est remplacé par Mme Caron
(La Pinière).
Retraite Québec
Discussion générale
Le Président (M. Simard) : Alors,
comme vous le savez, une période de 45 minutes a été allouée pour nos
échanges, et, comme le veut la tradition, nous débutons tout de suite avec la
porte-parole de l'opposition officielle en la matière, qui est notre collègue
de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Bonjour à tout le monde, M. le ministre, les collègues, et les
équipes, et les techniciens.
Alors, la première question que j'aurais,
c'est de... c'est à propos des personnes qui commencent à toucher leur rente de
retraite à 60 ans. Quand il y a eu les consultations sur le RRQ en février
2023, l'un des constats qui avait été émis par les experts, c'était que la
façon dont le libellé était fait dans les communications de Retraite Québec qui
allaient aux rentiers ou aux futurs rentiers, c'était que, bien, voilà, dès
60 ans, vous avez <droit à ça...
>
15 h 30 (version révisée)
<19313
Mme Caron :
...aux rentiers ou aux futurs rentiers, c'était que, bien, voilà,
dès 60 ans, vous avez >droit à ça, et on estimait que ça
encourageait les gens à retirer plus vite, alors que l'idéal, pour eux, c'est
de retirer le plus tard possible. Je crois que la formulation a été changée l'année
dernière dans la communication, que cette... vous me corrigerez si j'ai tort,
mais je pense que la recommandation avait été suivie. Et la question que je me
posais, c'est : Est-ce que vous avez déjà des chiffres pour montrer si ça
peut avoir eu un impact et s'il y a un peu moins de personnes qui commencent à
toucher leur rente du RRQ à 60 ans, notamment grâce à ce changement-là qui
aurait été fait?
M Girard (Groulx) : Alors,
M. le Président, avec votre consentement, je passerais la parole au P.D.G. de
Retraite Québec.
Le Président (M. Simard) : Bien
sûr, monsieur. Voudriez-vous d'abord, s'il vous plaît, vous présenter?
M. Dufresne (René) : René
Dufresne, président-directeur général de Retraite Québec.
Oui, en effet, suite aux consultations, les
remarques qui avaient été faites par rapport à notre façon de communiquer la
possibilité d'avoir une rente à 60 ans, dans le fond, on travaillait de
façon à faciliter les choses pour le demandeur, pour le citoyen et la citoyenne,
mais on a aperçu... on s'est aperçu que ça pouvait peut-être avoir une
incidence sur le fait que les gens les prenaient plus à 60 ans et les
prenaient moins de façon plus tardive, ce qui est un bénéfice, de prendre... d'attendre
quelques années et idéalement de se rendre jusqu'à 65 ans. On a
entièrement revu notre pratique, nos communications, rapidement, à l'été ou à l'automne.
De vous dire si ça a eu un impact, ce geste-là, c'est difficile pour moi de
vous dire ça, mais ce qu'on constate, on pourra sortir les chefs, là... les chiffres,
je ne les ai pas avec moi, mais l'âge de la retraite, les gens prennent leur
retraite ou, en fait, demandent leur rente, parce que tu peux continuer à
travailler pareil, donc, ils demandent leur rente... l'âge est plus tardif que
dans les dernières années, je pense qu'on est passés... moyenne à 60, 61 ou 62 ans,
ça, on le constate. Mais est-ce que c'est à cause de ça? C'est difficile de
pouvoir le dire, ça serait présomptueux de notre part de dire que c'est à cause
de ça. Mais on a eu beaucoup de campagnes de communication qui ont été faites,
des webinaires, des podcasts, beaucoup d'information pour amener les gens à
retarder leur prise de retraite... leur demande de rente, c'est-à-dire.
Mme Caron : Merci. L'autre
question. L'indexation des rentes du RRQ est calculée une fois par année en
fonction de l'indice des prix à la consommation. Cette année, pour une personne
de 65 ans, ça donne 18 $ par mois d'augmentation, donc 216 $
pour l'année. La question que je me posais, c'est : Est-ce que vous avez
déjà analysé la possibilité d'utiliser peut-être une autre méthode de calcul ou
d'autres paramètres, peut-être, comme... en fait, dans le but, peut-être, de s'approcher
d'un revenu viable pour les personnes retraitées, surtout les personnes qui
sont, je dirais, entre guillemets, dans le bas de l'échelle des revenus rendu à
la retraite? Est-ce que c'est quelque chose sur quoi vous travaillez?
M. Dufresne (René) : Bien,
à vrai dire, non. Dans le fond, toute l'évaluation actuarielle, les calculs...
la rente est calculée sur une indexation à l'IPC, et on n'est pas, présentement,
là, à regarder une autre façon de le calculer.
Mme Caron : O.K., donc c'est
cette façon qui demeure.
J'aurais une question aussi sur les
régimes de... les RVER, les régimes volontaires d'épargne-retraite. Alors,
selon les chiffres qu'on avait dans le rapport annuel de gestion de Retraite
Québec, en 2023, il y avait neuf RVER qui étaient offerts par 12 277 employeurs
et il y avait un peu plus de 102 000 employés qui y participaient.
Est-ce que c'est possible d'avoir les chiffres pour 2024?
M. Dufresne (René) : Si
c'est disponible, on va vous les fournir, là. Je ne sais pas si la donnée de 2024
est disponible. Attendez-moi deux secondes.
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Alors,
je vous arrête parce que la technique me fait signe qu'on n'est pas capables de
capter, malgré nos efforts, vos propos. Alors, est-ce qu'on est en mesure de
pouvoir le prendre? Ou sinon ce sera le ministre qui devra répondre. M. le
ministre, allez-y, je vous en prie, ça va nous faciliter la vie.
M. Girard (Groulx) : Dès
que des statistiques à jour seront disponibles, elles seront divulguées.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci.
Mme Caron : Merci. Alors,
bien, les statistiques que j'avais citées pour 2023 venaient du rapport annuel
de gestion. Le rapport annuel de gestion de Retraite Québec, il sort à quel
moment?
M. Dufresne (René) : Il
va sortir, je pense, c'est pour le 30 mai.
Mme Caron : Pour le 30 mai.
Merci. Est-ce qu'on peut savoir, disons, pour 2023, puisqu'on n'a pas les <données
pour 2024 encore...
Mme Caron :
...est-ce
qu'on peut savoir, disons, pour 2023, puisqu'on n'a pas les >données
pour 2024 encore, parmi les milliers d'employeurs qui... bien, qui offrent le
régime de retraite, là, ils n'ont pas le choix s'ils ont, je pense, c'est
10 employés ou plus, ils doivent obligatoirement offrir le RVER, est-ce
qu'on sait il y en a combien qui cotisent eux-mêmes pour leurs employés?
M. Dufresne (René) : En
fait, je ne le sais pas exactement, mais on pourra regarder, mais c'est très
peu.
Mme Caron : C'est très
peu.
M. Dufresne (René) : C'est
très peu. Des employeurs au RVER qui vont cotiser en même temps que leurs
employés, c'est peu. On va essayer de voir si on est capables de sortir une
statistique, parce que je regarde dans mes statistiques sur les RVER, je ne les
ai pas. Mais la situation des RVER, en 2023‑2024, n'a vraiment pas beaucoup
changé. C'est la même chose, on ne peut pas dire qu'on... En fait, il n'y a pas
une grande progression, dans les dernières années, au niveau de l'adhésion au
RVER puis il n'y a pas beaucoup d'adhésion non plus au niveau des employeurs à
cotiser avec leurs employés.
Mme Caron : Et, d'après
ce que je lisais dans une étude, même certains employeurs qui avaient des
régimes de pension agréés ont migré vers les RVER, justement, pour ne pas avoir
à payer les cotisations, à cotiser pour leurs employés. Est-ce que ça fait
comme... C'est en 2013, je pense, que la loi a été... la Loi sur les régimes
volontaires d'épargne-retraite a été adoptée. Est-ce que... vu le faible taux
d'employeurs qui cotisent pour leurs employés, est-ce que ce ne serait pas...
ou est-ce que c'est peut-être déjà dans vos plans de regarder cette loi-là et
cette mesure-là? Parce que, pour l'État, plus les employés peuvent obtenir un
revenu de retraite intéressant, moins ça finit par coûter cher à l'État. Et
donc on sait qu'il y a beaucoup de... beaucoup d'aînés qui sont sous le seuil
de la pauvreté. Alors, est-ce que c'est quelque chose qui est envisagé dans un
futur rapproché, de revoir, peut-être, les RVER?
M. Dufresne (René) : Je
répondrais... si vous me permettez, je répondrais un peu plus largement, sur
les offres précises. Si je vais trop... si je m'éloigne un peu de votre
question, n'hésitez pas à me ramener. Mais, des produits de retraite, on en a
beaucoup. On parle du RVER, mais avant ça on a créé les régimes de retraite
simplifiés, on a mis en place aussi les régimes de retraite à financement
salarial, on a mis en place aussi les régimes de retraite à prestations cibles.
Des véhicules de retraite, il y en a beaucoup — il y a les RVER aussi — puis
ce qu'on constate, c'est qu'il y a quand même encore autour de 45 % des
travailleurs au Québec qui n'ont pas de régime de retraite, 55 % des
travailleurs du secteur privé qui n'ont pas de régime de retraite. C'est sûr
que, pour les plus bas salariés, les régimes d'État actuels — que ce
soit le Régime de rentes, un régime fédéral, le Supplément de revenu garanti — couvrent
très bien les bas salariés. Les plus hauts salariés, ils ont les moyens, aussi,
de s'occuper, mais il y a une tranche, aussi, dans le milieu pour qui c'est
clair qu'il y a... Malgré qu'on a un très bon système de retraite au Québec, au
Canada, je pense qu'il y a des améliorations à apporter.
Puis, moi, ce que j'ai fait, c'est que
j'ai inscrit les RVER dans une grande réflexion que je travaille avec les gens
de la société civile. On a ce qu'on... chez nous, on a la Table d'expertise, où
on regroupe l'ensemble des intervenants de retraite, que ce soient les
actuaires-conseils, les centrales syndicales, le patronat, pour... Puis je les
ai rencontrés il y a 10 jours, deux semaines pour les convier, parce que
j'ai rencontré beaucoup, là, depuis la dernière année, les convier à travailler
avec nous pour voir comment on pourrait améliorer ces produits-là, RVER et
autres, puis surtout comprendre pourquoi ça ne fonctionne pas, qu'est-ce qui
fait que ça ne fonctionne pas. Et, dans ce contexte-là, on est en réflexion
pour voir comment on pourrait l'améliorer. Mais aujourd'hui je ne suis pas
capable de vous dire de quelle façon je pense qu'il serait le plus optimal
possible de le faire. Est-ce qu'on maintient les RVER, on change ou on fait
autre chose? On n'est pas rendus là encore dans notre réflexion.
• (15 h 40) •
Mme Caron : Merci. Donc,
je comprends qu'il y a une analyse qui est en cours, plus large, et il y aura
peut-être des choses qui viendront là-dessus, mais, quand on parle d'un taux de
couverture, un excellent taux de couverture pour les petits salariés, mais
c'est parce que, même s'ils ont 100 % de couverture de leur revenu à la
retraite, le revenu étant bas, évidemment, ils ont... ils sont sous le seuil de
la pauvreté. Donc, ce n'est pas juste le taux de couverture qu'il faut
regarder, mais qu'est-ce qui est... qu'est-ce qu'on peut leur offrir comme
moyens de mieux être rémunérés à la retraite.
Alors, il me reste, je pense, juste
environ 2 min 30 s.
Le Président (M. Simard) : Vous
comptez très bien.
Mme Caron : La question
que je vais <vous poser
Mme Caron :
...juste
environ 2 min 30 s.
Le Président (M. Simard) :
Vous comptez très bien.
Mme Caron :
La
question que je vais >vous poser, c'était dans... Bien, dans le mémoire
de l'Observatoire de la retraite, le mémoire prébudgétaire qui avait... je
trouvais une recommandation intéressante. Je ne sais pas si vous la trouvez
aussi intéressante, mais on suggérait d'avoir une interface ou un outil, que ce
soit un tableau de bord ou autre, mais pour faciliter la vie des citoyens qui
veulent faire leur planification de retraite, c'est-à-dire que... parce que
l'information se retrouve à Retraite Québec, à Revenu Québec, mais de pouvoir,
en allant sur le site de Retraite Québec, par exemple, juste cliquer pour voir
tous les régimes auxquels ils ont déjà participé, parce que quelqu'un qui a
participé à un régime de retraite il y a 30 ans puis qui a fait plusieurs
employeurs peut peut-être en oublier, alors que, si, comme dans certains pays,
on peut voir tous les régimes et faire la planification à partir de ce
moment-là plutôt que d'aller chercher auprès de chaque employeur ou régime, ça
peut être intéressant. Puis c'est surtout aussi pour l'État, si les retraités
peuvent aller vraiment s'assurer d'aller chercher tous les revenus auxquels ils
ont droit, bien, ils auront peut-être moins besoin d'aide financière de l'État.
Alors, je ne sais pas si c'est une
recommandation que vous avez vue aussi dans le mémoire prébudgétaire de l'observatoire
qui vous parle ou qui pourrait être une avenue à mettre en oeuvre.
M. Dufresne (René) : Bien,
absolument. Écoutez... Bien, c'est sûr que faire le registre... Parce qu'on
discute beaucoup avec l'Observatoire de la retraite. J'ai... Puis on... Il y a
plusieurs éléments avec lesquels je veux travailler avec l'Observatoire de la
retraite. Ça, c'en est un. C'est sûr que ce genre de registre là, c'est
beaucoup d'efforts, c'est beaucoup de travail. Il y a une question de
faisabilité qu'on est en train de regarder, mais on n'a pas discarté l'idée de
le faire, on regarde avec eux. Mais ça pourrait être... ça pourrait être très
lourd à faire. Ce n'est pas simple parce qu'il faut recenser tout le monde, où
ils ont été, puis avec la mobilité, mais ça pourrait être une bonne chose. Mais
il y a plusieurs bons éléments avec lesquels on travaille avec l'Observatoire
de la retraite, même pour les véhicules qui existent présentement.
Mme Caron : Merci.
Alors, en dernier, une... la troisième recommandation de l'observatoire,
c'était de permettre aux personnes qui sont encore actives sur le marché du
travail de cotiser jusqu'à l'âge de 71 ans aux fonds de travailleurs pour
pouvoir profiter des crédits d'impôt qui sont offerts, là, de 15 % par les
deux paliers de gouvernement. Est-ce que c'est quelque chose que vous regardez?
M. Dufresne (René) : Moi,
de mon côté, au niveau de la fiscalité, non.
(Interruption)
Mme Caron : Oups!
Pardon.
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 10 secondes, chère collègue, que vous aurez prises à arrêter
votre cellulaire.
Sur ce, je cède la parole à ma collègue de
Verdun, qui dispose de 8 min 50 s.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Merci, M. le Président. Je salue, à mon tour, les personnes de Retraite Québec
avec nous.
Une voix : ...
Mme Zaga Mendez : Pardon?
Excusez-moi.
Je vais faire un... pousser sur la hausse
du taux de participation à un régime... un RCR, là. L'année passée, Retraite
Québec nous faisait remarquer — je vais juste citer : «Bon an,
mal an, là, on est autour de 20 % de travailleurs qui participent à un
régime collectif de retraite.» Et je continue la citation : «Si vous
regardez notre planification stratégique, la nouvelle planification qu'on
dépose en 2024‑2027, c'est un élément qui nous préoccupe, c'est un élément sur
lequel on veut travailler pour élargir cette participation-là.» Donc, à partir
de cette intention, est-ce que le taux de participation dans un régime
collectif de retraite a-t-il augmenté ou diminué depuis un an?
M. Girard (Groulx) : Je
pense que le terme juste, c'est «régime complémentaire», hein, «régime
complémentaire de retraite». Avez-vous une réponse à la question?
M. Dufresne (René) : Ah!
bien, il faudrait que je regarde la statistique, exactement, mais c'est sûr que
ça ne bouge pas beaucoup. Mais ce n'est pas... parce que c'est quelque chose
qui... On le regarde, là, puis... Je me souviens, l'année passée j'avais
dit : Ça fait 10, 15 ans que ça ne bouge pas.
Mme Zaga Mendez : O.K.
M. Dufresne (René) : On
a beaucoup d'ambition pour le faire bouger, mais est-ce que la réalité va
correspondre à nos ambitions? Peut-être pas. Mais, dans la même lignée que la
réponse que je donnais tantôt, je pense que notre désir — parce que
j'avais commencé l'année passée là-dessus avec votre collègue — de
rencontrer les parties civiles, de discuter avec les centrales syndicales... J'ai
rencontré les grandes centrales syndicales, on fait des rencontres en
bilatéral. On a fait beaucoup de rencontres en bilatéral avec les centrales
syndicales, le patronat, les bureaux d'actuaires-conseils, les administrateurs
de régimes de retraite puis les compagnies d'assurance, et ce qu'on veut, c'est
travailler ensemble pour comprendre qu'est-ce qui fait que ça stagne puis que
la couverture ne s'améliore pas. Est-ce que c'est les outils? Est-ce que c'est
les produits? Est-ce que c'est <la difficulté...
M. Dufresne (René) :
...est-ce
que c'est les outils? Est-ce que c'est les produits? Est-ce que c'est >la
difficulté administrative? Qu'est-ce qui nous empêche de faire bouger
l'aiguille par rapport à ça? Et je ne pense pas que ça ait bougé, puis, si ça a
bougé, je ne pense pas que ce soit à cause de mes efforts. En toute honnêteté,
je ne pense pas que ce soit à cause de René Dufresne.
Mme Zaga Mendez : Je
comprends.
M. Dufresne (René) : Mais
on le souhaite de le faire bouger.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Donc, ce que je comprends, il y a des discussions bilatérales. L'Observatoire
de la retraite propose la mise en place d'un genre de «TAC team», là, une unité
de recherche de Retraite Québec. Est-ce que ce que vous faites en ce moment
ressemble, là, à cette «TAC team», c'est-à-dire d'aller parcourir le milieu de
travail afin de faire la promotion des régimes de retraite et assister les
employeurs dans leur instauration? Est-ce que vous êtes juste dans la
consultation ou vous êtes aussi dans la recherche de solutions et à faire la
promotion auprès des employeurs, là?
M. Dufresne (René) : Je
suis très content que vous me posiez la question, parce que je voulais
embarquer là-dessus, ça, parce que c'est l'autre pendant que je travaille avec
l'Observatoire de la retraite. C'est... on a beaucoup de produits. Puis, quand
on parle de groupe tactique, là, bien, la première fois que j'ai rencontré... une
des premières fois que j'ai rencontré l'Observatoire de la retraite, je leur ai
demandé si eux, ils avaient des idées de solutions, ils avaient des idées pour
promouvoir la couverture retraite au Québec, puis c'est un des premiers
éléments qu'ils m'ont amenés, c'est le groupe tactique. Puis, le groupe
tactique, on travaille activement, présentement, à le mettre en place avec M. L'Italien
puis son équipe parce que moi, j'y crois. Moi, je crois qu'il y a beaucoup de
produits qui existent, présentement, je pense qu'il faut, comme M. L'Italien
le propose, le faire valoir aux entreprises, faire valoir les différentes
options, les différentes options de couverture pour la retraite avec les plus,
les moins — il y a des groupes communautaires qui n'ont pas les mêmes
besoins que des petites entreprises — mais juste de les faire
connaître, puis de voir si ça peut, ça, d'un point de vue administratif, être
gérable pour eux.
Mme Zaga Mendez : Parfait.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Une autre idée qui est soumise par l'Observatoire de la retraite, c'est l'idée
d'avoir un conseil des partenaires de la retraite qui irait au-delà de la table
d'expertise dont vous avez fait mention tout à l'heure, parce qu'un des enjeux,
c'est le fait qu'en ce moment il existe des instances de dialogue social, mais
les associations qui représentent les retraités sont absentes. Les instances
n'ont pas nécessairement le mandat de conseiller le gouvernement directement et
également elles manquent de moyens humains et financiers pour réaliser des
recherches et des avis. Quelle est votre opinion? Et où vous en êtes sur
élargir les étapes d'expertise pour faire en sorte qu'on ait un vrai conseil
des partenaires de la retraite?
M. Dufresne (René) : Si
je peux me permettre, en toute franchise, moi, je pense que ce n'est pas
nécessaire. Puis j'en ai parlé avec les gens de l'Observatoire, je pense
qu'avec la table d'expertise qu'on a, s'il faut ajouter des joueurs... Il faut
se rappeler qu'il y a à peine deux ans l'Observatoire de la retraite n'était
pas à la table d'expertise. C'est à ma demande que j'ai demandé qu'on inclue l'Observatoire
de la retraite sur la table d'expertise, puis, si je ne me trompe pas, ça fait
deux ans qu'ils sont avec nous.
S'il manque d'autres groupes, moi, je n'ai
pas de problème, on va en ajouter, des groupes. Ce n'est pas un enjeu pour moi.
Puis ajouter une autre structure, ça peut être intéressant, mais vous le savez,
là, tu sais, tout le monde le sait, dans les structures, ça prend un leadership.
Puis, le leadership, comme je l'ai dit l'année passée, puis comme on le réitère
dans notre planification stratégique, Retraite Québec veut le prendre, puis,
comme on veut le prendre, bien, je pense que la structure, selon moi, elle
n'est pas nécessaire.
• (15 h 50) •
Mme Zaga Mendez : Merci.
Si vous avez l'intention de l'élargir, je vous encourage à voir auprès des
associations qui représentent les retraités, qui semblent être absents autour
de la table.
Avec le temps qu'il me reste, j'aimerais
ça discuter l'idée avec vous, puis aussi avec le ministre, de l'implantation de
ce que nous, on a appelé un super RRQ, qui constitue un régime public universel
de la retraite. On a discuté peut-être à d'autres opportunités. Pourquoi faire
un super RRQ, c'est-à-dire un seul régime public pour améliorer le taux de
remplacement du revenu des personnes salariées? On parle des... En ce moment,
on déplacerait l'épargne des régimes complémentaires ou de d'autres régimes qui
sont de plus... de moins bonne qualité, là, le REER, le CELI, vers un régime
qui prévoit des rentes viagères. Je peux vous détailler un peu plus la
proposition, mais j'aimerais savoir si Retraite Québec étudie le scénario
d'avoir un seul et unique régime de retraite qui couvrirait l'ensemble de ces
éléments-là.
M. Dufresne (René) : En
fait, dans l'ensemble de notre réflexion, là, moi, je suis plus au stade de
bien comprendre qu'est-ce qui ne fonctionne pas, parce que, comme je l'ai dit, puis
je me répète, des produits d'accumulation, il y en a beaucoup. À qui ça
correspond bien? À qui ça sert moins bien? C'est où on a un trou? C'est où il
faut qu'on agisse? À partir du moment de <ces constats-là...
M. Dufresne (René) :
...c'est
où qu'on a un trou? C'est où qu'il faut qu'on agisse? À partir du moment de >ces
constats-là, je vais être plus en mesure d'être sur les pistes. Puis il n'y a
rien de fermé sur les pistes. Ça, il n'y a rien de fermé sur les pistes, mais
on est encore à l'étape des constats que je veux faire avec les partenaires.
Mme Zaga Mendez : Bien,
je vous invite à regarder, dans ces constats-là, de voir comment ces types de
régimes viennent diminuer les records... les recours, par exemple, à d'autres
instruments, des crédits d'impôt ou SRG. On vient réduire les coûts liés, aussi,
à la pauvreté des aînés. Ça nous permet de réduire aussi... d'avoir les recours
aux autres formes d'épargne-retraite, là, qui sont des fois plus volatiles, là,
puis qu'on a besoin de quelque chose de plus rassurant. Ça fait que... Pardon,
combien de temps est-ce qu'il me reste?
Le Président (M. Simard) :
1 min 6 s.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Est-ce qu'il y a d'autres... Dans vos constats, est-ce qu'il y a d'autres
choses qui avancent en termes de réflexion vers ce type de régime? Où vous en
êtes en termes de vos constats en ce moment?
M. Dufresne (René) : Je
vous dirais qu'il y a un gros morceau sur lequel on n'a pas... on ne s'est pas
penché beaucoup, mais quoi qu'on le fait, là, avec M. le ministre, là, c'est
toute la... Là, on a beaucoup de régimes, donc, beaucoup de produits pour
accumuler, mais on en a très peu pour décaisser. Puis le décaissement, pour les
gens, c'est un enjeu majeur parce que...
Le Président (M. Simard) :
Madame, voulez-vous poursuivre? Il vous reste 30 secondes.
Mme Zaga Mendez : Je vous
laisse compléter.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Dufresne (René) : Le
décaissement, on l'oublie trop. On accumule beaucoup d'argent, mais, quand on
est rendu... Moi je considère qu'on... Moi, là, puis les gens de mon âge sont
les premières générations à avoir de l'argent, un pécule à la retraite. À
60 ans, gérer ça, c'est compliqué.
Le Président (M. Simard) :
En conclusion.
M. Dufresne (René) : À
65 ans, c'est compliqué. À 85, c'est encore pire. Il faut penser au
décaissement.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
Mme Zaga Mendez : Ça conclut.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci beaucoup pour votre précieuse collaboration.
Sur ce, j'ai cru comprendre qu'il y avait
eu consentement afin que notre collègue de Terrebonne puisse remplacer le
député de Camille-Laurin.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) :
Il y a consentement. Madame, vous avez environ trois minutes.
Mme Gentilcore : Merci
beaucoup, chers collègues.
M. le ministre, vous avez resserré
l'utilisation des crédits d'impôt pour fonds de travailleurs. On ne peut plus y
avoir accès lorsqu'on gagne plus qu'un certain montant. Je pense que c'est
112 000 $ par année, si je ne m'abuse. Ma question, elle est simple :
Est-ce que, dans les prochaines années, c'est prévu qu'on resserre encore
davantage ces mesures-là?
M. Girard (Groulx) : Dans
les faits, cette mesure a été suspendue pour trois ans après avoir été
introduite alors que les fonds de travailleurs ont volontairement suggéré
qu'ils pouvaient augmenter la construction de logements abordables — non
pas sociaux, mais de logements abordables — avec des contributions
supplémentaires. Alors, la mesure est suspendue pour trois ans, et notre
intention, c'est qu'elle entre en vigueur dans trois ans.
Mme Gentilcore : O.K.
Donc, dans trois ans, là, c'est à ce moment-là que ça va entrer en vigueur.
M. Girard (Groulx) :
C'est ça.
Mme Gentilcore : O.K.
Très bien.
Il y a à peine 40 % des Québécois qui
bénéficient d'un régime de retraite de leur employeur. Il y a quelques années,
Québec a mis en place le Régime volontaire d'épargne-retraite dans le but de,
justement, redresser la barre, mais le succès a été mitigé. Pour le professeur
à la TELUQ Clément Hudon, c'est le temps de faire comme d'autres pays,
d'obliger les travailleurs et employeurs à cotiser à un régime complémentaire
de retraite. Dans un article du Journal de Montréal d'octobre 2024, il
déclarait : «Il faut aider les gens à s'aider. Certaines choses doivent
être obligatoires.» Pensez-vous qu'un plus grand nombre d'entreprises devraient
offrir un régime de retraite obligatoire à leurs employés?
M. Girard (Groulx) : Bien,
je pense que là où on a beaucoup d'information, on a beaucoup de véhicules, je
ne suis pas sûr qu'on arrive à rejoindre tous les destinataires, M. le
Président. Alors, on a un enjeu général de littératie financière et on est en
réflexion avec Revenu Québec, l'AMF, les institutions privées. On a un enjeu
général de littératie financière. On ne manque pas de véhicules d'épargne, mais
on manque d'adhésion au sein de la population.
Mme Gentilcore : Pour
quelle raison, vous pensez? Puis comment on peut remédier à ça?
M. Girard (Groulx) :
Bien, c'est toute la question, encore une fois, de la littératie financière. C'est-à-dire
que, si on donne un demi-cours, au secondaire, qui couvre le budget, les cartes
de crédit, les hypothèques, l'épargne-retraite, en secondaire IV ou V, ce n'est
pas la priorité des étudiants. Je ne sais pas... je ne sais même pas s'il y a
trois heures de cours sur la retraite dans ce demi-cours.
Le Président (M. Simard) :
En 10 secondes.
M. Girard (Groulx) :
Bref, on a besoin de faire un effort en littératie financière, puis la
planification de la retraite, c'est un des éléments où on doit faire mieux.
Le Président (M. Simard) :
Alors, je vous remercie beaucoup.
Mme Gentilcore : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, chère collègue.
Sur ce, je cède la parole à la députée de
La Pinière qui dispose de 30... 13 secondes? Non, non,
13 min 28 s.
Des voix
: Ha, ha, ha!
Mme Caron : 13 minutes.
Je le trouvais <généreux avec...
Le Président (M. Simard) :
...dispose de 30... 13 secondes? Non, non, 13 min 28 s.
Des voix
: Ha, ha,
ha!
Mme Caron :
13 minutes.
Je le trouvais >généreux avec 30 minutes, mais là 13 secondes!
Merci.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Oui,
on appelle ça mêlé comme un sac de clous. Allez-y, chère dame.
Mme Caron : Merci, M. le
Président.
Alors, peut-être, je vais donner peut-être
juste la chance... Je crois que monsieur était en train de répondre à ma dernière
question quand le temps est arrêté, c'est-à-dire c'était la question sur...
voir si on ne pourrait pas remonter jusqu'à 71 ans l'âge des travailleurs
actifs pour leur permettre de contribuer, de cotiser au fonds de travailleurs
puis de profiter des crédits d'impôt. Alors...
M. Girard (Groulx) : Ça,
c'est une question de politique fiscale, et la réponse : Non, ce n'est pas
notre intention.
Mme Caron : Ce n'est pas
votre intention, donc ça restera à 65 ans, comme c'est le cas actuellement.
Parfait.
Ma question suivante, vous avez parlé de
la table d'expertise qui existe déjà, donc vous ne voyez pas le bien-fondé, la
pertinence de créer une autre structure. Alors, est-ce qu'à cette table
d'expertise, je pense... bien, il y a déjà des chaires de recherche, puisque
vous avez dit que l'observatoire est présent. Est-ce qu'il y a des
représentants, je dirais, citoyens ou aînés, admettons? Je ne veux pas en
proposer, là, mais est-ce qu'il y a un groupe qui représente des aînés, par exemple,
qui siègent ou des retraités qui siègent à cette table d'expertise pour amener
le point de vue, je dirais, plus, peut-être, pragmatique, plus financier?
M. Dufresne (René) : Non.
Mme Caron : La réponse,
c'est non. O.K. Merci.
Maintenant, tout à l'heure, quand je
parlais de l'idée d'une interface ou d'un tableau de bord où le citoyen
pourrait retrouver facilement tous les régimes de retraite auxquels il aurait
cotisé chez ses divers employeurs puis avoir... déjà savoir combien, combien ça
lui donnerait pendant qu'il planifie sa retraite, puis vous avez mentionné que
c'était très complexe à faire. Mais est-ce que c'est... La complexité, est-ce
qu'elle vient de bâtir l'outil — parce que les informations... si
j'en crois la mémoire, l'information serait déjà disponible chez Revenu Québec
et à Retraite Québec — ou est-ce que c'est parce que ça prend un
travail conjoint, que c'est compliqué, ou...
M. Dufresne (René) : Bien,
c'est parce que ça prend un travail conjoint. Les structures, présentement, de
partage de données, puis tout ça, ce n'est pas encore optimal, là, entre les
organismes. Ça fait que tout ça est à bâtir. Je ne dis pas que ce n'est pas une
bonne chose, ça pourrait l'être, mais ça devient compliqué.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Puis je vais vous poser une dernière
question avant que mon collègue pose ses questions. C'était... C'est venu sur
la... durant la discussion en février 2023, puis c'est dans les mémoires
prébudgétaires, c'était là en 2024, ça l'est encore cette année, la fameuse
prestation de décès de 2 500 $. Donc, chaque cotisant qui décède, au
moment de son décès, la famille va avoir une prestation de décès de 2 500 $
pour aider à payer les frais funéraires. Donc, c'est un montant qui est
imposable, c'est considéré comme un revenu imposable pour le proche qui s'en
sert. C'est un montant qui avait été diminué à 2 500 $ à la fin des
années 90 et qui est resté fixe au fil du temps, tous gouvernements
confondus. Mais, dans le contexte où le coût de la vie a beaucoup augmenté, où
il y a des salariés, des petits salariés, je dirais, qui sont à la retraite et
qui n'arrivent pas, est-ce que c'est quelque chose que vous pourriez regarder?
Peut-être pas nécessairement de passer de 2 500 $ à 5 000 $
d'un coup, mais soit que ce ne soit plus imposable ou que... Est-ce possible
pour certains... tu sais, cibler pour certains petits salariés, qui sont
devenus des petits rentiers pour les aider, les aider davantage, ou est-ce que
c'est complètement hors radar pour l'instant?
• (16 heures) •
Le Président (M. Simard) :
M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : C'est
une question qui sera étudiée dans la prochaine consultation publique. Comme
vous le savez, lors de la dernière, on a beaucoup discuté de la rente d'invalidité,
qui était une priorité. Les bonifications qui sont demandées à la prestation de
décès sont extrêmement dispendieuses pour le régime. Alors, bien sûr, on
pourrait faire une indexation du montant actuel ou... mais ce sera discuté dans
la prochaine consultation publique. On a une consultation publique aux six ans?
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Aux
six ans.
Mme Caron : Donc, ce
serait en 2028...
M. Girard (Groulx) : Exact.
Mme Caron : ...ou en 2029?
C'était... Non, c'était en 2023, donc en 2029. C'était en février 2023, donc ça
va être, six ans plus tard, autour <de février 2029...
>
16 h (version révisée)
<19313
Mme Caron :
...non, c'était en 2023, donc en 2029. C'était en février 2023, donc
ça va être, six ans plus tard, autour >de février 2029. Est-ce que
le.... Parce que le coût de la mesure était évalué à... je pense, c'est dans le
mémoire prébudgétaire de la FADOQ, à 190 millions. Est-ce que c'est à peu
près votre évaluation aussi?
M. Girard (Groulx) : Ah!
bien, il y avait toutes sortes d'idées qui étaient véhiculées, là. Moi, je
réfère... De mon souvenir, lors de la consultation publique, les thanatologues
étaient venus en commission parlementaire, nous avaient proposé quelque chose
qui avait été évalué et qui était extrêmement dispendieux, là.
Je rappelle que la marge de manoeuvre du
régime est quand même extrêmement serrée, là. L'évaluation actuarielle qu'on a
au 31 décembre 2023, puis ce serait approximativement la même chose si on
faisait une mise à jour au 31 décembre 2024, elle sera faite en temps et
lieu, mais on a huit points de base de marge de manoeuvre, et la marge de manoeuvre
que nous avions a été utilisée pour la prestation d'invalidité, qui, je pense,
était... je pense que ça faisait consensus, que c'était la priorité dans les
actions qu'on devait prendre.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Le Président (M. Simard) : Alors,
cher collègue, il vous reste 7 min 14 s.
M. Beauchemin : ...merci
à l'équipe d'être ici. Je veux... Une question pour, en fait, le président-directeur
général. Comme vous l'avez sûrement réalisé depuis quelques mois déjà, il y a
énormément de variabilité, là, dans... une volatilité augmentée dans les
marchés. En quoi est-ce que vous... Pourriez-vous quantifier un petit peu ce
que ça a eu comme conséquences, là, sur la valorisation, là, des fonds sous
gestion de Retraite Québec?
M. Dufresne (René) : Je
n'ai pas les chiffres des derniers mois pour savoir depuis le début de l'année,
là. C'est sûr que tous les marchés sont en baisse, ça fait que c'est sûr que ça
affecte nos rendements. Mais il faut comprendre qu'au niveau du rendement de la...
du Régime de rentes on investit sur 50 ans. Sur 50 ans, il y a eu des
périodes dans les dernières années où ça a été difficile, qu'on pense à 2008 ou
d'autres années, où les rendements n'ont pas été au rendez-vous et pour
lesquels, malgré tout, on a quand même atteint notre objectif de 6 %. Le Régime
de rentes, l'évaluation actuarielle est basée sur une espérance d'avoir
6 % de rendement par année. Il faut se rappeler que l'année passée on a
fait 11 %, on a eu des bonnes années par le passé. Et, quand on le regarde — si
vous me laissez deux secondes — sur 10 ans, on est au-delà du 6 %,
on est au-delà du 6 %, et sur 20 ans aussi. Ça fait que, là-dessus,
moi, j'ai... RRQ, en 2024, 11 %. Sur 10 ans, on a fait 8,1 %; sur
20 ans, 7,5 %; sur 30 ans, 8 %. Depuis la création, on est
à 8,6 %. C'est sûr qu'il y a eu des années où ça a été plus difficile, on
en connaît, mais nous, on est confiants que, malgré ce qui peut se passer, avec
l'offre de diversification dans notre portefeuille que la caisse nous offre, on
va passer au travers, puis on n'est pas inquiets.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. M. le député.
M. Beauchemin : O.K.
Puis cette différence-là par rapport à ce que vous avez besoin comme rendement,
là, le 6 % versus 8,1 % que vous avez mentionné...
M. Dufresne (René) : ...des
périodes, là, oui.
M. Beauchemin : Oui,
bien, je pensais que vous parliez d'une moyenne depuis la création.
M. Dufresne (René) : Oui,
sur 10 ans, c'est 8,1 %.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
ce différentiel-là se retrouve donc capitalisé à l'intérieur même du fonds, c'est
ça?
M. Dufresne (René) : Oui.
Ça nous permet d'avoir une marge de manoeuvre un petit peu plus grande. Là, on
est autour de cinq ans de prestations, environ, là, 20 % de
capitalisation.
M. Beauchemin : O.K. Puis
cette marge de manoeuvre là, elle représente, en termes de... en termes
d'années, vous dites, c'est cinq ans de prestations d'avance par rapport à... les
besoins.
M. Dufresne (René) : Oui,
exact, exact.
M. Beauchemin : O.K.Évidemment,
bon, il y a un paquet de scénarios, là, sur ce qui va se passer, de façon
économique, là, pour... ici, au Québec puis au Canada, puis, j'imagine, qui
affecte, là, le portefeuille, là, en tant que tel, mais... les portefeuilles,
en fait. Mais là, maintenant, si on regarde le scénario probable d'une
récession, que ce soit au Canada ou aux États-Unis, là, est-ce que vous pouvez
quantifier ce que ça pourrait représenter comme variation par rapport, disons,
au 11 % que vous avez eu l'an passé? Qu'est-ce que vous vous attendez d'avoir
comme rendement? Bien, premièrement, qu'est-ce que ça a été depuis le début de
l'année pour vous? Puis qu'est-ce que vous vous attendez s'il y a scénario de
récession? Qu'est-ce que ça va représenter comme performance?
M. Girard (Groulx) : On
pourrait demander à l'actuaire en chef de s'asseoir.
M. Dufresne (René) : Oui,
bien, depuis le 31 mars, on a 1 %.
M. Beauchemin : Pardon,
excusez?
M. Dufresne (René) : On
a fait 1 % depuis le 31 mars. En fait, au 31 mars, depuis le
début de l'année, on a fait 1 % dans notre <portefeuille
M. Girard (Groulx) :
...en
chef de s'asseoir.
M. Dufresne (René) :
Oui,
bien, depuis le 31 mars, on a 1 %.
M. Beauchemin :
Pardon,
excusez?
M. Dufresne (René) :
On
a fait 1 % depuis le 31 mars. En fait, au 31 mars, depuis le
début de l'année, on a fait 1 % dans notre >portefeuille.
Le Président (M. Simard) : Si
d'aventure M. l'actuaire veut compléter, il pourrait s'asseoir au bout de
la table, à ma droite. Ça vous va? Très bien.
M. Beauchemin : D'accord.
Puis juste pour mettre le tout en contexte, donc, 1 % à date, là. Puis vos
attentes par rapport à un scénario probable de récession, ça voudrait dire
quoi, comme performance, pour le fonds, si on mettait un scénario, là, de deux
trimestres ou trois trimestres consécutifs négatifs?
M. Dufresne (René) : Bien,
écoutez, nous, on vise encore le 6 %, puis je ne sais pas si c'est
réaliste, mais on a quand même un portefeuille qui est très diversifié. On a
beaucoup de... on a un portefeuille qui est de plus en plus diversifié. Au
niveau des marchés boursiers, au début des années 2000, on avait 57 %
de notre portefeuille qui était en marchés boursiers; en 2025, on va tomber à
34 %. Ça fait qu'on a beaucoup, dans notre portefeuille, des placements
privés, de la dette, on a des infrastructures. Nous, on pense qu'on va finir
avec l'année... quand même, avec un bon rendement.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Peut-être
que notre... je sais que vous n'êtes pas l'actuaire en chef, mais vous êtes son
patron, c'est encore mieux, là, peut-être nous dire, par exemple, s'il n'y
avait pas de rendement, 0,0 %, versus le 6 % qui est anticipé pour le
passif, quel serait l'impact sur la marge de manoeuvre du régime.
Le Président (M. Simard) : Alors,
il y a consentement à cet effet?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) : Consentement.
Alors, monsieur, pourriez-vous, pour les fins de nos travaux, vous présenter,
s'il vous plaît?
M. Rousseau (Christian) : Oui,
donc, juste pour compléter...
Le Président (M. Simard) : Pourriez-vous
d'abord vous présenter?
M. Rousseau (Christian) : Pardon.
Christian Rousseau, vice-président aux politiques et aux programmes chez Retraite
Québec.
Le Président (M. Simard) :
Merci, M. Rousseau.
M. Rousseau (Christian) :
Comme M. Dufresne l'a dit, sur le Régime de rentes, on est... on fait des
projections sur 50 ans. Ce dont on veut s'assurer quand on fait
l'évaluation actuarielle du régime, c'est que la réserve que l'on a, qui
représente de cinq à six années de paiements, elle demeure stable sur une
période de 50 ans. Donc, ce qui se passe à court terme, là, sur un an,
pour nous, ce n'est pas ça qu'on regarde, on fait des projections
démographiques, des projections économiques sur du très long terme. Ceci étant
dit, effectivement, à plus court terme, si on a un rendement inférieur aux
attentes, ça va venir diminuer la marge de manoeuvre, mais on fait une
évaluation aux trois ans, une évaluation triennale pour toujours s'assurer que,
sur notre horizon de 50 ans, on est toujours au bon endroit.
M. Beauchemin : Mais
vous êtes probablement la bonne personne à qui je devrais poser la question.
Peut être que vous l'avez remarqué ou peut-être pas, mais, je veux dire, il y a
eu quand même, dans les dernières semaines, une dislocation entre les réflexes
normaux des marchés... entre le marché obligataire et le marché boursier en
tant que tel qui a été un peu à la base du recul du président Trump, là, sur
les tarifs, là, initialement. En quoi est-ce que ça, ça... En quoi... Qu'est-ce
que ça, ça peut représenter sur votre modélisation, si jamais il y avait,
justement, cette séparation-là de la logique, là, des marchés boursiers?
M. Rousseau (Christian) : Mais,
encore une fois, c'est quelque chose qui est à court terme. M. Dufresne a
aussi mentionné qu'on a seulement un tiers de notre portefeuille, aujourd'hui,
dans les marchés boursiers. Donc, dans nos placements à la Caisse de dépôt, il
y a plus de 50 % de nos placements qui sont dans un portefeuille
immobilier, infrastructures, de la dette privée, du placement privé, donc ce
sont tous des placements qui réagissent beaucoup moins à des stress de marché
comme on voit en ce moment. Donc, pour nous, ça nous amène vraiment du confort
dans la politique de placement qu'on a et dans le bon financement à long terme.
M. Beauchemin : Il y
a-tu... Est-ce qu'il y a...
Le Président (M. Simard) : Malheureusement,
cela met un terme à ce bloc d'échange.
Et je cède la parole au député de Masson,
qui dispose d'environ cinq minutes pour ce faire. Monsieur.
• (16 h 10) •
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Donc, allons-y sur la réduction des rentes, là, pour les
prestataires d'assurance invalidité. Vous savez, l'année dernière, là, vous
avez posé un geste important en annonçant la fin de la réduction de la rente de
retraite pour les prestataires d'assurance invalidité du Régime des rentes du
Québec, puis c'est une mesure qui est rentrée en vigueur, là, en janvier de
cette année, et puis, bien, l'initiative, elle visait à améliorer la sécurité
financière des milieux d'aînés en situation de vulnérabilité. Puis moi,
j'aimerais ça savoir — puis j'ai comme deux questions, là, dans le
fond — si vous pouvez nous donner un bilan, là, de la première mise
en oeuvre de cette mesure, là, dans le fond, bien, en fait, savoir, tu sais,
combien de personnes vont pouvoir en bénéficier, c'est quoi, les impacts
constatés sur leur niveau de vie ou leur situation financière, bon, des
exemples.
Puis, en même temps, ce que vous êtes venu
dire dans l'actuel discours sur le budget, vous êtes venu annoncer une nouvelle
avancée en matière de protection sociale en élargissant la protection de la
rente de retraite aux personnes victimes d'une lésion professionnelle qui
reçoivent une indemnité de remplacement de revenu réduite à compter du
1er janvier 2026, puis cette mesure vise à corriger une iniquité et à
assurer un traitement équitable pour tous les accidentés du travail. Alors, si
vous pouvez aussi nous donner des modalités de cette nouvelle modification,
nous en parler davantage, là, ce serait apprécié.
M. Girard (Groulx) : Certainement.
Alors, dans le cas de la rente d'invalidité, c'est près de
70 000 personnes qui étaient visées, et la pénalité était de l'ordre
de 24 %. Alors, de manière <prospective...
M. Girard (Groulx) :
...dans
le cas de la rente d'invalidité, c'est près de 70 000 personnes qui
étaient visées, et la pénalité était de l'ordre de 24 %. Alors, de manière
>prospective, ceci a été corrigé, donc on peut dire que les rentes sont
bonifiées de 24 %. Quant à l'amélioration dans le budget... Puis c'est
notre gouvernement qui avait corrigé le 12 % du 36 % qui était déjà
corrigé dans le premier mandat.
Au niveau de la rente de retraite des
personnes victimes d'une lésion professionnelle, bien, il faut savoir que,
lorsque les personnes pouvaient reprendre leur emploi, c'est-à-dire que la
lésion professionnelle ne les empêchait pas de travailler de façon permanente,
la rente était réduite, alors qu'ils avaient pleine compensation s'ils étaient
complètement incapables de travailler. Alors, il y avait comme une dichotomie où
les gens qui pouvaient retourner travailler étaient désavantagés. Alors, en
collaboration avec la CNESST et Retraite Québec, on s'est assurés que le
retranchement dans le calcul de la rente du Régime des rentes du Québec pour
les personnes qui peuvent reprendre un emploi moins rémunérateur, bien,
n'auront plus cette pénalité et donc auront un traitement équivalent à ceux qui
ont une lésion professionnelle qui les empêche totalement de reprendre le
travail. Et cette bonification du RRQ, il faut bien le dire, est financée par
la CNESST.
M. Lemay : O.K. Merci
pour ces précisions. Dans le fond, je comprends que ça va aider pour contrer la
pénurie de main-d'oeuvre, là, donc c'est apprécié, là, ce que vous avez apporté
comme modifications.
Et puis je ne sais pas si vous avez le
temps de répondre, là, mais, si on regarde les rentes viagères à paiements
variables, là, dans le fond, on a adopté le projet de loi n° 80 en 2024,
puis c'était une étape importante dans l'évolution de notre cadre législatif, puis
justement les modifications techniques à la Loi sur les régimes complémentaires
de retraite puis à la Loi sur les régimes volontaires d'épargne-retraite, mais
ça a permis d'introduire des nouvelles options de décaissement, soit la rente
viagère à paiements variables, donc ça vise justement à avoir plus de
flexibilité, à mieux répondre aux besoins des personnes qui arrivent à la
retraite, tout en mutualisant le risque de longévité et en permettant une
gestion collective de l'épargne accumulée. Est-ce que vous pouvez nous parler
un peu plus des rentes viagères à paiements variables?
M. Girard (Groulx) : Mais
là je sais que le président-directeur général de Retraite Québec a un faible
pour les modes de décaissement, alors je vais lui passer la parole.
M. Lemay : Très bien.
M. Dufresne (René) : Ça
va être... C'est une très grande préoccupation. Moi, quand je suis arrivé à la Retraite
Québec en 2022, je connaissais beaucoup l'accumulation, je connaissais les
régimes du secteur public, là, les RREGOP, RRPE, puis ces choses-là, mais je ne
connaissais pas la problématique de décaissement, c'est quelque chose qu'on ne
m'avait pas parlé. Puis, quand on arrive, comme je disais tantôt, avec une
première génération ou des premières générations qui ont un pécule à la
retraite... puis que le gérer à 60 ans, le décaissement, gérer les
soubresauts des marchés financiers quand tu as 60 ans puis que tu gères
ton décaissement, c'est peut-être pas pire d'un point de vue cognitif,
connaissances, quand tu es rendu à 70 ans, ça commence à être plus
compliqué, quand tu es rendu à 80, 85 ans, là, bonne chance, d'un point de
vue cognitif, de gérer ça, ce stress-là. Ce que ça amène, c'est que... Ce qu'on
avait besoin, là, avec les rentes puis qu'on essaie de pallier avec les rentes
viagères à paiements variables, c'est d'avoir une période d'une rente que le
décaissement va se faire par une institution.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.Alors, merci, M. Dufresne, ce fut fort intéressant, mais
malheureusement j'ai l'ingrate gestion du temps.
Documents déposés
Ceci étant dit, notre volet d'échange
concernant Retraite Québec est terminé. Conséquemment, je dépose les réponses
aux demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains
invités. Merci pour votre précieuse collaboration.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 21)
Le Président (M. Simard) :
Alors, chers collègues, nous avons quorum, nous poursuivons nos travaux.
Y aurait-il consentement pour déborder un
peu, puisque nous recommençons légèrement en retard? Il y a <consentement...
Le Président (M. Simard) :
...travaux.
Y aurait-il consentement pour déborder
un peu, puisque nous recommençons légèrement en retard? Il y a >consentement.
Institut de la
statistique du Québec
Alors, nous allons poursuivre nos travaux
concernant l'étude du volet Institut de la statistique des crédits budgétaires
du portefeuille Finances pour l'exercice financier 2025‑2026.
M. le secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
Le Secrétaire : Non, M. le
Président.
Discussion générale
Le Président (M. Simard) : Comme
vous le savez, une enveloppe de 30 minutes a été allouée à nos échanges.
M. le député, à vous la parole pour lancer nos travaux.
M. Beauchemin : Merci,
M. le Président. Combien de temps que j'ai, spécifiquement?
Le Président (M. Simard) : Eh
bien, vous avez exactement 17 min 50 s.
M. Beauchemin : D'accord.
Merci. Merci beaucoup. Merci, M. Bergeron, d'être avec nous aujourd'hui.
Je veux commencer rapidement, puis j'ai
plusieurs questions, ça fait je vais y aller, comme, de façon assez précise,
là. Pour... En ce qui a trait à l'intelligence artificielle, avec l'Institut de
la statistique, est-ce qu'il y a une stratégie d'intégration de l'IA, là, pour
automatiser la collecte, le traitement, l'analyse des données à l'intérieur,
là, de l'Institut de la statistique?
Le Président (M. Simard) : Alors,
il y a consentement afin que notre invité puisse s'adresser...
M. Beauchemin : Pardon.
Oui. Excusez. Oui.
Le Président (M. Simard) : Votre
question était au ministre, M. le député?
M. Girard (Groulx) : Oui,
consentement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, monsieur, je sais que vous êtes un habitué de nos travaux,
néanmoins auriez-vous, s'il vous plaît, l'amabilité de vous présenter?
M. Bergeron (Simon) : Oui.
Bonjour, je suis Simon Bergeron, statisticien en chef à l'Institut de la
statistique du Québec.
Concernant l'intelligence artificielle,
l'ISQ, on a deux... on voit ça de deux plans. On a d'abord une démarche qu'on a
commencée pour intégrer l'intelligence artificielle générative, mais à
l'intérieur de nos travaux plus, je vous dirais, qui concernent le
«day-to-day», les activités plus quotidiennes. Puis, pour ce qui est de
l'intelligence artificielle qu'on... ce qu'on regarde, présentement, c'est plus
pour l'utilisation des données, comment... pour l'exploitation des données, une
fois qu'elles sont... qu'elles ont été produites, comment qu'on pourrait, de
différentes façons, mieux exploiter les résultats, les... par exemple, avec les
microdonnées ou avec l'ensemble des données administratives. Donc, ce n'est pas
spécifiquement, comme vous dites, au niveau de la collecte en tant que telle.
M. Beauchemin : O.K.
Puis est-ce que vous, vous avez reçu récemment une directive de la part du
ministère ou quelque part dans l'appareil, là, qu'il fallait arrêter ou stopper
l'utilisation de l'intelligence artificielle générative, là?
M. Bergeron (Simon) : C'est...
Peut-être vous référer à des directives concernant... du MCN sur le... Mais, je
vous dirais, sur ce qu'on fait présentement, nous, c'est qu'on a une politique plus...
c'est pour l'intelligence artificielle relativement à nos activités internes, donc
ce n'est pas en lien avec, comme vous dites, la collecte. Ça fait qu'on a... Cette
directive-là dont vous faites mention, je pense que c'est quelque chose qu'on a
eu récemment, qui... qu'on est encore en train d'analyser pour voir si ça a une
incidence ou pas sur la façon dont on utilise l'intelligence artificielle qui
est... par exemple avec un outil comme Copilot.
M. Beauchemin : Donc,
pour vous, actuellement, il n'y a rien qui est changé, on continue comme
c'était avant que cette directive-là soit envoyée, c'est ça?
M. Bergeron (Simon) : Parce
qu'on est encore en train de regarder, effectivement, que... s'il y a... ça a
ou pas une incidence sur le travail qu'on fait.
M. Beauchemin : O.K.
J'ai été surpris de l'entendre de... qu'il y avait, effectivement, cette
directive-là. J'étais curieux parce que je n'ai pas vu, j'ai juste entendu
parler qu'elle existait, là, puis je voulais avoir un peu plus d'information.
Merci de nous donner cette information-là.
On a discuté, l'an passé... je ne sais pas
si vous vous rappelez, M. Bergeron, là, on parlait, évidemment, là, de la
variance entre une certaine... des... certains chiffres qui avaient été
accumulés, là, par le passé, puis quand on avance dans le temps, puis comment
ça peut varier. Au niveau de la productivité — c'était surtout
là-dessus où est-ce que j'étais, l'an passé — on avait identifié que,
sur les revenus... étant comme une donnée qui peut être instable sur plusieurs
années, principalement, là. Est-ce que l'instabilité est encore plus importante
cette année pour les données?
M. Bergeron (Simon) : Je
ne pourrais pas vous dire qu'on a présentement ce genre-là d'informations-là
qu'on pourrait tirer des analyses, là, au niveau, par exemple, là, des données
sur l'économie, par exemple, qu'on produit, que ce soit le PIB... Présentement,
je n'aurais pas... je ne pourrais pas vous dire qu'on a vraiment... qu'on a
observé quelque chose dans ce sens-là. Sûrement que les données... ça, on
pourra voir les données sur le commerce extérieur, est-ce qu'on... est-ce qu'il
y aura un petit peu plus de volatilité, c'est quelque chose qu'on pourra voir
dans les... dans les mois à venir. Mais présentement je ne pourrais pas vous
dire qu'il y a quelque chose de particulier, un phénomène, là, qu'on... digne
de mention, là.
M. Beauchemin : Parce
qu'il y avait une variance, l'an passé, quand on avait discuté, il y avait une
variance avec la même base de données, on arrivait, un an plus tard, avec des
chiffres <différents...
M. Beauchemin :
...quand
on avait discuté, il y avait une variance avec la même base de données, on
arrivait, un an plus tard, avec des chiffres >différents. En fait, ma
question, c'est : Maintenant, quand on fait spécifiquement référence au
calcul de la productivité, qu'on avait remarqué, donc, l'an passé, que ça avait
changé avec la même base de données, est-ce que... cette année, pouvez-vous
nous dire ou pas si c'est la même chose au niveau du calcul de la productivité?
M. Bergeron (Simon) : En
fait, ce qu'il est important de rappeler, c'est que la source, là, de la
question qu'on... que vous aviez... M. le Président, qui m'avait été posée l'an
dernier, c'était vraiment en lien avec la révision du PIB, c'étaient les
révisions aux données du PIB, les révisions historiques qui avaient engendré
une variation dans le calcul, là, effectivement, là, de la productivité.
Cette mécanique-là, qui nous mène à
produire les comptes économiques puis les données du PIB à chaque année, il y a
toujours un mécanisme de révision qui va toujours se maintenir dans le temps, donc
on va continuer à... parce que c'est important d'avoir... Pour fermer, entre
guillemets, comme on peut dire, les données d'une année du PIB, ça nous prend
notamment les données d'impôt des particuliers, les données fiscales, qui
prennent toujours un certain délai dans le temps. Ça fait que c'est sûr, cette
mécanique-là va toujours rester puis il va toujours y avoir un certain décalage
et des révisions historiques qui vont venir affecter le PIB, particulièrement
le PIB au terme des différentes composantes, c'est sûr, c'est... par
construction, ça ne peut pas être autrement.
M. Beauchemin : Est-ce
qu'on peut donc anticiper qu'avec, évidemment, tout ce qui se passe,
actuellement, au niveau de l'incertitude et les conséquences que ça aura sur la
croissance économique... est-ce que vous croyez, donc, qu'il va y avoir des
conséquences sur les données qui vont être produites, à votre avis?
M. Bergeron (Simon) : C'est
difficile à dire, dans le sens où, avec la... dans le temps, avec la pandémie,
c'est sûr que le choc était... puis dans... Lorsqu'on en avait parlé l'an
dernier, on avait les années 2021... 2020‑2021 faisaient partie des
données qui étaient révisées. C'est sûr qu'il y avait peut-être beaucoup de
changement qui s'est passé à ce moment-là. Est-ce qu'aujourd'hui on va voir des
changements d'une même ampleur? C'est dur, un peu, de spéculer. Pour moi, là, c'est
difficile de le dire, mais outre que... il va continuellement y avoir... il va
continuer à y avoir certaines révisions historiques. De là à dire qu'elles vont
être plus importantes, bien difficile pour moi de pouvoir me prononcer
là-dessus.
M. Beauchemin : O.K. Si
on parle, là, vraiment, là, en langage de statisticien, là, est-ce que... dans
le contexte actuel, étant donné ce qu'on sait maintenant qu'il y a cette
variabilité-là d'année après année, là, basée sur les chiffres qu'on vient
juste de discuter, est-ce que vous pourriez dire... comme, par exemple, on
pourrait mettre un intervalle de confiance, dire : À l'intérieur de, je ne
sais pas, moi, 95 %, là, plus ou moins 2,5 %, on est confiant? Il y
a-tu comme ce genre d'exercice là qui se fait lorsque vous, vous présentez?
Parce que, nous, ce qu'on voit, c'est le résultat final, on ne voit pas les
intervalles de confiance, on ne voit pas la pondération. Est-ce que ça, c'est
quelque chose que vous, vous arrivez, quand vous faites vos calculs, vous
présentez ça de cette façon?
M. Bergeron (Simon) : Pas
pour... pas... je vous dirais, pas pour les données, là, des comptes nationaux
ou bien les... le suivi des exportations qui sont données, par exemple, sur une
base douanière, qui sont vraiment mesurées en fonction de ce qui est colligé aux
frontières, si je prends les données sur le commerce. Les données du PIB, il y
a sûrement... C'est certain que, comme il y a beaucoup d'enquêtes, là, que la
construction du PIB, par exemple, elle repose sur l'utilisation de plusieurs
données administratives, on a parlé des données de revenus, par exemple, puis
de l'utilisation de données d'enquêtes, des données sur le commerce, ça fait
que c'est certain que ces enquêtes-là peuvent avoir des certaines marges,
certaines marges d'erreur. Mais, quand on publie les données sur les comptes
nationaux, Statistique Canada aussi, on ne va pas... il n'y a pas de marges
spécifiques qui sont mentionnées. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas... je
ne serais pas capable de vous... d'en parler plus spécifiquement, à ce
moment-ci, en tout cas.
• (16 h 30) •
M. Beauchemin : O.K.
Quand on regarde les prévisions de croissance économique, les données
économiques, etc., pour avoir, disons, plusieurs sources qui vous fournissent
leurs estimés chacun de leur bord, pour avoir, en plus, à l'intérieur du
ministère des Finances, des gens qui vont faire ces calculs-là de leur bord à
eux, vous, quand vous regardez ça, de votre point de vue à vous, là, avec vos
lentilles de statisticien, quand vous regardez ça, comment faites-vous pour
essayer de dire : Bon, bien, voici toute l'information que tout le monde
me dit; statistiquement parlant, moi, j'en arrive que ça, ça devrait être la
façon de faire ou la vision économique pour la prochaine année? C'est quoi, la
méthode que vous, vous utilisez?
M. Bergeron (Simon) : Ah! je vous
dirais, M. le Président, c'est quand même une question qui est délicate pour
moi à répondre, dans le sens où, nous, notre rôle, c'est vraiment de produire
les statistiques réelles qui servent vraiment à la base. Après ça, aux gens du
ministère des Finances de partir de ces données réelles là pour faire <des
projections...
>
16 h 30 (version révisée)
< M. Bergeron (Simon) :
...qui
servent vraiment à la base. Après ça, aux gens du ministère des Finances de
partir de ces données réelles là pour faire >des projections et
présenter différents scénarios ou des... qui sont... qu'ils vont présenter dans
les documents budgétaires, puis ils vont faire le scénario qu'ils vont... qui
va être retenu. Donc, nous, dans le fond, on va se concentrer sur produire la
donnée réelle puis sans trop vouloir commencer à analyser, là, le...
M. Beauchemin : O.K., bien,
laissez-moi vous reposer la question différemment. Quand vous faites la donnée
réelle, vous la faites comment quand... En termes de prévision de croissance
économique, vous en arrivez comment à produire la donnée réelle?
M. Girard (Groulx) : Ils
ne font pas de prévisions, ils font des constatations.
M. Beauchemin : O.K., ça
fait que, donc, quand vous donnez la donnée réelle, c'est la constatation que,
pour l'année qui s'en vient, on a ça ou on est tant...
M. Bergeron (Simon) : Bien,
par exemple, les dernières données qu'on a sorties sur le PIB, c'est des
données de décembre 2024. Alors, je veux dire, on ne fait pas de... on n'a pas…
on ne sort pas de projections de PIB pour 2025, là, on n'a pas de projections.
Nos données sur le commerce, nos dernières données qu'on a sorties, c'est
celles, par exemple, de février, on ne fait pas de projections pour mars. On va
les sortir, par contre, bien, incessamment, quand on va les avoir disponibles.
M. Beauchemin : O.K. C'est
parce que j'arrivais au point important de mon histoire, là. Donc, lorsque vous
en arrivez à produire, donc, cette donnée-là, est-ce que vous la comparez aussi
par rapport à ce qui avait été prévu pour la même période six mois avant ou un
an avant? Comme, faites-vous un genre de validation par rapport à ce qui avait
été prévu pour dire : On est proches, on s'est... Il y a-tu comme une
méthode qui fait en sorte qu'on peut, disons, quantifier de façon statistique
la validité des... a posteriori, évidemment, là?
M. Bergeron (Simon) : De
la prévision du ministère des Finances, vous dites?
M. Beauchemin : Oui.
M. Bergeron (Simon) : Non.
C'est sûr qu'on prend... On ne fait pas cet exercice-là de validation après le…
après coup, là, de la prévision. Je pense que, évidemment, dans les documents
budgétaires, on peut toujours revenir avec un autre... avec les anciens
documents pour faire les comparaisons, mais on ne fait pas cet exercice-là,
nous. Je vous dirais, juste se concentrer sur la production des données
réelles, c'est vraiment notre... c'est ça qui est notre mission, notre rôle
dans... pour les fins des données économiques qui servent à la planification
budgétaire du gouvernement.
M. Beauchemin : Puis,
quand vous avez à observer un phénomène, que ce soit la croissance économique,
par exemple, puis que vous en arrivez à calculer vos données, quand vous l'observez,
vous avez une modification qui se fait trois mois plus tard, j'imagine, pour
dire : On a plus de précisions sur le data, les données qu'on avait, donc
maintenant je peux constater que la croissance économique pour le trimestre
avant a été de... Donc, à chaque trimestre, vous «fine-tunez», là, votre
donnée, là, la résultante en tant que telle. Donc, j'assume, de par ce fait-là,
que, quand vous en arrivez là, vous avez une méthode pour dire : Bien,
avec les instruments, les... le data que j'ai actuellement, j'estime que la
donnée, elle est là, là, c'est ça, le chiffre, c'est ça?
M. Bergeron (Simon) : Bien,
en fait, c'est que... ce que vous voulez dire, c'est que les révisions… les
révisions historiques aux données qu'on publie… puis c'est sûr que, comme on le
disait tantôt, il y en a toujours. Des fois, selon les contextes, il peut y en
avoir. Ça peut peut-être varier un peu, mais il y a toujours certaines
révisions historiques. C'est sûr qu'on les constate, puis on les intègre, puis
on les révise. On ne produit pas nécessairement des écarts entre notre
estimation courante puis celle qu'on avait faite, peut-être… à l'égard, disons,
de l'année 2023, qu'on avait faite il y a six mois. C'est sûr qu'on a
toute l'information pour le faire. D'ailleurs, lorsqu'il y avait eu... la
question avait été posée l'an dernier, puis on avait préparé un petit papier,
on avait, justement... on avait redéposé à la commission… on expliquait,
justement, les sources de variation qu'on était capables d'indiquer, quelles
sources de... quelles sources de données avaient entraîné cette variation-là.
Ça fait que ça, c'est le genre de travail qu'on peut faire… expose, une fois qu'on
a des nouvelles données.
M. Beauchemin : Bien,
oui, ça fait que, donc, si… donc, vous en arrivez à faire un jugement sur le
data que vous avez pour en arriver à donner la donnée finale au ministère, c'est
ça, si je comprends bien?
M. Bergeron (Simon) : Oui,
puis, à chaque fois... Nous, on a les modèles, parce qu'il y a quand même
toujours une... Lorsqu'on produit ces données-là, on veut toujours essayer d'améliorer
les outils pour générer les données réelles. Ça fait que c'est certain que, si on
s'aperçoit, avec le temps puis avec nos échanges... C'est des dossiers qu'on
travaille beaucoup avec les gens de Statistique Canada, les gens qui font les
données de Statistique Canada au niveau des comptes nationaux aussi. Ça fait
que, s'il y a, des fois... il y a des sources d'information qui peuvent nous
amener à améliorer la qualité des données, par exemple, on va les intégrer.
Par exemple, dans le cas du Québec, bien, on
utilise... depuis quelques années, ça ne fait pas longtemps, on utilise davantage
les données de la Commission de la construction du Québec pour avoir une
meilleure indication des salaires versés dans l'industrie de la construction,
puis ça nous aide à avoir une meilleure donnée sur le PIB du Québec. Ça fait
que ça, c'est le genre de travaux qu'on va faire pour améliorer nos <estimés
statistiques...
M. Bergeron (Simon) :
...améliorer
nos >estimés statistiques qu'on va... du PIB, par exemple, parce que c'est
de ça dont on parle.
M. Beauchemin : Puis,
quand vous additionnez toutes ces composantes-là, j'imagine qu'à un moment
donné vous en arrivez à prendre, quoi, la moyenne de tous ces sous-secteurs de
l'économie puis vous dites : Bien, j'en ai deux, trois qui me disent que
ça, c'est dans ce secteur-là de l'économie, dans cette industrie-là, voici la
croissance qu'on devrait s'attendre à avoir, ou le chiffre qu'on devrait avoir,
ou peu importe. Là, ce que vous faites, c'est une moyenne de ça, c'est ça?
M. Bergeron (Simon) : Bien,
en fait, on a toujours les meilleurs estimés pour chacune des industries, puis
c'est l'agrégation de l'ensemble de... par exemple, dans le cas du PIB par
industrie, c'est l'agrégation des industries qui nous donne, tout simplement,
là, notre estimé de PIB. Puis il y a des outils, les matrices, qu'on appelle
anciennement les matrices input-output, les tableaux de ressources
entrées-sorties, qui nous permettent vraiment d'avoir les meilleures données
industrie par industrie, puis ces données-là, puis ces tableaux-là, qui sont à
la base de la préparation du PIB par industrie, bien, sont... à chaque année,
il y a une nouvelle édition, on rajoute toujours une année de réel, puis ça,
c'est des travaux qui se font avec... beaucoup avec les gens de Statistique
Canada. Ça fait que, ça, à chaque année, on a... ça traduit mieux, aussi, la
structure industrielle, par exemple, de l'économie parce qu'on rajoute une
année puis on a une meilleure connaissance de quels sont les intrants et les
extrants de chacune de ces industries-là. Ça fait que c'est une façon, à chaque
année, d'améliorer notre compréhension industrie par industrie de ce qui se
passe et, implicitement, comme à nos sources de données qui nous servent à
faire le PIB, contribue à nous donner des bonnes statistiques.
M. Beauchemin : Donc,
quand vous, vous regardez ça, c'est tout le temps... j'imagine, le data que
vous avez accumulé, c'est a posteriori. Il n'y a pas de considération pour les
trimestres à venir quand vous parlez à tous ces joueurs spécifiques là dans
chacune des industries pour donner votre... leur opinion sur ce qu'est-ce
qu'ils pensent être la croissance.
M. Bergeron (Simon) : Non,
on se concentre vraiment sur la production des données réelles, puis je
comprends que l'ensemble des prévisionnistes, eux, vont, après ça, regarder nos
données réelles pour poser un jugement sur la perspective des trimestres à
venir. Donc, nous, on va vraiment se concentrer toujours sur la donnée réelle. Les
projections qu'on fait, c'est des projections au niveau démographique. C'est un
autre... dans un tout autre ordre d'idée.
M. Beauchemin : Est-ce
que ces mêmes... Excusez-moi de... oui. Est-ce que ces mêmes professionnels là
vous donneraient aussi une idée d'où pourrait aller, donc, la croissance pour
leur secteur dans les trois, six, 12 mois suivants?
M. Bergeron (Simon) : Encore
là, comme je vous dirais, comme on a... notre métier est vraiment de livrer les
données sur le réel, on va moins regarder dans le futur. Par contre, c'est sûr
qu'on va regarder… Par exemple dans le cas... le commerce international, c'est
intéressant, on va... c'est sûr que les gens qui sont dans l'équipe, qui font
la production des PIB, c'est des gens, aussi, qui regardent les données sur le
commerce. On sait que ça, des fois, ça peut être un indicateur qui peut être un
peu... les premiers qui vont bouger puis qui pourraient impacter, par exemple,
l'industrie… à la production d'une donnée. Ça fait que probablement qu'on va
quand même regarder pour être certains qu'on n'échappe rien lorsqu'on fait
notre... nos estimations, mais toutes nos données reposent sur un ensemble d'intrants
qui viennent de différentes sources de données, c'est toutes des données réelles.
Donc…
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci, M. Bergeron. Malheureusement, nous devons arrêter pour
cette section, mais heureusement nous poursuivons avec la députée de Verdun. Chère
collègue.
• (16 h 40) •
Mme Zaga Mendez : Merci,
M. le Président. Je salue M. Bergeron.
J'ai quelques minutes. Alors, ma première
question, c'est... L'année passée, mon prédécesseur a demandé de la part de Statistique
Québec de voir s'ils ont développé ou raffiné les statistiques relatives à la
distribution des patrimoines ou des avoirs nets qui ne sont actuellement
seulement disponibles que par quintiles, donc, par tronçons de 20 %.
Est-ce que cette demande… acheminée? Est-ce que vous croyez être capable
d'avancer là-dessus au courant de l'année à venir?
M. Bergeron (Simon) : En
fait, un peu comme on l'avait expliqué l'an dernier par rapport à cette
question-là, c'est sûr que la source de données, pour pouvoir répondre à cette
question-là, c'est vraiment l'Enquête sur la sécurité financière. C'est une
enquête nationale, au niveau canadien, qui avait... faite par Statistique
Canada, qui permet vraiment de faire l'état de la comparaison des actifs et des
passifs des ménages, puis ces données-là sont regroupées par ménages et par
quintiles à la base même par Statistique Canada. Ça fait que, donc, nous, on
doit travailler avec ce niveau de détail là, puis c'est à partir de ces
regroupements-là qu'on peut faire des analyses puis présenter l'évolution par
quintiles selon les groupes d'âge et les ménages.
Mme Zaga Mendez : Je
comprends ça. Est-ce que c'est possible pour Statistique Québec de chercher <les
données...
Mme Zaga Mendez :
...de
chercher >les données brutes de la part de Statistique Canada puis de
faire notre propre analyse par la suite, de partager ce niveau-là?
M. Bergeron (Simon) : C'est…
mais, encore là, de ce qu'on... des travaux qu'on a pu faire jusqu'à
maintenant, c'est vraiment avec ce type de données là qu'on pouvait travailler
à ce niveau-là. Aller plus en détail que ça, je ne pense pas que c'est... en
tout cas, il faudrait que je revérifie avec l'équipe, mais je ne pensais pas
que c'était envisageable.
Mme Zaga Mendez : Pas
pour le moment, j'entends...
M. Bergeron (Simon) : Bien,
c'est sûr qu'on veut les mettre à jour. Là, il y a des nouvelles données qui sont
disponibles pour 2023, alors... puis ça, ça va être quelque chose qu'on veut
mettre à jour cet été.
Mme Zaga Mendez : Parfait,
merci beaucoup.
Une autre porte ouverte que nous avons
eue, c'est concernant les données qu'on appelle de nature intersectionnelle,
dans lesquelles on voit l'incidence, par exemple, de l'effet du genre…
l'origine ethnique. Il y avait une intention d'approfondir certaines
dimensions, de l'ajouter pendant l'été 2024. C'est votre prédécesseure,
Mme Marie-Andrée Gravel, là, qui avait fait cette… la porte-parole qui
avait fait cette intervention. Moi, je voulais savoir si ceci faisait toujours
partie de vos intentions, d'aller de l'avant avec des nouvelles données mises à
la disposition des chercheurs pour permettre d'aller plus loin dans une analyse
intersectionnelle.
M. Bergeron (Simon) :
Bien, ce qu'on a fait, à l'ISQ, par exemple, c'est qu'on a voulu se donner vraiment
un cadre d'analyse pour mieux, bien, tenir compte de l'ensemble de ces
questions, là, de diversité, aussi, des genres, minorité de genre, minorité
sexuelle, et, dans nos enquêtes, dans nos différentes enquêtes, lorsqu'on peut
sortir des informations comme sur ce sujet-là, on le fait. On le fait dans des
vitrines aussi, notre vitrine, par exemple, sur l'égalité entre les hommes et
les femmes, il y a beaucoup d'information, et même chose sur la vitrine sur les
jeunes. Lorsqu'on a la capacité d'utiliser ces données-là, c'est clair qu'on
veut diffuser ces informations-là et les intégrer dans nos nouvelles enquêtes
quand on peut.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Avec le peu de temps qu'il me reste, j'aimerais ça vous parler de la fiabilité
statistique. Une récente étude qui est relayée par le ministère de l'Économie
du Québec tire la sonnette d'alarme concernant la qualité des données
économiques qui sont produites aux États-Unis, qui, en ce moment, est
sérieusement compromise par des compressions budgétaires, on parle de la chute
des taux de réponse aux enquêtes et des risques d'ingérence politique. Au Royaume-Uni,
on vit des dérives qui sont semblables. Dans un contexte où les grandes
décisions économiques, budgétaires et monétaires, que ce soit ici comme
ailleurs, ça repose sur des indicateurs fiables, des indicateurs statistiques
et que... c'est ça, tout cela nous inquiète profondément. Moi, j'aimerais ça
vous entendre pour... si vous pouvez nous dire, quant à la... qu'est-ce qui
arrive à la… et la robustesse de nos données. Est-ce qu'on vit les mêmes
difficultés au Québec? Est-ce qu'on a des stratégies, des remparts face à ces
tendances-là aussi?
M. Bergeron (Simon) :
Bien, je vous dirais, peut-être, je vois des choses de deux ordres dans ce que
vous dites. C'est sûr que, pour ce qui est des enjeux qu'il y a dans d'autres
juridictions relativement à la diffusion de données, puis tout, ça, ce n'est
pas... Évidemment, on a pas du tout cet enjeu-là au Québec. L'institut a une
certaine indépendance pour produire et rendre publiques ses données, puis il
n'a jamais été discussion et question, là, de ne pas rendre publique
l'information qu'on publie, au contraire.
Par ailleurs, sur la question, par
exemple, des taux de réponse, ça, c'est un enjeu qu'on a à travers l'ensemble
des agences statistiques à travers le monde. Les gens sont sollicités de toutes
parts pour différentes enquêtes, sondages, ça fait qu'il faut qu'on travaille
fort pour maintenir notre qualité de nos données, qui repose sur des taux de
réponse élevés. Ça fait que, dans notre plan stratégique, on a plein d'actions
pour... qui découlent de cet objectif-là de maintenir… puis on peut dire que,
dans la dernière année, on est autour de 60 % pour les particuliers, les
ménages, nos enquêtes ménages, puis, pour nous, c'est très, très… c'est très
positif. On travaille fort, on travaille d'arrache-pied pour maintenir ces taux
de réponse là.
Mme Zaga Mendez : Excellent.
Ça fait le tour de mes questions. Je pense que ça fait…
Le Président (M. Simard) :
Il vous reste néanmoins 40 secondes, chère collègue.
Mme Zaga Mendez : Ah! bien,
écoutez, je vous remercie, là. On a fait le tour des questions que j'avais.
Merci.
M. Bergeron (Simon) :
Bienvenue.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci à vous. Je cède maintenant la parole à la députée de Terrebonne,
qui dispose d'environ deux minutes.
Mme Gentilcore : Merci.
Il y a quelques articles qui sont sortis, là, montrant des irrégularités, des
erreurs dans des… certains des tableaux de bord de certains ministères, entre
autres celui de la Santé. Je me demandais, est-ce que les ministères font appel
à l'institut pour l'élaboration, la méthodologie utilisée dans ces fameux
tableaux de bord là?
M. Girard (Groulx) : Non,
ces tableaux de bord là sont généralement reliés aux plans stratégiques. Alors,
la production des plans stratégiques des ministères, c'est la responsabilité du
Conseil du trésor.
Mme Gentilcore : Donc, on
ne peut pas avoir la certification que la méthodologie des ministères utilisée
pour les tableaux de bord est aussi rigoureuse, là, que celle démontrée par
l'institut.
M. Girard (Groulx) :
Bien, ce n'est pas la même complexité, là. Je pense que la cueillette de
données pour les recherches scientifiques… Le travail qui se fait à l'Institut
de la statistique du Québec ou chez Statistique Canada, c'est un tout <autre
ordre, là, que de produire, par exemple...
M. Girard (Groulx) :
...c'est
un tout >autre ordre, là, que de produire, par exemple, une statistique
sur les taux... le nombre d'heures d'attente dans une urgence, par exemple, là,
c'est… au niveau de la complexité, ce n'est pas du tout la même chose, mais les
plans stratégiques sont sous la responsabilité du Conseil du trésor.
Mme Gentilcore : Puis à
l'inverse, petite question aussi, est-ce que l'institut utilise les données qui
sont générées dans vos tableaux de bord et les collige pour les utiliser
ailleurs après ou les rendre disponibles à certains endroits?
M. Girard (Groulx) : À
ma connaissance, non, mais le Trésor pourrait colliger des données reliées aux
plans stratégiques.
Mme Gentilcore : O.K.
Autre petite question, est-ce qu'on...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
Mme Gentilcore : Ah! il
me reste combien de temps?
Le Président (M. Simard) : 20 secondes.
Mme Gentilcore : Bon. Est-ce
qu'on sait combien ça pourrait coûter, la mise sur pied d'un recensement
Québec?
M. Bergeron (Simon) : C'est
une question qu'on a déjà regardée. Au niveau fédéral, de mémoire, c'est 1 milliard,
je pense, ou entre 800… et 1 milliard, ça fait que… si le faire juste pour
le Québec...
Une voix : ...
M. Bergeron (Simon) :
Puis c'est...
Le Président (M. Simard) : Bien
sûr, on n'entend pas madame derrière vous, M. Bergeron, et...
M. Bergeron (Simon) : En
fait, oui, ce qu'elle dit, c'est que c'est que, dans le fond, ce n'est pas
nécessaire, nécessairement, de faire un recensement si on utilise les données
administratives...
Le Président (M. Simard) :
Oui, très bien, c'est ça.
M. Bergeron (Simon) : ...par
exemple les données... pour avoir beaucoup d'information sur la population en
temps réel.
Mme Gentilcore : Merci.
Le Président (M. Simard) :
Je dois malheureusement vous interrompre à nouveau, en vous demandant de me
pardonner.
Sur ce, je cède la parole à la députée de
Huntingdon, qui dispose d'environ 3 min 15 s.
Mme Mallette : Merci. Je
pense que vous aimez l'histoire, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Ça
dépend lesquelles.
Mme Mallette : Ça dépend
lesquelles. Saviez-vous que l'Institut de la statistique du Québec a eu
25 ans l'an dernier, tel qu'on la connaît aujourd'hui? C'est-à-dire
qu'elle est née de la fusion, en 1999, de quatre entités, dont le Bureau de la
statistique du Québec. Fait intéressant, qu'on peut lire, d'ailleurs, sur le
site Internet de l'institut, c'est que leur ancêtre, le BSQ, a été créé il y a
plus de 100 ans, en 1913, puis Statistique Canada, lui, n'a été créé qu'en
1918. Donc, c'est la plus vieille institution statistique au pays, très
intéressant. Puis, en ayant en tête la citation de Peter Drucker, que ce qui se
mesure s'améliore, dites-moi quels sont les avantages pour le Québec d'avoir sa
propre agence de statistiques.
M. Bergeron (Simon) : Bien,
en fait, ce que je pourrais dire pour ces... que… pour le Québec, ça lui permet
de pouvoir contrôler puis de pouvoir produire un certain nombre de données qui
répond réellement aux besoins du Québec de façon particulière.
Ça fait que, donc, ça veut dire, par
exemple, dans le cas du Québec, c'est d'avoir la capacité de faire un bilan
démographique puis de produire des données démographiques qui sont spécifiques
au Québec. Ça peut vouloir dire aussi comme des mandats, qui sont prévus dans
notre loi, de faire les comparaisons des salaires des employés de la fonction
publique avec le secteur privé. Ça nous permet aussi, donc, comme agence
statistique, de faire les enquêtes d'intérêt pour les grandes organisations,
les grands ministères. Donc, l'ISQ va faire les enquêtes d'intérêt général pour
le ministère de la Santé, le ministère, par exemple, de l'Éducation, le
ministère de la Famille. Donc, ça nous permet… ça nous donne les moyens de
faire ce genre d'enquête là.
Puis ce qui est important, aussi, de
retenir, c'est qu'on ne le fait pas, non plus, en vase clos, on regarde
toujours de façon à être complémentaires à ce que c'est-ce qui se fait à
Statistique Canada. Donc, par rapport à Statistique Canada, on essaie le plus
possible de maximiser l'utilisation des données qui sont faites à Statistique
Canada avec les équipes en place. Donc, ça, ça peut nous permettre, donc, de,
bien, tirer un avantage de ces données-là et puis ça nous permet aussi, dans
certains cas, d'influencer et d'influer sur Statistique Canada pour...
lorsqu'il y a des préparations d'enquêtes, de s'assurer qu'ils tiennent compte
des préoccupations du Québec.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Mme la députée, il vous reste environ 50 secondes.
Mme Mallette : Donc,
d'avoir une meilleure adéquation avec nos besoins pour prendre nos propres
décisions dans nos champs de compétence, notamment. Pourriez-vous me dire la
situation financière actuelle de l'Institut de la statistique du Québec?
M. Bergeron (Simon) : Je
n'ai pas bien compris la question.
Mme Mallette : Savoir la
situation financière actuelle…
Le Président (M. Simard) : En
30 secondes, s'il vous plaît.
• (16 h 50) •
M. Bergeron (Simon) : Oui.
Bien, l'ISQ est en bonne santé financière. On a un surplus cumulé d'à peu près
8 millions de dollars. Pour l'année qui se termine, on a... on prévoit,
bien, d'avoir un surplus de 250 000 $, puis on prévoit, donc, aussi,
pour l'année prochaine, l'équilibre budgétaire. On a les ressources pour nous
permettre de livrer les grands projets qu'on... qui nous sont demandés. Et
d'ailleurs on a aussi beaucoup d'intérêt de la part de nos ministères
partenaires qui nous demandent de faire des travaux d'enquête, donc ça nous
aide à y arriver.
Mme Mallette : Merci.
Document déposé
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, le volet concernant l'Institut de la statistique est maintenant
complété. Je dépose les réponses aux questions de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, nous allons
suspendre momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains
invités. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 51
)
(Reprise à 17 heures)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Chers amis, je constate que nous avons quorum. Conséquemment, nous pouvons
poursuivre nos travaux.
Caisse de dépôt et
placement du Québec
Et, comme vous le savez, à cette étape-ci,
la Commission des finances publiques est réunie afin de procéder à l'étude du
volet Caisse de dépôt et placement du Québec des crédits budgétaires du
portefeuille Finances pour l'exercice financier 2025‑2026.
M. le secrétaire, y aurait-il des
remplacements?
Le Secrétaire
: Non, M.
le Président.
Discussion générale
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Alors, comme vous le savez, une enveloppe de deux heures a été
allouée à nos échanges. Nous allons le faire, comme le veut la tradition, par
blocs alternatifs, et je débute tout de suite avec le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Combien de temps nous avons, exactement?
Le Président (M. Simard) : Eh
bien, vous aurez 18 min 5 s, cher collègue.
M. Beauchemin : Parfait,
merci. Je viens d'en passer cinq secondes. Merci à tous, là, d'être ici
aujourd'hui pour notre exercice annuel.
Étant donné que le temps est limité, je
vais tout de suite plonger dans le vif du sujet. J'en ai plusieurs, mais je
vais commencer avec Azure. Donc, évidemment, il y a eu un peu un scandale
alentour d'Azure, et puis ça nous a coûté des sous pour être impliqués dans
cette histoire. Je voulais savoir à combien s'élèvent les pertes enregistrées
au total pour la caisse dans l'aventure d'Azure. Peut-être que, M. le ministre,
vous pouvez <donner la...
>
17 h (version révisée)
<19307
M. Beauchemin :
...pour la caisse dans l'aventure d'Azure. Peut-être que, M. le
ministre, vous pouvez >donner la...
M. Girard (Groulx) : Avec
consentement, je passerais la parole au président-directeur général de la Caisse
de dépôt.
Le Président (M. Simard) : Il
y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Simard) :
Consentement.
Alors, M. Emond, bien que vous soyez
un habitué de nos travaux, auriez-vous d'abord l'amabilité, s'il vous plaît, de
vous présenter?
M. Emond (Charles) : Oui.
Bonjour. Charles Emond, président et chef de la direction de la Caisse de dépôt
et placement du Québec.
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons, monsieur.
M. Emond (Charles) : Bien, en
réponse à la question, pour vous dire, les montants totaux qui ont été investis
dans Azure, c'est des paiements qui ont été faits, des investissements sur... à
sept ou huit reprises, des moments différents, qui ont commencé en octobre
2016, en décembre 2017, il y en a eu en 2018 également, en 2019, 2020, et en
2022 ils totalisent, en dollars US, 488 millions de dollars au coût.
Et il faudrait que je revérifie, mais l'investissement est aux environs... à
peu près une centaine de millions de dollars aux livres, actuellement.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
de mémoire, je pense que, l'an passé, on avait dit que ça valait 50 millions
aux livres, si on avait eu...
M. Emond (Charles) : Je vous
donne ça à peu près, là, il faudrait que je vous revienne avec le chiffre
exact, là, mais c'est aux environs de ces chiffres-là, plus ou moins. C'est un
montant qui est minime, aux environs ou un peu en dessous de 100 millions
US.
M. Beauchemin : Peut-être
juste pour... si c'est possible, en quelques secondes, d'expliquer un petit peu
l'enjeu actuel. Le placement valait 480, ça vaut 100 millions, donc une
perte de... hein, on peut faire les mathématiques, là. Est-ce que... Il y a-tu
moyen de récupérer cet argent-là, selon vous?
M. Emond (Charles) : Bien, la
valeur qui est aux livres est enregistrée aux meilleures connaissances des
projections que l'entreprise a, mais c'est une entreprise qui existe et qui
distribue de l'électricité. Il y a une entreprise sous-jacente qui est là en
bonne et due forme. Évidemment, elle fait face à de l'incertitude, actuellement,
en raison des événements et puis... des événements qui sont en cours. Il y a
des refinancements importants qui doivent avoir lieu, mais je ne peux pas
promettre ou garantir, mais ce n'est pas impossible de pouvoir obtenir une
valeur de cet investissement-là en date d'aujourd'hui.
M. Beauchemin : O.K. Qui
était responsable de cette histoire au niveau du placement, là, de l'ensemble,
là... je parle... ici même, là, au Québec? J'imagine que ça devait relever,
ultimement, à quelqu'un, là, ici, à Montréal, donc qui était responsable de ce
dossier?
M. Emond (Charles) : Bien,
comme j'ai dit, c'est un dossier qui a été déployé à sept ou huit reprises
entre 2016 jusqu'à 2022. Donc, il y avait nos équipes en Inde, à l'époque, il y
avait... qui étaient au niveau local, il y avait des équipes ici, à Montréal.
Si on parle de ces années-là, à l'époque, c'était M. Macky Tall qui était
en charge dans les premières années du département d'infrastructures. Il y a
Mme Anita George, aussi, qui était responsable, au niveau de l'Inde, de
cet investissement-là. Donc, il y a quand même eu plusieurs personnes entre...
sur presque 10 ans, là, de cet investissement-là, mais il fait partie du
portefeuille infrastructures, et puis avec toutes les responsabilités qui
reviennent au comité d'investissement à risque, qui est l'entité ultime au
niveau des décisions d'investissement à la caisse.
M. Beauchemin : O.K.
Puis donc il y a eu les trois personnes, là, qu'on a entendu parler, là, qui
ont été inculpées, là, par les autorités américaines dans le scandale. Est-ce
que ça, ça a eu des répercussions jusqu'au siège social ici même, à Montréal?
M. Emond (Charles) : Quand
vous dites «des répercussions», juste préciser.
M. Beauchemin : Bien,
comme, est-ce que quelqu'un a dit : C'était sous ta responsabilité d'avoir
ces trois personnages-là dans notre équipe? Est-ce qu'il y a eu des
conséquences chez quelqu'un, sur quelqu'un dans l'équipe ou du bureau de
Montréal?
M. Emond (Charles) : Bien,
juste trois choses. Premièrement, il faut comprendre que ce n'est pas la caisse
qui est sous allégations, c'est trois personnes qui étaient basées en Inde ou
en Asie-Pacifique, qui sont des ex-employés sur lesquels il y a des allégations
par rapport à ces faits-là, mais qui ont été faits... des faits et gestes... ça
fait état de conversation qui est faite hors des structures de la caisse. Et ce
que je dirais, c'est qu'on applique les plus hauts standards de gouvernance, de
conformité, d'éthique dans toutes nos activités, et toutes les mesures
nécessaires ont été prises. Donc, en termes de conséquences, ces employés-là,
bien, quand <on a eu...
M. Emond (Charles) :
...prises.
Donc, en termes de conséquences, ces employés-là, bien, quand >on a eu...
été informés qu'elles avaient menti aux autorités, fait entrave au processus
d'enquête, elles ont été congédiées immédiatement, puis, dans le cas d'un des
trois, même préalablement à ces événements-là.
Le Président (M. Simard) : M.
le député.
M. Beauchemin : Donc, on
a une perte de 380 millions de dollars US, on a trois personnes qui
étaient impliquées là-dedans, qui avaient des... une espèce de lien à l'intérieur
de la caisse quelque part, à déterminer exactement. Qu'est-ce qu'on en retire,
maintenant, là, qu'on sait que ça, ça a eu lieu puis que, de toute évidence,
ces gens-là semblent avoir agi à l'extérieur, mais ça a influencé les résultats
de la caisse? Donc, quelles mesures avez-vous prises, maintenant qu'on voit
tout ça, c'est tout clair maintenant, pour ne plus que ça, ça se refasse? Puis
quelle était la faille dans la façon de faire précédente qui a fait en sorte
que ça n'a pas été sur le radar de la Caisse de dépôt de voir cet échec-là?
M. Emond (Charles) : Bien, il
faut faire attention sur les éléments d'amener une faille au niveau des
contrôles internes de la caisse. Comme je le répéterais, la caisse, ici, on
parle d'un acte isolé par trois individus qui ont clairement manqué de jugement
de ne pas rapporter des éléments qui étaient pour nous... qui auraient dû être
amenés immédiatement au siège social.
M. Beauchemin : Mais c'est...
excusez-moi, M. Emond, mais, justement, c'est quoi, la leçon pour ne plus
que ça se refasse?
M. Emond (Charles) : Bien, la
leçon là-dedans, ce qu'il faut comprendre, c'est que la caisse procède
toujours, par ailleurs, à l'amélioration de ses pratiques puis ses processus.
Il n'y aura jamais un système dans le monde qui va garantir de capter des actes
répréhensibles d'employés qui, en dehors des murs de la caisse, vont faire une
collusion. Ils ne vont pas venir, dans leurs... même leurs déclarations à
l'éthique, parler de leurs propres malversations.
Mais il faut comprendre que la caisse, dès
qu'elle a été mise au courant, a demandé de former un comité spécial du conseil,
du conseil d'administration d'Azure, et c'est Azure qui a informé à notre
instruction les autorités américaines. Donc, je pense qu'il y a quelque chose
qui a été capté là-dedans puis qui a été agi en bonne et due forme. Mais on
bonifie toujours nos formations. On a modernisé notre code d'éthique dans les
dernières années. On a fait une foule de mesures depuis cinq ans. Alors, on est
toujours là pour bonifier nos pratiques.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. Emond (Charles) : Ce qu'on
prend comme leçon, c'est de continuellement repousser plus loin la...
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. Beauchemin : D'accord,
mais j'entends... mais je n'entends pas : Voici les étapes de plus qu'on
ferait dans un processus d'embauche, par exemple, ou pour s'assurer, justement,
qu'un genre de «due diligence» se fasse sur les individus. Est-ce que ça, c'est
quelque chose qui va en résulter?
M. Emond (Charles) : On le
faisait déjà exhaustivement. Ces gens-là, on avait... On fait tous les
«background checks» sur nos gens, même sur les personnes qui vont être membres
du conseil d'administration, mais ce n'est pas, généralement, marqué dans le
C.V., même quand c'est fait par des firmes externes, du «background check», des
firmes de sécurité qu'on engage, que des personnes vont décider, dans une
situation précise, d'agir de la mauvaise façon. Mais tout ça est déjà fait, je
peux vous rassurer.
M. Beauchemin : Il y a
eu, évidemment, l'achat d'une autoroute, là, à péage, encore une fois, là, en
Inde. Et, selon ce que je crois comprendre des informations, là, O.K., la
caisse aurait payé, en fait, deux fois plus cher que les autres parties
intéressées dans cette acquisition-là. Je n'ai pas exactement le nombre
d'autres participants, là, qui participaient dans ce «bid-là», mais il y a eu
clairement un prix beaucoup plus dispendieux payé par la caisse par rapport à
ce que les autres étaient prêts à payer. Encore une fois, les trois mêmes
individus, là, accusés de corruption étaient comme à l'intérieur, quelque part,
attachés, là, dans ce deal-là. Qu'est-ce qui a changé entre le moment où on
avait confiance en eux puis plus maintenant? Quand est-ce que c'est arrivé, là,
qu'on a arrêté de faire confiance à ces trois individus-là?
• (17 h 10) •
M. Emond (Charles) : C'est
une question que je suis content de répondre, parce qu'il n'y a aucune
pertinence sur le prix payé par les... ou voulant être payé par les autres
soumissionnaires, savoir si on a bien payé pour la qualité d'un actif. Les
transactions précédentes comparables d'autoroutes dans le pays sont payées
entre 13 et 20 fois. On a payé dans le milieu de la fourchette, à 16 fois. Il y
a bien des fois qu'on a perdu des encans par rapport à ces autres
soumissionnaires là. Il y a des raisons tactiques qu'ils vont vouloir ne
peut-être pas vouloir «bidder» parce qu'ils viennent de gagner à trois
reprises. C'est aussi un prix où est-ce que, je dirais, l'actif crée un
rendement pour les déposants et est très rentable, actuellement, donc il n'y a
pas d'enjeu. Puis, ces gens-là, on a vérifié, puis il n'y avait aucune malversation
qui a été faite par rapport à ces dossiers-là.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député.
M. Beauchemin : Mais
c'est quand même... du point de vue du simple payeur de taxes <au Québec...
Le Président (M. Simard) :
M. le député.
M. Beauchemin :
Mais c'est quand même... du point de vue du simple payeur de taxes >au
Québec, on regarde ça puis on se dit : Bien, ces trois gars-là sont encore
de retour en action. Ça fait qu'il y avait... il y a-tu un moment où est-ce qu'on
a comme arrêté de vouloir les inclure dans le processus? Parce que, là,
clairement, ils ont fait partie du processus. Leur façon d'opérer dans Azure
aurait pu laisser sous-entendre comme quoi qu'il y avait déjà une... quelque
chose qui aurait pu se passer en arrière pour pouvoir faire en sorte que le
plan d'autoroute puisse être payant pour eux. Je ne sais pas, j'essaie de... je
fais de la pure spéculation, mais...
M. Emond (Charles) : Il faut
faire... oui, non, mais il faut faire attention à ces amalgames. Il n'y a pas
eu d'échange ou de pot-de-vin avec ces employés-là ni dans Azure. Dans le
dossier de Maple, il n'y a absolument aucun amalgame, le dossier est rentable.
Puis, quand on a eu ces accusations-là sur les employés, je peux vous garantir qu'on
a fait toutes les vérifications à l'interne avec des cabinets externes, des
algorithmes, des surveillances de courriels, de tous les systèmes. Il n'y avait
absolument rien qui nous a indiqué qu'il y a eu quoi que ce soit dans les
autres dossiers parce qu'il n'y a rien qui s'est comparé au contexte qu'on a
vécu dans Azure.
M. Beauchemin : Mais
pourquoi avoir fait confiance à ces trois mêmes individus là dans ce
processus-là?
M. Emond (Charles) : On parle
d'un dossier qui a été fait sans la connaissance des faits, dans Azure, ce
n'est pas des éléments qui arrivent en même temps ou après. Vous impliquez
comme si on savait ce qui s'était passé dans Azure avec ces individus-là puis
que, par la suite, on avait continué. Le dossier en tant que tel est un dossier
de qualité qui est rentable, qui est payant.
M. Beauchemin : Mais,
quand ça, c'est arrivé, là, que les trois «amigos» se sont fait prendre la main
dans le sac, si on peut dire, là, puis là on a été... pardon, on a été dans la
compétition pour aller acheter ces autoroutes-là en Inde, est-ce que ça a
allumé des lumières à savoir : Oh! qu'est-ce qui s'est passé? Est-ce qu'on
peut faire un genre de...
M. Emond (Charles) : Ces
dossiers-là étaient déjà en cours, puis ils passent par un comité
d'investissement jusqu'au plus haut niveau de la caisse. Donc, on parle d'une
transaction. On dit : Est-ce qu'ils ont trop payé? Par rapport à tous les
indicateurs financiers, c'était le bon prix à payer, même c'était un très bon
prix puis c'est un bon actif qui est couvert par le gouvernement en termes de
dépenses en capital, tout ça.
M. Beauchemin : Puis ça
n'a donc pas allumé aucune lumière que les trois mecs qui étaient pris dans
Azure soudainement sont impliqués dans cette histoire-là? A posteriori, là...
M. Emond (Charles) : A
posteriori, si vous me dites : Une fois qu'on sait qu'il arrive des
choses, on est-tu retournés dans tous les dossiers?, oui.
M. Beauchemin : Oui.
M. Emond (Charles) : Oui.
M. Beauchemin : Qu'est-ce
qu'on a fait pour cette... sur l'autoroute, par exemple?
M. Emond (Charles) : Bien, on
va regarder toutes les implications au niveau du processus de revue diligente,
comment ça se compare par rapport aux transactions précédentes, à quel niveau
d'autorisation que ça a été amené, si le dossier est bien monté, si on a des
garanties gouvernementales, s'il y a un rendement qui est en place. Je sais
que, dans les médias, ces frais-là ont été rapportés pour essayer de créer certains
amalgames, mais il n'y a aucune connotation ou relation entre les deux
dossiers. Ces gens-là ont travaillé sur plusieurs dossiers, on les a tous
vérifiés. C'est des rendements. Je rappellerais que le portefeuille infrastructures...
quand on parle du dossier Azure, une perte de 300 millions, le
portefeuille infrastructures rapporte un 10 % par année sur un an, cinq
ans puis 10 ans. Donc, c'est un portefeuille qui va très, très bien dans
l'ensemble.
M. Beauchemin : Puis
maintenant qu'on voit tout ça, la question, en fait, c'est de savoir... quand
vous dites que vous payez 13 à 20 fois pour les autoroutes — là
vous avez payé quelque chose dans le milieu, je pense que c'était 17, quelque
chose comme ça, là, peu importe — est-ce que c'était la première fois
que ça arrivait, que la caisse était vraiment au-dessus de tout le monde par
rapport à l'ensemble, qui semblait avoir... De toute évidence, si vous
pesiez... payiez 16...
M. Emond (Charles) : Des
fois, on était en... des fois, on était en bas, des fois, ça peut être en haut.
Vous savez, aussi, les autorités ont un prix de réserve, c'est-à-dire un prix
minimum auquel elles vont vendre. Et puis il y a plusieurs transactions qui se
fait dans le pays. En moyenne, tout le monde confondu, incluant la caisse, les
acheteurs, ça va se payer 33 % au-dessus du prix de réserve que l'autorité
indienne va avoir. Dans ce cas-ci, on a payé seulement 16 % au-dessus,
donc c'est un prix qui n'était pas cher.
M. Beauchemin : Puis
pourquoi les autres étaient si peu chers par rapport au prix que la caisse
était prête à payer?
M. Emond (Charles) : Si vous
êtes un acheteur, un soumissionnaire en Inde, vous avez gagné trois actifs de
suite, le quatrième, vous n'en avez pas autant besoin, mais vous allez peut-être
vouloir l'avoir à très bon rabais. Vous ne savez pas qui allait soumissionner.
Vous vous essayez avec un prix très bas.
M. Beauchemin : Donc,
tous ceux qui ont compétitionné, qui y ont été deux fois moins chers que la
caisse, avaient déjà l'estomac plein, peut-on dire, c'est ça?
M. Emond (Charles) : Je ne
dis pas ça, je l'explique comme une des possibilités. Il peut y avoir aussi une
capacité financière qui devient plus limitée. Certains groupes sont plus petits
que d'autres. Mais, quand je parle du 13 à 20 fois, on parle
d'investisseurs mondiaux, comme les Brookfield, Blackstone de ce monde, qui
sont très sophistiqués, puis on parle d'un échantillon extrêmement large.
M. Beauchemin : Puis,
pour la caisse, c'était le combientième actif dans le monde de l'autoroute en
Inde, ça?
M. Emond (Charles) : Dans le
monde de l'autoroute en Inde, c'était le premier, oui. Mais...
M. Beauchemin : Bon. Ça
fait que vous aviez faim un peu, peut-on...
M. Emond (Charles) : Bien,
première plateforme. Il y a plusieurs investissements qui commencent.
M. Beauchemin : Mais
c'était le premier. Donc, vous aviez plus faim, disons, que ceux qui avaient
déjà mangé, peut-on dire?
M. Emond (Charles) : Non, on
est toujours un investisseur discipliné. On n'arrive pas pour avoir faim puis
dire : Il faut absolument rentrer parce qu'il faut faire des rendements.
M. Beauchemin : Mais,
quand même, il y a eu une différence notable entre le «bid» de la caisse puis
le «bid» des autres. Ça fait que c'était... Votre explication, c'est que ceux
qui ont été moins dispendieux que vous, c'est qu'il y avait déjà des actifs.
Vous, vous n'en aviez pas. Je fais juste suivre la logique, là.
M. Emond (Charles) : Non, je
faisais juste dire <que c'est une des...
M. Emond (Charles) :
...je
faisais juste dire >que c'est une des possibilités par un élément de
capacité financière. Vous savez, les entreprises au Québec, des fois, il y a un
processus, puis il y a juste un acheteur, puis il n'y en a pas d'autres, ça ne
veut dire qu'elle vaut zéro.
M. Beauchemin : Il n'y a
pas eu comme un moment d'incertitude lorsqu'on a appris qu'on était gagnants à
ce prix-là par rapport à... Mais, j'imagine, vous deviez savoir que les autres
étaient moins dispendieux.
M. Emond (Charles) : Oui,
puis on valide nos hypothèses, à ce moment-là, ce qu'on a fait en détail, puis
on a jugé que le prix était bon. Puis jusqu'à présent le rendement est
absolument à l'intérieur de nos attentes, au-dessus de 10 %, puis on en
est bien contents, donc ça nous a rassurés dans nos hypothèses.
M. Beauchemin : Ça fait
que, donc, par rapport à toute la corruption, là, qu'on a entendue, les trois
individus puis le 380 millions de dollars... milliards... millions de
dollars US, là, que la caisse a perdus et tout, là, le plus grand, peut-on
dire, chantier de modification de la bonne gouvernance des pratiques, là, par
rapport à ce que c'était avant, est-ce que vous pourriez nous dire, en quelques
secondes, là, lesquels étaient les plus, disons, significatifs par rapport à ce
que c'était avant?
M. Girard (Groulx) : Je
pense qu'on pourrait, M. le Président, passer cette question au président du
conseil d'administration.
Le Président (M. Simard) : Oui.
Alors, M. St-Gelais, pourriez-vous, s'il vous plaît... D'abord, heureux de
vous recevoir. Pourriez-vous, s'il vous plaît, vous présenter?
M. St-Gelais (Jean) : Oui.
Bonjour. Jean St-Gelais, je suis le président du conseil d'administration de la
Caisse de dépôt.
Alors, tout ce qui a entouré le dossier
Azure, évidemment, le conseil d'administration s'y est intéressé de très près,
et puis on s'est assurés... Moi, j'ai été dans la boucle tout au long, là, je
peux vous assurer que tout a été fait selon les règles de l'art en matière de
gouvernance. On a même demandé, en bout de piste, pour le dossier Azure, que le
comité de gouvernance et d'éthique du conseil révise...
M. Beauchemin : Bien,
peut-être juste pour... M. St-Gelais, juste pour revenir sur la question
en tant que tel...
M. St-Gelais (Jean) : Qu'est-ce
qui a été fait?
M. Beauchemin : ...une
fois que, hein... une fois que l'histoire est arrivée, là, qu'est-ce qui a été
fait pour, justement, modifier la gouvernance, modifier les pratiques pour ne
plus que ça se répète par la suite?
M. Girard (Groulx) : Mais,
un instant, là, je veux juste préciser, parce que votre question est imprécise,
là. Est-ce qu'on parle de la gouvernance ou des pratiques d'investissement?
Parce que, si c'est les pratiques d'investissement dans les pays étrangers, le
P.D.G. va répondre; si c'est la gouvernance de la caisse, le président du C.A.
va répondre.
M. Beauchemin : Bon,
bien, allons-y avec la gouvernance, puis après ça on va y aller avec les
pratiques.
M. St-Gelais (Jean) : Sur
le plan de la gouvernance, pour répondre simplement, on a été rassurés de A à Z
que ce qui avait été fait avait été fait correctement. Puis...
M. Beauchemin : Donc, il
n'y apas eu de modification de la gouvernance?
M. St-Gelais (Jean) :
Non.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Beauchemin : D'accord.
Peut-on...
Le Président (M. Simard) :
Alors, malheureusement, on n'aura pas... À votre prochain bloc, cher collègue
de Marguerite-Bourgeoys.
Je cède maintenant la parole à notre
collègue de Verdun, qui dispose d'environ 12 minutes.
Mme Zaga Mendez : Merci,
M. le Président. À mon tour de saluer M. Emond pour votre présence.
Je vais aller directement parce que j'ai
peu de temps. Ma première question porte sur des investissements de la Caisse
de dépôt et de placement sur Amazon. La CDPQ a acquis près de 1 million
d'actions supplémentaires dans Amazon, portant la valeur totale de ses
investissements à 2 milliards au 31 décembre 2024. C'est ce que j'ai
comme information, vous pourrez me corriger. Amazon, vous savez, ils sont
reconnus par des pratiques antisyndicales, et même son modèle d'exploitation
est très critiqué. En janvier 2025, Amazon a licencié plus de
4 600 travailleurs et travailleuses ici, au Québec, du jour au
lendemain, sans aucune raison. Pourquoi avoir augmenté les investissements en
Amazon?
• (17 h 20) •
M. Emond (Charles) : Mais,
écoutez, premièrement, Amazon ou ces sociétés-là, si je vous le résumais en
trois points pour répondre rapidement à votre question, c'est sûr que ce sont
des sociétés qui ont un rayonnement international, une plateforme à travers le
monde entier, puis elles peuvent puis doivent améliorer leurs pratiques. Puis,
en ce sens là, on prend nous-mêmes des engagements avec elles. D'ailleurs, on
fait partie d'un regroupement d'actionnaires, d'investisseurs qui militent en
ce sens-là, qui représente plus de 2 000 milliards d'actifs sous
gestion, et il y a des propositions qui sont soumises par les actionnaires en
ce sens-là sur la liberté syndicale, les conditions de travail qu'on a et qu'on
va continuer d'appuyer.
De l'autre côté, vous me demandez pourquoi
la position a augmenté. C'est un des plus gros titres dans le monde qui font
partie des indices boursiers, donc ils sont incontournables, dans un sens, et
c'est des entreprises qui ont une performance extrêmement rentable pour les
Québécois depuis plusieurs années.
Mme Zaga Mendez : En
parallèle à ça, M. Emond, il y a eu des efforts à faire de la part de la
ministre du Conseil du trésor, qu'on a salués, pour retirer des nouveaux
contrats à Amazon pour faire des efforts. Puis partout au Québec, là, les gens
font des efforts pour ne plus acheter à Amazon, puis on les a salués à
plusieurs reprises. Pourquoi la caisse n'est pas dans une lancée pour faire <des
efforts et ne pas...
Mme Zaga Mendez :
...plusieurs
reprises. Pourquoi la caisse n'est pas dans une lancée pour faire >des
efforts et ne pas... et ne plus acheter des actions, au moins, face au
licenciement des 4 600 travailleurs au Québec?
M. Emond (Charles) : Bien,
comme je vous ai dit, c'est des entreprises qui peuvent améliorer leurs
pratiques. On leur souligne et on vote des propositions actionnariales qui ont
quand même un support de près de 30 % par rapport à ces éléments-là. Mais,
dans notre devoir de fiduciaire, ce sont des entreprises qui sont... est une
des sept entreprises, Amazon, pour donner une idée, qui a représenté plus du deux
tiers des gains du S&P 500 dans les dernières années. Alors, en ce sens-là,
on se doit d'être investis également puis de continuer à les influencer dans le
sens de ce que vous indiquez.
Mme Zaga Mendez : Et
combien... de combien vont croître les actions Amazon de la CDPQ,
l'année 2025? Est-ce que vous avez l'intention d'acheter encore plus
d'actions Amazon?
M. Emond (Charles) : Ça va
toujours dépendre, je ne peux pas vous garantir. Si l'entreprise est trop
chère, on vend, si l'entreprise est à bon marché, on achète. Ça dépend
également des conditions de marché. Ce que je vous dirais, c'est que je
souhaite que celles qu'on détient puissent continuer à prendre de la valeur
pour les Québécois.
Mme Zaga Mendez : Alors,
ça a l'air, les conditions de travail, c'est moins ça qu'on regarde.
Je vais enchaîner sur les questions des
primes, les... On a lu dans le journal, puis je veux juste citer, là : Les
grands patrons de la Caisse de dépôt et placement du Québec se partageront... vont
se partager 13 millions en primes même si la performance du portefeuille a
été bien en deçà de l'indice des comparaisons l'an dernier. Au-delà des lignes
directrices, le rapport 2024 offre peu de détails sur les cibles à
atteindre dans chacune des catégories, et c'est la même chose en ce qui a trait
à la mécanique de calcul, c'est assez flou. Donc, ma question, c'est pour bien
comprendre comment la caisse détermine le montant des primes.
M. Emond (Charles) : Bien,
écoutez, c'est tout divulgué dans notre rapport annuel. Je vous dirais que
c'est une section qui est assez longue, donc elle est assez détaillée. Mais une
couple de points sur comment elle est déterminée puis après ça une couple de
chiffres, peut-être, pour appuyer mes propos, il y a plusieurs éléments qui
rentrent dans comment la rémunération variable des employés est dictée à la caisse.
Donc, il y a un élément sur cinq ans, à long terme, pour prendre des...
encourager les bons comportements, tant en rendement absolu, en rendement relatif — absolu,
c'est le rendement qu'on obtient, relatif, c'est par rapport à l'indice — également
des éléments d'atteinte de la stratégie Québec investissement durable et
d'autres éléments du genre. Donc, il ne faut pas regarder juste un élément dans
une année.
Si je vous demandais par rapport à la
rémunération cette année, je vous dirais que la rémunération totale de la caisse,
qui inclut toutes les composantes, est en baisse de 4 % en 2024 par
rapport à 2023.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre, vous souhaitiez céder la parole à M. St-Gelais, ou bien...
M. Girard (Groulx) : Bien,
je préférerais que le P.D.G. ne commente pas sur sa propre rémunération, mais
que ces questions-là aillent au président, mais je pense qu'il a très bien répondu.
Mme Zaga Mendez : J'ai
une partie...
M. Girard (Groulx) : Puis,
dépendamment des questions, on va les diriger.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
Mme Zaga Mendez : Je
vais citer, puis vous nous... j'attends la réponse de... de quiconque. Dans
l'article, il y a M. Magnan, qui est un professeur à la chaire de
gouvernance puis qui nous dit, comme... comme ça vient d'être expliqué, on
comprend la logique de rémunération, mais le montant, donc, accordé, la prime,
il manque un bout dans le calcul pour bien comprendre. Et ma question est la
suivante : Quand il y a, par exemple, un 5 % de pertes annuelles,
est-ce qu'on a un 5 % de pertes dans les bonus qui sont donnés aux
dirigeants?
Le Président (M. Simard) : Merci.
Donc, M. St-Gelais.
M. Girard (Groulx) : On
va donner la parole au président du conseil d'administration pour la
rémunération.
M. St-Gelais (Jean) : Bien,
la réponse, c'est non. Le calcul... Le président chef de la direction vous a
donné un peu de détails, mais il y a... grosso modo, il y a trois éléments dans
le calcul : la performance individuelle, la... comment on réussit la
stratégie globale et également le rendement, qui est sur cinq ans. Donc, sur
cinq ans, pour chacun des portefeuilles de la caisse, il y a le rendement
absolu puis il y a le rendement relatif par rapport à l'indice qui est calculé
très, très, très détaillé. Après ça, pour chacun des vice-présidents puis pour
le président et chef de la direction, on regarde est-ce qu'il a réussi à livrer
sa performance individuelle. Pour M. Emond, on évalue est-ce qu'il livre la
stratégie de la caisse, donc la stratégie financière pour ce qui est... le
Québec — Québec est un élément très important, le conseil lui accorde
beaucoup, beaucoup d'importance — la décarbonation de l'économie
également, puis toute la gestion interne des équipes, s'assurer qu'on ait les
meilleures personnes, qu'on a fait une intégration, cette année, importante. Tout
ça est pris en considération.
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Je vais aller sur un autre sujet — merci pour la réponse — c'est
concernant le rapport de la CDPQ Infra et son avis sur le troisième lien. Dans
le rapport, puis c'est mon collègue aux transports de ma formation politique
qui me le disait, le concept de sécurité économique est mentionné trois fois
dans le rapport sur la mobilité dans la région de Québec, et la CDPQ Infra <prend
la peine...
Mme Zaga Mendez :
...le
rapport sur la mobilité dans la région de Québec, et la
CDPQ Infra >prend
la peine, à chaque fois, de mentionner que l'évaluation de ce besoin dépasse le
mandat de la caisse et qu'il revient au gouvernement de faire les analyses
quant aux risques pour le transport des marchandises. Ceci étant dit, je me
permets le commentaire, vous comprenez que ceci n'a pas empêché au gouvernement
de justifier son appui envers le troisième lien basé sur cette notion.
Alors, nous, notre question, c'est :
Pourquoi on retrouve le concept de sécurité économique dans ce rapport? Plus
précisément, est-ce que c'est la part de la ministre des Transports et la
Mobilité durable qui a suggéré, voire imposé dans la rédaction de son rapport
déposé en juin la présence de ce concept d'avoir une... mention, pardon, sur la
sécurité économique du transport des marchandises dans la région du Québec?
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. Emond.
M. Emond (Charles) : La
réponse, c'est non.
Mme Zaga Mendez : Alors,
qu'est-ce qui justifie la présence de ce concept-là dans le rapport?
M. Emond (Charles) : Bien, ce
qu'on a indiqué, c'est que ce n'était pas la solution à privilégier, comme vous
l'avez dit, c'était un mandat sur la mobilité, mais, si le gouvernement veut
regarder d'autres considérations, c'est évidemment sa prérogative. On a
simplement relayé le commentaire émis par certains groupes qu'on a rencontrés.
On en a rencontré plusieurs à travers... puis on trouvait que c'était honnête,
intellectuellement, de le relayer. Mais on n'émet pas d'opinion là-dessus, ça
ne nous regarde pas, cet aspect-là.
Mme Zaga Mendez : Merci
de la réponse. Est-ce que, pour vous, le concept de sécurité économique...
est-ce que vous croyez que c'est suffisant pour justifier la construction d'une
infrastructure routière de plus à Québec?
M. Emond (Charles) : Mais je
n'ai pas les données pour faire cette analyse-là, malheureusement. On l'a
regardé dans un cadre de mobilité, donc on n'aurait pas été à même... en mesure
de se prononcer, puis ce n'était pas notre mandat.
Mme Zaga Mendez : Je
vous remercie.
Ma prochaine et dernière question pour ce
bloc, c'est considérant... concernant la transparence. Quand on regarde, puis
on compare à d'autres caisses de retraite aux États-Unis et au Canada, puis on
compare la divulgation de certaines données ou des sommes, la caisse ne
divulgue pas avec précision les sommes qu'elle a confiées à des fonds privés,
comparé à des institutions aux États-Unis et au Canada. La caisse se contente,
par exemple, de fournir une fourchette qui indique, par exemple, la valeur d'un
placement compris entre 300 et 500 millions, mais pas pour la... donner
plus de précisions sur les sommes qui sont confiées à des fonds privés.
Pourquoi on fait ça?
M. Emond (Charles) : Bien,
je vous dirais, au niveau de la divulgation, on doit quand même bien faire
parce qu'on... dans les fonds de pension, sur des centaines qui sont... font
partie d'études de firmes externes et indépendantes, comme celle ayant le
niveau de divulgation le plus détaillé au monde, parmi les trois, quatre
premiers à chaque fois dans le monde. Donc, je vous dirais que, de ce point de
vue là, on considère qu'on en donne énormément. D'ailleurs, on le fait au
niveau de chacun des investissements individuels.
Mme Zaga Mendez : Je
vous remercie. Je garderais le temps qu'il me reste pour mon prochain bloc.
Le Président (M. Simard) : Absolument,
madame, c'est votre prérogative.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Je cède maintenant la parole au député de Marguerite-Bourgeoys, qui a
approximativement 18 minutes devant lui.
M. Beauchemin : Merci,
M. le Président. Et on avait fait le quart, là, ça va bien. On... Ça va... Ça
ne va pas être si pénible, là. On va continuer.
Écoutez, j'ai une question spécifique, peut-être
que quelqu'un pourrait me donner la réponse. Combien d'impôt la Caisse de dépôt
paie aux États-Unis?
M. Emond (Charles) : J'ai...
La caisse est exonérée d'impôt dans plusieurs juridictions, puis aux... États-Unis
feraient partie de ces pays-là. Est-ce qu'il y a peut-être des sommes précises
d'impôt adjacent qu'on peut payer, des retenues? Ça, je ne le sais pas, je
pourrais vous revenir. Mais, en général, partez du principe qu'on est, là,
exempts d'impôt.
• (17 h 30) •
M. Beauchemin : Donc,
les impôts qu'on voit dans le rapport qui sont payés, ça, c'est quelque chose
qui vous est, donc, remboursé. Ça prend... Il y a un délai, là, ce n'est pas automatique,
c'est ça, si je comprends bien?
M. Emond (Charles) : Bien, il
faudrait que je vérifie avec vous, là, je n'ai pas ces données-là exactes, là.
Mais en général la caisse ne paie pas... n'a pas à payer d'impôt, mais il peut
y avoir des éléments de friction fiscale, quand même, qui se retrouvent au net,
là, je ne veux pas dire c'est un chiffre qui est zéro.
M. Beauchemin : O.K., parfait.
Est-ce qu'il y en a, des juridictions dans lesquelles la caisse investit, dans
lesquelles la caisse, donc, paie des impôts?
M. Emond (Charles) : Il
faudrait que je vous regarde, mais en général on tente même, je dirais... Les
plus grands... Vous savez, si on regarde le Canada, États-Unis... je vais
m'avancer avec le... pardon, je cherche le... Royaume-Uni, on parle quand même,
là, de trois pays qui représentent, là... Juste l'Amérique du Nord, c'est
70 %, à peu près, de tous les actifs de la caisse. Donc, je dirais, dans
les pays principaux où est-ce qu'on fait affaire, il va y avoir une
exonération... on va être exempts d'impôt.
Dans certains autres pays, on va être
parfois, souvent, en discussion pour la maintenir ou l'étendre à plusieurs
situations. On l'a fait en Australie, on l'a fait en Inde, parce que c'est des
éléments où est-ce qu'on veut être à niveau égal en concurrence avec les autres
investisseurs. Mais il va y avoir des pays où est-ce qu'il va y avoir <des
éléments fiscaux...
>
17 h 30 (version révisée)
< M. Emond (Charles) :
...en
concurrence avec les autres investisseurs. Mais il va y avoir des pays où
est-ce
qu'il va y avoir >des éléments fiscaux qui vont s'appliquer. Mais vous
êtes dans un niveau de détail, là, qu'il faudrait que je vous revienne, là, pour
l'avoir par pays, par juridictions, parce qu'on est quand même dans plus de 70 pays
dans le monde.
M. Beauchemin : O.K. Bien,
oui, bien, écoutez, c'est important. Puis j'en arrive à, en fait, poser la
question. Bon, on est tous au courant, là, de ce qui se passe avec notre voisin
du Sud. On a tous, évidemment, compris, là, qu'un des enjeux qu'on a, au Canada
en général puis au Québec aussi, c'est qu'on doit investir dans nos entreprises
pour qu'elles puissent être plus productives, que ce soit en recherche et
développement, pour avoir de l'innovation, pour améliorer la productivité et
tout, là. Puis en fait, là-dessus, je vais vous dire que la Caisse de dépôt est
probablement le joueur, dans les Maple 8, qui investit probablement le plus
proportionnellement, toutes proportions gardées, là, au Canada que les autres,
là. Mais vous, quand vous le regardez, M. Emond, en regardant ça, là,
aujourd'hui, est-ce que vous voyez encore de la place — et, si oui,
combien? — pour que la caisse investisse encore plus au Canada dans
son ensemble?
M. Emond (Charles) : Au Canada?
J'aime le Canada, mais on se concentre sur le Québec beaucoup, je vous dirais.
M. Beauchemin : Dans le
contexte, là, de la guerre tarifaire, où est-ce qu'on doit travailler avec nos
partenaires de la fédération.
M. Emond (Charles) : Oui,
une couple de choses, peut-être, là-dessus. Premièrement, au Québec, la caisse,
son ambition, on avait mentionné il y a trois ans qu'on voulait être à 100 milliards
d'actifs au Québec en 2026 — le Québec est au Canada — on
est en avance sur cette projection-là, puis ça va faire de nous... ça fait déjà
de nous le fonds d'investissement, fonds de pension qui est le plus investi au
monde dans son économie locale, donc, 100 milliards dans une économie qui
est d'à peu près 600 milliards de PIB.
Pour ce qui est du Canada, on anticipe
certainement que, dans un contexte de guerre tarifaire, comme on voit un peu
partout dans le monde, puis ça fait des opportunités au Canada comme ailleurs, il
va y avoir des grands projets d'intérêt stratégique, de sécurité nationale, de
résilience nationale. Et puis on peut s'attendre à ce qu'il y ait des
opportunités additionnelles au pays, puis on l'accueille favorablement parce
que le Canada, c'est un pays qu'on connaît, qui a la règle de droit, tous les
bons attributs qu'on peut imaginer dans un monde qui est de plus en plus
complexe. Donc, s'il y a ce type de projets là puis que le Québec en bénéficie également — on
voit des projets comme le TGV, on veut se lancer là-dedans, on a gagné avec le
consortium, le Québec va en bénéficier, la moitié du parcours y est — bien,
on les regardera, ces projets-là.
Puis on peut faire plus. Le Canada est un
pays qui a un grand potentiel. Et puis on pense qu'on va continuer également à
faire beaucoup au Québec. Et puis récemment, avec tout ce qu'on a vu avec la
guerre tarifaire, on a lancé notre programme, au Québec, pour augmenter la
productivité des entreprises, qui est mené par Mme Thomassin puis les
équipes.
M. Beauchemin : Puis est-ce
qu'au niveau de la position que la caisse a prise au niveau des énergies
fossiles... est-ce que des transports d'énergies fossiles à travers le Canada,
dans le contexte où est-ce qu'on va vouloir, évidemment, là, diversifier les
clients à l'extérieur du Canada versus juste avoir le client américain, dans le
contexte où est-ce que le Québec est un acheteur d'énergie... bien, de gazoline,
là, des États-Unis, net, là, est-ce que, ça, il y aurait un intérêt pour la
caisse de peut-être revenir sur cette position-là?
M. Emond (Charles) :
Bien, on verra, c'est des questions hypothétiques, c'est difficile. Il faut
voir qu'est-ce qu'il en est, s'il y a un rendement qui est acceptable. Il faut
voir aussi, ces projets-là, s'ils cadrent bien avec ce qu'on vise comme
rendement. Mais je pense que, dans le contexte actuel — j'avais une
réponse englobante — tout doit être regardé avec une nouvelle
lentille, dans un certain sens, mais on va continuer à avoir les mêmes
principes qu'on a, tant au niveau financier qu'au niveau de ce qu'on considère qui
est une politique d'investissement durable, où est-ce qu'on investit dans des
projets qui ont un avenir à long terme pour les déposants.
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Beauchemin : J'entends,
donc, qu'il y a une ouverture, vous n'êtes pas fermé à l'idée. Puis, dans un
concept de corridor énergétique où est-ce que peut-être, justement,
Hydro-Québec aurait à gagner à distribuer, là, à l'extérieur du Québec vers l'ouest
ou vers l'est du Canada, ça fait aussi partie, peut-être, du mix, de votre
point de vue à vous?
M. Emond (Charles) : Bien
là, vous mélangez beaucoup de choses. On n'est pas nécessairement en faveur d'augmenter
la production pétrolière, juste pour être précis, si vous essayez de me faire
dire des choses, on a sorti de cette industrie-là. Et puis, vous savez, notre
politique énergétique a été payante pour les déposants. C'est payant puis c'est
une bonne gestion de risques. Si vous prenez notre politique énergétique, ça a
rapporté 12 % par année, tous nos actifs dans le secteur de l'énergie,
alors que celui de la bourse, le MSCI Energy, a fait 8 % par année depuis
cinq ans. Donc, c'est un écart notable, donc on dit qu'on est sur la bonne voie.
Pour ce qui est pour aider Hydro-Québec puis
tout le plan énergétique au Québec, ça, on va être au rendez-vous, on l'a déjà
mentionné. Si on peut aider de façon à augmenter l'autonomie énergétique du
Québec... il y a beaucoup à faire pour décarboner, puis ça se fait avec un
partenaire d'ici, d'une façon durable, qui est bon pour l'environnement, on va
être au rendez-vous.
M. Beauchemin : Donc, par
la bande, on pourrait donc aider Hydro-Québec dans un contexte <de
corridor...
M. Beauchemin :
...donc,
par la bande, on pourrait donc aider Hydro-Québec dans un contexte >de
corridor énergétique, si je comprends bien, là.
M. Emond (Charles) : Bien,
tout ce que... Je ne peux pas prévoir qu'est-ce qu'ils vont être, leurs
projets, mais on a déjà signifié avec Hydro-Québec qu'en temps et lieu on sera
un partenaire de choix, s'ils considèrent qu'on peut les aider.
M. Beauchemin : Donc, on
va analyser quand ce sera sur la table.
M. Emond (Charles) : Oui, oui.
M. Beauchemin : D'accord.
Je vois que M. Delisle n'est pas là, mais je voulais juste poser une
question au niveau de la gestion des devises. Évidemment, vous avez, comme tous
les gestionnaires de portefeuilles, pu profiter, là, dans les deux dernières
années, du mouvement du dollar canadien de 1,30 $ à 1,47 $, là,
quasiment, là, puis là on revient à 1,38 $. Est-ce que ça, pour vous...
M. Emond
(Charles) :
…dollar
canadien ou dollar US?
M. Beauchemin :
Canada, US. Et donc, ça, pour vous, j'imagine qu'il y a une gestion qui
doit se faire dans le quotidien, mais est-ce que, malgré la gestion au
quotidien, il y a quand même un effet devise au niveau des résultats de la
Caisse de dépôt?
M. Emond (Charles) : Si on
prend... sur cinq ans, la devise, ça fait en général 0 %, parce qu'il y a
toujours un retour à l'équilibre, puis il n'y a pas juste le dollar US, il y a
d'autres devises. On s'en sert surtout, le dollar US, qui est la principale
devise, qui a un effet, comme un facteur diversifiant, c'est-à-dire que, comme
en 2022, si jamais les marchés s'effondrent, il y a toujours une valeur refuge
où est-ce que le dollar américain va monter, puis c'est favorable, donc ça agit
comme un amortisseur pour les rendements de la caisse.
Votre question est pertinente, par
exemple, parce qu'en 2024, sur un rendement d'à peu près 9 %, 10 %,
la devise a eu à peu près 2 % d'effet. Pourquoi? Ça a été très surprenant,
les marchés ont monté et la valeur du dollar US a monté. Puis, depuis que le président
Trump est là, je vous dirais, comme en début d'année, la devise américaine
n'agit pas ou ne réagit pas de la façon habituelle, comme les 40,
50 dernières années, alors ça nous amène à se poser des questions
importantes sur la couverture de devises qu'on est en train de faire au
quotidien.
M. Beauchemin : Ça fait
que, juste pour que les gens qui nous écoutent comprennent, le pourcentage
d'actifs sous gestion, en dollars canadiens, qui sont au Canada, par rapport au
reste du portefeuille, ça représente combien?
M. Emond (Charles) : Le
Canada, au total, on va parler d'à peu près 162 milliards, je dirais, sur
le 473. Laissez-moi juste vous faire un calcul, mais ça va être aux environs
d'à peu près, je pense, 20 %... 20 %, 25 %, si on regarde le...
30 % au total, dont la majeure partie serait au Québec.
M. Beauchemin : O.K. Ça
fait qu'est-ce que... Donc, c'est une moyenne mobile sur cinq ans, si j'ai bien
compris, un peu, l'approche. Mais il y a du «edging» qui doit se faire plus
dans... plus, là, de façon ponctuelle pour atteindre les objectifs budgétaires
annuels, j'assume, là. Est-ce qu'il y a un peu de ça... Donc, il y a cette
fluctuation qui vous a donné un bénéfice additionnel de 2 % l'an passé à
cause de la détérioration par rapport au 25 % qui était à l'extérieur, en
devises. Est-ce que ça, c'est quelque chose qui active régulièrement les
opérations des marchés des capitaux à la caisse?
M. Emond (Charles) : Bien, il
y a toujours des éléments de couverture stratégique. Il y a la couverture
stratégique, qui est une base solide qui ne bouge pas trop; il y a une
couverture tactique, qui réagit plus aux mouvements de marchés. C'est basé sur
une foule de facteurs qui rentrent en considération. Il y a une équipe dédiée à
ça, de plusieurs personnes, parce que c'est des mouvements importants. Mais, si
vous cherchez à savoir, la caisse n'a pas bénéficié de façon importante dans
ses résultats sur la devise, c'est plus un élément diversifiant comme
stratégie. Si vous prenez, par exemple, le Régime de pensions du Canada, ça a
été un élément beaucoup plus important, à la devise, dans leurs résultats au
fil des ans.
M. Beauchemin : Puis
c'est quoi, l'influence des mouvements de devises depuis le 1er janvier de
cette année sur les résultats, en termes de diversification?
• (17 h 40) •
M. Emond (Charles) : Bien,
comme je vous disais, jusqu'à présent, on a des bonnes... des bons résultats
dans notre couverture depuis le 1er janvier. Mais ce qui est un peu
particulier, c'est qu'on a vu qu'avec la guerre tarifaire il y a un choc
stagflationniste qui est craint par les marchés, vous connaissez ça très bien.
Alors, on a une hausse du taux aux 10 ans, américain, et donc les bons du Trésor
ont subi une certaine crise de confiance, ont baissé en valeur, puis en même
temps la devise américaine a baissé également, ce qui est plutôt très atypique.
Donc, ça nous amène constamment à revoir les corrélations puis s'ajuster en
conséquence, mais, jusqu'à présent, ce n'est pas quelque chose qui a joué négativement
contre les résultats de la caisse depuis le début de l'année, au contraire.
M. Beauchemin : O.K. O.K. Le
pourcentage du portefeuille, si on oublie les juridictions, là, mais, si on
regarde le pourcentage du portefeuille qui est en obligations, est-ce qu'on
peut... est-ce que... c'est bel et bien dans les alentours de 50 %, grosso
modo, si j'avais bien compris?
M. Emond (Charles) : Non, au
niveau du... des obligations, si je veux être précis, là, vous me direz si...
juste une sous-catégorie des obligations, mais il y a la catégorie revenus fixes,
qui est <à peu près 32 %...
M. Emond (Charles) :
...sous-catégorie
des obligations, mais il y a la catégorie revenus fixes, qui est >à peu
près 32 % du portefeuille total. Dans ça, il y a un portefeuille, je
dirais, pour un tiers, qui est les taux, je dirais, là, ce qu'on appelle
obligations gouvernementales, très sûres, puis il y a un deux tiers que
j'appellerais du crédit privé, vous connaissez bien, des prêts à des
entreprises, en infrastructures, en immobilier, qui est plus du prêt à des
sociétés privées.
M. Beauchemin : O.K. Donc, le
tiers du portefeuille, grosso modo, en...
M. Emond (Charles) : Le tiers
de ce portefeuille-là, donc à peu près... le tiers de 150 milliards, un 50 milliards
en... j'appellerais le portefeuille taux... Dans le portefeuille revenus fixes,
qui est le tiers de toute la caisse, là, un tiers de ce un tiers-là, donc un
10 %, va être le portefeuille taux, qui est des obligations du
gouvernement du Québec, bons du Trésor américain, qui sert un peu comme poche
de liquidités pour la caisse et puis les déposants.
M. Beauchemin : Juste pour
simplifier, là, donc, sur les 470 milliards...
M. Emond (Charles) : 50
milliards, disons, ou un peu moins.
M. Beauchemin : O.K., parfait.
Puis, quand on regarde les autres actifs infrastructures, de façon globale, ça
représente combien du portefeuille?
M. Emond (Charles) : 64
milliards ou 13 %.
M. Beauchemin : 13 %.
M. Emond (Charles) : Ça fait
de nous le plus grand investisseur institutionnel au monde en infrastructures.
M. Beauchemin : Quand même!
M. Emond (Charles) : C'est ça
que je me dis aussi.
M. Beauchemin : Quand même
intéressant.
Bon, bien, écoutez, je voulais revenir sur
une des questions qui a, évidemment, là, eu beaucoup d'effet sur les
marchés : les conséquences de l'administration Trump. Vous, à la caisse,
vous avez votre projet pour aider, là, qui a été demandé, là, pour le
gouvernement... par le gouvernement, pour aider nos entreprises, en tant que
tel. La gestion, nonobstant ça, du quotidien pour le portefeuille face à la
guerre tarifaire, quels ont été les ajustements que vous pourriez peut-être
partager avec nous, là, pour protéger le bas de laine des Québécois?
M. Emond (Charles) : Donc,
juste, peut-être... La question est en deux parties. Je pourrais parler au
niveau macro, l'impact, un peu, des mesures tarifaires aux États-Unis sur le
portefeuille caisse, puis peut-être que vous voulez que je passe la parole
après à Mme Thomassin pour notre programme au Québec pour les entreprises. Est-ce
que ça vous irait?
M. Beauchemin : Oui, c'est
bon.
M. Emond (Charles) : O.K. Bien,
si on regarde l'impact Trump, c'est un choc stagflationniste. Alors, il y a
deux effets possibles : il y en a un qui est macro, les effets
macroéconomiques sur le portefeuille caisse, puis il y en a un micro, c'est-à-dire,
quand on part du bas, quelles entreprises sont touchées directement par les
tarifs. Bon, évidemment, ça change régulièrement. On s'était préparés d'avance
à l'élection de M. Trump.
Quand on regarde les tarifs, il y a
seulement 6 % des entreprises globales, dans toute la caisse, dans le
portefeuille de la caisse, qui seraient touchées directement par des tarifs,
12 % sévèrement dans le portefeuille Québec, je laisserai Kim en parler.
La raison, ça peut paraître faible, bien, toutes les entreprises de services ne
sont pas affectées par les tarifs. Si on prend juste l'économie du Québec,
trois quarts, c'est dans le secteur des services. Donc, ces entreprises-là,
avec des tarifs, tout ça, bien, on a fait un programme Québec, puis je fais une
parenthèse, Mme Thomassin pourra en parler.
L'autre effet macro principal, c'est un
choc stagflationniste aux États-Unis, qui est quand même un élément
particulier, qui n'est pas arrivé depuis des décennies, qui veut dire une
baisse de croissance, hausse de l'inflation. Puis, dans ce contexte-là, ce
qu'on peut anticiper, c'est des impacts économiques.
Le Président (M. Simard) : Le
temps file. Mme Thomassin, souhaitiez-vous ajouter quelque chose?
Mme Thomassin (Kim) : Peut-être,
rapidement, sur le programme Productivité, qu'on a lancé peu de temps après
l'élection de M. Trump, on avait fait beaucoup de travaux préalables pour
revoir le portefeuille Québec en entier, mais on a lancé ce programme-là, entre
autres, en réponse aux tarifs puis pour soutenir nos entreprises québécoises
qui veulent accroître leur productivité puis qui veulent opérer un pivot
stratégique, là, vers de nouveaux marchés. Ce qu'on offre, c'est du capital,
donc, évidemment, des investissements, mais un accès à un financement qui est flexible.
On offre aussi l'expertise, alors nos expertises internes à la caisse. Mais on
a travaillé avec une entreprise ici, à Québec, qui est Vooban, qui est une
société qu'on a en portefeuille, qui est spécialisée dans l'intelligence
artificielle, qui vient identifier avec nos sociétés en portefeuille... ou des
cibles, quels sont les projets à adopter pour améliorer la productivité et la
croissance des entreprises. Alors, on a mis ça de l'avant. Et notre troisième
palier, qui est de donner accès à nos sociétés, à nos réseaux, les réseaux
internationaux de la caisse, pour que des sociétés découvrent des nouveaux
partenaires...
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député, il vous reste 1 min 30 s.
M. Beauchemin : Parfait. Mme
Thomassin, est-ce que, donc... peut-on conclure que l'aide que la caisse va
apporter aux entreprises québécoises, c'est l'aide qu'elle va apporter aux
entreprises québécoises qu'elle détient déjà en portefeuille?
Mme Thomassin (Kim) : Non, on
a les deux, parce que, ce programme-là, spécifiquement, celui <qui vise...
Mme Thomassin (Kim) :
...non,
on a les deux, parce que, ce programme-là, spécifiquement, celui >qui
vise, là, l'expertise, avec Vooban, on a fait un appel d'intérêt, si vous
voulez. Alors, oui, il y a des sociétés en portefeuille, mais il y a des
sociétés qui ne sont pas clientes ou, si vous voulez, dans le portefeuille de
la caisse, qu'on a découvertes grâce à ce programme-là, des sociétés avec qui
on échangeait, aussi, qui étaient des cibles, qui se sont qualifiées dans le
cadre de ce programme-là, et on pense que des belles choses vont en sortir.
C'est une façon de commencer à travailler ensemble puis d'identifier des
possibilités de financement pour certains projets avec elles.
M. Beauchemin : Ça représente
combien en pourcentage, ceux qui sont en portefeuille versus ceux qu'on a
découvert?
Le Président (M. Simard) : ...secondes
Mme Thomassin (Kim) : Ah mon
Dieu! Je vais devoir vous revenir avec le détail, là, mais je vous reviendrai
avec ce chiffre-là exactement. C'est assez balancé.
M. Beauchemin : O.K., parfait.
Le temps qui reste, je vais le...
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 20 secondes, mais on pourra reporter au bloc suivant.
Alors, normalement, la parole revenait au
Parti québécois. Étant donné leur absence, je cède la parole à la représentante
de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Pour
combien de temps, pour être certaine? 12...
Le Président (M. Simard) : Eh
bien, pour 12 minutes... Attends, non, on vous avait bonifiée, 13 min 50 s.
Mme Zaga Mendez : Super.
Merci beaucoup, M. le Président.
J'ai le goût de continuer, dans ce bloc,
sur les investissements de la caisse, pour faire un retour sur d'autres
discussions qu'on a déjà eues, qui ont déjà eu lieu ici, en commission. L'an
passé, M. Emond, vous avez dit trouver très préoccupante la situation en
Palestine. Puis vous comprenez que la situation ne s'est pas améliorée : on
parle de plus de 52 000 morts, dont 70 %, ce sont des femmes et
des enfants, on parle de près de 120 000 blessés, la destruction de
toutes les infrastructures civiles, le blocus total — on parle d'eau,
nourriture, médicaments, carburant — qui est imposé par Israël depuis
plus de deux ans puis... pardon, pardon, plus de deux mois, je m'excuse, et qui
génère, en ce moment, une famine sur le territoire palestinien.
Depuis qu'il y a eu la dernière étude des
crédits, il y a eu des grandes organisations des droits humains, entre autres Amnistie
internationale, Human Rights Watch, et des nombreux experts internationaux qui
ont confirmé que ce qui se déroulait à Gaza était bel et bien un génocide. La
Cour internationale de justice a même confirmé l'illégalité de l'occupation et
la colonisation israélienne de la Cisjordanie et de Gaza, et l'Assemblée
générale des Nations unies a donné jusqu'en septembre de cette année pour
qu'Israël y mette fin.
Moi, ce que je veux vous questionner pour
les prochaines minutes, c'est sur les investissements de la caisse — et
je vais être très précise — dans des compagnies dont certaines
activités économiques contribuent directement aux violations du droit
international et des droits humains de la Palestine. Je tiens à préciser, parce
que ce qui est contesté tant par la société civile ou par des experts en droit
international, c'est des entreprises d'armement, de technologies, de
constructions d'infrastructures qui ne sont pas seulement en Israël, je tiens à
préciser, qui sont partout dans le monde et qui ont des activités liées à des
violations du droit international dans les territoires palestiniens occupés,
des entreprises qui contribuent au génocide de Gaza.
Je me permets cette introduction pour
qu'on sache ensemble de quoi qu'on parle.
Dans le rapport 2024 de la caisse,
produit par la Coalition du Québec URGENCE Palestine, aussi l'organisme Just
Peace Advocates, les investissements de nature d'activités liées à la violation
du droit international dans le territoire palestinien occupé représentent
27 milliards de dollars. On parle de 76 entreprises partout dans
le monde, c'est 5,8 % du portefeuille de la CDPQ. Je ne veux... faute de
temps, on ne va pas passer à travers ces 76 entreprises, je vais me
concentrer sur une partie, celle des entreprises militaires, il y en a 24 qui
sont identifiées. Dans celles-là, on parle de 2 milliards à la fin de 2023,
en termes d'investissement. Ces investissements ont augmenté de 70 %,
c'est 3,4 milliards à la fin de 2024. Comment est-ce que vous expliquez
cette augmentation de 70 % des investissements dans des entreprises
militaires qui contribuent au génocide palestinien?
• (17 h 50) •
M. Emond (Charles) : Est-ce
que vous avez, dans votre liste, des noms d'entreprises en particulier, pour
que je réponde bien à votre... à votre question?
Mme Zaga Mendez : Oui,
c'était ma prochaine question. On peut aller entreprise par entreprise, ça va
me faire plaisir. L'an dernier, on vous a... on a discuté la situation de
Lockheed Martin, c'est une entreprise que... dont la CDPQ investissait, l'année
passée, 62,2 millions. C'est la plus grande manufacturière, entreprise
d'armes au monde, fabriquant des avions F-35 et F-16 avec lesquels l'armée
israélienne s'en sert dans le massacre des Palestiniens à Gaza.
Vous avez répondu à mon collègue de Maurice-Richard,
l'année passée, je vais vous citer, que vous allez «regarder tout ce qui doit
être regardé à la lumière de la lentille que vous fournissez, si on juge qu'une
société ne rencontre pas notre politique des droits». Donc, j'aimerais ça
savoir si, en nous fiant sur vos paroles... En fait, nous, on s'attendait à ne
plus voir des <investissements...
Mme Zaga Mendez :
...fiant
sur vos paroles... En fait, nous, on s'attendait à ne plus voir des >investissements
dans Lockheed Martin dans le rapport 2024, mais ce que nous avons vu, c'est que
les investissements de la caisse ont doublé, il y a un... la caisse a doublé
son nombre d'actions entre 2023 et 2024. Est-ce que vous pouvez nous détailler
pourquoi est-ce que la caisse a doublé les actions dans Lockheed Martin?
M. Emond (Charles) : Bien,
premièrement, je voulais vous dire, dans votre introduction... Je tiens quand
même à dire qu'on trouve la situation extrêmement préoccupante et puis... dans
tout ce qui se passe en Israël et à Gaza, et ça nous importait, au nom de
l'institution, de vous faire cette mention-là.
Il faut voir un peu, par rapport à... Je
vais aller directement à votre question sur Lockheed Martin, parce qu'elle est
large, mais, quand même, vous avez mis un double clic sur ça. Il faut voir, le
secteur de la défense, premièrement, c'est des positions, souvent, qu'on va
détenir de façon majoritairement en indiciel, qui font partie de grands indices
boursiers, qu'on ne peut pas commencer à extraire de tout ça.
Le deuxième élément que je mentionnerais,
c'est que, le secteur de la défense, la sécurité des populations est un élément
qui est mentionné comme un des droits par l'ONU elle-même. Et, quand on regarde
pour Lockheed Martin, au niveau de la défense, vous savez, tout ce secteur-là
est fortement réglementé et légiféré, et ce sont des transactions qui se font
simplement entre gouvernements, l'un à l'autre. Dans le cas de Lockheed Martin,
on pourrait amener le point, également, que c'est la même entreprise qui
fabrique des équipements qui sont fournis par d'autres gouvernements, américain
ou autres, au niveau de l'OTAN pour défendre l'Ukraine, notamment.
Donc, ce que je veux simplement
mentionner, c'est que cet élément-là n'est pas aussi blanc ou noir, bien que
tout ce que vous mentionnez sur la situation en Israël et à Gaza est quelque
chose, pour nous, qui est important. Et puis je vous mentionnerais qu'on n'a
pas... on a stoppé nos investissements en Israël, on a une politique claire en
ce sens-là. Et, quand vous mentionnez 27 milliards, notre exposition en
Israël est de 0,06 %, elle est seulement d'à peu près 300,
400 millions sur un chiffre de 473 milliards d'actifs.
Mme Zaga Mendez : Je tenais à
préciser, là, d'entrée de jeu, là, je ne parle pas des investissements en Israël,
je parle de plus largement. Lorsqu'on a une guerre, on ne produit pas tous les
armements sur place, vous l'avez bien dit, on fait affaire avec des compagnies
comme Lockheed Martin.
Puis je vais aller... vous avez fait un
parallèle avec la situation, là, en Russie puis en Ukraine, puis je ne crois
pas me tromper en disant que la CDPQ, là, n'investit pas puis n'investirait
pas, par exemple, dans aucune entreprise qui arme la Russie alors qu'elle
bombarde l'Ukraine. Est-ce que je me trompe? Est-ce qu'en ce moment on investit
dans des compagnies d'armement qui arment la Russie en ce moment?
M. Emond (Charles) : Non, on
n'a pas ce type d'investissement là. Mais je veux juste revenir sur quand vous
faites la mention d'entreprises, en général, juste sur un principe, le
27 milliards... qui font affaire... ou qui vont favoriser le génocide. Si
je prends... Deux choses. Si je prends une liste équivalente qui n'est pas
bâtie avec un amalgame de six, sept listes, mais la liste de l'ONU, il y a 112 noms
que l'ONU va mettre par rapport à ça, et il y a seulement cinq sociétés qui
sont sur cette liste-là dans lesquelles on est investis pour 3 milliards,
dont 2,6 milliards, c'est Alstom, et Alstom n'a plus aucune activité ni
aucun contrat à Jérusalem. Donc, je fais juste nous inviter à la prudence.
Si on revient, par exemple, sur le
27 milliards, c'est une liste qu'on inclut où est-ce qu'on va avoir des
Amazon pour 3 milliards, des Facebook pour 2 milliards, des Microsoft
pour 3,5 milliards, plein d'entreprises qui vont être détenues aussi par
bien des Québécois, où est-ce que ça va être un pourcentage moins de 0,1 %
de leurs activités dans la région, puis on prend tout l'investissement de
l'entreprise pour dire qu'elle crée... Alors, le lien ténu et le pourcentage
lié à ça est...
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Je vous
entends, mais juste revenir... parce que je vous posais la question par rapport
au conflit entre la Russie puis l'Ukraine. Je ne comprends pas alors pourquoi
la caisse justifie d'investir dans des compagnies... On parle de compagnies
d'armement, je me suis dit que j'allais me concentrer là-dessus. Vous l'avez
confirmé, on n'a pas de... il n'y a pas d'investissement dans les compagnies
d'armement qui fournissent des armes en Russie. Alors, pourquoi on a des
investissements dans des compagnies d'armement qui fournissent des armes en
Israël alors qu'ils bombardent Gaza et que ces attaques-là sont quand même
rapportées par tellement d'experts internationaux, qui produisent un génocide, ces
attaques-là produisent un génocide, et c'est connu par le monde? Donc, pourquoi
est-ce qu'on fait ça dans le cas de Gaza et on se prive de le faire dans le
cadre du conflit entre la Russie puis l'Ukraine?
M. Emond (Charles) : Bien,
comme je vous dis, c'est souvent des équipements qui sont vendus et transférés
entre l'équipementier à un pays puis qui va en appuyer un autre à travers des
alliances. Donc, ce lien-là n'est pas aussi direct que vous l'affirmez, ce
monde-là n'est pas aussi blanc ou noir, par rapport à... le lien direct que
vous <voulez établir...
M. Emond (Charles) :
...monde-là n'est pas aussi blanc ou noir, par rapport à... le lien direct que
vous >voulez établir.
Mme Zaga Mendez : ...la
Caisse de dépôt et placement a une politique des droits de la personne, est-ce
que je me trompe?
M. Emond (Charles) : Oui.
Mme Zaga Mendez : Est-ce que
vous avez fait une analyse sur les investissements en armement? Je prends
toujours l'exemple de Lockheed Martin. Avez-vous passé... fait une analyse
basée sur votre politique de droits de la personne concernant les
investissements qui sont faits par la caisse dans des compagnies d'armement qui
contribuent et qui participent dans le génocide à Gaza?
M. Emond (Charles) : Bien, ce
que je peux vous dire, c'est qu'on fait toujours un suivi des politiques sociales
de ces entreprises-là qui divulguent, puis qui ont des indicateurs de
performance, puis qu'on peut suivre, alors, oui, et puis on se conforme par
rapport à nos obligations légales de ce point de vue là, oui.
Mme Zaga Mendez : O.K. Donc,
vous avez dit qu'il y aurait une analyse qui s'est faite, avec des indicateurs?
M. Emond (Charles) : On fait
toujours une analyse dans chacun de nos éléments. En même temps, je vous
dirais, ce sont des sociétés qu'on détient en majorité, dans le cas que vous
mentionnez, à travers des indices, donc pas en position directe,
majoritairement.
Mme Zaga Mendez : Est-ce
que... Êtes-vous capable de déposer ici, à cette commission, l'analyse, les
indices que vous avez faits pour évaluer? Parce que vous nous dites que vous
continuez, puis la Caisse de dépôt et de placement continue à mettre l'argent
dans l'armement qui est fourni à Israël. Est-ce que vous êtes capable de
déposer une analyse en vue des politiques des droits de la personne puis,
j'irais plus loin, en vue des avis des experts en ce qui concerne le droit
international?
M. Emond (Charles) : Bien, on
consulte des experts de renommée internationale sur ces questions-là, je les
rencontre également avec mes équipes, donc je peux vous assurer que ces éléments
sont pris en considération puis faits de façon approfondie. Maintenant, vous
savez, on est dans 5 000 entreprises dans notre portefeuille, donc je
ne pourrais pas vous déposer tout ça, mais ça nous ferait plaisir de vous
montrer les critères qu'on regarde ou ces choses-là par rapport à cette
politique-là qu'on a.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Je vous
entends. Mais ce que les Québécois et Québécoises veulent... Moi, j'en reçois,
des courriels, là, puis je pense qu'on reçoit tous des questionnements, là,
vous les recevez aussi, là. Est-ce que vous pouvez vous engager à déposer cette
analyse-là, oui ou non, pour Lockheed Martin?
M. Girard (Groulx) : Je vais
intervenir.
Mme Zaga Mendez : Je suis
désolée...
M. Girard (Groulx) : Le
document qui est public, c'est le document sur la responsabilité sociale?
M. Emond (Charles) : Exactement.
M. Girard (Groulx) : On ne
dépose pas les...
M. Emond (Charles) : ...on ne
dépose pas chacun des investissements, l'analyse de nos investissements pièce
par pièce. Et vous avez une politique extrêmement claire, établie puis déposée
dans notre rapport annuel puis rapport d'investissement durable sur les
critères qu'on met en compte.
Mme Zaga Mendez : Vous avez
dit, tout à l'heure, puis vous l'avez déclaré l'année passée, que vous
embauchez des experts de classe mondiale pour assurer ça. Est-ce que vous
pouvez nous partager qui sont ces experts de classe mondiale?
M. Emond (Charles) : Bien, je
ne sais pas si je devrais divulguer, pour les... pour nécessairement les mettre
sur la sellette, mais c'est des gens de renommée mondiale qui ont travaillé à
l'ONU, qui sont des gens connus ici, au Québec, puis qui ont une très, très grande
crédibilité, qui sont même des sommités à l'échelle mondiale.
Mme Zaga Mendez : De l'autre
côté, moi, j'ai lu des lettres puis des avis d'autres sommités au niveau
mondial, là, qui... Est-ce que... ces personnes-là, les experts qui vous conseillent,
est-ce qu'ils vous ont donné des arguments juridiques pour justifier la
poursuite des investissements de la caisse dans des entreprises d'armement?
M. Emond (Charles) : Bien, ça
fait partie des discussions qu'on a avec eux, mais c'est un concept plus large,
plus global. Puis, vous savez, il faut faire attention à la responsabilité
légale que vous essayez d'assumer entre les investisseurs, les actionnaires des
entreprises puis un conflit armé. Cet élément-là n'a pas été du tout, d'un
point de vue légal, reconnu, jusqu'à présent, là.
Mme Zaga Mendez : Est-ce que
vous pouvez peut-être développer ça, que vous ne voyez pas de lien? Je veux
juste bien comprendre votre...
M. Emond (Charles) : Je fais
juste dire qu'il faut regarder au niveau de la responsabilité d'un actionnaire
dans une entreprise par rapport à une activité, puis un lien... vous faites...
je fais juste dire... un lien établi directement. Donc, je fais juste dire
qu'au niveau... Moi, ce que je peux rassurer les Québécois, c'est qu'au niveau
de nos obligations légales on est conseillés par une armée d'experts qui sont
très sophistiqués sur le sujet et qu'on se conforme en tous points de ce
côté-là, parce qu'on ne ferait jamais rien qui pourrait contrevenir par rapport
à ces éléments-là.
• (18 heures) •
Mme Zaga Mendez : Est-ce que
ces experts-là vous ont conseillé d'augmenter? Parce que c'est ça qu'on a vu
là, c'est une augmentation de 70 %, c'est doubler des investissements à
Lockheed Martin. Est-ce qu'eux vont...
M. Emond (Charles) : Ce sont
des experts légaux en droit international, ce ne sont pas des gestionnaires
d'investissements, donc ce n'est pas eux qui nous conseillent sur quoi investir.
Ils nous conseillent par rapport à la nature d'un investissement, par rapport à
la question que vous me posez, mais ce n'est pas eux qui déterminent si on
baisse ou on monte nos investissements.
Le Président (M. Simard) : ...30 secondes.
Mme Zaga Mendez : Il me reste
juste 30 secondes?
Le Président (M. Simard) : Oui,
tout à fait.
Mme Zaga Mendez : Écoutez, je
ne sens pas qu'on est arrivés au bout de cette question, parce qu'on... Ce que
je sens comme réponse, puis vous me... c'est que l'argent, faire de l'argent,
bien, ça n'a pas d'odeur et qu'en ce moment il y a une... on est en train de
bafouer le droit international, puis le Québec investit dans des compagnies
d'armement qui sont en train de bombarder des enfants et contribuer à un
génocide. C'est ça qu'on conclut.
M. Emond (Charles) : Non, je
vous dirais que ce n'est pas faire de l'argent pour de l'argent, ce n'est pas
le principe qui nous anime, puis on respecte nos obligations légales en ce
sens-là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien.Alors, sur ce, nous allons poursuivre nos échanges, et je cède la
parole au député de Marguerite-Bourgeoys, qui dispose d'environ
18 minutes.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Peut-être juste remettre <dans le contexte...
>
18 h (version révisée)
<5369
Le
Président (M. Simard) :
...et je cède la parole au député
de Marguerite-Bourgeoys, qui dispose d'environ 18 minutes.
M. Beauchemin :
Merci,
M. le Président. Peut-être juste remettre >dans le contexte… pas dans le
dernier bloc, mais, dans le premier bloc, en fin du premier bloc, on a eu la
réponse du président du conseil en termes des gouvernances qui ont été, donc,
modifiées depuis la catastrophe, là, d'Azure, puis je demandais si, au niveau
des pratiques à la caisse, il y avait eu des modifications au niveau des
pratiques, des meilleures pratiques depuis ça, puis quelles étaient ces
nouvelles... meilleures pratiques depuis. Donc, M. le ministre, est-ce qu'on
peut parler à M. Emond?
M. Girard (Groulx) : Certainement.
Je pense qu'on parlait précisément des pratiques pour les investissements
directs étrangers.
M. Emond (Charles) : Vous
savez, le programme qu'on a en place, d'éthique, là, à la caisse, pour nous, ça
fait partie de notre licence d'opérer, puis je vous… considérerais... je
considère qu'on est un standard dans l'industrie, et, en ce sens-là, plusieurs
des pratiques qu'on a en place sont même demandées par nos pairs. Donc, ce que
je voudrais rassurer, c'est qu'il n'y a pas de système qui est parfait pour
déceler le comportement de trois ex-employés qui décident d'agir de façon...
une certaine collusion en dehors des heures et… des systèmes de la caisse et
des heures de bureau.
Ceci dit, c'est comme la cybersécurité,
vous savez, la conformité et l'éthique, c'est constamment de l'amélioration en
continu, sans arrêt. Et, en ce sens-là, qu'est-ce qu'on a fait? On les a
améliorés, pas juste à la suite ou avant, mais en continu, au fil des dernières
années, on a modernisé notre code d'éthique, on a bonifié notre formation pour
l'ensemble de nos employés à travers le monde, on a révisé nos programmes de
sécurité financière, on a harmonisé les pratiques avec nos filiales, tout ce
qui est la notion d'agent public, la formation, des déclarations annuelles,
avec des conséquences. Alors, on a vraiment tout ce qu'on va avoir comme guides
au niveau de nos sociétés dans ces marchés-là. Alors, je vous dirais qu'on a...
on a un comité de gouvernance et éthique qui rencontre notre chef d'éthique et
conformité en privé également, sans la présence de la direction.
Donc, c'est constamment des mesures qui
font en sorte qu'on se renforce. Vous savez, on est dans 5 000 entreprises
à travers le monde, et puis de la collusion, il peut y en avoir en Inde, comme
il peut y en avoir aux États-Unis, comme il peut y en avoir au Canada, mais je
vous dirais que, dans le cas ici, où est-ce qu'on se situe, on parle d'un cas
isolé, mais qui nous fait toujours réfléchir à comment qu'on raffermit nos
procédures puis nos mesures, comme on fait depuis plusieurs années.
M. Beauchemin : Donc,
spécifiquement, depuis le scandale d'Azure, il y a eu des meilleures pratiques
qui ont été améliorées, si je comprends bien ce que vous me dites. Puis vous
parliez, au niveau des filiales, donc, la communication avec les filiales… quoi,
exactement, au niveau des filiales?
M. Emond (Charles) : Ah! je fais
juste dire que, dans le cadre de l'intégration des filiales… Comme vous savez,
on a intégré nos filiales Otéra, qui est en crédit immobilier, nos filiales
Ivanhoé Cambridge, au niveau de l'immobilier. Bien, alors qu'on intègre ces
filiales-là, on a voulu tout simplement s'assurer qu'on harmonisait les
meilleures pratiques pour avoir une seule caisse unie, qui fonctionne d'une
façon uniforme.
Donc, quand vous dites qu'on a amélioré
nos pratiques suite à Azure, je sais que vous revenez sur ce point-là, mais je
veux mettre de quoi en ligne de compte : il n'y avait pas une faille dans
les contrôles de la caisse qui a fait en sorte que cet événement-là est arrivé.
On a un système qui est extrêmement rigoureux, extrêmement solide, qui est
étoffé, qui est détaillé, qui est appliqué, mais il n'y a pas un système au
monde qui va garantir… quelqu'un qui décide d'avoir la collusion. Même une
firme de vérificateurs va admettre ça.
Ceci dit, ça a été attrapé. Ça a été, à
travers le conseil d'administration d'Azure, instruit aux autorités. Ça a été
géré. On a regardé tout le reste autour, puis il y a... à notre point de vue,
il n'y a pas quelque chose que les Québécois devraient être inquiets sur cet
élément-là, qu'on prend très au sérieux. On a impliqué des firmes externes
réputées. On n'a pas été juge et partie, et cet élément-là a été vérifié dans
son ensemble du processus, jusqu'au conseil d'administration.
M. Beauchemin : Je
comprends. Je vous entends. C'est quand même, au niveau historique,
probablement, le plus gros problème, le plus gros scandale que... dans lequel
la caisse a été prise. Je ne parle pas du papier commercial dans les années 2007‑2008,
là, je parle de… vraiment, là, on s'est fait prendre dans quelque chose qui...
M. Emond (Charles) : Mais la
caisse ne fait pas partie des accusés. Je tiens à le répéter, elle ne fait pas
partie du tout, comme institution...
M. Beauchemin : Non,
mais elle a payé le prix, par exemple.
M. Emond (Charles) : Bien,
ça, c'est pour ça qu'on prend ça au sérieux, ces éléments-là, parce que, quand
ces choses-là arrivent, il faut agir promptement, rapidement, puis on l'a fait.
M. Beauchemin : C'était
pour ça que je vous <posais la question...
M. Beauchemin :
...je
vous >posais la question. Donc, tu sais, action, réaction : l'action,
ça a été ce scandale-là; la réaction, là, vous m'avez parlé peut-être plus en
généralités, là, au niveau des nouveaux processus d'intégration de nos filiales,
et les autres exemples que vous avez donnés. Mais, spécifiquement par rapport à
la situation, est-ce qu'il y en a une, de ces nouvelles mesures là, que vous
pourriez discuter avec nous, qui a été vraiment, là, la réaction spécifique par
rapport à ce qui s'est passé avec Azure pour dire : On a fait... maintenant,
on a rajouté une couche de protection par rapport à, éventuellement, un autre
de ces scandales-là? Est-ce que... Ça, c'est-tu quelque chose que vous pourriez
partager avec nous?
M. Emond (Charles) : On veut
amener encore plus de membres externes sur les conseils d'administration pour
s'assurer qu'on a la bonne expertise puis vérifier le profil de nos gens sur
ces conseils d'administration là, tout le lien qu'ils vont avoir par rapport à
la société. Donc, on révise constamment notre banque d'administrateurs. Ça,
c'est un des éléments, entre autres, par exemple, qui va avoir été regardé.
Donc, il y a toujours une foule de mesures parce que c'est un processus qui est
en continu.
M. Beauchemin : Puis
est-que, suite à Azure, il y a eu une effervescence dans cette volonté de
vouloir améliorer les meilleures pratiques ou est-ce que c'est constant? On est
en mode amélioration continue à la même vitesse ou y a-tu eu une accélération
de l'amélioration, la deuxième, dérivée de…
M. Emond (Charles) : Bien, je
peux vous dire, moi, je viens du domaine bancaire, et puis on a travaillé dans
70 pays, puis les contrôles de la conformité, c'est quelque chose dans lequel
j'ai évolué, qui a toujours été important, qu'on a mis en place et puis qu'on a
travaillé avec les plus grandes firmes comptables dans le monde. Et donc je
dirais que c'est un travail qui est en continu. J'appelle ça vraiment comme de la
cybersécurité : on renforce le système, mais il y a toujours une nouvelle
situation qui peut arriver. C'est impossible, le risque zéro est théorique, mais
je vous dirais que même nos plus grands partenaires à travers le monde à qui on
a parlé ont compris, ont vu la mesure des solutions qu'on avait en place, le
contexte dans lequel ça s'est déroulé. Notre engagement continue à toujours
s'améliorer, et puis on a rassuré tous nos partenaires sans problème en ce
sens-là.
M. Girard (Groulx) : M.
le Président, je demanderais une précision qui va dans le sens de la discussion
qu'on a depuis tout à l'heure, là. Dans le cas d'Azure, vous aviez une position
de contrôle dans un pays comme l'Inde. Est-ce que ça, c'est une pratique qui
est réévaluée?
M. Emond (Charles) : Bien,
c'est qu'au niveau des sociétés de contrôle, pour nous, il y a un guide
extrêmement détaillé sur comment qu'on doit travailler dans ce contexte-là.
C'est des choses qu'on va faire. Comme par exemple, on a vu qu'on a des
sociétés qu'on détient à plus de 50 % à travers le monde. Dans les marchés
émergents, bien, pour nous, il y a des façons de faire qui vont être
extrêmement cadrées sur comment on veut que ces éléments-là soient opérés. Puis
je dirais qu'il ne faut pas imaginer Azure, qui était une société cotée,
publique, qui a été achetée, privatisée, qu'on détenait à 53 %... que ça
va être nécessairement, là, un modus operandi puis une stratégie fondamentale à
la caisse. Donc, pour répondre à la question, en ce sens-là on parle de quelque
chose qui est isolé et qu'on n'a pas tendance à vouloir répéter ou répliquer.
• (18 h 10) •
M. Beauchemin : Puis
dernière question sur Azure, on va passer à autre chose après, là, mais le
placement, là, total, 470, 475 millions de dollars US, maintenant évalué
approximativement à peut-être 100 — l'année passée, c'était 50, donc,
amélioration, là — si ce n'était pas de ces trois individus-là,
est-ce que la valorisation serait similaire?
M. Emond (Charles) : Bien, c'est
une question théorique, mais, je dirais, c'est une entreprise... C'est parce
qu'il y a une foule de facteurs qui rentrent là-dedans, mais, je dirais, ce
n'est certainement pas une situation qui a aidé. Ceci dit, il reste une
entreprise sous-jacente qui doit avoir... qui vit une certaine incertitude, qui
a des refinancements à faire. Donc, c'est ça qui affecte principalement, je
dirais, la valeur dans son ensemble, mais il y a une valeur sous-jacente avec
des actifs sous-jacents, et puis on a même eu des indications d'intérêt par le
passé pour cette entreprise-là par des acheteurs, donc ce n'est pas perdu. Je
ne peux pas garantir quand et combien. Puis est-ce que ces gens-là ont eu un
effet pour... Vous posez la question. Certainement, directionnellement, ça n'a
pas aidé. Il y avait aussi d'autres enjeux en cause.
M. Beauchemin : Puis
vous me l'aviez dit tantôt, c'est public, la compagnie Azure?
M. Emond (Charles) : Elle
l'était, mais elle a été achetée et privatisée. Il y a également OMERS qui était
avec nous dans la société comme investisseurs à hauteur de 25 %.
M. Beauchemin : O.K.Donc,
si aujourd'hui vous aviez à faire ce placement-là, on oublie tout ce qui s'est
passé... En fait, il y a eu la corruption des trois <individus, tout ça...
M. Beauchemin :
...des
trois >individus, tout ça. Là, maintenant, là, on arrive, on veut
regarder ce placement-là, un, est-ce qu'on le ferait? Puis, deux, on paierait
combien pour, à la même hauteur de pourcentage que vous détenez de la compagnie
aujourd'hui?
M. Emond (Charles) : Vous
savez, M. Beauchemin, c'est une question qu'on se pose à tous les jours
sur 5 000 entreprises dans lesquelles on est investis comme investisseurs.
M. Beauchemin : Spécifiquement,
par rapport à Azure?
M. Emond (Charles) : Bien, je
ne peux pas vous répondre. À l'époque… Ça a été fait en 2016, donc je n'ai pas
les faits, moi-même, pour vous indiquer qu'est-ce qui a été discuté à l'époque,
mais c'était dans un... Il faut comprendre que l'infrastructure en Inde, dans
les marchés émergents, quelque chose qui a rapporté 12 %, 13 % par
année sur cinq ans... Je ne voudrais pas que les gens en aient juste une image,
qu'il y a un seul dossier, ça fait qu'il faut jeter le bébé avec l'eau du bain
puis que l'ensemble du portefeuille, qui a rapporté 10 % depuis 10 ans,
n'est pas valable. Comme dans tout dossier partout dans le monde... Vous savez,
le portefeuille infrastructures, il y a 60 dossiers, j'en ai un ou deux qui
vont mal. Un bon investisseur, ça réussit 55 % du temps, c'est une bonne
moyenne, mais en même temps, à chaque fois, on apprend de ces choses-là, le
ministre en a parlé un peu tout à l'heure. Est-ce qu'on recommencerait? C'est dans
le renouvelable, en Inde, c'est en croissance. C'est une entreprise… la valeur
est montée jusqu'à 1,4 milliard au fil des temps, elle a fini par baisser
pour d'autres raisons. Donc, vous savez, je peux toujours jouer à «si on avait
su, j'aurais donc dû», mais la réalité, c'est qu'il a été pris, à l'époque,
avec les critères qui étaient connus. Mais je n'étais pas là, je ne peux pas
vous donner un détail, en 2016, qui a été considéré.
M. Beauchemin : Mais
donc, maintenant qu'on sait, si je vous entends bien, on le ferait pareil. On
le ferait aujourd'hui, au prix d'aujourd'hui, là. Maintenant qu'on a toute
l'information, on le ferait pareil?
M. Emond (Charles) : Qu'est-ce
que vous voulez dire? Je ne suis pas sûr que je comprends.
M. Beauchemin : Bien,
vous feriez peut-être l'investissement dans Azure aujourd'hui, maintenant, là,
que... On a zéro sou d'investi dans Azure maintenant; il y a une proposition
sur table pour en acheter 100 millions de dollars, d'Azure, là, on ferait
la transaction?
M. Emond (Charles) : Avec ce
qu'on sait aujourd'hui?
M. Beauchemin : Oui.
M. Emond (Charles) : Non, bien
non. Vous me demandez si, dans la situation actuelle, où est-ce que la
compagnie est à risque avec son refinancement, qu'il y a de l'incertitude, je
mettrais 100 millions? La réponse est non.
M. Beauchemin : Ça fait
qu'est-ce que vous êtes en train de regarder l'option de peut-être vous
départir de ce que vous avez?
M. Emond (Charles) : Bien, je
ne peux pas signaler ça, mais ça fait toujours partie des options. Bien, pour
l'instant, il y a plusieurs options sur la table, mais il y a d'autres
événements dans le calendrier, dans une séquence optimale. C'est un actif,
actuellement, qui n'attirerait pas nécessairement l'intérêt d'acheteurs en
présence de cette incertitude-là. Quand elle sera partie ou derrière nous,
qu'il y aura un peu plus de stabilité, ce qu'on s'efforce à faire, ça pourrait
être une étape qui sera envisagée.
M. Beauchemin : O.K.
Bien, je veux retourner, encore une fois, dans le passé un peu. On parlait, en
2018, du REM, que ça pourrait être quelque chose qui allait intéresser
plusieurs joueurs à l'international, de vouloir investir, en faire plusieurs
autres. Votre prédécesseur a même dit : «Tout ce que je peux dire, c'est
qu'il y a beaucoup, beaucoup d'intérêt et que nous sommes activement engagés
dans au moins deux ou trois conversations pour exporter le modèle du REM aux
États-Unis.» Comment ça va, ça, maintenant?
M. Emond (Charles) : Je n'ai
pas l'intention d'exporter le modèle aux États-Unis, là, d'une façon... de la
même façon que ça avait été souligné à l'époque. Ceci dit, il faut situer le
contexte. 2018, c'est très différent de 2024 comme environnement géopolitique.
Alors, je ne juge pas de ce que mon prédécesseur a dit ou fait, mais je fais
juste dire : Aujourd'hui, toute l'équipe est concentrée à livrer le projet
dans son entièreté, puis on arrive à un chapitre important vers l'automne avec
l'ouverture des autres antennes. Donc, ça, c'est un élément sur lequel on se
concentre. Il y a également un projet de tramway, TramCité, ici, à Québec, qui
est très important pour nous, et on a gagné également, CDPQ Infra, la
réalisation du TGV.
Alors, vous savez, c'est trois grands
projets au Canada. Moi, ce que je préfère, si vous me demandez, sur une base
personnelle, charité bien ordonnée commence par soi-même, j'aime autant mettre
nos efforts à faire des projets d'infrastructure, dans le contexte actuel, ici,
chez nous, puis en bénéficier. Ça ne veut pas dire que la porte est fermée à
jamais, mais il y a beaucoup de choses qui importent avant de se concentrer à exporter
ce projet-là. Je dirais également que, au niveau du REM, il a été financé,
réalisé et opéré d'une certaine façon, ça ne veut pas dire que ça
s'appliquerait dans tous les cas. Si on regarde Québec, c'est fait complètement
différemment. Donc, je vous dirais que c'est une approche au cas par cas. On
est ailleurs, dans un environnement différent de 2018.
M. Beauchemin : Dans un
contexte vraiment, là, pratico-pratique, là, tous les problèmes qu'on a eus cet
hiver avec le REM, qu'est-ce qu'on a fait, spécifiquement, pour résorber ces
problèmes-là puis pour ne pas que, l'hiver prochain, on refasse face encore à
la même chanson?
M. Emond (Charles) : Bien,
vous avez vu, lors de ces événements-là… Premièrement, c'était un niveau de
service qui était inacceptable pour nous. Ceux qui opèrent le REM, c'est une <coentreprise,
qui est...
M. Emond (Charles) :
...c'est
une >coentreprise, qui est AtkinsRéalis, essentiellement SNC et Alstom,
et on a imposé... Ils ont reconnu qu'ils étaient en défaut. C'est un système
qui a été conçu pour fonctionner l'hiver. La neige et le gel ont fait émerger
des problèmes. Le contrat est très spécifique, de notre part, à cet effet-là.
Ils reconnaissent leurs torts, et on leur a fait prendre des engagements tant
au niveau du déneigement que de la communication, où est-ce qu'on est en train
d'impliquer RATP pour améliorer les mesures d'équipement défaillant, puis on va
faire une mise à jour en juin, parce qu'on leur a fait faire un communiqué de
presse où est-ce qu'ils s'engagent à régler ces éléments-là un après l'autre.
M. Beauchemin : Puis
juste pour les gens qui nous écoutent, là, qui prennent le REM, ou qui ont pris
le REM, ou ont essayé de prendre le REM cet hiver, est-ce qu'à ce moment-là,
lorsque ça, c'est arrivé, il y a... Quel genre de recours aviez-vous ou
avez-vous avec AtkinsRéalis pour pouvoir faire en sorte que les Québécois ne se
sentent pas bernés un peu par la situation?
M. Emond (Charles) : Bien, il
y en a plusieurs. Je ne rentrerai pas dans le détail, mais il y a un contrat
très spécifique, ultraprescriptif, même jusqu'à combien de centimètres de neige
à l'intérieur desquels vous devez opérer, puis ils ont reconnu qu'il y a des
éléments qui n'ont pas été du tout adéquats. Et il faut comprendre, quand même,
que le REM a fonctionné à 99 % de fiabilité pendant une bonne partie, mais
cet hiver, ça n'a pas été acceptable, on va parler de février-mars, où est-ce
qu'il y a eu plusieurs... On a fonctionné à 85 %, très loin de notre
objectif. Il y en avait également en 2024, au tout début, mais il ne faut pas
oublier qu'on réussit à régler ces enjeux-là au fur et à mesure. C'est la plus
longue ligne au monde de train léger automatisé, ça vient avec sa complexité.
M. Beauchemin : Une fois
réalisée jusqu'au bout.
M. Emond (Charles) : Une fois
réalisé jusqu'au bout. Donc, ce que je tiens à dire, c'est qu'on va régler les
enjeux un à un, et puis, au niveau de l'équipe — j'ai confiance en
l'équipe — on les adresse. Les avis de défaut ont été mentionnés, et
puis on s'est rendus très haut dans ces deux organisations-là, au plus haut
sommet des deux organisations pour qu'elles comprennent leurs responsabilités
puis les recours qu'on avait s'ils ne corrigent pas la situation, puis il y en
a.
M. Beauchemin : Puis,
quand on «bench»... excusez, quand on se...
M. Emond (Charles) : Compare?
M. Beauchemin : Merci.
Quand on se compare avec ce qui se fait ailleurs dans le monde dans le
transport léger comme le REM, dans des environnements peut-être aussi nordiques
que nous, c'est quoi, la comparaison, disons, de cet hiver-ci par rapport aux
autres hivers, puis leurs comparaisons?
M. Emond (Charles) : Je ne
veux pas être difficile, j'essaie juste de comprendre la question. Désolé. Vous
dites que, dans un...
M. Beauchemin : Bien, quand
on se compare à d'autres projets similaires au REM qui sont ailleurs, gérés,
là, à l'extérieur du Canada, gérés en Europe, par exemple, d'où la source
d'inspiration initiale, le taux de fiabilité, on a l'air de quoi, là?
M. Emond (Charles) : Ah oui.
Le Président (M. Simard) :
En 30 secondes.
M. Emond (Charles) : On est
encore dans une période où est-ce que ça fait à peu près, je dirais, 18 à
24 mois que ça a été commencé. C'est complexe, ces systèmes-là, c'est un
système automatisé. Mais ce que je vous dirais : le REM, il a été créé à
un coût incomparable, dans un délai rapide, puis qu'il a un bon taux de
fiabilité, à 99 %, la majorité du temps, puis on va régler les enjeux un à
un.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Je vous remercie.
Sur ce, je cède la parole au député de
Camille-Laurin, qui dispose d'environ huit minutes.
M. St-Pierre Plamondon :
Merci beaucoup. Bonjour.
M. Emond (Charles) : Bonjour.
• (18 h 20) •
M. St-Pierre Plamondon :
Je vais me concentrer sur une seule thématique dans les huit minutes qui nous
sont imparties, et c'est une thématique vraiment intéressante, c'est le coût
des infrastructures de manière très générale. J'en profite parce que, bien que
ce n'est peut-être pas le sujet pour lequel vous vous êtes préparé, vous avez
une expertise.
Donc, vous possédez des bâtiments aux
quatre coins de la planète. Vous êtes impliqués au Québec dans un certain
nombre de projets. Et, si on s'intéresse un peu à l'intérêt public, à l'état du
PQI, à la pression en termes d'écoles, d'hôpitaux qui font l'actualité, se pose
la question : Comment expliquons-nous que le coût pour bâtir un hôpital,
une école ou un projet de transport a pu doubler, tripler en quelques années à
peine?
Et j'ai préparé quelques exemples, là,
juste… que vous connaissez, mais prenons le pont de l'Île d'Orléans, il va
coûter minimum 2,8 milliards, de ce qu'on comprend présentement, mais, il
y a 10 ans, il était budgété à 400 millions. Puis le plus
intéressant, c'est, quand on essaie de trouver des ponts qui sont des
comparables, on peut aller en Croatie, on peut aller un peu partout, là, bien, ça
coûte quatre fois plus cher au Québec pour à peu près le même pont, les
quelques exemples qu'on a trouvés. On voit la même chose pour les écoles en
Ontario. On prend des comparables, là, je sais que vous ne l'avez pas devant
vous, mais vraiment un examen de ce que ça nous coûte, bâtir de quoi au <Québec,
avec n'importe...
M. St-Pierre Plamondon :
...de
quoi au >Québec, avec n'importe quelle juridiction qui est minimalement
un comparable, les comparatifs sont ahurissants.
Et là où ça devient intéressant, c'est que
c'est vrai aussi pour la caisse. Donc, quand la caisse bâtit le tramway de
Québec ou se... est au coeur du tramway de Québec, l'estimé est à 7,6 milliards,
mais, pour le gouvernement, on parlait plutôt de 10,8, de 13 milliards. Il
semble y avoir quelque chose qui fait en sorte que, si c'est la caisse qui
prend le projet, ça va coûter moins cher. Et on avait vu la même chose… Puis on
peut débattre du REM de l'Est, du tracé, de la cannibalisation de la ligne
verte ou pas, mais c'était frappant de voir que, lorsque la caisse était
impliquée, les coûts, également, du REM de l'Est étaient différents.
Donc, dans la mesure où vous avez une
expertise sur ce qui se fait à l'international, dans la mesure où vous
comprenez bien la situation du Québec, et vous disiez, il y a quelques instants :
«Charité ordonnée commence par soi-même, j'aimerais bien mieux faire des projets
au Québec», pouvez-vous juste nous expliquer, dans l'intérêt du public, pas
tant par rapport à la caisse, qu'est-ce qui fait que vous êtes capables de
réaliser des projets pour moins cher que lorsque c'est le gouvernement et
qu'est-ce qui fait que, lorsque c'est le gouvernement, qu'on compare avec
d'autres gouvernements dans des projets similaires, on se retrouve avec un
écart de prix gigantesque au Québec?
M. Emond (Charles) : Bien, je
peux peut-être prendre... Merci pour la question. Je peux peut-être prendre... Combien
de temps qu'on a?
Le Président (M. Simard) : Bien,
il vous reste quatre minutes, mais le temps est d'abord pour nos représentants
de l'opposition.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
on le laisse... Dans le sens que c'est une discussion, là, je ne compterai pas
de points avec ça, là, c'est juste... c'est intéressant.
M. Emond (Charles) : Non,
mais je répondrai peut-être en une minute puis je pourrai peut-être inviter, si
vous me permettez, mon collègue Jean-Marc Arbaud, également, de CDPQ Infra,
pour rajouter.
C'est une question intéressante que vous
posez, puis elle est vaste et complexe, parce que chaque secteur… Il peut y
avoir une multitude d'éléments dans la façon que l'industrie est structurée qui
va venir jouer sur ces éléments-là. Il peut y avoir comment l'industrie de la
construction est fragmentée au niveau des différents corps de métier. Il peut y
avoir la profondeur du marché en termes de concurrence.
M. St-Pierre Plamondon : Est-ce
que vous identifiez ça comme une différence entre le Québec et d'autres
juridictions, la concurrence?
M. Emond (Charles) : Bien,
c'est juste que je ne peux pas établir... parce que je ne me concentre pas sur
chacun des autres segments, mais c'est un élément qui rentre parmi d'autres, c'est
un facteur à regarder. L'inflation a joué beaucoup, dernièrement. Puis la
rareté de main-d'oeuvre peut évoluer d'une région à l'autre, qui va faire en
sorte qu'il va y avoir plus de concurrence pour aller chercher une main-d'oeuvre
qui est raréfiée, et là ça va créer une hausse sur les coûts. Donc, ce que je
vous dirais, c'est que c'est extrêmement difficile de comparer d'une région à
l'autre parce que ça peut bénéficier d'une foule de facteurs. Faire de la
construction, également, par rapport à la... au climat, l'aspect saisonnalier,
ça peut être également un autre élément qui rentre en ligne de compte.
Donc, je m'arrête ici, très rapidement,
mais peut-être que je peux demander à M. Arbaud de compléter sur l'élément
de la caisse...
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
bien, en fait...
Le Président (M. Simard) : La
parole appartient au député de Camille-Laurin.
M. Emond (Charles) : D'accord.
Le Président (M. Simard) : Allez-y,
cher collègue.
M. St-Pierre Plamondon : J'aurais
juste un complément, parce qu'en effet c'est des facteurs à identifier. Est-ce
que vous considérez que vos mécanismes, à la caisse, de contrôle des
dépassements de coûts sont différents de ceux du gouvernement dans des projets
similaires?
M. Emond (Charles) : Je ne
pourrais pas vous affirmer… parce que je n'ai pas une compréhension puis un
détail de comment le gouvernement opère au niveau de sa gestion de coûts, mais
je sais que, au niveau de la caisse, on est une organisation qui est reconnue
pour être dans une bonne gestion de coûts et puis qui est capable d'être un
maître d'ouvrage sur l'ensemble. Puis aussi il faut comprendre que les
fournisseurs, quand ils voient la caisse être impliquée... On est dans un
environnement où est-ce qu'il y a une surchauffe pour l'infrastructure dans le
monde, donc, des grandes compagnies mondiales, si elles voient la caisse
arriver, je dirais, qu'elles voient que le projet va se réaliser, elles vont
lui accorder le temps, les ressources et l'énergie; sinon, si c'est juste, des
fois, un volume de projets qui n'est pas assez important, elles vont moins
accorder l'importance et elles vont charger plus cher si on veut le faire. Il y
a une foule de facteurs. Je ne peux pas vous répondre.
M. St-Pierre Plamondon : Parmi
les autres facteurs qu'on peut tenter d'identifier, croyez-vous que, si un
gouvernement dit : On veut accélérer les infrastructures, donc, on sort le
chéquier puis on va mettre plus d'argent pour que ça aille plus vite et pour
stimuler l'économie... pensez-vous que ça peut jouer un rôle inflationniste sur
les prix de chaque projet?
M. Emond (Charles) : C'est un
peu difficile pour moi de vous répondre sur ces projets-là parce que chacun
aurait sa particularité. Alors...
M. St-Pierre Plamondon : En
général, je veux dire, grosso modo, politique d'un État qui dit : Moi, je
veux accélérer les infrastructures pour relancer mon économie, est-ce que ce
signal-là peut envoyer... avoir des conséquences sur les prix de manière très
générale?
M. Emond (Charles) : Bien, je
pense que tous les grands gouvernements, les grands pays dans le monde
cherchent à accélérer leurs programmes d'infrastructures. Donc, ce que le
gouvernement du Québec essaie de faire, je vais juste observer, n'est pas
différent de ce qu'on voit ailleurs. Puis on voit qu'investir 1 $ en
infrastructures, les études démontrent que c'est 4 $ en bénéfices
collatéraux.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais ce n'est pas ma question. Est-ce que ça a une influence, à votre avis, sur
<les prix…
M. St-Pierre Plamondon :
...
à
votre avis, sur >les prix si un gouvernement dit : On va accélérer
les projets d'infrastructures en...
M. Girard (Groulx) : Ça
dépend de la demande privée.
M. Arbaud (Jean-Marc) : Est-ce
que je peux? Je voudrais juste...
Le Président (M. Simard) :
Oui, M. le ministre?
M. Girard (Groulx) : Il
faut que vous vous présentiez...
Le Président (M. Simard) :
Oui. Alors, il y a consentement afin que M. Arbaud intervienne? Il y a consentement.
M. Arbaud, très rapidement, s'il vous plaît, le temps file.
M. Arbaud (Jean-Marc) :
Bien, pour moi, une chose importante, c'est... On a... Vous avez parlé des
nombreux paramètres qui interviennent dans un coût de projet, de la gestion de
projet et des équipes. Une des choses, c'est la continuité. On ne va pas parler
d'accélération, parce que ce n'est jamais une vraie réalité, mais de maintenir
un volume continu, ça a une influence à l'inverse, ça diminue le prix parce que
ça permet une meilleure productivité.
M. St-Pierre
Plamondon : Sinon, c'est du «stop-and-go». J'ai
combien de temps?
Le Président (M. Simard) :
À peine 10 secondes, cher collègue.
M. St-Pierre Plamondon :
Rapidement, combien de projets d'infrastructure la caisse peut réaliser en même
temps et de quelle ampleur, à votre avis, si vraiment on part de la prémisse
que vous voulez commencer par le Québec puis vous concentrer ici?
Le Président (M. Simard) :
Malheureusement, c'est tout le temps dont nous disposions. Je cède maintenant
la parole au député...
M. Girard (Groulx) : Il
peut répondre sur le temps du gouvernement, là. Il avait juste une question.
Le Président (M. Simard) :
Écoutez, il pourra le faire tout à l'heure. Là, la parole, pour l'instant,
appartient au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Girard (Groulx) :
D'accord.
Le Président (M. Simard) :
Vous disposez de 18 min 12 s, cher collègue, et, oui, c'est
votre dernier bloc.
M. Beauchemin : On va
parler de Northvolt. Alors, est-ce que vous pourriez me dire, M. Emond,
quand est-ce que la caisse a décidé de radier son investissement dans Northvolt?
M. Emond (Charles) : Est-ce
que vous me laissez passer la parole à Mme Thomassin, qui…
Mme Thomassin (Kim) :
Merci. Puis j'avais la réponse à votre question pour tout à l'heure, peut-être
rapidement. 35 %, c'est des sociétés en portefeuille pour notre programme
d'expertise d'intelligence artificielle avec Vooban, et 65 % sont des
sociétés qui ne sont pas en portefeuille.
M. Beauchemin : Parfait. Merci.
Mme Thomassin (Kim) : Merci.
Alors, Northvolt, on a pris la décision de radier l'investissement de 150 millions
qui avait été investi dans la société mère au moment de la préparation de nos
résultats de cette année. Peut-être pour rappel, Northvolt, l'investissement
était réalisé, là, aux côtés de divers investisseurs institutionnels dans la
société mère. Les sommes de 150 millions qui ont été investis par nous
dans la société mère ont été descendues dans la société ici, au Québec, donc
ces sommes-là ont été dépensées ici, au Québec. L'investissement a été réalisé
avec la lorgnette, si on veut, de capital de risque, où il y a un
investissement sur 10 qui va bien, trois qui sont moyens puis, normalement, six
qui ne vont pas bien.
Puis, peut-être pour conclure sur Northvolt,
on a vu une tempête, là, parfaite qui s'est dessinée dans ce... pour la société
mère. Il y a eu moins de ventes que prévu, des acheteurs se sont retirés. Il y
a eu moins de demandes pour les véhicules électriques que prévu et il y a eu
une concurrence accrue et constante de la Chine. Les gouvernements européens
ont cessé de supporter la société mère, ils ont retiré leur support. Il y a eu
des enjeux opérationnels et techniques importants à l'usine en Suède. Il y a
également eu des enjeux au niveau de la chaîne d'approvisionnement. Mais,
principalement, il y a eu beaucoup...
• (18 h 30) •
Le Président (M. Simard) :
Merci, Mme Thomassin. M. le député.
M. Beauchemin : Merci. Juste
pour clarifier, Mme Thomassin, la caisse a mis des sous dans la débenture
convertible, n'est-ce pas?
Mme Thomassin (Kim) :
Dans la société mère en Suède.
M. Beauchemin : Oui, que
la société mère utilise ses fonds pour payer ses dirigeants ou envoyer de
l'argent au Québec, ça, c'est autre chose, mais vous, que vous n'ayez pas
instruit Northvolt Suède d'investir cet argent-là au Québec...
Mme Thomassin (Kim) :
Nous, ça faisait...
M. Beauchemin : …parce
que, dans la débenture convertible, autant pour Investissement Québec que pour
d'autres acteurs qui ont acheté la même débenture convertible, l'idée n'était
pas que cet argent-là aille pour la société au Québec, là.
Mme Thomassin (Kim) :
Oui, parce que ça faisait partie des six conditions pour notre investissement,
que les sommes soient descendues au Québec.
M. Beauchemin :
Totalement?
Mme Thomassin (Kim) : Oui,
puis on a les documents qui nous le démontrent, les comptes... les sommes ont
été descendues au Québec.
M. Beauchemin : Puis est-ce
que…
Mme Thomassin (Kim) : Je
ne peux pas vous donner de détails sur l'utilisation qui en a été faite ici, au
Québec, mais on a les preuves que ces sommes-là ont été descendues dans la
société opérante au Québec.
M. Beauchemin : Donc,
l'argent a été envoyé en Suède dans une débenture convertible. L'utilisation, le
«use of proceeds», devait être automatiquement faite au Québec pour la totalité?
Mme Thomassin (Kim) :
Oui.
M. Beauchemin : O.K. Puis
c'est la même chose <pour Investissement Québec…
>
18 h 30 (version révisée)
<19307
M. Beauchemin :
...pour la totalité?
Mme Thomassin (Kim) :
Oui.
M. Beauchemin :
O.K. Puis c'est la même chose >pour Investissement Québec, la
même chose pour nos collègues en Ontario qui ont investi?
Mme Thomassin (Kim) : Je
ne peux pas répondre pour les autres collègues. Je peux vous parler des
conditions que la caisse avait liées à son 150 millions.
M. Beauchemin : Ah! O.K.,
d'accord. Mais la... comment pourrais-je dire... Donc, le papier que vous
détenez, c'était une débenture dans la maison mère, donc, quand vous alliez
faire la conversion éventuelle, elle aurait été dans les actions de Northvolt
Suède?
Mme Thomassin (Kim) : Oui.
M. Beauchemin : Donc,
maintenant que vous savez que Northvolt Suède n'a pas été capable d'avoir une
chaîne de montage assez efficace pour produire le nombre de batteries que les
acheteurs potentiels voulaient avoir, est-ce que vous, vous croyez qu'aujourd'hui,
étant donné la technologie, qu'on sait qui n'est pas la numéro un, puis que la
façon de faire de Northvolt en Suède, qui a été la raison principale pour
laquelle les liquidités se sont asséchées en Suède... croyez-vous que, si on
prenait tout ça, là, on amenait ça maintenant à Saint-Basile-le-Grand, que là,
maintenant, ça n'a pas marché en Suède, mais ça pourrait marcher au Québec?
Mme Thomassin (Kim) : C'est
difficile pour moi de répondre à cette question-là.
M. Beauchemin : Donc,
juste pour la chronologie des événements, encore, là, est-ce que vous avez une
date approximative, genre, quand est-ce que vous avez fait un «write-off» de l'investissement?
Mme Thomassin (Kim) : Mon
Dieu! C'est à... dans la préparation des résultats de la dernière année...
M. Emond (Charles) : Je
dirais, donc, en février de cette année, juste avant de publier les résultats,
si vous me permettez.
M. Beauchemin : Puis,
quand vous faites ce genre de... vous prenez ce genre de décision là, c'est une
décision qui est à l'interne?
M. Emond (Charles) : Oui.
Bien, c'est une décision qui est faite... On a des équipes d'évaluation
spécifiques, à la caisse, qui sont... qui travaillent de façon séparée de nos
équipes d'investissement. Il y a aussi des dossiers qui sont révisés à l'externe
par des...
M. Beauchemin : Un genre
de...
M. Emond (Charles) : ...par
des firmes, oui, et... Mais ce que je vous dirais, ici, on n'avait pas besoin
de jaser très longtemps non plus, là. Puis je vous dirais que d'autres
investisseurs, comme... qui avaient investi, comme BlackRock, Régime de
pensions du Canada, OMERS, IMCO, avaient tous aussi radié en même temps,
Goldman Sachs, pour un montant beaucoup plus important. Donc, il y avait aussi
une convergence des événements, puis c'était assez binaire comme situation. On
est prudents de nature, c'était une petite somme de 150 millions US, c'est
du capital de risque, donc tout a convergé, à ce moment-là, en même temps avec
les événements.
M. Beauchemin : Puis, en
tant que citoyen, là, du Québec, j'imagine que vous avez une bonne relation
avec les gens d'Investissement Québec. Dans le quotidien, vous partagez des
deals, je vois ça dans le flot, là, qu'on peut voir, là, à... que ce soit ici,
au Québec, ou à Montréal, il y a un partage, souvent, des prises de position qui
se fait. J'assume que vous avez des relations continuelles avec Investissement
Québec?
M. Emond (Charles) : Oui, Kim
et son équipe, notamment, Mme Thomassin. Puis évidemment c'est un
partenaire important, au Québec, avec des mandats différents. On joue un rôle
différent puis on est là pour se compléter puis se séparer les opportunités ou
parfois les aborder ensemble avec des rôles différents, parfois dans la même
situation.
M. Beauchemin : Puis la
débenture convertible que vous, vous avez achetée, est-ce que... Donc, vous me
le confirmez, là, elle est différente de celles que les autres ont investi
dedans? Tu sais, vous, vous aviez une convertible... débenture convertible
totalement spécifique Caisse de dépôt, c'est ça?
M. Emond (Charles) : Oui, bien,
c'est une exigence qu'on avait demandée, que l'argent soit en bas. Ils
comprenaient la nature de notre mandat. Donc, je peux vous dire, je ne
répondrai pas différemment de ce que Mme Thomassin a dit pour
Investissement Québec, là, cet aspect-là, mais, au niveau des autres grands
fonds dans le monde, soit... partir du Maple 8, des fonds de pension
canadiens ou BlackRock, nous, il y avait la particularité qu'on avait exigé
contractuellement que l'argent aille au Québec uniquement, pas qu'elle se perde
dans... parce qu'il y avait plusieurs usines dans le monde pour Northvolt.
M. Beauchemin : Puis j'estime
qu'Investissement Québec avait la même prérogative, ils voulaient absolument
que l'argent soit investi au Québec?
M. Emond (Charles) : Je ne
peux pas répondre à leur place.
M. Beauchemin : Est-ce
que vous avez communiqué avec les gens d'Investissement Québec le jour où
est-ce que vous avez décidé de faire votre «write-off», ou est-ce que c'était
quelque chose qui était comme connu du public, donc ils ont dû le lire dans les
journaux en même temps que nous autres? C'est ça?
M. Emond (Charles) : Non, exactement,
j'informe... on n'informe pas Investissement Québec ou les gens de qu'est-ce qu'on
radie ou pas dans nos investissements, on le divulgue par la suite dans nos
rapports annuels.
M. Beauchemin : Un
projet d'envergure comme Northvolt, avec toute la publicité, là, que le
gouvernement a mise, là, pour dire que c'était le meilleur investissement de l'histoire
du Québec, là, j'imagine que... lorsque vous en arriviez proche à : O.K., ça
ne vaut pas grand-chose, j'assume qu'il y a peut-être un coup de téléphone qui
a été fait, là, au bureau <du premier ministre...
M. Beauchemin :
...j'assume
qu'il y a peut-être un coup de téléphone qui a été fait, là, au bureau >du
premier ministre, pour dire : Ça ne va pas bien, là?
M. Emond (Charles) : Non,
mais, quand on a investi, ce n'est pas parce que ça allait mal. Le rendement
qu'on espérait de cet investissement-là, avec nos équipes qu'on a impliquées,
c'est du capital de risque qui était de 19 %. Puis il y a plusieurs
investisseurs sophistiqués dans le monde qui y voyaient un grand potentiel. Il
faut comprendre que c'était dans un secteur d'avenir qui était en forte demande
pour un projet très important pour le Québec. Vous savez, il n'y a pas de
filière automobile vraiment établie comme en Ontario, au Québec. C'est une
somme qu'on a mise qui était prudente, c'est un projet qui méritait d'avoir sa
chance, transformer l'économie. Est-ce qu'on est contents de cet
investissement-là? Bien, la réponse, c'est non, parce qu'il est tombé à zéro
rapidement, mais on l'a fait d'une façon prudente.
Puis, pour répondre à votre question
directement, jamais on n'a eu une demande du gouvernement d'investir ou pas. On
l'a pris en connaissance de cause, avec un rendement très important, qui
pouvait jouer, de 20 %... presque 20 %, mais, comme du capital de
risque qui est binaire puis qui peut tomber à zéro, bien, on le fait d'une
façon prudente pour ne pas que ça soit un élément qui est matériel sur la
caisse, puis on l'a fait, pas en pensant que l'investissement allait mal, il ne
commençait pas à aller mal. Un an plus tard, les équipements n'ont pas produit,
les subventions en Allemagne puis en France sont disparues avec les déficits
des gouvernements, ça a créé un trou de 1 milliard. Vous savez, il y a des
firmes comme Goldman Sachs qui ont perdu des sommes faramineuses dans ça, là,
puis qui sont sophistiquées aussi.
M. Beauchemin : Mais ma
question était plus... Dans le contexte où est-ce que, de toute évidence, le
gouvernement actuel s'était littéralement, là, accroché sur ce projet-là comme
étant le projet de la relance pour l'économie du Québec, là, vous, vous avez
investi de l'argent là-dedans. Vous, vous décidez, au mois de février 2024, c'est
un «write-off», ça ne vaut rien...
M. Emond (Charles) : 2025.
M. Beauchemin : Excusez...
M. Emond (Charles) : Pardon?
M. Beauchemin : 2025,
oui.
M. Emond (Charles) : Pour les
résultats 2024, c'est pour ça que c'est mélangeant. Désolé.
M. Beauchemin : O.K. Et
donc, à partir de ce moment-là, il y a un coup de fil qui a dû être envoyé à
Québec pour dire : Bien, écoutez, là, on sait que vous êtes pas mal
impliqués politiquement là-dedans, mais nous, on va mettre ça à off, là?
M. Emond (Charles) : Qu'on va
le radier?
M. Beauchemin : Oui.
M. Emond (Charles) : Non,
aucun... Le gouvernement est occupé, là, il ne s'occupe pas beaucoup de mes
radiations de 100 millions, là, vous savez, ils ne m'appelleront pas pour
ça.
M. Beauchemin : Mais,
dans le contexte où est-ce que c'est comme le plus gros deal...
M. Girard (Groulx) : Mais
qu'est-ce que vous insinuez, qu'on influence les évaluations de la caisse?
M. Beauchemin : Non,
aucunement, ce n'est pas d'influencer, je dis juste que la communication au
niveau de l'information, l'information, ici, étant que la compagnie Northvolt a
donc été radiée, là, l'investissement de la compagnie été radié, j'assume qu'en
tant que partenaire avec le reste du gouvernement on a donné un coup de
fil : Nous on met ça à off, là, parce qu'on pense que ça ne vaut rien,
pour votre information.
M. Emond (Charles) : Non, je
peux dire... Bien, de toute façon, il y avait des... Dans tous les journaux à
travers le monde, on voyait que c'est une société qui était en processus
d'aller en recouvrement ou processus de faillite ou de liquidation. Tous les
grands investisseurs dans le monde, il y avait des articles de journaux qui
disaient qu'ils ont radié leurs investissements. Il n'y avait pas... C'étaient
vraiment les journaux d'hier, là. Puis, même si c'était radié à zéro, ça ne
voulait pas dire que l'investissement aurait valu zéro à tout jamais. Une
radiation, ça peut être une baisse de valeur, elle est à zéro, mais pour
l'instant, elle pourrait reprendre. Ce n'est pas ce que j'indique pour Northvolt,
mais... Alors, le gouvernement... non, il n'y a aucun appel, dans cette
circonstance-là, qui a eu lieu, absolument pas, non.
M. Beauchemin : Puis,
pour revenir à la question que j'avais tout à l'heure, si quelqu'un... si on
considère Saint-Basile-le-Grand encore, là, comme... avec la technologie
actuelle de Northvolt, avec le processus qui, clairement, a été déficient au
niveau de la production, croyez-vous que ça peut fonctionner, ça, ce projet-là,
ici, au Québec?
• (18 h 40) •
M. Emond (Charles) : On n'a
pas assez de données, là, pour voir comment tout ça repartirait, donc la
question, malheureusement, est très théorique. Puis le contexte a changé
également au niveau de la demande des véhicules électriques, donc, tu peux
avoir la bonne technologie, mais néanmoins... Tout le secteur s'est retrouvé
dans un autre environnement qu'il y a deux... par rapport à il y a deux ans.
M. Beauchemin : Donc, on
ne peut pas conclure que c'est probable que Saint-Basile-le-Grand n'aille pas
de l'avant, si je comprends ce que vous dites?
M. Emond (Charles) : Ça
dépend. Vous savez, il pourrait y avoir une foule de considérations, comme des
acheteurs qui se manifestent, qui ont l'appui de leur gouvernement, des
subventions qui rentreraient en ligne de compte, des capacités de fabrication,
la volonté de la maison mère de laisser aller une partie de ces propriétés-là
au Québec. C'est trop d'impondérables pour vous répondre.
M. Beauchemin : Puis,
juste une question pour Mme Thomassin : Pourquoi ne pas avoir investi
directement, donc, dans Saint-Basile-le-Grand? Je veux dire, la structure aurait
été disponible, si vous aviez voulu l'avoir spécifiquement.
Mme Thomassin (Kim) : Le
projet se qualifiait comme un projet «greenfield», donc il ne répondait pas à
nos critères de rendement au risque, alors ce n'était pas un investissement
possible pour nous. À l'époque, l'investissement dans la société mère semblait
moins risqué, malgré le capital de risque.
M. Beauchemin : Mais,
indirectement, vous avez fait ce que vous ne pouvez pas faire, parce que <c'était
«greenfield», anyway...
M. Beauchemin :
...vous
avez fait ce que vous ne pouvez pas faire, parce que >c'était
«greenfield», anyway, en disant : Je veux que ça aille au Québec.
Mme Thomassin (Kim) : Non,
bien, la société mère était existante, opérante, avait des contrats, avait des
employés.
M. Beauchemin : Oui,
absolument, mais vous vouliez que tout l'argent aille dans le «greenfield» puis
vous ne pouvez pas le faire directement, ça fait que vous l'avez fait
indirectement.
M. Emond (Charles) : Non,
non, mais ce n'est pas le même risque.
Mme Thomassin (Kim) : Non,
c'est ça.
M. Beauchemin : Pourquoi
ce n'est pas le même risque?
Mme Thomassin (Kim) :
Veux-tu y aller?
M. Emond (Charles) : La...Excusez-moi, mais l'instrument est dans la maison mère, avec les garanties
qui sont là pour l'entièreté des actifs dans le monde. Où est-ce que l'argent
s'en va après ça, c'était pour qu'on s'assure que ça aide le Québec, mais notre
risque, ce n'était pas lié à un «greenfield», c'était un risque par rapport à
la maison mère, une entité opérante, comme dit Mme Thomassin.
M. Beauchemin : Mais
c'est un risque qui est «greenfield» pareil. Ça fait que, donc, si on regarde à
la base, la politique, on ne dit pas : Moi, je veux investir à
Saint-Basile-le-Grand, parce que je ne peux pas; je vais investir à Northvolt
Suède, mais je veux que cet argent-là serve à du «greenfield». Grosso modo,
c'est ça qu'on dit, là.
M. Emond (Charles) : Oui,mais
votre affirmation que c'est du «greenfield», en termes de risque, la réponse,
c'est non, parce que, d'ailleurs, si ça avait été le cas, les autres
investisseurs dont on parle dans le monde n'auraient pas investi. Donc, on est
investis comme eux...
M. Beauchemin : Mais les
autres investisseurs dans le monde...
M. Emond (Charles) : ...c'était
là que la ronde de financement se faisait.
M. Beauchemin : Excusez-moi,
M. Raymond... Emond — excusez, on se connaît un peu, c'est pour
ça que je trouve ça bizarre de dire «M. Emond» — mais les autres
investisseurs n'auraient pas été avec le même désir d'investir à
Saint-Basile-le-Grand, les autres investisseurs investissaient en Suède.
M. Emond (Charles) : Oui, on
n'a pas investi à Saint-Basile-le-Grand.
M. Beauchemin : Bien...
Non, maisavec la condition que l'argent, les «proceeds» allaient être
utilisés pour Saint-Basile-le-Grand.
M. Emond (Charles) : Oui,
mais disons qu'on fait la situation inverse puis que tout l'argent est perdu à
Saint-Basile-le-Grand, on n'aurait pas perdu une cent parce qu'on était avec
une sécurité sur la maison mère.
M. Beauchemin : Oui, d'où
la question. Ça fait qu'indirectement vous avez fait du «greenfield» sans le
faire, mais j'avoue que c'est parce que vous aviez le «shell» de la maison mère
qui rendait le tout plus... Mais les autres investisseurs comme BlackRock...
M. Emond (Charles) : Mais ce
n'est pas du «greenfield», sinon ça ne passe pas le comité. C'est un risque de
débenture convertible d'une entité opérante, donc qui n'était pas «greenfield».
L'argent, où il s'en va, on voulait juste que, nous, ce soit entièrement pour
le projet du Québec, mais l'argent aurait pu être perdu complètement au niveau du
Québec, ça n'aurait jamais enlevé la valeur de notre investissement. Il n'y
avait pas de lien entre les deux. Je peux recommencer.
M. Beauchemin : Non, je
comprends très bien. C'est juste qu'on... Bien, en tout cas, je trouve que
c'est vraiment dans la définition en tant que telle, là.
M. Emond (Charles) : Ce qu'on
aimait, c'est la sécurité de la maison mère...
M. Beauchemin : Oui, ça,
je le comprends.
M. Emond (Charles) : ...puis
que les fonds des Québécois aident un projet au Québec. Mais les deux sont
découplés.
M. Beauchemin : C'est
comme prêter pour un projet qu'on veut ici, au Québec, avec des garanties qui
viennent d'ailleurs. Ça, je le comprends, il n'y a pas d'enjeu avec ça. Mais
c'était ça qu'on faisait, on faisait... on voulait, donc...
M. Emond (Charles) : On
voulait favoriser le projet du Québec, oui.
M. Beauchemin : Exact. On
faisait donc du «greenfield», indirectement, là. Indirectement, c'était ça,
l'objectif qui était de viser...
M. Emond (Charles) : On
voulait aider un projet «greenfield» en le finançant à travers une entité
opérante, maison mère, sans prendre le risque du «greenfield», oui.
M. Beauchemin : O.K. Là,
au niveau des politiques de placement, je ne rentrerai pas là-dedans, mais j'assume
que ça, ça a dû quand même être un sujet de conversation, parce que ça va à
l'encontre des politiques.
M. Emond (Charles) : Non,
aucunement, ça n'a aucunement été un sujet. C'est une débenture convertible
d'une entité opérante, c'est un mandat... un investissement de capital risque. Où
va l'argent n'a aucune notion sur le risque du placement.
M. Beauchemin : Je
comprends. Là, maintenant qu'on voit toute cette histoire-là, qu'on comprend ce
qui s'est passé, qu'on a toute l'information par rapport à ce qui s'est passé,
est-ce que, maintenant, on... est-ce qu'on a pris note des... C'est un capital
de risque, j'avoue, là, je sais qu'on regarde ça de façon plus spéculative,
mais là, maintenant qu'on a vu ce qui s'est passé, est-ce qu'on a pris note,
pour le futur de la caisse, à savoir : Voici les genres de «red flags»
qu'on devrait observer plus tard pour ne pas refaire la même erreur?
Mme Thomassin (Kim) : On
apprend de chacun des dossiers, c'est certain. Mais je vous dirais que, la
filière batterie, on va continuer, nous, de regarder tout projet au Québec qui
va répondre à nos critères de rendement-risque, et, tout projet qui peut aider
à une transition énergétique, on va avoir de l'intérêt.
Le Président (M. Simard) :
...30 secondes.
M. Beauchemin : Mais il
n'y a rien dans ce qui s'est passé, ce qui s'est passé dans l'histoire de Northvolt,
il n'y a rien qui... il n'y a pas de drapeau rouge nulle part, là, qui,
maintenant, aujourd'hui, «going forward», on va faire une politique
d'investissement, puis, ah! bien, ça, si on voit ça, si on voit ça, si on voit
ça, on ne devrait pas toucher à ça?
M. Emond (Charles) : Concurrencer
la Chine, c'est une grosse job. Ça, c'est un «takeaway»... c'est une
conclusion, pardon.
M. Beauchemin : Oui, exact.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci beaucoup pour cet échange.
Je cède maintenant la parole au député de
Rousseau, qui dispose d'un maximum de 13 minutes.
M. Thouin : Merci, M. le
Président. D'abord, bonjour, tout le monde, M. Emond, les équipes qui vous
accompagnent, M. le président, M. le ministre, chers collègues de toutes
formations <politiques...
M. Thouin :
...accompagnent,
M. le président, M. le ministre, chers collègues de toutes formations >politiques.
Rapidement, avec consentement, j'aimerais
ça pouvoir échanger un peu avec M. Emond, d'abord au niveau de
l'incertitude des marchés, après ça je vais vous parler un petit peu de
l'apport à l'économie du Québec, avec vos objectifs d'investissement ici, au
Québec, puis finalement un peu plus, peut-être, vous parler des changements
climatiques, qui est quand même assez important dans le monde dans lequel on
vit, actuellement.
Puis peut-être juste avant, là, j'allais
donner... j'allais peut-être proposer à M. Arbaud de donner du temps pour
pouvoir répondre à la question du député de Camille-Laurin, mais je me
permettrai, si vous me permettez, en une seconde, de donner mon opinion
là-dessus.
En fait, pourquoi ça coûte plus cher, les
infras au Québec? C'est pour plein de raisons. D'abord, les normes sont plus
élevées, il n'y a pas de réciprocité des normes entre nous et d'autres pays
qu'on peut comparer, ça fait que c'est difficile d'avoir une belle comparaison.
Le climat, la saisonnalité, vous l'avez nommé tantôt, la disponibilité ou
rareté de la main-d'oeuvre, les excès qui ont été faits dans le temps de
Charbonneau et avant, qui ont amené aujourd'hui les transferts de risques
presque en totalité vers l'industrie, les délais de paiement, les coûts de
financement qui sont élevés, qui sont même difficiles à avoir pour certaines
entreprises, les frais juridiques pour des extras, parce que les devis sont
très rigides, et tout ça. Bien, pour tout ça, c'est en mettant tout ça ensemble
que ça fait que, nos prix, c'est plus difficile d'avoir des meilleurs prix
qu'ailleurs.
Donc, ce qu'il faut d'abord changer, si on
veut avoir des meilleurs prix au Québec en infrastructures, c'est changer notre
relation entre le donneur d'ouvrage public et l'industrie. C'est la base et
c'est ce qu'on travaille depuis déjà quelques années. D'ailleurs, j'en profite
pour remercier vos équipes, parce que j'ai été, en 2019, faire une première
tournée, où j'ai rencontré M. Tall, chez vous, et en 2022, M. Arbaud.
À chaque fois, on essaie de développer... de réfléchir à comment on peut
s'améliorer, puis ils ont été de grande aide.
Bref, donc, j'allais dire que, si on veut
avoir des meilleurs résultats, être capables de livrer plus vite, plus de
projets à moins cher en gardant la même qualité, bien, il faut voter pour la
Stratégie québécoise en infrastructures publiques. Puis nos projets de loi, ils
fonctionnent bien. C'est ça qui va donner les résultats escomptés.
Ceci étant dit, je reviens à les... études
des marchés. Donc, je... Oui, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Juste
une précision, là, parce que, lorsqu'on a parlé de ce sujet-là, tout à l'heure,
le député a laissé sous-entendre qu'on comparait le coût du projet de
7 milliards que la caisse va faire à 13 milliards si nous, on l'avait
fait. Bien, ce n'est pas le même projet, là. La caisse fait le projet par
phases, et c'est deux chiffres qui ne sont pas comparables. Mais continuez avec
votre question sur les marchés.
M. Thouin : Merci, M. le
ministre. Donc, pour les... j'allais dire, pour renouveler les marchés, donc,
les marchés mondiaux ont été profondément affectés par les différentes crises
et ont présenté une performance en deçà des attentes, bien évidemment, puis les
chamboulements liés à l'arrivée de notre nouveau voisin aux États-Unis, bien,
ce n'est rien pour aider. Donc, en tant que grand gestionnaire de fonds, là, investisseur
institutionnel, moi, j'ai besoin d'avoir... j'aimerais ça entendre, d'abord,
votre interprétation quant à la volatilité des marchés actuels puis comment
vous voyez... je sais que vous n'avez pas de boule de cristal, là, mais avec
vos compétences, qui sont bien au-delà des miennes, comment vous voyez la
prochaine année se dessiner.
• (18 h 50) •
M. Emond (Charles) : ...peut-être
d'économie, très rapidement, en une minute, puis les marchés de l'autre côté.
Il y a trois thèmes qui se dégagent un peu
de ce qu'on voit au niveau de l'administration américaine avec leurs politiques.
Donc, l'incertitude des tarifs va rester forte, la principale raison étant que
les objectifs de l'administration américaine ne sont pas parfaitement clairs.
Est-ce qu'on veut des nouvelles recettes fiscales, rapatrier la production,
négocier des accords? Puis en plus il y a une poursuite de baisses d'impôt qui
est derrière tout ça, également.
La deuxième chose, c'est que le marché,
clairement, critique ou questionne les bien-fondés de cette politique tarifaire
là, puis on a pu voir que le marché obligataire a agi comme une espèce de
garde-fou, forçant une pause de 90 jours le 9 avril dernier.
Le troisième point qu'on observe, c'est
que la crédibilité des institutions américaines, bien que pas entachée de façon
permanente, a été mise à risque, et puis on a vu que les obligations
américaines, comme je l'ai dit tout à l'heure, puis le dollar américain n'ont
pas joué leur rôle diversifiant dans l'espèce d'événement, si vous me permettez
l'expression, de «risk-off» qu'on a vu dans les marchés. Donc, est-ce qu'il va y
avoir une prime de risque qui va être demandée par les marchés sur les actifs
américains?
Qu'est-ce que ça implique, c'est qu'aux
États-Unis on voit une espèce, pour 2025, de quasi-stagnation économique. Ça ne
se reflète pas parfaitement encore, mais on a vu quand même qu'au niveau du PIB
c'est arrivé à moins 0,3 % pour le premier trimestre, plus faible qu'un
consensus qui était déjà faible à 0,3 %. Ce qui va être intéressant, c'est
que l'inflation, malgré les intentions du gouvernement, bien, c'est aux États-Unis
qu'elle va se faire <le plus sentir...
M. Emond (Charles) :
...les
intentions du gouvernement, bien, c'est aux États-Unis qu'elle va se faire >le
plus sentir, avec une inflation qu'on anticipe qui pourrait être au-dessus de
3 % dans la deuxième moitié de l'année, peut-être même 4 % ou
5 %.
Si vous... pour les marchés, ça a amené
énormément de volatilité. Si je regarde, depuis le début de l'année, c'est un
léger repli aux États-Unis, moins 3 % pour le S&P 500, le Canada est
stable, il y a une hausse en Europe et le dollar US a baissé d'à peu près
7 %, les taux ont baissé de 25 points de base. Ce qu'on anticipe,
nous, cette année, si on regarde le marché, pour la Réserve fédérale... puis je
m'excuse, je me limite aux États-Unis parce que c'est le plus gros marché puis
je veux répondre rapidement, mais le marché s'attend à trois, quatre baisses de
taux, pour à peu près 100 points de base.
Donc, qu'est-ce qu'on résume, «bottom
line», dans tout ça? Trois choses : les actifs financiers américains sont
les grands perdants jusqu'à maintenant — on va appeler ça la théorie
du karma, selon le marché; il y a une incertitude qui est engendrée par les
tarifs qui va être la principale menace qui va perdurer, les négociations
seront longues pour le reste de 2025; puis, jusqu'à maintenant, la croissance
économique US-Canada, elle surprend positivement, mais je vous dirais que c'est
en raison du fait que, on regarde les premières données qui ont sorti du
premier trimestre, il y a beaucoup d'achats qui ont été devancés pour éviter
les tarifs, ce qui vient un peu mettre du bruit dans les données, ce qui
pourrait amener un ralentissement dans les prochains mois, prochains
trimestres.
Le Président (M. Simard) : Merci.
D'autres questions, cher collègue?
M. Thouin : Bien, j'aimerais
ça, M. le Président. J'aurais une question.
Le Président (M. Simard) : Oui.
Je vous en prie, vous avez...
M. Thouin : En fait, juste
une question rapide. Tantôt... Puis j'allais pour l'environnement, mais on se
reprendra une autre fois, mais je poserais peut-être une question au niveau du
double mandat, là, du rendement pour les investisseurs puis le développement de
l'économie du Québec, là. Tantôt, on disait... vous avez donné des chiffres, on
disait qu'en 2023, de mémoire, vous étiez à 78 milliards; vous aviez un
objectif, pour 2026, de 100 milliards. La bonne nouvelle, c'est qu'on est
en bonne voie ou on l'a déjà atteint? Comment ça se passe? On est rendus où, en
pratique? Est-ce qu'on le sait?
M. Emond (Charles) : En date
du 31 décembre 2024, légèrement en avance.
M. Thouin : Puis est-ce qu'on
revoit nos objectifs pour les années futures, quand on va atteindre ça?
M. Emond (Charles) : Toujours
plus haut.
M. Thouin : Toujours plus
haut. Je vous remercie. Je pense que je n'aurai pas besoin d'aller plus loin
pour aujourd'hui, je vais vous libérer, M. le Président. Chanceux!
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci à vous, cher collègue.
Alors, le temps qui nous était dévolu pour
les débats entourant le volet Caisse de dépôt et de placement du Québec est
maintenant terminé.
Document déposé
Conséquemment, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, bien,
j'ajourne nos travaux à demain avant-midi. Et, à nouveau, merci pour votre
précieuse collaboration tout au cours de cette journée.
(Fin de la séance à 18 h 54)