Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
mardi 20 mai 2025
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Vol. 47 N° 80
Consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 92, Loi modifiant diverses dispositions principalement dans le secteur financier
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures cinquante minutes)
Le Président (M. Simard) :
Bien. Chers collègues, je constate que nous avons quorum. Conséquemment, nous
pouvons entreprendre nos travaux.
Comme vous le savez, notre commission, la
Commission des finances publiques, est aujourd'hui réunie afin d'entreprendre
les consultations particulières et les auditions publiques sur le projet de loi
n° 92, Loi modifiant diverses dispositions principalement dans le secteur
financier.
M. le secrétaire, bonjour. Ce matin, y
a-t-il des remplacements ce matin?
Le Secrétaire
:
Bonjour. Oui, M. le Président. Mme Mallette (Huntingdon) est remplacée par Mme
Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré).
Le Président (M. Simard) :
Alors, je vous annonce que nous avons l'honneur d'avoir dans la salle l'ancien
député du comté de Montmorency, M. Hubert Benoît Décary, que je salue.
Ceci étant dit, nous allons, comme le veut
la tradition, débuter nos remarques par... en fait, non, nos interventions par
des remarques préliminaires. M. le ministre, vous disposez de six minutes pour
ce faire.
M. Girard (Groulx) : Bien,
merci beaucoup...
M. Girard (Groulx) : …bien.
Merci beaucoup, M. le Président. Merci à tous les gens qui sont avec nous
aujourd'hui. Et merci au personnel de l'Assemblée nationale. La Commission des
finances publiques est une commission extrêmement performante et sérieuse. Les
autres commissions sont sérieuses aussi, mais pas aussi… la nôtre est
extrêmement performante. Merci aux députés du gouvernement, merci aux députés
de l'opposition.
Et peut-être ce qui est très important de
dire, c'est que le… nous… le ministre des Finances et le ministère des Finances
est responsable de plusieurs lois du secteur financier, et un omnibus financier
que nous essayons d'amener au minimum à tous les deux ans, c'est complexe. Et
donc nous avons des… plusieurs juristes, fiscalistes de grande qualité avec
nous, du ministère des Finances, de l'AMF et ces gens-là vont être disponibles
en tout temps pour les oppositions. Parce que c'est très important que tout le
débat se fasse avec ouverture et pleine compréhension. Et, dans un monde idéal,
évidemment, le projet de loi serait adopté avant la fin de la session, mais on
va commencer par le commencement. Mais soyez certains que les ressources seront
disponibles pour faciliter la compréhension de tous les éléments qui seront
étudiés dans cet omnibus.
Ce projet de loi dispose de diverses
mesures, dont voici quelques exemples. Il propose une réforme du modèle des
chambres en distribution de produits et services financiers, qui ouvre la voie
à une plus grande harmonisation pancanadienne et répond à des demandes de
longue date de l'industrie. Il propose un élargissement de la couverture du
Fonds d'indemnisation des services financiers, confirmant l'engagement du
Québec à offrir aux citoyens la meilleure protection qui soit en matière de
fraudes commises par les acteurs des produits et services financiers. Il
propose de donner à l'organisme d'autoréglementation du courtage immobilier la
possibilité de refuser l'octroi et le maintien d'un permis à une personne qui,
à son avis, n'a pas ou n'a plus la probité nécessaire pour œuvrer dans ce
secteur, répliquant un pouvoir similaire dont dispose l'Autorité des marchés
financiers. Ces mesures, une fois cumulées, permettront de garder nos lois à
jour, comme je me suis engagé à le faire.
J'en profite d'ailleurs pour remercier
tous les acteurs qui ont pris le temps de communiquer avec le ministère des
Finances afin de proposer des pistes d'amélioration inspirées par leur
expérience pratique. Leur contribution se reflète dans la qualité de ce projet
de loi. Je reviens maintenant de manière plus spécifique sur le mandat que la
commission entreprend à l'instant. Je remercie à l'avance les intervenants que
la commission entendra ou lira s'ils sont uniquement… s'ils ont uniquement
soumis un mémoire pour le temps qu'ils auront consacré au présent projet de
loi. J'ai lu plusieurs mémoires, en fin de semaine, M. le Président. Je les
invite, comme j'invite mes collègues parlementaires à faire porter l'essentiel
de leurs commentaires et nos échanges sur les mesures qui sont proposées. Cela
dit, je m'engage de mon côté à les écouter avec ouverture afin de faire en
sorte que ce projet de loi important qui est devant nous soit ultimement adopté
dans sa meilleure version possible et dans l'intérêt supérieur du Québec et de
la protection des Québécois. Je rappelle par ailleurs à toutes les personnes
intéressées que le ministère des Finances demeure à leur écoute. N'hésitez pas
à nous interpeler en prévision des projets de loi futurs, car je sais qu'il y a
d'autres ajustements qui auraient pu être ajoutés à ceux que nous proposons
dans ce projet de loi. Ça, c'est une critique que nous avons reçue, M. le
Président, on nous dit : Félicitations! Très bon projet de loi, mais pourriez-vous
en faire plus? Bien, il y aura d'autres omnibus financiers, M. le Président.
Pour le moment, je vous retourne simplement la parole, M. le Président, afin
que nous puissions sans tarder débuter nos travaux. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le ministre. M. le député de Marguerite-Bourgeoy, vous
disposez d'environ quatre minutes 30.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup. M. le Président, merci à tous d'être ici aujourd'hui. J'apprécie
l'ouverture du ministre, là, pour l'ensemble de notre questionnement futur qui
va avoir lieu. Parce qu'évidemment, avec une fusion de la Chambre d'assurances
dommages de la sécurité financière en une seule chambre de l'assurance,
évidemment, il va y avoir des questions là-dessus. C'est certain que, bon, ce
qu'on veut, c'est optimiser...
M. Beauchemin : …l'efficacité
dans l'appareil gouvernemental. Est-ce que le dédoublement des activités…
vraiment avoir été optimisé, ça va être à voir.
Le second point important, je pense, c'est
qu'évidemment il y a un nombre pour le fonds d'indemnisation. Il va y avoir un
nombre additionnel de personnes qui va y cotiser. On va vouloir comprendre les
ramifications et le pourquoi. Évidemment, le rehaussement des peines de fraude,
augmentation des montants de pénalités, tout ça, je veux savoir comment on
encadre ça vraiment, pour être capable de bien être clair, pour que ce soit
transparent pour tous les gens qui vont être impliqués par ça. Plus de
souplesse de la part de l'AMF pour les assureurs de dommages. Bien oui,
évidemment, ça, je pense que c'est normal. On pourra regarder, voir si vraiment
l'objectif est atteint. Et la dernière modification, évidemment, là,
significative c'est l'encadrement du courtage immobilier. On va avoir des questions
sur ça, c'est certain. Surtout en ce qui a trait à la définition même ou à la
clarté, en fait, de la probité. Donc, pour moi, ça va être important qu'on
puisse aller dans ce sens-là. Puis, bien, c'est ça, on va avoir pas mal de
questions. Je suis content d'avoir les gens qui sont devant nous aujourd'hui,
qui vont passer devant nous. On pourra leur poser plusieurs questions et en
espérant qu'on va être capable d'avoir réponse à ceux-là pour que tous ici et
le Québec dans son entier puissent être plus clair par rapport à ça. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Alors, cet avant-midi, nous aurons la chance de
recevoir quatre groupes dans le cadre de trois interventions et nous débutons
ce matin, ce qui est assez rare, par un duo représenté par la Chambre de
l'assurance de dommages ainsi que la Chambre de la sécurité financière. Alors,
messieurs, soyez les bienvenus. Vous savez que vous disposez d'une période de
10 minutes afin de faire votre présentation. Auriez-vous peut-être d'abord
l'amabilité de vous présenter, s'il vous plaît?
M. Harman (Ted) : Bonjour, je
suis en Ted Harman, courtier en assurance de dommages et je suis le président
de la C.A. de la chambre d'assurance de dommages.
M. Beaudoin (Marc) : Bonjour,
Marc Beaudoin, je suis le P.D.G. de la Chambre d'assurance de dommages.
M. Vézina (Jean-Philippe) :
Bonjour, Jean-Philippe Vézina, président du Conseil d'administration de la
Chambre de la sécurité financière.
M. Leschuitta (Eddie) : Eddie
Leschuitta, président du Comité de gouvernance de la Chambre de sécurité
financière.
Le Président (M. Simard) :
Nous vous écoutons, Messieurs.
M. Harman (Ted) : Merci, M.
le Président. Merci aux membres de la commission de nous recevoir aujourd'hui
dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 92. Mon nom est Ted Harman,
je suis courtier en assurance de dommages et je suis président du C.A. de la
Chambre de l'assurance de dommages. Je suis accompagné de Marc Beaudoin, P.D.G.
de la CHAD. J'oeuvre dans le secteur de l'assurance de dommages depuis plus de
40 ans. J'ai été officier dans les plus importants assureurs québécois,
soit le groupe commerce. Je connais le secteur et je connais bien les enjeux.
M. Girard (Groulx) : …monter
le son ou parler plus proche du micro?
Le Président (M. Simard) :
Oui, la technique s'en occupe. Oui, merci. Veuillez poursuivre, monsieur.
M. Harman (Ted) : Depuis
36 ans, la chambre trouve ses assises juridiques dans une loi. Nos
collègues à la CSF sont issus des mêmes articles de la loi sous les
dispositions des produits et services financiers que la Chambre de l'assurance
de dommages. Au fil des ans, la chambre a accumulé des connaissances, des
compétences et toute une jurisprudence pour soutenir notre seule mission, soit
la protection du public, en matière… en matière d'assurance de dommages.
• (10 heures) •
Je suis très surpris de constater que le
projet de loi n° 92 propose de remplacer un organisme public comme la
chambre par un OBNL privé dépendant de l'AMF. Ce n'est pas simplement une
fusion administrative avec la Chambre de la sécurité financière. D'ailleurs, le
problème n'est pas la fusion. Le problème, c'est qu'on demande aux députés
d'adopter un projet de loi qui réduit la protection du public dans un domaine
qui touche tout le monde, comme l'assurance de dommages, et qui représente
annuellement plus de 17 milliards de dollars en primes d'assurance.
Le consommateur qui verse ces primes, c'est lui le grand perdant dans toute cette
opération, il perd la transparence qui vient avec le comité de discipline et la
Loi sur l'accès à l'information. Il perd l'accès à un syndic en cas de problème
avec un professionnel.
Le projet de loi propose à nos deux
organismes de se fusionner, il nous enlève nos pouvoirs les plus importants
pour encadrer la profession. Et il nous propose de s'entendre plus tard sur la
matière dont on va encadrer les professionnels. En gros, le projet de loi
annonce une réforme, mais il ne propose pas une réforme. Peut-être que
l'intention est bonne, mais c'est une réforme qui n'est pas bien planifiée et
on sait bien ce qui arrive avec les réformes quand elles ne sont pas bien
planifiées. Je pose la question aux parlementaires aujourd'hui…
10 h (version non révisée)
M. Harman (Ted) : ...aujourd'hui.
Pourquoi ne pas s'entendre d'abord sur la manière dont nous allons faire cette
réforme puis adopter le projet de loi pour mettre la... pour la mettre en
œuvre? Pourquoi adopter une loi en espérant que tout se passe bien plutôt que
de s'assurer que tout se passe bien avant d'adopter la loi? Il existe une seule
façon de protéger... de bien protéger le public. Ça prend un organisme public
mandaté par une loi, soit en créant un ordre professionnel ou en créant un
organisme d'autoréglementation, comme nous l'avons déjà.
La mission, les fonctions et les pouvoirs
de la Chambre, du syndic et du comité de discipline doivent demeurer dans la
loi. C'est la seule manière de s'assurer une protection du public équivalente à
ce que nous avons aujourd'hui. Toute autre proposition constitue un recul en
matière de protection du public. L'importante réforme que constitue le projet
de loi n° 92 nous apparaît précipitée. Elle a été mise de l'avant sans
consultation de la Chambre ni de nos collègues de la CSF ainsi que d'autres
parties prenantes touchées.
Pour maximiser les bénéfices de cette
réforme, il faut impliquer les professionnels de l'assurance, les organismes de
réglementation et les représentants du public. Sinon, cela revient à demander
aux parlementaires de voter un chèque en blanc quant à la protection du public.
Et le Québec... le Québec va devenir la seule juridiction canadienne où les
professionnels de l'assurance de dommages ne sont plus encadrés par une loi.
Merci de votre écoute et au plaisir de
poursuivre la discussion avec vous après la présentation de mon collègue de la
Chambre de la sécurité financière.
M. Vézina (Jean-Philippe) : M.
le Président, Jean-Philippe Vézina, président du conseil d'administration de la
Chambre de la sécurité financière. Je suis accompagné de M. Eddie Leschuitta,
président du comité de gouvernance mais aussi administrateur indépendant.
La CSF encadre 34 000 conseillers de cinq
professions. Elle gère un système de formation continue reconnu comme l'un des
meilleurs au Canada. Elle veille à la déontologie et administre tout le
continuum plaintes, enquêtes, discipline.
Ce que je veux d'abord dire à cette
commission, c'est que le sujet dont il est question est déterminant pour des
millions de Québécois qui comptent sur nous pour préparer leur retraite, pour
réaliser des rêves, pour protéger ceux qu'ils aiment. Le gouvernement peut
réformer l'encadrement et la distribution des services financiers, et on lui
offre toute notre collaboration, mais le projet de loi n° 92, dans son
état actuel, ne contient pas les ingrédients d'une réforme réussie.
Actuellement, on a un système qui a fait
ses preuves, qui est crédible et qui est 100 % autofinancé. Si on veut le
réformer, il faut procéder avec soin. Le cœur de la réforme, c'est le
déplacement de près de 22 000 conseillers en épargne collective de la CSF vers
l'OCRI. Tout le reste découle de ce choix.
Le gouvernement s'est montré sensible aux
arguments des grandes institutions financières. Pour ces institutions, le
projet loi 92 amène plus de simplicité. Mais, pour permettre plus de simplicité
à un endroit, on ajoute de la confusion pour les consommateurs et beaucoup de complications
pour les conseillers multidisciplinaires.
Sur les 22 000 représentants transférés à
l'OCRI, il y en a 6500 qui sont à la fois conseillers en épargne collective,
planificateurs financiers ou conseillers en assurances collectives. Pour ceux-là,
la vie va devenir plus compliquée parce qu'ils vont devoir évoluer dans un
système avec plusieurs entités, l'OCRI, la CSF, l'AMF. En conséquence,
plusieurs vont se spécialiser, faisant diminuer l'offre de services, surtout en
région.
Les conseillers multidisciplinaires
servent plus de 2 millions de clients. Il y a une autre conséquence.
Actuellement, la CSF a la masse critique pour développer une offre
impressionnante de formations continues sur tous les enjeux éthiques,
économiques, technologiques, sociaux, culturels liés aux services financiers. C'est
un système de formations qui a inspiré plusieurs ordres professionnels et
régulateurs au Canada. En déplaçant 22 000 membres et 40 % des revenus, ce
modèle de formations s'écroule.
La réforme crée un nouvel organisme, la
Chambre de l'assurance issue de la fusion des deux chambres actuelles. Cette
nouvelle chambre sera un OBNL privé extérieur à la Loi sur la distribution des
produits et services financiers. Ce faisant, on déstructure le système de
plaintes, d'enquête et de discipline. Plusieurs aspects ont été insuffisamment
évalués en matière de protection du public. Il y a une brèche qui nous
inquiète.
Enfin, sur la fusion elle-même entre les
deux chambres, le gouvernement réunit des métiers très différents, l'assurance
de personnes qui répond à une...
M. Vézina (Jean-Philippe) : ...planification
et l'assurance de dommages qui est la protection des biens. Le nouvel organisme
sera forcément complexe, avec potentiellement deux divisions et des économies
limitées.
Le projet de loi prévoit, par ailleurs,
des délais peu réalistes. Neuf mois pour compléter l'intégration, alors
que l'OCRI mettra quatre ans pour compléter la sienne, après plusieurs
consultations.
Le projet de loi n° 92 comporte des
éléments intéressants, nous les mentionnons dans notre mémoire. Le gouvernement
peut amorcer sa réforme, mais nous recommandons fortement de suspendre
l'application des articles touchant la CSF avec la fusion de la CHAD, le temps
de bien préparer la réforme souhaitée et de s'assurer qu'il n'y aura aucune
faille dans la protection du public.
M. le Président, je t'adresse un
commentaire personnel. J'ai 32 ans, je suis un passionné de la
planification financière. J'ai pris la relève de mon père, je dirige aujourd'hui
une équipe multidisciplinaire de 13 personnes. Je crois au développement
des conseillers. J'enseigne, moi-même, à l'université. L'industrie est plus
complexe que jamais à cause des nouveaux produits financiers, de nouveaux
enjeux comme la cybercriminalité, le vieillissement d'une population de plus en
plus diversifiée. Le défi de formation est constant. Le projet de loi vient
désorganiser quelque chose qui marche bien.
Par respect pour les consommateurs, pour
les experts, les professionnels de notre industrie et la relève, avant de
procéder, soyons sûrs de notre coup. Merci. Nous sommes maintenant prêts pour
répondre à vos questions.
Le Président (M. Simard) : Alors,
messieurs, merci pour votre respect du temps. Ceci étant dit, je cède la parole
à M. le ministre des Finances. Votre groupe parlementaire dispose de
16 min 30 s.
M. Girard (Groulx) : C'est...
Pouvez-vous me donner l'information complète sur la répartition du temps?
Le Président (M. Simard) : 16 min 30 s
pour votre groupe de parlementaires et... attendez, je les avais sous les yeux
il y a quelques instants, un peu moins pour l'opposition, donc... bien non...
oui, pour 12 min 23 secondes pour l'opposition.
M. Girard (Groulx) : Et je
sais qu'on ne peut pas souligner l'absence de collègues, mais, supposons que
des collègues étaient absents, qu'en serait-il de leur temps?
Le Président (M. Simard) : Bien,
on verra. On traversera la rivière une fois rendu au pont, puis on est très, très
loin du pont, M. le ministre. Alors, faites vos 16 min 30, puis je
m'occuperai très volontiers du reste.
M. Girard (Groulx) : Non,
non, mais...
Le Président (M. Simard) : Vous
pourrez même partager votre temps avec vos collègues.
M. Girard (Groulx) : Il y a
beaucoup de gens ici, là, qui veulent comprendre le mode d'opération et puis...
Le Président (M. Simard) : Absolument.
Je lis ça dans les yeux des gens qui sont devant moi.
M. Girard (Groulx) : Bon.
Alors, merci énormément pour votre présentation, votre présence et les
mémoires, les mémoires qui ont été soumis, analysés, et je sais qu'il y a eu
plusieurs discussions avec le ministère, alors ce serait peut-être ma première
question générale. Et, je ne sais pas comment vous voulez procéder, est-ce que
vous voulez répondre deux fois ou... mais est-ce que vous êtes... Est-ce que le
ministère a répondu à vos interrogations? Parce que, quand même, il y a
plusieurs affirmations qui sont faites.
• (10 h 10) •
Nous, notre objectif, c'est évidemment un
modèle qui est plus robuste, d'augmenter la protection des Québécois. Les
règles de transition, c'est... on fait un effort pour donner une ligne du temps
qui est claire pour réduire l'incertitude. Puis la mission de la protection du
public, c'est évidemment non négociable. Et puis on a une grande confiance en
la loi sur... le système financier et l'AMF, et donc... Et puis il faut... il
faut être conscient aussi que ce sujet-là, le sujet des chambres, et,
évidemment, il précède mon arrivée au ministère des Finances, c'est un sujet
qui avait été étudié par mon prédécesseur, qui favorisait une autre solution,
c'est-à-dire l'abolition des chambres. Et nous, on propose une fusion avec une
supervision accrue de l'AMF.
Alors, ma question est générale. Est-ce
que le ministère a bien collaboré avec vous? Avez-vous été entendus, avez-vous
été rassurés? Est-ce que vos interactions vous ont aimé... vous ont amené à
revoir certaines de vos positions?
M. Vézina (Jean-Philippe) : Je
vais commencer, puis je vais laisser par la suite Leschuitta de... pouvoir
répondre à la question.
Juste dire qu'avant le projet de loi la
CSF n'a jamais été consultée en lien avec ce projet de loi là. Depuis le dépôt
du projet, bien, oui, on a eu des échanges...
M. Vézina (Jean-Philippe) : ...loi,
bien, oui, on a eu des échanges avec le ministère, c'est vrai, et l'AMF pour
des questions qu'on avait et qu'on trouvait qu'il y avait des brèches
importantes, mais je dois vous avouer qu'on n'a pas été rassurés, puis on
avait, encore une fois, des réponses qui sont incomplètes en lien avec les
brèches qu'on peut voir dans le projet de loi.
Je ne sais pas si tu voulais...
M. Beaudoin (Marc) : Bien,
pareillement pour la Chambre de l'assurance de dommages, là. Les délais n'ont
pas permis d'aller suffisamment au fond des choses. Puis c'est un peu ce qu'on
demande aujourd'hui, c'est de prendre le temps de bien faire les choses. Oui,
il y a des mesures transitoires qui vont s'appliquer, qui sont les mesures
actuelles, grosso modo. Après les mesures transitoires, quelles seront les
règles qui seront mises en place? Ça, on ne les connaît pas. Elles seront à
être déterminées dans neuf mois, 10 mois, 20 mois, 36 mois, on ne le sait pas
encore. Et c'est ces règles-là qui vont avoir de l'impact sur les citoyens du
Québec et la protection du public. Et c'est ce qu'on demande aujourd'hui,
grosso modo, c'est de dire : On peut-tu attendre, avoir ces réflexions-là
et ces discussions-là?, parce que les trois, quatre semaines entre le dépôt du
projet de loi et la date d'aujourd'hui ne nous a pas permis d'aller au fond des
choses et ne nous a pas permis non plus d'obtenir les fondements, pourquoi
est-ce qu'on cherche à changer un système qui fonctionne depuis 36 ans sur le
modèle actuel, qui est connu des citoyens du Québec, qui est connu des
certifiés de l'industrie, qui est connu des organisations et pour lequel on ne
reçoit pas de demande de modification actuellement.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais l'industrie évolue, là. Vous êtes conscients, là, qu'au niveau canadien la
réglementation évolue, là.
M. Vézina (Jean-Philippe) : On
comprend que ça évolue, mais, justement, si on parle, par exemple, du premier
volet, là, de transférer les conseillers en épargne collective vers l'OCRI,
bien, on ne voit pas en quoi que la formation continue pour la protection du
public, elle évolue dans un sens positif. Nous, on remet des questions sur le
point. La formation continue, on le sait, c'est complètement différent. On s'en
va vers un organisme qui n'est pas habitué à l'épargne collective, qui est
habitué à valeurs mobilières. La CSF, ça fait 25 ans qu'on est... qu'on est
là-dedans. Si on prend le nombre de formation continue, qu'on regarde depuis
les dernières années, on a passé de 2 000 à 44 000 de formation. Ça
fait qu'au Québec, on le sait, on a des enjeux qui sont très spécifiques. Ça
fait que je ne vois pas en quoi qu'harmoniser pour le Canada et peut-être créer
une désharmonisation au Québec, c'est vraiment de quoi d'intéressant, là.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Mais l'OCRI et l'AMF ont des compétences aussi, là, vous reconnaissez ça, là?
M. Vézina (Jean-Philippe) : Oui.
M. Girard
(Groulx) :
O.K.
M.
Vézina (Jean-Philippe) : Mais je dis juste... mon seul point, c'est
qu'on a un système qui fonctionne aujourd'hui, depuis 25 ans, puis là, avec le
projet de loi, actuellement... c'est pour ça qu'on demande d'avoir du temps, de
revoir, justement, d'être sûr que qu'est-ce qu'on va faire va être le meilleur
pour la protection du public, parce que présentement on s'en va vers une page
blanche si on prend le projet de loi actuel.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, moi, pour le temps, là, je rappelle que ce sujet-là est discuté depuis
2018. O.K., qu'il y a une évolution au niveau de l'épargne collective au niveau
pancanadien, et le Québec fait partie du Canada. L'OCRI est un organisme
d'autoréglementation reconnu par l'AMF. Et donc, nous, on est extrêmement
ouverts à vous écouter.
Puis, quant aux consultations préprojet de
loi, bien, c'est-à-dire qu'il y a un processus, là, c'est-à-dire que nous, on a
des réflexions à l'interne avec l'AMF, on a des... divers acteurs de
l'industrie, puis nos... on a plusieurs lois qui doivent être modernisées, et
après ça, on divulgue ça publiquement. Et, maintenant, bien, c'est le moment,
vous avez déposé un mémoire, il y a des consultations particulières, il y aura
des débats avec mes collègues. Et nous, ultimement, ce qu'on veut, c'est un
modèle plus robuste, une meilleure protection des épargnants. Puis, les règles
de transition, bien, on a... on a clarifié une espèce de ligne du temps pour
réduire l'incertitude, mais c'est... c'est donc maintenant, là. C'est-à-dire
que tout le monde doit être concentré pour faire le meilleur projet de loi
possible maintenant. On ne pourra pas remettre ça dans quatre ans ou... Je
pense que l'exercice de 2018...
M. Girard (Groulx) : ...ne
s'est pas complété au niveau des chambres pour diverses raisons. Je n'étais pas
là, et le contexte a bien évolué maintenant, mais l'objectif, c'est d'adopter
un projet de loi qui va être dans l'intérêt supérieur du Québec.
Donc, c'est maintenant que tous vos points
doivent être considérés, analysés, puis je vous remercie parce que les mémoires
sont clairs. C'est, je dirais, à la lecture de vos mémoires, que, grosso modo,
vous n'êtes pas favorables à la fusion. Et, ça, je dois vous avouer que je suis
très surpris. Je suis très surpris, parce que, l'autre proposition, c'était
l'abolition pure et simple, là. C'est ça, le modèle qui a été proposé, en 2018.
Or, nous, on veut travailler avec les gens
en place. L'expertise en assurance, elle existe, on la reconnaît. On veut la
fusionner et donc on élimine un organisme, on en a deux, on passe à un. Et, en
même temps, on reconnaît l'évolution au niveau des fonds mutuels, l'épargne
collective qui a lieu au niveau canadien.
Alors, il y a le contexte avec l'OCRI, qui
est la fusion de deux organismes d'autoréglementation pancanadiens, et puis il
y a toute la question, les exigences des citoyens qui nous demandent
efficience, productivité, et pourquoi deux chambres, deux directions, deux
conseils d'administration, alors qu'on a... il y a des points communs au niveau
de la gouvernance, l'expertise, la formation. Puis, nous, on pense que le
regroupement avec la supervision de l'AMF, parce que l'expertise va rester au
niveau de la chambre, mais l'AMF va amener une protection supplémentaire qui
est positive.
Alors, moi, mon... ce que je vous
encouragerais, c'est... c'est de collaborer puis d'aller dans les détails du
projet de loi avec nous, pour qu'on fasse un projet de loi de grande qualité
maintenant, d'aller au-delà de la simple opposition.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Vézina (Jean-Philippe) : M.
le... M. le Président, en fait, dans notre mémoire, dans mon allocution, dès le
départ, on est pour, on est en collaboration pour le projet de loi, comme on a
mentionné dans notre mémoire. Il y a certains aspects qui touchent principalement
la CSF, la CHAD, que justement, nous, on remet en question, parce qu'on n'a pas
de consultations puis on trouve que le neuf mois de fusion, c'est beaucoup trop
court, que, justement, il va y avoir un impact pour la protection du public,
pour les conseillers. Puis c'est surtout ça qu'on demande. C'est de prendre le
temps de s'assurer qu'on fasse les bonnes choses pour la protection du public.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le ministre. Il vous reste cinq minutes 30 s.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Puis, M. le Président, comme on va passer plusieurs heures ensemble puis qu'on
a des invités qui sont là, ce serait-tu possible que je sois assis d'une
manière que je les regarde? Parce que là, je regarde vers un mur et j'ai des
gens extrêmement compétents qui sont venus témoigner ici, là. Ça fait que
peut-être j'irai m'asseoir là?
Le Président (M. Simard) : Bien,
vous serez le bienvenu, M. le ministre. On sera un à côté de l'autre. Quel...
Je m'en réjouis!
M. Girard (Groulx) : Parfait.
Parce que là je trouve ça particulier. J'ai des gens qui me parlent là, puis...
Le Président (M. Simard) : Je
m'en réjouis à l'avance, M. le ministre.
• (10 h 20) •
M. Girard (Groulx) : Vous
savez... Bon, j'allais faire un commentaire non pertinent, alors je ne le ferai
pas. Non mais c'est parce que quelqu'un te parle puis tu regardes dans l'autre
sens, ce n'est pas... ce n'est pas favorable à la discussion. Mais, c'est très
important, ce que vous dites. Parce que, bien sûr, c'est un omnibus, ça fait
qu'il y a des... il y a des... il y en a, on veut augmenter la protection au
niveau du courtage immobilier, au niveau de la protection en cas de fraude.
Mais, vous, ce matin, vous êtes ici pour les chambres. Et là, moi, je vous
demande la collaboration au niveau de la fusion des chambres. Je vous demande
des... J'ai posé énormément de questions à l'AMF et au ministère des Finances
sur la transition. Parce qu'on peut avoir la meilleure loi et la meilleure
réforme, si la transition ne se fait pas de manière harmonieuse, où tout le
monde travaille ensemble pour qu'on aille une chambre de l'assurance qui est
performante au bénéfice de la protection des Québécois puis de l'intérêt des
Québécois, c'est-à-dire que si les gens ne collaborent pas dans la transition,
ça va être un accouchement difficile.
Alors, moi, j'ai posé énormément de
questions. Est-ce que tout ça peut être fait en neuf mois?...
M. Girard (Groulx) : ...est-ce
qu'on sait exactement où on veut aller puis comment on veut procéder? Et j'ai
posé des questions là-dessus pas plus tard qu'hier soir, et, pas plus tard que
ce matin, j'ai révisé les règles de transition. Alors, est-ce... qu'est-ce qui
vous agace dans la transition, dans la façon dont elle est proposée, au-delà du
fondamental que vous vous opposez à la fusion?
M. Vézina (Jean-Philippe) : M.
le Président, je serais la parole à M. Eddie Leschuitta, qui a une expérience
en fusion, une grande expérience en fusion, étant associé directeur de
plusieurs cabinets.
M. Leschuitta (Eddie) : Merci.
Alors, justement, sur la fusion, si on regarde simplement cet aspect-là, pour
nommément mentionner que l'OCRI, ça a pris quatre ans. On ne veut pas prendre
quatre ans. Mais, si on veut aller de l'avant avec la fusion, il y a des choses
qu'on peut faire qui sont, je pense, un peu mieux planifiées.
Typiquement, dans la fusion, on annonce la
fusion, et on prend le temps de se préparer, à une date ultérieure, on arrive à
la fusion. Et, entre temps, on peut nommer le nouveau PDG, on peut nommer le
nouveau président du conseil, on peut nommer les comités de transition, mais
donnons-leur le temps de s'asseoir puis planifier, de commencer avec un
organigramme, que les gens sachent où ils s'en vont. Donnez-nous le temps de planifier
sur quel système financier qu'on va choisir, sur quel système des ressources
humaines qu'on va choisir, les règles internes, etc., pour qu'on puisse
planifier sans nuire aux opérations, jour à jour...
La façon que c'est proposé présentement,
quand on va les mettre, les deux chambres, ensemble la même journée, ils vont
travailler, ils vont... et ils vont travailler ensemble, mais, effectivement,
ils vont être... ils vont être en train d'essayer de faire la fusion dans le
même temps. On préfère que les deux chambres continuent à court terme de
fonctionner, et, quand que ce sera planifié, on pourra les fusionner. Ça, c'est
un point.
Deuxième point. Financièrement, on est
autofinancés. Et présentement, la CSF, on a 9-10 millions de surplus. Ce
surplus-là représente l'équivalent de neuf mois d'opération. Ces neuf mois
d'opération là, ça peut passer vite parce qu'on va avoir une réduction de
revenus avec le transfert à l'OCRI d'à peu près 6,4 millions et même, à
moyen terme, avec la réduction des coûts variables, etc., on peut avoir un
2 millions et demi, peut-être même 3 millions de pertes. Quand on
commence avec 9 millions de surplus et on prévoit des pertes, ça va aller
vite. Et nous, on est un OAR. On n'a pas les moyens d'aller dans le négatif, on
ne peut pas aller à la banque pour se faire financer.
Alors, il y a tellement de questions sur
l'opérationnel, de comment que ça va fonctionner. On demande simplement :
Donnez-nous le temps de bien planifier pour qu'on puisse s'en sortir sans que
ça devient... que ça vient déranger les opérations des deux chambres et qu'on
mette à risque le public parce qu'ils sont distraits, en train d'essayer de
faire la fusion.
Le Président (M. Simard) : En
30 secondes, s'il vous plaît. M. le ministre ou... M. Vézina. Oui, M., je
vous en prie.
M. Girard (Groulx) : ...complétez
votre invention, là. Je n'ai pas besoin de mon 30 secondes.
M. Beaudoin (Marc) : Oui.
Bien, peut-être... juste en 30 secondes, un des éléments, ce n'est
peut-être pas nécessairement la transition, c'est ce qui va se passer après la
transition. Comment on harmonise les règles entre les deux organisations alors
que ce n'est pas déterminé à l'avance? Actuellement, la CSF a 30 unités de
formation continue, la chambre a 20 unités de formation continue. Là, on
se dit : On décidera, dans un an et demi, dans deux ans, ce sera quoi, le
modèle? Ça fait que ça, ça crée des incertitudes.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci beaucoup. Alors, on va pouvoir poursuivre ces échanges. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : J'ai combien
de temps?
Le Président (M. Simard) : 14
min 30 s.
M. Beauchemin : 14 min 30 s.
Bon, bien, écoutez, merci, là, à vous d'être ici. Je pense que... En entrée de
jeu, je vous écoutais en tout début puis vous parliez de la réduction de la
protection du consommateur. Comment? Comment est-ce... Comment vous les...
Comment ça se fait que la protection va être réduite si on va de l'avant, selon
vous?
M. Harman (Ted) : Non, non,
mais c'est parce que... Tout d'abord, notre seule mission ici, c'est la
protection du public. C'est reconnu dans la loi, que notre seule mission, c'est
la protection du public. On veut enlever les deux chambres de la loi, on veut
créer un OBNL qui, lui, va avoir ses propres règles, mais ça va être une
entreprise privée qui, lui va, être assujettie à d'autres règles. Donc, tout
d'abord, juste en faisant l'extraction des deux chambres...
M. Harman (Ted) : ...de la
Loi sur la distribution des produits et services financiers, ça enlève les
protections qui sont inhérentes à des articles de loi, soit la création du
comité de discipline et les deux bureaux de syndic qui existent depuis...
depuis 25 ans maintenant. Donc, est-ce qu'il va y avoir un bureau de syndic
après? Ça, là, c'est... ce n'est pas défini nulle part dans le projet de loi.
Ça va être à négocier après. Il y a déjà toute une... toute une jurisprudence
qui a été bâtie et reconnue par les cours du Québec en matière d'assurance de
dommages et dans la sécurité des épargnants, des Québécois et Québécoises,
donc...
M. Beauchemin : Bien, je vous
entends. Ça fait que, si je comprends ce que vous me dites, là, O.K., c'est
que, pour vous, ce qui compte, c'est qu'il y ait un plan de match, à savoir au
niveau de la protection, par exemple, du consommateur et d'autres éléments que
messieurs ici ont amenés, qui n'a pas été encore délibéré. N'est-ce pas ça un
peu le concept en tant que tel de neuf mois de fusion, de... justement, de
passer au travers de ça? Puis je rajoute à ça l'AMF. Je fais juste faire
l'avocat du diable pour avoir une conversation avec vous, pour voir peut-être
s'il y a une faiblesse dans ce raisonnement-là, parce que c'est la position du
gouvernement. Moi, je veux juste comprendre, parce que c'est ça,
l'argumentaire, si, selon vous, c'est faible ou c'est solide comme argument.
M. Harman (Ted) : La
faiblesse de cet argument, c'est de dire : On va prendre ce qui est bien
structuré, qui fonctionne très bien et on va se diriger vers un peut-être,
peut-être que ça va bien fonctionner, peut-être que ça va être bien encadré. On
n'a aucune idée, là. Nous avons... Ça fait seulement que cinq semaines que nous
avons pris connaissance du projet de loi du ministre, et nous sommes, depuis ce
moment-là... Les deux chambres n'ont pas de problème avec la notion de
fusionner les deux chambres, mais il ne reste pas moins qu'il va y avoir deux
publics très divergents à l'intérieur de la chambre. Il va y avoir assurance de
dommages et il va y avoir assurance vie et assurance collective. C'est deux...
C'est deux publics qui sont très divergents. Moi, je dirige un cabinet avec 25
professionnels, j'ai un professionnel dans l'assurance vie et assurance
collective et j'en ai 24 qui oeuvrent dans le secteur d'assurance de dommages.
Donc, moi, je vois ça comme : il va y avoir une division assurance de
dommages à l'intérieur de la chambre et il va y avoir une division assurances
vie à l'intérieur de la chambre. Donc, à toutes fins pratiques, ce qu'on est en
train de dire, on veut changer les structures qui existent aujourd'hui pour
avoir une seule... un seul C.A. et un seul P.D.G. De mon point de vue, c'est...
ce n'est pas trop... ce n'est pas trop gagnant comme stratégie.
M. Beauchemin : ...parce que
l'argumentaire, évidemment, c'est que l'AMF aura un rôle de supervision, grosso
modo, dans ça. Selon vous, cet argument-là, ce n'est pas bon, l'AMF qui...
M. Harman (Ted) : Bien, l'AMF
a déjà un rôle de supervision des chambres. Nous passons des audits aux trois
ans. Par ailleurs, nous avons eu des audits annuels avec l'AMF, pendant trois
ans, où est-ce qu'ils ont fait des secteurs spécifiques chaque année pendant
trois ans. Et là nous sommes sur un régime de des audits aux trois ans. Mais
tout ce processus, on... ils nous inspectent, ils nous donnent leurs
commentaires, nous, on répond à leurs commentaires et on met en place
tangiblement des changements à nos procédures et notre façon de faire pour
cadrer aux problèmes qu'ils ont soulignés. Donc, nous sommes déjà surveillés
par l'AMF, mais on n'est pas sous le contrôle de l'AMF.
• (10 h 30) •
Et ça, c'est un autre point que j'aimerais
juste soulever, là. Ce n'est quand même pas négligeable, là. Les deux... Les
deux conseils d'administration ont chacun bâti une gouvernance qui est quand
même assez robuste. Là, ce qu'on va faire, c'est que toute cette gouvernance
qui a été construite au fil des ans va être mise de côté, et nous allons devoir
créer une nouvelle gouvernance basée sur le... ce qui va être négocié avec
l'AMF dans un OBNL privé, plutôt que d'avoir la gouvernance qui est déjà
reconnue comme une gouvernance exceptionnelle. Je me suis fait dire par les
dirigeants de l'autorité que nous faisons une très bonne job à ce sujet-là.
Donc, je ne comprends pas le fondé de dire : Nous allons tout jeter ça
pour changer vers une autre forme où est-ce qu'il n'y a pas fait aucune preuve,
là.
M. Beauchemin : ...je vais
prendre le rôle de l'avocat du diable, je ne veux pas décrire le ministre
ainsi, là, ce n'est pas mon objectif de faire ça, mais ce que je veux dire par
là, c'est plutôt...
Une voix : ...
M. Beauchemin : ...un
compliment, mais ce que je voulais dire plutôt par ça, c'est : l'industrie
évolue, on le voit dans le reste du Canada, on le voit...
10 h 30 (version non révisée)
M. Beauchemin : …à travers le
monde, en fait. L'industrie évolue, donc prendre l'occasion actuelle qui est
offerte par ce projet de loi là pour justement regarder les meilleures
pratiques de gouvernance dans les deux, les associer ensemble, ça, ce n'est pas
quelque chose que vous voyez qui pourrait être constructif pour l'avenir? Parce
que tantôt je vous écoutais, monsieur, vous me parliez du fait que le réflexe
de vos membres va être de laisser faire la vente de deux ou trois autres
produits pour se concentrer sur un. Ça veut dire une réduction de revenus pour
eux, ça, non?
M. Vézina (Jean-Philippe) : Bien,
en fait, le point que je trouve qui est vraiment important quand on parle de
protection du public, je crois fermement à la multidisciplinarité. Je crois que,
quand on fait la planification, quand on rencontre les gens, on le sait,
1 $ peut être investi une seule fois, 1 $ peut être dépensé une seule
fois. Donc, je crois qu'au Québec, une de nos grandes forces, c'est la
multidisciplinarité, que justement on a des gens qui ont plusieurs disciplines.
Si, demain matin, on est rendu dans un…
dans une nouvelle industrie, où est-ce qu'il y a 6 500 conseillers en
épargne collective qui sont rendus rattachés à l'OCRI, bien là, il va y avoir
deux cotisations, la formation différente à suivre, et ça peut être quand même
assez complexe pour M. et Mme Tout-le-Monde de… les consommateurs, de savoir :
Bien là, si je veux faire une plainte, si je m'approche à l'OCRI, à la CSF, à l'AMF,
à la nouvelle Chambre. Ça fait que c'est là qu'on voit qu'il y a un enjeu quand
même assez important. Puis, si on ajoute de la complexité… complexité pour les
conseillers, bien, je pense que, justement, il pourrait peut-être y avoir des
gens qui vont décider d'abandonner certains permis, et donc avoir un impact
surtout pour les gens en région.
M. Beauchemin : Dans le reste
du Canada, il y a un organisme central, là, l'équivalent de l'AMF, qui s'occupe
de faire les vérifications en déontologie, puis les suivis des plaintes. Est-ce
que vous avez vu? Dans le reste du Canada, j'imagine que vous avez fait des
comparaisons, là, pour regarder la situation au Québec puis le reste du Canada.
Est-ce que, par volume d'affaires... Est-ce que ça se trouve à être plus
efficace, moins efficace, plus de plaintes, moins de plaintes, plus facilement
des réglementations ou pas? Est-ce que vous avez fait ces analyses-là?
M. Beaudoin (Marc) : Bien, c'est
une bonne question, parce qu'en fait, tu sais, je pense que, justement, c'est
le point qu'on apporte aujourd'hui, de venir dire : est-ce qu'on peut se
poser toutes les bonnes questions en amont, planifier correctement le projet
pour par la suite réaliser le projet? Tout à l'heure, vous parliez de la
protection du public. Un des éléments qui va changer drastiquement, c'est qu'on
part d'un modèle actuellement… Nous, on reçoit des demandes d'enquêtes des
citoyens du Québec, O.K.? Quand quelqu'un n'est pas satisfait, on reçoit une
demande d'enquête d'un citoyen du Québec sur lequel il y aura des gens qui vont
aller enquêter. Le bureau du syndic, c'est son travail, puis c'est une grande
partie de nos activités. Le projet de loi, ce qu'il propose, c'est de ne plus
avoir la compétence pour les enquêteurs de pouvoir demander les documents
essentiels pour produire l'enquête. On va pouvoir demander à l'individu, mais
aujourd'hui, dans la majorité des organisations, c'est informatisé. Le syndic
ne pourra pas demander à l'organisation. Actuellement, on peut le faire. Dans
le projet de loi tel qu'il est formulé actuellement, on n'a pas cette zone-là.
Donc, ce que ça va… ce que ça va se
traduire, ça va se traduire en délai supplémentaire. La prochaine entité qui
fera office de peut-être un syndic, qu'on ne sait pas encore c'est quoi, devra
passer par le tribunal administratif des marchés financiers pour faire une
demande pour pouvoir obtenir les documents. Donc, ce que ça fait, ça occasionne
des délais. J'aimerais ça qu'on m'explique pourquoi est-ce que ça, ça assure
une meilleure protection pour le citoyen qui a fait une demande d'enquête, qui
va voir cette demande-là être encore plus longue à être enquêtée puis à être
traitée par notre bureau.
M. Beauchemin : O.K., bien, dans
un contexte où est-ce que justement les deux chambres seraient réunies en une, comment
vous le voyez de façon plus optimale, d'abord, ce processus-là?
M. Beaudoin (Marc) : Bien, en
fait, c'est deux questions différentes. Il y a la question de la fusion qui est
de prendre deux organisations puis les mettre ensemble. Moi, ce que j'ai
adresse aujourd'hui, c'est la question de prendre un organisme qui est public,
qui est prévu dans une loi avec une série d'éléments. Puis de dire : bien ça,
on enlève tout ça, puis dans un an ou dans deux ans, on verra qu'est-ce que ça
va être. Puis ça, le citoyen du Québec, il ne le sait pas, c'est quoi, les
certifiés, ils ne le savent pas, c'est quoi, nous, on ne le sait pas, c'est
quoi, parce que ce n'est pas proposé à l'intérieur du projet de loi.
M. Beauchemin : Mais qu'est-ce
que vous, vous proposeriez pour que ce soit plus optimal?
M. Beaudoin (Marc) : Bien,
actuellement, ce qu'on propose, c'est de garder le modèle actuel qui
fonctionne. On peut rester à l'intérieur d'une loi. Et, s'il y a lieu, on opèrera
une fusion à l'intérieur de la Loi sur la distribution des produits et services
financiers. Ça, ça se fait, ça a été déposé dans le mémoire du gouvernement,
qui est public, donc, au conseil des ministres, quand on regarde la section
cinq, les options, puis on écrit clairement : on pourrait opérer une
fusion des deux chambres à l'intérieur de la LDPSF. Donc, pourquoi est-ce qu'on
n'opère pas ce modèle-là puis qu'on n'assure pas le même niveau de sécurité au
niveau de la protection du public puis des personnes, soit des épargnants, soit
des personnes en assurance de dommages?
M. Beauchemin : Je vous
entends, je perçois le confort dans la façon de faire actuelle. Ma question, c'est
vraiment par rapport à… au reste…
M. Beauchemin : ...au reste
du Canada. Là, vous avez comparé, donc, ce qui se passe, là, parce que, dans le
reste du Canada, la fusion existe, là, O.K., ça fait qu'est-ce que... qu'est-ce
que vous voyez ou comment pourriez-vous critiquer, ce... En fait, êtes-vous
d'accord avec la question en partant?
M. Harman (Ted) : Mais...
Bien non, je ne suis pas d'accord avec la question, parce que, dans le reste du
Canada... Et je peux témoigner parce que je suis membre de RIBO, qui est le
Registered Insurance Brokers of Ontario, c'est l'organisme déontologique de
l'Ontario pour les courtiers d'assurances. Ils sont... et eux sont conçus à
l'intérieur d'une loi qui est spécifique à eux et les cabinets de courtage en
assurance de dommages, en Ontario, sont régis par RIBO, les... les
représentants en assurance vie, comme moi, j'ai été à une certaine époque,
quand j'avais plus de cheveux bruns, j'étais agent en assurance vie aussi.
Donc, aujourd'hui, en Ontario, si vous êtes courtier en assurance de dommages,
il y a RIBO, si vous êtes courtier en assurance vie, vous faites affaire avec
FSRA. Ce n'est pas... C'est deux organisations distinctes l'une de l'autre.
M. Beauchemin : Il n'y a pas
un organisme central, il me semble, en Ontario justement, qui...
M. Harman (Ted) : Qui fait
les deux? Non. Qui fait assurance de dommages et assurance vie? Non.
M. Beauchemin : Il y en a
plusieurs, évidemment, des assureurs qui ont mentionné, là, que les chambres et
l'AMF, ça crée, là, un dédoublement actuel, dans la situation présente. Est-ce
que vous êtes d'accord avec ça ou vous croyez que ce n'est pas le cas?
M. Harman (Ted) : Au moment
qu'on se parle, l'AMF est responsable de la gestion des relations avec les
cabinets de courtage, la Chambre de l'assurance de dommages et la Chambre de
sécurité financière s'occupent de la déontologie des individus. Donc, une fois
que l'autorité octroie un permis à quelqu'un, le suivi de la déontologie de
cette personne est transmis à la CHAD, et toute la question de leur devoir en
formation continue, on échangeait avec une de vos collègues tout à l'heure, de
la question de l'UFC, ça, c'est notre responsabilité. Nous, on suit les
individus pour s'assurer qu'ils sont conformes, et qu'ils ont suivi l'ensemble
des unités de formation continue nécessaires, et qu'ils sont... qu'ils sont
identifiés dans la loi, ça fait que toute... ou dans le règlement, je m'excuse.
Donc, toute cette question-là, c'est quelque chose qui nous revient en ce
moment, et l'autorité, au moment qu'on se parle, ne touche jamais à ça, là.
M. Beauchemin : Ça fait
qu'est-ce que vous dites, finalement, là, c'est qu'actuellement il n'y a pas de
dédoublement, chacun son carré de sable.
M. Harman (Ted) : Exactement.
M. Beauchemin : O.K.
M. Vézina (Jean-Philippe) : C'est
comme si... C'est comme si on prévoit qu'il y a deux filets. Tu sais, on a la
CSF, on a l'AMF. Ça fait que nous, on trouve que c'est vraiment sécurisant puis
c'est là, la protection du public.
Puis un autre point que je veux peut-être
juste amener, vu que les questions étaient beaucoup adressées à la CHAD. Bien,
en fait, en lien aussi avec le modèle de formation qu'on voit, là, de la CSF
présentement versus l'OCRI, bien, on le voit, là, présentement, là, avec la
CSF, les membres, ils ont une responsabilité individuelle, professionnelle à
avoir, il faut qu'ils fassent leur UFC. C'est à eux de démontrer qu'ils ont
poursuivi la formation. Et on a une plateforme pour ça. Présentement, avec
l'OCRI, c'est plutôt qu'on va regarder les institutions financières. C'est eux
qui ont la responsabilité de s'assurer que leurs conseillers suivent leur
formation.
Donc, les conseillers attachés à l'OCRI,
présentement, ils n'ont pas une plateforme, c'est vraiment leur institution
financière qui doit leur démontrer si, oui ou non, ils ont fait leur formation.
Donc là, je trouve que ça vient un peu toucher la protection dans le sens de la
responsabilisation individuelle du professionnel.
M. Beauchemin : Puis, dans
un... dans un univers, là, où les meilleures pratiques, la bonne gouvernance
des deux... les deux chambres s'unifiaient ensemble, avec la supervision de
l'AMF en plus, qui rajouterait, on pourrait dire, une certaine ampleur ou une
certaine sécurité, voyez-vous là-dedans quelque chose qui pourrait
potentiellement avoir? Comme vous avez dit en début de jeu, là, vous êtes
d'accord avec le principe. Donc, ce qui manque, finalement, c'est juste le chemin
pour se rendre là, c'est ça, si je comprends bien, là, que...
• (10 h 40) •
M. Leschuitta (Eddie) : Si je
peux me permettre, nous, dans notre mémoire, c'est clair que... On dit :
Il y a beaucoup de bonnes choses dans l'omnibus. On pense qu'il y a... on
devrait aller de l'avant, mais beaucoup de questionnements et sur le comment,
plutôt, que rien d'autre. On a des grosses questions sur la fusion. On a des
juristes qui nous disent : Ce n'est pas clair. On a eu des discussions
avec les gens du ministère. Puis ce n'est pas clair sur exactement les règles,
qu'est-ce... comment ça va fonctionner.
Nous, la seule chose qu'on demande,
c'est : Donnez-nous la chance de prendre de l'avant pour qu'on se
positionne pour gagner et pas pour...
M. Leschuitta (Eddie) : ...retrouver
avec un organisme qui a des trous, qui ne sera pas capable de fonctionner.
M. Beauchemin : Bien, je vous
entends, je trouve que c'est... c'est des bons réflexes à avoir, évidemment. Ma
question...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Beauchemin : Combien de
temps que j'ai?
Le Président (M. Simard) : 20.
20 secondes.
M. Beauchemin : 20 secondes.
Qu'est-ce que vous avez appris de la fusion, qui a pris quatre ans, qui ne
devrait pas se répéter?
M. Vézina (Jean-Philippe) : Bien,
en fait, l'OCRI n'est pas encore à 100 %. Les règles, ça va être pour
2027. Donc, moi, j'aime mieux toujours dire : Au lieu de bâtir un avion
qui est en plein air, prenons le temps de s'assurer que tout fonctionne, que
les bases sont solides avant d'aller de l'avant.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, messieurs, un énorme merci pour la qualité de votre présentation
et votre présence parmi nous.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément nos travaux afin de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 10 h 42)
(Reprise à 10 h 50)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes en mesure de pouvoir reprendre nos travaux. Et
nous poursuivons. Nous sommes en présence de l'Association canadienne des
compagnies d'assurances de personnes. Mesdames, soyez les bienvenues.
Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
Mme Duhaime (Lyne) : Oui.
Bonjour. Lyne Duhaime. Je suis présidente pour le Québec de l'Association
canadienne des assureurs de personnes.
Mme Biron-Bordeleau (Dominique) :
Bonjour. Dominique Biron-Bordeleau, directrice des affaires publiques et
gouvernementales pour les assureurs de personnes.
Le Président (M. Simard) : Soyez
les bienvenues.
Mme Duhaime (Lyne) : Merci.
M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés, merci de nous donner
l'occasion de partager nos commentaires concernant le projet de loi n° 92.
Permettez-moi d'abord de prendre quelques
instants pour vous présenter l'ACCAP et l'impact important de ses membres pour
l'économie québécoise.
Les membres de l'ACCAP emploient plus de
35 000 Québécoises et Québécois et ont versé, en 2023,
2,4 milliards de dollars en contributions fiscales au Québec. La
vaste majorité des assureurs de personnes sur le marché canadien sont habilités
à mener des activités au Québec. Et 12 d'entre eux ont leur siège social au
Québec.
Mme Biron-Bordeleau (Dominique) :
D'emblée, nous tenons à saluer la volonté du gouvernement de moderniser et
de simplifier le cadre réglementaire du secteur financier. Nous avons analysé
ce projet de loi en détail et nous appuyons les principes généraux de
modernisation.
Nous allons aborder trois volets qui
concernent les assureurs de personnes : d'abord, la création d'une
nouvelle chambre de l'assurance, ensuite, les assouplissements entourant la
composition du conseil d'administration des assureurs, et enfin le renforcement
des sanctions et pénalités...
Mme Biron-Bordeleau (Dominique) : ...applicables
aux institutions financières.
Mme Duhaime (Lyne) : Tout
d'abord, nous accueillons favorablement la fusion proposée de la Chambre de la
sécurité financière et de la Chambre de l'assurance de dommages au sein d'une
nouvelle entité, la Chambre de l'assurance. Cette fusion est évidemment un
grand chantier, et le gouvernement devra donc prendre le temps nécessaire pour
s'assurer du succès de la démarche. Nous sommes cependant d'avis que cette
fusion représente un pas dans la bonne direction. En effet, le regroupement de
ces deux entités pourrait optimiser les structures réglementaires et
administratives existantes. Cette initiative s'inscrit également dans une
perspective d'harmonisation avec les règles que l'on retrouve ailleurs au
Canada.
Mme Biron-Bordeleau (Dominique) :
Nous saluons également la modernisation des critères qui encadrent le lieu
de résidence des administrateurs des assureurs québécois. La loi actuelle
prévoit que la moitié des membres d'un conseil d'administration d'un assureur à
charte québécoise doit résider au Québec. Le projet de loi propose dorénavant
de fixer la barre à un administrateur sur trois dans le cas d'assureurs qui
sont membres de groupes financiers percevant plus de 40 % de leurs primes
à l'extérieur du Québec, et ce, tout en maintenant une majorité
d'administrateurs résidant au Canada, l'objectif étant de permettre à ces
assureurs d'avoir un conseil d'administration qui reflète mieux la réalité de
leurs affaires. Nous estimons que cette approche est équilibrée et qu'elle
permettra à nos fleurons québécois de faire de nouvelles acquisitions et de
continuer à grandir à l'extérieur du Québec tout en restant enracinés ici chez
nous. Une situation gagnante pour tous.
Mme Duhaime (Lyne) : Dans le
même esprit, nous vous soumettons un léger amendement à cet aspect du projet de
loi. Nous proposons que cette flexibilité s'applique également aux sociétés
d'assurance québécoises qui perçoivent 40 % de leurs primes à l'extérieur
du Québec, et ce, même si elles font partie d'un groupe financier qui n'atteint
pas ce pourcentage. Cet ajustement mineur permettra aux assureurs québécois qui
ont des modèles d'affaires différents de bénéficier de cette flexibilité et de
continuer à croître à partir du Québec.
Mme Biron-Bordeleau (Dominique) :
Enfin, nous souhaitons vous partager nos préoccupations face aux
modifications proposées au régime de sanctions applicables aux assureurs.
Sur le plan des principes, notre industrie
appuie l'idée de renforcer la protection des consommateurs afin de maintenir la
confiance du public envers nos institutions financières. Nous avons toutefois
des craintes importantes quant à la portée de certaines des modifications
proposées.
Présentement, il existe deux régimes de
sanction dans la Loi sur les assureurs, un régime de sanctions pécuniaires et
un autre de sanctions pénales. Dans les deux cas, ces régimes sont associés à
des sanctions spécifiques. Le projet de loi vient créer un nouveau régime de
pénalités administratives à l'article 512 de la Loi sur les assureurs. En
vertu de ce nouveau régime, quiconque contrevient à la Loi sur les assureurs
est passible d'une sanction pouvant atteindre 2 millions de dollars
par infraction par jour.
Nous sommes préoccupés par la portée très
large du nouveau régime des sanctions potentiellement élevées, en sus d'une
possibilité de cumul quotidien. Cela ouvre, selon nous, la porte à des
sanctions disproportionnées à l'égard d'obligations de nature administrative.
Ces sanctions pourraient également s'appliquer à des obligations avec une part
d'appréciation subjective, comme l'adoption de saines pratiques commerciales.
Mme Duhaime (Lyne) : Pour
prévenir de telles situations, nous vous proposons de modifier l'article 512.1
pour mieux circonscrire sa portée et nous assurer que le régime de sanctions
demeure conséquent et proportionnel à la gravité des infractions. Voici des
propositions de modification.
Premièrement, nous proposons de retirer le
cumul journalier et s'en tenir à un plafond.
Deuxièmement, nous proposons d'ajouter la
mention «sciemment» ou «volontairement» à l'article 512.1 afin de mieux
délimiter les cas visés et d'introduire un critère de proportionnalité quant au
degré d'implication et de connaissance de l'infraction.
Troisièmement, nous proposons que seules
certaines infractions expressément désignées soient passibles des sanctions les
plus sévères.
Finalement, l'ACCAP propose de réserver le
droit à l'Autorité des marchés financiers d'intenter des procédures auprès du
Tribunal administratif des marchés financiers plutôt que de le rendre également
accessible à toute personne intéressée.
Les ajustements proposés permettraient de
maintenir un régime de sanction rigoureux, mais équilibré et prévisible, au
bénéfice à la fois des consommateurs et de l'industrie.
En terminant, nous réitérons notre appui
aux principes généraux portés par le projet de loi...
Mme Duhaime (Lyne) : …la très
forte majorité des changements inclus dans le projet de loi vont dans le bon
sens. Les légers ajustements que nous vous proposons aujourd'hui permettront,
nous en sommes convaincus, d'en arriver à un texte final encore plus en phase
avec les objectifs du gouvernement, les attentes des consommateurs et les
réalités de l'industrie. Il nous fera maintenant plaisir de répondre à vos
questions.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, M. le ministre. Êtes-vous heureux de votre nouveau siège?
M. Girard (Groulx) : Bien, il
est effectivement mieux aligné que nos objectifs, M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Bon. Alors, vous disposez de 16 minutes 30 pour apprécier davantage.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup. D'abord, merci beaucoup pour votre présentation, votre mémoire et
soyez certains que toutes les propositions d'amendements seront analysées si ce
n'est pas déjà fait. C'est certain qu'au niveau des sanctions, il y a un
déséquilibre dans le corpus législatif du Québec. C'est-à-dire que les
sanctions en valeurs mobilières sont beaucoup plus élevées que les sanctions,
par exemple, dans le domaine de l'assurance ou pour les institutions de dépôt.
Et donc on vient ici effectivement rehausser un régime de sanctions qui n'était
pas au niveau de celui des valeurs mobilières. Mais l'objectif des sanctions,
nous, comme les législateurs, ou l'AMF, comme notre régulateur intégré, marchés
financiers, ce n'est pas d'imposer des sanctions, là, ce n'est pas… l'objectif,
ce n'est pas de générer des revenus. L'objectif, c'est que le régulateur et les
sanctions soient suffisamment craints. Puis d'ailleurs, vous avez utilisé le
verbe craindre pour inciter tout le monde à se conformer. Puis ultimement, on
n'en veut pas, de sanction parce que vous travaillez dans l'intérêt de vos
clients et de vos… l'intérêt de vos membres, l'intérêt des consommateurs et ce
n'est pas parce qu'on rehausse les sanctions qu'y aura plus de sanctions.
En fait, le régime de sanctions vise à
être suffisamment craint pour éviter de devoir l'appliquer. C'est que c'est une
espèce de convergence. Et puis d'ailleurs, mon collègue de l'opposition et moi,
on a vu ça dans le domaine bancaire. C'est-à-dire qu'à partir du moment qu'on a
dit aux institutions financières : vous allez rehausser votre capital,
puis vos liquidités, ou il y aura des sanctions, bien, tout le monde s'est mis
à avoir plus de capital et de liquidités, puis il n'y a pas eu plus de
sanctions. Alors, c'est… le régime de sanctions et le régulateur, ils doivent
être craints, c'est comme ça.
Alors, on est conscients que lorsqu'on
arrive avec des pénalités monétaires cumulatives, bien là, on peut… on peut
avoir peur puis additionner le nombre de jours, puis les sanctions, puis
dire : Bien, mon Dieu! ça pourrait faire des gros montants. Mais
effectivement, dans le domaine des valeurs mobilières, il peut y avoir des
grands… des grands montants, puis ce qu'on n'avait pas dans nos autres
domaines. Et donc c'est ça, l'objectif, c'est… et il y a toujours une
gradation, là, il n'y a pas de… il n'y a pas de pénalités qui sont lancées à
l'aveuglette, sans avertissement, possibilité de se corriger et c'est… le… Tout
le monde travaille dans l'intérêt du public. Alors, ma question générale,
c'est : Dans l'ensemble, est-ce que vous êtes satisfaits que la réforme va
augmenter la protection des consommateurs?
• (11 heures) •
Mme Duhaime (Lyne) : En fait,
vous noterez qu'on n'a pas demandé le retrait de l'article, là. Donc, on parle
d'ajustements, parce qu'on partage vos préoccupations et vos objectifs. Et donc
on n'a pas demandé de simplement retirer l'article. Et, oui, en fait, on...
nous sommes d'accord avec vos propos. Par contre, pour ce qui est du régime de
sanctions en valeurs mobilières, à moins que je me trompe, là, présentement, à
l'heure actuelle, il n'y a pas de cumul par jour. Donc, on va plus loin que ce
qui existe présentement en valeurs mobilières. Et vous savez, en assurance,
dans la loi sur les assureurs, il y a quand même des pénalités, dans la section
pénale, de 2 millions par jour, qui peuvent être cumulatives, mais pour
des infractions qui sont spécifiques, par exemple, ne pas respecter une
ordonnance. Donc, ça existe déjà, là, ce n'est pas comme si on n'avait pas ce
type de sanctions dans la loi sur les assureurs, nous les avions. Et là on
vient créer une disposition générale pour toute infraction… pour toute
infraction à la loi…
11 h (version non révisée)
Mme Duhaime (Lyne) : ...2 millions,
une... et avec un cumul quotidien potentiel qui va, à notre avis, plus loin que
ce que les valeurs mobilières prévoient actuellement. Donc, on parle d'ajustements,
par exemple : Est-ce que le cumul est nécessaire? Est-ce qu'on ne devrait
pas avoir simplement un montant, que ce soit 2 millions ou 3 millions, mais un
montant maximum, qui vient avec une certaine prévisibilité pour les
institutions financières? Donc, c'est un exemple, là, de changement qu'on
propose, par exemple enlever le cumul et n'avoir qu'un montant global, un
montant maximal de pénalité.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, c'est certain qu'on va étudier les amendements qui sont proposés, mais une
des... un des avantages du cumul, c'est que c'est un incitatif à corriger
rapidement les... je vais utiliser un terme général, là, les manquements. Mais,
parfait, on va étudier ça.
Au niveau... Nos intervenants précédents
nous ont mentionné, là, que l'assurance générale et l'assurance des personnes,
c'est deux domaines très différents. Est-ce que, selon vous, la réforme va
amener des bénéfices? Est-ce que la fusion des chambres, bien, ça va amener des
gains? Au-delà de la... le simple fait qu'il y aura un seul conseil d'administration,
une seule direction, est-ce que vous y voyez, vous, des synergies?
Mme Duhaime (Lyne) : ...tu
sais, ce sujet-là, pour nous, il y a une certaine distance, là. Donc,
évidemment, moi, je parle au nom des assureurs de personnes, et nous,
présentement, nous sommes dans un exercice de simplification. Donc, ça fait...
dans différents domaines, on demande de réduire la charge administrative, la
charge réglementaire, les processus. Donc, on pense qu'il y a des opportunités
présentement. Et c'est dans la même optique pour nous, si on peut fusionner
deux organisations qui ont quand même des objectifs très similaires, dans deux
secteurs différents de l'assurance, mais on parle quand même de l'assurance, surtout
qu'on a une spécificité au Québec où plusieurs assureurs offrent à la fois des
produits d'assurance de dommages et d'assurance de personnes, ce qui est quand
même unique, là, qu'on ne voit pas hors Québec, donc c'est souvent les mêmes
assureurs qui offrent les produits... Donc, pour nous, d'avoir un organisme
plutôt que deux, bien, on souscrit à cette proposition. Donc, pour nous, en
soi, la simplicité et d'avoir justement un conseil d'administration, une équipe
de direction, c'est en soi suffisant pour le faire.
Pour ce qui est des inquiétudes par
rapport à la suite des choses, bien, on fait confiance au nouvel organisme qui
va être créé, on fait confiance à l'Autorité des marchés financiers et au
ministère des Finances pour s'assurer, là, que le public soit protégé
adéquatement.
M. Girard (Groulx) : Moi, ça
fait le tour de mes questions. Je ne sais pas s'il y a de mes collègues du
gouvernement qui auraient des questions.
Le Président (M. Simard) : Pas
de questions? Oui, M. le député de Rousseau.
M. Thouin : ...
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste huit minutes 30 secondes, cher collègue. Allez-y.
M. Thouin : Eh mon Dieu! O.K.
En fait, ma question... j'aurais peut-être seulement une question au niveau de
la protection accordée au consommateur, je sais qu'on en a parlé un petit peu
tantôt, là, mais est-ce que les risques sont accrus, selon vous, ou, au
contraire, en faisant ce changement-là, cette modification-là, les risques vont
être diminués pour le public? Moi, ce qui m'importe, point numéro un, là, c'est
le consommateur. Les compagnies d'assurance, oui, mais... puis après ça, la
complexité de la tâche ou non, bien sûr, ça a des impacts, mais ce qui m'importe
davantage, c'est la protection du consommateur.
Mme Duhaime (Lyne) : On est d'avis
que le consommateur est déjà bien protégé, là, je ne veux pas... on n'est pas
dans une situation critique et on pense qu'il va l'être encore. Donc, si on
peut avoir une structure qui est plus... qui est plus efficace et bénéficier
également de ce qui a été mis en place au niveau canadien, bien, on pense que c'est
une bonne idée, mais on ne va pas jusqu'à dire que le consommateur présentement
est mal protégé, là. Ce n'est pas... Ce n'est pas ce qu'on dit.
M. Thouin : O.K.Puis
la réforme simplifie la gestion de la conformité pour vos membres, à votre
avis, c'est ce que je comprends aussi.
Mme Duhaime (Lyne) : En fait,
nos membres... pour les assureurs, ça a peu d'impact. L'impact est plus pour
les intermédiaires, les conseillers financiers. Donc, pour nous, l'impact, il n'est
pas... il n'est pas très grand. Mais, dans un souci de simplification, de
bénéficier de ce qui se fait à l'extérieur du Québec, de l'organisme canadien
qui a été mis sur place... alors, on pense qu'on pourrait bénéficier des
structures... de cette structure existante, donc on supporte la proposition du...
Mme Duhaime (Lyne) : ...gouvernement.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, on
a de nombreux juristes grandement qualifiés avec nous, dont je ne fais pas partie
puisque je suis économiste, mais on m'indique que la jurisprudence est telle
que, dans le secteur des valeurs mobilières, il y a cumul des sanctions de
facto, là.
Mme Duhaime (Lyne) : Dans la
jurisprudence.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Mme Duhaime (Lyne) : Pas dans
la loi. Effectivement.
M. Girard (Groulx) : Voilà.
Peut-être êtes-vous avocate. Pas moi.
Mme Duhaime (Lyne) : Effectivement.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Parfait. Je n'ai pas d'autres questions, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Merci pour votre présence ici aujourd'hui.
La révision des règles pour la composition
du C.A. des compagnies d'assurances, là, c'est une nécessité, donc, pour votre
organisation?
Mme Duhaime (Lyne) : Oui,
très, très important. En fait, les assureurs québécois, bien, on l'oublie ou
on... ou c'est méconnu, mais il y a... on a, au Québec, là, comme un secteur de
l'assurance qui est extrêmement fort, si on compare avec les autres provinces
canadiennes. Donc, on a des fleurons québécois, des compagnies installées au
Québec, et souvent à Québec, qui sont dans les grands joueurs canadiens. Ce qui
signifie qu'ils ont pris de l'expansion hors Québec, dans le Canada et, dans
certains cas, aux États-Unis aussi. Et il y a une exigence d'avoir au moins
50 % des membres du conseil d'administration qui réside au Québec, ce qui
cause problème lorsqu'une partie importante des activités ne sont plus au
Québec. Évidemment, le siège social est au Québec, les emplois, une grande
partie des emplois sont au Québec, vous les connaissez, ces entreprises, elles
sont ici, autour, mais les revenus et les activités sont de façon importante
hors Québec. Et ça prend l'expertise de membres du conseil d'administration qui
connaissent le marché ontarien, qui connaissent le marché américain ou de
l'Ouest canadien.
Et donc, ce qu'on demande, c'est que dans
l'éventualité où un certain pourcentage des affaires sont issues de l'extérieur
du Québec, le 40 %, à ce moment-là, on puisse réduire le nombre
d'administrateurs résidents du Québec. Et ce qu'on m'explique, c'est que, dans
certains cas même, ces administrateurs sont des Québécois qui maintenant vivent
à Toronto ou à New York, donc, et qui ont l'expertise.
M. Beauchemin : ...des cibles
précises, vous?
Mme Duhaime (Lyne) : Oui. En
fait, il y a des cibles précises, bien, celles qui sont prévues finalement dans
le projet de loi, là, lorsque 40 % des des revenus... ou des primes,
pardon, sont issues de l'extérieur du Québec, à ce moment-là, l'assureur... le
groupe financier ou l'assureur, selon l'amendement qu'on demande, est autorisé
à avoir seulement un tiers de son conseil d'administration composé de résidents
du Québec, tout en s'assurant qu'une... qu'au moins 50 % sont des
résidents canadiens.
M. Beauchemin : J'ai des
réflexes à penser dans mon ancienne vie, qu'on peut penser à des institutions
en ingénierie, par exemple, qui, sur le conseil d'administration, vont avoir
des gens qui vont être, en fait, peut-être un peu de tout partout à travers le
monde, où est-ce qu'il y a des contrats. Ça, on est plus propices à survenir.
C'est un petit peu la raison, donc, la logique pour laquelle vous faites ça. Je
la comprends. Est-ce que, selon vous, la situation actuelle... pas la
modification, mais la situation actuelle est un frein à la croissance?
• (11 h 10) •
Mme Duhaime (Lyne) : Tout à
fait. C'est ce que mes membres me disent. Il y a... J'ai des membres qui voient
un frein à leur croissance en raison du fait qu'ils ne peuvent pas avoir des
administrateurs qualifiés de la juridiction où ils veulent développer leurs
affaires, par exemple. Donc, oui, c'est un frein. D'exiger que 50 % des
administrateurs soient des résidents du Québec, c'est un frein à l'expertise
nécessaire d'un un conseil d'administration pour faire des affaires hors
Québec. Et ça va permettre à ces fleurons québécois d'être compétitifs puis de
pouvoir croître, comme je le disais, hors Québec et aussi hors Canada.
M. Beauchemin : Je ne suis
pas contre le principe, là, en tant que tel. Je trouve que c'est... c'est dans
une certaine logique probablement, là, essentielle. Mais, pour ceux qui
justement ont été capables de croître déjà à l'extérieur du Québec, comment eux
ont-ils été capables de le faire sans justement cette proportion plus
significative de gens venant de l'extérieur du Québec, selon vous?
Mme Duhaime (Lyne) : En fait,
c'est ceux qui ont pu croître hors Québec qui présentement font la demande.
Donc, nous, nos membres qui ont des affaires hors Québec nous disent : La
composition de mon conseil d'administration, présentement, c'est un frein au
développement de mes affaires. Donc, c'est vraiment ces assureurs qui disent :
Je suis rendu ailleurs. Puis on pourrait regarder, là, l'évolution de certains
assureurs québécois au cours des 10 dernières années, il y a eu une
croissance qui est vraiment très, très importante...
Mme Duhaime (Lyne) : ...donc...
et cette croissance, bien entendu, elle doit se faire hors Québec, parce qu'il
arrive à un moment donné où le marché québécois est saturé, là.
M. Beauchemin : Nonobstant ce
qu'on vient de discuter, quel autre frein existe-t-il dans la réglementation
actuelle, selon vous, pour la croissance de votre industrie?
Mme Duhaime (Lyne) : Bien, en
fait, on pense que... Oui, ça, c'est une grande question, hein? Bien, la charge
réglementaire, de façon générale, la charge administrative... Puis, tu sais,
vous savez, on en parle beaucoup, on en parle au Québec, on en parle ailleurs
au Canada, mais il y aurait peut-être lieu de regarder les structures que nous
avons et de s'assurer que nous sommes une industrie qui est quand même agile
tout en assurant la protection du consommateur, donc je vous dirais que... la
charge réglementaire dans son... ou administrative, parce que ce n'est pas la
même chose, dans son ensemble.
M. Beauchemin : Donc, ça
explique un peu pourquoi vous êtes favorable à l'idée de la fusion entre les
chambres ou...
Mme Duhaime (Lyne) : Simplifier.
M. Beauchemin : Puis en quoi,
spécifiquement, pour vous, cette fusion-là pourrait être bénéfique pour vos
membres?
Mme Duhaime (Lyne) : En fait,
c'est... Tu sais, je veux le réitérer. Nous, la question de la fusion des
chambres, on a une certaine distance par rapport à cet enjeu-là. Ce n'est
pas... ce n'est pas... On supporte la proposition du gouvernement. Donc, voilà,
on pense que, si c'est pour simplifier, bien, c'est une bonne chose, puis, si
c'est pour bénéficier de ce qui se fait hors Québec au niveau canadien avec
l'OCRI, on est pour ça. Parce qu'il faut aussi parler de... Tu sais, c'est
beau, la spécificité du Québec, mais on peut aussi profiter de ce qui se fait
au niveau canadien. Donc, c'est vraiment notre optique. Donc, pour nos membres,
si c'est plus simple, si c'est... bien, et voilà, on pense que c'est une bonne
proposition du gouvernement. Mais, encore une fois, la question de la fusion
des chambres, c'est... tu sais, on a une certaine... Nous, on représente les
institutions financières.
M. Beauchemin : Puis, à
l'extérieur du Québec, quand vous regardez un peu... c'est un petit peu la
question que j'ai souvent tendance, là, à poser peut importe la situation, là,
pour comparer, disons, avec ce qui se fait ailleurs, des autres méthodes, des
autres processus, des meilleures politiques qui viennent d'ailleurs, et tout,
là, est-ce que... Au niveau des sanctions, est-ce que vous avez regardé ce qui
s'est fait à l'extérieur du Québec dans votre domaine?
Mme Duhaime (Lyne) : Bien, en
fait, dans... À notre avis, si l'article 512.1 était adopté tel quel, ça
va probablement être le régime de sanctions le plus élevé au Canada dans le
secteur de l'assurance.
M. Beauchemin : De loin, de?
Mme Duhaime (Lyne) : Oui,
oui, oui. Les régimes de sanction sont complètement différents hors Québec. Là,
regardez la loi fédérale, là, parce qu'il y a plusieurs assureurs qui sont de
compétence fédérale. Donc, oui, c'est un régime de sanctions proposé qui est
très... très élevé.
M. Beauchemin : Par rapport
à... Bien, pour les gens qui nous écoutent, là, pouvez-vous peut-être nous dire
un petit peu la moyenne canadienne ou fédérale que vous entendez, qui pourrait
être comparée, là, au projet de loi?
Mme Duhaime (Lyne) : Je vais
demander à...
Mme Biron-Bordeleau (Dominique) :
Oui...
M. Beauchemin : ...
Mme Biron-Bordeleau (Dominique) :
Oui. Donc, si on regarde au régime fédéral, il y a un cumul d'infractions
également par jour, mais... puis là sous toute réserve, là, mais qui est
applicable que pour les violations mineures ayant un plafond de 25 000 $.
Ça, ça se trouve dans la Loi sur le Bureau du surintendant des institutions
financières, donc du BSIF. Donc, 25 000 $.
M. Beauchemin : O.K. Puis
donc, selon vous, le projet de loi ici, au Québec, là, qu'on a devant nous, 92,
c'est de loin beaucoup trop... trop élevé puis trop...
Mme Biron-Bordeleau (Dominique) :
En fait, on pense qu'il faut faire des ajustements. C'est comme... On est
allés pour la totale, c'est-à-dire, 2 millions, cumul, toute infraction,
quiconque peut prendre un recours. Donc, ce qu'on dit, c'est : Faisons des
ajustements pour avoir un régime de sanctions qui est proportionnel aux
infractions, avec une certaine prévisibilité pour les assureurs. Donc, c'est le
message, c'est : Faisons des ajustements à l'article 512.1, malgré
qu'on comprenne l'objectif du gouvernement.
M. Beauchemin : O.K.,
d'accord. M. le Président, pour moi, ça fait tout.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, mesdames, merci beaucoup pour votre présence parmi nous
aujourd'hui.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux
momentanément, le temps de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 11 h 16)
(Reprise à 11 h 24)
Le Président (M. Simard) : Bien.
Alors, chers amis, nous sommes maintenant en présence de représentants du
Bureau d'assurance du Canada. Mme, Messieurs, soyez les bienvenus. Auriez-vous
d'abord l'amabilité de vous présenter s'il vous plaît?
M. Fafard (Laurent) : Oui.
Merci. Laurent Fafard, vice-président au Bureau d'assurance du Canada pour la
région du Québec.
Mme Grignon (Marie-Pierre) : Bonjour.
Marie-Pierre Grignon. Je suis directrice des affaires techniques et juridiques
pour le Bureau d'assurance Canada.
M. Babinsky (Pierre) : Bonjour.
Pierre Babinsky, directeur des communications et affaires publiques au BAC.
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons.
M. Fafard (Laurent) : Merci,
M. le Président. M. le ministre, Mmes et MM. les députés, membres de la
commission, permettez-moi tout d'abord de vous remercier pour l'invitation
faite au BAC nous permettant aujourd'hui de vous faire part des commentaires de
nos membres en participant aux consultations particulières relatives à ce
projet de loi.
Laissez-moi débuter avec quelques mots à
propos du Bureau d'assurance du Canada et de notre industrie.
Le BAC est l'association qui représente la
majorité des sociétés privées d'assurance de dommages, soient les compagnies
qui assurent les automobiles, les habitations et les entreprises. Il est le
porte-parole de plus de 100 assureurs représentant plus de 90 % des
parts du marché au Québec et au Canada. Il joue également un rôle important de
sensibilisation, d'information et de prévention auprès des consommateurs.
Le BAC s'intéresse aux enjeux qui
affectent l'environnement d'affaires de ses membres. Et, à l'heure actuelle,
plusieurs de ces enjeux affectent également notre société et l'ensemble des
citoyens, par exemple le contexte économique et l'impact grandissant des
changements climatiques sur nos communautés. Les assureurs de dommages sont des
acteurs clés tant en matière d'activités commerciales qu'en matière d'emploi et
de contribution fiscale auprès des différents paliers de gouvernement.
D'abord, nous saluons la réflexion qui a
mené au dépôt du projet de loi n° 92. En ce qui a trait à l'assurance de
dommages, il est clair pour nous que l'intention du législateur est d'optimiser
certains processus et d'en préciser d'autres. Notre étude des dispositions
proposées nous amène toutefois à conclure que certaines d'entre elles ne vont
pas assez loin et que d'autres soulèvent un questionnement chez nos membres.
En premier lieu, nous accueillons
favorablement la disposition donnant à l'Autorité des marchés financiers le
pouvoir d'augmenter le montant des réclamations qui peuvent être traitées au
téléphone par les employés des assureurs lorsqu'elles le jugent nécessaire.
Cette disposition manquait au projet...
M. Fafard (Laurent) : ...de
loi 30 alors que ce pouvoir existait auparavant. C'est par ce pouvoir qu'à la
suite du passage de la tempête post-tropicale Debby... que les employés non
certifiés des assureurs ont pu traiter au téléphone des réclamations allant
jusqu'à 30 000 $ au grand bénéfice des citoyens sinistrés à l'époque.
Ce fut également le cas pendant les huit derniers mois de l'année 2023, pendant
lesquelles ces mêmes employés ont pu traiter des réclamations allant jusqu'à
7 500 $. En tout, depuis 2017, l'autorité a autorisé l'utilisation
des employés au téléphone à sept reprises, pour un total de 660 jours. Comme
mentionné dans... Comme mentionné dans notre mémoire, toutes ces périodes
d'exception ont permis de régler rapidement des dizaines de milliers de
réclamations à l'intérieur des délais auxquels sont en droit de s'attendre les
assurés. Et, comme nous l'avons également mentionné, aucune plainte liée au
travail de ces employés n'a pu être identifiée pour ces mêmes périodes.
Rappelons que ces mêmes employés sont
supervisés par un expert en sinistre certifié et qu'un cadre réglementaire
robuste est entré en vigueur le 9 mai dernier afin de s'assurer de la
protection des consommateurs.
Par exemple, le règlement sur l'exercice
des représentants prévoit que le superviseur d'une personne non certifiée
révise systématiquement les tâches accomplies et les étapes suivies par cette
personne avant le règlement du sinistre si le client est en désaccord avec le
règlement proposé.
Quant au règlement sur le cabinet, le
représentant autonome et la société autonome, il prévoit que le cabinet
détermine les tâches que cette personne peut effectuer, lui présente par écrit
les étapes à suivre pour le traitement d'une réclamation et s'assure que le
superviseur est disponible en temps utile. Notons aussi que les cabinets
doivent tenir à jour un registre des personnes agissant sous la supervision
d'un expert en sinistre afin notamment de permettre à l'autorité de traiter une
réclamation au fonds d'indemnisation des services financiers qui s'appliquera
désormais à eux s'ils commettaient une fraude.
Finalement, la loi sur la distribution
prévoit qu'une personne visée doit informer le sinistré du fait qu'elle agit
sous la supervision d'un expert en sinistre, de l'identité de cet expert et, à
la demande du sinistré, référer son dossier à cet expert. À cela s'ajoute un
solide encadrement réglementaire du secteur financier qui est déjà en place
pour le traitement équitable du consommateur.
C'est pour toutes ces raisons que nous
sommes confiants que la protection des consommateurs ne sera nullement...
(Interruption)
M. Fafard (Laurent) : C'est
pour toutes ces raisons que nous sommes confiants que la protection des
consommateurs ne sera nullement affaiblie si vous acceptez notre proposition
que le projet de loi modifie la Loi sur la distribution des produits et
services financiers en augmentant de 5 000 $ à 10 000 $ le
montant des réclamations pouvant être traitées au téléphone par des employés
non certifiés. Au contraire, ceci permettra d'appuyer encore mieux les citoyens
sinistrés dans un moment où ils ont besoin d'une aide et d'un soutien financier
rapides. Des événements comme Debby vont sans aucun doute se reproduire à
l'avenir et exiger qu'on augmente à nouveau cette limite temporairement, mais
entre-temps d'autres événements climatiques vont se produire, pour lesquels une
limite de 10 000 $ au téléphone pourra faire une grande différence
dans la vie d'un grand nombre de familles sinistrées.
• (11 h 30) •
Le BAC accueille favorablement la fusion
des chambres de l'assurance de dommages et de la sécurité financière dans la
perspective de rendre le processus d'autoréglementation plus efficace.
Cependant, comme exprimé dans notre mémoire et lors des consultations sur le
projet de loi n° 141, qui proposait que les fonctions de la Chambre de
l'assurance de dommages soient transférées au sein de l'Autorité des marchés
financiers, un enjeu important persisterait malgré cette fusion, soit celui
d'un double encadrement. En effet, tout manquement à la loi sur la distribution
des produits et services financiers serait pris en charge par le Tribunal
administratif des marchés financiers et ceux en lien avec le code de
déontologie seraient entendus par la nouvelle chambre de l'assurance de
dommages. Cette incohérence ne serait donc pas corrigée.
Notre mémoire donne comme exemple un
dossier de plainte impliquant un représentant en assurance pour ses manquements
à son code de déontologie...
11 h 30 (version non révisée)
M. Fafard (Laurent) : ...et
son employeur qui seraient entendus par deux autres organismes de contrôle
différents, c'est-à-dire par la Chambre de l'assurance pour le représentant et
l'autorité pour l'assureur. Ce double encadrement ne peut que rendre la tâche
de se plaindre plus complexe pour le consommateur. Ce dernier ne sera pas
toujours vers quel organisme de contrôle diriger sa plainte ou ses demandes de
suivi de dossier. Aussi, la communication nécessaire entre les deux organismes
pour le traitement des dossiers risque d'être tout aussi complexe et d'entraîner
des délais indus.
Le rehaussement des sanctions pour le
secteur financier proposé par le projet de loi n° 92 nous apparaît
disproportionné par rapport aux risques que représentent les activités des
assureurs de dommages. Nous vous présentons dans notre mémoire les éléments qui
suscitent une plus grande préoccupation chez nos membres.
Il est difficile de comprendre ce qui
justifie une augmentation de pénalités allant jusqu'à 1 400 % des pénalités
cumulatives et une nouvelle peine d'emprisonnement maximale de cinq ans moins
un jour. Nous soumettons que le simple désir d'harmonisation ne justifie pas à
lui seul l'établissement de sanctions qui ne correspondent pas au niveau de
risque réel présent. Notre industrie aimerait connaître les autres raisons qui
motivent de telles augmentations.
Comme nous l'avions mentionné dans nos
commentaires au moment de l'étude du projet de loi n° 141, en 2021, le BAC
estime que les règles de gouvernance ne devraient pas restreindre les pratiques
de régie interne des différents groupes financiers ou des compagnies d'assurance
ayant des activités importantes à l'extérieur du Québec. Nous sommes toujours d'avis
que le critère relatif au lieu de résidence devrait permettre que la majorité
des administrateurs d'une société d'assurance puissent être résidents du Canada
plutôt que du Québec seulement, et que cette option demeure la plus efficace
pour résoudre... pour répondre, pardon, aux différents modèles d'affaires.
Le BAC accueille cependant favorablement
la proposition du gouvernement, mais croit qu'il y a lieu de préciser que ce pourcentage
s'applique également aux sociétés qui perçoivent plus de 40 % de leurs
primes à l'extérieur du Québec afin qu'ils bénéficient eux aussi de l'allègement
concernant la résidence de leurs administrateurs, et ce, même si le groupe
financier duquel ils font partie n'atteint pas ce pourcentage. On...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Fafard (Laurent) : J'aimerais
terminer en réitérant que les assureurs de dommages doivent avoir la
flexibilité nécessaire pour régler rapidement et efficacement les sinistres au
quotidien à la suite des événements catastrophiques.
Nous sommes maintenant disponibles, moi et
mon équipe, pour répondre à vos questions, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
pour votre précieuse collaboration. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup pour le dépôt de votre mémoire et votre présentation. Et je veux être
clair avec tous les gens qui nous écoutent, là, il n'est pas question d'augmenter
les délais, réduire la conformité, diminuer les pouvoirs d'enquête. La fusion
des chambres vise à avoir un organisme qui est plus agile, d'avoir des
économies pour l'industrie. Et l'AMF, avec son rôle, avec la Loi sur l'encadrement
du secteur financier, va venir compléter le travail de la Chambre de l'assurance.
Donc, on aura un... Ce qui est visé... puis je peux comprendre que là, lorsqu'il
y a une initiative législative, il peut y avoir des interrogations, mais il n'est
pas... il n'est pas question de viser un organisme qui augmente les délais, là.
Ce n'est pas... Ce n'est pas... croyez-moi, là, ce n'est vraiment pas ça, l'objectif.
Alors, on veut rehausser la protection des individus et simplifier les
opérations au bénéfice de tous.
Vous avez mentionné que vous croyez que le
projet de loi ne va pas assez loin sur certains aspects. Peut-être vous
pourriez me réitérer précisément, là, outre le montant du 5 000 $, là,
quels autres aspects du projet de loi vous aimeriez que nous allions plus loin?
Et j'ai compris que ce n'est pas les sanctions.
M. Babinsky (Pierre) : Je
vous dirais, bien, oui, vous avez... vous l'avez dit en partie, là, le
5 000 $ augmenté à 10 000 $. C'est certain aussi, lorsqu'on parlait de la
fusion...
M. Babinsky (Pierre) : ...des
chambres, comme le mémoire que M. Fafard a mentionné, on est... on est en
faveur puis on l'accueil favorablement. On aurait aimé qu'à partir de
maintenant... soit dans le projet de loi ou à partir de son adoption, qu'on
adresse aussi la question qu'on avait soulevée en 2018, c'est-à-dire le double
encadrement qui existe et qui va... et qui va persister après la fusion. C'est
un peu là où on voit des délais indus, et non pas nécessairement par le
résultat de la fusion.
Puis, bon, naturellement, au niveau de la
résidence des administrateurs, c'est pourquoi on vous suggérait aussi la même
modification que l'ACCAP, là, qui nous a présidés... qui nous a précédés, proposait
également, c'est-à-dire d'inclure les sociétés du Québec qui font des affaires
au-delà de 40 % à l'extérieur du Canada, là, pour bénéficier des mêmes
allègements que vous proposez dans le projet de loi.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
mais, dans les deux cas, on cherche le compromis précis qui va optimiser
l'intérêt supérieur du Québec, puis là il y a plusieurs parties prenantes. Mais
je ne vois pas d'autres façons d'atteindre ce que vous vous dites avec la
compagnie qui est visée par une plainte via l'AMF et puis la Chambre de
l'assurance pour le représentant. Dans le fond, ce que vous dites, c'est que
vous auriez préféré l'abolition des chambres?
M. Babinsky (Pierre) : Bien,
en fait, pour nous, les propositions contenues dans le projet de loi n° 141,
pour nous, adressaient ce problème-là puis le réglait en bonne partie,
effectivement, pour que... Si on a un employé qui suit les directives de son
patron et qui, après ça, est entendu par un organisme de réglementation, alors
que son patron serait entendu par un autre organisme, pour nous, c'est cette
incohérence-là du double encadrement dont on parle.
M. Girard (Groulx) : Oui,
mais c'est parce que... Il faut juste faire attention. Peut-être que
l'abolition des chambres, sur cet aspect-là, vous la percevez comme plus
optimale, mais il y a d'autres conséquences à l'abolition des chambres. Alors,
nous, on doit pondérer les plus et les moins, là. Je ne peux pas prendre un
seul élément puis dire : Puisque celui-ci serait préférable avec
l'abolition des chambres, bien, abolissons les chambres, là, parce que, là, il
y a... il y a d'autres considérations où, peut-être, vous diriez : Bien,
le modèle que vous proposez est supérieur sur ces aspects-là. Et donc nous, on
doit prendre nos décisions sur un ensemble de facteurs, là.
• (11 h 40) •
M. Babinsky (Pierre) : ...M.
le ministre, puis on entend par ça, bien entendu, que les fonctions, les
fonctions de la Chambre seraient intégrées à l'Autorité des marchés financiers,
et non pas juste délaisser cet aspect-là.
M. Girard (Groulx) : O.K.,
très bien. Les... Attendez-moi, un instant, je reviens sur les... les
sinistres, là. Ça a pris combien de temps à l'AMF et au gouvernement
d'augmenter les limites lorsqu'il y a eu débris?
M. Babinsky (Pierre) : Vite
arrivé un vendredi, le 9 août, on a fait notre demande à l'AMF dans les
jours qui ont suivi. Parce qu'on doit collecter des données auprès de nos
membres pour s'assurer qu'il y a effectivement un achalandage supplémentaire.
Le lundi, on avait reçu l'autorisation d'aller jusqu'à 7 500 $ au
téléphone. C'est devenu clair très, très rapidement, que ce n'était pas
suffisant. On avait demandé un plus gros montant. Dès le mardi, après
discussion avec nos membres, on vous a adressé d'ailleurs une note à cet
effet-là, et c'est le lendemain, le mercredi, je crois... le mercredi ou le
jeudi. Donc, cinq jours, cinq jours après, alors que les assureurs avaient déjà
reçu des dizaines de milliers d'appels de consommateurs et qui devaient
enclencher la machine, là, dès les minutes qui ont suivi l'événement.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Parce que nous, évidemment...
M. Girard (Groulx) : ...une
évaluation des sinistres, ça demande une expertise, et puis on veut traiter les
exceptions qui sont exceptionnelles. Après ça, si la question... Ça fait que
c'est là où il faut trouver le seuil idéal. Et puis, après ça, si...Parce que,
grosso modo, dans votre processus, je pense qu'on pourrait dire que ça a pris
cinq jours à trouver le juste montant avec le gouvernement, plan MF, mais,
nous, je veux dire, on vous entend puis on pourrait aller plus vite la
prochaine fois, puis faire preuve de plus d'agilité, puis réagir en
48 heures plutôt que cinq jours. Puis peut-être que la prochaine catastrophe
ne sera pas un vendredi, on n'aura pas le délai de la fin de semaine. Les
catastrophes sont réparties également sur les jours de la semaine
statistiquement, et non... Vous êtes actuaire?
M. Babinsky (Pierre) : Non,
mais ce que je veux dire, c'est qu'on se souvient des dates de tous nos
événements, puis le commentaire, c'est toujours : Bon, c'est vendredi, ce
n'est pas surprenant que ça arrive... ou un samedi, mais...
M. Girard (Groulx) : Voilà.
O.K. Alors, voici un argument pour le télétravail le vendredi, ceux qui en
cherchent, éviter les catastrophes. O.K. Très bien. Mais on doit trouver le
montant juste, si ce n'est pas 5 000, bien peut-être que c'est 7 500.
Mais, de notre côté, on s'engage à faire preuve de plus d'agilité puis, si cinq
jours, c'est trop, la prochaine fois, l'exception exceptionnelle, mais ce sera
48 heures.
M. Babinsky (Pierre) : Ce
qu'il faut... Le sinistre moyen en assurance habitation, c'est d'environ
18 000 $. Donc, on ne demande pas que les employés au téléphone
règlent tous les sinistres qui se passent, mais en ayant une plus grande
flexibilité à l'année longue, bien, ça fait que le jour où un débit arrive ou
le jour où un événement climatique arrive, les assureurs ne sont déjà pas pris
à la gorge avec des... avec un nombre difficile à gérer de réclamations. Ça
permettrait de répartir tout ça à travers les différentes compétences qui se
retrouvent chez les assureurs et faire qu'à l'année longue ça améliore aussi le
service à la clientèle. Si vous avez un incendie, puis l'expert en sinistre ne
peut pas aller visiter le lendemain, parce qu'il y a trois, il y a trois
sinistres de cinq ou 6 000 $ à régler qui sont arrivés avant, bien,
on ne sert pas tout le monde. Comme victime d'un incendie, mais on est content
si l'expert en sinistre peut venir dès le lendemain parce que notre maison est
plus habitable.
Donc, c'est souvent... en bas de
10 000, c'est souvent des sinistres qui sont moins compliqués, moins
complexes et qui peuvent, sous la supervision d'un expert en sinistre certifié,
être géré par des employés au téléphone qui ont été formés, qui sont supervisés
par des experts en sinistre certifiés. Puis on se rappelle qu'au-delà de tout
ça, bien, peu importe ce qui arrive, l'expert en sinistre certifié et
l'assureur sont imputables des agissements de leurs employés. Pour nous, ça ne
vient pas miner la protection du consommateur, ça ne fait... En bâtissant sur
cette protection qui est déjà bien établie, de voir maintenant comment on peut
mieux les servir.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Donc, vous, votre proposition formelle, c'est quel montant?
M. Babinsky (Pierre) : Ce
serait de l'augmenter à 10 000 $.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Vous savez qu'il y en a un qui étaient opposés à ce qu'on l'augmente, hein?
Mme Grignon (Marie-Pierre) : Oui,
mais effectivement, peut-être si je peux rajouter là-dessus. Ça fait que vous
me posez la question: Quel est le montant? Comme on le dit dans notre mémoire,
ce n'est pas si facile de déterminer le montant juste. Nous, de notre côté, on
se demande pourquoi ça serait 5 000 $, effectivement, on trouve que
ça ne serait pas suffisant pour rencontrer l'objectif de cette modification-là,
en fait, à la loi. Parce que, comme on l'a indiqué dans le mémoire aussi, on
travaille avec l'autorité depuis de nombreuses années pour trouver la solution.
L'objectif, c'était de donner plus de flexibilité aux assureurs de manière à ce
qu'ils puissent donner, en tout temps, tout au long de l'année, un meilleur
service à... aux consommateurs, à leurs clients.
Et ça, c'est dans un contexte où les
catastrophes naturelles augmentent d'année en année, leur fréquence augmente,
elles sont imprévisibles. Et les assureurs, comme on l'a dit, doivent agir...
pas dans les heures, pas dans les jours ou dans les minutes qui suivent un
événement...
Mme Grignon (Marie-Pierre) :
…donc c'est là où on pense que ce 10 000 là est raisonnable. D'une part
parce qu'on a l'expérience des dernières années. Depuis 2017, à
6 reprises, l'autorité a augmenté le montant à 7 500$... à
7 500$, sans que ça ait causé d'enjeu, une fois à 30 000, comme mon
collègue vient de le dire. Puis de l'autre côté, on prend aussi en
considération le fait que depuis le 9 mai dernier, il y a un encadrement
très robuste qui a été mis en place par l'Autorité des marchés financiers pour
encadrer ces gens-là. Donc, on pense que tout est en place pour offrir la
flexibilité nécessaire pour donner le service aux consommateurs, peu importent
les circonstances et tout au long de l'année. Donc, c'est un peu la raison pour
laquelle on pense que le 10 000 $ est en somme toute très raisonnable.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup. Ça complète mes questions, M. le Président. Je ne sais pas s'il y a
des membres de mon équipe qui auraient une question. Chers collègues? Oui, Mme
la députée de Charlevoix.
Mme Bourassa : Il me reste
combien de temps?
Le Président (M. Simard) :
Trois minutes 20 secondes.
Mme Bourassa : Parfait,
messieurs, madame. Vous le savez, on n'est pas tous issus du domaine des
assurances, ni même financier. Vous vous adressez à des parlementaires qui ont
différents antécédents, les gens à la maison aussi. Alors, je ne veux pas faire
de la redondance, mais j'aimerais juste revenir sur quelques aspects. Comme plusieurs
de mes citoyens, moi, j'ai été sinistrée lors des inondations de
Baie-Saint-Paul en 2023. Alors, je veux juste comprendre comment est-ce que
l'utilisation des personnes non certifiées pour régler des sinistres, ça va
vraiment aider le citoyen. Ça va vraiment faire avancer son dossier plus
rapidement ou l'aider, lui, dans sa gestion de crise.
M. Babinsky (Pierre) : Bien,
en fait c'est qu'en ayant les employés au téléphone qui viennent appuyer le
travail des experts en sinistre, on peut leur confier des dossiers qui ne
demandent pas toute l'attention de l'expert en cynisme. Donc, si vous appelez,
vous envoyez quelques photos, c'est clair que dans votre sous-sol, il y a eu un
quelques milliers de dollars de dommages. Bien, une fois que ça, c'est constaté,
le chèque pour… on va dire, maintenant, le transfert pourrait se faire dès le
lendemain avec les fonds pour que vous puissiez procéder ou bien amorcer le
travail, là, de nettoyage, et tout ça, donc. Et ça permet à l'expert en
sinistres lui de se concentrer sur des cas où il y aurait une maison qui est
devenue inhabitable, par exemple, où la famille est en attente. Ils ne savent
pas quoi faire : Où est-ce que je vais pendant ce temps-là? Donc, c'est…
c'est vraiment pour répartir selon le sérieux puis le coût de chaque sinistre
en fonction, là, des ressources disponibles. Ça fait que certains… surtout avec
Debby à 30 000 au téléphone, il y a des gens qui ont reçu très, très rapidement
leur règlement. Ceux qui avaient des plus gros sinistres avaient toute
l'attention des experts en sinistres certifiés.
Mme Bourassa : Donc, dans le
cas de Debby, vous avez vraiment pu voir ce changement-là. Ça a réellement fait
une différence, notamment sur la longueur du processus, sur la longueur
d'ouverture des dossiers?
M. Babinsky (Pierre) : Tout à
fait, parce que… je vous donne un exemple, si vous avez un avenant sur… pour
les refoulements d'égout puis votre couverture est 20 000 $, bien, si
après quelques échanges de photos puis de discussions, on voit clairement que
les dommages dépassent cette limite-là, bien, vous allez recevoir le… votre
montant de 20 000 $ rapidement plutôt que d'attendre la visite d'un expert
qui a peut-être 20 visites à faire cet… dans les… dans les quelques jours.
Donc, 85 000 réclamations à la suite de Debby, puis il y en a beaucoup,
après trois mois, à peu près 85 % de ces réclamations étaient réglées,
notamment dû à cette disposition-là ou cette exception-là qui nous avait été
accordée.
• (11 h 50) •
Mme Bourassa : Puis est-ce que
ça a un lien aussi avec la problématique de main-d'œuvre? Si on prend cette
main-d'œuvre-là, elle est peut-être plus facile aussi à trouver.
M. Babinsky (Pierre) : Bien,
c'est que c'est généralement des gens qui travaillent déjà chez l'assureur, ils
règlent peut-être des sinistres autos, on les met sur les sinistres habitations
dans un cas comme Debby…
Une voix : …
M. Babinsky (Pierre) : Bien
sûr. Et naturellement, bien, ça permet cette flexibilité-là. On ne peut pas
avoir tous les experts en sinistre qui peuvent répondre à des événements
exceptionnels. On doit répartir à travers l'expertise qui est présente chez
l'assureur.
Le Président (M. Simard) :
Très bien. Merci beaucoup. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Combien de temps ça prend pour former un expert en
sinistres certifié?
M. Babinsky (Pierre) : Je n'ai
pas cette information-là. C'est une…
Mme Grignon (Marie-Pierre) :
C'est une bonne question. C'est quand même… En fait, je n'ai pas la réponse
exacte non plus, là, ça fait que je pense qu'au total, ça peut prendre plus
d'un an, là. Ça dépend… ça doit dépendre… oui, c'est une attestation d'études
collégiales, c'est une attestation… en fait, c'est une attestation d'études
collégiales, donc il peut y avoir... Puis il y a différentes façons d'obtenir,
je pense, son diplôme, mais ce n'est quand même pas sur…
Mme Grignon (Marie-Pierre) : ...quelques
semaines.
M. Beauchemin : Puis les gens
qui sont non certifiés, eux autres, ça prend combien de temps à les former?
M. Babinsky (Pierre) : C'est
généralement une formation qui est donnée par l'assureur. Généralement, ils
vont... bien, ils vont le faire... si c'est en fonction d'aider en cas
d'événement catastrophique, bien, ils vont soit donner la formation avant de
mettre ces gens-là au téléphone, ou ça se fait... ça peut être de la formation
continue au sein de l'assureur. Mais ils vont apprendre les politiques, les
processus qui sont liés au règlement de sinistres et naturellement aussi leurs
obligations, qu'est-ce qui est attendu d'eux et à qui se référer, là, comme
superviseur, s'il y a des enjeux, s'ils ont des questions, ou pour vérifier
leur travail, au besoin.
M. Beauchemin : O.K. Donc, au
niveau des obligations, au niveau de la chaîne de commande, ça, je comprends
ça. Mais combien de temps ça prend pour les équiper, là, grosso modo? On parle
d'un an pour les certifiés, les non certifiés, c'est compagnie d'assurance par
compagnie d'assurance, grosso modo, ce que vous me dites?
M. Babinsky (Pierre) : Ça va
varier. Puis, si c'est des employés qui font déjà... parce qu'il faut... il ne
faut pas oublier qu'en ce moment, donc, depuis... depuis le 9 mai, ces
employés-là gèrent déjà, traitent déjà des réclamations jusqu'à 5 000 $.
Ça fait que la question, c'est simplement d'augmenter la limite pour pouvoir
leur donner quelques dossiers qui dépasseraient le montant de 5000 $ pour
vraiment activer. Donc, la plupart sont déjà formés. Et, s'ils en ont besoin de
plus, bien, ils ont forcément des processus internes qui leur permettent de
rapidement équiper ces gens-là pour traiter avec les consommateurs.
M. Beauchemin : Mais ma
question n'était pas combien de plus les gens déjà formés auront à avoir de
formations. C'est les gens qui ne sont comme pas certifiés qui arrivent, là,
frette, là, à matin, comme ça, combien de temps ça va prendre pour qu'ils le
soient, entrainés, pas «certifiés» mais entraînés?
M. Babinsky (Pierre) : Bien,
ça va dépendre d'un assureur à l'autre. Ça dépend des tâches qu'ils vont avoir,
donc ça va varier. Puisque c'est une formation interne. L'assureur va vouloir
s'assurer qu'il maintienne les normes d'excellence que l'assureur veut avoir
auprès de ses consommateurs, puis il va mettre le temps nécessaire, qui peut
peut-être varier d'une personne à l'autre. Mais certainement il y a des
formations qui sont... Mais, la longueur exacte, on n'a pas... ça varie d'un
assureur à l'autre, donc on n'a pas cette information.
M. Beauchemin : Je comprends
la motivation de vouloir passer de 5 000 à 10 000 $, je vous entends, c'est
certain que ça libère les chevaux-vapeur comme on pourrait dire. Mais de votre...
du point de vue du client, lorsque vous avez, depuis un bout de temps déjà, là,
été capable d'avoir ces gens là non certifiés être en charge de dossier en deçà
de 5 000 $, j'imagine, satisfaction au niveau de la rapidité pour
l'émission du chèque est au rendez -vous, parce que ça semble, bon, donc, être
plus rapide que ça l'aurait été de par le passé. Mais y a-tu des situations...
Est-ce qu'il y eu plusieurs cas où est-ce, finalement, on s'obstine sur :
Bien, moi, je ne le vois pas comme ça, ce n'est pas 4 700, ça aurait dû être 8
000. Il y a-tu des débats, là, au niveau de, finalement, le résultat pour le
client?
Mme Grignon (Marie-Pierre) : Bien,
en fait, on pense qu'avec surtout l'encadrement qui a été mis en place, comme
je disais tantôt au niveau de la nouvelle réglementation, il y a des choses
déjà qui sont prévues là-dedans. Donc, si on pense... C'est à l'article 28.4 du
règlement sur l'exercice des représentants, c'est déjà prévu que les personnes
qui sont visées à l'article 10, paragraphe 3°, par rapport à ces personnes-là,
l'assureur va... a l'obligation de lui indiquer clairement ses tâches, de
prévoir les différentes étapes dans le processus de réclamation, de s'assurer
qu'il y aura toujours un superviseur qui sera là pour pour répondre à ses
questions.
Quand vous dites... L'exemple que vous
donnez par rapport au fait, est-ce qu'il y a eu des enjeux puis est-ce qu'il
pourrait avoir des arguments, bon, ce n'est pas le bon montant. La nouvelle
réglementation prévoit également également ça, c'est-à-dire qu'à chaque fois où
le client ne sera pas en accord avec l'offre qu'on va lui faire, le dossier va
être automatiquement, systématiquement révisé par l'expert en sinistre en
charge du dossier. Donc, pour toutes les personnes qui seraient visées, qui
régleraient des sinistres en bas de 10 000 $, il y a... il y aurait tout
ce cadre-là, et ça donnerait aussi l'occasion justement aux assureurs de les
former adéquatement puis de les informer du processus, du règlement des
sinistres, des protections. Donc, je pense que ça serait encore plus favorable
pour le consommateur de cette façon-là.
M. Beauchemin : Bien, c'est
intéressant parce que c'est un peu la statistique que j'essayais de chercher,
là, maintenant. Donc, vu le nombre de cas qui a été en arbitrage, peut-on
dire...
Mme Grignon (Marie-Pierre) : ...en
fait, on a... nous, toutes les vérifications qu'on a faites, tant avec
l'Autorité des marchés financiers qu'avec la Chambre de l'assurance de dommages
et notre centre d'information au Bureau d'assurance du Canada, on n'a pas du
tout décelé ou on n'a pas été informés de plaintes particulièrement liées au
travail de ces gens-là. Donc, ça n'a pas créé de problème. À toutes les fois
qu'il y a eu des augmentations du montant, là, soit à 7 500 $ ou à
30 000 $, ça s'est très bien passé, puis il n'y a pas eu d'enjeux qui
ont été... qui ont découlé de ça.
M. Beauchemin : Puis les gens
qui sont pris pour aller dans cette... ce rôle-là qui, j'assume, est
temporaire, initialement, O.K., y a-tu une banque de données d'heures
d'expérience qui est cumulée pour savoir que, finalement, les non-certifiés,
après six mois au travail, ont tel nombre d'heures d'accumulées, où on est
capable de faire une deuxième catégorie de gens encore, pour être capable de
dire : Bien, eux ont peut-être plus d'expérience, même s'ils sont non
certifiés? Est-ce qu'on... On a-tu essayé de faire cette distinction-là?
Mme Grignon (Marie-Pierre) : ...pour
l'instant, il n'y a pas... il n'y a pas ce genre de catégorisation là. Par
contre, on sait que, justement, un employé qui va prendre de l'expérience dans
un poste qui est, bon, de départ, je vais dire, effectivement, va pouvoir
éventuellement avoir des dossiers qui sont de plus en plus complexes. On peut
même penser que ces gens-là pourraient être éventuellement intéressés par le
domaine et décider de faire leurs cours d'expert en sinistre. Donc, ça, ça
serait favorable pour la main-d'oeuvre.
M. Beauchemin : Il n'y a
aucun crédit, là, qui leur est donné pour leur nombre d'heures d'expérience
s'ils vont faire la certification.
Mme Grignon (Marie-Pierre) : Il
n'y a pas de mécanisme, je pense, qui est en place présentement pour ça. Ça
pourrait être une bonne idée.
M. Beauchemin : Je veux vous
amener sur le double encadrement, comme vous mentionniez, là, tout à l'heure.
Votre vision du meilleur système, ce serait quoi?
M. Babinsky (Pierre) : Comme
on l'a mentionné, pour nous, d'avoir un guichet unique comme celui qui était
proposé avec le projet de loi n° 141 en 2018, pour nous, répondait aux
exigences de protection du consommateur mais, en même temps, offrait une
meilleure cohérence et donc, pour nous, éliminait cette... ce double
encadrement, c'est-à-dire que c'est un organisme, même si à travers, à l'interne,
ils avaient plusieurs divisions, qui traite une plainte, qu'elle concerne un
certifié ou bien l'assureur lui-même, ou un... ou les deux.
M. Beauchemin : Comment
voyez-vous la proposition actuelle qui, donc, a le double encadrement, là, selon
vous? Comment... Quel genre d'amendement apporteriez-vous pour garder le cadre
de la double encadrement mais d'avoir peut-être un rôle de superviseur versus
pas superviseur? Je ne sais pas. J'essaie de... Je discute, là, avec vous pour
voir qu'est-ce que vous pourriez voir à l'intérieur même du projet de loi qui
pourrait être amélioré pour en arriver plus proche à...
• (12 heures) •
Mme Grignon (Marie-Pierre) : Mais,
en fait, je pense que, tu sais, ce qu'on... c'est-à-dire, ultimement, ce qu'on
avait proposé au moment du p.l. 141, bon, on comprend que ce n'est pas ça qui
est proposé présentement. On appuie la proposition du gouvernement relativement
au nouveau... je vais dire, à ce nouveau modèle là où l'autorité a une plus
grande possibilité de superviser les activités et la mission, là, des... de la
chambre. Donc, on fait confiance, en fait, à la suite des choses. Ce qu'on
soulève, c'est peut-être de, pour la suite des choses, justement, porter
attention à cet... aux enjeux qu'on a identifiés au niveau du double
encadrement. On pense, par ailleurs, que, tu sais, ce qui est proposé permettra
certainement d'aplanir les difficultés qu'on a identifiées. Donc, de façon
générale, on n'a pas de modification particulière à proposer. On attend la
suite des choses, là, et on a confiance à ce que... en ce que l'autorité va
bien faire les choses de ce côté-là.
M. Beauchemin : Peut-être,
là... Peut-être une petite dernière question. Dans la structure actuelle, avant
le projet de loi, il y a deux chambres, il y a un nombre de plaintes qui est
reçu à gauche, nombre de plaintes qui est reçu à droite. On peut comprendre que
l'objectif ici, c'est que la nouvelle entité va être capable de digérer toutes
les plaintes, là, de façon optimale. Mais la question que je me pose :
Selon vous, voyez-vous une façon de faire dans la... ce qui est proposé une
économie d'échelle dans les procédures pour faire en sorte que la productivité
de chacun ou chacune des personnes responsables d'analyser les plaintes soit
augmentée? Voyez-vous des outils qui sont proposés par le gouvernement pour
améliorer...
12 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...améliorer
la productivité?
Mme Grignon (Marie-Pierre) : Bien,
je pense que, de façon générale, ce qui est proposé, effectivement, de
fusionner les deux chambres, ça amène à quelque chose qui est plus efficient,
efficace, donc, puis c'est pour ça qu'on appuie ça. Je pense qu'il y a des
choses, comme on l'a entendu plus tôt ce matin, qui sont à déterminer dans les
neuf mois, là, qui sont prévues pour cette mise à niveau là. Donc, je pense qu'on
n'a pas rien à proposer particulièrement maintenant. On pense qu'effectivement
ça va être important. Parce que c'est vrai, que l'assurance de dommages puis l'assurance
au niveau de la sécurité, c'est assez différent comme domaine, donc ça va être
très important de garder les expertises de chaque côté puis après de mettre en
commun certains éléments plus administratifs... vont certainement permettre une
meilleure efficacité de façon générale.
M. Beauchemin : Puis le côté,
justement, qui est administratif de la chose, selon vous, dans le quotidien, ça
représentait quoi pour un dossier standard?
Mme Grignon (Marie-Pierre) : C'est
difficile à dire, là. Je ne sais pas, Pierre, si tu as...
M. Babinsky (Pierre) : Oui.
Bien, c'est certain que nous, à ce niveau-là, on représente les assureurs
eux-mêmes, donc, le détail des procédures qui visent les certifiés, on a moins
étudié cet aspect-là. Donc, nos membres étaient favorables aux propositions du
gouvernement. Dans ce sens-là, on ne s'est pas nécessairement attardé à ce
genre de détail.
M. Beauchemin : O.K., c'est
beau. J'essayais juste de voir au niveau de la résultante du projet de loi, au
niveau de l'efficacité en tant que telle, versus ce que vous, vous proposiez
tout à l'heure, c'est-à-dire de... projet de loi de 2018, qui, là, aurait eu
probablement, peut-être, plus d'efficacité administrative, de votre perspective
à vous évidemment, là. Quels seraient les gains potentiels qui pourraient être
faits au niveau opérationnel, au niveau des chambres... mais je vois que ce n'est
pas... Vous ne vous êtes pas penché sur ce point de vue là, évidemment. D'accord.
Bien, pour moi, M. le Président, ça met fin à mes questions.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci, cher collègue. Alors, merci à vous, Mme, messieurs, de votre
présence parmi nous cet avant-midi.
Sur ce, nous allons suspendre nos travaux
et nous nous retrouvons après les affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 04)
15 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 15 h 43)
Le Président (M. Simard) : Alors,
collègues, nous avons quorum, nous pouvons conséquemment reprendre nos travaux.
Nous poursuivons les consultations particulières et auditions publiques sur le projet
de loi n° 92, Loi modifiant diverses dispositions principalement dans le
secteur financier. Alors, cet après-midi, nous entendrons quatre, voire
même cinq groupes, et nous commençons immédiatement par des représentants de la
Corporation des assureurs directs de dommages du Québec. Messieurs, vous
disposez de 10 minutes.
M. Côté (Denis) : Oui, merci.
Donc, mon nom, c'est Denis Côté. Je suis le directeur général de la
corporation.
M. Fortier (David) : Bonjour,
David Fortier, président du conseil d'administration de la CADD et vice-président,
Ventes et directes fidélisation chez Beneva.
Donc, la CADD remercie les membres de la
commission parlementaire des finances publiques pour l'opportunité qui nous est
donnée aujourd'hui de pouvoir participer. Trois blocs. Donc, on va vouloir
parler aujourd'hui brièvement, parler un petit peu de la CADD, le
positionnement du projet de loi n° 92 et enjeux et défis... et/ou enjeux
et défis de l'industrie, pardon. Donc, la CADD vise à soutenir et faire
rayonner ses membres auprès des divers intervenants politiques, réglementaires
et socioéconomiques de l'industrie et travaille à faire connaître, à protéger, promouvoir
les forces et des avantages, modèle de distribution de ses membres au bénéfice
des consommateurs. On représente les 11 plus gros assureurs directs actifs en
assurance de dommages, donc, je tiens à le préciser aujourd'hui.
On travaille également en étroite
collaboration avec plusieurs intervenants stratégiques de l'industrie, dont l'Autorité
des marchés financiers, la Chambre de l'assurance de dommages, le Bureau d'assurance
du Canada, division Québec, la Coalition en assurance de dommages, l'Association
canadienne des compagnies d'assurances de personnes, division Québec, Finance
Montréal, Canadian Association of Direct Relationship Insurers, un peu le
pendant hors Québec de notre organisme, et l'Institut de l'assurance de
dommages du Canada, division Québec. Donc, Denis, je te laisserais la suite
pour discuter du projet de loi.
M. Côté (Denis) : Merci, David.
Avant de vous faire part des commentaires de la Corporation des assureurs
directs sur le projet de loi n° 92, je vais vous énumérer les cinq
principes directeurs qu'on a utilisés pour faire l'analyse du projet de loi.
Donc, le premier, c'est que les changements proposés doivent être bénéfiques
pour le consommateur et favoriser l'expérience client-employé. Ça, c'est le
premier principe qu'on s'est donné pour analyser le projet. Le second, c'est
que l'encadrement doit être efficace, équitable, simple, transparent, tout en
favorisant l'innovation de marché. Le troisième, c'est que les changements
doivent être alignés, cohérents avec les travaux récents de l'autorité sur les
allègements réglementaires. Donc, depuis trois ans, on travaille régulièrement avec
l'autorité, on échange avec l'autorité sur des allègements réglementaires ou
administratifs qui ont porté fruit et qui ont amené des changements qui ont été
bénéfiques autant pour les régulateurs que les consommateurs, que les
compagnies d'assurance. Ensuite, les changements doivent faciliter l'entrée en
carrière. La pénurie de main-d'œuvre est un enjeu important pour les compagnies
d'assurances de dommages. Et le cinquième, les mécanismes mis en place doivent
permettre de réagir rapidement aux situations d'urgence ou de catastrophe.
Au sujet de la fusion des chambres, la CADD
est d'avis que la fusion des chambres ne mettra pas en péril la protection des
consommateurs, parce que la mission, les mécanismes de protection actuellement
en vigueur seront maintenus. Deuxième élément, ces changements favoriseront la
cohérence et la collaboration sur les dossiers touchant à la fois la
déontologie et la...
M. Côté (Denis) : ...et la
Loi sur la distribution. Il y en a quelques-uns qui en ont parlé ce matin, des
intervenants. L'AMF jouit d'une réputation enviable et a toute la confiance du
public. Je me rappelle d'une citation du... M. le ministre des Finances qui
disait qu'il voulait que le régulateur soit craint des compagnies d'assurance.
Je ne vous dis pas qu'on ne craint pas le régulateur, mais on a une très bonne
relation avec, et on demande des choses qui ne sont pas acceptées des fois, on
nous explique clairement pourquoi. Donc, on a une bonne relation avec le
régulateur, ce qui fait que c'est une industrie qui fonctionne bien.
Ensuite, le législateur pourrait cependant
aller plus loin en intégrant toutes les responsabilités dévolues aux chambres
directement dans l'AMF. Comme quelques intervenants l'ont mentionné ce matin,
c'était une demande qui avait été faite de la part des assureurs de dommages en
2018 et... Mais c'est une chose, là, qui pourrait être évaluée dans le cadre
des discussions qui vont y avoir dans le futur sur la fusion des chambres.
Donc, pour toutes ces raisons, la CADD
appuie le projet de fusion des deux chambres.
Autres éléments qu'on aimerait porter à
l'attention des membres de la Commission. Le premier, c'est que la transition
entre le régime actuel et celui proposé mériterait d'être précisée. Donc, ça
n'a pas... Je sais que ça va être dans les discussions dans les neuf prochains
mois, là, mais c'est des discussions qui sont importantes mais aussi qui vont
encadrer ce qui va se passer par la suite.
Deuxième élément, c'est qu'on... les
membres de la CADD appuient également les propositions du Bureau d'assurance du
Canada sur le montant des sinistres réglés au téléphone en situation d'urgence,
les exigences sur la résidence des administrateurs et le niveau trop élevé des
sanctions pénales.
Je voudrais vous parler de certains enjeux
de l'industrie qui sont en lien avec ce projet de loi en partie. Il existe
aujourd'hui des problèmes de recrutement dans l'industrie de l'assurance de
dommages. Il y a un sondage de la coalition pour la promotion des professions
en assurance qui révèle que, dans les trois prochaines années, il va falloir
recruter 10 000 personnes dans notre industrie. Et je ne parle pas des
assureurs directs, toute l'industrie, donc toute l'industrie de l'assurance de
dommages. Il y a 10 000 personnes qu'il faut recruter. Les coupes récentes dans
les budgets des cégeps, on a peur que ça mette en péril le programme
d'attestation d'études collégiales. Un partenariat entre la coalition et la
Commission des partenaires du marché du travail dans lequel les assureurs ont
participé a permis de recruter 250 nouveaux diplômés qui ont joint les
compagnies d'assurance, les courtiers. Donc, on a une certaine crainte que ça
soit mis de côté.
Le troisième point. Certains de nos membres
pensent que les experts en sinistre ne devraient pas être encadrés par la Loi
sur la distribution parce que, comme le nom le dit, c'est de la distribution,
les experts en sinistre ne font pas de distribution. On ne dit pas qu'ils ne
devraient pas être encadrés, mais peut-être pas encadrés par la Loi sur la
distribution.
Le dernier point, c'est sur les barrières
interprovinciales. On entend beaucoup parler des barrières interprovinciales.
L'industrie de l'assurance a aussi des barrières interprovinciales. Et ce qu'il
faudrait pour y remédier, il faudrait vraiment réfléchir à la reconnaissance
réciproque des certifications entre les provinces, la reconnaissance réciproque
des unités de formation continue et trouver un moyen d'envisager un permis qui
serait multiprovince, ce qui permettrait une meilleure fluidité de la
main-d'oeuvre à travers les différentes juridictions provinciales.
• (15 h 50) •
M. Fortier (David) : Donc,
l'industrie de l'assurance de dommages, c'est un contributeur important de l'économie
québécoise. La CADD et ses membres souhaitent demeurer des partenaires actifs
dans le développement économique du Québec en contribuant à l'évolution de
l'encadrement législatif et réglementaire afin de maintenir la compétitivité de
l'industrie, de stimuler l'innovation et d'offrir aux consommateurs des
produits avantageux qui protégeront adéquatement leur patrimoine. Donc, voilà,
c'est ce qu'on voulait présenter cet après-midi.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous deux, Messieurs. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Merci
beaucoup. Vous nous avez énoncé cinq principes pour évaluer le projet de loi.
C'étaient cinq ou?
M. Côté (Denis) : Cinq
principes directeurs, oui, M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Alors,
vous nous donnez quel score, là? Selon vos principes, est-ce qu'on a réussi un
bon projet de loi?
M. Côté (Denis) : Ah! ça
serait... Un, je ne suis pas légiste, deux, je ne suis pas politicien non plus,
là. Puis je ne vous donnerais pas un score, mais c'est sûr que c'est un pas
dans la bonne direction. On demandait, il y a... en 2018, l'abolition des
chambres pour toutes sortes de raisons, là, qui étaient très valables à ce
moment-là. Aujourd'hui, bien, c'est un pas dans cette direction-là. Et on
travaille régulièrement avec l'AMF, là, donc... ils sont très, très compétents
dans leur domaine. Donc, on fait confiance que c'est un pas dans la direction.
Déjà, si c'est sous... ça va...
M. Côté (Denis) : ...sous les
yeux de l'AMF, la double réglementation qu'on a... double encadrement, pardon,
dont on a parlé ce matin, bien, il risque d'y avoir plus de communication entre
les cas de déontologie puis les cas sur la loi sur la distribution parce que ça
va être sous l'égide de l'AMF. Et on fait confiance qu'ils vont trouver une
façon à ce que ce soit fluide, là. On n'est pas inquiets, là. Dans le... on a
eu... comme je vous mentionnais, on a travaillé régulièrement avec l'AMF sur
des dossiers réglementaires ou administratifs, puis ça a porté fruit. Par
exemple, maintenant, il y a la double certification. Un agent d'indemnisation,
il peut être aussi l'agent assurance, et vice et versa. Bien, ça, ça aide les
assureurs, parce que, quand il arrive une catastrophe, bien, les gens de vente
peuvent aller à l'indemnisation. Donc, c'est ces discussions-là qui amènent ces
améliorations-là, qui servent le consommateur puis aussi les compagnies
d'assurance. Je ne sais pas si je réponds à votre question.
M. Girard (Groulx) : Oui.
M. Côté (Denis) : Oui?
M. Girard (Groulx) : Oui.
C'était un endossement enthousiaste. O.K. Le seuil pour les sinistres. Là, vous
dites, ça pourrait être plus haut. C'est quoi, le chiffre?
M. Fortier (David) : Je peux
peut-être y aller. Dans le fond, nous, on est vraiment au niveau de la
distribution. Donc, comme on disait dans notre mémoire, on appuie la demande du
BAC en ce sens-là. Donc, là où on intervient en distribution, là, c'est
vraiment... nos certifiés font du service à la clientèle, des renouvellements
d'assurance, de la vente de polices. Ce qui a été nommé ce matin, là, nos gens,
on les... on a prêté quelques personnes pour aller aider lors de Debby, là, le
dernier exemple. Mais, pour nous, c'est vraiment un volet, là, qui
appartient... on appuie ce que le BAC a recommandé, donc c'est 10 000 $.
M. Girard (Groulx) : Et...
C'est parce qu'ils ont... ils ont donné plusieurs chiffres, là. Alors, vous,
votre chiffre, c'est?
M. Côté (Denis) : Bien, la
dernière discussion qu'on a eue avec les représentants du Bureau d'assurance du
Canada, c'était 10 000 $. Puis ils nous ont expliqué comment qu'ils
étaient venus à ce chiffre-là. Puis on était très confortables, pour répondre à
votre question directement.
M. Girard
(Groulx) :
O.K.
D'accord. O.K. Donc... O.K. Très bien. Vous avez parlé de la transition.
Je n'ai pas complètement saisi votre argument. Vous trouvez que la transition
est trop rapide, pas assez rapide?
M. Côté (Denis) : ...pas
assez... elle n'est pas assez développée, donc comment va se faire la
transition... Pardon... toucher au micro.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Comment va se passer la transition.
M. Côté (Denis) : C'est ça.
Comment va se passer la transition, là. C'est... On ne met pas en question le
neuf mois, là.
M. Girard (Groulx) : Bien, au
départ, rien n'a... O.K. Au départ, rien ne change, c'est-à-dire que les
employés de la CSF et de la CHAD deviennent membres de la... employés de la
nouvelle chambre. Et les deux fonctions continuent les mêmes activités. Là où
il va y avoir... la période de transition va être active, c'est au niveau de la
gouvernance, au niveau de la formation d'un seul conseil d'administration avec
un nombre de membres indépendants majoritaires, la nomination d'un nouveau
président ou d'une présidente et la nomination d'une nouvelle direction. Donc,
au départ, l'économie initiale, c'est un C.A., une direction. Et c'est certain
qu'éventuellement, outre l'aspect de l'épargne collective qui s'en va à l'OCRI,
bien, c'est certain qu'après ça il va y avoir de l'efficience. Mais, au départ,
c'est important de rassurer les employés. Et toutes les fonctions qui sont
existantes sont maintenues, là.
M. Côté (Denis) : Et c'était
la... bien, la perception... c'était la lecture qu'on en avait. Les mécanismes
restaient là. Puis, tu sais, je n'ai aucun doute que les consommateurs ont
confiance en l'AMF, là, donc, on n'a pas de doute là-dessus, là.
M. Girard (Groulx) : Parfait.
Puis, moi, vous savez, j'ai dit que le régulateur devait être craint. C'est
certain que le régulateur doit avoir des contacts avec l'industrie. Et il doit
être à l'écoute, puis il doit évoluer, puis il doit être moderne. Mais, là où
je dis qu'il doit être craint, c'est que... moi, j'ai travaillé 24 ans
dans une banque, là, puis je n'ai jamais entendu quelqu'un qui était emballé
par les demandes du Bureau du surintendant des institutions financières, là. Le
rôle d'un régulateur, ce n'est pas d'être aimé. Le rôle d'un régulateur, c'est
de protéger le système, de protéger les Québécois, les consommateurs. Et donc,
à la base, c'est une fonction où on demande des choses qui ne font pas toujours
plaisir. C'est-à-dire qu'on donne un encadrement au secteur financier et ce
n'est pas toujours... ça peut être parfois perçu comme de la bureaucratie...
M. Girard (Groulx) : …puis de
la réglementation. Mais si on prend l'évolution du système financier depuis la
crise financière, plus de capital, plus de liquidités, plus de transparence. Et
tout ça dans l'intérêt des individus, dont les régulateurs ont fait un
excellent travail en étant craints et en n'étant pas particulièrement aimés. Ce
n'était pas une question, alors, mais vous pouvez commenter.
M. Côté (Denis) : Quand la…
Je présume que… parce que je ne travaille pas dans une compagnie d'assurance en
particulier, c'est sûr, quand les gens de l'AMF débarquent pour une
vérification, bien, ce n'est pas avec un tapis rouge puis des… tambours et
trompettes, là, mais ils ont un travail à faire. Mais l'industrie de
l'assurance de dommages, puis je parle de toute l'industrie, là, le courtage,
la distribution en direct, c'est une industrie qui fonctionne bien, il n'y a
pas eu de scandale. C'est des gens compétents. Ils répondent aux besoins des
consommateurs. De temps en temps, ils peuvent échapper un client, ça peut
arriver. Toutes les entreprises ne sont pas parfaites, mais tu sais, ils ont
tous à cœur que le client soit satisfait. Les compagnies d'assurance… on
parlait d'expérience client, d'employés, ce n'est pas facile pour les employés
si tu traites mal tes clients parce que les journées vont être longues, il va y
avoir un taux de roulement épouvantable. Donc, on a tous intérêt à ce que ça
fonctionne bien. Puis c'est dans ce contexte-là ou dans ce regard-là, quand on
parle à l'AMF, parce que c'est sûr qu'on a demandé des choses… non, non, on ne
fera jamais ça, O.K. Bien, ils expliquent pourquoi, puis on dit : Bon,
c'est ça, c'est ça.
M. Girard (Groulx) : Parce
qu'une des questions qu'on se pose des fois, c'est : est-ce que l'AMF
devrait avoir dans son mandat, par exemple, la promotion de l'industrie
financière au Québec? Puis la réponse, c'est non. Il y a d'autres personnes qui
sont responsables de ça et la… à la base, l'AMF c'est la stabilité du système
financier et non sa croissance ou sa multiplication. Ça ferait le tour, M. le
Président, merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Il
reste six minutes à votre groupe parlementaire. Quelqu'un souhaite-t-il prendre
la parole? Sans quoi, je cède la parole au député de Marguerite-Bourgeoys. Cher
collègue.
M. Beauchemin : Combien de
temps que j'ai?
Le Président (M. Simard) :
10 min 30 s.
M. Beauchemin : Pardon?
Le Président (M. Simard) :
10 min 30 s.
M. Beauchemin :
10 minutes. Merci, M. le Président. Donc, entre votre position de 2018 et
aujourd'hui, est-ce que vous, en tant que groupe, là, vous représentez donc… il
y a eu un changement de position par rapport à l'approche qui était l'abolition
initiale?
M. Côté (Denis) : Il n'y a
pas eu de changement, mais à ce moment-là, le gouvernement avait été clair, la
réponse avait été claire, il n'y en aura pas, ça a fini là. Donc, on n'avait
pas… ce n'était pas un dossier… Ce n'est pas notre dossier prioritaire. Il y a
des enjeux de main-d'œuvre, la mobilité de la main-d'œuvre qui sont plus… qui
étaient plus flagrants. Et donc bon, maintenant que ça… c'est sur le tapis, on
dit : bon, bien, ça… c'est aligné avec ce qu'on demandait en 2018. Mais
comme on mentionnait, c'est un pas, c'est un jalon, c'est un pas dans la
direction que… vers laquelle on voulait… s'attendre à ce moment-là. Donc, il
n'y a plus de changement de position pour répondre à votre question.
M. Beauchemin : Et depuis
j'assume… bien, en fait, c'est une question, là. Est-ce que vous avez gardé des
contacts avec les régulateurs, le gouvernement, le ministre des Finances, le…
pour, genre, mettre à jour vos besoins, vos aspirations par rapport à la
réglementation?
M. Côté (Denis) : On parle
régulièrement à l'AMF de réglementation, d'autant plus qu'on discute
régulièrement avec OCRA, là, l'organisme canadien qui regroupe les régulateurs,
donc, mais spécifiquement sur l'abolition de la Chambre, on n'a pas eu de
discussion depuis 2018, mais on en a eu sur la réglementation en assurance.
• (16 heures) •
M. Beauchemin : Vous en aviez
mentionné quelques-uns tantôt, mais est-ce que vous auriez comme d'autres trucs
que vous auriez aimé voir dans ce projet de loi, qui n'a pas été présenté?
M. Côté (Denis) : Qui sont
spécifiques au projet de loi dans ce…
M. Beauchemin : Non, mais qui
auraient pu être ajoutés, là?
M. Côté (Denis) : Bien,
peut-être qu'il était trop tard pour parler des barrières interprovinciales,
parce que c'est arrivé plus récemment, là. Mais comme je mentionnais, la
reconnaissance pancanadienne des… des gens qui sont certifiés à travers les
provinces. Il y a déjà des choses qui sont faites parce qu'on… la Chambre
reconnaît les UFC qui sont faits à l'extérieur. À l'AMF, il y a une provision
pour une personne qui a un permis depuis deux ans qui peut exercer au Québec en
passant l'examen droits et lois. Donc, il y a des choses qui sont en place,
mais ça pourrait être encore plus fluide. Mais ça ne se fait pas du jour au
lendemain. Il faut quand même avoir l'assentiment de huit régulateurs
canadiens, si je ne trompe pas. Donc, ça ne se fait pas comme ça. Mais si on ne
le demande pas, ça n'arrivera pas.
M. Beauchemin : On se parle,
là, entre nous, là. Il y a… on uniformiserait les marchés pour faire…
16 h (version non révisée)
M. Beauchemin : ...une
reconnaissance réciproque, c'est comme ça que vous l'avez... Est-ce que ça aurait
un effet bénéfique pour la... le nombre de participants dans l'industrie ici
même, au Québec, selon vous?
M. Côté (Denis) : Oui, parce
qu'on a parlé qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre. Ça permet aux assureurs d'ajuster
leur nombre de personnes qui sont à la vente ou à l'indemnisation en fonction
de la demande ou en fonction des circonstances. Donc, ça rend plus fluide l'industrie
à ce moment-là.
M. Beauchemin : Dans le sens
que ça permettrait à des gens de l'extérieur du Québec à faire de la couverture
au Québec?
M. Côté (Denis) : Au Canada.
Et le contraire aussi, à des gens du Québec de travailler... de travailler à l'extérieur
du Québec aussi.
M. Beauchemin : Je vous entendais
tout à l'heure, vous disiez qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre sévère. Est-ce
que vous pourriez m'expliquer un petit peu la genèse? Est-ce que c'est parce qu'il
y a de plus en plus de produits ou... Parce que tous les gens s'assurent au
Québec, ça fait que ça doit suivre la croissance de la population.
M. Côté (Denis) : Il y a une
croissance du nombre de contrats qui va avec la population, mais c'est... c'est
l'intérêt envers l'industrie de l'assurance dommages. C'est pour ça qu'il
existe la Coalition pour la promotion des professions de l'assurance de
dommages, qui fait... Parce que les jeunes ne s'intéressent pas nécessairement
à l'assurance de dommages. Pensez-y, vous avez des enfants. Est-ce que
spontanément ils vous ont dit : Ah! j'aimerais ça être assureur? Peut-être
pas, hein, mais c'est une industrie intéressante. Il y a beaucoup d'opportunités
d'emploi. Dans les membres de notre conseil d'administration, on est huit, il y
en a six qui ont commencé comme agents d'assurance. Donc, c'est des professions
méconnues. Donc, c'est pour ça qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre. Donc, il
faut faire la promotion pour montrer que c'est intéressant, faciliter l'entrée.
Le programme dont je parlais tout à l'heure, alternance travail-études, donc,
ça permet à des gens de retourner aux études, ils font un programme en
assurance de dommages, mais ils travaillent en même temps, donc ils peuvent
gagner de l'argent. Donc, ça, c'est ce genre de programme là qui rend la
profession plus intéressante puis qui alimente les assureurs, mais aussi les
courtiers et aussi les experts indépendants en sinistres.
M. Beauchemin : Ça fait que,
si je comprends ce que vous me dites, la raison pour laquelle il y a une
pénurie de main-d'oeuvre, c'est parce que...
M. Côté (Denis) : C'est l'intérêt
envers...
M. Beauchemin : ...la main-d'oeuvre
vieillit, c'est ça, un peu?
M. Côté (Denis) : Il faut
faire la promotion, là, mais on a un groupe qui relie... qui réunit tous les
gens de l'industrie pour faire la promotion, la rendre attrayante. Mais, d'un
autre côté, il faut aussi faciliter l'entrée dans la profession.
M. Beauchemin : O.K. O.K.
Puis, tout à l'heure, vous parliez qu'en tant que tel le principe même de
fusion des chambres, c'est quelque chose que...
M. Côté (Denis) : On est tout
à fait d'accord.
M. Beauchemin : ...vous
acceptez comme, j'assume, étape préliminaire selon ce que je comprends d'où
vous venez, là.
M. Côté (Denis) : C'est ça. Exactement.
M. Beauchemin : Et donc... Mais
l'enjeu que vous voyez là-dedans, c'est dans la transition. Il y a eu l'explication
du ministre, qui a expliqué le concept du C.A., on va travailler sur la
gouvernance, et tout. Mais, vous, selon vous, là, les voyants rouges à éviter,
là, qu'on devrait absolument observer pour justement s'assurer que ça se fasse
bien, la fusion, là... c'est quoi les étapes, selon vous?
M. Côté (Denis) : Bien, un
des... Si on revient à notre principe directeur, la première chose : il
faut que ça soit simple pour le consommateur. Une porte d'entrée, il y a une
plainte en déontologie ou pour la loi de la distribution, puis il y a une porte
d'entrée... Bien, ça, on simplifie les choses. Ça, ça en est un, exemple. Donc,
rendre ça simple pour les consommateurs, au départ, aussi pour les assureurs,
parce que les assureurs directs, ils sont aussi des cabinets d'assurances,
parce qu'ils ont des... ils sont assureurs, ils assurent, mais ils ont aussi...
ils distribuent, donc ils ont deux rôles. Donc, il ne faut pas que ça soit plus
compliqué pour eux. Donc, toujours avoir en tête : Bien, je fais affaire avec
des assureurs. Est-ce que je suis en train de faire quelque chose qui est plus
compliqué pour les assureurs, plus compliqué pour les consommateurs? Et, avec
ça, bien... Tu sais, on regarde les travaux de l'AMF depuis quelques années, on
ne peut pas se plaindre qu'ils ont essayé de rendre les choses volontairement
plus compliquées, là. Puis on discute avec eux quand on pense que c'est
compliqué pour rien, puis ils nous écoutent. C'est notre rôle aussi, parce qu'eux...
c'est porteur pour eux autres de savoir ce que l'industrie pense parce qu'ils
peuvent faire leur travail puis être au courant d'enjeux qu'ils n'auraient pas
été au courant parce qu'ils ne sont pas dans des compagnies d'assurance.
M. Beauchemin : Ce matin, on
a eu un groupe qui nous disait comme quoi que, bon, oui, il y a la double...
Une voix : ...
M. Beauchemin : ...oui, un
double encadrement, là, puis que, bon, ça pouvait causer problème. Mais, si j'ai
bien compris, c'est deux sphères de l'ensemble des responsabilités, une partie
qui est couverte par l'AMF puis l'autre qui est couverte par...
M. Côté (Denis) : Par la chambre,
exactement.
M. Beauchemin : Exact. Donc,
vous, votre vision de la chose, est-ce que c'est encore que ça, c'est optimal?
M. Côté (Denis) : Bien, il y
a encore... C'est parce que ça, c'est dans le détail. Ils disent en anglais :
«Devil is in the details.» Puis c'est que, là, ça va être sous l'égide de...
M. Côté (Denis) : ...l'AMF,
donc on... la coordination, elle va être... de façon intrinsèque, elle va être
bonne et... Bien, on verra ce que ça va donner, là, actuellement, mais le
double encadrement, il va être là pareil. Puis, quand on parle de double
encadrement, c'est de s'assurer que, s'il y a une plainte qui est... touche les
deux côtés, la déontologie de la loi... bien, que les gens, ils se parlent pour
que le dossier avance à la même vitesse. Parce qu'en arrière de tout ça il y a
un consommateur qui a fait une plainte puis il veut que son dossier avance puis
avoir une réponse.
M. Beauchemin : Vous parliez
du consommateur, puis il y a quelque chose que vous avez mentionné plus tôt
dans votre allocution, au début. Les consommateurs auraient peut-être besoin
d'être rassurés avec la fusion des deux chambres. Comment vous le voyez, ça,
pour rassurer les consommateurs? Comment porter le message que c'est une bonne
chose pour eux?
M. Côté (Denis) : Bien, notre
perception, c'est que le consommateur ne sera pas inquiet, là, l'AMF, là, ça
l'a une très bonne réputation dans le marché, en disant : Bien, ça va être
là, à l'AMF. Je ne pense pas que les consommateurs vont avoir un doute à
l'effet qu'ils vont être moins bien servis. Le risque réputationnel de l'AMF,
il va être quasiment nul, là.
M. Beauchemin : Donc, vous
vous assoyez sur la réputation de l'AMF pour nous dire... pour pallier...
M. Côté (Denis) : Puis le
vécu qu'on a avec l'AMF. Le régulateur est là quand même depuis plusieurs
années, là. Donc, on...
M. Beauchemin : Il y a-tu
autre chose que vous pouvez voir qui serait, disons, bonifié durant la
transition, pour justement s'assurer que ça l'allait bien?
M. Côté (Denis) : Bien, il y
en a quelques-uns des... d'autres qui ont fait la remarque, mais c'est de
consulter l'industrie, hein? C'est toujours... La consultation avec les parties
prenantes, c'est toujours un gage de succès, là. Donc, valider des orientations
avant de les implanter pour s'assurer qu'on a bien fait le 360 autour d'une
question, d'un enjeu.
M. Beauchemin : Mais...
c'était un petit peu le but de ma question, ma première question à savoir
est-ce que vous avez eu des relations avec le gouvernement. Avez-vous avez été
consultés dans le processus, à part... ou vous l'avez appelé comme tout le
monde, là, il y a...
M. Côté (Denis) : Bien, c'est
sûr, le 92, non. Est-ce que c'est un enjeu pour nous? Non.
M. Beauchemin : O.K. Donc,
vous êtes à l'aise avec ça?
M. Côté (Denis) : Oui.
M. Beauchemin : O.K. C'est
bon. Bien, écoutez, M. le Président, ça clôt mes questions.
Le Président (M. Simard) : Avec
plaisir. Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Pour
combien de temps? Juste parce que je...
Le Président (M. Simard) : Et
pour trois... quatre minutes. Quatre minutes.
Mme Zaga Mendez : Super.
Merci. Merci beaucoup pour votre présentation. J'aimerais juste revenir
rapidement dans un... sur deux sujets. Ça va être assez simple. Le premier
sujet, c'est concernant les défis que vous avez identifiés, là, les enjeux de
l'industrie. Vous a parlé rapidement, là, mais peut-être pour aller plus loin,
là, sur les barrières interprovinciales, si vous avez... si vous voulez
approfondir un peu plus sur comment ces barrières-là nuisent à... comme vous le
dites, à la mobilité de la main-d'œuvre à votre industrie.
Et je vous pose directement la deuxième
question, comme ça, je vous cède les minutes qui vont rester. Juste pour
revenir, puis je pense que c'est la préoccupation de certaines personnes,
concernant la fusion des chambres. Vous le dites, que la mission et le
mécanisme de protection actuellement en vigueur seront maintenus. Peut-être
nous développer un peu comment, selon vous, la protection du public est assurée
toute... dans cette fusion des deux chambres.
• (16 h 10) •
M. Côté (Denis) : Sur votre
première question, c'est que les barrières provinciales, c'est des... c'est
comme des embûches ou c'est comme une course à obstacles, là. Donc, si, par
exemple, vous avez un permis du Québec puis vous voulez aller vendre
l'assurance en Ontario pour le même employeur, le même assureur, bien, il y a
des exigences qui sont différentes puis... ce qui fait que ça peut être très
laborieux. Puis, si ça prend un an pour avoir un permis dans une autre
province, bien, vous ne serez pas opérationnel très vite puis peut-être que
vous allez vous décourager, vous ne le ferez pas. Donc, c'est ça, les barrières
interprovinciales.
Qu'est-ce qui nuit à la fluidité? Ça ne
veut pas dire rendre ça facile puis on envoie un texto puis on est approuvé,
là. Ce n'est pas ça. Mais, les régulateurs des autres provinces, on prend pour
acquis qu'ils sont aussi compétents que l'AMF. Donc, s'ils sont capables
d'encadrer leur monde, bien, on doit trouver un... on doit être capable de
trouver un point commun, là, pour... pour que ça fonctionne, là, c'est ça.
Et... Pour la deuxième question?
M. Fortier (David) : Pour la
deuxième question, pouvez-vous nous la répéter, s'il vous plaît?
Mme Zaga Mendez : C'est
vraiment la question qui se pose sur la protection du public lors de la fusion
des chambres. Vous semblez être d'accord avec... que c'est le bon mécanisme, de
le faire. Donc, de juste de nous dire comment, dans la pratique, vous voyez la
protection du public si la fusion est... va de l'avant.
M. Fortier (David) : Je pense
que la priorité, c'est la protection du public pour toutes les parties
prenantes, donc autant pour les assureurs directs que pour...
M. Fortier (David) : ...l'AMF.
Puis, le client, il veut être bien servi, il veut être bien représenté, au
quotidien. Puis je pense que c'est l'objectif qu'on a, de pouvoir bien les
servir puis bien les traiter. Autant je pense qu'au niveau du régulateur, c'est
la même chose. Puis on a des très... une excellente collaboration sur des
demandes qu'on fait, etc. Donc, on est... on est à l'aise avec ce qui est
proposé.
Mme Zaga Mendez : C'est bon.
Merci. Ça fait le tour de mes questions. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. Messieurs, merci d'avoir contribué à nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre,
momentanément.
(Suspension de la séance à 16 h 12)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M. Simard) : Alors,
voilà, nous sommes de retour. Nous avons quorum. Nous pouvons poursuivre nos
travaux.
Nous sommes en présence de représentants de
la Corporation des assureurs directs de dommages du Québec. Ah! je me trompe.
Bien, c'est ça, je me trompe. Je vous regardais, Mme Fréchette, je me
disais : Oups! Je me répète. Désolé. Alors, nous sommes en présence de
représentants du Regroupement des cabinets de courtage d'assurances du Québec.
Encore une fois, mes excuses. Alors, Mme Fréchette, M. Manseau, soyez les
bienvenus. Et vous savez que vous disposez de 10 minutes afin de faire
votre présentation.
Mme Fréchette (Lucie) : Merci.
Éric, est-ce que tu veux te présenter?
M. Manseau (Éric) : Oui. Éric
Manseau, donc, directeur général du RCCAQ. Merci beaucoup de l'invitation.
Le Président (M. Simard) : Soyez
le bienvenu.
Mme Fréchette (Lucie) : Lucie
Fréchette, présidente du conseil d'administration du RCCAQ et cheffe de la
croissance chez Orbite Services d'assurances.
M. le Président, M. le ministre, membres
de la commission, merci de nous donner l'occasion de nous exprimer aujourd'hui
et de partager la perspective du RCCAQ concernant le projet de loi n° 92
qui apporte des modifications importantes dans le secteur financier.
Le Regroupement des cabinets de courtage
du Québec, le RCCAQ, représente plus de 4800 courtiers en assurance de
dommages, répartis dans environ 445 bureaux partout au Québec. Notre
mission est claire : défendre un modèle de courtage indépendant,
accessible et centré sur les besoins des consommateurs.
Au quotidien, nous sommes là pour
promouvoir et défendre les intérêts socioéconomiques des cabinets et pour les soutenir
dans leur développement, toujours en s'assurant du respect de la protection du
consommateur. En réalité, le RCCAQ est la seule voix des courtiers en assurance
de dommages auprès du législateur et des organismes réglementaires.
D'entrée de jeu, le RCCAQ salue plusieurs
objectifs du projet de loi n° 92, notamment en ce qui concerne la
protection du public et la transparence dans notre secteur. Cela dit, nous
avons aussi des préoccupations importantes que nous souhaitons porter à votre
attention, tout en ayant un esprit de collaboration.
Le projet de loi propose de permettre à
l'Autorité des marchés financiers d'autoriser de manière exceptionnelle des
personnes non certifiées à agir comme expert en sinistre...
Mme Fréchette (Lucie) :
...pour les réclamations dépassant 5 000 $, nous comprenons
l'intention soit de répondre rapidement à des situations exceptionnelles,
notamment lors de catastrophes naturelles, nous y sommes favorables à condition
que des balises claires soient mises en place. Nous recommandons de limiter
cette exception aux agents et courtiers déjà certifiés en assurance de
dommages, aux personnes ayant obtenu un certificat d'expert en sinistre dans le
passé ou aux experts en sinistre certifié d'une autre province ou territoire. Pourquoi?
Parce que l'expertise ne s'improvise pas, même en contexte d'urgence, le
consommateur doit pouvoir compter sur un service rigoureux, même dans le chaos.
Les courtiers sont également bien placés pour jouer un rôle de soutien,
notamment pour faciliter la prise en charge rapide des dossiers. Cette
complémentarité doit être reconnue.
Venons-en maintenant à ce qui soulève le
plus d'inquiétude dans notre réseau, la fusion de la Chambre de l'assurance de
dommages et de la Chambre de la sécurité financière en une seule
entité :la Chambre de l'assurance. Voyons aussi les nouvelles modalités de
gouvernance qui l'accompagnent. D'emblée, nous devons souligner le caractère un
peu opaque du processus ayant mené à cette réforme. Il s'est déroulé sans consultation
digne de ce nom. Le RCCAQ n'a pas été invité à participer à la réflexion, pas
plus que les membres de la ChAD, son conseil d'administration ou sa direction.
Pourtant, cette réforme touche directement les certifiés, leur formation, leur
encadrement et leur déontologie. Il s'agit d'un changement structurant qui
aurait dû faire l'objet d'un processus ouvert, transparent et inclusif. Le
regroupement aurait ainsi consulté ses membres si l'occasion lui avait été
offerte.
Nous comprenons que le gouvernement souhaite
gagner en efficacité et simplifier certaines structures. Cette intention est
louable, mais elle soulève de nombreux doutes, notamment sur l'indépendance, la
représentativité et la qualité de l'encadrement qui résulterait de cette
fusion. Actuellement, la ChAD agit sous l'égide de la Loi sur la distribution
des produits et services financiers. Cette autonomie lui permet de défendre les
intérêts des certifiés de façon indépendante, y compris face à l'AMF et aux
grandes institutions. Or, en plaçant la reconnaissance de la nouvelle chambre
sous la seule autorité de l'AMF, le projet de loi risque de fragiliser cette
autonomie. On crée un organisme qui pourra être transformé, voire aboli, par
simple décision réglementaire. Ce serait un recul important dans la gouvernance
de notre secteur.
• (16 h 20) •
Aujourd'hui, la gouvernance de la ChAD
permet une diversité d'opinions et assure un équilibre entre les petits et les
grands cabinets. Elle reflète la réalité du terrain. Les petits cabinets
forment le cœur de l'écosystème québécois en assurance de dommage. Avec le
modèle proposé, nous craignons que leur voix soit moins bien entendue, que les
décisions soient prises à distance, sans ancrage dans la réalité quotidienne
des professionnels. Depuis plus de 20 ans, la ChAD a su développer des
outils, des formations, des contenus qui répondent concrètement aux besoins des
courtiers. Elle est reconnue par le public, identifiée clairement par les
professionnels et elle joue un rôle structurant dans notre secteur. Cette
expertise ne doit être ni perdue ni diluée. Le RCCAQ a bâti, avec la ChAD, des
partenariats solides au bénéfice direct des consommateurs et des certifiés. Ces
acquis doivent être préservés et non mis de côté dans une réforme menée trop
rapidement. Nous demandons donc au gouvernement de mettre en place un processus
de consultation élargi avant d'aller de l'avant avec la fusion. Ce processus
permettrait, un, d'étendre... d'entendre toutes les parties concernées,
d'évaluer les impacts réels sur le terrain et de bâtir un nouveau cadre sur des
bases solides. Une réforme de cette ampleur ne peut se faire sans dialogue.
Enfin, nous souhaitons saluer les
dispositions introduites à l'article 142 du projet de loi, qui permettra à
l'AMF de définir des règles de gestion applicables aux cabinets, aux
représentants autonomes et aux sociétés autonomes. C'est une mesure
structurante que nous avions nous-mêmes recommandée en 2021. Elle répond à un
besoin réel observé sur le terrain. En effet, plusieurs dirigeants de cabinets
doivent aujourd'hui assumer des responsabilités complexes, juridiques,
administratives, opérationnelles, sans bénéficier d'un encadrement clair ou
d'outils adaptés à la taille et la maturité de l'organisation. C'est pourquoi
nous insistons sur l'importance que ces règles à venir soient claires,
pratiques et ajustées aux réalités très diverses des cabinets, petits comme
grands.
Mais au-delà de cette avancée, le RCCAQ
souhaite souligner un élément essentiel, la possibilité d'introduire
différentes catégories de dirigeants responsables...
Mme Fréchette (Lucie) : …en
fonction des grands secteurs de gestion, soit finances, ressources humaines,
technologies de l'information par exemple. C'est à nos yeux un incontournable.
Cela permettrait une répartition plus efficace des responsabilités, une
meilleure adéquation entre les compétences et les fonctions et une réduction
des risques liés à une centralisation excessive des obligations sur une seule
personne. Cette flexibilité réglementaire serait une réponse directe aux défis
vécus par les gestionnaires et contribuerait à la robustesse du secteur. Nous
réitérons notre pleine collaboration à l'AMF pour concevoir ces outils, ces
guides et ces formations adaptées. Ils devront être réalistes, accessibles et
véritablement utiles au quotidien des gestionnaires de cabinets. (Interruption)
Excusez-moi.
Nous souhaitons terminer en réitérant que
le RCCAQ partage les objectifs de ce projet de loi : protéger le public,
renforcer la transparence et moderniser notre secteur. Mais toute réforme doit
respecter l'équilibre fragile qui fait la force de notre écosystème. Un
encadrement indépendant, une représentation équilibrée et une proximité avec le
terrain. Nous souhaitons être un partenaire constructif pour la suite et nous restons
disponibles pour travailler avec vous et les autorités afin de mettre en place
un cadre réglementaire qui protège les consommateurs, tout en valorisant
l'expertise locale et la diversité des modèles d'affaires du Québec. Je vous
remercie de votre attention et nous demeurons disponibles pour vos questions.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, Mme Fréchette. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Oui,
bien, ça fait plusieurs fois que j'entends le commentaire que la protection du
public ne serait pas servie par le fait qu'on… Que l'organisme serait
maintenant reconnu par l'AMF, et n'aurait pas sa propre loi constitutive. Je
pense qu'on a bien réfléchi à cette question et, en fait, nous sommes
convaincus qu'on vient renforcer la protection du public et que la loi sur
l'encadrement des services financiers est tout autant dans l'intérêt de la
protection du public, et que d'amener l'AMF au-dessus va accroître
l'indépendance et bien clarifier les rôles.
Parce que le… ultimement, c'est... c'est
la protection du public qui doit être l'objectif de l'organisme
d'autoréglementation et non la promotion de l'industrie. Et c'est là que je…
Encore une fois, je ne suis pas totalement en accord avec ce qui est dit, dans
le sens que vous dites : On n'a pas consulté. C'est-à-dire que c'est un
sujet qui d'actualité depuis 2018. Il y a eu une proposition en 2018, qui était
l'abolition des chambres, qui n'a pas été menée à terme. Et là l'industrie
évolue, c'est-à-dire que l'épargne collective, la CSF avait déjà perdu
d'importants pans de responsabilité liés à l'épargne collective.
Alors, c'était si on ne faisait rien,
l'industrie continuait d'évoluer et l'épargne collective s'en allait vers
l'OCRI de toute façon. Alors, c'est pour ça que nous, on n'a pas consulté
directement sur ce qu'on propose, parce qu'on sait très bien ce que les gens
auraient dit. On aurait eu… tous ceux qui étaient pour l'abolition en 2018
seraient revenus pour l'abolition, et on aurait eu les mêmes oppositions ou il
y avait un désir de conserver le modèle actuel.
Alors, nous, ce qu'on propose, c'est un
compromis dans l'intérêt du public. C'est-à-dire qu'on va avoir une chambre
spécialisée dans l'assurance avec de l'efficience, avec moins de frais pour
l'industrie, diminuer les frais. Je pense que c'est un point important. Et puis
l'AMF va venir renforcer la protection du public. Alors, je…
M. Girard (Groulx) : ...je
pense qu'on est au bon endroit. Et puis les consultations ont seulement
commencé depuis ce matin, mais déjà on voit deux camps se dessiner, le statu
quo et l'option nucléaire, c'est-à-dire l'abolition des chambres. Or, nous, ce
qu'on propose, c'est un compromis où on a des spécialisations dans l'assurance,
on reconnaît ça, de l'efficience, moins de frais et l'épargne collective. On
suit l'évolution canadienne avec l'OCRI. Mais je rappelle que l'OSFI a le droit
de regard sur les activités de l'OCRI au Québec, là, et que l'OCRI doit
maintenir des activités au Québec. Et, oui, ça se passe en français et il y a
un respect de la spécificité du Québec, si je peux m'exprimer.
Alors, j'apprécie votre... le dépôt de
votre mémoire, votre présentation, mais je tiens à souligner que, lorsqu'on
fait un projet de loi, on ne peut pas toujours faire une grande consultation
publique parce qu'on sait d'avance que certaines parties prenantes vont se
braquer, soit pour le statu quo, soit pour une solution drastique.
Il n'y avait pas vraiment de question, M.
le Président.
Le Président (M. Simard) : Bien,
ça permet à la réflexion et l'échange. Alors, M., je vous en prie.
M. Manseau (Éric) : Oui.
Lorsque vous dites que, depuis 2018, les chambres sont un sujet d'actualité,
qu'est-ce que vous... comment, vous, vous voyez ça? Parce que je ne vois pas
tout à fait ça de la même façon. Je me dis : Est-ce qu'il y a urgence?
Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on n'a pas vu? J'aimerais avoir votre point
de vue là-dessus.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, moi, je suis responsable des neuf lois du secteur financier. Et puis, une
des critiques qu'on a eues lorsqu'on est arrivés, c'est que les lois n'étaient
pas mises à jour à une fréquence régulière. On a des omnibus fiscaux, on a des
omnibus financiers... on a des omnibus fiscaux, on a des omnibus budgétaires,
mais les omnibus financiers, il y en avait à peu près un par mandat. Alors,
nous, on a dit : Allons-y, modernisons les lois à une fréquence plus
élevée. Et, à chaque fois qu'on arrivait pour faire un omnibus financier,
qu'est-ce qui revenait dans le travail qu'il restait à faire pour moderniser
les lois? La question des chambres.
• (16 h 30) •
M. Manseau (Éric) : Qui? Qui
vous... Qui amenait ça? Est-ce que c'est l'AMF? Est-ce que c'est vous? Les
fonctionnaires? Qui amenait, là, l'enjeu?
M. Girard (Groulx) : Bien,
dans ce cas-ci, l'enjeu, il est venu par la fusion, au niveau canadien, de
l'épargne collective et des valeurs mobilières.
M. Manseau (Éric) : O.K.
Donc, vous me dites...
M. Girard (Groulx) : Les
organismes d'autoréglementation. C'est qu'à partir du moment où la CHAD perd
des responsabilités, bien, ça devient moins pertinent... pas la «CHAD»,
excusez-moi, la CSF, ça devient moins pertinent de maintenir une structure plus
lourde pour moins de personnes. C'est... C'est que l'industrie évolue. Puis,
si, nous, on est en mode statu quo dans une industrie qui évolue, bien, on
n'évolue pas.
M. Manseau (Éric) : Mais ça
donne à penser qu'il y a des... il y a des problèmes au niveau de l'assurance
de dommages, qu'il y a des problèmes au niveau de la Chambre de l'assurance de
dommages. Et, quand on regarde... quand on regarde et on entend, on se demande
qu'est-ce qui... qu'est-ce qui ne va pas, qu'est-ce qui est à réparer,
qu'est-ce qui est à...
M. Girard (Groulx) : C'est un
très bon point. Je n'ai jamais parlé de problèmes à la Chambre de dommages.
Alors, nous, on fusionne la CSF, la Chambre de dommages, et puis on va avoir un
C.A., une direction. Au départ, tous les employés, les fonctions, les pouvoirs
d'enquête, tout ça continue. Alors, on a... on n'a pas parlé de s'attaquer
directement à une problématique, comme au fait que ça devient difficile de
justifier deux chambres, alors que le nombre d'inscrits assujettis à une
chambre est en chute libre...
16 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Simard) : ...M.
Manseau, souhaitez-vous...
M. Girard (Groulx) : Mais le...
Mais c'est un point important quand même, c'est que la fusion n'est pas un... une
motion de blâme envers la CHAD ou la CSF, c'est une évolution.
M. Manseau (Éric) : Et est-ce
que vous pensez que la nature du changement... Parce qu'il y a une fusion, mais
il y a également un transfert, je dirais, de pouvoir sur la structure d'encadrement.
Est-ce que... C'est un changement quand même assez profond, je dirais, assez
structurant. Est-ce que ça, ça n'aurait pas nécessité un débat plus large et
une consultation avec les parties prenantes?
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est-à-dire
que, moi, dans mon rôle, le... la protection du public, c'est numéro un. Et,
dans la mesure où la loi sur l'encadrement du secteur financier amène une
protection aussi solide que la Loi sur la distribution des produits et services
financiers, alors, je ne vois pas de perte là. Puis d'amener l'expertise de l'AMF
dans l'encadrement, pour moi, avec le fait que je travaille avec l'AMF depuis
sept ans... c'est notre régulateur intégré du secteur financier. Alors, pour
moi, cet ajout de l'AMF... puis je peux comprendre que, pour les chambres...
Bien là, pourquoi l'AMF arrive puis c'est l'AMF qui va nous reconnaître? Mais
le but... l'AMF ne vient pas reconnaître les chambres pour les dissoudre, comprenez-vous?
C'est que les... le but, ce n'est pas d'abolir les chambres, là. Tu sais, on ne
fera pas... on ne fera pas indirectement par l'AMF ce qu'on... On fusionne les
chambres, les chambres ont une expertise, cette expertise-là va rester et elle...
le champ de compétence pourrait même augmenter si l'AMF décidait de... c'est
quoi, le...
Une voix : Octroyer?
M. Girard (Groulx) : ...octroyer
les pouvoirs à la chambre de l'assurance.
M. Manseau (Éric) : Mais l'AMF
en a le pouvoir.
M. Girard (Groulx) : À la
base, oui.
Mme Fréchette (Lucie) : Donc,
pour le RCCAQ, ce qui est une des inquiétudes, c'est... c'est la
représentativité de la nouvelle chambre pour tous nos membres. Dans... Avec la CHAD
actuellement, on a une représentation assez équilibrée entre les petits
cabinets, les grands cabinets. Le syndic, c'est un... c'est une
autoréglementation faite par des pairs. Ce sont toutes des choses que nous
aimerions continuer à garantir pour les courtiers en assurance de dommages.
M. Girard (Groulx) : Bien, c'est
certain que la représentativité du nouveau C.A., c'est un élément important.
Puis un autre élément extrêmement important, c'est l'indépendance des membres
du C.A., parce qu'il devra y avoir un nombre majoritaire d'indépendants.
Le Président (M. Simard) : Mme
Fréchette, souhaitiez-vous intervenir à nouveau?
Mme Fréchette (Lucie) : Merci.
M. Girard (Groulx) : C'est...
Ça complète pour moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Je vous remercie, M. le ministre. M. Manseau, vous souhaitiez...
M. Manseau (Éric) : ...
Le Président (M. Simard) : Non?
D'autres collègues veulent intervenir du côté gouvernemental pour les deux
minutes restantes? Sans quoi je cède la parole au député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci
beaucoup, M. le Président. Pour assurer une meilleure continuité lors de la
fusion, quel mécanisme, de votre perspective à vous, là... Vous avez parlé
justement de s'assurer que la représentation de vos membres soit optimale, en
fait considérée, là, dans la chose. Est-ce que vous, vous auriez vu ça
autrement par rapport à ce que le ministre nous propose? Avez-vous une idée de...
des propositions pour justement s'assurer que vos membres soient bien
représentés?
Mme Fréchette (Lucie) : Ça
aurait été le temps de consulter nos membres, justement, suite... avant l'adoption
de cette... des mesures. On parle de... aussi de consultations régionales, des
tables rondes. Pour nous, ce n'est pas un luxe de prendre le temps de se
consulter. C'est une... C'est une réforme de... avec beaucoup d'ampleur, qui
touche vraiment, tu sais, à tous les aspects de notre pratique. C'est la
déontologie, la discipline, tu sais, la formation et les relations avec le
régulateur. Donc, d'avoir le temps de s'asseoir et de parler à nos membres.
Je ne sais pas, Éric, si tu avais autre
chose.
M. Manseau (Éric) : Non. Bien,
en fait, il faudra voir la représentation, je comprends, des administrateurs
indépendants...
M. Manseau (Éric) : …mais on a
aussi… Je pense qu'il faut conserver les gens de… les gens de métier, les
pairs. Donc, ça, je pense que c'est important. Donc, il faudra voir dans les
neuf mois, là, qui viennent.
M. Beauchemin : Vous étiez en
train, tout à l'heure, de parler de… justement de s'assurer qu'il y ait des… il
y aurait divers dirigeants responsables, je pense que vous aviez mentionné tout
à l'heure, au niveau, là, de… ce qui semble être au niveau des amendes, et
tout, là. Il y aurait une gradation, si j'ai bien compris, là, que vous
recommandez. Qu'est-ce que vous vouliez dire par ça, exactement?
Mme Fréchette (Lucie) : C'était…
avec le projet de loi, où on était favorable, c'était un encadrement plus…
élargi du dirigeant responsable. Aujourd'hui, un dirigeant responsable de
cabinet, comme moi je suis, c'est quelqu'un qui est responsable, qui porte tous
les chapeaux auprès du régulateur. Même si ma spécialité n'est pas les
ressources humaines ou nécessairement la technologie de… technologie de
l'information, j'ai toutes les responsabilités. Et, où on saluait le projet de
loi, c'est que ça amenait un peu plus de direction dans… de quoi on est
responsable exactement et qu'est-ce qu'on doit mettre en place. Ce côté-là, je
pense que le projet de loi l'adresse parfaitement.
Où on voulait aller plus loin, c'était de
voir la possibilité d'avoir différents types de dirigeants responsables selon
la grosseur du cabinet. Un cabinet d'une douzaine ou une vingtaine de personnes
peut avoir seulement un dirigeant responsable. Mais lorsqu'on commence à avoir
des cabinets, plusieurs centaines de certifiés et avec des départements de
technologies de l'information en ressources humaines, il y a des spécialités
qui pourraient être mieux représentées dans cette responsabilité-là. C'est une
suggestion qu'on faisait.
M. Beauchemin : O.K. O.K. Je
comprends, je comprends mieux. C'est parce que ça me fait penser à ce que je
vous demandais juste avant. Votre groupe, votre regroupement, là, en moment,
là, j'imagine que… bien, ça, c'est peut-être une nouvelle, le projet de
loi 92, pour vous, mais annuellement, semi-annuellement, de façon, j'assume,
irrégulière, vous deviez vous parler entre vous : Qu'est-ce qu'on pourrait
faire pour s'améliorer? La fameuse amélioration en continu. Ça fait que
j'imagine qu'il devait y avoir de ce genre de conversations là qui devaient
avoir lieu. Puis le point, c'est : est-ce que vous faisiez, à ce moment-là, des
présentations au gouvernement pour pouvoir être entendus sur ces points-là?
Mme Fréchette (Lucie) : En
2021, nous avions justement parlé de l'encadrement des dirigeants responsables.
Donc, pour nous, c'était une belle avancée. Nous avons effectivement des
rencontres régulières avec l'AMF pour parler de nos enjeux. Tout comme les
représentants des assureurs, nous sommes favorables à la reconnaissance à
travers les provinces des permis. Ça faciliterait pour nous aussi le travail
des dirigeants de cabinet qui ont des opérations à travers les… à travers les
différentes provinces. Nos membres nous parlent beaucoup aussi de gestion, de
réglementation de façon régulière, et ça fait partie de nos discussions avec l'AMF.
M. Beauchemin : O.K. On
parlait tout à l'heure, puis j'imagine que c'est quelque chose que, là,
maintenant, vous auriez souhaité que ça arrive, là, mais des consultations
préalables, comment auriez-vous vu ça, conceptualisé ça si ça avait eu à avoir
lieu? Comme vous l'auriez fait?
• (16 h 40) •
M. Manseau (Éric) : D'abord en
ayant davantage d'explications sur les besoins, cette évolution qui est… qui
est là et qui est… qui est lu par le gouvernement, par l'AMF. Donc, d'avoir
cette lecture-là, hein, et d'aller consulter nos membres aussi, et d'avoir, je
dirais, l'impact, l'analyse d'impact de ça. Parce qu'il y a sans doute des
impacts. Est-ce que ça va coûter plus cher à nos… à nos certifiés, par exemple?
On sait qu'il y en a… il y en a une bonne partie, là, de la CSF qui s'en va, ça
fait un trou. Est-ce qu'il va y avoir… Tu sais, il y a des choses comme ça.
Est-ce que ça va continuer comme ça continue? Et d'avoir ce feedback-là,
d'avoir cette lecture-là, puis après ça, bien, il est plus facile d'attacher
les fils, je pense, il est plus facile d'avoir l'engagement des gens par
rapport à cette nouvelle… ce nouveau projet là. Là, actuellement, on a fait
face un peu… puis je vous dirais qu'en, quoi, deux mois… le projet a été déposé
au Conseil des ministres, je pense, à la mi-mars. Aujourd'hui, on en discute,
et tout est pas mal ficelé. Donc, je considère que le laps de temps est court.
M. Beauchemin : Puis combien…
parce que j'arrivais à poser la question, c'est l'impact pour chacun de vos
membres en moyenne, est-ce que vous, vous l'avez quantifié, là, depuis…
M. Manseau (Éric) : ...Non.
M. Beauchemin : O.K. Ça fait
que... Mais ça représente probablement des heures de lecture pour recomprendre
des nouvelles... la nouvelle réglementation. Il n'y a aucune estimée de votre
part, là, qui a été faite là-dessus? O.K.
M. Manseau (Éric) : Non.
M. Beauchemin : Je veux
revenir sur un point que vous avez mentionné tantôt, Mme, à propos, là, de
passer de 5 000 $ à plus élevé. Puis vous disiez que c'est une bonne idée,
mais, ce qu'il faudrait faire, c'est de s'assurer que les gens qui font ça sont
des gens, puis là, vous aviez dit, déjà des anciens estimateurs dans le
passé... juste reprendre un peu ce coin-là parce que j'ai trouvé ça un petit
peu différent, en fait, là.
Mme Fréchette (Lucie) : Oui.
Donc, nous, ce qui est important pour nous, c'est la protection du public.
Donc, de donner l'autorité pour régler un sinistre de plus de 5 000 $ à
quelqu'un qui est non certifié, pour nous, ça pose un risque à moyen et à long
terme. On sait qu'il n'y a pas eu de plaintes, là, dans les derniers temps,
mais combien de temps est-ce que ça peut... ça peut durer. En ciblant des
groupes qui ont déjà une certification, comme les courtiers d'assurances ou les
agents d'assurances, les anciens, ceux qui ont... disons, qui ont pris leur
retraite, là, de... l'expert en sinistre qui, depuis, bon, les modalités
peuvent être décidées, ou des experts en sinistre des autres provinces, on se
garantit de la capacité de comprendre le contrat d'assurance et de la qualité
du service qu'on va... qu'on va donner aux consommateurs. C'est un équilibre
qui est efficace, tout en respectant la protection du public.
J'ai été... J'ai été courtier d'assurances
dans un gros groupe. Là, je vais vous donner mon âge, un peu, là, mais, pendant
le verglas, j'étais courtier. Et on a mis... on nous a tous mis, les courtiers,
au travail pour aider les agents, au téléphone, à régler des réclamations, là,
du verglas. Donc, ça se fait dans les bureaux... dans les bureaux d'assurances,
et les courtiers peuvent continuer d'aider dans ce sens-là.
M. Beauchemin : C'est
intéressant parce qu'il y a une... il y a une spécification, hein, pour estimer
vraiment, là, le montant du dommage. Puis c'est vraiment une certification en
tant que telle. Le concept aujourd'hui d'avoir des superviseurs, je pense que
c'est ça, le terme qui est utilisé, donc les gens utilisent des barèmes,
regardent des photos, se retournent de bord, s'ils ont des questions, parce
qu'ils vont voir la personne qui, elle, elle est certifiée, qui gère tout ça.
Puis il y a un petit peu de ça qui se passe. Les failles, les risques que vous
voyez dans ça, c'est spécifiquement par rapport à l'incapacité de bien identifier
les problèmes. C'est-tu ça ou...
Mme Fréchette (Lucie) : Oui.
Ou de bien régler le dossier. Parce que, plus le montant est élevé, puis il y a
un risque d'erreur. Il y a un risque que le client ne comprenne comprenne pas
ses obligations. Tu sais, il y a une raison pourquoi un expert en sinistre est
certifié, c'est qu'il doit connaître son mot-à-mot, connaître son contrat et
soit capable de l'expliquer au client aussi. Donc, c'est... notre inquiétude
est vraiment pour les sinistres de plus gros montants. On ne parle pas de
pare-brise, là, de... c'est... c'est...
M. Beauchemin : Non, non,
non. Mais le fait qu'on parle, là, depuis... je pense, ce matin, on a mentionné
la limite de 10 000 $ à quelques reprises, est-ce que ça, ça limite un peu
vos inquiétudes ou...
Le Président (M. Simard) : Alors,
en conclusion.
M. Manseau (Éric) : Oui.
Mme Fréchette (Lucie) : Oui.
M. Beauchemin : D'accord.
C'est tout. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci.
La conclusion aurait pu être un peu plus longue.
M. Beauchemin : Bien,
c'est... Il fait ça à tout le monde!
Des voix
: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci beaucoup pour les échanges jusqu'à maintenant. J'ai deux
questions.
Ma première, c'est un peu pour revenir sur
vos craintes en ce qui concerne la protection du public, s'il advient une
fusion de la Chambre d'assurance dommages et la Chambre de sécurité financière.
Pouvez-vous nous donner des exemples de quels risques que vous voyez en termes
de protection du public?
M. Manseau (Éric) : Bien,
c'est qu'en fait on... c'est plus de l'incertitude que des risques. Parce
qu'actuellement, puis on en parlait tantôt, ça va bien. Ça va bien et puis, en
tout cas, le public est protégé. On n'a pas d'indications contraires à l'effet
que le public n'est pas protégé ou est mal protégé. Donc, c'est plus une notion
d'incertitude.
Mme Zaga Mendez : O.K. Merci.
La deuxième. Pour... Dans vos recommandations, bien sûr, il y a un... d'avoir
une grande consultation puis d'inclure un peu plus la voix de vos membres. Ceci
étant dit, nous sommes là, en commission parlementaire, à essayer d'améliorer
le projet de loi. Si vous avez une recommandation à nous faire concernant...
Mme Zaga Mendez :
...l'indépendance de cette nouveau... nouvelle institution. Concernant la
composition dans le C.A, est-ce que vous aurez des recommandations, par
exemple, en termes des quotas ou des... des représentations au sein du C.A. de
la nouvelle chambre qui pourraient avoir lieu?
M. Manseau (Éric) : Moi, je
vous dirais, au moins l'équivalent de ce qu'on a actuellement, minimalement.
Mme Fréchette (Lucie) : La représentativité
par les nombres aussi, donc, la taille.
Mme Zaga Mendez : Donc, ça
serait des critères à ajouter, la taille, le nombre, puis avoir une
distribution qui est équivalente à ce qu'on voit maintenant...
M. Manseau (Éric) : Ou supérieure.
Mme Zaga Mendez : ...ou
supérieure. Avec le peu de temps qui me reste, je vous cède... si jamais il y
un message ou un autre point que vous voulez soulever à la commission.
M. Manseau (Éric) : Bien, en
fait, on est là, on est... Comme on dit, on recommande qu'on élargisse
peut-être un peu la discussion puis on mettra tous les efforts pour aller
consulter nos membres et faire en sorte que le projet soit connu et accepté.
Voilà.
Mme Zaga Mendez : Bien, merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Alors, Mme Fréchette, M. Manseau, merci beaucoup pour votre participation. Sur
ce, nous allons suspendre momentanément nos travaux. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 48)
(Reprise à 16 h 53)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux et nous
avons l'honneur de recevoir des représentants de Beneva. Messieurs, soyez les
bienvenus. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il vous plaît?
M. Fillion (Guillaume) : ...moi,
c'est Guillaume Filion, je suis chef des affaires gouvernementales chez Beneva.
M. Bellavance (Pierre Marc) : Alors,
Bonjour. Pierre Marc Bellavance, vice-président exécutif, secrétaire général
chez Beneva.
Le Président (M. Simard) : Alors,
vous disposez, messieurs, d'une dizaine de minutes.
M. Fillion (Guillaume) : Merci
beaucoup. M. le Président, M. le ministre des Finances, Mmes, MM. les députés,
je tiens tout d'abord à vous remercier de nous permettre d'être ici avec vous
aujourd'hui.
Le 1er juillet 2020, La Capitale et
SSQ Assurance se sont regroupées pour donner naissance à Beneva. Notre
organisation a une histoire et un lien unique avec la Ville de Québec, avec
l'administration publique québécoise et avec le Québec au complet.
Cela débute en 1940, quand des employés du
service civil québécois, ainsi que l'on nommait les fonctionnaires à l'époque,
ont mis en place une caisse de secours funéraire pour couvrir les frais des
collègues décédaient. C'est ainsi qu'est née la mutuelle des employés civils,
qui deviendra la Mutuelle des fonctionnaires du Québec, puis La Capitale
Mutuelle de l'administration publique, dont la mission était d'offrir des
protections individuelles à tous les employés des services publics québécois.
Pour SSQ assurance, l'histoire a débuté en
1944 dans le quartier Saint-Sauveur à Québec quand des citoyens se sont
regroupés pour avoir accès à un médecin et à des soins médicaux. Sous
l'impulsion du Dr Jacques Tremblay, dont la volonté était de démocratiser les
soins, est né la Coopérative de santé Québec, premier nom de SSQ assurance. La
mutuelle deviendra ensuite un leader de l'assurance collective auprès du
gouvernement du Québec et de ses organismes en plus de participer aux grands
débats de société qui animent la mise en place du système de santé universelle
québécois.
En janvier 2020, ces deux mutuelles
d'assurance annoncent leur intention d'unir leurs forces pour mieux affronter
l'avenir. C'était la première fois au Québec que deux organisations mutuelles
d'une telle envergure choisissaient de s'unir. Alors que nous fêterons bientôt
notre cinquième anniversaire, on peut clairement dire mission accomplie.
En date d'aujourd'hui, Beneva, c'est la
plus grande mutuelle d'assurance au Canada, le plus grand assureur de Québécois
en termes de primes souscrites, la 21e plus grande entreprise québécoise
en... avec plus de 5 500 employés et le plus important assureur
collectif du Québec. C'est une belle histoire à succès, qu'une mutuelle
d'assurances fondée par des fonctionnaires québécois et des citoyens du
quartier Saint-Sauveur soit aujourd'hui dans cette position et soit également
en mesure de conquérir de nouveaux marchés hors du Québec.
Lors du regroupement, les dirigeants et
les membres ont fait le choix de demeurer une mutuelle. Cela implique que les
membres de Beneva peuvent voter sur les grandes orientations pour l'année à
venir et pour élire les administrateurs, par exemple. Être une mutuelle, ça
veut aussi dire que les surplus sont réinvestis, ce qui permet d'offrir sans
cesse de meilleurs services.
Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est pour
émettre nos commentaires au sujet du projet de loi n° 92, mais également
pour faire une demande de modification qui favorisera, à notre avis, le développement
des assureurs québécois dans les autres provinces.
M. Bellavance (Pierre Marc) : Alors,
merci, Guillaume. M. le Président, M. le ministre des Finances, Mmes et MM. les
députés, alors, merci encore de nous accueillir et nous permettre d'être ici
aujourd'hui avec vous.
Alors, comme Guillaume l'a dit avant moi,
Beneva veut...
M. Bellavance (Pierre Marc) : ...ses
parts de marché dans les autres provinces canadiennes. Nous avons une structure
solide, une situation financière très bonne et une offre diversifiée de
produits et services, de produits financiers qui nous permettent d'accompagner
nos membres, nos clients dans les différentes étapes de leur vie.
C'est dans ce contexte-là que nous
souhaitons aborder l'article 123 du projet de loi n° 92. Cet article
modifie, comme vous le savez, l'article 266 de la Loi sur les assureurs,
qui exige actuellement que la majorité des administrateurs d'un assureur
québécois réside au Québec. L'article... 123, pardon, propose d'assouplir
cette exigence afin de permettre à un assureur d'avoir un conseil
d'administration composé d'un tiers d'administrateurs qui résident au Québec
si, un, le groupe financier dont il fait partie perçoit au moins 40 % de
ses primes à l'extérieur du Québec et, deux, la majorité de ses administrateurs
résident au Canada.
Beneva est favorable à l'initiative du
gouvernement. Cependant, tel que libellé, l'article 123 du projet de loi
ne permettrait qu'aux assureurs faisant partie d'un groupe financier qui, lui,
ce groupe, perçoit 40 % de ses primes à l'extérieur du Québec de se
prévaloir de cet assouplissement de cette disposition.
Dans une optique de saine concurrence — et
ça, je pense, c'est important de bien comprendre — de saine
concurrence et en vue de permettre aux assureurs québécois de se développer à
l'intérieur de leur structure corporative respective, comme c'est le cas pour
Beneva, Beneva est d'avis que l'assouplissement proposé devrait aussi être
admissible à un assureur québécois faisant partie d'un groupe financier, encore
une fois, mais percevant individuellement, cet assureur-là québécois, hein,
40 % de ses primes, ne percevant pas au-delà à 40 % de ses primes
pour l'ensemble du groupe, mais que lui, cet assureur-là, perçoit lui-même plus
de 40 % de ses primes, donc d'y aller de façon individuelle pour
l'assureur et non pas en termes, nécessairement, toujours de groupes.
C'est pourquoi nous soumettons à M. le
ministre des Finances et aux membres de la Commission des finances publiques la
proposition d'amendement tel que libellé dans notre mémoire. Cet amendement
favoriserait, à notre avis, la croissance de plus d'assureurs québécois dans
les autres provinces tout en demeurant, et ça, c'est important, à charte
québécoise.
À titre de groupe financier, les assureurs
de Beneva perçoivent collectivement la majorité de leurs primes au Québec, et
cette situation ne changera pas à court ou à moyen terme.
Or, comme pour les autres groupes
financiers québécois, la croissance et la pérennité de ses activités impliquent
une croissance dans les autres provinces canadiennes.
Les autres provinces canadiennes sont des
marchés distincts du Québec, avec leurs particularités et enjeux qui les
caractérisent.
Beneva est d'avis que les assureurs
québécois souhaitant se développer avec succès de façon durable à l'extérieur
de la province devront miser sur des administrateurs ayant une bonne connaissance
et une maîtrise de ces particularités et enjeu dans un monde, hein, très
compétitif et qui est en constant changement.
Beneva est d'avis que la possibilité de
compter sur un plus grand nombre d'administrateurs résidant dans ces provinces
constituerait un avantage indéniable pour un assureur québécois percevant au
moins 40 % de ses primes à l'extérieur du Québec.
En janvier dernier, c'est public, je peux
même... je peux, évidemment, vous en parler, nous avons annoncé notre intention
de nous regrouper avec Gore Mutual Insurance Company, dont le siège est à
Cambridge, en Ontario.
Gore est une société mutuelle d'assurance
à charte fédérale établie en Ontario depuis 1839. Ce n'est pas rien. Elle
compte environ 600 employés et un volume d'affaires d'environ
700 millions de primes annuellement, la quasi-totalité hors du Québec,
principalement l'Ontario et une partie en Colombie-Britannique.
• (17 heures) •
Afin de se regrouper avec Beneva, Gore
deviendra éventuellement un assureur à charte québécoise. Évidemment, il y a
des étapes à venir à cet égard-là. Bien qu'elle exerce la quasi-totalité de ses
activités, comme je l'ai dit, hors du Québec, mais elle deviendra à charte
québécoise. Il est prévu que Gore fusionne avec une de nos filiales, Unica, qui
exerce actuellement ses activités en assurance de dommages à l'extérieur du
Québec tout en étant à charte québécoise.
Avec l'article 123 tel
qu'actuellement libellé, Beneva ne pourrait pas conserver sur le conseil de sa
nouvelle filiale une majorité des administrateurs d'expérience provenant du
conseil de Gore, qui ont une connaissance importante des marchés de l'Ontario
et de la Colombie-Britannique. Il est clair que de conserver une majorité des
administrateurs de cet assureur sur le conseil de la nouvelle société issue du
regroupement, car Beneva va se regrouper avec Gore, pourrait être un facteur
favorable à la réussite de celui-ci...
17 h (version non révisée)
M. Bellavance (Pierre Marc) : ...je
tiens à préciser que, malgré sa volonté de croître à l'extérieur du Québec, il
a toujours été et il est toujours de la ferme intention de Beneva que l'ensemble
de ses assureurs soient régis par les lois du Québec, et ce, notamment en vue
que l'ensemble des titulaires de contrats émis par ceux-ci soient également des
membres mutualistes — il ne faut pas oublier que nous sommes une
mutuelle chez Beneva — ce qui ne serait pas possible si certains de
ses assureurs devaient être régis par les lois d'une autre juridiction au
Canada. Donc, pour être membres, pour faire bref, ils doivent être assurés par
des assureurs de notre groupe, mais du Québec.
L'amendement demandé par Beneva
permettrait donc à des assureurs à charte québécoise de bénéficier de
flexibilité supplémentaire dans la composition de leur conseil d'administration
s'ils font plus de 40 % de leurs affaires hors du Québec. Pour tous les
autres assureurs de Beneva, le conseil d'administration ne changera pas et demeurera
composé d'une majorité d'administrateurs résidant au Québec. Sur ce premier
point, ça ferait le tour du premier point, là, important dont on voulait vous
parler.
Pour vous... quelques très brefs
commentaires sur les autres enjeux du projet de loi n° 92, si vous permettez,
M. le Président, rapidement, sur la fusion proposée des chambres d'assurance,
Beneva tient à souligner les efforts du gouvernement visant à simplifier l'encadrement
des représentants distribuant des produits et services financiers. Cette
initiative est cohérente, selon nous, avec la volonté gouvernementale d'accroître
la protection du consommateur et d'améliorer la connaissance et la
compréhension du rôle des organismes auxquels il doit s'adresser lorsqu'il
considère que ses droits ou intérêts n'ont pas été respectés. Toutefois, Beneva
est avis que l'absence d'un organisme commun, pour encadrer les représentants
ainsi que les cabinets, sociétés autonomes ou représentants autonomes, peut
induire, pour les consommateurs intervenants de l'industrie, une certaine
lourdeur peut-être et une confusion dans le processus disciplinaire. Beneva invite
également le gouvernement à demeurer vigilant afin que cette fusion n'entraîne
pas de charges administratives supplémentaires pour les consommateurs et les
assureurs.
Finalement concernant l'expertise en règlement
des sinistres, Beneva tient à saluer les changements proposés par le
gouvernement du Québec et l'Autorité des marchés financiers sur l'enjeu du
règlement des sinistres dans le projet de loi n° 92. Les catastrophes
naturelles sont de plus en plus fréquentes...
Le Président (M. Simard) :
Très bien.
M. Bellavance (Pierre Marc) :
...oui, je termine...
Le Président (M. Simard) : Oui,
s'il vous plaît.
M. Bellavance (Pierre Marc) :
...je termine avec... Beneva souhaite profiter de l'occasion pour souligner la
proactivité dont fait preuve l'Autorité des marchés financiers dans le dossier
de la gestion des réclamations liées aux événements catastrophiques. Et, sur ce
point, Beneva tient également à remercier l'autorité pour le support et la
flexibilité accordés aux assureurs à l'occasion de la tempête post-tropicale
Debby.
Le Président (M. Simard) : C'était
excellent. Je cède la parole à M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Est-ce qu'il
a pris de mon temps...
Le Président (M. Simard) : Absolument
pas.
M. Girard (Groulx) : ...via
votre souveraineté?
Le Président (M. Simard) :
C'était sur le temps de la présidence.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Excellent. Le temps de la présidence, c'est un nouveau concept.
Le Président (M. Simard) :
Oui, on n'arrête pas d'innover à la Commission des finances publiques.
M. Girard (Groulx) :
Excellent. Merci beaucoup. Alors, clairement, vous avez une formation juridique.
Vous avez dit une chose et son contraire sur la fusion? Êtes-vous pour ou
contre la fusion des chambres?
M. Bellavance (Pierre Marc) : C'est-à-dire
que nous sommes pour, hein, mais on pense qu'il y a peut-être un pas
supplémentaire qui, un jour, pourrait se faire pour avoir une seule chambre
éventuellement ou un seul endroit où les consommateurs pourraient s'adresser.
Alors, on pense qu'il y a peut-être encore un peu de lourdeur, de multiplicité
qui pourra... qui pourrait survenir éventuellement.
M. Girard (Groulx) : Donc, vous
aimeriez que les pouvoirs de l'AMF soient complètement accordés à la chambre ou
que la Chambre soit éliminée et que l'AMF fasse tout ça. Je ne comprends pas.
M. Bellavance (Pierre Marc) : C'est
un seul interlocuteur...
M. Girard (Groulx) : Un seul
interlocuteur.
M. Bellavance (Pierre Marc) :
...un seul interlocuteur, que ce soit l'AMF, à la fin, ou la ChAD, on verra,
mais, pour l'instant, ce qu'on comprend, c'est qu'il en demeure deux, et qu'éventuellement,
peut-être qu'un jour nous pensons que, pour simplifier les choses, ça pourrait
devenir un.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Très bien. Là, la structure de capital d'une mutuelle, vous comprendrez que c'est
un peu compliqué pour les gens qui nous écoutent. Alors là, si je comprends
bien ce que vous proposez, c'est que, nous, on veut garder... Lorsqu'une la
société mère ou le conglomérat ou l'entité centrale d'un groupe financier a des
activités à l'extérieur... des activités importantes à l'extérieur du...
M. Girard (Groulx) : ...Québec,
on veut amener une flexibilité pour que la composition de son conseil
d'administration reflète la nature de ses activités. Alors, par exemple, s'il y
a des acquisitions en Ontario ou aux États-Unis, c'est normal que le C.A.
évolue pour représenter ça. Mais là, vous, votre cas, c'est plus spécifique.
C'est une de vos filiales qui a plus de 40... C'est une des filiales de la
société mère qui aura plus de 40 % de ses activités à l'extérieur du
Québec. Et là, donc, vous demandez à ce que la flexibilité que nous souhaitons
accorder au niveau de l'entité globale puisse être permise dans l'entité...
dans la filiale, finalement.
M. Bellavance (Pierre Marc) : Dans...
tout à fait.
M. Girard (Groulx) : C'est ça
que vous demandez.
M. Bellavance (Pierre Marc) : Tout
à fait. Tout à fait.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors là, vous avez proposé cet amendement-là sous une forme juridique.
M. Bellavance (Pierre Marc) : Tout
à fait.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Alors, nous, on va analyser ça en détail. Puis c'est bien certain qu'on va
garder les oppositions informées en toute transparence. Et je vous inviterais à
rester disponibles, si les membres de l'opposition ont aussi des questions
quant à cette particularité-là, parce que c'est... c'est un amendement qui
reflète la nature de vos activités. Mais évidemment, ça pourrait arriver dans
un autre groupe aussi, là.
M. Bellavance (Pierre Marc) : Tout
à fait. Tout à fait.
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce... est-ce que c'est... c'est commun de garder une multiplicité de
conseils d'administration?
M. Bellavance (Pierre Marc) : C'est
commun. C'est-à-dire qu'on essaie de ne pas le faire dans la mesure du
possible.
M. Girard (Groulx) : C'est ce
que je pensais.
M. Bellavance (Pierre Marc) : Nous
essayons. Actuellement, c'est ce que nous avons, on essaie d'avoir les mêmes
conseils d'administration dans l'ensemble du groupe. Maintenant, la réalité
d'aujourd'hui est un petit peu différente, les gens... Et, pour faciliter, M.
le ministre, des regroupements. Évidemment, quand on discute avec des groupes
en dehors du Québec, ils souhaitent, pour se regrouper, conserver une majorité
de membres du conseil. Et la gouvernance est un des éléments fondamentaux de
transaction... de telles transactions. Vous pouvez facilement l'imaginer.
Alors, c'est de plus en plus le cas, nous souhaitons étendre nos activités à
l'extérieur du Québec. Donc, nous n'étions pas surpris d'une telle demande de
la part de Gore. Nous ne serons pas surpris dans l'avenir, si nous avons
d'autres regroupements avec d'autres entités, d'avoir exactement la même
demande.
Alors, ce qui se passe actuellement, pour
être très concret, c'est que, si on bloque à cet égard-là, ça peut faire,
excusez-moi, mais... de dire l'expression, mais faire arrêter un deal, une
transaction complètement pour cette raison-là de gouvernance. Donc, pour nous,
c'est un élément fondamental, de permettre à Beneva, qui demeure un assureur
puis une mutuelle québécoise, de pouvoir jouer sur le même terrain de jeu que
d'autres qui ont des activités encore plus grandes en dehors du Québec, dont
40 % des primes en dehors.
Donc, Beneva n'est clairement pas
favorisée par cette souplesse-là, là, dans le p.l. 92. Et, ce qu'on demande,
c'est permettre à bénévole de progresser et de croître dans ses activités en
dehors du Québec. C'est... C'est aussi simple que ça.
• (17 h 10) •
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Et, tout à l'heure, M. le Président, j'ai précisé que l'AMF n'avait pas le
mandat de faire la promotion de l'industrie. Mais évidemment, le gouvernement,
lui, souhaite que l'industrie financière québécoise soit dynamique et puisse
dominer dans certains créneaux du marché. Et on a, dans le domaine de
l'assurance, plusieurs institutions de grande qualité. Et on accueille
favorablement leur désir d'expansion, soit aux États-Unis ou dans le reste du
Canada.
Ça complète mes questions, moi, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci à vous, M. le ministre. Y aurait-il des collègues de la
partie gouvernementale qui souhaitent intervenir? Sans quoi je cède la parole
au député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Peut-être juste nous remettre dans le contexte. Donc, Gore, c'est
une acquisition qui fait affaire dans le reste du Canada, pas majoritairement
en Ontario, mais dans le reste du Canada. C'est ça?
M. Bellavance (Pierre Marc) : En
Ontario majoritairement et un peu en Colombie-Britannique.
M. Beauchemin : O.K. Et, eux,
ça représente un chiffre d'affaires de 700 millions de dollars, vous
dites.
M. Bellavance (Pierre Marc) : Environ.
M. Beauchemin : O.K. Beneva,
c'est quoi, le chiffre d'affaires?
M. Bellavance (Pierre Marc) : 7,7,
un peu plus de 7 milliards de volumes primes par année.
M. Beauchemin : Donc,
combiné, ce serait 7,7. C'est ça?
M. Bellavance (Pierre Marc) : À
peu près.
M. Beauchemin : O.K. Puis là,
ce que vous voulez, c'est qu'au niveau de la composition du C.A. de cette
succursale de Beneva, vous voulez avoir plus que juste 40 % des membres
qui viennent de l'extérieur du Québec ou comment ça fonctionne?
M. Bellavance (Pierre Marc) : C'est-à-dire,
bien, on aurait la même disposition. Donc, nous aurions, dans les faits, là,
pour être très précis, pour répondre à votre question, là...
M. Bellavance (Pierre Marc) : ...neuf
administrateurs, cinq qui proviendraient de l'Ontario et BC, tout dépendant,
là, et quatre du Québec. Alors, ce qu'on souhaite, c'est au moins le tiers, là,
qui soit... qu'il y ait la règle le tiers minimalement du Québec qui soit là.
Mais, de facto, le conseil d'administration va être composé de neuf personnes,
dont cinq à l'extérieur du Québec, quatre du Québec, donc plus du tiers même.
Ce qu'on demande, c'est plus du tiers.
M. Beauchemin : Je comprends.
Puis ça, j'imagine que ça faisait partie des conditions gagnantes, là, pour que
le deal se fasse, d'avoir ça, évidemment.
M. Bellavance (Pierre Marc) : Tout
à fait, oui.
M. Beauchemin : Est-ce que je
le comprends?
Une voix : ...
M. Beauchemin :
L'acceptabilité transactionnelle, c'est bon. En termes de flexibilité additionnelle,
que vous parliez tout à l'heure, par rapport aux membres, c'est vraiment au
niveau de la capacité de pouvoir être moins de Québécois, c'est juste ça?
M. Bellavance (Pierre Marc) : C'est-à-dire,
au niveau du conseil d'administration, vous êtes toujours?
M. Beauchemin : Oui.
M. Bellavance (Pierre Marc) :
Parce qu'actuellement, si la majorité est du Québec, à ce moment-là, le
conseil, on ne pourrait pas avoir la composition dont je vous ai parlé, là, de
cinq de l'extérieur et de quatre Québécois. Donc, c'était... c'est une
problématique. Alors, ce qu'on veut, c'est plus flexibilité, donc un minimum du
tiers des membres du conseil doivent provenir du Québec. Puis, avec ça, nous,
on a de la flexibilité pour faire ce genre de transaction là, aujourd'hui et
pour l'avenir. Et c'est ce qui compte pour Beneva, là, qu'est-ce qui se passe
dans trois ans, dans cinq ans, si la croissance continue dans le reste du
Canada, en Ontario plus particulièrement ou en BC, en Colombie-Britannique.
On... La règle du tiers minimal provenant du Québec, pour nous, nous donne la
flexibilité pour croître, clairement.
M. Beauchemin : Puis moi, je
ne viens pas de l'industrie de l'assurance, ça fait que je ne suis pas vraiment
connaissant sur tous les détails, mais je me pose la question, puis je vais
aller peut-être sur une question que le ministre mentionnait tout à l'heure :
Est-ce que c'est standard d'avoir des conseils d'administration pour des
succursales?
M. Bellavance (Pierre Marc) : Ça
peut arriver, ça peut arriver. Ce n'est pas nécessairement la même, même, même
composition du conseil, parce que, dans des grands groupes financiers, il ne
faut pas oublier que chaque conseil d'administration est indépendant, chacune
des entités juridiques est indépendante juridiquement avec sa propre
gouvernance. Alors, ça peut arriver que ce sont les mêmes conseils
d'administration, comme ça peut arriver qu'il y ait des conseils spécifiques
pour des filiales précises. Là, on en a un bon exemple dans ce qu'on vous
propose aujourd'hui où ça va être le cas. Pour des réalités et des
connaissances de marché, je pense, c'est l'expertise qu'il faut retenir, M. le
député.
M. Beauchemin : O.K. Ça fait
que ça, si, supposons que... bon, nonobstant ce deal-là avec Gore, là, ça
limite la croissance de Beneva à l'extérieur du Québec d'avoir la structure
avant le projet de loi, si je comprends bien, c'est ça?
M. Bellavance (Pierre Marc) : C'est
que, oui, ça nous oblige... ça nous oblige, dans le contexte de Beneva
actuellement, là, à avoir la majorité du conseil provenant du Québec, ce qui
n'est pas évidemment la volonté, la demande d'entreprises que nous pouvons...
que nous pourrions avoir des discussions de regroupement, clairement.
M. Beauchemin : Puis, dans le
quotidien, là, sur le terrain, que ce soit en Colombie-Britannique, en Ontario,
peu importe, les autres provinces ou les autres endroits, la connaissance du
marché en tant que tel, spécifique, ça ne vient que par les gens... pour que ce
soit transmis aux connaissances à l'interne de Beneva, ça ne devrait venir que
par les gens qui sont sur le C.A., ça ne peut pas être les gestionnaires sur le
terrain qui, eux autres, connaissent...
M. Bellavance (Pierre Marc) : Bien,
c'est certain que les gestionnaires peuvent apporter leur expertise, leurs
connaissances, les redditions de comptes au conseil d'administration ou aux
membres du conseil, mais il est indéniable que les membres du conseil doivent
bien comprendre le marché, et le marché, pour être... le marché du Québec, ce
n'est définitivement pas la même chose que le marché de l'Ontario en assurance
de dommages, par exemple. Alors, c'est certain que la connaissance, l'expertise
des administrateurs sur le conseil d'administration de Gore actuellement est un
gros plus, est un actif pour l'entreprise et pour la réussite, le succès du
regroupement qui s'en vient. Alors, c'est important d'avoir des administrateurs
qui comprennent très bien le marché.
M. Beauchemin : Si vous aviez
tenu le crayon, là, pour écrire le projet de loi vous-même, quel frein que vous
vivez dans le quotidien, qui n'a pas été adressé dans le projet de loi, que
vous auriez aimé qu'il soit adressé?
M. Bellavance (Pierre Marc) : Bien,
je pense que le frein, on l'a... on l'a ajouté, là. On a proposé une
modification, pour répondre à votre question, dans notre mémoire. Je pense
qu'avec l'ajout que nous avons proposé, que nous vous proposons... je pense que
ça règle notre problématique qu'on a ou le frein dont vous parlez, là.
M. Beauchemin : Mais il n'y a
pas de... il n'y a pas d'enjeu de réglementation, paperasse, selon vous? La
pénurie de main-d'œuvre, ce n'est pas un enjeu?
M. Bellavance (Pierre Marc) :
O.K. Là, vous êtes... Je pensais que vous étiez encore au conseil
d'administration, là. Vous arrivez sur d'autres choses...
M. Beauchemin : Non, non,
je... dans l'ensemble, si vous...
M. Beauchemin : …réinventer le
projet de loi, là, du jour au lendemain, demain matin, vous tenez le crayon,
là.
M. Bellavance (Pierre Marc) :
C'est une grande question. Mais très… mais très sincèrement, je l'ai mentionné
tout à l'heure, nous, nous saluons le travail qui a été fait, la simplification
qui est regardée et qui a été analysée par le gouvernement, le travail de
l'autorité aussi, là, je l'ai salué au niveau de Debby. Alors,
pratico-pratique, on pense que les solutions apportées, qu'on voit dans le p.l.
n° 92, sont une très bonne avenue et un gage, là, d'un meilleur avenir,
là, pour les consommateurs. Nous, on a toujours l'optique des consommateurs,
des membres, des clients et on pense que ce qui est dans le p.l. n° 92 est
un très, très, très bon… un bon pas en avant.
M. Beauchemin : Puis vous ne
voyez pas aucune inquiétude pour vous, de votre perspective à vous, là,
nonobstant ce que vous avez apporté comme amendements, mais le concept en tant
que tel de permettre une plus grande présence de gens à l'extérieur du Québec
sur les conseils d'administration, pour des compagnies d'assurance, pour vous,
c'est...
M. Bellavance (Pierre Marc) :
Pour nous, il n'y a pas d'enjeu, parce qu'on a… comme disait M. le ministre,
tantôt, tu sais, c'est un groupe financier très grand, là, Beneva, quand même,
avec une mutuelle en haut. Alors, la gouvernance de la mère, si on peut dire,
va toujours être présente. Alors, il y a quand même… c'est un tout, hein? C'est
un groupe financier. Alors, même si la filiale a un conseil d'administration
distinct, un peu différent, évidemment, de sa composition que les autres, que
Beneva, il n'y a pas d'enjeu. Quand même, là, il y a des… il y a des
discussions, il y a… ce n'est pas un ion libre, là, cet assureur-là dans le
contexte du groupe financier. Alors, non, il n'y a pas d'enjeu.
M. Beauchemin : Puis est-ce
que je peux comprendre… parce que vous avez dit tout à l'heure comme quoi que,
de votre point de vue à vous… qu'il y ait une fusion des deux chambres versus
l'élimination qui serait apportée directement à l'AMF, ça, ça aurait été
peut-être plus souhaitable pour vous? C'est-tu ça, si j'ai bien compris?
M. Bellavance (Pierre Marc) :
Bien, ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est… je vais le répéter, c'est qu'on
trouve toujours en ayant deux chambres aujourd'hui ou deux endroits où le
consommateur aura à cogner à la porte, avoir de la multiplicité, peut-être, au
niveau disciplinaire, ou autres, peut peut-être être… porter à confusion ou un
peu plus de lourdeur. Alors, s'il y avait un seul interlocuteur, un jour, ce
serait peut-être préférable. Maintenant, on pense que le premier pas est quand
même bien fait. Puis on comprend l'optique derrière, là, la démarche et de voir
à simplifier les choses, essayer de le faire. Maintenant, on va le voir dans…
concrètement ce qui va arriver, éventuellement.
M. Beauchemin : …que des
éloges. C'est bon, je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Simard) :
Merci à vous, cher collègue. Messieurs, merci à nouveau pour votre présence
parmi nous cet après-midi.
Conséquemment, je suspends nos travaux
momentanément.
(Suspension de la séance à 17 h 19)
(Reprise à 17 h 30)
Le Président (M. Simard) : Alors,
collègues, à nouveau bienvenue! Nous sommes en présence de représentantes et de
représentants d'Option Consommateurs. Mesdames, M., soyez les bienvenus. Vous
savez que vous disposez d'une période de 10 minutes afin de faire votre
intervention.
M. Corbeil (Christian) : Oui.
On peut y aller?
Le Président (M. Simard) : Ah!
vous pouvez y aller.
M. Corbeil (Christian) : O.K.
Merci. M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, je vous
remercie de nous donner l'occasion de vous présenter nos observations
aujourd'hui. Je m'appelle Christian Corbeil, directeur général d'Option
Consommateurs, et je suis en compagnie de Maître Clarisse N'Kaa à ma gauche et
de Me Sylvie de Bellefeuille, directrice des services juridiques.
Depuis sa création, en 1983, Option
Consommateurs s'intéresse aux différents problèmes rencontrés par les
consommateurs en matière d'encadrement du secteur financier. La protection du
public a toujours été au cœur de nos interventions.
Ainsi, Option Consommateurs s'est prononcé
à diverses occasions, notamment lors de la publication du projet de loi
n° 30 en 2023 et du projet de loi n° 141 en 2018. Le projet de loi
n° 92, qui fait l'objet d'analyse actuellement, présente différentes
mesures susceptibles d'avoir un impact sur la protection des consommateurs.
Certaines de ces mesures sont positives, d'autres sont questionnables. Nous ferons...
Nous en ferons état plus bas.
Par ailleurs, il aurait été, à notre avis,
bénéfique à la commission de convoquer un plus grand nombre d'experts qui ont
réfléchi à ces questions afin de vous éclairer sur la meilleure orientation à
prendre pour la protection des consommateurs. Les années d'expérience au
service des consommateurs nous ont permis de constater que la protection des
consommateurs n'est jamais à tenir pour acquise. C'est dans cette perspective
que nous vous présentons les commentaires qui suivent. Merci.
Mme N'Kaa (Clarisse) : Bonjour
à tous et merci pour l'invitation.
Alors, comme l'a mentionné M. Corbeil,
nous considérons que le projet de loi n° 92 présente des mesures
intéressantes pour la protection des consommateurs et d'autres qui suscitent
des petites questions. Sous réserve de certaines observations...
17 h 30 (version non révisée)
Mme N'Kaa (Clarisse) : ...voici
ce que nous apprécions du projet de loi, d'abord, le rehaussement du régime des
sanctions, notamment en matière de fraude, l'élargissement de la portée du
fonds d'indemnisation, le rehaussement du pouvoir de l'AMF d'imposer des
conditions à une société qui modifie ses activités en cours d'inscription et l'octroi
des pouvoirs supplémentaires à l'OACIQ. Cependant, nous nous questionnons sur
la pertinence de certaines mesures, en regard notamment de la fusion des chambres
de la sécurité financière et de l'assurance des dommages, ainsi qu'au sujet des
experts en sinistre.
Mais, d'abord, au sujet de la fusion. Le
projet de loi propose la fusion de deux chambres en une chambre nommée la
Chambre de l'assurance et retire, par la même occasion, l'exercice des
fonctions et pouvoirs de la Chambre de l'assurance à l'égard des représentants en
épargne collective et de représentants en plan de bourses d'études. Les détails
concernant le changement d'encadrement seront publiés dans une éventuelle
décision de reconnaissance qui sera rendue par l'AMF en vertu de l'article 60
de la Loi sur l'encadrement du secteur financier. Il s'agit là d'une
transformation profonde du modèle actuellement en vigueur.
Nos observations sont construites autour
de deux questions fondamentales. Tout d'abord, quel problème tente-t-on de
répondre avec le nouveau modèle proposé? Ensuite, en quoi le modèle proposé est-il
une valeur ajoutée pour les consommateurs? Alors, nous ne pouvons
malheureusement répondre à la première question, mais nous sommes conscients
que tout modèle peut être perfectible. Cependant, nous pouvons vous dire en
quoi le modèle en vigueur actuellement protège déjà les consommateurs. Il
contribue à réduire l'asymétrie existante entre le faible niveau de
connaissance du consommateur en matière financière et l'étendue de la
spécialisation des connaissances que possèdent les personnes qualifiées.
Concrètement, un consommateur qui reçoit un conseil financier de la part d'un
représentant aurait du mal à remettre en question les conseils qu'il a reçus en
raison de son manque de connaissance. Il est donc vulnérable. C'est là que les
chambres entrent en jeu pour s'assurer du professionnalisme du conseiller.
Sur la question de savoir si le modèle proposé
dans le projet de loi est meilleur que le modèle existant, il nous est
impossible de nous prononcer sur l'efficacité du modèle proposé comparativement
à celui en vigueur, considérant que les détails au sujet du modèle proposé
restent inconnus. Toutefois, nous tenons à souligner certaines considérations.
Premièrement, il y a l'importance de la mission de protection du public.
Actuellement, et à l'instar d'un ordre professionnel, les deux chambres ont
pour seule mission la protection du public. Or, avec la fusion, d'une part, les
chambres passent d'un statut d'organisme public à celui d'OBNL privé. D'autre
part, le projet de loi ne mentionne pas que la mission du nouvel OAR sera celui...
sera la protection du public, ce qui peut fragiliser les protections acquises
par les consommateurs avec le modèle des chambres.
Deuxièmement, le risque de perte d'expertise.
Actuellement, la CSF possède une expertise et une expérience dans l'encadrement
des représentants, tenant compte des spécificités de l'environnement québécois,
ce qui est un plus pour les consommateurs québécois. La concentration des
pouvoirs de surveillance, au sein d'un même OARqui exercerait ses pouvoirs à l'échelle
pancanadienne, présenterait le risque de faire perdre les avantages d'un
encadrement assumé par la CSF au Québec.
Troisièmement, la perte de protection pour
les consommateurs. Actuellement, la CSF a un pouvoir direct sur les
représentants en raison du modèle d'ordre professionnel dont il s'inspire. Si
les fonctions étaient transférées à un OAR qui encadre à la fois les sociétés
et les personnes physiques qui agissent pour le compte de ces sociétés, nous
comprenons que l'OAR enquêterait sur les pratiques des sociétés membres. Dans
ce contexte, ce sont les sociétés qui deviendraient imputables. Les
représentants relèveraient des courtiers directement. Ce qui est susceptible de
créer des situations de conflits d'intérêts quand vient le temps de servir le
consommateur, par exemple, le représentant d'une institution financière ou d'une
société qui pourrait se sentir coincé entre le besoin d'un consommateur et les
impératifs de rentabilité de l'institution pour qui il agit.
Et quatrièmement, la multiplication d'intervenants
peut devenir un obstacle pour les consommateurs. Actuellement, au Québec, la
CSF est le seul OAR multidisciplinaire. Ainsi, si une enquête est amorcée au
sujet d'un représentant qui détient à la fois...
Mme N'Kaa (Clarisse) : ... un
permis en assurance et en épargne collective, le modèle actuel évite que plusieurs
organismes se partagent l'enquête. Pour le consommateur, il est bien plus
simple de s'adresser à un seul organisme. Avec le changement proposé, un
représentant qui vend plusieurs produits serait encadré simultanément par
plusieurs organismes. Alors, voilà pour ce qui est de la question de la fusion.
Alors, au sujet des experts en sinistre
non inscrits, le projet de loi n° 92 propose une nouvelle fois d'élargir
la possibilité pour une personne non certifiée d'exercer des actes réservés aux
experts en sinistre.
Nous comprenons que le gouvernement
souhaite pallier au besoin des assureurs de répondre aux consommateurs dans des
situations d'urgence d'envergure. Toutefois, nous considérons que cet
élargissement devrait s'accompagner d'une surveillance accrue afin d'assurer la
protection du public, notamment en prévoyant de la formation pour cette
catégorie de personnes non inscrites.
Finalement, bien que nous soutenions les
avancées prévues par le projet de loi n° 92 en matière de courtage
immobilier, nous faisons le constat que les mesures qui y sont proposées sont
majoritairement d'ordre punitif. Nous sommes d'avis que le renforcement de
l'encadrement du courtage immobilier ne doit pas passer uniquement par des
sanctions et des punitions, mais également par la prévention et la formation.
En conclusion, le projet de loi propose
des changements fondamentaux à un système qui existe depuis des décennies, sans
en expliquer les objectifs et sans consultation plus large. Nous craignons que
des modifications effectuées dans un tel contexte puissent réduire la
protection du public.
Nous réitérons l'importance, pour la
commission, de convoquer d'autres intervenants afin d'avoir à apporter un
portrait plus global des enjeux possibles et du meilleur choix pour la
protection des consommateurs.
Par conséquent, nous proposons que les
articles relatifs à la fusion de chambres soient retirés afin d'en permettre
une analyse en profondeur plus tard. Toutefois, advenant l'adoption d'un
nouveau modèle, nous considérons que celui-ci devrait conserver les avantages
acquis dans le modèle actuellement en vigueur afin de s'assurer de conserver
les protections déjà acquises par les consommateurs. Merci beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Alors, nous débutons nos échanges. M. le ministre, à vous la parole.
M. Girard (Groulx) : Oui. Il
y a plusieurs choses que vous avez dites avec lesquelles je suis en désaccord,
mais je vais commencer d'abord par vous poser une question. Vous avez déposé un
mémoire, nous l'avons lu, nous l'avons analysé, mais ce serait une question
plus générale. Est-ce que le ministère des Finances, l'OCRI, l'AMF... Est-ce
qu'on a répondu à vos questions dans le processus de rédaction de votre
mémoire? Est-ce que... Parce qu'on entend la critique qu'il n'y a pas eu de
consultation, et tout ça. Est-ce que les experts du ministère des Finances, de
l'AMF se sont rendus disponibles lors de la rédaction de votre mémoire pour
répondre à vos questions?
• (17 h 40) •
Mme N'Kaa (Clarisse) : Bien
sûr, on ne peut pas dire que les experts de l'AMF ou les experts du ministère
se sont montrés indisponibles. Ils ont été là, au contraire.
Cependant, quand nous parlons d'une
consultation plus large, nous considérons qu'il serait... qu'il pourrait être
bénéfique, mettons, de convoquer des professeurs, par exemple, ou des
universitaires qui ont... tu sais, qui ont pris le temps d'analyser toutes ces
questions-là de façon neutre.
Nous souhaitons... Tout ce que nous
souhaitons, dans le fond, c'est le bien-être des consommateurs. Puis il est
préférable qu'une analyse en profondeur soit faite et de façon neutre afin que
des recommandations consistantes, des bonnes recommandations qui vont être
bénéfiques dans la vie des consommateurs puissent être retenues.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Mais vous êtes conscients que la protection du public, c'est l'objectif de
l'AMF. La protection du public n'est pas le monopole des chambres, là.
Mme N'Kaa (Clarisse) : Oh!
bien, bien sûr, M. le ministre. Quand on parle de protection... la protection
du public, évidemment, on... tu sais, on pense à une certaine philosophie. La
protection du public vient, dans le fond, dicter les choix que l'on fait au
niveau normatif. Ces choix-là peuvent être de l'encadrement que l'on choisit.
Est-ce qu'on choisit d'avoir un modèle avec des lois, avec des institutions
indépendantes...
Mme N'Kaa (Clarisse) : ...avec
des institutions indépendantes ou est-ce qu'on choisit un modèle avec des
règles qui sont plus de nature contractuelle, donc privée, et c'est quoi qui
est le mieux, dans le fond, pour la protection des consommateurs. C'est un...
C'est un peu comme ça qu'on le voit. C'est... C'est comme ça qu'on voulait que
vous puissiez l'entendre.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
Puis, lorsque vous mentionnez que le modèle que nous avons, qui existe depuis
plusieurs dizaines d'années, fonctionne bien, j'entends une certaine apologie
du statu quo, là. Parce que c'est... c'est une industrie qui est en évolution,
là. L'épargne collective, au niveau national, il y a eu une fusion de ce qu'on
a appelait MFDA, c'est-à-dire les fonds mutuels avec le courtage. Et le Québec
doit avoir cette évolution où l'épargne collective va nécessairement quitter la
CSF. Et donc le statu quo, il n'existe pas. L'épargne collective, ça s'en va à
l'OCRI. Et, ça, c'est un changement qui ne... Le statu quo, il n'existe pas. Il
y a une évolution dans l'industrie dont on doit prendre acte.
Mme N'Kaa (Clarisse) : ...M.
le ministre. Puis je vais laisser ma collègue.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Oui. Bien, on l'entend effectivement, mais il y a des
différences majeures dans la façon de procéder par les organismes dans les
autres provinces et par le type de surveillance qui est faite au Québec. C'est
un régime qui est complètement différent. Ces deux philosophies.
Puis là, si je prends l'exemple des
juristes, c'est un petit peu si on comparait common law du système civiliste.
C'est deux systèmes qui sont différents, qui sont en parallèle. Mais, si
l'Assemblée nationale décidait qu'à partir d'une date x on changerait de
système puis on dirait : Le droit civil au Québec ne sera plus
d'inspiration française, mais on irait sur le système de common law, bien, peut-être
qu'on pourrait dire : Avant de faire un changement de philosophie majeur,
on va vraiment prendre le temps de bien étudier les tenants et aboutissants
pour s'assurer qu'on le fasse correctement.
Ce qu'on voit, ici, dans le projet de loi,
c'est un changement de philosophie sur la façon d'encadrer les représentants en
épargne collective. Ce qu'on vous soumet respectueusement, c'est que, si on va
trop vite là-dedans, on pourrait échapper certaines choses, laisser vraiment
partir le bébé avec l'eau du bain. Et, l'eau du bain et le bébé, ici, c'est la
protection des consommateurs. Donc, c'est pour ça qu'on vous soumet
respectueusement que, ce qu'on souhaiterait, c'est qu'on prenne le temps de
bien évaluer c'est quoi, les avantages du système qu'on a ici, qui est
perfectible, vous l'avez mentionné. On comprend que le marché aussi évolue.
Mais est-ce qu'en allant trop vite, en transférant les pouvoirs à un organisme
qui serait pancanadien... est-ce qu'on a des risques de perdre des acquis pour
les consommateurs québécois? Et, nous, on a cette crainte-là.
Donc, l'idée, c'est juste de prendre le
temps de bien étudier la question et d'avoir des experts pour aller établir la
situation. On ne vous dit pas nécessairement qu'il faut tout qu'on regarde les
choses comme c'est... comme c'est là, mais juste de prendre le temps de le
faire correctement.
M. Girard (Groulx) : O.K.
Bien, d'abord, le fait que c'est... que ce soit canadien, là... parce que là,
la similitude avec le droit, là... L'AMF supervise l'OCRI au Québec, là. Alors,
l'AMF demeure en place, et c'est québécois.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : L'AMF demeure, ça, on en est bien conscients. Par contre,
dans la façon de faire les choses... Et, l'idée, ce n'est pas juste la question
du transfert à l'OCRI. C'est aussi le changement de structure au niveau de
l'OAR, là, du nouvel OAR qui va être créé au Québec aussi, qui passe d'un
organisme qui, en ce moment, est encadré par la loi d'un organisme qui va
devenir un OBNL. Donc, les règlements vont être faits par les membres. Il faut
se rappeler que les membres, c'est des membres de l'industrie. Donc, c'est pour
ça qu'on a des inquiétudes, ici, qu'on met beaucoup de pouvoirs entre les mains
de l'AMF, qui va encadrer tout ça. Et on se demande : Est-ce que l'Assemblée
nationale ne devrait pas se garder un droit de regard, puis de conserver dans
la loi les paramètres dans lesquels cette chambre-là va... va devoir
travailler?
M. Girard (Groulx) : Mais,
l'AMF, c'est notre régulateur intégré des marchés financiers. C'est le choix du
modèle québécois. Il n'y a pas plus québécois que l'AMF.
M. Corbeil (Christian) : Oui.
Écoutez, je pense, si je peux me permettre, M. le ministre, ce n'est pas une
question, là, de québécois...
M. Corbeil (Christian) : ...et
tout ça, c'est une question de philosophie, comme disait ma collègue. Est-ce
qu'on veut un régime dans lequel on a une autoréglementation par l'industrie ou
un modèle des deux chambres comme on a actuellement? Actuellement, on ne peut
pas vous dire que le modèle... que le modèle actuellement qu'on a est un
mauvais modèle. Il est perfectible. Travaillons ensemble, mais prenons le temps
de bien étudier la question et surtout gardons... dans la loi.
M. Girard (Groulx) : Bien,
nous, ce qu'on suggère de garder, c'est l'expertise en assurance avec... en
créant une chambre de l'assurance, O.K., mais l'épargne collective, elle, s'en
va à l'OCRI. Et, à partir du moment où l'épargne collective s'en va à l'OCRI,
bien là, de garder deux chambres, ce n'est pas particulièrement efficace.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : On n'a pas d'enjeu avec l'idée de fusionner les chambres,
ce n'est pas ça qui est l'enjeu. L'enjeu, c'est l'encadrement de cette chambre-là
qui sort du cadre de la loi et qui va aller plutôt dans un organisme qui est...
qui est un OBNL, si on veut, qui va faire ses règles internes.
M. Girard (Groulx) : Mais je
vous rassure, la protection du public est aussi bonne, sinon meilleure, dans la
loi sur l'encadrement secteur financier avec la supervision de l'AMF que dans
la loi sur la distribution des services financiers, où les chambres n'ont pas
ce... ont cette reconnaissance-là dans la loi. Alors, le... On a plusieurs
personnes qui sont venues ici et qui appuient la fusion précisément parce
qu'elle va donner une responsabilité additionnelle à l'AMF dans l'objectif de
la protection du public.
M. Corbeil (Christian) : Les
personnes, M. ministre, qui demandent... qui demandent ces changements-là, ce
n'est pas les associations de consommateurs ou les organismes de la société
civile, c'est l'industrie. Ça fait que je me questionnerais là-dessus. Si c'est
l'industrie qui le demande, ça ne veut pas dire que c'est nécessairement bon
pour la protection du public. Donc, il faut qu'il y ait un «balance», un
équivalent.
M. Girard (Groulx) : L'industrie,
ce qu'elle demande, c'est qu'on... elle... il y ait une simplification.
Présentement, on a deux chambres, dont... on a l'OCRI, donc on a trois
organismes d'autoréglementation, dont un va perdre la moitié de ses membres,
O.K., et nous, ce qu'on suggère, c'est de passer à deux avec la fusion pour
faire la chambre de l'assurance. Et il y aura une période de transition, et
jamais on ne va céder un centimètre sur la protection du public. C'est
l'essence même du rôle de l'AMF.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Comme j'ai... Comme j'ai souligné, M. le Président, M. le ministre,
on n'est pas contre l'idée de fusionner les chambres nécessairement. On
comprend qu'il y a des enjeux d'efficacité, il y a des enjeux de management qui
pourraient être bénéfiques...
Une voix : ...
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : ...tout à fait, de gouvernance, tout à fait. Ça, je le...
Ça, on en est conscients. Donc, l'idée, ce n'est pas tant ça. L'idée, c'est
que, d'une part, pour la partie qui est transférée à l'OCRI, au niveau des
représentants, actuellement on a un système au Québec qui... où la surveillance
se fait un peu comme un ordre professionnel. Ce n'est pas un ordre
professionnel formel, mais il y a vraiment quelque chose qui se fait de façon
très, très semblable. Le modèle de surveillance à l'OCRI est différent, comme
je vous ai souligné. Puis mon exemple du common law puis de la... du droit
civil, je suis consciente que c'est grossier dans ce... ce n'est pas la même
chose, mais c'est pour vous dire que c'est des philosophies de travail
différentes. Les deux peuvent être valides, mais les deux peuvent aussi avoir
des embûches. Et nous craignons que certaines embûches n'ont peut-être pas été
suffisamment vues. Et ce qu'on souhaiterait, c'est que... justement, qu'on
puisse étudier davantage le modèle qui est utilisé dans les autres provinces
pour s'assurer que, s'il y a des brèches... bien, qu'on les colmate avant,
justement, qu'on perde des droits pour les consommateurs.
• (17 h 50) •
M. Girard (Groulx) : Je...
Écoutez, je ne... Nous, on propose d'aller vers l'avant. Je ne veux pas... Le
but ici, ce n'est pas de faire une critique du modèle actuel, mais je tiens à
vous dire que, si on était totalement satisfaits du modèle actuel, on ne serait
pas assis ici.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : On le comprend, et il peut y avoir des problèmes, mais la
question, c'est...
M. Girard (Groulx) : Vous,
est-ce que vous êtes totalement satisfaits du modèle actuel?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Ce que j'aimerais vous souligner, c'est que, oui, il peut y
avoir des problèmes, mais est-ce que de changer complètement la philosophie,
c'est la bonne méthode? C'est ça qu'on... C'est ça sur lequel on se questionne,
puis on se questionne aussi sur la vitesse avec laquelle le changement est en
train de se faire...
De Bellefeuille (Sylvie) :
…on a peur qu'il y a des éléments, il y a des ficelles qui n'aient pas été bien
attachées à travers tout ça et que les consommateurs y perdent, c'est tout
simplement qu'on… que nous vous exposons. Soit qu'on met.
M. Girard (Groulx) : Mais en
termes de vitesse, là, en 2018, mon prédécesseur a proposé l'abolition des
chambres. On est sept ans plus tard. Je ne pense pas qu'on va particulièrement
vite.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Ce n'est pas allé de l'avant à l'époque. Quand il y a eu
des consultations concernant les pouvoirs de loterie, il n'était aucunement...
Ça ne nous a aucunement été mentionné qu'on avait l'intention de transférer la
surveillance des représentants en épargne collective à l'OCRI. Ça, c'est
quelque chose qui nous est arrivé, lorsque le ministère des Finances a
communiqué avec nous pour nous rencontrer la journée du dépôt du projet de loi,
ça a été vraiment une surprise pour nous. On ne s'attendait pas à ça du tout.
Donc, c'est pour ça qu'on a l'impression que les choses se passent vite,
peut-être trop vite.
M. Girard (Groulx) : Ça
complète mes interventions. M. le Président.
Le Président (M. Simard) :
Merci, cher collègue. Je cède maintenant la parole au député de
Marguerite-Bourgeoys, qui dispose de huit minutes 49 secondes.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Merci de partager vos inquiétudes avec nous. On parle de la
protection du consommateur, évidemment, pour nous tous, c'est important, c'est
évident. Qu'est-ce que vous, vous avez identifié ou… pour se rendre vers la
transition, là, on n'a pas été consultés, je pense que ça, c'était une des
doléances que vous avez mentionnées. Qu'est-ce que vous auriez voulu? Quand
vous regardez où est-ce qu'on en est sur le projet de loi en tant que tel,
qu'est-ce que vous auriez voulu qui soit modifié spécifiquement, à part prendre
plus de temps, là? Dans le concept en tant que tel, qu'est-ce que vous voulez
ou vous voudriez voir spécifiquement?
Mme N'Kaa (Clarisse) : Bien,
je pense qu'on l'a quand même mentionné pas mal depuis le début. Moi, je vous
dirais actuellement les… le cadre déontologique et disciplinaire, là, qui est
applicable aux représentants, donc aux intermédiaires, là, en matières
financières, a un fondement législatif et ce fondement-là, tu sais, fait en
sorte que ça protège quand même notre système. En passant à un fondement, à un
modèle, où est-ce que... parce que là on ne sait pas si les règles qui vont
être émises par l'OCRI, est-ce que ces règles-là vont avoir la force de
règlement? Si c'est juste des règles simples, bien, ça va être des règles de
nature contractuelle. Alors, actuellement, quand on a des lois, bien, on est
capable de les… on est capable de les retracer, on est… tu sais, tout est
documenté, alors n'importe pourrait être là… pourrait aller vérifier.
Alors qu'avec les règles qui n'ont pas
force de règlement, bien, ça reste quand même des règles contractuelles, c'est
difficile au niveau même de la transparence. Donc, je pense que c'est à ce
niveau-là, tu sais, ce n'est pas tant… tu sais, je veux dire, on pourrait très
bien changer de structure, on pourrait faire une fusion, mais n'empêche qu'on
pourrait se questionner sur quel encadrement on accorde pour s'assurer que nos
institutions demeurent. Parce que les humains passent comme on dit, et les
institutions demeurent, et c'est quoi, le meilleur modèle pour que nos
institutions demeurent et pour que… et l'AMF et le représentant soient protégés
et ne soient pas dans une situation où est-ce que c'est… des questions
d'indépendance sont posées, par exemple. Donc, c'est un peu dans ce sens-là
qu'on s'exprime.
M. Beauchemin : Mais donc, ce
que vous dites, c'est... ça… la réglementation, en tant que telle, elle devrait
être plus corsée?
Mme N'Kaa (Clarisse) : Bien,
quand on… si on décide, par exemple de sortir les chambres des lois, O.K. Donc,
à ce moment-là, est-ce que… Parce qu'on ne sait pas encore qu'est-ce qui sera…
tu sais, qu'est-ce qui sera dans la décision de reconnaissance. Est-ce que...
Est-ce que les règles…
M. Beauchemin : …
Mme N'Kaa (Clarisse) : Bien,
est-ce que ça se pourrait… Est-ce qu'il serait possible que les règles qu'on
retrouve, tu sais, les règles qui sont faites par… admettons l'OCRI, par
exemple, par exemple, puissent avoir force de règlement? Ça pourrait quand
même… tu sais, je veux dire, je trouve que ça pourrait peut-être apporter une
solution qui est quand même assez semblable à ce que l'on vit, à ce qu'on a… à
ce qu'on a actuellement, mais évidemment, c'est le temps qui nous dira quel est
le meilleur modèle ou pas. Et l'idée n'est pas d'empêcher l'évolution. On n'est
pas là du tout, là.
M. Beauchemin : Peut-être
juste pour clarifier en tant que tel spécifiquement, là, comme, donnez-moi un
exemple concret, là, pour que… autant les gens qui sont à la télévision qui
nous regardent, là, que moi, en fait, pour comprendre…
M. Beauchemin : ...comme vous,
qu'est-ce que vous auriez... voudriez modifier?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Bien, concrètement, actuellement la nouvelle chambre, tel
que c'est proposé, va être un OBNL. Pourquoi ne pas le garder dans la loi comme
c'est actuellement le cas pour la CSF et la CHAD? Selon nous, ce modèle-là
protégerait davantage les consommateurs.
L'autre chose aussi, c'est clair que la
mission de ces organismes-là, c'est la protection du consommateur. Ce serait
une bonne idée, nous pensons, de l'affirmer également dans la loi, que, ces
nouveaux... que le nouvel OAR et même l'OCRI devraient avoir cette mission-là,
première, et pas de protéger l'industrie.
M. Beauchemin : Donc, ça vous
satisferait d'avoir ça d'écrit?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Ce serait déjà... Ce serait déjà beaucoup plus clair. Parce
que, le problème avec une entreprise, un OBNL, c'est que les règles internes
sont... ce sont les membres qui les dictent. Donc, au niveau de la
transparence, ce n'est pas la même chose. Une loi, on peut la... on peut la retracer,
un règlement, on peut le retracer. Le règlement interne d'une entreprise ou
d'un OBNL, c'est quelque chose qui est opaque.
M. Beauchemin : Puis
qu'est-ce que... qu'est-ce que vous dites au fait que l'AMF joue un rôle dans
tout ça?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Bien, l'AMF joue un rôle, oui. Ce que l'on trouve, c'est
que le projet de loi donne beaucoup de pouvoir à l'AMF. On aime les gens de
l'AMF. Ce n'est pas une question de... On sait très bien que l'AMF a le bon...
a le consommateur à cœur. Mais est-ce que l'Assemblée désire vraiment donner
tout son pouvoir à l'AMF? On s'interroge sur les motivations de l'Assemblée de
le faire. Mais c'est votre prérogative, bien évidemment, comme députés.
M. Beauchemin : Mais,
excusez, parce que je n'ai pas compris. Dans...
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : C'est votre prérogative, comme députés, de vouloir déléguer
ce pouvoir-là? Mais on trouve que c'est un pouvoir qui est très, très large que
vous confiez. C'est une forme de chèque en blanc, si on veut, avec la
confiance... toute la confiance qu'on peut avoir avec l'AMF. On lui... quand
même, lui accorde énormément de pouvoir.
M. Beauchemin : Mais
qu'est-ce que vous auriez souhaité voir à la place?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Bien, comme je vous l'ai souligné, ce qu'on souhaiterait
voir, c'est que ça reste le plus possible dans la loi et non uniquement dans
une éventuelle décision de reconnaissance dont on ne connaît pas les tenants et
aboutissants.
M. Beauchemin : Tout à
l'heure, vous avez parlé... je ne me souviens plus lequel des trois qui parlait
de ça, c'est au niveau, là, de l'ajout d'augmentation de la limite permise pour
les... lorsqu'il y a des dommages, d'avoir des gens qui sont non certifiés,
etc. Vous sembliez dire que vous étiez en accord avec le concept d'y aller de
l'avant avec... dans des circonstances, évidemment, de catastrophe naturelle.
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : On comprend les besoins de l'industrie de vouloir devra
répondre rapidement aux consommateurs. Par contre, on a quand même certaines
craintes.
• (18 heures) •
Dans la loi, actuellement, les personnes
qui sont sous la responsabilité d'un expert en sinistre ne peuvent qu'accepter
une réclamation, ne peuvent pas la refuser. Donc, si on veut aller... si on
veut refuser, bien, ce sera, en bout de piste, un expert en sinistre qui va...
qui va quand même... et c'est quelqu'un qui est encadré.
Avec ce qui est proposé dans le projet de
loi, on accorde à des personnes qui, actuellement, n'ont pas la licence
d'expert en sinistre de rendre les mêmes décisions qu'un expert en sinistre,
sans être soumises à un code de déontologie. Donc, à ce niveau-là, on a quand
même certaines craintes.
Une autre crainte qu'on a aussi, c'est
qu'on peut aller... aussi aller chercher des employés qui sont à l'extérieur du
Québec. O.K. On peut avoir des experts en Ontario, mais l'extérieur du Québec,
c'est large. Est-ce qu'on va tout envoyer ça dans un centre d'appel en Inde?
Est-ce que les consommateurs vont être bien servis à ce niveau-là? On a
certaines inquiétudes par rapport à ça.
Et également il n'y a pas de limite quant
au nombre de personnes qu'un expert en sinistre doit superviser. Est-ce que
c'est cinq personnes? Est-ce que c'est 10 personnes? Est-ce que c'est
500 personnes? Donc, là aussi, on aimerait avoir une contingence à ce
niveau-là pour qu'on puisse déterminer, bien... s'assurer que le travail se
fasse de façon encadrée et que, parce qu'il y a une urgence, on ne va pas
mettre de côté la protection des consommateurs dans le but d'agir vite.
M. Beauchemin : Donc, vous
aimeriez, donc, une meilleure... un meilleur encadrement sur ces gens-là,
finalement, là?
Mme De Bellefeuille
(Sylvie) : Tout à fait. Et également, parmi les gens qu'on veut... à
qui on veut permettre d'agir comme expert en sinistre, il y a des gens qui ont
déjà eu une licence. Donc, on comprend que ce sont des gens qui ont quand même
déjà une formation, qui ont déjà une connaissance du milieu. Il n'y a pas de
limite de temps. Donc, si la personne était expert en sinistre il y a 10 ou 15 ans,
est-ce qu'elle a encore les connaissances suffisantes pour agir maintenant? À
ce niveau-là, ce qu'on souhaiterait, c'est qu'il y ait quand même un minimum de
formation qui soit requise des personnes à qui on va accorder le...
18 h (version non révisée)
Mme De Bellefeuille (Sylvie) :
...exceptionnel d'agir comme un expert en sinistres.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci. Nous poursuivons nos échanges avec la députée de Verdun, qui dispose de
deux minutes 56 secondes.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci pour l'échange. J'ai une question concernant les mesures
qui encadrent les pratiques du courtage immobilier, là, on a moins parlé lors
de cette commission, mais il y a quand même un aspect dans le projet de loi.
Vous dites qu'il y a une approche qui est surtout punitive, moins dans la
prévention. Vous parlez des formations, des meilleures pratiques. Si vous
voulez nous en dire plus sur comment on pourrait renforcer cet aspect-là. Et je
me permets, parce que je n'ai pas beaucoup de temps de... dans ma question aussi
parler de... beaucoup de consommateurs sont inquiets de la transparence aussi
quand il vient le temps de faire des offres d'achat au niveau de l'immobilier.
Donc, j'aimerais ça vous entendre là-dessus.
Mme De Bellefeuille (Sylvie) :
Bien, ce qu'on voit, c'est qu'effectivement on a augmenté les sanctions,
aussi on a permis... on a donné pouvoir à l'OACIQ aussi de retirer des permis.
Donc, ça, c'est quelque chose qui, je pense, est... nous pensons, qui est bénéfique
pour les consommateurs, mais on est vraiment dans la punition. Donc, est-ce qu'il
y aurait moyen de travailler en amont, s'assurer que, justement, les conflits d'intérêts
soient dénoncés de façon directe, qu'il y ait plus de transparence, par exemple
au moment des offres d'achat, lorsqu'elles sont déposées, pour permettre aux
gens d'avoir une meilleure idée? On dit : Oui, il y a un autre acheteur,
oui, mais est-ce que l'acheteur a fait une offre qui est en bas de la mienne?
Je n'ai pas besoin de bonifier à ce moment-là. Donc, parfois, le consommateur
peut être pris dans une pression indue. Donc, effectivement, pouvoir encadrer
en amont le marché, mais aussi d'avoir le bâton plus... comment dire, un peu
plus fort pour taper sur les doigts des gens qui n'ont pas des pratiques
correctes, ça, c'est aussi une bonne chose.
Mme Zaga Mendez : Est-ce que
j'ai encore le temps?
Le Président (M. Simard) : Oui,
allez-y, chère collègue. Une minute.
Mme Zaga Mendez : Rapidement.
La FADOQ, dans son mémoire, nous parle d'avoir peut-être un délai... un délai
de grâce pour les personnes aînées lorsqu'il est temps d'acheter des propriétés,
s'ils le font sous pression, ou d'autres... ou des personnes vulnérables. Je ne
sais pas si vous en avez... vous avez un avis là-dessus.
Mme De Bellefeuille (Sylvie) :
On n'a pas étudié la question, mais c'est certainement des mesures qui sont
intéressantes.
Mme Zaga Mendez : Merci.
M. Corbeil (Christian) : D'ailleurs,
ça aurait été un organisme intéressant à inviter à la commission. C'est un
exemple.
Mme Zaga Mendez : Bien, merci
beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chère collègue. Mme la députée de Terrebonne, vous disposez de deux
minutes 14 secondes.
Mme Gentilcore : Merci
beaucoup. Deux minutes 14 secondes. Alors, je vais aller droit au but. Je vais
revenir sur l'article 31 du projet de loi, donc celui qui concerne la
fusion de la Chambre de l'assurance de dommages et celle de... avec celle de la
Chambre de la sécurité financière. Clairement, on l'a entendu, vous avez des
réserves sur la direction que vont prendre ces différentes chambres là,
notamment en ce qui concerne leur capacité réglementaire. Vous nous avez aussi
parlé des impacts potentiels négatifs que pourrait avoir une telle mesure sur
les consommateurs. Mais, selon vous, d'où vient l'urgence de légiférer en ce
sens-là?
Mme De Bellefeuille (Sylvie) :
Bien, c'est une excellente question, en fait, et c'est ça qui nous... c'est
ça qui nous interpelle. Le projet de loi a été déposé, on ne l'a pas vu venir,
et là on veut aller rapidement. Donc, c'est pour ça qu'on a des craintes que l'on
veuille aller trop vite dans le processus. Donc, on ne dit pas nécessairement
que tout est mauvais, c'est juste qu'on veut s'assurer qu'avant d'aller de l'avant
on a bien étudié les tenants et aboutissants.
Mme Gentilcore : Le mémoire
du ministre nous porte à croire qu'il y a des pouvoirs réglementaires qui
carrément vont être cédés à un organisme fédéral, là, l'Organisme canadien de
réglementation des investissements, en ce qui concerne l'épargne collective... l'épargne
coopérative et les bourses d'études. Pourtant, le Québec s'est battu devant les
tribunaux, depuis que l'idée d'une autorité canadienne des valeurs mobilières
existe, à deux reprises. Il y a un projet pancanadien en la matière qui s'est
rendu devant la Cour suprême du Canada, et la première a d'ailleurs été
invalidée parce qu'elle empiétait sur les champs de compétence du Québec. Depuis
l'arrivée de la CAQ au pouvoir, la quasi-totalité de la réglementation de l'Autorité
canadienne des valeurs mobilières est entrée dans les règlements applicables au
Québec. En revanche, la réglementation de l'échange d'actions et celle qui
entoure les investissements a toujours été un champ de compétence du Québec,
notamment en raison, vous l'évoquiez, de la spécificité civiliste qui entoure
nos droits civils. À votre avis, est-ce que je comprends bien si je dis que le
ministre donne tranquillement tous les pouvoirs réglementaires des finances à
Ottawa?
Mme De Bellefeuille (Sylvie) :
Bien, le projet de loi n'est pas aussi direct que ça. On donne les pouvoirs
à l'AMF. Maintenant, est-ce que l'AMF délègue à un organisme pancanadien? Bien
là, je pense que vous avez la réponse.
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
Mme Gentilcore : C'est tout.
Merci. Merci.
Le Président (M. Simard) :
Alors, merci, mesdames, monsieur, merci pour votre participation à nos travaux
aujourd'hui.
Sur ce, nous allons suspendre
momentanément nos travaux.
(Suspension de la séance à 18 h 07)
(Reprise à 18 h 16)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous avons le quorum. Nous pouvons poursuivre nos travaux. Et
nous sommes en présence... nous sommes à la fin de ces consultations et en
présence de représentants de l'Association professionnelle des courtiers
immobiliers du Québec, dont le siège social est à Québec, ce dont je vous
félicite. Alors, Mesdames, M., soyez les bienvenus. Auriez-vous d'abord
l'amabilité de vous présenter?
Mme Génie (Marie-Claude) : Alors,
bien, bonjour, M. le Président. Bonjour, M. le ministre. Bonjour aux membres de
la commission. Mon nom est Marie-Claude Génie. Est-ce que je parle assez fort?
Le Président (M. Simard) : Très
bien, Mme.
Mme Génie (Marie-Claude) : Parfait.
Merci. Alors, mon nom est Marie-Claude Génie. Je suis la P.D.G. par intérim de
l'Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec. Dans notre
jargon, pour que ce soit plus court, on appelle ça l'APCIQ. Alors, je suis
en... je suis accompagnée...
Mme Génie (Marie-Claude) : ...ce
soir de M. David Martin, qui est le président de notre comité Relations
gouvernementales.
M. Martin (David) : Bonjour.
Mme Génie (Marie-Claude) : Alors,
l'APCIQ représente plus de 15 000 courtiers et agences immobilières
répartis dans toutes les régions du Québec. Nous sommes également propriétaires
de Centris, centris.ca, pour ceux et celles qui se magasinent des maisons, et
nous sommes également propriétaires du Collège de l'immobilier du Québec. Nous
sommes un acteur central du marché immobilier et nous intervenons activement
sur les grands enjeux liés à la régulation du marché, à la formation des
professionnels et à la transparence de l'information.
Aujourd'hui, nous comparons devant vous
dans un esprit de collaboration, convaincus que la qualité de l'encadrement
professionnel repose autant sur la rigueur des règles que sur l'applicabilité
concrète sur le terrain.
M. Martin (David) : Alors,
pour nous, le projet de loi n° 92 s'inscrit dans un objectif qui est tout
à fait légitime, à savoir renforcer la confiance du public envers notre
profession. Et, bien entendu, cet objectif, on le partage. Mais il faut quand
même garder à l'esprit une donnée clé, à savoir que moins de 0,1 % des
transactions immobilières mènent à des sanctions disciplinaires. Donc, sur les
dizaines de milliers... l'année passée, il y en a eu 100 000, là, sur les
dizaines de milliers de transactions immobilières que notre industrie fait par
année, 99,9 % des transactions se passent très bien. Il n'y a donc pas de
manquements disciplinaires systémiques dans notre profession.
Dans ce contexte, certaines mesures
proposées nous apparaissent disproportionnées ou difficilement applicables dans
leur forme actuelle.
Nous croyons également que le p.l. 92 nous
offre une occasion de mettre en place un renforcement de la collaboration avec
le régulateur provincial, l'OACIQ. Le projet de loi gagnerait à être ajusté
pour assurer un encadrement à la fois rigoureux et fonctionnel, capable de
s'adapter aux réalités terrain sans fragiliser inutilement la pratique
professionnelle.
Donc, on a quatre préoccupations clés
qu'on aimerait... dont on aimerait vous parler aujourd'hui.
Tout d'abord, la notion de probité, qui,
pour nous, est un... est trop floue pour être appliquée de façon équitable.
L'introduction de cette notion de probité soulève des enjeux sérieux. Un
concept, aussi fondamental soit-il que la probité, est aujourd'hui non défini.
Or, il touche à la moralité, l'honnêteté, l'intégrité, des notions très
subjectives. On recommanderait, nous, d'intégrer une définition juridique
claire reposant sur des critères objectifs, par exemple, fausse déclaration,
omission d'informations essentielles, dissimulation ou fraude manifeste. Sans
cette définition, le risque est réel d'une interprétation variable d'un arbitre
à l'autre et donc une justice plénière inégalement appliquée.
Deuxièmement, c'est un bon principe de
vouloir mieux encadrer les comportements fautifs, mais il faut éviter d'ouvrir
la porte à une judiciarisation qui pourrait s'avérer disproportionnée par
rapport aux infractions commises. Le transfert de certains dossiers vers la
Cour du Québec risque de nuire plus qu'il n'aide. Le processus disciplinaire
actuel est efficace, rapide et proportionné. Puis il permet de corriger les
manquements tout en maintenant la fluidité du marché. On est favorables à des
sanctions plus sévères en cas de faute grave, mais nous croyons fermement que
les tribunaux ne doivent intervenir que dans les cas exceptionnels, exemple,
fraude caractérisée, des cas de récidive aussi et des atteintes majeures à
l'intégrité du marché. À défaut, on prend le risque de surcharger inutilement
le système judiciaire, on rallongerait les délais puis on créerait aussi une
pression injustifiée sur les professionnels, qui, dans la grande majorité des
cas, exercent avec rigueur.
• (18 h 20) •
Nos préoccupations qu'on a, c'est
l'instabilité des règles qui nuit à la conformité et à la protection du public.
Donc, l'instabilité réglementaire ne crée pas seulement de la confusion chez
les professionnels, mais elle compromet directement la qualité du service rendu
aux consommateurs et multiplie les risques de fautes involontaires.
Comme exemple, depuis deux ans, certaines
lignes directrices ont été modifiées plus de 20 fois, souvent sans
consultation, sans formation et sans période de transition. Même les
professionnels les plus expérimentés peinent à suivre. Cette instabilité crée
de la confusion, augmente le risque d'erreur involontaire.
Nous, on propose d'encadrer cette pratique
de trois façons : instaurer un calendrier prévisible pour les changements
réglementaires, exiger un préavis minimal obligatoire et rendre obligatoire une
formation structurée sur les modifications majeures. Ça favoriserait une
meilleure compréhension des règles, une meilleure adhésion sur le terrain et,
ultimement, une meilleure protection du public.
Finalement, nous croyons qu'une
collaboration obligatoire entre le régulateur, l'OACIQ, et... le régulateur,
qui est l'OACIQ, et les...
M. Martin (David) : ...est
incontournable. Aujourd'hui, plusieurs décisions réglementaires sont prises
sans mécanisme formel de consultation. Pour assurer la légitimité et
l'efficacité des règles, selon nous, ça doit changer. Donc, on recommande que
le projet de loi n° 92 intègre une obligation de consultation préalable avec
l'APCIQ et les autres associations reconnues pour toute modification
significative aux lignes directrices, aux formulaires ou aux règlements. Une
telle mesure favoriserait la qualité, la clarté et la cohérence des normes,
tout en renforçant leur applicabilité.
Mme Génie (Marie-Claude) : En
conclusion, le projet de loi n° 92 est une occasion d'actualiser l'encadrement
du courtage immobilier au Québec, mais, pour qu'il atteigne ses objectifs, il
doit s'appuyer sur un cadre clair, applicable et cohérent avec les réalités du
marché. À nos yeux, certaines mesures du projet de loi, notamment le recours
élargi aux tribunaux et l'introduction d'une notion floue comme la probité,
doivent être mieux balisées pour éviter des effets contre-productifs. Surtout,
la relation entre l'OACIQ et les courtiers doit être renforcée. Il est temps de
mettre en place une obligation de dialogue structuré et récurrent avec les
associations professionnelles, dont l'APCIQ. C'est le seul moyen d'assurer que
les règles qui encadrent notre profession soient compréhensibles, stables et
appliquées de façon uniforme pour le bénéfice des professionnels, mais surtout
pour celui du public.
Le Président (M. Simard) : Alors,
madame, monsieur, merci. Je cède maintenant la parole au ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, merci, M. le Président. Et c'est la première fois aujourd'hui qu'on
apporte... qu'on aborde les questions du courtage immobilier directement.
Alors, je vous remercie pour votre mémoire, votre présence. Et évidemment la
fusion des chambres, les... toute la question du seuil pour les experts en
sinistres et le fonds d'indemnisation sont les aspects du projet de loi qui ont
attiré le plus l'attention, mais c'est certain qu'au niveau du courtage
immobilier il y a aussi des changements qui sont pertinents, parce que, comme
je l'ai mentionné à quelques reprises, M. le Président, bien, c'est un omnibus
financier. Le ministre des Finances et le ministère des Finances sont
responsables de plus de neuf lois du secteur financier. Et donc, bien que ce ne
soit pas l'élément central du projet de loi, il est pertinent de faire des
modifications aux règles sur le courtage immobilier. Alors, l'objectif
du gouvernement, c'est de permettre à l'organisme d'autoréglementation du
courtage immobilier, l'OACIQ, de refuser l'octroi d'un permis, de l'assortir de
conditions, de le suspendre ou de le révoquer lorsqu'il est d'avis que la
personne ayant ou demandant ce permis n'a pas le sens d'éthique nécessaire pour
exercer les activités de courtage en immobilier. Alors, c'est l'organisme...
l'organisme d'autoréglementation qui obtiendra ce pouvoir. Les amendes
minimales et maximales sont augmentées. Et par ailleurs nous avons annoncé...
et puis ce n'est pas spécifiquement abordé ici, mais nous avons annoncé la
création d'un titre de spécialiste en copropriété, qui va permettre de
renforcer l'expertise sur le sujet.
Alors, ce serait sur ce dernier point,
parce que vous avez parlé de la nécessité de travailler avec l'industrie.
Est-ce que vous êtes favorables à ce que nous avons annoncé, c'est-à-dire la
création de ce type de spécialiste en copropriété?
M. Martin (David) : En fait,
on est au courant de l'intention parce qu'il y a eu des entrevues qui ont été
faites dans les médias, mais ça n'a pas été... ce n'est pas un point qui fait
partie du dépôt de loi, là... du p.l. 92. Il y a beaucoup de détails... En
fait, il y a beaucoup d'enjeux liés à ça. Tout est dans la façon que ça serait
fait, mais on serait tout à fait ouverts à avoir une discussion sur le sujet
avec le ministère, dépendamment du chemin que le ministère choisirait de
prendre pour établir cette spécialité-là. Parce que, présentement, à
l'intérieur du plan de formation de base d'un courtier immobilier, pour devenir
un courtier immobilier résidentiel, de mémoire, c'est 560 heures de formation.
Il y a une bonne partie qui est... qui est déjà sur la copropriété. Donc, il
faudrait voir ce que ce titre professionnel là donnerait comme avantages, parce
que l'idée, ce n'est pas de créer non plus un...
M. Martin (David) : ...sentiment
de... un faux sentiment de sécurité non plus, là. Mais on est tout à fait
ouverts à en discuter, là. Mais on ne connaît pas le fin mot, là, ou le chemin
que le ministère choisirait de prendre.
M. Girard (Groulx) : Mais,
l'objectif, c'est toujours la protection du public.
M. Martin (David) : Toujours.
M. Girard (Groulx) : Puis de
s'assurer qu'évidemment, avec la complexité des obligations... l'augmentation
de la complexité des obligations reliées à la propriété, une copropriété, bien,
d'où... c'est ce qui nous motive dans la création de ce titre-là. Mais
j'entends votre point sur la nécessité de consultation et je me tourne vers
tous les experts qui m'accompagnent pour que cette consultation-là soit faite,
et qu'on ne dédouble pas, mais qu'on crée vraiment cette spécialisation.
O.K. Peut-être me... nous préciser, là, ce
que vous entendez exactement par vos inquiétudes quant au pouvoir de l'OACIQ de
révoquer un permis en cas de trouble éthique ou de manque de probité. Qu'est-ce
qui vous... Qu'est-ce qui cloche là-dedans selon vous?
Mme Génie (Marie-Claude) : Bien,
en fait, c'est que là, on n'a pas de définition. Alors, la probité, c'est un...
c'est grand concept, là. Nous, tout ce qu'on demande, c'est de savoir
exactement, d'avoir une définition. La... Tu sais, parce que, la probité, moi,
je pourrais dire : Vous êtes divorcé quatre fois, vous ne rentrez pas dans
les critères de probité. J'imagine que ce n'est pas ce que vous voulez dire,
mais c'est très large. Nous, tout ce qu'on demande, c'est d'avoir une
définition, et que ce ne soit pas laissé au bon jugement de.
M. Girard (Groulx) : D'accord.
M. Martin (David) : Si je
peux me permettre, on a aussi... C'est parce que ce n'est pas juste pour la
révocation d'une licence de courtage. C'est aussi pour l'obtention d'un permis
d'agence immobilière. Donc, là-dessus, s'il y a... s'il n'y a pas de définition
claire sur ce que serait une absence ou un manque de probité, bien, en fait, ce
que ça crée, c'est un manque de prévisibilité. C'est-à-dire que, pour la
planification, l'ouverture d'une nouvelle agence ou des gens qui souhaiteraient
le faire, bien, si on ne sait pas déjà à l'avance quels seraient les critères
clairs, c'est difficile de... c'est difficile de faire de la planification,
pour notre industrie, là,
• (18 h 30) •
M. Girard
(Groulx) :
O.K..
Bien, c'est certain, là, que révoquer le permis de quelqu'un, là, ce
n'est pas une infraction mineure, là, O.K.. Puis, lorsqu'on parle de manque de
probité, là, c'est des infractions graves, là. C'est... C'est la malhonnêteté,
la mauvaise foi, le manque d'intégrité, c'est... c'est... On va s'assurer que
les critères sont connus, mais il restera un jugement par un comité qui aura
l'indépendance nécessaire sur des infractions graves puis la malhonnêteté, là.
Ce n'est pas... C'est... C'est... La révocation d'un permis, l'imposition de
sanctions de l'ordre de ce qu'on parle, c'est pour une infime minorité des gens
qui pratiquent dans le secteur immobilier aujourd'hui, mais c'est des pouvoirs
qu'on veut s'accorder, parce qu'il y en a, des infractions graves, et il y en
a, de la mauvaise foi, puis de la malhonnêteté, puis du manque d'intégrité.
Mais, là où je suis d'accord avec vous, puis je tiens à le dire, parce que là,
les gens pourraient penser : Ah! le ministère des Finances pense que tous
les courtiers sont malhonnêtes, pas du tout, au contraire, ça va protéger le
fait qu'on resserre les pénalités, qu'on donne ces pouvoirs-là à l'OACIQ va
protéger la très grande majorité des gens qui pratiquent dans cette
industrie-là, qui n'ont pas ces problèmes-là. Alors...
18 h 30 (version non révisée)
M. Girard (Groulx) : ...sanctions
et resserrement de l'ampleur des pénalités, resserrement des pouvoirs de l'OACIQ,
mais au bénéfice de la très grande majorité des gens qui pratiquent dans cette
industrie, et qui le font d'une manière honnête, et qui conseillent bien leurs
clients.
Le Président (M. Simard) : Mme
Génie, M. Martin, souhaitez-vous renchérir sur les propos du ministre? Vous
avez le droit de ne pas être d'accord avec lui.
M. Martin (David) : On est d'accord.
Mme Génie (Marie-Claude) : On
est d'accord avec vous.
M. Girard (Groulx) : C'est
encore mieux.
Mme Génie (Marie-Claude) : Nous,
on n'en veut pas, des mauvais courtiers, soit dit en passant. Puis on n'essaie
pas de défendre l'indéfendable.
M. Girard (Groulx) : Non. Ce
n'est pas ce que j'ai dit. Non.
Mme Génie (Marie-Claude) : Non,
non, non. Je...
M. Girard (Groulx) : Parfait.
Mme Génie (Marie-Claude) : Je
le sais.
M. Girard (Groulx) : Ça fait
le tour, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le ministre. D'autres interventions? Sans quoi, je laisse la parole
au porte-parole de l'opposition officielle, le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Donc, si je vous entends bien, ce que vous souhaitez, c'est... c'est
une définition de «prohibité». Qu'est-ce que... Comment vous... La définition
que vous y apporteriez, ce serait quoi?
Mme Génie (Marie-Claude) : Malheureusement,
on n'a pas préparé de définition. Je sais qu'on pourrait s'inspirer peut-être
du principe de l'intégrité. Ou on pourra peut-être de vous retourner une
proposition d'une définition. Ça, on pourrait faire ça, mais on n'en a pas
préparé une pour ce soir.
M. Beauchemin : Parce que,
pour que je puisse comprendre, là, nous, on va passer à la prochaine étape,
éventuellement, là, dans l'analyse détaillée du projet de loi. Donc,
évidemment, on va vouloir intégrer ces définitions-là. Parce que, je suis d'accord
avec vous, si ce n'est pas défini, ça peut être très, très large. Même avec les
meilleures intentions du monde, il faut quand même qu'on puisse...
Au niveau des pénalités, est-ce que j'ai
bien saisi? Vous trouvez que ce n'est pas assez élevé.
Mme Génie (Marie-Claude) : Non.
On n'a pas dit ça. On est d'accord avec le rehaussement des pénalités. Nous,
là-dessus, on ne... comme je vous dis, on ne défend pas l'indéfendable. Si c'est
pour avoir une répercussion sur les courtiers fautifs, on n'est pas contre cette
idée-là. Nous, ça nous va, sur ce point-là.
M. Beauchemin : O.K. Puis,
tantôt, vous parliez de l'instabilité réglementaire, où est-ce qu'il y a eu de
façon récurrente, là, des changements qui ont... qui ont été apportés tellement
fréquemment que personne, finalement, si j'ai bien compris, là, n'était apte de
pouvoir faire un suivi, là, approprié, là, pour sa business, là. Vous parliez,
donc, au niveau du calendrier, vous parliez aussi au niveau de rendre ça plus
prévoyable, le... d'une certaine façon. Donnez-moi un petit peu plus de détails
là-dessus s'il vous plaît.
M. Martin (David) : Bien, en
fait, c'est... On parle des lignes directrices... Principalement, par des
lignes directrices puis des formulaires, ce qui se passe avec les lignes directrices,
c'est que pour... un exemple, les lignes directrices sur la double
représentation, parce que le 10 juin 2022, il y a eu un changement à la loi qui
interdisait la double représentation, donc, il y a une ligne directrice. Il y
en a 10 qui couvrent l'entièreté des pratiques professionnelles d'un courtier
immobilier. Celle sur les lignes directrices a été changée plus de 20 fois en
deux ans, dans beaucoup de cas, sans communication, sans formation et sans
consultation. Ce qui fait que même les courtiers les plus aguerris ont de la
difficulté à suivre un petit peu... à suivre la nouvelle. Puis ce qu'on
voudrait éviter, c'est qu'il y ait un traitement différencié d'un courtier à l'autre
lorsqu'il a à transiger avec un client. Tu sais, l'idée de la protection du
public, c'est aussi qu'il y ait uniformisation de la pratique puis, pour ça, il
faut que tous les courtiers comprennent la même chose en même temps.
Donc, nous, dans le fond, ce qu'on
propose, c'est qu'il y ait, au départ, une consultation, ensuite, qu'il y ait
formation, puis que, suite à la formation, il y a le lancement du changement.
Présentement, ce n'est pas ça qu'on a, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de
calendrier de changement, puis, des fois, bien, nous, on le sait en même temps
que tout le monde, c'est-à-dire que le nouveau formulaire sort, on n'a pas eu
le temps de se préparer. Il arrive à l'occasion, par contre, que le régulateur
nous envoie des formulaires sous embargo, mais ce n'est pas tout le temps fait.
Ça fait qu'on est vraiment... On a de la misère à suivre ces changements-à. Ce
qu'on aimerait, c'est pouvoir avoir plus de prévisibilité puis être capable de
vivre le changement, tout le monde en même temps, au même moment. Ça nous
semble logique.
Mme Génie (Marie-Claude) : Si
je peux me permettre de vous donner un exemple très concret, l'été passé...
Mme Génie (Marie-Claude) :
...l'OACIQ nous a dit : Maintenant, les terrains résidentiels, vous
devez... vous ne devez plus utiliser le formulaire PAG, ça n'a pas d'importance
pour vous, vous devez maintenant utiliser le formulaire de vente résidentielle.
On l'a su le lundi matin en rentrant. Qu'est-ce que ça amène comme conséquence
sur tous les terrains qui sont... qui ont tous été signés sur des PAG, qui ne
sont pas encore vendus puis qui sont dans le système? On ne reçoit aucune
instruction de la part du régulateur. Est-ce qu'il faut aller voir nos clients?
Est-ce qu'il faut annuler le premier formulaire signé puis en resigner un
nouveau sur le nouveau formulaire? On n'a jamais reçu d'instruction. Si on...
Puis, en plus de ça, ce qui est arrivé, c'est arrivé en plein milieu de l'été,
alors que la majorité des courtiers, après la période intense des notaires du
mois de juin, partent en vacances se reposer.
Alors là, ça arrive... Donc, cette
nouvelle règle là arrive à un moment où personne n'a été avisé. On ne reçoit
pas d'instruction claire, à savoir qu'est-ce qu'on fait avec les terrains qui
sont en train d'être vendus, mais, bon, qui n'ont pas encore de promesses de...
Puis nos courtiers ne sont pas là, quand même qu'on voudrait faire une
formation, ils ne sont pas là. Ça fait que même le timing dans le calendrier
était mal choisi. Ça c'est un exemple que je vous donne de ce qui se passe
concrètement sur le terrain et que malheureusement le régulateur ne voit pas ou
ne tient pas en compte.
Et je reviens à ce qu'on vous a demandé,
c'est que là on pense que, si on était consultés en amont, mais ça, c'est des
choses qu'on serait capables de dire aux régulateurs, tu sais, et de dire aux
régulateurs :C'est correct si tu veux faire ça, mais as-tu de la formation
prévue? C'est correct si tu veux faire ça, mais l'annoncer le 8 juillet,
c'est une bonne chose parce que là il y a beaucoup de courtiers qui ne sont pas
là. Les agences sont-elles équipées pour répondre aux questions que les
courtiers vont avoir par rapport à ce tout petit changement là? Bien, ça, ça a
été...
M. Beauchemin : Une certaine
prévisibilité sur le changement pour...
Mme Génie (Marie-Claude) : Exactement.
M. Beauchemin : Puis quand
vous parliez de calendrier de salaire dans votre introduction, c'est-tu que...
ce que vous souhaiteriez, c'est d'avoir deux moments fixes par année où est-ce
que le régulateur pourrait arriver ou...
Mme Génie (Marie-Claude) :
Bien, ce serait quelque chose comme ça là où là on saurait d'avance, puis là,
peut-être qu'au lieu de faire 20 changements dans la même année, si on
avait... si on divise en deux puis on se donne un calendrier... Là, c'est un
exemple que vous apportez, mais ça pourrait très bien être ça, là, on se dit
deux fois par année, là, c'est les changements. On a été consultés en amont, on
sait que ça arrive, parce que, si on est consultés en amont puis tout le monde
s'entend, nous, on peut déjà, même commencer à former nos courtiers ou les
prévenir, par exemple : Là, vous ne pourrez plus vendre de terrain avec
tel formulaire. N'oubliez pas, à telle date, ça va être l'autre formulaire,
alors que là ça n'avait pas été le cas. Mais oui...
• (18 h 40) •
M. Beauchemin : Combien de
fois ça arrive par année qu'il y a des changements comme ça qui...
M. Martin (David) : On a une
employée à l'association, à l'APCIQ, qui, deux à trois fois par jour, va dans
le site Internet de l'OACIQ pour vérifier les changements. Il y a des journées
où il peut y avoir deux, trois changements qui ont, des fois, été annoncés, pas
annoncés, mais elle y va deux à trois fois par jour, cinq jours-semaine. Ça
fait partie de ses tâches, parce que, malheureusement, ce n'est pas tout le
temps communiqué. Ça fait que pour garder le... Puis ce qui se passe, c'est que
l'ancien verbatim disparaît. Ça fait que, dans le fond, pour garder une trace
des changements puis, nous, être capables de l'envoyer aux membres puis aux différents
comités, bien, on a cette employée-là qui fait ça depuis deux ans.
M. Beauchemin : J'extrapole,
là, mais il y a 250 jours, 252 jours ouvrables dans une année, trois
par jour, ça fait 750.
M. Martin (David) : Ce n'est
pas tous les jours, là, ce n'est pas tous les jours, mais...
Mme Génie (Marie-Claude) : Il
y en a beaucoup, beaucoup.
M. Martin (David) : ...elle y
va le matin puis l'après-midi, minimalement, parce qu'il peut y en avoir dans
ces deux périodes de la journée, là. Ça fait que, comme on ne le sait pas, elle
y va à tous les jours, deux fois par jour.
M. Beauchemin : C'est
beaucoup, c'est beaucoup. Mais, écoutez, ça fait le tour de mes questions.
Le Président (M. Simard) : Ça
vous va, cher collègue? Alors, M. Martin, Mme Génie, merci beaucoup pour cette
belle présentation qui a vraiment contribué à nos travaux. Nous avons donc
terminé notre période de consultation. Je procède conséquemment au dépôt des
mémoires des personnes et des organismes qui n'ont pas été entendus.
Et puisque notre commission a accompli son
mandat, j'ajourne nos travaux. À nouveau, merci.
(Fin de la séance à 18 h 42)