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(Quinze heures vingt-six minutes)
Le Président (M. Marcil): Je déclare la
séance ouverte. Naturellement, nous souhaitons la bienvenue à M.
le premier ministre et à son équipe, de même qu'à M.
le chef de l'Opposition et à tous les députés de cette
commission.
Je vais rappeler le mandat de la commission, qui est de procéder
à l'étude des programmes 1 et 2, des crédits
budgétaires du ministère du Conseil exécutif pour
l'année financière 1988-1989. Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y aurait des remplacements à apporter à cette
commission?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Les
remplacements sont les suivants: M.. Assad (Papineau) par M. Polak
(Sainte-Anne), M. Brouillette (Champlain) par M. Joly (Fabre), M. Filion
(Taillon) par M. Chevrette (Joliette).
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup. Je vous rappelle
que nous avons consacré une enveloppe de quatre heures pour
l'étude de ces deux programmes. Donc, sans plus tarder, j'inviterais M.
le premier ministre, s'il a des remarques préliminaires à faire,
et M. le chef de l'Opposition pourra suivre.
M. Bourassa: M. le Président, j'essayerai d'être le
plus concis possible, parce que j'ai un caucus vers 18 heures et je ne voudrais
pas, d'aucune façon, indisposer le chef de l'Opposition, mais je vais...
On retardera le caucus.
M. Chevrette: On nous a convoqués jusqu'à 19
heures.
M. Bourassa: Oui, d'accord, mais je vais...
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition, if y
a quatre heures, de 15 heures jusqu'à 19 heures.
M. Bourassa: Oui, cela va. M. Chevrette: On a
jusqu'à 19 h 30. Remarques préliminaires M. Robert
Bourassa
M. Bourassa: Ah, d'accord, mais je vais essayer d'être le
plus concis possible pour garder mon ami, le chef de l'Opposition, le plus de
bonne humeur possible pour que je puisse aller au caucus. À cet
égard, je serai bref. Je voudrais simplement dire à cette
Assemblée que nous avons quand même réussi, au cours de
l'année, à appliquer au sein du Conseil exécutif les
mesures de rigueur administrative qu'on connaît au gouvernement depuis
deux ans et demi.
Les crédits alloués, si le chef de l'Opposition a cela
devant lui, étaient de 2 305 000 $. Nous avons dépensé 1
990 000 $. Je ne sais pas si le chef de l'Opposition me suit. 2 305 000 $ et on
a dépensé 1 990 000 $. Alors, c'est 20 % de moins, 19, 9 %, pour
être précis, à mon cabinet. Donc, je crois que,
là-dessus - je ne m'attends pas à des félicitations de
l'Opposition, ils ont droit de gagner leur vie - ce que je veux dire, c'est que
nous avons quand même administré d'une façon rigoureuse et
je veux rendre hommage à mon chef de cabinet, parce que c'est lui qui
fait l'administration, M. Bertrand, qui est responsable de l'administration et
qui a permis aux contribuables du Québec d'épargner plusieurs
centaines de milliers de dollars.
Il faut que l'exemple vienne de haut. Il faut qu'au plus haut niveau on
ait cette frugalité dans l'administration qui nous permet de baisser les
déficits ou de baisser les taxes. C'est tout ce que j'ai à dire,
M. le Président.
Le Président (M. Marcil): Merci beaucoup, M. le premier
ministre. Je vais maintenant inviter M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Je voudrais
suggérer, comme fonctionnement, qu'on n'aille pas par programme, qu'on
n'aille pas par élément, comme on l'a déjà fait
dans le passé, mais qu'on puisse aborder certains sujets, questions et
réponses et qu'à la fin vous fassiez comme d'habitude, faire
adopter globalement les éléments et peut-être
prévoir, vers 17 h 15, aborder le dossier jeunesse.
M. Bourassa: Tout ce que veut le chef de l'Opposition, M. le
Président...
M. Chevrette: Bon. Dans ce cas-là, je formule le voeu tout
de suite, M. le Président, que je voudrais avoir des réponses
à mes questions, contrairement à la Chambre.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition,
seulement pour que ce soit conforme, je vais appeler les programmes 1 et 2.
À ce moment-là, vous pourrez commencer.
Entente du lac Meech
M. Chevrette: Oui, oui. Le premier sujet que j'aimerais aborder
avec le premier ministre, c'est la question du lac Meech. On sait très
bien que, depuis quelques mois, le portrait a quand même changé et
qu'il y a de plus en plus d'opposants à l'entente du lac Meech. On n'a
qu'à penser, par exemple, à M. McKenna, aux sénateurs
libéraux qui se prononcent régulièrement, à Mme
Carstairs maintenant, à M. Fildmon, à M. Doer, à tout le
groupe entourant M.
Trudeau. J'aimerais demander au premier ministre, d'une façon
très claire et très précise, si, selon lui, l'entente du
lac Meech aura préséance sur la Charte canadienne des droits et
libertés ou si, au contraire, la Charte canadienne des droits sera un
document qui prévaudra sur l'entente?
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: Oui, je crois. Dans tout le débat, Je n'ai
pas d'objection à répondre au chef de l'Opposition
là-dessus. C'est une question très juridique, mais tout le
débat a été fait à l'occasion de la commission
parlementaire. Je suis confiant que l'accord sera ratifié. Possiblement
que le chef de l'Opposition, d'après certaines rumeurs, pourra avoir de
l'aide pour combattre l'entente du lac Meech. Je ne sais pas, on va voir les
prochains développements.
M. Chevrette: Mais, ma question est...
M. Bourassa: Je ne sais pas comment il perçoit cela...
M. Chevrette: Ma question est très précise.
M. Bourassa: ...cette aide inattendue qu'il pourrait recevoir de
certains milieux.
M. Chevrette: Le premier ministre sait très bien que ceux
qui sont contre sont ceux qui désirent que la Charte canadienne des
droits et libertés prime le lac Meech. Ce que je lui demande, lui qui
était au courant de tous les instants, de toutes les minutes, disait-il,
même si on ne pouvait pas avoir de réponse trois jours
après, lui qui a assisté aux négociations et qui
connaît l'esprit même de la négociation puisqu'il
était là avec les premiers ministres lorsque que cette entente
s'est signée, c'est: Est-ce que l'entente du lac Meech prime la Charte
canadienne des droits et libertés ou si c'est la Charte canadienne des
droits et libertés qui primera l'entente du lac Meech?
M. Bourassa: Tout cela a été répondu. Ce que
je lui ai dit là-dessus, c'est que la reconnaissance du caractère
distinct - c'est tout le débat, je ne sais pas si Jacques-Yvan Morin est
très loin - est une règle d'interprétation. Ce n'est pas
du droit substantif, c'est une règle d'interprétation. On me
remet des documents qui ont été soumis aux crédits des
Relations internationales ou des Affaires intergouvernementales canadiennes.
Alors, je crois qu'il faut concevoir l'accord par le fait que la reconnaissance
du caractère distinct du Québec est une règle
d'interprétation et ce sont les tribunaux qui vont interpréter
l'article 1 de la charte. C'est l'article 1 de la charte qui donne un certain
pouvoir d'Interprétation également et ce sont les tribu- naux qui
vont déterminer, mais le Québec n'a pas comme objectif de se
soustraire à sa propre charte ou encore à la charte des droits
qui ressemble beaucoup à la charte du Québec. L'objectif du
Québec n'est pas de se soustraire à la charte. L'objectif du
Québec, c'était, dans le domaine linguistique - j'ai
répondu à cette question à l'Assemblée nationale -
d'avoir une compétence qui lui permette d'assurer sa
sécurité culturelle. Il y avait un petit doute à la suite
de l'accord du 30 avril et on a réglé ce doute par la clause de
sauvegarde. Je dis au chef de l'Opposition, comme ça lui a
été dit expressément, qu'on n'a pas comme objectif de se
soustraire à la charte comme telle comme dans les documents dont on a
discuté aux crédits, mais on a réussi à faire
inclure la clause de la société distincte, non seulement dans le
préambule parce qu'il y a trois choses qui peuvent arriver en droit
constitutionnel: la question de placer des clauses dans le préambule, la
question d'en faire une clause d'interprétation et d'en faire du droit
substantif.
Alors, on a obtenu que la clause de la société distincte
soit une règle d'interprétation et les tribunaux
décideront de l'application de cette règle
d'interprétation. Au cas où le doute aurait pu exister à
cause de la dualité linguistique, on a ajouté la clause de
sauvegarde. Alors je ne peux pas me mettre à la place des tribunaux,
pour répondre à la question du chef de l'Opposition, je fais des
distinctions qui ont déjà été faites par des
juristes compétents.
M. Chevrette: Quand on voit un ensemble assez sombre de
contestations qui s'organisent et qui se structurent dans d'autres provinces et
même au Sénat canadien, toute la discussion ou toute l'opposition
vient du fait précisément que cette entente du lac Meech pourrait
avoir préséance sur la Charte canadiennes des droits et
libertés alors que vous tenez des propos exactement contraires. Je
voudrais savoir, quand vous avez signé cette entente, les dix premiers
ministres ensemble... Est-ce qu'il y a autant de monde qui pourrait se tromper?
Même McKenna, je comprends qu'il n'était pas là, il a
été réélu après, mais il y en a qui
étaient là. Peterson était là et d'autres premiers
ministres étaient là.
M. Bourassa: Ils sont encore là.
M. Chevrette: L'esprit qui a prévalu lors des
négociations, est-ce que c'était précisément que
l'entente du lac Meech avait préséance sur la Charte des
droits?
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition se réfère
à ceux qui sont contre. Ce que je dis au chef de l'Opposition, ce que
j'ai dit aux autochtones quand je les ai rencontrés et ce que j'ai dit
encore dimanche dernier à M. Bédard, journaliste de Radio-Canada,
c'est que je trouve étonnant qu'on conteste l'accord du lac Meech et
qu'on demande à onze gouvernements de rouvrir l'accord du lac
Meech alors qu'on propose des amendements qui pourraient être
acceptés par sept gouvernements. Moi, je ne comprends pas la logique de
cette approche. On dit: Sur le droit des femmes, vous devriez ouvrir l'accord.
On sait que pour ouvrir l'accord, cela prend onze acceptations, alors que si le
Québec est réintégré dans la constitution, cela
n'en prendra que sept. Ce que je dis à ceux qui s'opposent, de
même qu'aux autochtones: Vous demandez de rouvrir l'accord pour inclure
des amendements pour vos droits, vous savez fort bien qu'il y a des provinces
qui ne seront pas d'accord. Je disais aux autochtones il y a deux semaines:
Vous demandez à onze gouvernements d'ajouter des amendements. On sait
qu'il y a certaines provinces de l'Ouest qui n'accepteront pas, alors que vos
amendements, quand le Québec fera partie de la constitution, auront des
chances d'être acceptés, 7/50. J'attends encore la réponse
à cette question: Comment cela se fait-il que pour arriver à
votre objectif vous preniez un détour beaucoup plus difficile et
beaucoup plus compliqué que celui qu'on vous propose, nous au
Québec? Qu'est-ce qu'il y a derrière cela? Quelle
stratégie se retrouve derrière des demandes qui ne sont pas
logiques en termes de processus? Le chef de l'Opposition me suit parce que les
autochtones, c'est 7/50, selon la constitution et là, on demande 11
à zéro quand on sait que dans des provinces de l'Ouest, on va
dire non et qu'on peut l'obtenir à 7/50, on veut bloquer l'accord du lac
Meech. Qui est derrière cela? Qui est derrière cette
hostilité à l'accord du lac Meech quand, dans les faits, cela
paraît plus facile d'arriver à cet objectif
désiré?
M. Chevrette: Je voudrais quand même que le premier
ministre m'explique pourquoi son ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes nous avoue clairement - vous pourrez
vous référer au procès-verbal - que l'entente du lac Meech
a préséance sur la Charte des droits. Comment expliquer qu'un
premier ministre refuse de répondre à une question aussi
simple?
M. Bourassa: M. le Président, j'ai dit que c'était
une clause d'interprétation et que les tribunaux vont
interpréter. J'ai dit que lorsque le ministre dit que l'entente du lac
Meech prime, c'est qu'on a ta clause de sauvegarde. Il faut regarder la
question prioritaire avec la clause de sauvegarde. Il y a quand même une
question juridique dont il faut tenir compte, la clause de sauvegarde,
forcément, étant donné qu'elle est explicite parce qu'il y
avait un doute raisonnable. Après la commission parlementaire, mes
conseillers juridiques m'ont dit: il y a un petit risque, un risque sur
cinquante que les tribunaux puissent interpréter, à cause de la
dualité linguistique et des dispositions de l'accord du lac Meech,
à rencontre de notre compétence linguis- tique actuelle. J'ai dit
au chef de l'Opposition, mes conseillers pourront le rapporter: Même s'il
y en avait une sur trois cents ou sur mille, je ne peux pas, comme chef des
Québécois francophones en Amérique du Nord, prendre cette
chance. Donc, on a fait un débat assez long et assez exigeant - c'est
pour cela qu'on a négocié 20 heures - pour introduire - c'est une
des causes principales - cette clause de sauvegarde qui, parce qu'elle est
explicite, a priorité et nous donne cette compétence
linguistique.
M. Chevrette: Le premier ministre ad mettra- t-il que même
le gouvernement canadien a cette clause qui pourrait... Il parle d'inclusion
d'une clause de sauvegarde. Mais si on lit à l'article - je crois que
c'est 3...
Une voix: Deux...
M. Chevrette: C'est 2 et 4.
M. Bourassa: Je n'ai pas l'accord devant moi, on va me
l'apporter. Que c'est agréable de discuter de droit avec le chef de
l'Opposition!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: Non, mais c'est vrai! J'écoute 2 ou 3...
M. Chevrette: Ce n'est pas grave, la galerie est moins grosse
ici, il ne sera pas applaudi, ce n'est pas grave.
Des voix: Ha, ha ha!
M. Chevrette: "Le présent article n'a pas pour effet de
déroger aux pouvoirs, droits ou privilèges du Parlement ou du
gouvernement du Canada, ou des Législatures ou des gouvernements des
provinces... " En le mettant à tout le monde, qu'est-ce que cela donne
de plus au Québec d'avoir étendu la portée de cette clause
à l'ensemble des gouvernements?
M. Bourassa: Non, M. le Président.
M. Chevrette: On ne descend pas mais on ne monte pas.
M. Bourassa: Oui, mais cela, écoutez... Il y a
possibilité. On reprend le débat d'il y a un an. Je comprends le
chef de l'Opposition, je ne le blâme pas, c'est tellement
d'actualité. Tout le monde reparle de l'accord du lac Meech.
M. Chevrette: J'espère.
M. Bourassa: Oui. Il y a une certaine indécision. Certains
qui étaient pour sont devenus indécis parce que, depuis quelques
mois, ce sont surtout ceux qui étaient contre qui ont pris la parole.
Alors, cet après-midi, on a une chance.
Je remercie le chef de l'Opposition de faire valoir les avantages de
l'accord du lac Meech.
M. le Président, à l'article 4, la clause de sauvegarde,
quand c'est écrit: "Maintien des droits des Législatures et
gouvernements", maintien des droits, c'est un plancher. Mais jamais - on a de
nouveau discuté de cela - on n'a dit que cela nous empêchait, par
exemple, dans le domaine des communications et dans les secteurs où le
Québec, à cause de sa culture, est distinct des autres
provinces... Jamais cela ne nous empêche... Par exemple, on voit le
rôle du Québec dans la francophonie. Mais je pense qu'on n'a pas
eu besoin de l'accord du lac Meech pour jouer un rôle important dans la
francophonie internationale. Je veux rendre hommage à M. Pierre Marc
Johnson, puisque c'est lui qui a signé l'accord avec le gouvernement
fédéral. Et ce n'était pas facile dans son contexte,
entouré de Florentins avec poignards, de diriger le Parti
québécois. Mais il faut lui rendre hommage, c'est lui qui a
signé cet accord avec le gouvernement fédéral permettant
au Québec de jouer un rôle. L'accord du lac Meech se trouve
à confirmer, à renforcer le rôle du Québec
déjà acquis sur le plan de la francophonie.
Ce que je veux répondre en quelques secondes au chef de
l'Opposition, c'est un plancher, mais cela n'empêche pas le Québec
de se développer.
M. Chevrette: Est-ce que ce n'est pas à la fois un
plafond, M. le premier ministre?
M. Bourassa: Non.
M. Chevrette: Quand on regarde les avis d'anciens
présidents de l'Office de la langue française, par exemple, qui
considèrent que l'entente du lac Meech est a la fois un plancher et un
plafond, il est sûr qu'on ne pourrait pas descendre plus bas, et ce
serait épouvantable s'il fallait qu'on descende plus bas, mais il n'y a
rien qui nous permet de croire, dans les avis juridiques qu'on lit et dans les
interprétations qu'on donne, qu'on pourrait, par exemple, corriger des
situations aberrantes à la suite de jugements de tribunaux qui nous
empêcheraient de redonner au Québec encore plus de force, par
exemple, à sa législation dans le domaine linguistique.
M. Bourassa: M. le Président, je crois que le
Québec... Évidemment, ce n'est pas une situation qui est
juridiquement facile, on voit tous les débats que cela cause en
Saskatchewan, en Alberta, à Ottawa...
M. Chevrette: ...de cela... M. Bourassa: Ah! oui...
M. Chevrette: ...l'amélioration du statut des
Français en Saskatchewan.
M. Bourassa: D'accord, je compte sur vous pour m'en parler.
M. Chevrette: C'est vous qui avez dit que cela
s'améliorait. Donc, on va le voir.
M. Bourassa: Très bien. Alors, je suis bien heureux qu'on
puisse aborder cette question-là dans un climat cordial et positif.
M. Chevrette: Bien sûr.
M. Bourassa: Ce que je veux dire au chef de l'Opposition, c'est
que nous avons obtenu cette sécurité culturelle et que tous les
avis juridiques qui nous ont été donnés nous permettent de
nous rassurer sur cette question-là. Et c'est pourquoi cela suscite
certaines oppositions dans les milieux qu'on sait. Mais, certainement, le
Québec a cette protection sur ses pouvoirs linguistiques, reliée
à la clause de la société distincte, avec une
possibilité de développement, selon l'évolution de la
situation. (15 h 45)
M. Chevrette: Je vais vous lire un extrait de votre...
M. Bourassa: M. Plourde... excusez-moi. M. Chevrette:
...votre ministre pancanadien.
M. Bourassa: Oui. Il y a M. Plourde qui le disait.
Évidemment, M. Plourde reprend la thèse de M. Jacques-Yvan Morin
qui avait été réfutée par plusieurs
spécialistes constitutionnels en mai dernier. Évidemment, comme
je l'ai dit en Chambre - je ne m'attends pas que le chef de l'Opposition le
dise - il y avait un éloge très appuyé à mon
endroit sur le travail qu'on a fait pour la langue de travail. Et pour cela, je
crois qu'il faut quand même admettre que M. Plourde reconnaît la
bonne foi du gouvernement actuel en matière de promotion de la langue
française. C'est une chose que le chef de l'Opposition n'est pas
obligé de mentionner.
M. Chevrette: Bien, je n'ai pas besoin de le faire, vous vous
encensez tous les jours là-dessus. Donc...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...je ne pense pas que je sois tenu de le
faire.
M. Bourassa: Ce qui est important pour moi...
M. Chevrette: C'est drôle de vous regarder faire.
M. Bourassa: ...non, non, mais pour autant que vous ne le
contestez pas. Si vous ne le
contestez pas, c'est déjà un gros...
M. Chevrette: Ah! Je pourrais très bien le contester et
dire que si vous aviez d'égal votre encensement dans la défense
des droits linguistiques, présentement, je pense qu'on pourrait
être d'accord. Si vous étiez tout aussi énergique dans la
défense des droits linguistiques des Québécois comme vous
l'êtes dans la façon de vous encenser, je pense qu'on serait tous
ravis. Mais ceci dit, votre ministre des Affaires intergouvernementales disait,
à la page...
M. Bourassa: La clause de sauvegarde, c'était pour la
langue.
M. Chevrette: Oui, oui. Je sais.
M. Bourassa: Bon. Alors, ne dites pas qu'on ne défend pas
la langue française.
M. Chevrette: On vous a dit que c'est à la fois un
plancher et un plafond...
M. Bourassa: Non, non, on n'est pas d'accord.
M. Chevrette: ...comme interprétation. M. Bourassa:
On n'est pas d'accord.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas d'accord, mais rien
n'empêche que les interprétations peuvent en être ainsi et
vous n'avez aucune assurance...
M. Bourassa: Je ne suis pas du tout d'accord là-dessus. Je
crois que l'interprétation du chef de l'Opposition est
erronée.
M. Chevrette: Oui, mais vous pariez... Vous dites vous-même
que c'est une règle d'interprétation...
M. Bourassa: ...ajoutée à la clause 4...
M. Chevrette: Même ajoutée à la clause 4,
vous parlez d'une règle d'interprétation et vous dites que cette
règle d'interprétation nous donne toute l'assurance possible
qu'on ne peut pas connaître de "rebiffade"...
M. Bourassa: ...c'est-à-dire que la clause 4...
M. Chevrette: ...mais vous pouvez très bien, en acceptant
que c'est une règle d'interprétation comme vous le dites, vous
retrouver avec une interprétation qui invalide une législation du
Québec, très bien, comme cela peut être validé aussi
par les tribunaux, mais cela peut être invalidé. Ce n'est pas une
garantie ferme, formelle.
M. Bourassa: il y a trois choses. On peut parier jusqu'à
19 heures, mais je voudrais parier du dossier des jeunes. Il y a la question de
la clause d'interprétation. Je vais laisser votre expert vous informer,
vous éclairer. Il y a trois choses. Il y a une mesure défensive,
soit la clause de sauvegarde. D'accord? Le chef de l'Opposition me suit? C'est
une mesure défensive. On ne peut pas aller plus bas.
M. Chevrette: Donnée aux deux paliers de gouvernement?
M. Bourassa: Oui. Mais je veux dire pour le Québec. Parce
que pour le Québec...
M. Chevrette: Oui, mais elle est donnée au Canada
aussi.
M. Bourassa: Oui, sauf que dans le cas du Canada, la langue
anglaise n'est pas menacée sur le continent nord-américain.
Alors, la mesure...
M. Chevrette: Ah! Mais là, vous arrivez avec le projet de
loi C-72.
M. Bourassa: Attendez. Attendez. Là, on va parier de
l'accord du lac Meech...
M. Chevrette: Cela en découle.
M. Bourassa: Ce que je dis, c'est qu'il est clair que la clause
de sauvegarde a été accordée à la demande du
Québec. C'est une mesure défensive. Sur le plan positif, on a la
clause d'interprétation et l'engagement à la promotion, non
seulement à la protection mais à la promotion...
M. Chevrette: Du français et de l'anglais...
M. Bourassa: D'accord? Donc, ces deux éléments,
soit une clause d'interprétation - on ne parie plus du préambule,
on parie d'une clause d'interprétation - c'est le premier article de la
constitution. L'article 2 est un article de référence. À
toutes fins utiles, c'est le premier article de la constitution. C'est une
clause d'interprétation. En plus, on parie du devoir de promotion du
gouvernement du Québec. Je pense que c'est pourquoi le chef de
l'Opposition ou d'autres personnalités sont un peu réticents
à accepter un accord comme celui-là qui permet au Québec
de s'affirmer culturellement au sein de la fédération canadienne.
Je voudrais que le chef de l'Opposition retienne ces trois
éléments. Je ne lui demande pas de dire que nous avons raison et
qu'il serait à l'avantage du Québec que l'accord soit
accepté par lesdits gouvernements. Je ne lui demande pas de dire cela.
Je sais que son chef a dit que ce serait une profonde joie pour lui s'il y
avait échec de l'accord du lac Meech. Il y en a peut-être qui
veulent participer à cette profonde joie. On entend circuler des noms,
mais ce n'est pas le Parti libéral du Québec.
M. Chevrette: Est-ce que le premier ministre est en train de nous
dire, par toutes les clauses sécuritaires qu'il cite, que l'article 58
de la Charte de la langue française pourrait passer le test de la Charte
des droits grâce à l'accord du lac Meech?
M. Bourassa: M. le Président, je crois que nous avons tous
et très souvent répondu à ces questions. Je ne suis pas
pour, alors que la Cour suprême réfléchit sur cette
question et qu'il y a d'autres protections constitutionnelles qui existent, le
chef de l'Opposition le sait, indépendamment de l'accord du lac Meech...
Pour protéger l'application de l'article 58, il y a d'autres protections
constitutionnelles qui existent. L'article 33 de la constitution existe
déjà...
M. Chevrette: L'article 58, l'article 33...
M. Bourassa: L'article 33, c'est la clause "nonobstant". Donc, il
y a déjà actuellement dans la constitution, pour ceux qui veulent
s'en servir ou qui jugent opportun de s'en servir, une clause de protection
pour l'article 58. Mais l'accord du lac Meech, en parlant de promotion...
M. Chevrette: M. le premier ministre, je vous arrête, parce
que quand vous faites référence à l'article 33, vous
êtes en train de nous dire... Ce n'est pas le lac Meech, l'article 33
existait antérieurement. On serait condamné, à toutes fins
utiles, comme auparavant - cela devait nous donner mer et monde - à
l'odieux de toujours utiliser la clause "nonobstant" pour s'assurer d'un statut
de société distincte, ce qui nous distingue le plus sur le plan
linguistique, donc, nonobstant la Charte des droits et vous ne nous dites pas
si la charte prime et vous faites référence, d'autre part,
à l'utilisation du mot "nonobstant" pour venir à bout de s'en
sortir.
M. Bourassa: M. le Président, je peux vous donner toute
une série de lois où vous avez appliqué la clause
"nonobstant".
M. Chevrette: Je ne dis pas qu'on n'a pas...
M. Bourassa: Vous avez l'odieux facile, vous autres.
M. Chevrette: Je ne dis pas qu'on ne l'a pas utilisée, M.
le Président. Je dis au premier ministre...
M. Bourassa: J'ai 40 lois...
M. Chevrette: ...du Québec que...
M. Bourassa: Ah, c'est odieux d'appliquer la clause
"nonobstant"!
M. Chevrette: ...tous ses propos étaient dans le sens
qu'on avait obtenu mer et monde...
M. Bourassa: Non, ce n'est pas ce...
M. Chevrette: ...alors qu'il ne se réfère
qu'à la clause "nonobstant" pour s'en sortir.
M. Bourassa: Non, le chef de l'Opposition vient de glisser sur
une pelure de banane. Il a dit: Vous nous condamnez à assumer l'odieux.
C'est ce qu'a dit le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, mais, M. le Président... M.
Bourassa: C'est vrai, bon. M. Blais: C'est ce qu'il a dit... M.
Bourassa: ...toujours franc.
M. Blais: ...mais c'est normal, M. le premier ministre, parce
qu'avec le lac Meech, on n'était pas censé passer par le
nonobstant pour avoir des pleins droits de la façon que vous nous
parliez. Maintenant, on est réduit à prendre les mêmes
moyens pour avoir nos droits de base comme s'il n'y avait pas de lac Meech.
Donc, le lac Meech vaut quoi pour nos droits de base? C'est pour cela qu'on
trouve ça odieux.
M. Bourassa: Mais, M. le Président, ce que je note, c'est
que le chef de l'Opposition a fait l'admission que c'est odieux d'appliquer la
clause "nonobstant".
M. Blais: Non, ce n'est pas cela qu'il a dit.
M. Chevrette: M. le Président, ce n'est pas ce que j'ai
dit. Le premier ministre pourra interpréter les propos qu'il voudra,
mais il ne me fera pas dire ce que je n'ai pas dit.
M. Bourassa: D'accord, je retire... Cela va être moins
compliqué. J'ai mon caucus. Mais ce que je veux dire...
M. Chevrette: Votre caucus, ce sera après le temps
alloué à la commission.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: Ce que je dis, c'est que nous avons
déjà... La question du chef de l'Opposition, c'est si l'article
58 est protégé par la clause de société distincte?
Évidemment, c'est une clause d'Interprétation. Donc, c'est
interprété par les tribunaux. Mais ce que je dis au chef de
l'Opposition, c'est que, de toute manière, nous avons déjà
cette clause qui a été appliquée à de nombreuses
reprises contre les enseignants. Vous vous souvenez que vous avez
appliqué la clause "nonobstant" contre les enseignants, suspendant
la charte du Québec. Cela ne devait pas être facile pour le
chef de l'Opposition, qui était lui-même un ancien, brillant et
dynamique enseignant, de suspendre la charte du Québec pour la loi 111.
Alors, je dis au chef de l'Opposition que cela existe déjà.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Je vais vous citer votre propre ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes. Je
vous réfère au 4 juin 1987 où il disait: Alors, en ce qui
concerne la Charte canadienne des droits et libertés, cela permettra de
recourir à l'article 1 de la Charte canadienne des droits et
libertés et ceci nous permettra, à ce moment-là, de
justifier une loi québécoise, par exemple, en matière
linguistique qui pourrait aller à rencontre de l'article 2 sur la
liberté d'information et de communication, de justifier qu'il s'agit
là d'une mesure raisonnable et qui se justifie dans le contexte d'une
société libre et démocratique.
Lui, il admet qu'on pourrait se référer à l'entente
pour ne pas être tenu précisément d'utiliser
continuellement la clause "nonobstant" dans toutes les lois. Vous nous dites le
contraire. On se référera à "nonobstant", point.
M. Bourassa: Non, mais, je veux dire... Ce que je dis, c'est que
c'est une double sécurité. Cela se trouve à enrichir la
protection qui existe déjà. C'est ce que ne comprend pas le chef
de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce que j'interpréterais bien le premier
ministre en disant: Je vais continuer à utiliser "nonobstant", parce que
si je n'utilise pas "nonobstant", je risque de me retrouver devant les
tribunaux pour fins d'interprétation d'une législation et avoir
à recommencer. Est-ce que c'est cela que vous dites?
M. Bourassa: M. le Président, le gouvernement a
déjà utilisé à quelques reprises la clause
"nonobstant", pas d'une façon systématique comme vous, mais nous
avons déjà utilisé la clause "nonobstant".
M. Chevrette: Je comprends que vous l'avez utilisée. Mais,
est-ce que l'entente du lac Meech, là-dessus, nous donne
assurément la possibilité de légiférer sans
continuellement se référer à la clause "nonobstant" pour
s'assurer qu'on est à l'abri? Est-ce qu'on a obtenu quelque chose de
positif dans cela?
M. Bourassa: Oui. Oui, M. te Président.
M. Chevrette: Pourquoi nous dites-vous qu'il faut se
référer à "nonobstant" dans ce cas-là?
M. Bourassa: Non. Le chef de l'Opposition me dit: Est-ce que
l'entente du lac Meech protège l'article 58? Je dis que c'est devant les
tribunaux, de toute manière, et que, pour ce qui a trait à
l'article 58, il y a l'article 33 qui existe comme protection. Quand l'accord
du lac Meech sera ratifié, contrairement au voeu du chef de l'Opposition
- si vous êtes contre, c'est que cela doit être bon pour le
gouvernement parce que, par définition, l'Opposition est contre - cela
permettra d'enrichir et d'accroître la protection du Québec sur le
plan culturel parce que, dans cet accord constitutionnel, on retrouve une
clause de sauvegarde et on retrouve la volonté et le devoir de promotion
de la culture française. Avec ces mesures-là et la clause de la
société distincte comme clause d'interprétation, on
retrouve - si le chef de l'Opposition veut me suivre - trois mesures dans
l'accord du lac Meech pour accroître la protection qu'on possède
déjà. Cela va nous permettre d'accroître ce qu'on a obtenu
pour le sommet francophone. Ce qu'on a obtenu dans d'autres secteurs, on va
pouvoir l'accroître, sans compter le pouvoir de dépenser.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: S'il y a d'autres premiers ministres dans certaines
provinces qui sont contre, le premier ministre du Québec pourrait-il au
moins accepter d'être prudent et qu'on ne s'embarque pas dans quelque
chose qui nous conduirait dans un cul-de-sac par la suite et accepter de
soumettre à la Cour d'appel pour interprétation les articles 58
et 59 de la Charte de la langue française qui portent sur l'affichage,
la publicité et les raisons sociales? Cela pourrait être
compatible avec la constitution canadienne.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: il faut donc que l'Opposition soit malprise pour se
placer à la remorque de Pierre Elliott Trudeau.
M. Chevrette: On n'est pas à la remorque de Pierre Elliott
Trudeau.
M. Bourassa: Oui, vous l'êtes.
M. Chevrette: On va vous le prouver à part de cela.
M. Bourassa: M. le Président, vous vous placez à la
remorque de Pierre Elliott Trudeau qui propose la même chose. Pourquoi
cette convergence avec la tendance centraliste chez les libéraux? Ce que
nous disons, M. le Président, c'est que nous avons obtenu réponse
à ce que nous demandions et que nous sommes prêts à nous
soumettre au gouvernement des juges quand nous jugeons que c'est le choix
responsable et
que, finalement, il n'y a pas d'alternative. Mais, nous ne voyons pas
pourquoi le gouvernement du Québec, actuellement, retarderait - on sait
ce que cela veut dire soumettre cela à la Cour suprême -
l'adoption de l'accord du lac Meech en posant des questions
hypothétiques. C'est toujours la réponse qu'on a donnée.
Ce n'est pas nouveau de nous demander de soumettre cela à la Cour
suprême. Ce n'est pas nouveau. Cela voudrait dire qu'on pose des
questions hypothétiques à la Cour suprême.
M. Chevrette: Ce n'est pas nouveau.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition. (16
heures)
M. Chevrette: Ce n'est pas nouveau et ce n'est pas
hypothétique. M. le Président, je vais expliquer une chose au
premier ministre. L'Opposition est tout à fait cohérente dans ce
dossier. On a proposé quelque chose de clair. C'est l'exclusivité
en matière de législation sur le plan linguistique. Cela ne
prête pas à interprétation. On ne soumet pas cela à
une règle d'interprétation que les tribunaux par la suite
trancheront. Quand on a une volonté politique d'avoir quelque chose de
précis, pourquoi, comme premier ministre du Québec, veut-il se
soumettre à une interprétation d'une cour quand il peut avoir le
pouvoir - il s'agit d'avoir la volonté politique - d'être le seul
à légiférer dans ce domaine? C'est tout à faft
cohérent de la part de l'Opposition de vous demander d'être au
moins prudent parce que vous avez refusé, comme premier ministre du
Québec et comme gouvernement, d'exiger l'exclusivité du pouvoir
législatif en matière linguistique. On peut au moins vous
demander d'être prudent avant de plonger tête première dans
une aventure qu'on regretterait tous collectivement. C'est ce que l'on vous
demande. Vous pourrez faire les quolibets que vous voudrez, nous comparer
à qui vous voulez, vous n'aurez pas à renier le fait que vous
avez voté contre une motion en Chambre qui exigeait l'exclusivité
des pouvoirs dans le domaine linguistique pour le Québec.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je ne fais pas de quolibets.
C'est M. Parizeau qui se réjouissait d'une certaine façon
d'être d'accord avec M. Trudeau il y a quelques jours. Est-ce que c'est
faire des quolibets que de citer son propre chef? Quant à la prudence,
nous l'avons manifestée. J'ai dit au chef de l'Opposition qu'au mois de
mai 1987 il y avait un doute, et que, finalement, on a eu les avis juridiques
d'anciens juges de la Cour suprême qui ont dissipé ce doute avec
la clause de sauvegarde. On a eu cette protection; cette incertitude qui
pouvait peut-être exister d'une façon très lointaine, on
l'a résolue avec la clause de sauvegarde, et les avis juridiques. Je ne
vois pas pourquoi on retournerait devant les tribunaux. Pour faire plaisir
à qui? À M. Trudeau, à M. Parizeau et à M.
Chevrette, chef de l'Opposition? On est convaincu que ce qu'on a obtenu entre
le 30 avril et le 3 juin nous donne la sécurité dont on a
besoin.
M. Chevrette: Tout en admettant...
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Vous vous dites convaincu que vous avez obtenu
quelque chose de valable, tout en admettant que l'interprétation finale
ne relève même pas de vous, mais bien des tribunaux. En fait,
c'est un aveu d'un manque de courage politique que vous faites de ne pas avoir
exigé l'exclusivité d'être dans la législation dans
le domaine linguistique. Cela ne prête pas à
ambiguïté; cela n'est pas référé à la
Cour suprême pour interprétation. Si vous aviez obtenu clairement
ce que la majorité des Québécois voulaient d'ailleurs,
c'est-à-dire avoir les pouvoirs exclusifs de légiférer sur
sa langue...
M. Bourassa: M. le Président.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: Les seuls articles qui limitent les pouvoirs dans le
domaine linguistique, dans la constitution, il y en a deux: l'article 23, la
clause Canada acceptée par le Parti québécois ou M.
Lévesque à tout le moins et la clause 133 sur les tribunaux et
l'Assemblée nationale. Ce sont les seuls articles. Quant au reste, nous
avons la pleine compétence, nous acceptons l'article 133 et nous
acceptons la clause 23. Cela fait partie de notre programme et cela faisait
aussi partie du vôtre, du moins durant un certain temps. Je ne crois pas
que si le Parti québécois prenait le pouvoir dans une
hypothèse de plus en plus lointaine, il reviendrait sur ses
engagements.
Est-ce que le chef de l'Opposition m'entend? Ce sont les seuls articles
23 et 133.
M. Chevrette: L'article 93? L'éducation?
M. Bourassa: C'est sur l'accord constitutionnel,
l'éducation. Cela s'adresse à la religion et non à la
langue. Est-ce qu'il faut que je fasse la différence pour le chef de
l'Opposition entre la langue et la religion maintenant?
M. Chevrette: Cela permet au premier ministre du Québec
d'intégrer les francophones dans la structure anglophone
québécoise. C'est cela?
M. Bourassa: il y a la loi 107. Vous ferez vos
représentations à ce moment-là.
M. Chevrette: Faites vos farces. C'est ce que cela veut dire.
M. Bourassa: Non, cela ne veut pas dire ça.
M. Chevrette: C'est ça qui vous permet de faire...
M. Bourassa: Mais il ne faut pas mêler religion et
langue.
M. Chevrette: Non, non.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
Projet de loi C-72
M. Chevrette: Est-ce que vous jugez que votre entente du lac
Meech, telle que rédigée, peut empêcher le projet de loi
C-72 d'être adopté?
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: Le projet de loi C-72, on l'examine. Ne me demandez
pas dans la salie Lafontaine ou Papineau une réponse que je ne pouvais
pas donner à l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: Cela fait un an que c'est déposé,
M.le premier ministre.
M. Bourassa: Vous m'avez dit cela tantôt.
M. Chevrette: Vous dites qu'on a toutes les
sécurités, la ceinture et les bretelles pour tenir les culottes
et là vous dites: On l'examine. De quoi avez-vous peur si vous
êtes si sûr?
M. Bourassa: M. le Président, nous avons des avis
juridiques des meilleurs experts au Canada.
M. Chevrette: Faites-les répondre, cela ne me
dérange pas. Faites-les répondre parce que vous ne
répondez pas.
M. Bourassa: Les meilleurs experts au Canada qui ont
plaidé la cause du Québec en Cour suprême sont en train
d'examiner cette question. C'est une question complexe. En temps opportun,
comme je l'ai dit, on sera prêts pour défendre les
intérêts du Québec.
M. Chevrette: M. le premier ministre, c'est sérieux ce que
vous nous dites.
M. Bourassa: Mais oui. C'est toujours sérieux.
M. Chevrette: Dans une nuit, dans 20 heures, vous avez
été capable de lier le sort de la collectivité
québécoise tout entière. Depuis le mois de juin dernier,
vous n'avez même pas été capable de vous faire une
idée sur le projet de loi C-72. Soyez un peu sérieux!
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition fait
de la petite polémique.
M. Chevrette: Ce n'est pas de la petite politique, vous essayez
de rigoler depuis le début.
M. Bourassa: Petite polémique! M. Chevrette: C'est
très sérieux.
M. Bourassa: Nous n'avons pas négocié durant 20
heures avec des textes nouveaux. Nous avions différents textes qui nous
donnaient la sécurité absolue. Le chef de l'Opposition qui a
été un négociateur hors pair sait parfois que c'est dans
les dernières heures que, finalement, le dénouement se produit.
Mais il y avait eu durant des semaines et des mois des discussions sur cela. Il
ne faut pas comparer la situation du lac Meech avec le projet de loi C-72.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je dirais ceci au premier
ministre sur l'entente du lac Meech. Dans le dernier sondage qui est sorti,
l'ensemble des Canadiens se posent des questions et il y a de
l'inquiétude. Il y a à peu près 28 % qui seraient pour
sans aucune condition; alors, si je fais un calcul rapide, c'est 72 % qui sont
contre dans l'ensemble canadien. Bien sûr, vous allez nous parler du
Québec et, avec un souffleur comme Jean-Claude Rivest, vous allez nous
parler d'autres sondages. C'est votre manière de ne pas répondre
aux questions, mais j'aimerais que vous répondiez aux questions
précises que je vous pose, cela irait peut-être plus vite. Je
voudrais demander au premier ministre du Québec: Le Québec est la
province qui était désirée, à toutes fins utiles,
les provinces canadiennes voulaient que le Québec rentre dans la
constitution et c'est comme si c'était nous qui tenions tellement
à rentrer que nous sommes obligés de faire tous les compromis
pour être là? Est-ce que te premier ministre ne trouve pas cela
aberrant d'être rendus les chefs de file de la défense d'une
entente alors que c'était l'ensemble des neuf provinces canadiennes qui
voulaient nous voir arriver là et que c'est le Québec qui
concède? On va continuer à parler de concession tout de suite
après dans un autre secteur mais qui est connexe à cela. Est-ce
que le premier ministre ne trouve pas cela honteux un peu...
M. Bourassa: Des grands mots.
M. Chevrette: ...d'être à quatre pattes devant les
provinces pour se tailler une place alors qu'on disait qu'il fallait faire
partie à tout prix de la Constitution canadienne? Ne trouve-t-il pas
cela honteux?
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: D'être à plat ventre ou à quatre
pattes?
M. Chevrette: Ah, prenez cela comme vous le voulez. Il y en a qui
nous caricaturent de façon différente. Vous choisirez la
façon que vous voudrez.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: Pour ce qui a trait au projet de loi C-72, juste
pour terminer, il fallait quand même connaître l'avis du Conseil de
la langue française. Il y a un avis qui a été fait, cela
fait six mois ou neuf mois. Donc, l'avis a été donné et
là on examine l'impact juridique. C'est facile de remonter à juin
1987, mais il faut tenir compte qu'il fallait attendre l'avis en question. Pour
ce qui a trait aux métaphores utilisées pour décrire la
position du gouvernement, je dirais au chef de l'Opposition que c'est reconnu
partout par l'ensemble des Canadiens et des experts que l'accord du lac Meech
est à l'avantage du Québec. Le Québec a posé cinq
conditions: What does Quebec want? Vous vous l'êtes fait poser quand vous
alliez aux réunions fédérales-provinciales comme ministre
des Affaires sociales quand vous alliez voir ce qui se faisait ailleurs pour
réduire les dépenses. What does Quebec want? On est arrivé
et on a dit: C'est cela que Québec veut: un, deux, trois, quatre, cinq.
On nous a donné cela et on a ajouté le Sénat en prime.
Alors, ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que les demandes du
Québec ont été acceptées. Là, il dit:
C'était 56 % et c'est passé à 28 %. Je dis que ce n'est
pas complètement surprenant quand on voit le battage publicitaire qu'ont
obtenu les opposants de l'accord du lac Meech depuis quelques mois, les mises
en scène sur la colline, les prises de position de plusieurs premiers
ministres, un en tout cas, celui du Nouveau-Brunswick, du chef de l'Opposition
du Manitoba. Donc, ce n'est pas étonnant qu'il y ait une
indécision. Mais ce qu'oublie de dire le chef de l'Opposition, toujours
le verre à moitié plein et le verre à moitié vide,
c'est qu'il n'y a pas plus d'opposants qu'il y en avait il y a un an
malgré toutes les déclarations qui ont été faites,
malgré toutes les campagnes qui ont été faites par
certains groupes de pression. J'ai répondu tantôt aux groupes de
pression, que ce soit les autochtones ou d'autres groupes qui veulent des
amendements et j'espère avoir répondu clairement au chef de
l'Opposition qu'en comparant sept accords sur onze, malgré tout cela, il
n'y a pas plus d'opposants que l'an dernier. C'est un signe.
Il y a plus d'indécision, mais il n'y a pas plus d'opposants.
M. Chevrette: Ne vous arrangez pas pour que Terre-Neuve
débarque. Vous allez trouver qu'il y en a plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: Cela me concerne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Oui, mais vous avez déjà donné
votre appui inconsidéré au gouvernement conservateur, me dit-on,
en fin de semaine. Donc, pas de problème.
M. Bourassa: Vous dit-on. Laissez faire ce que Nazaire dit
à Barnabe.
M. Chevrette: Oui.
M. Bourassa: Ce qui compte, c'est la réalité des
faits.
M. Chevrette: Oui, c'est cela. Répétez-les si vous
avez le courage.
M. Bourassa: Le gouvernement du Québec, le Parti
libéral du Québec ne se mêle pas de politique
fédérale.
M. Chevrette: Ah mon doux! Vous allez être mal pris avec
vos militants.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Cela étant dit, M. le Président, je
voudrais faire un raisonnement au premier ministre. Si c'est vrai que tout le
monde est d'accord et que vous avez signé cette entente du lac Meech
dans un esprit de compréhension, pouvez-vous m'expliquer comment il se
fait que, par exemple, la Saskatchewan enlève des droits à sa
minorité francophone?
M. Bourassa: Bon.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je constate maintenant que... Enlève des
droits par rapport au jugement de la Cour suprême?
M. Chevrette: Oui. Si bien que la Cour suprême leur donne
même la recette pour ne pas avoir à s'exécuter. Vous fe
savez, vous l'avez lu.
M. Bourassa: Maintenant, vous êtes d'accord
avec le gouvernement des juges, si je comprends bien.
M. Chevrette: Ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. Bourassa: Mais là, vous êtes d'accord avec le
gouvernement des juges en Saskatchewan et vous n'êtes pas d'accord
avec...
M. Chevrette: Bon.
M. Bourassa: ...le gouvernement des juges au Québec.
M. Chevrette: Je vais préciser ma question, M. le
Président.
M. Bourassa: Oui, vous avez besoin de préciser parce qu'il
y a toute une contradiction.
M. Chevrette: La Cour suprême dit bien que les Fransaskois
ont des droits et que la façon pour le gouvernement de leur enlever,
c'est d'adopter une loi rétroactive, loi devant laquelle vous avez
été dire que c'était une amélioration. On leur
enlevait des droits rétroactifs de 85 ans et vous avez dit que
c'était une amélioration. Je vous pose comme question: Comment
expliquez que vous avez signé en toute bonne foi, dix premiers ministres
ensemble, et que, du jour au lendemain, vous acceptez, comme premier ministre,
de dire que ce sont des améliorations alors qu'on s'empresse
présentement, avant que ce soit ratifié à la grandeur du
Canada, d'enlever des droits aux minorités francophones des autres
provinces avec la bénédiction du premier ministre du
Québec?
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition
fabule un peu, avec tout le respect que je lui dois. Je n'ai jamais dit...
M. Chevrette: Ce sont les journaux qui fabulent d'abord.
M. Bourassa: Non, ce que les journaux ont rapporté, c'est
que j'avais dit que c'était un léger progrès, mais que
c'était insuffisant. Je l'ai dit en présence de M. Devine
lui-même. J'ai dit également qu'il fallait respecter la
juridiction des provinces. Voilà ce que j'ai dit, que c'était un
léger progrès quant aux faits. Je n'ai pas dit plus ni moins
parce qu'actuellement, la loi 2 en Saskatchewan apporte des
améliorations de faits. J'ai dit la même chose que Lowell Murray,
mais on n'a rien à reprocher au gouvernement fédéral.
J'espère que ce n'est pas parce qu'il donne de plus grosses subventions.
Mais j'ai dit exactement ce que Lowell Murray avait dit au nom du gouvernement
fédéral, que c'était un léger progrès dans
la bonne direction. J'ai ajouté que cela n'était pas
suffisant.
M. Chevrette: Mais au lieu de...
M. Bourassa: Je l'ai ajouté en présence du premier
ministre...
M. Chevrette: Mais au lieu de tout enlever...
M. Bourassa: ...mais que je devais respecter la juridiction
provinciale. C'est tout ce que j'ai dit.
M. Chevrette: Mais le premier ministre...
M. Bourassa: Si je m'étais mêlé plus que
cela, le chef de l'Opposition dirait cet après-midi: Quelle inconscience
du chef du gouvernement! Il se mêle des jugements de la Cour
suprême en Saskatchewan. Il va être obligé d'accepter le
jugement de la Cour suprême qui va venir au Québec. Il a
été s'enferrer en Saskatchewan au lieu de penser qu'il est
d'abord premier ministre du Québec. C'est cela que le chef de
l'Opposition dirait cet après-midi. Quelle inconscience, quelle
incompétence du chef du gouvernement qui s'en va créer un
précédent en Saskatchewan en adoptant le gouvernement des juges!
Cette inconscience, vous l'avez, hélas, cet après-midi quand vous
appliquez le gouvernement des juges en Saskatchewan et que vous ne voulez pas
qu'on applique le gouvernement des juges au Québec. Vous en rendez-vous
compte? (16 h 15)
M. Chevrette: On s'attendait au moins à ce que le premier
ministre...
M. Bourassa: Vous rendez-vous compte que vous nous demandez
d'appliquer deux poids, deux mesures?
M. Chevrette: Quand vous me posez des questions vous me direz si
vous voulez que je vous réponde...
M. Bourassa: Je vous pose une question: Vous rendez-vous compte
que vous nous demandez d'appliquer deux poids, deux mesures? Le gouvernement
des juges en Saskatchewan mais pas de gouvernement des juges au
Québec!
M. Chevrette: Absolument pas! Ce n'est pas cela.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Je pense que le premier ministre est très
conscient que les deux éléments du jugement, la langue des
tribunaux et la Législature, étaient compris dans le jugement, il
le savait très bien. Tout ce qu'il a pu trouver à dire à
ce moment-là, c'est: M. Devine n'a pas
osé enlever ces deux droits-là additionnels. En enlevant
tous les autres, il a au moins laissé ces deux-ià et il
considère que c'est un progrès. Il faut le faire!
On s'attendait au moins que l'attitude du premier ministre
québécois, où se retrouve le foyer de la francophonie,
soit sympathique tout au moins aux communautés francophones hors
Québec et qu'il exige au moins la réciprocité,
vis-à-vis des communautés francophones de l'extérieur,
dans les droits qu'on accorde à la minorité anglophone du
Québec. On était au moins en droit de s'attendre à cela du
premier ministre du Québec. Ce n'est malheureusement pas cela qu'il a
fait.
M. Bourassa: J'espère que le chef de l'Opposition est au
courant que l'article 58 de la loi 101 n'existe pas en Saskatchewan.
M. Chevrette: Ce n'est pas l'article 58. Je vous ai dit que vous
vous êtes réjoui du fait que M. Devine...
M. Bourassa: Si vous demandez la réciprocité, il
faudrait que vous ne l'appliquiez pas unilatéralement. Ce que je dis au
chef de l'Opposition là-dessus, c'est que j'étais chef du
Québec et non pas chef du gouvernement fédérai. Ce que je
dis au chef de l'Opposition, c'est que ma première
responsabilité, ce sont les Québécois. J'ai
répété ce que le gouvernement fédéral avait
déjà dit. Comment se fait-il qu'on n'a pas critiqué le
gouvernement fédéral qui a dit la même chose que moi?
Comment se fait-il que les gens de la Saskatchewan ont dit: Ce n'est pas le
Québec qui est important, c'est le gouvernement fédéral?
Pourtant, le gouvernement fédéral a dit: C'est un petit pas dans
la bonne direction. J'ai été plus critique que le gouvernement
fédéral, j'ai dit: C'est insuffisant. Je l'ai dit à
côté de M. Devine lui-même, que ce qu'il faisait
était insuffisant. Je ne pouvais pas aller plus loin que cela, parce que
ma première responsabilité, c'est le Québec.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Je suis surpris de voir que le premier ministre ne
se soit pas inspiré du juge - c'est La Forêt qui a écrit
dans le jugement? - il a qualifié cela d'expédients manifestes,
voire ironique l'adoption d'une loi bilingue, abrogeant la restriction que lui
impose l'article 110. Je suis surpris de voir comment le premier ministre peut
avoir qualifié la loi de Devine comme une amélioration sensible.
Je n'en reviens pas.
M. Bourassa: Je constate que le chef de l'Opposition accorde
beaucoup d'importance au jugement de la Cour suprême. Je ne sais pas si
cette attitude va durer. Je prends note que l'Opposition, dans le cas de la
Saskatchewan, opte pour le respect intégral du jugement de la Cour
suprême. Je prends note.
M. Chevrette: Je voudrais que vous preniez note aussi du fait que
vous avez le don de ne jamais répondre à une maudite question.
C'est clair.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: C'est clair.
Le Président (M. Marcil): Oui, d'accord, il y a seulement
un petit terme...
M. Chevrette: Vous prenez n'importe quelle excuse pour vous
déroger.
Le Président (M. Marcil): ...un qualificatif...
M. Chevrette: Les Québécois comprennent ce que cela
veut dire. Ils sont d'accord en maudit.
Le Président (M. Marcil): Non, mais... M. Chevrette:
D'accord?
M. Bourassa: Je constate cela, je suis surpris cet
après-midi - je ne sais pas qui vous conseille - que vous fassiez un
plaidoyer éloquent et insistant...
M. Chevrette: Je ne fais pas un plaidoyer en faveur...
M. Bourassa: ...pour qu'on respecte les jugements de la Cour
suprême.
M. Chevrette: Avez-vous fini?
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Amenez-lui donc un verre de lait!
Ce qu'on essaye de prouver, M. le Président, et le premier
ministre ne comprend pas... On va essayer de faire la preuve par l'absurde que
le premier ministre n'est pas capable de se rendre à une
évidence. Il essaye de plaider par toutes sortes de manières en
caricaturant les événements mais en oubliant le fond des choses.
Le fond des choses, c'est que le premier ministre n'admet pas qu'il a fait une
erreur quand il n'a pas exigé l'exclusivité en matière de
législation sur le plan linguistique. C'est clair. On se retrouvera
encore devant les tribunaux. Les mêmes tribunaux qui ont donné
raison à des communautés francophones hors Québec ont
même donné les recettes au gouvernement pour qu'il leur
enlève des droits. Il se réjouit de cela.
Ce ne sont pas des farces.
Je vous avoue qu'à le voir aller dans le domaine linguistique, je
comprends qu'il ait dit à Bourgault, M. le Président: "Pauvre
Pierre, je ne sais pas quoi faire avec cela". On s'en rend bien compte.
Ceci dit, M. le Président, je voudrais poser une autre
question...
M. Bourassa: On revient à de vieilles histoires. J'avais
dit, à ce moment-là...
M. Chevrette: Oui, mais elles sont récentes, l'attitude
est la même.
M. Bourassa: Non, non.
M. Chevrette: L'attitude est constante.
M. Bourassa: J'ai dit que c'est un problème difficile, la
question linguistique. C'est un problème difficile parce que la charte
du Québec est suspendue. Cela m'étonnerait que cela laisse le
Parti québécois indifférent, lui qui est à
l'avant-garde dans la défense des droits individuels au Chili et
ailleurs. Cela m'étonnerait que cela le laisse indifférent que la
charte du Québec soit suspendue. C'est pour cela que ce n'est pas facile
à régler.
M. Chevrette: Mais vous êtes supposé d'avoir des
idées bien arrêtées là-dessus, comment régler
tout cela?
M. Bourassa: Bien oui, mais vous venez de parler en faveur de la
Cour suprême. Vous ne voulez pas que j'attende le jugement de la Cour
suprême pour interpréter la loi?
M. Chevrette: Non, on est parti d'un exemple...
M. Bourassa: Allons.
M. Chevrette: Non, franchement, cela ne sert à rien. Je
n'argumenterai même pas avec cela. J'ai bien dit avec cela. Dans la
mesure où M. Getty devrait faire la même chose en Alberta, d'ici
peu, est-ce que le premier ministre n'a pas l'impression que dans la mesure
où l'accord aurait une portée, quant aux minorités
provinciales, les premiers ministres de l'Ouest se dépêchent
à faire table rase des droits des minorités francophones avant
que l'accord du lac Meech n'entre en vigueur? Est-ce qu'il ne considère
pas que c'est ce qui va arriver? Est-ce que c'était cela, l'esprit du
lac Meech?
M. Bourassa: M. le Président, dans la protection des
droits des minorités, dans la référence aux droits des
minorités, on parlé de protection et de promotion. M. Devine a
dit qu'il avait besoin de temps pour appliquer...
M. Chevrette: Vingt ans.
M. Bourassa: ...le bilinguisme. Non, non, il n'a pas donné
de date.
M. Chevrette: il y en aura plus dans le cercueil qu'il y en aura
qui marcheront dans les rues.
M. Bourassa: Toujours cette éloquence funèbre.
M. Chevrette: Oui.
M. Bourassa: Alors, ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est
que M. Devine a dit qu'il avait besoin de temps. Il s'est engagé
à faire de la Saskatchewan une province bilingue. Donc, cela n'est pas
arrivé... Est-ce que le chef de l'Opposition peut me donner un autre
exemple d'un premier ministre dans l'Ouest qui s'est engagé à
faire de sa province une province bilingue. Est-ce que M. Thatcher, est-ce que
M. Roblin, est-ce que l'ancien chef créditiste, Bennett... Est-ce qu'il
peut donner un autre exemple d'un premier ministre de l'Ouest qui s'est
engagé à faire de sa province une province bilingue?
C'est quand même une affirmation importante et positive! Cela n'a
pas d'importance pour le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Avez-vous fini? M. le premier ministre, soyez donc
sérieux! 23 000, en Saskatchewan, dont 9000 seulement patient le
français à la maison. Combien en restera-t-il dans quinze ans?
Soyez donc sérieux! Des déclarations, on peut en faire, n'importe
qui, n'importe quand. Ce sont les faits concrets. Vous savez très bien
que dans quinze ans d'ici, en Saskatchewan, s'il y en a 9000 seulement, au
moment où l'on se parle, qui parient le français à la
maison, combien en restera-t-il, en Saskatchewan? Cela sera une province
bilingue, là où le nombre le justifie. Mais il n'y aura plus un
chat.
M. Bourassa: Non, non, ce n'est pas cela. M. Chevrette:
Voyons!
M. Bourassa: Bien non. Cela n'est pas du tout la question. Le
chef de l'Opposition n'est pas informé des faits.
M. Chevrette: C'est combien?
M. Bourassa: Maintenant, sur le fait...
M. Chevrette: Ce sont des chiffres que vous avez cités
vous-même.
M. Bourassa: Le bilinguisme, ce ne sera pas une province bilingue
là où le nombre le justifie...
M. Chevrette: Bon bien, cela devrait....
M. Bourassa: Quand même, il faudrait qu'il relise les
textes. Je comprends que ce n'est pas sa priorité...
M. Chevrette: il y aura des provinces bilingues. C'est ce qui
était marqué...
M. Bourassa: Non. Il a dit qu'il s'engageait à faire de sa
province une province bilingue. La porte était étroite, il
fallait que je respecte la juridiction des provinces, parce que moi aussi je
veux qu'on respecte la juridiction du Québec... Si je veux qu'on
respecte la juridiction du Québec, il ne faut pas que j'intervienne dans
la juridiction des autres provinces, le chef de l'Opposition est d'accord avec
cela. Par ailleurs, j'avais ma responsabilité comme chef politique de la
province francophone. C'est pourquoi nous étions d'accord pour que la
dualité linguistique fasse partie des accords du lac Meech.
Vous qui me reprochez, encore une fois, mon attitude en Saskatchewan,
vous étiez contre, dans l'accord du lac Meech, la clause de la
dualité linguistique. Voyez-vous comment vous êtes contradictoire?
Deux poids, deux mesures! On est contre la dualité linguistique qui
donne des pouvoirs aux francophones hors Québec! Il était contre
cela. Qui a dit que la cause des francophones hors Québec était
une cause perdue? M. le Président, qui a dit que la cause des
francophones hors Québec était une cause perdue? Ce n'est pas
nous. C'est Gérald Godin, c'est Jacques-Yvan Morin, c'est M.
Léves-que.
Je me souviens comment les francophones hors Québec avaient
réagi à cette situation, M. le Président, comment les
francophones avaient réagi aux propos de Gérald Godin. Des
insultes inacceptables de dire qu'on est une cause perdue! C'est vous qui avez
dit cela. C'est vous les premiers qui avez laissé tomber ces gens.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Je n'ai jamais entendu la communauté
francophone hors Québec parler de traître envers un premier
ministre du Parti québécois, René Lévesque ou
Pierre Marc Johnson. Je n'ai jamais entendu les communautés francophones
dire qu'on était, à toutes fins utiles des planteurs de couteaux
dans le des, des vire-capots. C'était marqué textuellement dans
le journal The Gazette et c'était citer au texte les paroles de
la communauté francophone de la Saskatchewan. M. le Président,
là-dessus, si cela ne dérange pas, en plus de se passer
l'encensoir, il devrait regarder ce qu'on pense de lui avant de juger les
autres.
M. Bourassa: Les propos qui ont été tenus par
certains dirigeants de l'Ouest ont été dénoncés par
le président des francophones hors Québec, M. Yvon Fontaine,
d'accord? Je n'ai pas à assumer les abus de langage de certains
dirigeants qui sont dénoncés par leur propre chef, pas plus que
vous, comme chef de l'Opposition, vous n'avez à assumer les abus de
langage de vos députés. M. Yvon Fontaine a lui-même
dénoncé les abus de langage qui avaient été faits.
Ce n'est pas cela qui est important. Les premiers qui ont parlé de la
cause perdue des francophones, c'est vous, c'est le Parti
québécois qui les a abandonnés systématiquement,
publiquement, ouvertement. Nous autres, on a doublé leur budget, on a
fait inscrire dans l'accord du lac Meech la dualité linguistique. Je les
ai visités partout. J'ai été en Louisiane, j'ai
été à Vancouver, J'ai été à Moncton
pour les rencontrer. Qui dit mieux?
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: On a été les premiers à
reconnaître la Fédération des francophones hors
Québec. C'est nous, ce n'est même pas vous.
M. Bourassa: Mais on a doublé le budget.
M. Chevrette: Vous pouvez continuer à vous encenser, mais
quand vous commencez à vous encenser, pensez qu'il y a du monde qui est
passé avant vous.
M. Bourassa: Pourquoi, à ce moment-là, avez-vous
dit que c'était une cause perdue?
M. Chevrette: On a dit que c'était des causes perdues dans
un contexte bien précis. Si on est pas capable d'obtenir...
Rappelez-vous à l'époque, cela a été fait dans un
contexte de clause de réciprocité, à part cela. Je me
souviens très bien du débat. Vous pouvez sortir du contexte de
l'époque, ce n'est pas grave, c'est votre manière à vous
de vous en sortir.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: Cela a été dit à plusieurs
reprises. M. Lévesque disait lui-même: Venez au
Québec si vous voulez parler français. Allez donc.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Pour revenir au projet de loi C-72...
M. Bourassa: On va changer de sujet.
M. Chevrette: Pas du tout. Si vous voulez, on peut continuer.
Cependant, on se tanne d'entendre la cassette. Pourtant, il n'est pas
loin, passez-lui en donc une autre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: Je réponds à la demande du chef de
l'Opposition, j'ai un verre de lait maintenant.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: C'est bien. Apportez-lui un petit biscuit pour le
faire durer jusqu'à 19 h 30.
M. Bourassa: il y en a qui ont besoin d'autres choses que de
biscuits.
M. Chevrette: Est-ce que le premier ministre peut m'indiquer
quelle est la juridiction que, lui-même, il reconnaît au
gouvernement fédéral en matière de langue?
M. Bourassa: Mais quelle est la question?
M. Chevrette: Vous qui dites qu'on a des assurances, des clauses
remorques, des clauses sauvegardes, est-ce que vous considérez que c'est
juste en fonction des articles précis de la constitution ou si le
fédéral a un rôle à jouer sur le plan linguistique?
Est-ce qu'il y a des juridictions?
M. Bourassa: M. le Président, ce sont des lieux communs
que m'incite à dire le chef de l'Opposition. Le gouvernement
fédéral a juridiction dans les institutions
fédérales. Deux et deux font quatre. Où est son
problème?
M. Chevrette: En matière de langue.
M. Bourassa: C'est cela, dans les institutions
fédérales.
M. Chevrette: Même sur le territoire
québécois, pour vous, il n'y a pas de problème?
M. Bourassa: il y a deux langues officielles au Canada et,
à ma connaissance, jamais votre gouvernement n'a contesté la
juridiction linguistique du gouvernement fédéral dans les
institutions fédérales. Air Canada n'est pas devenue unilingue
français au Québec quand le PQ était au pouvoir.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous allez faire avec l'article 42 du
projet de loi C-72?
M. Bourassa: M. le Président, le projet de loi C-72, j'ai
répondu que nous étions à l'examiner. Le chef de
l'Opposition revient toujours avec les mêmes questions.
M. Chevrette: On veut avoir des réponses et vous ne
répondez pas.
M. Bourassa: M. le Président, je ne peux pas...
M. Chevrette: Cela fait dix mois que c'est déposé.
Prenez l'article 42...
M. Bourassa: Non. L'avis du Conseil de la langue
française, cela ne fait pas dix mois.
M. Chevrette: Vous avez les éminents légistes
derrière vous.
M. Bourassa: L'avis du Conseil de la langue française,
cela ne fait pas dix mois. Vous mélangez les dates dans une confusion
invraisemblable. L'avis du Conseil de la langue française, cela fait un
mois et demi? Cela fait une dizaine de jours, qu'on me dit, qu'ils ont
reçu l'avis du Conseil de la langue française. Pourquoi, tout
à coup, sortez-vous dix mois? (16 h 30)
M. Chevrette: M. le premier ministre, vous avez un Procureur
général qui ne doit pas attendre l'avis du Conseil de la langue
française. Il est chargé de voir toutes les législations
qui sortent d'Ottawa pour se brancher et voir si c'est conforme aux
juridictions réciproques. Comment se fait-il, qu'après dix mois,
votre Procureur général n'ait pas vu passer le projet de loi C-72
ou n'ait pas avisé... Vous n'avez même pas un avis
préliminaire alors que le Conseil de la langue française vous a
émis un avis, lui, et que ce n'est pas... C'est un rôle bien
spécifique. Mais le rôle premier d'un - comment appelle-t-on cela
- jurisconsulte, c'est de voir si la législation qu'on adapte ailleurs
peut empiéter sur les juridictions et les compétences du
Québec. Êtes-vous en train de me dire qu'il n'y a aucun avis qui
est sorti du ministère québécoise de la Justice, au moment
où on se parle, qu'ils n'ont préparé aucun papier,
après dix mois au moins du dépôt de la
législation?
M. Bourassa: M. le Président.
M. Chevrette: Êtes-vous en train de me dire cela?
M. Bourassa: Non, je m'interroge sur vos questions. Le Procureur
général a étudié le projet de loi. Il attendait
l'avis du Conseil de la langue française, forcément, avant de
donner un avis définitif. Il examine maintenant les implications du
projet de loi à la lumière du Conseil de la langue
française. Cela fait une dizaine de jours, il y a un nouveau ministre
à Ottawa que connaît bien le député de Joliette; un
peu plus, il se serait retrouvé dans le même comté, les
organisateurs auraient pu travailler ensemble, M. Lucien Bouchard qui est
reponsable du projet de loi C-72. Est-ce que vous pensez que Lucien Bouchard va
contrevenir à l'intérêt des Québécois?
M. Chevrette: Ce n'est pas de Lucien Bouchard dont je parie,
c'est de votre ministre de la Justice.
M. Bourassa: Non, mais ce que je veux dire... Écoutez,
non, je suis d'accord. Ce que je vous dis...
M. Chevrette: C'est effrayant!
M. Bourassa: Non, mais ce que je vous dis...
M. Chevrette: il dit n'importe quoi.
M. Bourassa: ...c'est que nous avons reçu l'avis du
Conseil de la langue française. Nous l'examinons à la
lumière des études qui ont été faites. Mais je vous
dis cela simplement pour vous dire que celui qui est responsable du projet de
loi C-72, ce n'est pas un ennemi du Québec, pour votre information. Vous
l'avez bien connu. Vous avez travaillé avec lui pendant des
années et des années.
M. Chevrette: Les "chrétiens" étaient des grands
amis du Québec.
M. Bourassa: Oui. Vous avez travaillé avec M. Lucien
Bouchard durant des années et des années. Donc, vous l'avez bien
connu. J'ai fait son éloge et je le refais une nouvelle fois. Je crois
qu'il a de l'expérience et de l'habileté. Dans le sommet
francophone, il a réussi à faire travailler positivement le
gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec. Il ne
faut pas oublier cet aspect avant d'en faire un drame. Mais cela fait dix
jours, cela ne fait pas dix mois. Cela ne fait pas dix mois, cela fait dix
jours qu'on a obtenu un document utile à une opinion
définitive.
M. Chevrette: M. le Président, ce que j'ai dit
tantôt, c'est qu'il est normal, il est de rigueur même, qu'un - pas
un vice-consul-te - jurisconsulte vérifie...
M. Bourassa: Non, vice-consulte, c'est la diplomatie.
M. Chevrette: ...toujours la législation qui sort d'en
dehors. C'est le premier qui en est alerté, c'est son rôle, c'est
son devoir. Là, vous êtes en train de me dire que c'est rendu que
le ministre de la Justice attendait l'avis du Conseil de la langue
française avant d'étudier le projet de loi C-72.
M. Bourassa: Non, il y a des... Ils ont déjà...
M. Chevrette: Cela n'a pas de bon sens.
M. Bourassa: M. le Président, il y a des questions qui ont
été posées à Ottawa. C'est vous qui n'avez pas de
bon sens dans votre analyse, avec toute l'amitié, le respect et l'estime
que j'ai pour vous.
M. Chevrette: Comme cela, c'est normal que le ministre de la
Justice attende que les différents conseils s'expriment avant de faire
des travaux. Est-ce que le premier ministre peut me dire quels travaux ont
été faits par le jurisconsulte? Est-ce que le jurisconsulte a eu
des opinions de l'extérieur concernant le projet de loi C-72?
M. Bourassa: M. le Président, je crois que le chef de
l'Opposition se trompe de porte pour le débat.
M. Chevrette: Non, non.
M. Bourassa: On me demande de faire part des avis juridiques du
ministère de la Justice. Est-ce qu'on discute ici les crédits du
ministère de la Justice?
M. Chevrette: Non, je vous le demande seulement pour voir si vous
savez où vous allez.
M. Bourassa: Je dis que le jurisconsulte a fait ce qu'il avait
à faire.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas au courant?
M. Bourassa: il y avait la loi fédérale. Il y avait
la charte à examiner pour voir si c'était conciliant ou si cela
pouvait être concilié avec la charte. Il y avait l'avis du Conseil
de la langue française. Le jurisconsulte, avec ses conseillers, examine
ces différents textes ou ces différents documents et donnera son
point de vue en temps opportun. C'est ce que j'ai répondu en Chambre.
Mais ne me demandez pas de parler d'avis juridiques...
M. Chevrette: Donc, vous n'êtes pas au courant.
M. Bourassa: ...dans les crédits du Conseil
exécutif.
M. Chevrette: Je vous demande si vous êtes au courant.
M. Bourassa: Je suis au courant qu'il y a des études. On
vient de me confirmer qu'il y a des questions qui ont été
posées sur le caractère constitutionnel du projet de loi C-72.
pour voir s'il est compatible avec la Charte de la langue française.
Tout cela est examiné.
M. Chevrette: À l'interne ou à l'externe?
M. Bourassa: À l'interne.
M. Chevrette: À t'interne. Cela a été fait
à
l'interne, d'après ce que je peux comprendre.
M. Bourassa: Oui, oui. Demain, vous pourrez me poser une question
si j'en ai le privilège et je pourrai vous donner plus de détails
sur les études internes.
M. Chevrette: On verra cela. M. Bourassa: D'accord.
M. Chevrette: On verra. C'est notre prérogative.
M. Bourassa: D'accord. Je vais être très sage pour
avoir droit à une question demain.
M. Chevrette: Oui, parce que vous êtes à la veille
d'être sevré longtemps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Longtemps. C'est clair. Bon, M. le
Président, je voudrais...
M. Bourassa: Sur le patronage, pas de question. Donc, il n'y a
pas de patronage.
M. Chevrette: Sur le patronage? Vous êtes en train
d'installer vos structures. On vous regarde aller.
M. Bourassa: Bien oui, mais il n'y a pas de patronage!
M. Chevrette: En voulez-vous des cas?
M. Bourassa: Pas une question sur le patronage.
M. Chevrette: Voulez-vous que je vous en sorte?
M. Bourassa: Oui, donnez-moi un cas.
M. Chevrette: Cela vous ferait trop plaisir. On ne vous fera pas
plaisir cet après-midi.
M. Bourassa: Vous avez peur de la réplique.
Application de la Charte de la langue
française
M. Chevrette: Absolument pas. Je vais aborder pendant quelques
minutes la question de l'application de la Charte de la langue française
au Québec.
M. Bourassa: Allez-vous me poser des questions sur le
libre-échange ou bien si c'est uniquement sur la langue?
M. Chevrette: Je verrai si j'ai le temps.
Est-ce que vous êtes au courant qu'il y a eu, sur trois ans, pour
ce qui est de la diminution des budgets globaux, une augmentation de 0, 08 %,
des crédits en ce qui regarde tous lés organismes et les
structures chargés de l'application de la loi 101?
M. Bourassa: Non, vous vous trompez de salle, M. le
Président.
M. Chevrette: Je ne me trompe pas de salle. Je demande au premier
ministre...
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition se trompe de salle. On
discute des crédits. Où discute-t-on les crédits de la
langue française? Dans l'autre salle, M. le chef de l'Opposition, cet
après-midi.
M. Chevrette: Bien sûr.
M. Bourassa: On va raconter cela à l'extérieur et
les gens vont dire: Vous fabulez.
M. Chevrette: Bien, vous le raconterez où vous
voudrez.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition...
M. Chevrette: Cela vous fera quelque chose de brillant à
dire.
M. Bourassa: Cet après-midi, le chef de l'Opposition me
parle des budgets des crédits de la langue française qui,
précisément au même moment, se discutent dans une autre
salle. On aura tout vu!
M. Chevrette: Pour votre information, on n'est pas capable
d'avoir une seule réponse dans l'autre salle. Donc, on s'essaie ici,
pour votre information. On n'en a pas plus ici. Donc, ce serait une autre chose
à dire à l'extérieur de cette salle si vous voulez dire
des choses.
M. Bourassa: Non, mais...
M. Chevrette: Commencez donc par répondre un tant soit peu
au moins à un de vos ministres et on sera exempté de s'adresser
à vous pour poser des questions.
M. Bourassa: M. le Président, je me suis
préparé, j'ai même appris les chiffres par coeur.
M. Chevrette: Je n'en doute pas.
M. Bourassa: J'ai dit en arrivant qu'on avait baissé notre
budget de 19, 9 %. D'un budget de 2 305 000 $, on est passé à 1
905 000 $.
M. Chevrette: Je vous demande si vous êtes au courant.
Êtes-vous au courant? Êtes-vous au courant que vos crédits
ont augmenté, sur trois
ans, seulement de 0,08 % pour la sauvegarde de la langue au
Québec?
M. Bourassa: Mais, êtes-vous au courant, M. le chef de
l'Opposition, M. le Président, que mes crédits à moi ont
baissé de 19,9 %?
M. Chevrette: Oui, je suis au courant de cela. Je tes al
regardés. C'est grâce aux crédits
périmés.
M. Bourassa: Non.
M. Chevrette: Je vais continuer. Pour ce qui est des
dépenses, êtes-vous au courant que vous avez baissé de 3,4
%? Je vais vous poser la question. Vous me direz si vous êtes au courant
ou pas. On n'aura pas eu, de deux ministres, d'explications quant aux
crédits sur la langue. C'est pour cela qu'on s'essaie avec vous.
M. Bourassa: Non. Mais, ce que je veux vous dire, M. le
Président, c'est que si le chef de l'Opposition avait fait preuve d'une
élémentaire courtoisie, il m'aurait prévenu que
j'étais sujet à être questionné sur les
crédits de l'Office de la langue française. Je pensais que
normalement je serais questionné sur mes crédits. Alors, j'ai
appris les chiffres. On a baissé de 19,9 %, de 2 376 000 $ à 1
905 000 $, donc 19,9 % de réduction. J'étais prêt à
lui dire tout ce qu'on a fait pour bien administrer et réduire les
impôts, réduire le déficit, comment on a introduit une
nouvelle culture administrative dans l'État québécois.
Est-ce que le chef de l'Opposition m'écoute? On est parti de 381
employés au Conseil exécutif en 1985-1986 - je vais parler pour
les médias d'information, ils vont rapporter des choses concrètes
- quand on a pris le pouvoir et on est 300. On a diminué de 81
employés depuis qu'on est là, de 20 %. Dans mon cabinet
personnel, on est passé de 61 à 46.
M. Chevrette: Vous avez informatisé.
M. Bourassa: On n'a pas informatisé, M. le
Président, on a mieux administré.
M. Chevrette: Vos listes de patronage.
M. Bourassa: Si on diminue les crédits, si on diminue les
sommes, c'est ce à quoi je m'attendais. Je ne m'attendais pas que l'on
me pose des questions sur la langue, à moins qu'on suspende et qu'on
aille tous les deux participer aux crédits à la salle voisine
pour répondre aux questions.
M. Chevrette: Cela pourrait peut-être lui permettre... Vous
pourriez citer votre ministre dans ses réponses.
M. Bourassa: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: On n'est pas sûr que si on vous amène
l'autre bord on n'aura pas les mêmes réponses qu'ici. À
partir de là, cela ne nous donne pas grand-chose.
L'application de l'article 23 dans l'administration de la Charte de la
langue française, vous savez très bien que le traitement
administratif s'est effectué en deux phases: tout d'abord, à
partir de février 1984 jusqu'au 12 juin 1987, selon des règles et
des procédures en vigueur, l'office a approuvé des
critères et des modalités de 36 organismes qui se
répartissaient comme suit à l'époque: 21 organismes
municipaux, 4 organismes scolaires et 11 organismes de santé. On me dit
qu'à partir du 12 juin 1987, de nouvelles règles de
procédure auraient été adoptées afin de favoriser
une plus grande marge de manoeuvre administrative. Êtes-vous au courant
de ces nouveaux critères?
M. Bourassa: Avez-vous une copie de la Charte de la langue
française? L'avoir su, je me serais apporté une Charte de la
langue française. Je m'excuse.
M. Chevrette: M. le Président, je vais continuer à
interroger quand même.
M. Bourassa: Je m'excuse auprès du...
M. Chevrette: Vous pourrez faire rire la galerie si vous
voulez.
M. Bourassa: Non, non, mais ce n'est pas...
M. Chevrette: On va vous poser les questions qu'on veut bien.
M. Bourassa: Juste une copie de la charte. M. Chevrette:
C'est très sérieux.
M. Bourassa: Non, non, mais je ne savais pas. Apportez-moi une
copie de la Charte de la langue française et on va vous
répondre.
M. Chevrette: Vous ne la connaissez pas encore?
M. Bourassa: Oui, je la connais, mais je veux être
sûr de l'application de l'article 23. Ce ne sera pas long, M. Poupart
part à la course.
M. Chevrette: S'il pouvait vous amener une cassette en même
temps. La réponse se trouverait dessus.
M. Bourassa: En attendant qu'on ait une copie de la charte, M. le
Président, je voudrais parler de la réduction des nominations du
gouvernement. On réduit partout, y compris les impôts. Les
sous-ministres adjoints, en 1984-1985, il y en avait 106; en 1987-1988: 86.
C'est M. Renaud Caron qui fait ce travail-là avec un
dynamisme typiquement beauceron; il est très efficace. Le total:
il y en avait 141 en 1984-1985 et 116 en 1987-1988. Donc on a
allégé le poids administratif.
Est-ce que le chef de l'Opposition a une autre question à
poser?
M. Chevrette: Je vous en ai posé une et vous cherchiez une
charte.
M. Bourassa: Je prends avis de la question, étant
donné qu'elle est...
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez au moins vous engager
à déposer les nouveaux critères?
M. Bourassa: Vous me permettez d'en parler avec le ministre
responsable? Est-ce que vous me donnez un délai de quelques heures?
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre, vous
pouvez prendre avis de la question. Selon les règles ici, vous
avez...
M. Bourassa: C'est une question surprise.
Le Président (M. Marcil): Vous avez à
déposer cela ici au Secrétariat des commissions. Nous allons la
distribuer aux membres de cette commission.
M. Bourassa: Je ne veux pas m'interférer dans le travail
du chef de l'Opposition, mais par amitié je me permets de lui dire que
si systématiquement, à l'Assemblée comme ailleurs, ils
deviennent unidimensionnels dans leur approche politique, c'est-à-dire
qu'ils parlent uniquement de langue, il est possible qu'à un moment
donné la population du Québec ne soit pas d'accord avec une
approche comme celle-là et que l'Opposition puisse perdre un peu de
crédibilité, parce qu'à ce moment-là elle donnera
l'impression de vouloir exploiter démesurément une question
délicate et sensible. Vous avez le droit de le faire, mais de
l'exploiter démesurément au point de se contenter dans les
crédits du chef du gouvernement de ne parler que de ça alors
qu'il y a toute une série d'autres problèmes dans
différents secteurs, notamment économiques et financiers, je me
permets de dire, en toute amitié, que c'est une stratégie
risquée.
M. Chevrette: En toute amitié, je répondrai au
premier ministre qu'il ne nous imposera aucune série de questions et sa
petite morale il pourra la garder pour lui. Ce n'est pas notre faute s'il n'a
pas la colonne vertébrale, s'il n'a pas le tonus pour défendre le
dossier linguistique et mettre en pratique un peu son vieux slogan qui dit
qu'il marche selon le vent populaire. Dans le domaine linguistique, le premier
ministre est prisonnier de son électorat captif...
M. Bourassa: S'il est captif, il n'est pas prisonnier. (16 h
45)
M. Chevrette: il n'a jamais eu la volonté politique de
régler le dossier linguistique et, au moment même où le
gouvernement va jusqu'à payer pour détruire la loi couvrant les
droits de la majorité, je pense qu'on est en droit, comme Opposition, de
critiquer un gouvernement qui se comporte d'une telle façon. Et je
pourrais vous relever, depuis le mois de janvier 1986, tous les accrocs que
vous avez faits à la langue, le laisser-aller, le laxisme, le manque de
volonté dans les poursuites, le manque de ressources aux institutions
chargées de défendre les droits, les paiements à Alliance
Québec avant même qu'elle le demande, c'est inconcevable. Et c'est
évident qu'on va en parler. Je réponds à une question du
premier ministre et je ne veux pas être brimé. On ne
l'arrête pas quand il parle, s'il vous plaît, vous me laisserez
aller. D'accord?
Le Président (M. Marcil): Si vous voulez, M. le chef de
l'Opposition, je vais m'occuper de diriger les travaux.
M. Bourassa: Non, mais ce que veux...
Le Président (M. Marcil): Est-ce que c'est sur une
question de règlement?
Une voix: Non, non.
Le Président (M. Marcil): Non, à ce
moment-là, on va laisser les gens terminer.
M. Bourassa: M. le Président, je retire mes paroles. Je
voulais simplement dire au chef de l'Opposition qu'en politique la loi des
rendements décroissants s'applique aussi et qu'en ne parlant uniquement
tout le temps et d'une façon abusive que de langue sur toutes les
tribunes, même alors qu'on discute de langue dans une autre salle,
continuer d'en parler ici, je pense que la loi des rendements
décroissants va s'appliquer et les citoyens vont dire que c'est un
spectacle, cette affaire-là, ou bien c'est sérieux.
Pour répondre à votre question directe, les crédits
de la Charte de la langue française, sont en 1988-1989, de 22 059 800 $;
en 1987-1988, ils étaient de 21 143 000 $. Je pense que c'est une
augmentation de près de 1 850 000 $.
M. Chevrette: 1988-1989 par rapport à 1987-1988?
M. Bourassa: Oui.
M. Chevrette: Mais je vous parie, sur trois ans, par rapport
à 1985-1986.
M. Bourassa: Écoutez, j'ai envoyé chercher le
budget. Aller me chercher les budgets de 1985-1986, 1986-1987.
M. Chevrette: De toute façon, si la loi des... Cela ne
vaut même pas la peine de lui répondre. Quelqu'un qui est
chronique, qui est atteint...
Le Président (M. Marcil): Vous aviez une question à
poser, M. le député de Fabre.
M. Joly: Oui, en fait, M. le Président, je voulais
simplement rappeler la pertinence du débat ici. On est ici pour
étudier les crédits du
Conseil exécutif et non pas les crédits de la Charte de la
langue française. Alors...
M. Chevrette: Bon, il est de coutume, M. le Président,
c'est vrai...
Le Président (M. Marcil): Je vous remercie beaucoup, M. le
député de Fabre.
M. Chevrette: il est coutume, M. le Président, quand le
premier ministre vient, qu'on puisse l'interroger sur les dossiers de ses
ministres sectoriels. C'est arrivé régulièrement. Quand on
n'est pas capable d'avoir des réponses d'un ministre sectoriel, il faut
bien s'adresser au premier ministre, autrement où aura-t-on les
réponses?
Le Président (M. Marcil): M. le député de
Fabre, de même que M. le chef de l'Opposition, il est de tradition en
commission parlementaire, lorsqu'on étudie des crédits, que la
règle de la pertinence s'applique avec plus de souplesse.
M. Joly: J'apprécierais beaucoup.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition?
M. Chevrette: Est-ce que le premier ministre pourrait prendre
l'engagement de déposer les critères, par exemple? Je comprends
qu'il ne veut pas répondre aux autres questions.
M. Bourassa: Tout ce que j'ai dit là-dessus, c'est que je
vais en parler avec le ministre responsable. Je ne vois par pourquoi il ne
pourrait pas les déposer. Peut-être que cela se fait actuellement,
aux crédits. Je ne sais pas, qui est responsable.... M. Filion,
peut-être que le député de Taillon pose les mêmes
questions au ministre.
M. Chevrette: Je dois vous avouer, M. le premier ministre, quand
on est rendu, dans le domaine linguistique... Je vous donne un petit exemple,
pourquoi on est inquiet. Vous pourrez bien sûr juger de la façon
que vous voudrez, mais quand c'est une incapacité chronique à
régler des cas, cela aussi s'analyse. Sur le plan linquistique, vous
êtes d'une incapacité, vous n'avez aucune capacité de
régler, vous n'avez aucune volonté politique...
M. Bourassa: Mais vous n'étiez pas là vendredi
dernier.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais dire au premier
ministre que si on lui pose des questions, c'est pour le sensibiliser. Qu'il
n'attende pas que le climat social soit perturbé pour agir. Qu'il agisse
au p... c... Quand c'est rendu qu'il y a 25 000 personnes dans la rue - on ne
comparera pas toujours avec des cure-dents là, on n'attendra toujours
bien pas qu'il y ait 100 000 personnes dans la rue pour agir dans le domaine
linquistique... Je pense que le premier ministre n'est pas conscient de cela.
Il rigole avec cela. Il essaie de nous tourner au ridicule parce qu'on lui pose
des questions sur les interprétations possibles des droits de la
majorité francophone. Vous pouvez vous amuser, mais un jour ou
l'autre... Quand on rencontre des groupes, que des gens nous demandent "Posez
donc telle question" et que le premier ministre tourne cela au ridicule,
plutôt que de répondre aux questions, bien écoutez, c'est
un choix qu'il fait. Cela aussi, c'est évalué.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition
m'accuse de trop tenir compte des anglophones. Il dit d'abord que je suis
prisonnier d'un électorat captif.
M. Chevrette: Pariez-nous de vos sondages et après cela,
on pourra passer à autre chose.
M. Bourassa: Non, mais si l'électorat est captif, je ne
peux pas en être prisonnier. Il y a des concepts que j'ai de la
difficulté à concilier. Je lui ai dit et je lui
répète, lui-même qui vient de me parler durant une heure et
demie de; la Cour suprême, me vantant la Cour suprême,
que j'attends le jugement de la Cour suprême.
M. le Président, ce n'est pas la responsabilité du Parti
libéral du Québec si la Cour supérieure a donné
raison à ceux qui contestaient l'article 58. Ce n'est pas la
responsabilité du Parti libéral du Québec si la Cour
d'appel a donné raison à ceux qui contestaient l'article 58.
C'est le Parti québécois qui a suspendu la charte du
Québec. Alors, je ne vois pas pourquoi j'assumerais la
responsabilité de la situation actuelle quand ce sont des jugements des
tribunaux, les tribunaux qu'a cités tout l'après-midi le chef de
l'Opposition et qui ont condamné ceux qui avaient suspendu la charte du
Québec.
Le Président (M. Marcil): Merci, M. le premier
ministre.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition ne m'a pas
écouté, mais je pense que ce que je viens de
lui dire est important.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait avoir la masse salariale de
l'ensemble des ministres, des cabinets?
M. Bourassa: La nôtre; mais on peut prendre avis et on va
vous la donner.
M. Chevrette: De l'ensemble des cabinets des ministres.
M. Bourassa: On va vous la donner.
M. Chevrette: C'est parce qu'on vous l'avait demandée au
préalable.
M. Bourassa: Mais, cela baisse. Il y a une réduction.
Oui.
M. Chevrette: Comme cela, vous prenez l'engagement de nous la
déposer?
M. Bourassa: Oui.
Le Président (M. Marcil): Vous prenez avis de la question,
M. le premier ministre? Oui.
M. Bourassa: On va prendre tous les engagements que vous voulez,
responsables, mais on va vous le donner. Je crois qu'il y a une baisse. Mon
chef de cabinet qui surveille cela de très près m'affirme qu'on
est, probablement en dollars courants, entre 16 % et 18 % de moins qu'il y a
trois ans.
M. Chevrette: il était de coutume...
M. Bourassa: C'est 16 % et 18 %. Le chef de l'Opposition ne
m'écoute jamais quand j'ai de bons chiffres à lui donner.
M. Chevrette: Oui, oui, je vous écoute.
M. Bourassa: Oui. C'est 16 % et 18 % de moins que lorsque vous
étiez là. Vous coupiez dans les hôpitaux, mais pas dans les
cabinets.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: On s'en parlera tantôt. Je voudrais vous
poser une série de questions techniques. Est-ce que vous pouvez nous
envoyer également les salaires payés aux individus?
M. Bourassa: Dans mon cabinet?
M. Chevrette: Dans l'ensemble. Comme on l'avait...
M. Bourassa: C'est dans les comptes publics.
M. Chevrette: On l'a. C'est dans votre cabinet qu'on ne l'a
pas.
M. Bourassa: Vous l'avez dans tes comptes publics et mon cabinet,
vous ne l'avez pas. D'accord.
Le Président (M. Marcil): Juste une seconde, M. le premier
ministre.
M. Chevrette: On l'a dans les comptes publics pour l'ensemble des
ministres et on ne l'a pas... C'est le sien.
M. Bourassa: Pas de problème.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut avoir le nombre...
M. Bourassa: Personnellement, j'essaie de donner l'exemple. Je
retourne chaque année une partie de mon allocation hebdomadaire de
résidence. Il faut que le chef du gouvernement donne l'exemple de la
frugalité.
M. Chevrette: Êtes-vous encore chez Malenfant?
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Pourriez-vous répondre? Non.
M. Bourassa: M. le Président, quelle curiosité!
M. Chevrette: Combien y a-t-il de dirigeants d'organisme?
M. Bourassa: Pardon?
M. Chevrette: À combien de nominations avez-vous
procédé quant aux dirigeants d'organismes? Vous avez donné
une série de chiffres tantôt quant aux sous-ministres. Les
dirigeants d'organisme?
M. Bourassa: il y a eu 12 nominations de sous-ministres...
M. Chevrette: Ce n'est pas cela.
M. Bourassa:... 31 sous-ministres adjoints, dont 14 de
l'extérieur, cela fait 43. Il y en a 14 qui sont venus de
l'extérieur, 22 de l'intérieur, 7 ont été
réaffectés et 10 sont à contrat.
M. Chevrette: Les dirigeants d'organisme?
M. Bourassa: il y en a 29.
M. Chevrette: 29. Combien y en a-t-il en
tout au Québec présentement? M. Bourassa: il y en a
295.
M. Chevrette: En avez-vous à temps partiel dans les
organismes? Combien avez-vous de membres en tout?
Le Président (M. Marcil): Juste une seconde, M. le premier
ministre.
M. Chevrette: L'an passé, vous aviez 95 dirigeants
d'organisme.
M. Bourassa: C'est-à-dire, à votre
époque...
M. Chevrette: L'an passé, c'est dans le Journal des
débats.
M. Bourassa: En 1985-1986, vous aviez 1031 membres à temps
partiel et 989...
M. Chevrette: Oui, l'an passé.
M. Bourassa: 980. Il faut dire qu'on a économisé.
Dans beaucoup de cas, on a enlevé les jetons.
M. Chevrette: Et on en a remis dans d'autres.
M. Bourassa: Vous ne l'avez jamais fait? M. Chevrette: Les
bénévoles à 400 $.
M. Bourassa: Non, non. On peut parler des honoraires, à un
autre moment, si vous voulez.
M. Chevrette: ...parler des bénévoles à 400
$.
M. Bourassa: Les bénévoles., On va vous en parler
de vos bénévoles.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait avoir la liste des noms?
M. Bourassa: Ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est
important, ce n'est pas facile de convaincre des gens de servir et de dire: il
n'y a plus de jetons. Le PQ avait donné des jetons, mais il gouvernait
comme des marins en goguette, mais, nous, nous coupons les jetons.
M. Chevrette: Dans toutes les lois que vous votez depuis un an et
demi, vous avez remis vos clauses, après vous être targués
et avoir fait des discours sans arrêt...
M. Bourassa: il reste un très bon nombre, M. le
Président...
M. Chevrette: J'avais posé une question très
précise.
M. Bourassa: Bon, enfin, à 16 h 55.
M. Chevrette: Je vous l'ai posée. Le nombre de membres
à temps partiel dans les organismes?
M. Bourassa: 980 actuellement.
M. Chevrette: Pourriez-vous nous donner le nom des dix
sous-ministres à contrat?
Le Président (M. Marcil): Est-ce que...
M. Bourassa: M. Caron peut donner les noms.
Le Président (M. Marcil): Oui, il n'a qu'à
s'identifier.
M. Chevrette: Non. Il peut nous envoyer les contrats.
Le Président (M. Marcil): Cela va, vous en prenez
note.
Une voix: Les noms...
M. Chevrette: Les noms, les contrats.
Une voix: Ils sont dans la Gazette officielle.
M. Chevrette: Ils sont dans la Gazette officielle.
M. Bourassa: Tout est dans la Gazette officielle. Un bon
geste que vous avez posé, quand vous étiez là, c'est la
possibilité d'avoir des sous-ministres à contrat. Quand vous
faites quelque chose de bien, je le dis. Ce n'est pas forçant, cela
n'arrive pas souvent. Vous avez instauré en 1984 la possibilité
d'avoir des sous-ministres à contrat - ils ont un peu plus parce qu'ils
n'ont pas la sécurité - en modifiant la Lot sur la fonction
publique. Ce n'est pas facile. Le secteur privé paie des salaires
considérables. Il n'est pas facile de convaincre des experts de venir
comme sous-ministres quand ils gagnent deux fois ou trois fois plus dans le
secteur privé. Le chef de l'Opposition, comme ministre, a dû
trouver que ce n'était pas toujours facile de convaincre des gens de
venir travailler à la moitié du salaire qu'ils font. On a
décidé de poursuivre la tradition de l'ancien gouvernement en
ayant des sous-ministres à contrat.
D'ailleurs, un exemple que je veux donner au chef de l'Opposition, c'est
que l'actuel ministre responsable de la langue a été
lui-même engagé sous contrat par votre gouvernement. C'est un
exemple que je vous donne pour montrer que cela a commencé avec l'ancien
gouvernement.
M. Chevrette: Je ne dis pas que cela n'a
pas commencé. La question est de savoir combien.
M. Bourassa: Douze.
M. Chevrette: Je voudrais revenir sur une question que je vous ai
posée tantôt. Quand on compare au Journal des débats de
l'année dernière, M. Bourassa répond... D'après les
chiffres que j'ai devant moi, M. le Président, c'est: sous-ministres
adjoints: 116, par rapport à 124, dirigeants d'organisme: 95 par rapport
à 103. Comment se fait-il que vous ne répondiez pas la même
chose?
M. Bourassa: C'est probablement une erreur. Une voix: C'est que
l'année dernière...
Le Président (M. Marcil): S'il vous plaît! Juste une
seconde.
M. Chevrette: L'année dernière, les bretelles
n'étaient pas assez longues.
Le Président (M. Marcil): Si vous voulez vous identifier
avant de...
M. Bourassa: Mon chef de cabinet va donner des explications.
M. Bertrand (Mario): L'année dernière, votre
question nous avait surpris. On n'avait pas les données. Cette
année, on a fait sortir les données. En 1984-1985, il y avait
effectivement 103 personnes. En 1987-1988, toujours au 31 mars - parce qu'il
peut y avoir des variations selon les mois, les semaines - il y avait en poste
93 dirigeants d'organisme.
M. Chevrette: L'an passé?
M. Bertrand: Non. Cette année, au 31 mars de cette
année. L'an dernier, il y en avait 94.
M. Chevrette: Vous aviez répondu 95, cela va.
M. Bertrand: Ce dont on a parlé tantôt, c'est des
membres et vice-présidents d'organisme à temps plein.
M. Chevrette: D'accord. Le comité Warren sur le
libre-échange, quels ont été les coûts...
M. Bourassa: Bon, une question sur le libre-échange, 17
heures.
M. Chevrette:... pour 1987-1988, avec ventilation.
M. Bourassa: Enfin une question sur le libre-échange. On
va parler des jeunes, j'espère.
M. Chevrette: Oui, je vous ai dit vers 17 h 15.
Si vous pouvez me les déposer.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre, à
la question...
M. Chevrette: Je voudrais savoir quels sont les coûts pour
1987-1988 et je voudrais avoir la ventilation.
M. Bourassa: On va vous les donner. Cela relève de M.
MacDonald ou de moi?
M. Chevrette: Cela relevait de l'Exécutif. Ils nous ont
dit de l'Exécutif.
M. Bourassa: Depuis janvier, M. Warren apparaît au budget
de M. MacDonald. Alors, les chiffres que je vous donnerais ne seraient que
partiels.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a quelqu'un chez vous ou chez M.
MacDonald qui peut faire la conciliation?
M. Bourassa: Oui. (17 heures)
M. Chevrette: il a été un bout de temps chez
vous.
M. Bourassa: Oui. Là, c'est chez M. Mac-Donald. Alors, on
va vous donner les chiffres...
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait avoir les...
Le Président (M. Marcil): Vous prenez note de la
question?
M. Chevrette:... coûts avec la ventilation? M. Bourassa:
C'est cela, oui.
Le Président (M. Marcil): Ils vont prendre note de la
question.
M. Bourassa: On l'avait déjà donné,
cela.
Une voix: On l'avait donné l'année dernière,
-mais il demande pour cette année.
M. Bourassa: C'est moins.
M. Chevrette: il faut bien se comprendre, là...
M. Bourassa: il y en a plusieurs qui ne travaillent plus. M.
Dorais, je crois, a cessé de travailler, M. Warren continue?
Une voix: Au Commerce extérieur.
M. Bourassa: Au Commerce extérieur, oui.
M. Chevrette: On veut avoir les honoraires, les
coûts...
M. Bourassa: Ah! Bien, on va tout...
M. Chevrette:... et la ventilation.
M. Bourassa: Comme on l'a fait l'an dernier.
M. Chevrette: Total, 1987-1988.
M. Bourassa: Oui. On vous l'a donné l'an dernier, mais si
on peut vous la donner avant 18 heure. On peut vous la donner avant 18
heures?
M. Chevrette: Donc, à ce jour, on s'entend bien aussi,
vous allez nous envoyer la liste de votre cabinet, les salaires de votre
cabinet, etc.
M. Bertrand: Vous avez demandé la masse salariale
totale...
M. Chevrette: Plus les salaires.
M. Bertrand:... les salaires des individus au cabinet...
M. Chevrette: C'est cela.
M. Bertrand:... du premier ministre, la liste des sous-ministres
à contrat et la liste du comité du groupe de travail sur le
libre-échange.
M. Chevrette: Oui.
M. Bertrand: Ce qu'on vous a répondu pour le groupe de
travail sur le libre-échange, c'est qu'il va y avoir des imputations
différentes: un peu chez nous...
M. Chevrette: Bien, je suppose...
M. Bertrand:... un peu chez MacDonald.
M. Chevrette:... qu'il y a quelqu'un chez vous qui va
faire...
M. Bertrand: Oui, c'est cela. On vous mettra cela sur la
même feuille.
M. Bourassa: Cela va être clair, précis,
convaincant.
M. Chevrette: C'est neuf mois et trois mois. Le
Président (M. Marcil): Cela va.
M. Chevrette: Peut-être un aparté, mais c'est
drôlement important, quand même la loi de police qui traîne
au feuilleton depuis un an et demi, est-ce que cela va venir?
M. Bourassa: Cela devrait.
M. Chevrette: Mais est-ce que vous la prévoyez dans la
présente session?
M. Bourassa: Je ne le crois pas. Il y a des consultations avec
l'Union des municipalités.
M. Chevrette: Présentement? Est-ce que c'est une loi que
vous prévoyez déposer avant le 15 mai pour qu'elle soit
traitée à l'intérieur de la présente session?
M. Bourassa: Cela n'est pas à l'ordre du jour du Conseil
des ministres de demain. Alors cela m'étonnerait que cela soit
déposé avant le 15 juin.
M. Chevrette: Donc, cela sera pour l'automne.
M. Bourassa: M. Caron me signale, M. le chef de l'Opposition,
parce que c'est lui qui travaille très fort là-dessus et je veux
quand même le dire, qu'on avait donné un certain nombre de noms de
personnes qui étaient sans affectation l'an dernier et M. Caron m'assure
que maintenant il n'y a aucune personne. Donc, c'est un gros travail
d'affecter...
Une voix:... depuis quelques semaines.
M. Bourassa: Une seule personne. Si vous avez des cas à
nous donner, c'est le temps...
M. Chevrette:... très. Ah! C'est fait. Une voix:
Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Là-dessus, je ne vois pas pourquoi vous
posez la question. Il y aurait peut-être trois petites questions sur les
crédits. Je ne sais pas comment vous avez joué avec les
communications à l'intérieur de vos programmes, mais les chiffres
sont... Je prends, par exemple, l'étude des crédits,
élément 1, pour que le premier ministre regarde fonctionnement et
autres dépenses: 3, les communications. Vous avez 175 000 $ de
budgétisés l'an passé; vous avez dépensé 299
000 $, vous inscrivez au budget 290 000 $ et vous prévoyez
dépenser 349 000 $.
M. Bourassa: Mon chef de cabinet va répondre
là-dessus, c'est lui qui s'occupe de... Allez-y.
M. Bertrand: Pour le cabinet et pour le Conseil exécutif,
M. Chevrette, c'était une modification aux règles comptables du
gouvernement et, dorénavant, les frais de téléphonie et
l'informatique et d'utilisation de lignes téléphoniques comme
pour le SAIC sont imputés à chacun des ministères
plutôt que d'être imputés dans un seul gros compte au
ministère des Communications. Alors le budget du ministère
des
Communications a été réduit d'autant.
M. Chevrette: Oui. Mais est-ce qu'il y a une augmentation quand
même à ce moment-là ou si cela correspond au même
montant?
M. Bertrand: Je pense que le fonds prévoit exactement le
même montant sauf qu'il est ventilé à l'intérieur de
tous les ministères.
M. Chevrette: Dans le domaine des transferts,
élément 2...
M. Bertrand: Oui.
M. Chevrette: ...concernant cela, pourriez-vous nous faire
parvenir l'explication là-dessus?
M. Bertrand: Sur?
M. Chevrette: Domaine des transferts.
M. Bertrand: Au chapitre des transferts? Qu'est-ce qui...?
M. Chevrette: Le point 10, élément 2... M.
Bertrand: ...les 545 000 $?
M. Chevrette: Par rapport à 250 000 $. C'est quoi?
L'augmentation de plus que 100 %?
M. Bertrand: Les transferts, c'est généralement...
Je vous donne cela...
M. Chevrette: Subvention?
M. Bertrand: ...sans filet, c'est probablement le programme de
subvention à la Société d'investissement jeunesse. C'est
un programme de subventions du premier ministre, du cabinet, qui n'a pas
augmenté depuis trois ans.
M. Chevrette: C'est donc Corporation d'investissement
jeunesse?
M. Bertrand: C'est la Société d'investissement
jeunesse.
M. Chevrette: C'est toute la partie? L'en-tièreté
des 545 700 $?
M. Bertrand: La subvention de 100 000 $ supplémentaire,
c'est-à-dire que dans le montant essentiellement il y a deux grands
transferts: il y a la subvention à la Société
d'investissement jeunesse...
M. Chevrette: Cela, c'est 400 000 $ aux crédits.
M. Bertrand: il y a également un montant de 100 000 $ ou
à peu près qui est versé depuis sept ou huit ans - on
avait répondu à la même question l'année
dernière - à l'Institut national d'administration publique.
M. Chevrette: Une question au point 3, communications, est-ce que
c'est la même explication que vous donnez?
M. Bertrand: C'est exactement la même explication.
M. Chevrette: C'est la même explication que
l'élément 3 du programme 1.
M. Bertrand: Oui.
M. Chevrette: C'est cela?
M. Bertrand: C'est exactement cela.
M. Chevrette: Communications, la même chose à
élément 4?
M. Bertrand: Exactement.
M. Chevrette: Et 8, capital?
M. Bertrand: L'élément 8?
M. Chevrette: Excusez. Élément 4, point 8.
M. Bertrand: C'est la mise en place d'un système de
bureautique au Conseil exécutif où il y avait un retard
d'à peu près dix ans à rattraper. Cela va?
Le Président (M. Marcil): Cela va. M. le chef de
l'Opposition?
M. Chevrette: Oui.
M. Bourassa: Merci beaucoup de cette collaboration positive.
Dossier jeunesse
M. Chevrette: Concernant les jeunes, je voudrais poser une
première question au premier ministre.
M. Bourassa: Oui.
M. Chevrette: Où en êtes-vous?
M. Bourassa: Je vais tout vous donner cela. Je vais
répondre.
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre, si vous
vouliez présenter...
M. Bourassa: Je suis convaincu, pour essayer d'être plus
concis, que le chef de l'Opposition dans ses questions va me permettre de
signaler les points que je voulais. D'ailleurs, je me débrouille
toujours pour essayer de glisser dans
mes réponses les éléments qui me paraissent
pertinents.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Bourassa: Allez-y.
M. Chevrette: J'ai compris.
M. Bourassa: Non, je dis que je vous laisse la parole parce que
j'aurai l'occasion dans mes réponses de... Tout ce que je peux vous
dire, c'est...
M. Chevrette: Non, mais si vous voulez y aller, vous avez bien
beau.
M. Bourassa: il y a toute une série de gestes qui ont
été posés: la création du conseil, la confirmation
du mandat et de la permanence du Secrétariat à la jeunesse, la
création de la Société d'investissement jeunesse,
l'harmonisation, la consolidation des programmes de soutien aux jeunes
entrepreneurs par le ministère de l'Industrie et du Commerce, les
résultats du Placement étudiant - un des records en 1987-1988, 11
000 jeunes ont trouvé un emploi par le biais du Placement
étudiant - la réforme de la loi de la construction, la loi 119,
soit l'abolition des certificats de classification qui permet d'ouvrir
davantage l'entrée des jeunes sur les chantiers de construction, la
hausse du salaire minimum et l'abolition de la discrimination fondée sur
l'âge, le gel des frais de scolarité, le projet de loi 71 qui
implique l'augmentation des subventions à l'établissement
accordées aux jeunes décidant d'exploiter une activité
agricole, parité pour les jeunes dans l'aide sociale, 3 000 000 $ pour
les jeunes dans le cadre de l'Année internationale du logement des
sans-abri et, tout récemment, 5 000 000 $ pour les jeunes artistes,
etc..
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Bourassa: Alors, je comprends que cela coupe la parole au chef
de l'Opposition. Il paraît tout abasourdi.
M. Chevrette: Non. Si vous avez fini, je vais la prendre,
justement.
M. Bourassa: il y en a tellement que...
M. Chevrette: Des cinq engagements électoraux que le Parti
libéral a pris, il y en a un seul de réalisé, c'est le
Conseil consultatif permanent de la jeunesse.
On parie d'éducation, on va vous en parler. En éducation,
le gel des frais de scolarité dont vous avez parlé, quand on sait
que vous avez augmenté de 100 % les frais afférents, il n'y a pas
de quoi se targuer d'avoir réalisé l'engagement quant aux frais
de scolarité. Il n'y a pas de quoi non plus se péter les
bretelles quant à l'aide financière aux étudiants. Vous
avez proposé d'ajouter 25 000 000 $ et on sait que, grâce à
la transformation des bourses en prêts, vous avez fait une
éconorhie de 60 000 000 $ sur le des des étudiants. Quand vous
dites que vous deviez favoriser la participation des étudiants au
processus d'évaluation de l'enseignement, il n'y a absolument rien de
fait. Mise sur pied d'un programme d'intégration des jeunes à la
fonction publique, non seulement ce n'est pas réalisé, mais il y
a eu une coupure de 1600 postes occasionnels, ce qui ouvrait justement des
portes aux jeunes dans la fonction publique. Instaurer un régime
d'épargne-recyclage, absolument rien de fait. Parité de l'aide
sociale aux moins de 30 ans, rien avant 1990, recul majeur
dénoncé par l'ensemble du front commun des assistés
sociaux et même par la lettre de la Conférence des
évêques. Des maisons de jeunes, aucune, gel des subventions depuis
1986, la ministre n'a aucune priorité, n'a aucun cent. Les maisons
d'hébergement jeunesse, aucune, plusieurs maisons même fermeront
leurs portes si le ministre n'injecte pas des crédits
supplémentaires. Quant au Conseil permanent de la jeunesse, on s'est
"effervesce" dans les derniers jours à trouver des gens parce qu'ils
n'avaient rien eu depuis... Pourtant, le leader du gouvernement nous avait dit:
Ne faites surtout pas de longues discussions, il faut que cela passe, il faut
mettre cela en marche tout de suite. En corollaire, on va parler de ce qu'ont
fait les coupures dans le Secrétariat à la jeunesse, en
particulier en régions. Le premier ministre aurait pu prendre beaucoup
plus de temps à se péter les bretelles parce que son bilan est
plutôt sombre de ce côté-là.
M. Bourassa: Oh, oh, oh!
Société d'investissement
jeunesse
M. Chevrette: Ma première question est la suivante, M. le
premier ministre, Société d'investissement jeunesse d'abord.
M. Bourassa: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez me dire quel est le plan
d'action pour 1988-1989?
M. Bourassa: Déjà, il y a des choses qui ont
été réalisées. J'oubliais les bourses
régionales dans ma liste tantôt. Quant aux frais de
scolarité, il faut quand même dire que cela fait 20 ans qu'ils
n'ont pas été augmentés. M. Parizeau lui-même disait
qu'il y a peut-être lieu de considérer une hausse. On ne peut pas
dire que votre nouveau chef pèche par excès de démagogie.
Il a admis qu'il y aurait peut-être lieu d'augmenter les frais de
scolarité. C'est votre chef qui a dit cela, qu'il fallait augmenter
les
frais de scolarité.
M. Chevrette: Oui, mais on est loin de la Société
d'investissement jeunesse.
M. Bourassa: Je sais que vous n'aimez pas entendre dire cela,
mais...
M. Chevrette: Non, mais répondez donc aux questions.
M. Bourassa: Bien, oui, mais... Non, mais vous venez...
M. Chevrette: Vous voulez que cela ne prenne pas de temps.
M. Bourassa: D'accord.
M. Chevrette: Vous nous suppliez... Vous dites qu'on a un
caucus.
M. Bourassa: Oh, c'est vrai. Excusez-moi, oui. Non, c'est parce
que c'est...
M. Chevrette: Hier...
M. Bourassa: C'était seulement pour répliquer
à ce que vous disiez tantôt.
M. Chevrette: Répondez aux questions. M. Bourassa:
D'accord.
M. Chevrette: Quel est le plan d'action pour la
Société d'investissement jeunesse?
M. Bourassa: Si on respecte le caucus à 18 heures, je vais
répondre aux questions. La Société d'investissement est un
organisme subventionné par le Conseil exécutif. Mais je vais
répondre quand même aux questions. D'abord, le bilan: il y a 16
entreprises dans dix municipalités et sept régions qui ont obtenu
des garanties autorisées au 5 avril, 31 entrepreneurs, 565 000 $ de
garantie, 94 emplois la première année, 142 la deuxième
année, employés permanents, 6. Alors, on va poursuivre le
travail. On va poursuivre une campagne de promotion de l'entrepreneurship chez
les jeunes. On va sensibiliser le milieu scolaire à l'entrepreneurship.
On va appuyer les concours d'excellence chez les jeunes entrepreneurs. On va
inciter les médias à promouvoir l'entrepreneurship chez les
jeunes et participer à des initiatives pour stimuler
l'entrepreneurship.
M. Chevrette: M. le Président, je comprends qu'on vient de
vous passer un papier et que vous venez de le lire, mais je vais vous poser une
question.
M. Bourassa: Oui, mais...
M. Chevrette: Trouvez-vous que...
M. Bourassa: Vous vouliez qu'on finisse à 18 heures, je
lis les papiers à ce moment-là. Si je ne lis pas les papiers,
cela peut être plus long.
M. Chevrette: Je voudrais vous demander votre évaluation
en même temps que vos commentaires. Cette corporation a
créé, comme vous le dites, une dizaine d'entreprises pour environ
80 emplois au coût de 350 000 $. C'est correct?
M. Bourassa: Comment? 16 entreprises...
M. Chevrette: Comment pouvez-vous comparer cela avec les groupes
de soutien aux initiatives jeunesse qui, avec 101 000 .$, ont réussi
à créer 31 entreprises au Québec pour une moyenne par
emploi très inférieure, 7000 $ ou 8000 $ seulement? Est-ce que
vous considérez que c'est performant? (17 h 15)
M. Bourassa: Bien, oui. Il faut tenir compte que c'est un
démarrage. Ce n'est pas une affaire qui existe depuis vingt ans, quinze
ans ou dix ans.
M. Chevrette: Mais, le groupe initiative jeunesse non plus.
M. Bourassa: Non, mais c'est un démarrage. Il a fallu
discuter avec les sociétés de prêts. Je trouve que la
situation est déjà excellente. D'ailleurs, le chômage des
jeunes est le plus bas depuis dix ans.
M. Chevrette: Mais, M. le premier ministre...
M. Bourassa: Le chômage des jeunes est le plus bas depuis
dix ans.
M. Chevrette: Je vais reprendre ma question.
Considérez-vous que...
M. Bourassa: L'objectif pour l'an prochain est d'accorder de 50
à 80 garanties bancaires, pour une valeur de 1 200 000 $. C'est notre
objectif.
M. Chevrette: Bon, ma question est la suivante.
M. Bourassa: C'est cela, vous me disiez votre programme.
M. Chevrette: Considérez-vous que c'est performant? Quand
on regarde 35 000 $ l'emploi.
M. Bourassa: Oui.
M. Chevrette: Vous allez être obligé de
répondre non. Considérez-vous que ce qu'on a fait à la
Société d'investissement jeunesse est
performant si on compare cela aux groupes de soutien aux initiatives
jeunesse qui, avec seulement 101 000 $, ont créé 31 entreprises
et 88 emplois?
M. Bourassa: Oui, mais, écoutez. Il ne faut quand
même pas comparer des pommes à des oranges. Vous savez fort bien
que...
M. Chevrette: Quelle est la différence? On parle des
entreprises.
M. Bourassa: Non, non. Il y a différents types
d'entreprises. Il y a différentes formules et les modalités ne
sont pas les mêmes. Il y a quand même 31 entrepreneurs, 16
entreprises et c'était le démarrage. Je trouve que, comme
début... C'est d'ailleurs une idée que nous partageons tous les
deux, la Société d'investissement jeunesse, vous êtes mal
placé pour la critiquer.
M. Chevrette: Ce n'est pas que je la critique. Je regarde
seulement les résultats.
M. Bourassa: L'administration...
M. Chevrette: Est-ce que c'est performant?
M. Bourassa: Oui, je trouve que...
M. Chevrette: Vous êtes satisfait de la performance?
M. Bourassa: Oui. J'ai le programme de l'an prochain, de 50
à 80.
M. Chevrette: Même quand on prépare cela?
M. Bourassa: Vous comparerez l'an prochain. C'est la
première année de réel fonctionnement. Vous comparerez
l'an prochain. Notre objectif est de 50 à 80 garanties bancaires.
M. Chevrette: Combien d'emplois? M. Bourassa: Cela
dépend des projets.
M. Chevrette: Si vous êtes capable de fixer le nombre
d'entreprises!
M. Bourassa: il y a 25 à 40 projets d'entreprises. 25
à 40 projets d'entreprises. Cela dépend du nombre d'emplois par
entreprise. Pour 15 entreprises, on en a eu 142. Alors, de 300 à 400, si
on prend notre règle à calcul.
M. Chevrette: On nous apprend que des directeurs ont
quitté la Société d'investissement jeunesse. Il n'y a plus
personne au moment où on se parle. Leur mandat est échu depuis le
1er mai.
M. Bourassa: Non. M. Lapointe avait été
prêté par la ville de Montréal. Il est retourné? Il
est encore en place.
M. Chevrette: Jusqu'à quand?
M. Bourassa: Jusqu'à bientôt et il va retourner
à la ville de Montréal. Il va être remplacé.
M. Chevrette: Est-ce que c'est le seul qui a quitté?
M. Bourassa: Une réceptionniste...
M. Chevrette: Le directeur adjoint, qu'est-ce qui arrive avec
lui?
M. Bourassa: il est encore là.
M. Chevrette: Est-ce qu'il part ou non?
M. Bourassa: Bien, il ne nous a pas indiqué qu'il voulait
partir.
M. Chevrette: À combien s'élève le fonds
amassé jusqu'à maintenant?
M. Bourassa: À1 200 000 $.
M. Chevrette: A 1 200 000 $?
M. Bourassa: Oui. Je les ai rencontrés. J'ai
rencontré les hommes d'affaires en revenant de Saskatoon. Quand se
trouve cette agréable semaine?
M. Chevrette: Cette infernale semaine pour vous. Vous l'avez pris
comme cela. Vous avez essayé d'en profiter différemment. Vous
aviez hâte de revenir.
M. Bourassa: C'était le 14 avril. Je me souviens de mon
retour, parce que j'avais été très bien reçu par
les hommes d'affaires le 14 avril. J'ai rencontré une centaine d'hommes
d'affaires.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous remettre
l'organigramme de la SIJ?
M. Bourassa: Oui, on va vous envoyer cela à l'instant.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez le nom des personnes avec?
M. Bourassa: Non mais on a la liste. On va donner cela au chef de
l'Opposition. C'est la transparence.
M. Chevrette: Pourriez-vous nous placer ces noms sur les
cases?
M. Bourassa: Donnez cela au chef de
l'Opposition. On est transparents au maximum. M. Chevrette: Oui,
oui. On sait cela.
M. Bourassa: On va vous donner la description de tâches de
tous et chacun des membres de la Société d'investissement
jeunesse. Cela fait qu'on n'aura pas besoin de répondre. Remettez cela
au chef de l'Opposition, cette vénérable institution dans notre
système. Vous avez toutes les réponses.
M. Chevrette: Quelle est la liste des... M. Bourassa: La
liste du personnel?
M. Chevrette: Ce que je veux savoir, c'est le nom qui correspond
aux cases dans cela. Qui est le directeur général? Quel est le
nom du directeur adjoint, du directeur de...
M. Bourassa: Ce ne sont pas des nominations...
M. Chevrette: Non, non, mais même si elles ne sont pas
politiques, vous devez avoir l'information. Si vous avez un organigramme...
M. Bourassa: Oui, oui, on va vous la donner.
M. Chevrette: ...vous avez sans doute les noms qui vont avec.
M. Bourassa: Oui, on va vous donner cela à l'instant ou on
va vous le faire parvenir.
M. Chevrette: L'avez-vous?
M. Bourassa: On va vous la transmettre demain matin.
M. Chevrette: La liste des gens qui occupent les postes à
l'intérieur de l'organigramme de la Société
immobilière, pardon, de la Société d'investissement
jeunesse. Une déformation, je pense.
M. Bourassa: Toujours le patronage qui remonte à la
surface.
Secrétariat à la jeunesse
M. Chevrette: Oui. Le Secrétariat à la jeunesse. M.
le Président, on sait que depuis 1983 le Secrétariat à la
jeunesse a joué un rôle extrêmement important de formation,
d'information et de catalyseur auprès des jeunes. C'est parti du
gouvernement qui vous a précédé. Je pense qu'on s'est
rendu compte dans toutes les régions du Québec de l'importance du
Secrétariat à la jeunesse. Depuis votre arrivée, cette
conception administrative du secrétariat s'est concrétisée
de la façon suivante: D'abord, il y a eu l'abolition des postes de
plusieurs agents régionaux. On a enlevé des postes de commande,
on a changé des directeurs qui avaient une expertise dans le
secrétariat et on les a remplacés purement par des
étiquetés rouges. On a aboli les bureaux régionaux,
à toutes fins utiles. J'aimerais savoir de la part du premier ministre
qui a raison dans tout cela. Est-ce que c'est un nommé Perino qui dit
que c'est seulement des hypothèses une journée? Le premier
ministre nous dit que ce n'est pas d'autres hypothèses un autre jour?
Qui est la starlette à votre cabinet qui s'occupe de cela,
premièrement, . et qui parle au nom du premier ministre? Parle-t-il
véritablement en votre nom quand il parle de changer le rôle
fondamental du Secrétariat à la jeunesse, en particulier en
régions?
M. Bourassa: Mais tout le monde parie en mon nom d'une
façon quand ils font partie du bureau du premier ministre. Cela se
fait...
M. Chevrette: il ne paraît même pas dans votre liste
du bureau.
M. Bourassa: Cela se fait avec convergence et concordance. Il n'y
a pas ces affrontements...
M. Chevrette: Est-ce que M. Perino est votre attaché
politique?
M. Bourassa: il fait partie de mon bureau.
M. Chevrette: Pouvez-vous m'expliquer pourquoi il ne figure pas
dans la liste que vous nous avez transmise?
M. Bourassa: C'est une tradition administrative que les
employés de soutien ne paraissent pas à la liste...
M. Chevrette: Un employé de soutien qui fait des
déclarations au nom du premier ministre! Mais voyons!
M. Bourassa: Je n'ai pas d'objection à ce que... Il a
commencé comme employé de soutien et, maintenant, il a
remplacé Mme Diodati qui était ici l'année
dernière. Il sera dans la prochaine liste.
M. Chevrette: Oui, mais M. le premier ministre...
M. Bourassa: Mais il parie en mon nom.
M. Chevrette: ...vous nous avez remis une liste...
M. Bourassa: Je n'ai pas d'objection.
M. Chevrette: ...au 31 mars. Cela ne fait pas longtemps. Cela
fait longtemps qu'il a fait ces déclarations. C'est avant cela.
M. Bourassa: Non, mais je veux dire... M. Chevrette: C'est
le 4 mars.
M. Bourassa: Même s'il n'est pas encore dans la liste
administrative, j'assume ses déclarations parce que je lui fais
confiance.
M. Chevrette: Est-ce que c'est seulement une hypothèse,
dans ce cas, l'abolition des bureaux régionaux, comme le disait M.
Perino?
M. Bourassa: J'ai répondu là-dessus.
M. Chevrette: Non.
M. Bourassa: J'ai répondu là-dessus que...
M. Chevrette: Vous aviez dit que vous nous donneriez tout le
détail en commission parlementaire...
M. Bourassa: Mais j'ai tout cela ici.
M. Chevrette: ...et que vous cherchiez la meilleure formule. Je
peux même vous citer au texte.
M. Bourassa: Non, non, j'ai toute une série de chiffres
ici sur les effets... D'abord, le Secrétariat à la jeunesse est
un organisme permanent. Il était occasionnel à votre
époque. Jamais vous n'avez eu la volonté politique d'en faire un
organisme permanent. Donc, il faut admettre cela. J'ai dit qu'il y avait de la
duplication dans certaines régions et qu'on voulait éviter la
duplication. J'ai toute une série de chiffres qui montrent... En plus
des mesures qu'on a prises... Tous les mois, on annonce des mesures pour les
jeunes. Sur le plan de l'emploi, c'est la meilleure année depuis dix
ans.
M. Chevrette: Mais, on parle du secrétariat.
M. Bourassa: Bien d'accord. Il y a 28 personnes-années en
1988-1989 à Québec.
M. Chevrette: Oui.
M. Bourassa: D'accord? Le budget est de 1 100 000 $ en 1988-1989
auquel s'ajoutent 700 000 $ pour le Conseil permanent de la jeunesse. En plus,
il faut ajouter une subvention de 400 000 $ pour la Société
d'investissement jeunesse.
M. Chevrette: Comment expliquez-vous que pour un organisme
occasionnel qui est devenu permanent, le budget, en 1985-1986, était de
1 741 700 $, il a connu une "drop" de 23 % l'an passé, 1 331 000 $, et
cette année, une légère augmentation de quelques milliers
de dollars?
M. Bourassa: Bien écoutez...
M. Chevrette: Comment vous expliquez cela? La permanence est
payante?
M. Bourassa: Oui, d'accord, je vais vous donner une explication
qui devrait vous satisfaire. 1 100 000 $ plus 700 000 $, cela fait 1 800 000 $,
plus 400 000 $, cela fait 2 200 000 $.
M. Chevrette: Ce n'est pas comme cela qu'on évalue
cela.
M. Bourassa: Oui.
M. Chevrette: Vous dites que ce sont des structures. Cela n'a
aucun rapport.
M. Bourassa: Bien voyons!
M. Chevrette: La Corporation d'investissement jeunesse, qu'est-ce
que cela vient faire dans le Secrétariat à la jeunesse?
M. Bourassa: Bien oui, mais il y a des activités...
M. Chevrette: Oui, mais qu'est-ce que cela vient faire dans le
Secrétariat à la jeunesse...
M. Bourassa: il y a des activités.
M. Chevrette: ...qui avait un rôle spécifique
à jouer?
M. Bourassa: Non, mais je vous dis qu'il y a 1 800 000 $. Le
Conseil permanent de la jeunesse, ce sont des nouvelles structures. On n'est
pas obligé de dédoubler et de faire de la duplication. C'est pour
cela qu'on peut baisser les impôts.
M. Chevrette: Non, mais, M. le Président, le premier
ministre peut-il être sérieux?
M. Bourassa: Non, mais quoi?
M. Chevrette: On parle du Secrétariat à la
jeunesse. Il a commencé par ridiculiser le statut du Secrétariat
à la jeunesse..
M. Bourassa: Non, non, non, je n'ai pas... Oh, oh, oh...
M. Chevrette: ...qui était sur une base occasionnelle,
temporaire...
M. Bourassa: Je n'ai pas ridiculisé...
M. Chevrette: ...lui il en a fait un organisme permanent.
M. Bourassa: Je n'ai pas ridiculisé...
M. Chevrette: Et il coupe son budget de 600 000 $ d'un coup.
M. Bourassa: Je n'ai pas ridiculisé le Secrétariat
à la jeunesse. J'ai dit que dans votre temps, c'était un
appendice occasionnel, alors que pour nous c'est une structure permanente.
M. Chevrette: Mais démunie de tous moyens. M. Bourassa:
Non, c'est complètement faux.
M. Chevrette: Pourquoi vous avez coupé les
régions...
M. Bourassa: Appuyée par le Conseil permanent de la
jeunesse, appuyée par la Société d'investissement
jeunesse, au lieu de...
M. Chevrette: Qui va jouer le rôle d'animateur en
régions, dorénavant?
M. Bourassa: M. le Président, j'ai expliqué en
Chambre qu'il y a des services de jeunes en régions qui sont offerts par
le guichet unique de Communication-Québec et par un réseau
permanent dans tous les ministères qui occupe 400 personnes à
temps plein, qui n'existait pas avant. On est passé de 11 à 27
bureaux.
M. Chevrette: Je vous prierais au moins de dire la
vérité. Vous n'êtes pas au courant de ce qui se passe sur
le terrain. Bonne mère!
M. Bourassa: 11 à 27 bureaux, M. le Président, je
veux dire, c'est écrit en toutes lettres. Je veux dire...
M. Chevrette: Communication-Québec va renseigner les
jeunes, va faire l'animation des jeunes en régions et va servir de
catalyseur en régions.
M. Bourassa: Bien, un guichet unique.
M. Chevrette: Prenons le guichet unique de Joliette. Je vais
parler de quelque chose que je connais.
M. Bourassa: Ah, bon!
M. Chevrette: Comment se fait-il que c'est le guichet unique qui
va... Vous avez enlevé un employé à
Communication-Québec et vous avez aboli le bureau. Qu'est-ce qui reste
pour faire l'animation, la catalysation, et le soutien? Expliquez-moi donc ce
que vous venez de dire. Est-ce que cela a de l'allure un peu?
M. Bourassa: Écoutez, je voudrais quand même
vérifier les faits.
M. Chevrette: Cela a été fait.
M. Bourassa: Bon, je prends la parole du chef de l'Opposition,
parce que...
M. Chevrette: Même le type est rendu à Laval, celui
qui a été transféré, le seul professionnel qu'il y
avait.
M. Bourassa: S'il a été élu dans Joliette,
c'est parce qu'il connaît son comté. Il y avait un candidat
extraordinaire contre lui, l'ancien président de la CSN, mais...
M. Chevrette: Oui, oui, trouvez-vous en un autre à part
cela, je suis prêt encore.
M. Bourassa: On ne s'acharnera pas, mais...
M. Chevrette: Ne faites par comme au fédéral. Il
n'appelle pas une loi pour que l'autre reste.
M. Bourassa: On va vérifier les faits et si le chef de
l'Opposition pour Joliette est handicapé par les réformes
apportées, nous aviserons et nous agirons immédiatement pour
répondre à ses requêtes.
M. Chevrette: À Joliette, il n'y a plus de bureau. Il n'y
a plus de bureau, plus de répondant aux jeunes depuis un an.
M. Bourassa: On va vérifier cela.
M. Chevrette: Le seul professionnel qu'on avait est rendu
à Laval, au bureau de Communication-Québec, et vous allez me
faire accroire que cela vient jouer un rôle supplétif. Cela n'a
pas de bon sens.
M. Bourassa: Non, mais...
M. Chevrette: Qui va jouer le rôle d'animateur? Vous avez
un spécialiste en arrière de vous qui se permet de faire des
déclarations en votre nom. Pourrait-il nous dire, lui, qui va jouer le
rôle d'animateur pour les groupes jeunesse en régions?
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition cite
Joliette, c'est une belle ville, c'est une grande ville, Joliette, et je suis
d'accord avec lui...
M. Chevrette: Oubliez Joliette, à la grandeur du
Québec...
M. Bourassa: Non, non, je veux dire, Joliette, c'est une belle
ville, il ne faut pas la négliger, mais il y a 27 bureaux, il n'y en a
pas 122, alors on ne peut pas avoir des bureaux dans toutes les villes du
Québec.
M. Chevrette: Ce n'est pas ce que je dis
non plus.
M. Bourassa: Bien, c'est cela
M. Chevrette: Je parte des bureaux existants, vous les faites
sauter pour les remplacer par quoi?
M. Bourassa: Non, non. Il y en avait 11 et maintenant il y en a
27. Bon, c'est ce qu'on me dit et je crois ceux qui me le disent.
M. Chevrette: Pourriez-vous m'expliquer qui jouera le rôle
que jouaient les bureaux régionaux du secrétariat? Qui? (17 h
30)
Le Président (M. Marcil): M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, il y a eu l'Année
internationale de ta jeunesse qui a mobilisé les jeunes. Ensuite, on a
créé le Conseil permanent de la jeunesse; maintenant, il y a la
Société d'investissement jeunesse, vous avez différents
organismes qui vont suppléer, avec le guichet unique du ministère
des Communications...
M. Chevrette: Je repose ma question.
Le Président (M. Marcil): M. le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Qui va jouer le rôle de catalyseur et
d'animateur auprès des groupements de jeunes en régions? Qui?
M. Bourassa: Je viens de donner...
M. Chevrette: Vous n'avez rien donné. Vous parlez de la
Société d'Investissement Jeunesse, voyons.
M. Bourassa: Je parle des bureaux de communication. Je regarde...
Il n'y avait pas de bureaux en 1985.
M. Chevrette: il y avait un répondant jeunesse chez nous
qui faisait de l'animation, qui faisait...
M. Bourassa: C'était durant l'Année internationale
de la jeunesse. Chaque ministère a des répondants. C'est pour
cela que vous avez un nombre très accru de 400 personnes, dans tous les
ministères, à temps plein. Vous avez 400 personnes à temps
plein dans tous les ministères pour répondre. Qu'est-ce que vous
voulez de plus?
M. Chevrette: Donc, en régions,...
M. Bourassa: Dans votre temps, vous n'en aviez pas.
M. Chevrette: Donc, en régions, il n'y a plus personne qui
va jouer le rôle de catalyseur et d'animateur que jouait le
Secrétariat à la jeunesse? v
M. Bourassa: Je viens de répondre.
M. Chevrette: Non, vous ne répondez pas à cela.
M. Bourassa: il y a un réseau permanent de
répondants dans tous les ministères qui occupe 400 personnes
à temps plein.
M. Chevrette: Prenez Lanaudière, par exemple.
M. Bourassa: Je vais vérifier cela.
M. Chevrette: il n'y a pas un ministère, si ce n'est
l'OPDQ, qui a un bureau régional.
M. Bourassa: M. le Président, pour le cas de
Lanaudière, j'ai dit que je vais vérifier.
M. Chevrette: Est-ce que tous les ministères sont
présents dans toutes les régions? Vous savez que non.
M. Bourassa: Le ministère de l'Industrie et du
Commerce.
M. Chevrette: il n'est pas dans toutes les régions.
M. Bourassa: Le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche.
M. Chevrette: il n'est pas dans toutes les régions. Le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche est
cantonné dans 6A, à Montréal. Mais dans 6B et dans 6C, il
n'est pas là. 6C, oui, excusez. Mais pas dans 6B. Ce n'est pas un bureau
de répondant jeunesse, ce sont des gardes-chasses, voyons.
M. Bourassa: Les jeunes... Bien, si c'est 6B...
M. Chevrette: Êtes-vous en train de me dire que les
gardes-chasses vont répondre au nom du ministère du Loisir?
M. Bourassa: Excusez.
M. Chevrette: Ne charriez pas.
M. Bourassa: Je dis qu'il y en a 400, quand même.
M. Chevrette: il y a trois agents de conservation, dans mon
coin.
Le Président (M. Marcil): M. le premier
ministre.
M. Bourassa: il y a les Jeunes volontaires quand même qui
peuvent jouer aussi un rôle. Il y a toute une série ici:
SEMO-jeunes, c'est un autre programme.
M. Chevrette: Comme cela, vous ne répondez pas à ma
question?
M. Bourassa: Bien oui, je vous réponds. Je vous donne
tout. Je vous donne les 400, d'abord.
M. Chevrette: Oui, mais votre réseau de guichet unique, M.
le premier ministre...
M. Bourassa:.. plus les Jeunes volontaires, plus Chantier jeunes
bénévoles. Il y a plusieurs programmes qui existent pour les
jeunes. Cela m'étonne qu'il n'y en ait pas dans le comté de
Joliette. On va vérifier.
M. Chevrette: Pas nécessairement dans le comté de
Joliette. Les groupes de jeunes rencontrés nous demandent, d'une
façon précise, le rôle spécifique que jouait le
Secrétariat à la jeunesse en régions. Ils vous ont
envoyé un paquet de télégrammes. Vous les avez
reçus parce que c'était copie conforme.
M. Bourassa: Bien oui, je les ai reçus.
M. Chevrette: Vous en avez encore reçu aujourd'hui un bon
nombre vous demandant carrément qui va jouer le rôle que jouait le
Secrétariat à la jeunesse dans les régions? Vous ne
répondez pas. Vous dites: Société d'investissement
jeunesse. On le sait qu'il y a la Société d'investissement
jeunesse. On sait qu'il y a le Conseil permanent. On sait tout cela.
M. Bourassa: Une fois que vous avez posé la liste des 413
répondants... Il n'y avait pas cela. Vous avez le Secrétariat
à la jeunesse qui va jouer un rôle de coordination à
l'intérieur de la machine. Le Conseil permanent de la jeunesse va agir
sur place. Il est à l'écoute. Il me semble que...
Je comprends que c'est nouveau. On va voir durant l'année ce que
cela va donner. C'est une nouvelle structure. On a "permanisé"...
M. Chevrette: Ils vont relever du conseil, vous dites?
M. Bourassa: Non, ce sont deux structures différentes. Ce
que je dis, c'est que le Conseil permanent de la jeunesse va être
à l'écoute du milieu. Le Secrétariat à la jeunesse
va coordonner avec tout ce qui se fait dans les ministères. Il me semble
que cela se comprend facilement pour qui veut.
M. Chevrette: Sans animateur, sans per- sonne spécifique
pour jouer le rôle d'animation et de catalyseur?
M. Bourassa: il y a des animateurs au Conseil permanent de la
jeunesse. Mais les jeunes veulent des "jobs", et on leur en donne.
M. Chevrette: Ils paient pour avoir des animateurs. Il n'y en a
certainement pas beaucoup parce qu'ils en engagent. Vous regarderez dans vos
crédits parce que je vais vous en parler tantôt. Je vais les
sortir. Il n'y a pas l'air d'avoir beaucoup d'animateurs puisque cela leur
prend 3000 $ ici, 4000 $ là, pour s'engager des animateurs. Ce que je
veux savoir, ce n'est pas un animateur de séances de travail.
Les jeunes qui étaient en régions, qui relevaient du
Secrétariat à la jeunesse, étaient des jeunes qui
étaient en régions qui relevaient du secrétariat à
la jeunesse, c'était des jeunes qui animaient les groupes du milieu, qui
servaient de catalyseurs aux groupes du milieu. C'est complètement
effacé. Les répondants de ministères, ce n'est pas
cela.
M. Bourassa: il y a trois choses. C'est notre décision et
cela répond à nos engagements. Il y a le Secrétariat
à la jeunesse qui a été réformé, qui est
devenu permanent; il y a le Conseil permanent de la jeunesse qui va être
à l'écoute; il y a 413 répondants dans différents
ministères dans toute la province pour les jeunes, avec guichet unique.
Qu'est-ce que vous voulez de plus?
M. Chevrette: D'accord. Je constate que vous vous refusez de
répondre en disant que vous avez substitué cela par quelque chose
sans définir qui fera quoi...
M. Bourassa: Je vais vous donner tout cela, les noms des
personnes.
M. Chevrette: Le rôle de catalyseur et d'animateur, cela a
disparu?
M. Bourassa: Non, non. L'animation, il n'y en avait plus
tellement avec votre secrétariat quand on a pris cela.
M. Chevrette: D'accord. Vous avez dit que ! le budget serait de 1
100 000 $?
M. Bourassa: Oui, 1 100 000 $.
M. Chevrette: D'accord. Quelle est la partie de budget qui sera
consacrée aux traitements?_-_El combien de personnes?
M. Bourassa: On va vous donner cela à l'instant. Je veux
que vous reteniez: 413 répondants dans les ministères, Conseil
permanent pour l'écoute et Secrétariat pour la jeunesse à
la coordination. C'est notre politique, en quelques secondes, pour remplacer le
système plus ou
moins fonctionnel qui existait avant.
M. Chevrette: Combien en traitements et combien de personnes,
s'il vous plaît, pour le Secrétariat à la jeunesse?
M. Bourassa: Traitements, 900 000 $. M. Chevrette: Sur 1
100 000 $?
M. Bourassa: Oui.
M. Chevrette: Combien de personnes?
M. Bourassa: Je vous l'ai donné tantôt, 28
personnes-années.
M. Chevrette: Au module de recherche, combien y aura-t-il de
budget?
M, Bourassa: Pardon?
M. Chevrette: Combien au module de recherche?
M. Bourassa: Module de recherche, un instant, on est tombé
dans les modules.
M. Chevrette: C'est parce que je veux éplucher le budget
du secrétariat.
M. Bourassa: Je ne fais pas de reproche au chef de l'Opposition,
parce qu'il m'a dit qu'on finirait à 18 heures.
M. Chevrette: Je n'ai jamais dit cela.
M. Bertrand: Le CT a alloué... Vous permettez que je
réponde?
Le Président (M. Marcil): Oui, allez-y
M. Bourassa: Mon chef de cabinet va répondre sur les
modules.
M. Bertrand: Le CT a alloué une enveloppe globale de 1 100
000 $. On a réparti 900 000 $ aux traitements et 12 personnes seront
affectées à l'analyse, à la recherche et à la
documentation.
M. Chevrette: Ce sera à l'intérieur du budget
traitements?
M. Bertrand: Pardon?
M. Chevrette: Répétez-moi donc cela, s'il vous
plaît. J'ai mal compris.
M. Bertrand: À l'intérieur de l'enveloppe de 1 100
000 $...
M. Chevrette: Oui.
M. Bertrand: ...900 000 $ sont alloués au chapitre des
traitements. 900 000 $ vont permettre l'engagement de 28
personnes-années.
M. Chevrette: Oui, j'ai tout cela.
M. Bertrand: D'accord. Vous me demandez combien il y a de gens en
analyse, en recherche et en documentation?
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a une section recherche où le
secrétariat aura une part de son budget qui ira spécifiquement
à cette section?
M. Bertrand: Oui. Il y a dix personnes-années qui sont
directement affectées à l'analyse et à la recherche.
M. Chevrette: D'accord. Combien sont affectées aux
personnes ressources en régions?
M. Bertrand: À la coordination gouvernementale, puisque
dorénavant le Secrétariat à la jeunesse va coordonner les
actions des 413 répondants distribués dans les neuf
régions administratives, il y a sept personnes-années.
M. Chevrette: Qui sont compris dans les 900 000 $?
M. Bertrand: Qui sont compris dans les 900 000 $.
M. Chevrette: Qui est le directeur, de la recherche?
M. Bertrand: Le directeur de la recherche pour le moment n'est
pas choisi. Il y a un directeur intérimaire qui est M. Michel Lalonde,
qui était là avant.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a des critères
d'embauché?
M. Bertrand: Oui. Le CT qui est un document public a
précisé les champs d'action et responsabilités de chacun
des emplois à temps plein.
Une voix: Cela va devenir des emplois à temps plein.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a des exigences minimales? Cela
prend au moins un bac en recherche pour être directeur de la recherche,
j'espère?
M. Bertrand: Oui.
Une voix: Tout est dans le document.
M. Chevrette: Je vous demande cela. C'est une question.
M. Bertrand: Oui. Il y a des exigences de formation, des
habiletés, des aptitudes spécifiques
à l'emploi.
M. Chevrette: Ces exigences, ces critères valent-ils pour
les personnes qui sont en place?
M. Bertrand: Dans quel sens? Si les gens qui sont en place vont
répondre à ces critères?
M. Chevrette: La question est très claire. Est-ce que les
gens en place par intérim répondent aux critères dont vous
parlez?
M. Bertrand: On est actuellement dans une période de
transition, parce que le secrétariat est devenu permanent le 1er avril.
On est donc dans une période de...
M. Chevrette: Donc, tu vois qu'ils ne veulent plus rien
savoir...
M. Bertrand:... recrutement de postes permanents. Je pense que
vous comprendrez, M. Chevrette, qu'on ne peut pas prendre cas par cas...
M. Chevrette: Non, non. Mais...
M. Bertrand:... et regarder publiquement s'ils ont la formation
et les habiletés nécessaires pour chacun des postes...
M. Chevrette: Non, mais vous pouvez nous faire parvenir les
critères.
M. Bertrand: Ah! Je pourrais vous les remettre. C'est un CT.
C'est du domaine public, c'est attaché au CT. Il suffit de demander
à votre service de recherche. Mais on peut...
M. Chevrette: Quel est l'organigramme 1988-1989 du
secrétariat? Il est là?
M. Bertrand: il est également dans le CT que je vais vous
transmettre.
M. Chevrette: Est-ce que les noms y sont?
M. Bertrand: Non, parce qu'il s'agit de postes et les noms vont
être... Comme il s'agit maintenant de postes permanents, il y aura un
concours et les gens devront répondre aux critères.
M. Chevrette: Bon, les agents de liaison, c'est fini, cela, plus
rien.
M. Bertrand: Mais il y a des gens qui sont là de
façon intérimaire pour le moment.
M. Chevrette: Est-ce que le Conseil permanent de la jeunesse aura
des agents de liaison en régions?
M. Bertrand: Le Conseil permanent de la jeunesse est entré
officiellement en fonction le 2 mai. On a autorisé combien de postes? On
en a autorisé combien au total? Le Conseil permanent de la jeunesse va
bénéficier d'un budget de 700 000 $ avec 12 employés
permanents.
M. Chevrette: Est-ce que ce sont des gens en régions ou
concentrés...
M. Bertrand: Je pourrai également vous transmettre le CT
où l'organigramme est assez précis. Cela vient d'entrer en
fonction le 2 mai.
M. Chevrette: Cela relève de l'Exécutif? Combien
payez-vous votre présidente du Conseil permanent de la jeunesse?
M. Bertrand: Chacune des fonctions cadres et du
Secrétariat et du Conseil permanent a été
évaluée en fonction des critères du gouvernement.
M. Chevrette: Les agents de liaison qui existaient pour le
secrétariat seront-ils transférés au Conseil permanent ou
s'ils seront liquidés puis...
M. Bertrand: Ce sont deux secteurs complètement
différents.
M. Chevrette: Donc, automatiquement, ils perdent leur
fonction?
M. Bertrand: Pour la majorité d'entre eux,
c'étaient déjà des postes d'occasionnels. Il n'y avait pas
de postes permanents. Le secrétariat n'était même pas
permanent. C'étaient des contrats qui étaient renouvelés
de six mois en six mois ou d'un an en un an. Dorénavant, les
employés permanents du Secrétariat à la jeunesse, comme
les employés permanents du Conseil permanent de la jeunesse
bénéficieront de...
M. Chevrette: Les répondants jeunesse en régions
dont vous parlez, est-ce que ce sont des fonctionnaires?
M. Bertrand: Les 413 répondants jeunesse sont des
fonctionnaires.
M. Chevrette: Est-ce que ce sont des fonctionnaires?
M. Bertrand: À l'exception des groupes de soutien aux
initiatives jeunesse où il y a 82 répondants sur les 413, la
majorité des autres sont des fonctionnaires.
Est-ce que vous connaissez par coeur le numéro de la
région administrative de la région de Joliette?
M. Chevrette: 6B.
M. Bertrand: 6B. Dans la région 6B, il y a
34 répondants. Vous avez...
M. Chevrette: Dont combien à Saint-Jérôme?
M. Bertrand: Je ne l'ai pas... M. Chevrette: Dans Laurentides?
M. Bertrand: J'ai un tableau synthèse.
M. Chevrette: Non, non, c'est juste pour montrer qu'il n'y a pas
de répartition. Vous venez de reconnaître les régions
administratives. Vous ne pourriez même pas me répondre.
M. Bertrand: C'est toujours la rivalité de
Saint-Jérôme-Jol iette...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Absolument pas. En 1970, vous avez tout
déménagé à Saint-Jérôme. Vous devez
avoir hâte qu'il en arrive dans le coin.
M. Bourassa: Dans le parti, nous autres, il n'y a pas de rivaux.
On est tous pour la même cause.
M. Chevrette: C'est parce que vous étalez moins
publiquement vos affaires.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous avez vos plaies.
M. Bourassa: Est-ce que c'est un reproche ou un compliment que
vous nous faites?
M. Chevrette: Non, vous avez vos plaies.
M. Bertrand: M. Chevrette, est-ce que vous souhaitez qu'on vous
dépose les 413 noms et le décret? Cela nous évitera de
vous envoyer cela par la suite.
M. Chevrette: Oui.
M. Bertrand: Maintenant, ne me posez pas de questions sur le
décret, je viens de vous l'envoyer.
M. Bourassa: On vous donne tout et on ne sera plus capable de
répondre après.
M. Bertrand: Je n'ai pas gardé de copie. Si vous avez
encore des questions, je vais garder le dossier.
M. Chevrette: C'est possible que j'en aie d'autres.
M. Bourassa: Fais-leur confiance.
M. Chevrette: Pour les noms, j'ai des questions précises.
Qui est Claude Dugas? (17 h 45)
M. Bertrand: Pardon?
M. Chevrette: Qui est Claude Dugas qui figure dans cette
structure?
M. Bourassa: Je sais que c'est un libéral, mais à
part cela...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bertrand: Vous avez pris cela dans la liste des
employés...
M. Chevrette: Dans la liste des contrats de moins de 25 000 $.
Vous pouvez prendre le livre, ici. Il y a un contrat de 2000 $...
M. Bertrand: 2217 $ et 2374 $. M. Chevrette: C'est
exact.
M. Bertrand: Je n'ai malheureusement pas copie des contrats.
S'ils vous intéressent, on peut vous les soumettre. Je vais l'ajouter
à la sixième question.
Le Président (M. Dauphin): M. le chef de l'Opposition,
désirez-vous avoir copie des contrats?
M. Chevrette: Oui, je veux avoir les copies des contrats, s'il
vous plaît. Est-ce que c'est le même qui était à la
commission jeunesse du Parti libéral?
M. Bertrand: il faudra vérifier, M. Chevrette. Vous
pourrez vérifier, probablement en même temps que moi, en prenant
connaissance du contrat.
M. Chevrette: On pourra vous informer. On va l'avoir?
M. Bertrand: Oui.
M. Chevrette: Merci.
M. Bertrand: Les deux contrats.
M. Chevrette: Jacques Bergeron?
M. Bertrand: Johanne Bergeron, pas Jean.
M. Chevrette: Jacques Bergeron, Jacques.
Jacques Bergeron, un contrat de 2000 $, est-ce que c'est celui qui
travaille à la permanence du Parti libéral à
Montréal, en informatique?
Est-ce que vous pourriez nous répondre?
M. Bertrand: Oui. Par la copie du contrat?
M. Chevrette: Mais je vous pose une question. Est-ce que c'est le
même qui travaille à la permanence du Parti libéral?
M. Bertrand: Non. On vous dit qu'il n'y a pas de Jacques Bergeron
à la permanence.
M. Chevrette: Y en a-t-il déjà eu un? Oui,
hein?
M. Bertrand: En 1985.
M. Chevrette: Est-ce le même?
M. Bertrand: On ne pense pas. On va vérifier.
M. Chevrette: D'accord. Une voix: C'est possible.
M. Chevrette: il y a une dame Susan Heap qui a fait une
étude sur les "clauses orphelines" dans vos crédits. Il y a
Johanne Patoine aussi, deux contrats de 3750 $.
M. Bourassa: Johanne qui? M. Chevrette: Patoine. M.
Bourassa: Patoine.
M. Chevrette: Les jeunes libéraux, se lanceront à
l'assaut des clauses dites orphelines. Comme par hasard, avant, deux personnes
étaient engagées par le secrétariat pour faire des
études sur les clauses dites orphelines. Est-ce que pourriez me
justifier cela?
M. Bourassa: il n'y a aucun rapport. M. Perino était
président de la commission jeunesse, mais il n'y aucun rapport avec
cela.
M. Chevrette: Là, M. Perino se permet de faire des
déclarations en votre nom. On pourrait peut-être l'entendre.
M. Bourassa: Oui, il peut parler, il n'y a pas de
problème. Veux-tu ma place?
Une voix: Non, merci. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous n'avez jamais reçu de rapport du
Secrétariat à la jeunesse?
Une voix: Je m'excuse?
M. Chevrette: Vous n'avez jamais reçu de rapport du
Secrétariat à la jeunesse?
Une voix: Non, pas sur cela. Ces deux noms-là ne me disent
absolument rien. La clause orpheline, c'est en français quelque chose
pour "two tier system". Dans les groupes de jeunes, il y a plusieurs personnes
qui emploient la même expression. Alors, cela se pourrait qu'ils
emploient la même expression pour faire cela.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous envoyer ces deux
études?
M. Bourassa: Oui. Les analyses internes, il faut vérifier.
Il y a une pratique qui veut qu'on ne les dépose pas.
M. Chevrette: Pour des travaux du genre?
M. Bourassa: On va voir. On ne les a pas vu. On va les lire
d'abord avant de les déposer. Je comprends qu'il manque de
munitions.
M. Chevrette: Pardon?
M. Bourassa: J'ai dit: On va les lire et après on verra si
c'est pertinent au débat.
M. Chevrette: Vous les lirez. Pour cela, cela va.
M. Bourassa: Aucun cas de patronage à soulever?
M. Chevrette: On va poser les questions qu'on veut bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: On en a une couple. Si vous répondez aux
questions, vous allez voir que vous allez peut-être en découvrir.
Pierre-Marie Cotte ou Coté - je ne sais pas comment vous
l'appelez...
M. Bourassa: Cotte. Cela doit être français, c'est
un nom français. C'est anglais ou français, Cotte. C'est
français et Cut, c'est...
M. Chevrette: Cotte.
M. Bourassa: Pierre-Marie Cotte.
M. Chevrette: On est habitué dans les cotes.
M. Bourassa: Avez-vous une question au sujet de M. Cotte?
M. Chevrette: Oui, je voudrais savoir... Est-ce que c'est une
firme d'animateurs professionnels ou si c'est un individu engagé sur...
C'est quoi? Ce sont vos informations que vous nous avez transmises.
M. Bourassa: Non, d'accord. Non, je ne blâme pas le chef de
l'Opposition. Il a animé des journées de travail avec des anciens
responsables
des bureaux régionaux.
M. Chevrette: Du Secrétariat à la jeunesse?
M. Bourassa: Oui. Est-ce que cela répond à votre
question?
M. Chevrette: Oui.
M. Bourassa: 600 $, taxables pour deux jours.
M. Chevrette: Je ne le sais pas. Je n'ai pas regardé le
montant. Je vous demandais qui?
M. Bourassa: C'est un contrat de 600 $. Vous posez des questions
sur des contrats de 600 $?
M. Chevrette: On pose des questions sur les contrats que vous
nous avez envoyés, M. le premier ministre.
M. Bourassa: Non, non. Je vous dis que vous êtes à
court.
M. Chevrette: Si vous en avez caché, tant pis pour
vous.
M. Bourassa: On ne cache rien. On donne tout au chef de
l'Opposition.
M. Chevrette: Bon, donnez-nous ce qu'on vous demande.
M. Bourassa: Mais, on s'attendait à...
M. Chevrette: Maintenant, au sujet du Conseil permanent de la
jeunesse, vous avez dit que le budget serait de 700 000 $.
M. Bourassa: Oui.
M. Chevrette: Comment est-il réparti? M. Bourassa:
On va déposer le CT? Une voix: Oui.
M. Chevrette: Oui, mais, avez-vous une idée?
M. Bourassa: Combien d'employés? Une voix: 12
environ.
M. Chevrette: Vous avez parlé de 12 embauche. Vous avez
dit qu'il n'y avait qu'un président et deux vice-présidents
d'entrés au conseil lui-même.
M. Bertrand: C'est parce que le conseil est entré en
fonction le 2 mai, c'est-à-dire hier.
M. Chevrette: Le 2 mai. Naturellement, il n'y a pas de plan
d'action encore pour cette année?
Une voix: Je pense que la première étape pour le
conseil est d'aller en recrutement et de regarder quelle structure il va se
donner. C'est l'Exécutif qui va décider cela. Ce ne sont pas les
gens chez nous. Je pense qu'il va avoir un plan d'action pour l'armée
prochaine.
Le Président (M. Dauphin): Mesdames et messieurs, pour la
bonne fin de nos travaux et parce que j'ai l'impression que le Journal des
débats va nous appeler, si jamais vous répondez pour le
premier ministre, dites seulement votre nom avant. On va avoir de
sérieux problèmes.
M. Perino (Pietro): Pietro Perino, conseiller pour les jeunes au
bureau du premier ministre.
M. Bertrand: Mario Bertrand. Pour répondre
précisément à votre question, la loi a déjà
précisé les rôles et les responsabilités du Conseil
permanent. Alors, la mission est déjà déterminée
dans la loi, à la section 3. Le conseil doit formuler des avis,
effectuer les recherches nécessaires, solliciter les opinions et fournir
de l'information au public.
M. Chevrette: Quel est son budget de recherche?
M. Bertrand: Son budget de fonctionnement, pour la
première année, sera grosso modo d'environ 170 000 $, incluant la
location de la Xerox, les fournitures et approvisionnements. On va vous
déposer le décret.
M. Chevrette: Combien y a-t-il en recherche? Vous avez eu un
mandat bien précis pour faire de la recherche. Combien y a-t-il d'argent
pour faire la recherche?
M. Bertrand: Pour ce qui est de la recherche, je n'ai pas la
ventilation par service, mais je peux vous dire que sur les douze
employés à temps plein, il y aura sept employés
affectés à la recherche.
M. Chevrette: Ma question s'adresse au premier ministre. Comment
expliquez-vous que, par exemple, le Conseil du statut de la femme a un budget
et trouve sa prolongation en régions directement reliée au
conseil? Est-ce que le Conseil permanent de la jeunesse aura la même
structure que le Conseil du statut de la femme?
M. Bourassa: Les fonctions du Conseil permanent de la jeunesse,
c'est d'être à l'écoute. Les membres sont élus, ils
sont nommés, c'est eux qui vont définir les modalités avec
lesquelles ils vont exercer leurs consultations. C'est un organisme
autonome.
M. Chevrette: La question n'est pas ça. Ici on dit: La
jeunesse, c'est un secteur. Vous avez dit, M. le premier ministre, avant
l'élection, que la jeunesse était la prochaine question, la
grande question nationale.
M. Bourassa: J'ai dit cela sur la natalité.
M. Chevrette: Vous avez parlé de jeunesse comme
étant la priorité nationale au cours de l'élection de
décembre 1985.
M. Bourassa: Oui, oui. On a livré la marchandise.
M. Chevrette: Oui, je vous en ai fait un bilan tantôt. On
se rend compte que la structure jeunesse qu'on devait soutenir, on est en train
de tout démantibuler dans les régions ce qui pouvait exister
comme réseau de coordination et tout. Le Conseil du statut de la femme a
à l'intérieur de son conseil la possibilité d'avoir ce
prolongement régional et on ne perrnet pas à la structure du
Conseil permanent de la jeunesse d'avoir ce même prolongement, cette
même ramification, ce même contact permanent, cette même
possibilité d'animation, d'être catalyseur de ce qui se passe dans
le domaine de la jeunesse dans les régions. On ne leur permet pas.
Est-ce que vous trouvez cela normal?
M. Bourassa: J'ai répondu là-dessus que la formule
qu'on avait choisie s'appliquait à trois organismes: Le Conseil
permanent de la jeunesse à l'écoute, le Secrétariat
à la jeunesse pour la coordination et les 413 répondants dans les
différents ministères pour l'action dans le milieu, dont 34 dans
la propre région de l'honorable chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Vous me dites, M. le premier ministre, que le
Conseil permanent va écouter, que le secrétariat va coordonner...
Il va coordonner quoi?
M. Bourassa: Les 413 répondants. Il me semble que c'est
simple.
M. Chevrette: Vous êtes en train de me dire que les
répondants des ministères qui sont des fonctionnaires seront
coordonnés par le Secrétariat à la jeunesse? Voyons. C'est
fou comme balai!
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition ne
me comprend pas.
M. Chevrette: C'est vous qui avez parlé, ce n'est pas
moi.
M. Bourassa: Non. Il me semble... Je reprends ce que j'ai dit
tantôt.
M. Chevrette: Reprenez-vous et vous lirez les galées
demain.
M. Bourassa: Non, je sais. Peut-être que je n'ai pas
été assez complet mais j'essaie d'être concis dans mes
réponses parce qu'il est 18 heures.
M. Chevrette: Ne vous pressez pas, on a jusqu'à 19 h 30.
Il n'y a pas de problème.
M. Bourassa: Ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est qu'il y
a des actions dans les différents ministères, il y a 413
personnes, dont 34 dans sa région.
M. Chevrette: Bien, oui. Je reprends ma question.
M. Bourassa: Oui, d'accord.
M. Chevrette: Pour vous aider à répondre, M. le
premier ministre, vous êtes malpris.
M. Bourassa: Non, non.
M. Chevrette: Vous vous embourbez.
M. Bourassa: Non, laissez-moi terminer. Et, après cela,
vous avez un organisme, le Secrétariat permanent à la jeunesse,
qui coordonne l'action des ministères, forcément. Les
ministères, il y a des... Le conseil permanent, lui, est à
l'écoute des jeunes. Il me semble que tout se complète. Un est un
organisme de consultation, un autre est d'écoute, un autre un organisme
administratif et vous avez les 413 qui se trouvent à travailler sur les
lieux.
M. Chevrette: Bon, il y a une structure autonome. On va essayer
de prendre cela par morceau pour voir votre "puzzle". Il y a le conseil
permanent de la jeunesse qui est à l'écoute et qui rédige
des avis, d'accord? Il peut conseiller.
M. Bourassa: Oui, qui peut aviser. Bien, oui, c'est une de ses
fonctions.
M. Chevrette: C'est cela, bon. Il y a le Secrétariat
à la jeunesse qui est une autre structure autonome mais à qui on
a enlevé les prolongations et les ramifications en régions. Il va
cordonner quoi?
M. Bourassa: Le Secrétariat à la jeunesse va
définir les plans d'actions gouvernementaux. Il va définir
cela.
M. Chevrette: Et le conseil permanent, lui?
M. Bourassa: il est à l'écoute. C'est l'organisme
de consultation qui avise le gouvernement. Pour définir des bons plans,
cela prend un "input". Est-ce que le chef de l'Opposition me
suit?
M. Chevrette: Oui, je comprends. (18 heures)
M. Bourassa: il y a un organisme de consultation qui donne des
avis au premier ministre, par exemple, sur la situation économique. Vous
allez avoir les plans et vous avez l'action concrète, le guichet unique,
par les différents ministères. Je ne comprends pas pourquoi le
chef de l'Opposition paraît sceptique! C'est comme les comités
ministériels. On a, nous, les comités ministériels dans
notre système, - vous en avez - qui définissent pour le premier
ministre le plan d'action et c'est appliqué par les différents
ministères.
M. Chevrette: Mais, M. le premier ministre, êtes-vous en
train de me dire que le Secrétariat à la jeunesse est devenu un
instrument politique au service de l'Exécutif? C'est ce que vous dites!
C'est devenu un instrument politique au profit de l'Exécutif.
M. Bourassa: Non, pas du tout, il est rattaché au Conseil
exécutif, il n'est pas rattaché au cabinet politique.
M. Chevrette: Quand je dis qu'il est rattaché au pouvoir
exécutif!
M. Bourassa: Bien oui, mais le Conseil exécutif, ce n'est
pas de la politique partisane. M. Benoît Morin, on ne peut pas dire que
M. Benoît Morin... Il était sous-ministre de la Justice avec vous.
Ce n'est pas un...
M. Chevrette: Ah! Cela, je n'ai pas à juger monsieur... Si
j'ai quelque chose à lui dire, j'irai lui dire.
Une voix: Le modèle organisationnel qui a
été pris, c'est comme le modèle du Secrétariat
à la condition féminine et le Conseil du statut de la femme.
M. Chevrette: Je veux bien que vous aidiez le premier ministre
à s'en sortir...
Une voix: C'est le même modèle.
M. Chevrette: ...mais je veux essayer de comprendre maintenant...
Cela n'a pas de bon sens, le Secrétariat à la jeunesse qui
était un organisme temporaire, qui est devenu un organisme
permanent...
M. Bourassa: Bon, voilà un bel aveu...
M. Chevrette: C'est vous qui avez dit cela.
M. Bourassa: Bien oui, mais vous l'admettez.
M. Chevrette: Ceci dit, est-ce qu'il est devenu permanent au
service des groupes jeunesse ou s'H est devenu permanent au service du
gouvernement?
M. Bourassa: Vous pariiez tantôt du Secrétariat
à la condition féminine.
M. Chevrette: Je n'ai pas parlé, j'ai dit... M.
Bourassa: Oui, oui.
M. Chevrette: Non, non, j'ai parlé du Conseil du statut de
la femme. Je n'ai pas parié du Secrétariat à la condition
féminine, je m'excuse. J'ai parié du secrétariat et j'ai
fait des comparaisons avec le Conseil du statut de la femme. C'est ce que j'ai
dit.
Une voix: C'est complètement différent. M.
Chevrette: C'est très différent.
Une voix: Complètement différent. Le modèle
organisationnel, c'est le même...
M. Bourassa: Voyez-vous, le chef de l'Opposition fait une
confusion déplorable.
M. Chevrette: Pas de confusion, c'est vous qui vous êtes
embourbé.
M. Bourassa: C'est une déplorable confusion. Il
mélange l'administration et la consultation.
Le Conseil permanent de la jeunesse, je le sais, c'est moi qui ai
défendu le projet de loi...
Une voix: C'est pas sur...
M. Bourassa: ...c'est engagé, c'est un organisme de
consultation et c'est électif dans toute la province. Il va donner des
avis au chef du gouvernement sur les politiques.
Vous avez le Secrétariat à la jeunesse qui relève
du Conseil exécutif, qui va coordonner l'action. Il y a une action qui
se fait par les différents ministères. J'ai un comité, par
exemple, sur le développement économique, le CMPDE, qui
établit des objectifs pour le premier ministre. Et ces
objectifs-là sont appliqués par les ministères. Où
est le problème?
M. Chevrette: Non, c'est...
M. Bourassa: Est-ce pour me faire manquer mon caucus?
M. Chevrette: Non, vous avez vous-même... Vous venez de
nous aviser qu'il a été remis à 18 h 30 et vous nous avez
demandé de plier. Donc, renseignez-vous.
M. Bourassa: Comment plier? Je ne plie jamais. Pourquoi...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: L'Assemblée nationale nous a donné un
ordre jusqu'à 19 heures. Donc, il n'y a pas à s'inquiéter
pour le moment.
M. Bourassa: Ah! C'est une petite faveur que je demande au chef
de l'Opposition.
M. Chevrette: Vous allez l'avoir. Votre caucus, est à 18 h
30. C'est ce qu'on vient de nous donner comme information.
Une voix: C'est remis à 18 h 30.
M. Chevrette: On vient de me dire cela.
M. Bourassa: Ce n'est pas...
M. Chevrette: il y a quelqu'un qui m'a fait parvenir cette
information.
M. Bourassa: Ce n'est pas confirmé encore.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: il ne confirme rien.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Kehoe): C'est le premier ministre qui
parle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je comprends, M. le Président, que le
premier ministre me répond que le Secrétariat à la
jeunesse est un organisme qui dépend de l'Exécutif. Je veux
savoir le changement de cap qu'il y a eu. Est-ce que le premier ministre est
capable de me dire qu'il n'y a pas eu un changement profond d'orientation dans
la perception même du rôle fondamental que jouait le
Secrétariat par rapport au rôle que lui veut bien lui faire jouer
en relevant de l'Exécutif? C'est cela la question.
M. Bourassa: Cela a toujours relevé du Conseil
exécutif. Vous avez, par exemple, avec la Condition
féminine...
M. Chevrette: Pas de coordination, il faisait...
M. Bourassa: ...des répondants... Vous avez des
répondants dans tous les ministères. Au Secrétariat
à la condition féminine, on a des répondants. On a 413
répondants dans les ministères. Je ne vois pas où est le
problème.
M. Chevrette: Non, mais M. le premier ministre, vous savez...
M. Bourassa: A moins que je comprenne mal. Peut-être que je
comprends mal le chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Le Secrétariat à fa jeunesse, dans
son rôle premier, avec ses prolongements en régions,
c'étaient de véritables animateurs des groupes jeunesse, ils
étaient véritablement des catalyseurs de ce qui se passait dans
le milieu. Là, ils ne coordonneront que les orientations ou encore les
décisions de l'Exécutif. Vous avez dit vous-même dans votre
exemple: J'ai des priorités de développement économique.
Ce seront les prolongements dans le milieu, dans mes orientations. Est-ce que
c'était l'esprit du Secrétariat à la jeunesse ou si ce
n'était pas le contraire, de permettre à des jeunes de pouvoir
être animés dans leur milieu, d'avoir un canal unique justement
par le secrétariat pour tâcher de transmettre sur la voie
publique, dans le public comme tel, leurs opinions? C'est ce qui arrivait dans
les faits. On ne les a jamais brimés dans leurs façons de
s'exprimer. Ce n'était pas des gens qui ne se préoccupaient que
des orientations d'un ministère ou d'un gouvernement.
M. Bourassa: Vous parliez du Secrétariat à la
condition éminine avec des répondants.
M. Chevrette: Je n'ai jamais parlé du Secrétariat
à la condition féminine.
M. Bourassa: Je vous dis que vous mélangez une...
M. Chevrette: Je n'en ai jamais parlé, M. le premier
ministre, je m'excuse.
M. Bourassa: Vous mélangez...
M. Chevrette: Je n'ai jamais parlé du Secrétariat
à la condition féminine.
M. Bourassa: il y a une confusion avec l'Année
internationale de la jeunesse où il y avait beaucoup d'animation.
L'Année internationale de la jeunesse est terminée. Donc, il ne
faut pas...
M. Chevrette: Donc, vous reconnaissez qu'il y a un changement de
cap?
M. Bourassa: Bien, un changement de cap. Il y avait
l'Année internationale de la jeunesse. Il n'y a plus d'Année
internationale de la jeunesse. Il n'y avait pas de Conseil permanent de la
jeunesse et il y a un Conseil permanent de la jeunesse. Donc, il y a un travail
d'animation, d'écoute qui est fait par le Conseil permanent de la
jeunesse. Il y a un travail administratif qui est fait par le
Secrétariat à la jeunesse et il y a un travail d'application des
politiques qui est fait par les 413 répondants.
M. Chevrette: Oui. M. le premier ministre,
ne croyez-vous pas que les jeunes seront en droit de se
considérer un peu discriminés par la nouvelle approche que vous
avez dans le sens suivant: Les jeunes se considèrent tout aussi
importants que les femmes. On ne leur permettra pas d'avoir leur propre
structure de prolongement dans les régions comme le Conseil du statut de
la femme.
M. Bourassa: On a plus de jeunes, on a plus de répondants
dans le cas des jeunes que dans le cas de la condition féminine.
M. Chevrette: M. le Président, le premier ministre doit
savoir qu'un fonctionnaire d'État engagé pour répondre de
son ministère, son premier souci n'est pas de faire de l'animation
auprès des jeunes, c'est de faire cheminer les politiques de son
ministère. Tout le monde admet cela d'emblée. D'ailleurs, vous
avez bien pris la peine de me dire que c'était d'abord une très
grande majorité de fonctionnaires et non pas précisément
des jeunes qui répondaient pour et au nom des groupes.
M. Bourassa: Le chef de l'Opposition mélange et confond
conseil permanent, Secrétariat à la jeunesse. Il applique cela
à toutes sortes de sauces et il est en train de mêler tout le
monde.
M. Chevrette: Je m'en tiens exclusivement à deux exemples.
Je parle toujours du Conseil permanent de la jeunesse par rapport au Conseil
consultatif des femmes. C'est vous qui avez introduit... Au moins, ayez
l'honnêteté intellectuelle de dire que c'est vous qui parlez du
Secrétariat à la condition féminine. Je n'en ai jamais
parlé. Si vous voulez mêler le monde, mêlez-les, mais je
n'en ai pas parlé. J'ai toujours parlé...
M. Bourassa: Vous n'avez pas cité comme un
modèle...
M. Chevrette: ...du Conseil du statut... M. Bourassa:
...organisationnel?
M. Chevrette: J'ai toujours parlé du Conseil du statut de
la femme. C'est différent.
M. Bourassa: Qui existe depuis combien d'années?
M. Chevrette: Passablement longtemps.
M. Bourassa: Là, vous avez un nouvel organisme, le Conseil
permanent de la jeunesse et ils ont commencé hier. Est-ce qu'on peut lui
donner le temps de s'implanter pour voir la façon dont il fera
l'animation et la consultation? Il me semble que c'est normal, c'est un nouvel
organisme. Vous avez voté pour.
M. Chevrette: Je ne dis pas qu'on a voté contre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Oui, on a voté pour. Mais quand on vote pour
quelque chose et qu'on ne donne pas les moyens à cette structure d'avoir
une vie normale comme tous les autres comités et de pouvoir voler de ses
propres ailes sans être sous la tutelle du fonctionnarisme ou du pouvoir
exécutif, je m'excuse, mais ce n'est pas pareil.
M. Bourassa: M. Morin va répondre à votre aspect
administratif.
Le Président (M. Kehoe): M. Morin.
M. Morin ((Benoît): En fait, lorsque vous pariez d'un
changement de cap, je pense que ce qu'on désire en ce qui concerne le
Secrétariat à la jeunesse, ce n'est pas qu'il tente de diriger
l'action des jeunes pas plus qu'on voudrait voir le Secrétariat à
la condition féminine diriger l'action des femmes, mais c'est
plutôt de tenter de répondre effectivement au niveau
gouvernemental aux aspirations des jeunes en s'assurant notamment qu'on tienne
compte de l'aspect jeunesse lors de l'élaboration des plans, des
programmes, des politiques des divers ministères qui finissent par se
concrétiser par des actions au Conseil exécutif.
M. Chevrette: il n'en demeure pas moins, M. le Président,
que là où je suis en profond désaccord avec l'approche
libérale - on a le droit de le dire - c'est qu'on enlève toute la
partie animation dans le milieu. C'est très important que les jeunes se
reconnaissent. C'est faux de prétendre qu'un répondant de
ministère va permettre cette animation dans le milieu et qu'il va
permettre ces contacts dans le milieu. En passant, en particulier, vous changez
d'orientation vous-même. Vous avez commencé par dire: Le guichet
unique sera Communication-Québec. Quand on sait...
M. Bourassa: Non, mais le conseil permanent... Je viens de
répondre au chef de l'Opposition que le conseil permanent a
commencé hier, le 2 mai.
M. Chevrette: Oui, mais vous donnez des réponses depuis
deux mois. Vous parlez d'hypothèses. Vous avez mêlé tout le
monde. Quand vous avez parié de conseil permanent, je sais qu'il a
commencé hier, cela fait dix fois que vous le dites.
M. Bourassa: Cela ne m'arrive jamais...
M. Chevrette: Mais, en même temps, vous pariez d'un
Secrétariat à la jeunesse à côté qui a
un rôle modifié et vous pariez d'une Société
d'investissement jeunesse. Ce sont trois choses bien distinctes. Si c'est
distinct, je veux dire que les groupes de jeunes perdent au change de voir le
prolongement qu'ils avaient par le Secrétariat à la jeunesse dans
la région. Ils perdent au change et ils se retrouveront avec un
fonctionnarisme chargé de véhiculer des idées de ministres
et non pas d'animer le milieu pour qu'ils se prennent en main, qu'ils aient des
idées spontanées et qu'ils les fassent connaître dans le
Québec et les régions. C'est cela...
M. Bourassa: Je m'inscris en faux.
M. Chevrette: C'est cela qui est fondamentalement
différent.
M. Bourassa: Je m'inscris en faux sur la conclusion du chef de
l'Opposition.
M. Chevrette: Vous avez beau vous inscrire en faux. Il n'en
demeure pas moins que c'est ce que les groupes jeunesse vous disent. C'est ce
que les groupes jeunesse vous envoient par télégramme ces
temps-ci.
M. Bourassa: Mais, quand le conseil permanent se sera
implanté, je suis convaincu qu'ils vont appuyer son travail. De toute
manière, l'opposition du chef de l'Opposition est
enregistrée.
M. Chevrette: Est-ce que le premier ministre peut nous dire si le
répondant jeunesse à Communication-Québec sera
affecté exclusivement au dossier jeunesse?
M. Bourassa: Là, j'ai un nouveau ministre qui me fait
signe que... La question, c'est le ministère des Communications? , M.
Chevrette: J'ai dit: Le répondant jeunesse au bureau de
Communication-Québec sera-t-il exclusivement affecté au dossier
jeunesse?
M. Bourassa: Cela dépend de l'ampleur du bureau. S'il a
des bureaux avec deux ou trois personnes, peut-être qu'il peut être
affecté à d'autres tâches. Je veux dire qu'il y en a 413,
dont 34 à temps plein dans la région du chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Vous ne pariez plus de la même chose. Vous
pariez de répondants au ministère et là, on parie de
répondants dans un bureau de Communication-Québec. Il essaiera de
dire qu'il ne mêle pas le monde. Pourriez-vous nous parier d'une chose?
Votre guichet unique, ce ne sont pas vos répondants de ministère.
Est-ce exact?
M. Bourassa: J'ai répondu au chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce qu'on s'entend bien là-dessus?
M. Bourassa: Oui, oui.
M. Chevrette: Bien, je vais essayer de clarifier votre position
pour vous montrer que vous êtes dans les carottes.
M. Bourassa: Non, non, on n'est pas dans les carottes. On me dit
que c'est dans les pommes de terre.
M. Chevrette: Vous pariez de 413 répondants de
ministère. Nous autres, on parie des bureaux de
Communication-Québec. Voyons! Le premier ministre est
fatigué.
M. Bourassa: il y a 27 bureaux.
M. Chevrette: Communication-Québec?
M. Bourassa: Ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que
cela dépend de l'ampleur, de l'importance des bureaux. S'il y a des
bureaux avec deux ou trois personnes, c'est possible qu'ils puissent travailler
dans d'autres secteurs.
M. Chevrette: Mais, il est possible qu'il y ait des jeunes qui ne
soient pas affectés exclusivement au dossier jeunesse?
M, Bourassa: Cela dépend de l'ampleur du bureau.
M. Chevrette: Bon. Dans chacun des bureaux de
Communication-Québec, pourriez-vous prendre l'engagement de nous faire
connaître qui est répondant au dossier jeunesse?
M. Bourassa: C'est toujours la transparence de notre
côté.
M. Chevrette: Pourriez-vous nous indiquer là où il
y a des tâches exclusives et là où il y a des tâches
non exclusives?
M. Bourassa: On va décrire avec plaisir les fonctions de
tous les 27 bureaux.
M. Chevrette: Quand peut-on avoir cela? Dans une semaine.
M. Bourassa: Demain.
M. Chevrette: Demain?
M. Bourassa: Bien, dans 48 heures.
M. Chevrette: Vous avez fait des promesses à la tonne et
vous ne livrez pas la marchandise. Pensez-y tout de même un peu avant de
dire le délai.
M. Bourassa: D'ici 48 heures, on vous donne les tâches et
les photos.
M. Chevrette: Maintenant, deuxième question: Est-ce que
les répondants jeunesse d'un ministère, dans chacune des
régions, sont affectés exclusivement au dossier jeunesse?
M. Bourassa: On me dit que cela varie.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a possibilité que vous me
fassiez un travail, dans plus de 48 heures, bien sûr? Parce que le
premier ministre se targue qu'il y a du monde. Là, on va voir s'il y a
de l'exclusivité ou s'il n'y en a pas. (18 h 15)
M. Bourassa: Les Jeunes volontaires, c'est uniquement, c'est
exclusivement cela.
M. Chevrette: Non, mais c'est un programme particulier, il ne
relève même pas de... Il relève du Loisir.
M. Bourassa: Le MIC, ministère de l'Industrie et du
Commerce. On m'assure que le ministre de l'Industrie et du Commerce, c'est
exclusivement cela, les Chantiers jeunes bénévoles et le reste,
on va tout donner cela dans 48 heures.
M. Chevrette: 48 heures?
M. Bourassa: Pas pour les 413, on demande quelques heures de
plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: On vous reconnaît spontanément
à promettre et après cela, bien...
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Convenons de 48 heures pour les 27 bureaux
régionaux.
M. Chevrette: Cela est comme les 25 000 000 $ en prêts et
bourses. Ma question, je vais la spécifier à nouveau pour
être certain qu'on va me donner ce que je veux bien. Ce que je veux
savoir, ce ne sont pas les ministères. Ce que je veux savoir, vous avez
dit qu'il y avait 413 ressources au service. Ce que je veux savoir, c'est ceux
qui ont l'exclusivité au dossier jeunesse et ceux qui n'ont pas
d'exclusivité au dossier jeunesse.
M. Bertrand: Est-ce qu'on peut y aller seulement en termes de
grand nombre, M. le chef de l'Opposition, ou vous voulez les noms par ordre
alphabétique? Est-ce que vous voulez des nombres? Combien sur 413 sont
affectés à temps plein?
M. Chevrette: Ce serait bon que je con- naisse cela par
région.
M. Bertrand: Par région? Très bien.
M. Chevrette: Cela va nous permettre de pouvoir
vérifier.
M. Bertrand: Sans les noms.
M. Chevrette: C'est notre rôle, l'Opposition, de
vérifier l'administration publique.
M. Bertrand: Sans les noms. Vous ne voulez pas les noms exacts
des 400...
M. Chevrette: Si vous me dites...
M. Bourassa: On n'est pas pour travailler six mois pour
répondre au chef de l'Opposition.
M. Chevrette: Si vous me dites: Le MIC dans la région de
Lanaudière est exclusif, le nombre m'importe peu, mais j'aimerais savoir
quel ministère au moins dans chacune des régions.
M. Bertrand: D'accord.
M. Bourassa: Cela va coûter cher de répondre
à toutes ces questions-là.
M. Chevrette: Cela ne vous coûtera pas cher. Cela va nous
permettre de vérifier la véracité de ce que vous
avancez.
M. Bourassa: On va être plus rapide que pour votre liste
par ordre alphabétique pour vos contributions.
M. Chevrette: On les donne par comté, nous autres, on ne
les camouffle pas.
M. Bourassa: Ah, ce n'est pas ce que les observateurs ont conclu.
Pour le peu que vous avez, vous pourriez être plus transparent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: J'ai déjà vu le Parti libéral
prendre 18 mois pour ramasser 500 000 $. Sur cela, M. le premier ministre, je
pense que...
M. Bourassa: Je retire mes paroles. M. Chevrette: ...votre
arrogance...
M. Bourassa: Non, non, je retire mes paroles.
M. Chevrette: Votre arrogance est coutu-mière, mais je
pense que vous devriez vous rappeler le passé.
M. Bourassa: Oui, je le sais. Je retrouve
mon humilité.
M. Chevrette: Quand j'ai vu 18 mois pour ramasser 500 000 $, vous
n'avez pas à vous péter les bretelles.
M. Bourassa: Je retire mes paroles et je retrouve mon
humilité.
Une voix: Coutumière. M. Chevrette:
Coutumière.
Le Président (M. Kehoe): Est-ce que je comprends que les
programmes 1 et 2 sont adoptés?
M. Chevrette: Oui, adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Kehoe): Les crédits
budgétaires du Conseil exécutif pour l'année
financière 1988-1989 sont-ils adoptés?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président (M. Kehoe): J'ajourne les travaux de la
commission.
M. Bourassa: Je remercie le chef de l'Opposition de sa
collaboration.
(Fin de la séance à 18 h 20)