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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Marcil): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministre délégué aux
Affaires autochtones, soit le programme 2, élément 3, du
ministère du Conseil exécutif pour l'exercice financier
1988-1989. Je vais demander à Mme la Secrétaire s'il y a des
remplacements.
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Godin
(Mercier) est remplacé par M. Claveau (Ungava) et M. Kehoe (Chapleau)
par M. Lemire (Saint-Maurice).
Le Président (M. Marcil): C'est bien. Nous avons une
période de deux heures prévue pour cette étude,
c'est-à-dire de dix heures à midi. Le partage du temps est 50-50,
selon les questions des gens. M. le ministre, je vous souhaite la bienvenue
à cette commission pour l'étude de vos crédits de
même qu'à vos collègues. Je vous invite
immédiatement, ainsi que le porte-parole de l'Opposition, à faire
vos remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais
également saluer mes collègues ainsi que le député
d'Ungava. Je voudrais présenter les gens qui m'accompagnent, aux fins de
l'enregistrement. Il y a d'abord le secrétaire général
associé, M. Gilles Jolicoeur, qui est immédiatement à ma
gauche. Derrière nous, se trouvent MM. Bernard Mathieu, Jacques
Giguère, Jean Rochon, Philippe Nadeau, Jean-Marc Lessard, Mmes
Andrée Bélanger et Lucie Dumas, et M. Jean-Daniel
Thériault du SAA. De mon cabinet, à ma droite, il y a M.
André Maltais, Mme Louise Hébert, qui est mon chef de cabinet, et
Mme Evelyne Simard, attachée de presse.
Il m'est agréable de déposer aujourd'hui devant cette
commission, en vue de leur approbation, les crédits affectés au
Secrétariat aux Affaires autochtones pour l'année
budgétaire 1988-1989.
Comme vous le savez, le Secrétariat aux Affaires autochtones est
un organisme du ministère du Conseil exécutif dont le titulaire
est le premier ministre lui-même. Il m'a confié par
délégation le mandat de diriger le Secrétariat aux
Affaires autochtones depuis deux ans maintenant. À titre de ministre
responsable, je me suis assuré que la structure et le plan
d'organisation du secrétariat étaient en mesure de
répondre aux nombreux besoins exprimés par les communautés
autochtones du Québec.
J'ai eu l'occasion, lors de la présentation des crédits
l'an dernier, de vous faire part des transformations qui venaient d'être
apportées au sein du secrétariat. Au cours de l'année qui
vient de se terminer, nous nous sommes efforcés de mettre au point une
approche nouvelle en impliquant davantage les coordonnateurs
ministériels à l'élaboratrion des politiques, de concert
avec les fonctionnaires du secrétariat.
La mise sur pied des cinq secteurs principaux d'activité, soit le
développement communautaire, le développement socioculturel, le
développement économique, les affaires juridiques et
l'information, permet au secrétariat et aux ministères sectoriels
de mieux coordonner leurs efforts en vue d'offrir aux autochtones un service de
qualité. Je suis bien conscient cependant qu'il reste un long chemin
à parcourir. C'est pourquoi, au cours de l'année
budgétaire qui commence, je ne ménagerai aucun effort pour
m'assurer que les autochtones puissent occuper la place qui leur revient au
sein de la société québécoise.
C'est en vue d'atteindre cet objectif que j'ai poursuivi mes rencontres
dans les communautés et que j'ai reçu, en plusieurs occasions, de
nombreuses délégations à mon bureau afin d'examiner les
questions particulières qu'ils ont bien voulu m'adresser.
De plus, à trois reprises, j'ai rencontré les chefs
autochtones dans des réunions plus formelles de consultation portant sur
des questions d'intérêt commun aux différentes nations,
comme les questions constitutionnelles, le projet de loi sur les ententes, la
taxation, etc.
L'effort de concertation auquel j'ai fait allusion
précédemment ne s'est pas limité au Québec. Comme
vous le savez, M. le Président, la responsabilité première
à l'endroit des autochtones incombe, en vertu de la constitution de ce
pays, au gouvernement du Canada. Si nous voulons que nos efforts, si modestes
soient-ils, portent des fruits, il m'apparaît important qu'il existe
entre les deux niveaux de gouvernement une étroite collaboration. C'est
pourquoi j'ai demandé aux fonctionnaires du secrétariat de
poursuivre et d'intensifier leurs relations avec les représentants du
bureau régional du Québec du ministère des Affaires
indiennes et du Nord canadien. De mon côté, j'ai eu plusieurs
contacts avec mon homologue fédéral. Ces relations ont
porté des fruits, dont la signature d'une entente de concertation
portant sur le développement économique des autochtones. Cette
entente, M. le Président, a été signée le 30
septembre 1987, ici même à Québec. Depuis la signature de
l'entente, quelque 50 fonctionnaires fédéraux et provinciaux
travaillent à examiner les programmes en cours, les ententes existantes
et les politiques des deux gouvernements de manière à les
harmoniser et à les bonifier, s'il y a lieu, afin de répondre
plus adéquatement aux besoins des autochtones.
Les différents groupes de travail qui ont été mis
sur pied et dont les travaux sont dirigés par un comité de
coordination présidé conjointement par le secrétaire
général associé et responsable du Secrétariat aux
affaires autochtones et par le directeur général du
ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien pour le
Québec doivent remettre leur rapport au cours de l'automne, après
avoir consulté les représentants désignés des
différentes nations autochtones du Québec.
Si vous me le permettez, M. le Président, j'aimerais informer les
membres de cette commission de quelques autres réalisations du
secrétariat au cours de l'année qui vient de
s'écouler.
D'abord, dans le domaine du développement économique. En
plus de la signature et de la mise en oeuvre conjointe de l'entente de
concertation sur le développement économique des autochtones, il
y a lieu de souligner la mise en place de comités
interministériels chargés d'examiner les moyens
d'améliorer la formation des autochtones et leur accès sur le
marché du travail, particulièrement dans les secteurs de la
construction, de l'hydroélectricité et des ressources
minérales. Également, dans le domaine du développement
économique, quelque 17 projets ont fait l'objet d'un examen
interministériel et ont abouti à des engagements financiers, soit
de la part du Secrétariat aux affaires autochtones, soit de la part des
ministères ou organismes concernés, comme l'OPDQ, le MIC, le
ministère du Tourisme, le MAPAQ et le MLCP. Ils touchent
particulièrement le financement d'organismes voués au
développement économique, la mise en place d'équipements
touristiques, la mise en valeur de la pêche et le développement du
transport aérien. Enfin, les reponsables du Secrétariat, de
concert avec ceux de l'OPDQ, se sont assurés de la participation des
Montagnais, des Naskapis et des Micmacs aux deux sommets
socio-économiques qui doivent se tenir sur la Côte-Nord et en
Gaspésie, en 1988. (10 h 15)
Dans le domaine du développement socioculturel, des
comités interministériels ont aussi été mis sur
pied pour l'étude de questions importantes telles l'hébergement
des étudiants autochtones dans les grands centres, l'accès des
autochtones à l'enseignement supérieur, le développement
des langues vernaculaires, la lutte aux abus de drogue et d'alcool et la
politique familiale.
La table sectorielle du développement socioculturel a
examiné quelque 88 demandes ponctuelles, dont 80 ont fait l'objet d'une
décision et 45 ont reçu un appui financier. Il s'agit
principalement de soutien à des activités culturelles, comme la
participation à des expositions et à des festivals, la production
de films et de vidéos, le développement des langues,
l'ethnologie, l'archéologie, l'histoire, etc.
Dans le domaine du développement communautaire, nos
fonctionnaires ont poursuivi les négociations avec les Cris
d'Oujé Bougoumou qui réclament des terres pour leur usage
exclusif. Ils ont également négocié et réglé
avec les Inuit l'accès aux gravières situées sur leur
propriété. Ils ont de plus mis au point, avec les gens du
ministère des Affaires municipales, un régime expérimental
de taxation dans la municipalité de Kuujjuaq. Enfin, la table
sectorielle de développement communautaire a examiné une
vingtaine de projets d'ordre ponctuel dont quatorze se sont vu octroyer une
aide financière. Ces projets concernent l'acquisition d'un
édifice à des fins communautaires, la participation des policiers
autochtones à une conférence internationale, l'aménagement
et l'entretien d'infrastructures de loisir et la participation de jeunes
autochtones à des activités sportives.
Nous avons poursuivi notre politique de soutien financier aux organismes
autochtones telles l'Alliance autochtone du Québec, l'Association des
Métis et Indiens hors réserves du Québec, l'Association
des femmes autochtones du Québec et la Conférence circumpolaire
inuit. De même, plusieurs conseils de bande ont reçu une aide
financière pour leur permettre de réaliser certaines
activités, soit dans le domaine culturel, soit dans le domaine
communautaire comme, par exemple, la tenue par la nation Malécite de
Viger d'une réunion de formation, le printemps dernier, à
Rivière-du-Loup.
Le Secrétariat aux affaires autochtones, pendant l'année
qui s'est écoulée, a également maintenu des services
d'information à l'intention des autochtones, de l'administration
gouvernementale et du public en général. Ainsi, cette
année encore, la revue Rencontre destinée aux
Amérindiens et aux Inuit du Québec, a paru quatre fois. Son
tirage est de 37 000 exemplaires dont 24 000 en français et 13 000 en
anglais. Des encarts contenant la version crie, montagnaise ou inuit des
principaux articles publiés sont insérés dans les copies
destinées aux communautés, selon la langue qui est pariée.
Le centre de documentation a également été
réorganisé et nous y avons ajouté les services d'une
bibliothécaire à temps plein.
Dans un autre domaine, les négociations avec les Attikameks et
les Montagnais, entreprises en 1980 et qui avaient connu très peu de
progrès jusqu'en 1986, se sont intensifiées au cours des derniers
mois. Malgré des discussions ardues, des progrès ont
été accomplis. Dans le cadre de ce dossier, un groupe de travail
composé de représentants d'Hydro-Québec et d'Attikameks,
auquel s'est joint un observateur du secrétariat, a entrepris des
négociations en vue de permettre la réalisation des travaux de la
ligne de transport d'énergie Radisson-Nicolet-Des Cantons, discussions
qui ont abouti à une entente de principe il y a quelques semaines.
Enfin, M. le Président, j'aimerais souligner une dernière
réalisation du secrétariat. Au cours de l'automne dernier, mes
fonctionnaires de concert avec ceux du Secrétariat à la
condition
féminine et ceux de l'Association des femmes autochtones du
Québec, ont préparé une campagne d'information et de
formation concernant la violence conjugale. Cette campagne, qui a
débuté il y a quelques temps déjà, devrait se
poursuivre au cours de l'année qui commence et j'ose espérer
qu'elle produira les fruits escomptés.
Voilà, M. le Président, l'essentiel des
réalisations pour l'année 1987-1988, que je voulais porter
à l'attention des membres de cette commission. Au cours de 1988-1989, je
continuerai de mettre l'accent sur le développement économique et
la formation des autochtones. À cette fin, je verrai à la mise en
oeuvre de l'entente de concertation de développement économique
à laquelle je me suis référé au début de mes
remarques. Je continuerai aussi de rencontrer les représentants des
différentes nations, de manière à mieux répondre
à leurs besoins et à leurs aspirations, tout en tenant compte de
notre capacité de répondre à leurs besoins.
Vous noterez, M. le Président, en examinant les crédits
proposés pour cette nouvelle année budgétaire, qu'ils sont
sensiblement égaux à ceux de l'an passé. Le
Secrétariat aux affaires autochtones n'administre pas de programme. Il
s'agit essentiellement d'un budget de fonctionnement auquel s'ajoute un montant
de 840 000 $ de subventions pour assurer le fonctionnement d'organismes
autochtones et permettre aux communautés de réaliser certaines
activités, comme celles que j'ai décrites dans mon
exposé.
M. le Président, je soumets donc les crédits de
l'année budgétaire 1988-1989 à l'examen de cette
commission en vue de leur approbation. Je vous remercie.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Maintenant, je vais reconnaître le porte-parole de l'Opposition, M. le
député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je vais commencer ma
brève intervention en saluant M. le ministre
délégué aux Affaires autochtones et en le remerciant de se
prêter à cet exercice que nous faisons ensemble pour la
troisième fois, et aussi en saluant et en remerciant de leur
présence l'ensemble du personnel de son cabinet et les membres du
personnel permanent du SAA - je ne suis toujours pas habitué au nouveau
nom - le Secrétariat aux affaires autochtones.
M. le Président, c'est avec beaucoup d'intérêt que
j'ai écouté le discours ou enfin les notes préliminaires
que vient de nous livrer le ministre. Je dois vous dire en toute
sincérité que j'en suis un peu déçu dans la mesure
où ce que le ministre vient de nous brosser, c'est un ensemble d'actes,
un ensemble d'interventions sans trop de suivi, enfin toutes sortes
d'éléments qui ressemblent beaucoup plus à des
interventions ponctuelles qu'à une véritable politique globale
qui se dégage, une véritable vision d'un gouvernement pour ce
qu'il y a à faire en ce qui concerne des autochtones.
Dans mon intervention, M. le Président, je prendrai à
témoin ce que le ministre nous disait lui-même l'année
dernière, le mercredi 27 mai 1987, au moment de l'étude des
crédits du SAA, et vous allez voir que, finalement, il y a une grosse
différence, il y a une marge énorme entre ce qu'il nous
annonçait l'année dernière et les petites interventions
ponctuelles dont il vient de nous faire état ici aujourd'hui. D'abord,
le ministre nous disait et je cite sa phrase: "En avril 1986, le gouvernement
me confiait la responsabilité des affaires autochtones et me chargeait
d'élaborer les politiques gouvernementales concernant les autochtones et
d'en coordonner la mise en oeuvre." Dans ce contexte, on peut sous-entendre, M.
le ministre, on peut comprendre que tout ce qui regarde le milieu autochtone
relève de la responsabilité du ministre
délégué aux Affaires autochtones.
Or, en cours d'année, on s'en souviendra, le ministre s'est
même permis de me rabrouer sur les ondes de Radio-Canada, à un
moment donné, où je lui disais justement qu'il ne faisait pas son
travail parce qu'il avait à mettre en place des politiques
gouvernementales, à préparer des politiques gouvernementales
concernant le milieu autochtone. Le ministre avait répondu dans les mots
exacts que je vais utiliser: "Moi, je suis là pour faire
l'épicerie." Si faire des politiques gouvernementales, c'est faire
l'épicerie, on est loin d'un gouvernement qui a une vision globale des
choses. Je crois que ce que le ministre vient de nous faire comme exposé
et que ce qu'on a vu, ce qu'on a constaté au cours de la dernière
année, fait preuve d'une absence totale de politique globale, d'une
vision générale de ce que doivent être les relations entre
le gouvernement et les peuples autochtones et ce que doit faire le
gouvernement, pour en arriver à des conclusions dans l'ensemble des
grands dossiers qui préoccupent les nations autochtones.
Parlons, par exemple, des questions territoriales. L'année
dernière, le ministre nous disait: "Le mandat prioritaire que je me suis
fixé consiste à traiter de manière dynamique et juste les
revendications territoriales et à mettre l'accent sur le
développement économique des autochtones." Parions de la question
territoriale, dis-je. Où en sommes-nous? En cours d'année, j'ai
beau chercher, j'ai beau prendre tous les contacts qu'on voudra, il n'y a eu
aucune conclusion de quelque sorte que ce soit, dans quelque revendication
territoriale que ce soit. Que l'on parle des négociations avec le groupe
Attikameks-Montagnais au sujet desquelles d'ailleurs le ministre se flattait
aussi en nous disant, l'année dernière, et je cite: "Les
négociation globales avec les Attikameks et les Montagnais, qui
étaient au point mort depuis deux ans, ont
maintenant repris, et des réunions régulières
laissent entrevoir un dénouement éventuel." Des réunions
régulières, M. le Président, s'il y en a eu, on n'a pas vu
beaucoup de résultats encore.
Cela va prendre encore combien d'années avant d'en arriver
à quelque chose dans le domaine des négociations avec les
Attikameks-Montagnais? Le ministre nous disait: Cela fait deux ans qu'il n'y en
a pas eu, moi, je suis meilleur que les autres, je vais faire avancer cela.
Cela fait deux ans qu'il est là. Il vient de nous le dire aussi que cela
fait deux ans qu'il est là. C'est lui qui l'a dit, ce n'est pas moi. Et
où en sommes-nous? Qu'est-ce qu'il y a de plus qu'avant de fait? S'il y
a quelque chose de fait, le ministre en garde bien le secret pour lui.
Prenons l'exemple de la réserve de Oujé Bougoumou, tout
près de Chapais ou de Chibou-gamau. C'est encore un dossier qui
traîne. Un dossier sur lequel il y aurait moyen d'avancer assez
rapidement, je pense, dans la mesure où on a réussi à
faire des consensus dans le milieu, où tous les gens sont
informés et où tout ce qu'il manque, c'est une décision
gouvernementale pour permettre que ces autochtones puissent
bénéficier des infrastructures municipales dont ils ont besoin et
dont la grande majorité des intervenants non autochtones du territoire
sont conscients et sont prêts à faire le mouvement pour que cela
se réalise. Là où ça bloque, c'est au gouvernement.
Que je sache, on n'est pas beaucoup plus avancé après deux ans de
règne du ministre délégué aux Affaires
autochtones.
Le ministre a parlé amplement de son entente
fédérale-provinciale sur le développement
économique des autochtones. J'ai, M. le Président, l'entente
entre les mains: entente de concertation Canada-Québec sur le
développement économique des autochtones. À mon humble
avis, cette entente se résume à deux paragraphes. Le paragraphe
1.1.1, à la page 3, qui dit: "Harmoniser les politiques et programmes
des deux gouvernements, relatifs au développement des autochtones, et
réduire le dédoublement." Le but est louable en soi.
Là-dessus, nous sommes tout à fait d'accord. Je pense que le
reste de ce qui gravite autour de cela ne fait que préciser cette
volonté souhaitable que l'on harmonise les programmes et que l'on
réduise les dédoublements.
Mais là où cela se gâte, c'est en page 5, à
l'article 3.1.5 de l'entente où il est bel et bien dit: "il est convenu
que rien de la présente entente ne saurait modifier la relation qui
existe entre le gouvernement du Canada et les Indiens et Inuit." Le ministre
nous a dit lui-même tout à l'heure que, constitutionnellement, les
affaires autochtones relèvent du gouvernement fédéral.
Soit! Mais ce n'est pas une raison pour ne pas faire son bout de chemin et ne
pas essayer de récupérer au maximum les pouvoirs d'intervention
du Québec dans ce domaine comme dans tout autre domaine.
À la limite, l'application de cette enten- te - parce que tout ce
qui suit après ce sont des grands principes généraux,
comme on en voit dans tous les documents du même genre et comme tout le
monde en fait tous les jours pour essayer de justifier certaines interventions
et de se donner des cadres d'intervention qui seront plus ou moins
acceptés ou plus ou moins pratiques avec le temps - on verra
après ce que cela va donner. Il y a là un élément
sur lequel il faut bien s'attarder, quand on parle des relations entre le
gouvernement du Canada, les Indiens, les Inuit.
On se souviendra que lors de la commission parlementaire sur le lac
Meech, les mémoires présentés par les autochtones
dénonçaient, entre autres, le fait que les programmes autochtones
pourraient éventuellement être assujettis à la clause sur
le pouvoir de dépenser du fédéral, le droit de retrait des
provinces en échange de compensations financières dans la mesure
où on aurait des programmes semblables. Les autochtones
s'étaient, à juste titre, probablement, opposés à
cette clause. Ce qu'on retrouve ici dans l'entente-cadre que le ministre a
signée dernièrement avec le fédéral, c'est
l'application de ce principe. Mais le principe, je dirais que - excusez-moi, je
voudrais être bien compris - c'est l'application de la revendication
selon laquelle les programmes qui touchent les autochtones ne seront pas
assujettis à la clause du pouvoir de dépenser du
fédéral dans l'entente du lac Meech. (10 h 30)
Dans la mesure où on garantit que l'ensemble des programmes,
l'ensemble des ententes qui lient le gouvernement canadien avec les
communautés autochtones, ne pourront être affectés par
l'entente de concertation Canada-Québec sur le développement
économique des autochtones, il est bien clair que le gouvernement
fédéral va pouvoir continuer à faire ce qu'il veut dans le
milieu autochtone. La seule contrainte qui en résulte, c'est la
contrainte du Québec qui, lui, ne pourra plus intervenir de sa propre
volonté, mais qui devra faire passer ses interventions par une table de
concertation, dont les modalités apparaissent un petit peu plus loin:
comité Canada-Québec, où on nous explique certaines
modalités de participation et d'inver-vention, enfin le canal qui devra
être suivi. Mais on ne retrouve là aucune contrainte pour le
fédéral, alors que c'est le Québec qui devra
présenter ses dossiers à cette table et qui devra les faire
approuver par le fédéral. Dans le fond, c'est le Québec
qui devra s'harmoniser avec les politiques fédérales, et si cela
ne fait pas l'affaire du fédéral, il pourra toujours se retirer,
parce qu'il y a aussi une clause de retrait qui est prévue avec un avis
de 90 jours.
Il est bien clair que nous ne trouvons rien de nouveau dans cette
entente. Le ministre pourra toujours nous l'expliquer autrement tout à
l'heure. Je suis certain qu'il va trouver quelque chose à redire
là-dessus, mais retenons les
paragraphes 1. 1. 1 et 3. 1. 5, qui sont les deux paragraphes
clés de cette entente.
M. le Président, il y a encore beaucoup de choses sur lesquelles
on pourrait parler, par exemple, le sujet prioritaire que s'était
donné le ministre l'année dernière. Il avait dit en
même temps que 1987-1988 serait une année de consolidation. "Cette
année en sera une de consolidation des actions entreprises au cours de
l'année passée. " C'est ce que disait le ministre l'année
dernière. Consolidation de quoi? Il nous énumérait un
certain nombre de priorités qui étaient en marche. Parmi les
sujets - je cite - actuellement traités, on peut mentionner une
étude sur l'accès des autochtones à l'enseignement
supérieur - où en est-on, M. le ministre? - rétablissement
de maisons d'hébergement pour les étudiants, la création
d'institutions financières autochtones, les voies d'accès aux
communautés, les structures de loisirs, les problèmes
reliés à l'abus de l'alcool et des drogues, et le
développement des langues verna-culaires. S'il y a eu consolidation, au
cours de l'exercice 1987-1988, de toutes ces priorités-là, tel
que le ministre le disait, on aimerait bien savoir où elles sont. Moi,
pour m'être promené quand même passablement dans certaines
communautés, je n'ai pas vu beaucoup de changement avec ce qui
s'était fait l'année d'avant. Je n'ai pas vu beaucoup de
consolidation de toutes ces choses.
Le ministre délégué aux Affaires autochtones avait
aussi - il nous disait l'année dernière que c'était de sa
propre initiative - mis en place un comité qui devait étudier la
possibilité de créer un ministère des Affaires du Nord. Il
nous disait l'année dernière que le rapport était
terminé et qu'il en était arrivé à certaines
conclusions. Il n'y a jamais eu de remise officielle encore parce qu'on a fait
revoir en quelque sorte certains des éléments. Il pourrait y
avoir une remise publique bientôt. C'était le 27 mai 1987. Onze
mois ont passé depuis ce moment-là. Quand on disait
"bientôt", on ne l'a pas encore vu. Quel est le délai d'un
"bientôt" dans la tête du ministre délégué aux
Affaires autochtones? On aimerait bien qu'il le précise. On aimerait
bien savoir où en est le ministère des Affaires du Nord et
à quoi ont servi les montants d'argent investis là-dedans?
On se souviendra que le ministre avait donné une commande
l'année dernière, un contrat à M. Jean-François
Thibault, qui avait coûté 17 607 $, plus le travail d'un
comité consultatif dont les dépenses, les frais de séjour,
étaient payés par son ministère, en plus d'autres
études parallèles qui ont été faites, le travail
qui a été fait par certains fonctionnaires du SAA
là-dessus, enfin le temps de travail utilisé. Finalement, c'est
un dossier qui commence à coûter pas mal d'argent aux
contribuables du Québec. On ne sait toujours pas à quoi va rimer
tout cela? Qu'arrivera-t-il finalement? On n'a jamais eu vent non plus d'un
rapport quelconque qui aurait été publiquement
déposé, comme le disait le ministre l'année
dernière. Je crois que le moment est venu de revenir là-dessus et
que le ministre précise ses prétentions. Parce qu'il faut bien
parler de ses prétentions. Il nous disait lui-même qu'il n'avait
jamais eu le mandat ni du Conseil des ministres, ni du caucus de ses
députés pour faire cela. C'était une initiative
personnelle. Initiative personnelle un tant soit peu coûteuse, faut-il en
convenir et qui, nous l'espérons, permettra au ministre de nous
démontrer ici que son initiative personnelle a de l'allure et ne fait
pas que coûter de l'argent sans rapporter.
Enfin, l'entente du lac Meech, on en a parlé un petit peu
rapidement tout à l'heure. Encore là, on sait que les autochtones
se sont réunis dernièrement, il y a une semaine à peine,
avec le premier ministre. On n'a pas beaucoup entendu parler le ministre
délégué aux Affaires autochtones sur ce dossier. Il nous
dira probablement que cela ne relève pas de ses compétences,
comme il nous a répondu l'année dernière sur un certain
nombre de dossiers. Je lui rappellerai que le mandat qu'il a reçu et
qu'il disait lui-même avoir reçu l'année dernière
consistait à se charger d'élaborer des politiques
gouvernementales concernant les autochtones. Si la participation des
autochtones de quelque façon que ce soit à l'entente du lac Meech
ou la reconnaissance d'une société distincte pour les autochtones
n'est pas une politique gouvernementale, il faudra bien que le ministre nous
explique comment cela n'en est pas une. Mais, dans la mesure où il a
comme responsabilité - c'est ce qu'il nous a dit - d'élaborer des
politiques gouvernementales concernant les autochtones, on aimerait bien savoir
ce qu'il en pense puisque jusqu'à maintenant, il n'en a pas beaucoup
parlé. Il a été pour le moins muet sur le sujet.
La liste est encore longue des éléments sur lesquels on
pourrait parler et qui dénotent une absence totale, complète de
vision gouvernementale en termes de relations à établir à
long terme avec des autochtones. Je ne crois pas que les politiques
gouvernementales se résument à un simple ramassis, à un
simple suivi consistant à dire: Nous avons fait tant de dossiers, nous
avons travaillé dans trois ou quatre secteurs différents, nous
avons préparé deux conférences, nous avons
participé à ceci... Ce n'est pas comme cela, M. le
Président, c'est bien dommage, mais ce n'est pas comme cela qu'on
détermine des visions à long terme.
On aimerait beaucoup plus entendre le ministre nous parler de
véritables réalisations. Quelles sont les politiques
gouvernementales sur la question des revendications territoriales des
autochtones? Quelles sont les politiques gouvernementales qui vont être
définitivement prises? Parce que actuellement, le ministre nous parie de
comités de travail, d'études. Cela coûte très cher
mais ne donne pas toujours de résultats.
Comment, par exemple, le ministre entend-il
vraiment intégrer les autochtones à la formation
professionnelle? Comment entend-il traiter le sujet de la société
distincte que réclament les autochtones? Comment entend-il traiter les
revendications globales des inuits du nord du Québec qui demandent un
transfert global de fonds au niveau de l'Administration régionale
Kativik? Comment entend-il traiter la question du comté inuit, qui a
été soulevée en commission parlementaire, quand on a
discuté de la réforme de la carte électorale? Je n'ai pas
beaucoup entendu parler le ministre là-dessus.
Enfin, quelles sont les grandes visions de ce gouvernement par rapport
au milieu autochtone? C'est ce qu'on veut savoir. C'est ce qui nous
intéresse. Les détails, le suivi quotidien, l'épicerie -
pour reprendre un terme que le ministre utilisait lui-même l'année
dernière - c'est normal, il faut que cela se fasse. Mais il faut que
cela se fasse dans un cadre déterminé, dans un cadre
compréhensible par tout le monde. C'est ce cadre qui nous
échappe, qu'on n'a pas. J'espère que le ministre sera capable
aujourd'hui de nous donner, pour le moins, des éléments de
base.
Pour finir brièvement sur les crédits de l'exercice
financier 1988-1989, encore là, à l'étude des chiffres qui
sont déposés, on voit qu'il s'agira exclusivement de continuer la
gestion à la petite semaine, la politique à la petite semaine,
qui a été entreprise. Le budget est relativement le même.
Les différences pour les salaires sont strictement celles liées
aux augmentations de salaires des conventions collectives. Il n'y a rien de
nouveau. Il n'y a pas de fonds supplémentaires de prévu pour
quelque intervention que ce soit. L'année dernière, on avait
prévu un budget de 2 300 000 $. On a dépensé 2 300 000 $.
Cette année, on a un budget de 2 400 000 $. On va probablement
dépenser 2 400 000 $, dans une administration à la petite
semaine, sans vision globale, sans objectif déterminé.
M. le Président, c'est sur cette base que nous allons questionner
le ministre aujourd'hui, pour savoir ce qu'il a derrière la tête
et vers où vont nous mener ses supposées politiques, en termes de
développement des autochtones et d'intégration du monde
autochtone à l'ensemble des activités sociales,
économiques et culturelles du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le
député d'Ungava. Cela va, M. le ministre? Êtes-vous
prêt pour la série de questions ou si voulez-vous revenir sur
certains éléments?
M. Raymond Savoie (réplique)
M. Savoie: Une réplique. M. le Président, il
faudrait comprendre que le député d'Ungava a plusieurs charges.
Effectivement, on sait que l'Opposition ne consiste qu'en quelque 20
députés. Ils ont beaucoup de travaux à voir et de choses
à faire. En conséquence, ils ne peuvent pas voir en profondeur et
dans son étendue l'ensemble des interventions dans les dossiers
autochtones. L'ensemble des interventions du député, je pense,
sont de bonne foi. Ce qu'il cherche à faire, c'est d'essayer de
comprendre et d'avoir une vue d'ensemble de ce qui se produit. Dans ce
sens-là, je pense qu'il ne s'agirait pas de lui en vouloir. Il faudrait
comprendre qu'il est très occupé, qu'il n'a pas le temps de se
renseigner et de s'informer sur chacun des dossiers et qu'en
conséquence, l'ensemble de ses vues, malgré le fait qu'elles
soient erronées, sont de bonne foi.
Je vais donner quelques exemples, tout simplement parce que je n'ai pas
le temps je ne pense pas que ce serait dans l'intérêt de cette
commission d'intervenir sur une base ad hoc sur chacune des interventions et de
démontrer qu'effectivement il s'est leurré. Mais je vais prendre
seulement quelques dossiers que j'ai notés comme cela. On va prendre,
par exemple, le dossier d'Oujé Bougoumou qui est évidemment une
bande de Cris qui se trouvent en grande partie dans le comté du
député d'Ungava. Comme vous vous en rappelez certainement, en
1983-1984, le premier ministre d'alors, M. René Lévesque, qui
s'occupait du dossier des autochtones, avait octroyé aux Cris de cette
communauté un petit terrain, un lopin de terre, d'un kilomètre
carré en bordure de la route entre Chapais et Chibougamau qui devait
servir de réserve pour cette communauté. À notre
arrivée au pouvoir, avant même d'être nommé aux
Affaires autochtones, une des premières rencontres qu'on a eues avec les
Cris, c'était avec un groupe d'Oujé Bougoumou qui était
venu me voir pour me sensibiliser au dossier, pour me demander d'intervenir
pour dire justement de mettre de côté la résolution
proposée par le Parti québécois pour leur présenter
des terres convenables, comme pour les autres communautés Cris au
Québec. C'est ce que nous avons fait. Nous nous sommes attachés
à ce dossier-là et le député d'Ungava devrait
savoir que c'est un dossier qui est maintenant réglé.
Pour ce qui est du Québec, on a déterminé des
terres de catégorie I et des terres de catégorie il. Le dossier
est maintenant rendu au gouvernement fédéral. Avec le
Québec, c'est fini, à la satisfaction des Cris d'Oujé
Bougoumou, et j'inviterais le député d'Ungava à contacter
le chef Bossum pour qu'il soit enfin renseigné davantage sur
l'état du dossier, puisqu'il est manifestement mal renseigné.
Pour ce qui est, par exemple, de l'entente de concertation, if faut
savoir qu'en 1984-1985, le gouvernement d'alors, le gouvernement du Parti
québécois, avait signé avec le gouvernement conservateur
d'Ottawa tout un ensemble d'ententes de développement économique
régional, qu'on appelle les EDER. Il n'y avait absolument rien dans ces
EDER qui portait sur le statut des autochtones, sur le développement
économique
I des autochtones, par exemple. On sait que la grande majorité
des autochtones occupe des régions, mais il n'y avait absolument rien
qui faisait en sorte que les autochtones pouvaient bénéficier de
ces ententes-là. Nous sommes intervenus. On a signé une entente
avec le gouvernement fédéral, une entente de concertation qui
nous permet de délimiter et de travailler avec le gouvernement
fédéral afin d'identifier un ensemble d'interventions qu'on
pourrait faire au chapitre de ces ententes pour permettre justement qu'un
montant soit versé aux nations autochtones. Cette entente de
concertation est une première étape nécessaire et utile
pour qu'on puisse transférer des sommes importantes aux
communautés autochtones.
Le député d'Ungava a parlé, finalement, des
revendications territoriales. Il a utilisé l'exemple du CAM. Les
négociations procèdent très bien. J'ai discuté, la
semaine passée, avec le négociateur pour le Conseil
attikamek-montagnais, M. Cleary. Il me disait que cela progressait bien. Le
secrétaire général du Secrétariat aux affaires
autochtones, M. Gilles Jolicoeur, qui dirige ces négociations pour le
gouvernement du Québec, m'avise qu'elles procèdent bien. Nous
sommes déjà arrivés à délimiter l'ensemble
des discussions qui doivent faire l'objet de l'entente. On procède sur
chacun des éléments. (10 h 45)
Les Attikameks et les Montagnais sont satisfaits des négociations
qui ont cours. Il est sûr que ce sont des négociations qui vont
durer encore plusieurs années avant de se terminer. Elles se
déroulent dans l'ordre, à la satisfaction des deux parties et
aussi vite, avec autant de célérité, que possible.
Là encore, en ce qui concerne les Attikameks et les Montagnais, il n'y a
eu aucun ou très peu de progrès de 1980 à 1985, et,
pendant plusieurs années, il ne s'est rien passé. Aujourd'hui, je
pense qu'il y a un progrès réel. Il y a une entente de
signée sur les objets des négociations, et les
négociations progressent au rythme d'une rencontre par semaine, parfois
deux. Et jamais, au grand jamais, je n'ai entendu dire, du côté du
Conseil attikamek-montagnais, que, par exemple, cela n'avançait pas
assez vite, que ce n'était pas à leur satisfaction ou que les
interventions du Québec étaient mal préparées ou
peu responsables. C'est tout à fait le contraire. Lors de la visite de
l'ensemble des communautés monta-gnaises, l'année passée
et même hier lorsque j'étais à Pointe-Bleue, tous les gens
semblaient dire qu'ils étaient satisfaits de l'état des
négociations. Ils voudraient évidemment que cela se règle
le plus vite possible? On partage, mais jamais on ne critique ces
négociations en disant, par exemple, qu'elles sont inutiles, qu'elles ne
donneront pas de résultats, des choses semblables. Donc, pour
l'ensemble, on est très satisfait.
Pour ce qui est de \a consolidation au SAA, on a établi de
nouveaux mécanismes. Ces mécanismes donnent les résultats
escomptés. Il y a un rodage qui se fait, et on est heureux de
l'orientation donnée à l'ensemble des dossiers. Il est
très difficile de coordonner les interventions auprès de dix
nations autochtones et des Inuit de façon globale, de façon
à dire qu'il y a une politique pour l'ensemble. Chacune vit un statut
juridique identique. On tâche de coordonner le mieux possible les
activités avec les ministres. Et, comme résultats, si on regarde
l'ensemble de la situation depuis deux ans, malgré une situation
politique extrêmement complexe, je crois que les nations autochtones sont
satisfaites de l'intervention du gouvernement du Québec et du leadership
qu'on donne dans ce dossier. Bien sûr, il y a des problèmes, bien
sûr, il y a des endroits où cela demande beaucoup plus de temps
que prévu et, bien sûr, il y a également des
déceptions. On ne prétend pas être en mesure de
régler à la satisfaction des autochtones chacun des dossiers
qu'on entreprend, mais je crois que l'effort qu'on y consacre et la
sincérité avec laquelle on intervient dans leurs dossiers
méritent certainement leur confiance, ce qu'ils nous accordent en
très grande partie. Et, malgré un taux de réussite
très élevé, je crois que le député d'Ungava
devrait reconnaître qu'il est impossible d'accorder à chacune des
nations toutes et chacune des demandes qu'elles déposent auprès
du gouvernement. Dans son ensemble, je calcule que la situation est
satisfaisante et que, malgré des difficultés
considérables, on réussit à satisfaire l'ensemble des
demandes déposées chez nous par les communautés
autochtones.
Le député d'Ungava a discuté de la question d'une
politique d'ensemble. On est en voie de déposer un document qui va
constituer en quelque sorte, pour la première fois dans l'histoire du
Québec, un document qui fait le point, qui rassemble les positions
gouvernementales en ce qui concerne le dossier autochtone. Ce document, le
député va vite le constater, est relativement maigre. Mais il
faut que le député constate aussi que ce n'est que depuis 1960
que le gouvernement du Québec intervient auprès des autochtones.
Auparavant, on s'en occupait peu ou pas du tout. C'était un domaine
réservé aux religieux. C'était un domaine
réservé au gouvernement fédéral. Le gouvernement
provincial ne s'en mêlait pas. Ce n'est qu'en 1960 qu'on a
commencé à créer des services qui nous permettaient de
venir en aide à différentes nations sur le territoire du
Québec. Et, après 25 ou 30 ans d'interventions, on commence
à avoir un portrait, on s'est impliqué, on s'est immiscé.
Il y a des contacts et des communications qui se font sur une base
régulière. Maintenant, je crois que les autochtones sont, dans
l'ensemble, très favorables à l'intervention du Québec et
voient d'un bon oeil les directions qu'on lui donne.
Bien sûr, on ne peut pas satisfaire tout le monde, mais on fait
notre gros possible. Je pense que le résultat est là. Lorsqu'on
va dans une communauté, lors des échanges avec les chefs et, par
exemple, les membres du conseil, même des
citoyens de ces communautés, on nous fait part souvent des
problèmes. Il y a souvent des discussions de fond. Dans son ensemble, ce
qui s'en dégage d'une façon très claire, c'est qu'ils
constatent que, oui, il y a un effort qui se fait de notre côté et
qu'ils sont satisfaits de cet effort.
Secrétariat aux affaires autochtones
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le ministre.
Je vais appeler immédiatement le programme 2, élément 3,
vu que c'est le seul élément que nous avons à examiner
aujourd'hui. M. le député d'Ungava.
Généralités
M. Claveau: M. le Président, directement sur
l'élément, comme je le disais tout à l'heure, ce sont les
mêmes chiffres que l'année dernière. Il y a tout simplement
des ajustements en pourcentage pour les salaires, les indexations. Bon! Il n'y
a absolument rien de nouveau. Je veux dire que ce sont des chiffres de gestion
courante, tout simplement, comme je le disais, de politique à la petite
semaine. Par contre, il y a une chose qui me frappe, c'est que l'année
dernière, on avait mentionné que, dans le même petit cahier
noir que le ministre avait déposé, qui est très mince,
comme vous en conviendrez, il n'y a pas grand-chose comme
éléments politiques là-dedans. Alors que dans d'autres
ministères - on en avait parié aussi l'année
dernière d'ailleurs, le ministre s'en rapellera - par exemple le
ministère de l'Énergie et des Ressources, on nous remet des
documents très épais avec des visions, avec des analyses de
situation de dossiers, etc., qui nous permettent de faire un travail
honnête.
Le ministre nous accuse de manquer d'information. Qu'il en donne de
l'information, comme cela on va savoir. S'il y a vraiment quelque chose, s'il a
des informations à donner, qu'il en donne. Qu'il ne se réfugie
pas dernière un mutisme permanent. Qu'il en donne. On pourra
peut-être discuter sur la même base. C'est cela le problème
aussi. Alors, regardez cela, il nous donne des petits chiffres, une petite
galette, tout ce qu'il y a de plus mince, le strict minimum. Après il
dit: Écoutez, vous manquez d'information. C'est cela qu'on veut, c'est
de l'information, qu'il nous la donne s'il en a à donner.
M. Savoie: Je n'ai jamais, au grand jamais, refusé quelque
information que ce soit à qui que ce soit en ce qui concerne le
Secrétariat aux affaires autochtones, particulièrement
vis-à-vis des commissions. Je mets le député d'Ungava au
défi de trouver une fois, que ce soit à cette commission, en
Chambre, ou tout simplement par téléphone, où il m'a
demandé des renseignements que je lui ai refusés. Il nous a
demandé des documents. On lui transmet tout, mais alors, tout, tout,
tout. Il peut nous dire que les informations sont maigres. Je voudrais qu'il
s'explique. Je voudrais qu'il nous donne un exemple précis de ce qu'il
veut dire.
M. Claveau: C'est très simple, M. le Président.
Remarquez que c'est quasiment le contraire, c'est moi qui réponds aux
questions du ministre. C'est très simple à comprendre. Le
ministre dépose des crédits. Bon! De l'argent qu'il va
dépenser. C'est sûr qu'il n'en a pas beaucoup, il a 2 400 000 $.
Il reste que cet argent va servir à quelque chose. Normalement, il
devrait y avoir, accompagnant ces chiffres, les grandes visions, une analyse de
la situation, un pourquoi de ces dépenses qui devraient être un
préalable à l'accompagnement des chiffres. Le ministre,
dépose des chiffres tout crus comme cela, quelques feuilles, sans aucune
perspective. Après, il vient nous accuser et dire qu'on ne sait pas de
quoi on parie quand on dit qu'il n'y en a pas de perspectives. S'il en a, qu'il
nous les mette, qu'il nous les donne, qu'il les exprime et on pourra en
discuter après. Actuellement...
M. Savoie: Je vous ai demandé, M. le député
d'Ungava, de me donner un exemple. Donnez-moi un exemple parce qu'on ne vous
comprend pas. Je vous ai dit: On n'administre pas de programmes. Cela fait deux
ans que je vous le répète. Concernant les affaires autochtones,
on n'administre pas de programmes. On a un budget de fonctionnement. Ce que
vous avez devant vous, constitue l'explication de l'allocation des montants.
Voulez-vous savoir, par exemple, je ne sais pas, concernant le traitement du
personnel, comment cela se divise? Quels sont les salaires, par exemple, de
tous et chacun des employés au SAA? Voulez-vous savoir... Donnez-moi un
exemple.
Orientations
M. Claveau: M. le Président, quand on étudie les
crédits, on étudie les chiffres, certes, on a ces colonnes de
chiffres. Mais on étudie aussi les orientations, les principes qui vont
sous-tendre l'affectation de ces chiffres. Le ministre nous dit: Nous autres,
on n'administre pas de budget, on fait juste gérer le quotidien. Mais il
disait l'année dernière, et je reviens sur cette phrase puisqu'il
essaie d'en passer la responsabilité aux autres, alors que c'est lui qui
le disait: "En avril 1986, le gouvernement me confiait la responsabilité
des Affaires autochtones et me chargeait d'élaborer les politiques
gouvernementales concernant les autochtones." C'est à la page R-2643 du
Journal des débats, commission parlementaire des institutions du
27 mai 1987. "...me chargeait d'élaborer les politiques gouvernementales
concernant les autochtones." Où sont-elles, ces politiques-là?
C'est ce qu'on devrait discuter. C'est sur cette base que cet argent devrait
être affecté, les 2 400 000 $.
Où sont les politiques? Donnez-nous-les. On va ' en discuter.
M. Savoie: Je lui demande un exemple...
M. Claveau: Vous en avez un exemple. Vos politiques, où
sont-elles?
M. Savoie: Je lui ai demandé de m'en citer un exemple. Tu
ne m'en cites pas un. Essaie donc ou tâche donc de comprendre...
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, s'il vous
plaît, on s'adresse...
M. Savoie: Je m'excuse, M. le Président. Il faudrait que
le député d'Ungava tâche de comprendre, qu'il cherche
à comprendre ou se fasse expliquer par ses amis qu'on n'administre pas
de programmes, que le Secrétariat aux affaires autochtones n'administre
pas de programmes. C'est un secrétariat de coordination.
Chaque ministère garde sa politique, ses orientations en ce qui
concerne les communautés, les nations autochtones. Nous, ce qu'on
cherche à faire, c'est les coordonner, leur donner, par exemple, une
certaine cohésion au chapitre de l'aide administrative, s'assurer que
les demandes sont bien traitées, assister les autochtones à
présenter ces demandes auprès des ministères. On
n'administre pas de programmes.
M. Claveau: Est-ce que je dois comprendre que le ministre
induisait la commission en erreur en disant qu'il était chargé
d'élaborer les politiques gouvernementales concernant les
autochtones?
M. Savoie: C'est exactement cela. Ma tâche est justement de
définir et d'appliquer des politiques du gouvernement du Québec
vis-à-vis... J'interviens auprès des ministres sectoriels. Je
leur dis: Dans tel domaine, prenez telle orientation, dans tel autre domaine,
on est d'accord avec l'orientation que vous avez prise, on va participer, on va
vous assister à réaliser une entente, on va vous aider, on va
participer à conclure telle forme de financement avec telle
communauté, telle nation. On est un service de coordination.
M. Claveau: Qui est responsable de l'élaboration des
grandes politiques globales? Vous nous dites qu'il y a un dossier sur les
grandes orientations du gouvernement. - quelque peu squelet-tique, vous l'avez
dit vous-même - qui va être déposé. J'espère
qu'on va pouvoir le consulter. Qui est responsable de cela?
M. Savoie: C'est sûr que cela est sous mon autorité,
en vertu du décret qui m'a nommé. Ce qu'il faut que le
député d'Ungava comprenne, c'est qu'en vertu de 91.24 de la
constitution, les autochtones sont sous la responsabilité du
gouvernement fédéral. Malgré 91.24, et cela depuis 30 ans
comme je l'ai mentionné tout à l'heure, le gouvernement du
Québec intervient davantage auprès des communautés
autochtones.
En ce qui concerne les soins de santé, ils sont plus nombreux.
Ils se développent. Ils ont plus de demandes vis-à-vis les fonds
dont dispose le gouvernement. On tâche, par une politique de
coordination, d'assister davantage les communautés à faire des
demandes auprès des fonds qui existent dans chacun des
ministères, pour pousser sur les demandes faites par les
communautés, pour tâcher d'intervenir, pour donner une
cohérence à l'ensemble de la politique gouvernementale
vis-à-vis des autochtones comme pour chaque nation. Parce que les
politiques, comme les orientations, varient énormément d'une
nation autochtone à l'autre. Il y a des nations autochtones, par exemple
les Abénaquis, qui ne sont pas 1000, au Québec. Ils sont 800.
Vous avez, à côté de cela, les Inuit qui sont 7000 ou 8000
et qui vivent dans une région complètement au nord du
Québec, presque totalement isolés de l'ensemble des
préoccupations de la grande majorité des Québécois.
Il y a aussi les Montagnais qui vivent sur la Côte-Nord. Chacun vit des
problèmes et des situations qui sont très différents.
On cherche à répondre aux besoins de chacune des nations
autochtones, coordonner les interventions gouvernementales dans ces milieux;
participer au COMPADR, au COMPDE; intervenir auprès du COMPACS, par
exemple, pour la situation de Saint-Régis, assurer qu'il y ait une vue
d'ensemble de donnée aux interventions chez les inuit, assister telle
communauté pour obtenir la cogestion, par exemple celle de la
réserve Tourilli, qui puisse répondre à leurs besoins de
chasse, de pêche, d'activités religieuses et culturelles. (11
heures)
C'est d'intervenir sur une base ad hoc, volontiers, en leur faveur,
comme dans le cas à Oujé Bougoumou, où les Indiens
n'étaient pas satisfaits de ce qui leur avait été offert.
Ils ont demandé que la proposition soit mise de côté et
qu'on aille chercher un territoire dans le bois près d'un lac où
ils pourraient continuer à vaquer à leurs occupations
traditionnelles. C'est ce qu'on a fait. On a annulé ce qui avait
été fait par vous pour répondre à leurs besoins,
à leurs demandes. On a coordonné cela auprès du MLCP,
auprès d'autres ministères, auprès du ministère de
l'Énergie et des Ressources, etc., afin qu'on puisse satisfaire leurs
demandes et répondre à l'attente de leur population. C'est ce
qu'on fait.
Vous me dites que vous voulez plus d'explications. Je vous demande de me
donner un exemple clair de ce que vous voulez. Par exemple, je ne vois pas
l'utilité que vous connaissiez tous et chacun des montants sur notre
masse salariale, à ce que vous sachiez, par exemple, ce que gagne M.
Laquerre.
Priorités
M. Claveau: Le ministre veut comprendre? Je vais me servir de ses
propres mots pour lui faire comprendre. À la page R-2644-CI du
Journal des débats de l'Assemblée nationale de
l'année dernière, daté du 27 mai 1987, le ministre nous
parle. Après nous avoir fait part de la mise en place des trois groupes
de coordination dans les domaines socioculturel, économique et
communautaire, il nous dit qu'il a des grandes priorités qui devraient,
à mon avis ou à notre humble opinion, faire l'objet d'une
politique ou d'une vision gouvernementale. On peut mentionner une étude
sur l'accès des autochtones à l'enseignement supérieur.
D'accord? C'est une grande priorité. L'établissement de maisons
d'hébergement pour les étudiants, deuxième grande
priorité; la création d'institutions financières
autochtones, troisième grande priorité; les voies d'accès
aux communautés, quatrième grande priorité; les structures
de loisirs, cinquième grande priorité; les problèmes
reliés à l'abus de l'alcool et des drogues, sixième grande
priorité; et le développement des langues vernaculaires,
septième priorité. Le ministre nous donne sept grandes
priorités auxquelles il va travailler. Il nous dit ensuite, à la
page suivante R-2645-CI: "Cette année en sera une de consolidation des
actions entreprises au cours de l'an passé". C'étaient des
actions entreprises au cours de l'an passé. Où en sont ces
consolidations? Où sont les grands énoncés
déposés par le ministre? On ne voit rien de cela nulle part. On
ne sait pas combien cela a coûté. On ne sait pas combien d'argent
il a accordé dans chacun de ces secteurs. On ne sait rien.
M. Savoie: Si je comprends bien, c'est qu'il a
décidé de lâcher ma demande spécifique concernant un
exemple sur une question de financement. Là, il est embarqué sur
une question d'ensemble, c'est ça?
M. Claveau: Non, non. Quand on parle de crédits, ce n'est
pas uniquement de savoir si cela a coûté 0,05 $ de plus ou de
moins à telle place. On parle des grandes orientations, de ce à
quoi on affecte l'argent, pour quelle raison on affecte ces montants d'argent.
Comme le ministre veut avoir des exemples, dites-moi combien d'argent,
d'efforts et de temps vous avez mis pour résoudre le problème de
l'alcoolisme et des drogues chez les autochtones, par exemple? Combien cela
a-t-il coûté jusqu'ici? Où en êtes-vous rendu dans
vos études sur l'accès des autochtones à l'enseignement
supérieur? Combien avez-vous mis d'argent sur l'accès routier aux
communautés?
M. Savoie: Bon, là-dessus, posez-moi une question et je
vais vous répondre.
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, une seconde s'il
vous plaît...
M. Claveau: On devrait retrouver ces orientations dès le
départ et non pas avoir un squelette de chiffres tout simplement.
M. Savoie: C'est ce qu'il ne comprend pas, M. le
Président. C'est qu'il voudrait avoir un chiffre à un endroit qui
dirait qu'en ce qui concerne les problèmes d'alcool et de drogue, le
gouvernement du Québec; a versé un montant de 6 000 000 $ aux
communautés autochtones. C'est bien ce que vous voudriez, n'est-ce
pas?
M. Claveau: Et à quoi cela a servi?
M. Savoie: C'est ce que vous voudriez. Sauf que ce que vous
demandez doit être demandé au ministère de la Santé
et des Services sociaux, par exemple...
M. Claveau: Non. Il y a un ministre responsable pour coordonner
cela. Cela fait partie de son mandat. Il est chargé d'élaborer
les politiques gouvernementales.
M. Savoie: Donc, cela ne relève pas de mes crédits.
Cela relève des crédits du ministre responsable, en l'occurrence
de Mme Thérèse Lavoie-Roux, qui est la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Elle va affecter une partie de son budget
à ce dossier, par exemple. Il n'y a pas qu'elle qui va donner de
l'argent. Il y a plusieurs ministères qui sont impliqués dans ce
processus. J'essaie de faire comprendre au député d'Ungava que sa
position est à l'envers.
M. Claveau: Ah bon! Eixpliquez-moi cela.
M. Savoie: Cela me fera plaisir, M. le député
d'Ungava. Nous sommes un ministère de coordination. Savez-vous ce que
cela veut dire?
Cela veut dire qu'on ne gère pas de masse monétaire.
M. Claveau: Sans portefeuille.
M. Savoie: On en a un, mais il est minime. On ne gère pas
de programmes, on ne gère pas d'ensembles de montants qui visent
à créer des programmes à même nos fonds, par
exemple, pour ce dossier sur la question de drogue et d'alcool dans les
communautés. Mais il en existe au fédéral. Il exite des
programmes, des méthodes d'intervention à Québec, dans
deux, trois ministères. On cherche à coordonner ces
interventions, à dire au gouvernement fédéral: Faites
attention, on est en voie de créer un programme en ce qui concerne tes
autochtones dans tel domaine; on y prévoit la création de telles
orientations et la dépense d'argent de telle façon.
Vous, si voulez y intervenir, parfait, mais on vous demande de vous
coordonner avec nous.
On vous demande de tenir compte du programme qu'on dépose, de
venir en appui de l'orientation qui est donnée et non pas de venir la
contrarier. C'est cela la différence.
On ne dépose pas sur la table les montants dont vous parlez. Si
vous voulez savoir qu'elle est l'intervention globale du gouvernement du
Québec par ministère, auprès de chacune des nations, c'est
une chose qu'on est capable de déterminer assez facilement.
Ce que je vous dis, par contre, c'est que, par programme, cela ne
relève pas de nous. Cela relève de la ministre de la Santé
et des Services sociaux, ou du ministre de l'Éducation, M. Claude Ryan,
par exemple, qui pourrait, dans l'administration de ses budgets, en ce qui
concerne les écoles primaires, dans chacune des régions du
Québec, mettre un montant de côté pour les
communautés autochtones qui ont besoin d'une école primaire ou
secondaire. Il alloue à même son budget parce que c'est lui le
ministre de l'Éducation du Québec. Il peut dire: Dans telle
communauté, on construit une école primaire. Les fonds qui sont
attribués et les programmes qui sont construits sont de sa
compétence. Nous cherchons à travailler avec le ministre de
l'Éducation. On se donne des orientations. On sait, par exemple, qu'un
gros problème dans les communautés, c'est l'enseignement
supérieur. J'ai discuté avec deux ou trois présidents de
compagnies minières au Québec de la création d'une bourse
pour encourager des étudiants autochtones à poursuivre leurs
études. Noranda a déjà répondu d'une façon
favorable, et il y en d'autres qui s'en viennent. On est en voie de mettre cela
en branle. En ce qui concerne les maisons d'hébergement
d'étudiants, le rapport sera terminé au mois de juin, il sera
déposé et on va enclencher le mécanisme. Ce sont des
choses qu'on essaie de corriger étant donné le laxisme de
l'ancien gouvernement qui n'a rien fait pendant dix ans. Il y a une
intervention, mais c'est une intervention de coordination. On n'administre pas
de projets. Ce n'est pas à nous de déposer sur la table les
montants qui sont dépensés par le ministère des Transports
pour les communautés autochnones. C'est au ministre des Transports
à administrer les montants pour toute la province de Québec, y
compris les communautés autochtones. Ce que nous essayons de faire,
c'est de coordonner cette intervention.
Le député d'Ungava cherche à avoir des
précisions sur l'ensemble des interventions, lorsque je lui dis qu'on ne
les administre pas. Cela n'est pas sous notre responsabilité. On ne peut
commencer à chiffrer les montants qui sont dépensés par
programme, des programmes qu'il peut éventer comme bon lui semble. Ce
n'est pas notre rôle. C'est pour cela que je dis qu'il est à
l'envers. Nous avons un rôle de coordination. Chaque ministère
intervient, et on tâche d'assister l'intervention de ce ministère
ou de l'encourager, de la susciter, mais de s'assurer que, pour ce qui est des
autochtones, on répond le mieux possible à leurs besoins.
Le Président (M. Marcil): Je vais reconnaître Mme la
députée de Groulx.
M. Claveau: Est-ce que j'ai fini mon temps?
Le Président (M. Marcil): Mme la secrétaire, est-ce
que... Habituellement, vous avez droit à 20 minutes d'intervention.
M. Claveau: C'est 20 minutes, sans compter les réponses du
ministre. On en a discuté l'année dernière. D'ailleurs,
c'était entendu là-dedans. Je l'ai relu hier.
Le Président (M. Marcil): D'accord, je m'excuse.
M. Claveau: Les réponses du ministre ne sont pas comprises
dans mes 20 minutes?
Le Président (M. Marcil): Je reconnais encore M. le
député d'Ungava. Cela va.
M. Claveau: Écoutez, on va en finir avec cela. Il reste
que je maintiens, M. le Président, que le ministre est responsable de la
coordination et de l'élaboration des politiques gouvernementales et que,
dans cette mesure, il devrait être capable de répondre à
toutes ces questions et de nous donner des aperçus de base qui nous
permettraient d'avoir une discussion qui soit d'un ordre différent de
celui qu'on a aujourd'hui parce que, justement, il ne donne pas d'informations.
Je prétends que, en tant que ministre responsable de
l'élaboration des politiques du gouvernement, il devrait avoir les
informations. C'est bien de valeur, mais ce n'est pas en diluant qu'if va
sauver la face. Ce n'est pas vrai.
On va changer de sujet quand même, si vous permettez, M. le
Président. On n'est pas pour s'éterniser là-dessus.
J'aimerais d'abord poser une petite question très rapide.
Le Président (M. Marcil): Excusez-moi, M. le
député. Si vous avez terminé sur ce sujet-là, c'est
20 minutes par intervention. Mme la députée, est-ce que c'est sur
le même sujet?
Mme Bleau: Non.
Le Président (M. Marcil): Non? Donc, je vais...
M. Claveau: J'ai 20 minutes. Mme Bleau: Oui, mais...
Le Président (M. Marcil): Oui, oui. Je suis d'accord avec
vous. Vous avez 20 minutes d'intervention. Si vous changez de sujet et qu'un
autre député veut intervenir sur le même sujet, je vais lui
laisser terminer sur le même sujet.
C'est dans ce sens-là. Est-ce que c'est sur le même
sujet?
Mme Bleau: Oui.
Le Président (M. Marcil): Bon. Allez-y, Mme la
députée de Groulx.
Attikameks et Montagnais
Mme Bleau: Dans l'intervention du député d'Ungava,
il a parlé des négociations avec les Montagnais et les
Attikameks. Je sais que ces négociations ont connu quelques soubresauts.
Mais, comme il nous le laissait entendre, c'est comme s'il ne s'était
rien passé. Est-ce que vous croyez qu'elles sont susceptibles d'aboutir?
Est-ce qu'on va avoir des résultats concrets dans un avenir
rapproché?
M. Savoie: Pour répondre à cette question, on
pourrait peut-être demander à M. Jolicoeur qui, justement, dirige
les négociations au nom du gouvernement du Québec auprès
du CAM, le Conseil attikamek montagnais. Je suis certain qu'il sera en mesure
de vous donner une réponse avec beaucoup de plaisir.
M. Jolicoeur (Gilles): Les négociations qui ont
été enclenchées en 1980 n'ont connu à peu
près pas de progrès jusqu'en 1986, pour toutes sortes de raisons,
qui sont étrangères en fait au gouvernement. La partie autochtone
n'était pas prête à enclencher vraiment les pourparlers.
À partir de 1986, du côté attikamek-montagnais, on a
structuré l'organisation, ce qui a permis d'enclencher les pourparlers
qui ont pris une forme un peu plus substantielle. Alors, entre 1986 et
aujourd'hui, il y a eu des rencontres qui se sont échelonnées sur
une base bimensuelle, à raison de deux jours de négociations
chaque fois. Nous avons abordé deux thèmes principaux, qui
étaient d'abord de se donner un cadre de travail au cours de cette
période. Cette entente-cadre, dont les discussions sont à peu
près terminées, est susceptible de connaître un
aboutissement au cours des prochaines semaines. Il reste encore un point qui
nous sépare, mais l'ensemble des autres préoccupations a
été réglé.
Nous avons abordé également un autre aspect de ces
négociations qui concerne la mise en place de mesures provisoires au
cours des. négociations, de manière à protéger les
intérêts des Attikameks et des Montagnais à l'égard
de développements majeurs qui pourraient se faire ou se produire au
cours des négociations. Là aussi, les négociations sont
quand même assez ardues parce qu'on a des approches qui sont
évidemment différentes, alors que la politique prévoit,
encore une fois, la mise en place de mesures provisoires qui pourraient
protéger les intérêts des peuples autochtones pendant les
négociations. La partie adverse, la partie autochtone voudrait profiter
de ce dossier pour intro- duire des mesures de développement
économique qui, pour nous, revêtent plutôt un
caractère permanent. Ce que l'on cherche à faire, c'est de
précipiter les discussions sur tous ces éléments
préparatoires de manière à enclencher le plus rapidement
possible les questions de fond. Alors, on a quand même espoir que la
partie autochtone se rangera à notre point de vue et qu'au cours des
prochaines semaines, on pourra entreprendre des discussions plus fondamentales
sur le fondement même des négociations. Si on pouvait amorcer ces
négociations sur une base plus fondamentale, le calendrier qu'on s'est
donné prévoit la conclusion d'une entente de principe dans une
période d'à peu près trois ans. Il reste encore beaucoup
de chemin à parcourir, mais il faut bien comprendre que les enjeux sont
extrêmement considérables, tant pour la partie autochtone que pour
la partie gouvernementale. Il faut également tenir compte du fait qu'il
y a trois parties principales à la table des négociations,
puisque le gouvernement fédéral est une des parties, et que, du
côté des Attikameks et des Montagnais, il y a également
deux parties autochtones, ce qui n'est pas de nature à faciliter les
choses. (11 h 15)
Abénaquis
Mme Bleau: Dans le même ordre d'idées, on a
parlé tout à l'heure des Abénaquis qui réclamaient
un territoire de chasse et de pêche. Où en est-on rendu dans ces
discussions? Est-ce que le dossier est un peu plus avancé qu'il ne
l'était l'année passée?
M. Savoie: Oui, effectivement. Nous avons rencontré les
Abénaquis, la semaine passée, je crois. Nous avons passé
une journée avec eux. C'est un dossier important pour ce groupe
d'autochtones qui demeure au sud de Trois-Rivières. Il s'agit de deux
communautés, à Wôlinak et à Odanak. À
Wôlinak, il y a à peu près 150 ou 160 autochtones et,
à Odanak, évidemment, ils sont un peu plus nombreux, soit environ
450. Ils ont acquis une pourvoirie dans le Haut-Saint-Maurice qui porte le nom
de pour-voirie Neville. Ils continuent cependant de réclamer un
territoire parce qu'ils considèrent la pouvoirie comme une entreprise
commerciale pour recevoir des clients et non comme un territoire de chasse et
de pêche pour leur utilisation exclusive. Il y a des négociations
entre le gouvernement du Québec par le biais du MLCP, avec notre
assistance, justement dans le but de les aider à clarifier cette
question, à déterminer les tenants et aboutissants de cette
question qui peut, à partir de cette pourvoirie, répondre
à leurs besoins d'un territoire pour leur usage exclusif.
Le Président (M. Marcil): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je vous remercie, Mme la I députée,
d'avoir posé des questions que j'avais sur ma liste, entre autres, celle
concernant les Abénaquis.
Dans un premier temps, je voulais demander que le ministre nous
dépose la liste des dépenses de transferts qui ont
été effectués en 1987-1988 qu'on ne retrouve pas dans le
cahier de cette année. On sait que pour ce qui est des transferts, 780
000 $ ont été dépensés et on n'en a pas la
liste.
M. Savoie: Oui. M. le Président, j'ai cela avec moi:
l'ensemble des dépenses de transferts de 1987-1988, avec les montants,
les sources, les destinataires et la date d'émission.
Éventuel ministère des Affaires du
Nord
M. Claveau: Alors, vous les déposez? Cela va pour
cela.
J'aimerais revenir à un dossier sur lequel le ministre a mis
beaucoup d'importance d'ailleurs et qui a coûté beaucoup d'argent.
J'en ai parlé au commencement de mon intervention, mais, chose curieuse,
le ministre ne semble pas l'avoir retenu. Il s'agit du dossier du
ministère des Affaires du Nord. Est-ce que le ministre pourrait nous
expliquer où il en est dans ce dossier dont il se faisait lui-même
une priorité importante dès le début de son mandat comme
ministre des Affaires autochtones.
M. Savoie: Comme vous le savez, je m'en faisais et je m'en fais
encore une priorité personnelle. Je crois qu'à court ou à
moyen terme, le gouvernement du Québec doit intervenir sur la
création d'une structure administrative susceptible de répondre
aux besoins de l'administration nordique. On a effectivement
préparé un rapport à la suite d'un comité
d'étude formé de différents intervenants venant des
régions. Par la suite, on a participé financièrement
à la tenue d'un congrès qui a surtout été
chapeauté par la SDBJ et ses intervenants, à Amos, l'année
passée. On compte faire un congrès semblable pour la
Côte-Nord; on l'espérait pour ce printemps, mais, compte tenu du
sommet socio-économique qui occupe grandement les gens de la
Côte-Nord, on pourra peut-être le faire le printemps prochain ou
cet automne, selon les revendications de la région. C'est un dossier
auquel on continue de travailler. C'est un dossier auquel on croit
énormément, et tout ce qu'on peut faire, c'est souhaiter que,
lors de la prochaine campagne électorale, il fasse l'objet de certains
engagements, soit la création d'un I ministère ou tout simplement
d'une table sectorielle qui se réunirait sur une base
régulière avec un secrétaire associé pour assurer
la coordination des affaires de l'administration du Nord pour le
Québec.
M. Claveau: Pourquoi le ministre doit-il attendre d'en faire un
engagement électoral lors de la prochaine campagne pour annoncer quelque
chose? Si je comprends bien, ce sont des montants publics des citoyens dans un
cadre strictement administratif qui ont payé ces études
jusqu'à maintenant. Pourquoi cela devrait-il faire l'effet d'un
engagement électoral?
M. Savoie: D'une part, je pense que cela va demander des
changements assez profonds dans l'administration de la chose de l'État
Québécois. Cela va demander de nouvelles orientations quant
à l'administration de ce grand territoire. Cela demande
évidemment beaucoup plus de sensibilisation concernant le public,
quoique nous ayons reçu, je pense, de toutes les MRC et de toutes les
municipalités du Québec qui habitent ce territoire, des appuis
par résolution. Je pense qu'il y a quand même une sensibilisation
qui doit être faite. La tenue des colloques d'information nous semble la
bonne voie. Vous avez vu ce qui s'est produit à Amos l'année
passée au mois de novembre. Un des résultats de ce colloque
était de dire: Oui, on est d'accord avec le ministère du Nord,
mais on est d'accord aussi pour attendre de voir l'évolution, par
exemple que l'on crée des mécanismes d'administration locale,
comme renforcer la situation de la SDBJ. C'est dans ce contexte qu'on cherche
toujours à s'adapter aux diktats du milieu. C'est ce qu'on fait.
M. Claveau: Le rapport dont le ministre vient de nous parler,
est-il rendu public ou va-t-il l'être?
M. Savoie: il n'y a jamais eu de cérémonie, si vous
voulez, où il y avait remise officielle. Cela ne s'est jamais produit.
Par contre, c'était une réflexion qui s'est faite, qui a abouti
finalement à deux ou trois recommandations qui présentaient
différentes options. Il a été remis à certains
journalistes qui en ont reçu copie. Il y a eu des commentaires de part
et d'autre, particulièrement en Abitibi. Je n'ai pas eu de demande
à ma connaissance concernant la Côte-Nord.
M. Claveau: Le ministre s'engage-t-il à déposer,
devant la commission, tous les éléments de ce rapport?
M. Savoie: Ce que je pourrais faire, c'est de vous remettre copie
du rapport. C'est une réflexion qui s'est faite avec une douzaine
d'intervenants peut-être, qui était présidée par M.
Louis-Edmond Hamel in et à laquelle on assistait et où on
cherchait à établir avec eux ce que seraient les grandes
orientations susceptibles de répondre aux attentes des populations
nordiques.
M. Claveau: Si je comprends bien, M. le Président, on doit
s'attendre que le ministre nous
fasse parvenir très rapidement le document du rapport de ce
comité. Par la même occasion, je suppose, l'étude de M.
Bergevin, qui a coûté 17 607 $ l'année dernière. Et
je voudrais revenir aussi à M. Jean-François Thibault qui a eu un
contrat de 3240,01 $, cette année, pour coordonner un groupe de travail
visant la création d'une nouvelle structure administrative pour gestion
des territoires nordiques. C'est dans le même cadre je suppose.
M. Savoie: Je pense qu'il y a confusion chez vous encore. Lorsque
vous parlez des 17 000 $, je pense que vous pariez de M. Jean-François
Thibault qui a été...
M. Claveau: Non. M. Jean-Baptiste Bergevin...
M. Savoie: Cela est une autre affaire.
M. Claveau: Un contrat. D'accord, c'est l'étude de
formation d'un gouvernement inuit.
M. Savoie: C'est cela. Ce n'est pas cela du tout. Vous
comprenez?
Le Président (M. Marcil): Pourriez-vous clarifier
exactement votre demande, M. le député d'Ungava?
M. Claveau: Ma demande?
M. Savoie: L'étude Bergevin à laquelle vous faites
référence, a été déposée, qui a
été commandée par vous autres, je pense. Vous avez raison
de la critiquer, mais... Non, sérieusement, je crois que le rapport
Bergevin, c'est une chose. Je pense que vous mêlez les cartes. Il y a le
rapport Bergevin qui porte spécifiquement sur les commaunautés
inuit, et vous avez aussi les travaux qui ont été faits par M.
Jean-François Thibault qui était là pour travailler
à cette question de structure administrative concernant l'intervention
nordique, qui a été souvent transférée à la
question du ministère du Nord. Ce qu'il faut comprendre et je crois que
le député d'Ungava est aussi sensible à cette question que
d'autres... D'ailleurs, je crois que le député d'Ungava
favorisait cette orientation, comme les autres députés provenant
des régions nordiques. Indépendamment de la question de la
partisanerie, je pense qu'on est tous d'accord pour dire que coordonner les
activités et les interventions du gouvernement en milieu nordique est
une chose souhaitable. C'est un dossier qui doit prendre son temps, qui doit
être monté et qui doit continuer à être
travaillé.
M. Claveau: M. le Président, je voudrais
démêler le ministre qui nous dit qu'on est souvent
mêlés. Ce sont deux choses différentes. Je veux m'excuser
pour m'être trompé de nom, mais il y a effectivement un M.
Jean-François
Thibault qui a eu un contrat pour une étude sur la
création d'un ministère des Affaires du Nord, étude qui a
coûté 17 606 $. C'est le chiffre que j'ai donné et c'est le
contrat que M. Thibault a reçu effectivement. Mais c'était pour
le ministère des Affaires du Nord. M. Bergevin, lui, a reçu un
contrat de 18 000 $. C'était un autre contrat pour l'étude d'une
forme de gouvernement inuit. Mais il y a les deux contrats.
M. Savoie: C'était une commande qui avait
été passée, je pense, pour M. Bergevin, avant notre
arrivée.
M. Claveau: Oui. Dans le cas du gouvernement inuit.
M. Savoie: C'est cela
M. Claveau: D'accord. Oui, parce que son mandat commençait
le 1er octobre 1985.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: J'ai seulement mélangé les noms, mais
une étude a été commandée à M.
Jean-François Thibault. C'est une étude sur la création
d'un ministère des Affaires du Nord. C'était l'année
dernière.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: Vous nous disiez en commission parlementaire que ce
rapport allait être rendu public bientôt.
M. Savoie: J'ai dit qe cela se pourrait. Je pensais prendre cette
orientation-là, mais je n'y ai jamais donné suite. J'ai dit que
c'était une possibilité que je prenne cette orientation, si ma
mémoire est bonne. C'est une chose. Évidemment, pour coordonner
le comité dirigé par M. Louis-Edmond Hamelin et auquel
participaient une douzaine d'intervenants, par exemple des gens de
l'Université McGill, des différentes régions, etc., pour
organiser ces rencontres, faire le suivi, fournir les informations, avoir des
pourparlers avec l'OPDQ, avoir également des discussions avec d'autres
intervenants provenant du Nord, les services de M. Thibault ont
été retenus dans ce dossier.
M. Claveau: Est-ce le contrat de septembre 1986 à mars
1987?
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: D'accord. C'est le contrat de 3240 $. C'était
pour la coordination des activités du comité.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: Mais, parallèlement à cela, il y
a eu un montant de 17 607 $ qui a été versé au
même M. Thibault, pour une étude personnelle...
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: Ou une étude qui était dans le cadre du
programme du comité mais qui se faisait d'une façon un peu
parallèle, si je comprends bien.
M. Savoie: C'est-à-dire que M. Thibault avait la
responsabilité de l'acheminement de ce dossier. Cela représente
les appels téléphoniques, les contacts, la préparation des
rencontres, le suivi du dossier, la préparation du rapport, etc.
M. Claveau: C'est cela que vous allez déposer?
M. Savoie: Oui. Je pourrais vous en remettre une copie.
M. Claveau: Je ne veux pas avoir un conditionnel, M. le ministre.
Vous pourriez ou vous pouvez?
M. Savoie: Oui, oui. M. Claveau: Oui.
Le Président (M. Marcil): Je prends note de cette
demande.
M. Claveau: D'accord. On posera des questions à nouveau
là-dessus l'an prochain, s'il y a lieu de le faire. Est-ce que je peux
changer de sujet, M. le Président?
Le Président (M. Marcil): Oui, allez-y. S'il n'y a pas
d'autres questions sur le même sujet, cela va.
M. Claveau: A moins qu'il y ait d'autres questions sur le
même sujet...
Le Président (M. Marcil): Cela va. Allez-y!
Droits constitutionnels des autochtones
M. Claveau: Au sujet du dossier constitutionnel, il y a eu une
rencontre la semaine dernière avec le premier ministre concernant, entre
autres, la question du statut de société distincte pour les
autochtones. Sur tout ce gros dossier, pourriez-vous nous dire où en
sont les choses?
M. Savoie: Ce à quoi vous faites référence,
ce sont des rencontres qu'on cherche à organiser avec les chefs
autochtones sur une base strictement politique, c'est-à-dire auxquelles
les chefs autochtones sont présents. Un ministre du gouvernement les
rencontre pour discuter avec eux de dossiers spécifiques. Il y a eu une
rencontre au mois de novembre avec le ministre du Revenu, M. Séguin.
Ce printemps, les chefs autochtones ont demandé une rencontre
avec le premier ministre pour discuter du dossier du lac Meech, entre autres.
Il y avait deux autres points à l'ordre du jour, sur lesquels ils ont
reçu une réponse favorable. Évidemment, ce qui a fait la
manchette, c'était toute la question du dossier du lac Meech. Les chefs
des associations et des nations autochtones ont discuté avec le premier
ministre du dossier spécifique du lac Meech. (11 h 30)
M. Claveau: Est-ce que vous étiez présent à
la rencontre avec le premier ministre?
M. Savoie: Oui, bien sûr.
M. Claveau: On n'a jamais souligné votre présence
nulle part.
M. Savoie: Non. Je crois que l'ensemble des reportages a
clairement indiqué que le premier ministre et moi-même
étions présents. D'ailleurs, tous les reportages que j'ai lus
l'ont indiqué.
M. Claveau: Mais qui va être le porte-parole de la
réponse? Est-ce qu'il va y avoir un suivi, une réponse qui va
venir plus tard, ou est-ce que tout est clos? Qui va être le
porte-parole, vous ou le premier ministre?
M. Savoie: Non, je ne crois pas que tout soit clos dans ce
dossier, en ce sens qu'ils voulaient connaître la position du premier
ministre en ce qui les concerne. Ce que les autochtones demandaient,
c'était une modification à l'entente du lac Meech pour tenir
compte de certaines de leurs revendications et assurer la présence des
autochtones lors de la deuxième ronde. M. Bourassa a clairement
indiqué qu'il n'était pas question de modifier l'entente du lac
Meech, d'une part, parce que cela empêcherait le processus
constitutionnel de se réaliser quant au rapatriement du Québec au
sein de la confédération, par rapport aux nouvelles modifications
qui ont été apportées au texte de 1982 et,
deuxièmement, parce que l'entente du lac Meech est favorable à la
position autochtone. Si vous regardez les propositions de l'entente du lac
Meech, il y a une disposition spécifique en ce qui concerne les
autochtones qui dit très clairement que, d'une part, rien dans l'entente
du lac Meech ne porte atteinte aux droits des autochtones, soit à 91.24,
soit à 35, soit à d'autres dispositions semblables de la
constitution et que, deuxièmement, le processus de modification
étant 7-50, cette situation est favorable également aux
revendications des autochtones.
Ensuite, le premier ministre leur a expliqué, et je pense que les
chefs autochtones en ont pris note et que cela va certainement faire l'objet de
nouvelles discussions entre eux et nous, ce qui concerne leur participation
à la
deuxième ronde de discussions.
M. Claveau: Est-ce que les autochtones ne demandent pas
plutôt que le statut de société distincte soit inclus
dès le départ? Même si le premier ministre ou vous qui vous
faites le porte-parole du premier ministre nous dites qu'il n'est pas question
de rouvrir l'entente du lac Meech, est-ce que la revendication des autochtones
n'est pas que, dès le départ, on reconnaisse le statut de
société distincte? La clause dont vous faites mention sur la
question des autochtones dans l'entente du lac Meech, je crois qu'ils ne
l'interprètent pas de la même façon, en ce qui concerne,
entre autres, le pouvoir de dépenser du fédéral. Ils ont
des craintes là-dessus. Est-ce que vous êtes capable de nous
donner les éléments que vous leur avez expliqués pour les
rassurer quant à ces craintes?
M. Savoie: il est spécifiquement prévu dans
l'entente du lac Meech que rien dans l'entente ne porte atteinte aux droits des
autochtones. C'est écrit noir sur blanc. Absolument rien dans l'entente
du lac Meech ne porte atteinte aux droits des autochtones. Je vous demanderai
de te lire, de regarder le dernier article et vous allez le constater.
Pour ce qui est de votre question concernant la société
distincte, je vous avoue que je ne l'ai pas très bien comprise.
Là encore, quant à la société distincte, rien dans
l'accord du 3 juin, soit l'accord du lac Meech, n'affecte les dispositions
constitutionnelles actuelles concernant les autochtones. Je crois que ceux qui
ont préparé l'accord du 3 juin ont voulu le spécifier
davantage pour éliminer tout doute. Ils ont dit, au dernier article de
l'entente, que rien dans le présent accord ne portait atteinte aux
droits des autochtones tels que reconnus dans les articles 91.24, 25 ou 35 de
l'accord constitutionnel.
M. Claveau: Parlons de la question du pouvoir de dépenser
nonobstant la clause dont vous faites mention.
M. Savoie: Le pouvoir de dépenser.
M. Claveau: Supposons que le Québec se retire d'un
programme fédéral, un programme global, mais un programme auquel
les autochtones pourraient participer ou dans lequel ils pourraient être
inclus. Si vous vous retirez globalement du programme, par le fait même
les autochtones ne seront pas inclus à l'intérieur du programme.
Est-ce qu'il va y avoir un programme qui s'appliquerait seulement aux
autochtones et que, pour le reste, vous auriez une compensation
financière pour faire autre chose?
M. Savoie: Pour ce qui du pouvoir du dépenser et de
l'entente du lac Meech, il est vrai que les autochtones craignent que le droit
de retrait accordé aux provinces ne contribue à affaiblir les
liens qu'ils entretiennent avec le gouvernement fédéral en vertu
de l'article 91.24. Savez-vous ce qu'est l'article 91.24? On dit qu'est de
compétence fédérale toute la question portant sur les
autochtones, les Indiens est de compétence fédérale. Ce
nouveau pouvoir, le droit de retrait qui est stipulé dans l'entente du
lac Meech, ne peut s'appliquer que lorsque les compétences provinciales
exclusives font l'objet de son utilisation. La compétence
fédérale exclusive sur les Indiens et les terres
réservées aux Indiens en vertu de l'article 91.24 ne peut, par
conséquent, en aucune manière, être affectée par
cette nouvelle entente. En aucune façon, parce que le droit de retrait
est un droit qui est propre aux provinces, c'est-à-dire qu'une province
peut se retirer...
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: ...mais cela n'affecte pas les obligations du
gouvernement fédéral. Lui, le fédérai ne peut pas
se retirer.
M. Claveau: D'accord. Prenons un exemple bien précis.
M. Savoie: D'accord.
M. Claveau: Supposons qu'il y ait une entente
fédérale-provinciale ou que le gouvernement fédéral
propose, pour l'ensemble canadien, une politique ou un programme de formation
professionnelle. D'accord?
M. Savoie: D'accord. Cela va.
M. Claveau: Un programme de formation professionnelle qui serait
aussi accessible ou dans lequel il y aurait des éléments
spécifiques pour les autochtones. Le gouvernement du Québec
décide, après étude, que tout cela ne convient pas au
Québec et qu'on se retire du programme.
M. Savoie: C'est cela.
M. Claveau: Cela veut dire, par le fait même, que les
autochtones en sont retirés aussi.
M. Savoie: On se retire du programme avec l'argent et avec la
possibilité de créer un programme semblable chez nous.
M. Claveau: D'accord
M. Savoie: Mais cela n'affecte en rien le droit des autochtones
et l'obligation du gouvernement fédéral en vertu de l'article
91.24.
M. Claveau: Cela veut dire que les autochtones du Québec
pourraient bénéficier du programme même si le gouvernement
s'en est retiré.
M. Savoie: En vertu de la clause de retrait.
|
M. Claveau: À ce moment-là, ils
font affaire directement avec le gouvernement fédéral et ne font
plus affaire avec le Québec.
M. Savoie: C'est-à-dire que si...
M. Claveau: Le Québec devrait-il quand même
prévoir des budgets...
M. Savoie: Si on exerce...
M. Claveau: ...pour sa participation?
M. Savoie: ...notre clause de retrait, il faut créer un
programme semblable ou similaire...
M. Claveau: Oui.
M. Savoie: ...sous notre administration. Alors, si des montants
étaient mis de côté par le gouvernement
fédéral pour, par exemple, la formation d'une main-d'oeuvre
spécialisée autochtone, le gouvernement du Québec pourrait
dire: Écoutez, cela tombe sous une compétence provinciale
exclusive. C'est nous qui allons administrer ce programme. Nous allons
créer un programme pour les autochtones...
M. Claveau: D'accord.
M. Savoie: ...qui est semblable au vôtre ou similaire. Vous
allez nous verser l'argent et nous allons le distribuer aux autochtones.
M. Claveau: L'interlocuteur change à ce moment-là,
et c'est ce que les autochtones ne veulent pas.
M. Savoie: Ce que nous disons à ce sujet, c'est qu'il faut
qu'il s'agisse d'un domaine de compétence provinciale exclusive. Si le
gouvernement...
M. Claveau: Éducation, transports...
M. Savoie: ...fédéral veut intervenir dans un
domaine exclusivement provincial, nous disons: Non, nous ne renonçons
pas à cette autorité, à ce privilège que nous avons
en vertu de la constitution, nous voulons l'administrer nous-mêmes. Si
vous pariez de la formation de la main-d'oeuvre, il ne s'agit pas d'un domaine
d'exclusivité fédérale.
M. Claveau: Provinciale.
M. Savoie: Ce que j'ai dit, c'est que votre exemple est mal
choisi. On va continuer la discussion et je vais vous donner un bel
exemple.
M. Claveau: Un exemple chromé. M. Savoie: Un
exemple clair...
M. Claveau: Ah boni
M. Savoie: ...qui va vous aider à comprendre...
M. Claveau: En santé, en transport, en éducation,
cela est déjà...
M. Savoie: Non, parce que, là, sur les terres des
autochtones, c'est le gouvernement fédéral qui en a la
responsabilité. Mais on pense, par exemple - on va prendre un domaine
que vous devez connaître un peu - au domaine minier où les
provinces ont un pouvoir exclusif. Le gouvernement fédéral dit:
On intervient et on veut créer, je ne sais pas, quelque chose pour
l'exploration sur le terrain, et, en plus de cela, pour faire cette
exploration, on va faire un programme pour les autochtones pour qu'ils soient
employés comme chercheurs sur le terrain. Étant donné que
c'est du domaine minier et qu'il y a là compétence provinciale
exclusive, j'imagine qu'on pourrait dire au gouvernement fédéral:
Vous avez un beau programme, mais, étant donné que c'est du
domaine provincial exclusif, on va le faire nous-mêmes, on ne participe
pas à votre programme, mais vous allez nous verser l'argent et nous
allons faire ce programme nous-mêmes. Et on va, là-dedans aussi,
comme le gouvernement fédéral le fera, j'imagine, dans d'autres
provinces qui voudraient y participer, créer un programme
spécifique pour les autochtones.
Toute la question du pouvoir de dépenser, finalement le droit de
retrait, repose sur une reconnaissance constitutionnelle de la
compétence provinciale dans un ensemble de dossiers. Je comprends que
les autochtones craignent peut-être d'être lésés,
mais je pense que les explications qu'on leur a fournies sont assez
évidentes. Je crois que ce qui va se produire, c'est qu'on va avoir
ensemble une réunion de "briefing" au cours de laquelle on va se
rencontrer autour d'une table, on va discuter de nouveau de ce dossier. Je
pense que plusieurs de leurs questions vont recevoir réponse d'une
façon acceptable. Je pense qu'ils vont comprendre que, lorsqu'on parle
du droit de retrait, c'est tout simplement une question de respecter les
compétences provinciales vis-à-vis d'Ottawa, ce qui est
très important.
M. Claveau: On va voir les réactions qu'ils vont avoir
là-dessus dans les prochaines semaines.
Maintenant, en ce qui concerne la question de la société
distincte, est-ce que vous attendez un prochain échéancier
électoral là-dessus ou bien si...
M. Savoie: Je vous ai répondu au sujet de la
société distincte. On dit, dans l'entente du lac Meech, que rien
dans la présente entente ne porte atteinte aux droits des autochtones.
Rien.
M. Claveau: Oui, mais les autochtones veulent avoir un statut
constitutionnel de société distincte.
M. Savoie: Ah! Ce que les autochtones demandent, c'est une
reconnaissance. Ils demandent beaucoup de choses. Entre autres, pour ce qui est
de la constitution, ce qu'ils demandent, c'est la reconnaissance de
société distincte, ce à quoi on ne s'oppose pas. On ne
s'oppose pas à ce principe. Ce qu'on dit, c'est que cela doit faire
l'objet d'une deuxième ronde dans les questions constitutionnelles, que
l'entente du lac Meech est maintenant scellée.
M. Claveau: Mais vous, en tant que ministre responsable des
Affaires autochtones...
M. Savoie: Oui.
M. Claveau:... est-ce que vous entendez défendre le point
de vue des autochtones là-dessus ou si vous entendez défendre une
ligne de gouvernement?
M. Savoie: Ce que j'entends faire, c'est de permettre aux
autochtones le plus d'accès possible aux instances décisionnelles
du gouvernement du Québec afin de connaître leur point de vue et
afin qu'ils puissent discuter avec les autorités pour connaître le
point de vue du gouvernement du Québec. C'est mon rôle et
j'entends le jouer.
M. Claveau: Mais est-ce que le gouvernement du Québec a un
point de vue là-dessus au moment où on se parle? Vous ne l'avez
jamais dit. Est-ce qu'il est pour ou contre?
M. Savoie: Oui, je crois que le gouvernement du...
M. Claveau: Vous avez dit que vous n'étiez pas contre,
mais est-ce que cela veut dire que vous êtes pour?
M. Savoie: Le gouvernement du Québec a fait
connaître sa décision par le biais du premier ministre lors de la
rencontre avec les autochtones. Dans la préparation de cette rencontre,
il y a eu des documents d'établis. Il y a eu des pourparlers entre, par
exemple, le SAIC, le bureau du premier ministre et les chefs autochtones. Il y
a eu des entretiens préparatoires et, là-dedans, on a fait
connaître notre position selon laquelle, il n'est pas question de rouvrir
l'entente du lac Meech. C'est cela la position du gouvernement. Il n'y a pas de
réouverture de l'entente.
M. Claveau: Non, mais il serait peut-être bon que les
autres citoyens du Québec sachent ce que le gouvernement pense quant au
statut des autochtones en tant que société distincte.
Est-ce que le gouvernement du Québec est actuellement pour que
les autochtones aient un statut de société distincte ou est-ce
qu'il est contre?
M. Savoie: Le gouvernement du Québec a annoncé
à plusieurs reprises, par exemple, lors de la présentation du
dossier constitutionnel autochtone, lors de ce qu'on appelle les FMC, les
"First Ministers' Conferences", et des réunions préparatoires que
le gouvernement du Québec était en faveur de l'autonomie
gouvernementale des autochtones, à trois conditions. Ces trois
conditions ont été clairement énumérées:
d'abord, que ce soit des ententes négociées; deuxièmement,
qu'on sache qui paie et comment - c'est-à-dire qu'actuellement c'est une
responsabilité fédérale et il faudrait que les fonds
suivent - et troisièmement, que cela se fasse à
l'intérieur du contexte constitutionnel. On a toujours
répété cette position-là. Nous sommes favorables
à l'autonomie gouvernementale canadienne. Donc...
M. Claveau: Non, mais... M. Savoie: Non, non, mais...
M. Claveau: Là, vous me répondez sur l'autonomie
gouvernementale. Je vous ai interrogé sur la société
distincte.
M. Savoie: Oui, mais comprenez-vous que la société
distincte est liée à la question de l'autonomie gouvernementale.
C'est le même dossier. Le fait que les nations autochtones forment des
sociétés distinctes implique nécessairement leur droit
à une certaine autonomie gouvernementale sur leur territoire. C'est cela
que cela veut dire.
M. Claveau: Je crois, M. le ministre, que c'est discutable, dans
la mesure où on pourrait - je ne fais que donner un exemple imparfait en
soi - penser qu'il y a une espèce d'autonomie administrative
régionale au Québec, sans pour autant faire une
société distincte dans chaque région.
M. Savoie: Chez nous, il n'y a jamais eu d'objection à la
reconnaissance de la société distincte pour les nations
autochtones. Cela va de soi. Je ne sais pas si vous vous souvenez du projet de
loi 50 qu'on a déposé. Dans les "attendu que", on disait
spécifiquement que les nations du Québec constituaient des
sociétés distinctes. (11 h 45)
Finalement, toute la question de la société distincte ne
présente pas de difficultés chez nous. Je pense qu'en ce qui
concerne le reste du Canada, cela présente des difficultés, mais
pas au Québec.
M. Claveau: Est-ce que vous avez assuré les
représentants des nations autochtones que, lors d'une
éventuelle deuxième ronde - si jamais on en finit avec la
première - de négociations constitutionnelles, vous, comme
gouvernement du Québec, vous allez défendre le principe de la
société distincte pour les autochtones canadiens?
M. Savoie: M. Bourassa a toujours indiqué aux nations
autochtones que la position du Québec, lors d'une deuxième ronde,
serait et est la participation des communautés autochtones à
cette deuxième ronde constitutionnelle. Pour ce qui est de toute la
notion de société distincte, c'est la position du Québec,
et ce, depuis moult années. Alors, il n'y a pas de difficultés
à ce point de vue, et je crois que les autochtones, lors de la
rencontre, l'ont constaté. Je pense que M. Bourassa a été
très clair quant aux interventions qu'il a faites en ce qui concerne la
deuxième ronde sur la question de la société distincte
comme sur la question du pouvoir de dépenser et, également, quant
au fait qu'actuellement, avec l'entente du lac Meech, les autochtones seraient
en mesure d'apporter des modifications sur la base du 7-50 - cela veut dire
qu'avec sept provinces constituant 50 % de la population on peut modifier la
constitution - et que ce serait là une porte d'entrée pour les
autochtones qui veulent faire avancer leur cause sur le plan
constitutionnel.
Évidemment, pour les autochtones, il y a un débat à
ce point de vue, parce qu'ils prétendent que c'est vrai, cet
élément-là, mais que, par contre, pour qu'on ait
accès à la table pour la deuxième ronde, cela demande
l'unanimité. C'est là-dessus qu'ils sont hésitants, parce
qu'ils prétendent qu'ils n'auront jamais l'unanimité. Par contre,
nous, du gouvernement du Québec, ce qu'on dit, c'est que, oui,
effectivement, il y aura une deuxième ronde.
D'ailleurs, j'ai oui dire de la part de certains intervenants
autochtones que le gouvernement fédéral commence
déjà à avoir des rencontres avec certaines
communautés dans le but d'explorer cette possibilité d'une
deuxième ronde. Alors, il semble y avoir déjà une
volonté, si les renseignements que j'ai sont véridiques.
Je pense que, si on regarde l'ensemble du dossier du lac Meech, les
rencontres qu'il y a eu avec les chefs autochtones, ce qui se produit, c'est
que, lors d'un "briefing" on sera en mesure de jeter plus de lumière
encore. Ce que je peux faire, c'est espérer que les autochtones vont
être sympathiques a la position prise par M. Bourassa et les explications
qu'il a données lors de la rencontre la semaine passée.
M. Claveau: Continuez à espérer, M. le ministre. Y
a-t-il encore des questions là-dessus? Je changerais de sujet. Qu'est-ce
que vous en pensez?
Le Président (M. Marcil): Sur le même sujet?
Femmes battues chez les autochtones
Mme Bleau: Non, ce n'est pas sur le lac Meech, mais c'est un
sujet qui a été passé un peu sous silence tout à
l'heure. C'est la subvention qui a été accordée pour les
femmes battues chez les autochtones. Est-ce que vous me permettez...
Je pense qu'il y a encore beaucoup de sauvages chez les Blancs, M. le
ministre, puisque le problème des femmes battues va toujours en
s'amplifiant. Mais ce problème est également crucial chez les
autochtones, et, l'année dernière, le SAA a accordé 15 000
$ à l'Association des femmes autochtones. La campagne de sensibilisation
sur la violence, est-ce que c'est déjà parti? En quoi
consiste-t-elle? Quel programme a été mis de l'avant?
M. Savoie: Comme vous le savez, les données sont sorties
en ce qui concerne la condition féminine sur les réserves, et
celle-ci est particulièrement difficile. Il s'agit souvent d'une couche
de la société québécoise qui est
défavorisée, tant au niveau économique que social et
où la violence est beaucoup plus proche, étant donné la
pauvreté économique et le contexte d'isolement qui en
résulte.
Les statistiques qu'on a eues démontraient que par exemple, trois
femmes sur quatre faisaient l'objet de violonce. Alors, on a établi un
programme d'intervention qui est loin d'être terminé et qu'on
compte poursuivre cet été, avec des mesures beaucoup plus
précises. L'année passée, on a produit une affiche
basée sur le thème "La violence nous
déchire-Réagissons. " Une série de messages
radiodiffusés de 30 secondes chacun est actuellement en
préparation et leur diffusion commencera à la fin du printemps.
À l'automne, une brochure de renseignements sera produite et
diffusée dans toutes les communautés. Toutefois, nous comptons
faire porter nos interventions d'une façon beaucoup plus précise
et importante. Une campagne d'information, c'est important, mais nous comptons
intervenir avec un organisateur ou une organisatrice auprès des
communautés pour créer des structures qui pourraient justement
répondre à la question des femmes battues dans les
communautés.
Mme Bleau: Comme ces territoires sont autonomes, est-ce que leurs
propres policiers interviennent si une femme fait une plainte?
M. Savoie: Oui. Il y a, évidemment, les "peacekeepers" qui
peuvent intervenir dans ces dossiers. On peut aussi faire appel à la
Sûreté du Québec, par exemple, pour certaines
communautés desservies par la Sûreté du Québec.
Le Président (M. Marcil): Merci, Mme la
députée de Groulx. M. le député d'Ungava.
Montagnais de la Basse-Côte-Nord
M. Claveau: M. le Président, j'aimerais aborder un autre
dossier qui me semble fondamental quant aux droits des autochtones
québécois, c'est toute la question des problèmes des
Montagnais de la Basse-Côte-Nord par rapport aux limites de Terre-Neuve.
Au cours des derniers mois, on a beaucoup parlé de ce dossier. Des
Montagnais sont emprisonnés et pratiquement déportés manu
militari, pour reprendre l'expression de M. Cleary en conférence de
presse. Qu'est-ce que le gouvernement du Québec fait dans ce dossier en
tant que défenseur des droits des Québécois?
M. Savoie: Évidemment, on appuie et on cherche à
aider ces Montagnais. Mais lorsqu'un Montagnais change de province,
c'est-à-dire quand il vaque à ses occupations de chasse et de
pêche sur un territoire autre que le territoire du Québec, une
fois qu'il a traversé la frontière, nous ne pouvons pas
intervenir autrement que par une lettre d'intercession auprès de l'autre
gouvernement ou par une assistance à la famille ou à la
communauté dont fait partie le Montagnais québécois.
Chaque province a l'administration de son territoire, chaque province
édicté ses lois et établit ses politiques en ce qui
concerne l'administration de la chasse et de la pêche. Et lorsqu'un
Montagnais québécois chasse au Labrador, dès qu'il
traverse la frontière, nos recours sont à toutes fins utiles
inexistants. Tout ce qu'il nous reste à faire, c'est aider la
communauté dont fait partie le Montagnais ou la Montagnaise en question,
afin qu'ils puissent être servis convenablement par des avocats au
Labrador, et, si jamais la situation se présente, faire des
interventions politiques.
M. Claveau: Mais, M. le ministre, dans ce beau et grand Canada,
comme on aime à le vanter à l'occasion, il devrait y avoir un
minimum de respect des droits de la personne dans ce domaine. Par exemple, j'ai
l'impression que le Québec et même l'ancien gouvernement,
malgré tous ses défauts, n'ont jamais poursuivi les Inuit vivant
dans les Territoires du Nord-Ouest sur l'île de Killiniq, parce qu'ils
venaient chasser et pêcher aux limites ou sur les terres
intérieures québécoises. Pourquoi, à ce
moment-là, devrait-on accepter que nos Montagnais qui vivent au
Québec soient poursuivis comme des criminels par Terre-Neuve, alors
qu'ils sont sur leurs limites de trappe, de chasse et de pêche
traditionnelles? Si on est capable de nous faire la preuve du
fédéralisme rentable, qu'on commence donc par le faire à
partir des éléments de base du simple respect de l'individu. Je
n'arrive pas à comprendre pourquoi le gouvernement du Québec ne
s'en mêle pas d'une façon un peu plus vigoureuse. Entre autres, on
parle actuellement de la mise en place d'une table de négociations entre
Terre-Neuve et le fédéral pour essayer de régler le
problème. Tout le monde va nous passer pardessus la tête. Mais
qu'est-ce que le Québec va faire comme gouvernement? Est-ce que vous
allez insister pour siéger à cette table? Quelle position
allez-vous prendre en supposant que les négociations échouent?
J'aimerais que...
M. Savoie: Je pense que j'ai très bien expliqué la
situation. Il s'agit d'un domaine exclusif aux provinces. Et lorsqu'un
Montagnais va chasser au Labrador, par exemple, il fait affaire à une
autre compétence juridique, dans une autre province.
M. le député d'Ungava, de quelle façon devrait-on
réagir si, par exemple, un groupe d'autochtones du nord-est des
États-Unis venait faire de la chasse à la hauteur de la
Chaudière?
M. Claveau: Ah! Là, on parle de frontières et de
pays. Que l'on sache, entre Terre-Neuve et le Québec, c'est encore le
même pays.
M. Savoie: Bien non, laissez-moi continuer. On a là, par
exemple, des droits autochtones existants indépendamment: des
frontières que les autochtones disent blanches, imaginaires. Eux ont des
droits sur un territoire et non pas sous une juridiction provinciale. De la
même façon lorsque des Inuit du Labrador viennent faire la chasse
au Québec, bien sûr, je crois que nous, au Québec, nous
avons une position beaucoup plus compréhensive actuellement que ce qui
s'est produit dans le cas des Montagnais au Labrador.
Lorsqu'un Québécois qu'il soit montagnais, inuit ou mohawk
traverse la frontière de l'Ontario ou celle de Terre-Neuve et va chasser
sur ce territoire, il est susceptible de se voir confronté à
d'autres lois, à d'autres réglementations, sur lesquelles il doit
se faire entendre. Évidemment, on n'est pas là pour encourager le
gouvernement du Labrador à intervenir à ce niveau-là; on
est là pour protéger les autochtones qui habitent le territoire
du Québec. C'est dans ce sens-là qu'on surveille la situation,
et, lorsqu'il est requis de le faire, on peut intervenir.
M. Claveau: Qu'est-ce qui a été fait
concrètement jusqu'à maintenant à part surveiller? Quelles
sont les démarches concrètes qui ont été faites
pour défendre les droits individuels des Montagnais de la
Basse-Côte dans leurs limites de trappe traditionnelles?
M. Savoie: Dans leurs limites de trappe traditionnelles, on parle
essentiellement du Québec. Il y en a quelques-uns qui ont
traversé la frontière et qui se sont livrés à des
activités de chasse et de pêche au Labrador. Il ont
été interpellés par la GRC et détenus. Par la
suite, ils ont été relâchés. De demandes
d'intervention de notre côté, à ma connaissance, il n'y en
a pas eu. Les gens de Saint-Augustin que j'ai visités l'année
passée ont soulevé la question, mais ils
n'ont pas demandé de faire une intervention. Alors, on suit la
situation et, lorsqu'il y a une demande d'intervenir, à ce
moment-là, on peut l'examiner selon chacun des dossiers. Il y a
évidemment... Oui?
M. Claveau: Autrement dit, nos pêcheurs et chasseurs
montagnais de la Côte-Nord ne peuvent pas aller chercher quelques
poissons ou quelques caribous de l'autre côté sans risquer de se
faire mettre en prison. Par contre, ils sont obligés de supporter les
vols à basse altitude de Goose Bay qui leur passent au-dessus de la
tête à la journée longue et qui effraient leur cheptel. Ils
n'ont pas un mot à dire là-dessus.
M. Savoie: il n'y a aucune relation entre les deux questions.
M. Claveau: D'un côté, Ils sont obligés de
supporter les inconvénients d'une base militaire située au
Labrador, qui ne rapporte comme seule retombée au Québec que
celle du pétrole dans les lacs, mais ils ne peuvent pas profiter de
l'avantage de pouvoir aller pêcher ou chasser de l'autre
côté de la frontière du Labrador.
Vous allez me dire qu'il n'y a pas de relation entre les deux dossiers,
mais il reste que quand tu vis sur le terrain, je comprends qu'il y ait juste
les inconvénients. Il ne peut pas y avoir d'avantages.
M. Savoie: Le territoire, c'est une chose et puis les vols
à basse altitude en sont une autre. Il y en a une qui est de
compétence fédérale et l'autre de compétence
provinciale.
Par exemple, si vous voulez parler des vols à basse altitude, il
y a actuellement des études d'impact environnemental qui seront connues
sous peu. Les Montagnais contestent ce dossier-là à l'endroit
où ils doivent le contester, c'est-à-dire d'abord à Ottawa
et ensuite auprès des mécanismes de droit international. Il y a
un suivi qui se fait de ces revendications de par leurs interventions. De notre
côté, on suit le dossier de près en ce qui concerne
l'impact que cela peut avoir sur leurs activités traditionnelles et au
point de vue de l'impact environnemental. L'étude d'impact doit
être déposée sous peu.
M. Claveau: Ce que l'on comprend actuellement, c'est que les
Montagnais de la Basse-Côte ont un certain nombre de problèmes.
Entre autres, ceux-ci sont reliés à la question des vols de Goose
Bay. Les Terre-Neuviens devraient avoir assez de territoire chez eux pour ces
vois sans venir survoler le Québec, si c'est comme cela.
M. Savoie: il s'agit d'un domaine de compétence
fédérale.
M. Claveau: La même chose que les autochtones, c'est de
compétence fédérale, vous l'avez dit à plusieurs
reprises. Alors, dans quelle mesure le gouvernement de Terre-Neuve peut-il se
permettre d'incarcérer des autochtones québécois qui vont
chasser de l'autre côté, si c'est aussi de compétence
fédérale? Et vous nous avez dit que le dossier des autochtones
était un dossier exclusivement de compétence
fédérale. (12 heures)
M. Savoie: Non, c'est-à-dire qu'en vertu de l'article 91.
24 les terres des autochtones tombent sous le contrôle du gouvernement
fédéral. Par exemple, les réserves sont des territoires
qui appartiennent au gouvernement fédéral. Les relations, la
responsabilité première en ce qui concerne les autochtones,
l'administration et la loi habilitante pour ce qui est de l'administration de
ces réserves relèvent du gouvernement fédéral. Du
côté du gouvernement du Québec, on a des
responsabilités vis-à-vis des communautés autochtones,
qu'on assume d'ailleurs.
Pour ce qui est des vols à basse altitude, il s'agit d'abord
d'une question de défense nationale, donc qui relève du
gouvernement fédéral. Et le gouvernement fédéral a,
conjointement avec d'autres pays, établi une zone d'essai pour des vols
pour les forces de l'OTAN. Notre intervention à ce sujet est de nous
assurer que les autochtones peuvent efficacement revendiquer, d'abord,
auprès d'Ottawa et, ensuite, d'autres instances, par exemple, de les
assister au niveau des études d'impact, de les assister dans leurs
démarches. Nous avons donné notre appui par des lettres, des
communications et des pourparlers. A ce sujet-là, je pense que nous
faisons notre bout de chemin. Je pense qu'Ottawa a un problème avec une
communauté autochone, une nation montagnaise dans ce cas-ci, et cela
doit se régler à ce niveau-là. Les Montagnais sont en
mesure d'assumer leur défense et la revendication de leurs droits, et
nous sommes là, nous, pour les assister.
M. Claveau: Ce que vous faites.
Le Président (M. Marcil): Avant de continuer, j'aimerais
avoir le consentement pour dépasser midi, puisque nous avons cinq
minutes à reprendre sur le temps de ce matin. Cela va?
M. Savoie: À titre d'information, j'ai écrit deux
fois au ministre de la Défense nationale au sujet des vols.
M. Doyon:...
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Pas de problème, il y a consentement.
Le Président (M. Marcil): Cela va, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Le ministre nous dit qu'il a écrit au ministre
de la Défense nationale sur la question des vois, mais...
M. Savoie: Je lui ai demandé...
M. Claveau: ...que lui avez-vous dit?
M. Savoie: ...de tenir compte de la revendication des Montagnais,
de limiter ces vols au-dessus du territoire montagnais parce que effectivement
cela avait un effet sur leurs activités de chasse et de pêche.
M. Claveau: Vous ne lui avez pas demandé de se contenter
de voler au-dessus de Terre-Neuve plutôt que de venir nous
déranger. On ramasse seulement le pétrole qui tombe dans le lac,
mais, en dehors de cela, il ne reste pas grand-chose.
M. Savoie: Je pense que toute la question du pétrole dans
le lac est assez farfelue pour le moment. Ce n'est pas prouvé et c'est
loin de l'être: un avion qui vole ne dépose pas
énormément de pétrole sur les lacs. Je pense que c'est un
peu exagéré, mais il est vrai que cela a probablement un impact
sur l'environnement. Le bruit qui chasse et énerve les animaux
dérange les Montagnais. C'est facilement compréhensible, et je
pense qu'effectivement il y a là une responsabilité que le
gouvernement fédéral doit assumer pour mieux coordonner les vols
de l'OTAN.
M. Claveau: Ils pourraient se contenter de se promener là
où il n'y a pas de chasseurs. Du côté de Terre-Neuve, il
semble qu'on ne peut pas chasser là.
M. Savoie: C'est-à-dire que, pour ce qui est du Labrador,
il y a évidemment des Inuit qui vaquent à leurs occupations
traditionnelles, qui ont des droits sur ce territoire et qui, eux aussi,
j'imagine, peuvent les exercer.
M. Claveau: On se reparlera de ce dossier, M. le ministre. Est-ce
que c'est la conclusion?
Le Président (M. Marcil): Oui, s'il vous plaît!
M. Claveau: C'est à moi?
Le Président (M. Marcil): Bien, je ne sais pas lequel. Si
vous voulez commencer, il reste à peine deux ou trois minutes.
M. Claveau: Je vais rapidement remercier le ministre de
s'être prêté à l'exercice, de nous avoir donné
les informations qui, quoique parcellaires, vont sûrement nous servir
pour améliorer nos connaissances, comme il le disait au début. Je
tiens aussi à remercier toute son équipe, les fonctionnaires du
SAA et de son cabinet qui sont ici et qui ont assisté avec beaucoup
d'attention à la discussion que l'on vient d'avoir. Je tiens aussi
à remercier les quelques membres du personnel du SAA avec qui j'ai eu
à prendre contact en cours d'année et qui m'ont reçu d'une
façon très très acceptable et avec une bonne
collaboration. Je n'en dirais pas autant du ministre, mais je le dis pour son
personnel.
Adoption des crédits
Le Président (M. Marcil): M. le ministre, cela va?
D'accord. Juste avant de terminer, je vais appeler l'élément 3 du
programme 2. Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Marcil): Donc, j'ajourne les travaux sine
die. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 12 h 6)