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(Onze heures cinquante minutes)
Le Président (M. Marcil): Nous allons déclarer la
séance ouverte.
Je souhaite la bienvenue à M. le ministre et son équipe.
Nous allons vous demander, tantôt, M. le ministre, de nous
présenter vos collaborateurs. Je souhaite également la bienvenue
à cette commission parlementaire aux députés
ministériels et de l'Opposition.
Je vais rappeler le mandat de cette commission: procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère du
Solliciteur général pour l'année financière
1988-1989. Avant de procéder aux remarques préliminaires, je vais
demander à Mme la secrétaire s'il y a des remplacements.
La Secrétaire: il y a un remplacement, M. le
Président, M. Godin (Mercier) remplacé par M. Dufour
(Jonquière).
Le Président (M. Marcil): Cela va. Donc je vous rappelle
que l'enveloppe de temps est de trois heures. Nous allons donc procéder
jusqu'à la période du dîner, c'est-à-dire
jusqu'à 13 heures, et ensuite nous allons reprendre nos travaux
immédiatement après la période des affaires courantes
jusqu'à l'épuisement du temps.
Également, juste avant de procéder, il s'agirait de
s'entendre à savoir si nous étudions ces crédits programme
par programme pour les accepter, ou bien si nous en discutons en
général pour, à la fin, les accepter tous. La coutume veut
qu'on passe programme par programme et puis qu'on les accepte. Cela va?
M. Dufour: Moi, je suis pour la coutume.
Le Président (M. Marcil): Vous êtes pour la coutume;
c'est bien, M. le député. J'inviterais M. le ministre, juste
avant de procéder à ses remarques préliminaires, à
nous présenter ses collaborateurs.
M. Marx: M. le Président, à la différence
des autres séances de la commission, j'ai un groupe très
restreint avec moi aujourd'hui pour l'étude des crédits.
Autrefois, le ministre se faisait accompagner par vingt-cinq, trente,
trente-cinq personnes, mais je pense que c'est mieux pour ces trente personnes
de rester dans leur bureau et de travailler au lieu de venir ici nous
écouter. Elles peuvent toujours lire le Journal des
débats.
À ma gauche, il y a M. Robert Diamant, sous-solliciteur
général. Il y a aussi M. Jacques Beaudoin, directeur
général de la Sûreté du Québec, Mme Carole
Richard, attachée de presse et attachée politique, M.
Jean-Charles Godbout, directeur du budget, et Mme Hélène Roux,
attachée politique.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, si vous voulez
procéder à vos remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Herbert Marx
M. Marx: Merci M. le Président. Il me fait plaisir
d'être ici aujourd'hui pour procéder à l'étude des
crédits du ministère du Solliciteur général pour
l'année 1988-1989. Les crédits à voter pour l'exercice
financier 1988-1989 s'établissent à 642 010 400 $, ce qui
représente une augmentation de 7, 9 %.
Cette augmentation s'explique principalement par les facteurs suivants:
l'indexation des traitements; l'augmentation du coût des loyers payables
à la Société immobililère du Québec; le
transfert par le ministère des Communications des enveloppes
budgétaires reliées aux télécommunications;
l'augmentation des crédits requis pour les prestations de retraite des
policiers de la Sûreté du Québec, les ajouts de
crédits consentis par le gouvernement concernant: la lutte aux
trafiquants de drogues et stupéfiants, la violence conjugale, et le
soutien informatique à la Sûreté du Québec.
Nos crédits se regroupent sous quatre secteurs:
Dans le secteur des institutions judiciaires, nous étudierons le
programme 1, qui a trait à la recherche des causes et des circonstances
des décès.
Dans le secteur socio-économique, nous étudierons le
programme 2 relatif au contrôle des permis d'alcool.
Dans le secteur des institutions pénales, nous étudierons
le programme 3, lequel réfère à la garde des
détenus et à la réinsertion sociale des
délinquants. Les services correctionnels et la Commission
québécoise des libérations conditionnelles sont les deux
principales composantes de ce programme.
Dans le secteur de la sécurité publique, nous
étudierons les programmes 4, 5 et 6, traitant respectivement de la
sécurité publique, de la normalisation et de la surveillance de
l'exercice des fonctions de police et de la Sûreté du
Québec.
Finalement, le programme 7, soit l'administration, regroupe les diverses
unités administratives qui fournissent aux autres directions du
ministère des services spécialisés en matière de
gestion des ressources humaines, matérielles, financières et
informationnelles.
L'enveloppe budgétaire du ministère du Solliciteur
général pour l'exercice financier 1988-1989 se situe à 642
010 400 $. Au fur et à mesure de l'étude des différents
programmes, nous aurons l'occasion d'examiner plus en détail
la répartition et l'utilisation de cette enveloppe
budgétaire.
Par ailleurs, je voudrais profiter de l'occasion qui m'est offerte pour
passer en revue les différentes réalisations du ministère
du Solliciteur général pour 1987-1988 et pour vous faire part
également de mes orientations et priorités pour l'exercice
financier 1988-1989.
Dans le domaine des services correctionnels, l'exercice 1987-1988 a
été témoin d'une augmentation de la demande de services.
Cette augmentation est liée notamment à la promulgation de
nouvelles lois, donc des modifications au Code criminel et au Code de la
sécurité routière concernant les conducteurs ivres, la loi
151 relative à la surveillance intensive, la loi C-15 en matière
d'abus sexuels à l'égard des enfants, à l'actualisation de
politiques gouvernementales et ministérielles dont la violence
conjugale, l'application de la Convention de la Baie-James en matière de
justice et la répression du crime dans les domaines de la drogue et de
la prostitution. Ce renforcement du cadre légal a aussi contribué
à diversifier et fractionner la clientèle contrevenante et
à provoquer un alourdissement des cas.
Parmi les principales réalisations de mon ministère dans
le domaine des services correctionnels, on note les suivantes: au cours de
l'année, de multiples interventions ont été
réalisées afin d'assurer l'implantation de politiques
nouvellement développées, soit celles relatives à
l'accueil de la personne incarcérée, au plan de séjour de
la personne prévenue, aux services de pastorale en milieu
carcéral, aux programmes d'activités pour les personnes
incarcérées et, enfin, aux nombreuses actions qui ont
été conduites relativement à la politique sur les soins de
santé.
Par ailleurs, une entente a été conclue avec le
ministère de l'Éducation pour permettre aux personnes
incarcérées de se voir accréditer des programmes de
formation.
De plus, nous avons mis sur pied un nouveau programme, Alcofrein, qui
est en activité depuis le 1er janvier dernier. Cette nouvelle mesure
s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre de certaines recommandations du
comité Landreville dont le rapport a été rendu public le
11 septembre 1986.
Le programme Alcofrein s'adresse spécifiquement aux conducteurs
trouvés coupables de conduite avec facultés affaiblies pour une
première fois.
Cette mesure n'exclut pas le fait qu'un contrevenant, lors d'une
première infraction, se voit imposer comme mesure administrative la
révocation ou la suspension de son permis de conduire pour une
période d'un an, conformément aux dispositions du Code de la
sécurité routière.
En un mot, le programme Alcofrein est une mesure sentencielle punitive,
mais également et surtout éducative et réhabilitante.
Enfin, une expérience pilote d'évaluation rapide et
ponctuelle à la cour doit se poursuivre jusqu'à la fin du mois de
juin et s'inscrit dans le cadre d'une recommandation du comité sur les
solutions de rechange à l'incarcération. Ce projet a pour but
d'identifier les besoins de la clientèle et de référer aux
ressources appropriées et disponibles.
Actuellement, l'expérience pilote se déroule bien et cela,
avec la collaboration des autres intervenants c'est-à-dire: la couronne,
la défense et la magistrature.
Dans le domaine de la sécurité publique, le
ministère du Solliciteur général, par le biais de la
Direction générale de la sécurité publique, a
continué à favoriser et à promouvoir la prévention
du crime. Plusieurs de ses activités ont été
reliées à l'organisation et à la coordination de la
semaine annuelle de la prévention sous le thème "La
prévention, un vaccin contre le crime" qui a d'ailleurs remporté
un vif succès. Préoccupée de rejoindre la clientèle
des jeunes, elle a également misé sur une participation
très active au dernier Salon international de la jeunesse. La direction
générale a, par ailleurs, revu ses modes de financement et de
soutien aux comités régionaux de prévention du crime en
mettant l'accent sur une contribution à la réalisation de
différents projets.
En ce qui a trait à la Sûreté du Québec, les
quelques lignes qui suivent illustrent bien leur performance au cours de la
dernière année.
Avec un effectif policier que nous avons pu stabiliser en rouvrant
l'embauche, la Sûreté du Québec, à la suite de
modifications structurelles, a augmenté sa présence
policière de près de 10 % et, les réalisations accomplies
au cours de l'année 1987 démontrent qu'elle a réussi non
seulement à maintenir, mais à améliorer ses performances
de 1986. (12 heures)
Les infractions criminelles rapportées à la
sûreté ou connues d'elle en 1987 s'élèvent à
65 721 soit une hausse de 3, 1 % par rapport à l'année 1986. Il
faut ajouter à cela près de 10 000 assistances aux services
policiers municipaux.
La hausse la plus importante, soit 16, 9 %, se situe dans la
catégorie des crimes de violence passant de 4850 à 5667. Si nous
considérons les assistances aux services de police municipaux dans cette
catégorie, les activités de la Sûreté du
Québec ont une augmentation nette de 11, 3 %. Soulignons que les crimes
de violence comptent pour 9 % du total des infractions au Code criminel.
Il est permis de croire que cette augmentation est due à la
sensibilisation faite auprès des victimes de violence conjugale.
Le taux de solution dans la catégorie "crimes de violence" a
atteint un nouveau sommet pour se situer à 53, 8 %. Il est en hausse
dans toutes les grandes catégories de crime.
Également, au cours de l'année 1987, la valeur des saisies
de drogues a augmenté de
façon très significative, passant de 33 000 000 $ en 1986
à plus de 68 000 000 $. De ce dernier chiffre, 40 000 000 $
représentent la cocaïne confisquée comparativement aux 23
000 000 $ confisqués l'année antérieure.
Les infractions en rapport avec le commerce et la consommation
illégales des drogues et stupéfiants sont passées de 2616
en 1986 à 3544 en 1987, une hausse de 35, 5 %.
En matière de sécurité routière, signalons,
d'une part, une augmentation des actions préventives et, d'autre part,
une diminution des accidents de la circulation. Les constats d'infractions au
Code de la sécurité routière affichent une hausse de 3, 2
%, pour atteindre 504 507. Les 361 328 avis de 48 heures représentent
une hausse de 6, 2 %. Pour leur part, les poursuites criminelles se sont
accrues de 1, 9 % pour se chiffrer à 16 628 poursuites.
Au total, ces 882 463 actions préventives représentent une
hausse de 4, 4 % comparativement à 1986.
Les efforts déployés ont certainement été
valables. En effet, le nombre d'accidents, après avoir connu une hausse
de 1983 à 1985, s'est remis à descendre depuis, passant de 58 143
en 1986 à 57 265 en 1987, soit une baisse de 1, 5 %.
En ce qui concerne les lois et règlements sur le transport
routier, le nombre d'infractions constatées est passé de 5747 en
1986 à 8162 en 1987, soit une hausse de 42 %. La performance obtenue est
certes due au travail de la Sûreté du Québec et à la
concertation des différents organismes gouvernementaux impliqués
dans le transport routier.
En tant que corps de police, la Sûreté du Québec, en
plus de sa mission, s'acquitte de responsabilités humanitaires envers la
société. Au cours de l'année 1987, la Sûreté
a poursuivi trois activités commencées dans le passé, en
plus d'entreprendre une activité de grande envergure. En effet, elle a
répété la cueillette de fonds pour l'Association
québécoise de la fibrose kystique; elle a mené une
campagne de collecte de sang pour la Croix-Rouge et elle a
déployé des énergies auprès de la
Société pour les enfants handicapés du Québec.
Enfin, en octobre 1987 était officiellement lancée la
Fondation de la Sûreté du Québec créée afin
de soulager la misère humaine et, plus précisément, de
venir en aide aux personnes âgées.
J'aimerais attirer votre attention sur quelques statistiques sur la
criminalité en 1987: hausse de 2, 15 % du nombre d'infractions au Code
criminel, baisse de 0, 4 % des crimes contre la propriété, baisse
marquée de 36 % des infractions d'ordre sexuel, diminution de plus de 2
% du nombre de jeunes contrevants impliqués dans les infractions au Code
criminel, augmentation de 1, 5 % du nombre d'affaires solutionnées dont
4, 5 % au niveau des crimes avec violence, augmentation de 13, 7 % du nombre
d'infractions constatées au Code de sécurité
routière rappor- tées par les services de police.
Je vous parlerai maintenant, M. le Président, de mes
priorités pour l'année 1988-1989. Au cours de l'exercice
financier de 1988-1989, j'entends poursuivre et concrétiser le travail
amorcé au cours de la dernière année. Par ailleurs,
d'autres priorités viennent s'ajouter, en regard notamment du programme
Alcofrein Plus, de la violence conjugale, de la lutte aux trafiquants de
drogues et de stupéfiants, de la sécurité routière
et du transport routier, de la formation policière.
S'inscrivant dans le cadre des solutions de rechange à
l'incarcération, Alcofrein Plus vise à réduire ou à
prévenir l'augmentation du taux d'incarcérations résultant
du dépôt de l'avis de condamnation antérieure à
l'égard des contrevenants réputés être
déclarés coupables d'une deuxième infraction de conduite
avec facultés affaiblies. Les étapes de développement de
ce programme se poursuivent et il est de mon intention de le faire
démarrer au cours de la présente année. Je tiens à
rappeler ici le principe de l'autofinancement sous-jacent à ce
programme.
En matière de violence conjugale, grâce à l'ajout de
crédits de l'ordre de 1 000 000 $, le ministère entend
s'acquitter des responsabilités qui lui incombent à
l'égard de cette politique. J'entends donc mettre la priorité sur
le support à la cour, particulièrement au niveau de
l'éclairage présentenciel et de la gestion de la sentence en
probation et en libération conditionnelle, tout en continuant les
efforts de sensibilisation et de formation des intervenants correctionnels, en
particulier ceux de la détention. Enfin, nous poursuivrons nos efforts
de sensibilisation du public en général.
Par l'entremise de la Sûreté du Québec, j'entends
privilégier également les thèmes suivants: conseiller,
informer et sécuriser nos aînés; protéger notre
jeunesse contre la drogue en menant des opérations d'envergure en
matière de prévention, de dépistage et de
répression des drogues, stupéfiants et narcotiques. Le trafic de
cocaïne sera particulièrement visé. À cet effet, des
crédits additionnels de 3 000 000 $ ont été ajoutés
à l'enveloppe budgétaire de la Sûreté du
Québec. Accentuer nos opérations en matière de
sécurité routière ou de contrôle de transport
routier des biens et des personnes. Cette orientation s'inscrit d'ailleurs dans
le cadre des activités de l'année québécoise de la
sécurité routière décrétée par le
gouvernement.
Enfin, le domaine de la formation policière sera au coeur des
préoccupations de mon ministère au cours de la prochaine
année. D'une part, le cours de formation de base devra être
remodelé pour tenir compte d'un nouveau partage des tâches et des
responsabilités entre l'Institut de police et les cégeps qui
dispensent le programme de techniques policières. Des
réaménagements au fonctionnement et aux ressources de l'institut
seront également nécessaires afin de
satisfaire à un accroissement prévisible du recrutement et
afin d'être en mesure d'accueillir, dans un délai raisonnable, les
étudiants pour qui l'obtention d'un diplôme d'études
collégiales requiert un stage à l'institut.
Au chapitre de la formation permanente, il y aura lieu de
développer et de rendre disponible un cours s'adressant aux policiers
patrouilleurs déjà en poste, afin d'actualiser leurs
connaisan-ces et de revaloriser leurs fonctions. L'institut accordera par
ailleurs, à tous les niveaux, une attention particulière aux
relations avec les minorités ethniques et culturelles.
L'évaluation des programmes qu'il dispense et le service à la
clientèle seront également au centre de ses
préoccupations.
J'ai voulu, par cet exposé, présenter aux membres de la
commission des institutions un portrait des réalisations, des
priorités et des orientations du ministère du Solliciteur
général. Je vous ai également détaillé
l'ensemble des crédits dont nous disposons pour l'année 1988-1989
et je vous les soumets pour analyse et approbation.
Finalement, je suis disposé à répondre aux
questions des députés. Merci.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Je reconnais maintenant le porte-parole de l'Opposition officielle, M. le
député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. D'abord, je voudrais
souhaiter la bienvenue au Solliciteur général à temps
partiel ainsi qu'à tous les hauts fonctionnaires et les
représentants de son cabinet qui l'accompagnent.
Les responsabilités du Solliciteur général sont
énormes. Il suffit d'entendre les remarques préliminaires du
Solliciteur général à temps partiel pour comprendre que la
garde des contrevenants, leur réinsertion sociale, le maintien de la
paix publique sont des responsabilités qui touchent les fondements
mêmes de l'État.
Aussi, compte tenu de cette énorme tâche, l'on doit
s'interroger sur la décision du premier ministre de nommer un
Solliciteur général à temps partiel. D'autant plus, comme
le soulignait si bien le député de D'Arcy McGee, alors qu'il
siégeait dans l'Opposition qu'il y a une incompatibilité
fondamentale entre la fonction de Solliciteur général et celle de
ministre de la Justice. C'était d'ailleurs devenu un de ses chevaux de
bataille favoris.
Bien sûr, le Solliciteur général à temps
partiel plaidera que la situation est différente, qu'avec la Loi sur le
ministère du Solliciteur général, on a deux
sous-ministres, deux cabinets, bref, deux entités différentes.
Pourtant, sous un gouvernement péquiste, le Solliciteur
général jouissait pratiquement de la même autonomie, tant
au chapitre du fonctionnement qu'au cha- pitre de son budget. Il n'y a donc
guère de différence entre la situation que le
député dénonçait vigoureusement à
l'époque et la situation actuelle. Même s'il y a deux
sous-ministres, c'est encore le même individu - à moins qu'il
n'ait abdiqué toute responsabilité - qui doit prendre toutes les
décisions finales et importantes. Les mêmes risques de conflits
d'intérêts que l'on retrouvait avant 1985 demeurent. Doit-on
porter une cause impliquant un policier en appel? Doit-on déclencher une
enquête policière alors que le Procureur général
n'estime pas opportun de déposer des poursuites, etc. ?
Il est frappant de constater comment l'exercice du pouvoir change la
perception et la "priorisation" des choses? Comme nous pourrons le constater
tout au long du débat, les prises de position du Solliciteur
général à temps partiel, du temps où il
siégeait dans l'Opposition, et les actions qu'il a entreprises depuis
décembre 1985 ne coïncident pas tout à fait pour ne pas dire
qu'elles sont diamétralement opposées.
En fait, le Solliciteur général a dû faire le dur
apprentissage, particulièrement pour l'illustre professeur qu'il fut, de
la différence entre la théorie et la pratique.
L'analyse de la distinction entre le discours d'avant décembre
1985 et la réalité depuis plus de deux ans sera d'autant plus
intéressante que celui qui formulait les critiques est désormais
aux commandes. En fait, comme l'illustreront les prochains exemples, dossiers
que nous discuterons plus à fond dans les heures qui vont suivre, le
bilan du ministère du Solliciteur général est bien
mince.
Au premier plan de la non-réalisation d'objectifs soi-disant
pressants avant décembre 1985, on retrouve la rénovation des
structures policières. Quand on a écouté son discours
d'ouverture, il n'est pas question de la réforme des structures
policières. Cela devient une priorité remise dans le temps. (12 h
15)
Dans son document "L'Avenir de la justice au Québec",
publié en février 1985, l'actuel Solliciteur
général devisait, pendant un chapitre entier, sur la
nécessité de réorganiser nos forces policières:
coûts exorbitants, corps policiers trop nombreux, impossibilité de
rendre exécutoire les recommandations de la Commission de police du
Québec, écrivait-il. Inlassablement il a
répété les mêmes discours, par exemple, lors de
l'étude des crédits du 27 avril 1982. Deux ans et demi
après avoir pris le pouvoir, où en sommes-nous?
Bien sûr on a annoncé la vaste réforme de la
structure policière. On a effectué des études et
établi des scénarios. Les études et ces scénarios
ont eu finalement comme unique résultat l'enrichissement des
collaborateurs ou des anciens associés de l'ex-Solliciteur
général causant du même coup sa perte.
En fait, n'eût été l'affaire Prémar, nous
n'aurions guère entendu parler de restructuration
policière. Les angoisses d'avant 1985 demeurent. Les coûts
exorbitants de notre système de protection ont augmenté; le ratio
de policiers par habitant est à peu près le même et la
Commission de police n'a toujours qu'un pouvoir de recommandation.
Autre exemple du dur passage de la théorie à la pratique,
l'intégration des diverses communautés culturelles et plus
particulièrement des minorités visibles au sein de nos corps
policiers. Décrivant dans son document "L'avenir de la justice au
Québec", une situation inacceptable, le Solliciteur
général aura fait bien peu. Le corps policier de la
Communauté urbaine de Montréal ne compte encore que six policiers
de race noire et la Sûreté du Québec, aucun. Il aura fallu
les événements tragiques de l'affaire Griffin pour que le
Solliciteur général à temps partiel s'engage un tant soit
peu.
Eu égard à l'autre volet important de la tâche du
Solliciteur général, à savoir la garde et la
réinsertion sociale, nous sommes toujours loin des objectifs qu'il
s'était fixés en 1985. Malgré quelques signes
encourageants, nous devons l'admettre, nos prisons demeurent
surpeuplées. Avec un taux moyen d'occupation de 95 %, il arrive que les
prisons dépassent leur capacité. Ainsi, au mois d'avril 1986, on
atteignait un taux d'occupation de 102, 5 %. En 1982, l'actuel Solliciteur
général recommandait que l'emprisonnement pour défaut de
payer l'amende soit aboli. Or, en 1988, encore 20, 8 % des personnes
incarcérées le sont pour cette raison.
L'actuel Solliciteur général écrivait encore en
février 1985 qu'environ 40 % des personnes admises dans les
établissements de détention du Québec sont des
prévenus et la durée moyenne de leur séjour était
en 1983 de 16, 4 jours. Ce taux, à notre avis, est trop
élevé. Eh bien, en 1988, maintenant qu'il a la gouverne, 51 % des
personnes incarcérées sont des prévenus et la durée
de leur séjour en prison est passée à 17, 7 jours.
En ce qui concerne les efforts de réhabilitation du
présent gouvernement - cela concerne les prévenus, mais on
pourrait penser que cela a trait aux efforts de réhabilitation du
gouvernement comme tel - qu'il suffise de dire que les transferts prévus
à ce chapitre ont été coupés de 119 000 $. En fait,
tout le beau discours quant aux alternatives à l'emprisonnement n'aura
été que pure réthorique depuis la sortie du rapport
Landreville.
Dans son document, "L'avenir de la justice au Québec", le
Solliciteur général évoquait de nouvelles solutions
à trouver. Les principales alternatives que l'on retrouve en 1988 sont:
travaux compensatoires, travaux communautaires, libération
conditionnelle (création de la commission) furent mises sur pied par un
gouvernement du Parti québécois. Les diverses actions du
gouvernement libéral auraient plutôt nui à la
réinsertion sociale, si l'on en croit les propos du Protecteur du
citoyen dans le rapport annuel 1986-1987. En effet, les fermetures
précipitées de prisons auraient eu comme impact d'éloigner
les détenus du milieu de vie, une mesure contraire à toutes les
théories de la réinsertion sociale.
En définitive, le bilan du nouveau ministère du
Solliciteur général est bien mince au chapitre des
réformes et des idées innovatrices. J'aimerais terminer en
mentionnant ce qui est désormais devenu le symbole de l'absence de
transition entre la théorie et la pratique: la fermeture de la prison de
Parthenais. Les conditions de vie y étaient inacceptables, voire
inhumaines avant 1985. À chaque tribune disponible, l'actuel Solliciteur
général réclamait sa fermeture; deux ans et demi plus
tard, Parthenais est toujours ouvert et les conditions de détention y
sont toujours inacceptables.
De ce bilan on reconnaîtra que les beaux discours de jadis se
sont, à bien des égards, évanouis. De l'expérience
de l'actuel Solliciteur général à temps partiel, on
retiendra que l'Opposition libérale avait des raisons que l'exercice du
pouvoir ignore. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y aurait d'autres
députés qui auraient des remarques préliminaires à
faire? Non? M. le ministre.
M. Herbert Marx (réplique)
M. Marx: M. le Président, j'aimerais féliciter le
député de Jonquière pour son discours que j'ai
trouvé très intéressant. Malheureusement, les membres de
son parti, quand ils étaient au pouvoir, n'ont pas lu mes discours parce
qu'ils auraient peut-être fait bouger un certain nombre de dossiers. Il
m'a décrit comme un Solliciteur général à temps
partiel, ce n'est pas vrai. Je suis le premier ministre de la Justice et
Solliciteur général qui est à temps plein. Mes
prédécesseurs n'ont même pas utilisé certains de
leurs bureaux qui étaient toujours disponibles. Quand je suis
arrivé au ministère, j'ai vu que les chaises, dans au moins l'un
de mes bureaux, étaient toutes cassées et que tout était
sale. Je ne pense pas que le ministre ait jamais été là
pour recevoir des gens. On a dû faire la rénovation de ces chaises
etc., afin que ce soit présentable. Je ne pense pas que le ministre ait
utilisé ce bureau. Ceci dit, je sais que le député de
Jonquière a dit vraiment tout cela en blaguant. Il a
démontré un peu qu'il comprend la différence entre la
situation d'aujourd'hui et celle d'autrefois. Maintenant, comme il l'a bien
expliqué, il y a deux ministères au lieu d'un. Il y a deux
sous-ministres en titre au lieu d'un. Il y a deux cabinets de sous-ministres au
lieu d'un. Il y a deux cabinets de ministres au lieu d'un etc.. Je pense qu'il
y a une différence énorme. Il y a, aussi, une loi sur le
ministère du Solliciteur général comme cela existe au
fédéral, en Alberta maintenant, au Nouveau-Brunswick, en Ontario,
en Nouvelle-Ecosse etc.
Les structures policières. Le député de
Jonquière a cité l'un de mes discours ou l'un de mes documents de
1982. J'aimerais souligner que l'ancien gouvernement n'a rien fait entre 1982
et 1986. Ils ont eu quatre années pour faire quelque chose, ils n'ont
rien fait! Au moins, ce que nous faisons maintenant d'une façon
prioritaire, c'est de réorganiser le comité des plaintes à
la CUM (Communauté urbaine de Montréal). C'est urgent, c'est un
dossier urgent. Nous avons passé à l'action. Nous espérons
déposer un nouveau règlement avant la fin de la session.
Les communautés culturelles. C'est vrai que j'ai demandé
à l'ancien gouvernement de bouger. Le député de Marquette
a fait la même chose avec son document "À part entière".
Nous avons tous poussé sur ce dossier en 1981, en 1982, en 1983 mais
l'ancien gouvernement n'a jamais eu de politique. C'est cela le
problème. Il n'avait jamais une politique. Il faut dire que maintenant
la SPCUM a une politique d'embauche des membres des communautés
culturelles. Vous allez me dire qu'on n'a pas fait assez de progrès,
j'en conviens mais ce que je veux qu'on fasse c'est du progrès de
semaine en semaine, de mois en mois, d'année en année.
En ce qui a trait à nos nominations en tant que gouvernement, 15
% des gens qui sont nommés depuis deux ans viennent des
communautés culturelles. C'est plus facile de nommer des gens que de les
recruter. Je pense qu'en ce qui concerne le recrutement, on fait un effort et
on fait du progrès. J'aimerais informer les membres de la commission que
la Sûreté du Québec a aussi mis sur pied un programme
d'embauche des membres des communautés culturelles. Il s'agit d'un
programme assez récent. La Sûreté du Québec
travaille dans ce dossier avec la Commission des droits de la personne. Donc,
on a fait du progrès, on veut faire encore plus de progrès et
c'est notre intention.
Les prisons. C'est vrai que lorsque j'étais dans l'Opposition -
le député de Jonquière m'a fait me souvenir de moments
très heureux, comme député - j'ai visité des
prisons. C'était en 1981. En 1982, j'ai remis un rapport au ministre de
l'époque et j'ai demandé, entre autres, la fermeture de la prison
de Trois-Rivières que j'ai décrite comme une institution
moyenâgeuse. Il n'a rien fait.
Mais depuis que nous sommes au gouvernement, nous avons fermé
cinq établissements de détention, dont celui de
Trois-Rivières et nous sommes en train d'y construire une nouvelle
prison.
J'ai demandé la fermeture de la prison de la rue Winter à
Sherbrooke. Mon prédécesseur n'a rien fait. Nous avons
commencé la construction d'une nouvelle prison à Sherbrooke et
nous avons fermé quelques autres petites prisons.
Vous allez me dire qu'on n'a pas fermé Parthenais, qu'on ne s'est
pas attaqué au dossier de Parthenais. On ne peut pas s'attaquer à
tous les dossiers la même journée, mais nous avons un
comité qui fait un travail sur Parthenais. Le problème avec
Parthenais, c'est qu'on y a souvent gardé des gens six mois, huit mois
et même vingt-deux mois. Je pense que si on garde quelqu'un à
Parthenais pour cinq jours, une semaine ou dix jours lors de son procès,
c'est faisable. Mais nous sommes en train d'étudier toute la
problématique de Parthenais.
Donc, dans le dossier carcéral, dans le dossier des
établissements de détention, nous avons fait du progrès
avec la fermeture de cinq centres de détention et avec la construction
de deux nouvelles prisons.
Si vous voulez me dire qu'on n'a pas fait tout ce qu'on a voulu faire
jusqu'à maintenant, bien, notre mandat n'est pas terminé. On a
juste fait deux ans de notre mandat de cinq ans. Dans 40 % de temps, on a fait
pas mal de choses, plus que l'ancien gouvernement n'a fait durant huit ans,
durant neuf ans. L'ancien gouvernement n'a rien fait, n'a rien fait. Ce
n'était pas la faute du sous-ministre associé de l'époque,
mais il n'y avait pas la volonté politique, a l'époque. Il n'y
avait pas de volonté politique à l'époque parce que ce
n'était pas un Solliciteur général à temps partiel,
c'était un Solliciteur général absent. Et je ne le
blâme pas, parce qu'il fait très beau au Lac-Saint-Jean, comme le
député de Jonquière le sait bien. Donc il a passé
plus de temps à Chicoutimi et dans le Lac-Saint-Jean que dans ses
bureaux de ministre.
Finalement, en ce qui concerne les alternatives à
l'emprisonnement, nous avons fait adopter une loi très importante, M. le
Président. Vous êtes au courant, c'est le Code de procédure
pénale. Et, une fois le code en vigueur, en janvier 1989, cela prendra
un jugement par écrit d'un juge pour incarcérer quelqu'un qui a
enfreint une loi provinciale pénale. Donc, je pense qu'avec cette loi,
on fait un pas énorme.
Il y a d'autres choses à faire, il y a encore quelques personnes
dans les prisons pour le non-paiement d'amendes mais - et vous irez
vérifier les chiffres, si vous voulez - les personnes qui sont là
sont détenues en vertu du Code criminel. Il s'agit d'un autre
problème. J'ai donc demandé aux fonctionnaires de mon
ministère de trouver des solutions parce que, dans la mesure du
possible, il faut vider nos prisons de gens qui sont là pour le
non-paiement d'amendes et trouver d'autres solutions comme la saisie de leurs
biens, les travaux communautaires, l'échelonnement du paiement des
amendes, et ainsi de suite. Donc, nous avons fait beaucoup de progrès
mais j'admets qu'il y a encore des progrès à faire et c'est ce
que nous voulons faire encore cette année, l'an prochain et
jusqu'à la fin de notre mandat. Il reste encore trois ans et je pense
qu'on a déjà démontré, en deux ans, qu'on donne
suite aux engagements que nous avons pris avant les élections.
Voilà. (12 h 30)
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Groulx, c'est
toujours dans les remarques préliminaires; on n'attaque pas
immédiatement les programmes.
Discussion générale
Mme Bleau: M. le ministre, en page 10, vous parlez justement des
actions que vous avez prises pour aider notre jeunesse. Entre autres, vous
parliez de votre participation active au Salon international de la jeunesse. Le
kiosque que j'ai visité était vraiment bien. De plus, comme on
s'est rencontré au même salon, je sais que votre présence a
été très appréciée. Je veux vous en
remercier. Je pense qu'il est bien important, si on veut prévenir le
crime, de s'occuper vraiment de notre jeunesse dans ce domaine parce que c'est
très important.
M. Marx: M. le Président, 60 000 jeunes sont passés
par notre kiosque au Salon de la jeunesse. On a tourné une roue et les
jeunes ont répondu aux questions qu'on leur a posées et,
finalement, ils ont eu un cadeau; donc 60 000 cadeaux. Les
députés qui n'étaient pas là, on peut leur envoyer
leur cadeau sans qu'il soit...
Une voix: ...sans qu'ils répondent aux questions.
M. Marx: ...nécessaire pour eux de répondre aux
questions, même au député de Jonquière...
Le Président (M. Marcil): Mme la
députée.
Mme Bleau: C'était une première remarqué,
mais j'ai une deuxième remarque. Une autre très bonne chose,
c'est d'avoir stabilisé les effectifs policiers en rouvrant l'embauche.
Mais j'espère qu'il est de votre intention de continuer cette
année d'ajouter des postes dans les différentes interventions
qu'on voit à la télévision et un peu partout. Je pense
qu'on se plaint encore dans toute la province du manque d'effectifs. Si on veut
justement mettre l'accent sur la prévention, je crois qu'il est
nécessaire qu'on augmente encore les effectifs.
M. Marx: Maintenant, les effectifs sont à 4150 environ,
à peu près 4150 policiers. Nous avons un budget pour en engager
150 de plus.
Mme Bleau: De plus. Ah! C'est bien. M. Marx: C'est pour
maintenant. Mme Bleau: C'est très bien! M. Marx: D'ici
mars prochain. Mme Bleau: Ah! C'est bien.
M. Marx: Donc, on va en engager 150 de plus. Nous avons aussi
d'autres plans pour intensifier la surveillance, mais je ne peux pas les
annoncer tout de suite. Nous travaillons beaucoup à ce dossier. Je pense
qu'il est important que nous embauchions plus de policiers. Ce sont des
policiers, c'est à part des civils qui travaillent pour la
Sûreté du Québec qui sont environ...
Une voix: ...990.
M. Marx: ...1000. Mme Bleau: C'est bien. M. Marx:
990.
Mme Bleau: Toujours dans les remarques préliminaires, vous
parliez du nouveau partage des tâches entre le cégep et l'Institut
de police. Je pense, qu'il faudrait que vous considériez de demander au
ministère de l'Éducation de créer plus de places pour les
cégepiens qui voudraient se destiner à la carrière de
policier. J'ai, à mon bureau, beaucoup de demandes de jeunes qui
aimeraient se présenter au cours de techniques policières au
cégep et qui ne trouvent pas de place.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Lionel-Groulx, si vous voulez, tantôt on va toucher un programme...
Mme Bleau: ...de Groulx, pas Lionel.
Le Président (M. Marcil): ...concernant justement les
effectifs.
M. Marx: Peut-être seulement pour terminer avec cette
question.
Le Président (M. Marcil): Rapidement, M. le ministre,
parce que deux autres députés voudraient intervenir
également.
M. Marx: Seulement sur cette question. Je comprends ce que la
députée demande et je suis tout à fait d'accord. Mais l'un
des problèmes qu'on rencontre, c'est que des jeunes suivent le cours de
techniques policières au cégep, font le cours à l'institut
et ne sont pas choisis pour travailler comme policiers dans un corps de
police.
Mme Bleau: Ils finissent toujours par réussir à...
Souvent, c'est à cause de l'âge. D'autres fois... J'ai vécu
l'expérience avec une jeune fille que j'ai élevée. Mais,
un jour ou l'autre, ils finissent, s'ils en ont vraiment le goût et que
les notes sont en conséquence, à se trouver une place.
Le Président (M. Marcil): Mme la députée de
Groulx...
M. Marx: Vous savez que...
Le Président (M. Marcil): Excusez-moi. M. le
ministre...
M. Marx: ...la Sûreté...
Le Président (M. Marcil): ...tantôt, on va revenir
à ce programme.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Marcil): Donc, vous pourriez intervenir
et poser vos questions lorsqu'on parlera de la Sûreté du
Québec. Cela va?
M. Marx: À vos ordres, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? Non? M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais simplement faire une remarque au ministre.
Il a dit: Là, ce n'est plus pareil. On a... Vous allez peut-être
vous convaincre, mais vous ne convaincrez pas l'Opposition officielle et le
public, en général, qu'un ministre qui a deux chapeaux est aussi
efficace que deux ministres différents.
Si on pousse cela un peu plus loin, les deux ministres couchent
ensemble. Donc, il y a certainement des choses qui sont oubliées
à quelque part et il y a des préoccupations qui ne sont pas tout
le temps présentes autant a l'un qu'à l'autre. Cela, je pense que
c'est naturel. Le point majeur qu'il faut retenir dans tout cela, c'est que,
dans le temps où vous étiez l'Opposition officielle, vous avez
dénoncé fortement tout ce que faisait le Solliciteur
général ou à peu près. Vous continuez, d'ailleurs.
Je me demande si vous n'êtes pas encore dans l'Opposition officielle, en
partie. Mais vous dénonciez fortement...
Vous n'étiez pas nuancé. Quand vous dénonciez, en
vrac, dans votre livre "L'avenir de la justice au Québec", vous portiez,
dans votre topo, un certain nombre de jugements sur l'ensemble des dossiers.
Vous ne disiez pas: Là, cela serait un, deux, trois ou quatre. Ce
n'était pas numéroté sur la façon de faire les
choses. Vous ameniez tout cela en vrac et tout était à
dénoncer. Vous le faisiez et vous ne vous en priviez pas.
Je ne pense pas que l'Opposition officielle, malgré votre
défense, puisse accepter comme du beurre dans le poêle que le
gouvernement n'a rien fait pendant qu'il était au pouvoir. On faisait
des choses. On allait chercher des scandales que vous aviez créés
à certaines places, à ce moment-là. Le gouvernement
bougeait parce que le gouvernement siégeait, ce qu'on ne fait pas
actuellement. Ce gouvernement ne siège pratiquement pas. Il y a des
raisons pour cela. Ne venez pas dire que vous bougez, si vous ne bougez pas
à la place où cela doit bouger, normalement. Le gouvernement doit
bouger à l'Assemblée nationale. En grande partie, c'est là
que cela se passe. Vous le faites ailleurs et, là, on a le droit de se
questionner. Je pense qu'on a le droit d'être sévère par
rapport cela. Quand vous dites - et vous portez une accusation directe - que
l'ancien gouvernement n'a rien fait pendant neuf ans, j'ai des petites
nouvelles pour vous autres. Il y a des gens qui se sont plaints qu'on en avait
trop fait. Ne cherchez pas trop; on va vous en sortir des dossiers et des
preuves de ce que je dis là. C'est facile d'apporter...
Pensez que vous n'êtes plus dans l'Opposition officielle, vous
êtes au pouvoir. C'est votre administration à vous qu'on est
à juger, ici. Quand vous avez été élu,
c'était pour amener des choses nouvelles et pour faire avancer des
choses, les provoquer. À ce moment-là, faites votre job. Ce qui
s'est fait avant, je pense que le monde a jugé là-dessus. Moi, en
tout cas, je n'étais pas là et je ne veux pas être
embarrassé par ce qui s'est fait avant. Moi, j'ai une "job" à
faire, je vais la faire à partir de maintenant, à partir
de...
Vous êtes venus au monde comme gouvernement en 1985. Moi aussi,
j'ai été élu en 1985 et je vais critiquer ce qui se fait
depuis le 2 décembre 1985 et non pas le passé. Je pense que c'est
important qu'on établisse cela immédiatement, les relations
seront meilleures. Je vous le dis d'avance, moi, je ne porterai pas te poids de
tout ce qui s'est fait et ne s'est pas fait dans le passé. Je vous dis
qu'il y a des choses qui se sont faites avec lesquelles vous n'étiez pas
d'accord, mais il y a des choses que vous avez faites avec lesquelles on n'est
pas d'accord, non plus.
C'est votre administration qu'on doit juger. Actuellement, on regarde
les crédits de 1988-1989. Donc, mettez votre chapeau. Vous êtes
deux dans un; vous êtes un demi-ministre. C'est ce que je vous ai dit au
départ: on va parler à un demi-ministre.
Dépêchez-vous d'en nommer un pour qu'on ait vraiment ce que vous
demandiez avant. Vous ne l'avez jamais nuancé avant, vous avez dit que
cela prenait deux ministères. Il y en a deux actuellement. Demandez
qu'on vous donne de l'aide, cela presse pour que les dossiers avancent.
Au cours de l'étude, on va vous démontrer qu'il y a des
affaires qui ne sont pas encore faites et il y a encore des questions à
se poser. Je ne vous dis pas que cela va être partait même si vous
les faisiez toutes. Je pense que c'est normal, ce ne sera jamais parfait. Ne
vous attendez pas que l'Opposition officielle soit là pour vous
encenser. Vous avez assez de votre cour. On a commencé tantôt. Je
ne ferai partie de votre cour, ni de votre... Je ne veux pas faire partie de
cette parade. Je suis là pour être critique. Critique, cela veut
dire apporter des critiques et, en même temps, essayer de provoquer et
amener des améliorations.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Jonquière.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais simplement
répondre à cette intervention. Je n'ai jamais... Le
député de Jonquière a cité de mes écrits de
1981, 1982. Il a fallu que je traite de ce que l'ancien gouvernement a fait en
1981, 1982, 1983, 1984 et 1985, pour expliquer pourquoi je le critiquais. C'est
le député lui-même qui a soulevé cela. Si le
député arrête de citer mes écrits de 1981 et 1982,
s'il arrête de lire mes discours de ces années où
j'étais dans l'Opposition, il ne sera pas nécessaire pour moi de
faire la critique de l'ancien gouvernement. De toute façon, je n'ai
jamais dit que l'ancien gouvernement n'avait rien fait. J'ai dit: Mes
prédécesseurs n'ont rien fait. Mais il y a eu d'autres ministres
qui ont fait beaucoup en matière de protection du consommateur. Je pense
que le gouvernement a bien géré ce dossier jusqu'en 1983. Ils ont
vraiment arrêté de faire des progrès dans ce dossier en
1984. Mais je n'ai jamais dit que l'ancien gouvernement n'avait rien fait. Ce
serait faux. Même mes prédécesseurs ont fait des choses,
mais très peu. Que voulez-vous? Mon prédécesseur
immédiat était le chef du gouvernement. Il n'avait pas le temps
de s'occuper de la Justice pendant qu'il participait à la course au
leadership. Vous comprenez cela, M. le Président?
En conclusion, j'aimerais demander...
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, vous avez
dépassé votre temps dans vos remarques préliminaires.
M. Marx: Oui, mais en conclusion, M. le Président.
Pourquoi le député de Jonquière veut-il que le premier
ministre fasse de la discrimination contre moi? M. Paradis a deux
ministères. M. Ryan a deux ministères. M. Rémillard a deux
ministères. Pourquoi pas deux ministères à M. Marx? Je
pense que je ne suis pas le seul à avoir deux ministères au
gouvernement. Cela arrive de temps à autre à un ministre d'avoir
deux ministères pour un temps plus ou moins long. Je trouve que le
député de Jonquière fait fausse route en parlant de ce
dossier comme d'un dossier prioritaire.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Oui. Sur
les remarques préliminaires.
M. Dauphin: Sur une question de règlement, M. le
Président, si vous me permettez. Le député de
Jonquière, que nous connaissons tous ici autour de cette table, est un
homme charmant. Je ne le comprends pas de se fâcher. Il fait
référence à des écrits de 1982 mais si nous voulons
faire référence à des écrits de 1982, il nous dit:
Ne nous parlez pas du passé; parlez nous du présent ou de
l'avenir. Ensuite, il dit que le ministre couche avec lui-même en ayant
les deux ministères. Si on se fie au passé le moindrement, on se
souvient de l'ex-député d'Anjou, M. Pierre Marc Johnson, à
un moment donné, il couchait avec les Communautés culturelles,
avec la Justice... Il couchait avec les autres Canadiens parce qu'il
était responsable des Affaires intergouvernementales canadiennes.
Une voix: il ne faudrait pas partir de rumeur.
M. Dauphin: Non, mais c'est pour employer les expressions du
député de Jonquière. Je pense qu'on a eu l'occasion dans
le passé d'avoir des débats sereins avec le député
de Jonquière. Je n'aimerais pas qu'on commence à se pourfendre
avec des sentiments de colère. Je pense qu'on était bien parti au
cours de cette première séance de critique du Solliciteur
général. J'aimerais qu'on poursuive dans un climat serein. Cela
éviterait des questions de règlement, justement.
Le Président (M. Marcil): C'est bien, M. le
député de Marquette. Il faut quand même accepter le fait
que lorsque nous sommes en commission parlementaire sur l'étude des
crédits, tous les députés peuvent intervenir. À
l'étape des remarques préliminaires également, ils ont le
droit d'émettre leurs opinions.
Je vais maintenant appeler le premier programme. C'est le programme 1
qui s'intitule: Recherche des causes et des circonstances des
décès.
Recherche des causes et des circonstances des
décès
M. Dufour: C'est une loi d'un gouvernement qui n'avait rien fait,
bien sûr, mais elle n'avait pas été promulguée. On
pourrait peut-être rappeler à quelques reprises au cours des
discussions, que certaines choses ont été faites par l'ancien
gouvernement. Que voulez-vous? On n'aura pas le choix. Elle a été
promulguée et, selon les propres paroles du ministre, c'est une bonne
loi. Il devait procéder à une analyse et au bilan des
implications de la nouvelle loi. Est-ce qu'on l'a analysée? Si oui,
quelles sont les conclusions de cette analyse? (12 h 45)
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Marx: L'historique de cette loi est la suivante. J'ai fait des
conférences de presse au moins une fois par six mois pour convaincre mon
prédécesseur de déposer ce projet de loi. Il était
insulté à la fin. C'était invivable pour lui parce qu'il a
été attaqué deux fois par année pendant trois ans
avant qu'il dépose ce projet de loi. Il a déposé le projet
de loi. Cela a été adopté, mais n'a jamais
été mis en vigueur parce qu'il a fait une erreur. Savez-vous ce
qu'était l'erreur qu'il a faite? Autrefois, avec l'ancienne loi, le
budget était autour de 2 000 000 $ ou 3 000 000 $. Avec
la nouvelle loi qu'il a fait adopter, les coûts étaient de
6 000 000 $ parce que mon prédécesseur n'a jamais fait faire
d'étude d'impact. Il ne savait pas que cela allait augmenter de 2 000
000 $ à 6 000 000 $. C'est pourquoi il n'a jamais mis la nouvelle loi en
vigueur avant de la modifier pour en réduire les coûts à
environ 4 000 000 $, à l'époque. J'ai dit que c'était une
bonne loi et je maintiens que c'était une bonne loi. On a fait beaucoup
de progrès, beaucoup d'améliorations, c'était une grande
réforme, mais il l'a fait après qu'il ait été
poussé par l'Opposition pendant trois ans. Après, il a
raté la première adoption de la loi et il ne l'a jamais mise en
vigueur parce que cela a pris des modifications pour en réduire les
coûts. Donc, en gros, je pense que c'était une réforme
importante, mais avec les problèmes que j'ai soulignés.
M. Dufour: J'ai ma réponse à la question. Je suis
obligé de dire...
Le Président (M. Marcil): Cela va M. le
député de Jonquière. C'est dans le sens... Il est
certain...
M. Dufour: Je vais m'inscrire à ses cours. Il va donner
des cours et je vais y aller. Mais je voudrais bien qu'on procède.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Dufour: Je vais poser une question. Parlons du solliciteur de
l'an passé, je réfère aux galées de l'an
passé. C'était M. Latulippe: "...je m'engage à faire,
durant cette année, une analyse et un bilan des applications de la
nouvelle loi du coroner dans ces nouvelles juridictions particulières,
afin de voir s'il y a lieu ou pas de procéder à des modifications
à cette loi, mais au moins, faisons un bilan durant l'année de
l'application de cette nouvelle loi." Je vous pose la question, à savoir
si vous avez fait un bilan. Si vous me dites oui, qu'est-ce que c'est? C'est
entendu qu'un cours d'histoire est toujours intéressant excepté
qu'il nous reste deux heures d'étude.
M. Marx: On est encore en train de compléter
l'implantation de la nouvelle loi parce que cela a été mis en
vigueur au début de 1986. Cela a juste été mis en
vigueur... Par exemple, le coroner en chef adjoint et le coroner en chef ont
été nommés vers la fin de 1985. Peut-être que le
ministre... Vous comprenez, je ne blâme personne pour cela parce que
l'adoption de la loi et son implantation sont deux choses différentes.
Le coroner en chef et le coroner en chef adjoint ont été
nommés vers la fin de 1985 et l'implantation a commencé en 1986.
On a encore des choses à compléter, mais on va faire cette
évaluation dont le député de Jonquière a fait
état. On prend note de cela, M. le Président, pour...
Le Président (M. Marcil): M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Recherche des causes et des circontances des
décès. Le temps passe et comme le ministre est très
volubile, on prend du temps. On ne pourra pas voir beaucoup de programmes.
Recherche des causes et des circonstances des décès. Est-ce qu'on
a trouvé des formules pour réduire les délais?
Le Président (M. Marcil): M. le ministre.
M. Marx: Les délais. Est-ce qu'on a des délais?
M. Dufour: il y avait des délais dans les productions de
rapports. Et-ce que vous avez trouvé des formules et est-ce que vous
avez pris des décisions pour les raccourcir?
M. Marx: Oui parce qu'on n'a pas... Sur les délais, on n'a
pas vraiment de plaintes.
M. Dufour: C'était dans le rapport annuel à la page
15. Vous faites état de délais trop longs entre le
décès, l'avis du coroner et celui où le rapport du coroner
est disponible. "Ceci, note le rapport, risque de causer préjudice aux
personnes touchées par le décès."
M. Marx: On a nommé des coroners à temps partiel
et, aussi...
M. Dufour: Cela va bien?
M. Marx: ...on a procédé à l'informatisation
du bureau du coroner. Cela va nous permettre d'être plus efficaces.
M. Dufour: Est-ce qu'on pourrait savoir, M. le ministre, le
nombre exact de coroners à temps partiel? Est-ce que ce nombre a
augmenté?
M. Marx: Un instant, M. le Président. Je vais... C'est
88.
M. Dufour: Est-ce qu'il a augmenté par rapport
à...
M. Marx: J'en ai nommé une quinzaine dernièrement.
C'est possible qu'il en faille encore quelques-uns.
M. Dufour: Possible?
M. Marx: Ce sera nécessaire d'en nommer encore
quelques-uns.
M. Dufour: Mais en fin de compte est-ce qu'il va y avoir une
augmentation ou si cela va combler à peu près ce qu'il y avait
avant? Est-ce que les nominations de coroner...
M. Marx: Oui, il y a une augmentation d'environ 15 à
20.
Le Président (M. Marcil): Est-ce que cela va pour le
programme 1?
M. Dufour: Non, non...
Le Président (M. Marcil): Cela va...
M. Dufour: J'ai encore une autre question. Le ministre est
pressé mais...
Le Président (M. Marcil): Non, M. le député
de Jonquière, vous avez tout le temps voulu sauf que, pour les fins de
la commission...
M. Dufour: C'est toujours la même chose.
Le Président (M. Marcil): ...et des travaux, je veux
savoir si cela concerne le programme 1.
M. Dufour: Recherche des causes et des circonstances des
décès.
Le Président (M. Marcil): D'accord, allez-y!
Le suivi des recommandations des coroners
M. Dufour: Le suivi des recommandations. Il y a beaucoup de
recommandations qui sont émises par les coroners. Je voudrais savoir
par' rapport à cela, d'une façon générale si chez
vous ou à votre ministère il y a des suivis. C'est beau qu'il y
ait des recommandations concernant la sécurité dans les
dépanneurs, pour le ski, pour le "rafting" pour les pourvoyeurs etc.
C'est bon aussi de savoir si ce sont seulement des recommandations farfelues.
Est-ce acceptable que les coroners continuent à faire des
recommandations? Est-ce que vous avez l'intention de faire un suivi par rapport
à cela?
M. Marx: Les recommandations qui sont faites par un coroner ne
s'adressent pas nécessairement au Solliciteur général. Un
coroner peut faire une recommandation pour que les camions qui reculent aient
un système de signalisation. Cela a déjà été
fait par un coroner, autrefois. La mise en vigueur de la modification de cette
loi, n'est pas de la responsabilité du Solliciteur
général. Cela peut être celle du ministère des
Transports, cela peut être celle du ministère de
l'Éducation. Le coroner peut faire une recommandation dont la mise en
vigueur ne relève pas du Solliciteur général. Je pense que
vous comprenez cela. Par exemple, en ce qui concerne les autobus scolaires, le
coroner peut faire des recommandations mais il n'appartient pas au Solliciteur
général de donner suite à de telles recommandations. Le
Solliciteur général va envoyer un rapport au ministre
concerné et lui demander qu'on tienne compte des recommanda- tions. Nous
faisons un suivi, le cas échéant, mais on ne peut pas imposer
à un organisme ou à un ministère quelconque de suivre des
recommandations. Ces recommandations sont publiques aussi. Bien sûr, cela
met une certaine pression sur l'organisme ou le ministère en question.
Je pense qu'on n'a pas donné suite à beaucoup de recommandations
depuis une vingtaine d'années. On a donné suite, cependant,
à un certain nombre.
M. Dufour: Dans le fond, M. le ministre, moi, je dis que vous
êtes responsable de la nomination de ces gens. Ils ont des fonctions
à accomplir. Ils ont certainement un pouvoir de faire des
recommandations parce qu'ils le font, mais si c'est seulement pour le dire au
public, pour que vous soyez en paix qu'ils font des recommandations, il n'y a
plus rien qui fonctionne. Supposons qu'il y ait des recommandations concernant
un centre de ski et puis...
M. Marx: Je pense qu'on a donné suite à un certain
nombre de recommandations dans les centres de ski. C'est un dossier très
récent. Il appartenait à la Régie des sports de s'occuper
de ce dossier. Ce n'est pas le Solliciteur général qui va
réglementer ou légiférer en ce qui concerne les centres de
ski ou les skieurs.
M. Dufour: Vous dites qu'il y a eu des suites qui ont
été données pour le ski. Est-ce grâce à vos
interventions ou bien si c'est un ministère qui a pris le relais comme
cela?
M. Marx: il y avait des recommandations du coroner que nous avons
transmises aux personnes concernées qui y ont donné suite. Il ne
faut pas oublier que dans la Loi sur les coroners, on parle de recommandations.
Le coroner ne prend pas de décisions. Il fait des recommandations.
C'était voulu à l'époque que...
M. Dufour: Si, par exemple, il y avait des recommandations, qu'il
n'y avait aucune suite et puis, à la suite de cela, que des
problèmes ou des accidents se produisent, des accidents qui pourraient
être reliés à peu près aux mêmes causes,
est-ce que cela pourrait être apporté en preuve pour faire
augmenter la peine du délinquant? Comme la peine du délinquant
pourrait être matérielle...
M. Marx: Donnez-moi un exemple concret.
M. Dufour: Supposons, par exemple, que le coroner dise que, dans
une municipalité où il s'est produit un accident, c'est dû
à une signalisation déficiente. Bon, la municipalité, pour
une raison ou pour une autre, n'a pas pris action, pour une bonne raison,
j'imagine, ou sans raison du tout, elle ne l'a pas vu, elle n'a pas eu le
temps. Il arrive un accident; la personne va en cour, poursuit la
municipalité et dit: il y a
déjà eu un accident et le coroner a dit qu'il n'y avait
pas eu telle chose et vous n'y avez pas donné suite. Comment cela
pourrait-il être reçu par rapport à...?
M. Marx: En matière civile, j'imagine que le juge peut en
tenir compte. S'il s'agit d'une cause de responsabilité civile, le juge
peut tenir compte d'une telle recommandation en ce qui concerne, si vous
voulez, la négligence, civile ou la faute civile.
M. Dufour: Je peux, en tout cas vous dire que j'ai vécu un
cas dans le temps où j'étais maire. Il y a eu un accident - ah!
c'est un accident, cela c'est peut-être vers 1980, quelque part par
là - et puis le coroner a fait l'enquête. Il y avait eu une
mortalité: c'était un jeune qui était allé dans la
rue avec un petit camion qui faisait beaucoup de bruit et qui n'avait pas vu
l'automobiliste qui ne l'avait pae vu, non plus. Il n'y avait pas d'arbre, rien
qui cache la vue. L'automobile allait à la vitesse normale. Puis le
coroner va dire "public". Il y avait peut-être quelque chose encore
à faire, je ne sais pas quoi, là. C'était peut-être
de changer la pente du garage de la maison, je n'ai pas rien compris.
M. Marx: Qu'est-ce que le maire a fait à
l'époque.
M. Dufour: il n'y a avait rien à faire. Il n'y avait rien
à faire, mais ce que je veux dire, par rapport à cela...
M. Marx: il se présentait comme député.
M. Dufour: Non, non, ce que je veux dire... Il n'y avait pas de
problème avec ma population, ne vous en faites pas, je ne pense pas que
j'étais sur le bord de la porte quand j'étais maire - et en tout
cas, je pense que les gens ont reconnu cela - mais c'est pas mon cas que je
veux régler. Je veux juste vous dire ce qui se serait produit, s'il y
avait eu une autre cause semblable dans la même rue. Là, quelqu'un
aurait commencé... Vous savez comment font les avocats, vous connaissez
cela mieux que moi: ils triturent cela, puis regardent ce qui aurait dû
être fait... Je ne sais pas ce qui aurait pu arriver mais cela aurait pu,
sinon augmenter la peine de la municipalité, du moins causer des
problèmes différents.
Ce que je veux dire, c'est que les coroners qui font des recommandations
ne font pas toujours des recommandations réfléchies longuement.
Eux autres aussi ont des sentiments et eux aussi, des fois, n'ont pas le temps
de faire toutes les recherches. Et cela, quand cela va sur la place publique,
c'est vrai que cela met une pression. Mais la pression n'est peut-être
pas correcte non plus. C'est dans ce sens-là que je dis: si vos coroners
font des recommandations, il faut que ce soit des recommandations qui
proviennent... Vous en avez des recommandations; on peut en citer des exemples:
dire que dans un bar, il ne devrait pas y avoir de jeunes en bas de 21 ans -
c'est cela qui a été recommandé - qu'ils ne devraient pas
avoir de permis d'automobile... Et cela ne vous cause pas de problème?
Bien, moi je dis que cela cause des problèmes à tout le monde.
Quelle est l'idée par rapport à cela?
M. Marx: Les coroners font des recommandations et c'est aux
personnes responsables de ces dossiers de donner suite aux recommandations, le
cas échéant. Ce n'est pas... Je ne peux pas, en tant que
Solliciteur général, donner l'ordre à qui que ce soit de
suivre une recommandation quelconque. Mais on espère que les
recommandations soient étudiées sérieusement dans la
mesure du possible et, si nécessaire, qu'on y donne suite. C'est cela
notre système.
M. Dufour: Est-ce que les gens qui sont coroners suivent des
cours spéciaux, des directives spécifiques pour accomplir leur
travail?
M. Marx: Oui, oui. C'est sûr qu'il y a des directives. Il y
a des cours de formation, de préparation et il y a, bien sûr, des
gens qui ont beaucoup d'expérience comme des médecins ou des
avocats, des travailleurs sociaux et ainsi de suite.
Le Président (M. Marcil): Cela va pour le programme 1?
M. Dufour: Non, il y en a peut-être un autre:
l'encombrement de l'Institut médico-légal.
Le Président (M. Marcil): Oui, je vais terminer, parce
qu'il est déjà 13 heures. On va ajourner jusqu'à...
M. Dufour: C'est juste une petite question; on peut
répondre par oui ou non: est-ce qu'il y a des nouvelles ressources qui
ont été injectées à l'Institut
médico-légal, pour solutionner l'encombrement? C'est
évident que cela fait moins de bruit que...
M. Marx: Ce n'est pas dans ce programme.
Le Président (M. Marcil): On va le voir un peu plus tard.
C'est cela?
M. Dufour: Ce n'est pas dans ce programme-là?
Le Président (M. Marcil): Non, on va le voir dans un
programme ultérieur.
M. Marx: Le programme 4.
Le Président (M. Marcil): Cela va pour le programme 1?
Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Donc nous allons suspendre
jusqu'à la fin des affaires courantes.
On vous demanderait d'être à l'heure pour reprendre les
dix-neuf minutes du début. Vers 16 h 15, à peu près.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 16 h 26)
Le Président (M. Audet): La commission reprend ses travaux
pour l'étude des crédit du ministère du Solliciteur
général. Nous en étions rendus au programme 2.
Étant donné qu'il y avait entente pour terminer à 18
heures et qu'on est un peu en retard on doit prolonger un peu, jusqu'à
18 h 10 ou 18 h 15.
J'appelle le programme 2.
Contrôle des permis d'alcool
M. Dufour: Le programme 2 concernant la vente d'alcool aux
mineurs. M. le ministre, est-ce que vous avez des chiffres concernant le
retrait de permis pour cause de vente d'alcool aux mineurs?
M. Marx: M. le Président, je vais vérifier. C'est
dans quel programme? Le programme 4?
Le Président (M. Audet): Programme 2, M. le ministre.
M. Dufour: Vous étiez tellement prêt que vous avez
pris de l'avance.
M. Marx: Je prends avis de la question et je vais essayer de
fournir la réponse avant la fin de la session, cet
après-midi.
M. Dufour: On va poser les deux ou trois questions. Est-ce qu'il
y a eu augmentation ou diminution par rapport aux années
précédentes? En fait c'est une comparaison.
M. Marx: S'il y a eu augmentation de?
M. Dufour: Ou diminution de retraits de permis?
M. Marx: D'accord. Â cause des jeunes? M. Dufour:
C'est cela. M. Marx: Oui.
M. Dufour: D'accord. Cela va. Il y a deux autres questions. Je
pense que vous n'avez pas besoin du rapport. Est-ce que le ministre ne croit
pas qu'il y aurait lieu de prendre des mesures spéciales, étant
donné le nombre de décès de jeunes sur les routes qui sont
reliés à l'abus d'alcool? Il y a beaucoup d'accidents
d'automobile, il y a des jeunes qui sont impliqués. On sait que l'alcool
est une cause majeure de ces décès. Est-ce que vous ne pensez pas
qu'il pourrait y avoir des mesures spéciales pour mieux sensibiliser les
jeunes, les détenteurs de permis plutôt que d'augmenter
l'âge, comme il a été suggéré?
M. Marx: Vous parlez d'un contrôle plus serré sur
les routes?
M. Dufour: Pas nécessairement sur les routes, mais
peut-être sur la cause même. On sait ce qu'est la consommation
d'alcool chez les jeunes, il s'agit de regarder ce qui se passe les fins de
semaines; cela dure presque sept soirs. Beaucoup de jeunes sont dans les bars,
il y en a qui n'ont pas l'âge et il y en a qui, même s'ils ont
l'âge, vont faire des abus. Il y a peut-être une campagne de
sensibilisation qui pourrait être faite, soit par les
propriétaires de ces bars, soit par un contrôle plus
sévère de la police.
M. Marx: il faut qu'on fasse une distinction entre les gens qui
ne peuvent pas aller dans les bars parce qu'ils sont trop jeunes - là,
on enfreint la loi, donc il faut appliquer la loi - et ceux qui ont la
majorité, qui sont des adultes et qu'il faut traiter comme tous les
adultes. (16 h 30)
En ce qui concerne l'ivresse au volant, comme je l'ai dit dans mon
discours d'introduction, nous mettons une emphase spéciale sur ce
dossier et la Sûreté du Québec a augmenté ses
interpellations et le contrôle routier en général. Nous
avons introduit le programme Alcofrein. Alcofrein Plus ira encore plus loin
mais je ne peux pas l'annoncer aujourd'hui. Nous voulons resserrer encore plus
le contrôle sur les routes et nous espérons pouvoir annoncer dans
les mois à venir d'autres programmes en ce qui concerne la
sécurité routière. Mais la Sûreté du
Québec, par exemple, a fait des opérations spéciales dans
les régions pour resserrer le contrôle routier.
M. Dufour: Concernant les mineurs, le moyen de contrôle
c'est la carte d'identité?
M. Marx: La carte d'identité, c'est rejeté par
beaucoup de gouvernements parce qu'on a peur d'avoir une carte
d'identité et un ministre de l'Intérieur...
M. Dufour: On va en parler plus tard.
M. Marx: ...moi, je ne veux pas être ce ministre de toute
façon. Je ne parie même pas de la carte, mais je pense que...
Le Président (M. Audet): M. le ministre, si vous le
permettez, on va suspendre les travaux
quelques minutes. Les membres de la commission devaient se rendre ici
pour 16 h 30, mais étant donné qu'il en manque trop, si vous le
permettez, on va suspendre le temps d'aller téléphoner au bureau
du whip puis on reprend dans 2 minutes. D'accord?
M. Marx: Comme vous le voulez, M. le Président.
(Suspension de la séance à 16 h 32)
(Reprise à 16 h 33)
Le Président (M. Audet): la commission reprend ses
travaux. J'ai sauvé 30 secondes. J'avais parlé de deux minutes,
cela a pris une minute et demie. On reprend où l'on s'était
laissés, M. le ministre, vous aviez la parole.
M. Marx: Ah! J'avais terminé, M. le Président.
J'attends la prochaine question du député de
Jonquière.
M. Dufour: J'ai compris que la carte dont vous parliez,
c'était une carte qui pouvait intéresser pas seulement les
jeunes, mais tout le monde.
Ce dont on partait, c'est du contrôle des jeunes. La plupart ont
des cartes scolaires. Il y a certains éléments qui peuvent
identifier leur âge parce que quand ils vont dans un bar, ils sortent
quelque chose de leur poche. J'en vois, moi, sur la Grande-Allée ici, il
y a des jeunes qui attendent; ils ont tous la main dans la poche, donc ce n'est
pas nécessairement pour l'argent. C'est parce qu'ils veulent prouver
qu'ils ont l'âge.
Mme Bleau: M. le ministre, moi je pourrais vous dire,
d'expérience que les jeunes qui veulent aller dans les bars ont des
cartes avec des âges qui ne sont pas les leurs. Alors, cela ne donne pas
grand-chose, la carte. La date a été falsifiée ou ils ont
un tas d'autres trucs mais ils passent quand même dans les bars.
M. Marx: Bien j'imagine que les propriétaires des bars
doivent faire un certain contrôle et si quelqu'un a douze ans, même
s'il a une carte qui prouve qu'il en a dix-huit...
Mme Bleau: Bien oui, cela c'est...
M. Marx: ...s'il a l'air de douze ans - cela arrive, j'imagine,
de temps à autre - ce n'est pas parce qu'il a une carte
quelconque...
Mme Bleau: Cela n'est pas la faute du ministre.
M. Marx: Pardon?
Mme Bleau: Cela n'est pas votre faute. C'est pas la faute du
système.
M. Marx: Non, non.
Mme Bleau: Qu'on prenne n'importe quel moyen...
M. Marx: C'est cela.
Mme Bleau: ..un jeune rendu à 17 ans et à qui il
reste un an... Je pense qu'à douze ans on ne voit pas cela souvent. Mais
à 17 ans, si le jeune veut rentrer dans un bar, il trouve le moyen; il a
la carte d'un autre et puis, moi, en tout cas, je le sais, cela se fait. J'ai
eu cinq enfants moi, je sais que j'ai été obligée de
surveiller cela.
M. Marx: Ah! ah! ah! Je pense qu'il faut faire de la
prévention le plus possible...
Mme Bleau: C'est cela... M. Marx: ...dans les
écoles... Mme Bleau: ...le plus important.
M. Marx: ...pour que les jeunes ne boivent pas. Moi, je dis
à mes enfants, quand ils prennent ma voiture, d'être sûrs et
certains de ne pas boire, même si c'est juste une bière, et de
conduire, car la voiture est enregistrée à mon nom.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On peut changer de programme.
Le Président (M. Audet): Est-ce qu'on laisse le programme
2 en suspens? Est-ce qu'on le suspend...?
M. Dufour: Oui parce que...
Le Président (M. Audet): ...vous aviez des questions,
tantôt.
M. Dufour: ...il y a un certain nombre de questions...
M. Marx: Oui mais on vérifie les questions...
Une voix: Oui, oui. Une voix: D'accord.
Le Président (M. Audet): On reviendra au programme 2
à la fin.
J'appelle le programme 3.
Garde des détenus et réinsertion sociale
des délinquants
M. Dufour: Programme 3 qui concerne les surpopulations... Gardes
des détenus et réinsertion sociale.
Ce matin, j'ai fait allusion à beaucoup de prises de position du
ministre concernant les personnes incarcérées, le temps qu'ils
demeuraient dans les prisons, le pourcentage de surpopulation. En fait, il y a
un certain nombre de considérations que j'ai apportées ce matin;
je n'ai pas l'intention de reprendre toute cette problématique. Mais il
y a peut-être des questions précises que je veux poser en ce qui
concerne, par exemple: le nombre exact de places qu'il y a dans les prisons si
on enlève, si on fait abstraction des places à l'infirmerie et au
trou comme ils appellent cela communément?
M. Marx: Bien, on a 3199 lits, si vous voulez. Et si on
enlève - on peut en enlever quelques-uns pour l'infirmerie -
peut-être une cinquantaine ou soixante-quinze, si vous voulez, disons
qu'il y a 3125 places. Le trou, c'est une cellule. Avez-vous déjà
visité un trou? Un trou, c'est une cellule.
M. Dufour: J'ai visité des trous, mais peut-être pas
ce trou-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Marx: Je peux vous dire, M. le Président, que je sais
où le député veut en venir avec ses questions, parce que
j'ai déjà eu l'occasion de poser les mêmes questions dans
cette salle. Disons qu'on a 3125 cellules. Hier soir, à 23 h 59, il y
avait 2885 détenus. Donc, il y avait encore de la place pour
quelques-uns.
M. Dufour: Cela donne un taux d'occupation moyen de...
M. Marx: C'est rempli à 90 %. M. Dufour: ...90 %
à peu près. M. Marx: Oui, c'est cela.
Mme Bleau: il ne faudrait pas l'annoncer, M. le ministre. Il y a
peut-être des gens qui se cherchent un abri et qui pourraient faire des
mauvais coups.
M. Marx: Je veux que cela soit clair pour la commission, M. le
Président, je pense, j'ai toujours pensé et le sous-solliciteur
général est du même avis - je me souviens, il y a quelques
années, nous étions à un colloque ensemble, il a
parlé avant ou après moi et nous étions d'accord à
l'époque et nous le sommes aujourd'hui aussi - qu'on doit
incarcérer le moins de personnes, possible. C'est cela l'objectif. Dans
le même sens, l'objectif est de ne pas incarcérer pour des
infractions mineures et, surtout, de ne pas incarcérer les gens qui
n'ont pas payé leurs amendes. On a fait des progrès et le
député de Jonquière a bien dit que cela commençait
un peu avant mon entrée en fonction comme ministre. Je veux bien que
l'ancien Solliciteur général ait commencé à
travailler dans ce sens, on a fait des progrès mais je ne suis pas
satisfait, dans le sens où je veux qu'on fasse encore du progrès
dans ce dossier. J'ai déjà demandé aux fonctionnaires
d'envisager d'autres moyens pour encore réduire cette population dans
nos prisons.
M. Dufour: Vous me dites que c'est rempli à environ 90 %.
Par contre, il n'y a pas tellement longtemps, le taux était beaucoup
plus fort. Là, c!est 90 %. Est-ce que votre expertise porte seulement
sur hier à 23 h 59 ou si elle porte sur la semaine dernière,
celle d'avant...
M. Marx: Non. J'ai pris cela... Chaque fois qu'on me pose la
question, je prends la population de la veille à 23 h 59. Quand les
gardiens de prison ont parlé d'une surpopulation, j'ai pris le nombre
des détenus, parce qu'on a cela par l'informatique. Donc, ce n'est pas
trop difficile d'avoir ces statistiques. Mais, en donnant ces chiffres et en
disant que les prisons étaient remplies seulement à 90 %, je ne
dis pas, M. le Président, que je suis satisfait. Même dans le
comté du président de cette commission, le député
de Beauce-Nord, on a fermé une prison. On construit un palais, on fait
des rénovations et une addition, au palais, je pense, mais on a
fermé la prison. Je ne suis pas heureux qu'il y ait certains
détenus qui doivent aller de Beauce-Nord à Québec, mais on
est en train d'examiner des programmes possibles à instaurer à
Beauce-Nord, des programmes de rechange, pas une autre prison. La politique du
gouvernement est d'incarcérer le moins de gens possible, surtout pour
les infractions mineures.
M. Dufour: D'accord. Je prends avis que vous continuez les
démarches pour empêcher ou diminuer le nombre de détenus en
prison, mais dans le document "L'avenir de la justice au Québec" de
février 1985 - cela ne fait pas tellement longtemps - vous soumettiez
alors que l'emprisonnement devrait devenir une mesure extrême,
c'est-à-dire l'exception. Alors qu'on sait que 35 %...
M. Marx: C'est de qui, M. le Président? M. Dufour:
En février 1985.
M. Marx: Mais qui est l'auteur de ces lignes?
M. Dufour: C'est vous.
M. Marx: Ah! c'est moi. Bon.
M. Dufour: Le ministre de la Justice. Vous savez que je ne dois
citer que vous. Il n'y a que vous qui avez la compétence.
M. Marx: Non, c'est quand j'étais dans l'Opposition. Vous
citez le député de D'Arcy McGee.
M. Dufour: "Alors que l'on sait que 35 % des personnes admises le
sont pour des délits relatifs à la circulation..." De ce
côté-là, est-ce que vous pensez qu'on devrait apporter des
mesures? Est-ce que vous êtes satisfait de ce qui se passe actuellement?
Vous allez me dire non, et moi je vais vous dire: Si vous n'êtes pas
satisfait, qu'est-ce que vous allez faire?
M. Marx: M. le Président, premièrement il y a des
infractions dans le Code criminel dont on n'a pas le contrôle. Si le Code
criminel exige l'emprisonnement pour l'ivresse au volant, nous n'avons pas de
contrôle. On ne peut pas modifier le Code criminel. Si le gouvernement
fédéral décide, pour telle ou telle infraction, que vous
allez purger tant de mois en prison ou que la sentence est l'emprisonnement, et
que les juges condamnent les gens à l'emprisonnement, nous n'avons pas
beaucoup le choix. Où nous avons le choix, c'est en ce qui concerne les
lois pénales provinciales. M. le Président, nous avons
adopté un Code de procédure pénale où, pour une
infraction pénale provinciale, ce serait impossible d'être
incarcéré sans avoir un jugement par écrit d'un juge pour
dire pourquoi il ordonne l'emprisonnement de cette personne. C'est tout
à fait nouveau. Pour des infractions pénales provinciales,
espérons qu'à l'avenir il n'y aura pas plus d'une poignée
de gens en prison, à un moment donné, et ce ne sera pas pour des
infractions nécessairement. Pour des gens qui ne veulent pas payer
l'amende, qui n'ont pas de biens à saisir ou qui ne veulent pas faire
des travaux communautaires, il sera peut-être nécessaire de les
envoyer en prison, parce qu'il n'y aura pas d'autre sanction possible à
un moment donné. Mais cela prendra un jugement écrit d'un juge,
ce qui n'est pas le cas maintenant. (16 h 45)
Dans votre comté, M. le député de Jonquière,
je me souviens, c'était à Jonquière ou à
Chicoutimi, j'ai trouvé un jour quelqu'un qui a passé trois jours
en prison pour une amende impayée de 5 $, imposée en vertu d'un
règlement municipal. Donc, vous comprenez que cela coûte beaucoup
plus que 5 $ par jour au gouvernement d'incarcérer quelqu'un. Cela peut
aller jusqu'à 100 $ par jour. On me dit que cela coûte en moyenne
88 $ par jour, c'est-à-dire qu'en Gaspésie cela peut aller
jusqu'à 250 $; à Jonquière, cela peut être assez
élevé aussi surtout qu'on est en train de rénover la
prison régionale. Le député de Jonquière ne pas m'a
félicité encore pour les rénovations qu'on fait là.
Mais j'espère que lorsqu'on va arriver à la fin de ce dossier, il
va me féliciter de même que mon sous-solliciteur
général.
M. Dufour: Ce n'est pas à Jonquière. C'est à
Chicoutimi. Vous permettrez...
M. Marx: Ce n'est pas inusité. Autrefois, j'ai souvent
félicité le ministre quand il a fait un bon coup. Donc ne vous
gênez pas.
M. Dufour: Oui, mais ce matin il n'aurait pas été
fier de ce que vous avez dit. Ce matin aussi, vous avez dit que vous aviez
fermé la prison de Trois-Rivières et que, bien sûr, vous
étiez content de cela. C'était désuet. Cela faisait partie
du folklore. Je pense qu'on était d'accord là-dessus. Mais, par
contre, qu'est-ce que vous avez à répondre au rapport du
Protecteur du citoyen qui disait, à la page 31: "Ces fermetures se sont
faites de façon précipitée et sans qu'on se soit
préoccupé des inconvénients qui pouvaient en
résulter dans l'immédiat." Il allait un peu plus loin en disant
que cela a probablement nui à la réinsertion sociale de ces gens
qui étaient incarcérés à cause des changements et
des chocs que cela a produits.
M. Marx: Mais peut-être que le protecteur de
l'époque n'était pas au courant de toutes les réformes que
nous sommes en train de faire et que nous avons déjà faites. Le
protecteur actuel serait plus informé parce que c'est l'ancien
sous-ministre de la Justice. Il connaît bien ce dossier. Peut-être
faut-il attendre le rapport de l'an prochain pour voir quelles seront ses
remarques. Mais dans le même rapport, M. le Président, le
Protecteur du citoyen a fait l'éloge du ministère du Solliciteur
général pour les améliorations qu'on a faites en ce qui
concerne les conditions dans les prisons. Il a applaudi à la fermeture
de la prison de Trois-Rivières. Donc, je pense qu'il faut citer tout le
rapport et non pas seulement une partie.
M. Dufour: Je pense que le Solliciteur général ne
peut pas me reprocher de soulever des points qui sont négatifs par
rapport aux points positifs.
M. Marx: Vous pouvez me... Une voix: C'est normal.
M. Dufour: Pas besoin de l'Opposition pour dire...
M. Marx: C'est normal, mais le député...
M. Dufour: Même la députée de Groulx dit que
c'est comme cela.
M. Marx: M. le Président, le député de
Jonquière ne peut pas m'empêcher de souligner
les points forts.
M. Dufour: Bien non. Mais cela n'enlève rien à la
question ou aux propos du Protecteur du citoyen. Et même si M. Jacoby qui
est là connaît bien ses dossiers - j'espère que l'autre
avant les connaissait aussi - chacun dans son rôle... Personne ne va lui
dicter quoi écrire. J'espère qu'il a l'esprit suffisamment
critique pour soulever les points avec lesquels il n'est pas d'accord.
C'est évident que la fermeture de la prison de
Trois-Rivières a causé des problèmes. D'ailleurs, si vous
regardez votre rapport, il y a beaucoup de transport de prisonniers qui se font
entre Montréal et... Donc, je pense que l'assertion ou l'affirmation du
Protecteur du citoyen à savoir que ces fermetures se sont faites de
façon précipitée était claire. Et cela a
été vrai pour tout le monde. Cela ne veut pas dire que cela
n'aurait pas dû être fait avant. Mais au moment où cela
s'est fait, tout n'était pas nécessairement mis en place pour que
cela se fasse d'une façon normale.
M. Marx: On va prendre les prisons. On peut les prendre une par
une. Pour Trois-Rivières, tout le monde était d'accord,
même le Protecteur du citoyen...
M. Dufour: Nous aussi.
M. Marx:... et j'étais allé la visiter deux fois il
y a quelques années et cela a pris un changement de gouvernement pour la
fermer. C'est la même chose pour Sherbrooke.
Maintenant, prenons une prison comme la prison de Percé. Il y
avait une population moyenne de deux détenus par jour. Pensez-vous qu'on
va garder un établissement ouvert pour deux personnes? 400 $ par
détenu. On peut les loger au Hilton à Québec et cela va
coûter moins cher, surtout si on peut les passer sur le tarif des
députés. Mais...
Une voix: L'aéroplane.
M. Marx: Je pense qu'on a fait une économie importante et
que cela bénéficie aux détenus. Si on prend Mont-Laurier,
par exemple, il y avait moins de dix détenus dans
l'établissement. On ne peut pas avoir des prisons partout pour deux,
trois, quatre, cinq, six détenus, cela prend plus de gardiens que de
détenus. Je pense qu'on serait mieux d'utiliser l'argent pour les
programmes de réhabilitation comme, par exemple, dans le comté de
Beauce-Nord, dont nous sommes en train d'étudier le dossier.
M. Dufour: Je comprends que c'est une attitude comptable...
M. Marx: Ce n'est pas comptable; la réhabilitation, ce
n'est pas comptable.
M. Dufour: Non, je parle de l'attitude selon laquelle il faut
fermer parce que cela coûte cher, le fait de transférer.
M. Marx: Non, mais deux personnes à Percé, est-ce
que vous êtes d'accord?
M. Dufour: Je comprends. Regardons ce que disait le Protecteur du
citoyen par rapport à cela. Il disait: "Les plaintes soumises au
Protecteur du citoyen à la suite de transferts rendus nécessaires
à cause de la surpopulation de certains centres témoignent de la
frustration engendrée par une telle situation. " Je pense qu'on ne peut
pas nier...
M. Marx: Lisez cela lentement, parce que je n'ai pas...
M. Dufour: "La fermeture de plusieurs établissements de
détention rend impossible une politique que le ministère avait
établie depuis plusieurs années, c'est-à-dire garder les
personnes incarcérées dans leur région d'origine afin de
faciliter leur réinsertion sociale. " Je pense que...
M. Marx: Oui, mais la réinsertion sociale, on peut avoir
des gens dans des maisons de réhabilitation...
M. Dufour: "Cette façon d'agir avait créé
des attentes chez les détenus qui revendiquaient comme un droit le fait
d'être emprisonné dans leur région. Les plaintes soumises
au Protecteur du citoyen à la suite de transferts rendus
nécessaires à cause de la surpopulation de certains centres
témoignent de la frustration engendrée par une telle situation. "
Là, je peux continuer. Je veux dire qu'il y a deux façons de
regarder le problème. Il y a une façon que j'appelle comptable,
en disant: Cela coûte trop cher, il faut fermer. Je ne dis pas que c'est
une mauvaise attitude et que vous n'avez pas le droit de la regarder comme
cela, il y a aussi la fonction sociale.
On sait par expérience que les gens qui sortent de leur
région et vont dans les grands centres apprennent des choses. Les
prisonniers qui se côtoient et qui se parlent peuvent apprendre autre
chose que dans leur milieu. C'est évident que quand les deux ont
raconté leur histoire, ils font le tour du portrait, ils n'apprendront
pas grand truc. Les deux qui sont à Percé et qui s'en vont dans
un endroit où il y en a 75, ont des chances d'apprendre des choses parce
qu'ils ont des discussions entre eux. Je sais qu'il y a des gens qui sont
devenus criminels parce qu'ils sont allés dans des endroits où
ils n'auraient pas dû aller, parce qu'ils ont côtoyé en
prison des gens qui étaient beaucoup plus criminels que d'autres, plus
criminalises. Cela a amené des échanges et ces gens ne se sont
pas réinsérés socialement.
Il y a deux façons de le voir, une façon
très humaine et une façon comptable. C'est un choix qui a
été fait, c'est un choix que vous pouvez faire, vous en avez le
droit.
M. Marx: Les prisons qu'on a fermées, c'était une
mesure nécessaire, comme les bureaux d'enregistrement qu'on a
fusionnés. Le problème, c'est qu'il y avait la
nécessité de le faire, mais pas la volonté politique de le
faire. Arrive un nouveau gouvernement qui a la volonté politique de
poser un certain nombre d'actes. On a fermé dix bureaux
d'enregistrement, on a fermé un certain nombre de petites prisons
où il n'y avait pas ou peu de détenus, on a aboli un certain
nombre d'organismes, par exemple, au ministère de la Justice ou dans
d'autres ministères. Que voulez-vous? On a pris des mesures qui
s'imposaient depuis des années, mais l'ancien gouvernement a
peut-être trouvé difficile de le faire dans un deuxième
mandat, surtout à la fin d'un deuxième mandat. Peut-être
que ce serait plus difficile de le faire maintenant, mais nous l'avons fait au
début de notre mandat, et je pense que c'était pour le
mieux-être des Québécois. Personne ne souffre du fait qu'on
ait fermé la prison à Percé, où il y avait une
moyenne de deux détenus par jour; personne ne souffre, à Matane,
où il n'y avait presque pas de détenus.
M. Dufour: il y a, au moins, deux personnes qui souffrent.
M. Marx: Personne ne souffre qu'on ait fermé Rouyn, et
c'était vraiment un trou. Personne n'en souffre.
M. Dufour: Voyons! M. Marx: Pardon?
M. Dufour: il y en a au moins deux, s'ils étaient deux. Et
la personne qui gardait.
M. Marx: il n'y a pas de doute qu'ils souffrent.
M. Dufour: Les gardiens.
M. Marx: il y en a deux qui sifflent à
l'extérieur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Marx: Au lieu de souffrir à l'intérieur, ils
sont en train de siffler à l'extérieur.
M. Dufour: ...dans le même rapport, la logique aurait
voulu...
M. Marx: M. le Président, je pense que le
député de Jonquière doit approuver ce programme et passer
à l'autre. Il va faire plus de millage.
M. Dufour: "La logique aurait voulu qu'on attende les conclusions
- c'est toujours le Protecteur du citoyen - de cette étude et même
la mise en application de ses recommandations avant de fermer des centres de
détention." C'est évident que c'est un rapport. Le Protecteur du
citoyen, c'est une personne sérieuse. Dans la foulée de ce que
vous dites, et ce sont vos propos, le gouvernement précédent
n'avait pas de volonté politique. Cela veut dire que chaque fois qu'on
va constater un problème et que vous ne le réglez pas, c'est
parce qu'il n'y a pas de volonté politique. Donc, la restructuration des
forces policières dont on a parlé ce matin, vous ne voulez pas la
faire. C'est clair. Ce n'est pas une question de temps.
M., Marx: Non, on n'a jamais dit qu'on ne veut pas la
faire. On a dit qu'on ne fait pas cela ce mois-ci.
M. Dufour: M. le ministre.
M. Marx: Ce n'est pas exclu. J'espère que ce sera fait
durant ce mandat.
M. Dufour: On va regarder l'échange qu'on est en trairvde
faire ensemble.
M. Marx: D'accord.
M. Dufour: Je vous dis qu'à chaque fois vous l'avez dit,
vous avez affirmé qu'il .n'y avait pas de volonté politique ,de
faire ceci, qu'il n'y avait pas de volonté politique de faire cela. Mais
il y avait peut-être des priorités différentes et des
urgences qui s'imposaient.
M. Marx: Mais ils n'ont rien fait quand c'étaient des
urgences.
M. Dufour: Ne dites pas qu'il n'y avait pas de volonté
politique.
M. Marx: Mais ils n'ont rien fait pendant neuf ans. Ce n'est pas
votre faute; vous n'étiez pas ici.
M. Dufour: Non, et ce ne sera pas ma faute si vous ne faites pas
tout non plus.
M. Marx: Non, mais ce sera ma faute. M. Dufour: Et je suis
ici.
M. Marx: On a fait plus pour le système carcéral en
deux ans que l'ancien gouvernement n'a fait en neuf ans. C'est un fait. Je ne
peux pas dire autre chose parce que les statistiques sont là. Les faits
sont là. On a fermé cinq ou six prisons, plus, sept
prisons...
Une voix: Cinq.
M. Marx: Cinq prisons, et on est en train
d'en construire deux. Qu'est-ce que vous voulez? On a
développé des alternatives, et ainsi de suite. Il y avait une
volonté. Avec un ministre à temps plein, je pense qu'on voit la
différence.
Le Président (M. Audet): Est-ce que le programme 3 est
adopté?
Services correctionnels
M. Dufour: Non. Il y a les services correctionnels dont je
voudrais bien parler quelque peu.
Le Président (M. Audet): Allez-y, M. le
député.
M. Dufour: C'est vrai qu'on est vraiment à court de
temps.
Le Président (M. Audet): Vous avez la parole.
M. Dufour: Les prévenus qui sont en prison en attente de
leur procès. Il n'y en a que 40 % qui sont admis. Vous avez
déclaré, vous avez déjà dénoncé qu'il
y en avait trop, que la durée moyenne était trop longue.
C'était 16, 4 jours et c'est rendu à 17, 7. Êtes-vous
toujours d'accord avec votre proposition, à savoir que les
détenus étaient trop longtemps incarcérés dans
l'attente de leur procès? C'est plus long.
M. Marx: Oui. Je dirais qu'aujourd'hui, et cela a
déjà commencé en 1984, on a raccourci les délais
des procès, c'est-à-dire l'attente d'un procès. Je pense
qu'en matière criminelle et même en matière civile, il n'y
a vraiment pas de délai ces jours-ci. Il n'y a pas de délai. Cela
prend un certain délai pour avoir son procès, mais les gens
n'attendent pas durant des mois. On est vraiment à jour dans nos
dossiers en matière criminelle et même en matière civile.
À la Cour supérieure, par exemple, c'est presque le procès
sur rendez-vous. S'il y a un problème avec les délais, j'aimerais
que cela me soit signalé par le député.
M. Dufour: Selon les rapports que nous avons, pour l'avenir de la
justice toujours, vous disiez, a ce moment-là, qu'il y avait 40 % des
personnes qui étaient... En 1983, c'était 16, 4 jours. Depuis que
vous êtes le Solliciteur général ou depuis que votre
gouvernement est en place, au moment où on se parle, il y a plus de 50 %
de la population carcérale qui sont des prévenus. La durée
moyenne est de 17, 66 jours. Donc, le nombre a augmenté au lieu de
diminuer.
M. Marx: Je n'ai pas saisi. (17 heures)
M. Dufour: Le temps d'incarcération ou d'attente du
procès a augmenté plutôt que d'avoir diminué, selon
les statistiques que je cite.
M. Marx: Le nombre de prévenus... , M. Dufour: Le
temps... M. Marx:... a augmenté.
M. Dufour: C'est-à-dire le nombre de prévenus et le
nombre de jours où les gens sont maintenus dans les cellules en attente
de leur procès a augmenté d'une journée et de 10 %.
M. Marx: Oui. C'est à cause de l'augmentation du nombre de
prévenus. Si vous lisez, par exemple, les journaux de chaque jour, vous
allez voir qu'en matière de violence conjugale, les juges - les
procureurs aussi - sont très sévères. Quand le batteur est
un homme dangereux, au lieu de le laisser sortir et de le laisser retourner
à la maison pour battre sa femme ou la tuer, on exige qu'il soit
gardé en prison jusqu'à ' son procès. Cela a
augmenté le nombre de prévenus. C'est inévitable si on
veut protéger les femmes qui se font battre. On ne veut pas avoir...
Mme Bleau: Complètement d'accord.
M. Marx: La députée de Groulx est d'accord avec
cette politique et je suis sûr qu'il en est ainsi avec la
députée de Matane, même le député de
Chapleau.
M. Dufour: Oui. Mais vous nous dites que l'augmentation est due
à la violence conjugale, ce n'est pas cela qui augmente le nombre de
jours d'attente d'un procès. J'imagine que vous ne gardez pas quelqu'un
qui a fait un acte de violence conjugale 17 jours avant qu'il subisse son
procès?
M. Marx: Oui. Seulement dans les journaux d'aujourd'hui, j'ai lu
le cas où un juge a ordonné que quelqu'un soit gardé en
prison jusqu'au 25 avril...
M. Dufour: Ce n'est pas long, c'est dix jours.
M. Marx:... dans un cas d'agression sexuelle. Donc, le juge a
décidé qu'on va garder quelqu'un en prison dix ou quinze jours
pour un cas d'agression sexuelle. Il a décidé d'agir de cette
façon dans l'intérêt public. Je n'ai aucun commentaire
à faire sur cette décision judiciaire. Vous comprenez, ce sont
les juges qui ont cette responsabilité et je respecte, bien sûr,
les décisions des juges.
M. Dufour: Cela n'augmente pas les jours d'attente du
procès.
M. Marx: Bien oui.
M. Dufour: Ce que vous me dites là-Aujourd'hui, c'est le
13, et si c'est le 25, cela
fait 11 jours, donc cela ne fait pas 17 jours.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: En parlant d'agression sexuelle, je vois, dans votre
discours de ce matin, qu'il y a une baisse marquée de 36 %. Est-ce que
les femmes se plaignent moins souvent ou si les hommes sont moins
dangereux?
M. Marx: Non. Cela ne concerne pas la violence conjugale.
Mme Bleau: Une baisse marquée de 36 % des infractions
d'ordre sexuel.
M. Marx: À quelle page? Mme Bleau: A la page
16.
M. Marx: Cela concerne les abus sexuels de tous ordres...
Mme Bleau: Envers les enfants... M. Marx:... envers les
enfants... Mme Bleau: D'accord.
M. Marx:... ou les cas de viol ou d'inceste. D'accord.
M. Dufour: D'accord. On pourrait peut-être...
M. Marx: M. le Président, j'aimerais préciser que
la clientèle de prévention a augmenté de 11, 4 % depuis
1981-1982.
M. Dufour: D'accord. On pourrait peut-être -passer au
service correctionnel, les sentences de fin de semaine. Actuellement, il y a
une nouvelle politique - elle existe depuis quelques années -qui
concerne les travaux communautaires ou encore le fait de purger des peines les
fins de semaine. C'est déjà un amoindrissement par rapport
à ce qui se passait avant, c'est-à-dire que les juges se donnent
un certain nombre d'éléments, un certain nombre de choix à
l'endroit du prévenu afin d'empêcher de détériorer
le tissu social. Je pense que c'est appréciable. C'était voulu et
accepté par la population. Au moment où l'on se parle, c'est
accepté.
Ce qui est difficilement acceptable, par exemple, c'est quand des gens,
qui ont déjà des peines communautaires... Ils ont
été condamnés à purger leur sentence les fins de
semaine; malgré tout, ils peuvent, à cause du surpeuplement ou de
toutes sortes d'autres raisons, avoir à purger leur peine
différemment. Par exemple, je veux citer un cas précis. Le juge
sentence un prévenu à dix fins de semaine. Dans ces dix fins de
semaine, parce qu'il y a surpopulation, un comité de trois personnes,
comme vous m'avez répondu à l'Assemblée nationale,
décide que telle fin de semaine il y a trop de gens qu'on va le
libérer. Moi, je trouve que c'est presque mettre de côté le
système judiciaire. Le juge qui a prononcé cette sentence, il
était correct ou il ne l'était pas. Comment peut-on
décemment continuer une politique comme celle-là? Si cela est
arrivé à Chicoutimi, vous allez me dire: C'est un accident. Mais
un meurtre est toujours un accident. Peut-être que quelqu'un qui vole,
c'est un accident aussi. Mais cela ne devrait pas arriver. Il y a deux
personnes qui ont été tuées et une troisième a
été manquée, parce que les trois personnes ont
décidé que ce n'était pas tellement grave. Pourtant cet
individu-là avait déjà une peine moins grande. Vous allez
me dire: Cela aurait pu arriver sur semaine. Je suis obligé de vous
rappeler qu'en fin de semaine, normalement, il y a plus de consommation
d'alcool, plus de consommation de drogue, parce que ce sont des temps un peu
plus propice à ces choses-là.
M. Marx: Comme le député l'a dit, j'ai
déjà répondu à la question en Chambre et je ne vais
pas répéter ce que j'ai dit parce que ce serait une perte de
temps. J'ai eu l'opportunité de "luncher" l'autre jour avec l'ancien
premier ministre de la Colombie britanique, M. David Barrett qui m'a
parlé d'un programme institué en Colombie britanique au
début des années soixante-dix. Pour l'emprisonnement de fin de
semaine, ils ont exigé que les détenus paient pour leur
gîte et pour leur séjour en prison. Ils n'ont pas gardé ces
gens dans les établissements de détention, dans les prisons, ils
ont gardé ces gens dans certaines maisons et dans certains
édifices. Mais ce sont ces gens qui ont payé pour leur
incarcération. J'aimerais poser la question, M. le Président, au
député de Jonquière qui a beaucoup d'expérience
dans ce domaine, surtout dans sa région, s'il serait d'accord avec une
telle politique? Si je peux avoir l'appui de l'Opposition, ce sera toujours
plus facile d'instaurer une politique.
M. Dufour: À brûle-pourpoint, je n'ai pas de
réponse à donner. J'aimerais peut-être, par exemple, que
vous nous donniez par écrit ce qui se passe dans cette province, comment
cela se produit, sur quel principe. Je peux prendre avis de la question mais je
vous dis carrément...
M. Marx: Je trouve que depuis que le député est en
commission parlementaire avec moi, il commence à donner des
réponses comme les miennes, c'est-à-dire que c'est bien flou.
M. Dufour: Écoutez un peu. Je n'ai jamais prétendu
que j'étais expert. Je n'ai jamais mérité ni
demandé le poste de Solliciteur général. Je suis
porte-parole de l'Opposition et on va regarder ce qui se passe dans cela.
J'essaie de m'instruire. Je sais que vous avez été un profes-
seur de grande renommée. On vous a dit ce matin ce que sont la
parole et les actes. Je vais vous dire, par exemple, que le jour où on
occupe un poste d'habitude... Quand je l'ai été dans le
passé, j'ai fait ma "job". Je ne me suis pas appuyé sur le fait
que je ne pouvais pas le faire ou que je n'avais pas des raisons quand j'ai
pris mes responsabilités. C'est ce que vous devez faire. Comme membre de
l'Opposition, je n'ai pas eu l'occasion de dîner ou de déjeuner
avec la personne que vous venez de nommer. Je ne sais pas de quoi retourne
cette histoire. Je ne pensais pas qu'une prison était un hôtel.
Une prison, à mes yeux, est une place où on incarcère des
gens et où ils ne jouissent pas nécessairement de tous les
plaisirs de la vie.
M. Marx: L'emprisonnement est seulement le fait de priver
quelqu'un de sa liberté.
M. Dufour: C'est cela. Mme Bleau: N'importe
où...
M. Marx: Une fois que la personne est privée de sa
liberté, cela peut être... Même à l'Assemblée
nationale parfois, quand on fait des "filibusters".
M. Dufour: Cela a l'air qu'on manque d'air.
M. Marx: Mais priver quelqu'un de sa liberté, cela peut
être dans un camp de travail, dans le bois, cela peut être dans un
établissement de détention, cela peut être dans une...
Une voix: Un couvent, un hôpital....
M. Marx: Oui, cela peut être dans n'importe quel
édifice. J'ai trouvé cela intéressant peut-être de
faire en sorte qu'on rende responsable davantage les détenus, les
contrevenants, dirai-je.
M. Dufour: Vous nous écrirez cela et on pourra regarder,
on étudiera.
Le Président (M. Audet): Je rappelle aux membres de la
commission qu'il y a seulement un programme d'adopté et il reste
seulement une heure. On en a sept à adopter et je pense qu'il va falloir
peut-être accélérer un peu. Alors, est-ce que le programme
3 est adopté?
M. Dufour: Non. Je fais toujours appel au ministre à
propos des programmes ou des condamnations de fin de semaine; c'est
inacceptable qu'un groupe de trois personnes aille à l'encontre de la
recommandation du juge.
M. Marx: Pardon?
M. Dufour: Je pense et je dis que ce comité de trois
personnes va à l'encontre du jugement du juge qui incarcère des
personnes pour une fin de semaine en les libérant. On devrait trouver
des alternatives, ou des moyens pour que les sentences des magistrats soient
respectées.
M. Marx: il s'agit de la procédure des absences
temporaires. Cela existe dans la loi et cela a toujours existé, à
ma connaissance. Ce ne sont pas trois personnes qui se constituent en
comité et qui prennent des décisions, c'est une procédure
prévue dans la loi. Ce n'est pas en vue de réduire la sentence,
c'est une question d'absences temporaires.
M. Dufour: Mais il y a déjà une réduction
accordée par le juge. La sentence du juge à des fins de
semaine... Il me semble qu'il y a déjà une marge grande comme
cela entre incarcérer à temps plein et incarcérer les fins
de semaine. On aurait sauvé trois morts.
Le Président (M. Audet): On passe au programme 3, M. le
député de Jonquière?
M. Dufour: Oui. Je pense que le ministre va prendre des notes. Un
instant avant la fermeture du programme 3.
Le Président (M. Audet): Alors, le programme 3 est-il
adopté?
M. Dufour: Non, un instant.
Le Président (M. Audet): Un instant. M. le
député?
M. Marx: J'ai la réponse pour la question concernant la
Régie des permis d'alcool.
Le Président (M. Audet): M. le ministre, on va finir avec
le programme 3 et on reviendra avec le programme 2.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Jonquière a encore quelques commentaires sur le programme 3.
M. Dufour: Non, on va le laisser aller celui-là.
Le Président (M. Audet): Le programme 3 est adopté.
On revient au programme 2 pour un élément de réponse qui
manquait à une question. Le programme 2, M. le ministre, votre
réponse, s'il vous plaît!
M. Marx: Voulez-vous les statistiques en ce qui concerne les
mineurs, les jeunes dans les bars?
M. Dufour: Allez.
M. Marx: En 1986-1987, 29 établissements ont eu des
suspensions de permis pour 1432 jours de suspension; 3 établissements
ont vu leur permis révoqué; en 1987-1988, 19
établissements ont vu la suspension de leur permis pour 4139 jours de
suspension, donc une augmentation par rapport à l'année
précédente à cause de la drogue.
Il y a aussi trois établissements qui ont eu une
révocation de permis en 1987-1988. Ces établissements se trouvent
principalement à Montréal. Donc, tel que voulu par le
député de Jonquière, la politique a été
appliquée d'une façon assez stricte.
M. Dufour: Comme le nombre a été moins grand d'une
année à l'autre, est-ce que la diminution des effectifs aura des
incidences?
M. Marx: Parce qu'il y avait... Le nombre de jours a
augmenté, pas le nombre d'établissements. Les autres
établissements ont déjà compris qu'il faut ne faut pas le
faire une deuxième fois, sinon ils seront fermés...
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Groulx, vous avez une question?
Mme Bleau: Parlant de drogue, M. le ministre, pour nos jeunes qui
se font arrêter soit pour le commerce, soit pour la consommation
illégale de drogues, est-ce qu'il y a des programmes qui existent pour
la réinsertion de ces jeunes à votre ministère?
M. Marx: Oui. On a des programmes de réinsertion. Il y a
le Centre Le Portage.
Une voix: il s'occupe des 18 ans et plus. Mme Bleau: C'est
dans ma région.
M. Marx: Nous nous occupons des jeunes de 18 ans et plus. (17 h
15)
Mme Bleau: Oui.
M. Marx: Ce ne sont pas des mineurs.
Mme Bleau: Les autres ne sont pas votre... Ce sont des programmes
qui existent justement pour les désintoxiquer et les renvoyer
guéris, si on peut dire cela, dans la société.
M. Marx: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Audet): D'accord. D'autres commentaires
sur le programme 2? Est-ce que le programme 2 est adopté? J'appelle le
programme 4, sécurité publique.
Sécurité publique M. Dufour: Sécurité
publique, restructura- tion policière. Vous avez fait beaucoup de
déclarations par rapport à cela, mais je pense qu'il y a aussi
dans la population en général, même chez les policiers, des
pressions pour qu'il y ait une restructuration pour procéder à la
rénovation des structures policières. Il y a eu des études
de faites et j'aimerais savoir combien d'argent a été
dépensé dans ces études. Est-ce que vous êtes
toujours d'avis que c'est nécessaire de procéder et le plus
rapidement possible?
M. Marx: J'allais dire que sur la rénovation
policière, les gens ne se battent pas dans les autobus à
Chicoutimi ou à Jonquière, je ne pense pas. S'ils se battent, on
n'a pas eu de plainte pour des voies de fait.
M. Dufour: Les chefs de police en ont parlé' suffisamment.
C'est un domaine dont les municipalités ont parlé suffisamment
aussi.
M. Marx: Non, non, mais pas pour dire... Mais les
municipalités parlent d'un autre problème...
M. Dufour: Oui, mais cela va dans le paquet.
M. Marx:... qui est le problème des relations du travail.
Vous connaissez bien cela, M. le député, étant
donné...
M. Dufour: Oui.
M. Marx:... que vous étiez maire de Jonquière.
Mais, en ce qui concerne la rénovation des structures policières,
nous avons un problème vraiment pressant à Montréal avec
le comité des plaintes. Vous savez que j'ai rencontré tous les
représentants de la communauté noire et j'ai été
même forcé de tenir une conférence de presse après
parce qu'il y avait 60 journalistes dans mes bureaux à Montréal.
Je n'avais pas le choix. J'ai pris un certain nombre d'engagements et un des
engagements était de modifier le comité des plaintes à la
CUM pour en faire un comité formé d'une majorité de
civils. Donc, nous travaillons à ce dossier avec les autorités de
la CUM parce que cela prend un règlement; pas une loi, mais un
règlement en vertu de la Loi sur les communautés urbaines. Nous
travaillons avec les autorités de la CUM et avec d'autres personnes
intéressées par ce dossier. J'espère - je ne peux pas
m'engager parce qu'on ne sait jamais - mais j'espère pouvoir
déposer le règlement au Conseil des ministres avant la fin de la
session. Donc, dans les semaines à venir, on va changer
complètement la structure du comité des plaintes. C'est un
dossier pressant. Vous avez vu, M. le Président, que j'ai agi d'une
façon rapide et efficace dans ce dossier.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Quand Vous pariez d'un règlement que vous
devrez faire adopter à l'Assemblée nationale, est-ce que...
M. Marx: Un règlement au Conseil des ministres.
Mme Bleau: Ah! Au Conseil des ministres. Est-ce que la ville de
Montréal ou la communauté urbaine devra voter le même
règlement pour que cela entre en vigueur?
M. Marx: C'est un règlement que nous adoptons sur la
recommandation de la CUM, de la Communauté urbaine de Montréal.
J'ai déjà demandé à la Communauté urbaine de
Montréal de me faire la demande. Ils l'ont faite et nous sommes en train
de travailler sur la rédaction du règlement. Il y a beaucoup
dé points très techniques dans la rédaction d'un tel
règlement et j'ai eu un rapport préliminaire. Je suis tout
à fait d'accord avec les démarches que nous sommes en train de
faire. Je pense qu'il devrait être possible de déposer ce
règlement avant la ' fin de cette session. Donc, cela ' peut être
en vigueur d'ici une couple de mois.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je pense que le dossier de la police est beaucoup plus
important que ce que le ministre nous apporte en disant: Je vais travailler
parce qu'il y a des problèmes de racisme dans la police. La
communauté visible n'est pas représentée. Je comprends
qu'une décision est prise là-dessus ou qu'une étude est en
marche, mais, c'est beaucoup plus grave que cela. Il n'y a pas que
Montréal qui soit affectée peut-être par la question des
communautés visibles. Mais il y a dans le dossier de la police,
l'ensemble des corps policiers municipaux, des communautés urbaines et
la Sûreté du Québec. Le problème est plus global.
Quand on parie de la Commission de police, vous ne pouvez pas vous en sortir.
Vous l'avez dénoncé, la Commission de police coûte cher
à tout le monde, elle coûte au gouvernement. Elle donne des
recommandations et si la municipalité les suit, elle va en cour, elle se
fait planter bien raide. Cela coûte des petites fortunes.
Tout ce volet n'est pas touché pas plus que toute la question de
la police, en général. Il y a les relations syndicales, la
désyndicalisation des cadres. Il est évident que vous pouvez les
prendre tous l'un après l'autre. Vous ne pouvez pas limiter en disant:
il y a un problème urgent. Avoir un problème urgent
n'empêche pas de voir les autres problèmes et d'essayer de les
régler. Ce que vous faites-là, c'est de régler cas par
cas. Ne parions pas de réforme policière. Vous êtes en
période de fonctionnement normal. Un administrateur pose des gestes
chaque jour, c'est ce que vous faites. Vous n'avez pas une vision. globale.
Vous travaillez à un dossier particulier qui vous fatigue, vous
préoccupe, parce que quelque chose s'est produit.
Tout à l'heure vous avez soulevé un problème qui
était moins préoccupant. Il y avait deux morts. Là cela en
est un. Ils sont descendus dans la rue. Nous ne sommes pas descendus.
Peut-être qu'il y a d'autre chose qui se passe.
M. Marx: On ne peut pas dire que ce problème est du cas
par cas quand le problème à
Montréal couvre 40 % de la population du Québec.
M. Dufour: il n'y a pas que Montréal dans la province.
M. Marx: Non, mais la Communauté urbaine de
Montréal n'est pas une ville, ce n'est pas une seule ville comme la
ville de Jonquière, c'est 29 villes. C'est 40 % de la population
québécoise. Je ne veux pas dire qu'il n'y a pas d'autres
problèmes, et que je ne suis pas prêt à les traiter. Ce que
je veux dire, sur le dossier en général, sur l'avant projet qui a
été déposé à l'Assemblée nationale
l'an dernier, c'est que nous avons eu des mémoires en retard,
malheureusement. Ce n'est pas ma faute. Nous sommes en train de faire une
étude globale de tout le dossier. Je n'ai jamais dit que le dossier n'a
pas progressé. Cela n'a pas progressé aussi rapidement que je
voulais, mais qu'est-ce que ce que voulez? je ne suis pas le maître de
l'évolution pour tous mes dossiers. Il y a d'autres ministères
qui sont impliqués. Il faut consulter.
Je déposerai bientôt un projet de loi sur les victimes
d'actes criminels, il faut qu'un paquet de ministères soient
consultés. J'ai appris au gouvernement que, même quand j'ai la
vérité et la bonne idée, les autres ministres veulent les
vérifier et cela prend un peu plus de temps. Si j'étais seul,
comme vous avez proposé hier... C'est votre collègue qui a
proposé qu'il n'y ait que quatre ministres au gouvernement, le premier
ministre, le ministre des Finances, le président du Conseil du
trésor et moi pour le reste. Cela pourrait aller plus vite. Qu'est-ce
que vous voulez? Je dois composer avec d'autres ministres, les 22 autres de
trop.
M. Dufour: Est-ce que je devrais emprunter vos mots en disant
qu'il y a un manque de volonté politique de votre part?
M. Marx: il n'y a pas de manque de volonté politique, M.
le Président. J'ai beaucoup de volonté politique et beaucoup
d'énergie politique. Il y a que j'ai appris que cela prend un peu de
temps, parce qu'il faut que tout le monde soit consulté, que le dossier
soit mûr. Une fois que cela arrive au Conseil des ministres, il faut
qu'on ait attaché toutes les ficelles. Il m'en manque une couple, ici et
là, dans certains dossiers, donc cela pourra prendre quelques semaines
de plus. Je
pense que c'est mieux comme cela. J'ai déjà
souligné, aujourd'hui, que mon prédécesseur avait fait
adopter la Loi sur les coroners tellement rapidement qu'il s'était
trompé. La loi n'a pas été mise en vigueur avant
d'être modifiée, amendée et ainsi de suite. Il vaut mieux
prendre un peu plus de temps la première fois pour avoir un beau projet
et que tout le monde soit satisfait.
M. Dufour: Combien a coûté l'étude sur la
restructuration policière?
M. Marx: Au ministère, on fait des études dans tous
les domaines, sur toutes sortes de sujets. Je ne sais pas si je peux...
M. Dufour: Les coûts, les contrats...
M. Marx: Je pense que si on avait un rapport sur la
restructuration policière...
M. Dufour: Non, vous pourrez le déposer.
Ce n'est pas nécessaire d'avoir la réponse
immédiatement, vous pouvez vous engager à le faire parvenir
à la commission.
M. Marx: Non, je vais vous donner les chiffres. Pour 1987-1988,
on a dépensé 8000 $. On a dépensé quelques autres
milliers de dollars pour les services juridiques. Cela veut dire qu'il n'y a
pas de scandale ici; 8000 $, ce n'est pas une dépense inutile.
M. Dufour: Vous nous dites qu'en plus de la firme Prémar,
qui avait un contrat de 73 000 $, les chiffres que vous venez de nous donner -
20 324, 32 $ plus 8000 $ - ce sont les montants complets de tous les
contrats...
M. Marx: Vous parlez de 1986-1987; moi, je parlais de 1987-1988.
Je ne fais pas...
M. Dufour: C'est l'addition de tout cela.
M. Marx: J'ai déjà répondu à vos
questions concernant l'an dernier et cette année. Si vous voulez qu'on
réponde une autre fois... On a répondu à tout cela aux
engagements financiers. Si vous voulez que je sorte le Journal des
débats... je vais donner exactement les mêmes réponses.
Je peux les répéter, il n'y a pas de problème. Il reste
encore 40 minutes, on peut les passer en répétant ce qui est dans
le Journal des débats.
M. Dufour: il faut vous faire à l'idée la
façon qui nous intéresse. On va poser les questions qu'on veut
poser. Je pense que, comme ministre, vous êtes un peu à notre
merci, vous allez répondre aux questions que nous allons poser.
M. Marx: C'est un plaisir d'être à votre merci.
M. Dufour: Ce n'est pas à vous à décider sur
quoi on va vous poser des questions. Je vais vous dire une chose, vous
êtes chanceux qu'on n'ait pas trois heures de plus, parce qu'il y aurait
d'autres questions que je pourrais poser. Là, on fait du travail
superficiel.
M. Marx: Je suis prêt à faire du temps
supplémentaire le cas échéant, M. le Président.
M. Dufour: Pour un programme aussi important, je pense que ce
qu'on fait est très superficiel. Je ne suis pas satisfait du travail
qu'on fait actuellement. Trois heures, ce n'est pas suffisant.
M. Marx: Si le député n'est pas satisfait, qu'il
demande à son leader...
M. Dufour: Je sais quoi faire, mais je vous dis que trois heures,
ce n'est pas suffisant.
M. Marx:... pour que le gouvernement prenne tout le temps
alloué aux crédits pour le ministère du Solliciteur
général. Cela ferait plaisir à mes collègues au
Conseil des ministres, ils seraient très heureux, et moi aussi.
Le racisme chez les policiers
M. Dufour: Tout le monde serait heureux, cela va bien.
Le racisme chez les policiers, vous en avez parlé tout à
l'heure, est-ce que vous avez pris des actions concrètes? On sait qu'il
y en a eu. Ce matin, vous avez parlé de Montréal et vous disiez
avoir pris des mesures. À Montréal, on sait qu'il y a des
policiers de la communauté visible qui font partie du corps policier. Il
y en a quelques-uns. À la Sûreté du Québec, il
semble qu'il n'y en ait pas, au moment où on se parle. Je parle de la
communauté visible, je ne parle pas des immigrés, }e parle des
gens qu'on peut identifier, qui ne sont pas de race blanche. Est-ce que vous
avez pris des mesures là-dessus? Est-ce qu'il: y a des actions
concrètes? Quels sont vos préoccupations et vos objectifs?
M. Marx: J'ai déjà répondu un peu ce matin,
mais je peux être plus précis. La Sûreté du
Québec a déjà amorcé un programme avec la
Commission des droits de la personne. La volonté de la
Sûreté du Québec est la. Cela ne veut pas dire qu'on peut
avoir des recrues. Par exemple, quand il s'agit des nominations qui sont faites
sur recommandation soit du Solliciteur général, soit du ministre
de la Justice, vous verrez que dans mes organismes, à peu près 50
% des nominations sont des femmes et à peu près 20 % des
nominations sont des membres des communautés culturelles. Cela, c'est
plus facile parce
qu'on peut aller chercher des gens, on peut aller les chercher en
disant: On aimerait vous nommer à tel et tel organisme et les gens vont
accepter. J'ai même demandé à une communauté
culturelle, que je ne nommerai pas ici, de me fournir une liste de noms de gens
pouvant être nommés à un organisme. Et, j'ai passé
six noms avant de trouver quelqu'un pour accepter. Tous n'acceptent pas. Il y a
aussi, de temps en temps, des problèmes linguistiques parce que les gens
ne parlent pas français. C'est évident qu'on ne peut pas nommer
quelqu'un qui est immigrant, qui est membre d'une communauté culturelle
et qui ne parle pas français. Mais on a fait l'effort et on a
réussi, je pense. Le gouvernement a fait des nominations dont 15 %
étaient des gens des communautés culturelles et, je ne sais pas,
à peu près 50 % étaient des femmes. Donc on fait un
effort. (17 h 30)
Quant à la Sûreté du Québec, elle doit
chercher ses candidats dans le même bassin que la SPCUM va chercher ses
candidats, ses recrues. Ce n'est pas si facile que cela.
Le Président (M. Audet): Est-ce que vous avez d'autres
commentaires?
M. Dufour: Oui.
M. Marx: On a des civils aussi. Mais la Sûreté du
Québec est prête à faire des progrès dans ce
dossier. Je pense qu'en ce qui concerne ce dossier des programmes
d'accès à l'égalité pour les communautés
culturelles, l'effort doit être fait surtout, pas exclusivement, mais
surtout, dans la région métropolitaine parce que c'est là
que se trouvent les communautés culturelles. Il n'y a pas beaucoup de
Tamouls à Jonquière. Il y a quelques Vietnamiens parce que les
gens de la région ont donné un bon coup de main. Ils ont
été généreux en accueillant des "boat people" au
Lac-Saint-Jean. Mais c'est surtout dans la région montréalaise
qu'il faut faire l'effort. Vous comprenez que dans la région
montréalaise c'est plutôt des corps de police municipaux. La
Sûreté du Québec est prête à faire
l'effort...
M. Dufour: Le point que je veux...
M. Marx:... dans la mesure du possible.
M. Dufour:... souligner par rapport à cela, je peux le
donner peut-être à...
M. Marx: Je ne suis pas satisfait de ce dossier. Je vais vous
dire que je ne suis pas...
M. Dufour: Non, non, mais on peut donner comme exemple la police
autochtone dans les réserves. Je sais qu'à Pointe-Bleue, les
Monta-gnais ont leur police.
M. Marx: Oui.
M. Dufour: il y a eu des efforts de faits, il y a eu du
perfectionnement qui a été donné et ils en ont
formé.
M. Marx: D'accord, mais...
M. Dufour: C'est dans ce sens-là que je vous demandais:
Allez-vous accentuer... Allez-vous faire des recherches supplémentaires?
C'est clair que... C'est vous qui avez à rencontrer ces gens-là.
Ce sont eux qui se plaignent qu'ils sont sous-représentés
à des endroits.
M. Marx: M. le Président, je vous dirai que, dans ce
dossier des programmes d'accès à l'égalité, je ne
suis pas complètement satisfait. Il y a beaucoup de progrès
à faire. Mais le gouvernement est prêt à faire avancer ce
dossier. Nous avons adopté le règlement sur les programmes
d'accès à l'égalité. Nous avons
énoncé notre politique en ce qui concerne l'obligation
contractuelle, l'engagement des gens des communautés culturelles. Nous
avons adopté le règlement sur le poids et la taille des candidats
à l'embauche des corps de police et ainsi de suite. On a fait du
progrès mais il y a beaucoup de choses à faire encore et je peux
vous dire que c'est un dossier prioritaire pour moi. Vous savez, M. le
Président, que l'an dernier j'ai demandé à la Commission
des droits de la personne de me préparer une étude sur toute
cette question. Une étude que j'ai rendue publique. Il y a des choses
à faire et je suis prêt à faire le plus possible.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Marquette.
M. Dauphin: Merci, M. le Président. Sur le même
sujet, sans obtenir de réponse par pourcentage ou par chiffres, quant au
cours professionnel, en techniques policières au niveau
collégial, avez-vous une idée si au moins les
Québécois d'origine ethnique s'y inscrivent? Avez-vous une
idée approximative? C'est sûr qu'on n'en a pas à la
Sûreté du Québec, mais est-ce qu'il y a au moins des gens
-qui s'inscrivent à des cours au niveau collégial?
M. Marx: Au collège John Abbott, il y a des anglophones.
Il y a un certain nombre de membres des communautés culturelles dans les
cégeps francophones aussi. Le problème, c'est qu'il y a vraiment
une concurrence concernant l'embauche de ces jeunes. La Police provinciale de
l'Ontario veut recruter 400 policiers bilingues. Où va-t-elle chercher
les personnes bilingues? Elle vient les chercher au Québec. Il y a une
concurrence pour nos jeunes et, souvent, ils vont en Ontario. Cela arrive,
peut-être parce qu'ils ne sont pas acceptés par un des corps de
police québécois. Le problème, c'est qu'on n'a pas assez
de recrues, assez de candidats à engager. Le chef de police,
je dirais plutôt le directeur du SPCUM a déjà dit
cela à maintes reprises.
Une voix: ...libre-échange.
M. Dauphin: Comme vous disiez tantôt, M. le ministre - si
vous me permettez, M. le député de Jonquière - c'est
sûr qu'à plus de 90 % les membres des communautés
culturelles sont concentrés dans la région de Montréal.
Évidemment, la Sûreté du Québec a aussi juridiction
à Montréal, notamment sur les voies rapides. Le Tamoul qui se
fait arrêter sur la 20 à Dorval a affaire avec la
Sûreté du Québec. Je suis d'accord avec vous qu'on ne peut
pas tout régler demain matin, mais il y a des efforts soutenus à
faire à ce chapitre.
M. Marx: Quand j'ai rencontré les dirigeants, les leaders
des communautés noires - ou de la communauté noire, si vous
voulez; mais il y a vraiment des communautés - je me suis engagé
à subventionner un projet qui a pour but d'inciter les jeunes à
poser leur candidature auprès des corps de police. J'ai proposé
un tel projet. Je n'ai pas encore eu de réponse, mais j'ai
déjà donné des subventions à deux associations pour
faire certains travaux dans le domaine de l'administration de la justice. Je
suis prêt à aider ces communautés, à élaborer
et à mettre en vigueur des projets qui portent sur le recrutement des
candidats.
La violence et la brutalité
policière
M. Dufour: il faut parler de la violence, de la brutalité
policière, parce que le temps nous pousse tout le temps. On va examiner
un certain nombre d'éléments en même temps. On sait
qu'actuellement il y a, malheureusement, quelques cas de violence ou de
brutalité et cela fait problème un peu partout chez la
population. Cela ternit aussi l'image de la justice. Je pose la question:
Est-ce qu'il y a des programmes de formation à l'intention des policiers
pour leur montrer tous les problèmes que cela peut susciter chez la
population autant pour eux que pour leur image? Cela m'amène à
parler des cours de formation à l'école de Nicolet.
On forme beaucoup d'aspirants policiers ou de cadets policiers dans les
cégeps. Quand ils font leur entrée à l'école de
Nicolet, ils sont obligés d'attendre des années, un an, deux ans,
trois ans, avant d'être formés. Est-ce qu'on forme trop de cadets
policiers? Est-ce qu'on suscite trop d'espoir? Ne devrait-on pas contingenter
dans ce domaine, s'il le faut? Cela n'a pas de bon sens de dire aux jeunes
qu'il y a une carrière de policier ou de policière qui peut
s'ouvrir devant eux quand ils terminent leur cours de trois ans et demi au
cégep et qu'ils ne sont pas capables d'entrer à cette
école. Cela devrait amener à régler toute cette
problématique. Je sais que Mme la députée de Groulx a
soulevé ces problèmes. On a les mêmes lettres. Ce devait
être des lettres circulaires que tout le monde a reçues. C'est un
peu la question.
La brutalité policière, est-ce que vous avez les moyens
pour contrer cela et, par le fait même, d'empêcher les poursuites?
Il y a des poursuites qui se font contre les municipalités, il ne faut
pas se le cacher. Ce sont les citoyens qui paient pour les policiers.
Habituellement, il n'y a pas beaucoup de policiers qui sont condamnés
individuellement, c'est toujours solidairement. Donc, ce sont les citoyens qui
paient pour cela. Il y a pour 6 000 000 $ de poursuites contre la ville de
Montréal, actuellement.
M. Marx: Je suis très conscient de ce problème. Un
jeune décide, dans sa tête, qu'il veut être policier. Il va
suivre le cours de techniques policières. Il va bien réussir au
cégep et, ensuite, il va aller à Nicolet, toujours aux frais du
gouvernement. Après Nicolet, il veut se porter candidat auprès
d'un corps de police. Il va subir un examen médical; on va lui dire:
Vous, vous avez telle ou telle maladie ou vous ne pouvez pas être
policier pour telle et telle raison médicale. Qu'est-ce qui arrive? Il
arrive que vous ne pouvez pas l'être pour telle et telle raisons. Il ne
passe pas le test qui est exigé par le corps de police qui veut
l'engager. Vous comprenez que je me demande, comme le député de
Jonquière l'a bien dit, s'il faut former des jeunes à Nicolet
pour être policiers aux frais du gouvernement, quand ceux-ci n'entreront
pas dans ces corps de police? Il se pose un autre problème aussi parce
que ce sont des jeunes qui font leur cégep et Nicolet et, après
cela, ils n'ont pas d'emploi. C'est un problème; ils n'ont pas d'emploi
dans les corps de police et, bien souvent, ils se trouvent des emplois dans les
services de sécurité.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Groulx, vous avez une question.
Mme Bleau: Le problème n'est pas de rentrer à
Nicolet, M. le ministre, parce que ce problème, je le vis avec plusieurs
jeunes de mon comté. Cela peut prendre six mois, peut-être; les
cours se donnent par six mois. Ils n'attendent pas tellement longtemps. C'est
au cégep qu'il n'y a pas assez de places. Vous parlez des examens
médicaux qui ont lieu après la demande faite auprès des
corps de police... Vous savez qu'avant d'entrer au cégep, le jeune qui
veut faire sa technique policière a déjà des examens
médicaux à passer; ils ne sont peut-être pas suffisants,
mais déjà là, il a une bonne idée. Je connais des
jeunes qui ont été refusés au premier examen
médical; pour telle et telle raisons; il leur manquait des choses, ils
ne pouvaient pas entrer en techniques policières. Après la sortie
de Nicolet, un jeune qui a vraiment réussi - j'ai même remis un
diplôme et c'était la première fois qu'une femme remettait
un diplôme à un jeune cadet qui sortait de Nicolet - quand il
a
réussi, comme le jeune que je connais bien parce que je l'ai
élevé pendant plusieurs années, lui et les autres
finissent toujours par se trouver un emploi. En attendant, comme vous le
disiez, ils peuvent être à l'emploi des grands magasins et des
services de sécurité. Quand ils ont déjà pris un
peu d'expérience et qu'ils font des demandes un peu partout, à la
Sûreté du Québec et auprès des corps policiers
municipaux, ils finissent par recevoir... On manque de policiers. Mais
où c'est difficile d'entrer et le plus difficile, c'est au cégep.
Il n'y a pas de place dans les cégeps, il n'y en a pas assez. Il
faudrait, comme ministre de la Justice, M. Marx, que vous fassiez des demandes
au ministère de l'Éducation pour qu'il y ait un peu plus de
places en techniques policières dans les cégeps.
M. Marx: D'accord. On peut parler à notre collègue,
le ministre de l'Éducation. J'aimerais seulement souligner qu'à
peu près 50 %, peut-être 51 % ou 52 % des diplômés de
l'Institut de police de Nicolet, occupent un emploi de policier.
M. Dufour: Je vous ai dit qu'il y avait des gens qui avaient fini
leur cégep et qui ne pouvaient pas entrer; ils attendent quinze mois
pour entrer à l'Institut de police de Nicolet, même si madame
prétend le contraire. J'ai un écrit devant moi et c'est
signé par le département de techniques policières du
collège de Sherbrooke.
Mme Bleau: C'est pire que c'était. (17 h 45)
M. Dufour: il y en a des cours de techniques policières,
mais ce que j'ai vu cela ne fait pas longtemps. Ce que vous dites là
n'est pas vrai depuis bien longtemps. Voilà deux ans et trois ans, ils
n'engageaient ni à la Sûreté du Québec, ni dans les
municipalités. J'ai vécu le problème sur le terrain. Ce
n'est pas nécessairement ce que vous dites qui est vrai. Si on ouvre et
qu'on ne contingente pas - on en a des cours de techniques à
Jonquière et on peut tous les ouvrir - il n'y aura plus d'emplois
après. C'est vrai pour les médecins et c'est vrai dans n'importe
quel domaine. Ce n'est pas vrai que les jeunes ont accès à toutes
les classes, à tous les groupes et à tous les métiers. Ce
n'est pas nécessairement vrai, il y a des contingentements et, là
comme ailleurs, vous allez rencontrer des problèmes et un coup que les
cadres seront remplis, vous n'aurez plus d'espace.
M. Marx: M: le Président, j'aimerais relire un extrait de
mon discours d'ouverture de ce matin: "Enfin, le domaine de la formation
policière sera au coeur des préoccupations de mon
ministère au cours de la prochaine année. D'une part, le cours de
formation de base devra être remodelé pour tenir compte d'un
nouveau partage des tâches et responsabilités entre l'Institut de
police et les cégeps qui dispensent le programme de techniques
policières. Des réaménagements au fonctionnement et aux
ressources de l'institut seront également nécessaires, afin de
satisfaire à un accroissement prévisible du recrutement et afin
d'être en mesure d'accueillir dans un délai raisonnable les
étudiants pour qui l'obtention d'un diplôme d'études
collégiales requiert le stage à l'institut." Le projet que l'on
peut envisager et que nous sommes en train d'étudier, c'est que six
sessions au cégep égalent un DEC en techniques policières.
Le stage à l'institut sera réservé à ceux qui
seraient embauchés par les corps de police. Donc, cela peut être
un projet qui a une certaine envergure.
Mme Bleau: C'est très bien.
M. Dufour: il me semble que l'on ne pourra pas aller dans les
programmes en détail, sur chaque point et encore là, je
déplore cela.
M. Marx: On ne peut pas aller plus en détail dans ce
programme sans visiter Nicolet.
Fichiers de la Sûreté du
Québec
M. Dufour: Hier il y a eu une conférence de presse de la
présidente de la Commission d'accès à l'information qui a
déposé un répertoire qui s'appelle "Les publications du
Québec, Répertoire 1987, des fichiers des ministères et
organismes du gouvernement du Québec" et on se rend compte à
l'intérieur de ce document que la Sûreté du Québec
possède dix fichiers différents, plus certains autres fichiers
auxquels elles a accès.
M. Marx: C'est un autre programme. Le député...
M. Dufour: La Sûreté du Québec... J'ai dit
que j'allais les prendre globalement parce que je ne commencerai pas à
jouer d'un programme à l'autre.
M. Marx: Parfait, M. le Président, je suis tout à
fait d'accord. J'ai déjà suggéré cela
moi-même autrefois.
M. Dufour: Ces fichiers existent mais tous ne sont pas au courant
qu'ils existent. Il n'y a que les personnes concernées qui peuvent y
avoir accès. Assez souvent et c'est arrivé, il y a des cas de
soulevés par des gens qui ont demandé d'avoir accès
à leur dossier et ont rencontré des difficultés. Je
concède que c'est aberrant. Je ne sais pas si c'est le cas, mais, ce
matin, j'écoutais une émission de radio où quelqu'un
disait avoir été arrêté pour excès de vitesse
et l'agent de la Sûreté du Québec lui a dit: Mais vous avez
une cause de vol. Il a répondu: Je n'ai pas de cause de vol. Donc, ils
ont réglé le problème; il est allé au bureau
central à Québec et a demandé
son information. Il y a eu des hésitations par rapport à
cela et ils ont fini par sortir son dossier. Effectivement, il n'y avait pas de
cause de vol sauf que, dans le fichier, et il semblerait que c'est le
problème, le plaignant qui fait une plainte sur un vol est
considéré comme plaignant et aussi comme suspect. À ce
moment-là, cela commence à rendre les choses sérieuses.
Cela a été dit ce matin. En possédant ces fichiers, on ne
sait pas quelle en sera l'utilisation. On sait bien qu'il y a un danger par
rapport à cela. Tout le monde est fiché sur tous les bords et de
là à passer le cap pour dire que l'État est devenu un
état un peu policier sur les bords... Cela me cause des problèmes
quand je regarde ces fichiers: Service d'identité judiciaire, les crimes
organisés, renseignements de sécurité, rapport
d'événements d'enquêtes, fichier d'événements
criminels, fichier des informations non criminelles, fichier des informations
policières, personnes en probation, libération conditionnelle de
surveillance, fichier des enquêtes. Et si c'est vrai que quelqu'un qui
fait une plainte à la sûreté a un fichier
automatiquement... Il y a, à part cela, les fichiers qui concernent le
municipal, les incendies. Quant à l'accès à l'information,
la Sûreté du Québec demande de ne pas trop en donner.
M. Marx: J'ai donné une réponse globale à
cette question un peu globale, elle est dans les détails, à la
fin.
Il faut se souvenir, M. le Président, que l'article 71 de la Loi
sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection
des renseignements personnels établit qu'un organisme public doit verser
dans un fichier de renseignements personnels tout renseignement nominatif qui
est identifié ou se présente de façon à être
retrouvé par référence au nom d'une personne ou à
un signe ou symbole propre à celle-ci ou qui lui sert pour une
décision concernant une personne.
L'article 66 de cette loi oblige l'organisme public à
déclarer tout fichier à la Commission d'accès à
l'information en donnant certaines indications quant à l'information qui
est contenue et l'utilisation qui en est faite.
Par ailleurs, les articles 80 à 82 de cette loi permettent au
gouvernement d'autoriser, par décret, un organisme à
établir un fichier confidentiel, c'est-à-dire un fichier
"constitué principalement de renseignements nominatifs destinés
à être utilisés par une personne qui, en vertu de la loi,
est chargée de prévenir, détecter ou réprimer le
crime ou les infractions aux lois. " Ce décret doit donner certaines
indications , quant au genre de renseignements recueillis et l'utilisation des
fichiers.
En vertu de l'article 86, "un organisme public peut refuser de confirmer
à une personne l'existence, dans un fichier confidentiel, d'un
renseignement nominatif la concernant ou de lui en donner communication. "
À ce jour, les fichiers suivants de la Sûreté du
Québec ont été déclarés en conformité
avec les articles 70 et suivants de la loi: fichier des personnes sous
ordonnance; fichier des permis d'explosifs; fichier des armes à feu;
fichier des entreprises d'armes à feu et de munitions; fichier des
autorisations d'acquisition d'armes à feu; fichier du personnel de la
SQ; fichier des personnes détenues; fichier des employés et
visiteurs accrédités; fichier des agences de
sécurité et d'investigation; fichier des constables
spéciaux.
En ce qui concerne d'autres fichiers, M. le Président, la
Sûreté du Québec est en train de faire le travail et on va
déclarer conformes d'autres fichiers en temps et lieu. C'est une
question de temps, pas une question de mauvaise volonté. C'est une
question de temps. On est de bonne volonté. On va se conformer à
la loi, pas seulement à l'esprit de la loi mais à la lettre de la
loi.
Le Président (M. Audet): M. le député.
M. Dufour: Vous admettez qu'actuellement, on commence à
être fichés d'un certain nombre de façon. Quand on examine
ce qui se passe, on peut se poser définitivement un paquet de questions
concernant la vie privée des citoyens. On peut aussi se questionner a
propos des postes que la police a le droit d'occuper dans la
société quand on sait tous ces renseignements qu'ils peuvent
posséder, potentiellement, sur les individus.
Cela les place dans des positions privilégiées par rapport
à d'autres et, quant à moi, en tout cas, je ne sais pas
jusqu'à quel point on peut maintenir ou vous ne devriez pas
accélérer les choses pour que ces fichiers-là deviennent
le plus rapidement possible accessibles pour l'information des gens. La ville
de Montréal et la ville de Longueuil donnent déjà
accès aux citoyens et il semble que cela se passe très bien. Et,
moi, je suis informé que la ville de Laval et la ville de Québec
attendent ce qui va se passer à la Sûreté du Québec
avant de pouvoir prendre une décision concernant leurs fichiers.
M. Marx: Bien, M. le Président, on va essayer de classer
tout cela à la Sûreté du Québec d'ici à la
fin de la session, juste avant mes vacances; je vais donner la réponse
à mon retour.
M. Dufour: Bien, cela fait... M, Marx: Trois
questions.
M. Dufour:... pas mal de choses. Je n'ai pas l'intention de
faire...
M. Marx: Non, non, mais je pense que la question...
M. Dufour:... c'est toujours le temps.
M. Marx:... était bien posée, M. le
Président,...
M. Dufour: Oui.
M. Marx:... j'ai donné la réponse que je peux
donner en fonction de l'information que j'ai à ce moment-ci sur les
fichiers déjà déposés et pour d'autres fichiers. Le
ministère va s'occuper de ce dossier d'ici à quelques mois; on va
les déclarer et on va faire ce que là loi indique qu'il faut
faire. Il n'y a pas de problème là.
Le Président (M. Audet): D'accord. D'autres commentaires
sur le programme 4.
M. Dufour: Oui. Il y a un autre point toujours, un peu plus
général. Dans votre discours vous y faites allusion. Il y a
actuellement une fondation qui a été mise sur pied par la
Sûreté du Québec pour ramasser des fonds dans le public au
profit des personnes les plus démunies de la société, les
personnes âgées. Vous l'avez dit dans votre discours de ce matin.
Vous en avez parlé ce matin et d'une façon ou de l'autre, cela a
été écrit dans les journaux. Peut-être que ce n'est
pas vous qui l'avez écrit, mais, en tout cas, d'une façon ou de
l'autre, vous l'avez dit. Ce qui est dit, est dit. Je ne sais pas si c'est vous
qui l'aviez écrit, mais en tout cas, c'était dit et je l'ai vu
aussi. J'avais l'intention de poser des questions là-dessus.
Une fondation...
M. Marx: M. le Président, attention là. Je me
demande si le député de Jonquière a écrit son
discours de ce matin aussi.
M. Dufour: En tout cas, je me rappelle ce qu'il y avait dedans au
moins. C'est déjà beaucoup.
M. Marx: il a un recherchiste à côté de lui.
Ce matin, j'avais reconnu certaines phrases qui viennent plutôt de son
recherchiste qui a écrit d'autres discours pour d'autres ministres,
d'autres députés et d'autres critiques de l'Opposition.
Le Président (M. Audet): M. le député de
Jonquière, vous avez la parole.
M. Dufour: C'est assez vos "jokes". Je ne m'en cache pas. Je vous
dis je me rappelle ce qu'il y avait dedans. Donc, il y a une fondation.
M. Marx: Je vais vous dire pourquoi. Je me suis posé la
question, M. le Président, parce qu'il y a aussi une fondation qui a
été créée par la Sûreté du
Québec et qui concerne les maisons pour nos aînés.
M. Dufour: C'est de cela que je parle.
M. Marx: C'est cela. Ah, d'accord. La fondation...
M. Dufour: Les personnes âgées, les personnes
démunies.
M. Marx: Démunies, elles ne sont pas démunies,
elles sont âgées.
M. Dufour: Est-ce qu'avant que cette fondation soit lancée
vous avez été consulté?
M. Marx: Est-ce que j'ai été consulté? Je
n'ai pas...
M. Dufour: Est-ce que vous avez été
consulté?
M. Marx: Je n'étais pas Solliciteur général
à l'époque.
M. Dufour: Est-ce que vous avez donné un avis quelconque
sur cette fondation-là?
M. Marx: Les personnes consultées à l'époque
étaient les personnes en fonction: l'ancien sous-ministre de la Justice
et mon prédécesseur à la Justice, le député
de Chicoutimi.
M. Dufour: Si vous aviez été consulté, quel
aurait été votre avis par rapport à cela?
M. Marx: Si le député de Chicoutimi a donné
son accord, je pense que j'aurais probablement aussi donné le mien.
Connaissant la sagesse du député de Chicoutimi que nous avons
nommé récemment à Une commission, je pense que j'aurais
probablement fait la même chose.
M. Dufour: Moi, j'ai un certain nombre de restrictions. Je vais
vous dire ce que j'en pense. Il faut comprendre qu'une fondation, c'est pour
aller chercher des fonds. Mais une fondation demande aussi des fonds assez
importants. Cela veut dire que le policier peut, durant son travail ou en
dehors de ses heures, aller demander des sommes d'argent à des
individus. Ces gens seront pressurés. Je sais comment cela se passe dans
les fondations, il faut tordre les bras de temps en temps pour obtenir des
fonds. Souvent, ce sont des montants assez importants et cette collecte de
fonds va se faire comme toute collecte de fonds se fait. Cela ne se fait pas
juste sous le couvert d'une lettre... En tout cas, vous le savez, les partis
politiques en font et le vôtre devrait être
spécialisé là-dedans. Vous savez comment cela se passe;
quand on veut avoir des montants, il faut insister. Cela veut dire qu'en
mettant cette fondation sur pied, les sommes d'argent qui vont être
ramassées peuvent faire problèmes. S'il y a des gens auxquels on
demande des subventions ou des montants d'argent le donnent et qu'il n'y a rien
qui se
passe, tout le monde va dire qu'il n'y a rien qui se passe là.
Mais si ce sont des gens dans le commerce susceptibles tantôt d'avoir une
descente policière, par exemple, qui ont donné le montant
d'argent, ils pourraient ne pas en avoir et quelqu'un qui n'a pas donné
ou qui en a donné plus ou moins, pourrait avoir une descente. Elle va
dire - car la personne, vous ne pourrez pas l'empêcher de parler - "Moi,
j'ai eu une descente parce que la police, la Sûreté du
Québec, m'a demandé des montants pour la fondation et je n'ai pas
donné suffisamment. Là, ils viennent de me "puncher", ils
viennent de me faire mal à cause de cela. " Il peut n'y avoir aucun
agent interférant. Je fais juste donner l'image que cela va projeter du
corps policier, de la Sûreté du Québec. C'est pour cela que
je dis d'y aller avec prudence, qu'il faudrait peut-être regarder cela
différemment. (18 heures)
La personne qui n'aura pas donné du tout et qui va avoir une
descente va dire: C'est justement une mesure de représailles. Celle qui
donne à moitié va dire: C'est aussi une mesure de
représailles, je n'ai pas donné suffisamment. La personne qui
donne le plein montant va dire: Même si on leur en donne, ils nous
poignent quand même, il y a quelque chose qui ne tourne pas, on va leur
couper les fonds.
Voyez-vous la mécanique qui va s'exercer à travers cela?
Moi, je pense que dans cette question-là, même si le but est
louable, même si la police veut s'intégrer - et je pense qu'il
faut féliciter la police qui fait des efforts pour s'intégrer
dans la société - il y a peut-être des domaines qu'ils ne
doivent pas toucher. Ce n'est pas le fait de vendre des "pinottes" pour la
fibrose kystique mais, ici, on parle de montants d'argent car une fondation vit
normalement avec les intérêts. Il ne s'agit pas d'aller chercher
de l'argent à chaque année pour renouveler les fonds. C'est
méthodique, ce sont des montants d'argent importants qu'ils vont
chercher pour faire vivre cette fondation. Ne trouvez-vous pas qu'il y a une
espèce d'imprudence ou de danger de ce côté-là, que
c'est susceptible de ne pas atteindre les buts pour lesquels ils l'ont fait? Je
ne dis pas que les gens qui ont pensé cela étaient mal
intentionnés. Mais, dans la pratique, ce n'est peut-être pas ce
qui va arriver, ce n'est peut-être pas un rehaussement de la valeur du
policier qui va ressortir de cela. Cela va peut-être être autre
chose.
M. Marx: Premièrement, M. le Président, j'aimerais
insister sur un point très important. Les policiers ne sont pas
autorisés à solliciter des fonds. C'est clair, M. le
Président? Les policiers ne sont pas autorisés à
solliciter des fonds pour la fondation. On amasse l'argent nécessaire
lors des activités communautaires. Ce sont des bénévoles
qui organisent ces activités communautaires où il y a des
personnalités locales; il y a des lunchs, des brunchs ou des
dîners. Il n'y a pas de sollicitation, du porte à porte par des
policiers, et ainsi de suite. Donc, il faut mettre cela tout à fait de
côté. Il y a un comité de coordination. Il faut
féliciter la Sûreté du Québec pour cette initiative.
Personne ne s'occupe de ce dossier dans les régions. La
Sûreté du Québec va voir à la construction de
maisons pour nos aînés. Je pense que c'est un excellent projet. Il
n'y a pas de question de sollicitation de fonds, par exemple, des
propriétaires des hôtels. Ce n'est pas cela qu'on fait. En ce qui
concerne la fibrose kystique, il y a des campagnes, il y a des comités
de coordination, et ainsi de suite,. mais je peux vous dire que tout est fait
en conformité avec l'intégrité et les règles
d'éthique. Je n'ai jamais eu une... Il y a de la transparence dans ce
dossier.
M. Dufour: Mais l'information qu'on...
M. Marx: On n'est pas dans le sud des États-Unis où
des policiers sont allés chercher des fonds de propriétaires
d'hôtels et de bars et ont utilisé l'argent pour toutes sortes de
raisons.
M. Dufour: Bien, moi, M. le ministre, je demande seulement
à être rassuré. Ils ont parlé de fondation. On prend
cela comme cela. Les fondations, normalement - on en connaît plusieurs -
c'est rare que l'argent tombe du ciel. Il faut qu'il vienne de quelque part. Je
serais surpris que Jos Bleau, qui est dans la rue, dise: Le fonds de la
Sûreté du Québec, c'est important, nous autres, on va
aller...
M. Marx: On ne le fait pas.
M. Dufour: D'accord. On va suivre le déroulement de cela.
Moi, je prends votre parole.
M. Marx: Parfait. Vous irez au dîner ou au brunch dans
votre région.
Le Président (M. Audet): D'accord. Cela va pour le
programme 4. Y a-t-il d'autres commentaires?
M. Marx: il y a des lave-autos. Peut-être que je peux
inviter le député de Jonquière à nous aider dans
une campagne de lave-autos. Il peut peut-être encaisser l'argent, ou je
ne sais quoi.
Mme Bleau: M. le Président.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Groulx, s'il vous plaît.
Mme Bleau: Je pense que si on s'attachait à cela... Je
pense bien que le député va être de mon avis, vous comme
moi, avons des campagnes de financement dans nos comtés et si tous les
gens qui donnent 1 $, 10 $ ou 100 $ venaient dans notre bureau après -
et je pense que cela
nous arrive - entre autres la semaine dernière...
M. Dufour: J'ai l'impression qu'on n'a pas le droit
d'arrêter les gens...
Mme Bleau: Oui, mais vous n'êtes pas obligé non plus
de les aider...
M. Dufour: Madame...
Mme Bleau:... parce qu'ils ont fait quelque chose.
M. Dufour:... on pourra continuer la discussion après la
commission.
Mme Bleau: Oui.
M. Dufour: Je vous dis que ce n'est pas tout à fait le
même sujet...
Mme Bleau: Bien, c'est la même chose.
M. Dufour:... ma position par rapport à l'autre.
Mme Bleau: C'est la même chose. Divers
M. Dufour: C'est un peu différent. J'aurais aimé
qu'on parle de la violence chez les femmes, du harcèlement sexuel. Il y
a plusieurs programmes qu'on est obligé de mettre de côté.
On peut s'interroger aussi sur le renforcement de la Commission de police, sur
ce qui va se passer à cet égard. Il y a plusieurs programmes,
malheureusement - je reviens là-dessus - qu'on est obligé de
passer. Il y a les conditions de travail de la Sûreté du
Québec - je pense qu'on pourrait tous les prendre - l'embauche, la
question des "minounes" ou des automobiles qui sont les instruments de travail
de la Sûreté du Québec, les pourcentages... Je pense qu'il
va falloir en laisser tomber. On pourrait peut-être poser, avant de
terminer, une couple de questions concernant des voyages qui ont
été faits en France, à Paris. Est-ce que vous avez cela,
M. le ministre? Y a-t-il des voyages à l'étranger qui ont
été réalisés depuis le 1er avril 1987, programme 4,
élément 2.
M. Marx: L'élément 2, un instant, M. le
Président. Ce n'est pas moi...
M. Dufour: il n'y en a pas tellement que je vais toucher et ceux
dont je vais vous parler sont assez gros que vous devez les avoir gardé
en mémoire. Paris, France, voyage de M. Pierre Rémillard dans le
cadre d'un stage-échange de fonctionnaires avec la France d'une
durée de douze mois, 90 279 $. Est-ce qu'on pourrait avoir les
coordonnées de cette personne? Pour qui travaille-t-elle, etc. ?
M. Marx: C'est un stage-échange de fonctionnaires avec la
France d'une durée de douze mois. C'est un programme d'échange.
Le coût, c'est celui prévu par les règles du Conseil du
trésor. Donc, je n'ai aucun contrôle sur les coûts. Si
quelqu'un participe à un stage-échange à Paris, je n'ai
aucun contrôle sur les coûts. Il y a des règles; si vous
voulez, je vais vous les sortir.
M. Dufour: Ne m'en donnez pas plus que je vous en demande, M. le
ministre. Je veux seulement demander quel est le montant et quelles sont les
coordonnées de cette personne? Est-ce que son salaire est inclus
là-dedans ou si ce ne sont que ses frais de séjour?
M. Marx: Je prends avis de la question car je ne connais pas
cette personne.
M. Dufour: Je pense que vous avez bien compris la question, le CV
de la personne, pour qui elle travaille.
M. Marx: On va prendre avis de cette question.
M. Dufour: D'accord.
M. Marx: Je pense que c'est pour le Laboratoire de police. Oui,
c'est une mission scientifique, donc...
M. Dufour: Deux petites questions en même temps.
M. Marx: il y a d'autres fonctionnaires du gouvernement qui
participent à de tels stages-échanges.
M. Dufour: En juin 1987, participation à une mission en
Californie sur les activités policières, du 7 au 14 juin 1987,
Hélène Ménard. Qui est cette personne et qu'est-ce qu'elle
fait?
Une voix: Si elle est agréable.
M. Dufour: Non, pas si loin que cela.
M. Marx: Où était-ce?
M. Dufour: Juin 1987, Californie, programme 7,
élément 1, page 17.
M. Marx: Des personnes ont participé à une mission
de quelques jours en Californie sur les activités policières.
Elles ont produit un rapport. Il faut assister à un certain nombre de
congrès en Amérique du Nord et même à
l'étranger, parfois, quoique le ministre... Je n'ai pas eu le temps,
comprenez-vous, j'ai tellement de chapeaux, je n'ai pas eu le temps de voyager
comme Solliciteur général parce que j'étais en train
d'étudier...
M. Dufour: Les voyages forment la jeunesse, cela peut
déformer la vieillesse.
M. Marx: ...tous mes dossiers concernant la réforme
policière. C'est mieux pour moi de travailler mes dossiers que de
voyager. Cela prend un certain nombre de personnes qui vont suivre les travaux
de ces congrès en Amérique du Nord.
M. Dufour: En dehors de cela, qu'est-ce que fait cette dame
Ménard?
M. Marx: Hélène Ménard est attachée
politique et M. Côté est fonctionnaire.
M. Dufour: Est-ce que c'est la coutume que les attachés
politiques aillent à ces congrès?
M. Marx: Parfois. C'est une mission. Ils y vont parfois. Elle en
a fait une dans les 18 mois qu'elle était... Quand j'étais de
l'autre côté de la table, sur votre chaise, j'ai vu les
attachés de mon prédécesseur...
M. Dufour: Une fois de temps en temps?
M. Marx: ...et j'ai félicité le ministre de les
avoir envoyés en mission pour se perfectionner.
M. Dufour: Là vous en mettez trop.
M. Marx: Je pense que vous devriez trouver les moyens d'envoyer
votre recherchiste se perfectionner aussi.
M. Dufour: Je ne pense pas que vous ayez remplacé le
gouvernement précédent en lui donnant un coup d'encensoir ou en
dormant. Je ne suis pas sûr de cela.
M. Marx: Si vous ne pouvez pas trouver les moyens pour le faire,
je suis prêt à vous aider.
M. Dufour: M. le ministre, je vous invite à
répondre à mes questions, il ne reste pas beaucoup de temps.
Liane Dostie...
M. Marx: Oui.
M. Dufour: ...est-ce aussi une attachée politique?
M. Marx: Oui.
M. Dufour: Donc, c'est devenu une pratique courante qu'une
attachée politique remplace le ministre dans des...
M. Marx: M. le Président, vous voyez que mon nom ne figure
pas sur ces feuilles, parce que je voyage souvent par autobus. Parfois je
prends un taxi, mais j'essaie d'éviter cela le plus possible.
Le Président (M. Audet): Alors il nous reste le programme
4 à adopter. Est-ce que le programme 4 est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Audet): Le programme 5?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Audet): Le programme 6?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Audet): Le programme 7?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Audet): Est-ce que le crédits
budgétaires du ministère du Solliciteur général
pour l'année financière 1988-1989 sont adoptés?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Audet): Adopté. La commission a
rempli son mandat. J'ajourne les travaux de la commission sine die.
M. Dufour: Avant d'ajourner, il faudrait remercier le ministre et
les personnes qui l'accompagnent. Il avait raison d'amener peu de monde avec
lui parce que c'était difficile dans le peu de temps qui nous
était alloué de faire le tour de tous les dossiers. Je peux lui
promettre qu'au cours de l'année, on va surveiller ce qui s'est
passé ou ce qui va se passer dans son ministère à la suite
des quelques réponses qu'on a pu obtenir dans le peu de temps qu'on
avait à notre disposition. Je veux vous dire aussi qu'on sera critique,
on va continuer à être critique avec toute la bonne volonté
qu'on pourra y mettre. Les critiques cela peut se faire dans l'Opposition et
aussi au pouvoir.
J'invite le ministre à avoir ses deux chapeaux quand il les aura
avant de laisser son ministère et de bien se rappeler que dans
l'administration, on peut être critique dans l'Opposition, mais qu'il
faut aussi être critique au pouvoir.
M. Marx: J'étais plus optimiste quand j'étais dans
l'Opposition, mais je suis encore très optimiste. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Audet): Merci.
(Fin de la séance à 18 h 14)