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(Vingt heures treize minutes)
Le Président (M. Kehoe): Je déclare la
séance ouverte. Je rappelle le mandat de la commission qui est de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
concernant la Protection du consommateur, programme 7 du ministère de la
Justice, pour l'année financière 1988-1989.
Je demande à la secrétaire d'annoncer les
remplacements.
La Secrétaire: M. Brouillette (Champlain) est
remplacé par M. Forget (Prévost); M. Dauphin (Marquette) par M.
Tremblay (Rimouski), M. Doyon (Louis-Hébert) par M. Cusano (Viau).
Le Président (M. Kehoe): Avant de commencer nos travaux,
je veux mentionner que l'enveloppe pour l'étude des crédits est
de deux heures, soit de 20 heures à 22 heures.
M. le ministre, avez-vous des commentaires avant de commencer les
travaux?
Remarques préliminaires M. Herbert Marx
M. Marx: Oui, M. le Président. Avant de commencer les
travaux, j'aimerais présenter les personnes qui m'accompagnent: M.
Gilles Moreau, président de l'Office de la protection du consommateur,
Mme Carolle Richard, attachée politique et attachée de presse, et
Me Tony Manglaviti, attaché politique.
Il me fait plaisir d'être ici pour procéder à
l'étude des crédits de l'Office de la protection du consommateur.
Les crédits de l'Office de la protection du consommateur pour 1988-1989
sont de 12 153 800 $, ce qui représente une augmentation de 1 015 300 $
par rapport à 1987-1988, ou 9, 1 %. Cette augmentation englobe la somme
que requiert l'indexation annuelle de la masse salariale qui est de 347 800 $,
ainsi que le transfert d'une somme de 714 900 $ imputée
antérieurement au budget du ministère des Communications et qui
sert à soutenir les dépenses relatives à l'informatique et
à la téléphonie.
Par ailleurs, l'Office de la protection du consommateur a
contribué à l'objectif de la limitation de la croissance des
dépenses gouvernementales en diminuant sa masse salariale de 113 100 $
par la compression de quatre postes et en réduisant ses dépenses
de fonctionnement de 1, 5 %, soit une somme de 34 500 $. Il est important de
mentionner qu'au chapitre des subventions, l'Office de la protection du
consommateur connaît une augmentation qui porte de 663 300 $ à 724
300 $ ses dépenses de transfert, ce qui hausse considérablement
le budget alloué aux associations de consommateurs.
Au chapitre des actions législatives, on se souviendra que l'an
passé j'ai traité devant cette commission du projet de loi en
matière de préarrangements funéraires. Il a depuis
été adopté et est entré en vigueur le 1er mars
dernier. Cette loi assure une meilleure protection des dépôts
actuels détenus par les entreprises funéraires pour des services
futurs. Cette loi protégera, bien sûr, les sommes qui
éventuellement seront versées par les personnes désireuses
de prendre, de leur vivant, les dispositions relatives à leurs
funérailles.
Toujours afin de faire bénéficier les consommateurs d'une
meilleure protection, quelques modifications ont également
été apportées à la Loi sur la protection du
consommateur. Il nous est apparu impératif de mettre un terme à
une forme de sollicitation abusive des consommateurs en ce qui a trait au
crédit. À moins qu'ils n'en fassent la demande par écrit,
on ne peut maintenant prendre l'initiative de leur faire parvenir un contrat de
prêt, un chèque ou tout autre document qui, par leur signature,
deviendrait un contrat de crédit.
Nous avons aussi profité de l'occasion pour apporter quelques
corrections techniques qui améliorent la protection des consommateurs.
Ainsi, l'altération, la réparation ou le remplacement de
l'odomètre d'une automobile doit être fait de manière
à indiquer correctement sur l'odomètre, et non plus dans un
écrit à part, la distance parcourue par le véhicule.
Les règles ont aussi été resserrées en ce
qui concerne le contenu des mentions qui doivent apparaître sur une
facture en cas de réparation d'appareils domestiques. Les mentions
concernant la pièce posée doivent maintenant préciser
qu'il s'agit d'une pièce neuve, usagée, réusinée ou
remise à neuf.
Enfin, la portée des dispositions ayant trait aux contrats
à distance a été élargie: il est actuellement
interdit à un commerçant partie à un contrat à
distance non seulement de demander un paiement au consommateur, mais aussi de
lui offrir de percevoir un tel paiement.
De plus, au cours de l'exercice 1987-1988, l'Office de la protection du
consommateur a continué de mettre l'accent sur l'éducation et la
prévention. Aucun moyen n'a été négligé pour
informer le plus grand nombre possible de consommateurs. En effet, l'office a
intensifié sa présence auprès des médias
électroniques, ce qui lui permet d'atteindre plusieurs centaines de
milliers de personnes chaque semaine. Les magazines Protégez-vous
et Protect Yourself ont aussi contribué à
l'information des consommateurs par des articles de fond, des tests comparatifs
de produits et des cahiers spéciaux.
L'office a également poursuivi ses actions d'information et
d'éducation auprès des milieux d'affaires afin que les
commerçants soient en
mesure de bien respecter leurs obligations. La priorité a
été accordée au domaine de l'automobile qui constitue
à lui seul environ 32 % des plaintes reçues dans les bureaux
régionaux, mais l'office est d'autre part intervenu dans le secteur de
la publicité et des pratiques de commerce.
Par ailleurs, l'office a maintenu sa collaboration avec les associations
de consommateurs. Plusieurs rencontres ont eu lieu dans le but, soit de les
informer, de les consulter, de collaborer à certains de leurs dossiers
ou de leur offrir un soutien technique. La direction des affaires juridiques et
celle des bureaux régionaux ont d'ailleurs rencontré à
deux reprises des délégués d'une vingtaine d'associations
venus échanger sur des problèmes de consommation et sur les
solutions à y apporter. Soulignons enfin la tenue de deux sessions
d'Information à l'intention des associations oeuvrant dans les
régions de la Mauricie-Bols-Francs et de L'Estrie.
Cette année, l'office a développé des liens
étroits avec les associations de personnes âgées. Une
session d'information et de consultation ainsi qu'une tournée ont eu
lieu. L'office a continué d'utiliser des émissions de radio et de
télévision destinées aux retraités et
préretraités pour les renseigner sur des sujets qui les
concernent spécifiquement. À ce titre, l'office a
collaboré avec des représentants des associations de personnes
âgées et avec d'autres intervenants auprès de cette
clientèle dans le but d'aider les personnes âgées à
faire face aux nombreuses sollicitations à domicile dont elles font
l'objet. Cette collaboration a permis la production d'un plan triennal
prévoyant diverses activités basées sur les techniques
d'animation et facilement integrates aux activités déjà
organisées pour les aînés. Une stratégie
d'intervention dans les médias d'information à large audience
viendra soutenir cette action.
Les groupes d'action sociale qui oeuvrent auprès des personnes
âgées ne sont pas les seuls à avoir fait l'objet de
l'attention de l'office. En effet, un nouveau document audiovisuel a
été produit en collaboration avec la Commission des écoles
catholiques de Montréal. D'une durée de cinq minutes, ce
vidéo veut sensibiliser les clientèles vulnérables aux
pièges du magasinage, en mettant l'accent sur certaines pratiques
commerciales dont il faut se méfier. Il peut être utilisé
pour l'éducation des adultes, pour l'intégration des
communautés culturelles ou lors de cours d'alphabétisation. Ce
document complète le matériel pédagogique
déjà produit par l'office au profit des alphabétiseurs,
soit cinq albums de bandes dessinées portant sur les garanties, les
voitures d'occasion, la vente itinérante, le magasinage et les
plaintes.
L'office a aussi publié en cours d'année une transcription
en braille du dépliant "Droit au but, les petites créances",
qu'il avait produit conjointement avec le ministère de la Justice. Cette
publication en braille facilite aux handicapés visuels l'accès
à l'information juridique et gouvernementale.
Dans ce même ordre d'idées, l'office a continué
à accorder un support technique aux enseignants responsables du volet
éducation à la consommation au secondaire: séances de
formation sur demande aux commissions scolaires, mise à l'essai du guide
à l'intention des élèves en cheminement particulier,
publication de cinq numéros du bulletin d'éducation à la
consommation. Également, l'office s'est associé à
l'Université Laval et au quotidien Le Soleil pour offrir, dès
l'automne 1988, un cours d'initiation à la consommation destiné
au public adulte.
Une autre activité importante de l'office consiste à
répondre aux demandes de renseignements et plaintes émanant du
public. Cette année, les bureaux régionaux ont reçu au
total 378 131 demandes provenant des consommateurs. La majorité de ces
demandes sont acheminées par téléphone. Afin
d'améliorer l'accessibilité de ce service, j'ai donc
annoncé l'automne dernier que la population pouvait désormais
rejoindre sans frais tous les bureaux de l'Office de la protection du
consommateur en téléphonant à frais virés.
Le nombre de plaintes se rapportant à des secteurs régis
par l'office est comparable à celui de l'année dernière et
a atteint 64,9 %. À cet égard, le domaine de l'automobile se
classe toujours au premier rang avec 22,4 % des plaintes reçues. Les
consommateurs allèguent surtout des vices cachés, le mauvais
fonctionnement et le non-respect des garanties à la suite de l'achat ou
de la réparation d'un véhicule. Les plaintes ayant trait à
l'habitation se chiffrent à 11 120. Le secteur des appareils domestiques
et celui des meubles suivent avec respectivement 5154 et 8596 plaintes.
Pour leur part, les demandes de renseignement ont totalisé 232
598, dont 53,2 % touchent un domaine régi par les lois sous la
responsabilité de l'office. On note également de nombreuses
demandes de documentation concernant les lois administrées par l'office
et divers autres sujets de consommation.
Une attention particulière a été accordée
cette année encore au processus d'indemnisation des consommateurs.
Diverses mesures, comme l'utilisation d'un formulaire de plainte que le
consommateur envoie lui-même au commerçant et la médiation
faite par les bureaux régionaux auprès des commerçants,
ont permis à plusieurs milliers de consommateurs touchés
d'être indemnisés. Ce taux d'indemnisation s'établit
à 75,9 %, soit un taux comparable à celui de l'an dernier.
Une autre responsabilité importante confiée à
l'office est la surveillance de l'application des lois. L'office a donc
poursuivi ses interventions visant à assainir les pratiques
commerciales, particulièrement dans les secteurs faisant l'objet d'un
grand nombre de plaintes.
Dans le secteur de l'automobile, les opérations
auto-témoin et les enquêtes regroupées en région ont
été maintenues. D'autre part, une
attention spéciale a été portée à la
surveillance des compagnies qui vendent des garanties prolongées sur des
véhicules neufs ou d'occasion. Ce marché a en effet subi des
modifications profondes à la suite de l'augmentation de la durée
des garanties de base des manufacturiers. Deux entreprises, dont l'une
très importante faisant affaires dans tout le pays, ont fermé
leurs portes au cours de l'année.
En ce qui concerne la question de l'immobilier, j'ai déjà
annoncé mon intention de mettre en vigueur les dispositions
législatives qui donneront juridiction à l'office pour ce qui est
des pratiques de commerce. J'aurais évidemment souhaité
réaliser cela plus tôt. J'ai cependant bon espoir que les quelques
questions administratives qu'il reste à régler permettront de le
faire le plus rapidement possible. Cela permettra à l'office dans les
cas où un consommateur traite avec un commerçant, d'assurer une
certaine loyauté dans les transactions immobilières en
empêchant les fausses représentations et la publicité
trompeuse aussi bien par affirmation, par comportement que par omission d'un
fait important.
Dans le domaine de la publicité et des pratiques de commerce,
l'accent a été mis sur les diverses entreprises qui diffusent des
publicités trompeuses ou frauduleuses dans les médias
écrits. Les principaux secteurs de plaintes concernent les voyages, les
régimes amaigrissants et autres produits miracles, de même que la
vente de franchises et des offres d'emplois. Au chapitre de la publicité
trompeuse l'office a déposé des poursuites et obtenu des
jugements dans des domaines très divers qui touchent la performance de
certains produits ou les prix.
Par ailleurs, à l'occasion des poursuites qu'il dépose
relativement à des pratiques commerciales malhonnêtes, l'office
tente également, lorsque c'est possible, d'indemniser les victimes, soit
à même les fonds de l'entreprise ou d'une autre façon, si
celle-ci est insolvable. Mentionnons à titre d'exemple le cas d'une
entreprise spécialisée dans la vente d'arrangements
préalables de services funéraires qui a été
condamnée à des amendes de 42 000 $ pour diverses infractions
à la Loi sur la protection du consommateur. L'office a alors
négocié avec une entreprise reconnue des arrangements de services
funéraires de remplacement à un prix avantageux, réduisant
ainsi de façon substantielle les pertes encourues par quelque 200
personnes âgées. (20 h 30)
L'office a de plus effectué des enquêtes dans les secteurs
du crédit, de la réparation d'appareils domestiques, de la
rénovation domiciliaire et du commerce itinérant.
Pour l'ensemble des secteurs régis par l'Office de la protection
du consommateur, on dénombre 1072 enquêtes et 320 poursuites qui
ont donné lieu à des amendes totalisant 493 850 $. Un
contrôle particulier a été exercé sur les
commerçants faisant affaire dans les secteurs du voyage, des garanties
supplémentaires sur les véhicules automobiles et les appareils
électroménagers, du commerce itinérant, des studios de
santé, du prêt d'argent et du recouvrement de créances. La
loi les oblige à posséder un permis et à déposer un
cautionnement, sauf dans le cas des prêteurs d'argent. Le cautionnement
garantit l'exécution d'un jugement obtenu en vertu de la loi par un
consommateur à l'égard d'un commerçant. Des paiements de
250 000 $ pour 700 consommateurs dans 38 dossiers, ont été
effectués à la suite de l'annulation de permis de
commerçants itinérants, de marchands de meubles et
d'opérateurs de studios de santé.
Dans le secteur du voyage, l'office, en plus de gérer les
cautionnements individuels et les fonds collectifs, a assuré le
départ et le retour ordonnés de quelque 2130 consommateurs
à la suite de la déconfiture de sept agences de voyage. L'office
a aussi poursuivi son programme d'inspection préventive.
Le nouveau système relatif aux dates d'échéance des
permis qui, depuis janvier 1987, expirent cinq mois après la fin de
l'exercice financier de l'entreprise, donne d'excellents résultats. En
effet, la réception par l'office d'états financiers
récents permet la détection précoce des agences en
difficultés financières et, par conséquent, une
intervention en temps opportun.
Il me fera maintenant plaisir de répondre à vos
questions.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre.
La parole est maintenant au député de Saint-Jacques, le
porte-parole de l'Opposition.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, M. le ministre, chers
collègues, je pense qu'il n'y a rien pour me renverser ou pour me
transporter dans ce que vient de dire le ministre. Je pense qu'il est
évident que celui à qui on fait jouer un peu un rôle de
"jack-of-all-trades" on lui donnant plusieurs ministères
considère la protection du consommateur comme - en langage imagé
au Québec - la cinquième roue du bogie.
Quand je regarde les crédits de l'Office de la protection du
consommateur pour 1988-1989, effectivement, ils se chiffrent à 12 153
000 $. L'augmentation d'environ 1 000 000 $, ou 9 %, est essentiellement
attribuable à l'indexation des traitements et à un transfert de
fonds pour l'informatique et les télécommunications en provenance
du ministère des Communications. D'ailleurs le ministre l'avoue
lui-même, de façon très candide, l'augmentation n'est due
qu'à cela.
Depuis 1985-1986, soit sur une période de trois ans, M. le
Président, le budget de l'office n'a augmenté que de 9,5 %. Quand
on sait que l'indice d'augmentation a toujours joué aux alentours de 4
ou 4,5 %, il s'agit nettement d'une
augmentation inférieure à l'inflation. Parlons donc,
là aussi, de diminution.
Il m'apparaît très clairement que le dossier de la
protection du consommateur n'est pas une priorité pour ce gouvernement
et ne peut constituer une priorité également pour le ministre,
compte tenu du volume des dossiers. Il a fait d'ailleurs un lapsus très
significatif. Le ministre a parlé de détention tantôt. On
voit qu'il était rattaché à son dossier principal. On peut
quand même noter que, fort heureusement tout au moins, grâce
à vous...
M. Marx: ...les prisons aussi, M. le Président.
M. Boulerice: On peut quand même noter que, grâce
à la vigilance de l'Opposition, fort heureusement, la philosophie
"gobeillienne" qui prévalait a été annulée.
Contrairement à la recommandation du rapport qui porte le même
nom, on a réussi à sauver Protégez-vous et
Protect yourself qui s'inscrivaient dans cette notion de privatisation,
qui est le veau d'or adoré du gouvernement actuel.
L'office aurait pourtant besoin de ressources accrues pour s'acquitter
de son mandat et pour accroître ses interventions. On va se rappeler
qu'au terme de l'opération de surveillance des activités de
l'office en septembre 1986, la commission des institutions avait unanimement
recommandé de lui accorder, et je cite bien: "toutes les ressources
humaines et financières nécessaires à l'accomplissement de
son mandat". Elle avait aussi demandé que l'Office de la protection du
consommateur intensifie sa présence et son action auprès des
organismes gouvernementaux, et on avait donné comme exemple
Hydro-Québec, qu'il accorde une attention spéciale aux
clientèles les plus démunies et qu'il accroisse ses interventions
dans les grands problèmes de consommation, même lorsqu'ils ne sont
pas spécifiquement régis par les lois qu'il administre, le
secteur immobilier, par exemple. Tout cela exige, bien entendu, des ressources
humaines et financières additionnelles. Le ministre malheureusement
continue de faire la sourde oreille ou n'est pas entendu par le
président du Conseil du trésor et refuse d'octroyer à
l'office ces ressources que nous demandions.
Pendant ce temps-là, les consommateurs continuent toujours
d'attendre que la Loi sur la protection du consommateur s'étende au
domaine immobilier. C'est pourtant là un des domaines, l'achat d'une
maison, la rénovation domiciliaire, qui a fait l'objet du plus grand
nombre de griefs, de plaintes de la part des consommateurs. On se rappellera
d'ailleurs que le gouvernement du Parti québécois avait
adopté en juin 1985 la loi 53 sur le bâtiment qui devait
d'ailleurs entrer en vigueur en 1986. Celle-ci comporte certains articles ayant
pour effet d'étendre la portée de la Loi sur la protection du
consommateur aux pratiques de commerce ayant cours dans le secteur immobilier,
en plus de prévoir l'obligation pour tout entrepreneur en construction
d'offrir aux consommateurs des plans de garantie pour les maisons neuves et les
travaux de rénovation domiciliaire. Deux ans et quelques mois plus tard,
les consommateurs attendent toujours.
Quand je vous parlais de la candeur du ministre, M. le Président,
je vois ici ses voeux très pieux: J'aurais évidemment
souhaité réaliser cela plus tôt. Au temps qu'il met, je
suis en train de me demander s'il attend de le réaliser à titre
posthume en tant que ministre.
Donc, deux ans et quelques mois plus tard, les consommateurs sont
toujours en attente. Depuis deux ans, chaque année, au moment des
crédits, le ministre nous dit qu'il a l'intention de mettre en vigueur
les articles de la loi 53 qui concernent l'office dans les meilleurs
délais. Je ne sais pas ce que sont les meilleurs délais, mais je
pense qu'on lui a donné suffisamment de délai pour qu'il puisse
s'exécuter dès maintenant.
M. Marx: ...préparez vos félicitations pour le
ministre bientôt.
M. Boulerice: Ne me dites pas qu'enfin on va avoir une nouvelle!
Mais je peux noter quand même que, jusqu'à ce soir, M. le
ministre, les délais ne font que s'allonger et, si on examine justement
les crédits alloués à l'office pour cette année,
j'ai bien peur que ce ne sera pas encore pour cette année puisque votre
budget est gelé. Il a été convenu par le président
de l'Office de la protection du consommateur, aussi bien que par le ministre,
que l'entrée en vigueur des articles nécessiterait l'ajout d'un
minimum de 17 postes et un budget additionnel de 400 000 $ à 500 000 $.
Alors, vous allez me présenter un vrai budget ou un faux budget? Je
n'apprécie quand même pas votre façon de jouer au chat et
à la souris. C'est beau vouloir faire un "scoop" et j'admets que la
présence des médias est toujours quelque chose
d'intéressant quand on est la partie gouvernementale. Le sujet est trop
sérieux et nous l'avons trop longuement étudié en
commission parlementaire pour que vous vous permettiez de laisser encore des
victimes dans l'état lamentable dans lequel ils sont dans ce dossier et
pour essayer d'avoir un sourire un tantinet narquois et me dire:
Préparez vos félicitations pour le ministre. Cela fait deux ans
et demi qu'on prépare les félicitations et on ne les a pas
encore. Le temps que vous attendez les félicitations, on pourrait mettre
devant vous une liste de victimes qui rendraient votre sourire un petit peu
trop narquois.
Si vous avez l'intention d'étendre la Loi sur la protection du
consommateur au domaine immobilier, je vous dis que vous avez l'occasion de le
faire. D'ailleurs - cela devrait peut-être faire l'objet d'une
enquête de l'Office de la protection du consommateur - le Parlement est
sous-utilisé dans son temps, vous passez votre
temps à ajourner les travaux de la Chambre. Je pense qu'on est
disponible pour étudier un projet de loi quand vous aurez le goût
d'en déposer un. Vous nous dites qu'il n'y a pas de projet?
M. Marx: Cela ne prend pas un projet. Cela prend seulement un
décret du gouvernement.
M. Boulerice: Un décret seulement? C'est encore bien plus
facile. Vous n'avez pas besoin de supporter mon discours. Vous n'avez
qu'à le faire dans la soucoupe volante de l'autre côté.
S'il est satisfaisant, on vous félicitera, en n'oubliant pas que cela
fait deux ans et demi qu'il y a des victimes là-dessus.
Si on examine maintenant les crédits alloués sous forme de
subventions aux associations de consommateurs - on est encore bien loin du
Pérou - puisque vous parliez d'agences de voyage tantôt - il y a
une augmentation de 9 % cette année, mais cela fait suite à deux
années de gel de leurs subventions. Donc, depuis trois ans, la hausse
correspond, à toutes fins utiles, à celle du coût de la
vie, ou presque. On sait par ailleurs que les associations - j'en ai
rencontré une la semaine dernière en prévision de notre
rencontre de ce soir - québécoises de consommateurs
reçoivent la portion congrue de l'aide versée par le
fédéral qui est d'environ 15 %. D'ailleurs, le
fédéral ne subventionnera plus les associations provinciales,
mais semble favoriser uniquement une association pancanadienne, quand on sait
que sa section québécoise, à toutes fins utiles, se limite
à un répondeur téléphonique, un point, c'est tout.
Quand on sait que les associations québécoises de consommateurs
reçoivent la portion congrue, comme je vous le disais, de l'aide qui est
versée par le fédéral, soit 15 %, et que de nombreux
petits organismes sont exclus a priori du programme fédéral, je
pense qu'on devrait s'attendre de la part du ministre qu'il relève sa
contribution et qu'il intervienne auprès du fédéral,
toujours en vertu de la notion d'excellent négociateur que vous
êtes. Vous semblez avoir bien réussi dans le domaine de
l'immigration, vous semblez avoir bien réussi dans le lac Meech, les
frégates, le centre bancaire, l'agence spatiale et tout cela.
M. Marx: Ce ne sont pas tous mes dossiers.
M. Boulerice: Je pense qu'il serait temps que vous interveniez
auprès du fédéral afin que nos associations puissent
obtenir une part équitable des subventions.
Un sujet qui préoccupe particulièrement les consommateurs,
c'est celui des services professionnels, M. le ministre. On le sait, le domaine
des professions est très réglementé. On a un Office des
professions. On a une quarantaine de corporations professionnelles avec leur
loi constitutive, les nombreux règlements qui s'y ajoutent, leur
comité de discipine, le tribunal des professions. Tout ce système
permet généralement d'assurer la protection du public, mais il y
a des circonstances, des cas où cela peut aller à rencontre des
intérêts de ce public, en tant que consommateurs. Il y a tout un
débat au sujet de la publicité professionnelle que vous ne
pourrez pas esquiver. Celle-ci, comme on le sait, est très
étroitement banalisée actuellement. L'Office des professions
demande, depuis déjà quelques années, une
libéralisation des règles. Les associations de consommateurs
revendiquent aussi un élargissement de la publicité, par exemple,
l'affichage des tarifs dans les bureaux, notamment les bureaux d'avocat - c'est
un exemple qu'on me citait. Sans pour autant permettre une liberté
totale et une publicité débridée qui donne lieu à
des abus, on pourrait tout de même envisager une plus grande ouverture.
On aimerait connaître la position du ministre responsable de la
Protection du consommateur sur cette question. (20 h 45) il y a aussi la
question de la levée du huis clos lors des comparutions des
professionnels ayant fait l'objet de plaintes devant le comité de
discipline. La loi 92 qui a été adoptée en décembre
1986 en vue de conformer plus d'une centaine de nos lois à la Charte des
droits et libertés de la personne contient des dispositions à cet
effet - je n'ai pas besoin de vous le rappeler - mais elles n'ont pas
été mises en vigueur encore. Le ministre fait vraisemblablement
l'objet de pressions assez vives de la part de certaines corporations
professionnelles. Je pense qu'il devra dire où il loge en cette
matière. S'il y a une loi qui a été adoptée, c'est
pour être mise en vigueur. On sait aussi que le processus d'examen des
plaintes est passablement long et qu'il peut décourager certains
consommateurs qui s'estiment lésés par un professionnel. L'ACEF,
que vous connaissez bien, j'espère, recommandait en mai dernier la
création d'un poste d'ombudsman, de protecteur, à l'Office des
professions, qui veillerait au suivi des plaintes. Je pense qu'il y a là
une suggestion qui mérite d'être étudiée, même
si cela vous fait un peu titiller.
M. Marx: Non, ce n'est pas mon dossier, M. le Président.
Cela relève du ministre de l'Éducation.
M. Boulerice: Oui, mais vous êtes...
M. Marx: Je pense que le député se trompe de
commission.
M. Boulerice: Non! Écoutez, je sais qu'il y a 36
métiers, 36 misères, comme vous l'avez déjà dit en
Chambre...
M. Marx: Le député a dit que je suis trop
occupé. Maintenant il veut me donner d'autres ministères à
administrer. Je ne suis pas contre, mais quand même...
M. Boulerice: Mais, M. le Président, ne serait-ce qu'au
niveau de la plus élémentaire politesse qui est une
caractéristique innée chez le député de D'Arcy
McGee, je ne me suis pas permis de l'interrompre durant sa présentation,
alors je souhaiterais avoir le même traitement. Cela fait trois fois
d'ailleurs qu'il fait cela. Je relève que cela mériterait une
plainte si cela continue. M. le ministre, effectivement, cela relève de
votre collègue. Il semble que là aussi ce soit une marque de
commerce de votre gouvernement, ce cloisonnement, cette difficulté de
dialogue qui peut exister entre les ministres. Celui qui fait appel à un
professionnel du domaine de la santé ou du domaine du droit est
également un consommateur. C'est un consommateur; peut-être pas de
biens, mais un consommateur de services. Je pense que le ministre responsable
de la Protection du consommateur doit avoir, si ce n'est pas un droit de regard
au sens le plus strict du terme, tout au moins un certain dialogue avec le
ministre responsable, son collègue, et faire valoir des principes
fondamentaux pour ce qui est de la consommation. Qu'elle soit de biens ou de
services, je vous le répète, la consommation est une
consommation. Le consommateur doit être protégé. Donc, je
vous le répète, cette recommandation de l'ACEF, je pense,
mérite d'être étudiée.
Dans un autre ordre d'idées, la question des tarifs
téléphoniques continue de faire couler beaucoup d'encre. Le CRTC,
le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications
canadiennes, a récemment rendu sa décision par rapport aux
demandes de Bell Canada en matière de rééquilibrage
tarifaire. Il a décidé de maintenir les baisses de tarifs
interurbains, mais de ne pas accorder d'augmentation pour les appels locaux ou
le service de base, qui est estimé à 125 000 000 $, si ma
mémoire est bonne. Mais le CRTC a laissé cependant la porte
ouverte à un éventuel rééquilibrage. C'est la
raison pour laquelle j'intervenais aussi auprès de votre
collègue, le ministre des Communications, pour ce qui est de la
Régie des services publics. Les associations de consommateurs s'opposent
vivement à une telle mesure qui pénaliserait les plus
démunis, les assistés sociaux, qui sont d'ailleurs les
premières victimes de votre gouvernement ces derniers mois, les
personnes âgées, les gens à faibles revenus qui
dépendent davantage du service local. Ce ne sont pas des gens dont la
fréquence d'appels interurbains est immense. La Fédération
nationale des associations de consommateurs du Québec, la FNACQ, comme
on dit en jargon, s'est dite pour sa part inquiète de la position du
CRTC, dans la mesure où cela apparaît comme un sursis et que la
politique tarifaire d'interfinancement pourrait être compromise. On
serait curieux de savoir si le ministre responsable de la Protection du
consommateur partage ces appréhensions. Mais, sur ce point comme sur
plusieurs autres qui touchent les consommateurs, je pense qu'encore là
le ministre est étonnamment muet. Il a une conception plutôt
étroite de son rôle de responsable. Il vient de m'en donner un
exemple tantôt en se déchargeant sur un de ses collègues.
Il a une conception plutôt étroite de son rôle de
responsable, au sein du gouvernement, de la protection des consommateurs.
Il y a un dernier sujet, celui du libre-échange. Dans la
foulée de l'accord qui est intervenu en janvier dernier entre le Canada
et les États-Unis, un certain nombre d'intervenants ont exprimé
des réserves. Il y a, par exemple, le Regroupement
québécois des associations de consommateurs qui s'inquiète
du fait qu'on n'y retrouve pas de garanties pour les consommateurs. Je partage
cette inquiétude. Plusieurs demeurent sceptiques quant aux baisses
éventuelles de prix engendrées par la libéralisation des
échanges. On sait par ailleurs que les lois de protection des
consommateurs sont, à maints égards, moins sévères
aux États-Unis qu'au Québec. Le regroupement demande donc la
création d'un conseil consultatif des consommateurs ayant pour mandat de
surveiller les intérêts des consommateurs dans l'application du
traité. C'est là une suggestion intéressante, encore une
fois, sur laquelle il va sans doute être intéressant d'entendre le
ministre responsable de l'Office de la protection du consommateur, s'il consent
bien ce soir, M. le Président, à jouer son rôle et à
ne pas se décharger auprès de ses collègues du Conseil des
ministres.
Voilà pour les remarques préliminaires. Je vais
plutôt favoriser les questions à partir de maintenant.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le député
de Saint-Jacques. Maintenant, s'il y a d'autres membres de la commission qui
ont des remarques préliminaires, je les invite à le faire.
Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Je ne sais pas si je m'adresse à la bonne
commission. Est-ce que le ministre qui s'occupe de la protection des
consommateurs s'occupe aussi de la publicité auprès des enfants?
Est-ce le mandat de cet organisme?
M. Marx: Oui.
Mme Bleau: Vous ne faites pas mention du tout de ce qui s'est
fait l'année dernière, de ce que vous préparez cette
année. Est-ce qu'il y a quand même une surveillance de ce
côté-là? Est-ce que vous faites encore des poursuites quand
les gens ne respectent pas la loi?
M. Marx: La loi est respectée actuellement, mais il y a un
litige qui a été porté devant la Cour suprême du
Canada en ce qui concerne la publicité à la
télévision. Nous attendons une décision sur cette question
dans les semaines ou les mois à venir.
M. le Président, j'aimerais juste répondre
brièvement...
Le Président (M. Kehoe): Juste une seconde, s'il vous
plaît.
M. Boulerice: Sur une question de privilège. Nonobstant
tout le respect que j'ai pour mon honorable collègue, la
députée de Groulx, je vous ferai remarquer que j'apprécie
quand même le blâme qu'elle adresse...
M. le Président, je vous avoue que je ne suis pas sans être
choqué de voir que la députée de Groulx, membre de la
formation ministérielle blâme immédiatement le ministre de
ne pas avoir fait état de la publicité pour les enfants.
Mme Bleau: Je n'ai pas blâmé.
M. Boulerice: Ce n'était pas une remarque
préliminaire. C'était une question. Je voudrais qu'on aille aux
questions.
Le Président (M. Kehoe): D'accord. Madame, avez-vous des
remarques préliminaires?
Mme Bleau: Non, je voulais demander... Ma question était
là. Est-ce qu'on s'occupe encore au ministère...
Le Président (M. Kehoe): Madame, on va revenir dans
quelques minutes aux questions. Pour commencer, ce sont les remarques
préliminaires.
Mme Bleau: Excusez-moi.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre, avez-vous des
réponses à donner à madame?
M. Marx: J'ai juste une réponse assez brève. Si je
comprends bien le député de Saint-Jacques, il prévoit un
gouvernement avec un premier ministre, un ministre des Finances, un
président du Conseil du trésor et un ministre à tout faire
et il veut que ce soit moi qui sois le ministre à tout faire, qui
s'occupe de tout parce que, dans ses remarques préliminaires, il a tout
mis. Tout ce qui se trouve dans d'autres ministères, il me l'a
attribué. J'aimerais le remercier d'avoir pensé que je peux faire
le job de ministre à tout faire. Peut-être que dans un proche
avenir on va me donner d'autres ministères pour faire plaisir au
député de Saint-Jacques.
Dans le dossier de la protection du consommateur, comme ministre
responsable de l'Office de la protection du consommateur, je me suis
engagé à faire un certain nombre d'améliorations, de
réformes, et j'ai pris quatre engagements. Premièrement, j'ai
pris l'engagement de modifier et de mettre à jour la loi Lacombe.
C'était demandé par les ACEF et je l'ai fait. J'ai pris un
deuxième engagement de modifier la loi sur les saisies, les saisies
abusives, et ainsi de suite. Je l'ai fait. Troisièmement, j'ai pris
l'engagement d'adopter une loi sur les préarrangements
funéraires, et je l'ai fait. Il y a une quatrième réforme
et j'ai pris l'engagement de la faire, de mettre en vigueur l'article de la Loi
sur le bâtiment en ce qui concerne l'immobilier. J'ai annoncé ce
soir que, malheureusement, c'était retardé, mais j'ai l'intention
de le faire. On a déjà prévu l'argent dans le budget de
l'office pour donner suite à une telle mise en application de la loi.
Cela va prendre un certain nombre de fonctionnaires et nous sommes en train de
régler les problèmes administratifs pour qu'on puisse mettre en
vigueur l'article en question dans la Loi sur le bâtiment. Aussi, je
n'avais pas pris cet engagement, mais nous avons modifié la Loi sur la
protection du consommateur pour protéger davantage les
consommateurs.
Donc, M. le Président, si vous faites l'addition de tout ce que
nous avons fait depuis deux ans, vous allez remarquer que nous avons fait plus
en 1986-1987 que le gouvernement précédent a fait en 1985, 1984,
1983, parce qu'il n'a rien fait.
Une voix: Aïe!
M. Boulerice: M. le Président, est-ce que le ministre
a...
M. Marx: M. le Président, en terminant...
Le Président (M. Kehoe): La parole est au ministre pour le
moment. Juste une seconde!
M. Marx: ...j'étais à une conférence
fédérale-provinciale des ministres responsables de la protection
du consommateur à Calgary et je peux vous dire, M. le Président,
que nous sommes la juridiction la plus avancée au Canada, pas seulement
dans le domaine général de la protection du consommateur, avec
notre office et ainsi de suite, mais aussi, M. le Président, j'ai appris
qu'en ce qui concerne la loi des préarrangements funéraires, nous
avons la loi la plus avancée au Canada. Tout le monde a voulu avoir une
copie de notre loi, de nos dépliants pour nous copier. Je pense que le
plus grand compliment qu'on peut avoir, c'est quand les autres ministres nous
demandent des copies de nos lois et des dépliants pour voir ce que nous
faisons. Je pense que le député de Saint-Jacques va admettre
aussi que, en ce qui concerne la protection du consommateur, le Québec
est de loin la juridiction la plus avancée au Canada et peut-être
en Amérique du Nord, mais je n'ai pas vérifié dans tous
les États américains.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre.
J'appelle maintenant le programme 7 du ministère de la Justice. Y
a-t-il des questions?
Augmentation du budget de l'office
M. Boulerice: Bien oui! Le ministre peut s'attribuer l'invention
de la poudre à canon, mais l'histoire jugera si c'est lui qui l'a faite.
Je pense que le ministère de la Protection du consommateur n'est pas
apparu le 2 décembre 1985. Quand je regarde, en 1985-1986, le dernier
budget adopté par le gouvernement du Parti québécois,
c'était 11 094 000 $. En 1988-1989, nous en sommes à 12 153 000
$. Trois ans, avec un indice d'inflation moyen de 4, 5 %, cela fait 13, 5 %. Le
budget, cette année, augmente de 9, 5 %. Donc, il y a toujours une
diminution de 4 %, juste compte tenu de l'inflation par rapport au dernier
budget de l'administration précédente. Je pense que le
pétard est éventé au départ.
M. Marx: M. le Président il faut que je réponde
à cette...
M. Boulerice: M. le Président, là, le
ministre...
M. Marx: Voulez-vous que je réponde maintenant ou
après?
M. Boulerice: Le ministre répondra après ma
question.
M. Marx: Vous me direz quand vous voulez la réponse.
M. Boulerice: Si cela ne le dérange pas. Je sais qu'il
faut la formuler lentement pour que vous la compreniez vite. Je vais respecter
cela. (21 heures)
Réduction de postes
Le ministre vient de me dire qu'il a l'intention de mettre en
application les articles de la loi 53. Il nous disait: J'ai prévu dans
le budget... Le président de l'Office de la protection du consommateur
dit que cela va prendre quinze nouveaux postes et de 500 000 $ à 600 000
$ supplémentaires, et je vois dans les crédits qu'il y a
abolition de quatre postes. Comment allons-nous appliquer la loi là
où il faut ajouter quinze postes alors que déjà on en
coupe quatre? Le ministre aurait-il l'honnêteté de
reconnaître que le budget de l'office a, à toutes fins utiles,
quand on sait lire les chiffres, été gelé depuis
l'arrivée au pouvoir, du gouvernement libéral et que cela va
à rencontre de la recommandation récente et unanime de la
commission des institutions qui est formée de députés du
parti ministériel et de députés de l'Opposition? Partez
donc, au départ, en étant franc!
Le Président (M. Kehoe): Fini ?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Kehoe): M. le ministre.
M. Marx: M le Président, le député de
Saint-Jacques, malheureusement, n'était pas ici avant I985. Donc, il ne
sait pas qu'au gouvernement on fait des compressions depuis I982. Parce qu'on
fait des compressions dans un ministère ou dans un organisme, cela ne
veut pas dire qu'on est moins efficace qu'avant. Je vais vous donner un
exemple, M. le Président. Avec le gouvernement actuel, les budgets des
cabinets ont été diminués de 20 % à 30 %. Mon
prédécesseur avait plus de 600 000 $ pour son cabinet alors que
j'ai environ 450 000 $. Cela ne veut pas dire que je suis moins efficace que
mon prédécesseur de l'ancien gouvernement. En effet, je pense
qu'il y a des gens qui vont dire que je suis plus efficace, mais c'est
difficile pour moi de juger. Même quand mes prédécesseurs
n'étaient pas dans leur bureau au ministère pendant des
années, ils avaient un budget plus gros que celui que j'ai
actuellement.
Ceci dit, M. le Président, en ce qui concerne les effectifs dont
on a besoin pour mettre en vigueur l'article dans la Loi sur le bâtiment
pour couvrir l'immobilier, cela n'a rien à voir avec la situation
actuelle parce qu'on va avoir des postes additionnels pour faire face aux
besoins quand on va mettre en vigueur cet article. Il ne faut pas oublier
qu'étant donné que le ministre de la Justice est responsable de
l'Office de la protection du consommateur, il peut y avoir des transferts de
postes du ministère de la Justice à l'Office de la protection du
consommateur et ainsi de suite. Donc, il y a beaucoup de façons de
régler le problème des postes. Mais pour donner suite à
l'engagement en ce qui concerne l'immobilier, il s'agit d'une question de
postes et pas d'une question d'argent. S'il manquait 25 000 $, 30 000 $ ou 40
000 $ à l'office, je vous assure que nous avons déjà
l'argent; effectivement, on a prévu 50 000 $ dans le budget pour couvrir
les dépenses nécessaires afin de donner suite à mon
engagement en ce qui concerne l'immobilier. Donc, il y a plusieurs
façons de lire des chiffres.
M. Boulerice:. M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait m'indiquer où se fait cette réduction de quatre
postes?
M. Marx: il y a deux postes dans les régions, un dans un
bureau régional, un enquêteur, une secrétaire au bureau du
président et un poste à déterminer. Il ne faut pas oublier
aussi qu'il y a tout ce que j'appelle - je ne sais pas comment on appelle cela
au gouvernement - des postes flottants, c'est-à-dire qu'il y a toujours
des postes, au ministère et dans les organismes, non comblés,
soit que quelqu'un prend sa retraite, que quelqu'un est en année
sabbatique ou fait des études. Donc, il y a des postes qui ne sont pas
comblés et on peut faire une certaine économie de cette
façon aussi. Je dois vous dire que l'office a les postes
nécessaires pour combler
ses besoins et pour donner suite à son mandat.
M. Boulerice: Êtes-vous en train de dire qu'il y a trop de
monde?
M. Marx: Je ne dirais pas qu'il y a trop de monde, il y en a
juste assez. Mais, de temps en temps, par exemple, on va dépenser 100
000 $ ou 200 000 $ dans l'informatique. C'est bien possible qu'après cet
investissement cela prenne moins de personnes. On ne peut pas dire que cela
prendra le même nombre de personnes aujourd'hui pour faire le travail que
cela a pris il y a dix ans, quand il n'y avait pas de machine de traitement de
texte, quand il n'y avait pas d'informatique, etc.
M. Boulerice: Vous me donnez des statistiques qui me disent que
les problèmes de consommation s'accroissent.
M. Marx: il n'y a pas de problèmes.
M. Boulerice: Bien oui! Vous me donnez une série de
statistiques et vous me dites que c'est toujours en augmentation. Puis
là, vous me dites: Écoutez, on a trop de monde.
M. Marx: C'est cela. C'est à peu près la même
chose en termes de plaintes cette année que l'an dernier, à peu
près. Je vous ai dit cela.
M. Boulerice: Mais on veut accroître aussi les champs de
juridiction. Comment prétendez-vous accroître quand... Je vous
donne raison, il y a une stabilité dans les demandes. Il y a quand
même un volume de demandes passablement élevé. On veut
étendre le champ de juridiction et vous me dites que vous avez trop de
postes.
M. Marx: Pour l'immobilier, cela prendra un certain nombre de
postes.
M. Boulerice: Combien?
M. Marx: Cela prendra environ de 15 à 17 postes.
M. Boulerice: Ah bon!
M. Marx: C'est cela. Il n'y a pas de secret là, M. le
Président.
M. Boulerice: Mais si cela prend des postes, il va falloir les
payer. Où sont vos prévisions budgétaires?
M. Marx: Oui, mais supposons que des postes soient
transférés... Supposons que je transfère cinq postes du
ministère de la Justice avec l'argent, avec les crédits, à
l'Office de la protection du consommateur, c'est possible. Vous comprenez
comment cela fonctionne maintenant? Il y a des gens en disponibilité
qu'on pourrait transférer à l'Office de la protection du
consommateur. Il y a toutes sortes de façons de trouver des postes au
gouvernement et cela ne prendra pas un autre budget. Ce sont des transferts de
postes avec des crédits.
M. Boulerice: Si vous me dites qu'il y a des
disponibilités de personnel et...
M. Marx: Non, des gens en disponibilité depuis
longtemps.
M. Boulerice: Pourquoi avez-vous attendu d'abord presque trois
ans avant de mettre en application les articles de la loi 53 si ces gens en
disponibilité le sont depuis longtemps?
M. Marx: il y a des gens en disponibilité, c'est bien
connu. Je pense qu'il n'y a pas de secret dans tout cela. Mais supposons qu'il
y ait trois secrétaires en disponibilité et qu'on ait besoin
d'enquêteurs, c'est difficile de transférer des secrétaires
quand on a besoin d'enquêteurs ou d'avocats. Tout ce que je veux dire, M.
le Président, c'est que le député de Saint-Jacques,
malheureusement, n'a pas eu l'occasion d'étudier toute cette question de
l'administration au gouvernement. Donc, en lisant les chiffres, il se fourvoie
parce qu'il n'y a rien ici qui m'empêche de mettre en vigueur l'article
qui touche l'immobilier dans la Loi sur le bâtiment C'est sûr que
cela prendra des postes et il y a des problèmes administratifs auxquels
on fait face, mais on espère les résoudre peut-être
même avant la fin de la session, ou juste après la fin de la
session, et on va faire l'annonce aussitôt que possible.
M. Boulerice: Je remarque que les postes ne sont pas dans les
crédits...
M. Marx: C'est sûr.
M. Boulerice: Et l'argent n'est pas dans les
crédits...
M. Marx: L'argent est là pour les dépenses.
M. Boulerice: Quand je vous pose la question et que vous me
dites: À la fin de la session ou peut-être après la fin de
la session...
Le Président (M. Kehoe): Oui, M. le ministre.
M. Marx: J'ai adéquatement répondu aux
questions...
M. Boulerice: ...de l'administration.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous d'autres questions, M.
le député de Saint-Jacques, sur le sujet?
M. Boulerice: Quand il dit "adéquatement",
je pense qu'il a maintenu le flou qui le caractérise, c'est un
fait. De plus, même si - comme vous allez me répondre - cela
relève de votre collègue de l'Habitation, vous y avez quand
même un intérêt particulier.
Plans de garantie immobilière
L'autre pan de la loi 53, les plans de garantie, cela va venir
quand?
M. Marx: Cela relève du ministre responsable de
l'Habitation.
M. Boulerice: Quand en avez-vous parlé avec lui pour la
dernière fois ?
M. Marx: C'est à lui de m'en parler parce que cela
relève de son ministère, mais nous sommes...
M. Boulerice: Je veux dire: il peut...
M. Marx: M. le Président, comme je l'ai dit au
début, le député de Saint-Jacques vise un gouvernement
composé d'un premier ministre, d'un ministre des Finances, du
président du Conseil du trésor et d'un ministre à tout
faire. Il veut que ce soit moi le ministre à tout faire. Il me pose des
questions qui relèvent d'autres ministres.
M. Boulerice: Ce que je veux prouver, c'est qu'un ministre
à tout faire finit par être un ministre à ne rien
faire.
M. Marx: C'est pourquoi je ne suis pas le ministre à tout
faire.
M. Boulerice: Actuellement, vous êtes le ministre à
tout faire parce qu'il y a à peu près cinq roues à votre
bogie, comme je vous le disais au départ.
M. Marx: il y a 25 autres ministres.
M. Boulerice: La protection du consommateur ne semble pas
être votre priorité puisque vous me dites que vous n'avez
même pas pris les devants auprès de votre collègue de
l'Habitation, qui n'est pas reconnu pour être le plus rapide au Conseil
des ministres pour lui demander où en était sa loi pour ce qui
est des plans de garantie, puisque vous aurez à l'influencer à ce
niveau.
M. Marx: Je n'ai jamais dit cela, M. le Président. J'ai
dit que j'ai fait plus en deux ans que mon prédécesseur en quatre
ans dans le gouvernement péquiste, parce qu'il n'a rien fait. Au moins,
j'ai pris quatre engagements et j'ai donné suite à trois. Il m'en
reste un. J'ai aussi fait une modification à la Loi sur la protection du
consommateur. J'ai piloté un projet de loi pour modifier la Loi sur la
protection du consommateur pour donner plus de protection au consommateur. On
ne peut pas demander plus, même à un ministre qui serait
responsable d'un seul dossier. Il ne pourrait pas faire plus que cela. On ne
peut pas faire des choses quand il n'y a rien à faire juste pour faire
plaisir au député de Saint-Jacques.
Ce que le député de Saint-Jacques me demande vraiment de
faire, sérieusement, c'est de donner suite à mon engagement sur
l'immobilier. J'ai bien dit que malheureusement je ne l'avais pas fait
jusqu'à maintenant, mais quand même...
M. Boulerice: Pourquoi?
M. Marx: Je n'ai pas donné suite à mon engagement
sur l'immobilier...
M. Boulerice: Pourquoi?
M. Marx: De toute façon, on a encore une couple
d'années dans notre mandat.
M. Boulerice: Vous avez la prétention, M. le
ministre...
M. Marx: M. le Président, j'ai dit que j'allais essayer de
le faire avant la fin de la session. Donc, ce ne sera pas mauvais.
Le Président (M. Kehoe): Merci, M. le ministre. Je
reconnais Mme la députée de Groulx.
Mme Bleau: Le personnel de l'Office de la protection du
consommateur doit avoir une formation spéciale. C'est assez complexe.
Est-ce que vous faites quelque chose pour tenir votre personnel à jour?
(21 h 15)
M. Marx: Oui. Nous avons des cours de formation. Nous avons un
programme de soutien à l'adaptation du personnel à la nouvelle
technologie et à son intégration. Nous facilitons les conditions
de formation et de perfectionnement du personnel. Nous essayons
d'améliorer la circulation de l'information jusqu'à la base et
nous avons d'autres programmes. Je pense que, franchement, l'Office de la
protection du consommateur est un de nos organismes les plus efficaces. C'est
pourquoi il est difficile pour le député de Saint-Jacques de
trouver de bonnes questions à me poser. Cela dépend beaucoup des
employés de l'office et du président qu'il y a ici ce soir. Je
pense que le député de Saint-Jacques est malheureux. Cela
fonctionne tellement bien qu'il n'a pas de question de fond à me poser.
Tant mieux pour les Québécoises et les
Québécois!
Mme Bleau: Merci, M. le ministre.
M. Marx: Comme il n'y a rien à critiquer, M. le
Président, on peut lever la séance à
21 h 30, 21 h 35, et laisser tout le monde aller travailler chez
soi.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques, avez-vous d'autres questions?
M. Boulerice: Écoutez, M. le Président, je sais
qu'il est verbomoteur, mais, quand il aura établi durant son mandat un
monument de législation comme l'assurance automobile, qui a
été faite par une de ses prédécesseurs, Mme
Payette, à ce moment-là, je serai en mesure de l'applaudir. Mais
là, son seul objet de réjouissance, ce sont les poignées
de cercueil...
M. Marx: Mme Payette a été ministre en 1977.
M. Boulerice: Elle était ministre à temps plein,
elle n'était pas ministre à temps partiel.
M. Marx: Non, non, mais elle ici...
Subventions aux associations de consommateurs
M. Boulerice: M. le Président, si vous voulez calmer le
ministre un peu, on va passer aux subventions aux associations de
consommateurs. Il essaie de faire dire des choses que l'Opposition n'a jamais
dites. On n'a jamais dit que l'Office de la protection du consommateur ne
faisait pas bien son travail. C'est le contraire; il le fait bien, sauf qu'il
faudrait qu'il ait des ressources supplémentaires. On va continuer
à se battre là-dessus. D'ailleurs, il ne faudrait pas que mes
collègues d'en face se dédisent. Cela faisait partie de la
recommandation unanime de la commission des institutions. Dans les subventions
aux organismes, après un gel de quelques années, on voit que
l'augmentation cette année est de 60 000 $. Est-ce que le ministre peut
nous expliquer comment vont être répartis les 60 000 $
d'augmentation cette année? Est-ce que cela va être au prorata des
subventions existantes ou si cela va être des subventions à de
nouveaux organismes?
M. Marx: M. le Président, premièrement, j'aimerais
répondre au député qui a commencé à parler
de Mme Payette. Je conviens qu'elle a fait adopter une bonne loi, pas de
problème avec cela. Mais je dois dire, M. le Président, que la
première loi sur la protection des consommateurs a été
adoptée en 1971-1972 par le gouvernement de M. Bourassa et que l'Office
de la protection du consommateur a été établi en
même temps. Donc, si quelqu'un doit - comment dirais-je - tirer des
bénéfices...
M. Boulerice: Pourriez-vous répondre à la question
que j'ai posée quant à la répartition des 60 000 $?
M. Marx: ...de la mise sur pied de l'office et de la loi, ce doit
bien être le gouvernement d'autrefois de M. Bourassa. Mais, sur les
subventions, M. le Président, ce n'est pas le ministre qui décide
à qui donner des subventions. C'est le conseil d'administration de
l'office qui...
M. Boulerice: Je n'ai pas demandé à qui, j'ai
demandé comment.
M. Marx: Je viens à cela. C'est-à-dire le conseil
d'administration...
M. Boulerice: Ne cherchez pas vous-même des questions.
Contentez-vous des miennes.
Le Président (M. Kehoe): Laissez le ministre
répondre à la question.
M. Boulerice: Laissez, laissez, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Oui, laissez le ministre
répondre à la question, s'il vous plaît!
M. Marx: Non, mais, si le député de Saint-Jacques
veut m'interrompre, je suis prêt à le laisser m'interrompre.
Souvent, il m'interrompt quand il a quelque chose de bien pressant à me
poser comme question. C'est le conseil d'administration de l'office qui
décide à qui donner des subventions. Nous avons des
recommandations qui nous viennent de l'office, après la décision
du conseil. Je fais un peu de "rubber stamp". Une fois que c'est
décidé, on l'approuve et on l'envoie au Conseil du trésor
pour que cela soit approuvé d'une façon finale.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: L'an dernier, M. le ministre, vous aviez
donné 56 000 $ pour les projets de recherche, en plus des 663 000 $.
Est-ce que les 60 000 $ d'augmentation cette année incluent les projets
de recherche ou si ce sont de nouvelles sommes? Qu'est-ce que c'est? Comme vous
êtes ministre responsable de la Protection du consommateur est-ce que
vous pourriez obtenir une réponse de l'Office de la protection du
consommateur pour savoir comment seront répartis les 60 000 $
d'augmentation? Je vous donne même les hypothèses. Est-ce que
c'est au prorata des subventions existantes ou si ce sont des subventions
à de nouveaux organismes?
M. Marx: Vous voyez cela dans quel programme, M. le
député?
M. Boulerice: Pardon?
M. Marx: Cette information se trouve sur quelle feuille?
Où avez-vous pris ces chiffres?
M. Boulerice: Dans vos documents de l'an
dernier.
M. Marx: Je cherche dans quel document.
M. Boulerice: On est prêt à vous fournir vos
documents, on connaît bien votre administration.
M. Marx: Non, non. On procède programme par programme, je
pense que vous avez...
M. Boulerice: Vos petites feuilles vertes.
M. Marx: La question est: Qu'est-ce que nous avons fait avec les
60 000 $? C'est cela.
M. Boulerice: Qu'est-ce que vous allez faire?
M. Marx: Je vous ai déjà dit, M. le
Président, que ce serait le conseil d'administration de l'office qui
déciderait comment répartir les 60 000 $ en tant que
subventions.
M. Boulerice: L'an dernier, vous aviez 663 300 $ plus 56 000 $
pour des projets de recherche. Est-ce que cette année c'est 724 300 $, y
compris les 60 000 $, ou est-ce que les 60 000 $ s'ajoutent? Si c'est
ajouté, c'est de l'argent neuf.
M. Marx: J'ai bien dit: On a augmenté le montant qu'on va
octroyer en subventions. C'est clair, M. le Président?
M. Boulerice: C'est loin d'être clair. M. Marx:
Non?
M. Boulerice: C'est du plus obscur. Je n'ai aucune objection, M.
le président de l'office pourrait expliquer.
M. Marx: Quelle est la question? Je pense que j'ai
expliqué...
M. Boulerice: Je ne répéterai pas la question. En
fonction de la réponse que vous m'avez donnée, il est
évident que vous ne l'avez pas comprise, mais je pense que le
président de l'office, lui, l'a saisie.
M. Marx: il y a l'argent qu'on a utilisé à des
projets de recherche. On a pris cet argent et on va le donner en subventions.
Si c'est nécessaire...
M. Boulerice: Ah! Le chat sort du sac, voilà!
M. Marx: Non, non. Rien n'est sorti du sac, M. le
Président.
M. Boulerice: Oui.
M. Marx: Si l'office a un projet de recherche, je peux toujours
faire faire une telle recherche au ministère de la Justice, le cas
échéant, ou prévoir que cela soit fait par le biais du
ministère de la Justice.
M. Boulerice: La dialectique du ministre est ce que j'appelle une
dialectique stalinienne. Il ne dit pas que le chat est noir, il dit qu'il n'est
pas blanc.
M. Marx: L'argent n'était pas utilisé....
M. Boulerice: il n'y a pas d'augmentation. Il y a 4000 $
d'augmentation, c'est tout.
M. Marx: Oui, mais cet argent n'existait pas autrefois pour
subventionner les organismes.
Maintenant, on a cet argent pour subventionner les organismes.
M. Boulerice: Ce n'étaient pas des subventions à
des organismes, c'étaient des subventions pour des projets de recherche.
Il y a une différence entre une subvention à un organisme et une
subvention pour un projet de recherche spécifique. C'est bien
différent.
M. Marx: M. le Président, supposons qu'on engage un
universitaire, et qu'on lui donne un contrat de 30 000 $ pour faire une
recherche. Ce n'est pas la même chose de demander à un
universitaire de faire une recherche que de donner les 30 000 $ en
subvention.
M. Boulerice: Les 56 000 $, M. le Président, pour que le
ministre comprenne, ont été donnés à la
Fédération de l'âge d'or du Québec pour les
avantages et inconvénients des préarrangements funéraires.
Un deuxième exemple, l'Association des consommateurs du Québec,
pour les assureurs. La Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec, la FNACQ, l'ACQ et la FACEF, projet conjoint:
recherche comparative sur les produits pharmaceutiques potentiellement
dangereux, qui est d'ailleurs un document intéressant dont je vous
parlerai tantôt. Cela a été des subventions pour des objets
de recherche. Cela n'a pas été des subventions de fonctionnement
à l'Association des consommateurs du Québec.
Donc, si je comprends bien, cette année, il n'y a aura pas de
fonds... il n'y aura pas de subvention de recherche; il n'y aura que 60 000 $
de subvention de fonctionnement aux associations préoccupées des
consommateurs.
M. Marx: Le montant est transféré aux
subventions.
M. Boulerice: Ah!
M. Marx: Ce ne sont pas des subventions.
M. Boulerice: Donc, au total, les organismes n'auront pas plus de
subventions. Je vois qu'un député du parti
ministériel...
M. Marx: M. le Président...
M. Boulerice: M. le Président, je vois qu'un
député du parti ministériel, le
député...
M. Marx: Je vais juste...
M. Boulerice: ...de Rimouski, dit qu'ils n'ont pas besoin
d'argent, qu'ils en ont assez. Je ne sais pas si vous partagez cette
philosophie, M. le ministre... En tout cas, je vais la diffuser à
Rimouski. Je ne sais pas si...
M. Marx: C'est quoi la question?
M. Boulerice: il a répondu que les organismes
préoccupés de consommation, n'avaient pas besoin d'argent
supplémentaire, qu'ils en avaient suffisamment.
M. Marx: Pas à Rimouski? Il veut dire qu'ils en ont
suffisamment, mais pas à Rimouski. C'est cela qu'il a voulu dire.
M. Tremblay (Rimouski): En fait, il n'a pas compris.
M. Marx: Je conviens qu'on fasse une étude des subventions
qu'on donne dans la région de Rimouski pour voir s'ils en ont assez.
M. Boulerice: Donc, ils n'ont pas plus, c'est évident.
M. Marx: Non, M. le Président. Juste sur ce point...
M. Boulerice: Non, non, ils n'ont pas plus.
M. Marx: Autrefois, cet argent était donné aux
universitaires, par exemple, aux individus...
M. Boulerice: Bien non! Il n'était pas donné aux
universités, M. le Président. Écoutez, je vais vous donner
la liste.
M. Marx: Non, non, aux universitaires qui faisaient les
recherches, aux individus. Maintenant, c'est sûr et certain que l'argent
va aller aux organismes qui ont le mandat de défendre les consommateurs.
C'est cela la différence importante. C'est l'avantage de l'avoir mis
dans des subventions...
M. Boulerice: Qui va engager des universitaires pour les
faire?
M. Marx: ...parce qu'autrefois on donnait des contrats de
recherche aux individus et cela n'allait pas directement aux organismes. Mais
maintenant c'est sûr et certain que cela va aller directement aux
organismes. Finalement, le député de Saint-Jacques a compris.
M. Boulerice: Dans les subventions de fonctionnement, vous allez
leur dire: Voilà, il y a une partie de recherche. C'est ce que vous
allez leur dire.
M. Marx: Non, M. le Président, je viens de l'expliquer. Je
pensais qu'il avait finalement compris, mais je vois que cela prendrait encore
quinze à vingt minutes. Mais ce sont là des budgets de
fonctionnement.
Une voix: La soirée est jeune.
M. Marx: C'était pour le fonctionnement. Autrefois, on
utilisait l'argent pour des contrats de recherche, même pour des
individus. Maintenant, tout cet argent sera dans le budget "subventions" et
l'avantage, c'est que ce sera attribué, donné; on va
écrire les chèques au nom des organismes qui ont comme mandat de
protéger les consommateurs. Je pense que c'est une amélioration.
Je ne dirais pas que c'est le Pérou, mais ce n'est pas loin. C'est le
Brésil.
M. Boulerice: La seule chose qui change, c'est la
dénomination inscrite sur le chèque, parce qu'il n'y a pas plus
d'argent cette année qu'il y en a eu durant les deux dernières
années, de toute évidence. Vous venez de faire la preuve la plus
éclatante qu'il n'y a pas, à travers tous les sparages...
M. Marx: Non, mais c'est... Maintenant, M. le Président,
ce ne sera plus possible...
M. Boulerice: Donc...
M. Marx: ...de donner cet argent pour des contrats à des
individus. C'est étiqueté pour les organismes. Ce n'est pas la
même chose, parce qu'autrefois, il y a quelques années, quand
votre parti était au pouvoir, on donnait des contrats aux individus,
peut-être des amis du gouvernement - je n'en sais rien - mais maintenant
cela sera impossible parce que tout cet argent est dans... (21 h 30)
M. Boulerice: Vous accusez l'office d'avoir fait des choses comme
celles-là, parce que c'est l'office qui donne.
M. Marx: Non, le ministre n'est pas... M. Boulerice: C'est
l'office. M. Marx: Je n'accuse personne.
M. Boulerice: Je trouve particulièrement odieux ce que
vous dites envers l'office, M. le ministre.
M. Marx: C'est le Conseil du trésor, ce sont des contrats,
mais de toute façon...
M. Boulerice: Mais c'est sur recommandation de l'office. C'est
l'office qui administre son budget.
M. Marx: De toute façon...
M. Boulerice: Vous me l'avez dit que vous étiez "rubber
stamp" dans ce ministère-là.
M. Marx: Pour les subventions, pas pour les contrats.
M. Boulerice: Pour les contrats également.
M. Marx: Non, pas de "rubber stamp" pour les contrats, je
m'excuse, j'ai dit pour les subventions. À l'avenir...
M. Boulerice: De votre propre autorité, vous avez
donné les contrats qui sont là?
M. Marx: M. le Président.
M. Boulerice: Les 56 000 $, c'est de votre propre
autorité.
M. Marx: Je retire mes propos qui ont dépassé ma
pensée, pour mettre fin à ce débat. Que l'on
procède aux questions plus sérieuses, si vous voulez.
M. Boulerice: Ce n'est pas plus sérieux. Quand on lance
des accusations, M. le ministre de la Justice, vous savez qu'on doit les
supporter.
M. Marx: Si j'ai porté des accusations envers qui que ce
soit, je les retire et je m'excuse formellement, M. le Président.
Pour j«venir à la question importante, à
l'avenir
M. Boulerice: Qu'est-ce que vous allez faire avec le gouvernement
fédéral?
M. Marx: Pardon?
M. Boulerice: Qu'est-ce que vous allez faire des sommes d'argent
qui viennent du gouvernement fédéral?
M. Marx: On n'a pas d'argent du fédéral. On
aimerait en avoir.
M. Boulerice: Le gouvernement fédéral subventionne
une partie. Il a dit que maintenant il ne subventionnera plus les organismes
québécois, qu'il va subventionner une association canadienne de
consommateurs. Donc, on perd de l'argent. La conférence de Calgary?
M. Marx: Le gouvernement fédéral subventionne les
organismes nationaux et pas les associations provinciales.
M. Boulerice: On a juste 15 % de ces montants-là.
M. Marx: Pardon? J'ai demandé au ministre
fédéral de faire le plus possible pour les consommateurs au
Québec à l'intérieur de son budget, de son programme.
M. Boulerice: Vous êtes en train de couler comme les
frégates, c'est cela?
M. Marx: Non, ce ne sont pas les frégates.
Nous avons nos responsabilités. Le gouvernement
fédéral a ses responsabilités et nous nous occupons de nos
responsabilités.
M. Boulerice: Avez-vous reçu une réponse du
ministre?
M. Marx: Ce n'est pas à moi d'aller quémander au
gouvernement fédéral des dollars ici et là. Nous avons
notre budget de plus de 13 000 000 $ et on peut faire face à nos
obligations.
M. Boulerice: Vous êtes en train de me dire que ce n'est
pas votre devoir comme ministre québécois d'aller chercher une
partie des impôts qu'on paie à Ottawa. Vous appelez cela
quémander. Cela s'appelle: Rendez-moi mon butin.
M. Marx: Quand j'ai la responsabilité en tant que ministre
de donner suite a un mandat, je le fais; quand j'ai la responsabilité de
la violence conjugale, si je veux donner suite à une politique au
Québec, je ne téléphone pas à mon homonyme
fédéral pour lui dire: J'ai besoin de 50 000 $ pour donner suite
à tel projet. Quand même!
M. Boulerice: Oui, mais il y a de vos collègues...
M. Marx: Quand j'ai besoin de ressources, je vais au Conseil du
trésor du Québec, pas au Conseil du trésor du Canada.
M. Boulerice: Et le président du Conseil du
trésor...
M. Marx: Je pense que c'est insultant, M. le Président,
d'attendre que le ministre québécois se rende toujours à
Ottawa demander de l'argent afin de donner suite à ses engagements.
M. Boulerice: Ce n'est pas demander, c'est défendre des
intérêts du Québec...
M. Marx: C'est défendre des intérêts...
M. Boulerice: ...parce qu'on paie une très large partie de
nos impôts a Ottawa. Deuxièmement, M. le ministre, vos
collègues engagent des lobbyistes pour qu'on ait 10 % des contrats de
recherche. On ne vous demande même pas d'engager un lobbyiste, on vous
demande de l'être vous-même puisque vous êtes
déjà payé.
M. Marx: M. le Président, la protection du consommateur
est une affaire du Québec, prioritaire, prépondérante. Ce
n'est pas l'affaire du gouvernement fédéral. La protection du
consommateur et le droit civil, c'est provincial. Ce n'est pas
fédéral. Je ne vois pas pourquoi le député de
Saint-Jacques veut que le Québec cède sa compétence en
matière de protection du consommateur. C'est surtout provincial; cela
relève de nous. C'est le Code civil, c'est le droit civil. Cela ne
relève pas du gouvernement fédéral. Je n'ai pas à
aller voir mon collègue au gouvernement fédéral
pour...
M. Boulerice: J'accepte votre logique. J'accepte votre logique,
c'est de la compétence exclusive du Québec, sauf qu'il
subventionne. Donc, il ne devrait pas réclamer l'argent. C'est vous qui
administrez ces budgets-là.
M. Marx: M. le Président, je ne peux pas empêcher le
gouvernement fédéral de faire des cadeaux à qui que ce
soit. Cela revient à cela. On dit, en droit constitutionnel, que la
reine peut dépenser, la reine à titre de chef du Canada peut
dépenser comme elle le veut bien. La reine, à titre de chef du
Québec, peut dépenser comme elle le veut bien. Si le
Québec veut donner un cadeau - je ne sais pas à qui - aux
francophones de la Saskatchewan, il peut le faire. Ce n'est pas de notre
compétence, mais on peut leur donner une subvention si on veut. Ce n'est
pas de notre compétence. On a déjà donné des
subventions aux sinistrés de la Nouvelle-Ecosse, il y a des
années.
M. Boulerice: Ce que le ministre est en train de me dire, c'est
que...
M. Marx: Je ne peux pas dire au gouvernement
fédéral à qui faire des cadeaux.
M. Boulerice: Un peu plus et il me disait que c'était un
cadeau qu'on faisait aux Fransas-kois de leur avoir envoyé le premier
ministre du Québec en voyage. La reine et le gouvernement
fédéral ne distribuent pas leurs cadeaux de
préférence au Québec, quand on regarde les budgets qui
sont affectés à différents paliers. Alors, je pense
qu'à ce point de vue votre logique est drôlement
défaillante, M. le ministre.
Pour nous, c'est très clair. Il n'y a pas d'argent neuf pour les
organismes. C'est le maintien depuis deux ans et, en plus de cela, le
gouvernement fédéral qui donne de l'argent n'en donnera plus et
vous n'allez pas défendre le dossier du Québec en disant: Si vous
avez de l'argent à investir là-dedans, vous allez nous le donner
à nous et, nous, on va l'ajouter à ce qu'on a déjà.
Pour ce pseudo-gouvernement de très bons négociateurs, vous
êtes en plein dans la ligne des frégates. Vous avez coulé
comme votre collègue de l'Industrie et du Commerce.
M. Marx: M. le Président, il exagère.
Premièrement, le gouvernement fédéral donne aux groupes,
aux associations nationales qui sont au Québec, c'est clair. C'est
l'Association canadienne des consommateurs, section Québec. Donc, le
gouvernement fédéral donne des subventions. J'aimerais faire un
parallèle avec d'autres ministères. Par exemple, je suis
responsable du ministère du Solliciteur général. Quand il
s'agit de la prévention du crime, je ne vais pas aller au gouvernement
fédéral, au Solliciteur général
fédéral chaque semaine, chaque mois en disant: Vous devez donner
des subventions à telle ou telle association qui s'occupe de la
prévention du crime. Je le fais à partir de mon propre budget. Je
pense que cela devrait fonctionner comme ça.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Rimouski a demandé le droit de parole.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je pense que
notre ami de l'Opposition, le député de Saint-Jacques, essaie de
chercher des poux. C'est dur à admettre qu'un gouvernement en deux ans
de pouvoir a fait plus que n'importe quel autre gouvernement antérieur.
Quand il nous dit qu'il n'y a pas d'argent neuf, il faudrait qu'il lise un peu
ce qu'il a devant lui pour s'apercevoir qu'il y a une augmention de 9,1 % du
budget. Alors, je ne sais pas ce que c'est. De l'argent neuf, c'est une
augmentation du budget antérieur et cela fait toute la
différence.
Lorsqu'il reproche au ministre responsable de la Protection du
consommateur de n'avoir rien fait, il y a une loi qui, à mon sens, a
été très appréciée du public, c'est sur les
frais funéraires. Quand on sait combien il y avait d'abus de ce
côté-là et comment on avait laissé traîner en
longueur un problème qui était connu depuis nombre
d'années et auquel on n'avait pas apporté de solutions, je pense
que le gouvernement actuel a fait ses devoirs, il a corrigé par une loi
et il a réglementé les frais funéraires.
Le Président (M. Kehoe): Avez-vous une question à
poser, M. le député?
M. Tremblay (Rimouski): Je vais poser une question au ministre.
Mais, attendez, j'ai le droit de faire un préambule à ma
question, M. le député de l'Opposition officielle, s'il vous
plaît! Le député de Saint-Jacques nous fait la leçon
sur les sommes qui manquent. Lorsqu'on regarde les statistiques, il y a moins
de plaintes à l'Office de la protection du consommateur,
c'est-à-dire
qu'on a atteint un certain plafond de plaintes. Par conséquent,
on a peut-être besoin de moins d'argent. À ce moment-là,
pourquoi faire un plat avec cela? Je pense que le gouvernement actuel - cela
est dit dans le texte du ministre - veut mettre l'accent sur l'éducation
et la prévention. C'est cela. Je pense que c'est très important
pour l'Office de la protection du consommateur de mettre l'accent sur
l'éducation et la prévention.
Je demanderais au ministre si vraiment il y a de l'argent
supplémentaire pour la prévention et l'éducation et s'il a
l'intention de conserver, par exemple, la revue Protégez-vous,
Protect yourself ou d'autres revues du genre, de façon à
donner une meilleure information à la population, du Québec, afin
qu'on ne se fasse pas rouler.
M. Marx: On continue' les programmes d'information et de
prévention. Par exemple, en ce qui concerne les préarrangements
funéraires, on a mis de l'argent dans les programmes pour renseigner la
population sur ses droits. On fait,, dirais-je, de la prévention, en ce
sens qu'on renseigne les gens sur leurs droits. Cela va faire en sorte que les
gens se protègent davantage.
M. Tremblay (Rimouski): Est-ce que pour la radio et la
télévision vous avez un programme...
M. Marx: Oui.
M. Tremblay (Rimouski):... d'information pour le public?
M. Marx: Oui, je vais vous... Dans ces émissions de radio
- je peux vous donner la liste des postes...
M. Boulerice: S'il vous plaît, quand même pas
l'indice au cadran.
Une voix: C'est important.
M. Marx: La participation régulière de l'Office de
la protection du consommateur dans les médias électroniques
rejoint plus de 1 000 000 de personnes par semaine. Par semaine, M. le
Président! Je peux nommer les postes...
M. Boulerice: Vous vous maintenez. M. Marx: Je peux donner
les... Une voix: Fantastique!
M. Boulerice: Vous subventionnez Radio-Canada.
M. Marx:... postes pour le député de Saint-Jacques.
Quand il fera...
M. Boulerice: Ils sont tous dans ma circonscription, les grands
médias, M. le Président.
M. Marx:... Montréal-Québec en voiture et quand il
retournera à Montréal, il lui sera possible d'écouter les
informations venant de l'office. Il y a: Alma, Drummondville, Granby, Joliette,
Québec, Saint-Hilarion, Sainte-Marie-de-Beauce, Sherbrooke...
M. Tremblay (Rimouski): Dans l'est de la province, M. le
ministre, dans la région de Rimouski, est-ce que vous en avez?
M. Marx: Ah oui! Il y a: Rimouski, Matane... M. Boulerice: Vous
n'écoutez pas la radio?
M. Marx: il y a une station de télévision à
Rimouski et à Matane. On porte une attention particulière
à votre comté, M. le député.
Une voix: Ah oui! M. Marx: Parce que...
M. Boulerice: C'est vrai qu'ils ont besoin de protection dans ce
comté, compte tenu du député.
M. Marx: On porte une attention particulière au
comté de Saint-Jacques aussi.
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: La question de mon collègue et
néanmoins ami, le député de Rimouski, était:
Est-ce qu'il y a plus d'argent cette année qu'auparavant?
M. Marx: Oui. L'an dernier, il y avait 12 000 000 $ et, cette
année, il y a 13 000 000 $.
M. Boulerice: Pour la prévention?
M. Marx: Pour la prévention. À l'intérieur
de l'argent réservé à l'office, il y a des virements qui
se font pour mettre plus d'argent dans certains programmes. Je pense qu'il faut
dire que, lorsqu'on a adopté la loi sur les préarrangements
funéraires, cela a pris de l'argent pour publier des brochures, pour
renseigner la population, etc.
Publicité destinée aux enfants
M. Boulerice: La publicité aux enfants, M. le ministre,
c'est justement un beau cadeau fédéral, de la reine. Comme vous
le disiez tantôt, la reine a le droit de dépenser, sauf que ce
sont les parents québécois qui paient. Est-ce qu'il y a eu des
plaintes?
M. Marx: Est-ce qu'il y a eu des plaintes? Cela veut dire...
M. Boulerice: Est-ce que la loi continue de...
M. Marx: Non.
M. Boulerice: ...s'appliquer?
M. Marx: On a un programme de surveillance et la loi s'applique
encore parce qu'on n'a pas encore eu la décision de la Cour
suprême du Canada. Il y a présomption de la validité des
lois. Donc, la loi s'applique.
M. Boulerice: C'est cela. Est-ce qu'il y a eu des plaintes,
notamment durant...
M. Marx: Apparemment non.
M. Boulerice: ...la période de Noël?
M. Marx: Apparemment non.
M. Boulerice: il n'y a pas eu de plainte.
M. Marx: Non, pas à ma connaissance.
M. Boulerice: Depuis un an? Je ne sais, mais je pense que M. le
président de l'office a une version différente... (21 h 45)
M. Marx: Mais non!
M. Boulerice: ...de la vôtre.
M. Marx: Non, non, c'est la même version. Quelqu'un peut
déposer une plainte, mais on la vérifie.
M. Boulerice: Combien y a-t-il eu de plaintes
vérifiées?
M. Marx: Je vais vous le dire. Nous n'avons pas les chiffres.
Cela ne peut pas être plus de quelques-unes.
M. Boulerice: Vous êtes en train de présumer qu'il
n'y a pas eu d'infraction. Vous dites que vous exercez également une
surveillance. Est-ce qu'il y a eu des infractions que l'office a
détectées de lui-même?
M. Marx: Comme je viens de vous le dire, la loi continue
d'être respectée par l'ensemble du milieu. L'office intervient
quand c'est nécessaire. Nous n'avons pas les chiffres. C'est possible
qu'on ait eu quelques plaintes.
M. Boulerice: Est-il intervenu?
M. Marx: L'office intervient quand il y a une plainte. Il peut y
avoir des plaintes fondées et non fondées où l'office, de
son propre chef, intervient pour voir si la loi est respectée.
M. Boulerice: L'office le fait. M. Marx: Oui, M. le
Président...
M. Boulerice: Oui ou non, l'office l'a-t-il fait?
M. Marx: Oui ou non à quoi? M. Boulerice: L'office
l'a-t-il fait?
M. Marx: L'office fait des vérifications, c'est sûr.
Je vous dis que la loi...
M. Boulerice: Je ne vous demande pas s'il vérifie, c'est
son travail de vérifier. A-t-il fait les plaintes?
M. Marx: Non. L'office va vérifier même si une loi
est respectée. On fait des vérifications pour voir si c'est
respecté. Ce n'est pas nécessaire d'avoir une plainte. C'est cela
de la prévention.
M. Boulerice: Donc, il n'y a pas d'infractions constatées
depuis un an.
M. Marx: Non, pas à notre connaissance. Il y a quelqu'un
qui fait la vérification électronique pour voir si c'est
respecté. L'office a donné un contrat à une compagnie pour
faire cette vérification électronique.
M. Boulerice: Le ministre n'est pas tellement bien
documenté. Vous attendez le jugement de la Cour suprême aux
alentours de quelle date? Vous pensez qu'elle va pencher vers quelle date?
M. Marx: Je ne sais pas, M. le Président.
M. Boulerice: Vous êtes comme le premier ministre...
M. Marx: Le député de Saint-Jacques peut s'adresser
à la Cour suprême du Canada à Ottawa et s'en informer.
M. Boulerice: Est-ce que vous allez utiliser la clause
"nonobstant"?
M. Marx: M. le Président, je ne peux pas répondre
aux questions hypothétiques.
Le Président (M. Kehoe): Oui, madame...
M. Marx: Nous sommes devant la Cour suprême, devant la Cour
d'appel et devant la Cour supérieure dans plusieurs dossiers. Est-ce que
le député va me demander: Est-ce que vous allez en appel? Est-ce
que vous avez l'intention d'aller en appel dans telle et telle cause? Est-ce
que vous avez l'intention de faire telle ou telle chose?
M. Boulerice: Je vous l'ai demandé seulement pour la
publicité aux enfants. Je ne vous ai pas demandé de a
jusqu'à z.
M. Marx: M. le Président...
M. Boulerice: C'est vrai que vous hésitez au sujet de la
langue française à appliquer le "nonobstant", mais...
M. Marx:... quand nous plaidons à la Cour suprême du
Canada, nous sommes convaincus de gagner notre cause. Donc, si on gagne la
cause de Irwin Toy, la loi sera en vigueur et appliquée telle qu'elle
est maintenant. Je ne vois pas de problème. On espère gagner la
cause de Irwin Toy devant la Cour suprême du Canada. C'est pourquoi nous
sommes allés en appel parce que nous avons pensé que nous avions
une bonne cause. Maintenant, vous dire ce que la cour décidera
finalement, je ne peux pas vous le dire parce que je ne suis pas
prophète.
M. Boulerice: Sans aucun doute, vous avez la même
conviction pour ce qui est de l'autre cause que vous plaidez, celle de
l'affichage?
M. Marx: M. le Président, je peux vous dire qu'en 1967
j'ai écrit un article qui a été publié où je
disais que la Saskatchewan et I'Alberta étaient des provinces bilingues
au même titre que le Québec. Maintenant, la Cour suprême va
me donner raison. Je le dirai seulement après que la Cour suprême
m'aura donné raison que j'avais raison avant.
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée de
Groulx.
Revues Protégez-vous et Protect
yourself
Mme Bleau: M. te ministre, je lis régulièrement la
revue Protégez-vous. Ces deux revues, Protégez-vous
et Protect yourself, procèdent de quelle manière pour
le choix des sujets? Elles font régulièrement des tests. Comment
les sujets sont-ils choisis?
M. Marx: L'un des objectifs que nous poursuivons en
réalisant ce programme est d'offrir à notre clientèle des
tests sur des produits de consommation de base. Nous devrons tout mettre en
oeuvre pour présenter à nos lecteurs un grand choix de tests
touchant des produits de toutes les catégories de prix. Les tests sont
les sujets les plus en demande par les lecteurs et je peux vous dire que j'ai
fait en sorte que tous les députés reçoivent une copie de
Protégez-vous. Dans la dernière édition, on a fait
des tests sur les voitures. J'ai tellement aimé cet article sur les
voitures...
Une voix: Plus tard, M. le ministre.
M. Marx:... que j'en ai acheté une qui était
proposée dans le Protégez-vous, effectivement, c'est une
Reliant. Si j'ai des problèmes de garantie, je vais m'adresser à
l'office. Je pense que, comme je viens de le dire, les tests sont les sujets
les plus en demande par les lecteurs. Je trouve que, souvent, les articles les
plus intéressants... Je peux vous dire, M. le Président, ou je
peux vous expliquer comment les choix sont effectués en ce qui concerne
les tests. Il y a, premièrement, un sondage auprès des lecteurs
et des employés de l'office; on fait la compilation des résultats
et, après cela, il y a un appel d'offres auprès des laboratoires
et on octroie des contrats aux firmes retenues. Je me demande combien d'argent
a été dépensé pour les tests... En 1987, on a
dépensé 285 000 $; en 1986, 209 000 $; donc, c'est une
augmentation d'environ 80 000 $ pour les tests.
Mme Bleau: Les montants que vous nous citez sont-ils compris dans
le budget total...
M. Marx:... de l'office? Oui. Mme Bleau:... de
l'office?
M. Marx: Oui. Cela vient du budget de l'office, oui. Je dois vous
dire que Protégez-vous a un tirage de près de 200 000
copies. Je pense que, pour un magazine qui ne fait pas de
publicité...
Levée du huis clos aux auditions
disciplinaires
M. Boulerice: Une question que j'aimerais vous poser, c'est sur
le poste d'ombudsman à l'Office des professions du Québec et la
levée du huis clos pour les auditions disciplinaires. Je vous ai
parlé tantôt de la recommandation de l'ACEF d'avoir une
espèce d'ombudsman qui veille au cheminement des plaintes des
consommateurs au sein des syndics et des comités de discipline.
Êtes-vous favorable à la création d'un tel poste?
M. Marx: Un poste d'ombudsman auprès de... ? Un ombudsman
de... ?
M. Boulerice:... de l'Office des professions, des comités
de discipline.
M. Marx: À vrai dire, M. le Président, je n'ai pas
étudié cette suggestion, cette recommandation, étant
donné que l'ombudsman est une personne avec beaucoup d'expérience
au gouvernement. L'actuel ombudsman a été sous-ministre au
ministère de la Justice pendant sept ans, il a une grande
expérience. Il s'agit d'une recommandation qui mérite
d'être étudiée sérieusement. Étant
donné que l'Office des professions ne relève pas directement de
moi, je pense que c'est plutôt à mon collègue...
M. Boulerice: Mais vous êtes capable d'une pensée
autonome.
M. Marx: Je pense que c'est plutôt à mon
collègue, M. Ryan, le ministre de l'Éducation, de prendre la
décision dans ce dossier. Je suis tout à fait favorable à
tout ce qui va aider les consommateurs. Je ne peux pas être
défavorable à une suggestion valable qui va protéger
davantage les consommateurs.
M. Boulerice: Par contre, cela est de votre
responsabilité. Êtes-vous en faveur de la levée du huis
clos dans les auditions disciplinaires des professionnels? Cela relève
de votre juridiction.
M. Marx: M. le Président, le projet de loi 92 auquel le
député fait référence était un projet de loi
pour rendre les lois du Québec conformes aux chartes. C'est vrai que
c'était ma responsabilité de piloter ce projet de loi, mais il y
avait des articles dans ce projet de loi qui étaient de la
responsabilité de presque tous les ministres au gouvernement.
M. Boulerice: La levée du huis clos, c'est nettement de
vous.
M. Marx: Mais, étant donné...
M. Boulerice: Êtes-vous pour ou contre?
M. Marx: ...que le gouvernement était d'accord avec ce
projet de loi et avec l'article en question, étant donné que
l'article en question et la loi en question ont été
approuvés par le Conseil des ministres, je suis solidaire avec le
Conseil des ministres. Cela va de soi que je suis...
M. Boulerice: ...vigueur.
M. Marx: ...tout à fait en faveur de ces dispositions.
M. Boulerice: Mais ce n'est pas en vigueur. Quand est-ce que cela
va être en vigueur?
M. Marx: Non, ce n'est pas en vigueur, mais j'espère que
ce sera mis en vigueur prochainement. Vous comprenez que ça pourrait
nécessiter des ajustements auprès de certains organismes pour que
ces organismes puissent faire face au procès ouvert.
M. Boulerice: Vous avez parlé de prochainement mais,
là, cela fait quand même un an et demi.
M. Marx: Pas un an et demi; peut-être un an, c'est
possible.
M. Boulerice: La loi a été adoptée en
décembre 1986.
M. Marx: Oui, mais ce n'est pas la première loi. Il y a un
article qui n'est pas en vigueur. C'est l'article auquel vous faites
référence. Cela ne relève pas de moi en tant que ministre
responsable de la Protection du consommateur, mais cela me fait plaisir de
répondre à cette question à cette commission.
M. Boulerice: C'est vous qui avez piloté la loi.
M. Marx: Pardon?
M. Boulerice: C'est vous qui avez piloté la loi.
M. Marx: C'est comme ministre de la Justice que j'ai...
M. Boulerice: Ce n'est pas ma faute si vous avez plusieurs
chapeaux. Je voudrais que vous n'en ayez qu'un seul...
M. Marx: Mais pour le...
M. Boulerice: ...pour le consommateur à temps plein.
M. Marx: Mais pour le député de Saint-Jacques, je
suis prêt à porter tous mes chapeaux en même temps!
M. Boulerice: Prochainement, si je comprends bien, cela demeure
flou pour vous?
M. Marx: Je pense que prochainement cela veut dire
bientôt.
M. Boulerice: Bientôt, pour vous, si je comprends bien, ce
serait avant la fin de la présente session?
M. Marx: Cela se pourrait.
M. Boulerice: Cela se pourrait?
M. Marx: Oui.
M. Boulerice: Ou ce serait?
Une voix: Dans des délais raisonnables.
M. Boulerice: Je constate que le ministre ne s'avance pas.
M. Marx: Est-ce que le député va me
féliciter si cela avance? Oui?
M. Boulerice: Ah! J'ai toujours été d'une grande
justice, M. le ministre.
M. Marx: Bon, pariait!
M. Boulerice: Alors, agissez...
M. Marx: Étant donné que...
M. Boulerice: Mais, si je suis prêt...
M. Marx: ...cela va m'encourager à procéder
rapidement.
M. Boulerice: Je vous avoue que, quelquefois, il est bon de ne
rien faire, mais il ne faut pas en abuser. Je donne cela comme...
M. Marx: En terminant, M. le Président, j'aimerais dire
que je comprends combien c'est difficile pour le député de
Saint-Jacques de me poser de bonnes questions ce soir, parce que ce sont des
questions qui portent sur la protection du consommateur et que nous avons
vraiment la meilleure loi. Nous avons un organisme qui n'existe pas dans
d'autres juridictions à travers le Canada. Je pense que nous faisons le
meilleur travail au Canada, quoiqu'il reste toujours de meilleures choses
à faire.
Quand je vais aux conférences
fédérales-provinciales des ministres responsables de la
protection du consommateur, je vois chaque fois que nous sommes plus
avancés et, franchement, tout le monde est jaloux du Québec en ce
qui concerne le domaine de la protection du consommateur.
Publicité professionnelle
M. Boulerice: Dans le cas de la publicité professionnelle,
M. le ministre, quelle est votre position?
M. Marx: Quoi, M. le Président?
M. Boulerice: La publicité professionnelle.
Une voix: La publicité professionnelle?
M. Boulerice: On se rappelle qu'il y a eu le rapport Scowen,
l'ancien député de Notre-Dame-de-Grâce, qui a
été nommé délégué
général du Québec à Londres par votre gouvernement
et qui avait proposé une déréglementation de la
publicité et des honoraires professionnels. L'Office des professions, si
je me rappelle bien, s'était prononcé en faveur de la
libéralisation de la publicité des professions.
M. Marx: Les études que j'ai demandées sur ce sujet
pour ma réflexion personnelle ne sont pas terminées. Mais,
dès que j'aurai terminé ma réflexion personnelle sur cette
question, j'en aviserai le député de Saint-Jacques. (22
heures)
M. Boulerice: Est-ce que l'office examine cette question?
M. Marx: Non, pas l'office, mais j'ai tout un ministère
qui examine beaucoup de choses.
M. Boulerice: Est-ce qu'il y a des rapports d'associations de
consommateurs qui vous ont été adressés à ce
sujet?
M. Marx: Pas à l'office.
M. Boulerice: Pas à l'office?
M. Marx: Non. Mais, comme je porte mes trois chapeaux, j'ai
pensé que le député voulait que je réponde en tant
que ministre de la Justice, mais il ne faut pas oublier que cela relève
d'un autre ministre. Je sais que le député de Saint-Jacques a
épuisé toutes ses questions en ce qui concerne mes
responsabilités. Malheureusement, les autres ministres ne sont pas ici
pour répondre aux questions qui pourraient les concerner.
Préarrangements funéraires
M. Boulerice: On parle toujours de votre responsabilité de
protection des consommateurs mais, encore là, je vois que,
malheureusement, vous vous esquivez. Vous avez parlé de votre loi sur
les préarrangements funéraires qui a été
adoptée l'automne dernier; il s'agit de la loi 162. L'Opposition
officielle avait voté pour le projet de loi, mais avait exprimé
des réserves en ce qui concerne la vente itinérante qui demeure
autorisée et le fait que 90 % de la somme consentie par l'acheteur au
vendeur à titre de paiement partiel ou total doit être
déposée dans un compte en fiducie, alors que cela devrait
être 100 % pour leur assurer une protection maximale. L'ACEF de L'Estrie,
porte-parole de la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec - le mot "national" est un qualificatif pour le
Québec et non pour Ottawa dans ce dossier, je vous le
répète - a réitéré récemment ses
critiques à l'endroit de la loi en ce qui a trait au maintien de la
vente itinérante. Est-ce que le ministre a l'intention de combler dans
un avenir assez rapproché les lacunes de sa loi qui ont justement
été décriées par l'ACEF de L'Estrie, à titre
de porte-parole de la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec?
M. Marx: Le député de Saint-Jacques tombe dans le
même piège que celui dans lequel est tombé son
collègue, le député de Shefford. Lors de l'étude de
ce projet de loi, le député de Shefford a dit: Tout le monde est
contre la vente itinérante, etc. Il a dit: La Fédération
de l'âge d'or est contre. Mais, lors de l'étude de ce projet de
loi, j'ai produit une lettre de la Fédération de l'âge d'or
dans laquelle on faisait état du fait que c'était une disposition
raisonnable. Nous avons donné 30 jours de délai pour annuler une
vente sans pénalité. La Fédération de l'âge
d'or était pour. Je pense que ce sont les personnes les plus
impliquées dans ce dossier. Je pense aussi que le député
de Saint-Jacques fait
fausse route avec sa question, quoiqu'il ait lu les journaux de la
semaine passée, alors qu'on y lisait qu'une association quelconque avait
fait une critique de cette loi. On a fait un débat en commission
parlementaire. On a fait un débat à l'Assemblée nationale.
Nous avons eu l'appui de la plupart des gens, des gens plus importants
impliqués dans ce dossier. Il serait inutile de refaire ce débat
ce soir.
M. Boulerice: Je note que vous qualifiez de quelconque un
porte-parole de la Fédération nationale des associations de
consommateurs du Québec. Je pense que vous avez le mépris un peu
facile du haut de votre vérité doctorale et universitaire.
M. Marx: C'est parce que je ne me souviens pas quelle personne a
fait...
M. Boulerice: Mais au-delà de la possibilité de
l'annulation...
M. Marx: M. le Président...
M. Boulerice:... d'une vente après 30 jours de
délai... Dans le cas, quand même, de la non-annulation et du
maintien d'un contrat, il y a toujours le fait...
M. Marx: Parce qu'il la retarde...
M. Boulerice:... que 90 % de la somme consentie est là et
que ce n'est pas 100 % qui est la protection maximale accordée.
Le Président (M. Kehoe): Excusez-moi un instant! Selon
l'entente intervenue entre les deux leaders, nous avons deux heures pour
compléter nos travaux. Nous avons commencé à 20 h 13, donc
nous avons jusqu'à 22 h 13.
M. Marx: Est-ce que c'est ma faute, M. le Président?
J'étais ici à 20 heures pile. Supposons que le
député de Saint-Jacques ou d'autres députés
viennent à 22 heures, est-ce qu'il faut que je siège ici
jusqu'à minuit?
Le Président (M. Kehoe): il n'empêche que... M. le
ministre, il n'empêche qu'on a commencé à 20 h 13 et il
faut deux heures. Il reste seulement de 8 à 9 minutes.
M. Marx: M. le Président, je vais rester jusqu'à 22
h 13, ou même 22 h 20...
Le Président (M. Kehoe): Non, non, 22 h 13.
M. Marx:... jusqu'à l'heure....
Des voix: 22 h 13.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais vous demander, si
c'est vrai que j'étais ici à 20 heures pile?
Le Président (M. Kehoe): Oui, je vous ai vu, même
avant 20 heures, je vous en félicite. Il y a d'autres
députés qui n'étaient pas ici à l'heure, c'est leur
responsabilité. M. le député de Saint-Jacques, vous avez
une question? Vous avez posé une question, est-ce que vous avez eu la
réponse?
M. Boulerice: Je n'ai pas eu beaucoup de réponses depuis
le début, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Posez votre question, on
verra!
M. Boulerice: M. le Président, votre rôle se limite
uniquement à l'observation des règlements et non pas à
l'émission d'opinions actuellement.
Le Président (M. Kehoe): Posez votre question, c'est cela
que je vous demande de faire.
M. Boulerice: Elle est posée au ministre. Je lui ai dit,
nonobstant le fait que la vente itinérante peut être
contremandée après 30 jours, qu'il n'en demeure pas moins que
c'est 100 % qui assure la protection maximale. Cela aussi avait
été dénoncé. Est-ce que le ministre a l'intention
de corriger cette partie de la loi?
M. Marx: il n'y a rien à corriger, M. le Président.
De toute façon, toutes les provinces sont en train de nous copier. Sur
cette question...
M. Boulerice: C'est le même type de réponse lorsque
nous étions cinq dans la classe à avoir...
Le Président (M. Kehoe): Laissez-le répondre
à votre question. Vous l'avez posée. Elle est claire, nette et
précise. M. le ministre.
M. Marx: En ce qui concerne la vente itinérante, les gens
peuvent annuler leur contrat dans les 30 jours sans pénalité.
Vous savez que, lorsque c'est une vente itinérante, la compagnie doit
envoyer un avis aux proches parents de l'acheteur pour les aviser qu'un contrat
a été signé pour des préarrangements
funéraires afin de donner une certaine protection aux gens qui
achètent des vendeurs itinérants. Je pense qu'on a donné
toutes les protections. Il ne faut pas oublier que les gens qui ont 50, 55, 65
ou 70 ans et qui achètent des préarrangements funéraires
de vendeurs itinérants ne sont pas des incapables. Un homme à 50
ans, ce n'est pas un incapable. Moi, j'ai 56 ans. Je ne me prends pas pour un
incapable. Si quelqu'un vient frapper à ma porte pour me vendre des
préarrangements funéraires, je suis capable de décider si
je veux l'acheter ou si je ne le veux pas. C'est la même
chose pour un aspirateur, une voiture ou une caisse de coke, je peux
décider.
M. Boulerice: C'est le pourquoi d'une loi de la protection des
consommateurs. Il y en a qui sont vulnérables.
M. Marx: Si je me trompe, j'ai 30 jours pour annuler la vente. Je
trouve que toute la protection est là.
M. Boulerice: Après votre décès? M. Marx:
Qu'est-ce qu'il a dit?
Le Président (M. Kehoe): Mme la députée
de
Groulx. Avez-vous terminé, M. le ministre? Je pense que vous
allez avoir une autre bonne question. Mme la députée de
Groulx.
Bureaux régionaux de l'office
Mme Bleau: On parle de plus en plus de l'efficacité et de
l'importance de bureaux régionaux pour la protection des
consommateurs.
M. Boulerice: Elle veut un poste dans un bureau
régional.
Mme Bleau: Est-ce que les bureaux régionaux ont les moyens
nécessaires pour donner vraiment un service adéquat aux
consommateurs?
M. Marx: Oui. Ils ont des outils, ils ont toute l'information.
Ils ont des inspecteurs et des enquêteurs, dirais-je, le cas
échéant, et, là où il n'y a pas de bureau
régional, les gens peuvent téléphoner à frais
virés pour avoir l'information. Le système est très
efficace dans les bureaux, dans tout le Québec.
Mme Bleau: Est-ce que les bureaux régionaux
possèdent aussi un service d'inspecteurs comme à Montréal
ou à Québec?
M. Marx: Premièrement, il y a douze bureaux
régionaux. Les enquêtes sont centralisées à
Montréal et à Québec, mais on fait des enquêtes
partout. Il ne peut y avoir des enquêteurs dans une ville, disons, de 10
000 personnes...
Le Président (M. Kehoe): M. le député de
Saint-Jacques.
Ouverture et fermeture des commerces
M. Boulerice: Oui. Vous allez voir que, sans jeu de mots, il y a
une relation. On termine la commission et je veux vous parler de l'ouverture et
de la fermeture des commerces. Le parti ministériel a créé
un comité partisan de députés qui reçoit
actuellement des mémoires et des personnes. Est-ce que le ministre a sa
propre étude au sujet des heures d'ouverture et de fermeture? Est-ce que
l'office se penche sur ce sujet, a fait une enquête auprès des
consommateurs? Est-ce qu'il y a des questions dans le sondage, étant
donné que l'office procède souvent par technique de sondage?
M. Marx: M. le Président, le député de
Saint-Jacques...
M. Boulerice: il y a eu un sondage sur les habitudes des
consommateurs. Cela aurait été une question pertinente.
M. Marx: ...a commencé cette commission en disant que cela
prenait un premier ministre, un ministre des Finances, un président du
Conseil du trésor et un ministre à tout faire. Il veut que je
sois le ministre à tout faire. Il me pose maintenant des questions qui
relèvent...
M. Boulerice: Je vous ai posé une question sur l'office.
En êtes-vous le ministre responsable...
M. Marx: ...de tous mes collègues...
M. Boulerice: M. le Président, là, il fait son
Ponce Pilate...
Le Président (M. Kehoe): On a le temps pour une
dernière question. Il est 22 h 12...
M. Boulerice: M. le Président... Oui, mais là, il
envoie cela de Caïphe à Pilate, c'est le cas de le dire. Est-il le
ministre responsable de l'Office de la protection du consommateur, oui ou non?
Qu'il soit le père Ovide du gouvernement, ce n'est pas mon
problème. C'est le premier ministre qui le réglera.
M. Marx: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Kehoe): Alors, une dernière
question et une dernière réponse.
M. Boulerice: La question que je lui pose est celle-ci: Est-ce
que l'office a fait une étude là-dessus?
Le Président (M. Kehoe): Je pense qu'il a compris la
question.
M. Boulerice: Est-ce qu'il a fait une enquête? Est-ce qu'il
a inclus ces données dans un sondage récent? Ou a-t-il
l'intention de le faire?
M. Marx: Je veux demander au député de
Saint-Jacques en quoi cela touche la protection des consommateurs si les
magasins sont ouverts de 9 heures à 17 heures ou de 9 heures à 18
heures? En quoi la protection des consommateurs est-elle concernée?
M. Boulerice: Par l'augmentation des coûts, M. le
ministre.
M. Marx: Mais non. Peut-être que ce serait...
Une voix: Quelle augmentation de coûts? M. Boulerice:
Voyons donc!
M. Marx: Peut-être que les coûts vont rester les
mêmes.
M. Boulerice: Voyons donc! M. Marx: il n'y a rien
là...
Le Président (M. Kehoe): Le temps est
écoulé. Excusez-moi, M. le député et M. le
ministre. À l'ordre, s'il vous plaît! Comme nos travaux ne sont
pas encore terminés, il faut procéder à l'adoption du
programme 7 du ministère de la Justice...
M. Marx: il va même me poser des questions sur les pluies
acides, parce qu'il...
Le Président (M. Kehoe): Non, on n'est pas rendu
là.
M. Marx: ...ou sur le sirop d'érable parce que le prix
peut être touché. Mais je ne suis pas le ministre de
l'Environnement pour qu'il me pose ces questions.
Le Président (M. Kehoe): Mais je vous pose la question:
Est-ce que le programme 7 du ministère de la Justice est
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Boulerice: Sur division, M. le Président.
Des voix: Ho, Ho, Ho!
M. Boulerice: À cause des remarques finales du
ministre.
Le Président (M. Kehoe): Dans les circonstances, j'ajourne
les travaux à demain, 11 h 30, pour l'étude des crédits
budgétaires du ministère du Solliciteur général,
à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 14)