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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Filion): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Cette séance de la commission des institutions est ouverte. Je
rappellerai notre mandat de ce matin qui est de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Relations internationales pour l'année financière 1988-1989. Je
demanderai à notre secrétaire, Me Giguère, d'annoncer les
remplacements, s'il y en a.
La Secrétaire: il n'y a aucun remplacement, M. le
Président.
Le Président (M. Filion): Je rappelle qu'une enveloppe de
trois heures a été prévue pour cette étude. Est-ce
qu'il y a eu entente entre les partis quant à la façon de
procéder, à savoir programme par programme?
M. Boulerice: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Filion): Cela va? Sans plus tarder,
j'inviterais le ministre, à qui je souhaite la plus cordiale des
bienvenues, ainsi qu'aux gens qui l'accompagnent... M. le député
de Saint-Jacques?
M. Boulerice: Je tiens à vous souligner que la commission
était convoquée pour 10 heures, nous avons commencé il y a
deux minutes et l'enveloppe prévue est de trois heures. L'Opposition
insiste pour que l'enveloppe soit très exactement de trois heures.
Normalement, les travaux de la commission devraient se terminer à 13 h
15.
Le Président (M. Filion): Effectivement, une enveloppe de
trois heures est prévue. Si nous n'obtenons pas le consentement des
membres de la commission et que nous terminons à 13 heures, il restera
quinze minutes que nous devrons fixer à une autre date. À ce
moment-là, à 13 heures, le président de cette
séance demandera le consentement pour que nous puissions poursuivre nos
travaux jusqu'à 13 h 15. C'est bien?
Sans plus tarder, j'invite le ministre à faire ses remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Gil
Rémillard
M. Rémillard: Merci, M. le Président. Je voudrais
tout d'abord vous présenter les gens qui m'accompagnent. J'ai à
ma gauche Mme Diane Wilhelmy, sous-ministre aux Relations internationales; M.
Denis Ricard, sous-ministre adjoint aux Relations internationales et, à
ma droite, M. Louis K. Samson, chef de cabinet.
M. le Président, l'étude annuelle des crédits est
toujours une occasion pour faire le point sur l'administration, sur les
politiques, sur l'évolution du ministère. C'est ce que j'ai fait
les années précédentes et c'est ce que je vais faire
très brièvement cette année.
Dans un premier temps, M. le Président, je voudrais faire un
rapide bilan de l'action entreprise depuis décembre 1985 et
dégager un certain nombre de perspectives pour l'action gouvernementale
en matière de relations internationales au cours de l'année
à venir. C'est une année qui sera marquée notamment par la
création d'un nouveau ministère, un ministère des Affaires
internationales.
M. le Président, un premier thème que j'aimerais aborder
est celui des grands axes de l'action entreprise depuis décembre 1985
comme ministère des Relations internationales. La conduite des relations
internationales du Québec, pour être efficace, doit se fonder sur
les priorités en fonction de l'ensemble de l'action gouvernementale. Il
est évident que cette action est mise en oeuvre à
l'étranger et doit tenir compte de l'environnement international qui
peut conditionner largement le choix des moyens auxquels nous pouvons avoir
recours. Cependant, notre politique internationale, comme toute politique
extérieure bien conçue d'ailleurs, ne peut être que
l'expression, en direction de l'extérieur, des grandes orientations que
le gouvernement du Québec se fixe pour l'ensemble de ses
activités. On ne sera donc pas surpris de constater, M. le
Président, après deux ans et demi, que les objectifs que nous
avons arrêtés pour nos relations internationales étaient
étroitement reliés aux préoccupations qui ont
encadré les initiatives de l'ensemble des ministères depuis deux
ans et demi, à savoir: l'assainissement des finances publiques, la
priorité accordée à une action qui favoriserait, par tous
les moyens, le développement économique, l'effort soutenu de
concertation avec les intervenants non gouvernementaux, premiers responsables
du développement de notre société aussi bien sur le plan
économique que culturel ou social.
Une large part de continuité par rapport à l'action de
tous les gouvernements qui nous ont précédés depuis 1960
caractérise ce que nous avons fait dans le domaine des relations
internationales depuis 1985. Il ne peut en être autrement dans un domaine
où les données fondamentales de nature géographique,
historique, culturelle et économique n'évoluent que très
lentement. Les aspirations des Québécois, l'environnement
international, le rôle de l'État par rapport à l'ensemble
de la société québécoise ont cependant connu des
mutations importantes depuis un quart de siècle et le gouvernement doit
refléter dans son action les réalités et les défis
que notre société doit relever aujourd'hui. Le travail
effectué au ministère des Relations internationales depuis
la fin de 1985 a été conçu essentiellement dans cet
esprit.
En ce qui regarde l'assainissement des finances publiques, la
gravité de la situation financière dans laquelle se retrouvait le
gouvernement du Québec à la fin de 1985 a conduit le gouvernement
à entreprendre un effort rigoureux de redressement. J'ai tenu à
ce que le ministère des Relations internationales, sans porter atteinte
à nos instruments les plus importants pour agir à
l'étranger, participe à cet effort et je crois que nous y sommes
pleinement parvenus. En effet, M. le Président, une partie substantielle
des énergies de la direction et des agents du MRI a été
consacrée au cours de 1986 à adapter les moyens du
ministère à une situation contraignante et à nous assurer
que les ressources que nous déployons soient utilisées de la
façon la plus profitable possible par des employés
recrutés localement à un coût beaucoup moins
élevé très souvent.
Nous avons aussi réalisé des économies tout
à fait substantielles et le ministère a atteint les objectifs de
rationalisation budgétaire qu'il recherchait. Nous ne nous sommes pas
arrêtés cependant simplement à une opération
conjoncturelle. Le ministère a maintenu le virage amorcé en 1986
afin de rationaliser la gestion du réseau par une meilleure
planification des dépenses, que ce soient les mouvements de personnel ou
la mise en oeuvre d'un régime d'emploi pour le personnel recruté
localement. Cette rationalisation a été rendue possible par un
effort constant de concertation avec les ministères partenaires. Il faut
souligner les liens étroits établis avec le Secrétaire du
Conseil du trésor qui ont permis la mise en place de mécanismes
pour ajuster les crédits du ministère à certaines
variables sur lesquelles nous n'avons pas prise, soit la fluctuation des taux
de change, les indices de postes, les législations dans les pays
où le Québec est présent, l'inflation et les augmentations
des loyers à l'étranger.
Les mécanismes de concertation mis en place avec les
ministères partenaires et le Conseil du trésor ont
également joué pour permettre les ajustements budgétaires
dans un réseau en développement. Ainsi, des développements
sont en cours dans le réseau, ajustés aux objectifs
gouvernementaux liés à l'immigration, à la
commercialisation des produits agro-alimentaires, à la prospection des
investissements, à la coopération industrielle, à la
recherche et au développement de nouveaux marchés et au
développement technologique. Ces ajustements se traduisent
concrètement par une augmentation de 2 000 000 $ en 1988-1989 par
rapport aux dépenses dans le réseau au cours de la
dernière année, portant ainsi à près de 29 000 000
$ les crédits de la représentation du Québec à
l'étranger.
Enfin, je ne me suis pas simplement limité à assainir la
gestion du réseau. L'ensemble des programmes du ministère a
été réexaminé dans le but de les rendre le plus
performants possible. Le processus de programmation du ministère a
été revu dans le but de nous assurer de l'efficacité de
nos programmes. De concert avec les autres ministères, les programmes de
subventions ont notamment été examinés pour s'assurer
qu'il n'y avait ni dédoublement ni gaspillage dans l'appui que nous
accordions aux intervenants non gouvernementaux. Nous avons aussi veillé
à ce que notre appui à des intervenants non gouvernementaux soit
ajusté régulièrement à nos possibilités
budgétaires. La gestion interne du ministère a été
resserrée et tous ses agents y participent dans cet esprit.
Les résultats probants sont là. L'effort n'a pas
été vain. Le budget consacré au réseau des
représentations qui était devenu un véritable gouffre pour
le ministère est désormais sous contrôle. Les ressources
affectées à d'autres programmes du ministère ont
été stabilisées ou affectées à des fins
nouvelles. En cela, nous participons d'ailleurs à une évolution
que l'on constate dans l'ensemble des ministères occidentaux
chargés des questions internationales où les
préoccupations en matière de planification et de gestion prennent
une importance grandissante.
Quant à notre action au service du développement du
Québec, la finalité de toute action extérieure est de
promouvoir le développement de la société au service de
laquelle elle est conçue. Sans développement économique,
il ne saurait y avoir de progrès culturel ou social, de protection de
l'environnement ou de justice sociale. Les deux aspects sont très
intimement reliés. C'est cette réalité qui oriente
l'ensemble de l'action du gouvernement depuis deux ans et demi avec le
succès que l'on sait. (10 h 30)
Notre économie fait preuve de dynamisme. Un très grand
nombre d'emplois ont été créés, dépassant
même les objectifs ambitieux que le gouvernement s'était
fixés en ce domaine. Nos entreprises, de leur côté, se
montrent de plus en plus inventives et dynamiques, aussi bien au Québec
qu'à l'étranger. Le choix du gouvernement en faveur de
l'entreprise privée, de l'initiative individuelle et du rôle de
l'État adapté aux réalités d'aujourd'hui n'est
certes pas étranger à cette heureuse évolution.
Nous savons cependant qu'aujourd'hui notre prospérité
dépend largement de notre capacité d'exporter des biens et des
services, d'attirer les investissements étrangers et de promouvoir
l'innovation technologique, notamment par le biais d'échanges avec des
partenaires étrangers. Le seul commerce extérieur avec les
États-Unis représente près de 15 % de notre produit
intérieur brut alors que le dynamisme renouvelé de nos
exportations vers l'Europe et le Japon favorise le développement de
nombreux secteurs d'activité.
La conquête de marchés extérieurs, les implantations
industrielles étrangères et les flux
technologiques ne peuvent se réaliser qu'avec le soutien d'une
diplomatie compétente. Il appartient en effet au gouvernement de
créer les conditions favorables à l'extérieur qui
permettront aux entreprises d'évoluer dans un environnement où
l'image du Québec est favorable, où les gouvernements
étrangers perçoivent l'intérêt de conduire des
affaires avec le Québec et où le cadre législatif et
fiscal favorise les activités des entreprises à
l'étranger.
Dans le cas des secteurs de pointe, les initiatives directes des
gouvernements peuvent souvent montrer la voie au secteur privé
grâce à des programmes de coopération économique et
technologique. Dans ce contexte, j'ai tenu à mettre l'accent au cours
des deux dernières années sur des orientations pour le
ministère des Relations internationales qui lui permettent de jouer
pleinement son rôle de gestionnaire de la diplomatie gouvernementale
à l'étranger et celui de diffuseur de l'image du Québec
moderne. Les programmes de coopération intergouvernementale, nos
programmes d'information ou de diffusion culturelle, nos programmes
d'échanges éducatifs ont été orientés en vue
de stimuler des échanges favorisant à moyen et à long
terme le développement économique du Québec. Nous pouvons
dire aujourd'hui, M. le Président, que le Québec dispose d'un
tissu de relations intergouvemementales internationales tout à fait
exceptionnel.
La qualité de l'appui que nous pouvons offrir aux très
nombreux intervenants non gouvernementaux actifs à l'extérieur
dépend largement de la qualité et de l'intensité de la
concertation qui encadre la formulation de nos politiques et de nos programmes.
Cette concertation est aussi indispensable au sein du gouvernement qu'entre le
gouvernement et le secteur privé.
Un aspect important de notre politique est la concertation que nous nous
devons d'établir avec les autres ministères. M. le
Président, en effet, la gamme des intérêts en cause dans la
conduite des relations internationales du gouvernement du Québec est
trè,s large. En tant que responsable, au sein du gouvernement, de la
cohésion de notre action à l'étranger, le ministère
des Relations internationales est chargé d'intégrer les
préoccupations de notre société dans des politiques qui
assurent la promotion de nos intérêts collectifs sur le plan
international.
Les premiers interlocuteurs du ministère des Relations
internationales, dans sa démarche en vue de s'assurer que son
activité est bien arrimée aux intérêts à
promouvoir, sont les autres ministères du gouvernement au premier rang
desquels figurent les ministères conduisant une action à
l'étranger. Ceux-ci, en effet, doivent intégrer à la
planification de l'ensemble de leur action une dimension internationale de plus
en plus marquée. Qu'il s'agisse des secteurs des affaires culturelles,
des communications, du travail, chacun cherche à trouver dans
l'environnement international les ressources dont il a besoin pour atteindre
ses objectifs et à infléchir les forces de cet environnement dans
un sens favorable à nos intérêts.
Cela est particulièrement manifeste dans le domaine
économique, mais c'est aussi le cas dans d'autres secteurs comme
l'immigration ou le tourisme où il n'est pas possible d'envisager une
action gouvernementale sans prolongement à l'extérieur.
L'efficacité de notre action extérieure suppose en tout premier
lieu une complète concertation de l'action gouvernementale. Aussi ai-je
attaché la plus grande importance depuis deux ans à renforcer la
concertation entre le ministère des Relations internationales et les
autres ministères particulièrement ceux qui ont une vocation
internationale marquée comme le ministère du Commerce
extérieur et du Développement technologique, le ministère
des Communautés culturelles et de l'Immigration, le ministère des
Affaires culturelles, le Tourisme et le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Cette volonté de concertation s'est notamment traduite par un
effort soutenu de planification en commun de la répartition des
ressources au sein de notre réseau de représentation qui
constitue notre plus important moyen d'action à l'extérieur. Mais
elle s'est aussi manifestée ici au Québec dans la conduite de nos
relations avec un grand nombre d'intéressés non gouvernementaux
comme ceux des secteurs culturels ou des municipalités.
Un exemple concret de la façon dont s'est traduite cette
préoccupation nous est fourni par la préparation et le
déroulement du Sommet de Québec ainsi que par la mise en oeuvre
des décisions qui y ont été prises. Responsable de
coordonner l'ensemble de la préparation des contenus du sommet, le
ministère des Relations internationales a animé de nombreux
groupes de travail réunissant un grand nombre de ministères. Il
s'agissait pour eux de formuler et de mettre en oeuvre les propositions
québécoises dans les divers réseaux de coopération
multilatérale créés à Paris en 1985 et
officiellement lancés à Québec.
Dans un dossier comme celui de la mise sur pied de TV-5, le
ministère des Relations internationales et le ministère des
Communications sont parvenus à atteindre l'objectif que le gouvernement
s'était donné, c'est-à-dire l'implantation de cette
chaîne dans les meilleurs délais au Québec, parce qu'ils
ont su se concerter étroitement pour travailler avec nos partenaires
étrangers. Dans le domaine de l'énergie, la mise sur pied d'un
Institut international de l'énergie qui aura son siège social
à Québec est le fruit d'une coopération étroite
entre le ministère des Relations internationales et le MER.
La concertation avec les intervenants non gouvernementaux est aussi une
priorité lorsqu'on veut développer une action internationale
concertée et efficace. De pair avec nos ministères partenaires,
nous nous sommes attachés depuis deux ans à traduire dans les
faits notre volonté
de considérer désormais les principaux
intéressés non gouvernementaux québécois actifs sur
la scène internationale comme des interlocuteurs majeurs. Leur action
à l'étranger doit recevoir notre appui dans le respect du
rôle de chacun. Par le biais de subventions, de prêts de personnel,
d'appuis multiformes à l'organisation de congrès et de colloques,
de prises en charge de missions à l'étranger, le
ministère, au cours des dernières années, a joué un
rôle significatif d'appui à l'action internationale d'intervenants
aussi diversifiés que les organismes de coopération
internationale regroupés au sein de l'Association
québécoise des organismes de coopération internationale,
les universités et les centres de recherche, les entrepreneurs et un
grand nombre d'institutions à vocations très variées.
À un autre niveau, nous avons tenu lors de la préparation
et du déroulement du Sommet de Québec à nous assurer que
le secteur privé était largement associé aux initiatives
que nous prenions dans les groupes de travail qui ont préparé nos
propositions, aussi bien dans le secteur des communications que dans celui des
industries de la langue ou de l'information scientifique et technologique. Des
représentants éminents du secteur privé ont
été étroitement associés à la
définition de nos positions. Actuellement, ils sont associés
à leur mise en oeuvre. Un exemple novateur de cette collaboration est
fourni par le consortium mixte, secteur public et secteur privé, qui
gère l'implantation et le fonctionnement de TV-5 au Québec et au
Canada.
Un aspect important de nos relations internationales, c'est aussi la
participation des villes du Québec sur le plan international. Il est
important de souligner l'implication de nos villes dans les relations
internationales. Ainsi, la politique favorisant l'implantation d'organisations
internationales non gouvernementales, que je devrais être en mesure de
rendre publique avec mes collègues d'ici peu, devrait doter nos
municipalités d'un outil de promotion et d'accueil de premier ordre pour
attirer chez nous des institutions et des organisations internationales non
gouvernementales susceptibles de favoriser le développement de notre
société dans plusieurs secteurs d'avenir, grâce à un
régime fiscal adapté et à un ensemble d'avantages tout
à fait concurrentiels dans le monde occidental. Le gouvernement du
Québec crée un cadre propice à la promotion des
municipalités à l'étranger.
Pour leur part, nos services économiques à
l'étranger sont constamment à l'écoute des initiatives de
promotion industrielle de nos régions et de nos villes
québécoises. Au-delà des initiatives dont je viens de
faire état et qui s'adressent à l'ensemble du monde municipal, le
ministère doit accorder une attention particulière à nos
trois principales régions urbaines, en l'occurrence les régions
de Montréal, de Québec et de Hull-Gatineau. Il ne saurait, en
effet, être question d'envisager le développement à moyen
et à long terme de ces ensembles sans y intégrer une dimension
internationale importante. Les grandes agglomérations occidentales
planifient leur évolution de plus en plus en fonction de l'environnement
international, vu l'interdépendance qui caractérise
désormais notre monde. Aussi conduisent-elles toute une action
internationale parfois fort importante.
Il ne saurait ainsi exister de capitale au plein sens du terme qui ne se
distingue par une très grande ouverture au monde et la présence
en ses murs d'institutions et d'activités à caractère
international significatives. Depuis deux ans, le ministère a
accordé l'importance que l'on sait à appuyer des efforts de notre
capitale, Québec, en vue d'acquérir un caractère
véritable de ville internationale. En invitant les chefs d'État
francophones à se rassembler à Québec, l'an dernier, nous
avons confirmé la vocation de notre capitale comme lieu d'accueil et de
rencontres internationales au sommet. La qualité de l'accueil que nous
offrons à Québec à des chefs d'État et de
gouvernement de passage chez nous renforce le statut de Québec comme
capitale sur le plan international.
Probablement que jamais dans toute son histoire, Québec n'a
reçu autant de chefs d'État et de gouvernement que pendant cette
dernière année, non seulement avec la visite des chefs
d'État et de gouvernement pour le Sommet de la francophonie, mais aussi
la visite de nombreux autres chefs d'État et de gouvernement parmi les
plus influents de cette planète.
Au-delà des activités de nature diplomatique, mais
grâce à elles, nous avons pu favoriser le développement de
plusieurs secteurs d'activité de la ville sur le plan international. Le
ministère a joué un rôle important dans la création
et la mise sur pied du Centre international d'arbitrage commercial, dotant
ainsi Québec d'un outil d'animation économique important sur le
plan international. Il y aura aussi la création prochaine de l'Institut
international de l'énergie, à Québec, mis sur pied
à la suite d'une décision du Sommet de Québec. Cet
institut, qui sera situé dans la capitale du Québec, pourra
établir des échanges internationaux dans un secteur
économique d'importance vitale pour notre avenir, soit
l'énergie.
L'appui que nous accordons aux initiatives internationales du
Musée du Québec, dont l'une des manifestations les plus
importantes et les plus marquantes de ces dernières années a
été l'exposition des tableaux impressionnistes du Musée de
l'Ermitage, est une autre dimension d'un effort visant à doter
Québec d'une réputation internationale sur le plan tant culturel
que politique. D'autres initiatives de ce type peuvent être
envisagées pour les prochaines années.
Le soutien financier considérable que nous accordons depuis
plusieurs années au Festival international d'été de
Québec est une autre manifestation de notre volonté de faire de
Québec une véritable ville internationale. Je crois que nous
sommes sur la bonne voie.
La très grande majorité de nos échanges
internationaux, aussi bien sur le plan économique que culturel et social
passent par la région montréalaise. L'action du ministère
doit refléter cette réalité, et de fait, M. le
Président, le ministère des Relations internationales accorde une
attention tout à fait particulière au développement de
cette région sur le plan international. Il est manifeste, en premier
lieu, que la politique d'accueil des organisations internationales non
gouvernementales que nous nous apprêtons à formuler devrait
favoriser particulièrement la région de Montréal. Cette
politique répond d'ailleurs à un voeu largement exprimé
par tous les intervenants importants de la région. Nous accordons aussi
une attention particulière aux conditions d'accueil des missions
diplomatiques et consulaires et des organisations internationales
implantées à Montréal. La présence de ces
représentations étrangères a un impact considérable
sur Montréal qu'il convient de conserver et faire fructifier. Les
services du ministère travaillent actuellement à préciser
nos intentions à moyen et à long terme à cet égard.
(10 h 45)
La très grande majorité des subventions à des
entités non gouvernementales pour favoriser leur action internationale
sont versées à des institutions, organisations et associations de
la région métropolitaine. Notre réseau de
représentation à l'étranger, comme je le faisais remarquer
l'an dernier, continue de jouer un rôle important lorsque les
intervenants de la région montréalaise se déplacent
à l'étranger, qu'ils soient du secteur public ou du secteur
privé. Par le biais de son bureau à Montréal, le
ministère des Relations internationales participe activement à
diverses initiatives du milieu en vue de doter la ville et la région
d'institutions utiles à la métropole dans son rôle de ville
internationale. Je pense ici, par exemple, à la mise sur pied
éventuelle d'un centre international dans le coeur de
Montréal.
Je tiens enfin à souligner l'appui que nous accordons aux
autorités de la ville de Hull et de la région de l'Outaouais en
vue de profiter de leur proximité de la capitale fédérale
pour conférer au développement de la région une dimension
internationale. Le ministère a participé activement à la
Conférence socio-économique sur l'avenir de l'Outaouais qui s'est
tenu en 1986. Nous sommes intervenus en faveur des propositions visant à
doter la ville de Hull de conditions d'accueil favorisant l'implantation de
représentations diplomatiques et d'institutions internationales. Nous
appuyons, par ailleurs, l'effort de coopération intervenu entre la
région de l'Outaouais et la région de Franche-Comté qui
commence déjà à produire des résultats
intéressants dans le domaine économique.
J'ai insisté, M. le Président, assez largement sur les
relations que nous entretenons avec le monde municipal au Québec en
concertation étroite avec le ministère des Affaires municipa-
les. Il me semble en effet qu'il s'agit là d'un excellent exemple de
l'esprit qui prévaut désormais au Québec dans la conduite
des rapports entre le gouvernement et des entités non gouvernementales
intéressées au plan international.
La dernière année a été très
féconde pour la francophonie. L'étude des crédits, l'an
dernier, m'avait fourni l'occasion de décrire de manière
détaillée les dispositions que nous avions prises pour
préparer et gérer la tenue du sommet à Québec en
septembre 1987. Je ne reviendrai donc pas sur les détails dont j'avais
alors fait état, si ce n'est pour constater que l'ensemble des
dispositions relativement complexes que nous avions prises depuis la tenue du
Sommet de Paris en vue de faire du Sommet de Québec une réussite,
ont pleinement donné satisfaction.
Notre objectif était d'organiser un sommet sobre, productif et
accueillant et ce, au moindre coût possible. Le sommet devait fournir
l'occasion au Québec de consolider définitivement son rôle
en tant que participant de plein droit à l'ensemble des activités
et institutions de la francophonie avec tous les avantages et
responsabilités que cela implique. Enfin, le sommet devait permettre
d'établir les fondements d'un véritable espace francophone.
Pour faire face, avec une personnalité spécifique,
à des problèmes dont l'ampleur dépasse chaque partie du
tout, nous avons atteint chacun des trois objectifs que nous nous étions
fixés. De plus, l'action que nous avons entreprise depuis la tenue du
Sommet de Québec a permis de confirmer le rôle du Québec au
sein de la francophonie et le développement d'un espace francophone
auquel chacun des participants est attache.
Sur le plan organisationnel, ce fut donc une réussite à
peu près totale. Réussite à laquelle ont concouru de
très nombreux agents du Secrétariat conjoint
Québec-Canada-Nouveau-Brunswick et du ministère des Relations
internationales auquel il convient de rendre hommage.
Le Québec a joué, tout au long du déroulement des
débats au sommet, le rôle qu'il s'était fixé en tant
que gouvernement hôte et participant responsable et dynamique aux
institutions francophones. Le rôle du premier ministre du Québec
et la qualité des interventions de la délégation
québécoise ont été largement soulignés par
les intervenants.
Le sommet a constitué aussi un événement marquant
pour le développement des institutions francophones et de la
coopération multilatérale entre peuples...
Le Président (M. Filion): Oui, un instant, M. le ministre.
M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Bon! j'avoue que je suis toujours respectueux de la
lecture d'un testament, mais là je pense que cela fait au-delà
d'une demi-heure que M. le ministre des Relations internationales, justement,
en fait l'exécu-
tion. Je souhaiterais qu'il abrège et qu'on remplace cette
pléthore de mots dans un désert d'idées par un
questionnement que l'Opposition aimerait lui adresser.
M. Rémillard: M. le Président, je voudrais
simplement rassurer le député de Saint-Jacques que je me porte
très bien. Il n'est pas question de testament. Au contraire, il est
question ici de présenter un bilan de ce que nous avons fait depuis
maintenant deux ans et demi...
M. Boulerice: ...testamentaire.
M. Rémillard: ...et montrer où nous allons dans
l'expansion de ces relations internationales du Québec. Alors, je
termine de toute façon, M. le Président. Il me restait...
Le Président (M. Filion): Avec votre permission, M. le
ministre. Sur la même question, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, j'entends que le ministre
termine. Je demande tout simplement au député de Saint-Jacques de
permettre au ministre deux ou trois minutes pour qu'il puisse terminer. Je
pense qu'on s'entend bien là-dessus.
M. Boulerice: M. l'adjoint parlementaire, oui.
M. Doyon: Merci de votre compréhension, M. le
député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Filion): Vous avez la parole, M. le
ministre.
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Je m'en
voudrais donc, en terminant ce bref bilan du Sommet de Québec, de ne pas
faire état de l'importance des événements
périphériques qui ont entouré la rencontre des chefs
d'État et de gouvernement et qui ont été un très
grand succès, des événements d'ordre culturel et aussi
d'ordre social et économique, entre autres, le Forum des affaires
francophones qui regroupait plus de 117 participants venant de 23 pays, qui
permettait aussi à plus de 55 entreprises québécoises de
faire valoir leurs intérêts et qui a permis de dégager un
potentiel de vente de produits québécois de l'ordre de 240 000
000 $.
M. le Président, il y a maintenant un nouveau défi qui
s'annonce pour nous. C'est celui de la création d'un ministère
des Affaires internationales. On se souviendra que, à la suite d'une
décision prise par l'ancien gouvernement, on a scindé la vocation
du ministère des Relations internationales pour créer le
ministère du Commerce extérieur. À ce moment-là,
l'Opposition avait souligné à quel point il s'agissait là
d'une erreur. On se souvient que c'était une bataille entre ministres,
et le résultat a été la création d'un
ministère du Commerce extérieur différent du
ministère des Relations internationales. Quand j'ai été
nommé ministre des Relations internationales, le premier ministre, M.
Bourassa, m'a demandé de faire le point sur cette situation sachant
très bien à quel point il était difficile d'avoir une
action concertée sur le plan international avec un organisme
administratif exécutif divisé de telle façon, en plus,
bien sûr, de tous les autres ministères qui ont aussi des
interventions sur la scène internationale. En étroite
collaboration avec mon collègue, le ministre du Commerce
extérieur, M. Pierre MacDonald, et nos fonctionnaires, nous avons donc
examiné de près la situation et, après plus de deux ans de
cette expérience, nous en sommes arrivés à la même
conclusion. Il est tout à fait impossible d'avoir une action
concertée, il est impossible de planifier une politique internationale
du Québec efficace avec la structure que nous connaissons
présentement. C'est donc dire, M. le Président, comme il
était annoncé dans le discours d'ouverture, qu'il y aura la
création d'un nouveau ministère, le ministère des Affaires
internationales.
Le Président (M. Filion): M. le ministre, si je peux me
permettre, il y a une espèce de tradition selon laquelle les remarques
préliminaires sont d'environ 20 minutes. Cela fait environ 40
minutes...
M. Rémillard: J'ai terminé.
Le Président (M. Filion): Je vous inviterais tout
simplement à conclure parce qu'il s'agit là tout simplement d'une
espèce de tradition, mais nous sommes quand même rendus à
environ 40 minutes; tout en vous rappelant cependant que vous aurez l'occasion
d'échanger des propos avec les membres de cette commission après
l'exposé préliminaire du porte-parole de l'Opposition
officielle.
M. Rémillard: Très bien, M. le Président.
C'est une tradition que je veux bien respecter.
Je terminerai donc en disant que la création de ce nouveau
ministère est la conclusion à laquelle nous en sommes
arrivés après plus de deux ans et demi à la tête du
ministère des Relations internationales, et la même chose pour mon
collègue, le ministre du Commerce extérieur. Nous croyons qu'il
s'agit là du moyen que nous devons prendre pour réparer une
erreur qui a été commise dans le passé.
Nous allons déposer un projet de loi d'ici à la fin de
l'été. L'Opposition pourra donc prendre connaissance des
différents éléments de composition de ce nouveau
ministère. Nous travaillons présentement à l'organisation
et aux différentes structures qu'aura ce nouveau ministère et
nous travaillons donc à un projet de loi qui, je peux vous le dire, M.
le Président, sera déposé avant l'ajournement pour les
vacances d'été. Voilà, M. le Président. Je termine
là-dessus.
Le Président (M. Filion): Merci, M. le ministre.
Sans plus tarder, je donnerai la parole à M. le
député de Saint-Jacques, porte-parole de l'Opposition en
matière de relations internationales.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, M. le Président, effectivement, j'ai
fait quelques remarques sur la durée de l'allocution du ministre, mais
je comprends bien la nature testamentaire des propos qu'il nous tenait. Je
pense que, tout compte fait, il était juste et raisonnable que
l'Opposition permette au futur ancien ministre des Relations internationales de
faire une sortie élégante et, j'ose l'espérer pour son
crédit, remarquée.
J'aimerais, M. le Président, profiter des quelques minutes qui me
sont accordées - je dis bien quelques minutes - à l'ouverture de
cette commission parlementaire afin de commenter, dans un premier temps, les
orientations gouvernementales quant au rôle du Québec sur la
scène internationale. J'aborderai, après, la question plus
particulière des paramètres budgétaires qui guident
l'action du ministère des Relations; internationales.
Depuis maintenant plus de 25 ans, le Québec cherche à
affirmer sa présence sur le plan international, dans toutes les
sphères d'activités. Sur le plan politique d'abord, beaucoup de
chemin a été parcouru depuis la signature des premières
ententes internationales au début des années soixante, en passant
par l'obtention du statut de gouvernement participant à l'Agence de
coopération culturelle et technique jusqu'à la participation aux
conférences des chefs de pays et de gouvernements ayant en commun
l'usage du français, c'est-à-dire les sommets de la francophonie
pour lesquels l'ancien premier ministre du Québec s'est battu avec
beaucoup de succès, ce qui a permis à d'autres d'en recueillir
les fruits. Mais nous ne sommes pas mesquins!
Les relations que nous avons d'abord développées avec la
France se sont étendues à de nombreux autres pays occidentaux
aussi bien que du Tiers-Monde, à l'intérieur comme à
l'extérieur de la communauté francophone. Dans la même
foulée, les échanges culturels ont pris une ampleur croissante de
même que se sont développés des liens commerciaux par le
biais d'une présence accrue sur les marchés étrangers des
entreprises québécoises, des biens comme des services. (11
heures)
On va penser tout de suite à notre expertise dans le domaine du
génie-conseil, pour ne donner qu'un seul exemple. En somme, une action
internationale qui a su se déployer sous de multiples facettes vers de
nouveaux horizons, mais qui, pour ce faire, a dû franchir un parcours
difficile, semé d'embûches nombreuses de la part d'un gouvernement
fédéral canadien qui n'a jamais vraiment accepté que le
Québec conquière une reconnaissance à l'extérieur
de ses frontières.
Dans un monde d'interdépendance croissante où se
multiplient à un rythme exponentiel les échanges de toutes
sortes, l'ouverture et le rayonnement du Québec sur la scène
internationale doivent se poursuivre dans toutes les directions, notamment par
le prolongement de notre réseau de délégations ou de
représentations à l'étranger, par l'approfondissement de
nos relations avec les gouvernements, par le déploiement
d'activités de coopération, par la circulation de nos produits
culturels, par l'amélioration de la performance des entreprises
québécoises dans les circuits économiques mondiaux.
Nous avons cependant de bonnes raisons de croire que le gouvernement
actuel ne partage pas cette conception du rôle international au
Québec et les perspectives d'avenir. Les indices sont en effet trop
nombreux, M. le Président, pour ne pas croire à un changement de
cap dans les relations internationales du Québec. Il faut d'abord
rappeler la déclaration-choc du président du Conseil du
trésor disant que, et je le cite: "Les Maisons du Québec n'ont
pas leur raison d'être s'il ne s'y fait pas de la business".
S'il s'agissait de l'opinion d'un député
d'arrière-ban, un de ces 70, il n'y aurait vraiment pas de quoi
s'inquiéter. Mais, venant d'un important ministre du gouvernement
soi-disant en attente de nouveaux défis, ce n'est guère
rassurant. Le ministre des Relations internationales a timidement tenté
de corriger cet impair en faisant les nuances dont ne se formalise jamais
beaucoup son collègue qui semble beaucoup plus empressé à
appliquer les recettes de l'État-Provigo au domaine des relations
internationales.
Par ailleurs, nous avons vu cette majorité libérale,
vraisemblablement à la suite des bons conseils du ministre des Relations
internationales, refuser de s'associer à deux motions
présentées par l'Opposition, l'une condamnant la violence ayant
compromis la tenue d'élections démocratiques en Haïti et,
compte tenu que la diaspora haïtienne résidant au Canada est en
très grande majorité, sinon en quasi-totalité au
Québec, l'autre en faveur de la convocation d'une conférence
internationale de paix sur le Proche-Orient, alors qu'on se vantait
tantôt que le Québec était gouvernement participant au
Sommet de la francophonie et qu'une résolution unanime à ce sujet
fait partie des actes du Sommet de la francophonie.
Pour ce gouvernement, le Québec n'a pas son mot à dire sur
de telles questions qui relèveraient exclusivement d'Ottawa. Cet
état d'esprit s'est bien exprimé lorsque le premier ministre,
pour justifier son refus de commenter la situation en Haïti, s'est
employé à établir une distinction on ne peut plus subtile,
donc fidèle à lui-même, entre le Québec qui fait des
relations internationales et le gouvernement fédéral qui
s'occupe d'affaires étrangères.
Plus récemment, ce glossaire s'est élargi à nouveau
avec l'apparition d'un concept d'affaires internationales qui est une nouvelle
appellation désignée pour le nouveau ministère qui sortira
de la fusion prochaine des ministère du Commerce extérieur et des
Relations internationales. Vous comprendrez notre inquiétude d'une
nouvelle appellation désignée, dite contrôlée pour
ce qui risque, d'après nous, d'être non pas un grand crû
mais une vulgaire piquette.
Par la même occasion, le Développement technologique qui
avait été coupé de l'enseignement supérieur et de
la science pour être rattaché au Commerce extérieur,
rebondit du côté du ministère de l'Industrie et du
Commerce. Le dossier va-t-il couler avec les frégates? C'est la question
que nous nous posons. Comme manifestation d'incohérence de la part du
gouvernement, comme aveu que les changements introduits lors de la prise du
pouvoir étaient précipités, on ne saurait mieux faire.
Plus profondément, c'est la visée sous-jacente à la
création de ce nouveau ministère des Affaires internationales qui
interroge et suscite l'Inquiétude. Ce changement de nom n'est-il que
symbolique ou traduit-il une nouvelle conception du rôle du Québec
sur la scène internationale, essentiellement tourné vers la
promotion des affaires? À notre avis, il y a là un nouvel indice,
malheureusement éloquent, de la vision essentiellement affairiste,
économique ou je dirais même "économiciste" qu'a ce
gouvernement de l'action internationale du Québec. Nous ne sommes
d'ailleurs pas les seuls à nourrir de telles craintes. Un observateur
très averti, l'ancien sous-ministre des Relations internationales,
signalait récemment le danger d'une telle orientation
rétrécissante. Comme il l'exprime de façon pertinente, la
conduite des affaires sur le plan international exige une stratégie et,
donc, une politique de relations internationales.
La question qui se pose est de savoir si l'on va jeter le
bébé avec l'eau du bain ou si on va laisser tomber cette
stratégie, les acquis à cet égard. On ne fait pas
d'affaires sur le plan international sans entretenir des relations avec les
gouvernements. On ne fait pas plus d'affaires sur le plan international sans
relations de coopération dans les domaines les plus divers:
éducation, santé, culture, recherche. Autrement dit, notre
progrès sur le plan économique comme dans tant d'autres secteurs
vitaux, pour une petite société comme la nôtre dont
l'épanouissement est si intimement tributaire de son ouverture sur le
monde passe par des relations internationales, des relations
nécessairement politiques.
La question est donc posée, M. le Président. Où
veut nous conduire le gouvernement Bourassa par la réforme des
structures de son action sur le plan international? Va-t-on de nouveau, comme
je le disais, jeter le bébé avec l'eau du bain, compromettre ce
qui a été chèrement acquis au cours des dernières
décennies? Je pense que le ministre se doit d'y répondre
clairement et rapidement puisque les enjeux sont importants. Je
m'étonne, d'ailleurs, de voir dénoncer cette division du Commerce
extérieur d'avec les Relations internationales. Je pensais que
l'amitié qui unit le premier ministre du Québec avec l'actuel
premier ministre de France, au-delà des liens sentimentaux, pouvait
avoir des connotations politiques. Une puissance mondiale aussi importante que
la France a un ministère du Commerce extérieur occupé par
M. Noir, que vous avez sans doute eu l'occasion de rencontrer et un ministre
des Relations internationales qui est M. Jean-Bernard Raimond.
Cette question prend un relief tout particulier dans le contexte
également d'un accord de libre-échange avec les
États-Unis. On a beaucoup débattu des répercussions de
celui-ci sur le plan économique. Le nombre d'emplois
créés, perdus, l'impact sur l'inflation, le niveau de la vie.
Mais qu'en est-il des rapports à entretenir avec certains États,
notamment de l'Est américain? Les bureaux du Québec aux
États-Unis devraient disposer de moyens accrus pour mieux y affirmer et
enraciner la présence du Québec et ce, dans tous les domaines. On
se serait attendu à ce que le gouvernement fournisse certains principes
directeurs qui puissent guider le développement des relations entre le
Québec et les États-Unis. Mais le ministre des Relations
internationales demeure muet sur le sujet comme il est demeuré en
retrait du débat et des pourparlers autour du libre-échange.
La création éventuelle d'une zone de libre-échange
ne diminue d'ailleurs en rien l'importance pour le Québec de poursuivre,
d'accentuer les efforts en vue de diversifier ses relations avec d'autres
partenaires extérieurs au sein comme à l'extérieur de la
communauté francophone. Ceci exige bien sûr des ressources ainsi
qu'une volonté clairement affirmée de déployer une
diplomatie québécoise originale, qui ne craint pas de s'affirmer.
C'est hélas plutôt la peur de heurter le grand frère
fédéral qui oriente les actions du gouvernement libéral
piégé par sa vision provincialiste des affaires internationales
du Québec.
En ce qui concerne maintenant les crédits du ministère des
Relations internationales pour 1988-1989, on constate qu'ils diminuent de 3,9 %
par rapport aux crédits votés en 1987-1988. Si l'on tient compte
du transfert des subventions des collèges Stanislas et Marie de France
au niveau du ministère de l'Éducation, ce que le ministre avait
été tenté de faire sans aucun transfert il y a deux ans et
que nous avions dénoncé puisqu'il s'agissait d'une entente avec
le gouvernement français, nous enregistrons une progression par rapport
aux dépenses probables de 1987-1988, 2 400 000 $. Il faut d'abord
souligner qu'il s'agit ici d'une augmentation inférieure à la
croissance générale des dépenses gouvernementales de 5,5
%.
Deuxièmement, la croissance réelle du budget du
ministère est, dans les faits, inférieure à 3, 9 %,
puisque les crédits de 1988-1989 comportent un transfert de fonds de 1
200 000 $ en provenance du ministère des Communications. C'est le trafic
auquel on assiste dans l'étude de tous les crédits des
ministères.
D'autres transferts de juridiction impliquent des crédits
additionnels d'environ 2 000 000 $ selon le cahier explicatif des
crédits, cahier explicatif mathématique des crédits,
puisqu'on n'y trouve que peu d'énoncés de principe, ce qui,
à toutes fins utiles, vient annuler l'augmentation apparente des
crédits. Si des crédits additionnels ont pu être
dégagés pour le développement du réseau des
représentations à l'étranger et l'accroissement de la
participation du Québec à l'Agence de coopération
culturelle et technique, c'est essentiellement grâce à la
disparition de crédits non récurrents associés à
l'organisation du sommet francophone.
Si l'on examine maintenant l'évolution des dépenses du
ministère des Relations internationales depuis 1985-1986, on enregistre
une hausse globale d'environ 15 %, mais qui, dans les faits, se situe davantage
autour de 10 % ou de 12 %, compte tenu des transferts de juridiction entre
ministères, c'est-à-dire une croissance nulle en dollars
constants. Soulignons qu'au cours des trois exercices précédents,
c'est-à-dire de 1982 à 1985, sous le gouvernement du Parti
québécois préoccupé de questions internationales,
le budget du ministère des Relations internationales avait bondi de 28
%. Ces chiffres parlent d'eux-mêmes et témoignent de
l'intérêt tout relatif que le gouvernement actuel,
malheureusement, porte à ce champ d'activité.
Au chapitre de la représentation à l'étranger, les
crédits enregistrent au premier coup d'oeil une augmentation fort
appréciable de 5 800 000 $ ou 25 %. Une fois soustraites les sommes
reliées à l'indexation, au réaménagement interne et
au transfert de juridictions, il reste un maigre montant de 2 900 000 $ en
crédits additionnels pour les dépenses du réseau de
représentations à l'extérieur. Cela n'est pas
négligeable, mais doit être en rapport avec les compressions
appliquées au domaine des activités de représentation lors
de l'arrivée néfaste des libéraux au pouvoir. Sous le
couvert de rationalisation qui est un dieu que le ministre adore avec tous ses
collègues, 45 postes à l'étranger ont été
supprimés tandis que l'on fermait la délégation de Dallas
et transformait celles de Lafayette, Caracas, Düsseldorf et Port-au-Prince
en bureaux. Nous aurons bientôt des guichets automatiques à
l'étranger!
En dépit d'une légère augmentation au cours de la
dernière année, les effectifs du ministère à
l'extérieur du Québec sont aujourd'hui inférieurs de 13 %
à leur nombre en 1986.
Par ailleurs, le ministre avait indiqué lors de l'étude
des crédits, l'année dernière, qu'une somme de 1 700 000 $
devait être dégagée à même le budget global de
8 500 000 $ prévus pour le Sommet de la francophonie pour
l'amélioration du réseau de représentations à
l'étranger. Nous sommes forcés de constater à la lecture
des documents qui nous ont été transmis avec beaucoup de retard,
que le ministre, fidèle à son habitude également, n'a pas
tenu parole: la moitié de cette somme va au suivi du sommet de sorte que
seulement 850 000 $ ont pu être consacrés à un
réaménagement interne au bénéfice, nous le
supposons, du réseau de représentations.
Le volet relations et coopération internationales a subi pour sa
part une chute de crédits de 5 500 000 $ ou 20 %, principalement
attri-buable à une diminution de 6 800 000 $ au chapitre des
crédits non récurrents du sommet francophone bien maigrement
compensée par un ajout de 1 500 000 $ pour le suivi du sommet. À
l'exception des 600 000 $ pour l'Agence de coopération culturelle et
technique, il n'y a aucun crédit nouveau pour les activités de
coopération.
Concernant l'Office franco-québécois pour la jeunesse,
l'augmentation de 200 000 $ ramène son budget au niveau de 1986-1987. Il
demeure toujours inférieur de 10 % à ce qu'il était en
1985. Conclusion: Je dirai que les crédits alloués au ministre
des Relations internationales reflètent très bien l'approche
timorée de son gouvernement vis-à-vis du développement de
l'action internationale du Québec. Le vieil adage le dit bien: Quand on
cultive le petit, on ne peut s'attendre à atteindre le grand. Je vous
remercie. (11 h 15)
Discussion générale
Le Président (M. Filion): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Jacques. Nous avons trois programmes à
étudier. Le premier programme concerne les affaires internationales.
J'inviterais donc les membres de cette commission, qui ont des questions
à poser au ministre relativement à ce programme 1, à bien
vouloir le faire maintenant. M. le député de Saint-Jacques.
Modifications au réseau des
délégations
M. Boulerice: M. le Président, j'ai fait état de
cette déclaration du président du Conseil du trésor dont
vous connaissez la très bonne connaissance du français et son
usage. Il disait que les Maisons du Québec n'ont pas leur raison
d'être s'il ne se fait pas de la business, comme il le disait si
naïvement, si candidement ou si délibérément.
Est-ce que le ministre partage cette conception de son collègue,
président du Conseil du trésor, quant à ce rôle des
délégations générales qui n'ont pas de place? Il ne
se fait pas uniquement de la business, pour employer un vocabulaire sans doute
pris dans le glossaire Provigo.
M. Rémillard: Et votre question serait? Excusez-moi, votre
question...
M. Boulerlce: Votre collègue...
M. Rémillard: J'ai compris vos prémisses, mais
votre question?
M. Boulerice: Est-ce que vous partagez cette opinion du
président du Conseil du trésor en quête de nouveaux
défis - c'est lui qui, d'ailleurs, autorise les crédits de votre
ministère et il semble l'avoir fait assez chichement, cette année
- à savoir que les délégations ou les Maisons du
Québec n'ont pas de raison d'être s'il ne se fait pas de là
business?
M. Rémillard: Vous savez, M. le député de
Saint-Jacques, qu'il est quelquefois permis de se servir de certaines images
pour tenter d'illustrer ses propos. Probablement, ce qu'a voulu dire mon
collègue du Conseil du trésor, c'est que les
délégations devaient être performantes; elles devaient
permettre au Québec de faire valoir sa spécificité, son
identité. Cette identité est culturelle, politique et aussi
économique. En fait, il s'agit d'un ensemble. Comme ministère des
Relations internationales, comme gestionnaire de l'action internationale du
gouvernement du Québec, notre première responsabilité est
de faire en sorte que nos entreprises, nos institutions, nos citoyens puissent
bénéficier, de la meilleure façon possible, de contacts
avec l'extérieur à la suite d'une action gouvernementale. On ne
peut pas nier, je pense bien, que tous les pays et tous les gouvernements, y
compris celui d'un État fédéré comme celui du
Québec, doivent avoir une action diplomatique, c'est-à-dire que,
si on veut faire des affaires, il faut se faire connaître. Si on veut se
faire connaître, il faut montrer ce qu'on est tant dans son aspect
culturel, politique, économique que commercial. C'est donc dire qu'il
s'agit là d'un tout, d'un ensemble.
C'est pour cela que nous allons réparer l'erreur qui a
été faite en 1984, où on a fait cette distinction entre
relations internationales et commerce extérieur, donnant l'impression
qu'on fait des relations internationales, c'est une chose, et que le commerce
extérieur, c'est autre chose. On ne peut pas ainsi diviser, par des
cloisons étanches, l'action internationale d'un gouvernement. Le
gouvernement a pour responsabilité de faire valoir son expertise et
celle de ses entreprises, de ses citoyens, de permettre les échanges
internationaux entre institutions, organismes, citoyens pour le
mieux-être de sa population. Dans ce contexte, il est bien évident
que l'action diplomatique est essentielle. Elle l'a toujours été
en fonction de tous les gouvernements, elle le demeure aujourd'hui et elle le
demeurera demain. Je dirais que c'est encore plus évident dans la mesure
où nous avons pris cette décision pour réparer cette
erreur commise par l'ancien gouvernement de diviser le ministère des
Relations internationales et celui du Commerce extérieur. Ce sera plus
évident que le gouvernement du Québec veut concerter son action,
avoir une action plus concertée et plus efficace sur la scène
internationale et, par conséquent, mener une action diplomatique de
soutien pour l'entreprise privée qui sera la plus efficace possible.
M. le Président, si on me demande si je suis d'accord avec les
propos qu'a tenus mon collègue du Conseil du trésor, je dis:
C'est certain que je suis d'accord pour que les délégations du
Québec soient les plus performantes possible. C'est ce qu'a voulu dire
le président du Conseil du trésor; c'est d'ailleurs son devoir
d'y voir. Comme première étape, au tout début de notre
mandat, nous avons rationalisé notre réseau de
délégations. Tout à l'heure, le député de
Saint-Jacques nous disait: Vous avez fermé, vous avez changé les
bureaux. Mais oui, M. le Président, on a modifié la vocation de
certaines délégations pour en faire des bureaux, on a
modifié certains aspects de certaines délégations. Il y
avait deux délégués à Paris. Il n'y en a qu'un. On
considère que c'est suffisant.
M. Boulerice: M. Bouchard a été
congédié?
M. Rémillard: Excusez-moi, je veux répondre
à votre question.
M. Boulerice: Vous avez dit qu'il y avait deux
délégués à Paris; il reste M. Roy et vous avez
congédié l'attaché de presse. C'est cela? Non? Ah bon!
M. Rémillard: Vous êtes mal informé sur la
composition à Paris. Il y avait deux délégations. Je vais
vous informer. Peut-être avez-vous été mal
informé.
M. Boulerice: Vous avez très bien compris.
M. Rémillard: Je vais faire un petit retour historique.
À la suite d'une petite querelle de personnalités, comme il est
arrivé à quelques reprises, on avait finalement
créé deux postes de délégués à Paris,
un délégué générai et un autre
délégué, avec les appartements de fonction, les voitures,
et tout ce que comprend ce poste de délégué. Peu de gens
savaient cela. Nous avions deux délégués à Paris.
Je comprends que Paris est très important sur le plan diplomatique pour
la francophonie et aussi au point de vue économique sur le marché
européen. Un de nos premiers gestes a été tout simplement
de laisser tomber un poste de délégué pour avoir un
délégué général, de façon qu'on
puisse économiser à ce niveau pour pouvoir accentuer la
représentation dans certaines autres délégations.
Tout à l'heure, M. le Président, le député
de Saint-Jacques nous disait: C'est effrayant, il y a diminution des
crédits. Absolument pas! La réalité que nous
présentons aujourd'hui, c'est que
nous allons mettre 2 000 000 $ de plus dans notre réseau de
délégations. De fait, l'an dernier, lors de l'étude des
crédits, lorsque j'ai présenté un avant-projet de budget
pour le Sommet de la francophonie, je disais que nous aurions alors un budget
de 6 800 000 $.
M. Boulerice: On va y revenir plus tard.
M. Rémillard: Je veux simplement mentionner...
M. Boulerice: On parlait de votre ami, le président du
Conseil du trésor.
M. Rémillard:... que le chef de l'Opposition, qui
était là à ce moment-là, me disait: Vous êtes
bien optimiste, cela va vous coûter beaucoup plus cher, vous ne pourrez
pas réussir à faire cela avec 6 800 000 $. Oui, on va le faire
avec ce montant et on va économiser au moins 1 800 000 $ pour les
injecter dans notre réseau de délégations.
Je voudrais simplement mentionner que c'est exactement ce que nous
faisons. C'est ce que nous avons dit l'an dernier lors de l'étude des
crédits, avec les commentaires très sceptiques de l'Opposition,
et aujourd'hui, je me présente devant vous et je vous dis: Mission
accomplie, c'est ce que nous avons fait.
Distinction entre affaires étrangères et
affaires internationales
M. Boulerice: J'aimerais que le ministre puisse nous
éclairer sur la distinction qu'il fait entre relations internationales,
affaires internationales et affaires étrangères?
M. Rémillard: M. le Président, c'est une
très bonne question.
M. Boulerice: En espérant le temps de la
réponse.
M. Rémillard: Pour nous, il est important de faire la
distinction entre les responsabilités qui, de par la constitution
canadienne, relèvent de la juridiction du gouvernement
fédéral et, M. le Président, ce sont les affaires
étrangères. Les affaires étrangères, relations de
pays souverains avec un autre pays souverain, il s'agit là d'un domaine
de juridiction fédérale. Ce sont des affaires
étrangères. Et, dans ce cas-là, nous respectons pleinement
cette juridiction. Par exemple, lorsque le député de
Saint-Jacques nous disait: Mais vous n'avez rien fait lors des
événements difficiles qui se sont passés à
Haïti. Et il connaît très bien la réponse. Il s'agit
justement d'un sujet qui regarde les affaires étrangères, donc de
compétence fédérale. Cela ne veut pas dire qu'on ne fait
rien. Au contraire, ce que nous faisons, c'est que nous rencontrons le ministre
des Affaires étrangères du Canada, M.
Clark. Nos ministères sont en étroites relations. On leur
fait part de nos commentaires.
Mais il est important, dans la mesure où nous croyons, dans ce
pays qu'est le Canada, de préserver une voix sur le plan des affaires
étrangères, des relations entre États souverains. Nous
n'avons pas à aller nous immiscer. Cela ne veut pas dire qu'on ne doit
pas faire valoir certains points de vue, mais on ne le fait pas sur la place
publique. On le fait par les relations suivies que nous avons avec les
autorités en place au niveau fédéral. Et, lorsqu'on nous
reprochait la même chose en ce qui regarde ces événements
difficiles, très difficiles dans les territoires occupés en
Israël, la situation est la même. Cela ne veut pas dire que nous ne
sommes pas touchés, que nous ne sommes pas sensibles à ce qui se
passe à tous les points de vue. Mais nous n'avons pas à
intervenir dans un champ de compétence qui est fédéral. Ce
que nous faisons, cependant, c'est de communiquer nos commentaires, de recevoir
de l'information d'Ottawa. Je dois dire, M. le Président, que nous avons
une excellente relation à ce niveau avec le gouvernement
fédéral, le ministère de M. Joe Clark. Nous avons des
informations pertinentes lorsque nous les demandons. Nous faisons valoir nos
points de vue lorsque nous considérons que nous devons les faire valoir.
Nous pouvons en discuter et faire en sorte que l'on puisse faire valoir les
intérêts du Québec. Mais nous n'avons pas à nous
immiscer directement dans les affaires étrangères. Affaires
étrangères, compétence fédérale.
Relations internationales ou affaires internationales. Il s'agit, non
pas d'affaires qui se situent au niveau de pays souverains, mais au niveau d'un
gouvernement qui, à certains égards et pour certaines fins, peut
avoir certaines juridictions dans le cadre tracé d'une façon
générale par le gouvernement fédéral. Et c'est cela
qui a toujours été la politique québécoise en
matière de relations internationales. C'est la même politique que
nous suivons. Extension de la compétence interne du Québec sur le
plan international dans la mesure où il se situe dans le cadre
tracé par la politique d'affaires étrangères du
gouvernement fédéral. Nous ne sommes pas un État
souverain. Nous sommes un État autonome dans nos champs de juridiction.
Ce qui nous permet des relations internationales dans le cadre que nous pouvons
déterminer en ce qui regarde les affaires étrangères qui
sont de juridiction fédérale. (11 h 30)
Voilà, M. le Président, la distinction que nous pouvons
faire entre relations internationales ou affaires internationales et affaires
étrangères. D'une part, il s'agit de mettre en cause des pays qui
sont souverains et, d'autre part, il s'agit des relations d'un gouvernement qui
n'est qu'autonome, non souverain et qui doit se situer dans le cadre
déterminé par le pays souverain. C'est comme cela que nous
respectons l'autorité
fédérale, que nous faisons valoir nos points de vue, que
nous pouvons travailler en étroite collaboration avec le gouvernement
fédéral. La preuve en est que, dans cette salle même, il y
a eu le deuxième Sommet de la francophonie où le gouvernement du
Québec a été un gouvernement hôte en accueillant
tous ces chefs d'État et de gouvernement. Jamais dans toute l'histoire
du Québec un premier ministre du Québec n'a joué un
rôle aussi important sur la scène internationale, et tout cela en
harmonie, en parfaite cohésion avec la politique fédérale.
Tout à l'heure, M. le député de Saint-Jacques
mentionnait...
M. Boulerice: Mais, M. le Président...
M. Rémillard: ...que c'était le
précédent gouvernement qui avait tracé les fondements du
Sommet de la francophonie. J'avoue qu'il y a eu, par un beau matin de campagne
électorale, signature d'une entente avec le gouvernement
fédéral, mais quand même M. le député de
Saint-Jacques devrait se rappeler que l'Agence de coopération culturelle
et technique a été créée en 1970 et que c'est par
cette agence, qui a donné la possibilité au Québec d'avoir
un siège comme gouvernement, qu'est vraiment née cette
possibilité pour le Québec d'être un gouvernement
hôte du Sommet de Québec.
M. Boulerice: Le ministre est en train de me dire que le premier
ministre a fait de l'ingérence, à moins qu'on lui ait
demandé de quitter la salle et qu'il se promenait dans le couloir. Si on
fait allusion aux actes du sommet et à cette résolution
votée sur la Conférence de paix au Proche-Orient, le premier
ministre du Québec n'a pas voté. Il n'avait pas le statut de
gouvernement participant à ce moment-là, puisque ça, c'est
de la politique étrangère.
M. Rémillard: En ce qui regarde les différents
aspects de politique étrangère, ce que nous pouvons faire...
M. Boulerice: Non, mais il n'a pas voté. C'est la question
que je vous pose.
M. Rémillard: Écoutez! Je vous dis qu'en ce qui
regarde la politique étrangère, c'est un domaine de juridiction
fédérale.
M. Boulerice: il s'est ingéré.
M. Rémillard: En ce qui regarde les domaines
d'économie internationale, conformément à l'entente qui a
été conclue, il est possible pour le premier ministre du
Québec d'intervenir. C'est ce qu'il a fait en faisant cette relation
entre endettement des pays du tiers monde et...
M. Boulerice: Mais ma question ne porte pas sur l'endettement des
pays du tiers monde.
M. Rémillard: ...richesses naturelles. Si vous me
permettez de terminer, j'y arrive.
M. Boulerice: J'aimerais qu'au départ vous
répondiez aux questions. Cela faciliterait peut-être la
discussion. Je ne vous parle pas de la dette envers les pays du tiers monde. Je
vous parle de cette conférence de paix appuyée par le Sommet de
la francophonie. Ça, c'est de la politique étrangère. Mais
vous me dites que votre premier ministre, pour la première fois, avait
le grand panache d'être un premier ministre de plein droit. A-t-il
voté cette résolution-là ou si on lui a demandé de
quitter la séance et d'attendre que la décision soit prise?
M. Rémillard: il s'agit d'une question d'intervention.
J'essaie de dire au député de Saint-Jacques que, selon l'entente,
dans les domaines de coopération, qui était la partie la plus
substantielle des débats, le Québec pouvait intervenir. Il l'a
fait, il a pris une place extrêmement importante. En ce qui regarde
l'économie internationale, le premier ministre pouvait intervenir avec
la permission, après en avoir informé le gouvernement
fédéral. C'est ce qu'il a fait. Dans ce cadre, je pense que le
premier ministre du Québec a joué un rôle tout à
fait exceptionnel.
M. Boulerice: Ah bon! Là, vous êtes en train de me
dire que le premier ministre a voté parce qu'il y avait...
M. Rémillard: Sur le plan de la politique internationale,
le premier ministre du Québec n'a pas à prendre des positions
dans des affaires qui sont de compétence du gouvernement
fédéral.
M. Boulerice: Mais il a pris position.
M. Rémillard: ...mais il est là et il est là
présent à la table en ce qui regarde le Sommet de la
francophonie. C'est l'entente qui a été faite et que nous avons
respectée.
M. Boulerice: Êtes-vous en train de me dire qu'il
était là, mais qu'il n'a pas dit un mot, donc qu'il n'a pas
voté, donc qu'il n'avait pas le statut de gouvernement participant? Ou
bien le premier ministre fédéral lui avait donné la
permission de voter?
M. Rémillard: Je trouve que vous connaissez mal une
entente qui a été négociée au petit matin par le
précédent gouvernement, donc le gouvernement péquiste.
Vous savez très bien les termes de cette entente.
M. Boulerice: Oui, mais le premier ministre du
Québec...
M. Rémillard: Ce sont les termes de l'en-
tente que nous avons...
M. Boulerice: ...s'est prononcé sur une question de
politique étrangère qu'est la situation de politique au
Moyen-Orient.
M. Rémillard: Écoutez, vous connaissez très
bien cette entente.
M. Boulerice: Le premier ministre du Québec a le
goût de faire des affaires étrangères, mais vous semblez ne
pas vouloir vous cantonnez là-dedans parce que votre dimension de
"distinct" ne va pas jusque là. Le Québec ne peut pas avoir de
pensée distincte quant aux questions de politique internationale
étrangère. Vous êtes presque en train de me dire que la
situation au Liban, c'est de la coopération et c'est ce qui lui permet
d'intervenir.
M. Rémillard: M. le Président, le
député de Saint-Jacques connaît, je le suppose - je veux le
supposer - très bien cette entente conclue en novembre 1985, si ma
mémoire est bonne, par un petit matin, entre 5 h 30 et 6 h 30, à
l'aéroport de Québec, ici, et on annonçait une entente
avec le gouvernement fédéral concernant ce Sommet de la
francophonie. On avait oublié de prendre en considération que le
Nouveau-Brunswick avait le même statut que le Québec à
l'Agence de coopération culturelle, et, évidemment, il a fallu
ensuite que nous fassions les petits ajustements qui s'imposaient.
Mais il faut qu'il comprenne qu'il n'y a pas de votes qui sont pris dans
une réunion internationale au Sommet de la francophonie, mais bien des
consensus qui sont établis. Les consensus, à ce chapitre,
regroupent une entité internationale souveraine qu'est le Canada. C'est
évident alors...
M. Boulerice: Bon, je note, M. le Président, que le
ministre a effectivement une perception très provincialiste du
Québec sur la scène internationale, naturellement dans le carcan
du gouvernement fédéral et sa notion de société
distincte a des barrières. C'est distinct au point où le ministre
est capable de crier: Le Québec d'abord, mais le Canada avant! Donc,
c'est très limitatif. Alors, il va faire des relations internationales
ou des affaires internationales dans des balises très étroites et
il va quémander au gouvernement fédéral une certaine marge
de manoeuvre qui lui est utile, alors qu'en définitive ce serait dans la
logique même des choses, puisqu'il est supposément une
société distincte, d'avoir une pensée et une perception
autonomes des grandes questions mondiales qui préoccupent
actuellement.
M. Rémillard: M. le Président...
M. Boulerice: On l'a vu, d'ailleurs, au chapitre de l'immigration
avec la déportation des Turcs que votre collègue a laissé
faire. La perception québécoise de l'immigration est totalement
différente de la perception fédérale et de la perception
canadienne. Je comprends bien. J'avoue que c'est un peu gênant pour vous
de savoir qu'en définitive le ministre des Affaires internationales au
Québec est une espèce de sous-ministre fédéral
délégué au Québec. Je conviens bien que c'est
gênant et que c'est très limitatif pour un État dit
distinct. Mais c'est votre option politique qui le veut, l'option de votre
parti. Vous vous êtes vous-mêmes enferrés. Je vous le dis,
vous avez cultivé le petit, donc c'est bien difficile d'atteindre le
grand. Quand on part dans la négociation, non pas du plancher du
rez-de-chaussée, mais du pavé du sous-sol, c'est
inévitable.
M. Rémillard: M. le Président, je comprends
très bien les propos du député de Saint-Jacques. C'est un
discours logique et j'en félicite le député de
Saint-Jacques. D'ailleurs, c'est un discours qu'on voit de plus en plus
maintenant du côté de l'Opposition et je tiens à l'en
féliciter. On voit plus clairement maintenant les options. Auparavant,
c'était très nuancé; on ne savait vraiment plus où
étaient les choses, mais je trouve que le député de
Saint-Jacques a eu beaucoup de franchise et beaucoup d'honnêteté
avec la conviction qui l'anime. C'est une très bonne chose. Il est un
indépendantiste et il veut l'indépendance du Québec. Dans
ce cadre, je comprends très bien son raisonnement. Il voudrait que le
Québec fasse des affaires étrangères et qu'il ait sa
pleine juridiction pour commenter tout ce qui peut se passer sur la
scène internationale sans aucune balise, sans restriction, si ce n'est
en fonction de sa propre souveraineté qu'il aurait à ce moment.
C'est cela, l'indépendance.
M. Boulerice: Comme le souhaitent tous les
Québécois dans les sondages concernant les relations
internationales. Vous êtes sensibles aux sondages.
M. Rémillard: Écoutez, vous avez votre lecture des
sondages. On peut regarder aussi. Je ne sais pas où sont vos sondages,
mais ce que je peux vous dire, M. le député de Saint-Jacques,
c'est que pour nous cette option n'est pas celle que nous retenons. Pour nous,
notre option est fédéraliste, c'est-à-dire qu'il s'agit de
l'autonomie du Québec sur la scène internationale, prolongation
des compétences internes du Québec sur la scène
internationale dans la mesure où cela se situe dans le cadre
établi par le gouvernement fédéral et sa politique
d'affaires étrangères.
Nous, nous considérons que c'est dans le cadre
fédéral que le Québec va retirer le maximum de
bénéfices et va pouvoir s'exprimer le mieux, et comme
entité politique et comme entité sociale et économique.
Bien sûr que nous avons deux discours complètement
différents, mais ils se comprennent très bien et, comme je
l'ai mentionné tout à l'heure, je trouve de plus en plus
intéressant de pouvoir discuter avec l'Opposition en fonction de prises
de position plus claires. Vous êtes indépendantiste, vous voulez
l'indépendance du Québec. Très bien. C'est une option.
Nous sommes fédéralistes et, enfin, on va pouvoir discuter
clairement. Je trouve que le discours du député de Saint-Jacques
est très clair. Je l'apprécie beaucoup en fonction de cette
clarté. Je peux donc lui répondre le plus clairement possible,
moi aussi, en fonction dune option fédéraliste.
M. Boulerice: Et comme le gouvernement fédéral
s'ingère de plus en plus dans les champs de juridiction attribués
aux Etats et non pas aux provinces, parce que vous aimez bien le mot province,
moi je suis quand même fidèle à un de vos anciens chefs, M.
Lesage qui, lui, parlait de l'État du Québec. Vous
préférez parler de la province de Québec. En sortant des
boules à mites le représentant de la reine et en voyant les
professions de foi monarchistes de votre premier ministre, comme le
gouvernement fédéral s'ingère de plus en plus dans les
champs de juridiction du Québec et que vous dites que nous n'agirons que
dans les champs de juridiction du Québec, j'ai l'impression que vous
allez non plus avoir un champ, mais une cour clôturée très
étroite très bientôt si vous ne tentez pas de briser ce
carcan. Vous allez faire de la politique internationale et, nonobstant
l'amitié que j'ai pour les gens qui habitaient cette ancienne ville, je
pense que vous allez vous limiter à L'Abord-à-Plouffe
bientôt.
M. Rémillard: M. le Président, ce que nous dit le
député de Saint-Jacques concernant l'action du gouvernement
fédéral qui vient limiter de plus en plus les possibilités
du Québec d'avoir des relations internationales, je dois dire que pour
notre part nous n'avons pas constaté cela. Au contraire, avec le Sommet
de la francophonie, avec différents autres dossiers que nous menons,
nous avons une très bonne collaboration sur ce plan. Cela va très
bien. Je ne vois pas de difficultés. De toute façon, avec le
nombre d'anciens membres péquistes qui sont à certains niveaux au
gouvernement fédéral, c'est une remarque du député
de Saint-Jacques qui peut s'avérer assez difficile.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Saint-Jacques. Il y avait également le député de...
M. Boulerice: C'est ma dernière question principale.
Après cela, Mme la députée pourra intervenir sur ce
volet.
Le Président (M. Marcil): Cela va. D'accord.
M. Boulerice: Vous dites que vous pouvez
régulièrement murmurer à l'oreille du Secrétaire
d'Etat aux Affaires extérieures du Canada la position du Québec.
Avez-vous fait des représentations quant à la position du
Québec sur le conflit qui oppose actuellement la France au gouvernement
canadien, et notamment Terre-Neuve, qui semble confondre le golfe Saint-Laurent
avec le golfe Persique?
M. Rémillard: M. le Président, une autre
qualité du député de Saint-Jacques: il a de l'humour. (11
h 45)
M. Boulerice: De l'humour triste parce que je trouve cela
tellement dommageable surtout qu'on vient justement de tenir le sommet qui est
justement celui de l'amitié, de la coopération, de la
solidarité.
M. Rémillard: il s'agit d'une situation là aussi
difficile, cette situation qui met en conflit le Canada et la France. C'est un
dossier qui est là encore de juridiction fédérale parce
que les pêches - je sais que le député de Saint-Jacques le
sait très bien - c'est de juridiction fédérale. Donc, les
zones de pêche, en plus dans les zones internationales, cela
relève du gouvernement fédéral, et en plus établir
les quotas de pêche, cela relève du gouvernement
fédéral. Pour ma part, j'ai communiqué avec les instances
tant fédérales que françaises. Mon ministère en a
fait de même. Mais nous n'avons pas à nous ingérer dans ce
conflit et nous espérons que ce conflit pourra se régler le plus
tôt possible en prenant en considération les principes qu'on doit
retenir sur le plan international et sur le plan interne canadien.
Il y a des éléments dans ce dossier qui ne sont pas
faciles, mais nous considérons qu'il est possible quand même de
l'aborder dans un esprit ouvert de discussion qui n'entachera pas les bonnes
relations que nous avons avec la France. Entre autres, M. le Président,
nous sommes à mettre la dernière main à des dossiers
économiques de première importance et tout ce contexte est
quelque peu difficile par rapport à ces discussions que nous avons. Bien
sûr que j'ai déploré le fait que les
Québécois aient été retenus, que des passeports
même aient été retenus aussi à la suite,
paraît-il, de certaines interventions des autorités
françaises qui seraient reliées de près ou de loin avec ce
qui se passe dans ce dossier des pêcheries. On nous a assurés que
ces événements ne se produiraient plus.
M. Boulerice: Donc, est-ce que je comprends bien le ministre qui
dit que les mauvaises relations entre le Canada et la France peuvent être
préjudiciables aux intérêts du Québec?
M. Rémillard: Non, je n'ai pas dit cela, M. le
Président.
M. Boulerice: Puisque... Ah non! Donc, dans les champs de
compétence fédérale où il nous faut obtenir
l'autorisation du gouvernement
fédéral de conclure des ententes avec la France, il y a
risque pour nous d'avoir affaire à un gouvernement fédéral
boudeur qui pourrait ne pas accorder au Québec l'autorisation de signer
les ententes avec la France que l'on souhaiterait faire et qui sont de
compétence fédérale où il faut, puisque vous
êtes provincialistes, cette bénédiction
fédérale.
M. Rémillard: M. le Président, ce que j'ai dit,
c'est: Les difficultés entre la France et le Canada concernant ce
dossier des pêches fait en sorte qu'il y a un climat qui peut être
difficile dans les relations fédérales-provinciales, mais nous
espérons que cela ne mette pas en cause les relations
France-Québec, bien sûr. Jusqu'à maintenant, M. le
Président, je dois vous dire que je n'ai aucune indication à
savoir que ces relations privilégiées, directes que nous avons
avec la France puissent être touchées de près ou de loin
à cause de ce conflit concernant les pêches. C'est ce que j'ai
dit, M. le Président.
M. Boulerice: Vous seriez d'accord avec un arbitrage
international comme la cour de justice de La Haye qui est reconnue.
M. Rémillard: C'est une solution qui a été
envisagée, comme vous le savez, M. le député. Nous n'avons
pas à nous prononcer à ce sujet. Si j'avais à me
prononcer, je pourrais en discuter avec M. Clark.
Le Président (M. Marcil): Cela va?
M. Boulerice: L'Agence France-Presse a pris bonne note.
Le Président (M. Marcil): Vous pourrez revenir
tantôt, M. le député de Saint-Jacques, sur le même
sujet. Je vais reconnaître le député de Louis-Hébert
toujours sur le programme 1.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Le député
de Saint-Jacques vient de nous gratifier d'un discours dont on avait presque
oublié l'existence, mais qui nous revient rapidement à l'esprit
ayant siégé à l'Assemblée nationale depuis
maintenant plusieurs années. C'est le discours dépassé,
que je pensais dépassé, qu'on a entendu et dont on nous a rebattu
les oreilles durant des années. Le député de Saint-Jacques
me semble avoir une attaque brutale du syndrome de ce qu'un autre ministre
appelait de façon fort colorée le syndrome du "flag sur le hood".
Il s'ennuie de cela. Il souhaite que les chicanes qui ont fait les belles
journées...
M. Boulerice: ...le caravansérail en Europe, c'est le
ministre.
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît!
M. Doyon: M. le Président, j'ai la parole, je crois.
Le Président (M. Marcil): Oui.
M. Doyon: M. le Président, le député de
Saint-Jacques souhaite visiblement revenir à l'époque des
chicanes et des tiraillements où il y avait un blocage
systématique entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec, ce qui faisait que le prix à payer
était énorme, surtout dans le domaine économique. Qu'on se
rappelle les difficultés des années 1982-1983 et des
entêtements qui faisaient en sorte que les dossiers ne
débouchaient pas. Non seulement y avait-il des chicanes entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec, mais on
réussissait à avoir des chicanes internes à
l'intérieur du gouvernement péquiste qui bloquaient encore plus,
comme si cela n'avait pas été suffisant...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Louis-Hébert, pour éviter qu'on engage des débats sur des
sujets qui ne sont peut-être pas traités ce matin...
M. Doyon: Oui, j'arrive à la question, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): ...j'aimerais que vous reveniez
au programme pertinent.
M. Doyon: M. le Président, sur votre intervention, vous me
permettrez de vous rappeler simplement ce que le député de
Saint-Jacques vient de tenir comme discours. Je ne crois pas que vous l'ayez
interrompu et avec raison. Il a exprimé des opinions qui sont les
siennes, qui lui appartiennent, et il l'a fait en toute liberté. Je
réclame le même droit que celui que vous avez fort justement
accordé au député de Saint-Jacques.
Le Président (M. Marcil): Oui, d'accord.
Création d'un nouveau ministère des
Affaires internationales
M. Doyon: Je vais en venir à ma question dans un moment,
mais il est important, compte tenu des propos du député de
Saint-Jacques, qu'il y ait un autre son de cloche qui se fasse entendre
à cette commission parlementaire. Je tiens à ce que ce son de
cloche soit donné et, à titre de député, j'ai
l'intention de le donner.
Tout cela pour dire que, pendant des années, on a eu des
affrontements entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
d'Ottawa, et les indépendantistes comme le député de
Saint-Jacques s'en pourléchaient les babines et s'en délectaient.
C'était quelque chose qui existait. Au-delà de cela, on avait un
affrontement interne à l'intérieur du gouvernement qui faisait
que des ministres s'affrontaient à telle
enseigne qu'on a eu un éclatement du ministère des
Affaires intergouvernementales et on s'est retrouvé avec deux
ministères.
Le ministre nous apprend à la suite du discours d'ouverture une
fort bonne nouvelle, à savoir que le ministère des Affaires
internationales va être créé, qu'il va regrouper un certain
nombre de compétences qui avaient été dispersées.
Le temps lui a manqué à la fin de son intervention pour nous
donner des détails supplémentaires sûr ce que serait la
vocation de ce nouveau ministère, comment il voyait cela, quelles
seraient les structures de ce ministère, où en étaient
rendues les discussions à ce sujet. Ma question vise à demander
au ministre de compléter sa pensée pour nous éclairer
davantage sur ce que sera le futur ministère des Affaires
internationales corrigeant ainsi une erreur patente du gouvernement
précédent qui avait scindé en deux le ministère qui
s'occupait à l'époque des affaires internationales en fondant le
ministère des Relations internationales et le ministère du
Commerce extérieur et du Développement technologique. Cette
erreur devant être corrigée, le ministre indique que cela sera
fait prochainement et j'aimerais, avec votre permission, M. le
Président, l'entendre là-dessus.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre
M. Rémillard: Je voudrais remercier le
député de Louis-Hébert pour sa question. De fait, j'ai
mentionné, tout à l'heure, que nous allons déposer le
projet de loi qui pourra créer le ministère des Affaires
internationales. Nous allons pouvoir déposer ce projet de loi avant les
vacances estivales. Je voudrais vous dire que l'objectif premier que nous
poursuivons, c'est celui de la cohérence dans l'action que nous voulons
avoir sur le plan international, une cohérence que nous ne pouvons
absolument pas obtenir avec le genre de structures executives et
administratives que nous connaissons présentement. Ce n'est pas pour
rien que le discours d'ouverture abordait, comme premier projet - c'est le
premier projet, au tout début du discours d'ouverture - cette intention
du gouvernement de créer ce nouveau ministère. On ne l'a pas mis
à la fin, ni même au milieu, on l'a mis au début.
Alors, lorsque le député de Saint-Jacques nous disait:
Où voulez-vous aller dans votre politique de relations internationales?
Vous êtes en train de tout saborder ce qui a été fait; bien
au contraire, tant par les crédits que nous démontrons
aujourd'hui, où on met 2 000 000 $ de plus dans le réseau des
délégations, que dans le discours d'ouverture où nous
avons, comme première mesure, au tout début de ce discours,
l'intention ferme du gouvernement de réparer une erreur faite par le
précédent gouvernement en vue de développer cette action
cohérente et concertée dont nous avons tant besoin sur le plan
International. Je me permets tout simple- ment de lire brièvement ce
passage du discours d'ouverture. Oui, très brièvement, simplement
pour vous rappeler le discours d'ouverture; cela va peut-être vous
permettre de poser certaines questions. "À l'échelle
internationale - je cite - le Québec existe. C'est une
société maintenant largement ouverte sur le monde. Des hommes et
des femmes d'ici, beaucoup de jeunes oeuvrent de plus en plus à
l'étranger. Nos entreprises sont à l'affût de nouveaux
marchés et de nouvelles technologies. Nos artistes, nos créateurs
et nos chercheurs témoignent à l'échelle du monde de la
vitalité de la société québécoise. "Aussi -
voilà que nous allons annoncer, maintenant, ce que nous voulons faire -
le gouvernement croit le moment venu de beaucoup mieux planifier, organiser et
diriger l'action extérieure du Québec, autant - M. le
Président, vous me permettrez d'insister sur cet aspect et je voudrais
attirer l'attention du député de Saint-Jacques sur ce plan - dans
sa dimension proprement politique que dans celle des échanges d'ordre
économique, social et culturel." Je crois qu'il y a là
réponse à bien des interrogations du député de
Saint-Jacques concernant les relations entre le politique, le culturel, le
social et l'économique. La volonté du gouvernement est clairement
exprimée dans ce passage.
Je continue, M. le Président. Je crois que cela va
éclairer grandement le député de Saint-Jacques qui, je le
vois par sa réaction, reçoit réponse à ses
questions. "Le développement des programmes de coopération, le
renforcement de l'aide aux entreprises cherchant à conquérir de
nouveaux marchés ainsi que la recherche d'investissements à
l'étranger et la consolidation et l'élargissement de nos
rapports...
M. Boulerice: Dites-nous la page et on y ira faire la recherche
après.
M. Rémillard: ...en particulier - parce que j'ai une autre
réponse à votre question, si vous me laissez terminer, vous allez
voir, vous allez être heureux - avec la France et le monde francophone,
tels seront les principaux objectifs du nouveau ministère des Affaires
internationales."
M. Boulerice: M. le Président, je vous avoue...
Le Président (M. Marcil): Non, non, seulement une
seconde...
M. Boulerice: ...que cela ne m'impressionne pas tellement parce
que vous savez...
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Saint-Jacques...
M. Boulerice: ...des discours d'ouverture... (12 heures)
Le Président (M. Marcil):... s'il vous plaît. Il
faut dire qu'après chaque intervention le ministre a droit à 20
minutes pour répondre. On doit donc lui laisser sa liberté de
parole. Est-ce que vous aviez une question complémentaire, M. le
député de Louis-Hébert?
M. Doyon: Oui. Je voulais tout simplement porter à
l'attention des membres de cette commission que la décision qui a
été prise par le gouvernement et indiquée dans le discours
d'ouverture trouve une suite rapide. Le député de Saint-Jacques
devrait prendre bonne note de cette action prise par le gouvernement du
Québec dans les circonstances, justement pour assurer cette
cohésion, cette cohérence absolument nécessaire dans la
poursuite des relations internationales du Québec. Le
député de Saint-Jacques devrait être le dernier à se
plaindre de cette situation s'il a vraiment à coeur les
intérêts du Québec.
Maintenant, en ce qui concerne les crédits dont disposera ce
nouveau ministère, est-ce qu'il y aura un ajout de crédits
venant, par exemple, du ministère du Commerce extérieur? Est-ce
qu'il y aura une fusion? Comment cela va-t-il fonctionner? Étant
donné que nous étudions les crédits du ministère
tel qu'il existe actuellement et que possiblement, d'ici à la fin de la
présente année financière, nous aurons un nouveau
ministère qui aura fusionné des compétences qui
appartiennent actuellement à d'autres ministères, comment cela
va-t-il se faire et quels sont les moyens administratifs que vous avez
prévus pour pouvoir fonctionner pendant l'année financière
en cours, lors de la création du ministère des Affaires
internationales?
M. Rémillard: M. le Président, il y aura cette loi
que nous allons déposer, mais entretemps il faut que cette loi soit
discutée, soit adoptée. Il ne s'agit pas de brusquer les choses
non plus. Il faut essayer d'agir le mieux possible, et nous serons attentifs
aux commentaires de l'Opposition. Lorsque le projet de loi qui a formé
le ministère des Relations internationales a été
présenté, l'Opposition libérale avait dit au gouvernement:
Vous faites une erreur, cela n'a pas de bon sens ce que vous faites. Même
le ministre Jacques-Yvan Morin disait: On ne peut pas faire cela, on ne peut
pas faire en sorte que le Québec ait deux voix internationales.
Jacques-Yvan Morin, qui parlait avec l'Opposition libérale d'alors,
avait raison: cela n'avait pas de bon sens. On veut réparer cela et on
veut le faire le mieux possible, pour que ce soit le plus performant
possible.
Il est certain qu'en ce qui regarde l'aspect administratif il est trop
tôt pour dire quel pourrait être le budget d'un tel
ministère. Mais le budget qui était approuvé par l'autre
commission parlementaire en ce qui regarde le Commerce extérieur et
celui qui est accepté ici pour le ministère des Relations
internationales seront deux budgets qui vont s'appliquer, qui seront
réalisés. En cours de route, le nouveau ministère sera
créé et l'an prochain il y aura donc un seul budget, un seul
ministère. Entre-temps, jusqu'au moment où cette loi sera
promulguée, les deux ministères vont continuer à
fonctionner. Nous sommes présentement à examiner toutes les
données administratives qui vont établir ce nouveau
ministère et le budget de ce nouveau ministère sera
déterminé un peu plus tard, en fonction des
responsabilités qu'on va lui donner. Dans le passé, cela s'est
toujours fait de cette façon.
M. Doyon: Merci, M. le ministre. M. Boulerice: M. le
Président...
Le Président (M. Marcil): Je dois suivre la règle
de l'alternance, M. le député de Louis-Hébert. Je vais
reconnaître M. le député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: J'ai trouvé cela habile, M. le ministre, et
je ne peux pas vous en vouloir. Changement de ministre, changement d'adjoint
parlementaire. C'est, comme on dit en français, "tricky".
J'aimerais vous parler des crédits... C'est cela, le ministre n'a
pas de crédits. Il vit à crédit. Les crédits du
ministère des Relations internationales...
M. Rémillard: M. le Président, je ne sais pas si je
pourrais donner une information supplémentaire concernant la remarque
que vous venez de faire. Je voudrais, si vous me le permettez, juste insister
sur un point. Il ne s'agit pas simplement de fusionner deux ministères.
Ce n'est pas simplement cela qu'on fait. Il s'agit vraiment de la
création d'un nouveau ministère. On commence à neuf. Cela
vous fait peur?
M. Boulerice: Dans votre cas, oui. M. Rémillard:
N'ayez pas peur.
Crédits transférés au MRI
M. Boulerice: Alors, les crédits en 1988-1989 donnent 63
681 000 $. J'aimerais savoir à combien s'élève le montant
total des transferts, des crédits transférés plutôt
à votre ministère qui sont en provenance d'autres
ministères. L'on observe dans l'étude des crédits de la
majorité des ministères qu'il y a des passages latéraux
qui s'inspirent peut-être des pratiques comptables du ministre des
Finances, qui ont été dénoncées d'ailleurs. Il y a
un passage latéral qui se fait et qui fait gonfler artificiellement les
chiffres, quand on sait fort bien qu'il ne s'agit pas d'argent neuf - on
utilise souvent l'expression - mais tout simplement de désengagement
de
responsabilités et acquisition de nouvelles
responsabilités. Mais cela ne donne pas de l'argent neuf. Alors, ma
question très précise, c'est: À combien
s'élève le montant total des crédits qui sont
transférés à votre ministère en provenance d'autres
ministères?
M. Rémillard: M. le Président, je vais m'informer.
Il est peut-être difficile à ce moment-ci de vous donner le
chiffre comme cela. Vous savez que le ministère des Relations
internationales a pour responsabilité de coordonner l'action
internationale du gouvernement, ce qui implique des relations horizontales avec
les autres ministères, ce qui implique certaines responsabilités
qui lui viennent de certains autres ministères. Or, tout à
l'heure, le député de Saint-Jacques faisait
référence à certains éléments du budget qui
n'appartiennent plus maintenant au ministère des Relations
internationales, mais qui appartiennent à d'autres ministères. Je
pense par exemple aux collèges Stanislas et Marie de France,
responsabilités qui ont été transférées au
ministère de l'Éducation. Il y a aussi la dépense non
récurrente de 6 800 000 $ qui était affectée au Sommet de
la francophonie. Mais il n'y a pas de transferts qui se font du MRI vers
d'autres ministères ni inversement.
M. Bouler ice: Mais comment pouvez-vous réussir à
établir un budget de 63 681 000 $ si vous ne savez pas quels sont les
crédits qui sont transférés chez vous en provenance
d'autres ministères? Je peux vous dire que vous avez reçu 1 200
000 $ du ministère des Communications.
M. Rémillard: Non, mais...
M. Boulerice: Je suis heureux de vous l'apprendre.
M. Rémillard: Pardon? Excusez-moi. Si vous voulez
m'apprendre des choses...
M. Boulerice: Je suis heureux de vous apprendre que vous avez eu
un transfert de crédits de 1 200 000 $ du ministère des
Communications.
M. Rémillard: Mais non, mais écoutez... M.
Boulerice: Mais oui.
M. Rémillard: ...cela vient directement du Conseil du
trésor. C'est le suivi du sommet. Cela ne vient pas du ministère
des Communications. Cela vient directement du fonds de l'État qui
l'attribue - je prends le mot État, vous voyez - directement au
ministère. On ne peut donc pas dire que cela vient du ministère
des Communications.
M. Boulerice: Mais c'est un transfert de crédits, et il y
en a d'autres.
M. Rémillard: Mais, si vous me permettez, à votre
question... Je vais faire faire une étude. On me donne des informations.
Je ne veux pas vous induire en erreur. Je vais prendre bonne note de votre
question et je vais vous faire relever la situation pour vous dire où on
en est à ces niveaux-là. Comme vous comprenez, c'est un
ministère de planification, de gestion, de coordination.
M. Boulerice: Vous venez de faire la preuve du contraire. Vous
n'êtes pas capable de me donner les chiffres. La planification est
solide, M. le ministre! C'est inadmissible que vous n'ayez pas cela.
M. Rémillard: Écoutez! J'ai des chiffres ici, M. le
député de Saint-Jacques, mais ils ne sont pas complets.
M. Boulerice: Je m'en contenterai pour le moment, quitte à
ce que vous réajustiez.
M. Rémillard: Je prends bonne note de votre question et je
vais vous les faire parvenir.
M. Boulerice: Vous me dites que vous avez des chiffres ici. Vous
pouvez nous les donner.
M. Rémillard: il y a deux chiffres ici que je peux vous
donner. C'est un transfert qui a été fait pour tous les
ministères, non seulement pour les Relations internationales, mais pour
tous les ministères. C'est le transfert du fonds des
télécommunications. Pour nous, c'est simplement une nouvelle
façon de gérer. C'est 1 103 000 $. C'est une nouvelle
façon de gérer, ce sont simplement des normes gouvernementales de
gestion. Avant, il y avait des comptes ministériels. Maintenant, cela
fonctionne comme cela.
M. Boulerice: Ce n'est pas de l'argent neuf.
M. Rémillard: Ensuite, concernant le transfert du fonds de
l'informatique, c'est exactement la même chose. C'est 64 000 $. Ce sont
des nouvelles façons de gérer. Si c'est cela que vous voulez
avoir comme réponse, je peux bien vous donner cela. C'est là.
M. Boulerice: C'est cela. Ce sont de nouveaux jeux
d'écritures comptables. Donc, ce n'est pas...
M. Rémillard: Ce n'est pas simplement pour le
ministère des Relations internationales. Pour tous les
ministères, c'est comme cela.
M. Boulerice: Oui, je vous l'ai dit. C'est comme cela dans
l'étude de tous les crédits.
M. Rémillard: Bien oui.
M. Boulerice: Donc, on les place au bon endroit et on dit:
Voilà, nous avons tant de plus cette année. Mais, en
définitive, ce n'est pas de l'argent neuf. C'est simplement que
l'imputation est maintenant différente. Ce n'est pas de l'argent neuf.
Le montant de 1 105 000 $ que vous avez, ce n'est pas une augmentation de 300
000 $ à votre fonds des télécommunications par rapport
à l'année précédente. C'est tout simplement un jeu
d'imputation.
M. Rémillard: Écoutez bien.
M. Boulerice: Mais répondez bien.
M. Rémillard: Lorsqu'on augmente le budget du
ministère, que ce soit par de nouvelles données administratives
comme celle-ci ou par d'autres, il demeure qu'on augmente le budget du
ministère. Lorsqu'on veut l'augmenter l'année suivante en
fonction d'un pourcentage, on le prend sur la masse globale, et ça,
c'est intéressant. C'est donc vraiment une augmentation. D'autre part,
tout à l'heure je vous ai dit que nous avions eu un budget pour le
Sommet de la francophonie et que nous avons fait un surplus de près de 1
800 000 $, même tout près de 2 000 000 $. Je l'avais dit l'an
dernier, nous allons le mettre dans l'amélioration du réseau des
délégations. C'est exactement ce que nous faisons. Et ça,
quand même, vous pouvez le réaliser. Je pense que vous allez
applaudir. Nous mettons 2 000 000 $ pour améliorer le réseau des
délégations.
M. Boulerice: Vous ne répondez toujours pas.
M. Rémillard: Je vous réponds. Je vous dis qu'on
met 2 000 000 $ de plus pour le réseau des délégations.
Qu'est-ce que vous voulez? C'est cela que vous vouliez.
M. Boulerice: Je ne vous parie pas du réseau des
délégations. Je vous parle de votre budget total de 63 681 000 $.
Combien y a-t-il de crédits transférés en provenance
d'autres ministères qui ne sont pas de l'argent neuf? C'est à
cause d'une imputation différente. C'était assumé par un
autre ministère. Cela passe maintenant chez vous. Ce n'est pas
nécessairement à la hausse, mais cela augmente, bien entendu, le
budget de votre ministère puisqu'il y a maintenant des
opérations, donc des dépenses qui sont imputées chez vous,
qui étaient faites autrefois ailleurs, donc qui dégonflent toute
possibilité d'augmentation magistrale, comme on aurait dû s'y
attendre. De toute façon, à votre ministère, si vous
parlez de l'exemple mauvais du gouvernement précédent, on
n'oubliera quand même pas que le ministère qui a le plus
écopé à l'arrivée au pouvoir de votre gouvernement,
cela a été le vôtre. On le verra d'ailleurs, notamment dans
l'Office franco-québécois pour la jeunesse, la différence
entre le budget qu'il y avait à l'époque du gouvernement
précédent et le vôtre. Vous ne pouvez quand même pas
nier que vous avez été le ministère le plus
coupé.
M. Rémillard: Bien sûr que je le nie. M.
Boulerice: Vous niez la vérité.
M. Rémillard: M. le Président, je crois que le
député de Saint-Jacques oublie une chose. Lorsqu'on est
arrivés au pouvoir, ce ministère des Relations internationales
était en déficit de plus de 6 000 000 $. Cela allait avec
l'état général des finances, vous allez me dire.
M. Boulerice: Le ministère va faire des profits. (12 h
15)
M. Rémillard: Le ministère était en
déficit de 6 000 000 $. C'était la pagaille la plus
complète. Mon premier objectif, ma première tâche a
été de mettre de l'ordre dans les finances, de rationaliser nos
dépenses et, aujourd'hui, ce que nous vous présentons, M. le
Président, c'est un budget équilibré. Nous pouvons
établir une politique de relations internationales du Québec avec
un budget équilibré en fonction des montants qu'on nous a
accordés parce que nous avons, dans un premier temps, assaini nos
finances, deuxièmement, rationalisé notre action, entre autres
nos délégations, notre représentation, notre réseau
à l'étranger...
M. Boulerice: Fermeture, diminution de personnel...
M. Rémillard: ...et, troisièmement, nous voyons
maintenant à la réorganisation, par la création d'un
nouveau ministère. À cette étape, en ce qui me regarde, de
par le mandat que j'ai reçu du premier ministre quand j'ai
accepté cette responsabilité de ministre des Relations
internationales, je dis: Mission accomplie! Quand j'aurai amené le
projet de loi et la création de ce nouveau ministère qui
réparera cette erreur, ce sera mission accomplie parce que c'est ce que
nous devons faire dans l'intérêt du Québec.
Dans ce cadre, M. le Président, la question que me pose le
député de Saint-Jacques, c'est qu'on n'envoie pas de transfert
d'un ministère au ministère des Relations internationales, si ce
n'est les deux cas que j'ai mentionnés tout à l'heure et qui
s'appliquent à tous les ministères parce que ce sont de nouvelles
méthodes de gestion. Maintenant, il me permettra de lui dire que je suis
prêt à vérifier avec mes gens. Nous allons vérifier
de plus près s'il n'y aurait pas ce genre de transfert pour vous
informer le plus adéquatement possible.
M. Boulerice: Vérifiez, M. le ministre. Vous allez
apprendre des choses qui vont vous aider d'ailleurs dans votre planification du
nouveau
ministère. Mais on voit bien dans votre réponse cette
vision "économiciste" et affairiste: il faut que les colonnes balancent,
etc. Je suis en train de me demander si vous ne vendrez pas des franchises pour
les délégations générales. Les affaires
internationales, c'est de la business. Vous venez effectivement de le
confirmer. Si celle de New York a coûté 3 000 000 $ pour
fonctionner par année et si, malheureusement, eHe n'a rapporté
que 2 900 000 $ d'investissements au Québec, à ce
moment-là, avec 100 000 $, on va la fermer, parce qu'elle n'est pas
rentable et qu'il y a un déficit de 100 000 $. On voit très bien
dans vos propos toute cette...
Même si vous avez dit au Journal de Québec, dans un
interview le 26 février, que votre collègue parlait en son nom
personnel, que M. Gobeil, selon ce que vous avez dit en entrevue
téléphonique, s'exprimait à titre personnel, j'ai
l'impression que vous partagez quand même, même si vous n'osez pas
l'avouer - et je le comprends, il ne faudrait pas que vous perdiez votre image
qui est différente de celle du président du Conseil du
trésor, là-dessus je suis prêt à vous donner
certains crédits, même s'il ne vous donne pas de crédits
supplémentaires au ministère des Relations internationales - une
bonne partie de sa philosophie balisée par les murs des entrepôts
de Provigo, de toute évidence.
En tout cas, j'attends, puisque c'est un ministère où il y
a une bonne planification, que vous regardiez très attentivement et
qu'on me donne une réponse précise pour ce qui est des
crédits transférés à votre ministère en
provenance d'autres ministères. Déjà je vous en ai
indiqué deux, mais je suis persuadé qu'il y en a d'autres.
M. Rémillard: M. le Président, simplement pour
répondre brièvement. Lorsque le député de
Saint-Jacques me dit que je suis obsédé par les chiffres, d'une
certaine façon je le prends comme un compliment, dans la mesure
où ce ministère avait 6 000 000 $ de déficit et qu'on peut
aujourd'hui, grâce à la très bonne collaboration et
à l'excellence que je retrouve chez mes fonctionnaires... Ce
travail-là ne se fait pas tout seul. J'ai toujours
présenté un budget équilibré et, dans ce cadre,
vous pouvez être certain que je travaille en étroite collaboration
avec mon collègue et ami du Conseil du trésor. Je suis
très heureux qu'on puisse maintenant en arriver à
présenter un budget équilibré parce que nous avons fait en
conséquence... parce que, dès le premier jour, nous nous sommes
attaqués à ce problème de l'assainissement des finances du
ministère, nous avons rationalisé notre réseau et,
maintenant, le résultat est là et j'en suis
particulièrement heureux.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. Est-ce
que le programme 1 est adopté?
M. Boulerice: Bon, on le faisait en bloc.
Le Président (M. Marcil): Ah! Vous le faites en bloc. Cela
va. D'accord.
Nomination d'un conseiller en coopération
à Paris
M. Boulerice: Pour ce qui est des représentations à
l'étranger: en 1986, 55 fonctionnaires; en 1987, 44; en 1988, 37.
Contractuels: 8, 2, 6: cela baisse. Recrutement local, 204 en 1986; 176 en
1987; 188,5 - probablement que c'est le mi-temps venant d'autres
ministères.
La première question que j'aimerais vous poser, pourriez-vous me
rappeler qui est le conseiller en coopération à Paris
actuellement? Il a été nommé dernièrement.
M. Rémillard: Voici: Le directeur de la coopération
à Paris est M. Jean René qui était en poste au
ministère des Relations internationales. Si ma mémoire est bonne,
il est maintenant à Paris depuis deux ans. Il fait d'ailleurs un
excellent travail. J'en profite pour souligner l'excellent travail que fait M.
Jean René à Paris.
M. Boulerice: Je m'excuse. Vous avez mal compris. Je ne parle pas
du directeur. Je dis qu'il y a eu un conseiller en coopération qui a
été...
M. Rémillard: il y a deux conseillers. Il y a M.
François Choinière et M. Jean-Marc Nicole. On me dit que M.
Choinière doit revenir à l'été.
M. Boulerice: Et M. Nicole, lui?
M. Rémillard: On me dit que M. Nicole a encore une autre
année à faire.
M. Boulerice: Quand M. Nicole a-t-il été
nommé?
M. Rémillard: En 1985. M. Boulerice: M.
Choinière? M. Rémillard: En 1984. M. Boulerice:
M. René? M. Rémillard: En 1986.
M. Boulerice: Donc, il n'y a eu aucun poste de conseiller en
coopération à Paris qui a été comblé en
1988?
M. Rémillard: À ma connaissance, non. M.
Boulerice: En 1987-1988?
M. Rémillard: C'est probablement une possibilité
qu'on remplace M. François Choinière
puisqu'il revient.
M. Boulerice: Est-ce que son remplaçant a
été choisi?
M. Rémillard: Pardon?
M. Boulerice: Est-ce que le remplaçant de M.
Choinière a été choisi?
M. Rémillard: Non, pas encore.
M. Boulerice: Pourriez-vous m'expliquer comment vous allez
procéder pour le remplacement?
M. Rémillard: Comme nous procédons
habituellement.
M. Boulerice: De quelle façon procédez-vous
habituellement?
M. Rémillard: il s'agit de trouver la personne
intéressée à aller servir le Québec à
l'étranger et qui est la plus compétente possible pour remplir ce
poste.
M. Boulerice: Est-ce que vous puisez dans le bassin du
ministère?
M. Rémillard: Nous puisons dans le bassin du
ministère, bien sûr.
M. Boulerice: il y a des règles précises dans le
bassin du ministère?
M. Rémillard: il s'agit de voir à
l'intérieur du ministère, oui, mais de voir aussi à
l'intérieur de l'ensemble des ministères du gouvernement
québécois, mais en particulier en ce qui regarde le MCE, le
ministère du Commerce extérieur et d'autres ministères qui
ont des relations internationales. Comme vous le savez, quelquefois plusieurs
ministères ont des relations internationales, que ce soit, par exemple,
le ministère de l'Immigration qui a ses bureaux à
l'étranger, ou le ministère des Affaires culturelles qui a aussi
dés représentants à l'étranger dans les
délégations. Alors, il s'agit de faire appel à toute
l'expertise que nous pouvons avoir pour trouver la personne qui pourrait
convenir le mieux au poste que nous avons à combler.
M. Boulerice: Y a-t-il des notions contenues à
l'intérieur des conventions collectives que votre ministère dort
respecter pour la nomination des postes à l'étranger?
M. Rémillard: De par la loi du ministère c'est le
ministre qui décide.
M. Boulerice: Le ministre doit respecter les conventions qui
existent à son ministère pour ce qui est des différentes
catégories de personnel.
Dans le cas des professionnels, je présume qu'il y a une
convention, oui.
M. Rémillard: Nous avons un ensemble de moyens qui nous
permettent, comme je vous le mentionnais tout à l'heure, de trouver la
personne qui va pouvoir combler un poste le plus efficacement possible. Vous
savez à quel point il est difficile d'avoir des gens qui veulent aller
représenter le Québec à l'étranger. Ce n'est pas
toujours facile. Souvent l'Opposition nous dit: C'est épouvantable, les
salaires. Oui, mais en prenant sur trois ans, sur quatre ans, les salaires sont
octroyés avec aussi les dépenses. Souvent dans ces pays,
particulièrement à Paris présentement, cela coûte
très cher de vivre à Paris. Si on compare, par exemple, à
la vie qu'on peut avoir ici au Québec, il n'est pas facile d'avoir des
gens qui sont disposés à relever ce défi. Partir avec leur
conjoint, leur conjointe, les enfants, aller vivre à l'étranger
pour une période déterminée, trois ans, quatre ans. Ce
n'est pas facile au départ d'avoir des gens qui veulent le faire.
Ensuite, il s'agit de trouver des gens compétents et qui veulent
relever ce défi. C'est dans cette optique, M. le Président, que
nous avons un ensemble de moyens souples et qui nous permettent de
déterminer les gens les plus compétents possible.
M. Boulerice: Dans le cas de nomination comme au poste de
conseiller, donc qui est un poste de professionnel, la convention collective
entre-t-elle en ligne de compte?
M. Rémillard: Écoutez, comme je vous ai dit tout
à l'heure, il s'agit de trouver la meilleure personne dans des
circonstances pour occuper un poste déterminé. Je sais encore que
le député de Saint-Jacques sait de quoi je parle. Tout à
l'heure, je faisais référence qu'il y avait deux
délégations à Paris. Une délégation
générale et une autre délégation qu'on disait
multilatérale. Lorsque nous avons aboli la deuxième
délégation qui était la délégation au
multilatéral, nous avons confié cette responsabilité
à M. Clément Duhai-me. M. Duhaime, ancien chef de cabinet dans
l'ancien gouvernement, avait été choisi pour s'occuper du
multilatéral et je dois saluer sa très grande compétence,
sa responsabilité. Probablement que M. Duhaime a été
choisi en fonction de normes aussi souples qui lui permettaient de passer
commer cela à Paris et de pouvoir servir le Québec.
Vous savez, c'est une responsabilité du ministre qui, en
étroite collaboration avec ses sous-ministres, avec les gens qui sont
impliqués directement dans le dossier, peut déterminer les gens
les plus compétents possible. M. Duhaime est maintenant à
l'Agence de coopération culturelle et technique où il peut faire
valoir son expertise. Alors, quand vous me posez ces questions, ce que je peux
vous dire, c'est que
c'est à nous à gérer. Nous gérons en
fonction des normes que nous établissons et qui nous permettent de
déterminer les gens les plus compétents possible pour les postes
dans les intérêts du Québec.
M. Boulerice: Je vous remercie, M. le ministre, de dire qu'il y
avait d'excellents chefs de cabinet dans l'administration du gouvernement
précédent. Vous seriez d'ailleurs bien malvenu de
prétendre le contraire...
M. Rémillard: C'est ce que j'étais pour vous
dire.
M. Boulerice: ...notamment au ministre de l'Énergie et des
Ressources, n'est-ce-pas?
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Saint-Jacques, tantôt j'ai commis une erreur. Lorsqu'on étudie les
crédits, les gens ont le droit d'intervenir durant 20 minutes sur chacun
des éléments et j'ai invoqué la règle de
l'alternance. J'ai commis cette erreur envers le député de
Louis-Hébert et je m'en excuse. M. le député de
Louis-Hébert, si vous voulez poursuivre les questions que vous aviez
commencé à poser tantôt.
Création d'un nouveau ministère des
Affaires internationales (suite)
M. Doyon: Merci, M. le Président. Il y a simplement une
chose que j'aurais voulu terminer tout à l'heure quand vous m'avez
demandé de cesser pour donner la parole au député de
Saint-Jacques, et je comprends que c'est tout simplement une erreur. Voici ce
que je voulais savoir du ministre. Selon ce que je comprends de ses propos,
pour revenir à la création du nouveau ministère, cette
création se fait dans l'harmonie et dans la bonne entente avec le
ministre actuel du Commerce extérieur. Je vois une différence
énorme entre la façon dont les choses se sont passées
préalablement lorsque le ministère du Commerce extérieur a
été formé. J'aimerais que vous nous rassuriez et que vous
nous expliquiez comment se passent les choses avec votre collègue du
ministère du Commerce extérieur pour être bien certain que
nous ne vivrons pas une expérience qui pourrait, de près ou de
loin - personnellement, je suis convaincu du contraire, mais j'aimerais vous
l'entendre dire - une expérience qui pourrait ressembler aux
tiraillements, aux chicanes qui étaient publics, qui étaient
visibles pour tout le monde, particulièrement lorsqu'on était
assis sur les banquettes de l'Opposition comme on l'était à ce
moment-là, entre Bernard Landry et Jacques-Yvan Morin avec tout ce que
cela a donné comme conséquences et comme difficultés qui
en ont découlé et qui se sont perpétuées dans le
temps. Alors, M. le ministre, j'aimerais savoir comment cela se passe avec
votre collègue pour qu'on sache de quelle façon les choses sont
faites lorsque c'est le gouvernement libéral qui les fart, puisqu'il
faut le dire. (12 h 30)
M. Rémillard: Merci, M. le député de
Louis-Hébert. En effet, vous avez parfaitement raison, il y a la plus
grande harmonie et concertation dans l'action des deux ministères du
Commerce extérieur et des Relations internationales. Nous avons le
même objectif que ce ministère des Affaires internationales et je
dois dire que, depuis le début, à la fois au niveau
ministériel, entre les deux ministres, entre les cabinets et au niveau
sous-ministériel, entre les sous-ministres et les différents
fonctionnaires des directions générales, a prévalu une
étroite collaboration dans bien des dossiers. Présentement, les
sous-ministres, à la fois du côté des Relations
internationales et du Commerce extérieur travaillent ensemble en
très étroite collaboration avec le secrétaire
général du Conseil exécutif, M. Morin, à
élaborer ce projet de loi que nous voulons déposer d'ici le
congé estival.
C'est donc dire, M. le Président, et j'insiste sur cet aspect,
que tout se fait dans la plus grande harmonie et que nous en sommes à
cette étape parce que, en ce qui concerne mon collègue, le
ministre du Commerce extérieur, et ce qui regarde le MRI, à mon
propre niveau, nous en sommes arrivés à la même conclusion:
dans la situation que nous vivons présentement avec cette division
Commerce extérieur-Relations internationales, de même que toutes
les autres actions internationales qui sont menées par les autres
ministères impliqués, en fonction de cette présente
organisation, nous ne pouvons pas organiser, planifier, concerter la politique
internationale du Québec. Cette conclusion, mon collègue, le
ministre du Commerce extérieur et moi-même la partageons
parfaitement. C'est donc dire que, dans le discours d'ouverture vous retrouvez
là la conclusion de notre expertise comme ministres du Commerce
extérieur et des Relations internationales depuis maintenant près
de deux ans et demi. Ce que nous faisons présentement avec des
équipes qui sont au travail et qui regroupent des gens des deux
ministères et d'autres ministères sectoriels qui seront
touchés aussi.
Ce que nous faisons présentement, c'est une action en pleine
harmonie qui va nous mener à la création d'un nouveau
ministère. J'insiste aussi sur cet aspect. Il ne s'agit pas simplement
d'une fusion des ministères du Commerce extérieur et des
Relations internationales, mais il s'agit d'un nouveau ministère. Deux
ministères vont disparaître, le Commerce extérieur et les
Relations internationales, pour la création d'un nouveau
ministère des Affaires internationales. Ce ministère des Affaires
internationales comprendra donc des éléments du Commerce
extérieur et des Relations internationales, tel que nous les connaissons
présentement, mais aussi d'autres aspects de relations internationales
qui
sont présentement sous la responsabilité d'autres
ministères. Je veux bien rassurer le député de
Louis-Hébert que tout se fait dans la plus grande harmonie, en
concertation avec tous les niveaux impliqués.
M. Doyon: Je remercie le ministre de ces assurances;
personnellement, je n'en ai jamais douté. Je pense qu'il est important
de s'apercevoir que tout va se faire, dans le cas présent, sans
déchirure, sans brisure, sans hiatus. Cette communion de pensées
qui existe sur les objectifs, qui ont été identifiés, qui
sont déterminés et qu'on cherche à atteindre avec des
moyens sur lesquels on est d'accord, est extrêmement importante quand on
parle d'un domaine aussi délicat que le domaine des relations
internationales. Là-dedans, on ne peut pas se permettre la moindre
erreur parce que le prix à payer est énorme et il nous suit pour
longtemps. Ayant moi-même été au ministère des
Affaires extérieures pendant nombre d'années, ayant eu l'occasion
de représenter le Canada à l'étranger, je suis en mesure
de dire qu'il est important qu'un gouvernement, quel qu'il soit, soit
perçu par les gouvernements avec lesquels il fait affaire, avec lesquels
il a des relations, comme un gouvernement qui fait preuve de cohérence,
qui sait où il va et qui n'est pas victime de chicanes internes, de
tiraillements internes. Les assurances que vous nous donnez, M. le ministre,
sont de nature à permettre au Québec de continuer le travail
entrepris depuis longtemps maintenant et dans les meilleures conditions
possible et avec - c'est important de le souligner - une économie de
moyens.
Il est sûr que le Québec pourrait prétendre avoir
une présence beaucoup plus flamboyante, beaucoup plus coûteuse,
mais qui serait en dehors des moyens qui sont les nôtres. Nous ne sommes
pas et nous ne voulons pas devenir une république de bananes. Nous
voulons conserver cette crédibilité qui est la nôtre. Ce
n'est pas en ayant des maisons, des délégations qui seraient des
espèces de palais remplis de gens hautement payés qui iraient
là en retraite semi-dorée que le Québec pourrait
acquérir et conserver une crédibilité dans le domaine des
relations internationales.
Je me permets d'exprimer l'opinion que le chemin suivi est le bon, que
les moyens choisis sont les meilleurs dans les circonstances. Je souhaite
vivement que ce que vous nous annoncez prenne forme le plus vite possible pour
que le Québec puisse, grâce à cet outil qu'on se donnera,
constituer ce qui aurait dû être depuis toujours,
c'est-à-dire une voix unique dans le domaine des relations
internationales. C'est ce que vous nous assurez que le Québec aura d'ici
peu de temps. Je vous remercie, M. le ministre.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. M. le député de
Saint-Jacques.
M. Boulerice: M. le Président, dans les engagements...
M. Rémillard: Est-ce que je peux répondre?
Le Président (M. Marcil): Oui, vous pouvez
répondre, M. le ministre.
M. Rémillard: Excusez-moi, très
brièvement.
M. Boulerice: En fait, il y a des questions qui commencent
à le gêner.
M. Rémillard: Non. C'est simplement que je voulais
souligner qu'avec un nouveau ministère, enfin, les intervenants de
l'extérieur, soit au niveau privé ou gouvernemental, vont savoir
qu'ils ont un interlocuteur avec qui ils doivent faire affaire au Québec
en ce qui regarde les relations internationales. C'est le problème,
présentement; il y a tellement d'interlocuteurs que les gens qui veulent
faire affaire avec nous, les organismes et les gouvernements qui le veulent
aussi ont de la difficulté à s'y retrouver. Alors, pour nous,
c'est un objectif et un urgent besoin de concerter notre action, de faire en
sorte qu'il y ait un intervenant politique administratif pour
représenter le Québec sur la scène internationale. C'est
là un objectif que nous avons en créant ce nouveau
ministère, le ministère des Affaires internationales.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Jacques.
Attribution de quelques contrats
M. Boulerice: M. le Président, on remarque qu'il y a
environ une bonne douzaine de personnes dont la nature des fonctions, tel
qu'indiqué, est pigiste, les conditions de rémunération
sont de 18 $ l'heure. On s'aperçoit que ces gens sont allés
chercher entre 10 000 $ et 20 000 $ d'honoraires par année. Est-ce que
le ministre pourrait nous donner la nature des travaux que font ces
pigistes?
M. Rémillard: M. le Président, il s'agit de gens
qui veulent bien nous aider en ce qui regarde le protocole. Ce sont des gens
qui ont certains mandats précis et qui, entre autres, font l'accueil;
ils vont chercher des gens, des dignitaires à l'aéroport, ils les
accompagnent. Ce sont aussi des guides, très souvent, pour faire visiter
certains endroits. Ces personnes, très souvent, utilisent leur voiture
personnelle et doivent payer leur essence, leurs frais, l'utilisation de leur
voiture. Cela coûte moins cher à l'État d'utiliser ces gens
que d'avoir à utiliser nos gens du Protocole. Non seulement c'est une
question de coût, mais c'est aussi une question de disponibilité
puisque notre Service du Protocole peut être débordé. Notre
Service du protocole fait très bien les choses et s'acquitte fort
bien de son travail souvent très délicat, comme on a pu le
voir, par exemple, dans le cadre du Sommet de la francophonie, où le
Service du protocole du Québec a fait un service remarquable. Il faut
comprendre que ces gens ne peuvent pas tout faire et que nous recevons beaucoup
de gens qui nécessitent, pour nous, des interventions sur le plan de
l'accueil et de leur séjour. Ces gens peuvent être aussi des
interprètes. Donc, ils reçoivent les gens, les guident. Ils
utilisent leur voiture et ils doivent payer leurs frais d'essence, en
particulier.
M. Boulerice: M. le Président, on est en train de nous
faire croire qu'on va chercher les dignitaires dans sa propre voiture. Je
pensais que le Service du protocole était équipé pour ce
faire. Dans le cas...
M. Rémillard: M. le Président, le
député de
Saint-Jacques me permettra de dire qu'il ne s'agit pas d'aller chercher
le président de la France, mais à un autre niveau.
M. Boulerice: Vous avez dit des dignitaires. Un dignitaire, c'est
un dignitaire. Dans le cas de tous ceux dont la fonction est simplement
pigiste, il faut en avoir fait des voyages pour totaliser 16 730,49 $.
J'aimerais qu'on dépose la nature des contrats, les objets ainsi que
toutes les pièces justificatives.
M. Rémillard: On me dit qu'il n'y a pas de
difficulté. Vous aurez tout cela.
M. Boulerice: D'accord. Maintenant, pour ce qui est des contrats
attribués à votre masse. Je vois un contrat attribué
à Contrefort inc. pour un montant de 985 $, et c'est pour une
étude de dossiers du comté de Jean-Talon.
M. Rémillard: Attendez, je vais voir cela. Jean-Talon,
cela m'intéresse.
M. Boulerice: C'est pour cela que vous l'avez quitté? Et,
également, M. le ministre, on retrouve - mais là, pas Contrefort
mais Con-fufort, il s'agit sans doute d'une erreur de dactylographie - un autre
montant de 4985 $, cette fois-ci pour une autre étude des dossiers du
comté de Jean-Talon. J'avoue qu'il faut suppléer à
l'absence de député dans sa circonscription, mais le coût
m'apparaît élevé. (12 h 45)
M. Rémillard: M. le Président, je suis
particulièrement heureux que le député de Saint-Jacques
mette en évidence le beau comté de Jean-Talon que je suis
particulièrement fier de représenter.
M. Boulerice: Profitez-en pendant que cela dure.
M. Rémillard: Un beau comté qui a été
mis en évidence, évidemment, pendant cette dernière
année, par des événements...
M. Boulerice: Non, non, les renseignements, s'il vous
plaît. Qu'est-ce que c'est: étude de dossiers...
M. Rémillard: Oui, mais c'est cela. Je suis en train de
vous répondre. Écoutez-moi, là.
M. Boulerice: Oui, oui. Mais vous n'avez pas fait de
l'aménagement paysager.
M. Rémillard: Oui, mais écoutez. Je vous disais que
c'est dans Jean-Talon qu'a eu lieu le Sommet de la francophonie. Je vous disais
que c'est...
M. Boulerice: C'est une étude topographique du
comté?
M. Rémillard: ...dans Jean-Talon qu'a eu lieu le forum des
gens d'affaires.
M. Boulerice: Oui, je sais. Et c'est dans Saint-Jacques que se
passent tous les événements culturels à
Montréal.
M. Rémillard: Bon, alors voilà.
Écoutez...
M. Boulerice: Je ne donne pas de contrat pour une étude de
Saint-Jacques. Je connais le nom de mes rues.
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Saint-Jacques, s'il vous plaît, M. le député de
Saint-Jacques.
M. Rémillard: Si vous ne me laissez pas le temps de
répondre...
Le Président (M. Marcil): C'est cela. On devrait permettre
au ministre de répondre.
M. Boulerice: Quels sont ces contrats?
M. Rémillard: ...et c'est dans le comté de
Jean-Talon que se retrouve aussi le Centre international d'arbitrage. Or, c'est
probablement en fonction de cela qu'ont été faites ces
études. C'est dans le comté de Jean-Talon. Cela aurait pu
être dans d'autres comtés. Mais c'est dans le comté de
Jean-Talon.
M. Boulerice: M. le Président, j'aimerais qu'on
dépose la nature des contrats et des études.
M. Rémillard: M. le Président...
M. Boulerice: Est-ce que je pourrais également avoir la
liste des administrateurs - parce que je pense bien que c'est une erreur de
dactylographie - de cette compagnie ou des deux
compagnies s'il n'y a pas erreur de dactylographie, alors Contrefort et
Confufort qui ont d'ailleurs la même adresse, 630, boul. Saint-Cyrille
ouest, Québec.
M. Rémillard: M. le Président, je reviens tout
simplement sur cet aspect. Il s'agit, dans ce cas-ci, d'études qui ont
été menées en ce qui regarde des aspects internationaux de
ce comté où il peut se passer des choses internationales, comme
vous le savez. Cela a été le Sommet de la francophonie. Cela a
été le Centre international d'arbitrage. Ce sont bien d'autres
aspects puisque le comté de Jean-Talon comprend en grande partie la
colline parlementaire. Il faut bien comprendre que le comté de
Jean-Talon, c'est la colline parlementaire. J'en suis particulièrement
fier, M. le Président.
M. Boulerice: Pourquoi l'avoir quitté? M.
Rémillard: Pardon?
M. Boulerice: Je dis: Pourquoi l'avoir quitté, M. le
ministre?
M. Rémillard: Comment quitté?
M. Boulerice: Vous êtes tellement fier que vous avez
quitté votre circonscription.
M. Rémillard: Je n'ai pas quitté, j'ai...
M. Boulerice: Est-ce que vous pourriez me donner la nature de ces
contrats?
M. Rémillard: Je vais voir les éléments,
qu'on a. Je peux vous donner des informations...
M. Boulerice: La nature des contrats, M. le Président, et,
pour la transcription des débats de cette commission, la nature des
contrats et la liste des administrateurs de cette ou ces compagnies - je le
mets au pluriel au cas où il y aurait l'hypothèse d'une mauvaise
dactylographie - en notant qu'il s'agit de la masse salariale du ministre pour
une partie et, pour la deuxième, de la masse salariale du
ministère, et que c'est bien écrit "étude de dossiers du
comté de Jean-Talon". Est-ce que le 630, c'est dans le même
édifice que le 626, Saint-Cyrille Ouest?
M. Rémillard: Pardon?
M. Boulerice: Est-ce que le 630, c'est dans le même
édifice que le 626, Saint-Cyrille Ouest...
M. Rémillard: J'avoue que j'ai fait 5000 portes à
la dernière campagne électorale, mais que...
M. Boulerice:... dont vous étiez le copropriétaire?
Vous étiez copriétaire du 626, Saint-Cyrille.
M. Rémillard: Excusez-moi. Je ne vous comprends pas.
Voulez-vous reprendre cela, s'il vous plaît?
M. Boulerice: Oui. Je vous ai demandé si le 630,
c'était dans le même immeuble, la même bâtisse que le
626, Saint-Cyrille, qui est un immeuble à bureaux, dont vous avez
été copropriétaire.
M. Rémillard: 626, 630... M. Boulerice: Oui.
M. Rémillard: Vous mêlez beaucoup de choses, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je ne mêle pas beaucoup de choses. Je vous
demande si le 630, c'est dans le même...
M. Rémillard: Voulez-vous préciser? Qu'est-ce que
vous voulez insinuer?
M. Boulerice: Je n'insinue rien.
M. Rémillard: Cela devient un peu plus délicat.
Allez-y, je vous écoute. Allez-y, étape par étape, pour
que je vous comprenne bien.
M. Boulerice: Vous me dites que vous connaissez très bien
votre circonscription.
M. Rémillard: Je vous ai dit que j'avais fait 5000 portes
durant ma campagne électorale.
M. Boulerice: Merveilleux! C'est sans doute 2000 de moins que
moi. Vous connaissez bien votre circonscription. La question que je vous pose,
c'est: Est-ce que le 630, qui est l'adresse de Contrefort, c'est dans le
même immeuble que le 626, Saint-Cyrille?
M. Rémillard: Si c'est 630, ce n'est pas 626. Si c'est
626, ce n'est pas 630.
M. Boulerice: il peut y avoir trois portes pour le même
immeuble.
M. Rémillard: Ah oui? Allez vérifier.
M. Boulerice: Nous allons nous empresser de le faire.
M. Rémillard: Très bien, monsieur.
M. Boulerice: il ne faudrait pas oublier de redéposer les
études, M. le Président, tel que je l'ai demandé, pour ce
qui est des deux contrats attribués à cette compagnie, le premier
de 985 $ et le deuxième de 4985 $, et, je le répète, la
liste des administrateurs de cette société ou de ces
sociétés, encore là si jamais il y avait eu
une erreur de dactylographie, ce qui permet de les distinguer, mais j'ai
l'impression que c'est la même chose.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, vous prenez
note. Vous pouvez refuser si c'est contraire à l'intérêt
public. C'est à vous de juger.
Utilisation des crédits additionnels
M. Boulerice: De toute façon, ce n'est pas contre
l'intérêt public puisque je me rappelle qu'on a demande à
M. le ministre des Approvisionnements et Services de déposer le rapport
qui avait été fait des contrats attribués à sa
masse salariale.
Dans la représentation à l'étranger, est-ce qu'une
décision a été prise quant aux crédits additionnels
de 2 900 000 $? À quoi doivent-ils servir? Combien de postes doivent
être ajoutés dans nos représentations à
l'étranger et est-ce que de nouveaux bureaux seront ouverts?
M. Rémillard: Ce que j'ai dit tout à l'heure, M. le
Président, c'est que nous mettons des sommes importantes additionnelles
pour le réseau des délégations, mais c'est surtout une
marge de manoeuvre qu'on veut se garder et nous sommes à revoir encore
certains aspects de notre réseau. On veut se garder cette marge de
manoeuvre pour faire en sorte que ce mouvement de rationalisation du
réseau que nous avons entrepris déjà depuis le
début de notre mandat puisse se continuer, mais là nous avons la
chance d'avoir cette marge de manoeuvre qui va probablement nous permettre de
réaliser certains de nos objectifs.
M. Boulerice: Si je comprends bien, il n'y a pas de
décision de prise en ce qui concerne l'ouverture de bureaux ou de
délégations.
M. Rémillard: Pour le moment, M. le Président, nous
sommes à étudier certains aspects de notre réseau et nous
considérons cette somme que nous ajoutons dans le réseau comme
une marge de manoeuvre et nous ne l'avons pas affectée à un poste
précis.
M. Boulerice: Est-ce que le ministre a l'intention de
considérer prioritairement l'affectation de cette somme à
l'ouverture d'une véritable délégation en Afrique noire,
notamment à Dakar où va se tenir le prochain sommet? Le cahier
explicatif que vous nous avez remis prévoit le maintien d'un seul poste
à Dakar et le prochain sommet, j'aimerais vous le rappeler, va se tenir
à Dakar. Si notre présence veut être de même niveau
et de même calibre que la précédente, quoique vous ne
l'ayez pas encore négociée avec le gouvernement
fédéral et que vous n'ayez pas encore acquiescé à
ses diktats, là on risque d'être handicapés.
M. Rémillard: M. le Président, nous avons
déjà deux représentants en Afrique, à Dakar
où aura lieu le troisième Sommet de la francophonie au mois de
mai prochain; nous avons un représentant pour la CONFEMEN et nous avons
aussi un représentant en Côte-d'IvoIre, à Abidjan, qui est
logé dans l'Ambassade du Canada, représentant qui regarde surtout
des projets de coopération entre la Côte-d'lvoire et aussi les
pays environnants et le Québec. Nous songeons toujours à ouvrir
soit des bureaux ou des délégations, et en Afrique du Nord et en
Afrique subsaharienne. Nous sommes toujours à évaluer
différentes données qui vont nous amener à prendre une
décision sur ce plan. Pour le moment, aucune décision n'est prise
encore.
Office franco-québécois pour la
jeunesse
M. Boulerice: Pour ce qui est de l'OFQJ, M. le ministre,
croyez-vous que l'augmentation des crédits va vous permettre
d'accroître le nombre de stages et de stagiaires cette année?
M. Rémillard: M. Stefanescu, responsable administratif de
l'agence me dit que nous allons stabiliser cette année le nombre de
stagiaires aux environs de 1250. On me dit que c'est à peu près
le chiffre moyen des trois ou quatre dernières années.
Vous me permettrez, M. le Président, de profiter de cette
occasion pour féliciter l'Office franco-québécois pour la
jeunesse pour les efforts très importants qu'ils ont faits dans
l'administration de leur budget. Lorsque j'ai eu à travailler avec eux
pour la première fois au début de mon mandat, le pourcentage du
budget consacré à l'administration était très
substantiel. Aujourd'hui, ils ont rationalisé leurs dépenses. Je
crois qu'ils ont réussi à administrer de façon
particulièrement efficace sous la direction de mon collègue, le
ministre délégué aux PME, M. Vallerand.
Les coûts ont baissé considérablement et
présentement on peut dire que 17,4 % représentent les coûts
administratifs de cet office, et c'était presque le double auparavant en
prenant en considération certaines autres données. Je dois dire
qu'il y a là un effort considérable qui est fait. Je suis
particulièrement fier de présenter ce bilan aujourd'hui. Il faut
souligner aussi que c'est le 20e anniversaire cette année de l'Office
franco-québécois.
M. Boulerice: M. le Président, je pense qu'il faut
souligner les 20 ans de l'Office franco-québécois pour la
jeunesse qui est un lien unique, privilégié qui existe entre la
France et le Québec. Je trouve d'autant plus méritoires les gens
de l'Office franco-québécois pour la jeunesse qu'ils ont dû
subir - et j'espère que le ministre va le reconnaître - une
amputation de 10 % de leur budget depuis les trois dernières
années. En 1987, c'était de 1 910 000 $; en 1987-
1988, vous avez ramené cela à 1 510 000 $ et cette
année ce sera 1 710 000 $. Compte tenu des coûts d'inflation et
tout cela, je pense qu'il faut tirer son chapeau puisque, loin de les aider, je
pense que vous les hypothéquez au niveau financier. La preuve, c'est que
vous le dites vous-même. Vous vous attendez à stabiliser le nombre
de stagiaires quand on devrait justement dans la foulée du sommet non
pas le stabiliser, mais bien plutôt l'augmenter. C'est un peu dans le
même ordre que vos bourses pour étudiants où, dans
l'euphorie qui vous caractérise, vous aviez parlé de 10 000, mais
là c'est 200, je crois. (13 heures)
M. Rémillard: M. le Président, il faut aussi
prendre en considération la diversification que nous voulons faire
échanges de nos jeunes de la francophonie. J'attire l'attention du
député de Saint-Jacques sur une réalisation dont nous
pouvons aussi être très fiers, ce sont les échanges
Québec-Wallonie-Bruxelles où nous avons un budget cette
année de 240 000 $ pour des échanges de jeunes entre la
Wallonie-Bruxelles et le Québec. C'est un élément aussi
très important. Dans notre action internationale, concernant entre
autres la francophonie, nous voulons donner une place tout à fait
particulière à nos jeunes. Nous voulons pouvoir donner à
ces jeunes le sentiment d'appartenance à une grande famille. Cette
famille qui utilise la langue française comme moyen de communication,
cette famille qui est si riche de culture, de réalisation, à tous
les niveaux. C'est dans ce contexte que nous voulons favoriser le plus possible
les échanges de jeunes avec la francophonie. Il est
particulièrement intéressant de souligner maintenant que c'est la
troisième année d'existence de cet organisme
Québec-Wallonie-Bruxelles qui lui aussi est très actif et qui
complète d'une certaine façon le travail de l'Office
franco-québécois en ce qui regarde la France. Il faut prendre en
considération tout de même que c'est 240 000 $ qui sont
dépensés dans le cadre de cette agence
Québec-Wallonie-Bruxelles.
Coopération internationale
M. Boulerice: M. le Président, effectivement, richesse de
culture, richesse d'échanges, mais un ministre avare d'argent, bavard de
mots par exemple. Pour ce qui est de l'Agence de coopération culturelle
et technique à l'exception des 600 000 $ qui sont notre participation,
est-ce que le ministre est prêt à convenir qu'il n'y a aucun
argent neuf pour les activités de coopération.
M. Rémillard: Nous avons...
M. Boulerice: il connaît bien son dossier, de toute
évidence. Heureusement qu'il a de bons fonctionnaires dans son
ministère!
Le Président (M. Marcil): Cela me prendrait le
consentement pour pouvoir poursuivre jusqu'à 13 h 15. Cela va? Compte
tenu que nous avons commencé quinze minutes en retard.
M. Boulerice: Et que le ministre ne répond pas aux
questions. S'il ne veut pas... J'ai une question à poser. Quand le
ministre participe à l'Agence de coopération culturelle et
technique, est-ce que les frais sont à la charge de notre
ministère ou est-ce aux frais de l'agence, toutes les dépenses
encourues pour la participation du ministre aux conférences, etc. ?
M. Rémillard: Lorsque nous participons à une
réunion formelle de l'agence, une partie des dépenses est
payée par l'Agence de coopération culturelle et technique.
M. Boulerice: Quelle partie?
M. Rémillard: Habituellement, c'est un montant forfaitaire
qui est accordé.
M. Boulerice: Pour quelle nature de dépenses?
M. Rémillard: Incluant le billet d'avion entre autres.
M. Boulerice: Donc, je ne sais pas si le ministre a pu prendre
connaissance du dossier de l'ACCT. Je ne sais pas si j'ai une réponse
sur l'argent neuf pour les activités de coopération.
M. Rémillard: M. le Président, en ce qui regarde la
question de tout à l'heure concernant la coopération et l'argent
neuf qu'on peut inclure dans la coopération, je souligne qu'il y a tout
d'abord 2 000 000 $ qui est la contribution du Québec au fonds
multilatéral qui a été créé par le sommet,
à l'initiative du Québec. C'est notre participation au
financement du suivi du Sommet de Québec. Donc, ce sont des sommes
d'argent nouvelles, c'est 2 000 000 $ de plus. Cela comprend, entre autres,
l'Institut de l'énergie. Il y a le budget de fonctionnement et de
transfert de la Direction des affaires de la francophonie au MRI. Cela n'est
peut-être pas des sommes d'argent nouvelles, mais je dis ici: 742 000 $,
qui est la participation du Québec pour le développement de TV-5.
Il y a aussi la contribution du Québec à l'organisation...
M. Boulerice: Cela est pris dans les 1 500 000 $ qui sont
prévus pour les suites du
Sommet de la francophonie. Vous dites que TV-5, c'est...
M. Rémillard: TV-5, c'est 742 00 $.
M. Boulerice: Combien avez-vous prévus pour les Jeux de la
francophonie?
M. Rémillard: 160 000 $.
M. Boulerice: 160 000 $. Délégation distincte,
comme le réclame votre collègue, le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche?
M. Rémillard: Pardon?
M. Boulerice: Une délégation distincte comme le
réclame votre collègue, le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Rémillard: C'est actuellement en discussion.
M. Boulerice: Vous négociez cela, mais vous êtes
pour.
M. Rémillard: Mais j'insiste pour dire que ce sont des
sommes d'argent nouvelles.
M. Boulerice: Vous êtes d'accord avec votre
collègue, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, pour
dire que le Québec doit avoir une participation distincte.
M. Rémillard: Oui, c'est à Dakar qu'aura lieu le
troisième Sommet de la francophonie.
M. Boulerice: Donc, on ne fait plus partie du Canada, on est
participant, comme l'exprimait votre futur ancien adjoint parlementaire, sous
nos propres bannières. C'est bien cela?
M. Rémillard: Je n'ai pas tellement compris vos
commentaires, M. le député.
M. Boulerice: Je dis que notre participation sera sous notre
propre bannière...
M. Rémillard: Je vous dis que...
M. Boulerice:... et non fondue dans une délégation
canadienne.
M. Rémillard:... nous sommes à discuter ces
différents aménagements présentement, qu'il n'y a rien de
décidé.
M. Boulerice: Vous êtes en négociation avec le
gouvernement fédéral là-dessus.
M. Rémillard: Mous sommes en discussion.
M. Boulerice: C'est peu rassurant quand vous êtes en
négociation. Effectivement, on a vu le centre bancaire et les
frégates, etc. On est toujours un peu inquiets.
Le ministre pourrait-il me dire à combien va s'élever le
budget des subventions aux organismes qui oeuvrent dans le domaine de la
coopération en 1989 par rapport à ce qui a été fait
en 1987-1988? Pourrait-on avoir les chiffres ventilés de cela? Les ONG,
comme on dit dans le langage du métier, les organismes non
gouvernementaux, s'inquiètent. Vous savez que la plupart sont
situés dans une circonscription que je connais très bien. J'ai
fait au minimum 7000 portes, notamment situées sur la rue Saint-Paul,
près du marché Bon Secours. Si jamais le ministre était
intéressé de venir les visiter, je me ferai un plaisir de le
guider.
M. Rémillard: En ce qui regarde l'Association
québécoise des organismes de coopération internationale,
l'AQOCI, de 310 000 $, nous passons, cette année, à 335 000
$.
M. Boulerice: Seulement 25 000 $ de plus!
M. Rémillard: 25 000 $ de plus.
M. Boulerice: Seulement?
M. Rémillard: C'est vous qui le dites.
M. Boulerice: Je vois que vous me donnez raison. Effectivement,
je comprends votre déception.
M. Rémillard: C'est que nous avons...
M. Boulerice: il est vrai que c'est encore la vision
"économiciste" qui arrive. Si possible, j'aimerais bien, M. le
Président, avoir le nom de chaque organisme qui a reçu une somme
d'argent et le montant pour 1987-1988 et pour 1988-1989. Parce que avec 25 000
$ pour X organismes, probablement que certains ne pourront même pas,
d'ailleurs, s'acheter des crayons pour remplir le formulaire de demande au
ministère. Justement dans la foulée du sommet, où le mot
coopération a été... Sauf que c'est une avenue que vous
auriez peut-être pu explorer. Je vais vous donner une petite chance. Au
lieu d'avoir un ministère des Affaires internationales, si vous aviez
vraiment voulu jouer votre rôle, vous auriez pu avoir un ministère
des Relations internationales - toujours - et de la Coopération. On
aurait même pu vous ajouter un titre: ministre
délégué à la Coopération. Cela aurait une
vision assez large d'un Québec sur la scène internationale. Mais
vous allez nous donner la liste détaillée, ventilée,
organisme par organisme, avec les subventions l'an dernier et les subventions
cette année.
M. Rémillard: M. le Président, nous augmentons donc
notre budget pour l'AQOCI de 25 000 $. C'est déjà
considérable.
M. Boulerice: Bah! C'est vous qui le dites.
M. Rémillard: Nous augmentons aussi d'autres budgets. Je
pourrai faire part au député de Saint-Jacques de tous ces
programmes ventilés, comme on le dit, avec les montants qui
leur seront octroyés. Je pourrai, le plus tôt possible, lui
faire parvenir...
Étudiants québécois à
l'étranger
M. Boulerice: Faites-nous en part, M. le ministre, parce que les
organismes interrogent beaucoup le porte-parole de l'Opposition qui
répond aux questions de ces organismes.
Concernant les étudiants québécois en France, M. le
ministre, d'une part, est-ce que le ministre a lu les recommandations qu'a
faites l'Association des étudiants québécois en France,
l'AEQF?
M. Rémillard: J'ai eu l'occasion de rencontrer les
représentants des étudiants à Paris, entre autres, et en
France d'une façon plus générale, qui m'ont fait part de
certaines difficultés étant donné la valeur des monnaies,
de la difficulté de vivre avec les bourses qu'ils peuvent recevoir.
C'est un sujet qui m'intéresse au plus haut point. J'ai
été étudiant et j'ai été un petit peu dans
ces situations. Je sais ce que c'est. J'en ai parlé et j'ai
rencontré à plusieurs reprises mon collègue, le ministre
de l'Éducation. Nous travaillons présentement à certaines
dispositions que nous pourrions prendre. Je crois qu'on pourra obtenir des
résultats dans un avenir prochain. C'est toujours à
l'étude pour le moment.
M. Boulerice: il y a maintenant seulement 200, 300
étudiants québécois en France ou 300 ou 400 au maximum
peut-être. Cette baisse par rapport à ce qu'on a connu ne vous
inquiète pas? Est-ce que vous avez l'intention de créer un
comité conjoint formé du ministère des Relations ou
Affaires internationales, du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science et de l'Association des étudiants
québécois en France pour travailler à la mise en
application des recommandations qu'ils vous ont faites? Je crois qu'ils vous en
ont faites une bonne trentaine.
M. Rémillard: évidemment, il faut prendre en
considération le nombre d'étudiants mais aussi le niveau des
études qu'ils font. Il y a plusieurs étudiants qui sont
maintenant au niveau du doctorat. D'autre part, plusieurs étudiants
aussi choisissent d'autres pays pour faire leurs études. Il y a la
France qui offre, bien sûr, une formation particulièrement
intéressante dans plusieurs domaines. D'autres pays aussi. C'est la
possibilité pour les étudiants de choisir le pays où ils
veulent compléter des études supérieures.
M. Boulerice: Mais avez-vous l'intention de créer un
comité avec différents ministères et cette
association?
M. Rémillard: Non, nous n'avons pas l'intention de
créer un comité...
M. Bouierice: Vous n'en avez pas l'intention.
M. Rémillard: ...mais d'en discuter avec mon
collègue, le ministre de l'Éducation, pour essayer, entre autres,
d'apporter des solutions aux problèmes que peuvent vivre certains
étudiants à l'extérieur, en France entre autres.
M. Boulerice: Justement dans votre recherche de solutions, est-ce
que vous avez discuté avec le ministre du Revenu pour ce qui est de la
recommandation 17? Je peux vous la lire si vous ne vous en souvenez pas. En fin
de compte, à mon point de vue, l'une des plus importantes parmi les 29 -
j'ai dit 30 tantôt, mais c'est 29, très précisément
- qui ont été adressées.
M. Rémillard: Je peux simplement dire que nous sommes
à étudier toute cette situation en prenant en
considération la situation des étudiants en France et aussi en
considérant les autres étudiants à l'extérieur de
la France qui, eux aussi, peuvent être touchés par la
dévaluation de notre monnaie par rapport à d'autres monnaies. Par
conséquent, je pense qu'il faut essayer d'avoir une vue d'ensemble. Nous
sommes à étudier ces problèmes. Actuellement, certains de
nos fonctionnaires étudient toute la situation et nous proposeront des
solutions.
M. Boulerice: Juste une brève question sur les bourses de
la francophonie.
Le Président (M. Marcil): C'est votre dernière
question, M. le député...
M. Boulerice: Le ministre va être
intéressé.
Le Président (M. Marcil): ...puisque nous devrions adopter
les programmes par la suite.
M. Boulerice: On a parlé de 200. Je l'ai dit tantôt,
le ministre, dans un moment d'euphorie avait parlé de 10 000, mais
là il semble qu'on soit revenu à un chiffre plus réaliste,
200. Est-ce qu'il y a des crédits prévus au ministère pour
le programme de bourses de la francophonie ou si cela relève
exclusivement du ministère de l'Enseignement supérieur et de la
Science? Comme je ne sais pas où c'est, est-ce qu'il y a un arrimage? Ce
serait intéressant parce que ce programme et le projet
d'universités francophones des réseaux, je pense que c'est
tellement relié. Je serais intéressé de connaître,
M. le ministre...
M. Rémillard: M. le Président, nous n'avons pas
nous-mêmes, directement, les crédits pour ces bourses, mais nous
administrons plusieurs de ces bourses pour d'autres ministères ou
même pour le gouvernement fédéral, à certains
égards. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le ministre.
M. Boulerice: M. le Président, compte tenu des
réponses, je crois effectivement que le ministre a déjà
abandonné son ministère, je le regrette profondément.
Adoption des crédits
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député de Saint-Jacques. Je vais appeler les programmes et nous
allons les adopter un à un. Le programme 1, Affaires internationales.
Adopté?
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Marcil): Le programme 2, Office
franco-québécois pour la jeunesse est-il adopté?
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Marcil): Le programme 3, Gestion interne
et soutien?
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Marcil): Cela va. Et l'ensemble des
crédits du ministère...
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Marcil): ...des Relations
internationales. J'ai seulement un point à ajouter, compte tenu du
nombre de renseignements demandés par M. le député de
Saint-Jacques. L'article 82 accorde au ministre le droit de refuser de
répondre à une question "s'il juge contraire à
l'intérêt public de fournir les renseignements demandés" ou
"si les renseignements ne peuvent être colligés qu'à la
suite d'un travail considérable que leur utilité ne justifie
pas." De plus, le ministre doit refuser de répondre si la question
engendre une réponse qui fait référence aux travaux d'une
commission siégeant à huis clos avant... et ainsi de suite.
M. Boulerice: Ce qui ne s'applique pas.
Le Président (M. Marcil): C'est seulement à titre
d'information. Vous avez pris note de plusieurs questions. Alors, il
faudra...
M. Boulerice: C'est un gouvernement de transparence.
Le Président (M. Marcil): ...les déposer au
secrétariat de la commission et nous allons les distribuer.
Je tiens à vous remercier, M. le ministre, de même que vos
collègues ainsi que tous les députés.
J'ajourne cette séance sine die.
(Fin de la séance à 13 h 19)